Skip to main content

Full text of "Revue de gascogne : bulletin bimestrial de la société historique de Gascogne"

See other formats


This  is  a  digital  copy  of  a  book  that  was  preserved  for  generations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 
to  make  the  world's  books  discoverable  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 
to  copyright  or  whose  legal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 
are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  marginalia  present  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journey  from  the 
publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  have  taken  steps  to 
prevent  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  technical  restrictions  on  automated  querying. 

We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  these  files  for 
personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  from  automated  querying  Do  not  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  system:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  recognition  or  other  areas  where  access  to  a  large  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  these  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attribution  The  Google  "watermark"  you  see  on  each  file  is  essential  for  informing  people  about  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  legal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  responsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  legal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countries.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can't  offer  guidance  on  whether  any  specific  use  of 
any  specific  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liability  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.  Google  Book  Search  helps  readers 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  text  of  this  book  on  the  web 


at|http  :  //books  .  google  .  com/ 


IJL 


I.       -    IT 


•    I 


1%    -  ^ 


s^^^i^ 


f^iiittny  to 

JOAN  OF  ARC 


HARVARD  COLLEGE  UBRARY 


3 


■*J^^-, 


N.-  •  -.^i 


ij^%^ 


v"% 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


REVUE 


% 


GASCOGNE 


BUJUL.ET1N    MENStJEL 


BB  LA 


SOaiBT^  HISTORIQUB  DB  GASCOGNE. 


Tome  XVUI.  —  1877. 


^ 


'^    AtCH 

JHi'RlMEUlE  ET   UlUUIiEtflUB  F^UX  FUlX,   HUE  BALGUBRIK. 

1877. 


M 


Digitized  by  CjOOQI^ 


Digitized  by 


Google 


rjbvue: 


GASCOGNE. 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


REVUE 


DB 


GASCOGNE 


BULLETIN   MElSrSUEL 


DB  LA 


SOCIETE  HISTORIQVE  DE  GASCOGNE. 


Tome  XVIII.  —  1877. 


AUCH 

IMPUIMBRIB  ET  UTU06RAPHU  HUS.  FOIX,  RUB  BALGUERIB. 
.-'  1877. 


Digitized  by 


Google 


Ft  33./ 


Harvaril  College  Library 
SEP  29  1913 

PiefiA.CiCooiidge 


Digitized  by 


Google 


REVUE 


DB 


GASCOGNE. 


Ugende  et  histoire.— ^ude  critique 


SUR 


Saint  Sever,  roi  des  Scythes,  et  ses  compagnons  les 
SS.  Clair,  Gdronce,  Justin,  Babilius,  Jean  et  Poly- 
oarpe  (1), 


I 

Le  culte  du  saint  martyr  Sever,  honore  jadis  dans  les  Landes 
avec  le  titre  d'ancien  roi  des  Scythes,  et  de  ses  compagnons 
Clair,  Gdronce,  Justin,  Babile,  Jean  et  Polycarpe,  est  trfes- 
populaire  et  trfes-repandu  entre  les  Pyrenees  et  la  Loire.  Auch, 
Albi,  Toulouse,  Lectoure,  Tarbes,  Bordeaux,  P6rigueux,  Sar- 
|at,  Limoges,  Rodez,  Cahors  et  leurs  anciens  dioceses  res- 
peclifs,  ont  en  grand  honneur  saint  Clair  TAfricain;  et  ses 
diverses  legendes  lui  associent  les  bienheureux  que  je  viens  de 
nommer.  Une  ancienne  inscription  de  Teglise  Sainte-Eulalie 
de  Bordeaux,  celebre  chez  les  BoUandisles  et  chez  d'autres 
ecrivains  de  ces  contrees,  les  mentionne  tons  expressfement, 
et  atteste  que  Charlemagne  avait  depose  la  leurs  reliques.  Et 

(1)  Ce  travail  n'est  qn'an  remaniement  d'articles  publics  na^dre  dans  la  Petite 
Bevue  catholique  du  diocise  d'Aire  et  de  Dax.  D'aatres  dcrivains,  qui  Yalent  pins 
quo  moi,  oDt  traits  ou  traiteront  bient6t  le  mdme  sujet  d'uno  antro  fa^n;  mail  enfii, 
puisqu'oD  vent  aussi  mon  avis,  —  tel  qu'il  ast,  le  voili. 


Digitized  by 


Google 


—  6  — 

leur  office  a  ete  naguere  encore  approuve  a  Rome  pour  les 
dioceses  d'Auch  et  de  Tarbes. 

Les  martyrologes  en  parlent  moins,  si  I'on  excepte  celui  de 
du  Saussay;  cependant  les  BoUandistes,  qui  n'ont  pu  encore 
trailer  les  questions  relatives  a  noire  saint  Sever,  nous  mon- 
trent  signales  ga  et  la,  le  31  Janvier,  les  saints  africains  Poly- 
carpe  et  Puplus,  et  le  lendemkin  quelques  nouveaux  inconnus 
nommes  Polycarpe,  Pomes,  Publim  et  Sever;  la  veille 
sont  aussi  indiqufes  Polycarpe,  Pcends  et  sept  autres.  Je 
me  demande  s'il  y  aurait  la  quelque  repetition,  et  si  Pcends 
en  particulier  signiflerait  le  carthaginois,  et  Publius,  Babi- 
lias. 

Quoi  qu'il  en  soil,  les  siecles  ont  dit  au  sujet  de  nos  sept 
martyrs  des  choses  parfois  etranges.  Et  quant  a  saint  Sever, 
que  je  ne  voudrais  pas  voir  confondre  avec  saint  Sever  de 
Rustan,  11  aurait  ete  un  roi  vandale  converli,  exile  d'Afrique, 
envoye  ou  retire  aupres  d'un  prince  arien,  maitre  de  nos  con- 
trees  mferidionales,  et'immole  plus  tard  par  les  Barbares,  a  la 
t6te  d'une  troupe  de  courageux  partisans  de  la  foi  catholique. 
Tel  est  du  moins  le  resume,  un  pen  eclectique,  il  est  vrai,  qui 
concilierait,  pour  le  fond,  ^es  diverses  legendes. 

Que  penser  d'une  pareille  histoire?  Faut-il  la  faire  paraitre 
au  grand  jour  et  lui  demander  ses  preuves?  Si  grave,  si 
nouvelle  est  cette  question,  si  sacres  sont  les  droits  de  la 
verity,  alors  surlout  qu'il  s'agit  de  ce  qui  est  Tobjet  d'un  culte, 
si  nombreuses  sont  les  eglises  interessees  a  connailre  Torigine 
et  la  mission  precise  de  nos  sept  apdtres,  que  je  n'hesite  pas 
un  moment. 

Et  d'avance  voici  ma  pensee.  Ce  fond  de  legende  est  vrai- 
ment  plausible,  et  Thistoire  mfime  lui  rend  quelque  hommage. 

Peut-on  en  demontrer,  mathematiquement,  Fexactitude? 
NuUe  necessity  de  le  faire,  aucun  interet  serieux  ne  Texige; 
d'autant  plus  que  notre  culte  n'a  point  pour  objet  la  royaule 
de  Sever,  et  que  les  droits  de  la  religion  et  de  la  verite  seront 


Digitized  by 


Google 


t 

saufs  et  leurs  desirs  satisfaits  si^  laissant  de  c6te  tout  ce  qui 
est  trop  peu  appuye,  nous  transmettons  comme  il  faut  a  nos 
neveux  ce  que  nous  ont  confle  nos  peres,  comme  certain  ce 
qui  est  utile  et  certain,  comme  plausible  ce  qui  est  serieux  et 
plausible.  Tout  respect  sera  done  garde  si  nous  montrons 
que  nos  traditions  de  famille  meritent  qu'on  les  salue.  Et 
rhisloire  proprement  dite  gagnera  beaucoup  a  voir  arracher 
la  legende  aux  dedains  d'une  critique  boiteuse  :  elle  sera 
souvent  illuminee,  souvent  delicieusement  complet6e. 

Je  vais  done  Tinviter  un  instant  a  contrdler  elle-m6me  les 
legendes  de  saint  Clair  et  de  saint  Sever,  k  les  expurger  des 
alterations  qu'elles  ont  souffertes,  a  constater  les  rapports 
qu'elles  peuvent  avoir  avec  les  traditions  les  plus  positives; 
nous  verrons  si  elle  n'y  fera  pas  des  conqu6tes. 

•     II 

Ce  qui  me  frappe  dans  les  legendes  de  nos  sept  ap6tres, 
ce  que  les  BoUandistes  avaient  deji  commence  a  signaler, 
«oit  k  propos  de  saint  Clair  (1"  juin),  soit  au  sujet  de  sainte 
Quitterie  (et  je  pourrai  peut-etre  un  jour  rattacher  cette 
vierge  martyre  aux  memos  evenements),  c'est  le  singulier 
rapport  qu'elles  ont,  dans  certains  traits  importants,  avec 
quelques  pages  fameuses  de  Thistoire  des  Vandales  et  des 
Wisigoths. 

Mes  sources  seront  done,  du  cOte  de  Fhistoire,  les  auteurs, 
assez  connus,  qui  nous  ont  parle  de  ces  deux  peuples. 

Du  c6te  de  la  legende,  il  nous  faut  recourir  k  trois  famil- 
ies de  documents  et  k  trois  sources  legendaires  oil  ils  ont 
puise. 

La  premiere  source  est  la  legende  de  saint  Clair,  telle 
qu'ellese  trouve'dans  les  anciens  br6viaires  de  Tulle  et  d'Albi. 
Sa  redaction  parait  aux  BoUandistes  post6rieure  au  x'  ou 
XI*  siecle;  mais  elle  invoque  d'anciens  documents.  Ce*qu'on 


Digitized  by 


Google 


—  8  — 

peut  lui  reprocher,  c'est  que  tout  en  citant  des  noms  appar- 
tenant  a  la  domination  wisigothe  (et  cette  particularite  qu'on 
ne  peut  suspecter  d'erreur  ni  de  fraude  est  vraiment  pre- 
cieuse),  elle  suppose  son  martyr  victime  de  toutes  les  cruau- 
tes  des  palens.  Mais  il  faut  le  lui  pardonner  :  notre  araplifi- 
cateur  ne  connaissait  ni  les  persecutions,  ni  les  soulevemenls 
subsequents  des  Wisigoths,  et  Texeraple  donne  par  certains 
vieux  hagiographes  de  decrire  les  divers  genres  de  supplices 
qu'a  du  subir  leur  heros,  quand  ils  avouent  ne  pas  trop 
connaitre  ceux  qu'il  a  soufferts  en  realite,  lui  a  fait  faire  un 
pas  de  trop.  II  declare  pourtant  ne  donner  guere  en  cela  que 
du  probable.  —  Done,  a  part  rampliflcation  convenue,  la 
legende  de  saint  Clair  de  Tulle  et  d'Albi  merite  plus  de  con- 
flance  que  ne  lui  en  ont  donne  les  savants.  —  Elle  a  ete 
suivie  par  un  ancien  breviaire  de  Sarlat  (1674),  par  le  com- 
pilaleur  du  Saussay,  dans  sonMartyrologium  gallicanum, 
par  le  consciencieux  Auteserre,  dans  son  livre  Rerum  aqui- 
tanicarum,  ou  Ton  voit  qu'il  a  du  consulter  aussi  de  vieux  bre- 
viaires  de  Bazas  et  de  Bordeaux  (c'est  la  remarque  des  Bol- 
landisles,  tres-desireux,  comme  nous,  de  rencontrer  ces  deux  , 
monuments),  et  par  les  Propres  acluels  des  dioceses  d'Auch 
et  de  Tarbes. 

Notre  seconde  source  est  une  histoire  manuscrite  de  Tab- 
baye  de  Saint-Sever  en  Gascogne,  ouvrage  eslime,  du  a  un 
benedictin  du  dix-septieme  siecle  et  qui  aura  paru,  en 
deux  forts  volumes,  avant  le  present  article.  J'espere 
que  la  Bevue  de  Gascogne  pourra  bientdt  en  parler  a 
ses  lecteurs  et  que  Ton  sera  reconnaissant  en  vers  son  trfes- 
erudit  et  tres-esUmable  editeur.  On  y  trouvera,  outre  un 
fond  de  legende  du  saint  patron  de  ce  raon&stere,  cit6  dans 
Facte  de  fondation  (982),  et  gr&ce  a  celui-ci  tres-connu, 
trois  redactions  ampliflees  du  meme  recit.  La  premiere  fut 
faite  sur  les  ordres  du  celebre  Gregoire,  abbe  et  restaurateur 
du  convent,  et  depuis  eveque  de  Dax  et  administrateur  du 


Digitized  by 


Google 


—  9  — 

diocese  de  Lescar  (1028-1072),  La  deuxieme  est  en  vers  et 
peu  importante.  La  troisieme  est  anterieure  a  celle  de  Fabbe 
Gregoire,  et,  en  partie  du  moins,  a  celle  du  fondateur  de 
Tabbaye,  qui  parait  vouloir  la  citer.  Les  trois  ont  Fair  d'igno- 
rer  celles  de  Tulle  et  d'Albi :  ceiles-ci  font  de  leurs  saints  des 
Africains;  celles-li,  des  Vandales,  qu'elles  supposent,  chose 
assez  naturelle,  partis  de  la  Scylhie.  Ajoutez  qu'elles  soumet- 
tent  les  Vandales  a  Julien  TApostat,  ce  qui  les  aide  a  expli- 
quer  la  persecution  par  ce  que  la  science  historique  d'alors, 
dans  ces  pays,  connaissait  de  plus  recent  en  ce  genre,  et  elles 
les  font  venir  sous  son  regne;  elles  vont  ensuite  alterant  de 
plus  en  plus  leur  canevas,  tout  en  voulant  le  gamir  de  leur 
mieux.  Mais  ces  ombres  ne  feront  que  mieux  ressortir  les 
lumieres  qui  jaillissent  du  fond  du  recit,  en  le  detachant  de 
toutes  ces  superf6tations  plus  modemes,  Les  documents  dont 
je  parle  ici  ont  et6  suivis  dans  un  ancien  office  de  Saint-Sever, 
propre  a  son  monastere,  et  en  partie  parPillustre  et  judicieux 
Pierre  de  Marca,  dans  son  histoire  du  Bearn,  aussi  bien  que 
par  le  breviaire  aturain  de  ces  derniers  temps.  Et  avec  eux 
ont  una  parente  tres-etroite  nos  l^gendes  de  sainte  Quilterie. 
Une  troisieme  source  se  trouve  dans  les  actesde  saint  Ge- 
ronce  et  de  saint  Sever,  recueillis  par  leP,  Montgaillard  et  re- 
sumes par  Monlezun.  lis  offrent  des  variantes  assez  notables. 
Le  nom  A'Alpes,  donne  par  eux  aux  montagnes  du  Couserans, 
pourrait  trahir  une  main  etrangere  au  pays;  mais  ce  pent 
etre  la  ou  une  faute  d'inattention  ou  plutdt  une  imitation  de 
ceux  qui  disent  les  Alpes  pyrineennes  (V.  Auteserre,  Rerum 
aquitan.).  Que  dis-je?  d'ajpres  Procope  {de  hello  gofhico, 
L  I,  c.  xii),  les  habitants  de  nos  contrees  donnaient  le  nom 
d" Alpes  aux  passages  etroits  situes  entre  les  montagnes,  et 
c'est  ainsi  que  TEspagne  est  dite  s'etendre  jusqu'aux  Alpes 
des  Pyrenees.  Voilidonc  un  signe  presume  d'interpolation 
change  en  une  marque  de  haute  antiquite.  A  ces  actes,  for- 
tifies par  les  traditions  et  par  la  crypte  monumentale  de  Saint- 


Digitized  by 


Google 


—  10  — 

Girons  a  Hagetmau,  je  rattacherais  volontiers,  non-seule- 
ment  la  legende  de  ce  martyr,  ebauchee  par  le  breviaire  de 
Dax  au  xiir  siecle,  mais  encore  un  Propre  dacquois  posle- 
rieur, cite  parte  raanuscritsaint-severien. 

En  somme,  trois  series  au  moins  de  temoignages,  qui  sont 
tres-Ioin  de  se  copier  les  uns  les  autres  sur  les  points  les  plus 
importants,  tres-loin  aussi  de  copier  la  veritable  histoire,  el 
dont  Taccord  entre  eux  et  avec  elle  sera  parfois  aussi  instruc- 
tif  que  leurs  depositions  isolees  pourront  devenir  precieuses. 

LeP.  Honore  de  Sainte-Marie,  a  la  verite,  —  dans  son  judi- 
cieux  contrdle  des  regies  ct  des  usages  de  la  critique,  —  par- 
tage  la  severite  de  plusieurs  centre  Temploi  de  documents 
semblables  aux  ndtres,  bien  que  les  plus  habiles  ecrivains, 
dit-il,  les  aient  invoques;  mais,  remarquez-Ie  bien,  il  parte  de 
ceux  qui  sont  tellement  interpoles  qu'on  ne  pent  pas  y  dis- 
tinguer  le  vrai  d'avec  le  faux :  or,  dans  les  ndtres,  je  trouve 
seulement  des  alterations  faciles  a  constater  et  a  guerir.  — De 
meme,  le  Pape  Gelase  declare,  dans  son  fameux  decret,  que 
TEglise  romaine  s'abstenait  de  lire  les  actes  des  martyrs,  parce 
qu'ils  ne  portaient  pas  avec  eux  la  garantie  d'auteurs  connus 
et  a  Tabri  de  tout  soupcon  et  que  Ton  croyait  y  trouver  par- 
fois des  indices  de  redacteurs  ignorants,  des  superfluites,  des 
incoherences.  Rome  n'en  a  pas  moins  flni  par  en  admettre  un 
bon  nombre,  une  fois  etablie  leur  fldelite.  C'est  le  cas  de  re- 
peter  Tobservatioti  faite  par  le  P.  Holland  dans  la  preface  de 
son  grand  ouvrage :  «  Baronius,  dit-il,  avoue  que  certains 
actes,  la  premiere  fois  qu'ils  sont  tombes  entre  ses  mains, 
lui  ont  paru  ineptes  et  insipides;  mais  il  ajoute  qu'apres  les 
avoir  plus  soigneusement  peses,  il  les  a  grandement  approu- 
v6s.  Et  a  moi  aussi,  ajoute  Bollandus,  il  m'en  est  maintes  fois 
arrive  autant. »  —  Et  de  fait,  comme  le  remarque  Driedo  (1), 

(1)  Joan  Driedon,  de  Dogmat.  var.  torn,  i,  tract.  3,  citd  par  Laderchi,  Acta 
SS.  Christi  martyrum  vindicata.  Dridocnsparle  ici  des  l^gendes  liturgiques.  M. 
Tabbd  Meojoolet  les  a  fort  bion  distingu^es  deces  l^gendes  improprement  dites  qui 
«  etaieDt  plat^t  des  eiercices  litt^raires  qne  des  ouvrages  hisloriqaes.  »  Voir  I'his- 
toire  de  la  I^gfende  tr^s-distinctoment  trait^edans  rexcellent  petit  Hvre  de  M.  Men- 


Digitized  by 


Google 


--  11  — 

Of  si  Ton  declarferait  stupide  et  temferaire  quiconque  aurait 
la  presomption  de  nier  ce  qu'on  nous  raconle,  d'assez  pro- 
fane pourtant,  sur  les  rois,  les  dues,  les  prinees  ou  les  philo- 
sophes,  eombien  plus  temeraire  sera  eelui  qui  osera  reeuser 
le  temoignage  de,,.  tant  d'hommes,  de  tant  d'eveques  et  de 
docteurs?...  Ces  pretres,  cespontifes  nos peres,  connaissaient, 
qu'on  n'en  doute  pas,  ces  paroles  de  TEcriture :  Celui  qui  croil 
vite  a  le  cceur  leger,  et  celte  autre  sentence  :  Ne  crayez  pas 
a  toute  parole.  » 

Pardonnez  done,  auguste  senat  d'ecrivains,  de  correcteurs 
et  d'approbateurs,  si  dedaigneusement  nommes  aujourd'hui 
legendaires  et  si  dignes  d'etre  lus;  pardonnez,  si  je  relevedans 
vqs  redactions,  ou  du  moins  dans  vos  reeditions  dernieres,  non 
point  des  inventions  de  personnages  ou  de  noms  propres,  — 
ce  seraitvousattribuer  tres-injuslement  des  impostures  gra- 
tuiles,  alors  que  vous  pretendez  donner  de  Phistoire, — mais 
seulement  quelques  fautes  tres-naturelles  de  transcription  et 
des  details  d'araplification  mal  reussis  et  tout  a  fait  en  opposi- 
tion, aux  yeux  de  la  science  historique,  bien  plus  abordable 
aajourd'hui  qu'elle  ne  Tetait  de  vos  jours,  avec  les  noms 
propres  que  vous  aviez  recueillis;  des  details  enfin  qui  de- 
vaient  vous  parailre  si  naturels. 

«  A  Tautorite  des  anciens,  qui  estle  premier  fondement  de 
la  critique,  il  faut  joindre,  dit  Honore  de  Sainte-Marie,  les 
conjectures,  qui  en  sont  le  second.  Le  temoignage  des  au- 
teurs  fait  naitre  plusieurs  conjectures;  et  les  conjectures 
contribuent  a  s'assurer  de  Tautorite  des  anciens.  Ce  sont 
comme  deux  flambeaux  qui  se  communiquent  leurs  lu- 
mieres. »  Mais  quelles  sont  les  conjectures  que  nous  devrons 
admettre?  Celles  sans  lesquelles  des  choses  irrecusables  se 
Irouveraient  ou  tout  a  fait  inexplicables  ou  memo  impossi- 
bles; je  n'aimerais  guere  que  celles-la. 

joulet  sar  saint  L^oq  ds  Bayonne.  Que  ne  pois-je  rdpondre  aux  aimables  invitations 
du  digne  auteur,  rolativement  a  nos  origines  sacr^es,  par  autre  chose  que  par  de 
simples  confrontations  de  la  Idgende  avec  I'liistoire ! 


Digitized  by 


Google 


-  12  -- 

En  definitive,  les  quatre  grands  principes  de  la  critique, 
pour  parler  avec  Fecrivain  d6ja  cite,  seront  nos  flambeaux  : 
Tautorite  historique  et  la  conjecture  logique,  la  tradition  et 
Tusage  ou  le  consentementdes  eglises.  L'autorite  historique, 
par  exemple,  nous  signaleratel  heritier  du  trdne  des  Vandales, 
exile  d'Afrique  a  la  fin  du  v*  siecle  et  dont  elle  a  perdu  les 
traces;  la  tradition,  de  son  c6te,  nous  parlera  d'un  Africain, 
qui  etait  un  roi  vandale,  exile  dans  nos  contrees  avec  quel-' 
ques  compagnons  et  cache  sous  le  nom  de  Sever;  Tusage  11- 
turgique  de  telle  eglise  honorera  sa  royaute,  sa  conversion, 
son  exil,  avec  un  certain  consentement  d'autres  eglises  inte- 
ressees  au  contrdle;  et,  comme  il  nous  sera  impossible  d'ad- 
mettre  un  roi  vandale  exile  chez  hous  et  rattache  par  tout  le 
fond  des  legendes  a  la  fin  du  v*  siecle  et  au  commencement 
du  vi%  ainsi  qu'a  une  pleiade  d'illustres  personnages  chasses 
alors  d'Afrique  par  les  persecuteurs,  et  de  le  supposer  distinct 
du  prince  historique  banni  on  ne  salt  ou,  force  nous  sera  de 
conjecturer  ou  m6me  de  conclure  assez  rigoureusement  quHls 
sont  identiques. 

Mon  principal  point  de  depart  etant  la  legende  de  saint 
Sever,  on  d6sirera.  peut-etre  quejela  donne  d'avancedans 
toute  son  elendue;  mais  outre  que  trop  d'amplifications  et  de 
discours  la  rendent  tres-longue,  je  dois  laisser  a  d'autres  le 
soin  de  la  publier,  avec  Thistoire  du  monaslere  et  de  la  ville 
que  notre  martyr  a  honores  de  son  nom;  trop  heureux  de  leur 
preparer  la  voie,  lis  me  pardonneront  n6anmoins  de  citer 
textuellement  tons  les  traits  de  la  legende  necessaires  pour  un 
recit  complet  et  pour  la  sincerite  de  la  discussion.  Quant  aux 
textes  entiers,  laissons-les  pour  le  moment  et  dans  la  Bi- 
bliotheque  nationale  et  dans  les  divers  points  du  diocese 
d'Aire  ou  je  les  ai  pu  etudier. 

Jean  LABAT,>S.  J. 

{A  suivre.) 


Digitized  by 


Google 


—  13  — 


LA  DEViZE. 


HISTOIRE  MUNICIPALE  ET  CIVILE. 

La  ville  de  La  Deveze,  Castrum  de  Devezid,  comple  au 
nombre  de  ses  privileges  celui  d'avoir  figure,  jasqu'a  la  Re- 
volution, comme  Tun  des  quatre  si6ges  royaux  de  justice  du 
pays  de  Riviere-Basse  (!)• 

Si  Dieu  le  veut,  nous  aurons  plus  tard  Phonneur  d'ofifrir  a 
la  Revue  de  Gascogne,  sur  les  Justices  d'Arros  et  Adour  (2), 
des  details  de  leur  nature  fort  interessants. 

Pour  le  moment,  c'est  VHistoire  civile,  et  ensuite  VHistoire 
religieuse  de  la  Ville  et  Communaute  de  La  Devdze,  qui  dbit 
nous  occuper. 

On  nous  accusera  peut-etre  d'avoir,  jusqu'a  ce  jour,  cher- 
che  k  faire  Vhistoire  doree,  c'est-a-dire  Teloge  et  Tapologie 
de  La  Deveze,  plut6t  que  son  histoire  imparliale.  C'est  tres- 
simple.  L'hisloire  de  ce  qui  esttien,  de  sa  nature  estun  eloge : 
sauf  le  meurtre  du  venerable  eveque  d'Aire  par  les  indignes 
flls  de  Jean  de  Rive-Haute  et  leurs  malheureux  compagnons  (3), 
nous  n'avons  eu,  dans  ces  epoques  de  vraie  foi  et  de  vraie 
vertu,  qu'a  presenter  le  spectacle  de  grands  courages  et  de 
nobles  caracteres. 

(1)  Cos  sieges  royaux  ^taioDt:  Castelnaa,  Maubourguet,  Tasqne  et  La  DoYdze. 

(2)  Seolement  pour  Le  pays  de  Riviere-Basse. 

(3)  Nous  renvoyons  a  la  fin  de  notre  Monographie  de  La  Devdxe  quelques  addi^ 
tions  et  rectifications y  qui  sonfc  dues  aux  observations  bienveiliautes  et  amicales  de 
M.  I'abbd  Candto,  vicaire-g^udraL  du  dioc^e  d'Aucb;  de  M.  Paul  La  Piagne-Barris, 
conseiiler  a  la  coar  d'appel  de  Paris;  de  M.  I'abbd  Oulac,  curd  deSauveterre  (Han- 
tes-Pyrdndes);  de  M.  I'abbd  de  Carsalade  du  Pont,  curd  de  Mont-d'Astarac.  Nous 
accepterons  toujours  avec  reconnaissance  toute  observation  qui  aura  pour  but  d'dclai- 
rer  un  point  quelconque  de  notre  histoire  locale. 


Digitized  by 


Google 


~  14  — 

Je  doute,  par  exemple,  que  le  progres  des  idees  niodernes 
puisse  jamais  reussir  a  graver  dans  le  coeur  de  nos  excellents 
compatriotes  un  devoument  pro  re  el  patrid,  aussi  profond 
que  celui  qui  se  revele  a  chaque  page  de  nos  archives  muni- 
cipales,  depuis  1645  en  parliculier.  Nos  consuls,  echevins, 
notables,  conseillers  de  ville,  etc,,  reconnaissant « le  precieux 
avantage  d'etre  sous  la  main  du  Roy, »  se  feront  gloire  «  d'e- 
tre a  perpetuite  les  justiciables  'de  Sa  Majeste,  et  ses  hom- 
mes.  »  Dans  leur  amour  pour  lebien  public,  ils  proclameront 
et  defendront  a  outrance  les  droits  inalienables  de  la  com- 
munauU,  et,  s'il  faut  en  venir  a  des  actes  d'energie,  ils  sau- 
ront  tenir  en  echec  les  intrigues  d'ambitieux  qui  auront  pris 
toutes  les  voies  pour  exploiter  ses  possessions  au  profit  de 
leurs  passions  egoistes. 

-   Malheureusement,  dans  nos  annales,  il  y  aura  une  date 
funeste,  V^oque  revolutionnaire. 

^  rheure  opportune,  on  verra  que  nous  savons  fletrir  les 
discours  impies  et  les  violences  sacrileges  de  nos  tribuns  mu- 
nicipaux,  et  meme  les  faiblesses  de  nos  freres  dans  le  sacer- 
doce. 

En  vertu  de  Tedit  du  11  juillel  1607,  les  biens  appartenant  a 
Henri  IV,  avant  son  avenement  au  trdne,  par  la  succession  de 
Jeanne  d'Albret,  sa  mere,  furent  reincorpores  au  domaine  de 
la  couronne  (1).  II  parait  qu'en  1645,  Louis  XIV,  par  lettres 
du20novembre,  cedalecomted'Armagnac,  et  par  consequent 
la  Riviere-Basse  et  le  domaine  de  La  Deveze,  a  Henri  de  Lor- 
raine, comte  d'Harcourt.  La  famille  d'Harcourt  les  garda 
jusqu'en  1787  (2). 

(1)  Jasqne-1&,  les  terres  d'Armagnac,  Albret,  Rodez,  P^rigord,  Limoges  ^taient 
regies  par  des  fenniers  an  nom  dn  roi  de  Navarre.  En  1574,  nous  voyons  figurer 
on  Raimond  de  Verges  comme  fermier  da  domaine  an  nom  de  Charles  d'Ast  et 
Pierre  Asselad,  en  verta  d'on  baildenenf  ann^esconsenti par  Henri,  roi  de  Navarre, 
le  27  mars  1574. 

(1)  Art  de  verifier  (ei  dates^  comtes  d'Armagnac— Editda  Conseil  d'Etat  da  Roi 
da  26  octobre  1716. 


Digitized  by 


Google 


—  15  — 

iNous  avons  trouve  trace :  I''  d'hommages  rendus  le  6 
aout  1642,  par  i'abbe  de  la  Case-Dieu,  pour  lamoitie  de  la 
haute,  moyenne  et  basse  justice  et  devoirs  seigneuriaux  de 
Plaisance  pour  les  fiefs  en  Castelnau,  La  Deveze,  Galiax; 
Maubourguet,  Tieste,  Aurifebat;  2°  d'actes  d'opposition  (49 
decembre  1634)  contre  les^usurpations  que  les  fermiers  du 
domaiue  faisaient  sur  Jes  fiefs  dus  a  Tabbaye  de  la  Case- 
Dieu,  au  terroir  de  La  Devize  (1). 

Mais  ce  n'est,  a  vrai  dire,  que  depuis  1645  que  la  ville  et 
communaute  de  La  Deveze  se  revele  a  nos  yeux  dans  sa  vk  mu- 
nidpaleet  civile.  Nos  archives  communales,  et  les  renseigne- 
ments  decouverts  par  nous  jusqu'a  ce  jour,  ne  datent,  a  ce 
point  de  vue  historique,  que  de  cette  epoque.  Depuis  1645, 
nous  possedons,  en  revanche,  une  serie  abondante  de  docu- 
ments authentiques  dont  la  revelation,  aprfes  etude  serieuse 
et  r^flechie,  ne  manquera  pas,  je  Tespere,  d'un  certain  in- 
ter6t. 

Cette  partie  de  notre  travail  comprendra  quatre  paragra- 
phes  :  1^  Adminislralion  municipale  proprement  dite;  2^  ad- 
ministration foncidre,  ou  gestion  des  biens  de  la  communaute; 
3«  administration  financiire;  4**  voirie. 

Le  paragraphe  premier  se  divise  en  trois  periodes  :  1**  Pe- 
riode  d'avant  1789;  2^  Epoque  revolutionnaire;  3**  Periode 
contemporaine, 

(1)  iDventaire  des  titres  de  Tabbaye  de  la  Case-Dieu  (Archives  ddpartementales 
do  Gers). 


Digitized  by 


Google 


—  16  — 

ADMINISTRATION  MUNICIPALE  PROPREMENT  DITE. 

p^ODE  d'ivant  1789. 


Goutumes  de  La  Deveze  de  1309.  —  Reglement  de  police  municipale  de  1787. 
—  Ce  r^glement  aboli  en  1789.  —  Droits  et  privileges  de  la  ville  et  commu- 
naut6  de  La  Devize. 

La  ville  et  communaute  de  La  Deveze  eut  ses  coutumes, 
octroyees  en  1309  par  Bernard  VI,  comte  d'Armagnac,  et 
confirmees  par  le  comte  Bernard  VII,  le  28  septembre  4392, 
dans  Teglise  de  Castelnau-Riviere-Basse  (1).  On  lit  dans  Tin- 
ventaire  du  ch§.leau  de  Lectoure :  «  Interpretation  et  confir- 
»  mation  des  coutumes  de  La  Deveze,  en  Riviere-Basse,  par 
»  .le  comte  Bernard  (2).  » 

Au  grand  regret  de  tons  ceux  qui  s'interessent  a  notre  his- 
toire  locale,  le  texte  de  ces  coutumes  est  perdu,  ou  du  moins 
nous  n'avons  pas  eu,  jusqu'a  ce  jour,  la  main  assez  heureuse 
pour  retrouver  ce  tresor. 

En  Tabsence  de  ce  document,  les  offlciers  municipaux  de 
La  Deveze  (7  octobre  1787)  s'autoriserent  du  souvenir  tradi- 
tionnel  de  nos  anciennes  coutumes  pour  rediger  un  Regie- 
menl  de  police  que  nos  faux  liberaux  (15  Janvier  1789)  pro- 
clameront  comme  «  un  abus  d'autorite  et  une  soumission 
»  aveugle,  de  la  part  de  la  communaute,  a  toutes  les  volontes 
»  et  a  tons  les  caprices  du  sieur  maire  (3); »  qu'ils  revoqu«- 
ront  et  annuleront  «  comme  contraire  au  bien  public,  atten- 
»  tatoire  aux  droits  du  Roy  et  a  ceux  de  VEglise  (sic)  (4), » 

(1)  Monlezun*  Histoire  de  la  Gascognet  t.  iv,  p.  434.  —  Deliberation  maDicipale 
de  la  ville  et  commonaatd  de  La  Devdze,  da  7  octobre  1787. 

(2)  Nous  devons  cette  note  a  la  bionveillance  de  M.  Paul  La  Plagne-Barris. 

(8)  Ddibdration  de  V Assemble  municipale  du  lieu  (ils  ne  venlent  plus  du  mot  : 
ville)  de  La  Devkxe, 
(4)  Ibidem. 


Digitized  by 


Google 


—  17  — 

mais  doQt  la  sagesse  n'6chappei:a  pas  aux  esprits  intelligents 
et  serieux. 

Nous  pourrons  donner  plus  tard,  sous  forme  d'appendice, 
ce  document  in  extenso.  Pour  le  moment,  nous  nous  con- 
tenterons  d'en  signaler  quelques  articles  qui  nous  paraissent 
de  bonne  et  sage  administration : 

Art.  1«'. 

Premierement  a  6t6  dit  et  arrSt^  :  tous  les  habitants  de  la  juridic- 
tion  aiant  voix  deliberative  seront  tenus  de  se  rendre  a  Tassembiee 
generale  qui  sera  convoqufe  par  un  sergent  de  ville  au  nom  et  de  la 
part  des  offioiers  municipaux,  sauf  legitime  emp6chement,  comme 
aussy  de  deliberer  et  signer  les  deliberations,  s'ils  savent  ecrire  et 
ce,  a  peine  de  trois  livres  d*amende  applicable  aux  reparatioiis  de 
rh6tel  de  ville. 

Art.  2. 

Les  officiers  municipaux  veilleront  a  Texecution  de  I'arrfit  du 
Conseil  du  Roi  du  27  mars  1778,  concernant  la  d^cence  dans  les 
eglises :  au  cas  d*obstination  de  la  part  des  contrevenents,  ils  de- 
meureront  condamnes  en  trois  livres  d'amende  pour  chaquo  contra- 
vention applicable  k  Tentretien  des  ^glises  qui  sont  toutes  sans  re- 
venus  dans  la  juridiction,  sans  prejudice  d'etre  fait  le  proems  aux 
deiinquants,  conformement  au  susdit  arrSt. 

Art.  3. 

Deflfences  a  toute  personne  de  travailler  les  jours  des  f6tes  et  di- 
manches  a  moins  de  grande  n^cessitcJ  et  en  avoir  obtenu  dans  ce  cas 
la  permission  des  officiers  municipaux,  a  peine  de  trois  livres  d*a- 
mende  applicable  a  Tentretien  des  eglises  du  lieu. 

Art.  4. 

DefiFences  a  tous  aubergistes  et  cabaretiers  de  donner  a  manger  ny 
a  boire  ny  a  jouer  aux  habitants  de  la  juridiction  ny  k  autres  except^ 
les  voyageurs,  ny  depuis  neuf  heures  du  soir  depuis  le  premier  no- 
vembrejusques  au  premier  avril;  comme  aussy  depuis  le  premier 
avril  jusqnes  au  premier  novembre,  depuis  dix  heures  du  soir,  ny 
de  laisser  jouer  chez  eux  des  instruments  la  dite  heure  pass^e  ny  les 
jours  des  fStes  et  dimanches;  deffences  pareillement  aux  dits  habi- 
tants et  autres,  les  -voyageurs  except^s,  de  rester  aux  dits  cabarets 
Tome  XVIH.         '  2 


Digitized  by 


Google 


—  is- 
les dits  jours,  ny  apr6s  la  dite  Ijeure  cc  a  peine  de  cinq  francs  d*a- 
mende  au  profit  des  pauvres  contre  chaqu'un  des  dits  cabarotiers, 
joueurs  des  jeux  et  instruments  habitants  du  lieu  et  autres  circun- 
voisins,  et  m§me  de  prison  le  cas  y  6cheant. 

Art.  5. 

DeiBfences  a  toutes  personnes  de  satrouper  pour  faire  charivary, 
course,  danse  ou  autrement,  se  deguiser  ou  travestir,  k  peine  de 
vingt  quatre  heures  de  prison  au  moins  et  de  cinq  .francs  d'amende 
contre  chaqu'un  applicable  aux  reparations  de  I'hdtel  de  ville. 

Art.  10. 

Les  hdtes  ou  cabaretiers  seront  regus  par  les  officiers  municipaux 
en  pretant  le  serment  entre  leurs  mains  aprte  qu'ils  auront  pris  les 
attestations  yalables  de  leur  bonne  vie  et  moeurs. 

Suivent  des  details  d'administration. 

Art.  9  et  11. 

Les  boulangers  seront  tenus  de  faire  le  pain  de  bonne  quality 

Les  boucheries  devront  6tre  tenues  en  service  conformdment  aux 
reglements.  Les  dits  bouchers  ne  pourront  egorger  aucune  t6te  de 
b^tail  qu'elle  n'ait  et^  sp^cialement  visit^e  par  les  officiers  munici- 
paux, etc.  Le  tout  sous  peine  d'amende  au  profit  des  pauvres,  par- 
fois  de  prison,  de  confiscation  de  la  dite  viande,  s'ils  la  jugent  de 
mauvaise  quality.  11  faut  que  les  poids  soient.justes  et  conformes  a 
ceux  de  la  pr^sente  ville  qui  sont  ceux  du  pais  de  Riviere-Basse. 
Obligation  pour  eux  de  so  servir  des  poids  et  balances  qui  leur  se- 
ront remis  par  les  officiers  municipaux.  Defense  de  se  servir  de  la 
romaine. 

Art.  12. 

Aucunes  personnes  ne  pourront  s'etablir  dans  la  presente  ville  et 
juridiction  dlcelle  sans  en  avoir  pr^alablement  obtenu  la  permis- 
sion du  premier  officier  municipal  ou  autres  en  cas  d'absence,  qui 
ne  pourront  les  recevoir  au  nombre  des  habitant  conform^ment  k 
Tart.  22  de  T^dit  de  decembre  1706  qu'apres  qu'ils  auront  justifi4  de 
leurs  bonne  vie  et  moeurs  et  religion  catholique  et  d'eux  pris  te  regu 
le  serment  en  tel  cas  requis  moyennant  quoy  pourront  leur  accorder 
des  titres  d'habitans. 


Digitized  by 


Google 


19  — 


Art.   60. 


Et  comme  souvent  les  meilleurs  reglements  restent  sans  eflfet 
faute  de  secours  necessaires  pour  leur  execution,  conform^ment  aux 
dispositions  de  Tedit  du  mois  d'octobre  1699,  il  est  enjoint  aux  Pr6- 
v6ts  de mar^chauss^e,  exempts,  archers,  huissiers,  sergents,  servi- 
teurs  de  ville,  aux  bourgeois  et  tous  autres  de  la  juridiction,  de 
donner  et  prater  main  forte  pour  rentifere  execution  du  present  regle- 
ment,  a  peine  de  cinq  francs  d*amende  pour  chaque  fois  contre  cha- 
qu'un  des  refusans,  applicable  aux  reparations  de  Thdtel  de  yille. 

Art.  51. 

Tous  les  susdits  habitant  assembles  tant  pour  eux  que  pour  les 
autres  absens  ont  promis  et  promettent  pourtoujours  a  Tarenir  ob- 
server exactement  le  present  reglement  de  police  auquel  ils  sont 
soumis  volontairementavec  promesse  de  ny  contrevenir  directement 
ny  indirectement  ny  de  n'en  reclamer  ny  appeler,  a  quoy  ils  ont 
renonc6  express^ment.  —  Au  surplus,  ils  donnent  pouvoir  auxoffi- 
ciers  municipaux  de  poursuivre  Tomolagation  du  susdit  reglement 
auprfes  de  Sa  Majesty  et  devant  Nosseigneurs  du  Parlement  de 
Toulouse  —  comme  aussy  de  supplier  MonseigneurTIntendant  d*ho- 
toriser  les  depences  qu'il  sera  necessaire  d'exposer  pour  TarrSt 
d*omolagation,  frais  d'impositions,  d'affiche  et  publication  tant  dans 
la  preseute  ville,  juridiction  d'icelle  que  dans  les  paroisses  voisines  et 
pour  subvenir  aux  dits  depens  suplie  en  mSme  temps  Monseigneur 
ITntendant  de  leur  permettre  d'imposer  les  sommes  qu'ils  croiront 
necessaires  d'apr^s  les  ^claircissements  qa'ils  prendront  a  cet  ^gard. 

Ainsy  aet6  conclu,  arrSte  etd^lib^r^  (1)  par  lesdits  assembles  qui 
ont  sign^  avec  mondit  Maire,  consuls  et  autres. 

Sign^s :  D.  Lanacastets,  maire;  Jean-Baptiste  Lanacastets,  1«' 
consul,  Lalanne,  consul;  Barquissau,  Domerc,  Cantan  de  Hournets, 
Leberon,  trois  Dareix,  Meillan,  Dusser,  Biere,  deux  Paisse,  Latfite, 
secr^taire-greffier. 

En  presence  de  teUes  mesures  administratives,  je  Contois 
que  nos  progressistes  de  1789  aient  revoque  et  annule  la 
deliberation  du  7  octobre  1787, 


(1)  Deliberation  en  assemblde  generate  de  la  commnnaate  de  la  Devese,  da  7 
•ctobre  1787. 


Digitized  by 


Google 


—  20  — 

Les  considerants  et  la  conclusion  de  leur  arrfit  nous  parais- 
sent  un  vrai  monument  d'hypocrisie  liberale : 

L'aiil789et  le  15  Janvier  rassembloe  municipale  du  lieu  de'la 
Devize  s*est  r^unie  a  ThOtel  de  ville...  a  laquelle  il  a  iti  repr^sent^ 
par  le  syndic  et  president  de  la  dite  assemblee  dudit  lieu  que...  le  7 
octobre  1787,  le  maire  aurait  presento  un  projet  de  reglement  de 
police  contenant  cinquante  articles  dout  quelques-uns  auraient  pA 
6tre  de  quelque  utilite  k  la  Communaute....  mais  plusieurs  des  arti- 
cles contenus  au  dit  projet  do  reglement  ne  furent  ny  compi^  ny 
entendus  par  les  particuliers  qui  composaient  alors  cette  assemblee : 
tous  ces  articles  qui  ne  furent  ny  compris  ny  entendus  par  les  parti- 
culiers assembles  a  ladite  dpoquo  6taient  tres  on^reux  a  la  commu- 
naute et  ne  tendaient  tous  qu'a  approprier  un  droit  et  une  authority 
sans  bomes  au  sieur  Maire,  qui  par  ce  moyen  aurait  tenu  les  habi- 
tans  dans  la  servitude  au  gr6  de  son  caprice,  de  maniere  que  ce  pr^- 
tendu  rfeglement  de  police  devenait  une  soumission  aveugle  de  la 
part  de  la  communaut6  a  toutesles  volont^s  du  sieur  maire... 

Sur  quoy  la  matiere  mise  en  deliberation,  il  a  et^  unanimement 
arrfite  et  deiib^re  k  regard  dudit  projet  de  police  que  TAssemblee  le 
revoque  et  annule  comme  contraire  au  bien  public,  attentatoire 
awx,  droits  du  Roy  et  d  ceux  de  VEglise. 

Helas !  dans  les  jours  malheureux  qui  suivront  .de  trop 
pres  cet  arret  infamant  contre  une  administration  energique- 
ment  conservatrice,  relrouverons-nous  un  tel  respect  pour  les 
volontes  royales  et  les  droits  imprescriplibles  de  TEglise ! 

Nous  n'avons  pas  ete  assez  heureux  pour  retrouver  la  trace 
de  nos  anciennes  coutumes* 

Mais  nous  savons,  de  science  certaine,  que  la  ville  et  com- 
munaute de  La  Deveze  possedait  des  droits  et  privileges  dont 
nos  aulorites  s'empresserent  de  faire  le  denombrement  (mars 
1777)  pour  ne  pas  se  voir  depouilies  d'un  bien  you/  de  tout 
temps  et  de  possession  paisible  et  constante.  Un  arrete  dela 
Couret  Chambre  des  comptes  de  Navarre  du24  septembre 
1772  enjoignait  a.  tous  les  vassaux  de  son  ressort  d'avoir  a 
faire  hommage  de  ces  droits  a  Sa  Majeste,  et  d'en  produire 
la  declaration.  Pour  faire  acte  de  parfaite  obeissance^  la  mu- 


Digitized  by 


Google 


—  21  — 

nicipalite  de  La  Deveze  donna,  par  deliberation  du  9  mars 
1777,  au  sieur  Dominique  Lanacastets,  avocat  au  Parlement, 
conseiller  du  Roi  et  maire,  tons  les  pouvoirs  et  delegations 
necessaires. 

La  ville  et  communaute  de  La  Deveze  possedait :  1**  droits 
de  justice,  haute  basse  et  moyenne;  2^  droit  de  baylie;  5^  droit 
de  taverne;  4°  droit  de  peage;  5°  droit  de  mesurage,  d'avoir 
des  mesures  fixes  pour  les  denrecs  seches  et  liquides,  droit  de 
moudre  les  grains  ou  Ton  voulait;  &  droit  de  fixation  des 
lods  au  denier  douze  du  prix  des  rentes  et  echan'ges;  7^  droit 
de  fixation  des  fiefs  a  quatre  deniers  par  sac  (16  deniers  par 
arpent);  8**  droit  de  dime,  censive;  9^  droit  de  construire  des 
pigeonniers  detaches  avec  chaperon;  l&  droit  de  percevoir 
une  somme  fixe  sur  chaque  animal  egorge  et  chaque  barrique 
de  vin  se  dcbitant  a  pot  ctpinte;  11°  droit  de  fixer  le  ban  des 
vendanges;  12°  droit  de  poUce  ordinaire;  15°  droits  d'elire  les 
consuls,  echevins  et  autres  offlciers  municipaux,  et  autres 
droits  seigneuriaux  utiles  et  honoriflques  (1). 

n 

R6gime  consulaire.  —  Election  et  installation  des  consols.  —  Division  de  La 
Dev6ze  en  quartiers  (1765).  —  Pretentions  de  Tursan  d'Espagnet.  —  Lutte. 
—  Organisation  et  elections  des  Irois  quartiers.  —  Regime  des  echevins.  — 
Nouvelles  luttes  entre  le  corps  de  ville  et  Tursan  d'Espagnet. 

Jusqu'en  1765,  la  ville  et  communaute  de  La  Deveze  fut 
exclusivement  administree  par  trois  consuls.  —  Quand  il 
fallait  traiter  des  affaires  de  la  communaute,  on  se  r6unis- 
sait,  en  assemblee  pubUque,  par  devant  le  juge  de  La  De- 
vfeze  (2)  ou  devant  le  lieutenant  de  Riviere-Basse  (3). 

(1)  Cf.  Deliberation  da  9  mars  1777.  — •  Acto  de  vente  du  domaine  royal  de  La 
Devdze  aa  sieur  Bernard  de  Faudoas  (26  juillet  1765). 

(3)  Ra\n)onddu  Clos,  de  La  Devize,  conseiller  du  Roy»  r^mplit  les  fonctions  de 
la  judicature  de  La  T)ev6ze  et  du  pays  de  Rividre-Basse,  jusqu'en  1713;  il  eut  pour 
successeur  immediat  M.  Andrd  Saturnin  Tursan,  conseiller  du  Roy,  natifdeLa 
Devize;  M.  Tursan  porte  le  litre  do  juge  en  chef  du  pays  de  Riviere-Basse»  en 
1717  (2  Wvrier). 

(3)  M.  Jean  Domerc,  habitant  de  La  Deveze,  occupa  la  charge  de  lieutenant  de 
Rivi^ro-Basse  jusqu'en  1693  (11  decembre);  —  de  co  jour,  il  est  qualifie  lieutenant 
principal  de  Rivi^ro-Basse  jusqu'en  1713  (3  septembre). 


Digitized  by 


Google 


-  22  — . 

Tous  les  habitants,  sur  ^representation  des  consuls,  avaient 
le  droit  de  prendre  une  part  active  aux.  deliberations.  C'etait 
rage  d'or  du  suffrage  universel  dans  le  gouvernement  3ocial. 
Le  suffrage  universel  a  cette  epoque  etait,  sans  nul  doute, 
honnetement  et  intelligemment  cxerce,  parce  qu'il  ne  sortait 
pas  des  limites  de  la  competence  et  des  interets  propres 
des  61ecteurs. 

La  nomination  des  consuls  se  renouvelail  tous  les  ans,  le 
premier  dimanche  de  septembre :  chacun  des  consuls  sortarits 
pour  sa  charge  respective  de  1",  2%  3*  consul,  proposait  au 
suffrage  de  la  communaute,  autorisee  a  se  reunir  par  le  juge, 
aprfes  communication  de  la  liste  consulaire  au  Procureur  du 
Roy,  deux  noms,  parmi  les  gem  de  probite  et  de  bien,  les 
plas  capahles  et  solvables.  Le  candidat  qui,  dans  chacun  des 
trois  rangs,  avait  obtenu  le  plus  d'adhesions,  etait  investi  des 
honneurs  et  charges  de  consul.  Leresullat  du  vote  etait  com- 
munique par  le  juge  au  Procureur  du  Roy  qui  octroyait  ra- 
tification definitive,  si  ce  vote  n'offrait  rien  de  contraire  aux 
ordonnancfis  royales  niaux  arrets  de  la  cow. 

Les  consuls  modemes  (c'etait  le  nom  qu'on  donnait  aux 
nouveaux  elus)  fetaient  rcquis  par  le  juge  de  venir  preter  le 
serment  d'usage  entre  ses  mains,  a  peine  de  vingt-cinq  et 
parfois  cinquante  livres  d'amende,  et  d'etre  responsables  en- 
vers  la  communaute  de  tous  depens,  dommages  et  interets. 
Faute  de  ce,  il  leur  etait  fait  inhibition  et  defense  d'exercer 
une  fonction  quelconque  de  la  charge  consulaire. 

La  prestation  d'un  serment,  meme  pour  des  fonctions 
laiques,  est  de  sa  nature  un  acte  religieux  et  sacre;  aussi  j'e- 
prouve  une  sympathique  admiration  pour  les  consuls  de 
certaines  villes  et  communautes  se  rendant  a  Teglise  du  lieu, 
le  lendemain  de  la  Noel,  conduits  par  les  consuls  sortant  de 
charge,  revetus  de  leurs  insigncs  et  accompagnes  des  membres 
duCoriseil.  L^,  en  h  presence  reelle  du  Dieu-Verite,  ilssMn- 
clinent  devant  le  seigneur  du  lieuou  son  bayle  qui  les  attend 


Digitized  by 


Google 


assis  sur  son  siege^  la  croix  et  le  livre  des  saints  Evangiles 
poses  sur  ses  genoux,  et  jurent  «  de  bien  deument  garder 
»  governer  le  bien  de  la  communaute  le  mieux  qu'il  leur  sera 
»  possible  et  faiire  aultant  pour  le  pouvre  que  pour  le  riche, 
»  sans  porter  faveur  a  aulcung  et  fere  tout  ce  quUl  fau- 
»   dra  (1).  » 

Je  suis  moins  admirateur  de  nos  consuls  comparaissant 
devant  le  juge  du  lieu,  « jurant »  sans  doute  « fldelite  au  Roy 
»  et  de  faire  les  fonctions  de  leurs  charges  en  gens  de  bien, 
»  d'honneur  et  de  conscience, »  mais  « prosternes  k  deux 
»  genoux,  les  mains  sur  les  saints  Evangiles,  anx  pieds  du 
»  juge,  dans  sa  maison  d'habitation,  ou  dans  Tendroit  ou  Ton 
»  a  coutume  de  tenir  les  assemblees  publiques.  » 

L'autel  du  Dieu  vivant,  dans  ces  circontances,  me  va  mieux 
que  rhdtel,  meme  d'un  juge  de  La  Deveze  et  de  Riviere- 
Basse. 

L'election  consulaire  devait  se  renouveler  tons  les  ans. 
Toutefois,  en  execution  des  ordres  du  Roy  et  ordonnances  de 
monseigneur  Tlntendant,  les  consuls  de  1735  furenl  conti- 
nues i^om  1736,  1737,  1738. 

Le  regime  des  consuls  fut  en  vigueur  jusqu'en  1765.  II  y 
avait  eu  jusque-laharmonie  parfaite  entre  les  habitants  et  les 
divers  tenants  de  Tautorite.  Le  juge  se  faisait  un  devoir  et 
un  honheur  de  presider  les  reunions,  et  les  consuls  prote- 
geaient  avec  un  zele  digne  d'eloges,  s'il  faut  en  croire  nos 
archives  municipales,  les  droits  et  les  interfits  de  la  commu- 
naute. 

On  connait  les  desordres  de  tout  genre  quiregnerent  k  la 
Cour  sous  Louis  XV,  et  qui  ne  firent  que  trop  ressentir  leur 
influence  a  tons  les  degres  de  Tadministration. 

L'annee  1765  est,  selon  nous,  le  point  de  depart  officiel  de 
toutes  nos  revolutions  locales. 

Aux  mois  d'aout  1764  et  mai  1765,   le  Roi  eut  la  malen- 

(1)  Histoire  dela  ville  ei  communauU  d'Aubiet^  par  M.  Fabbd  Dubord. 


Digitized  by 


Google 


—  24  — 

contreuse  inspiration  de  signer  des  edits,  enregistres  le  16 
juiliet  1765  en  Souveraine  Cour  de  parlement  de  Toulouse, 
qui  enjoignaienl  aux  juges  des  iieux  d'avoir  a  diviser  les  villes 
et  bourgs  en  trois  quartiers  d'un  nombre  egal  d'habitanls;  el 
a  ieur  defaut,  ordre  formel  aux  echevins  ou  consuls  du  lieu 
de  prbceder  a  Toperation.  En  outre,  il  devra  etre  elu,  en  as- 
sembUe  publique  el  par  quarlier,  quatre  deputes.  Ces  depu- 
tes, loujours  en  presence  du  juge  et  des  consuls,  nommeront, 
au  scrutin  secret  et  a  la  pluralite  des  voix,  six  notables  re- 
presentant  les  divers  ordres;  les  notables  procederont  a  Ieur 
tour,  dans  les  memes  formes,  a  Telection  de  deux  echevins; 
les  echevins  et  les  notables  a  Telection  de  trois  conseillers  de 
ville;  les  notables,  les  echevins  et  les  conseillers  de  ville,  a 
Telection  d'un  receveur  syndic,  d'un  secretaire  greffier,  col- 
lecteur,  prud'homnles  ettousautres  serviteurs  de  ville. 

Certains  membres  de  la  communaute  de  La  Deveze  prirent 
a  coeur  Texecution  des  edits.  M.  Andre  Tursan,  juge  en  chef, 
fut  requis  d'avoir  a  se  conformer  aux  Ordres  Royaux.  Inde 
irce.  II  parait  meme  que  la  nouvelle  reglementation  n'etait 
pas  parfaitement  prisee  par  les  consuls  en  charge  :  Guillaume 
Bacque,  Jean  LaQtte  Inthus  et  Bertrand  Dubernet.  II  y  eut  in- 
tervention dubayle,  et  sommation  pour  le  juge  et  les  consuls 
d'avoir  a  faire  executer  rentier  contenu  des  edits.  Le  juge  en 
particulier  repondit  par  un  refus  formel;  et  desormais  les 
Tursan  d'Espagnet  n'assisteront  que  rarement  aux  delibera- 
tions, bien  qu'invites  chaque  fois  par  billet  signe  du  secretaire 
greffier  et  adresse  par  les  officiers  municipaux. 

D'Espagnet  alia,  a  titre  de  protestation,  jusqu'a  proceder, 
loi  seul,  a  la  nomination  d^s  consuls  jusqu'en  1766.  II  obtint 
meme  de  ses  elus  la  prestation  du  serment  entre  ses  mains. 

Les  membres  de  la  communaute,  Dominique  Lanacastets, 
notaire  royal;  Guillaume  Lafitte  Gardey,  avocat  en  parlement, 
etc.,  favorables  aux  edits,  protcstercnt  contre  Vdleclion  d'Es- 
pagnet,  meme  par  devant  notaire,  la  taxant  d'operatiun  des 


Digitized  by 


Google 


—  25  — 

plus  hregutidres  et  singulidres,  de  contravmtion  et  attentat 
aux  edits  el  reglemenls  en  usage,  de  violation  flagrante  des 
droits  de  la  communaule  qui  a  toujours  choisi  el  nomme  ses 
consuls,  a  la  pluralite  des  suffrages. 

« En  consequence,  lesdits  sieurs  conslituants  etant  interes- 
ses  a  faire  executer  les  edits  et  faire  casser  la  pretendue  elec- 
tion consulaire  faite  d'autorite  par  d'Espagnet,  ont  unanime- 
ment  cree,  pour  y  parvenir,  syndic  de  la  communaute,  avec 
pleins  pouvoirs  jusqu'a  sentence  et  arrets  deflnitifs,  Domini- 
que Lanacastets,  notaire  royal,  a  Feffet  de  se  pourvoir  envers 
et  centre  Telection  consulaire  faite  par  ledit  sieur  d'Espagnel 
par  devant  et  en  la  cour  de  messieurs  les  offlciers  de  Telection 
d'Auch,  et  partout  ou  besoin  sera,  en  premiere  instance  ou 
par  appel.» 

Les  elus  de  d'Espagnet,  Jean  Fauron,  Raymond  Biales, 
pour  ne  pas  s'engager  a  des  complications  fort  desagreables, 
crurent  devoir  se  desister. 

M,  d'Espagnet  et  les  consuls  de  1765  persevererent  dans 
leur  refus  formel  de  proceder  au  partage  exige  par  les  edits, 
«  nonobstant  les  requisitions  verbales  faites  par  la  commu- 
»  naute  en  assemblee,  et  m6me  di verses  fois  par  plusieurs  des 
»  plus  notables. »  II  fallut  en  venir  encore  a  la  creation  d'un 
syndic  «  avec  pleins  pouvoirs  de  faire  trois  actes  separes  de 
»  trois  en  trois  jours,  audit  sieur  d'Espagnet,  et  subsidiaire- 
»  ment,  et  a  defaut  de  d'Espagnet,  aux  consuls  en  exercice 
»  pour  les  prier  et  les  sommer  d'avoir  a  diviser  la  ville  de  La 
»  Deveze  et  ses  dependances  (1)  en  trois  quartiers,  pour  for- 
»  mer  chacun  desdits  quartiers  d'un  nombre  egal  d'habi- 
»  tants,  en  suivant  Tordre  des  demeures  (2).  » 

(1)  En  1650,  la  ville  et  commanaotd  de  La  Devize  contenait  qoatre  cent  trente 
maisons  dispersdes  dans  les  cinq  paroisses.  Extrait  da  cadastre  de  1650.  En  1765, 
la  mdme  ville  et  communaute  de  La  Devize  comptait  1309  habitants  (Deliberation 
da  21  novembre  1765). 

(2)  Acte  notarie  signe  IJusser,  du  13  oclobre  1765.  Archives  de  M.  Dupleix-Pal- 
laro,  notaire  a  La  Deveze-Ville.  M.  Dupleix  se  pr^te  a  toates  nos  recherches  avec 
one  bienveillance  si  gi^n^reuse  et  si  amicale,  que  nous  ne  saurions  jamais  trop  lui 
temoigner  notre  vive  et  respectueuse  reconnaissance. 


Digitized  by 


Google 


—  26  — 

Enfln,  Jean  Lafltte  Inthus,  somme  el  requis  par  exploit 
d'avoir,  en  sa  qualite  de  consul,  a  s'executer  inconlinenl  ei 
sans  delai,  proceda  a  la  division  (1)  tant  et  si  indument  desi- 
ree,  comme  suit : 

l^  Avons  compost  le  premier  quartier  de  la  paroisse  de  la  Ville 
et  de  celle  de  Saint-Andre  auquel  nous  avons  joint  les  ntiaisons  des 
nomm^s  Aujalis,  Lartigue  Grivois  et  TAbeill^  qui  sont  a  portee 
de  ladite  ville  et  avons  trouve  que  ce  quartier  contient  quatre  cent 
trente  quatre  habitans; 

2^  Avons  compose  le  second  quartier  des  paroisses  de  Castets  et 
St-Pierre,  et  avons  trouv^  que  ce  quartier  contient  quatre  cent  trente- 
deux  habitants. 

30  Avons  compost  le  troisieme  quartier  des  paroisses  de  St-Lau- 
rent  et  le  parsan  de  Labonnas  excepte  des  trois  maisons  que  nous 
avons  jointes  au  premier  quartier  lequel  present  quartier  avons 
trouv^  contenir  quatre  cent  quarante-trois  habitants. 

Ainsi  a  ^te  par  Nous  faite  la 'division  de  la  ville  de  La  Deveze  et 
ses  d^pendances,  en  trois  quartiers  en  suivant  Tordre  des  demeures 
d'un  nombre  ^gal  d'habitants  autant  qu*il  a  ^te  possible. 

A  La  Deveze,  ce  vingt-un  novembre  mil  sept  cent  soixante-cinq. 
Sign^s  :  Laffitte,  consul,  Bi^re,  secr^taire-greffier  d'office. 

Deja  (20  novembre  1765),  le  clerge  de  La  Deveze,  noble 
Antoine  Du  Clos  de  Gouts,  docteur  en  theologie,  archiprfilre 
de  St-Pierre  el  Castets,  M*  Pierre  Lasserre,  docteur  en  theo- 
logie et  cure  de  Saint  Laurent,  M*  Jean  Bourdette,  aussi  doc- 
teur en  theologie,  cure  de  la  paroisse  de  St-Andre,  la  Magde- 
leine  et  ville  de  la  Deveze,  et  M'  Laurent  Lalanne,  docteur  en 
theologie,  prieur  de  Segalas,  tons  demeurant  audit  La  Deveze, 
en  execution  de  Particle  36  de  Tedil  de  mai,  s'etaient  donne 

(1^  Jusqa'i  la  malencontrease  division  de  17^5,  La  Deveze  ne  formait  qa'one 
seule  communautd  de  droits  et  dMntdr^ts  sods  le  regime  de  trois  consuls  pris  indif- 
f^remmeot  dans  les  cinq  paroisses.  L'entente  6tait  parfaite  dans  1' administration; 
poor  mon  compte,  je  crois  que  la  division  da  21  novembre  1765  f*st  le  point  de  de- 
part des  divisions  trop  r^elles  que  La  Devize  a  \o  se  socc^der  depuis  lors  et  se 
mnltiplier  dans  son  sein.  La  suite  de  la  narration  nous  d^montrera  malheureuse- 
ment  qae  La  Devdze  a  6i^  plus  particnli^rement,  depuis  cette  6poque,  Tinfortan^e 
vietime  de  I'esprit  r^volutionnaire. 


Digitized  by 


Google 


—   27  — 

readez-vous,  dans  la  maison  presbyterale  de  Saint-Pierre,  en 
Deveze,  pour  61ire  le  depute  du  clerge  qui  devra  participer  a 
Telection  des  six  notables :  ce  fut  M*  Bourdette  qui  regut  dele- 
gation pour  serendre,  a  celte  fin,  dans  Tassemblfee  des  deputes. 

Chacun  des  trois  quartiers  reunis  par  section  et  k  des 
heures  differentes  en  presence  du  consul  fit,  de  son  c6te  et 
respectivement,  le  choix  de  ses  quatre  deputes.  Voici  le  resul- 
tat  de  Telection : 

1"  quartier :  La  Ville  et  St-Andre:  Guillaume  Laffite  Gar- 
dey,  avocat  au  Parlement;  Pierre  Leberon,  praticien,  Gabriel 
Lestrade,  m"  chirurgien,  et  Jean  Labarthere. 

2*  quartier :  St-Pierre  et  Castets :  Jean  Ducasse,  Francois 
Lalanne  Poulit,  Jean  Laporte  et  Dominique  Brescon. 

S**  quartier:  St-Laurent  et  partie  de  Labonnas:  Bernard 
Lalanne,  Laurent  Dareix,  Guillaume  Nabonne,  Arnaud  Do- 
merc  (1). 

Les  douze  deputes,  plus  le  depute  du  clerge,  se  reunirent 
pour  elire  les  six  notables. 

Furent  elus  au  scrutin  secret  et  a  la  pluralite  des  voix : 
4**  Noble  Antoine  Du  Clos  de-  Gouts,  docteui;  en  theologie, 
archipretre  de  la  Deveze,  notable  pour  le  corps  ecclesiastique; 

a^*  Bernard-Joseph  Lafflte-Caussade,  Jean-Baptiste  Lana- 
castets  et  M'  Jean  Dusser,  notaire  royal,  notables  pour  le 
corps  des  bourgeois  et  avocats. 

3*  Guillaume  Domerc  el  Guillaume  Dareix,  notables  pour 
le  corps  des  laboureurs  et  artisans  (2). 

Dix  jours  apres,  il  fut  procede  a  Telection  des  deux  echevins, 
par  les  notables.  Les  suffrages  furent  devolus.par  scrutin  se- 
cret et  a  la  pluralite  des  voix  a  M'  Guillaume  Laffltte  Gardey, 
qui  fut  nomme  premier  echevin,  et  a  M'  Dominique  Lana- 
castets,  notaire  royal,  second  echevin  (3). 

(1) 'Deliberation  du  92  novembre  1765. 
(9)  Deliberation  du  93  novembre  1765. 
(3)  Deliberation  du  8  decembre  1765. 


Digitized  by 


Google 


—  28  — 

En  conformite  d^s  edits,  les  elus  durent  accepter  le  litre 
d'echevin;  ils  preterent  le  serment  exige  sur  les  saints  Evan- 
giles,  et  entre  les  mains  du  second  consul,  en  Tabsence  du 
juge  etdu  premier  consul,  ilsjurerent,  selonTusage,  fidelite 
au  Roi  et  s'engagerent  a  remplir  leurs  fonctions  en  gens  de 
bien,  d'honneur  et  de  conscience  (1). 

Les  notables  et  les  echevins  flrent  Telection  des  conseillers 
de  ville;  les  elus  furent :  Laurent  Dareix,  Bernard  Lalanne- 
Balthazar  et  Arnaud  Lanacastets  Bachet  (2). 

Enfln  (3),  Louis  Biere,  praticien,  fut  elu  secretaire  gref- 
fier,  Pierre  Dareix,  receveur  syndic.  De  plus,  on  decida  qu'on 
ne  prendrait  qu'un  serviteur  de  ville  aux  gages  de  dix  livres 
par  an.  Les  gages  du  secretaire  greffier  furent  portes  a  36 
livres.  Jean  Lacour  Lapouchoune  fut  nomme  valet  de  ville,  et 
la  maison  de  Guillaume  Dareix  Tarbes,  choisie  pour  lidtel  de 
ville  provisoire,  au  lieu  de  tenir  les  assemblies  sub  dio 
comme  cela  s'etait  pratique  jusqu'a  ce  jour.  Le  9  decembre 
1765,  Dominique  Brescon  Burbail  fut  nomme  coUecleur.  . 

Quelques  jours  apres  Torganisation  de  la  nouvelle  munici- 
palite,  eut  lieu  .une  assemblee  (4)  des  echevins,  conseillers 
de  ville  et  notables  :  on  arreta  que,  pour  se  conformer  aux 
edits,  les  echevins  auraient  a  convoquer  les  offlciers  muni- 
cipaux,  en  assemblee  de  notables,  tons  les  quinze  jours,  ou 
plus  sou  vent  si  les  echevins  le  jugeaientconvenable.  —  Dans 
cette  reunion,  on  devra  s'occuper  de  la  regie  et  administration 
ordinaire  de  la  presente  ville  com  me  aussi  de  toutes  les  affaires 
exigeant  prompte  expedition,  telles  que  logement  des  gens  de 
guerre,  transport  des  miUtaires  malades,  feux  de  joie,  reponses 
aux  lettres  du  Gouverneur,  Commandant,  Intendant  de  la 
Province  et  ses  sub-delegues,  ordres  par  eux  adresses  aux 
echevins,  etc.  —  II  sera  egalement  tenu  par  les  conseillers, 

(1)  D^lib^ratioa  du  5  decembre  1765. 

(2)  Deliberation  da  5  ddcembre  1675. 

(3)  Deliberation  da  6  decembre  1675. 

(4)  19  decembre  1765. 


Digitized  by 


Google 


—  29  — 

tous  les  premiers  samedis  du  mois,  une  assemblee  de  corps 
de  ville  oii  seront  trailees,  sauf  les  reserves  6tablies  par  I'art. 
13  et  suivants  de  Fed  it  d'aout  1764,  toutes  autres  questions 
concemant  lesinterels  de  la  communaute. 

11  est  dans  les  tendances  de  Thumanite  et  trop  souvent  dans 
les  usages  de  certaines  administrations  nouvellement  etablies 
detrouver  mauvaistout  ce  quia  ete  accompli  dans  le  passe. 
Nos  elus  modemes  eurent  le  soin  de  se  delivrer  un  brevet  so- 
lennelde  capacite  administrative.  lis  jugerent  que  la  ville  et 
communaute  de  La  Devfeze  «  depuis  longlemps  etait  tres  mal 
»  conduite,  qu'aucune  forme  de  gouvernement  ne  pouvait  etre 
»  plus  utile  et  plus  conforme  a  la  situation  actuelle  que  la 
»  formeetles  regies  prescrites  parlesedits  de  1764  etl765. » 
—  II  faut  etre  impartial;  —  nos  ediles  nouveaux  revelerent 
un  devouement  special  pour  la  remise  en  vigueur  de  certains 
droits,  qu'ils  nommaient  biens  patrimoniaux  de  la  communau- 
te, tels  que  droits  de  boucherie,  de  mesurage,  de  cabaret. . . .  En- 
tr'autres  plaintes  energiquement  formulees,  ils  trouvaient  de 
fort  mauvaise  administration  que  Tancien  consulat  eut  laisse 
tomber  ces  privileges  en  desuetude; — plustard,  quandnous 
traiterons  de  la  question  financiere,  nous  verrons  si  leurs 
plaintes  etaient  en  tous  points  fondles;  —  d'ores  et  deja,  il 
n'y  a  pas  lieu  de  feliciter  outre  mesurc  nos  nouveaux  ediles 
de  leur  zele  si  patemel,  nolamment  pour  les  cabarets.  On  ira 
meme  jusqu'a  accuser  Tadministration  consulaire  de  concus- 
sion, de  mauvais  emploi,  detournement  des  fonds  munici- 
paux  (1). 

En  1767  (25  novembre)  et  1768  (2  novembre),  la  nouvelle 
edilite  reviendra  sur  la  mauvaise  regie  des  biens  patrimo- 
niaux, cabarets  et  autres;  elle  representera  par  Torgane  du 
premier  6chevin  que  «jusqu'ala  formation  du  corps  de  ville, 
9  les  affaires  de  la  communaute  etaient  dirigees  avec  tanl  de 
»  negligence  et  de  confusion,  que  tout  etait  dans  un  desordre 

(X)  Deliberations  des  11  ei  31  Janvier  1766. 


Digitized  by 


Google 


—  30  — 

»  general, »  que  jamais  les  offlciers  municipaux  n'avaient  pu 
liquider  la  situation,  «  parce  que  les  titres  et  papiers,  comp- 
»  tes  et  autres  documents  de  la  communaute  ont  ete  enleves 
»  ou  supprimes  ou  retenus  par  plusieurs  personnes,  entre 
»  autres  les  livres  de  mouvances,  comptes  des  consuls,  col- 
»  lecteurs,  syndics,  et  specialement  un  arret  du  conseil  du 
»  1"  mai  1696  portant  prohibition  d'aliener  le  domaine  de 
»  La  Deveze;  que  cet  arret  est  entre  les  mains  du  sieur  Tur- 
»  san,  juge;.  qu'il  importe  de  nommer  un  syndic  pour  assi- 
»  gner  les  detenteurs  de  ces  papiers  devant  les  juges  a  qui 
»  la  connaissance  en  apparliendra  (1)*  » 

Ce  zele  si  soucieux  n'etait  pas  de  nature  a  detruire  Tantipa- 
thie  officielle  qui  divisait  d6ji  les  Tursan  d'Espagnet  et  la 
nouvelle  municipalite.  II  n'etait  pas  fait  pour  prevenir  de 
nouveaux  orages.  Deja,  il  s'en  etait  produit  d'assez  violents. 

Le9  mars  1766,  les  echevins  avaient  regu  ordre  de  Tinten- 
dant  d'envoyer  toute  la  jeunesse  de  La  Deveze,  le  19  mars,  a 
Plaisance,  pour  le  tirage  au  sort.  Cet  ordre  fut  exactement 
transmis  le  dimanche  qui  en  suivil  la  reception,  a  Tissue  de 
la  messe  paroissiale.  Malgr6  les  insinuations  de  M.  d'Espagnet 
et  de  quelques-uns  de  ses  amis  qui  cherchaient  a  les  entrainer 
dans  les  voies  de  Tinsubordination,  les  jeunes  conscrits  furent 
fldeles  a  Tappel.  M.  d'Espagnet  s'en  entenditavecM.  de  La- 
garde,  commissaire  subdelegue,  rteidant  a  Aire,  et  par  ses 
agissements,  il  reussit  a  faire  proceder  au  tirage  en  presence 
du  commissaire,  dans  sa  propre  maison,  vers  les  onze  heu- 
res  du  soir.  Bien  entendu,  leg  echevins  et  notables  furent  evin- 
ces. Cette  conduite  indigna  le  corps  de  ville  de  La  Deveze.  II 
la  regarda  comme  un  outrage  sanglant  inflige  aux  represen- 
tants  offlcielsde  Tautorite  dans  Texercice  m6me  de  leurs  fonc- 
tions.  Le  25  mars  1766,  il  fut  delibere  qu'on  prendrait  une 
consultation  aupres  de  Tun  des  avocats  les  plus  distingues  du 
parlement  de  Toulouse,  aux  fins  de  poursuivre.raudacieux 

(1)  D^lib^ratioD  do  ^5  novembre  1767. 


Digitized  by 


Google 


—  31  — 

Tiolateur  des,  ordres  offlciels  par  toules  les  voies  de  droit. 
Plainte  fut  porteeiMgr  rintendant  et  a  M.  de  Choiseul,  mi- 
nistre  de  la  guerre.  EUe  eut  tout  Teffet  qu'on  s'en  6tait  promis. 
L'intendant  bl^a  la  faiblesse  deM.de  Lagarde^  et  le  4  mai 
1766  les  echevins  regurent  la  lettre  suivante : 

Paris,  le  4  mai  1766. 
Je  suis  fSch^,  Messieurs,  de  ce  qui  est  arriv6  k  La  Devize  au  su- 
jet  du  tirage  au  sort.  Ce  n'est  au  surplus  qu'un  d^faut  de  forme  qui 
ne  derange  rien  au  fond.  Mais  je  mande  a  mon  subd^l^gu^  de  faire 
en  sorte  que  dor^navant  cet  inconvenient  n'ait  plus  lieu. 

Signi :  D'Etignt. 

L'esprilqui  a  dictecette  lettre  revele  trop,  anotresens,  la 
tendance  qu'auraient  certaines  autorites  a  vouloir  toujours 
justifier  leurs  actes^  meme  quand  ils  sont  des  abus  de  pou- 
voir  le  plus  souvent  cre6s  par  de  mesquines  ambitions. 

Le  corps  de  ville  de  La  Deveze  ordonna  la  transcription  de 
cette  lettre  sur  les  registres  offlciels  pour  servir  de  regie  k  ceux 
qui  dirigeraicnt,  dans  la  suite,  les  affaires  de  la  communaule. 
Elle  serail  en  meme  temps  un  temoignage  rendu  a  la  fermete 
des  administrateurs  actuels  comme  aussi  a  leur  respect  pour 
les  volon  tes  superieures . 

M.  d'Espagnet  ne  manqua  pas  de  rejeter  la  pierre  aux  eche- 
vins. Le  23  septembre  et  1"  octobre  1767,  la  municipalite  de 
La  Deveze  crut  necessaire,  pour  maintenir  Tordre  public,  da- 
porter  di  verses  ordonnances  de  police,  notamment  de  faire 
eleverun  carcan  ou  pilori  sur  la  place  publique.  M.  d'Espa- 
gnet  interjeta  appel  en  cassation  pres  le  parlement  de  Tou- 
louse; le  9  aout  1768,  la  cour  rendit  un  arr^t  qui  cassait  ces 
ordonnances,  ordonnait  d'enlever  le  carcan  sauf  a  en  faire 
placer  un  autre,  aux  formes  du  droit,  et  condamnait  les  eche- 
vius  a25  livres  12  sols  11  deniers  d'amende. 

Joachim  Gaubin, 

prdtre,  miffioDDiire. 

{La  suite  prochainement.) 


Digitized  by 


Google 


—  32  — 


m  JDGEEIS  DE  lilM  DE  NOBLESSE  EN  GASGOGi. 


Les  privileges  dont  jouissail  la  noblesse  sous  Tancienne 
Monarchic  avaienl  6te  de  tout  temps  Tobjet  des  convoilises  de 
la  riche  bourgeoisie.  De  la  les  usurpations  sans  nombre  de 
noms,  de  titres,  d'armoiries,  contre  lesquelles  s'eleverent  en 
vain  les  ordonnances  de  Charles  VllI,  d'Henry  IV  et  de 
Louis  XIIL  Les  troubles  religieux  et  les  guerres  civiles,  qui 
bouleverserent  la  France  a  la  Qn  du  xvi*  siecle  et  au  commen- 
cement duxvn%  ne  contribuerent  pas  peua  favoriser  ces  intru- 
sions du  Tiers-Etat.  C'est  en  vain  que  le  corps  de  la  noblesse 
assemble  a  Paris,  pour  la  tenue  des  Etats  generaux  de  4614, 
representa  au  Roi  « que  les  armoiries  etant  une  distinction 
attachee  aux  families  nobles  et  dont  le  legitime  usage  ne  pent 
venir  que  de  la  naissance  ou  de  la  permission  du  souverain, 
les  usurpations  qu'en  faisaient  chaque  jour  les  roturiers  de- 
vaient  6tre  reprimees,  »  et  supplia  Sa  Majeste  «  de  creer 
un  juge  d'armes,  qui  dress&t  un  registre  universel  de  tons  les 
nobles  du  royaume  et  de  leurs  armoiries.  »  C'est  en  vain  que 
d'Hozier,  signalant  ces  usurpations  audacieuses,  ecrivait: 
a  On  ne  saurait  croire  jusque  a  quel  point  les  abus  se  sont 
multiplies  de  nos  jours :  les  roturiers  s'arrogent  des  armes 
sans  aucun  droit;  pour  pen  de  conformite  qu'ils  trouvent 
entre  leur  nom  et  celui  de  quelque  famille  noble,  ils  prennent 
le  meme  symbole  de  noblesse.  II  est  done  necessaire  de  re- 
primer  ses  exces  si  opposes  au  bon  ordre;  la  gloire  du  Prince 
y  est  interessee  et  Thonneur  de  la  noblesse  le  demande. »  Les 
verges  meme  que  Moliere  donnait  si  vertement  au  bourgeois 
gentUhomme  etaient  impuissantes  a  reprimer  ces  usurpations; 
et  les  choses  en  etaient  venues  a  ce  point,  vers  la  fin  du  xvir 


Digitized  by 


Google 


—  33  — 

siecle,  que  sur  cent  families  se  pretendant  nobles,  un  dixifeme 
a  peine  eut  pu  en  fournir  la  preuve. 

Louis  XIV  s'emut  de  cet  abus  qui,  en  augmentant  le  nom- 
bre  des  privilegies,  accroissait  outre  mesure  les  charges  du 
reste  de  la  population.  II  rendit,  en  consequence,  une  ordon- 
nance  datee  du  8  fevrier  1661,  par  laquelle  il  chargeait  les 
cours  des  aides  du  royaume  de  la  recherche  des  usurpateurs 
du  titre  de  noblesse.  Cette  ordonnance  royale  ne  refut  point 
son  execution  «  a  cause  des  longues  procedures  usitees  es 
dites  cours,  et  de  la  faveur  que  plusieurs  desdits  usurpateurs 
trouvaient  aupres  d'aucuns  des  officiers  qui  les  composent, 
desquelsils  sont  parents  ou  alliez  (1).»  C'est  pourquoi,  le  26 
fevrier  1666,  Louis  XIV  rendit  une  seconde  ordonnance,  par 
laquelle  il  evoquait  des  cours  des  aides  tons  les  proces  pour 
la  recherche  des  usurpateurs  des  titres  de  noblesse,  et  en  con- 
flait  la  connaissancea  des  commissaires  generaux,  nommes  et 
deputes  dans  les  provinces  par  le  conseil  d'Etat.  En  indiquant 
les  motifs  de  cette  mesure,  Tordonnance  reglait  en  meme 
temps  Ml  maniere  dont  les  commissaires  deyaienl  proceder 
pour  la  verification  des  titres  de  noblesse  et  Tetablissement 
des  amendes :  ^  Et  ordonne  Sa  Majeste  que  par  ledit  commis- 
saire  il  sera  procede  a  la  continuation  de  la  recherche  des 
usurpateurs  du  titre  de  noblesse,  auquel  efifet  ledit  commis- 
saire  se  transportera  dans  chacune  des  Elections  dependantes 
desdites  generalitez,  pour  faire  assigner  par  devant  luy,  tant 
les  veritables  gentilshommes  que  les  pretendus  usurpateurs, 
pour  representer  leurs  titres,  pour  estre  le  tout  communique 
aux  commis  preposez  pour  la  recepte  des  amendes,  et  inces- 
sament  verifiez  par  ledit  sieur  commissaire.   Et  ceux  qui  se 
trouveront  sans  difflculte  seront  a  Tinstant  rendus  et  sans 
frais  a  ceux  qui  seront  reconnus  v6ritablement  nobles.  Et 

(1)  Ordonnance  del666.—  Les  charges  k  la  cour  des  aides  confdraient  la  no- 
blesse; de  pins,  elles  ^talent  v^nales.  On  comprend  facilement  Tappoi  que  les  usur- 
pateurs devaient  trouyer  anprds  des  nouveaux  aneblis/  dont  loute  la  parents  se 
troQTait  encore  dans  la  boargeoisie. 

Tome  XVIH.  3 


Digitized  by 


Google 


-   34  — 

quant  aux.autres,  ledit  sieur  commissaire  dressera  son  procez- 
verbal  des  dires  et  contestations  des  parties,  pour  estre  en- 
voye  avec  son  avis  au  Conseil,  ou  il  sera  fait  droit  au  rapport 
des  commissaires  cy  devant  a  ce  deputez;  lesquels  avis  con- 
tiendront  ce  que  chacun  desdits  usurpateurs  devra  payer,  eu 
egard  a  ses  facullez  et  au  benefice  qu'ii  aura  tire  de  son  usur- 
pation, au  prejudice  de  Sa  Majeste  et  du  public. »  L'amende 
pour  toute  usurpation  elait  de  2,000  livres.  En  outre,  le  cou- 
pable  devait  etre  taxe  a  300  livres  pour  chacun  des  titres  qu'il 
aurait  pris  indument  dans  les  actes  publics,  noble,  chevalier, 

ecuyer,  messire,  baron,  etc. ,  etc.  « Et  voiilant  Sa 

Majeste  temoigner  aux  veritables  gentilshommes,  que  la  re- 
presentation desdits  titres  n'est  demandee  que  pour  les  dis- 
tinguer  des  usurpateurs  et  de  les  empficher  de  vexations  a 
Favenir;  ordonne  qu'apres  la  verification  desdits  titres,  et 
ladite  recherche  parachevee,  il  sera  fait  un  catalogue  conte- 
nant  les  noms,  surnoms,  armes  et  demeure  desdits  veritables 
gentilshommes,  qui  sera  registre  es  greflfes  des  bailliages  et 
elections  pour  y  avoir  recours.  » 

Depuis  cette  epoque  jusqu'a  la  mortde  Louis  XIV,  le  con- 
seil  d'Etat  rendit  un  grand  nombre  d'arrets,  ordonnant  de 
continuer  les  poursuiles  centre  les  usurpateurs  de  noblesse. 
Telles  sont  les  declarations  du  4  septembre  1696,  du  30  mai 
1702,  du  30  Janvier  1703  et  du  16  Janvier  1714. 

Forts  de  ces  declarations  royales,  les  commissaires  enque- 
teurs  ne  craignirent  pas  quelquefois  de  s'adresser  en  haut 
lieu  pour  demander  aux  porteurs  de  titres  la  preuve  de  leurs 
droits.  Ainsi,  en  1704,  le  lieutenant  de  la  prevdte  generate 
des  monnaies  et  marechaussee  de  France  fut  assigue  devant 
les  commissaires  afln  de  justifier  du  titre  d'ecuyer  qu'il  se 
donnait  sans  aucun  droit.  Dans  la  generalite  d'Auch,  M«  Charles 
de  La  Cour  de  Beauval,  commissaire  enqueteur,  assigna  de- 
vant lui  messire  Clement  de  Montesquieu,  de  Pr6chac,  abbe 
de  Berdoues  et  de  Talbonne,  pour  qu'il  eAt  a  produire  ses 


Digitized  by 


Google 


—  35  — 

litres  de  noblesse;  et  le25  mai  1699,  le  meme  commiss^iire 
rendit  un  jugement  par  deffaut,  contre  haul  et  puissant  sei- 
gneur Frangois  de  Lasseran  de  Manssencome  de  Monluc,  par 
lequelii  le  condamnait  a  2,000  livres  d'amende  comme  usur- 
pateur  du  litre  de  noblesse  et  a  la  sqmme  de  30  livres  pow 
la  restitution  « des  indues  exemptions  des  charges  de  la  pa- 
roisse  de  sa  demeure,  dont  il  avail  joui. »  —  Le  petit-fils  de 
Monluc  n'eut  pas  de  peine  a  se  faire  relever  de  ce  jugement. 

Les  declarations  royales  prescrivaient  les  preuves  de  no- 
blesse au  moins  jusqu'en  1360.  Celle  du  16  Janvier  1714  se 
montra  plus  large :  elle  portait  que  tons  ceux  qui  avant  celte 
epoque  6tabliraient  une  filiation  noble  jusqu'a  Tan  1614,  c'est- 
a-dire  cent  ans,  sans  avoir  ele  poursuivis  ni  condamnes 
avant  ledil  Mil,  scraient  declares  et  reputes  nobles. 

C'est  le  resultat  de  ces  grandes  enquetes  heraldiques  dans 
la  generalite  de  Montauban,  Auch,  pays  de  Foix  et  Bigorre 
que  nous  entreprenons  de  publier  aujourd'hui.  —  L'impor- 
lance  historique  de  ces  documents  n'echappera  a  personne. 
M.  Leonce  Couture  Tappreciait  tres-bien  quand  il  ecrivait  dans 

le  numero  de  novembre  de  la  Revue:  « Ces  jugements 

constitueront  un  etat  vraiment  aulhentique,  avcc  mention 
de  preuves,  de  la  noblesse  de  Gascogne  avant  1716,  etat  sou- 
verainemenl  important  pour  la  connaissance  do  Thistoire 
feodale,  militaire,  ecclesiastique  et  civile  de  noire  province; 
etat  d'ailleurs  completement  inedit  et  jusqu'ici  fort  peu 
connu.  » 

Ces  jugements,  en  eflfet,  renfermenlla  mention  d'unefoule 
de  documents  precieux,  tels  que :  lettres  missives  des  Rois  de 
France  ou  des  grands  officiers,  achat  ou  transmission 
hereditaire  des  fiefs,  lettres  royaux,  concernant  des  provisions 
de  charges  ou  des  missions  politiques,  fondations  pieuses, 
contrats  de  mariage,  testaments,  etc.,  etc.  Chaque  mention 
d'acte  indique  toujours  la  dale,  et  generalement  le  nom  du 
notaire  qui  Fa  retenu  et  celui  du  Ueu  ou  il  a  ele  passe. 


Digitized  by 


Google 


—  36  — 

Ces  indications  precises  ouvriront  des  horizons  nouveaux 
a  nos  historiens  et  les  guideront  plus  surement  dans  leurs 
recherches. 

L'importancehistoriquedeces  jugements  Ae  .maintenue  de 
noblesse  les  arendus  a  plusieurs  epoques  I'objet  de  publica- 
tions. Deja,  en  J  759,  le  marquis  d'Aubais  publiait  dans  ses 
Pidces  fugitives  sur  VMstoire  de  France  les  jugements 
rendus  dans  la  generality  de  Toulouse,  par  messire  Claude 
de  Bazin  de  Bezons,  intendant  de  Toulouse.  Le  savant  genea- 
logiste  Laine  en  a  signale  plusieurs  dans  ses  Archives  de  la 
noblesse  de  France,  ouvrage  si  rare  aujourd'hui.  M.  Louis  de 
La  Roque  a  publie  en  deux  volumes,  il  y  a  quelques  annees, 
un  sommaire  des  jugements  rendus  dans  le  Bas-Languedoc; 
il  annon^ait  pour  une  seconde  publication,  qui  n'a  point 
encore  paru,  le  resultat  des  enquetes  dans  les  anciens  dio- 
ceses de  Toulouse,  Albi,  Carcassonne,  Mirepoix,  St-Papoul, 
Rieux,  Castres,  Montauban,  Aleth,  Comminges  et  Lavaur. 

Notre  publication  viendra  s'aj  outer  a  celles-la  et  les  com- 
pletera;  afin  de  la  rendre  plus  complete,  nous  avons  juge.  a 
propos  de  placer  en  tdte  de  chaque  jugement  les  armoiries 
des  families,  d'apres  Farmorial  offipiel  dresse  en  vertu  de 
Fordonnance  du  20  novembre]1696. 

Cette  ordonnance,  portant  creation  d'une  grande  mailrise 
g6nerale  et  souveraine  pour  Penregistrement  des  armes  de 
toutes  personnes,  provinces^  villes,  terres,  seigneuries,  corps 
et  communaute,  fut  plutdt  une  mesure  flscale  que  le  resultat 
d'une  preoccupation  heraldique.  L'enregistrement  des  ecus- 
sons  etait  soumis  a  des  droits  divers,  dont  le  produit  devait 
rentrer  dans  les  caisses  du  Roi;  et  la  ferme  en  fut  adjugee 
moyennant  5,833,333  livres  16  sols  4  deniers,  au  sieur  Adrien 
Vanier,  bourgeois  de  Paris. 

Ce  grand  travail,  confle  quelques  annees  plus  tard  (1701) 
k  d'Hozier,  ne  se  termina  qu'en  1718.  C'est  la  que  nous 
puiserons  pour  blasonner  les  armes  des  families  maintenues. 


Digitized  by 


Google 


—  37  — 

Puisse  notre  travail  trouver  de  nombreux  lecteurs  et  leur 
inspirer  le  d6sir  de  rechercher,  eux  aussi,  les  sources 
si  fecondes  et  si  nombreuses  de  notre  histoire  regionale! 
Puisse-t-il  surtout  procurer  a  la  noblesse  «  du  pur  et  vrai 
terroir  de  Gascogne »  ce  singulier  plaisir  et  cette  consolation 
dont  parle  Boivin  du  Villars  dans  ses  memoires :  «....  Et  pour 
autant  que  les  families  vrayement  nobles,  et  celles  aussy  de 
bourgeoisie,  re^oivent  a  singulierplaisir  et  a  consolation  aussy 
quand  ils  oyent  raconter  que  leurs  majeurs,  parens  etamis  ont 
glorieusement  servy  et  le  prince  et  la  patrie,  mesmes  au  des- 
meslement  dela  guerre,  j'ay  voulu  mettreicy  les  noms(l)....» 

J.  DE  CARSALADE  DU  PONT. 

Moiil-d*Astarac,  3  Janvier  1877. 

Jugements  de  maintenue  de  noblesse  (2). 

I 

JEAN  DE  SARIAC,   SEIGNEUR  DE  CANET  (3). 
U argent  d  une  comeille  de  sable  membrie  et  hecquie  de  gueules* 

Testament  de  noble  Etienne  de  Sariac,  seigneur  d'Arn6  et  de 
Canet,  du  5  octobre  1663,  par  lequel  il  veut  que  Marguerite  de  Du- 
faur,  sa  femme,  jouisse  de  Tusufruit  de  ses  biens,  et  institue  son 
h^ritier  Jean  de  Sariac  son  fils  ain(5;  ledit  testament  regu  et  exp6di6 
par  Dusault,  notaire  royal  de  Riviere-Basse. 

Testament  de  dam^^*  El^nore  de  Deveze,  femme  de  noble  Mar- 

(1)  4«  volume,  page  494,  Edition  Petitot. 

(2)  Ghaque  jugement  est  pr^e^d^  d'une  fonnule  jadiciaire,  sans  int^rdt,  qui  est 
an  ordre  de  comparnlion  devantle  cominissaire  enquSteur,  pour  la  prodoetion  des 
litres  nobiliaires.  Je  De  la  traoscris  point  poar  ^viter  les  longoeurs. 

Les  manascrits  des  archives  nationales  renferment  une  foule  d'erreurs  dans  I'or- 
thographe  des  noms  patronymiques,  et  dans  celle  des  noms  de  lieux  et  de  flels.  Je 
prie  lee  personnes  int^ress^es  oa  les  amateurs  de  vouloir  bien  les  rectifier;  et, 
d'avance,  je  les  en  remercie.  —  J.  de  C. 

(3)  Ge  nom  se  trouve  diversement  ^crit  dans  les  chartes  latines  ou  francaises, 
de  Sariaco,  de  Serriaco,  de  Sarinaco,  de  Sarriac,  de  S^rignac.  La  Ghenaye  donna 
une  trds-longue  g^n^alogie  de  cette  famille,  commencant  k  Amaud,  seigneur  de 
Sarriac,  aupaysde  Magnoac,  en  1156.  —  Branches  de  Canet,  Navarron,  Sarcei, 
Tiilac  et  des  marquis  de  Sdrignae-Belmont. 


Digitized  by 


Google 


—  38  — 

guerin  de  Sariac,  seigneur  de  Canet,  par  lequel  elle  dit  avoir  ^te 
procre^s  de  leur  mariage  nobles  Andr^,  Etienne,  Jean  et  Roger 
ses  enfants.  Ledit  testament  regu  et  exp(5die  par  Terrade,  notaire 
royal  de  Riviere-Basse. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Marguerin  de  Sariac,  seig.  de  Canet, 
avec  dam^^®  E16onore  de  Deveze,  du  17  avril  1617,  regu  par  Nicolas 
notaire  de  Riviere-Basse. 

Testament  de  noble  Ogier  de  Sariac,  seigneur  de  Navarron,  du 
12  d&embre  1611,  par  lequel  il  declare  etre  mari^  avec  noble  Louise 
de  Pr^chac,  par  lequel  il  legue  k  noble  Marguerin  de  Sariac  son 
fils  2,000  livres.  Ledit  testament  regu  par  Lafontan  et  exp6di6  par 
Dominique  Lafontan,  son  fils,  detempteur  des  papiers  de  son  pore. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Ogier  de  Sariac  (1),  seig.  de  Na- 
varron, ecuyer,  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes,  avec  dam^'° 
Louise  de  Prechac;  devant  Gaillard  de  Meillan  not"  de  Marciac,  12 
mai  1592. 

Quittance  pass6e  par  devant  Daunos,  notf«  royal,  le  18  juillet  1569 
par  noble  Dominique  de  Sariac,  seig.  de  Navarron,  et  Ogier  de  Sa- 
riac- pere  et  fils  de  la  somme  de  1400  livres  et  autres  sommes  y  enon- 
c^es  promises  a  noble  dam'^«  Marie  de  Mont,  femme  dudit  noble 
Ogier  de  Sariac  (2).  Ladite  quittance  exp^^diee  par  Lafontan,  not^® 
royal  etv^rifiee  sur  la  minute  par  le  sieur  Barbotan,  subd^legu^ 
de  messire  Pellet,  intendant,  le  8  mai  1667. 

Contrat  de  mariage  de  Dominique  de  Sariac,  seigneur  de  Navar- 
ron (3),  avec  dam"®  Jeanne  de  Forgues.  Ledit  Dominique  assiste  de 
dame  Amado  de  La  Violette  sa  mere,  du  14  avril  1542,  regu  par 
Pierre  Jugno,  notaire  de  Marciac,  et  expedie  par  Arnaud  Jugno, 
not'®  de  Marciac,  son  neveu  et  detempteur  des  papiers. 

Main tenu  dans  sa  noblesse  par  jugement  rendu  a  Montauban  le 
2  mai  1697.. 

Signi:  Claude-Joseph  Sanson,  intendant  de  la  g^neralit^ 
de  Montauban. 

(1)  Ogier  de  Sarriae  ^tait  da  nombre  de  c  ces  qaarante-cinq  diables,  coape-jar- 
rets  et  assassinatears  gascons,  »  qui  poignard^rent  le  dac  de  Guise  au  ch^teaa  de 
Blois.  —  (Voye2  le  tome  xi  de  la  Rfivue  de  Gasecgne,  page  386-7.) 

(2)  II  avail  dpoas^  en  1^*'  noces  Marie  de  Mont;  en  2**,  Francoise  de  Lnp6,  et  en 
3*,  Lonise  de  Prechac.  , 

(3)  II  ^(aitfilsde  noble  Hugoes  de  Sariac,  seigneur  de  Navarron^  da  chef  de  sa 
femme  Amade  de  La  Violette,  dame  de  Navarron.  Hugues  avail  pour  pdre  «  Bernat 
de  Sariac  Senhor  de  Sariac,  chivalid  gran  homme  de  guerre,  »  sur  lequel  nous  avons 
donnd  uoe  esquisse  biographique.  Voyez  Revue  de  Gascogne,  tome  xv,  page  542. 


Digitized  by 


Google 


—  39 


II 

LOUIS  DE  CHASTANET,    SEIGNEUR   DE   PUYSfiGUR   (4). 

Uazur  au  chevron  (Tor,  d  un  lion  du  mime,  passant  en  pointe; 
au  chefd'orplein. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Louis  de  Chastanet,  seigneur  de 
Puysdgur,  fits  de  noble  Jean-Louis  de  Chastanet,  seig.  dePuyse- 
gur,  et  de  dame  Louise  d'Aignan  de  Castancl,  avec  dam"«  Marguerite 
de  Roquette.  Ledit  contrat  passe  par  devant  Forcade,  nof*  royal  de 
Toulouse,  le  20  octobre  1688. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jean-Louis  de  Chastanet,  seig^  de 
Lagrange,  assist^  de  messire  Jean  de  Chastanet,  seig.  de  Puysegur, 
son  p^re,  et  de  M'  Bernard  Vacquier,  procureur  fonde  de  dame  Ga- 
brielle  de  Moutberau,  mere  dudit  sieur  de  Lagrange,  avec  dam"* 
Louise  d'Aignan.  Ledit  contrat  regu  et  exp^die  par  Barbe,  not^'  royal 
de  laville  d'Auch,  le  8  aoilt  1655. 

Contrat  do  mariage  de  messire  Jean  de  Chastenet,  seig.  de  Puyse- 
gur, gentilhomme  ordinaire  de  la  Chambre  du  Roi,  avec  dam"«  Ga- 
brielle  do  Tersac-Montberaut.  Ledit  contrat  regu  et  exp^di^  par  Jean 
D^las,  gardenotte  royal  hdr^ditaire  du  lieu  de  Ste-Christie,  du  24 
juillet  1631. 

Testament  de  Jean  de  Chastenet,  ecuyer,  seig.  de  Puysegur,  par 
lequel  il  declare  6tremari6  avec  dam"«  Madeleine  d'Espagne  et  fait 
ses  h^ritiers  universels  Jean,  son  fils  aJn^,  Pierre,  Josse,  Jacques  (2), 
Joseph,  Jean-Pierre  et  Nicolas  ses  sept  gargons.  Ledit  testament 
regu  par  Jean  Delas,  not.  de  Ste-Christie,  le  15  octobre  1611,  et  exp6- 
di^  par  Louis  D61as  notf«  le  18  juillet  1666. 

Testament  de  Bernard  de  Castanet,  seig.  de  Puysegur,  par  lequel  il 

(1)  La  maison  de  Chastanet  on  Chastenet  de  Puys^gor,  arriv6e  si  vite  k  un  grand 
^clat,  ne  rcmonte  pas  plas  hant  qae  les  premieres  ann^es  do  xvi*  tiecle.  La  g^n^alo- 
gie  pnbli^e  par  La  Chenaye  des  Bois  est  compl6temenl  fausse  jusqu'acette  ^poque. 
Nicolas  de  Castanet,  marchand  et  bourgeois  de  Lectonre,  en  1530,  est  la  tige  de 
cette  famille  donl  plusieurs  membres  ont  illuslr^  la  Gascogne.  (Voyez  Revue  de 
Gascogne,  tome  xvii  pages  331,  421-2-3-4). 

(2)  Jacques  de  Chastenet,  vicomte  de  Poys^gor,  le  septi^me  des  quatorze  enfants 
de  Jean  de  Chaslenet  et  de  Madeleine  d'Espagne,  a  laissd  des  memoires  omis  fort 
mal  a  propos  dans  la  Collection  des  mt^moires  relatifs  a  I'histoire  de  France;  il 
eutpoar  fils  le  mar^chal  de  Puysegur.  Jacqaes-Francois  de  Chastenet,  marquis  de 
Pays^gur,  comie  de  Chessy,  vicomte  de  Bnzancy  dans  le  Soissonais,  et  Tun  des 
quatre  quarts-comtes  de  Soissons. 


Digitized  by 


Google 


-   40  — 

laisse  ses  honneurs  funebres  a  la  discretion  de  Marguerite  de  Pins 
sa  femme,  et  fait  mention  que  Jean  son  fils  aJn6  est  mari^  avec 
dam^«  Madeleine  d'Espagne,  ledit  testament  pass6  devant  Jean  Ga- 
varret,  not.  royal  de  Lectoure,  le  dernier  f^vrier  1600. 

Contrat  de  manage  de  noble  Bernard  de  Castanet,  seig.de  Campe- 
s^gues,  avec  dam^«  Marguerite  de  Pins,  regu  par  Bouly,  not'®  royal 
de  Lectoure,  30  aout  1556,  et  exp^di^  d'autorit^  de  justice  par  Jean 
Lafont,  le  29  mars  1597. 

Testament  de  noble  homme  Nicolas  de  Castanet,  seig.  de  Puys^gur, 
par  lequel  il  veut  que  dam^^  G^raude  Foissin  (1)  sa  femme  soit 
entretenue  sa  vie  durant  par  son  h^ritier  et  laisse  par  droit  de  por- 
tion h^r^ditaire  a  noble  Bernard  de  Castanet  son  fils,  et  de  ladite 
Foissin,  des  biens  y  mentionn^s,  le  dit  testament  regu  par  Darbens, 
not.  de  Lectoure,  le  29  Janvier  1548,  etexp^di6  par  Lapis  le  20  juin 
1601. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  par  jugement  rendu  k  Montauban  le 
12  decembre  1697. 

Signi:  Claude  Joseph-Sanson,  intendant  de  la  g^n^ralite  de  Mon- 
tauban. 

(A  suivrc.) 

Voici  rindication  de  ce  que  renferment  les  archives  du  S^minaire 
d'Auch  sur  MM.  de  Chastenet-Puys^gur  : 

Z^  33.  —  1633.  Mariage  de  Pierre  de  (^hastanet,  sgr  de  Puys^gur, 
avec  d^«  Marie  de  Bousquet. 

Y  15.  —  Extrait  de  baptSme  avec  le  visa  de  T^v^ue  de  Carcas- 
sonne (sceau),  d'Auguste  de  Chastenet  de  Puys^gur. 

P'  21.  —  Fragments  g6n6alogiques  sur  Puysegur  Chastenet. 

E  98.  —  1190-1416.  Fragments  pour  la  g^n^alogio  de  la  maison 
de  Chastanet  ou  Castanet  [Seraient-ce  les  mat^riaux  de  Tarticle  de 
Lachenaye-Desbois  ?] 

M.  Tabbe  Vivent,  cur^-doyen  de  Mi^lan  (Gers),  possede,  avec  une 
copie  ancienne  des  M6moires  de  Jacques  de  Chastenet-Puys^gur, 
plusieurs  lettres  ou  brevets  royaux  relatifs  a  cet  illustre  capitaine  ou 
a  sa  famille. 

Quant  aux  Saruc,  les  mSmes  archives  ne  renferment  pas  moins 

de  cent  quinze  pieces  ou  fragments  sur   cette  famille,  depuis  le 

douzi^me  siecle  jusqu'au  dix-huitifeme. 

[L.  C] 

(I)  Sur  les  Foissin,  yoyez  Revue  de  Gascognet  tome  xvi,  p.  483. 


Digitizfed  by  VjOOQIC 


—  41  — 


NOTES  ET  DOCUMENTS  INEDITS 


RELATIFS 


A,  LA  FAIMCILLE  DE  LAU- 


M.  Paul  La  Plagne-Barris,  dans  rinteressant  article  qu'il  a 
donne  a  la  Revue  de  Gascogne  d'octobre  1876  sur  la  prise  de 
Barcelonne  {Gers),  en  1591,  par  le  seigneur  de  Lau,  a  cite, 
d'apres  les  Archives  historiques  du  d^artement  de  la  Gironde, 
deux  lettres  du  marechal  de  Matignon  a  Henri  IV,  ou  il  est 
parle  du  vaillant  capitaine  gascon.  Ces  deux  lettres  provien- 
nent  des  archives  du  chateau  de  Xaintrailies,  et  j'ai  pense 
que,  pour  completer  a  la  fois  les  communications  de  M.  P. 
La  Plagne-Barris  et  de  M.  le  docteurCandelle  {Bulletin  d'Auch, 
l.  nr,  p.  459),  je  devais  grouper  ici  les  notes  et  les  documents 
relatifs  a  la  famille  de  Lau,  que  j'ai  eu  la  bonne  fortune  d'ex- 
traire  des  vieux  papiers  laisses  successivement  au  chateau  de 
Xaintrailies,  par  les  Montpezat  et  les  Lusignan. 

Le  temps  me  manqua  malheureusement  pour  proflter, 
cpmme  je  Paurais  voulu,  de  cette  bonne  fortune  que  je  dus  a 
la  bienveillance  des  heritiers  de  madame  la  marquise  de  Lu- 
signan, MM.  de  Chateaurenard  et  de  Saint-Gery.  Mon  desir, . 
mon  ardent  desir  etait  de  tout  transcrire.  Mais  il  aurait  fallu, 
pourcela,  des  semaines  entieres  d'un  travail  assidu,  etjene 
disposals  que  de  quelques  journees,  Ces  journees,  certes,  je 
lesutilisai  de  monmieux,  et  Finfatigablerapidite  de  ma  plume, 
qui,  du  matin  jusqu'au  soir,  a  soils  ortu  usque  ad  occasum, 
volait  sur  le  papier,  faisait,  ilm'en  souvient,  Tetonnement  des 
honorables  notaires  qui,  aupres  de  moi,  redigeaient  avec  une 
majestueuse  lenteur  un  interminable  inventaire.  Ne  pouvant 
emporter  tons  les  tresors  accumules  dans  les  archives  de 


Digitized  by  VjOOQIC 


-,  42  — ' 

Tanlique  demeure  de  Pothon  de  Xaintrailles,  je  fus  oblige  de 
choisir  ceux  qui  me  paraissaient  les  plus  precieux,  el  je  m'oc- 
cupai  surtout  Qrahil  sua  quemque  voluptas)  des  documents 
qui  concernaient  mon  cher  xvi*  siecle,  J'en  transcrivis  ainsi 
au  moins  uae  centaine,  qui  ont  paru  dans  divers  volumes  des 
Archives  historiques  du  departement  de  la  Gironde  (vm,  x, 
xiv),  et  dans  le  dernier  volume  du  Recneil  des  Iravaux  de  la 
Societe  d' agriculture,  sciences  et  arts  d'Agen  (1).  Je  regrette 
de  ne  pouvoir  joindre  aux  trois  lettres  ecrites  a  Jacques  et  a 
Hector  de  Lau  par  Henri  IV,  par  le  marechal  de  Malignon  et 
par  Louis  XIII,  que  d'incompletes  indications  sur  les  pieces 
plus  anciennes  oil  flgurent  d'autres  membres  de  la  famille  de 
Lau.  Consolons-nous  les  uns  et  les  autres  en  nous  disant 
que,  somme  toute,  pour  ce  qui  regarde  les  Lau,  comme  pour 
xe  qui  regarde  les  Montpezat,  j'ai  pris  le  dessus  du  panier. 

Le  premier  par  la  date  des  actes  du  chartrier  de  Xaintrailles 
nous  transporte  dans  la  seconde  moitie  du  xiv*  siecle.  C'est 
une  donation  et  cession  (1366-1393)  faite  par  noble  Auger 
de  Lau  de  tons  ses  droits  sur  les  lieux  et  terres  d'Annian 
[Aignan?]  et  de  Boyt  (2)  en  Armagnac,  en  qualite  de  fils  et 
heritier  universel  de  defunt  noble  Carbonel  de  Lau,  seigneur 
de  Lau. 

On  trouve  ensuite  (30  decembre  1421)  le  serment  fait  par 
nobles  Manaud  de  Lau  et  Carbonel  de  Lau,  chanoine  de  No- 
garo,  freres,  flls  d'Auger,  seigneur  de  Lau,  de  garder  et  main- 
tenir  les  habitants  de  Nolens  (3)  et  Casanove  (4)  dans  leiirs 
franchises  et  libertes. 

Sous  la  date  du  6  et  du  13  juin  1456,  citons  le  delaissement 

(1)  Documents  Mdits  pour  servir  a  I'histoire  de  I'Agenais,  Y  voir  notamment 
(tirage  apart,  in-S^,  1874)  une  lettre  de  Henri  IV,  aiors  roi  de  Navarre  (15  juin 
1577)  k  Francois  de  Montpezat,  seigneur  de  Laugnac  (p  127-128)  et  une  lettre  da 
mar^cbal  de  Matignon  (24mai  1585)  k  Jacques  de  Lau  (p.  172-174). 

(2)  Bouit,  section  de  la  commune  de  Nogaro,  ou  so  trouve  encore  ane  cbapelle  de 
devotion  el  de  p61erinage. 

(3)  Aujourd'hni  Noulens,  arrondissement  de  Condom,  canton  d'Eauze. 

(4)  Aujoufd'hui  Caseneuve,  id.,  id. 


Digitized  by 


Google 


—  4^  — 

de  certains  flefs  et  rentes  fait  par  noble  Auger,  seigneur  de 
Lau  et  d'Estang,  pour  la  dotation  d'une  chapelle  dans  Teglise 
dudit  lieude  Lau(cte  Lauro)  instituee  par  noble  et  puissant 
seigneur  Manaud  de  Lau,  son  pere  (1),  desquels  fiefs  qui  sont 
en  Estang  ledit  Auger  fait  consentir  reconnaissance  en  faveur 
du  chapelain  par  les  tenanciers. 

Douze  ans  plus  tard,  le  26  mai  1464,  cession  fut  faite,  de- 
vant  Michel  Mitonnelli,  notaire  de  Lannepax,  par  noble  Auger 
de  Lau,  seigneur  de  Lau  et  de  Casanove,  flis  et  heritier  de 
noble  Manaud  de  Lau  et  de  noble  Andrive  de  Saint-Lane,  ses 
pere  et  mere,  du  territoire  et  fief  dudit  Casanove,  et  d'une 
maison  dans  le  lieu  de  Villecomtal  ou  Bretagne,  au  diocese 
d'Auch,  en  faveur  de  noble  Carbonel  de  Lau,  son  frere,  sei- 
gneur de  Nolens  (2),  pour  le  payement  de  la  somme  de  deux 
cents  ecus  d'or,  d'un  c6te,  et  cinquante  livres,  d'autre,  a  lui 
tegues  par  le  testament  de  ses  pereet  mere. 

Le  11  juillet  1469,  une  vente  fut  consentie  par  noble  Ber- 
nard d'Armagnac,  seigneur  de  Termes,  de  plusieurs  flefs, 
cens  et  rentes  au  lieu  de  Caumont,  a  noble  et  puissant  sei- 
gneurs Auger  de  Lau,  seigneur  de  Lau. 

Le25  mai  1481,  vente  fut  faite,  pour  la  somme  de  seize 
ecus  d'or,  par  noble  et  puissant  seigneur  Bertrand  de  Par- 
delhan,  seigneur  de  Pangeas,  a  noble  et  puissant  seigneur 
Augier  de  Lau,  seigneur  dudit  lieu,  du  fief  ou  service  appele 
galalge  (3),  qui  etail  un  certain  droit  que  les  habitants  de 
Laratamati  et  du  Castagnet  payaient,  lorsqu'ils  mariaient  leurs 
enfants.  L'acte  fut  passe  devant  Guillaume  de  Saint-Guilhem, 
notaire  de  Riscle. 

(1)  VoiI4d^ja  qcatre  generations  parlaiteraent  d^termin^es:  Carbonel  de  Lau, 
Anger  de  Lao,  Manaud  de  Lau,  Anger  II  de  Lau.  Ajontons  que  dans  cet  acte, 
libelld  par  le  notaire  Jean  de  Monasteriis,  est  mentionntf  noble  Amanieu  de  Lau, 
frdre  de  Manaud  de  Lau. 

(3)  Le  18  Janvier  1480,  une  vente  fut  faite  &  ce  mdine  Carbonel  de  Lau,  seigneur 
de  Nolens,  par  noble  et  puissant  seigneur....  de  Montescjuiou,  seigneur  dudit  Mon- 
tesquieu, baron  de  Lauraet^  etc. 

(3)  Je  ne  trouve  pas  le  mot  Gatalgium  dans  le  Glossaire  de  Da  Gauge. 


Digitized  by 


Google 


—  44  - 

II  ne  me  reste  plus,  avant  de  reproduire  les  trois  lettres 
annoncees,  qu'a  mentionner  le  contrat  de  manage,  du  23 
fevrier  1650,  entre  noble  Bernard-Franfois,  fils  de  feu  ines- 
sire  Hector  de  Lau,  seigneur  dudit  lieu,  et  noble  demoiselle 
Marie- Francoise,  flUe  de  noble  Philippe-Antoine  de  Perdail- 
han,  seigneur  de  Seailhes,  contrat  de  mariage  redige  par  le 
notaire  Guilhaumede  Broqua,  et  un  acte  des  24  et  22  juillet 
1653,  reproduisant  le  testament  de  messire  Jean  Hector  de 
Lau,  seigneur  et  baron  dudit  lieu,  Estang,  Tarsac  et  autres 
places,  par  lequel  il  instituait  pour  son  heritier  general  et 
uniyersel  Bernard  de  Lau,  sieur  de  Perchede,  et  lui  substi- 
tuait  ses  enfants  inales  et  en  casouil  viendrait  a  deceder  sans 
enfantsmS.les,  ses  filles,  Fordre  de  primogeniture  etant  ob- 
serve,  et  de  la  en  avant  de  degre  en  degre,  en  sorte  que,  par 
cet  ordre  de  succession,  messire  Armand-Joseph-Jean-Jacques 
de  Lau,  seigneur  et  marquis  de  Lusignan,  fils  de  messire 
Armand-Joseph  de  Lau,  se  trouve  appele  a  ladite  substitution 
qui  doit  etre  declaree  ouverte  en  sa  faveur. 

Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 


Lettre  da  roi  Henri  IV  au  baron  de  Lau  (Jacques)  (1). 

Monsieur  de  Lau,  je  n'ay  voulu  laisser  retoumer  le  sieur  de  Vi- 
gnan  present  porteur  par  dela  sans  vous  escrire  ce  mot  par  luy,  pour 
iuy  donner  autant  plus  d*occasion  de  vous  tesmoigner  la  souvenance 
que  j*ay  de  vous,  selon  le  propos  que  je  luy  en  ay  tenu,  en  la  bonne 
part  que  vous  sgauriez  desirer,  cornnie  je  ne  cache  volontiers  les 
merites  oil  je  les  recongnois,  vous  asseurant  que  je  tiens  le  vostre  en 
telle  estime  qu'il  vous  a  acquis  en  mon  endroict  une  tres  bonne  vo- 
lonte  de  vous  favoriser  et  gratifier  en  ce  que  vous  m*en  vouldr^z 
ouvrir  les  moiens  pour  vostre  avancement,  ainsi  que  j'ay  donn^ 
charge  audict  sieur  de  Vignan  vous  dire  plus  particulierement  le 

(L)  Jacques  de  Lau,  chevalier  de  I'ordre  du  Roi,  ^tait  fils  de  Carbon  de  Lau  et 
de  Francois  de  Pardaillan. 


Digitized  by 


Google 


—  45  — 

desir  quej'ai  de  vous  en  laire  ressentir  les  effectz.  Cependant  je  prie 
Dieu  qu*il  vous  ayt,  Monsieur  de  Lau,  en  sa  saincte  garde. 
Escrita  Dieppe,  le  x®  jour  de  novembre  1593  (1). 

HENRY. 

II 
Lettre  da  mar^chal  de  Matignon  an  baron  de  Lau  (Jacques). 

Monsieur,  j*ay  differ^  a  vous  mander  la  perte  de  Calays  (2)  pour 
ce  que  nous  Tavons  seue  icy  fort  tard,  mais  encores  les  mauvaises 
nouvelles  ne  se  sgavent-elles  que  trop  tost.  Nous  tenons  icy  que  La 
Fere  s'est  rendue  par  composition  ainsy  que  Ton  Tescrit  de  Paris  (3) 
n'ayant  autres  nouvelles  du  Roy  sinon  que  par  les  dernieres  Sa 
Majesty  me  mandoit  qu*il  esperoit  que  dans  deux  jours  ceulx  de  la 
la  ville  luy  feroient  place  (4)  etque  sa  dicte  Maiest^  s'en  alloit  sur  la 
frontiere  pour  empescher  que  les  ennemyzn'y  entreprennent  davan- 
tage,  secourir  aussy  Ardres  dans  lequel  sont  Messieurs  de  Belin  et 
Monluc  avez  quinze  cenz  hommes  de  guerre  (5).  Je  m'en  vays  fere 
ung  tour  jusques  k  Bayonne  oil  j'ay  desja  faict  acheminer  devant 
quatre  canons  et  des  munitions  sur  le  bruict  qui  court  que  TEspa- 
gnol  y  veut  entreprendre.  Je  desirerois  avoir  ce  bien  de  vous  y  voir 
pour  adviser  avec  vous  ce  qui  sera  necessere  d  y  fere  pour  deffan- 
dre  ceste  place  la,  si  elle  est  attaqu^e.  Je  ne  faudray  de  vous  adver- 

(1)  Henri  IV  ^tait  d6}ii  k  Dieppe  le  3  novembre  1593  et  ii  y  ^tait  encore  le  29  du 
m6me  mois.  Le  11  novembre,  il  dcrivit  de  Cette  ville  a  an  gentilhomroe  du  P^rigord, 
le  vicomte  Henri  de  Bourdcille,  et,  le  16,  k  un  gentilhomme  du  Limousin,  le  comte 
d'Escars  (Recueil  des  lettres  missiveSf  t.  iv,  p.  50,  51).  Ce  recueil  ne  renferme  au- 
cune  lettre  du  10  novembra. 

(3)  Les  Espagnols  nous  enleverent  Calais  le  17  avril  1596,  scion  le  DicHonnaire 
historique  de  la  France  de  M.  Ludovic  Lalanne,  le  25  avril  de  la  mSme  ann^e, 
selon  la  Chronologie  universelle  de  M.  Ch.  Dreyss.  Les  auteurs  de  V Art  de  veri- 
fier let  dates  se  contentent  de  mettrela  perte  de  Calais  c  au  mois  d'avril  1596.  >  La 
v^rit^,  attest^e  par  and  lettre  de  Henri  IV  du  18  avril  1596  (t.  iv,  p.  572),  est  que 
la  ville  de  Calais  se  rendit  le  17^  mais  que  la   citadelle  tint  encore  quelques  joars. 

(3)  Henri  IV  s'empara  de  La  F6re  le  22mai  1596. 

(4)  Cette  lettre  n'a  pas  6{6  recneillie  dans  le  tome  iv  des  Lettres  missives.  On  la 
chercherait  vainement  aussi  dans  le  Supplement  de  M.  Guadet. 

(5)  Palma  Cayet,  dans  la  Chronologie  novenaire^  est,  k  cet  ^gard,  compl^tement 
d'accord  avec  le  mar^chal  de  Matignon  :  «  Les  sieurs  de  Belin,  de  Monluc  et  de 
Rambures  y  [dans  Ardres]  estoient  aussi  entrez  avec  leurs  troupes,  tellement  quMl  y 
avoil  bien  dans  ceste  petite  place  forte  quinze  cens  hommes  de  guerre.  >  La  g^n^- 
reuse  mort  de  Charles  de  Monluc  sous  les  murs  d' Ardres  rachete  la  triste  conduite 
a  Cambrai  du  gouverneur  de  cette  ville,  son  cousin  Balagny,  le  fils  de  Jean  de 
Monluc, 


Digitized  by 


Google 


— .  46  — 

tir  de  ce  qui  se  passera,  vous  priant  cependant  .vous  disposer  pour 
n'assister  au  besoing  qu'il  y  en  pourroit  avoir,  dequoy  je  m*asseu- 
reray  et  feray  estat,  sgachant  raflection  que  vous  portez  au  service 
de  sa  dicte  Majeste,  me  recoramandant  sur  ce  bien  affectueusement 
a  voz  boanes  graces,  je  prie  Dieu  vous  donner,  Monsieur,  en  sante 
bonne  et  longue  vye. 

A  Bourdeaux  ce  xxni  jour  de  may  3596. 

Vostre  obeissant  et  plus  parfaictamy, 
Matignon. 
Monsieur,  vous  entendr(5z  plus  particulierement  de  mes  nouvelles 
par  M.  de  Rocquepine  (1)  qui  m'a  parl^  du  faict  de  Marsiac.  Je  vous 
prie  de  lecroire  sur  ce  qu*il  vous  en  dira  de  ma  part. 

HI. 

liettre  de  Louis  XIII. 

d  «  Hector  de  LaUy  chevalier  de  Vordre  du  Roi,  capitaine  de 
cinquante  hommes  d'armes  de  ses  ordonnances.  j> 

Monsieur  de  Lau,  envoyant  le  sieur  comto  de  Gramont  en  mon 
pais  de  Bearn  et  autres  lieux  pour  s'opposer  aux  dcssings  et  entre- 
prises  que  y  font  mes  ennemis  contre  mon  auctorite  et  service,  d^si- 
rant  qu'il  y  soit  assist^  de  mes  bons  serviteurs,  je  vous  faiz  ceste 
lettre  afin  que  vous  ayez  a  assembler  vostre  compagnie  de  gens 
d'armes  le  plus  tost  que  vous  pourrez  et  avec  icelle  et  tout  ce  que  vous 
pourrez  assembler  de  forces  et  de  voz  amiz,  aller  trouver  ledict  sieur 
comte  de  Gramont  pour  Tassister  en  ceste  occasion,  laissant  neant- 
moinz  queiques  soldatz  pour  la  garde  du  lieu  de  ..  [ici  un  uom  de 
lieu  que  je  n'ai  pu  d&hifFrer  etqui  semble  se  rapprocher  de  la  forme 
iSernom],  pour  la  seurete  du  passage.  Usez  done  en  cela  de  dilli- 
gence  et  vous  asseurez  que  je  reconnoistray  volontiers  les  services 
que  vous  m'y  rendrez  et  les  auray  en  la  mesme  consideration  que  si 
c'estoit  pour  ma  personne. 

Sur  ce  je  prie  Dieu,  Monsieur  de  Lau,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escrit  a  Bourdeaux,  le  vi  decembrel615  (2). 

Louis.  Phelypeaux. 

(1)  Olivier  de  Roquepine,  iils  nature!  de  Jean  III  de  Bonzet.  seigneor  de  Ro- 
quepine.  II  est  d6ja  nomm^  dans  la  lettre  dcrite,  onze  ans  plus  idi,  a  Jacques  de  Lau 
par  le  mar^chal  de  Matignon  {Documents  Mdits  relatifs  a  Vhistoire  de  l^Agenais, 
p.  173;.  J'ai  cil^  la  (note  3}  un  passage  des  Maisons  historiques  de  Gascogne  sur  ce 
lieutenant  de  Matignon. 

^2)  Louis  XIII,  qui  ^tait  arrive  a  Bordeaux  le  7  octobre,  qnitta  cetle  ville  le  17 
d^cembre.  Voir  louts  IIII  a  Bordeaux,  relation  in^dite  fubliee  d'aprh  un  ma' 
nuscrit  de  la  Bibliothique  nationaU  {Publications  de  la  sociit^  des  bibliophiles 
de  Guyenne,  1876). 


Digitized  by 


Google 


—   47   — 


CORRESPOXDANCi: 


Aguin,  le  ^9  novembre  1876. 
Monsieur  le  RiiDAciEUR, 

En  1860,  une  commission  institute  par  le  prefet  du  Gers  s'occu- 
pait  de  faire  la  liste  des  hommes  illustres  du  departement  pour  ins- 
crire  leurs  noms  sur  une  lable  de  marbre  qui  devait  perp^tuer  leur 
memoire.  On  m'(5crivit  a  cette  occasion  qu*il  etait  question  de  D. 
Brugeles,  et  qu'on  avait  besoin  de  savoir  :  1°  si  Dom  Louis-Clement 
Brugeles  etait  natif  de  Simorre;  2^  quelle  ^tait  la  date  de  sa  nais- 
sance  et  celle  de  sa  mort.  On  me  priait  de  faire  moi-meme  et  de  faire 
faire  des  recherches.  Mais  comme  on  ne  crut  pas  devoir  admettre 
Brugeles  au  rang  des  illustres,  les  recherches  seulement  commen- 
c^es  furent  suspendues.  Celles  que  M.  I'abbe  Can^to  m'engageait  a 
faire  en  1861  ne  furent  pas  non  plus  poursuivies. 

Vous  m*avez  dit  dernierement  que  vous  ^tiez  d6cid^  a  faire  un 
appel  aux  correspondants  de  la  Revue  de  Gascogne  pour  decouvrir 
ce  qui  reste  incertain  sur  Brugeles.  Avant  tout,  vous  pourrez  con- 
suiter  le  m^moiro  d^taillo  qui  fut  envoye  a  TArchev^chd*  par  feu 
M.  de  Carsalade  du  Pont,  de  Simorre,  sous  Mgr  de  La  Croix  d'Azolette. 
M.  de  Carsalade,  homme  tres-instruit  et  tros-religieux,  avec  qui  j'ai 
eu  des  rapports  intimes  dopuis  1835  jusqu'a  sa  mort,  a  resume  dans 
ce  memoire  des  recherches  faites  dans  les  actes  civils  de  Simorre, 
dans  les  actes  de  quelques  notaires,  dans  les  chroniques  et  dans  la 
tradition. 

Je  vous  recommande  aussi  la  lettre  et  Tode  adressees  de  Neracen 
1746  a  Brugeles  par  le  R.  P.  Inard  de  Caudid,  docteur  de  Sorbonne, 
ex-provincial  des  PP.  Cordeliers  de  la  Grande-Aquitaine,  au  sujet 
des  Chroniques. 

On  lit  dans  la  lettre  :  «  C'est  i|ne  remarque  tiree  de  votre  Horace 
que  nous  lisions  autrefois  ensemble.  »  Ces  paroles  n*indiqueraient- 
elles  pas  qu'ils  ont  6t6  condisciples  et  quails  devaient  avoir  ^  peu 
pres  le  m^me  age?  Jo  crois  que  les  registres  civils  de  Simorre  con- 
tiennent  Tacte  de  naissance  d'Inard  de  Caudie. 

On  lit  de  plus  k  la  fin  de  la  lettre :  «  Mes  honneurs  et  saluts,  s'il 


Digitized  by 


Google 


—  48  — 

vous  plait,  et  chez  vous  et  chez  moi.  »  Ces  paroles  donnent  assez  a 
entendre  que  Brugeles  avait  aussi  sa  famille  k  Simorre. 
Entr'autres  choses  on  lit  dans  Tode  : 

AQscitain,  vois-tu  ces  merveilles? 
De  Louis-Gldment  ce  sont  les  veilles. 
Du  Parnasse  du  Mont-Cassin 
Deux  doctes  soeurs  firent  Colore 
Ge  ph^Domdoe  dans  Simorre. 

Je  ne  sais  si  de  la  on  pourrait  conclure  que  Brugeles  est  n6  a  Si- 
morre. 

II  parait  constant  qu*on  ne  connaff  d'une  maniere  certaine  ni  le 
lieu  ni  la  date  de  la  naissance  et  de  la  mort  de  Brugeles.  Ne  tard6z 
done  pas,  Monsieur  le  Redacteur,  de  provoquer  des  recherches  ac- 
tives dans  la  Revue  de  Gascogne,  et  il  est  k  esp^rer  qu*on  parviendra 
k  connattre  toutes  ces  choses  et  bien  d'autres. 

Je  suis,  etc.  LOZES, 

Cord  d'Agn'm. 

En  attendant  que  nous  mettions  la  main  sur  le  memoire  de  feu 
M.  de  Carsalade,  qui  est  a  rarchevSch^  d*Auch,  nous  transcrivons 
une  note  anonyme  (recriture  et  le  papier  nous  paraissent  du  pre- 
mier tiers  de  ce  siecle),  qui  ne  nous  laisserait  aucun  doute  sur  la 
date  de  la  naissance  de  notre  chroniqueur,  si  les  chiffres  n*en  ^taient 
^videmment  fautifs  : 

«  Brugeles  (Louis-Clement),  n6  a  Simorre,  le  8  aoAt  1725,  fils  de 
Bertrand-Antoine  Brugeles  et  de  Marie  Perrette  de  Labarthe-Lace- 
gan.  II  devint  aumdnier  de  Simorre,  prieur  de  Mazerette,  et  fut 
pourvu  du  prieure  de  Sarancolin  en  vertu  du  grade  sur  la  fin  de  Tan 
1713  et  dont  il  prit  possession  le  11  Janvier  1714.  Mais  il  en  fut  d6chu 
par  arr^t  du  parlement  en  date  du  17  juin  1718;  ensuite  de  quoi  il 
fut  fait  vicaire  general  de  Tabb^  de  Simorre,  chantre,  et  enfin  cam4- 
rier.  —  Bertrand-Antoine,  son  pere,  n^  en  1684,  etait  fils  de  Martial 
Brugeles,  avocat,  et  de  Lafont  Cl^mence.  [Martial  est  mort  le  13  de- 
cembre  1690.]  Bertrand-Antoine  avait  un  frere  nomm6  Dominique, 
et  deux  soeurs,  Blanche,  nee  en  1671,  et  Jeanne,  n^e  en  1673.  Louis 
Clement  avait  deux  freres,  savoir :  Cerax  Benott,  n6  en  1731,  et  Do- 
minique, ne  en  1733.  II  avait  aussi  une  sceur  nomm^e  Marie-Louise, 
nee  en  1723...  » 

La  date  de  naissance,  1725,  est-elle  la  bonne?  Ouest-elle  erron^e, 
et  sont-ce  les  dates  suivantes,  1713,  1714,  1718,  qui  sont  exactes? 

L.  C. 


Digitized  by 


Google 


—    49  — 


NOTE  SDR  LES  ARCHMBTRJ^S  DE  L'MCISN  DIOCESE  D'AUCH. 


\ 


Dom  Brugeles  nous  dit  que  les  archiprfitr^s  du  diocese  d'Auch, 
«  en  1570,  n'etaient  qu'au  nombre  de  quinze;  en  1624,  au  nombre 
de  vingt  un,  et  en  1640,  au  nombre  de  vingt-sept  [Chroniques,  p.  3).  » 

Dans  les  Statuts  synodaux  publics  en  1698  par  Mgr  de  La  Baume 
de  Suze,  le  nombre  des  archipr6tr6s  s^^leve  a  trente;  et  ce  chiffre  se 
maintint  jusqu'i  la  Revolution. 

Mais  si  le  nombre  de  ces  divisions  eccl^siastiques  reste  le  m6me 
pendant  cette  demiere  periode,  leurs  limites  et  leurs  chefs-lieux  su« 
bissent  des  changements  importants.  Je  ne  signalerai  que  les  d6pla- 
cements  de  chefs-lieux, 

J'ai  sous  la  main  trois  diffdrentes  enumerations  des  trente  archi- 
prdtr^s  avec  leurs  paroisses  : 

lo  Le  recueil  des  Statuts  synodaux  publics  en  1698  par  Mgr  de 
La  Baume  de  Suze;  * 

^  La  troisifeme  partie  des  Chroniques  du  diocise  d'Auch  par  dom 
Brugeles.  Get  ouvrage,  public  en  1746,  reproduit,  je  crois,  un  pouill^ 
ua  pen  ant^rieur  et  qui  se  Irouve  atix  archives  du  grand-seminaire. 
J'ai  feuillete  il  y  a  quelques  mois,  mais  fort  a  la  hdte,  ce  document, 
dont  je  dois  la  connaissance  a  une  bienveillante  communication  de 
M.  Tabbe  Cazauran; 

3°  Le  recueil  des  Statuts  synodaux  de  Mgr  de  Montillet  publics 
en  1770.  (M.  Parfouru  a  bien  voulu  me  communiquer  une  carte  du 
diocese  d'Auch,  dat^e  de  1784,  qui  se  trouve  aux  archives  d^parte- 
mentales.  Cette  carte  donne  les  mSmes  chefs-lieux  d'archiprStr^s 
que  Mgr  de  Montillet.  Nous  avons  done  lieu  de  croire  que  ceux-ci 
ont  persist^  jusqu'a  la  Revolution.) 

Le  rapprochement  de  ces  trois  ouvrages  nous  a  amene  au  r^sultat 
suivant :  sut  trente  archiprStres,  dix-neuf  conservent  partout  le  m6me 
chef-lieu,  neuf  en  changent  et  deux  sont  sp^ciaux  a  chacune  de  nos 
trois  divisions. 

Voici  le  tableau  des  neuf  archiprfitrfe  qui  changent  de  chef-lieu  : 

Mk^De  Soze  (1698).  D.  Brugeles  (1746).  M8fDEMoNTiLLET(1770) 

Anbiet;  Lnssan;  Aubiet; 

Barbotan;  Gavarret;  Barbotan  ou  Gavarret; 

Darbao;  Durban;  Orn^san  oa  Seissan; 

Hoiga;  Gremen;  Houga; 

Tome  XVUI.  .  4 


Digitized  by 


Google 


—  50  — 


Marciac; 

Laverael  on  Marciac; 

Laverael  ou  Marciac; 

Hasseube; 

Panassac; 

Panassac  ou  Masseube 

Nogaro; 

SainuGri^de; 

Mogaro; 

SadoarniD; 

Sadonrnin; 

Trie; 

Saint-Mont. 

Corneillan. 

Corneillan. 

Voici  les  deux  archiprfitr^s  sp6ciaux  dans  chacun  de  nos  trois  ca- 
talogues : 

Dans  Mgr  de  Suze  :  I*arcliipr6tr6  de  Biran,  form6  de  six  paroisses 
que  D.  Bmgeles  et  Mgr  de  Montillet  font  rentrer  dans  Tarchipr^lr^ 
de  risle-d'Arbeissan  ou  de  No^;  TarchiprStr^  de  Sabazan,  form^  de 
six  paroisses.  Nous  voyons  encore  cet  archiprto^  dansD.  Bmgeles, 
mais  Mgr  de  Montillet  le  place  dans  rarchiprStr^  d*Aignan. 

Dans  D.  Brug^es  :  I'archiprfitr^  de  Sabazan,  dont  nous  venons 
de  parler,  et  Tarchiprfitr^  de  Montferran  {Montferran-Plavfes),Jorm^ 
de  six  paroisses,  que  Mgr  de  Suze  place  dans. les  archiprfitr^  de 
Castelnau-Barbarens,  Durban  et  Masseube. 

Enfin,  dans  Mgr  de  Montillet :  celui  de  Lupiac,  form6  de  onze 
paroisses  tir^es^  des  archipretrfe  d'Aignan,  de  Vic  et  de  Bassoues; 
celui  de  Mi^lan,  form6  de  neuf  paroisses  tiroes  des  archiprfitr^s  de 
Marciac,  de  Mirande  et  de  Sadournin. 

On  voit  par  ce  qui  precMe  que  plusieurs  localit^s  du  diocese 
d'Auch  ont  tantdt  poss6d6  et  tantdt  perdu  le  titre  de  chef-lieu  d'ar- 
chiprStre,  comme  Barbotan,  Gavarret,  etc.  [Rev.  de  Oasc,  t.  xv, 
p.  527,  et  t.  xvn,  pp.  247  et  248).  On  voit  encore  qu'en  1756,  c'est- 
^-dire  dix  ans  apr^s  la  publication  des  Chroniques  de  D.  Brugeles, 
TarchiprStr^  de  Mi^lan  puuvait  fort  bien  avoir  ite  cr^e  puisquo  Mgr 
de  Montillet  le  mentionne  en  1770  (Rev.  de  Gascogne^  t.  xv,  pp.  41 
k  43  et  527). 

Cependant,  cette  instabilite  dans  les  divisions  ecclesiastiques  du 
diocfese  me  fait  vivement  d^sirer  de  savoir  ce  qu*elles  ^taient  dans 
des  temps  plus  recul^s. 

Ou  sont  les  catalogues  des  quinze  archiprStr^s  de  1570,  des  vingt 
et  un  archipr6tr6s  de  1624,  et  des  vingt-sept  archiprSir^s  de  1640 
dont  nous  parle  Dom  Brugfeles  [Chroniques,  p.  13)? 

Dom  Brugeles  nous  dit  encore  dans  le  mSme  ouvrage  (p.  364) : 
€  On  voit  dans  les  archives  de  Tarchevfeche  et  dans  celles  du  chapi- 
tre  m^tropolitain  quatre  pouill^s  ou  denombrements  des  6glises  et 
b^n^ces,  savoir  :  un  du  xni«  sifecle,  un  du  xv°,  un  du  xvii*,  et  un  du 
present. si^le  xviii*  qui  a  ^t^  dress^  suries  declarations  foumies  par 
ies  b^ndfiders  en  1729  et  1730.  »  Ou  sont  les  trois  premiers  de  ces 


Digitized  by 


Google 


—  51  — 

pouill^s?  (Je  suis  persuade  que  le  quatrifeme  est  celui  qui  se  trouve 
aux  archives  du  grand-s^minaire.)  S'ils  existent  et  si  on  lesconnait, 
tous  les  hommes  qui  s*int6ressent  k  notre  histoire  en  demanderont 
la  publication  et  T^tude. 

Puis  il  serait  n^cessaire  d'aller  chercher  dans  T^norme  masse  des 
chartes  et  des  documents  publics  ou  in^dits  toutes  les  indications 
g^ographiques  qu'ils  renferment.  On  pourrait  arriverainsi  k  r^tablir 
la  geographie  s^culi^redu  diocese  d'Auch  jusque  dans  les  temps  les 
plus  recul^s  du  moyen  dge. 

Apres  cela,  je  voudrais  encore  da  vantage.  Tout  le  monde  admet 
que  des  les  premiers  temps  du  christianisme  les  divisions  eccl^sias- 
tiques  furent  ^tablies  sur  les  divisions  de  I'administration  romaine. 
De  m^me  que  les  civitates  devinrent  des  diocfeses,  les  pagi  durent 
devenir  des  archipr^tr^s  ou  des  archidiacon^s.  On  pourrait  peut-6tre 
encore  remonter  plus  haut,  car  les  pagi  remains  remplacferent  les 
pagi  gaulois. 

On  voit  a  quels  interessants  et  difficiles  problemes  de  geographie 
historique  on  arrive  en  remontant  ainsi  a  travers  les  temps  et  les  vi- 
cissitudes qui  les  accompagnent.  Mais  je  regrette  d'en  demander  au- 
tant  en  donnant  si  peu. 

Adrien  LAVERGNE. 


BIBLIOGRAPHIE- 


EssAi  SUR  LA  LANGUE  BASQUE,  par  Frao^ls  RiBART,  profosseur  k  Tuniversite 
de  Pest,  traduit  du  hongrois  par  Julien  Vinson.  —  Paris,  Vieweg,  1877. 
In-8«,  xxv-158  p. 

Nous  avons  eu  plusieurs  fois  Toccasion  d'annoncer  ici  mdme  dif- 
Krentes  publications  basques  publi^es  k  Bayonne  par  Tinitiative  de 
M.  Julien  Vinson;  nous  recevons  aujourd'hui  un  nouveau  volume 
qui  t^moigne  de  Tinfatigable  activity  avec  laquelle  le  savant  et^^ca- 
risant  metenlumifere  toutce  qui  pent  in teresser  les  etudes  basques. 
M.  Vinson  nous  apprend,  dans  son  Avant-propos,  que  VBssai  mr 
la  langue  basque  de  M.  Ribary,  public  dans  un  joomal  magyate  et 


Digitized  by 


Google 


—  52  — 

reste  presque  inconnu,  presente  de  remarquables  qualites  et  respire 
un  veritable  esprit  scientifique;  il  contient,  dit-il,  Tessai  d'analyse  le 
plus  m^thodique  dont  le  verbe  basque,  ce  sphynx  redoutable  de  la 
linguistique  moderne,  ait  encore  et6  Tobjet.  Aussi  devons-nous  sa- 
voir  gre  a  T^rudit  traducteur  de  n'avoir  pas  craint  d'entreprendre  T^- 
tude  d'une  langue  nouvelle  pour  lui,  dans  le  seul  but  de  mettre  a  la 
port(5e  des  savants  de  TEurope  occidentale  une  oeuvre  aussi  int^res- 
sante  pour  la  linguistique  euscarienne.  Mais  M.  Vinson  n'a  pas 
borne  Ik  la  part  qu'il  a  prise  a  cette  publication.  II  a  ajoute  au  texte 
de  M.  Ribary  de  nombreuses  notes  presentant  toutes  les  observa- 
tions compl^mentaires  auxquelles  le  travail  de  Tauteur  pouvait  don- 
ner  lieu,  et  il  a  fait  suivre  le  corps  de  Touvrage  d*une  iVoU'ce  biblio- 
graphique  relative  d  Viiude  de  la  langue  basque.  On  sait  combien 
est  defectueux  tout  ce  qui  a  ^t6  public  jusqu'k  present  sur  la  biblio- 
graphie  euscarienne.  Aussi  devons-nous  remercier  M.  Vinjson  d'avoir 
songe  k  extraire  dfes  mainteuant  du  grand  inventaire  qu*il  prepare 
des  richesses  de  la  litt^rature  basque  la  partie  relative  a  la  linguisti- 
que pure.  Cette  liste  comprend  96  num^ros,  auxquels  viennent  s*a- 
jouter  diverses  notes  sur  des  ouvrages  manuscrits  et  sur  les  princi- 
paux  recueils  periodiques  ou  livres  frangais  et  etrangers  dans  les- 
quels  des  articles  sp(5ciaux  ont  6t^  accidentellement  consacr^s  a  la 
langue  basque.  C'est  la  un  veritable  service  rendu  aux  savants  et 
aux  bibliophiles,  qui  trouveront  d'utiles  indications  dans  ces  notes, 
prises  sur  le  vu  des  ouvrages  m^mes  et  avec  cette  scrupuleuse  exac- 
titude a  laquelle  I'auteur  nous  a  habitues  dans  ses  precedenles  pu- 
blications. L.  S. 


II 

Trois  poetes  gondohois  du  xvi*  siECLE,  etadesl)jographiques  et  Iitt6raires  sur 

Jeao  DU  Ghehin,  Jean-Paul  de  Labetrie,  Gerard-Marie  Imbert,  par  L6once 

•  Couture,  r^dacleur  eu  chef  de  la  Revue  de  Gascogne,  Ia-8*  de  105  p.  [Auch 

et  Condom,  les  principaux  libraires];  Bordeaux,  Lefebvre;  Paris,  Glaudin. 

Prix:  2fr.50(l). 

A  Monsieur  Philippe  Tamizey  de  Larroque. 

A  qui  oflfrirais-jeces  humbles  Etudes  provinciales  isur  le  seizieme 
sitele,  sinon  k  vous,  mon  cher  ami?  Vous  Stesde  ceux  qui  connais- 

(1)  Noas  publiotis,  non  pas  un  compte-rcndu  de  ce  travail  extrait  do  ia  ffevue  de 
Gascogne  avec  des  ameliorations,  mais  simplement  r(3p!(rG  d^dicatoire  placee  en 
tdte  par  Taatear  loi-mdme. 


Digitized  by 


Google 


—  53  — 

«ent  le  mieux  et  qui  aiment  le  plus  ardemment  cette  brillante  et  ora- 
geuse  epoque.  D'ailleurs,  vos  publications  ont  fait  naitre  mes  arti- 
cles; vos  renseignements  ont  contribu6  k  les  rendre  moins  incora- 
plets,  efvotre  indulgente  amiti^  m*a  press6  de  leur  faire  aborder  une 
publicite  nouvelle,  quails  auraient  peut-^tre  mieux  fait  d*^viter. 

Vous  savez  aussi  mieux  que  personne  les  raisons  que  Tauteur 
pent  faire  valoir  pour  excuser  certains  d^fauts  de  ces  pages.  Des 
circonstances  singuliferes  ont  mis  un  tel  inten'alie  entre  les  quatre 
morceaux  r^unis  dans  cette  brochure,  que  le  dernier  a  ^t^  s^par^  du 
premier  par  quatre  ann^es  entiferes.  De  Ik  vient  que  dans  mon  etude 
preliminaire  sur  la  Renaissance  des  lettres  en  Gascogne,  j'annonce 
comme  devant  bientdt  parattre  deux  ouvrages  qui  ont  paru  depuis 
longtemps  an  moment  oii  mon  opuscule  voit  le  jour  :  1°  YHistoire 
du  colUge  de  Guyenne,  par  M.  Gaullieur,  que  vous  avez  examinee 
ayec  une  competence  exceptionnelle  dans  la'  Revue  critique;  j'^tais 
tente  d'en  parler  a  mon  tour  et  m^me  de  lui  faire  plus  de  reproches 
que  vous,  maisce  serait  peut-6tre  de  Tingratitude  :  Touvrage  est  si 
plein  de  fails  et  de  documents  sur  la  litterature  du  seizieme  si^cle, 
et  j*y  trouve,  en  particulier,  tant  de  bonnes  indications  pour  This- 
toire  litt(5raire  de  la  Gascogne !  2®  Les  Po4sies  de  Jehan  Rus,  dont 
j'ai  dijk  parl^  aux  lecteurs  de  la  Revue  de  Gascogne  dans  un  article 
qui,  grdce  aux  conditions  que  le  hasard  m'a  faites,  reste  bon  a  con- 
suiter,  m^me  apr^s  d*autres  articles  qui  valent  beaucoup  niieux. 

Je  n'ai  garde  d*entasser  ici  des  Corrigenda  et  addenda  qui  pour- 
raient  remplir  plusieurs  pages.  Mais  je  dois,  par  respect  pOur  le 
public  et  pour  vous,  mon  cher  ami,  nater  en  courant  quelques 
points  utiles. 

L'^tude  sur  Du  Chemin  devra  probablement  s'augmenter  d*une 
particularity  curieuse  :  il  ^tait  hell^niste,  et  je  crois  bien  qu'il  faut 
lui  attribuer  des  vers  grecs  qui  figurerent  parmi  les  inscriptions  pre- 
par^es  pour  Tentree  de  Charles  IX  a  Toulouse,  le  2  f^vrier  1563. 
(Lafaille,  Annates  de  Tout,  t.  ii,  70-82.)  —  En  revanche,  il  faudra 
peut-dtre  effacer  le  peu  que  j*ai  dit  de  Du  Chemin  thSologien.  L'o- 
puscule  centre  le  P.  Journ6,  dont  une  bienveillante  communication 
de  M.  Clement-Simon  m^avait  fourni  le  titre,  n'esi  pas  elicore  passe 
entre  mes  mains;  mais  je  suis  porte  a  le  croire  d*Antoine  de  Cous, 
neveu  et  successeur  de  Du  Chemin,  et  aqui  Ton  adonn(5  quelquefois 
le  nom  patronymique  de  son  oncle.  —  Enfin,  aux  details  que  j'ai  re- 
cueillis  sur  letombeau  de  ce  dernier,  j*ajouterai  que  ce  tombeau  a 
ete  decouvert,  ainsi  quo  c^lui  do  son  predecesseur  Mon luc,  dans  un 


Digitized  by 


Google 


cav^au  de  I'^glise  de  Cassagne,  lors  de  la  reconstruction  de  cettf> 
eglise  en  1857.  Le  corps  de  Jean  du  Chemin  fut  trouv^  revStu  de  ses 
habits  pontificaux. 

Dans  ma  notice  sur  Labeyrie,  je  tiens  a  relever  une  distraction 
singuliere.  J  y  demande  des  renseiguements  sur  Joseph  de  la  Na- 
gerie,  etj'avaismoi-meme  public  des  1863  [Esquisse  d'une  histoire 
litterairede  la  Gascogne pendant  la  Renaissance)  cc  q\ie  nous  en 
atransmis  Du  Verdier  :  «  Joseph  de  Nagerio,  condomois,  chanoine 
de  Montauban.  Seimion  de  la  v&f'iU  du  corps  de  Jdsus-Christ  au 
Saint- Sacrement  de  VEucharistie,  Tholose,  J.  Colomi^s,  1565, 
iu-4o.  »  —  Sur  rabb(^  de  Blasimont,  en  Bazkdais  (car  j'ai  eu  tort 
d-ecrire  Blamont,  xiv,  410),  Bernard  de  la  Combe,  autre  ami  de 
Labeyrie,  je  n*aurai  qu'a  me  reKrer  avos  ^vi!ic\Qu\  Documents  pour 
servir  d  V histoire  de  VAgenais. 

Dans  Tarticle  sur  Gerard-Marie  Imbert,  je  ne  suis  pas  stir,  en  cor- 
rigeant  plusieurs  erreurs  de  mon  premier  essai,  de  n*en  avoir  pas 
commis  d'autre.  Par  exemple,  j*ai  parl6  d'une  sceur  qui  vivait  pr6s 
de  lui  :  en  relisant  le  passage ^de  Labeyrie  qui  m'a  sugg6r6  cette  in- 
duction, je  m'apergois  qu'il  est  a  la  rigueur  susceptible  d'un  sens 
oppos^,  et  je  me  demande  si  cette  soeur  d'Imbert  n'^tait  pas  plutd^ 
du  voisinage  de  Labeyrie,  peut-6tre  m^me  (cequi  m'^tonnerait  pour- 
tant)  sa  propre  femrae.  On  n*aurait  quelque  chance  d*arriver  sur  de 
pareilles  questions  h.  une  entiere  certitude  que  par  des  recherches  h. 
traversles  actes  de  T^poque. 

Et  maintenant,  que  cet  essai  me  quitte  apres  de  longs  retards  qui 
n*ont  gu^re  servi,  h(51as!  a  le  rendre  meilleur!  Vous  savez  comment 
je  suis  force  de  r^diger  mes  pauvres  articles.^n  passant  de  laijevue 
de  Gascogne  dans  cette  brochure,  ceux-ci  ont  6t^  am^lior^s  (le  der- 
nier surtout)  en  plus  d'un  endroit.  Mais  ils  se  ressentent  encore 
beaucoup  trop  de  leur  vice  d'origine,  et  il  me  faudra  les  refondre,  les 
enrichir  a  la  fois  et  les  alleger,  pour  les  faire  entrer  dans  cette  Histoi- 
re litteraire  de  la  Gascogne  que  je  prepare  depuis  plus  de  vingtans. 

Priez  Dieu,  mon  cher  ami,  que  Taccueil  r^serv^  a  ce  faible  essai 

par  les  amateurs  de  telles  recherches  me  donne  du  coeur  pour  cett^ 

grande  entreprise!  Faites  surtout  des  toeux  pour  que  cos   Etudes, 

parfois  trop  attrayantes,  ne  me  fassont  pas  n^gliger  des  devoirs  plus 

difhciles,  plus  ^lev^s  et  plus  necessaires.   Et  comptez  toujours  sur 

la  vive  reconnaissance  de 

Votre  ami  devoue, 

Leonce  COUTURE. 
Auch,  23  Janvier  1877. 


Digitized  by 


Google 


NOTES  DIVERSES. 


XGI.  La  peste  bovine  dans  le  Sud-Onest  de  la  France  en 
1774-1775. 

Si  jamais  T^pizootie  sar  les  b^tes  ii  comes,  designee  aujourd'hui  sous  le  nom 
de  Peste  bovine ,  venait  a  ravager  la  Gascogue,  nous  croyons  utile,  ind6pendam- 
ment  de  I'int^r^t  historique  que  pr6seiUe,  par  ses  details  sur  la  maladie  semblable 
qui  frappa  le  Sud-Ouest  de  la  France  en  1774  et  1775,  un  article  sur  ce  sujet 
publiepar  M.  J.-U.  Magne  dans  la  Revue  des  Deux-MondeSj  livraison  du  1*' 
avril  1871,  de  signaler  ce  travail,  dans  les  Notes  de  la  Revue  de  Gascogne,  k 
Tattention  des  agriculteurs,  k  cause  des  moyens  pr6servatifs  ou  curatifs  dont  il 
indique  Temploi  contre  ce  terrible  lleau.  Vicq-d'Azyr  et  Bourgelat  mirent  le 
plus  grand  d6vouement  ^  le  combattre,  et.le  premier  fit  deul  voyages  dans  le 
Midi  de  la  France,  en  1774  et  1775,  pour  ^tudier  la  maladie.  Dans  ces 
circonstances,  le  gouvernement  ordonna  la  publication  des  Reckerches  histori- 
ques  et  physiques  sur  les  maladies  ipisootiques  de  Paulet,  ouvrage  fort  re- 
marquable  et  fort  utile.  (Paris,  1776,  2  vol.  in-S®.) 

Cl.rHippolyte  MASSON. 

11  y  a  dans  les  (Euvres  de  M-  de  No6,  6v§que  de  Lescar,  une  belle  et  curieuse 
Lettre  pastorale  sur  V^izootie  (nov.  1776).  D'autres  ev^ques  de  la  province 
d'Auch,  mais  surtout  celui  de  Bayonne,  signalerent  leur  charite  k  I'occasion  de 
ce  fl^au.  L'administration  civile  ne  resta  pas  en  arri^re,  et  son  conseiller  medical 
fut  le  cel6bre  Vicq-d'Azyr,  qui  «  en  1774,  75,  76,  lors  de  ses  missions  contre 
r6pizootie  du  Midi,  publia  une  multitude  d'instructions  sur  les  moyens  de  pre- 
server les  bestiaux  de  la  contagion,  de  les  traitor  lorsqu'ils  en  sont  atteints  et  de 
desinfecter  les  cuirs  de  ceux  qui  en  sont  morts.  U  en  donna  le  resume  g^nera^ 
en  1781,  2  vol.  in-8**  sous  le  titre  de  Mddecine  des  bites  h  comes,  (Cuvier, 
Biogr'  univ.)  »  Une  de  ces  instructions  fut  imprim6e  k  Condom.  C'est  sans  doute 
ce  qui  a  fait  croire,  il  y  a  quelque's  ann6es,  que  Vicq-d'Azyr  (n6  k  Valogne  en 
1748]  etait  condomofs.  Du  moins  son  nom  a  figure  dans  les  listes  imprim6es 
d'bommes  illustres  du  d^partement  du  Gers  distribuees  au  Conseil  g^n^ral  pour 
le  projet  dontparle  ci-dessus  (p.  47)  M.  Iecur6  d'Aguin,  projet  qui,  du  reste, 
n'a  jamais  6te  realist.  L.  C. 

XGII.  Un  imitateur  de  du  Bartas. 

Antoine  de  La  Cauchie,  appel6  quelquefois  de  la  Chaussee,  ne  en  Belgique 
[k  Mons]  en  1584,  entra  dans  la  compagnie  de  Jesus  en  1605  et  mourut  k  Douai, 


Digitized  by 


Google 


—  se- 
en 1625,  de  la  peste  qu'il  contracta  au  service  des  malades.  On  lui  doit :  La 
pieuse  Alouette  dvec  son  tire-lire*  Le  petit  cors  et  plumes  de  notre  alouelte, 
sont  chansons  spirituelles  qui  toutes  luy  font  prendre  le  volt  et  aspirer  aux 
choses  cilestes  et  ^temelles.  Elles  sont  partie  recueillies  de  divers  autheurs, 
partie  aussi  composdes  de  nouveau;  la  plus  part  sur  les  airs  mondains,  et 
plus  commvinSt  qui  servent  aussi  de  vois  h  notre  alouette,  pour  chanter  les 
louangesdu  commun  crdateur.  [Valenciennes,  1619,  in-12,  l'«  partie,  de400 
pages;  /bid.,  1621,  seconde partie,  de414  pages.) 

On  sait  que  noire  du  Bartas  a  dit  plus  singuli^rement  que  po^tiquement 
(Cinquiesme  jour  de  la  Sepmaine) : 

La  gentile  alouette  avec  son  tire-lire, 
Tire-lire  aux  fachez  et  tire-lirant  tire 
Vers  la  route  du  ciel,  puis  son  vol  vers  ce  lieu 
Vire,  et  desire  dire  :  Adieu,  Dieu !  adieu,  Dieu ! 

Voici  comment  le  po^te  beige  a  traduit  la  tirade  du  po6le  gascon  : 

Ipsa  suum  tirelir,  tireltr,  tire,  tir,  tire  tractim 
Ingeminans,  secat  astra  levis;  dein  tramite  recto 
Ima  petens  :  di,  di,  di,  inquit  Alauda.  valete. 

T.  de  L. 


QUESTION. 


143.  Vers  attribads  k  Jean  Silhon. 

Dans  une  Note  bihliographique  sur  le  recueil  intitule  Dilices  de  la  po6sie 
galante  (Paris,  1666,  2  vol.  in-8°],  note  qui  a  parudans  le  Bulletin  du  biblio- 
phile de  1862,  M.  Edouard  Tricotel  cite  parmi  les  auteurs  dont  ce  livre  renferme 
des  poesies,  un  certain  Sellon;  et  k  ce  nom  le  savant  litt6raleur  ajoute  cette 
parenth6se  :  C'est  sans  doute  I'acadimicien  Silhon  (p.  1144.) 

Cette  attribution  doit-elle  etre  maintenue?  et  dans  ce  cas,  qu'y  a-t-il  k  dire  du 
talent  poetique  de  notre  compatriote?  Je  me  permets  de  recommander  ces 
questions  k  M.  Ren6  Kerviler,  qui  connait  mieux  que  personne  tons  les  coins 
et  recoins  de  la  litterature  et  de  I'histoire  de  I'Acad^mie  fran^aise. 

Jean  Brana. 


Digitized  by 


Google 


CnRISTOPHE ET  FR4NC0IS DE  F0IXC4ND4LLE, 

EVl&QXJES  D'AIRE. 


Francois  el  Christophe  de  Foix  etaient  fils  de  Gaslon  de 
Foix,  corate  de  Candalle,  et  de  Marthe  d'Astarac,  flile  et 
heriliere  de  Jean  III,  dernier  oomte  d'Aslarac.  On  connalt  la 
date  de  la  naissance  de  Frangois  (1512)  (1),  mais  on  ignore 
en  quelle  annee  Christophe  vint  au  monde.  Ce  que  Ton  sait 
seulement,  c'estqueFrangois  etait  sonain6,  ainsi  que  Federic 
ou  Frederic,  lequel  fut  successeur  de  son  pere  comme  comte 
de  Candalle  (2).  Dans  des  vers  composes  vers  1540,  un  poete 
bordelais  que  j'ai  eu  le  plaisir  de  ressusciter,  Jean  Rus,  saluait 
ainsi  los  esperances  que  donnaient  Christophe  et  son  frere 
Charles,  plus  tard  seigneur  de  Villefranche,  tous  les  deux 
adolescents : 

A  Messienrs  Charles  et  Gristolle  de  Gundale* 

Si  je  voulois  descripre  le  grand  bien 
Que  nous  promect  vostre  saige  jeiinesse, 
En  escripvant  certes  il  fauWroit  bien 
La  mienno  user,  voire  bien  la  vieillesse. 

(1)  Et  non  1504*  comme  TavaDcent  les  biograplies  qai  le  font  nonrir  nonag^saire 
en  1594,  tels  qoe  les  r^dacleurs  da  Moriri  del759,  dom  Cbaudon,  M.  Weiss  (fiio-- 
graphie  universelU)^  etc.  L'autcur  des  hoit  lignes  consacr^es  a  Francois  de  Foix  dans 
la  Nouvelle  biographie  gSnh-ale,  se  montrant  plus  g^n^reox  que  tout  le  monde, 
allonge  encore  de  denx  ans  la  vie  de  ce  pr^lat  qa'il  fail  naltre  en  1502.  Ce  m6me  an* 
tear  (qai  a  ea  raison  de  garder  Tanonyme)  appelle  bien  singoli^rement  le  frere  de 
Cbristophede  Foix  <  Francois  Hussates  on  de  Foix,  comte  de  Candale  on  Candella.* 

(^}  Le  docte  abb6  Baurein  s*est  troropd,  lui  qui  ne  se  trompe  gaere,  quand  il  a 
icril  {VarUth  bordeloises,  Edition  de  1876,  t.  ii,  p.  24)  :  «  II  [Gaston]  fut  pere,  en 
premier  lieu,  de  Frdd^ricde  Foix,  en  second  lieo,  de  Cbristopbe  de  Foix,  en  IroisUme 
liev,  de  Francois  de  Foix.  > 

Tome  XVIII.  —  F^vrier  1877.  •     5 


Digitized  by 


Google 


—  58  — 

Or  doncq  il  fault,  maulgr^  moy,  que  je  cesse 
De  commencer  ce  que  ne  pourrois  dire; 
Mais  quoy?  seigneurs,  suyvez  cjelle  promesse, 
Et  Toeil  verra  ce  qu'on  ne  peult  escripre  (1). 

M.  Ernest  Gaullieur  nous  apprend,  dans  sa  curie^se  et  sa- 
vante  Uistoire  du  college  de  Guyenne  (2),  que  Charles  et 
Christophe  de  Foix  etudiferent,  de  1542  a  1545,  en  cet  etablis- 
sement  « trfes-florissant  pour  lors  et  le  meilleur  de  France,  » 
comme  s'exprime  Michel  de  Montaigne  (3).  D'apres  un  docu- 
ment analyse  par  Farchiviste  de  la  ville  de  Bordeaux,  « messire 
Federic  de  Foix,  »  qui  avait  confie  ses  deux  jeunes  freres  a 
M*  Andre  deGouvea,  lui  devait,  au  commencement  de  Tannee 
1543,  trois  cents  ecus  d'or  pour  leur  pension,  et  le  manda- 
taire  du  comte  de  Candalle,  Pierre  Morlane,  marchand  de 
Bordeaux,  ayant  declare  «  n'ayoir,  pour  le  present,  argent  a 
faire  payement,  »  ceda  auj  celebre  directeur,  pour  la  somme 
due,  une  maison  situee  centre  le  portail  des  Salinieres  et 
adoss6e  aux  murs  de  la  ville  (4).  Francois  de  Foix  ne  con- 
tribua  pas  moins  que  le  comte  de  Candalle  a  procurer  a  ses 
freres  le  bienfait  de  Teducation  qu'ils  re^urent  au  college  de 
Guyenne,  car,  ainsi  que  le  rappelle  M.  Gaullieur  (p.  378),  le 
29  juillet  1591,  «  dans  la  grande  salle  de  cet  antique  chateau 
de  Puy-Paulin,  auquel  se  rattachaient  tant  de  souvenirs  histori- 
ques,  »  M*  Antoine  de  Chadirac,  «  Tun  des  quarante  notaires 
royaux  de  la  ville  de  Bordeaux,  apprit  a  ses  auditeurs  que 
tres-illustre  et  tres-vertueux  prince  Francois,  de  Foix,  captal 
de  Buch,  baron  de  Castelnau,  seigneur  de  Puy-Paulin,  eveque 
d'Aire  et  commandeur  de  Tordre  du  Saint-Esprit,  dfesirant 
t6moigner  a  la  poslerite  combien  il  avait  toujours  aime  ce  col- 

(1)  Collection  miridionalet  tome  vi.  OEuvres  de  Jean  RuspublUes  d'aprh  Vuni- 
que  exemplaire  qui  paraisse  subsisteTf  1875,  p.  51-52. 

(2)  Paris.  1874,  grand  in-8<»,  p.  174. 

(3)  Essais,  liv.  I,  chap.  xxv. 

(4)  Oo  voit  an  pea  plus  loin  (p.  183}  Christophe  de  Foix,  6Uye  da  coll^fe  de 
Cayenne,  figarer  aa  nombre  des  Umoins  d'an  acte  da  21  join  1545  cpnsenr^  aux 
archives  ddpartementales  de  la  Gironde. 


Digitized  by 


Google 


—  59  — 

Iege.de  Guyenne  ou,  grdce  a  lui,  ses  freres  avaient  6te  eleves, 
consacralt  one  somme  de  2,000  ecus  k  la  fondation  d'une 
chaire  de  math6matiques  (4).  » 

Christophe  de  Candalle  f  ut  d'abord  protonotaire  apostolique, 
ce  qu'ont  ignore  les  auteurs  du  Gallia  Christiana,  qui  disent 
seulement  qu'il  fut  grand  aumOnier  de  la  reine  de  Navarre  et 
qu'il  est  mentionne  dans  le  testament  de  Jean  d'Albret,  baron 
de  Miossans  (2).  Le  titre  de  protonotaire  apostolique  est  donne 
a  CSiristophe  par  Joachim  Du  Bellay,  Tauteur  des  Xenia,  eu 
aliquot  ad  illustrium  quorumdam  Gallice  luminum  nomina 
allusiones  (3) : 

Ghristophorus  Gandalius,  protonotarius. 

Acria  pro  Christi  quod  nomine  bella  capessis, 

Scilicet  a  Christi  nomine  nomen  habes. 
Tu  quoque,  lacteolo  cujus  de  gutture  manant 

Mella  poetarum  dulcia  mista  favis, 
Kav^vXof  a  Graiis  cognomen  adepte,  poetis 

Lacteolum  confers,  mellifluumque  melos  (4). 

En  1560,  le  5  mai  (5),  Christophe  de  Foix  remplaga  sur  le 
siege  d'Aire  Jacques  de  Saint-Julien.  Voici  la  lettre  (peut-6tre 
la  seule  qui  existe  encore  de  lui)  que  le  prelat,  peu  de  temps 
apres  sa  nomination,  adressait,  du  chateau  de  Cadillac  (6), 

(1)  M .  Gaollieur  a  tir^  ees  details  d'ane  plaqaette  fort  rare  intital6«  :  Copie  de  la 
fondation  de  la  ehaire  de  mathimaH^iuee  au  eolUge  de  Guyenne  (Bordeaax,  J.-B^ 
Lacorn^e,  imprimeur.) 

(2)  Tome  i,  Ecclesia  AdurensU,  col.  1166. 

(3)  Paris,  F^d.  Morel,  1569,  in-4o.  Voir  nne  note  snr  cette  pidce  a  la  page  18  da 
tome  IT  de  la  Collection  m^ridionale  :  Vies  des  pontes  bordelais  et  pirig  our  dins  par 
Guillaume  Colletet,  de  VAead^mie  frangaise,  1873.  J'ai  tronvd  nn  exemplaire  tfe 
I'opascnle  de  J.  dn  Bellay  (in-4o  sans  nom  d'antenr,  sans  nom  de  lien  et  sans  dale) 
dans  an  recneil  de  melanges  de  la  biblioth^qne  Mazarine  (no  10,  694.) 

(4)  Les  lexiqaes  grecs  donnent  en  eflfet  ;aa  motxav^auXoc  ou  x«v5vXoff  le  sen^ 
dec  roets  compost  de  farine,  de  fromage,  de  lait  et  de  miel.  » 

(5)  Celte  date,  dunn^e  par  le  Gallia  Christiana,  est  aassi  donn^e  par  le  P 
Inselme  {Histoire  ginialogique  des  grands  officiers  de  la  eouronne,  tomeiii 
p.  385). 

(6)  C'est  probablement  dans  ce  cb&leaa,  si  magnifiquement  reconstrait  par  le 
premier  dac  d'Epernon  (1598  et  ann^es  snivantes),  qae   naqoirent  Christophe  et 


Digitized  by 


Google 


—  60  — 

a  Catherine  de  Medicis,  au  sujet  des  ravages  commis  par  les 
Huguenots  dans  sog*  fliocefee  et  surtout  dans  sa  ville  6pis- 
copale : 


/' 


Madame,  estant  arryv<6  6n  ce  lieu  pour  incantinant  m*en  aller 
faire  mon  debvoir  a  Ajre,  suyvant  le  oommandemeat  du  Roy  et 
vosire,  j*ay  est6  adverty  par  mon  vicayre  et  aultres  qiii  ont  charge 
de  mes  affaires  au3ict  lieu,  que  ceulx  des  esglises  qu'ilz  disent  re- 
form^es  contiauent  les  invasions  et  destructions  des  temples  qu'ilz 
ont  ja  presque  toutz  rnynez  en  moo  dioceze,  augmentent  toujours 
de  plus  en  plus  leurs  violences  et  furies,  et  ce  nonobstant  qu'ilz 
ayent  des  temples  pour  eulx  en  chascune  ville,  au  mespris  des  der- 
niers  esdicts,  ayantplus  d^acq(igg;;gi.ej|^|ffays,  sont  venus  enTesglise 
principale  d*Ayre  de  gayett^  de  cueur  (1),  et  sanz  estre  en  fagon  du 
raonde  provocquez,  ont  desmoly  tous  les  aultelz,  deschir^  les  chappes 
et  aultres  vestemeilts,  myz  le  feu  aux  sieges,  rompu  les  orgues,  et 
autres  maulx  qui  seroient  trop  longz  k  dire,  avecques  meaasses  de 
faire  promptement  mourir  ceulx  qui  ouvriroient  la  bouclie  pour  en 
parler  et  blessarent  ung  organiste  qui  est  a  sgavoir  s'il  ferdera  la 
veue  du  coup,  et  non  contants  de  cela,  soubz  ceste  grande  licence 
personne  ne  leur  contredisant,  tiennent  les  chanoynes  en  ceste 
peyne,  qu'ilz  n*attendent  sinon  que  on  leur  vieigno  coupper  la  gorge 
s'ilz  entrent  en  leur  esglize,  leur  ayant  mande  que  si  ilz  continuent 
a  faire  le  sei^^ice  qu'ilz  en  feront  aultantaux  imaiges  vives,  comme 
ilz  en  ont  faict  aux  mortes.  Madame,  il  y  a  desja  quatre  ou  cinq 
moyz  qu'ilz  continuent  ces  invazions,  n'ayant  aucun  esgard  a  la  re- 
formation des  abuz  qu'ilz  sgavent  bien  quo  je  veulx  faire  et  quej'ay 
desja  commence,  ny  k  voz  commandementz  si  souvent  reyterez  sanz 
qu'on  puysse  dire  (quoyque  leurs  minystres  les  desadvouhent  et  que 


FraDQois  de  Foix.  Aox  descriptions  de  ce  monument  qae  j'ai  eu  I'occasion  de  citer 
{Essai  sur  la  vie  et  les  icrits  de  Florimond  de  Raymond^  eonseiUer  au  jtarlement 
de  Bofdeaux,  1867,  p.  17,  note  2),  je  joindrai  la  mention  d'int^ressantes  pages  de 
M.  G.-J.  Dnrand  (Notice  sur  les  dues  d*Epernon,  leurchdteau  de  Cadillac  et  leurs 
sepultures,  Bordeaux,  1854,  brochure  in-8»}  et  de  M.  le  comte  Jules  de  Gosnac 
{Souvenirs  du  rdgne  de  Louis  XIV,  Paris,  tome  v,  1876,  p.  92-96). 

(1)  H.  Littrd  {Dictionnaire  de  la  langua  francaise,  au  mot  gait^  cite,  comme 
ayant  employ^  I'expression  gaiti  de  cceur,  Amyot,  d'Aubignd,  Voiture,  Molidre, 
M°>*  de  S^vign^,  Voltaire,  J. -J.  Rousseau,  d'Alembert.  Le  plus  ancien  de  ces  ^ri- 
vaias,  Amyot,  8*est  servi  presqu'en  mdme  temps  que  Cbristophe  de  Foix  de  cette 
pittoresque  fa^on  de  parler.  On  salt  que  la  traduction  des  Vies  des  Hommes  illnstres 
dePltttarqueparot,  pour  la  premiere  fois,  etk  1559.  (Paris,  Michel  Vas<M)san,  in-f«.) 


Digitized  by 


Google 


—  61  — 

vous  Fayez  command^),  qu'il  en  ayt  est6  faict  punytion  d'ung  ^eul 
en  tout  ce  temps  la,  de  sorte  que  ceulx  qui-ont  quelque  peu  de  ju- 
gementetcogQoissentrhumeur  de  ce  peuple"  veoyant  bien  qu*ilz  ne 
s'arresteront  pas  Iky  s'il  n'y  est  remiSdie  par  vostre  auctorit^  et  quel* 
que  punytion  exemplaire,  affin  que  nous  puissions  virre  en  quelque 
asseurance,  aultrement  il  vous  plaira,  Madame,  m'excuser  si  je  ne 
m'expose  a  la  fureur  indiscrete  et  brutalle  de  ce  peuple.  Je  vous 
supplie  tres-humblement,  Madan^e,.  pour  l*asseurance  quej*ay  de 
vostre  bonne  volunt^,  commander  qu'il  y  soict  dbnne  ordre,  comme 
jeprie  Dieu  vous  donner  tresr4x>ane' et  fces-longue  vie. 
De  Cadillac,  ce  vi«  de  janvyer  (1). 

Vostre  tr^s-humble  et  tres-obeyssant  serviteur, 

CflfllSTOFI^  DE  FOIX,  evesque  d'Ayre. 

On  comprend  que  Christophe  dftFoix  ait  cherche,  avec 
d'autres  ardents  calholiques,  a  empficher  de  nouveaux  excfes. 
En  1564,  il  voulut,  aide  de  son  frere  le  comte  Frederic  et  de 
quelques  autres  grands  seigneurs  de  la  Guyenne,  opposer 
aux  calvinistes  une  sorte  de  ligue  defensive  et  m^me  offen- 
sive, mais  cette  tentative  de  croisade  a  Tinterieur  dut  6tre 
bient6t  abandonnee  devant  la  desapprobation  royale  (2). 

(1)  La  lettre  {Biblioth^que  naUonahf  Fonds  irih^iM,  vol.  8186,  pri4)  n'est 
pas  dat^e  quant  4  Taon^e,  mais  elle  se  trouve  au  milieu  de  documents  qui  tons  ap- 
parliennent  a  1561  et,  d'ailleurs,  les  dv^nements  qui  y  sont  signaids  se  rapportent 
parfaitement  a  cette  m^meann^e  (A..  S  }.  Levolume  17021  des  Ponds  latins  renfer- 
me  (p.  29}  I'extrait  suivant  d'une  lettre  ^crite  k  I'^v^que  de  Dax,  alors  en  cour 
(Francois  de  Noailles),  par  un  cbanoine  de  Da\  du  nom  de  Cashavaly,  le  l^i*  Janvier 
1562  (N.  S.),  eitrait  qui  confirme  en  tout  point  les  plaintes  de  Cbristophe  de  Foix  : 
<  Monseigneur,  nous  sommes  ellray^s  en  ceste  viUe  qae  les  embuches  que  nous  sont 
apprest^es  nous  menassent  de  pareille  ruyne  qui  a  es\6  faite  a  I'esglise  de  la  ville 
d'Ayre  et  abbaye  du  Mas  et  a  toutes  aulres  esglises  du  diocese  d'Ayre.  Les  diets 
s^ditienx  n'ont  laissd  en  esglises  ornemens,  calices,  documens,  etgeneralement  toutes 
chosesdesqnelles  Ton  se  peut  ayder  pour  faire  le  service  divin.  Les  religieux,  reli- 
gieuses,  prestres,  saccagez,  battuz,  despoillez,  brief  tout  s'en  va  en  ruyne,  mesme 
ceulx  quitiennent  I'ancienne  religion.  Monseigneur,  je  vous  puis  asseurer  que  des- 
puis  la  secte  des  Albigeois  n'a  estd  veue  desolation  si  cruelle...  >  (T/^sor  de  Noailles.) 

(2)  Voir  sur  cette  confederation  les  MSmoires  de  Condi  (t.  v,  p.  170),  VEUtoirt 
ecrite  par  le  president  de  Tbon  (t.  iv  dela  tradaction  franpaise  de  Londres,  p.  652), 
VEistoire  universelle  d'Agrippa  d'Aubignd  (t.  i,  p.  204,  etc.)  En  cette  mdme  an- 
n^e  1564.  Christophe  de  Foix  [Chriitophorus  de  Fuxo)  assista,  avec  Louis  de  -Lux, 
vicomte  d'Uza,  sen^chal  de  Bazadais,  aux  etats  de  la  province  d'Auch  oil  Jean  Ba- 
lagnier  fut  nommd  ^v^que  de  Bazas.  (Chronique  de  Baxat,  dans  le  tome  xt  des 
Archives  historiques  du  dipartement  de  la  Gironde,  no  58). 


Digitized  by 


Google 


—  62  — 

La  date  precise  de  la  mort  de  Christophe  de  Foix  est  in- 
connue.  On  salt  seulement  que  ce  prelat  cessa'  de  vivre  vers 
1569(1)  ouli:7i)  (2). 

Avant  la  fin  de  cette  derniere  annee,  Francois  de  Foix 
lui  succeda'(3). 

Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 

{La  suite  p*ochainement.) 


(1)  L'abb^  Baarein  (Variitis  bordeloisest  t.  ii,  p.  24)  n'b^site  pas  a  dire  qu'il 
<  d^c^da  6D  I'aoD^e  1569.  > 

(2)  Blaiso  de  Monloc  a  fait  ane  brdve  mention  de  Christophe  de  Foix,  a  I'ann^e 
1569  {Commentaires,  Edition  de'M.  de  Ruble,  t.  in,  p.  272).  J'ai  lu  (Bibliotbdque 
nationale,  Foods  francais,  vol.  3224.  p.  27)  nne  lettre  de  Charles  IX  au  marquis 
deVillars,  dn  28  septembre  1571,  qui  contient  cesmots:  «  Mon  cousin,  vaquant 
cy-devant  Tabbaye  de  Sainl-Jean  de  la  Castille  par  le  decez  de  fen  Monsieur  Cres- 
tofle  de  Foix,  evesque  d'Ayre,  j'en  ay  faict  don  au  sieur  de  Roissy,  conseiller  en 
mon  privd  conseil...  >  Cette  note  comble  une  autre  petite  lacune  du  Gallia  Chris- 
Uanat  et  j'espdre  qu'elle  ne  sera  pas  perdue  pour  le  savant  continuateur  de  rinap« 
pr^iable  recueil,  Dom  Piolin. 

(3)  Voir  une  lettre  du  roi  de  Navarre  au  Pape,  au  sujet  de  la  nomination  de 
Fr.  de  Foix  k  I'^v^ch^  d'Aire  (t.  i  des  Lettret  missives  de  Henri  IV,  p.  77)  La 
date  attribute  k  cette  lettre  (29  juillet  1575)  est  inexacte,  et  il  faut  lire  29  juillet 
1570.  De  plus,  I'^diteur  (note  1)  s'est  tromp^  quant  au  lieu  de  la  mort  et  quant  k 
rUge  de  r^vAque  d'Aire.  Pourquoi  n 'avoir  pas  consult^  le  Gallia  Christiana  f  — 
M.  J.  Gnadet,  6diteur  da  SuppUment  au  Reeueil  des  lettres  missives  de  Henri  IV 
(t.  villi  1872,  p.  139,  note  4),  a  pieusement  conserve  I'anachronismc  de  M.  Berger  de 
Xivrey,  y  joignantde  son  crti  une  nouvelle  et  bien  grosse  erreur  :  «  II  fut,  en  1575, 
quoique  la'ique  et  marid,  fait  6vdque  d'Aire. »  Nuiie  part  il  n'est  question  de  ce 
pr^tendu  mariage,  et  Ton  ne  parvient  pas  k  s'eipliquer  la  m^prise  dn  continuateur 
deM.  Berger  de  Xivrey. 


Digitized  by 


Google 


—  63  — 


L^GENDE  ET  HISTOIRE.— ^UDE  CRITIQUE 


SUE 


Saint  Sever,  roi  des  Scythes^  et  ses  oompagnons  les 
SS.  Glair,  G^ronce,  Justin,  Babilius,  Jean  et  Poly- 
carpe,  avec  notice  sur  sainte  Quitterie  (1). 


Ill 

La  fin  du  v*  siecle  et  le  commencement  du  vi*  trouverent 
tour  a  tour  les  rois  wisigoths  a  Papogee  et  bient6t  au  d6clin 
de  leur  puissance  daus  ces  contrees.  Cette  meme  epoque  vit 
paraitre  aux  bords  de  TAdour  le  mysterieui  personnage 
nomme  Sever. 

Assoyons  solidement  cette  base  chronologique;  elle  est 
d'une  importance  vraiment  fondamentale. 

«  Sever,  d'apres  nos  diverses  legendes,  eut  pour  compa- 
gnons,  outre  G6ronce  et  Polycarpe,  Jean  et  Babilius,  les  saints 
Clair  et  Justin.  —  ^Jotre  saint  Clair  est  celui  d'Albi  et  de  Lec- 
toure.  —  Arrives  dans  le  midi  des  Gaules,  ils  furent  en  rap- 
port avec  un  certain  Engine  (2)  [la  legende  saint-sev6rienne 
leur  fail  trouver  a  Rome  un  homme  apostolique  portant  ce 
nom],  et  avec  les  pontifes  Sabinus  et  Anthimim,  un  Floren- 
tmuSy  les  pretres  Rannulfe  et  Bamfred,  le  magistral  Aldemar 
et  le  notable  Ybold  (3).  En  outre,  quand  saint  Sever  attei- 
gnit  les  bords  de  TAdour,  un  roi  Adrien  on  plut6t  Ariien, 
selon  un  des  plus  anciens  dipl6mes  de  Saint-Sever  et  d'au- 
tres  indices  a  signaler  plus  bas,  y  avait  deja  tenu  les  etats  de 
la  nation  (4). 

(1)  Voir  U  liTraison  de  Janvier,  p.  5. 

(S)  Ldgende  d'llbi;  B.  La  Toar,  hittorien  de  Tnlle,  citd  par  Balaze. 

(3)  Legende  d'Albi. 

(4)  Legende  de  Saint-Sever. 


Digitized  by 


Google 


—  64  — 

»  Un  roi  Adrien  (Arrien?)  encore,  mais  tout  aussi  crael 
que  le  n6tre  etait  daux,  se  trouve  introduit  dans  la  legende 
de  sainte  Quitterie,  dont  je  ne  puis  differer  de  parler.  —  Nee 
a  Belcage,  ville  principale  du  royaume  a  laquelle  elle  appar- 
tenait,  et  soeur  des  saintes  Dode,  Wilge forte,  etc.,  Quitterie 
avail  pour  pere  AtUitts,  prince  puissant  par  dessus  tons  Ics 
princes  de  TOrienl  (1).  Elle  fut  marlyrisee  a  Aire-sur-FAdour, 
Tan  de  N.-S.  477,  pour  n'avoir  pas  voulu  epouser  un  certain 
Germain.  La  date  de  477  ou  478  est  citee  par  les  Bollandistes, 
d'apres  divers  documents,  et  admise  par  eux.  —  Entre  autres 
choses  merveilleuses,  la  sainte  avait  decouvert  un  tresor  ca- 
ch6  par  un  Leucianus  ou  Ijentimanus.  Ce  dernier  personnage 
elait  un  apostat  qui  vint  a  rteipiscence;  avec  deux  eveques 
qui  se  trouvaient  pres  de  lui,  il  fut  victime  des  rlgueurs  d'A- 
drien,  etc. » 

Tons  ces  details,  precis  ou  confus,  nous  transportent  a  la 
m6me  6poque,  a  la  fin  du  v*  et  au  commencement  du  vi*  sie- 
cle,  et  parmi  les  Wisigoths,  gardiens  ou  plutdt  maftres  du 
midi  des  Gaules.  C'est  dans  ce  milieu  qu'on  voit  plus  ou  moins 
groupes  un  Eugene,  ev6que  de  Carthage,  avec  un  saint  Clair, 
venu  d'Afrique  a  Albi,  ou  Eugene  fut  exil6  en  496;  un  Sahi- 
nus,  qui  souscrivit,  en  506,  au  concile  d'Agde  comme  eveque 
d'Albi,  k  c6te  d'un  Clair,  eveque  d'Eauze,  et  du  successeur 
immediat  d'un  Justin,  eveque  d'Auch;  un  Anemius,  proche 
parent  de  Sabinus;  Florentien,  Tun  de  ces  exiles  d'Huneric 
qui,  sommes,  sans  autre  explication,  de  jurer  qu'ils  feraient 
ce  qu'on  leur  dirait,  r6pondirent  avec  indignation  :  « Nous 
prenez-vous  done  pour  des  bdtes  brutes  (2)?  » 

De  plus,  les  noms  des  pretres  Rannvlfe  el  Mmfred,  du 
magistral  Aldemar  et  du  notable  Ybold,  sont  des  noms  lu- 
desques,  lesquels,  unis  surlout  aux  dignites  qu'ils  accompa- 
gnent,  nous  crient  de  retarder  les  eveoemenls  .de  nos  legen- 

(1)  Legende  de  sainte  Qaitterie. 

(3)  TillemoDt,  Rninart.  d$  pinec.  Vand. 


Digitized  by 


Google 


—  65  — 

desjusqu'a  la  domination  wisigolhe.  Enfln,  riende-semblable 
au  roi  Arrien  des  bords  de  PAdour  et  aux  etats  par  lui  ras- 
sembles  que  le  roi  arien  Alaric  II  et  la  reunion  des  eveques 
et  des  notables  convoques  pour  la  revision  de  son  code :  cette 
assemblee  dut  se  tenir  non  loin  d^Aire,  puisque  c'est  d'Aire 
que  le  code  fut  adresse  a  la  chancellerie  toulousaine. 

Sainte  Quitterie,  d'un  autre  c6te,  appartient  manifestement 
au  regne  d'Euric,  ce  pere  cruel  du  d6bonnaire  Alaric  II,  vu 
la  date  de  477  ou  478,  que  rien  ne  permet  d'accuser  d'im- 
posture  et  que  nuUe  intention  historique  n'aura  fait  suppo- 
ser.  Leneidnm,  Lentimanns,  pourraient  done  peut-etre  se 
retrouver  dans  le  questeur  ou  Thomme  du  tresor  Lidnia- 
nus,  que  Thistoire  nous  montre  envoye  un  jour  vers  Euric, 
et  dans  un  Licummanus,  secretaire  de  saint  Cesaire  d' Aries, 
calomniateur  de  son  maitre  auprfes  d' Alaric  II  et  condamne  a 
mort  par  ce  roi.  Quant  aux  deux  eveques  frapp6s  ensemble 
par  le  roi  Adrien,  ils  rappellent  Peveque  d'Aire  et  celui  de 
Tarbes,  saint  Faust,  exile  a  Aire  par  Tarien  Euric. 

Mais  cela  est  encore  pen.  La  question  de  la  nationalite 
vient  s'ajouter  a  celle  du  temps  pour  sainte  Quitterie,  et  les 
deux  se  renvoient  mutuellement  de  grandes  lumieres. 

Dans  la  puissance  tout  a  fait  hors  ligne  de  Toriental  Atilius, 
qui  ne  voil  le  signalement  d'Attila?  On  lit  sans  doute  aussi 
CatUiuSj  mais  cette  variantepeut  trouver  son  explication  dans 
Tusage  de  Taspiration  initiaie,  si  familiere  aux  races  tudes- 
ques.  Avec  Atilius  pour  pere,  Quitterie  est  censee  avoir  eu  pour 
mere  la  princesse  romaine  Calsiay  apres  les  temps  de  Tapos- 
tat  Julien  :  ce  pent  6tre  un  souvenir  deGalla  PUmdia,  mariee 
en  Mi  au  roi  wisigoth  Ataulphe.  Mais  si  la  bienheureuse, 
comme  le  veut  la  legende,  etait  nee  dans  la  capitate  ou  regnait 
son  pere,  comment  cette  ville  est-elle  nommke  Belcage  ?  Tou- 
louse etait  1^  c^itale  des  rois  wisigoths.  —  Sans  doute;  ob- 
servons  une  chose  pourtant :  les  Toulousains  ont  longtemps 
conserve,  sous  une  forme  ou  une  autre,  le  nom  de  VoUces 


Digitized  by 


Google 


—  66  —     , 

ou  de  Bolkes,  et  tout  naturellemenl  parmi  le  peuple  surtout : 
Teciosagos  prim(Bvo  nomine  Belcas,  comme  lisent  plusieurs 
editeurs  d'Ausone.  —  Par  suite,  rien  d'etonnant  que  la  le- 
gende  appelle  du  nom  de  Germain  le  pretendant  de  sainte 
Quitterie,  et  I'on  peut  voir  en  elle  une  princesse  vouee  a  la 
mort  par  ses  proches,  puisqu'elle  a  ete  livree  au  martyre  par 
un  roi  aussi  sanguinaire  envers  sa  famille  que  le  fut  Euric. 
—  Ajoutez,  avec  les  BoUandistes,  la  physionomie  tres-gothi- 
que  des  noms  de  Quilere,  et  de  ses  soeurs  Dode  et  WUge- 
forte.  Cette  demiere,  il  est  vrai,  s'appelle  encore  Ubirale, 
Livrade;mm  qu'y  a-t-ilde  plus  naturel,  de  voir  en  elle  une 
romaine  gratifiee  plus  tard  d'un  nom  barbare,  ou  bien  une 
wisigothe  devenue  romaine  et  gratifiee  d'un  nom  latin? 

Et  maintenant  je  le  demande :  toutes  ces  donnees  se  for- 
tifient-elles  assez  les  unes  des  autres,  et  pouvons-nous  dire 
a  bon  droit  que  sainte  Quitterie  fut  une  princesse  issue  des 
races  hunniques  et  martyrisee  a  Aire  sous  le  roi  Euric  ? 

Cessez  done,  critiques  outres,  de  voir  dans  les  indications 
de  nos  legendes  des  inventions  bizarres  :  confrontees  avecnos 
annales,  elles  vous  oflfriront  aisement  un  de  ces  fonds  vrai- 
ment  historiques  que  les  tradition^  amalgament  et  deflgurent 
sans  doute,  mais  ne  creent  pas  tout  d'un  bloc. 

II  etait  necessaire  d'insister  sur  Tepoque,  la  nationalite,  le 
pays  de  sainte  Quitere,:  parce  qu'elle  a  souflfert  sous  un  roi 
Adrien,  et  que  sous  m  Adrien  aussi  est  venu  saint  Sever  :  la 
date  du  premier  ne  peut  manquer  de  nous  faire  connaltre 
de  plus  en  plus  celle  du  second,  et  Tetroite  afflnite  des  deux 
legendes  doit  nous  enhardir  ales  rapporter  a  la  mSme  epoque' 
historique. 

On  m'opposera  peut-etre  certains  indices  d'une  antiquitfe 
de  part  et  d'autre  plus  reculee. 

Et  pour  commencer  par  la  martyre  aturaine,^  quelquesruns 
lui  donnent  pour  pere  un  C.  AtUius,  gouverneur  de  la  Galice 
sous  Tempereur  Commode.  Malheureusement,  et  les  BoUan- 


Digitized  by 


Google 


—  67  —  • 

distes  sont  de  mon  avis,  ce  n'est  la  qu'une  hypotbese  basee 
sur  une  simple  ressemblance  de  noms  et  en  contradiction 
avec  les  autres  Elements  de  la  legende.  Celle-ci,  a  son  tour, 
fait  de  la  sainte  ane  descendanle  de  Julicn  TApostat,  et  elle 
rattacbe  aussi  saint  Sever  et  ses  compagnons  aux  temps  de  cet 
empereur  et  a  un  decret  de  proscription,  manifestement  sup- 
pose, qu'il  aurait  porte  centre  tons  les  cbretiens,  fussent-ils 
meme  parfaitement  etrangers  a  I'empire.  Mais  Tintroduction 
de  ce  nom  odieux  est  ici  une  source  d'incoberences.  Ajoutez 
qu'elle  s'explique  aisfement  de  maniere  a  venir  a  Tappui  de 
notre  exegese,  et  je  sens  le  besoin  dMnsister  la-dessus :  les 
habitants  de  nos  campagnes,  dont  les  souvenirs  chronologi- 
ques  ne  remontent  guere  au-dela  de  la  reine  Jeanne  ou  de 
Toccupalion  anglaise,  rapportent  a  ce  fond  les  monuments  et 
les  traditions  les  plus  antiques;  nos  peres  pareillement,  frap- 
pes  jadis  par  les  noms  d'Attila,  de  Julien  TApostat,  comme 
par  ceux  des  demiers  grands  persecuteurs  ou  ravageurs  de 
provinces,  rattachent  facilement  a  eux  des  victimes  de  perse- 
cutions plus  modemes,  qui  n'eurent  guere  rien  a  voir  avec 
de  tels  etrangers.  Pour  un  foyer  du  vn*  sitele,  les  demiers 
massacres  de  Chretiens  etaient  les  leurs,  ce  qui  pent  vouloir 
dire  tout  simplement  qu'ils  appartenaient  aux  dernieres  per- 
secutions, c'est-a-dire  a  cellos  des  Vandales  et  des  Wisigoths. 
—  Ainsi  voyons-nous  la  legende  b6amaise  de  saint  Galactoire 
introduire  pele-mele,  sur  la  meme  scene,  Vandales,  Wisi- 
goths, Normands  et  Croises,  ce  qui  nous  la  denonce  tout 
bonnement  comme  Toeuvre  du  xir  sifecle  au  plus  t6t;  et  si 
nous  ne  trouvons  pas  la  m6me  confusion  dans  celles  de  nos 
autres  saints  novempopulaniens,  nous  pouvons  presumer 
qu'elles  sont  ant6rieures  meme  aux  invasions  sarrazines. 

Une  autre  date,  plus  noble  encore,  est  accordee  k  saint 
Clair  par  Auteserre :  celle  du  pape  Anaclet.  Je  la  respecte,  et 
Ires-volontiers  je  Fadmets  pour  le  saint  Clair  de  Nantes;  mais 
ni  ce  saint  Clair  ni  plusieurs  autres  ne  peuvQnt  etre  confondus 


Digitized  by 


Google 


•    -  68  — 

avec  celui  de  notre  pleiade,  si  heureusemenl  caracleristique; 
pas  plus  que  le  saint  Geronce  d'Aire,  confesseur  et  tres-pro- 
bablement  pontife  aposlolique,  ne  saurait  6tre  identique  avcc 
le  saint  Geronce  de  Hagetmau,  compagnon  de  noire  saint  Se- 
ver et  martyr. 

Reste  done  la  fin  de  la  periode  gallo-wisigothe  pour  celle 
de  nos  saints;  tout,  du  reste,  confirmera  de  plus  en  plus  cette 
conclusion. 

Allons  a  la  recherche  de  leur  patrie. 
.  >  . . 

IV 

J'ai  groupe  saint  Clair  et  ses  compagnons  autour  de  saint 
Eugene  de  Carthage,  comme  un  petit  troupeau  de  brebis  er- 
rantes  autour  de  leur  pasteur  exile.  Ainsi  le  veut  Taffirmation 
legendaire.  Elle  les  fait  venir  d'Afrique,  voila  raon  grand  ar- 
gument, et  le  manuscrit  saint-severien,  d'accord  avec  Tofflce 
dacquois  du  xin*  siecle,  ajoute  que  son  heros  etait  Vandale. 
On  sait  la  terrible  invasion  qui  ecrasa  TAfrique  a  Tepoque  oil 
nous  nous  sommes  vus  places.  Les  textes  gascons,  je  Favoue, 
font  saint  Sever  originaire  de  je  ne  sais  quelle  region  amphi- 
caine,  amplicaine,  etc.;  mais  je  ne  vols  la,  mal  ecrit, 
que  le  nom  des  regions  africaines,  comme  parle  la  legende 
de  sJtint  Clair.  Nos  textes  placent  cette  contree  en  Scythie : 
supposition  Ires-naturelle,  puisqu'il  s'agissait  de  Vandales, 
mais  en  contradiction  avec  des  details  qui  trahissent  plutdt 
TAfrique.  En  voici  la  preuve.  Le  Sever  de  notre  I6gende  de- 
clare quelque  part  saint  Saturnin  originaire  du  meme  pays 
que  lui,  et  en  apporte  des  reliques :  or,  nul  saint  Saturnin 
ne  nous  vient  de  Scythie,  mais  TAfrique  en  a  produit  plus 
d'un,  un  en  particulier  dont  les  reliques  furent  preciseraent 
emportees  par  les  catholiques  qn'avait  chasses  Huneric  (1). 
De  plus,  quand  nos  sept  martyrs  seront  en  Palestine,  nous 

(1)  Rainart,  depertee.  Vandal. 


Digitized  by 


Google 


—  69  — 

eDtendrons  Justin  demander  pourquoi  ils  n'iraient  pas  a 
Rome^  et  G^ronce  r6pondra :  « II  eAt  ete  plus  simple  de  ie 
faireen  parlant  denotre  pays. »  MaisenJudee,  cette  reflexion, 
tres-naturelle  pour  des  Africains,  ne  le  serait  guere  pour  des 
hdmmes  venus  de  Scythie  ou  de  quelque  autre  point  de  TO- 
rient. 

Relativemeot  k  la  patrie,  a  la  nationalite  de  mes  heros,  on 
m'opposera  que  leurs  noms  ne  sont  nullement  ni  scythes,  ni 
vandales.  Or,  y  a-t-il  apparence  que  des  barbares  aient  re§u 
ou  pris  eux-memes  de  pareils  noms?  —  La  reflexion  serait 
beaucoup  plus  serieuse  si  Ton  supposait  a  des  Romains  des 
noms  barbares;  aussi,  quand  la  legende  de  saint  Clair  m'a 
montre  dans  notre  midi  un  magislrat  Ahlemar,  un  notable 
Ybold  avec  des  pretres  appeles  Rannulfe  et  Ran f red,  sans 
que  ri«n  puisse  faire  suspecter  leur  realite  historique,  je  me 
suis  dit:  nous  voila  bien  au  v*  siecle,  en  pleino  domination 
wisigolhe.  Le  tres-erudil  editeur  de  Thistoire  de  saint  Sever 
fait  observer,  dans  sa  prfecieuse  publication,  qu'il  vient  tres- 
gracieuseraent  de  me  transmettre  et  ou  tant  de  localiles  re- 
trouveront  une  bonne  partie  de  leurs  archives,  que  les  noms 
peuvent  elre  un  signalement,  et  il  a  raison.  Toutefois,  je  per- 
siste  a  croire  que  des  appellations  romaines,  grecques  ou  Se- 
mites, n'empechent  pas  nos  saints  d'etre  tons  originaires 
d'Afrique  et  quelques-uns  du  moins,  et  meme  saint  Sever, 
vraiment  Vandales.  L'auteur  de  la  vie  de  saint  Fulgence  nous 
parle,  en  ce  m6me  temps,  d'un  pretre  Vandale,  Africain  et 
arien,  appele  Felix;  et  Victor  de  Vite,  dans  Thistoire  de  ses 
coreligionnaires  persecutes,  des  patriarches  vandales  Cii^Ue 
elJocunde.  Laderchi  traite  au  long  le  point  qui  m'occupe  (1), 
et  il  rappelle  tant  d'occasions  diverses  ou,  de  tout  temps,  il  a 
6te  d'usage  d'adopter  un  surnom  ou  meme  de  changer  de 
nom.  En  ce  temps-la  aussi,  VAth^nienne  se  faisait  appeler 
Eudoxia;  Jean,  Cassien;  Neanias,   Procope,  etc.  Plusieurs 

(1)  Acta  S8,  mariyrum  vindicata . 


Digitized  by 


Google 


-^  70  — 

changeaient  de  nom  au  bapteme;  les  affranchis  prenaient  celui 
de  leur  patron,  ainsi  que  les  fiUeuls  celui  de  leur  parrain. 
Nous  verrons  que  Sever  avail  plus  d'une  raison  pour  agir  de 
meme;  et  sa  petite  troupe  n'eut-elle  point  eu  d'autre  intention 
que  celle  de  passer  plus  facilement  au  milieu  des  Wisigoths 
et  des  Remains,  e'en  etait  plus  qu'il  n'en  fallait.  II  s'oflfre 
meme  dans  nos  legendes  un  indice  formel  de  celte  polyony- 
mk  dans  nos  heros,  car  a  la  place  de  Babilius,  certains  ecri- 
vent  Crepin  pour  le  nom  de  Tun  d'eux,  comme  si,  pabsant  en 
Syrie,  pays  du  grand  saint  Babylas,  Crepin  avait  voulu  se 
faire  le  client  de  ce  saint  martyr.  Dirai-je  aussiqueles  noms 
de  Geronce  et  de  Jean  nMront  pas  trop  mal  a  deux  de  ces 
Vandales  exiles,  aux  yeux  de  ceux  qui  connaissent  dans  leurs 
details  les  guerres  de  cette  epoque?  Mais  je  ne  pretends  pas 
plus  faire  venir  ces  mots  de  Geronce  ou  Girons  et  de  Crepin 
ou  Babile  de  TEspagne  ou  de  la  Syrie  que  de  Giru  ou  de 
Baba  en  Afrique.  Assez  sur  les  noms;  entrons  dans  le  vif 
des  choses. 


«  Herilier  du  tr6ne  des  Vandales  en  meme  temps  que  de 
Terreur  ou  ses  peres  etaient  plonges.  Sever  eut  enfln  le  bon- 
heur  de  voir  la  vraie  foi  briller  a  ses  yeux,  et  il  la  prefera 
aux  dignites  de  ce  monde.  BientOt  en  butte  a  la  persecution 
d'un  prince  impie,  il  dut  se  resigner  a  aller  vivre  dans  le  de- 
sert. y>  La  solitude  eut  pour  lui  des  charmes,  et  il  songeait  a 
y  demeurer,  afln  de  mieux  servir  Dieu.  Mais  il  connaissait 
les  ecrits  du  grand  Augustin,  et  samemoire  lui  rappela  cette 
sentence  du  saint  docteur  «  qu'il  vaut  mieux  supporter  une 
vie  de  peine  que  de  la  fuir,  car  bien  qu'en  servant  Dieu  seul 
dans  la  vie  solitaire  on  puisse  facilement  echapper  sans  souil- 
lure  aux  enchantements  de  ce  monde,  il  n'en  est  pas  moins 
d'un  plus  grand  merite  devant  le  Juge  supreme  de  travailler, 


Digitized  by 


Google 


—  71  — 

pour  notre  bien  et  celui  d'autrui,  a  combattre  les  ruses  du 
vieil  ennemi  par  des  exercices  plus  serieux.  »  Sever  resoliit 
done  de  s'arracher  a  tout,  et  d'aller,  dans  des  conlrees  etran- 
geres,  se  rendre  utile  a  plusieurs  en  leur  prechant  la  grace 
du  Verbe  divin,  fatiguer  son  corps  par  de  nobles  travaux  et 
poursuivre  la  couronne  des  marlyrs. 

Que  penser  de  ces  debuts  de  la  legende?  Je  laisse  de  c6te 
le  passage  de  saint  Augustin :  la  citation  qu'en  fait  Tecrivain 
pent,  a  la  rigueur,  venirdeson  crii,  sansquoi  nous  verrions 
indiqu6e  par  la  reminiscence  de  Sever  une  dale  assez  con- 
cluante  pour  notre  these,  puisque  ce  saint  eveque  mourut  au 
commencement  de  Toccupation  vandale  en  Afrique. 

Voici  surtoutce  quejeme  demande.  Les  annates  des  peu- 
ples  signalent-elles  quelque  roi  ou  du  moins  quelque  prince* 
vandale  exile  de  Numidie  et  permettent-elles  de  le  chercher  en 
Sever?  —  Je  reponds  que  oui.  —  Rien  de  plus  celebre  que 
les  nombreux  bannissemenlg  politiques  et  religieux  dus  a 
Pambition  et  a  la  cruaute  du  roi  Huneric  (477-484).  Une  de 
ses  principales  victimes,  qui  naturellement  lui  aurait  dtl  plu- 
t6t  succeder  sur  le  trdne,  fut  Godagis,  petit-fils  de  Genseric. 
Ce  dernier  prince  avait  regie  que  sa  couronne  passerait  tou- 
jours  au  plus  age  de  ses  descendants.  Que  fit  son  premier 
successeur  Huneric?  II  tua  ou  chassa  ceux  qui  devaient  avoir 
le  pas  sur  ses  propres  enfants.  Et  bientdt  apres  il  mourut. 
—  Sever  serait-il  Godagis  ? 

Grande  question,  question  complexe,  qui  en  renferme  bien 
d'autres  tout  a  fait  capitales  :  aux  yeux  de  Thistoire,  qiCest 
deverm  Godagis?  Qu^a-i-il  du  faire  dam  son  exil?  AuraU-il 
laisse  des  traces  phis  ou  moins  reconnaissables  d*un  troves- 
Ussement?  Ayant  grand  interdt  a  devenir  calholique,  nous 
est'il suffisamment  insinu6  qu'il  Vesldevenu?  Qu'est-ce  qui 
aura  pu  le  determiner  ou  le  prMisposer  a  prendre  ce  noble 
parti? 

L'histoire,  il  faut  Tavouer,  garde  un  silence  tres-mysterieux 


Digitized  by 


Google 


—  72  — 

surnotre  royal  exiI6.  Les  catholiques  persecutes^  qui  nous 
relatent  les  evenements  dont  ils  furent  temoins,  enregistrent 
avec  soin  la  mort  des  autres  descendants  de  Genseric;  mats 
pour  celui-ci,  ils  nous  le  montrent  devenant  enfln  son  second 
heritier,  et  ils  le  font  disparaitre  a  nos  yeux,  laissant  le  trdne 
a  son  frere  Gonthamund,  sans  plus  rien  dire  de  son  sort.  Et 
pourtant,  sMl  n'y  avait  point  la  un  secret  d'Etat,  tout  les  por- 
tait  a  nous  en  parler.  Quelques  historiens,  nous  dit  D.  Rui- 
nart,  ont  resolu  le  probleme  en  supposant  que,  n'etant  point 
encore  mort,  Godagis  doit  etre  celui-la  meme  qui  succeda  au 
farouche  Hun^ricsous  un  autre  nom.  Solution  toute  gratuite 
qui  ne  fait  qu'appuyer  une  chose,  la  survivance  de  Theritier 
presomptif  dans  un  nuage  mysterieux.  Que  signifie  tout  cela? 

Ne  trouvairt  pas  ce  qu'a  fait  Godagis,  cherchons  ce  qu'il  a 
du  faire.  Ses  ennerais  triomphaient,  et  ses  ennemis  etaient  les 
Ariens;  il  faisait  done  cause  commune,  par  le  fail  meme,  avec 
les  cathohques.  L'alternative  dans  laquelle  il  etail  place  etait 
done  ou  de  renoncer  au  monde,  ce  qui  achevait  de  le  pous- 
ser  vers  le  cathoUcisme,  ou  de  se  declarer  catholique  de  ma- 
niere  a  s'assurer  I'appui  de  Tempire  byzantin.  Get  appui,  il 
ne  Fobtint  pas.  Que  faire  done?  Humainement  parlant,  il  ne 
pouvait  guere  que  chercher  a  se  refugier  aupres  du  roi  des 
Wisigoths.  Ce  prince  etait  un  peu  son  parent,  et  il  avait  des 
griefs  assez  personnels,  et  des  plus  serieux  centre  Huneric.  Au 
surplus,  les  plus  illustres  bannis  d'Afrique  se  retiraient  en 
foule  dans  nos  contrees  (1),  temoins  saint  Eugene,  le  grand 
eveque  de  Carthage,  que  Thistoire  sacree  salue,  tout  pres 
d'Albi,  a  la  tete  d'une  colonic  nombreuse  qui  s'etait  fletachee 
du  monde,  et  peut-etre  encore  ces  moines  germains  auxquels 
ecrivait  saint  Cesaire  d' Aries  el  quMl  disait  des  hommes  de 
noble  race. 

Mais  si  le  prince  vandale  etait  venu  lui  aussi,  nos  annales 
n'en  diraient-elles  pas  quelcjue  chose?  —  Eh  bien,  autant 

(1 )  Morcelli,  Africa  Christiana, 


Digitized  by 


Google 


-  73  — 

qu'elles  le  pouvaient  faire,  elles  I'ont  fait.  Et  cependant  notre 
exiI6  etait  interesse  a  ne  pas  laisser  transpirer,  dans  sa  re- 
traite,  le  secret  de  sa  race  et  de  son  nom,  et  rhistorien  des 
Gaules,  saint  Gregoire  de  Tours,  n'a  guere  connule  sud-ouest; 
il  ne  sait  meme  pas  ce  qu'il  faut  penser  de  sainte  Quitere. 
Malgre  cela,  il  a  entendu  parler  des  bannis  refoules  aupres 
d'Alaric  II  par  les  guerres,  et  quand  il  parle  de  saint  Sever 
de  Rustan,  il  ditjene  sais  trop  avec  quelles  allusions,  que 
Sever  etait  d'une  illustre  lignee.  Un  Severe  ou  Sever  se  mon- 
tre  pareillement  a  Agde,  s'humiliant  dans  la  solitude,  aux 
temps  de  Godagis,  et  Thistoire  du  midi  nous  dit  encore  Ik  : 
«  Severe  fut  d'une  illustre  race.  Severe  futun  prince  venu  de 
Syrie  (1). »  Or,  notez  que  notre  saint  Sever  viendra  aussi  de 
Syrie,  que  la  legende  du  Severe  qui  aborde  a  Agde  est  plus 
ou  moins  vague  et  accommodante  et  que  le  lieu  de  sa  sepul- 
ture est  tenement  problematique  en  cette  ville  qu'il  est  fort 
permis  de  le  chercher  ailleurs.  Ajouterai-je  que  ce  port  fut  un 
jour  afifreusement  d^vaste  par  Hun^ric?  Certes,  Sevfered'Agde 
identiqye  avec  Godagis,  et  Agde  ruinee  par  Tennemi  de  ce 
prince,  seraient  deux  choses  qui  ne  s'accorderaient  pas  Irop 
mal. 

II  y  a  plus.  On  dit  qu'on  vit  apparaftre,  dans  le  midi,  k 
Tepoque  precise  ou  Godagis  etait  exile,  de  singuliers  person- 
nages,  dont  Tarrivee  fit  beaucoup  de  bruit.  L'Orient,  preten- 
dait-on,  mettait  aux  pieds  d'Euric  un  roi  venant  recommander 
sa  couronne  ebranlee,  et  Sidoine  ApoUinaire,  dans  son  em- 
phase  poetique,  le  salue  comme  un  roide  Perse  (2).  II  y  avait 
la  sans  doute  un  secret  de  diplomalie  que  n'aura  pas  compris 
Sidoine;  et  quant  a  moi,  en  dehors  du  voyage  que  £rt  Sever 
en  Orient,  aux  lieux  memos  ou  se  retira  la  princesse  Eudocie, 
tante  de  Godagis,  et  puis,  en  Occident,  je  ne  vols  rien  dans 
les  relations  mutuelles  des  peuples  en  ce  moment-la  qui  puisse 

(1)  Bolland,  35  Augasti. 
[%)  Lib.  VIII,  ^p.  IX. 

Tomb  XVUI.  6 


Digitized  by 


Google 


—  74  — 

m'expliquer  rapparition  mysterieuse  et  la  demande  de  ces 
orientaux. 

Quoi  qu'il  en  soil,  peut-on  dire  que  Tidendite  de  Sever  avec 
Godagis  n'aurait  laisse  aucune  trace  dans  les  annales? 

Aliens  plus  loin,  et  voici  d'abord  quelques  indices  de  la 
catholicitedu  jeune  prince  et  de  ses  relations  de  legitime  ami- 
ti6  avec  Eugene  et  les  siens. 

Nous  avons  rencontre,  en  passant,  le  pretre  vandale  Felix. 
Or,  cVst  dans  la  vie  de  saint  Fulgence  qu'il  est  question  de 
lui,  k  propos  des  persecutions  de  Huneric,  et  on  Tentend 
crier  aux  catholiques :  «  Pourquoi  venez-vous  renverser  les 
rois  Chretiens?  »  —  On  salt  que  les  ariens  se  donnaient  cette 
dfenomination,  en  face  des  catholiques.  —  Que  veut  dire  un 
pareil  langage?  Serai t-ce.une  revelation?  Comment  faisait-on 
du  parti  orthodoxe  un  parti  politique,  si  Godagis,  le  chef  na- 
turel  du  parti  oppose  a  celui  d'Huneric,  n'etait  pas  catholi- 
que  lui-m6me?  Pourquoi  ces  details  donnes  par  Thagiogra- 
phie  que  «  les  tyrans  ayant  command^  aux  catholiques  de 
prendre  les  armes,  ceux-ci  refuserent  (1); »  pourquoi  ces 
plusieurs  milliers  de  martyrs  immol6s  a  Carthage  avec  Tar- 
chidiacre  Octavien  (2),  si  la  question  religieuse  ne  se  trouvait 
pas  compUquee  de  la  question  dynastique?  Les  martyrs  et 
leurs  historiens  gardent  sans  doute  la-dessus  une  grande  re- 
serve, mais  ne  croyons  pas  que  Tambilieux  Huneric  n'ait 
pers6cute  les  saints  confesseurs  que  pour  des  motifs  de  cons- 
cience, lui  qui  faisait  bruler  ses  6v6ques  comme  favorables 
k  la  succession  indirecte,  ou  que  les  offlciers  de  sa  cour 
Armogaste  et  Satur,  aient  ete  les  seuls  lideles  sacrifles  aux 
pretentions  de  ses  propres  fils. 

Du  reste,  voici  un  texte  assez  formel  de  Victor  de  Vite  (3). 
Quand  Florentien  et  ses  compagnons  se  refuserent  a  prater 

(1)  BoUand,  I.  t,  vita  s,  Castrensit. 
(%)  Martyrol.  rom.,  zxu  roartii. 
(8)  L.  IV,  c.  !▼• 


Digitized  by 


Google 


—  75  — 

sermeat  de  faire  ce  qu'on  voudrait  leur  mander,  •  sait-on  de 
quoi  il  s'agissait  avec  tant  de  mystere?  de  reconnatlre  d'a- 
vance  le  flls  de  Huneric  pour  son  successeur  a  la  mort  de  ce 
dernier  et  de  nepas  ecrire  au-deta  des  mers :  tel  etait  le  con- 
tenu  d'un  decret  qu'on  exhiba.  El  plusieurs  des  catholiques 
repondirent  alors,  par  un  detour  qui  serait  autant  de  notre 
pays  que  du  leur :  «  L'Evangile  defend  de  jurer.  » 

N'eut-il  pas  trouve  dans  la  sympalhique  commiseration  et 
la  fidelite  secrfete,  mais  assez  justement  presumee  des  catholi- 
qu'es,  de  puissanls. motifs  pour  embrasser  leur  foi,  Godagis 
ne  manquait  pour  cela  ni  de  precedents  pleins  d'eloquence  ni 
de  secours  efficaces. 

II  comptait  meme,  pour  une  couronne  a  sacrifier  et  pour  cet 
autre  lr6ne  de  la  vie  parfaite  a  gravir,  de  nobles  modeles. 

En  456,  on  avait  solenn^llement  enseveli,  k  Brioude,  un 
eveque  d'un  grand  passe  politique,  Tempereur  Avitus;  et  un 
autre  empereur.  Glycerins,  egalement  dechu  du  trdne,  etait 
pareillement  devenu  pontife,  dix-huit  ans  plus  tard.  L'Orient 
meltait  aussi  en  honneur  cet  echange  de  la  couronne  avec  la 
tonsure :  temoin,  en  478,  le  jeune  Cesar  Basiliscus,  fait  clerc 
par  Tempereur  Zenon,  ainsi  que  le  pretendant  Marcien.  Un 
homme  d'unnom  moins  retentissant  dans  le  monde,  mais  bien 
plus  connu  des  Vandales,  quilte  bientdt  apres,  en  486,  une 
des  principales  families  de  Carthage,  et  va  se  renfermer  dans 
la  vie  monastique,  oil  il  devient,  en  494,  le  pere  d'une  com- 
munaute  nombreuse  :  je  parle  de  saint  Fulgence.  D'autres  il- 
lustres  bannis  d'Afrique  virent  a  leur  tour  des  foules  d'6mi- 
grfes  se  grouper  autour  d'eux,  et  ainsi  doivent  s'expliquer  ces 
grands  monasteres  a  la  tele  desquels  nous  les  rencontrons  sur 
le  sol  etranger.  Rappelons-nous  ce  que  nous  en  avons  dit 
plus  haut;  rappelons-nous  encore  ces  illustres  princes  dunom 
de  Sever  devenus  solitaires,  dans  le  cas  oil  ils  ne  seraient  pas 
identiques  avec  le  n6tre. 

Le  parti  le  plus  naturel  pour  le  prince  abandonn^  de  la 


Digitized  by 


Google 


—  76  - 

fortune  humame6tait  d'aller  prendre  sagrande  place  au  milieu 
decemouvement,  en  tfite  des  refugi6s.  Et  la  vie  cenobitique 
aura  contribue  a  faire  de  lui  un  saint,  un  vrai  heros,  comme 
cela  est  arrive  pour  saint  Clodoald,  le  petit-flls  de  Clovis,  Clo- 
doald  que  le  ciel  conduisit  aussi  un  jour  en  Provence,  et  au- 
quel  il  montra,  n'en  doutons  point,  les  traces  encore  fraiches 
des  glorieux  Sever. 

D6ja  des  circonstances  tres-precises  de  famille  etde  cour 
avaient  du  exercer  sur  Godagis  une  action  puissante.  Etd'a- 
bord,  Gens6ric  avait  6te  jadis  catholique.  La  seconde  epouse 
de  Huneric  Tetait,  la  captive  Eudocie,  princesse  romaine. 
Pense-t-on  que  durant  les  seize  ans  qu'elle  vecut  avec  un 
epoux  dont  elle  ne  pouvait,  dit  Fhistorien  Zonare,  supporter 
Tarianisme,  elle  n'aura  point  travaille  a  dinger  vers  la  vraie 
religion  son  royal  neveu? 

Mais  voici  le  nom  de  Sever  s'introduire  avec  gloire  en  plein 
palais,  et  le  catholicisme  avec  lui.  La  famille  de  Genseric  avait 
vu  de  pres  le  patrice  Severe  (1).  Depute  vers  le  roi  vandale  par 
Fempereur  Zenon,  Severe  avait  acquis,  par  Tascendant  de  la 
sagesse  et  de  la  grandeur  d'Ame,  une  haute  estime,  et  la  cour 
se  plaisait  a  Tentendre.  II  obtiat  tout  ce  qu'il  voulut,  notam- 
ment  la  liberte  de  religion  pour  Carthage  et  la  delivrance  gra- 
luitedes  sujets  de  Tempire  devenus  esclaves  du  roi  vandale  et 
de  ses  fils,  et  on  lui  jura  une  amitie  eternelle.  N'aura-t-il  point 
seme  autour  de  lui  des  germes  feconds  de  catholicisme?  Aura- 
t-il  transmis  son  nom  a  quelque  conqufite  ? 

Concluons. 

Toutes  ces  premisses  bien  considerees,  n'est-il  pas  vraiment 
plausible,  dans  ce  quil  a  de  substantiel,  le  r6cit  que  nous  fait 
de  Sever  ici  un  Africain  et  la  un  roi  vandale  renongant  au 
sceptre? 

0  legende !  que  de  curieuses  confrontations  n'amenes-tu 

(1)  Procope,  Guerre  des  Yandales, 


Digitized  by 


Google 


—  77  — 

pas  lorsque  I'on  veut  te  juger  et  trouver  sur  quel  fond  histo- 
rique  tu  travaillais!  Mais  toi  aussi,  6  histoire !  par  combien  de 
confrontations,  k  ton  tour,  n'aurais-tu  pas  besoin  d'etre  revi- 
see,  au  risque  detombei^souvent  bien  au-dessous  delale- 
gende!  . 
Confrontons  toujours,  confrontons. 

{A  suivre.)  Jean  LABAT,  s.  j. 


NOTES  DIVERSES. 

XGIII.  Les  Gascons  dans  la  Guerre  de  Gent  ans. 

Dans  un  article  de  la  Revue  des  Deux-Mondes  du  1«'  juillet  1(C6,  8ign6 
par  M.  Alfred  Maury  et  ayant  trail  k  TJIi^ioirc  de  Bertrand  du  Guesclin  et  de 
son  ipoque,  par  M.  Simeon  Luce,  se  trouvent  les  lignes  suivantes : 

«  Nos  genlilshommes  ne  savaient  point  encore  faire  manoeuvrer  leur  mon- 
tare,  et  ce  ne  fut  qu'au  xiv*  si^e  que  les  Gascons  introduisirent  chez  nous  le 
manege  du  cheval.  s 

«  Les  Gascons,  qui  ^talent  habitues  ^  la  domination  anglaise,  fournirent  aux 
corps  de  volontaires,  de  routiers,  employes  par  Edouard  HI  sous  le  nom  de 
compagnies,  de  nombreuses  recrues,  mais  leurs  chefs  6taient  ordinairement 
anglais.  » 

«  Le  roi  de  Navarre,  apr^s  s'^tre  6chapp6,  prit  k  son  service  snrtout  les  rou- 
tiers gascons  d'Edouard  III,  lesquels  faisaient,  suivant  leur  expression,  guerre 
d* Anglais,  et  d^vastaient  impitoyablement  la  France,  qu'ils  appelaient  leur 
chamhrey  et  oil  ils  se  croyaient  tout  permis,  ainsi  qu'on  pent  le  voir  par  ce 
que  Froissart  rapporte  de  Bascoi  de  MauUon.  x> 

«  Ala  fin  del360,  apr^s  la  conclusion  du  traite  de  Bretigny,  les  routiers 
march^renl  sur  le  comtat  d' Avignon,  ayant^^  leur  t^te  deux  Anglais  et  deux 
Gascons,  Siguinde  Badefol  et  Robert  Briquet.  On  soup^onne  le  roi  de  Na- 
varre, Charles  leManvais,  d'avoir  fait  empoisonner  S6guin  de  Badefol,  dont  il 
convoitait  les  tr^sors.  » 

Deux  observations  h  propos  des  details  qui  pr^cMent. 

Ce  qui  est  dit  de  Fignorance  des  gentilshommes  fran^is  en  mati^re  d'equi- 
tation,  doit  6tte  pris  dans  le  sens  qu'ils  ne  connaissaient  pas  Tart  de  grouper 
leurs  chevaux  pour  leur  faire  ex^cuter  des  manoBUvresou  charges  dP ensemble, 
Quelqu'un  des  correspondants  de  la  Revue  de  Gascogne  pourrait-il  nous  four- 
nir  de  plus  amples  renseignemenls  sur  la  superiorite  hippique  attribuee  plus 
haut  aux  Gascons? 

Le  routier  gascon  appel6  ici  Siguin  de  Badefol  est  nomm6  avec  une  l^gdre 
variante  Badifol  par  I'abb^  Monlezun,  au  tome  in  de  son  Histoire  de  la  Gasco- 
gne, page  351.  II  faut  sans  doute  aussi  ne  voir  qu'un  seul  et  m^me  personnage 
dans  le  Bascot  de  Mauleon  nomm6  par  Froissart,  dans  le  Bastolde  Maul^on 
dont  parle  Tabbe  Monlezun,  m6me  ouvrage  et  m§me  tome,  page  435.  Ce  rou- 
tier 6tait  aussi  brave  que  cruel  et  pillard,  ce  qui  n'estpas  peu  dire. 

Cl.-HippolyteMASSON. 


Digitized  by 


Google 


—  78  — 


DE  L'ORIGINE  DES  BIENS  COMMUNAUX 

DE 
BAJRCfELOlVNE  <&ers.> 


L'anlique  bastide  de  Couet,  aujourd'hui  Barcelonne  du 
Gers,  a  possed6,  jusqu'en  ces  derniers  temps,  un  domaine 
communal  considerable.  C'etail,  par  exemple,  un  hdpital,  dont 
le  nom  rappelle  Vhospitalium  qui  preceda  la  bastide,  avec 
ses  biens  a  lui  propres;  les  biens  de  Teglise;  la  metairie  de 
Guiraut,  connue  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Baqu6;  et  enfln, 
des  bois  ou  terres  boisees,  des  landes  que  Ton  pourrait  ap- 
peler,  vu  leur  etendue  et  leurs  minces  produits,  les  lalifundia 
de  la  communaute  de  Barcelonne. 

Mais  les  deux  plus  beaux  fleurons  des  possessions  de  la 
communaute  sont,  sans  contredit,  le  bois  de  Cazamont  et  le 
moulin  dit  de  Barcelonne. ' 

A  quelle  epoque  ces  biens  sont-ils  devenus  domaine  com- 
munal? C'est  ce  qu'il  nous  a  paru  interessant  de  rechercher; 
aussi  bien,  faute  de  documents,  sans  doute,  Thiatorien  de  la 
Gascogne  semble  t-il  avoir  laiss6  dans  Fombre  ce  c6te  de  Phis- 
toire  locale. 

Un  jugement  rendu  par  le  Senechal  de  Marsan,  a  Mont-de- 
Marsan,  le  15  Janvier  1691,  sur  lequel  nous  aurons  peut-6tre 
a  revenir,  nous  a  tout  de  suite  fixe  sur  Porigine  de  propriete 
de  la  for6t  de  Cazamont.  EUe  fut  infeodee  a  Barcelonne  lors 
et  a  Toccasion  de  la  fondation  de  cette  ville  par  Jean,  comte 
d'Armagnac,  en  1343. —Un  extraitde  Facte  de  fondation,  re- 


Digitized  by 


Google 


—  79  — 

copie  en  m^me  temps  que  le  jugement^  ne  permet  plus  de 
doute  a  cet  6gard. 

Restaient  le  moulin  et  ses  ddpendances. 

Des  pifeces  de  procMure,  dat6es  du  milieu  du  XYIH"^  sife- 
cle,  epaves  recueillies  par  le  regrette  M.  Labeyrie  (1)  d'un  des 
nombreux  differends  ayant  eiiste  entre  le  chapitre  dela  cath6- 
drale  d'Aire  J3t  la  communaut6  de  Barcelonne^  h  Tendroit  du 
regime  des  eaux  qui  alimentaient  leurs  moulius  respectifs 
portent : 

1*  Que  le  moulin  de  Barcelonne,  avec  des  ddpendances 
considerables,  fut  infeode  a  Barcelonne  par  Jeanne  d'Albret^ 
reine  de  Navarre,  le  18  juillel  1568; 

2**  Qu'avec  le  moulin,  la  reine  de  Navarre  infeoda  en  m6me 
temps  le  bois  de  B6dat,  pour  faciliter  a  la  communaute  les 
moyens  d'entretenir  le  moulin  et  ses  d6pendances. 

La  tradition  locale  veut  que  la  metairie  de  Guiraut,  aujour* 
d'hui  Baque,  ait  eu  la  meme  origine.  Nous  n'avons  rien  k  op- 
poser  a  la  tradition.  Nous  lui  accorderons  volontiers  qu'elle 
est  dans  le  vrai,  d'autant  mieiix  que  la  m6tairie  de  Baqu6  est 
situee  sur  la  rive  droite  de  FAdour,  entre  Fancien  chemin  de 
Bem6de,  parallele  au  canal  du  moulin  de  TAdour,  tandis  que 
la  foret  de  Cazamont  avait  pour  limite,  au  nord,  la  rive  gauche 
du  fleuve. 

Curieux  de  verifier  si  la  date  du  18  juillet  1568  6tait  exacte, 
nous  avons  recherche  si  elle  n'aurait  pas  6te  relatee  dans  Fun 
des  actes  de  nos  pred6cesseurs.  Nous  avons  ete  largement 
dMommage  de  nos  peines. 

En  eflfet,  independamment  des  baux  a  ferme  consentis  par 
lacommunaut6  les  26  mars  1731  et  11  Janvier  1733,  tons 
deux  retenus  par  M*  Tinarrage,  alors  notaire  k  BernMe,  les 
plus  anciens  que  nous  ayons  pu  trouver,  nous  avons  dans 
notre  6tude : 

(1)  Ces  pieces,  M.  Labeyrie  qai  en  appr4ciait  toate  Timportance,  les  ataitdon- 
D^es  k  M.  Albert  Lajard,  propri^taire  aetoel  da  moulin,  et  c'est  k  Tobligeance  de  ce 
dernier  que  noos  devons  d'avoir  pa  en  prendre  connaissance. 


Digitized  by 


Google 


—  80  — 

1*»  Un  bail  a  ferme  du  moulia  retenu  le  21  novembre  1762 
par  M*  BourrouiUan,  notaire  a  Arblade-Brassal  (aujourd'hui 
Arblade-le-Bas),  consenti  par  Faberes,  premier  consul  de  Bar- 
celonne,  on  il  est  dit  a  propos  de  cerlaines  redevances  impo- 
sees  aufermier: 

^  Qu'il  y  est  d'ailleurs  tenu,  aux  termes  de  Facte  dlnfeo- 
»  dation  du  18  juillet  1568,  consenti  par  la  reine  Jeanne  de 
»  Navarre,  ratifi6  par  le  roi.  » 

2^  Un  autre  bail  retenu  par  le  memo  notaire;  le  20  octobre 
1768>  consenti  par  Dargelos,  ^chevin  de  la  ville,  est  non 
moins  explicite. 

3»  Enfin,  unbail  a  la  dale  du  12  septembre  1786.  Nous 
trouvons  dans  Texercice  de  M*  Duporte  un  bail  du  meme 
moulin,  probablement  le  dernier  qui  fut  fait  sous  Fempire  de 
Tancienne  legislation,  consenti  par  M.  Joseph-Julien  Dubos, 
premier  consul,  dans  lequel  la  meme  date  est  mentionnee 
dans  les  memes  termes. 

Ainsi,  entre  ces  quatre  citations,  pas  la  moindre  diver- 
gence; et,  a  moins  que  de  mettre  en  question  le  caractere 
d'authenticite  attache  a  un  acte  public,  le  fait  historique  se 
degage  clair  et  precis. 

Deux  donations  princieres  ont  fait  de  Barcelonne  une  des 
communes  les  plus  riches  du  departement;  la  premiere  en 
date  remonte,  non  pas  J  Philippe  leBel,  eomme  on  Fa  avance, 
mais  bien  a  Philippe  de  Valois  (1543),  et  le  bienfaiteur  fut 
Jean,  comte  d'Armagnac.  Les  titres  annexes  au  jugement  du 
senechal  de  Marsan,  dont  nous  avons  parle  plus  haut,'  sont 
precis  a  cet  egard.  Le  comte  d'Armagnac  donna  la  foret  de 
Cazamont. 

Quant  au  bois  de  Bedat  (lequel  etait  deja  epuise  en  1750), 
a  la  metairie  de  Guiraut  (?)  et  au  moulin,  la  communaute  de 
Barcelonne  les  tenait  de  la  generosite  de  la  mere  du  plus  popu- 
laire  de  nos  rois. 

II  ne  serait  peut-etre  pas  sans  interet  de  reprendre,  un  a 


Digitized  by 


Google 


-  81  — 

un,  les  divers  baux  du  moulin.  On  pourrait,  par  exemple, 
rapprochant  les  divers  prix  de  ferme,  constater  la  prosperit6 
croissante  de  Pusine.  On  pourrait,  en  relevant  les  charges 
imposees  aux  fermiers,  suivre,  avec  la  construction  successive 
de  Tusine,  Thistoire  de  certains  edifices  publics. 

Mais  la  presente  note  ne  concerne  que  Torigine  de  nos 
biens  communaux,  el  nous  serious  heureux,  nous  Tavouons 
sans  peine,  si  elle  pouvait  faciliter  k  des  hommes  mieux  pla- 
ces que  nous  la  recherche  de  la  charte  qui  constate  une  des 
liberalites  de  la  reine  Jeanne  de  Navarre, 

Nous  avons  dit  que  Thdpital  possedait  des  biens  a  lui  pro- 
pres;  ils  etaient  peu  considerables;  ils  consistaient,  parait-il, 
exclusivement  en  deux  champs  et  un  jardin. 

Du  4  aval  1773  au  4"  nivose  an  vni,  nous  trouvons  dans 
Texercice  de  M.  Duporte  quatre  baux  a  ferme,  que  nous  ne 
mentionnerions  memepas  s'ils  ne  nouspermetlaientd'etablir 
les  revenus  de  la  maison  hospitaliere,  revenus  bien  faibles, 
puisqu'ils  depassaient  a  peine,  en  moyenne,  quatre-vingt- 
onze  francs. 

A  Teglise  deBarcelonne  appartenait  la  prairie  de  Jouau,  qui  • 
fut  aflfermee  en  1786  pour  110  livres,  tandis  qu'en  Tan  ni 
Joseph  Blandin,  officier  municipal,  en  consentait  bail  pour 
1,035  fr. 

De  Teglise  au  cure,  pas  n'est  besoin  de  transition. 

Le  cui'e  de  Barcelonne  semble  avoir  6te  de  tout  temps  Tad- 
ministrateur  ne  des  biens  de  Thdpital  et  tout  naturellement 
de  cetlx  de  Feglise.  Que  le  lecteur  nous  permette  d'accorder 
un  souvenir  d'abord  a  M.  Francois  de  Laffltte,  docteur  en 
theologie,  appartenant  a  la  vieille  famille  des  de  Laffltte  de 
St-Aubin,  qui  etaient  deja  au  xrv*  sifecle  seigneurs  de  Vergoi- 
gnan.  11  fut  pendant  longues  annees  cure  de  Barcelonne;  son 
testament,  date  du  25septembre  1764,  qui  appartientaTexer- 
cice  deM'  Bourrouillan,  n'est  pas  sans  interfit  au  point  de  vue  - 
genealogique. 


Digitized  by 


Google 


—  82  — 

Apres  lui  vint  M.  Libaros  (Jean),  cure  de  Barcelonne  et  de 

Vergoignan,  son  annexe.  C'etait  ce  j^retre  qui  occupait  le 

poste  de  Barcelonne,  quand  survint  la  Revolution.  Sa  fld61ite 

a  TEglise  au  moment  du  schisme  constitutionnel  lui  iit-elle 

substiluer  un  intrus  ?  C'est  ce  que  nous  ne  pouvons  aflfirmer; 

toujours  est-il  qu'a  la  date  du  29septembre  1792,  nous  trou- 

vonsunM.  Pierre-Bernard  Riviere  qui  prenait,  dans  un  acle 

public,  la  qualite  de  pr^tre,  docteur  en  theologie,  cure  cans- 

tiliUionnel  de  la  ville  de  Barcelonne. 

Emile  GABARRET. 

NOTES  DIVERSES. 

XGIV.  Arohipr^tres  de  Gavarret  et  de  Barbotan. 

Extrait  de  bapt^me  de  Marguerite-Marie  de  Solle  (Voir  ci-dessous,  p.  88, 
ligne  16) : 

Ce  jourd'hay  vingtiesnia  aoat  1737  joar  de  St-Bernard   Margaeriie    Marie    de 

Solle a  M  baptis^e  en  I'dglise  de  St-0ren5.  Le  parrain  a  ^t^  Messire  Marie- 

Joseph  de  Seissan  de  MarigoaD,  archipr^tre  de  Barbotan,  et  la  marraine  dame 
Margaerite  de  Labonne,  veuve  de  noble  Jean  de  Perraguti  seign.  de  Prdneron. 

Void  encore  une  petite  pi6ce  pouvant  servir  k  eclaircir  la  question  du  chef- 
lieu  de  rarchipr6lr6  de  Barbotan : 

^  Nona  8oabsinn<(s  avons  accord^.qae  je  Gerald  Jnstal,  pr^rei  me  rendrois  dans 
la  ville  de  Gavarret  poor  y  faire  le  service  dedans  I'^glise  de  la  paroisse,  tout  ainsi 
que  sy  Monsieur  I'Arcbiprestre  on  recteur  y  estnit  en  propre  personne.  Et  par  cest 
effet  le  dit  siear  Archiprestre  a  promts  de  me  bailler  on  faire  delivrer  par  Messienrs 
les  fermiers  de  M.  le  Prieur  de  Gavarret  ou  aatres  la  quantity  de  qaatorze  sacs  de 
bled  froment  mesnrage  da  dit  lieu,  avec  sept  livres  et  demy  en  argent  en  foy  de 
quoy  avons  signd  la  pr^sente  —  Fait  dans  la  chapelle  de  Notre  Dame  de  Garaison, 
le  2*  du  mois  de  Jnillct  mil  six  cent  cinquante.  Justal,  pretre  —  Barbotan  arcbi- 
prdtre. 

L'archipr^tre  de  Gavarret  qui  a  sign6  avec  Gerald  Justal  se  nommait  Antoine 
de  Barbotan.  Son  nom  m'est  indiqu6  par  un  autographe  d'un  abbe  d'Aignan, 
qui  est  une  permission  d'absoudre  des  cas  reserves  {exceptis  qui  Hhertatem 
decimarum  viot(Mt) : 

Nos  vicarins  generalis  illust"'  Domini  Ircbiepiscopt  ausciensis  Magistro  Antonio 
de  Barbotan  Archipresbytero  de  Gavarret  salutem  in  Domino die  7*  mai  1646. 

Antoine  de  Barbotan  fit  son  testament  le3  mai  1652.  —  J'en  extraisle  pas- 
sage suivant : 

Et  pareequfi  le  dit  sieur  testateur  a  ritigni  cy  devant  Varchiprettri  de  la  ville 
de  Sainct  Lupert  de  Gavarret  en  faveur  de  Maitre  Bernard  Paumes  pritre,  a  la  r^ 
serve  niantmoings  de  la  tomme  de  cinq  cent  livret  omologu^es  en  cour  deRome, . .,  etc. 

Dansun  autre  acte  du  17  juin  1647,  Antoine  de  Barbotan  est  qualifife  d'Ar- 
chidiacre  de  la  ville  de  Gavarret.  —  (Archives  privees.)  J.  deC. 


Digitized  by 


Google 


83  — 


LE  JOURNAL  DE  MAITRE  JEAN  DE  SOLLE 

DOCTEUR.  EN  J)ROIT  ET  AVOCAT  DE  LA  VttLE  D'AUCH 

(4605-4642). 


Le  chroniqueur  dont  j'entreprends  aujourd'hui  de  publier 
les  nates  etait  un  simple  avocat,  vivant  au  fond  de  la  pro- 
vince, etranger  au  mouvement  litteraire  de  son  temps,  a  pen 
pres  brouille  meme  avec  la  grammaire  et  la  litterature  fran- 
faises.  Docteur  almoe  matris  unwersitatis  tolosanw,  comme 
on  disait  alors,  il  n'avait  guere  appris  a  parler  d'autre  lan- 
gue  que  celle  des  doctes  ecrits  de  maftre  Jacques  de  Cujas. 
Que  le  lecteur  ne  cherche  done  dans  le  journal  de  Jean  -de 
SoUe  ni  les  charmes  du  style,  ni  roriginalile  des  apprecia- 
tions personnelles.  Ce  sont  de  simples  notes  confiees  au  pa- 
pier pour  aider  la  memoire,  de  courts  recits  interessant  pour 
la  plupart  la  bonne  vUle  d'Aulx,  6crits  au  courant  de  la  plume 
durant  les  quelques  moments  que  laissaient  a  Tauteur  les 
travaux  de  sa  profession  et  les  soucis  d'une  administration 
agricole  rendue  p6nible  par  les  annees  de  disette  qui  se  suc- 
cederent  dans  la  premiere  moiti6  du  xvir  sifecle.  Jean  de  Solle, 
du  reste,  previent  le  lecteur  dans  le  titre  de  son  journal :  Livre 
servant  de  memoire  de  plusieurs  chases^  escript  par  mm. 

J'ai  hesite  quelque  temps  i  publier  ces  notes,  qui  ne  me 
paraissaient  pas  ofifrir  un  interet  bien  serieux  pour  rhistoire 
de  notre  province.  Mais  le  desir  d'etudieret  de  faire  connaltre 
I'origine  etrhistoire  d'une  famille  6teinte,  dont  le  nom  appar- 
lient  aux  souvenirs  les  plus  glorieux  de  nos  annales  militaires. 


Digitized  by 


Google 


-  8i  — 

depuis  quUl  a  6te  porte  par  le  general  marquis  de  SoUe,  a 
vaincu  mes  hesitations.  Aussi  bien  ai-je  eu  tort  peut-etre  de 
dire  que  Fhistoire  n'aurait  rien  ou  peu  de  chose  a  glaner  dans 
le  journal  de  notre  bon  avocat;  toute  reflexion  faite,  je  crois 
au  contraire  que,  si  M.  Prosper  Lafforgue  Tavait  connu,  il  au- 
rait  pu  Tajouter  comme  un  supplement  utile  a  ses  deux  ex- 
cellents  volumes  derecherches  surla  ville  d'Auch.  On  y  ren- 
contre, en  eflfet,  une  foule  de  details  qui  se  pretent  a  d'inte- 
ressantes  etudes  de  moeurs  et  de  caracteres,  et  qui  peuvent 
enrichir  Fhistoire  administrative,  politique  et  religieuse  de  la 
ville  d'Auch.  Jelivredonc  ces  notes  au  public,  comptant  que 
plus  d'un  ami  de  notre  histoire  provinciale  m'en  saura  gre. 

Mais,  auparavant,  je  dois  faire  connaitre  la  famille  de  Tau- 
teur. 

Maltre  Jean  de  Solle  appartenait  a  une  de  ces  families  de 
haute  bourgeoisie  qui  cotoyaient  de  si  pres  la  noblesse  qu'elles 
se  confondaient  presque  avec  elle.  Plusieurs  de  ses  ancetres 
s'intitulaient  avec  une  certaine  flerte :  Bourgeois  de  lavUle 
(PAuch.  Ce  titre,  qui  rappelle  celui  de  Bourgeois  de  Paris,  que 
le  roi  de  France  s'honorait  de  porter,  designait  une  sorte  de 
demi-noblesse  que  nos  Rois  avaient  accordee  aux  notables  de 
leurs  bonnes  villes.  Du  reste,  plusieurs  des  membres  de  la 
famille  de  Solle  ont  exerce  au  Parlement  des  charges  confe- 
rant  la  noblesse;  par  exemple,  la  charge  hereditaire  de  con- 
seiller  et  secretaire  du  Roi,  qui  emportait  avec  elle  le  privi- 
lege de  la  noblesse  au  premier  degre. 

Jean  de  Solle  nous  a  laisse,  dans  un  feuillet  separe  de  son 
journal,  quelques  details  sur  ses  ancfitres.  Le  premier  de  ses 
auteurs  connus  apparaft  en  14326  sous  le  nom  de: 

I*'  Arnaud  de  Solle,  consul  de  la  ville  d'Auch  et  bourgeois 
d'icelle,  «  ainsi  qu'il  appert  d'un  livre  manuscript  qui  se 
trouve  aulx  archives  de  la  ville.  »  II  fut  pfere  de : 

IP  Jehan  de  Solle;  qui  vivait  en  1495,  « comme  appert  par 
son  livre  de  raison.  » 


Digitized  by 


Google 


—  85  — 

UP  Hagues  de  SoUe  lai  succeda,  etant  I'afne  de  ia  famille, 
el  fut  notaire  royal  dela  ville  d'Auch. 

IV  Bernard  de  Solle,  flls  de  Hugues,  epoasa  damoiselle 
Pr6cieuse  de  Nestes,  et  vivait  en  1530.  II  eut  cinq  enfants  : 
!•  Bernard;  2^  Guillaume,  pretre  prebendier  de  la  chapelle 
de  St-Barlhelemy  de  Teglise  de  Sainte-Marie  d'Auch;  3*  Ma- 
naud;  4**  Clairette;  S*  Guiraude. 

V  Bernard,  Talne,  epousa  damoiselle  Blancljig  de  Labriffe, 
dont  il  eut :  1*  Manaud;  2^  Bernarde;  3*  Marie,  qui  fut  ma- 
riee  a  Guillaume  d'Aignan(l). 

W  Manaud  de  Solle,  pere  de  notre  avocat,  avait  epous6 
damoiselle  Domenge  de  Gariapuy,  fille  de  m afire  Antoine  de 
Gariapuy,  conseiller  au  presidial  de  Condom.  II  eut  trois  en- 
fants :  Jean,  Sanson  et  Marie. 

VIP  Jean  de  Solle,  docteur  et  avocat,  auteur  du  journal, 
avait  epouse,  le  23  juin  1613,  damoiselle  Domenge  de  Corrfeges, 
fille  de  Bernard  Correges  et  de  damoiselle  Gratiane  de  Pelis- 
sier  (2).  II  fut  pere  de :  Pierre,  Marie,  Jean,  Guillaume,  Ber- 
nard, Barthelemie,  Philippe,  Leonard.  —  De  ces  huit  enfants, 
trois  seulemenl  survecurenl  k  leur  pere  :  Jean,  Leonard  qui 
entra  dans  les  ordres,  et  Barthelemie  qui  fut  mariee  a  maftre 
Joseph  de  Laffont. 

\1IP  Jean  de  Solle,  docteur  et  avocat,  conseiller  au  presi- 

(1)  GaiUanine  d'Aignao  eut  de  son  mariage  avec  Marie  deSoUe  trois  enfaots: 
Bernard,  Claire  et  Bernarde,  ainsi  qn'il  consie  par  an  acte  de  nomination  de  tnteur 
da  26  d^cembre  1584.  {Archives  privies.) 

(3)  DomeDge  de  Corrdges  avait  trois  freres  et  une  soear  :  lo  Barth^Umi,  archi-* 
prdtre  de  Sadoarnin;  2o  Martin;  3o  Jean;  4^  Jeanne.  Je  troave  dans  an  acte  de  par- 
lage  que  Jean  de  Correges  ayant  ^t^  condamn^  a  dtre  penda  pour  crime  de  Use^ 
majesti,  par  arr6t  da  18  septembre  1623,  s'^tait  enfai  en  Espagne  poor  se  soas- 
traire  k  la  sentence  dn  Parlement.  —  Un  de  ses  complices,  nomm^  Jean  Lacoste, 
d'Kngrasset,  ayant  ^t^  pris  denx  ans  apr^s,  fut  peudu  &  Bordeaux.  11  serait  pent- 
6tre  intdressant  de  savoir  quel  etait  le  crime  de  Use-majesti  dont  s'dtait  rendu 
eoupable  le  beau-frdre  de  Jean  de  SoIIe.  —  Un  autre  acte  me  r^vele  que  le  notaire 
Jean  Fanriol,  qui  avait  trempd  dans  cette  affaire,  fut  prird  de  son  office  par  arrdt 
de  la  cour  des  aydes  de  Hontpellier,  le  24  mars  1628;  —  et  que,  deux  ans  plus  tard, 
ayant  M  accuse  et  convaincu  de  faax,  il  fut  coudamo^  a  6tre  pendu  par  arrdt  do 
Parlement  de  Tbouiouse,  le  29  ao&t  1630.  Le  malbeureux  fut  sonmis  k  la  question 
et  penda  k  Axich,  sur  la  place  de  la  Treille,  le  2  septembre  1630|  vers  le  soir. 


Digitized  by 


Google 


—  86  — 

dial  d'Auch,  epousa  (28  aoiit  1643)  damoiselle  Franfoise  de 
Pomes,  flile  de  Bernard  de  Pomes  et  de  Barthel6mie  de  Par- 
deillan  (1).  II  n^eat  que  deux  enfants :  Joseph  et  Marie,  femme 
de  noble  Jean  de  Busquet. 

IX*  Joseph  de  Solle  herita  de  son  pere  de  la  charge  de  con- 
seiller  au  presidial  d'Auch;  il  mourut  le  25  novembre  1734, 
laissant  huit  enfants  de  son  mariage  avec  demoiselle  Marguerite 
de  Lacroix  rJi^Frangois-Leonard,  pretre,  chanoine  et  doyen 
du  chapitre  de  Barran;  2*  Marie-Josephine,  marine  a  messire 
Frangois  de  Labarthe,  seigneur  de  Colome  (3  mai  1718); 
3°  Jean,  ne  le  4  juillet  1691;  4*»  Marc-Antoine,  chanoine  de 
Ste-Marie  d'Auch  et  abb6  de  Sere.  [J'extrais  du  Liore  de  raison 
de  Jean  de  Solle  les  notes  suivantes  concemant  son  frere, 
Tabbe  de  Sere  : 

€  Marc-Antoine  a  6x6  nomni6  a  un  canonicat  de  la  cath^drale 
d'Auch  au  mois  d'avril  1726  par  le  chapitre.  II  a  et6  oblig^  de  sou- 
tenir  a  cette  occasion  un  proces  au  grand  conseil  contre  M.  Froment, 
br^vetaire  du  joyeux  av^nement,  et  il  y  a  6t&  maintenu  par  arrdt  du- 
dit  grand  conseil  en  1727  avec  d^pens  contre  iedit  Froment,  qui  est 
aujourd'hui  chanoine  de  la  mSme  ^glise  en  vertu  de  son  brevet,  par 
la  vacance  d*un  autre  canonicat. 

»  Hon  frfere  a  eu  un  autre  procfes  contre  M,  Tabb^  de  V6sian- 
St-Paul,  chanoine  et  doyen  du  chapitre  de  St-Orens.  Uabbaye  de 
Sere,  dignity  de  T^glise  et  cathedrale  d'Auch,  ayant  vaqu^  par  la 
mort  de  M.  de  G41as,  M.  le  cardinal  de  Polignac,  archevfique  d'Auch, 
la  conKra  au  sieur  de  V&ian.  Mon  fr^re  la  devoluta  (2)  en  cour  de 
Rome,  comme  ayant  ^t^  conferee  a  une  personne  incapable,  quia  non 
erat  de  gremio^  ce  qui  est  n^anmoins  requis  par  la  bulle  de  s<5cula- 
risation  du  chapitre  de  Ste-Marie.  Mon  frere  y  a  et^  maintenu  par 

(I)  N'a  poar  toate  parents  avec  les  PardaiUan-GondriD  qa'ane  similitade  de  nom. 
La  famille  de  Pardeillao  i  laqoelle  appartient  Barth^l^mie  6tait  une  vieille  famille 
de  procarenrs,  avocats  et  notaires  de  la  ville  d'Aoch. 

(3)  Messieurs  de  1'A.caddmie  fraocaise  auraient  pardono^  ce  Ditologisme  a  maltre 
Jean  de  Solle;  il  rend  si  bien  son  iddel  Le  d^volat,  en  style  de  droit  canon,  est  one 
provision  du  Pape  pour  un  b^ndfice  qn  on  lui  expose  dtre  vacant  par  nullity  de  titre 
ott  incapacity  de  la  personne  du  titulaire  qui  le  poss^de.  Dom  Brag^les  n'a  pas  con« 
nu  le  prdnom  de  I'abb^  de  Sdre.  H  ne  cite  que  le  nom  de  famille  en  le  faiiant  pr^ 
e^der  de  qnelques  points  (Chron»  d*AucK  P*  ^d.) 


Digitized  by 


Google 


-.87- 

un  autre  arrfit  du  grand  couseil,  et  V^sian  a  ^te  condamne  a  la  restitu- 
tion des  fruits  et  aux  d^pens. 

>  Monseigneur  de  Montillet,  archevSque  d*Auch,  a  fait  raondit 
frere  son  official  et  Ta  eharg^  des  unions  et  suppressions  qu'il  a  cru 
devoir  faire  dans  son  diocese.  Mon  frere  a  fait  toutes  ces  procedures, 
et  je  lui  dois  cette  justice  qu'il  est  tres-capable  et  tres-eclair^;  au- 
delk  de  quoi  il  est  plein  de  sentiment,  homme  d'honneur  et  droit.  >] 

5»  Jeannette,  religieuse  aa  couvent  des  Ura^ines  de  la  ville 
d'Auch;  6"  Jean-Joseph,  inort  jeune;  7*  Joseplirpretre,  cha- 
noiae  de  Teglise  coUegiale  de  St-Orens. 

X*  Jean  de  Solle,  conseiller  et  secretaire  du  Roi,  maison 
et  couronne  de  France,  epousa  noble  damoiselle  Jeanne  de 
Seissan  de  Marignan,  fille  de  noble  Jean-BernarcJ.  de  Seissan 
deMarignan  (i),  et  de  dameCecile  de  Labonne (1"  juin  1727). 
II  fut  pere  de  1**  Joseph-Marie,  ne  le  3  mai  1731;  2*  Jean,  mort 
jeune;  3*  Henri-Joseph,  ne  ie  16  Janvier  1739.  II  eut  de  son 
mariage  avec  N.,  un  fils  qui  fut  le  comte  de  SoUe,  prefet  des 
Basses-Pyrenees  sous  la  Restauration,  lequel  n'a  laisse  que 
deux  enfants,  Henri  et  Melanie  de  Solle,  morts  tons  les  deux 
sane  " '  ance.  4».Irenee-Yves,  chanoine  de  la  cath6drale  d' Auch, 
sacre  e.^que  de  Digneen.  1802,  fut  transf^re  en  1805  a 
Parcheveche  de  Chambery.  Lors  du  concile  de  Paris,  seance  du 
28  juin  1811,  il  resista  avec  energie  et  talent  aux  pretentions 
de  Bonaparte  relativement  a  la  nomination  des  eveques,  et 
reclaroa  la  mise  en  liberie  de  Pie  VII,  alors  prisonnier  a  Sa- 
vone  (2).  II  a  laisse  un  recueil  de  sermons  assez  estimes. 
5*  Madeleine-Frangois'e  prit  le  voile  au  couvent  des  Ursulines 

(1)  J'eztrais  le  r^cit  de  sa  mort  du  livre  de  r&ison  de  Jeah  de  Solle  :  «  Le  23  mai 
1753,  noble  Jeao-Bernard  de  Seissao  de  Marignao,  president  au  presidial  d'4ach, 
C0D3eiller  secretaire  du  Roi,  maisoa  et  couronue  de  France  de  la  chancellerie  de 
Thoulouse,  est  mort  subitement.  U  dtait  sorli  le  roatio  pour  aller  parler  a  M.  I'abbd 
de  Bertier,  vicaire  g^ndral  d'Aucb;  ce  fut  dans  la  maison  dadit  sienr  de  Bertier  qu'il 
mourot.  L'on  croit  que  ce  fut  d'une  attaque  d'apoplexie.  C'^lait  un  homme  qui  vivail 
bien  cbr^liennement,  sa-morta  ^t^  soudaine  mais  elle  n'^taitpas  impr^vue.  Diealui 
fasse  la  paix.  »  H  etait  fils  de  noble  Jean-Bernard  de  Seissan,  seigneur  de  Marignan, 
president  au  presidial  d'Aucb,  et  de  dame  Jeanne  d'Aspe  de  Meilban. 

(2)  Je  tiens  ce  renseignement  de  M.  Hubert  de  Marignan,  arri^re^neveo,  de  I'ar- 
tfbev^ue  de  Qhmb6Tj» 


Digitized  by 


Google 


-  88  - 

de  la  ville  d'Auch  sous  le  nom  de  soeur  de  Sainte-Croix. 
6*  Antoinette-FranQoise  entra  au  carmel  dans  le  mois  de  juin 
1747.  J'extrais  encore  du  livre  de  raison  de  Jean  de  SoUe  la 
note  suivante  qui  temoigne  de  la  grande  bonte  de  Mgr  de 
Montillet  et  de  Testime  qu'il  faisait  de  la  famille  du  conseiller 
et  secretaire  du  Roi.  «  Ma  fiUe  cadelte  Francon  est  entree  dans 
le  couvent  des  Qarmelites  d'Auch  dans  le  mois  de  juin  1747; 
elle  a  pris  le  yoile  blanc  le  8  decembre  de  la  meme  annee, 
jour  de  Notre-Dame  de  la  Conception;  messire  Jean-Frangois 
de  Montillet,  archeveque  d'Auch,  a  fait  la  ceremonie;  ensuile, 
sans  nous  rien  dire,  il  vint,  par  une  marque  de  consideration, 
diner  chez  nous,  ou  j.e  trailais  nos  parents.  »  L'acte  de  pro- 
fession du  i7  mai  1749  m'apprend  que  lorsque  la  jeune 
novice  fut  appelee  a  prononcer  ses  grands  voeux,  Mgr  de 
Montillfet  voulut  encore  presider  la  ceremonie.  7*»  Marie-Mar- 
guerite, nee  le  20  mai  1737. 

XP  Joseph-Marie  de  Solle,  conseiller  et  secretaire  du 
Roi,  maison  et  couronne  de  France,  epousa  demoiselle  Helene 
de  Cambefort,  fille  de  messire  Jean-Pierre-Claude-Jules  de 
Cambefort,  seigneur  de  Lamothe-Lezat  et  de  dame  Marie- 
Elisabeth  d'Auzac  (23  juin  1765).  Dece  mariage  vinrenl: 

1**  Jeanne-Marie-Elisabeth,  neeleS  mai  1766. 

2^  Jean- Joseph-Paul- Augustin  qui  suit: 

XIP  Jean-Joseph-Paul-Augustin  de  Solle,  ne  le  5  juillet 
1767.  D'abord  comte,  puis  marquis  de  Solle,  en  vertu  des 
lettres  patentes  de  Louis  XVIII  de  1814  et  1817;  successive- 
ment  general  de  division,  ministre  d'Etat,  pair  de  France, 
major-general  des  gardes  du  royaume,  chevalier  de  St-Louis, 
grand  cordon  de  la  Legion  d'honneur,  chevalier  commandeur 
du  St-Esprit  et  des  ordres  du  Roi,  etc.,  etc.  Voyez  sa  vie 
dans  tons  les  recueils  biographiques.  Le  general  marquis  de 
Solle  mourut  en  1828,  dans  sa  terre  de  Monluchet,  ne  laissant 
de  son  mariage  avec  mademoiselle  de  Dampierre,  fille  du 
general  Picot  de  Dampierre,  qu'une  fille  nommee : 


Digitized  by 


Google 


Helfene-Charlotte-Pauline  de  SoUe,  nee  le  47  juillet  1803, 
mariee  en  1821  au  due  Jules  de  La  Rochefoucauld  d'Estissac, 
pair  de  France  en  1839.  Le  noble  due  est  mort  le  21  avril 
1856,  laissant  deson  manage: 

1*  Roger-Paul-Louis-Alexandre  de  La  Rochefoucauld,  due 
d'Estissac,  qui  a  6pouse  le  21  avril  1853  mademoiselle  Ju- 
liette de  S6gur,  fille  du  comte  Paul  de  S6gur; 

2*  Arthur  de  La  Rochefoucauld,  marie  le  l&septembre  1831 
a  mademoiselle  Luce  de  Montbel; 

3°  Therese-Louise-Alexandrine-Frangoise  de  La  Rochefou- 
cauld, n6ele  13  juillet  1822,  mariee  le  30  novembre  1843  au 
prince  MaroAntoine  Borghese,  son  cousin  germain; 

4«  FeUcite-PauUne-JMiarie  de  La  Rochefoucauld,  nee  le  3 
decembre  1824,  mariee  le  29  avril  1846  a  Lojiis-Charles 
comte  de  Grefifulhe,  pair  de  France. 

Presque  tons  les  biographes  qui  ont  parle  du  general  de 
SoUe  ont  6crit  son  nom  en  un  seul  mot;  c'est  ainsi  que  se 
signait  le  general.  Je  n'ai  pas  cru  devoir  garder  cette  ortho- 
graphe,  que  ne  justifient  point  les  actes  publics  anterieurs  a 
93.  Jean  de  Solle,  le  bon  advocat,  Pecrivait  en  deux  mots,  tel 
que  ses  anc6tres  le  lui  avaient  legue;  ses  descendants.  Font 
imite.  Le  general  est  le  premier  de  sa  race  qui  n'ait  point 
separe  la  particule  de  son  nom.  Un  de  ses  neveux,  M.  Hubert 
de  Marignan,  m'en  a  donn6  le  motif  dans  le  passage  suivant 

que  j'extrais  d'une  de  ses  lettres  :  «  Le  general  6tait 

deja  un  offlcier  distingue  en  1793,  quand  une  loi  dfefendit 
aux  ci-devant  nobles  de  faire  partie  de  Tarmee.  En  cette 
qualite,  il  en  fut  exclu.  U  obtint  cependant  d'etre  reintegrfe 
dans  son  grade  au  mois  d'octobre  1793;  mais  on  comprend 
que  dans  cette  circonstance  il  ait  du  transformer  son  nom  pour 
lui  6ter  toute  apparence  d'aristocratie.  J'ai  souvent  entendu 
dire  a  mon  pere  que  c'est  a  cette  epoque  qu'il  ajouta  deux  s  a 

son  nom,  dont  il  Qt  DessoUes »  Jen'ai  pas  cru  devoir 

Vimiter;  j'ai  conserve  k  ce  nom,  dans  le  courant  de  cette 
ToMsXVni.  7 


Digitized  by 


Google 


—  90  — 


"notice  gehealogique,  I'orthographe  qiie  lul  (fonnaient  cetix  qui 
le  portaient  avant  la  Revolution  frangaise.  • 

J.  DE  CARSALAD^  DU  PONT. 


UVRB  SERVANT  BE  UtMOlRE  DE  PLUSIEVRS  CEASES,  ESCRIPT  PAR 
MOT  JEAN  DE  SOILE,  ADYOCAT  DE  LA  VIILE  D'AUX, 

Jesus-Maria. 

Uan  1605  et  le  12  octobre,  k  une  heure  appr^s  midyy  il  fist  ime 
esclipse  de  soleil;  et  feust  telle  son  obscurity  qu'en  plei^  jour  on  n'y 
pouvoit  rien  voir  k  lire  seullement.  Laquelle  grande  obscurity  ne 
dura  que  fort  peu,  et  estonna  fort  le  monde. 

En  Tann^e  1605  feurent  esleus  consuls  de  la  presente  ville  MM. 
Jean  Viv^s,  Jean  Daignan  advocats,  Virent  notaire,  Vergfe,  Ran- 
itjif  Ladois,  Laveraet  marchants,  et  Baudeust  maitre  lapidaire;  ^n 
laquelle  eslection  il  y  6ust  opposition  de  quelques  syndicaux  du 
inenu  peuple,  fonnant  leur  opposition  sur  ce  qu'ils  pr^supposoient 
lapluspart  des  dits  consuls  estre  contables  k  la  ville  enyertude 
quelques  pr^suppos^es  sentences  donnas  par  le  dit  Daignan,  Ant^ 
et  aultres  arbitres  pri^s  pour  voir  les  comptes  de  la  ville  puis  10  ans; 
et  encore  parceque  les  dits  Viv^s  et  Lauraet  estoient  cosins  germains. 
Par  arrest  de  la  cour  donn^  deux  mois  apprfes  la  feste  de  saint  Jean, 
I'eslection  feust  confinn^  sans  avoir  esguard  k  la  dite  opposition, 
isauf  poxxT  le  reguard  du  dit  Lauraet,  k  la  place  duquel  on  mettroit 
un  aultre,  avec  inhibition  et  defiences  de  mettre  en  la  dite  eslection 
narants  au  degr^  prohib^  par  les  dits  ordonnances  royaulx,  et  arrest 
de  la  cour.  Au  lieu  duquel  Lauraet  feust  mis  maistre  Hugues  B^- 
giiier  notaire. 

Et  durant  la  diteannee  des  fiusdits  consuls,,  et  le  22«jourdu  mois 
de  juin  1606,  monseigneur  le  mareschal  d'Ornano  (1)  lieutenant  pour 

<1)  AipboDse  d'Oniano,  flis  do  c^ldbre  aventnrier  €orie  Sampietro  et  de  Yanina 
d'Omaoo.  U  prit  le  nom  de  sa  mdre  qui  appartenait  k  ane  famille  descend ue  des 
UieretiB  sobvetahis  de  la  Corse.  CrM  raar^cital  de  Fraace  p^r  Henri  IV,  il  fm  en 
ItMproipa  an  raikg  de  litfatenant  f^n^ral  en  Gnienne.  II  moarnt  en  161#  des  sui- 
tes de  r^p^ration  de  la  pierre. 


Digitized  by 


Google 


—  91  — 

Sa  Magest^  en  Guienne  fist  son  entree  en  la  pr6sente  Tille,  pour  la 
quelle  feurent  faites  force  preparatives,  tant  de  compaignies  d«  sol- 
dats  que  de  portals  peints  qm  feurent  dresses  a  la  porte  de  La  Treilhd 
et  devant  la  maison  de  ville.  Auquel  les  habitants  d*icelle  firent  pre- 
sent d'un  beau  cheval  d'Espaigne  qui  coustoit  onze  cents  livres;  et 
demeura  dans  la  dite  ville  deux  jours  enliers  et  de  1^  avant  8*en  alia 
a  Gimont. 

En  Tann^e  1606,  il  y  eut  une  grande  sterility  de  toute  sorte  de 
grains  et  principallement  de  bleds,  car  il  y  avoit  si  grande  abon- 
dance  d'herbe  et  d*aultre  sorte  que  les  bleds  se  coucherent  par  terre, 
et  les  meilleures  terres  feurent  celles  qui  moins  rapporterent;  telle* 
ment  qu'il  y  eust  force  bonnes  mett^ries,  du  labouratge  de  deux  ou 
trois  paires,  ou  il  n'y  eust  pas  de  quitte  vingt  sacs  de  bled  et  la  se- 
mence;  d'aultres  ou  la  semence  seule  resta.  Et  la  dite  sterility  feust 
generale  par  tout  le  pays.  Tout  Test^  feut  fort  sec  et  ne  pleust  qu'une 
foyes  ou  deux  par  tonnerre.  Le  sac  de  bled  se  vendit  en  est^  k  4  li- 
vres 5  sols  et  valoit  pour  Touts  Saints  5  livres  18  sols.  H  ne  pleust, 
come  ai  diet,  en  est^,  que  jeusques  h.  la  veille  de  la  Touts  Saincts, 
lesquelles  pluyes  durerent  quinze  jours,  et  tant,  qu'en  plusieurs 
mett^ries  on  n'avoit  rien  sem6  encore  a  demy  novembre,  tant  pour  la 
dite  sescheresse  que  pluye  survenante. 

Le  6  may  de  Tan  1607,  jour  de  dimenche,  les  Peres  Capucins  po- 
serent  leur  croix  a  leur  esglise  et  feurent  establis  et  regeus  en  la  pre- 
s^ite  ville,  et  ce  k  Saint-Pierre  hors  les  meurs  de  la  presente  ville. 
I-a  susdite  croix  feut  apport^e  en  procession  de  Tesglise  de  Sainte- 
Marie  avant,  apr6s  Vespres,  ou  avoit  un  grand  nombre  de  personnes, 
et  dress^  qu'elle  feust  les  MM.  des  chanoines,  pr^bandi^s  et  aultres 
prestres  feurent  la  baiser,  avec  le  reste  du  peuple  qui  y  pouvoit  ap- 
procher. 

Le  16  Janvier  de  Tan  1608,  la  chambre  de  MM.  les  esleus  d'Arma- 
gnac  feust  ^rigee  en  la  presente  ville  par  M.  de  Prugues,  conseiller 
du  Roy  et  thr^sorier  g^n^ral  de  Bourdeaux,  lequel  mist  les  esleus  en 
possession  de  leur  charge  dans  la  maison  de  ville,  qui  estoient  sa- 
voir :  trois  esleus  MM.  Martial  d'Aignan,  juge  temporel,  Jean  Sof- 
fron,  maitre  architecte  de  la  fabrique  de  T^glise  de  Notre-Dame,  et 
Secousse  secretaire  de  monseigneur  de  Trappes  archevesque  de  la 
dite  ville,  et  un  controUeur  qui  estoit  Jean  Eslienne  Chanaille  bour- 
geois, un  procureur  du  Roy  qui  estoit  M.  Bernard  Sancet,  dooteuJf«t 


Digitized  by 


Google 


—  92  — 

advocat,  et  le  greffier  qui  estoit  Dominique  Salles,  receveur  du  tail-, 
hon.  Lesquds  susdits  estats  feurent  finances,  avec  trois  huissiers 
qu'il  y  avoit,  k  la  somme  de  trente-deux  mille  livres. 

En  Tann^e  1608, 11  y  eut  opposition  a  Teslection  consulaire  de  la 
presente  ville  par  quelques  particuliers,  tellement  qu'un  des  consuls 
feust  k  Thoulouse  pour  en  poursuivre  arrest,  le  quel  feust  donn^  au 
mois  d'aoust  du  dit  an;  et  par  iceluy  feust  ordonn^  que  dors  en  avant 
Teslection  consulaire  se  feroit  le  premier  jour  de  Tan,  et  non,  come 
on  faisoit,  a  la  feste  de  saint  Jean-Baptiste,  et  qu'a  ces  fins  les  sus- 
dits consuls  continueroient  leur  charge  jusques  a  la  fin  de  Tan,  au 
quel  temps  ils  proc6deroient  a  nouvelles  eslections,  avec  inhibition  de 
metre  en  la  dite  eslection  des  parents  au  degr^  [prohibe]  par  Tor- 
donnance  ni  aulcuns  contables  ny  defciteurs  a  la  ville.  La  dite  opposi- 
tion avoit  est6  faicte  sur  ce  que  des  dits  consuls  esleus  il  y  en  avoit 
de  parents  et  de  contables,  qui  feust  cause  que  les  dits  consuls  de  la 
dite  ann^e  si^gerent  dix  buict  mois. 

(A  suivre.) 


Jugements  de  maintenue  de  noblesse  (1). 

Ill 

OLIVIER  DE  RIVIME^  SEIGNEUR  ET  BARON  DE  LENGROS  ET  BAZIET  (2). 

D*or  d  trois  4pees  de  gueules  en  pal, 
la  pointe  en  haiU,  soutenant  une  couronne  fermie  de  mime. 

Contrat  de  .manage  de  noble  Olivier  de  Riviere,  fils  de  noble 
Prangois  de  Riviere,  avec  damoiselle  Jeanne  de  Valens,  devant  Du- 
trey,  notaire  de  La  Serrade,  du  16  juin  1689. 

Testament  de  noble  FraHgois  de  Riviere,  seigneur  de  Baziet,  par 

(1)  Voyez  la  livraison  de  Janvier,  page  32. 

(2)  Les  Rividre  de  Lengros  dtaieat  les  cadets  des  vicomtes  de  Rividre-La])attit, 
qui  ont  joa^  ah  si  grand  rdle  dans  le  pays  de  Riridre-Basse. 

lis  dtaient  vicomtes  de  RivUre,  non  poor  avoir  jamais  poss4d6  one  vicomt^  qaei- 
conqoe>  mais  parce  qne  dds  les  xii*  et  xiiie  si6cles  ils  dtaient  presqne  h^rddltaire- 
ment  gouverneors  do  pa)s  de  Riviere,  et  qu'alors  lo  goaverneor  s'appelait  vicamte 
lorsqne  le  suzerain  ^tait  nn  eomtef  vidame  lorsqne  le  suzerain  dtait  an  simple 
dominut,  Depuls  ran^antiisenent  des  titres  de  vidune  d' Amiens  et  de  vidame  de 


Digitized  by 


Google 


—  93  — 

lequel  il  laisse  a  damoiselle  Catherine  du  Colom^,  sa  femme,  Tusu- 
fruit  de  ses  biens,  et  institue  son  h^ritier  noble  Olivier  de  Rivifere  son 
fils;  ledit  testament  pass6  devant  Louis  Bouges,  notaire  royal,  le 
29  mai  1653. 

Contrat  de  manage  de  noble  Frangois  de  Rivifere,  seigneur  de 
Baziet,  avec  damoiselle  Catherine  du  Colom^,  pass^  devant  Souca- 
ret,  notaire  royal,  insinu^  a  la  justice  de  Castelnau  de  Riviere- 
Basse,  et  exp^^  par  Lagrange  greffier. 

Transaction  entre  messire  Jean  de  Riviere,  seigneur  de  Trante  et 
Labatut,  nobles  Pierre  de  Riviere,  Adrien  et  Frangois  de  Riviere; 
Jesdits  Adrien  et  Frangois  sous  Tautorit^  de  noble  Frangois  de  La- 
b6dan,  seigneur  de  Sauveterre,  et  Pierre-Beraud  de  Lab6dan,  leurs 
curateurs,  pour  raison  des  droits  de  l^time  et  partage  des  biens 
provenants  de  la  succession  de  messire  Henry  de  Riviere,  seigneur 
de  Lengros,  et  de  dame  Frangoise  de  B^gole,  leurs  pire  et  m^re. 
Ladite  transaction  pass^e  par  devant  Dubourdieu,  notaire  royal; 
transaction  dans  laquelle  il  est  dit  que  noble  Bernard  de  Rivifere, 
seigneur  et  baron  de  Lengros,  avait  institue  son  h^ritier  ledit  Henry 
de  Riviere,  son  fils  ain^,  par  son  testament  du  13  avril  1555,  pass^ 
devant  Dominique  de  Lassalle,  notaire  royal  de  Bonrepaux. 

Reconnaissance  de  la  somme  de  300  livres  par  noble  et  puissant 
seigneur  Bernard  de  Rivifere,  baron  de  Labatut,  seigneur  de  Len- 
gros, en  faveur  de  dame  Anne  de  Lup6,  sa  femme,  pass6  devant 
Dominique  Navailly,  notaire  royal  dePuydarrieux,  le  15  mars  1553. 

Cbartres,  aaqnel  Saiot-Simon  tenait  Unt,  il  n'y  a  gadro  en  France  que  le  vieomte  de 
Rividre-Labatat  qui  ait  conserve  an  titre  de  cette  nature  particolidre. 

En  1437;  Pothon  de  Rividre  fat  capilaine  d'Ecoreheurs  (en  langae  des  Boargoi- 
gnona),  c'est-4-dire  an  capitaine  da  parti  des  Armagnacs.  On  troare  danslaliste 
des  capitaines  commandant  I'arm^e  de  Charles  VII  en  Aisace  ies  noms  gascons  qoi 
soivent  : 

Dominicos  de  Coars, 

Pothon  de  Biviire, 

Gaston  de  L^rigot, 

Le  grand  Estrao  (Astarac?), 

Le  petit  Estrac. 

Pothon  de  Riviere  fat  tad  aa  sidge  de  Saint-Hippolyte,  le  7  octobre  liU,  et  ev* 
terrd  avec  honnear  dans  Tdglise  d'Isenheim.  Les  archives  manicipales  deStrasbonrg 
possddent  deax  pieces  scelUes  de  lai  (Taetey,  let  Ecorcheurs  soiu  Charles  VII). 

Bernard,  vieomte  de  Rividre,  sire  de  Labatat,  figure,  avee  14  dcuyers,  et  Cadet 
de  Rividre  avec  7  dcoyers  simples,  parmi  les  «  gens  d'armes  qni  vinrent  en  Agenais 
au  mandement  de  M.  de  Yalentinois,  k  la  saint  Jean  1841.  »  cFearedtestablispoor 
la  garde  de  la  Gascogne  par  dt\h  la  Garonne,  aa  Grdset :  Bernard,  vtcom^e  de  Ri- 
vidre,  escuyer  banneret,  capitaine  da  Grdset,  ayec  39  escayers,  137  sergents.  »  Abbd 
de  Camps^  Compies  des  tr^soriers  des  guerrest  page  275. 


Digitized  by 


Google 


—  94  — 

Testament  dudit  Bemaid  de  Rivifera,  seigneur  de  Lengros,  par 
lequel  il  veut  que  Anne  de  Lup^,  sa  femme,  jouisse  de  Tusufruit  de 
ses  biens,  et  institue  son  h^ritier  noble  Henry  de  Riviere,  sou  fils 
aln6;  pass^  par  devant  Jean  Nicolas,  notaire  royal  de  Rivifere-Basse, 
13  avril  1553. 

Contrat  de  naariage  de  Bernard  de  Rivifere  avec  damoiselle  Anne 
de  Lup6,  par  devant  Pierre  de  La  Dugnie,  notaire  royal  de  Maul^on, 
16  d^cembre  1550. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  par  jugement  du  ]8  d^cembre  1697. 

Signi:  Claude-Joseph  Sanson,  iutendant  de  la  g^n^ralit^  de 
Montauban. 


IV 


BERNARD  D'AUXION,  SEIGNEUR  DE  SAINT-MARTIN,  ET  JEAN  D'AUXION, 
SEIGNEUR  d'aYGUETINTE. 

EoarteU  au  /•'  et  i^d^azur  d  5  itoiles  d'argent,  accompagnies  en 
chef  (Tun  croissant  de  mime;  au  2^  et  3^  de  gueules  au  chevron 
d* argents  aocompagni  en  pointe  d'une  canette  de  mime. 

Testament  de  noble  Guillaume  d'Auxion,  seigneur  d*Antraset 
Ayguetinte,  par  lequel  il  remet  ses  honneurs  funebres  a  la  discre- 
tion de  sa  femme  Catherine  de  Valens,  avec  laquelleil  declare  avoir 
procr^e  Blaise,  Jean,  Jeanne  et  Isabeau  d'Auxion,  et  dans  lequel  il 
est  enoore  fait  mention  de  daunoiselle  Marie  Despiet,  sa  m^re.  Ledit 
testament  du  22  avril  1659,  regu  par  Boyer,  notaire  royal. 

Testament  de  noble  Blaise  d'Auxion,  seigneur  d' Ayguetinte,  dans 
lequel  11  d^Iare  avoir  ^te  mari^  avec  damoiselle  Marie  Despiet, 
dont  il  a  eu  nobles  Guillaume,  Jean,  Bernard,  Arnaud-Guillaume, 
Louis,  et  Jeanne  d*Auxion.  Ledit  testament  du  26  octobre  1647, 
regu  par  Despiet,  notaire  de  Jegun. 

Contrat  de  manage  de  noble  Blaise  d'Auxion,  seigneur  de  Vivent, 
f^vec  damoiselle  Marie  Despiet,  pass^  par  devant  Daubas,  notaire 
royaly  le  dernier  avril  1614,  exp^di^  par  autre  Daubas,  d^tempteu'r 
dudlt  aote,  en  presence  du  sieur  Gimat,  subd^l^gu^  de  M.  Pellet, 
iutendant  en  cette  province,  2«  d^cembre  1666  (1). 

il)  Blaiso  d'Aaxion,  fiU  de  Guillaume  et  de  demoiselle  Lncrdce  de  Bar  de  Til- 
lemade,  avait  un  frire  nomm^  Philippe,  auteur  de  la  brancbe  des  seigneurs  da  Gas- 
tera-Vivent;  nous  publierons  a  sa  dale  son  jngement  de  maintpDue  de  noblesse. 


Digitized  by 


Google  . 


—  95  — 

Contrat  de  manage  de  noble  Guillaume  d'Auxion,  assist^  d^  no- 
ble Amaud-GuiUaume  son  pere,  avec  damoiselle  Luor^  de  3ar'de 
Villemade,  par  lequel  ledit  Arnaud-Guillaume  pke  fait  donation 
audit  Guillaume  son  fils,  tant  en  raison  de  ses  biens  piopres  que 
de  feu  Candide  de  Boussens  sa  premiere  femme;  ledit  contrat  du 
31  juillet  1576,  retenupar  Espiet,  notaire  de  Jegun. 

Contrat  de  manage  de  noble  Arnaud-Guillaume  d'Auxion,  seir 
gneur  de  Vivent,  avec  noble  damoiselle  Frangoise  de  Larrpque, 
devant  Jean  B6ga6,  notaire  royal  d'Ordan,  le  14  fivrier  1572. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Arnaud-Guillaume  d'Auxion,  sei« 
gneur  de  Vivent,  avec  damoiselle  Marthe  de  Ferrabouc,  devant 
Antoine  Lacoste,  notaire  public  de  Valence,  le  22  d^mbre  1567. 

Contrat  de  mariage  dudit  noble  Arnaud-Guillaume  d'Auxion,  sei- 
gneur de  Vivent,  en  presence  de  noble  Jean  d'Auxionson  pire,  avec 
damoiselle  Candide  de  Boussens,  pass^  devant  Lacoste,  notaire 
royal  d'Ayguetinte,  le  14  mars  1544,  exp^di^  par  Plants,  notaire 
royal,  leSavril  1634. 

Testament  de  Jean  Auxion,  iseigneur  d'Aumensan,  par  lequel  il 
est  dit  qu*il  a  et6  mari6  avec  damoiselle  Paule  de  Cumont,  et  que 
Arnaud-Guillaume  son  fils  a  ^t^  mari^  avec  damoiselle  Candide  de 
Boussens.  Ledit  testament  regu  par  Jean  Descumbes,  notaire  de  la 
ville  de  Jegun,  le  27  mars  1550. 

Maintenus  dans  leur  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus 
par  jugement  rendu  k  Montauban,  le  28  d^cembre  1697. 

Signi :  Claude-Joseph  Sanson,  intendant  de  la  g^^alit^  dp  Moi^* 
tauban. 

[Voici,  d*apr6s  mes  i^otes,  un  extrait  gdn^logique  de  la  maison 
d* Auxion,  maison  de  bonne  et  vieille  chevalerie. 

L  Blaise  d'Auxion,  seigneur  et  barqn  d*Ayguptinte,  fils  de  noble 
Guillaume  et  de  Catherine  de*  Valens,  et  fr^e  atne  dps  dpux  pro- 
duisants,  eut  poiir  fil^  : 

II.  Frangois-Guillaume,  baron  d'Ayguetinte,  mftri^  avec  damoi- 
selle Anne  de  Galard  de  Pavillac,  dont  il  ei;t  : 

lo  Gerard  qui  suit;  2^  Louis,  mari^  k  damoiselle  Marie  d*Espi^t, 
auteur  du  rameau  des  seigneurs  de  Salles  et  Margouet;  3o  Jean,  au- 
teur  du  rameau  des  barons  du  Goudin,  seigneurs  de  Barcugnan,  seul 
existant  aujourd'hui. 

III.  Gerard  d'Auxion  d'Ayguetinte,  ni  le  13  piai  1742,  iflar^6  k 


Digitized  by 


Google 


—  96  — 

demoiselle  Charlotte  de  Saint -Mathieu  des  Touches,  dont  il  eut : 
lo  Antoine-Marie-Denis;  2*  Pauline,  marine  k  M.  Andr6  de  Cham- 
belier;  3^  Marthe-F^licit^,  marine  k  M.  d*Ajassus;  4®  Marie,  mari^ 
au  comte  de  Redon,  chevalier  de  Malte  et  de  Saint-Louis, 

rV.  Antoine  d'Auxion,  baron  d'Ayguetinte,  chevalier  de  Malte  et 
de  Saint-Louis,  emigra  en  92.  A  son  retour  de  T^migration  il  racheta 
la  terre  d'Ayguetinte  et  ^pousa  en  premieres  noces  lafiUe  du  marquis 
de  Pins-Montbrun,  et  en  deuxiemes  noces  demoiselle  Gabrielle  de 
Fortisson  d*Aux.  II  est  mort  sans  laisser  de  post^rit^. 

Branche  de  Salles  et  Margouet, 

III.  Louis  d'Auxion,  seigneur  de  Salles  et  Margouet,  eut  de  son 
manage  avec  demoiselle  Marie  d*Espiet : 

lo  Jean-Marie,  6migr^  en  92,  n'a  plu^  donn6  de  ses  nouvelles; 
2^  Jean-Charles,  d^c^de  en  Emigration  7  Aortal  an  v;  3o  Jean-Jacques 
qui  suit;  4P  Jean-Baptiste-Cyrille-Am6dee;  5°  Charles-Marie-Leon, 
colonel  de  cavalerie;  6**  Marie- Agathe-H616ne,  mariee  a  noble  Jean- 
Frangois  de  Pumyrol  de  Saint-Martin. 

IV.  Jean-Jacques  d'Auxion  de  Margouet,  ne  le3  aoiit  1776,  marie 
en  1812  avec  damoiselle  Marie  de  Nolivos,  fille  du  Iieutenant-g6n6- 
ral,  comte  de  Nolivos,  conseiller  du  Roi,  commandeur  de  Saint- 
Louis  et  gouverneur  de  La  Guadeloupe.  II  n*a  eu  de  son  mariage 
que  deux  filles,  marines,  Tune  a  M.  Dubosc  de  Peyran,  I'autre,  en 
premieres  noces,  k  M.  de  I-arroux,  et  en  deuxiemes  au  marquis  de 
Franclieu-Lascazeres,  aujourd'hui  sEnateur. 

Branche  de  Barcugnan. 

III.  Jean  d'Auxion,  baron  du  Groudin,  troisifeme  fils  de  Frangois- 
Guillaume,  baron  d'Ayguetinte,  et  cle  Anne  de  Galatd-Pavillac, 
epousa  demoiselle  Claire-Th^rese  de  Larroux  de  RuflK,  fille  du 
seigneur  de  Barcugnan.  II  en  eut  dix  enfants  : 

1*  Jean-Joseph- Ren6,  chevalier  de  Malte  et  de  Saint-Louis,  n*a  eu 
qu*une  fille  de  son  mariage  avec  demoiselle  Louise  de  Liesta  : 
Elisabeth,  marine  au  comte  Alexis  d*Abzac;  2<>  Louis-Marie- Ambroise, 
tu6  k  Marengo;  S®  Joseph-Henri,  mort  en  Emigration;  4^  Jean- 
Jacques-Alexandre,  mariE  a  La  Guadeloupe,  avec  demoiselle  Sophie 
de  Viprat  de  Neuilly,  dont  il  a  eu  trois  fils,  Jules,  Adolphe,  Henry; 


Digitized  by 


Google 


—  97  — 

ce  demier  rentr^  en  Prance  est  mari^  avec  demoiselle  Marie- An- 
toinette de  Laroche  Dupuy;  il  aeu  un  fils,  Lionel,  et  une  fille,  Marie; 
50  Pierre,  mort  en  1826;  6©  Hilaire,  mari6  a  demoiselle  Charlotte 
Barres,  dont  il  a  un  fils,  Alcide,  capitaine  au  70*  de  ligne,  et  une 
fille,  Agathe.  marine  au  comte  de  Maignas;  7®  Madeleine;  S©  Jeanne- 
Marie-Judith,  tu6e  a  Marciac  pendant  la  Terreur;  9«  Claire-Caro- 
line; 10«  Marie- Antoinette-Gabrielle.  —  J.  de  C] 

[La  notice  qui  pr^cfede,  et  dont  je  remercie  tres-particuli^rement 
mon  excellent  ami,  rattache  imm^diatement  Louis  d'Auxion  (sei- 
gneur de  Salles  et  Margouet)  et  Jean,  baron  du  Goudin,  a  Frangois- 
Guillaume,  baron  d'Ayguetinte.  II  doit  y  avoir  la  omission  ou  con- 
fusion. 

Pierre-£fOuw-Martin  d'Auxion,  seigneur  de  Salles  et  de  Mar- 
gouet, ^oiur  de  Marie  d'E spiel ^  Jean-Baptiste  d'Auxion,  seigneur 
du  Goudin  (en  La  Sauvetat  de  Gaure)  et  de  Barcugnan,  autre 
Jean-Baptiste,  garde  du  corps  du  Roi,  et  Jean-Raymond,  etaient  les 
frires  de  ma  bisaieule  Marie  d'Auxion,  fille  de  messi/re  Bernard 
d'Auocion  (1),  seigneur  de  Salles  et  de  Margouet^  et  de  dame  Ma- 
rie- Marguerite  de  Luzarey.  —  C*est  du  moins  ce  qui  paraJt  resul- 
ter  de  Tacte  de  mariage  passe  au  chdteau  de  Salles,  le  22  ttvrier 
1775,  entre  ladite  Marie  d'Auxion,  assistee  de  ses  freres,  et  Michel 
Laborde  de  Lauran,  fils  de  Pierre  Laborde,  sieur  de  Lauran,  et  de 
demoiselle  Marie  Jalras  de  Ricane. 

Madame  Michel  Laborde  de  Lauran  mourut  k  Cazaubon,  le  19  de- 
cembre  1781,  k  Tfigede  vingt-huit  ans  seulement,  6tantn6ele9 
mars  1753,  d'aprfes  son  acte  de  baptfime  qui  lui  donne  pour  parrain 
et  marraine  messire  Frix  de  Cours,  seigneur  de  Monlezun,  et  son 
Spouse  Marie  de  Barbotan. 

EUe  laissait  k  son  mari  deux  fils : 

lo  Jean-Pierre,  qui  eut  de  son  mariage  avec  demoiselle  Marthe 
de  Muret,  une  fille,  Nancy,  en  religion  soeur  Marie-Ther^se,  morte 
a  TAsile  d*Auch,  et  un  fils,  Sosthene,  6poux  de  demoiselle  L^ontine 
Grenous  de  Larroque,  dont  est  n6  M.  Felix  Laborde  de  Lauran,  de 
Cazaubon; 

2®  Jean-Louis,  qui  a  laiss^,  de  son  mariage  avec  demoiselle  Ad^ 

(1)  Ce  Bernard  d'Auxion,  qui  a  eu  nne  fiUe  en  1753^  ne  pent  6tre  identifi^  avec 
le  seigneur  de  Saint-Martin  du  mdme  nom,  dont  la  maintenue  est  publico  ci-dessus 
(pulsque  ce  demier  dtait  nd  avant  1647);  ne  serait-il  pas  son  potit-fils? 


Digitized  by 


Google 


—  98  - 

Ifidde  de  Labepie,  ua  fils,  M.  Denis  I^aborde  de  Lauran,  a  Cazau- 
bon;  et  trois  fiUes  :  Laurentine  (Madame  Cazaux,  ch&teau  de  Liet, 
en  Marsolan),  Aline  (Madame  Paris,  chftteau  de  Lahitte,  prfes  Gon- 
drin)  et  Agathe  (feu  Madame  Alph.  Couture).  Celle-ci,  mon  excel- 
lente  mfere,  avait  eu  pour  marraine  sa  parente  Mademoiselle  Agathe 
d'Auxion,  qui  vit  encOre  a  Layrac.  —  On  pardonnera  a  un  sentiment 
bien  legitime  ces  details  de  famille,  qui  pourront  d*ailleurs,  je  Tes- 
p^re,  aider  M.  Tabb^  de  Carsalade  a  completer  et  k  rectifier  la  gen6a- 
logie  de  la  maison  d'Auxion.  —  Leonce  Couture.] 


BIBLIOGRAPHIE. 

I 

Louis  Xni  a  Bordeaux,  relation  in^dite  publi^e  d'apr6s  un  manuscrit  de  la 
Biblioth^que  nationals,  par  Ph.  Tahizet  db  Larroque.  In-^^  de  47  p. 
Bordeaux,  imp.  Gounouilhou,  1876.  (Extrait  des  Publications  delaSoditS 
des  Bibliophiles  de  Guyenne.) 

Le  double  mariage  de  Louis  XIII  avec  Anne  d'Autriche  et  de  sa 
soeur  Elisabeth  avec  Philippe,  infant  d'Espagne,  amena  un  assez 
long  sejour  de  la  cour  de  France  a  Bordeaux  dans  Tautomne  de 
1615.  Ce  sejour  fut  marque  par  des  ffites  dont  Timagination  des  con- 
temporains  regut  la  plus  vive  impression.  Dejla  le  grand  nombre  de 
publications  relatives  k  cet  6venement;  on  en  trouvera  les  titres  dans 
la  Bibliothhque  de  la  France^  dans  le  Catalogue  de  la  Biblioth^- 
que  nationaley  mais  surtout  k  VAppendice  de  la  relation  in^dite 
que  M.  Tamizey  de  Larroque,  apres  plus  de  deux  sifecles  et  demi, 
vient  d'ajouter  k  tant  d'autres.  Cet  appendice,  pr^cieux  pour  This- 
toire  de  la  ville  de  Bordeaux,  n'est  pas  une  sfeche  Enumeration  :  des 
notes  Erudites,  des  extraits  curieux,  des  problfemes  bibliographiques 
nettement  posEs  en  font  un  vrai  rEgal  pour  les  litterateurs,  les  histo- 
riens  et  les  curieux  en  tout  genre. 

Quant  a  la  relation  elle  mfime,  quoiqu*elle  vienne  s'ajouter  si 
tard  a  im  ensemble  deja  surabondant,  on  ne  pent  que  remercier 
rinfatigable  6diteur  de  Favoir  publiEe.  REdigEe  au  jour  le  jour,  avec 
une  fidelity  minutieuse,  par  un  temoin  oculaire,  juge  officiel  de  toutes 
questions  d'Etiquette  et  de  ceremonial  (Pierre  Sorel,  hEraut  d'armes 
de  Normandie^  d'aillours  tr^s-inconnu),  cette  narration  satisfera  plus 


Digitized  by 


Google 


—  99  — 

que  toute  autre  lea  amis  du  detail  authentique  et  pittoresque.  Ce 
n'est  pas  que  Tauteur  y  ait  mis  de  Tart  et  du  style.  « II  se  pr^occupe 
beaueoup  plus,  je  Tavoue,  dit  le  judicieux  ^diteur,  de  la  v6rit6  que 
de  Tagr^ment,  etillaisse  un  peu  trop  subsisler  dans  son  r^cit  Tari' 
dit^  d'un  proc^s-verbal;  mais  pardonnons-lui  d'avoir  eu  moins  de 
talent  que  de  conscience.  II  est  tant  d*autres  historiographes  qui 
n'ont  eu  ni  conscience  ni  talent !  »  J*ajouterai  que  rien  ne  parle  a 
Fimagination  comme  les  procte-verbaux  de  ce  bonbomme.  Non- 
seulcment  vous  voyez' defiler  dans  ses  pages,  princes,  princesses, 
grands-officiers  et  le  reste,  mais  vous  contemplez  leurs  costumes, 
leurs  joyaux,  vous  comptez  les  perles  et  les  diamants  des  parures 
nuptiales,  vous  mesurez  tout  k  votre  aise  jusqu'k  la  longueur  de 
la  queue  de  la  robe  de  Madame  :  sept  aunes  de  long !  Aussi  cette 
queue  fut-elle  portee  c  par  des  princesses,  ducbesses  et  femmes  de 
pairs  de  France.  » 

Les  pr^s^ances  ne  tiennent  pas  moins  de  place  dans  le  r^it  des 
alltes  et  venues  du  royal  cortege.  Notre  consciencieux  heraut  d'ar- 
mes  avoue  que  les  contestations  entre  les  grands  sur  cette  delicate 
matifere  causferent  d'^tranges  d^sordres*  Au  reste,  cette  manie  n'^tait 
pas  exclusivement  aristocratique  :  les  violons  en  eurent  leur  grande 
part,  €  vouUans  precedder  les  trompettes,  quoyqu'ils  n*y  eussent 
aulcun  rang...^  Reflexion  qui  d^montre  la  parfaite  competence 
de  notre  auteur  sur  les  moindres  details  de  son  metier  I 

La  liturgie  sacr^e  ne  I'interesse  pas  moins  que  le  c6r6monial  pro- 
fane, et  par  cet  endroit  il  m^rite  encore  Tattention  d'une  nouvelle 
classe  de  lecteurs.  On  remarquera  surtout  les  rites  du  manage  par 
procureur  de  Tinfant  d'Espagne,  repr^sente  par  M.  de  Guise,  avec 
Madame.  Outre  la  benediction  des  arrhes,  vieil  usage  qui  subsiste 
encore  dans  une  partie  de  notre  province,  on  y  lira  telle  formule  latine 
qui  ne  se  trouve  plus  dans  les  rituels, 

L'entr^e  solennelle  de  Louis  XIII  dans  Bordeaux  donna  lieu  a 
une  nouvelle  suite  de  ceremonies  enumerees  avec  complaisance, 
mais  pourtant  trop  sobrement  decrites  a  mon  gre !  Pierre  Borel  de- 
clare qu'il «  n'est  a  obmettre  les  beaux  portiques,  piramides,  statues, 
fontaines  (pardon!)  pissans  vin,  eau  et  laict...;  »  mais  il  ne  les  pho- 
tograpbie  pas  comme  les  toilettes  qui.  ont  brilie  k  son  debut.  J'aurais 
bien  voulu  aussi  qu'il  nous  donndt  quelque  extrait  des  innombrii- 
bles  barangues  debitees  par  «  tons  les  corps  de  la  ville,  >  qui  mon- 
terent  Tun  aprfes  Tautre,  pour  cet  exercice,  sur  un  eohafaud  ou  sie- 
geait,  apres  diQor,  le  Roi  entoure  de  sept  herauts  d'armes.  II  me 


Digitized  by 


Google 


—  100  — 

semble  que  Pierre  Borel  devient  trop  concis  vers  la  fin  de  son  rou- 
leau. II  n'a  pas  dit,  par  exemple  (mais  son  ^diteur  y  suppl^e  dans 
une  de  ses  curieuses  notes),  que  la  collation  offerte  a  Louis  XIII 
dans  la  maison  de  ville  de  Bordeaux  fut  trouble  par  pillage  de  con- 
fitures, bris  de  vaisselle,  renversement  de  tables  et  autres  scan- 
dales,  a  tel  point  que  le  roi  dut  d^cocher  un  soufflet  a  un  petit  vau- 
rien  qui  se  fourrait  dans  ses  jambes. 

Malgr^  ces  lagers  reproches,  la  Relation  est  un  modele  du  genre; 
il  faut  en  dire  autant  de  Tannotation  et  aussi  de  Tex^cution  mat^rielle 
de  cette  delicieuse  plaquette. 


II 


Jeanne  de  Sales,  soeur  de  saint  Frangois  de  Sales,  el^ve  de  sainte  Jeanne- 
Fran^oise  de  Chantal,  ses  rapports  avec  I'ordre  de  la  Visitation,  par  Tabb^ 
J.  DuLAC.  1  vol.  in-12  de  vii-188  p.  (tir6  k  100  exemp.)  Paris,  A.  Anbry,  1876. 

Ce  petit  volume,  qui  est  au  point  de  vue  typographique  un  chef- 
d'oeuvre  d*elegance  grave,  et  k  un  autre  point  de  vue  un  modele  de 
conscience  dans  les  recherches  et  d'exactitude  minutieuse  dans  le 
detail,  ne  touche  k  la  Gascogne  que  par  le  nom  de  Tauteur;  Tun  de 
nos  plus  ^rudits  correspondants,  C'est  assez  pour  que  nous  devious 
k  nos  lecteurs,  sinon  une  analyse  complete,  au  moins  un  l^ger 
crayon  de  cette  biographic  d'un  des  membres  les  moins  connus, 
mais  non  les  moins  aimables,  de  la  famille  du  plus  aimable  des  saints 
modernes. 

Le  livre  est  adress^  aux  Visitandines  de  la  rue  de  Vaugirard,  que 
M.  Tabb^  Dulac  a  bien  connues  pendant  un  assez  long  s^jour  k  Paris 
avant  1870.  II  leur  dit,  avec  ime  gr4ce  qu'il  semble  emprunter  k 
Tauteur  de  la  Vie  divote :  «  Ce  livret,  comme  Tappellerait  votre 
saint  fondateur,  naquit  a  votre  monast^re;  il  retoume  k  son  nid. 
Comment  ne  Taccueilleriez-vous  pas  avec  votre  douceur  h^r^di- 
taire?  il  vous  parle  de  votre  pfere,  de  votre  m^re,  de  leurs  connais- 
sances,  de  leurs  families,  de  cette  Jeanne  de  Sales  qui  leur  fut  si 
chere,  et  qui  ne  vous  Test  pas  moins,  puisque  sur  le  tombeau  de 

cette  enfant  s'^leva  en  quelque  sorte  T^difice  de  votre  institut — 

Dans  vos  ouvrages  imprimis  ou  manuscrits,  qk  et  Ik  se  montre  cette 
jeune  fiUe  aux  traits  vagues  et  ind^cis,  fuyant  lorsque  le  lecteur 
desire  I'approcher,  excitant  par  sa  fuite  mSme  une  curiosite  d'ailleurs 
iort  legitime.  A  reconstituer  cette  physionomie,  a  r^unir  ces  lin^a- 


Digitized  by 


Google 


-  101  — 

ments  (Spars,  a  retracer  son  rdle,  on  sent  que  sur  tel  ou  tei  point 
obscur  de  vos origines  descendrait  lalumiere propre  a les orner d'un 
nouveau  channe.  > 

M.  TabM  Dulac  a  vraiment  r^ussi  dans  son  entreprise  :  non  qu'il 
ait  ajout^  une  oeuvre  nouvelle  a  cette  s6rie  de  vies  ^difiantes  cr^ee 
par  d'habiles  et  pieux  ecrivains  de  nos  jours.  Mais  le  sujet  ne  s*y 
prfitait  pas.  Dernifere  scBur  du  saint  6v6que  de  Geneve  et  beaucoup 
plus  jeune  que  lui,  assez  jeune  pour  qu*il  lui  ait  tout  naturellement 
servi  de  fhre,  Jeanne  de  Sales  naquit  i  tr^s-peu  pr^s  le  20  novembre 
1593  (c'est  line  date  que  Tauteur  ^tablit  par  une  exacte  discussion, 
p.  9-12),  et  elle  mourut  aprte  une  courte  maladie  en  octobre  1607. 
EUe  a  done  v^cu  quatorze  ans  :  onze  ans  au  chateau  patemel,  c'est 
Tobjet  des  deux  premieres  parties  de  ce  livre  (la  seconde  marquee 
par  Tapparition  de  madame  de  Chantal);  un  an  au  nionast^re  du 
Puits-d*Orbe,  en  Bourgogne,  ou  elle  s'ennuya,  c'est  la  troisi^me 
partie;  enfin  deux  ans  dans  le  monde  et  surtout,  en  dernier  lieu,  pr^s 
demadame de  Chantal,  mati^re  de  la  quatri^me  et  demiere  partie.  Dans 
aucunc  de  ces  fractions  d'une  pieuse  vie  d'enfant,  il  n*y  a  de  traits 
bien  caract^ristiques,  ni  de  fait  bien  saiUant.  A  vrai  dire,  la  vie  de 
Jeanne  de  Sales  n*ofire  pas  mati^re  k  un  livre,  si  on  la  s^pare  des 
faits  s}mcbroniques  de  son  grand  fr^re  et  de  sa  sainte  institutrice. 
Mais  fallait-il  Ten  s^parer?  M.  Tabb^  Dulac  ne  Fa  pas  cru,  et  pour 
ma  part,  je  Ten  f^licite,  tout  en  reconnaissant  le  d^faut  relatif  d'un 
sujet  ou  Taccessoire  d^robe  souvent  le  principal.  D  nous  fait  con- 
ndtre,  appr^cier,  ch^rir  cette  enfant  que  le  saint  6vSque  de  Genfeve 
€  aimait  fort  tendrement,  dit  le  naif  biographe  Charles-Auguste  de 
Sales,  tant  par  les  raisons  de  la  nature  que  parce  qu'il  la  voyait 
crottre  tons  les  jours  en  vertu;  »  mais  surtout  il  nous  fait  p^n^trer 
plus  intimement  le  caractere  du  saint  qui  parle  presque  a  toutes  les 
pages  de  ce  livre,  et  qu'on  ne  se  lasse  jamais  d'ecouter  ou  d'ob- 
s^rver  de  prfes. 

Dans  Tadmirable  lettre  qu'il  ^crivit  k  sainte  Jeanne-PranQoise, 
pr^cis^ment  k  la  mort  de  sa  petite  soeur,  on  lit  ces  mots  touchants  : 
€  H^lasl  ma  fillei,  je  suis  tant  homme  que  rien  plus...  »  II  me  sem- 
ble  que  cet  aveu,  dict^  par  Thumilite  la  plus  profonde,  rend  cepen- 
dant  tres-bien  lecdt^  le  plus  frappant  de  cette  sympathique  figure. 
Peu  d'hommes,  sans  doute,  ont  ^t^  plus  saints  que  Frangois  de  Sa- 
les, mais  peut-6tre  aucun  saint  n*a  6t^  plus  homme;  et  de  la  un  at- 
trait  qui  n'appartient  qu'alui.  Eh  bien!  c'est  precis^ment  ce  carac- 
tere humain  que  M.  Tabb^  Dulac  fouille,  a  vingt  reprises  diflKrentes, 


Digitized  by 


Google 


-~  102  — 

avec  une  curiosite  et  un  bonheur  remarquables.  Nous  nous  conten- 
tons  de  citer  les  chapitres  :  Frangois  de  Sales  et  les  enfants,  Fran- 
gois  de  Sales  et  lesdivotes^  la  toilette  de  Jeanne  de  Sales,  Fran- 
gois de  Sales  s'occupait-il  de  mariages?..,  Les  traits  piquants,  les 
reflexions  fines  y  abondent,  et  on  y  apprend  quelque  chose  de  nou- 
veau  sur  le  saint  ^vfeque  de  Geneve,  ou  du  moins  on  ie  saisit  plus 
vivement,  m6me  aprfes  tousles  travaux,  si  approfondis  et  si  divers, 
qui  ont  6te  consacr^s  a  sa  vie  et  k  son  esprit. 

Le  style  dont  Tauteur  a  rev6tu  ses  r^cits  et  ses  raisonnements  est 
toutji  lui :  rien  de  vulgaire;  une  phrase  tantdt  lestement  enlev^e, 
tantdt  laborieuse  et  compliqu^e,  maistoujours  pleine  de  sens  et  de 
logique;  I'expression  elle-m^me,  tantdt  vive  et  vraiment  trouv6e, 
tantdt  un  peu  recherch^e  et  neologique,  mais  jamais  d^pourvue  de 
saveur  et  de  propri^te.  Quant  aux  questions  d'h^raldique,  d'arch^olo- 
gie,  de  geographic,  de  ehronologie  et  de  critique  semees  dans  ces  pa- 
ges, M.  I'abbe  Dulac  les  traite  toujours  en  hoxnme  des  plus  comp^- 
tents.  Je  lui  reprocherai  pourtant  d'appelerFauteur  du  premier  Gal- 
lia Christiana,  Yabb6  CI.  Robert :  je  crois  que  ce  respectable  savant 
n'eut  point  d'abbaye,  auquel  cas,  dans  la  langue  de  son  siecle,  on 
ne  doit  pas  lui  donner  un  titre  qui  n*a  pris  que  de  notre  temps  la  si- 
gnification vpgue  i'etcl^iastique. 

L60NCE  COUTURE. 


CORRESPONDAlVfCE. 


Sur  Dom  Brugdles  (l). 

Bien  cher. 

En  attendant  que  vous  f^ssiez  connaJtre  le  r^sultat  de  vos  recher- 
ches  sur  Dom  Brugeles  dans  le  m^moire  du  grand-pere,  voici  k  ce 
sujet  quelques  mots  du  petit-fils. 

L'auteur  de  la  note  que  vous  avez  ins^r^e  le  mois  dernier,  k  la 

(1)  M.  Tabb^  Loies,  dans  tine  seconde  lettre  sur  dom  Bnigdles,  nous  commnoi- 
que  H  pariie  da  mdmoire  de  fen  M.  de  Carsalade  qui  concerne  la  qneition  de  date 
el  d'origine.  Nous  ne  pabiions  pas  cette  commuDication,  qui  ferait  doable  emploi  soit 
ayec  la  lettre  de  M.  I'abb^  de  Carsalade,  soitsurlout  avec  le  m^moire  prdcit^  doot 
Boas  donnerons  rm  pea  plus  rard  des  extraits.  —  l.  c. 


Digitized  by 


Google 


—  103  — 

suite  de  la  lettre  de  M.  I*abb6  Lozes,  s'est  laisse  tromper  par  une 
similitude  de  nom,  quand  il  a  attribu^  a  la  naissance  de  dom  Bru- 
gfeles  la  date  de  1725.  Les  registres  paroissiaux  de  Simorre  signa- 
lent,  en  eflfet,  a  cette  date,  le  baptfime  de  Louis-Cl^meni  Brug^es, 
fils  de  Bertrand-Antoine  et  de  Perrette  de  Labartbe-Lass^gan;  mais 
ce  Louis-Clement  n*est  que  le  neveu  du  savant  b^n^dictin. 

Les  Brug^les  ^taient  d'une  vieille  famille  bourgeoise  de  Simorre. 
Pierre  Brug^les,  notaire  de  Simorre,  mari^  a  Antonie  Saint-Lary, 
vivait  en  1624.  II  fut  pfere  de  Martial,  C^cile,  Bertrande  et  Marie 
de  Brugfeles.  Martial,  avocat  au  si^ge  de  Simorre,  ^pousa  en  pre- 
mieres noces  demoiselle  Marie  d'Agut  de  Tr^bons,  habitante  de 
Saint-Elix,  dans  la  vallee  d' Aure.  II  n'eut  qu'une  fiUe  de  ce  premier 
mariage,  Scholastique,  qui  6pousa  noble  Dominique  de  Cazeaux.  Le 
15  septembre  1670,  il  ^pousa  demoiselle  Cl^mence  Lafont,  dont  il 
eut:  1°  Blanche,  n^e  en  1671;  2«  Jeanne,  n^e  en  1673;  3^  Louis- 
Cl&ment;  49  Dominique,  n6  en  1682;  5»  Bertrand-Antoine,  n^  en 
1684. 

Dom  Louis-CWment  de  Brug^les  est-il  n6  a  Simorre?  Tout  porte 
k  croire  que  non.  L'^tat-civil,  qui  mentionne  la  naissance  de  ses  fr^ 
res  et  sceurs,  garde  le  silence  sur  lui.  II  est  probable  qu'il  dut  naf- 
tre  entre  les  ann^es  1675  et  1678,  car  en  1698  il  figure  commejewne 
novice  du  convent  de  Simorre,  dans  un  acte  d'aflferme  de  certains 
biens  d^ndants  de  Tabbaye. 

Dom  Brugeles  eut  une  vie  trfes-agit^.  Je  vous  laisse  le  soin  d'en 
raconter  les  p^rip^ties  :  vous  en  trouverez  tons  les  details  dans  le 
manuscrit  de  mon  grand-pere.  Je  me  contenterai  de  vous  citer  un 
extrait  des  deliberations  du  chapitre  de  Tabbaye  de  Simorre,  au  su- 
jet  de  Tenievement  du  pr^cieux  chartier  de  Tabbaye  par  la  famille 
Brugfeles :  ' 

*  €  ....  L'an  1725  et  le  28  avril  apr^s-midi,  dansle  monastfere 
Not^-Dame  de  Simorre,  ordre  de  saint  Benoit,  diocese  d'Auch, 
devant  moi  notaire  et  t^moins,  ont  ete  presents  et  capitulairement 
assembles  :  Dom  Francois  Larrieu^  pitancier  et  prieur  claustral; 
Jean-Pierre  Simorre,  infirmier;  dom  Jean-Germain  du  Cor,  prevost; 
dom  Pierre-Thomas  Capdeville,  ouvrier;  dom  Dominique  Espai- 
gnol,  dom  Jean  d' Anion  et  dom  Jean  Vignes,  les  tous  prStres  et  re- 
ligieux  prof^s  dudit  monast^re,  faisant  la  plus  grande  et  saine  partie 
desdits  leligieux;  dom  Paul  Rivifere  etant  a  Sarrancolin  occupe  a  y 
rendre  le  divin  service,  et  dom  Jean-Jacques  Daude,  religieux,  etant 
dans  le  present  monastere,  qui  n'a  eie  appeie  pour  6tre  germain  de. 


Digitized  by 


Google 


—  104  — 

dom  Luuis-Clemenl  Brugeles,  etdom  Dominique  Brugeles,  chautre. 
Auxquels  par  ledit  dom  Dominique  Larrieu,  prieur  claustral,  a  it& 
repr^sent^  qu*il  est  important  de  nommer  et  crter  un  S3aidic  g^n^ral 
pour  g^rer  les  aflaires  du  corps  et  pour  la  poursuite  de  plusieurs 
•  instances  que  le  chapitre  a  en  plusieurs  cours,  et  particuli^rement 
pour  la  poursuite  de  I'mstance  qui  est  pendante  devant  M.  le  senes- 
chal de  Toulouse,  entre  le  syndic  dudit  monastere,  centre  dom 
Louis-Clement  Brugeles,  religieux;  dom  Dominique  BrugMes,  chan- 
tre,  et  le  sieur  Bertrand-Antoine  Brugeles,  bourgeois  dudit  Simorre, 
les  tons  freres,  concernant  Tenlfevement  des  papiers,  titres  et  docu- 
ments appartenants  audit  monastere;  il  a  convoqu^  Tassembl^e  pour 
delib^rer  sur  ce  dessus...  (Suit  le  procfes-verbal  de  la  deliberation  : 
dom  Dominique  Espaignol  est  nomme  syndic  general  pour  poursui- 
vre  ladite  aflfaire.)  »  [Etude  de  M.  Lissagaray,  notaire  a  Simorre.] 

Que  sent  devenus  les  titres  qui  composaient  le  vieux  chartier  de 
Tabbaye  de, Simorre?  Qu'est  devenu  son  precieux  caitulaire?  Le  s6- 
nechal  de  Toulouse  obligea-t-il  dom  Brugeles  ales  restituer  au  mo- 
nastere? Autant  de  questions  auxquelles  il  m'est  impossible  de  re- 
pondre.  J*ai  interroge  et  cherche  en  vain  dans  Simorre.  Plusieurs 
avant  moi  Tout  fait  sans  plus  de  resultat.  Peut-6tre  trouverait-on  au 
senechal  de  Toulouse  rinventaire  des  papiers  soustraits  par  dom 
Brugeles. 

Les  registres  de  Tetat-civil  de  Simorre  se  taisent  encore  sur  repo- 
que  de  la  mort  de  Tauteur  des  Chroniques.  Son  frfere,  dom  Domi- 
nique, mourut  en  1776,  chanoine  et  doyen  du  chapitre  de  Simorre. 
L'abbaye  avait  deja  ete  secularisee  depuis  plusieurs  annees. 

Bertrand-Antoine,  son  second  frfere,  epousa,  le  28  avnl  1722,  de- 
moiselle Perrette  de  Labarthe  de  Lassegan,  fiUe  de  noble  Pierre  de 
Labarthe,  seigneur  de  Lassegan,  etde  demoiselle  Jacquette  de  Lou- 
boy  de  Larrey. 

Le  nom  de  Brugeles  s'est  eteint  au  commencement  de  ce  sifecle. 
Le  dernier  des  descendants  de  Bertrand-Antoine  et  de  Perrette  de 
Labarthe  a  fini  tristement  a  Simorre. 

Voila  ma  petite  rectification  faite.  A  vous  maintenant  de  nous 
donner  sur  dom  Brugeles  une  etude  litteraire  aussi  pleine  de  char- 
mes  que  celles  que  vous  avez  consacrees  a  vos  pontes  condomois. 

Veuillezagr6er,  etc. 

J.  DE  Caksalade  du  Pont, 


Digitized  by 


Google 


LES  ARMOIRIES 


DE 


NN.  SS.  X^EI^AJVNOY  ET  SOXJLlS. 


Les  armes  de  nos  ev^ques  de  France  portent,  d'ordinaire, 
une  legende  sur  un  listel  ondoyant,  et  sur  le  champ  du  blason, 
comme  meubles,  des  attributs  symboliques. 

Sans  sortir  de  notre  province  ecclesiastique  d'Auch,  nous 
pouvons  citer  celles  de  Monseigneur  de  Langalerie,  qui  porte 
sur  son  listel  ces  mots  si  profondement  Chretiens  : 

TINCB   IN   BONO   MALUM  (1), 

et,  comme  meuble,  outre  des  molettes,  une  tour  chargee  d'une 
croix  potencee  de  gueules. 

Monseigneur  Savy,  eveque  d'Aire,  qui  avait  tant  redoute  le 
fardeau  de  Tepiscopat,  semblait  le  rendre  plus  16ger  par  cette 
legende : 

▲MORS   LEVIDS, 

entourant  une  croix  d'argent  sur  champ  d'azur. 

Les  mots  proE  et  caritate  omaient  le  blason  de  Monseigneur 
Epivent.  C'etait  la  une  legende,  nous  disait-on,  qui  ne  pouvait 
pas  elre  consideree  comme  une  devise,  puisqu'il  n'y  avait 
aucun  rapport  entre  elle  et  les  pieces  de  Tecu.  Nous  ne  par- 
tageons  pas  cette  maniere  de  voir.  La  molelte  et  les  croissants 
sont  des  attributs  des  croisades.  Ne  fallait-il  done  pas  a  nos 
aieux  une  grande  foi  et  une  ardente  charitS  pour  aller,  au- 
dela  des  mers,  combattre  pour  la  delivrance  du  tombeau  du 
Christ?  Ces  attributs  rappellent  une  epoque  de  foi  et  de 

(1)  Rom.,  XII,  21 

ToMK  XVm.  —  Mars  1877.  8 


Digitized  by 


Google 


—  JO(i   — 

grandeur,  et  ia  devise,  a  ce  point  de  vue,  est  en  parfaite  har- 
monie  heraldique  avec  les  meubles  du  blason. 

La  devise,  en  general,  est  une  citation,  une  sentence  rap- 
pelant  un  fait  illustre,  une  action  d'eclat.  Quand  eile  fait  partie 
d'armoiries  episcopates,  eile  traduit  parfois  un  sentiment, 
une  pensee  de  nos  livres  saints,  et  eile  n'est  souvent  que  I'ex. 
plication  de  Tembleme  armorial. 

EUe  se  compose  de  deux  parties  :  de  la  figure  qui  s'appelle 
fe  corps,  et  des  mots  qui  sont  I'dme  de  la  devise. 

Dans  les  comptes-rendus  de  Finauguration  solennelle  de 
rUniversite  catholique  de  Lille,  nous  avons  vu  citcr  deux 
blasons.  Fun  portant  ces  mots  : 

AMOR  CHRISTI   URGBT   NOS, 

avec  le  pelican  traditionnel. 
L'autre : 

PASCOR   A   TOLNBRB, 

embleme  du  Sacre-Coeur  blesse  par  la  couronne  d'epincs. 

U  y  a  la  une  relation  intime  entre  la  legende  et  les  meubles 
de  Tecusson. 

Nous  retrouvons  une  inspiration  analogue  et  de  pareilles 
harmonies  dans  les  armoiries  de  NN.  SS.  Delannoy  et  Soule. 

1 

Anime  de  tout  temps  d'un  grand  amour  pour  la  Reine  du 
ciel,  un  pretre  a  desservi,  pendant  plusieurs  annees,  la  paroisse 
de  Saint-Andre  de  Lille  :  plus  tard,  eleve  ala  dignite  d'eveque, 
il  a  rempli  ces  redoutables  fonctions,  dans  TOcean  indien,  k 
3,000  lieues  de  la  mere-patrie,  dans  cette  He  fortunee  de 
Bourbon  qui,  d'aprcs  Mery,  vrai  paradis  terrestre,  aurait  ete  ^ 
le  sejoiir  de  notre  premier  pere.  II  a  dtichercher  a  reunir  dans 
son  blason,  comme  meubles  ou  pieces  de  Tecu,  tons  ces  sou- 
venirs si  chers  et  si  touchanls. 


Digitized  by 


Google 


—  107  — 

Les  armes  de  Monseigneur  Delannoy  les  traduisent  tous  en 
efifet. 

Nolre-Dame  de  la  Treille,  honoree  d'une  maniere  speciale 
dans  cetle  province  ecclesiastique  de  Cambrai  a  laquelle 
appartient  notre  eveque,  est  d' argent,  et  domine  en  reine  sur 
le  chef  d'azur  du  blason.  Dans  les  partitions  de  Tecu  se  voient 
a  dextre  une  ancre  d'or,  et  a  senestre  la  croix  de  Saint-Andre 
de  meme. 

Ainsi  Marie,  une  croix  et  une  ancre,  telles  sont  les  pifeces 
heraldiques  et  symboliques  du  blason  episcopal.  La  croix,  en 
souvenir  de  Teglise  de  Saint-Andre  ou  s'ecoula  la  vie  sacer- 
dotale  de  Tevfique;  Tancre,  attribut  maritime  se  rapportant  k 
Tile  lointaine  qui  renferme  TevSche  de  Saint-Denis;  enfin  Marie, 
reine  au  blason  comme  dans  le  cceur  du  prelat. 

La  legende  est  encore  la  pour  le  demontrer ;  elie  se  rapporte 
a  la  Consolatrice  des  affliges  :  hlec  est  spes  nostra. 

Voici,  du  reste,  comment  TEveque  d'Aire  blasonne  : 

Parti,  a  senestre  de  gueules  a  la  croix  de  Saint- Andri  d'oVy 
a  dextre  de  sinople  a  une  ancre  d'or;  au  chef  d'azur  charge 
de  Vimage  de  N.-D.  de  la  Treille,  d'argent,  et  pour  legende : 

HjfiC  EST  SPES  NOSTRA. 


II 


Les  armes  de  Monseigneur  Soule  sont  composees  d'apres 
les  memes  principes. 

Le  champ  est  coupe.  La  premiere  partition  presente,  en 
champ  d'argent,  une  branche  d'epines  centournee  de  sable, 
surmontee  d'un  coeur  de  gueules,  enflamme  de  m^me,  place 
en  abime.  Le  Sacre-Coeur,  surmontant  une  branche  d'epines, 
forme  evidemment  le  corps  de  la  devise;  pati  et  amare  en 
ferment  Tame.  II  y  a  done  une  relation  intime  entre  les  pifeces 
du  champ  et  la  legende,  a  laquelle  on  a  ajoutele  mot :  verffas. 
Cettc  expression  dQit  se  prendre  dans  son  acception  la  plus 


Digitized  by 


Google 


—  108  — 

haute  et  la  plus  generale,  et  si  Dieu  est  charite,  Deus  clmritas 
est  (1)  il  est  aussi  la  verite  meme  :  Ego  sum...  Veritas  (2). 

Nous  repudions  le  sens  exclusivement  humain  qu'on  a  voulu 
donner  au  mot  Veritas.  La  legende  heraldique  d'un  blason 
Episcopal  s'elfeve  plus  haul;  tout  en  admettant  partout  et  tou- 
jours  les  droits  imprescriptibles  de  la  verite,  nous  rapportons, 
dans  Tespfece,  cette  expression  au  Dieu  de  tout  amour  et  de 
toute  verit6. 

En  6tudiant  ces  armoiries,  il  pourrait  sembler  que  Tetoile 
qui  figure  en  champ  de  sable  dans  la  seconde  partition  de 
r6cu  dut  6tre  prise  pour  I'Etoile  de  la  raer,  surtout  lorsqu'elle 
est  entouree  de  deux  ancres;  mais  ici,  Tetoile  est  d'argent,  et 
elle  se  rapporte  i  Tordre  de  saint  Dominique,  patron  du  prelat. 

D'ailleurs,  la  sainte  Vierge  n'est  pas  oubliee,  puisque  le 
Rosaire  entourant  Tecusson  est  Tattribut  exterieur  de  Tecu. 

Aprfes*  cette  simple  explication,  blasonnons  les  armes  de 
Monseigneur  Soule. 

L'ev^ue  de  Saint-Denis  porte : 

€(mp6  d'argent  a  une  branche  d'^jdnes  contoumee  de  sable 
en  pointe,  surmont^e  d'un  cceur  de  gueules  enflamme  de  meme 
pos6  en  abime;  et  de  sable  a  VeloUe  d'argent,  qui  est  de  saint 
Dominique,  accostee  de  deux  ancres  d'or,  avec  le  rosaire  en- 
tourant Ncusson,  et  pour  devise  ces  mots  :  Veritas,  pati  et 

AMARE. 

D'  LfiON  SORBETS. 


(Ij  I  Joann.,  iv,  16. 
(2)  Joann.,  xiv,  6. 


Digitized  by 


Google 


109  *- 


INSTRUCTION  PUBLIQUE  A  GIMONT 

I3ANS  LES  TEMPS  ANTERIEURS  A  1789. 


I 


TEMPS  A^T^RIEURS  A  LA  FONDATION  DU  G0LL£GE^  EN  REMONTANT 
JUSQU'A  la  FONDATION  DE  l'aBBAYE. 

Le  fait  seul,  toujours  subsistant,  de  Texistence  a  Gimont 
d'un  college  qui  n'est  pas  de  fondation  recente  et  qui,  au  dire 
de  la  tradition,  aurait  eu,  avant  les  bouleversements  qui  out 
marque  la  fin  du  dernier  siecle,  une  notorifete  et  une  impor- 
tance considerables,  nous  avait  frapp6  depuis  longtemps; 
nous  en  elions  etonne  surtout  avant  que  nos  recherches  sur 
Gimont,  dont  nous  avons  recemment  fait  connaitre  ici  m6me 
le  resultat,  nous  eussent  fourni  les  moyens  de  conslater  que 
cette  ville  est  actuellement  bien  reduite,  qu'elle  eut  jadis 
une  etendue  superflcielle  plus  consid6rable  et  une  popula- 
tion des  deux  tiers  sup6rieure  a  celle  d'aujourd'hui.  Nous 
aurions,  on  le  pense  bien,  vivement  desire  connaitre  Vori- 
gine  de  ce  college  et  nous  assurer  en  meme  temps  si  Timpor- 
tance  que  lui  attribuait  la  tradition  etait  fondee  et  jusqu'^ 
quel  point  on  pouvait  se  flera  ses  recits.  Nous  pouvons  affir- 
mer  que  nous  n'avons  rien  n6glig6  pour  arriver  a  ce  r&sultat; 
et  apres  plusieurs  annees  d'enqu6te  qui  n'ont  pas  ete  touti 
fait  steriles,  nous  sommes  enQn  en  mesure  de  foumir  des 
renseignements  assez  precis  qui  ne  seront  pas,  nousle  croyons. 


Digitized  by 


Google 


—  no  - 

depourvus  d'interet  pourles  lecteurs  dela  Revue  de  Gasco- 
gne  a  qui  nous  en  offrons  la  primeur.  Peut-etre  meme  qu'a 
une  epoque  comme  la  nfttre,  ou  tout  ce  qui  se  rattache  a 
rinstruction  publique  a  ses  divers  degres  a  le  privilege  de 
renconlrer  partout  les  plus  vives  sympathies,  d'autres  encore 
pourront  tirer  profit  de  cette  etude  que  nous  ne  craignons  pas 
de  dire  imparliale,  qui  se  rattache  a  une  question  tres-diver- 
sement  envisagee  et  sur  laquelle  les  preventions  et  mille  pas- 
sions conjurees  ont  reussi  a  amasser  trop  de  tenebres.  Puis- 
sions-nous  ainsi  contribuer  a  dissiper  des  prejuges  invete- 
res,  dont  on  subit  souvent  les  influences  sans  meme  soup? on- 
ner  que  Ton  s'egare ! 

Nos  recherches  sur  le  college  en  ont  amene  d'autres,  aux- 
quelles  d'abord  nous  n'avions  pas  songe,  concernant  le  con- 
vent d'UrsuIines  que  Gimont  possedait  avant  1789  et  qui 
disparut  entierement  pendant  les  jours  nefastes  qui  suivirent; 
si  bien  qu'aujourd'hui  il  n'en  existe  pas  la  moindre  trace  et 
que,  dans  Gimont  meme,  pen  de  personnes  savent  quUl  a 
existe  et  seraient  en  6tat  de  vous  renseigner  sur  Templace- 
ment  quUl  occupait.  Nous  ferons  aussi  connaitre  le  resultat 
de  ces  recherches,  et  nous  esperons  par  ce  moyen  fournirla 
preuve  incontestable  et  sans  replique  que,  durant  la  periode 
d'existence  du  convent  et  du  college,  dont  la  fondalion  re- 
monte  a  pen  pres  a  la  meme  epoque,  la  jeunesse  des  deux 
sexes  trouvait  a  Gimont  toutes  les  ressources  desirables  pour 
acquerir  une  solide  instruction  et  se  former  aux  luttes  de  la 
vie,  par  une  bonne  education,  sous  la  discipline  de  maitres 
et  de  mattresses  capables  et  devoues. 

Nous  avons  voulu  remonter  encore  plus  haut  et  savoir  aussi 
cequi  se  faisait  avant  cette  epoque,  en  reculant  jusqu'ala  fon- 
dation  de  Gimont  et  memeau-dela.  Mais  ici  les  renseignements 
precis  nous  ont  fait  completement  defaut.  On  pent  cependant, 
de  certains  faitsbien  connus,  tirer  quelque  induction  qui  por- 
terait  a  croire  que,  dans  ces  temps  eloignes,  rinstruction  dans 


Digitized  by 


Google 


—  Ill  — 
nos  contrees  n'etait  pas  negligee  comme  bien  des  gens  se  le 
figurent,  et  que  les  ecoles  ne  manquaient  pas  ou  les  enfants 
du  peuple  pouvaient,  comme  aujourd'hui,  acquerir  les  con- 
naissances  appropriees  a  leur  condition.  Qa'on  veuille  bien 
nous  permettre  d'insister  un  moment  sur  ces  faife. 

A  Pepoque  ou  la  ville  de  Gimont  fut  fondee,  Tabbaye  comp- 
laitdejaun  siecleet  demi  d'existence.  Les  lecteursdela  Revue 
n'ignorent  pas  les  immenses  travaux  executes  par  elle  pour 
le  defrichement  des  bois  et  des  landes  qui  couvraient  le  pays, 
et  la  mise  en  culture  des  terrains  qu'ils  occupaient.  On  sail 
bien  aussi  que  la  ne  se  bornait  pas  le  travail  des  moines  et 
que  la  culture  des  intelligences  n^'entrait  pas  moins  dans  Tor- 
dre  de  la  mission  providentielle  quMls  accomplissaient  que  la 
culture  des  terres.  II  dut  certainement  y  avoir  une  ecole  atta- 
chee  a  Tabbaye  meme;  et  qui  oserait  dire  qu'il  n'y  en  avait 
pas  d'autres  disseminees  sur  Timmense  etendue  du  territoire 
qui  formait  ses  propriet^s?  II  est  au  moins  bien  certain  qu'il  y 
avait  un  nombre  considerable  d'eglises  dont  ils  etaient  les  col- 
lateurs,  el  qu'en  cette  qualite  ils  devaienl  pourvoir  aux  be- 
soins  spirituels  et  moraux  des  habitants,  non  moins  qu'aux 
besoins  religieux  qui,  d'ailleurs,  ne  sauraient  etre  convena- 
blement  satisfaits  quand  les  autres  sont  en  souflfrance.  Ces 
eglises,  assez  rapprochees  les  unes  des  autres,  etaient  toutes 
des  centres  de  paroisses.  Chacune  d'elles  avait  son  pretre  des- 
servant,  «  capeUanus, »  qui  en  faisait  le  service  comme  vicaire 
perpetuel  de  Tabbe,  lui-m6mecure  primitif.  Tout  cela  est  bien 
alteste  par  une  foule  de  chartes  de  cette  epoque  que  nous 
avons  analys6es  ici-m6me,  du  moins  en  grandepartie.  Quelles 
pouyaient  etre  dans  ces  petites  paroisses  les  occupations  de 
ces  pr^tres  ?  Toutes  les  fonctions  du  ministfere  pastoral  d'abord, 
en  ce  qui  concerne  le  service  religieux  et  Fadministration  des 
sacrements.  Mais  c'eAt  6te  bien  pen  de  chose,  il  faut  en  conve- 
nir,  pour  rempUrtous  leurs  loisirs.  On  pent  supposer  avec 
assez  de  vraisemblance,  nous  dirons  meme  avec  certitude, 


Digitized  by 


Google 


—  112  ~ 

qu'ils  etaient  egalement  chargfes  de  donner  aux  enfants  de 
leurs  paroissiens  les  premiers  elements  de  rinstniction,  non- 
seulement  de  rinslruction  religieuse,  ce  qai  est  tou jours  de 
droit,  mais  encore  de  Tinstruclion  profane.  Chaque  paroisse 
avail  ainsi  son  6cole.  L'inslruction  qu'on  y  recevait,  nous  le 
voulons  bien,  n'etait  pas  aussi  variee  que  dans  les  fecoles 
d'aujourd'hui;  on  n'y  effleurait  pas  tanldechoses  :  mais  6tait- 
elle  moins  solide  et  moins  feconde  en  resullats  d'une  utilite 
pratique  pour  ceux  qui  la  recevaient,  eu  egard  k  la  position 
sociale  dans  laquelle  ils  elaient  nes?  Nous  ne  voulons  rien 
affirmer;  mais  il  nous  semble  qu'un  doute  pent  6tre  permis, 
Cen'est  pas  tout,  un  fait  incontestable,  qui  nous  est  reveie 
par  les  cartulaires  de  I'abbaye,  autorise  a  penser  qu'i  cette 
meme  epoque  notre  region  n'etait  pas  depourvue  de  res- 
sources  pour  Tinstruction  et  Teducation  sp6ciales  quMl  con- 
vient  de  donner  aux  jeunes  fllles.  Nous  avons  vu,  en  effet, 
dans  Tanalyse  que  nous  avons  faite  des  acquisitions  de  Tab- 
baye  en  ces  contrees,  sur  les  deux  rives  de  la  Gimone 
(Revue  de  Gascogne,  tome  xm,  p.  223),  qu'a  Fepoque  oil 
fut  fond6e  Tabbaye  cistercienne,  une  abbaye  existait  deja  a 
une  petite  distance  de  la  nouvelle  fondation,  au  nord-est,  sur 
la  meme  rive  de  la  Gimone.  C'est  une  abbaye,  ou  plut6t  un 
convent  de  Benedictines  dont  la  superieure  prenait  le  nom 
d'Abbesse  et  que  Ton  appelait  le  convent  du  vieux  mur.  En 
face  de  celui-ci,  de  Tautre  cdt6  de  la  riviere  et  autour  de  Te- 
glise  de  Saint-Jean  que,  pour  cette  raison,  on  appelait  d6ji 
comme  on  Tappelle  encore  aujourd'hui,  Teglise  de  Samt- 
Jean  de  las  Monges,  se  trouvait  un  autre  etablissement  qui 
etait  comme  une  succursale  du  premier  et  lui  etait  soumis, 
quoiqu'il  e6t  son  existence  a  part  et  son  gouvernement  in- 
terieur  particulier,  a  la  tete  duquelse  trouvait  une  superieure 
qu'on  designait  sous  le  nom  de  Prieure.  On  se  demande 
comment  et  pourquoi  ces  deux  convents  avaient  et6  fondes 
en  cetendroit;  el  a  defaut  do  renseignements  precis,  on  pent 


Digitized  by 


Google 


—  113  — 

conjecturer  avec  assez  de  vraisemblance,  si  Ton  considereje 
bal  general  de  ces  sortes  d'institutions,  que  les  saintes  fllles 
qui  vivaient  la  y  avaient  ete  etablies  en  partie  pour  distribuer 
aux  enfants  de  leur  sexe  les  bienfails  de  rinstruction  et  d'une 
education  chretienne.  Cette  supposition  ne  paraitra  pas  tout 
i  fait  gratuile  si  Ton  fait  attention  que  les  benedictines,  de- 
doublement  de  Tordre  de  saint  Benoit,  n'etaient  pas  des  re- 
ligieuses  purement  contemplatives,  et  que  dans  leursmaisons 
le  temps  etait  partage  dans  une  juste  proportion,  comme  dans 
les  monasteres  d'hommes,  entre  le  travail  convenable  a  leur 
sexeet  les  exercices  religieux  prescrits  par  la  regie.  Le  travail 
intellectuel  n'y  etait  pas  moins  en  honneur  que  le  travail  ma- 
nuel;  et  dom  Gaeranger,  a  Foccasion  de  la  traduction  qu'il  a 
publiee  des  exercices  de  sainte  Gertrude,  une  benedictine, 
observe  avec  raison  que  « au  moyen  age,  les  monasldres  de 
fiUes  ilaient  souvent  des  ecoles  de  science. »  Dans  celui  qui 
re^jut  la  sainte  lorsqu'elle  n'etait  encore  Agee  que  de  cinq  ans 
tr  eUe  fut,  ajoute  D.  Gueranger,  imtruitenan-seulementdans 
les  lettres  dwines,  mais  encore  dans  les  arts  lib^aux,  comme 
on  disait  cUors,  et  elle  y  fit  de  si  grands  progrds  qu'elle  ^tmina 
souvent,  par  son  savoir,  les  plus  grands  docleurs.  » 

Nous  ne  voulons  pas  dire  que  les  choses  en  fussent  arri- 
vees  la  dans  les  monasteres  dont  nous  parlous.  Mais  il  nous 
semble  qu'il  n'est  pas  temeraire  de  supposer  qu'on  s'y  occu- 
pait  d'instruction;  et  si  cela  etait,  rinstruction  qu'on  y  donnait 
etait  certainement  dans  une  parfaite  harmonie  avec  la  con- 
dition sociale  des  populations  au  milieu  desquelles  et  pour 
lesquelles  ces  monasteres  avaient  ete  fondes.  Les  religieuses 
qui  les  habitaient,  soit  dit  en  passant,  appartenaient  genera- 
lement  aux  premieres  families  de  la  contree.  Nous  voyons  en 
particulier  qu'a  cette  epoque  une  fille  du  seigneur  de  Man- 
reus,  Alexandrine,  etait  prieure  du  convent  de  Saint-Jean  de 
las  Monges.  C'est  ainsi  que,  dans  tons  les  temps,  la  religion  de 
Jesus-Christ  a  inspire  les  memes  devouements  :  ce  que  nous 


Digitized  by 


Google 


—  Ill  — 

vpyons  aujourd'hui  li'est  que  la  remise  en  oeuvre  de  ce  qui 
se  faisait  il  y  a  cent  ans;  et  il  y  a  cent  ans  on  retrouvait, 
ameliorees  et  perfectionnees  par  Texperience  des  siecles,  les 
institutions  successivement  fondees  par  le  genie  Chretien, 
dont  on  pent  retrouver  la  trace  non  interrompue  jusqu'a 
Torigine  meme  de  TEglise. 

Tons  ceux  qui  sontunpeu  familiarises  avecledouzieme  el 
le  treizieme  siecle  ont  ete  certainement  frappes  comme  nous 
de  Texuberance  de  vie  qui  se  manifeste  partout  a  cette  epoque. 
C'est  particulierement  a  Toccasion  des  nombreuses  chartes 
de  coutumes  octroyees  plus  ou  moins  spontanement  pendant 
ces  deux  siecles  par  les  seigneurs  feodaux,  non-seulement  aux 
communautes  importantes  des  villes,  mais  encore  anx  plus 
petites  communautes  rurales,  que  cette  observation  s'est  sou- 
vent  presentee  a  notre  esprit.  En  les  parcourant  avec  une  cer- 
taine  attention,  on  est  bien  force  de  se  dire  qu'apres  tout  les 
hommes  de  cette  epoque,  que  les  ecrivains  d'une  certaine 
ecole  nous  representent  comme  plonges  dans  une  grossiere 
ignorance  et  abrutis  par  un  honteux  esclavage,  n'etaient  ni 
aussi  ignorants,  ni  aussi  serviles  qu'on  voudrait  le  faire  en- 
tendre; et  quand  on  voit  ces  m6mes  hommes,  pour  defendre 
leurs  droits  et  leurs  privileges,  ou  bien  encore  pour  en  obte- 
nir  Textension  ou  une  nouvelle  consecration,  deployer  une 
activite  et  faire  preuve  d'une  intelligence  de  leurs  droits  qu'on 
retrouverait  bien  difflcilement  aujourd'hui,  forcement  on 
doit  reconnaitre,  quand  d'ailleurs  on  n'aurait  pas  des  rensei- 
gnementsplus  precis  pour  Petablir,  que  les  masses  popu- 
laires  a  cette  epoque  n'etaient  pas  moins  eclairees  qu'aujour- 
d'hui.  D'oii  il  faut  conclure  que  les  moyens  d'acquerir  I'ins- 
truction  et  de  se  former  a  la  vie  socialc  n'etaient  pas  alors 
plus  rares  que  de  nos  jours. 

D'autres  actes  de  la  meme  epoque  relatifs  ala  vie  commu- 
nale  conduisent  a  la  meme  conclusion.  Pour  ce  qui  concerne 
Gin)ont  en  particulier,  nous  avons  retrouve,  presque  a  son 


Digitized  by 


Google 


—  115  — 

origine,  un  certain  nombre  de  ces  acles  :  proces-verbaux 
d'assemblees  commQnales,  syndicats,  compromis,  etc., 
emaaes  de  cette  communaute  pendant  les  quarante  pre- 
mieres annees  qui  suivirent  sa  fondation.  Quelques-uns 
sont  relatifs  aux  discussions  qui  ne  tarderent  pas  a  s'e- 
lever  entre  ses  habitants  et  Tabbaye;  d'autres  se  rappor- 
tent  a  des  contestations  concernant  la  juridiction  avec  les 
comraunautes  limitrophes;  d'autres  enfln  avaient  pour  objet 
d'afifermir  et  d'etendre  les  constitutions  communales  ou  de 
prevenir  les  contestations  et  dissensions  qui  auraient  pu  s'6- 
lever  entre  les  habitants,  en  fixant  d'avance,  pour  des  cas 
determines,  soit  les  droits,  soit  les  obligations  de  chaque  par- 
ticulier.  Dans  tons  ces  actes,  c'est  la  communaute  tout  entiere 
qui  est  appelee  a  intervenir;  et  de  fait,  quand  il  s'agit  de 
deliberer,  nous  trouvons  jusqu'a  trois  cents  individus  et 
au-dela,  nominativement  designes,  qui  prennent  part  a  la 
deliberation.  Les  questions  m6mes  soumises  a  la  deliberation, 
la  maniere  dont  on  les  traite,  Finteret  que  Ton  y  prend,  mon- 
trent  bien,  encore  une  fois,  que  la  masse  des  citoyens  etait 
au  courant  de  ces  afifaires  et  capable  de  les  comprendre.  En 
eflt-il  ete  ainsi  si  la  generalite  n'avait  pas  eu  a  sa  portee  les 
moyens  d'acquerir  instruction  que  cela  suppose?  Et  dans 
Tabsence  de  documents  plus  precis,  n'est-on  pas  en  droit  de 
conclure  de  Tensemble  de  tons  ces  faits,  que  les  ecoles  ne 
manquaient  pas  plus  alors  que  de  nos  jours,  que  ceux  qui 
avaient  le  gout  de  Tinstruction  pouvaient  a  leur  gre  le  satis- 
faire,  et  qu'en  realite  il  n'y  avait  que  ceux  qui  n'en  voulaient 
pas  ou  qui  en  etaient  naturellement  incapables  qui  en  fussent 
priv6s  ? 

II 

FONDATION  DU   COLLEGE. 

La  fondation  du  college,  projetee  d'abord  des  les  premieres 
annees  du  xvi*  sieclc,  n'eut  son  plein  et  entier  accomplisse- 


Digitized  by 


Google 


-   116  — 

meat  qa'au  commencement  du  xvn%  II  semblerait  au  pre- 
mier abord  que  cette  fondation  est  un  argument  centre  la 
these  que  nous  venons  de  soutenir.  Cependant  il  n'en  est 
rien.  Onpourrait,  au  contraire,  nous  semble-t-il,  en  lirer  une 
preuve  indirecte  en  sa  faveur.  Qu'on  remarque  bien  cette 
date  assez  precise  dans  sa  generalite,  a  laquelle  correspond 
la  premiere  idee  de  la  fondation,  c'est-a-dire  la  premiere 
moitie  du  xvf  siecle.  Qu'on  veuille  bien  aussi  se  souvenir  de 
la  revolution  qui  s'accomplissait  alors  en  Europe  dans  Tem- 
pire  des  lettres.  On  etait  aux  beaux  jours  de  la  renaissance 
qui  remit  en  honneur  la  litterature  paienne  de  la  Grece  et  de 
Rome,  plus  ou  moins  oubliee  durant  les  siecles  Chretiens  qui 
avaient  precede,  et  qui  jetait  le  discredit  sur  les  formes  litte- 
raires  du  moyen  age  et  les  methodes  d'enseignement  suivies 
jusqu'alors  dans  les  ecoles. 

Le  mouvemenl  partit  des  grands  centres  intellecluels.  Tons 
les  beaux  esprits  de  Tepoquele  suivirent  avec  enthousiasme, 
et  la  province  elle-m6me  emboita  le  pas  des  villes.  Or,  pour 
qu'il  en  fut  ainsi,  il  faut  bien  supposer  qu'il  y  avait  dans  la 
province  et  jusque  dans  nos  campagnes  bon  yombre  d'hom- 
mes  d'une  intelligence  assez  cultiv6e  pour  apprecier  et  gouter 
les  beautes  de  la  litterature  antique.  Gimont  nous  fournit  un 
exemple  frappant  de  l{i  maniere  dont  les  choses  devaient  se 
passer  dans  les  petites  villes  de  celte  categoric.  Quoique  jus- 
qu'alors  on  n'eiitpas  eu  d'etabUssement,  Tinstruction  supe- 
rieure,  les  lettres  y  etaient  en  honneur,  et  certainement  on  ne 
manquait  pas  de  maitres  pour  en  donner  les  premiers  ele- 
ments. Le  voisinage  de  Toulouse,  les  relations  frequentes 
que  Ton  avait  avec  cette  ville,  comme  tons  les  monuments 
de  Tepoque  Tattesteut,  y  attiraicnt  en  grand  nombre  les  jeu- 
nes  Gimontois,  qui,  apres  s'y  etre  prepares  par  llnstruation 
elementaire  re^ue  dans  la  ville  natale,  allaient  suivre  les  cours 
universilaires,  et  revenaieat  ensuite  chez  cux  avec  leurs  de- 
gres  academiques.  Aussi  les  hommes  de  loi,  les  avocats  y 


Digitized  by 


Google 


—   117  — 

etaient  nombreux,  assez  nonibreux  ni6me  pour  former  une 
corporation.  Un  des  consuls,  le  second  en  rang,  etait  tou- 
jours  pris  dans  cet  ordre. 

Au  reveil  de  la  renaissance  on  comprit  Tavantage  qu'il  y 
aurait  pour  la  ville  de  pouvoir  offrir  a  ses  enfants,  en  outre 
des  ecoles  oii  se  donnait  Finstruclion  primaire,  que  Ton  avait 
deja,  un  etablissement  ou  ils  pourraient  aussi  acquerir  Tins- 
truction  secondaire  et  ^pargner  ainsi  a  leurs  families  les 
grands  frais  qu'elles  devaient  faire  en  les  envoyant  ailleurs. 
La  question  fut  dfebattue  dans  les  conseils  de  la  commune, 
et  bientdt  fut  resolue  la  fondation  d'un  college  qui  reunirait 
toutes  les  branches  de  •  Tenseignement,  depuis  les  premiers 
principes  de  la  lecture  et  de  Tecriture  jusqu'a  la  philosophie 
inclusivement.  Pour  en  venir  a  Texecution,  on  dut  bien  sans 
doute  affecter  a  la  depense  toutes  les  ressources  communa- 
les.  Mais  elles  n'auraient  pas  suffl  pour  amener  a  bonne  fin 
une  entreprise  de  cette  importance,  Des  dons  particuliers 
vinrent  en  aide  et  Ton  fit  aussi  appel  au  clerge  de  Lombez 
pour  y  contribuer  de  ses  revenus. 

Nous  connaissons  les  noms  de  deux  des  principaux  bien- 
faiteurs.  L'un  etait  Hugues  Besombes,  et  Tautre,  Marguerite 
Lagravere.  On  ne  dit  pas  dans  quelle  proportion  chacan  d'eux 
contribua  a  la  fondation;  mais  il  semblerait  que  Templace- 
ment  occupe  par  les  batiments,  et  peut-etre  les  batiments 
primitifs  eux-memes,  aux  moins  en  partie,  aient  ete  donnes 
par  Tun  des  deux.  D'un  acte  de  declaration  de  revenu  faite 
au  bureau  eccl6siastique  de  Lombez,  en  date  du  20  avril 
1730,  pour  les  biens  et  rentes  appartenant  au  college  de 
Gimont,  il  resulte  qu'alors  le  college  possedait,  en  outre  de 
la  rente  que  lui  faisait  la  ville,  une  metairie  situee  dans  le 
consulat  ou  Ton  semait  annuellement  quinze  sacs  de  ble,  avec 
des  vignes  qui  donnaient  en  moyenne  cinquante  pipots  de 
vin  ou  dix  muids  mesure  de  Paris,  et  un  bois  dont  la  conte- 
nance  n'est  pas  marquee.  II  y  a  aussi  lieu  de  croire  que  cette 


Digitized  by 


Google 


I: 


—  118  — 

melairie  avec  ses  dependances  avail  ete  donnee  par  un  des 
deux  bienfaiteurs  deja  nommes. 

Dans  Tintention  des  promoteurs  de  la  fondation,  tant  du 
clerge  que  de  la  ville,  riustruction  devalt  se  donner  gratui- 
tementdans  le  nouvel  etablissement.  Mais  pour  en  venir  la, 
il  fallait  bien  commencer  par  lui  faire  une  dotation  conve- 
nable  pour  assurer  aux  maitres  qu'on  y  appellerait  une 
honnete  retribution.  Le  clerge  et  la  communaute  la  prirent  a 
leur  charge  et  alors  les  consuls  flrent  leurs  instances  pour 
obtenir  du  souverain  des  lettres  patentes  d'erection  neces- 
saires  pour  donner  an  college  une  existence  legale.  Ces  let- 
tres furent,  en  effet,  octroyfees  par  Francois  I"  en  TannSe  i  555. 

Quand  on  voulutmettre  ces  lettres  a  execution,  le  clerge  et 
la  ville  ne  furent  pas  d'accord,  sans  doute  parce  que  le  clerge 
trouvait  exageree  la  partmise  a  sa  charge  dans  la  dotation  du 
college.  La  division  en  vint  a  ce  point  que  Taflfaire  fut  portee 
au  Parlement  de  Toulouse  et  donna  lieu  a  un  proces  qui  dura 
plusieurs  annees.  Enfln,  sous  le  regne  de  Henri  III,  nous  ne 
Savons  en  quelle  annee,  ce  proces  fut  vide,  et  on  s'adressa  a 
ce  prince  pour  obtenir  de  nouvelles  lettres  patentes  confir- 
mant  les  premiferes.  EUes  furent,  en  effet,  exp6diees.  Mais  de 
nouvelles  difflcultes  surgirent  qui  enlrainferent  de  nouveaux 
retards,  et  le  siecle  arriva  a  sa  fin  qu'il  n'y  avait  encore  rien  de 
fait,  n  est  possible  qu'un  defaut  d'entente  entre  le  clerge  et 
la  ville  fut  toujours  pour  beaucoup  en  tout  cela;  mais  il  y  a 
apparence  aussi  que  les  troubles  religieux  qui  desolaient 
alors  la  France  et  dont  ces  contrees  ressentirent  parliculiere- 
ment  les  lamentables  effets  y  contribuerent  pour  une  large 
part. 

Enfln  dans  les  premieres  ann6es  du  regne  de  Louis  XIII, 
les  difncultes  flnirent  de  s'aplanir.  On  oblint  alors  de  ce 
prince  de  nouvelles  lettres  patentes  et  rien  ne  s'opposa  plus 
a  Ferection  definitive.  Au  sujet  de  la  dotation  Pentente  s'etait 
etablie  entre  le  clerge  et  la  ville,  soit  d'un  commun  accord. 


Digitized  by 


Google 


soil  que  raulorite  fut  intervenue  pour  flxer  deflnitivemenl 
leur  part  respective  dans  la  dotation.  Nous  ne  connaissons 
pas  les  termes  du  reglement  qui  fut  fait  a  cet  6gard;  mais  il 
parait  que  la  part  du  clerge  fut  fixee  aux  deux  tiers  et  que 
Taulre  tiers  demeurait  a  la  charge  do  la  ville.  * 

En  ce  temps-la  la  situation  de  la  communaut6  de  Gimont, 
au  point  de  vue  financier,  n'etait  pas  brillante.  Les  discordes 
civiles  avaient  porte  la  mine  dans  le  pays,  et  ses  habitants 
etaient  generalement  reduits  k  une  aflfreuse  misere.  Les  com- 
munautesn'etaientpas  plus  aTaiseque  les  particuliers.  Toutes 
se  trouvaient  oberees  de  dettes,  qu'elles  avaient  ete  forc6es 
de  contracter  pour  acquitter  d'enormes  contributions  de 
guerre  dont  elles  etaient  incessamment  frappees,  tant6t  par  un 
parti,  tantdt  par  Fautre,  quelquefois  meme,  dans  une  seule 
annee,  par  les  deux  a  la  fois,  suivant  les  chances  des  evene- 
ments  qui  se  succedaient.  Nous  n'avons  pas  pu  decouvrir  le 
chiffre  exact  de  la  dette  de  Gimont;  nous  savons  seulement 
qu'il  etait  tres-eleve.  La  ville  avait  emprunte  partout  ou  on 
avait  voulu  lui  preler.  Elle  devait  des  sommes  considerables  a 
divers  particuliers;  elle  devait  aux  religieux  dePabbaye;  elle 
devait  au  clerge  de  Lombez,  Au  clerge  seulement,  elle  faisait 
de  rente  annuelle,  pour  la  somme  quil  lui  avait  pretee,  pres 
de  onze  cents  livres.  Quoi  d'etonnant  que,  dans  une  pareiUe 
situation,  la  fondation  du  college  ait  eprouve  des  retards !  II  y 
aurait  bien  plutdtlieu  d'etre  surpris  quele  decouragementn'ait 
pas  gagne  tout  le  monde  et  que  le  projet  n'ait  pas  et6  aban- 
donne. 

Comme  nous  Tavons  deja  dit,  d'apres  ce  qui  avait  ete  regie, 
le  clerge  devait  payer  les  deux  tiers  de  la  dotation  a  faire  au 
college,  et  le  reste  demeurait  a  la  charge  de  la  ville.  Sans 
vouloir  revenir  sur  ces  arrangements,  le  clerge  pour  se  liberer 
d'un  seul  coupet  pour  loujours  de  ses  obUgations,  ofifrit  a  la 
communaute  de  lui  faire  cession  de  sa  cr^ance,  a  la  condition 
que  celle-ci  paierait  au  college,  a  perpetuite,  la  rente  que  jus-* 


Digitized  by 


Google 


—  1-20  — 

qu'alors  elle  avait  payee  auclerge  lui-m6me  el  que  moyennaut 
cette  substitution  il  serait  pour  lou jours  degag6  de  toute 
obligation.  La  proposition  fut  acceptte  par  la  communaute, 
qui  demeura  ainsi  charg6e  de  la  totalite  de  la  dotation. 

II  ne  restait  plus  qu'a  trouver  des  maitres  capables  pour 
mettre  a  la  t6te  de  TStablissement.  D'accord,  sans  aucun 
doute,  avec  Tautorite  dioc6saine,  les  consuls  pr6senterent  leur 
requAte  aux  Peres  de  la  Doctrine  chretienne,  societe  de  pretres 
vouee  a  Tinstruction  de  la  jeunesse,  depuis  pen  erig6e  en 
religion,  qui  avait  a  Toulouse  une  maison  imporlante.  L'en- 
seignement  a  tons  ses  degres,  depuis  les  premiers  principes 
de  lecture  et  d'ecriture  jusqu'ala  philosophie  inclusivement, 
etail  le  but  que  se  proposait  cette  congregation.  Elle  r6pon- 
dait  ainsi  parfaitement  aux  vues  de  la  ville  aussi  bien  qu'^ 
celles  du  clerge,  dont  elle  favorisait  le  recrulement  endonnant 
Tenseignement  litteraire  aux  eleves  qui  se  destinaient  au 
sacerdoce  (1). 

La  requ6te  des  consuls  fut  favorablement  accueillie  et  leur 
proposition  aussi I6t  acceptee.  On  se  mit  d'accord  sur  .les 
conditions  qui  furent  redigees  en  acte  public  a  Gimont  meme. 


(1)  II  y  ent  deax  congregations  de  la  Doctrine  chretienne,  rune  en  Italie  et 
I'autre  en  France.  Celle  de  France  qui  prit  le  college  de  Gimont,  fut  fondle  par  ie 
P.  Cesar  de  Bus,  mort  en  odeur  de  saintete  le  jour  de  Piques,  15  ayril  1607.  Dans 
le  principe  on  ne  faisait  dans  cette  congregation  qne  le  vcen  d'obeissance.  Mais  en 
1614,  le  pere  Vigier,  qui  avait  snccede  a  Cesar  dc  Bus,  la  fit  eriger  en  vraie  religion, 
sujelle  anx  Toeux  solennels.  En  1616,  le  Pape  Panl  V  exigea  qii'il  s'nntt  k  une 
autre  congregation  deji  etablie,  et  il  donna  la  preference^  celle  des  Somasques, 

'  clercs  regulicrs  do  la  congregation  de  Saint-Mayeul,  ainsi  nommee  du  .village  de  So- 
masques,  en  Lombardie,  entre  AlUan  et  Bergame,  ou  residait  le  superieur  de  cet 
ordre  qui  suivait  la  regie  de  saint  Augustin.  Cette  union  ne  dura  qne  jusqu'4  1647.  La 
separation  fut  prononcet  par  lepape  Innocent  X  qui  rendit  k  la  congregation  des 
doctrinaires  francais  son  independance  et  la  retablit  dans  son  etat  primitif.  Elle  eut 
depuis  lors  son  general  particulier  qui  etait  toujours  un  Francais.  Elle  etait  divisee 
en  provinces,  et  en  France  seulement  elle  en  avait  trois  dont  le8  chels-lienx  etaient 
Avignon,  Paris  et  Toulouse.  Au  moment  de  la  Revolution,  elle  avait  trente-huit 
maisons  pour  ces  trois  provinces,  et  sur  ce  nombre  il  y  avait  vingt-six  colleges.  Les 
erreurs  jansenistes  avaient  grandement  infecte  la  plupart  de  ces  maisons.  II  y  eut 
un  grand  nombre  de  defections  pendant  les  jours  d'epreuve,  et  beaucoup  d'anciens 
doctrinaires  donnerent  dans  les  plus  grands  excds.  Ce  fat  partieulierement  le  cas  a 

*  OimoDt. 


Digitized  by 


Google 


—  121  — 

ou  les  Peres  Antoiiie  Vigier,  provincial  en  France  do  sa  congre- 
gation, et  Gabriel  Dnfor,  vice-recteur  du  college  Saint-Rome, 
a  Toulouse,  s'etaient  rendus  acette  fin,  le25aout  1621.  En 
meme  temps,  ils  prirent  possession  del'etablissement  et  firent 
toutes  leurs  dispositions  pour  6tre  en  mesure  d'entrer  en 
fonclions  a  Touverture  de  I'annee  scolaire  1621-1622  (1). 

L'acle  de  bail  fut  retenu  par  M'  Gachies  Labourdere,  no- 
laire  de  Gimont,  donl  les  papiers  sont  perdus;  du  moins, 
nous  n'en  avons  trouve  aucun  vestige  dans  Tune  ni  dans 
Tautre  des  etudes  qui  sont  aujourd'hui  a  Gimont.  U  etait 
done  inutile  de  chercher  la  minute  originale  de  Facte  dont 
nous  parlous.  Nous  comprenions  cependant  de  quelle  impor- 
tance il  etait  pour  notre  travail  d'en  connaitre  le  texte,  el 
nous  ne  neglige^mes  rien  pour  en  decouvrir  une  copie.  Pen- 
dant longtemps  nos  recherches  furent  infructueuses.  Ce  n'est 
que  depuis  quelques  mois  qu'une  copie,  qui  date  deja  de  loin, 
faite  sur  un  expedie  en  bonne  et  due  forme  delivre  par  M' 
Laurens  Labourdere,  fils  et  successeur  de  Gachies,  copie 
qui,  probablement,  avait  et6  faite  jadis  par  un  pere  du  col- 
lege dont  nous  avons  cru  reconnaitre  Tecriture,  est  tombee 
fort  a  propos  entre  nos  mains;  nous  en  devons  la  communi- 
cation a  Tobligeance  de  M.  Tabbe  Tardivail,  cure  de  Malartic, 
et  autrefois  vicaire  de  Gimont,  a  qui  nous  sommes  heureux 
de  pouvoir  oflfrir  ici,  publiquement,  Texpression  de  notre  re- 
connaissance. Nous  donnons,  d'apres  cette  copie,  le  texte 
integral  de  eel  acte  important  : 

Uan  mil  six  cents  vingt-un,  troisifeme  jDur  du  mois  d'aoust,  en  la 
ville  de  Gimont,  au  diocese  de  Lombez  et  senechauss^e  de  Tou- 
louse, et  dans  la  maison  commune  de  ladite  ville,  apres  midi;  re- 
gnant prince  tres-chretien  Louis  par  la  grace  de  Dieu  roi  de  France 
et  de  Navarre;  par  devant  moi,  notaire  royal  soussign6,   et  en  pr6- 

(1)  Ce  serait  ane  erreur  de  croire  qu'ayant  cette  ^poqne  le  college  dlait  demeard 
d^ert  etqa'il  n'y  ayait  pas  d'enseigDement.  U  est  trds-probable  au  coDlraire  qiiMi 
avait  ^t^  occnpd  d^s  le  temps  de  sa  premiere  dzeclion  sous  Francois  1*'.  Mais  tout 
fut  prdcaire  et  iacomplet  ju8qu'4  r^rection  definitive  de  16^1. 

Toms  XVUL  9 


Digitized  by 


Google 


—   i2i  — 

sence  des  t^moins  bas  uommes,  a  ot6  present  eu  sa  personne  M* 
Louis  Daignan,  docteur  et  avocat  en  la  cour,  sieur  de  Larrumeau, 
!•'  consul  de  ladite  ville,  faisant  tant  pour  lui  quo  pour  Messieurs 
ses  collegues,  habitants  et  communautt5  d'icelle,  lequel  de  son  bon 
gr^  et  suivant  les  deliberations  du  conseil  tenues  en  ladite  Maison 
de  Ville,  a  bailU  et  bailie  d  perp^iuiU,  aux  Peres  de  la  Doctrine 
chr^tienne  de  la  congregation  de  Somasques,  pour  eux  R.  Pfere 
Antoine  Vigier,  prfitre  et  provincial  en  France  des  Peres  de  ladite 
congregation,  et  Gabriel  Dufor,  aussi  pr^tre  et  vice-recteur  du 
college  Saint-Rome,  en  Toulouse,  presents,  stipulants  et  acceptants, 
etlesquels  promettent  faire  ratifier  le  present  contrat  par  le  conseil 
ordonne  par  le  concile  provincial,  savoir  :  le  college  de  ladite  ville, 
sous  les  pactes,  conditions,  qualifications  et  reservations  suivantes, 
savoir : 

Que  ledit  sieur  consul  bailie,  audit  nom,  ledit  college  qu'ils  ont 
dans  Tenclos  de  la  presente  ville,  dit  de  Saint-Nicolas,  afin  que  la 
jeunesse  y  soit  instruite  par  lesdits  Peres,  tant  aux  bonnes  lettres, 
piete,  que  doctrine  chretienne,  et  lequel  college  ledit  sieur  consul 
bailie  auxdits  Peres  en  etat  d'y  faire  leur  habitation  convenable; 
commengant  ledit  exeruice  a  la  tete  de  saint  Luc  prochaine,  auquel 
effet  lesdits  Pferes  seront  tenus  d'y  pourvoir  de  personnes  de  leur 
congregation,  suffisantes  et  capables  pour  y  faire  contiuuellement 
ledit  exercice  en  six  classes  par  six  regents,  savoir  :  la  5«  ou  ils  se- 
ront tenus  k  faire  lire  les  enfants;  aux  autres,  les  rudiments  et  tout 
ce  qui  est  propre  et  necessaire  en  ladite  classe.  Comme  aussi  en  4«, 
3«,  2«  et  l'^,  ensemble  la  philosophic,  les  cours  de  laquelle  ils  feront 
parfaitement  de  deux  ans  en  deux  ans.  Et  annuellement,  aux  entrees, 
ceux  qui  seront  commis  aux  exercices  desdites  classes,  seront  tenus 
de  fkire  logon  publique  ou  Messieurs  les  magistrats  de  la  ville  seront 
appelespour  Tapprobation  d'iceux,  juger  et  connaitre  de  leur  capa- 
cite,  comme  aussi  lesdits  Peres  seront  tenus  deux  fois  dans  Tannee 
faire  faire  declamations  et  actions  classiques  a  tels  qu'ils  adjugeront 
desecohers;  et  soutenir  les  disputes  generales  et  publiques,  outre  les 
ordinaires,  savoir :  i  la  fin  de  la  logique  et  du  cours  entier  de  philo- 
sophic; et  pareillement  de  deux  en  deux  ans,  fairont  representor 
quelque  tragedie  ou  commedie  aux  frais  des  acteurs,  appeies  k  ce 
dessus,  comme  dit  est,  Messieurs  les  Magistrats.  Et  les  logons  or- 
dinaires se  fairont  deux  fois  le  jour.  Seront  tenus  lesdits  Pferes  faire 
imprimer  annuellement  le  catalogue  des  livres  qu'ils  voudront  faire 
lire  ez  3usdites  classes  et  ceiebrer  tous  les  lundis  une  messe  basse 


Digitized  by 


Google 


—  123  — 

pourl'dme  de  feu  Hugues  Besombes,  et  ie  Salve  Regina  tous  les 
samedis  pourl'dme  de  feue  Marguerite  Lagrav^re,  bienfaiteurs  dudit 
college,  a  quoi  assisteront  lesdits  ^eoliers;  ce  qui  sera  fait  et  c616br6 
a  Tautel  dudit  college.  Les  susdits  consuls  seront  tenus  une  fois  tant 
seulemeut  de  bailler  et  foumir  aux  susdits  PSres  les  meubles  suivant 
le  roole  et  estat  qui  en  a  ^t^  dress6,  duquel  chacune  des  parties  en  a 
rotir6  une  copie  trfes-pertinemment  sign^e;  et  pareillement  lesdits 
Peres  seront  tenus  tenir  en  bon  estat  le  susdit  college,  et  d*y  faire 
ci-apres  les  reparations  n^cessaires  sans  que,  pour  raison  de  ce,  ils 
puissent  a  Tavenir  avoir  nul  recours  centre  ladite  ville,  ni  aussi  pour 
aucun  ameublement,  comme  dit  est. 

Et  pour  Tentretienement  et  sout^nement  de   tout  ce  dessus  la 
communaut^  de  ladite  ville  promet   payer  auxdits  Pferes  la  somme 
de  mille  cinq  cents  livres,  savoir :  cinq  cents  livres   au  1"  septem- 
bre,  cinq  cents  livres-au  15  f^vrier  et  les  cinq  cents  restantes  pour 
parfaife  ledit  payement  entier,  au  15  juin.  Pacte  convenu  et  ticcord6 
que  moyennant  le  payement  de  ladite   somme  de  mille  cinq  cents 
livres,  et  pour  pouvoir  satisfaire  k  icelle,  les  susdits  consuls  joui- 
ront  et  se  r^servent  d'ors  et  d^ja  par  exprfes,  les  condamnations  or- 
donn^es  a  prendre  annuellement   sur   les  benefices  du  diocfese  de 
Lombez,  et  g^neralement  tous  autres  droits,   16gats,  rentes  et  pen- 
sions d^ja  acquises  et  ordonnees  en  faveur  dudit  college,  ^ur  lesquels 
lesdits  Peres  ne  pourront  pr<5tendre  aucun  droit;  comme  aussi  touts 
.  autres  legats,   rentes  et  pensions  que  par  ci-apres  pourront  dtre 
faites  et  procur^es  par  le  general  ou  particulier  des  habitants  de  la- 
dite ville,  donn^es  et  conferees  en  favour  dudit  college  a  la  decharge 
de  ladite  ville,  en  tantmoins  et  attenuation  des  susdites  quinze  cents 
livres.  Et  en  cas  ladite  communaut^  voudrait  se  rachepter  de  ladite 
rente  ou  partie  d'icelle,  les  susdits  Peres  sferont  tenus  en  accepter 
rindication  qui  leur  en  sera   faite,  k  la  charge  qu'ils  pourront  en 
jouir  sauf  leur  inter^t  et  prejudice.  Plus  seront  tenus  les  susdits 
Pferes  faire  conduire  et  mener  les  ecoliers  aux  processions  g^nerales 
par  leurs  r^genis  ou  partie  d'iceux. 

Seront  lesdits  Peres  quittes  et  exempts  de  toute  charge  personnelle 
et  de  Tentr^e  du  vin  qu*ils  achepteront  pour  leur  provision.  Et  en 
cas  lesdits  precepteurs  commis  k  faire  les  susdites  classes  ne  feraient 
bien  leur  devoir,  les  susdits  consuls  s'en  plaindront  au  sup^rieur  ou 
recteur  dudit  college.  Et  ou  ils  n*y  remedieront,  sera  permis  auxdits 
sieurs  consuls  d'y  proceder  comme  ils  verront  Stre  a  faire. 
Pour  raison  desquels  pactes  et  tout  le  contenu  au  present  contract, 


Digitized  by 


Googk 


—  124  -- 

lesdites  parties  respectivement  ont  promis  et  proraettent  tenir,  garder 
et  observer,  et  n*y  contrevenir,  sous  hypotheque  et  obligation  des 
biens  dudit  college  lesdits  Peres;  et  les  consuls  des  biens  de  la  com- 
munaut^  de  ladite  ville,  qu'ont  soumis  a  tons  jugements  de  justice, 
forces  et  rigueurs  de  secours  et  cours  temporelles  da  present  royaume 
de  France.  Et  ainsi  Tont  jur^,  lesdits  Peres  les  mains  mises  sur  leur 
poitrine,  et  lesdits  consuls  aux  saints  Evangiles  de  Dieu,  ez  pr^ 
sences  de  mattres  Frangois  Biane,  Jean  Briget,  Frangois  Cahusac, 
prfitres;  Jeande  Marcassus,  bourgeois,  et  Jean  Lablanche,  marchand, 
dudit  Gimont  habitants,  t^moins  a  ce  appel^'s,  soussign^s  avec  les 
parties,  et  moi  Labourdere,  notaire  royal.  —  Daignan-Larrumeau, 
consul;  Vigier,  provincial;  Gabriel  Dufor,  vice-recteur;  Briget,  prStre, 
present  :  Biane,  prfitre,  present  :  Fr.  Cahusac,  present :  Jean  de 
Marcassus;  Jean  de  Lablanche,  Labourdfere,  notaire  royal,  ainsi 
signes  k  la  cfede  dont  le  present  a  ete  tii6  par  moi  Laurent  Labour- 
dire,  notaire  royal  et  gdrde-note  des  cides  et  protocoles  de  feu 
M*  Gachies  Labourdere,  mon  pere,  aussi  notaire  dudit  Gimont, 
quand  vivait,  sans  y  avoir  rien  ajout^  ni  diminue.  En  foi  de  quoi  et 
k  la  requfite  de  R.  Pere  Courrent,  pr6tre  et  recteur  du  college  de  la 
pr6sente  ville,  le  25«  du  mois  d*avril  1651.  —  Labourdere,  notaire 
royal. 

On  voudra  bien  remarquer  que  dans  cet  acte  il  n'est  pas  fait 
mention  des  batiments  du  college,  non  plus  que  des  biens  fonds 
qui  en  dependaient.  Y*avait-il  eu  pour  ces  objels  des  stipula- 
tions particulieres  et  un  acte  separe?  C'est  assez  vraisemblable, 
mais  nous  n'oserions  rien  affirmer.  Nous  augurons  de  certaines 
particularites  de  Facte  meme  de  bail  qu'on  vient  de  lire  que 
la  propri6te  des  b&timeots  et  des  biens  fonds  avait  6te  cedee 
h  la  congregation.  Ainsi,  pour  ne  citer  que  ce  fait,  on  dit  que 
les  parties  promettent  de  tenir,  garder  et  observer,  etc.,  sous 
hypotheque,  les  Peres,  des  biens  du  college,  ^t  les  consuls, 
de  ceux  de  la  communaute.  Aurait-on  pu  s'exprimer  de  la 
sorte,  si  les  biens  dependants  du  college  n'avaient  pas  ete  la 
propriele  de  la  congregation  et  etaient  demeures  entre  les 
mains  de  la  communaute?  II  est  d'ailleurs  certain  que,  au 
moment  de  la  revolution,  c'etait  en  efifet  la  congregation  qui 
6tait  consider^e  comme  proprietau*e  et  que  c'est  pour  ce  motif 


Digitized  by 


Google' 


—  125  — 

que  ces  biens  et  le  coll6ge  Iui-m6me  farent  consideres  comme 
proprietes  ecclesiastiques,  et  compris  dans  la  conflscation  en 
masse  de  ces  proprietes. 

II  n'aura  cerlainement  echappe  a  personne  que,  d'apres  les 
stipulations  de  Facte  de  bail,  Tinstruction  a  tons  les  degres 
fetait  donnee  dans  Tetablissement,  commen^ant  par  les  prin- 
cipes  de  la  lecture  et  se  completant  par  deux  annees  de  philo- 
sophie.  De  plus,  cette  instruction  se  donnait  gratuitoment, 
sans  aucune  espece  de  distinction,  a  ceux  qui  voulaient  en 
proflter.  Tout  le  monde  y  avait  un  droit  egal,  et  Ton  pent  voir 
par  la  que  le  pauvre,  sous  ce  rapport,  n'etait  pas,  dans  ces 
temps-la,  plus  desherite  que  le  riche,  et  quenos  peressavaient, 
au  moins  aussi  bien  que  nous,  trouver  les  moyens  de  lui  venir 
en  aide  pour  lui  faciliter  Tacquisition  d'une  instruction  eten- 
due.  On  ne  faisait  pas  a  cette  epoque,  au  sujet  de  cette  question, 
tant  de  bruit  qu'aujourd'hui;  mais  sans  beaucoup  discourir, 
on  agissail,  etsous  I'inspiration  de  la  foi  chretienne,  on  faisait 
des  merveilles  que  les  libres-penseurs,  quels  qu'ils  soient,  ne 
paniendront  jamais  a  egaler,  auraient-ils  a  leur  disposition 
des  ressources  materielles  encore  plus  abondantes  que  celles 
qui  sont  entre  leurs  mains. 

L'etablissement  du  college  de  Gimont  fut  encore  conflrme 
par  lettres-patentes  du  12  avril  1658.  Nous  n'en  connaissons 
pas  la  teneur,  non  plus  que  des  precedentes. 

R.  DUBORD, 

prdtre,  cur^  d'Anbiet. 
Aubiet,  le  17  fevrier  1877. 

(A  suivre.) 


Digitized  by 


Google 


12fi  — 


LA  DEVEZE. 


HISTOIRE  MUNIOIPALE  ET  CIVILE  <*)• 

m. 

Tursan  d'Espagnel,  gouveraeur  de  La  Dev6ze.  —  Ses  lettres  de  provision.  — 
II  veut  faire  construire  une  prison  et  d^molirles  portes  dela  ville.  — Recours 
de  la  municipality  au  conseil  du  Roi.  —  Refus.  —  Erection  de  Tursan  en 
fief  noble.  —  Vains  efforts  de  la  municipalite  pour  la  construction  d'6difices 
publics. 

Par  lettres  royales  du  18  juin  1767,  M.  Pierre-Andre- 
Gabriel  Tursan  d'Espagnet  fils,  conseiller  au  Parlement  de 
Pau,  fut  pourvu  de  I'office  a  vie  de  Gouverneur  de  la  ville  et 
chateau  de  La  Deveze.  II  eut  a  verser  au  prealable  (25  Jan- 
vier 1767),  pourlepaiement  de  eel  office,  lasomme  de  six 
mille  livres  au  Tresor  des  revenus  casuels  de  la  Couronne; 
le  serment  d'usage  fut  prete  le  27  septembre  1767,  parM. 
d'Espagnet,  entre  les  mains  de  M.  Pierre-Gaston  Gillet,  cheva- 
lier, seigneur  marquis  de  Lacaze,  comtedeCastelnau-d'Auzan, 
vicomte  de  Gabardan,  conseiller  du  Roi  en  tons  ses  conseils, 
conseiller  d'honneur  au  Parlement  de  Bordeaux,  et  premier 
President  au  Parlement  de  Navarre.  M.  de  Lacaze  avail  re^u 
delegation  de  M,  Rene-Charles  de  Maupeou,  chevalier,  vice- 
chancelier,  garde  des  sceaux  de  France,  par  lettre  du  12  juil- 
let  1767. 

Pour  Fenregistrement  deces  lettres  de  provision,  M.  d'Es- 
pagnet  manda  aupres  du  corps  de  ville  de  La  Deveze,  M. 
Pierre  Trinqualie,  bourgeois  de  Riscle,  qui  le  presenta  devant 

(1)  Voyez  livr.  de  Janvier,  p.  13, 


Digitized  by 


Google 


—  127  — 

le  conseil,  le  10  octobrel767.  M.  Triaqualie  n'ayant  pu 
produire  des  preuves  officieUes  de  sa  delegation,  le  Conseil 
se  refusa  a  Tenterinement  des  lettres,  et  exigea  que  M.  d'Es- 
pagnet  se  present&ten  personne  ou  que  son  deleguefiit  muni 
d'une  procuration  speciale. 

M.  d'Espagnet  en  refera  a  M.  de  Maupeou;  celui*ci  repon- 
dit  a  MM.  les  officiers  municipaux  de  La  Deveze,  lel2  no- 
vembre  1767,  que  la  formalite  de  la  procuration  speciale 
n'etait  nuUenient  necessaire.  Des  lors,  ces  Messieurs  s'em- 
prcsserent  de  donner  satisfaction  a  M.  d'Espagnet. 

Nous  nous  permettons  de  reproduire  les  lettres  de  provi- 
sion delivrees  a  M.  d'Espagnet,  la  quittance  de  la  finance,  la 
commission  de  M.  de  Maupeou,  et  le  proces-verbal  de  la  pres- 
tation du  serment  (1).  Nos  lecteurs  verront  par  la  suite  du 
recit  que  si  M.  d'Espagnet  abien  voulu  « jouiret  user  plei- 
»  nement  des  honneurs,  fonctions,  rang,  seances,  exemp- 
»  tions,  privileges,  prerogatives,  gages,  droits,  fruits,  pro- 
»  fits,  revenus  et  emoluments  de  son  titre,  »  il  a  parfois  me- 
connu  la  noble  et  delicate  mission  de  faire  vivre  par  ses  bons 
precedes  les  habitants  de  La  Deveze  «  en  bonne  union  et 
»  Concorde  les  uns  avec  les  autres  et  de  les  tenir  dans  le  res- 
»  pect  et  obeissance  dus  a  Tautorite  Royale.  »  S'il  eut  com- 
pris  dans  un  sens  plus  vrai  parce  qu'il  eut  6te  plus  chr6tien, 
les  « privileges  et  prerogatives  de  la  noblesse  (2), »  il  eAtpre- 
venu  peut-etre  ce  d^bordement  des  passions  populaires  qui 
ont  si  fort  agite  notre  pays  a  Fepoque  si  tristement  celebre 
dela  grande  Revolution. 

Provisions  de  V office  de  Gouvernevr  de  la  vUle  de  La  Devdze, 
en  faveur  deM.de  Tursan  d'Espagnet. 

Louis,  par  la  gr&ce  de  Dieu,  Roi  de  France  et  de  Navarre,  i  tous 
ceux  qui  ces  pr^sentes  verront,  salut.  Nous  avons  par  Notre  d^cla- 

(1)  Deliberation  do  3  decembre  1767. 

(2)  Il  avail  ete  r^gie  par  le  Roi  que  les  offices  de  Gouvernenr  dans  les  villes  closes 
da  Royanme  ne  seraient  def^r^s  qn'aux  nobles  d'extraclion  ou  autres  jouissant  de 
la  noblesse. 


Digitized  by 


Google 


—  128  — 

ration  du  4  mai  1766  ordonn^  qu  a  Tavenir  il  ne  sera  par  Nous  pourvu 
qu'a  vie  aux  offices  de  Gouverneur  et  de  Nos  Lieutenants  cre^s  dans 
les  villes  closes  de  Notre  Royaume  par  Notre  edit  du  mois  de  no- 
vembre  1733,  et  que  restent  a  Tavenir  nos  revenus  casuels  :  Nous 
avons  ordonn^  en  outre,  par  arrSt  de  Notre  conseil  du  premier  juin 
de  ladite  annee  1766,  qu'il  ne  pourra  6tre  pourvu  auxdits  offices  de 
Gouverneurs  et  de  Nos  Lieutenants  dans  les  villes  closes  de  Notre 
Royaume  que  des  sujets  capables  soit  officiers  do  Nos  troupes  ac- 
tuellement  a  Notre  service  ou  qui  en  seront  retires,  soit  Nobles  d'ex- 
traction  ou  autres  jouissant  de  la  noblesse,  qui  les  pourront  tenir  et 
exercer  sans  incompatibility  avec  tons  autres  offices,  en  payant  par 
eux  en  Nos  revenus  casuels  la  finance  desdits  offices. 

Suivantles  rdles  ^rr^.t^s  en  Notre  conseil  conformement  and.  ^dit, 
a  Notre  declaration  et  aud.  arr6t  de  Notre  conseil,  Notre  am6  et  feal 
con seiller  en  Notre  courdeParlement  de  Pau,  le  s.  Pierre  Gabriel 
de  Tursan  d'Espagnet  ayant  paye  en  Nos  revenus  casuels  la  finance 
a  laquelle  Toffice  de  Gouverneur  de  la  ville  de  La  Deveze,  g^n^ra- 
lite  d*Auch,  a  ^te  taxe,  ainsi  qu*il  parait  par  la  quittance  de  finance 
dud.  office  cy  attach^e  sous  le  centre  seel  de  Notre  chancelerie, 
Nous  avons  eu  agreable  de  le  pourvoir  dud.  office,  persuaded  qu'il 
remplira  avec  vigilance  toutes  les  fonctions  qui  en  dependent,  et 
qu*il  Nous  donnera  en  toutes  occasions  des  preuves  de  zele,  fidelite 
et  afiection  a  Notre  service. 

A  ces  causes,  Nous  avons  aud.  s.  de  Tursan  d'Espagnet  donne  et 
octroye,  donnons  et  octroyons  par  ces  presentes  Sign^es  de  Notre 
main  Toffice  de  Gouverneur  de  la  ville  de  La  Deveze,  cr^^  et  ^tabli 
par  Notre  edit  du  mois  de  novembre  1733  et  auquel  n'a  point  encore 
6te  pourvu,  pour  led.  office  avoir,  tenir  et  exercer,  en  jouir  et  user 
par  led.  s.  de  Tursan  d'Espagnet  sans  incompatibility  avec  tons  autres 
offices,  aux  gages,  appointements,  logements  ou  usteusiles  dont  sera 
fait  fonds  annuellement  dans  I'^tat  de  I'ordonnarice  de  Nos  guerres, 
suivant  I'art.  6  dud.  arr^tde  Notre  conseil  du  l''"*juin  do  lad.  aun^ 
1766,  avec  pouvoir  de  commander  aux  habitants  tout  ce  qui  sera  jug6 
n^cessaire  pour  le  bien  de  Notre  service,  silret^  et  conservation  de 
la  ville  en  Notre  obeissance,  faire  vivre  lesd.  habitants  en  bonne 
union  et  concorde  les  uns  avec  les  autres,  comn>ander  aux  gens  de 
guerre  qui  sont  ou  qui  seront  cy  apres  etablis  en  garnison  dans  lad. 
ville,  les  contenir  en  bon  ordre  et  police  suivant  les  reglements  et 
ordonnances  militaires,  le  tout  lors  et  ainsi  qu'il  Nous  plaira  de  I'or- 
donnor  et  sous  I'autorite  du  gouverneur  et  Notre  lieutenant  general 


Digitized  by 


Google 


—  129  — 

en  Notre  province  de  Guyenne,  en  son  absence  de  Nos  commandants 
et  lieutenants  gen^raux  et  particuliers  de  Notre  province.  Voulons 
en  outre  que  led.  s.  de  Tursan  d'Espagnet  jouisse  des  honneurs, 
autorite,  rang,  seances,  prerogatives,  exemptions,  privileges,  gages, 
droits,  fruits,  profits,  revenus  et  emoluments  dont  jouissent  ou  dot- 
vent  jouir  les  titulaires  de  pareils  offices,  de  la  mSme  maniere  et 
ainsi  qu'il  est  present  par  lesdits  edits  des  mois  d'aoAt  1686,  d^- 
cembre  1708,  novembre  1733,  et  declarations  des  onze  juin  1704, 
4  mai  1766,  arrfit  de  Notre  conseil  du  l®' juin  1766  et  autres  arrets, 
declarations  et  ordonnances  y  enonces. 

Si  donnons  en  mandement  a  Notre  tres  cher  et  feal  chevalier, 
vice-chancelier  et  garde  des  sceaux  de  France  le  sieur  de  Maupou 
que,  lui  etant  apparu  des  bonnes  vie,  moeurs,  religion  catholique 
apostolique  et  romaine  dudit  s.  de  Tursan  d'Espagnet,  et  de  lui  pris 
et  regu  le  serment  accoutume,  il  le  mette  et  institue  ou  le  fasse  met- 
tre  et  instituer  de  par  Nous  en  possession  et  jouissance  dud.  office. 
Ten  fasse  jouiret  user  pleinement  et  paisiblement,  sa  vie  durant, 
ensemble  des  honneurs,  fonctions,  rang,  seances,  exemptions,  pri- 
vileges, prerogatives,  gages,  droits,  fruits,  profits,  revenus  et  emo- 
lumen ts  siisdicts  et  y  appartenant,  et  le  fasse  obeir  et  entendre  do 
tous  ceux  et  aussi  qu'il  appartiendra  es  choses  concernant  led.  of- 
fice. Mandons  aux  tresoriers  de  Tordinaire  de  nos  guerres  et  a  tous 
autres  comptables  qu'il  appartiendra  que  les  gages  et  droits  appar- 
tenant aud.  office  ils  ayent  a  faire  payer  et  deiivrer  comptant  aud. 
s.  de  Tursan  d'Espagnet  pour  chacun  an  aux  termes  et  en  la  maniere 
accoutumee,  a  compter  du  jour  de  Texpedition  de  sa  quittance  de 
finance  et  rapportant  les  presentes  ou  copie  d'icelles  collationnee 
pour  une  fois  seulement,  avec  quittance  dud.  s.  de  Tursan  d'Espa- 
gnet sur  ce  suffisante.  Nous  voulons  lesd.  gages  et  droits  apparte- 
nant aud.  office  ^tre  payes  et  alloues  en  la  depence  des  comptes 
de  ceux  qui  en  auront  fait  le  payement,  pas  Nos  ames  et  feaux  con- 
seillers  les  gens  de  Nos  comptes  a  Paris  auxquels  mandons  ainsi  le 
faire  sans  difficulte.  —  Car  tel  est  notre  plaisir,  en  temoin  de  quoi 
Nous  avons  fait  mettre  Notre  seel  a  cesd.  presentes. 

Donne  a  Versailles  le  dix-huitieme  jour  du  mois  de  juin.  Tan  de 
grSce  1767  et  de  Notre  regno,  le  cinquante  deuxieme. —  Louis,  signe 
a  Toriginal;  et  en  marge  duquel  est  ecrit :  Registrees  en  la  chambre 
des  comptes,  oui'  le  procureur  general  du  Roi  pour  jouir  par  le 
pourvu  dud.  office  des  gages  et  droits  y  attribues,  le  premier  juillet 
1767.  Noblct,  signo.  Etsur  lerepli  est  ecrit :  Parle  Roi,  Bertin  signc. 


Digitized  by 


Google 


—  130  — 


Premiere  finance  GfiNfiRALITfi  D'AUCH. 

de  I'office 

,  VILLE  ET  CHATEAU  DE  LA  DEVEZE. 

de 
Gottvernear. 


J'ai  regu  de  M.  Pierre  Andre  Gabriel  de  Tarsan  d'Espagnet,  con- 
seiller  au  parlement  de  Pau,  la  somme  de  ^  six  mille  livres  pour  la 
finance  de  Toffice  de  Gouverneur  de  La  Deveze  ct66  par  Tedit  de 
de  novembre  1733.  V^rifie  oil  besoin  a^t^  pour  en  6tre  led.  s.  d'Es- 
pagnet pourvu  a  vie  conformement  a  la  declaration  du  4  mai  1766, 
aussi  v^rifi^  oil  besoin  a  ^td,  et  k  Tarr^t  du  conseil  rendu  en  conse- 
quence le  premier  juin  aud.  an;  jouir  de  quatre  cent  quatie  vingts 
livres  de  gages  ou  appointements  sur  le  pied  de  liuit  pour  cent  de 
lad.  finance  dont  il  sera  pay6  chaque  ann^e  et  a  compter  du  jour 
et  date  de  la  presente  quittance,  suivant  les  ^tats  qui  seront  arrdt^s 
au  conseil,  sans  aucune  retenue  de  dixieme,  vingtieme  et  deux  sols 
pour  livre,  du  dixieme  quatre  deniers  pour  livre,  des  invalides  et  au- 
tres  oppositions,  par  les  tresoriers  de  Tordinaire  des  guerres  entre  les 
mains  desquels  le  fonds  en  sera  fait  chacun  en  leur  ann^e  d'exor* 
cice;  et  en  outre  de  cent  vingt  livres  pour  logement  ou  ustensile  sur 
le  pied  de  deux  pour  cent  de  lad.  finance,  dont  il  sera  pay6  en  la 
mfime  forme  que  dessus  et  par  une  seule  et  m^me  quittance;  et  de 
tons  les  droits,  profits,  exemptions,  rangs,  fonctions,  honneurs, 
preeminences,  privileges  et  prerogatives  attribues  aud.  office,  le  tout 
aihsi  qu'il  est  plu!>  au  long  porte  auxd.  declarations  du  4  mai  1766 
et  arret  du  conseil  du  1®' juin  suivant,  ordonnances,  edits,  declara- 
tions et  arrSts  du  conseil  y  relates. 

Fait  a  Paris  le  25*  jour  de  Janvier  1767,  Benin,  signe;  et  de  suite 
est  quittance  du  tresor  des  revenus  casuels  de  la  somme  de*six  mille 
livres;  et  plus  bas  est  23  :  r61e  du  15  juillet  1766  art.  28,  et  au  repli 
est  Tenregistrement  au  contr61e  general  des  finances  par  Nous  con- 
seiller  ordinaire  au  conseil  Royal,  contrdleur  general  des  finances,  a 
Paris  le  26  mai  1767. 

De  Laverdi  $ign6. 

Rene  Charles  de  Maupeou  chevalier,  vice-chancelier,  garde  des 
sceaux  de  France,  au  sieur  de  Lacaze,  premier  president  du  Parle- 
lement  de  Pau,  salut.  Ayant  plu  au  RoiNotro  souverain  seigneur  de 
pourvoir  par  lettres  de  provision  du  18  juin  1767  le  s.  Pierre  Andre 
Gabriel  do  Tursan  d'Espagnet,  conseillcr  au  Parlement  de  Pau,  de 


Digitized  by 


Google 


—  131   - 

I'etat  de  I'office  de  gouverneur  de  la  ville  et  chdteau  de  La  Deveze, 
g6neralit6  d'Auch,  et  ne  pouvant  led.  sieur  de  Tursan  d*Espagnet 
venir  ea  personne  pour  prfiter  entre  Nos  mains  le  serment  qu'il  doit 
a  Sa  Majeste  pour  raison  dud.  6tat  et  office.  A  ces  causes,  nous 
avons  commis  et  depute,  commettons  et  deputons  par  ces  pr^sentes 
pour  en  notre  lieu  et  place  prendre  et  recevoir  dud.  sieur  de  Tur- 
san d'Espagnet  le  serment  en  tel  cas  requis  et  accoutum6  et  lui  en 
d^livrer  tous  actes  et  cenificats  requis  et  n^essaires  de  ce  faire,  vous 
donnons  pouvoir,  commission  et  mandement  special  par  ces  pre- 
sentes  que  nous  avons  sign^es  de  Notre  main,  a  icelles  fait  apposer 
le  cachet  de  nos  armes  et  contresigner  par  notre  premier  secretaire. 
Donn^  a  Compiegne  le  12*  jour  du  mois  de  juillet  1767,  de  Maupou 
sign6.  Et  plus  bas  est :  par  Mgr,  Petigni  sign^. 

Par  devant  nous  Pierre  Gaston  Gillet,  chevalier,  seigneur  marquis 
de  Lacaze,  comte  de  Castebau-Deauzan,  vicomte  de  Gabardan,  con- 
seiller  du  Roi  en  tous  ses  conseils,  conseiller  d'honneur  au  Parle- 
ment  de  Bordeaux  et  premier  President  au  Parlement  de  Navarre, 
en  consequence  de  la  commission  en  Tautre  part  ecrite  et  a  Nous 
adress^  par  Mgr  de  Maupou  vice-chancelier,  garde  des  sceaux  de 
France,  en  date  du  12  juillet  dernier,  s'est  present^M.  de  Tursan 
d'Espagnet,  conseiller  au  Parlement  de  Navarre,  lequel  a  prfit^  en 
Nos  mains  le  serment  qu'il  doit  au  Roi  pour  raison  de  Tetat  et  office 
de  gouverneur  de  la  ville  de  La  Deveze  dont  il  a  plu  a  Sa  Majesty  le 
revStir  par  les  provisions  qu'EUe  lui  en  a  aecord^es  le  18  juin  dernier, 
duquel  serment  Nous  avons  dress^  le  present  proces- verbal  que  led. 
sieur  de  Tursan  d'Espagnet  a  sign^  avec  nous  et  que  nous  avons  fait 
contresigner  par  notre  secretaire.  A  Pau  dans  notre  hdtel,  le  vingt-sept 
septembre  1787.  Gillet  de  Lacaze,  Tursan  d'Espagnet  sign^s  a  I'ori- 
ginal.  Et  plus  bas  est :  par  Mgr,  Dufiau  jeune  sign6  aud.  original. 

Ainsi  a  6ti  arrSte,  deliber^  et  precede  a  I'enregistrement  des  sus^ 
dites  lettres  de  gouverneur  de  la  ville  et  chateau  de  La  Deveze,  I'an 
mil  sept  cent  soixante  sept  et  le  troisieme  jour  du  mois  de  d^cembre, 
dans  I'hdtel  de  ville  de  La  Devfeze,  devant  les  s.  Laurent  Dareix  et 
Jean  Baptiste  Lanacastets,  echevins  et  magistrats  de  police  ordi- 
naire,  ayant  I'assistance  de  M®  Dominique  Lanacastets,  conseiller  de 
ville  et  des  sieurs  Arnaud  Lanacastets  et  Guillaume  Domerc  aussi 
conseill.ers  de  ville.  Dareix  echevin,  Lanacastets,  echevin,  Domerc, 
conseiller  de  ville,  I^anacastets,  conseiller  de  ville,  Lanacastets, 
conseiller  de  ville,  et  Bi^re  secretaire  greffier  ordinaire  sign^s  sur  le 
cahier  original  des  deliberations  municipales  de  La  Deveze. 


Digitized  by 


Google 


-  132  — 

Les  lettres  de  provision  de  Sa  Majeste  accordent  a  M.  d'Es- 
pagnet  « le  pouvoir  de  commander  aux  habitants  tout  ce  (Jul 
»  sera  juge  necessaire  pour  le  bien  du  service  du  Roi,  surete 
»  et  conservation  de  ladicte  ville  en  son  obeissance,  de  com- 
»  mander  aux  gens  de  guerre  qui  sont  ou  seront  etablis  en 
»  garnison  dans  ladite  villc,  de  les  contenir  en  bon  ordre  et 
»  police,  suivant  les  reglements  et  ordonnances  militaires  le 
»  tout  lors  et  ainsi  qu'il  plaira  au  Roi  de  Tordonner,  et  sous 
»  Fautorite  de  gouverneur  et  lieutenant  general  de  la  pro- 
»  vince  du  Guyenne  ou,  en  son  absence,  des  autres  com- 
»  mandants  generaux  et  lieutenants  particuliers  de  ladicte 
»  province.  » 

Or,  M.  d'Espagnet  voulut  etendre  bien  au-dela  ses  prero- 
gatives.-II  s'arrogeale  droit  de  justice  criminelle  etmunici- 
pale  dans  la  ville  de  la  Deveze,  le  droit  de  construction  et  po- 
lice des  prisons,  le  droit  de  garde  et  jouissance  des  f)ortes, 
murs  et  fortifications  de  ladite  ville. 

Deja,  par  deliberation  du  15  fevrier.1766,  la  municipalitc 
de  la  Deveze,  connaissant  Turgence  de  la  construction  d'un 
hotel  de  ville  et  d'une  prison,  avail  vote  une  somme  de  240 
livres  pour  Tachat  d'un  emplacement  attenant  a  la  place  pu- 
blique  et  a  la  maison  de  Guillaume  Dareix-Tarbes,  h6tel  de 
ville  provisoire. 

M.  d'Espagnet  se  crut  autorise  a  faire  construire  de 
son  chef  une  prison  pour  son  usage  particulier,  pretendant 
6tre  en  droit  .d'y  faire  enfermer  les  habitants  de  sa  juridiction, 
a  son  gre.  II  voulut  Tetablir  dans  la  tour  qui  domine  la  porle 
occidental  donnant  sur  la  place  publique.  II  confla  Tappro- 
priation  du  local  au  sieur  Jean  Lafourcade,  magon,  natif  de 
Combes;  deja  les  deux  murs  interieurs  servant  d'appui  a  la 
porte  etaient  tombes  sous  le  marteau  des  demolisseurs. 

La  municipalite  eut  hate  de  mander  le  sieur  Jean-Baptiste 
Lanacastets,  echevin,  pour  signifier  aux  ouvriers  d'avoir  a 
suspcndre  les  travaux,  avec  menace  d'amende,   d'emprison- 


Digitized  by 


Google 


—  133  — 

nement  et  de  lous  d6pens,  dornmages  et  interets  pour  loutes 
degradations  par  eux  commises  lant  a  la  porte  qu'aux  murs 
d'enceinte. 

Sur  ces  entrefaites,  M.  d'Espagnet  sollicitaetobtint  du  Roi, 
sous  forme  de  brevet,  la  permission  de  demolir  les  portes  de 
la  ville.  II  avail  expose,  a  son  profit,  que  ces  portes  etaient 
ensimauvais  etat  que  les  voitures  et  chevaux  servant  a  trans- 
porter les  vivres  et  denrees  necessaires  a  Talimentation  de  la 
ville,  et  les  habitants  eux-memes  etaient  exposes  aux  dan- 
^  ger  imminent  et  perpetuel  d'etre  ecrases  sous  les  mines. 

Aussitdt  en  possession  du  brevet  et  sans  se  donner  la  peine 
de  le  signifier  au  conseil  de  ville,  d'Espagnet  ordonna  la  de- 
molition de  la  porte  principale  servant  de  prison  royale.  Ce 
fut  seulement  apres  la  demolition  que  les  ofQciers  municipaux 
eurent  communication  offlcielle  du  brevet. 

La  municipalite  eut  grand  hate  d'en  referer  au  conseil  du 
Roi,  et  par  deliberation  du  3  mai  1775,  elle  adressa  a  Sa 
Majesleune  protestation  dont  voici  le  sens  exact,  sinon  les 
termes  eux-m6mes : 

Sire,  la  religion  de  Votre  Majesty  a  6t6  totalemeat  surprise  par  un 
faux  expose.  Votre  Majestd  n*igiiore  pas  qu'EUe  est  le  haut  justicier 
de  laDeveze  :  que  cette  ville,  de  temps  immemorial,  est  le  siege 
d'une  justice  royale  dont  la  juridiction  est  tres-etendue  :  les  agisse- 
.  ments  deloyaux  et  les  intrigues  ^goistes  de  M.  notre  Gouverneur  ont 
eu  pour  resultat  de  nous  priver  de  I'hdtel  de  ville,  d'auditoire,  de 
prison;  la  porte  principale  de  la  presente  ville  vient  d'etre  d^molie 
par  M.  d'Espagnet. . .  A  trfes-peu  de  frais,  ce  local  deja  tr^s-vaste  etlt 
pu  6tre  appropri^  a  h6tel  de  ville,  auditoire,  prison.  Or,  M.  le  Gk)u- 
vemeur,  en  sollicitant  le  brevet  que  Votre  Majeste  a  bien  voulu  lui 
octroyer,  avait  en  vue  non  point  les  interSts  generaux  de  la  com- 
munaute,  —  ses  sympathies  pour  nous  et  son  d^voAment  ne  vont  pas 
jusque  la,  —  mais  son  avantage  personnel.  La  porte  d^molie,  avant 
Tacte  de  vandalisme  qui  vient  de  s'accomplir,  etait,  avec  celles  qui 
sont  encore  debout,  un  ornement  pour  la  ville,  et  un  bien  utile  aux 
habitants;  certes,  elle  ne  menagait  nullemejat  mine.  Elle  ^tait  en  bon 
^tat,  mais  M.  d'Espagnet  a  cru  plus  avantageux  d'en  avoir  les  ma- 


Digitized  by 


Google 


—  134  — 

t^riaux,  qui  sont  importants,  pour  en  faire  construire  uachdteau  ala 
campagne...  Si  la  religion  de  Votro  Majesty,  Sire,  eut  ^t^  pajrfaite- 
nient  eclairee  sur  la  vraie  situation,  nous  en  avons  la  certitude, 
jamais  Elie  n'efit  daign^  apposer  le  sceau  royal  a  la  deiivrance  d*un 
brevet  pr^judiciable  au  Roi,  et  surtout  a  ses  fid^es  et  tres-devoues 
sujets. 

Requerons  en  consequence  qu*il  plaise  a  Sa  Majesty  declarer 
ledit  brevet  obreptice  et  subreptice;  faire  defense  au  s.  d'Espagnet 
de  s'en  servir,  et  lui  enjoindre  de  remettre  les  choses  en  leur  6tat, 
ou  du  moins  lui  ordonner,  a  raison  des  mat^riaux  considerables  dont 
il  va  profiter  au  prejudice  du  Roy  et  du  public,  de  construire  a  ses 
frais  et  d^pens  des  prisons,  et  un  hdtel  de  \'ille  avec  un  auditoire. 

La  requete  de  la  municipalite  n'eut  pas  tout  Teflfet  desire; 
les  officiers  municipaux  regurent  une  lettre  (25  fevrier  1776) 
ecrite  par  M.  Douet  de  la  Boulaye,  intendant  en  Navarre, 
Beam  et  generalite  d'Auch : 

Le  Ministre  n*a  pas  cru,  Messieurs,  devoir  accueillir  leg  repre- 
sentations que  vous  lui  avez  adress^es  tendant  a  demander  le  rap- 
port du  brevet  par  lequel  le  Roy  a  permis  a  M.  d*Espagnet  de  d^- 
molir  les  portes  de  la  ville  de  la  Deveze,  k  la  charge  de  les  r^parer. 
Mais  il  a  pens^  que  la  demolition  de  ces  portes  ne  devait  avoir  lieu 
que  j usque  au  niveau  des  murs,  k  la  charge  toujours  de  les  r^parer. 
J*ai  informeM.  d'Espagnet  de  cette  decision  a  laquelle  vous  aurez 
agreable  de  vous  conformer  en  ce  qui  vous  concerne.  J'ai  Thonneur, 
etc. 

Signi :  Douet  dk  la  Boulaye. 

M.  d'Espagnet  ne  daigna  mfime  pas  se  conformer  a  cette 
decision  ministerielle;  sur  certains  points,  ildemolitlesporles 
au-dessous  du  niveau  et  negligea  la  reparation  des  murs. 

A  cette  epoque,  oil  les  privireges  devenaient  trop  souvent 
des  abus,  on  ne  salt  ce  qui  merite  le  plus  le  blame  et  Tadmi- 
ration,  ou  Tomnipotence  violente  des  favoris  du  pouvoir,  ou 
Tesprit  de  management  etde  conciliation  de  la  municipalite, 
et  son  respect  pour  les  decisions  souveraines. 

Malgre  la  conviction  intime  que  la  municipalite  de  la  Deveze 
avait  de  la  force  de  son  droit,  elle  porta  la  condescendanceau 


Digitized  by 


Google 


—  l:J5  — 

point  de  deliberer,  le  19  mai  4776,  qu'il  serai t  sursis,  pen- 
dant le  delai  de  six  mois,  a  toutes  poursuites  centre  Tinexe- 
cuteur  dedaigneux  des  ordres  deSa  Majeste.  Je  ne  sais  ce  qui 
advint  de  ces  menaces  par  trop  timides  du  corps  de  ville  de  la 
Deveze.  II  est  de  fait  queM.  d'Espagnet  fit  batir  une  maison 
considerable,  dans  I'enclos  dit  de  Tursan  qu'il  poss6dait  en 
la  Deveze,  d'une  conlenance  de  65  journaux. 

Une  lettre  du  13  juillet  1780(1),  adressee  aux  consuls  de  la 
Deveze  par  M.  de  laBove,  administrateur  general  desDomai- 
nes,  nous  apprendqueM.  d'Espagnet  s'autorisa  « des  services 
»  de  sa  famille  dans  la  magistrature  et  dans  le  militaire  » 
pour  requerir,  en  qualite  de  conseiller  au  Parlement  de  Navarre, 
de  Gouvemeuret  abbe  lay  de  la  Deveze,  qu'il  plaise  a  Sa  Ma- 
jeste eriger  en  fief  noble  Tenclos  de  Tursan,  k  la  charge  de 
transporter  les  censives,  les  tallies  et  aatres  impositions  roya- 
les,  sur  le  domaine  appele  au  Haussat,  en  la  Deveze,  sur  un 
autre  domaine  acquis  par  feu  M.  d'Espagnet  pere  de  M. 
Lafltle  Montus,  sur  un  pre  appele  de  Tursan,  et  sur  une 
piece  de  terre  aux  Avenues. 

M.  Tursan  6tait  au  comble  de  ses  desirs.  U  avait  son  cha- 
teau. La  municipalite  eut  a  prendre,  de  son  initiative  per- 
sonnelle,  des  mesures  pour  la  construction  des  Edifices 
publics  que  requerait  radministration  de  la  justice  et 
des  affaires  municipales,  h6tel-de-ville,  auditoire,  greffe, 
prisons,  etc.  —  Elle  avait  du  songer  a  Tacquisition  d'un 
emplacement  situe  aux  abords  de  la  place  publique;  le  sieur 
Labarthere  s'etant  refuse  a  la  vente,  il  fut  delibere,  le  24  no- 
vembre  1776,  quffla  construction  aurait  lieu  contre  les  murs 
et  dans  les  fosses  qui  sont  au  levant  de  la  ville,  a  Textremite 
orientale  du  jardin  de  M.  Leberon,  aujourd'hui  de  la  famille 
Dupleix-Pallaro.  Les  plan  et  devis  furent  dresses  par  Jean 
St-Laurent,  maitre  charpentier,  sur  ordonnance  de  Mgr  Tln- 
tendant  du  28  decembre  1776  et  communiques  a  la  munici- 

(1)  Archives  dc  M.  Andr^  Lanacastets,  de  la  Dev^ze-Rividre*         • 


Digitized  by 


Google 


palile  le  10  fevrier  1777.  Los  frais  do  construction  s'elevanl 
a  un  chiflfre  bien  superieur  aux  revenus  de  la  communaute, 
MM.  les  offlciers  municipaux  deciderent  quMl  serait  fait  des 
demarches  pour'obtenir  de  Sa  Majeste  Tautorisation  de  pren- 
dre les  pierres  necessaires  dans  les  vieux  murs  de  la  ville. 
Tons  les  habitants  s'engagerent  a  transporter,  par  corvee, 
ladite  pjerre  a  pied-d'oeuvre,  ainsi  que  tous  les  autres  mate- 
riaux,  pourvu  qu'ils  ne  fussent  pas  obliges  de  les  aller  cher- 
cher  a  plusd'une  lieue  et  demie  de  distance. 

M.  le  gouverneur  d'Espagnet  avait  ete  plus  influent  aupres 
de  Sa  Majeste.  Sa  requete  adressee  au  benefice  de  son  ch&teau 
flit^accueillie  avec  meilleure  grace,  cela  se  comprend,  que 
n'en  rencontra  la  supplique  des  habitants  de  la  Deveze.  Le 
projet  ne  refut  jamais  execution.  II  fut  observe  d'ailleurs  (1) 
par  la  communaute  que  la  charge  des  batiments  a  construire 
pour  Texercice  de  la  justice  revenait  de  droit  au  seigneur 
engagiste.  Mais  ces  messieurs  de  la  faveur  et  du  privilege  ne 
se  derangent  pas  pour  si  peu.  Les  assemblies  municipales 
durent  setenir,  comme  parle  passe,  jusqu'en  1788,  dans  la 
maison  de  Guillaume  Dareix-Tarbes  et  dans  la  maison  de  M. 
Laurent  Leberon,  greffler  en  chef  du  pays  de  Riviere-Basse, 
ou  Ton  avait  coutume  de  tenir  les  audiences  et  autres  kctes 
pubUcs.  Depuis  1788,  les  reunions  se  flrent  dans  une  des 
chambres  dela  maison  de  Jean  Lartigue  jusqu'au  l**  Janvier 
1792.  Acettedate,  la  chambre,  au  midi  et  au  premier  etage, 
de  la  maison  de  Guillaume  Dareix-Tarbes,  fut  de  nouveau 
affeclee  a  rh6tel-de- ville  (2) . 

M.  Tursan  ne  fut  pas .  le  seul  a  beneficiei*  de  la  demolition 
des  portes  et  murailles  de  la  ville  de  la  Deveze.  Malgre  les  de- 
fenses formelles  de  Tlntendant  de  demolir  les  murs,  d'en 
enlever  les  materiaux,  de  leur  faire  subir  le  moindre  change- 


(1)  D^lib^raiion  du8  join  1777. 

(2)  D^lib^ratioD  des  15  d^embre  1766  -^  10   septembre  1788  —  18  dteimbn 
1791. 


Digitized  by 


Google 


—  137  — 

ment  sans  une  permission  prealable,  plusiears  habitants  se 

crurent  autorises  a  faire  leur  profit  de  ces  materiaux.  En 

1788  (1),  Guillaume  Dareix-Tarbes,  negociant,  s'erapara  des 

pierres  de  la  porte  occidentale  tombee  par  vetuste  en  1761, 

demolit  ce  qui  restait  de  ceite  porte,  et  sur  ies  fondations  11 

elevalachambre  qui  sert  aujourd'hui  de  decharge  a  la  maison 

presbyterale  de  la  Madeleine. 

Joachim  GAUBIN, 

prdtre-missioDnaire  d'Auch. 

{La  suite  prochainement). 

NOTES  DIVERSES. 


.     XCV.  D'nne  r^cente  Edition  de  FAnti- Joseph. 

Dans  an  travail  bibliographique  intitule  :  De  la  fondation  de  la  SociM  des 
bibliophiles  de  Guyenne,  pabli6  ici  mfime  (tome  vii,  1866),  je  demandais  • 
(p.  510)  )a  r6impressioQ  d'une  piauante  petite  pi^ce  dont  je  citais  deux  edi- 
tions, Tune  d'Agen  (1615),  Faulre  ae  Toulouse  (1619).  Cette  r6impression  vient 
de  nous  6 ire  donnee  sous  le  titre  que  voici :  L* Anti-Joseph,  ou  bien  plaisant 
ei  fidUe  narri  d*un  Ministre  de  la  Religion  pretendue,  vendu  publiquement 
dans  un  coffre  pour  cause  de  sa  lubriciU  (2).  Riimpression  textuelle  de  V^i- 
lion  de  16i5  avec  notice  bibliographique  par  L.  6.  de  F.  (3)  (Bordeaux, 
Charles  Lefebvre,  1876,  petit  in-8<»  de  viii-20  pages.  Papier  de  Holiande.  Tir6a 
tr6s-petit  nombre).  Si  j'ajoute  que  la  plaquette  a  6t6  aomira^ement  imprim6e 
par  Gounouilhou,  on  voit  que  rien  n*a  6te  n6glig6  pour  la  rendre  d6sirable. 
Aussi  Tfediteur  n'a-l-il  rien  dit  de  trop  en  s'exprimant  ainsi  (p.  vii)  :  «  Cette 
plaquette  etait  fort  rare  et  ne  le  seragu^re  moins  apr^s  notre  reioipression.  » 
Que  Ton  se  hale  done  d'acqu6rir  cet  opuscule  dont  Ies  anciennes  tuitions — je 
ni'en  suis  assure  —  manquent  dans  toutes  Ies  biblioth^ques  publiques  de  Pans 
et  ne  passent  presque  jamais  dans  Ies  ventes,  ou  elles  atteignent  des  prix  des- 
aspirants.  On  n'aura  pas  seulement  ie  plaisir  de  possfeder  un  petit  joyau  typo- 
graphique :  on  aura  encore  le  plaisir  de  lire  un  r^cit  des  plus  spirituels,  ou  la 
vieille  verve  gauloise  se  donnelibre  carri^re,  et  ou  tout  exeite  ce  «  franc  6clat 
de  rire  »  dont  parle  I'^diteur  (p.  vi),  qui  ne  manque  pas  de  citer  le  mot  de  Ra- 
belais : 

Pource  que  rire  est  le  propre  de  rhomme. 

T.   DE  L. 

(1)  Deliberation  do  20  juillet  1788. 

(2)  C'est  1^  le  faox-titre  quo  Ton  a  reprodait  comme  plus  court.  Dans  le  titre 
mSme  (p  1)  on  lil :  Vendu  publiquement  d  Clerac  ville  d'AgenoiSt  ayant  e^ti  en- 
fermi  dans  un  coffre  par  une  honeste  dame  de  la  dicte  ville  a  laquelle  il  faisoit 
I'amour.  Le  titre  de  I'^dition  de  Toulouse  est  qaelque  peu  different :  Discours  tris 
facitieux  et  veritable  d'un  Ministre  de  Cleyrat  en  Agenois,  lequel  estant  amoureux 
de  la  femme  d'un  notaire,  fut  enferm4  dans  un  coffre  et  vendu  a  Vinquant  a  la 
place  dudit  Cleyrat, 

<3)  Je  Q'ai  pas  le  droit  de  nommer  le  bibliophile  qui  a  si  bien  soignd  cette  riim- 
pression, mais,  puisqoe  nous  sommes  en  famille  et  que  nous  ponvoDs  ici  penser  toot 
baot,  je  me  risqae  k  dire  conjecturalement  que  Ies  initiales  de  rediteur  ressemblent 
a  s'y  tromper  k  celles  de  I'habile  editeur  des  Poisies  d'Andr4  Chinier,  M.  L.  Becq 
de  Fouqai^res.  S'il  n'y  al&  qo'ane  simple  coincidence,  qa'un  simplejeadubasardi 
il  faot  avoaer  que  la  chose  est  siagQlidre.  V 

Tome  XVn.  ^  10 


Digitized  by 


Google 


—  i:38  — 


CHRISTOPHE  ET  FRANCOIS  DE  FOIX-CANDALLE, 

E\rECtUES  D'AIRE. 

{Suite.*) 

Les  biographes  ont  recueilli  bien  peu  de  details  sur  ce  per- 
sonnage  dont  Teglise  d'Aire  se  gloriQe  k  juste  titre,  suivant 
Fexpression  du  Gallia  Christiana  (!)•  En  1566,  il  avail  publie 
(chezJean  Roger,  a  Paris,  enun  volume  in-f^)  une  traduc- 
tion latine  des  ElMents  d'Euclide,  dediee  au  roi  Charles  IX  (2). 
En  1574,  avec  le  concours  de  Joseph  Scaliger,  qui  etait  alors 
ftg6  de  trente-sept  ans,  il  rait  en  lumiere  le  texte  grec  et  latin 
des  livres  attribues  a  Hermes  Trismegisle  (3).  Ce  fut  encore 
avec  le  concours  de  Scaliger  que  Francois  de  Foix  pubHa  une 
traduction  drangaise  de  ces  memes  livres  (4).  Je  n'ai  jamais 

(*)  Voir  la  livraison  de  f6vrier,  p.  58. 

(1)  Hon  immerito  de  Francisco  Fuxio  de  Candala^  tuo  antistite,  Adurentis  glo- 
riatur  ecelesia  (t.  i,  eol.  1166).  Les  autears  du  Gallia  ajoutent:  c  In  omni  tone 
litieranim  getiere  excellait.  » 

(2)  Voir  dans  le  Manuel  du  libraire  (i.  ii,  2«  parlie,  col.  1089)  le  titre  fqui  n'a 
pasmoios  de  qoatorze  lignes)  donn6  parFr.  de  Foix  k  son  travail  sor  Eaclide.  Une 
Doavelle  Edition,  augment^e  de  deax  livres  sor  les  solides  r^guliers,  pamt  en  1578 
{\n-P),\ossius  {De  seientiis  mathematiciSf^.  68)  a  reprocb^  an  tradacteur  d'avoir 
snbstilQ^  qaelqaefois  ses  propres  pens^es  k  cellcs  de  I'aateur.  Je  n'ai  pas  troavd  ce 
reprocbe  dans  VHistoire  des  Mathimatiques  de  Montucla  iddiiion  de  I'an  tii,  iQ-4«, 
1. 1,  p.  218).  Par  one  dooble  faote  d'impression,  on  a  attribue  la  date  1661,  au  lieu  d« 
1566,  k  la  traduction  d'Eoclide,  dans  one  note  de  I'ddition  de  1772  de  la  Bi- 
bliothique  de  la  Croix  do  Maine  (t.  i,  p.  219). 

(8)  Uercurii  TrismegisH  Pimandras  utraque  lingua  restitutus,  D.  Francisci 
Flussatis  Candallce  industria,  etc.  (Bordeaox,  Millanges,  in-4o).  Voici  comment 
Tanteor  parle  de  son  collaborateur :  <  Accito  consultornm  assensu  non  tanlum'graeca- 
ram  sed  etlam  orientaliom  linguarnm  (ut  pote  Josepbi  Scaligeri,  juvenis  illustrissi- 
mi,  non  minus  doctis  Unguis  ernditi,  qaam  conditione  et  prosapia  praiclari,  opera), 
perpancos  pingentis  errores  sarcientes,  »  etc. 

(4)  Le  Pimandre  de  Mercure  Trismigiste  de  la  philosophic  chrestienne,  co- 
gnoissanee  du  Verbe  divin,  et  de  Vicxcellence  des  (Buvres  de  Dteu,  traduit  de 
Vexemplaire  grec,  avec  collation  de  tr^s  amples  commentairest  par  Francois  Mon* 
fieor  de  Foix,  de  la  famille  de  Candalle,  captal  de  Bucbs,  et  evesque  d'Ayre,  etc. 


Digitized  by 


Google 


—  139  — 

rencontre  Tedilion  in-8**  que  Brunei  indique  ainsi :  le  Pyman- 
der  traduitet  commentepar  Fr.  de  Foyx  de  CandaUe  (Bour- 
deaux,  Millanges,  1574)  (1),  mais  j'ai  sous  les  yeux  la  belle 
edition  (in-f^)  sortie  des  presses  du  mfime  imprimeur  en 
1579  (2).  Elle  est  dediee  a  «  trfes  haute,  tres  illustre  et  tres 
puissante  princesse  Marguerite  de  France,  reine  de  Navarre, 
fille  et  soeur  des  rois  tres  Chretiens. »  J'extrais  de  Pfepitre  de- 
dicatoire,  ecrite  a  Cadillac,  le21  du  moisde  decembrel578, 
et  connue  de  bien  peude  lecteurs,  cette  peroraison  qui,  a 
divers  titres,  me  parait  assez  curieuse : 

Je  vous  pr^seate,  Madame,  ce  petit  discours,  aiaat  est6  adverty  et 
despuis  Taiant  cogneu  par  presente  experience  de  vostre  excellente 
nourriture,  entendemeat  gen^reux,  amour  et  devotion  tr^s  chres- 
tienne  i  Dieu,  et  d^sir  de  toutes  bonnes  cognoissances,  qui  sont  per- 
fections en  la  personne  et  divine  dme  de  Vostre  Majesty,  dignes  de 
la  Margueritte  des  Princesses,  et  capable  de  recevoir  les  advertisse- 
ments  et  doctrine  de  la  Marguerite  des  philosophes  :  c'est  du  grand 
Mercure,  non  traduit  et  comment^  selon  la  condignit^  dp  Vostre 
Grandeur  et  sienne,  qui  meriteroient  le  travail  d'un  plus  docteet 
suffisant  interprfete.  Toutefois,  Madame,  d^sirant  de  offrir  a  la  hau- 
teur de  vostre  ingenuity  chose  convenable  a  votre  divine  penste 
(laquelle  sur  toutes  choses  tendant  k  son  propre  heu,  recherche  la 
cognoissance  des  grandeurs  et  perfections  de  Dieu,  et  de  toutes 
sainctes  disciplines),  j'ai  trouv6  ce  Pimandre'de  Mercure  diet  des 
ancienstrois  fois  tres  grand,  par  tant  demilliers  d'ans  delaiss^  sans 
interpretation,  et  par  lequel  non  seulement  les  excellences  et  gran- 
deurs de  Dieu  reluysent :  mais  la  philosophic  (si  longuement  rejettee 
d*aucuns  professeurs  de  la  religion  chrestienne)  se  trouve  totale- 
ment  conjointe  par  acquisition  de  la  cognoissance  de  ce  souverain 
bien  (seul  but  des  philosophes  et  chrestiens),  lequel  suivant  vostre 
commandement  regu  avec  trfes  humble  honneur  et  reverance,  je  pr^- 
sante  a  Vostre  Majeste,  d^siraut  que  outre  la  cognoissance  des  ex- 

(1)  Manuel  du  librairej  t.  in,  2«  partie,  col.  1648.  PymandarproYienisans  doate 
d'ane  faate  d'impression.  Partout  ailiears  s'offre  a  moi  la  forme  Pimandre,  m6me 
dans  le  manuscril  que  la  Bibliolh^que  naUooale  possdde  de  ia  traduction  de  Fr.  de 
Foix,  sous  le  n*  14768  du  Fonds  fran^ais  (vol  in-4«  de  104  feuillets). 

(3)  Le  volume  se  compose  de  741  pages  sans  y  comprendre  la  Table  dee  matif^rei 
qui  occupe  bien  one  cinqiiantaiae  de  pages  a  deox  coloanes. 


Digitized  by 


Google 


—   140  — 

cellences  et  grandeurs  qu'il  plaira  k  Dieu  communicquer  a  vostre 
divia  entendement,  il  y  puisse  pareillement  continuer  I'estude  de  la 
vraye  philosophie  chrestienne  et  inquisiiion  de  la  cognoissance  des 
vertus  et  bonte  de  ce  souverain  bien,  d&ir(5  de  tous  amateurs  de  sa- 
pience et  v6rit6  chrestienne,  qui  nous  est  annonce  par  ce  grand 
Mercure,  nous  donnant  la  plus  ancienne  escripture  que  nous  sga- 
chons  estre  ce  jourd'huy  sur  la  terre  venue  jusques  anostre  temps  (1). 
Vostre  Majesty,  Madame,  avec  son  bon  plaisir,  m'honorera  tant  de 
recevoir  ce  petit  mien  labeur  pour  agreable,  ensemble  vostre  tres 
humble  et  tr^s  ob^issant  serviteur,  lequel  supplie  la  souveraine 
bont^,  cr^ateur,  facteur  et  conservateur  de  toutes  choses  augmenter 
en  Yostre  Majesty  ses  dons  et  grdces  en  perp^luel  accroissement  de 
grandeur,  attendant  le  fruict  et  jouissanoe  de  sa  perp^tuelle  f^licite. 

'  Je  negligerai  les  vers  grecs  et  latins  composes  par  divers 
poetes  de  TAquitaine  en  Phonneur  du  Pi?nandre  et  de  son 
interprete  (2),  je  negligerai  aussi  la  dissertation  d'un  M.  de 
Saint-Marc  intituiee :  Du  temps  qiCa  fleury  Mercure  Trrnne- 
gists  (3),  mais  j'emprunterai  a  la  Preface  ce  renseignement : 
i<  ....Cescommentaires  furent  prets  apublier  en  Tan  1572, 
et  portes  par  nous  a  Paris,  ou  arrivantz  le  26  d'aoust  nous 
trouvaraes  tels  obstacles,  le  temps  et  personnes  si  indispo- 
sees  a  leur  publication,  que  nous  fumes  contraincts  les  rapor- 
ter,  n'ayant  eu  despuis  licence  tant  pour  les  miseres  univer- 
selles,  que  plus  pour  les  particulieres,  d'y  mettre  aucuhement 
Toeil  ou  pensee  jusques  a  present  (i).  »  Je  crois  aussi  devoir 

(1)  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  combien  Fr.  de  Foix  se  trompait  en  accordant  una 
aassi  grande  antiquity  &  des  livres  qui  appartiennent  manifestement  am  premiers 
sidcles  de  Tdre  chr^tienne,  comme  Casaubon  le  premier  I'a  reconna.  Sar  Torigine 
des  livres  herm^tiques,  on  peutconsalter  Teicellente  etude  qui  precede  la  tradac- 
tioD  compute  donn^e  par  M.  Loois  Mdoard  des  livres  venus  jusqu'anous  sons  le  nom 
d'Hermds  Trism^giste.  (Paris,  Didier»  J 866,  1  vol.  in-4o.)  En  rendant  compte  de 
cet  oavrage  dans  la  Revue  bibliographique  et  litt^raire  do  septembre  1867,  je  ne 
manquaipas  de  reprocher  k  I'autear  de  n'avoir  mdme  pas  prononc^  le  nom  de  Fr. 
de  Foix  dans  an  introdnction  de  plos  de  cent  pages. 

(2)  Les  vers  grecs  sent  d'Elienne  Maniald;  les  vers  latins  sent  de  Jean  Goijon  el 
d'an  autre  podte  qui  signe  simploment  R.  L. 

(8}  M.  de  Saint-Marc  assure  que  Mercure  Trism^giste  est  antdrieur  k  Abraham. 
Patrizzi  s'est  contents  d'enfaireuncontemporain  de  Moise. 

(4)  On  lit  dans  lePriviUge  (Avignon,  8  Janvier  1575):  «  Nostre  amd  et  f^al  cou- 
iin  Francois  de  Foix  de  Candalle,  evesqne  d*Ayre,  conseiller  en  nostre  conseil 
priv^,  nous  a  faict  remonstrer  avoir  cy  devant  compost,  r^dig^  et  mis  par  escript 


Digitized  by 


Google 


—   HI  — 

reproduire  un  sonnet  de  Pierre  de  Brach  cache  parmi  les 
pieces  liminaires  du  rare  volume  de  1579,  sonnet  que  Ton 
chercherait  vainement  dans  les  CEuvres  du  poete  borde- 
lais(l): 

Apollon  et  Pallas,  de  leur  saincte  presence 
Favorisant  Pimandre  en  sa  nativity, 
Le  mirent  dans  le  bers  de  rimmortalit^, 
Espurant  le  mortel  de  sa  terrestre  essence. 

Mais  il  fut  destine  qu'un  manteau  d'ignorance 
Anuiteroit  ses  jours  d'une  ombreus'e  obscurt^, 
Jusqu'k  ce  qu*il  troiivast  pour  leur  donner  clarl6, 
Un  homme,  au  Pere  esgal  dont  il  avoit  naissance. 

Pimandre  ainsi  cache  sous  maints  secrets  des  cieux, 
Ores  pendant  sa  nuict  se  descouvre  k  mes  yeux 
Par  toy,  qui  trois  fois  grand,  Trismegiste  ressemble. 

Car  s*il  fut  et  grand  sage,  et  grand  prestre,  et  grand  Roy, 

Les  cieux  ces  trois  grandeurs  ont  unies  en  toy, 

Grand  Prince,  grand  prelat,  grand  philosophe  ensemble. 

Gabriel  de  Lurbe,  qui,  dans  la  Chronique  bourdeloise,  a 
Tannee  1582,  avail  ecrit :  «  Franfois  de  Candalle,  evesque 

certains  commeDtaires,  tant  ear,  les  ^l^mens  de  g^omdtrie  et  matbdmatiqaes  da 
Eaclide  Megarense,  qae  sur  les  livres  de  Mercure  Trismegiste,  revea  et  recogneu  da 
Doaveaa  iceaxcommentaires,  ensemble  les  textes  desdictz  aatbenrs,  et  anx  diets 
commeotaires  adjoost^  beaueoap  d'observations  grandement  otiles  et  profitablet  4 
DOS  subjects...  > 

(1)  En  revancbe,  ony  trouve  nne  tres-longne  et  trds-belle  pidce  adress^e  k  «  Mono 
seignenr  Francois  Monsieur  de  Foix  de  Candalle,  conseiller  du  Roy  en  son  consell 
priv^,  7>  qui  contient  I'^loge,  non-seulement  du  traducteur  d'Enclide,  mais  encore 
de  tons  ceux  qui  ont  port^  le  nom  de  Foix  {Les  podtnes  de  Pierre  de  Brach,  1576^ 
in>io,  fo  148-152).  Le  d^but  de  la  pi6ce  est  plein  de  majesty  : 

Ceux  de  qui  les  beaux  vers,  jusqu'aux  terres  estranges 
Yites  vonl  et  revont,  comme  berauls  des  lonanges, 
Pen  vent  ^terniser  le  nom  qu'ils  ont  chants : 
Mais  ne  pouvant  du  tien  alionger  la  m^moire, 
Je  veux  que  de  ton  nom  le  mien  prenne  sa  gloire, 
£t  qu'ii  sacre  mes  vers  a  Timmortalit^. 

—II  a  M  dita  lortdans  la  Revue  de  Gaseogne  (t.  in,  p.  197)  que  Pierre  de  Brach 
fut  le  filleul  de  I'^vdque  Francois  de  Foix-Candalle.  Le  podte  bordelais  ent  pour 
parrain^  comme  il  le  ddclaro  lui-m^me  {Archives  de  la  GirondCt  1. 1,  p.  65),  Mon- 
sieur de  Favars.  C'est  le  second  fils  de  Pierre  de  Brach  qui,  selon  ses  termes  (ibid., 
p.  63),  «  fut  presents  au  babtesme  par  Monseigneur  Francois  Monsieur  de  Foix  de 
Candalle,  evesque  d' A ire^  el  madamoysello  Diane  de  Foix  de  Candalle,  sanidce.  » 


Digitized  by 


Google 


—  142  — 

d'Ayre,  tres  docte  aux  mathematiques  et  aatres  sciences, » 
ecrit,  a  Tannee  4591  :  «  Le  21  juillet  audit  an  le  sieur  de 
Candalle,  evesque  d'Ayre,  fonde  et  institue  au  college  de 
Guyenne  une  lefon  perpetuelle  en  mathematiques,  et  la  dote 
de  cinq  cens  livres  de  pension  annuelle  (1). »  Le  m6me  chro- 
niqueur  annonce  en  ces  termes,  a  la  date  de  1594,  la  mort  de 
I'eminent  prelat :  «  Francois  Monsieur  de  Candalle,  evesque 
d'Ayre,  et  captal  de  Buch,  Thonneur  de  sa  maison,  et  moece- 
nas  de  gens  doctes,  decode  a  Bourdeaux  en  sa  maison  de  Poy- 
Paulin  (2),  le  cinquiesme  fevrier  audict  an,  en  Taage  de  huic- 
tante  trois  ans,  ou  environ  (3). » 

(1)  Gitons  icile  Gdllia  Christiana  :  c  In  collegio  AqoitanicoBurdegale.  ubi  fao- 
data  est  a  Francisco  cathedra  pro  mathematicis  disciplinis  tradendis,  legilur  hsc 
epigraphe  aeneae  tabulte  inscalpta  :  Franciseos  Flussas  Candala  illastiissimas  prin- 
eeps,  Bojomm  captalis,  et  episcopas  Adurensis,  in  litterarum  gratiam  et  matheseos 
illostraiionem,  raathematicam  lectionem  perpeluam,  et  solemnem  in  gyronasio  Aqui- 
tanico  insUtuit,  atque  annuo  500  librarum  stipendio  dotavit  anno  Domini  MDXCIi  IV 
caJ.  Aug.  »  A  son  toar,  Montocia  (t.  i,  p.  578)  mentionne  ainsi  cette  creation :  c  Co 
prdlat  g^ometre  fonda  a  Bordeaux  one  chaire  de  gdom^trie,  et  comme  il  s'^tait  beau- 
coup  adonn^  a  la  th£ori6  des  corps  rdgoiiers,  il  voulat  qa'on  ne  pftt  Mre  admis  au 
eonconrs  qu'aatant  qu'on  aarait  troav6  quelqne  chose  de  nouveau  sur  ces  corps.  Cette 
loi  ^lait  encore  en  vigueur  au  commeicementde  ce  siecle;  car  I' Academic  des  scien- 
ces fot»  en  1708,  prise  pour  juge  d'une  contestation  ^levde  k  ce  sujet  entre  deox 
concurrents.  »  Voici  ce  que  je  trouve  sur  ce  point  dans  rj7f5totre  de  VAcadimie 
royale  des  sciences,  annie  1703  (Paris,  in-4«,  1705,  p.  77; :  c  II  y  a,  k  Bordeaux 
dans  le  college  de  Guyenne  une  chaire  de  math^matiqne  fondle  par  Francois  de  Foix 
de  Candalle.  II  est  dit  par  la  fondation  qu'en  cas  de  vacance  de  cette  chaire,  elle 
sera  donn^e  k  celui  qui  sera  jug^  le  plus  digne  par  les  experts  qui  seront  choisis,  et 
que  chaque  aspirant  sera  bbligS  de  fairc  un  jour  une  lecture  publiqne  ou  il  ddmou- 
trera  une  proposition  de  son  invention,  qui  ne  passe  pas  plus  ayant  que  ie  9*  livre 
des  Elimens  d'Euclide,  et  le  lendemain  une  autre  legon  oil  il  d^montrera  aussi  une 
proposition  sur  les  corps  solides  et  rdguliers,  qui  soit  de  son  invention,  et  qui  se 
prouve  par  Euclide.  Un  aspirant  ayant  apport^  deux  propositions  selon  I'ordre 
prescrit,  un  concurrent  lui  contests  qu'elles  fussent  de  son  invention,  et  sur  celte 
contestation  les  parties  et  les  juges  convinrent  de  s'en  rapporter  k  I'Acad^mie  des 
sciences.  Elle  jugea  qu'effectivement  les  deux  propositions  n'^taient  pas  nouvelles, 
et  parce  que  I'exactilude  qu'elle  apporta  a  ce  jugement  consuma  pr^s  de  deux  stances, 
on  a  cru  qu'il  pouvait  trouver  place  dans  cette  histoire.  » 

(2)  J.-A.  de  Thou,  moins  bien  inform^  que  Gabriel  de  Lnrbe,  qui  publiait  la 
traduction  francaise  de  sa  chronique  I'annde  mdme  de  la  mort  de  Fr.  de  Foix,  a 
pr^teodu  qu'il  avail  rendu  le  d<  rnier  soupir  au  chateau  de  Cadillac.  Cotte  erreur  a 
^t^r^p^t^e  par  Hugues  du  Terns.  {Clergi  de  France,) 

(8)  De  Thous'est  tromp^un  pen  plus  encore,  lui  qui  annonce  que  Fr.  de  Foix 
avait  d^passd  84  ans.  Sc^vole  de  Sainte-Marthe  {Eloges  des  hommes  illustres)  s'est 
tromp^  bieo  davantage,  car  il  a  cru  quo  Tdvdque  d'Aire  ^tait  mort  kg6  dc  plus  de 
90  ans. 


Digitized  by 


Google 


—  U3  — 

Le  president  de  Thou  a  trop  bien  parte,  daas  son  I/istaire 
unwerselle,  de  Fev^que  d'Aire,  pour  que  je  ne  tienne  pas  a 
transcrire  ce  passage :  « Francois  de  Foix  de  Candalle  naquit 
d'une  famille  tres-illustre,  mais  il  fut  beaucoup  plus  iUuslre 
par  son  savoir  et  par  sa  vertu  que  par  sa  noblesse. 
Les  emplois  dont  la  Coul*  Thonora  dans  sa  jeunesse  Tayant 
oblige  de  quitter  ses  eludes  avant  qu'il  y  eut  pu  faire  de  grands 
progres,  il  supplea  par  son  excellent  esprit  au  defaut  de 
Teducation,  et  ce  que  les  autres  ont  peine  d'apprendre  avec 
le  secours  des  plus  habiles  maitres,  il  Tapprit  si  heureuse- 
ment  de  lui-meme,  aid6  par  ses  dispositions,  qu'il  eut  a  se 
rendre  savant  dans  toute  sorte  de  sciences,  et  surtout  dans 
les  mathematiques,  qu'il  les  aima  et  s'y  attacha  toujours, 
quelques  occupations  que  ses  divers  emplois  lui  ayent  don- 
nfees  pendant  tout  le  cours  de  sa  vie,  qui  fut  extr^mement 
longue,  et  que  meme  il  a  fait  de  nouvelles  decouvertes  dans 
ces  beaux  arts.  Or,  comme  il  s'est  acquis  rimmortalite  par  ses 
ouvrages,  qui  dureront  autant  que  le  monde,  je  serais  cou- 
pable  d'imprudence,  si  je  n'etais  persuade  qu'un  si  beau 
nom  est  un  des  plus  grands  omements  de  mon  histoire,  et  je 
devrais  m6me  passer  pour  ingrat,  si,  Tayant  honore  pendant 
sa  vie,  je  ne  lui  temoignais  ma  reconnaissance  apres  sa 
mort  (1).  » 

Reunissonsici quelques  autres  temoignages. 

Michel  de  Montaigne  (Essais,  1. 1,  ch.  xxvi)  s'adresse  ainsi 
«  a  Madame  Diane  de  Foix,  contesse  de  Gurson  »  (p.  104  de 
la  remarquable  edition  pubUee  par  MM.  R.  Dezeimeris  et  H. 

(1)  Tradnction  d'Antoine  Teissier  dans  les  Eloges  des  hommes  savans  (t.  it, 
p.  188- J  90)  DeTboQ  a  parld  encore  de  Fr.  de  Foix  dans  ses  Mimoires,  mention- 
nant  les  frdqnenles  visites  qaMl  lai  rendil  dans  sa  maison  de  Pny-Panlin,  k  Bor- 
deaux, en  1582,  etle  diner  <  assaisonn^  de  savants  propos  »  que  ce  pr^lat  lui  donna, 
la  m^me  ann^e.  dans  son  chMeaa  de  Gaste1nau~d«-M6doc.  M.  Taine  a  reprodnit 
(p.  55-57  de  son  cbarmant  Voyage  aux  eaux  des  Pyrinies,  1855)  le  r^cil  fait,  pen- 
dant ce  diner,  par  Candatte  —  (le  spirituel  ^crivain  I'appelle  due  de  Candalle)  —  de 
son  ascension  du  pic  du  Midi.  De  Thou  —  il  a  soin  de  nous  I'apprendre  —  connais- 
sani  tout  le  plaisir  que  son  hdte  ^prouvait  a  causer  de  ses  courses  dans  les  Pyrdn^cis, 
avail  poliment  amene  i'enlretien  sur  ce  sujet. 


Digitized  by 


Google 


—  144  — 

Barckhausen,  Bordeaux,  1870): «  Francois,  monsieur  de  Can- 
dale,  vostre  oncle,  en  faict  nailre  tous  les  jours  d'autres(li- 
vres),  qui  estendront  la  connoissance  de  cete  qualite  de  vos- 
tre famille  a  plusieurs  siecles. » 

Pierre  L'Anglois,  sieur  de  Bel-Estat,  dans  son  Discours  des 
huhroylyphes  cegypliens,  emblemes,  devises  etarmoiries  (Paris, 
1583,  in-4**),  a  mis  (p.  83)  un  huitain  tres-flatteur  pour  M.  de 
Candalle : 

Docte  Seigneur,  la  gloire  des  pr^lats. 
Qui  poss^dez  Tune  et  i'autre  Pallas,  etc. 

Joseph  Scaliger  proclamait  Frangois  de  Foix  ^princeps 
mathematicorum  nostri  temporis,  maxime  vcro  geometrarum  : 
excellens  mechanicus  (1).  »  {Prima  Scaligerana.) 

Florimond  de  Raymond  s'est  occupe  deux  fois  de  Teveque 
d'Aire  dans  son  Anti-Christ.  A  la  page  226  (edition  de  1607); 
il  a  dil,  sans  le  nommer :  «  Le  mesme  jugement  (qu'il  etait 
magicien)  ay-je  veu  dire  a  plusieurs  qui  ne  sont  pas  pourtanl 
de  la  plus  basse  lie  du  peuple,  d'un  seigneur  de  nostre 
Guyenne  ne  d'une  grande  et  illustre  maison,  que  Dieu  avoit 
done  d'un  esprit  et  d'un  jugement  de  beaucoup  esleve  par 
dessus  le  reste  des  hommes,  et  lequel  sans  flatterie  nous  pou- 
vons  nommer  un  autre  Arcliimede  (2).  » 

A  la  page  763,  Florimond  de  Raymond,  appreciant  la  re- 
forme  ducalendrier,  s'exprime  ainsi :  «  Le Pape  voulut  avoir 

(1)  Christophe  de  Foix  ful  lai  aussi  un  habile  m^canicien  si,  comme  je  le  crois, 
c'est  k  ce  fr^re  de  Francois  de  Foix  que  s'appliqaent  ces  lignes  d'nne  lettre  inddile 
da  gouvernenr  de  Bordeaux,  Antoine  de  Noailles,  au  roi  de  Navarre  (7  fdvrier  1557. 
Biblioth^ne  nationale,  Fonds  frangais,  vol.  6908,  p.  8) :  «  Quant  nux  engins  de 
Christopbe  Monsieur  de  Candalle,  j'ay  tant  fait  chercher  du  bois  propre  qu'enfin  il 
s'en  est  trouv^  en  un  navire  duquel  Ton  s'aydera  sans  toucher  k  celny  de  la  maison 
de  ville  qui  donnoit  aux  jurats  si  grand  regret  de  le  bailler.  El  k  la  v^ritti  ils  avoient 
quelqne  raison...  »  Dans  une  autre  l(}ttre  du  '28  f^vrier  {ibidem^  no  5),  Antoine  de 
Noailles  dit  encore :  «  Nos  fortifications  se  conlinuenl  selon  le  moyen  que  nous  en 
avons.  La  machine  de  Tiovention  de  Christophe  Monsieur  de  Candalle  est  dressee  au 
boulevard  royal...  »  Qui  nous  donnera  des  renseignements  sur  celte  machine? 

(2)  Gabriel  Naudd  {Apologie  des  grands  hommes  accuses  de  magie,  Paris,  1669, 
t.  I,  p.  52)  paratt  s'dtre  inspird  de  ce  passage  de  Fl.  de  Raymond,  ^crivain  qu'il  a 
grandement  lou6  a  la  page  396  du  tome  ii. 


Digitized  by 


Google 


—  145  — 

Tadvis  de  plusieurs  s^avans  personnages  de  la  chrestiente, 
entre  lesquels  fut  Francois  de  Foix,  evesque  d'Ayre,  sorty  de 
rillaslre  maison  de  Candalle,  auquel  a  bon  droict  on  a  donne 
le  nom  de  second  Archimede,  comme  estant  le  seal  qui  a 
forge  ceste  admirable  machine,  laquelle  a  rendu  son  premier 
autheur  si  c61ebre  et  si  fameux,  dont  il  fit  present  au  Roy 
Charles  neuflesme,  comme  aussi  de  Thorloge  qui  monstre  le 
flux  et  le  reflux  de  la  mer.  Je  laisse  son  rare  sgavoir  aux 
mathematiques,  qui  s'est  assez  monstre  a  Taugmentation 
d'Euclide  et  a  Tinvention  de  TEptagone  (1).  » 

D'Aubigne,  dans  I'int^ressant  passage  de  ses  Memoires  oh 
il  raconte  la  visite  faite,  en  1584,  par  le  roi  de  Navarre,  par 
Philippe  de  Mornay,  seigneur  du  Plessis,  par  quelques  autres 
compagnons  du  futur  Henri  IV  et  par  lui-meme,  a  « Fexcel- 
lant  cabinet  »  que  Ton  voyait  au  chateau  de  Cadillac  (2),  ca- 
binet ou  « la  troupe  s'amusa  a  faire  lever  la  pesanteur  d'un 
canon  par  les  machines  entre  les  mains  d'un  enfant  de  six 
ans, »  d'Aubigne,  dis-je,  salue  avec  infinimentde  respect « le 
grand  Francois  de  Candalle,  assez  cognu  par  ce  nom  (3).  » 

Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 

{La  fin  prochainement.) 

(1)  L'auteor  de  rin(i-C/im(ajome  (p.  765)  qne  Francois  de  Foix  Qxprima  au 
PapeGrdgoire  XIII  on  avis  autre  que  celoi  qui  pr^valnt,  comme,  dit-il,  c  j'ay  veu 
par  ce  qu'il  envoya  a  Sa  Saintet^,  et  par  les  responses  du  j^suite  Clavias  lesqoelles 
ensemble  les  rdpliques  dudit  sieur  de  Foix  j'ay  par  devers  moy.  »  Dans  VEssai  sur 
la  vie  et  les  ouvrages  de  Florimond  de  Raymond,  j'ai  oublid  de  citer  cette  phrase,  a 
rendroit  ou  j'ai  meotionn^  quelques-nns  des  manoscrits  dela  riche  bibliothdque  du 
controversiste  agenais. 

(2)  Le  passage  du  roi  de  Navarre  k  Cadillac,  en  1584,  n'est  pas  indiqud  dansle 
tableau  des  Sijours  et  itiniraire  de  Henri  IV  avant  son  av^nement  au  trdne  de 
France,  placd  par  M.  Berger  de  Xivrey  a  la  fin  du  tome  ii  do  Recueil  des  lettres 
missives  de  Henri  IV. 

(3)  Edition  de  M.  Lnd.  Lalanne  (1854),  p.  61.  Edition  de  MM.  R^aume  et  de 
Caussade  (1873),  p.  46.  Voir  encore  sur  Fr.  de  Foix  VHistoire  de  la  vie  du  due 
d*Espernon  par  Girard  (in-4o,  1780,  p.  57-58).  —  L'Histoire  g^nMogique  des 
grands  officiers  de  la  couronne  (t.  iii,  p.  384)  donne  a  I'^^vdque  d'Aire  cet  ^logo  : 
c  Ce  fnt  un  pr^lat  d'un  grand  savoir,4qni  prdf^ra  I'^tude  des  belles-lettres  aux  bon- 
neors  de  la  cour.  » 


Digitized  by 


Google 


—  146  -• 

Jugements  do  maintenue  de  noblesse  (1). 

V 

ANTOINE  DE  LARTIGUE,   SEIGNEUR  D^ARNfi. 

De  gueules  au  lion  d'or  lampasse  et  armi  de  sable, 

Contrat  de  mariage  de  noble  Anloine  de  Lartigue,  conseiller  et 
lieutenant  particulier  en  la  s^n^chaussee  et  presidial  de  Condom, 
avec  damoiselle  Hilaire  du  Lin  (2),  devant  Jean  Galian,  notaire  royal 
d'Aubiet,  30  novembre  1680r, 

Testament  de  noble  Bernard  de  Lartigue,  sieur  du  Hillet,  dans  le- 
quel  ii  dit  avoir  ^te  mari^  avec  damoiselle  Marie  du  Gout,  de  la- 
quelle  il  aurait  eu  deux  enfants  mdles  nommes  Jean-Charles  et 
Pierre  de  Lartigue;  regu  par  de  Lafitte,  notaire  de  la  jurisdiction  de 
M&in,  le  15  avril  1630. 

Jugementde  M.  Pellot,  intendantde  Guienne,  qui  maintient  Jean- 
Charles  de  Lartigue  dans  sa  noblesse,  du  4  mai  1667. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  production?  ci-dessus 
par  jugement  rendu  a  Montauban,  le  30  Janvier  1698. 

Signi  :  Claude-Joseph  Sanson,  intendant  de  Montauban. 

LOUIS  DE  NOUAILLAN,   SEIGNEUR   DE  LAAIEZAN. 

De  gueules  d  la  croix  vuidee  et  triflie  d'argent. 

Testament  de  noble  Blaise  de  Nouaillan,  premier  seigneur  de  Ville- 
neuve  en  Condomois,  dans  lequel  il  dit  avoir  6ti  mari6  en  premiferes 
noces  avec  damoiselle  Marie  Brandelisse  de  B^on,  duquel  mariage 

(1)  Yoyez  les  livraisons  de  Janvier,  page  32,  et  de  f^vrier,  page  92. 

(2)  Fille  de  noble  Gny  da  Lin,  seigneur  de  Saint-Gri^de,  et  de  Marguerite  de  La- 
barlhe-Giscaro.  Sa  S(£ur  Calixte  do  Lin  ^pousa,  le  22  Janvier  1700,  M.  Jean-Antoine 
P^rds  de  Lagesse,  avocat^  grand-p^ro  d' Emmanuel  P^rds  de  Lagesse,  d^put^  du 
Tiers-Etat  du  pays  el  jugerie  de  Riviere- Verdun  aux  Eiats  g<in^raax  de  1789,  puis 
d^put^  de  la  Haute-Garonne  a  la  Convention,  oil  il  refnsa  coilrageuseroent  de  voter 
la  mort  du  Roi. 

11  y  a  entre  I'acte  qui  pr^c^de  et  celui  qui  suit  omission  ^videnle  du  contrat  de 
mariage  de  noble  Pierre  de  Lartigue,  conseiller  et  lieutenant  particulier  au  s^ndchai 
de  Condom,  avec  damoiselle  Marie  de  P^ricot,  pdre  et  mdre  du  produisanl.  Cet  acte 
est  rapports  dand  le  jugement  de  maintenue  de  noble  Pit^rre  d<^  Lartigue,  seigneur  de 
Montbernard,  frdre  du  produisant,  que  nous  donnerons  a  sa  date. 


Digitized  by 


Google 


-  147  — 

il  lui  etait  rest6  Alexandre-Th^ophile,  prfitre,  et  Louis  de  Nouaillan, 
et  avoir  6i&  mari6  en  deuxifemes  noces  avec  damoiselie  Jeanne  de 
Lestrade;  regu  le  11  mai  1676,  par  Barth^lemy,  notaire  royal  de 
Ferrary. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Blaise  de  Nouaillan,  premier  co- 
seigneur  de  Villeneuve,  avec  damoiselie  Brandelisse  de  B6on  (1); 
regu  par  Pierre  Rabat,  notaire,  le  5  juillet  1638. 

Bail  k  ferme  par  noble  Th^ophile  du  Chemin,  tuteur  dudit  noble 
Blaise  de  Nouaillan,  h^ritier  de  noble  Jeande  Nouaillan,  du  16  sep- 
tembre  1631. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Jean  de  Nouaillan,  avec  damoiselie 
Jeanne  de  Monlezun,  pass6  par  Lagard^re,  notaire,  le  8  juillet  1613. 

Testanxent  de  dame  Jeanne  de  Monlezun,  Spouse  de  noble  Th^o- 
phile  du  Chemin,  par  lequel  elle  institue  son  h^ritier  noble  Blaise  de 
Nouaillan,  son  fils  ain^  et  de  feu  noble  Jean  de  Nouaillan  son  pre- 
mier mari,  pass6  devant  de  Lacave,  notaire  de  Condom,  80  octobre 
1651. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  de  Nouaillan,  seigneur  de  Villeneuve, 
avec  Isabeau  de  Beaulieu,  dans  lequel  il  est  fait  mention  de  la  dona- 
tion faite  par  Marguerite  de  B6arn,  mere  dudit  Jean  de  Nouaillan; 
ledit  contrat  devant  Frangois  Lafite,  notaire,  le  26  septembre  1601. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Arnaud  de  Nouaillan,  ^cuyer,  co- 
seigneur  de  Vilhneuve,  avec  damoiselie  Marguerite  de  Beam,  le  8 
mars  1572,  devant  Jean  Baron,  notaire. 

Testament  de  noble  Hector  de  Nouaillan,  6cuyer,  co-seigneur  de 
Villeneuve,  par  lequel  il  institue  son  h6ritier  noble  Arnaud  de 
Nouaillan,  son  germain,  regu  par  Guillaume  Dubarry,  notaire  royal 
de  M^zin,  le  20  mars  1563. 


(1)  Fille  de  Pierre  de  B^od,  seigneur  du  Masses,  et  de  Caiherine  do  Lamezan. 
Celle-ci  dtait  fille  nniqao  de  haat  et  puissant  seigneur  Jean,  comte  de  Lamezan,  et  de 
dame  Adelaide  de  Montpezat.  Elle  apporta  i  son  mari  le  domaine  et  cb&tean-fort  de 
Lamezan.  qui  ^cbul  plus  tard  a  son  second  fils  Aimery-Prancois  de  B^on,  seigneur 
de  Lamezan,  lequel  n'ent  de  son  mariage  qu'une  fille  qui  se  fit  religieuse  et  donna 
tous  ses  biens  4  son  neveu  Louis  de  Nouaillan-Villeneuve,  qui  devint  ainsi  seigneur 
et  comte  de  Lamezan.  Les  Nouaillan  out  port^  le  nom  de  cette  seigneurie  jusques  a 
la  Revolution.  Josepb-Pierre  de  Nouaillan,  comte  de  Lamezan,  fils  de  Louis-Joseph 
et  de  Marie-Anne  de  Gasquet  de  Clermont,  ayant  dmigr^  en  octobre  1791,  eut  ses 
biens  confisqn^s  etentr'aulres  la  lerre  de  Villeneuve  dans  le  canton  de  M^zin,  afferm^e 
avant  1790  pour  la  somme  de  8,000  livres.  Le  cbMeau-fort  de  Lamezan  n'a  point 
^cbappd  au  marteau  ddmolisseur.  II  ne  reste  plus  qu'an  immense  donjon  abandonn^ 
aux  outrages  du  temps:  mais  ce  majestueux  debris  parle  encore  des  splendeurs  et  des 
gloires  du  pass^. 


Digitized  by 


Google 


—  us  — 

Testament  de  noble  Joseph  de  Nouaillan,  co-seigneur  de  Ville- 
neuve,  dans  lequel  il  dit  avoir  6i6  niari6  en  deuxiemes  noces  avec 
damoiselle  Frangoise  de  Beam,  et  institue  son  l^gataire  Gaston,  son 
second  fils,  et  nomme  pour  son  heritier  Hector  de  Nouaillan,  son 
premier  fils  de  son  premier  mariage;  regu  par  Arnaud  Duluc,  notaire 
royal,  le  3  mai  1561. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Joseph  de  Nouaillan,  assist^  de  noble 
Jean  de  Nouaillan  son  pfere,  seigneur  de  Villeneuve,  avec  damoiselle 
Agnes  de  Barrau,  devant  Jacques  Dubarry,  notaire  royal  de  Mezin, 
le  5  decembre  1541. 

Testament  de  noble  Jean  de  Nouaillan,  seigneur  de  Villeneuve, 
par  lequel  il  institue  son  heritier  son  fils  unique  Joseph  de  Nouaillan; 
regu  par  Drossier,  notaire  de  M^zin,  le  21  avril  1547. 

Jugement  de  M.  Pellot,  intendant  de  Guienne,  du  5  juillet  1662, 
qui  donne  acte  de  la  production  des  titres  ci-dessus. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus 
par  jugement  rendu  a  Montauban  le  21  mai  1698. 

Sign6  :  F^lix  I^e  Pelletier  de  la  Houssaye,  intendant  de  Montau- 
ban. 

J.  de  C. 


BIBLIOGRAPHIE. 

1 

College  de  France.  Gours  des  langues  et  litteratures  de  l  Europe  mbri- 
DION  ALE.  Le9on  d'ouverture  par  Paul  Meyer  (Extrait  de  la  Romania  ^  t.  v). 
Brochure  inS^.  Paris,  1876. 

C'est  vers  la  fin  d'avril  dernier  que  le  savant  romaniste  dont  le 
nom  est  particulierement  cher  aux  lecteurs  de  la  Revue  de  Gascogne 
a  inaugur^  au  college  de  France  son  cours  sur  les  langues  et  litte- 
ratures du  Midi  de  TEurope.  Dans  sa  legon  d'ouverture,  qui  ofire 
sous  une  forme  tres-concise,  trop  concise  peut-^tre,  le  resume  d'etudes 
tres-^tendues  et  tres-profondes,  et  de  vuos  en  partie  fort  originales, 
M.  Paul  Meyer  a  traits  de  Cinfluence  des  troubadours  sur  la  poisit 
despeuples  romans.  II  r^sulte  de  ce  tableau,  trop  plein  pour  pouvoir 
6tre  reduit,  que  la  poesie  lyrique  du  Midi  de  la  France  au  moyen- 
age,  qu'on  regarde  volontiers  comme  un  episode  brillant,  maisfugitif 
et  isole,  de  notre  developpement  littoraire,  est  precisement  la  source 
de  toute  la  po(5sie  lyrique  du  Midi  de  I'Europe.  Depourvus  d'^pop6e 


Digitized  by 


Google 


--  149  — 

parce  qu'ils  n'eurent  pas,  coramc  les  FraaQais  du  aord,  uno  existence 
guerriere,  les  meridionaux  cultiverent  les  premiers  ce  lyrisme  noble 
et  grave  qui,  «  de  proche  en  proche,  a  gagn6  tout  le  monde  latin, 
faisant  sentir  son  influence  j usque  dans  les  pays  germaniques.  »  La 
po^sie  des  troubadours  n*eut,  il  est  vrai,  qu*un  beau  siecle,  celui  qui 
precede  immediatement  la  croisade  albigeoise;  mais,  d^ja  presque 
eteinte,  elle  produisit  les  ecoles  poetiques  de  Barcelonne,  de  la  cour 
de  Fr^d^ric  II  en  Sicile,  de  la  cour  du  roi  Denis  en  Galice.  Ainsi, 
Espagne,  Portugal,  Italic  sont  poetiquement  tributaires  de  la  Franco 
du  Midi,  aussi  bien  que  la  France  du  Nord  (I).  «  L'ancienne  th^orie 
qui  faisait  naitre  la  poesie  fraugaise  d'une  sorte  d*imitation  de  la 
poesie  italienne,  conserve  encore  uae  part  de  v^rit^  si  on  la  restreint 
au  xvi«  siecle.  Au  xvii«  aussi,  Corneille  contracta  quelques  dettes 
envers  TEspagne.  Mais  ce  que  nous  devons  a  nos  voisins  du  Sud 
n'est  nuUeraent  comparable  a  ce  qu'ils  doivent  a  la  France  du  Midi. 
Car  ce  ne  sont  pas  seulement  des  sujets  ou  des  formes  poetiques  que 
la  poesie  provongale  a  transmises  a  la  poesie  de  TEspagne  et  surtout 
de  ritalie  :  c'est  Texistence  mSme.  » 

Cette  conclusion,  qui  assigne  un  rdle  si  magnifique  a  la  poesie  en* 
core  trop  peu  connue  de  nos  troubadours,  sera  justifi^e  sans  doute 
par  tout  Tenseigneraent  de  M.  Paul  Meyer,  dont  nous  esp^rons  bien 
que  la  meilleure  partie  sera  livr^e  au  grand  public  pour  le  plus 
s^rieux  progres  de  notre  histoire  litt^raire.  Mais  elle  ressort  d^ja 
avec  une  parfaite  clarte  des  faits  r^sum^s  dans  ces  quelques  pages 
si  pleines  et  si  fortes,  auxquelles  nous  ne  pouvons  que  renvoyer  nos 
lecteurs. 

II 

Etude  sur  la  limfte  g^ographique  de  la  langue  d'oc  et  de  la  langue  d'oil 
(avec  une  carle),  par  M.  Ch.  de  Tourtoulon  et  M.  0.  Bringdier,  membres 
rdsidants  de  la  Sociiti  pour  Vdtude  des  langues  romanes.  I<^' rapport  k  M.  le 
ministre  de  rinstraction  pabliqae.  (Extrait  des  Archives  des  missions  sden- 
lifiques  et  liU^aires.)  Paris,  impr.  nat.  1876,  63  pages,  gr.  in-S^. 

La  SocUU  pour  Viiude  des  langues  romanes  de  Montpellier  avait 
demand^  pour  deux  de  ses  membres  la  mission  de  tracer  sur  le  sol 
frangais  la  ligne  precise  qui  s6pare  les  terres  de  langue  d'qil  de 

(1)  La  France  da  Nord  aTail  en  propre,  outre  son  vaste  d^veloppement  ^piqne,  une 
sorte  de  poesie  lyrique,  mais  populaire',  et  non  noble  comme  celle  des  troubadours; 
«  de  sorte  que  la  poesie  lyrique  f  ran  raise  est  form^e  de  denx  coaranls,  Tun  propre** 
ment  national,  Tautre  d'originc  rodridionale.  « 


Digitized  by 


Google 


—  150  — . 

celles  delangue  d'oc,  le  pays  du  franciman  des  pays  du  roman  me- 
ridional qui  est  notre  idiome  maternel.  On  ne  pouvait  guere  choisir 
pour  cette  tSche  deux  philologues  plus  comp6tents  que  MM.  de 
Tourtoulon  et  Bringuier;  c'est  ce  qui  r^sulte  amplement  de  leurs 
observations  priliminaires  sur  les  oeuvres  partielles  qui  ont  pre- 
cede et  prepare  leur  entreprise;  sur  la  maniere  de  noter  les  nuances 
phoniques  qui  difl^rencient  les  dialectos  si  multiples  des  deux  lan- 
gues  d*oo  et  d*oil,  surtout  a  leur  limite  commune,  et  enfin  sur  les 
caract6res  propres  (p.  )5)  qui  permettent  de  classer  avec  certitude 
les  patois  interm^diaires  que  ces  deux  langues  semblent  se  disputer. 

Mais  cette  excellente  preparation  philologique  aurait  servi  de  peu 
si  les  deux  travailleurs  n'avaient  apport^  dans  leur  enqufite  pratique 
des  proc^dfe  rigoureux  qui  supposent  autant  de  patience  que  de  sa- 
gacit(5 .  Tout  ce  premier  rapport  rassurera  sur  ce  point  les  lecteurs 
attentifs.  La  lenteur,  on  le  comprend,  est  inseparable  en  pareille  af- 
faire de  lasArete.  «  Aussi  ne  paraJt-il  pas  ^tonnant,  disent  tr^s-bien 
les  rapporteurs,  qu*aprfes  un  mois  et  demi  de  courses  continuelles 
par  les  chaleurs  de  juillet  et  d'aofit,  apres  avoir  visits  cent  cinquante 
communes,  interrog^  pres  de  cinq  cents  personnes,  parcouru  plus 
de  1,500  kilometres  pour  tracer  notre  limite  sur  une  longueur  d'en- 
viron  400,  il  nous  ait  6x6  impossible  de  pousser  plus  loin  notre  tra- 
vail. Mais  il  reste  ddmontre  qu'avec  quelque  activity  et  quelque 
amour  de  la  science,  la  tdche  entreprise  par  nous  pent  Stre  men^e  a 
bonne  fin  (p.  .10).  > 

La  ligne  trac^e,  moyennant  les  enquStes  les  plus  laborieuses^ 
part  de  Tembouchure  de  la  Gironde  et  s'arrSte,  apres  une  serie  de 
sinuosites  qu'il  faut  voir  sur  la  belle  carte  annex^e  au  rapport,  dans 
le  departement  de  la  Nievre.  Nous  aimerions  k  etudier  ici  la  partie 
de  cette  ligne  qui  s*eioigne  peu  de  la  Garonne,  parce  qu'en  nous  don- 
nant  la  limite  septentrionale  de  notre  patois  provincial,  elle  nous 
edairerait  sur  quelques-unes  de  ses  vari^t^s  extremes;  les  remarques 
des  savants  rapporteurs  sur  Tidiome  des  Huttes  et  de  Soulac  four- 
nissent,  par  exemple,  certaines  donnees  precises  pour  une  classi- 
fication, qu'il  faudra  bien  faire  quelque  jour,  de  nos  dialectes  (p.  22). 
Depuis  Blaye  jiisqu'a  la  forfit  de  Bracx)nne  (Charente),  notre  parler 
est  tres-nettement  s^par^  du  parler  d'oil,  et  les  populations  voisines 
se  donnent  les  titres  opposes  et  trfes-significatifs  de  gascons  et  de  ja- 
vachs.  Les  alterations,  les  melanges  mSmes  n'emp^chent  pas  le  fond 
primitifde  ressortir  clairement  pour  un  vrai  juge.  Mais  arr6tons-nous  : 
il  suffit  pour  le  moment  de  recommander  ce  travail  essentiel,  en  no- 


Digitized  by 


Google 


—  .151   — 

tant  encore  seulement  une  remarque  faite  en  passant  par  les  doctes 
philologues,  et  qui  a  chez  nous  son  int6rSt  pratique:  f  La  destruc- 
tion des  idiomes  locaux  et  leur  rera placement  par  la  langue  officielle 
est  un  daces  prejug^s  qui  dominant  encore  beaucoup  trop  dans  les 
ecoles  primaires  [et  ailleurs]...  Les  douloureux  ev^nements  de  1870 
ont  seuls  emp^che  Tenvoi  au  Corps  l^gislatif  d'une  petition...  qui 
avait  pour  but  de  demander  que  les  idiomes  locaux,  loin  d'etre  pros- 
crits  des  ecoles,  fussent  employes  aTenseignementdufrangais.  Nous 
connaissons  des  instituteurs  qui  ont  obtenu  par  ce  moyen  d'exoel- 
lents  r^sultats.  II  est  facile  de  remarquer  d' ailleurs  que  les  paysans 
du  Languedoc  qui  parlent  le  plus  correctement  le  frangais  sont  pr6- 
cisement  ceux  qui  ont  conserved  leur  langue  matemelle  moins  alt^r6e.> 

L^once  COUTURE. 


NOTES  DIVERSES. 


XCVL  Da  nom  de  baptdme  du  podte  gascon  d^Astros. 

La  Revue  d'Aquitaine  mit  en  t^te  de  son  premier  num^ro  (juillet  1857) 
le  premier  essai  litt^raire  qae  j'aie  offert  au  public  et  qui  avait  pour  titre :  Lit-- 
Urature  gasconne.  Jea/n-Guillem  d' Astros.  Je  suis  revenudepuis,  kpliisieurs 
reprises,  sur  cetauteur,  qui  est  le  plus  celdbre  des  pontes  gascons  (1);  j'en  ai 
entretenu,  par  exemple,  les  lecteors  de  la  Revue  de  Gascogne^  soit  k  roccasion 
de  Texcellente  Edition  des  Poisies  gasconnes  recueillies  et  puhliies  par  F.  T, 
(Paris,  Tross,  1867),  soit,  anterieurement,  k  Toccasion  de  V Essai  sur  Vhistoire 
Httiraire  des  patois  du  Midi  par  M.  le  D'  Noulet  (Paris,  Techener,  1859). 
Mais  jen'ai  jamais  justifi6  Tassertion  sans  preuve  que  renfermalt  le  titre  m§me 
de  mon  premier  article :  Jean-Guillem  d* Astros,  Les  diverses  Editions  du 
Trimfe  de  la  lengouo  gascouo  et  des  autres  ouvrages  du  po^te  de  Saint-Clar 
portent  simplement :  /.  G.  d'Astros^  On  m'a  demands  sur  quelle  autorit^  f  a- 
vais  traduit  ainsi  ces  deux  initiales;  et,  tout  surpris  de  n'en  trouver  aucune  ni 
dans  mes  notes  ni  dans  ma  m^moire,  j'en  6lais  k  me  demander  si  je  n'avaispas 
tout  simplement,  sans  m'en  douter,  pris  cela  sous  mon  bonnet.  M.  F.  T.,  le 
soigneux  Mitenr  de  d'Astros,  que  j'ai  eu  le  plaisir  de  voir  ces  jours-ci  k  Tou- 
louse, m'a  rassar6  en  me  disant  que  j'avais  6t6  pr6c6de  par  M.  Gustavo  Brunet. 

(1)  Je  recois  a  I'heure  rodme  le  Bulletin  du  bibliophile  lodivois  (mars  1877),  od 
lou  Trimfe  de  d' Astros,  edit.  1643  («tc,  1642?),  estcoW  60  fr.  Les  Editions  de  1700, 
1763,  sont  bien  moins  cheres.  Les  deax  volumes  publics  cbez  Tross  en  1867,  et  q«i 
codtaient  20  francs,  ne  se  vendent  pins  qoe  10. 


Digitized  by 


Google 


—  152  — 

Sans  m'attacher  pour  le  moment  h  verifier  ce  fait,  j'ai  h&te  de  corriger  une  er- 
reur  que  j'ai  pu  contribuer  pour  ma  part  k  etablir  et  k  r6pandre.  Car  il  y  a  er- 
reur :  dans  J.  G.  d*Astros,  le  J  veul  dire  tr6s-probablement  Jean,  mais  il  est 
silr  que  le  G  ne  veut  pas  dire  Guillem  ou  Guillaume. 

La  prenve  en  est  dans  un  parchemin  que  M.  F.  T.  a  bien  voulu  me  confier  et 
dont  je  donne  le  sommaire  parce  qu'il  mentionne  des  fondations  oublieesdans 
notre  pays.  Par  acte  du  11  juillet  1626,  en  presence  de  deux  prelres  de Lectoure, 
Jean  Rison,  prebend^  de  Saint-Gervais,  et  Mathieu  Mains,  T^v^que  Jean  d'Es- 
tresses,  s'adressant k  maitre  Louis  Blot,  pretre  de  son  dioc^e  (1),  bachelier  en 
th6ologie  et  dej^  chapelain  des  deux  chapellenies  de  Corpore  Christi  et  de ' 
Sainte-Quitterie  en  I'^glise  paroissiale  du  Saint-Esprit  de  Lectoure,  sur  le  vu 
de  lettres  apostoliques  obtenues  par  ledit  Blot  [signatura  apostolica  per  te  ob- 
tenia  in  forma  dignum],  le  pour  volt  et  I'investit  de  la  cbapellenie  de  Jaulet 
[Jauleti)  ou  de  Piger^  fond6e  en  I'^glise  paroissiale  de  Sainl-Clar,  acluellement 
vacante  par  indue  occupation  de  maitre  Gerald  Dastros  (ad  proBsens  per  inde- 
hitam  occupationem  magistri  Geraldi  Dastros  modis  in  dicta  signatura  con- 
tentis  vacant  em). 

.  On  nepeut  pas  douter  de  Tidentit^  de  ce  G6rald  Dastros  avec  notre  po^te. 
Ni  la  tradition  ni  les  archives  de  Saint-Clar  de  Lomagne  n'ont  gard6  trace  d'un 
caperan  de  ce  nom  autre  quel'auteur  des  Saisons  et  des  EUments.  Les  dates 
s'accordent.  D' Astros  a  dd  naitre  en  plein  seizi6me  si^cle,  et  probablement,  une 
fois  ses  etudes  fiuies,  il  a  toujours  babite  Saint-CIar,  quoiqu'il  n'ait  commence 
k  signer  aux  registres  paroissiaux  qu'en  1628  (il  a  cess6  en  1647). 

Maintenant,  quelle  ^tait  la  vraie  forme  vulgaire  du  nom  de  Geraldus  ?  Je 
crois  que  c'etait  Guiraud.  Au  moment  m§me  oil  M.  F.  T.  me  faisait  lire  le 
parchemin  dont  je  viens  de  parler,  je  me  suis  rappel6  un  anagramme  publi6  en 
t^te  des  Elements  de  d' Astros,  mais  auquel  ni  son  excellent  6diteur  ni  moi  n'a- 
vions  fait  beaucoup  d'attention.  II  se  trouve  dans  le  second  des  deux  sonnets 
francais  adress^s  k  d'Astros  par  son  a  grand  amy,  d  J.  d'Escorbiac,  seigneur  de 
Bajonnette,  parent  de  du  Bartas  et  poete  de  son  ecole.  L'anagramme  se  pr6- 
s^nte  sous  cette  forme :  Dieu  guidera  ton  astre,  Mais  je  crois  qu'il  faut  rem- 
placer  Nonpar  son,  nonpas  dans  le  sonnet  meme,  mais  en  t^te.  Or, 

10  I  S   9       4  &  611  13  7   8      18  17  3     13  14  IS  16 

DIEU  GUIDERA  SON  ASTR(E) 
nous  donne : 

lEN  GUIRAUD  DE  ASTROS. 

L'orthographe  du  premier  nom  est  d^fectueuse,  et  un  E  muet  final  resle  sans 
emploi;  mais  de  pareilles  licences  6taient  tol6r6es  dans  ce  genre  d'exercice.  En 
tout  cas,  je  ne  crois  pas  qu'il  subsiste  le  momdre  doute  sur  le  nom  de  notre 
cher  po6te  gascon  Jean-Guiraud  d'Astros,  .        t.  c. 

(1)  M.  F.  T.  m'apprend  qu'il  y  avail  une  famille  de  ce  nom  a  Saint-Clar.  11  y  en 
avait  aussi  une  a  Lectoure  dans  ces  derniers  (emps;  mais  I'acte  ne  paratt  pas  concer- 
'  ner  une  famille  de  la  ville  m^me  de  Lectoure. 


Digitized  by 


Google 


GORISTOPHE  ET  FRANCOIS  DE  F0IXG4l!iDALLB, 

ev£:ques  d'aire. 

(Suite  €t  fin*.) 

Apres  avoir  interroge  les  livres,  iaterrogeons  les  manus- 
criis.  Je  donnerai  d'abord  une  lettre  in^dite  adressee  par 
Francois  de  Foix  a  Charles  IX,  le  4  avrii  1572,  et  relative  a 
une  querelle  qui  avait  eclate  entre  Tevfique  d'Aire  et  Tev^que 
de  Dax  au  sujet  de  la  possession  du  prieure  de  La  Reole. 

Sire,  ces  jours  passe^^  il  me  feust  apport^  par  ung  chevaulcheur 
de  i'escurie  de  Vostre  Majeste  une  lettre  qu*ii  vous  plaisoict  m*es- 
crire  touchant  le  priori  de  la  Rfelle,  despaichee  sur  quelque  maul- 
vais  rapport  et  contraire  a  la  verity  du  faict  qui  a  est^  donii6  a  enten- 
dre par  les  parentz  de  I'evesque  d*Acqs  (1);  et  detant,  Sire,  que  avec 
ceste  lettre  il  vous  plaisoit  en  escrire  une  aultre  a  Monsieur  de  Can- 
dalle,  mon  nepvea,  qui  n*est  en  ce  Bourdellois,  pendent  que  ce  por- 
teur  Test  all^  trouver,  j*ay  despaich^  vers  V.  M.  par  une  Icttra  pr6- 
c^dant  ceste  cy  par  laqu6lle  je  racompte  la  v^rite  de  ce  qui  en  est, 
estant  bien  marry  d'avoir  est6  ainsi  blasm6  en  vostre  presanee  en  si 
grand  tort  pour  le  desplaisir  que  lesdictz  p^renz  ont  que  leur  titu- 
laire  pr^tendu  et  qui  n*eust  jamais  droict  k  ce  que  j*ay  entendu  soict 
dec^d^,  ou  pour  le  moins  le  bruict  si  fameulx  en  ce  pais  qu'il  est  tenu 
pour  tel;  et  quant  a  ce  que  j*en  faiz  et  delibfere,  puisqu'il  plaist  a 
V.  M.  le  SQavoir  suyvant  c'e^que  je  vous  en  ay  derni^rement  escript, 
ayant  receu  ung  tittre  avant  en  SQavoir  aulcune  nouvelle,  j*ay  prins 
possession  Tayant  entendu,  et  img  moys  aprez  envoye  mes  gentz 
tenir  la  possession  ou  ils  sont  entr^s  sans  vioUance,  force,  ny  armes 
quelzconques,  extraordinairement  faict  faire  informations  et  inven- 
taire  par  la  justice  du  lieu,  dont  ne  s'esttrouv^  plaincte  jusques  ace 
qui  en  a  este  rapporte  sans  cause  a  V.  M.  Mes  gentz  entrant  au 

(*)  Voyex  les  deux  dernidres  livraisons,  pages  58,  138  et  sniv. 
(1)  Voir^  ao  sajet  du  prieur^  de  la  R6o)e,  les  letlres  inddites  dg  Francois  di 
Noailles,  Mque  de  Dax,  pages  23-'i9  du  tirage  a  part  (Aubry,  1865;. 

Tome  XVm.  —  Avril  1877.  ]J 


Digitized  by 


Google 


t- 


i 


—  154  — 

priori  d&xlairarent  aux  aultres  que  si  le  titulaire  pretendu  vivoit  ou 
bien  Tevesque  d'Acqz  quel  droict  qu*ils  y  eussent,  je  n*y  demandois 
rien,  et  n*a  rest^  que  afaire  venir  ledict  titulaire,  ce  qu'ilz  oattrouve 
plus  mal  ais6,  Sire,  que  de  vous  en  presenter  une  attestation,  com- 
me  je  pense  bien  qu'il  Test.  A  cause  de  quoy  Tons  n*en  sgait  no- 
velle  aulcune.  Toutesfois,  Sire,  tousles  biens  dumonde  metiennent 
si  peu  auprfes  du  debvoir  et  ties  ardante  affection  que  j'ay  a  r6v6rer 
voz  commandementz,  que  quoy  qu'il  plaise  a  V.  M.  m'en  comman- 
der, soit  garder  ou  laisser  ledict  priori,  je  m'estimeray  tres  heureux 
d'y  rendre  obeissa,pce,  et  n*estoit  grand  besoing  que  les  parentz  de 
I'evesque  deDacqz  en  feissent  cette  esmeute  et  implorassent  vostre 
authority  pour  la  recouvrer,  car  k  la  v^rit^,  Sire,  s'ilz  m'en  eussent 
parl^,  ilz  eussent  trouv6  que  je  n*entendois  empaicher  aulcunement 
ledict  evesque  d'Acqs,  mais  ce  que  j'en  ay  accept^  a  est6  sur  le  bruict 
commun  de  la  mort  dudict  evesque  et  son  titulaire.  A  ceste  cause, 
Sire,  il  plairra  k  V.  M.  me  commander  a  quelles  gentz  dudict  Eves- 
que il  vous  plaist  que  je  face  rendre  Tinventaire  de  ce  peu  de  besoi- 
gnes  que  la  justice  y  a  trouve  pour  y  estre  tres  humbiement  ob^y, 
car  encore  il  ne  s'en  est  present^  aulcun  a  raoy.  Vray  est  que  jo 
prendray  la  hardiesse,  Sire,  de  vous  supplier  tres  humbiement,  puis 
qu'il  vous  plaist  que  ledict  priori  demeure  a  monsieur  de  Dacqs,  a 
quoy  je  n'ay  jamais  contrevenu,  s'il  se  trouve  d^c^d^  comme  il  est 
commun,  qu'il  plaise  a  V.  M.  me  remetre  en  Testat,  ne  vivant  plus 
celluy  a  qui  il  vous  plaist  qu'il  demeure,  car  V.  M.  n'a  subject  ny 
serviteur  plus  vou(5  et  en  trfes  humble  affection  a  vostre  service  que 
moy,  et  s'il  vous  plaist  me  fere  ce  bien  de  le  croire,  ce  me  sera  le 
plus  grand  hur  (sic)  et  conteritement  que  j'aye  desire  de  ma  vye. 

De  Bourdeaulx,  le  quatriesme  avril  1572. 

Sire,  je  supplie  le  Creatcur  vous  donner  en  parfaite  sant6  et  pros- 
p^rit^  tres  longue  et  heureuse  vye. 

Vostre  tres  humble  et  tr^s  obeissant  subject  et  serviteur, 

FRANgOIS  DE  Foix  (1). 


(1)  Bibliotbdqae  Nationale,  Fonds  francais  15554,  p.  44.—  A  la  page  pr^cdd«Dt6 
da  mdme  volume,  on  trouve  la  lettro  soivante  da  nevea  de  I'dvdqae  d'Aire :  <  Sire, 
j'ai  recea  les  lettres  qu'il  a  plea  &  Y.  M.  m*envoyer  me  commandant  par  icelles  sor- 
tir  ces  gens  que  j'ay  mis  au  prieurd  de  la  ReoUe  pour  le  maintenir  et  conserver  i 
Fran^oys  Monsieur  mon  onde,  lequel  prieurd,  Sire,  vous  voulez  raster  et  domeurer 
i  Monslear  I'evesque  de  Dacz,  vostre  ambassadeur  en  Levant.  Je  vous  pays  bieo. 
Mtarer  que,  k  mareqoeste,  i)  n'y  a  bomroe  dans  ycelluy  prieur^.  Si  mondictsieur 


Digitized  by 


Google 


^   155   — 

J'ai  lrouv6,  a  la  Bibliolhequc  natioiiale,  uae  autre  letlre 
inedite  dc  FraQfjois  de  Foix,  en  tete  d'un  manuscrit  egalement 
inedit intitule:  Traict^diiSaint'Sacrementpar  lequelplusieurs 
intelligences  divines,  jusques  a  present  couvertes,  sontesclair- 
ciespour  rendre  la  cognoissance  d'icelluy  pur  gee  de  la  pluspart 
des  disputes  qui  perlurbent  ce  jourd'huy  grand  nanibre  du 
peuple  de  LHeu,  le  tout  prim  des  sainctes  lettres  par  Francois 
monsieur  de  Foix,  de  la  famille  de€andalle,  captal  de  Buchz, 
el  evesque  d'Ayre  (1).  La  voici : 

Au  Roy. 

II  plairra,  Sire,  a  Vostre  Mageste  avoir  souveaance  que,  au  mois 
d'aousten  Tan  du  salut  1566,  je  presentay  a  Villiers  Cousteres  au 
feu  roy  vostre  frere  Charles  de  bonne  memoire,  ung  livre  faict  sur 
les  ellementz  de  la  geometrie  qu*il  luy  avoit  pleu  me  commander  luy 
estre  d^di6.  Je  receuz  lors  de  vostre  clemence  cest  honneur,  de  ce 
qu*il  vous  pleust  en  accepter  ung  de  ma  main  avec  tel  signe  de 
contentement,  que  j'eulx  ung  grand  ennuy  de  n'avoir  qiielque  aultre 
oeuvre  de  mon  trabail  pour  avoir  cest  honneur  de  la  d^dier  a  Vostre 
Mageste,  et  parvenir  k  I'heur  de  vous  faire  quelque  servisse.  satis- 

onele  en  y  a,  je  ne  sc&y  qui  le  meat  a  y  en  tenir.  Tant  y  a,  Sire,  que  je  says  resola 
vous  aller  tr^s  hamblement  baiser  les  mains  et  recepvoir  les  commandenientz  des- 
qaelx  il  vous  plaira  m'honnorer.  Je  verray  y  allant  Monsieur  Tevesque  d^Aire»  mon 
oncle,  et  sgauray  de  lay  I'occasion  pour  laqnelle  ii  s*est  mis  dans  ledict  prieurd  afin 
que  je  on  puisse  randre  eonte  certain  &  V.  M.  pour  ayant  entendu  ce  qui  en  est,  il 
vous  plaise  en  ordonner  vostre  volont^.  Cependant  vous  baisant  tr^  humblement 
les  mains,  je  prie  Dlea,  Sire,  vous  maintenir  en  tres  bonne  sant^  et  donner  trds  Ion- 
gae  et  trds  prosp^re  vie. 

De  Castelnau  de  Barbarenx  eo  Astarac,  ce  premier  d'avril  1572. 

Vostre  trds  humble  et  tr^s  ob^yssant  suget  et  serviteur 

Herrt  db  Foix.  > 

Henry  de  Foix  fut  lu^,  I'ann^e  suivante,  au  si^ge  de  Sommidres.  Son  pr^coce  tr^. 
pas  fut  d^plord  par  un  poete  gascon,  Jean  de  la  Jessie :  Gessei  Mauvetii  in  obitum 
nobil.  Uenriei  Flussatce,  comitis  Candall(B,  ncenia,  Paris,  1573.  Le  po6me  est  d6di6 
a  Francois  de  Foix,  ^vdque  d'Aire.  La  Gessde  composa  sur  le  mdme  snjet  un  autre 
opuscule  intitul($ :  le  Tombeau  de  Henri  de  Foix,  et  dddi^  au  mar^chal  d' Anville, 
beao-frere  du  jeune  eomte  de  Gandalle  ^Paris,  1573.  petit  iiT-8o  de  13  feuillets). 

(1)  Fonds  francais,  1886.  ln-4o  de  144  pages. 


Digitized  by 


Google 


—  156  — 

faisant  plus  a  rinfinnit^  de  mon  esprit  qu'a  la  grandeur  et  dignite 
de  voz  -vertuz,  qui  a  este  cause,  Syre,  que  voyant  sur  la  fin  de  mes 
jours  qu'il  a  pleu  a  la  bont^  divine  inspirer  le  cueur  de  Vostre  Ma- 
gest^,  qui  est  en  sa  main,  k  la  culture  et  v^n^ration  d'une  si  ardante 
et  exemplaire  aSection,  je  me  suys  ing^r6  de  presenter  a  vostre  tres 
chrestienne  cl^mence  ung  petit  traict^  que  j'ay  extraict  du  sens  et 
intelligence  de  la  Saincte  Escripture  de  Dieu,  et  ensuivant  ses  sainctz 
propoz  et  observation  de  sa  Saincte  Esglise,  par  lequel  je  tache  i 
contenter  toutes  gens  qui  pourroient  estre  desvoyez  de  la  vraye  cul- 
ture et  v^n^ration,  que  tout  chrestien  doibt  au  Sainct  Sacrement  de 
TEucharistie  de  Jesu  Christ,  pour  metre  poyne  de  ma  part  a  retirer 
et  concillier  toutes  oppinions  crrantes  a  la  vraye  affection  et  intelli- 
gence de  ce  tres  heureulx  benefice  que  nous  recepvons  de  sa  mise- 
ricorde,  tant  qu'il  plaise  k  la  divine  bont^  reassembler  comme  Jesu 
Christ  le  nous  a  d^clair^,  toutes  ses  brebis  ensemble  (Joan.  10),  k  celle 
fin  que  ung  pare  soit  fait  [et]  ung  pasteur,  et  que  ceppendant  toutz 
les  masques  et  argumentz  materielz  que  plusieurs  imposent  sur  ceste 
divine  communication,  soient  banys  et  rejectez,  et  que  a  la  provoca- 
tion des  sainctz  exemples  de  Vostre  Maieste,  tout  vostre  peuple  soit 
induict  k  v^n^rer  ce  bon  Dieu  en  sainctete  et  justice,  et  comme  Jesu 
Christ  le  d^clara  a  la  Samaritaine  (Joan.  4),  Tadorer  en  esprit  et  ve- 
rity, metant  arriere  tant  d'arguments  et  sillogismes  mat^riels  qui 
n'ont  aucun  lieu,  mais  empaichent  I'intelligence  des  choses  divines 
et  incorporelles,  produitz  par  noz  afiections  tenantz  grandement  du 
defiault,  que  nous  a  laisse  nostre  premier  pere,  abaudonnant  Tamour 
et  cognoissiince  de  Dieu  pour  Tamour  et  delectation  momentan^e  des 
choses  charnelles  et  materielles,  dont  Dieudeclara  JlNo6  (Gen^se,  6) 
que  rhumain  lignaige  en  seroit  extermin^  pour  avoir  plus  v6n6re  la 
chair  que  I'esprit,  de  maniere  que  la  plus  grand  part  de  Thumain 
lignaige  ou  presque  tout  (Syre)  a  retenu  du  premier  pere  ce  que 
sainct  Jehan  a  tant  blasm^  des  vivantz,  nous  conseillant  n'aymer  le 
monde,  a  cause  qu'il  est  totallement  constitue  en  concupiscence  des 
choses  charnelles,  d^sirs  des  choses  venes  et  excessif  usaige  de  ce 
qui  nous  est  donn^  pour  la  vie,  ,a  quoy  nous  vivantz  tendons  ce 
jourdhuy  plus  que  a  chercher  la  gloire  de  Dieu  afifaulte  d'avoir  co- 
gnoissance  de  nous  mesmes,  et  de  penser  qui  nous  sommes,  de 
quoy  nous  sommes,  et  a  quoy  nous  debvons  tendre,  choses  tres  n^- 
cessaires  a  Thonmie,  pour  parvenir  a  son  vray  sallut,  lequel  Jesu 
Christ  a  declare  estre  la  cognoissance  de  Dieu,  et  celluy  qu'il  a 
envoye  (Joan.  17),  ce  que  Mercure  le  tres  grand  a  predict  2000  ans 


Digitized  by 


Google 


—  157  — 

auparavant  (1),  declarant  que  cognoitre  Dieu  (chap.  10.  Sect^  15)  est 
le  vray  sallut,  la  seule  montee  au  ciel,  et  la  perfection  de  Tdme,  et 
plusieurs  aultres  propos  concernanz  la  doctrine  de  Jesu  Christ  lors 
future  et  proedisant  la  plus  grand  part  des  articles  a  nous  laissez  par 
les  Appostres  depuis  sa  mort  et  passion.  Et  de  tant,  Syre,  qu'en  TEs- 
glise  universelle  les  poinctz  plus  requiz  a  Tintelligence  de  la  Saincte 
Eucharistie  pour  conclure  et  declarer  ce  qu'elle  en  a  voUu  arrester 
ont  est^  exposes  par  argumentz  et  moyenz  obscurz  et  difficilz,  il  est 
nay  sur  ces  difficultez  accompagn^es  d'aucunes  passions  et  entre- 
prinses  grand  nombre  de  dissentions,  disputes  et  d^batz  resistanz 
auk  sainctz  decrets  et  resolutionz  concludz  par  la  Saincte  Mfere 
Eglise  universelle,  pour  lesquelz  concillier  ensemble  et  esclaircir 
nous  avons  recherche  aultres  argumentz,  voyes  et  moyenz  prins  et 
deppendantz  des  Sainctes  Escriptures  et  leur  doctrine,  gardant  par 
iceulx  rhonneur  et  gloire  de  Dieu,  la  teneur  desdictz  decrets  et  resol- 
lutionz  et  Tesclaircissement  de  leur  intelligence  au  plus  prfes  de 
nostre  possibility,  lesquelz  n'estant  encore  veuz  de  plusieurs  per- 
sonnes  de  sgavoir  aulcunz  pourroient  trouver  si  estrange  la  nou- 
veaut^  des  argumentz  et  raciocinations  que,  avant  les  juger,  ils  n'au- 
roient  la  p^ssience  de  consid^rer  ce  qu'ilz  concluent  et  dtoonstrent, 
bien  qu'il  soit  conforme  aulx  resoUutions  de  TEsglise  et  Sainctz  Es- 
criptz,  chose  qui  nous  a  meu  a  presenter  ce  traict6  k  Vostre  Magest^ 
et  trfes  heureulx  entendement,  et  le  remetre  a  ce  qu*il  plaira  k  vostre 
prudence  et  tres  saing  jugemeni  en  disposer,  estimant  k  grand 
heur  et  honneur  s'il  se  trouve  digne  qu'il  plaise  a  Vostre  Magest6 
luy  donner  quelques  heures  perdues  Jule  veoir,  pour  Tayanl  mesme 
veu,  discerner  s'il  sera  digne  de  servir  au  peuple  qu'il  a  pleu  au  bon 
Dieu  commetre  a  vostre  trfes  digne  prudence;  dont  le  bon  plaisir  de 
Vostre  Mageste  sera  (Syre)  que,  aprochant  le  bout  demes  ans,  j'aye 
cest  honneur  et  favour  qu*elle  aye  regeu  ce  mien  petit  labour  agr^a- 
ble,  ensemble  I'affection,  debvoir  el  obligation  que  j'ay  heu  toute  ma 
vye,  d'employer  toutes  mes  forces  et  capaoitez  k  faire  le  servisse  que 
je  doy,  et  ay  deu  a  Vostre  Magest^  et  quatre  pred^cesseurs  d*icelle 
qui  m'ont  tant  honore,  de  trouver  bonnes  mes  imbecillitez,  dont  tant 
moy  que  les  miens,  leur  sommes  demeures,  et  k  vous,  Syre,  trfes 
humbles  et  tres  obeyssantz  serviteurs  et  subjectz  trfes  fidelles.  Dieu 

(1)  Francois  de  Foix  s'appnie  sonvent,  dans  son  traits,  sur  les  liyres  herm^ti- 
qiies.  II  les  cite  ainsi,  par  exemple  (p.  10) :  c  Comme  Ta  escript  Mercnre  le  trds 
grand,  disant  que  tous  les  premiers  animaulx  avoient  est6  crdes  ambisexes,  ensem- 
ble I'hommo-..  » 


Digitized  by 


Google 


—.  158  — 

par  sa  mis^ricorde  donne  la  grace  a  ce  peu  qui  restons  de  pouvoir 
employer  les  personnes,  vyes  et  biens  k  quelque  hureulx  servisse 
faict  a  Vostre  Magest^,  a  laquelle  par  sa  divine  cl6mence,  il  plaise 
donner  tres  heureuse  grandeur,  tr^s  saincte  et  longue  vye  et  son  per- 
p6tuel  gr^  et  retribution  a  Tadministration  et  dignity  de  vostre  Estat. 
Au  chasteau  de  Puippaulinen  Bourdeaulx,  le  24  de  juing  Tan 
1584  (1),  par  vostre  trfes  humble  et  tr^s  obeyssant  serviteur  et  subject 
trfes  fidelle, 

F.   DE  Poiz  (2). 

Voici  enfin  une  lettre  ecrite  par  Francois  de  Foix,  trois 
ans  avant  sa  mort,  au  bordelais  Bernard  de  Girard,  seigneur 
du  Haillan  : 

Monsieur, 
Les  raisons  que  vous  m'av6s  desduittes  par  la  lettre  qu'il  vous  a 
pleu  m'escrire  qui  sent  conformes  k  celles  que  j*ay  fait  entendre  a 
Monsieur  le  chanseiller,  m'ont  fait  entreprendre  la  porsuitte  de  mon 
Evocation,  et  si  je  me  suys  persuade  qu'il  s'y  pourroit  presenter  de  la 
difficult^,  je  me  suis  voleu  faire  acroyre  ausy  que  me  faisant  ce  plai- 
sir  que  de  vous  en  mesler  vous  les  pourrez  lever  k  I'androit  de  mon 
diet  sieur  le  chancelier,  auquel  vous  sgaur^s  tres  que  bien  represen- 
ter  les  justes  occasions  que  j*ay  de  vouloir  decliner  de  ce  Parlement, 
ce  que  je  vous  prie  de  faire  et  me  continuer  ceste  bonne  volenti  qui 
m'est  une  confirmasion  de  vostre  affection  laquelle  je  desire  reco- 
gnoistre,  mais  ce  sera  avec  autant  de  bonne  volenti  que  je  salu  evos 

(1)  Trois  ans  pins  tard  (31  ddcembre  1587),  HeDri  III  nomma  Francois  de  Foix 
eommandeiir  de  Tordre  da  Saint-Esprit.  On  conserve,  a  la  Bibliothdque  natlonale, 
dans  le  fonds  Sainl-Esprit  (3327,  t.  ix,  fo  126),  nn  portrait  a  Tencre  de  Chine  de 
Francois  de  Foix.  Ni  ce  portrait,*ni  aucnn  autre,  ne  sont  roentionn^s  dans  le  cata- 
logue iconographiqoe  dn  tome  iv  de  la  Bibliothique  historique  de  la  France.  — 
Henri  III  demanda  vainementi  la  conr  de  Rome  on  chapean  de  cardinal  ponr  1'^- 
v6que  d'Aire.  c  Le  cardinal  de  Joyeose,  >  selon  Amelot  de  la  Honssaye  (note  de  la 
page  297  da  tome  i  des  Lettres  du  cardinal  d'Osiat,  1708),  <  rendanC  compte  k 
Henri  III  des  instances  qo'il  avait  faites  a  Sixte-Quint  pour  la  promotion  de  M.  de 
Candale,  dvdque  d'Aire^  au  cardinalat :  Jen'eus,  dit-il,  autre  rdponse  de  SaSain- 
teti  que  coUre  et  paroles  facheusetf  qui  seront  mieux  teuet  qu'escrites,  » 

(3)  Le  traits  de  rEacharistie,  dont  ancun  biographe  de  Francois  de  Foix  n'a  fail 
la  moindre  mention,  est  h^riss6  de  citations  grecques  ct  h^braiques.  J'avone  qu'il 
m'a  paru  peu  intelligible,  excepts  dans  la  partie  quioffrd  {h  parlir  dela  page  92)  des 
Exemplet  de  responses  hriefves  qui  peuvent  estres  (aides  aulx  objections  proposhs 
conlre  le  Sainct  Sacrement^  par  ceulx  qui  par  faulses  intelligences  de  la  nature  di- 
vine tendent  d  suhvertir.Vhonneur  et  rMrence  qui  luy  est  dheu  par  le  vray  fidelle. 
11  y  a  14  trente-sept  objections  suivies  d 'autant  de  rdponscs.  L'avocat  du  bon  Dieu 
bat  d'ane  manioro  ^crasante  l'avocat  du  diable.  La  Gascogne  a  un  th^ologien  de  plus. 


Digitized  by 


Google 


—  159  — 

bonnes  graces  de  mes  affectionn^es  recommandations,  priant  Dieu, 
Monsieur,  en  sant4  vous  donner  tr^s  Ipngue  vye. 

De  Bourdeaulx  k  Puypaulin  ce  xxy*  juillet  1591. 

Vostre  mieulx  aflfection6  a  vous  obeir. 

F.    DE   FOTX. 

A  Monsieur  du  Haillan,  conseiller  du  roy^  secretaire  de  ses  ^- 
nancesy  historiographe  de  France  (1). 

Le  volume  S02  de  la  collection  Brienne  (Bibliotheque  na- 
tionale)  renferme  (p.  183  et  suivantes)  une  copie  du  testa- 
ment olographe  de  Francois  de  Foix^  date  du  15  mai  1592. 
J'avais  d'abord  eu  Pintention  de  donner  ici  celte  copie  tout 
enlifere,  mais  un  ami  tres-competent,  que  j'aiconsultesurce 
point,  croit  que  ce  document  a  deja  ete  imprime  (2).  La 
crainte  du  double  emploi  me  decide  a  ne  publier  in  extenso 
que  les  deux  premieres  pages,  et  a  faire  connaitre  les  autres 
par  extrait  ou  par  analyse : 

Monseigneur  Dieu,  pere,  cr^ateur  tres  element  et  misericordieux, 
bien  facteur,  en  bon  nom  de  ton  fils  Jesus-Christ  et  de  ton  Sainct- 
Esprit,  je  te  supplye  tres  humblement  voulloir  conduire  ce  reste  de 
ma  vie  sous  I'oh^issance  de  tes  commandemens  et  volontez,  et  que, 
apres  mon  decedz,  ton  bon  plaisir  soit  de  retirer  Tame  qu'il  t*a  pleu 
me  donner  sous  le  pardon  de  mes  oflFenses,  .pechez  et  d^sob^issan- 
ces  en  tes  mains,  ne  fondant  mes  prieres  sur  ma  justification,  mais 
sur  la  multitude  de  tes  mis^ricordes  et  bont^s,  pour  estre  iliec  uny 
par  le  m^rite  de  ton  filz  Jesus-Christ  m  la  vraye  unit6  qu'avons  ac- 
quise  par  les  graces  m^rit^es  de  sa  moit,  passion  et  resurrection 
par  son  bon  plaisir  et  liberalle  misericorde.  Je  te  supplye,  bon  Dieu, 
davantaige  me  donner  tanl  de  grace  que  avec  ton  bon  plaisir  je  puisse 
disposer  par  cette  mienne  dernifere  volenti  des  choses  qu'il  t*a  pleu 
commettre  en  ma  puissance  et  disposition,  recognoissant  en  cet  en- 
droit  les  bienfaiz  que  j'ay  regeu  de  ta  bont6  et  misericorde  et  la  bonne 
volont6  de  ceu^  qui  par  la  grace  m*ont  est^  byen  aflfectionnez  k  ce 

(1)  Bibliotbiqne  nationale,  Fonds  francais,  vol.  20480. 

(2)  Ce  lestameDt  a  ^t^  ci{6  par  I'abb^  Baorein,  leqoel  dous  appreDd  qn'il  fot  re- 
mU  cnire  les  mains  du  notaire  Gbadirae  le  20  Janvier  1593  (Varidtis  bordeloisest  t.  ii, 
p.  24).  Mais  le  docte  arcbiviste  a  commis  one  grosse  errear  en  disant  que  Francois 
de  Foix  instUaa  son  h^itidre  aniverselle  Marie  de  Foix,  vicomlesse  de  Riberac.  On 
va  voir  que  rh^ritidre  universello  du  prdlat  fat  sa  niece  Marguerite  de  Foix. 


Digitized  by 


Google 


—  160  — 

que,  aprez  moy,  ilz  se  puissent  servir  et  substanter  des  biens  qu'il 
t'a  pleu  me  donner,  et  les  employer  a  ton  service,  gloire,  louange  et 
secours  des  tiens. 

Je  laisse  ma  sepulture  avec  celle  de  mes  parens  aux  Augusiins  de 
Bourdeaux  sy  je  deccede  en  lieu  duquel  mon  corps  y  pufsse  bonne- 
ment  estre  conduit,  ausquelz  en  ce  cas  je  legue  mil  livres  et  les  prie 
prier  pour  moy  Dieu  et  laisse  pour  bastir  ung  sepulcre  au  coeur  dc 
leur  eglise  sur  nostre  cave,  selon  Tadvis  et  aflfection  de  mes  execu- 
teurs  qui  sont,  pour  le  plus  hault  du  prix  de  six  mil  livres  toumois, 
oil  seront  unis  les  corps  et  escriptz  les  noms  de  feu  dame  Jacque- 
line, ma  sceur  (1),  et  mien,  laquelle  m'a  layss6  le  bien  pourcc  faire, 
etau  pied,  devers  le  grand  autel,  sera  escript  tel  ^pitaphe  que  noz 
ex6cuteurs  adviseront  (2),  et  laisse  pour  mes  funerailles  qu'elles  se- 
ront faictes  comme  celles  qu*on  a  accoustum6  de  faire  a  Messieurs 
nos  parens,  et  sera  pri^  la  Cour  de  Parlement  par  mes  parens  ou 
ex&xuteurs  de  nous  faire  Thonneur  de  sa  presence  en  corps,  comme 
il  fust  cy  devant  faict  en  Tan  mil  cinq  cent  huictante  un  aux  fune- 
railles de  feu  dame  Jacqueline,  ma  dicte  soeur,  au  moys  de  febvrier, 
ou  la  cour  assista,  voir  lever  et  conduire  le  corps,  et  assista  a  tout  le 
service  et  nous  honora  de  sa  presence,  et  pour  les  frais  desditz  ob- 
sfeques  je  laisse  quatre  mil  livres.  Et  sy  mon  corps  est  mis  ailleurs, 
je  laisse  les  dictes  cinq  mil  livres,  c'est  a  dire  les  quatre  mil  livres  et 
les  mil  des  Augustins,  pour  estre  employees  semblablement  au  lieu 
ou  il  se  trouvera  sy  faire  se  peult,  ensemble  des  dictes  six  mil  livres 
du  sepulcj^e  en  seront  employees  quatre  mil  pour  faire  le  mien  et  le 


{I)  Le  nom  de  JacqneliDe  de  Foil  a  M  onbli^  dans  la  plapart  des  genealogies  de 
la  famille  de  Foix,  notamment  dans  celle  da  Moreri  de  1759.  L'abbe  Baarein,  qui 
n'a  pas  conno  Charles  de  Foix-Gandalle,  mentionne,  en  revanche,  sa  soeor  Jacque- 
line (t.  II,  p.  24). 

(3)  Le  Gallia  Christiana  nons  a  conserve  repitaphe  plac^e  sar  le  tombeaa  de  Fr. 
de  Foix  par  sa  soenr,  Marie  de  F«ix  (qni  avaitete  marine  en  1551  avec  Guy  d'Ay- 
die,  vicomte  de  Riberac):  Ejus  cadaver  insigni  maosoleo,  qnod  ex  marmore  etsre 
fabrefactnm  conspicitnr  in  choro  aedis  Angustinianornm  Burdigals,  veteri  Candala^ 
dynaslanim  a  mnliis  annis  monnmento,  conditom  est.  Maria  aotem  Candala  soror. 
fraternsD  caritatis  memor,  pyramidem  erexit,  cni  inscriptnm  hoc  epitaphiom : 

«  Francisco  Fluss.  Gandalffi  principi  B.  R.  P.  N.  genere  et  ingenio  clarissimo, 
doctrlnaetvirtutemaximo.fratri  carissimoex  ocuHs  hominum,  non  ex  me- 
moria  erepto,  Maria  Pluss.  Candala  R.  soror  moerens  hoc  monumentam  posait. 
In  eodeoD  cor  illius  claosit,  ac  snum  qnando  esse  desierit,  una  concludi  volait. 
ut  cineres  etiam  fratemae  concordiae  specimen  prsebeant,  et  Concordes  post  fata 
jaceant,  qui  Concordes  semper  vixerant.  Vixit  annos  81  menses  5  dies  20.  Obiit 
anno  salutis  udxciv.  t^ 


Digitized  by 


Google 


—  161  — 

tout  a  la  discretion  de  mes  ex^uteurs  qui  y  pourront  estre  ou  com- 
mettre  personnes  capables  et  fidelles  en  leur  absence. 

Et  parce  que  dame  Marie,  ma  scBur,  dame  de  Riberac,  comme 
heritiere  necessaire  peult  pretendre  par  la  costume  de  Bourdelois 
quelque  part  sur  ma  legitime  patemelle  seuUement,  a  cause  que  la 
matemelle  ny  quelque  partie  de  la  patemelle  estant  hors  du  Bour- 
delois n'y  sont  sujettes,  je  d^claire  pour  conservation  et  restauration 
que  je  desire  ramener  en  nostre  maison,  selon  mon  petit  pouvoir,  ce 
que  autresfois  je  y  ay  veu  ou  que  j'en  ay  peu  sauver  pour  le  remet- 
tre  en  la  main  de  ma  niepce,  et  d'ailleurs  satisfaire  ma  soeur  de  la 
part  et  fons  qu*elle  pouvoit  pretendre  en  ce  que  la  coustume  lay  or- 
donne  a  ce  que  le  fons  ne  s'esgare  de  la  maison,  selon  mon  possi- 
ble. A  ceste  cause,  je  legue  a  ma  dicte  soeur,  par  usufruict,  sa  vie 
durant,  tout  ce  qui  m'appartient  a  present  en  M6doc  soit  du  bien 
venu  de  nostre  maison  ou  acquetz  qui  ne  sont  sujetz  a  rachapt,  en- 
semble le  chasteau  de  Puypaulin  dans  Bourdeaux  avec  ses  rentes  et 
devoirs  k  la  charge  d'entretenir  les  bastimens,  reparations  et  autres 
choses  sujettes  k  ruyne. 

Fr.  de  Foix  legue  encore  a  sa  sceur  24,000  livres  qu'elle 
lui  doit  sur  Montagrier  (1),  14,000  qu'elle  lui  doll  sur  Mon- 
cuq  (2),  24,000  qu'elle  lui  doit  sur  un  domaine  situe  en 
Bretagne, 

II  legue  a  Gaston  de  Foix,  sieur  de  Villefranche,  son  ne- 
veu  (3),  la  terre  d'Ambes  (4)  acquise  de  M,  de  Lanssac  pour 
26,000  livres,  ensemble  des  pierreries,  «  pour  partie  de  ga- 
rentie,,.  Et  si  mondict  nepveu  est  encores  mineur,  les  dictes 
pierreries  seront  mises  en  mains  solvables  jusques  k  sa  majo- 
rite.  Je  luy  legue  davantaige  tout  ce  que  mon  frere,  son  pere, 
me  pouvoit  debvoir  de  quelque  part  que  ce  soit,  etsi  d'a- 
venture  ledict  Gaston  ou  aultre  pour  luy  veult  impugner,  de- 
baltre  ou  quereller  contre  ma  vollonte  ou  celle  de  mes  execu- 
teurs  executant  icelle  ou  empescher  autres  miens  legataires 

(1)  Anjonrd'hni  chef-lieu  (fe  canton  da  d^partcmenl  de  la  Dordogne,  arrondisse- 
menl  de  Riberac. 
(i)  Chef-iiea  de  canton  da  d^partement  da  Lot,  arrondissement  de  Cahors. 

(3)  Gaston  de  Foix,  fils  de  Charles,  seignear  de  Villefranche. 

(4)  Commune  du  ddpartement  dc  la  Gironde,  arrondissement  de  Bordeaux,  canton 
du  Carbon-Blanc. 


Digitized  by 


Google 


—  162  — 

en  leurs  droitz  refcus  de  moy,  en  ce  cas  je  veux  que  ce  legat 
aille  a  ma  dicte  scBur  dame  de  Riberac. » 

Le  lestateur,  apres  avoir  rappele  qu'il  n'a  pu  6tre  paye  de 
certains  debiteurs  (fermiers  et  autres)  « qui  doibvent  grandz 
sommes, »  el  « que  les  emotions  ne  m'ont  permis  de  conlrain- 
dre,  »  declare  qu'il  legue  tout  ce  qui  pourra  lui  etre  du,  de  ce 
c6te,  a  sa  niece  Duchesse  (1),  et  11  donne  et  legue  k  la  meme 
les  rentes  et  peages  de  Langon  (2),  de  Cadillac,  certains  droits 
de  pacage  dans  la  foret  de  Targon  (3)  achetes  des  sieurs  de 
Budos  et  Ricaut.  II  lui  legue  aussi  tons  les  biens  immeubles 
qu'il  possede  en  Medoc,  le  chateau  de  Puy-Paulin,  avec  ses 
appartenances,  « Cadillac  et  Podensac  (4)  que  j'avois  relenu 
pour  ma  vie  durant,  le  tout  pour  en  jouir  comme  s'en  suit,  a 
savoir,  de  Puy-Paulin  et  Medoc  et  terres  qui  en  dependent 
apres  le  deces  de  dame  Marie,  ma  soeur,  dame  de  Riberac, 
laquelle  j'en  laisse  vestue  et  possesseresse  pour  sa  vie  durant. 
Seullement  et  apres  son  deces,  j'entends  que  ma  niepce  d'E- 
pernon,  avant  jouyr  de  Medoc  ny  Puy-Paulin,  fasse  reparer 
a  mon  nepveu  de  Villefranche  le  dommage  qui  lui  a  esle  faict 
en  ses  biens  de  ma  mere,  quMl  en  soit  entierement  desdom- 
mage  et  remis  en  iceux  sans  perte  aucune...  » 

Fr.  de  Foix  legue  encore  a  sa  meme  nifece  les  36,000  livres 
qu'il  placa  « a  Thostel  de  Paris, »  et  la  moitie  des  arrerages  de- 
ladite  somme, « pourveu  qu'elle  donne  Pautre  moitie  des  arre- 
rages aux  pauvres  de  Dieu. »  II  lui  legue,  en  outre,  tout  ce 
qui  pent  lui  etre  du  du  revenu  d'Estrac  (Astarac). 

Je  l^gue  a  damoiselle  Renee  de  Jousseratz  tous  les  droits  qui  m*ap- 


(1)  Marguerite  de  Foix,  comtesse  de  Candalle^  fille  de  HeDri  de  Foix  et  de  Marie 
de  Montmorency,  et  petite-fille  de  Frdd^ric  de  Foix,  d'une  part,  do  conndtable  Anne 
de  Montmorency,  d'autre  part,  marine  (7  aoiit  1587)  avec  Jean-Louis  de  Nogaretde 
La  Valetto,  due  d'Gpernon,  morte  dans  sa  vingt-sixi^me  ann^e,  en  1593,  apr^  avoir 
disp086  en  favour  de  son  mari  de  tout  ce  qu'il  dtait  possible  de  loi  laisser. 

(2)  CbeMieu  de  canton  du  d^parlement  de  la  Gironde,  arrondissement  de  Bazas. 

(3)  Chef-lieu  de  canton  du  mSme  d^partoment,  arrondissement  de  La  R^ole. 

(4)  Chef-lieu  de  canton  du  m^mo  d($partement,  arrondissement  de  Bordeaux. 


Digitized  by 


Google 


—  163  — 

partiennent  sur  Tacquet  que  j*ay  fait  sur  Laffitte  (1)  et  Bessan  (2) 
achet^s  au  seigneur  de  Vaillac,  et  pour  son  logis  sa  vie  durant  dans 
Bourdeaux,  je  luy  Ifegue  la  maison  que  j'ay  acquise  de  Morimat  avec 
le  jardin,  le  toutdevant,  apres  son  dtees,  estre  r^uni  au  chasteau  de 
Puy-PauKn.  Et  parce  que  j*ay  grande  obligation  a  ladicte  Jousseratz 
a  cause  des  services  et  secours  qu*elle  a  cy-devant  faict  a  feu  ma 
soeur  et  a  moy,  je  lui  laisse  le  droit  de  choisir  pour  meubler  sa  mai- 
son les  meubles  qui  sont  en  mes  maisons,  fors  de  mes  trois  cham- 
bres  et  une  salle  oil  j*ay  accoustum^  de  loger. 

11  legue  encore  a  cette  personne,  qui  diseeourusa  vie,  «  un 
esluy  et  petite  vaisselle  d'argenl  y  contenu  et  un  bassin  a  la- 
yer et  mes  petits  chandeliers  ouvres  d'argent.  » 

Je  donne  et  legue  aiix  pauvres  de  Dieu  mil  cinq  cens  escus  dont  il 
sera  bailie  cent  livres  k  chacun  des  sept  convents,  k  savoir :  Grande 
et  Petite  Observance,  Jacobins,  Carmes,  La  Mercy,  Feuillans  et  Fil- 
les  de  I'Ave-Maria,  et  seront  requis  de  prior  pour  nous;  et  le  reste  sera 
employ^  a  tant  de  pauvres  de  Dieu  qui  soufirent  secretement  sans 
s*oser  descouvrir,  et  sera  cherche  le  roUe  de  mon  aumosnier,  doyen 
de  Cadillac,  pour  pauvres  qu*il  a  accoustum^  d'ayder  tant  k  Cadillac 
qu'a  CastelnauetPuy-Paulin. 

Le  testateur  veut  que  tous  les  mois  il  leur  soit  distribue 
quarante  livres  a  chacun,  et  il  recommande  que  Ton  fasse 
choisir  les  pauvres  «  par  gens  de  bien.  » 

Fr.  de  Foix  institue  sa  soeur,  la  dame  de  Riberac,  son  heri- 
tiere  universelle,  pour  le  cas  oil  dame  Marguerite,  duchesse, 
sa  niece,  refuserait  d'accepter  les  conditions  du  present  tes- 
tament. 

Je  legue  k  Jehan  de  Bonassier,  dit  Launac,  ma  mestairie  de  La- 
daux  (3)  et  ce  pour  le  temps  pendant  qu'il  distillera  aux  Augustins 
de  Bourdeaux  par  chacune  ann^e  dix  livres  de  mon  eau  magistrate 


(1)  Chateau  situ^  dans  le  m6me  d^partement,  arrondisseroent  de  Lesparre,  eanton 
et  commune  de  PauiUac. 

(2)  Chateau  dans  le  mdroe  d^partement^  arrondissement  de  Bordeaux,  canton  de 
Caslelnan,  commane  de  Soussans. 

(3)  Commune  dn  d^parteroent  de  la  Gironde,  arrondissement  de  La  R^Ie,  canton 
de  Targon. 


Digitized  by 


Google 


-    164  — 

que  je  luy  ay  apprins  a  faire  (1)  et  six  fiolles  tenaas  une  once  cha- 
cune  pour  secourir  les  pauvres  malades  qui  en  auront  besoing,  et 
veux  que  si  Launac  ou  les  siens  cessent  de  bailler  chacune  annfe 
auxdicts  Augustins  dix  livres  de  ma  dicte  eau  bonne  et  fidelle,  comme 
je  Fay  accoustume  la  faire,  le  seigneur  de  Puy-Paulin  puisse  pour- 
voir  d*un  autre  qui  fasse  bien  ladicte  charge,  si  ce  n*est  qu'il  laisse 
par  maladie  ou  autre  legitime  empeschement,  et  en  ce  cas  il  four- 
nira  Tann^e  suivante  dix  livres  de  ladicte  eau,  outre  Tordinaire,  et 
s*il  ne  le  fait,  ladicte  mestayrie  sera  baill^e  k  celluy  qui  accomplira 
la  charge,  et  s*il  advient  qu*il  ne  se  trouve  plus  honime  qui  fasse  la 
dicte  eau  comme  doit  estre,  je  veux  que  la  mestairie  soit  aux  Augus- 
tins de  Bourdeaux  jusques  a  ce  qu'il  se  presente  homme  qui  bailie 
caution  de  faire  ladicte  eau  et  la  vendre  fidellement,  comme  diet  est, 
et  pendant  que  ladicte  eau  sera  vendue  au  relligieux,  que  les  Au- 
gustins nommeront  pour  la  d^partir,  j*en  tends  que  ledict  relligieux 
n*en  exigera  aucun  prix  d^argent  ou  salaire.  Vray  est  que  si  le  mal- 
lade  n'envoyefiollepour  mettre  ladicte  eau,  le  relligieux  luy  en  pres- 
tera  une  des  six  qu'il  aura  rcQCu,  en  luy  laissant  pour  gage  double 
prix  que  couste  la  fioUe,  car  autrement  les  pauvres  malades  ne  se- 
roient  secourus  selon  mon  intention. 

.  Je  veux  et  entends  que  tout  ce  qui  me  pourra  estre  deub  apres 
mon  dfees  soit  employ^  aux  pauvres  d*Ayre  et  rf^paration  de  Teglise 
de  Tevesch^. 

Je  nomme  ex^cuteurs  de  mon  testament  ladicte  dame  de  Riberac, 
ma  soeur,  damoiselle  Ren^e  de  Jousseratz,  Frangois  Barbier,  mon 
vicaire,  et  Anthoine  de  La  Forestie,  abb6  de  Mizerey.    • 

Fr.  de  Foix  alloue  une  somme  de  500  livres  k  chacun  de 


(1)  Scdvole  de  Sainte-Marthe  (p.  432  de  la  traduction  de  Gnill.  Colletet),  usant  de 
la  figure  de  rh^torique  Dorom^e  apostrophe,  dit  a  ce  sujet :  c  Mais  surtaut  je  ne  scaa- 
rois  assez  louer  ce  salutaire  elixir,  c'estainsi  quetu  appellesce  merveilleux  antidote, 
que  tu  trouvas  avec  une  peine  et  une  assiduite  merveilleuse;  et  ce  qui  rend  encore 
ton  invention  plus  utile  et  plus  considerable,  c'est  le  soin  que  tu  as  pris  de  la  com- 
maniquer  a  la  postdrit^.  Gar  pr^voyant  bien  que  les  hommes  pour  curieux  qa'ils 
soient  des  beaux  secrets  de  la  nature,  ndgligeroient  enfin  la  composition  et  I'usagd 
de  celui-cy  pour  sa  grande  despense,  tu  voulns  obliger  le  public  jusques  au  poind 
qu'apres  luy  avoir  donnd  un  si  rare  secret,  tu  le  lay  voulus  conserver  encore  par 
one  notable  somme  d'argent  qu«  tu  destinas  h  cet  effect,  et  que  tu  ordonnas  de  pren- 
dre tous  les  ans  sur  ton  bien.  »  Rappelons  ici  que  Dora  Denis  de  Sainte-Marthe  a 
insure  dans  le  Gallia  Christiana  nn  long  fragment  du  Livre  iv  des  Elogia,  relatif 
a  Fr.  de  Foix,  disant :  «  Sed  satius  est  ejus  elogium  a  gentili  roeo  Scaevola  Sam- 
martbano  elucubratum  referre,  quaro  in  novo  scribendo  tempus  terere.  » 


Digitized  by 


Google 


--  165  — 

ses  quatre  executeurs  testamentaires,  pour  les  indemniser  de 
la  perte  du  temps  qu'ils  employeront  a  ses  affaires. 

Le  testateur  veut  qu'on  le  mette  dans  «  un  sepulcre  de 
marbre  de  Comminge,  lequel  aura  A  pieds  de  large,  8  pieds 
de  long,  A  pieds  de  hauteur,  environne  d'une  grille  quadran- 
gulaire  en  pointes  pour  n'y  appuyer  aucune  chose  dessus.  » 
II  veut  que  par-dessus  soil  posee  une  table  de  marbre  noir 
destinee  a  recevoir  une  epitaphe. 

Enfin,  rev6que  d'Aire  veut  que,  si  les  enfants  du  due  d'E- 
pemon  viennent  a  mourir,  la  fortune  passe  a  Gaston  de  Foix 
et  a  ses  enfants,  s'ils  sont  catholiques,  ou,  a  leur  defaut,  au 
principal  catholique  descendant  de  la  race  de  Gaston  de  Foix, 
marquis  de  Trans,  jadis  seigneur  de  Melye  (1),  «  puisnfe  de 
noslre  maison  (2). » 

Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 


(1)  Sic  pour  Meille,  vicomt^  od  Aragon,  poss^d^e  par  Jean  de  Foix,  comte  de 
GorsoD,  p^re  de  ce  Germain-Gaston  de  Foix,  marquis  de  Trans  et  comte  de  GursoD, 
doot  le  fils,  Loais,  dpousa  cette  Charlotte-Diane  de  Foix,  c^l^br^e  eo  vers  par  Flori- 
mond  do  Raymond  etpar  Pierre  de  Brach,  en  prose  par  Michel  de  Montaigne- 

(2)  Fr.  de  Foix  avail  achel^,  le  25  f^vrier  1562,  a  pacte  de  rachat,  la  terre  d^ 
Vayres  a  la  reine  de  Navarre  {Droits  de  p^age  et  de  passage  dans  la  juridiction  de 
Vayres,  etc.,  par  M.  Ldo  Drouyn.  Actes  de  I'Acaddmie  de  Bordeaux^  1869,  p.  355.) 
Mais  il  n'en  ^tatt  pas  possesseur  en  15s^2,  comma  le  prouve  le  silence  qa'il  garde 
dans  son  testament  ao  sujet  de  cette  terre. 


Digitized  by 


Google 


Uiij  — 


LtGENDE  ET  HISTOIRE.— ^UDE  CRITIQUE 


SDR 


Saint  Sever,  roi  des  sgtthbs,  et  ses  compagnons. 

{Suite)  (1). 

VI. 

M.  A.  Curie  Seimbres,  dans  ses  Qrudiles  Recherches  siir  les 
lieux  habites  par  Sulpice-Sev^re,  a  ete  frappe  des  coinciden- 
ces de  rhistoire  avec  certains  details  substantiels  de  la  legende 
saint-severienne.  Iltrouve  reunis  a  Primuliac  les  norns  d'un 
Severe  et  d'un  Clair,  et  il  se  demande  si  Sever  serail  Sulpice- 
Severe.  Claude  Estiennot  lui  offre  un  nouvel  appoint,  en  adjoi- 
gnant  un  martyr  du  nom  de  Cassien  aux  compagnons  de 
martyre  de  notre  heros;  mais  Claude  Estiennot  s'est  mfepris; 
un  coup  d'oeil  jete  sur  la  p.  174, 1. 1,  de  YHistoriamonasterii 
S.  Severi  suffit  pour  faire  voir  que  la  citation  est  inexacte. 
Dans  lous  les  cas,  je  ne  puis  que  loner,  on  lecomprend  bien, 
les  confrontations  laborieuses  auxquelless'estlivre  M.  Curie 
Seimbres;  je  me  permettrai  meme  de  lui  en  suggerer  encore 
une  a  faire.  L'auteur  pseudonyme  des  Chroniques  du  Bdam 
el  je  ne  sais  trop  quelles  traditions  locales  fixent  a  Pouliac, 
dans  le  Vic-Bilh  (autrefois  Primouliac,  a  ce  que  pretend  le 
faux  et  pen  exact  vicomte  d'Asfeld),  le  Primuliac  de  Sulpice- 
Severe,  et  a  Ta7*on,  le  lieu  de  sa  seconde  eglise.  Entre  les  deux 
localites  se  trouve  Clarac,  riche  comme  elles  en  mines  anti- 
ques. Tout  n'a  pas  encore  ete  dit  sur  ces  quartiers,  et  Ton  se- 
ll) Voir  la  livraison  de  Wvrier,  p.  63. 


Digitized  by 


Google 


~  ir»7  — 

rait  heureux  si  quelque  inscription  lapidairo  venait  montrer 
un  jour  dans  le  raysterieux  sarcophage  deTaron(l)  etdans 
ie  vocable  de  Clarac  la  sepulture  et  le  nom  de  Clarus,  |^ami 
de  Sulpice-Severe,  le  disciple  de  S.  Martin. 

Que  de  questions  nous  devons  poser,  avant  d'obtenir  une 
pleine  reponse!  Aidons-nous,  aidons-nous  loujours  a  rendre 
les  resultats  moins  lointains. 

J'ai  opine  pour  la  distinction  de  Sulpice-Severe  et  du  martyr 
saint  Sever.  L'individualite  du  dernier  m'apparait  trop  bien 
assise  sur  son  titre  de  roi  de  Barbarie  comme  s'expriraent  les 
textes  que  j'ai  cites  tout  a  Theure,  de  roi  des  Vandales  exile, 
de  prince  africain;  c'est  la  une  de  ces  bases  qu'on  ne  va  point 
placer  apres  coup  au-dessous  de  la  statue. 

Quant  a  la  sincerite  de  sa  conversion  et  a  son  apostolat,  je 
n'ai  nullement  la  pensee  de  les  revoquer  en  doute,  malgre 
lout  cequ'il  pent  y  avoir  de  politique  ou  de  legitimement  hu- 
main  dans  les  reflexions  que  jepourrai  faire :  loin,  d'etre  v6- 
ritablement  opposees,  ces  choses-la  s'expliquent  et  s'appuient 
le^  unes  les  autres. 

Je  me  demande  meme  comment  il  se  fait  que  I'histoire  nous 
montre  Godagis  exile,  sans  nous  rien  dire  de  pareil  sur  son 
frere  Gonthamund;  comment  celui-ci  devient  roi  a  sa  place, 
tandis  qu'il  n'est  question  ni  dela  mort  du  legitime  heritier, 
ni  d'aucune  cause  persistante  de  docheance;  comment  enfln 
Gonthamund  se  montra  provisoirement  favorable  aux  catho- 
liques;  et  au  milieu  de  toutes  ces  lenebres,  qui  ont  intrigue 
les  historiens,  je  voudrais  bien  savoir  si  Texplication  la  mieux 
d'accord  avec  tout  ne  serait  pas  que  Godagis  avait  reellement 
abdique  par  vertu  et  exig6  de  son  frfere,  en  retour  de  la  cou- 
rpnne/la  delivrance  deseglises  numides  affligees. 

Qupi  qo'ilen  soit,  le  prince  vandale  de  notre  legende  ad- 
diquaetseflt  ap6lre,  et  c'est  son  apostolat  qu'il  nous  faut 
acluellement  etudier. 

(1)  Voir  le  t.  ii,  p.  462  du  present  Bulletin. 


Digitized  by 


Google 


—  168  — 

«  Avec  ses  six  coinpagnons,  il  s'embarque  au  port  d'A- 
charon,  et,  apres  quarante-six  jours  de  traversee,  aborde  a 
Jopi^.  » 

A  moins  d'admettre  Finterpretation  dc  la  legende  donnee 
posterieurement  a  celle  qu'on  me  reclame,  par  le  docte  cha- 
noine  M.  Pedegert  (Hist,  monast.  S.  Sev.,  t.  ii,  p.  367),  ou  ne 
se  fut  pas  atlendu  a  rencontrer  ici  le  port  d'Acharon,  et  ces 
quarante-six  jours  de  navigalion  du  port  d'Accaron  a  Joppe, 
ville  si  voisine,  demanderaient  de  la  part  de  la  Iqgende  une 
explication  qu'elle  nedonne  pas.  Mais  si  c'est  plutdt  en  Afri- 
que,  soit  a  Acholla,  soit  ailleurs,  qu'eut  lieu  le  depart,  la  chose 
est  plus  simple. 

II  etait,  du  reste,  trfes-naturel  a  nos  Africains  de  faire  voUe 
vers  la  Palestine.  La  venait  de  se  refugier,  je  Tai  fait  obser- 
ver deji,  une  tante  de  Godagis,  Eudocie,  seconde  femme  el 
captive  de  Huneric,  fuyant  un  epoux  et  un  persecuteur  qu'elle 
detestait. 

«  Apres  cent  vingl-trois  jours  de  peregrination,  ils  se  rem- 
barquerent  pour  aller  vers  le  Nord.  »  Ainsi  faisaient  bi§n 
d'autres  emigres;  Constantinople  en  accueillit  un  certain  noni- 
bre,  et  les  princes  exiles  surtout  savaient  tendre  les  bras  vers 
Tempereur  d'Orient,  leur  allie.  Mais  des  vandalesne  pouvaient 
etre  tres-bien  venus  dans  ses  Etats,  depuis  que  Huneric  avait 
voulu  y  procurer .toute  liberte  aux  predicants  ariens. 

«  Justin  dit  alors  a  G^ronce :  a  Pourquoi  n'irions-nous  pas 
»  a  Rome?  C'est  a  notre  depart,  repondit  ce  dernier,  qu'il  eut 
n  fallu  le  faire.  Qui,  allons  a  Rome,  s'ecria  Sever.  »  —  II  y 
avait  a  Rome,  en  ces  jours-la,  un  homme  apostolique  plein  de 
sagesse  et  de  vertu,  c'6tait  le  pontife  Eugdne.  Sever  alia  le 
trouver  et  lui  dit  qu'ils  etaient  venus  consulter  le  Siege  apos- 
tolique pour  savoir  ce  qu'il  leur  serait  plus  opportun  de  faire 
dans  le  service  divin.  Sur  Tinvitation  d'Eugene,  ils  passerent 
a  Rome  un  peu  plus  d'un  an.  » 

Nul  pontife  du  iiom  d'Eugene  ne  se  montre  a  nous  dans  la 


'  Digitized  by 


Google 


•       —  169  — 

ville  saintc,  a  Tepoque  ou  nous  nous  Irouvons  places,  et  je 
ne  puis  rapporter  qu'a  saint  Eugene,  eveque  de  Carthage,  la 
substance  de  ce  qu'on  vient  de  lire  :  il  put  etre  rencontre  par 
nos  exiles,  exile  lui-meme;  il  put  aussi  aller  a  Rome.  En  487 
s'y  lint  un  concile  charge  d'examiner  les  affaires  des  eglises 
d'Afrique;  quatre  eveques  africains  y  assisterent,  mais  non 
Teveque  Eugene.  Est-ce  vers  cette  epoque  qu'arriverent  nos 
voyageurs? 

VII. 

«  Cependant  on  apprit  a  Rome  que  le  sang  des  martyrs 
arrosait  le  sol  aquitain.  La  necessite  des  eglises  persecutees, 
Texemple  de  ses  heros,  les  encouragements  du  bienheureux 
Clair,  la  parole  surtout  du  Souverain  Pontife,  tout  montrait  a 
Sever  la  nouvelle  carriere  qu'il  devait  fournir.  II  partit,  et 
ses  compagnonslesuivirent.Ilsarriverentbientdta  Toulouse. » 

A  part  le  dernier  trait,  ce  resume  est  emprunte  principa- 
lement  a  la  legende  de  saint  Clair.  Quant  a  la  persistance  des 
compagnons  de  Sever  k  rester  avec  lui  et  a  le  suivre  jusqu'au 
cap  de  Gascogne,  les  legendes  sont  trop  en  disaccord  sur  ce 
point  pour  qu'il  soit  besoin  d'en  tenir  compte.  Le  detail  prin- 
cipal, c'est  la  persecution  qui  sevissait  en  Aquitaihe,  tandis 
qu'il  n'est  question  de  rien  de  pareil  ni  dans  le  reste  des 
Gaules,  ni  en  Italie.  Avec  quoi  cela  peuWl  concorder,  si  ce 
n'est  avec  la  persecution  deParien  Euric?  Dans  cette  hypo- 
these,  il  faudrait  placer  TarrivSe  de  Sever  entre  Tan  479,  date 
de  la  persecution  de  Huneric,  et  Tan  484,  date  de  la  mort 
d'Euric,  ou  une  date  posterieure  de  pen  d'annees.  Rappe- 
Ions-nous  que  le  concile  tenu  a  Rome  au  sujet  des  affaires 
d'Afrique  eut  lieu  en  487.  Mais  ce  calcul  me  porte  a  faire 
roster  saint  Sever  en  Gaule  de  longues  annees,  car  je  devrai 
le  faire  mourir  Fan  507,  epoque  a  laquelle  il  pouvait  avoir 

50,  60,  70  ans,  etant  deja  marie,  et,  a  ce  quMl  parait,  sans 
Tome  XVIII.  12 


Digitized  by 


Google 


-    170  —        • 

enfants  avant  Tannee  480.  Qu'aura-t-il  fait  diirant  cet  iiiter- 
valle? 

II  est  temps  d'examiner  si  ce  serait  lui  que  nous  avons  vu 
s'etablir  a  Agde  sous  le  nom  du  moine  Severe. 

Le  Severe  dont  j'entreprends  Tetude  est  un  personnage  en 
partie  hislorique  el  en  partie  mysterieux.  Tantdl  on  ie  dit  des- 
cendant des  rois  de  Syrie,  tantdt,  comme  pour  corriger  une 
,  assertion  un  peu  exagcree,  on  le  fait  simplement  originaire 
de  cette  contrce.  Son  age  pent  coincider  avec  celui  du  prince 
vandale  Godagis.  Une  fut  pas  pleinement  detache  du  monde 
des  son  arrivee  dans  laGaule  (1);  a  Teveque  d'Agde  revient 
Thonneur  de  Tavoir  finalement  gagne  au  renoncement  evan- 
gelique.  Mais  quel  dessein  porta  ce  nouveau  venu  a  s'etablir 
dansces  regions  occiden tales?  On  ne  le  dit  pas. 

II  eut  pour  disciple  saint  Maxence  ou  Maixent,  autrement 
Ait  Adjuteur,  que  les  siecles  passes  (2)  idenlifiaient  avec  Pabbe 
Jean  Maxence,  le  trop  zele  promoteur  de  la  fameuse  propo- 
sition theologique  :  «  Tun  de  la  Trinite  a  ete  crucifie.  »  Or, 
cette  identite  n'aurait  rien  d'etrange  si  Severe  d'Agde  etait  le 
Sever  d'Afrique,  et  Maxence,  un  compagnon  venu  avec  lui. 
On  s'expliquerait,  en  effet,  avec  quel  bon  droit  Ton  a  fait  de 
Maxence  un  theologien  qui  plaidait  sa  cause  a  Constantino- 
ple a  la  t6te  d'une  troupe  de  moines  scythes  et  qui  appelait  a 
son  secours  les  ev^ques  d'Afrique,  et  nous  aurions  facilement 
en  lui  celui  que  Clovis,  son  admirateur,  pourrait  bien  avoir  de- 
pute a  Constantinople,  quand  il  y  fit  ratifier  ses  conquetes 
sur  Alaric.  Alors  aussi  serait-il  moins  etonnant  de  voir  Jean 
Maxence,  comme  le  fait  remarquer  Pagi,  ecrire  de  si  longs 
traites  en  si  bon  latin,  et  de  plus  s'attaquer  aux  ecrits  semi- 
pelagiens  de  Fauste,  eveque  de  Riez  et  ancien  abbe  de  Lerins. 

Je  voudrais  bien  savoir  par  qui  et  sur  quelles  donnees  a  ete 
jadis  afflrmee  cette  identite,  car  elle  serait  par  trop  etrange  si 

(1)  Bolland.,  26  aug. 

(2)  Hist,  litter,  de  la  France.      - 


Digitized  by 


Google 


—   171   — 

elle  etait  de  pure  invention.  Qu'on  Tait  nlee  depuis,  jc  le 
Contois :  la  controverse  des  moines  scythes  n'avait  eu  lieu 
qu'en  SI 9,  et  Ton  supposait  rabb6  Maixent  mort  en  515, 
mais  cette  derniere  date,  proposee  par  les  Bollandistes,  n'a  ete 
presentee  par  eux  que  comme  approximative  et  n'est  qu'une 
simple  hypothese.  Et  puis,  Maixent  s'etait  rendu  aux  envi- 
rons de  Poitiers  dans  le  temps  ou,  a  mon  avis  du  moins, 
saint  Clair  d'Afrique,  compagnon  de  Sever,  et  aussi  Alaric  II, 
se  portaient  vers  le  meme  point :  cette  apparente  coincidence 
a-t-elle  un  sens?  Je  Tignore. 

Severe  d'Agde  eut-il  avec  Alaric  quelques-unes  de  ces  re- 
lations qu'entretint  avec  le  roi  Arien,  d'aprfes  la  legende, 
noire  saint  Sever?  Nous  avons  vu  le  farouche  Huneric  aller 
reclamer  je  ne  sais  quoi  aux  habitants  d'Agde,  dans  le  temps  . 
ou  il  defendait  aux  catholiques  de  faire  revenir  d'outre-mer 
rheritier  legitime  de  la  couronne;  cette  ville  intervint-elle  aussi 
dans  les  affaires  d' Alaric? 

Ici  se  presente  un  evenement  d'une  haute  importance :  le 
choix  d'Agde  comme  lieu  de  reunion  pour  les  eveques  de  tout 
le  midi  des  Gaules  au  celebre  concile  de  506,  avec  projet  de 
se  reunir  encore  prochainement  a  Toulouse,  capitale  des  Wisi- 
goths,  avec  les  ev6ques  d'Espagne. 

Regulierement,  c'etait  la  grande  metropole  d' Aries  qui  de- 
vait  conserver  cette  prerogative.  L'empereur  ponorius  avail 
statue  que  les  notables,  les  juges  et  les  evfiques  de  ce  qu'on 
appelait  les  Sept  Provinces  s'y  assembleraient  chaque  annee, 
depuis  les  ides  d'aoiit  jusqu'aux  ides  de  septembre,  pour  avi- 
ser  aux  besoins  du  pays  (1).  Les  papes,  de  leur  c6le,  recon- 
naissant  dans  cette  noble  ville  la  vraie  « mere  de  toutes  les 
Gaules,  et  la  source  premiere  de  laquelle  toute  cette  contree 
avail  re^u  les  ruisseaux  de  la  foi  et  de  Tepiscopat  (2), »  les 
papes,  dis-je,  avaienl  assure  a  ses  eveques  le  litre  primatial  de 

(1)  Antcserrc. 

(2)  Bpist.  19  Episcopor.  Gallia  ad  S.  Leonem.  —  Zozim.  ad  episcopos  Gallia. 


Digitized  by 


Google 


—   17-2  — 

vicaires  ou  legals  pruviuciaux  clii  Saint-Siege,  avec  rofflcc  el 
le  droit  de  convoquer  de  grands  synodes  el  de  les  presider.  Et 
voila  pourquoi  nos  conciles  meridionaux  se  tinrent  habituel- 
lement  a  Aries.  L'annee  506  fit  exception.  L'assemblee  ho- 
norienne  avait  eu  lieu  a  Aire  (sinon  a  Saint-Sever,  comma 
Tinsinue  la  legende),  Thiver  ou  Tautomne  precedent,  a  Toc- 
casion  du  code  a  publier :  la  reunion  ecclesiastique  fut  con- 
voquee  pour  Tepoque  officielle  de  la  fin  de  Fete,  mais  a 
Agde. 

Le  monastere  de  Saint-Severe  avoisinait  Teglise  de  Saint- 
Andre,  choisie  pour  les  seances.  Les  eveques  avaient  besoin 
d'abriter  leurs  deliberations  les  moins  politiques  derriere 
Tintervention  de  quelquc  ami  dWlaric  el  d'ajouter  des  de- 
marches propres  a  le  rassurer.  Clovis  venait  d'abjurer  Ter- 
reur;  plusieurs  Aquitains  commengaient  a  tburner  vers  lui 
leurs  regards,  et  sa  bouche  allait  laisser  echapper  la  fatale 
parole :  «  Je  ne  puis  souffrir  des  ariens  en-dega  des  Pyre- 
nees. »  L'independance  du  midi  et  sa  souverainete  sur  TEs- 
pagne  etaient  menacees.  Une  seule  chose  paraissait  capable 
de  sauver  le  roi  Wisigoth :  qu'il  se  declarat  ouvertement  ca- 
tholique. 

Qu'avaient  done  a  faire  les  Peres  d'Agde?  prouver  a  Ala- 
ric  qu'ils  ne  meriteraient  jamais  d'etre  suspectes  de  partialile 
pour  les  Francs,  comme  ne  le  furcnt  que  trop,  en  effet,  deux 
d'entre  eux,  S.  Cesaire  d'Arles  et  S.  Quinlien,  venu  d'Afrique 
pour  occuper  le  siege  episcopal  de  Rodez,  et,  en  outre,  il  fal- 
lait  envoyer  au  prince  arien  Thomme  le  plus  propre  aTeclai- 
rer,  a  lui  inspirer  de  la  conQance,  a  le  persuader. 

Etait-il  un  homme  aussi  apte  a  remplir  ces  vues  que  Tan- 
cien  prince  Severe  ?  N'cst-ce  pas  lui,  ce  semble,  qui  devait 
venir  dire  au  successeur  d'Euric  ce  que  disaient  pen  aupara- 
vant  au  roi  Gondebaud  les  eveques  Burgondes,  reunis  aLyon : 
«  Que  le  roi  accepte  la  foi  de  Clovis,  et  il  sera  plus  facile  aux 
prelats  de  faire  d'un  rival  dangereux  un  ami  d6sarme»? 


Digitized  by 


Google 


—   173  — 

Agenouilles  sur  Ic  sol,  les  Peres  du  concile  avaient  commence 
leurs  sessions  en  priant  le  Ciel  « pour  leur  tres-glorieux, 
»  Ires-magniflque  [et  tres-pieux  (1)]  maftre  le  roi,  afin  que 
»  Dieu  lui  accordat  de  longs  jours  et  un  empire  toujours  plus 
»  heureux  et  plus  etendu,  gouverne  par  la  justice  et  protege 
»  par  la  valeur;  »  n'auront-ils  pas  voulu  montrer  la  sincerite 
de  leurs  vceux  ?  Si  done  la  leg^nde  nous  monlre  un  Sever  en- 
voye  vers  le  prince  des  bords  de  TAdour,  il  est  tres-possible 
que  ce  soit  Severe  d'Agdc,  qu'il  ait  suivi,  a  leur  retour,  le 
pretre  Pierre,  depute  au  concile  par  Teveque  d'Aire  Marcel,  et 
Tevfique  catholique  du  palais,  suppose  qu'il  faille  entendre 
ainsi,  avec  Jager,  Xepiscopm  de  Palatio,  un  des  souscripteurs 
des  actes  conciliaires. 

L'identification  des  deux  Severes  suppleerait  heureusement 
a  la  disproportion  de  la  legcnde  de  S.  Sever  avec  celle  de  S, 
Clair  et  a  Tintervalle  bien  long  que  je  dois  meltre  entre  Texii 
de  Sever  et  sa  morl;  d'autant  mieux  qu'il  serait  etrange  de 
voir  un,  pareil  personnage  fournir  son  chemin  sans  laisser 
aucune  trace  de  son  passage  ailleurs  qu'au  terme  de  sa  route. 

II  y  aurait  encore  ce  "petit  avantage  que  Jean,  son  adju- 
lem\  ne  serait  pas  le  seul  ou  presque  le  seul  des  septcompa- 
gnons  sur  lequel  Thagiographie  antique  n'aurait  rien  a  nous 
dire;  car,  en  dehors  de  Jean  Maxence,  oil  le  trouver?  serail- 
ce  dans  un  certain  moine  Jean,  dont  parte  Victor  de  Vite,  per- 
sonnage, a  ce  qu'il  parait,  aussi  remnant  que  I'archimandrite 
ambulant  des  moines  scythes,  et  qui,  venu  en  Afrique  d'au- 
dela  de  la  mer,  se  vit  poursuivi  sans  quartier  par  Genseric, 
avec  ceux  qui  le  recevaient  ? 

Mais  toutes  ces  confrontations  liniraient  par  ctre  aussi 
cxcessives  que  pen  fruclueuses  souvent;  moderons-les.  II  faut 
pourtant  me  les  pardonncr.  Ma  situation  est  celle  d'un  sujet 
qui  doit  tacher,  avec  un  simple  signalement,  de  retrouver  son 
prince  perdu  Ton  ne  sait  ou;  iltrouveune  premiere  physiono- 

(l)  Ms.  de  Reims. 


Digitized  by 


Google 


—  174  — 

micassez  ressemblante  et  il  se  dit:  Serait-celui?IleQ  ren- 
contre une  autre,  et  il  lui  crie :  Mais  ne  vous  ai-je  pas  deja 
vu  ?  L'inconnu  se  renferme  dans  son  incognito  et  disparait  en 
disant:  Ten  sais  fort  bien  queique  chose!... 

Sacrifions  done  a  ceux  qui  n'en  voudraient  pas  I'identite 
des  deux  Jeans  et  meme  des  deux  Severes;  proposons-la  a 
ceux  qui  se  contentent  parfois^  en  histoire,  d'opinions  et  de 
probabilites  plus  ou  moins  fondees;  ce  qui  demeure  certain, 
c'est  qu'il  nous  est  venu  un  prince  demissionnaire  dit'  afri- 
cain  et  dit  vandale  que  nous  nommons  S.  Sever,  et  qu'un 
prince  africain  et  vandale,  herilier  presomptifdu  tr6ne,  a  dis- 
paru  aux  yeux  de  Thistoire  sans  qu'il  reste  autre  chose  de 
ressemblant  que  des  S.  Severe  et  des  S.  Sever. 

{A  suivre.)  Jean  LABAT,  s.  j. 


Dans  I'article  qui  suit,  je  cite,  comme  on  le  verra,  des  pieces  extraites  de 
feulllets  manuserits  ajout^s  des  le  xvn^  si^cle  k  un  volume  imprim6  k  Toulouse 
en  1673.  Parmi  les  pieces  dont  je  n'ai  pas  eu  k  parler  [voyez  ci-apr6s  p.  177, 
note) ,  se  trouve  une  forraule  d6pr6caloire  contre  les  malefices  (trois  pages  de 
atin),per  R.  P.  Michael.  MuranzanrCX  Monte  Regali,  Je  cite  ce  nom  d'un 
religieux  de  Montrejeau,  en  cas  qu'il  puisse  servir,  soit  k  la  question  litt^raire 
des  cantiques  ga^cons,  soit  k  notre  histoire  monastique  provinciale.  On  y  trouve 
aussi  un  exercicepo6tiqueassezsingulier,  dontvoici  un  6chantillon  quipourra 
amusei*  quelqUes  lecteurs.  C'est  un  quatrain  qui  se  lit  en  deux  famous,  hprizon- 
tale  et  verticale,  tour  de  force  qui  ne  [figure  pas  dans  les  Amusements  philolo- 
giques  de  Peignot : 


Je  vols 

Avec 

Peine 

Le  jour 

Avee 

peine 

je  Fois 

la  nuit 

Peine 

je  vols 

parmy 

I'amour 

Le  jpur 

la  Duit 

Tamour 

me  nuit. 

11  y  a  quatre  autres  quatrains  de  ce  genre,  mais  tr6s-raal  venus.  —  l. 


Digitized  by 


Google 


—   17.5  — 


DE  QUELQUES 

CANTIQUES  GASCONS  IN^DITS 


DU   XVll*^   SIECLE. 


Kous  avons  fail  connaiire,  dans  ua  article  sur  Frangois 
Fezede,  cure  de  Flamarens  {Revue  de  Gascogne,  xi,  361), 
deux  ou  trois  minces  recueils  de  noels  et  cantiques  gascons 
du  XVII*  siecle.  Nous  pourrions,  en  nous  aidant  des  recher- 
ches  deM.  le  D'  Noulet  (1),  y  ajouter  quelques  mentions  bi- 
.bliographiques;  mais  il  faut  avouer  que  cette  branclie  de  notre 
litterature,  aussi  interessante  au  point  de  vue  phiiologique 
qu'au  point  de  vue  religieux,  resterait  en  somme  assez  pau- 
vre,  soit  pour  la  qualite,  soit  pour  la  quantite.  Peut-etre,  il 
est  vrai,  faudrait-il  y  joindre  de  Tinedit.  On  rencontre 
parfois,  renfermes  dans  de  pelits  cahiers,  ou  transcritssurles 
gardes  de  vieux  livres  d'eglise,  des  chants  patois  qui  peuvent 
n'avoir  jamais  ete  imprimes.  Pour  pen  qu'ils  aient  quelque 
merite,  il  est  bon  de  s'assurer,  autant  que  possible,  de  Icur 
qualite  AHnedils  et  de  les  publier.  En  ce  moment  surtout,  ou 
les  etudes  sur  les|patois  pronnent,  sous  Timpulsion  du  Fdi- 
Orige,  un  d6veloppement  si  remarquable,  de  semblables  publi- 
cations ne  peuvent  manquer  d^etre  bien  accueillies. 

Le  vrai  modele  et  le  recueil  le  plus  complet  des  cantiques 

(l)  Essai  sur  Vhistoire  littSraire  des  patois  du  midi  de  la  Prance  aux  XVI*  et 
XVIP  sih^es.  Paris,  Techener,  1859  (voir  le  compte  que  j*en  ai  rendu  daus  le  pre- 
mier voluroe  du  present  recueil,  p.  351).  M.  Noulet  a  public  dernidrement,  dans  la 
Revue  des  langues  romanes  de  Monlpellicr,  le  complement  do  ce  travail  pour  le 
xviir  siecle;  la  Revue  de  Gascogne  en  rendra  compte. 


Digitized  by 


Google 


-.  176  — 

patois  du  xvu*  siecle  est  le  livre  que  publierent,  en  1673,  les 
freresBoade,  libraires  de  Toulouse,  sous  ce  titre:  Le  Tableu 
de  la  bido  del  parfct  crestia,  que  represento  Vexei'cid  de  la 
fe,  accoumpaignado  de  las  bounos.  obros,  las  pregarios,  le 
boun  usalge  des  Sacromens,  etc.  L'auteur  de  ce  livre,  qui 
n'est  pas  sans  merite  litleraire,  quoiqu'il  y  ait  peu  de  preten- 
tion, etait  le  P.  Amilha,  chanoine  regulier  de  Pamiers,  mais 
qui  avait  ete  longtemps  missionnaire  dans  le  diocese  de  Tou- 
louse, son  pays  d'origine.  11  va  sans  dire  que  ses  cantiques 
sont  ecrits  en  pur  moundi,  en  languedocien.  Mais  ils  se  re- 
pandirent  dans  notre  Gascogne,  meme  avant  d'etre  imprimes; 
et  les  missionnaires  de  nos  contrees  se  contenterent  souvent 
de  les  modifier  un  peu  pour  les  rendre  accessibles  a  leurs  au- 
ditoires.  Ces  rifacimenti  sont  rarement  bien  reussis,  et  Ton 
comprend  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  publier,  quand  on  les  ren- 
contre, ces  copies  imparfaites,  auxquelles  la  purete  du  lan^ 
gage  manque  autant  que  Toriginalite. 

Nous  avons  parle  dans  le  temps  d'un  petit  cahier  manus- 
crit  appartenant  aM.  Degrange-Touzin,  de  Valence-sur-Ba'ise, 
et  renfermant  quelques  cantiques  frangais  et  patois.  Ce  cahier 
nous  a.montre  bien  clairement  Tusage  suivi  par  les  mission- 
naires de  Gascogne  relativement  aux  cantiques  du  P.  Amilha. 
Voici  la  note  qui  accompagne  ce  recueil  de*  vers  pieux :  Ces 
cantiques  conlenus  dans  ce  caye^*  se  chantoint  a  la  mission 
qm  feut  faite  a  Condom  Van  1664  h  laquelle  Mgr  V^v^quc  me 
fit  Vhonneur  de  m'agregei'  pour  confesser  avec  les  Peres  de 
ladite  mission.  Or,  laissant  de  c6te  les  poesies  frangaises  de 
ce  petit  recueil,  on  y  trouve :  deux  paraphrases  des  comman- 
dements  de  Dieu :  Mon  fil,  dont  Vage  lendre  Deu  prendre... 
et  Bos  sabe,  amno  batiado...;  le  Paler  en  gascon :  Pere  cter- 
nel,  sio  benito...;  un  cantique  a  la  croix :  Vivo  la  croux  be- 
nasido;  et  une  paraphrase  du  Slabat :  Pres  de  la  croux  bena- 
sido.  Or,  ce  dernier  cantique,  le  plus  remarquable  de  tons, 
est  tired' Amilha  (p.  M3),  ainsi  que  Ic  Palo*  en  vers  gascons. 


Digitized  by 


Google 


—  177  — 

Et  si  les  autres  morceaux  du  cahier  de  M.  Degrange  ne  se  re- 
trouvent  pas  dans  le  Tableu  de  la  bido  del  parfet  crestia,  il 
n'est  pas  moins  clair,  par  certains  languedodanisfnes  mal  dis- 
simules,  qu'ils  sont,  au  moins  pour  la  plupart,  etrangers  a 
notre  pays  par  leur  premiere  origine. 

Ce  defaul  ne  les  emp6chait  pas  de  devenir  populaires  dans  le 
vrai  sens  et  dans  toute  la  force  du  mot.  II  y  a  meme  lei  chant 
d*Amilha  que  la  tradition  conserve  encore  aujourd'hui  hors  des 
limites  du  Languedoc.  Feu  M.  Tabbe  Abadie,  missionnaire 
d'Auch,  me  communiqua,  il  y  a  une  quinzaine  d'annees,  une 
formule  rimee  et  musicale  pour  demander  Taumdne,  qu'il 
avait  entendue  dans  quelque  paroisse  du  diocese,  et  dont  il 
avail  pris  copie.  Je  la  lui  montrai  imprimee  lout  au  long  dans 
le  recueil  d'Amilha  (p.  83) : 

L'almouineto,  se  bous  plai, 

Qu'uQ  crestia  la  bous  demando,  etc. 

11  m'estlombe  ces  jours-ci  entre  les  mains  un  exemplaire 
d'Amilha  avec  additions  manuscrites  pour  notre  pays,  el  cette 
petite  trouvaille,  en  confirmant  ce  que  je  viens  de  dire  de  la 
popularite  de  ce  recueil,  m^me  en  Gascogne,  mefournit  quel- 
ques  textes  qui  me  paraissent  mferiter  d'etre  publics.  Les  can- 
tiquestranscritssurles  feuillets  ajoutes  a  laflndu  volume  sont 
de  deux  sortes  (1) :  1^  des  rifacimenii  gascons  de  certains  canti- 
ques  d'Amilha;  2**  des  canliques  gascons  qui  n'ont  pas  leur  mo- 
dele  dans  le  Tableu  de  la  bido  et  qui  me  paraissent,  plusieurs 
du  moins,  vraimentoriginaux.  Les  morceaux  empruntesneme- 

(l)  Je  D6  compte  pas  deui  OQ  trois  morceftux  d'un  genre  Stranger  a  la  pr^sente 
6tiide,  en  particulier  les  litanies  de  la  Sainte  Vierge  en  verH  frangais  assez  pea  cor- 
rects, coiDmencant  ainsi:  0  Seigneur ^  o  grand  Roy  des  Roys.  Notez  qoe  ce  canti- 
tique  fait  ^galement  partie  do  recueil  de  M.  Degrange,  cit^  pins  haot.  ~  Je  remar- 
que  aussi  qu'apr^s  les  feuillets  maouscrits,  ajoutes  a  la  fin  da  volame  dont  je  m'occupe, 
sejtroove  une  partie  de  livraison  in- 12  (p.  17-24)  d'on  recueil  languedocien  imprinn^, 
renfermant  des  pieces  qui  sont  dans  celoi  d'Amilha,  et  d'autres  qui  ne  s'y  troivent 
pas.  Au  bas  de  la  p.  17  se  lit  cette  note  manuscrite  :  «  Relies  ce  petit  cayer  auee 
celuy  la  a  cause  de  la  chanson  della  croix  qui  n'est  pas  dans  le  livre,  »  Or  cette 
chanson  de  la  croix,  c'est  Diu  gard  la  Croux  benasido,  dont  le  Vivo  la  croux  fee- 
nasido  du  recueil  de  M.  Degrange  n'est  qu' une  recension  gasconne. 


Digitized  by 


Google 


—  178  — 

ritent  guere  de  nous arreter.  Je  vais  pourtant  en donnerquel- 
ques-uns,  en  regard  de  la  le^on  languedocienne,  pour  la 
satisfaction  des  lecteurs  qui  aimeraient  a  comparer  les  deux 
dialectes ; 


Pater  noster. 


Forme  languedocienne  (*]. 

Diu  qu'ets  al  Cel,  paire  tout  nostre, 
Bostre  noum  sio  pertont  bantat, 
Abengo  le  Rouyalme  bostre, 
Faito  sio  bostro  boulountat. 

Doonats  nous  pa  cado  journado, 
Perdounats  coumo  nous  fasen, 
Nou  laissets  nostr'  armo  tentado, 
Deliurats  nous  de  mal.  Amen. 


Forme  gasconne  {**]. 

Pai  qu'ets  au  Geou,  de  touto  lengo 
Boste  nom  sio  pertout  bantat. 
Boste  Royaume  nous  abengo. 
H^ito  sio  bosto  boulontat. 

Dats  nous  deou  pan  cado  journado, 
Perdonnats  nous  coum  nous  hasem; 
Nou  leissets  nost'  amno  tentado, 
Desliourats  nous  de  mau.  Amen. 


Ave  Maria. 


Diu  bous  gard  Mario  ramplido 
Del  Fil  de  Diu  e  sa  bertut, 
Sus  toutos  fennos  benasido, 
E  benit  Jesus  bostre  frut. 

Sancto  Mario,  de  Diu  mero, 
Pregats  per  nous  ans  pecadous, 
Aros  e  a  I'ouro  darniero, 
Que  Jesus  nous  sio  pietadous. 


Diou  bous  gard  Mario  ramplido 
De  touto  gracio  e  de  bertut, 
Sur  toutos  hemnos  benasido, 
Benasit  Jesus  boste  frut. 

Santo  Mario,  de  Diou  m^ro, 
Pregats  per  nous  ants  pecadous, 
Aro  e  a  Thouro  darr^ro, 
Que  Diou  ajo  piatat  de  nous. 


Salve  Regina. 


Nous  bous  saludan,  Reyno  mero, 
De  misericord'  e  dougou, 
Salut,  esperanco  darniero, 
Nous  bous  saludan  amb'  aunou. 

A  bous  cridan,  paures  fils  d'Ebo, 
Banits  del  eel  sense  secours, 
De  gemica  le  cor  nous  crebo 
Dins  aqueste  baloun  de  plours. 


Nous  bous  saludam,  Reyno  m^ro 
De  misericord'  e  doussou ! 
Salut,  esperanso  darr^ro ! 
Nous  bous  saludam  dab  haunou. 

A  bous  cridam,  praubes  hils  d'Ebo 
Bannits  deou  ceou  sense  secours, 
De  gemica  lou  co  nous  cr^bo 
En  aqueste  balon  de  plours. 


{*)  Je  suis  fidSlement  rorthograpbe  da  volume  de  1673. 

{**)  Daii8  tons  les  (extes  gascons  de  cet  article,  je  suis,  non  le  sysl^me  r^gulier 
conforme  aux  habitudes  des  Felibres,  mais  le  systeme  da  toxte  manuscrit  qae  jo 
copie.  Je  ne  m'iDterdis  pas  toutefois  de  corriger  les  erreors  de  detail  et  d'ajouter. 
pour  la[facilitd  de  la  lecture,  pooctuation,  apostrophes,  accents  et  traits-d' union. 


Digitized  by 


Google, 


—  179  — 

Regardats  nous  nostr'  aboucado,  Espiats  nous,  nosi'  aboucado, 

E  apr6p  on  ta  loung  exil,  E  apr^s  un  ta  long  exil 

Moastrats  nous  la  facio  sacrado  Mustrats-nous  la  facio  sacrado 

De  Jesus  bostre  benit  fit.  De  Jesus  boste  benit  hil. 

0  Bierge  touto  pietadouso.  .               0  Bierges  touto  pietadouso 

Touto  ramplido  de  bountat,  E  touto  pieo  de  bontat, 

0  Mario  ta  graciouso,  Mario  touto  graciouso, 

Boulgats  de  nous  abe  pietat.  De  nous  antes  ajats  piatat. 

J'ai  souligne  dans  la  version  gasconne  quelques  mots  peu 
legitimes,  quoique  inteliigibles  en  gascon.  On  voit,  au  reste, 
que  ies  differences  'entre  les  deux  lemons  ne  sonl  pas  nom- 
breuses;  encore  certaines  sont-elles  purement  graphiques.  Le 
gascon,  par  exemple,  hcvil  Diou,  qui  se  prononce  exactement 
comme  /Wm,  orthographe  plus  reguliere  suivie  par  le  langue- 
docien.  II  y  a  un  point  oil  je  n'ose  decider  si  Torthographe 
seule  varie :  gasc.  boiUontat,  lang.  boulountat;  gasc.  long, 
langued.  loung,  etc.  La  prononciation  est  la  m6me  aujour- 
d'hui  et  conforme  a  la  notation  languedocienne;  mais  dans 
d'autres  mots  (comme  nom-noum)  la  difiference  entre  Vo 
ferme  et  Vo  ouvert  distingue  encore  les  deux  dialectes,  et  elle 
a  du  s'etendre  autrefois  a  des  mots  plus  nombreux. 

II  serait  peut-etre  assez  difficile  de  fixer,  sur  cet  echantil- 
lon,  Page  et  la  patrie  precise  de  ces  rimes.  Mais  Tecriture, 
sinon  de  ces  morceaux,  copies  en  caractere  imitant  la  typo- 
graphic, au  moins  de  certains  autres  qui  y  sent  annex6s  et 
qui  ne  peuvent  etre  que  du  meme  temps,  designe,  avec  une 
tres-grande  probabilite,  le  dernier  quart  du  xvu*  siecle.  Quant 
au  pays,  ce  pent  etre  Auch  ou  un  canton  plus  meridional. 
J'inclinerais,  gr&ce  a  certaines  formes  particuliement  rudes, 
pour  le  Magnoac;  Tauteur  ou  les  auteurs  n'auraient-ils  pas 
ete  membresde  la  communaute  des  missionnaires  de  Ga- 
raison  ? 

Les  pieces  nou  empruntees,  auxquelles  j'ai  hate  d'arriver, 
ne  me  paraissent  pas  toutes  de  la  meme  main.  II  y  en  a  qui 
ont  un  vrai  merile  do  forme;  d'autres  sont  mediocres.  Je 


Digitized  by 


Google 


—  180  — 

n'ose  placer  que  parmi  ces  dernieres  la  seule  qui  soil  signee. 
Mais  celte  signature  m'engage  a  ne  pas  la  negliger.  L'auteur 
s'appelie  M.  Colis,  un  nom  qui  n'est  pas  inconnu  dans  notre 
histoire  litteraire  et  religieuse.  M.  Barbe,  notre  coUaborateur 
si  regrett6,  avait  siguale  vaguement  des  fondations  pieuses 
faites  a  Mirande  par  un  ecclesiastique  ainsi  nomme.  D'autre 
part,  le  recueil  meme  du  P.  Amilha  renferme,  mais  seule- 
ment  dans  les  nouvelles  editions  (ed.  1703,  p.  164)  (1), 
une  paraphrase  du  Deprofundis,  «parM.  Cotis,  archiprestre 
de  Mirande,  »  dont  voici  le  premier  couplet : 

Aujets,  moD  Dia,  del  founs  de  ma  bassesso, 
Aujets  ma  boilx  que  s'elebo  eqtabous  : 
A  bous,  moun  Dia,  ma  preganos'adresso, 
Escoutats  lo»  bous  qu'ets  ta  pietadous  (2). 

On  voit  que  c'esl  du  languedocien,  mais  je  ne  doulc  pas 
queToriginal  ne  fut  en  gascon,  comme  la  piece  inedite  que 
je  vais  donner.  On  remarquera  dans  celle-ci,  aussi  bien  que 
dansle  De  profundis,  une  veine  noble,  facile  et  pieuse,  mais 
sans  grande  originalite  ou  vigueur  d'expression.  C'est  une 
paraphrase  du 

Veni  Creator  (3>. 

Sent  Fsprit  adourable,  fienguets  a  nous ; 

Bous  qu'ets  tout  caritable,  Bisi tats- nous. 

Bous  qu'ets  de  nostos  amnos  Lou  Creadou, 

RampUts-  los  de  las  flammos  De  bost'amou. 


(1)  Dans  i'Appendice  bibliographique  de  son  volume  de  1859,  M.  le  D'  Noaiet 
(no  12,  p.  226)  ne  cite  pas  cetle  Edition  et  suppose  que  celle  de  1759  (Toulouse, 
Antoino  Birosso)  est  la  2*.  Mais  celle  de  1703  (Toul.,  beuso  de  J.  J.  Boudo)  a  sa 
valeur  propre,  comme  augment^e  c  de  qnalquos  pecos  de  M'  I'Abesque  de  MhropeiH, 
et  d'aulros  persounos  d'impourtanco.  »  Ces  personnes  soni  M.  Cotis  et  M.  de  Ma- 
ran,  grand  archidiacre.  L'6v^que  de  Mirepoix  a  fourni  une  paraphrase  du  Miserere 
(p.  170). 

{i)  Tableu  de  la  bido,  6d  1703.  p.  164.  H.  A..  Phil,  .ibadie  a  cii6  ce  morceau 
dans  rintrodnction  de  son  Edition  du  Parterre  gascoun  de  G.  Bedout  i^Auch,  1850). 
II  a  cit^  aussi  la  piece  peut-6tre  la  plus  curieuse  d  Amilha,  VExamen  de  las  supers- 
titius. 

(3)  J'imite  la  copie  que  j'ai  sous  los  yeux,  on  mettani  deux  vers  par  ligne. 


Digitized  by 


Google 


Quiparacletus.. 


Tuseptiformis... 


—  181   - 

Bous  quels  lou qui  s'apero 
Don  que  da  Dioulou  Pero 
Hont  de  gracio  coulanto, 
Onction  d'esprit  charmanlo 

Don  de  tant  de  figuros, 
A  bostos  creaturos 
Hels-ne  so  qu'eU  agrado, 
De  la  Jengo  sacrado 


NosVaboucat, 
Controou  pecal, 
Houec,  caritat, 
E  puretat . 

LouditdeDiou, 
Toucats  an  biou. 
E  lou  tbresor 
Oueparlo  d'or. 


Accmde. 


Hosiem . 


Per  te  sciamus. 


Bous  qu'ets  lou  qu'illumino  L'entendement, 

Sens  bosto  lux  dibino   ,  Nou  poudem  ren. 

Bous  pregam  que  bous  placio  De  be  coula 

Lou  don  de  bosto  gracio  Deou  Ceou  en  la. 

Cassats  dab  gran  deffenso  L'enemic  loui, 

E  dats  pax  e  patienso  A  tout  besoui, 

Atau  dab  bost'ajudo  Esbitaram 

Toutmau,  touto  cajudo,  E  plan  biouram. 

Hels  connegue  de  gracio  Diou  noste  pai, 

Bese  deou  Hil  la  facio  Et  de  sa  mai, 

E  crese  que  tout  cedo,  Toutjour  e  plus, 

A  I'Esprit  qui  proucedo  De  touts  bus  dus. 

Gloria  Patri Rendan  a  Diou  louPero,  Noste  Seignou, 

La  glorio  la  mes  bero  E  tout  haunou; 

Son  Hil  de  mort  a  bito  Ressuscitat, 

Lou  Sent  Esprit  ensuito  Qu'en  sio  lausat. 

Immediatement  apres  celte  paraphrase  se  trouve  celle  du 
Dies  irce,  qui  a  beaucoup  plus  la  saveur  du  terroir.  On  en 
peut  juger  par  les  quatre  premieres  strophes : 


(in  jour  tout  lou  mon,  bourgs  e  bilos, 
Deou  houec  deou  ceou  sera'  mbrasat 
E  de  cenos  tout  arrasat 
Sa  dits  Dabid  dab  las  Sibillos. 

Labets,  helas!  quino  biahoro  (I), 
Quan  lou  Jutge  en  darr^  ressort 
A  cad'  un  reglara  lou  sort 
E  beira  deguens  e  dehoro. 


Lou  son  tindant  de  la  trompeto 
Sur  las  hossos  resonnara, 
E  touts  lous  morts  aperara 
En  deous  da  la  gaucb'  ou  la  dreto. 

La  mort  sera,  dab  la  naturo. 
Tout'  estonnado  aquet  moment, 
Ouan  per  respone  au  jutjoment 
Beira  leua  la  creaturo. 


(1)  Ce  mot,  qui  ^tait  primilivcment  une  exclamation  de  d^tresse,  veol  dire  lei  <er- 
reur  oq  dhordre. 


Digitized  by 


Google 


—  182  — 

U  me  semble  evident  que  nous  avons  affaire  ici  a  unpoete 
de  moins  de  gout  peut-etre  et  de  nicsure,  mais  de  plus  de 
verve  que  M.  Cotis.  Mais  puisque  j'ai  nomme  ce  dernier  et 
que  j'ai  publie  une  de  ses  pieces,  qu'il  me  soil  permis  d'ap- 
peler  Tattention  de  qui  de  droit  sur  cet  ecclesiastique  de 
merite,  qui  fut,  ce  semble,  sinon  un  poete  fort  distingue,  au 
moins  un  des  plus  zeles  ap6tres  de  notre  pays  et  un  bien- 
faiteur  insigne  de  la  paroisse  de  Mirande.  La  Revue  de  Gas- 
cogne  accueiUerait  avec  empressement  les  souvenirs  qui  doi- 
vent  Tester,  dans  les  archives  locales,  de  sa  genereuse  activite. 

Parmi  les  cantiques  non  caiques  sur  la  priere  ou  la  poesie 
liturgique  et  dans  lesquels  nous  avons  chance  de  rencontrer 
plus  d'elan  poetique  et  une  langue  plus  riche  et  plus  origi- 
nale,  je  choisis  d'abord  ces  quatre  sixains  i  la  Sainte  Vierge. 
La  piece  ^st  si  pen  compos4e  qu'on  pourrait  la  prendre  pour 
un  fragment,  et  elle  n'est  peut-etre  que  cela.  Mais  on  y  re- 
marquera  la  fermete  du  rhythme  et  de  la  rime,  la  franchise 
de  Texpression  et  la  vivacite  de  Tesprit.  Je  ne  dis  pas  que  le 
gout  n'ait  pas  quelque  chose  a  reprendre  a  certaines  pointes 
de  style  Louis  XIII;  mais  la  saveur  du  langage  compense  bien 
ce  defaut. 

Luminari  de  puretat,  Noasauts  besem  de  tout  coustat 

Soleil  ses  nad'  obscuritat,  La  famino,  la  praubetat, 

FIou  de  bertat,  Bierges  Mario,  Fronsi-s  la  caro  la  mes  b^ro, 

Tirats  ud  cop  d'oueil  piatadous  L'escharment  nad  e  despuillai, 

Seous  miserables  peccadous  Lou  frut  pouirit,  lou  blad  neoulat  (1) 

Que  s'en  ban  a  riniirmario.  E  lou  cabeil  farsit  d'orbero  (2). 

Gouats-lous  acy  touts  desanats  Encouero  un  cop,  llri  flourit 

Lous  hils  d'Adam  infortunats :  Deguens  Thaunou  deou  sant  Esprit 

Nou  saben  mes  quin  camin  tengue,  Seou  cau  I'abeilleto  se  pauso, 

Nou  poden  h6  lou  mendre  pas  Per  gouari  tant  de  languison, 

Si  bosto  man  uou  digno  pas  Groutsats  au  libe  de  rason 

S'abaissa  leou  per  bus  sustengue.  Nostes  peccats  qu'en  son  la  causo. 

Toutefois  roriginalile  du  langage  paraft  encore  mieux  dans 

(1;  Atteint  de[la  nielle. 

(9)  Ce  mot,  qa'on  prononce  o^hkro^  signifie  encore,  anx  environs  d'Ancb,  chafhw* 


Digitized  by 


Google 


—  183  — 

les  sujets  emprantes  a  la  vie  ordinaire.  Le  P.  Amilha,  vrai 
missionnaire,  avail  doniie  Texemple  de  ces  moralites  qui  des- 
cendent  au  dernier  detail  du  menage,  de  Tatelier,  des  travaux 
champetres,  pour  alteindre  partout  le  mal  et  faire  circuler 
partoQt  Tesprit  du  christianisme.  Notre  manuscrit  nous  four- 
nit  trois  compositions  qui  peuvent  rivaliser,  a  cet  egard,  avec 
celles  du  poete  toulousain.  Mais  en  les  comparant  avec  les 
sujets  analogues  de  son  recueil,  nous  avons  reconnu  que 
les  chants  gaseous,  quoique  probablement  inspires  par  les 
toulousains,  possedfintune  vraie  originalite.  D'un  premier  can- 
tique,  qui  s'adresse  aux  travailleurs  des  champs  en  general, 
Praube  paisan  pdterrous  (aux  pieds  crottes),  nous  detachons 
quatre  couplets : 


Quan  au  camp  bas  tribailla, 
Seu  cot  portos  Taguilhado  : 
Nou-t  fachos  de  la  porta, 
Qu'ataa  la  crouts  a  portado 
Jesus-Christ,  quan  a  boulut 
Mouri  per  h^  ton  salat. 

Armot  dequet  b^t  seignau 
En  tout  prengue  ta  manego  (1], 
Si  bos  plan  he  ton  journau 
£  tira  de  dret  ta  rego. 
Lausa  Diou,  soubengue-s  d'et, 
Acq's  plan  laura  de  dret. . . . 


Quan  tu  euros  lou  barat, 
Qu'et  soubengos  de  la  bosso 
On  tu  seras  embarrat 
•  E  leissaras  car  et  osso : 
Lous  bermous  t'y  minjaran 
E  de  tu-s  sadouraran. 

En  biue  de  la  faisson, 

Fruts  te  neicheran  a  pilos, 

E  tu  haras  la  lesson 

Aus  grands  moussurs  de  las  bilos. 

Atau  de  simple  pag6s  (2) 

Deou  ceou  bengueras  bourges. 


Mais  je  vais  citer  en  entier  la  Canson  de[ou\s  bonds.  La  piece 
precedente  porte  aussi  ce  titre,  mais  elle  semble  regarder  tons 
les  travailleurs  des  champs:  celle-ci  s'adresse  proprement  au 
bouvier,  et  on  trouvera  qiie  le  pieux  poete  a  su  y  reunir  la 
morale  la  plus  edifiante  au  sentiment  intime  de  la  realite  et  a 
la  vive  familiarite  de  Texpression: 


Prum6  que  de  commensa 
De  bouta  la  man  a  I'obro, 
Un  pauquet  dioues  pensa 


Que  tout  borne  [qu'jes  manobro 
E  nescut  per  tribailla 
Coumo  Taus^tper  boula. 


(1)  Maoche  de  la  cbarnie. 

(2)  Paysan,  Ce  mot  (frequent  comme  nom  de  famille}  n'est  plus  usit^. 


Digitized  by 


Google 


—  184  —     ' 


Boue,  penso  que  ta  es  crestian, 
E  quan  tou  juing  (1)  le  cau  raele 
A  tous  buous,  souben-te  plan 
D'ataa-medis  (2)  te  soumete 
A  ton  Diou  per  lou  serbi 
E  a  sa  lei  obei. 

Quan  tu  prengueras  I'arai 
Estaquat  a  la  manego, 
Penso  que  dessus  ta  mai 
Tu  t'en  bas  passa  la  rego  : 
Terro  eros,  e  seras 
Terro  quan  y  tournaras. 

Si  cauque  cop  dab  Tendeich  (5) 
Coupos  quauqu'h^rbo  maubeso 
Qui  d'ero  medicbo  creicb, 
Pensos  au  peccat  qu'et  peso, 
Resoulut  de  ly  coupa 
Autant  d'arrasics  qu'et  a. 

Aprds  qu'ajos  ajustat 

De  buous  ou  baquos  un  couple, 

Si  ban  plan  e  a  ton  grat 


Digos':  quan  sera-et  souple 
Mon  esprit  rebours  atau, 
En  de  h6  tout  so  que  cau? 

Si  lous  buous  en  arrega 
A  I'esquer  (3)  se  t'arrebiron, 
Digos  tu  ses  arnega  (4) : 
Caret  amno  s'entretiron, 
M^s  malbur  quan  au  combat 
L  amno  cajera  debat ! 

Quan  en  man  tu  portaras 
L'aguillado  qu'as  ta  longo, 
Et  tous  buous  tu  picaras, 
Prego  ton  Diou  que  te  dongo 
Un  cop  d'aguillon  au  co 
Qu'es  paressous  ses  ac6. 

Quan  de  I'oueil  tu  guignaras 
Au  paubic  (6)  on  as  la  miro 
Per  tira  dret,  pensaras 
Au  ceou  :  s'atau  ton  co  tiro, 
Toutjour  t'en  rejouiras  (7) 
E  tout  dret  tu  y  aniras. 


On  trouvera  peut-etre  encore  plus  de  precision  et  de  cou- 
lear  dans  le  cantique  des  servantes.  Ici  I'auteur,  lemfime  cer- 
tainemenl  qui  a  fait  la  Chanson  des  bouvie)*s,  a  du  avoir  sous 
les  yeux  Tune  des  plus  naives-et  des  plus  edifiantes  compo- 
sitions d'Amiliia  :  Las  santos  occupacins  de  Varmo  per  las 
fennos  en  fan  la  mainatjario  de  Voustal  (p.  68).  Mais  en 
entrant  dans  le  meme  detail,  un  pen  abrege  pourtant,  le  poete 

(1)  Joug. 

(2)  De  mdme.  A  I'adverbe  atau  (ad  tale)^  ainsi,  s'est  ajoatd  medis  oa  medich, 
mdme,  aujoord'hoi  presque  partoat  tombd  en  d^so^tude. 

(3)  Esquett  es^uer ro, vonlait  dire gauch$t  detraver$t  etpar  extension  maladroit,  etc. 

(4)  Arnega  (pour  arrenega)^  renier^  jurer,  sacrer. 

(5)  Od  appelle  encore  endech  )e  far  qai  garnit  le  boot  infdriear  de  Vaguillado 
(aiguillon  de  bouvier)  et  qui  sort  a  nettoyer  I'araire  et  a  couper  les  racines  et  les 
mauvaises  berbes. 

(6)  Pal  fixe :  c'est  ici  le  bllton  fich^  en  terre  poor  servir  de  point  de  mire  en 
tracant  le  sillon  k  partir  de  Tautre  lout  do  champ. 

0)  Variantb  :  James  doo  t'en  plaignaras.  Mous  n'avons  pas  noi6  d'autres  va^ 
riantes  effac^es  et  rcmplacdes  par  la  lecop  definitive  dans  cette  pidce,  ainsi  que  dtos 
la  pr^cddente  et  la  suivante. 


Digitized  by 


Google 


—   185  — 

gascon  a  ses  moraliles  parliculieres,  el  surtout  ses  tours,  ses 
images  et  son  ton  personnels : 


La  Snrbento. 


Ta  qu'arreglos  la  maison, 
Lou  maitin,  quan  Ves  leuado, 
Demando  a  ton  co  rason 
De  la  neit,  qu'as  emplegado 
Ses  aue  deleou  pensat 
A  ton  Dion  qu'as  oufensat. 

Quan  lou  soureil  esclarit 
Esplandis  sa  b^ro  facio, 
Pregaras  lou  Sent  Esprit 
D'illumina  de  sa  gracio 
Las  tenebros  de  ton  co 
Qu'es  abugle  sensac6  (1). 

Quan  bas  plea  lou  dournet  (2), 
Penso  dab  ta  b6ro  mino 
Qu'^s  deterro  coumo  det, 
Mes  de  terro  que  camino, 
E  que  cai  lou  plus  soubent 
Per  recebe  trop  de  bent. 

Si  bas  coille  pens  jardis 
Herbetos  ou  flous  naueros, 
Pensaras  qu'en  Paradis 
Toutos  causos  soun  mes  bdros. 
Si  h6s  plan,  en  aquet  loc 
Ta  bertut  hara  lou  floe. 


Quan  a  bareja  I'houstau 
Dab  gran  peno  tu  t'estaquos, 
Netejo-t  au  mens  atau 
L'amno  qu'as  pleo  de  taquos, 
E  n'oufrisquos  a  ton  Diou 
Un  pensoment  ompradiou  (3). 

As-tu  lou  CO  de  para 
Ton  peu  frisat,  quan  espios 
Son  cap  sacrat  empara 
Un  heich  de  malos  espios, 
E  son  bisatge  macat 
Gran  merces  a  ton  pecat. 

Quan  beses  flamba  lou  hour, 
Ajos  deguens  la  pensado 
Lous  infers  ou  neit  e  jour 
Se  brulo  I'amno  damnado, 
Per  n'aue  pas  amourtit 
Lou  houec  d$  son  aj^petit. 

Penso  en  cade  jouman 
Qu'es  so  que  podes  debengue 
Si  h^s  ben  ou  si  h^s  man 
E  lou  camin  qu'et  cau  tengue, 
E  que  Diou  te  pagara 
L'obro  que  ta  man  hara. 


II  est  temps  d'arreter  mes  citations :  aussi  bien  ai-je  donne, 
je  crois,  la  fleur  du  panier.  II  y  a  encore  cependant,  outre 
des  paraphrases  liturgiques,  quelques  cantiques  originaux, 
par  eiemple  un  sur  la  mort,  un  autre  sur  le  Paradis,  et  sur- 
tout un  troisieme  sur  la  Croix,  qui  meritent  bien  les  honneurs 


(I)  Ces  deux  vers,  presque  ideDtiqaes  auxdeux  demiers  da  6*  couplet  du  chant 
pr^c^dent,  trahissent  le  m^rne  anteur. 

(3)  Petite  crache.  Dourno  (oruche)  est  usit^  en  Languedoc  et  dans  une  partie  de 
la  Gascogne.  On  dit  crugo  et  bano  en  d'autres  lieux. 

(3)  On  appclle  oumpradius  les  fruits  sans  saveur  ^mAris  h  Tombre). 
Tome  XVn.  13 


Digitized  by 


Google 


—    186  — 

de  la  publicite.  Mais  nous  pourrons  les  edilerplus  tard  si, 
comme  nous  Tesperons,  nos  lecteurs  prennent  quelque  goiil 
k  ce  gascon  encore  si  riche  et  si  franc  du  xvu*  siecle,  et  aux 
instructions,  a  la  fois  si  simples  et  si  61ev6es,  que  savaient  lui 
confler  nos  pieux  missionnaires  d'alors. 

L^ONCE  COUTURE. 


DOCUMENTS  IMMTS. 


LE  JOURNAL  DE  MAITRE  JEAN  DE  SOLLE 

{Suite.  *) 

En  Tan  1609  et  le  13«  jour  du  mois  de  septembre,  arriverent  en  la 
presente  villa  vingt  ou  trente  habitants  de  la  ville  de  Gouesca  (1)  en 
Espaigne  pour  venir  prendre  des  reliques  du  corps  de  M.  St-Oreus 
suyvant  la  permission  qu*ils  en  avoint  eu  de  nostre  St-Pere  le  Pape, 
et  du  Roy  Henry  quatriesme,  et  icelles  apporter  en  leur  villo  de 
Gouesca  (2),  ce  qu'ils  avoint  demande  tant  au  Roy  qu*aux  habitants 
de  la  prdsente  ville  plus  de  30  ans  auparavant  avec  forces  prieres  et 
diligences;  et  disoint  que  M.  St-Orens  estoit  fils  natif  de  ladite  ville, 
dans  laquelle  il  y  avoit  des  reliques  des  pere  et  mere  dudit  saint,  et 
promirent  d'en  donner  par  mesmecharite.  Leur  appareil  feust  grand 
et  vindrent  en  grande  magnificence  et  trea-bel  esquipage,  lesquels 
firent  don  a  ladite  esglise  de  M.  St-Orens  d'une  fort  belle  lampe 
d'argent  pour  la  tenir  toujours  allumee  devant  I'autel  et  lieu  ou  le 
corps  dudit  saint  repose;  et  pour  icelle  entretenir  d'huile  baillerent 
cent  escus  d'or  auxdits  consuls  de  la  presente  ville.  Le  lendemain 
dudit  jour  13«  Monseigneur  de  Trappe,  archevesque  de  la  presente 
ville,  se  transporta  en  Tesglise  de  M.  St-Orens,  pour  faire  ouvrir  le 

(*)  Voir  le  num^ro  de  Wvrier,  page  90. 

(1)  Haesca,  petite  ville  d'origine  romaine,  dans  le  royaume  d'Aragon. 

(2)  Voyez  dans  la  Revue  de  Gaseogne  (t.  ivi,  page  249),  Tarticle  de  M.  L^once 
Coature  sur  celte  traoslation  des  reliques  de  saint  Oren«. 


Digitized  by 


Google 


—   187  — 

cofre  oil  lesdites  reliques  dudit  saint  reposent,  pour  eu  bailler  d*icelles 
aux  susdits  Espaignols,  suyvant  ladite  jussion  du  Roy.  Auquel 
assisterent  le  sous-prieur  de  ladite  esglise  avec  cinq  ou  six  religieux. 
La  foule  du  peuple  feust  fort  grande.  Le  15«  jour  apprfes  dudit  mois 
les  consuls  firent  aller  la  criede  la  procession  g^n^ralle,  laquelle  feuat 
interrompue,  bien  que  le  peuple  feust  assemble  dans  ladite  esglise  de 
St-0'rens,  a  cause  de  la  dispute  qui  intervint  entre  ledit  sieur  arche- 
vesque  et  relligieux;  lesquels  ne  voulurent  apporter  a  Tesglise 
Ste-Marie  les  saintes  reliques  par  eux  baill^es,  pour  della  avant  se 
joindre  avec  lesdits  archevesque  et  chanoines  pour  faire  ensemble 
ladite  procession  come  le  seigneur  archevesque  vouloit.  Mais  les 
susdits  relligieux  vouloint  faire  la  procession  a  part,  et  que  les  aultres 
fissent  la  leur.  Enfin  tout  le  jour  la  dispute  continuoit  sans  pou- 
voir  s*accorder,  tellementquece  voyantl'archevesque  feust  contrainct, 
assist^  de  son  clerge,  s'en  aller  le  soir  entf  e  sept  et  huict  heures  dans 
ladite  esglise  de  St-Orens  pour  recepvoir  les  reliques  et  les  apporter 
en  ladite  esglise  Ste-Marie.  Ce  qui  feust  faict  avec  grande  magnifi- 
cence et  force  afluence  de  peuple,  et  principallement  des  Espaignols 
entre  lesquels  il  y  avoient  douze  porteurs  de  grands  flambeaux  de 
cire  blanche  des  plus  beaux  qu*on  eust  jamais  veu,  un  chascun  k  la 
main,  et  avec  cette  magnificence  les  saintes  reliques  feurent  apport^es 
par  ledit  archevesque  en  Tesglise  de  Ste-Marie,  de  laquelle  trois  ou 
quatre  desdits  Espaignols  ne  bougerent  jamais  ny  journy  nuicftant 
que  les  susdites  reliques  y  feurent,  comme  ils  firent  aussy  en  ladite 
esglise  M.  St-Orens.  Le  16  dudit  mois  les  susdits  Espaignols  par- 
tirent  de  la  pr^sente  ville,  et  les  reliques  feurent  apporttes  par  le 
seigneur  archevesque  en  procession  jusques  a  Nostre-Dame-des- 
Neiges  hors  la  porte  du  Caillau,  ou  il  dit  la  tr^s-saincte  messe;  et 
icelle  finie,  les  Espaignols  amenerent  une  hacquenee  blanche  bien 
harnach^e  pour  apporter  les  reliques,  sur  la  scelle  de  laquelle  il  y 
avoit  un  estuy  ou  coffret  pour  metre  lesdites  reliques,  et  par  li-dessus 
couvrirent  ladite  hacquenee  d'un  grand  drap  de  brocatel  avec  de 
grandes  franges  double  de  satin  fagohn^,  sur  lequel  drap  M.  St-Orens 
estoit  tir^  (1)  avec  un  St-George,  et  les  armoiries  de  la  ville  de 
Gouesca.  Laquelle  hacquenee  estoit  tir^e  par  quatre  estaffi^s  habill^s 
d*une  mesme  coUeur  fort  proprement  et  richement  suibvant  la  fagon 
deleur  pays.Etily  eust  quatre  relligieux  de  la  presente  ville  de 

(1)  Tir4  a  ici  la  signification  de  I'ancien  verbe  portraire,  peindre,  «  sar  leqael  drap 
d'or  M.  saint  Orens  estoit  peint  avec  on  saint  George.  »  Saint  George  est  le  patron 
de  la  ville  de  liuesca. 


Digitized  by 


Google 


,-  188  ^ 

M.  St-Orens  qui  s'en  allerent  avoc  lesdits  Espaigaols  pour  accom- 

paigner  les  susdites  reliques  et  pour  recepvoir  celles  qu'ils  vouloieut 

donner  des  pere  et  mere  nom^s  saints  [Orens  et]  Patieiltia  dudit 

saint.  Lesquelles  lesdits  Espaignols  leur  deslivrerent,  et  feurent  ap- 

porttes  avec  force  devotion  jusques  en  la  ville  de  Tarbes,  ou  estant 

il  y  eust  deux  dignitaires  de  la  maison  dudit  sieur  archevesque,  qui 

estoient  alUs  avec  les  relligieux  en  la  ville  de  Gouesca,  qui  firent 

arrester  lesdites  reliques,  la  recevance  desquelles  feust  baillee  par  la 

justice  de  la  ville  aux  relligieux.  Et  feurent  elles  de  Ik  avant  trans- 

port^es  en  la  ville  de  Pavie,  oii  elles  demeur^rent  trois  ou  quatre 

joum^es  a  cause  que  le  seigneur  archevesque  n*estoiten  la  pr6- 

sente  ville  pour  les  aller  recepvoir.  Et  arriv^  qu'il  feust,  les  relliques 

feurent  apport6es  le  17  octobre,  veille  de  saint  Luc  dudit  an  1609, 

dans  Tesglise  de  St-Pierre.  La  translation  desquelles  feust  faicte  le 

mesme  jour  dans  la  pr^sente  ville;  car  le  soir  le  sieur  archevesque 

feust  les  prendre  en  Tesglise  de  St-Pierre  en  procession  g^n^ralle, 

avec  son  clerg^  et  les  relligieux  de  St-Orens,  etles  porta  dans  Tes- 

gUse  de  Ste-Marie.  Et  le  lendemain  qui  estoit  le  18  dudit  mois,  jour 

de  dimenche,  on  fist  procession  gen^ralle  par  toute  la  ville  a  laquelle 

assistoint  les  relligieux  de  St-Orens  et  tons  les  aultres  ordres  avec 

une  grande  affluence  de  peuple.  Et  feurent  les  relliques  des  pere  et 

mere  de  M.  St-Orens  portees  dans  ladite  esglise  de  St-Orens  ou  elles 

reposent.  Priant  Dieu  que  le  tout  ayt  este  faict  a  son  plus  grand 

honneur  et  gloire  et  que  les  susdits  saints  soient  nos  intercesseurs  de- 

vant  la  divine  Majeste. 

En  Tan  1609,  la  gresle  fist  un  grand  d^guast  par  tout  le  pays  et 
principallement  aux  vignes  et  n'en  vist-on  jamais  tant;  car  depiiis  la 
St-Jean  il  y  avoit  presque  touts  les  jours  tonnerre  et  chasque  jour 
de  tonnerre  la  gresle  tomboit  en  quelque  endroict.  Les  desbordements 
des  rivieres  feurent  grands  aussy  par  cinq  ou  six  foys  despuis  ladite 
fete,  tellement  que  les  eaux  firent  un  grand  deguast  des  terres  et 
gueresls,  mesmes  les  foins  qui  la  plus  grande  partye  feurent  emportds 
par  les  eaux.  Les  gerbes  et  pailles  se  pourrirent  presques  toutes  par 
^es  champs,  k  cause  qu*il  pluvoyt  presque  touts  les  jours.  L'hyver 
audit  an  n'avoit  pas  este  fort  froict,  et  n'avoit  nigi  aulcunement 
pendant  ledit  hyver. 

Audit  an  1609,  le  9  novembre,  le  matin  sur  les  huict  et  neuf  hQures, 
il  tonnoit  et  encore  davantage  Tapros-disn^e;  mesme  gresloit  aussy. 

{A  svivre.) 


Digitized  by 


Google 


—   180  — 


Jugements  de  maintenue  de  noblesse  (1). 


vri 


CHARLES   DE  BARBOTAN,    SEIGNEUR   DE  MORMES. 

Ecartele  au  i^^  et  4*  d* argent  a  quatre  pals  de  sable,  au  2«  et  3«  de 

sinople  plein. 

Testament  de  messire  Jacques  de  Barbotaa,  dans  lequel  il  est  fait 
mention  de  dame  Charlotte  de  Malvin  de  Pimet,  sa  femme,  et  ou  il 
institue  son  h^ritier  messire  Charles  de  Barbotan,  son  fils  (2);  regu 
par  Dusaulx,  notaire,  23  dteembre  1691.* 


(1)  Voir  ci-dessu8,  pages  37,  92  et  146. 

(2)  Charles  de  Barbotan,  seigneur  de  Morni^s  et  Carrits,  eat  de  son  mariage  avec 
Jeanne  de  Pajoler  de  Juillac  (des  vicomtes  de  Juillac),  Jacqaos  de  Barbotan  Garrits, 
seigneur  de  Morm^s;  lequel  eut  dl  son  mariage  avec  damoiselle  Louise  de  Lartigue- 
P^leste-d3-Maupas  :  Joseph-Clair,  comte  de  Barbotan-Carrits^  seigneur  de  Morm^s» 
d^put^  de  la  noblesse  de  la  s6n6chauss6e  des  Landes  aux  Etats  giniraux  de  1789. 
Le  comte  de  Barbotan  fut  condamn^  par  le  tribunal  r^volutionnaire  de  Paris  et 
ex^cut^  le  11  germinal  an  ii.  Yoici  comment  le  Moniteur  du  19  germinal  an  ii  en- 
rogistrait  sa  condamnation  :  c  Clair-Joseph  Carris,  dit  Barbotan,  &gd  de  75  ans, 
demeurant  k  Barnes,  d^partement  du  Gers,  ex-comte,  d^pul^  a  TAssembl^e  cons- 
tituante,  convaincu  d'avoir  eu  des  intelligences  avec  les  ennerois  ext^rieurs  de  la 
r^publique,  sp^cialement  avec  les  emigres,  tendantes  a  favoriser  le  succ^s  de  leurs 
armes  contre  la  patrie,  en  leur  fnisant  passer  a  cet  effet  des  secours  en  argent  et 
notamment  une  somme  de  35,000  livres  d'une  part,  et  celle  de  2,900  livres  d'une 
autre  et  diff^rentes  sommes  particnlidres;  et  Joseph  N^gre,  n^  a  Lavasga  (Lot-et-Ga- 
ronne),  fermier  de  Juliac,  I'un  des  ^migrt^s  avec  laquel  Barbotan  correspondait,  con- 
vaincu d'etre  complice  des  intelligences  donl  il  s'agit.  ont  ^t^  condamn^s  k  la  peine  de 
mort.  »  Le  comie  de  Barbotan  avait  eu  de  son  mariage  avec  Marie-Anne  d'Arcet : 
Jean-Marie,  comte  de  Barbotan-Carrils,  seigneur  de  Morm6s,  qulpdrit  a  Auch  en  93, 
en  voulant  s'^vader  de  I'dvlchd  oil  il  ^tail  rclenu  prisonnier  avec  d'aulres  ci-devant 
nobles.  L'infortund  sauta  par  une  fenfire  H  se  brisa  sur  le  pav^.  Extrait  du  registre 
de  la  justice  d^partementale  de  la  mile  d'Auch,  section  du  midi ;  «  Le  ciloyen  Jean- 
Marie  Barbotan,  ^g4  de  48  a  50  ans,  est  decdd^  dans  la  maisun  de  r^clusion  du  ci- 


Digitized  by 


Google 


—  190  — 

Contrat  de  mariage  de  Jacques  de  Barbotan  avec  Charlotte  de  Mal- 
vin,  auquel  a  assist^  messire  Jean  de  Series,  fond^  de  procuration 
de  noble  dame  Anne  de  Monthelieu,  dame  de  Carris,  mfere  dudit  de 
Barbotan,  dans  laquelle  procure  elle  nomme  noble  Philippe  de  Bar- 
botan, sonmari;  pass^  devant  Sirvent,  notaire  royal,  le  17  mars  1650. 

Testament  de  noble  Philippe,  seigneur  de  Mormes  de  Barbotan, 
ecuyer,  seigneur  de  Mormes,  dans  lequel  il  dit  6tre  mari^  avec 
damoiselle  Anne  de  Monthelieu,  duquel  mariage  il  a  eu  Bertrand, 
Jacques,  Anne  et  Jeanne  de  Barbotan;  regu  par  Bader,  notaire  royal, 
le  9  tevrier  1629. 

Contrat  de  mariage  de  Philippe  de  Barbotan,  fils  aJn6  de  noble 
Bertrand  de  Barbotan,  seigpeur  de  Mormes,  avec  damoiselle  Anne 
de  Monthelieu,  auquel  ont  assiste  noble  Louis  de  Barbotan,  son  aieul, 
ledit Bertrand,  sonpere,  et  noble  Odet  de  Monlezun,  sononcle;  passe 
devant  Bernard  de  La  Beyne,  notaire  royal,  le  31  mai  1609;  exp^die 
le  2  avril  1644,  par  Moise  Destremeau,  notaire  du  Hougua,  detemp- 
teur  des  minutes, 

Contrat  de  mariage  de  noble  Louis  de  Barbotan,  assist^  de  noble 
Antoine  de  Barbotan,  seigneur  de  Barbotan,  son  pere,  avec  damoi- 
selle Jeannette  de  Saint-Juliea,  passe  devant  Amaud  de  Lavie, 
notaire  de  la  ville  d*Aire,  le  22  avril  1557. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Antoine  de  Barbotan  avec  damoi- 
selle L^onne  de  Marsan,  assiste  de  Jean  de  Barbotan,  son  pere, 
passe  devant  Mathieu  de  Gontaud,  notaire  de  la  paroisse  de  Saint- 
Martin-de-Vers,  le  22  novembre  1524. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  titres  ci-dossus  par 
jugement  rendu  k  Montauban  le  31  mai  1698. 

Sign6  :  Felix  Le  Pelletier  de  la  Houssaye,  intendant  do  Montau- 
ban. 


devant  dv^chd  a  suite  [sic)  d'une  chate  par  une  fen^tre  de  ladite  maison,  comme  il 
constepar  notre  proc^s-verbal  de  ce  jour.  Ge  12  d'aoiit,  a  3  heares  apr6s-midi,  1793.  • 
II  avait  epous^,  le  6  avril  1769,  Marfe-Angdlique  de  No^,  fille  de  Jacques  Roger, 
marqaisde  No6,  etde  dame  Jacqaette- Marguerite  Laphanel  de  La  Junqui^re.  Jean- 
Marie  de  Barbotan,  ay  ant  k  faire  ses  preuves  de  noblesse  an  cabinet  des  brdres  du 
Roi,  au  mois  de  mai  1780,  pour  avoir  I'honnenr  de  monter  dans  les  carrosses  de 
Sa  Majesty  et  de  la  suivre  a  la  chasse,  fit  remonter  son  premier  degr^  g^ndalogiqne  i 
noble  Yidau  de  Barbotan  n^  en  1280.  Ges  preuves  de  conr  ont  6l6  publides  par  M.  le 
baron  de  Ganna,  arridre-neveu  ducomte  de  Barbotan.  (Voyez  Armorial  des  Landes, 
tome  HI,  page  48.)  Tousles  biens  dela  malson  da  Barbotan  furent  confisqu^s,  et  le 
22  ventdse  an  ii  la  nation  proc6da  a  la  vente  de  22  m^tairies  et  maisons  de  mattre 
appartenant  a  cette  famille. 


Digitized  by 


Google 


—  191   — 

VIII. 

JEL\N  DE  FERRAGUT,  SEIGNEUR  DU  COS  ET  DE  CRAVENSERE  (1). 

Uazur  au  fer  aigu  d'argent,  la  pointe  vers  le  chef. 

Extrait  baptistaire  dudit  Jean  de  Ferragut  (2),  filsde  noble  Emma- 
nuel et  de  damoiselle  Jeanne  de  Latreille,  tenu  par  Jean  de  Ferragut 
et  Jeanne  de  Bourrouillan,  le  3  fivrier  1668;  d61ivr6  par  Sentets, 
cure.de  Roquebrune. 

Testament  de  Emmanuel  de  Ferragut,  seigneur  du  Cos,  dans  le- 
quel  il  est  fait  mention  de  sa  femme,  Jeanne  de  Latreille,  et  institue 
noble  Jean  de  Ferragut,  son  fils,  son  heritier,  du  7  octobre  1689, 
retenu  par  Lalanne,  notaire  de  Vic-Fezensae. 

Testament  de  Jeanne  de  Montbeton,  oil  il  est  fait  mention  de  son 
mari  Jean  de  Ferragut,  seigneur  du  Cos,  6t  de  nobles  Emanieu, 
Pierre  etAntoine,  leiirs  fiis,  du  26  avril  1672,  retenu  par  Ferra* 
guieux,  notaire  royal. 

Saisie  faite  a  la  requfeto  de  damoiselle  Jeanne  de  Montbeton  de 
Bourrouillan,  veuve  de  noble  Jean,  sur  ledit  Manieu  de  Ferragut, 
son  fils,  du  15  juin  1675. 

Contrat  de  mariage  dudit  nofcle  Jean  de  Ferragut,  assist^  de  noble 
Maoieu  de  Ferragut,  son  pere,  avec  ladite  Jeanne  de  Montbeton  de 
Bourrouillan,  devant  Daniel  Dupin  notaire,  le  13  octobre  1629. 

Testament  de  damoiselle  Marguerite  de  Combirac,  veuve  de  noble 

(1)  La  roaison  de  Ferragut  comple  parmi  ses  membres  Vital  de  Ferragut,  qui  ac- 
compagna  le  comte  de  Toaloase  a  la  septi^me  croisade,  en  1270;  —  Quinaut  de  Fer- 
ragutt  lieutenant  do  Manaud  de  Barbazan,  qui  tua  le  sire  de  Garget  et  fat  graci6  a 
cause  de  ses  hauts  faits  par  le  corole  d'Arniagnac,  le  12  novembre  1378;  —  Adoart  de 
Ferragut,  seigneur  du  Cos  et  de  Cravencdres,  auquel  le  Parlement  de  Toulouse  con- 
fia  la  defense  de  la  baronnie  de  Montesquieu,  par  arrdt  du  13  juin  1468.  (Voyez 
manuscrits  de  Larcher,  cit^s  par  Noulens.) 

Cette  noble  maison  s'est  divis^e  en  quatre  branches,  dont  nous  donnerons,  a  leurs 
dates,  les  jugements  de  roaintenue.  Ce  sont  les  branches  du  Cos  et  Cravencdres, 
d'Estieux,  de  Gignan,  et  de  Poldmont. 

La  branche  qui  nous  occupe  en  ce  moment  est  representee  aujourd'hni  par  Madame 
la  marquise  du  L]fon,  de  Pr^neron,  et  Madame  la  comtesse  de  Montagut,  de  Mont- 
Pardiac,  fille  da  premier  manage  du  dernier  bai^n  de  Ferragut  de  Pr^neron  avec 
Mademoiselle  de  Sauviac;  ct  par  Madame  la  vicomtesse  d9  Noue,  fille  d'un  second 
mariage  avec  Mademoiselle  de  Roncherolles. 

(2)  Jean  de  Ferragut  ^pousa  en  premieres  noces  damoiselle  Marie  de  Pardaillan- 
Gondrin,  qui  lui  apporta  la  terre  baronniale  de  Pr^eron.  Pierre  de  Baulat,  seigneur 
et  baron  de  Prdncron,  pdrit  tragiquement  sous  le  fer  da  seigneur  de  Castets.  k  sa 
mort  la  baronnie  de  Prdneron  fut  absorb^e  par  les  reprises  dotales  de  sa'femme, 
Catherine  do  Pardaillan-Gondrin,  qui  ne  lui  avait  point  donnd  d'enfants.  GelleH^i  la 
Ugua  k  sa  ni6ce,  Mario  de  Pardaillan,  dame  de  Ferragut. 


Digitized  by 


Google 


—  192  — 

Jean  de  Ferragut,  dans  lequel  il  est  fait  mention  de  nobles  Manieu, 
Pierre,  Jean  et  Antoine  ses  fils,  et  de  Tinstitution  qu'elie  fait  dudit 
Manieu  pour  son  h^ritier,  retenu  par  Lalanne,  notaire  de  Manciet, 
le  10  Janvier  1606. 

Transaction  entre  lesdits  Manieu,  Pierre,  Jean  et  Antoine  de  Fer- 
ragut, au  sujet  de  la  succession  de  Jean,  lour  pfere,  le  10  f^vrier 
1606,  devant  Asclaf,  notaire. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Jean  de  Ferragut  avec  damoiselle 
Marguerite  de  Combirac,  devant  Pierre  Baquely,  notaire  royal  du 
lieu  de  Roquelaure,  le  29  avril  1565. 

Arrfit  du  Parlement  de  Toulouse  du  15  octobre  1562,  entre  Phili- 
berte  de  VilleneUve,  mere  de  Bernard,  Pierre  et  Jean  de  Ferragut, 
d'une  paVt,  et  MagdelainedeSt-Araille,  veuve  de  Pierre  de  Ferra- 
gut, seigneur  du  Cos,  legitime  administreresse  de  Jean  de  Ferragut, 
seigneur  du  lieu  du  Cos. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Jean  de  Barbotan  (1)  avec  damoiselle 
Jeanne  du  Cos,  fiUe  de  Pierre  de  Ferragut,  seigneur  du  Cos,  et  de 
damoiselle  Magdeleine  de  Sainte-Arailles,  auquel  assistait  Jean  de 
Ferragut,  fils  et  heritier  dudit  Pierre,  devant  Dagobert,  notaire  de 
Nogaro,  23  mai  1565; 

Contrat  do  mariage  dudit  Pierre  de  Ferragut,  escuyer,  seigneur 
du  Cos,  avec  damoiselle  Magdeleine  de  Chambourei,  fille  de  noble 
homme  messire  Antoine  de  Chambourei  et  de  dame  Anne  de  La- 
mothe,  seigneuresse,  et  dame  de  Sainte-Arailles,  passe  devant  Jean 
Le  Roux,  notaire  royal  de  Casteljaloux,  le  30  mars  1535. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus, 
par  jugement  rendu  a  Montauban,  le  7  juin  1698. 

Sign6  :  Le  Pelletier  de  La  Houssaye,  intendant  de  Montauban. 

J.  DE  C. 


MEDAILLE 

I>6texT?6e  a  Trie  (Ha.ri.tes-I*yr6n6es). 


Dans  la  Revue  deGascogne,  t.  iv,  p.  313-17,  M.  Tabb^  Caneto  a 
public,  sous  forme  epistolaire,  une  docte  notice  sur  une  medaille 

(1)  Probablement,  Jean  de  Barbotan,  fils  cadet  do  messire  Antoine  de  Barbotab, 
seigneur  de  Barbotan  et  Mormds»  ct  de  damoiselle  Leonne  (Alias  Diane)  de  Marsan. 


Digitized  by 


Google 


—  193  — 

grand  module  A  sujet  religieux.  Je  suppose  que  nos  lecteurs  ont  ce 
travail  dans  la  m^moire  ou  sous  les  yeux. 

Depuis  environ  sixans,  M.  Alcide  Curie-Seimbresm'adonn^  une 
m^daille  d^terr^e,  si  je  ne  me  trompe,  parmi  les  ruines  d'une  vieille 
chapelle,  rive  droite  de  la  Bai'se,  k  quelque  distance  et  au  sud-est  de 
lavillede  Trie. 

A  suivre  sur  notre  medaille  la  description  de  M.  Tabb^  Canute,  il 
semble  que  ce  numismate  en  d^taille  tous  les  elements :  module 
(grand  axe  45  millimetres,  petit  axe  40  millimetres),  forme  (ellipti- 
tique),  matifere  (bronze),  exergue  (Roma),  t3rpes,  caract^res,  etc.,  a 
ce  point  que  je  regarderais  la  trouvaille  de  M.  Alcide  Curie-Seim- 
bres  comme  un  double  de  celle  de  M.  On6sime  Pouydebat  sans  deux 
initiales  qui  les  difi^rencient. 

Autour  de  sa  medaille  «  viennent  de  gauche  k  droite,  dit  M. 
rabb^  Canute,  les  sigles  VRSNSMVSMQL 
IV    B,    quisignifient 

Vade  Retro  Satana  Numquam  Suade  Mihi  Vana 
Sunt  Mala  Qum  Libas  Ipse  Venena  Bibas.  > 

Ces  sigles  concordent  avec  ceux  de  VEssai  sur  Vorigine^  la  si- 
gnification et  les  privileges  de  la  Midaille  ou  Croix  de  saint  Be- 
noitf  gravure  entre  les  pages  iv  et  v,  interpretation  p.  17.  et  M. 
Tabb^  Caneto  invoque  a  bon  droit  dom  Gu6ranger.  La  question  n'est 
pas  \k.  Nous  demandons  si  dans  la  medaille  communiqu^e  par  M. 
Onesime  Pouydebat  le  sixieme  sigle  estM,  et  le  dernier  B,  car  sa 
soeur,  que  nous  devons  k  la  generosite  de  M.  Alcide  Curie-Seimbres, 
porte  N  au  lieu  de  M,  et  S  au  lieu  de  B.  S^rie  des  capitales  :  V  . 
R.S.N.S.N.V.S.M.Q.L.  I.V.S.  Restitu- 
tion: 

Vade  Retro,  Satana;  Numquam  Suade  Nobis  Vana; 
Sunt  Mala  Qurn  Libas;  Ipse  Venena  Sumas. 

Avec  Nobis  I'hexamfetre  devient  faux,  et  le  pentametre  avec 
Sumas.  Du  reste,  le  sens  varie  si  pen  qu^rien. 

Cette  alteration  du  texte  nous  6tonne  d'autant  plus  que  la  medaille 
a  ete  frapp^e  a  Rome  et  pour  un  monast^re  de  Tordre  de  saint  Be- 
nott.  Comment  la  justifier  ou  Texpliquer?  A  d^faut  de  dom  Gu^ran- 
ger,  de  regrettable  m^moire,  dom  Piolin  ou  tel  autre  savant  pourra 
risoudre  Tenigme.  Notre  piece  est  a  leur  disposition. 

L'abbe  J.  DULAC. 


Digitized  by 


Google 


-  191  — 


BIBLIOGRAPHIE. 

M.  LE  COMTE  DE  MUN  :  ORIGINE,  ANTIQUITE  DE  SA  FAMILLE,  par  I'abbe  CaZAURAN, 

archiviste  du  grand  s6minaire  d'Auch.  In-S"  de  92  p.  avec  une  planche  d'ar- 
moiries.  [Auch.  lyp.  F.  Foix;]  Paris,  V.  Palm6,  1876.  Se  vend  (1  fr.  50)  au 
b6n6fice  de  la  nouvelle  chapelle  a  conslruire  au  grand  seminaire  d'Auch. 

Nous  sommes  bien  en  retard  avec  cette  publication,  si  int^ressante 
pour  notre  histoire  provinciale;  raais  nous  n'avions  pas  a  la  signaler  : 
elle  a  dil  arriver  a  tons  les  lecteurs  de  la  Revue,  qui  auront  appr^cie 
par  eux-mSmes  T^tendue  et  I'int^rSt  des  recherches  condensees  dans 
ces  pages  par  le  laborieux  archiviste  du  seminaire  d'Auch.  Ce  n'en 
est  pas  moins  un  devoir  pour  nous  d'iudiquer  rapidenient  les  points 
les  plus  essenticls  d'histoire  locale  que  M.  I'abbe  Cazauran  6claire 
dans  ce  curieux  travail.  On  comprend  que  noire  point  de  vue  n'em- 
brasse  que  ce  qui  touclie  a  ce  doraaine  parfaitement  libre,  a  I'exclu- 
sion  des  pages  (moins  nombreuses  d'ailleurs)  ou  retentissent  des  dis- 
cussions autrement  perilleuses. 

La  famiile  de  Mun  est  gasconne  d'origine  et  une  de  ses  branches 
(Mun-Sarlaboux)  subsiste  encore  en  Gascogne,  quoiquoun  rameau 
d^tach^  de  celle-la  mdme,  rameau  auquel  appartient  le  depute  de 
Pontivy,  ait  quitt6  notre  province  depuis  1770,  par  le  mariage 
d'Alexandre-Frangois  (trisaieui  de  M.  Albert  de  Mun)  avec  Charlotte 
Helv^tius. 

Les  archives  du  Seminaire  renferment  une  masse  considerable  de 
documents  sur  cette  noble  maison;  et  toutefois  la  filiation  ne  pent 
s*en  ^tablir  rigoureusement  qu'a  partir  du  xiv®  siecle.  Mais  un  siecle 
avant,  le  nom  de  Mun  est  illustre  :  deux  freres  de  Mun,  Auster  et 
Fort,  interviennent,  au  commencement  du  xiii®,  dans  plusieurs  actes 
de  Tabbaye  de  Berdoues,  publics  ici  d'apres  le  cartulaire  inedit  de  ce 
monastere.  Presque  en  m^me  temps,  Robert  de  Mun  est  ^v^que  du 
Puy.  En  1292,  un  autre  cltevalier  de  Mun,  Bertrand,  renouvelle  les 
coutumes  du  lieu  de  Mun  en  Bigorre,  desquelles  M.  Cazauran  pubUe 
le  texte  partiel  d'aprfes  une  copie  du  dernier  siecle  (p.  15-17).  Comme 
cette  copie  ^tait  horriblement  corrompue,  ce  texte  gascon,  d*ailleurs 
fort  curieux,  oflFre  beaucoup  d'obscurit^s  :  il  n'en  sera  pas  moins, 
pour  les  travaux  de  philologie  et  d'histoire  juridique,  un  theme  in- 
t^ressant;  mais  I'auteur  a  eu  tort  de  no  pas  qualifier  cette  copie,  dont 


Digitized  by 


Google 


—  195  — 

quelque  lecteur  mal  informe  pourrait,  quoique  fort  injustement,  lui 
reproqjiep  rincorrection.  La  famille  de  Mun  nous  apparjdt  done 
comme  li^e  par  son  nom  m§me  a  son  fief  primitif,  ce  qui  est  Tindice 
de  la  plus  antique  noblesse,  tandis  que  le  titre  de  JFn,  pr^sent^  ici, 
d'apres  une  pitee  de  nos  archives,  comme  un  signe  d'illustre  gentil- 
hommerie,  n'^vait  pas  toujours  cette  valeur,  de  bien  s*en  faut.  C*est 
certainement  ce  nom  de  Mun  qui  a  donne  lieu  aux  armes  parlantes 
de  la  famille :  d'azur  au  monde  d'argent  cintri  et  croisetU  d*or 
(monde  se  disait  en  patois  gascon,  comme  dans  la  langue  des  trou- 
badours, mon). 

Auger  do  Mun,  k  partir  duquel  la  ligne  g^nealogique  de  la  branche 
a?n6e  se  d^roule  reguliferement,  figura  dans  la  guerre  de  Henri  de 
Transtamare  centre  Pierre  le  Cruel,  roi  de  Castille,  a  cdt6  de  Tellez- 
de-Mun,  son  parent,  prince  de  Biscaye.  Cette  branche  espagnole  ne 
fait  gufere  qu'apparattre  dans  la  gen^alogie,  mais  elle  y  jette  un  bien 
vif  eclat.  Quant  aux  descendants  d*Auger,.  ils  brillent  presquo  tous 
dans  les  grandes  luttes  militaires  de  leur  temps,  jusqu'a  Barth(51cmy 
de  M*n,  qui  d^fendit  la  cause  catholique  en  Bigorre,  dans  les  pre- 
mieres guerres  de  religion.  L'un  de  ses  fils,  Alexandre,  fut  Toriginc 
de  la  branche  do  Mun-Sarlaboux;  Tautre,  Jean,  continua  la  brancho 
ainee;  il  fit  hommage  et  denombrement  des  terre^  de  Mun,  Clarac, 
Belmont,  Lamarque,  etc.,  et  acquit  celles  de  Guiserix,  Organ  et 
Betpouy.  Son  petit-fils,  Alexandre,  obtint  en  1655  des  lettres  de  re- 
mission pourle  meurtre  de  son  parfitre  Jean-Jacques  d'Arbussan, 
seigneur  de  Podenas.  Cette  branche  s'^teignit  avec  Jean-Paul,  fils 
d'Alexandre  et  de  Marie-Anne  de  Lupe  :  c'est  cette*  dernifere  qui 
ali^na  en  1690  les  seigneuries  deMun,  Belmont,  Lamarque,  en  favour 
de  Jacques  d'Astorg,  seigneur  d*Aubarfede. 

Dans  la  branche  de  Mun-Sarlaboux,  M.  labb^  Cazauran  s'^tend 
principalement  sur  son  chef,  Alexandre  de  Mun,  mari6  en  1606  k 
Jacqueline  de  Cardeillac-Sarlaboux,  de  la  famille  c^l^bre  qui  avait 
fond6  le  convent  des  Minimes  de  Tournay;  il  fut  «  un  des  grands 
officiers  gascons  de  son  sifecle.  >  Ses  descendants  continuerent  d*oc- 
cuper  divers  grades  militaires  jusqu'au  pere  et  au  grand-pere  de  M. 
le  marquis  actuel  de  Sarlaboux,  Tun  et  Tautre  chevaliers  de  Saint- 
Louis. 

Nous  avons  n^glig^,  dans  cette  course  rapide,  les  innombrables 
mentions  relatives  k  Thistoire  feodale,  que  M.  Tabb^  Cazauran  a  eu 
soin  de  recueillir,  a  I'occasion  des  alliances,  des  transactions,  des 
proces,  etc.,  survenus  a  chaque  generation  des  deux  branches  de 


Digitized  by 


Google 


—   196  — 

Mun,  Les  amis  de  ces  etudes  chercheront  ces  details  dans  sa  con- 
sciencieuse  notice,  qui  se  recommande  en  mdme  temps  aux  g^n&i- 
logistes  et  aux  heraldistes  par  une  foule  d'indications  nobiliaires  et 
par  une  description  complete  des  armoiries  des  families  allifes  aux 
Mun,  accompagnee  d'un  bon  dessiu  qui  les  r^unit  toutes,  au  nombre 
de  trente-huit. 

Leonce  couture. 


CORRESPONDANCE- 

Christophe  de  Foix-Candalle  et  Fabbaye  de  La  Cas telle.  —  Date 

de  sa  mort, 

Paris,  le  26  mars  1877. 
Monsieur  le  R^dacteur, 

Dans  son  premier  article  sur  Christophe  et  Francois  de^oix, 
evfiques  d'Aire  (Revue  de  fevrier  1877,  pp.  57  et  seq.),  M.  Tamizey 
de  Larroque,  que  j'ai  suivi  avec  un  interSt  tout  particulier,  signale 
au  continuateur  du  Gallia  Christiana  deux  omissions. 

€  1®  Christophe  de  Candalle  fut  d'abord  protonotaire  apostolique, 
ce  qu  ont  iguor^  les  auteurs  du  G.  Ch.,  »  dont  acte. 

2®  Une  lettre  de  Charles  IX  [BibL  nat.,  fonds  frangais),  du  28 
septembre  1571,  dit :  Vaquant  Tabbaye  de  saint  Jean  de  la  Castille, 
par  le  decez  de  feu  M.  Crestofle  de  Foix,  evesque  d'Ayre,  j'^nay  faict 
don  au  sieur  de  Roissy,  conseiller  en  mon  prive  conseil...  «  Cette 
note,  ajoute  Tauteur,  comble  une  autre  petite  lacune  du  Gallia 
Christiana  et  j'espfere  qu*elle  ne  sera  pas  perdue  pour  le  savant  con- 
tinuateur de  rinapprfeiable  recueil,  Dom  Piolin,  >  p.  62. 

Pour  ^pargner  a  Dom  Piolin,  qui  m'a  fait  Thonneur  do  me  consulter 
sur  les  dioceses  d'Aire  et  de  Dax,  une  plus,  longue  recherche,  je  me 
permets  de  renvoyer  le  lecteur  au  Verbal  de  Charles  7X,  imprim^ 
dans  le  premier  volume  de  la  Revue  de  Gascogne,  a  ia  page  175.  A 
propos  de  la  situation  de  Tabbaye  de  la  Castelie  apr^s  les  ravages 
des  protestants,  il  est  ^crit :  t  En  ladite  annee  (1570),  a  la  soiUcitation 
du  seigneur  de  Roussy  (1),  maitre  des  requites  de  Thdtel  du  Roy, 
qui  a  donn^  k  entendre  a  Sa  Majest6  que  ladite  abbaye  vaquait  par 

(1)  Je  rectifie  le  passage  au  moycn  d'aoe  copio  du  ross.  que  je  poss^de.  EUe 
porte  <  Roissy.  » 


Digitized  by 


Google 


—  197  — 

le  doces  de  messire  Christophe  de  Foy  de  Candale,  eveque  d'Ayre,  et 
que  le  susdit  abb^  lui  aurait  resign^,  ledit  sire  aurait  mis  sous  sa 
maia  ladite  abbaye  et  d6put6  6conome  M.  Pierre  de  Mesme,  sieurde 
Revignan,  cousin  germain  dudit  sieur  de  Roissy;  a  Toccasioii  de 
quoy  le  pauvre  abb6  (Jean  de  Capdequy)  n*en  peutbonnement  jouir, 
jaQoitqu'il  n*aie  jamais  r6sign6  ladite  abbaye  en  faveur  dudit  sieur 
feu  de  Foix,  ni  autre,  etpar  ainsi  n'aie  vaqu^  aucunement,  etc.  >  II 
faut  done  simplement  maintenir  pour  Tabbaye  de  la  Castelle,  en 
1571,  avec  le  Gallia  etie  Verbal:  «  Frere  Jehan  de  Capdequy,  doc- 
teur  de  Paris  en  la  faculty  de  th^ologie  et  religieux  profte,  paisible  pos- 
sesseur  d'icelle,  quarante-deux  ans  y  a.  >  Loc.  dt, 

Le  mSme  Verbal  fournira  a  votre  honorable  coUaborateur  €  la  date 
precise  de  la  mort  de  Christophe  de  Foix.  >  Revue^  1. 1,  p.  8-2,  on  lit : 
«  L'^vSch^  d'Ayre  ^tant  vacant  depuis  le  14  septembte  1570  par  le 
decez  de  feu  messire  Christophe  de  Foix  de  Candalle,  paisible  pos- 
sesseur  qui  dec^da  ledit  jour  en  la  ville  de  Bordeaux.  > 

Veuillez  agreer,  Monsieur  le  r^dacteur,  etc. 

Jules  BONHOMME. 


Le  vrai  nom  de  r^ditear  de  VAnti  Joseph. 

Goouad,  16  avril  1877. 

Mon  cher  ami,  V  Imitation  de  J  ism-Christy  qui  nous  donne  a  tous 
de  si  bons  conseils,  me  donne  particulierement  celui-ci  (livre  I,  chap, 
ii) :  «  Garde-toi  de  te  fier  trop  a  ton  sentiment.  >  J'avais  cru  et 
j'avais  dit  (livraison  de  mars  1877,  p.  137)  que  T^diteur  de  Y Anti- 
Joseph  devait  6tre  le  m6me  que  T^diteur  des  Poisies  (TAndri  Che- 
nier,  M.  L.  Becq  de  Fouquieres.  Mais  j'avais  6t6  dupe  des  appa- 
rences:  M.  Ch.  Lefebvre,  le  librairede  Bordeaux  pour  lequel  a  et6 
publi^e  la  charmante  r(5impression  de  T^dition  de  1615,  veut  bien 
m'apprendre  que  Tannotateur  de  cette  piece  est  un  bibliophile  bor- 
delais,  M.  Louis  hordes  de  .Mortage.  J'ai  ^t6  d'autant  plus  impru- 
dent en  attribuant  a  M.  L.  Becq  de  Fouquieres  les  initiales  de  M. 
L.  Bordes  de  Fortage,  que  j'ai  moi-mSme  eu  plus  souvent  Toccasion 
de  constater  que  Ton  a  confondu  les  initiales  de  M.  Tenant  de  la- 
tour  avec  celles  de 


Votre  devout  serviteur  et  ami, 


T.  DE  L. 


Digitized  by 


Google 


—   .198  — 


Le  Turrian  de  Jean-Paul  de  Labeyrie. 

[Dans  mon  6tude  biographique  et  litt^raire  sur  ce  po6te  Condomois 
du  xvi«  siecle  (Revue  de  Gasc.y  iv,  p.  402  et  ss.),  j'ai  cit6  ce  qu*il  dit 
de  sa  maison  de  campagne,  le  Turrian,  en  priant  ses  eompatriotes 
d'en  rechercher  la  trace.  Ma  priere  a  ete  entendue.  D^ja  un  anonyme, 
qui  a  consacr^  a  mon  opuscule  deux  articles  trop  bi^veillants  dans 
le  Conservateur  d*Aucli,  a  indiqae,  entre  d.eux  parentheses,  avec 
un  signe  de  doute,  la  Tourre;  et  la  communication  suivante,  que 
j'ai  regue  depuis  d'un  bibliophile  Condomois,  ne  laisse  aucun  doute 
sur  cette  petite  question.  —  L.  C] 

....  Le  Turrian  de  Labeyrie  n*est  autre  chose  que  la  propriety  de 
La  Tourre,  qui  appartientaujourd'hui  k  M.  Rivoire-B^zian.  Le  pre 
de  Salamon  et  le  bois  de  Salamon  existent  encore. 

E.  G. 


NOTES  DIVERSES. 


XGVII.  Un  sonvenlr  da  podte  gascon  d^Arquiep. 

M.  F.  T.  m'a  confi6  en  meme  temps  (1)  nn  autre  parchemin  tr^s- analogue  au 
precedent,  et  qui  int^resse  uu  confrere  de  d'Astros,  comme  lui  po^te  patois.  Le 
second  volume  des  Poesies  gasconnes  publi6es  chez  Tross  renferme  un  po6rae 
satiriquequi  porte  le  nom  de  d'Arquier  :  La  guerro  deous  Limacs  countro  lous 
Leytoureses.  II  y  a  aussi  un  douzain  de  lui  parmi  les  pieces  liminaires  du  po^me 
de  d* Astros  sur  les  Saisons,  Ce  d'Arquier  devait  6tre  beaucoup  plus  jeune  que 
son  confrere;  car  on  tient  que  Tauleur  du  Trimfe  de  la  lengouo  gascouo  mou- 
rut  fort  vieux  vers  1649,  et  d'Arquier,  vicaire  des  1633,  signait  encore  au  re- 
gistre  paroissial  de  Saint-Clar  en  1671,  avec  le  double  titre  de  vicaire  et  cha- 
pelain,  Lapi6ce  que  m'a  remise  I'^diteur  de  d'Astros  nous  apprend  le  pr6nom 
de  ce  vicaire-po^te  et  un  trait  de  sa  biographie. 

En  date  du  18  novembre  1674,  Louis  Cazetde  Veautorte,  evfique  de  Lectoure, 
conf^re  k  maitre  Francois  de  Cassaignau,  prdtre  du  diocese  de  Montauban, 
archidiacre  de  Saint-Gervais,  la  chapellenie  de  Sainte-Catherine  dans  I'eglise 
paroissiale  de  Saint-Clar,  et  ce  en  vertu  de  son  droit  episcopal  de  collation  et 
sur  le  vu  d'une  signature  apostolique  obtenue  par  I'impfitrant;  ledit  b6n6fice 

(1)  Le  lectcut'  est  pri6  de  raccorder  cette  note  avec  la  note  relative  au  poete  d'As- 
tros, laquelle  termioait  la  derniere  livraison  de  ]&  Revue  de  Gaseogne  (p.  151-152). 
L'abondanee  des  matidres  nous  a  obliges  &  renvoyer  ici  ce  coropl^ment. 


Digitizedby 


Google 


—   199   — 

vaquail  alors  per  incapacitatem ,  inhahilitatem,  tiluloramque  nullitatem  ac 
indebitam  detentionem  quorumdam  Bartholomei  Arqu^  et  Joannis  Belin 
preshiterorum. 

On  pourraitdouter  de  I'identit^  de  cet  Arqu6,  injaste  detentear  de  la  cha- 
pelleniede  Sainte-Catherine,  avecl'autear  de  La  (/ii€rro  deous  Limaes;  mais 
la  cote  du  parchemin,  qui,  sans  6tre  tout  k  fait  conlemporainede  I'acte,  est 
ancienne  et  certainement  <^crile  par  un  int6ress6,  porte  le  nom  sous  sa  vraie 
forme,  ou  plut6t  sous  sa  forme  fran^aise  (i  laquelle  devait  coexister  la  forme 
gasconne  inscrite  dans  Tacte).  On  y  lit :  Litige  entre  M.  de  Cassagnau,  archi- 
diacrcj  et  M,  Arquier,  pritre. 

Quant  k  ceJean  Belin,  qui  avait  pr6tendu  s'accomraoder  avec  Barthelemy 
d' Arquier  d'un  benefice  fort  k  la  convenance  de  Fun  et  de  Tautre,  je  suppose 
qu'il  6tait  nevea  de  Francois  de  Belin,  qui  fut  vicaire  de  Saint-Glar  avant  d' As- 
tros, puis  cure  de  Biv6s,  et  enfm  curje  (ritou)  de  Saint-Clar,  et  k  qui  d' Astros 
d6dia  son  Et^,  pendant  qu'il  prenait  part,  comme  pr6dicateur,  aux  mission^ 
con tre  les  huguenots  dans  les  Cdvennes.  L.  C. 


XCVIII.  Une  lettre  de  M.  Alem-Rousseau. 

La  Revue  de  Gascogne  a  public  en  Janvier  1868  (t.  ix,  47),  une  notice  n6cro- 
logiquesur  M.  Alem-Rousseau. — Nous  avons  garde  copie  d'une  lettre  qu'il  6cri- 
vit,  un  an  avant  sa  mort,  h  la  pri6re  et  k  I'adresse  de  M.  Am.  Tarbouriech,  pour 
un  pr6fet  amateur  d' autograph es;  et  nous  pensons  que  nos  lecteurs  trouveront 
quelque  inl6r6t  ^  ce  document  assez  caracl6ristiqne  :  l.  c. 

Monsieur, 

Aurais-je  un  moindre  dSsir  de  vous  etre  agr6able  que  volontiers  et  avec  plai- 
sirje  mettraisde  I'empressement  h  vousenvoyer  les  quelques  Ugnes  que  vous 
me  demandez  pour  les  joindre  k  une  collection  d'aatograpbes  dont  s'occupe 
M.  Iepr6fet  de  la  Haute-Sa6ne  etqui  doit  comprendre  tous  les  constituants  de 
1848.  C'est,  en  efifet,  me  ramener  k  un  de  mes  meilleurs  souvenirs,  celui  de  la 
plus  grande  reunion  d'honnStes  gens  qu'il  m'ait  6t6  donne  de  voir  patriotique- 
ment  delib^rer. 

Mais,  Monsieur,  sera-ce  bien  satisfaire  M.  le  Pr6fet  de  la  Haute-Sa6ne  que 
de  lui  envoyer  I'^chantillon  d'une  6crilure  de  1867  au  lieu  d'une  ecriture  de 
1848.  Peut-Stre  k  la  place  oii  vous  eles  n'eClt-il  pas  6t6  impossible  de  mieux 
faire.  II  est  peu  vraisemblable  qu'il  ne  soit  rien  rest6  k  la  Prefecture  ou  k  I'Hd- 
lel-de-Ville  de  mes  proclamations,  de  mes  arr^tes,  de  mes  rapports  au  Gou- 
vemement  provisoire.  Un  fait  certain,  c'est  que  je  n'emportai  rien,  ne  brdlai 
rien;  toutes  les  minutes  durent  rester  dans  les  bureaux. 

Au  moyen  de  ces  vestiges,  s'il  s'en  retrouvait,  on  aurait  I'ecriture  du  re- 
presentant  du  pcuple  de  1848. 


Digitized  by 


Google 


—  i>00  — 

Mais  maintenant  que  dix-huit  ans,  Texil,  lamaladie,  la  vieillesse  sont  passes 
par  \k,  mon  6criture  ne  doit  pas  pi  as  6tre  la  m^me  qae  nies  cheveux.  En  moi 
tout  a*cbang6  except6  moi-m^me.  * 

Recevez,  Monsieur,  Tassurance  de  mes  meilleurs  sentiments. 

Auch,  17  fevrier  1867. 

,  Albm -Rousseau. 

A  M.  Tarhouriech,  archiviste. 


QUESTIONS. 


144.  D*iiiie  anecdote  sur  Mgr  de  La  Mothe-Hoadancoart. 

Tallemant  desR6anx  (Historiettes,  t.  v,  p.  187)  raconte  ainsi  ce  qui  se  passa, 
dans  la  vieille  Sorbonne,  un  jour  de  soutenance  de  th^es  pour  le  doctorat  en 
th^ologie,  entre  le  futur  cardinal  de  Retz  (alors  abb6  de  Retz)  et  le  futur  ar- 
cbey^que  d' Auch  (alors  abb^  de  Souillac) : 

.  €  Disputant  contre  I'abb^  de  Souillac  en  Sorbonne,  il  (Jean-Francois  de 
>  Gondi]  cita  un  passage  de  saint  Augustin,  que  I'autre  dit  estre  faux.  II  en- 
»  voye  querir  un  saint  Augustin,  et  le  convainquit.  Souillac,  qui,  quoyqu'il 
D  ne  soit  pas  ignorant,  parte  pourtant  fort  mal  latin,  dit  pour  excuse :  Non  le- 
i»  geram  i$ta  toma.  Le  docteur  qui  presidoit  luy  dit  plaisamment :  Ergo  quia 
x>  vidisti  Thoma,  credidisti.  * 

Conn^t-on  quelque  t6moignage  qui  confirme  le  piquant  r^cit  de  Tallemant? 

T.  DE  L. 

145.  Dee  bombes  itppeldes  Gominges. 

L'abb6  Desfontaines  [Observations  sur  les  Merits  modemes,  t.  iii,  p.  263), 
en  relevant  les  errenrs  d'un  certain  Massuet,  historien  anonyme  de  la  campagne 
de  1734,  lui  reproche,  entre  autres  choses,  d'avoir  dit  que  la  ville  de  Traer- 
bach,  bombardee,  fut  presque  rdduite  encendres.  «  Cette  ville  detruite  sub- 
siste  comme  auparavant,  ajoutele  critique,  k  la  reserve  d'une  maison  6cras6e 
par  une  Cominge.  »  A  ce  dernier  mot  est  attache  le  renvoi  suivant :  «  Cominge 
est  une  bombe  pesant  500  livres,  invent^e  depuis  peu  par  un  ingenieur  ou  ou- 
vrier  de  ce  nom.  II  n'y  en  avait  jamais  eu  de  ce  poids  avant  la  guerre  pre- 
sente. » 

Le  nom  de  I'inventeur  semble  appartenir  k  la  Gascogne;  mais  je  ne  trouve 
pas  autre  chose  sur  ce  Cominge.  Quid  eruditi?  U.  C.  T. 


Digitized  by 


Google 


UN  NEVEU  DE  MICHEL  MONTAIGNE 


RAYMOND  DE  MONTAIGNE 

PRftSDENT  A  SAINTES,  fiV^QUE  DE  BAYONNE. 


«  le  n'ay  point  de  nom  qui  soil  assez  mien;  de  deux  que 
i'ay  I'unestcommun^  toutettiarace,  voire  encores  a  d'aultres; 
il  y  a  une  famille  a  Paris  et  a  Montpellier  qui  se  surnomme 
Montaigne;  une  autre  en  Bretaigne  eten  Xaintonge,  de  la  Mon- 
taigne. »  Ainsi  s'exprimait,  dans  ses  Essais  (liv.  ii,  ch.  xvi), 
celui  qui  devait  donner  au  nom  de  Montaigne  son  illustration, 
au  point  que  toute  autre  renommee  dans  sa  famille  a  pali  de- 
vant  la  sienne.  Et  ce  qu'il  y  a  d'etonnant,  c'est  que  Michel  de 
Montaigne  semble  dire  qu'il  n'y  a  de  Montaigne  que  les  Mon- 
taigne, de  Bordeaux  et  du  Perigord.  Pour  les  Montaigne 
de  Montpellier,  ils  ne  lui  elaient  pas  parents.  La  question 
n'est  pas  douteuse,  et  c'est  bien  a  tort  qu'on  a  voulu  les  lui 
rattacher :  les  armes  sont  differentes  (1).  II  en  est  de  meme 
des  Montaigne  de  TAgenais.  De  ceux  de  Bretagne,  nous  ne 
dirons  rien.  Mais  ceux  de  Saintonge,  jedis  ceux  qui  signaient 
et  s'appelaient  de  Montaigne,  non  d'autres  qui  se  nommaient 
de  la  Montaigne,  ils  etaient  bel  et  bien  de  sa  lignee. 

(1)  Le  26  juillet  1718,  par  acte  reca  Garimond,  notaire  et  garde-notes  da  roi  k 
MoDtpellier,  «  Marie-Loaise  de  Montaigne,  veave  de  messire  Jean-Mathicn  de  Ri- 
qoet,  conseiller  da  roy  en  tons  ses  conseils,  pr^sidant  a  mortier  an  parlement  de 
Toloze,  >  donne  one  procuration  poor  «  vendre  et  allienner  les  marais  qo'elle  a  dans 
la  province  de  Saint-Onge,  »  faile  «  et  r^citt^e  dans  la  maison  de  M.  Belaud,  cor- 
rectear  en  la  chambre  des  (iomptes  an  logis  de  ladite  dame.  »  Et,  coincidence  sin- 
gali^re !  cette  piece,  sign^e  Montaigne  Deriqubt,  est  l^galis^e  par  «  Jean  de 
Montaigne,  conseiller  du  roy,  juge  magistrat  lieutenant  principal  en  la  8dn^chanss<§e 
el  si^ge  prdsidial  de  Montpellier,  »  qaisigne  Demontaignb,  lieutenant  principal. 
Tome  XVIII.  — Mai  1877.  ]4 


Digitized  by 


Google 


—  202  — 

Dans  son  recent  ouvrage,  si  plein  de  recherches,  Mkliel 
Montaigne,  sotioiigine, sa  famiUe  (1),  M.  Theophile Malvezin, 
s'en  rapportant  aux  Essais,  n'avait  pas  era  d'abord  devoir 
mettre  les  Montaigne  de  Saintonge  parmi  les  Montaigne  du 
Bordelais;  puis,  sur  quelques  observations,  dans  une  note  de 
la  fin  du  livre  (p.  344),  il  n'avait  plus  hesite.  En  efifet,  la  des- 
cendance, la  filiation  est  authentiquement  prouvee.  Grimon 
Eyquem,  seigneur  de  Montaigne,  cut  de  Jeanne  Dufour  s\\ 
enfants  dont  Tun,  Pierre,  Taine,  fut  pere  de  Michel  de  Mon- 
taigne; dont  Tautre,  Raymond  Eyquem  de  Montaigne,  sei- 
gneur de  Bussaguet,  eut  d'Adrienne  de  La  Chassaigne,  deja 
tante  de  Michel :  Raymond  de  Montaigne,  Anne  de  Montaigne, 
Joseph  de  Montaigne,  qui  se  marierent  eux-memes  ou  ma- 
rierent  leurs  enfants  en  Saintonge.  Or,  de  la  branche  Sainton- 
geaise  des  Montaigne  sont  sortis  quelques  Montaigne,  dont 
le  nom,  sans  avoir  Peclat  de  Tauteur  des  Essais,  a  eu  cepen- 
dant  une  certaine  notoriete.  Laissons  Marie-Louise  de  Mon- 
taigne, epouse  de  Jean-Mathias  Riquet  de  Bonrepos,  le  fils 
du  createur,  continuateur  lui-meme  du  canal  du  Langue- 
doc.  Mais  il  en  est  un  qui  merite  au  moins  une  mention  dans 
la  famille;  c'est  Raymond  de  Montaigne,  conseiller  du  roi 
au  parlement  de  Bordeaux,  puis  lieutenant  general  civil  et 
criminel  au  presidial  de  Saintes,  abbe  de  Sablonceaux  et 
eveque  de  Bayonne. 

Raymond  de  Montaigne,  qualifle  ecuyer,  seigneur  de  Saint- 
Genez,  LaVallee,  Courb'iac,  le  Treuil-ChoUet,  conseiller  du 
roi  en  son  conseil  d'etat,  n'a  qu'une  assez  courte  note  dans 
le  Gallia.  Hugues  du  Tems  {Clerge  de  France,  t.  i,  p.  S61) 
dans  la  liste  des  eveques  de  Bayonne,  dit :  «XLV.  Raimond 
de  Montague  de  Saint-Genes  clait  issu  d'une  famille  distinguee 
de  Bordeaux,  que  Michel  de  Montaigne  a  rendue  celebre.  11 
fut  president  au  presidial  de  Saintes,  puis  eveque  de  Bayonne 

(1)  Bordeaax,  Lefebvre,  1875. 


Digitized  by 


Google 


—  203  — 

en  1630.  Co  prelat  assisla  a  I'asseniblee  du  clerge  en  1635, 
el  mourut  au  mois  de  mars  1637  (1). » 

II  ne  sera  done  pas  sans  interel  de  dire  de  lui  quelques  mols 
de  plus. 

Raymond  de  Montaigne  descendait  de  cet  Ayquem,  le  pre- 
mier du  nom,  connu  comme  pere  de  Ramon  Eyquem,  mar- 
chand  et  bourgeois  de  la  ville  de  Bordeaux  (1402-1478),  qui 
acheta  la  terre  de  Montaigne  dont  son  flls  Grimon  Ayquem, 
ne  vers  1450,  pril  le  nom.  Grimon  Ayquem,  jurat  de  Bor- 
deaux, eut  entre  aulres  enfants  d'abord,  Pierre  Eyquem  de 
Montaigne  (1495-1568),  pferede  Michel  Eyquem  de  Montai- 
gne, maire  de  Bordeaux,  chevalier  de  Saint-Michel,  Tauteur 
des  Essais;  puis  Raymond  Eyquem  de  Montaigne,  seigneur  de 
Bussaguet  et  de  Saint-Pallays,  conseiller  au  parlement  de  Bor- 
deaux, dont  le  flls,  Geoffroy  de  Montaigne,  seigneur  de  Bus- 
saguet, Gaujac  et  Saint-Genes,  conseiller  au  parlement,  marie 
a  Ferine  Gilles,  eut  notre  Raymond.  Je  n'insiste  pas  surcette 
filiation.  A  propos  de  Nicolas  Pasquier  (2),  qui  fut  lieutenant 
■general  a  Cognac  pendant  que  Raymond  de  Montaigne  T^tait  a 
Saintes,  et  aqui  il  a  ecrit  denombreuses  leltres,  j'ai  traite  assez 
longuement  cette  question  des  Montaigne  de  Saintonge  et  des 
Montaigne  du  Bordelais  (3).  J'ai,  je  crois,  assez  bien  de- 
montre  la  parente  pour  qu'il  soit  inutile  d'y  revenir. 

Son  grand-pere  avait  ete  le  premier  .magistral  de  sa  fa- 
mine. Lui  ne  fut  pas  le  dernier.  On  a  vu  comment  le  petit 
boutiquier  Ayquem  avait  un  flls  marchand  bourgeois  de  Bor- 
deaux. Le  petit-flls  Grimon  est  jurat  de  la  riche  cit6.  Encore 

I'l)  C'est  la  tradactioD  du  Gallia,  I.  i.  fol.  1322  :  «  Raimundos  de  MoDtagae 
ortos  erat  ex  illus(ri  apad  Burdegalenses  genera,  cui  suis  lucabrationibus  dod  modi- 
corn  spleDdorem  attulit  Michael  de  Montagne.  Rahnundov  vero  domious  de  S.  Ge- 
nes, regi  chrisUanissimo  a  consiliis  sanclioribas,  antea  praeturse  SaQtonensis  prseses, 
episcopos  creator  anno  1630.  Interfoit  coetoi  cleri  Parisiensi  anno  1635,  defunctos 
aotem  mense  martio  anni  1637.  > 

(2)  Un  filt  d'EUenne  Pasquier,  Nicolas  Pasquier^  lieutenant  g^niral  et  maitre 
des  requites.  IStode  sor  sa  vie  et  ses  Merits.  Paris,  Didier,  1876,  in-8«>,  2*  Edition. 

(3)  Voir  k  Tappendice  le  chapitre  x  (p.  283-284} :  Raymond  de  Montaigne,  C(»f- 
respondant  de  Nicolas  Pasquier, 


Digitized  by 


Google 


—  204  — 

une  generation  et  les  Eyquem,  devenus  Montaigne,  —  d'une 
terre  ainsi  nominee, —  seront  mairesde  Bordeaux  et  conseil- 
lers  au  parlement.  La  bourgeoisie  s'efeve;  et  quand  par  de 
longues  anneesde  travail,  d'economie  et  deprobite,  ces  mar* 
chands  out  acquis  I'aisance  ou  la  richesse,  la  consideration 
ou  Testime,  la  notoriete  ou  la  celebrite,  tout  naturellement 
ils  sont  gentilshommes;  oubien  ils  ont  achete  une  charge  qui 
confere  la  noblesse,  ou  bien  ils  sont  entres  dans  un  corps  de 
ville  qui  a  le  droit  de  noblesse,  ou  bien  leurs  services  leur  ont 
valu  des  lettres  patentes  qui  la  leur  donnent.  Mais  ces  avan- 
tages,  il  faut  les  meriter;  et  quand  le  pere  n'y  pent  arriver 
lui-meme,  il  songe  que  sa  vie  de  devouement  ne  sera  pas 
perdue  pour  ses  enfants  ou  petits-enfants,  sUls  la  veulent 
continuer. 

Patr  lettres  de  provision  datees  de  Paris,  le  50  septembre 
4594,  Raymond  de  Montaigne  fut  nomme  conseiller  au  par- 
lementde  Bordeaux  ensurvivance  de  son  pere.  II  fut  reguen 
cette  qualite,  lel9  juillet  1595.  M.  Malvezin  (p.  85)  ajoute  :^ 
«  Raymond  de  Montaigne  fut  homme  d'eglise  et  clianoine  en 
Feglise  Saint- Andre  de  Bordeaux. »  Est-ce  bien  exact?  Je  ne 
Tai  vu  qualifl6  ainsi  nuUe  part.  Puis  a  quelle  epoque  aurail-il 
ete  chanoine?  II  vint  a  Saintes  en  1606.  Etait-il  deja  veuf ? 
Mors  sa  flUe,  qui  se  mariavers  1642  une  premiere  fois,  ^u- 
rait  a  ce  moment  eu  au  moins  la  quarantaine,  et  plus  que  la 
cinquantaine  a  la  date  de  son  second  mariage,  en  1658,  ce 
qui  n'estguere  probable.  Au  contraire,  sUln'etait  pas  encore 
marie,  il  faudrait  done  admettre  qu'il  quitta  une  premiere 
fois  Peglise  pour  une  epouse,  et  que,  sa  femme  morte,  il  re- 
vint  a  son  ancienne  vocation  I  Enfm  Lopes,  danS  sa  liste  des 
chanoines  de  Saint-Andre  qui  ont  occupe  des  sieges  episco- 
paux,  ne  cite  pas  son  contemporain  Raymond  de  Montaigne. 

En  1606,  il  fut  pourvu  de  Tofflce  de  lieutenant  general  au 
siege  presidialde  Saintes.  Depuis  1585,  un  arret  du  conseil 
avait  reuni  Fofflce  de  president  en  la  senechaussee  de  Sain-   • 


Digitized  by 


Google 


—  205  — 

tonge  a  Tofflce  de  lieutenant  general  en  la  meme  senechaus- 
see.  Charles  Guitard,  sieur  des  Brousses,  senechal  de  robe 
longue,  qui  etait  auparavant  lieutenant  criminel,  elait  devenu 
lieutenant  general  en  1572.  Doyen  du  chapitre  de  Teglise 
cathedrale  de  Saint-Pierre  de  Saintes,  en  1587,  il  mourut  en 
1598.  Son  fils,  Jacques  Guitard,  sieur  des  Brousses,  deLa 
Vallee  et  du  Vivier,  lui  succeda  au  siege  de  la  senechaussee 
et  il  remplit  seul  ces  deux  fonctions,  reunies  depuis  1585. 
Mais  Page  le  forga  a  en  resigner  une.  II  se  demit  en  faveur 
de  son  neveu,  Raymond  de  Montaigne.  En  meme  temps  pour 
recompenser  ses  services,  le  roi,  par  lettres  patentes  du  18 
mai  1601,  enregistrees  a  Bordeaux  le  8  avril  1605,  luiac- 
corda  le  droit  de  jouir,  sa  vie  durant,  des  prerogatives  deson 
dit  office.  Les  provisions  de  lieutenant  general  au  siege  de 
Saintes  furent  donnees  en  faveur  de  Raymond  de  Montaigne, 
a  Paris,  le26  novembre  1605(1).  Comment  ceconseiUer  au 


(1)  Lettres  de  provision  de  Vestat  et  office  de  lieutenant  gMral  au  siige  de 
Xainctespour  M*  Raymond  de  Montaigne  au  lieu  de  Jf*  Jacques  Guitard, 

Henry...  scaaoir  faisons  qae  nous,  k  plain  confians  de  la  personne  do  notre  cbe? 
et  bieo  am^  M*  Rayniond  de  Montaigne  et  de  ses  sens,  snffisance,  lit^ratare,  int^- 
grit^  an  faict  de  jodicatarei  loyaalt^,  prud'bommii,  experience  et  bonne  dilligenses, 
a  icoluy,  poqr  ces  canses  el  aultres  k  ce  nous  moavans,  anons  donnd  et  octroy^,  don- 
nons  et  octroyons  par  ces  pr^sentes  I'eslat  et  office  de  lieutenant  g^ndral  au  sidge  de 
nostre  ville  de  Xaincles,  que  nagndres  sonloit  tenir  et  exercer  M'  Jaeqaes  Guytard, 
siear  des  Brosses  et  de  La  Vallde,  dernier  paisible  possessenr  d'icelloy,  vacqaant  k 
present  par  la  pare  et  simple  resignation  qu'il  en  a  faicte  en  nos  mains  par  son  pro- 
cnrear  suffisamment  fonde  do  procuration  an  proffit  dodit  Montaigne  qaant  k  ce  cy 
attacbee  soobs  le  contre-4cel  de  nostre  cbancellerie  poor  le  diet  office  de  lieateoant 
general  au  diet  si^ge  anoir,  tenir  et  doresnavant  exercer  aulx  bonneurs,  auclborites, 
prerogatives,  preeminances,  francbises,  libertes,  gaiges,  droits,  proffits,  revenus  et 
esmolumens  accoustum^s  et  qui  y  appartiennont,  tant  qu'il  nous  plaira,  encore  que 
le  resignant  ne  vive  les  quarante  jours  portes  par  nos  ordonnances,  de  la  rigueur 
desquclles  nous  I'auons  relieve  et  dispense,  rellevons  et  dispensons  par  ces  presen- 
tes,  attendu  le  droict  annuel  qu'il  a  paye,  pour  jouir  dudict  priyiliege  durant  la 
presente  annee.  Cy  donnons  en  mandement  k  nos  amez  et  feaulx  conseillers  les  gens 
tenans  notre  cour  de  parlement  de  Bourdeaulx  qu'apres  qu'il  leur  sera  apparu  des 
bonnes  vie,  moenrs,  conversation  et  reMgion  catbolique  dudict  de  Montaigne  et  de  lay 
prins  et  re^eu  le  serment  en  tel  cas  requis  et  acconstume,  diceluy  recepvez,  mettez  et 
inslituez  de  par  nous  en  possession,  jouissance  et  saisine  dudict  office  et  d'icelluy 
ensemble  des  honneurs,  auctborites,  prerogatives,  preeminances,  francbises,  libertesi 
gaiges,  droiets,  profficts,  revenus  ct  esmolumens  dessus  diets  le  faites.laissezetsouf- 
frei  jouir  et  user  plainement  et  paisiblement,  eXk  luy  obeyr  et  entendre  de  teas  cenlx 


Digitized  by 


Google 


—  206  — 

parlement  de  Bordeaux,  magistral  d'une  cour  souveraine, 
echangeail-il  son  siege  a  Bordeaux  centre  la  presidence  du 
tribunal  de  Saintes?  Le  fait  s'explique,  si  Ton  considere  qu'il 
n'etait,  a  Bordeaux,  conseiller  qu'en  survivance,  et  que  Tof- 
fice  de  son  pere,  Geoflfroy  de  Montaigne,  appartenait  de  pre- 
ference et  appartint,  en  effet,  a  son  frere  aine,  Joseph  de 
Montaigne,  seigneur  de  Gajac. 

Raymond  preta  serment  a  Bordeaux,  le  16  Janvier  1606, 
II  ne  subit  pas  Fexamen,  comme  le  disent  les  regislres  du 
parlement,  parce  quil  avait  « este  examine  lorsqu'il  f ut  receu 
conseiller  en  la  cour  a  condition  de  survivance  de  M.  sun 
pere. »  Mais  ilne  fut  pas  dispense  de  payer  2,500  livres  pour 
la  resignation  de  Tofflce  et  de  plus  une  somme  de  206  Ijvres 
pour  le  droit  de  marc  d'or  (1).  Ildut  lui  en  couter  dedebourser 

• 

et  ainay  qa'il  apparliendra  sar  choses  louchans  et  conserDans  ledict  eslat  et  office. 
Mandons  en  oulire  a  nos  ames  et  fdaulx  les   Ir^soriers  de  France  et  gdn<raalx  de 

DOS  finances  k (sic)  que  par  le  recevear  et  payeur  des  gaiges  et  droicts  de  nos 

offlciers  on  auUres  k  ce  parnons  commis,  ils  fassent  lesdicts  gaiges  et  droicts  payer, 
bailler  el  ddlivrer  audict  de  Montaigne  doresnavant  par  chascan  an,  aalx  termes  et  de 
la  maniere  accoustam^e,  et  rapportan^  ces  dites  pr^sentes  ou  vidimus  d'icelle  deae- 
ment  collationn^es  pour  une  fois  avecq  quittance  dudict  de  Montaigne  sur  ce  soffi- 
sante,  nousvoullons  estre  passez  et  allonez  en  la  despense  des  comptes  et  rabbattos 
de  la  recppte  de  celluy  qui  payez  les  aura  par  nos  amez  ct  f^aulx  les  gens  de  nos 
comptes  a....  (sic)  ausquels  mandons  aussy  le  faire  sans  difficult^  :  car  tel  est  nostra 
plaisir.  En  tesmoisg  de  quoi  nous  auonn  faict  mestre  oostre  seel  a  ces  dictes  pr^en- 
tes.  Donnd  k  Paris  le  vingt  sixiesme  jour  de  novembre  Tan  de  gr&ce  mil  six  cens 
cincq  de  nostre  rdgne  le  dix  septiesme.  Ainsy  signd  sur  le  reply  :  Par  le  Roy. 
Dormy  et  scell^es  du  grand  sceau  diet  seigneur  de  cire  jaulne.  —  Le  diet  de  Mon- 
taigne a  faict  et  prestd  le  serriient  de  lieutenant  gdn^ral  au  si^ge  pr&idial  de  l^ainc- 
tes,  en  la  cour,  au  cas  requis  et  accoustumd.  A  Bonrdeaolx  en  parlement  le  seiziesme 
jour  du  mois  de  Janvier  1 666.  Ainsi  signd  de  Pontac. 

NoTi.  *  Ledlot  de  Montague  o'a  est4  eiamM  parce  qull  a  eit^  ct-devaat  ezamlo^  loraqo'U  foi 
receu  oonfeiUer  en  la  coor  k  aondltlon  de  inrTiTaDce  de  M.  sou  p^e.  ArchtMi  tUparuwuntaUi  tU  U 
Gironde,  Rtgittrei  du  parlement* 

(1)  J'ai  receu  de  mattre  Raymond  de  Montaigne  la  somme  de  deux  mille  cinq 
eens  livres,  pour  la  r^ignation  de  Toffice  du  lieutenant  g^n^ral  au  si^ge  prdsidial  de 
Xainctes,  aux  gaigea  y  appartenans,  faicie  k  son  profit  par  mattre  Jacques  Giytard, 
qui  a  pay^  le  droict  annuel  dndict  office,  duquel  le  diet  de  Montaigne  a  este  pourven. 
Faict  A  Paris  le  xxti*  jour  de  novembre  mil  six  cent  cinq.  Et  plus  bas :  Qoictance 
de  la  somme  de  deux  mil  cinq  cens  livres,  signd :  Ardier.  Et  an  dos  est  escrit:  En- 
registrd  au  conterolle  gdndral  des  finances  par  moi  soubssign^.  A  Paris,  le  dernier 
jour  de  novembre  mil  six  cent  cinq,  signd :  Vienne. 

Collalionn^  k  i'original  par  nous  conseiller  secretaire  du  Roy  ct  de  ses  finances, 
8ignd:DoKiir. 


Digitized  by 


Google 


—  207  — 

autant  pour  devenir  lieutenant  general;  et  cette  somme  de 
2,500  livres.  Ires  forte  pour  le  temps,  il  la  garda  longtemps 
sur  le  coeur.  II  Tavait  encore,  lorsqu'en  4614,  il  s'elevait  si 
vivement  centre  la  venalite  des  charges  dont  il  avail  pourtant 
lui-meme  profile. 

Dans  ses  fonctions  de  judicature  a  Saintes,  Raymond  s'at- 
tira  la  conQance  et  gagna  Teslime  de  ses  justiciables.  Aussi, 
quand  Louis  XIII  convoqua  les  etats  generaux  de  4614,  c'est 
sur  lui  que  les  electeurs  de.  la  senechaussee  porterent  leurs 
suffrages.  II  fut  nomme  depute  du  tiers  6tat  de  Saintonge 
avec  Francois  de  Sainte-Maure,  baron  de  Mosnac,  pour  la 
noblesse,  Nicolas  le  Cornu  de  La  Courbe  de  Bree,  eveque  de 
Saintes,  et  Michel  Raoul,  doyen  du  chapitre,  pour  le  clerg6.  II 
y  joua  un  r61e  considerable  dont  les  relations  du  temps  et  les 
proces-verbaux  des  seances  nous  ont  conserve  le  souvenir. 

Dans  la  seance  de  la  chambre  du  tiers,  le  vendredi  matin, 
12  decembre  1614,  «  sur  la  proposition  faicte  a  haute  voix 
par  plusieurs  dcpputes,  Ut-on  dans  le  proccs-verbal  (1),  qu'il 
estoit  necessaire  de  poursuivro  sans  intromission  le  rabais  des 
tallies,  apres  avoir  sur  ce  delibere  par  provinces,  a  este  arreste 
qu'on  depputera  vers  le  Roy.  »  C'est  « le  sieur  lieutenant- 
general  de  Xainctes  »  qui  fut  choisi  pour  la  province  de 
Guienne.  II  fallait  qu'il  se  fut  deja  fait  remarquer  pour  avoir 
ainsi  merit6  les  suffrages  au  milieu  de  tant  d'hommes  dis- 
tingues.  En  effet,  Raymond  de  Montaigne,  qui  avail  k  coeur 

J 'ay  receu  de  M«  Raymond  de  Montaigne  la  somme  de  deux  cens  seze  livres,  pour 
le  droict  de  marcq  d'or  del'office  de  lieatenant  g^ndral  ausi^ge  pr^sidial  de  Xainctesy 
dont  il  a  est4  poonreu  par  la  resignation  de  M«  Jacques  Gaytard.  Faict  a  Paris,  le 
xxTir  joar  de  novembre  mil  six  cent  cinq.  Et  plos  bas:  Qnictance  du  marcq  d'or, 
ann^e  mil  six  cens  cinq,  sign^e :  Du  Tremblay.  fit  an  dos  est  escrit :  Enregistr^  an 
conterolle  g^n^ral  des  finances  par  moy  soubssignd^  k  Paris,  le  dernier  jonr  de  no- 
vembre mil  six  cens  cinq,  sign^:  De  Vienne. 

Gollaiionn^  k  I'original  par  moy  conseiller  secretaire  du  Roy  et  de  ses  finances. 
Sign^:  DoRMY.  —  Archives  d^partetnentales  de  la  Gironde,  Registres  du  Parle- 
ment. 

(I)  Fonds  Frangais,  7525,  fol.  159-  Bibliothdque  Nationale.  —  Je  dois  la  com- 
munication de  ces  pidces  a  I'obligeancc  de  M.  Adolphe  Booyer,  archiviste  pal^o- 
graphe. 


Digitized  by 


Google 


—  208  — 

de  bien  remplir  son  mandal,  s'elevaavec  force  dans  Tasseniblee 
conlre  les  imp6ts.  La  these  sans  doute  n'est  pas  nouvelle. 
ToHjours  ceux  qui  paient  aimeraienl  aulant  garder  leur  argent; 
et  toujours  aussi  on  peat  s^assurer  la  faveur  des  contribuables 
en  leur  promettant  de  diminuer  leurs  charges.  « Le  lieutenant 
general  de  Xaintes,  raconle  Florimond  Rapine,  dans  sa  Re- 
lation  des  Elats  generaux  (p.  405-107),  fist  un  grand  dis- 
cours,  en  beaux  termes,  pour  fairegouter  a  lacompagnie  trois 
propositions  specieuses.  La  premiere,  de  supplier  tres-humble- 
menl  Sa  Majesle  de  surseoir  a  renvoi  de  la  commission  des 
tallies  ou  a  tout  le  moins  d'en  faire  la  reduction  au  pied  de  ce 
qui  se  payoit  en  Tannee  4576.  La  seconde,  de  demander  la 
surseance  du  droict  annuel;  et  la  troisieme,  la  surseance  du 
payement  des  pensions.  »  Le  discours  est  long;  il  n'a  pas 
moins  de  trois  pages  in4*  dans  Timprime.  Contentons-nous 
de  reproduire  les  passages  les  plus  saillanls  :  «  Quoy!  s'ecrie 
Forateur,  nos  provinces  ne  nous  ont-elles  pas  deputez  vers  S.M. 
pour  representer  les  miseres  qui  les  font  gemir  et  ployer  sous 
le  faix  insupportable  de  la  taille,  qui  est  venue  a  un  tel  excez 
que  tons  les  sujets  du  Roy  en  sont  demesurement  opprimez? 
N'esl-ce  pas  la  le  but  de  notre  delegation? »  II  rappelle  que  les 
etats  de  4576  et  4588  flrent  la  meme  demande.  II  ajoute  : 
«  Puisque  done  les  prudens  exemples  do  nos  devanciers  nous 
levent  tout  scrupule,  et  les  difflcultez  qui  se  presentent  d'abord 
en  ceste  requeste,  que  tardonsnous  a  demander  courageuse- 
ment  ce  qu'on  ne  pent  nous  refuser  honnestement?  » 

II  montre  ensuite  en  quelle  estime  on  les  tiendra,  en  voyant 
qu'ils  ont  meprise  leur  propre  interet,  «  demandant  que  les 
charges  que  nous  poss6dons  hereditairement  soient  vouees  au 
public,  auxplus  capables  etestimez,  et  non  retenues  par  ceux 
qui  ont  plus  de  biens,  de  richesses  et  de  cr6dit.  »  Ainsi  on 
forcera  « les  medisans  »  a  avoir  conflance  en  eux,  «  eux  qui 
nous  ont  estimes  estre  du  tout  contraires  a  la  revocation  de 
Tinique  parti  de  la  paulette;  d'autant  que  la  pluspart  de  cetle 


Digitized  by 


Google 


-  209  — 

compagnie  possede  les  charges  plus  relevees  et  honorables 
du  Toyaume,  d'autant  plus  nous  devoos  nous  porter,  par  la 
liberie  et  sinceriledes  Estats  etTobligation  denos  consciences, 
a  I'abolition  de  ce  droict,  qui  fomente  Tignorance,  ferme  la 
porte  a  la  vertu  et  a  la  doctrine.  »  Cest  parler  d'or.  Mais 
Torateur  oubliait-il  que  sa  charge  de  lieutenant  general  lui 
avait  ete  donnee  a  beaux  deniers  comptants? 

11  ne  doute  pas  que  si  le  roi  elait  oblige,  « par  la  necessile 
deses  affaires, »  de  leur  refuser  les  deux  premieres  demandes, 
il  ne  leur  accorde  la  troisieme.  Avec  quelle  force  il  s'eleve 
centre  ceux  qui  font  ces  demandes  de  pension  :  « Ah!  lachete 
franQoise!  Ah !  Francois,  auxquels  il  ne  reste  quefe  nom  Fran- 
cois! vous  servez  votre  Roy  comme  mercenaires,  puisque  vous 
le  servez  pour  Targent.  Si  vous  aviez  Thumilite  et  Tobeissance 
erapreintes  vivement  dans  vos  coeurs,  vous  le  serviriez  parce 
qu'il  est  votre  Roy  legitime  et  que  la  loy  de  Dieu,  de  nature  et 
du  royaume  vous  Ta  donne  pour  vous  commander.  II  n'est  pas 
messeant  de  recevoir  des  liberalitez  de  son  Prince,  mais  il  les 
faut  avoir  meritees. »  II  regretle  vivement  qu'il  y  ait  certaines 
personnes  qui  demandenl,  sans  en  etre  dignes,  des  pensions. 
II  esper^  « avoir  sans  difficulte  une  douce  et  benigne  response 
du  Roy...  » 

Son  eloquence  avait  frappe  tellement  Tassemblee  qu'il  fut 
designe  pour  6tre  le  chef  de  la  deputation  et  pour  porter  la 
parole  au  roi.  <L'on  propose,  raconte  Florimond  Rapine  (1), 
de  deputer  vers  Sa  Majeste,  et  non  vers  M.  le  chancelier, 
pour  le  supplier  d'accorder  la  remise  d'un  quart  delataille. 
Et  fut  nomme  le  sieur  lieutenant  general  deXaintespour  porter 
la  parole. » 

On  se  rendit  done  au  Louvre.  Le  lendemain  matin,  13  de- 
cembre,  il  venait  dire  a  Tassemblfee  qu'ils  n'avaient  pu  voir  le 

(1)  p.  189,  Recueil  tris-exaet  et  curieux  de  tout  ce  qui  s'ett  fait  et  passi  en  Vae- 
sembUe  des  Estats  tenus  a  Paris  en  Vann^e  1614;  Paris,  1615,  in-4o;  relation  re- 
prodoile  par  Mayer,  des  Estats  gt^n^aux  et  autres  assemhUes,  Paris,  1788-17^9, 
18  vol.  iD-8«.  t.  x?l,  p.  165-169. 


Digitized  by 


Google 


—  210  —    . 

Roi.  « Et  en  mesme  temps,  a  este  diet  par  le  sieur  lieutenant 
general  de  Xaintes  que  lui  et  les  sieurs  codeputtez  n'avoient 
pu  parler  au  Roy  sur  le  subject  de  leur  legation  touchant  les 
tallies,  ains  avoient  este  remiz  a  demain  unze  heures  par  le 
sieur  de  Souvre. » 

C'est  aussi  ce  qu'on  lit  dans  Rapine  (p.  195),  et  Mayer 
(tome  XVI,  p.  272) :  «  Arrive  ensuite  M.  le  lieutenant  general 
de  Xaintes,  revenant  du  Louvre,  qui  dit  qu'il  n'avoit  pu 
avoir  audience  de  S.  M.  et  qu'il  avoit  este  renvoye  a  demain 
sur  les  unze  heures.  » 

Ledimanche,  on  fut  plus  heureux.  Le  roi  regut  la  deputa- 
tion, raccueillit  et  lui  fit  des  proniesses,  de  ces  promesses 
vagues,  banales,  dont  on  est  parfois  bien  force  de  se  con- 
tenter.  II  fallait  travailler  a  faire  le  cahier  des  doleances  et 
Ton  aurait  favorable  r6ponse.  «Le  lieutenant  general  de 
Xaintes,  continue  le  proces-verbal  du  45  decembre  (4),  a 
diet  que,  suivant  sa  depputation,  il  se  trouva  hier  avec  ses 
co-deputtez  au  Louvre,  representa  au  Roy  dans  son  cabinet, 
en  presence  de  laRoyne,  Mgr  le  chancelier  et  autres  seigneurs, 
les  moyens  plus  propres  qu'il  estimoit  pour  obtenlr  diminu- 
tion des  tallies.  La  responce  du  Roy  fut  que  nous  debvons 
estre  asseurez  de  sa  bonne  voUonte,  que  nous  ayons  k  dresser 
nos  cayers  promptement  et  que  Ton  y  salisfera;  et  sur  ce  qu'il 
auroit  r6plique  que  le  peuple  estoit  fort  miserable,  surcharge 
extr6mement  des  tallies  et  subcides,  a  quoy  esioit  necessaire 
de  pourvoir  promptement,  et  que  en  cette  demande  le  service 
du  Roy  estoit  mesl6  et  intheresse,  fut  respondu  par  la  Royne 
que  le  Roy  feroit  tout  ce  qu'il  pourroit  pour  contenter  le 
peuple.  De  laquelle  legation  ledit  sieur  lieutenant  general  de 
Xaintes  a  este  remercie  par  la  compagnie  (2).  » 

(1)  lb.  f»  170. 

(2)  Sons  la  date  du  lundi  15  decembre  1614,  on  lit  dans  Rapine,  (p. 203},  et  Mayer 
(XVI,  p.  283}  :  €  k  rinstant  M .  le  lieutenant  g^ndral  de  Xaintes  rapporta  la  responce 
que  le  Roy  et  la  Royne  loy  avoient  faite  aprds  Tavoir  oui  en  ses  remonstrances,  qni 
contenoit  mesme  chose  que  ce  qui  avoit  est^  dit  an  sienr  President.  > 


Digitized  by 


Google 


—  211  — 

Voici  de  cette  entrevue  le  recit  de  M.  Georges  Picot,  le 
dernier  historien  des  etats  generaux(i) :  «La  deputation  fut 
regue  par  la  reine-mere  et  le  roi  en  presence  du  conseil.  Au 
discours  du  lieutenant  general  de  Sainles,  exposant  la  misere 
du  peuple  et  la  n6cessite  de  revenir  au  taux  des  tallies  pergues 
en  1576,  la  reine  repondit  froidement  que  le  roi  donnerait 
pleine  satisfaction  aux  voeux  des  cahiers  et  qu'il  soulagerait 
le  peuple;  mais  elle  6vita  d'abord  le  point  precis  doijt  il  s'a- 
gissait.  » 

La  deception  fut  grande  dans  Tassemblee.  «  Le  tiers  etat, 
continue  M.  Picot,  attendait  avec  impatience  Teflfet  du  discours 
de  son  depute;  il  avait  cru  que  son  eloquence  enlrainerait  la 
reine-mere. »  H61as!  quand  il  s'agit  d'enlever  quelques  res- 
sources  au  fisc  et  de  faire  des  economies,  Tetat  ne  salt  jamais 
comment  s'y  prendre.  Et  les  plus  belles  harangues  pour  la 
diminution  des  imp6ts  ont  ordhiairement  la  meme  r6ponse, 
sous  une  forme  plus  ou  moins  adoucie  :  Impossible. 

On  proposa  done  «  de  deputer  de  rechef  vers  S.  M.  pour 
luy  reiterer  la  mesme  requeste;  et  fut  conclu  et  arreste  qu'on 
iroit  le  mercredy  matin  ensuivant  et  qu'on  priroit  MM.  des 
deux  ordres  de  nous  y  assister  el  favoriser.  »  On  commenga 
done  des  pourparlers  avec  la  noblesse  et  le  clerge.  Mais  Sa- 
varon,  depute  de  Clermont,  ayant  prononce  quelques  paroles 
blessantes  centre  la  noblesse  a  propos  des  pensions  (2),  faillit 
6tre  fort  oial  traits,  et  la  tentative  6choua.  Le  tiers  crut  devoir 
faire  sa  d-marche  seul.  Savaron,  son  dfelegue,  reprit  les  trois 
propositions  de  Raymond  de  Montaigne.  Iln'obtint  pas  davan- 
tage.  Le  roi  engagea  les  deputes  k  travailler  promptement  a 
leurs  cahiers  au  lieu  de  presenter  leurs  demandes  les  unes 
apres  les  autres;  apres  il  leur  ferait  une  reponse  favorable. 

La  supplique  n'avait  pas  eu  le  succes  qu'esperait  le  tiers  et 


(1)  Histoiredes  Etait  gMraux,  Paris,  Hachelte,  1872,  4  vol.  in-8o,  t.  in,  p.  354. 
(3)  Son  discoan  se  troave  dans  Florimond  Rapine,  p.  195-134,  et  dans  Mayer, 
t.  Xfi,  p.  196-208. 


Digitized  by 


Google 


—  212  — 

qu'ilpouvait  legilimement  attendre  du  talent  de  son  orateur. 
Mais  il  restait  pour  Raymond  de  Montaigne  le  r61e  important 
quMl  avait  joue  en  cette  circonstance,  et  la  consideration  qu'il 
s'etait  acquise  parmi  les  deputes.  Aussi  revint-ii  dans  sa  pro- 
vince grandi  et  honore. 

Cessuccesa  I'assemblee  desetats  generaux  ne  contribuerent 
pas  pen  a  jeter  sur  le  president  de  la  senechaussee  de  Sain- 
tonge  un  nouveau  lustre;  sa  capacite,  sa  probite  lui  meriterent 
le  respect  de  tous  ceux  dont  sa  haute  position  dans  la  province 
attiraient  les  regards.  II  allait  bient6t  obtenir  une  nouvellc 
preuve  de  Petat  qu'on  faisait  de  lui.  Le  tiers  Tavait  nomme 
son  depute  en  1614.  Dix  ans  plus  tard,  c'est  le  clerge  qui  lui 
devait  donner  un  temoignage  eclatant  de  son  estime. 

Raymond  de  Montaigne  conlribua  puissamment  a  Tetablis- 
sement  des  freres  mineurs  de  Tetroite  observance,  vulgaire- 
ment  appeles  RecoUets,  cr6es  en  Espagne,  Tan  1484,  pour  la 
predication,  et  introduits  en  France  Tan  1592.  Saintes  fut 
certainement  une  des  premieres  villes  qui  les  eut  apres  Nevers 
(1597).  Le  Gallia  christiania  dit  seulement  que  c'est  sous 
Tepiscopat  de  Nicolas  Le  Cornu  de  La  Courbe  de  Bree  (1576- 
1617)  que  s'etablirent  a  Saintes  les  Jesuites,  les  Recollets  et 
les  Carmelites  (1),  sans  preciserla  date.  Mais  une  leltrcdu 
gardien  des  Recollets,  Jacques  Lajoumard  (26  novembrc 
1723),  adressee  a  Tintendant  de  La  Rochelle,  Qxe  le  millc- 
sime  a  1613.  Louis  XIII  les  fit  venir  a  Saintes  et  les  installa 
sur  Templacement  de  la  citadelle,  appelee  au  moyen  age  Ca- 
pitolium,  d'ou  la  croyance  generale  que  Saintes  sous  la  do- 
mination Romaine  avait  eu  un  capitole.  lis  habitaient  dans 
Tenceinte  de  Thdpital  actuel  pres  des  mines  de  Teglise  Saint- 
Frion,  qu'a  remplacees  la  maison  de  Taumdnier.  Mais  I'jes- 
pace  etait  etroit  etle  lieu  incommode.  Et  le  roi  avait  besoin 


(1)  Eo  sedente  rtcipiantor  in  nrbe  Jesuitsc,  fratres  Minores  Recolleti,  et  Monialcs 
B.  MariaD  de  Monte  Carmeloquae  postea  in  arcem  extra  urbem  translatsc  sunt  Gal- 
lia ehrisHana,  t.  ii,  col.  1084. 


Digitized  by 


Google 


—  213  — 

de  leur  couvent  pour  les  fortifications  de  la  cite.  lis  durent 
descendre  dans  la  ville.  Auparavant  ils  demandaient  que  le 
roi  leur  tint  comple  des  batiments  qu'ils  abandonnaient.  Le 
lieutenant  general  avec  des  experts  visita  les  lieux  et  fit  Tes- 
timation.  Ils  virent  deux  jardins  dans  Tun  desquels  les  reli- 
gieux  avaient  creuse  un  puits,  un  corps  de  logis  de  120  pieds 
de  longueur  et  17  de  largeur  avec  12  chambres,  plus  un  au- 
tre corps  de  logis  ou  etaient  la  chapelle,  deux  grandes  cham- 
bres, deux  greniers  par  eux  batis,  enfm  Tancienne  eglise  de 
Saint-Frion.  L'emplacement  et  les  jardins  furent  evalues  a 
5,000  livres;  la  batisse,  y  compris  le  puits,  a  4,000  pour  les 
mafons,  a  1,600  pour  les  charpentiers,  a  350  pour  les  serru- 
riers;  a  450  pour  les  recouvreurs;  la  chapelle  a  1,500.  Total, 
10,900 livres  (1).  Le  roi  leur  donna  10,800  livres.  Montaigne 
leurabandonna,  en  1619,  un  vaste  emplacement  sur  les  bords 
de  la  Charente.  Depuis  cet  acte  de  generosite,  ces  religieux  ont 
toujours  regarde  Montaigne  comme  leur  fondateur.  La  lettre 
dont  nous  avons  parle  le  dit  en  propres  termes : 

t  A  Saintes,  ce  26  noverabre  1723. 
*  Monseigneur,  pour  reponse  a  votre  seconde  lettre,  j*auray  a  vous 
dire  qu'il  y  a  cent  dix  ans  que  le  roi  Louis  XIII  nous  ^tablit  a  la 
citadelle  de  Saintes;  six  ans  aprfes,  Sa  Majesty,  ayanl  besoin  de  no- 
tre  couvent  pour  y  faire  des  fortifications,  nous  donna  10,800  livres 
pour  nous  ^tablir  dans  la  ville.  M.  de  Montaigne,  nostre  fondateur, 
nous  donna  Templacement  oii  nous  sommes  depuis  106  ans;  je  ne 
saurois  vous  donner  la  date  des  lettres  patentes  de  Sa  Majesty  :  il 
y  a  cinq  ans  que  le  feu  consuma  tons  nos  titres  avec  tout  le  cou- 
vent. Nous  sommes  actuellement  12  prestres,  trois  freres  et  un  petit 
serviteur  de  messes.  J'ai  I'honnenr  d'etre  avec  un  profond  respect, 
Monseigneur,  votre  tres -humble  et  tr^s-ob^issant  serviteur, 

»  Frere  Jacques  LAIOUMARD,  gardien.  » 

L'eglise  des  RecoUets  sur  le  quai  qui  porte  leur  nom  sub- 
siste  encore.  Conflsquee  comme  bien  national,  elle  est  deve- 
nue  le  club  des  amis  de  la  constitution.  C'est  la  que  fut  de- 
li) Briand,  Histoire  de  Viglise  Santone,  \l,  479. 


Digitized  by 


Google 


/ 


—  214  - 

pose  solennellement,  en  1791,  le  busle  deMirabeau,  apres  une 
procession  triomphale  oil  Teveque  constitutionnel  assistaavec 
tout  son  clerge,  et  apres  Teloge  funebre  prononce  du  haul  de 
la  chaire  de  Saint-Pierre,  par  Deschamps,  curfe  de  Dompierre, 
d'assez  triste  m6moire;  c'est  la  aussi  qu'un  an  apres,  I'image 
de  ce  grand  citoyen,  que  Saintes  6tait  fler  d'avoir  compte 
parmi  ses  habitants  comme  sons-lieutenant  a  la  suite  dans 
le  regiment  du  marquis  de  Lambert,  fut  aussi  solennellement 
brisee  comme  celle  d'un  parjure  et  d'un  traftre.  Puis  le  club 
devint  halle  aux  bouchers,  salle  de  reunion,  gymnase;  c'est 
aujourd'hui  une  imprimerie.  J'ai  publie  le  sceau  des  Recol- 
lets,  p.  15  des  Sceaux  inedits  de  I'Aiinis  et  delaSainlonge. 

Raymond  de  Montaigne  s'etait  mari6.  II  eut  au  moins  une 
fille,  Anne  de  Montaigne,  que  je  trouve  en  1642  femme  de 
Louis  de  Beauchamp,  ecuyer,  seigneur  de  Bussac,  pres  de 
Saintes,  flls  de  Helie  de  Beauchamp  et  d' Antoinette  Chesnel. 
En  secondes  noces,  elle  epousa,  le  16  octobre  1658,  a  Saintes, 
Blaise  de  Gaseq,  baron  des  Portets,  seigneur  de  Cocumont, 
conseiller  au  parlement  de  Bordeaux,  deja  veuf,  a  ce  que  je 
crois,  d'Anne  Marsaud,  petite-fille  d'Anne  de  Montaigne, 
dame  de  Saint-Georges-des-Coteaux,  et  par  consequent  petite- 
niecB  de  Raymond.  M.  Thfiophile  Malvezin  lui  dorine  un 
flls,  Nicolas  de  Montaigne,  qui,  dit-il,  fut  reconnu  en  1627 
par  arret  du  conseil  d'etat  comme  successeur  de  son  pere  en 
quality  de  president  en  Velection  de  Saintes.  C'est  probable- 
ment  lui  qui  assiste  en  1624  a  la  prise  de  possession  de  Sa- 
blonceaux.  Pour  moi  j'attribue  a  Raymond  pour  flls  Nicolas 
de  Montaigne,  seigneur  baron  de  Puycherie,  seigneur  de 
Courbiac,  qui  6pousa  Louise-H61ene  de  Suberville,  dite  veuve 
en  1695.  Sa  flUe,  Marie-Louise  de  Montaigne,  dame  de  Cour- 
biac, baronne  de  Puycherie,  epousa,  nous  Tavons  vu,  Jean 
Mathias  de  Riquet  de  Bonrepos,  seigneur  de  Bonrepos  et  du 
canal  du  Languedoc.  J'ai  indique  toutes  ces  alliances  dans 
Fappendice  de  Nicolas  Pasquier,  ou  il  y  a  encore  bien  des 


Digitized  by 


Google 


—  215  — 

lacunes,  bien  des  pelils  problemes  genealogiqaes  plut6t  poses 
que  resolus.  On  voit  que  la  branche  Sainlongeaise  des  Mon- 
taigne ne  subsista  pas  longtemps  dans  la  descendance  mas- 
culine. La  branche  Bordelaise  s'est  continuee  par  le  flls  de 
Joseph  de  Montaigne,  frere  de  Raymond,  et  par  celui  de  son 
neveu,  Henri  de  Montaigne  de  Bussaguet,  qui  avait  epous6,  le 
6  mai  1624,  Marguerite  Blanchard,  flUe  de  Pierre  Blanchard, 
ecuyer,  seigneur  de  La  Faye,  pres  de  Saintes. 

Sa  femme  mourut.  La  douleur  de  Raymond  de  Montaigne 
fut  telle  qu'il  se  consacra  tout  entier  a  Dieu  et  entfa  dans  les 
ordres.  Les  chanoines  Augustins  deTabbayede  Notre-Dame  de 
Sablonceaux  (a  46  kilometres  de  Saintes)  le  demanderent 
pour  abbe.  «  A  canonicis  postulalur  in  abbatem,  »  dit  le 
Gallia  (t.  ii,  col.  1132).  Gabriel  Martel,  pr6tre  du  diocese 
d'Agen,  dernier  abbe  regulier,  resigna  son  abbaye  en  sa 
faveur,  par  acte  du  17  juin  1624.  Le  pape  Urbain  VIII  signa 
sesbulles,  lei"  septembre;  ellesfurent  viseesarofflcialite  de 
Saintes,  le  4  novembre.  On  np  voit  pas  que  les  fonctions 
ecclesiastiques  aient  fait  renoncer  M.  de  Montaigne  aux  fonc- 
tions judiciaires.  Car  le  meme  actele  qualifie  pretredu  diocese 
de  Bordeaux  et  president  de  la  province  de  Saintonge.  L'in- 
compatibilile  n'existait  pas.  Surtout  a  cette'  epoque,  il  n'etait 
pas  rare  de  voir  un  ecclesiaslique,  meme  un  pretre,  occuper  je 
ne  dis  pas  seulement  des  offices  de  judicature  ou  des  charges 
administralives,  mais  encore  des  commandcments  militaires. 
Sans  parler  de  Brantdme,  qui  fut  un  instant  prieur  de  Saint- 
Vivien  de  Saintes  et  de  Royan,  et  pour  nous  bomer  a  notre 
region,  TevSque  de  Saintes  (1631),  Raoul  deLaGuibourgere 
avait  ele  conseiller  au  parlement  de  Rennes,  sfenechal  de 
Nantes  et  pere  de  famille.  L'eveque  de  LuQon  assiegea  et  prit 
La  Rochelle  (1628).  Le  cardinal  Francois  d'Escoubleau  de 
Sourdis  avait  ete  lieutenant  general  pour  le  roi  dans  la  Beauce, 
avant  d'etre  archeveque  de  Bordeaux  en  1599.  Son  frere,  Henri 
d'Escoubleau  de  Sourdis,  qui  lui  succeda  sur  le  siege  de  Bor- 


Digitized  by 


Google 


—  216  -^ 

deaux^  fut  amiral  et  commanda  les  armees  navales.  Francois 
de  Villemontfee,  intendant  de  la  generalite  de  La  Rochelle  en 
4631,  se  fit  pretre  du  vivant  de  sa  femme,  et  fut  nomine  eveque 
de  Saint-Malo. 

Le  25  novembre  de  Tannee  1624,  Raymond  de  Montaigne, 
pretre,  president  de  la  senechauss6e,  se  rendit  a  Tabbaye  (1).  II 
etait  accompagne  de  plnsieurs  membres  de  sa  famille  :  Nicolas 
de  Montaigne,  son  flls;  Anne  de  Montaigne,  sa  fllle;  de  son 
beau-frere,  Tristan  d'Alzalte  d'Urlubie,  qu'avait  epouse  Cathe- 
rine de  Montaigne;  de  Pierre  Gombaud,  seigneur  de  Feusse, 
conseiller  du  roi,  lieutenant  particulier  et  a3sesseur  criminel 
de  Saintes,  que  je  crois  aussi  son  beau-frere;  puis  d'Etienne 
Bouildron,  seigneur  de  Dinechin,  conseiller  du  roi,  lieutenant- 
general  de  Saintonge;  Mathieu  Blanchard,  seigneur  de  La 
Foussade  et  de  Laugeardiere,  conseiller  du  roi,  lieutenant 
particulier  au  meme  siege;  Grincel,  avocat  en  la  cour;  Gom- 
baud, prieur  de  Meursac  et  autres.  Leprieur  de  Saint-Savinien- 
du-Part,  Pierre  Brassier,  docteur  en  theologie,  le  mit  en  pos- 
session de  Pabbaye  de  Sablonceaux,  avec  les  ceremonies  or- 
dinaires.  Les  religieux  presents  au  convent  signerent  le  proces- 
verbal :  Jacques  Gallet  de  Fiefgallet,  prieur  claustral;  Debour- 
geade,  sous-prieur;  Mahy,  econome;  Sallet,  hotelier;  A.  Boys- 
sier,  inflrmier;  A.  Grelaud,  prieur  de  Champagnolles. 

Le  nouvel  abbe,  quoique  commendataire,  songea  serieuse- 
ment  a  son  abbaye.  EUe  avait  eu  beaucoup  a  souflfrir  des  pro- 
testants  pendant  les  guerres  religieuses;  en  1568,  le  monastfere 
avait  ete  briile  par  les  calvinistes.  Les  dommages,  d'aprfes  un 
devis  estimatif  dresse  par  le  due  de  Biron,  sur  Tordre  de 
Charles  IX,  s'elevaient  a  cent  mille  livres.  L'intendant  que 
Biron  commit  a  la  garde  de  Tabbaye  acheva  la  destruction;  il 
fit  couper  et  vendre  a  son  profit  les  belles  forets  de  Trelon  el 
de  Sainl-Romainqui  endependaient,  abatlitles  voutes  dePeglise 

(1)  Nous  doDoeroDs  en  appendiee,  a  la  fin  de  ce  travail,  Tacte  de  prise  de  pos- 
session. 


Digitized  by 


Google 


—  217  — 

donl  il  vendit  les  pierres,  el  transporta  a  Saint- Jeao-d'Angely 
Irois  tonnes  pleinesdepapiersetparcheminstir6s  du  chartrier. 

Tout  recemment  mSme,  en  4622,  apres  le  si6ge  de  Saint- 
Jean-d'Angely,  le  monastere  avail  ete  pris  le  25  Janvier  par 
Soubise  qui  le  mit  a  composition  (1)  et  acheva  de  le  reduire 
en  cendres. 

Montaigne  commenga  de  grandes  reparations,  les  plus 
urgentes  (2).  11  n'eut  pas  le  temps  d'accomplir  ses  projets;  il 
laissa  ce  soin-la  a  son  successeur  Henri  d'Escoubleau  de 
Sourdis,  depuis  archeveque  de  Bordeaux.  Ce  fut  m6me  Toc- 
casion  de  d6m61es  assez  longs  et  assez  vifs  entre  eux,  dont 
Techo  parvint  jusqu'a  Tassemblee  generale  du  clerge  de  France 
en  4635. 

Louis  AUDIAT, 

President  de  la  Soci^t^  des  Archives  hiitoriqaes 
de  Saintoiige  et  d'i^HDis. 

{La  fin  prochainemenl.) 


(1)  C'est  le  terme  adoaci  dont  sesert  I'aQlear  liagnenot  da  Journal  du  $Uge  de 
Saint' Jean  en  1621,  par  DaDicI  Mancean,  dans  lo  I*'  vol.  ^x  Archives  historiquet 
de  la  Saintonge  et  de  V Aunts. 

(2)  c  Raimond  de  Montagne,  dil  Massiou,  t.  v,  p.  453,  Bistoire  de  la  Saintonge, 
president  k  la  sdn^chauss^e  de  Saintes,  fut  nommd  abb^  sdcalier  de  Sablonceaux, 
k  la  charge  de  restanrer  cette  abbaye.  II  n*avait  pas  encore  song^  i  remplir  cet  en- 
gagement, lorsqa'en  1630  il  fat  nomrn^^  T^v^cb^  de  Bayonne.  »  II  y  a  dans  ces  lignea 
plosieors  errears.  Montaigne  avait  si bien  commence  qa'il  eut  des  ddmdlds  avee  son 
saccessear^  prteis^ment  k  caase  des  int^r^ts  k  r^gler. 


Tome  XVIII.  13 


Digitized  by 


Google 


—  218  - 


INSCRIPTION  LAPIDAIRE 

A  LA  CRYPTE  DE  L'fiGLISE  DE  SAINTE-QUITTERIE 
AU  MAS  d'AIRE-SUR-l'ADOUR. 


«  M.  Emile  Labeyrie,  ancien  directeur  du  contentieux  au  ministere 
des  finances,\est  mort  chr^tiennement  a  Aire  le  21  septembre  1876. 
II  a-laiss^  des  manuscrits  tr^s-int^ressants  sur  I'histoire  du  pays.  » 
Telle  est  la  note  que  les  ^diteurs  de  VHistoria  monasterii  S,  Severi 
ont  consaGr^e  (ii,  375)  a  un  de  leurs  eollaborateurs,  qui  fut  aussi  notre 
correspondant  tres-sympathique  et  tres-d^vou6.  Deux  mois  environ 
avant  sa  mort  si  impr(5vue,  il  nous  envoyait  cette  petite  6tude.  Peu 
de  jours  aprfes,  il  jous  priait  de  ne  pas  la  publier,  de  peur  de  con- 
trarier  M.  J.  No^lens,  qui  venait  de  citer,  dans  un  travail  sur  le  comU 
d'Agenais  au  i«  siicle,  Tinscription  dont  M.  Labeyrie  met  en  doute 
Texistence.  Nq|is  ob^imes;  mais  aujourd'hui,  parfaitement  sArs  de  ne 
contrarier  personne  par  la  publication  de  ce  court  m6moire,  qui  ne 
parait  pas  d'ailleurs  tout  k  fait  d^cisif,  nous  croyons  rendre  hommage 
k  la  m^moire  de  notre  regretted  coUaborateur,  en  editant  ces  pages, 
oil  ily  a  de  bonnes  indications.  Puissions-nous  6tre  k  mfime  de  faire 
aussi  profiter  le  public  des  autres  travaux  in^dits  de  M.  Labeyrie  1 

L.  C. 

Si  la  ville  d'Aire-sar-rAdour  est  pauvre  en  monuments 
antiques  ou  moderncs,  elle  possede  du  moins  dans  la  ban- 
lieue,  connue  sous  le  nom  du  Mas,  le  magnifique  sarcophage 
en  marbre  blanc  de  sainte  Quitterie,  dont  on  a  lu  ici  meme 
Phistoire  et  la  description,  donnees  par  deux  archeologues 
competents,  M.  Tabbe  Pedegert,  aujourd'hui  chanoine  de  la 
cathedrale  (1),  et  M.  Leon  Sorbets  (2),  Tun  de  nos  plus  eru- 
dits  eollaborateurs.  L'eglise  au-dessous  de  laquelle  se  trouve 

f\)  Tome  II,  p.  6. 
(2)  Tome  ill,  p.  ^. 


Digitized  by 


Google 


—  219  — 

ce  tombeau  remonte  au  xi*  siecle,  ou  aa  x\v  au  plus  tard. 
Elle  appartient  en  general  au  roman  secondaire.  La  fa?ade 
seule  est  du  style  ogival.  La  crypte  est  plus  ancienne :  on  y 
descend  par  deux  escaliers  places  chacun  a  droite  et  a  gauche 
des  absides  laterales.  C'est  au  centre  de  ce  souterrain  qu'on 
trouve  un  baptistere  carre,  ainsi  que  le  sarcophage  de  la 
vierge-martyre. 

C'est  2^ussi  probablement  dans  cette  crypte,  sous  la  voute 
de  Teglise  de  Sainte-Quitterie,  que  devait  etre  placee,  si  du 
moins  elle  avait  jamais  existe,  la  pierre  epigraphique  dont 
parte  en  ces  termes  Arnaud  Oihenard,  a  la  page  428  de  son 
histoire  des  deux  Vasconies :  Antiqiais  lapis  in  cede  ccenobii 
beatce  Quiterice,  secus  Atp'ensem  civilatem,  his  Uteris  inscrip- 
his  : 

III  IDUS  NOVEMBRIS  OBIIT 

GVILEMVS  COMES  C...  AR 

CHio  DVX  GVASCoNoRUM 

ET  OBITUS  GARSIE  FRATR 

IS  EIVS  COMITIS 

AGENNENSIVM 

Get  historien  cite  ainsi  et  decrit  cette  inscription,  pour 
prouver  que  les  souverains  de  la  Gascogne  prenaient  altema- 
livement,  et  cumulativement  quelquefois,  les  titres  de  prin- 
ces, de  dues,  de  comtes  et  m6me  de  marquis. 

Marca,  dans  son  Histoire  deBiam  (page  232),  mentionne 
dans  des  termes  identiques  ce  monument  lapidaire,  auquel 
aucun  autre  auteur  n'a  jamais  fait  allusion,  ni  avant,  ni  de- 
puis.  Mais  le  savant  historien  basque,  qui  en  a  parte  le  premier, 
n'ajoute  pas  qu'il  Vait  vu  sur  les  lieux.  On  pent  done  penser 
qu'il  tenait  son  information,  soit  de  quelque  habitant  de  la 
villa,  soit  de  quelque  moine  de  Tabbaye,  plus  ou  moins  bien 
renseigne.  Mais,  dans  tons  les  cas,  Texactitude  du  renseigne- 
ment  est  au  moins  douteuse. 

II  est,  en  effet,  notable  que  le  procfes- verbal  de  1569,  qui  re- 


Digitized  by 


Google 


—  220  — 

late  les  devastations  comniises  par  les  Huguenots  dans  les 
temples  sacrfes  et  dans  les  maisons  religieuses,  ne  dit  pas  un 
mot  de  ce  fait  historique. 

Pierre  Duval  n'en  parle  pas  davantage  dans  sa  Description 
de  I'evesche  d'Ayre  qu'il  fit  imprimer  en  1651,  apres  avoir 
accompagne,  comme  secretaire,  Gilles  Boutaull,  eveque  de  ce 
diocese,  dans  sa  longue  tournee  pastorale.  Son  livre,  devenu 
fort  rare,  mais  dont  Fauteur  de  la  presente  note  possede  un 
exemplaire,  est  en  quelque  sorte  le  proces-verbal,  dresse  jour 
par  jour,  de  la  visite  episcopale  dans  les  diverses  paroisses. 
On  y  lit  ce  qui  suit : 

L'^glise  (de  Sainte-Quitterie)  est  bien  Tune  des  plus  belles  de 
Guieane,  enrichie  de  divers  corps  saints  et  d*une  fontaine  miracu- 
leuse,  fr^quent^e  par  nombre  de  personnes  a  cause  de  sa  vertu  sur 
ceux  qui  ont  le  seas  6gax6. 

Ni  la,  ni  ailleurs,  le  secretaire  du  prfelat  n'ajoute  aucune 
autre  observation,  quoiqu'en  general  il  omette  pen  de  details 
d'une  certaine  importance  dans  sa  relation  sur  les  villes, 
bourgs  ou  hameaux  qu'il  a  parcourus  successivcment,  el  sur 
leurs  monuments  remarquables.  II  ecrivait  en  1651,  quelques 
annees  apres  la  publication  des  ouvrages  d'Oihenard,-  en  1658, 
et  de  Marca,  en  1640.  Ces  histoires  etaient  alors  en  circula- 
tion dans  les  contrees  meridionales  depuis  plus  de  douze 
ans.  II  est  presumable  que  Pattention  du  public  etant  ainsi 
appelee  par  cettc  indication  epigraphique,  Duval  aurait  voulu 
aller  constater  par  son  propre  examen  ce  qui  aurait  d'abord 
echappe  a  ses  regards,  et  qu'ensuite  il  en  aurait  fait  mention 
dans  sa  brochure. 

II  est  vrai  qu'il  a  egalement  garde  le  silence  sur  le  sarco- 
phage  de  sainte  Quilteriedevant  lequel  les  fideles  allaient  alors 
s'agenouiller  et  prier,  comme  ils  le  font  encore  aujourd'hui, 
le  22  mai  ou  le  jour  de  la  fete  locale.  Son  oubli  ne  serait 
done  pas  un  argument  bien  concluant  contre  Tenonciation 
des  deux  illuslres  historiens  basque  et  beamais. 


Digitized  by 


Google 


—  221  — 

Toutefois,  on  s'expliquerait  encore  moins  que  Dom  Daniel 
Dabbadie/dont  Tabbe  LugatetlechanoinePedegertfontimpri- 
mer  en  ce  moment  le  manuscrit  inedit  sur  Thistoire  de  Sainl- 
Sever  et  deson  abbaye(l),  n'ait  point  relate  cette  circonstance 
historique  qui  concernait  si  personnellement  Guillaume-Sanche, 
bienfaiteur  de  son  monastere,  el  le  fondateur  de  celui  du  Mas- 
d'Aire.  Ce  savant  religieux,  qui  rapportetoutes  les  chartes  en 
langues  laline^  romane  ou  frangaise^  de  mSme  que  toutes  les 
traditions  relatives  a  ces  deux  maisons  benedictines,  ecrivait 
quelques  annees  apres  Oihenard  et  Marca,  quMl  cite,  tres-fre- 
quemment.  II  est  muet  sur  Tinscription  antique  qui  se  ratta- 
cbait  si  directement  a  son  sujet. 

Le  chanoine  Lahitere,  decede  a  Aire  le  17  juin  1769,  ne 
la  rappelle  pas  davantage  dans  ses  cahiers  de  notes  autogra- 
phes,  qui  ont  ete  deposes  depuis  peu  aux  archives  du  grand- 
seminaire  diocesain.  II  se  borne  a  dire  (page  94)  que  «  Guil- 
»  laume-Sanche  mourut  le  S2  decembre  984  (2),  laissant  de 
»  sa  femme  Urraque  deux  fils,  norames  Bernard  et  Sanche,  et 
»  qu'il  etait  frere  de  Garcie,  comte  d'Agen.  Les  trois,  dit-il, 
»  sont  enterres  pres  du  tombeau  de  sainte  Quitterie,  du  c6te 
»  du  nord. » . 

II  y  a,  en  efifet,  tres-pres  et  a  la  partie  droile  du  monument 
funeraire  de  lapalronne  de  la  cit6  episcopale,  trois  tombes  en 
picrrc,  rangees  dans  leur  longueur  a  la  suite  les  unes  des  au- 
Ires,  et  dont  celle  *i  milieu  est  moins  longue  et  moins  large. 
EUes  sont  pos6es  a  fleur  de  terre,  sans  aucun  enfpncement 
dans  le  sol,  parallelement  a  un  mur  lateral  presque  contigu, 
et  perpendiculairement  au  sarcophage  precite.  On  n'aperQoit 
nulle  part  alentour,  ni  ailleurs  dans  Tinterieur  du  souter- 
rain,  ni  dans  la  nef  au  dessus,  aucune  trace  d'une  inscrip- 

(1)  Au  moment  de  faire  parattre  ce  bel  ouvrage,  qae  nous  recommander^ns  plus 
d'une  fois  a  nos  lecteurs  (2  beaax  vol.  grand  in-8o;  12  fr.  S'adresser  a  M.  I'abbd 
Lugat,  a  Villencuve-de-Marsan),  les  Miteurs  ont  dt4  roicux  renseign^s  sar  le  vrai 
nom  de  I'autear,  Dom  Pierre- Daniel  Da  Buiisoo. 

'2}  L'ioscription  fiie  W  date  du  d6c^  au  3  des  ides  de  novembre. 


Digitized  by 


Google 


—  '222  — 

lion  quelconque  sur  les  parois  des  auges  oa  des  couvercles 
des  lombes. 

L'abbe  Lahitere  ajoute,  a  la  page  104,  que  « les  dues  de 
»  Gascogne  avaient  leur  lombeau  dans  le  soulerrain  de  Te- 
»  glise  du  Mas, »  sans  indiquer  la  source  a  laquelle  il  a  puise 
ce  renseignement  et  le  suivant,  savoir  que : 

Guillaume-Sanche,  fils  du  comte  Sanche,  qui  demeurait  a  Sainl- 
SovPT,  oil  il  (celui-ci)  avail  fonde  Tabbaye  des  B^n6dictins,  residait 
a  Aire.  Ayantfaityenir  de  la^jremi^re  deces  villes  quelques  moines 
du  ineme  ordre,  il  les  etablit  dans  la  secoude  et  fonda  leur  monastere 
au  pied  de  la  montagne  oa  6tait  (encore)  son  chdleau  en  4093, 

Pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  la  veritable  situation  du 
convent  priinitif,  le  chauoine  explique  que : 

•  I-,es  Bencdictins  occupaiont  le  terrain  depuis  le  camp  de  Gorre 
(par  cons6quent  dans  la  plaine)  jusqu'au  pied  de  la  montagne  qui  est 
au  nord  et  au  couchant,  et  toumait  a  tout  le  couchant  de  la  ville,  en 
sorte  que,  par  la  tradition,  on  appelle  tout  ce  fonds  k  I'abbaye.  A  pros 
le  renversement  de  tout  dans  cotte  ville  par  la  guerre,  .  les  B^nedic- 
tins  reb^tirent  le  monastere  au  midi  de  Veglise  paroissiaJe  (du  Mas) 
et  au  levant.  Ce  batiment  etait  en  briquos,  et  il  servit  plus  tard  de 
fondement  au  s^minaire  qu*on  y  Etablit,  les  moines  ayant  consenti  a 
la  reunion  en  1704. 

Jusque-la,  il  n'y  a  pas  un  mot  quelconque  qui  fasse  suppo- 
ser  Texistence  d'une  pierre  gravee  ou  sculptee,  ou  d'unc 
peinture  murale  relative  a  Guillaume-Sancj^e  et  a  son  frere 
Garcie. 

Mais  le  chanoine  nous  donne  quelques  autres  indications 
utiles  pour  Thistoire  et  la  topographie  de  la  ville,  a  defaut  du 
document  signale  par  Oihenard,  sur  le  rapport  d'autrui. 

II  nous  apprend  (page  104)  que  : 

Le  chdteau  du  comte  avait  iii  bati  par  les  Remains  sur  despiliers 
combUs  de  terre;  qu'apres  les  guerres  de  religion,  M.  Gilles  Bou- 
taut,  evdque  d*Aire  (de  1626  a  1649),  profita  des  restesdo  cechdtoau 
pour  reconstruire  I'evSch^  qui  avait  M  d^moli  en  1622  paries  trou- 
pes du  due  d'Epemon,  gouverneur  de  la  Guyenue  en  1607,  afin  d'cn 


Digitized  by 


Google 


—  223  — 

chasser  les  routiers  qui  en  avaient  fait  une  caverne  de  voleurs.  Je 
tirai,  dit-il,  les  briques  du  puits  du  chateau  et  des  fondements  des 
piliers  pour  en  Mtir  I'hdpital  en  1746. 

II  y  avait  autour  de  T^glise  du  Mas  ua  cimeti^re,  selon.  I'usage. 
Le  peuple  etait  enseveli  au  eouchant,  les  prStres  au  levant  dans  des 
tombes,  les  dues  de  Gascogne  dans  les  souterrains  de  Viglise. 

En  3747,  on  changea  la  route  da  Mas,  pour  la  commodity  des 
voyageurs,  depuis  Thdpital  jusqu'a  T^glise  de  Sainte-Quitterie;  elle 
fut  piquet^e  (tracee)  en  1746  au  travers  des  vignes  el  jardins  de 
M.  de  Cadrieu  et  autres.  Les  travaux  durferent  un  an  et  furent  ex^- 
cut^s  par  les  corv^es. 

D'un  autre  c6te,  on  lit  ce  qui  suit  dans  une  lettre  adressee 
le  22  septerabre  1753  par  M.  Tabbe  Mirassou  (1),  chanoine 
theologal  de  la  cathedrale  d'Aire,  au  prieur  des  capucins  de 
Nogaro;  elle  decrit  ainsi  quMl  suit  la  crypte  de  Sainte-Quitterie, 
sans  parler  de  la  fameuse  inscription  dont  ilest  impossible  de 
decouvrir  le  moindre  vestige  depuis  plus  de  deux  siecles  : 

Le  corps  do  la  sainte,  dit-il,  est  dans  la  chapelle  du  Mas,  dans  un 
sepulcre  de  tres-beau  marbre  et  bien  travaille,  et  plusieurs  torabeaux 
aux  environs  qui,  je  crois,  sont  des  compagnes  de  la  sainte  qui  Tac- 
compagnaienttoujours  depuisqu*elleeutquitte  lamaison  de  son  pere. 
II  n'y  a  point  d'image  de  la  sainte  peinte  sur  son  tombeau;  il  n'y  a 
qu*un  grand  tableau  oil  est  dt5peint  le  martyre  de  sainte  Quitterie.  On 
y  ropresentc  le  bourreau  qui  tiont  un  sabre  ensanglant(5,  et  pres  de 
la,  on  represonte  la  sainte  ddeoll^e  (deeapit^e)  portant  sa  tSto  entre 
ses  mains,  une  palme  a  c6t^  et  une  couronne  qui  est  la  couronne  du 
martyre.  Dans  un  autre  tableau  elle  est  representee  au  milieu,  sans 
6tre  ddcollee,  sous  la  figure  d'une  jeune  fille,  ayant  a  ses  deux  c6tes 
deux  personnes  folles  ou  furieuses  liees  et  attach^es  a  deux  poteaux. 

Les  auteurs  de  ces  diverses  descriptions,  si  precises  sur 
les  moindres  details,  n'auraient  certainement  pas  omiscequi 
concernait  le  souvenir  lapidaire  evoque  par  Oihenard  sMlsen 
avaient  decouvert  quelque  lambeau,  ou  si  la  tradition  en  fut 
parvenue  jusqu'a  eux.  Marca  n'en  a  fail  mention  qu'en  co- 
piant  Tassertion  d'Oihenard  qui,  lui-meme,  se  bornait  are- 

(1)  Aevue  catholique  d'Aire  et  de  Dax  de  1874,  p.  193. 


Digitized  by 


Google 


peter  ce  qu'il  ne  savait  que  par  oui-dire.  Apres  eux,  tous 
les  temoins  locaux  et  les  visiteurs  qui  ont  rendu  compte  de 
leurs  investigations  sur  les  souterrains  et  la  nef  superieure  de 
Teglisede  Sainte-Quitterie,  ont  garde  le  silence  leplusabsolu 
relativement  k  un  fait  important  pour  Thistoire  des  dues  de 
Gascogne,  savoir :  Pierre  Duval,  en  1651;  Dom  Dabbadie  (1), 
vers  1680;  le  chanoine  Lahitere,  en  1746;  le  chanoineMiras- 
so.u,  en  1753;  les  freres  deSainte-Marthe  dans  le  GaJlia  Chris- 
tiana, le  livre  rouge  de  Teveche  extrait  des  glanages  inedits 
du  paleographe  Larcher,  ainsi  que  les  redacteurs  de  notre 
Revue  de  Gascogne,  et  ceux  de  la  defunte  Petite  revue  calho- 
lique  d'Aire  et  de  Dax. 

Ne  peut-onpas  en  ftonclure  que  le  celebre  historien  de  la 
Vasconie  a  ete  trompe  par  un  correspondant  qui  lui  aurait 
declare  ce  qu'il  n'avait  ni  verifie  ni  pu  voir?  La  redaction 
equivoque  de  Finscription,  telle  qu'elle  est  flguree,  sur  la  date 
du  deces  des  deux  freres  Guillaume-Sanche  et  Garcie,  comte 
d'Agen,  qui  tres-certainement  ne  sont  pas  morts  le  memo 
jour,  le  in  des  ides  de  novembre,  justificrait  d'ailleurs  tous 
les  doutes  que  Ton  soumet  a  des  archeologues  plus  autorises 
et  plus  competents. 

EMU.E  LABEYRIE. 

(1)  Lisez  Dom  Pierre-Daniel  Du  Baisson.  —  l.  c. 


Digitized  by 


Google 


-  225  - 


LA  DEVEZE. 

HISTOIRE  MUNIOIPALE  ET  CIVILE  <«>• 


IV. 

Nomination  et  traitement  des  echevins.  —  Creation  de  Toffiee  de  maire  et  autres 
charges  municipales.  — Installation  da  premier  maire  J.-D.  Lanacastets.  — 
Son  interdiction  et  son  r^tablissement.  —  Reunion  k  la  commanaute  des 
offices  de  maire  et  de  secretaire-greflier. 

lyapres  les  edits,  Fechevin  le  plus  jeune  et  le  conseiller  de 
ville  le  premier  inscrit  au  tableau  durent  6tre  reelus  a  Texpi- 
ration  de  la  premiere  annee  de  la  nouvelle  administration,  et 
remplaces,  rechevin,  par  un  conseiller  de  ville,  et  le  conseil- 
ler de  ville,  par  un  notable.  A  part  cette  reserve  pour  la  pre- 
miere annee,  Techevinage  durait  deux  ans.  A  la  fln  de  leur 
exercice,  les  echevins  sortants  cedaient  leurs  charges  a  des 
successeurs  qui  devaient  etre  pris,  en  assemblee  generate 
des  notables  sous  la  presidence  du  Juge  ou  du  Procureur  du 
Roi,  et  —  en  leur  absence — des  echevins  en  place,  parmi  les 
anciens  echevins,  et,  a  leur  desfaut,  parmi  les  conseillers  de 
ville  (2);  les  elections  des  conseillers  de  ville,  du  secretaire 
greffier,  du  receveur  syndic,  devaient  se  renouveler  tons  les 
trois  ans  (3). 

II  parait  que  les  consuls  exercerent  leurs  fonctions  gra- 
tuitement.  II  n'en  fut  pas  ainsi  des  echevins  et  autres  officiers 
municipaux  de  la  nouvelle  administration.  Chaque  6chevin 
recevait  un  traitement  apnuel  de  vjngt-cinq  livres;  le  secre- 
taire-greffier,  de  trente-sir  livres  annuelles,  quitte  de  papier, 

(1)  Yoyez  livr.  demtrs,  p.  126. 
(%)  Art.  12etl3,«ditdemti  1765. 
(3)  Ibidtm. 


Digitized  by 


Google 


—  226  — 

conlr61es,  qui  devaient  lai  elre  rembourses  par  la  commu- 
naule;  chacun  des  serviteurs  de  ville,  de  vingt  livres,  el  le 
receveur  syndic  avail  ie  droil  de  prelevef  siir  la  recette  qaa- 
Ire  deniers  par  livre^  sauf  afournir  un  cautionnementdemitte 
livres  avanl  d'enlrer  en  exercice  (1). 

Les  edils  rendaienl  obligatoires  pour  les  eliis  les  charges 
d'echevins  el  de  conseillers  de  ville;  neanmoins,  le  sieur 
Arnaud  Lanacastets,  conseiller  de  ville,  promu  au  rang  d'e- 
chevin,  dans  une  assemblee  de  notables  (2),  el  Guillaume  de 
Lafllle  Gardey,  avocat  en  Parlement,  elu,  a  sa  place,  conseil- 
ler de  vine,  crurenl  devoir,  nonobslant  leur  acceplation  pro- 
visoire  el  la  prestation  du  serment,  protester  contre  leur 
nomination.  lis  en  refererent  a  Mgr  le  Procareur  general, 
pretendanl  que  leur  election  etait  «  nulle,  quant  a  la  forme 
et  quant  au  fond. »  «  Quant  a  la  forme  »,  en  ce  qu'elle 
n'avait  ete  faile  que  par  trois  notables  sans  le  concours  des 
autres  ni  d'aucun  conseiller  de  ville,  landis  qu'elle  devait 
reunir  lamajorite  absolue  des  voles.  « Nulle  quant  au  fond : » 
M.  Lanacastets  ne  pent  elre  echevin  dans  un  corps  de  ville 
oil  M.  Lanacastets,  son  frere,  est  en  meme  temps  conseiller 
de  ville.  De  son  c6te,  M.  de  Lafille  Gardey,  ancien  echevin, 
proteste  contre  la  validite  de  sa  nomination  de  conseiller  de 
ville,  attendu  qu'il  est  neveu  de  Joseph-Bernard  Lafille  Caus- 
sade,  notable  pour  la  classe  des  bourgeois. 

II  fut  fait  droil  a  leur  reclamation  el  il  fallul  proceder  a  des 
elections  nouvelles. 

En  1770,  5  Janvier,  etcette  fois,  devanl  M«  Andre  Salurnin 
Tursau,  sieur  d'Espagnel,  conseiller  du  Roi,  son  juge  et  ma- 
gistral en  chef  du  pays  de  Riviere-Basse,  el  en  presence  de 
de  M*  Bacarrcre,  procureur  du  Roi  du  pays  de  Riviere-Basse, 
il  y  eul  un  renouveliement  general  du  Corps  de  ViUe  de  La 

(1)  Dclib.  da  15  decembre  1766;  —2  novembre  1768;  -  3  jaovier  1769;—  28  mai 
1766;  —  19  d6ceinbre  1765. 

(2)  Delib.  du  14  decembre  1768. 


Digitized  by 


Google 


Deveze,  seloa  le  mode  d'^lectton  regl6  par  les  edits  de  176i 
el  1765, 

La  comraunaute  de  La  Deveze  fut  administree  conforme- 
ment  aux  edits  jusqu'eii  1772.  A  cettedate,  ii  fut  porteun 
nouvel  edit  Royal  (novembre  1771)  qui  revoquait  celui  de 
1765.  Neanmoins,  I'article  premier  ordonnait  que  ceux  qui 
se  trouvaient  en  place  seraient  mainlenus  jusqu'au  moment 
oil  Sa  Majeste  pourvoirait  aux  nouveaux  offices.  En  conse- 
quence de  cette  disposition,  les  officiers  municipaux  et  aulres 
membres  de  la  municipalite  en  exercice  pour  1771  conli- 
nuerent  leurs  fonctions  jusqu'en  1774  (1). 

Aumois  de  juillet  de  cette  annee  1774  (2),  M*  Jean-Domi- 
nique Lanacastels,  avocat  en  Parlement,  conseiller  du  Roi, 
fut  pourvu  par  Sa  Majeste  de  Tofflce  de  Maire  de  La  Deveze,  en 
recompense  «  du  zele  qu'il  a  mis  au  bien  et  utilite  de  la  com- 
»  munauteet  des  grands  avantages  qui  lui  ont  ete  procures 
»  par  ses  soins  et  par  sa  conduite.  » 

A  la  grande  satisfaction  des  habitants,  lodit  sieur  Lana- 
castets  fut  (2  septembre  1774)  « apres  enquete  de  ses  bon- 
»  nes  vie,  moeurs,  conversation,  religion  catholique,  aposto- 
»  lique,  romaine,  et  apres  la  prestation  du  serment  d' usage, 
»  regu  et  installe  en  la  possession,  fonction  et  exercice  dudit 
»  office  de  Maire  de  la  ville  de  La  Deveze,  pour,  par  lui,  jouir 
»  et  user  des  honneurs,  autorite,  prerogatives,  privileges, 
»  pouvoirs,  fonctions,  exemptions,  rang,  seanees,  gages  et 
»  autres  droits,  fruits,  profits,  revenus  et  emoluments,  ainsi 
»  qu'il  est  porte  par  les  provisions,  edits  et  declarations 
»  royales.  » 

LMnstallation  eut  lieu,  en  la  ville  de  La  Deveze,  et  maison 
du  sieur  Laurent  Leberon,  «  ou  Ton  a  accoutume  de  tenir  les 
»  audiences  et  oil  se  tenaient  ci-devant  les  assemblees  de  la 
»  coramunaute,  n'y  ayant  d'ailleurs  aucunc  maison  de  ville, 

(1)  D^lib.  da26aodt  1788. 

(2)  27juUloll774. 


Digitized  by 


Google 


—  228  — 

»  devanl  Frangois  Sabail,  conseiller  du  Roy  et  son  liealenant 
»  au  pays  de  Riviere-Basse,  commissaire  en  celte  partie,  de- 
>  pute  par  Sa  Majeste,  ecrivant  sous  ledit  commissaire  Andre 
»  Dareix,  greffler  ordinaire  (1).  » 

Par  I'edit  denovembrel771,  le  Roi  avail  cree,  avec  I'of- 
fice  demaire  et  autres  charges  municipales,  celui  de  conseil- 
ler, secretaire-greffler,  garde  des  archives  de  la  ville  et  com- 
munaule  de  La  Deveze.  Voulant  pourvoir  « audit  office  des 
»  sujets  capables  de  le  remplir  avec  le  zele,  Texactitude  et 
»  la  probite  que  demandent  les  devoirs  et  fonctions  y  atla- 
»  ches,  *»  ayant  d'ailleurs  pleine  et  entiere  confiance  «  en  la 
»  sufflsance,  probite,  capacile,  experience,  fldelite  et  affec- 
»  tion  a  son -service  »  du  sieur  Louis  Biere,  de  la  paroisse  de 
Castets,  le  Roi  octroya  audit  sieur  Biere  ledit  office,  par  let- 
tres  donnees  a  Paris,  le  27  juillet  de  Tan  de  grace  1774,  de 
son  regne  le  premier  (2). 

Le  maire  se  fit  un  devoir  de  presider  a  Texecution  du 
toutes  les  formalites  requises.  II  fut  precede  a  une  enquetc 
des  bonnes  vie  et  moeurs,  conversation  et  religion  catholi- 
que,  apostolique  et  romaine  du  nouveau  fonctionnaire;  trois 
temoins  furent  entcndus :  ce  fut  noble  Antoine  du  Clos  de 
Gouts,  docteur  en  th6ologie,  archipretre  de  Castets-St-Pierre; 
Dominique  Brescon  Burbail  et  Jean  Dareix,  mailre  chirurgien. 
II  fut  rendu  excellent  lemoignage  a  Thonorabilite  et  aux  sen- 
timents religieux  du  sieur  Biere.  La  ceremonie  du  serment 
nous  revele  une  particularity  qu'on  nous  permettra  de  si- 
gnaler. Les  deux  laiques  pr^tferent  le  serment,  surTinjonclion 
du  maire,  les  mains  sur  les  saints  Evangiles :  Farchipretre 
jura,  en  plagant  la  main  droite  sur  son  coeur,  ad  pectus,  selon 
le  privilege  reserve  aux  ecclesiastiques  dans  lesordres  sacres. 

(1)  Procd8-verba1  da  2  leptembre  1774.  —  Archives  do  M.  Andr^  LaDacastets. 

(3)  Nous  ne  pdblions  pas  les  leitrcs  de  provision  de  la  charge  de  maire  de  la  ville 
de  La  Devdze,  en  favear  de  M.  Jean- Dominique  Lanacastcts,  ni  eel  les  de  secretaire- 
greffier,  en  favour  de  M.  Louis  Bi6re,  pour  no  pas  multiplier  des  documents  officiels 
d*une  lecture  pea  attrayante. 


Digitized  by 


Google 


—  229  — 

11  fut  ensuite  precede  a  rinstallation  par  le  maire,  qui  prit 
gravement  la  main  droile  du  nouvel  elu,  la  pla^a  pres  du 
bureau  sur  lequel  s'ecrivaient  les  deliberations  el  «  par  ce, 
»  institua  et  installa  ledit  Bi&re  en  la  possession^  fonction  et 
»  exercice  dudit  office  de  secretaire-greffier  et  garde  des  ar- 
»  chives  de  la  ville  et  communaut6  de  La  Devfeze,  pour  en 
»  jouir,  et  user  des  honneurs,  autorite,  prerogatives,  preemi- 
»  nences,  privileges,  pouvoirs,  fonctions,  exemptions,  gages 
»  et  autres  droits,  fruits,  profits,  revenus,  le  tout  ainsi  qu'il 
»  est  porte  par  ies  provisions,  declarations  et  autres  regle- 
»  ments  royaux  (1). » 

Depuis  sa  nomination,  le  sieur  Msdre  remj)lit  les  fonctions 
de  sa  charge  avec-toute  sorte  «  d'exactitude  et  de  desintferes- 
»  sement  et  surtout  beaucoup  de  probite. »  II  paraft  nean- 
moins  que  tons  lesadministres  du  sieur  Lanacastets  ne  par- 
tageaient  pas  la  bonne  opinion  que  certains  avaient  «du  zele 
»  et  du  succes  avec  lequel  il  a  soutenu  les  inter^ts  de  ses 
»  concitoyens  centre  ceux  qui  veulaient  les  opprimer.  »  11 
eut  a  subir  (c'etait  du  moins  sa  conviction)  « la  persecution 
»  de  quelque  ennemi  dangereux  qui  par  de  faux  exposes 
»  parvint  a  surprendre  ou  faire  surprendre  une  ordennance 
»  de  Sa  Majeste  (26  Janvier  1776),  »  qui  frappait  ledit  M«  La- 
nacastets, maire,  d'interdit  j  usqu'a  nouvel  ordre.  M.  d'Espagnet 
aurait-il  veulu  user  de  represailles  ?  Tinterdit  du  maire  ne 
serait-il  pas  Thistoire  du  pot  de  terre  centre  le  pet  de  fer? 

Quel  qu'ilen  soit,  il  fut  delivre,  en  assemble  gen6rale  des 
notables  et  du  corps  de  ville,  un  excellent  certiflcat  de  bon- 
nes vie  et  moeurs  a  M""  Lanacastets.  On  justifia  que  <  men  dit 
»  Lanacastets  s'est  teujours  bien  compertfe,  qu'il  est  sans 
»  reproche  du  c6te  de  la  conduite  ainsi  qu'il  pourradt  en  ap- 
»  paraitre  par  loutes  les  cemmunautes  et  gens  de  marque 
»  des  lieux  circonvoisins;  que  depuis  dix  ans  il  a  travaille 
»  avec  beaucoup  de  zele  pour  le  bien  et  utilite  de  la  com- 

(1)  D^lib.  da  16  septtmbre  1774. 


Digitized  by 


Google 


»  munaate;  que  par  ses  soins  il  lai  a  procure  de  grands  avan- 
»  tages,  a  la  grande  satisfaction  des  habitants;  qu'en  parti- 
»  lier,  depuisl774,  il  a  rempli  sa  charge  deraaireavectoute 
»  sorte  d'exactitude,  de  desinteressement,  et  surtout  avec 
»  beaucoup  de  probite  (1). »  Aussi,  consuls,  notables,  etc., 
supplient  tres-respectueuseraent  Sa  Majesle,  avec  toutes  les 
instances  possibles,  qu'il  lui  plaise  retablir  incessamment  le- 
dit  M*  Lanacastets  en  Texercice  et  fonction  deraaire,  etpour 
y  parvenir,  ils  nomment  un  syndic  auquel  ils  donnent  « pou- 
»  voir  de  presenter  toutes  requetes,  memoires  et  autres  ins- 
»  tructions  que  besoin  sera.  » 

La  requite  de  la  communaute  fut  favorablement  accueillie 
par  le  Roi.  Un  ordre  date  de  Versailles  du  ^  novembre  1776 
revoqua  les  lettres  d'interdit  du  26  Janvier  precedent.  M.  de 
Lamothe,  subdelegue  a  Maubourguet,  adressa  aux  consuls 
le  placet  royal  de  reintegration  de  M*  Lanacastets  dans  la  fonc- 
tion et  charge  de  maire,  avec  ordre  deletranscrirein(?a?teW50 
sur  les  registres  de  ThAtel-de-ville  de  La  Deveze. 

L'assemblee,  «  avec  la  soumission  et  respect  en  tel  cas 

*  requis  et  avec  toute.  la  satisfaction  possible,  enregistraPor- 
»  dre  royal  comme  suit : 

»  De  par  le  Roy,  Sa  Majesty  ayant  pour  bonnes  considerations 
»  lev6  le  sieur  Lanacastets  de  son  interdiction  lui   a  permis  et  per- 

*  met  de  reprendre  ses  fonctions  de  maire  de  la  ville  de  La  Deveze 
»  comme  il  aurait  pu  faire  avant  les  pr^^dents  ordres  de  Sa  Ma- 
»  jeste  du  26  Janvier,  qu*Elle  a  r6voqu6s. 

>  Fait  a  Versailles,  le  29  novembre  1776.  Louis,  signi,  et  plus 
>  bas  :  Bertres.  » 

II  fut  ensuite  envoye  extrait  de  la  transcription  au  subdfe- 
legue  et  a  M*  Lanacastets  «  pour  tfemoigner  la  satisfaction  de 
»  cet  ev6nement  (2).  » 

La  guerre  devenait  de  jour  en  jour  plus  ouverte.  Les  oppo- 

(1)  Deliberation  da  l«r  mars  1776. 

(2)  Deliberation  du  !•'  mars  1776;  —  20  decembre  1776  et  26  aoOt  1788. 


Digitized  by 


Google 


—  231  — 

sants  au  parti  Lanacaslets  formerent  le  dessein  desurprendre, 
de  la  part  de  la  communaute,  une  demaDde  au  Roi,  de  sup- 
pression cru  du  moins  de  suspension  de  Toffice  de  maire,  a 
la  charge  de  rembourser  M'  Lanacaslets  de  sa  finance;  mais 
la  municipalite  ne  vit  dans*  ces  demarches  qu'une  inspira- 
tion malveillante  et  nuisible  aux  vrais  mterets  de  la  commu- 
naute, reconnaissant  «  que  le  secours  et  Tadminlstration  de 
»  M'  Lanacastels  devient  de  jour  en  jour  plus  necessaire  pour 
»  maintenir  ses  droits  et  privileges. »  Nos  constituants  dele- 
guerent,  a  titre  de  syndic,  noble  Pierre  Cantan,  sieur  de 
Hournets,  pour  «  avoir,  pour  eux  et  en  leur  nom,  a  se  retirer 
»  pardevant  Sa  Majeste  a  Teffet  de  la  supplier  de  maintenir 
»  Lanacastets  dans  sa  charge  de  maire.  Supplier  aussi  Mgr 
»  rinlendant  de  leur  etre  favorable,  de  leur  accorder  sa  pro- 
»  teclion  dans  la  justice  de  leur  demande  et  de  refuser  toute 
»  ordonnance  contraire  aux  dispositions  de  la  presente.  Les 
»  constituants  protestent  d'avance  contre  toute  surprise  qui 
p  pourrait  lui  etre  arrach^e  a  cet  egard,  soit  aupres  des  mi- 
»  nistres,  soit  aupres  de  mon  dit  seigneur  Inlendant,  comme 
»  aussi  ils  protestent  contre  la  surprise  de  tout  consentement 
»  ou  signature  qui  pourrait  leur  avoir  ete  arrachee  ou  qui 
»  pourrait  Tetre  a  Tavenir  (1).  » 

Ces  demarches  eurent  tout  le  succes  desirable  :  par  arret 
du  conseil  du  14  decembre  1779,  il  plut  au  Roi  de  «  reunir 
»  a  la  communaute  elle-meme  les  offices  de  maire  et  de  secre- 
»  taire-greffier,  »  c'est-a-dire,  de  lui  confier  la  nomination 
de  ces  deuxfonctionnaires.  II  fallut  proceder  a  de  nouvelles 
elections.  M.  Lanacastets  garda  son  office  de  maire  jusqu'en 
1780.  Par  deliberation  de  ce  jour  (3  septembre  1780)  prise 
en  assemblee  generale  de  la  communaute,  messire  Etienne- 
Alexandre  Domerc,  ancien  mousquetaire  du  Roi,  fut  elu 
maire,  et  il  en  remplit  les  fonctions  avec  zele,  jusqu'au  5  de- 
cembre 1782,  jour  ou,  selon  les  prescriptions  reglementaires, 

11)  Ddib.  du  2mai  ir79. 


Digitized  by 


Google 


-   -232  — 

on  dut  pourvoir  a  son  remplacement;  ce  fut  M*  Laurent  Bar- 
quissau^  avocat  en  Parlement^  de  la  paroisse  do  Saint-Andre, 
qai  reunitles  suffrages  unanimes  de  la  communaute*  Le  nouvel 
61u  pr6ta  le  serment  d'usage  entre  les  mains  de  M.  Domerc. 
.  Les  trais  cormUs  administrerent  la  communaute  de  concert 
aveele  maire.  Les  elections,  tons  les  deux  ans  pourle  maire, 
tons  les  ans  pour  les  consuls,  se  renouvelerent  reguliere- 
raent,  Toutefois,  Foperation  du  26  decembre  1781  offre  une 
particularite  qui  semble  nous  r6veler  deja  une  certaine  inge- 
rence,  pour  ne  pas  dire  pression  administrative  sur  le  vote 
electoral,  Selon  Pusage  etablipar  les  reglements,  les  membres 
sortants  avaient  dresse  la  liste  consulaire. 

Le  premier  consul,  Francois  Darr6,  proposait  an  choix  des 
6lecteurs  Jean-Baptiste  Lanacastets  et  le  sieur  Pierre  Paysse 
Barthaseille,  pour  le  premier  rang;  Jean  Lafitte,  second  con- 
sul, portait  Jean  Fauron  et  Jean  Barquissau-Hillet,  pour  le 
second  rang;  Pierre  Lanusse,  troisieme  consul,  portait,  pour 
le  troisieme  rang,  Pierre  Lanusse,  gendarme,  etJeanLagnoux. 
Or,  on  decida  que  la  liste  consulaire,  pour  le  premier  rang, 
serait  renforcde,  c'est-a-dire  qu'on  adjoindrait  un  troisieme 
nom  aux  deux  premiers  inscrits.  Grace  a  cette  disposition, 
M.  Gabriel  Lestrade,  maftre  chirurgien,  futelu,  a  lapluralite 
des  suffrages,  premier  consul  moderne  pour  Pannee  1782.  II 
cut  pour  assesseurs,  aux  deuxieme  et  troisieme  rangs,  Jean 
Fauron  et  Jean  Lagnoux. 


Assistance  publique.  —  Cr^lion  d'on  four  de  chariU  en  1778. 

On  salt  la  bienfaisance  de  Louis  XVI  et  son  amour  pour  les 
pauvres.  Ses  ennemis  eux-mdmes  rendent  hommage  a  ses 
larges  liberalit6s;  comme  ecrivait  naguere  un  auteur  (1)  aussi 
peu  ami  des  Rois  que  des  cl6ricaux,  «  aucun  prince  n'a  ete 

(1)  Taine,  ciU  dans  le  Contervateur  dn  15  ao(^t  1876. 


Digitized  by 


Google 


—  233  — 

*  plus  humaiii  que  Louis  XVI,  plus  charitable,  plus  pre- 
»  occupe  des  malheureux.  »  Louis  XVI,  dit-il  encore,  est, 
avec  Turgot,  «  riiomme  de  son  temps  qui  a  le  plus  aime  le 
»  peuple. » 

La  municipality  de  La  Deveze  s'inspira  de  Texemple  de  son 
Roi,  «  de  ce  Roi  qui  a  le  plus  aime  le  peuple  et  qui  devait 
»  mourir  sur  Techafaud  (1).  »  On  traversait,  nous  revelent 
les  memoires  du  temps,  une  epoque  de  «grandes  calaraites 
»  surtout  pour  la  classe  indigente,  » par  suite  « de  Texcessive 
»  rarete  et  cherte  des  grains.  »  LUntendant,  dans  sa  solli- 
citude  pour  les  «  besoins  des  habitants  de  sa  generalile,  fit 
passer  »  alacommunaute  de  La  Deveze,  par  la  voie  de  M.  de 
la  Baune,  subdelegue  a  Aignan,  une  instruction  ayant  pour 
objet  la  creation  d'un  four  de  charite,  qui  « fourniraitdu  pain 
»  aux  pauvres  de  la  localite  et  des  environs  a  un  prix  modi- 
»  que.  »  Le  maire  s'adressa  aux  sentiments  genereux  des 
habitants.  «  Les  personnes  charitables,  gentilshommes, 
»  ecclesiasliques  et  autres »  furenl  invites «  a  former  un  fonds 
»  necessaire  pour  un  objet  si  interessant  pour  Thumanite, 
»  qui,  d'ailleurs,  ne  semble  etre  amene  par  la  Providence  que 
»  pour  exercer  la  patience  de  la  classe  la  plus  indigente  et 
»  pour  fournir  a  la  classe  plus  aisee  Toccasion  d'exercer  la 
»   charil6  (2).  » 

La  classe  aisee  de  La  Deveze  rcpondit  a  Tappel  du  maire, 
avec  cette  generosite  large  et  cordiale  qui  distingue  nos  ex- 
cellents  compatriotes,  et  qui,  de  nos  jours  encore,  a  chaque 
instant  et  sous  nos  yeux,  se  revele  sous  les  formes  delicates 
dont.une  foi  vive  et  une  piete  sincere  ont  seules  le  secret. 

L'intendant  avait  cede,  dans  ccbut,  TimpOt  de  la  capitation. 
Nous  etions  en  Janvier  1778.  II  fut  fait,  par  bon  nombre  de 
particuliers,  des  avances  dont  la  municipalile  promit  le  rem- 
boursement  dans  six  mois,  et  pour  fournir  aux  personnes 

•1>  Encore  Taine. 

-2    Dcliberalion  du  9,  janvlor  1778. 

Tome  XVIL  l«i 


Digitized  by 


Google 


—  m  — 

sympathiques  a  Toeuvre  toutes  les  garanties  desirables,  il  fut 
cree  un  bureau  d'administration  charge  «  de  determiner  la 
»  mixtion  des  grains  et  composition  du  pain  et  de  proc6der  a 
»  la  distribution;  »  les  membres  du  bureau  d'administration 
choisis  pour  operer  conjoinlement  avecMM.  les  officiers  muni- 
cipaux  furent  MM.  Laurent  Leberon,  greffier  en  chef  de  Ri- 
vifere-Basse;  Gabriel  Lestrade,  maltre  chirurgien;  Jean  Dosser 
et  Arnaud  Lanacastets'.  Gr^ice  a  I'active  soUicitude  de  MM.  les 
dfelfegufes,  les  pauvres  de  La  Deveze  et  des  pays  voisins  purent 
apprecier  tout  ce  que  sait  inspirer  de  devoument  la  charite 
chrfetienne,  puis6e  a  la  vraie  source  qui  est  la  foi. 

La  municipalite  de  La  Deveze  eut  le  bon  esprit  de  proclamer, 
dans  ces  conjonctures,  le  dogme  d'une  Providence  «  gouver- 
>)  nant  toutes  chosesici-bas  (4)  »  et  nous  menageant,  dans  sa 
Misericorde,  les  epreuves  et  les  fleaux  «  pour  exercer  la  pa- 
»  tiencedupauvre,  et  fournir  a  la  classe  plus  aisee  Toccasion 
»  d'exercer  la  charite. »  C'est  ainsi  que  riches  et  pauvres  com- 
prenaient  alors  cette  belle  et  consolante  doctrine  de  la  patience 
et  de  la  charite  vraiment  chretiennes  qui  seules  peuvent  re- 
soudre  le  grand  probleme  social  du  pauperisme. 


J.  GAUBIN, 

pr^tre,  missionnaire  d'Auch. 


(A  suivre.) 


(1)  Livre  de  la  Sagesse,  ch.  xiv  —  v.  3. 


Digitized  by 


Google 


—  235  — 


D0CUME\1TS  m^fiDlTS 


LE  JOURNAL  DE  MAITRE  JEAN  DE  SOLLE 

(Suite.*) 

En  I'ann^e  1610,  la  gresle  tomba  en  plusieurs  endroicts  sur  la  fin 
du  mois  d'apvril  et  commencement  demay  et  fist  force  mal  aux 
vignes  et  autres  grains  [sic]. 

En  l*ann6e  susdite  1610,  Leonard  de  Trappe,  archevesque  de  la 
presente  ville,  fist  la  visite  des  relliques  des  corps  saints  qui  sont 
dans  Tesglise  Ste-Marie  au  mois  de  Janvier.  Et  le  huictiesme  et 
neufiesme  jour  dudit  mois,  je  y  assiste,  et  vis  des  relliques  de  touts 
les  apostres  hormis  de  saint  Simon  -et  Jude,  et  d'aultres  plusieurs 
saints.  Le  12®  jour  le  corps  de  saint  Leotard  feut  treuv^  entier  en  la 
premiere  cbapello  qui  est  soubs  terre;  et  le  14,  les  tombeaux  des 
saints  Taurin  et  Austin  feurent  aussy  ouverts,  qui  sont  sur  les 
autels  des  chapelles,  et  treuves  touts  les  ossements  dedans.  Bans 
lesquels  tombeaux  Ton  mist  par  escript  sur  du  parchemin  le  jour  de 
la  visite,  et  le  tout  sign^  le  mirent  dans  des  phioles  de  verre  afin  que 
le  tout  se  conservast  de  porriture  (1).  Les  testes  des  saints  feurent  pre- 
mierement  apport^es  a  la  chapelle  de  la  mirande  (2),  et  le  lendemain 
qui  estoit  le  15  feurent  apportees  dans  Tesglise  sur  le  grand  autel,  et 
les  closches  sonant  tout  le  peuple  vint  pour  honorer  les  relliques.  Par 
apr^*s  le  17  dudit  mois,  jour  de  dimenche,  il  feust  faict  procession 
g^n^ralle  par  toute  la  ville,  et  le  sieur  archevesque  apportoit  Tune 
des  saintes  testes  et  deux  chanoines  les  aultres  deux.  Celles  de  saint 
Leotard  et  de  saint  Austin  estoient  entieres;  mais  celle  de  saint  Taurin 
ne  Testoit  poinct,  car  une  grande  partie  d*icelle  y  manquoit  a  cause 

(*)  Voyez  ci-dessus,  pages  90  et  186. 

(1)  Les  p^oces-verbaax  de  eette  visile,  retrouv^  dans  celle  qne  fit,  en  1857,  Mgr 
de  Salinis,  ont  ^t^  publics  par  M.  I' abb^  Monlezun,  a  la  fio  de  sod  opascnle  Vies  de^ 
saints  Mques  d'Auch  Voyez  aussi  la  derni^re  Edition  do  Sainte-Marie  d'Auch  de 
M.  I'abbd  Can6lo,  et  la  prdsente  Revue^  lome  iv,  p.  335-343. 

(9}  [Une  note  Iros-carieosc  rddigiie  par  M.  J.  de  G.  sar  la  mirande  de  I'arche- 
vAch^  d'Auch  nous  a  ^cbapp^  ici;  nons  la  donnerons  &  la  prochaine  mention  de  la 
m^mo  mirande,  dans  an  autre  fragment  do  Journal  de  Jean  de  Solle,  •—  l.  c] 


Digitized  by 


Google 


._  536  — 

d'un  coup  que  ledit  saint  recBust  par  des  infidoll^s  (1).  Lorsque  les 
saints  tombeaux  feurent  ouverts  il  y  avait  grande  affluence  de  peuple* 
et  a  mesure  qu'on  soustenoit  la  pierre  de  dessus  Ton  sentoit  une  bonne 
odeur.  Le  corps  de  saint  Leostade  a  la  premiere  susdite  chapelle 
feust  trouv6  lout  entier,  mais  les  ossements  des  aultres  deux  estoient 
pesle  mesle  dans  les  tombeaux.  Dieu  veaille  que  le  toutsoit  fait  a  sa 
gloire.  .    .  , 

Audit  an  1610,  au  mois  d'apvril,  iijay  et  juin  et  commencement  de 
juillet,  le  sac  du  bled  ne  se  vendoit  qu'a  21  et  30  sols. 

En  Tan  1610,  tons  lesmorisquesieapaignols  feurent  chasses  d'Es- 
paigne,  desquels  en  passerent  par  ce  pays  et  presente  ville  plus  de 
30  ou  40  mille  personnes,  et  faisoit-on  eslat  qu'il  en  estoit  sorti  d'Es- 
paigne  cinq  ou  six  aultres  mille.  lis  feurent  chasses  <^  Toccasion  que 
le  Roy  d'Espaigne  disoit  que quelques-uns  d'entro  eulx  avoient  volleu 
metre  son  pais  au  pouvoir  du  Turc.  lis  eurent  le  passage  par  France 
pour  s*en  aller  en  Barbarie. 

Le  14  may  de  Tan  1610,  Henry  quatriesme,  Roy  de  Prance  et  de 
Navarre,  feust  dans  Paris,  allant  par  ville  dans  un  carrosse,  tue  d'un 
coup  de  cousteau;  et  le  lendemain  Monseigneur  le  Daulphin,  son  lils, 
kg6  de  neuf  ans,  feust  coronne  Roy  de  France  soubs  nom  Louis  13*. 
Et  fe  27  dudit  mois  les  consuls  de  la  presente  ville  allerent  achebal 
par  la  ville  avecquatre-vingt  ou  cent  arquebusiers,  et  criferent  Vive 
le  Roy,  et  firent  publier  un  arrest  de  la  Court  et  Parlement  de  Thle 
par  lequel  il  estoit  enjoinct  dfe  recognoistre  le  Roy  et  inhibition  a  toute 
persone  de  faire  aulcunes  assembloes  et  tenuede  gents  a  peine  d'estre 
attaincts  du  crime  de  leze  Majesty.  Lequel  arrest  feust  donne  a  cause 
que  apprfes  la  mort  du  Roy  quelques  gentilshommes  en  Armaignac 
se  saisirent  d'aulcunes  villes,  et  en  aultre  part  de  la  France  ne  feust 
fait  le.  semblable.  En  appres,  le  28  dudit  mois  de  may,  on  fist  les 
honeurs  funebres  du  Roy  en  la  presente  ville.  Et  Tordre  feust  que 
les  consuls  d'icelle  firent  tapisser  de  noir  la  maison  de  ville  avec  les 
annoiries  du  Roy  et  eurent  24  torches  teintes  de  noir  port6es  par 
aultant  d'homes  avec  manteau  noir  et  les  espees  au  coste.  Et  ce  estant 
pr^par6,  messieurs  du  chapitre  avec  touts  les  prebandiers  et  relligieux 
de  Saint-Orens  et  aultres  relligieux  de  la  ville,  vindrent  devant  la 

(1)  La  l^gende  raconte,  en  effet,  que  saint  Tanrin  prdchaot  anx  environs  d'Aobiet, 
fat  pris  par  les  infid^les  <  qui  loi  meurtrirent  le  cr^ne  a  coaps  de  bAton  et  de  pierre 
et  leluitrancherent  a  coups  de  bacbe.  »  Dom  Drogeles. 


Digitized  by 


Google 


—  237  — 

maison  de  ville  prendre  le  convoy  des  consuls  qui  portoint  le  drap 
noir  des  morts  avec  les  armoiries  du  Roy,  et  ce  avec  grande  affluance 
de  peuble.  S'en  all^rent  par  devant  le  college  des  jesuistes  droict  a 
Sainte-Marie,  oil  Monseigneur  Tarchevesque  arriva,  qui  fist  Toffice 
avec  toute  la  pompe  funebre  qui  feiist  possible.  Diou  veuille  avoir 
retire  Tdme  de  nostre  bien  aym^  prince  en  son  saint  paradis  et  donne 
longue  vie  au  regnant  Louys  13«  son  fils. 

Monseigneur  de  Roquelaure  (1),  gouverneur  pourle  Roy  en  Guien- 
ne,  fist  son  entree  en  la  pr^sente  ville  lo  28  aoust  1610.  Les  messieurs 
des  consuls  luy  aller^t  aa-devant  avec  leurs  robes  rouges,  accom- 
paign^s  de  force  habitants.  On  fist  faire  des  portals  de  triomphe  a 
la  porte  de  la  Treilhe  et  devant  la  maison  de  ville.  II  estoit  assist^  de 
force  gcntilshomes  et  de  M.  le  prdsi4ent  La  Lane  (2)  de  Bourdeaux. 
On  fist  faire  un  beau  bataillon  ho/sjla,  ville.  Et  le  defraya-t-on  sept 
k  huict  jours  en  la  pr^sente  yiUe. 

II  me  revient  a  ce  propos  un  voyage  que  je  fis  en  la  ville  de 
Montpellier  oil  j'estoisen  Tann^e  1607.   Et  le  15"  jour  du  mois  de 

(1)  AntoiDO^  baron  de  Roqaelaore,  le  ftdele  et  npiritael  ami  d'Henri  IV.  II  suec^da 
au  mardcbal  d'Ornano  dans  la  charge  de  lieotenanl-g^D^raJ  de  Goyenne.  Louis  XIII 
lenomma  mar^cbal  de  France  en  1615.  Yoyezdans  le  t.  xvi  de  la  Revue  de  Gaseogne 
(pages  229,  310  el  511}  les  curieux  details  qa'a  donnas  M  I'abbd  Barrdre  sur  la  via 
da  mardchal. 

(9)  Lancelot  deLa  Lanne,  president  a  mortierau  Parlcment  de  Bordeaux,  fils  de 
messire  Sarran  de  La  Lanne,  une  des  illustrations  du  Parlement  bordelais.  Sarran 
dc  La  Lanne  mourut  en  1594  el  ful  enseveli  dans  I'^lise  des  dominicains  de  Bor- 
deaux. L'extrail  suivant  de  I'^pitaphe  latine  grav^e  sur  sa  tombe  donnera  au  lecleur 
une  id^e  de  la  valeor  et  des  vertus  de  son  fils  LaAcelol :  c...  .  Sarrant  de  La  Lanoe 
ful  vraiment  un  bomme  d'Etat  et  les  mattres  de  ce  royaume  lui  donneront  sonvent 
des  preuvcs  qu'ils  connaissaienl  (outt;  I'^tendue  de  son  mdrite.  II  n'est  plus  oa  plut^l 
il  jouit  de  I'immortalil^  mdine  dans  lo  sein  de  Dieu.  Que  dis-je?  il  snrvii  encore  parmi 
nous  &  lui-m6me  dans  le  digne  fits  qui  le  repr^senle  et  qui  r^unil  en  sa  personne 
tonics  les  verlus  exigdes  par  la  place  qu'occupail  son  p^re,  avant  d' avoir  atleiot  I'ige 
qui  permet  de  laremplir!  »  Uenri-Franoois  Salomon  de  Virolade,  membrede  I'Aca* 
d^mie  franchise,  dont  M.  Ren^  Kervilera  retract  la  vie  dans  la  Revue,  avait  ^pousd 
la  fille  de  Laqcelot  de  La  Lanne,  Isabeau. — Sarran  et  Lancelot  de  La  Lanne  ne  sont 
pas  les  seoles  illustrations  de  cette  faroille,  elle  a  encore  produit  Pierre  de  La  Lanoe, 
poete  ^l^giaqne  du  xni*  si^cle,  et  Noel  de  La  Lanne,  docteur  de  Navarre  et  abb6  da 
Valcroissant,  un  des  plus  ardents  d^fenseurs  du  livro  de  Jans^nius.  Madame  de  S^ 

vign^,  qui  sVnlendail  en  esprit,  ^crivait  a  madame  de  Grignan  :  « Je  suis  assur^e 

que  vous  aimeriez  la  naivete  et  la  clart^  de  son  esprit  [du  Pire  Le  Bossu].  II  est 
n«veu  de  ce  M.  de  La  Lanne  qui  avail  une  si  belle  femme;  le  cardinal  de  Retz  voos 
a  pnrl^  vingt  fois  de  sa  divine  beauts.  II  est  ncveo  de  ce  grand  abbd  de  La  Lanne, 

jan^^nisle.  Toute  sa  race  a  de  I'esprit  et  lui  plus  que  tons »  Lettre  456,  Edition 

Ph.-A.  Grouvelle. 


Digitized  by 


Google 


^-  238  — 

Diay  je  vis  aultre  Monseigaeur,  Ic  priuco  do  Conde  (1),  avec  lequel 
estoint  aussy  Monseigneur  le  prince  et  princesse  d*Orange  (2)^  son 
beau  frere,  lequel  prince  s'en  alioit  voir  M.  le  conestable  (3)  a  Pe- 
sanas,  et  faisoit-on  estat  qu'il  estoit  age  de  19  ans  ou  environ. 

Lel2juinde  I'an  1607  je  feus  a  Aiguesmorte  voir  Tentree  de 
Monseigneur  le  conestable  et  de  Monseigneur  de  Montmorency  (1) 
son  fils,  age  de  12  ans  ou  environ,  avec  lesquels  estoit  aussy  son 
petit  nepveu  le  comte  d'Ales  fils  du  due  d'Auvergne.  Et  nous  falust 
raettre  sur  I'estang  aPeyrol  (5)  distant  de  Montpellier  d'unelieuc  et 
naviguer  sur  ledit  estang  trois  grandes  lieues,  lequel  a  de  largeur 
une  grande  lieue.  L'entree  feust  fort  belle,  car  tout  Thonneur  feust 
faict  au  fils  dudit  sieur  de  Montmorency,  auquel  on  presenla  le  poelle 
a  Tentree  de  la  porte  de  la  ville,  et  le  luy  porta-t-on  au  devaut  jus- 
qucs  a  Tentree  de  Tesglise.  La  ville  d'Aiguesmorte  est  fort  jolie,  et 
sent  les  niurailles  des  plus  belles  de  France  (6),  ou  est  d*un  coste  la 
grande  tour  de  Constance,  qui  a  par  le  dedans  sept  grands  jias  dc 
largeur,  une  des  belles  tours  de  France;  etencor  celle  de  la  Reyne. 
Par  toutes  les  murailles  porroit  marcher  une  charrette,  tant  il  y  a 
du  large;   et  de  coin  en  coin  y  a  partout  une  tour. 

Le  21  juillet  de  ladite  ann^e  1607,  Messieurs  Ducasse,  Lerent  et 
moy  partismes  de  Montpellier  pour  aller  voir  la  foyre  de  Beau- 
caire  (7),  distant  de  Montpellier  de  douze  lieues,  qui  est  une  des 
belles  foyres  de  France,  oil  on  faisoit  estat  qu'il  y  avoit  deux  cent 
mille  personnes.  C'estune  merveille  de  voir  de  toutes  sortes  de  mar- 
chandises  et  de  grande  quantite  par  toutes  les  rues.  Et  principale- 

(1)  Henri  II  de  Bourbon,  prince  de  Cond^,  u6  le  l^r  septembre  1588,  ^poosa.  en 
1609,  CharlotterMargaerite  de  Montmorency,  fiile  da  mardchal  de  Damville.  11  fut 
le  p6re  du  grand  Condd. 

(3)  .Freddric-Henri  de  Nassau,  prince  d'Orange,  fils  de  Gnillaume  de  Nassau, 
prince  d'Orange,  et  do  Louise  de  Goligny. 

(3)  Henri  !•>',  dnc  de  Montmorency,  conn^table  de  Fran<*e,  plusconnu  sous  le  nom 
de  mar^cbalde  Damville,  fils  du  conn^table  Anne  de  Montmorency. 

(4)  Henri  II«,  die  de  Montmorency,  mardchal  de  France.  II  fat  d^capit^  h  Tou- 
louse le  80  octobre  1683.  11  <^tait  nd  en  1595. 

(5)  L'dtang  de  P^rols  situd  k  9  kilometres  Est  de  Montpellier;  sa  superficie  est  de 
1,300  hectares. 

(6)  Les  remparts  d'Aigues-Mortes  sont  en  effet  un  des  specimens  les  plus  beaux 
et  les  plus  coinplets  de  I'architecture  militaire  au  rooyen4ge.  La  tour  de  Constance, 
b&tie  par  saint  Louis,  ^tait  aussi  biendigne  de  I'admiration  de  notre  brave  provin- 
cial. Ses  murs,  de  six  metres  d'^paisseur,  s'^l^vent  a  trente  pieds  de  hauteur. 

(7)  Qm  n'a  ontendu  parler  des  fameuses  foires  de  Beaucaire  du  31  au  38  juillet? 
Ces  foires,  mstitudes  en  1317  par  Raymond,  comto  de  Toulouse,  ^laicnt  autrefois  les 
plus  considerables  del'Europe;  aujourd'hui,  elles  sont  purement  locales. 


Digitized  by 


Google 


—  239  — 

ment  hors  de  la  villo  il  y  a  uu  pred  du  coste  du  Ro'sne,  du  long 
duquel  ii  y  a  de  chasque  coste  deux  cent  loges  oil  sont  toutes  les 
drogueries  et  espiceries  et  toutes  sortos  demarchandises  de  gresseries. 
D'ailleurs  sur  le  Rosne  il  y  avoit  ciaq  ou  six  cent  barques  qui 
avoient  aport^  de  toute  sorte  de  marchandises.  La  foyre  dure  cinq  a 
six  jours,  et  y  abordent  de  toute  sorte  de  nations.  —  U  y  a  dans  la 
ville  de  Beaucaire  deux  ou  trois  belles  esglises;  la  paroissielle  au 
devant  de  laquelle  et  sur  le  hault  de  la  porte  touts  les  nlystferes  de  la 
passion  sont  tires  en  pierre,  et  quand  Nostre  Seigneur  fist  la  seine. 
Le  convent  des  Cordeliers  est  fort  beau,  et  encore  celuy  des  Peres 
Capucins  qui  est  centre  les  murailles  de  la  ville,  devant  la  porte  de 
Tesglise  duquel  est  plants* leur  croix,  et  est  advis  qu'el^e  est  dressee 
sur  une  petite  niontaigne,  ou  on  voit  des  testes  de  mort  et  des  osse- 
ments.  Le  chasteau  (1)  de  la  ville  est  sur  le  hault  qui  est  fort  avan 
de  Beaucaire.  Qn  voit  de  I'autre  coste  Tarascon  et  n'y^  rien  entre 
eux  que  le  Rosne  qui  est  une  belle  riviere.  —  Lequel  Tarascon  est 
une  fort  belle  ville,  plus  grande  que  Beaucaire,  oii  il  y  a  du  cost^ 
du  Rosne  le  chasteau  qui  est  une  fort  belle  piece,  duquel  chasteau 
les  soldats  de  guardes  sont  corses,  de  tant  que  M'  le  mareschal 
Domano  en  est  gouverneur. 

De  Tarascon  nous  alldmes  en  Avignon,  distant  de  Beaucaire  de 
quatre  lieues,  qui  est  une  fort  belle  ville  et  grande;  d*un  cost^  de 
laquelle  passe  une  riviere  appellee  la  Durance  et  de  Taultre  le  Rosne. 
I^s  murailles  d*ycelle  sont  des  plus  belles  de  France,  faites  toutes 
en  arcades,  et  de  belles  tours  Tune  pres  de  Taultre,  et  entre  deux  de 
beaux  bastions.  On  y  fait  guarde  perpetuelle  mesme  le  jour  sur  les 
dites  murailles,  car  le  Pape  y  entretient  sept  cent  hommes.  Et  y  a  a 
chaque  porte  de  ville  avant  qu'on  y  puisse  entrer  deux  ou  trois  corps 
de  guarde,  ou  personne  n'entre  qu'on  ne  demande  le  nom;  et  on  no 
pourroit  loger  aulcune  part  qu'on  ne  prene  un  billet  a  la  porte  pour 
aller  loger.  Chasque  soir  on  sgait  le  nombre  des  estrangers  et  on  en 
apporte  le  rolle  a  M*"  le  vicelegat,  a  M'  I'Archevesque  et  k  M'»  les 

(1)  Aojourd'hoi,  ce  n'est  plus  qa'one  ruine!  Le  ch&tean  de  Tarascon,  dont  Jean 
de  Solle  parte  plus  bas,  n'a  ^cbapp^  aux  ravages  da  temps  et  an  marteau  droits- 
sent  que  pour  subir  une  humiliation  plus  grande.  --  Je  frappais,  il  y  a  quelqne  temps, 
a  la  porte  de«ce  magnifiqne  chateau,  rdvant  a  Rend  d'Anjou,  aux  chevaliers  et  aux 
nobles  dames  desa  brillanto  cour,  lorsqae  je  fus  soudain  lird  de  mon  r^ve  par  nn 
bruit  de  clefs  el  des  grincements  de  verroas.  Bientdt  je  vis  apparattre  la  figure  fort 
peu  chcvalercsque  d'un  ge^lier  de  prison.  Le  chateau  des  rois  de  Provence,  monu- 
ment historiqoe  par  la  gr4c6  de  M.  Viollet-le-Duc,  est  converti  en  prison!  0  bon 
roi  Ren^,  si  voui  reveniez  en  ce  mondel 


Digitized  by 


Google 


Consuls.  II  y  ade  fort  belles  csglises  et  hospitaux  en  nombre  de  50 
ou  60,  entre  lesquelles  et  des  plus  aneienes  est  Tesglise  Nostre  Dame, 
ou  est  d'un  coste  le  grand  palais  ou  loge  lo  viceleguat  et  de  I'aiiltro 
le  petit  palais,  la  maison  de  M*"  d' Avignon.  M.  le  viceleguat  amene 
toujours  un  grand  train  quand  il  sort  hors  le  palais,  car  il  a  12  suis- 
ses  et  force  gentilshommes  et  aultres  homnies  d'esglise.  II  estjuge 
de  toutes  les  causes  de  la  dite  ville.  L'esgliso  de  St-Pierrc  est  aussy 
fort  belle,  pour  le  moins  le  devaut  d  ycelle;  come  aussy  les  esglisos 
des  Cordeliers,  Predicate urs,  Colestins,  Jesuites,  Capucins. 

Le  pent  d* Avignon  qui  est  sur  le  Rosne  est  fort  long,  car  il  va  de- 
puis  Avignon  jusques  a  Villeneufve,  auquel  il  y  a  vingt-trois  arca- 
des, et  d  ycelles  en  y  a  trois  de  rompues,  lesquelles  on  no  fai^ 
accomoder  de  tant  que  le  St-Pere  et  le  Roy  sunt  en  quelques  dispu- 
tes a  qui  doibt  appartenir  le  susdit  pent.  Toute  la  guarde  de  la  ville 
est  italienne^Il  y  a  un  fort  beau  cloche  a  la  maison  de  ville,  en  hault 
duquel  il  y  a  un  home  et  unc  fame.  La  fame  presante  un  boucquet 
qu'elle  tient  a  la  main  a  Thome  en  faisant  un  demy  tour,  et  Thome 
le  refusant  et  tenant  un  marteau  a  la  main  sonne  les  heures.  Nous 
ostions  loges  au  logis  de  la  tour,  et  y  estions  le  jour  de  M*"  St-Jac- 
ques.  Les  juifs  sont  prcsque  log^s  au  mitan  de  la  ville  etsont  enfer- 
raesdans  uno  rue  particuliero  qui  se  ferme  de  chasquo  bout  d'liue 
porte.  Les  susdits  juifs  portent  touts  chapi>eaux  jauues. 

J.    DE  C. 

[A  suivre,) 

Jugements  de  maintenue  de  noblesse  (1). 

IX 

JEM  DE  PINS  (2),  SEIGNEUR  d'aULAIGNMES. 

De  gueules  a  trois  pommes  de  pin  d'm\ 

Cri  de  guerre :  Du  plus  hault  les  pins  I 

Contrat  de  mariage  de  H^rard  de  Pins,  seigneur  du  Bourg,  avec 
damoiselle  Violentede  Matras,  dans  lequel  il  est  qualifi^  noble;  ledit 

(1)  Voir  ci-dessus,  pages  37,  92,  146  et  189. 

(2)  La  maison  de  Pins,  une  des  plus  anciennes  et  des  plos  illustres  du  midi,  est 
issue  de  la  maison  do  Pinos,  en  Espagne,  et  par  cellc-ci  de  I'antique  souchc  des 
comics  de  Tbann,  comtcs  du  St-Empire,  depuis  princes  dc  Thann-Woldbourg.  Elle 
s'esl  ^tablie  en  France  des  la  fin  du  xr  si^cle.   Le  mot   thann  vent  dire  pin,  — 


Digitized  by 


Google 


-  2-ii  -^ 

eontrat  passe  devant  Guillaume  de  Rouzies,  notaire  de  Toulouse, 
le  22  mai  1558. 

Testament  dudit  H^rard  de  Pins,  qualifi^conseiller  au  Parleraent 
de  Toulouse,  dans  lequel  il  est  fait  mention  de  ladite  Violente  de 
Matras,  sa  femnie,  et  de  noble  Philippe  de  Pins,  son  fils,  du  5 
avril  1597. 

Contrat  de  mariage  dudit  Philippe  de  Pins,  dans  lequel  il  estqua- 
lifi6  noble  avec  damoiselle  Marie  de  Caulot,  devant  Bessier,  notairo 
de  Toulouse,  le  28  septembre  1649. 

Testament  de  Philippe  de  Pins,  seigneur  d*Aulaigneres,  par  le- 
quel ii  institue  son  h6ritier  Jean  de  Pins,  son  ills,  18  septembre  1669; 
devant  Bessier,  notaire  de  Toulouse. 

Extrait  baptistaire  de  Jean  de  Pins,  produisant,  par  lequel  il  pa- 
rait  qu'il  est  filsde  noble  Philippe  de  Pins,  seigneur  d*Aulaigneres, 
du  21  octobre  1652. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  de  Pins,  dans  lequel  il  est  qualifi^ 
noble  et  seigneur  d'Aulaign^res,  avec  damoiselle  Marguerite  de 
Boyer  (I)  de  Tauzia,  devant  Marigoac,  notaire  royal  de  Valence,  en 
Armagnac,  le  20  fevrier  1691. 


Parmi  \e$  illustrations  de  cctte  maison  on  peal  citerOdon  et  Roger  de  Pins,  grands* 
mattresde  TOrdre  do  St-Jean  de  Jerusalem,  et  le  fameax^vAqae  de  Rieox  c  Joan- 
nes Pinas,  GQJus  nomen  et  gentem  dao  magni  magistri  Rhodienses,  Odo  et  Rogerio? 
illaslrant.— Cum  in  senatu  Tolosano  diu  jus  dixisset  et  sacerdotium  iniisset,  in  Riven- 
sis  dioecosis  episcopalum  electus,  ad  summum  ponlificem  et  Venetam  rempublicam 
orator  a  Francisco  primo  missus  est;  in  quibos  provinciis  de  ecclesia,  de  rege  et  de 
regno  bene  meritus,  librum  de  Vikt  aulica  castigaia  oralione  seriptum  posteritati  re- 
liquit.  »  {Inscription  plae^e  sous  le  buste  de  Jean  de  Pins,  dans  la  galerie  des 
illustres  a  Toulouse.)  Cette  maison  a  jot6  dans  le  Midi  de  nombreux  rameaux. 
Ceux  d'Aulaigndres,  de  Pins,  du  Bonrg,  du  Peyrat,  de  C^n,  appartiennent  4  la 
Gascogne;  nous  donnerons  lenr  jugement  de  maintenue  &  tear  date. 

(1)  Jean  de  Pins  et  Marguerite  de  Boyer  eurent  pour  enfant :  Pierre  U^rard  de 
Pins,  qui  testa  le  90  juillet  1757  et  fat  pdre  de  Francois,  marquis  de  Pins,  seigneur 
d'Aulaigndres,  Pins,  Justaret,  qui  dpousa,  le  24  octobre  1757,  Claude-IKl^ne  de 
Larroque,  fille  de  noble  Amand  de  Larroque<^d'Ordan  et  de  dame'  Jeanne  de  Fon- 
delin.  De  ce  mariage  vint  Francois,  marquis  de  Pins,  n^  le  2  novembre  1758,  marid 
a  demoiselle  Philippine  do  La  Claverie,  fille  de  noble  Jean-Francois  do  La  Claverie 
de  Soupets,  chevalier  de  St-Loiis,  capitaine  de  dragons,  et  de  Marguerite  de  Ser- 
pes  de  Lafage.  Le  marquis  Francois  de  Pins  roourut  en  Emigration  a  Lonebpurg, 
Electoral  du  Hanovre,  le  17  septembre  179B.  ^n  fils,  Jean-Francois  de  Pins,  ayant 
ausdEmigrE,  tons  leurs  biens  furent  confisquEs  (la  terre  d'AulaignEpes,  les  biens 
siluEs4  Monbert  et  Biran,  dans  le  Gers,  etles  terres  de  Pins,  JusUret,  Yillate  et 
Soulens  dans  la  Haute-Garonne).  Le  marquis  Jean-Francois  de  Pins  Epousa  k  son 
retourde  I'Emigration  demoiselle  IrEne  de  Mengaud  do  Lahage,  dont  il  eut :  1«  Fran- 
Cois-Odon-Amand-DEsird  de  Pins,  marquis  de  Montbrun,  qui  a  relovE  le  rameau 
Eteint  des  seigneurs  de  Montbrun,  et  s'est  mariE  en  1836  avec  demoiselle  ClEmen- 


Digitized  by 


Google 


—  242  — 

Maiatenu  doBS  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productioas  ci-dessus, 
par  jugemont  rendu  a  Montauban,  le  20  juin  1698. 
Signe:  Le  Pelletierde  LaHoussaye,  intendaut  de  Montauban. 

X 

DAM£L  WJ  FAUli,  SE1GN£UR  DE  LOUBOUfiY^  CAPITATE  AU  REGIMENT 

DU  KOI. 

DiB  gueules  a  trais  besanls... 

Testament  de  Jean  du  Faur,  seigneur  de  Loubouey  (1),  du  19 
avril  1568,  par  lequel  il  parait  que  Jeanne  de  St-Lanne  6tait  sa 
femmo,  Jeannot  du  Faur,  son  frera,  et  que  Peyrot  du  Faur,  qualifie 
noble,  ^tait  son  pere;  par  lequel  dit  testament  il  institue  son  horitiere 
damoiseille  Anne  du  Faur,  sa  fiUe.  Ledit  testament  pass^  devant 
Bernard  de  Narp,  notaire  de  Lembeye. 

tine-CbaDtal-Marie  Yolande  de  Bassompierre;  tear  ftis  atne,  Gaston  marquis  dc 
Pins-MoDlbroD,  marid  avec  demoiseUe  de  Labusqoierc,  est  aujourd'hui  le  represent 
tant  de  la  branche  atn^e  de  la  maison  de  Pins;  2o  Paulin-Jean-Rodqlphe,  comie  de 
Pint,  devxidme  fits  deJ'ean- Francois  de  Pins  et  d'Irdne  de  Mengaud  de  Lahage,  a 
continue  hi  brinche  des  seigneurs  d'Aulaigndres.  II  a  dpousd,  en  1831,  demoiselle 
Uenrietle  de  Fritard  d'Ecoyenx,  ftlle  do  marqais  d'Ecoyeux  el  de  demoiselle  de 
Marbolin,  doat  il  a  eu  trois  enfants  :  Roger,  Raoal  et  Marie  de  Pins,  mari^  a  M. 
Scipion  da  Pleix,  vicomte  de  CaUignan. 

(I)  Lonbotioy  est  un  hameao  des  Basses- Pyr^n^es.  situd  dans  la  commane  d'Ar- 
tigneboutao,  pr^  Pan.  II  ne  reste  plos  que  quelques  ruines  de  son  antique  demouio 
seignenriale.  U  y  avait  avant  la  r^voluiion  ane  abbaye  laiqae,  vassale  de  la  sci- 
gneurie.  L'Abbd  ^tait  tenu,  en  prentnt  possession  de  sa  charge^  de  prAter  serment  de 
fidt^it^  ftQselgaeor  de  Loubouey.  Les  du  Faur  poss^daiect  encore,  a  titre  d*Abb6- 
Lay,  I'abbaye  d'Abos  (canton  de  Moneio,  Basses^Pyrdndes),  et  avaient  le  patronage 
de  laeure  dadklieu.  Le  seigneur  d'Abos  ^tai  tie  premier  ruffe-baron  de  Bdarn.  Le  fief 
d'Armau,  commane  de  Lembeye,  dtait  mouvantdes  seigneurs  de  Loubouey.  Ces  divers 
flefs  ne  domiatent  point  aux  du  Faur  entree  anx  Etats  de  Navarre  et  B<^arn,  d'apr^ 
les  listes  de  MM.  de  Larroque  et  de  Barthelemy.  Cepeadant,  dans  un  ddnombrement 
dattf  de  1728,  messire  Pierre  du  Faur,  seigneur  de  Loabouey.  Armau.  Artiguebou- 
tan,  etc.,  etc.  pretend  le  ooolraire  :  «  Article  XL  :  Abbaye  d'Abos  dont  jesnis  Abb^ 
Lay  et  patron  du  lieu  d'Abos,  j'ay  droit  vacation  advenant  de  pr^enter  a  la  cure 
dudit  Jieu  et  a  Loubouey.  Article  xtii  :  En  ladite  qnalild  dc  seigneur  de  Loubouey, 
j'ay  droit  d'entrer  en  stance  et  voix  deliberative  aux  Etats  gtodraux  de  la  province 
eomme  les  autres  seigneurs,  et  de  ne  pouvoir  6ire  assign^  ni  poursuivi  en  justicci 
pendant  la  tenue  des  Etats  pour  quelque  cause  que  ce  soit.  Je  ne  puis  dtre  exploits 
dans  ladite  terrequepar  un  huissier  ou  bt^gud  (viguier?)  J'ay  droit  probibitif  de 
cbasse  dans  toute  I'etendue  de  ladite  terre,  etc.,  etc. »  (Arch,  do  Pau,  E  34.) 

Co  rameau  de  la  vieille  maison  toulousaine  et  gasconne  des  du  Faur  s'est  etein 
de  nos  jours. 


Digitized  by 


Google 


-  2i3  — 

Testament  de  damoiselle  Anae  du  Faur,  du  15  mars  1572,  devant 
Guillaume  Lalanne,  notairo  de  Lembeye,  par  lequel  elle  fait  un  legs 
a  Bernard  de  Fiton,  son  mari,  et  institue  son  h^ritier  Bertrand  du 
Faur,  son  oncl«,  et  lui  substitue  Jeannot  du  Faur,  aussi  son  oncle, 
fr^re  dudit  Bertrand. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Jeannot  du  Faur,  seigneur  de  Lou- 
bouey,  avec  Marguerite  Darren,  passe  devant  Guillaume  Lalanne, 
notaire  de  Lembeye,  le  25  septembre  1572. 

Contrat  de  vente  fait  par  Jean  du  Faur,  dans  lequel  il  estqualifie 
noble  et  fils  de  noble  Jeannot  du  Faur;  du  27  juillet  1595,  devant 
Bergues,  notaire  de  Lembeye. 

Contrat  pass6  devant  Desclaux,  notaire,  par  lequel,  en  execution 
d'une  sentence  rendue  par  le  s^n&hal  de  Pau  en  faveur  d'Anne  du 
Faur,  ledit  noble  Jean  du  Faur,  h^ritier  de  Anne,  sa  tantc,  prend 
possession  de  la  soigneurie  de  Loubouey. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Henri  du  Faur  de  Loubouey  (1),  du 
consontement  de  noble  Jean  du  Faur,  seigneur  de  Loubouey,  son 
pere,  avec  damoiselle  Anne  d*Arros  de  Vivent,  du  6  fevrier  1634,  de- 
vant Pierre  Dufau,  notaire  de  Vivent. 

Transaction  pass^  entre  noble  Daniel  du  Faur  de  Loubouey, 
capitaine  au  regiment  du  Roi,  produisant,  et  noble  Jacob  du  Faur, 
seigneur  de  Loubouey,  son  frere,  pour  raison  des  droits  de  legitime 
paternels  et  maternels,  sur  les  biens  delaisses  par  feu  noble  Henri 
du  Faur  leur  pfere;  ladite  transaction  passee  devant  Autoine  Thuron, 
notairo  de  Lembeye,  le  10  fevrier  1«93. 

Certificat  des  maire  et  jurats  de  la  ville  de  Lembeye,  attestant  que 
feu  noble  Henri  du  Faur,  seigneur  de  Loubouey,  estoit  originaire- 
ment  natif  et  domicilii  de  ladite  ville  en  Beam,  que  ledit  noble  Jacob 
du  Faur  est  son  fils  afn^,  et  que  noWe  Daniel  du  Fatur,  k  present 
habitant  de  Castelnau-Rivi^re-Basse,  est  aussi  fils  cadet  dudit  Henri; 
du  B  avril  1698. 

Main  ten  u  dans  sa  noblesse,  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus, 
par  jugement  rendu  a  Montauban,  le  21  juin  1698. 

Signe  :  Le  Pelletier  de  La  Houssaye,  intendant  de  Montauban. 


(1)  Sur  unfr^redece  da  Faur,  voyez  ci-aprc$  rappendice  1. 


Digitized  by 


Google 


—  2U  — 

s'  \ 

APPENDICE.        • 

I.    LE   LIEUTENANT-GlfeNiRAL   DU   FAUR  BES   BORDES. 

Henry  du  Faur  de  I^ubouey  avait  pour  frero  N.  du  Faur  de  I-,ou- 
bouey,  sieur  des  Bordes,  qui  fut  un  soldat  de  grand  rei\om.  II  etait 
d^ja  lieutenant-colonel  du  regiment  de  Navarre,  lorsque  sa  conversion 
au  catholicisme  (1666)  attira  sur  lui  tous  les  regards  de  la  cour.  Le 
Roi  le  nomma  brigadier  d'infanterie  en  1686.  II  fut  successivement 
gouverneur  de  Landau  et  inspecteui'  d'infanterie  le  10  mai  1688; 
gouverneur  de  Philipsbourg  en  novembre  de  la  mdme  annee;  mare- 
chal  de  camp  le  24  avril  1691;  commandeur  de  I'ordre  de  Saint- 
Louis,  avec  3,000  livres  de  pension,  lo  12  mai  1693;  lieutenant-general 
en  Allemagne  le  29  Janvier  1702.  II  fut  tue  a  la  bataille  de  Fridlingen 
le  14  octobre  1702.  Pour  les  details  de  sa  vie  militaire,  voyez  le  Jour- 
nal  du  marquis  de  Dangeau  et  les  memoires  du  temps.  Lisez  dans 
le  Journal  de  Dangeau  la  lettre  que  le  marechal  de  Villars  ^rivit 
au  Roi  apres  la  bataille  de  Fridlingen.  II  y  est  question  de  la  noble 
conduite  du  lieutenant-general  du  Faur  des  Bordes. 

wSes  neveux  marcherent  sur  ses  traces.  Jacob  du  Faur  de  Loubouoy, 
fils  aine  d*Henri  et  frfere  du  produisant,  continue  la  branche  ainoe  a 
Lembeye.  II  fut  marie,  le  26  avril  1672,  avec  demoiselle  Louise  d'Es- 
poey,  dont  il  eut  qualre  gargons,  tous  militaires.  L'atn(5,  nomme 
Pierre,  fut  chevalier  do  Saint-Louis,  brigadier  des  armees-du  Roi, 
lieutenant-colonel  du  regiment  de  Navarro,  et  mourut  a  Strasbourg 
on  1734,  des  suites  d*une  blessure  regue  au  siege  de  Philipsbourg. 
Le  second,  qui  portait  le  nom  de  son  grand-oncle  Desbordes  du  Faur, 
a  continue  la  descendance  aJnee.  Ler  troisierae,  chevalier  de  Saint- 
I^uis  et  capitaine  au  regiment  de  Navarre,  eut  une  jambe  emportee 
a  la  bataille  de  Malplaquet;  il  se  retira  a  Lembeye  avec  1,200  livres 
de  pension.  Le  quatri^me  fut  tu^  a  la  bataille  de  Malplaquet.  Des- 
bordes du  Faur  do  Loubouey  servit  comrne  ses  freres  dans  le  regi- 
ment de  Navarre.  Chevalier  de  Saint-Louis  et  capitaine  aide-major, 
il  se  maria  en  1732  avec  demoiselle  Rachel  de  Subercaze,  fille  de  N. 
de  Subercaze,  seigneur  de  Lamazou,  et  de  dame  Marie  de  f^ur, 
dame  do  Balansun.  Ses  descendants  passerent  par  succession  de 
I»mbeye  k  Balansun  pros  d'Orthez;  et  c'est  la  que  de  1820  a  1830 
s*est  ^teinte  la  brancho  ain^o  de  la  famille  du  Faur  de  Loubouey. 


Digitized  by 


Google 


-  245  — 

II.  LA  DESCENDANCE  DE  DANIEL  DU  FAUR. 

Daniel  du  Faur  de  Loubouey  quitta  le  B^arn  pour  s'etablir  en 
Gascogae,  a  Castelnau-Riviere-Basse,  a  la  suite  de  son  inariage 
avec  demoiselle  Marie  de  Podenas,  fille  unique  de  messire  Jacques 
de  Podenas,  seigneur  de  Samadet,  et  de  dame  Jeanne  de  Lacomme, 
des  barons  de  Bouillon  en  Beam  (9  mars  1694).  II  eut  de  son  ma- 
nage Paul,  Jean,  Jacques  et  Pierre.  Jean  et  Jacques  embrasserent 
r^tat  eccl^siastique,  Pierre  servit  le  Roi  en  qualite  de  capitaine  au 
regiment  de  Navarre. 

Paul  du  Faur  de  Loubouey  devint  par  succession  seigneur  et 
baron  de  Bouillon.  Les  seigneurs  de  Bouillon  avaient  le  titre  de 
baron  et  le  droit  d'entrer  aux  Etats  de  Beam.  En  1617  cette  terre 
avait  pour  seigneur  Pierre  d'Estoupignan,  provost  royal  de  la  ville  de 
Saint-Sever.  Elle  passa  ensuite  dans  la  maison  de  Lacomme.  Le 
dernier  mAle  de  cette  famille,  Jean  de  Lacomme,  mari^  avec  demoi- 
selle N.  d*Espalangue,  etant  mort  en  1710  sans  posterity,  la  terre  de 
Bouillon  passa  a  son  neveu  Jean  de  Saint-Pau,  fils  de  sa  soeur,  le- 
quel  ^n*ayant  point  eu  de  posi^rit6  fit  donation  de  la  baronnie  de 
Bouillon  a  son  cousin  Paul  du  Faur  de  Loubouey,  le  20  avril  1718. 
Marie  de  Podenas  vendit  toutes  les  terres  qu'elle  poss^dait  au  pays 
de  Riviere-Basse  et  se  retira  en  1751  a  Bouillon  avec  son  fils  aJne. 
C'est  ainsi  que  les  du  Faur  de  Loubouey  ne  firent  que  passer  en 
Gascogne  pour  revenir  en  B6arn,  d'bu  ils  etaient  soitis. 

Paul  du  Faur  avait  epous^  demoiselle  Marie  de  Castera,  d'Orthez, 
dont  il  eut  deux  gargous  et  deux  lilies.  L'ain^,  Louis  du  Faur  de 
Loubouey,  baron  de  Bouillon,  lieutenant-colonel  du  regiment  de 
Navarre,  epousa  demoiselle  Anne  de  Montgaurin  (des  seigneurs  et 
barons  de  Vignes,  dont  les  males  avaient  entree  aux  Etats  de  Beam). 
II  en  eut  un  fils  et  une  fille.  Jacques  du  Faur  de  Loubouey  de  Bouil- 
lon, mort  sans  posterito  au  chateau  de  Bouillon  en  1853,  a  laisse  son 
heritage  a  son  neveu  M.  Charles  Baradat,  fils  de  sa  soeur  Suzanne 
du  Faur  de  Loubouey. 

Jules  de  CARSALADE  du  PONT. 


Digitized  by 


Google 


—  ?46   — 


BIBLIOGRAPHIE. 


I 

Lks  BXi&cuTEUBs  DES  ARRETS  CRTM1NEL9  d'agen,  depuis  la  CT^atioR  jusqii'a  la 
suppression  de  leur  emploi,  par  JeaD-Fran^ois  Bladb.  27  p.  gr.  in--8o.  Agen, 
impr.  Noubel.  Lamy  succ.  1877  (Extrait  de  la  Revue  de  VAgenaxs). 

«  Je  vous  crois  trop  accoutumes  a  r^fl^chir,  messieurs,  pourqu'il 
ne  vous  soit  pas  arrive  souvent  de  m^diter  sur  le  bourreau.  Qu'est- 
ce  done  que  cet  ^tre  iuexplicable  qui  a  pr^f6r^  a  tous  les  metiers 
agr^ables,  lucratifs,  honn^tes  et  m^me  honorables  qui  se  pr&entent 
on  foule  a  la  force  ou  k  la  dext^rit6  humaine,  celui  de  tourmenter  et 
de  mettre  k  mort  ses  semblables?  Cette  t^te,  ce  coeur  sont-ils  fails 
comme  les  ndtres  ?  ne  contiennent-ils  rien  de  particulier  et  d*6tranger 
a  notre  nature?  Pour  moi,  je  n*en  sais  pas  douter.  II  est  fait  comme 
nous  ext^rieureraent;  il  nait  comme  nous,  mais  c'est  un  etre  extra- 
ordinaire, et  pour  qu*il  existe  dans  la  famille  humaine  il  faut  un 
decret  particulier,  un  fiat  de  la  puissance  creatrice...  > 

Quiconque  a  lu  la  page  c^lebre  dont  je  ne  cite  que  les  premieres 
lignes  n'aura  pas  manqu^,  m^me  en  resistant  aux  conclusion^  tou- 
jours  un  peu  extremes  du  grand  comte  de  Maislre,  de  sender  la  pro- 
fondeur  du  probleme  psychologique  pose  par  T^minent  penseur. 
C'est  ce  probleme  qui  donne  un  inter^t  beaucoup  plus  qu'anecdo- 
tique  a  la  brochure  de  mon  excellent  ami  sur  les  bourreaux  d*Agen; 
je  voulais  dire  les  exicuteurs  des  arrets  criminels,  car  il  n'y  a  plus 
de  bourreaux  depuis  notre  glorieuse  revolution;  mais  lesdits  execu- 
teurs,  ^tablis  par  le  dferet  du  13  juin  1793,  ont  r^sid^  pres  de  cha- 
que  tribunal  crimineljusqu'au  decret  de  1850  qui  ne  laissa  subsister 
Temploi  qu'au  chef-lieu  des  cours  d'appel;  chacun  sait  qu'en  1870, 
la  fonction  a  ii6  encore  plus  simplifi^e,  et  qu'un  seul  exteuteur-chef 
suffit  aujourd*hui  pour  tout  le  territoire  frangais. 

La  brochure  de  M.  Blad6  attire  Toeil  par  son  enveloppe  d'un  rouge 
vif,  couleur  que  I'imagination  populaire  a  toujours  donnee  au  bour- 
reau en  d^pit  de  la  loi  et  de  Tusage  qui  Thabillaient  des  plus  hon- 
n^tes  nuances.  Et  quand  on  a  mordu  au  contenu  m^me,  ce  r^cit 
plac^  dans  la  bouche  d'un  vieillard  mi-parti  d'ignorant  et  de  lottre, 
ce  r^it  empreint  d*une  sinc6rite  naive,  et  mSl^,  dans  le  fond  comme 
dans  la  forme,  de  plaisant  et  de  sinistre,  saisit  et  captive  puissam- 
ment.  Ne  vous  attendez  pas  pourtant  k  des  effets  de  physiologic  pa- 
tibulaire,  propres  a  surexciter  vos  nerfs.  Ni  M.  Blad^  ni  ses  timoins 
n'aspirent  k  d^trdner  les  r^alistes  horripilants  de  la  litt^rature  con- 
temporaine.  Ce  qu'il  y  a  iei  de  plus  hardi  en  oe  genre,  cost  la  des- 
cription de  la  marque  {p.  1-0),  et  ce  petit  passage  sur  le  bourreau 


Digitized  by 


Google 


—   247  — 

Champin  (1839-1853),  bandagiste  paienti:  «  ...  Je  no crois  pas  qu'il 
xiit  gagn6  des  cent  et  des  mille  dans  les  bandages.  Pour  les  consulta- 
tions, je  ne  dis  pas.  Vous  savez,  Monsieur,  que  les  bourreaux  sont 
naturellement  tres-forls  en  m^decine.  Autrefois  ils  vendaient  de  la 
graisse  de  chr^tien,  qui  est  sans  pareille  centre  les  rhumatismes  et 
les  douleurs.  Je  vous  en  parle  savamment,  niais  je  ne  vous  dirai 
pas  oil  je  Tai  achet^e.  *Pour  un  louis  la  fiole  j'en  ai  vu  la  farce.  V 
m'en  reste  encore  la  moiti^,  a  votre  service  (p.  18).  » 

Voila  le  ton.  Quant  au  sujet,  je  n'ai  garde  d*introduire  ici  lesnouf 
ou  dix  ex^cuteurs  qui  se  sont  succ^de  k  Agen,  depuis  Janot,  qui 
guiliotina  M.  de  Lacazo-Duthiers  et  deux  autres  victimes  de  la  Ter- 
reur,  jusqu'a  6ani6,  aujounrhui  adjoint  de  deuxi^me  classe  de 
M.  Roch,  aux  appointements  de  3,000  francs.  II  y  a  dans  le  nombre 
un  Auscitain,  Joseph  Peyrussan,  et  un  Lectourois,  Joseph  Rascat. 
Sur  presque  tons,  anecdotes  piquantes  et  traits  de  moeurs  qui  font 
pSver  nidme  en  faisant  riro.  Si  le  r(5cit  est  curieux,  il  offre  surtout 
un  caractere  d'authenticit^  qui  manque  d*ordinaire  a  de  t^ls  docu- 
ments. M.  Blade  laisse  parler  ses  t^moins,  dont  la  mdmoire  faiblit 
ou  s'egare  quelquefois;  mais  des  notes  empruntees  aux  archives  de 
Lot-et-Garonue  retablissent  constamment  Texacte  v^rite  sur  les  da- 
tes, les  noms  et  les  faits. 


II 

Le  pr^re  Jean  et  L'HOSPtr.E  de  Galan,  par  A.  de  Thbzan.  40  pages  inlS.  Auch, 
impr.  A.  Thibault.  1877.  (Se  vend  50  centimes  au  profit  de  Thospice.)  . 

M.  de  Vielcastei,  dans  son  rapport  sur  les  prix  de  vertu  d^cern^s 
Tan  dernier  par  I'Academie  fran^aise,  a  appris  a  la  France  tout  entiere 
le  m^rite  doThumblefrere  Jean  et  Timportance  de  Tasile  de  vieillards 
dont  il  a  dot6  son  pays.  Mais  on  ignore  trop,  m^me  dans  les  cinq  ou 
six  d(5partements  ou  il  a  Thabitude  d'aller  qu6ter,  Thistoire  h^roique 
de  ce  modeste  bienfaiteur  de  Thumanit^.  Fils  d'unpauvre  tisserand, 
de  Bordes  (canton  de  Tournay),  le  jeune  Abadie,  priv^  de  son  pere 
a  rdge  de  onze  ans,  n'apprit  ni  a  lire  ni  a  6crire,  mais  se  forma  des 
Tenfancea  I'^cole  du  travail,  de  la  souffrance  et  de  la  foi.  A  vingt 
ans,  il  SQ  vendit  comme  remplagant  pour  offrir  a  sa  mfere  le  prix  de 
son  sang.  Soldat  du  67«  de  ligne,  il  fut  Texemple  de  ses  camarades 
et  se  fit  inscrire  dans  chaque  garnison  parmi  les  membres  de  la 
Societe  de  saint  Vincent  de  Paul  :  sa  vocation  charitable  se  rev^lait 
d^ja.  Apres  son  service  miUtaire,  il  se  vouait  a  un  service  religieux 
chez  les  Peres  de  Garaison,  qui  lui  confiaient  le  soin  des  petits  en- 
fants  de  leur  s(^minaire.  C*est  la  que  son  plan  d'hospice  fut  arrSte  dans 
son  esprit.  II  voulut,  avant  tout,  obtenir  pour  ses  projets  la  benedic- 
tion du  Souverain  Pojltife  et  partit  pour  Rome,  malgrd  les  prudentes 
objections  de  ses  superiours  et  de  son  avdque,  Mgr  I^urence,  qui 


Digitized  by 


Google 


—  248  — 

lui  etait  quelque  peu  parent.  11  fit  ce  voyage  eirvrai  pelerin,  sans 
une  obole;  il  t'allut  que  la  Providence  lui  adress&t,  k  Aries,  un  mis- 
sionnaire,  son  compatriote,  pour  le  tirer  de  prison;  a  Marseille,  une 
connaissance,  le  president  de  la  Societe  de  saint  Vincent  de  Paul  de 
cette  ville,  pour  lui  obtenir  une  place  gratuite  sur  un  paquebot;  a 
Rome,  un  de  nos  veneres  mai'tres,  M.  VahhA  Garderes,  pour  le  faire 
accueillir  au  seminaire  frangais.  Enfin  il  vit  longuement  le  Pape  et 
revintsdr  de  son  oeuvre.  II  avait  fait  voeu  d'elever  d'abord  une  cha- 
pelle  a  saint  Joseph;  il  qu6ta  pour  s*acquitter  do  son  voeu;  la  cha- 
pelle  bdtie,  il  lui  restait  cent  francs,  qu'il  remit  k  son  sup^rieur;  sur 
les  instances  de  ce  dernier,  il  accepta  la  moitie  de  la  somme  pour 
acheter  une  dnesse.  Le  reste  est  un  miracle  de  chaque  jour,  qui  se 
continue  encore.  Commenc^e  avec  rien,  vraie  creation  de  Dieu, 
la  fondation  du  frere  Jean,  un  magnifique  hospice  desservi  par  des 
sceurs  de  I'lmmaculee  Conception,  et  qui  abrite  une  centaine  de 
vieillards  des  deux  sexes,  vit  et  Heurit,  uniquement  soutenue  par  la 
charity  catholique,  qui  ne  saurait  desormais  lui  faire  d^faut. 

L'elegante  et  substantielle  notice  de  M.  Amand  de  Th^zan  re- 
produitie  passe  et  le  present  de  roeuvre;  elle  en  fait  saisir  I'origine 
surnaturelle  et  la  haute  portee  sociale.  Ecrite  sous  Tinspiration  de  la 
foi  et  de  la  charity  qui  animent  son  h^ros,  elle  merite  de  rester 
attachee  a  Toeuvre  elle-m^me,  qu'elle  feraconnattre  et  aimer.  Puisse- 
t-elle  avoir  beaucoup  de  lecteurs,  puisqu'avec  eux  se  multiplieront 
les  amis  du  frere  Jpan  et  les  bienfaiteurs  de  son  hospice  ! 

Leonce  couture. 

REPONSE. 

145.  Des  boml>es  appel6es  Gominges. 

(Voyez  la  Qaeition  k  la  livraison  precedente,  page  200.) 

Cest  le  due  de  Saint-Simon  qui  va  r6pondre  k  la  question  de  M.  U.  C.  T.  — 
On  lit  dans  les  Mdmoires  du  plus  spirituel  de  tous  les  chroniqueurs  (chap,  xix) : 
a  Deux  horomes  d'une  grosseur  6norme,  de  beaucoup  d'esprit,  d'assez  de  lettres. 
d'honneur  et  de  valeur,  tous  deux  forldu  grand  monde,  el  tous  deux  plus  que 
fort  libertins,  moururent  en  ce  m^me  temps  [1712],  eilaisserent  quelque  vide 
dans  la  bonne  compagnie  :  Gominges  ful  I'un,  La  Fare,  Tautre.  Gominges  6toii 
ills  et  neveu  patemel  de  Guitaut  et  de  Gominges,  tous  deux  gouverneurs  de 
Saumur,  tous  deux  capitaines  des  gardes  de  la  reine-m6re,  tous  deux  chevaliers 
del'ordre  en  1661.  tous  deux  tr6s-affid6s  du  gouvernement,  tous  deux  employes 
aux  executions  de  coniiance  les  plus  d^Ucates...  Les  courtisans,  pendant  les 
campagnes  du  roi,  appelerent  par  plaisanterie  les  bombes  et  les  mortieis  du 
)lus  gros  calibre  des  Gominges;  et  si  bien  que  ce  nom  leur  est  demeurS  dans 
'artifierie.  Gominges  trouvoit  cetle  plaisanterie  tr6s-mauvaise,  et  ne  s'y 
accoutuma  jamais.  » 

'  ^J'ajoute  que  Ton  attribue  1' invention  des  bombes  k  un  gentilhomme  de 
Rimini,  Pandolpho  Malatesta  (xv*)  si^clej,  et  que  ce  fut  Malthus,  ing6nieur  an- 
glais au  service  de  Louis  XIII,  qui  en  mtroduisit  I'usa^e  en  Prance,  oi^  elles 
lurenl  d'abord  employees  au  si6ge  de  La  Molte  en  Lorraine  (1634). 

T.  de  L. 


f 


Digitized  by  V3OOQIC 


CHAPELLE  VOTIVE 


DE 


SAINT-SAUVEXTR   DE   BARRAN; 

Nous  avions  forme  depuis  longtemps  le  projet  de  livrer  a  la 
publicity  quelques  renseignements  que  nous  avons  recueiilis 
sur  la  chapelle  de  la  TransfiguratioD^  vulgairement  appelee 
chapelle  deSainf-Sawwwr  deBarran.  Noushesitions  toujours; 
il  nous  semblait  que  cette  t&che  demandait  une  plume  plus 
exercee  et  plus  autorisee  que  la  n6tre.  La  pensee  seule  de 
remplir  un  devoir  sacre  apu  nous  faire  dominer  ces  conside- 
rations; c'est  pourquoi,  en  executant  aujourd'hui  notre  pro- 
jet^  nous  nous  abandonnons  avec  conflance  a  Tindulgence 
de  nos  lecteurs,  persuade  qu'a  leurs  yeux  noire  bonne  in- 
tention sera  la  meilleure  excuse  de  notre  insuffisance. 

En  ce  moment  m^me  se  preparent  les  plans  et  devis  de  res- 
tauration  generate  de  notre  egliseparoissiale^  vers  laquellese 
porte,  chaque  ann6e^  toujours  plusnombreux^  le  concoursde 
pieux  pelerins.  Une  chapelle  dedi^e  au  Sauveur  trouverait 
done  naturellement  sa  place  dans  la  nouvelle  enceinte.  Pour 
alteindre  cebut,  nous  avons  grand  besoin  que  Ton  vienne  a 
notre  secours.  Nous  sommes  pauvres^  et  la  restauration  de 
notre  6glise  est  pour  nous  une  entreprise  considerable.  Dieu, 
dans  sa  bonte  inflnie^  daignerala  b^nirettenircompte  aussi 
de  tons  les  sacrifices,  quelque  16gers  quMls  soient,  que  Ton 
voudra  accorder  a  notre  oeuvre  de  predilection.  Nous  oflfrons 
Tome  XVm.  —  Juin  1877.  17 


Digitized  by 


Google 


—  250  — 

notre  modeste  travail  comme  temoignage  de  notre  profonde 
et  respectueuse  reconnaissance. 

Surla  fln  du  siecle  dernier,  la  petite  ville  de  Barran,  situee 
a  15  kilometres  sud-ouest  d'Auch,  poss6dait  non  loin  de  ses 
murs  plasieurs  chapelles  votives,  temoignage  de  la  foi  vive 
qui  animait  la  population.  L'une  d'elles,  entre  toates,  etait 
:J  en  grand  honneur :  c'etait  la  chapelle  de  la  Transflgoration, 
^  vulgairement  appelee  chapelle  de  Sain^-Sauveur.  EUe  etait 
j^  assise  au  nord-est  de  la  viile,  a  400  metres  environ,  au  pied 
de  la. plus  haute  colline  qui  domine  la  cit6,  sur  les  bords  de 
la  route  de  grande  communication  qui  conduit  de  Barran  a 
Auch.  Le  lieu  fort  heureusement  choisi  sur  lequel  elie  etait 
^    batie  revelait  a  Tinstant  la  pieuse  pensee  de  ses  fondateurs, 
'     celle  d'entretenir  dans  le  coeur  des  jeunes  meres  et  de  leurs 
enfants  une  tendre  devotion  au  divin  Sauveur,  par  le  sou- 
venir des  gloires  du  Thabor  et  du  miracle  op6re  par  le  divin 
^    Maitre,  au  pied  de  la  sainte  montagne,  en  faveur  d'un  en- 
fant lunatique. 

On  arrivait  a  la  d6vote  chapelle  par  le  chemin  dit  chemin 
de  la  cote  du  Moulin.  Sur  le  milieu  de  la  petite  place  qui  la 
s6parait  de  la  voie  publique  s'elevait  une  magniflque  croix 
de  marbre.  Le  fiit  de  la  colonne  et  son  chapiteau,  retrouves 
il  y  a  pen  d'annees,  juslifient  pleinement  le  souvenir  que  nos 
pieux  vieillards  gardaient  encore  de  ce  monument  sacre.  Un 
escalier  de  quatre  a  cinq  marches,  au  midi,  conduisait  a  la 
chapelle,  dont  Tentree,  a  Touest,  etait  protegee  par  un  au- 
vent.  L'autel  etait  a  Test.  Au-dessus  de  Tautel  etait  represen- 
tee, en  relief,  la  scene  de  la  Transfiguration.  Nous  avons  eu 
le  bonheur  de  retrouver  la  statuette  de  Tun  des  personnages 
qui  accompagnerent  le  Sauveur  sur  le  Thabor;  nous  en  don- 
/   nons  plus  loin  la  description. 

Cette  statue  a  ete  pour  nous  Texplication  de  la  pieuse  de- 
votion, que  nous  avons  trouvee  dans  notre  chere  paroisse. 


Digitized  by 


Google 


—  251  — 

des  jeunes  meres  et  de  leurs  enfants  au  Sauveur^  et  aussi 
du  concours  nombreux  des  pelerins   qui,  dans  le  cours  de 
Tannee  et  principalement  au  jour  de  la  f6te  de  la  Transfigu- 
ration, le  6  aout,  viennent  demander  au  bon  Maitre  son  se- 
cours,  quelque  grSce  particuliere.  Nous  regrettons  de  ne  pou- 
voir  donner  aucun  renseignement  sur  la  forme  et  le  carac- 
tere  architectural  de  la  chapelle.  Toule  trace  en  a  disparu,  et  • 
nos  recherches  sont  restees  infructueuses,  Cependant,  le  tra- 
vail de  la  pierre  d'appareil,  ses  dimensions,  des  fragments  de 
nervures  prismatiques  retrou^es  sur  les  lieux  m6mes,  noua 
porteraient  a  penser  que  notre  chapelle  fut  une  construction 
du  xrv*  sifecle.  Le  terrain  sur  lequel  elle  fetait  assise  est  au- 
jourd'hui  un  petit  champ,  de  forme  triangulaire,  d'une  sur- 
face de  cinq  a  six  ares,  que  Ton  aper^oit  non  loin  de  la 
route,  n  porte  encore  le  nom  de  champ  de  Sainl-Sauveur, 
nom  qu'il  a  pris  dans  le  cadastre  dresse  en  4811. . 

Avant  d'entrer  dans  la  ville,  sur  la  rive  gauche  du  modeste 
coTirs  d'eau  qui  porte  le  nom  pretentieux  de  Rhone,  pres  du 
pent,  en  amont,  on  rencontrait  la  chapelle  de  Saint-Jacques 
de  Compostelle,  dont  le  sol  est  converti  aujourd'hui  en  un 
petit  jardin. 

Au  midi  de  la  ville,  a  200  m.  environ,  s'61evait  la  chapelle 
de  Saint-Roch;  plus  loin,  dans  la  meme  direction,  a  WO  m. 
environ,  sur  le  flanc  de  la  coUine  qui  domine  la  vall6e  de  Barran 
et  dans  Taxe  de  la  rue  principale,  on  distinguait  la  chapelle 
de  Sainte-Anne.  Toutes  ces  chapelles  furent  detruites. 

C6tait  en  1793^  Pendant  que  le  sang  le  plus  pur  de  la 
France  coulait  k  flots  sur  nos  places  publiques,  les  plus  riches 
souvenirs  de  la  foi  de  nos  peres  disparaissaientsous  les  coups 
du  marteau  des  vandales  de  la  revolution.  Comme  tant  d'au- 
tres  localites,  Barran  eut  ses  heures  malheureuses.  Sa  reli- 
gieuse  population  eut  Timmense  douleur  de  voir  detruire  tons 
les  sanctuaires  veneres  que  lapiete  des  fideles  avait  multiplies 
autour  de  la  cite. 


Digitized  by 


Google 


—  252  — 

L^an  1793  de  la  republique  une  et  indivisible  et  le  dix  dfe- 
cembre  vieux  stile,  le  conseil  gfen6ral  de  la  commune  de  Bar- 
ran  dfelibera,  d'une  voix  unanime,  que  les  images,  Christ  et 
statues  qui  sont  dans  les  eglises  seraient  descendus  inconti- 
nent et  qu'ils  seraient  deposes  dans  un  lieu  solitaire  de  la 
grande  iglise,  pour  dire  livris  aux  flammes  pendant  les  deux 
yrochaines  decades,  pour  pendant  ledit  delai  instruire  lepeu- 
pledeVerreur  oil  Us  sont,  pour  les  mettre  au  niveau  eta  la 
hauteur  des  circonstances,  les  mettre  en  mesure  de  leur  faire 
connaitre  le  charlatanisme  que  les  ci-devant  prdlres  leur 
defntaient  en  les  exorlanl  d'adorer  les  ditles  statues. 

Deux  commissaires  furent  nommes  et  charges  de  recueillir 
danstoutes  les  feglises  tons  lesobjels  du  culte,  croix,  orna- 
ments, statues,  livres  liturgiques.  Tout  f ut  enleve  et  livreaux 
flammes.  Cette  execution  eut  lieu  sur  la  place  publique,  au 
sud'Ouest.  Les  vieillards  de  qui  nous  tenons  ces  renseigne- 
ments,  alors  encore  enfants,  entraines  comme  on  Test  acetage 
par  lacuriosile,  suivirent  les  scandaleux  profanateurs.  La  po- 
pulation refusa  de  prendre  aucune  part  a  cet  aflfreux  sacri- 
lege et  protesta  par  sa  douleur  contre  cet  attentat. 

Les  chapelles  depouillees  de  leurs  ornements  et  du  mobi- 
lier  qui  servait  a  Texercice  du  culte  furent  bientOt  demolies. 
Notre  chapelle  de  Saint-Sauveur  subil  le  m6me  sort.  Ses  raa- 
teriaux,  ainsi  que  ceux  de  la  chapelle  de  Saint-Roch,  furent 
vendus  pour  la  somme  de  millequinze  livres  quinze  sols,  qui 
furent  aflfectfes  a  la  construction,  sur  la  place  publique,  d'une 
salle  pour  tenir  les  seances  de  la  socidte  populaire.  Cette 
somme  resla  et  peril  entre  les  mains  de  Tagent  municipal  a 
qui  elle  avait  ete  confine.  Voici  comment :  le  maire  de  la  com- 
mune, pour  faire  face  a  la  depense  des  travaux  de  construction 
de  ladite  salle,  avait  avance  de  sa  bourse  la  somme  de  trois 
cents  livres.  L'agent  municipal  s'obstina  a  couvrir  le  deborci 
au  moyen  d'assignals;  si  bien  que,  lorsque  les  assignats  eu- 
rent  perdu  leur  valeur,  Tagent  municipal  n'ayant  plus  entre 


Digitized  by 


Google 


les  mains  que  cette  maudite  monnaie,  le  malheureux  maire  en 
fut  pour  ses  frais.  Mais  les  materiaux  des  deux  chapelles  ser- 
virent  a  la  construction  du  nouvel  edifice.  Comme  demiere 
profanation,  on  ensevelit  dans  les  fondements,  apres  les  avoir 
brisees,  la  croix  de  Saint-Sawetir,  celles  de  nos  places  publi- 
ques  et  celles  qui  couronnaient  nos  chapelles,  Une  seule  etait 
restee  intacte.  Couchee  sur  les  debris  des  autres  croix,  elle 
avait  son  croisillon  place  immediatement  sous  le  seuil  de  la 
porte  d'entree  de  la  salle.  C'est  la  qu'elle  a  ete  retrouvee,  il  y 
a  quelques  annees  a  peine,  lorsque,  a  son  tour,  la  salle  des 
seances  dela  socieie populaire  a  du  disparaitre  pour  servir  au 
degageraent  de  la  place  publique.  Nous  n'oublierons  jamais 
la  p6nible  impression  que  produisit  dans  notre  ame  la  vue  de 
tons  ces  objets  sacres  jetes  dans  ce  lieu,  dont  le  choix  nous 
revelait  la  pensee  satanique  des  profanateurs  du  signe  de 
notre  Redemption. 

Les  materiaux  de  cette  salle  ont  6te  vendus;  Tun  des  ac- 
quereurs,  c6dant  a  nos  prieres,  a  releve  la  croix  profanee. 
Elle  est  debout,  aujourd'hui,  a  Tangle  de  Tune  de  ses  pro- 
prieles,  sur  le  bord  de  la  route  de  grande  communication 
de  Barran  a  TIsle-de-Noe,  a  trois  cents  metres  environ  de  la 
ville.  Elle  sert  desormais  de  station  pour  les  processions  des 
Rogations.  Cette  croix  porte,  a  son  croisillon,  le  millfesime  de 
4734.  Elle  avait  ete  executee  parle  sieur Dominique  Dubourg 
pour  la  somme  de  guarante-quatre  livres  et  plac6e  a  pen  de 
distance  de  Teglise  paroissiale,  a  la  suite  des  exercices  d'une 
mission.  Elle  servait  de  station  pour  les  processions  domi- 
nicales.  Aveccette  croix  fut  retrouve  le  fut  de  la  colonnede 
la  croix  de  Saint-Sauveur  dont  nous  avons  parle  plus  haut. 
II  mesure  en  hauteur  1"»  35'  et  en  diametre  0"  35*- 

Revenons  a  notre  chapelle  de  Saint-Sauveur. 

Le  soir  du  jour  ou  les  vandales  revolutionnaires  venaient 
d'achever  la  demolition  de  notre  chapelle,  un  charpentier  de 
la  commune,  du  nom  deJean  Saramon,  habitant  du  hameau 


Digitized  by 


Google 


—  254  — 

de  Labene,  regagnait  sademeure,  apres  sa  journee  de  travail. 
Son  ame  s'attriste  a  la  vue  des  ruines  de  ce  sanctaaire  venere 
oil  il  etait  venu  prier  tant  de  fois,  ou  si  souvent  il  avail  vu  reu- 
niesdes  foules  nombreuses,  Triste  et  pensif,  il  passait  sur  ces 
materiaux  epars,  lorsque  tout  k  coup  il  heurte  du  pied  un 
obstacle,  Le  choc  est  assez  violent  pour  lui  arracher  un  cri 
de  douleur;  il  s'arr6te  et  regarde  :  Fobstacle  heurte  est  Tune 
des  statues  du  groupe  qui  repr6sentait  dans  la  chapelle  la 
scene  dela  Transfiguration.  lUareleve  avecbonheur,  la  place 
respectueusement  dans  son  havre-sacet  Temporte.  Fier  et 
heureux  de  cette  precieuse  relique  qui  ne  le  quittera  plus,  il 
la  cache  dans  un  lieu  secret  desa  maison,  oiielleva  demeurer 
jusqu'a  ce  que  les  mauvais  jours  soient  passe^.  Alors  il  s'em- 
pressera  de  Tinstaller  dans  le  lieu  le  plus  apparent  de  son 
appartement.  C'est  la  que  desormais  Saramon  viendra  s'a- 
genouiller  tons  les  jours  aux  pieds  de  la  sainte  image  et  prier 
avec  sa  famille.  II  sent  avec  les  siens  qu'en  possession  de 
cette  sainte  relique  qu'il  nomme  Saint-Sauveur,  il  est  place 
sous  une  protection  toute  particuliere  du  divin  Maitre  et  que 
toute  sa  vie  il  devra  s'en  montrer  digne. 

Quelques  annees  aprfes  la  mort  de  ce  fervent  Chretien,  nous 
avons  eu  le  bonheur  de  retrouver  notre  statue  en  ce  lieu-la 
meme  ou  ses  pieuses  mains  Pavaient  plac6e.  Elle  etait  en- 
chassee  dans  la  muraille,  immediatement  au-dessus  du  man- 
teau  de  la  cheminee,  recouverte  par  d'epaisses  couches  de 
lait  de  cha,ux. 

Cette  statue  est  haute  de  trenle  centimetres  environ  et  se- 
rait  dans  un  etat  parfait  de  conservation  si  elle  n'avait  ele 
mutilee  k  sa  base;  les  pieds  manquent.  Elle  n'est  point  sans 
quelque  merite  au  point  de  vue  artistique.  A  sa  sculpture,  il 
nous  semble  reconnaitre  un  travail  du  xiv'  siecle. 

Quoiqu'elle  ait  porte  le  nom  de  statue  de  Saint'Sauveur 
depuis  qu'elle  a  ete  retrouvee  au  milieu  des  ruines  de  la  cha- 
pelle, nous  ne  pouvons  pas  nous  arreter  a  Pidee  qu'elle  re- 


Digitized  by 


Google 


—  255  — 

presente  Timage  du  Sauveur  lui-meme.  Elie  nous  semble 
simplement  flgurer  Tun  des  trois  ap6tres  Pierre,  Jacques  et 
Jeao,  qui  accompagnerent  le  diviu  Maitre  sur  la  montaghe  du 
Thabor.  Elle  appuie  la  tete  sur  la  main  droite  ouverte,  de 
maniere  a  couvrir  la  tempe;  elle  semble  vouloir  se  prot6ger 
centre  un  objet  dont  la  vue  trop  saisissante  la  trouble  ou 
Tincommode.  La  face  porte  Tempreinte  de  cette  sensibilite 
dans  tons  ses  traits.  La  main  gauche  retient  un  livre:  La  tfite 
porte  le  nimbe  de  la  saintete.  Les  plis  de  la  robe  sont  parfai- 
tement  dessines.  Evidemment  ce  ne  sont  pas  la  les  caracteres 
qui  nous  feraient  reconnaftre  Timage  du  Sauveur.  Tout  nous 
indique,  au  contraire.  Tun  des  trois  personnages  apostoliques 
et  plus  particulierement  saint  Jean.  Sa  chevelure  est  trop 
abondante,  meme  sur  le  front,  pour  rappeler  les  caracteres 
traditionnels  qui  determinent  la  I6te  de  saint  Pierre.  D'ail-  r 
leurs  la  face  est  imberbe,  comme  on  est  convenu  de  reprfesen- 
ter  celle  de  saint  Jean.  Enfin,  le  livre  a  fermoir  que  notre 
personnage  porte  asamain  gauche  nous  semble,  comme  livre 
des  Evangiles,  justifier  la  preference  que  nous  donnons  a 
saint  Jean,  le  seul  des  trois  qui  soit  evangeliste. 

II  ne  sera  pas  inutile  de  placer  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs 
le  texte  de  PEvangile  qui  nous  raconte  le  mystere  de  la  Trans- 
figuration. Voici  ce  que  nous  lisons  dans  le  chapitre  dix- 
septieme  de  TEvangile  selon  saint  Mathieu : 

J^sns  prit  avec  lui  Pierre,  Jacques  et  Jean,  fr^re  de  Jacques,  et 
les  conduisit  a  T^cart  sur  une  montagne  ^lev^e.  Et  il  se  transfigura 
devant  eux,  et  son  visage  resplendit  comme  le  soleil,  et  ses  vStements 
devinrent  blancs  comme  la  neige.  Et  en  m6me  temps  Moise  et  Elie 
leur  apparurent,  s'entretenant  avec  lui.  Or,  Pierre  dit  k  Jesus  : 
Seigneur,  il  nous  est  bon  d'fetre  ici;  si  vous  voulez,  faisons-v  trois 
tentes,  une  pour  vous,  une  pour  Moise  et  une  pour  Elie.  II  parlait 
encore  lorsqu'une  nu^  lumineuse  les  couvrit,  et  voila  qu'une  voix 
sortit  de  la  nuee,  disant :  Celui-ci  est  mon  fils  bien-aim^  en  qui  j'ai 
mis  toutes  mes  complaisances,  6coutez-Ie.  Et  les  disciples  entendant 
tomberent  la  face  centre  terre  et  furent  dans  un  grand  eflTroi.  Et  J^sus 


Digitized  by 


Google 


-  256  — 

s'approcha  et  les  toucha  el  leur  dit :  Levez-vous  et  ne  craignez  point; 
alors^  levant  les  yeux,  ils  ne  virent  plus  que  J6sus  seul.  Etcomme 
ils  descendaient  de  la  montagne,  lorsque  J6sus  fut  venu  vers  le 
peuple,  un  homme  s'approcha  et  se  prosterna  disant :  Seigneur,  ayez 
piti^  de  mon  £ils,  car  il  est  lunatique  et  il  souffre  cruellement.  Sou- 
vent  il  tombe  dans  le  feu  et  souvent  dans  Teau,  et  je  Fai  pr^sent^  a 
vos  disciples,  et  ils  n'ont  pu  le  gu^rir.  Or,  Jesus  r^pondit :  Gr^n^ra- 
tion  incr^dule  et  perverse,  jusqu*a  quand  serai-je  avec  vous? 
Amenez-le  moi  ici.  Et  J^sus  Tayant  menac^,  le  d^mon  sortit  de  lui, 
et  Fenfant  fut  gueri  a  Theure  mdme. 

Ces  lignes  de  recrivain  sacrfe,  qui  avaient  inspire  Raphael 
dans  son  tableau  si  celebre  de  la  Transfiguration,  nous  revelenl 
la  pieuse  pensee  qui  eleva  ce  sanctuaire  beni.  On  Fouvrit  au 
concours  des  jeunes  enfants  et  de  leurs  mferes  pour  y  implorer 
la  protection  du  Sauveur,  de  celui  qiu  avait  gu6ri  au  pied  du 
Thabor  lejeune  lunatique  et  qui,  danssa\^iemortelle,  se  plai- 
sait  au  milieu  des  enfants,  aimant  a  leur  prodiguer  ses  caresses 
et  a  les  presenter  a  la  foule  dans  la  purete  de  leur  ame  com- 
me  Timage  du  ciel.  Le  miracle  raconte  par  FEvangile,  accord^ 
ila  fervente  priere  d'un  pere  malheureux,  fut  Fun  des  plus 
eclatants  temoignages  de  la  protection  que  le  Sauveur  donne 
si  afifectueusement  a  Fenfance  chretienne.  Notre  chapelle  de 
Saint-Sauveur,  assise  au  pied  de  la  plus  haute  des  collines  qui 
dominent  Barran,  fut  elevee  en  ces  lieux  pour  en  perp6tuer  le 
souvenir. 

Aussi  nous  est-il  facile  de  nous  expliquer  Fancien  usage  ou 
Fon  6tait  de  venir,  mfime  de  fort  loin,  presenter  les  petits 
enfants  k  la  devote  chapelle,  surtout  au  jour  de  la  fete  de  la 
Transfiguration  que  FEglise  c61ebre  le  6  aout,  et  pour  les  jeunes 
meres  d'y  venir  implorer  les  secours  et  les  grices  que  leur  po- 
sition reclamait.  En  cettefStebenie  qui  attirait  tant  de  pieux 
p&Ierins,  la  foule  stationnait  nombreuse  tout  le  long  du  jour,  aux 
abords  de  la  chapelle.  Surdeverdoyants  tapis  de  gazon,  auprfes 
d'une  fontaine  jaillissante,  symbole  de  la  grace  que  Fon  venait 
solliciter  dans  ces  lieux,  elle  prenait  son  modeste  et  frugal 


Digitized  by 


Google 


—  257  — 

repas.  Les  marchands  de  gateaux  de  la  ville  d'Auch  ne  man- 
qiiaient  pas  de  se  rendre  aussi,  surs  d'avance  de  bien  exploi- 
ter leur  modeste  Industrie,  au  milieu  d'une  multitude  de  petits 
enfauts. 

Mais  toiites  ces  f^tes  si  joyeuses,  si  interessantes,  tant 
aimees,  ne  fureut  point  du  goiit  des  r^volutionnaires  de  la 
locality  quand  sonna  Theure  de  nos  malheurs.  Eflfacer  toute 
trace  de  ces  pieux  souvenirs  pour  n^amasser  que  la  honte, 
les  regrets  et  les  larmes,  fut  leur  oeuvre  de  predilection.  Sa- 
vants et  intelligents  reformateurs,  ils  voulaient,  disaient-ils, 
instruire  le  peuple  de  Verreur  oil  ils  sont,  le  mettre  au  ni- 
veau eta  la  hauteur  des  circonstances  et  le  pr6munir  contre 

le  charlatanisme  que  les  cirdevant  pr^tres  leur  debitaient 

Et  alors  il  fallut  insulter  aux  croyances  d'un  peuple  religieux, 
profaner  ce  qu'il  venerait  si  legilimement,  priver  une  multi- 
tude d'enfants  et  leurs  meres  de  leur  chere  chapelle,  en  dis- 
perser  les  materiaux,  se  promettant  bien  par  ce  vandalisme 
d'executer  a  bref  delai  leur  plan  de  reformation  sociale.  Telle 
fut  Toeuvre  de  qttelques  energumenes.  Les  ruines  qu'ils 
amasserent  en  delruisant  nos  chapelles  marquent  encore  pour 
la  plupart  leur  honteux  passage.  Les  quelques  malefiaux  que 
Ton  decouvre  par-ci,  par-la,  parlent  encore  de  leur  attentat. 
II  semble  que  la  Providence  le  veuille  ainsi,  comme  un  chati- 
ment  inflig6  a  leur  honteuse  memoire,  mais  aussi  comme  un 
enseignement  pour  rappeler  a  Thomme  ce  dont  il  est  capa- 
ble quand  il  oublie  son  Dieu,  ou  qu'il  ose  se  revoller  contre 
sa  majeste  divine  pour  obeir  a  ses  malheureuses  passions. 
•  Les  pierres  dispersees  par  les  mains  sacrileges  de  ces  sin- 
guliers  reformateurs  n'ont  pas  emporte  avec  elles  le  souve- 
nir de  la  devotion  a  Smnt'Sauveur.Ene  est  restee  imperissable 
dans  le  coeur  des  Barrannais  et  de  tous  ceux  qui,  de  pres  ou 
de  loin,  etaient  venus  visiter  Saint-Sauveur  ou  avaientenlendu 
parler  des  graces  exceptionnelles  obtenues  dans  ce  sanctuaire 
de  la  priere  et  de  Tamour. 


Digitized  by 


Google 


—  258  — 

Aussi  le  concours  des  pieux  pelerins  n'a  pas  discontinue; 
bien  que  la  devote  chapelie  ait  disparu,  il  se  dirige  aujour- 
d'hui  versnotre  eglise  paroissiale.  Nous  constatons  avec  bon- 
heur  que,  soit  au  jour  de  la  fete,  ie  6  aout,  soit  dans  le 
cours  de  Tannee,  il  devient  tons  les  ans  plus  considerable.  Au 
jour  de  la  fete  surtout,  qui  appelle  dans  notre  cite  une  foule 
d'etrangers  venus  de  loin,  nous  sommes  invite  k  benir  une 
multitude  de  petits  enfants  et  leurs  meres.  N'est-ce  pas  la  ua 
signe  du  divin  Maftre  en  favour  de  ces  lieux  benis  qu'il  s'est 
choisis  pour.y  etre  prie  par  les  enfants  et  les  meres,  et  aussi  une 
preuve  nouvelle  de  son  tendre  amour  pour  Tenfance  chre- 
lienne? 

Nous  touchons  peut-etre  a  la  restauration  complete  de 
notre  pauvre  eglise  paroissiale,  que  reclame  noire  bienchereet 
religieuse  population.  Nous  avons  la  pensee  d'y  reserver  une 
chapelie  a  Sam/-Saut)eur.  Jeunes  meres,  jeunes  enfants,  venez- 
moi  en  aide  dans  cette  oeuvre  de  restauration.  Repondez  a 
Tappel  que  j'adresse  a  votre  generosite. 

Un  jour  malheureux,  bien  chers  petits,  vous  enleva  ce 
sanctuaire  beni  que  de  pieuses  mains  avaient  eleve  et  consacre 
pour  vous  au  divin  Maitre.  Vous  surtout  venez  a  mon  secours, 
car  jesuis  bien  pauvre;  donnez-moi  unepierre  pour  m'aider 
a  relever  sinon  votre  sanctuaire  particulier,  du  moins  noire 
pauvre  eglise  ouje  reserve  une  chapelie  pour  votre  devotion. 
Votre  secours,  je  Tespfere,  quelque  leger  qu'il  soit,  et  vos  fer- 
ventes  prieres  me  permettront  de  realiser  mon  oeuvre  de  pre- 
dilection; alors,  vous  continuerez  de  venir  parmi  nous,  tons 
les  ans  plus  heureux,  plus  nombreux,  el  vos  gracieuses  peli- 
tes  mains  mebeniront  de  vous  avoir  rendus  dans  ce  sanctuaire 
aux  caresses  divines  du  bon  Maftre,  voire  meilleur  ami, 
Saint'Sauveur  de  Barran. 

SABION, 

Cur^  de  Barran. 


Digitized  by 


Google 


—  259  — 


Ugende  et  histoire.— £tude  critique 


SDR 


Saint  Se^er,  roi  dbs  scythes,  et  ses  oompagnons. 

{Suite)  (1). 

VTII 

«  Le  prince  Sever  se  rendit  de  Toulouse  au  camp  de  Cesar, 
au  Palwstrion;  on  lui  avail  si gnalece  lieu  comme  celui  ou  se 
teiiaient  le  roi,  Tarmee  et  les  assemblees  de  TEtat.  Un  roi 
Adrien  y  regnait;  le  saint  le  gueril  d'une  maladie  cruelle  et  le 
convertit. » 

Que  le  camp  de  Cesar  soit  le  Castera  de  Saint-Sever  ou 
celui  d'Aire,  que  Je  lieu  des  asseniblees  nalionales  fut  au  Pa- 
laestrion  ou  a  Aire  encore  (un  quartier,  occupe  en  partie  par 
le  grand-seminaire,  y  portait  indifferemment  les  noms  de 
camp  de  Gorre  ou  de  Begon^e,  comme  si  Ton  disait  campus 
ou  casta  GoUiorum  ou  Wisigothomm,  et  il  etait  aflfecte  aux 
reunions  municipales),  toujours  est-il  que  le  Palcestrion  etait 
bien  sur  la  hauteur  de  Mortlanne,  a  Saint-Sever.  Laissons 
done  notre  saint  aller  a  Saint-Sever. 

Mais  ici  je  dois  protester  de  nouveau  conlre  le  nom  du  roi 
Adrien.  Outre  le  dipldme  dejk  cite  qui,  de  Taveu  de  dom  Da- 
niel du  Buisson  (2),  le  nomme  Arrien,  on  peut  voir  un  acte 
du  XI*  siecle,  dans  F^dilion  aturaine  du  moins,  qui  Tappelle 
Ofianus  (3),  nouvel  indice  d'une  lecture  un  peu  floltanle. 

(1)  Voir  la  livrtison  d'avril,  p.  166. 

(2)  T.  1,  p.  15. 

(3)  T.  I],  p.  191. 


Digitized  by 


Google 


—  260  — 

Ajoutez  la  petite  eglise  de  Sainsarrian,  c'est-a-diredeSain/- 
Arrian,  bS^tie  assez  pres  de  Tendroit  oil  Ton  disait  que  ce 
prince  avail  6te  mis  a.mort.  Ce  titre  n'a  pas  du  subsister  long- 
lemps;  je  He  le  retrouve  point  dans  les  catalogues  de  Tan- 
cien  livre  rouge  d'Aire;  il  demeure  neanmoins  affecte  a  une 
maison  de  Sainte-Eulalie  en  Marsan.  Ne  peut-on  pas  presu- 
mer  que  les  descendants  des  Wisigoths  Tauront  balie  et  nom- 
raee  ainsi?  Si  c'est  eux  qu'ii  faut  reconnaitre  dans  nos  Capots 
ou  Cagots,  ils  ont  laisse  des  traces  notables  dans  ces  quar- 
tiers-la,  temoins  les  noms  de  plusieurs  maisons,  Thdpital 
des  Cagots  a  Cauna  et  la  grande  devotion  de  sainte  Quitere  a 
Lamothe  et  a  Toulousette.  Mais  leur  saint  Arrian  ne  pouvait 
Tester. 

On  m'objeclera  que  sur  les  levres  du  peuple  Adrien  se 
change  tres-facilement  en  Arrien;  je  le  reconnais,  mais  la  re- 
ciproque  est  aussi  certaine,  et  de  plus  restenl  les  vieux  textes 
oil  le  nom  A' Adrien  n'aurait  pas  si  aisement  disparu. 

Que  Ton  cherche,  d'ailleurs,  des  legendes  ou  ce  qualiflcatif 
A'arien  ait  sa  place  toute  naturelle  et  purement  incidente,  et 
Ton  verra  s'il  ne  se  transformepas  bien  vite  en  celui  A' Adrien. 

Voici,  par  exemple,  celle  de  saint  Aper,  eveque  de  Toul 
(15  septembre) : 

D'apres  les  Bollandistes,  ce  bienheureux  doit  etre  mort  a  la 
fin  du  V*  ou  au  commencement  du  vi*  siecle.  Or,  on  lui  fait 
exercer  son  apostolat  dans  le  pays  des  Burgondes  « du  temps 
d' Adrien,  trds-cruel  efnpereur,  qui  voulait  que  tous  ses  juges 
sappelmsent  Adrien.  II  eut  done  a  trailer  avec  un  Adrien, 
juge  de  Chdlon'Sur-Saone. »  De  grace,  laissez  tous  ces  Adriens 
etdites  simplement  que  du  temps  d'un  prince  arien,  qui  vou- 
lait voir  tous  ses  juges  ariens  comme  lui,  il  alia  trouver  un 
juge  arien  hCh&lon. 

En  voici  une  autre  de  saint  Florentius,  martyr  de  Tille- 
Ch&teau,  dans  le  m6me  pays  (27  oclobre) :  On  dit  qu'il  fut 
immole  durant  la  persecution  des  Vandales;  c'est  ce  qu'on  a 


Digitized  by 


Google 


—  261  — 

de  plus  serieux  sur  I'epoque  de  sa  mort.  Je  serais  porte  a  sup- 
poser  qu'il  fut  un  de  nos  exilfes,  vu  qu'il  est  attribueici  a  I'A- 
frique,  \k  a  I'Orient,  la,  ce  semble,  a  la  Sardaigne,  et  que,  de 
plus,  ilest  en  compagnie  d'uu  saint  martyr  Vandalet  ou  petit 
vandale.  Eh  bien !  le  malencontreux  Tamayo  Salazar  ne  man- 
que pas  de  nous  dire,  a  la  m6me  date  du  27  octobre,  que 
Florentius,  martyr  de  Tyle  dans  VAndalousie,  itait  un  con- 
verti  a  la  foi  calholique,  qui  fut  martyrise  sous  rempereur 
Adrien! 

Je  ne  puis  croire  que  toules  ses  sources  viennent  du  pays 
des  chimeres;  impossible,  ici  comme  ailleurs,  d'inventer  des 
mensonges  de  ce  genre-la,  si  orthographiquement  voisins  des 
choses  les  plus  naturelles  ou  les  plus  plausibles.  C'est  encore 
un  roi  arien  des  Burgondes  qu'on  nous  traveslit  par  inat- 
tention ou  par  la  bonne  foi  de  Fignorance,  et,  de  plus,  cette 
aflfectation  de  la  vieiile  hagiographie  espagnole  a  s'altribuer 
certains  de  nos  saints,  tels  que  ce  saint  Florent,  ou  encore 
sainte  Quitterie  (1),.  saint  Vincent  de  Dax..,,  nous  font  deja 
soupgonner  en  eux  une  origine  espagnole,  gothiqueou  vandale* 

Voila  done  le  geri6reux  con  verti  la  ou  tout  Tappelait,  et  le 
besoin  du  moment,  et  les  necessites  du  peuple,  et  la  sollicitude 
des  eveques  fideles,  et  la  prudente  bonte  du  pere  commun  de 
tons  les  Chretiens. 

Suivant  la  16gende,  le  roi  etait  tourmente  par  le  demon  et 
en  proie  a  la  maladie :  raison  de  plus  pour  lui  adresser  un 

(1)  Au  sajet  de  la  oationalil^  de  $a%nie  Quitterie^  je  ferai  obsenrer  que  tel  roi  Vt« 
sigoth,  le  20%  s'est  nommd  Witeric,  et  que  je  n'admets  nullement  comme  legitime 
la  tradoction  saint-sev^rienne  de  saibte  Qaitterie  d'Arx  en  Ste  Quintilla.  U  est  en^ 
core  bon  de  (aire  remarqaer  qne  certains  l^gendaires  rapporteot  aax  temps  de  Vem- 
pereur  Adrien  I'bistoire  des  soBurs  de  la  martyre  aturaine,  comme  on  peatle  Yoir 
en  particnlier  dans  I'^tnde  dei  Bollandistes  sar  sainte  Livrade  on  Wilgeforte.  Et 
qaant  a  ce  qui  est  de  lear  pays,  j*ai  entre  les.  mains  la  copie  d'nne  inscription  de 
Maz^res,  portant  que  I'an  134*2  le  corps  de  sainte  Librate  ^tait  dans  cette  ^gKse  pa- 
roissiale  de  Saint-Jean  de  Mazdres,  an  diocese  de  Tarbes.  (nntile  de  parler  desa  Id- 
gende;  les  renseignements  donn^  k  son  sujet  par  les  Bollandistes  nons  montreraient 
encore  etCatilius  et  laroyaotd  de  sa  famille  dans  ces  conflns  de  I'Occident,  et  Belcage 
sa  capitale  et  sainte  Quitterie  martyrU^e  d  Aire  en  477.  Qu'on  m'y  nu)ntre  k  cette 
date  an  roi  on  an  empereur  Adrien;  je  n'y  trouve  qa*an  roi  arien. 


Digitized  by 


Google 


—  262  — 

saint,  et,  s'il  se  pouvait,  un  thaumaturge.  D6ja  le  voyage  de 
saint  Severin  pres  de  Clovis  et  la  guerison  de  ce  prince  par  les 
prieres  du  serviteur  de  Dieu  avaient  forlement  impressionneles 
cours  voisines,  nous  dit  M.  Darras;  et  il  n'est  pas  etonnant 
qu'Alaric  ait  desire  avoir  un  Seyerinpres  deiui.  II  n'etaitpas 
trop  indigne  de  cette  faveur.  L'hagiographie  nous  apprend 
qu'il  envoya  un  jour,  de  Toulouse,  une  pauvre  energumenea 
saint  Remi,  avec  une  deputation  royale  et  des  lettres  de  re- 
commandation  (1).  Ne  meritait-il  pas  d'etre,  a  son  tour,  dfeli- 
vredesamaladie? 

Si  rhistoire  nous  attestait  qu'Alaric  II  vint  a  Aire  pour  y 
chercher  la  sante,  ce  serait  une.justification  de  plus  pour  la 
legende.  On  me  parte  de  certaine  tradition  antique  qui  s'en 
expliquerait  de  la  sorte;  malheureusement  ces  anciens  textes 
ge  sont  perdus.  Supposons  done,  si  Ton  veut,  que  c'est  la  re- 
nommee  des  guerisons  oper6es  au  tombeau  desainte  Quitere 
qui  aura  fait  venir  ie  roi,  son  parent,  aussi  bien  que  le  desir 
de  faire  une  sorte  d' amende  honorable  pour  les  meurtriersde 
la  sainte. 

Le  roi  fut-il  converti?  Pourrais-je  le  nier,  puisque  la  le- 
gende Tafflrme  et  que,  sur  ce  detail  majeur,  je  n'ai  aucune 
preuvecontre  elle?  Tout,  meme  humainement,  ne  porlait-il 
pas  Alaric  a  se  declarer  catholique?  Cette  solutidn  resoudrait 
bien  des  difflcultes,  et  le  culte  assez  longtemps  tolere  de 
Saint'Arrian,  et  Fev^que  orthodoxe  du  Palais,  et  les  sou- 
levements  des  Wisigoths  les  uns  centre  les  autres,  dont  nous 
aliens  etre  bienl6t  temoins,  seraient  expliqu6s, 

Au  demeurant,  nous  constatons  que  Sever,  parti  apres  les 
marlyres'  operes  par  un  roi  Arrien  tres-cruel,  n'a  rencontre 
qu'un  roi  Arrien  grandement  debonnaire :  c'est  la  surtout 
ce  qu'il  me  faut,  puisque  c'est  le  double  signalement  d'Euric 
etd'Alaricn. 

La  legende  nous  oflfrirait  ici  quelques  passages  trfes-signi- 

(1)  Hincmar  et  Flodoard. 


Digitized  by 


Google 


—  263  —    ; 

ficatifs  si  ron  pouvait  6tablir,  ce  qui  n'est  pas  facile,  qu'ils 
viennent  de  la  bouche  mfime  du  Saint  et  non  point  de  la  plume 
d'un  amplificateur  :  «  Si  vous  croyez,  6  Roi !  a  la  sainte  et 
indivisible  Trinite,  vous  serez  gueri.  Jesus-Christ  est  de  Tes- 
sence  meme  du  Pere...  0  peuple!  si  vous  voulez  croire  que 
le  Pere,  le  Fils  et  le  Saint-Esprit  ne  sont  qu'un  dans  la  Tri- 
nite, je  suis  pret  a  vous  baptiser. »  C'est  a  des  Ariens  qu'il 
fallait  adresser  une  telle  predication. 

«  Mais  bientdt  vinrent  les  Vandales.  A  la  priere  de  Thomme 
de  Dieu,  le  fleuve  grossit  et  leur  barra  le  chemin;  bientdt 
neanmoins  ils  le  passerent  a  gue.  Sever  se  mit  a  la  tete  des 
defenseurs  du  Palaestrion  et  &it  immole. » 

Les  Vandales !  et  un  vandale,  un  vandale  naguere  leur  roi, 
un  homme  comme  saint  Sever  marchant  contre  eux!...  Ne 
soyons  pas.trop  surpris.  Cette  denomination,  que  j'ai  du 
prendre  jusqu'ici  dans  son  acception  la  plus  restreinte, 
signifle,  au  fond,  etrangers  ou  bandits,  et  «  depuis  onze 
cents  ans,  dit  Le  Cointe  {Annaks  eccldsiastiques  des  Francs, 
an  508),  les  ecrivains,  ainsi  que  Tatteste  le  P.  F.  Chifflet  dans 
son  Pavlinus  iUustratus,  donnent  ce  nom  a  toutes  les  nations 
getes  ou  gothiques  et  boreales. »  Aussi  les  saints  gaulois 
Antholinus,  Liminius,  DesideiHus,  Antidius,  Valerius,  sont-ils 
signales  comme  des  victimes  des  Vandales  et  de.  Chrocus, 
leur  roi,  bien  que  les  nouveaux  BoUandistes  nous  montrent 
la  (22  octobre),  avec  les  pieces  et  les  autorites  les  mieux  en- 
tendues,  de  simples  Allemands. 

Laissonsdonc  les  vrais  Vandales;  nos  traditions  ne  peuvent 
se  comprendre  qu'en  supposant  ici  des  Wisigoths  ariens 
souleves  contre  les  calholiques  a  la  suite  de  leur  propre  de- 
faite  a  Vouille. 

Et  d'abord,  que  signifient  ce  fleuve  formani  barriere  et 
passe  bientdt  a  gue  a  la  suite  d'un  miracle,  et  ce  miracle 
manque  de  notre  legende?  Serai t-ce  un  souvenir  confus  et 
trfes-mal  applique  du  passage  de  la  Loire  par  les  Francs  et 


Digitized  by 


Google 


—  264  — 

du  merveilleux  qui  Taccompagna?  Je  ne  veux  point  m'en 
prendre  ici  au  rfedacteur  legendaire,  mais  uniquement  aux 
traditions  populaires  qui  s'approprient  tout  en  Falterant  a 
leur  faQon  et  qui  imposent  a  la  fidelite  de  leurs  transcripteurs 
d'assez  grandes  bizarreries. 

Mais  saint  Sever  n'alla  point  a  Vouille.  SMI  Mt  tombfe  la, 
i'autorile  ecclesiastique  ne  lui  aurait  pas  maintenu  le  litre  de 
martyr.  Rappelons-nous  ce  que  nous  insinue  le  remplacement 
assez  prompt  du  vocable  de  saint  Arrian  par  celui  de  sainte 
Eulalie.  Prenez  a  Vouille,  si  cela  vous  plait,  un  saint  Avit, 
que  nous  rappelle  une  de  nos  paroisses,  dotee  du  meme  nom; 
prenez-y  un  sainl  Cyprien,  qui  elait  venu  defendre,  aupres 
d'Alaric,  saint  Cesaire  d' Aries,  son  maftre,  et  qui,  j usque 
dans  le  camp  de  Poitiers  et  en  presence  du  roi,  conqu6rait 
de  nobles  guerriers  a  la  foi  et  a  la  vie  eremilique  (1) :  autres 
sont  leurs  titres  a  notre  culte  que  celui  d'avoir  ete  les  soldats 
d'Alaricn. 

Deux  choses  m'expliquent  la  mort  de  saint  Sever.  La  pre- 
miere, ce  sont  les  soulevements  des  Wisigoths,  depuis  long- 
temps  commences,  contre  les  suspects.  La  victoire  de  Clovis 
ne  put  nuUement  suffire  pour  les  desarmer,  dans  ce  pays 
surtout  oune  parvinrent  point  les  troupes  franques;  This- 
toire  le  montre  assez  et  de  Valois  le  suppose  avec  assez  de 
raison.  Ce  que  nous  verrons  sur  la  mort  des  compagnons  de 
notre  Saint  et  de  quelques  autres  chefs  du  catholicisme  dans 
ces  coiitrfees,  apres  Tan  506,  achevera  de  le  conflrmer. 

La  seconde  consideration  que  nous  devons  faire,  c'est  que 
la  foi  catholique  etait  tout  a  fait  en  cause  en  507,  circons- 
tance  capitale  qui  ne  se  presentait  gufere  pour  nous  procurer 
des  martyrs,  lors  de  Tinvasion  des  Alains,  des  Sueves  et  des 
Vandales.  Sever  avait  converti  beaucoup  de  monde,  soit  parmi 
les  Gaulois  encore  paiens,  soit  parmi  les  Wisigoths  h6reti- 
ques :  or,  qui  se  declarait  catholique  etait  cense  se  declarer 

(1)  BoUand.i  8oc(obre»  etc. 


Digitized  by 


Google 


—  266  — 

pour  les  Francs,  et  le  seul  moyen  d'6chapper  aux  soupfons 
ei!lt  et6  d'abjurer  sa  foi :  de  \k  deux  partis  bien  tranches,  de 
l^des  attaques,  dessommationset  devrais  martyres. 
Sever  aura  done  ele  martyrise  par  des  Wisigoths. 


IX 


Aprfes  le  martyre,  le  culte.  Le  tombeau  du  Saint  devint  un 
lieu  de  pelerinage,  un  lieu  de  prodiges.  Ses  reliques  n'y  res- 
terent  point  tout  entieres,  et  nous  savons  les  honneurs  que 
leur  rend  encere  aujourd'hui  Teglise  Sainte-Eulalie  de  Bor- 
deaux, par  ordre  de  Charlemagne.  Le  chef  resta  au  sol  ou  il 
etaittombe;  encore  fallut-il  le  donner  un  jour  en  gage  aux 
Espaghols  dans  un  emprunt  de  bl6;  mais  il  fut  rapporte  par 
les  anges,  et  le  Saint-Siege  permit  de  c^Iebrer  annuellement 
cette  insigne  favour.  Clement  V,  a  son  tour,  declara  qu'il 
voulait  honorer  le  bienheureux  martyr,  et  il  accorda  les  in- 
signes  pontificaux  a  Tabbe  de  son  monastere;  c'est  lui  aussi 
qui  a  fixe  sa  principale  fete  au  8  novembre.  Voici  comment 
elle  6tait  annoncee  dans  Fhagiologe  du  convent :  ^  Dans  le 
pays  des  Gascons,  au  poste  du  Pal^strion,  la  naissance  (au 
Ciel)  de  saint  Sever,  lequel,  apres  s'^tre  ouvert  un  passage  a 
travers  le  fleuve,  avoir  gu6ri  le  roi  Adrien,  pr6ch6  a^.peuple 
et  briUe  par  le  grand  nombre  de  ses  miracles,  m6rita  d'etre 
decapite  (pour  N.-S).  » 

Mais  de  toutes  les  merveilles  op6r6es  par  notre  h6ros,  au- 
cune  n'est  comparable  a  celie  dont  fut  Theureux  tfemoin  le 
due  de  Gascogne,  QuMaume  Sanche.  C'etait  vers  Tan  963. 
Les  Normands  ne  cessaient  point  d'envahir  notre  littoral. 
Guillaume  marcha  contre  eux,  apres  avoir  fait  vobu,  sur  le  tom- 
beau du  Saint,  d'elever  en  son  honneur  un  monastere  splen- 
dide,  s'il  revenait  victorieux.  C'est  a  Taler,  prfes  de  Laluque^ 
qu'il  renconlfa  Tennemi.  II  le  battit  et  en  fit  un  si  affreux 
ToMi  xvm.  18 


Digitized  by 


Google 


—  266  — 

carnage  que  nos  contrees  fureiitd61ivrees  pour  toujoursdeces 
feroces  corsaires.  M.  Lege  nous  apprend  que  dans  cetle 
plaine,  au  point  d'interseclion  des  trois  arrondissements  de 
Dax,  de  Saint-Sever  el  de  Mont-de-Marsan,  se  trouve  un  quar- 
tier  designe  sous  le  nom  A' Hospitakl,  dont  les  revenus,  au 
siecle  dernier,  etaient  affermes  pour  412  livres  par  le  prieur 
de  Taler  ou  de  Fosse-Guimhaut;  el  il  suppose  que  la  jadis 
auront  ete  recueillies  les  viclimes  de  la  bataille,  sous  les  aus- 
pices de  Gombaiil,  frere  de  Guillaume.  Le  bon  chanoineMon- 
lezun,  trop  sfevfere  parfois  envers  les  hommes  de  TEglise  par 
crainte  d'6tre  partial,  a  juge  rigoureusement  Gombaud,  parce 
que,  etant  due,  ii  devint  eveque.  Atlendons,  pour  etre  de  son 
avis,  qu'il  nous  ait  montre  en  cela  quelque  chose  d'absolu- 
ment  reprehensible.  Pour  moi,  sans  vouloir  etre  aussi  deci- 
sif,  j'inclinerais  a  penser  que  si  la  fosse  sepulcrale  de  Taler 
prit  le  nom  de  celui  qui  fut  plus  tard  due  de  Bazas  et  d'Agen, 
<5'est  peut-6tre  qu'il  etait  deja  ministre  du  Seigneur  avant  d'etre 
due,  et  par  suite  son  6piscopat  serait  aussi  pen  condamnable 
qu'il  fut  heureux  pour  notre  pays. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  detail,  et  quel  que  fAt  le  pr6tre  qui 
appelait,  dans  cette  expedition,  les  benedictions  du  Ciel  sur 
les  combattants  Chretiens,  le  secours  d'en  haut  fut  des  plus 
manifestes  et  des  plus  triomphants.  Le  due  vainqueur  cer- 
tifie  a  que  le  glorieux  martyr  saint  Sever,  dout  il  avait  im- 
plore I'appui,  apparut,  au  feu  du  combat,  mont6  sur  un  che- 
val  blanc;  revetu  d'une  armure  eclatante,  il  renversait  les 
bataillons  ennemis.  »  Ainsi  vit-on  plus  tard,  lorsque  le  Pape 
Innocent  XI  lan^a  Sobieski  au  secours  de  Vienne  et  mit  par 
la  une  heureuse  fin  a  ces  guerres  saintes  qui  sauverent  I'Eu- 
rope,  le  jeune  saint  Stanislas  de  Kostka  apparaitre  dans  les 
airs  et  foudroyer  les  Turcs  etonnes.  Aux  Saints  I'honneur  de 
nous  dfilivrer,  de  I'Orient  jusqu'a  I'Occidenl,  des  ennemis  du 
Nord  et  des  ennemis  du  Midi. 

Fidele  a  son  voeu,  Guillaume  Sanche  reconstruisil,  avecune 


Digitized  by 


Google 


—  267  — 

grande  magnificence,  Teglise  el  le  monastere  du  saint  martyr. 
II  fit  venir,  on  ne  sait  de  quel  convent,  Tabbe  Salvator,  en 
963,  et  le  mit  en  possession  par  divers  actes  successifs.  Ber- 
nard-Guillaume,  flls  de  Sanche,  parle  d'une  grande  reunion 
convoquee  a  cet  effet  par  son  pere.  Les  ev6ques  du  pays, 
plusieurs  ordres  de  clercs,  de  pr6tres  et  de  moines,  aipsi 
que  les  grands  de  toute  la  Gascogne,  s'y  trouvaient  rassem- 
bl6s. 

II  parait  que  le  doge  d6missionnaire  de  Venise,  saint  Pierre 
Urseolo,  devenu  moine,  lui  aussi,  grace  aux  conseils  de  Tabbe 
Guarin  et  de  saint  Rorpuald,  honora  nos  contrfees  de  sa  pre- 
sence dans  quelqu'une  de  ces  occasions. 

Void  tout  ce  que  nous  pouvons  en  savoir;  c'est  un  point 
qu'il  est  interessant  pour  nous  d'eclaircir. 

L'abbfe  Guarin  etait  Gascon  (1).  II  avait  coutume  de  faire, 
par  devotion,  des  pfelerinages  dans  les  diverses  parties  du 
monde  (2).  Apres  avoir  visitela  Terre-sainte  (3),  il  voulut,  a 
son  retour,  v6n6rer  le  corps  de  saint  Marc  (4)  dans  safa- 
meuse  basilique,  que  notre  pieux  due  de  Dalmatie  venait  de 
reb&tir  plus  magniflque  a  ses  propres  frais.  II  fut  tres-blen 
fjBQU  par  le  doge,  et,  lui  propqsant  a  son  tour  Thospitalitfe  de 
son  monastere,  il  lui  conseilla  de  quitter  le  monde.  Tout  mA- 
rement  pese,  le  doge  le  fit.  II  suivit  le  venerable  abbe  au  mo- 
nastere de  Saint-Michel  de  Cusan  ou  Cuxan,  pres  de  Perpi- 
gnan.  De  nobles  compagnons  s'adjoignirent  a  eux :  saint  Ro- 
muald,  Marin,  dont  ce  dernier  etait  le  disciple,  et  Jean  Gra- 
denico.  On  verra  dans  les  Bollandistes  diverses  hypotheses 
sur  la  province  ou  se  trouvait  le  convent  de  Guarin :  je  ne 
puis  nullement  les  adopter,  pas  m^me  celles  qui  le  mettent 


(1)  Pietro  Marcello,  Vite  de'  Preneipi  di  Vinegia,  in  Venetia  1557  (da  foBds  donni 
au  graDd-s^minaire  de  Da\  par  Mgr  L.-M.  de  Saarez  d'Aulao),  p.  21.  SabelHens, 
deead.  1,  lib,  8  (apod  Bolland.  7  febr.  vitaS.  Romnaldi). 

(3)  S.  Pierre  Damien,  Vie  de  S.  Romuald* 

(3)  Petr.  de  NaUlib, 

(4)  Marcello,  Saball.  . 


Digitized  by 


Google 


-  268  — 

en  Gascogne.  Le  Gallia  Christiana  m'amene  a  conclure  que 
ce  sont  la  des  maleDlendus.  Nous  avons  dans  les  Landes,  a 
la  verite,  lout  pres  de  Garein  et  d'Ousse  (poste  jadis  impor- 
tant, a  ce  qu'il  semble  resulter  du  trace  des  voies  romaines), 
le  pfelerinage,  extremement  frequente,  de  Saint-Michel  de  Su- 
zan;  la  veille  de  la  fSte,  c'esl  a  Garein  qu'a  Ueu  la  grande 
assemblie.  On  rencontrera  m6me  a  Suzan  certaines  maisons 
portant  lenom  debadie  (abbaye),  el  non  loin,  dans  le  Gers, 
nous  aurions,  s'il  le  fallait,  des  Culxan  et  des  Saint-Michel. 
Les  Landes  possedent  encore  un  lieu  dit  Bezaudun,  nom  ce- 
Ifebre  et  cheri  chez  les  moines  de  Cusan.  Mais  tout  au  plus 
peut-on  voir  au  milieu  de  tout  cela  je  ne  sais  quelle  affinite 
avec  Saint-Michel  de  Tabbe  Guarin,  k  Cusan  en  Catalogue, 
peut-6tre  des  traces  de  la  veritable  origine  qu'il  faudraitattri- 
buer  au  premier  abbe  saint-severien  Salvator,  et  d'un  voyage 
fait  fructueusement  dans  les  Landes  par  saint  Pierre  Urseolo 
et  son  maftre. 

De  tres-anciens  auteurs  disenl  que  le  doge  cenobite  fut 
conduit  en  Gascogne  par  le  gascon  Guarin  (1);  prise  d'une 
maniere  assez  moderee,  lout  nous  rend  la  chose  plausible.  U 
sera  done  venu,  accompagne,  comme  dit  Marcello,  de  Jean 
Moresini,  soil  bien  vile  apres  978,  dale  de  sa  relraile  en 
France,  soil  peut-6lre  vers  101 7,  Cetle  derniere  date  paraft 
sans  doute  beaucoup  Irop  avancee,  allendu  que  Urseolo  sera 
mort,  dit-on,  assez  161  apres  996  (2),  mais  voici  pourquoi  je 
ne  puis  la  negliger.  Vers  cetle  annee-la  (peut-elre  done  au- 
paravanl),  on  pretendit  avoir  d6couverl  au  convent  de  Saint- 
Jean-d'Angeli  la  lelede  saint  Jean-Bapliste.  ToulerAquilaine, 
la  Gaule,  YItalie  el  FEspagne  y  accoururent,  Sanche,  due  de 
Gascogne,  s'y  rendit  avec  beaucoup  d'autres  grands.  Ainsi 
parle  le  chroniqueur  (5).  Or,  prfetendre  que  ritalie  accourut 

(1)  Marcello. 

i%)  P.  de  Marca,  Marea  hitp.f  col.  416. 

(3)  Marca,  Bi$t.  du  Biarn, 


Digitized  by 


Google 


—  269  — 

serait  moins  etrange  s'il  y  avaitla  une  allusion  a  un  pelerinage 
de  saint  Pierre  Urseolo.  Sanche,  du  reste,  avait  eu  des  rela- 
tions avec  le  pays  de  Cuxan,  si  du  moins  il  avait  marife  sa  jUle 
au  comte-marquis  de  Barcelone,  Raymond  Berenger,  ce  qui 
est  pourtant  conteste.  En  somme,  Urseolo  a  pu  venir  en  Gas- 
cogne;  quelques-uns  m^me  supposent  qu'il  y  est  mort. 

11  nous  reste  k  terminer  ce  qui  conceme  le  culte  de  saint 
Sever. 

Un  aveu  devient  necessaire,  encore  qu'il  soit  penible;  c'est 
que  le  culte  rendu  a  notre  h6ros  a  et6  loin  de  s'6panouir  de 
plus  en  plus  en  dehors  de  son  monastere.  Tandis  que  les 
noms  des  saints  Clair  et  Geronce  sont  de  toutes  parts  hono- 
res,  a  peine  trouve-t-on  notre  saint  Sever  pris  pour  patron  a 
Villcnave,  au  prieur6  bfenedictin  de  Roquefort,  peut-6tre  a 
SainUSeorei  pres  Poyartin  (le  tout  dans  les  Landes),  et  dans 
le  Beam  a  Assat  et  Mur,  non  loind'Orthez.  Ajoutons  Bayonne, 
ou  le  saint  elait  encore  solennellem'ent  f6te  vers  1560  (1).  Le 
breviaire  de  Dax  lui  conservait  au  xiii"  siecle  la  premiere  place 
apres  saint  Etienne  et  saint  Saturnin,  et  avant  saint  Lin  et 
saint  Clet,  dans  Tenumeration  des  martyrs  fournie  par  ses  li- 
tanies, mais  rien  de  plus,  si  ce  n'est  Tadjonction  de  son  nom 
a  celui  des  aulres  compagnons  de  saint  Geronce,  dans  la  petite 
legende  de  ce  dernier.  Moins  de  choses  encore  dans  son  pro- 
pre  diocese;  le  plus  vieil  Oi^do  que  j'aie  pu  trouver,  celui  de 
1778,  n'ajoute  au  calendrier  universel  que  le  nom  etla  fete 
de  sainte  Quitlerieet  de  saint  Roch. 

Dirons-nous,  en  outre,  quMl  est  pen  consolant  de  ne  voir 
saint  Sever  definitivement  fete  parmi  nous  que  le  jour  ou  TE- 
glise  fait  mention  d'un  autre  martyr  du  meme  nom,  le  8  no- 
vembre,  et  de  nous  rappeler  que  son  jour  6tait  jadis  celui  de 
tons  les  saints  et  que  c'6tait  aleur  autel  qu'on  allait  le  prier? 
Ceux  qui  le  reglferent  ou  le  sanctionnerent.ainsi  avaient-ils 

(1)  Hist,  monast.  S.  Sot.,  t.  i,  p.  361. 


Digitized  by 


Google 


—  270  — 

des  craiates  sur  la  canonicile  de  son  culte?  Esl-ce  que  le  ca- 
ractere  passablementsingulierde  notre  martyr,  de  sa  legende 
et  de  sa  mort  auront  fait  apprehender  un  jour  de  Thonorer 
trop  ouvertement  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  rien  n'a  pu  completement  le  dficouron- 
ner,  et  recemment  encore  le  Saint-Siege  Aposlolique,  plein  de- 
respect  pour  tout  culte  pieux  et  traditionnel,  a  sanctionne  sa 
fete  pour  notre  ville  de  Saint-Sever  et  pour  les  dioceses  d'Auch 
et  de  Tarbes. 

Etdefait,  «il  serait  injuste,  comme  il  est  dit  en  tete  du 
Propre  de  Tolede,  de  fruslrer  du  culte  qui  leur  est  du  ceux 
que  nous  avons  eus  pour  peres  et  pour  maitres  dans  la  celeste 
doctrine.  Ceux-la  surtout  doivent  etre  honores  avec  plus 
d'ardeur  qui,  dans  un  spirituel  conflit,  vraiment  pousses  par 
Taflfection  d'un  coeur  de  pere  envers  leurs  enfants,  ont 
comballu  pour  la  patrie,  pour  le  salut  de  nos  ancetres  et 
pour  le  ndtre.  S'ils  ont  pris  leur  essor  vers  le  ciel  dans  nos 
contrees,  sur  les  ailes  de  leur  charite  paternelle,  de  nos  con- 
trees  aussi  doit  s'elever  vers  eux  Fhommage  de  notre  vene- 
ration filiale;  la  fut  autrefois  leur  demeure,  la  surtout  doit 
briller  leur  gloire. » 


Avant  de  passer  rapidement  en  revue  les  travaux,  la  raort 
et  les  traces  posthumes  des  compagnons  de  mon  heros  et 
d'y  montrer  une  confirmation  de  ce  que  j'ai  dit  jusqu'a  cette 
heure;  avant  de  r6sumer  d'une  maniere  nelte  et  definitive, 
fut-ce  au  prix  de  certains  details  moins  certains,  la  suite  la 
plus  probable  des  evenements  et  de  leurs  dates,  il  faut,  lais- 
sant  la  Texplication  16gendaire,  nous  elever,  a  travers  Tinter- 
pr6tation  historique,  jusqu'a  la  haute  raison  des  choses,  jus- 
qu'aux  aboutissants  et  aux  points  de  depart  providentiels. 

C'est  la  la  grande  loi  de  Thistoire. 


Digitized  by 


Google 


—  271  — 

Noire  martyr  saint  Sever  regne  a  un  de  ces  poinls  culmi- 
nants  que  nous  offrent  cette  vaste  scene  et  ce  drame  guerrier 
qu'on  nomme  Thistoire  du  monde. 

Au  sein  de  Tharmonie  universelie  que  j'y  vois  briller,  au 
milieu  de  celte  grande  victoire  dji  Fils  de  Dieu  qui  resume  et 
explique  tout  et  qui,  longtemps  preparee,  se  poursuit  aussi 
depuis  bien  longtemps,  la  ou  chacun  de  nous  a  sa  plac,e,  il 
faut  savoir  quelle  est  la  place  de  saint  Sever. 

A-t-il  eu  quelque  chose  a  voir  avec  les  resullats  des  anciens 
combats  livresal'Eglise,  dans  son  ensemble,  par  la  force,  par 
Terreur,  par  le  vice  et  par  la  fausse  vertu?  A-t-il  eu  quelque 
rapport  avec  les  combats  modernes  livres  a  TEglise  dans  son 
chef  sacre,  le  vicaire  de  Jesus-Christ? 

Oui,  certes,  et  voici  sa  gloire. 

C'est  surtout  sa  famille  qui  reduisit  a  neant  le  monde  ro- 
main,  ce  monde  us6  qui  devait  perir^  apres.  avoir  porte  son 
fruit  ou  prepare  a  TEvangile  le  champ  qu'il  lui  fallait  et  aux 
peuples  un  code  delois  et  dMnstitutions  que  le  christianisme 
put  agreer.  Et  les  Vandales  sont  passes,  ne  nous  lajssant 
guere  que  saint  Sever,  mais  aussi  nous  leguant  avec  lui  tout 
ce  qui  rayonna  de  son  apostolat,  de  son  intervention  celeste 
centre  les  Normands  (car  nous  croyons  avec  TEglise  que  ce 
sont  les  Saints  qui,  du  haut  du  Ciel,  brident  les  nations)  (1), 
el  puis  de  son  monastere,  la  conversion  et  la  civilisation  pre- 
miere de  nos  contrees,-  la  pieuse  emulation  de  ce  Gaston  de 
Bearn  qui  commen^a  la  mine  de  Thivasion  musulmane  en 
rouvrant  a  la  croix  les  portes  de  Jerusalem  et  de  Saragosse, 
enfm  Textinction  complete  du  grand  schisme  en  Aragon;  Fabbe 
de  Saint- Sever,  Jean  de  Cauna,  n'eut-il  point  sa  grande  part 
avec  les  deux  principaux  conducteurs  de  cette  serieuse  entre- 
prise,  le  cardinal  legat  Pierre  de  Foix  et  Teveque  d'Aire  Ro- 
ger de  Castelbon  (1425)?  Et  qu'on  ne  soit  pas  surpris  de  voir 

(1)  IntroU  de  la  vigile  de  tons  les  sainls. 


Digitized  by 


Google 


—  272  — 

represente  saint  Sever  dans  une  affaire  aussi  majeure :  c'est 
de  SaintSever  qu'etait  partie,  des  1381,  la  reaction  en  favour 
du  Pape  remain.  / 

Notre  Vandale  a  done  rempli  un  r61e  vraiment  capital  vis-a- 
vis dumonde  ancien  quilombait  et  vis-a-vis  du  monde  nou- 
veau  qui  combat,  et,  chose  assez  singuliere,  mais  tout  a  fait 
d'accord  avec  les  precedes  accoutumes  de  la  Providence,  le 
prophete  qui  avail  decrit  les  destins  de  ces  deux  mondes,  de 
ces  deux  cites,  hata  lui-meme  leur  pleine  realisation. 

Je  veux  parler  de  saint  Augustin. 

Si  lesVandales  etaientvenus  d'Espagne  attaquer  deplus 
pres  et  ruiner  la  puissance  imperiale,  n'etait-ce  point  par 
suite  de  cette  decision,  cent  fois  malheureuse,  donnee  par  le 
grand  docteur  au  comte  Boniface  et  inspiree  cette  fois-ci, 
helas !  par  une  fausse  prudence,  qui  sacrifiait  un  grand  bien 
certain  pour  un  plus  grand  bien  tres-problematique  :  «  Ne 
quittez  point  voire  gouvernement  pour  devenir  religieux : 
songez  au  public !  »  —  Boniface  reste,  fait  defection  et  livre 
FAfrique  et  Rome  aux  Vandales, 

Heureusement,  Dieu,  selon  la  parole  du  m6me  pere,  ne 
laisse  arriver  le  mal  que  pour  en  tirer  un  bien  plus  conside- 
rable. 

Ce  qu'il  y  avait  de  vrai  dans  la  fatale  lettre  a  Boniface 
frappa  Tesprit  de  Sever,  nous  dit  sa  legende.  Pour  ne  pas 
exposer  son  peuple,  il  abandonne  le  trdne,  et  pour  sauver 
d'autres  peuples,  il  echange  le  desert  centre  Tapostolat;  et 
nous  devons  benir  le  Ciel  de  tout  ce  qui  s'en  est  suivi. 

Jean  LABAT,  s.  j. 

{La  fin  prochainement.) 


Digitized  by 


Google 


—  273  — 


L1NSTRUCTI0NPUBLIQUE  AGIMONT 

DANS  LES  TEMPS  ANTIERIEURS  A  1789. 

(Suite),  (i) 


ni 

ETAT  PROSP&RE  DU  COLUSGE  SOUS  LA  DIREGTION  DES  DOCTRINAIRES. 
—  RAPPORTS  RfiCIPROQUES  DES  PERES  ET  DES  CONSULS. 

Ainsi  place  sous  la  direction  et  le  gouvernement  d'une  con- 
gregation enseignante  deja  si  avantageusement  connue  dans 
ces  contrees  dont  elle  avail  fait  une  de  ses  provinces  ayant 
son  centre  a  Toulouse,  le  nouveau  college  qui,  d'ailleurs,  n'a- 
vait  aucun  rival  dans  une  assez  grande  etendue  de  pays,  ne 
tarda  pas  a  acquerir  une  juste  renommee  et  a  s'elever  a  un 
haut  degre  de  prosperite.  Ce  ne  fut  pas  seulement  la  ville  de 
Gimont  et  ses  dependances  qui  proflterent  des  avantages  qu'il 
oflfrait  a  la  jeunessestudieuse.  On  y  vit  affluer  un  grand  nom- 


(l)  Voir  le  1*'  art.  daDs  la  livr.  do  fdvrier.  Une  errenrs'Bst  gliss^e  dans  eet  art. 
dans  i'iodication  de  la  date  des  lettresde  Francis  I*'.  On  aimprimd  1555;  e'est 
1545  qu'il  fallait  dire.  Poor  ces  secondes  lettres  relatives  au  mdine  objet,  on  docu- 
ment qne  nons  avions  sous  les  yeax,  qoand  noos  (Scrlvions,  les  rapportait  vagaement 
6t  sans  indiqnerde  dalepr^eiserau  rdgnede  Henri  HI.  Nous  avions  accept^  celte 
indication  sans  ponvoir  alors  la  contr61er.  Depuis  nons  avons  acquis  la  certitude 
que  ces  lettres^taient  dn  rdgne  de  Charles  IX.  Ce  n'est  pas  une  seule  fois  qu'on  ob- 
tint  sons  ce  rigne  des  lettres  d' institution.  11  y  en  a  de  1565  et  de  1568.  Celles  de 
1565  avaient^te  suivies  d'un  nouveanprocds  jug^  en  1567  par  la  Cour  de  Rivi^re- 
Verdnn,  et'c'est  k  la  suite  de  la  sentence  rendue  k  ce  tribunal,  dont  nous  ne  eonnait- 
sons  pas  la  teneur,  que  furent  obtenues  les  nouvelles  lettres  de  1568,  qui  du  reste  ne 
furent  gudre  mieui  ex^cut^es  que  les  pr4cddente8,  puisqu'on  arriva  k  1630  sans  qu'il 
J  atit  encore  rien  de  solidement  coostita4. 


Digitized  by 


Google 


—  274  — 

bre  d'elfeves  venus  de  tous  les  lieui  environnanls  el  meme  de 
lieax  fori  eloignes,  depuis  les  rives  de  la  Garonne  jiisqu'aux: 
pieds  des  Pyrenees.  Les  deliberations  municipales  le  disent 
assez  clairement  et  c'est  d'ailieurs  ce  qu'afflrmenl  de  la  ma- 
nifere  la  plaa  positive  les  traditions  du  pays.  Nous  n'avons 
pu  neanmoins,  les  archives  du  college  manquant,  constater 
a  aucune  epoque  le  nombre  des  eleves.  Tout  ce  que  nous 
pouvons  dire,  c'est  que  des  personnes  tres-dignes  de  foi  nous 
out  assure  tenir  de  vieillards  qu'elles  avaient  connus  dans 
leur  jeunesseet  qui  avaient  fait  dans  les  dernieres  annees  de 
son  existence  leurs  classes  au  college  de  Gimont,  qu'on  y 
comptait  alorsjusqu'a  quatre  cents  eleves. 

II  n'est  pas  etonnant,  avec  la  grande  facilile  qu'on  y  avail 
d'acquerir  rinslruction  litleraire,  que  la  ville  de  Gimont,  dans 
les  deux  derniers  siecles,  offre  I'aspecl  d'une  ville  lettree.  Les 
hommes  d'une  intelligence  cultivee  y  abondent,  el  ce  n'est 
pas  seulement  dans  la  haute  sociele  qu'on  les  trouve.  La  pe- 
tite bourgeoisie  et  le  simple  peuple  ont  aussi  leur  contingent 
a  fournir,  en  sorle  que  cette  faciUte  qu'on  avail  d'acquerir 
rinslruction  rendait  accessibles  a  tous  les  carrieres  liberales 
les  plus  honorees. 

Le  college  fonde  principalemenl  par  le  clerge  ful  surlout 
une  pepiniere  de  pretres.  C'est  la  generalement  que  le  per- 
sonnel ecclesiastique  du  diocese  de  Lombez  recevait  Teduca- 
lion  litleraire  el  metne  pendant  quelque  temps  rinslruction 
theologique,  depuis  qu'une  chaire  de  theologie  avail  ele 
annexee  au  college  grace  aux  hberalites  de  Tabbe  Dubourg, 
comme  nous  le  dirons  en  son  Ueu.  Et  voila  sans  doule  ce 
qui  explique  comment  la  ville  de  Gimont  et  ses  dependances 
pouvaient,  avant  1789,  fournir  un  si  grand  nombre  de  pre- 
tres. Au  moment  oil  eclata  la  persecution  revolutionnaire,  on 
en  trouve  jusqu'a  quaranle  originaires  de  cette  ville,  exer- 
fanl  le  saint  minislere  comme  cures  ou  comme  vicaires,  el 
dont  le  courage  ne  faillilpas  dans  ces  terribles  epreuves.   lis 


Digitized  by 


Google 


—  275  — 

devaient  surtout  au  college  d'avoir  pu  suivre  lacarrifere  eccl^ 
siastique. 

L^act-e  de  bail  par  lequel  les  consuls  remettent  le  college 
entre  les  mains  des  doctrinaires  nous  a  fait  connaitre  les  pre- 
cautions qu'ils  avaient  prises  pour  s'assurer  k  perp6tuit6  sur 
Tetablissement  un  droit  d'inspectfon  et  de  surveillance, 
qu'ils  croyaient  necessaires  soit  pour  prevenir  des  negli- 
gences possibles,  soil  pour  reprimer,  le  cas  echeant,  les  abus 
qui  pourraient  se  glisser.  On  a  du  remarquer  en  parliculier 
qu'ils  s'etaient  reserve  de  faire  subir  une  epreuve  aux  nou- 
veaux  professeurs  avanl  leur  entrte  en  fonctions,  afin  de 
s'assurer  par  eux-memes  de  leur  capacite  et  de  leur  sufflsance; 
et  aussi  les  obligations  iraposfees  aux  Peres  concernant  les 
exercices  litt^raires,  les  theses gen6rales  de  philosophie  a  la 
fin  du  cours,  etc.,  etc.  On  se  troraperaitsiTon  se  flgurait  que 
tout  cela  demeura  leltre  morte.  Dans  tons  les  temps,  au  con- 
traire,  les  consuls  se  sont  montrfes  fort  jaloux  de  leurs 
droits  et  ont  tenu  a  exercer  la  surveillance  qui  leur  etait  de- 
volue  par  Facte  de  bail.  Leur  zele  a  pu  meme  quelquefois 
paraitre  excessif  et  se  ressentir  d'une  espece  d'humeur  tracas- 
siere  qu'on  trouve  trop  souvent  dans  ceux  qui  sont  rev6tus 
de  Tautorite  et  qui  compromel  le  bien  en  poursuivant  une  per- 
fection impossible.  lis  tenaient  surtout  aux  exercices  litterai- 
res,  aux  representations  the^trales  et  aux  actions  publiques 
qui  terminaient  le  cours  de  philosophie,  et  ou  ils  aimaient  a 
venir  argumenter. 

C'etaient  les  consuls  qui  presidaient  dans  ces  occasions;  et 
comme  longlemps  personne  n'avait  songe  a  leur  disputer  cet 
honneur,  ils  s'etaient  facilement  habitues  a  voir  un  droit  la 
ouil  n'y  avait  que  tolerance  et  simple  politesse.  Apres  en  avoir 
joui  paisiblement  et  sans  trouble  pendant  plus  d'un  siecle,  ils 
nese  seraient  pas  doutes  que  quelqu'un  put  le  leur  con  tester. 
C'est  cependant  ce  quiarriva,  et  ce  ful  Tabbe  commeiidataire, 
Etienne  Dubourg,  qui,  en  1727,  se  posa  en  rival,  sans  que 


Digitized  by 


Google 


—  276  — 

nous  puissions  dire  ce  qui  Tengagea  a  faire  si  tard  cette  re- 
vendication  et  a  tronbler  une  jouissaDce  qui  durait  paisible- 
ment  depuis  tant  d'ano^es.  Ce  fut  a  i'occasion  des  theses  de 
pbilosophie  soutenues  cette  aQQ6e  le  %  et  le  24  jailiet. 

L'abb^  Duboarg  n'y  assista  pas  en  personne;  mais  il  s'etait 
fait  representer,  dans  i'intention  peat-6tre  de  provoquer  une 
explication  par  la  revendication  solennelle  et  publique  des 
droits  qu'il  croyait  lui  appartenir  et  dont  il  n'entendait  pas 
6tre  dfepouille  par  Dom  Marqueyret,  religieux  de  Tabbaye  de 
Gimont.  Ce  d616gue  ne  fut  pas  des  derniers  arrives  et  il  prit 
le  fauteuil  de  la  presidence,  d'intelligence  sans  doute  avec  le 
recteur  du  college.  Les  consuls  arriverent  ensuite  et  preten- 
dirent  eux  aussi  prteider  comme  cela  s'etait  tou jours  fait. 
On  s'ecbauffa  de  part  et  d'autte,  on  se  disputa  et  flnalement 
les  consuls,  pour  eviter  un  plus  grand  scandale,  prirent  le 
parti  de  ceder  a  la  violence  et  se  retirerent.  lis  dresserent 
neanmoins  proces-verbal  de  ce  qui  s'etait  passe  et  ^des 
injures  outrageantes  et  insulles  faites  tant  centre  eux  que 
cmtre  loute  la  communaute. »  L'affaire  fut  portee  au  Parle- 
ment  et  fetaitdeja  engag6e  lorsque  les  consuls  flrent  connaitrc 
offlciellement  au  corps  de  ville,  et  les  traitements  dont  ils 
avaieut  ete  Fobjet  et  les  demarches  qu'ils  avaient  faites  pour 
en  obtenir  reparation.  L'assemblee  ne  manqua  pas  d'ap- 
prouver  leur  conduite  au  college,  ainsi  que  la  requete  qu'ils 
avsuent  present6e  au  Parlement  pour  demander  qu'il  ftlt 
informe,  deson  autorite,  des  injures  et  du  trouble  a  eux 
caus6  par  D.  Marqueyret.  II  fut  de  plus  decide  que  la  pour- 
suite  de  cette  affaire  aurait  lieu  aux  frais  de  la  communaute. 
Nous  ignorons  quelle  en  fut  Tissue  :  on  n'en  trouve  plus  de 
trace  dans  les  deliberations  municipales,  ce  qui  fail  penser 
que  pour  le  moment  les  choses  en  resterent  \k. 

La  querelle  se  renouvela  en  1744,  a  Toccasion  de  la  ren- 
tree  des  classes;  mais  cette  fois  ce  fut  avec  Tabbe  Dubourg 
en  personne.  L'afifaire  fut  encore  defferee  au  Parlement  qui. 


Digitized  by 


Google 


—  277  — 

par  provision,  sans  prfejudicedes  droits  des  parties  et  en 
attendant  Tarrfit  deflnilif,  adjugea  a  Tabbfe  le  droit  de  pro- 
noncer  le  discours  a  I'ouverture  des  classes,  ce  qui  impliquait 
la  presidence.  On  se  soumit :  mais  en  acceptant  cette  deci- 
sion, on  arreta  que  les  consuls  «  defendraient  au  nam  de  la 
communaut^  en  F assignation  qui  leur  avail  ete  donnee  dans 
la  personne  du  sieur  Cabanis,  Twn  (Teux,  de  la  part  de 
I'abbe  Dubourg. »  Neanmoins,  a  la  suite  de  cette  decision 
qui  est  du  8  novembre,  on  flt  des  demarches  aupres  de  Tabbe 
pour  essayer  de  s'entendre  et  de  terminer  cette  affaire  a 
Tamiable.  On  convint  de  la  remettre  a  la  decision  de  deux 
conseillers  du  Parlement  nommes  d'un  commun  accord. 
Puis,  quand  la  nomination  des  arbitres  fut  faite,  le  conseil 
communal  qui  Tavait  approuv^e  emit  le  vobu  qu'avant  de 
passer  outre  les  consuls  prissent  une  consultation  de  M"  Pu- 
jos,  et  une  autre  de  M*  Latour,  avocals  au  Parlement.  Ces 
consultations  ne  furent  pas  favorables  aux  pretentions  de  la 
communaute;  ce  qui  fit  qu'on  se  desista.  On  reconnut  d'apres 
Tavis  motive  des  avocats  que  le  droit  de  pres6ance  dans  les 
actions  publiques  du  college  appartenait  a  Tabbe,  en  quality 
d'hommager  du  roi,  a  raison  des  locaux  reserves  dans  le 
pareage.  On  reconnaissait  par  cela  m6me  qu'il  etait  inutile 
de  donner  suite  au  projet  de  faire  decider  la  question  par  des 
arbitres,  et  on  s'empressa  de  porter  cette  resolution  a  la  con- 
naissance  de  Pabbe. 

Les  exercices  litteraires  etaient  communement  dedies  a  la 
ville  dans  la  personne  de  ses  magistrats,  et  le  conseil  se  serait 
bien  garde  de  refuser  cette  dedicace  dont  il  etait  flatte,  encore 
qu'elle  entrain&t  pour  la  communaut6  quelque  depense. 
Car  il  faut  remarquer  qu'on  tenait  a  donner  a  ces  f^tes  un 
grand  6clat,  et  que  rien  n'etait  neglige,  soit  de  la  part  des 
consuls,  soit  de  la  part  de  la  communaute,  pour  exciter 
Temulation  des  Aleves  et  encourager  leurs  efiforts.  Dans  ce 
but,  il  etait  d'usage,  apres  les  exercices,  de  faire  servir  a 


Digitized  by 


Google 


—  278  — 

rHdtel-de-Ville  une  collation  a  laquelle  elaienl  invites  les  ele- 
ves  qui  y  avaient  figure,  avec  leurs  professeurs.  En  droit,  les 
frais  etaient  au  compte  de  la  communaute,  mais  les  consuls 
n'y  regardaient  pas  de  si  pres :  lis  tenaient  de  leur  c6te  a 
faire  montre  de  g6nerosile  el  a  temoigner  par  des  largesses 
personnelies  de  Tinter^t  qu'iis  portaient  a  la  jeunesse  stu- 
dieuse  et  aux  maftres  devours  qui  la  forraaient.  Voici  un 
exemple  qui  donnera  une  idee  de  la  maniere  dont  les  choses 
se pratiquaient en  ces  occasions.  Dans Tassembleedu  1" juil- 
let  1759,  les  consuls  demandent  une  allocation  de  19  livres 
qu'ils  ont  depensees  pour  donner  une  collation  aux  ecpliers 
d'humanites  et  aux  Peres  Doctrinaires  a  Toccasion  de  la  dedi- 
cace  faite  a  la  ville  de  Texercice  litteraire.  C'est,  dit-on,  a 
cette  somrae  que  sont  portees  les  fournitures  faites  par  Da- 
bosc,  aubergisle.  Mais  la  n'est  pas  compris  le  vin  qui  avail 
ete  fourni  par  les  consuls,  et  c'etaient  eux  aussi  qui  avaient 
defraye  les  joueurs  d'instruments,  invites  a  preter  leur  con- 
cours  pour  rehausser  Teclat  de  la  f6te. 


IV. 


DtMlSlfc  ENTRE  LES  PfeRES  ET  LES  CONSULS  OCCASIONNfiS  PAR  l'fNSUF- 
FISANCE  DES  RRVENUS  DU  COLLEGE. 

Au  commencement  du  xvii*  siecle,  c'esl-a-dire  au  moment 
oil  fut  arrfite  le  chiflfre  de  la  pension  qui  devait  6tre  payee 
annuellement  pour  la  dotation  du  college,  toules  les  choses 
necessaires  a  la  vie  etaient  a  un  prix  excessivement  bas  com- 
parativement  a  ce  qu'il  fut  une  quarantaine  d'anntes  plus  tard 
et  surtoul  a  ce  qu'il  est  aujourd'hui.  C'est  sur  ce  bas,  prix 
que  la  pension  avail  ete  calculee,  et  sans  doute  que  ce  calcul 
avait  ete  fait  assez  largement  pour  qu'elle  put  amplement  suf- 
fire  au  modeste  entrelien  des  Peres,  tant  que  le  prix  des 
choses  se  maintiendrait  a  pen  pres  au  m^me  niveau.  Mais  une 


Digitized  by 


Google 


—  279  — 

augmentation  meme  considerable  etait  possible,  et  ce  cas  se 
realisant,  I'equilibre  se  rompait  et  la  pension  devenait  neces- 
sairement  insufflsanle.  C'est  ce  qui  arriva  et  qui  devint  un 
sujet  de  contestations  et  de  divisions  entre  la  communaute  el 
les  Peres.  Ceux-ci  ne  trouvant  plus  dans  les  revenus  du  col- 
lege de  quoi  suffire  a  leur  entretien  flrent  entendre  des 
plaintes  et  demanderent  une  augmentation  de  pension.  De 
son  c6te,  la  communaute,  toutenreconnaissantPinsuffisance 
dont  seplaignaientles  Peres,  ne  se  pressait  nullement  de  faire 
droit  a  leur  demande,  pretextant  les  grandes  charges  qui 
pesaient  deja  sur  elle  et  auxquelles  il  ne  lui  etait  pas  possible 
d'en  ajouter  de  nouvelles.  Nous  avons  vu  en  efifet  qu'a  Tepo- 
que  du  traite  elle  avait  des  dettes  considerables,  et  que  ses 
revenus  suffisaient  k  grand  peine  a  payer  aux  cr6anciers  les 
interets  annuels.  On  esperait  alors  une  amelioration  prochaine, 
mais  ces  esperances  furent  deques,  et  Ton  ne  tarda  pas  a  s'aper- 
cevoir  que  loin  dese  relever  ontombait  tons  les  jours  plus  bas,  et 
qu'aulieude  payer  les  dettes  anciennes,  on  y  en  ajoutait  tons 
les  ans  de  nouvelles  qui  devaient  finir,  si  Ton  ne  s'empressait 
d'y  mettre  ordre,  par  entrainer  la  mine  de  la  communaute. 
Ce  fut  en  1656  que  les  Peres  commencerent  k  faire  entendre 
leurs  plaintes.  Mais  ces  plaintes  etaient  encore  discretes  et 
pen  accentuees.  Prenant  sans  doute  en  consideration  la  si- 
tuation critique  dans  laquelle  ils  voyaient  que  se  trouvait  la 
ville,  ils  se  contenterent  de  demander  qu'elle  leur  abandon- 
nftt  certains  droits  qu'elle  avait  sur  la  chapelle  de  Cahuzac.  Le 
conseil  communal,  a  qui  la  demande  fut  soumise  dans  Tas- 
semblee  du  26  avril,  fut  bien  d'avis  qu'on  leur  fit  cette  ces- 
sion, mais  il  y  mit  pour  condition  que  les  Peres  relacheraient 
trois  cents  livres  sur  la  pension  que  leur  faisait  la  ville.  C'etait 
sans  doute  la  valeur  moyenne  de  ces  droits  dont  on  deman- 
dait  la  cession.  Les  Peres  ne  devaient  en  recevoir  aucun  sou- 
lagement :  ils  n'acceptferent  pas,  et  pour  le  moment  les  cho- 
ses  en  resterent  la. 


Digitized  by 


Google 


—  280  — 

Dans  les  annfees  qui  suivirent,  la  situation  ne  lit  qu'em- 
pirer.  Non-seulement  on  s'etait  refuse  a  toute  augmentation, 
mais  on  ne  payait  pas  meme  exactement  les  1,S00  livres- 
C'est  ce  qui  fit  qu'en  1758,  au  moment  de  la  rentree  des 
classes,  les  Peres,  k  bout  de  patience,  fermerenl  Fetablisse- 
ment.  Cette  mesure  rigoureuse  que  Ton  n'avait  pas  prfevue 
jetta  le  desarroi  dans  le  conseil  communal.  On  comprit  quel 
malheur  ce  serait  pour  la  ville  et  quel  prejudice  port6  4  Fins- 
traction  de  la  jeunesse  si  elle  etail  maintenue;  cequi  fit  qu'on 
s'empressa  de  prendre  des  mesures  efflcaces  pour  donner 
satisfaction  aux  Peres  et  les  engager  par  ce  moyen  a  revenir 
sur  leur  determination.  C'est  ce  qu'ils  firent,  et  la  rentrte, 
un  moment  suspendue,  eut  lieu  comme  a  Tordinaire. 

Jusqu'a  Tannee  1666  il  n'y  eut  pas  de  nouvel  eclat.  Mais 
alors  les  Peres  voyant  que  toutes  leurs  reclamations  respec- 
tueuses  etaient  restees  sans  eflfet,  que  meme  leur  pension 
n'etait  pas  payee  integralement,  prirent  le  parti  de  recourir 
aux  voiesde  rigueur  et  intenterent  un  proces  a  la  communaul6 
pour  se  faire  payer  les  arrferages  echus.  Les  consuls  en  por- 
terent  la  nouvelle  au  conseil  dans  rassembl6e  du  11  avril 
1666.  En  Pinvitant  a  deliberer  sur  cette  affaire,  lis  mirent  en 
avant  la  proposition  d'enlreprendre  des  demarches  pour 
faire  rejeter  sur  tout  lepays  de  Riviere-Verdun  la  pension  de 
1,500  livres  jusque-la  payee  par  la  communaute. 

Sans  se  dfeconcerter  en  apprenant  la  nouvelle  du  proces,  le 
conseil  delibere  qu'on  se  dfefendra  «  contre  le  sieur  de  St- 
Rome  (le  Pere  provincial  de  la  congregation  pour  la  province 
de  Toulouse)  et  les  Peres  doctrinaires.  »  Et  pour  ce  qui  re- 
garde  la  demande  a  faire  du  rejet  de  la  pension  sur  tout  le 
pays  de  Riviere- Verdun,  il  est  d'avis  qu'il  soit  donnfe  suite  a 
cette  proposition.  De*  plus,  reconnaissant  le  bien-fonde  des 
plaintes  elev6es  par  les  Peres  au  sujet  de  Tinsufflsance  de 
cette  pension,  il  veut  qu'en  faisant  la  demande  de  rejet,  on 
ne  neglige  rien  pour  faire  elever  la  pension  de  1,500  a  2,000 


Digitized  by 


Google 


—  281  — 

livres  (1).  Les  demarches  entreprises  a  eel  effet  par  les 
consuls  n'eurent  aucun  succes.  lis  ne  furent  pas  plus  heureux 
dans  leur  defense  centre  les  poursuites  dont  ils  etaient  Fobjet 
au  Parlement  de  Toulouse.  Ils  furent  condaranes  a  payer  aux 
Peres  tout  ce  qu'ils  reclamaient  jusqu'a  Fintroduction  de 
rinstance.  Depuis  s'etait  ajoutee  a  cet  arri6re  Fannee  cou- 
rante;  et  pour  en  obtenir  le  paiement,  il  fallut  encore  recourir 
aux  memesmoyens.  C'etait  toujours  a  recommencer,  et  11  est 
aise  de  comprendre  combien  les  Peres  devaient  6tre  ennuyfe 
de  tout  cela,  et  combien  aussiil  etait  difflcile,  dans  une  pareille 
situation^  que  leurs  relations  avecles  consuls  fussent toujours 
egalemenl  bienveillantes  et  amicales.  II  n'est  nuUement  eton- 
nant  qu'en  les  voyant  si  peu  soucieux  de  remplir  les  obliga- 
tions de  la  communautS  a  leur  egard^  ils  apportassent  eux- 
memes  quelque  negligence  dans  Taccomplissement  de  celles 
qui  les  concernaient.  Les  consuls  auraient  dA  le  comprendre 
el  eviter  de  se  montrer  trop  exigeants.  Mais,  au  conlraire,  ils 
ne  manquaient  pas  de  relever  les  moindres  inexactitudes  et  de 
les  d^noncer  au  conseiL  qui  etait  bien  aise  de  trouver  la  un 
pretexte  pour  justifler  sa  conduite  aFegard  des  Peres^ 

En  1667,  fut  renouvel6e  la  proposition  d'une  demande  de 
rejet  de  la  pension  sur  tout  le  pays  de  Riviere-Verdun.  Void 
ce  qui  y  donna  occasion.  Dans  Fassemblee  du  17  avril,  les 
consuls  donnent  communication  d'un  arret  du  conseil  du  Roi 
portant  verification  des  dettes  de  la  communaute,  suivant 

(1)  Celte  proposition  de  dem&Dde  de  rejet  fot  reoouvel^e  plasiears  fois,  comme  on 
le  Terra  dans  la  saite,  dans  les  assemblies  municipales.  Mais  les  d-marches  aax- 
qnelles  elles  dpnnaient  lien  demenrdrent  toojoars  infroctiieuses.  II  semble  que  si  les 
consols  s'^taient  bien  rendu  compte  de  la  nature  et  de  I'origine  de  la  pension  que 
pajait  la  communautd,  ils  auraient  d(i  s'attendre  &  ce  r^sultat.  Plus  des  deux  tiers* 
en  effet,  reprdsentaient  lesint^rdts  d'one  detle  de  la  communantd  dont  le  capital  lu^ 
avait  M  abandonnd  par  le  clergd.  Ce  capital  6tait  comme  un  d^pdt  laissd  entre  les 
mains  de  la  communant6  pour  constituer  un  fonds  dont  le  revenUi  suivant  les  con- 
ventions qui  avaient  M  faites  au  sujet  de  la  dotation  du  college,  repr^sentait  la 
part  assignee  au  clergd.  D'od  il  suit  que  rejeter  la  pension  sur  tout  le  pays  c'eftt  6td 
tout  simplement  le  rendre  solidaire  de  la  communauld  de  Gimont  dans  sea  affaire^ 
particuli^res  et  Tobliger  a  prendre  part  au  paiement  de  ses  dettes. 

Tome  XVII.  19 


Di^zedbyC^OOgle 


—  282  — 

lequel  elles  s'elevaient  a  la  somme  gnorme  de  sotxanle-dix- 
neuf  miJtle  et  tant  de  Uores,  doat  il  fallait  payer  les  interels 
annuels,  et  songer  en  meme  temps  a  prendre  des  moyeos 
pour  rembourser  le  capital.  Pour  tout  cela,  d'enormes  impo- 
sitions pendant  de  longues  annees  etaient  inevitables,  les  re- 
venus  ordinaires  ne  suffisant  meme  pas  pour  payer  les  in- 
terets.  Avec  de  si  lourdes  charges;  disent  les  consuls,  il  n'est 
pas  possible  que  la  communaute  continue  a  payer  seule  aux 
Peres  du  college  la  pension  qu'elle  leur  fait;  el  puisque, 
ajoutent-ils,  le  pays  tout  entier  qui  envoie  ses  enfants  au  col- 
lege se  trouve  interesse  a  sa  conservation,  ils  proposent  a 
Tassemblee  de  faire  des  d-marches  auprds  de  quelque  Gran- 
deur, pour  obtenir  soulagement  et  decharge.  II  n'y  a  pas 
a  douter  que  cette  proposition  ne  ffiit  du  goat  de  Tassemblee: 
elle  vota  bien  que  des  demarches  seraient  faites  dans  ce  sens 
aupres  de  Tlntendant;  assurement  ces  d-marches  furent  fai- 
tes; mais  il  est  aussi  bien  certain  qu'elles  n'aboutirent  pas 
et  que  la  communaute  dut  payer  ses  dettes  sans  discontinaer 
de  payer  la  pension,  qui  etait  elle-meme  une  dette  (1). 

La  situation  etait  tou jours  tres-tendue.  En  1668,  les  Peres, 
pour  faciliter  un  rapprochement  sans  trop  compromettre 
leurs  inter^ts,  proposerent  aux  consuls  un  forfait  et  offrirent 

(1)  Les  dettes  de  la  commuDaut^  reconnaes  par  arr^t  da  Conseil  royal  avaient  6U 
contracUes  pendant  les  gnerres  d^sa>trease8  doDt  ces  contr^es  earent  tant  a  sonffrir 
sons  le  rdgne  de  Louis  XIII  et  pendant  la  minority  de  son  saccesseur.  Les  deli- 
berations municipales  de  Gimont,  anssi  bien  que  cetles  de  Solomiac  que  nous  avons 
anatys^es  tout  an  long,  fournissent  au  sujet  des  dernidres  de  curieux  renseignements 
qui  compietent  et  corroborent  ceui  publics  ici  mdmepar  notrecollaborateur  et  aoii, 
M.  le  docteur  Ed.  Desponts.  {Dn  village  de  Gascogne  pendant  les  guerres  de  la 
Fronde,  Revue,  VIII,  5  ) 

A  Tepoque  od  nous  sommes,  des  cbangements  s'dtaient  opdr^s  dans  I'organisation 
^e  radministration  municipale  en  vertu  d'un  edit  du  mois  de  mai  1765.  Ala 
tlte  de  cette  administration  etait  un  maire  &  la  nomination  du  roi.  Puis  venaieoi 
quatre  4chevins  nommes  par  la  communaute,  comme  I'etaient  avanC  les  consuls  dont 
ils  tenaient  la  place.  Cette  organisation,  contre  laquelle  on  ne  cessade  protester,  ne 
dura  que  quelques  annees,  apres  lesquettes  on  revint  a  Tancienne  forme,  mais  avee 
la  plupart  des  anciens  privileges  de  moins.  Nous  continuous  a  nous  servir  Ici  do 
terme  de  consuls  en  parlant  des  ^chevins  qui  tenaient  leur  place.  Cette  expression 
ne  fat  jamais  acceptee  par  la  communaute,  quoique  pendant  qaelques  anneea  on 
1*611  loit  seryi  dans  la  redaction  officielle  des  proces«verbaax. 


Digitized  by 


Google 


—  S?83  — 

(le  prendre  pour  douze  cents  livres,  en  deduction  sur  leur 
pension,  les  droits  de  boucherie  et  de  pesage,  a  cette  condi- 
tion cependant  qu'une  maison  annexee  au  college,  servant  de 
sacristie  et  sur  laquelle  ils  se  proposaient  de  faife  construire 
un  refectoire  pour  Vornement  de  la  ville,  serait  exemptee  des 
tailles.  La  proposition  fut  acceptee  avec  cette  condition,  mais 
,on  ne  dit  pas  pour  combien  de  temps.  U  est  bien  certain  que 
cette  cession  ne  fut  que  temporaire. 

II  n'est  plus  question  de  la  pension  jusqu'a  Tannee  1707. 
Cette  annee  fut  malheureuse  entre  toutes.  D6ja,  les  annees 
precedentes,  la  miSere  avait  et6  si  intense  que  grand  nombre 
de  particuliers  n'avaient  pu  payer  leurs  impositions  pour  les- 
quelles  ils  6taienl  toujours  en  reste;  en  celle-ci,  dlt-on  dans 
une  deliberation  du  17  janfier,  plusieurs  out  abandonn6  leurs 
biens,  pour  n'avoir  de  quoi  ensemencer  leurs  labourages. 
D'autres  ont  meme  deraoli  leurs  maisons  dans  Tenclos  de  la 
ville,  et  vendu  les  d^pouUles  pour  subsister.  Le  maire,  Jean 
de  Lagausie,  attribue  cette  extreme  misere  «  aux  grandes  . 
imposilions,  aux  frequents  passages  de  gens  de  guerre  et  d 
una  grande  pension  que  la  communaute  fait  annmllement  de 
1,500  livres,  aux  Pdres  doctrinaires,  pour  I'entrelien  du 
college;  »  le  seul,  ajoute-t-il,  qu'il  y  ait  dans  toute  Telection, 
OQ  toute  la  jeunesse  de  toutes  les  villes  et  lieuxen  dependant, 
est  instruite  a  la  vertu  et  aux  bonnes  lettres.  II  en  conclut  que 
tout  le  pays  profltant  des  avantages  qu'offre  cet  6tabliss8ment^ 
il  n'estpas  juste  que  la  communaute  de  Gimont  soit  seule  a 
en  supporter  la  charge.  Dans  d'autres  lieux,  dit-il  encore, 
corame  Villefranche  de  Rouergue,  oil  des  cas  semblables  se 
sent  presentes,  SaMajeste,  a  qui  Ton  a  eu  recours,  a  rejete  la 
pension  sur  toute  Telection.  Apres  cet  expose,  le  maire  et  les 
consuls  requiferent  Tassemblee  de  deliberer  pour  voir  s'il  n'y 
aurait  pas  lieu  de  faire  une  semblable  demande.  L'avis  ducon- 
seil  fut  ce  qu'il  avait  toujours  ete  en  semblable  occasion;  il 
fut  doncarrele  qu'on  prosenterait  nn placet  kS^.  Majeste  pour 


Digitized  by 


Google 


demander  le  rejetsuivanl  la  proposition  du  maire.  La  demar- 
che eut  lieu,  mais  elle  a'eut  pas  un  meiUeur  resultat  que  les 
pr6cedentes,  et  bon  gre  mal  gr6  on  continua  k  payer  les  1,500 
livres  comme  par  le  passe. 

II  s'ecoule  ensuite  un  nombre  assez  considerable   d'an- 
nees  sans  qu'on  voie  reparaftre  cette  question.  Ce  n'est  que 
vers  1750  qu'on  peut  reconnaitre  que  la  position  des  Peres, 
est  toujours  precaire  et  que  leurs  relations  avec  les  consuls 
s'en  ressentent.  Les  recriminations  recommencent  des  deux 
c6tes.  Les  Peres  reclament  une  augmentation  plus  vivement 
que  jamais.  Les  consuls,  de  leur  c6te,  se  mt)ntrent  de  plus  en 
plus  obstines  a  ne  pas  entendre,  trouvant  que  1,500  livres  sont 
deja  une  charge  excessive  pour  la  communaute.  II  y  eut  a  ce 
sujet  une  longue  discussion  dans*  une  assemblee  tenue  le 
29  octobre  1741,  a  la  suite  de  laquellequelques  membres  alle- 
rent  jusqu'a  vouloir  supprimer  toute  allocation.  La  majorite 
cependant  fut  pour  le  maintien  des  1,500  livres,  et  toutle 
.  monde  fut  bien  aise  qu'on  saisit  cette  occasion  pour  consi- 
gner dans  le  proces-verbal  les  griefs  articules  contre  les  Peres 
par  lesquels  on  croyait  sans  doute  excuser  le  ref us  qu'on  fai- 
salt  d'acceder  a  leur  demande.  On  dit  qu'ils  mettent  beau- 
coup  de  negligence  a  remplir  les  conditions  du  bail  en  ce  qui 
concerner6ducationdelajeunesse,  et  les  exercices  religieux 
auxquels  ils  sont  soumis,  et  Fetat  des  livres  qu'ils  doivent 
ajinuellement  donner.  On  ajoute  qu'a  la  derniere  rentr6e,  le 
2  du  moiscourant,  on  avait  parte  trop  librement  des  Messieurs 
de  la  ville;  que  d'ailleurs,  depuis  plusieurs  annees,  les  Pferes 
n'ex6cutaient  en  rien  ce  qui  est  porte  dans  le  contrat,  tant 
pour  les  declamations  que  pour  les  pieces  de  th6&tre  qu'on  doit 
donner  au  public. —  L'affaire,  pour  le  moment,  n'eut  pas 
d'autre  suite.  Mais  tout  ceci  montre  que,  des  deux  c6t6s,  on 
s'observait  et  que  les  relations  etaient  p6nibles. 

{A  suivre.)  R.  DUBORD, 

pritre,  car€  d'Aobiet. 


Digitized  by 


Google 


—  285  — 


CHRISTOPHE  ET  PRANQOIS  DE  POIX-CANDALLE, 

;6vfiQUBS    D'AIRB. 


APPENDIGE. 

Deux  anecdotes  sar  Fr.  de  Foiz  recaeillies  par  Jean  de 
Oaaft>eteaa. 

Je  refois  a  Tinstant  meme  (27  avril  1877)  le  tome  !•'  de 
la  Chronique  bordeloise  publiee  pour  la  Societe  des  biblio- 
philes de  Guyenne  par  M.  Jules  Delpit,  d'apres  le  manuscrit 
original  de  la  bibliotheque  du  chateau  de  La  Brede  (Bordeaux, 
imprimerie  Gounouilhou,  1876,  in-8**  de  xv-335  pages),  et, 
au  milieu  d'une  foule  de  curieuses  particularites,  j'y  trouve 
(p.  228-229),  sous  Tannee  1580,  ces  details  plus  singuliers 
qu'exacls  sans  aucun  doute,  mais  qui  me  paraissent  par  leur 
singularite  meme  meriter  d'etre  mis  sous  les  yeux  de  mes 
chers  lecteurs  : 

€  Ea  cette  ann^e,  Frangois,  M.  de  Candale,  eveque  d'Aire,  qui 
estoit  parvenu  en  cette  perfection  de  science,  dans  Talchimie,  qu'il 
pouvoit  fixer  e  blanchir  le  mercure,  e  faire  des  billots  de  lune,  ayant 
donn6  a  un  orphevre  de  Paris  environ  cent  marcs,  pour  luy  fabriquer 
de  la  vaisselle  d'argent,  e  ayant  convenu  du  dechet,  pour  march^, 
comme  ledit  orphevre,  qui  ne  songeoit  pas  au  faict,  e  qui  avoit  trouv^ 
ledit  argent,  au  burin,  a  la  tousche  e  au  cyseau,  de  tres-bon  aloy, 
eut  fabriqu^  la  vaisselle,  e  apres  Tavoir  pois^e  et  veu  que  le  dechet 
montoit  a  plus  du  tiers  sur  ledit  nombre  de  deux  cents  marcs,  ne 
sgachant  d*ou  cela  procedoit,  se  transporte  a  Bourdeaux,  oil  Feveque 
estoit,  e  luy  diet  franchement  que,  si  ledit  seigneur  evesque  vouioit, 
il  le  ponrroit  perdre,  puisqu*il  auroit  trouv6  plus  que  du  tiers  de  de- 
chet sur  les  trois  cents  marcs;  mais  que,  ne  sachant  d*ou  la  faulte 
procedoit,  il  luy  avoit  port^  sa  vaisselle  bien  elabour^e,  ainsin  que 
Teveque  pouvoit  voir,  le  priant  d'avoir  piti^  de  lay,  qui  estoit  dans 
rinnocence.  L'eveque  se  mettant  a  rire  e  cognoissant  que  son  art 
Tavoit  tromp^  e  qu*il  n'avoit  perdu  que  sa  peyne  e  son  argent, 
d'aultant  que  le  feu  avoit  emporte  tout  ce  qui  estoit  du  mercure,  e 


Digitized  by 


Google 


—  286  — 

que  le  bon  aloy  de  la  lune  estoit  demeur6,  diet  a  I'orphevre  qu*il 
poisat;  et  apres  Tavoir  content^,  le  renvoya  sans  lui  descouvrir  le 
secret.  C'est  ce  seigneur  qui  disoit,  a  Bourdeaux,  avoir  tfouve  la 
pierre  philosophale.  Mais  il  est  bien  vray  qu'il  composa  une  eau  tres- 
excellente  qu'on  appelle  encore  Veau  de  Candale.  Le  secret  de  la- 
quelle  il  mit  es  mains  du  gardien  des  Augustins  de  Bourdeaux,  par 
succession.  Mais,  oultre  cela,  il  estoit  si  expert  arquebusier,  qu'un 
jour  qu'un  de  ses  pages  estant  dans  la  garene  de  de  Baschevele,  a 
Medoc,  mont^  sur  un  chesne  granderaent  hault,  pour  avoir  un  nid  de 
pie,  e  la  mere  s'estant  mise  sur  la  teste  du  page,  Teveque,  qui  estoit 
a  la  fenestre,  qui  regard oit  sur  ladite  garene,  cria  au  page  qu'il  ne 
bougea  pas,  e  prenant  une  arquebuse  a  roues  (car  en  ce  temps-la  on 
ue  parloit  point  encore  ni  de  fusils,  ni  de  charabines),  tua  la  pie  sur 
la  teste  du  page  (1).  » 

Pn.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 


Peintures  d^coratives  dans  T^glise  de  Lamontjoie, 
par  M.  Philippe  Tartas  (2). 

Le  nouveau  travail  de  M.  Tartas,.  dont  je  veux  parler  aux  lecteurs 
de  \d^  Revue  deGascogne,  est  lachapelle  de  saint  Louis,  dans  T^glise 
de   Lamontjoie  (canton  de  Francescas),  edifice  caracteris^  par  le 

(1)  Un  pea  plus  loin  (p.  $37),  Jean  deGaufreteau  raconle,  sous  I'ann^o  1583,  que 
«  ics  jurats  de  Bourdeaux  et  M.  Francois  de  Candale  eurent  du  mal  me$16  ensemble, 
et  procedoit  de  ce  que  ledict  [Monsieur]  Francois  se  vouloil  approprier  la  pUce  de 
Puy-Paulin...  »  Jo  reproduiscet  6loge  (p.  313,  sous  I'annde  1578)  d'un  drudit  que  je 
ine  suis  content^  de  nommer,  k  propos  da  Pimandre  de  Fr.  de  Foix  :  c  En  celte  an- 
n^e,  un  certain  personnage,  nomm^  Saint-Marc,  grandementscavant,  et  leqael  estant 
sorti  de  I'ordre  et  soci^t^  des  jnsuistes,  s' est  oit  mis  h  la  suite  deM.de  Saioct-Luc, 
gouvernenr  de  Brouage,  se  faict,  en  cetle  ann^e,  signaler,  faisaut  le  cours  en  pbilo- 
sopbie,  ayec  des  termes  parfaictoment  d^licats,  dans  le  colldge  de  Guienne,  souls  |a 
principality  d'Elie  Yinet,  touts  les  plus  doctes  le  venoyent  escouter;  les  jesuistes  mes- 
mes,  je  dis  des  principaux,  estoyent  frequents  en  son  auditoire.  On  le  tenoit  pouruo 
aultre  Aristote;  au  moins  le  savoit-il  tout  sur  le  doigt.  II  se  vantoit  que  si  leslivres 
de  ce  grand  pbilosophe  et  de  Platon  estoyent  perdus,  il  les  remeltroit.  y>  Sur  Jean 
Puget  de  Saint-Marc  on  pent  voir  tout  le  cbapitre  xxi  (p.  3-21-345)  de  VHistoire  du 
colUge  de  Guyennef  oti  M.  GauUieur  a  parl6  avec  enthousiasme  c  de  cet  hommesi 
justement  c^lebre  en  sou  temps,  si  compUt«*ment  oubii^  aujourd'bui.  » 

(2)  Yoirrarticle  poblid  ici  Tan  dernier  (xvii,  189)  sur  les  peintures  de  M.  Tartas 
aux  Garmes  d'Agen.  —  L'exlr6me  abondance  des  malidres  nous  oblige,  a  notre  grand 
regret,  a  supprimer  de  la  noleacluello  de  M.  BIad6  ce  qui  concerne  la  recente  de- 
coration de  Saint-Uilaire  d'Agen,  pour  nous  on  tenir  k  une  ^lise  plus  intdrcssante 
pour  nous.  —  l.  Cv 


Digitized  by 


Google 


—  287  — 

style  de  transition  duxv«  au  xvi«  sifecies.  Dechaque  cdt6  de  la  cha- 
pelle  sout  deux^  armoires  a  vantaux  construites  sur  les  dessins  four- 
nisparM.  Payen,  et  conformes  a  rornementation  g^n^rale'de  I'e- 
dilice.  Ces  armoires,  ferm^es  de  grilles,  sont  timbr^es  des  armes  pa- 
pales,  royales  etpontificales.  Uune  contient  un  reliquaire  modeme, 
avec  des  restes  de  saint  Louis;  Tautre  un  reliquaire  ancien  donn^, 
dit-on,  par  Philippe  le  Bel,  et  qui  parait,  en  effet,  remonter  au  xit« 
sifecle.  L'autel  modeme  est  d*un  beau  travail  et  supporte  les  statuet- 
tes de  saint  Louis  et  de  sa  mere  Blanche  de  Castille.  Le  panneau 
du  milieu  repr^sente  le  voeu  de  samt  Louis. 

La  plinthe  verte  qui  supporte  Tornementation  repose  elle-mdme 
sur  un  soubassement  uoir.  Vient  ensuite,  jusqu*a  la  hauteur  des  cu- 
lots,  une  tapisserie  a  m^daillons,  charges  alternativement  de  la  fleur 
de  lys  d'or  longue  et  maigre  du  xiii"  siecle,  et  des  armes  de  Castille, 
'  qui  sont  de  gueules  d  la  tour  d* argent  magonn6e  d'or,  Les  mMail- 
Ions  s*etalent  sur  une  ^toflfe  broch^e  d*or,  et  domineepar  une  frisea 
fond  noir,  supportant  une  niche  du  m^me  style  que  les  armoiries. 
Cette  niche  contient  la  statue  en  pied  de  saint  Louis. 

La  frise  se  raccorde  a  une  tenture  vert  clair,  avec  semis  au  mono- 
gramme  du  saint  (S  et  i^  entrelac^s).  La  voAte  simule  la  pierre  d'un 
ton  clair  ros^,  releve  d'arabesques  en  couleur,  dans  le  gotit  des  vieil- 
les  enluminures.  Nervures  fond  rouge  et  vert  fleurdelis6  d*or, 
clef  de  voAte  fleurdelis6e  sur  fond  d*azur  cercl^  de  noir. 

L'arc  doubleau,  richement  orn^,  semble  6tre  la  comme  une  de  ces 
pierres  d'attente  qui  presagentdes  entreprises  nouvelles. 

Telle  est  la  description  sommaire  et  technique  de  ce  travail  d^co- 
ratif.  Ce  que  je  ne  puis  qu'indiquer  dans  ce  compte- rendu,  tardif  par 
ma  faute,  mais  exempt  de  toute  complaisance,  c'est  Timpression 
calme  et  harmonieuse  que  laissent  aux  spectateurs  ces  peintures 
faifes,  avec  le  concours  d'un  61eve  d^ja  distingu^,  parun  homme  qui 
sait  et  qui  aime  son  metier. 

Jean-Frangois  BLADE.. 


Digitized  by 


Google 


—  288  - 


Jugements  de  maintenue  de  noblesse  (1). 


XL 
ANTOINE  DV  COUSSOL,  SEIGNlEUR  d'eSPARSAC,  ET  BERTRAND  DU  COCS- 

soL,  SEIGNEUR  DE  LA  PAiLH^RE,  habitants  pvis  d'Aigtian,  elec- 
tion d'Armagnac. 

D'azur  a  un  agneau  d'argent,  au  chef  d'or,  charge  d'une 
molelte  de  sable,  accostee  de  deux  etoUes  de  meme. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  du  Coussol  de  Laspeyres  (2),  qualified 
noble,  avec  damoiselle  Jeanne  de  Mont,  du  19  novembre  1505. 

Testament  de  noble  damoiselle  Jeanne  de  Mo;it,  dame  d'Espar- 
sac,  veuve  dudit  noble  Jean  du  Coussol,  par  lequel  il  parait  que 
Jean  du  Coussol,  seigneur  d'Esparsac,  et  Nicolas  du  Coussol,  dit 
d'Esparsac,  lous  deux  qualifies  nobles,  ^taient  ses  fils  (3),  du  16  juil- 
let  1553,  devant  Berard,  notaire  d'Aignan. 

Transaction  pass6e  entre  Jacques  du  Coussol,  qualifie  noble,  fils 
et  h^ritier  de  noble  Jean  du  Qoussol,  d'une  part,  et  Nicolas  du  Cous- 
sol, frere  dudit  Jean  et  oncle  de  Jacques,  du  12  octobre  1573. 

Transaction  entre  Antoine  du  Coussol,  seigneur  de  La  Pailhere, 
ai'eul  de  Bertrand,  Tun  des  produisants,  et  Bertrand  du  Coussol, 
seigneur  d'Esparsac,  tons  deux  freres  et  qualifies  nobles,  parla- 
quelle  il  parait  que'Jacques  du  Coussol  et  Jeanne  de  Lup^  ^taient 
leurs  p^re  et  mere.  Ladite  transaction  passee  devant  Amaud  de  Les- 
pis,  notaire  de  la  ville  d*Aignan,  le  19  fevrier  1603. 

EsPARSAc.  —  Testament  de  Frangoise  de  Ferragut,  veuve  dudit 
•  noble  Bertrand,  seigneur  d'Esparsac  (4),  par  lequel  il  parait  qu 'au- 
tre Bertrand  etaitson  fils,  du  23  decembre  1657. 

Transaction  passee  entre  noble  Jean  de  Laverdin,  sieur  do  Games, 
mari  de  damoiselle  Marguerite  du  Coussol,  et  Antoine  du  Cous- 

(1)  Voir  ci-dessus,  pages  37,  92,  146,  189  et  240. 

(2)  La  terre  et  le  ch&teaa  de  Laspeyres  sont  silods  dans  la  commune   d'Aignao, 
section  de  Fromentas. 

(3)  Elle  avait  encore  une  fille,  nomm^e  H^lie  do  Codssol,   marine  k  son  cousin> 
noblo  Louis  de  Mont,  seigneur  de  Lartigue. 

(4)  Le  lief  d'Esparsac  depend  de  la  commane  de  Saint-Go,  canton  d'Aignan. 


Digitized  by 


Google 


•     —  289  — 

sol  (1),  seigneur  d'Esparsac,  Tun  des  produisants,  par  laquelle  il  pa- 
raft  que  Bertrand  du  Coussol,  seigneur  d'Esparsac,  et  Marguerite  de 
Pins,  ^taientpfere  el  mere  duditAutoine,  devant  Batons;  notaire  royal 
de  Lectoure,  le  9  aotit  1678. 

Lk  Pailhere.  —  Contrat  de  mariage  de  noble  Antoine  du  Cous- 
sol, seigneur  de  La  Pailhere  (2),  avee  Jeanne  de  Riviere,  par  lequel  il 
parait  que  Bertrand  du  Coussol,  seigneur  d'Esparsac,  etait  son  frere, 
29  juin  1599, 

Contrat  de  mariage  de  Hector  du  Coussol,  qualifi^  noble  et  sei- 
gneur de  La  Pailhere,  avec  damoiselle  Catherine  de  Bonlouix,  par 
lequel  il  parait  que  Antoine  etait  son  pere,  devant  Bertrand,  notaire 
de  Lupiac,  29  d^cenibre  1630. 

Contrat  de  mariage  de  Bertrand  du  Coussol,  seigneur  de  I^ 
Pailhere  (3),  avec  damoiselle  Marie  de  Talazac,  par  lequel  il  parait 
qu'Hector  ^tait  son  pere,  du  16  fevrier  1678. 

Maintenus  tons  los  deux  dans  leur  noblesse  sur  la  vue  des  produc- 
tions ci-dessus  par  jugementrendua  Montauban,  le  1«^  juillet  1698. 

Sign6 :  Le  Pelletier  d6  La  Houssaye,  intendant  de  Montauban. 

J.   DE  C. 


(1)  Antoioe  du  Coussol,  seigneur  d'Esparsac,  fnt  pdre  de  noble  Antoine  da  Cous- 
sol, seigneur  d'Esparsac,  St-Go,  Latour  du  Camp,  etc.,  etc.,  qui  d^nombra  ses  fiefs 
nobles  devant  les  trdsoriers  du  Parlemect  de  Pau.  le  17  aoUx  1736.  II  eut  huit  en- 
fants  :  1*'  Jean-Marie,  qui  continue  la  descendance;  3«  Frix,  pr^tre;  3«  Antoine, 
sieur  de  La  Tour;  4*  Joseph-Antoine-Gabriel;  5"  Frjx,  ing^nieur  ordinaire  du  Roi; 
6*  Jeanne>  marine  k  Lupiac;  7*  B^nonie;  8^  Jeanne-B^r^nice.  —  Jean-Marie  du 
Coussol,  seigneur  d'Esparsac,  St- Go,  Latour  du  Camp,  etc.,  etc.,  ^pousa  demoi- 
selle Hilaire  de  Mont-Geilenave,  dont  le  fr^re  Louis  de  Mont,  seigneur  de  Gellenave, 
6tait  marid  avec  Marie-Anne  de  Podenasde  Laroque.  Jean-Marie  mourut  a  Bou* 
zon-St-Go,  le  l**-  mai  1814,  dg^  de  84  ans.  II  laissail  six  enfants  :  1^'  Frix-Th^o- 
dore;  2«  Frix-Hector,  chevalier  de  saint  Louis,  ^migra  en  93,  mort  an  cb&teau  de 
Bonlouix,  commune  deSt-Pierre-d'Aubezies;  3«  Marie-Theodore;  4*'Louis-Therese; 
5e  Marie-Joseph;  6«  Marie- Anufr-Sophie,  marine  le  30  tbermidor,  an  ii,  k  M.  Hip- 
polyte  du  Bosc  de  Peyran,  fiU  de  Jean-Jacques  du  Bosc  do  Peyran,  ancien  officier 
d'infanterie,  et  de  demoiselle  Frangoise  d'Arbens.  M.  du  Bosc  de  Peyran  est  le  seul 
repr^sentant  du  rameau  des  du  Coussol  d'Esparsac,  St-Go,  etc.,  etc.,  dont  la  des- 
cendance mMe  s'est  ^teinte  de  nos  jours. 

(3)  Sur  lefief  de  La  Pailhere,  voyezAevue  de  Gaseogne,  tome  xvu,  pages  49,  238 
et  446.  Jeanne  de  Lup^,fill6  4'0gier  de  Lupd,  seigneur  deCastillon,Sle-Cbristie,  etc., 
etde  Jeanne  de  Grossolles,  femme  de  noble  Jacques  du  Coussol,  seigneur  d'Espar- 
sac, a  pu  porter  le  fief  de  La  Pailhere  chezles  du  Coussol.  Les  Lup6  dtaient  seigneurs 
de  Sarragachies,  dans  le  territoire  duqnel  se  trouve  le  Singulo  de  La  Pailhdre. 

(3)  Bertrand  du  Coussol,  seigneur  de  La  Pailhere,  eut  pour  fils  Pierre  du  Cous- 
sol qui  ilail  vivant  le  17  mai  17t3  cVoyez  Revue  de  Gascogne^  t.  xyii,  p.  447).  Lei 


Digitized  by 


Google 


—  290  — 


BIBLIOGRAPHIE. 


I    , 

HiSTOiRB  DE  LA  Floridb  FRAN^iiSE,  parPaol  Gaffarel,  professear  ^  la  Faculty 
des  lettres  de  Dijon.  1  vol.  in-8'*  de  vii-523  pages,  plus  deux  carles  gtogr. 
Paris,  Firmin-Didot.  1875.  Prix  :  8  fr. 

Pliae  le  jeune  pouvait  dire  :  Historia  quoquo  modo  scripta  placet. 
Les  historiens  d'alors  ne  racontaient  gaere  que  des  fails  int^ressanls 
et  dignes  d'une  6iernelle  meraoire;  on  n*avait  invente  encore  de  son 
temps  ni  Thistoire  purement  savante,  appliquee  a  des  minuties,  a 
des  obscurit^s,  a  des  discussions  de  noms  el  de  dates,  ni  Thistoire 
philosophique,  moins  ioquiete  de  raconter  que  de  prouver.  Aujour- 
d'hui  le  commun  des  lecteurs  a  besoin  d'etre  rassur^  avanl  tout  sur 
la  maniere  de  Thistorien  qu'on  lui  recommande;  si  quelques-uns 
d^sirent  des  textes  ou  des  faits  inedits,  quelques  autres  des  theories 
nouvelles,  la  plupart  veulent  savoir  si  la  narration  qui  leur  est 
offerte  est  capable  d'int^resser  leur  curiosiie  par  cet  art  pr&ieux  qui 
rend  la  vie  aux  hommes  et  aux  faits  du  passe.  Rare  privil^e  du 
livre  dont  je  viens  d'inscrire  le  litre  au  haul  de  cette  page!  II  plaira 
presque  egalement  a  tons.  Divis6  en  deux  parties  parfailemenl  dis- 
linctes,  bien  qu'elles  aient  le  meme  objet,  il  offre,  dans  la  premiere, 
un  recil  attachant  comme  un  roman,  pardon !  beaucoup  plus  attachaut 
que  force  romans  tres-vant^s,  el  de  plus  des  vues  utiles  sur  la  grave 
question  politique  de  la  colonisation;  dans  la  seconde,  une  s^rie  de 
textes  du  xvi«  siecle,  d*une  vraie  valeur  historique  el  lilt^raire,  les 
uns  rares  et  difficiles  a  atteindre,  les  autres  tout  a  fait  inedits,  tous 
publics  ici  avec  un  soin  infini  et  une  correction  irr^prochable. 

seigneurs    de   La  Pailhdre  se  soul  ^teiots,  h  la  fin  du  siecle  dernier,  dans  le  cha- 
teau de  ce  nom. 

A  la  famille  du  Coussol  se  rallachent  encore  :  Guillaume  Arnand  du  Coussol, 
qui  assisia,  en  1321,  au  mariage  de  Msrlhe  d'Armagnac^  avec  Bernard  d'Albret; 
Sansonnet  du  Coussol,  seigneur  d'Espar^c,  present  k  I'assemblde  de  Nogaro,  en 
1479;  Vital  du  Coussol,  i6moin  de  rbommage  rendu  au  comte  d'Aimagnac,  par 
Thibaui  de  Batons,  en  149i;  le  capiuine  du  Coussol,  qui  fit  la  revue  de  sacompa- 
gnie  en  1509.  (Cbartier  du  s^oainaire.)  Outre  les  branches  d'Esparsac  ct  deLa 
Pailbire,  nous  donnerons,  k  sa  date,  la  branche  des  seigneurs  du  B^dat. 


Digitized  by 


Google 


-  291  — 

Le  sujet  par  lui-m6me  est  des  plus  int^ressants.  On  sait  que  la 
Floride  frangaise  (h^las !  si  peu  de  temps  frauQaise)  n'occupe  dans 
notre  histoire  maritime  et  coloniale  qu'un  petit  nombre  de  pages; 
mais  quels  ^tranges  incidents,  quel  drame  dans  ces  trois  expedi- 
tions tent^es,  d'abord  sous  Tinspiration  de  Coligny,  puis  sous  Tim- 
pulsion  trop  lente  et  trop  peu  ^clairee  de  la  cour  de  France,  pour 
soumettre  k  notre  influence  et  k  nos  armes  ce  pays  charmant  ou  Ton 
croyait  trouver  Tor  d'Ophir  et  la  source  de  Jouvencel  Quel  Epilogue 
magniHque  de  cette  action  trois  fois  malheureuse,  dans  la  quatri^me 
expedition,  qui  n'eut  d'autre  but  et  d*autre  r^sultat  que  de  venger  le 
sang  de  nos  colons  vers^  par  la  cruaute  perfide  des  Espagnols!  On 
sait,  nous  Tavons  nous-raSme  assez  dit  dans  ce  recueil  pour  n'y  pas 
insister,  que  le  heros  de  cette  merveilleuse  revanche  fut  un  Gascon. 
U  nous  sera  permis  de  renvoyer  a  T^tude  publi^e  ici  m6me  au  com- 
mencement de  )869  sur  Dominique  de  Gourgues,  a  propos  de  Tex- 
cellente  Edition  donnee  par  notre  ami  et  collaborateur,  M.  Ph. 
Tamizey  de  Larroque,  de  La  Reprise  de  la  Floride.  Mais  au  lieu  de 
relireTextrait  beaucoup  trop  pale  et  trop  ^court^  que  nous  en  offrimes 
alors,  on  fera  mieux  d'aborder  le  texte  m6me  de  la  Reprise ,  soit  dans 
la  plaquette  bordelaise,  qui  doit  6tre  deja  fort  rare,  soit  dans  le 
volume  plus  accessible  de  M.  Gaffarel,  qui  I'a  republiee  en  entier.  On 
sera  surtout  heureux  de  suivre  dans  son  recit,  non  pas  seulementcet 
epilogue  de  Thistoire  tragique  de  notre  colonic,  mais  cette  histoire 
tout  entiere,  dans  ces  quatre  tableaux  diif^remment,  mais  presque 
^galement  riches  de  couleur  et  d*actiou  :  La  ddcouverle^  avec  les 
premiers  huguenots  refugies  de  France  au  Nouveau-monde  et  les 
explorations  hardies  de  Jean  Ribaut;  —  La  colonisation,  eiYec  les 
incidents  dramatiques,  souvent  heureux,  mais  fiaalement  si  tristes, 
qui  signalerent  le  commandement  du  brave  Laudonniere,  qui  fut 
aussi  le  premier  historien  de  la  Floride;  —  Le  massacre,  Ribaut, 
qui  a  supplante  Laudonniere,  disparaissant  devant  Tatroce  figure  do 
Tespagnol  Menendez,  et  tous  nos  etablissements,  d^ja  pleins  de  pro- 
messes,  noy^s  dans  le  sang  frangais; — La  vengeance,  avec  ses  pre- 
paratifs  mysterieux,  la  politique  la  plus  prudente  s'associant  au  plus 
audacieux  esprit  d'aventure,  et  le  patriotisme  gen^reux  d*un  seul 
homme,  d'un  pauvre  hobereau  landais  (1),  vengeant  I'honneur  d*un 
pays  impuissant  et  d'un  pouvoir  oublieux. 

(1)  On  n'a  pas  oubli^  que  Dominique  do  Gourgues,  nd  k  Mont-de-Marsan>  <ilait 
fils  (]u  seignouc  de  Gaube  (Landes)  et  de  Monlezun  (Gers). 


Digitized  by 


Google 


—  292  — 

M.  GaflFarel,  connu  depuis  plusieurs  armies  par  d*Gxcellents  tra* 
vaux  sur  rAm^rique,  ne  s'est  pas  cru  dispense  par  sa  science  sp^- 
ciale  d'terire  avec  una  vraie  Eloquence  cette  curieuse  histoire.  II 
avait  de  beaux  modeles.  Ces  premieres  relations  americaines,  qudique 
trac^es  par  des  hommes  dont  ce  n'^tait  pas  le  metier  d'terire,  sont 
parfois  admirables  de  couleur  et  de  vie.  Nous  avons  essay^  de  ren- 
dre  justice  a  notre  compatriote  de  Gourgues  a  cet  ^gard  (nous  conti- 
nuous a  le  regarder  comme  le  vrai  redacteur  de  la  Reprise  de  la 
Floride,  et  nous  pouvons  nous  autoriser  aujourd'hui  du  suffrage 
tres-comp^tent  du  savant  professeur  de  Dijon).  Mais  nous  n'avons 
pas  de  peine  a  declarer  que  Laudonni^re  est  lui-m6me  un  grand 
ecrivain  sans  s'en  douter.  M.  Taine  l6  signalait  d^s  1855  [Revue  de 
Vinstr.  pubL,  15  f(Sv.,  p.  706)  comme  un  homa\e  de  la  trempe  de 
Monluc,  de  Sully,  de  d*Aubignt5.  t  II  dit  les  faits,  ajoutait  Thabile 
analyste,  sans  les  orner  ni  les  d^velopper;  il  ne  sait  ni  ne  veut  com- 
poser des  phrases...  Comme  Christophe  Colomb,  il  fait  ses descrip- 
tions sans  songer  k  les  faire,  et  elles  n*en  sont  que  plus  agr^ables.  Le 
sentiment  qui  les  inspire  est  parfaitement  vrai  et  naturel,  etc'est  une 
grSce  a  laquelle  depuis  longtemps  nous  ne  sommes  plus  habitues. 
Y  a-t-il  dans  VAnabase  de  X^nophon  des  peintures  plus  jolies  que 
ce  passage?... »  Et  le.critique  citait  une  page,  puis  une  autre,  et  il 
aurait  pu  les  multipUer  encore  sans  chercher  beaucoup. 

Les  curieux  trouveront  dans  la  seconde  moiti6  du  volume  de  M. 
GaflFarel,  non  pas  toute  V Histoire  notable  de  la  Floride  du  capitaine 
Laudonniere,  ma  is  des  morceaux  tres-consid^rables  de  ce  grapd  tra- 
vail. Ce  que  je  tiens  a  dire,  c'est  que  le  savant  professeur  a  su  pren- 
dre a  ce  naif  chroniqueur  toute  la  fraicheur  de  ses  impressions,  tout 
rinterSt  de  ses  ayentureuses  caravanes.  La  science  moderne  lui  a 
permis  de  preciser  et  d'expliquer  bien  des  details;  mais  cette  emo- 
tion premiere,  ces  surprises  dramatiques,  ces  etonnements  de  nos 
Frangais  devant  les  richesses  et  les  horreurs  d*une  nature  inconnue, 
respirent  aussi  bien  dans  ses  pages,  pour  I'instruction  et  le  charme 
des  lecteurs  contemporains.  Du  reste,  M.  Gaflfarel  avait,  pour  la 
description  des  paysages,  des  types,  des  costumes  et  des  scenes  qui 
varient  la  trame  de  son  rckiit,  d'autres  secours  que  les  relations  pit- 
toresques  des  chroniqueurs.  Laudonniere  adjoignit  a  sa  caravane  le 
dessinateur  Jacques  Lemoyne  de  Mourgues;  une  partie  des  dessins 
de  cet  artiste  ont  et6  couservf^s  jusqu'a  nous,  et  le  nouvel  historien 
de  la  Floride,  qui  s'en  est  servi  tres-souvent,  en  louc  «  la  naive  exe- 
cution et  la  scrupuleuse  exactitude  (p.  49).  >  II  desirerait  qu'on  les 


Digitized  by 


Google 


—  293  — 

reproduisit  aujourd'hui  par  la  lithographiepourlesmettreklaport^e 
des  amiricanistes^  qui  les  recevraieat  avec  enthousiasme.  Nous  le 
Youlons  bien,  mais  il  nous  serable  que  les  lecteurs  de  M.Gaffarelen 
jouissent  d^jk,  tant  sa  plume  fait  bien  Tuffice  du  crayon,  dans  les 
nombreux  passages  oil  il  retrace,  d'apres  Mourgues,  soit  la  nature 
floridienne,  soit  les  figures  el  les  groupes  pittoresques  des  Indiens. 

J'insiste  sur  cet  art  de  peindre  sans  efibrt  et  sans  appareil  de  style; 
le  talent  du  r^cit  rapide,  curieux,  attachant,  ^mu,  n'est  pas  moins 
remarquable  en  lui-m6me,  mais  on  le  remarquera  peut-6tre  moins, 
tant  il  semble  se  confondre  avec  le  fond  m^me  des  choses,  dans  cet 
Episode  incomparable  de  nos  annales  maritimes. 

J'ai  dit  que  Tint^r^t  si  vivant  de  la  narration  n*emp6chait  pas 
Tauteur  de  toucher  a  la  question  politique  des  colonies;  mais  c'est 
sans  dogmatisme,  et  m^me  presque  sans  reflexions  explicites.  On 
n'en  voit  que  mieux,  par  le  cours  m6me  -des  choses  habilement 
pr^sente,  combien  les  Fran^ais  eurent  toujours  la  premiere  quality 
d*un  peuple  colonisateur  :  le  don  d'exciter  la  sympathie,  le  d^voue- 
ment  des  Strangers;  combien  ils  manquferent  de  ces  autres  qualit^s 
sans  lesquelles  rien  ne  dure  :  la  Constance  et  Tesprit  de  suite.  M. 
Gaflarel  montre  cependant  que,  dans  les  aSaires  de  la  Floride,  une 
mauvaise  politique  ajouta  sesfunestes  effets  i  ceux  de  la  l^gferet^ 
frangaise;  et,  d'autre  part,  il  ne  nous  permet  pas  de  croire  que  ce  der- 
nier defaut  soit  sans  remade,  car  il  nous  fait  admirer  la  Constance 
tenace  du  parti  protestant,  qui  poussa  le  premier  aux  expeditions 
floridiennes.  Quant  aux  6conomistes  qui  font  table  rase  de  la  ques- 
tion, regardant  simplement  toute  colonic  comme  une  charge  pt  un 
danger,  il  leur  oppose  non  des  theories,  mais  des  faits  dont  la  France 
ne  pent  nier,  helas !  les  suites  humiliantes  et  douloureuses.  «  Plaise 
a  Dieu,  conclurons-nous  volontiers  avec  lui,  que  retoumant  le  mot 
fatal  qui  nous  a  valu  tant  de  deceptions  :  P&rissent  les  colonies  plu^ 
161  qu'un  principe  1  nos  concitoyens  s'^crient  de  preference :  Piris- 
sent  ioutes  lesutopies  et  tons  les  pritendus  principes  plutdt  qu'une 
seule  colonic  I  i 

II  est  inutile  d'appuyer  sur  cette  ardeur  de  patriotisme  qui  contri- 
bue  pour  une  bonne  part  a  donner  tant  de  vie  et  d'interfet  a  toute 
cette  histoire.  Une  fois  mdme,  au  moins,  elle  a  peut-6tre  un  peu 
trouble  le  jugement  de  M.  Gafiarel.  Je  vise  ce  qu'il  dit  d'une  critique 
adressee  par  un  historien  du  Canada  k  Theroique  de  Gourgues.  II  y  a 
dans  cette  critique  une  exageration.et  surtout  une  malignite  d'inter* 
pretation  qu'il  fallait  repousser  avec  energie;    mais  la  question  de 


Digitized  by 


Google 


—  -294  — 

droit  subsiste,  et  I'enthousiasme  ne  resout  pas  de  telles  questions. 
Un  examen  serieux,  oii  Ton  aurait  tenu  compte  de  Tesprit  et  des 
n^essit^s  du  temps,  aurait  mieux  servi  les  intentions  de  Tapologiste. 
Je  pourrais  noter  encore  un  exces  d'admiration  dans  Teloge  de  Co- 
ligny;  mais  de  si  legers  reproches  ne  sauraient  diminuer  le  merite 
d'un  volume  qui  a  sa  place  marquee  dans  la  bibliotheque  de  tout 
s(5rieux  ami  de  notre  histoire  nationale,  et  plus  sp^cialement  de  tout 
Gascon  z6le  pour  les  gloires  de  son  pays. 

II 

Du  TRAITEMENT  DES  AFFECTIONS  GASTRO-INTESTINALES   par  leS  EAUX  DE  BaGN^- 

REs-DE-BiGORRB,  par  le  D'  L.  Carrere,  medecin  consultant  k  Bagn^res-de- 
Bigorre.  In-12  de  56  p.  Bagneres,  1877.  Impr.  Jos.  Cazenave. 

II  n'y  a  pas,  dans  notre  sud-ouest,  de  station  thermale  dont  la  re- 
nommee  remonte  plus  haut  et  compte  un  plus  grand  nombre  de  pa- 
trons que  Bagneres-de-Bigorre.  La  bibliographic  de  ce  lieu  privil^- 
gi6  remplirait  plusieurs  pages  etbffrirait,  a  c6le  de  noms  obscurs  et 
d*ouvrages  ridicules,  les  autorit^s  les  plus  hautes  et  les  plus  irr^cu- 
sables.  Mais  ces  eaux  si  vant^es  ont  eu  auSsi  leurs  d^tracteurs,  qui 
semblent  a  la  longue  avoir  prdvalu;  de  sorte  que,  si  Ton  visite  en- 
core la  gracieuse  cite  pyren^enne,  c'est  moins  pour  y  guerir  que 
pour  savourer,  comme  le  bon  Montaigne,  «  Tam^nite  du  lieu,  la 
comYnodit6  de  logis,  de  vivres  et  de  compagnies.  i  Notre  excellent 
compatriote,  le  D*"  Louis  Carrere,  de  Marciac,  est  de  ceux  qui  pro- 
testent  et  qui  luttent  contre  ce  pr^juge  defavorable.  Nous  avons  deji 
fait  connaitre  deux  memoires  consacr^s  par  lui  a  la  rehabilitation 
des  bains  de  Bagneres  {Revue  de  Gasc,  xn,  231,  329);  mais  il  plai- 
dait  alors  surtout  pour  une  source  particuli^rement  negligee,  cells 
de  Salies.  Aujourd'hui,  c'est  la  cause  commune  des  thermos  de  Ba- 
gneres qu*il  defend.  La  premiere  partie  de  son  opuscule  montre  la 
superiority  de  cette  station  sur  d'autres  plus  vantees,au  point  devue 
de  la  variety  des  sources  :  car  elle  en  possede  k  la  fois  diB  sulfureu- 
ses,  de  salines,  de  ferrugineuses  et  d*arsenicales.  Dans  les  deux  au- 
tres  parties,  M.  Carrere  traite  successivement  des  vertus  de  ces  eaux 
pour  les  maladies  de  Testomac  et  pour  celles  de  Tintestin.  Partout  les 
indications  th^rapeutiques  sont  donn^es  avec  une  extreme  clart^,  et 
souvent  appuy^es  d'observations  pr&ieuses,  dues  a  une  pratique  de 
quelques  annees.  Les  unes  et  les  autres  m^ritent  Tattention  des  m^ 
decins  et  des  malades,  et  ne  peavent  quecontribuera  relever  lafor- 
ttine  medicale  des  thennes  de  Bagneres.  Leonce  COUTURE. 


Digitized  by 


Google 


—  295  — 

NOTES  DIVERSES. 

XGIX.  L'Intendant  Boucher  et  dom  de  Montfaucon. 

On  annonce  une  nouvelle  Edition  de  Touvrage  :  Les  monumens  de  la  monar- 
chie  frangoise  qui  comprennent  VHistoire  de  France  avec  les  figures  de 
chaque  r^gne  que  Vinjure  du  terns  a  ^pargnies^  par  le  R,  P,  dom  Bernard  de 
Montfaucon,  religieux  b^edictin  de  la  congregation  de  Saint-Maur,  publi6e 
CD  5  vol.  in-4<^,  ornes  de  400  gravures  bors  texte,  avec  une  introduction  sur  les 
monuments  historiques  de  la  France  et  une  biographic  de  dom  Bernard  de 
Montfaucon,  par  L.  Favre,  directeur  de  la  Revue  historique  de  I'ancienne 
langue  frangaise  et  6diteur  du  Dictionnaire  historique  de  Vancier^  langage 
frangais,  par  La  Cume  de  Sainte-Palaye.  Le  moment  est  done  favorable  pour 
donner  un  billet  in6dit  de  Boucher,  intendant  de  Guyenne,  ^  I'illustre  6rudit 
(Biblioth^ue  Nationals  R6sidu  Saint-Germain  1316,  p.  171)  : 

a  A  Bordeaux,  lel3iuin  1727. 

»  J'ay  receu,  mon  Reverend  Pere,  avec  la  letire  que  vous  m  aV6s  6crite  le  13 
du  mois  pass6,  les  deux  plans  qui  y  6toient  joints,  je  les  ay  donn^  en  com- 
munication, et  ne  doute  pas  que  la  beaute  de  1  ouvrage  n'engage  plusieurs  per- 
sonnes  k  faire  des  souscriptiuns. 

y>  Je  suis,  mon  Reverend  Pere,  Totre  lr6s-humble  et  lr6s-obeissant  serviteur. 

»  BOUCHBR.    » 

Rappelons  k  ce  sujet  les  paroles  de  M.  Alfred  Maury  {VAncienne  Acad^mie 
des  Inscriptions  et  belles-lettres,  1864,.  p.  209) :  a  Montfaucon  dut  npn-seule- 
ment  r6diger  cet  immense  ouvrage,  il  lui  fallut  encore  en  assurer  la  publication 
par  Torganisation  d'une  souscription  qui  suppl64t  au  d6faut  d'editeur;  car  les 
frais  considerables  de  Tentreprise  avaient  effray^  les  libraires,  et  le  savant  reli- 
gieux en  fut  r6duit  ^  qu^ter  lui-m§me  des  souscripteurs.  » 

T.  de  L. 

G.  Les  dcrivains  de  Gimont. 

M.  I'abbe  Dubord  a  raison  d'attribuer  ^I'influence  du  college  de  Gimont  {oil 
d'apres  Monteil,  laplupart  des  Doctrinaires  faisaient  leurs  d6buts,  dans  «  une 
des  plus  jolies,  des  plus  agr6ables,  des  plus  riantes  petites  villes  de  France,  »] 
le  grand  nombre  de  lettres  qui  brillaient  dans  le  pays  aux  deux  demiers  si^cles* 
II  faut  ajouter  pourtant  que  le  goCtt  et  la  culture  des  lettres  remontent  encore  plus 
haut  k  Gimont.  Peu  de  petites  villes  ont  fourni  nn  aussi  grand  nombre  d'^cri- 
vains.  Au  xvi^  si^cle  :  Jean  de  Nicolas,  professeur  de  droit  canonique  en  TUni- 
versit6  de  Cahors,  dont  VEnchiridion  bene/iciorum  (Lyon,  1550,  in-4*]  fut 
tr6s-estim6  jadis  et  oflfre  encore  un  vif  int6r6t.  Au  xvii" :  Pierre  de  Marcassus,  n6 
vers  1584,  mort  k  Paris  en  1664,  auteur  d'une  multitude  d'ouvrages  m^diocres* 
maisparfoiscurieux,  en  vers  et  en  prose,-— I'augustin  Jean  Duput  (mort  en  1623), 
Voracie  de  la  Faculty  de  th^ologie  de  Toulouse,  et  dont  r6norme  in-folio  a  M 
longtemps  consuUe;  —  le  dominicain  Bernard  de  la  Palissb  (ne  le  16  novembre 


Digitized  by 


Google 


—  296  — 

1599,  mort  le  21  juillet  1666),  auteur  d'un  savant  commentaire  sar  les  Psaames 
(1665.  2  vol.  in-fo).  Enfin  au  iviii*  siftcle,  Th.  Sudrb  (1718-1795),  l'6loquent 
avocatde  Galas.  —  Je  cite  ces  noms,  sur  lesquelsj'ai  d6jk  d'abondantes  notes, 
pour  que  M.  I'abb^  Dubord,  en  ponrsuivant  ses  recberches  si  patientes  aux 
arcbives  de  Gimont,  puisse  y  ajouter  quelques  renseignements  sur  Torigine  ei 
les  families  de  ces  ill ustres  gimontois.  L.  G. 

GI.  Les  couvents  de  Tordre  de  Gluny  en  Gascogne  an  xv*  si^cle. 

Un  de  nos  plus  laborieux  correspondants,  avis6  par  una  remarqae  de  M. 
I'abb^  Gan^to  [Revue  de  Gasc,  xi,  p.  425)  d'un  document  de  1428  dont  j'avais 
donn6  connaissance  ^  notre  Eminent  directeur  et  qui  renferme  des  indications 
sur  tous  les  couvents  de  Gluny,  m'a  fait  prier  d'ea  publier  ici  la  partie  relative 
k  notre  region,  d'apr^s  les  notes  que  j'avais  prises  en  1859.  J'acc6de  volontiers 
k  ce  d6sir,  et  soubaite  que  ces  renseignements  soient  utiles  et  k  lui  et  k  tous 
ceux  qui  s'occupent  de  notre  histoire  monastique.  —  L.  G. 

'  Bibl.  nat.,  mss.  anc.  f.  lat.  5654.  Catalogue  monasteriorum  et  Veneficiorum 
ah  archimonasterio  cluniacensi  dependentium,.,  mccccxxviij. 

In  prioratu  S.  Orientii  auxit.  (Avch)^  sunt  de  praesenti  xxv  monacbi,  licet 
secundum  antiquas  visitationes  uon  debeat  esse  tantus  numerus.  Subprior  debet 
facere  de  domiilorio.  Sacrista  tenebitin  luminari  (....?)  et  aliis  necessariis. 

In  prioratu  de  Aleyraco  (Layrac),  ubidebenl  eisse  xvi.  monacbi  cum  priore 
ad  minus;  secundum  antiquas  visitationes  debent  esse  plures. 

Item  in  prioratu  de  Helisona  [Eauze)  debent  esse  octo  mon. 

Item  in  prioratu  S.  Fidis  de  Morlanis  (Morlhas) ,  ubi  debent  esse  tres  monacbi. 

Item  in  prioratu  de  Medicino  {Mdzih),  ubi  deoent  esse  ix.  monacbi. 

Item  in  prioratu  S.  Montis  (Saint-Mont),  ubi  debent  essevij.  monacbi. 

Item  in  decanatu  de  Gordiniaco  (1)  ubi  debent  esse  xij.  monacbi  ad  minus, 
licet  secundum  visitationes  antiquas  debet  esse  major  numerus;  habet  unum 
prioratum  subditum  vocatum  de  Monte  calvo  ubi  sunt  moniales  et  debetur  eis 
perdecanum  xvj.  libras  paris.  singulis  an n is. 

Ilem  domus  S.  Joannis  est  subdita  decanatui  de  Gordinaco. 

Item  in  prioratu  S.  Licerii  ubi  debent  esse  octo  monacbi. 

Item  in  prioratu  Gense  l^St-Geny?)  in  quo  debent  esse  v.  mon.  cum  priore. 

item  in  domo  de  Moiraco  [Moyrax)  sunt  quatuor  mon^.  licet  sec.  antiquas 
visitationes  esset  major  numerus;  et  eleemosyna  debet  ibi  ter  fieri  in  bebdomada, 
et  sunt  celebrandsB  duse  missse  omni  die  ciun  nota. 

Item  in  prior^u  de  Peti^usia  (Peyrusse),  subdito  prioratui  S.  Orientii,  debet 
esse  prior  cum  uno  monacbo.... 

Item  in  prioratu  de  Monte  alto  [Montaut),  subdito  prioratui  S.  Orientii,  de- 
bent esseviij.  monacbi... 
.    Item  in  prioratu  de  Togeto  [Touget],  in  quo  debent  esse  iv.  mon.  cum  priore... 

Item  in  prioratu  de  Pluma  {La  Plume)  (2),  subdito  prioratui  de  Alayraco, 
unito.... 

Hem  in  decanatu  de  Moyssano  (Mouchan) . 


(1)  Le  P.  H^lyot  mentioDDo  Gordiniac,  k  la  suite  de  Saint-Orens  d'Auch,  parmi 
les  monastdres  qui  farent  soamis  k  Gluny  sous  saiat  Hagues.  Mais  je  ne  sais  rien  de 
ce  lieu,  non  plus  que  des  deox  mooasteres  qui  lui  ^taient  subordooa^s  et  dont  Taft 
g'appelait  Montcau  {mons  calvus),  Bst-ce  la  locality  dece  nom,  en  Lot-et-Garoane? 

(2)  Le  r^dacteor  avait  d'abord  dcrit  de  Penna  au  lieu  de  de  Pluma. 


Digitized  by 


Google 


NAUDONNET  DE  LUSTRAC. 


Luslrac  etait  une  seigneurie  (1)  situee  dans  PAgenais,  au 
nord  de  la  Garonne,  mais  la  famille  qui  en  porte  le  nora  est 
etablie  depuis  deux  cent  cinquante  ans  dans  TArmagnac,  oii 
elle  possede  la  terredeLias.  C'est  pourquoi  le  lecteur  accueil- 
lera  favorablement,  peut-6tre,  les  pages  que  notre  Revue  em- 
ploiera  a  relever  la  memoire  trop  oubliee  de  Naudonnet  de 
Lustrac,  Tun  des  braves  et  fldeles  capitaines  du  parti  des  Ar- 
magnacs. 

Ceux  qui  voudront  connaitre  cette  famille  feodale  trouve- 
ront  sa  gen^alogie,  incomplete,  il  est  vrai,  dans  les  registres  de 
d'Hozier  et  dans  le  12*  volume  du  Diction,  de  la  noblesse; 
ils  liront  aussi  avec  un  vif  inter^t  les  notes  savantes  de  M. 
Tamizey  de  Larroque,  sur  Marguerite  de  Lustrac,  dans  ses 
documents  sur  Anne  de  Caumont  (2),  lis  trouveront  surtout 
un  nombre  considerable  de  pieces  ofOcielles  conservees  en 
original  ou  en  vidimus  dans  les  collections  du  cabinet  des 
litres.  En  transcrivant  quelques-uns  de  ces  antiques  docu- 
ments j'aurai  suffisamment  fait  connaitre  les  droits  de  Nau- 
donnet de  Lustrac  a  nos  patrioliques  respects, 

Le  due  d'Anjou,  frere  de  Charles  V,  cherchait  a  rassembler 
sous  ses  ordres  toute  la  noblesse  de  notre  pays  pour  faire  la 
guerre  aux  Anglais.  Au  mois  de  septembre  1372,  pendant 
qu'il  assiegeait  Penne  d'Agenais,  le  baron  de  Lustrac  se  ran- 

(1)  Lustrac  ^Uit  une  des  qaatre  baronnies  qui  formaient  le  comt^  d^Agenais,  avec 
Montpezat,  Bajamont  et  Boville.  (B.  de  Saint-Amans^  Hist,  de  Lot-et-Garonne, 
tome  I,  p.  308.) 

())  V.  Documents  inid,  sur  VAgen.,  p.  122-126. 

Tome  XVIII.  —  Juillet  1877.  20 


Digitized  by 


Google 


—  298  — 

gea  sous  son  commandement  et  regut  Tordre  de  reparer  el 
mettre  en  etat  de  defense  son  chateau. 

Loys,  fils  de  Roy  de  France,  frere  de  Motis.  le  Roy  et  son  lieu- 
tenant en  toute  langue  doc,  due  Danjou  et   de  Touraine,  et  conte 
du  Maine,  k  notre  ame  Estienne  de  Montmejean,  tr^sorier  des  gens 
de  guerre  de  Monsieur  et  de  nouses  dictes  parties,  ou  a- son  lieu- 
tenant, salut :  Pour  ce  que  Bernard  de  Lustrac,  escuyer,  est  venu 
benignement  et  gracieusement  a  Tobeissance  de  Mons.  et  Tare- 
cogneu  a  son  souverain  seigneur;  attendu  aussi  le  bon  voloir  qu*il 
•a  de  bien    et  loyaument  servir  Mons.  et  demourer  k  tons  jours 
mais  son  bon  et  loyal  subget :   Nous  pour  lui  ayder   a  emparer  et 
fortifier  et  avitailler  son  lieu  de  Lustrac,  de  grace  especial  li  avons 
donn6  et  octroy^,  donnons  et  octroyons  par  la  teneur  de  ces  pr6sQ.n- 
tes,  ceste  fois  la  somme  de  trois  cents  francs  d  or.    Si  vous  man- 
dons  et  estroictement  enjoignons  que  audit  Bernard  ou  a  son  cer- 
tain commandement   vous    paiez  et    delivrez    presentement ,  sans 
aticun  delai,  ces  lettres  veues,  ladite  some  de  iii<^  francs  d'or,  et  par 
raportant  ce  present  mandement,  et  quictance  sur  ce  dudit    Ber- 
nart,  nous  voulons  et  mandons  ladite  some  de  iii*^  fr.  estre  allofe 
en  vos  comptes  et  rabatue  de  vostre  receple,  plaineraent  sans  au- 
cun  contredit  par  nos  bien  amez  les  gens  des  comptes  de  Mon- 
sieur a  Paris,  nonobstant  quelconques  mandemens  et  ordonnances 
ou  deflfenses  faites  ou  k  faire   au  contraire.  Donne  a  Penne  d'A- 
genois,  soubs  le  seel  de  notre  secret,  le  xvi«  jour  de  septembre  de 
Tan  de  grace  MCCCLXXII.     , 

Le  meme  jour  Antejeat  de  Lustrac,  seigneur  de  Rigolifere, 
recevait  semblable  gratification  pour  emparer  et  fortifier  son 
lieu  de  Rigoliere. 

Bernard  de  Lustrac  eut  pour  fils  Bertrarid  (1),  qui  servit 
aussi  pendant  les  guerres  de  Gascogne;  car  ses  services  sont 
mentionnes  avec  eloge  dans  une  piece  que  I'on  trouvera  plus 
loin, 

Arnaud  de  Lustrac  etait  le  fils  aine  de  Bertrand.  Des  sa 
premiere  jeunesse,  il  s'exerga  au  rude  metier  des  armes,  qui 

(1)  Bernard  estcautioa  et  ensaite  Bertrand  est  cr^ancier  principal  d'une  obligation 
deSOO  francs  d'or  sonscrite,  25  octobre  1398»  par  noble  et  puissant  seigneur  Ber- 
trand de  Dnrfort,  seigneur  de  Gavaudun,  et  de  la  Roche  en  Thibaad.  Tr^tor  gini- 
raide  Yillm^ilU,  to  Lastrac. 


Digitized  by 


Google 


—  299  — 

etait  alors  rigoureuseraent  impose  a  tout  gentilhomme.  Jo  ae 
sais  si  c'est  a  lui  ou  a  son  pere  quMJ  faut  attribuer  les  petites 
victoires  remporteesen  1420  sur  les  Anglais  commandes  par 
Pons  de  Castillon.  «  Apres  avoir  passe  le  Lot  (Pons  de  Cas- 
»  lillon)  s'elait  dirige  sur  La  Sauvetat  du  Drot;  mais  vive- 
»  ment  ponrsuivi  par  le  seigneur  de  Lustrac,  avec  des  forces 
»  superieures,  il  s'etait  refugie  au  chateau  de  Frepesch  d'ou 
»  il  reussit  a  s'evader  avant  la  prise  de  la  place »  que  les 
Frangais  enlev^rent  de  vive  force.  (B.  de  Saint-Amans,  Hist, 
de  Lot'€t'Garonne.  ],  245). 

Quoi  qu'il  en  soil,  des  Tannee  1427,  Arnaud  de  Lustrac, 
qui  n'est  jamais  design6  dans  les  titres  que  sous  le  surnom 
de  Naudonnel,  s'etait  fait  une  reputation  de  bravoure  et  de 
sagesse.  La  ville  de  Lauzerte  s'etait  donnee  au  roi  de  France 
en  1370,  a  Tinstigation  et  &ur  les  conseiis  de  Bernard  de 
Lustrac  et  de  plusieurs  autres  gentilshommes  de  son  voisi- 
nage;  mais  elie  avait  fait,  selon  la  coutume,  la  reserve  de  tons 
ses  privileges,  dont  un  des  plus  importants  etait  le  droit  de  ne 
point  recevoir  de  garnison.  En  1427  celte  ville  demanda  au 
Roi  de  lui  donner  pour  capilainc  Naudonnet  de  Lustrac;  c'est 
ce  qui  est  explique  dans  Tordonnance  qui  suit  : 

Charles...  Roy  de  France,  a  tous  eeulx,  etc...  Comme  nous  avons 
entendu  que  les  consuls  et  habitans  de  nostre  chastel  de  Lozerte,  au 
pais  de  Quercy,  qui  au  temps  pass4  n*ont  voulu  recevoir  ceulx  que 
avions  commis  a  laguarde  de  nostre  dit  chastel,  qui  est  forte  place 
et  avantageuse,  assize  es  prochennes>frontieres  de  nos  enemys,  se- 
roient  assez  d'accort  et  assencement  de  recevoir  en  chasteliain  de 
nostre  ditjt  chastel  nostre  bien  ame  Naudonnet  de  Lustrac,  escuier, 
duquel  ils  pourroient  estre  on  leurs  affaires  secouruz,  si  a  ce  il  nous 
plaisait  le  comettre,  pour  ce  qu*il  eist  de  noble  et  aucienne  ligaee, 
expert  en  armes,  et  leur  affin,  ami  et  voisin :  Savoir  faisons  que  nous, 
ce  considere,  et  les  grans  et  loyaux  services  que  ledit  Naudonnet  et 
les  siens  nous  ont  fait  de  tout  temps  au  fait  de  nos  guerres  et  aul- 
trement  en  plusieurs  et  diverses  nianieres,  ou  ils  ont  expose  corps 
et  biens,  et  font  encore  chascun  jour;  voulans  lesdits  services  en- 
vers  ledit  Naudonnet  aucunement  recognoistre,  a  ce  que  de  tout 


Digitized  by 


Google 


—  300  — 

plus  il  soit  abstraint  [astreint)  a  nostre  service,  et  confians  de  son 
sens,  loyault^  et  bonne  diligence,  et  d^sirans  avoir  toute  ob^issance 
audit  lieu  de  Lozerte;  icellui  Naudonnet,  pour  ces  causes  et  autres 
qui  k  ce  nous  ont  meu  et  meuvent,  avons  ordonn^,  commis  et  esta- 
bli,  ordonnons,  cometons  et  establissons  chastellain   de  nostre  dit 
chastelde  Lozerte;  pour  icelluy  office  de  chastellain  (duquel  nous... 
deschargeons...   tous  autres)  avoir,  tenir  et  doresnavant  exercer  par 
ledit  Naudonnet  aux  guaiges  aaciens  et  ordonnes  que  on  dit  estre  de 
soixante  livres  tournois  par  an  et  de  douze  vint  livres  tournois  de 
creue  par  an.  Pour  ce  que  sen§  grans  frais  nostre  dit  chastel  ne  se 
pourrait  guarder  attendu  le  temps  de  la  guerre  et  qu'il  est  assez  en 
frontifere  de  nos  dits  enemys,  comme  dit  est,  nous  lui  avons  ordonne 
et  ordonnons  par  ces  mesmes  presentes,  avecques  les  autres  droicts, 
prouffiz  et  eraolumens  qui  audit  office  de  chastellain  appartiennent  tant 
conimeil  nous  plaira.  Si  donnoos  en  mandement  a  nostre  trfes  cher 
etam^  le  comte  de   Foix,  nostre  lieutenant  general  en  nos  pays  de 
Guienne  et  Languedoc,  que,  prins  et  receu  dudit  Naudonnet  serment 
en  tel  cas  accoustum^,  icelluy  mette  et  institue,  face  mettre  et  insti- 
tuer  de  par  nous  en  pocession  et  saisine  dudit  office  de  chastellain 
de  nostre  dit  chastel  de  Lozerte..,.  Donne  k  Blois,.le  dernier  jour  de 
fevrier  1427. —  Par  le  Roy,  Tarcevesque  de  Reins,  les  sires  de  Tre- 
ves et  de  Guaucourt  et  aultres  presens,  —  sign^  Jehan  de  Ville- 
bresme. 

Six  semaines  plus  tard,  10  avril  1428,  mandement  du 
comte  de  Foix  etanl  a  Toulouse,  et  le  10  mai  1428 : 

Apud  Lauzertam,  senescalliae  et  diocesis  Caturcensis,  existens  et 
personaliter  constitutus  nobilis  Arnaldus  de  Lustraco,  filius  Ber- 
trandi  de  Lustraco,  domini  loci  de  Lustraco,  diocesis  et  senescalliae 
Agennensis,  castellanusque  dicte  villede  Lauzerte,  coram  me  notar. 
publicum  et  testibus  infra  scriptis,  ipse  Arnaldus  de  Lustraco  exhi- 
buitet  hostendil  et  presentavit  honorabili  et  circonspecto  viro  Domno 
Guillertno  de  Archambaudo,  in  legibus  licenciato,  habitatori  dicte 
ville  Lauzerte,  locum  tenenti  magmfici  et  potentis  viri  domini  Joha- 
nis  Rogerii  de  Convenis  militis,  vicecomitis  Agennensis,  domini- 
que  de  Tenda  et  senescalli  hujus  senescalliae  catursensis...  etc... 

Suit  le  proces-verbal  de  la  prestation  de  serment,  oil  les 
habitants  de  la  ville  reconnaissent  leur  ch^telain  et  capitaine 
dans  la  personne  de  Naudonnet. 


Digitized  by 


Google 


—  301  — 

Le  royaume  etail  alors  en  danger.  Le  Roi  n'avait  plus  ni 
armee,  ni  flnances;  la  noblesse  faisait  la  guerre  a  ses  frais; 
en  (iistribuant  a  ses  capitaines  fldeles  des  charges  telles  que 
•  la  capitainerie  de  Lauzerte,  Charles  VII  ne  conferait  qu'un 
droit  de  commandement  sans  aucune  ressource  pecuniaire 
pour  payer  les  soldats;  je  renvoie  a  la  fin  de  cette  notice  une 
ordonnance  (inedite)  du  iSfevHer  1425,  qui  trahit  ces  em- 
barras  et  fait  connaitre  en  meme  temps  Torganisation  mili- 
taire  du  pays  dont  Naudonnet  fut  bientdt  le  principal  de- 
fenseur. 

II  ne  cessa  point  de  tenir  la  campagne  avec  les  braves 
gens  qui  s'etaient  ranges  sous  son  commandement^  Au  mois 
dejuilletl430,  ilest  enfln  paye  d'une  partie  de  ses  gages 
de  chatelain  de  Lauzerte, 

Saichent  tous  que  je  Naudonnet  de  Lustrac,  escuier,  cappitaine  de 
Lauzerte  pour  le  Roy  noslre  sire,  confesse  avoir  eii  et  receu  de  Jehan 
Seaume,  receveur  general  de  toutes  finances  ettrosorier  des  guerres 
es  pays  de  Languedoc  et  duch^  de  Guyenne,  la  some  de  soixante 
livres  lournois  sur  mes  gaiges  dudit  office  de  cappitaine  de  ceste 
presente  annee  comengant  le  premier  jour  de  septembre  derrenere- 
ment  pass6,  de  laquelle  some  de  li  liv.  toum.  je  me  tiens  pour  con- 
tent et  bien  paye  et  en  quicte  ledit  receveur  el  tr^sorier  g^n^ral  et 
tous  autres  qu'il  appartient.  En  tesmoing  de  ce  j'ay  scellees  ces  pre- 
scntes  de  mon  scol,  le  dixieme  jour  de  juillet,  Tan  MCCCC  trentc. 

Le  20  octobre  de  la  meme  annee,  il  est  a  Agen  pour  la  de- 
fense de  la  ville  et  y  fait  passer  la  revue  de  ses  hommes  d'ar- 
mes  souffisamment  montez,  armes  et  habilles  pour  servir  le 
Roy  nostre  sire  en  ses  guerres  a  I'encontre  des  Anglois  el  au- 
tres ses  enemy s  el  adversaires.  Ces  neuf  ecuyers  de  sa  com- 
pagnie  sont: 


Ledit  Naudonnet  de  Lustrac. 

Peyroton  deu  Poy. 

Palazoles. 

Thory. 

Jehan  de  Mondanart. 


Sens  Serin. 
Mondinet. 
Lesguila. 
Jehan  Ayguem. 
Beraart  de  Lustrac. 


Digitized  by 


Google 


—  302  — 

En  1432,  il  s'empare  des  ch&teaux  de  Sauveterre  el  de 
Monsegiir,  sur  les  Anglais,  il  les  force  a  Ini  rendre  la  villc 
deCastelcullier  {Hist,  de  Lol-et-Garonne,  I,  463)  et,  en  recom- 
pense, le  Roi  lui  donne  la  capitainerie  de  ces  villes. 

Charles,  par  la  g.  de  Dieii  roy  de  France,  etc...  savolr  faisonsque 
pour  le  bon  rapport  et  tesmoignage  que  fait  nous  a  este  de  la  per- 
sonne  de  Naudonnet  de  Lustrac,  escnier,  et  de  ses  sens,  preudomie 
et  diligence;  a  icelluy  de  nostre  certaine  science  et  grdce  especial 
avons  donne  et  octroye,  donnous  par  ces  presentes  Toffice  de  capi- 
taine  de  nostre  chastel  de  Sauveterre  en  Agenes,  lequel,  conime  il 
dit,  il  a  nagueres  conquis  sur  nos  anciens  enemys  et  adversaires  les 
Anglois,  etc...  Donnd  a  Bourges,  ]1  decembre  1433.  (Tome  xiv, 
Ordonn.  piece  78.  Cabinet  des  manuscrils,) 

II  preserve  la  ville  de  Penne  d'Agenais  et  il  en  esl  nomme 
capitaine,  d'abord  par  le  comte  de  Foix,  lieutenant  general 
en  Languedoc,  puis  par  le  Roi  (1). 

Charles,  etc...  Savoir  faisons  que  pour  consideration  des  bons  et 
grants  services  que  notre  ame  Naudonnet  de  Lustrac,  escuier,  nous 
a  fait  le  temps  pass6  et  fait  de  jour  en  jour  tanl  au  fait  de  nos  guer- 
res  que  autrement...  et  mesmement  en  la  garde  et  deffense  de  nos 
ville  et  chastel- de  Penne  en  la  sen&hausseed*Agenes,  au  vivant  du 
feu  sire  de  Barbasan,  pour  le  temps  qu*il  vivoit  cappitaine  ot  chas- 
telain  des  dites  ville  et  chastel,  et  continuellement  depuis  son  tres- 
passement;  a  icelluy  Naudonnet,  pour  ces  causes  et  pour  la  con- 
fiance  que  nous  avons  delui,  avons  donne  et  donnons  de  grace  es- 
pecial... I'office  de  cappitaine  et  chastelain  de  nostre  ville  et  chastel 
de  Penne  vacant  par  le  trespas  dudii  feu  sire  de  Barbasan,  etc... 

Donne  a  Vienne,  le  douzieme  jour  d'avril,  I'an  de  grace  MCCCC 
trente  quatre  apres  pasques,  et  de  nostre  regno  le  xii«.  Par  le  Roy  en 
sonconseil.  D.  Bude. 

Le  15  mars  precedent,  Naudonnet  avait  regu  du  tresorier 
des  guerres  1,333  liv.  6  sols  Sdeniers,  tant  pour  ses  gages 
que  pour  Tentretien  des  fortifications  de  la  ville  de  Penne'. 

II  maintenait  une  police  rigoureuse  dans  le  pays.  Plusieurs 

(I)  Aux  archives  do  Pta  exisle  rorigioal  scelld  d'une  charle  d'alliance  entre  le 
comle  do  Foix  et  Naudonnet  de  Lustrac.  Cette  pidce  est  dat^e  de  Peone  d'Agenais, 
le  1*'  ao<itl4d2.  (Paul  Raymond,  Sceaux  des  archives,  p.  142,  no  439.; 


Digitized  by 


Google 


—  303  — 

habitants  d'Agen  ayant  enfreint  sa  defense  de  communiquer 
avec  ceux  qui  tenaient  ie  parti  des  Anglais,  il  les  fit  incarcerer 
dans  le  chateau  de  Lafox.  La  population  d'Agen  prit  parti 
pour  ses  compatrioles;  elle  altaqua  le  chateau  sous  la  con- 
duite  de  Montpezat,  sen6chal  pour  le  Roi  en  Agenais;  mais 
elle  fut  repoussee  aveo  perle  de  quelques  hommes  de  part  et 
d'autre.  (Saint-Amans,  Hist,  de  LoM-Garonne,  ad  •annum 
1432.)  Cet  evenement  est  rapporte  en  detail  dans  la  piece 
offlcielle,  n**  %  a  la  fin  de  cette  notice. 

Les  annees  suivantes  nous  montrent  Naudonnet  entiere- 
ment  maitredu  pays.  Comme  chatelain  royal,  il  avait  Sau- 
velerre,  Penne  d'Agenais,  CastelculUer,  Lauzerte,  Monflan- 
quin  et  neuf  paroisses  desajuridiction  (1).  Comme  seigneur 
paFticulier,  Lustrac,  Gavaudun,  Terrasson,  Montmarey,  Au- 
debray,  Tersol,  Pierre  Levade,  la  Bastide  de  Michemont,  Mas- 
saguel  et  beaucoup  d'autres.  {Acles  d'hommages  de  Luslrac, 
Archives  nal.  P.  iiSO,  fol.  vii"x  e(  suivants.)  La  meilleure 
noblesse  du  pays  servait  sous  ses  ordres,  ainsi  qu'on  le  verra 
dans  les  listes  des  ecuyers  et  arbaletriers  que  je  copie  sur  deux 
montres  ou  revues  de  1435. et  une  autre  de  1437.  Au  mois 
d'octobre  1435,  il  tenait  a  Gavaudun  une  gamison  de  dix  ar- 
baletriers et  19  ecuyers. 

La  rev euede  Naudonnet,  seignmr  de  LustraCy  escuier,  capi- 
iaine  de  Penned Agenez  et  dix-neuf  aultres  escuiers  de  sa  com- 
pagnie,  rereue  a  Gavaudun  le  \im^  jour  du  moys  denovembre 
MCCCCXXXV. 

r^dit  seigneur  de  Lustrac.  Perron  de  Cales. 

Bernard  de  Lustrac.  Jehan  D*Ayquem. 

Lo  seigf  de  Bajolmout.  Bernardon  D'Ayquem. 

Raymon- Bernard  de  Montagu.  Pierre  de  Cas. 

Perroton  de  Prey.  Jehan  de  Genoilhac. 

Pouthon  de  la  Guiscardie.  Jehan  de  la  Dugnie. 

(1)  €  Le  seigneur  de  Lnslrac  occape  bien  neuf  paroisses  de  I'honnear  et  jaridic- 
>  lion  de  Monflaoqain.  »  Rtpporl  dcs  commissaires  r^formalears  da  domaine  de 
GuyennaeD  1469,  Arcbiv.de  laGironde,  lome  v,  page  345.  Ses  df  seen  dan  ts  )es  occu- 
paieni  encore  presque  toutes  en  1498  et  1514.  {Hommages.  Arch.  nat.  P.  1150.) 


Digitizeci  by 


Google 


—  304  — 

Poncet  de  Charry.  Jehan  de  Cuzorn.    ' 

Bascon  de  Rieux.  Jehan  de  Rxjzin. 

Potet  de  Brassac.  Lo  seigneur  de  Montaguder. 

Barthelemeu  de  Forestz.  Raymon  de  Torabie. 

Le  3  octobrel437,  il  tenait,  a  Villeneuve-d'Agen,  une  com- 
pagnie  de  30  hommes  d'arraes  et  30  arbaletriers : 

Le  seigneur  de  Lustrac,   capi-       Gaillarl  de  Mondanart. 

taine,  ecuier.  Jehan  de  Mondanart. 
Le  seigneur  de  Boville,  cheva-        Jehan  de  Genoilhac. 

lier.  Pierre  de  Cast. 

Poncet  de  Boville.  Perron  de  Cales. 

Le  sieur  de  Lesinha.  Poncet  de  Charry. 

Le  seigneurde  Mondanard.  Jehan  de  la  Dugnie. 

Guilloumet  dous  Castels.  Jehan  de  Cuzorn. 

Le  Bore  de  Montagut.  Perroton  Dupey. 

Jehan  de  Rolhac.  Jehan  Dllho. 

Bernard  de  Malausa.  Bernard  de  Lustrac. 

Jehan  Daysio.  ,  Jehan  de  Lobejac. 

Casbert  de  Villesentut.  Arnault  del  Mut. 

Jehan  de  Fortacho.  Pey  Raque. 

Casbert  de  Sarras.  Perin  del  Pont. 

Bernard  Delbros.  Jehan  de  la  Bailhie. 

Le  roi  lui  avail  confere  le  litre  d'ecuyer  de  son  ecurie,  litre 
lionoriflque  aiors  fort  recherche,  le  seul  qu'ait  jamais  porte 
le  celebre  Lahire. 

Cependant  la  ville  d'Agen  etait  dechiree  par  les  factions; 
apres  la  mort  d'Amanieu  deMonlpezat,  Beraud  de  Faudoas 
Barbazan  avail  ete  nomme  senechal  de  Gascogne  par  commis- 
sion du  18  juillet  1435  (qui  est  impriraee,  p.  83,  G^ecdogic 
de  la  maisonde Faudoas).  Le  comte  d'Astarac  lui  dispula  cette 
place,  Chacun  de  ces  prelendants  proflla  des  troubles  qui  en- 
sanglanlaient  la  ville  d'Agen,  M.  Pabbe  Barrere,  Saint-Amans, 
Samazeuilh  el  Monlezun  (iv,  253)  raconlent  ces  evenements. 
Naudonnet  y  pril  une  part  tres-aclive  en  soutenant  son  ami 
el  compagnon  d'armes  Barbazan.  Je  n'enlre  point  dans  ce 
recit  qu'on  lira  (annexes,  piece  2*)  lei  qu'il  a  ete  redige  par 


Digitized  by 


Google 


•-  305  — 

la  chaocellerie  de  Charles  VII,  sur  le  rapporl  d'uu  conseiller. 
Boerius  {de  Sedilionibiis)  rappelle  le  meurtre  qui  fut  alors 
comrais  de  Tarchidiacre  d'Agen,  on  en  verra  les  details.  C'est 
par  erreur  sans  doute  quejes  hisloriens  de  TAgenais  ont  place 
ce  crime  en  1518.  En  1442  le  Roi  mit  fin  a  ces  troubles  en 
faisant  saisir  et  punir  les  coupabies.  II  destitua  les  deux  se- 
nechaux  et  nomma  a  leur  place  Odet  de  Lomagne,  sieur  de 
Fimarcon,  par  une  ordonnance  donnee  a  Toul,  le  penultieme 
mars  1442  avant  P^ues,  d'ou  j'extrais  cette  phrase  <r ..;  que 
»  pour  cause  dudit  debat  soil  meu  telle  guerre  entre  les  par- 
»  lies  que  la  ville  d'Agen  ait  este  prinse  par  amblee  ou  par 
»  echellee  par  chascune  desdites  parties,  et  en  icelles  prinses 
»  ait  eu  gens  pilles  et  robez,  les  autres  prins  prisonniers  et 
»  raengonnez  et  les  autres  noiez  et  tues,  et  qui  plus  est  pour 
»  cas  dudit  debat  ait  chacune  desdites  parties  tenu  gens 
»  d'armes  sur  le  pais,  tellement  que  a  Toccasion  de  ce  le 
»  pais  de  ladite  senechaussee  d'Agenets  est  presque  tout  de- 
»  truit  par  eulx,  airisi  que  de  tout  ce  avons  este  et  somes 
»  deuement  injormez.... »  (Cab.  desmss.  Charles  royales, 
XV.  159.) 

La  grace  royale  rendit  Naudonnet  a  la  liberie  qu'il  avail  un 
moment  perdue  par  les  ordres  du  Parlement.  II  revint  dans  son 
pays  pacifle,  et  reprit  le  commandement  de  ses  places.  Par 
ordonnance  donnee  a  Nancy,  en  Lorraine,  le  3  fevrier  1444, 
Charles  VII  lui  allouauneparlie  des  sommes  qui  lui  elaienl 
dues  pour  ses  gages  el  le  paiemenl  de  sa  compagnle.  Le  12 
juillet  1456,  il  donna  encore  une  quittance  de  ses  gages  de 
chatelain  de  Penne  d'Agenez;  je  ne  trouve  depuis  lors  au- 
cune  piece  qui  temoigne  de  sa  survivance.  II  laissa  plusieurs 
enfanls.  L'aine,  nomme  Antoine,  herita  de  ses  lerres  et  sei- 
gneuries;  le  second  est  la  lige  des  seigneurs  de  Lias,  en  Ar- 
magnac;  le  troisieme,  Bertrand,  fut  abbe  de  SaintrMaurln, 
puis  eveque  de  Rieux  el,  en  cette  qualite,  president  des  Elals 
de  Languedoc,  en  1483;  puis  eveque  de  Lectoure  des  1485, 


Digitized  by 


Google 


-  306  — 

seloa  le  Diction,  de  Richard  {r  Lectoure),  seulement  de  1508 
a  15H,  selon  le  Gallia  Christiana  (t.  i,  col.  1084)  (1). 

Les  pieces  dont  je  n'ai  pas  cite  Torigine  sont  avec  beau- 
coup  d'autres,  dossier  Lustrac,  cabinet  des  litres,  l"'  serie. 
On  y  trouve  plusieurs  sceaux  tres-bien  conserves  des  sei- 
gneurs de  Lustrac :  le  ciniier  est  une  hure  de  sanglier,  les 
supports  un  lion  et  un  griffon,  les  armoiries,  six  cotices  po- 
sees  en  bande,  ce  qui  n'a  aucun  rapport  avec  ies  armoiries 
donnees  par  les  genealogistes  aux  Lustrac  de  Lias;  preuve 
qu'il  ne  faut  pas  toujours  se  fler  aux  armoiries  pour  recon- 

naftre  les  families. 

Paul  Laplagne-Barris. 

APPENDICE. 


I 

(J.J.  Reg.  184,  piece  584,  pago  393  verso,  Archiv.  oal.) 

Charles....  savoir  faisons:  Nous  avoir  regu  Tumble  suplication  de 
notre  bien  am6  Naudonuet  de  Lustrac  escuyer  capitaine  de  Penne 
en  noire  s^n(5chauss6e  d^Agenes  et  de  Lozerte,  con  tenant  que  sept  ou 
huitans  a  ou  environ,  pour  ce  qu'il  estoit  trouve  reconnoitre  que 
aucuns  manans  ethabitans  es  villes,  lieux  et  places  de  ladile  s^ne- 

'(!}  Sur  m&  demtnde,  M.  E.  Camoreyt  a  eu  la  bonte  dorecbercher  aax  archives  da 
Lectoore  les  traces  de  Bernard  de  Lustrac;  mais  il  n'y  a  troavd  son  nom  qu'uneseule 
fois,  dans  une  piice  qui  menlionne  un  proems  entre  eel  ^v^qoe  el  Antoine  de  Sabanes, 
protonutaire  apostoliqae.  —  «  L'an  mil  cinq  cens  ct  naa  et  lo  xx*  jorn  deu  mes  de 
»  feure  son  siadas  reg'istrtdas  las  leciras  assi  dejus  inseridas. 

>  Au  dos  de  las  susditas  leciras  es  fcricpl.  A  nos  am^s  et  feaulx,  les  consuls  de 
»  nostre  ville  etcitd  de  Leclore  De  par  le  Roy.  Nos  am^s  et  feaulx,  pendant  le  proems 
»  de  Tevesch^  de  Lee  tore  en  nostre  grand  conseilh,  entre  notre  am^   ct  feal  con- 

>  seilher  maistre  Bertrand  de  Lustrac,  evpsqae  dudit  esvecb^,  et  maistre  Antoine  de 
»  Sabanes  prothdnolaire  du  Saint  Si^ge  appostolique  d'autre,  vous  escripvismes  et 
»  mandasmes  que  pour  aucanes  desobeyssances  qn'on  disoit  avoir  estd  faicies  con- 
»  trf  nous  par  ceulx  de  la  maison   de  Las  et  maistre  Dorde  de   Vaurs  habitans  de 

>  nostre  ville  de  Leclore,  vous  n'eassiez  k  ^iire  en  conseil  de  nostre  dite  ville  les 
»  sosdits  de  Las  et  de  Vaurs  ne  anitre  de  leur  lignde,  ne  leur  bailher  aucune  cbar- 

>  ge,  etc....  »  (Le  Roil^ve  cotle  interdiction  pour  le  motif  qu'il  avail  pertinemment 
appris  que  lessus-nomro^s  n'avaicninullement  mesfaicl  envers  lui). 

Archiv,  Lectoure,  livre  blanc,  fol.  218,  verso. 


Digitized  by 


Google 


—  307  — 
.  cbauss^e  et  autres  alloieat,  venoient  et  reparoieat  au  lieu  de  Cler- 
mont-Soubiran  que  lors  tenoient  et  occupoient  nos  ennemis  et  ad- 
versaires  les  Aoglois,  portoient  et  menoient  vivre  audit  lieu,  confer* 
toient  et  favorisoient  nos  dits  ennemis,  dont  plusieurs  maulx  et  in- 
convenients  se  sont  ensuivis  es  dits  pays  et  environs.  Notre  ame  et 
feal  chevalier  Berauld  de  Faudoas,  lors  lieutenant  en  ladite  sene- 
chaussee  pour  feu  le  seigneur  de  Barbasan  en  son  vivant  s^nechal 
dudit  Agenais,  fit  faire  inhibition  et  defense  de  par  nous  auxdits 
manans  et  habitans  des  villes  et  lieux  de  ladite  senechaussf^e  et  au- 
tres, de  quelque  estat  ou  condition  qu'ils  fussent,  qu'ils  ne  feussent 
tant  osez  ne  hardis  d  alef ,  venir,  conserver,  ne  reparer  audit  lieu  de 
Clermont  ne  autre  part  en  parti  a  nous  contraire,  ne  confortassent 
ou  ne  portassent  vivres  k  nos  dits  ennemis,  sur  certaines  et  grandes 
peines  a  nous  a  appliquer,  d'estre  reputes  rebolles  et  desobeissants 
envers  nous  et  de  tenir  prison  pour  ilec  recevoir  audit  cas  punition 
telle  qu'il  appartiendra.  Etque  a  ung  certain  jour  apres  que  les  gens 
dudit  supliant  alerent  courir  devant  le  lieu  de  Clermont,  rencontrent 
ung  nomme  Bernard  Lombart  de  nostre  ville  d'Agen  et  deux 
autres  en  sa  compagnie  venant  dudit  lieu  de  Clermont,  lesquels  gens 
dudit  supliant  voyant  et  coignoissant  que  ledit  Lombard  et  autres 
dessusdits  avaient  enfrainctes  lesdites  inhibitions  et  deffenses,  les 
prindrent  et  iceulx  menent  au  chastel  et  lieu  de  la  Fots,  a  Tun  des- 
quels  ils  donnent  tantost  apres  congie,  et  ung  ou  jour  apres 

donnent  congi^k  Tautre  en  payant  la  despense  qu'ils  avoient  faite 
audit  lieu  de  la  Fots,  et  a  Tautre  troisieme  donnent  aussi  congie 
parmi  ce  qu'il  pai'a  aussi  certaine  somme  de  deniers;  avant  la  deli- 
vrance  desquels  et  pour  savoir  quelle  punition  ils  devoient  recevoir 
pour  rinfraction  desdites  inhibitions  et  deflfenses,  ledit  suppliant  se 
transporta  audit  lieu  de  la  Fotz,  devant  lequel  lieu  les  habitans  de 
notre  dite  ville  d'Agen  et  le  seigneur  de  Montpesat,  accompagne  de 
certain  grand  nombre  de  gens,  arm^s  et  habill^s  d'arraeures  invasi- 
bles  et  defendus  viendrent  tantost  aprfes  audit  lieu  de  la  Fotz,  et  ilec 
se  tindrent  et  furent  par  manifere  d'ost  ou  si^ge  par  certains  jours 
contre  ledit  supliant,  ou  il  perdit  k  Toccasion  de  ce  tons  ses  chevaulx 
et  y  mourut  un  de  ses  gens  et  serviteurs;  et  depuis,  a  Toccasion  de 
ce  que  par  la  mort  et  trepas  dudit  sieur  de  Montpesat,  on  son  vivant 
nostre  senechal  d'Agen,  avons  donn6  audit  Beraut  de  Faudoas  ledit 
estat  de  s^n^chal  pour  les  rebellions,  reffus  ou  desob^issance  que 
avoient  faites  aucuns  habitans  audit  Agen  a  Texecution  des  lettres 
de  don  que  obtint  de  nous   ledit  Berauit  dudit  office,  se  transporta 


Digitized  by 


Google 


-  308  -• 

par  devant  ledit  supliaut  en  lui  requdrant  que  pour  mettre  ses  dites 
lettres  a  exteution  le  voulsist  accompaigner  jusque  en  notre  dite 
ville  d'Agen,  lequel  supliant,  a  la  requeste  dudit  Berault  et  en  ob6is- 
sant  au  contenu  en  nos  dites  lettres,  se  transporta  avec  ledit  Berault, 
jusques  au-devant  des  portes  de  notre  dite  ville  d'Agen,  desquelles 
ouvrir  aucuns  desdits  habitans  d'ieelle  ville  d'Agen  furent  refiusans, 
dont  k  cause  de  ce  se  meurent  plusieurs  debats  et  divisions  entre  les 
habitants  d'ieelle;  et  tellement  que  le  commun  peuple  de  nostre  ville 
se  assembla,  so  transporterent  en  plusieurs  lieux  de  laditte  ville  on 
estoient  les  clefs  des  portes  d'ieelle,  les  prindrent  et  firent  ouvrir  les- 
dittes  portes  ausdits  Berauld  corame  sen^chal.  supliant  et  autres 
estans  en  leur  compagnie.  Et  peu  de  temps  apres  pour  les  debats  et 
divisions  dessusdites  ledit  Berauld  de  Faudoas  envoia  de  par  luy 
certaines  lettres  closes  adregans  audit  suppliant,  contenant  en  effet 
que  les  dessusdits  habitans  desobeissants  I'avaient  voulu  tuer  et 
mettre  a  mort  et  que  sur  toute  Tobeissance  que  le  supliant  nous  de- 
siroit  faire  que  incontient  lesdites  lettres  veues  se  transporta  par 
devers  lui  en  notre  dite  ville  d'Agen  accompagn^  de  ses  gens,  lequel 
supliant  apres  que  lesdites  lettres  lui  furent  baill^es  par  lui  veu  le 
contenu  en  icelle  se  transporta  en  notre  ville  d'Agen  par  devers  ledit 
sieur  de  Faudoas  qui  estoit  en  la  maison  comunal  d'ieelle  ville,  au- 
quel  comme  s6n6chal,  il  fit  la  revrerence;  en  laquelle  maison  com- 
munale  ledit  Berault  fist  tantost  apres  habitans  de  la- 

dite  ville  qu'il  soupgonnoit  estre  coupables  des  rebellions  et  deso- 
beissance  dessusdites;  et  poy  apres  les  gens  dudit  Berault  s6n(5chal 
et  autres  officiers  de  notre  dite  ville,  ledit  supliant  estant  en  icelle, 
prendrent  Tarcediacre  mage  au  clochier  de  I'eglise  St-Etionne  et 
I'emmenerent  prisonnier  en  la  tour  du  pout  d'ieelle  ville  sur  la  ri- 
viere de  Garonne;  et  deux  jouirs  apres  par  sentence  de  nos  officiers 
en  ladite  ville  d'Agen,  fut  ledit  arcediacre  condamne  a  estre  gecte 
en  ladite  riviere  de  Garonne  pour  estre  uoye.  Depuis  lesquelles 
choses  k  aussi  faire  ledit  Berault,  comme  nostre  sen^chal,  requit  au- 
dit supliant  qu'il  lui  fait  ouverture  de  nos  prisons  du  lieu  de  Castel- 
cuUier,  dont  il  avoit  la  garde,  pour  y  mettre  deux  ou  trois  de  ces  re- 
belles  et  dfeob^issans,  que  ledit  de  Faudoas  avait  pris  prisonniers, 
lesquels  feurentmis  esdites  prisons.  Lesquelles  peu  de  temps  apres 
ce  qu'ils  furent  tenus  prisonniers  en  icelles,  ils  rompir^nt  et  s'echap- 
perent.  A  I'occasion  desquels  chefs  dessusdits,  informations  ont  ^t^ 
faites  contre  leditpsupliant  et  autres,  parjvertu  desquelles  et  de  cer- 
taines nos  lettres  lesdits  de  Faudoas  et  Berault  [sic)  ont  6te  adjour- 


Digitized  by 


Google 


—  309  — 

nes  par  devant  nous  a  comparoir  en  personne  a  certain  et  competent 
jour,  passe  auquel  le  supliant  a  comparu  en  personne  en  notre  ville 
do  Montalban,  contre  lequel  notre  procureur  a  fait  proposer  les  cho- 
ses  dessusdites  et  contre  lui  fait  prendre  grans  conclusions  crimi- 
nelles. 

Sur  quoy  ledit  supliant  a  este  oy,  lesquelles  parties  oyes  par  les 
gens  de  notre  grand  conseil,  feut  ordonn^  que  ledit  supliant  et  autres 
seroient  itis  en  prisons  ferm^es,  esquelles  ledit  supliant  a  est^  inter- 
rog^  par  aucuns  de  notre  grand  conseil  a  ce  commis  et  depputes.  Et 
depuis  a  este  appoint^  que  ledit  supliant  serait  eslargi  k  caution  et 
comparaii  en  personne  a  notre  cour  de  parleraent  au  lendemain  du 
Quasimodo  prochain  venant;  lequel  supliant  a  bailie  caution,  c'est 
assavoir  nostre  tres  cher  et  ame  cousin  le  sieur  de  Lebret,  lequel  a 
cautionn^  ledit  supliant  jusques  a  la  somme  de  i^  1.  tour,  et  avec  ce 
Pierre  d'Estodeca,  ^cuyer,  seihneur  de  Boysc,  et  Mondon  de  Breuilb, 
sieur  de  la  Mote,  lesquels  pour  ledit  supliant  se  sont  constitues  plei- 
ges  et  Font  cautionn^  corps  pour  corps  et  promis  rendre  en  notre 
cour  de  parlement  audit  jour  du  lendemain  de  Quasimodo.  Et 
doubte  ledit  supliant  que  a  Toccasion  des  choses  dessusdites  nostre 
procureur  le  vouille  mectre  en  grant  involution  de  proces  et  cen- 
tre lui  tendre  a  punition  ou  de  grosses  amendes  et  autreraent  le 
travailler.  Et  pour  ce  nous  a  humblement  fait  suplier  et  requ^rir  que, 
attendu  que  desdits  e  mprisonnement  et  arrest  desdits  d^sobeissans 
et  coupables  ne  de  la  sentence  donn^e  contre  ledit  arcediacre,  de  sa 
prinse  et  condempnation,  ledit  supliant  n*a  est^  aucunement  consen- 
tant,  et  que  ce  qui  a  et6  fait  par  ledit  supliant  a  et6  pour  cuider  bien 
faire  et  ob^ir  aux  comandements  qui  de  par  nous  lui  ont  ^t^  faits, 
qu*il  n*a  aucune  chose  prins  ni  exige  des  habitants  de  nostre  ville 
d*Agen,  qu*il  alia  en  cette  ville  en  esp^rance  de  mectre  ledit  de  Fau- 
doas  en  possession  dudit  office  de  senechal  et  garder  la  ville  de 
commotion  :  il  nous  plaise  en  favour  et  pour  consideration  des  conti- 
nuels  et  grands  services  qu'il  nous  a  fait  longtemps  en  la  frontiere 
de  Guienne  contre  nos  anciens  ennemis  et  adversaires  les  Anglois, 
sur  lesquels  il  a  prins  plusieurs  places  qu'ils  occupaient  et  icelles 
reduites  en  nostre  ob^issance,  luy  impartir  notre  grdce.  Pour  quoy 
nous,  les  choses  dessus  dites  consid^r^es,  pour  ces  causes  et  autres 
nous  mouvans....  [Suit  la  formule  de  pardon,  grace  et  remission.] 

Donn6  k  Tholose,  au  mois  de  mars,  Tan  de  grfice  mil  ccccxiji. 


Digitized  by 


Google 


—  310  — 

II 
[Charte  troy  ales,  tome  xiv,  piece  40.) 

Charles, p.  lag.  de  D. R.  de F.,  knos  ames  et  feaulx  les  generaulx 
conseillers  par  nous  ordonn^s  au  fait  et  gouvernement  de  toutes  nos 
finances  de  nostre  pais  de  Languedoc,  salut  et  dilection.  Les  cappi- 
taines  et  bourgeois  de  nostre  pais  de  Guienne  prenans  gaiges  ou 
pensions  de  nous  pour  la  garde  et  deffense  d'aucunes  villes  et  chas- 
teaux  et  forteresses  assises  en  la  fronliere  dudit  pais  de  Guienne 
nous  ont  fait  remontrer  comme,  a  cause  de  leurs  dits  gaiges  et  pen- 
sions, ils  aient  acoustume  prendre  et  avoir  chacun  an  ordinairement 
des  deniers  de  nos  finances  de  Languedoc  par  la  raain  du  receveur 
gen6ral  d*icelle;  est  assavoir  le  cappitaine  de  Monflanquin  300  1. 
tour.  —  le  capitaine  de  Moncuq  300  1.  tour.  — le  cappitaine  de 
Montorsier  300  1.  toqr.  —  le  capitaine  du  Port-Sainte-Marie  400  1. 
tour.  —  le  capitaine  de  Mermande  306  1.  tour.  —  le  capitaine  de 
Chastelcullier  HOO  1.  tour.  —  le  capitaine  du  Chastel  de  Sauveterre 
en  Agenois  600  1.  tour.  —  le  capitaine  de  Clermont  Soubiran  846 
1.  tour.  —  le  capitaine  de  Puymirol  486  1.  tour.  —  le  capitaine  de 
Villeneuve  d'Agenez  600  1.  tour.  —  le  capitaine  de  Mesin  1,200  1. 
tour.  —  les  vint  bourgeois  de  la  cite  d'Agen  600  1.  tour.—  Jehan  de 
Puyestienne  bourgeois  de  ladite  ville  d'Agen  neuf  vins  livres  tour- 
nois  —  Jamet  Ferrant  bourgeois  ilec  neuf  vins  livres  tournois  — 
les  vint  bourgeois  de  Villeneuve  d*Agenez  600  1.  tournoises.  —  I^es 
dix  bourgeois  de  la  ville  du  Mas  d'Agenez  300  livres  tournoises.  — 
Les  seize  bourgeois  de  la  ville  de  Puymirol  480  1.  tournoises.  —  Les 
vint  bourgeois  de  la  ville  de  Mermande  600  1.  tournoises,  —  et  les 
treize  bourgois  de  la  ville  du  Port  Sainte  Marie  480  1.  tournoises  — 
Et  il  soit  ainsi  que  de  nouvel  ayons  deschargi^  de  ladite  recepte  g^- 
n^rale  Frangois  de  Nerly  qui  lesdits  gaiges  ou  pensions  souloit  paier, 
et  d'icelle  chargie  n.  am^  et  ft^alJehan  Seaume.  Pour  laquelle cause 
lesdits  capitaines  et  bourgeois  doubtent  que  ledit  J.  Seaume  fasse 
difficult^  de  leur  paier  ce  qu*il  leur  est  dd  du  temps  pass6  a  cause 
de  leurs  gaiges  et  pensions  et  ce  qui  doresenavant  leur  en  pourra 
6tre  deu,  sans  sur  ce  avoir  de  nous  nouvel  mandement  ou  ordon- 
nance,  requ^rant  sur  ce  notre  provision.  Pour  ce  est-il  que  nous,  qu^ 
voulons  lesdits  capitaines  et  'bourgeois  t^ire  pay^s  et  contentes  de 
leurs  dits  gaiges  et  pensions,  vous  mandons  et  expressement  enjoi- 
gnons  que  par  ledit  Jehan  Seaume,  a  prds^nt  receveur  g^n^ral  des- 


Digitized  by 


Google 


-  311  - 

dites  fiaances,  vous  d6s  deniers  de  la  recepte  ordinaire  et  extraordi- 
naire faites  paier  et  bailler  et  d^livrer  auxdits  capitaines  et  bourgeois 
ce  qui  leur  pent  estre  deu  du  temps  passe,  a  cause  de  leurs  dits  gai- 
ges  et  pensions,  et  semblablement  ce  que  doresenavant  leur  en  pourra 
estre  deu  aux  termes  et  en  la  mani^re  accoutum^s.  Et  par  rapportant 
les  presentes  et  quitances  sur  ce  d'ieeulx  capitaines  et  bourgeois  ou 
de  leur  procureur  pour  eulx  tant  seulement  tout  ce  que  pay6  baillo 
et  d^livr^'sera  a  la  cause  dessusd.Nous  voulons  estre  passe  et  allou^ 
es  coraptes  et  rabatu  de  la  recepte  dudit  Jehan  Seaume  par  nos  amds 
et  feaulx  les  gens  de  nos  comptes,  auxquels  par  ces  rnesmes  lettres 
mandons  que  ainsi  le  facent  sans  aucun  contredit,  nonobstant  q^uel- 
conques  ord"»  mandement  ou  defense  a  ce  contraire. 

Donne  a  Yssoudun,  le  i\7ii®  jour  de  f^vrier.  Tan  de  grdce  mil  quatre 
cent  vint  et  cinq  et  de  notre  regne  le  quart . 

Par  le  roy  :  le  comte  de  Foy,  Tevesque  de  Laon  etautres  presents. 

De  Grepo,  Secretaire. 


Je  crois  devoir  publior  ici  les  cotes  des  principales  pieces  relatives 
aux  seigneurs  de  Lustrac  que  renferment  les  archives  du  S^minaire 
d'Auch.  —  L.  C. 

1448.  Partage  des  terres  de  La  Cbapelle,  Malause,  Boissiere,  Durfort,  Cler- 
mont, entre  Rainiond  de  Durfort  et  Arnaut  de  Lustrac. 

1460.  Bail  k  rente  par  le  seigneur  de  Lustrac  et  son  6pouse,  dame  de  Dur- 
fort, en  faveur  d'Etienne  Fontanel. 

1495.  Noble  fiernardii\de  Luslrac  de  La  Molhe  &e  marie  k  demoiselle  Jeanne 
de  Beauville. 

1495.  Raisons  de  demoiselle  Jeanne  de  Lustrac  faisant  valoir  ses  droits 
devant  le  s6n6chal  d'Agenois  et  Gascogne  centre  Jeanne  de  Frangel.  —  Sen- 
tence dudit  s6n6chal  pour  demoiselle  de  Lustrac  cdTitre  demoiselle  Jeanne 
de  Franget,  dame  de  La  Molhe.  (Trois  aulres  pieces  sur  cetle  affaire.) 

1516.  Contrat  de  roariage  de  Gabriel  de  Lustrac  avec  demoiselle  Anne  de 
Rabastens. 


Digitized  by 


Google 


312  — 


UN  LECTOUROIS  EVfiQUE  DE  TARBES. 


Ce  n'est  point  que  Lectoure  manque  d'hommes  celebres 
dan's  tens  les  genres,  eglise,  armee,  legislature,  sciences, 
lettres,  induslrie.  Aussi,  en  en  notant  un  de  plus,  me  pro- 
pose-je  moins  d'honorer  Lectoure  qui  le  donna  que  Tarbes 
qui  le  regut. 

Geraud  II  de  Doucet  occupa  le  siege  de  Tarbes  au  com- 
mencement du  quatorzieme  siecle.  Les  chartes  latines  portent 
Geraldus  de  Duketo.  Pourquoi  Fabbe  Monlezun  {Histoirc  de 
la  Gascogne,  t.  ni,  p.  120)  ecrit-il  Jean  de  Doucet  ou  d'Osset? 
Si  d'Osset  n'est  qu'une  alteration,  Jean,  nous  le  craignons, 
est  une  invention.  Un  acte  roman  du  27  novembre  1509  le 
nomme  Guiraud  de  Leytora.  Tons  les  auteurs  s'accordent  a 
reconnattre  que  lorsqu'il  fut  promu  a  ce  siege,  notre  person- 
nage  etait  chanoine  et  chantre  ou  plut6t  prechantre  de  la 
cathedrale  de  Lectoure.  N'aurait-il  pas  encore  ete  originaire 
de  cette  ville?On  lit  dans  Tabbe  Monlezun  {Hisloire  de  la 
Gascogne,  t.  vi,  p.  26) :  «  Actum  fuit  hoc  Leclorse  in  dome 
Amaldi  de  Dulceto,  domini  de  Podio,  prope  Lavardens  Auxi 
dioca^sis,  die  sexta.mensis  januarii,  anno  Domini  millesimo 
trecentesimo  nonagesimo  prime...  »  En  1591  existait  done 
a  Lectoure  la  maison  d^Arnauld  de  Doucet,  seigneur  de  Pouy 
(Pouy-Roquelaure?).  S'est-elle  perpetuee  jusqu'a  nos  jours, 
et  remonterait-elle  a  notre  eveque,  son  glorieux  membre,  en 
m6me  temps  quMUustre  citoyen  de  la  ville  de  Lectoure?  De 
Leytora  ne  marque  tres-probablement  que  le  lieu  de  nais- 
sance. 


Digitized  by 


Google 


-  313  — 

De  la  naissance^  nous  igoorons  completement  la  date. 

Larcher  dans  son  Calendrier  (p.  16)  dit  que  Geraud  II  fut 
elu  eveque  le  31  juillel  1308,  et  dans  son  Pouill^  {Revue  ca- 
Iholique,  t.  vi,  page  272),  avant  le  31  juillet  1308. 

Silence  absolu  a  Tendroit  de  la  consecration. 

A  quelle  epoque  mourut-il?  L'eveque  de  Tarbes  avec  d'au-  . 
Ires  prelals  accompagna  a  Saint- Bertrand  de  Comminges  le 
pape  Clement  V  le  7  Janvier  1309.  D'apres  Tabbe  Monlezun 
(Histoire  de  la  Gascogne,  t.  m,  p.  120),  il  deceda  deux  ou  trois 
ans  apres.  Au  compte  du  Gallia  Christiana  (t.  i,  p.  1234), 
le  siege  vaquait  le  16  des  calendes  de  mars  1313,  son  titu- 
laire  elant  trepasse  le  3  des  ides  de  fevrier,  suivant  ce  temoi- 
gnage  que  les  Benedictins  avaient  extrail  du  Necrologe  de 
Veglise  de  Lectoure :  «  ///  idus  Februani  obilus  Geraldi  de 
Dulceto  canonici  el  proecentoris  hujiis  ecclesice,  el  episcojd 
Tarbiensis. »  Rapprochons  les  deux  elements  chronologiques, 
nous  obtenons  le  3  des  ides  de  fevrier  1313  ou  le  11  fevrier 
1313.  C'est  pour  ce  temps  que  Larcher  s'etait  declare  dans  son 
Gkmage  (t.  ix,  p.  286);  il  y  substitue  dans  son  Calendrier  {p. 
16)  et  dans  son  Pouille  {Revue  calholique,  t.  vi,  p.  272)  le  19 
juillet  1315,  conformement  a  VObituairedu  chapilre  de  Tarbes. 
Quelques  lignes  plus  bas  dans  lePouill^,  il  rapporte  cependant 
que  le  siege  vaquaitau9  fevrier  1315,  sans  se  donner  autrement 
la  peine  de  concilier  ces  contradictions.  L'archevfique  d'Auch 
convoqua  k  Nogaro  un  concile  qui  commenga  en  1315  et  flnit 
en  1316.  A  s'en  tenir  i  Tordre  des  fails  qu'etablit  dom  Bru- 
gfeles  {Chrmiques,  p.  127-8),  Touverture  s'en  fit  post6rieure- 
ment  au  mercredi  avant  la  Saint- Jean.   L'abbe  Monlezun 
{Histoire  dela  Gascogne,  t.  hi,  p.  184)  nous  apprend  qu'il  se 
reunissail  pendant  que  Gaston   de  Foix  rendait  le  dernier 
soupir,  et  Gaston  le  rendit  le  13  decembre  1315.  «  L'ev6que 
de  Tarbes,  raconte  le  m6me  auteur,  n'avait  paru  au  Concile 
ni  par  lui  meme  ni  par  ses  delegues.  Nous  le  trouvons  nean- 
moins  present  lorsque  le  metropolitain  conflrma  les  statuts 
Tome  XVm.  21 


Digitized  by 


Google 


—  314  — 

arrfites  par  Tassemblee.  II  est  vraisemblable  que  le  siege  va- 
quait  encore  quand  le  Concile  s'assembla  etque  la  nomination 
suivitde  pres;  peut-elre  meme  eut-elle  lieu  darant  Tassemblee 
{Histoirede  la  Gascogne,  I.  iii,  p.  164).  »  «  Arthur  de  Coa- 
rase,  chanoine  et  vicaire-general  de  Tarbes,  y  parut  muni  de 
•  la  procuration  de  Tevfique  de  Couserans  {Histoire  de  la  Gas- 
cogne, t.  m,  p.  155).  »  A  Touverture  du  Goncile,  vers  le  13 
d^cembre  1315,  vaquait  certainement  le  siege  de  Tarbes,  puis- 
que  Teveque  n'y  figure  point  et  que  Arthur  de  Coarase  n'y 
representepour  le  diocese  que  le  chapilre  en  qualite  de  vicaire 
general capitulaire.  Tout  ceci  cadre  bien  avec  la.morl  de  Ge- 
raudau  31  juillel  1315. 

Quelles  sont  les  armes  des  Doucet? 

Tandis  que  le  chapitre  de  Tarbes  61isait  G6raud,  le  pape 
Clement  V,  par  unebulle  de  la  troisieme  annee  de  sOn  .pon- 
tiflcat,  elevait  au  meme  siege  un  certain  Bernard,  le  recom- 
mandant  au  roi  Philippe  le  Bel,  sans  doute  pour  le  proteger 
contre  son  emule.  D'ou  sortait  ce  Bernard? 

Desiderata  sur.lesquels  pourront  s'exercer  les  collabora- 
teurs  de  la  Revue  de  Gascogne,  tel  et  tel  surlout  avec  un  inte- 
r6t  particulier  et  force  chances  de  reussir. 

L'abbe  J.  DULAC. 


Digitized  by 


Google 


—  315  — 

L'lNSTRUGTIONPUBLIQUE  AGIMONT 

DANS  LES  TEMPS  ANTERIEURS  A  1789. 

{Suite).  (1) 


C'est  sur  ces  entrefaites  qu'eureat  lieu,  entre  les  consuls  et 
Fabbe  Dubourg,  les  discussions  dont  nous  avons  parle  au 
sujet  de  la  preseance  dans  les  exercices  litteraires.  Get  abbe, 
qui  eut  en  comniende  Tabbaye  de  Gimont  pendant  plus  d'un 
demi-siecle,  se  montrait  en  toute  occasion  et  sur  tout  fort  ja- 
loux  des  droits  attaches  a  son  benefice.  Mais  il  n'est  pasmoins 
vrai  que  c'etait  un  ecclesiastique  pieux  et  regulier,  un  homme 
de  bonnes  oeuvres.  Les  nombreuses  fondations  quUl  fit  en  sont 
la  preuve.  II  restaura  et  agrandit  Thdpital,  y  etablit  les  soeurs 
de  Saint- Vincent-de-Paul,  et  donna  les  fonds  necessaires  pour 
leur  entretien.  II  fonda  egalement  des  missions  periodiques, 
qui  devaient  etre  donnees  par  les  Lazaristes  de  Gimont,  a  Solo- 
miac,  etc.,  etc.  Dans  tons  leslieux  dependant  de  son  benefice, 
les  pauvres  eurent  part  a  ses  lib^ralites.  Le  college  ne  fut  pas 
non  plus  oublie.  En  1751,  Tabbfe  Dubourg  y  fonda  une  chaire 
de  Iheologie  avec  quatre  bourses  pour  Tentretien  dans  le 
college  de  quatre  elfeves  de  theologie  pauvres.  Le  5  octobre 
1753,  il  ajouta  a  ces  premiers  legs  un  nouveau  capital  pro- 
duisant  une  rente  annuelle  de  150  livres,  dont  100  devaient 
etre  employees  en  achat  de  livres  a  distribuer  en  prix  aux  di- 
verses  classes  et  50  en  ouvrages  de  theologie  pour  les  bour- 
siers.  11  etait  dit  dans  Facte  de  fondation  que  si,  dans  quel- 
que  classe,  la  distribution  des  prix  n'avait  pas  lieu,  faute  de 

(1)  Voir  les  livraiions  de  mars  et  jain. 


Digitized  by 


Google 


._  316  — 

sujets  sufflsaots,  Targent  qui  devait  etre  attribue  a  celte 
classe,  sur  les  100  livres,  serait  distribue  aux  pauvres. 

La  fondation  pour  la  chaire  de  theologie  et  pour  les  bourses 
fut  faile  par  acte  du  29  aoAt  1751 .  Cependant  retablissement 
dfeflnilif  n'eut  lieu  qu'en  1753.  Nous  en  avons  la  preuve  dans 
une  deliberation  du  17  juin  de  cetle  annee,  dans  laquelle  les 
consuls  rendent  compte  d'un  voyage  qu'ils  ent  fail  a  Lombez, 
comme  deputes  par  lacommunaute,  pour  remercier  Teveque- 
de  cet  etablissement. 

Ces  fondations,  pour  si  precieuses  qu'elles  fussent,  n'am6- 
lioraient  en  rien  la  position  personnelle  des  Peres  au  point  de 
vue  materiel.  L'humeur  tracassiere  des  consuls  sut  au  con- 
traire  y  trouver  une  nouvelle  source  de  chicanes  et  de  que- 
relles.  Des  I'annee  1757,  nous  les  voyons,  sous  pretexte  que  la 
communaute  a  quelque  inleret  dans  les  fondations  de  Tabbe 
Dubourg,  representer  a  Tassemblee  qu'il  serait  a  desirerqu'il 
y  etit  une  copie  des  actes  constitutifs  a  la  disposition  des  con- 
suls. Tout  le  monde  fut  de  cet  avis,  et  il  fut  resolu  qu'on  en 
ferait  la  demande  au  Pere  recteur.  En  apparence,  rien  de  plus 
naturel  que  cette  demande.  Mais  il  n'enest  pas  moins  vrai, 
comme  la  suite  le  fit  voir,  que  c'etait  un  motif  de  deflance 
peu  flatteur  pour  les  Peres  qui  la  faisaientfaire,  et  qu'on  vou- 
lait  s'assurer  s'il  n'y  aurait  pas  quelque  clause  qui  autoris^t 
les  consuls  aslmmiscerdansFemploi  desfonds,  ou  du  moins 
ale  surveiller.  Jusqu'en  1774  il  n'y  eut  cependant  sur  ce  ter- 
rain que  de  legferes  escarmouches.  Cetle  annee  le  conflil  prit 
une  tournure  plus  grave,  et  c'estdans  Tassemblee  du  4  aoiit, 
apres  lesexercices  defin  d'annee,  que  Fecial  eut  lieu.  II  y  a 
apparence  qu'il  se  preparait  depuis  longlemps,  et  que  ce  qui 
en  fournit  le  premier  pretexte,  ce  furent  les  instances  reite- 
rees  cette  annee  par  les  Pferes  pour  obtenir  celte  augmenta- 
tion de  pension  tanl  de  fois  demandee  et  toujours  eludee. 

Uestrepresenle  dans  celte  assembles  que  par  la  fondation 
du  5  octobre  1753^  faite  par  messire  Etienne  DuLourg,  abbe 


Digitized  by 


Google 


—  317  — 

de  Gimont,  de  la  somme  de  150  Hvres  de  rente  annuelle,  100 
livres  pour  des  prix  a  distribuer  dans  toutes  les  classes  et 
50  livres  pour  Tachat  de  livres  de  theologie  a  distribuer  aux 
boursiers,  il  est  expressement  porle  que  la  distribution  des 
prix  sera  faite  k  la  fln  de  chaque  annee  dans  une  assemblee  pu- 
blique,  et  que  Monseigneur  de  Lombez,  le  Pere  provincial  des 
doctrinaires,  les  offlciers  royaux,  les  consuls  et  les  notables  de 
la  ville  seront  invites  et  pries  d'y  assister;-  de  plus,  que  s'il 
arrive  que  dans  quelque  classeil  n'y  ait  pas  des  6tudiants 
sufflsants,  soiten  nombre,  soiten  capacite,  lavaleurdesprix 
soil  distribuee  sur  le  champ  publiquement  aux  pauvres  par  le 
Pere  recteur.  On  pretend  que  malgre  ces  clauses  qui  paraissent 
obliger  les  Peres  a  inviter  les  offlciers  royaux  et  municipaux, 
ainsi  que  les  principaux  habitants  de  la  ville,  ils  negligent  de 
faire  cette  invitation;  ou,  s'ils  en  font  quelqu'une,  ce  n'est  que 
partiellement  et  tres-irregulierement.  Dans  la  distribution  qui 
vient  de  se  faire,  notarament,  ils  n'ont  invite  les  consuls  qu'au 
moment  de  la  ceremonie,  ne  leur  donnant  pas  un  temps  con- 
venable  pour  convoquer  une  assemblee  de  leur  corps  pour 
y  assister.  Les  consuls  concluent  en  disant  que  cette  contra- 
vention exige  que  Ton  se  pourvoie  ou  et  par  devant  qui  il 
appartiendra,  pour  obliger  les  Doctrinaires  a  faire  ladite  in- 
vitation, et  pour  faire  regler  la  maniere  et  le  temps  auquel  il 
est  seanl  qu'ils  la  fassent;  afln  que,  tant  lesdits  offlciers  que 
les  principaux  habitants  puissent  se  preparer  a  y  assister. 

Reprenant  ensuite  leur  requisition,  les  consuls  reprfesentent 
encore  que  par  Facte  d'6tablissement  du  college  du  S3  mat 
16^1  (1),  lesdits  Doctrinaires  se  sont  obliges  de  faire  assis- 
ter et  mener  aux  processions  generales  par  leurs  regents  les 
eleves  qui  frequenlent  Tetablissement.  Or  c'esl  une  pratique 
quMls  out  negligee  depuis  quelques  ann6es,  occasionnant 
par  la  la  dissipation  des  ecoliers  durant  ces  processions;  k 
quoi  il  importe  de  remedier,  comme  aussi  de  faire  defense 

(1)  Nous  n'avons  pas  •onnaissanee  de  eet  tete. 


Digitized  by 


Google 


—  318  — 

auxdits  Doctrinaires  de  qualifier  le  college  dans  les  theses  qu'ils 
y  distribuent,  de  college  royal,  attendu  que  de  tout  temps  ils 
ne  Font  qualifie  que  de  college  de  Gimonl,  le  faisant  avec  rai- 
son,  puisquMl  a  ete  fonde  en  tout  ou  en  partie  par  la  com- 
munaute  qui  leur  en  a  fait  bail.  lis  representent  enfln  que 
pour  la  fondation  de  quatre  places  de  bdursiers,  les  Doctri- 
naires sont  obliges  de  loger,  nourrir  et  instruire  les  pourvus, 
depuis  la  Saint-Luc  jusqu'a  la  fin  de  Tannee  classique;  que 
malgre  des  clauses  aussi  expresses,  lesdits  Doctrinaires  les 
renvoient  chez  eui  plusieurs  fois  dans  Tannee  et  presque  tou- 
jours  avant  que  Tannee  classique  soitfinie;  a  quoi  il  importe 
aussi  a  la  communaute  de  faire  attention  et  de  inettre  bon 
ordre. 

La  discussion  s'etant  engagee  sur  ces  propositions,  M. 
Daylies,  lieutenant  principal  en  la  judicature,  fut  d'avis  que  la 
communaute  se  pourvut  devant  Nosseigneurs  du  Parlement 
et  poursuivit  en  cette  cour  un  arret  de  reglement  contra  les 
Doctrinaires  fixant,  relativement  a  Facte  dc  fondation  des  prix, 
en  quelle  maniere  devaient  etre  invites  et  pries  tant  les  of- 
flciers  royaux  et  municipaux  que  les  principaux  habitants  de 
la  ville;  s'ils  doivent  faire  cette  invitation,  du  moins  la  veille 
au  plus  tard;  s'ils  doivent  la  faire  par  la  personne  de  leur  rec- 
teur,  comme  il  se  pratique  pour  Tinvitation  aux  harangues  de 
rentree;  si,  a  la  place  de  Teveque  absent,  son  vicaire  general, 
qui  n'est  point  appele  par  la  fondation,  a  droit  d'assister  a 
cette  distribution  de'prix;  quelle  doit  6tre  sa  place  et  s'il  adroit 
de  preceder  les  offlciers  de  justice  et  de  police,  ounon;  si  ces 
derniers  sont  en  droit,  aux  termes  de  la  fondation,  d'exiger 
que  le  recteur  leur  rende  compte  de  la  valeur  des  livres  qu'ils 
distribuent,  afin  de  savoir  si  la  somme  de  cent  francs  elait 
tout  entiere  employee  a  cette  distribution;  et  enfin  si  les 
officiers  municipaux  sont  en  droit  de  faire  dislribuer  sur  le 
champ,  en  leur  presence,  aux  pauvres  du  lieu,  le  residu  de 
la  somme  dc  cent  francs  qui  n'aurait  pas  ele  employe  auxdits 


Digitized  by 


Google 


—  319  — 

prix.  En  outre,  la  communaute  se  pourvoira  contre  lesdits 
Doctrinaires  pour  les  contraindre  a  conduire  les  ecoliers  aux 
processions  generales;  pour  leur  faire  defenses  de  qualifier 
a  Tavenir  dans  leurs  theses  le  college  de  Royal,  mais  seule- 
ment  de  college  de  Gimonl  com  me  par  le  passe;  enfin  pour  les 
faire  condamner  a  tenir  chez  eux  les  boursiers  pendant  tout 
le  temps  que  porle  la  fondation. 

M.  Messine,  procureur  du  roi  de  rH6tel-de-ville,  ne  par- 
tagea  pas  cet  avis.  11  voulail  qu'avant  de  s'engager  dans  une 
voie  de  violence,  les  consuls  essayassent  de  s'entendre  a  Ta- 
miable  avec  les  Doctrinaires  sur  les  points  contestes,  et  qu'au 
cas  ou  ils  ne  pourraient  arriver  a  une  entente,  ils  fissent  leur 
rapport  a  la  prochaine  assemblee  pour  y  etre  statue. 

M.  Lacassaigne,  docteur-medecin,  appuya  Tavis  de  M. 
Baylies.  II  voulait  meme  que  des  ce  jour  sommation  fiit  faite 
aux  Doctrinaires  de  se  trouver  le  lendemain  a  la  procession 
solennelle  de  TAssomption,  et  dans  la  suite  a  toutes  celles 
qui  se  feraient,  avec  les  ecoliers.  II  voulait  encore  que,  dans 
le  menfie  acte,  les  consuls  protestassent  contre  la  distribution 
des  prix  qui  s'etait  faite  le  mercredi  precedent,  a  laquelle 
les  principaux  habitants  n'avaient  pas  ete  invites  et  pries 
d'assister. 

L'avis  deM.  Messine  prevalut  et  des  le  jour  meme,  a  Tissue 
de  cette  assemblee,  les  consuls  ecrivirent  au  P.  Amiel,  qui 
tenait  la  place  du  recteur,  pour  le  prier  de  se  rendre  a  Thdtel- 
de-ville  « a  Veffel  de  conferer  et  moyenner  sur  les  sujets  de 
plainte  de  la  comtnnnaxiU.  »  Le  pere  Amiel  repondit  «  qu'il ' 
ne  prevoyait  pas  ga'aucune  affaire  put  interesser  le  college 
A  Vlwlel'de-ville,  »  et  refusa  de  s'y  rendre.  Sur  ce  refus,  TAs- 
semblee  fut  de  nouveau  convoquee  pour  le  jour  meme,  et,  a 
Tanauimite,  elle  arreta  qu'on  poursuivrait  un  arret  du  Par- 
lement  contre  les  Peres  Doctrinaires,  sur  tons  les  faits  enu- 
meres  dans  Tavis  de  M.  Daylies;  et  aussi,  conformement  a 
celui  de  M.  Lacassaigne,  on  voulutque,  des  ce  jour,  les  con- 


Digitized  by 


Google 


—  320  — 

sqIs  leur  Assent  acte  pour  les  sommer  d'assister  a  la  proces- 
sion du  lendemain. 

.C'est,  en  effet,  ce  qui  eut  lieu.  Mais  a  la  suite  de  cet  acte 
les  choses  prirent  une  tournure  qu'on  n'avait  pas  pr6vue.  Le 
P.  provincial  et  le  P.  recteur  y  repondirent  par  un  autre  acte. 
fait  aux  consuls  pour  demander  une  augmentation  de  2,500 
livres,  les  sommant  d'assembler  la  communaut6  pour  lui 
communiquer  cette  demande  dans  quatorze  jours  pour  tout 
delai.  Faute  de  ce  faire,  ils  protestaient  qu'ils  abandonneraient 
le  college  et  en  remettraient  les  clefs.  Cet  acte  ayant  ete 
porte  dans  Tassemblee  qui  se  tint  le  21  aout,  on  reconnut 
bien  vite  qu'on  s'etait  engage  dans  une  mauvaise  voie.  On 
discuta  longtemps  sur  les  moyens  qu'il  convenait  de  prendre 
pour  en  sortir,  et  enfln  on  adopta  Tavis  de  M.  Messine  qui 
etait  ainsi  formule : 

Ayant  Tassufance,  disait-il,  par  la  declaration  de  M.  Daguzan 
(cur^  de  Gimont,)  que  Facte  fait  k  la  requite  du  P.  Provincial  etdu 
P.  Recteur'du  college  pour  6tre  signiffi^  au  maire  et  aux  consuls,  est 
le  veritable  ouvrage  de  la  congregation,  nonobstant  quelque  defaut 
de  forme  qu'on  pourrait  objecter  pour  en  contester  la  valeur  juridi- 
que,  et  que  bien  loin  de  le  d^savouer,  la  congregation  tout  entiere 
est  bien  determin^e  a  y  donner  suite  jusqu'a  son  entiere  execution; 
il  est  urgent  de  d^liberer  et  de  prendre  un  parti  sans  aucun  retard; 
d'autant  plus  que  la  demande  des  Peres  est  formulae  de  la  maui^re 
la  plus  claire  et  la  plus  6nergique  et  que  la  communaut^  n*a  que 
quatorze  jours  pour  pourvoir  k  Taugraentation  demand^e  ou  se  pro- 
curer d'autres  sujets  pour  faire  le  service  du  college.  II  est^  ajoutait-il, 
de  la  derniere  importance  de  ne  pas  perdre  un  moment  de  vue  les 
grands  interSts  qui  se  trouvent  engages  dans  cette  afiFaire.  Si  la 
congregation  donne  un  si  court  d^lai,  c'est,  sans  aucun  doute,  parce 
qu'elle  veut  faire  deiib^rer  au  prochain  chapitre  qui  se  tiendra  le 
!•'  septembre,  sur  la  destination  k  donner  aux  Pferes  qui  sunt  a 
GimoQt,  si  la  communaut^  n*a  pas  ^gard  k  sa  demande. 

.  Cel  avis,  mis  en  deliberation,  fut  vivement  combattu  par 
M.  Daylies,  qui  en  avait  donne  un  tout  contraire.  M.  Messine 
n'en  fut  que  plus  ferme  dans  son  sentiment;  aux  raisons 


Digitized  by 


Google 


qu'il  avait  d6ja  donnees  k  Tappui  il  ajouta  les  considerations 
suivantes ; 

II  etfiut  int^ressant  pour  la  ville  et  pour  le  diocese  d'employer  tous 
les  moyens  possibles  pour  conserver  le  colMge,  monument  du  z^le 
denos  seigneurs  les  ^vSques  de  Lombez  et  du  clerg^,  et  qui  avait  6t6 
de  tout  temps,  comme  il  6tait  encore,' reconnu  d*une  n^cessit^  indis- 
pensable et  absolue  pour  Teducation  de  la  jeunesse.  La  chose  est 
si  evidente,  ajoutait-il,  que  si  nous  jetons  les  yeux  sur  les  diverses 
classes  de  la  soci6t6  dans  le  diocese,  nous  voyons  que  la  plupart, 
tant  eccl^siastiques  que  s^culiers,  doivent  leur  Education  a  notre 
college,  qui  a  procure  aux  parents  le  moyen  et  la  facility  de  la  leur 
donner.  Le  college  venant  k  6tre  d^truit,  les  parents  qui  s*occupent 
a  faire  61ever  leurs  enfants,  ou  pour  T^glise,  ou  pour  les  autres  6tats 
necessaires  k  la  soci^t6,  seront  dans  Tirapossibilite  de  leur  procurer 
r^ducation  qui  convient  a  ces  diverses  carri^res.  II  faut  ensuite  re- 
marquer  que  Toffice  divin,  qui  s'^tait  fait  dans  tous  les  temps  dans 
la  paroisse  avec  une  grande  solennite,  est  aussi  grandement  int6- 
ress^  k  la  conservation  du  college,  qui  contribue  si  fort  a  en  rehaus- 
ser  la  splendeur,  et  que,  s'il  venait  k  manquer,  la  paroisse  de  Gi- 
mont  se  trouverait  r^duite  au  niveau  des  paroisses  de  campagne. 
Quant  a  la  demande  de  Taugmentation  de  pension  faite  par  les  Pe- 
res, demande  fondle  surcette  raison  que  cette  pension  doitdtrepro- 
portionn6e  au  prix  des  choses  necessaires  a  la  vie,  quoiquele  college 
soit  a  la  charge  du  clerge  qui  Ta  dot^,  M.  Messine  est  bien  persuade 
que  la  communaut^  voudrail  pouvoir  contribuer  k  cette  augmenta- 
tion. Mais  on  sait  bien  qu'elle  ne  le  pent  pas,  ayant  d(5ja  tant  de 
peine  a  acquitter  les  contributions  dont  elle  est  accabl^e.  II  pense 
que,  dans  cette  extr^mit^,  le  seul  parti  qui  reste  a  prendre  est  d'ex- 
poser  a  Mgr  Tev^que  I'^tat  de  la  communaut^  et  celui  du  college  et 
de  supplier  sa  Grandeur  d'engager  les  Peres  a  continuer  leurs  soins 
pour  le  college  jusqu'a  son  retour  dans  le  diocese.  En  attendant,  il  y 
a  lieu  d'esperer  que  sa  prudence  et  sa  sagesse  lui  sugg^reront  un 
moyen  de  satisfaire  a  la  demande  d*augmentation.  Pour  conclure, 
M.  Messine  emet  le  vceu  que  le  maire  envoie  incessamment  un  ex- 
trait  de  la  pr^sente  deliberation  au  P.  Provincial,  le  priant,  au  nom 
de  la  communaute,  de  vouloir  Stre  bien  perspad6  qu'elle  ne  n6gli- 
gera  rien  pour  obtenir  de  Monseigneur  T^vSque  Taugmentation 
c(u*il  demande,  dont  la  n^cessit^  u'est  contestee  par  personne.  11 
demande  encore  que,  de  son  cdt^,  M.  le  curi^  envoie  par  le  courrier 


Digitized  by 


Google 


—  322  -- 

de  ce  jour  un  autre  extrait  de  la  deliberation  a  Tev^ue,  pour  mettre 
Sa  Grandeur  en  mesure  de  connaftre  les  pretentions  des  Doctrinaires, 
et  de  voir  ce  qu'il  est  possible  de  faire  pour  procurer  par  le  clerge 
cette  augmentation.  Quant  a  Tinex^cution  des  fondations  et  des  con- 
ventions stipul^es  dansTacte  de  bail,  M.  Messine  est  d'avis  que  le 
maire  propose  auP.  Provincial  de  vouloir  faire  cesser  les  motifs  de 
plainte  qu'avait  la  communaute  et  qu'il  convienne  aveo  lui  d*un  ar- 
rangement a  Tamiable,  oii  il  sera  tenu  compte  des  droits  respectifs 
des  parties. 

L'avis  de  M.  Messine  fut  adople  dans  tons  ses  points. 

Les  proces-verbaux  des  deliberations  ne  font  pas  connaitre 
le  resultat  des  demarches  qui  en  furent  la  suite.  Mais  il  est 
certain  qu'on  finit  par  se  raettre  d'accord,  puisque  les  Peres 
resterent  au  college  et  continuerent  a  y  remplir  leurs  fonc- 
tions  comme  a  Fordinaire. 

L'apaisement  cependant  ne  fut  qu'apparent  et  momenta- 
ne.  La  cause  de  la  discorde  demcurait  toujours,  et  Tannee 
suivante  la  querelle  se  ralluma  plus  vive  et  plus  passionnee 
que  jamais.  Dans  Tassemblee  du  7  aout  1775,  les  consuls, 
a  la  requete  du  procureur  du  roi  de  Thdtel  de  ville,  represen- 
tant  que  ce  maglstrat  demeure  informe  que  MM.  les  Doctri- 
naires ont  entrepris,  contre  T usage  et  contre  la  disposition 
expresse  de  Facte  de  bail,  de  faire  vaquer  le  college  au  com- 
mencement de  ce  mois,  Fassemblee  etait  requise  de  delibe- 
rer  sur  ce  point.  Mais  il  y  a  toute  apparence  que  ce  n'etait  la 
qu'un  pretexte  pour  faire  naitre  Foccasion  de  recri miner  con- 
tre les  Peres  et  d'inserer  au  proces-verbal  une  longue  enu- 
meration des  griefs  plus  ou  moins  fondes  articules  contre 
eux.  Nous  les  reproduisons  en  grande  partie  en  empruntant 
les  termes  memos  du  proces-verbal. 

Vu,  dit-ouy  que  la  communaute  demeure  inform^e  que  non-seu- 
lement  le  college  de  cette  ville  a  ete  forme  sans  sa  participation  et 
sans  que  les  Peres  Doctrioaires  aient  daigne  lui  dire  les  motifs  qn'ils 
pouvaient  avoir  de  le  faire  vaquer  avant  le  temps  fixe  par  Tusage  et 
par  le  contrat  de  bail,  mais  que  le  Pere  Miquel,  Tun  d'eux,  a  pr^- 
tendu  que  les  consuls   qui    furent  invites  a  un  exercice  litteraire 


Digitized  by 


Google 


-  323  — 

n'avaient  pas  le  droit  d'y  assister  en  chaperon  et  d'y  tenir  le  rang 
dH  k  leur  place,  et  que,  par  la  dispute  qu'il  y  61eva  a  ce  sujet,  il 
trouva  le  moyen  de  les  faire  retirer;  que  le  jour  suivant  le  P.  Mi- 
quel,  tirant  sans  doute  avantage  de  laconduite  des  consuls  qui,  pour 
un  bien  de  paix,  avaient  oed6  a  la  violence,  fit  travestir  une  troupe 
de  jeunes  gens,  les  uns  en  magistrats,  les  autres  avec  la  livree  con- 
sulaire,  d'autres  enfin  en  habit  d'officier  et  de  soldat,  et  les  obligea 
de  courir  d'un  bout  de  la  ville  a  Tautre  en  cet  Equipage  grotesque, 
au  son  du  tambour  et  du  violon,  pour  donner  du  ridicule  aux  con- 
suls, aux  magistrats  et  aux  principaux  habitants  de  la  yjlle,  et  les 
tourner  en  derision  au  sujet  de  ce  qui  s'etait  passe  la  veille  aux  exer- 
cices;  qu'apres  plusieurs  coups  de  fusils  tires  dans  les  rues  il  les 
avait  fait  entrer  dans  la  chapelle  de  la  congregation  du  college,  oii 
la  messe  se  c^lebre  tons  les  dimanche  et  fdtes-,  et  leur  avait  fait 
prononcer  le  discours  accad^mique  de  M.  Fl^chier,  portant  pour 
titre:  Si  les  passions  des  femmes  sont  plus  violentes  que  celles  des 
hommes.  Auquel  discours  assisterent  plusieurs  personnes  de  diffe- 
rent sexe  et  de  tout  dge  qui  s'^taient  rendues  au  college  le  m§me  jour 
pour  assister  a  la  distribution  des  prix  fix^e  ce  jour-la  par  le  P.  Mi- 
quel,  sans  tenir  compte  du  temps  fix^parla  fondation,et  sans  avoir 
fait  d'invitation  aux  notables  de  la  villo.... 

Le  proces-verbal  insiste  ensuite  longuemeiit  sur  les  effets 
produils  sur  Taudiloire  par  ce  discours,  et  le  scandale  qu'on 
dit  en  6tre  resulte.  Enfln,  apres  tous  ces  considerants,  le  con- 
seil  arrete  que  le  Pere  provincial  des  Doctrinaires  sera  inces- 
samment  informe  de  la  conduite  du  Pere  Miquel  et  prie  de 
prendre  des  moyens  pour  qu'a  Tavenir  la  communaute  n'ait 
pas  de  semblables  raisons  de  se  plaindre.  On  ne  lui  cachera 
pas  que  sMl  n'etait  fait  droit  a  cetle  demande,  on  se  verrait 
force,  bien  a  regret,  de  recourir  aux  voies  de  rigueur. 

D'autres  preoccupations  d'un  genre  bien  different  et  d'une 
gravite  tout  exceptionnelle  ne  tarderent  pas  a  venir  distraire 
Tattention  de  ces  querelles.  C'est  en  ce  moment  en  effet  que 
la  terrible  epizootic,  qui,  cette  annee,  porta  la  desolation  dans 
toute  la  province,  des  Pyrenees  a  la  Garonne,  et  qui  deja  avait 
promene  ses  ravages  dans  la  plupart  des  communautes  voi- 
sines,  faisait  son  invasion  dans  cello  de  Gimont.  Du  15  aout 


Digitized  by 


Google 


—  324  — 

a  la  fin  de  septembre  elle  sevit  avec  une  telle  violence  que,  sHl 
faut  prendre  a  la  lettre  les  expressions  dont  on  se  sert  dans 
les  proces-verbaux  qui  s'y  rap  portent,  il  ne  resta  pas  dans 
toute  Tetendue  de  la  juridiction,  qui  renfermait  treize  parois- 
ses,  une  seule  tete  de  belail.  Pour  comble  de  desastre,  une 
grele  epouvantable,  tombee  le  29  jiiin,  avait  enlierement  de- 
Iruit  toutes  les  recolles,  et  ses  ravages  s'elaieat  meme  etendus 
a  la  plus  grande  parlie  du  diocese  de  Lombez.  Les  Peres  du 
college,  a  qui  leur  metairie  qu'ils  avaient  dans  Gimont  four- 
nissait  une  bonne  partie  de  leur  subsislance,  alteints  comme 
tout  le  monde  par  les  deux  fleaux,  se  virent  dans  Timpos- 
sibilile  de  se  mainlenir  plus  longlemps,  du  moins  en  con- 
servant  le  m6me  personnel.  Le  Pere  Amiel,  alors  recleur,  en 
donna  avis  par  une  leltre  adressee  aux  consuls,  accompagnee 
d'un  elat  detaille  des  revenus  et  des  charges  de  Tetablissement. 
L'une  et  Tautre  furent  communiques  an  conseil  dans  Tassem- 
blee  du  12  novembre.  II  r6sultait  de  Tetat  que  le  revenu  du 
college,  apres  les  charges  payees,  se  trouvait  reduit  a  898  liv. 
15  sols  8  deniers,  qui  etaient  toute  laressource  des  Peres  pour 
leur  entretien  et  celui  des  batiments  du  college  pendant  une 
annee.  Evidemment  il  n'etait  pas  possible  d'y  suffire.  L'as- 
semblee  le  reconnut;  mais  se  trouvant  dans  Timpossibilite 
d'y  pourvoir,  elle  se  boma  a  decider  qu'on  enverrait  sans 
retard  une  deputation  a  Lombez  pour  instruire  Tevfique  de 
la  detresse  ou  se  trouvait  le  college,  et  le  prier  de  lui  venir 
en  aide  afln  d'en  prevenir  la  ruinc.  Celte  question  reviiit 
encore  dans  Tassemblee  du  21  du  meme  mois,  avant  le  depart 
de  la  deputation,  ct  Ton  voit  par  les  debats  que  les  Peres 
avaient  fait  la  proposition  de  supprimer,  pour  cette  annee 
seulemenf  el  sans  cms^qiience  pour  tavenir,  la  classe  d'huma- 
nitSset  celle  de  quatrieme.  L'asscmblee  jugea  qu'il  n'etait  pas 
de  sa  competence  de  deliberer  sur  ce  sujet.  On  se  contenta 
d'insister  sur  renvoi  d'une  deputation  a  Lombez  ct  d'en 
presser  le  depart. 


Digitized  by 


Google 


—  325  — 

Le  12  decembre  cette  deputation  etait  de  retour  et  faisait 
connaitre  a  Tassemblee  le  resullat  de  sa  demarche.  L'6v6que 
s'etail  montre  tres-aflfecte  des  malheurs  que  venait  d'eprouver 
son  diocfese,  et  la  communaut6  de  Gimont  en  particulier;  il 
s'etait  empresse  d'ecrire  au  contrdleur  general  et  avait  meme 
iuteresse  toute  sa  famille  pour  agir  aupres  de  lui  afln  d'obtenir 
les  secours  necessaires.  Monseigneur,  disent'les  deputes,  sait 
que  les  besoins  ne  sont  que  trop  reels.  II  conlinuera  d'ecrire, 
de  soUiciter  et  d'agir  jusqu'a  ce  quMlait  reUssi'a  faire  accueillir 
sa  demande.  Quant  aux  besoins  des  Peres,  il  etait  d6ja  informe 
quUls  avaient  perdu  leurs  recoltes  et  leur  betail,  et  il  savait 
aussi  que  ces  pertes  leur  avaient  porte  le  plus  grand  prejudice 
el  tenement  diminue  leur  revenu  qu'avec  ce  qui  leur  restait  il 
n'etait  pas  possible  que  le  nombre  des  Peres  qu'il  y  avait  au 
college  put  Irouver  la  nourriture  et  Tentretien.  11  avait  gi6me 
reconnu  Tannee  derniere  que  leur  pension  devait  etre  aug- 
mentee,  et  il  s'en  etait  occupe  dans  son  dernier  sejour  a  Parts; 
qu'en  consequence  il  avait  demande,  soit  pour  cux,  soit  pour 
les  dames  Ursulines  qui  sont  dans  le  meme  besoin,  la  partie 
de  la  mense  conventuelle  de  Tabbaye  de  Saramon  qui  se  trouve 
dans  son  diocese;  que  sa  demande  avait  ete  remise  entre  les 
mains  de  Mgr  de  Toulouse  pour  y  faire  droit;  mais  que  ce 
prelat  etait  tombe  malade  au  moment  qu'il  en  avait  ete  charge, 
ce  qui  avait  donne  lieu  au  retardement  de  sa  decision;  que 
pour  lui  il  ne  pouvait  en  ce  moment  donner  aucun  secours 
aux  uns  ni  aux  autres,  parce  que,  d'un  c6te,  ses  revenus 
avaient  beaucoup  diminue  par  suite  de  la  gr^le  tombee  sur 
son  diocese  le  29  juin,  ce  qui  Tavait  oblige  de  passer  a  son 
fermier  de  17  a  18,000  livres;  et  que,  de  Tautre,  il  etait  decide 
a  partager  le  restant  a  un  nombre  inflni  de  families  de  son 
diocese  qu'il  savait  etre  dans  la  plus  grande  misere,  n'ayant 
ni  b'e,  ni  vin,  ni  besliaux,  ni  aucun  moyen  de  s'en  procurer; 
qu'il  croyait  devoir  aller  au  plus  presse,  et  qu'en  consequence 
il  voulait,  autant  qu'il  serait  en  son  pouvoir,  pourvoir  a  leur 


Digitized  by 


Google 


—  326  — 

subsistance  jusqu'a  la  recolte  prochaine;  que  pour  mieux 
atteiadre  son  but  il  avait  renvoye  le  plus  grand  nombre  de  ses 
offlciers  et  vivait  en  simple  particulier  (1). 

Dans  une  pareille  extremite  on  consentil  tacitement,  c'est- 
a-dire  qu'on  ne  s'opposa  pas,  a  ce  que  le  nombre  des  regents 
qu'il  y  avait  au  college,  de  six  fut  reduit  a  quatre,  comme 
Tavait  propose  le  recteur.  De  plus,  on  laissa  les  Peres  jouir 
du  revenu  des  quatre  bourses  de  theologie,  et  a  ces  condilions 
les  Doctrinaires  (iemeurerent  a  leur  poste. 

Mais  tout  cela  n'elait  que  du  provisoire.  L'annee  suivante 
tout  devait  rentrer  dans  le  meme  etat  et  la  difficulte  qui  n'e- 
tait  qu'eludee  devait  aussi  se  representer.  Sur  la  fin  d'octo- 
bre,  le  bruit  se  repandil  dans  la  ville  que  les  Peres  se  dispo- 
saient,  pour  tout  de  bon,  a  abandonner  le  college,  sMls  n'a- 
vaient  pas  Taugmentation  qu'on  leur  avait  fait  esperer  et  qui 
n'arrivait  jamais.  Les  consuls,  qui  n'ignoraient  pas  ces  dis- 
positions, avaient  ecrit  k  TevSque  pour  qu'il  avis&t,  et  dans  sa 
reponse  le  prelat  s'etait  borne  a  leur  dire  que  lorsqu'il  sau- 
rait  ce  que  la  communaute  voulait  donner,  il  verrait  de  son 
cOte  ce  qu'il  lui  elait  possible  de  faire.  Cette  reponse  fut  com- 
rauniquee  a  Tassemblee  tenue  le  1"  novembre  1776.  Depuis 
qu'ils  Tavaient  regue,  les  consuls,  qui  en  avaient  ete  peu 
satisfaits,  s'elaient  mis  en  quete  des  titres  du  college  et  ils 
avaient  d6couvert  les  lettres  patentes  de  Louis  XIII,  du  mois 
de  raai  1620,  qui,  disent-ils,  avaient  disparu  depuis  longtemps 
des  archives  par  la  negligence  de  leurs  predecesseurs.  Dans 
ces  lettres,  il  est  dit  que  les  consuls  et  habitants  de  Gimont 
avaient  obtenu  de  Frangois  P',  en  1545,  des  lettres  patentes, 
par  lesquelles  ce  prince  ordonnait  Tetablissement  dans  la  ville 
de  Gimont  d'un  college  qui  serait  dote  par  Teveque  et  les  be- 
neficiers  de  Lombez.  Le  clerge  fit  opposition  et  refusa  de 
faire   seul  cette  dotation  qu'on  voulait  lui  imposer.  II  y  eut 

(1)  Lombez  avait  alors  poar  ^vdque  Jacques  Richier  de  C^risy,  normaDd,  sacri 
le  %i>  ao^t  1761. 


Digitized  by 


Google 


-  327  — 

pi  oces,  et  ce  proces  ne  fut  deflnitivemeol  clos  que  le  20  mai, 
date  des  lettres  palentes  de  Louis XIII,  qui  raellaient  a  la  charge 
du  clerge  une  somme  de  1014  livres,  a  payer  annuellement 
au  college  sur  les  revenus  ecclesiastiques.  Les  consuls  rappel- 
lent  ensuite  comment  et  a  quelles  conditions  le  college  fut 
donne  aux  Doctrinaires  el  Fengagement  pris  par  la  commu- 
naule  d'ajouter  la  somme  de  486  livres  aux  1,014  a  donner 
par  le  clerge  pour  assurer  au  college  cette  pension  de  1,500 
livres  qu'on  lui  fait  tons  ans.  Venant  ensuite  a  la  demande 
faite  deja  depuis  deux  anS  par  les  Peres,  d'une  augmentation 
de  2,300  livres,  les  consuls  reconnaissent  qu'elle  est  suffi- 
samment  justiQee  par  les  changements  survenus  depuis  le  bail 
du  college  dans  les  conditions  de  la  vie  materielle.  Tout,  en 
efifet,  depuis  cette  epoque,  a  enormement  augmente  de  prix, 
et  il  est  manifesto  que  la  pension  de  1,300  livres  est  bien 
loin  de  sufflre  a  Tenlretien  honnete  de  six  regents  et  des 
domestiques,  et  en  outre  a  Tentretien  de  la  chapelle  et  des 
b&timents  du  college.  Les  consuls  terminent  leur  expos6  en 
disant  que  cette  semaine  ils  ont  de  nouveau  ecrit  a  Teveque 
en  iui  envoyant  une  copie  des  lettres  patentes  de  Louis  XIII, 
et  lui  ont  propose  de  soumettre  le  differend  qui  pourrait  s'e- 
lever  entre  le  clerge  et  la  communaute  a  Tarbitrage  de  deux 
avocats.  Le  pr61at,  sans  rien  dire  de  cette  proposition,  a  re- 
pondu  sur  le  fond  m6me  de  la  question  que  son  clerge  ne 
pouvait  donner  que  300  livres.  II  leur  semble  qu'avant  de 
prendre  un  parti  quelconque,  il  serait  prudent  de  consulter 
deux  avocats.  C'est  aussi  le  sentiment  de  Tassemblee,  et  il 
est  arr6le  qu'on  enverra  a  Toulouse  consulter  M"  Ricard  et 
Delort,  pere.  L'un  et  Tautre  furent  favorables,  dans  leurs 
consultations,  aux  pretentions  de  la  communaute.  C'etait  bien 
assez  pour  faire  cesser  les  hesitations.  Aussi  dans  Tassemblee 
de  22  decembre,  oil  cette  consultation  fut  presentee,  le  con- 
seil  s'empressa-t-il  de  prier  M*  Dupre,  Tun  des  consuls,  et  M. 
Lacassaigne,  docteur-medecin,  de  faire  imm^diatement  tous 


Digitized  by 


Google 


—  328  — 

les  agis  necessaires,  d'un  cOte  pour  obliger  les*  Peres  Doctri- 
naires a  fouriiir  le  nombre  de  regents  que  portait  I'acte  de 
bail,  de  I'autre  pour  contraindre  le  clerge  a  pourvoir  a  Taug- 
mentation  de  la  pension.  A  cette  fin  il  voulut  qu'on  remit 
entre  leurs  mains  loules  les  pieces  propres  a  justifier  les  de- 
mandes  de  la  ^ommunaul^,  parmi  lesquelles  on  cite  le  central 
de  bail,  les  lettres  patentes  de  Frangois  I"  de  Tannee  154S, 
celles  de  Charles  IX  de  1565  et  de  1568,  et  une  sentence  du 
juge  de  Riviere- Verdun  de  1567  relative  au  differend  qui  s'e- 
tait  eleve  des  le  principe  entre  le  clerge  et  la  communaute  au 
sujet  de  cette  dotation. 

Nous  ne  connaissons  pas  la  suite  de  cette  affaire;  mais  il 
parait  qu'elle  se  termina  paciflquement  sans  Tintervention 
des  tribunaux.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il  n'y  eut  rien  de 
change  au  college  pour  le  nombre  des  professeurs,  et  que  la 
bonne  harmonic,  quelque  temps  troublee,  entre  les  Peres  et 
les  consuls,  se  retablit  pen  a  pen.  II  ne  parait  pas  qu'elle 
ait  ete  de  nouveau  gravement  alteree  les  annees  qui  suivirent, 
jusqu'au  temps  oil  Tetablissement  mainlenu  pendant  tant 
d'annees,  au  prix  de  tant  de  devouement  d'un  c6te  et  de  sa- 
crifices de  Tautre,  disparut  emporte  par  la  tempete  revolu- 
tionnaire.  Une  preuve  de  ce  bon  accord  heureusement  retaf- 
bli,  c'est  qu'en  1782,  le  bruit  s'etant  repanduque  le  P.  Amiel, 
toujours  recteur,  devait  recevoir  une  autre  destination,  on  ful 
unanimement  d'avis  de  faire  des  demarches  pour  qu'il  fAl 
maintenu  a  Gimont;  et  le  P.  Amiel,  en  effet,  y  resta,  et  il  elail 
encore  k  la  tete  du  college  lorsque  la  revolution  eclata. 

A  ce  moment,  par  suite  des  malheurs  du  temps  et  de  la 
grande  misere  qui  regnait  dans  la  France  tout  entiere,  la 
situation  du  college,  au  point  de  vue  materiel,  se  trouvait 
encore  bien  compromise;  ce  qui  donnerait  a  penser  que,  lors 
de  Taccord  qui  s'etait  etabli  a  la  suite  des  reclamations  de 
1776,  les  Doctrinaires  n'avaient  pas  obtenu  tout  ce  qu'ils 
demandaient.  Les  choses  en  etaient  a  ce  point  en  1788,  que 


Digitized  by 


Google 


—  329  — 

la  position  n'6tanl  plus  tenable,  le  Pere  Theron,  provincial 
de  Toulouse,  ecrivit  a  M.  P6rfes,  maire  de  Gimont,  dans  les 
premiers  jours  de  fevrier,  pour  lui  annoncer  officiellement, 
de  la  part  de  sa  congregation,  le  dessein  arr6t6  d'abandonner 
le  college,  dans  lequel  ils  ne  pouvaient  plus  se  soutenir  k  cause 
de  la  modicite  des  revenus,  qu'il  dit  n'etre  que  de  5,000 
livres;  a  moins,  ajoutait-il,  qu'on  ne  trouvatle  moyen  de  leur 
procurer  une  subsistance  honnfite,  ou  que  la  ville  n'y  pourvAt 
d'ailleurs.  Le  maire  communiqua  cette  lettre  a  Fassemblfee  du 
10  fevrier,  et  celle-ci,  se  voyant  dans  Fimpossibilite  de  faire 
davantage,  se  conlentad'endemanderle  renvoi  a  Teveque  (1). 
Qu'advint-il  de  ce  renvoi?  Nous  Tignorons.  Les  evenements 
se  precipiterent  de  telle  fa^on  que  la  demande  ne  devait 
jamais  avoir  de  solution. 

Le  lecteur  aura  sans  doute  remarque  comme  nous  que  les 
demeles  dont  nous  venons  de  tracer  une  esquisse,  entre  les 
consuls  et  les  Peres  Doctrinaires,  coincident  avec  la  persecu- 
tion a  outrance  dirig6e  contre  une  sociSle  celebre,  vouee  aussi 
a  rinstruction  de  la  jeunesse,  qui  aboutit  d'abord  a  sa  sup- 
pression civile  dans  la  plupart  des  Etats,  et  enfln  a  la  sup- 
pression m6me  canonique  de  Fordre  en  1775.  Nous  nous 
sommes  demand^,  en  voyant  cette  coincidence,  si  Fesprit 
dont  etaient  animus  les  ennemis  des  Jesuites,  et  qui,  dans 
ces  religieux,  poursuivait  la  religion  elle-m6me,  n'avait  pas 
''deja  penetre  dans  Gimont,  et  s'il  n'aurait  pas  6te  pour  quel- 
que  chose  dans  les  tracasseries  dont  les  Doctrinaires  furent 
Fobjet.  Nous  ne  voulons  rien  affirmer  a  cet  egard,  mais  il 
nous  semble  qu'on  pent  bien  legitimement  en  douter.  Nous 
voyons  en  efifet  que  parmi  ceux  qui  se  montrent  les  plus  hos- 
tiles  aux  Peres  et  les  plus  acharnfes  k  les  poursuivre,  il  y  en 
a  plusieurs,  un  entre  autres,  le  docteur  Lacassaigne,  bien 
connus  pour  leurs  sentiments  religieux,  et  m6me  profonde- 

(1)  Alexandre- Henri  de  Chaovigny  de  Blot,  n^  le  11  Janvier  1751^  saer^  ^v^que 
de  Lombez  le  80  mara  1788,  mort  k  Londres  en  1805. 

TOMK  XVin.  .  22 


Digitized  by 


Google 


—  330  - 

mentpieux.  Tous,  quand  Toccasion  s'en  presente,  temoignent 
pour  les  choses  religieuses,  pour  le  culte  et  les  ceremonies 
de  I'Eglise  en  g6n6ral^  un  respect  et  m^me  un  attachement 
qui  ne  soDt^  helas!  gu^re  de  mode  aujourd'hui  parmi  les 
representants  officiels  des  communes.  Aussi^  sans  vouloir 
affirmer  qu'ils  n'avaient  en  aucune  fa^on  subi  Pinfluence  de 
cet  esprit  dont  nous  parlions  tout  a  Theure,  esprit  qui  sem- 
ble  avoir  6te  tout  sp6cialement  celui  de  ce  siecle,  et  dont  sou- 
vent  on  pouvait  subir  la  funeste  influence  sans  s'en  douter, 
nous  croyons  qu'a  Gimont  on  etait  encore  loin  d'etre  arrive 
a  ce  point  qu'on  partageat  les  sentiments  des  ennemis  achar- 
n6s  des  J6suites  en  particulier  et  en  general  de  tous  les  ordres 
religieux. 

Nous  nous  sommes  souvenu  en  faisant  ces  reflexions  que, 
parmi  les  deliberations  de  cette  epoque,  il  y  en  avait  une  qui 
nous  avait  frappe  dans  le  temps,  ayant  pour  objet  la  defense 
des  Pferes  Capucins  etablis  a  Gimont,  dont  Texistence  se  trou- 
vait  en  ce  moment  menacee  par  les  mesures  prises  par  la 
commission  institute  a  Paris  pour  la  reformation  des  ordres 
religieux.  Nous  avons  voulu  la  revoir,  et  nous  nous  sommes 
convaincu  qu'en  effet  on  etait  bien  loin  a  Gimont,  a  cette  epo- 
que, de  partager  les  preventions  qu'on  rencontrait  en  bien 
des  endroits  contre  les  religieux,  contre  les  Peres  Capucins 
en  particulier.  Nous  croyons  faire  plaisir  aux  lecteurs  de  la 
Revue  en  faisant  connaitre  cette  pifece,  et  avantde  nous  occa- 
per  des  Ursulines,  dont  nous  avons  a  parler  maintenant,  nous 
Fajoutons  ici  comme  appendice. 

{A  suivre.)  R.  DUBORD, 

pr^tre,  cnr^  d'Aubiet. 


Digitized  by 


Google 


331—  %-«'"'^ 


APPENDIGE. 

Deliberation  (39  octobre  1769)  de  la  commune  de  Gimont  demandant  la 
conservation  da  convent  des  P^res  Capucins. 

L'an  mil  sept  cent  soixante-neuf  et  le  vingt-neuvifeme  jour  du 
mois  d'octobre,  apr^s-midi,  dans  rhdtel-de-ville  de  Gimont,  Tasseni- 
bl6e  de  Messieurs  les  notables  ddment  convoqu^e  aux  formes  ordi- 
naires  par  devant  M.  maitre  Jean-Frangois  Cahuzac,  lieutenant 
principal  au  si6ge  royal  de  ladite  ville,  k  laquelle  a  6t6  repr^sent^ 
par  MM.  les  maire  et  ^hevins  qu'ils  demeurent  instruits  que,  sur 
Tavis  de  nos  seigneurs  de  la  commission  ^tablie  pour  la  r^forme  des 
R^uliers.  il  serait  intervenu  des  lettres  paten tes  portant  suppression 
de  plusieurs  maisons  religieuses,  notamment  dans  le  diocese  de 
Lombez,  et  qu'il  y  a  lieu  de  craindre  que  la  maison  des  Freres  Ca- 
pucins de  cette  ville  ne  soit  ^galement  supprim^;  et  comme  ces  Re- 
ligieux  ont  et6  appel^s  par  une  deliberation  de  la  ville  du  29  aoAt 
1602;  que  la  p&iurie  dautres  prfetres  et  le  grand  nombre  d'habitants 
dont  cette  ville  est  composte  furent  le  motif  de  leur  etablissement; 
que  les  m^mes  raisons  militent  encore  et  sont  mSme  plus  fortes  au- 
jourd'hui,  en  ce  que  la  communaut^,  ^tant  compos^e  d'environ  5,000 
Smes,  n*a  qu'un  cur6  et  deux  vicaires  pour  desservir  la  pnroisse  la 
plus  considerable  du  diocese;  qu'il  y  avait  autrefois  une  conso'rce 
compos^e  de  vingt  prStres  qu'on  a  6t6  oblige  de  reduire  au  nombre 
de  sept,  y  compris  le  cure  et  les  deux  vicaires,  a  raison  de  la  dimi- 
nution considerable  desrevenus,  occasionnee  par  Taugmentation  (du 
prix)  des  denrees  et  par  la  diminution  des  rentes,  ou  par  le  deperis- 
sement  des  capitaux;  de  maniere  que  la  suppression  du  convent  des 
Freres  Capucinls  dans  cette  ville  ne  pourrait  qu'fitre  tr^s-nuisible  k 
une  paroisse  aussi  vaste  et  a  laquelle  ils  donnent  tant  de  secours, 
soit  en  y  confessant,  soit  en  y  prfichant,  soit  enfin  en  y  ceiebrant  la 
messe  en  cas  de  maladie  du  cure  ou  de  ses  vicaires.  Sur  quoi  mes- 
sieurs les  maire  et  echevins  prient  le  corps  de  ville  de  deiiberer  pour 
aviser  aux  moyens  et  aux  expedients  qu'il  y  aurait  k  prendre  pour 
ticher  de  conserver  les  Frferes  Capucins  dans  cette  ville. 

Sur  cette  proposition,  le  procureur  du  roi  dit  qu'il  n'a  que  des 
eioges  k  donner  aux  Pferes  Capucins  etablis  dans  cette  ville.  Ils  edi- 
fient  le  public  par  la  regularite  de  leurs  moeurs  et  ils  se  distinguent 


Digitized  by 


Google 


—  332  — 

chaque  jour  par  beaucoup  de  zele  et  d'erudition  dans  les  differents 
emplois  qu'il  a  plu  k  Monseigneur  TEvSque  de  leur  confier  dans  cette 
ville  et  sa  juridiction,  soit  pour  Tinstruction,  soit  pour  radministra- 
tion  des  sacrements.  Et  par  Ik  ils  se  rfendent  non-seulement  utiles, 
mais  ils  sont  encore  des  dispensateurs  tres-n&essaires  pour  cette 
communaut^.  Sur  quoi  ledit  sieur  procureur  du  roi  croit  que  pour 
rint6r6t  du  public  Fassembl^e  doit  d^lib^rer  que  Messieurs  les  offi- 
ciers  municipaux  pr^senteront  requite  k  Messieurs  de  la  commis- 
sion, tendante  k  la  conservation  des  P^res  Capucins  dans  cetle  ville, 
et  qu'ils  s'adresseront  k  Mgr  I'^vfique  de  Lombez  pour  le  prier  de 
vouloir  entrer  dans  les  int^rfits  de  la  communaut^,  et  le  prier  de 
vouloir  appuyer  la  demande  qu*elle  se  propose  de  faire.  A  quoi 
conclut. 

Le  corps  de  ville,  assemble  aux  formes  ordinaires,  a  unanimement 
d^liber^  et  arrSt^  que  Messieurs  les  maire  et  ^chevins  demeurent 
charges  de  presenter  requSte  a  Messieurs  de  la  commission  pour  les 
supplier  de  vouloir  maintenir  et  conserver  les  Frferes  Capucins  de 
la  maison  de  Gimont,  k  raison  des  grands  avanlages  qui  en  revien- 
nent  k  la  paroisse  et  a  tous  les  lieux  circonvoisins,  et  des  pressants 
besoins  qu'elle  a  de  leur  secours;  m§me  de  s'adresser  k  Mgr  I'^vS- 
que  de  Lombez  pour  le  prier  de  vouloir  s'int^resser  pour  appuyer  la 
supplique  de  la  communaut6  et  faire  connaitre  la  n^cessite  de  con- 
server  ce  convent. 

Ainsi  a  &t6  d^lib^re  et  de  tout  ce  dessus  a  ^te  dress6  verbal,  lec- 
ture faite  d'icelui,  que  nous  avons  sign^  avec  les  d^lib^rants.  Cahu- 
zac,  lieutenant  principal;  Lacome,  maire;  Dupr6,  ^chevin;  Soe, 
echevin;  Lacassaigne,  (5chevin;  Lefortier,  ^chevin;  Messine,  con- 
seiller;  Collongues,  conseiller;  Daurio,  prStre,  notable;  Merueis,  no- 
table; Boas,  notable;  Castanet,  notable. 

•Pour  copie  conforme  : 

R.  DUBORD, 
prdtre,  car^  d'Aabiet. 


Digitized  by 


Google 


Jngements  de  maintenue  de  noblesse  (1). 


XII 


JEAN-JACQUES    DE    GESTAS,    SEIGNEUR    DE    B£T0US  ET  BOUZON^   ET 
GABRIEL  DE    GESTAS  DE  FLORAN,   SEIGNEUR  DE  MONTHAURIN. 

Uazur  d  la  tour  d' argent  magonnie  et  crinelie  de  sable. 

Contrat  de  manage  de  Gaillard  de  Gestas,  seigneur  de  Floran  (2), 
qualifi6  Doble,  avec  damoiselle  Jeanne  de  La  Tour,  du  11  juin  1536. 

Testament  du  m6me,  du  10  juillet  1558,  par  lequel  il  paraJt  que 
de  son  premier  mariage  avec  damoiselle  Jeanne  de  Maul^on  il  a  eu, 
entre  autres  enfants,  Jean  de  Gestas,  aieul  de  Gabriel,  l*un  des  pro- 
duisants;  et  que  de  son  second  mariage  avec  damoiselle  Jeanne  de  . 
La  Tour  il  a  eu,  entre  autres  enfants,  B^zian  de  Gestas,  bisaieul  de 
Jean-Jacques,  autre  produisant. 

Contrat  de  mariage  de  Bezian  de  Gestas  avec  damoiselle  Violante 
de  Saint-Marcet,  devant  Raymond  Duclos,  notaire  de  la  ville  de 
Magnoac^  du  27  Janvier  1577. 

Testament  de  Bezian  de  Gestas,  par  lequel  il  paraJt  que  Jean- 
Jacques  de  Gestas  itait  son  fils;  du  14  juin  1615. 

Contrat  de  mariage  dudit  Jean-Jacques  de  Gestas  de  Floran,  sei- 
gneur de  Bouzon,  avec  noble  damoiselle  Chariotte  de  Castillon, 
passe  devant  Gilles  de  Lamothe,  notaire  royal  de  la  ville  de  M^zin, 
16  d^cembre  1612. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  de  Gestas,  seigneur  de  Bouzon,  avec 
damoiselle  Jeanne  de  Pins,  dans  lequel  il  est  qualifi^  noble  et  fils 
de  Jean-Jacques  de  Gestas,  seigneur  de  Batons,  et  de  Charlotte  de 

(1)  Voir  ci-dessu8,  pages  37;  92,  146,  189,  240  et  288. 

(2)  Le  fief  de  Bdtoas  (canton  de  Nogaro)  fat  d'abord  poss^d^  par  nne  famille  du 
rndme  nom  a  laquelle  succ^da,  dans  le  ;lv«  sidcle,  une  famille  de  Lar^e.  Gdrard  de 
Lar^c  ^tait  seigneur  de  Batons  en  1479.  Les  de  Gestas  de  Floran,  qui  poss^ddrent 
la  seigneurie  de  B^tous  aprds  les  Lar6e,  I'ontgard^e  jusqu'en  1791.  A  cette  4poqae, 
le  comte  de  Geslas  la  vendit  a  noble  Francois  de  Laborde  de  Pacbdre,  qui  I'a  Ugnde 
k  sa  ni^ce,  mademoiselle  de  Faochey.  marine  an  marquis  Edmond  de  Villeneave- 
Haaterive. 


Digitized  by 


Google 


I  ■■-  ' 

I  -.  334  — 

Castillon;  devaat  Guillaume  Maguelpne,  uotaire  de  Pessoulens, 
15  mars  1644. 

Testament  de  Jean  de  Gestas,  seigneur  de  Batons,  Bouzon,  quali- 
fi^  noble,  par  lequel  il  paratt  que  ladite  damoiselle  Jeanne  de  Pins 
etait  sa  femme  et  ledit  Jean-Jacques,  produisant,  son  fils;  devant  B^- 
zian,  notaire  de  Betous,  19  juiilet  1680. 

Contrat  de  manage  de  Jean -Jacques  de  Gestas,  qualifi^  messire 
el  seigneur  de  Betous,  Bouzon  et  autres  places,  avec  damoiselle  Ma- 
rie de  Pins;  du  23  f^vrier  1687,  devant  Labarthe,  notaire  de  Va- 
lence. 

Contrat  de  manage  de  Jean  de  Gestas,  fils  de  noble  Gaillard  de 
Gestas,  auteur  des  produisants,  dans  lequel  il  est  qualifie  noble  et 
puisne  de  Floran  (1),  avec  damoiselle  Isabeau  d'Arroux,  devant 
Dominique  Dauriac,  notaire  royal  de  I^roquan,  28  octobie 
1583. 

Testament  de  Jean  de  Gestas,  seigneur  de  Floran,  par  lequel  il 
paraft  que  ladite  Isabeau  d'Arroux  6tait  sa  femme  et  que  Jean  de 
Gestas  ^tait  son  fils,  du  19  Janvier  1607. 

Contrat  de  mariage.de  Jean  de  Gestas,  qualifie  noble  et  seigneur 
de  Floran  et  Montmaurin,  avec  damoiselle  Charlotte  du  Garran^,  du 
7  avril  1614. 

Testament  dudit  noble  Jean  de  Gestas,  seigneur  de  Montmaurin, 
Floran,  par  lequel  il  parait  que  noble  Gabriel  de  Gestas  ^tait  son  fils; 
du  21  avril  1654. 

Contrat  de  mariage  de  Gabriel  de  Gestas,  seigneur  de  Montmau- 
rin, avec  damoiselle  Marie  de  Junca,  par  lequel  il  paratt  que  noble 
Jean  de  Gosta  ^tait  son  p^re  el  Charlotte  du  Garran6  ^tait  sa  mere; 
pass4  devant  Bernard  Montlong,  notaire  royal  de  Castelnau-Magnoac, 
le  21  Janvier  1646. 

Maintenus  dans  leur  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-des- 
sus,  par  jugement  rendu  k  Montauban  le  1*'  juiilet  1698. 

Signi  :  Le  Pelletier  de  La  Houssaye,  intendanl  de  Montauban. 


(1)  Latcrreet  seigneurie  de  Floran  est  pass^e  au  xvin*  si^cle  dans  la  maison  de 
Dispan  de  Savaric,  qui  s'est  appeUe  d^sormais  Dispan  de  Floran. 


Digitized  by 


Google 


I 
^  335  — 

xm 

JACQUES  DE  FERRAGUT,   SEIGNEUR  DE  PASCAU  (1). 
IfazuT  au  fer  aigu  d' argent  la  pointe  vers  le  chef, 

Arrdt  du  parlement  de  Toulouse  du  15  octobre  1562,  entre  Phili- 
berle  de  Villeneuve  et  Madeleine  de  Sainte-Araille,  veuve  de  Pierre 
de  Ferragut,  auteur  du  produisant,  par  lequel  il  paratt  que  Jean  de 
Ferragut,  seigneur  du  Cos,  ^tait  fils  de  Pierre. 

Contrat  de  mariage  dudit  Jean  de  Ferragut,  seigneur  du  Cos,  avee 
damoisello  Marguerite  de  Combirac;  devant  Pierre  de  Bacquelly, 
notaire  royal  du  lieu  de  Roquelaure,  29  avril  1595. 

Trarfsaction  entre  nobles  Pierre,  Jean,  Antoine  et  Amanieu  de 
Ferragut,  seigneur  du  Cos,  fr^res,  au  sujet  de  la  succession  de  Jean 
leur  pfere,  du  10  f^vrier  1606,  devant  Asclaf,  notaire, 

Testament  de  ladite  damoiselle  Marguerite  de  Combirac,  veuve  de 
noble  Jean  de  Ferragut,  dans  lequel  il  est  fait  mention  de  Pierre-  ^ 
Jean- Antoine  et  Manieu  et  de  I'institution  de  son  heritier  par  elle 
faite  dudit  Manieu,  du  10  Janvier  1606,  devant  Lalanne,  notaire  de 
Manciet. 

Transaction  entre  Jean  de  Ferragut,  seigneur  du  Cos  et  de  Cra- 
vens^e,  et  Pierre  de  Ferragut,  seigneur  de  Lesquette,  frferes,  pour 
raison  des  biens  de  la  succession  dudit  Manieu  et  de  damoiselle 
Frangoise  de  Lasseran,  leurs  p^re  et  mere,  14  f^vrier  1665. 

Contrat  de  mariage  de  Jacques  de  Ferragut,  produisant,  dans  le- 
quel il  est  qualifi6  noble  et  fils  de  Pierre,  seigneur  de  Lesquette, 
avec  damoiselle  Marguerite  de  Bonlouis,  dame  de  Pascau  (2)  devant 
Justrabo,  notaire  de  Castelnavet,  du  18  juillet  1674. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus, 
par  jugement  rendu  h  Montauban  le  5  juillet  1698, 

Signi :  Lb  Pelletier  de  La  Houssaye,  intendant  de  Montauban. 

J.   DE  C. 

(A  suivre.) 

(1)  Voyez  livraison  d'avril,  p.  191. 

(2)  Lefief  de  Pascau  relevait  de  la  maisoD  de  Saint-Gresse  da  Strides.  JeaD  de 
Saint-Gresse,  geigneur  de  Sdridos  et  Pascaa,  vendit  ce  dernier  fief,  dans  le  courant 
du  XVII*  sidcle,  k  noble  Bertrand  de  Pardaillan,  sieur  de  La  Couture,  qui  lui-mdmo 
le  c^da  aux  Bonlouis. 


Digitized  by 


Google 


V    \) 


-r-  336  — 


BIBLIOGRAPHIE. 

HiSTOiRE  DE  LA  CAIHEDRALE  D£  RoDEz,  avoc  pieccs  JQStificatives  et  de  nom- 
breux  documents  sur  les  6glises  et  les  anciens  artistes  da  Rouergue,  par  L. 
BiON  DE  Marlavagnb  (omSe  de  27  grav.).  Rodez,  veuve  Carr6re;  Paris,  Di- 
dron,  1876. 1  vol.  in-8°  de  xvi-423  p.  —  Prix  :  5  fr. 

D^bordee  depuis  longtemps  par  Tabondance  des  mati^res,  la 
Revue  de  Gascogne  h&ite  plus  que  jamais  k  ouvrir  son  cadre  si 
etroit  aux  travaux  qui  n'interessent  pas  directement  son  domaine 
provincial.  Que  ce  soit  notre  excuse  pour  le  long  retard  qu'a  subicet 
extrait;  on  verra,  d'ailleurs,  que  nous  aurions  eu  tort  de  n^gliger  le 
livre  de  M.  Bion  de  Marlavagne,  puisqu*il  s*y  Irouve  des  noms  gas- 
cons,  sans  parler  des  secours  pr^cieux  qu'il  pent  foumircbez  nous 
aux  Etudes  du  m6me  ordre. 

En  effet,  VHistoire  de  la  cathddrale  de  Rodez  pent  6tre  propos6e 
comme  un  modele,  soit  pour  la  partie  historique,  qui  defraie  les  neuf 

.premiers  chapitres  (p.  1-115),  soit  pour  les  onze  chapitres  descriptifs, 
qui  enibrassent  tous  les  details  du  vaste  Edifice  et  de  son  mobilier 
(p.  116-276),  soit  pour  Tappendice  de  documents  inedits  et  de  dis- 
sertations qui  couronne  ce  travail  (p.  277-402),  soit  enfin  pour  les 
dessins,  trop  peu  nombreux  sans  doute,  mais  suffisants  et  tres-soi- 
gneusement  ex^cut^s. 

M.  Bion  de  Marlavagne  a  le  sentiment  tres-vif,  non-seulemeot  de 
Tart  ogival,  mais  de  Tinspiration  chretienne  qui  Texplique  et  le  con- 

*  sacre.  II  parle  avec  respect  et  avec  amour  de  tout  ce  qui  touche  au 
cuke  catholique,  et  ne  craint  pas  de  regretter  les  f6tes  et  les  ceremo- 
nies dramatiques  des  ages  de  foi,  auxquelles  il  a  consacre  tout  un 
chapitre,  le  dernier  de  son  beau  travail.  Dans  le  premier,  le  m6me 
sentiment  Ta  rendu  favorable  aux  antiques  traditions  de  son  pays 
sur  Torigine  apostolique  de  la  cath^drale  de  Rodez.  Toutefois,  la 
science  n'aura  pas  a  se  plaindre;  la  legende  pent  rester  douteuse, 
mais  les  raisons  invoqu^es  par  le  savant  et  religieux  auteur  pour 
appuyer  son  opinion  relative  a  la  premiere  place  de  la  cath^drale  et 
a  celle  du  baptist^re  de  sa  cit^  sont  puisees  aux  principes  les 
plus  silrs  de  Tarcheologie  chretienne.  Partout,  du  resle,  Thistorien 
se  montre  plein  de  prudence  et  de  sagacity,  fidele  a  citer  et  a  utiliser 
les  documents,  habile  a  relever  les  erreurs  m6me  d*auteurs  estimes, 
comme  MM.  de  Gaujal  et  de  Barrau. 


Digitized  by 


Google 


i 


--  337  — 

Restaur^  au  v^  siecle  par  saint  Amans,  que  des  historiens  plust 
sceptiques  regardent  oomme  son  fondateur,  reconstruite  au  vi«  par 
saint  Dalmas,  la  cathedrale  de  Rodez  ue  date,  dans  son  ^tat  actuel, 
que  du  xin«  siecle  pour  ses  pins  anciennes  portions;  et  les  demiers 
travaux  de  la  nef  et  des  tours  n'ont  ^te  accomplis  qu'au  lyi**.  Or, 
M.  Bion  de  Marlavagne  a  eu  le  bonheur  de  trouver,  pour  toute  la 
dur^e  de  ces  quatre  siecles,  des  renseignements  trfes-pr^is  sur  la 
construction  et  Tornementation  de  ce  monument  remarquable.  A 
force  de  compulser  et  d'^tudier  surtout  les  archives  de  TAveyron,  il 
a  pu  nous  donner  sur  les  noms  des  artistes,  sur  les  comptes  et  devis 
des  maitres  deToeuvre,  sur  Texecution  de  chaque  fragment  de  I'edi- 
fice,  des  details  qui  interessent  hautement  Thistoire  artistique  de  la 
France  et  sp^cialement  de  notre  midi.  t  Ce  qui  nous  paraft  incon- 
testable, dit-il  lui-m6me,  et  ce  que  nous  nous  sommes  attach^  a 
faire  ressortir,  c'est  la  ressemblance  de  la  cathedrale  de  Rodez  avec 
les  cath^drales  de  Clermont,  de  Limoges  et  de  Narbonne,  avec  cetle 
demiere  surtout.  Elle  pent,  comme  les  trois  autres,  servir  a  montrer 
ce  que  devint  Tarchitecture  ogivale  a  la  fin  du  xiii*  siecle,  en  quit- 
tant  rUe-de-France  et  la  Picardie,  son  pays  d'origine,  pour  s'etablir 
au  midi  dans  des  contrees  oii  Tarchitecture  romane  dominait  exclusi- 
vement.  »  L'auteur  insiste  aussi,  avec  grande  raison,  sur  ce  fait,  que 
r^difice  dont  il  a  retrace  I'histoire,  si  rigoureusement  exacte  et  si  ri- 
chement  document^e,  a  ^t^  congu,  dirige,  exfeut^,  comme  ses  pareils 
du  moyen  Sge  et  du  d^but  des  temps  modernes,  par  des  indigenes. 
€  En  fait  d*art,  ajoute-t-il,  et  particulierement  en  fait  d'architecture, 
le  Rouergue,  s'il  a  peu  donn^  aux  pays  voisins,  s'est  presque  tou- 
jours  suffi  a  lui-mSme.  Son  inaptitude  i  la  culture  des  arts  n'est 
done  pas  aussi  grande  qu'on  s'est  plu  a  le  dire.  Cette  v^rit^  resulte, ' 
non-seulement  de  Thistoire  de  la  cathedrale,  mais  encore  des  docu- 
ments sur  les  anciens  artistes  du  Rouergue  que  nous  publions  a 
TAppendice.  >  Tons  ceux  qui  slnt^ressent  a  I'histoire  de  Tart  fran- 
gais  tiendront  compte  au  laborieux  auteur  de  la  publication  de  ces 
documents;  ils  lui  seront  particulierement  reconnaissants  de  ses  d^- 
couvertes  sur  «  une  ecole  de  peintres-verriers  a  Rodez  au  xv®  siecle 
(p.  342-346),  »  et  de  sa  liste,  avec  pieces  a  Tappui,  des  peyriers, 
magons  et  architectes,  —  fustiers  et  charpentiers,  —  serruriers, 
fabricctnts  d*horloges,  fondeurs  de  cloches  et  de  canonSy  —  peintres 
et  veyriers  ou  verriniers^  —  imagiers,  statuaires  et  sculpteurs,  — 
facteurs  d'orgues^  —  brodeurs  et  tapissiers,  —  argentiers  et  orfivres, 
dont  les  archives  du  Rouergue  ont  gard6  le  souvenir,  liste  qui  rem- 


Digitized  by 


Google 


w 


—  338  — 


plit  pres  de  cinquante  pages,  de  rimpression  la  plus  compacte. 
Mais  apres  avoir  recommand^  cet  ouvrage  par  ce  qui  touche  a 
rhistoire  de  la  religion  et  de  .rart,  nous  devons  noter  ce  qu'il  four- 
nit  k  notre  province.  On  sait  que  quatre  membres  de  Tillustre  fa* 
piille  de  Corneillan  et  notre  grand  cardinal  Georges  d'Armagnac  ont 
occup^  le  siege  Episcopal  de  Rodez  (1).  Leur  biographic  n'est  pas 
^trang^re  a  Thistoire  de  leur  cathedrale.  —  L*6v§que  Frangois  d'Es- 
taing,  mort  le  1«'  novembre  1529;  en  avait  presque  achev6  la  cons- 
truction. Les  deux  tours  occiden tales  arrivaient  a  la  hauteur  qu'elles 
n'ont  guere  B^pass^e,  les  voAtes  int^rieures  4taient  tres-probable- 
ment  termin^es,  le  mur-pignon  entre  les  deux  tours  atteignait  le 
haut  de  la  grande  rosace.  II  restait  a  faire  les  t^tes  de  mur  qui  de- 
vaient  porter  la  charpente  du  grand  comble.  Georges  d'Armagnac, 
successeur  de  Frangois  d'Estaing,  les  fit  executer  et  y  fit  sculpter  ses 
armes,  qui  ne  seraient  pas  si  haut  si  on  avait  eu  le  choix  de  la  place. 
On  voit  encore  son  blason  au  somniet  des  deux  derniers  contre-forts 
m^ridionaux,  et  il  y  est  accompagn6  d<^s  initiales  G.  A.etd'une 
gerbe  symljolique,  dont  voici  Texpiication  :  €  Fr.  d'Estaing  entou- 
rait  ses  armes  du  cordon  de  saint  Frangois,  pour  annoncer  qu'il 
voulait  6tre  dans  les  chaJnes  et  captif  de  J.-C.  On  dit  que  le  secre- 
taire de  Georges  d'Armagnac,  Guillaume  Philandrier,  imagina,  pour 
ench^rir  sur  le  cordon,  d*ajouter  aux  armes  de  son  maJtre  une  gerbe 
li^e  et  dress^e  avec  ces  mots  :  In  flagella  paratus,  comme  pour  lui 
faire  dire:  Je  ne  suis  pas  seulement  lie  et  captif  de  J.-C,  je  suis 
encore  pr6t  a  recevoir  les  coups.  »  Jacques  de  Corneillan,  neveu  et 
successeur  du  cardinal  d'Armagnac,  fit  executor,  en  1562,  le  pignon 
occidental,  dont  deux  pyramidions  portent  ses  armoiries.  Mais  la 
'tour  du  sud-ouest,  reprise  sous  T^piscopat  d'Armagnac,  dans  le  style 
de  la  Renaissance,  pour  rivaliser  avec  le  grand  clocher,  merveille  du 
XIV®  sifecle,  ne  fut  pas  men^e  k  fin  par  son  successeur.  II  en  resta  un 
d^but  grandiose,  digne  d'immortaliser  Tarchitecte  Jean  Salvanh,  et 
cette  inscription  trop  fastueuse  :  Facessant  JEgyptiorum  insantB 
pyramidum  moles,  Valeant  orbis  miracula  (dont  les  derniers  mots, 
qui  font  lanique  aux  Merveilles  du  monde,  ont  ^t^  mal  traduits  par 


(1)  Sar  MM.  de  Gorneillao,  ^vdqoes  de  Rodez,  voyez  ce  qa'en  a  dU'ici  mSme, 
en  \^\e  de  \enrs  Lettres  indditesi  notre  infatigable  collaborateur,  M.  Tamizey  de 
Larroqoe  (xv,  328).  —  Sur  le  cardinal  G.  d'Armagoac,  voyez  mon  6tude  biographi- 
qae  et  liUdraire  de  1875  (xvi,  341).  J'aurais  dd  y  revenir  depuis,  pour  faire  conoaftre 
de  Doovelles  leUres  de  riliustro  diplomate,  pabli^es  par  M.  Ph.  Tamizey  de  Lar- 
roqae  dans  la  Revue  historique  de  MM.  Monod  et  Fagniez  ^ii,  515-565). 


Digitized  by 


Google 


—  339  — 

rauteurj.  Le  mdme  artiste  fit  d'autres  travaux  pour  le  cardinal  d*Ar- 
magnac  :  des  reparations  au  chateau  de  Muret  etau  palais  Episcopal, 
et  surtout  la  somptueuse  restauration,  dans  le  goilt  de  la  Renaissance, 
d'un  monument  du  xin«  siecle,  lechdteau  de  Gages,  pr^s  de  Rodez, 
dont  Marguerite  de  Valois  avait  c6d6  Tusufruit  a  son  parent.  Quant 
au  palais  Episcopal,  Georges  d'Armagnac  le  fit  surtout  consolider;  il 
fit  reconstruire  en  mfime  temps  la  porte  de  Saint-Martial,  voisine  de 
la  cath^drale,  et  laissa  des  fonds  pour  T^rection  des  belles  arcades, 
soutenant  la  terrasse  de  revSch^,  qui  viennent  k  la  suite  de  cette  porte. 
Mais  c'est  Jacques  de  Cdrneillan  qui  les  fit  Clever.  —  Sous  Francois 
de  Corneillan,  qui  avait  lente  de  soumettre  Rodez  k  la  Ligue,  le  peu- 
ple  de  la  ville  obtint  un  ordre  de  demolition  du  palais  Episcopal  et  le 
d^molit  en  effbt  (1589);  une  ordonnance  royale  de  1599,  permettant 
a  Tevfique  de  le  rebitir  sur  les  m6mes  fondements,  n'eut  aucune 
suite,  et  c'est  en  1684  seulement  que  s'^leva,  plus  loin  des  remparts, 
le  palais  encore  subsistant,  mais  tout  k  fait  transform^.  —  Quant  k 
Bernardin  de  Corneillan,  il  fit  refaire  Torgue  en  1628;  on  nous  ra- 
conte  de  plus,  sur  son  compte,  une  ^fes-dramatique  anecdote  sur  le 
banc  des  consuls  (p.  ^28),  pour  laquelle  nous  renvoyons  aucurieux 
recit  de  M.  Bion  de  Marlavagne. 

L^once  Couture. 


NOTES  DIVERSES. 


CII.  Bernadotte  et  rnniversit^  de  Giesaen. 

M.  le  comte  de  Bremond  d'Ars  a  bien  voulu  roe  communiquer  —  et  je  tn'em- 
presse  de  communiqaer  aux  lecteurs  de  la  Revue  de  Gaseogne  —  an  document 
tr^s-peu  connu  et  qui  ne  manque  point  d'int^r^t :  c'est  la  copie  da  dipldme  d6- 
ceni6,  le  17  ddcembre  1798,  k  notre  illustre  compatriote  par  Tuniyersit^de 
Giessen  (Hesse-Darmstadt),  d'apr^s  I'exemplaire  que  le  professeur  Buchner 
donna,  le  31  decembre  1807,  k  M.  le  vicomte  de  Bremond  d'Ars,  k  son  passage 
^  Giessen.  Th^ophile-Charles  de  Bremond  d'Ars,  alors  officier  de  cavalerie.  est 
mort  g6n6ral  de  division,  le  12  mars  1875,  &gS  de  88  ans,  et  c'est  son  fits  qui 
m'a  remis  le  document  qui  nous  apprend  qu'^  tous  ses  autres  litres  S.  M.  Char- 


Digitized  by 


Google 


—  340  - 

les-Jean  XIV,  roi  de  Su^de  et  de  Norv6ge,  joignait  le  litre  de  membre  honorairc 
deTacad^mie  deGiessen.  T.  de  L. 

Saint  et  prosp^rit^! 

En    vertu  de  I'autorit^  et  da  pouToir 

k  DOUf  aooord^f 

Nouf  d^olaroDf  et  faToir  faifontr 

qa'aa  oitoyen 

JEAN-BAPTISTE 

BERNADOTTE 

homme  tr^s-o^l^bre  par  lef  exploits^ 

G^niral  diTisionnaire  de  tris-puisiante  R^publique  fran^aifey 

tr^f-Taillanty  tr^i-pradenty  tr6fl-respe(}table;  tr^s-ol^ment  eavers  aotre 

Patrie  tant  qu'elle  a  ^t^  oooup^e 

par  Ses  troappei;  tris-gin^renz  et  tr^f-lib^ral  envers  notre  Aoad^mief 

tr^f-bienveillant  envers  les  Profeiteurs  des  Soienoes  et  enveri  tons  ceax 

qui  oaltiTent  les  Bfasei, 

illiutre  Proteotear  dei  Soienoes  et  des  Arts, 

auxqnelles 

qaalit^s  ^minentesy 

Ledit  Gitojren  joint  une  profonde  ^raditiony 

p  r  inoipalement 

nne  ample  et  exaote  Gonnoissanoe  des  objets  relatifs  4  rhistoirey  4  la 

statistiqae  et  aax  soieno^i  politiques  et  ^oonomiquesy 

par  rapport  4  laqueile 

noas  nous  faisons  gloire 

de  poavoir  I'aggriger  dans  notre  sooi^t^  litt^rairey  oomme  Bf  embre 

honoraire 

de  notre  Aoadimie  et  ainsiy 

l*vnir  k  noas  oomme  par  des  liens  plus  ^troits;  devant 

Le  RecTtenr  de  I'Aoad^mie 

Lb  DOCTKua  J.  G.  S.  ALB.  BUGHNER 

P.  P.  ord.  en  Droits 

et  devant 

Le  Gbanoelier  de  TAoadimie 

Lb  ooGTBoa  J.  G.  KOGH 

Gonseiller  intime  de.S.  A.  S.  Bf .  Le  Landgrave  de  Hesse  et  premier 

Professeur  en  Droits; 

qai  en  a  donn^  la  conoession; 

par  ArrH6 

de  tonte  I'Aoad^mie  en  Gorps 

et  sp^oialement 

de  rillostre  Faoalt^  des  Philosophesy 

Les  honneurs  supremes  en  Philosophie 

ont  ^t6  av^ourd'hui  oonf(6r6sy 

selon  le  rit  et  les  us  aooontum^Sy 

par 

CHRETIEN  HENRI  SGHMID 

Dootenr  en  Droits  et  en  Pbilosophiey  Gonseiller  de  la  R^genoe  de 

S.  A.  S.  Bf .  le  Landgrave  de  Hessey 

Professeur  en  Po#sie  et  en  Eloqaenoe; 

en  foi  de  qnoi 
Le  Doyen  de  la  Faoulti  des  Philosophes 


Digitized  by 


Google 


—  341  — 

GUILLAUME  FREDERIC  BEZEL 

GomeiUer  intime  de  la  Rigenoe  de  S.  A.  8.  Bf.  le  Landgrave  de  Hesse 

et  Professeur  public  ordinaire  des  langaes  orientalet 

a  public  oet  aote  foleninely 

■oat  le  grand  loeaii  de  I'Aoad^mie : 

le  xvu  Deo.  mdcclxxxxthi. 

A  GIES8EN  de  rimprimerie  de  Jean-Guillanme  Branny  imprimeur  de 

VVniversiU  (1). 


cm.  Les  quatrains  de  Jean  de  La  Jessie. 

Guillaome  Colletet  {Vies  des  poHes  Gascons,  1866,  p.  132  da  tirage  k  part] 
pretend  que  la  Philosophie  morale  et  civile  du  sieur  de  La  Gessie  oc  consiste  en 
cent  quatrains  s^rieux  qui  sont  autant  de  pr6ceptes4i  bien  vivre.  »  J'ai  mis  sous 
ce  passage  une  petite  note  qui,  pas  plus  que  Fassertion  du  bon  Colletet,  ne  doit 
subsister.  Void  ce  que  je  lis,  en  effet,  dans  le  Bulletin  mensuel  de  la  lihrairie 
Morgand  et  Fatovt  (no  6.  Janvier  1877,  p.  455,  article  2739)  :  «  La  Jbss^ 
(Jeande).  La  ||  philosophie  \\  morale  et  civile^  \\  du  sieur  de  La  Jess^.  || 
Premiere  Edition.  ||  A  Paris,  ||  par  Fr6d6ric  Morel,  impriraeur  ||  ordinaire  du 
Roy.  II  M.  D.  XCV.  ||  Avec  privilege  de  Sa  Majesty.  In-6o  de  40  pp.,  d6reli6. 

aoofr. 

»  Au  titre,  one  petite  marque  de  F.  Morel. 

]»  Au  verso  du  titre,  un  quatrain  de  Ph.  d'Angennes,  sieur  du  Fargis. 

»  Les  pp.  3-4  sont  occupees  par  une  6pitre  en  prose  k  messire  Renauld  de 
Beaune,  patriarche  archevesque  de  Bourge^. 

»  Le  volume  est  divisg  en  deux  parties  contenant  cbacune  101  quatrains.  La 
seconde  partie  n'a  M  signal^e  jusqu'ici  par  aucun  bibliographe.  Goujet  [Bihlio- 
thkque  frangaise,  xiii,  194)  dit  qu'il  n'a  compte  que  101  quatrains  dans  la 
Philosophie  morale.  M.  Raynal,  dans  YAvertissement  mis  par  lui  en  t^te  du 
Nouveau  discours  sur  le  si^ge  de  Sancerre,  r^imprim^  k  Bourges  en  1842,  a 
reproduit  ce  renseignement  sans  pouvoir  le  rectifier.  Enfin,  M.  Brunet  lui-m^me 
{Manuel,  in,  776)  ne  parle  6galement  que  de  la  premiere  partie.  »  Rempla^ons 
done  le  chifTre  100  par  le  chiffre  202  et,  en  fail  de  renseignements  bibliogra- 
phiques,  m4fions-nous  de  toutle  monde. 

T.  de  L. 

P.  S.  Au  moment  ou  j'allais  envoyer  k  notre  cher  r^dacteur  en  chef  cette 
petite  note,  je  recois  le  numero  de  juillet  1877  des  Etudes  religieuses,  philoso- 
phiqueSf  historiques  et  littdraires,  et  j*y  trouve  I'occasion  d'une  nouvelle  recti- 
fication. Cette  occasion  m'est  fournie  par  un  article  intitule  :  Une  poignie  de 
pseu^hnymes  frangais,  dans  lequel  un  bibliographe  d'un  rare  m6rite,  qui  se 

(1)  Placard  de  O™  36  centimHres  de  largeur  sur  Om  44  centimetres  de  hauteur, 
imprim^  sur  gros  papier  blanc. 


Digitized  by 


Google 


—  342  — 

cache  sous  le  nom  du  P.  Clauer,  rend  compte  d'un  bien  curieux  et  bien  pr^cienx 
manascrit  qu'il  a  eu  le  bonheur  de  d^couvrir  :  la  Bibliolheca  personata  du  P. 
Louis  Jacob  de  Sainl-Cbarles,  devancier,  depuis  deux  si^cles,  deQu6rard.  Yoici 
comment  le  R.  P.  Clauer  traduit  (p.  81)  le  passage  relatif  k  la  femme  de  Colletet, 
cette  Glaudine  dont  j'ai  si  complaisamment  parle  {Introduction  aux  Vies  des 
poHes  Gascons,  p.  24-28)  :  «  Plusieurs  auteurs  de  notre  temps  lui  ontdecerne 
le  nom  d'Hlustre;  elle  s'appelait  Le  Hain,  N6e  k  Paris,  elle  epousa  Guillaume 

Colletet,  et,  apr^s  la  mort  de  son  premier  mari,  elle  s'unit  k Morin.  Sous 

son  nom  parurent  di verses  poesies  frangaises,  qui  ne  sont  pas  d'elle,  mais  de 
Guillaume  Colletet.  Elle  me  Ta  avou^  elle-m^me.  VEpitaphe  de  Guillaume 
Colletet  n'est  pas  non  plus  de  Glaudine,  mais,  selon  le  bruit  public,  d'Antoine 
Pureti^re.  Le  R.  P.  Francois  Vavasseur,  jesuite,  ce  maitre  en  Eloquence  latine, 
la  traduisit  en  \ers  latins  tr6s-616gants.  Glaudine  Colletet  mourut  k  Paris  en 
1666.  »  On  Yoit  que  j'ayais.eu  bien  tort  de  dire  :  a  Glaudine  Le  Nain,  appel^ 
quelquefois  Le  Hain,  probablement  par  suite  d'une  faute  d'impression.  s  C'est 
Le  Nain,  au  cohtraire,  qui  est  la  forme  d^fectueuse  (1).  On  voit  encore  que  le 
bruit  courait  (mais  ici  il  n'y  a  plus  certitude)  que  Fureti^re  aurait  r6dig6  le 
buitain  qu'apr^s  tant  d'autres  critiques,  j'ai  cit6  comme  ayant  6te  compose  ad 
usum  viduw  par  la  pr^voyante  tendresse  de  Colletet  roourant.  Enfin,  apr^  les 
rectifications,  indiqiions  les  deux  additions  que  les  biographes  de  Giaudune 
doivent  d^sormais  au  P.  Jacob  :  le  nom  de  son  second  mari,  Morin,  dont  Talle- 
mant  des  R^aux  (Historiettes,  t.  yii,  p.  113)  avait  dit :  a  Elle  espousa  un  je  ne 
s^ay  qui,  b  et  la  datede  sa  mort  qui  n'a  et6  indiquee  nulle  part,  1666.  N'oublions 
pas  que  le  P.  Jacob  n'a  pas  pu  6tre  mal  inform^  sur  ces  deux  points,  lui  qui 
connaissait  tres-bien  la  derni^re  femme  de  ce  Colletet  qu'il  appelle  (p.  84)  son 
trks-cher  ami  (2). 

Cette  m^me  livraison  des  Etudes  —  j'ai  garde  cela  pour  la  bonne  boucbe  -r 
renferme,  dans  un  remarquable  article  du  R.  P.  Colombier  sur  T^po^tte  de 
I'^rection  des  dvichSs  de  France,  un  61oge  que  je  suis  heureux  d'indiquer,  k 
la  fois  comme  un  puissant  encouragement  et  comme  une  legitime  recompense, 
k  mes  chers  collaborateurs  :  notre  recueil  est  cit^  (p.  17,  note  6)  sous  le  titre 
de  la  §avante  Bevue  de  Gascogne. 


(1)  Nous  avions  tons  M  tromp^s  par  le  texie  des  Historiettes  (t.  vii,  p.  107)  et,  ce 
qui  dtait  encore  plus  dangereux,  par  le  texie  des  Pohies  diverges  de  Colletet  (Paris, 
1056,  ia-lS,  p.  190).  Comment  Colletet  avait-il  laisse  passer  nne  eoquilU  qui  d^fi- 
garait  le  nom  de  sa  femme?  Qoan4]e  dis  toas,  j'ai  tort;  je  devrais  dire :  presque  tons, 
car  M.  Jal  {Dictionnaire  critique,  vo  Colletet}  avait  lu,  sous  la  date  du  19  novembre 
1152,  dans  les  registres  de  mariage  conserves  a  rHdtel-4e-Yille  de  Paris,  le  nom  de 
Claude  {sic)  Le  Hain. 

(2)  Voir  pages  8S-83,  ce  que  le  P.  Jacob  nous  apprend  de  denx  ouvrages  |5ubli^i 
sous  un  nom  ompruDtti  par  G.  Colletet. 


Digitized  by 


Google 


—  343  — 


QUESTIONS. 


146.  Mademoiselle  de  Gambefort  et  le  Roi  de  N&varre.    > 

M.  de Saint-Amans  (Histoire  du  d^partement  de  Lot-et-Garonne,  X.  i,  p.  398) 
raconte  qae,  pendant  le  s6jour  da  futur  Henri  IV  k  Agen,  en  1577,  un  bal  fut 
donn6  dans  la  grande  salle  de  r6v6ch^ ,  d'aatres  disent  dans  la  roaison  de  M.  de 
Selves  (rue  Porte-Neuve,  ou  ful  6Ubli  depuis  le  couvenl  de  la  Visitation),  et 
que  «  les  bougies  ayant  6t^  tout  k  coup  eteintes  par  un  ordre  sup^rieur,  au 
grand  scand ale  de  Tassembl^e,  »une  des  danseuses,  mademoiselle  de  Cambefort, 
pour  6chapper  au  danger  d'un  enlevement,  «  se  jeta  par  la  fendtre  et  se  cassa 
la  jambe  en  tombant  sur  le  pave.  »  M.  de  Saint-Amans  ajoute  que  le  souvenir 
de  cet  6venement  se  retrouve  dans  une  cbanson  qui  commence  ainsi  (etdontje 
voudrais  bien  connaitre  tons  les  couplets]  : 

Anooa  de  Cambofort, 
Aqaello  dansarello,  etc. 

L'6diteur  de  V Histoire  du  d^artement  de  Lot-et-Garonne,  qui,  comme  on  le 
sait,  6tait  le  ills  de  Tauteur,  met  sous  ce  passage  la  note  que  voici :  <k  M6zeray 
{Histoire  de  France,  t.  xii,  p.  470)  raconte  cetfe  aventure  d*une  mani^re  moins 
vraiseroblable,  disant  que  les  bourgeois  d'Agen  6taient  fort  mal  contents  du  Roi, 
pour  certaine  galanterie  arriv6e  au  bal,  \k  oil  quelques  -uns  de  sa  suite,  qui 
abusaient  des  passions  de  sa  jeunesse,  ayant  fait  souMer  les  flambeaux,  porter ent 
les  mains  sur  les  riches  pierreries  des  dames,  en  feignant  de  cbercher  autre 
chose.  » 

M.  Bazin,  dans  la  spirituelle  Notice  sur  Henri  IV  qui  pr^^de  les  (Economiei 
royales  (Edition  Michaud  et  Poujoulat),  dit,  transportant  en  1578  ce  qui  est 
incontestablement  de  1577  (p.  vii) :  «D6s  les  premiers  moisdel578,  une  folie 
lui  fit  perdre  [au  roi  de  Navarre]  la  ville  la  plus  considerable  qui  Teut  re^u  dans 
son  gouvernement  de  Guyenne.  Les  jeunes  seigneurs  de  la  cour  qu'il  tenait  dang 
Agen,  jalouK  de  lui  montrer  qu'ils  en  savaient  autant  que  les  courtisans  de  Paris, 
s'avis^rent  au  milieu  d'un  bal  d*eteindre  les  chandelles  pour  faire  main  basse 
sur  les  belles  dames  gasconnes.  Irrit^s  de  cette  insulte,  les  habitants  d'Agen, 
peres,  maris,  amants  et  freres,  appel^rent  dans  leurs  murs  les  troupes  du  roi 
[de  France].  » 

M.  Henri  Martin  [Histoire  de  France,  4«  edition,  t.  ix,  p.  469)  reproduit  (en 
note]  la  version  de  M.  Bazin  et  ajoute  :  <k  Nous  n'avons  trouv6  d'allusion  k  ce 
fait  que  dans  un  pamphlet  ligueur  de  1586,  VAvis  d*un  catholique  anglois^ 
piece  tres-eloquente,  tres-violente  et  tres-calomnieuse  (1).  Du  Plessis-Momai, 

(I)  L'interprdte  pr^tenda  des  catholiques  anglais  est  le  fameux  avocat  g^n^ral  de 
la  Ligne,  Louis  d'Orl^ans  oa  Dorians.  Le  pamphlet,  qui  n' est  pas  intitald,  comme  le 
dit  M.  H.  Martin,  Avis  d*un  catholique  anglois,  mais  bien  Avertissement  d$s 
catholiques  anglois  aiKc  Francois  catholiques,  a  6i^  r^mprimd  dans  Tddition  de  la 
Satire  Menifpie  de  Ratisbonne  (1709)  et,  de  nos  jours,  dans  le  t  xi  des  Archives 
eurieuses  de  V  Histoire  de  France. 


Digitized  by 


Google 


—  344  — 

dans  sa  refutation  de  cette  pi^ce,  en  appelle  k  tons  les  habitants  d' Agen  contre 
une  fable  qu'il  repousse  avec  indignation.  » 

Je  vais  reproduire  toutela  tirade  de  Du  Plessis-Mornay  [Lettred'un  gerUil" 
homme  catholique  francois,  contenant  brhe  riponse  aux  calomnies  d'un 
certain  pritendu  anglois.  Mimoires  de  la  Ligue,  t.  v,  in-4«,  p.  437-438)  :  . 
a  Us  ajoutent  un  exc^s  pr^endu  k  Agen  en  Tan  77,  qu'ils  publient  par  tout  le 
monde...  Mis4rables!  Et  qu'ils  en  enqui^rent  ceux  d' Agen  grands  et  petits, 
hommes  et  femmes,  si  jamais  il  en  fut  mention.  Je  parle  confidemment,  et  le  dis 
de  rechef,  s'ii  y  en  a  jamais  eu  feu  ni  fum§e.  Madame  la  mar^cbale  de  Monlac, 
qui  est  aujourd'hui  madame  d*£scars,  6toit  pr^sente.  Le  roi  de  Navarre  et  ma- 
dame  sa  soeur,  princesse  au-dessus  de  la  corruption  et  de  la  medisance  de  ce 
si^cle,  devisoient  avec  elle  :  qu'elle  soit  ouie  en  temoignage,  s'il  y  eut  scandale 
ott  de  parole  ou  de  fait,  s'il  y  eut  chandelle  eteinte,  comme  ils  disent,  s'il  ne 
partit  tout  ce  soir  d'avec  elle,  si  elle  en  ouit  un  seul  mot  sur  le  lieu,  si  elle  ne  fut 
fort  ebahie,  quand  se  trouvant  de  retour  chez  elle  on  lui  e^  vint  parler.  Et  de 
fait,  il  me  souvient  que  lors  un  gentilhomme  s'en  venant  de  France  pour  se 
donner  au  service  de  ce  prince,  entendant  k  P6rigueu3c  ce  bruit,  voulut  en  sa- 
voir  la  verile  par  ses  amis  premier  que  lui  parler,  r^solu  de  retourner  tout  court 
s'il  6toit  v6ritable,  et  je  fus  pr6sent  qu'il  s'adressa  a  feu  monsieur  de  Foix, 
personnage  de  vertu  et  de  verite,  qui  lors  6toit  de  la  part  du  Roi  pr^s  du  roi  de 
Navarre,  lequel  I'assura  sur  son  honneur  qu'il  n'en  6toit  rien  ni  en  soup^on,  ni 
apparence,  que  c'6toit  une  mechante  calomnie,  et  qu'il  en  avoit  ecrit  an  Roi, 
pour  le  t^moignage  qu'il  devoit  rendre  k  la  v6rit6  et  pour  I'acquit  de  sa  cons- 
cience. Qu'on  s'enqui6re  m6me  k  Agen,  le  roi  de  Navarre  en  sera  tr6s-content, 
et  encore  qu'il  y  en  ait  de  recusables,  je  m'assure  qu'il  seroit  marri  d'enrecuser 
aucun  pour  ce  regard.  Mais  c'est  une  calomnie  h6reditaire;  car  elle  fut  invents 
par  lefeu  amiral  de  Villars,  beau-p6re  de  monsieur  de  Mayenne,  pour  ddvoyer 
ceux  de  Bourdeaux  et  autres  villes,  de  recevoir  le  roi  de  Navarre,  comme  alors 
elles  le  d^siroient  Et  je  dirai  plus  que  si  on  demande  k  ceux  d'Agen  quel  ils 
aiment  mieux  en  conscience,  ou  vivre  sous  ce  tems-lk  dont  ils  veulent  se  pre- 
valoir,  ou  sous  le  regime  de  la  Ligue  (qui  toutefois  devoit  §tre  temp6r6  par  la 
presence  d'une  reine),  qu'ils  aimeront  mieux  les  mois  entiers  sous  le  roi  de 
Navarre,  que  les  plus  courts  jours  sous  les  d6sordres  de  la  Ligue.  » 

Comme  on  le  voit,  d'apr^s  Du  Plessis-Mornay,  il  n'y  eut  rien,  absolument 
rien,  et  ni  la  Version  de  M.  de  Saint-Amans,  ni  celle  de  Mezeray,  ne  r^sistent  k 
la  vigoureuse  discussion  du  Pape  des  Huguenots.  S'il  y  eul,  en  1577,  une  vic- 
time,  ce  ne  fut  point  la  chaste  mademoiselle  de  Cambefort,  mais  bien  ce  pauvre 
roi  de  Navarre  contre  lequel  les  mauvaises  langues  du  temps  auraient  debits  une 
de  ces  calomnies  qu'enfante  si  facilement  I'esprit  de  parti.  Je  demande  si  c'est* 
bien  \k  ce  qu'en  definitive  on  doit  penser,  et  si  mademoiselle  de  Cambefort  n'est 
pas  tout  simplement  I'heroine  d'une  de  ces  legendes  qui  s'6vanouissent  au8sit6t 
devant  la  s6rieuse  critique,  semblables  k  ces  I6gers  brouillards  des  nulls  d'ete 
qui  s'envolent  devant  les  premieres  lueurs  del'aurore. 

T.  de  L. 


Digitized  by 


Google 


ORDReS  RGUWX  ET  MIUTAIRES  DE  LA  GASG«. 

Au  moyen-age,  et  sous  Pancienne  monarchie,  la  Gascogae 
6tait  assez  riche  en  etablissements  appartenant  a  des  ordres 
religieux  et  militaires.  Aucun  historien  provincial  n'a  entre- 
pris  de  dresser  le  catalogue  de  ces  etablissements.  Voilapr6- 
ciseipent  ce  que  j'ai  tente  de  faire,  dans  la  limite  du  possible. 
Ce  travail,  que  la  Revue  de  Gascogne  veut  bien  accepter,  fait 
partie  du  livre  que  je  prepare  sur  la  Geographic  historique 
dela  Gascogne  (i). 

Templiers.  —  Je  n'ai  point  a  faire  ici,  m6me  sommairement, 
rhistoire  de  cet  ordre  fonde  vers  1418,  et  supprime  en  1312. 
Voici,  classes  par  dioceses,  les  renseignements  que  j'ai  pu 
recueillir  sur  les  Templiers  de  Gascogne  : 

Diodse  d'Auch.  —  Etablissementa  Riscle.  On  a  pr6tendu, 
sans  preuves,  qu'il  y  en  avait  un  autre  a  Comeillan. 

(1)  Le  present  travail  a  ^t^  r^ig4  d'aprds  les  iDformations  ci-apr^. 

SOURCES  MANUSGRITES:  Arch,  dip,  des  BassesPyrinies,  H.  193,  194, 
195,  19Q.  Manuscr Us  Daignan  du  Sendat  {k  la  Biblioth^ue  monicipale  d'Auch). 

OUVRAGES  IM  PRIMES  :  Qi^^HJ,  Histoiredes  Ordres  de  Ckevalerie,  i,  166^ 
—  Db  Grassbt,  Essai  sur  le  Grand- PrieurideSaint-GilleSf  13.  —  L.-T.  Dasst, 
Histoire  de  Vabbaye  de  Saint- Antoine.  —  Gallia  Christiana,  i,  307-8.  —  MoN- 
LEZUN,  Histoire  de  la  Gascogne,  u,  307-8.  —  Don  Beug&lbs,  Chroniques  EccU- 
siastiques  du  Dioche  d*Auch,  passim.  —  O'Reilly,  Histoire  de  Baxas^  passim.  — 
Datez4c-Macata,  Essais  historiques  sur  le  Bigorre,  passim.  —  P.  Raymond, 
Dictionnaire  topographique  des  Basses-Pyrinies,  passim.  — Saint-Amans,  Essai 
sur  Us  antiquith du  dipartetnent  de  Lot-et-Garonne,  154-55.  —  Id.,  Histoire 
ancienne  et  modeme  du  dipartement  de  Lot-et-Garonne,  i,  i86-87.  —  Cassany- 
Mazbt,  Hist,  de  Vill^neuve-sur-Lot,  —  Trqaut,  Monogr.  hist,  du  canton  dela- 
vardac.  —  De  Lafforb,  Divisions  eccUsiastiques  de  l*Agenais  du  II*  au  IVU 
si^clet,  dans  le  tome  Yii  da  Recueil  des  travaux  de  la  Sociiti  d' agriculture, 
sciences  et  arts  d'Agen,  —  Samazboilh,  Histoire  de  VAgenais,  du  Condomois  et 
du  Bazadais,  i,  348-49.  —  Barr^rb,  Histoire  religieuse  et  monumentale  du  dio- 
dse d'Agen^  1,281-82.—  Id.,  Hist,  de  la  commune  du  Port-Sainte-Marie. -^ 
Voyage  littiraire  de  deux  religieux  binidictins,  Le  tome  ii,  p.  32-33,  coDtient  les 
statats  de  TOrdre  de  la  Foi  el  de  la  Paix.  —  Baron  db  Cadna,  lencouacq,  Bessaut, 
et  VOrdre  de  Saint-Jacques  de  VEpie  Rouge, 

Tome  XVIII.  —  Aodt  et  Septembre  1877.  23 


Digitized  by 


Google 


—  346  — 

Diocise  de  Bazas.  —  Le  couvent  des  Carmes  de  Bazas  avail 
6te  b&ti,  sur  les  mines  d'un  etablissement  de  Templiers,  sous 
Thibaud,  feveque  de  Bazas  de  4343  a  4348,  Peut-etre  Tordre 
du  Temple  eut-il  aussi  une  maison  a  Langon.  Les  Tem- 
pliers 6taient  certainemenl  etablis  a  Baulac. 

DiocdsedeTarbes. — Les  Templiers  furent  etablis  a  Borderes 
par  le  comte  de  Bigorre,  entre  4245  et  4250.  Rien  ne  prouve 
quils  aienl  eu,  cdmme  on  Ta  dit,  une  maison  a  Gavamie. 

Diocdses  d'Agen  et  de  Condom.  —  Vers  4470,  et  sous  Elie 
deCastillon,  6v6qQe  d'Agen,  les  Templiers  s'6tablirent  a  Agen, 
au  Temple  de  Carissaille,  a  Sauvagnas,  au  Port-Sainte- 
Marie  et  au  Nomdieu.  Us  possedaient  aussi  le  chateau  du 
Bedat,  pres  Agen.  Une  inscription  de  4270,  trouv^e  a  Sauva- 
gnas,  prouve  qu'il  y  avait  un  commaiideur  de  Tordre  du 
Temple  a  Agen :  PRfiPTOR  •  AGEN  i  •  Samazeuilh  afflrme, 
sans  le  prouver,  que  les  Templiers  eurent  des  commanderies 
a  Sainte-Quiterie,  k  Golfech,  et  a  Sainte-Foi  de  Jerusalem, 
«  Us  possedaient  pres  d'Agen  les  terres  ou  chateau  de  Me- 
rens;  pres  de  Laroque-Timbaut,  le  monastere  de  Bourdiels, 
et  dans  la  commune  de  Villeneuve,  ceux  de  Cuzom  et  la 
Gr&ce. »  Golfech  fut  plus  tard  une  commanderie  de  Tordre  de 
Malte.  U  existe,  au  Port-Sainte-Marie,  une  eglise  gothique  et 
un  donjon  ayant  certainement  appartenu  aux  Templiers.  L'e- 
ghse  est  encore  appelee  le  Temple.  On  trouve  les  Templiers 
etablis  au  Port-Sainte-Marie  durant  le  xiii*  siecle.  Us  avaient 
aussi  une  maison  et  une  eglise  sur  le  flef  de  Prayssas.  Les 
TempUers  du  Port-Sainte-Marie  reclamaient,  a  raison  deleurs 
privileges,  un  cimetiere  particulier  qui  leur  fetait  conteste  par 
le  prieur  dulieu.  Leurs  biens  passerent  a  Tordre  de  Malte.  U 
y  avait  des  Templiers  au  Temple  pres  Sainte-Livrade,  a  Sainte- 
Quiterie,  k  Saint-Antoine,  a  Salabeilles,  a  la  Gr&ce,  a  Ville- 
neuve, et  aux  Bourdiels  dans  la  commune  de  Hautefage.  On 
dit  que  les  Templiers  possedaient  la  terre  de  Bemadets,  dans 
la  commune  de  Lavardac. 


Digitized  by 


Google 


-  347  — 

Ordre  de  Saint-Jean  de  Jerusalem  ou  de  Malte.  —  L'liis- 
toire  de  eel  ordre  est  trop  connue  pour  que  j'aie  besoin  d'en 
rien  dire.  II  reconnaissait  pour  chef  souverain  le  grand-maitre 
residant  a  Malte,  et  se  divisait  en  huit  langues,  ayant  chacune 
ses  possessions,  ses  lois,  ses  coutumes,  une  administration  et 
une  organisation  particulieres.  Les  huit  langues  etaient  celles 
de  Provence,  d'Auvergne,  de  France,  d'ltaUe,  d'Aragon,  de 
Castille,  d'Allemagne  et  d'Angleterre.  La  iangue  de  Provence 
englobait  tout  le  midi  de  la  France,  et  etait  sous  les  ordres  du 
grand  commandeur,  le  premier  des  bailUs  conventuels.  Les 
grands-prieurs  etaient  au  nombre  de  vingl-sept,  dont  deux 
pour  la  Iangue  de  Provence,  le  grand-prieur  de  Saint-Gilles  et 
le  grand-prieur  de  Toulouse.  Le  grand-prieure  de  Saint-Gilles 
est  en  dehors  de  mon  domaine,  et  la  Gascogne  se  trouvait  com- 
prise dans  celui  de  Toulouse.  Les  commandeurs  etaient  les 
litulaires  des  simples  commanderies,  dont  chacune  6tait  d'a- 
bord  un  convent,  renfermant  un  hdpital  pour  les  pelerins  et 
les  pauvres,  el  un  nombre  suffisant  de  freres  religieux  et  ser- 
vants, dont  le  chef  avail  le  litre  de  prceceptor.  L'ancien  etat  de 
choses  se  modiflaentierement  par  longueur  de  temps,  si  bien 
que  les  commanderies  n'etaient  plus  a  la  fin  que  des  agrega- 
lions  de  biens,  dont  les  commandeurs  avaientla  jouissance, 
deduction  faite  des  charges,  taxes,  contributions  et  autres 
redevances  qui  leur  etaient  imposees  par  les  donateurs,  soil 
par  la  Iangue,  soil  parFOrdre  (4). 

On  comprend  qu'avec  ces  changemenls  incessants,  le  nom- 
bre des  commanderies  ait  varie  selon  les  temps.  En  1768,  il 
etait  de  27  pour  le  grand-prieure  de  Toulouse  :  c'etaient  Tou- 
louse, Arcins,  Argentins,  Bordeaux,  Borderes,  Boudrac,  le 
Burgaud,  Caignac,  la  Cavalerie,  Caubin  et  Morlaas,  Condat 
Garidech,  Golfech,  Montsauiinez,  Poncharramet,  Plaignes, 
Puissoubran,  Renneville,  Saint-Blaise  des  Monls,  la  Tempo 

(1)  Code  de  I'Ordre  de  Satn«-/ean,  Tit.  x. 


Digitized  by 


Google 


—  348  — 

*  d'Egen  ou  Temple  da  Breuil,  Lavilledieu,  fiayonwe,  Gabre  et 
Capoulet,  Gouts,  Roquebrune  (4). 

Tel  est  Fetat  de  1768  (2).  Je  vais  mainlenant  presenter,  par 
dioceses,  les  renseignements  qu'il  m'a  ete  possible  de  recueil- 
lir  sur  les  commanderies  de  TOrdre  de  Saint- Jean  de  Jerusa- 
lem, en  Gascogne,  aux  differentes  epoques  de  I'histoire  de  cet 
ordre. 

Diocese  d'Auch.  —  Commanderies  de  Cazauxd'Angles, 
Cabas,  FHdpital  Sainte-Christie,  la  Claverie  (deux),  la  Rou- 
miouat,  Riscle,  Sabailhan,  Tachoires,  Viozos  (eteinte  au 
xvin*siecle). 

Diocise  de  Dax.  —  Commanderie  du   Sainl-Esprit  pres 
Bayonne,  Domus  quam  fratres  Hierosolimilani  habent  in 
capitepontis  Baionce,  4206,  ch.  du  chap,  de  Bayonne. 
.  Diocdse  de  Lectoure.  —  Commanderie  de  Gimbrede. 
Diocdse  de  Coniminges.  —  Commanderie  de  Montsaunez. 
Diocise  de  Couserans.  —  Neant. 
Diocese  d'Aire.  —  Commanderie  de  Saint-Justin  et  d'Audi- 
gnan. 
Diocise  de  Bazas.  —  Commanderie  de  Beaulac. 
Diocese  de  Tarbes.  —  Commanderie  d'Aureilhan,  dotee 
vers  4262,  par  Geraud  de  Montfaucon  et  Geralde,  sa  fem- 
me. — Commanderie  de  Luc. 

Diocise  d'Oloron.  —  Commanderie  d'Auberlin,  la  Coin- 
mande  d'Aubertin,  Hospitale  de  Faget  et  Domus  Albertini, 
1128,  Marca,  Hist.  deB^arn,  424.  EUe  fut fondee en  1228,  sur 
le  territoire  d'Aubertin.  Apres  avoir  d'abord  dependu  de  Tab- 
baye  de  Sainte-Christine  (Espagne),  elle  passa  aux  Barnabites 
de  Lescar,  auxvur  siecle.  Un  hdpital  etail  annexe  a  la  com- 
manderie d'Aubertin.  —  Commanderie  de  Gabas,  fondee  en 
1127  par  les  moines  de  Tabbaye  de  Sainte-Christine  (Espa- 
gne). Un  hdpitaletait  annexe  a  la  commanderie  de  Gabas.  — 

(1)  Les  noms  des  commanderies  sita^es  en  Gascogne  sont  impnmdes  en  italigues. 
(9)  Db  Grasset,  E$$ai  iur  U  grand-prieuri  de  Saint-GilleSf  13.  | 


Digitized  by 


Google 


—  349  — 

Conimanderie  de  TRdpital  d'Orion.  Elle  existait  des  4255,  et 
un  h6pital  y  elait  annex6.  —  Commanderie  de  rHdpital  Sainl- 
Blaise,  La  Commanderie  de  Misericorde,  4334,  not,  d-Oloron, 
n^A,  f.  48.  Au  xviir  siecle,  elle  appartenait  aux  Barnabites 
de  Lescar.  Un  hdpital  etait  annexe  a  la  commanderie  de 
THdpital  Saint-Blaise,  —  Commanderie  de  Mifaget,  fondee  en 
1400,  et  dependant  de  Tabbaye  de  Sainte-Christine  (Espa- 
gne).  Unhdpital  etait  annexe  a  la  commanderie  de  Mifaget.— 
Commanderie  de  Navarrenx.  —  Commanderie  d'Ordiarp,  de- 
pendant de  Fabbaye  de  Roncevaux  (Espagne).  —  Comman- 
derie et  hdpital  de  Saint-Christau,  dependant  de  Fabbaye  de 
Roncevaux  (Espagne). 

Diocese  de  Lescar.  —  Commanderie  et  hdpital  de  Ber- 
lanne(?).  —Commanderie de  Caubin  etMorlaas,  VEspiUU  de 
Calvi,  Calvinum,  x«  siecle.  Elle  relevait  da  Grand-Prieure  de 
Toulouse,  et  comprenait  Abos,  Anoye,  Argelos,  Arget,  Baleix, 
BentayoQ,  Castelbieilh,  Castetis,  Dommengeux,  Escures,  Es- 
lourenties-Darre,  Gabaston,  Garlin,  Lalonquere,  Lombia, 
Luc-Armau,  Luccarre,  Maspie,  Momy,  Moncaup,  Noarrieu, 
Ouillon,  Peyrelongue,  Samsons,  Saull-de-Navailles,  Serres- 
Morlaas,  Urdes. — Commanderie  de  Cescaa.  —  Commanderie 
et  hdpital  de  Lespiau>  dependant  de  Fabbaye  de  Sainte- 
Christine  (Espagne). 

Diocese  de  Bayonne.  —  Aphat-Ospital,  Hospilale  el  orato- 
rium  de  Apate,  4482,  cart,  de  Bayonne,  f.  32.  Le  comman- 
dear  du  lieu  presentait  aux  cures  de  Bustince,  Iriberry,  Men- 
dive,  et  a  la  chapellenie  de  Saint-Sauveur.  Un  hdpital  etait 
annexe  a  cette  commanderie. — Commanderie  et  hdpital  d'lhol- 
dy,  desservie  par  les  Premoutres  au  xvu*  siecle.  — Comman- 
derie d'Irissarry,  Hospilale  et  oratoriwn  de  Irizuri,  4486, 
cart,  de  Bayonne,  f.  32.  Le  commandeur  du  lieu  presentait 
aux  r.ures  d'frissarry  et  de  Faxu.  Un  hdpital  etait  annexe  a 
cette  commanderie. 

Diocdse  (TAgen.  —  Commandeur  du  Temple  d'Agen,  Pre- 


Digitized  by 


Google 


—  350  — 

ceptor  domus  milicice  templi  Agenni,  4520,  —  Domiiiipech, 
preceptof'  Dominici  Podii,  4520.  — Le  Temple,  Preceptor 
domus  milicie  templi,  1520.  —  Saiol-Antoine  de  Ficalba, 
Preceptor  sancli  Antonii  de  Pica  Albano,  4520.  Peut-etre 
s'agissait-il  d'une  commanderiede  Tordre  deSaiat-Antoine. — 
Commanderiede  Saint-Felix,  Preceptor  et  Rector  sancli  FeH- 
cis,  1520.  —  Sainte-Foi-la-grande,  Preceptor  de  Saubeusse 
etsancte  Fidisde  Dordonia,  1520. 

Diocese  de  Condom.  —  Commanderies  de  Goulard,  le 
Nomdieu,  Pouy,  Rouillac.  —  Commanderie  d'Argenlin  ou 
d'Argenlens.  —  De  1493  a  1508,  il  est  question  d'une  com- 
manderie de  Saint-Roman  ou  Saint-Arroman  (diocese  de 
Bazas),  qui  fut  reunie  a  celle  d'Argentiri. 

Diocdse  de  Lombez.  —  Commanderie  de  Sainl-Jeau-du- 
Plante(?) 

OrDRE  de  SAINT-AnTOINE  de  ViENNE  ou  DE  ViENNOIS.  —  En 

1076,  un  seigneur  Dauphinois,  Josselin,  seigneur  de  Chateau- 
neuf  de  TAlbenc,  rapporta,  sur  sa  terre  de  la  Motte  Saint-Di- 
dier,  les  reliquesde  sainl  Antoine,  abbe,  que  Romain  Diogene, 
empereur  de  Constantinople,  lui  avait  concedees  en  recom- 
pense de  ses  services.  Josselin  fonda  une  eglise  a  la  Motle 
Saint-Didier,  et  y  deposa  les  reliques.  Pendant  la  terrible  epi- 
demic dite  le  feu  Saint- Antoine,  qui  fit  en  1095  son  apparition 
dans  le  midi  de  la  France,  Guignes,  flls  de  Josselin,  batit  un 
hdpital  provisoire  et  se  devoua,  avec  le  concours  de  dix  autres 
gentilshommes,  an  soulagement  des  malades.  Ainsi  fut  fonde 
Tordre  hospitaller  de  Saint-Antoine,  dont  la  premiere  eglise  fut 
benie  par  le  pape  Calixte  II  en  personne,  le  13  des  calendes 
d'avril  1119.  Cet  ordre  prospera  rapidement,  et  reudit  de 
grands  services.  II  avait  fort  degener6  vers  la  fin  du  xm*  sie- 
cle,  epoque  ou  Boniface  VIII  declara  les  Antonins  ordre  reli- 
gieux  et  militaire,  leur  accorda  le  titre  de  chanoines,  et  les 
soumit  a  la  regie  de  Saint-Augustin.  En  1622,  le  Pape  leur  ac- 
coj'da  de  nouveaux  slatuls.  Cet  ordre  parut  se  relever  un  peu 


Digitized  by 


Google 


—  351  — 

vers  la  fin  du  xvu*  siecle.  II  declina  si  rapidement  au  xvni% 
que  ses  membres,  fortement  reduits,  ne  purent  suffire  au 
service  de  leurs  li6pitaux;  et  qu'ii  fallut  recourir  k  d'autres 
religieux.  Le  chapilre  general  consentit  a  rincorporation  de 
I'ordre  de  Saint- Antoine  a  I'ordre  de  Saint-Jean  de  Jerusalem, 
et  cette  reunion  fut  approuv6e  par  une  buUe  signee  par 
Pie  VII,  en  4776.  A  cette  epoque,  le  nombre  des  maisons, 
qui  avait  varie  selon  les  temps,  s'elevait  a  quarante-trois,  y 
compris  le  chef,  avec  leurs  membres  ou  d6pendances.  C'6- 
talent :  FAbbaye,  Rome,  Paris,  Chambery,  Lyon,  Pont-en- 
Royans,  Aumonieres,  Pont-a-Mousson,  La  Lande,  Besangon, 
Troyes,  Auxerre,  Bar-le-Duc,  Issenheim,  Clermont-Ferrand, 
Aubeterre,  Marseille,  Toulouse,  Rouen,  Rheims,  la  Falcodiere, 
PonWe-Rals,  Avignon,  Veynes,  Bellay,  Sainte-Croix,  Metz, 
Chalons,  Vienne,  les  Trois-fipis,  Strasbourg,  SaintMarcellin, 
Florence,  Turin,  Ranvers,  Valr6as,  Mamans,  Grenoble,  Mer- 
ges, Perpignan,  Beaufort,  Royban,  Gap. 

Dans  le  diocese  d'Auch,  les  chanoines  reguliers  de  Saint- 
Antoine  et  de  Toulouse  avaient  la  commanderie  de  Monlezun- 
Pardiac. 

La  commanderie  de  Ponl-de-Rats  etait  situee  dans  le  dio- 
cese de  Lectoure,  a  Saint-Antoine  de  Pont-de-Rats  ou  d'A- 
rats  {Pontis-Rali),  ou  simplement  Saint-Antoine.  Au  xvii' 
siecle,  cette  commanderie  d6pendait  de  la  maison  de  Saint- 
Antoine  du  Pre  Montardit,  a  Toulouse. 

II  existait  au  diocese  d'Aire,  dans  Tarchipretre  de  Roque- 
fort, une  commanderie  de  Saint-Antoine,  qui  dependait  elle- 
m6me  de  celle  de  Saint-Antoine  de  Galoni,  pres  Samadet, 
diocese  de  Bazas. 

Les  commanderies  de  Pontdaurat  et  de  Saint-Antoine  du 
Queyret,  dans  le  diocese  de  Bazas,  dependaient  de  la  com- 
manderie generate  d' Aubeterre. 

La  commanderie  de  Pontdaurat  existait  des  4284,  ainsi  quMl 
appertdes  rdles  gaseous.  DeprotecUonne  regis  pro  prceceptore 


Digitized  by 


Google 


—  352  — 

elfratribm  hospitalis  sancH  Antonii  de  Pontedeauralo.  Pont- 
daurat  passa  a  Tordre  de  Malte  en  1776. 

Dans  le  diocese  de  Lescar,  la  commanderie  de  Malausanne 
relevait  du  prieur6  de  Toulouse. 

La  chapelle  el  Thdpital  de  Saint-Antoine,  a  Agen,  etaient 
fort  anciens.  Labenazie  croit  qu'il  furent  fondes  k  Tepoque  ou 
sevissait  le  feu  ardent  on  feu  Saint- A7itoine.  II  parait  que  cer- 
tains seigneurs  de  TAgenais  renoncerent,  en  favour  du  nou- 
vel  elablissement,  aux  dimes  qu'ils  avaient  usurp6es  ou  infeo- 
dees.  Les  liberalites  cesserent  avec  le  fleau,  si  bien  que,  vers 
1088,  Simon,  6v6qu€  d'Agen,  donna  la  chapelle  a  saint  Gerard, 
abbede  la  Grande-Sauve.  On  avail  jele  pres  de  celle  chapelle 
les  fondements  d'un  prieure.  L'hdpital  ne  fut  pourlantpas 
supprim6,  par  le  fail  de  la  transmission  a  Tordre  de  Sainl-Be- 
noit;  el  un  nouvel  elabUssement  fut  construil  derriere  le 
prieure  pour  recevoirles  malades.  Peut-etre  la  commanderie 
de  Saint-Antoine  de  Ficalba,  Preceptor  Sancti  Antonii  de  Ficu 
Alhano;  1620,  que  certains  semblent  considerer  comme  una 
possession  de  Tordre  de  Malte,  avait-eUe  en  realite  appartenu  a 
Tordre  de  Saint-Antoine  de  Viennois. 

Ordre  de  SAiNTrjACQUES  dil  aussi  de  Saint-jacques  de 
L'fipfiE-RouGE  et  de  Saint-jacques  d'Espagne.  Approuve  en 
1175  par  le  pape  Alexandre  III,  auteur  de  quelques  regle- 
ments  relatifs  aux  chevaliers,  qui  avaienl  la  faculte  de  se 
marier.  Les  -dignites  de  Tordre  furent  reglees.  Venait  d'abord 
le  Grand-maftre,  61  puis  les  Treize,  qui  passaient  avant  les 
autres  commandeurs.  Innocent  III  confirma  (1198)  la  bulle 
d'Alexandre  III.  Les  chevaliers  prirenl  la  regie  de  Saint-Au- 
gustin,  et  flrent  les  voeux  ordinaires  de  religion.  lis  etaient 
vfitus  d'une  chappe  blanche,  avec  chaperon  de  meme  couleur, 
et  porlaienl  sur  le  c6te  gauche  de  la  poi trine  une  epee  brod6e 
en  rouge,  avec  une  coquille  d'or  posee  en  abime  sur  Tepee. 

Pen  de  lemps  apres  son  avenement  (1226), . Amanieu,  ar- 
cheveque  d'Auch,  institua  Tordre  militaire  de  Saint-Jacques 


Digitized  by 


Google 


•-  353  — 

pour  proteger  la  foi  et  la  paix,  et  pour  combattre  les  usurpa- 
teurs  de  biens  ecclfesiastiques.  Les  statuts,  approuves  par  le 
pape  Honorius  III,  furent  conflrmes,  en  1231,  par  le  pape 
Gregoire  IX,  avec  prescription  de  certaines  regies.  Les  che- 
valiers faisaient  voeu  de  chastete,  obeissance  et  pauvret6.  Les 
gens  maries  pouvaient  6tre  regus,  et  leurs  femmes  agregees  a 
Fordre.  L'habit  des  chevaliers  etait  blanc.  Us  portaient  sur 
la  poitrine  une  croix  de  laine  rouge  brodee  en  sautoir,  et  for-  . 
mee  d'une  crosseet  d'une  epee,  pour  marquerTorigine  epis- 
copale  de  Tordre,  dont  Tarcheveque  d'Auch  fut  nalurellement 
le  premier  Grand-Maitre.  Odon  de  Pardaillan  est  le  premier 
commandeur  connu  dans  le  diocese.  Voici  les  possessions  re- 
connues  aux  chevaliers  de  Saint-Jacques  dans  la  bulle  de  1231 . 
Chateaux  de  Manciet  et  de  Demu  {de  Mancied  et  de  Demul 
caslra),  avec  tons  leurs  droits  et  appartenances,  sauf  les 
hommages  des  chevaliers  et  autres,  comme  il  est  plus  ample- 
ment  explique  dans  Facte  de  donation  du  vicomte  de  Beam  et 
de  Gabardan.  Parmi  ces  possessions  flgurent  aussi  Juillac 
(Juliacum),  Calignac  {Catiniacum),  Antagnac  {Antainam), 
Samaran  (Saumaram),  Bousses  (Boussen)  et  Circagarrad, 
que  certains  croientetre  Serregrand  ou  Sarregrand,  pres  Bar- 
ran,  dans  le  diocese  d'Auch.  Il  faut  ajouler  a  ces  possessions 
la  terre  situ6e  pres  de  Bascos  {apud  Bascos  juxta  Allinetum), 
la  maison  et  les  terres  de  Bascons,  pres  Rimbez  {apiid  Rhnbes 
Juxla  Gavaretum  Basconz).  Dans  le  diocese  de  Comminges, 
le  chateau  de  Saint-Marcel  {castrum  sancti  Marcelli),  Mons, 
Rotundus,  Alan  (Alanutn),  Montbernard   {lUons  Beimardi), 
Mom  Esquivi,  Laucoterium,   Saint-Ferrtol  {sanclus  Feireo- 
lu8\  avec  leurs  droits  et  appartenances.    Dans  le  diocese  de 
Bigorre,  le  chateau  de  Moniy  (co^ft-um  de  lUomi),  etMazeres 
{Mancelam),  avec  leurs  droits,  terres  et  dependances,  sauf  les 
hommages  des  chevaliers  et  de  quelques  autres,   ainsi  qu'il 
est  dit  dans  Facte  de  donation  du  vicomte  de  Beam  et  de 
Gabardan.  Tou jours  dans  Feveche  de    Bigorre,  Moncaup 


Digitized  by 


Google 


•-  354  -- 

(lUons-calvus)  appartenait  a  Fordre  Ue  Saint-Jacques.  Dans 
le  diocese  de  Dax,  ThOpital  de  Saint-Jacques  de  Tonres  {hos- 
pitale  sancti  Jacobi  de  Tonres)  avec  Candresses  {Candiessa) 
et  Prugue  {Prugo),  le  chateau  de  Salomon  {caslrum  de  Salo- 
mon) avec  tous  ses  droits  et  appartenances,  la  moilie  de  la 
dime,  castrumde  Polones,  avec  tous  ses  droits  et  appartenan- 
ces, I'eglise  et  la  terre  de  Laqui,  et  des  terres  situees  k  Apia 
et  aPontonx  {Apia  etad  Pontons).  Dans  le  diocese  de  Bayonne, 
rhdpital  de  Bouloc  (hosjntale  de  Bonobco),  et  ses  apparte- 
nances. Dans  le  diocese  d'Aire,  le  chateau  de  Saint-Savin 
{castrumS.  Savini),  caslrum  de  Sanctonatur  avec  tous  leurs 
droits  et  d6pendances,  et  le  quart  de  tous  les  droits  de  Saint- 
Jean-Pouge  (S.  Johannes  de  Pogia). 

La  bulle  de  1231  ne  parle  pas  de  la  commanderie  de  Bessau 
ou  de  Bessaut.  Bessaut  est  inscrit  au  nord  de  Lencouacq  et  des 
sources  de  la  Guaneire,  dans  la  carte  du  diocese  d'Aire,  dressee 
en  1635  par  un  chanoine  appele  de  Classun.  Le  n»  106  de  la 
carte  de  Cassini  marque  Thdpital  et  la  chaussee  qui  relie 
Lencouacq  a  la  commanderie  de  SainfrJacques.  Dans  un  proces- 
verbal  de  Tfetat  des  eglises  du  diocfese  d'Aire,  date  du  5  octobre 
1571  {BuUetin  d'Auch,  aotit  1861),  la  commanderie  de  Bes- 
saut est  signalee  comme  etant  situee  a  Fextremite  de  la  paroisse 
de  Lencouacq.  Cette  commanderie,  ou  plutdt  cet  hdpital,  etait 
a  la  nomination  du  Roi.  En  1571,  le  commandeur  etait  le 
seigneur  de  Montestruc.  Le  commandeur  presentait  aux  cures 
de  Lencouacq,  Retgeons  et  Belis,  dont  les  titulaires  etaient 
institues  par  Teveque  d'Aire.  L'origine  de  la  commanderie  re- 
monte  au  moins  au  xii«  siecle.  Nous  voyons,  en  effet,  au  com- 
mencement du  xni%  le  chef  de  lafamille  de  Mesmes  ou  Mames, 
faire  une  donation  «  a  Fhdpital  de  Bessal,  c'esta-dire  de  Bes- 
saut ou  Bessault,  nom  lire  de  saltus,  bois-foret,  qui  existait 
dans  les  environs  du  lieu  qui  est  aujourd'hui  Chourdens  et  la 
GraouiUd.  Ce  dernier  est  un  marais  servant  de  reservoir  aux 
eaux  decoulant  de  la  lande  et  qui  alimentait  et  alimente  en- 


Digitized  by 


Google 


—  355  — 

core  le  ruisseau  de  la  Guaneyre,  aqua  nigra,  qui  passe  a 
Lencouacq,  a  Cachen,  et  descend  par  Giax  dans  la  Doaze.  La 
commanderie  etait  un  benefice  attache  a  Pordre  militaire  de 
Saint-Jacques,  dont  elle  portait  le  nom  et  les  armes.  Cet  ordre 
avail  ainsiplantesurle  chemin  de  Composfelle,  trfes-suivi  des 
pelerins  fort  nombteux  alors,  des  stations  ou  hdpitaux  pour  les 
recevoir  en  allant  ou  a  leur  retour.  II  est  certain  que  rhdpilal 
de  Bessaut  etait  un  des  plus  considerables  (1).  » 

Ordre  de  Saint-Lazare.  Fonde  aJerusalemen  1119.  Dans 
leprincipe,  ses  raembres  se  vouerent  au  service  des  hdpitaux, 
et  surtout  au  soin  des  lepreux,  dont  saint  Lazare  etait  le  pa- 
tron. Plus  tard,  ses  membres  se  conslituerent  en  ordre  reli- 
gieux  et  militaire.  Quand  la  Terre-Sainte  fut  definitivement 
perdue  pour  les  Chretiens,  ils  se  refugierent  en  France.  Enfin, 
aprfes  differentes  vicissitudes,  Tordre  qui  etait  sur  le  point  de 
p6rir,  fut  reuni  par  Gregoire  XIII  a  Tordre  de  Saint-Maurice  de 
Savoie  (1572).  En  1608,  Henri  IV  le  reunit  a  Tordre  de  Notre- 
DameduMonlrCarmel.Onles  designa  desormais  sousle  nom 
d'Ordres  royaux  de  Sainl-Lazare  et  du  Mont-Carmel  reunis.  lis 
furent  supprim6s  en  1791. 

Je  n'ai  trouve  que  fort  peu  de  chose  sur  Tordre  de  Saint- 
Lazare  en  Gascogne.  L'hdpital  de  Fleurance  (diocese  d'Auch), 
fut  donne  par  le  Roi  a  Tordre  de  Saint-Lazare,  et  rendu  en- 
suile  a  la  ville.  Dans  le  chef-lieu  du  diocese  d'Agen,  il 
existait  a  Textremite  du  faubourg  du  Pin  une  commanderie 
de  Saint-Lazare,  aumeme  lieu  ou  un  hdpital  de  lepreux  avail 
ete  fonde  dans  le  xnr  siecle. 

Jean-Fran?ois  BLADfi. 

(1)  Baroo  de  Cauna,  Bessant,  Lencouacq,  ei  VOrdre  de  Saint-Jacques  de  VEpe'e 
Rouge. 

An  xviii^  sidcle.  il  y  avait  encore,  dans  le  dioe6se  d'Auch,  one  commanderie  de 
Saint-Jacques  de  I'Ep^e-Roage. 

II  existe  aux  archives  manicipalesd'Astaffort'HH.  ld\  tin  acte  de  1349.  dans  le- 
quel  Jean  V,  comte  d'Armagnac.  donne  le  chateau  de  Taillac  en  Bruilhois  aax 
chevaliers  de  Sainl-Jacqaes  d'Esp^gne,  nom  qae  i'on  donnait  parfois  en  Gascogne  a 
rordre  aossi  designe  sous  le  nom  de  chevaliers  de  Saint-Jacques  de  I'Ep^e-Rouge,  ct 
de  chevaliers  de  la  Foi  et  de  la  Paix. 


Digitized  by 


Google 


-.  356  — 


UN  NEVEU  DE  MICHEL  MONTAIGNE 


RAYMOND  DE  MONTAIGNE 

PRfelDENT  A  SAINTES,  fiVfiQUE  DE  BAYONNE. 

{Suite  €t  fin\) 

Raymond  de  Montaigne,  vingt-sixieme  abbe  de  Notre-Dame 
de  Sablonceaux,  resta  pea  de  temps  sur  ce  siege.  II  ecliangea 
bientOt  sacrosse  abbatiale  pour  la  crosse  episcopale.  En  1629, 
il  fut  nomme  eveque  de  Bayonne,  province  d'Auch,  et  preco- 
nise  a  Rome,  le  4  mars,  par  le  pape  Urbain  VIII.  La  cere- 
monie  du  sacre  eut  lieu  dans  la  calhedrale  de  Sainles,  le  44 
juilletl630;  le  prelat  consecrateur  etait  Teveque  deSaintes, 
Michel  Raoul  de  La  Guibourgere,  assiste  de  Louis  de  La  Va- 
lelte  d'Epernon,  eveque  deMirepoix,  filsnaturel  du  ducd'E- 
pernon,  et  de  Henri  de  Betliune,  eveque  de  Maillezais,  qui 
avail  ete  nomme,  en  1626,  a  Teveche  de  Bayonne,  el  qui 
devint,  en  1646,  archeveque  de  Bordeaux. 

Toulefois,  Teveque  ne^e  pressa  pas  beaucoup  de  se  rendre 
a  son  siege.  Un  an  apres,  il  n'avait  pas  encore  paru  a  Bayonne, 
oil  pourtant,  outre  ses  devoirs,  Tappelaient  des  liens  d'ami- 
tie  ou  de  parente.  «  II  etait  beau-frere  du  baron  d'Urlubie, 
Tun  des  seigneurs  les  plus  distingues  du  Labourd;  le  comte 
de  Gramont,  gouverneur  de  Bayonne;  M.  Duvergier  de  Joan- 
nis,  lieutenant  du  maire;  M.  de  La  Lande,  sieur  du  Luc,  pre- 

(*)  Voir  ci-dessos,  livraisoa  de  mai.  p.  201. 


Digitized  by 


Google 


—  357  — 

mier  echevin,  et  plusieurs  autres  notables  s'honoraient  de 
son  alliance  ou  de  son  amitie  (1).  »  Quelle  cause  leretinl? 
Enfln,  le  nouveau  prelat  s'achemina  vers  son  diocese.  II  se 
rendit  d'abord  a  Urtubie  chez  sa  soeur,  Catherine  de  Montai- 
gne, mariee,  nous  Favons  dit,  a  Tristan  d'Urlubie.  C'est  de 
la  qu'il  ecrivit  au  corps  de  ville  pour  lui  annoncer  sa  pro- 
chaine  arrivee  a  Bayonne.  Le  corps  de  ville  deputa  aussitOt 
deux  de  ses  membres,  Duvergier  Monferrat,  echevin,  et  Day- 
mar,  jurat,  pour  Taller  saluer  a  Urtubie  au  nom  de  la  cite  (2). 

Le  26,  les  deputes  de  la  ville  sont  de  retour.  lis  ont  trouve 
a  Urtubie  Feveque  plein  des  meilleures  dispositions,  qui  les 
a  fort  bien  accueillis  et  leur  a  « fait  des  protestations  de 
bonne  affection  pour  la  ville. »  C'est  deraain  samedi  qu'il  doit 
faire  son  entree  solennelle;  on  delibere  done  im^e^^atement 
sur  les  preparatifs,  et  Ton  decide  que  « les  sierursl^andoings, 
eschevin,  et  Daymar,  jurat,  avec  douze  ou  quinze  bourgeois 
iront  au-devant  dudit  sieur,  a  une  lieue  de  la  ville. »  Pour 
les  echevins,  ils  Vattendront  a  la  porte  Saint-Leon  en  robes 
noires  et  en  chaperons.  La  on  dressera  «  une  chaire  avec  un 
tapis  dessus  pour  lui  faire  la  harangue  Q). 

Ce  qui  fut  dit  fut  fait  sans  doute. 

En  meme  temps  —-22  septembre—  se  presentent  au  conseil 


(1)  L'abb^Mcnjoulet,  Aevue  de  Gascogne,  t.  xii,  p.  566,  ddcembre  1871. 

(3)  «  Sor  la  lettre  recue  de  M.  de  MoDtagne,  ^vesque  de  caste  ville,  qui  est  k  Ur- 
tubie, ont  dt6comrois  :  MM.  Davergier-Monferrat.  dcbevin^  et  Daymar,  jurat,  poor 
aller  visitor  ledit  sieur  dvesque  des  ports  de  la  ville.  «  {Rugistre  des  deliberations  de 
la  ville  de  Bayonne,  22  septembre  1631  aux  archives  de  Bayonne,  BB  31).  Toutes 
les  pieces  provenant  de*s  archives  de  Bayonne  dont  je  me  sers  ici  m'ontdtd  communi- 
quizes  avec  beaucoup  d'eropressemenl  par  Tarchiviste  M.  E.  Dulaurens. 

(3)  Lesdict  sieurs  Duvergier  Monferran,  eschevin,  et  Daymar,  jurat,  ont  diet  s'es- 
tre  transport's  &  Urthubie  pour  y  saluer  M.  de  Montagne,  dvcsque  de  ceste  ville, 
comme  ils  ont  faict,  qui  les  a  tr6s-bien  accueillis  et  fait  des  protestations  de  bonnes 
affections  pour  la  ville.  Et  parce  que  ledit  sieur  de  Montagne  les  a  assenrd  qa'il 
viendra  faire  son  entree  samedi  prochain  vingt-septi^me  de  ce  mois,  a  est'  ordonn' 
que  le  dit  sieur  'vesque  sera  receu;  savoir,  que  les  sieurs  Dandoings,  eschevin,  et 
Daymar,  jurat,  avec  douze  ou  quinze  bourgeois  iront  au-devant  dudit  sieur  k  une 
lieue  de  la  ville,  et  que  lesdicts  sieurs  du  corps  avec  leurs  robes  noires  et  chaperons 
le  recevront  a  la  porte  de  Saint-L'on,  ou  sera  mis  une  chaire  avec  un  tappis  dessus 
pour  lui  faire  la  harangue.  —  Idem. 


» 

^<li 


Digitized  by 


Google 


-   358  - 

Michel  Doyhenard,  chanoine  en  Feglise  cath6drale  de  Notre- 
Dame,  vicaire-general,  et  Jehan  de  Mendibouro,  pr^tre,  fonde 
des  pouvoirs  de  r6v6que.  lis  viennent  piier  les  echevins  de 
faire  enregistrer  dans  le  livre  de  leurs  deliberations  les  bulles 
du  pape  Urbain  VIII  qui  conferent  Teveche  de  Bayonae  a 
Raymond  de  Montaigne,  abbe  deNotre-Dame  de  Sablonceaux. 
Les  6chevins  s'empressent  de  decider  qu'ils  sera  fait  droit  a 
cette  demande.  En  effet,  il  y  a  sur  le  registre  une  belle  feuille 
blanche;  elle  attend  encore  la  buUe. 

C'etait  la  f6te,  c'etait  la  joie,  c'etait  Tunion,  la  paix,  les 
protestations  de  devouement  et  d'amour.  Helas!  combienpeu 
dura  cette  douce  lune  de  miel!  Un  mois  apres,  il  y  eut  un  in- 
cident qui  jeta  du  froid  entre  Teveque  et  Techevinage.  On  etait 
a  la  messe,  le  jourde  la  Toussaint.  Que  se  passa-t-il?  nous 
Pignorons;  mais  le  cas  etait  grave :  car  les  jurats  craignirent 
les  censures  ecclesiastiques.  Laissons  parler  le  registre  du 
5  novembre  1631 :  « Sur  la  remonstrance  du  sieur  lieutenant 
en  la  mairie  concernant  le  diflferend  qui  s'est  men  dans  Fe- 
glise  Notre-Dame,  le  jour  de  la  Toussaint  dernier,  a  este  de- 
liber6  que  les  sieurs  de  Luc,  eschevin,  et  de  Harriet,  jurat,  se 
transporteraient  devers  M.  Fevesque  pour  Fassurer,  de  la 
part  du  corps,  qu'ils  seraient  marris  d'avoir  entreprins  aucune 
chose  dans  ladite  eglise  au  prejudice  de  son  droit;  que  ce 
qu'ils  en  out  fait,  ils  out  creu  le  pouvoir  faire  et  que  Fautho- 
rite  de  leurs  charges  leur  permettoict;  que  mesme  pour  vali- 
der  leur  opinion,  ils  out  faict  consulter  leur  proced6;  de  la- 
quelle  consulte  il  resulte  Favoir  pen  faire;  c'est  pourquoy  ou 
ledit  sieur  evesque  trouveroit  quelqties  difficultes  a  icelle,  le 
prieront  leur  octroyer  delay  competant  pour  s'en  mieux  in- 
former par  MM.  les  gens  du  Roy  ou  autres  personnes  capa- 
bles  au  parlement  de  Bourdeaux,  aux  fins  de  ne  destruire  en 
aucune  faisson  Fauthorite  de  FEglise  ni  du  Roy,  lui  protestant 
qu'au  cas  qu'il  se  trouve  que  ledit  corps  de  ville  aye  failli 
par  aucune  intreprinse  sur  le  droit  dudict  sieur  evesque  ou 


Digitized  by 


Google 


—  359  — 

de  FEglise^  de  lui  en  faire  telle  satisfaclioQ  et  declaration  qu'il 
advisera;  suppliant  ledict  sieur  evesque  les  vouloir  exempter 
de  ses  fulminations  et  censures,  sur  Favis  qu'ils  ont  qu'il  a 
intention  de  ce  faire  contre  eux  ou  aucun  d'eux,  ains  lui  voul- 
loir  faire  traictement  d'ung  bon  pasteur  qu'ils  honorent  et 
respectent  comme  tel,  n'estant  ny  relaps,  ny  desob6issants, 
moings  dfeireux  de  soustenir  aucune  chose  qui  ne  leur  soict 
loisible;  et  pour  saplus  grande  satisfaction,  ordonn6  que  Pex- 
trait  de  la  pr6sente  deliberation  sera  delivre  audict  sieur  eves- 
que par  lesdicts  sieurs  deputes. » 

La  Lande  du  Luc  et  de  Harriet  racontent  done,  le  7  no- 
vembre,  qu'ils  «  furent  devers  M.  de  Bayonne,  luy  ont  bailie 
*  la  coppie  de  la  delibferation  prinse  sur  ce  sujet  et  obtenu  de 
luy  delay  jusques  a  dimanche,  afln  que,  pendant  ce  dit  temps, 
lesdits  sieurs  Assent  consulter  leur  affaire.  »  Sur  ce,  on  envoie 
a  Bordeaux  Daccarrette,  echevin,  pour  consulter  a  MM.  les 
gens  du  Roy  et  fameux  avocats.  »  Mais  comme  cela  pent  trai- 
ner en  longueur,  Tevfique  exige,  immediatement  et  avant  tout, 
une  declaration  «  quUls  sent  marris  de  ce  qui  se  passa  ledit 
jour  dans  Teglise  el  qu'ils  n'y  pourront  faire  aucun  acte  de 
justice.  »  Le  point  est  grave :  car  enfin  c'est  un  peu  prejuger 
les  decisions  a  intervenir;  c'est  aussi  s'avouer  coupables. 
D'autre  part,  M.  de  Montaigne  n'entend  pas  raillerie;  il  ne 
parle  rien  moins  que  d'une  «  excommunication  qu'il  veut  pu- 
blier,  fondee  sur  le  trouble  qu'il  pretend  estre  advenu,  ledit 
jour,  pendant  que  le  saint  of  flee  de  la  messe  se  celebroit.  » 
Done,  pour  eviterles  foudres  ecclesiastiques,  eten  «  attendant 
que  le  corps  soit  parfaitement  informe  de  ce  qu'ils  doivent 
faire  et  de  la  juridiction  qu'ils  peuvent  avoir  dans  ladite 
eglise,  Fechevinage  signe  Facte  suivant :  «  Lesdits  sieurs  sont 
»  marris  de  ce  qui  s'est  passe  le  jour  et  feste  de  la  Tous- 
»  saint  dernier  dans  Feglise,  en  laquelle  ils  ne  feront  aucun 
»  acte  de  justice  jusqu'a  ce  qu'ils  soient  plus  particuliere- 
p  ment  informes  par  leur  conseil  de  ce  qu'ils  doivent  faire.  » 


Digitized  by 


Google 


-  360  — 

Celle  conduite  concilianle  du  corps  municipal  fil-elle  ter- 
iniaer  amiablement  Taffaire?  Les  registres  de  la  ville  n'en 
parlentplus.  Mais  si  tout  finitlapour  cette  fois,  il  yeut  ce- 
pendant  un  premier  froissement.  Les  rapports  ne  furent  plus 
des  lors  aassi  agreables  entre  le  corps  de  ville  et  Tev^che. 

Un  mois  apres  son  arrivee,  M.  de  Montaigne  «  demande 
une  petite  loge  qui  appartient  a  la  Fabrique,  bastie  dans  le 
jardin  appartenant  au  chapitre,  pour  s'en  servir  et  y  bastir, 
en  faisant  quelque  recognoissance  a  la  Fabrique.  »  Le  cha- 
pitre  ne  veut  rien  accorder  « sans  Tadveu  desdits  sieurs  pa- 
trons lais  de  ladile  fabrique,  »  et  il  en  refere  au  conseil.  Aus- 
sitdt,  la  ville  (21  novembre  1631)  designe  Dacarrette,  eche- 
vin,  et  Daymar,  jurat,  pour,  avec  les  delegues  du  chapitre, ' 
Hiriard  etde  Lissalde,  aller  «veoir  ledit  sieurde  Bayonne  et 
lui  offrir  la  jouissance  de  ladite  loge  pour  tout  le  temps  et 
soubs  telle  condition  d'utillite  pour  la  Fabrique  qu'il  voudra, 
sans  alliener  le  fonds.  » 

Un  pen  pliis  tard  Teveque  demande  davantage;  il  voudrait 
elever  une  construction.  Le  9  Janvier  1632,  les  chanoines 
exposent  au  conseil  de  ville  que  «  M.  de  Bayonne  les  sol- 
licite  de  luy  accorder  la  jouissance  de  la  loge  appartenant 
a  la  Fabrique,  qu'il  desire  faire  bastir  pour  y  loger  son  car- 
rosse,  tenir  le  foing,  et  faire  quelque  logement  pour  ses  do- 
mestiques;  son  intention  etant  qu'apres  son  deces  ou  quic- 
tant  I'evesche,  il  lui  soit  seulement  recogneu  et  rembourse 
jusqu'a  six  cents  livres  sur  le  bastiment  quHl  fera  et  que  le 
reste,  avecle  fonds,  demeurera  pour  la  fabrique. »  Le  conseil, 
apres  deliberation,  consent  encore  avec  empressement.  <<  Et 
furent  commls  MM.  du  Halde,  eschevin,  et  Harriet,  jurat,  pour 
en  savoir  la  response  auxdits  sieurs  du  chapitre  et  audit 
sieur  6v6que,  et  en  faire  passer  le  contract  ou  acte  avec  ledit 
seigneur  eveque,  et  les  sieurs  fabriqueurs  ecclesiastique  et  lay 
de  ladite  Eglise.  » 

II  paratt  toutefois  que  le  contract  ne  fut  pas  signe  imme- 


Digitized  t?y  V3OOQ16 


—  361  — 

diatement :  car  dans  une  deliberation  du  12  novembre  1635, 
trois  ans  aprfes  par  consequent,  on  voit  que  «  ledit  sieur 
evesque  desire  avoir  entiferement  la  loge  apparlenant  k  la  Fa- 
brique,  qui  joint  le  jardih  et  la  maison  du  chapitre  prfes  Fe- 
veche,  pour  servir  a  son  utillite,  en  en  faisant  trois  escus  de 
rente  a  la  Fabrique.  »  Le  10  decembre,  la  loge  lui  etait  louee 
douze  livres  qu'il  devait  «donner  au  fabriqueur  lay  annuel- 
lenient.  » 

Une  question  d'assez  mince  importance  en  apparence  vint 
troubler  la  bonne  harmonie.  Le  16  Janvier  1632,  on  deputa 
de  Harriet  et  de  Luc  vers  Tev^que  pour  lui  demander  « s'il 
veutentretenir  le  concordat  fait  ci-devant  entreM.  d'Etchaux, 
pour  r6vesque(l),  et  lesdits  sieurs  du  Corps  deville  sur  la 
nomination  des  predicateurs  et  payement  d'iceux. »  U  repon- 
dit  «  que  pour  le  passe  il  veult  effectuer  le  concordat,  et  que, 
sy  apres  il  pourvoict  de  predicateur,  il  pourveoira  aussi  au 
payement. »  Voila  un  point  delicat :  le  choix  du  predicateur. 
II  pent  paraitre  etrange  qu'il  soit  remis  au  conseil  municipal. 
Or,  le  conseil  payait;  il  pretendait  avoir  un  orateur  qui  lui  plAt. 
L'eveque  s'y  pretade  bonne  grace...  pour  cette  fois,  et  on  lui 
annonca  qu'on  a  nomme  « le  sieur  Casamiaille,  prieur  du 
convent  de  Saint-Dominique  de  ladite  ville,  pour  predicateur 
pour  les  advent  et  caresme  prochain,  »  en  le  priant  de  Tap- 
prouver. 

Le  28  mai,  « la  ville  ayant  ci-devant  institue  sainctement 
la  predication  en  la  chaire  de  ladite  ville  durant  Toctave  du 
sacre  de  chaque  annee,  et  de  tant  que  ladicte  feste  appro- 
che, »  on  s'occupe  de  chercher  un  predicateur,  et  Ton  nom- 
me « le  P.  Nicolas  Josse,  prjeur  du  convent  des  Carmes  de 
ladi4e  ville. »  Et  Ton  prie  Peveque  d'approuver  ce  choix.  Mais 
Teveque  repond  «  y  avoir  pourveu,  il  y  a  plus  de  six  rnois, 
de  la  pcrsonne  d'ung  pere  augustin,  et  que  c'estoit  a  luy  de 


(1)  Bertrand  d'Echaas,  ^vdqaede  Bayonnede  1598  a  1621. 
.    Tome  XVin.  24 


Digitized  by 


Google 


—  362  — 

songer  a  ces  affaires  et  non  auxdits  sieurs  de  ladite  ville,  et 
qu'ils  ne  s'en  donnassent  point  la  peine, » 

La  ville  ne  dit  rien,  laisse  precher  le  P.  augaslin  et  attend. 
L'octave  flnie,  les  predications  terminees,  Torateur  sacre  re- 
clame les  douze  ecus  d'usage  (1). 

Le  cas  etait  pr6vu  sans  doale.  Et  la  ville  repond  «  que 
ledit  predicateur  avoit  este  nomme  par  M.  Tevesque  et  non 
par  la  ville,  qui  estoit  en  possession  de  se  faire  comme  ins- 
tituteur  de  ladite  predication;  il  ne  sera  pourveu  par  la  ville 
au  payement  du  predicateur.  ». 

Raymond  de  Montaigne  c6da.  L'annee  suivante,  etant  a  sa 
propri6te  de  La  Vallee,  enSaintonge,  il  ecrivit,  le  15  septem- 
brel633,  a  Tun  de  ses  vicaires  generaux,  Michel  Doilharal, 
official  du  diocese,  une  lettre  qui  fut  communiquee,  le  5  oc- 
tobre,  au  conseil  de  ville;  « il  lui  bailloit  charge  de  veoir  les- 
dits  sieurs  du  conseil  et  leur  presenter  de  sa  part  qu'il  rend 
grS,ces  auxdits  sieurs  des  bonnes  volontes  et  affections  qu'ils 
ont  porte  et  portent  audit  sieur  evesque,  et  de  plus  qu'il 
desireroit  que  le  concordat  passe  entre  lesdits  sieurs  evesques, 
ses  predecesseurs,  et  lesdits  sieurs  du  Corps  dela  ville,  con- 
cemant  la  nomination  des  prMicaleurs  des  advans,  caresme 
et  octave  du  sacre,  sortit  son  plein  et  enlier  effect;  et  ce  faisant 
que  lesdits  sieurs  du  Corps  de  ville  choisissent  lesdits  predi- 
cateurs  en  satisfaisant  aussy  par  eux  a  ce  qu'ils  ce  sont  soub- 
mis  par  ledit  concordat.  »  La  ville  accepta  done  avec  em- 
pressement.  On  nomma  aussitdt  pour  precher  Tavent  le  P. 
Legros,  que  le  vicaire  general  approuva  en  Tabsence  de  Te- 
veque. 

(1)  €  18  jain  1632.  Le  sieur  de  La  Borde,  clerc,  a  remonstr^  qae,  par  institation 
ey  deyantfaicte  par  la  ville,  elle  aaroit  pourvue  aux  predications  de  Toctave,  H  est 
usage  de  bailler  la  somme  de  donze  escus  carnes  poar  lesdites  predications  et  d'aa- 
tant  que  le  predicateur  angnsiin  qui  finist  le  jour  d'hier  ses  predications  est  au  propre 
de  se  retirer,  a  demande  qu'il  pieust  auxdits  siears  da  Corps  de  ville  de  pourveoir  aa 
service  accoutume  da  predicateur.  »  Ecus  carnes,  peut-etre  cornei  ou  mieux  eomds, 
coENUTUS,  sans  doute  les  petits  comu&y  <  quia  minus  cusi  et  formosi.  »  Ddcangb, 
Moneta,  p.  i^l  K 


Digitized  by 


Google 


—  363  — 

Tout  semblait  done  regl6;  mais  le  choix  du  predicaleux  etait 
une  affaire  importante;  a  ehaque  instant  il  en  est  question 
dans  les  deliberations.  Ainsi,  eri  1635,  on  rappelle  a  Tfeveque 
qu'il  doit  trois  cents  livres  pour  le  salaire  des  predicateurs.  Le 
21  Janvier  1636,  on  lui  depute  Detcheverry,  echevin,  et  de  La 
Lande,  jurat,  «  pourluy  dire  que  la  ville  a  advis  que  Mgr  le 
due  d'Espernon  a  voulonte  et  desire  pourvoir  la  ville  d'un  pre- 
dicateur  pour  Tadvent  et  caresme  prochain;  qu'elle  desire  le 
plaire  en  cela,  et  prieront  M.  de  Bayonne  de  Fagreer  ainsi.  » 
M.  de  Bayonne  y  consentit  sans  peine.  Mais  il  dut  payer  ce- 
pendant;  car,  dans  une  seance  du  28  mars,  on  lui  reclama 
«  les  cent  livres  qu'il  est  oblige  de  bailler  de  sa  part  pour  le 
pere  predicateur....  pour  avoir  presche  en  lachaire  de  cette 
ville  le  caresme  dernier,  »  en  m6me  temps  qu'on  demande 
«  a  MM.  du  chapitre  deux  cens  livres  qu'ils  doibvent  d'arres- 
rages  pour  les  regens  du  college. »  Quelques  jours  aprfes,  nou- 
velle  encontre.  La  ville  a  «  nomm6et  choisy  le  P.  Segure,  de 
Fordre  des  Augustins,  pour  precher  les  octaves  du  sacre  pro- 
chain  et  donn6  connaissance  de  ladite  domination  a  M.  le 
vicaire  general  pour  Tabsence  de  M.  de  Bayonne,  qui  auroit 
agree  ladite  nomination. »  Mais  Teveque —  peut-6tre  ignorait- 
il  Tapprobation  donnee  par  le  vicaire  general,  peut-etre  vou- 
lait-il  qu'elle  fut  donnee  par  lui-m6me  personnellement,  —  de- 
clare «au  corps  qu'il  ne  pouvoit  approuver  ladite  nommina- 
lion  et  n'entendoit  que  le  dit  Pere  preschast,  sy  premierement 
on  ne  rendoit  audit  sieur  evesque  ce  quy  luy  est  deub,  c'est 
asavohr  que  la  presentation  de  la  nomination  dudit  Pere  luy 
soit  faicte,  afin  de  Tapprouver,  sy  bon  luy  semble. »  Le  corps 
repond  quil  a  deja  satisfait  a  son  devoir;  neanmoins,  il  prie 
Fevfeque  d'agreer  la  nomination.  Le  malentendu  probable- 
ment  fut  eclairci,  et  Fon  en  resta  la. 

Ce  sont  des  symptdmes;  le  malaise  existe;  il  va  se  revfe- 
ler  de  temps  en  temps.  Comme  pourtantla  lutte  n'est  pas  en- 
core engagee  ouvertement,  on  se  fait  parfois  des  amities,  on 


Digitized  by 


Google 


—  364  —  ^ 

proteste  d'affections  reciproques,  et  Ton  se  donne  des  temoi- 
gnages  de  deference  mutuelle.  II  y  a  des  alternatives  de  beau 
temps  et  d'orage. 

Le  16  Janvier  1632,  sur  la  remohtrance  du  sieur  lieutenant, 
onenvoieen  deputation  «  MM.  duLuc  et  de  Harriet,  eschevin 
et  jurat,  pour  prier  M.  Tevesque  et  MM.  du  chapitre  de  faire 
quelques  processions  et  prieres,  a  ce  qu'il  plaiseaDieu  de  con- 
server  le  Roietle  bien  servir  en  son  voyage  qu'il  a  escript 
faire  vers  Metz. »  L'eveque  promet  d'ordonner  <f  des  prieres 
chacun  dimanche  a  la  grand'messe.  »  Trois  mois  apres,  le 
conseii  apprend  avec  etonnement  que  M.  de  Bayonne  a  de- 
fendu  «  auxdits  sieurs  de  Fossecave  et  de  Gayon  puisne, 
bourgeois,  corays  par  lesdils  sieurs  du  Corps,  de  quester  pour 
les  moynes  Carraes.  »  Le  23  avril,  on  envoie  a  pulialde  et 
Daccarrette,  echevins,  pour  en  conferer  avec  lui.  »  On  profile 
de  Toccasion  pour  lui  reclamer  150  livres  que  la  ville  a 
avancees  pour  lui  «  pour  le  predicateur  des  advens  et  caresme 
de  Tan  1629  0130,1)  grosse  question  qui  allait  susciter  de 
longs  debats. 

En  1636,  unnomme  Bedat  etait  poursuivi  pour  outrage  au 
Corps  de  ville  qui  le  tenait  en  prison.  M.  de  Montaigne  inter- 
cede pour  lemalheureux.  Le  7mai,  il  revient  a  la  charge  et 
prie  «  lesdits  sieurs  du  corps  de  ville  de  vouloir  avoir  esgard 
aux  prieres  qu'il  leur  avoit  ci-devant  faictes  pour  Bedat,  et,  en 
sa  consideration  et  celle  du  nombre  des  enfans  et  femme  du- 
dit  Bedat,  quy  meurent  de  faim,  se  contenterd'une  satisfac- 
tion a  laquelle  il  obligera  ledit  Bedat  envers  lesdits  sieurs  du 
corps,  puisque  d'ailleurs  sa  longue  detenption  a  deub  expier 
en  quelque  fasson  son  offence.  »  L'echevinage  est  inflexible; 
a  Texces  commis  par  ledit  Bedat  est. si  grave  qu'ils  sont  obli- 
ges de  continuer  les  poursuites  centre  lui  intentees. »  EtTon 
ordonneau  syndic  de  poursuivre  Taccuse  «jusquesaujuge- 
ment  dudit  proces. » 

Le  30,  c'est  le  tour  de  la  ville.  Elle  demande  a  Tev^que 


Digitized  by 


Google 


«  d'arrester  que  ses  lacquais  el  domestiques  ne  le  suivent  a 
la  procession  du  Saint-Sacrement  avant  lesdits  sieurs  du 
Corps.  »  II  est  probable  que  Peveque  s'y  pr6ta  de  bonne 
grace :  car  aussitdl,  comme  retour  et  en  echange  de  son  bon 
proc6de,  ilexprime  son  desir  d'  «  ouvrir  une  porte  ou  la  mu- 
raille  antienne  qui  ferme  la  terrasse  de  Tevesche,  afin  d'avoir 
sortie  sur  les  remparts  ou  aller  pres  du  Chateau-Vieux  pour 
y  faire  sa  promenade.  j>  Le  conseil  ne  veut  rien  decider  et  ren- 
voieTaffaire  aaM.  lecomle  de  Gramont  (i),  gouverneur  de 
ladf te  villc,  pour  ce  faict  estre  resolu  a  qu'il  appartiendra. » 

Dans  une  autre  circonstance  il  y  avait  eu  de  la  part  de  la 
jurade  plus  d'empressement  etde  zele.  M.  de  Montaigne  avait 
congu  le  projet  de  reconstruire  son  ev6che.  Le  pays  de  La- 
bourd  lui  promit  tout  le  bois  necessaire;  il  desirait  que  la 
ville  contribuat  a  la  d6pense,  et  que  pour  sa  part  il  plut  «  aux 
dits  sieurs  luy  bailler  et  fournir  toute  la  pierre  de  taille  et 
massonnerie,  chaulx  et  sable  qu'il  aura  besoing.  »  Lui  ferail 
le  reste.  Par  une  deliberation  du  50  Janvier  1632,  il  fut  « ar- 
reste  que  lesdits  sieurs  bailleront  audit  sieur  evesque  toute 
la  pierre  de  taille,  chaux  et  sable  qu'il  aura  besoing  pour 
ledit  basliment,  rendu  sur  Ics  lieux.  » 

Tout  etait  pour  le  mieux;  on  6tait  d'accord;  le  palais  episcopal 
allait  commencer;  la  ville  desirait  etre  agreable  a  son  eveque, 
et  Veveque  se  montrait  heureux  des  bonnes  dispositions  de 
la  ville.  Qui  pouvait  troubler  un  si  juste  concert  et  diviser 
des  coeurs  si  bien  unis  ?  Toutefois,  c'est  par  la  que  la  discorde 
eclata,  vive,  ardente. 

En  1635  eurent  lieu  par  province  ecclesiastique  les  elec- 
tions a  Tassemblec  gen6rale  du  clerge  qui  s'ouvrit  a  Paris,  le 
25  mai.  Raymond  de  Montaigne,  qui  avait  ete  depute  du 

(I)  Anioine  de  Gramont,  comie  de  Gramont,  de  Guiche  el  de  Louvigny,  chevalier 
des  ordres  do  roi,  vice-roi  de  Navarre,  gouverneur  el  maire  perp^tucl  el  h<^r^ditaire 
de  Bayonne,  ills  de  Philibert  do  Gramont  el  de  Toulongeon,  gouverneur  et  mafre  de 
Bayonne,  s^n^cbal  dc  Navarre,  et  de  Diane,  dite  la  Belle  Corisande  d'Andoins.  II 
epousa  Louise  dc  Roquelaure,  et  en  sccondes  noces  Claude  de  Montmorency. 


Digitized  by 


Google 


—  366  — 

Tiers  aux  Etats  generaux  de  1614,  fut  depute  du  clerge,  pour 
la  province  d'Auch,  en  meme  temps  que  Jacques  Raoul,  eve- 
que  de  Saintes,  pour  celle  de  Bordeaux.  II  y  avail  vingl 
ans  de  cela,  et  la  situation  etait  autre.  II  y  joua  un  rdle  ef- 
face; d'abord,  Richelieu  etait  la,  quoiqu'il  ne  parut  pas  aux 
seances;  puis  M.  de  Montaigne  ne  put  qu'y  sieger  deux  mois 
et  au  milieu  de  graves  difflcultes.  A  la  verification  des  pou- 
voirs  du  30  mai,  Teveque  d'Aire,  Gilles  Boutaut,  protesta 
contre  son  admission;  et  en  son  nom  Teveque  d'0rl6ans,  Ni- 
colas de  Netz,  demanda  des  commissaires  devant  lesquels  il 
expliquerait  les  motifs  de  son  opposition;  en  meme  temps  il 
remit  aux  agents  generaux  du  clerg6  la  requete  de  Ffeveque 
d'Aire  contre  lui,  et  aussi  celle  de  Jacques  de  Bulu,  official 
d'Auch,  contre  Telection  de  Charles  de  Poudeux,  sieur  de 
Saint-Cric,  chanoine  en  Teglise  cathfedrale  de  Lescar.  Le  i 
juin,  au  moment  ou  Ton  allait  juger  le  differend,  Peveque  de 
Bayonne  «  requit  Mgr  Tarcheveque  de  Bordeaux  de  s'abstenir 
du  jugement  du  differend  qu'il  avaitau  sujet  de  sa  deputation, 
a  cause  de  divers  proces  qu'ils  ont  ensemble;  a  quoi  Mgr  de 
Bordeaux  repliqua  quMl  n'avait  aucun  proces  contre  le  sei- 
gneur de  Bayonne,  sinon  que,  pour  raison  des  reparations 
des  batimenls  de  Tabbaye  de  Saint-Blanxeau,  il  etait  inter- 
venu  avec  les  religieux  de  ladite  abbaye.  »  L'archeveque  ce- 
pendant,  c'etait  Henri  d'Ecoubleau  de  Sourdis,  son  successeur 
au  siege  abbatial  de  Sablonceaux,  se  declara  pret  a  s'abste- 
nir.  L'ev^que  d'Auxerre,  Dominique  Seguier,  fut  un  des  com- 
missaires, assiste  de  Teveque  de  Saint-Paul-Trois-Chateaux, 
Francois  Adhemar  de  Monteil  de  Grignan,  pour  rapporteur. 
Le  12,  on  lit  les  pieces;  on  entend  Gilles  Boutaut,  Raymond 
de  Montaigne  et  Dominique  de  Vic.  Or,  si  Teveque  d'Aire 
s'oppose  a  Pelection  de  Tev^que  de  Bayonne,  Tarcheveque 
d'Auch  a  ordre  de  sa  province  de  s'opposer  a  celle  de  Teve- 
que  d'Aire;  on  renvoie  done  les  parties  devant  les  commis- 
saires pour  produire  tout  ce  que  bon  leur  semblerait,  dans 


Digitized  by 


Google 


—  367  — 

un  mois  pour  tout  d61ai.  Par  provision,  on  admet  «  le  sei- 
gneur Raymond  de  Montaigne,  eveque  de  Bayonne, »  dans 
Tassemblee  avec  voix  deliberative,  ainsi  que  Dominique  de 
Vic,  arclieveque  d'Auch,  et  autres  deput6s  du  second 
ordre. 

Usant  de  la  permission,  I'ev^que  de  Bayonne  prit  part  aux 
travaux  de  I'assembiee.  On  trouve  sa  signature  au  bas  de 
la  declaration  du  7  juillet  par  laquelle  I'assemblee  declarait 
«  illegilimes,  invalides  et  nuls  »  les  «  mariages  des  princes 
du  sang  qui  peuvent  pretendre  a  la  succession  de  ia  couronne 
el  particulierement  des  heritiers  presomptifs,  s'ils  sont  faits 
non  seulement  sans  le  consentement  de  celui  qui  possede  la 
couronne,  mais,  en  outre,  centre  sa  volonte  et  sa  defense.  » 

C'est  Mgr  de  Bayonne  qui  fut  charge,  le  15  juin,  avec  les 
evSques  d'Amiens  et  de  Mirepoix,  d'aller  saluer  le  garde  des 
sceaux,  Pierre  Seguier;etlelendemain,  avec  Tarchevequed'Aix 
et  les  eveques  de  Nimes  et  de  Viviers,  de  recevoirMM.  de  Leon 
et  Aubry,  conseillers  d'Etat,  venant,  au  nom  du  roi,  deman- 
der  Tavis  du  clerge  sur  le  mariage  des  princes.  Le  meme  jour, 
sur  la  proposition  de  Tarcheveque  de  Bordeaux,  il  etait  avec 
les  archeveques  de  Tours,  les  eveques  de  Chartres  et  d'Auxer- 
re,  nomme  pour  dresser  un  projet  de  reglement  general  «  sur 
la  forme,  convocation  et  tenue  des  assemblees  diocezaines  et 
provinciales,  afin  de  les  rendre  uniformes  par  toutes  lesdites 
provinces.  )^ 

Le  20  juin,  il  se  plaint  des  cours  souveraines  qui  decla- 
rent  nulles  les  provisions  d'eveque  oil  ne  sont  point  indiques 
les  benefices  possedes,  malgre  la  dispense  dont  jouissent  les 
eveques  on  France,  en  Italic,  en  Espagne  et  dans  toute  la  chre- 
liente,  et  malgre  la  permission  du  Pape,  « en  quoy  Fautho- 
rite  de  Sa  Saintete  est  grandement  interessee  et  la  djgnite 
episcopate  abbaissee,  estant  privee  en  France  d'un  privilege 
dont  tons  les  evesques  jouissent  ailleurs  par  la  gratification 
du  Saint  Pere  qui  seul  a  le  droict  d'en  ordonner.  »  L^assem- 


Digitized  by 


Google 


—  368  — 

blee  declara  que  celle  demande  serait  «  inseree  dans  le  ca- 
hier  des  affaires  spirituelles.  » 

Le  25  juin,  Raymond  dc  Montaigne  pril  de  nouveau  la  pa- 
role. Centre  tons  ies  usages  on  avait  impose  les  beneficiers 
du  Beam,  et  il  protestait  energiquement.  II  y  eut  de  longues 
discussions.  L'assemblee  le  pria  avec  les  eveques  de  S^z, 
d'Auxerre  et  de  Saintes,  «  de  s'assembler  et  rechercher,  dans 
tons  les  edits,  declarations  et  arrets  que  le  clerge  a  pour  ses 
immunites  et  privileges,  les  raisons  sur  lesquelles  on  pent  es- 
tablir  cette  exemption,  afln  d'appuyer  Tinstance  qui  sera 
faicle  pour  Tobtenir.  » 

Ses  anciennes  fonctions  de  president  au  presidial  le  ren- 
daient  fort  precieux  a  Tassemblee  pour  toutes  ces  contesta- 
tions liscales.  Aussi  le  voit-on  faire  plusieurs  rapports  sur  ces 
questions.  Le  3  juillet,  ilrend  compte  d'une  mission  aupres 
du  president  Amelot  et  du  procureur  general  au  grand  conseil, 
relative  a  un  reglement  « des  frais  et  loyaux  cousts. »  11  oblinl 
ce  qu'il  desirait;  et  « Mgr  le  president  Pa  remercie  de  la  peine 
qu'il  a  prise  si  utilement.»  Le  14  juillet,  il  est  encore  charge, 
avec  Teveque  de  Ch&lons,  de  voir  les  commissaires  du  roi  au 
sujet  de  la  regale.  Le  21,  il  est  depute  aupres  du  roi  pour  le 
supplier  de  maintenir  le  clerge  dans  les  exemptions  du  droit 
de  regale  qu'on  voulait  imposeraux  dioceses  d'Auch,  de  Saint- 
Paul  et  de  Nimes.  L'eveque  de  Cha.lons,  Jacques  de  Neu- 
cheze,  porte  la  parole;  et  en  rendant  compte  de  leur  mission, 
Raymond  de  Montaigne  se  plut  a  louer  « la  fermete  et  Tintel- 
ligence »  de  son  coUegue. 

Sa  mission,  bien  commencee,  allait  flnir.  Le  21  juillet, 
Teveque  d'Aire  representa  que  le  jour  etait  venu  de  juger 
son  opposition.  Le  23,  meme  observation.  A  quoi  I'arche- 
veque  d'Auch  repondit  « que,  sans  entrer  au  faict  particu- 
lier  de  la  contention  entre  Mgrs  d'Aire  et  de  Bayonnc,  il  vou- 
loit  seulement  representor  la  charge  quMl  avoit  dela  province 
d'Auch  d'assurer  Tassemblee  que  la  nomination  avoit  este 


Digitized  by 


Google 


—  369  — 

faictedans  Tassemblee  provinciale,  avec  toutes  les  formes  pra- 
tiquees  d'anciennete  dans  la  province;  que  toutes  les  procu- 
rations estoient  selon  Tusage  et  la  cousturae  d'icelie  et  quele 
seigneur  evesque  de  Bayonne  ne  pouvoit  consentir  a  aucune 
subrogation  au  prejudice  de  la  province  qui  Tavoit  nomme, 
a  laquelle  on  ne  pouvoit  donner  un  procureur  contre  son  gre. » 
Et  il  requit  Tassemblee  de  prononcer  sur  Tinterfit  de  sa 
province.  L'archeveque  de  Bordeaux  sortit  comme  il  6tait 
convenu.  On  obtint  aussi  que  Tarcheveque  de  Toulouse,  re- 
cuse par  Teveque  d'Aire,  s'eloignat;  et  Fassemblee  decida  que 
les  provinces  d'Auch  et  de  Toulouse  ne  pourraient  prendre 
part  au  vote.  On  allait  juger.  Dominique  de  Vic  declara  •  qu'il 
avoit  charge  expresse  de  la  province  de  s'opposer  a  la  recep- 
tion de  Mgr  Teveque  d'Aire  dans  cette  assemblee,  et  qu'en 
consequence  de  ce,  il  s'opposoit,  au  cas  que  la  compagnie 
voulut  Tadmettre  et  quHl  en  demandoit  acte. »  Le  president, 
Jean  Joubert  de  Barraud,  un  saintongeais,  archeveque  d' Ar- 
ies, demanda  Facte;  il  promit  de  Tapporter.  Mais  Baymond 
de  Montaigne  pria  Mgr  d'Auchden'en  rien  faire,  ne  voulant 
«  pas'suivre  plus  avanl  cette  opposition. »  La  protestation 
etait  signee  de  six  eveques  de  la  province. 

Le  24  juillet,  les  quatre  commissaires  qui  etaient  les  eve- 
ques d'Auxerre  et  de  Saint-Paul,  puis  Ferdinand  deNeuville, 
abbe  de  Saint- Vandrille,  depute  de  Lyon,  et  Guillaume  Jocet, 
archidiacre  de  Saint-Malo,  depute  de  Tours,  conclurent  a 
Tadmission  dePevequc  d'Aire.  L'assemblee  adopta.  Mais  elle 
decida  d'abord  que  Teveque  de  Bayonne  serait  paye  de  ses 
taxes  jusqu'ace  jour,  tant  pour  le  venir  que  pour  leretour, 
aux  termes  des  reglements.  Lui-meme  voulut  remercier  I'as- 
semblee,  et  Tassemblee  « lui  a  temoigne,  dit  le  proces-verbal, 
la  satisfaction  qu'elle  avoit  regue  de  sa  presence  et  de  ses 
bons  avis. »  Mgr  d'Auchajouta  quMl  avaitrenonce  a  son  op- 
position uniquemcnt  a  la  priere  de  Peveque  de  Bayonne;  puis 
il  prie  qu'on  delivre  «  Textrait  de  la  deliberation  qui  lui  or- 


Digitized  by 


Google 


—  370  — 

donne  de  se  retirer,  »  et,  en  outre,  «  la  proposition  qu'il  a 
faiteenfaveurdesecciesiastiques  de  la  Basse-Navarre  centre 
ceux  de  Beam  ppur  le  paiement  des  d6citnes,  afln  quMl  fasse 
apparoir  qu'il  s'est  acquitte  de  la  charge  qui  lui  a  ete  don- 
nee  (1).  » 

Ainsi,  quelque  vice  de  forme  empechait  Raymond  de  Mon- 
taigne de  prendre  plus  longtemps  part  aux  travaux  de  la  com- 
pagnie.  Mais  il se  retirait  apres  les  protestations  ensafaveur 
de  six  6veques  de  sa  province,  apres  avoir  rempli  une  partie 
de  son  mandat,  apres  avoir  pendant  deux  mois  assiste  aux 
reunions  ou  il  avait  souvent  pris  la  parole  et  donne  d'utiles 
avis.  II  partait  avec  les  eloges  et  les  regrets  de  ses  coUegues 
dans  Tepiscopat. 

L'eveque  de  Bayonne  avait  prolite  deson  sejour  a  Paris.  11 
avait  obtenu  du  conseil  du  roi  un  arret  «  par  Icquel  il  est  or- 
donne  qu'il  sera  impose  et  leve  la  somme  de  quinze  mille  li- 
vres  tournois  pour  le  bastiment  de  Tevesche,  trois  mille  sur 
la  ville,  et  les  douze  mille  autres  livres  sur  le  pays  de  La- 
bourd.  »  Cela  changeait  tout  a  fait  les  conditions  premieres 
proposees  par  Tevfique,  acceptees  par  la  ville :  le  pays  de 
Labourd  fournissant  le  bois;  la  ville,  la  pierre,  la  chaux  et  Ic 
sable;  Teveque  se  chargeant  du  reste.  Aussi,  quand,  le  12  no- 
vembre  1655,  au  nom  du  prelat,  Pierre  Duvergier,  chanoine 
de  Notre-Dame,  vint  au  conseil  communiquer  cet  arret,  «et 
le  prier  de  se  disposer  a  y  satisfaire, » il  y  eut  plus  que  de  la 
surprise.  Quoi!  on  avait  accorde  ses  demandesau  prelat,  etil 
faisait  intervenirrautoriteroyale!  Quoi!  Ton  voulait  imposer 
la  ville !  C'etait  contraire  a  ses  privileges.  On  delibera.  depen- 
dant, il  fallut  sesoumettre.  Le23  novembre,  on  vota  les  trois 
mille  livres,  non  sans  protestation  et  sans  quelque  mauvaise 
humeur.  « Ouy  le  syndic  de  la  ville,  a  este  ordonne  que,  sans 
approuver  le  terme  d'imp6t  que  la  ville  n'a  jamais  souffert, 

(I)  Collection  des  procis-verbaux  des  assemblies  ginirales  du  cletgi  de  France 
t.  II,  p.  658. 


Digitized  by 


Google 


—  371  — 

et  a  la  charge  dc  retirer  declaration  dudit  sieur  de  Bayonne, 
la  ville  lui  baillera  3,000  livres  pour  ledit  bastiment. » 

On  paieradonc,  c'est  entendu.  Maisles  offlciers  municipaux 
ont  trouve  un  biais  pour  debourser  le  moins  possible.  Mon- 
seigneur  veut  avoir  de  nous  mille  ecus.  Eh  bienf  -ne  lui  a-t- 
on  pas  deja  fourni  des  mat6riaux?  II  y  en  a  bien  pour  sept 
cents  Uvres.  De  plus,  ne  doit-il  pas  quelque  chose  pour  le  sa- 
laire  des  pr6dicateurs  ?  Oui,  trois  cents  livres.  On  lui  retien- 
dra  done  trois  cents  livres,  plus  sept  cents  livres,  soil  mille  li- 
vres. 

Donner  et  retenir  ne  vaut.  Sans  doute,  le  preiat  consentait 
a  cet  arrangement;  mais  je  soupgonne  qu'il  fut  au  fond  m6- 
content  et  bless6.  La  lulte  ne  tarda  pas  a  devenir  directe  et 
publique. 

Quelle  en  fut,  dirais-je  lepretexte  ou  la  cause?  C'est  une 
simple  question  de  voirie  et  d'alignement.  Malheureusement, 
nous  n'avons  ici,  pour  nous  guider  et  nous  eclairer,  que  les 
registres  municipaux;  nous  n'entendons,  par  consequent, 
qu'une  voix.  Et  cette  voix  est-elie  j[uste  ?  L'animosite  parait 
avoir  et6  vive.  II  se  pent  que  le  corps  de  ville  ait  fait  pencher 
la  balance  en  sa  faveur  et  donne  tons  les  torts  a  Tadversaire. 
L'impartialite,  qui  est  rare  chez  les  individus,  Test  peut-etre 
encore  plus  dans  les  corps;  et  Techevinage  en  cette  circons- 
tance  pritdes  resolutions,  ceda.ades  entrainements  dont  un 
individu  se  serait  certainement  gardfe. 

II  serait  bien  long  de  raconter  par  le  menu  les  details  de  la 
querelle.  Nous  nous  bornerons  aux  principaux  incidents; 
c'est  un  chapitre  curieux  des  rapports  entre  deux  autorit6s  ja- 
louses.  Le  11  juillet  1636,  le  conseilest  informe  que  Raymond 
de  Montaigne  desire,  pour  son  palais  Episcopal,  « se  servir  de 
la  place  vide  qui  est  au-devant  dudit  evesche,  pres  la  porte  de 
Larochepaillet.  »  Cette  place  est  a  lui;  il  n'a  done  aucune 
autorisation  a  solliciter  de  personne.  Mais  il  a  voulu  «  faire 
part  aux  eschevins  de  son  desseing,  afinqu'ilssoient  tesmoins 


Digitized  by 


Google 


—  372  — 

qu*il  ne  veut  rien  entreprendre  sur  cc  qui  est  au  publicq, 
defferance  qu'il  ne  rendroit  pas  a  autre  personne,  non  pas 
meme  a  un  prince  du  sang,  quand  il  seroit  sur  les  lieux,  cen- 
tre la  volonte  duquel  il  ne  lairroit  pas  de  continuer  son  bas- 
timent  s'il  Tavoit  entreprins,  quelque  instance  qu'il  flst  au 
contraire.  »  Ces  paroles,  toutes  pleines  de  courtoisie  pour  les 
echevins,  montrent  en  meme  temps  un  caracterc  assez  ener- 
gique  ct  une  fermete  peut-etre  un  peu  voisine  de  rentetement. 
On  en  refere  au  comte  de  Gramont,  gouverneur  de  la  villc; 
le  gouverneur  envoie  des  canonniers  examiner  si  Tediflcepro- 
jete  ne  nuira  pas  au  service  des  fortiflcations  et  de  la  defense 
de  la  ville.  Non;  il  y  aura«  place  suffizante  pour  le  passage  du 
canon.  »  On  allait  done  probablement  adopter  les  conclu- 
sions de  Grapiont.  Tout  k  coup  se  presente  au  conseil  Pierre 
deHiriard,  chanoinede  Notre-Dame,  tenant  a  la  main  «  un  litre 
de  cent  trente  ans,  escript  sur  parchemin. »  II  a  droit  aussi  a 
la  place,  et  si  Ton  permet  a  Tcveque  de.  batir,  il  batira  lui 
aussi.  Or  si  le  chanoine  batit,  une  rue  se  trouve  supprimee.  II 
faut  done  reflechir  murement  avant  de  repondre  oui  a  Tevc- 
que.  L'intervention  dece  chanoine  centre  le  pasteur  du 
diocese  etait  trop  singuliere  pour  etre  spontance;  mais  elle 
venait  merveilleusement  a  propos.  L'argument  decisif  etait 
trouve.  Aussi  le  prelat  se  plaint-il  des  obstacles  qu'on  lui 
suscite;  il  croyait  rencontrer  «  plus  d'affection  et  d'amour 
dans  Tesprit  desdits  sleurs  du  Corps.  »  Evidemment  Hiriard 
aetepousse;  c'est  a  lui  qu'on  en  veut.  Ehbien!  qu'onlui 
signifie  un  acte  en  bonne  forme  d'opposition  a  ses  projets  de 
construction.  Sinon,  des  demain  matin,  a  cinq  heures,  les 
travaux  commenceront.  Les  propos  s'echangent;  on  est  blesse, 
on  s'irrite.  Bayonne  ne  m'est  rien,  s'ecrie  Teveque.  Si,  rc- 
pondent  les  echevins,  si  le  roi  ne  nous  eut  pas  fait  Thonneur 
de  vous  nous  donner  pour  eveque,  il  nous  en  eut  donne  uu 
autre. — Et  quel  autre?  J'ai  refuse «  Tarchevesche  d'Aixet  pla- 
sieurs  aotres  benefices,  qui  estoient  de  bien  plus  grande  consi- 


Digitized  by 


Google 


—  373  — 

deration  que  non  pas  Tevesche  de  Bayonne.  »  La  discussian 
continua  sur  ce  ton  tres-peu  courtois  de  part  et  d'autre.  Puis 
le  prelat  offrit,  si  Ton  lui  vouiait.permeltre  de  batir  selon  ses 
plans,  d'empecher  Hiriard  d'elever  sa  maison,  de  lui  faire 
declarer  en  justice  qu'il  n'en  avail  pas  le  droit,  et  qu'au  cas 
ou  un  tribunal  donnerait  raison  au  chanoine,  il  ferait  demo- 
lir  a  ses  frais  le  palais  episcopal  eleve  sur  le  terrain  litigieux; 
«  qu'il  avoit  assez  de  biens  pour  repondre  de  sa  pro- 
messe.  » 

C'elait  une  ouverture,  et  la  proposition  pouvait  ^tre  ac- 
ceptee.  On  ne  se  pressa  pas  d'y  repondre,  et  Montaigne  se 
h&ta  trop  de  croire  qu'on  rejetait  sa  transaction.  Le  lende- 
main  matin,  15  juillet,  les  echevins  voient  avec  stupefaction 
les  travaux  commences.  lis  se  plaignent  vivement  de  ce  man- 
que d'egards;  Tev^que  repond  qu'il  a  attendu  en  vain  leur 
decision.  Mais  un  corps  ne  s'assemble  pas  facilement;  plu- 
sieursmembres  etaient  absents.  Bref,  on  se  separe  fortme- 
conlents  les  uns  des  autres.  Pen  apres  le  syndic  fait  somma- 
tion  de  cesser  les  travaux.  Le  prelat,  encore  plus  irrite  de  cet 
acle  juridique,  leur  jette  Tepithete  d'ingrats.  lis  ripostent  qu'il 
leur  etait  difficile  d'etre  ingrats,  n'ayant  encore  rcQu  ni  faveur 
ni  bienfait. — Vous  n'etes  pas  seulement  des  ingrats,  mais  encore 
des  tyrans.  Moi,  je  suisaime  du  peuple.  Iln'y  am6me  dansle 
conseilque  trois  ou  quatre  qui  s'opposent  a  mes  desseins. — La 
discussion  s'echauffe;  les  propos  desagreables  continuent.  En- 
fin  on  se  separe,  et  le  conseil  ordonne  quMl  sera  fait  dutout  un 
proces-verbal  qui  sera  insere  dans  le  livre  des  deliberations. 
On  avail  oublie  dMnscrire  les  buUes  de  Montaigne;  on  n'oublie 
pas  de  copier  ce  long  factum. 

L'eveque  avail  des  partisans  dans  le  conseil  et  il  savait  tout 
ce  qui  s'y  passait.  Aussi  on  crut  frapper  un  grand  coup.  Le 
48  juillet,  le  premier  echevin  Dolives,  rappelant  les  injures 
« proferees  par  Icdit  sieur  eveque» ,  les  mots  ingrats  et  tyrans, 
demande,  «sy,  attendu  les  contumelies  et  paroUes  outrageantes 


Digitized  by 


Google 


proferees  par  ledit  sieur  evesque,  le  corps  en  general  et  par- 
liculier  se  doibt  depparlir  de  ie  visiter;  et  sy  aucun  en  parti- 
culier  ne  se  veult  priver  dele  visiter,  s'il  pourra  assister  aux 
deliberations. »  C'etait  une  atteinle  flagrante  portee  a  la  li- 
berie individuelle.  La  passion  ici  depassait  les  bornes.  Le 
sieur  de  Lalande,  echevin,  fait  fort  sagement  observer  que 
cette  proposition  est  un  outrage  aux  membres  de  Tassem- 
blee,  que  c'est  accuser  de  pen  de  fldelite  les  echevins,  jurats 
et  autres  offlciers  du  corps  de  ville,  « la  charge  et  qualite 
relevee  dudit  seigneur  evesque  ne  pouvant  que  rendre  lesdites 
visiles  justes  et  honorables.  »  N'etait-il  pas  possible  de  rendre 
de  telles  visiles  « sans  desseing  d'y  offenserTinterest  public? » 
Done,  si  Ton  veut  passer  outre,  il  proteste  de  nullite,  et  se  pour- 
voira  centre  la  decision,  Malgre  ces  reserves,  Tassemblee, 
irritee,  declare  que  quiconque  ira  chez  Feveque  ne  pourra  plus 
prendre  part  aux  deliberations  qui  le  concernent.  C'etait  raettre 
I'eveche  en  interdit.  L'eveque  eut  la  pensee  d'excommunier 
rh6tel-de-ville.  II  se  retint;  memo  un  peu  apres,  il  chercha 
a  attenuer  ses  paroles  et  a  excuser  ce  qui  avait  pu  blesser 
Techevinage.  Le  12  aout,  le  grand  vicaire  va  au  conseil.  On 
a  dit  que  Teveque  avait  Iraite  les  echevins  d'ingrats  et  de 
tyrans;  il  n'a  pas  dit  cela,  « ains  seulement  avoit  diet  que  cet 
empeschement  estoit  une  tirannique  violance;  en  quoy  il  n'a 
creu  rendre  aucune  offense  auxdits  sieurs  du  corps,  desquels 
11  est  scrviteur. »  II  ajoute  que  le  chanoine  Hirriard  ayant  re- 
nonce  a  son  opposition,  Tobstacle  a  la  construction  du  ba- 
timent  n'existait  plus;  c'esl  pourquoi  il  priait « lesdits  sieurs  de 
trouver  bon  qu'il  continue  son  bastiment.  »  Le  conseil  aurail 
dA  etre  touche  de  cet  acte  oil  le  prelat,  en  realite,  s'inclinait 
et  reconnaissait  implicitement  ses  torts.  Et  il  aurait  pu,  ou- 
bliant  des  paroles  blessantes  ou  des  precedes  trop  sommaires, 
accepter  les  excuses  offertes  etfaire  la  paix.  II  n'en  fut  rien. 
Le  conseil  persistadans  son  opposition.  AlorsTSveque  jugea 
a  proposde  ceder  pour  un  temps  a  Forage.  II  quitta  Bayonne 


Digitized  by 


Google 


—  375  — 

et  son  diocese,  et  vint  se  r6fugier  dans  sa  paisible  maison  de 
campagne  de  La  Vallee. 

Nous  avons,  datee  de  La  Vallee,  le  18  novembre  1636,  une 
leltre  adressee  au  due  d'Epernon  sur  cette  malheureuse  que- 
relle.  Au  mols  d'octobre,  le  17,  Epernon,  gouverneur  de 
Guienne,  s'etait  rendu  aBayonne  ou  son  flls  Bernard  de  No- 
garet  de  La  Valette  arrivait  le  23.  Les  Espagnols  faisaient  de 
grands  preparatifs  de  guerre;  et,  en  efifet,  le  17  et  le  18,  lis 
p6nelrerent  en  France,  s'emparerent  de  Hendaye,  d'Urrugne, 
de  Saint- Jean-de-Luz  et  de  Ciboure,  lis  assiegerent  ensuite  le 
fort  du  Socoa,  ou  il  n'y  avait  que  deux  cents  soldats  qui  sor- 
tirent  par  une  bonne  composition  (1).  lis  parurent  m6me  de- 
vant  Bayonne,  et  Gramont  les  for^a  de  se  retirer.  11  paraf t,  du 
reste,  que  la  presence  des  Espagnols  ne  causa  pas  grande 
frayeur  en  la  ville  :  car,  dfes  le  29  octobre,  le  due  et  son  flls 
repartirent  pour  Bordeaux;  et  la  noblesse  qui  etait  accourue 
se  retira  en  meme  temps.  Raymond  de  Montaigne  6crivit  au 
due  d'Epernon  la  lettre  suivante  decouverte  a  la  Bibliothfeque 
nationale,  Fonds  francais,  20478,  p.  331,  par  M-  Ph.  Ta- 
mizey  de  Larroque,  qui  a  la  main  si  heureuse,  et  communique 
par  lui  a  la  Reviie  de  Gascogne,  t.  xi,  p.  248,  octobre  1871 : 

«  Monseigneur,  vous  avez  agrii  ma  retraite.  Accuse  par 
quelques  personnes  qui  faisoient  gloire  de  mespriser  TEglise, 
et  ne  pouvant  demeurer  sans  prejudicier  a  mon  caractfere  et 
ames  successeurs,  j'ai  juge  plus  a  propos  de  me  retirer  que 
d'user  en  ceste  saison  de  Textresme  remede  convenable  au 
mal.  Vous  m'avez  fait  Thonneur,  Monseigneur,  de  vouloir 
prendre  cognoissance  de  ce  qui  s'est  passe  par  deli;  sur 
quoy  j'attendray  vos  commandemens  pour  y  rendre  entiere 
obfeissance  sur  ce  subject  et  tous  autres,  comme  estant  verita- 
blement,  Monseigneur,  votre  tres-humble  et  tres-obeissant 
serviteur,  R...,  ev.  de  Bayonne. 

»  A  La  Vallee,  ce  18  novembre  1636.  » 

(1)  Recherehes  historiques  sur  la  ville  et  Viglise  de  Ba^onne^  par  Yeillel,  cha- 
noine;  mannscrit. 


Digitized  by 


Google 


•«  376  — 

L'eveque  ne  relourna  pas  dans  sa  ville  episcopale;  la  mort 
lie  lui  en  iaissa  pas  le  temps.  Quelques  mois  aprfes  saleltre,  en 
mars  1637,  ii  alia  rendre  compte  a  Dieu  de  son  administra- 
tion, 

II  serait  difficile  de  juger  ici  Raymond  de  Montaigne, 
magistrat  ethomme  d'eglise.  Sans  doute  il  remplit  ses  fonc- 
tions  de  judicature  avec  zele,  avec  loyaute,  avec  justice;  le 
mandatde  depute  du  tiers  aux  Etats  generaux  est  une  preuve 
qu'il  av.ait  su  gagner  Testime  et  Tafifection  generale  a  Saintes 
ct  dans  la  province  de  Saintonge.  On  a  vu  lerdle  important  qu'il 
joua  a  ces  assemblees  del614,  saluees  de  tant  d'esperances, 
accueillies  avec  tant  d'ardeur,  sui vies  avec  tant  d'emotions,  et 
finalement  si  studies  au  moins  enresultatsimmediats.  Saintes 
lui  doit  les  fondations  du  convent  des  Recollets;  et  Tabbaye  de 
Sablonceaux,  des  reparations  trop  I6t  interrompues  par  son 
depart.  Commeeveque,  il  ne  paraitpas  avoir  laisse,  sinon  dans 
son  diocese,  au  moins  k  Bayonne,  un  souvenir  aussi  univer- 
sellement  respecte.  Son  administration,  d'ailleurs,  fut  courte 
et  presque  continucllement  entravee.  Au  point  de  vue  ou  les 
choses  en  etaient  venues,  il  parait  difficile  qu'il  eut  pu  desor- 
mais  faire  beaucoup  de  bi|p.  Qui  eut  tort  dans  cette  petite 
guerre  qu'on  pourrait  appeler  les  querelles  de  rue  mitoyenne? 
Nous  n'avons  pastoutes  les  pieces  du  proces;  nous  n'avons 
meme  entendu  presque  qu'une  des  parties.  Comment  notre  ju- 
gement  pourrait-il  etre  eclairel  Mais  ilnous  parait  qu'il  ne  fut 
pas  comme  chef  du  diocese  ce  qu'il  avait  ete  comme  presi- 
dent de  la  senechaussee.  Habitue  aux  formes  rigoureuses  de 
la  justice,  ne  voyanl  que  le  droit  strict,  homme  de  loi,  peut- 
etre  ne  vit-il  pas  que  la  position  d'un  pasteur  d'ames  n'etait 
pas  celle  d'un  president  de  tribunal,  et  que  si  Tun  doit  etre 
avant  tout  Tesclave  de  la  lettre,  Tautre  doit  etre  surtout  Tin- 
terprete  de  Tesprit.   « II  ne  faut  pas,  ecrivait  I'auteur  des 
Essais  (liv.  in,  ch.  1"),  ilnefaut  pas  appeller  debvoir,  comme 


Digitized  by 


Google 


—  377  — 

nousfaisons  tous  les  jours,  une  aigreur  et  une  iatestioe  as- 
prete.  »  Sa  mission  etait  toute  de  douceur  et  de  conciliation. 
Quand  mfime  il  eiit  eu  raison,  quand  m6me  la  jurisprudence 
et  les  textes  eussent  6te  pour  lui,  il  eAt  plus  gagn6  a  ne  point 
montrer  tant  d'exigence.  Je  sais  bien  que  Michel  de  Montai- 
gne Fa  dit :  « Et  est  opiniastret6  soeur  de  la  Constance,  aa 
moins  en  vigueur  et  fermete  (liv.  u,  ch.  32).  »  Mais  la  fermete 
n'est  point  faiblesse;  elle  n'est  pas  non  plus  entfitement.  Des 
paroles  malsonnantes,  des  expressions  pen  gracieuses,  des 
precedes  un  pen  sommaires  ont  dii  blesser  des  esprits  dbjk 
pen  bienveillants.  Voilapour  un  cdte. 

Ce  qui  attenue  singulierement  les  torts  du  prelat,  c'est  la 
conduite  du  corps  de  ville,  mettant  pour  ainsi  dire  son  6ve- 
que  en  quarantaine,  interdisant  la  porte  de  sa  maison  aux 
membres  du  conseil;  c'est  leur  refus  d'enlrer  en  accommode- 
ment,  quand  le  Pontife  s'inclinant,  retire,  en  les  expliquant, 
les  termes  qui  avaient  cheque  les  susceptibilites  des  echevins, 
et  leur  demande  de  cesser  une  opposition  dontle  pr6texteavait 
disparu.  Cette  humility,  cet  aveu  repare  bien  des  paroles  vivos. 
11  faut  tenir  compte  aussi  de  Tesprit  de  corps.  Le  pouvoir 
municipal  se  dressait  encore  debout  devant  tout  autre  pou- 
voir. II  n'y  avait  pas  longtemps  que  Richelieu  avait  dompte 
la  fiere  cite  de  Guiton;  les  villes  etaient  encore  fort  jalouses 
de  leur  independance;  et,  n'ayant  plus  a  guerroyer  centre 
Tennemi  exterieur,  elles  bataillaient  volontiers  centre  quelque 
rival  d'influence  ou  d'aatorile  k  Tinterieur.  Le  pr6texte  en 
etait  assez  mesquin;  evidemtnent  on  Pavait  cherchfe.  Une 
part,  et  assez  large,  de  responsabilite  dans  ces  dissensions  fi- 
cheuses  retombe  done  sur  Tfechevinage  de  Bayonne. 

Enfln,  ce  qui  prouve  encore  qu'il  y  avait  li,  avant  tout,  nn 
froissement  d'amour-propre  local,  c'est  TamitiS  que  tfemoi- 
gnaient  a  Mgrde  Bayonne.  un  certain  nombremfeme  de  jurats  et 
d'fechevins;  ce  sent  lesegards  qu'eulpour  lui  le  comte  de  Gra- 
mont,  maire  et  gouvernenr  de  la  ville,  Tapprobation  que  sem- 
Tome  XVm.  25 


Digitized  by 


Google 


—  378  — 

blelui  avoir  donnee  le  due  d'Epernon^  et  enfin  Taffection 
qu'avaitpoiir  lui  le  peuple.  Toutefois,  et  c'est  par  la  que  je  finis 
cet  essai  de  biographie,  j'aurais  voulu  que  Raymond  de  Mon- 
taigne^ avant  ses  demel6s  avec  le  corps  de  ville,  eut  rela  le 
eh.  29^  liv.  i^  de  son  oncle  breton,  De  la  moderation :  «  On 
peult  et  trop  aymer  la  verity  et  se  porter  excessivement  en 
nne  action  juste.  A  ce  biais  s'accommode  la  voix  divine :  «  Ne 
•  soyez  pas  plus  sages  qu'il  ne  fault,  mais  soyez  sobrement 
»  sages  ».,.  J'ayme  des  natures  teraperees  et  moyennes;  Fim- 
moderation  vers  le  bien  mesme,  si  elle  ne  m'oflfense,  elle  m'es- 
tonne  et  me  met  en  peine  de  la  baplizer...  L'archer  qui  oul- 
trepasse  le  blanc,  fault  comme  celui  qui  n'y  arrive  pas.  » 

Louis  AUDIAT. 


APPENDIGE 


(1) 


Acte  de  prise  de  possession  de  I'abbaye  de  Sablonceauz, 
par  Rasrmond  de  Montaigne. 

(Minutes  de  Vcrjat,  notaire  a  Saintes.) 

Petrus  Brassier,  in  sacra  theologia  doctor,  rector  parochialis  ec- 
desiae  Sancti  Saviniani  du  Port,  universis  presentes  litteras  inspec- 
turis  salutem  in  Domino.  Literas  provisionis  reverendo  in  Christo 
patri  domino  de  Montaigne,  presbytero  Burdigalensis  dioecesis, 
Santonensis  provinciae  praesidi,  a  sanciissimo  domino  nostro  Ur- 
bano  papa  octavo  factas  de  monasterio  sive  abbatia  B.  Mariae  de  Sa- 
blonceiiis  ordinis  sancti  Augustini,  Santonensis  dicBcesis,  sub  titulo 
commendae,  cum  funiculis  cannabis  impendentibus  more  romance 
curiae  sub  plumbo  buUatas,  sanas  et  integras,  non  vitiatas,  non  can- 
cellatas  aut  abrasas,  sed  omni  prorsus  vitio  carentes,  venerabili  do- 
mino officiali  Santonensi  directas,  datas  Romte  apud  Sanctam  Ma- 
riam  majorem  anno  incarnationis  Domini  miilesimo  sexentesimo  vi- 
gesimo  quarto,  pontificatus  vero  ejusdem  sanctissimi  domini  nostri 
D.  Urbani  papaB  octavi  anno  secundo,  kalendis  septembris  signatas, 
Afemellus,  C.  Paulus,  A.  Bouroup  et  aliis  nonnullis  signis  manua- 
libus,  ac  processum  verbalepi  super  executionem  praedictae  ballaB 
usque  ad  missionem  in  realem,  actualem  et  corporalem  possessio- 

(1)  Voir  ci-dessag,  ii?r.  de  mai,  p.  316. 


Digitized  by 


Google 


—  379  — 

nem  et  sequentia  per  dictum  dominum  officialem  seu  auditorem 
communem  factum,  datum  Xtotonis  die  decima  quarta  mensis  no- 
vembris  ejusdem  anni,  signatum  in  minuta :  Moyne,  auditor;  R.  de 
Montaigne,  P.  Brassier,  Blanchard  et  Levesquot,  et  Toumeur  scriba, 
per  praedictum  reverendum  dominum  abbatem  exhibitas,  quas  qui- 
dem  litteras  cum  ea  qua  decuit  reverentia  recepimus,  et  ad  requisi- 
tionem  ejusdem  domini  reverendi  abbatis  quatenus  ad  executionem 
integram  prsedictarum  litterarum  in  absentia  et  per  vim  subdelega- 
tionis  per  eumdem  dominum  officialem  Xantonensem  factae  et  in 
epdem  processu  fulminationis  dictarum  bullarum  contentse  et  per 
nos  visaB  et  lectse,  procedentes,  prsefatum  dominum  reverendum  ab- 
batem manu  dextra  apprehensum  in  realem,  corporalem  et  actualem 
possessionem  prsedictae  abbatiae  ipsiusque  annexorum  jurium  et 
pertinenciarum  universarum,  peringressumin  ecclesia  dictae  abba- 
tiae,  aspersionem  aquae  benedictae,  depsculationem  magni  altaris,  lec« 
turam  libri  missalis,  sessionem  in  cathedra  abbatiali,  solemnis  missae 
celebrationem  et  traditionem  ciavium  tam  praedictae  ecclesiae  quam 
totius  monasterii  missimus  et  possuimus,  venerabilibus  vero  fratribus 
capitulo  et  conventui  ut  obedientiam  et  reverentiam  ac  diversis  vas- 
salis  et  aliis  subditis  ut  consueta  servitia  ac  jura  ab  eis  debita  inte- 
gra  exhibeant  sub  pcenisin  eisdem  litteris  contfentis  injunximus,  id- 
que,  in  signum  verae  possessionis  nemine  discrepante  neque  se  oppo- 
nente.  In  quaram  fidem  et  confirmacionem  praedicto  domino  reverendo 
abbate  eais  requirente,  presentes  litteras  per  notarium  regium  inCras- 
criptum  etiam  ad  eos  per  praedictum  dominum  officialem  sive  audi- 
torem deputatum  expediri  fecimus.  Datum  et  actum  in  dicta  abbatia, 
die  vigesimaquinta  mensis  novembris  anno  Domini  millesimo  sexen- 
tesimo  vigesimo  quarto  praesentibus  ibidem  infra  scriptis  et  subsi- 
gnatis  ad  id  vocatis  et  rogatis. 

R.  Montaigne;  Brassier,  SacrsBtheologiae  doctor  et  rector  Sancti  Vi- 
viani;  Jacques  de  Fi^gallet,  prior  claustralis  ejusdem  abbatiae  beatae 
Mariae  Sabloncellis;  Debourgeade,  suprior  ejusdem  abbatiae;  Mahy, 
religiosus  et  rector  ejusdem  abatiae;  Sallet  scutifer;  A.  Grelaud,  prior 
Sancti  Petri  de  ChampaignoUes;  A.  Boyssier,  infirmarius  dictae  abba- 
tiae;  Bouildron,  lieutenant  g^n^ral  de  Saintonge;  G.  Montaigne;  Che- 
valier; Durtubie;  Chevalier;  Nicolas  de  Montaigne;  Chevalier;  P. 
Gombauld,  lieutenant  particulier  et  assesseur  criminel  de  Saintes; 
M.  Blanchard,.  lieutenant  particulier  de  Saintes;  H.  Gombaud,  prior 
de  Meursac;  Grincel,  advocat  en  la  cour;  Mestreau;  Favre;  Verjat, 
notaire  royal  a  Saintes. 


Digitized  by 


Google 


—  380  — 


Ugende  et  histoire.— ^tude  critique 


80R 


Saint  Sever,  roi  dbs  scythes,  et  ses  compagnons. 

{Suite  et  fin)  (1). 

Saint  Eugdne  de  Carthage. 

Ce  grand  fevfeque  subit  deux  exils.  Tun  dans  la  persecution 
de  479,  Tautre  en  496;  il  avail  ete  rappele  a  Carthage  en  487. 
'  Albi  fut  sa  principale  retraile;  on  croit  qu'il  y  mourut. 

La  legende  de  saint  Sever  nous  a  fait  rencontrer  a  Rome  un 
Eugene,  personnage  tres- venerable,  qu'elle  traite  d'abord  tout 
simplement  d'homme  apostolique;  plus  tard  seulement,  ses 
reediteurs  le  confondent  tres-fautivement  avec  le  Pape.  B.  La 
Tour  nous  dit  que  ce  fut  precisement  un  Eugene  qui  con- 
fera  Tepiscopat  a  saint  Clair  et  qui  ordonna  egalement  ses 
compagnons.  Et  dans  la  legende  de  ce  dernier  ap6tre,  nous 
lisons  quMl  eut  un  Eugene  pour  compagnon  d'apostolat. 

Tons  ces  Eugene  coincidant  trop  bien  avec  celui  de  Carthage, 
nous  n'avons  pu  manquer  d'y  trouver  une  excellente  base 
chronologique. 

Saint  Gdronce  le  martyr. 

Dejk  distingu6  du  confesseur,  enseveli  au  Mas  d'Aire,  dont 
j'ai  parl6  i  la  page  68  du  present  volume,  il  doit  Tetre 
aussi  d'un  autre,  tout  k  fait  inconnu,  que  signalait  en  ces 

(1)  Voir  cUdegsos,  p.  359. 


Digitized  by 


Google 


—  381  — 

termes  Thagiologe  de  Tabbaye  Saint-Girons^  a  Hagetmau  : 
depositio  B.  GerontU,  confessoris,  monachi  congregationis 
nostrcB.  Ce  dernier  est  confondu  av6c  celui  d'Aire  par  This- 
torien  du  monastfere  de  Saint-Sever,  t.  i,  p.  39;  mais  il  suffit 
de  consulter  soit  le  passage  cite  plus  haut,  soit  les  Bollandistes 
pour  rfecuser  leur  identite, 

Plusieurs  localites  du  sud-ouest  honorent  un  saint  G6ronce; 
malheureusement  il  n'est  pas  facile  de  discerner  lequel;  ce 
titulaire  se  trouve  pourtant  juxtapose  avec  saint  Clair  a  Suzan 
ou  Ygos,  et  avec  saint  Sever  a  Saint-Sever  et  m6me  a  Met- 
gnos  de  La  Glorieuse.  Sed  quid  hcec  inter  lantos? 

Quant  a  Tapostolat  et  a  la  mort  de  Geronce,  plein  desaccord 
entre  les  legendes.  La  plus  circonstanciee  et  la  plus  semblable 
a  un  journal  historique  est  celle  que  cite,  d'apres  le  P.  Mont- 
gaillard,  Tediteur  de  Thistoire  de  Saint-Sever,  tome  n,  page 
358.  ' 

II  y  est  dit,  entre  autres  choses,  qu'ayant  appris  la  mort  de 
saint  Sever,  Geronce  accourut  avec  Clair,  Justin,  leurs  com- 
pagnons  et  environ  vingt  miUe  Chretiens,  que  le  10  novembre 
la  guerre  se  ranima,  qu'il  y  re^ut  un  coup  mortel,  et  qu'il 
fut  transporte  et  enseveli  provisoirement  pres  de  la  riviere 
d'Auch,  a  deux  milles  de  cette  cite;  nouvel  indice  du  sens 
que  Ton  doit  donner  avec  nous  ^  la  iutte  ou  avait  p6ri  saint 
Sever. 

Saint  Jean  le  martyr. 

A  part  ce  que  j'ai  dit  au  sujet  de  Maixent,  disciple  de  saint 
Severe  a  Agde,  je  ne  sais  rien  sur  notre  Jean,  si  ce  n'est  qu'un 
saint  de  ce  nom  se  trouve  souvent  adjoint,  dans  le  culte 
paroissial,  aux  Sever,  aux  Clair,  aux  Geronce,  sans  que  nous 
puissions  bien  preciser  son  individualite.  Serait-ce  un  indice 
de  son  identite,  deja  discut6e,  avec  Jean  Maxence?  S'il  enetait 
ainsi,  nous  seYions  ramenes  encore  une  fois  au  commencement 
du  VI*  sifecle. 


Digitized  by 


Google 


—  382  — 
Saint  Polycarpe, 

De  celui-ci,  rien  non  plus,  sinon  ce  que  j'ai  dit,  dans  la 
livraison  de  Janvier,  p.  6,  sur  les  Polycarpe  et  Puplus;  PoUf- 
carpe,  Pcenes,  Publius  et  Sever;  Polycarpe,  Poends  et  sept 
autres  inconnus  du  31  Janvier,  qui  semblaient  vouloir  nous 
rappeler  nos  saints  et  les  Babilius  et  les  Garthaginois. 

Saint  Justin. 

Ou  chercher  notre  saint  Justin?  dans  les  Hautes-Pyren6es, 
oil  M.  Curie  Seimbres  nous  montre  un  saint  Justin  en  com- 
pagnie  d'un  saint  Sever?  Est-celui  aussi  qui  est  le  titulaire  de 
la  petite  ville  des  Landes  qui  porte  son  nom?  Dans  tons  les 
cas,  il  possedait  jadis  une  6glise  pres  de  Geaune,  dans  la 
proximit6  d'une  chapelle  de  sainte  Quitterie  et  d'une  autre  de 
saint  Loup. 

Saint  Babile. 

Nous  commenfons  a  redevenir  mieux  fournis.  Sans  doute 
c  est  par  megarde  qu'on  nomme  parfois  saint  Babylas  le  saint 
Babile  honore  a  Brocas  dans  FAlbret,  a  Garosse  dans  la  grande 
Lande,  a  Cazalis  sur  notre  frontifere,  enlre  Captieux  et  Vil- 
landraut.  M.  L6once  Gouture  nous  le  montre  appele  smnt 
Babel  dwoiS  le  diocese  de  Lectoure  (1).  Mais  mon  dessein  n'est 
pas  de  rechercher  en  dehors  du  diocese  d'Aire,  le  seul  que  je 
connaisse  un  pen,  les  localites  consacrees  a  nos  saints  martyrs. 

J'ai  parte  de  Brocas  pres  de  Labrit.  Un  autre  Brocas  existe 
dans  la  Ghalosse,  annex6  a  Montaut.  Tons  ces  postes  depen- 
daientdu  monastfere  saint-sev6rien.  Ges  demieies  annees,  on 
a  et6  amen6  a  y  d6truire  les  restes  d'un  grand  autel  en  style 

(1)  Bulletin  eatholique  d*Aucht  1. 1,  p.  77. 

[Je  crois  devoir  r^tracter  cette  assertion  peo  r^fl^chie.  J'avais  ciU,  de  m^moire.  le 
Dictionnaire  d'hagiographie  de  Tabbd  P^ttn  {Enq/cl.  tMoL  di  Migne),  et,  v^rifi* 
cation  fait#»  l*artic1e  Babel  (t.  ii,  col  1367)  de  ce  Dictionnaire  ne  dit  pas  que  ce 
nom  fitusitd  dan^  le  diocdse  de  Lectoure  plut^t  qu'ailleurs.  ^  l.  c] 


Digitized  by  VjOOQIQ 
t, 

i 


—  383  - 

ogival.  Or,  voila  qu'au-dessous  s'est  revel6e  une  sepulture  bien 
humble,  mais  fort  mysterieuse,  formee  ou  plut6t  recouverte 
par  quelques  briques.  II  y  avait,  autant  que  je  m'en  souvieqs, 
un  femur  ou  un  tibia;  rien  de  plus.  Mais  nulle  inscription, 
nulle  tradition,  nul  renseignement.  Serait-ce  par  hasard  une 
relique  de  saint  Babile,  dont  Fautre  Brocas  des  Landes  aurait 
seul  conserve  le  souvenir  et  le  culte? 

Ceci  me  rappelle  une  inscription  degagee  naguere,  mais  sans 
aucun  ossement  sacre,  dans  les  fondations  de  la  petite  eglise 
de  Cere,  voisine  de  la  derniere  localite.  EUe  devait  etre  bien 
interessante;  mais,  helas!  c'est  sur  du  pl&tre  qu'on  Tavait 
ecrite,  et  quand  le  bon  cur6  de  la  paroisse  fut  averti  de  la  de- 
couverte,  Tinstrument  du  demolisseur  ne  lui  permit  de  recon- 
naitre  que  pen  de  mots  6pars,  dont  voici  les  principaux : 

MARTTRES  —  OCTO  —  BINI  —  FATIGATI  —  MttrTES  PLECTI  SUNT 

—  ATQUE — iNTERPECTi.  Tout  cela  SO  rapportait-il  k  nos  martyrs, 
dont  plusieurs,  telsque  Babile,  Clair,  Sever,.,  etaienlhonores 
dans  le  voisinage?  Ah!  que  ne  peut-on  mieux  suivre  tons  ces 
precieux  deblaiements ! 

Pomdre,  abbd  k  Aries. 

Avant  de  parler  de  saint  Clair,  il  me  sera  permis  sans  doute 
d'examiner  quelques  autres  personnages  de  la  fin  du  v*  et  des 
debuts  du  vi*  siecle,  pour  vou*  si  saint  Sever  n'aurait  pas  en 
eux  des  contemporains  et  comme  des  compagnons  de  sa  des- 
tinee.  Voici  d'abord  le  celfebre  Pomere. 

Moure  de  nation,  ecrivain  trfes-recommandable,  il  compta 
saint  Cesaire  d' Aries  parmi  ses  disciples.  Certains  chapitres  de 
sa  Vie  contemplative^  le  5'  du  !•'  Uvre  en  particulier,  sont 
tenement  accentues  au  sujet  du  renoncement  aux  grandeurs 
mondaines,  qu'oti  ne  pouvait  manquer  d'y  trouver  un  6Ioge, 
au  moins  indirect,  de  nos  S6v&res.  Un  traite  special  du  mSme 
auteur  sur  ce  dernier  sujet  ne  nous  est  point  arriv6.  C'est 
f^cheux  pour  ma  th^.  Pomere  mourut  en  499. 


Digitized  by 


Google 


—  384- 
Saint  Galactoire, 

On  admet  que  cet  ev6que  de  Benehamum  a  ete  martyrise 
par  les  Wisigoths  pres  de  Mimisan,  sur  les  bords  du  golfe 
tarbellien,  au  moment  oil  il  paraissait  aller  rejoindre  Clovis,  a 
la  t6te  d'une  troupe  de  catholiques. 

Voici  ce  qu'en  dit  un  ancien  brfeviaire  de  Lescar,  k  part  les 
Normands  qu'il  y  mele  bien  mal  a  propos  avec  les  croises. 

Antiquorum  fide  dignatradit  relatio...  gentes  quasdam  circa  regna 
Scythica  habitasse  qui  Gothi  dicebantur...  Totam  Vasconiam  dis- 
currebant...  Galectorius...  pro  defensione  Ecclesiae  et  patriae  cruce 
signavit  agmina  Bearnensium...  Velut  Ecclesiae  Dei  principalis 
catholicus. . .  armatorum  acies  praecedebat. . .  Occidi  potuit,  non  vinci. . . 
Barbaris  Gothis  eorumque  complicibus  viriliter  superalis,...  fide  les 
defensorum  fidei,  Ecclesiae  et  Vasconiae  corpora  collegerunt. 

Et encore : 

Praefatam  gentem  ciick  Mimisanum  oppidum  hostiiiter  pa- 
triam  devastantem  locaque  sacra  foedantem  sacer  praesul  exercitu 
Bearnensium  et  Vasconum  bellicose  aggreditur,  et  patriam  a  fidei 
bostibus  liberavit.  Tandem  parta  victoria  per  fidei  pugilem  et  suos, 
gloriose  martyr,  corpore  dilacerato  capiteque  excise  a  perfidis,  oc- 
cubuit...  Bearnenses  vero,  hujusmodi  Gothis  occisis  aut  captis  e 
patriaque  funditus  eliminatis,  dum  pace  potiti  fuere  optata,  corpus 
fortissimi  athletae  Galectorii...  ad  sedem  suam  Lascurrensem  devote 
transtulerunt. 

Tout  cela  n'explique  point  comment  c'est  a  Mimisan  qu'eut 
lieu  ce  conflit  avec  les  Goths.  II  faut  supposer  que  Galactoire 
allait  se  refugier  aupres  de  Clovis,  a  la  suite  de  la  bataille  de 
Vouilie,  et  il  n'a  pu  etre  honore  comme  formellement  martyr 
qu'autant  que  les  Goths  lui  auront  fait  une  sommation  equi- 
valente  a  celle-ci :  Declarez-vous  ariens,  ou  bien  nous  yous 
executons  comme  partisan  des  Francs. 

Saint  Orat. 

Les  BoUandistes  nous  parlent  d'un  saint  Grat,  romain  d'ori- 
gine  (17  octobre),  qu'ils  pensent  etre  identique  avec  celui 
d'Oloron.  Dans  ce  cas,  le  bienbeureux  serait  venu  de  Rome 


Digitized  by 


Google 


—  385  — 

dans  les  Gaules,  ayec  Ansut,  dont  le  nom  trahit  un  Germain, 
(ans  signifie  compagnon,  answit  compagnon  prudent),  vers  le 
temps  oil  Rome  nous  envoyait  nos  sept  martyrs.  U  pourrait 
fort  bien  se  faire  que  Ansut  fiit  un  vandale  refugie  d'Afrique 
et  Vadjuleur  de  saint  Grat  (comme  Maxence  f ut  celui  de  Severe 
d'Agde),  car  nous  les  voyons  se  retirer  tons  les  deux  dans  le 
Rouergue  justement  a  Tepoque  ou  ils  devaient  y  trouver  pour 
fevequeQuintien,  cet  autre  Africain  exile.  Ce  sera  bientdt  apres 
le  concile  d'Agde  que  Grat  et  Ansut  auront  fait  ce  voyage,  car 
nous  les  y  voyons  vite  martyrises  pres  de  Capdenac,  aiu  lieu 
dit  aujourd'hui  de  Saint-Grat.  J'attribue  leur  mort  aux 
Wisigoths  qui  cherchaient  a  se  defaire  de  saint  Quintien. 

Un  martyrologe  de  Saint-Savin  en  Lavedan,  ecrit  au  xii* 
siecle,  ne  connaft  qu'un  saint  de  ce  nom,  et  il  le  dit  honore  a 
Capdenac  le  16  octobrfe; 

Oloron  honore  son  ev6que  saint  Grat  le  19  du  meme  mois, 
mais- comme  simple  confesseur  Pontife,  ce  qui  ne  s'accorde- 
.  rait  pas  mal  avec  le  genre  de  mort  dont  j'ai  parle. 

Notre  vener6  M.  Darre  a  porte  un  bien  precieux  secours. 
aux  Bollandistes  pour  leur  travail  sur  saint  Grat  d'Oloron. 
Puissent-ils  rencontrer  souvent  de  semblables  aides ! 

Saint  Lizier. 

Saint  Glycere  ou  Lizier  etait  proche  parent  de  saint  Quin- 
tien. II  suivit  saint  Fauste,  eveque  de  Tarbes,  a  Aire,  ou 
Euric  Tavait  exile,  fut  eveque  de  Couserans  et  prit  part  au 
concile  d'Agde  (Holland.,  27  aout). 

Peut-6tre  saint  Fauste  6tait-il  Africain,  car  on  le  dit,  lui 
aussi,  parent  de  saint  Glycere,  et,  par  suite,  de  saint  Quintien; 
seulement,  les  indications  relatives  a  ce  point  auraient  lege- 
rement  besoin  d'6tre  retouchees  pour  plus  d'accord  entre 
elles  (cfr  Holland.,  28  septemb.). 

Qu'on  ne  soit  pas  etonn6  de  voir  plusieurs  sieges  episcor 
paux  du  midi  occupes  par  des  exiles  d'Afrique  des  la  fin  du 


Digitized  by 


Google 


-  386  ^ 

¥•  siecle.  On  avail  la  des  hommes  tout  prepares  par  la  Pro- 
vidence, et  nos  contrees,  desolees  par  Farianisme  des  Goths, 
des  d6sastres  sans  nombre  et  le  retard  forcement  subi  par  la 
conversion  des  idol^tres,  n'6taient  gufere  en  6tat  d'en  foar- 
nir  assez. 

Et  tout  cela  rend  de  plus  en  plus  plausibles  pour  cette 
grande  heure  Tapostolat  de  nos  emigres  et  les  discussions 
religieuses  si  naturelles  entre  ces  victimes  de  Tarianisme  afri- 
cain  et  leurs  hdtes  ariens. 

Saint  Glair  de  Lectoure  et  d*Albi. 

Enfin,  nous  revenons  a  notre  grand  point  de  depart,  a 
Timportante  l^gende  d'Albi.  Elle  a  6te  donhee  dans  le  1. 1*' 
du  Bulletin  catholique,  p.  72,  par  M.  Leonce  Couture.  «  Quel- 
»  ques  reserves  qu'il  faille  faire  sur  Taulhenticite  de  ces  ac- 
»  tes, »  disait  des  1858  notre  judicieux  redacteur  en  chef, 
«  il  en  reste  toujours  un  fond  solide  et  vrai.,.  Quant  au  de- 
»  veloppement  de  la  narration,  certains  legendaires  du  moyen 
»  age  prirent  d'excessives  licences.  Mais  ici  tout  montre  dans 
»  Tecrivain  le  dfesir  et  le  respect  de  la  v6rit6.  Son  ton  est 
»  simple,  grave,  religieux.  Loin  de  prodiguer  les  expressions 
»  d'une  complete  assurance,  Tauteur  emploie,  quand  il  le 
»  faut,  les  formules  dudoute,  d  ce  qu'on  dit...,  ace  qu'on 
»  rapporte.  II  a  pour  guide  un  certain  4cril  fort  ancien. 
»  —  Or,  il  a  ecrit  au  xii'  ou  au  xin'  siecle...  II  est  bon  de  le 
»  rappeler  sou  vent :  Les  ages  de  foi  n'itaierU  pas  des  ages  de 
»  mensange.  Mais  jusqu'ici,  »  dit  encore  M.  Couture,  «  les 
»  donnees  manquent  pour  assignor  une  date  certaine.  » 

Ces  donn6es,  des  donnees,  du  moins,  rigoureusement  suf- 
fisantes,  je  ser^s  heureux  que  le  titre  de  roi  des  Vandales, 
acquis  aujourd'hui  par  saint  Sever  devant  le  public  leltre,  — 
gr&ce  aux  dignes  editeurs  qu'a  trouv6s  D.  du  Buisson,  — 
p6t  enfin  les  o&ir,  et  que  mes  nombreuses  confrontations 


Digitized  by 


Google 


—  387  — 

amenassent  a  prendre  ce  titre  au  pied  de  la  lettre.  A  M,  L. 
Couture  d'achever  de  nous  dire  ce  qu'il  n'a  pas  encore  dit, 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  details  de  la  legende  maltresse, 
sur  Torigine  africaine  de  nos  martyrs,  sur  les  compagnons 
d*apostolat  de  saint  Clair,  Florentius,  Eugdfie  et  Montan, 
dont  nous  retrouverions  encore  les  noms  parmi  ceux  des  pre- 
lats  africains  bannis  par  Hun6ric,  sur  les  Ranulf  et  Ramfred, 
Ybold  ou  Aldemar,  etc,  Mieux  vaudra  terminer  cette  longue 
discussion  par  le  jugement  du  P.  Papebrock  sur  notre  martyr. 

«  Admettons,  ecrit-il,  un  saint  Clair,  africain,  qui  aura 
»  quitte  son  pays  pendant  la  persecution  des  Vandales,  alors' 
»  que  saint  Eugene,  ev6que  de  Carthage,  etait  exile,  c'est-a- 
»  dire  en  484,  Arrive  k  Albi,  il  aura  ete  le  successeur  imme- 
»  diat  ou  mediat  d'Anemius,  dont  nous  rencontrons  lasubs- 
»  cription  episcopate  en  451;  et  telle  aura  ete  la  cause  de  la 
»  retraite  d'Eugfene  dans  cette  ville,  dans  son  second  exil  de 
»  496.  A  moins  pourtant  de  supposer  que  Clair  aura  suivi 
»  son  ev6queet  accepte  le  siege  d'Albi,  devenu  vacant.  De 
»  li  il  sera  venu  mourir  i  Lectoure,  et  c'est  par  suite  d'une 
»  confusion  tres-facile  qu'il  aura  ete  regarde  comme  Tapdtre 
»  de  ces  contrees.  »  (Holland.,  !•'  juiuv) 

Pour  ne  parler  que  du  diocese  d'Aire,  on  signale  le  culte 
special  de  saint  Clair,  avec  concours  des  populations,  dans 
une  douzaine  de  localites,  appartenant  presque  toutes  ^  la 
region  du  nord-est;  ce  sont,  dans  les  cantons  —  de  Gabarret : 
Estigarde,  Herri;  de  Villeneuve :  Lacqui;  de  Roquefort :  Geu, 
Arue;  de  Mont-de-Marsan :  Bougue;  d'Arjuzanx:  Ousse-Su- 
zan,  Ygos;  de  Labrit :  Labril,  Vert;  de  Pissos  :  Moustey;  en- 
fin,  Sairit-PauUn-Born  el  Cassen  pres  Montfort. 

Que  sera-ce  done  du  Gers  et  des  dioceses  d'Agen,  de  Bor- 
deaux, de  Toulouse,  de  Cahors,  de  Rodez,  d'Albi,  et  aussi  de 
ceux  de  Tulle,  de  Perigueux  et  Sarlat,  de  Limoges,  et  d'autres 
encore  sans  doute,  si  du  moins  ce  n'est  point  par  erreur  qu'ils 
confondent  leur  saint  Clair  avec  celui  de  Lectoure  et  d'Albi  ? 


Digitized  by 


Google 


—  388  — 

R^SUM^  FINAL 

11  ne  me  reste  plus  qu'a  resumer,  a  mon  tour,  les  fails  et 
les  dates  relatifs  a  saint  Sever  et  les  principales  raisons  que 
j'ai  presentees  pour  faire  de  lui  le  petit-fils  de  Genseric, 
'  Nous  avons  done  trouve  : 

En  477,  Tavenement  de  Huneric  comme  roi  des  Vandales; 

De  477  k  482,  le  bannissement  de  Godagis  avec  sa  femme; 

De  481  a  484,  la  persecution  de  Huneric; 

En  483,  a  Carthage,  le  celebre  martyre  de  sept  moines  el 
bientdt  le  premier  exil  de  saint  Eugene; 

-Cn  484,  la  mort  de  Hunferic,  et  aussi,  chez  les  Wisigoths, 
celle  d'Euric; 

En  487,  le  rappel  de  saint  Eugene,  le  concile  de  Rome  pour 
les  affaires  d'Afrique,  et  la  publication  du  livre  de  Victor  de 
Vile  sur  la  persecution  des  Vandales; 

En  496,  le  second  exil  de  saint  Eugene,  k  Albi,  et  en  805 
sa  mort  au  meme  lieu; 

En  506,  le  concile  d'Agde; 

En  507,  la  l)ataille  de  Vouille  el  le  massacre  subsequent  de 
plusieurs  saints  personnages,  parmi  lesquels  j'ai  compte  nos 
sept  Vandales. 

Aprfes  les  bases  chronologiques,  meltons  en  relief  les  bases 
logiques : 

1*  La  royaulS  de  saint  Sever  est  affirmie  par  sa  legende 
landaise  et  appuyee,  ici  par  Torigine  princiere  attribute, 
dans  d'autres  ecrils,  a  des  Severe  venus  de  Syrie  ou  a  d'au- 
tres  nouveaux  venus  d'Orient,  la  par  Thistoire  de  Huneric  el 
sa  defense  d'6crire  au-dela  des  mers  pour  en  rappeler  sou 
h6ritier  legitime; 

2*  L'Afrique  est  indiquie  comme  le  pays  de  Sever  par  la 
16gende  de  saint  Clair,  et  insinuee  par  son  litre  de  roi  van- 
dale  exile,  par  plusieurs  expressions  et  details  de  la  legende 


Digitized  by 


Google 


—  389  — 

landaise,  par  les  relations  du  saint  avec  le  grand  ponlife 
Eugdne;  cette  donnee  est,  du  reste,  en  parfait  accord  avec 
Temigration  de  tant  d'exiles  contemporains  dans  nos  contrees; 

S**  hdL  nationality  da  royal  vandofe  est  affirm^e  par  sal6- 
gende  et  par  celle  de  saint  Geronce,  ainsi  que  par  son  ancien 
office,  et  confirmee  par  la  fuite  et  Tabdication  historiquement 
assez  probable  de  Godagis; 

4*  Son  ^que  est  diterminie  par  ce  m6me  titre  de  prince 
vandale  exile  d'Afrique,  par  ses  rapports  avec  un  roi  (arien) 
de  ces  regions,  par  les  persecutions  (d'Evaric)  qui  Fy  avaient 
pr6ced6,  par  sa  contemporan6ite  avec  le  grand  pontife  Eugene 
et  avec  un  haut  melange  de  noms  gallo-romains  et  tudesques 
dans  les  premiferes  classes  de  la  societe  meridionale; 

5*  Son  identity  avec  Godagis  est  iUihlie  par  une  grande  cor- 
respondance  d'age,  de  caractere  et  d'antecedents  que  nul  au- 
tre ne  pent  oflfrir,  et  confirmee  par  les  craintes  qu'inspirait  i 
HunericFexile  d'outre-mer; 

6**  Sa  retraUe  aupres  du  roi  arien  regnant  aux  bords  de 
TAdour  se  trouve  en  parfait  accord  avec  les  faits  du  regne 
d'Alaric  II  etParrivee  de  saint  Eugene  et  de  tant  d'autres  Afri- 
cains  au  milieu  de  nous; 

l""  SB.mort,  enfin,  demeure  inexplicable,  avec  celle  des  saints 
Geronce,  des  saints  Galactoire,  des  saints  Grat,  a  moins  de  Fat- 
tribuer  aux  soulevements  des  Wisigoths  vaincus  par  Clovis. 

En  somme,  voici  mon  raisonnement  capital : 

II  faut  admellre  que  notre  saint  Sever  fut  un  prince  van- 
dale  d'Afrique,  demissionnaire  et  exile,  venu  aux  bords  de 
TAdour  a  Tepoquede  saint  Eugene  et  d'un  rbi  arien  debon- 
naire  qui  succomba  sous  lefs  coups  des  envahisseurs  septen- 
trionaux;  tout  ce  qui  ne  fond  pas  dans  les  details  rapproches 
de  la  legende  et  de  Thistoire  nous  le  montre  ainsi. 

Or,  Godagis  seul  pent  reunir  en  lui  tons  ces  traits; 

Done  il  faut  admettre  que  saint  Sever  ne  fut  pas  autre  que 
Godagis. 


Digitized  by 


Google 


—  390  — 

Done,  en  outre,  sont  tres-louables  les  Ugendes  lUurgiqties 
des  saints  Sever  et  Geronce>  —  soit  quant  k  leur  teneur,  telle 
qu'elle  se  trouve  dans  le  Propre  du  diocese  de  Tarbes,  s^- 
prouv6  par  Pie  IX,  et  dans  lesbr6viaires  aturains  de  Mgr  Savy 
et  de  Mgr  Lanneluc,  —  soit  quant  h  Forigine  africaine  qu'at- 
tribuent  k  ces  Bienheureux  les  nombreuses  et  assez  celebres 
16gendes  nees  de  celle  d'Albi,  —  soit  quant  au  titre  de  roi  des 
Vandales  maintenu  durant  plusieurs  siecles  a  saint  Sever  par 
les  traditions  liturgiques  deson  monastfere. 

Tres-opportuneaussi  est  dans  notre  culte  provincial  et  dans 
le  breviaire  de  Mgr  SavyPadjonction  de  saint  Geronce  a  saint 
Sever  par  un  office  commun.  Le  Propre  de  Mgr  Lanneluc  Ta- 
vait  supprim6e,  trouvant  peut-etre  qu'elle  fut  occasionnee  ja- 
dis  par  des  renditions  de  la  legende  trop  pen  s6rieuses  ou 
par  des  rapprochements  trop  pen  significatife;  mais  elle  offre 
le  grand  avantage  de  faire  recourir,  pour  la  recitation  de  leur 
office,  au  commun  de  plusieurs  martyrs,  et  par  \k  d'assurer 
implicilement  a  tons  les  sept  compagnons  et  a  leur.  union 
apostolique  des  honneurs  bien  mferites;  sans  compter  qu'elle 
amene  plusieurs  belles  allusions  a  mainls  details  trfes-impor- 
tants  de  leur  histoire.  Je  ne  ra'en  explique  pas  davantage, 
parce  que  la  justification  liturgique  de  ce  qu'ont  essay6  nos 
predecesseurs  et  nos  maltres,  beaucoup  plus  d'accord  peut- 
etre  qu'ils  ne  le  pensaient  et  avecPhistoire  et  avec  les  lois  ro- 
maines  du  culte  local,  comporterait  une  trop  longue  suite  de 
reflexions;  ce  qui  conviendrait  mieux  a  un  commentaire  de 
leurstravaux. 

Done,  enfifl,  le  titre  d'africain  a  6te  justement  conserve  a 
saint  Clair  par  les  Propres  recents  d'Auch  et  de  Tarbes  et  par 
le  breviaire  de  Mgr  Lanneluc,  et  Bordeaux  fail  bien  de  lui  ad- 
joindre  ses  six  compagnons  dans  un  meme  culte  et  de  conser* 
ver  leurs  reliques  avec  honneur  dans  Peglise  Sainte-Eulalie. 

C'est  la  tout  ce  que  je  voulais  conclure  Ahs  le  d6but  de  ce 

long  travail. 

Jean  LABAT,  s.  j. 


Digitized  by 


Google 


—  391  — 


LA  DEVEZE. 

HISTOIRE  MtlNIOIPALE  ET  CIVILE. 

§11. 
PERIODS  RliVOLnTIONNAIRE  (1). 

(1789-1804). 

I 

Assemblies  municipales  de  1787.  —  Formation  de  celle  de  La  Devize.  — 
Protestation  da  maire.  —  Decision  de  la  commission  intermMiaire  de  I'as- 
sembl^e  provinciale  et  de  Tintendant. 

L'edit  du  Roi  (juin  1787)  ordonnait  la  creation  dans  les 
provinces  et  generalites  du  royaume  d'assemblees  speciales, 
oil  seraient  representes  les  divers  ordres  du  clerge,  de  la  no- 
blesse et  du  tiers-etat,  Lereglement  du  12  juillet  1787  vint 
determiner  les  formes  selon  lesquelles  devaient  s'executer  les 
volontes  royales  dans  la  generalite  d'Auch. 

Le  reglement  porte  que  Tadministration  de  la  g6neralite 
d'Auch  sera  divisee  en  trois  especes  d'assemblees :  une 
municipale,  une  ^'ikcUon  et  une  provinciale.  L'assemblee 
provinciale  se  tiendradans  la  ville  d'Auch;  celle  de  Felection, 
dans  le  chef-lieu;  les  assemblies  municipales  dans  les  villes 
et  les  paroisses  qu'elles  representent  (2). 

(1)  Tontes  les  qaestions  de  la  p^riode  r^volatioanaire  afferent es  a  notro  Hittoire 
religieuse  de  La  Devize,  kYadminittration  fondhe,  financiire,  etc..  soot  renvoy^e^ 
4  lenrs  chapitres  et  paragraphes  sp^iaux.  Nous  no  as  attacberons,  autant  que  pos- 
sible, k  oe  relator  dans  ee  paragrapbe  que  ce  qui  a  trait  a  V administration  muni- 
cipale proprement  dite. 

(3)  Pour  les  diitails,  cf.  rdglement  du  12  juillet  1787,  fait  par  le  Roi,  sur  la' for- 
mation et  la  eompontiofi  des  assemblies  qui  auront  lieu  dans  la  g^n^ralit^  d'Aueb, 
en  tertn  de  I'ddit  (juio  1787)  porUnt  creation  des  assemblies  provinciales  (Ircbives 
ddpartemen tales  du  Gers). 


Digitized  by 


Google 


—  392  — 

La  Deveze  voulut  avoir  son  assemblee  municipale.  II  y  eut 
convocation  de  la  communaute,  le  14  oclobre  1787,  en  as- 
semblee paroissiale,  a  Teflfet  de  proceder  a  la  nouvelle  forme 
de  municipalite. 

L'assemblee  fut  composee  de  Jean  Bourdette,  cure  de  la 
Madeleine,  membre  de  droit,  d'un  syndic-president  et  de 
neuf  membres  choisis  par  voiede  scrutin  (1). 

MVJean  Dominique  Lanacastets,  maire,  et  en  cette  qualite 
membre  de  Tancienne  municipalite,  protesta  contre  Torgani- 
salion  nouvelle,  Ilpresenta  a  Mgr  I'lntendant  (2)  une  requele 
dont  voici  le  sens  exact : 

La  communaute  de  la  Devize,  Monseigneur,  est  dans  le  cas  de 
Fart,  ler  du  rfeglement  de  juillet  1787.  De  longue  date,  la  Devfeze 
possfede  une  municipality,  selon  les  prescriptions  des  ^dits  d'avant 
1787...  Si,  k  certains  egards,  le  corps  municipal  de  la  Deveze  peut 
§tre  consid^re  comme  caduc,  restent  toujours  le  maire,  le  secretaire* 

greffier N*y  ^urait-il  pas  lieu  de  proceder  a  de  nouvelles  Elections 

suivant  les  ^dits  jusqu'a  ce  jour  en  vigueur?...  Ne  serait-il  pas 
inopportun,  mSme  inutile,  de  cr^r  a  la  Deveze  une  assemble 
municipale,  dansle  sens  de  TMit  de  1787?...  Si  cependant,  malgrS 
les  plus  respectueuses  remontrances,  on  en  vient  a  adopter  cette 
nouvelle  forme  de  municipality,  le  maire  et  le  secr6taire-greffier  d6ji 
en  titre  doivent  seuls  6tre  syndic-president  et  secr6taire-greffier, 
chacun  en  ce  qui  le  conceme,  de  ce  nouveau  regime  municipal... :  la 
mairie  et  le  secretariat  sont  des  offices  dont  on  ne  peut  arbitraire- 
ment  d^pouiller  les  titulaires  actuels.  En  consequence,  le  sieur  maire 
supplie  tr^s-humblement  Mgr  Tlntendant  de  vouloir  declarer  n'y 

(1)  Le  syndic  nomm^  fat:  messire  Etienne-Alexandre  Domerc,  aDcien  monsqQe- 
taire  du  Roy.  Les  membres  ^ios  furent:  M*  Laurent  Leberon,  notaire  royal,  M* 
Laurent  Barquissau,  avocat  an  Parlement,  noble  Pierre  Cantan  de  Honmets,  les 
sieurs  Andr6  Dareix,  Jean-Baptiste  Lanacastets  Langlade,  Marc  Lartigne,  Pierre 
Payss^,  Francois  Darr^  et  Jean  Laignonx. 

Si  on  d^sirait  encore  des  details  sur  la  mani^re  de  tenir  les  assemblies  mimici- 
pales,  on  pourrait  utilement  consolter  la  deliberation  de  Tassembiee  municipale  de  la 
Devdze  du  26  aoilt  1788. 

(2)  Claude- Francois  de  Boucheporn,  chevalier,  conseiller  d'bonneur  au  parlemeoi 
de  MetZi  conseiller  du  Roy  en  tons  ses  conseils,  mattre  des  requites  ordinaire  de  sou 
bdtel,  intendant  de  justice,  police,  finances  en  Navarre,  B^am,  comte  de  Foix  et  g^ 
ueralite  d'Aucb. 


Digitized  by 


Google 


—  393  — 

avoir  lieu  d*etablir  a  la  Devfeze  une  assemble  municipale  :  subsi- 
diairement,  en  cas  de  difficult^s,  ordoiiner  que  le  maire  sera,  en  sa 
quality,  syndic-n6  de  ladite  assembl^e  et  le  sieur  Laffitte,  secr^faire- 
greffier. 

La  commission  intermfediaire  de  Tassemblee  provinciale 
«  eslima  que  les  fonctions  de  la  maaicipalite  nouvelle  et  celle 
de  maire  en  litre  ne  s'entre-d6truisent  pas,  qu'elles  sont  au 
contraire  distinctes  et  separees;  que  Texistence  du  maire  en 
titre  n'a  point  du  empecher  la  formation  d'une  assemblee 
municipale  au  lieu  de  la  Deveze,  que  le  maire  ne  doit  pas 
etre  le  syndic-ne  de  cette  assemblee;  qu'il  ne  doit  pas  meme 
avoir  entree  dans  son  sein,  a  moins  qu'il  n'en  soit  elu  mem- 
bre;  qu'on  ne  doit  avoir  aucun  6gard  a  sa  requite  et  que 
rassembl6e  municipale  doit  6tre  maintenue  telle  qu'elle  a  ete 
formee.  » 

Sur  cet  avis,  Tlntendant  «  crut  devoir  ne  pas  s'arreter  aux 
observations  du  suppliant...  Ayant  egard  aux  r^quisilions 
de  la  commission  intermediaire,  il  deboute  le  sieur  Lana- 
castets  de  ses  conclusions,  et  confirme  le  proces-verbal  de 
la  nomination  des  membres  de  Tassemblee  municipale  du 
lieu  de  La  Deveze  dul4  octobre  1787,  pour  6tre  ex6cute. 
selon  sa  forme  et  teneur  (1).  » 

Nonobstant  cette  declaration  et  confirmation  offlcielle,  il 
fut  tenu  (21  decembre  1788)  une  assembl6e  generale  de  la 
communaute,  ou  Ton  traita  des  finances  et  de  la  voirie. 

A  cette  occasion,  le  maire  Lanacastets  se  permit  des  repre- 
sentations peu  sympathiques,  au  sujet  de  la  nouvelle  forme 
administrative,  malgr6  la  presence  de  certains  personnages, 
membres  elus  de  Tassemblee  municipale,  qui  crurent  devoir 
garder  un  silence  prudent.  A  toutes  les  6poques  et  en  tous 
lieux,  sous  des  nuances  diverses,  il  y  a  eu  de  ces  esprits  pre- 
tendus  conciliants  qui  sont  de  tous  les  partis,  mais  disposes 

(1)  Faiti  Pao,  le  I*' mars  1788.—  De  Boucheporn,  sign^.  —  Cf.  Deliberation 
da  ^e  ao^it  1788. 

Tome  XVIIL  26 


Digitized  by 


Google 


-  394  — 

ase  montrer  devoues  a  celui  qui  servira  le  plus  efficacement 
leur  ambition  et  leurs  interels. 

M*  Lanacastets,  maire,  de  concerl  avec  les  trois  consuls,  fut 
fidele  a  reunir  la  communaut6,  en  assemblee  generale,  pour 
des  questions  diverses  dont  il  sera  fait  mention  plus  tard, 
jusqu'au  8  mars  1789. 


II 


Redaction  da  cahier  des  dol^ances  de  la  communaut^  de  La  Devize  en  1789. 
—  Choix  des  d6put6s  el  leur  s6jour  k  Lectoure.  —  Teneur  du  cahier. 

Les  Etats  generaux  du  Royaume  furent  convoqu6s  a  Ver- 
sailles, par  lettres  du  24  Janvier  1789.  Apres  la  reception  de 
Tordre  royal,  raccomplisscment  de  toutes  les  forinaliles  re- 
quises  parle  reglement,  et  Tordonnancedu  lieutenant  general 
du  senechal  de  Lectoure,  la  communaute  de  La  Deveze  (1)  se 
reunit  en  assemblee  generale,  par  devant  M*  Dominique 
Pere,  conseiller  du  roi  et  juge  de  Riviere-Basse,  et  elle  redigea 
son  cahier  de  Doleances,  Plaintes  et  Bemontrances. 

W  Dominique  Lanacastets/  maire,  M*  Laurent  Leberon, 
notaire  royal,  Pierre  Labat,  docteurmedecin,  et  Jean-Baptisle 
Lanacastets-Langlade,  bourgeois,  furent  choisis  comme  de- 
putes, avec  mission  de  porter  le  cahier  des  doleances,  en  la 
ville  de  Lectoure,  siege  de  la  senechaussce  d'Armagnac.  II 
leur  fut  octroye  tons  pouvoirs  de  concourir,  dans  Tassemblee 
flxee  pour  le  12  mars,  h  Telection  des  deux  deputes  que  le 
liers-etat  de  la  senechaussee  devait  envoyer  a  Versailles,  de 
cooperer  a  la  redaction  du  cahier  general,  «  proposer,  re- 

(1)  M«  Dominiqae  Lanacastets,  maire;  Jean  Laporte,  premier  codsuI;  Jean  Lar- 
tigae,  deuxidme  consul;  Joseph  Meilhac,  trolsieme  consul;  M*<  Laurent  Barquissaa, 
avocat  au  parlement;  M*  Laurent  Leberon,  notaire  royal;  M'  Etienne-Alexandre 
Domerc,  ancien  mousquetaire;  Pierre  Labat,  docteur  m6decin;  Jean  Dusser,  notaire 
royal;  Jean-Baptiste  Lanacastefs  Langlade,  bourgeois;  Georges  Sdnac,  Dominique 
Dubertrand,  etc,  etc. 


Digitized  by  wOOQIC 


—  395  — 

montrer,  aviser  et  consentir  tout  ce  qui  peut  concerner  le  be- 
soin  de  TEtat,  la  reforme  des  abus,  r^tablissement  d'un  ordre 
fixe  et  durable  dans  toutes  les  parties  de  radministration,  la 
prosperite  generate  du  Royaume  et  le  bien  de  tous  et  chacun 
des  sujets  deSaMajeste  (!)• » 

Les  quatre  deputes  se  rendirent,  pour  le  12  mars,  a  Lec- 
toure,  malgre  les  rigaeurs  du  temps.  Durant  leur  sejour  dans 
cette  ville,  du  12  au  27  mars,  ils  eurent  particulierement  a 
se  plaindre  «  de  la  cupidite  des  aubergistes  qui  vexerent  ge- 
neralement  tous  les  deputes,  ainsi  que  cela  est  notoire  (2).  » 

Le  choix  des  deputes  du  tiers-etat  fut  generalement  ap- 
plaudi.  Ori  leur  remit  en  grande  pompe  le  cahier  general  des 
doleances  de  la  senechaussee,  avec  celui  de  chaque  com- 
mune, pour  s'y  conformer  exactement,  et  faire  valoir,  aupres 
des  Etats,  les  remontrances  dont  ils  etaient  Texpression, 

Nous  croyons  qu'il  ne  sera  pas  sans  interet  d'offrir  i  la 
juste  curiosite  du  lecteur  le  cahier  des  «  Supplications,  Do- 
leances et  Remontrances  que  les  deputes  de  la  ville  royale  de 
La  Deveze  »  eurent  a  presenter  a  MM;  de  la  senechaussee  : 

Les  habitants  de  la  ville  et  communaute  de  La  Devize,  rhinis 
en  assemble  g4ndrale,  cejourd'hui  8  mars  4789^  sous  laprisidence 
de  Af«  P6r6f  juge  de  Rivih^e-Basse,  ont  arrU6 : 

1°  Las  syndics  de  la  ville  et  communaute  de  LaDevfeze  demeurent 
auloris^s,  lors  de  la  redaction  du  Cahier  general  qui  sera  arr6t6  par 
les  gens  du  tiers-etat  de  la  senechaussee,  k  faire  representer  au 
Roy,  par  les  d^put^s  aux  Etats  du  Royaume,  de  vouloir  distribuer 
les  d^put^s  g^n^raux  en  deux  Chambres,  Tune  Haute,  Tautre 
Basse,  et  consentir  k  ce  que  les  suflfrages  de  I'une  et  de  Tautre  y 
soient  compt^s  par  tSte  et  non  par*  ordre; 

2o  11  sera  arr^t^  par  les  mSmes  Etats  gen^raux  une  loi  immuable, 
qui  ne  pourra  recevoir  de  modification  que  par  leconsentement  des 
nouveaux  g^neraux.  11  sera  permis  aux  nouveaux  g^neraux  de  fixer 
et  determiner  leur' ten  ue  plus  ou  moins  prochaine,  selon  les  circons- 

(1)  D^libiratfon  da  8  mars  1789. 

(2)  Deliberation  du  13  avril  1789. 


Digitized  by 


Google 


—  396  — 

tances  et  le  besoia  de  TEtat;  et  cette  tenue  sera  fix^  a  un  terme 
p^riodique,  au  plus  tard,  de  cinq  en  cinq  ans; 

3®  Nul  imp6t,  subvention  et  subside  ne  pourra  dtre  lev^  dans  le 
Royaume  qu'il  n'ait  6t6  consenti  et  arr6t6  par  les  Etats  g6n6raux; 

4P  Reunion  en  une  seule  Election  d'Etat  des  cinq  Elections 
d'Armagnac,  Aslarac,  Riviere- Verdun,  Lomague,  Lannes  et  autres 
petits  Etats  qu'on  trouvera  a  propos  d'y  joindre.  Suppression  des 
Elections  et  assemblies  provinciales.  La  tenue  de  la  nouvelle  Elec- 
tion sera  a  Auch,  ilaquelle  nuUes  Commissions  de  maire,  consul,  ni 
autre  officier  de  ville  ne  donneront  entree,  mais  la  seule  iledion  de 
conununaut^; 

5<>  R^forme  de  toutes  les  parties  de  Tadministration  des  finances 
en  regies  ou  fermes  gen^rales.  Suppression  des  intendances,  bureaux 
des  ponts  et  chauss^es; 

6<>  Rentree  des  domaines  corporels  engages,  (^changes,  ou  conce- 
des, ainsi  que  de  toutes  justices  m6me  des  pr^tendues  patrimo- 
niales,  a  quelques  ^poques  que  le  tout  ait  ^t^  accorde  ou  conc6di; 

7«  Suppression  des  abbayes  commendataires  et  des  religieux  ren- 
tes dans  les  campagnes,  pour  le  revenu  Stre  employi^  au  besoin  de 
I'Etat; 

8®  Estimation  de^  la  dette  du  clerge  par  ses  propres  revenus;  r^ 
forme  a  op^rer  dans  sa  discipline  et  pratique; 

9®  Rentree  a  leur  premiere  destination  des  dimes  poss^^es  saos 
titre  par  les  laiques.  Dans  aucun  cas,  la  possession  de  ces  dimes  ne 
pourra  donner  aux  possesseurs  d'autres  prerogatives  ni  privileges 
que  le  droit  de  percevoir  les  dimes; 

IQo  Suppression  du  franc-fief,  et  amortissement  avantageux  a 
TEtat  et  a  toutes  les  conditions; 

11®  Le  pr6t  d'argent  sera  permis  a  terme  avec  stipulation  d'int^r^t 
au  denier  de  Tordonnance,  pour  faciliter  la  circulation  des  especes 
et  obvier  h.  Tusure  et  a  Tagiotage; 

12°  Protection  pour  le  commerce  et  liberie  a  conceder  dans  Tin- 
terieur  du  Royaume  :  gabelles  et  autres  droits  d*entree  k  etablir  aux 
frontieres; 

13<>  Reforme  des  lois  forestieres,  suppression  des  droits  de  chasse, 
ou  du  moins  qu*ils  soient  restreints  aux  seuls  seigneurs  dominants 
qui  jouiront  des  honorifiques  de  la  haute  justice; 

14°  Suppression  des  charges  municipales  acquises  a  titre  d'office 
ou  non,  leur  reunion  en  corps  de  communaute  ; 

15°  Opposition  a  faire  a  Touverture  de  nouvelles  routes,  sous 


Digitized  by 


Google 


—  397  — 

quelque  pr^textg  que  ce  puisse  ^tre^  quand  bien  m6me  elles  seraient 
dejk  accordees,  leur  multiplicite  etant  onereuse  a  TEtat; 

16o  Reformation  du  dernier  code  militaire;  requdrir,  en  faveur  du 
Tiers-Etat,  qu'il  sera  accord^  un  grade  d'officier  dans  les  troupes 
frangaises,  oil  les  gens  pourront  acqu^rir  la  noblesse  en  versant  leur 
sang  pour  la  patrie,  le  tout  en  conservant  aux  nobles  leurs  preroga- 
tives et  pr^s^ances; 

17°  Reforme  a  operer  dans  Tadministration  de  la  justice,  tant  par 
la  suppression  de  divers  tribunaux  que  par  la  creation  de  nouveaux, 
union  a  d'autres,  en  supprimant  la  v^nalite  des  charges,  les  donnant 
au  concours  apres  un  rigoureux  examen,  observant  de  rapprocher 
les  juges  de  leurs  justiciables; 

IS°  II  sera  etabli  un  seul  et  unique  impdt  sur  tons  objels  donnant 
revenus  fixes,  sous  la  denomination  de  vingtiemey  ou  tout  autre 
qu*on  voudra  donner; 

19<»  Le  deficit  de  TEtat  ou  dette  nationale,  et  le  moyen  de  le  cou- 
vrir,  sera  le  dernier  article  a  traiter  aux  Etats  g^n^raux.  Le  moyen 
le  plus  prompt  et  le  moins  on^reux  sera  de  tomber  sur  des  ressources 
de  volupte  et  non  de  n^cessite,  attendu  que  le  peuple  est  hors  d'dtat 
de  contribuer  par  de  houveaux  impdts  sur  ses  fonds,  etant  deja  sur- 
charge d*impositions; 

20*>  Consentir  un  seul  et  unique  impdt  sur  les  fonds  des  terres 
tant  nobles  f^odalesque  rurales,  k  quels  particuliers,  corps,  com- 
munautes,  que  le  tout  puisse  appartenir,  sous  la  denomination 
d*imp6t  tenntorial  et  perception  en  nature; 

21«  Requerir,  consentir,  accorder  et  generalement  fairetout  ce 
qui  pent  influer  aux  bien,  prosperite,  bonheur  du  Roi  et  de  ses 
sujets. 

Finalementy  en  ce  qui  conceme  rinterfitparticulierdelaconmiu- 
naute,  requerir  Texecution  du  contrat  passe  entre  le  Roy  et  la  com- 
munaute  le  1"  mai  1696,  par  lequel  Sa  Majeste  dedara  inalienable 
le  domaine  de  La  Deveze,  moyennant  une  somme  de  3,300  fr.;  re- 
presenter  qu'au  prejudice  du  contrat,  le  domaine  a  ete  neanmoins 
engage  au  raois*de  juillet  1765  au  marquis  de  Faudoas.  Ce  qui  a  ete 
la  source  d'une  foule  de  proems  qui  se  perpetuent  et  ont  entraine  la 
ruine  de  la  communaute. 

Fait  et  arrfiie,  le  8  mars  1789,  par  lesdits  habitants  assembles,  qui 
ont  signe,  ceux  qui  ont  su,  avec  M.  Pere,  juge,  quia  preside  la 
reunion. 


Digitized  by 


Google 


—  398  -. 


Ill 


Organisation  ddpartemenlale  decretee  par  la  Constituanle.  —  Annexion  deLa 
•  Dev6ze  au  d6parlemenl  du  Gers.  —  Adhesion  de  I'assemblee  municipale.  — 
Vceu  du  parli  contraire  en  faveur  du  d^parleinent  de  Bigorre.  —  P6lilion 
du  temps  de  l'  Empire.  —  Chef-lieu  de  canton  k  Piaisance,  malgr6  les  recla- 
mations de  La  Dev6ze.  —  Pretentions  de  Beaumarches  satisfailes.  — Requite 
des  paroisses  voisines  de  La  Devize  rejetee. 

Le  5  mai  1789,  les  Elals  generaux  se  reunirent  a  Versail- 
les. Douze  cents  deputes  furent  presents.  A  rouverlure  de 
TAssemblee,  le  Roi  exprima  «  en  nobles  paroles  ses  voeux 
pour  le  bonheur  de  la  nation  (1).  »  Sa  Majeste  convia  les 
Etats  a  y  travailler  genereusement.  Helas!  les  representanls 
de  la  nation  se  laisserent  entrainer  «  au  desir  exagere  d'in- 
novations  qui  s'etait  empare  des  esprits  (2)  »  par  suite  de 
la  funeste  influence  des  clubs,  des  livres  impies,  des  ecrits 
de  loute  nature  (3). 

Entreautresreformes  «exagerees, »  disons  menx-nuisibles, 
en  partie  du  moins,  aux  vrais  interels  de  notre  pays,  la 
Conslituante,  qui  siegeait  a  Paris,  depuis  lelOoctobre  1789, 
vota  la  loi  sur  Torganisation  des  nouvelles  institutions  politi- 
ques.  EUe  realisait  peu  a  peu  son  r6ve  de  former  une  France 
completement  nouvelle,  d'apres  desprincipespurement  ration- 
nels  et  au  uiepris  de  toutes  les  traditions.  On  fit  table  rase  de 

(1)  M.  V.  Duruy  reconnatt  en  ces  termes  la  noblesse  du  langage  royal :  Hit- 
toire  de  France,  tome  ii,  p.  463. 

(2)  Ibidem. 

(3)  Pendant  la  gaerre  de  I'inddpendaijce  am^ricaine  (1776-1783),  Tosprit  public, 
en  France,  avail  fail-des  pas  rapides  dans  la  vote  dangerease  dos  r^formes  ot  des  in- 
noTaUons.  Toot  ^Uit  remis  en  question  dans  la  monarchie  franQai«e  Les  lois,  lo  Gou- 
vernement,  la  religion,  ]a  royautd  diaient  livrds  k  I'examen  des  publicislos  dont  |0 
premier  but  semblait  6tre  de  ddlruire.  On  s'ocoopait  d'abattre  et  non  de  r^parer.  Des 
Merits  de  toute  nature  se  mullipliaient  sous  toutes  les  formes  pour  renverser  les 
croyances  du  pass^.  Les  Parlemenls,  qui  commenQaient  a  s'cffrayer  de  celte  r^volie 
de  Torgueil  humain,  prononQaicnt  des  condamnatioos  contrc  les  livres  impies  qui, 
dds  lors,  n'en  devenaient  que  plus  recberch6s.  Les  ouvrages  les  plus  m^diocros 
trouvaiont  ainsi  des  lecleurs  el  des  pr6noars.  II  leur  suffisait  d'etre  scandaleux  el 
proscrits  (Encyclop^die  catholiquet  art.  France,  tome  xii,  p.  380.) 


Digitized  by 


Google 


-  399  — 

ce  qui  avail  existejusqu'alors;  les  anciennes  provinces  de 
France,  qui  s'etaient  nat'urellement  consUluees  suivant  les 
rapports  de  race,  de  langagq,  de  mcEurs,  furent  abolies  et 
remplacees  d'abord  par  83  departements. 

Dans  cliaque  departemenl,  il  y  aura  une  administration 
generate,  dite  administration  ccntrale  on  conseil  general,  de 
trente-six  membres,  qui  prendra,  dans  son  sein,  un  Direc- 
loire,  partageen  sections.  Le  conseii  general  du  departement 
ne  siegera  qu'une  fois  Tannee;  mais  son  directoire,  compose 
de  huit  membres,  sera  en  permar^ence.  Le  directoire  du  de- 
partement correspondra  avec  le  ministre  de  Vinterieur,  rece- 
vra  directement  les  ordres  de  TAssemblee  nationale  et  du  Roi 
et  les  fera  parvenir  aux  districts. 

Chaque  district  devra  etre  compose  de  douze  membres,  et 
aura  son  directoire  de  quatre  membres. 

Au-dessous  du  district,  il  y  auralecawton,  forme  de  plusieurs 
communes,  qui  elles-memes  seront  dirigees  par  un  maire,  un 
procureur-syndic  et  un  conseii  municipal.     ^ 

Les  diverses  administrations  du  departement,  du  district  et 
m6me  les  deputes  a  FAssemblee  nationale,  seront  choisis  par 
une  assemblee  dlectorale  composee  A'electeurs  designes,  dans 
les  assemblees  primaires,  par  les  citoyens  actifs  de  chaque 
commune  (!)• 

Le  comte  de  Montaut,  le  baron  de  Cadignan  et  M.  de  Ca- 
telan  furent  charges,  a  titre  de  commissaires  royaux,  de  la 
formation  du  departement  du  Gers. 


(1)  Ceile  mdme  cbambre  dleclorale  cut  plastard  la  charge  de  Dommer  aax  6vdch^, 
aui  cures  et  aux  divers  offices  judiciaires. 

Pour  dire  citoyen  actif,  il  fallail  dire  kg&  de  25  ans  et  payer  ane  imposition  ^ale 
a  la  valour  dc  trois  joarnc^es  de  travail.  Dans  la  masse  des  citoyens  actifs  d'nn  can- 
ton et  daiu  la  propi)rtion  de  50  pour  100,  on  prenail  les  eligibles  payant  une  eon- 
tribuiioii  d^termin^e.  el  parmi  ces  dligiblos  dans  la  proportion  de  un  pour  100  sur 
la  totalili^  d'*s  citoyens  actifs,  on  nommait  les  Hecteurs, 

Cf.  D(icrels  du  ii  dicembre  1789.  I5janvier  1790,  2  f^vrier  1790,  etc.  Sar  I'or- 
ganisiiion  des  nouvelles  institutions  poliiiques,  voir  rexeellent  oavra^edeM.  Legd, 
pr£tre  du  dioc6se  d' Aire :  Les  dioeises  d'Aire  et  de  Dax  sous  la  Revolution  frafaise, 
I.  !«'.  p.  71. 


Digitized  by 


Google 


--  400  — 

L'annexion  de  La  Deveze  au  d^partemeat  de  Bigorre  fut 
Tun  des  voeux  les  plus  chers  de  la  communaut6. 

En  novembre  1787,  les  seigneurs  de  Riviere-Basse  avaient 
tenu  une  assembleeaCastelnaupoursolliciter  la  reunion  da 
pays  aux  Etats  de  Bigorre.  Le  sieur  Lanacastets,  maire  de  La 
Deveze,  et  le  sieur  Laporte,  1"  consul,  qui  assistaient  a  la 
seance,  avaient  exprime  le  voeu  que  La  Deveze  comptat  parmi 
les  communautes  annexees.  Vassetnblee  municipale  de  La 
Deveze,  c'est-a-dire  le  parti  Domerc,  protesta  energiquemenl 
contre  Tingerence  du  sieur  maire  et  du  consul.  EUe  pretendit 
que  Lanacastets  et  Laporte  avaient  commis  un  abus  de  pou- 
voir,  qu'ils  avaient  agi  «  de  leur  autorite  privee,  sans  com- 
mission nimandat  delacommunaute. »  EUe  declara  s'opposer 
formellement  a  toutes  d-marches  aux  fins  susdites  et  infirma 
tout  engagement  qui  aurait  etedeja  pris.  «  A  rassemblee  mu- 
nidpak  seule  et  non  au  maire  et  consul  appartient  le  droit  de 
presider  aux  afifaires  d'administration  communale  (1).  » 

Les  peuples  de  Riviere-Basse  ont  la  pretention  de  croire  que  lear 
pays,  depuis  les  temps  les  plus  recul^s,  fait  partie  du  comte  de  Bi- 
gorre gouverne  par  des  Etats  provinciaux...  lis  oat  formule  le  vcbu 
d'etre  r^unis  a  cette  province,  afin  de  profiter  des  avantages  plut6t 
imaginaires  que  r4els  d'etre  r^gis  par  des  Etats...  Mais  tout  cela 
s'est  passe  dans  un  temps  ou  Ton  n*avait  pas  esp^rd  que  TArma- 
gnac  ni  les  autres  provinces  du  royaume  seraient  un  jour  regies  par 
une  administration  aussi  avantageuse  que  celle  que  les  representants 
de  la  nation  vont  lui  procurer,  bien  sup^rieure  a  tous  ^gards  a  toute 
autre  administration  quelconque,  notamment  a  celle  qui  ^tait  en  vi- 
gueur  dans  la  Bigorre  (2). 

(1)  Deliberation  da  15  Janvier  1789. 

(2)  Deliberation  du  12  decembre  1789. 

Messieurs  de  VassemblSe  municipale  regardaient  1789  comme  c  i'aurore  de  la 
liberie,  T&ge  d'or,  I'epoqoe  sans  tache  de  la  renovation  sociale.  »  Mais  rappelons 
que  Bailly  loi-meme,  le  president  da  tiers,  vient  de  prononcer  ces  memorables  pa- 
roles :  «  Apprendre  4 1'homme  ses  droits  avaivt  ses  devoirs,  c'est  preparer  les  abus  de 
la  liberie  et  la  despotisme  individael » (seances  de  I'assembiee  national e  d'aoilit  1789). 
Et,  en  effut,  cette  immortelle  et  pacifique  revolution  se  traduira  bienidt,  beias !  en 
oppressions  violentes  et  sacrileges,  el  au  lieu  «  d'avancer  le  bonheur  du  pea][>le,  » 
le  jettera  aax  abtmes  I 


Digitized  by 


Googl'e 


—  401  — 

Nos  fervents  liberaux  de  Tassemblee  municipale  acceple- 
rent  « avec  reconnaissance  et  grande  sensibilite  »  ies  deci- 
sions et  decrets  de  FAssemblee  nationale.  lis  furent  Ies  cliauds 
partisans  des  libertes  et  reformes  nouvelies,  et  « leur  satis- 
faction s'accrut  grandement  »  lorsqu'on  leur  manda  qu'ils 
ressortiraient  a  Tavenir  du  departement  d'Auch.  Leurs  de- 
putes eurent  mission  « de  rendre  graces  aux  representants  de 
la  nation  des  avantages  inestimablcs  que  la  nouvelle  consti- 
tution va  procurer  a  TEtat  (1).  » 

Le  parti  Lanacastets,  Laurent  Leber  on,  notaire  royal;  Jean 
Lestrade,  m*  chirurgien;  Laurent  Barquissau,  avocat  en  par- 
lement;  Pierre  de  Cantan  Hournet,  etc.,  se  reunit  en  assem- 
blee  generale  et  decida  qu'il  fallait  rapporter  et  tenir  pour 
non  avenue  la  deliberation  du  12  decembre  1789. 

Les  d^lib^rants  sollicitent  de  I'Assembl^e  nationale  la  faveur  et  le 
pr(5cieux  avantage  d'etre  r^unis  au  departement  de  Bigorre  dont 
Tarbes  doit  ^tre  le  chef-lieu.  I^a  Riviere- Basse,  jadis  bas-comte  de 
Bigorre,  n*a  jamais  fait,  depuis  la  separation  de  1256,  qu*un  seul  et 
m§me  peuple  uni  par  unfi  mSme  communaut6  de  sentiments  etd'in- 
terets,  qu'un  seul  et  m6me  pays  depuis  des  siecles,  et  Ton  voudrait 
briser  les  liens  d'une  si  cordiale  fraternity !  La  communaut^  de  La 
Deveze  renouvelle  le  voeu  d^ja  formula  dans  Tassemblee  des  trois 
ordres  tenue,  en  novembre  1787,  a  Castelnau  de  Riviere.  Elle 
s'associe  aux  protestations  du  clerge  et  de  la  noblesse  faites  a  Lec- 
toure,  lors  de  la  redaction  des  cahiers,  et  a  la  requdte  de  la  plupart 
des  notables  du  pays  de  Riviere,  presentee  au  Roy  et  k  TAssemblec 
nationale  (2). 

Ce  meme  voeu  fut  tres-nettement  exprime  par  les  habi- 
tants de  la  ville  (la  Madeleine),  de  Castets  et  de  Sami-Picrre, 
dans  Tassemblee  primaire  qui  se  reunit,  le  14  mai  1790,  dans 
Teglise  Saint-Nicolas  de  Plaisance,  par  ordre  deM.de  Mon- 
laut.  Tieste  et  Goueyle,  Uragnoux,  Belloc,  Jii,  Baulal,  Saint- 


(1)  Deliberation  da  Idddcembre  1789. 

{%)  Deliberation  de  Janvier  1789.  —  Seaoee  pormanente  du  conseil  general  de  la 
commune  de  La  Deveze-Ville  du  20  vendemiaire  an  iv. 


Digitized  by 


Google 


—  402  — 

Aunis,  Lengros,  Canet  s'associerent  a  ce  desir  el  renouvele- 
rent,  pour  leur  part,  leurs  protestations  en  favour  de  leur 
reunion  au  departement  des  Hautes-Pyrenees.  Lasserrade, 
Paris,  Couloume  et  Mazeres  voulurent  seules  dependre  du 
departement  du  Gers  (1). 

Nous  retrouvons  encore,  sous  le  premier  Empire,  une  pe- 
tition adressee  par  la  commune  de  La  Deveze-Ville  a  M.  Ic 
Prefet  des  Hautes-Pyrenees.  Nous  aimons  a  reproduire  cette 
piece,  ne  serait-ce  Que  pour  temoigner  de  nos  respeclueuses 
syrapatliies  pour  ies  redacteurs  de  I'adresse  et  leurs  devoues 
adherents : 

A  ilf .  le  PHfet  des  Hautes-Pyrenees ^  of/icier  de  la  Legion 
d'honneuTy  baron  de  V Empire, 

Les  siears  Laurent  Leberon,  maire;  Jean  Lestrade,  adjoint:  Jean- 
Baptiste  Lestrade,  officier  de  sant^;  Jeau-Baptiste  Leberon,  Jean  et 
Olivier  Tursan  d'Espaiguet,  Jean-Baptiste  Labarthere,  Jean  Lafon 
pere  et  fils,  Jean  et  Dominique  Dubertrand  pere  et  fils,  Pierre  Gau- 
bin,  PaulDomerc  Lagoulondau,  oncle  et  nes^eu,  Paul  Sarram^a  Ma- 
tras,  etc  ,  etc.,  les  tous  composant  la  commune  de  La  Deveze-Ville 
au  departement  du  Gers,  ont  I'honneur  de  s'adresser  a  vous,  M.  le 
Prefet,  avec  la  confiance  que  leur  inspire  votre  amour  du  Bien  et 
votre  d^sir  de  le  faire,  pour  vous  prier  de  deposer  au  pied  du  troue 
la  demande  plusieurs  fois  re^it^ree  et  qu'ils  reitereiit  encore  en  fa- 
veur  de  leur  reunion  au  departement  des  Hautes-Pyrenees.  Cette 
reunion  ne  pent  nuire  sous  aucun  rapport  aux  iut^r^ts  du  Gouver- 
nement.  Elle  offre  d'ailleurs  taut  d'avantages  pour  les  exposauts  que 
Sa  Majeste  se  fera  certainement  un  devoir  de  Taccueillir  avec  tout 
rint^rfit  bienveillant  qu*elle  porte  a  ses  plus  humbles  sujets. 

Usages,  moeurs,  habitudes,  commerce,  locality,  tout  sollieite  cette 
reunion.  Les  in ter^ts  des  exposants  et  de  vos  administres  ont  tou- 
jours  (5te  et  doivent  6tre  confondus;  nos  grains  nourrissent  et  nos  vins 
abreuvent  cepeuple  a  demi-pasteur,  dont  les  bestiaux  labourentuos 
champs,  dont  les  carriferes  procurent  tous  les  mat^riaux  nocessaires 
a  la  construction  de  nos  habitations,  dont  les  for^ts  fournissent  tous 
les  bois  propres  a  Texploitation  de  nos  vins;  c*est  un  ^change  per- 

(1)  Proc6s-verbal  do  la  2"  assembl^e  primaire  du  canton  de  Plaisancc,  da  14  m&i 
1790.  —  Archives  d^partementales  du  Gers. 


Digitized  by 


Google 


-•  403  ^ 

manent  de  leurs  fers,  de  leurs  bois,  de  leurs  bestiaux,  de  tous  leurs 
produits  contre  les  productions  de  notre  sol.  En  un  mot,  la  plaino 
et  la  montagne  fournissent  mutuellement  k  leurs  besoins,  et  Tune  ne 
pent  se  passer  des  ressources  de  Tautre. 

Sous  le  rapport  de  leurs  aflfaires  administratives  et  judiciaires,  les 
exposants  ne  doivent  pas  moins  solliciter  la  mferae  reunion;  de  gran- 
'des  routes  qui  se  prolongent  i  travers  une  plaine  riante,  jusqu'a  la 
plus  haute  montagne;  des  communications  faciles  et  rapprochees; 
peu  de  distance  a  parcourir  pour  arriver  au  chef  lieu,  si6ge  des  au- 
torites  sup^rieures;  enfin,  jamais  aucun  obstacle  ne  pent  s'opposer 
aux  relations  avec  Tarbes,  au  soin  des  affaires  domestiques. 

II  n*en  est  pas  de  m6me,*M.  le  Pr^fet,  a  Tf^gard  du  d^partement 
du  Gers  :  beaucoup  plus  61oign^s  du  chef-lieu,  nous  ne  pouvons  y 
parvenir  que  par  des  chemins  montagneux,  boueux,  difficiles  etim- 
praticables  pendant  trois  saisons  de  Tannic;  plusieurs  rivieres  a 
traverser  qui  d^bordent  facilemenl,  en  sorte  qu'il  nous  faut  trois 
jours  pour  faire  le  voyage  d*Auch,  chef-lieu,  tandis  qu'on  pent  le 
faire  dans  un  jour  pour  Tarbes,  chef-lieu  de  votre  d^partement. 
Ainsi,  I'agriculture  en  souffre  a  cause  du  retard  quo  les  voyageurs 
eprouvent  ayant  des  affaires  a  Auch;  d'ailleurs,  dans  toutes  les  par^ 
ties  du  d^partement  du  Gers,  le  sol  ne  produit  que  ce  que  les  ex- 
posants r^coltent  sur  le  leur,  qui  produit  Iui-m6m6  abondamment 
ce  que  Ton  trouve  dans  les  autres  parties;  aussi,  nul  commerce,  au- 
cune  relation. 

Ce  sent  deux  peuples  diffSrents,  s^pares  par  des  coteaux  escarp^s 
et  (§normes,  et  par  des  rivieres;  deux  peuples  qui  ne  peuvent  com- 
muniquer  qu*a  travers  mille  precipices  et  mille  dangers. 

Tels  sont,  M.  le  Pr^fet,  les  motifs  qui  out  d^termia6  les  exposants 
a  demander  leur  reunion  a  votre  departement,  qui  les  determine  a 
persister  dans  leur  voeuj  et  a  vous  supplier,  au  nom  du  bien  que 
vous  desirez,  de  vouloir  faire  entendre  leur  reclamation  k  SaMajest6 
Imp^riale  et  Royale.  Le  bonheur  de  ses  peuples  lui  est  trop  cher 
pour  ne  point  accueillir  avec  bont(5  la  juste  demande  d'une  portion 
de  ses  sujets  aussi  respectueux  que  fideles.  Et  dans  le  cas  que  la 
reunion  demand^e  s'opere,  nous  demandons  la  formation  d*un  can- 
ton chef-lieu,  a  La  Deveze-Ville,  Tune  des  communes  les  plus  belles 
et  les  plus  populeuses  du  departement  du  Gers,  et  en  cas  de  diffi- 
cult^s,  d'etre  r^unis  au  canton  de  Maubourguet. 

Les  exposants,  pleins  de  confiancc  on  votre  justice,  ne  cesseront 
de  faire  des  vooux  au  ciel  pour  la  conservation  des  pr^cieux  jours  du 


Digitized  by 


Google 


—  404  — 

Monarque  qui  nous  gouverne  et  pour  la  prosp^rite  de  son  Empire. 
(Suivent  de  Jiorabreuses  signatures.) 

11  etail  de  toule  convenance  que  le  chef-lieu  du  canton, 
siuon  le  district,  fut  etabli  a  La  Deveze. 

Le  pays  de  Riviere-Basse,  de  plus  de  douze  lieues  carrees,  doit 
necessairement  coiuposer  un  district.  Ce  district  serait  adrairable- 
ment  plac^  a  La  Deveze,  point  central  de  la  contree.  En  tout  6v^ne- 
ment,  la  ville  de  La  Deveze  doit  necessairement  6tre  choisie  pour 
chef-lieu  de  canton,  non-seulement  a  cause  de  son  anciennete,  mais 
encore  a  cause  de  la  vaste  ^tendue  de  son  territoire,  de  sa  nombreuss 
population  el  de  la  masse  dnorme  de  sa  contribution  a  rimp6t.  Sans 
doute,  elle  ne  fournit  pas  le  nombre  de  450  citpyens  actifs;  mais  on 
peut  tres  aisement  y  suppleer  par  I'adjonction  des  communaut6s 
voisines,  Tieste,  Uragnoux,  Labatut,  Soubagnac,  Armentieu,  etc.  (1). 

M''  Etienne-Alexandre  Domerc,  maire;  M"  Dominique  Lana- 
castets,  M*  Laurent  Leberon,  Pierre  Cazeaux,  archipretre  de 
Saint-Pierre-Castets;  M*  Jean  Lacrampe,  cure  de  Saint-Lau- 
cent,  et  Joseph-Marie  Lanusse,  refurent  de  la  commiinaute  de 
La  Deveze  pleins  pouvoirs  de  s'assembler  et  se  concerter  a 
eette  fin  avec  les  deputes  des  autres  villes  et  communaules 
de  Riviere-Basse,  voire  meme  avec  ceux  des  viiles  de  Marciac 
et  de  Beaumarches  (2). 

Les  aspirations  fort  legitimes  des  habitants  de  La  Deveze, 
et  les  demarches  de  leurs  d61egues  municipaux,  sont  demeu- 
rees  sans  eflfet,  par  suite  d'influences  qui  revelent,  presque 
a  chaque  page,  des  rapports  nombreux  que  nous  avons  par- 
courus  avec  le  soin  le  plus  scrupuleux,  la  plus  flagrante  par- 
tialite. 

Malgre  le  voeu  formel  des  communautes  voisines,  Tieste, 
Belloc,  Saint-Aunis,  Ju,  Baulat,  etc.  (3),  La  Deveze  eut  a  faire 

(1)  Deliberation  du  12  decembre  1789. ' 

(2)  Deiiberalion  do  21  f^vrier  1790. 

(3)  A  cette  occasion,  nous  aimons  k  rendre  un  hommage  reconnaissant  aox  bien- 
veiilantes  sympathies  pour  La  Deveze  des  bons  habitants  de  Belloc,  dont  Ic  maire. 
le  sieur  Jean  Saint-Lannes/adressa  iM.  de  Hontaut,  la lettre  suivante :  c  Monsieur, 
ay  ant  re^n  une  lettre  de  la  part  de  M.  d'Espagnet  (Pierre),  maire  de  Tieste,  poor 
voos  envoyer  T^tat  des  citoyens  actifs  de  la  communaote,  je  voos  Tenvoie  Ch4nelQs 


Digitized  by 


Google 


— .  405  — 

le  sacriflce,  jene  dis  pas  seulement  du  dislrict,  mais  meme 
du  canton. 

Le  chef-lieu  du  district  fut  fixe  provisoiremenl  (1)  aNogaro, 
et  le  canton  a  Plaisance. 

En conformitedu  decret  de  TAssemblee  nationale  des 9 et 
28  Janvier  1790,  les  deputes  du  departement  du  Gers  (2) 
avaient  depose,  sous  la  date  du  18  mars  1790,  au  comitede 
constitution,  siegeant  a  Paris,  un  procfes-verbal  des  limites  du 
departement  d'Armagnac  ou  du  Gers. 

Ce  proces- verbal  nous  apprend  que  TAssemblee  Nationale 
decrete : 

1**  Le  departement  d'Armagnac  dont  Auch  est  designe 
comme  chef-lieu,  sera  divise  en  six  districts  dont  les  chefs- 
lieux  sont :  les  villes  d'Auch,  Lectoure,  Condom,  Nogaro, 
risie-en-Jourdain  et  Mirande; 

2**  Le  district  de  Nogaro  sera  divise  en  six  cantons :  No. 
garo,  Labastide-d'Armagnac,  Houga,  Barcelonne,  Plaisange 
et  Aignan. 

Dans  la  liste  des  paroisses  annexees  au  canton  de  Plaisance, 
nous  lisons  :  La  Deveze  (la  ville),  CastetSj  St- Pierre,  Si- An- 
dre,  St- Laurent,  « les  toutes  dependantes  de  la  ville  et  com- 
munaute  de  La  Deveze  (3). » 

aux  fins  de  fixer  Tassembi^e  primaire  do  canton.  Les  habitants  de  cette  commnnaotd 
m'ont  chargd  de  vons  sopplier  de  fixer  nn  canton  poartenir  lenr  assembl^e  primaire 
a  la  ville  royale  de  La  Devize ,  eu  ^gard  k  la  proximity  des  lieux  et  les  commodit^s 
respcctives  dos  habitants.  Nona  espdrons  que  voos  nons  accorderez  cette  favenr.  J'ai 
I'honnear  d'etre.  Sign6 :  Saint-Lannes,  maire  do  Belloc.  7  mai  1790.  »  (Archives 
ddpartementales  do  Gers .) 

())  Durant  T^poque  rdvolutioonaire,  nons  retrouvons  presqne  Achaqoe  instant  ces 
formnles  :  arrdtd,  d^crii^  provisoirement.  Malhenreusement.ceprovisoire,  dans  les 
int^rdts  de  La  Devize,  n'est  devenu,  sur  bien  des  points,  qne  trop  d^fioitif. 

(2)  Dncastaiog,  cur6  deLanuxet  d^pol^  d'ArmagDac;  le  marquis  de  Lusignan, 
ddputd  da  Condomois;  de  Laterrade,  d^put^  d'Armagnac;  P^r^,  d^patd  d'Aoch;  Pe- 
lanqoe-B^raut,  d^putt^  do  condomois;  le  baron  de  Luppd,  d^patd  d'Aoch;  Sentets, 
ddpotd  d'Aoch;  Goiraodez,  ddpiit^  d'Aoch,  sign^s  an  procds- verbal  do  18  mars  1790. 

(3)  Paroisses  du  canton  de  Plaisance  :  Armentleo,  Arparens,  Baolat,  Beaumar. 
chds,  Belloc,  Biere,  Boossas,  Cahosac,  Canet,  Castetsen  Devize,  Cayron,  Cooiens, 
Croiito,  Fosterooao,  Galiax^  Gooey te.  Gouts,  id,  Izotges,  Labatot,  Lacaossade, 
la  Devdze  (la  ville),  Lalengoo,  Lasserrade,  Lengros,  Mazeres,*Mimort,  Montdebat, 
Mont^gut-Gores,  JMonferran,  Pouydragoin,  Pr^chac,   Ricoort,   Sarragachies,  Sous- 


Digitized  by 


Google 


Beaumarches  ne  vit  pas  de  bon  oeil  retablisseinent  du  siege 
cantonal  a  Plaisance.  Le  Conseil  general  de  la  commune  de 
Beaumarches,  voulant  protester  contre  cetle  delimitation,  s'au- 
torisa  du  respect  du  aux  vieilies  traditions  et  aux  souvenirs 
du  passe :  « La  vlUe  de  Beaumarches  compte  plas  de  cinq 
»  cents  ans  d'anciennete.  Elle  a  ete  batie  par  le  Roy  de 
»  France  pour  servir  de  boulevard  contre  Tambition  des  grands 
»  vassaux  dela  couronne  (1).  Elle  est  assise  sur  un  coteau 
D  riant  qui  domine  la  magnifique  plaine  de  TArros.  EUepos- 
j>  sede  de  grandes  halles,  hfltel-de-ville,  prisons,  parquets,  etc. 
»  Et  Beaumarches  vient  d'etre  condamnee  a  dependre  de 
»  Plaisance,  petite  vUle  qui  vient  de  naitre  (sic)  (2),  quin'avail 
»  pas  meme  un  siege  royal! » 

Ces  «  observations  ^  plus  ou  moins  exactes,  et  autres  adres- 
sees  a  MM.  les  commissaires  royaux  etaM.  le  comte  de  St-Priest, 
furent  favorablement  accueillies,  grace  sans  doute  a  Tin- 
fluence  de  M.  Jean-Baptiste  Lamarque,  baron  d'Auriebat, 
president  du  Directoire  du  district  de  Nogaro,  maire  de  Beau- 
marches, et  ami  de  M.  d'Espaignet. 

Le7  d6cembre  1790,  le  Directoire  du  district  reuni  (3), 
il  fut  represente,  a  Tassemblee,  par  Jean  Bastard,  procu- 
reur  syndic  «  qu'il  est  instant  de  proceder  a  la  rerision 
»  des  cantons  du  district  et  de  les  rectifier,  non-seulement 
»  quant  aux  limites,  mais  encore  quant  a  Telendue  et  au 
»  nombre,  attendu  que  la  composition  qui  en  a  ete  faite 


Dessns  oa  PAris,  St-Andri  en  Dev^xe,  StAunii,  St-Lanne,  St-Laurent  m  Devhe, 
St-Pierre  en  Devize,  Tasque,  Thermes,  Tieste,  ViUeDeuve. 

Procds- verbal  des  limites  du  d^partement  d'Armagnac  oa  du  Gers,  do  18  mars 
1790,  arrdt^es  en  verta  du  d^cret  de  TAsseroMde  nationale  da  28  Janvier  1790. 
(Archives  d^partementales  dn  Gers.) 

(1)  Au  snjetde  la  fondation  de  la  bastide  de  Beaomarcb^s,  consnlter  I'aete  de  pa- 
rdage  (1290}  entre  le  roi  de  France,  Philippe-le-Bel,  el  Arnaud-Guillauine,  corale 
de  Pardiac.  —  Monleiun,  Histoire  de  la  Gascogne,  tome  6e,  page  218. 

(2)  A  rencontre  de cette  affirmation,  voir  Bistoire  f^odale  de  La  Devixe^^.  37. 
C3}  Presents  :  Jean-Baptiste  Lamarque,  d'Auriebat,  president :  Joseph  Deplasse, 

vice-president :  Pierre-Paul  Daurensan,  Joseph  Pngens,  Jean  Daubons,  administra- 
teors  du  district  de  Nogaro. 


Digitized  by 


Google 


—  407  — 

»  n'est  que  provisoire,  suivant  I'instruction  de  rAssemblee 
)>  Nalionale  du20aout  1790...  Adoptant  pour  base. que  la 
»  mesure  la  plus  couvenable  doit  elre  que  chaque  caiitou 
»  n'ail  pas  moins  de  quatre  lieues  carrees,  il  a  ele  reconnu 
»  qu'il  pouvail  y  avoir  dans  le  district^  dta?  cantons :  Nogaro, 
»  Aignan,  Barcelonne,  Houga,  Estang,  Manciet^  Labastide- 
»  d'Armagnac,  Riscle,  Plaisance,  Beauniarches  (1). 

Les  paroisses  voisines  de  La  Deveze,  Armentieu,  Soubagnac, 
Tieste,  Uragnoux,  Goueyte,  Belloc,  persislerent  a  demander, 
par  requete  du  46  decern bre  1790,  un  canton  pour  ia  viile  de 
La  Deveze. 

L'affaire  fut  trainee  en  longueur  jusqu'au  9  avril  1792.  A 
ce  jour,  le  directoire  du  departement  d6clara  «  n'y  avoir  lieu 
»  de  deliberer  quant  a  present  sur  la  demande  des.petition- 
»   naires  (2). » 

Nous  avons  sous  les  yeux  bien  des  documents  authentiques 
qui,  a  les  bien  peser,  nous  revelent,  d'une  fagon  par  trop  evi- 
dente,  a  quel  point  La  Deveze  a  ete  la  victime  de  la  parlialite, 
et  meme  jusqu'a  quel  degre  la  delimitation  actuelle  de  nos 
communes  el  de  nos  paroisses  de  La  Deveze  a  sa  raison  d'etre, 
des  1789,  dans  Tinfluence  de  menees  fegoistes  et  ambitieuses, 
et,  par  suite,  dans  Tarbitraire  et  le  caprice.  Nous  n'avons  pas, 
pour  le  moment,  a  signaler  ces  details  offlciels  dont  Tetude 
reflechie  nous  fait  desirer  ardemment  Tepoque  oil  il  sera  pos- 
sible aux  administrations  superieures  de  songer  efficacement 
a  revise)*  les  limites  civiles,  religieuses  surtout,  de  notre  beau 

(1)  Paroisses  annex^es  au  canton  de  Beaumarchh  :  Armous,  Baccarisse,  Bidre* 
BoQSsas,  Cayron,  Sciourat*.  Monfcrran,  Mont^gut-Gares,  Mondebat,  Paris  ou  Sous- 
dessus,  Ricau,  St-Andri  el  St-Laurent,  en  Devdjse, 

Paroisses  da  canton  de  Plaisaoce :  Armentiea,  Baalat,  Belloc,  Castets  en  De- 
vixe,  Crodte,  Caliax,  Goaeyte,  Jii,  fzotges,  Labatut,  La  Devixe  {la  ville),  St- 
Pierre  en  Devise ^  Lasserrade,  Lengros,  Maz^res,  Pouydraguin,  Pr^chac,  Souba- 
goac,  St-Aunix.  Tasqae,  Thermes,  Tieste,  Vilieneuve. 

Of.  Cahier,  no  1,  des  registres  des  deliberations  du  Conseil  d'administration  da 
district  de  Nogaro.  (Archives  ddpartementales  du  Gers.) 

(2)  Arrdtd  du  directoire  du  dt^parlement,  du  9  avril  179-2.  Sign4  :  Lafargue,  Sau- 
tiran,  Batbie,  Lanlrac,  Barbeau,  Ca2aux  (Archives  d^partemeniales  du  Gers). 


Digitized  by 


Google 


—  408  — 

pays  d'Arros  et  Adour.  Scrupuleusement  fldele  a  notre 
charitable  devise  :  flelrir  les  faits  odieux  sans  porter  atteinte 
a  rhonneur  des  persoanes  et  des  families,  nous  nous  en 
tiendrons  k  raconter  les  scandales  enfantes,  dans  notre  chere 
La  Deveze,  par  la  Revolution,  et  qui  ont  si  fort  contribue  a 
abattre  Toeuvre  des  siecles.  Nous  attendrons  patierament  — en 
vain  peut-etre  —  Theureux  jour  ou  Ton  pourra  songer  efficace. 
ment  a  reparer  les  ruines  et  a  reedifier. 


J.  GAUBIN, 

pr6tr 
[A  suivre.) 


prdtre,  missioDoaire  d'Aoch. 


NOTES  DIVERSES. 


CIV-  Un  Noel  en  gascon  commingeois. 

Le  Noel  suivant,  <jui  ne  nous  parait  pas^  ant^rieur  k  la  seconde  moitie  da 
xviii^  si6cle,  est  signe  :  Un  Curi  de  Cominge.  Nous  le  croyons  inddit  el  le 
publions  d'apr^s  une  copie  que  nous  a  commuDiqu^e  M.  F.  Taillade.  TexcelleDt  j 

^diteur  de  d' Astros.  II  m^rite  Tattention  par  le  patois  dans  lequel  il  est  ecrit :  | 

c'est  du  gascoQ  tr^s-authentique,  mais  avec  un  fort  melange  de  mots  langue-  i 

dociens  que  nous  indiquerons  en  note  : 

Bountat  de  Dia.  qain'Arribado !  Ud  aslr'esclairo  sa  naissenco. 

Loa  que  tent  tout  debat  sa  ma  L'anjo  a  belt  retreni  lou  eel; 

Noo  trobo  re  per  s'estroupa.  Glorio,  sa  dits,  a  rBternel 

CoQchat  ao  miey  de  la  tourrado  Et  pax  a  Tbome  d'ionoaceoco ! 

Aqai  loa  Dia  dea  eel,  Ca,  ca,  coarrets,  pastoas, 

Loa  mestre  dea  troapel,            ^  Anats  loa  bese  toas 

Aquet  aatoa  de  la  nataro,  Aquet  efan  de  Dia  loa  Paire  / 

Es  sense  foe    '  E  sio  serbit 

E  sense  loc,  E  benasit 

A  I'abentaro !  Dambe  sa  maire ) 

Dins  ano  grepio  sar  la  terro  En  toat  temps,  pertoot,  a  toat'booro 

E  sur  la  paillo  e  sar  loa  he  Gloria  tibi,  Domine, 

Jay  loa  de  qui  depent  la  Le  Out  natus  es  de  Virgine 

E  qa'a  I'yfer  ben  he  la  gaerro.  Aneit  perl'armo  peecadooro- 

Lou  qu'a  heit  tout  de  re  Laus  tibiy  sit  hortor  : 

Qoe  dosto  e  da  loa  be,  Toatis  dea  fond  dea  eor 

Boantat  de  Dial  misero  stranjol  Boas  bengaem  rende  nostr'homalge. 

Es  tout  nudet,  Bounhur  proum^s, 

Transit  de  fret  Sias  a  jam^s 

Dins  ano  granjo.  Nostre  partatge. 

1*'  CotJPL.  Y.  S,  ma,  lang.  poar  man,  —■  3,  estroupa  (eromaillouer),  mot  langned. 
—  5,  eel,  1.  pour  ciu,  —  6,  mestre;  le  motgase.  legitime  est  m^ste;  troupel,  1.  poor 
troupH.  —  8,  foe,  lang.  pour  /ioec.  — 2*  Coupl.  v.  1  et  10,  dins,  lang.  poar  de- 
guens,  dens.  —  4,  ifer,  lang.  pour  inMr  ou  ihdr  (auj.  infir).  —  3*  Coupl.  v.  2, 
celt  pour  c^u.  —  3,  Eternel,  lang.  ou  franc.  —  6,  tou«,,  franc,  pour  toutx.  —  7, 
efan^  lang.  pour  ehan,  Paire  et  aa  v.  10  matre,  pour  pay,  may,  —  4*  Coupl. 
V.  4,  armo  lang.  pour  amno  (auj.  presque  partout  amo),  ^  b,  fond^  lang.  poor 
houns.  Cor,  pour  co.  —  7  et  10,  nostre,  lang.  pour  noste. 


Digitized  by 


Google 


—  409  ~ 


MAKGUERITE  D'ANGOULflME 

REmE  DE  NAVARRE 

ET    VITTORIA.    COLOIVNA.. 

Un  de  nos  compatrioles,  qui  a  consacre  a  la  soeur  de  Fran- 
cois I"  trois  conferences  tres-agreables,  prfetend  que  sur  ce 
sujet  « Terudition  ne  peut  guere  rien  attendre  apres  les  publi- 
cations de  MM.  Genin,  Leroux  de  Lincy,  Aime  Champollion- 
Figeac,  tie  Lagreze,  de  Laferiiere  et  d'autres  encore  (1). »  Et 
le  savant  historien  du  Mariage  de  Jeanne  (TAlbret  declare  lui- 
meme,  des  le  debut  de  sa  preface,  qu'apresles  divers  travaux 
consacres  chez  nous  a  la  mfere  de  son  heroine,  « il  ne  reste  rien 
a  dire,  a  moins  de  decouvrir  des  documents  nouveaux  (2). » 
C'est  aller  trop  loin,  ce  me  semble.  M.  de  Ruble  ne  nous  livre-. 
t-il  pas,  dans  le  m6me  volume,  plusieurs  lettres  inedites,  et 
fort  importantes,  de  Marguerite  d'Angouleme?  Genin,  en  se 
contentant  a  peu  pres  de  consulter  les  trois  in-folio  de  lettres 
de  la  Reine  de  Navarre  conserves  en  manuscrit  a  la  Biblio- 
thfeque  Nationale  (3),  n'a-t-il  pas  du  laisser  plus  d'un  6pi  a  re- 
cueillir  dans  les  dep6ts  publics  et  prives,  en  France  meme, 
sans  parler  de  Fetranger  ?  L'excellente  publication  de  M.  de  La 
Ferriere-Percy  n'a  aucunement  comble  cette  lacune  (4).  Mais 

(1)  Victor  Luro,  Marguerite  d'AngouUme  et  la  Renaissance,  diode  historique  et 
littdraire  en  trois  confdreDces  (faites  i  Pan).  Paris,  Michel  Ldvy,  1|^6,  in-12. 

(2)  Baron  Alpb.  de  Ruble,  le  Mariage  de  Jeanne  d'Albret,  Paris^  Ad.  Labitte, 
1877,  gr.  in-8o.  Page  vj. 

(8)  Lettres  de  Marguerite  de  Valois,  pablides  par  M.  Gdnin  pour  la  Socidt6  de 
THisloire  de  France,  1841.  (Tome  ii,  1842).  Voyez  on  art.  de  M.  Littrd,  Revue  des 
Deux  Mondes,  l^r  join  1842,  et  Hist,  de  la  langue  fr.  (Paris,  Didier,  1843),  t  ii, 
p.  456.  M .  Littrd  a  laissd  k  d'aatres,  par  example  k  Tautear  du  Mariage  de  Jeanne 
d'Albret  (p.  97-98),  le  soin  de  venger  des  odieoses  interpretations  da  Gdnin  la  five 
affection  de  Marguerite  pour  son  frdre  Francois  I*'. 

(4;  Marguerite  d'AngouUme,  son  livre  de  dipenses  (1540-1549).  Etude  sur  tes 
dernidres  ann^es.  Paris,  Aubry,  1862,  in- 18. 

Tome  XVIH.  27 


Digitized  by 


Google 


—  410  — 

surtoat,  n'esl-il  pas  triste  de  n'avoir  a  citer  sur  la  biographic 
de  la  grand'mere  de  Henri  IV  que  des  notices  sommaires  et 
des  articles  de  revue,  d'ailleurs,  j'en  conviens,  tres-remarqua- 
bles?  Et  ce  siecle  s'ecoulera-t-il  sans  qu'une  vie  complete  de 
Marguerite  puisse  etre  opposee  avec  avantage,  de  ce  c6te 
de  la  Manche,  au  travail  consacre  par  miss  Freer  (1)  a  Til- 
lustre  princesse  qui  se  mela  si  activement  aux  affaires  politi- 
ques,  religieuses  et  litteraires  du  siecle  de  la  Renaissance  et  de 
la  Rfeforme?  Plut  a  Dieu  que  cette  liche  agreit  anotre  ha- 
bile et  laborieux  compatriote,  Tediteur  de  Monluc,  devenule 
biographe  de  Jeanne  d'Albret !  M.  Alphonse  de  Ruble  estassez 
jeune,  il  aime  et  connait  assez  le  xvi'  siecle  pour  pouvoir  un 
jour  faire  en  faveur  de  la  m5re  -ce  qu'il  a  deja  si  bien  com- 
mence pour  la  fllle. 

Voici  un  tres-court  episode  de  la  vie  religieuse  et  litl^raire 
de  Marguerite  d'Angouleme,  qui  ne  me  paraft  pas  denu6  d'in- 
ter6t  et  qui  a  ete,  ce  me  semble,  k  peine  indique  en  France. 
Ses  relations  avec  Vittoria  Colonna  se  bornerenf  probable- 
ment  de  sa  part  a  une  seule  lettre;  mais  encore  cette  corres- 
pondance  merite-t-elle  d'etre  connue,  surtout  si  Ton  songe 
que  le  xvi*  sifecle  n'eut  pas  de  femme  plus  distinguee  que 
cette  belle  et  sainte  marquise  de  PBscara,  qui  sut  charmer, 
consoler,  fortifier  de  grands  serviteurs  de  Dieu  comme  le  car- 
dinal Polus,  et  des  artistes  comme  Michel-Ange. 

Les  missives  que  je  vais  faire  connaitre  ne  sont  pas  ine- 
dites;  je  les  tire  d'un  recueiltres-estime,  mais  trfes-rare,  meme 
au-dela  des  Alpes,  recueil  oii  Paul  Manuce  a  reuni  des  lettres 
italiennes  f(frt  varices,  signees  des  noms  litteraires  les  plus  es- 
tim6s  alors  dans  la  Peninsule  (2) .  Celies  que  je  vais  lui  emprun- 

(1)  Life  of  Margueriti  d^Angouleme,  from  numerous  original  sources,  etc.,  by 
liartba  \V&lker  Freer.  $d  edit.  1858.  3  vol.  8*\ 

(2)  Delle  lettere  volgari  di  diversi  nobilissimi  huomini  et  eecellentissimi  ingegni, 
scritte  in  diverse  materie.  In  Venetia,  1567.  3  parties,  petit  in-8o.  A  acre  des  Aide 
(Voyez  Renoaard,  1. 1,  p.  364).  «  Raccolta  assai  rara,  »  dit  (p.  454)  le  dernier  ddi- 
leor  des  Rime  e  lettete  di  Vittoria  Colonna  (Pirenze,  Barbera,  1860),  M.  Saltiiii 
Je  sail  a  me  demander  si  ce  livre,  sans  6tre  express^ment  proserit,  n'anra  pas  M 


Digitized  by 


Google 


^  411  -^ 

ter  sont  sans  date;  mais  des  rapprochements  tout  natorels 
m'ont  permis  de  leur  assigner  une  epoque  approximative  qui 
ne  me  parail  iaisser  place  a  aucun  doute  raisonnable. 

Nee  en  1490  d'un  grand  connetable  du  royaume  de  Naples, 
mariee  k  dix-sept  ans  a  Ferrante  d'Avalos,  marquis  de  Pes- 
cara,  qui  n'elait  pas  plus  age  qu'elie,  Vittoria  Colonna  avait 
developpe  son  talent  poetique  dans  son  delicieux  sejour  de  Tile 
dlschia,  ou  eile  recevait  les  legons  et  les  hommages  de  pofetes 
tels  que  Sannazar  et  Bernardo  Tasso,  le  pere  de  Tauteur  de  la 
Jerusalem  delivree.  Bient6t,  la  guerre  lui  disputa  son  mari, 
qui  fut  Tun  des  plus  braves  el  des  plus  heureux  generaux  de 
Charles-Quint.  Apres  une  carriere  qui  eut  ete  admirablement 
remplie  sans  un  moment  de  coupable  faiblesse  et  quelques 
actes  d'excessive  rigueur,  le  marquis  de  Pescara  6tait  mort  le 
i  novembre  1525,  et  des-locs  sa  jeuhe  veuve  s'etait  vouee  a 
Dieu  seul  avec  une  ardeur  de  devotion  que  le  Souverain  Pon- 
tife  diit  moderer.  S'arrachant  avec  peine  du  monaslere  ou 
elle  avait  voulu  se  fixer,  elle  vint  habiter  avec  ses  freres  a 
Naples  en  1526,  puis  a  Rome  jusqu'au  printemps  de  1537, 
puis  k  la  cour  de  Ferrare,  d'ou  elle  repartit  pour  Rome  dans  le 
courant  de  1538  (1). 

C'est  probablement  de  Rome,  a  la  fin  de  1539  ou  dans  les 
premiers  jours  de  1540,  qu'elle  adressa  a  la  Reine  de  Navarre 
une  lettre  qui  ne  nous  est  pas  parvenue.  Peu  de  temps  apres, 
le  poete  Louis  Alamanni  fecrivait  de  Lyon  a  la  marquise  une 
lettre  dont  j^  traduis  la  plus  grande  partie : 

Je  n'aurais  jamais  cru  en  partant  de  Rome  que  mon  desir  d*6tre 
avec  Votre  Excellence  et  mon  regret  de  Tayoir  quitt^e  iraient  au 

tout  doucemeDt  sopprimd  a  cause  des  lettres,  orlhodoxes  poartant,  de  T^Ydqae  V^r- 
gerio,  mort  apostat.  Ce  fait,  qui  n'est  pas  sans  exemples,  expliqnerait  rextrdii)^ 
raretd  d*un  Tivre  si  inUressaDt  et  doDt  les  biographes  de  Vergerio  eo  particulier 
aoraient  po  tirer  bon  parti. 

(1)  Voy.  Enr.  Saltini,  Vittoria  Colonna^  en  t6te  des  Rime  e  lettere,  ^d.  cit.;  Le 
F^Tre  Beamier,  Vittoria  Colonna^  Paris,  Hschette,  1850,  notice  (ris-estimable 
malgr^  le  Ijrisme  extravagant  da  style;  Lannaa  RoUand,  Miehel^Ange  et  Vittoria 
Colonna,  diode  assez  ddveloppde  |Itt5  p.)  en  tdte  de  son  volame  de  tradaction  Imi- 
tol6  Michel-Ange  poHe.  Paris,  Didier,  1860. 


Digitized  by 


Google 


—  412  — 

point  que  je  les  ^prouv^s  en  voyage.  En  v^rit^,  plus  je  m'^loigne, 
plus  je  les  sens  grandir.  En  tout  cela,  je  n'ai  d*autre  faveur  de  la 
fortune  que  la  compagnie  de  mon  patron  rillustrissime  et  r^veren- 
dissime  cardinal  de  Ferrare  qui,  du  reste,  est  tourmente  d'autant  de 
regret  et  du  mfime  regret  que  moi;  encore  notre  chagrin  nous  sert-il 
en  nous  fournissant  un  sujet  continuel  d*entretiens  qui  nous  rendent 
la  route  plus  aisfe  et  ces  contr^es  alpestres  moins  longues  et  moins 
dpres.  II  y  a  entre  nous  comme  une  Emulation  de  regrets  k  Tadresse 
de  Votre  Excellence,  et  aussi  de  louanges  pour  elle  et  de  felicitations 
sur  notre  bonheur  de  Tavoir  connue.  Pour  moi,  outre  ces  discours,- 
je  n*ai  su  m*empScher  de  vous  adresser  d'abord  un  sonnet  relatif  a 
vos  pr^cieuses  poesies,  et  depuis  je  ne  sais  combien  d'autres  sonnets 
oil  je  parais  beaucoup  plus  devot  que  je  n'en  ai  Thabitude,  et  qui, 
pour  dire  le  vrai,  m*ont  ^t^  inspires  par  le  desir  de  vous  ressembler 
etde  gagner,  s*il  est  possible,  votre  affection,  plutdt  que  parTesprit 
de  piet6  qui  conviendrait  a^  de  tels  vers.  Mais  j'ai  Tespoir  que  le 
temps,  Tusage  et  votre  exemple  6veilleront  en  moi  ces  germes  di- 
vinsquin'ont  que  trop  longtemps  sommeill^  et  qui  sans  vous  se- 
raient  plus  profond^ment  endormis  que  jamais.  Je  reserve,  c©  sujei 
k  des  conjonctures  plus  favorables,  pour  vous  dire  que  je  suis  k 
Lyon,  oil  m'ont  et6  remises  pour  vous  des  lettres  de  la  Reine  de 
Navarre,  lesquelles  vous  seront  port^es  par  Mgr  de  Rodez,  ambas- 
sadeur  a  Rome  pour  le  Roi  tres-chrdtien,  personnage  d*un  tres-haut 
et  tres-rare  m^rite  et  plein  des  qualit^s  que  Ton  pent  desirer  dans 
les  hommes  du  rang  le  plus  eminent.  Demain  je  pars  pour  la  cour 
avec  Mgr  de  Ferrare  (1),  etc. 

AJamanni  (2),  quietaitde  cinq  ansplusjeune  que  Yittoria 
Colonna,  s'etait  compromis  de  bonne  heare  dans  Florence, 
sa  patrie,  en  embrassant  le  parti  hostile  aux  Medicis.  II  dat 
s'exiler.  Devenu  a  demi-francais,  jusqu'^  occuper  a  la  cour 
des  1533  la  place  de  maitre  d'hdtel  de  Catherine  de  Medicis, 
qui  Tavait  reconcilie  avec  son  nom,  ce  poete  fut  cede  pour 
quelque  temps  par  Francois  I"  a  Tun  de  ses  plus  devoues 
amis,  le  cardinal  Hippolyte  d'Este  (le  meme  qui  devint  une 

(1)  Delle  lettere  volgari^  lib.  ii,  p.  13. 

(2)  Voyez  Tiraboschi,  Storia  della  letter,  ital.,  t.  vii,  pari,  in,  I.  8,  c.  31}  Ni- 
ceroo,  Mdm,  des  hommes  illustres,  t.  xiii,  p.  53.  On  saitqae  I'ud  desfils  du  poete 
italien  fut  dydque  de  Bazas. 


Digitized  by 


Google 


—  413  — 

quinzaine  d'annees  plus  tard  archeveque  d'Auch).  L'un  et 
Taulre  connurent  Vittoria  Colonna  en  1537  a  la  cour  de 
Ferrare,  oil  le  due  Hercule  II,  epoux  de  Renee  de  France,  se 
plul  a  reunir  pres  deTillustre  marquise  une  foule  de  beaux 
esprits  et  de  grands  personnages.  Les  biographes  d'Alamanni 
fixenl  son  voyage  en  France  avec  le  cardinal  dfe  Ferrarc  a 
Tannee  1540;  mais  nous  le  trouvons  encore  a  Rome  et  a 
Naples  lout  le  mois  de  Janvier  de  cette  annee  (1);  de  plus, 
il  est  sur  que  Georges  d'Armagnac,  6veque  de  Rodez,  nomme 
ambassadeur  a  Rome  en  1559,  y  etait  des  le  mois  d'avril  de 
Tannee  suivante :  il  faut  done  (2)  placer  en  fevrier  ou  mars 
1540  la  rencontre  a  Lyon  du  cardinal  de  Ferrare  et  du  futur 
cardinal  d'Armagnac.  Nous  avons  ainsi  la  date  assez  exacte  de " 
la  leltre  du  poete  que  je  viens  de  eiter,  et  de  celle  de  Margue- 
rite que  je  vais  traduire.  Je  dois  prevenir  que  celle-ci  est  ecrite 
dans  un  italien  tres-pur.  La  spirituelle  conteuse  de  VHepia- 
nwron  maniait  Tidiome  de  Boccace  aussi  bien  ou  mieux  que 
sa  propre  langue,  et  Von  n'a  pas  besoin  de  supposer  qu'elle 
ait  fait  revoir  son  style  par  quelqu^un  de  ces  ecrivains  d'outre- 
raonls  qui  ne  manquaient  pas  a  la  cour  de  France.  Je  citerai 
plus  bas  de  ses  vers  toscans.  Voici  done  la  lettre  que  Georges 
d'Armagnac  dut  remettre  dans  les  premiers  mois  de  1540  a 
Vittoria  Colonna,  de  la  part  de  Marguerite  d'Angouleme,  reine 
de  Navarre :    , 

Votre  lettre,  ma  cousine,  en  me  jnontrant  peinte  au  vif  votre  tant 
desir^e  affection,  m*arendue  siheureuse  que  la  joie  m*a  fait  oublier 
Tennui  oil  je  devrais  etre  de  trouver  en  moi-m§me  le  contraire  des 
louanges  que  m'accorde  Tindulgence  de  votre  jugement.  Vous  vou- 
lez  et  vous  estimez  que  chaeun  vous  ressemble.  Et  si  je  ne  songeais 
que  vous  avez  6gard  au  naturel  des  princes  vicieux,  plus  faciies  a 

(1)  Annibal  Caro  lai  ^crit  d  Rome,  le  28  Janvier,  et  d  Naples,  leSO  Janvier  1540. 
Voyez  Delle  lettere  familiari  del  coram.  Ann.  Caro  (Venise,  1751,  3  ▼.  iD*8«),  t.  i, 
p.  75  et  81  (je  me  sers  d'an  exemplaire  qoi  porte  sur  lei  plats  an  cachet  trmori6 
avec  cette  l^gende :  BibliotMque  de  M^  d*Epinay), 

(2)  lettret  inSdUet  du  card,  d'Armagnac,  pabL  par  Ph.  Tamizey  de  Larroqae 
(Paris,  Claudin,  1874),  p.  17,  note  3. 


Digitized  by 


Google 


y^ 


—  414  — 

corrigcr  (dit-oa)  par  uue  louaage  immerit^e  que  par  aucun  reproche 
de  leuts  vrais  d^fauts,  je  ne  saurais  ici  reconnaitre  votre  charity  en- 
vers  moi.  Mais,  d*autre  part,  je  suis  obligee  de  recoQna?tre  au  moins 
ramour  que  vous  me  portez,  en  me  moDtrant  quelle  diflP^rence  il  y  a 
entre  les  triomphes  et  les  dignit^s  du  monde  et  de  Texterieur  et  la 
beaut^  et  parure  de  la  fille  et  vraie  Spouse  du  seul  et  grand  roi, 
beaut^  tout  ititerieure  et  cach^  au  fond  de  Tdme.  II  me  semble,  ma 
cousine,  que,  pour  trouver  ce  ferme  fondement  du  roc  d*humilite, 
vous  ne  pouviez  prendre  un  meilleur  moyen  que  de  me  dire  ce  que 
je  suis  au  gr6  du  monde,  qui  ne  considfere  que  la  noblesse  et  Tappa- 
rence  temporelle,  et  ce  que  vous  estimez  vous-m6me  que  je  suis  in- 
terieurement.  Car  je  confesse,  quant  au  dehors,  que  Dieu  m'a  plac&5 
et  fait  nattre  en  un  tel  etat,  que  tant  d'abondance  non  merits  me  de- 
vrait  donner  une  Strange  crainte;  et,  quant  au  Redans,  je  me  sens 
si  diflKrente  de  votre  bonae  opinion  que  je  souhaiterais  n'avoir  pas 
lu  votre  lettre,  n*etait  Tesp^rance  que  j'ai  d'y  trouver,  moyennant 
vos  bonnes  prieres,  un  aiguillon  pour  sortir  du  lieu  ou  je  suis  et 
commencer  a  courir  aprfes  vous.  Car,  bien  que  vous  soyez  si  avan- 
c^e  qu'en  regardant  Tespace  qui  est  entre  vous  et  moi  je  perde  Tes- 
p^rance  de  vous  joindre,  je  ne  veux  pas  au  moins  perdre  la  foi  qui 
assure  la  victoire  a  ceiix  qui  espferent  contre  Tesp^rance  mSme.  De 
cette  victoire  Dieu,  par  votre  bon  office,  aura  la  gloire,  et  il  vous  en 
donnera  le  merite.  Mais  poury  atteindre,  il  me  faut  la  continuation 
de  vos  prieres  et  les  fr^uentes  visites  de  vos  precieuses  lettres.  Je 
vous  en  prie,  n'ayez  point  d'enaui  a  me  les  continuer;  car  mon  ami- 
ti6  pour  vous,  commenc^e  par  la  renomm^e,  s*est  tant  accrue  par  la 
r6ciprocite.que  m*ont  prouv^e  vos  lettres,  que  je  desire  plus  que 
jamais  d'en  recevoir  et  surtout  d'etre  assez  heureuse  pour  pouvoir 
en  ce  monde  vous  ouir  parler  de  la  fSlicite  de  Tautre.  Et  si  dans 
celui-ci  vous  connaissez  que  je  vous  puisse  faire  quelque  plaisir,  je 
vous  prie,  ma  cousine,  de  m*employer  comme  votre  soeur;  car  je 
vous  satisferai  d'aussi  bon  coeur  que  je  desire  et  que  j'espere  en 
Tautre  vous  voir  ^ternellement. 

Votre  bonne  cousine  et  vraie  amie, 

M^  Marguerite,  reine  de  Navarre  (1). 

Comme  k  peu  pres  tout  ce  que  Marguerite  a  6crit  de  pieux, 
cette  lettre  presente  une  certaine  recherche  de  pensee  et  de 

(1)  DelU  kHere  volgari,  1.  i,  p.  211. 


Digitized  by 


Google 


—  415> 


langage  qui  peut  etonner  au  premier  coup  d'oBil.  On  aurait 
'  tort  d'en  rien  conclure  contre  la  sincerite  du  sentiment.  La 
marquise  dePescara,  poetesse  bien  autrement  inspiree  et  plus 
fervente  chretienne  que  sa  correspondante,  ne  montrera  pas 
moins  de  solennile  cerfemonieuse  dans  sa  reporise.  Mais  ce 
ton  un  peu  recherche  paraitra  la  simplicite  meme  si  on  le 
compare  a  celui  qui  regno  dans  la  correspondance  epistolaire 
de  la  reine  de  Navarre  avec  Briconnet,  ev6que  de  Meaux. 
•  Cost,  dit  Genin,  un  debordement  de  metaphores  dont  la 
vulgarite  tombe  a  chaque  instant  dans  le  burlesque;  c'est  un 
galimatias  perpetuel,  absurde,  qui  parfois  touche  a  la  folie.» 
N'allez  pas  croire,  par  exemple,  comme  Pa  imagine  le  spiri- 
tuel  conferencier  cite  au  commencement  de  cet  article,  que  ce 
soil  la  de  la  scolastique  (1).  La  scolastique,  que  M.  V.  Luro  a 
eu  rimprudence  de  condamner  trop  vite,  sur  un  requisitoire 
passionne  de  Michelet,  y  entre  pour  fort  peu  de  chose.  Cette 
rhetorique  en  delire,  c'est  le  mauvais  c6te  de  la  Renaissance; 
ce  mysticisme  excessif,  c'est  tant6t  un  des  effets,  tantdt  une 
des  causes  de  la  Reforme.  Mais  cilons  la  reponse  de  Vittoria 
Golonna : 

S^r^nissime  Reine, 

Ijis  hautes  et  religieuses  pensees  renfermees  dans  Tindulgente 
lettre  de  Votre  Majesty  devraient  m'inspirer  ce  silence  recueilli,  qui 
est  la  meilleure  louange  dont  on  puisse  honorer  les  choses  divines. 
Mais  dans  la  crainte  que  mon  respect  ne  passdt  pour  ingratitude, 
j'oserai,  sinon  r^pondre,  du  moins  m'abstenir  d*un  silence  absolu; 
et  cela  uniquement  pour  faire  remonter,  si  je  puisjdire,  les  poids  de 
votre  horloge  celeste,  afin  que  par  pure  bont^  elle  sonne  encore,  et 
me  regie  et  distribue  les  heures  de  cette  vie  terrestre  pleine  de  confu- 
sion pour  moi,  jusqu'a  ce  que  Dieu  m'accorde  la'grftce  d'entendre 
Votre  Majesty  m*entretenir  de  Tautre,  de  vive  voix,  comme  Elle  dai- 
gne  m'en  donner  Tesp^rance.  Si  Tinfinie  bont6  me  fait  une  telle  fa- 
veur,  un  de  mes  plus  vifs  d^sirs  sera  combl^.  Depuis  longtemps,  en 
effet,  quand  je  venais  i  songer  que,  dans  ce  long  et  p^nible  voyage 

{\)  Mmr(iuefit$  d^AngoulMe,  troii  conferences,  p.  24-38. 


Digitized  by 


Google 


—  416  — 

de  la  vie,  nous  avons  besoin  d'un  guide  dont  les  enseignements 
nous  montrent  la  route  et  dont  Texemple  nous  encourage  k  en  sup- 
porter les  fatigues,  il  me  semblait  que  chacuD  doit  chercher  de  pr6- 
Krence  des  modules  dans  son  propre  sexe,  parce  que  Timitation  est 
alors  plus  fructueuse,  et  je  me  tournais  vers  les  femmes   illustres 
de  ritalie  pour  apprendre  quelque  chose  d'elles  et  les  imiter.  Mais, 
bien  que  je  visse  dans  le  nombre  beaucoup  de  personnesde  merite, 
je  n'en  trouvais  pourtant  aucune  sur  laquelle  toutes  les  autres  dus- 
sent  se  regler.  Dans  ime  seule,  6trang^re  k  Tltalie,  j'entendais  dire 
que  toutes  les  perfections  de  la  volonte  ^taient  unies  k  celles  de  Tin- 
telligence.  Mais  comme  elle  6tait  en  si  haut  rang  et  si  loin  de  moi, 
sa  penste  me  jetait  dans  cette  tristesse  et  dans  cette  crainte  qu'eurent 
les  Juifs  en  yoyant  la  flamme  et  la  gloire  de  Dieu  sur  le  sommet 
de  lamontagne,  oii,  imparfaits  comme  ils  etaient  encore,  ils  n'osaient 
pas  monter;  c'est  pourquoi  ils  deraandaient  a  Dieu  dans  le  silence  de 
leur  cceur  qu'il  daigndt  rapprocher   d'eux  sa  divinity   par  le  Verbs 
fait  homme.  Et  comme  le  Seigneur  les  entretenait  dans  cette  soif  spi- 
rituelle  tantdt  par  Teau  miraculeuse  du  rocher,  tantdt  par  la  manne 
celeste,  ainsi  Votre  Majesty  a  bien  voulu  me  consoler  par  sa  tres- 
douce  lettre.  Et  si  I'effet  de  la  grice  surpassa  de  beaucoup  tout  ce 
que  les  Juifs  en  attendaient,  pour  moi  aussi  Tavantage  de  voir 
Votre  Majesty  d^passera,  je  crois,  de  beaucoup  tons  mes  d^sirs.  Et 
certes  la  rencontre  me  sera  heureuse  pour  ^lairer  mon  esprit  ot 
cahner  ma  conscience;  et  Votre  Majeste  mSme  ne  sera  pas  sans  en 
avoir  quelque  plaisir;  ce  lui  sera  une  occasion  d'exercer  ses  deux 
vertus  les  plus  prticieuses  :  Thumilit^,  parce  qu'il  lui  faudra  s*abais- 
ser  beaucoup  pour  m'instruire;  la  charity,  parce  qii^elle   trouvera 
chez  moi  grande  difficult^  pour  faire  p^n^trer  ses  legons.  Mais  com- 
me il  arrive  presque  toujours  que  plus  Tenfantement  a  it6  laborieux, 
plus  Tenfant  est  cher  k  la  m^re,  j'espere  que  plus  tard  Votre  Majeste 
pourra  se  r^jouir  de  m'avoir  si  p^niblement  enfantee  par  Tesprit  et 
de  m*avoir  faite  selon  Dieu  et  selon  ses  propres  vertus. 

Je  ne  saurais  jamais  me  figurer  comment  Votre  Majeste  a  pu  me 
voir  devant  elle.  Sans  doute  elle  s*6tait  retourn^e  pour  m'appeler 
de  loin,  par  une  condescendance  digne  d'elle,  et  il  a  bien  fallu 
qu'elle  m'apergAt  en  avant;  ou  peut-6tre  m*a-t-elle  vu  la  prte^der 
comme  Jean  pr^c^dait  lo  Seigneur;  et  plflt  au  ciel  que  comme  lui 
je  pusse  au  moins  devenir  une  voix  qui  dans  le  desert  de  nos  mi- 
seres  crie  a  toute  Tltalie  de  preparer  la  voie  a  la  venue  bien  desiree 
de  Votre  Majesty  !  Mais  tant  qu'elle  sera  retardee  par  ses  hautes  et 


Digitized  by 


Google 


—  417  — 

royaies  sollicitudes,  jeme  r^signerai  enparlant  d'Elle  avec  le  car- 
dinal de  Ferrare,  dont  le  noble  esprit  eclate  en  toutes  choses,  et  par- 
ticulierement  dans  le  respect  qu*il  professe  pour  Votre  Majesty.  Je 
suis  heureuse  de  voir  dans  ce  seigneur  des  vertus  en  si  baut  degr6 
qu'elles  nous  rappellent  Tantiquite  par  leur  excellence,  quoique  leur 
nouveaute  soit  extreme  knos  yeux  tyop  accoutum(5s  au  mal.  Je  parle 
encore  de  Votre  Majesty  avec  le  cardinal  Polus  (1),  dont  la  conver- 
sation est  toujours  dans  le  ciel  etqui  nq  daigne  abaisser  ses  re- 
gards et  ses  soins  vers  la  terre  que  pour  le  bien  du  prochain;  et 
souvent  aussi  avec  le  cardinal  Bembo,  si  enflaram^  du  desir  de  bien 
travailler  dans  la  vigne  du  Seigneur,  que  la  plus  haute  recompense, 
bien  qu'il  ait  6te  appel^  tard,  pourra  lui  6tre  d&ernee  sans  exciter 
aucun  murmure  (2).  Je  tdche  que  tous  mes  entretiens  prennent  leur 
commencement  et  leur  fin  d*un  si  digne  sujet  pour  acquerir  un  peu 
de  cette  lumifere  que  Votre  Majesty,  dans  le  vaste  coursdeses- 
voyages,  sait  si  bien  discerner  et  honore  si  hautement.  Qu*Elle  dai- 
gne  done  augmenter  sans  cesse  I'^clat  d'une  si  pr(5cieuse  margue- 
rite, puisqu'EUe  sait  si  bien  repandre  et  d^artir  ses  rayons  qu'en 
th^saurisant  pour  elle-m^me  elle  augmente  nos  richesses.  Je  baise 
votre  main  royale  et  me  recommande  humblement  a  vos  tres-d^si- 
rees  bonnes  grdces. 

De  votre  Majesty  la  tri^s-obligec  servante, 

La  Marquise  De  PESCARA  (b). 

Nous  avons  un  temoin  de  Teflfet  que  produisit  sur  Margue- 
rite la  lettre,  trop  solennelle  sans  doute  ettrop  verbeuse,  mais 
si  noble  et  si  chrelienne  de  Vittoria  Colonna.  \oici  ce  qu'e- 
crivait  peu  de  temps  apres  a  Fillustre  marquise  un  eveque 
italien,  qui  etait  alle  faire  sa  cour  a  Francois  I"  pour  relever 


(1)  Reginald  Poole,  des  ducf  de  Suffolk,  Inn  des  pins  illastres  et  des  plus  sainU 
pr^lats  de  son  temps,  cr^^  cardinal  comme  Hippolyte  d'Cste  par  Paul  111,  mort  en 
1558,  pen  de  temps  aprds  sa  cousine  la  reine  Marie.  Le  card.  Qairini  a  public  sa 
vie  avec  ses  Leitres  (Brescia,  1744.  5  vol.  in-4<»). 

(2)  Le  y^nitien  Pierre  Bembo,  anienr  c^l^bre  des  Asolanit  secretaire  non  moins 
vam<{  de  L^on  X  pour  les  lettres  latines,  fut  crd6  cardinal  par  Paul  III  en  1589;  sa 
vie  grave  et  piense  fit  dolors  onblier  les  d^sordres  de  sa  jennesse.  II  monrnt  k 
Rome  en  1547.  Voir  snrtout  Lod.  Beccadelli,  Vita  del  card,  Pietro  Bemho,  dans 
Monumenti  di  varia  letterat.  (3  vol.  in4«,  Bologne,  1797),  t.  i,  part,  ii,  p.  253. 

(3)  Delle  lettere  volgari,  I.  i,  p.  213;  roprodaite  par  M.  Sallini  dans  los  Rime 
t  Uttere  di  Vitt,  Colonna,  p.  424. 


Digitized  by 


Google 


—  418  — 

UD  peu  sa  fortune  diplomatique  et  religieuse,  deja  biiilaDte, 
mais  assez  gravement  compromise  a  Rome : 

Messire  Louis  Alamanni  m*a  dit  avoir  regu  de  Votre  Excellence 
une  lettfe  ou  vous  me  saluez  en  vous  excusant  de  n'avoir  pu  me 
r^pondre.  Ce  souvenir  que  vous  vouiez  bien  me  garder  vaut  la  re- 
ponse  la  plus  Idngue  et  la  plus  flatteuse,  et  je  continue  d'etre  tout  a 
votre  service.  La  ser^nissime  Reine  de  Navarre  m'a  fait  lire  la  der- 
ni^re  lettre  de  Votre  Excellence;  en  Taccompagnant  de  longues  et 
profondes  reflexions.  EUe  semontrait  toute  consol^e  d'avoir  suvous 
toucher  au  point  d'obtenir  cette  faveur  si  pr^cieuse  pour  elle.  Pour 
moi  je  n*ai  pas  en  somme  de  bien  plus  cher  ni  de  plus  grande  con- 
solation que  cette  Reine,  si  propre,  par  ses, paroles  ardentes  et  par 
ses  manieres  merveilleuses,  k  r^chaufifer  au  service  de  Dieu  les 
coeurs  les  plus  froids  du  monde.  II  m'arrive  de  rester  huit  et  dix 
jours  sans  paraitre  a  la  coiir,  enfonc^  dans  quelque  belle  solitude, 
attentif  k  cultiver  mon  dme  et  a  y  faire  germer  la  parole  divine;  je 
vais  apres  cel^  m'exposer  aux  rayons  de  Tardente  charite  de  la  Reine, 
et  je  sens  qu'elle  rechauffe,  fortifie  et  fait  croitre  cette  semence  et  lui 
fait  porter  son  fruit  qui  est  la  connaissance  de  Dieu  et  de  ce  que  je 
suis,  avec  un  d^sir  fervent  de  me  mettre  a  ne  servir  que  lui.  Mais 
je  ne  veux  pas  m'^tendre  davantage  et  me  rendre  ennuyeux  pour 
Votre  Excellence.  La  paix  du  Christ  soit  avec  vous.  Je  me  recom- 
mande  k  vous  trfes-humblement. 

L'evfique  Vergerio  (1). 

L'eveque  de  Capodistria  avait  roQu  des  sa  premiere  entre- 
vue  avec  la  Reine  de  Navarre  cette  impression  purement  edi- 
fiante  qui  peut  nous  surprendre;  il  Texprimait  en  termes 
tout  apostoliques  dans  une  lettre  pr^cedente  au  poete  Ala- 
manni, dont  je  me  contente  de  citer  les  premieres  lignes  : 

Ni  la  marquise  de  Pescara,  ni  vous-m6n!fe,  quoique  vous  sachiez 
si  bien  Tun  et  Tautre  et  de  vive  voix  et  par  ferit  exprimer  ce  que 
vous  vouiez,  ni  notre  illustrissime  cardinal,  ni  Rome  entiere,  en  me 

(1)  Delleleit.  volg.,  1.  i,  p.  216.  —  Pierre-Paul  Vergerio,  d'abord  jarisconsnlte 
el  marid,  entra  depots  dans  I'^Ut  eccMsiastiqne  et  fat  envoye  comme  nonce  en  Alio- 
magne  par  Clement  VII  etpar  Paul  III,  dans  les  premiers  troubles  du  protestan- 
tisme.  Ce  dernier  pape  le  nomma  6vlque  de  Capodistria,  sa  patrie,  en  1536.  Voycz 
son  article  dans  Bayle  {Did.  crtf.,  vo  Vergerius)  et  dans  Niceron  ( Jf^m.  des  homm. 
itL,  xxxviii,  63). 


Digitized  by 


Google 


-  419  — 

vantant  la  noblesse  et  la  beaut^  d'dme  et  de  g^nie,  ainsi  que  I'ke- 
roique  ferveur  de  respritchr^tien  etrardente  charit^  de  la  Reinede 
Navarre,  —  vous  n'avez  su  m*eii  dire  autant  que  j 'en  aipu  ^prouver 
hier  sur  le  vrai.  Car  Sa  Majesty  a  daigne  me  faire  entendre  quelques 
instants  sa  pr&ieuse  conversation;  et  ainsi  ce  jour  m*a  procure  une 
joie  inenarrable  et  lameilleure  certes  que  j*ai  eue  depuis  longtemps. 
Bdni  soit  Dieu,  le  Pere  de  N.-S.  J.-C,  qui  dans  sa  grande  mis^ri- 
corde  a  suscit^,  au  milieu  de  ce  si^cle  d'erreur  et  de  t^nebres,  cet 
esprit,  cette  lumiere  (1),  etc. 

Sans  doute  Fapostolat  exerce  par  Vittoria  Golonna  avail 
fait  naitre  une  noble  emulation  dans  T^me  de  sa  royale  cor- 
respondante.  La  sainte  veuve  aflfermissait  les  ames  chance- 
lantes  dans  la  foi,  ranimait  chez  les  ministres  de  la  religion 
la  piete  aflfaiblie  par  le  feu  des  passions  et  la  contagion  du 
monde,  excitait  les  artistes  et  les  poetes  a  chercher  dansTes- 
prit  Chretien  Tideal  de  leurs  oeuvres.  EUe  faisait  servir  a  ce 
proselytisme  religieux  rinstrument  poetique  dont  elle  avait 
reQu  le  don,  et  ses  sonnets  pieux  excitaient  de  toutes  parts 
une  admiration  salutaire  pour  les  ames.  La  posterite  ne  lui 
a  pas  ete  toujours  aussi  equitable;  on  Fa  trop  confondue  dans 
la  foule  des  fades  imitateurs  de  Petrarque;  mais,  comme  Pa  dit 
un  critique  de  notre  temps,  «  Vittoria  Colonnaeut  raison  de 
puiser  dans  Petrarque  Telegance  du  style.  Ce  n'est  que  dans 
son  cceur  et  dans  son  ame  qu'elle  trouva  la  passion  sincere 
et  sympathique  qu'elle  deploie,  soit  en  celebrant  la  gloire  et  en 
pleurant  la  mortde  son  mari,  soit  en  6hantanl  les  choses  de 
Dieu,  a  qui,  ne  trouvant  plus  de  bonheur  parmi  les  hommes, 
elle  s'etait  donnee  sans  reserve  (2). »  On  ignore  trop  genera- 
lement  que  Marguerite  d'Angoul6me  poussa  Timitation  de  sa 
sainte  amie  jusqu'a  ecrire  comme  elle  des  sonnets  reUgieux 
en  italien.  II  en  subsistedeux  (3);  mais  je  n'en  connais  qu'un. 


(1)  Dftlle  lett.  volg.,  1.  i,  p.  173. 

(2)  Ferd.  Ranalli,  Vite  d'Ulustri  romani.  Firenze,  1838. 

(3)  Biblioph.  Jacob,  dans  la  Notice  hisiorique  qui  precede  9on  Edition  do  VUef- 
ianviron  (ParU,  Delahays,  1861),  p.  xxiv. 


Digitized  by 


Google 


—  420  — 

ou  il  me  semble  qu'on  sent  hien,  malgreun  certain  embanras 
tres-naturel  a  qui  ecril  une  langue  etrangere,  un  sentiment 
religieux  sincere  et  profond.  J'essaie  de  traduire  : 

Pere  eternel  des  cieux,  dont  le  desir  ardent 
Est  que,  sorti  de  toi,  tout  homme  a  toi  revieane; 
Toi  qui,  pour  racheter  toute  la  race  humaine, 
Voulus  porter  le  poids  de  la  faute  d'Adam; 

Guide-moi,  seul  appui  du  p^cheur  repentant! 
H^las!  j'ai  beau  courir,  sans  toi  je  perds  ma  peine; 
Je  ne  puis  qu'implorer  ta  grdce  souveraine 
Pour  m'affranchir  enfin  des  pi^ges  de  Satan. 

Dans  Toeuvre  du  salut  ouvrifere  inutile, 
Je  me  fatigue  en  vain,  et  ma  barque  fragile 
Au  lieu  du  port  cherche  rencontrerait  Tecueil. 

Mais  pour  me  rassurer  la  foi  m*ofFre  ses  armes, 
Ton  sang  fait  mon  espoir,  et  je  te  prie  en  larmes 
De  m'attirer  toi-m§me  et  de  me  faire  accueil  (1). 

On  pourra  trouver  que  cette  prierc  a  Taccent  huguenol; 
mais  elle  n'oflfense  en  rien  la  foi  catholique,  et  des  lors  pour- 
quoi  lui  opposer  de  malvelllantes  sublilites  d'interpretation? 
II  faut  le  dire  cependant :  le  zele  religieux  de  Marguerite  est 
gate  pour  nous  par  cet  esprit  d'independance  qui  fit  d'elle 
Tappui  des  premiers  proteslants  frangais,  quoiqu'elle  ait  de- 
clare a  son  lit  de  mort  qu'elle  etait  toujours  res  tee,  au  fond 
du  coeur,  fidele  a  la  foi  catholique.  Ici  encore,  si  nous  la  com- 
parons  a  sa.  correspondante  d'llalie,  tout  Tavantage  est  du 
c6te  de  cette  derniere.  Elle  se  montra  des  Forigine  animee 
d'un  zele  ardent  pour  la  reforme  de  TEglise,  et  ce  zele  la  rap- 
procha  des  plus  fameux  predicateurs  de  Tepoque,  par  exem- 
ple   d'Ochino  et  de  Pierre-Martyr;  mais  quand  ces  esprits 

(1)  Padre  eterno  del  ciel,  che  brami  e  vaoi 

Che  a  Te  tutti  torniam.  donde  noi  siamo 

Partiti  ancora,  e  del  fallir  d'Adamo 

PortasU  peoa  per  far  salvi  noi,  etc. 
(Parna^o  i<a/iafW),  Paris,  Baudry,  1843,  p.  1000.) 


Digitized  by 


Google 


—  421  — 

excessifs  se  furent  jetes  dans  le  parli  protestant,  «  elle  n'eut 
garde  de  les  suivre,  dit  un  de  ses  biographes;  elle  s'arrfita  sur 
uii  chemin  qu'elle  regarda  desormais  comme  perilleux,  elle 
versa  des  larmes  ameres  sur  Tegarement  d'amis  savants  mais 
devoyes,  et,  en  deplorant  leur  chute,  elle  s'attacha  de  plus  en 
plus  a  la  foi  calholique,  qui  fut  toujours  la  sienne  et  dont  elle 
ne  se  departit  pas  un  instant,  comme  le  d6montrent  ses  poe-^ 
sies  et  seslettres  ascetiques  ecrites  a  diverses  epoques  (1). » 
Nous  ravens  enlrevue  dans  ses  pieuses  conversations  avec 
le  cardinal  humaniste  Bembo,  revenu  de  trop  longues  erreurs, 
mais  desormais  gagne  a  Dieu;  avec  le  cardinal  Polus,  Tune 
des  plus  grandes  ames  de  la  reforme  catholique  du  seizieme 
siecle.  Contraste  frappant!  Fauditeur  enlhousiaste  des  pieux 
propos  de  Marguerite  d'Angoul^me  est  un  eveque  attire  tres- 
probablement  en  France  par  des  vues  d'ambition*  et  peu  do- 
cile aux  instructions  de  Rome  qui  le  rappelaient  dans  son 
diocese.  Pierre-Paul  Vergerio*reussit  a  se  faire  envoyer  Tan- 
nee  d'apres  (1541)  a  Tassemblee  de  Worms,  par  Francois  P% 
et  il  y  sou  tint  encore  tres-efficacement  les  •  interfits  catholi- 
ques  (2).  On  crut  qu'il  avaitete  tres-blesse  de  n'etre  pas  torn- 
pris  dans  une  promotion  de  cardinauxfaitevers  ce  temps;  ce 
qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il  ne  tarda  pas  a  precher  les  doc- 
trines protestantes  dans  son  diocese  et  continua  de  le  pervertir 
jusqu'a  Tannee  1549,  ou  il  sortit  de  Tltalie  pour  professer  li- 
brement  le  nouveau  culte.  II  mourut  assez  vieux  a  Tubingue, 


(1)  Enr.  Saltini,  op,  cit.,  p.  xxxiv.  —  Les  biographes  de  Tittoria  Golonna  nous 
apprennent  que  I'un  de  ceox  qui  aid^rent  le  plus  cette  grande  &me  a  se  detacher  de 
ses  vues  persoDueiles,  quelquefois  dangereuses,  en  fait  de  dogme  et  de  culte,  ce  fut 
Michel- A nge^  catholique  soumi^  aniant  qu'artbtte  inddpendant. 

(2)  Sleidan  {Commentar.  I.  xiii)et  Paolo  Sarpi  [Ittoria  del  cone,  di  TreniOt  1. 1) 
pr^tendent  qu'il  fut  reelleroent  envoys  a  Worms  par  Paul  III.  Palavicin  (t.  i,  col. 
944,  de  la  trad,  fran^aise  publico  par  Migne)  r^fule  ceite  erreur  en  pronvant  que  Ver* 
gerio  ^lait  d^ja  suspect  a  Rome  avant  cette  dpoque,  et  le  P.  Niceron  a  eu  grand 
tort  de  suivre  en  ceci  la  version  des  protestants  et  de  leur  copiste  Fra  Paolo.  Mais 
il  serait  curieux  et  facile  de  jeter  plus  de  jour  sur  cette  p^riode  de  la  vie  de  Vergerio, 
en  ^tndiant  d'autres  lettres  Ecrites  par  lui  ou  a  lui  et  renform^es  dans  le  premier  li- 
vre  du  recaeil  de  Paul  Manuce. 


Digitized  by 


Google 


—  42-2  — 

f 

le  i  octobre  1565,  sans  avoir  jamais  obtenit  Tentiere  conflance 
de  ses  coreligionnaires. 

II  ne  reste  de  lai  qu'une  masse  d'ecrits  plus  irrites  que  sa- 
vants contre  la  Papaute.  Les  deux  femmes  qu'il  admirait  tant 
moururent  consolees  par  la  religion  qu'il  avait  trahie;  mais 
leurs  oeuvres  ne  parlent  pas  egalement  pour  leur  memoire,  et 
malgrt  le  culte  que  les  lettres  reconnaissantes  ont  gard6  pour 
Marguerite,  il  est  sur  qije  ses  ecrits  n'ontpas  reclatimmaciile 
qui  recommande  aux  ames  chreliennes  les  poesies  de  Vitto- 
ria  Colonna.  Au  reste,  cette  illustre  femme  n'a  pas  d'autre 
monument  que  ses  oeuvres  litteraires.  Michel-Ange,  qui  avait 
pour  ainsi  dire  re?u  son  dernier  soupir  (15  fevrier  1^47), 
n'osa  pas  essayer  de  reproduire  une  image  toujours  vivante 
au  fond  de  son  &me.  II  est  vrai  qu'il  a  consacre  a  Vittoria  Co- 
lonna quelques  sonnets  non  moins  immortels  que  ses  pein- 
tures  et  ses  marbres. 

LtoNCE  COUTURE. 


DOCUMENTS  INlfiDlTS. 


Testament  de  Francois  deHansenoome,  p^re  de  Blaise  de  Monlnc 
(14  Janvier  1530)  (1). 

Cette  piece  est  un  pen  longue  sans  doute,  mais  elle  donne 
sur  l.a  fortune  et  sur  Tfetat  civil  de  la  famille  de  Blaise  de 
Monluc  des  details  qui  auront  une  importance  historique 
pour  tout  lecteur  qui  s'interesse  k  notre  grand  capitaine. 

Pour  cequi  est  de  la  fortune,  on  saura  exactement  a  quoi 
s'en  tenir.  Blaise  de  Monluc  etait,  en  effet,  un  gentilhomme 
pauvre. 

(l)BibUotb.  de  rinstilat,  H.  18»U. 


Digitized  by 


Google 


—  423  — 

II  parle  avec  une  legitime  flerte  de  la  noblesse  de  ses  an- 
cetres;  tous  les  genealogistes,  en  eflfet,  nous  apprennent  qu'il 
descendait  de  la  grande  race  des  barons  de  Montesquiou. 
Plusieurs  de  nos  contemporains  ont  mis  en  doute  celte  ori- 
gine  etsuppos6  que  le  marechal  appartenait  a  une  famille 
obscure  dont  le  nom  patronymique  etait  Monluc  et  dont  tout 
Teclat  serait  venu  des  hauls  fails  de  Pauteur  des  Commen- 
laires. 

M,  Borel  d'Hauterive  apublie,  en  1841,  dans  le  tome  2' 
de  la  Revue  hist,  de  la  noblesse,  p.  181,  une  notice  sur  une 
famille  de  Monluc,  originaire  des  Landes,  depuis  1560;  et 
dans  une  dissertation  qui  ne  semble  pas  sufQsamment  ap- 
profondie,  il  a  essaye  d'etablir  une  relation  de  parente  entre 
ces  Monluc  et  la  famille  de  Blaise  de  Monluc,  qui,  selon  lui, 
n'appartiendrait  pas  aux  Montesquiou-Massencome,  mais  seu- 
lement  a  des  Monluc  d'Agenais. 

M.  Bourrousse  de  Laflfore  a  suivi  la  m6me  voie,  en  s'ap- 
puyant  sur  une  dissemblance  quHl  a  cru  remarquer  entre  les 
armoiries  de  Blaise  de  Monluc  et  celles  des  Montesquiou.  Notre 
excellent  savant  M.  Tamizey  de  Larroque  a  pench6  vers  celte 
idee,  qui  flatle  lepalriotisme  local  de  nos  voisins  de  TAgenais 
en  altribuant  exclusivemenl  a  leur  conlree  tous  les  anc6tres 
du  marechal  de  Monluc  et  de  ses  braves  flls. 

Notons  d'abordque,  si  leurdrigine6taitainsirestreinle,  elle 
serait  deja  respectable;  car  Archambauld,  seigneur  de  Mon- 
luc, en  Agenais,  alia  aux  croisades.  II  vivait  au  xii*  siecle;  les 
archives  de  laRepublique  possfedent  un  litre  rfedige  vers  Tan- 
nee  1202,  par  lequel  Arcibaldus  dominm  de  lUonlisluc,  cruce 
signatiisetJerosolimamproficiscens,  reclame  ses  privileges  de 
croise  violes  dans  la  guerre  entre  les  rois  de  France  et  d'An- 
glelerre;  au  has  se  Irouve  un  sceau  equestre  de  60  millimetres 
dontPecu  porleun  lion  i  queue  fourchee.  (J.  1138.) 

Ses  descendants,  sUl  en  eut,  ne  conserverenl  point  la  terre 
de  Monluc;  elle  vint  aux  Lasseran  Massencome;  or,  ceux-ci 


Digitized  by 


Google 


—  424  — 

n'avaient  plus,  en  1318,  qu'une  fiUe,  damisella  Aude  de 
Ijosseran  et  de  Masencoma,  que  son  pere  Mosegne  En  Gaxiar- 
imut  de  Lasei^an  et  de  Masencoma,  senhe  dexidil  loc  de  Ma- 
sencoma  de  Bonluc  (pour  Monluc),  Mamert,  de  Puch  de  Gon- 
taut  etaulres  Iocs,  maria,  le  5septembrel318,  a  noble  Odon 
de  Montesquieu,  d  la  cherge  que  quittera  to  nam  de  Mantes- 
quiu,  et  sera  tengul  de  porta  to  nom  etarmes  de  Mansencoma. 

Ce  central  de  mariage  etait  en  original  dans  les  archives 
de  ia  maison  de  Montesquieu;  le  13  fevrier  1784,  il  ful  vu  et 
verifie  par  dom  Merle,  dom  Clement,  dom  Poirier,  MM.  de 
Brequigny,  Gamier,  Bejot  et  Dacier,  dont  le  temoignage  ne 
saurait  etre  serieusement  conteste.  C'est  sur  cette  piece,  impri- 
mee  p.  29  de  la  Genealogiede  Montesquiou,  que  les  genea- 
logistes  se  fondent  pour  nous  apprendre  que  les  seigneurs  de 
Monluc  etaient  depuis  1318  des  Montesquiou-Lasseran-Mas- 
sencome.  Leur  nom  palronymique  de  Montesquiou  s'etait 
perdu  conformement  a  la  clause  du  contrat,  mais  pas  imme- 
diatement  toutefois,  puisque  VHistoire  de  la  Gascogne  de 
Tabbe  Monlezun  nomme  au  xv*  siecle  un  Paul  de  Mon- 
tesquiou, seigneur  de  Massencome. 

Le  doute  est  dissipe,  la  question  est  tranchee;  le  contrat  de 
mariage  de  Blaise  de  Monluc,  public  dans  cette  Revu£  (1),  et  le 
testament  de  son  pere,  que  Ton  va  lire,  convaincront  les  plus 
incredules.  Blaise  de  Monluc  etait  pauvre  sans  doute,  mais  il 
appartenait  a  la  plus  haute  noblesse  de  Gascogne  (2).  Lamo- 
deste  seigneurie  de  Monluc  etait  dans  le  domaine  de  ses  anc6- 
tres  tout  au  moins  depuis  1318;  ses  descendants  ousafamille 
Tout  conservee  jusqu'a  la  fin  du  dernier  siecle  avec  un  soin 
jaloux  qui  les  honore. 

Paul  LA  PLAGNE-BARRIS, 

(1)  Tome  XVI  (1875),  p.  466. 

(3)  [Oo  me  permettra  de  rappeler  qu'on  cbercheur  fort  habile,  M.  Cldment*Simon, 
en  pnbliant  le  Testament  de  Blaise  de  Monluc,  a  ddja  rdfut6  M.  Borel  d'Uaaterive 
et  d^moDtrd  la  parents  des  Monluc  et  des  Montesqniou.  Yoy.  Revue  de  Gasc,  xni, 
299.  —  L.  c] 


Digitized  by 


Google 


-^  425  — 


Testament  de  messire  Francois  de  Hassenoome. 

In  nomine  Patris,  et  Filii,  et  Spirilus  Sancti.  Amen. 

Scachent  tous  pr^sens  et  ayenir  que,  aujourd'hui  que  Ton  comp^e 
le  quatorzieme  du  mois  de  Janvier  mil  cinq  cent  trente,  i^gnant  le 
tres-chr^tien  et  excellent  prince  Frangois,  par  la  grace  de  Dieu  Roy 
de  France,  a  est^  present  et  personnellement  constitu^  et  establi  en 
personne  dans  le  lieu  de  Puch  de  Gontaut,  au  diocese  de  Condom 
et  s^n^chauss^e  d'Agenois,  en  Gascogne,  devant  et  en  la  presence 
de  moi,   notaire  soussigne,    et  des  t^moins  ci-apres  soussign6s  et 
nomm^s,  scavoir  est,  noble  Frangois  de  Massencome,  seigneur  de 
Monluc,  lequel  ^tant  en  sant^  de  son  corps  et  aussy  estant  en  son 
bon  entendement,  memoire  et  bonne  remembrance,   voyant,  regar- 
dant et  considerant  Testat  humain,  les  perils  et  accidens  de  la  mort 
qui,  de  jour  en  jour,  d'heure  en  heure,  sent  en  oe  monde  avenant, 
et  que  convient  a  tous  hommes  mourir,  et  aussy   qu'il  n'y  a  chpse 
plus  certiaine  que  la  mort  et  plus  incertaine  que  Theure  d'icelle.  A 
cette  cause  ledit  de  Massencome,  voulant  obvier  auxdits  dangers  et 
faire  comme  un  vray  chr^tien  et  vray  catholique  doit  faire,   et  pour 
donner  ordre  a  ses  affaires  et   de  noble  Frangoise  d*Estillac,  sa 
femme,  et  pour  laisser  paix  et  concorde  entre  ses  enfants  cy-dessous 
nommes  et  autres  a  qui  il  est  tenu  d*en   faire  commemoration  et 
m&noire,  et  pourvoir  au  salut  de  son  4me,  disposer  et  ordonner  ses 
biens  et  choses;  de  son  bon  gr^,  pure,  franche  et  agr^able  volenti, 
a  fait,  institu^  et  ordonn^,  fait,  institue  et  ordonne  son  ordre  de  tes- 
tament dernier  et  extrdme  yolqnt^  et  en  cas^  de  mort,  en  la  forme  et 
maniere  que  s'en  suit.  En  faisant  le  signe  de  la  dToix  et  disant :  In 
nomine  Patris^  ei  Filii,  et  Spirilus  Sancti.  Amen. 

Et  tout  premierement,  ledit  Massencome  testateur  a  reconmiand^ 
son  ame  et  son  corps  a  Notre-Seigneur  Dieu  J6sus-Christ,  a  la  glo- 
rieuse  Marie,  sa  mdre,  a  Monsieur  saint  Michel  Tange,  et  a  Mon- 
sieur saint  Pierre,  et^  tous  les  saints  et  saintes  du  Paradis,  et  a 
rhonneur  et  reverence  du  saint  s^pulcre  de  Notre-Seigneur;  ledit 
testateur,  s'il  tr^passe  a  douze  lieues  du  Saint-Poy,  a  esleu  son  se- 
pulcre  et  veut  estre  mis  et  ensevely  en  Tdglise  de  Notre-Dame  du 
Saint-Poy,  la  ou  ses  ancestres  ont  accoustum^  estre  enterrfe. 
Item,  a  voulu  et  ordonn^,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  que  le  jour 
Tome  XVIII.  28 


Digitized  by 


Google 


—  426  — 

de  son  deces  et  enterrement  luy  spient  dites  et  chanties  par  prestres 
ou  religieux  les  mieux  vivans  que  se  pourra  trouver  le  nombre  de 
trente  messes,  et  que  lesdittes  messes  soient  payees  a  la  volont^  de 
sa  femme,  son  fils  et  ex^cuteurs  dessous  nomm^s,  et  que  lesdits 
trente  prestres  ayent  leur  refection  corporelle. 

Item.  A  voulu  et  ordonne,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  que  le 
jour  dessus  escrit  luy  soient  faites  le  nombre  de  quatre  torches  de 
cire,  chacune  demie  livre  de  cire;  et  veut  aussy  ledit  testateur  que 
ledit  jour  de  son  eaterrement  soit  donn^i  pauvres  femmes  veuves, 
orphelines,  demandant  Taumdne,  la  somme  de  cinq  francs,  comp- 
tant  pour  franc  quinze  sols  tournois. 

Item.  A  voulu  et  ordonn6,  veut  et  ordonne  ledit  testateur,  que  le 
lendemain  apres  son  dit  d(kjes  et  enterrement,  luy  soient  dites, 
chanties  et  c^lebr^es  autres  trente  messes  par  semblables  prestres; 
que  pour  chacune 'd*icelles  sera  pay^  ainsi  que  dessus  est  dit  par 
lesdits,  avec  refection  corporelle,  auxdits  trente  prestres,  et  quatre 
semblables  torches  comme  les  premieres,  et  qu'il  soit  distribue  aux- 
dits pauvres  semblable  somme  de  cinq  livres  et  comptant  comme 

diBSSUS. 

Item.  A  voulu  et  ordonn^,  veut  et  ordonne  ledit  Massencome, 
testateur,  que  au  bout  du  mois  de  son  dit  enterrement,  que  Ton  fait 
les  honneurs,  luy  soient  dites,  chantees  et  c^lebrdes  autres  trente 
messes  par  semblables  pr6tres  et  que  lesdits  prestres  ayent  reflFection 
corporelle  comme  dessus,  et  que  leur  soit  paye  ainsi  que  dessus  est 
dit,  et  semblables  torches  comme  les  premieres,  et  qu'il  soit  dislri- 
tribue  k  semblables  pauvres,  comme  dessus  est  dit,  la  somme  de 
cinq  francs. 

Item.  A  voulu  et  ordonn6,  veut  et  ordonne  ledit  Massencome, 
testateur,  que  le  lendemain  apr^s  lesd.  honneurs  luy  soit  fait  son 
bout  d*an  sans  demeurer  davantage,  et  que  audit  jour  luy  soient 
dittos  et  chanttes  autres  trente  messes  par  semblables  messieurs 
prestres,  et  que  soient  payees  comme  dessus  est  dit,  ensemble  au- 
tres quatre  torches  de  chacune  demie  livre  de  cire,  et  qu*il  soit  dis- 
tribu6  auxdits  pauvres  autres  cinq  francs  comme  les  autres  jours 
dessus  Merits. 

Item.  A  requis  et  requiert  ledit  testateur,  que  auxdits  jours  de  son 
enterrement  et  honneurs,  il  ne  soit  proche  (?)  de  s^culiers  ni  religieux, 
en  soite  ni  fagon  quelconque,  et  ainsy  prie  ledit  testateur  a  noble 
Frangoise  d'Estillac,  sa  femme,  et  h  tons  ses  enfants  cy-dessous 
nomm^s,  que  d^s  le  jour  apr^s  audit  bout  du  mois  et  en  fesaot  comme 


Digitized  by 


Google 


—  457  — 

dessus  est  dit,   il[s]  laisse[nt]   le  deuil  entiferement  du   tout. 

Item.  A  voulu  ledit  testateur,  que  les  l^gats  et  obits  fond&s  par 
son  grand  p^re  Pierre- Arnaud  de  Massencome  tant  au  lieu  de  Puch 
de  Gontaut  que  au  lieu  de  Saint-Poy  soient  totalement  entrelenus 
etpay^s.  . 

Item.  A  voulu  et  ordonn^  ledit  testateur,  veut  et  ordonne  que  les 
laisses  et  douaires  que  feu  son  pere  Arnaud  de  Massencome  ordonna 
et  donna  par  testament  a  ses  soeurs  Lorette. . .  et  Jeanne  de  Massen- 
come leur  soient  pay^s  par  son  Writier  ou  h^ritifere  succ6dant  apres 
safin. 

Item.  A  voulu  et  ordonn^,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  qu*il 
soit  pay^  a  son  fr^re  Pierre  de  Massencome,  chevalier  de  Monsei- 
gneur  St-Jean  de  Rhodes,  trente  livres  tournois  par  an,  jusques  a 
ce  qu'il  soit  pourvu  d*un  benefice  de  son'ordre. 

Item.  A  donn^  et  laisse,  donne  et  laisse  a  son  frfere  Bernard  de 
Massencome,  religieux  de  M.  St-Maurin,  en  Agenois,  la  sommede 
cent  sols  tournois,  en  le  laissant  avec  ce  son  h^ritier  particulier  et 
qu'il  ne  puisse  rien  plus  demander  en  ses  biens  ni  choses. 

Iten^.  A  donn^  et  laiss^,  donne  et  laisse  a  sa  soeur  Rose  de  Mas- 
sencome, religieuse  en  Tabbaye  de ,  semblable  sommede  cent 

sols  tournois,  et  avec  ce  son  h^ritiere  particuli^re. 

Item.  A  donne  et  laiss6,  donne  et  laisse  et  16gue  ledit  testateur 
h  Jean  de  Massencome  son  tils,  religieux  de  Tordre  de  Monsieur 
St-Pierre  de  Condom,  la  somme  de  cent  6cus  petits,  le  laissant  ainsy 
avec  ce  son  h^ritier  particulier  et  qu'il  ne  puisse  autre  chose  de- 
mander desdits  biens. 

Item.  A  donn^  et  l^gue  ledit  de  Massencome  a  son  dit  fils  pour 
son  droit,  partage  et  legitime,  la  sonmie  de  mil  livres  tournois,  le 
laissant  avec  ce  son  heritier  particulier  et  qu'il  ne  puisse  autre 
chose  demander  en  ses  biens  ni  a  son  heritier  cy-apr^s  nomm6. 

Item.  A  voulu  et  ordonne,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  que 
S^bastien  son  fils  soit  de  Tordre  de  Monsieur  St-Jean  de  Rodes  et 
lui  soit  bailie  et  pay6  par  son  heritier,  cy-apr^s  nomm^,  le  passage 
accoutum^  de  payer  a  ladite  Religion,  ensemble  hablllement  et  au- 
tres  choses  necessaires;  si  ledit  Sebastien  ne  veut  6tre  dudit  ordre 
ne  faire  la  volenti  dudit  testateur,  ledit  testateur  lui  a  donn6  et  16- 
gu6  pour  son  droits  partage  et  legitime,  la  somme  de  cinq  cent  li- 
vres tournois,  le  laissant  avec  ce  son  heritier  particulier,  et  qu*il  ne 
puisse  jamais  demander  autre  chose  en  ses  biens. 

Item.  A  donn^  et  16gu6,  donne  et  legue  ledit  testateur  k  Marie  de 


Digitized  by 


Google 


—  428  — 

Massencome,  sa  fille,  a  present  religieuse  de  Madame  Ste-Claire  de 
Condom,  pour  son  droit,  partage  et  legitime,  la  somme  de  cent  li- 
vres,  et  avec  ce  qu'elle  ne  puisse  rien  plus  demander  en  ses  biens. 

Item.  A  donn6,  l^gu6  et  laiss^,  donne,  legue  et  laisse  ledit  testa- 
teur  a  Anne  de  Massencome,  a  present  marine  k  FranQois  de  Lebe- 
ron,  outre  son  douaire  que  ledit  testateur  lui  a  fait  et  donn6  par  cy 
devant,  la  somme  de  cent  sols  tournois,  la  laissant  avec  ce  son  W- 
ritifere  particuliere,  et  qu'elle  ne  puisse  autre  chose  demander  en  ses 
biens. 

Item.  Donne  et  legue  ledit  testateur  a  Isabeau  de  Massencome, 
sa  fille,  pour  son  droit  de  douaire,  mariage  et  legitime,  la'  somme 
de  douze  cent  livres  tournoises  et  deux  cent  livres  en  habillement,  la 
laissant  avec  ce  son  h^ritifere  particuliere,  et  qu*elle  ne  puisse  rien 
plus  demander  en  ses  biens  ni  a  son  heritier  cy  dessous  nomm^. 

Item.  A  voulu  et  ordonn^  ledit  testateur  que  toules  les  detles  en 
quoy  il  serait  tenu  qui  apparoitront  par  Mules,  gens  de  bien,  di- 
gnes  de  foy  ou  par  6crit  de  sa  main,  soient  r^ellement  payees  par 
son  heritier  cy  dessous  nomm^  et  lui  en  chargeant  sa  conscience. 

Item.  A  voulu  et  ordonn6  ledit  testateur  que  noble  Frangoise 
d'E^tillac,  sa  femme  et  compagne,  soit  dame,  maitresse  et  usufruc- 
tuaire  de  tons  ses  biens  et  choses,  demeurant  viduellement  et  chas- 
tement. 

Item.  A  voulu  et  ordonn^,  veut  et  ordonne  ledit  testateur,  si  la* 
ditte  dame  d'Estillac,  sa  femme,  ne  se  pouvoit  accorder  avec  sondit 
Ji6ritier  dessous  nomm^,  lui  laisse  la  maison  dudit  Puch  et  le  cha- 
teau tout  entierement  sa  vie  durant,  vivant  honnestement  comme 
dessus  est  dit,  ensemble  lejardin  pres  de  laditte  maison. 

Item.  Lui  laisse  davantage  le  choix  d*une  chambre  de  la  maison 
vieille  basse  a  mettre  son  vin,  et  la  petite  chambre  au  bout  de  Tes- 
table, et  aussy  qu'elle  puisse  jouir  de  la  grange  pour  faire  son  vin, 
tant  au  tonneauque  au  troyal  [treuil,  pressoir). 

Item.  A  laisse  et  laisse  ledit  testateur  a  ladite  d'Estillac,  sa  dite 
femme,  sa  vie  durant  seulement,  en  la  sorte  que  dessus  est  dit,  sga- 
voirestla  vigne- vieille  et  la  vigne  blanche  au  Sabla,  ensemble  vin  et 
argent  de  la  rente  de  la  Pergerie. 

Item.  Vcut  et  ordonne  ledit  testateur  que  ladite  d'Estillac,  sa 
femme,  prenne  et  retire  la  moitie  du  profit  du  moulin  Nau  sans 
qu'elle  soit  tenue  d'y  faire  aucune  reparation  ny  moise  quand  il  en 
serabesoin  audit  moulin. 

Item.  Plus  lui  a  laiss6  ledit  testateur  le  petit  pre  joignant  ledit 


Digitized  by 


Google 


—  429  — 

moalin  Nau,  et  qu'elle  puisse  prendre  de  la  latte  a  faire  son  pacbe^ 

aux de  prendre  lattes  pour  faire  son  cercle,  pour  raillier  la  vais- 

selle  qui  lui  sera  n^cessaire. 

Item.  A  voulu  et  ordonn6  ledit  testateur  que  ladite  d'Estillac,  sa 
femme,  puisse  prendre  son  chauflFage,  et  pour  faire  reparer  sa  mai- 
son,  au  bois  dudit  Sabbatier,  ensemble  Tappessage  de  son  b^tail, 
sans  qu'elle  soit  tenue  d'en  payer  rente  ny  aucun  subside  en  sorte 
que  soit. 

Item.  A  donne  et  l^u^,  donne  et  l^gue  ledit  testateur  k  ladite 
d'Estillac,  sa  femme,  sa  vie  durant,  en  la  sorte  que  dessus  est  dit, 
tant  en  la  juridiction  du  Puch  de  Gontaud  que  de  Villefranche  de 
Quoyran;  la  somme  de  quarante-sept  litres  dix-huit  ardits;  comptant 
et  met  tant  soixante  ardits  pour  £Eiire  de  lamonnaie  courante  en  Bour- 
deloys;  en  fiefs  et  rentes  ensemble  dix-huit  carteaux,  une  coupe  de 
bled  froment,  soixante-un  carton  une  coupe  et  demie  de  seigle  et 
trente-six...  et  demie,  le  tout  de  rente  payable  annuellement  a  ladite 
dame  d'Estillac,  sa  dite  femme,  par  les  mains  des  tenanciers  et  feu- 
dataires  cy  aprfes  Tun  apres  Tautre  nomm^s. — Prem*'.  Les  h^ritiers 
de  feu  Bernard  de  la  Croix,  vingt-deux....  et  demy,  quatre  quartiers 
de  froment,  huit  carteaux  de  seigle. — Arnaud  de  la  Croix,  septaAiits 
et  demy.  —  Sur  Andr^  Carade  et  ses  frferes,  treize  sols  trois  deniers, 
deux  pouUes.— Sur  Antoinede  Bailler,  vingt-sept  sols,  unepouUe.— 
Sur  Bernard  de  Bailie,  vingt-sept  sols  quatre  deniers,  deux  pouUes* 
—  Sur  Jean  Forcade,  marchand  de  Touux,  dix-sept  sols  dix  deniers 
maille,  deux  poulles.  —  Sur  Jeanne  I^borde,  38  sols  un  denier  et 
maille,  un  quarteron  et  demi  froment  et  une  pouUe.  —  Sur  les  Wri- 
tiers  de  feu  Vidon  de  Bourdieu,  16  sols,  un  quarteron  de  froment, 
deux  poulles.  —  Sur  le  recteur  de  Puch  de  Gontaut,  13  sols  trois 
deniers,  une  coupe  de  froment,  une  poulle.  —  Sur  les  h^ritiers  de  feu 
Peyron  de  Saint-Guillem,  un  sol.  —  Sur  messire  Jean  Desbetz, 
15  sols  deux  deniers.— Sur  Berdo  de  la  Cassaigne,  deux  sols,  un  car- 
teau  de  seigle.  —  Sur  Peyrot  de  Daunes,  dit  Cuquat,  pour  sa  maison, 
sept  deniers  maille.  —  Sur  les  heritiers  de  Bernard  de  Turturelle, 
pour  leur  maison,  neuf  deniers.  —  Sur  Mos  Bernard  deTourc,  pour 
sa  place,  sept  deniers  maille.  —  Sur  Jean  de  Berbelle,  pour  sa  mai- 
son et  vigne  de  la  Pacquere...  —  Sur  les  heritiers  de  feu  Frangois 
Casamajour,  un  sol  six  deniers.  —  Sur  les  heritiers  de  feu  Boudolet 
du  Tarquet,  pour  leur  maison,  un  sol  six  deniers.  —  Sur  Jean  Fitte, 
pour  sa  maison  et  place,  un  sol  six  deniers.  —  Sur  Ramonet  de  Ca- 
ras,  dit  Pichoy,  pour  sa  maison  et  terres  et  autres  biens,  dix-sept 


Digitized  by 


Google 


i-  430  — 

sols  neuf  deniers.  -^  Sur  Mos.  Jean  Cazade,  pour  sa  maison  et  ter- 
res,  trois  sols  neuf  deniers.  —  Sur  Barthelemieu  de  Banoudy  et  ses 
fr^res,  deux  sols  six  deniers.  —  Sur  Guyot  de  Joye,  pour  sa  maison 
et  terres,  deux  sols  et  sept  deniers.  —  Sur  Manijon  Dallien,  pour  sa 
maison  et  terres,  trois  sols  huit  deniers,  demie  coupe  seigle.  —  Mi- 
niatte  de  Labat,  pour  sa  maison,  la  vigne  de  la  Pargate,  trois  de- 
niers. —  Pour  la  sixifeme  partie  du  vin  de  la  Parguere  sur  Ars,  dit 
Tauzet,  ditCarest,  pour  ses  maisons,  quatre  sous  neuf  deniers,  une 
pouUe.  —  Sur  Amanieu  de  Garade,  pour  sa  maison,  neuf  deniers, 
une  poulle.  —  Sur  Bardollet  de  Garade,  son  fr^re,  pour  sa  maison 
et  place,  cinq  sols  six  deniers  maille.  —  Sur  les  h^ritiers  d'Antoine 
Desbatz,  pour  leurs  maisons  et  terres,  quinze  sols  six  deniers.  — 
Sur  les  h^ritiers  d'Arnaud  Guilhem  de  la  Borde,  pour  Icur  maison  et 
vigne  de  Parguere,  trois  sols  un  denier  et  la  sixi^me  partie  du  vin  de 
la  Parguere.  —  Sur  les  h^ritiers  de  feuPeyrot  de  Quarau,  deux  sols. 
—  Sur  M.  Antoine  de  Quarean,  30  sols  six  deniers  et  mailles,  trois 
coupes  seigles  et  une  poulle.  —  Sur  Sanson  Dumont,  pour  sa  mai- 
son et  terre,  un  sol  trois  deniers,  deux  quarterons  de  froment  quatre 
cartons  une  coupe  de  seigle.  —  SurM.  Antoine  Vivier,  pour  sa  mai- 
son *  un  sol  neuf  deniers.  —  Sur  Michaud  de  Capdevillo,  pour  ses 
maisons  et  terres...  —  Sur  les  heritiers  de  feu  Antoine  de  Toir,  seize 
sols,  un  quarton,  une  coupe  et  demie  de  froment,  un  carton,  une 
coupe  et  demie  de  seigle,  une  poulle.  —  Sur  Marchand  Dumont, 
quatre  sols  neuf  deniers  deux  quartons,  et  demie  coupe  de  froment, 
cinq  quartons  et  deux  coupes  seigles.  —  Sur  les  heritiers  de  feu 
Berdot  Gares,  25  sols  deux  deniers  maille.  —  Sur  les  heritiers  de 
Jean  de  Bordes  et  de  Bonnet,  55  sols  9  deniers,  une  coupe  froment, 
deux  pouUes.  —  Sur  les  heritiers  de  Maudonnet  de  la  Fontan,  une 
poulle.  —  Sur  Jean  Caver6  de  Mouchas,  un  sol,  un  poulle.  —  Sur 
Januet  de  la  Barthe  Molier,  17  sols  9  deniers,  deux  quartons,  trois 
coupes  et  demi  de  seigle,  quatre  pouUes.  —  Sur  Meniou  de  Saint- 
Gemon  de  Callegue,  20  sols  3  deniers.  —  Sur  les  heritiers  de  feu 
Bemat  Tilhet,  14  sols  trois  deniers,  17  quartons  et  demi  de  seigle, 
deux  pouUes.  —  Sur  les  heritiers  de  Vidau  de  Poy,  18  sols,  sept  de- 
niers, un  quarton,  trois  coupes  de  seigle,  une  poulle.  —  Sur  Andr^ 
d'Arg^los,  10  sols  10  deniers  maille  et  un  denier  pour  la  vigne  de  la 
Parguere,  et  la'sixifeme  partie  du  vin  de  ladite  vigne  de  la  Parguere. 
Sur  messire  Mathau  Gaudin^  4  sols  neuf  deniers,  un  quarton  seigle. 
—  Sur  Pierre  Melet,  marchand  de  Castelgelours,  35  sols,  une  coupe 
de  froment.  —  Sur  les  heritiers  de  feu  Monplet  de  Suaux,    10  sols 


Digitized  by 


Google 


—  431  — 

sept  deniers,  trois  quartons  3  coupes  seigle,  une  poule  et  demie.— 
Sur  Jean  de  Labourthe  Oceolher  (?),  neuf  sols,  deux  cartons  froment, 
une  poule.  —  Sur  Menjotte  de  la  Vys,  un  denier  et  la  sixifeme  partie 
du  vin  de  la  Parguere.  —  Sur  Jean  de  la  Fitte  dit  Jeanlong,  sept  sols 
trois  deniers,  quatre  quartons  seigle.  —  Sur  les  h^ritiers  de  Peyrot 
de  Montgeon,  un  denier  et  la  sixi^me  partie  du  vin  de  la  vigne  de  la 
Parguere.  —  Sur  Arnaud  de  la  Borde  et  Amaud  de  Tescat...  et  la 
sixi^me  partie  du  vin  de  ladite  vigne  de  la  Parguere.  —  Sur  Jean 
de  la  Fitte  jeuno,  9  sols  neuf  deniers,  un  quarton,  trois  coupes  de 
froment,  un  quarton  et  demi  seigle.  —  Sur  Jean  Castel  de  Bemade 
de  Vilaton,  six  deniers,  demi  quarton  de  seigle.  —  Sur  les  h^ritiers 
Arnaud  Guilhem  de  la  Fitte,  cinq  sols,  un  quarton  seigle.  —  Sur 
Jean  de  Baillefer  de  Goulard,  un  sol.  —  Sur  Peirot  de  Goulard,  un 
sol.  —  Sur  les  heritiers  de  Bernard  CoUe,  neuf  deniers,  un  quarton 
et  demi  de  seigle.  —  Sur  Antoine  de  Lespan  ....  six  deniers.  —  Sur 
Jean  de  Castaignon,  marchand  de  Touneins,  un  denier  et  la  sixi^me 
partie  du  vin  de  la  Parguere.  —  Sur  Peyrot  de  Pugaret,  4  sols.  — 
Sur  Vidau  de  Jean  de  Manay,  sept  sols  7  deniers,  un  quarton,  une 
coupe  de  seigle.  —  Sur  Francois  de  Maury,  ]  1  sols.  —  Sur  Berduc 
de  Bauthet,  un  denier  et  la  sixi^me  partie  de  la  Parguere.  —  Sur 
Guilhem  de  Maury,  huit  deniers,  un  quarton,  3  coupes  seigle.  — 
Sur  Jean  de  Maury,  un  denier,  une  coupe  seigle.  —  Sur  Peyrot  de 
Maury  un  denier,  une  coupe  seigle.  —  Sur  Gachiot  de  Baillet,  huit 
sob  huit  deniers,  une  coupe  froment,  3  coupes  de  seigle.  —  Sur 
Mancerot  Desterac,  sept  sols  et  demi-quarton  de  seigle. 

Item.  A  voulu  et  ordonn^  ledit  testateur  que  les  rentes  susdites 
soient  baillfes  et  payees  annuellement  a  ladite  dame  d*Estillac,  sa 
femme,  ou  son  procureur.  Si  cas  advenoit  que  les  terres  et  posses- 
sions susdites  dont  lesdites  rentes  descendent  ou  dependent  et  des- 
dits  tenanciers  et  feudataires  en  vaudront  (I),  veut  et  ordonne  ledit 
testateur  que  ladite  d'Estillac  sa  dite  femme  prenne  leurs  lods  et 
ventes  sa  vie  durante  comme  dessus  est  dit. 

Item.  A  voulu,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  que  si  ladite  d'Estil- 
lac,  sadite  femme,  vouloit  convoler  en  secondes  noces  aprfes  sondit 
tr^pas,  qu'elle  puisse  engager  lesdites  rentes,  moulin  et  autres  choses 
kelle  parluy  laiss^es  en  son  veuvage,  comme  cy  dessus  est  d^lar^, 
pour  le  prix  et  somme  de  douze  cent  lirres,  lesquelles  lui  laisse  et 
doune  ledit  testateur  tant  pouiP  Targent  qu'elle  luy  a  port^  et  aussy 

(1)  Lecture  donteiise.  Le  sens  doit  6tre  :  changmt  d$  maitre. 


Digitized  by 


Google 


—  432  — 

pour  ragencement  et  autres  services  qu'elle  lui  a  faits  jusques  a  soa- 
dit  trepas. 

Item.  A  voulu  et  ordonne,  veut  et  ordonne  ledit  de  MsCnsencome 
testateur,  que  si  le  cas  ladite  d'Kstillac  sa  temme  ^toit  grosse  d'un 
•enfant  masle  ou  de  deux  a  I'heure  de  son  trespas  et  venoit  a  vie  dans 
r^tat  et  en  ige  d'avoir  partage  et  legitime,  leur  laisse  part  et  portion 
desdits  biens  a  chacun  la  somme  de  cinq  cent  iivres,  et  les  laisse 
avec  ce  ses  h^ritiers  particuliers,  et  qu'ils  ne  puissant  jamais  plus 
rien  demander  k  son  h^ritier  ci  dessous  nomme  ni  en  sesdits  biens. 
Si  cas  etoit  que  ladite  d'Estillac  6toit  grosse  et  enceinte  de  fille  ou 
filles  et  qu'elles  vinssent  en  dge  et  6tat  d'etre  mariees,  ledit  testateur 
audit  cas  leur  laisse,  Ifegue  et  donne  a  chacuned*elles,  pour  leur 
droit,  douaire,  partage  et  legitime,  la  somme  demille  Iivres  et  deux 
cent  en  habillemens,  etavec  ce  les  laisse  ses  h^ritiferes  particulieres 
sans  qu'elles  puissent  jamais  plus  rien  demander  en  sesdits  biens  ni 
k  sondit  heritier  cy  dessous  nomm^. 

Item.  —  Et  pour  qu'en  faisant  les  convenances  du  contrat  de  ma- 
nage entre  noble  Blaise  de  Mansencome,  son  fills,  et  noble  Antoi- 
nette Isalguier,  par  lequel  contrat  et  convenances,  du  vouloir  et' 
propre  requeste  dudit  Blaise,  —  son  fils,  pourvu  qu'il  fut  masle  et 
habile  a  succMer,  et  si  le  premier  n'estoit  habile  au  second,  et  autre 
apres  en  suivant;  etque  si  du  premier  mariage  n'y  avoit  que  filles  ou 
que  ledit  Blaise  condescendit  ou  vint  a  secondes  noces,  vouloit  ledit 
testateur  que  le  premier  fi.ls  du  second  mariage  fut  son  heritier,  et  en 
suivant  du  premier  au  second,  et  que  la  fille  du  premier  mariage  se- 
roit  a  doter  d'autant  d'argent  que  sa  mere  auroit  apporte,  et  en  sui- 
vant lesdits  pactes  passes,  sauf  et  reserve  que  ledit  testateur  s*estoit 
r^serv^  les  rentes,  terres  et  moulin  et  tout  autres  choses  du  lieu  de 
Puchde  Gontaut.  Etcomme  rinstitutiond'h^ritier  est  chef  et  fonde- 
ment  de  tout  bon  ordre,  pourquoi  ledit  noble  Frangois  de  Mansen- 
come, testateur,  de  son  bon  gre,  pure  franche  et  absolue  volonte  : 

Premierement,  mis  et  accomply  sondit  present  testament  et  der- 
nifere  volenti  a  deiie  execution  en  la  forme  et  maniere  que  dit  est 
cy  dessus,  a  fait  et  institu^  et  ordonn^  par  ce  fait,  institue  et  ordonne 
et  de  sa  propre  bouche  nomme  son  heritier  universel  et  demeurant 
de  tout  et  chacuns  ses  biens  et  choses  :  scavoir  est  son  cher  et  bien 
aym^  Blaise  de  Mansencome,  son  fils,  tantdes  biens  dudit  lieu  de  Puy^ 
de  Gontaud  que  autres  lieux.  Premierement,  comme  dessus  est  dit,  et 
ses  laiss^s  et  l^guats  cy  dessus  soit  tenu  payer  et  satisfaire,  une  fois 
seulement,  sondit  heritier. 


Digitized  by 


Google 


—  433  -- 

Item.  A  voulu  et  ordonn^,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  que  si 
ledit  Blaise  de  Mansencome,  son  dit  fils,  alloit  de  vie  a  tr^pas  sans 
enfants  m41es  de  I'un  mariage  ou  de  deux  ou  qui  mourussent  avant 
son  tr^pas,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  que  ses  biens  revinsent 
entierement  a  noble  Joachim  de  Mansencome  son  fils  et  a  ses  en- 
fants mdles,  premier  et  puis  second,  et  au  d^faut  des  mdles  aux 
filles.  Et  si  le  cas  estoit  que  ledit  Joachim  allast  de  vie  a  tr^pas  sans 
enfans  masles  ni  filles,  ou  que  apres  son  tr^pas  ils  mourussent,  veut 
et  ordonne  ledit  testateur  que  lesdits  biens  retournassent  audit  S6- 
bastien  de  Mansencome  son  fils  et  pareillement  a  ses  enfants  masles, 
aux  filles,  et  en  s'en  suivant  I'un  kFautre  toujoursles  plus  prochains; 
et  si  desdits  Joachim  et  S^bastien  de  Mansencome  n'y  avoit  lors 
masles  ni  filles,  ou  aprfes  ledit  tr^pas  mourussent,  veut  et  ordonne 
ledit  testateur  que  lesdits  biens  aiilent  a  sa  fille  Anne  de  Mansen- 
come, a  present  mariee  a  Frangois  de  Leberon;  et  apr^s  le  tr^pas 
de  ladite  Anne,  a  son  dit  premier  fils,  et  second  a  d^faut  de  Taine,  et 
aux  filles  s'en  suivant;  et  si  de  ladite  fille  Anne  n'avoit  enfant  male 
ni  filles,  et  qui  allassent  de  vie  a  tr^pas,  veut  et  ordonne  ledit  testa- 
teur que  ses  dits  biens  retournent  aux  enfants  de  Isabeau  de  Man- 
sencome, sa  fille,  suivant  toujours  le  plus  prochain;  et  en  d^faut 
qu*il  n'y  eut  d'enfants  desdits  Mansencome  cy  dessus  nonmies,  veut 
et  ordonne  ledit  testateur  que  ses  biens  retournent  a  noble  Odet  de 
Mansencome,  fr^re  dudit  testateur,  lesdits  laiss6s  et  l^ats  premier 
pay^s. 

Item.  A  voulu  et  ordonn6,  veut  et  ordonne  ledit  testateur  que 
celui  qui  sera  son  h^ritier  ou  heritifere  qui  succMera  auxdits  biens 
prenne  totalement  le  nom  et  armes,  le  seing  et  contre-seing  et  autres 
signes,  que  pourra :  que  soit  vaine  chose  que  faire  un  testament  qu'il 
ne  fut  mis  a  execution  deiie;  pour  ce  ledit  testateur  a  fait  institu6,  et  de 
sa  propre  bouche  nomm6  et  ordonn^  ses  ex^uteurs  de  cestuy-ci  son 
pr&ent  ordre,  testament,  demiere  et  extreme  volenti  par  cas  de 
mort,  sgavoir  est :  nobles  Jehaa  de  Pardeillan  sieur  de  Panjas,  Ga- 
chiot  de  Mondenart  sieur  d*Estillac,  Bernard  de  Las  seigneur  de 
Paillas  et  Frangoise  d*Estillac,  sa  dite  femme,  et  auxquels  et  un 
chacun  d'eux,  Tun  apres  Tautre  et  en  Tabsence  de  Tautre,  ledit  tes- 
tateur a  donn6  et  donne  par  ce  present  plein  pouvoir,  autorit6  et 
raandement  special  de  mettre  son  present  testament,  ordre  et  der^ 
niere  volenti,  par  cas  de  mort,  a  execution  deiie,  de  point  en  point, 
comme  dessus  est  dit  et  declar^;  donnant  mandement,  autorit6  et 
puissance  a  ses  dits  ex^cuteurs  cy  dessus  nomm^  de  prendre  si 


Digitized  by 


Google 


—  434  — 

grande  quantite  de  ses  biens  et  choses,  tant  meubles  elimmeubles, 
et  tant  qu'il  en  sera  mestier  et  n&essaire  pour  accomplir  et  payer 
les  laisses  et  l^gats  cy  dessus  laiss^s  et  l^guj^s  en  son  dit  present 
testament  et  derniere  volenti  et  par  cas  de  mort;  eassant,  r^voquant 
et  annulant  tout  autre  ordre  de  testament  et  c^dulles  que  par  cy 
dessus  pourroit  avoir  fait  et  ordonn^,  voulant  et  ordonnant  .cestuy 
son  present  testament  soit  son  dernier  ordre  et  derniere  volonte  et 
qu'il  aye  fermete  et  vailleur  perdurable  par  devant  tons  juges  tant 
seculiers  que  d'^glise,  et  si  par  maniere  de  testament  ne  pent  valoir 
vaille  par  maniere  de  donation  pure  et  simple  faite  entre  les  vifs  irre- 
vocable k  jamais  et  k  perp6tuit6,  et'tout  ainsi  et  par  la  forme  et  ma- 
niere que  dernier  testament  pent  valoir,  h  Tutilite  et  proffit  de  son 
h^ritier  etheritiere  cy  dessus,  et  autres  ayant  interfit  audit  present 
instrument  de  testament  et  par  choses  susdites.  Ledit  de  Mensen- 
come  testateur  en  a  requis  a  moy  notaire  soussigne  lui  en  estre  fait 
instrument  et  que  laisse  a  bailler  a  son  dit  hdritier  ou  h6ritiere  cy 
dessus  nomm(5s,  et  a  tons  autres  qui  auront  int^ret  et  dont  sera  re- 
quis :  que  luy  ay  octroye,  et  fait  et  passe  les  an  et  jour  cy  contenus, 
lieu,  mois  et  regnant  que  dessus,  en  presence  de  Monsieur  Antoine 
de  Garas  prestre,  Saranxot  de  Labat,  Jean  et  autre  Jean  de  la  Par- 
tere,  Giot  de  Joye,  Bernard  de  la  Borde  et  Barthelemy  de  la  Fitte, 
tous  habitants  du  lieu  de  Puch,  t^moins  connus  a  ce  requis  et  ap- 
pel6s  et  moy  notaire. 

FAUCHER,  notaire. 

Certifie  Jean  de  Bancours,  notaire  detempteur  et  collationaire 
des  papiers  de  feu  Monsieur  Jean  Faucher,  notaire  en  son  vivant  de 
Pucn  ae  Gontaut,  que  a  la  requisition  de  Dominique  Bertin,  habitant 
de  Montesquieu,  avoir  fait  cherche  dudit  testament  de  feu  noble 
Frangois  de  Mansencome  cy  dessus  escript,  et  faisant  pour  messire 
Adrian  de  Monluc,  comte  ae  Carman,  fait  comme  dessus,  lequeli'ai 
trouv^  parmi  les  papiers  dudit  feu  Faucher  et  exp^die  la  susdile 
copie  audit  Bertin;  a  Puch  de  Gontaut,  le  vingti^me  mars  mil  six 
cent  un,  en  foy  de  quoy  me  suis  signe,  Baucoctrs,  notaire  et  coUation- 
naire. 

Extrait  tirade  son  exp^di^  par  moy  Pierre  Cousse,  notaire  royal 
de  Pujaudran,  a  moy  exhib^  et  apres  deux  collations  retire  par  mes- 
sire Jacques  de  la  Roche,  seigneur  et  baron  de  Fontanilhes  et  aiitres 
places,  sans  y  avoir  rien  ajoute  ny  diminue.  Fait  ce  premier  Janvier 
mil  six  cent  q  uarante  huit. 

COUSSE,  notaire  royal. 


Digitized  by 


Google 


435 


BIBLIOGRAPHIE. 


G^OGRAPHiB  juiTE,  AtBiGEoisE  6t  cALViNisTE  de  la  Gascogne,  par  J.-F.  Blade. 
35  p.  in-8o.  Bordeaux,  Ch.  Lefebvre.  1877.  (Tir6  h  cinquante  exemplaires.) 

Cette  substantielle  notice  n'est  que  le  dernier  cHapitre  de  la  partie 
consacr^e  a  TEglise  dans  la  Giographie  historique  de  la  Gascogne, 
grand  et  utile  travail  que  M.  Blad6  a  d^ja  termini  ou  peu  s'en  faut, 
et  dont  les  hommes  studieux  n'attendront  pas  longtemps,  esp^rons- 
le,  la  publication  integrate.  Les  publications  partielles  qu'il  en  a 
faites  ont  pour  but  principal  d'attirer  a  une  oeuvre  trfes-laborieuse- 
ment  pr^par^e  les  additions  et  corrections  qui  peuvent  la  perfection- 
ner  avant  son  apparition  definitive.  Pour  ma  part,  n*ayant  gufere  rien 
de  semblable  a  fournir  en  ce  qui  conceme  la  giographie  Wt^rodoxe 
de  cette  province,  je  veux  recommander  a  mes  lecteurs  le  tableau 
qu'en  offre  notre  docte  correspondant,  en  donnant  quelque  id6e  des 
renseignements  positifs  qu*il  a  su  r^unir  en  si  grand  nombre  dans  un 
espace  si  6troit. 

Sur  les  Juifs,  moins  de  trois  pages  lui  ont  suffi  pour  grouper  les 
indications  relatives  a  leur  existence  dans  le  sud-ouest  de  la  France 
depuis  les  Wisigoths  jusqu'a  Torganisation  des  synagogues  consis- 
toriales  par  le  ddcret  imperial  de  1810.  II  a  n^glig^  un  fait  ant^rieur 
au  VII*  siecle  :  le  tombeau  du  juif  Bennid  (portant  mention  de  deux 
autres  juifs,  Crepen  et  le  lapicide  Jona),  retrouv^  nagu^re  par 
M.  Tabbe  Canute  dans  les  fouilles  du  prieur^  de  Saint-Orens  {Tte- 
vue  de  GascognCy  xvi,  296,  410). 

Touchant  les  h^retiques  ant^rieurs  aux  Albigeois,  il  a  eu  tort  de 
mettre  en  doute  Torigine  gauloise  et  commingeoise  de  Vigilantius,  si 
nettement  affirm^e  par  saint  J^rdme.  Du  reste,  quelque  rares  que 
soient  ici  les  faits  precis  relatifs  tant  aux  anciennes  sectes  qu*k 
Talbig^isme  gascon,  je  ne  sais  pour  ma  part  y  rien  ajouter. 

II  serait  plus  facile  d'allonger  la  partie  relative  au  calvinisme; 
mais  il  faut  dire  qu  elle  est  d^jk  tres-satisfaisante  par  le  nombre  et 
la  precision  des  renseignements.  Ce  qui  est  ant^rieur  a  I'^dit  de 
Nantes  oflFre  encore  des  lacunes  :  mais  n'en  restera-t-il  pas  toujours 
sur  Torigine,  souvent  occulte,  et  Texistence  longtemps  conlrarite  du 
culte  r6form6  dans  telle  ou  telle  viUe  ?  L'organisation  des  chambres 


Digitized  by 


Google 


\ 


—  436  — 

de  justice  et  des  places  de  sflret6,  d'aprfes  les  divers  6dits  de  tolerance, 
est  nettement  indiqu^e.  Mjais  surtout  la  geographic  officielle  des 
6glises  calviaistes  depuis  la  promulgation  de  T^dit  de  Nantes  jusqu  a 
sa  revocation  (1598-1685)  ne  laisse  k  peu  presrien  a  d^sirer,  non 
plus  que  la  p^xiode,  d*arlleurs  fort  obscure  par  elle-mSme,  qui  s*6tend 
deTann^e  1685  a  T^dit  de  tolerance  de  1787,  et  a  plus  forte  raison, 
ce  qui  concerne  Telat  actuel  du  culte  protestant  dans  notre  region. 

Je  devrais  m'arrfiter  la;  mais  je  tiens  a  donner  moi-mdme,  pour 
ceux  denos  lecteurs,  qui'ue  pourront  lire  I'opuscule  de  M.  Blade, 
quelques  renseignements  sur  I'organisation  des  eglises  calvinistes  au 
XVI*  et  au  XVII*  siecle. 

Comme  la  negation  de  toute  hi^rarchie  sacerdotale  etait  fondamen- 
tale  dans  le  calvinisme,  les  eglises  pr^tendues  r^formees  etaient  in- 
d^pendantes  les  unes  des  autres,  mais  n^anmoins  fortement  unies 
par  une  constitution  arrfitee  en  1558,  dans  le  premier  synode  natio- 
nal, sous  lapresidence  du  ministre  Chandieu.  Chacun  d'elles  avait : 
lo  un  ou  plusieurs  ministres  ou  pasieurs,  nommes  non  pat  la  com- 
munaute,  mais  par  le  colloque  ou  par  le  synode;  2^  un  consistoire, 
preside  par  les  pasteurs,  et  comprenant  les  anciens  de  Teglise,  spe- 
cialement  charges  de  la  discipline,  et  a)'mes  du  pouvoir  de  r^primande 
et  de  suspension  de  la  cene;  3^  des  diacres,  presidant  a  la  distribution 
des  secours  destines  aux  pauvres,  et  qui  pouvaient  faire  partie  des 
consistoires  et  m^me  6tre  envoy^s  aux  coUoques  et  aux  synodes. 
—  Pour  maintenir  Tunion  des  Eglises,  on  les  distribua  des  1558 
en  provinces  et  en  colloques.  On  comprenait  sous  ce  dernier  nom 
un  groupe  de  communaut^s  assez  rapproch^es  pour  former,  deux  ou 
quatre  fois  par  an,  des  reunions  oii  chacune  envoyait  ses  ministres 
et  un  ancien  (1).  La  province  ^tait  form6e  d'un  certain  nombre  de 
colloques  voisins.  L'autorite  des  colloques  etait  soumise  k  celle  des 
synodes  provinciauXf  comme  les  consistoires  Etaient  soumis  aux 
colloques.  Les  synodes  provinciaux  se  tenaient  une  ou  deux  fois 
Tan;  chaque  eglise  devait  y  envoyer  ses  ministres  et  un  ou  deux 
anciens.  Les  synodes  nationaux,  composes  seulement  de  deux 
ministres  et  deux  anciens  de  chaque  province,  devaient  se  reunir 
chaque  ann^e.Les  premiers  se  suivirent  eneffet  assez  r^gulierement: 
Paris,  4558;  Poitiers,  1560;  Orleans,  1562;  Lyon,  1563;  Paris,  1565, 
etc.  Mais  depuis  ils  devinrent  plus  rares  et  le  gouvernementde  Louis 
XIV  n'en  soufifrit  plus  a  partir  de  1660. 

(1)  On  remarqaera  qu'aDjonrd'hai  le  colloque  a  pris  le  nom  dc  consutoire,  tandis 
qae  Vancien  con^Utoire^  attache  k  chaqae  dglise,  se  nomme  conseil  preshjitfy'<U» 


Digitized  by 


Google 


—  437  —    . 

Voici  quelle  ^tait,  des  la  fin  du  ivi*  siecle,  la  division  provinciale 
de  la  Prance  ealviniste  :  1.  He  de  France,  Pays  chartrain,  Picardie, 
Champagne  et  Brie.  —  2.  Normandie.  —  3,  Bretagne.  —  4.  Orleans, 
Bl^sois,  Dunois,  Nivernais,  Berry,  BourbonnaisetMarche.— 5.  Tou- 
raine,  Anjou,  Loudunois,  Maine,  Vendomois  et  P,arche.  —  6.  Haut 
et  Bas-Poitou.  —  7.  Saintonge,  Aunis,  La  Rochelle,  Angpumois.  — 
8.  Basse-Guienne,  P^rigord,  Gascognb  et  Limosin.  —  9.  Haut  et 
Bas-Vivarais,  Velay  et  Forez.  —  10.  Bas-Languedoc  (savoir  Nimes, 
Usez,  Montpellier,  jusqu'a  B^ziers  inclusivement).  —  11.  Le  reste 
du  Languedoc,  Haute-Guienne,  Toulouse,  Carcassonne,  Quercy, 
Rouergue,  Armagnac,  Haute-Auvergne. — 12.  Bourgogne,  Lyonnais, 
Beaujolais,  Bresse,  Basse-Auvergne  et  Gex.  —  13.  Provence.  —  14. 
Dauphin^  et  principaut6  d'Orange.  —  15.  Eglises  de  la  souverainet^ 
de  Bearn.  —  16.  Cayennes  et  G^vaudan  (1). 

Je  laisse  de  c6te  le  B^arn,  qui  renfermait  une  cinquantaine  d'^glises 
divis^es  entre  les  six  coUoques  de  Sauveterre,  d'Orthez,  de  Pau, 
d'Oloron,  de  Nay  et  de  Vicbilh. — Mais  je  veux  faire  connattre,  m6me 
avec  un  peu  plus  de  detail  que  M.  Blade,  les  colloques  du  Condomois 
et  du  Haut-Agenais,  qui  faisaient  partie  de  la  province  de  Basse- 
Guienne,  etle  coUoque  de  TArpaagnac,  compris  dans  la  province  de 
Haut- Languedoc  et  Haute-Guienne.  Je  donne,  d'apr&s  le  recueil  des 
Synodes  nationaux  (La  Haye,  1710, 2  vol.  in-4°),  la  liste  des  Eglises 
et  les  noms  de  leurs  ministres  a  deux  epoques  :  en  1603  et  en  1637. 

Condomois  (etLANDEs).  En  1603  :  Nerac  (Marmet  pere,  Masparraut, 

de  la  Mioe),  M^zin  (Luiter),  Casteljaloux  (Du  Luc),  Caumont  (Vieil- 

vans).  La  Bastide-d'Armagnac  (Silvius  pfere),  Mont-de-Marsan  (de 

la  Palogue),  Eauze  (Mellet),  Vic-Fezensac  (Guinier),  Tartas  (Pou- 

•riot),  Sos  (Dumier). 

En  1637  :  Nerac  (Vignier,  Aaron  Tinel),  Montagnac  (Daubus), 
Cannubin  et  Meillan  (La  Livoire),  Coulonges,  le  Mas-d'Agenais, 
Vic-Fezensac  et  Montreal  ensemble  (Boutet),  Lavardac  et  Tranque- 
roUe  (Sauvage),  Casteljaloux  (Du  Luc),  Monheurt(La  Guchai),  Puch 

(1)  One  questioQ  qui  se  pose  ici  d'elle-m^me,  mais  qo^il  est  difficile  et  peat-6tre 
impossible  de  r^soudre  avec  cerlitade»  c'est  de  savoir  qaelle  ^Uit  en  somme  la  po- 
polatioQ  protestante  distribute  dans  ces  seize  provinces.  On  a  era  que  les  calvinistes 
dtaient  au  nombre  de  deax  millions  4  I'av^nement  de  Henri  IV;  ce  chififre  parait 
eiagdrd,  el  il  faudrait  sans  doute  en  raballre  un  bon  tiers  ou  davantage :  les  protea- 
tants  ne  seflattaient  pas,  alors  m^me,  de  former  plus  du  dixi^me  de  la  population 
totale»  laquelle,  k  la  fin  du  xvi«  sidcle,  ne  devait  pas  atteindre  donze  millions  (L. 
Derdme,  Le  Calvinisme  en  Prance^  dans  la  Bevue  contemporaine  da  1^  juin  1868, 
t.  Lxviii,  p.  521). 


Digitized  by 


Google 


—  438  — 

et  Gontaut  (Du  Luc),  Montcrabeau  (d'Artigues),  Eauze  (Dufau), 
Hastingue,  les  Landes  et  Chalosse  (La  Fitte,  Solon;  ce  dernier  n*etait 
peut-dtre  que  proposant,  on  ne  le  compte  pas). 

IIact-Agenais.  En  1603  :  Tonneins  (de  Monjous,  de  Bangons), 
Clairac  (Ricottiei^pere  et  fils),  Castelmoron  (Bonsty),  Puch  (Mermet 
fils),  Montflanquin  (Perron  pere),  Tournon  (Perron  fils),  Monthart 
(Seillade),  Leyrac  (Silvius  fils),  Laparade  (Perran),  Grateloap  (Vi- 
douze),  Puymiroi  (La  Pajole). 

En  1637  :  Agen  (Jean  Alba),  Grateloup  (Abel  Denys),  Lac6pMe 
(Eraste  de  la  Cave),  Monpron  et  Lustrac  (Daubus  jeune),  Montflan- 
quin  (Persi),  Tonneins  (Bernardin  du  Hauf,  Betous),  Laparade 
(Brinhol),  Gontaut  et  Saint-Barthelemy  (Salettes),  Tournon  (Doz6), 
Clairac  (Jean  Costebadie),  Pujols  (Vauquelin),  Castelsagrat  (Ma- 
thurin),  Castelmoron  (La  Barre),  Castelgrat,  Combes  et  Montaut 
(Maures),  Puymiroi  (Textas),  Gavaudun  (Jarlan). 

Armagnac.  —  Ce  colloque  comprenait  en  1603  cinq  ^glises  :  Lee- 
toure  (Sauvec),  Mauvezin  (Gardesi),  Puycasquier  (Momin),  L'lsle- 
Jourdain  (Duprat),  Le  Mas  de  Verdun  (Constans). 

En  1637,  il  6tait  r^duit  a  4  :  Mauvezin  (Matthieu  de  Tissier), 
Llsle-Jourdain  (Etienne  Rigault),  Puycasquier  et  ses  annexes  (Jean 
Tournon),  Masgrenier  et  Lectoure  (Isaac  du  Mas). 

L^ONCE  COUTURE. 


CORRESPONDANCE. 


Les  Convents  de  Gluny  en  Gascogne. 

CastiUon-de-Bat2,  25  aodt  1877. 
Monsieur  l'Abbe, 

Dans  un  recent  num^ro  de  la  Revue  de  Gascogne^  vous  avez  pu- 
blic un  catalogue  fort  int^ressant  sur  les  convents  de  Tordre  de 
Cluny  dans  notre  province.  Je  vous  prie  de  me  permettre  deux  re- 
marques  a  ce  sujet. 

D*abord,  il  faut  que  la  Gascogne  et  I'Agenais  renoncent  a  Thonneur 
d'avoir  ppss^d^  un  monastere  du  nom  de  Gordiniac.  II  s'agit  de 
Sainte-Marie  de  Goudargues,  dioceze  d'Uzes.  Vous  trouverez  dans 


Digitized  by 


Google 


—  439  — 

VHistoire  g4n6rale  du  Languedoc  plusieurs  chartes  relatives  a  ce 
monastfere  (Voyez  aux  index  des  tomes  ii  et  v  de  la  nouvelle  Edition 
les  mots  GordanicuSy  Gordaniacensis  et  Gordiniacerms).  L'une  de 
ces  chartes,  dat^e  de  932,  eontient  donation  de  Mons  Calvtis  a 
Sainte-Marie  de  Goudargues.  Nous  devons  aussi  rayer  de  notre  liste 
le  prieur^  de  Saint-Jean,  puisqu*il  d^pendait  du  monastere  dont  nous 
venons  de  parler. 

Ensuite,  le  «  pnoratus  Gense  »  est  le  prieur^  de  Saint- Luper. 
Car  on  peut  lire  dans  un  livre  imprim^  en  1626  et  intitule  «  Pouill6 
g^n^ral  des  abbayes  de  France  et  des  benefices  qui  en  dependent :  > 
«  Prioratus  S.  Leuberthi  d'Heouse  seu  Gense  auxiianensis  diocesis 
in  quo  debent  esse  cum  priore  quinque  monachi.  Est  ibi  unus  sa- 
crista.  »  Ce  prieur6  {d*apres  Dom  Brug^les,  pp.  343  et  419)  6tait  si- 
tu6  «  entre  Escalans  et  Torrebren,  dans  le  pays  Euzan,  oil  il  y  a  un 
hameau  appel6  Saint-Loubert,  dans  Tarchipr^tr^  de  Gavarret.  » 

Mais  puisqu'il  vous  a  paru  interessant  de  publier  la  liste  des  con- 
vents dfe  Tordre  de  Cluny  en  Gascogne  au  xv«  siecle,  vous  aure»sans 
doute  plaisir  a  lire  les  notes  que  j*ai  recueillies  sur  ce  qu'ils  ^taient 
au  commencement  du  xii«  siecle. 

M.  Parfouru  a  bien  voulu  me  communique!  deux  buUes  du  pape 
Pascal  II  ins^rees  dans  le  Cartulaire  noir  du  chapitre  de  Sainte- 
Marie  d*Auch. 

La  premiere,  probablement  in^dite,  dat^e  de  Tan  1100  et  adress^e 
a  Tabb^  Hugues  de  Cluny,  eontient  F^num^ration  des  principaux 
monasteres  de  son  ordre,  parmi  lesquels  je  n*en  ai  trouv^  que  trois 
appartenant  a  notre  province  : 

S.  Martinus  de  Auxia; 

S.  Licerius  de  Bigorra  (1); 

S.  Orientius  Auxiensis. 

L'autre,  reproduite  par  Tabb^  Daignan  du  Sendat  dans  ses  ma- 
nuscrits  et  par  Dom  Brugeles  (preuves  de  la  seconde  partie,  p.  50), 
est  datee  de  1105  et  adressee  aux  religieux  de  Saint-Orens  d'Auch, 
EUe  eontient  le  denombrement  des  monasteres  dependants  de  ce 
prieur6.  On  lit  dans  cette  bulle  le  passage  suivant :  « Statuimus 

enim  ut  queecumque   possessiones,   quaecumque  bona  idem  beati 

« 
(1)  [Ce  prieur^,  que  j'ai  eu  tort  de  ne  pas  identifier  dans  ma  note,  et  qa'il  ne 
fant  confondre  ni  avec  Saint-Lizier  de  Couserans,  ni  avec  Saint-Lys  {S,  Licerius 
Savensiuminpartibus,  Hist,  du  Languedoc^  v,  502),  est  Saiat-L^zer,  sur  leqnel 
on  pent  voir  Texcellente  notice  de  M.  G.  Bascle  de  Lagr^ze,  dans  son  HisL  relig. 
de  la  Bigorrif  p.  362-369.  —  L.  c] 


Digitized  by 


Google 


—  440  — 

Orientii  monasterium  legitima  possessione  in  praesentiarum  possi- 
dere  cogaoscitur,  firma  vobis  vestrisque  successoribus  conserventur; 
in  quibus  haec  visa  sunt  propriis  nominibus  ex[>rimenda  : 
Ecclesia  S'^  Saturnini  de  Castelle  (?); 

St»  Petri  de  Manidvilla  (?); 

S»i  Martini  de  Tuget  (Touget); 

S^'  Salvii  [Saint-Sauvy,  D.  Bnig^les,  p.  455); 

S*^  Martini  de  Gallovico  (?]; 

S**  Christinse  [Sainte-Chrisiie^prhs  AuchyT>,  Brugeles. 
p.  454); 

S**  Frisii  (Saint-Frix  de  Bassoues); 

S^'  Juliani  de  Monasterio  {MouMs); 

S*'  Orentii  de  VaHe  Caprasia  [Saini-Orms  deLavedan]; 

S^'  Mameti  [Saint- Mamet  de  Peyrtisse-Grand^); 

CapellaStiClari(?).  » 
Je  serais  fort  curieux  de  savoir  ou  se  trouvaient  V Ecclesia  S^  Sa- 
iumini  de  Castelle,  S*^  Petri  de  Manidvilla,  S*»  Martini  de  Gal- 
lovico, et  la  Capella  S^'  Clari  (1). 

Pour  completer  tout  ce  que  je  viens  de  dire,  on  peut  encore  glaner 
dans  D.  Brugeles,  et  surtout  dans  le  PouilU  gdn^al  des  abbayes  de 
France  public  en  1626,  dont  un  exemplaire,  qui  se  trouve  aui  ar- 
chives departementales,  m*aet^  fort  gracieusement  communique  par 
M.  Parfouru. 

Je  desire,  Monsieur  TAbbe,  que  vous  trouviez  quelque  inter^t  a 
cetfe  communication,  et  surtout  que  vous  vouliez  bien  compter  sur 
ma  profonde  estime  et  mon  entier  devouement. 

A.    LlVERGNE. 


NOTES  DIVERSES. 


CV.  La  chapelle  de  Sainte-Anne,  an  GMon,  prds  Pavie  (Gers). 

La  piece  suivante,  extraite  d'un  volume  de  documents  eccl^siastiques  colli- 
g6s  par  Tabbe  Louis  Daignan  du  Sendat,  qui  fait  partie  de  la  bibliolh^que  dio- 
c^saine  db  Tarchevfichfe  d'Auch,  nous  r6v6le  I'existence  d'une  chapelle  d6diee 
k  sainte  Anne,  attenante  h  la  d6vote  chapelle  de  Notre-Dame  du  C6don.  Nous  U 

(1)  [Je  n'ai  pas  le  temps  de  fouiller  dans  les  livres  el  dans  mes  notes,  mais  il  me 
semble  qae  cette  dernidre  chapelle  dtait  a  Saint-Glar  de  Lomagne  et  nnie  an  prienr^ 
de  Salnt-Geny  de  Lectoare.  —  l,  c] 


Digitized  by 


Google 


—  441  — 

publions  comme  an  complement  de  la  notice  sur  ce  lieu  de  pMerinage  ins^r^e  an 
commencement  Je  notre  tome  xvi«  (Janvier  1875).  —  l.  c. 

A  Mgr  r/W"*«  et  R4v^^  Archevique  d^Auch,  ouMons^votre  vicaire  gindrql. 

Sapplie  hnmblement  M^  Jean-Baptiste  Daste  de  Mostbroni  pr§tre,  docteor 
en  theologie,  chanoine  de  Teglise  m^tropolitaine  de  Sainte-Marle  et  priear  de 
la  devote  chapelle  de  N.-D.  du  Sedon,  presPavie,  et  vous  repr^sente  quejoi- 
gnant  ladite  chapelle  11  a  6te  nouvellement  construit  une  autre  chfipelle  qui  a 
6t6  d6di6e  k  sainte  Anne.  Et  parce  que  cette  derni^re  chapelle  n'est  pas  encore 
b6nie,  que  le  suppliant  desire  obtenir  la  permission  de  la  faire  b^nir,  ce  qu'il  ne 
ne  pent  obtenir  qu'il  ne  soit  procede  k  la  verification  de  I'etat  d'icelle :  A  ces 
causes,  il  plaira  k  Votre  Grandeur,  Monseigneur,  ordonner  qu'il  sera  procede  k 
la  verification  de  T^tat  de  la  chapelle  nouvellement  construite  par  tel  commis- 
saire  qu'il  vous  plaira  k  ces  fins  commettre  pour,  son  verbal  fait  et  remis,  etre 
ordonne  ce  qu'il  appartiendra.  Et  le  suppliant  continuera  de  prier  Dieu  pour 
votre  prosper ite  et  sante. 

—  Vue  la  presente  requete,  nous  commettons  aux  fins  d'icelle  M*  Jean-Pierre 

Domec,  cure  de  la  paroisse  de  Pessan,  pour,  sur  son  verbal  k  nous  rapporte, 

etre  ordonne  ce  qu'il  appartiendra. 

A  Auch,  le  29  d'aoAt  1725. 

Daignan  do  Sbndat,  vie.  gen. 

CVI.  Qn6rard  et  Tabb^  Anselme.* 

Un  de  nos  excellents  collaborateurs,  M.  C1.~H.  Masson.  nous  avait  fait  espe- 
rer  dansle  temps  une  etude  sur  Antoine  Anselme,  abbe  de  Saint-Sever,  predi- 
cateur  ordinaire  du  Roi,  membre  de  Tacademie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
Cette  etude,  fort  interessante  par  son  sujet  m^me,  VeiiX  ete  plus  encore  assure- 
ment  par  la  fagon  dont  le  sujet  aurait  ete  traite.  Soit  que  notre  confrere  donne 
suite  k  son  projet,  soit  qu'un  autre  ecrivain  se  charge  de  nous  raconter  la  vie  de 
Tabbe  Anselme,  je  recommande  au  biographe  du  pieux  predicateur  une  etrange 
erreur  de  Querard,  dans  le  premier  volume  de  sa  France  littSraire.  Le  savant 
bibliographe  n'hesite  pas  k  enlever  k  la  Gascogne  un  de  ceux  de  ses  ceiebres 
enfants  dont  elle  a  le  plus  droit  d'etre  fiere,  et  annonce  bravement  que  I'abbe 
Anselme  naquit  k  lUe-Jourdain, «  dans  VArtois, »  le  13  Janvier  1652.  Du  reste, 
Querard  devait  etre  bien  distrait  le  jour  oil  il  redigea  sa  notice  sur  notre  eio~ 
quent  compatriote,  car,  non  content  d'en  faire  un  Artesien,  il  en  fait  aussi  un 
«  memhre  de  VacadSmie  fro/ngaise,  »  T.  de  L. 

CVn.  Une  vieille  scnlptiire  italienne  aux  environs  d*Anch. 

Le  chateau  deLuxeube  (LucusSylva?)^  autrefois  propriete  d'unebranche  de 
I'illustre  famille  des  Du  Faur,  aujourd'hui  richement  restaure  par  M.  Demonts, 
'^mcien  pr^fet  du  Puy,  a  garde  quelques  restes  de  son  antique  ameublement.  Un 
Toiot  XVm.  29 


Digitized  by 


Google 


—  442  — 

de  DOS  amis,  qui  Ta  visits  naga^re,  aremarqa^  sartout  ud  beaapanneaadebois 
scolpt^,  reprdsentant  VAssomptionde  la  Vierge,el  renfermant  dans  sa  partie 
infer ieore  le  groape  des  ap6tres.  II  a  calqa6  soigneosement  la  signature  de  ce 
curieux  morceau,  et  je  n'ai  pas  eu  de  peine  k  lire  en  toutes  lettres :  Bagcio  Ba5- 
DiHELLi,  un  des  grands  noms  de  Tart  iulien  au  xvi*  si^cle.  L.  C. 

QUESTIONS. 

147.  Une  relinre  k  VS  barrd  et  k  monogrammes. 

J'ai  sous  lesyeux  un  volume  dont  la  reliure  porte  des  s%nes  myst^rieux.  que 
je  voudrais  bien  voir  expliquer  par  quelqu'un  des  correspondants  de  la  Revue 
de  Gascogne.  C'estun  Montaigne  de  Paris,  1611,  in-S'',  reli6  en  veau  rouge. 
SuR  LEs  PLATS,  eucadr^s  d' arabesques,  on  voit :  au  milieu,  un  coeur  perc6  de 
deux  fl^ches,  entour6  d'une  guirlande  circulaire  et  accoste,  k  droile  et  k  gauche, 
de  deux  alliances  (mains  unies)  et  de  deux  amorini  k  I'arc  band6;  —  au-dessus 
et  au-dessous  du  coeur  et  de  ses  accompagnements,  se  r6p6tent  deux  ligoes 
uniformes  de  signes  alpbabetiques  que  je  vais  tdcher  de  decrire :  4^^  ligne : 
deux <i>  enlaces;  deux  D  adoss^s  et  enlaces;  un  A  et  un  M  entrelac^s.  ^  ligne: 
un  S  barr6  d'un  trait  oblique  (descendant  de  droite  k  gauche)  et  plac6  entre 
deux  representations  d'un  m^me  monogramme,  ou  je  crois  distinguer  les  lettres 
F,  D,  S,  V,  peut-6tre  M  ou  N.  —  Sur  le  dos,  tout  convert  de  fines  arabesques, 
sauf  une  longue  ligpe  verticale  m^nag^e  presque  du  haut  en  has,  on  lit  la  devise 
espagnole  :  Morir  o  mas  contento. 

Dans  tout  cela,  il  y  a  des  symboles  fort  simples  et  fort  conuus  (alliances, 
amours,  coeur  perc6),  mais  aussi  des  sigles  et  des  monogrammes  evidenunent 
significatifs.  J'avoue  n'en  savoir  expliquer  aucun.  Seul  I'S  barre  m'avait  d'a- 
bord  paru  assez  clair.  Je  croyais,  avec  beaucoup  de  gens,  que  Henri  IV  avait 
invente  ce  r6bus  en  faveur  de  Gabriel  le  d'Estrdes  [S  trait). 

Cetle  explication  a  pour  elle  rautorit6  de  M.  Vatout  (Souvenirs  des  residen- 
ces royales,  iv,  203)  et  celle  de  M.  Ed.  Foumier  (Moniteur  du  10  Janvier  1856). 
Mais  elle  a  6t^  pleinement  r6futeepar  M.  Adr.  de  Longp^rier  [AthentBum  fra/ng. 
1856,  p.  57)  qui,  non  content  de  rappeler  (^Estries  se  pronon^ait*  comme  il 
doit  se  prononcer  encore,  Etries^  a  cit6  des  exemples  de  rsbarr6  employ^  par 
Jeanne  d'Albret  et  par  Catherine  de  Navarre  avant  la  naissance  de  Gabrielle.  II 
est  probable  que  ce  signe  voulait  dire,  pour  Jeanne  d'Albret,  fermesse  ou  fer- 
meti  (I'S  barr6  repr^sentant  une  f) ,  et  que  ses  enfants  en  gard^rent  I'usage.  Mab 
cela  ne  m'explique  pas  les  autres  myst^res  de  mon  Montaigne,  y  compris  la  de- 
vise espagnole  du  dos,  et  ne  me  fait  pas  savoir  pour  qui  cette  reliure  a^te 
faite.  L.  C. 

148.  Une  statue  du  cardinal  d^Armagnac. 

On  lit  dans  une  courte  notice  sur  le  Mus6e  d*Auch,  inseree  p.  655-556  du  2* 
volume  de  la  Statistique  des  d^partements  pyrMens  par  Alex,  de  M6ge  (1829) : 
«....  Au  nombre  des  objets  qu'on  y  a  d6j^  rassembl6s,  on  distingue  des  torses* 


Digitized  by 


Google 


—  443  — 
un  beau  tombeau  chr6tien  de  la  fin  da  vr*  si^le,  la  statue  du  cardinal  d'Ar- 
magnac,  etc.  »  Je  n'ai  jamais  vu  cette  statue,  qui  repr^sentait  peut-6tre,  non 
I'illustre  cardinal  Georges  d'Armagnac,  mais  un  pr61at  moins  cdldbre,  Jean  IV 
d'Armagnac,  archev^que  d'Auch,  que  Tantipape  Benoit  XIII  nomma  cardinal  en 
1406  {Revue  de  Gasc. ,  xy,  306).  Quoi  qu'il  en  soit,  ou  est  aujourd'bui  le  monu- 
ment signals  en  1839  par  M.  du  M6ge?  U.  C.  T. 

149.  Un  6crivain  de  N6rac. 

Je  viens  de  trouver  chez  un  chiffonnier  d'Anch  un  volume  intitule  :  Viri  Dei 
Cbsaris  de  Bus,  congregationis  Doctrince  christiance  institutoris,  Vita» 
authore  R.  P.  Jacoho  Goudour,  neracensi,  ejusdem  congregationis  theologo, 
Toloss,  Raym.  Bosc,  167J .  In-13.  Cette  biographic  du  fondateur  des  Doctri- 
naires est  dedi6e  k  Claude  Maillier  du  Houssay,  ancien  ev^que  de  Tarbes,  que 
I'auteur  loue  surtout  d'avoir  confix,  dans  sa  ville  Episcopate,  un  sEminaire  et  un 
college  anx  enfants  du  venerable  C6sar  de  Bus.  Cette  histoire  est  ^rite  avec  un 
certain  talent,  dansun  latin  6l6gant  jusqu'^  la  recherche.  Quelqu'un  pourra-t-il 
me  foumir  snr  ce  Jacques  Goudour,  n^racais,  qui  m'^tait  jusqu'^  ce jour  par- 
faitement  inconnu,  le  uioindre  renseignement  biographique?  L.  C 

150.  Da  nom  patois  de  Tajonc. 

M.  rabb6  C.  Daux,  qui  a  public  des  lettres  in6dites  de  saint  Vincent  de  Paul 
dans  la  livraison  du  1^^  avril  1876  de  la  Revue  des  questions  historiques,  dit 
(p.  588,  en  note,  an  sujet  de  Montech  (Tarn-et-Garonne) :  «  Quelques-uns,  in- 
>  terrogeant  les  armes  de  cette  viUe»  qui  porte  unebranche  d'ajonc  epineux. 
»  appel^  en  patois  tueho  ou  tuch,  en  font  Mont  de  la  tuchOf  d'ou  Montuch  et 
»  Montech.  Cette  plante  est  tr^s-abondante,  du  reste»  dans  les  environs  de  cette 
»  locality.  »  Je  voudrais  savoir  lo  quelle  est  I'^tymologie  de  tucho  ou  tuch; 
^  quels  sont  les  autres  noms  que  porte  I'ajonc  dans  le  langage  populaire  de 
tout  le  sud-ouest.  T.  de  L. 

151.  Une  filleale  de  Marguerite  d^Angoaldme. 

J'ai  relev^  sur  les  feuillets  de  garde  d'un  vieux  volume  de  la  Biblioth^que  du 
S^minaire  d'Auch  la  note  suivante  : 

a  Lunedi  alii  xxviij  di  nouembre  M.  D.  xlj.  a  M*  Maria  de  Dej  cominciorono 
le  dogle  trale  sette  o  le  ott'ore  della  mattina.  Partori  fraun  hora  et  dua  doppo 
mezo  giorno  una  bambina  et  il  di  medeshno  si  battezo  et  ha  hauto  per  ordine 
della  regina  di  Nauarra  che  e  stata  comare  insieme  co  la  duccheza  di  Ferrara 
nome  Margherita.  —  I  Compari: 

»  II  card.  Tornon.  II  card.  Scotia.  » 

Je  demande  quelle  est  cette  Marguerite,  nee  «k  une  heure  et  demie  aprfts  midi.» 
le  lundi  28  novembre  1541,  et  qui  fut  tenue  le  m^me  jour  sur  les  fonts  da 
bapt^me  par  des  personnages  si  illustres :  la  Reine  de  Navarre,  sa  cousine  Renee 
de  France,  duchesse  de  Ferrare,  le  cardinal  de  Tournon,  archevftque  d'Auch,  et 
Dadid  Beaton,  archev^que  de  Saint-Andrd,  dit  le  cardinal  d'Ecosse.  —  L.  C. 


Digitized  by 


Google 


—  444  — 


t 


Mgr  Thomas-Casimir-Frangois  de  Ladoue,  ev^ue  de  Nevers,  n^  a 
I  Saint-Sever  (Landes),  le  23  juillet  1817,  a  rendu  son  toie  a  Dieu, 
au  saint  autel,  apres  la  commimion,  le  28  juillet  1877.  C'est  une  perte 
sensible  pour  TEglise,  qu'il  aima  toujours  avec  passion  et  k  laquelle 
il  avait  vou^  tons  les  eflforts  d'une  infatigable  energie,  toutes  les  res- 
sources  d'un  talent  brillant  et  facile.  C'est  un  deuil  special  pour  notre 
I  province,  qui  Tavait  vu  naitre  et  ou  se  passa  une  grande  partie  de  sa 
vie  sacerdotale.  C*est  un  deuil  de  famille  surtout  pour  la  Sociite  his- 
iorique  et  la  Revue  de  Gascogne,  qui  s'honorent  de  le  consid^rer, 
I  apres  son  illustre  ami  Mgr  de  Salinis,  comnie  Tun  de  leursfondateurs. 
I  On  pent  rolire,  dans  la  premiere  livraison  de  notre  recueil  (i,  9),  la 
I  lettre  qu'il  adressait  a  I'occasion  de  cette  publication  a  tout  le  clei^ 
du  diocese  d*Auch.  Quand  les  circonstances  Teurent  ^loign^  de  Tad- 
I  ministration,  il  daignait  encore  envoyer  au  r^dacteur  en  chef  du  Bul- 
letin une  longue  et  instructive  communication  sur  les  moyens  de 
I  perfectionner  cette  oeuvre  (iv,  577).  II  nous  confiait  d'eloquentes  pages 
n^crologiques  sur  MM.  Henri  d'Aignan,  Leon  Dufour  (vi,  250),  Th.  de 
I  Marignan  (ix,  420),  le  marquis  H.  de  Galard-Terraube  (xi,  97);  la  pre- 
I  mi^re  esquisse  de  son  beau  travail  sur  Mgr  Gerbet  (v,  377,  439;  vi, 
105),  et  d*excellents  articles  bibliographiques  sur  des  ouvrages  de 
'  MM.  de  Gavardie  (v,  318),  Lespinasse  (v,  639)  Jr^n^e David  (m,  338), 
I  de  Claye  (x,  172),  d'Esparbes  de  Lussan  (x,  275).  A  notre  tour,  nous 
I  avons  fait  connaitre  avec  le  plus  grand  soin  tous  les  ouvrages  dont  il 
fut  Tauteur  ou  T^diteur  :  son  Coup  d'udl  sur  VapologMque  chr4- 
/tenne(1865,  vi,  54),  leiDiviniUde  VEglise  de  Mgr  de  Salinis  (1864, 
'  VI,  5,  120),  la  SiraUgiedeM.  Renan  de  Mgr  Gerbet  (1866,  vn,  285), 
I  la  Vie  de  Mgr  de  Salinis  (1864,  v,  171),  Mgr  Gerbet,  sa  vie,  ses 
!  (Buvreset  rScolemennaisienne  {IB69,  xi,  134).  Aujourd'hui,  on  nous 
I  engage  a  raconter  sa  vie.  Mais  de   substantielles  notices  lui  ont  6t6 
6onsacr6es  dans  divers  joumaux  catholiques,  et  nous  ne  pourrions 
que  dire  moins  bien  les  mSmes  choses.  Ce  que  nous  ne  pouvons  faire, 
roais  ce  qui  se  fera  sans  doute  bientOt  dans  un  des  quatre  dioceses 
(Aire,  Amiens,  Auch,  Nevers)  qui  Tout  le  mieux  connu,  et  ce  que 
I  nous  appelons  de  tous  nos  voeux,  c*est  ime  biographic  itendue  et 
complete  de  ce  grand  serviteur  de  Dieu  et  de  TEglise,  que  nous  serons 
I  heureux  de  recommander  k  nos  lecteurs. 

R.  I.  P. 


Digitized  by 


Google 


CHEVET  DE  LA  CATHfiDRALE  D*AUCH. 


Qmissions  et  oompldments  des  etudes  ddj&  publides 
sur  oet  ddlfloe  (*). 


Bien  que  la  premiere  pierre  de  la  cathedrale  d'Auch  n'eftt 
ele  posee,  sous  le  roi  Charles  VIII,  qu'en  jaillet  1489,  une 
indication  artistique  flxa  a  Taspect  du  nord,  vers  1493,  le 
nivellement  general  de  Tfedifice,  a  la  hauteur  des  cinq  roAtes 
cryptales.  La  crypte,  en  eflfet,  venait  alors  de  s'achever  et 
d'oflfrir  asile  aux  trois  sarcophages  i  reliques,  dont  les  Bene- 
dictins  de  Saint-Orens  avaient  fait  le  genereux  sacrifice. 

A  partir  de  cette  indication'  ext6rieure,  vers  le  nord  (1), 
les  Iravaux  s'eleverent  si  rapideraent  que  le  chevet  d'un  nouvel 
edifice  se  trouva  complet,  m6me  pour  les  voiites,  vers  1507, 
c'est-a-dire  a  la  moitie  du  regno  de  Louis  XIL 

II  fallut  songer  des  lors  a  orner  de  verrieres  en  coul^ar  les 
ehapelles  entierement  construites,  ce  qui  fut  termini  en  1513, 
par  le  peintre  Arnaud  de  Moles,  originaire  de  Saint-Sever 
(Chalosse). 

On  crut  ensuite  pouvoir  donner  des  autels  aux  chapdtes 
que  le  verre  protegeait,  en  commengant  par  les  trois  qui  ter- 
minent  le  chevet  k  Test. 

Celles-ci  furent,  selon  T  usage  de  TSpoque,  dot6es  d'autels 
en  pierre,  prfesentant  trois  faces  verticales  k  Toeil  de  Tobserva- 
teur,  tandis  que  la  quatrieme  se  confondait  avec  le  pan  coup6 

{*)  Ancien  travail  de  M.  Tabb^  Can^to^  dont  les  yeox,  depais  longtemps  malades, 
ne  loi  permetlent  pas  de  se  livrer  aujoord'hui  k  de  tell«ii  Etudes. 

(1)  Ce  soDtdeax  panonceanx  asoutieos  d'anges,  graves  sur  le  contrefort  voisin  de 
la  sacristie,  od  les  liohs  d'Arraa^^nac  viennent  s'adjoindre  aux  trois  fleurs  de  lis  de 
Louis  XI,  par  suite  de  la  couqudie  fafte  en  1473. 

Charles  VIII  prend  possession  des  privileges  capitulaires,  transmis  par  son  pdre 
avec  le  comtd  d'Armagnac,  ct  d^sormais  infdod^s  k  la  couronne  de  France. 
Tome  XVm.  30 


Digitized  by 


Google 


du  centre.  De  ces  trois  autels  primitifs,  deux  subsistent  en- 
core, a  droite  et  a  gauche  de  la  chapelle  terminale. 

Dans  la  construction  de  cette  derniere,  on  avait  raltache 
aux  trois  pans  coupes  du  fond  un  remarquable  monument  en 
pierre,  et  celui-ci, .  dispose  horizontalementi  empfichait  les 
trois  fenetres  de  commencer  aussi  bas  que  celles  des  aulres 
chapelles.  Ce  monument  sert  encore  comme  de  voile  a  jour  a 
Tautel  entier. 

C'est  done  une  espece  d'opercule  d'une  etendue  Ires-peu 
ordinaire,  en  latin  opertoriam.  Et  Tobjet  principal  a  recouvrir 
6tant  ici  le  Pain  celeste,  la  nourriture  de  nos  ames,  animce 
dbus^  ce  vaste  opercule,  perce  de  nombreuses  decoupures  qui 
produisent  un  si  bel  efifet,  avait  pris  dans  le  plan  de  construe 
tion  le  nom  tres-expressif  de  Ciboriwn,  par  extension  du  mot 
liturgique  Saint-Ciboire. 

Une  chaine  en  metal  precieux  suspendit  au  centre  une 
riche  colombe  d'or,  destin6e  a  contenir  les  saintes  especes 
eucharistiques,  et  deux  cour tines  pendaient  egalement  d'une 
tringle  en  fer,  en  avant  du  Cibofium,  pour  le  clore  anterieu- 
rement,  Ajoutons  meme  que  cet  ancien  usage  est  encore 
denonce  a  nos  regards  par  les  pitons  qui  recevaient  la  trin- 
gle sur  les  deux  c6tes. 

Au  sud-ouest  de  cette  chapelle,  le  pan  central  avait  ete  b&ti 
avec  un  opertorium,  aussi  en  pierre,  mais  d'un  autre  genre, 
et  d'un  tout  autre  usage  que  le  precedent.  II  s'eleva  en  toute 
Uberte,  parce  que  la  chapelle  ou  il  se  trouve  ne  pouvait  pas 
avoir  de  fenetres,  attendu  que  son  midi  etait  alors  Tinterieur 
du  Tinel  (vaste  salle  de  Tancien  archeveche),  qui  estactuelle- 
ment  en  demolition  malgre  ses  nombreux  souvenirs  histori- 
ques. 

Cet  opercule  se  developpa  done  en  deux  etages  successifs, 
jusqu'a  la  hauteur  de  5  metres,  encadre  a  droite  et  a  gauche 
d'elegants  pinacles  et  couronne  d'une  belle  vegetation  de 
pierre.  II  presente  de   plus,   a  son  debut  horizontal,  sa 


Digitized  by 


Google 


—  447  — 

plus  grande  largeur  entre   les   deux   colonnes  voisines. 

Gar^  monument  flxe^  il  6tait  destin6  k  recouvrir,  mais  sans 
courtines,  un  groupe,  aussi  en  pierre,  compos6  de  sept  per- 
sonnages  grands  comme  nature,  lis  sont  debout  autour  du 
corps  de  J6sus-Christ,  depose  de  la  croix,  et  reproduisent  la 
touchante  scene  qu'on  appelle  Lamentation  sur  le  torn- 
beau. 

A  peu  de  distance  sont  quatre  gardes  debout  et  isoles.  lis 
portent  les  armes,  la  coiffure  et  le  costume  des  quatre  regi- 
ments d'infanterie  que  Louis  XII  venait  de  former,  Cette  der- 
niere  observation  donne,  sans  la  preciser  absolument,  Tfepo- 
que  oil  notre  oeuvre  d'art  Chretien  fut  mise  en  place,  vu  que 
Louis  XII  mourut  en  151 5, 

Reconnaissons  toutefois  que  Tarcbeveque,  cardinal  de 
Clermont-Lodeve,  intronise  en  1512,  presidait  en  personne 
a  Tornementation  de  nos  trois  chapelles,  dans  les  premieres 
annees  du  regno  de  Frangois  I",  Car,  dans  celle  qui  avoi-  • 
sine  le  Ciborium,  vers  le  nord-est,  Tautel,  alors  nouvellement 
coDstruit,  porte  sur  le  bord  inferieur  de  Tarcbitrave,  la  date 
de  1524,  ce  qui  indique  la  neuvifeme  annee  du  r^gne  de  Fran- 
cois I". 

Disons,  en  outre,  que,  selon  le  goAt  de  cette  pferiode,  cet 
autel  est  orne  de  fausses  nicbes,  qui  sont  munies  d'opercules 
fort  reduits,  6vid6s  en  coquille. 

Toutefois,  alors  m6me  et  pendant  plus  de  vingt  ans  encore, 
on  sculpta  sur  d'autres  points  de  notre  catb6drale  des  oper- 
cules  cpmplets  de  forme  borizontale;  ils  avaient,  il  est  vrai, 
assez  peu  de  bauteur  au-dessus  des  statuettes  isol6es  qu'ils 
devaient  recouvrir,  k  moins  que  le  ciseau  de  Tartiste  n'eAt  k 
les  terminer  en  pointeplus  ou  moins  aigue,  comme  il  Pa  fait, 
par  exemple,  aux  portes  laterales  de  notre  eglise. 

11  est  done  incontestable  flue  la  pyramide  en  amortisse- 
ment  avail  pris,  dans  la  premiere  moiti6  du  xvi*  siecle,  une 
certaine  vogue,  comme  on  le  voit  egalement  au  cboeur  d'A- 


Digitized  by 


Google 


—  448  — 

mims,  commence  en  1508,  et  a  cehii  de  Saint-Bertrandde- 
Comminges,  livr6  aux  sculpteurs  sous  FraDfois  I".  Elle  est 
m^me  semee  avec  profusion  au  couronnemeDt  de  nos  boise- 
ries,  tandis  que,  un  peu  au-dessous  de  cette  riche  vegetation, 
les  opercules  se  reunissent  de  maniere  a  ne  former  qu'un 
seul  oper4orium  conlinu,  au-dessus  des  hautes  stalles  tant  au 
midi  qu'au  septentrion. 

Les  nombreux  visiteurs  qui  se  plaisenl  k  les  considerer 
n'ont  pas  tons  le  meme  enlhousiasme  pour  les  merveilles  que 
reproduisent  nos  boiseries.  Mais  peut-on  meconnaftre  la 
p6riode  arlistique  qu'elles  revelent  a  premiere  vue  ?  Le  tiers 
ap  moins  6tait  mis  en  place  lorsque  Raphael  descendit  dans  la 
tombe.  Ilmourut  a  Rome,  en  1520,  quoiqu'il  ftlt  encore  fort 
jeune  (1),  Or,  ce  que  Ton  est  convenu  d'appeler  seconde 
manidre dansses  oeuvres  d'arl Chretien  elait deja  tres  en  vo- 
gue en  Occident,  et  nous  en  trouvons  une  sorte  de  trace  mani- 
festo au-dessus  de  Tautel  alors  nouvellement  construil,  a 
Forientdu  chevet  qui  nous  occupe.  En  efifet,  on  avait  regarde 
comme  beaucoup  trop  austere  la  part  de  mur  terminal  qui  est 
entre  le  Ciborium  de  pierreet  son  autel. 

Cette  facade  interieure  fut  done  revetue  de  boistres-miece, 
et  Ton  enrichit  ce  placage  triangulaire  de  ciselures  tractes  a 
grandes  lignes  et  chargees  de  dorures  en  relief.  Elles  forent 
m6me  couronnees,  pour  certaines  expositions  plus  solen- 
nelles,  d'un  Ciboriolum  (2)  spherique,  construit  aussienbois, 
ome  d'arcatures  et  rehausse  d!or  sur  divers  points. 

Deux  pelites  courtines,  egalement  enbois  dore,  s'ecarterent 

i  droite  et  a  gauche  et  se  coufondit^t  avec  les  longues  ailes 

de  deux  anges  dontles,  membress  out  trop  visibles,  ce  nous 

semble. 

Malgr6  leur  destination  purement  reverentielle,  ces  pr^»- 

(1)  Cette  date  est  trac^e  k  la  poiiite,  au  r^ers  de  la  9*  basse  stalle  cdtd  nord,  oa 
eU«  rappelle  aussi  Taiinde  de  U  mort  dn  peintre  Arnaad  de  llolef . 

(2)  Opercnle  plus  petit,  sons  leqael  se  serail  plac^e  quelqaefois  la  saiote  Kucha- 
ristie  en  expositioD. 


Digitized  by 


Google 


—  449  — . 

das  esprits  celestes  offrirent  aux  regards  de  completes  nudites, 
beaucoup  trop  hors  de  place,  mais  que  cerlaines  allures  de 
ce  qu'on  appelle  la  Renaissance  excusaient  alors  tres-facile- 
ment. 

Sur  plusieurs  verrieres  qui  enrichissent  le  chevet,  on  pou- 
vait  faire  une  observation  analogue  a  celle  de  nos  deux  anges; 
mais  I'occasion  on  elait  surtout  frequente  dans  lesistalles  du 
choeur,  donl  la  confection  en  bois  de  chene  se  poursuivait 
encore  depuis  1507. 

II  est  bien  evident  qu'un  travail  d'art,  soutenu  avec  autant 
de  perseverance,  de  delicatesse  et  de  succes,  devait  etre  a 
I'abri  des  variations  atmosph6riques.  Or,  si  les  voAtes  du 
chevet  etaicnt  achevees  depuis  longtemps,  comme  c'etait  in- 
dispensable, on  avait  eu  soin,  en  outre,  de  cldturpr  provisoi- 
rement  les  haules  fenfires  qui  dominent  cette  portion  si 
imporlante  deFediflce;  sans  compter  qu'ellefut  pourvue  bien 
a  temps  d'un  mur  provisoire  bati  du  nord  au  sud  entre  les 
cinq  arcades  voisines,  afm  que  toute  la  partie  occidentale  de 
notre  eglise  ptit  elre  livr6e  aux  nombreux  ouvriers  qui  con- 
tinuerent  de  la  construire  meme  apres  la  mort  de  Francois  I". 

Cette  espece  de  catamite  publique  etait  survenue  en  mars 
1547,  etc'estunan  apres  que  la  cathedrale  d'Auch  fut  con- 
sacree  a  Nolre-Dame,  bien  que  Tedifice  fut  encore  inachev6. 

Dans  nos  boiseries,  le  dernier  haut  dossier  place  a  Test, 
mais  a  Taspect  du  nord,  venait  alors  de  conferer  les  traits  et 
le  costume  de  Francois  P'  au  roi  David,  trfes-reconnaissable  a 
sa  harpe.  Et  comme  les  sialics  devaient  etre  laissees  dans  un 
etat  incomplet,  a  cause  des  troubles  publics,  on  songea  a 
donner  au  choeur  une  enceinte  conservatrice  vers  FOrient. 

C'est  du  temps  d'Henri  II  que  cette  cl6lure  fut  6tablie  en 
pierre,  sur  les  troispans  coupes  de  Test,  ainsi  qu'un  modeste 
autel  dont  le  rotable  futevide  en  fausse  niche  avec  coquille  en 
amortissement.  On  Teri^ea  a  Finterieur  entre  deux  colonnes 
torses  pour  le  service  habituel  du  chapitre. 


Digitized  by 


Google 


—  450  — 

Enfin,  bien  au-dessus  du  retable  de  cet  autel,  on  exposa 
aux  regards  des  chanoines,  vers  1559,  la  statue  de  Notre- 
Dame  d'Auch,  sur  la  balustrade  que  coaronne  encore  Tarcade 
terminale.  Elle  gardacette  place  jusqu'aFannee  1792  (1). 

Un  objet  de  veneration  aussi  profonde  que  T^tait  ce  pieui 
monument  meritait  bien  les  attentions  d'un  riche  opercule, 
et  la  cath6drale  en  fournissait  depuis  Louis  XII  des  exemples 
saisissants  sur  divers  points. 

Rien,  assurement,  n'obligeait  ici  a  terminer  de  preference 
ce  motif  d'ornementation  en  d6me,  en  pinacle  ou  en  pyramide. 
Entiferement  libre  en  son  pourtour,  il  se  trouvait  degage  de 
toute  construction  voisine,  sous  Parcade  qui  le  dominait;  mais 
il  devait  recouvrir  avec  aisance  la  statue  de  Notre-Dame.  On 
n'eut  done  qn'k  fixer  eel  61egant  opeiiorium  k  la  fagon  des 
baldaquins,  sur  un  petit  nombre  de  colonnes  dont  la  base 
pouvait  d'ailleurs  se  rattacher  facilement  a  Tappui  inferieur. 

Les  exemples  de  ce  genre  ne  manquaient  pas,  surtout  en 
Italic  dans  le  xvi'  si^cle. 

On  vit  aussi,  bientdt  apres  Tinvention  des  ostensoirs,  cette 
espfeced'operculesur  colonneitesdominer  certains  monuments 
eriges,  meme  dans  nos  provinces,  sur  les  autels  importanls 
ou  il  servait  k  Texposition  de  la  sainte  Eucharistie.  Mais  dans 
ce  dernier  cas,  un  usage  aussi  exclusivement  determine  flxa 
avec  la  liturgie  le  vocable  sacre  de  Ciborium  a  ces  sortes 
d'opercules. 

Revenons  enfm  a  Tetude  historique  des  changements  dont 
lachapelle  terminale  fut  successivement  Fobjet. 

Dans  la  seconde  partie  du  xvi'  siecle,  les  commotions  im- 
primees  a  notre  Midi  par  les  protestants  furent  tres-desas- 
treuses,  surtout  dans  la  province  ecclesiastique  d'Auch.  II  etalt 
done  fort  a  craindre  que  les  especes  eucharistiques  ne  fusseut 
pen  en  surete  dans  la  riche  colombe  suspendue  au  centre  du 

(1)  k  celte  dernidre  date,  des  mains  impies  la  mirent  en  pieces  et  brftlirenl  ses 
d^ris  sar  la  place  publiqae. 


Digitized  by 


Google 


—  451  — 

Ciborium.  Aussi  notre  chapitre  mfetropolitain  s'arreta-t-il  de 
pr6f6rence  a  la  confection  d'un  tabernacle  important  muni  de 
six  torsades  engagees,  et  on  Tetablit  solidement  sur  I'autel 
primitif.  On  lui  adjoignit  des  cadres  a  saintes  reliques,  ainsi 
qu'une  sorte  de  retable  a  fausses  niches,  encore  facile  a  dis- 
tinguer  a  droite  et  a  gauche  de  Tarriere-plan. 

Enfln,  au-dessous  du  tabernacle  fut  egalement  fixe  un 
gradin  enrichi  de  sculptures  a*  fond  smille,  comme  pour  le 
reste  de  Tornementation,  ainsi  que  cette  periode  de  troubles 
Tindiquait. 

Cependant  Charles  IX  etait  mort  en  1574,  et  Notre-Dame 
d'Auch  s'etait  fait  respecter  par  les  cohortes  protestantes  qui 
avaient  tant  menace  de  Tenvahir.  A  son  tour  Henri  IV  avait 
deflnitivemenl  reussi  a  enrayer  les  pretentions  des  calvinistes 
dans  le  sud-ouest,  el  Leonard  de  Trapes  6tait  intronise  sur 
notre  siege  mfetropolitain  depuis  la  fin  du  xvi«  sifecle. 

II  savait  que,  dans  sa  province  ecclesiastique,  le  choeur  de 
Saint-Bertrand  venait  d'etre  termine  en  bois  (1);  mais  pour 
Auch,  comment  retrouver,  aprfes  un  demi-sifecle  de  suspension 
forcee,  des  artistes  capables  d'ajouter  une  travee  a  Toeuvre 
restee  incomplete,  soit  au  midi,  soit  au  septentrion?  Car  on 
voit  encore  des  deux  c6tes  la  section  de  Topercule  continu 
au-dessus  de  la  moitie  du  contrefort  qu'elle  domine.  Mon- 
seigneur  de  Trapes  n'osa  done  faire,  a  titre  de  complement, 
aucune  addition  dans  les  boiseries  du  choeur. 

Alors,  Pierre  Soufron,  entrepreneur  auscitain,  crut  devoir 
faire  gouter  a  Sa  Grandeur  un  projet  de  tres-riche  cldture  in- 
terieure,  mel6e  de  pierre  et  de  marbre,  avec  voAte  qui  put 
Tanir  a  la  cloture  primitive  au-dessus  du  retable  en  fausse 
niche.  Ce  plan  fut,  en  efifet,  mis  a  execution  sous  Henri  IV, 
pour  n'^tre  termin6  que  dans  les  premiferes  annees  de 
Louis  XIII. 

Le  riche  entourage  dont  le  grand  autel  du  chapitre  venait 


(i)  Ou  y  lit,  noQ  loin  do  ma)tre-aatel»  la  date  15T7  grav^e  dans  les  boiseries. 


Digitized  by 


Google 


—  452  — 

d'etre  dote,  dans  la  premiere  moitie  du  xvii'  siecle,  mit  beau- 
coup  plus  en  relief  la  nudite  des  quatre  pans  qu'on  avait 
dfelaisses  dans  la  chapeUe  du  Saint-Sacrement.  On  crut  done 
devoir  accorder  une  attention  speciale  a  ces  quatre  surfaces, 
sans  plus  de  retard. 

Les  uns  voulaient  les  embellir,  au  moins  jusqu'a  la  hauteur 
du  Ciborium,  de  peintures  plus  ou  moins  en  harmonie  avec 
les  trois  verrieres  voisines.  D?autres  plaidaient  en  faveur  de 
grands  cadres,  qu'animeraient  certains  personnages  en  relief, 
rehausses  d'or. 

La  question  etait  ainsi  pendanle  depuis  plusieurs  annees 
lorsque,  sous  Louis  XIV,  Mgr  de  la  Mothe-Houdancourl,  notre 
archev6que,  aida  a  la  resoudre.  II  venait  d'assister,  a  Paris 
m^me,  a  la  mort  de  la  reine-mere  dont  il  avait  ete  jusque-la 
le  confesseur.  Rendu  a  son  diocese  par  ce  deplorable  evene- 
ment,  en  1666,  il  voulut  consacrer  le  souvenir  de  la  defunle 
par  une  fondation  obituaire.  A  cette  fin,  il  designa  un  petit 
nombre  de  chapelains  qui,  tons  les  jours,  acquitteraient  ses 
pieuses  intentions,  a  Tautel  du  tombeau  de  J6sus-Christ. 

11  no  pouvait  mieux  choisir,  ce  semble;  mais,  afm  que 
le  souvenir  ne  s'en  perdit  jamais,  il  fit  richement  dorer  Voper- 
torium  qui  s'eleve  au-dessus  du  tombeau  divin.  II  fit  en  outre 
rattacher  au-devant  de  Taulel  une  plaque  de  bois,  sculptee 
avec  soin  de  plusieurs  motifs,  sans  negliger  un  petit  nombre 
de  peintures,  Et  surtout,  il  ne  voulut  pas  oublier  le  chiffre  de 
Louis  XIV,  alors  regnant :  ce  sont  deux  L  entrelacees,  tres- 
connues  dans  les  oeuvres  d'art  de  cette  epoque,  et  qui  furent 
piacees  ici  au  milieu  de  Pornementation. 

Get  exemple  de  boiseries  fut  juge  d'aulant  plus  digne  d'etre 
suivi,  que  Mgr  de  la  Mothe-Houdancourt  avait  depense  de 
grandes  sommes  sur  divers  points  de  son  eglise,  specialement 
afin  d'etablir  en  beau  marbre  les  riches  balustrades  de  com- 
munion qui  ornent  Tentree  de  toutes  les  chapelles. 

En  1670,  il  avait egalement  fait  elever,  sous  le  nom  de  Jube, 


Digitized  by 


Google 


—  453  — 

une  tres-riche  construction  oil  le  marbre  dominait,  se  pro- 
posant  de  mellre  fin  a  tout  deplacement  des  stalles  adjacentes, 
comme  on  Favait  souvent  demande,  sous  pretexte  de  faire  une 
large  ouverture  s^u  choeur  (1). 

Enfln,  il  etait  mort  en  1684,  avec  la  reputation  d'un  saint 
personnage. 

D'ailleurs,  ce  grand  prelat  avait  dot6  la  fabrique  par  testa- 
ment des  sommes  necessaires  pour  conslruire  un  grand  orgue 
et  terminer  les  deux  tours  qui  sont  a  Touest  de  la  cath6drale. 

Neanmoins,  les  debals  relatifs  k  la  chapelle  du  Ciborium 
se  poursuivirent  encore  dans  la  premiere  moitie  du  xvni*  sifecle, 
et  Ton  flnit  par  conclure  en  faveur  de  quatre  evangelistes  en 
boisdore(2).  lis  furent  rattaches  aux  surfaces  nues  qui  com- 
plelent  cetle  chapelle.  On  ajouta  meme  certaines  ornementa- 
lions  tout  a  fait  accessoires,  surlout  comme  caractfere,  mais 
sans  pretendre  au  merite  d'adjoindre  quelque  part  le  chififre 
royal  dont  nous  venons  de  parler. 

Enfin,  autour  des  deux  piliers  furent  etablis  quatre  anges 
dont  deux  etaient  en  adoration,  tandis  que  les  deux  autres 
agilaient  vers  le  public  des  epees  flamboyanles. 

Peu  avan  t  la  fin  de  sa  longue  carriere  episcopate,  Mgr  de  Mon- 
lillet,  sur  un  bref  obtcnu  du  pape  Clement  XIII,  consacra  au 
Sacre-Coeurde Jesus  notre  chapelle  terminale.  Cependant,  ilne 
crut  pas  devoir  la  decorer  de  peintures.  Cette  bonne  oeuvre 
etait  reservee  a  une  pieuse  famille  d'Auch,  qui  veut  meme 
Fenrichir  d'un  autel  et  d'une  statue  dediee  au  Sacre-Coeur. 

F,  CANETO, 

vie.  gin. 

(1)  L'efTet  conservatear  da  jnbd  se  produisit  pr^s  de  deox  sidles,  jasqd'i  ce 
qa'enRn  Napoleon  III  voulut  le  romplacer  par  un  avant-choear  ogival,  dans  le  but 
d'assorer  I'avenir  auxdites  stalles.  En  1858.  I'Etat  fit  les  frais  de  eet  avant-choenr 
en  bois,  et  paya  20,000  fr.  environ  les  peintures  historiques  dont  il  fiit  ddcord. 

(2)  l\  9St  f^cbeux  que,  dans  le  but  de  preparer  la  place  de  Tun  des  quatre  Evan- 
gelistes, ont  ait  cm  devoir  mutiler  compldtement  la  credence  et  la  piscine  en  picrrc 
ricbemeot  d^cor^e  de  sculptures  qui  se  trouvaientdu  cdt^  de  I'EpUre. 


Digitized  by 


Google 


—  454  — 


L1NSTRUCTI0NPUBLIQUE  AGIMONT 

DANS  LES  TEMPS  ANTERIEURS  A  1789  (1). 


COUVENT  DES  URSULINES. 

Au  moment  oix  Tetablissemenl  du  college  de  Gimont  ache- 
vait  de  se  consolider  par  la  cession  qu'en  flt  la  ville  a  la  con- 
gregation de  la  Doctrine  chretienne,  une  autre  congregation, 
qui  devait  faire  comme  le  pendant  de  la  prfecedente,  fondee 
pour  Feducation  des  fiUes,  prenait  en  France  de  grands  de- 
veloppements;  c'etait  la  congregation  des  Ursulines,  devenue 
depuis  peu  un  ordre  religieux  sous  la  regie  de  saint  Augus- 
tin,  et  que  pour  cette  raison  on  appelait  Augustines-Ursu- 
lines,  pour  les  distinguer  des  autres  associations  d'Ursulines 
qui  n'avaient  pas  embrasse  cette  regie. 

Sainte  Angele  de  Merici  fut  la  premiere  fondatrice  des 
Ursulines.  Mais  ellene  fit,  pour  ainsi  dire,  qu'ebaucher  cette 
institution.  Elles'etait  bornee  d'abord  a  s'adjoindre  uncer- 
tain nombre  de  pieuses  filles  vivant,  comme  elle,  dans  le 
monde  pour  se  dfevouer  ensemble  a  Tinstruction  chretienne 
des  enfants  de  leur  sexe,  particulierement  des  pauvres.  Toutes 
ces  pcrsonnes  formaient  bien  une  veritable  association,  mais 
depourvue  des  caracteres  essentiels  d'une  congregation  reli- 
gieuse  proprement  dite.  EUes  n'etaient  liees  par  aucun  voeu; 
seulement  Angele  les  engageait  a  se  consacrer  a  Dieu,  en  leur 

(1)  Voyez  plus  haul,  p.  109,  273,  315. 


Digitized  by 


Google 


—  455  — 

parliculier,  par  le  voeu  de  chastete.  EUes  ne  se  reunirent 
pas,  dans  le  principe,  en  communaute,  mais  continuerent  a 
vivre  isolement  dans  le  monde,  comme  elles  faisaient  avant 
leur  enlr6e  dans  Tassociation.  Rien  ne  fat  change  dans  leurs 
habitudes  ni  dans  leur  maniere  de  se  vetir.  Seulement  elles  se 
reunissaient  pour  certains  exercices  spirituels,  qui  devaient  se 
faire  en  commun,  et  pour  les  classes.  C'est  le  25  novembre 
4335  qu'Angele  et  ses  compagnes  se  mirent  resolument  a 
Toeuvre,  et  Ton  continua  sur  ce  pied  jusqu'a  la  mort  d'An- 
gele,  arrivee  dans  la  nuit  du  27  au  28  Janvier  1540. 

Paul  III  approuva  cet  Institut  en  4544  et,  de  ce  moment, 
des  associations  semblables  se  formerent  en  d'autres  Ueux  et 
se  multiplierent  rapidement  dans  toute  Tltalie.  En  4572, 
Gregoire  XIII  les  erigea  en  veritable  Ordre  religieux  sous  la 
regie  de  saint  Augustin,  en  laissanl  toutefois  aux  di verses  as- 
sociations la  liberte,  si  elles  le  preferaient,  de  continuer  a 
vivre  comme  elles  avaient  fait  jusqu'alors.  U  y  eut  depuis 
des  Ursulines  clbitrees  et  des  Ursulines  non  cloitrees.  Ni  les 
unes  ni  les  autres  n'avaient  un  centre  commun.  Les  diverses 
maisons  etaient  independantes  les  unes  des  autres  et  se  gou- 
vernaient  elles-raemes  sous  la  dependance  spirituelle  de  Teve- 
que  diocesain. 

Les  Ursulines  ne  commencerent  a  etre  connues  en  France 
que  sur  la  fin  du  xvi*  siecle;  et  ce  fut  encore  au  venerable 
Cesar  deBiis,  le  fondateur  de  la  congregation  de  la  Doctrine 
chretienne,  que  notre  patrie  fut  redevable  de  ce  nouveaubien- 
fait.  La  premiere  fondation  faite  sous  ses  auspices  fut  celle 
de  risle,  dansle  Comtat-Venaissin.  Cette  fondation  ne  futd'a- 
bord  qu'une  simple  association  dans  le  genre  de  celles  de 
sainte  Angele,  n^ayant  d'autre  but  que  Tinstruction  chre- 
tienne des  flUes  pauvres.  Les  premieres  associees  furent  Cas- 
sandre  de  Bus,  niece  de  Cesar,  et  Frangoise  de  Bremont,  sa 
penilenle.  L'association  commenga  en  4692.  Pendant  quatre 
ans,  les  membres  continuerent  a  vivre  en  liberte  'et  separe- 


Digitized  by 


Google 


—  456  ^ 

ment  daris  le  monde;  mais  en  1596,  elles  renoncerent  lout  a 
fait  a  celte  liberte  pour  se  soumettre  a  la  vie  commune  sous 
laconduitede  Frangoise  de  Bremont.  Celle-ci  ne  devail  pas 
Tester  longtemps  a  Tlsle.  Par  une  disposition  particuliere  de 
la  Providence,  elle  etait  destinee  adonner  en  France,  a  Toeuvre 
de  sainte  Angele,  son  entier  d6veloppement;  d'abord  en  mul- 
tipliant  les  fondations  sur  le  modeie  de  celles  de  lisle,  et  ensuite 
enfaisant  subir  a  Plnstitul  les  transformations  successives  qui 
devaient  en  faire  un  veritable  Ordre  religieux.  La  fondation 
qu'elle  fit  a  Paris  fut  la  premiere  qui  se  soumit  a  la  cl6ture. 
Bientfil  d'autres  suivirent  qui  imiterent  cet  exemple;  celles  qui 
existaient  deji  flnirent  par  en  faire  autant,  si  tien  que  vers 
1620  la  transformation  etait  partout  accomplie.  Depuis  ce 
moment  il  n'y  eut  plus  de  fondation  sans  cloture,  et  les  Au- 
gustines-Ursulines  formerent  dans  toute  la  rigueur  du  droit 
un  Ordre  religieux  que  Dieu  combla  de  ses  benedictions;  ses 
maisons  se  multiplierent  rapidement  detous  c6tes,  et  partout 
les  religieuses  qui  les  habitaient  se  flrent  coristamment  re- 
marquer  par  leurpifeteexemplaire,  par  leur  parfaite  regula- 
rite  et  par  le  zele  qu'elles  deployaient  pour  Tinstruction  el  la 
bonne  education  des  jeunes  flUes  qu'on  leur  confiail.  Ces 
bonnes  traditions  ne  se  sonl  jamais  perdues. 

Maintenant  que  Ton  sail  la  part  qu'eut  le  ven6rable  Cesar 
deBus  a  Tintroduclion  et  a  la  propagation  en, France  des 
maisons  d'Ursulines,  on  ne  sera  pas  surpris  de  voir  un  con- 
vent de  cet  Ordre  s'etablir  a  Gimonl  pen  de  temps  apres  que 
les  Doctrinaires  se  furenteux-memes  inslallesau  college.  Le 
successeur  de  Cesar  dans  le  gouvernement  de  sa  congrega- 
tion etait  anime  du  m6me  esprit  que  lui  et  ne  mettait  pas 
moins  de  zele  pour  propager  les  maisons  d'Ursulines  que  les 
etablissements  de  son  Ordre,  afin  de  pourvoir  a  Finstruction 
et  a  la  bonne  education  des  femmes  en  m^me  temps  qu'a 
celle  des  hommes.  Un  projet  de  ce  genre  manifesto  par  lui 
aura  616  d'autant  mieux  accueilli  a  Gimonl  qa'on  y  avail 


Digitized  by 


Google 


—  457   - 

SOUS  les  yeuxles  bons  resultats  obtenus  depuis  que  le  college 
etaitaux  mains  des  Peres,  et  qui  6taient  d'un  si  bon  augure 
pour  ceux  qu'on  pouvail  se  proraettre  de  retablissement  du 
couvent. 

Pour  realiser  ce  projet,  il  ne  manquait  qu'une  chose,  mais 
c'etait  la  plus  essentielle :  les  ressources  materielles  indispen- 
sables  pour  une  semblable  entreprise.  Les  temps,  d'ailleurs, 
etaient  loin  d'etre  favorables.  Nous  avonsdil  dans  quelle  triste 
situation  se  trouvait  la  communaute.  Les  charges  qui  pesaient 
sur  elle  etaient  deja  si  lourdes  qu'on  ne  pouvail  pas  songer 
a  lui  en  imposer  de  nouvelles.  On  ne  pouvait  pas  non  plus 
demander  au  clerge  de  nouveaux  sacrifices;  ses  revenus,  par 
suite  du  malheur  des  temps,  se  trouvaient  aussi  greves  de 
charges  enormes,  auxquelles  il  ne  pouvait  sufflre  qu'a  grand' 
peine.  Les  particuliers  n'etaient  guere  plus  i  Taise,  et  cette 
misfere  g6nerale  fut  cause  que  la  fondation  du  couvent  se  fit 
attendre  et  ne  vint  qu'environ  dix  ans  apres  Tinstallation  des 
Peres  au  college,  II  est  m6me  vraisemblable  que  Tattente  ett 
6te  plus  longue,  si  la  Providence  n'avait  pourvu  d'une  ma- 
niere  inesperee  aux  premieres  necessites  de  Tetablissement. 

Tandis  que  les  personnes  le  plus  direclement  interessees 
a  la  fondation  du  couvent  se  contehtaient  de  faire  des 
vceux  steriles,  Dieu  s'etait  choisi  dans  une  des  families  les 
plus  marquantes  de  la  contree  Tinstrument  dont  il  voulait  se 
servir  pour  Taccomplissement  de  ses  desseins.  C'etait  une  de- 
moiselle dePins  de  Monbrun,  nommee  Catherine.  Elle  avail 
une  soeur,  Isabeau,  qui  etait  entree  au  couvent  d'Ursulines  fon- 
de  a  Toulouse,  en  1610.  Peut-etre  Catherine  avait-elle  voulu 
y  entrer  aussi;  mais  nele  pouvantpas,  pour  des  raisons  que 
nous  ignorons,  elle  aura  voulu  se  d6dommager  en  consacranl 
unepartie  de  sa  fortune,  dont  elle  avail  la  libre  disposition,  a 
la  fondation  d'un  couvent  de  cet  Ordre  dans  la  ville  d3  Gi- 
mont.  EUeypensalongtemps  devant  Dieu,  sans  rien  commu- 
niquer  a  personne  de  son  projet;  et  enfin,  quand  ellecrut  re- 


Digitized  by 


Google 


—  458  — 

connaitre  quec^etaitla  volonte  de  Dieu  qu'elle  s'employata 
cette  fondation,  elle  partit  pour  Toulouse  afln  de  communi- 
quer  son  dessein  a  la  superieuredu  couvent  de  cette  ville.  Les 
annates  de  TOrdre  nous  ont  conserve  le  detail  de  toute  cette 
affaire,  et  nous  croyons  devoir  reproduire  fldelement  le  texte 
m6me  de  cette  relation,  qu'a  bien  voulu  faire  transcrire  pour 
nous  Madame  la  Superieure  du  couvent  du  Prieure  d'Auch,  a 
qui  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  offrir  ici  Texpression 
de  notre  reconnaissance. 

L'auteur,  qui  ne  pent  6tre  qu'une  religieuse  de  FOrdre,  fait 
preceder  son  recit  de  quelques  considerations  pieuses  sur  les 
voies  cachees  de  la  Providence,  qui  conduit  tout  a  ses  fins 
d'une  maniere  admirable,  se  sert  le  plus  souvent,  pour  y  ar- 
river,  de  moyens  qui  deconcertent  toutes  les  previsions  hu- 
maines,  et  fait  meme  servir  a  Taccomplissement  de  ses  des- 
seins  les  machinations  des  mechants  et  les  efforts  que  fait  le 
demon  pour  les  entraver.  La  bonne  soeur,  apres  s'etre  livree 
quelque  temps  a  ces  reflexions  que  son  coeur  lui  dictait,  en 
fait  Tapplication  au  couvent  de  Gimont  «  qui  se  fit,  dU-elle, 
sans  beaucoupde  bruit,  et  sans  employer  plusieurs  person- 
nes,  en  la  maniere  que  je  vais  dire : 

€  Mademoiselle  Catherine  de  Pins  de  Monbrun  a  la  gloire  d'avoir 
travaill6  la  premiere  a  cet  itablissement.  L'Ordre  lui  a  cette  pre- 
miere obligation  de  lui  en  6tre  redevable  plutdt  qu'a  toute  autre.  Car 
elle  fut  la  premiere  qui  en  congut  la  pens^e,  et  sans  autre  secours 
humain  Ta  fait  r^ussir.  Pr^venue  par  cette  honne  volenti,  elle  en 
communiqua  avec  les  religieuses  Augustines  Ursulines  de  Toulouse, 
auxquelles  elle  donna  six  mille  livres  en  fonds  de  terre  pour  faire 
cette  fondation  dans  la  ville  de  Gimont,  diocese  de  Lombez.  Cette 
proposition  futregue  et  accept^epar  toutes  les  religieuses,  lesquelles 
pour  Texecution,  assemblees  capitulairement,  choisirent  par  com- 
mun  suffrage  la  r^verende  M^re  Marguerite  de  Noilhan,  dite  de 
Sainte-Scholastique,  prieure;  la  r^v^rende  Mfere  Catherine  de 
Giscaro,  dite.de  Sainte-Marguerite,  sous-prieure;  soeur  Marguerite 
de  Casteljaloux,  dite  de  Jesus,  et  sceur  Isabeau  de  Pins  de  Mon- 
brun, dite  de  Sainte-Ursule.  Celafait  avec  la  licence  et  permission  de 


Digitized  by 


Google 


-  459  — 

Monseigneur  de  Montchal,  archevfique  de  Jjulouse,  elles  partirent 
de  cette  ville;  et  du  consentement  de  Tordinaire  de  Lombez,  allferent 
le  fonder  a  Gimont,  ou  elles  arrivferent  le  9  hovembre  1630.  Elles 
6taient  si  remplies  de  zele  pour  la  gloire  de  Dieu  et  le  salut  des 
dmes  qu'elles  se  conciliferent  bien  vite  Testime  et  la  consideration 
de  tout  le  monde.  Les  m^moires  de  r^lablissement  portent  que 
toutes  les  vertus  se  transporterent  a  Gimont  avec  elles.  Elles  en  ont 
laiss^  de  si  belles  marques  et  si  bien  gravies  dans  le  coeur  des  su- 
jet's  qu'elles  ont  regus,  que  leur  zele,  religion  et  vertus  religieusesy 
paraissent  encore  avec  eclat,  surtout  Toraison,  la  mortification, 
Tob^issance,  rhumilit^,  Tunion  etparfaite  r^gularit^.  » 

Le  nouvel  etablissement  ful,  dfes  son  origine,  marque  du 
cachet  particulier  qui  convienl  aux  oeuvres  de  Dieu,  les 
epreuves,  qui  arrivent  presque  toujours  desle  debut,  comme 
pour  les  etouffer  a  leur  naissance,  et  qui  en  realite  neservent 
qu'i  les  aflfermir  et  a  assurer  leur  duree.  C'est  a  ces  epreuves 
que  Tauteur  de  la  relation  falsait  allusion  dans  les  reflexions 
qui  precedent  son  r6cit.  Les  premieres  vinrent  de  la  part  de 
ja  famille  de  la  fondatrice.  Catherine  de  Pins  etant  morte 
quelque  temps  apres  la  fondation,  ses  hferitiers  naturels,  qui 
n'avaient  pas  vu  de  bon  oeil  sa  liberality,  profltferent  avec 
empressement  de  quelque  defaut  de  forme  qu'il  y  avait  dans 
Tacte  de  donation  pour  Tattaquer  en  nullite.  lis  intentferent 
un  proces  aux  feligieuses,  et  flrent  si  bien  qu'ils  reussirent  a 
les  faire  deposseder  et  a  se  faire  reinlegrer  eux-memes  dans 
la  possession  des  fonds  qui  avaient  servi  de  base  a  Tetablis- 
sement.  L'arret  du  parlement  qui  pronon^a  cette  deposses- 
sion  fut  rendu  le  4  juillet  1650.  Le  proces,  comme  c'etait 
assez  ordinaire  alors,  durait  deja  depuis  longtemps  et  avait 
donne  lieu  a  bien  des  peripeties;  tenement  qu'au  di^e  de  la 
narratrice,  les  soeurs  n'avaient  joui  paisiblement  des  biens  en 
litige  qu'environ  sept  ou  huit  ans.  Void  les  lignes  qu'elle 
consacre  k  rappeler  ces  douloureux  6"v6nements  : 

Le  d^on,  plein  de  rage  centre  cet  ordre  qui  Tafflige  tant,  n'a  pas 
mcmqu^  de  faire  ses  eflForts  pour  le  d^truire;  et  pour  le  frapper  par 


Digitized  by 


Google 


—  460  — 

le  fondement,  11  fit  agir  I'int^rdt  particulier  des  parents  de  la  fonda- 
trice  qui  contesterent  aux  soeurs  ie  pied  de  la  fondation,  et  par  arr6t 
elles  en  furent  privees.  Les  sept  ou  huit  ans  qu'elles  en  jouirent  ne 
les  soulagerent  pas  beaucoup;  et  la  gr^le  qui  leur  enlevait  toutes  leurs 
r^coltes  1^  r^duisit  Ji  une  extreme  pauvret^;  tellement  que  les  cho- 
ses  les  plus  n^cessaires  leur  manquaient.  Et  comme  si  Dieu  n'avait 
pas  voulu  et  approuv^  cet  ^tablissement,  il  permit  que  ciel  et  terre 
se  r^unissent  pour  reduire  cette  maison  k  la  derni^re  miseie.  Et 
comme  si  ces  filles,  toutes  de  naissance  et  de  condition,  fussenl  ve- 
nues de  la  derni^re  mendicity,  elles  avaient  peine  d'avoir  du  pain. 

Une  vertu  ordinaire  n'aurait  pas  resiste  a  tant  d'epreuves. 
Mai5  celle  des  saintes  filles  a  qui  avail  ete  confiee  roeavre 
de  la  fondation  etait  assez  forte  pour  les  traverser  sans 
faillir.  Rien  ne  ful  capable  de  les  decourager,  et  Dieu  recom- 
pensa  leur  Constance.  La  pauvrete  de  la  maison,  loin  de 
decourager  les  vocations,  les  multiplia,  et  Ton  vit  accourir  de 
divers  c6t6s  des  sujets  de  distinction,  qui  apporterent  de  quoi 
reparer  complfetement  le^  pertes  que  Ton  avait  faites.  Ces 
saintes  filles  profiterent  des  ressources  que  la  Providence  leur 
menageail.  «  Non,  dit  encore  la  narratrice,  pour  se  Inert  trot- 
ter, maispour  se  loger  fort  pauvremenl  etse  mettre  a  con- 
vert. La  divine  Providence,  ajoute-t-elle,  a  fait  depuis  un 
conlinuel  miracle;  car,  avec  une  fort  petite  rente,  elles  nour- 
rissent  une  communaute  de  trente  religieuses  et  pourvoient  a 
lout  leur  necessaire,  sans  compter  les  personnes  qui  les  ser- 
vent  au-dehors,  ce  qu'on  doit  attribuer  a  la  sage  conduite  de 
celles  qui  en  ont  la  charge;  et  Ton  pent  dire  sans  flatterie 
comme  sans  exag6ration  que  cette  maison  a  ete  depuis  sa  fon- 
dation, et  est  encore  fournie  de  tres-bons  sujets  qui  honorent 
leur  profession  par  leur  vertu  et  leur  vie  exemplaire,  et  sent 
pour  le  prochain  un  sujet  d'edification  par  leur  tres-religieuse 
conversation;  ce  qui  entretient  et  augmente  Testime  qu'on  a 
toujours  eue  pour  cette  maison.  » 

La  communaute  jusqu'a  lafincontinuade  se  recruterdans 
les  families  les  plus  marquantes  du  pays  par  la  fortune  et 


Digitized  by 


Google 


—  461  - 

par  la  noblesse.  Le  couvent,  par  suite,  ne  tarda  pas  ise  trou- 
ver  dote  de  six  melairies,  dont  les  revenas  pouvaient  suffire 
aux  d6penses  de  la  maison,  si  des  greles  ou  d'aulres  fleaux 
ne  d6truisaient  pas  les  recoltes.  Mais  il  est  bien  digne  de  re- 
marque  que  Dieu,  qui  voulait  que  ses  fldfeles  servantes  eussent 
Tabsolu  necessaire,  ne  permit  jamais  que  leurs  ressources 
allassentau-deli.  Souvent  m6me  il  arriva,  par  suite  des  acci- 
dents dont  nous  parlions  plus  haut,  et  qui  furent  tres-fr6- 
quents,  comme  nousTavons  dej a  observe,  pendant  lexvm'sie- 
cle,  qu'elles  se  trouvferent  quelquefois  momentanement  dan^ 
de  serieux  embarras  et  obligees  de  recourir  ades  emprunts  (1). 
Mais  il  y  avail  tant  de  sagesse  dans  Tadministration  et  le 

(1)  Permis  d'empruDt  de  la  somme  de  840  liyres  4  sols  4  deniers.  —  Cejotird'hiii 
36  novembre  1713,  les  soeurs  vocalesde  noire  commanatit^,  capitulairement  assem- 
blies au  Dombre  de  onze,  aprds  avoir  iavoqud  Tassistance  dn  Sain^Esprit,  selon  la 
coutame;  lam^re  prieure  nous  ayant  reprdsentd  les  n^cessit^sde  la  maison,  le  cba- 
pitre,  d'on  comman  consenteroent,  loi  a  permis  d'empmnter  la  somme  de  hoit  cent 
qaarante-qaatre  livres  qaatre  deniers,  k  M.  Boas,  doctenr  en  m^decine. — Sign^es : 
Soeur  Pbilibertede  Beaapuy,  de  Sainte-Croix,  prieure;  —  SoBur  Toinette  Saint-Pol, 
discrete;  soeur  Francoise  de  Saint-Gabriel,  discrete;  soeur  Catherine  de  Saint-Andr^; 
soeur  Marguerite  de  la  Yisilation,  discrete;  soeur  de  Sainte-Marie;  soeur  Anne  de 
Saint-Jean,  discrete;  soeur  Bartb^leroy  de  Saint-Joseph;  soeur  llh6re  (Hilaire)  de 
Marrastde  Saint-Augustin,  procuratrice;  soeur  Gabrielle  de  Sainte-Agnds;  soeur  Mar- 
guerite de  la  Nativity,  secretaire 

Dans  un  extrait  de  la  declaration  des  biens  ct  revenus  des  dames  Ursulines  de 
Gimont,  faite  au  bureau  eccl^siastique  de  Lombez  en  1730,  le  revenu  net  du  monas- 
t^re  n'est  port6  qu'a  603  livres  13  sols,  tandis  que  les  charges  s'dl^vent  i  la  somnfe 
de  1304  livres  4  sols.  <  Partant,  concluail-on,  il  s'cd  faut  de  sept  cents  livres  onze  sols 
que  la  communaut^  n'aye  do  quoi  payer  les  charges  annuelles,  etpar  consequent  il 
ne  lui  reste  rien  pour  subsister.  » 

Pour  m^moire,  on  ajoute  :  que  la  communaut^^  outre  les  charges  annuelles,  doi^ 
actnellement  9,749  livres  qualorze  sols  cinq  deniers  pour  avance  de  ddpense  foornie 
par  divers  particnliers,  comme  boulanger,  boucher,  dpicier  et  cordonnier.  —  Le 
colUge  ou  monast^re  menace  mine  de  tons  cdtto  et  est  ^tay^,  en  sorte  que  pourle  re- 
mettre  on  dtal,  et  achever  le  corps  delogis  qui  deroeure  imparfait,  il  en  coiltera,  au 
jugement  d'experl,  six  mille  livres.  —  La  communautd,  au  nombre  de  trente-deux 
religieuses,  se  trouvesans  h\6  pour  subsister*  depuis  la  feste  de  la  Koel  dernidre 
et  ne  vit  qu'au  rooyen  des  emprunts  ou  des  aumdnes  des  fideles.  —  Conclusion  des 
bureaux  : —  Vue  par  nous,  deputes  au  bureau  dioc^sain  de  Lombez,  la  declaration 
des  dames  religieuses  de  Gimont,  suivantlaquelle  les  revonus  dudit  convent  se  mon- 
tent  annoellement  a  la  somme  de  603  livres  13  sols;  et  les  charges  k  celle  de  1304 
livres  4  sols;  le  bureau  a  arrdtd  que  les  revenus  des  dames  religieuses  de  Gimont  ne 
sont  pas  suffisants  pour  payer  les  charges  qu'il  est  oblige  de  payer  et  parainsi 
qn'elles  seront  comprises  dans  le  Pouilie  du  present  diocdse  pour  n^ant.  Fait  ao  bn- 
reau  le  20  avril  1730.  Collaiionne  sur  Toriginal,  Borderie,  secretaire. 

Tomb  XVIH.  31 


Digitized  by 


Google 


—  462  — 

goavernement;  on  savaitsibien  seimaintenir  -dans  la  striote 
observation  de  la  pauvrete  religieuse,  que  le  desordre  ne  put 
jamais  s'introduire  dans  les  comptes,  et  que  si  quelquefois  on 
se  trouva  en  deficit,  une  sage  6conomie  ne  tarda  jamais  de 
r6tablir  Pequilibre. 

En  resume,  le  convent  des  Ursulines  de  Gimont  fet  dans 
un  etat  prospere,  a  tons  les  points  de  vue,  pendant  toute  la 
dureede  son  existence.  Leur  pensionnat  etait  nombreux.  Les 
families  marquantes  de  la  ville  et  des  environs  tenaient  a  con- 
fier  pendant  quelques  anntes  leurs  fllles  aux  bonnes  soeurs. 
Les  fiUes  pauvres  n'etaient  pas  non  plus  oubliees.  II  y  avait 
au  convent  des  6coles  speciales,  ou  elles  pouvaient  gratuite- 
mentacquerir  Tinstruction  convenable  a  leur  condition.  Toutes 
les  classes  de  la  societe  avaient  ainsi  leur  part  aux  avantages 
que  procurait  cet  etablissement;  et,  ce  qui  n'arrive  pas  tou- 
jours,  le  bien  immense  que  faisaient  les  soeurs  etait  univer- 
sellement  apprecie  comme  il  devait  Tetre.  Aussi,  quand  vin- 
rentlesmauvais  jours  qui  annoncerent  sa  fin  prochaine,  pas 
une  voix  ne  s'eleva  centre  elles  pour  les  accuser.  Au  contraire, 
Talarme  fut  au  comble  dans  la  ville  quand  on  vit  leur  exis- 
tence menac6e.  Lamunicipalite  elle-meme,  tout  imbue  qu'elle 
6tait  des  principesdu  jour,  auxquelstantd'honnfites  gens  don- 
naient  leur  adhesion,  sans  se  douter  de  Tabime  ou  ils  allaient 
les  conduire,  n'hesita  pas  a  se  faire  Tinterprete  du  sentiment 
general.  II  n'y  eut  qu'une  voix  pour  protester  contre  la  sup- 
pression du  convent  el  pour  demander  lemaintien  d'une  ins- 
titution etablie,  disait-on,  depuis  des  siecles,  et  qui  6tait  de  la 
plus  grande  utilite^  soit  a  cause  du  grand  nombre  de  demoi- 
selles qui  recoivent  leur  education  dans  cette  maison,  la  seule 
qu'il  y  ait  dans  la  contree,  soit  a  raison  des  ecoles  publiques 
que  les  soeurs  tiennent  ouvertes  aux  enfants  et  fllles  pauvres 
de  la  ville  pour  leur  apprendre  la  lecture,  le  travail  et  la  reli- 
gion. (Deliberation  du  27  decembre  1789.) 

Ces  protestations  devaient  demeurer  sans  rfisultat.  Le  jour 


Digitized  by 


Google 


—  463  — 

m6me,  cette  municipality,  cpu  venait  de  s'en  faire  Pergane, 
instrument  inconscient,  on  aime  loujours  a  le  croire,  d'utt 
parti  a  qui  le  mensonge  et  rhypocrisie  ne  coutaiefttriew 
quand  il  s'agissait  de  dissimuler  ses  projelsde  destrudtion,  se 
transporta  au  couvent  pour  donner  connaissance  aux  reli- 
gieuses  des  dispositions  de  la  loi  recemment  votee  comceraanit 
les  voeux  monastiques.  Les  municipaux  devaient  ausfii  leur 
faire  observer  qu'en  vertu  de  cette  loi  eUes  etaieut  reudufis  ^ 
leur  liberte;  que  si  c'etait  leur  desir,  elles  pouvaient  demeurer 
dans  leur  couvent;  mais  que  si  elles  voulaieut  le  quijtter  pour 
rentrer  dans  lemonde,  les  portes  leur  seraient  ouvertes^  Ot 
qu'elles  pouvaient  sans  obstacle  suivre  leur  inclination.  Ce 
n'etait  pas  sans  peine,  on  le  voyait  hien,  que  la  municipalit6 
faisait  cette  demarche.  Aussi  mit-on  toute  sorte  d'egards  et 
de  menagements.  Le  maire,  qui  portait  la  parole,  temoigna 
aux  scBurs,  au  nom  de  tons  ses  coliegues  et  au  sien,  la  plus 
vive  sympathie.  Elles,  de  leur  c6te,  se  montrerent  tres-sensi- 
bles  aux  egards  qu'on  leur  temoignait,  mais  aucune  n'eut  la 
faiblesse  de  se  laisser  seduire  par  ces  idees  de  liberte  qu'on 
faisait  miroiter  devant  elles  pour  provoquer  une  aposlasie. 
Interpell6es  individuellement  et  invitees  a  declarer  lettrsinl^- 
tions,  toutes  sans  hesiter  repondirent  «  qu'eUes  ne  desiraient 
rien  tant  que  de  rester  dans  leur  sainte  maison  pour  travail- 
ler  a  s'y  rendre  utiles,  comme  elles  avaient  tache  de  le  faire 
par  le  passe.  » 

L'asserablee  communale  fut  de  nouveau  convoquee  le  jour 
meme,  a  la  suite  de  cette  demarche,  pour  6tre  insUuitpdu  r^ 
sultat.  Comme  si  on  s'y  etait  attendu,  on  ne  temoigna  aucune 
surprise  de  la  determination  des  soeurs;  tout  le  monde,  au 
contraire,  parut  partager  les  sentiments  sympathiques  qui 
leur  avaient  ete  manifestes  par  le  maire,  au  cours  de  Tentre- 
yue,  et  enfln,  Tassemblee,  a  Tunanimile,  reconnut  «  que  le 
pays  avait  le  plus  grand  inter^t  a  ce  que  le  couvent  fut  con- 
serve et  les  religieuses  maintenues,  pour^jontinuer  d'tastruire 


Digitizectby 


Google 


—  464  — 

la  jeunesse  suivant  le  but  de  leur  institut,  e^  comrae  elles 
n'avaient  cesse  de  le  faire  depuis  leur  etablissement  avec  le 
plus  grand  zfele  et  la  derniere  exactitude. » 

Suivant  la  declaration  envoyee,  sur  ordre^  a  Paris,  par  la 
Prieure,  et  dont  nous  possedons  une  copie  que  nous  devons 
a  la  bienveillance  de  M.  Paul  Laplagne-Barris,  le  convent  de 
Gimont  comptait  alors  quatorze  professes  on  religieuses  de 
choeur,  et  cinq  converses,  dont  nous  croyons  devoir  conser- 
ver  ici  les  noms.  II  n'est  pas  question  de  novices.  Probable- 
ment  qu'en  voyant  Forage  devenir  de  plus  en  plus  menagant 
on  avait  juge  prudent  de  les  renvoyer  dans  leurs  families. 

SoRurs  Professes. 

1®  Jeanne-Sabine  des  Innocents,  dite  de  Sainte-Catherine,  prieure, 
Ag^e  de  49  ans  et  7  mois^  33  ans  de  profession; 

2®  Marie  Messine,  dite  de  la  Visitation,  sous-prieure,  &gee  de  63 
anset  2  mois,  43  ans  de  profession; 

3**  Rose  Pendaries  de  St-Arailles,dite  soeur  Victoire,  Sgee  de  46 
ans,  24  ans  de  profession; 

4°  Marie  de  Sudria,  dite  de  Sainte-Ursule,  dg^e  de  59  ans  et  10 
mois,  41  ans  de  profession; 

6^  Marie  Proupt,  dite  de  Saint-Augustin,  %6e  de  67  ans  et  2 
mois,  40  ans  de  profession; 

6°  Marie-Anne  Laffitau,  dite  de  Sainte-Agnes,  &gie  de  57  ans 
et  6  mois,  40  ans  de  profession; 

7®  Marie-Claude-Frangoise   de  Carrere  de   Labege,    dite   scBur 
Sainte-Croix,  Ag6e  de  58  ans  et  10  mois,  34  ans  de  profession; 

8<>  Frangoise  des  Combes  de  Monlaur,    dite  soeur  Rose,  Sig^e  de 
48  ans  7  mois,  32  ans  de  profession; 

9®  Jeanne  d'Aignan,  dite  de  Saint-Benoit,  figee  de  50  ans  7  mois, 
26  ans  de  profession; 

10<>  Anne-Louise  de  Mont  de  Benque,  dite  sceur  de  la  Presenta- 
tion, fig^e  de  53  ans  et  2  mois,  26  ans  de  profession; 

ll®  Anne  Quinsac,  dite  soeur  Sainte-Angele,  dg^e  de  43  ans,  19 
ans  de  profession; 

12®  Jeanne  Lartigue  d'Arn^,  dite  de  Saiote-Th^r^se,  dgee  de  29 
ans,  8  ans  de  profession; 


Digitized 'by 


Google 


—  465  — 

130  Marie-Arm©  Vidaillet,  dite  de  Sainte-C^cile,  ^eede  30  ans,  6 
ans  de  profession; 

14®  Jeanne-Marie-Antoinette  Diadd^,  dite  de  Sainte-Marie,  Sg^e 
de  36  ans,  5  ans  de  profession. 

S(Burs  Converses. 

1*  Jeanne-Marie  St-German,  dite  soeur  Marguerite,  ftg6e  de  60 
ans,  31  ans  de  profession; 

2*»  Antoinette  St-German,  dite  soeur  Elisabeth,  4g6e  de  5?  ans,  31 
ans  de  profession; 

30  Jeanne  Dufour,  dite  soeur  de  la  Nativity,  dgee  de  60  ans  10  mois, 
27  ans  de  profession; 

4^  Genevieve  Degans,  dite  soeur  Brigite,  &g^e  de  46  ans,  21  ans 
de  profession; 

50 'Jeanne  Causse,  dite  soeur  Doroth^e,  Ag^e  de  37  ans,  14  ans  de 
profession. 

A  la  suite  on  lit :  Je  certifie  T^tat  ci-dessus  veritable,  fait  dans  le 
monastfere'de  Saiute-Ursule  dela  ville  de  Gimont,  1^  28  mars  1789. 
— Signi :  Soeur  Sainte-Catherine  des  Innocents,  prieure. 

L'accueil  si  peu  sympathique  fait  generalement  partout,  et 
en  particulier  a  Gimont,  par  les  membres  des  communautes 
religieuses,  aux  avances  qui  leur  etaient  faites  pour  les  en- 
gager a  sortirspontanement  de  leur  convent,  ne  faisait  point 
Taflfaire  de  leurs  persecuteurs,  qui  avaient  compt6  sur  tout 
autre  chose  et  qui  n'auraient  pas  ete  f&ches  de  voir>  du  moins, 
une  majorile  imposante  se  preter,  par  une  retraite  volon- 
taire,  a  leur  aplanir  les  voies  pour  raccomplissement  de  la 
spoliation  qu'ils  m6ditaient.  Trompes  dans  leur  attente  et 
comprenant  desormais  qu'il  n'y  avait  plus  a  hesiter;  qu'il 
fallait,  pour  atteindre  le  but  qu'ils  poursuivaient,  agir  reso- 
lument  et  promptement,  et  raettre  de  c6te  les  menagements 
hypocrites  qu'ils  avaient  gardes  jusqu'alors,  ils  sehaterentd'a- 
dopter  les  dernieres  mesures  qui  restaient  a  prendre  pour 
falre  sans  plus  de  delai  evacuer  les  maisons  religieuses  et 
proceder  a  leur  spoliation;  ces  mesures  une  fois  adoptees, 
ordre  ful  donne  aux  municipalites  de  les  metWe.immediate- 
ment  a  execution  dans  toute  la  France. 


Digitized  by 


Google 


—  466  — 

Cet  ordre  arriva  a  Gimont  le  44  mai  1790.  On  devait  com- 
mencer  par  faire,  sans  aucun  delai,  Tinventaire  de  Pargenterie, 
de  Targent  monnay6,  des  effetsde  sacristie,  des  bibliotheques, 
livres,  manuscrits,  medailles,  et  du  mobilier  le  plus  precieux 
des  maisons  religieuses  dependantes  de  la  municipalite. 

Le  meme  jour  on  nomma  commissaires  pour  proceder  a  cet 
inventaire  M*  Sim6on  Thomas  Soe,  avocat,  el  M*  Jean  Caba- 
nis,  notaire,  Tun  et  Tautre  membres  de  Tadministration  mu- 
nicipale. 

Le  lendemain  15  dudil  mois,  ces  commissaires  se  mirent 
a  Toeuvre.  Les  Ursulines  eurent  leur  premiere  vlsite.  Nous 
avons  le  proces -verbal  de  Tinventaire  des  efifets  trouves  chez 
elles  :  piece  interessante  k  plus  d'un  titre,  qu'on  sera  sans 
doute  bien  aise  de  retrouver  ici  et  que  nousreproduisonsinte- 
gralement  d'api^  Toriginal  qui  se  trouve  aux  archives  depar- 
tementales  du  Gers. 

L'an  1790  et  le  15*  jour  du  mois  de  mai,  — Nous  M«  Simeon 
TLoidas  So6,  avocat,  et  M«  Jean  Cabanis,  notaire,  tous  mjembres  de 
la. municipality  de  Gimont  et  commissaires  nomm^s  par  ladite  mu- 
nicipality, par  la  deliberation  du  jour  d'hier,  a  Teftet  de  proceder  a 
rinventaire  de  i'argenterie,  argent  monnaye,  efifets  de  sacristie,  bi- 
blioth^ues,  livres,  manuscrits,  m^dailies  et  du  mobilier  le  plus  pre- 
cieux des  maisons  religieuses  de  notre  municipalite;  Nous  sommes 
d'abord  transport's  avec  M«  Castaing,  procureur  de  la  commune,  et 
le  sieur  Jacques  Messine,  secretaire  de  ladite  municipalite,  dans  le 
monastfere  des  dames  Ursulines,  sis  dans  la  pr'sente  ville.  Oil  etant 
entr^s,  et  en  vertu  du  d'cret  de  TAssembiee  nationale  du  26  mars 
dernier  que  nous  aurions  communique  auxdites  dames  Ursulines, 
nous  nous  serious  d*abord  fait  representer  les  recepisses  et  comptes 
de  regie;  et  apres  avoir  balance  la  recette  faite  depuis  le  22  fevrier 
dernier  jusqu'k  ce  jour,  que  nous  aurions  trouve  sur  Tun  des  deux 
registres  suivant  Tarrfite  des  comptes  de  ce  jour,  se  porter  a  la  som- 
me  de  1720  livres  2  sols  6  deniers,  avec  la  depense  qui  se  porte  a 
1378  livres  6  deniers,  il  s'est  trouve  que  la  recette  excedait  la  de- 
pense de  la  somme  de  342  Jivres  2  sols,  qui  a  reste  entre  les  mains 
de  Madame  Rose  Pendaries,  du  nom  de  soeur  Victoire,  procuratrice. 

Puis,  nous  sommes  transpottes  a  la  sacristie  oh  nous  nous  se- 


Digitized  by 


Google 


—  467  — 

rions  fait  repr^senter  Igs  effets  appartenant  audit  monast^re;  oil  noug 
aurions  trouv^  deux  burettes  en  argent  et  un  bassin  qui  n'est  qu'ar- 
gent^;  douze  chandeliers  de  bois  argent^;  dix  chasubles  de  difiKren- 
tes  ^toffes,  dont  deux  garnies  de  galon  fin,  et  les  autres  en  galon  faux; 
seize  aubes,  cinq  surplis  et  six  napes.  Ueglise  n'appartenant  pas 
audit  monastere,  les  vases  saci:^s  et  autres  ornements  appartienneat 
a  la  cure. 

Puis,  nous  sommes  transport's  a  la  bibliotheque  ou  nous  avons 
trou-v6  dans  une  armoire  200  volumes  de  livres  pieux. 

Puis,  aux  archives,  ou  a  6t6  par  nous  trouv'  le  coffre-fort  qui  con- 
tient  211  livres  7  sols  9  deniers.  Dans  lequel  coflFre-fort  nous  avons 
aussi  trouv6  le  titre  de  fondation  dudit  monastfere;  ensemble  les  ti- 
tres  de  propriete  de  six  metairies  qui  lui  appartiennent,  plus  d*une 
maison  et  jardin  et  d*une  vigne.  Lesdites  metairies  situ^es,  savoir  : 
deux  dans  lajuridiction  de  Noaillan,  une  dans  les  juridictions  de  Mau- 
bec  et  de  Sarran;  une  dans  la  juridiction  de  Touget,  et  les  deux  au- 
tres dans  la  juridiction  de  Gimont,  ainsi  que  la  maison,  jardin  et 
vigne;  plus  le  titre  de  propriete  d'une  rente  de  vingt  sacs  et  d'un 
tiers  de  ble,  mesure  de  Gimont,  etablie  sur  des  fonds  dependants 
desdites  metairies,  sur  differents  particuliers;  la  plus  grande  partie 
de  ladite  rente  tombantau  premier  novembre  de  chaque  ann4e.  Plus 
les  titres  de  propriete  de  1417  livres  8  sols  de  rente,  au  capital  de 
32,748  livres,  lesquelles  rentes  tombent  chaque  ann'e  a  diff'rentes 
'poques,  et  payees  par  des  maisons  religieuses  et  autres  mains  mor- 
tes  et  divers  particuliers. 

Puis,  nous  ayant  fait  repr6senter  le  livre  de  r'gie  des  susdites  me- 
tairies, nous  avons  reconnu  qu'elles  doanent  de  revenu  annuel  la 
somme  de  3100  livres  :  jointes  au  ravenu  ci-dessus  en  rentes,  en 
argent  ou  en  bl6,  se  portent  annuellement  a  la  somme  de  4720  livres 
14  sols  8  deniers;  et  que  les  charges  dudit  monastere  se  portent 
annuellement  k  la  somme  de  2169  livres  18  sols  7  deniers,  et  que 
par  cet  ordre  il  ne  reste  annuellement  de  revenu  audit  monastere  que 
la  somme  de  2550  livres  16  sols  1  denier.  Nous  ayant  declare  lesdi- 
tes dames  que  le  monastere  n'a  pas  de  dettes  passives. 

Puis,  nous  sommes  transport's  dans  le  pensionnat,  infirmerie  et 
noviciat,  oil  nous  aurions  trouv'  vingt-un  lits  en  tres  mauvai«  'tat. 
Puis,  sommes  alles  dans  la  lingerie,  ou  il  a  't'  trouv'  52  paires  de 
draps  de  lit  de  lin,  tant  bon»  que  mauvais,  et  37  paires  de  draps  de  lit 
d'etouppe,  aussi  tant  bons  que  mauvais.  II  y  a  aussi  't'  trouv' 
■  45  douzaines  de  se«vi«ties^et  28  napes,  que  lesdites- dames  ontdedar' 


Digitized  by 


Google 


—  468  — 

leur  appartenir  en  propre  comme  faisaal  partie  de  leur  trousseau 
lorsqu'elles  sont  entries  dans  lamaisou,  ainsi  que  Tentier  ameuble- 
mentdeleur  cellule.  Plus  avons  trouv6  dans  ledit  monastere  16  vieil- 
les  armoires  servant  a  Tusage  de  la  maison  et  des  pensionnaires. 
Plus  avons-nous  trouve  trois  tonneaux  et  29  barriques,  le  tout  ser- 
vant pour  Texploitation  des  biens  du  monastere. 

Suit  Tetat  des  religieuses  presentes  dans  le  monastere,  coa- 
forme'  a  celui  que  nous  avons  donne  plus  haut.  Les  commis- 
satires  les  interpellerent  de  nouveau  de  s'expliquer  sur  leurs 
intentions  de  sortir  de  la  maison  ou  d'y  rester;  toutes  repon- 
dirent  comme  la  premiere  fois  qu'elles  ne  voulaient  point  en 
sortir,  mais  y  rester. 

Le  procfes- verbal  ajoute : 

Et  verification  faite  par  nous  des.religieuses  que  ledit  jn'onastere 
pent  contenir,  nous  avons  reconnu  qu*il  pouvait  contenir  vingt-cinq 
religieuses  de  choeur  et  cinq  soeurs  converses. 

Et  avons  fait  et  cldtur^  le  present,  les  an  et  jour  susdits,  en  pre- 
sence de  toutes  les  dames  et  soeurs  dudit  monastere,  a  la  charge  et 
garde  desquelles  nous  avons  laiss^  tons  les  objets  ci-dessus  dotail- 
l^s,  et  nous  sommes  sign^s  avec  le  procureur  de  la  commune  et  no- 
tre  secretaire.  —  So6,  officier  municipal;  J.  Cabanis,  officier  muni- 
cipal; Castaing,  procureur  de  la  commune;  Messine,  secretaire. 

Cet  acte  n'etait  que  le  prelude  et  Tannonce  des  dernieres 
rigueurs^qui  ne  devaient  pas  se  faire  attendre  longtemps. 
Bientdt,  en  effet,  les  religieuses  furent  expulsees  de  leur  con- 
vent, qui  fut  lui-m6me  conflsque  avec  tout  ce  qui  en  dependait 
et  vendu  a  vil  prix,  comme  tout  ce  qui  avait  appartenu  aux 
eglises  et  aux  communautes  religieuses. 

Des  quatorze  soeurs  professes,  huit  resterent  a  Gimont  ainsi 
que  les  cinq  soeurs  converses.  Les  huit  professes  etaient : 

Soeur  Catherine,  prieure  (Anne-Sabine  des  Innocents). 

Soeur  de  la  Visitation,  s.  p.  (Marie  Messine). 

Soeur  Agnes  (Marie-Anne  Laffitau). 

Soeur  St-Augustin  (Elisabeth  Proupt). 

Soeur  St-Benott  (Jearme  D'Aignan). 

Soeur  Victoire  (Rose  Pendaries,  de  St-Arailles). 


Digitized  by 


Google 


—  469  — 

Soeur  Th^rese  (Jeanne  Lartigue  d'Arn6). 
Soeur  C^cile  (Marie-Anne  Vidaillet). 

Ces  deux  dernieres  etaient  probablement  etrangeres  aGi- 
moQt.  Elles  farent  revues  dans  une  famille  Plantier,  de  la 
ville,  oil  nousles  voyons  pendant  tout  le  temps  de  la  Terreur 
et  meme  apres.  Les  six  autres,  qui  appartenaient  a  Gimont 
par  leur  naissance,  resterent  dans  leurs  families.  Quant  aux 
six  qui  ne  flgurent  pas  ici,  il  est  a  pr6sumer  qu'elles  allferent 
aussi  chercher  un  refuge  chez  leurs  parents.  Nous  pouvons 
Tafflrmer  de  la  soeur  Sainte-Angele  (Anne  Quinsac),  qui  etait 
de  Solomiac,  ou  elle  est  morte.  Nous  nous  souvenons  d'avoir 
entendu  parler  de  cette  soeur  dans  notre  enfance,  sans  nous 
douter  assurement  qu'un  jour  nous  retrouverions  son  nom 
sous  notre  plume.  Elle  vivait  dans  sa  famille  avec  une  autre 
de  ses  soeurs  qui  avait  ete  fiUe  de  saint  Vincent  de  Paul. 
L'une  et  Tautre  furent  jusqu'a  leur  mort  un  sujet  d'edifica- 
tion  pour  la  paroisse. 


{La  fin  prochainemenL) 


R.  DUBORD, 

pr^tre,  cor^  d'Aobiet. 


Digitized  by 


Google 


—  470  — 


LE  JOURNAL  DE  MAITRE  JEAN  DE  SOLLE 

{Suite.*) 

Le  25  juillet  de  Tan  1611,  les  estats  d'Armaigaac  feurent  tenus  en 
la  presente  ville  par  M.  de  Fonterailles,  seneschal  d'Armagnac,  et 
conseiller  d'authorit^  de  la  cour  des  aydes  de  Montpellier  et  de  la 
cour  de  parlemeni  de  Thle,  pour  recepvoir  les  oppositions  sur  Tedit 
de  suppression  de  Teslection  d'Armagnac  et  dons  volontaires  que 
certains  depute  du  pais  avoint  offert  au  conseil  pour  obtenir  la  sup- 
pression. Les  susdits  estats  feurent  tenus  a  la  mirande  de  Tarclie- 
vesch6  (1)  oil  ass^stoit  M.  rArchevosque,  force  noblesse  et  deputes  de 

n  Voyez  ci-dessus,  pages  90,  186  et  235. 

(1)  Le  moi  doMirande  abeaucoup  de  rapport  avecletermearehiteclural  itaMtnbel 
vedere.  La  mirande  dtait  une  salle  sp^ciale  disposes  de  maniere  k  voir  le  jour  d'one 
certaine  hauteur,  a  droiteet  a  gauche^  et  surtout  devaut  soi,  dans  la  direction  de 
I'est.  Si  la  direction  principale  et  la  plus  dtendae  eti  dt6  vers  la  midi,  le  soleil  anrait 
ddrangd  I'assistance  et  rendu  p^nible  le  s^j our  passage r  de  la  mirande.  Dans  Tarche- 
y^cb^  d'Auch,  la  salle  du  tinel  lenait  lieu  de  mirande.  Le  mot  tinel  ou  tinal  est 
d'origine  latine  et  a  pour  racine  tina^  vase.  Ondonne  encore,  en  Bretagne,  le  nom  de 
tinel  a  unecertaine  salle  artificielle  que  Ton  fail^  pour  le  temps  des  foires,  en  place 
publique,  et  ou  Ton  pent  aller  s'asseoir,  aulour  d'une  grande  table,  pour  se  rafrat- 
chir  et  jouer  k  certains  jeux. 

La  mirande  de  I'arcbevdch^  ^tait  une  salle  tr6s-vaste>  oblongue  et  i  angles  droits, 
n'ayant  de  fen^tres  que  sur  Torient.  On  y  voyaitune  chemin^e  haute  et  large,  dans 
laquelle  on  pouvait  au  besoin  entretenir  un  grand  feu.  Elle  ^tait  spteialement  re- 
marquable  par  uo  grand  cul  de  lampe  en  pierre,  fixd  du  c6t6  nord,  c  que  I'arcbitecte 
avait  destine  k  porter  Tun  des  riches  lampadaires  des  grandes  soirees  Episcopates.  — 
Sur  sa  face  anl^rieure,  le  sculpteur  met  en  sc^ne  trois  cbanoines  du  temps,  nu-pieds, 
selon  I'inconvenante  habitude  que  les  staluts  de  Jean  Flandrin  leur  reprocbent.  lis 
sent  rev^tus  du  froc,  c'est-a-dire  de  celte  longue  luniquequi  ordinairement^tait  mn- 
nie  d'un  capuchon.  Le  plus  kg6  porte,  en  outre,  r^paulfdre  desofficesdu  choeur.  Sa 
barbe  est  longue,  et  son  capuchon  renvers^  en  arri^re  nouslaisse  voir  lacouronne  de 
cheveux  qui  entoure  sa  t6te  chauve.  Les  deux  autres  ont  le  capuchon  relevE  jusqu'au 
front  et  se  montrent  comme  le  premier  fort  affaires  autour  d'une  table  de  jeu.  Trois 
pieces  de  monnaieet  deux  d^s  sont  sur  la  table.  Au-de^sous,  le  premier,  que  le  ha- 
sard  vient  de  meltre  bors  de  cause,  est  foulE  aux  pieds  de  ses  partenaires  et  4  mdme 
de  rendre  gorge.  Le  plus  k%6  relive  de  sa  main  droite  la  coupe  qui  a  de  nouveau 
lancE  les  d^s.  II  a  perdu*  a  son  tour  la  monnaie  de  son  enjeu,  qu'il  veul  ressaisir 
de  la  main  gauche.  Mais  son  vis-4-vis  maintient  les  d^s  dans  le  rapport  des  nombret 
que  le  basard  vient  de  produire  en  sa  favour,  tandis  que,  de  sa  main  droite*  il  prend 
a  Toreille  le  ravisseur  des  espdces  mon^taires,  qui  d^sormais  sont  a  lui  seul.  Assu- 
r^ment,  I'auteor  de  ce  bas-relief  n'est  pas  un  membre  du  cbapitre  k  reformer.  » 
Prieurd  de  Saint-Orens  d'Auch,  par  M.  TabbE  Can^lo,  vie.  g^n^ral^  p.  135  et  34 
(in-8o.  Poix.  Auch).  On  citait  aussi  a  Auch  la  mirande  du  prieur^  de  Saint-Orens  et 
cdlle  da  coavent  des  jacobins,  qui  existe  encore. 


Digitized  by 


Google 


—  471  — 

forc0  collectes  dudit  pais.  Enfin  le  nombre  des  opposants  aux  sus- 
dits  dons  volontaires  qui  ramenoient  k  TArmaignac  plus  de  cent 
mille  libres  feust  plus  grand  que  eeux  des  aultres  qui  ne  le  bouloint 
pas,  qui  estoint  des  personnes  praetiqu^es  par  ceulx  qui  avoint 
poursuivy  ladite  suppression  et  qui  avoint  promis  les  dons  afin  de 
Tobtenir.  Et  pour  asehever  les  susdits  estats,  attendu  qu*il  y  avoit 
force  absents  des  principaulx  des  collectes,  Tassemblee  feust  remise 
au  10  aoust,  auquel  jour  les  contretenans  eurent  inhibition  et  deffen- 
ces  de  Monseigneur  le  prince  de  Cond^,  qui  estoit  en  ce  pays,  de 
faire  aulcune  assembl^e  sans  permission  expresse  du  Roy,  qui  feust 
cause  que  les  susdits  estats  ne  se  peurent  continuer. 

En  Tan  161}  et  le  23  aoust,  M.  de  Trappes,  archevesque  de  la  pnt 
ville,  feut  voir  Monseigneur  le  prince  de  Cond6  en  la  villo  de  Con- 
dom, lequel  archevesque  estoit  accompaignd  de  trente  homes  a  che- 
bal,  au  nombre  desquels  j'estois.  De  Condom  avant,  le  susdit  prince 
s'en  alia  en  la  ville  d'Agen. 

En  Tannic  1612,  les  penitents  blancs  (1)  commencerent  a  se  bastir 
dans  I'esglise  des  peres  Cordeliers  hors  les  murs  de  la  pnt  ville;  et 
le  18  de  septembre  du  susdit  an,  ils  firent  leur  octave  et  commence- 
rent a  faire  le  serbice  divin. 

En  Tann^e  1612,  M.  de  Lespine  (2),  bourgeois  de  la  pnt  ville, 
assist^  de  quelques  syndicaux,  estanta  Paris,  poursuivist  un  arrest  au 
conseil  par  lequel  lesdits  huit  consuls  de  la  pnt  ville  feurent  reduits 
a  quatre,  sur  laquelle  reduction  il  y  eust  force  bruit  etdiscorde  par 
la  ville,  les  uns  agreant  ladite  reduction,  les  aultres  et  le  menu  peu- 
ble  boulant  les  huict.  Enfin  MM.  les  consuls  deputerent  un  de  leur 
corps  pour  aller  playder  k  Paris,  si  qu'enfin  ils  s'assemblerent  quel- 

(1)  Les  Pdnitenia;  blaoc3  s'^taient  dtablis  k  Aach  en  1607.  Lachapelle  et  lesbA- 
tiraenis  dont  il  est  question  sont  occap^s  aajourd'hai  par  I'^tablissement  des  Frdres 
de  la  Doctrine  chr^tienne,  roe  des  P^ni ten ts-B lanes.  —  L' emplacement  apparte- 
nait-ii  aax  pdres  Cordeliers?  Y  avait-il  d^ja  one  4glise  construite  par  ces  reiigieax? 
Le  Joarnai  de  Jean  de  Solle  semblerait  rindiquer.(Je  n'ai  iroav^  nnlle  part  la  con- 
firmation de  ce  detail.  M.  Prosper  Lafforgae,  qui  a  fait  de  si  minotleuses  reehercbes 
snr  le  pass^  de  la  ville  d'Aocfa,  n'en  parle  pas  dans  son  histoire. 

[Je  crois  qa'il  s'agit  d'une  cbapelle  dans  I'^glise  des  cordeliers,  encore  snbsis- 
tante,  que  les  penitents  anront  quitt^e  plus  tard  pour  s'^tablir  sur  on  local  qui  leur 
apparttnt  en  propre.  —  L.  c] 

(9)  Mattre  Gaillard  de  Lupine,  consoiller  en  I'^lection  d'Armagnac,  avait  6povi^6 
demoiselle  Jeanne  de  Gr^foilhe,  dont  il  eat  noble  Jean  de  Ldpine,  coMeillec  en  la 
cour  des  aydes  et  finances  de  Montpeilier. 


Digitized  by 


Google 


—  472  — 

ques-uns  des  principaulx  habitants  de  ladite  ville,  qui  un  party'qui 
aultre,  etfirentaccord  que  les  huict  consuls  demeureroint  parcy  aprfes, 
k  la  charge  que  les  robbes  consulaires  serviroint  pour  six  ans  et  de- 
meureroint au  profist  de  la  ville,  et  chasque  consul  auroit  50  livres 
pour  ses  peines,  ou  auparavant  chascun  avoit  six  vingt  livres  pour 
sa  robbe.  Lequel  accord  feust  envoys  au  depput^  a  Paris,  pour  con- 
formement  a  ycelluy  demender  retractement  du  premier  arrest  et 
confirmation  dudit  accord,  ce  qu'il  obtint.  Ceste  affaire  d'oppinias- 
trete  cousta  a  la  ville  de  depenses  environ  mille  escus,  et  lesdits  con- 
suls de  ladite  ann^e  servirent  deux  annees  sgavoir  1612  et  1613. 

En  Tann^e  1612  pour  la  Noel,  il  ne  fist  pas  de  froict;  et  en  cest 
hyver  il  feust  remarque  chose  qui  n'avoit  et6  veu  de  soubvenance 
d'home,  c*est  que  de  tout  I'hyver  il  n'y  eust  pas  glace  ny  neige,  si 
ce  n'est  force  pluye  et  vents,  Ce  qui  feust  cause  que  Test^  du  suib- 
vant  de  Tan  1613  il  y  eust  grafide  sterility  de  toute  sorte  de  grains, 
vins  et  fruicts,  desquels  la  gresle  fist  aussy  grand  deguast.  Et  n'y 
avoit  jamais  tonnerre  que  la  gresle  ne  tombast  quelque  part.  Le 
bled  se  vendoit  en  mois  d'octobre  et  novcmbre  et  decembre  k  4  li- 
vres 16  sols  et  a  5  livres  le  sac,  et  le  pipot  du  vin  de  vendanges  a 
6  livres. 

En  Tannic  1613  et  le  9  novembre,  il  y  eust  un  jeune  guar^on  pas- 
teur,  de  Tage  de  20  ans,  de  la  jurisdiction  de  la  presente  ville,  qui  fust 
pendu  et  puis  brusl6  hors  la  porte  neufve,  pour  avoir  est^  pr<5venu 
de  bougrerie  (1)  et  d*ycelle  convaincu  avec  une  asnesse,  laquelle  feust 
premierement  tu^e  et  puis  touts  deux  ensemble  brusl6s.  II  feust  con- 
dampn^  par  sentence  de  messieurs  les  consuls,  confirmee  par  arrest 
do  la  cour  en  touts  ses  chefs. 

En  Tannic  1614  etle  9  fevrier,  qui  estoitle jour  dudimanche  gras, 
il  arriva  un  grand  esclaodre  en  la  present  ville  et  a  la  maison  de 

(1)  Ce  vieux  mot,  qai  ne  s'emploie  aujonrd'hui  que  dans  le  langage  le  plus  grossier, 
n'a  point  la  signification  que  lui  donne  ici  Jean  de  Solle  (Voyez  le  diclionnaire  de 
Tr^voui).  II  est  pris  dans  cetie  phrase  pour  synonynie  de  bestialiti.  Le  Corpus  juris 
romanif  qni  servait  de  base  a  la  legislation  frangaise,  n'avait  point  pr^va  ce  d^lit; 
aassi  n'existail-il  point  dans  la  jurisprudence  fraucaise  de  loi  afflictive  d'an  pareil 
crime.  Le  ch^timent  en  ^tait  Uiss^  a  Tarbitrairti  des  Parhments,  qni  suifaient  en 
pareille  circonstance  la  vieilie  coutame  d'apr^s  laquelle  le  coupable,  I'animal  et  les 
pieces  du  procds  ^taient  briil^s.  Celte  praiiiiue  avail  son  origine  dans  la  legis- 
lation judaiqne,  aecept^e  sur  divers  points  par  la  soci4t6  chr^tienne  k  ses  debuts  : 
Out  cumfumento  etpecors  coierit  morte  moriatur  :  peeus  quoque  oceidite.  (L^vi- 
tiqoe,  chapitre  xx,  v.  15.)  ^ 


Digitized  by 


Google 


—  473  — 

M.  de  Chanaille  (1)  bourgeois.  C'estqu'ayant  fait  inviterpour  Tapr^- 
souper  toutes  les  plus  apparentes  families  de  la  ville  a  voir  le  plaisir 
d'une  pastorale,  aprfes  trois  ou  quatre  actes  parachevi^s,  tout  le 
planche  de  la  salle  basse  s-enfonga  sous  les  pieds,  sauf  un  saumier 
auprfes  de  la  chemin^e  ou  feurent  sauv^s  quelques-uns.  Si  que  en- 
yiron  deux  cent  cinquante  personnes  tomberent  dans  le  chay,  d'entre 
lesquelles  trois  fiUes  et  un  escollier  feurent  treuves  morts  sur  la  place, 
et  force  habitants  blesses  eux  ou  leurs  enfants.  Ledit  jour  le  Saint- 
Sacrement  reposoit  dans  Tesglise  des  jesuistes  pour  le  jubil^,  et  feust 
admire  que  de  tant  de  personnes  tomb^es  il  n'en  y  eust  que  si  peu 
de  morts.  Dieu  soit  lou6 ! 

Le  26  jour  du  mois  d'aoust  de  Tan  1614,  Sanson  de  Solle,  mon 
frere,  dec^da  sur  les  huict  heures  du  matin,  et  feut  ensepvely  dans  le 
choeur  de  Tesglise  des  peres  cordelliers,  le  .mesme  jour  sur  les  cinq 
heures  apres  midy.  II  estoit  arrive  de  Thle  le  14  dudit  mois  malade 
et  eust  une  fievre  continue.  II  n'estoitag^que  de  dixneuf  ans  et  avoit 
d^ja  estudie  un  an  en  theologie  dans  la  ville  de  Thle.  Dieu  iuy  face 
paix  et  veuille  avoir  log^  son  ame  en  son  saint  paradis  1 

En  Tannic  1613,  la  recolte  du  bled  et  vin  et  de  toute  sorte  de  fruicts 
feust  fortpouvre  et  generalle,  et  Thyver  commenga  avantle  mois  de 
novembre  et  dura  novembre,  d^cembre,  Janvier,  fevrier,  mars,  apvril, 
may  de  Tan  1614  et  disait-on  qu*on  ne  Tavoit  jamais  tant  veu  dur6, 
si  que  tout  Tautomne  de  Tan  1613  feust  hyver,  et  le  primptemps  de 
Tan  1614  aussy.  II  y  eust  en  ladite  ann^e  1614  grande  famine  par- 
tout,  et  il  y  avoit  si  grande  quantity  de  pouvres  en  la  presente  ville 
qu'on  feust  constraint  les  sortir  hors  d'ycelle  et  faire  les  aumosnes 
generalles  en  Tesglise  des  pferes  cordeliers,  a  la  cotisation  desquelles 
les  ecclesiastiques  et  les  beneficiers  feurent  tonus,  et  encore  un 
chascun  des  habitants,  chascun  suibvant  ses  commodit^s.  Et  pour 
les  pouvres  de  la  ville  on  leur  distribuoit  des  pains  qu'on  faisoit  faire 
d'un  sol  ou  cinq  liars  vaillant,  par  dizaine  en  chasque  quartier  de  la 
ville  suibvant  les  rolles  qui  en  avoint  6t6  dresses. 

Le.  1*'  du  mois  de  may  de  ladite  ann^e  1614,  le  sac  de  bled  s'en- 
cherisl  en  un  march^  de  20  sols  et  vaulust  jusques  a  6  livres  10  sols, 

(2)  Jean-EtieDoe  de  Chenailles,  sienr  de  Glarac,  conseiller  dn  Roi,  pdre  de  Jean 
de  Cbenailles,  siear  de  Clarac,  qui  a  poor  fils  : 

!•  Jean  de  Cbenailles,  seigoeor  de  Bazillao,  capitaine  au  regiment  de  Roq<Qelallrt. 
^o  Marlhe,  marine  a  noble  Jean-Charles  de  Colonics,  seigneup  de  Lamotbe,' 
30  Claire,  marine  4  noble  Dominique  de  Roqnevert,  sioar  da  Rose. 


Digitized  by 


Google 


—  474  — 

Gt  uu  mois  aprfes  il  se  vendist  a  7  livres  5,  6  et  8  sols  le  sac.  II  y 
east  aussy  grandes  maladies  en  la  presente  ville  et  g^n^Uement 
partout,  en  laquelle  moururent  un  grand  nombre  de  personnes.  Et 
Gstoit  les  susdites  maladies  par  toutes  les  villes  d'une  mesme  sorte, 
des  fievres  continues,  mal  de  testes  et  de  reins,  si  que  dans  deux  ou 
trois  jours  on  tomboit  en  frein^sie. — En  laquelle  ann6e  1614  la  recolte 
feust  trfes-bonne  et  y  eust  entr'autres  grains  force  bleds,  et  Test^  feust 
tellement  sec  qu*il  ne  pleust  poinct  dutout.  Les  raisains  com- 
mencerent  k  naistre  sans  que  la  pluye  entrast  mesme  a  la  racine  de 
la  souche,  sinon  quelques  ros^es,  si  que  Ton  d^sesperoit  d*avoir  du 
vin,  la  plus  grande  partye  des  raisains  ressemblants  sees,  et  toutte- 
fois,  merveille  de  Dieu,  il  y  eut  force  Tin  et  tellement  que  la  charge 
de  la  vendange  tiroit  plus  dun  pipot  de  vin;  Dieu  soit  lou6! 

En  I'ann^e  1615,  je  feus  eslu  consul  de  la  presente  ville  et  estois 
le  second,  et  oe  en  compaignie  de  messieurs  Andr6  Bona,  docteur  et 
advocat  qui  estoit  le  premier  consul;  Dominique  Vivent,  notaire 
royal;  Antoine  Espiau,  bourgeois;  Arnaud  Cornety,  notaire  royal; 
Jean  Lalo,  marchant;  Antoine  St-Martin,  notaire  royal,  et  Blaise 
Barre,  marchant.  Dieu  veuille  que  le  tout  soit  fait  a  son  honneur  et 
gloire ! 

En  ladite  ann^e,  nous  eusmes  de  grands  troubles  sur  les  diverses, 
menses  Jiuefaisoint  les  princes,  .et  commengames  a  faire  bone  garde 
en  la  put  ville,  depuis  le  13  aoust  sur  le  commandement  du  Roy  et 
de  monseigneur  le  mareschal  de  Roquelaure,  sur  le  point  que  Sa 
Magest6  vint  en  ce  pays  de  Guienne  et  ville  de  Bourdeaux,  espou- 
sor  rinfante  d*Espaigne.  Tout  ce  plat  pays  feust  ruin^  par  diyerses 
trouppes  d'un  et  aultre  party,  qui  tenoit  la  campagne.  Le  chasteau 
de  Lectoure  feust  prins  par  monseigneur  de  Rohan,  par  Tintelligence 
de  M.  de  Fonterailles  (1),  s^nechal  d*Armagnac,  qui  feust  la  seule 
cause  de  la  totale  ruine  de  ceste  contr^e  d'Armagnac. 

Coppie  de  la  lettre  du  Roy  qui  nous  feust  mandde  en  Van  de 
nostre  charge  consulaire  i6i5. 

Chers  et  bien  aim^s,  ayant  jug^  k  propos  maintenant  que  nous 
sommes  prest  de  nous  acheminer  en  nostre  province  de  Guyenne 
pour  Taccomplissement  de  nostre  mariatge  et  celuy  de  nostre  tres 

(1)  Benjamin  d'lstarac,  seigneur  et  baron  de  Marestang,  Fonterailles,  vicomte  de 
Monferran  Cogotois,  etc.,  etc.,  fits  de  messire  Michel  d'Astarac,  seigneur  et  baron 
des  mdmes  places,  gouirerneur  de  Lectoure,  et  de  dame  Isabdle  de  Gontaot. 


Digitized  by 


Google 


—  475  — 

chere  soeur  aisn^,  de  pourvoir  k  la  security  de  nos  villes  et  places, 
pour  empecher  qu*il  n'y  arrive  aulcune  alteration  qui  puisse  troubler 
le  bien  et  repos  de  nos  bons  subjects  et  la  paixet  tranquillity  publicque; 
mesmes  sur  Toccasion  du  reffus  que  nostre  cousin  le  prince  de 
Conde,  assist^  de  nos  cousins  les  dues  de  Longueville,  de  Mayenne, 
comte  de  Saint-Pol  et  mareschal  de  Bouillon,  nous  a  fait  de  nous 
accompaigner  en  nostre  voiatge;  ce  qui  nous  donne  assez  de  subjects 
d'estre  en  deffiance  sur  leurs  intentions  :  Nous  vous  faisons  celle-cy 
pour  vous  ordonner  de  prendre  de  vostre  part  le  soing  que  vous 
debv^s  de  la  conservation  de  ma  ville  et  cit^  d*Aux;  Et  a  cest  effect 
faire  fere  bone  et  exacte  guarde  aux  portes  d'icelle,  et  y  donner  tei 
ordre  que  les  princes  et  seigneurs  susnom^s  ou  aultres  s'adjoinant 
d'eux  n*y  entrent  sans  lettres  ou  passeport  de  nous,  et  qu'il  ne  soit 
fait  aulcunes  pratiques  ou  maneuvres  contraires  et  prejudiciables  k 
nostre  authority  et  serbice  et  repos  de  ladite  ville,  sans  touteffoy 
vous  alarmer  ny  prendre  k  ceste  occasion  aulcun  ombrage  les  uns  des 
aultres;  ains  vous  conserver^s  toujours  en  la  mesme  amiti^  et  in- 
telligence que  vous  aves  eu  avec  les  aultres  villes  vos  voysines  tant 
catholiques  que  de  la  relligion  pr^tendue  r^form^e,  soubs  i'observa- 
tion  et  entretenement  de  nos  edicts  de  pacification.  Continuant  aussy 
en  Tentifere  ob^issance  que  vous  nous  debv^s  et  laquelle  vous  nous 
avez  en  toute  occasion  t^moign^e;  et  nous  assurant  que  vous  ne 
manquer^s  de  vous  comporter  en  cela  suibvant  nostre  volonte  et  in- 
tention, nous  ne  vous  en  ferons  plus  longue  lettre.  Donn6  k  Paris, 
le  30  jour  de  juillet  1615.  Louts. 

Philippeaux. 
Et  au-dessus  de  la  lettre :  A  nos  chers  et  bien  amis  les  consuls, 
manants  et  habitants  de  nostre  ville  d'Avx. 

Edict  du  roy  Louys  XIII pour  la  translation  du  siige  du  sineschal 
d'Armagnac  de  la  ville  de  Lectoure  en  la  pnt  ville  d'Aux. 

Louys  par  la  grace  de  Dieu  roy  de  France  et  de  Navarre,  k  tous 
ceux  qui  ces  pntes  verront  salut.  Le  feu  Roy  nostre  tres  honor^  sei- 
gneur et  pere  que  Dieu  absolve,  et  nous  despuis  son  decez,  ayant 
confix  entre  les  mains  du  sieur  de  Fonterailles  seneschal  d'Armagnac 
la  guarde  de  la  -ville  de  Lectoure  et  nostre  pays  et  seneschjauss^e  de 
Lectoure  en  Armagnac,  pour  Tassurance  que  nous  avions  de  sa  fidel- 
lit^,  ii  estoit  oblig^  par  son  debvoir  do  la  maintenir  et  conserver  au 
peril  de  sa  vie  en  nostre  authorite  et  puissance;  mais  tant  s'en  fault 
qa'il  s*6n  soit  fidellement  acquitl^  estant  eu  ceste  bonne  s^solutioui 


Digitized  by 


Google 


—  476  — 

qu'au  coDtraire  aussy  tost  qu*il  a  veu  les  mouvements  apparoistie 
contre  nostre  authorite  et  serbvice,  au  lieu  de  s*y  opposer,  comme  il 
estoit  tenu  et  par  sa  naissance  et  par  les  charges  dont  nous  Tavions 
honnor6  tant  du  gouvernemeut  de  ladite  ville  que  de  ladite  senes- 
chauss^e  de  nostre  pays  d'Armagnac,  non  seulement  il  s'est  rang^  a 
la  faction  de  ceux  qui  se  sont  rebell^s  contre  nous,  mais  il  les  avoit 
appell^s  dans  ladite  ville  pour  avec  leur  assistance  se  saisir  duchas- 
teau  pendant  Tabsence  du  capitaine  d*ycelluy,  qui  se  confiaut  en  sa 
foi  et  loyaute  s*en  estoit  esloign6;,tellement  qu'au  lieu  de  proteger  nos 
subjects  habitants  de  ladite  ville  de  Lectoure  come  il  debvoit,  il  les 
auroit  lachement  exposes  a  toute  sorte  de  ruiues,  desolations  et  mi- 
sferes,  et  tient  encore  les  gens  de  bien  qui  me  sont  le  plus  affection- 
nes,  en  telle  rigueur  et  serbvitude  que  la  pluspart  sont  constraincts 
de  s'en  retirer  et  abandonner  leur  bien  et  famille;  desorte  que  nostre 
authorite  n'estant  plus  recogneue  en  ladite  ville,  nous  ne  voyons 
pas  que  la  justice  y  puisse  plus  estre  rendue  et  administree  par  les 
officiers  d'ycelle  avec  la  liberty  et  seurete  qui  est  requise.  A  Tocca- 
sion  de  quoy,  et  en  attendant  que  nous  puissions  donner  ordre  et 
arrester  aultrement  le  cours  de  ces  rebellions  et  reprimer  les  auteurs 
d*ycelles  selon  leurs  faultes  et  desmerites,  estant  besoiug  de  pourvoir 
a  transferer  le  siege  de  la  seueschauss^e  et  presidial  d'Armagnac, 
qui  a  est^  jusques  a  present  estably  audit  Lectoure,  en  aultre  com- 
modite,  ou  nos  officiers  et  nos  subjects  qui  auront  h  y  aller  pour- 
suyvre  leurs  procez  et  affaires  y  puissent  demeurer  seurement.  A  ces 
causes,  appres  avoir  mis  ceste  aflaire  en  deliberation  en  nostre  con- 
seil,  en  la  presence  de  la  Royne  nostre  tres-honnor^e  dame  et  mere, 
des  princes  et  officiers  de  nostre  couronne  et  aultres  principaux  et 
notables  personages  de  nostre  conseil,  de  Tadvis  d'ycelluy  et  de 
nostre  certeine  science,  pleine  puissance  et  authority  royale,  avons 
d^lar^  et  ordonne,  declarons  et  ordonnons  par  ces  presentes  signees 
de  nostre  main,  voulons  et  nous  plaist  que  le  dit  si^ge  de  la  senes- 
chatiss^e  et  pr&idial  dudit  pays  d'Armagnac  soit  transfer^  de  la  dite 
rille  de  Lectoure  oil  il  est,  en  celle  d'Auxqui  est  la  principale  de  la 
dite  s^neschauss^e,  auquel  lieu  nous  voulons  que  les  officiers  dudit 
siege  aint  a  se  rendre  quinze  jours  apres  Tenregistrement  et  publi- 
cation qui  sera  fait  de  ces  pr6sentes  en  nostre  cour  et  parleraent  de 
Thle,  pour  par  cy  appres  y  faire  et  exercer  les  fonctions  de  leur 
charge  et  rendre  la  justice  a  nos  subjects  de  ladite  s^neschauss^e, 

etc.,  etc.,  etc Et  tel  est  nostre  bon  plaisir,  no- 

Aobstant  quelconques  lettres,  edicts,  ordonnances  et  auhres  choses  a 


Digitfzed  by 


Google 


—  477  — 

ce  contraires,  auquelles  nous  avons  desrog^  et  desrogeons  par  ces 
preseates,  en  temoin  de  quoy  nous  avons  fait  mettre  h  ycelles  nostre 
seel.  Donn6  k  Bourdeaux,  le  quatriesme  jour  de  d^cembre  l*an  de 
grace  mil  six  cent  quinze  et  de  nostre  regne  le  sixiesme.  —  Signe  : 
Louys.  —  Et  sur  le  reply  :  Par  le  Roy,  Philippeaux;  et  scell6  du 
grand  sceau  de  cire  jeaune  a  double  queue. 

Lettre  du  Roy  d  M.  le  Mazuyer  (1). 

Monsieur  le  Mazuyer,  Considerant  qu*a  I'occasion  de  la  resbellion 
et  desobeissance  qui  m'a  est^  rendue  par  le  sieur  de  Fontarailles, 
gouberneu?  de  ma  ville  de  Lecloure,  et  de  tout  ce  qui  s*est  pass^ 
nagueres  en  ycelle,  la  justice  n'y  pent  estre  desormais  faite  ny  admi- 
nistr^e  avec  la  seuret^  et  authority  qui  est  requise,  je  advise  de  trans- 
ferer le  siege  de  la  s^n^chaussee  et  pr^sidial  de  ladite  ville  en  aultre 
lieu  plus  seur  et  commode;  et  pour  cest  effect  ay  choisy  la  ville 
d'Aux,  capitale  de  ladite  s^n^chauss^e,  et  ay  fait  expedier  mes  lettres 
patentes  pour  ladite  translation,  lesquelles  je  vous  envoye  pr^sente- 
ment  pour  estre  enregistr^es  en  ma  cour  de  parlement  de  Thle,  a 
laquelle  je  vous  prie  los  faire  incontinant  presenter,  et  a  ceste  fin 
les  faire  metre  entre  les  mains  de  mes  advocats  et  procureurs  g^ni- 
raulx  pour  faire  par  eux  les  poursuites  et  diligences  quy  seront  n^- 
cessaires  pour  Tex^cution  de  mes  lettres.  Vous  employant  aussy 
*  selon  qu'il  dependra  de  vous  pour  Teffect^de  mon  intention  y  con- 
tenue  et  a  ce  que  il  ne  soit  apporte  aulcun  retardement,  estant  chose 
quy  importe  a  mon  serbvice  et  au  bien  et  repos  de  mes  subjects. 
Done,  m'asseurant  que  vous  en  aurez  tout  le  soing  que  je  puis  d6- 
sirer,  jene  vous  en  fair6  plus  longue  lettre,  priant  Dieu,  Monsieur 
le  Mazuyer,  vous  avoir  en  saincte  guarde.  I^e  tout  a  Bourdeaux,  ce 

doutziesme  decembre  mil  six  cent  quinze. 

Louts. 

A  Monsieur  messire  le  Mazuyer,  premier  prisident  en  la  cour 
et  parlement  de  Tholose, 

Public  b^riffi^,  en  la  cour  de  parlement  de  Tholose,  le  14  Janvier 
1616. 

J.   DE  C. 

(A  suivre.) 

(1)  Gilles  le  Mazuyer,  install^  premier  president  an  parlement  de  Tonlonse  le  8 
decembre  161ft,  mort  en  1681.  Son  fils,  Henri  le  Mazuyer,  remplit  snceessivement 
les  charges  de  conseiller  aox  reqndtes,  conseiller  an  parlement,  proenrear  g^ndral, 
et  conseiller  d'h6nnear.  --  Les  le  Mazuyer  diaient  seignears  et  barons  de  Mont^gat 
Uequelf,.  —  En  1689  le  roi  ^rigea  cette  terre  en  marquisat  en  faveur  d'Henry  le 
Mazuyer.  —  D'aMur  au  pSHcan  d'or^  san$  pitU, 

Tome  XVni.  32 


Digitized  by 


Google 


—  478  — 


Jugements  de  maintentie  de  noblesse  (1). 

XIV 
JEAN  D'AYMIER^   seigneur  D'ARQU^  ET  LIAS. 


Uazur  d  un  aigle  (T argent,  le  vol  itendu,  becqu4  etmembri  d'or, 
accompagn6  en  chef  de  deux  itoiles  du  mSme,  et  en  poinie  d'un 
croissant  d*argent  accosti  de  deux  itoiles  d*or  (2). 

Contrat  de  mariage  de  Pierre  d' Aymier  (3)  avec  damoiselle  Superie 
du  Faur,  dans  lequel  il  est  qualifi^  noble  et  seigneur  d'Arqufes,  pass6 
devant  Jacques  Thaumassy,  notaire  royal  du  Fauga,  le  18  mars  1559. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Bernard  d'Aymier,  seigneur  d'Ar- 
qufes,  avec  noble  damoiselle  Amade  de  St-Pastour,  par  lequel  il 
parait  qu'il  6tait  fils  de  Pierre  d*Ayraier  et  de  Superie  du  Faur,  pass^ 

• 

'(1)  Voir  ci-dessns,  pages  37/92,  146,  189,  240,  288  et  333. 
(2)  L'^cussoD  scalpld  an-dessas  de  la  porte  dn  donjon  da  chateau  d'Arqu^s,  pone  : 
de  gueules  a  un  aigle  d'argentt  le  vol  dtendu,  becqu^  et  membri  d'or,  aeeompagni 
en  chef  de  deux  ^toiles  d'or;  au  chef  cousu  d'ajrur  au  croissant  d* argent  accosti  de 
deux  itoiles  d'or, 
(8)  Parmi  les  pr^d^eessenrs  de  Pierre  d'Aymier  d'Arqnes,  nous  citerons  : 
Jeban  d'Aymier,  chevalier,  mattre  d'hdtel  du  roi  Louis  XI,  condamn^  a  dire 
^cartel^  pour  avoir  favoris^  le  comte  d'Armagnac,  1472.  (La  Revue  en  parlera 
prochainement  dans  une  nolice  sur  le  capitaine  Garavelle).  II  possddait  une  im- 
mense fortune  k  Toulouse,  mais  fat  presque  ruin^  par  I'incendie  de  1462  :  il 
eat  38  maisons  brftt^es  (Raynal,  Hist,  de  Toulouse,  p.  174).— Autre  Jean  d'Aymier 
^tail  conseiller  au  Parlemeut  en  1530.(Voyez  notre  notice  sur  Garavelle.)  II  fut  pdre 
de  1«  Aatoineite,  marine  iAntoine  de  Clarac,  seigneur  de  La  Galaube;  dont  un  fils, 
Jean,  seigneur  de  La  Galaube  et  Hirepoii,  qui  ^oasa,  le  6  avril  1566,  Marguerite 
de  Laffite;  2<*  Pierre  d'Aymier,  capitaine  ^s  legions  de  Languedoc,  seigneur  d'Arques 
et  Lias;  lequel  ^pousa  Antoinette  de  La  Yalette-Nogaret,  fiUe  de  Bernard  et  de  Anne 
de  Bretol'enne. — Le  15  d^cembre  1530,  ils  eurent  pour  enfants  :  1«  Pierre,  seigneur 
d'Arquds,  citd  en  tdte  dujugement;  2o  Jean,  sieur  de  Garrits,  c  fr^re  de  Pierre  d'Ay- 
mier, seigneur  d'Arqu^s,  paye  au  chapitre  de  Tlsle-Jourdain  la  rente  annuelle 

de 1554.  »  Livre  obiiuBire  de  I'dglise  Saint-Martin  de  VUle;  8®  Lambert,  dil 

le  capitaine  Garavelle.  —  Le  livre  obituaire  du  chapitre  de  I'lale^ourdaiii  fail  en- 
core mention  de  :  Francois  d'Aymier.  pr.dbendier  du  cbapkre,^  1540;  Arcaud- 
Guiliem  d'Aymier,  lienr  de  La  Bege,  1548;  Gaillard  et  Pierre  d'Aymier,  1362. 


Digitized  by 


Google 


—  479  - 

devanl  Douazan,  notaire  royal  de  la  comt6  de  Pezensac,  le  10  aoftt 
1597  (1). 

Autre  contrat  de  mariage  dudit  Bernard  d'Ajmiier  avec  damoisefUe 
Jeanne-Antoinette  de  Touges,  scBur  de  Jean  de  Touges,  seigneur  de 
de  Noualhan,  devant  Guillaume  Mascaras,  notaire  royal  du  lieu  de 
Noualhan. 

Testament  dudit  Bernard  d'Aymier,  seigneur  d'Arqu^s,  capitaine 
au  regiment  de  Piemont,  par  lequel  il  declare  avoir  6t&  marie  en 
premieres  noces  avec  damoiselle  Amade  de  St-Pastour,  et  en 
deuxifemes  noces  avec  Catherine  de  Nouillan,  Bt  que  de  son  premier 
mariage  il  a  eu  un  fils  nomm^  Gabriel;  du  18  novembre  1615  (2). 

Contrat  de  mariage  dudit  Gabriel  d*Aymier,  seigneur  d'Arqu^s  et 
Alias,  avec  damoiselle  Louise  de  Boyer,  pass^  devant  Guillaume 
Berque,  notaire  de  Lectoure,  2  d^cembre  1630. 

Acte  d*emancipation  fait  par  ledit  Gabriel  d*Aymier,  seigneur 
d'Arques  et  d' Alias,  en  favour  de  Pierre-Jean  d*Aymier,  sonfils; 
devant  Riossecome,  notaire  royal  de  Condom,  le  17  avril  1670. 

Contrat  de  mariage  dudit  Pierre- Jean  d*Aymier,  seigneur  d'Alias 
et  d'Arqufes,  avec  damoiselle  Marguerite  de  Bezolles,  par  lequel.il 
parait  qu'il  ^ait  fils  dudit  Gabriel;  du  12  Janvier  1682  (3). 

(1)  Bernard  d'Aymier  ent  de  son  premier  mariage,  avec  Amade  de  St-Pastour, 
qaatre  fiUes  :  !'>  Snperie,  marine  en  premieres  noces  avec  Hector  de  La  Sadria* 
seigneur  de  Campanes  (16  novembre  1617},  et  en  deoxlemes  ooces  avec  Jean  de 
Saint-Gresse,  seigneur  de  S^ridos  et  de  Pascau  (15  aoAt  1633);  So  Gabriuiic,  3'  Mi- 
ramonde,  religieuse  de  Ste-Ursule  k  Toulouse;  4^  Prancoise,  spouse  du  seignear  de 
Monibazet. 

(2)  Peut-dtre  doil-on  rattacber  k  Bernard,  noble  Jean  d'Aymier,  seigneur  de  Mi- 
nart^  qui  Spouse,  vers  1625,  damoiselle  Jeanne  du  Faur  de  Barbazan,  fille  de  noUe 
Jean- Jacques  du  Faur,  seigneur  de  Barbazan  et  Aragu^s,  et  do  damoiseUe  Jeanne.de 
NogeroUes. 

(3)  Pierre- Jean  d'Aymier  rendit  bommage  pour  la  seigneurie  d'Arqu^,  sise  au 
cornt^  de  I'lsle-Jourdain.  en  1664.  (Arch,  de  Pau,  B.  2044).  II  se  remaria  avec 
Germainede  F^raud,  laqaelle  (5tait  veuve  en  1696.  Les  P^raud,  originaires  d'Aurignac 
en  Gomminges,  ^tablis  k  Tlsle-Jourdain  vers  le  milieu  du  xvii*  si^ele,  ^talent 
seigneurs  de  Lescuns;  M.  de  F^raud,  seigneur  de  Lescuns,  assistait  en  1789  i  I'as- 
semblee  de  la  noblesse  du  Comminges  a  Muret.  Germaine  de  F^raud,  veuve  4e  Pierre- 
Jean  d'Aymier,  seigneur  d'Arqu^s,  fit  enregistrer  ses  armes,  sur  I'armorial  de  1696  : 
d'axur  a  un  C0idenas  d^or;  au  chef  d* or  charg4  de  trots  fleurs  de,  lys  de  sable,  n®  352. 

Une  branche  cadette  de  la  maison  d'Arqu^s  fix^e  k  Lagraulas,  seigneurie  qui  lui 
venait  des  Bezolles,  s'est  6leinte  k  la  fin  dusi^cle  dernier,  dans  la  personne  de  Jean- 
Louis  d'Aymier  d'Arqn^s.  seigneur  de  Lagraulas,  marid  k  damoiselle  Paule  de  La- 
banne,  dame  deBascous,  qui  n'eutque deux  filtes,  marines,  Tune.  Marie-Hyacinthe, 
avec  Francois  de  Cours,  seigneur  de  Monleznn  (1765);  I'autre,  Louise,  avec  Francois 
de  Benqnet,  seigneur  d'Arblade,  officier  au  regiment  d'Anvergne  (1757).  — Je  n'ai 
pu,  malgr()  mes  reebercbes,  dt^couvrir  comment  la  seigneurie  d'Arquesettouslesbieni 


Digitized  by 


Google 


—  480  — 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus, 
par  jugement  rendu  aMontauban,  le  15  juillet  1698. 
Signi  :  Le  Pelletier  de  La  Houssaye,  intendant  de  Montaubaa. 

XV 

BERNARD  DE  BUS  SIEUR  DU  POUY,  NICOLAS  DE  BUS  SIEUR  DE  LA  COUR- 
DELLE,  FILS  DE  NOBLE  HENRI  DE  BUS^  SIEUR  DE  LA  COURDELLB,  ET 
DANIEL  DE  BUS  DE  LA  COURDELLE. 

Armes (1). 

Jugement  de  M.  Pellot  du  10  juin  1667  qui  donne  acte  des  pro- 
ductions k  nobles  Bernard  de  Bus  de  La  Roque,  sieur  du  Pouy, 
Henry  et  Daniel  de  Bus,  sieurs  de  La  Courdelle,  de  la  representa- 
tion de.  leurs  titres. 

Testament  de  Nicolas  de  Bus,  sieur  de  La  Courdelle,  du  19  sep- 
tembre  1690(2). 

Marntenus  dans  leur  noblesse  sur  la  vue  du  jugement  de  M. 
Pellot  et  du  testament  ci-dessus;  par  jugement  rendu  a  Montauban, 
le  12  juillet  1698. 

Signi:  Le  Pelletier  de  la  Houssaye,  intendant  de  Montauban. 

sita^s  dans  lo  comtd  de  I'lsle-Jourdain,  et  poss^d^s  par  les  d'Aymier  d'Arqnes, 
^taient  en  1763  la  propri^l^  de  Gay-Joseph  de  SaiDt-Jean  de  Pointis,  d'aoe  brancbe 
eadettedes  barons  de  Pointis,  formde  par  Pierre  de  Saint-Jean  de  Pointis,  et  non  in- 
diqn^e  dans  les  genealogies.  Le  11  juin  1763,  Gny-Joseph  de  Saint- Jean  de  Pointis, 
rend  bommage  ponr  le  cbMeau  noble  d'Arqnes,  et  directe  et  terres  nobles  en  I'lsle- 
Jourdain.  li  avait  Spouse  Jeanne-Marie  de  Yandomois,  de  Tanrignan,  de  Franeaz&l, 
dont  11  eat  deax  filles  :  Rose-Josepbine,  comtesse  de  Panetier,  et  Gatbcrine-Josephe- 
Charlotte,  marine  aa  marqais  de  Cazaax-Laran.  seignear  de  Gaussan,  auquel  elle 
apporta  les  seignearies  d'Arqaes,  les  baronoies  de  Pointis-Inard,  de  Taurignan  et 
Francazal.  La  marqoise  de  Cazaux-Laran,  veave  depais  le  37  aoftt  1783,  ayant 
emigre  en  Espagne  avec  ses  deux  filles,  la  seignearie  d'Arques  et  toates  les  terret 
sus-nommees  farent  vendaes  nationalement  (16  prairial  an  iii.) 

(1  j  Le  rol  percevait  an  droit  de  20  liYres  sar  chaqoe  enregistrement  d'armoiries. 
Malheareosement  beaacoap  de  gentilshommes  refaserent  de  se  soamettre  a  cette  loi 
fiscale  et  le  grand  armorial  general  de  d'Hozier  est  toajours  reste  incomplet. 

(2)  Je  ne  sais  si  ces  de  Bus  de  Gascogne  se  rattacbent  k  la  famille  da  venerable 
Cesar  de  Bus,  fondatear  des  Peres  de  la  Doctrine  Cbretienne  et  des  religieases  Ursa- 
lines  (*).  II  avait  trois  freres,  Bernardin,  Pierre  et  Alexandre.  Un  de  ses  neTeax,  Bal- 
tbasar  de  Bas,  jesuite,  est  Tautear  de  plasieurs  ouvrages  ascetiqaes.  Cette  famille 
de  Bus,  originaire  d'ltalie,  s'etait  implantee  en  France  avec  les  papes  d' Avignon.  Le 
jagement  rendu  en  1667  par  I'intendant  Pellot  renferme  les  titres  nobiliaires  de  U 
famille  de  Bus  etil  noas  dlrait  peut-dlre  qaels  liens  la  rattacbent  aa  venerable  Gdsar 
de  Bus  eti  ses  freres.  Mais  ou  le  iroaver? 

(*)  On  poorrait  le  croire,  s'il  fallait  accepter  an  brait  recoeilU  par  le  P.  J^  Bajole  {Bi9t.  saeHt 
ttAJmtaiM,  p.  SSS)  qai  place  k  Jegoo  (Gert)  la  oaisMOoe  d'on  acceaiUDt  de  ceiar  de  Bbi .  —  L.  C. 


Digitized  by 


Google 


—  481  — 


BIBLIOGRAPHIE. 


Trois  contes  populaires  recaeillis  k  Lectoure,  par  M*  Jean-Francois  Blade. 
Traduction  frangaise  et  texte  gascon.  In-S"  de  76  pages.  Bordeaux,  Ch.  Le- 
febvre.  18T7  (tir6  k  60  exemplaires.  —  Extrait  du  tome  v,  2*  s6rie,  des  Tra- 
vaux  de  la  Soditi  d' agriculture,  sciences  et  arts  d'Agen.) 

Nos  lecteurs  connaissent  d^ja  deux  publications  analogues  de  notre 
docte  correspondant :  les  Contes  et  proverbes  populaires  recueillis 
en  Armagnac  [Revue  de  Gasc,  1867,  viii,  166,  373,  552)  et  les  Con- 
tes populaires  recueillis  en  Agenais{R.  de  Gasc,  1874,  iv,  472). 
Dans  chacun  de  ces  recueils  nous  avons  si^nal^,  parmi  un  grand 
nombre  de  morceaux  plus  ou  moins  importants,  mais  toujours  int^- 
ressants  pour  la  philologie  etla  litt^rature  populaire,  un  nombre  plus 
restrcint  de  «  narrations  vraiment  epiques,  >  c'est-a-dire  de  r^cits 
fond^s  sur  des  croyances  merveilleuses  et  largement  d^veloppes  de 
Texposition  au  denouement.  Or,  depuis,  M.  Blad^  a  trpuv6  plu- 
sieurs  contes  de  ce  genre,  mais  encore  plus  ^tendus  et  plus  mythi- 
ques.  II  en  publiaitun,  en  octobre  1875,  dans  la  Revue  de  VAge- 
nais,  sous  forme  frangaise  seulement  [V Homme  de  toutes  couleurs)^ 
avec  un  avertissement  dont  il  est  bon  de  transcrire  quelques  mots : 
<  La  longueur  (de  certains  contes  in^dits  de  la  Gascogne)  d^passe 
de  beaucoup  eelle  de  la  plupart  des  r^its  que  Ton  pent  encore.trans- 
crire  a  pen  pres  uniformement  sous  la  dict^e  de  diverses  personnes, 
—  II  n*en  est  pas  ainsi  de  ceux  qui  appartiennent  b  la  mSme  cat^- 
gorie  que  Y Homme  de  toutes  couleurs.  En  ce  cas,  il  est  absolument 
n(5cessaire  de  rapprocher  des  fragments  plus  ou  moins  considerables 
et  disperses  dans  lam^moire  d*un  nombre  variable  de  narrateurs. ... 
Le  resultat  que  j*ai  obtenu,  sans  le  moindre  parti  pris,  m*a  conduit  a 
retablir,  par  le  mSme  proc^de,  un  certain  nombre  d'autres  contes 
plus  ou  moins  longs,  mais  qui  n'existent  plus  que  par  fragments 
dans  la  m^moire  de  diverses  personnes  de  qui  je  les  tiens.  Dans  ce 
genre  de  rechercbeSjj'ai  particulierement  insist^  sur  la  succession 
des  faits  et  s6verement  contrdle  la  logitimite  des  raccords.  Ce  travail 
me  porte  a  croire  que  les  contes  dont  il  s'agit  existaient  encore  tout 
entiers,  il  y  a  pen  de  temps,  dans  les  souvenirs  de  plusieurs  person- 
nes... >Celadit,  M.  Blade  consultait  les  critiques  sur  la  logitimite 
de  son  procOde,  se  declarant  decide  a  brfller  sans  regret  ce  qu*ils 
dedareraient  suspect. 


Digitized  by 


Google 


—  482  — 

Je  suppose  que  les  personnes  eonsult^es  par  mon  savant  ami  lui 
out  dit,  comme  moi,  que  son  proc^d^  etait  irr^prochable,  a  la  seule 
condition  d*indiquer  au  lecteur  les  points  de  soudure  des  fragments 
juxtaposes  et  la  provenance  respective  de  chacun  de  ces  fragments. 
Dans  V Homme  de  toutes  couleurs  en  particulier,  la  narration  est 
trop  suivie  et  trop  liee  pour  qu'on  en  puisse  raisonnablement  con- 
tester  Tuniid.  Du  reste,  les  renseignements  d'origine  fournis  par  le 
coUecteur  etaient  assez  rassurants  par  eux-m^mes,  et  pouvaient  lui 
sugg^rer,  pour  les  autres  contes  recueillis  par  morceaux,  des  regies 
d'exp^rience  plus  precieuses  que  des  vues  purement  personnelles. 
U Homme  de  toutes  couleurs  avait  ete  conte  int^gralement  a  M. 
Blade,  durant  son  enfeince,  par  une  vieille  repasseuse  lectou- 
loise;  plusieurs  personnes  le  lui  ont  recite  encore  depuis,  mais  prive  de 
tel  ou  tel  Episode,  que  d'autres  narrateurs,  incomplets  eux-m^mes  sur 
quelques  points,  lui  ont  pennis  de  supplier.  Dans  ces  conditions,  le 
collecteur  de  contes  populaires  reste  fidele  a  son  r61e  de  t  greffier 
de  la  tradition  »  en  recueillant  et  en  rapprochant  des  fragments  ori- 
ginairement  unis :  car  il  n'y  met  rien  du  sien,  que  la  recherche 
m&ne.  II  en  serait  autrement  s*il  refaisait  un  morceau  quelconque, 
s'il  fournissait  seulement  le  fil  qui  joint  les  parties;  mais  dansle  cas 
actuel,  il  ne  fait  que  retro uver  ces  parties  et  ce  fil. 

D*ailleurs,  il  y  a  toujours  quelque  chance  de  rencontrer  un  narra- 
teurplus  fidele  qui  vous  presente,  reuni,  ce  que  d*autres  vous  ont 
donne  disperse.  C'est  ce  qui  est  arrive  a  M.  Blade,  t  Je  crois,  dit-il 
en  t6te  de  sa  nouvelle  brochure,  devoir  soumettre  aux  erudits  et  k 
mes  compatriot^  trois  des  recits  integralement  retrouves  aprfes  avoir 
ete  retablis  par  les  procedes  deja  decrits.  Quelques-unes  des  per- 
sonnes que  j'ai  consultees  en  dernier  lieu  sont  mortes;  mais  celles 
qui  survivent  suffisent  amplement  a  me  garantir.  Neanmoins,  ces 
demieres  sont  exposees  a  partir  aussi  avant  Timpression  de  mon 
grand  recueil.  C*est  pourquoi  j'ai  hdte,  etc.  »  Je  me  hdle  moi-mSme 
de  signaler  ces  curieuses  et  magnifiques  narrations  populaires,  tout 
en  appelant  de  mes  voeux  les  plus  ardents  ce  grand  recueil  qui  ren- 
fermera  «  les  monuments  poetiques  et  prosaiques  de  la  litterature 
populaire  de  la  Gascogne.  »  Aucune  province  de  France  ne  possede 
encore  quelque  chose  de  tel;  nous  serous  fiers  que  la  Gascogne  donne 
Texemple,  et  que  co  soit  avec  ce  soin  et  cette  competence  dont 
M.  Blade  a  deja  fait  preuve  parses  entreprises  partielles  de  ce  genre, 
et  plus  que  jamais  par  celle-ci. 

Nous  y  trouvons  trois  contes  vraiment  remarquables.   Le  premier 


Digitized  by 


Google 


—  483  — 

est  intitule  le  Bdtard  :  il  si'agitclu  fils  d'un  roi  de  Prance  qui^pousa 
la  fille  du  chdtelain  de  Serillac  (prfes  La  Sauvetat  de  Gaure),   apr^s 
des   exploits  merveilleux   qui  lui  permirent  de  se  faire  reconnattre 
pour  ce  qa*il  6tait.  II  y  a  dans  ce  r6cit,  en  dehors  de  cette  appro- 
priation locale  qui   n'a  jamais  gr^nde  valeur,   parce  qu'elle  varie 
avec  les  caprices  de  Timagination  populaire  el  des  narrateurs  eux- 
mfimes,  trois  Episodes  surlesquels  doit  porter  Inattention  desmytho- 
graplies  :  P  la  messe  dite  nuitamment  k  la  chapelle  de  la  Roumiuac 
par  un  prilre  mort,  et  Torigine  du  Bdtard  reconnue  par  lui  k  la 
fleur-de-lys  qu'il  lui  voit  sur  la  langue  :  deux  points  dont  le  pre- 
mier se  trouve  partout,  tandis  que  le  second  m'^tait  inconnu  jusqu'i 
ce  jour;  2^  I'^preuve  du  Bitard  dans  un  chAteau  solitaire,  ou  des 
6tres  surnaturels  lui  fournissent  le  moyen  de  triompher  de  tout  obs- 
tacle pour  remonter  k  son  rang;  3®  sa  bataille  centre  un  ennemi  qui 
jouit  de  la  facultc^  de  se  mdtamorphoser  sept  fois  en  une  nuit.  Les 
Episodes  analogues  a  ce  dernier  ne  manquent  pas  dans  les  divers 
contours;  mais  il  y  a  ici  une  richesse  mythique  assez  remarquable, 
rhommese  transformant  successivement  «  en  can,  en  tchot  [hibou], 
en  luiz-crampo  (ver-luisant),  en  hoeillo  secOy  en  brumo,  en  brut  de 
campano  que  souno  d  I'agounio,  enfin  en  bent.  >  Le  B4tard  tran- 
cha  le  vent  en  deux  et  ainsimit  fin  kla  guerre  qui  d^solait  son  pays. 
Mais  le   second  Episode,  celui  du  vieux  chateau,  donne  surtout 
lieu  a  des  rapprochements  curieux.  Le  h^ros  du  conte,  k  peine  cou- 
ch4,y  vit  nombre  de  petites  cr^tures  parfaitement  immobiles.  Puis 
il  enteudit  crier  dans  la  chemin^e  :  t  Bdtard,  tomberons-nous  ou  ne 
tomberons-nous  pas?  —  Tombez  si  vous  voulez,  ne  tombez  pas  si 
cela  vous  plait,  je  m*en  moque...>  Or,  il  vit  descendre   successive- 
ment des  membres  et  des  tdtes  qui  formerent  cinq  hommes,  lesqueis 
dansaieat  en  chantant  :  €  Dansons  le  lundil  dansons  le  mardi!  »  et 
ainsi  de  suite,  jusqu'au  vendredi  inclusivement.  Le  Bdtard  riait  de 
tout  son  coeur;  enfin,  impatient^,  il  se  mit  a  danser  et  k  chanter  lui- 
mdme,   en  ajoutant  a  la  chanson  des  Corps  sans  dme  (c'^tait  leur 
nom]  les  deux  jours  quiy  manquaient.  Lk-dessus  les  petiies  crea- 
tures se  foridirent  comme    brume,  et  les  Corps  sans  dme,  apr^s  • 
avoir  proniis  au  Bdtard  de  fSter  d^sormais  le  dimanche  comme  de 
bons  Chretiens,  lui  enseignerent  en  recompense  le  secret  des  meta- 
morphoses, grdce  auquel  il  vint  k  bout  de  son  redoutable  ennemi.  — 
Or,  dans  cet  Episode  se  trouvent  fondus  deux  traits  distincts  de  my- 
thologie  populaire  :  l^^Thistoire  des  membres  tombant  un  a  un,  pour 
6prouver  le  courage  d'un   aventurier.  Dans  un  coiite  du  Hainaat, 


Digitized  by 


Google 


•    484  — 

rintrepide  Culolte-  Verte  entend  sortir  une  voix  du  haut  de  la  che- 
min^  :  €  Cherrai-je?  cherrai-je  point?  >  disait  la  voix.  Et  le  gargon 
sans  peur,  qui  etait  en  cuisine,  se  contente  de  retirer  la  pofile  en  di- 
saDt :  €  La,  chois  hardiment.  >  II  chut  une  jambe,  puis  une  autre,  et 
le  reste;  enfin  Thomme  refait  de  jtoutes  pieces  indiqua  a  Culotte- 
Verte  un  tr^sor  cach^,  qui  ne  I'aida  pas  peu  a  mettre  a  fin  ses  entre- 
prises  (1).  29  L'histoire  de  la  chanson  des  jours  de  la  semaine,  qui 
se  trouve  dans  sa  purete  en  un  r^it  du  pays  de  Vannes.  Les  Kori- 
gans  (nains)  de  ces  quartiers  dansaient  toute  la  nuit  en  chantant,  dans 
le  plus  pur  bas-breton  :  di-lun,  di-meurs^  di-merc'her,  sans  pous- 
ser  plus  loin  I'^num^ration  des  jours  de  la  semaine.  Mais  un  petit 
bossu,  surpris  par  leurbande  et  qu'ils  forcferent  a  danser  avec  eux, 
leurapprit  k  joindre  a  leur  •  chanson  les  trois  jours  dejeudi,  ven- 
drediet  samedi.  En  recompense  il  fut  d^livre  de  sa  bosse,  laquelle 
fut  donn^  peu  apres  a  un  tailleur  malin  et  jaloux,  qui  avail  enseign^ 
aux  fcorigans  le  nom  du  dimanche,  mais  sans  savoir  terminer  leur 
chanson.  EUe  fut  achev^e,  en  revanche,  par  leur  premier  ami,  Tex- 
bossu,  ce  qui  amena  la  d^livrance  du  peuple  entier  des  Korigans  et 
la  fortune  de  leur  bienfaiteur  (2). 

Les  comparaisons,  auxquelles  la  mythologie  populaire  prdte  tant, 
n*ont  pas  un  pur  interSt  de  curiorist^.  Elles  permettent  de  remonter 
le  cours  des  dges  jusqu'aux  donnoes  primitives,  qui  servenl  de  base 
aux  inductions  les  plus  pr^cieuses  pour  Tethnographie;  de  plus, 
elles  revfelent  le  travail  subsequent  du  genie  populaire  sur  ces  tradi- 
tions antiques.  Ici,  par  exemple,  on  pourra  trouver  que  la  scene 
terrifiante  des  membres  detaches  n*est  pas  aussi  bien  amenee  que 
dans  les  contes  ou  elle  a  pour  temoiu  un  homme  qui  s'est  vant6  de 
n'avoir  jamais  peur;  on  pourra  s'^tonner  que  Tapparition  et  la  dispa- 
rilion  des  <  petites  creatures  »  ne  soierft  justifi^es  par  rien;  enfin  il 
pourra  sembler  que  cet  episode  n'est  pas  attache  assez  fortement  a 
la  fin  du  conte,  les  «  corps  sans  ame  >  ne  fournissant  au  bdtard  aucun 
moyen  positif  et  necessaire  pour  amener  le  denouement.   Mais  quoi 

«     (1)  Ch.  Deulin,  Contes  d*un  huvenr  de  fci^re  (6*  6dit.,  1873},  p.  67. 

(aj  Em.  Souvesjre,  le  Foyer  breton  (Michel  Levy,  1858),  t.  ii,  p.  112.  Cette  tra- 
dition avait  6X6  d6ja  recueillie  par  M.  C.  Tranois  [Revue  de  liretagnef  mars  1834). 

On  rencontre  aussi  la  chanson  des  joors  de  la  semaine  en  Irlande,  en  Catalogne, 
en  Picardie,  en  Provence  (Voyez  la  Melusine  do  5  avril  dernier,  p.  163). 

Le  conte  rdduit  4  la  bosse  prise  k  un  brave  homme  et  donnoe  a  un  jaloux  ou  a  un 
mal  appris  se  trouve  ^n  bien  des  pays,  et  jusqu'au  Japon  (Voyez  les  Lutim  et  le  Voi- 
sin  jaloux,  conte  japonais  publit^  dans  la  M^lusinCt  loc.  cit,,  par  M.  Emm.  Cnsquinj. 
II  a  6{6  versifl^  de  nos  jours  tr6s-dl6Raroment  par  une  po^tesse  de  Tr^vise.  Voyez  le 
Due  gobbe,  novelletta  (par  A.  Veronese  Mantovani)  dans  le  Pamaso  italitino  con- 
temp.  (Paris,  Baadry,  1843),  p.  1091. 


Digitized  by 


Google 


-  485  — 

qu'on  pense  de  ces  details,  il  faut  toujours  compter  sur  quelques 
lacunes  possibles,  la  m^moire  populaire  ayant  ses  d^faillances,  au- 
]0urd*hui  surtoutque  les  derniers  narrateurs  des  veill^s  d'hiver  et 
des  despilhoucades  disparaissent  sans  laisser  d*Iieritiers.  De  plus, 
il  ne  faut  pas  s*etonner  de  voir  des  Episodes  entiers  se  reproduire  dans 
des  contes  diff^rents;  c'est  la  le  proc^de  mSme  de  Tepop^e  popu- 
laire, et  on  ne  le  voit  nulle  part  plus  clairement  que,  dans  les  r^cits 
des  peuples  europ^ns  qui  sont  restes  k  cet  ^gard  les  plus  voisins 
des  sources  aryennes  (1).  J'ajouterai  seulement  que  si  la  formule 
Dansons  le  lundil,..  est  ins6r6e  en  frangais  dans  le  conte  gascon,  ce 
qui  trahit  un  empruixt,  en  revanche,  les  Korigans  de  la  Bretagne  s*y 
trouvent  remplaces  par  les  Corps  sans  dme;  or,  ce  sont  Ik  des  6tres 
myst(5rieux  qui  n'ont  guere  ^t^  signales  jusqu*ici,  ce  me  semble,  en 
dehors  de  la  Gascogne  (2).  On  les  retrouve  dans  d'autres  contes  gas- 
cons;  par  exemple,  V Homme  de  toutes  couleurs^  apres  avoir  traverse 
le  Pays  de  la  faim  et  de  la  soif,  livre  bataille  au  Corps  sans  dme, 
qui  lui  fait  cette  declaration :  <  Jamais  tu  ne  pourras  me  tuer,  et  il 
est  dit  que  je  ne  dois  mourir  qu'a  la  fin  du  monde  pour  ne  pas  res- 
susciter  (3).  » 

Passons  au  second  conte  de  M.  Blad^,  lou  RH  de  las  agraulos, 
le  Roi  des  corbeaux.  C*est  un  des  plus  complets  et  des  plus  ^piques 
qu'on  puisse  lire.  II  commence  comme  le  Peau-d'dne  agenais :  trois 
filles  demand^es  en  mariage  par  un  ^poux  redoutable,  et  dont  la  dei^ 
ni^re  se  soumet.  Mais  ici  lepere  est  un  homme  verd  et  de  plus,  un 
cyclope.  L*epous6e  estemport^  par  les  corbeaux,  a  travers  les  airs, 
<  dens  lou  pais  dou  fret,  dens  lou  psus  de  la  n^u  e  dou  tor,  oun  i  a 
pas  nat  aubre  ni  nado  berduro.  »  La,  dans  un  palais  myst^rieux,  elle 
regoit  chaquesoir,  mais  dans  les  tenfebres,  son  mari  qu'elle  ne  doit 
pas  chercher  a  voir.  On  sait  la  curiosite  de  Psyoh^  :  ici  une  goutte  de 
cire  brAlante  ^veille  le  pauvre  (5poux,  qui  allait  voir  finir  ses  malheurs 
sans  la  faute  de  sa  femme.  II  est  enchaJne,  comme  Promelhee,  au 
sonunet  d'une  haute  montagne  au  milieu  de  la  mer,  sous  la  garde  de 
deux  loups.  Tun  noir  qui  veille  la  nuit,  Tautre  blanc  qui  veille  le 
jour.  Notre  Psyche  expie  sa  faute,  et  il  n  y  a  pas  au  monde  de  plus 

(1)  Voyez  les  Contes  des  paysans  et  des  pdtres  slaves^  traduits  en  fran^ais  et 
rapprochis  de  leur  source  indiennei  par  Alex.  Chodzko.  Paris,  Hachette.  1864. 
In-lS. 

(2)  M.  Luzel  a  public  le  Corps  sans  dme,  conte  breton  {Archives  des  missions 
seientif.  et  litt,,  2«  s^rie,  vii,  i:2,>;  roais  il  s'agit  d'un  g^ant  dont  I'^me  est  cacbee 
fort  loin  du  corps,  mythe  singoller  qui  se  troave  d4ja  dans  une  fouie  de  contr^es  de 
rOrient.  Vo>ez  Tart,  de  M.  Emm.  Cosquiu  sur  le  conte  ^gyptien  des  Deux  Frires, 
dans  le  dernier  num^ro  de  la  Revue  des  questions  historiques  (avril  18*77,  xxii,  502.) 

(3)  Revue  de  VAgenaiSt  octobre  1875,  p.  450. 


Digitized  by 


Google 


—  486  — 

Strange  po^sie  que  ce  r^cit*  Une  vieille  lavaadifere,  sorte  de  f^e  pro- 
tectrice,  donne  k  la  pauvre  reine  des  souliers  de  for,  iine  besace  ou 
le  pain  ne  doit  pas  manquer,  une  gourde  ou  le  vin  ne  s'^puise  ja- 
mais, et  un  couteau  d'or  pour  couperTherbebleuequi  chantenuit  el 
jour  et  qui  brise  le  fer.  Elle  voyagea  un  an  dans  le  pays  sans  nuil, 
oiile  soleil  brille  toujours;  elle  y  trouva  Therbe  bleue,  maisnon  oelle 
qui  chante  nuitetjour  Elle  alia  dans  le  pays  sans  soleil,  ou  luit 
toujours  la  lune;  elle  y  trouva,  au  bout  d'un  an,  Therbe  bleue  qui 
chante  nuit  et  jour,  maisce  n'^taitpas  celle  qui  brise  le  fer. 

La  R6mo  tourn6c  plega  lousonn  coat6l  d'or  e  tournftc  parti.  Tres  jours  aprfes 
arrib^o  dens  lou  pais  oun  i  a  pas  nat  soureil  ni  nado  luo  e  oun  hd  n^t  tout- 
jour.  Aqui  march^c  tout  un  an.  Quan  aueuo  hame  e  set,  lou  pan  e  lou  bin 
manquauon  pas  deguens  la  biasso  e  la  cujo.  Quan  au^uo  enibejo  de  drome,  se 
couchauo  en  tdrro  e  soumeillauo.  Aucap  d'un  an  de  bouiatge,  entenouc  canta 
dens  la  n6it :  c  Soui  Terbo  bluio,  I'^rbo  que  canto  n^it  e  jour,  I'^rbo  quebri- 
gaillolou  h6r...  ©Cop  sec.  la  RMno  lirdc  lou  soun  cout^l  d*or  e  raarchtea 
Tescu  de  cap  a  Tendret  doun  bengu^uo  la  cansoun.  Tout  d'un  cop  sous  dus  sou- 
li^s  s'arroumpoun.  La  R6ino  au^uo  hourat  I'^rbo  bluio,  F^rbo  que  canto  neit 
ejour,  r6rbo  que  brigailio  lou  h^r.  Alabetz  la  R6ino  couple  T^rbo  quecantano 
toutjour  :  «  Soui  I'^rbo  bluio,  I'^rbo  que  canto  n^it  e  jour,  I'^rbo  que  brigailio 
lou  h^r...  » 

La  R^ino  tourn^c  plega  lou  sou  cout^t  d'or  e  tourn^c  parti  a  trau6s  la  ndit 
en  marcha  p6-nuso  a  traues  bus  brocs.  Marchec  lountens,  lounlens,  lountens. 
Enfin  la  n6it  afiniscouc  e  lou  soureil  se  leu^c.  La  R^ino  6ro  iau  bord  de  la  ma 
grano  tout  procbe  d'un  petit  bach^t.  La  R^ino  mounts  sou  petit  bach^t  e 
partiscouc  sur  la  ma  grano.  Pendent  set  jours  e  s6t  n^itz,  biscouc  pas  que  c^u 
e  aigo.  Lou  maitin  dou  ho6iti6mo  jour  arrib^c  deguens  la  ilo  e  abis^  sou  cap 
de  la  bauto  mountagno  lou  R^i  de  las  agraulos  encadenat.  Asta  l^u  que  la  biscouc, 
lou  loup  blanc  s'abi^c  la  gorjo  doub^rto.  Cop  sec  la  Reino  tir^c  Ion  soun  coutet 
d'or  e  prengouc  I'^rbo  que  cantauo  toutjour  :  a  Soui  I'^rbo  bluio,  I'ferbo  que 
canto  nuitetjour,  I'drbo  que  brigailio  lou  b^r. ..  »  En  aquero  cansoun  lou 
loup  blanc  s'acoat^c  e  s'endroumiscouc.  Alabetz  la  Reino  dambe  lou  soun  cou- 
tet d'or  sann^c  lou  loup  blanc  e  lou  loup  negre.  Ac6  b^it  touquec  la  cadeno 
de  h6r  dou  pes  de  s^t  quintans  qu'encadenauo  lou  RM  de  las  Agraulos  dambe 
fdrbo  que  cantauo  toutjour  :  «  Soui  I'^rbo  bluio...  »  Alabetz  I'^rbo  se  car^c  e 
se  lassiscouc  en  un  moument;  m^s  lou  R6i  de  las  agraulos  se  leuec  fier  e  bar- 
dit  coumo  un  cezar.  «  Mercio,  henno.  »  Ac6  h6itcrid^cas  quoate  benlzdou 
C6u  :  a  Gouac !  couac !  couac  I  »  A  proupourlioun  que  cridauo,  boulados  d'a- 
graulos  arribauon  de  toutz  coustatz  m^s  biste  qu'un  lambret,  e  cop  sec  tour- 
nauon  prene  la  forme  de  rhome.  Quan  toutos  est^n  arribados,  lou  R^i  digouo : 
a  Brabos  gens,  mas  penose  las  bostos  soun  acabados.  Espiatz  la-bas,  la-bas, 
la-has.  Esun  r^i  de  mous  amies  que  nousbeng  cerca  dambe  set  milo  nabiris. 
Dens  un  mes,  seran  toutz  au  pais.  •  E  trie  trie,  moun  counts  es  finit,  E  trie 
trae,  moun  counte  es  aeahat, 

Ici  j'ai  mieux  aime  faire  gofiter  le  charme  de  la  narration  popu- 
laire  que  de  raisonner  sur  son  origine  et  sa  composition.  Au  reste, 
les  rapprochements  s'offrent  plus  nombreux  que  jamais.  C'est  dans 


Digitized  by 


Google 


—  487  — 

mie  multitude  de  contes  de  tous  le&  pay&  qu^'un  monstre  demaade 
une  jeune  fille  en  mariage,  redevient  homme  chaque  nuit,  et  adresse 
a  sa  femme  uae  defense  que  la  curiosity  lui  fait  enfreindre.  Daiis 
beaucoup  d'autres,  une  femme  use  des  souliers  de  fer  k  la  recherche 
de  son  mari.  Voyez  les  remarques  de  M.  Koelher  sur  le  premier  et 
le  demier  des  morceaux  publics  par  M.  Blade  dans  son  recueil  age- 
nais  de  1874.  Mais,  quelle  que  soit  I'interpretation  astronomique  t«- 
nue  en  reserve  par  nos  mythographes  pour  ce  double  lieu  commun, 
je  demande  qu'on  fasse  la  part  de  I'^lement  humain  si  profond^ment 
empreint  dans  cette  creation  populaire,  qu'on  admire  surtout  T^lo- 
quence  de  ce  touchant  symbole  de  Texpiation.  La  purification  par  la 
souflFrance  volontaire  n'a  peut-6tre  jamais  6t6  mieux  exprim^e  que 
par  ces  trois  ann^s  de  voyage  solitaire  et  par  la  conqudte  de  cette 
fleur  celeste  qui  d^Iivre  les  dmes  captives. 

Venous  enfin  au  troisieme  conte  lectourois  de  M.  Blad6,  le  conte 
«  de  la  mer  qui  chante,  de  la  pomme  qui  danse  et  du  petit  oiseau 
qui  dit  tout.  »  En  voici  les  traits  essentiels  :  1°  Trois  soeurs  font  des 
souhaits  matrimoniaux.  La  plus  jeune  desire  ^pouser  le  roi  et  pro- 
met  de  lui  donner  deux  jumeaux  qui  auront  des  chaJnes  d'or  entre 
peau  et  chair;  2^  Le  souhait  et  la  promesse  sont  r^alis^s;  mais  la 
belle-m^re  envoie  noyer  les  deux  jumeaux,  aprfes  avoir  fait  dire  k  son 
fils  absent  que  c'etail  un  chien  et  un  chat,  et  le  roi  abus^  tient  sa 
femme  dans  un  affreux  ^tat  d*humiIiation;  3<>  Les  jumeaux  grandis- 
sent  chez  des  pScheurs  qui  les  ont  recueillis;  k  Tage  de  sept  ans, 
ils  se  mettent  en  route  a  la  recherche  de  leurs  parents  :  la  mer  leur 
annonce  en  chantantqu'ils  vont  les  retrouver,  et  un  mSme  arbre  leur 
fournit,  par  le  secours  d'un  homme  qui  leur  donne  en  m§me  temps 
rinstruction  aff^rente,  la  pomme  qui  doit  sauter  sur  la  t§te  de  leur 
ennemie  et  Voiseau  qui  doit  r^v^ler  le  mystere  de  leur  naissance  et 
de  leur  conservation;  4®  Ils  vont  servir  chez  le  roi  mSme.  Bientdt  la 
pomme  et  Tpiseau  font  leur  office.  La  vieille  reine  est  convaincue  en 
public,  grdce  aux  mSmes  agents  myst^rieux;  le  roi  la  condamne  a 
mort,  mais  il  lui  fait  grdce,  et  5°  lui-m6me  se  d^voue  a  la  peine 
capitale;  mais,  par  la  volenti  de  Dieu,  la  hache  du  bourreause  brise 
trois  fois  sur  son  cou,  ce  qui  le  constitue  legalement  quitte  du  sup- 
plice  qu'il  devait  subir. 

Cette  derniere  croyance  est  populaire  en  Gascogne,  ainsi  que  M. 
Blade  le  constate,  etellese  trouveailleurs,  comraeon  le  voit  dans  une 
des  pifeces  du  troisieme  livre  de  la  Miougrano  enlreduberto  d'Auba- 
nel.  Mais  cet  episode  d'un  roi  qui  se  condamne  lui-ruSme  amort  est 


Digitized  by 


Google 


—  488  — 

assez  singulier,  et  je  ne  me  souviens  pas  de  Ta^oir  rencontr^  ail- 
leurs.  Au  reste,  quelques-uns  des  narrateurs  entendus  par  M. 
Blade  Tignoraient  entiferemeiit,  de  sorte  qu'il  pourrait  bien  n'Stre 
qu*une  conclusion  post^rieurement  soudee  au  conte,  pour  satis- 
faire  une  d^licatesse  de  sentiment  qui  ne  se  trouve  pas  toujours  dans 
les  r^cits  populaires.  —  J*en  dirai  a  peu  pres  autant  du  quatrieme 
pdtnt,  en  ce  qui  concerne  la  grace  accord^e  a  la  cruelle  belle-mere; 
dans  la  plupart  des  recits,  plus  soucieux  de  la  justice  que  de  la  piet6 
filiale,  cette  m^gere  est  brdl^e  vive,  ou  mise  a  mort  de  quelque 
autre  maniere. 

Poursuivons  notre  course  a  reculons.  —  Dans  quelqu'un  des  contes 
similaires,  les  enfants  ne  trouvent  les  objets  merveilleux  que  lors- 
qu'ils  sont  d^ja  au  service  de  leurs  parents,  et  c'est  la  ra^chancet6 
de  leur  vieille  ennemie  qui  les  engage  dans  cette  recherche  insensee, 
thfeme  trait^  dans  un  grand  nombre  de  vieux  recits.  C'est  ainsiqu'ils 
atteignent  Teau  qui  danse,  la  pomme  ou  la  rose  qui  chante,  et  Toi- 
seau  qui  dit  la  v^rit^  :  on  a  vu  que  les  objets  soot  un  peu  difiF^rents 
dans  le  conte  lectourois  (1).  On  pent  lire  «  TOiseau  de  v^rit^, »  conte 
populaire  lorrain  recueilli  par  M.  Emm.  Cosquin  (2).  De  plus,  dans  ce 
dernier  conte,  ainsi  que  dans  un  conte  breton  du  mSme  type,  I'oi- 
seau  de  verite  ne  dit  que  mensonges  tant  qu'il  n'est  pas  pris.  —  Le 
second  episode  (enfants  condamn^s  k  etre  noy^s  sur  le  rapport  d*une 
femme  cruelle  et  qui  sont  sauv^s  miraculQusement)  se  reproduit  dans 
une  multitude  de  contes  soit  de  ce  type,  soit  d'un  autre.  UHistoire 
du  chevalier  du  cygne  (roman  frangais  imprim^  en  1499)  debute  par 
une  fiction  de  ce  genre,  qu'on  retrouve  aussi  dans  les  Mille  et  une 
nuits,  —  Mais  ou  le  conte  gascon  est  evidemment  tronqu(5,  c*est 
dans  le  premier  Episode  :  on  ne  voit  pas  du  tout  pourquoi  la  plus 
jeune  des  trois  soeurs,  non  contente  de  d^sirer  la  main  du  roi,  fait  une 
promesse  insensee,  qui,  de  plus,  se  realise  sans  autre  explication. 
Voici  un  conte  du  Caucase  qui  remplirait  peut-6tre  cette  lacune  : 

€  Trois  soeurs,  cardeuses  de  laine,  s'entretiennent  un  soir  ensem- 

(1)  Je  crois,  da  reste,  qn'on  troQverait,  en  Gascogne  m^me,  dans  d'aatres  formes 
de  ce  conte,  les  trois  objets  merveilleax  exactement  identiqnes  k  ceax  du  conte  lor- 
rain. M.  Blad6  lai-m6me  faisait  dire  en  1857  (Revue  d'Aquitaine,  i,  501)  4  son 
Compagnon  pensif :  «  Voici  le  paysde  I'eau  qoi  danse^  de  la  pomme  qui  chante  et 
do  petit  oiseau  qui  dit  toat.  > 

(2)  Dans  la  Romania  d'avril  dernier  (vi,  239).  C'est  le  xviP  des  Contes  popu^ 
laires  lorrains  recueillts  dans  un  village  duBarrois,  a  Montiers-sur-Saulx  (Meuse)^ 
et  doni  la  s^rie  n'est  pas  encore  ^puis^e.  A  la  saite  de  chaqae  conte,  M.  Cosqain 
donne  an  commentaire  trds-^radii,  plein  de  rM^rences  et  de  comparaisons  instrac- 
lives.  C'est  au  commentaire  de  i  Oiseau  de  viriU  que  j'emprunte  la  plopart  des  re- 
marqors  qai  vont  soivre. 


Digitized  by 


Google 


—  489  — 

ble,  et  chacune  d'elles  dit  aux  autres  ce  qu'elle  ferait  si  le  roi  la  pre 
nait  pour  femme.  Le  roi  enten J  leur  conversation  :  il  Spouse  Tain^e, 
puis  la  seconde,  qui  ne  peuvent  tenir  leur  engagement,  enfin  la 
troisieme.  Celle-ci  a  dit  qu'elle  donnerait  au  roi  un  fils  aux  dents 
de  perles  et  une  fiUe  aux  cheveuxd'or.  [Dans  le  Chevalier  du  cygne^ 
ils  portent  en  naissant  une  chaine  d'or  au  cou.]  Ses  deux  soeurs, 
jalouses,  font  jeter  les  enfants  dans  une  gorge  de  montagnes  et  en- 
voienl  dire  au  roi  que  sa  femme  est  accouch^e  d'un  chien  et  d'un 
chat.  Le  roi  ordonne  de  noyer  le  chien  et  le  chat,  etc.  t  Le  reste  est 
assez  diflFerent  de  notre  conte,  quoiqu'on  y  voie  un  pommier  qui 
parle  et  qui  da'nse. 

Remarquons  cependant  que  le  conte  du  Caucase  nous  repr^sente  le 
roi  mari^  successivement  a  chacune  des  trois  soeurs  vivantes.  N'est- 
ce  pas  simplement  cette  impossibility  morale  qui  aura  fait  tronquer 
le  commencement  du  conte  gascon?  Ainsi,  k  c6te  des  61^ments  pri- 
mitifs,  que  la  mythographie  comparee  doit  d^gager  et  interpreter,  il 
faut  reconnaitre  toujours  dans  les  contes  populaires  Tel^ment  moral 
oil  se  caracterisent  la  race,  le  pays,  la  religion.  Aussi  M.  Blad6  a-t-il 
recueilli,  avec  le  m6me  soin  que  tout  le  reste,  ces  appropriations 
locales,  ces  comparaisons  prises  de  la  topographic,  ces  reflexions 
braves,  tantdt  propres  au  narrateur,  tantdt  mises  dans  la  bouche  d*un 
personnage  du  conte  (1).  Ces  dernieres  sont  d*un  gros  bon  sens,  aussi 
Chretien  que  gascon.  Cependant  on  pourrait  trouver  une  teinte 
trop  fataliste  a  cette  sorte  de  proverbe  qui  revient  deux  fois  dans  la 
bouche  de  la  vieille  protectrice  de  notre  Psyche  :  c  Lous  counseils 
serbisson  pas  d'arr^  e  so  que  diu  arriba  manquo  pas  jam^s.  »  Re- 
marquez  que  cette  derniere  phrase  traduit  I'aphorisme  emprunte  sans 
doute  aux  Arabes  par  le  peuple  espagnol  :  •  Lo  que  ha  de  ser  no 
puede  faltar.  t 

Quoi  qu'il  en  soit.  ce  travail  de  M.  Blad^  marque  sur  ses  deux 
recueils  precedents  du  meme  genre,  qu'un  si  legitime  succes  a  d^jk 
couronn6s,  un  progres  trfes-remarquable,  et  par  T^tendue  des  r^cits, 
et  par  le  m^rite  des  recherches,  et  par  la  notation  soigneuse  des  va- 
riantes  rapport^es  toujours  a  leurs  foumisseurs  responsables.  Quant 
a  la  valeur  de  la  narration  elle-mfime,  il  n'est  pas  n^cessaire  d'y  in- 
sister;  pas  une  dme  po^tique  ne  recevra  sans  emotion  ces  ^chos,  en- 
core si  pleins  et  si  sonores,  du  g^nie  ^pique  de  notre  race. 

LioNCE  COUTURE. 

(1)  Aq  point  de  vae  philologiqne,  je  dois  faire  remarqaer  leg  quatrc  ffagtnenta 
rim ^8  qai  se  uronveDl  aux  pages  61  et  66*. 


Digitized  by 


Google 


—  490  — 

CORRESPONDAIWCE. 


La  fomille  de  Donoet  et  son  fief  de  Pony. 

Sempuy,  le  28  juillet  1877. 
Monsieur  TabW, 

Je  viens  de  lire,  dans  la  Revue  de  Oascogne,  Farticle  de  M.  TabW 
Dulac,  intitule :  Un  LectouroiSy  ivique  de  Tatbes,  et  je  me  permets  ' 
de  vous  6orire  poui:  vous  demander  si  le  savant  auteur  de  cet  article 
ne  se  trompe  pas  en  traduisant  domini  de  Podio  par  t  seigneur  de 
Pouy-Roquelaure.  » 

J'ai  des  donnees  qui  me  portent  a  eroire  que  le  Podium  dontil 
s'agit  ici  est,  non  pas  Pouy-Roquelaure,  mais  Sem-Pouy. 

J'en  trouve  une  premiere  preuve  dans  Farticle  m6me  de  I'auteur, 
ou  il  est  question  de  Podio  prope  Lavardens^  ce  qui  ne  peut  pas 
s*entendre  de  Pouy-Roquelaure,  qui  se  trouve  dans  une  direction 
oppos^e  par  rapport  a  Lectoure,  tandis  que  le  Sempuy  est  plus  rap- 
proch^  de  Lavardens  que  de  Lectoure. 

La  seconde  preuve,  je  crois  la  trouver  dans  un  testament  du  xv* 
sitele  que  la  commune  du  Sempuy  possfede  dans  ses  archives  et  oil 
il  est  question  d*une  famille  de  Dulceto. 

Ce  testament  fait  en  1452  par  M.  de  Rege,  alors  cur6  du  Sempuy, 
renferme  des  details  curieux;  mais  il  est  trop  long  pour  que  je  puisse 
le  transcrire  en  entier;  je  me  contenterai  d'en  extraire  quelques  pas- 
sages. Apres  avoir  fonde  et  richement  dote  une  ohapelle  dans  Teglise 
paroissiale  Ste-Marie  du  Sempuy,  en  Thonneur  desainte  Catherine, 
M.  de  Rege,  testateur,  ajoute  : 

Item  voluit  praedictus  testator  quod  oapellania  prsedicta,  tamdiu 
quamdiu  ipse  vitam  ducet  in  humanis,  sibi  pertineat  et  expectet  sibi- 
que  pertinere  et  expectare  voluit. 

Denique  post  ipsius  instituentis  decessum  ipse  idem  testator  ins- 
tituens  elegit,  prsesentavit,  instituit,  ordinavit  et  spiritualiter  nomi- 
»avit,  eligit,  prsesentat,  instituit,  ordinat   et  nommat  de  praesenti 

Erimum  capellanum  dictae  capellaniaB  :  videlicet  Bertrandum  de 
>ulceto,  clericum,  nepotem  suum  et  habitatorem  ejusdem  loci  de 
SAo  Podio,  easuquo  velit  procedere  ad  sacros  ordines,  et  quod  infra 
viginti  quinque  annos  dictus  Bertrandus  de  Dulpetosit  infra  sacros, 
Et  si  forte  dictas  Bertrandus  de  Dulceto,  primus  capellanus  electus, 
in  aetate  dictorum  viginti  quinque  annorum  non  erat  infra  sacros, 
elegit,  instituit,  et  ofdinavit  dictus  testator  secundum  capellanum 
dictae  capellauiae  rectorem  qui  pro  tunc  dictam  rectoriam  ecclesiae 
prsedictae  loci  praedicti  de  Suo  Podio  tenebit  et  possidebit.  Similiter 
post  decessum  dicti  Bertrandi  de  Dulceto,  primi  capeUani  per  ipsum 
electi,  instituit  et  ordinavit  dictus  testator  capellanum  dictee  capel- 


Digitized  by 


Google 


—  491  — 

laniae,  rectorem  dictse  ecclesiae  parochialis  beatse  Mariae  ejusdem 
loci  de  Sdo  Podio;  et  post  decessum  illius  rectoris,  alium  rectorem 
in  dicta  rectori^  possessorem  et  successorem,  et  sic  rectores  qui 
futuris  rectoribus  eitunt  successores  ecclesiae  supradictae  loci  prae- 
dictide  SAo  Podio.,. 

Plus  loin,  M.  de  R^e,  institue  ses  l^gataires  universels  : 

Joannam  de  Moquenis,  Bertrandum  de  Dulceto  et  Marquisiam 
de  Dulceto,  filios  dictae  Joannae  et  nepotes  ipsius  testatoris,  pro 
onSnibus  eorum  voluntatibus  faciendis,  aequis  portionibus  inter  ipsos 
dividendis  haeredes  suos  universales  et  generales  instituit  atque  fecit 
et  voluit  et  ore  suo  proprio  nominavit. 

A  cette  ^poque,  le  due  d'Albret  ^tait  seigneur  du  comt6  de  Gaure  : 

Domiino  de  Lebreto  comitatuum  Drocarum  et  Gaurae  comite, 
et  reverendissimo  in  Christi  patre'et  domino  domino  Philippe  per- 
missione  divina  Auxis  archiepiscopo,  etc. 

Voioi  les  noms  des  temoins  mentionnes  dans  le  testament : 

Hujus  rei  sunt  testes  ad  hoc  specialiter  vocati  et  rogati  per  dic- 
tum testatorem  videlicet :  Petrus  de  Calameto,  Petrus  de  Malau- 
"berco,  Bertrandus  de  Agossio,  Arnaldus  de  Aqua  pulchra,  Vitalis 
de  CAiario  junior,  Vitalis  de  Thomassio,  Bertrandus  de  Casfris  loci 
de  Stio  Podio  et  Petrus  de  Bertino  loci  de  Manhanco  habitatores,  et 
ego  Bernardus  Guillelmus  de  Bordis.  clericus  apostolicus,  auctoritate 
imperiali  notarius  ac  habitator  loci  de  Sdo  Podio. 

Veuillez  agr^er,  Monsieur,  etc.  Louis  SABATIE, 

car^  du  Sempuy. 

Nous  remercions  M.  le  cure  du  Sempuy  de  cette  communication 
int^ressante  pou^  Thistoire  de  sa  paroisse  et  de  la  famille  de  Doucet. 
Aureste,  il  ne  resulte  pas  dutesta(nent  de  De  R6ge  que  son  neveu 
BertraDd  de  Doucet  appar4int  k  une  famille  da  seigneurs  du  Sempuy; 
«t  Podium  tout  seul  ne  d^signa  jamais  cette  localite,  si  je  ne  me 
trompe.  Mais  M.  I'abbe  Sabatie  a  raison  d'61iminer  Pouv-Roque- 
laure;  la  lettre  suivante  va  donner,  je  crois,  la  vraie  identification  de 
Podium,  fief  des  Doucet.  —  L.  C. 

Lectoure,  le  6  aoflt  1877. 

Monsieur  le  r^dacteur  en  chef, 

En  remercrant  M.  I'abbe  Dulac  d*avoir  remis  en  m^moire  un  lec- 
tourois  evSque  de  Tarbes,  j'ajouterai,  avec  son  consentement,  quel- 
ques  observations  qui  ne  seront  peut-Stre  pas  sans  int^rdt  ^  la  suite 
de  son  travail. 

Premierement,  a  propos  du  doute  qui  pent  encore  subsistersur 
Torigine  lectouroise  de  cet  (5v6que,  je  citerai,  dans  le  t.  iiv,  p.  396 
des  Notices  et  extraits  des  manitscrits,  publics  par  TAcad^mie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  un  acte  de  1273  a  la  fin  duquel  on  fit : 
<  Actum  fait  apud  Lactoram  in  aula  Amaldi  Guillelmi  et 
Raimundi  Guillelmi  de  Dulceto  fi^atrum  quarto  die  introitnis 
mariii  Anno  ab  incamatione  Domini  millesimo  duoentes9  LXX"^ 


Digitized  by 


Google 


—  492  — 

tertio...  >  (Je  dois  la  connaissance  de  cet  acte  k  Uextrdme  oblipeance 
de  M.  P.  La  Plagne-Barris).  Ainsi  done  bien  avant  1391,  eiistait  a 
Lectoure  la  maison  de  Dulceto,  contemporaine  lie  T^vSque  GeraUius 
de  Dulceto,  et  dans  laquelle,  probablement,  il  avait  vu  le  jour. 

En  second  li«u,  je  ne  crois  pas  que  Ton  puisse  retrouver  la 
seigneurie  de  Podio,  indiquee  dans  Facte  de  1391,  a  Pouy-Roque- 
laure,  mais,  sans  doute,  a  Pouy  (actuellement  hameau)  situe  au 
nord-est  et  a  quatre  kilomfetres  de  Lavardens  dans  le  diocese  d'Auch. 

Pour  ce  qui  est  du  vrai  nom  de  famille  des  Doucet,  on  le  trouve 
constamment  a  Lectoure,  m§me  dans  les  chartes  latines,  &rit  ainsi  : 
de  Dosset,  On  sait  que  les  notaires  se  dispensaient  fr^queinment  de 
latiniser  les  noms  propres.  Par  d'autres  raisons,  qui  seraient  aussi 
longues  k  d^velopper  ici  qu'inutiles,  on  voit  que  c*est  la  la  vraie 
logon  romane  etque  ce  nomne  comporte  pas  d'apostroplie,  ainsi  que 
I'a  6crit  Tabbe  Monlezun. 

On  trouve  des  de  Dosset  k  Lectoure  pendant  le  xni«,  le  iiv«  et  le 
commencement  du  xv*  siecle.  En  1434  ils  n*y  sont  plus  repr^sent^s 
que  par  une  femme  Melha  de  Dosset,  Leur  nom  disparait  alors  et  ne 
se  retrouve  plus  dans  la  suite.  II  n*est  question,  a  ma  connaissance, 
de  leur  seigneurie  de  Pouy,  que  dans  Facte  de  1391.  Leur  maison  a 
Lectoure  devait  Stre  une  de  ces  nombreuses  maisons  fortes  intra 
muros  dont  on  voit  encore  les  substructions;  elle  dut  6tre  raseQ  lots 
de  la  demolition  de  la  ville  en  1473.  N^anmoins  son  emplacement 
serait  interessant  k  connaitre  (1);  il  pent  en  rester  des  vestiges  con- 
siderables, et,  outre  Fhonneur  devoir  vu  naitre  un  ^vfeque,  elle  oflfre 
cette  petite  curiosity  ^nigmatique  d' avoir  servi  pour  r^diger  deux 
actes  importants,  k  un  sifecle  d'intervalle,  alors  que  ses  proprietaires 
n'^taient  pas  notaires,  et  que  les  souscripteurs  de  ces  actes  ^taient 
amplement  pourvus  d'autres  lieux  mieux  appropri^s,  semble-t-il, 
pour  la  redaction  d'actes  publics.  XXX. 

QUESTION. 

152.   Un  due  d^Bsclignac,  historien. 

On  lisait  dans  une  revue  etrangSre  de  f6vrier  1874  :  «  Charles-Philippe  de 
Preissac,  due  d'Esclignac,  ancien  pair  de  France,  auteur  d'une  Histoire  dltalie, 
est  mort  k  Milan  k  VS^ge  de  83  ans.  »  Cet  historien  portait  un  nom  eascon;  c'est 
une  raison  suffisante  pour  demander  h  quelgu'un  aes  ^crivains  de  la  Retme  de 
Gaseogne,  sinon  une  notice  complete  sur  lui,  au  moins  les  indications  hiogra- 
phiques  et  bibliographiques  utiles  pour  se  renseigner  sur  sa  personne  et  sor 
sonouvrage.  Jean  BKANA. 

(I)  Des  emprunts  anciens  et  snrtout  modernes  ont  priv^  les  archives  municipales 
de  Lectoure  de  tout  ce  qu'elles  renfennaienl  de  plus  pr^cieux  et  des  deux  livre« 
terriers  de  la  premiere  moilid  do  x?*sidcle,  qui  aaraient  permis  de  retrouver  certains 
ment  reinplacemeDt  de  cette  maison. 


Digitized  by 


Google 


NOTES  SlIR  DEIIX  SEIGNEURS  DE  LVSTRAC. 


En  lisant  Tinteressaiite  biographie  de  Naudonnet  de  Lus- 
trac,  publiee  dans  la  livraison  de  juillet  de  cette  Revue  par  M. 
Paul  La  Plagne-Barris,  je  me  suis  souvenu  que  les  Archives 
d'Agen  possedent  deux  pieces  a  utiliser  pour  Thistoire  de  la 
famille  de  Lustrac. 

Le  fief  qui  porte  le  nom  de  Lustrac  est  un  moulin  fortifle 
comme  un  chateau  du  moyen^age.  II  est  situe  sur  les  bords 
du  Lot,  rive  droite,  dans  la  commune  de  Trentels. .  Son  plan 
est  rectangulaire  et  ses  angles  sont  flanques  de  tours  b&ties 
dans  (Euvre.  L'ensemble  est  assez  bien  conserve.  Lustrac  a 
soutenu  des  sieges.  II  est  souvent  cite  dans  les  registres  des 
consuls  d'Agen  avec  la  qualification  de  fort. 

Monl-Nareisse  etait  le  nom  primitif  de  la  localite.  Fouques . 
de  Lustrac  construisit,  vers  I'annee  1305  environ,  le  muulin 
qui  a  garde  son  nom. 

Voici,  a  ce  sujet,  un  paragraphe  extrait  d'un  denombre- 
ment  (environ  1320)  des  droits  per^us  dans  la  juridiction  de 
Penne : 

Item,  in  passu  paxerie  de  Monte-Nareisse  fuit  quondam  molen- 
dinum  edifficatum,  bene  sunt  quindecim  anni  elapsi,  et  paxerie 
quedam,  bene  sunt  viginti  anni  elapsi,  per  Fulconem  de  Lustrac,  et 
valuerunt  et  possunt  valere  V^  (1). 

(1)  (Archives  d^partementales  de  Lot-et-Garonne,  S^  k  la  s^rie  E.  Frespech^ 
FF.  1»  fo  15.)  Le  registre  ainsi  cot^  contient  des  copies  faites  aa  xyiii*  si^cle  de 
documents  d'nne  grande  importance,  mais  qui  sont  transcrits  d'ane  fagon  fort  in- 
correcte.  Toutefois  leor  authenticity  neparatt  pas  devoir  6tre  snspect^e. 

Dans  I'acte  relatif  aux  moulins    da  Lot^   les  Boms  sont  cit^s  avec  des  variantes 

orthographiqoes  dans  I'ordre  suivant :  De  Gaillardello-f  de  Fumello;  de  Pinibus 

(Lamothe-Pis,  comm.  de  Condezaygnes,  rive  droite);  de  La  Canal  on  Conat;  de  Las 

Ondasi  de  monte  de  Montriaco;  de  monte  Nareissa  (Lustrac);  La  Gutmorda;  de 

Tome  XVIH.  —  Novembre  1877.  33 


Digitized  by 


Google 


—  494  — 

Une  charle  (1439)  publiee  ci-apres  nous  reporte  au  temps 
des  rputiers  et  deslattes  contre  les  Anglais. 

A  gen,  fldele  a  la  France,  devena  ville  «  es  marches  et  froa- 
lieres,  »  etait  alors  entoure  de  voisins  non  moins  redoutables 
que  les  etrangers.  Le  peril  etait  partout,  comme  le  prouve 
rincident  relate  dans  cet  acte. 

Naiidonnet  de  Lustrac,  maitre  des  principales  forteresses 
des  environs,  assiste  du  seigneur  de  Boville,  prepara  contre 
les  Agenais  un  facile  coup  de  main.  II  avait  pour  lui  le  sene- 
chal  B6raud  de  Faudoas. 

Ce  dernier  convoqua  le  peuple  a  ses  assises.  Ces  assemblees 
se  tenaient  a  la  maison  commune,  situee  au  centre  de  la  ville. 
Tandis  que  les  faubourgs  etaient  degarnis,  les  deux  capitaines . 
a  la  tete  d'une  troupe  nombreuse  franchirent  lesportes.  Peut- 
6tre  furent-ils  regus  comme  des  hdtes  ou  comme  des  amis  en 
produisant  un  mandat  du  senechal.  Toujours  est-il  que  les 
notables  etaient  reunis  a  souhait.  Les  surprendre,  les  cerner, 
.choisir  des  prisonniers  et  des  otages,  ce  fut  Faffaire  d'un  ins- 
tant. Les  deux  routiers  se  saisirent  des  ofQciers  du  Roi,  des 
•consuls,  d'un  certain  nombre  de  bourgeois  et  d'habitants  et 
particuliferement  des  plus  riches.  Le  but  de  ce  guet-a-pens  se 
devine.  II  s'agissait  d'une  forte  rangon  i  extorquer.  Les  Age- 
nais redoutant  la  mine  de  leur  ville,  craignant  meme  pour 
leur  vie,  s'engagerent  a  payer  la  somme  &iorme  de  miUe  ecus 
en  cinq  ans. 

Portalou  on  Pertutou  (Portaloa,  comm.  de  Tr^mons,  rive  gauche);  de  Philogeras 
an  Reg olerat  (R\gon\i^Te$,  comm.  de  Penne,  rive  gaache);  demonte  superiori  di 
Pelitserio;  de  monte  inferiori  de  Pelisserio. 

D'apr^s  cet  ^tat,  qui  est  in^dit,  ces  12  moulins  Etaient  lous  de  fondatioD  r^cente. 
Ainsi  ces  immeoses  travanx  de  barrages  et  de  constructions  d'6cluses  et  de  moalins 
sur  le  Lot,  souvent  restaurds,  utilise  encore  pour  la  plopart  de  nos  jours»  date- 
raient  da  commencement  du  iivf  si^cle.  C'est  I'^poque  des  grandes  entreprises.  De 
1346  h  1305,  38  bastides  furent  fondles  surleterritoire  qui  tonstituele  d^partemeot 
de  Lot-et-Garonne.  Cos  vilies  furent  rapidement  penpl^es  et  entour^es  de  mors. 
Sept  d'entre  elles  sont  actuellemeat  des  chefs-lieux  de  canton.  Pendant  la  m^me 
pdriode  les  vilies  ancienne^  achevaient  leurs  enceinies  de  murailles  et  les  seigneurs 
devaient  de  nouveaux  cb&teaux.  Je  doute  que  les  grands  ouvrages  qui  ont  trans- 
formd  i'Agenais  depnis  soixantaans,  et  dont  nous  sommes  justement  flers,  soient 
r^qtiivalent  comme  somme  d'efforts  de  ceax  que  je  Tiens  d'^nam^rer. 


Digitized  by 


Google 


—  495  — 

Lustrac,  Boville  el  Faudoas  avaient-ils  dejastes  causes  de 
plain tes  contre  les  Agenais?  C'est  possible;  mais  les  proofe- 
des  qu'ils  employerent  pour  les  faire  valoir  sont  assuremeiit 
peu  chevaleresques. 

Ces  faits  s'etaient  passes  en  1456. 

Trois  ans  apres,  le  Dauphin  de  France,  qui  devait  6tre  Louis 
XI,  fut  envoye  par  le  roi  son  pere  a  Toulouse  pour  y  repri- 
mer  les  exces  commis  par  les  gens  de  guerre  (1). 

II  re^ut  les  plainfes  des  habitants  d'Agen  et  donna  ordre 
d'informer  contre  Lustrac  et  Boville.  Le  senechal  d' Agenais  et 
deGascogne,  lejugemage  d'Agen  etle  juge  ordinaire  de 
Condom,  furent  charges  de  faire  Tenquete  el  de  prononcer  le 
jugement. 

Les  letlres  de  grace  aCcordees  a  Naudonnet  de  Lustrac  (2), 
en  1442,  font  allusion  a  quelques  autres  ey^nemenls  qui  se 
passerent  a  Agen  a  la  suite  de  la  surprise  de  la  ville.  Le  me- 
fait  est  singulierement  attenue,  ainsi  que  cela  a  toujours  lieu 
dans  la  redaction  des  actes  de  cette  nature.  Ces  lettres  ne 
mentionnent  m^me  pas  imposition  forcee  des  mille  ecus. 

Ces  divers  episodes  ne  peuvent  6tre  retraces  que  sommal- 
rement  d'apres  des  actes  si  courts.  lis  sont  curieux  parcequ'iis 
caracterisent  fort  bien  une  epoque  de  troubles  oil  Tamitie  de^ 
capilaines  etait  souvent  aussi  dangereuse  que  leur  inimitie. 
Au  moment  oil  nous  voyons  le  roi  de  France  oblige  de  sur- 
veiller  son  partisan  Rodrigue  de  Villandrando  (3),  de  proteger 

(1)  Le  Dauphin  n'avait  alors  que  seize  ans.  II  arriva  k  Touloose  le  35  mai,  L'or- 
donnance  rendne  en  favenr  des  consuls  d'Agen,  le  28  join,  doit  6tre  mi  des  premiers 
acies  dmanant  de  ce  g  rand  jnsticler. 

Aprds  avoir  paru  pour  la  premiere  fois  dans  la  Revue  de  GaseognCf  cette  charle 
figurera  sans  doute  anx  premieres  pages  dn  recneil  des  lettres  de  Louis  XI  qile  pre- 
pare en  ce  moment  la  Soci^te  de  I'histoire  de  France. 

(2)  Page  306. 

(3)  II  est  vraisemblable  que  Lustrac  prit  part  a  la  campagne  de  Villandrando  danii 
r Agenais.  Peut-ltre  en  aurons-nous  lapreuve  quand  M.  Jules  Quicherat  aura  T(S^ 
dild  un  m^moire  fort  remarqnable  pam  il  y  a  trente  ans  (BibliotMgfue  de  VEcoh 
des  ehartes,  2es6rie»  1. 1)  etqui  va  prochainement  se  transformer  en  un  volume. 
Si  qnelque  lecteur  de  la  Revue  de  Gascogne  poss^dait  des  decumenu  iq^dits  sur  le 
cdldbreaventurier,  jeTengageTivement  k  les  transmettre  a  I'bistonen  de  Kodrigue 
de  Villandrando,  le  savant  directenr  de  TEcole  des  chaY(6s. 


Digitized  by 


Google 


—  496  — 

le  Languedoc  contre  ses  compagnies,  TAgenais  nous  presente 
ce  spectacle  singulier  d'i>n  senechal  livrant  ceux  qu'il  doit 
d6fendre,  de  capitaines,  partisans  frangais,  rangonnant  une 
des  villes  francaises  les  plus  exposees  comme  elant  sur  la 
frontiere.  Partout  la  division,  le  mepris  du  droit,  le  regrie  de 
la  force,  la  trahison,  Tecrasement  des  faibles. 

Ordonnanoe  du  Dauphin,  depuis  Louis  XI. 

(28juinl439). 

Loys,  fils  du  Roy  de  France,  daulphin  de  Viennoys,  au  gouver- 
neur  et  seneschal  d'Ageneis  et  de  Gascoigae  et  au  juge  mage  d'Agen 
ou  juge  ordinaire  de  Condom  et  k  chacun  d*eulx  ou  a  leurs  lieuxte- 
nans,  salut.  Les  consuls,  bourgois,  manans  et  habitans  de  la  ville  et 
cit6  dudit  lieu  d'Agen  nous  out  humblement  fait  eiposer  que    Tan 
mil  un«xxivi  derreni^rement  pass^  Bdrauit  de  Faudouas,  chevalier, 
pour  lors  gouverneuir  et  seneschal  dudit  pais  d'Ageneys,  estant  en 
ladite  ville  d*Agen  et  tenant  son   audience  publique  en  la  maison 
commune  d'icelle,  fist  entrer  ou  au  moins   par  son  ordonnance  en- 
trferent  en  ladite  ville  les  seigneurs  de  Bovesville  et  de  Lustrac 
accompaignez  de  grant  quantity  de  gens  d'armes  etde  traict,  lesquels 
apres  leur  dicte  entree,  vindrent  tout  droit  en  ladicte  maison  com- 
mune oil  ils  prisdrent  et  arresterent  plusieurs  des  ofGciers  de  mon- 
dict  seigneur  et  des  consuls,  bourgois  et  autres  manans  et  habitans 
de  ladicte  ville  et  des  plus  riches  queilz  trouverent  en  ladicte  maison 
commune  avec  ledit  Berault  de  Faudouas.   Et  lesquelz  consulz, 
bourgois  et  autres  de  ladicte  ville  estant  ainsi  pris  et  arrestez,  doub- 
tans  la  perdicion  de  leurs  corps  et  biens  et  la  destruction  totalle   de 
ladicte  ville,  actendue  la  maniere  de  Tentr^e  desditz  gens  d*armes,  la 
force  et  violence  qu'ilz  leur  faisoient  et  les  menasses  qu'ilz   leur 
donnoyent,  par  crainte  et  doubte  et  qu'autrement  ne  Teussent  point 
fait,  promisdrent  au  nom  de  ladicte  ville  ausdits  seigneurs  de  Bo- 
vesville et  de  Lustrac  donner  la  somme  de  n®  escuz  par   chacun  an 
jusques  a  cinq  ans  enssuivant  souiz  certaines  condicions  mises   et 
appos^es  audit  contrault  sur  ce  fait  entrelesdites  parties.  Et  lesquelles 
condicions  n'ont  en  riens  este  accomplies  de  la  part  desdits  seigneurs 
de  Bovesville  et  de  Lustrac;  ce  non  obstant,  soulz  umbre  dudit  con- 
trault ainsi  fait  par  force,   violence  et  contraincte,  comme  dit  est 
dessuSy  iceuiz  de  Bovesville  et  de  Lustrac  se  sont  eiforcez  et  efforcent 


Digitized  by 


Google 


—  497  — 

tant  par  voye  de  fait  que  autrement,  a  tort  et  centre  raison  contrain- 
dre  lesdits  exposanls  a  paier  ladite  somme  de  ii<^  escuz  par  chacun 
an  depuis  le  temps  que  ledit  contrautt  fut  fait  et  pass^,  qui  est  en 
leur  grant  grief  preiudice  et  dommaige,  et  plus  seroit  se  par  nous  ne 
leur  estoit  sur  ee  pourveu  de  remede  convenable,   humblement  re- 
querant  icelluy.  Pour  quoy  Nous,  les  cboses  dessusdites  consid^r^es 
qui  ne  vqulons  telz  contraulx  par  force,  violence  et   contraincte  faiz 
comme  dessus  est  dit  valoir  ne  sortir  aucun  effect,  eu  regart  aux 
grans  perteset  dommaxges  que  lesdits   exposans   ont  souffert  et 
souffrent  de  jour  en  jour  pour  acquiter  leur  loyault6  envers  mondit 
seigneur,  lesquels  sont  es  marches  et  fronti^ros  des  Anglais,  anciens 
ennemis  de  mondit  seigneur  et  nous,  vous  mandons  et  commandons 
que  se,  appeiezceulx  qui  seront  k  appeler,  il  vous  appert  par  informa- 
cion  ou  autrement  deuement  de  ce  que  dit  est  tant  que  souffire  doye, 
vous  ferez  tenir  quictes  et  paisibles  lesdits  exposants  doresenavant  de 
ladite  somme  de  ii«  escuz  pour  chacun  an  et  des  arreraiges  qui  en  pour- 
royentestre  deuz  du  temps  passe  se  aucunsen  sont  deuz;  et  faisant 
commandement  bien  expres  de  par  mondit  seigneur  et  nous  ausdits 
de  Bovesville  et  de  Lustrac  sur  certains  et  grans  peines  k  appliquer 
auxdits  seigneurs  que  pour  raison  de  ladicte  somme  et  arreraiges  ils 
ne  mole^tent  ne  travaillent  lesditz  exposans  par  voye  de  fait  ou  autre- 
ment indeuement;  aingois  qu'ilz  vous   baillent  et   mectent  en  voz 
mains  les  obligations  qui  ont  estd  faictes  par  la  maniere  et  pour  les 
causes  dessusdites,  s'aucunes  en  ont,  pour  icelles  estre   par  vous 
cassees  et  adnuUees  se  estre  le  doyvent.  Et  au  surplus  aux  parties 
sur  tout  icelles  oyes  faictes  bon  et  brief  accomplissement  de  justice, 
car  ainsi  nous  plaist  il  estre  fait,  non  obstant  quelconques   lettres 
subreptices  kce  contraires.  Mandons  a  tous  les  justiciers,    officiers 
et  subjez  de  mondit  seigneur  que  a  vous  en  ce  faisant  obeissent  at 
entendent  diUgemment.  Donnd  a  Tholouse  le  xxvni^jour   de  juing, 
Tan  de  grace  mil  cccc  trerite  et  neuf. 
Par  Monseigneur  le  Daulphin  en  son  conseil, 

*  Bachelier. 

Parchemin.  Largeur  0  m.  29,  hauteur,  0  m.  22.  Sceau  du  dau- 
phin en  cire  rouge,  pendant  sur  simple  queue:  ^cartel^  aux  1  et  4  de 
France,  aux  2  et  3  d'un  dauphin.  —  Archives  de  Thdtel-de-ville 
d'Agen.  Serie  FF,  a  classer. 

G.  THOLIN. 
arcliivist*  da  d4ptrt«ment  de  Lot-et-6aronn«. 


Digitized  by 


Google 


—  498  — 


LA  DEVEZE. 

HJSTOIRE  MUNIOIPALE  ET  CIVILE. 

PfiRIODE  RfiYOLUTIONNAIRE. 

{Suite*.) 

IV. 

Fasion  des  deux  partis  Lanacastets  et  Domerc.  —  Parti  d'Espaignet.  —  D6faite 
de  ce  dernier  aax  Elections  muDicipales.  —  D^membrement  de  Saint-Andr^ 
at  Saint- Laarent. —  Curieox  consid^rants  de  cette  creation  commanale.  — 
Election  des  officiers  municipaux  de  la  nouvelle  commune.  —  Graves  d^sor- 
dres  dans  les  eglises  de  Saint-Andr6  et  de  Saint-Laurent.  —  L'aff aire  da 
demerobrement  est  port^e  k  Auch.  —  Reconnaissance  de  la  nouvelle  com- 
jaxme  de  Ladev^ze-Rividre.  —  Protestations  de  La  Deveze.  —  Supplique 
de  Ladev6ze-Rivi6re  k  l'Assembl6e  nationale. 

M*  Dominique  Lanacastets,  dans  son  zele  pour  la  propa- 
gation des  a  Immortels  Principes  »  et  dans  sa  flerte  pour 
rhonneur  dont  la  communaute  Tavait  investi  en  le  deputant 
a  Tassemblee  generale  de  la  senechaussee,  parut  oublier  ses 
anciennes  querelles  avec  VassembUe  municipale  de  1787. 

Des  Taurore  «  de  ce  beau  jour  de  la  regenferation  de  tputes 
choses  et  du  redressement  de  tons  Jes  griefs  et  de  tons  les 
abus  dont  le  pauvre  peuple  etoit  depuis  si  longtemps  la  vic- 
time  {sic)  (1),  » il  y  eyit,  parait-il,  reconciliation  et  union  in- 
time  entre  les  divers  tenants  de  la  municipalite. 

Grace  ^  leur  « surveillance  et  bon  exemple,  »  la  commu- 
naute de  La  Deveze  eut,  tifes  le  principe,  le  precieux  avantage 
«  dejouir  d'une  paix  profonde,  malgreles  desordres  fomenles 

(^  Voir  |«s  (ivraisoni  d'ao^  et  septembre,  *p.  291. 

(1)  Acte  notarid  da  10  fdvrier  1790.  *-  Archives  de  M.  Dupleix-Pallaro. 


Digitized  by 


Google 


—  499  — 

par  les  brigands  qui  regnaient  dans  plusieurs  pays  du  royau- 
me  (1). » 

L'Assemblee  Nalionale  venait  d'abolir  les  litres  honoriflques 
et  autres  privileges  de  la  noblesse  (2). 

Elle  proclamait  (27  aout  1789),  « en  presence  et  sous  les 
auspices  de  TEtre  supreme,  riramortelle  Declaration.  »  Nos 
ediles  s'empresserent  de  voter  de  sympathiques  hommages 
au  «  zele  si  enthousiaste  des  dignes  representants  de  la  na- 
tion. » 

M.  d'Espaignet,  peu  partisan  du  nouvel  ordre  des  choses 
«  qui  lui  6tait  la  domination  dans  La  Deveze,  lui  enlevait  ses 
titres  honorifiques,  et  annulait  le  droit  de  chasse,  ce  qui  lui 
etait  particulierement  en  horreur  (3),  »  vint  Iroubler  cet  en- 
thousiasle  concert  d'admiration  et  de  louanges.  II  vint  « jeter. 
la  zizanie  »  dans  ces  coeurs  qui  deja  savouraient,  «  avec  une 
sainte  ivresse,  les  delices  de  la  liberte.  » 

Nos  municipaux  iront  meme  jusqu'a  dire  que  «  d'Espai- 
gnet  n'a  vu  qu'avec  la  rage  dans  le  cceur  les  decrets  de  TAs- 
semblee  nationale  qui  le  ramenaient  Fegal  de  ses  conci- 
toyens  (4).  » 

En  conformite  du  decret  de  d6cembre  1789,  il  fallut  proce- 
der  a  la  creation  du  nouveau  maire,  du  procureur-syndic  de 
la  commune,  des  officiers  municipaux  et  des  notables. 

Deux  nouveaux  partis  se  trouverent  en  presence  :  le  parti 
d'Espaignet  (5)  et  le  parti  des  adh6rents  au  nouveau  r6gime  (6). 


(!)  Deliberation  da  l«r  mars  1790. 

(2)  Nuit  du  4  aoOt  1789. 

(3)  Deliberation  da  22  juillet  1790. 

(4)  Ibidem. 

(5)  Tarsan  d'£spaignet,  Joseph  Meilhan,  etc. 

(6)  M.  Alexandre  Domerc,  maire  de  la  ville  et  commanaate  de  La  Deveze,  M« 
Dominiqa^  Lanacastels,  M*  Laarent  Leberon,  siears  Jean  Lestrade,  Jean  Domerc, 
Jean  Douyaa,  officiers  municipaax*  M*  Laarent- Barqaissao,  procareur  de  la  com^ 
mane,  M*  Cazeaax,  archiprdtre  de  Saint-Pierro-Castets,  M*  Lacrampe,  cure  de  Saint- 
Lauren  I,  M"  Jean  Dusser,  notaire  royal,  siears  Jpsepb-Marie  Lanusse,  Antoine 
Louit,  Andre  Pelican,  Dominique  Dubertrand,  Jean  LaUnne,  Jean  Duffau,  Pierre 
Clavel,  notables. 


Digitized  by 


Google 


.-  600  — 

M.  Domerc  crut  avoir  le  droit  de  convoquer  les  electeurs 
pour  la  nomination  du  citoyen  (1). 

D'Espaignet  pretendit  a  la  presidence  de  Tassemblee  elec- 
tive. Afln  de  se  concilier  des  voix,  il  tint,  dans  sa  maison,  des 
reunUms  privees,  allant  jusqu'a  promettre  aux  electeurs  qui 
lui  accorderaient  leur  suffrage  le  partage  des  biens  commu- 
naux.  II  leur  fit  esp6rer  un  arpent  de  terre  a  chacun  (2). 

On  se  reunit  le  jour  fixe  par  M.  Domerc.  D'Espaignet  se 
rendit  a  la  seance. — « Monsieur  le  syndic^  vous  n'avez  pas  le 
droit  d'ouvrir  Tassemblee.  Ce  droit  appartient,  non  a  voire 
municipaUte,  mais  au  corps  municipal,  compose  du  maire  et 
des  Irois  consuls  (3).  Vous  vous  etes  installe  eft  president,  sans 
mission  legale.  — Monsieur  d'Espaignet,»  fit  observer  M.  Do- 
merc, « j'ai  ete  choisi,  en  ma  qualite  de  syndic  de  Vassemblee 
munidpale,  pour  la  convocation  des  electeurs  et  la  presidence 
de  la  reunion.  Du  reste,  c'est  a  moi  et  non  au  corps  muni- 
cipal qu'ont  ete  adresses  les  ordres  de  M.  le  minislre  et  de 
M.  rintendant. —  Le  ministre  etTintendant  n'ont  fait  que  des 
bet,..  C'est  a  la  commune  a  decider  si  la  convocation  a 
ete  faite  selon  les  formes. —  Votre  pretention.  Monsieur  d'Es- 
paignel,  est  contraire  aux  d6crets  de  TAssemblee  nationale : 
neanmoins,  je  veux  adherer  a  votre  desir,  et  nous  allons 
proceder  a  Teleclion  du  president. »  M.  d'Espaignet  ne  put 
reunir  que  83  voix,  et  M.  Domerc  en  obtint  104. 

M.  Tursan,  hors  de  lui,  quitte  brusquement  lasalle.  « Vous 
n'6tes  que  de  la  canaille,  des  fnpons,  dit-il  a  ses  partisans. 
Vous  m'avez  indignement  trompe.  Vous  n'aurez  pas  les  com- 
munaux.  » . 

D'Espaignet  se  retira  par  devant  notaire,  et  signifia,  par  acte 
public,  a  ses  adversaires,  une  protestation  signee  de  quelques- 
uns  de  ses  adherents  et  dont  je  traduis  le  sens  exact : 

(1)  On  designait  ainsi  la  nonvelle  organisation  manicipale. 

(2)  »(Slib«ration  da  32  juUlet  1790. 

(3)  M.  d'Espaignet  faisait  allosion  aax  difficult^s  dont  nous  avons  d^ja  parl^t  sor- 
▼ennes  entre  les  partis  Domerc  et  Lanacastets. 


Digitized  by 


Google 


—  501  — 

Fidfeles  k  nos  devoirs,  invariablement  attaches  k  I'int^r^t  g^n^ral 
de  la  commune,  nous  nous  sommes  empresses  de  nous  rendre  k 
Tassembl^e  pour  la  nomination  du  citoyen.  Quelle  n'a  pas  6t6  notre 
surprise  de  voir  la  reunion  pr^sid^e  par  le  syndic  de  cette  sorte  de 
municipalili  qui  est  purement  administrative^  consequemment 
sans  quality  pour  deliberer  en  assembl^e  communale.  Les  articles  8 
et  12  du  d^cret  de  d^mbre  ne  parlent  que  du  corps  municipal  et 
non  de  VassembUe  municipale.  Toutes  sortes  d'intrigues  et  de 
moyens  violents  ont  6x6  mis  en  jeu  pour  capter  le  suffrage  des  ^lec- 
teurs.  Les  Elections  ne  sauraient  6tre  libres  dans  ces  conditions.  De 
bonnes  gens,  des  gens  simples  quoique  tris-honnUes^  ont  6i6  trom- 
pes  et  abuses  I  Comment !  on  aurait  r^ussi  k  s^duire  ces  braves 
gens  au  point  de  les  obliger  a  nonmier,  contre  Tint^rSt  g^n^ral,  leur 
propre  int^rfet,  membres  de  la  nouvelle  organisation,  les  anciens  mu- 
nicipaux?  Des  hommes  qui  n'ont  rien  fait  d'utile  pour  la  commune, 
pour  la  portion  du  peuple  la  moins  fortun^e,  des  gens  qui  ont  aban- 
donn^,  entre  les  mains  d'usurpateurs,  les  biens  communaux,  des 
gens  coraptables  envers  la  communaut^  d'une  administration  souil- 
lee  par  les  abus  les  plus  intolerables!  Faut-il  done  a  la  communaut^ 
de  pareils  administrateurs?  Nous  protestons  ^nergiquement  contre 
les  operations  d6ja  faites.  Nous  en  r&lamons  la  nuUit^  partout  ou  il 
appartiendra.  Nous  declarons  ne  vouloir  en  aucune  manifere  pren- 
dre une  part*  active  aux  operations  engagees,  qu'autant  que  nous  se- 
rous assures  que  les  suffrages  seront  libres  et  que  Tintrigue  n'abu- 
sera  plus  de  la  simplicity  et  de  la  pauvret^  des  electeurs  au  fond  si 
honnfites  et  d^vou^s  au  bien  public.  Nous  d^larons  en  outre  avoir 
la  ferme  et  constante  resolution  de  poursuivre,  par  toutes  les  voies 
16gales  en  notre  pouvoir,  la  restitution  des  biens  de  la  communaut6 
et  des  fruits  pergus  k  son  prejudice,  par  la  negligence  des  prec6dentes 
administrations.  C^est  ainsi  (fut-il  ajout^  sur  un  ton  ironique  peut- 
6tre  dans  la  pensee  de  d'Espaignet)  que  I'esprit  de  notre  Immortelle 
Constitution  sera  suivi  de  la  regeneration  de  toutes  choses  et  du  re- 
dressement  de  tons  les  griefs  et  de  tons  les  abus  dont  le  pauvre  peu- 
ple est  depuis  si  longtemps  la  victime  (I). 

Les  protestations  de  M.  de  Tursan  ne  durent  pas  exercer 
une  influence  tres-serieuse  et  tres-efflcace  sur  le  r6sultat  du 
vote. 

(1)  Acte  sign^  DareU,  ootaire,  do  10  f^vrier  1790.—  Archives  de  M.  Dapleix- 
Pailaro. 


Digitized  by 


Google 


-  502  -- 

Le  21  fevrier  1790,  nous  retrouvons  le  syndic  de  Tassem- 
blee  municipale,  M.  Domerc,  avec  son  titre  offlciel  de  Moire 
de  la  ville  de  La  Deveze.  —  La  charge  de  Procureur-sj/ndic 
de  la  commune  fut  confiee  a  M^  Laurent  Barquissau,  avocal 
en  Parlement;  MM.  les  officiers  munieipaux  :  M*  Dominique 
Lanacastets,  avocat  en  Parlement,  Laurent  Leberon,  notaire 
royal,  Jean  Lestrade,  maitre  en  chirurgie,  Jean  Domerc  et 
Jean  Douyau,  furent  choisis,  par  le  parti  de  la  majorite  «  et 
»  celui  de  la  saine  raison,  a  la  satisfaction  publique,  indis- 
»  tinctement  dans  les  cinq  paroisses  qui  composent  la  com- 
»  munaute  de  La  Deveze  et  dont  la  Magdeleine  est  la  ville  et 
»  le  chef-lieu  (1).  » 

Dfes  cejour,  ily  aura  guerre  ouverteentre  les  deux  partis, 
et  elle  se  poursuivra,  il  faut  tristementPavouer,  avec  un  scan- 
daleux  acharnement. 

D'Espaignet  (2)  voudra  «  se  maintenir  a  main  armee 
et  au  mepris  des  lois  sacrees  de  la  Nation, » lui  reprocheront 
ses  adversaires,  dans  les  droits  honoriflques  du  patronage  (5) 
abolis  par  les  decrets  de  TAssemblee  nationale. 

Une  partie  des  habitants  des  paroisses  de  Saint- Andre  et  de 
Saint-Laurent  sont  coijvoques,  paries  ordres  de  d'Espaignet, 
sous  le  pmxhe  de  I'eglise  paroissiale  de  Sainl-Andre,  par  de- 
vant  notaire,  pour  le  samedi  27  fevrier  1790.  Nos  archives 
municipales  nous  apprennent  que  la  plupart  se  refuse- 
rent  a  repondre  a  Tappel.  II  n'y  eut  guere  que  certains 
intrigants,  toujours  prets  au  desordre,  et  les  obliges  de 
d'Espaignet,  qui  se  rendirent  a  ses  objurgations  et  k  ses  me- 
naces. 

II  fut  convenu  et  arrete  par  les  comparants  que,  sous  le  bon 
plaisir  du  Roi  et  de  TAssemblee  nationale  : 

(1)  D6Ub6ralion  des  l*f  mars  —  ai  fdvrier  —  22  juillet  1790. 

(2)  Pierre- Andrd-Gabriel  do  Tursan  d'Espaignet,  president  4  celto  ^poque  de  la 
Cour  des  aydes  de  Montauban,  depuls  deux  ans  surtout,  r^sidail  habitucllement  i 
La  Devdze,  dans  sa  famille. 

(3)  M.  d'Espaignet  poss^dait  le  titre  de  «  patron  et  abb6  lay  des  ^glises  de  Saint- 
Andrd  et  de  la  Magdeleine.  t 


Digitized  by 


Google 


—  503  — 

1^  Lesparoisses  de  Saint-Andre  et  de  Saint-Laurent  sont 
et  demeurent  demembrees  de  la  ci-devant  communaute  de 
La  Deveze  (1). 

2^  Des  ce  moment,  elles  se  regardent  commelibres  et  inde- 
pendantes  et  elles  se  rfeunissent  en  societe  ou  communautfe 
sous  le  titre  de  Saint-Andre  et  Saint-Laurent  (2). 

5*  II  sera  precede  de  suite  a  la  formation  d'une  munici- 
palite  conformement  aux  decrets  de  TAssemblfee  nationale; 

4°  On  exigera  fermement  et  resolument  reddition  des 
comptes  de  la  part  des  administrateurs  de  la  ci-devant  com- 
munaute  de  la  Deveze; 

^  On  agira  contre  les  usurpateurs  et  detenteurs  des  biens 
communaux(3)  pour  obtenir  la  part  et  portion  qui  peut  compu- 
ter aux  citoyens  de  la  commune  St-Andre-St-Laurent; 

6°  II  sera  fait  notification  au  corps  municipal  des  autres 
paroisses  de  la  Deveze,  de  la  decision  prise,  afln  qu'elles  ne 
s'immiscent  en  aucun  facon  dans  les  fonctions  municipales 
qui  peuvent  interesser  la  nouvelle  commune; 

7^  Aussit6t  que  le  corps  municipal  sera  nomme,  il  s'em- 
pressera  d'envoyer  un  extrait  du  present  acte,  lant  a  la  com- 
mission inlermediaire  d-Auch  qu'a  M.  Tlntendant. 

(1)  En  voici  les  consid^ranta  :  «  Les  citoyens  de  Saint-Andrd  et  do  Saint- 
Laarenl,  indign^s  de  la  conduite  des  anciens  administrateurs  qui  les  gouvernaienl 
avec  une  verge  d'airain  et  une  injustice  r^voltante  en  tons  points,  ont  saisi  avec  em- 
pressement  r occasion  de  se  d^livrer  dc  Tadministration  la  plus  vicieuse  qn'il  y  eut 
en  France;  un  bienfait  inespdrd,  le  rdsultat  de  la  raispn  et  de  I'humaine  sagesse,  la 
Constitution  imagint^e  pour  notre  bonheur  et  Textinction  des  abns  nous  permet  d'etre 
libres,  et  ceia  d'une  mani^re  dclair^e  :  Faisant  usage  de  notre  liberty  antoris^e  par 
les  decrets  de  I'Assembl^e  nationale,  nous,  citoyens  de  Saint-Abdrd  et  de  Saint* 
Laurent,  nous  ^tant  «  f^d^r^s  »,  nous  qui  n'avons  pas  contribu6   4i'usurpation  des 

%iens  communaux^  au  gaspillage  de  Tancienne  administration,  nous  dont  le  moindre* 
8*11  poss^dait  quelque  mince  portion  de  cesbicns,  s'empressait  de  manifester  son  dd- 
sir  de  les  rtfunir  a  la  masse  commune,  nous  nous  ddmembrons  de  la  ci-devant  com* 
munautd  de  La  Devize  pour  former  une  commune  sons  le  titre  de  Ladevexe^ 
Riviere...  »  (Causes  du  ddmembrement,  archives  Ducbemin.) 

(2)  Le  4  mars  1790,  le  Gonseil  gdndral  dela  nouvelle  commune  d^cida  «  sous  son 
bon  plaisir  »  que  ddsormais  la  nouvelle  communautd  porterait  le  nom  de  «  commune 
de  Ladevixe-Riviire.  » 

(3)  Au  paragraphe  de  I* AdministraUon  foncUre  et  financiire,  nous  dtudierons 
avec  soin  et  impartiality  cette  question  si  delicate  des  comptes  et  des  6f'en^  eqn^- 
munavx. 


Digitized  by 


Google 


—  504  — 

Les  considerants  de  cette  resolution  sont  vraiment  curieox 
a  lire  (1). 

«  La  formation  des  communaut^s  derive  de  lan^cessit^  oh  ont  ^le 
les  hommes  de  vivre  en  soci^t6,  Cette  association  se  divise  en  So- 
ciiUpolitique  et  en  SocUU  civile,  Pius  les  premieres  sont  gran- 
des,  ^tendues  et  puissantes,  plus  elles  sont  parfaites,  parce  qu'elles 
ont  plus  de  moyens  pour  se  faire  respecter  des  Etats  voisins!...  C'est 
tout  Toppos^  pour  les  societ^s  int^rieures  dans  leur  Etat  civil :  car, 
plus  elles  sontgrandes,  moins  elles  peuvent  etre  surveillees,  moins 
les  magistrats  peuvent  leur  donner  leurs  solas,  et  s*occuper  de  leur 
bonheur;  d'ou  il  suit  qu'il  est  heureux  de  vivre  dans  \qs  Grands 
Etats  et  dans  de  petites  communaut^s.  > 

>  La  communaut^  delaDevfeze  trap  va^stSy  puisque,  sur  un  ter- 
ritoire  immense,  elle  compte  cinq  paroisses  comidirables  dont  les 
maisons  sont  iparses,  ne  pent  rendre  ses  habitants  heureui  par  la 
difficult^  oil  sont  ceux  qui  la  gouvernent  de  s'occuper  de  leurs  be- 
soins  individuels,  de  les  connaftre  et  d'y  porter  un  secours  efficace.  > 

Communaute  trap  vaste,  dites-vous,  lerritoire  immense, 
paroisses  comiderables,  habitations  eparscs;  decidement  vos 
ferventes  sympathies  pour  le  nouveau  regime  vous  aveuglent: 
LaDeveze  ne  s'est  jamais  cru  de  cette  importance! 

Mais  voici  le  pot  aux  roses : 

€  L'homme  n^  libre,  qui  jouit  aujourd'hui  do  toute  sa  liberie,  en 
vertu  de  notre  immortelle  Constitution  cesserait  de  T^tre  si,  contre 
son  gr^,  il  pouvait  §tre  forc6  de  rester  dans  une  soci^te  qui  lui  de- 
plait  et  qui  lui  est  on^reuse;  c'est  faire  le  plus  noble  usage  de  la 
liberty  que  notre  glorieux  monarque  et  les  representants  de  la  nation 
oflfrent  a  tons  les  Frangais  que  de  se  tirer  de  la  sorte  d'oppression 
sous  laquelle  les  comparants  gemissent  depuis  longtemps....  C*est 
pourquoi  lesdits  comparants  se  d^clarent  libreSy  inddpendants  eL 
d6gag6s  de  la  Soci^t^  qui  formait  la  ci-devant  communaute  de  la 
Deveze,  et  comme  le  consentement  des  associis  itait  libre  lorsque  la 
Sociiti  ou  communaute  a  it6  form4e,  de  mSme,  celui  des  compa- 
rants doit  Vet/re  pour  la  dissoudre.  ^ 

(1)  An  temps  oil  nous  vivoos,  il  y  anrait  bien  des  motifs  de  combaltre  ces  absor- 
des  theories  dont  {'application  a  fait  le  malhenr  de  la  France.  Mais,  poor  plat 
d'nne  raison,  noos  critiquerons  pea,  nous  r^servant  tonlefois  le  droit  de  garder, 
pour  les  affirmer  ^nergiqaemeot  en  temps  el  liea,  tontes  nos  antipatliies  contre  des 
doctrines  de  ce  genre. 


Digitized  by 


Google 


—  505  — 

Vraiment!  citoyens  f6d6res,  «  votre  pacte  d'umon  cimente 
»  par  les  liens  les  plus  fratemels  et  les  plus  amicaux  »  est 
par  trop  du  cru  du  citoyeii  de  Geneve  !  Voyons  jusqu'au  bout 
votre  contrat  social : 

€  Ce  ne  sont  pas  liles  seuls  et  les  plus  graves  inconv^nients  de 
la  situation  :  mettant  tout  notre  espoir  dans  la  r^g^n^ration  de  la 
France  qui  proserit  toute  sorte  d*abus,  nous  nous  flattions  que  les 
anciens  administrateurs  s'empresseraient  d'apurer  leurs  comptes; 
•que,  notre  conduite  ayant  ete  reconnue  bonne,  nom  serions  ad^ 
mis  aux  charges  nouvelles...  Nous  I'atteadions  de  la  justice  de 
nos  concitoyens...;  bien  loin  de  la,  ces  administrateurs  occupentles 
places  de  lanouvelle  municipal ite...  Us  les  occupent  depuis  plus  de 
quinze  ans,  ils  les  occuperaient  ^ternellement,  et  leur  insatiable  am- 
bition ne  serait  jamais  satisfaito...  Cependant,  les  places  municipales 
ne  sont-elles  pas  de  leur  nature  amovibles?  Ces  places,  d'ordinaire, 
les  bons  citoyens,  les  citoyens  paisibles,  les  evitent  au  lieu  de  les  re- 
chercher!  etsi  ces  places  sont  brigu4es  d'unefaQonaussi  ind^nte,si 
tons  les  moyens  sont  bons  pour  les  avoir,  on  connait  les  motifs  se- 
crets... mais  nous  sommes  cpleins  de  ces  brigues.  >  Nous,  «  les  bons 
patriotes  >  nous  avons  consigiie  *  ces  brigues  et  mauvais  moyens 
dans  un  acte  protestatoire  (sic)  »  passe  par  devant  notaire  (1)  centre 
ces  nominations  illegales  et  si  iudignement  t  brigues  >  et,  puis- 
qu'il  est  de  la  nature  des  Soci^t(^s  que,  quand  elles  finissent.  les  as- 
soci^s  doivent  apurer  leurs  comptes,  et  retirer  de  la  masse  commune 
la  part  qui  compete  a  chacun,  il  sera  pris  d'^nergiques  mesures 
pour  liquider  Tancienne  administration,  et  poursuivre  fermement  et 
r^solAment  la  rentr^e  et  le  partagc  des  biens  communaux,  ce  qui  ne 
pent  manquer  d'etre  approuv6  par  tons  les  gens  justes  et  impar- 
tiaux  (2).  » 

Seance  tenante,  les  partisans  ded'Espaignet,  «cettetourbe 

de  manants  et  de  gens  sans  aveu, »  selonTexpression  assez 

peu  parlementaire  de  nos  archives  municipales  (5),  apres 

s'6tre  «  eriges  en  commune  »  et  «  voulant  recueillir  le  pre- 

,  mier  fruit  de  la  Constitution  qui  doit  regenerer  le  royaume  p 

(I)  Le  notaire  Dareix. 

(3)  Acte  notari^,  sign^ :  Laterrade,  27  fdvrier  I'390.— Arc|uves  de  M.  Lalanne-Ba* 
beroet,  propri^taire  k  Ladevdze-Rividru. 
(8)  Deliberation  do  i*r  mars  1790. 


Digitized  by 


Google 


—  506  — 

et  qui  est  « la  iibert6  de  choisir  les  officiers  municipanx  et 
administrateurs  parmi  eux  et  dans  leur  sein,  »  deciderenl, 
(f  i  la  pluralile  des  voix,  que  la  journfee  du  travail  dechaqoe 
»  citoyen  demeurerait  fixee  a  quinze  sols;  que  par  cet  ordre, 
»  tout  citoyen  payant  une  contribution  directe  de  quarante- 
j>  cinq  sols,  serait  repute  c/%^n  ac///,  et  tout  citoyen  payant 
»  une  contribution  directe  de  sept  livres  dix  sols,  seraitdtoyra 
»  actifel  eligible.  On  fixa  la  liste  des  citoyens  actifs  qui  furenl 
»  en  cette  occurence  trouves  au  nombre  de  cinquante. » 

On  convint  que  la  nouvelle  municipalite  se  coraposerail 
d'un  maire,  de  cinq  officiers  municipaux,  d'un  procureur  de 
la  commune  et  de  douze  notables. 

M.  d'Espaignet  fut  designe  comme  President  de  Tassem- 
blee,  par  la  majorite  absolue  des  suffrages,  et  M.  Lalanne  fut 
elu  secretaire.  M.  d'Espaignet  occupale  siege  dela  Presidence, 
et  tous,  presents  a  la  reunion,  president,  secretaire,  etc., 
preterent  le  serment  d'etre  « fldeles  a  la  natioa,  i  laloi  et  aa 
»  Roi,  de  maintenir  la  Constitution,  de  choisir,  en  leur  ame 
»  et  conscience,  les  plus  dignes  de  la  conflance  publique,  et 
»  de  remplir  avec  zele  et  courage  les  fonctions  civiles  et  politi- 
»  ques  qui  pourraient  leur  etre  confiees.  »  Les  trois  scruta- 
teurs  elus,  on  proceda  a  Telection  du  maire,  par  scrulin  in- 
dividuel  et  secret  de  tous  les  citoyens  actifs;  des  officiers 
municipaux  et  des  notables,  par  scrutin  de  liste  double  et 
nominale  (1). 

Le  maire  et  les  officiers  municipaux,  le  procureur  de  la 
commune,  en  presence  de  tous  les  citoyens,  a  Fexception  de 
Dareix,  Darre,  Laffitte,  absents,  preterent  le  serment  requis, 
et  jurerent  «  de  maintenir  la  Constitution  du  royaume  de 


'  (1)  Les  ^Iti3  farenl :  Marc  Lartigae-MagDon,  maire;  Joseph  Dobernet,  Bernard 
Bacque-Pignoolet,  Andr^  Dareix-Lavigne,  Francois  Darr^,  Jean  LaffiUe-Intbut 
fils,  officiers  municipuuxi  Joseph  Meilhan,  procureur  de  la  commune,  et  MM. 
Etienne  Lacoste,  Berna(d  Riviere,  Panl  Lagnonx,  Jean  Mav^res,  Jean  Goadtoe, 
Marc  Lalanne-Baget.  ArnandlNogoez,  Pierre  Lannsse,  Laurent  Lanusse,  Domiiu- 
quo  Barquissau,  Bertrand  Clavel,  Francois  Lanacasteis,  hoktblet. 


Digitized  by 


Google 


-  -  507  — 

»  tout  leur  pouvoir,  d'etre  fldeles  i  la  nation,  a  la  loi  et  au 
»  Roi,  de  bien  remplir  lears  fonctions.  » 

A  la  requisition  du  citoyen  maire,  du  procureur  de  la  com- 
mune et  des  offlciers  municipaux,  les  acte  notarie  et  delibe- 
ration du  27  fevrier  1790,  par  le  ministere  de  M*  Marie- 
Joseph  Mangounel,  huissier  audiencier,  pourvu  par  le  Roi 
au  siege  de  Beaumarches,  et  par  exploit  du  28  fevrier,  furent 
notifies  a  M.  Domerc,  maire,  a  M.  Barquissau,  procureur 
syndic,  et,  en  leurs  personnes,  aux  autres  offlciers  munici- 
paux de  La  Deveze...,  afin  qu'ils  « n'en  ignorent  et  qu'ils  ne 
»  s'immiscent  en  aucune  fagon  dans  les  fonctions  de  la  mu- 
»  nicipalite  sur  et  dans  le  territoire  de  la  commune  de  St- 
»  Andre  et  St-Laurent  (1).  » 

M.  d'Espai'gnet,  president,  s'autorisant  des  d6crets,  or- 
donna  a  Tassemblee  de  se  dissoudre;  mais  il  parait  que  ces 
trop  chauds  partisans  des  libertes  nouvelles  tinrent  a  ne  pas 
se  « separer »  purement  et  simplement. 

L'eglise  de  St-Andre  est  envahie.  M*  Bourdette,  cure  de  la 
paroisse,  est  mande  pour  avoir  a  enlever  les  saintes  especes. 
Rendons  justice  a  ce  respect  pour  la  Sainte-Eucharistie, 
malgre  le  sentiment  d'indignation  que  deja  souleve  dans  notre 
coeur  la  conduite  de  ces  «  turbulenls. » 

Tout  dans  I'eglise  est  bouleverse;  le  banc  reserve  aux  offl- 
ciers municipaux  de  La  Devdze,  elus  en  conformite  des  de- 
crets,  est  change  de  place;  on  s'empare  des  clfes  de  Teglise, 
VDulant  le  lendemain,  dimanche,  avoir  Tentree  libre  pour  de 
nouveaux  scandales. 

Dans  le  fait,  le  lendemain,  28,  au  moment  de  la  messe 
paroissiale,  les  pretendus  offlciers  de  la  nouvelle  commune 
s'installent  au  banc  offlciel,  escortes  par  des  gens  «  armes  de 
fusils,  »  et  par  un  valet  de  ville  emprunte  dans  une  commu- 
naute  voisine;  le  tambour  bat  aux  champs;  «  deux  fusiliers »  se 
placent  Tarme  au  bras,  au  pied  de  Tautel,  pendant  le  saint  sa- 

(I)  Acte  notarie  du  corps  manicipal  do  La  Devdze-Eivi^rOi  37  f^Trier  1790.— 
Archives  de  M.  UlaDne-Dnberoet. 


Digitized  by 


Google 


—  508  — 

criflce;  et  le  reste  de  labande  faitcercle  autour  du  sanctuaire  : 
au  moment  vouIq,  d'Espaignet  fait  demander  la  paix  a  M* 
Bourdelte  parun  fusilier...  Le  trop  boncure,  lent  a  rendrea 
Ydbbe  Lay  les  honneurs,  est  vivement  interpelle  par  d'Espai- 
gnel  Ini-meme,  «  malgre  la  representation  que  ce  n'etait  pas 
Pusage.  »  —  Force  est  a  M*  Bourdette  de  donner  la  paix  a  U. 
d'Espaignet  et  a  ses  « turbulents »  affldes. 

Que  Ton  juge  du  desordre  qui  dut  se  produire  dans  Te- 
glise,  a  cette  scene  de  vrais  «  sans-culottes.  » 

Le  soir,  Tindigne  cortege  se  rend  dans  Teglise  de  St-Lau- 
rent,  pour  assister  aux  v6pres  et  a  la  benediction  du  Tres- 
Saint  Sacrement.  II  se  commit  tant  de  profanations  et  d'  «  in- 
decences»  queM*  Lacrampe,  cure  de  la  paroisse,  dut  inter- 
rompre  Tofflce. 

€  [Les  adherents  au  parti  i)omer c],  attendu  que  de  tels  faits  sont  un 
outrage  sanglanl  inflig6  a  la  municipalite  officielle  de  la  Deveze,  un 
•m^pris  formel  des  d^crets  de  TAssembl^e  nationale,  une  r^volte  ou- 
verte  centre  la  Constitution  deTEtat;  qu'ils  ne  tendentqu'afomenter 
le  trouble  dans  la  communaute;  que  la  vie  m§me  de  plusieurs  offi- 
ciers  municipaux  est  en  danger  s^ieux; 

»  Attendu  que  les  paroisses  de  St-Andre  et  de  St-Laurent  ne  sont 
nullement  en  droit  de  se  s6parer  de  la  communaute  de  La  Devfeze, 
n'ajant  qu'un  seul  et  m6me  terrier,  un  seul  et  m^rae  r61e,  une  seule 
administration,  et  cela  depuis  des  siecles;  que  d*ailleurs,  la  question 
se  trouve  d6j^  d^cid^e,  enprincipe,  le  20  f^vrier  1790,  par  nos  sei- 
gneurs de  TAssemblfe  nationale  en  favour  de  la  ville  de  Rouen  centre 
les  faubourgs...  Par  tons  ces  motifs,  lesdits  maire  et  officiers  muni- 
cipaux de  La  Deveze  arrfitent  a  Tunanimit^  qu*il  est  urgent  de  d^- 
noncer  de  pareils  attentats  a  TAssembl^e  nationale;  qu'un  double  de 
la  deliberation  sera  adress^  par  M.  Domerc,  maire,  a  AL  le  Presi- 
dent, pour  le  supplier  de  r6tablir  Tordre  et  la  tranquillity  dans  La 
Devfeze,  de  faire  jouir  les  citoyens  des  fruits  et  des  bienfaits  de  la 
Constitution  du  royaume,  de  remettre  les  officiers  municipaux  dans  le 
libre  exercice  de  leurs  fonctions,  de  punir  enfin  le  sieur  d*Espaignet 
et  consorts  comme  refractaires  aux  d^crets  de  1*  Assemblee  nationale, 
rebelles  a  la  Constitution  et  perturbateurs  du  repos  public  (1).> 

(1)  D6libdralioB  du  !•'  mars  1790. 


Digitized  by 


Google 


—  509  — 

La  declaration  suivante  fut  annexee  au  proces-verbal 
officiel : 

Ont  comparu  M®  Bourdetle,  cure  de  St-Andr^,  et  M*  Lacrampe, 
cur^  de  St- Laurent,  qui  ont  eertifi^  et  attest^  que  les  faits  ci-dessus 
d6taill6s,  qui  se  sent  passes  dans  leurs  ^lises,  le  dimanche,  vingt- 
huit  f^vrier  demier  (1790)  sont  v^ritables.  lis  supplient  TAssembWe 
nationale  de  r^primer  ces  attentats,  et  de  remettre  Tordre  et  la  tran- 
quillity dans  leurs  paroisses,  et  ont  sign^  :  Bourdette,  cur6  de  St- 
Andr6  et  la  Magdeleine;  Lacrampe,  cur^  de  St-Laurent. 

De  son  c6te,  la  municipalite  d'Espaignet  aclressa  une  re- 
quete  aMM.  du  bureau  de  la  commission  intermediaire  de  la 
Province  de  Gascogne,  siegeanl  a  Auch,  et  a  M.  Flntendant, 
aux  fins  d'obtenir  Tautorisation  du  demembrement. 

D'Espaignet,  «qui  devait  aller  i  Auch,»  fut  pri6,  «pard6- 
»  liberation,  de  conferer  avec  MgrPIntendant  et  avec  MM.  de 
»  radministralion  sur  tons  les  interfits  de  la  commune  nou- 
»  velle,  de  presenter  tons  memoires  et  requites,  au  nom  de  , 
»  ses  commettants,  dans  la  persuasion  intime  que  ce  bon 
»  citoyen  fera  tout  le  possible  pour  leur  bonheur. » 

II  fut,  en  outre,  adress6  une  requele  a  MM.  de  Fadminis- 
tration  provinciale,  afln  que  les  mendes  et  r61es  des  imposi- 
tions fussent  directement  envoyfes  au  corps  municipal  de  La 
Deveze-Riviere,  voulantledit  corps  municipal  «fairelui-m6me 
»  le  recouvrement  des  imp6ts,  sans  6tre  tenu  d'avoir  aucun 
»  rapport  a  cet  egard  avec  la  communaute  de  la  ville  de  La 
»  Deveze.  » 

n  fut  repondu  a  cette  requite  par  une  ordonnance  de  soit 
communiqu6  (6  mars  1790)  k  la  municipalite  de  La  Devfeze, 
«  avec  sommation  de  repondredans  trois  jours,  vu  Turgence 
»  du  cas,  a  cause  du  recouvrement  des  impositions.  » 

Le  corps  de  ville  de  La  Deveze  dut  se  prononcer.  H  protesta 
fenergiquement  comme  on  devait  s'y  attendre : 

Atoutes  les  ^poques,  les  cinq  paroisses  n'ont.fait  qu'un  seul  et 
m6me  consulat,  une  seule  administration,  une  m^me  coUecte,  en  \m 
Tome  XVin.  34 


Digitized  by 


Google 


—  510  — 

mot,  un  tout  indivisible...  Jamais  les  habitants  de  St-Andr^etde 
St-Laurent  n*auraient  song^  k  faire  scission,  s'ils  n'avaient  eU 
pouss^s  a  la  r^volte  par  certains  intrigants  froiss^s  de  n'avoir  pas 
6x6  appel^s,  par  la  confiance  des  61ecteurs,  aux  charges  municipales; 
et  ces  r^fractaires,  qui  sont-ils?  le  tres-petit  nombre...  Les  citoyens 
actifs  qui  ont  concouru  k  la  formation  de  cette  Strange  municipality 
sont  k  peine  au  nombre  de  quarante  sur  plus  de  deux  cent  trente 
electeurs...  Cesont  des  enfants  de  /amille,  des  mineurs  (1)...  Qui 
sont-ils  encore?  les  moindres  tenanciers...  U  est  visible,  par  les 
idles,  qu'ils  ne  payent,  y  compris  d'Espaignet,  leur  chef,  pour  toute 
imposition,  qu*environ  mille  livres,  alors  que  la  contribution  totale 
de  la  communaut^  se  porte  a  quinze  ou  seixe  mille  livres...  Auto- 
riser  la  separation !  mais  c'est  aller  centre  tons  les  reglements...; 
dans  Tancien  regime,  la  creation  des  nouvelles  municipalit^s  etait 
affaire  du  Conseil,  et  actuellement  une  pareille  matiere  ne  peui  6tre 
trait^e  et  d^cid^e  que  par  TAssembl^e  nationale.  Cette  poigute  d'ha- 
bitants  ont  done  agi  sans  quality  et  seraient-ils  fondes  en  droit, 
n'ont-ils  pas  lenonc^  a  leur  privilege  en  prenant  eux-  mfemes,  avant 
leur  separation,  une  part  active  a  la  formation  selon  la  teneur  des 
d^crets,  du  corps  municipal  deLa  Deveze,  si  bien  que  le  procureur 
syndic,  M.  Laurent  Barquissau,  avocat,  et  plusieurs  officiers,  muni- 
cipaux  et  notables  ont  et^  pris,  dans  les  deux  paroisses,  et  exercent, 
joumellement,  les  fonctions  de  leur^  charges,  comme  membres  de  la 
munioipalili  ginirale  (2). 

II  parail,  nonobslant  celte  protestation  energique  et  bien 
fondee,  que  la  requete  du  corps  municipal  de  Ladeveze- 
Riviere  re^ut  bon  accueil  aupres  des  membres  de  la  commis- 
sion intermediaire. 

Les  partisans  de  d'Espaignet  surprirent  encore  de  MM.  du 
bureau  de  TElection  le  partage  du  rOle  en  deux  parts  :  un 
arrete  dela  verification  (3  avril  1790)  divisait  la  juridiction 
dela  Deveze  en  deux  communes :  Ladeveze-VUle  et  fjadevdze- 
Riviire :  «  Ladeveze-Riviere  :  nom  aussi  etrange  que  Texis- 
tence  en  6taitchimerique  (3).  » 

(I)  Deliberation  da  32  JQiUet  1790. 

(3)  Deliberation  de  la  municipalite  de  La  Deveze  (ville)  da  11  avril  1790.  — Sap- 
plique  da  corps  mnnicipai  de  La  Deveze-Riviere,  k  Nos  Seigneors  de  rAssennbiee  Da- 
fionale. 

(3)  Deiiberttion  do  11  a?ril  1790. 


Digitized  by 


Google 


—  511  — 

De  la,  nouvelles  protestations  du  corps  municipal  offlciel 
de  La  Deveze : 

A  1' Assemble  nationale  seule  appartient  le  droit  d'aulorisfep  le 
d^membrement  d'une  communaut^,  nuUement  k  radministraticui 
Provinciale,  ni  aulrescours  etjuges...  En  consequence,  la  munici- 
palite  de  IjB.  Devize  arrfete  :  qu*il  sera  fait  opposition  formelle  aux 
dites  ordonnances  du  bureau  de  TElection  d,es  2  et  3  avrU  '(17&0)  et 
toutes  autres  rendues  ou  k  rendre  tendant  k  la  separation  des  rdles; 
comme  aussi  a  ^te  arrdte  de  se  pourvoir  pour  faire  ordonner  qu'il 
ne  sera  remis,  adress^  ni  envoy^  aux  membres  de  la  pr^tendue  com- 
munaute  et  habitants  desdites  paroisses,  aucuns  ordres,  avis,  ordon- 
nances, ni  d^crets;  faire  declarer,  n*y  avoir  pas  mfime  lieu  d'ordon- 
ner  que  ladite  communaute  sera  reconnue  pour  communaute  parti- 
culifere...  A  cet  eflfet  nomment,  orient  et  constituent  pour  syndics 
M.  Domerc,  maire,  et  Joseph-Marie  Lanusse,  notable,  avec  pleins 
pouvoirs  de  s'adresser  et  se  pourvoir  devant  tons  les  tribunaux, 
cours,  juges,  mdrae  devant  TAssembiee  nationale  (1). 

.  Le  corps  municipal  de  Ladeveze-Riviere  releva  le  gant.  II 
adressa  une  supplique  a  Nos  Seigneurs  de  I'Assembl^e  na- 
tionale; le  texte  de  cette  adresse  est  assez  original  pour  que 
nous  nous  permettions  d'en  reproduire  quelques  extraits : 

Nos  Seigneurs, 

Le  corps  municipal  de  Ladevfeze-Rivifere ,  admirateur  de  la 
Constance  de  votre  zele  pour  op^rer  le  bonheur  de  la  France,  a 
rhonneur  de  vous  adresser  des  supplications  dans  le  but  d'obtenir 
de  votre  justice  le  bonheur  de  notre  commune,  en  sanctionnant  par 
un  decret  particulier  ou  par  un  d^cret  g^n^ral,  la  resolution  qu'il  a 
prise  de  se  demembrer  de  la  cy-devant  communaute  de  La  Devfeze 
par  les  motifs  les  plus  justes,  exposes  dans  Tacte  du  27  fevrier 
dernier. 

En  regrettant,  Nos  Seigneurs,  de  vous  ravir  les  moments  pre- 
cieux  que  vous  emploierez  k  lire  noire  requSte  et  k  prendre  connais- 
sance  de  nos  actes,  nous  vous  supplions  de  les  approuver...  C'est 
vous  qui  nous  les  avez  inspires...  Ce  sont  vos  prinqpes  qui  nous  ont 
servi  de  guide,  lorsque  nous  nous  sommes  demembres  d'une  com- 


(1)  Deliberation  da  11  avril  1790. 


Digitized  by 


Google 


—  512  — 

munaut6  ou  toute  espece  d'abus  s'^taient  introduits,  et  qui,  usant  a 
notre  ^ard  d*une  force  oppressive,  ne  se  lassait  point  de  nous 
tyranniser.  Si  nous  nous  etions  ^gar^s  en  ne  croyant  que  suivre  les 
mod^es  qui  sont  notre  admiration,  ce  serait  une  erreur  de  notre 
esprit,  jamais  de  notre  coeur. 

Suivent  des  diatribes  violentes  centre  la.  ville  et  commu- 
naute  de  LaDeveze, —  «chetif  hameau...  quatorzeou  quinze 
maisonnettes  composant  ce  petit  lieu  qui  a  servi  de  pretexte 
k  r^tablissement  du  don  gratuit. »  —  Et  ses  adminislrateurs 
qui  veulent  «  se  perp6tuer  dans  les  places -municipales »  se 
refusent  k  rendre  compte  de  leur  administration  « la  plus 
»  vicieuse  qui  existe  en  France  »,  detiennent  « des  biens 
»  communaux  pris  a  la  face  de  la  commune »  et  dont  la  pos- 
session n'est  que  «  le  fruit  du  brigandage. » 

Le  temps  n'est  plus  ou  nos  malheureuses  campagnes  seront, 
comme  par  lepass^,  victimes  du  despotisme...  Le  vieil  arbre  6tait 
vermoulu,  vous  l*avez  frappe,  Nos  Seigneurs,  et  il  a  6i6  r6duit  en 
poudre  Un  autre  germe  k  sa  place  :  c'est  vous  qui  I'avez  plants  et 
d^j^  nous  le  voyons  dans  toute  sa  vigueur;  d^ja  nous  en  godtons 
les  fruits  d^licieux...  Qu'avons-nous  desire  pour  I'entiere  f^licite  du 
royaume,  si  ce  n'est  que  son  sue  nourricier  se  r^pande  dans  toutes 
ses  veines,  qu'il  n'en  neglige  aucuneT  Nous  ne  sommes  qu'ime  de 
ses  plus  minces  membranes  (stc),  mais  nous  devons  trouver  la  source 
du  bonheur  dans  cette  regeneration  si  applaudie,  si'd^sirde  des 
bons  citoyens  ou  chaque  corps,  chaque  individu  gravile  vers  sa  fe- 
licity par  une  tendance  bien  naturelle  et  qui  a  fait  les  citoyens  de 
St-Andre  et  St-Laurent  (1) ! 

Nous  ne  nous  arreterons  pas  a  discuter  une  pareiUe  adresse, 
aussi  ridicule  dans  les  termes  que  fausse  quant  an  fond.  Les 
faits  deji  cit6s  et  ceux  que  nous  r6velerons  encore  per- 
mettront  a  tons  nos  lecteurs  de  Tapprecier  comme  nous. 

(1)  Sappliqae  do  corps  maoicipal  de  La  Devdxe-Rm^re,  a  NosSeigaears  de  Fls- 
semblde  nationaie,  6  mars  179#. 


Digitized  by 


Google 


—  513  — 


Efforts  inatiies  du  corps  monicipal  pour  obtenir  one  assembl^e  primaire  k  La 
Dey^ze.  —  R6Ie  de  La  Dev6ze  k  YassemhUe  de  la  c(%mpagne,  k  Plaisance. — 
Motifs  pour  envoyer  les  habitants  de  la  nouvelle communed  une  autre  assem- 
blee  primaire.— Protestations  de  I'assemblee  primaire  de  Plaisance,  y  compris 
laplussaine  partie  des  habitants  de  Saint-Andre- et  Saint-Laurent.  —  As- 
sembl6e  primaire  de  Beaumarch^s,  ou  votent  les  habitants  de  Ladev^ze-Ri- 
viere.  —  Violences  et  coup  de  main  de  d'Espaignet.  —  Protestations  des 
dissidents  et  demande  en  cassation  de  I'election.  —  R6ponse  de  M.  de  Mon- 
taut.  —  Nouvelle  requite  des  dissident.  •—  R6saltat. 

MM.  les  commissaires  royaux  eurent  k  songer  a  la  formation 
de  Vassemblee  electorate. 

M.  de  Monlaut  convoqua,  a  cet  effet,  tous  les  citoyens 
actifs  des  communes  du  canton  de  Ptaisance.  Deja  la  muni- 
cipalite  de  La  Deveze  avait  pris  tous  les  moyens  possibles  de 
conciliation  pour  pacifier  les  mecontents  de  Saint-Laurent  et 
de  Saint-Andre.  Le  maire,  M.  Domerc,  s'etait  adresse,  au  nom 
de  la  communaute,  a  MM.  les  commissaires  royaux  dans  le 
but  d'obtenir  que  la  ville  de  La  Deveze  fut,  pour  le  moins, 
choisie  comme  siege  d'une  assemblee  primaire.  M.  Domerc 
avait  pense  que  cette  decision  aurait  eu  pour  resultat  heureux 
«  la  pacification  des  esprits, »  sauf  a  obtenir  « qu'on  laiss&t 
complete  liberty  a  ceux  des  habitants  de  Saint-Andre  et  de 
Saint-Laurent  qui  ne  voulaient  pas  etre  demembres  (et  c'6tait 
au  moins  les  deux  tiers)  de  voter  a  Tassemblee  primaire  de 
La  Deveze,  et  a  ceux  qui  tiendraient  pour  le  d^membrement 
d'aller  voter  a  telle  autre  assemblee  primaire  que  MM.  les  com- 
missaires leur  indiqueraient.  »  Ce  serait  « le  seul  moyen  d'a- 
paiser  la  fermentation  qui  est  dans  la  commUnaute,  et  d'eviter 
les  suites  f&cheuses  que  cette  fermentation  pourrait  avoir.  » 

M.  de  Montaut  repondit  «  qu'il  ne  pouvait  accepter  ce 
moyen  de  pacification;  qu'il  n'avnit  pas  a  se  m61er  des  affaires 
de  municipalites;  que  les  maisons  qui  formeraient  le  chef-lieu 


Digitized  by 


Google 


seraient  en  trop  petit  nombre;  qu'au  reste  il  y  aurait  danger 
a  accorder  une  assemblee  primaire,  dans  un  endroit  aussi 
divise;  qu'en  faisant  cette  concession,  on  depouillerait  Plai- 
sance  qui  est  le  canton...  Voulez-vous  un  moyen  de  concilia- 
tion? Nous  retirerons  de  La  Devfeze  les  paroisses  de  Saint- 
Andre  el  de  Saint-Laurent;  nous  les  enverrons  a  Fassemblee 
primaire  de  Beaumarches^  et  ces  trois  autres  paroisses  iront 
a  Plaisance.  » 
«M.  le  comte »,  fit  respectueusement  observer  M.  Domerc, 

«  nous  avons  propose,  en  faveur  des  seuls  dissidents  (et  c'est 
le  petit  nombre)  de  deux  paroisses,  la  liberte  de  voter  aiileurs 
qu'i  La  Deveze  s'ils  y  tenaient,  mais  uniquement  corame 
moyen  de  prevenir  les  graves  desordres  que  la  surexcitation 
des  esprits  pourrait  amener  entre  les  deux  partis  se  ren- 
contrant  dans  une  meme  assemblee;  quant  a  la  question  de 
principe,  au  point  de  vue  du  demembrement,  nous  la  re- 
sprvons  tout  entiere.  Nous  ne  pouvons  souscrire  a  renvoi 
sans  reserve  de  tons  les  habitants  des  deux  paroisses  a  Tas- 

embl6e  primaire  de  Beaumarches;  ce  serait  reconnaftre  le 
fait  accompli,  avant  jugement  definitif,  consacrer  le  triomphe 
de  la  minorite,  le  plus  grand  nombre  des  habitants  voulant 
rester  reunis  a  la  communaute  de  La  Deveze. 

»  Vous  dites,  monsieur  le  comte,  qu'on  ne  saurait  faire 
beneficier  La  Deveze  d'une  assemblee  primaire,  sans  depouiller 
Plaisance.  Mais  a-t-on  eu  ce  scrupule  en  accordant  une  as- 
semblee primaire  a  Beaumarches  et  a  Tasque?  Beaumarches 
a  une  demi-lieue  de  Plaisance,  Tasque  a  un  quart  de  lieue, 
etc.  (1).  La  Deveze  n'a-t-elle  pas  eu  de  temps  immemorial  le 
titre  de  ville?  Elle  a  ses  armoiries  enregistrees  a  Tarmorial  de 
France.  Un  arret  du  Parlement  a  juge  que  la  cure  de  La  Deveze 
ne  pourra  etre  occupee  que  par  un  gradue,  a  Tinstar  des  autres 
vi^les  du  royaume.  Elle  a  toujours  eu  un  maire  d'office,  elle 

(1)  Et  amres  consid^rants  qo'il  est  iDOtile  de  transcrire,  pared  qo'ils  n'eotrent  pas 
directement  dans  noire  sojet,  qnoiqne  trte-plausibles. 


Digitized  by 


Google 


—  515   — 

paie  annuellemerit,  pour  les  seuls  droits  d'enlree  sur  les  con- 
sommations,  unesomme  de  six  ousept  cents  livres...  Et  on 
ltd  refuserait  une  assemblee  primaire  ! 

»  Vpus  craindriez,  monsieur  ie  comte,  que  la  formation 
d'une  assemblee  primaire  dans  la  ville  de  LaDeveze  ne  servit  de 
pretexte  a  de  nouveaux  conflits.. .  Mais  qu'estce  done  que  cette 
espece  de  municipalite  quts'est  etablie  centre  loutes  les  regies, 
contre  le  voeu  de  la  plus  grande  et  de  la  plus  saine  partie  des 
habitants  des  deux  paroisses,  sans  aucun  pouvoir  ni  autorit6 
quelconque?  Ces  memes  parliculiers  avaient  deja  vote  pour 
les  elections  de  la  municipalite  generate.  lis  avaient  par  con- 
sequent epuise  leurs  droits  de  citoyens  actifs.  N'y  aurait-il  pas 
criante  injustice  a  forcer  la  majorite  des  habitants  des  deux 
paroisses  a  suivre  cette  poignee  de  mecontents,  k  se  separer 
de  la  merc-patrie  et  a  porter  avec  regret  leurs  suffrages  sur 
une  terre  elrangere?  Que  cette  quarantaine  d'intrigants  aillent 
faire  etalage  de  leurs  ambitions  d^Ques  ou  bon  leur  semblera, 
si  mieux  ils  n'aiment  rester  dans  leurs  demeures. 

»  Par  toutes  ces  considerations  et  autres,  le  corps  muni- 
cipal de  La  Deveze  arrete,  volontairement  et  unanimement, 
quMl  sera  fait  auprfes  de  MM.  les  commissaires,  par  votre  bien* 
veillante  intervention,  de  nouvelles  et  respectueuses  instances 
aux  fins  qu'il  soit  accorde  a  La  Devfeze  une  assemblde  pti- 
maire,  composee  des  citoyens  actifs  dela  juridiction,  auxquels 
seront  adjoints  les  citoyens  actifs  des  communautes  d'Ar- 
mentieu,  Soubagnac,  Tieste,  Uragnoux,  Saint-Aunis-Lengros, 
et  autres  communautes  voisines  qui  desirent  vivement  cette 
annexion,  et  out  fait  des  demarches  rfeiterees  pour  obtenir 
cette  precieuse  faveur  (1). » 

Malgre  les  justes  reclamations  du  corps  municipal  de  La 
Deveze,  Plaisance,  Beaumarches  et  Tasque  furent  seules  desi- 
gnees comme  sieges  des  quatre  assemblies  primaires  du 
canton. 

(1)  Deliberation  du  12  mai  1790. 


Digitized  by 


Google 


—  516  — 

Plaisance  fut  divisee  en  deux  assemblees  primaires : 

4*  VassembUe  de  la  viUe,  avec  adjonction  des  communes 
de  Gouts,  GaJiax  et  Prechac; 

2*  VassemhUe  de  la  campagne,  composee  de  La  Devize  {la 
Magdeleine),  Caslels  et  Saint-Pierre,  et  des  commnnes  de 
Tieste  et  Goueyte,  Uragnoux,  Belloc,  JA,  Baulat,  Mazeres, 
St-Aunix-Lengros,  Lasserrade  et  CroAte,  Paris,  Couloume, 
Gannet. 

Vassembl^e  de  la  ville,  qui  comptait  310  citoyens  aclifs, 
eut  k  nommer  trois  electeurs. 

Vassembl^e  dela  campagne,  qui  en  comptait  465,  eut  a  en 
designer  cinq. 

La  reunion  de  VassembMe  de  la  campagne  eut  lieu  les  14 
el  IS  mai  1790,  a  Plaisance,  dans  Teglise  paroissiale  Saint- 
Nicolas. 

A  Touverture  de  la  seance,  il  s'eleva,  de  la  part  de-toutes 
les  communaut6s  reunies,  par  Torgane  de  leurs  maires  res- 
pectifs,  de  vives  protestations  centre  le  choix  fait  par  M.  de 
Montaut,  de  la  ville  de  Plaisance,  comme  siege  de  leur  as- 
sembl6e  primaire. 

Par  respect  et  ob^issance  aux  decrets  de  TAssembl^e  nationaleet 
aux  ordres  de  M.  de  Montaut,  nous  nous  sommes  rendus  a  Plai- 
sance. Mais  cette  souniission  ne  doit  nuUement  tirer  k  consequence 
pour  Tavenir.  Notre  vceu  g^n^ral,  voeu  nettement  et  en  maints  Merits 
manifest^  k  MM.  les  comraissaires,  ^tait, — et  nousy  pers6v6rons,— 
de  nous  r^unir  dans  la  ville  de  La  Deveze...  Nous  esp^rons  qu'oa 
nous  fera  justice  en  accordant  dans  Tavenir  k  la  ville  de  La  Deveze 
notre  assembl^e  primaire. 

Aprfes  cette  protestation  en  termes,  comme  on  le  voit,  for- 
mels,  on  dut  proceder  aux  diverses  operations  prescrites  par 
les  d6crets. 

Nous  remarquons  avec  une  certaine  fierte  que  La  Deveze 
eut  la  plus  large  part  dans  les  honneurs  de  la  seance. 

La  presidence  de  Tassemblfee  se  trouva,  d'abord,  apparte- 
nir  au  sieur  Jean  Dusser,  notaire  royal  de  La  Deveze,  comme 


Digitized  by 


Google 


—  517  — 

doyen  d'age :  Laurent  Leberon^  au  meme  litre,  fut  designe 
comme  secretaire,  et  les  trois  scrutateurs,  doyens  d'age,  fu- 
rent:  Jean  Lacabane,  d'Uragnoux;  Felix  File,  de  Jd;  et 
Pierre  Barre,  de  Lasserrade. 

On  proceda  ensuile  au  depouillement  des  ciloyens  actifs. 
qui  se  porterent  a  465,  et  a  Telectibn  du  President,  du  Se- 
crelaire  el  des  trois  scrutateurs  definitifs  qui  devaient,  aux 
termes  du  reglemenl,  presider  au  choix  de  cinq  61ecteurs. 

M.  Etienne-Alexandre  Domerc,  maire  de  La  Devdze,  fut 
elu  President  de  i'assemblee,  a  la  presque  unanimite  des 
suffrages;  M*  Laurent  Leberon,  nolaire  royal  de  La  Devize, 
secrelaire;  Dominique  Lanacaslets,  avocat  en  parlement  de 
La  Devize;  Gratian  Duces,  bourgeois,  de  Lasserrade  et 
Pierre  Domerc,  deGoueyle,  scrutateurs. 

Apres  la  prestalion  du  sermenl  d'usage  par  le  President  et 
ie  secretaire,  la  seance  fut  levee  jusqu'au  lendemain. 

Le  15,  on  se  reunit  de  nouveau  et  Ton  nomma  les  cinq 
electeurs. 

Sur  les  cinq  elus  au  scvutin  secret  et  par  listp  double, 
c<  comme  elant  les  plus  dignes  de  la  conflance  publique,  el 
»  les  plus  capables  de  remplir  avec  zele  el  courage  les  fonc- 
»  lions  civiles  et  politiques, »  trois  furent  pris  dans  les  rangs 
des  ciloyens  de  La  Devize. 

Sur  285  ciloyens  aclifs,  presents  a  la  seance,  M.  Alexandre 
Domerc,  president  de  I'assemblee,  fut  elu  par  275  suffrages; 
Pierre  Domerc,  de  Goueyle,  496;  Dominique  Lanacaslels, 
avocalde^  Devdze,ni;  Laurent  Leberon,  nolaire  de  La 
Deveze,  153,  el  M.  Pierre  Lesperet,  avocat  en  parlement  de 
Plaisance,  145  suffrages. 

Dans  celle  reunion  des  14  et  15  mai,  il  se  prt^duisit,  en 
favour  de  la  ville  el  communaule  de  La  Deveze,  un  incident 
que  nous  sommes  heureux  d'avoir  a  signaler : 

Le  corps  municipal  delasoi-disanl  commune  de  Ladevfeze- 
Riviere  s'elail  per  mis  de  «  represenler  »  a  iMM.  les  com  mis- 


Digitized  by 


Google 


—  518  — 

saires-royaux  que  « les  paroisses  de  Saint- Andre  et  de  Saint- 
»  Laurent  qui  vivent  depuis  longtemps  sous  un  regime 
»  oppressif,  ont  voulu  recueillir  les  fruits  de  rimmortelle 
»  constitution  et  se  r^generer. » 

Ici  revient  la  perpetuelle  rengaine  « des  biens  commu- 
naux, »  de  la  « trop  vaste»  etendue  de  la  communaute  de  La 
Devfeze  »  pour  etre  bien  administree,»  des  habitations  repan- 
dues  dans  la,  campagne  sur  une  surface  de  plus  de  quatre 
lieues,  a  Texception  de  quinze  maisonnettes  qui  sont  envi- 
ronnees  demurailles,  d  quoiVon  a  bien  voulu  donnerle  nom 
de  ville,  denomination  cruelle  qui  a  servi  de  pretexte  aux 
traitants  {sic)  pour  rangonner  nos  malheureuses  campagnes 
par  un  impdt  appele  don  graluil,  qui  n'avait  el6  cree  que 
pour  les  viUes. 

Sans  la  fermet^  des  citoyens  de  ces  deux  paroisses,  aussi  vertueux 
qu'ils  sont  zel^s  pour  la  chose  publique,  e'en  etait  fait  de  nous;  nojis 
retombions  dans  Taristocratie  tyrannique  de  nos  anciens  oppres- 
seurs.  Mais  ayant  k  faire  a  des  gens  subtils  et  pratidens,  qui  you- 
laient  retenir,  a  quelque  prix  que  ee  fdt,  la  proie  qui  leur  ^chappait, 
nous  avons  observe  les  formes  (1)...  Cependant  les  administrateurs  de 
la  ville,  desol^s  de  ne  puuvoir  plus  ^tendre  leurs  vexation*,  ne  ces- 
sent  d'intriguer.  lis  ont  imagine  qu'ils  pourraient  op^rer  une  autre 
revolution  dans  les  t^nebres  en  subiilisant  le  pauvre  peuple  par 
toute  sorte  de  moyens  les  plus  coupables.  C*est  pendant  la  nuit  que 
leurs  emissaires  vont  courir  dans  les  maisons  pour  faire  signer  des 
deliberations,  et  ces  pauvres  gens  ainsi  circonvenus  prononcent  un 
oui  a  force  de  persecutions,  qui  rend  criminels  ceux  qui  osent  Tarra- 
cher.  Ces  administrateurs  portent  mAme  leur  hardiesse  jusqu'k  in- 
tercepter  les  lettres  et  paquets  adress6s  k  notre  municipality;  tant  de 
tracasseries  (2)  ne  ^euvent  qu'avoir  mis  une  grande  division,  entre 
les  habitants  des  deux  municipalit6s....  Des  esprits  ^tant  atissi  eioi- 
gn^s,  tout  rapprochement  est  impossible  entre  les  habitants  vexa- 
teurs et  les  Mlbitants  vexis... 

En  consequence,  la  municipalite  de  Ladevfeze-Rivi^re  qui  ne  d^- 

(1)  lis  font  ici  le  narrd  de  lear  d^membremeat,  de  lenr  organisation  en  com- 
mnne,  do  lenr  sncc^  aoprds  de  Tadministration  provinciale  et  da  barean  de  Vi^ 
lection. 

(2)  A  qui  la  fantet 


Digitized  by 


Google 


—  519  — 

sire  que  la  tranquillity  (?)  etqui  pr^voit  Torage  si  toutes  lesparoisses 
de  La  Devize  ^taient  class^es  daas  la  in^me  assembl6e  primaire 
pour  la  nomination  des  ^lecteurs,  s'adresse  avec  confiance  k  MM. 
les  commissaires  du  Roi  qu'elle  consid^re  conime  les  anges  tut^- 
laires  de  la  paix  pour  obtenir  de  ne  pas  voir  les  habitants  de  St- 
Andr6  et  St-Laurent  dans  la  m6me  assembl^e  primaire  oil  seront  les 
habitants  des  autres  paroisses;  et  cela,  pour  eviter  des  malheurs... 
La  municipalite  de  Ladeveze-Riviere  s*en  rapporte  a  la.sagesse 
et  aux  lumi^res  de  MM.  les  commissaires  pour  le  lieu  de  son  as- 
sembl^e  primaire;  mais  elle  insiste  de  la  fagon  la  plus  decid^e  pour 
que  les  paroisses  de  St- Andre  et  St-Laurent  ne  soient  pas  dans  la 
memo  assemblee  primaire  que  les  trois  autres  paroisses  soumises  a 
Varistocratie  tyrannique  de  la  ville  de  La  Deveze...  Et  vous  ferez 
jusrice  (1). 

M.  le  comniissaire  de  Montaut,  dans  son  rapport  sur  les 
assemblees  primaires  da  canton  de  Plaisance,  declara  «  que 
des  motifs  et  un  bien  de  paix  Pavaient  oblige  de  joindre  a  Tas- 
sembl6e  primaire  de  Beaumarches  (2)  les  paroisses  de  St- 
Laurent  et  de  St-Andr6  reunies  en  nouvelle  municipalite  sous 
le  nom  de  Ladeveze-Riviere,  et  separees  de  La  Deveze.  Sans 
entendre  prejuger  le  fonds,  en  ce  qui  concerne  leur  separa- 
tion, il  a  cru  prudent  de  les  s6parer  pour  le  moment  afin 
d'eviter  la  suite  des  inimities  qui  existent  entre  les  cinq  pa- 
roisses. La  Devfeze  (la  ville),  Castets  et  St-Pierre  iront  a  Plai- 
sance; St-Laurent  et  St-Andre  a  Beaumarches  »  (3). 

Vassemblee  de  campagne,  de  Plaisance,  ne  porta  pas  aussi 
loin  la  prudence.  Toutes  les  communautes  reunies,  sans  ex- 
ception, de  concert  avec  les  habitants  de  la  paroisse  de  la 
Magdeleine,  «  qui  est  le  cheMieu  et  la  ville  de  La  Deveze,»  de 

(1)  Reqa^te  sign^e  :  Lartigue  Maignon,  maire  de  Ladev^ze-Rividre. 

(2)  Void  la  liste  des  communes  faisant  partie  de  Tassemblde  primaire  de  Bean- 
marches:  BeaQmarch6.s,  Cootens,  Gayron,  Coarlies,  Floar^,  Louslitges,  Montar- 
ran,  Ricau,  BoQssas,  Mond^bat,  Monldgut,  Biere  (tomes  ces  commanes  d^jad^peh- 
dantesde  Beaamarchds),  Armentieu,  Soabagoac,  Si-Andri^  St-Laurent  (ces  deni 
derni^res  d^peqdantes  de  La  Devdze). 

(3)  l\  Tisulie  da  rapport  de  M.  de  Montant  que  la  ddnomiDation  de  La  Devize^ 
Ville  appartienf  4  la  kagdeleine.  La  lecture  attentive  de  ce  rapport  nous  r^ydle* 
d'ailleurs,  que  le  commissaire  est  un  de  ces  hommes  par  trop  conciliants  qui  vou- 
draient  se  couvrir  de  la  Idgalit^,  et  manager  toutes  les  ambitions. 


Digitized  by 


Google 


—  520  — 

celles  de  Castets  et  Saint-Pierre,  «depen(lances  de  ladite  ville,» 
protesterent  contre  la  scission  accordee  aux  paroisses  de 
Saint-Laurent  et  Saint-Andre  «  egalement  dependantes  de  la 
ville  et  communaute  de  La  Deveze.  » 

Pourquoi  avoir  permis  aux  citoyens  de  ces  deux  paroisses 
d'aller  voter  dans  une  autre  assembl^e  primaire?  N'ont-elles  pas  tou- 
jours  d^pendu  de  la  ville  et  communaut6  de  La  Devize?  N'ont-elles 
pas  6t6  gouvern^es  par  les  mSmes  officiers  civils?  N'ont-elles  pas  eu 
a  toutes  les  epoques  le  mSme  terrier?  Certains  citoyens  seulement 
desdites  paroisses  ont  eu  I'id^e  de  la  separation,  contre  le  gre  de  la 
plus  saine  partie  des  citoyens  des  mfimes  paroisses,  qui  ne  veulent 
absolument  pas  de  scission. 

En  consequence,  toutes  lesdites  communaut^s  de  Tassemblee 
de  campagne  de  Plaisance  protestent  de  plus  fort,  avec  les  citoyens 
de  La  Devize,  et  les  citoyens  intelligents  et  serieux  des  paroisses 
s^par^es,  contre  le  pr^tendu  d^membrement,  cpmme^tant  fait  con- 
trairement  a  leur  voeu,  au  m^pris  de  toutes  les  regies  et  par  des  per- 
sonnes  absolument  sans  qualite. 

Les  citoyens  «  intelligents  et  serieux  »  de  Saint-Andre  et 
Saint-Laurent  qui  s'opposaient  a  la  separation,  s'etaient  du 
reste  rendus  a  la  seance  du  15  mai  pour  unir  leurs  protesta- 
tions a  celles  des  communautes  reunies  (1). 

Nous  tons  comparants,  habitants  des  paroisses  de  Saint-Andre 
et  Saint-Laurent,  ayant  ^t^  instruits  que  les  citoyens  qui  fomentent 
la  scission  veulent  aller  voter  dans  une  autre  assemblee  primaire, 
malgr^  le  voeu  et  sans  la  participation  de  la  majeure  partie  des  habi- 
tants desdites  paroisses,  mus  par  le  desir  de  rester  toujours  rdunis  a 
la  ville  et  communaut^  de  La  Deveze  a  cause  des  grands  avantages 
qui  en  r^sultent,  protestons  contre  la  pretendue  scission,  et  de- 
mandons  a  6tre  regus  a  voter,  avec  les  habitants  de  notre  commu- 
naute, qui  est  la  ville,  dans  la  presente  assemblee.  Supplions  M.  le 
president  de  vouloir  bien  nous  donner  acte  de  notre  protestation 
pour  nous  opposer  devant  qui  de  droit  k  la  pretendue  scission  com- 
me  ill6galement  accomplie. 

(1)  Voiciles  noms  des  principaox :  M«  Laarent  Barquissau,  avocaten  Parlemeot; 
Joseph  Lanasse;  Jean  Laffitle;  Joseph  Laffitte;  Jean  Domerc  Laborite;  Jean  La- 
lanne;  Pierre  Clavel;  Jean  Dufau  Cazalot,  officiers  municipaai  ou  notables;  Domi- 
nique Rividre;  Antoine  Abadie;  Pierre  Bezian;  Pierre  Lagnonx;  Jean  Fauron;  Joseph 
Dnshemin;  Jean  Lussan;  Pierre  Lamarqoe,  etc. 


Digitized  by 


Google 


—  521  — 

II  fat  fait  un  excellent  accueil  a  la  protestation  de  ces  bons 
citoyens,  qui  furent  tres-regulierement  admispar  Tassemblee 
a  voter  pour  le  choix  des  cinq  electeurs. 

M.  de  Montaut,  dans  sa  trop  conciliante  «  prudence,!  avait 
done  6te  plus  facile  a  tolerer  la  scission  des  votes. 

Les  paroisses  de  Saint-Andre  et  Saint-Laurent  furent  an- 
nexees  a  Tassemblee  primaire  de  Beaumarches. 

La  reunion  eut  lieu,  le  17  mai  1790,  dans  Teglise  parois- 
siale  (1). 


J.  GAUBIN, 

re,  mission 

DOCUMENTS  IIVMTS. 


prdtrOi  missionnaire  d'Aacli. 


L 

D^eonverte  dn  tombeaa  d' Anger  II  de  Montfancon,  dvdque  de 
Gonserans,  dans  le  Glof  tre  de  Saint-Lizier. 

M.  Louis  de  Bardies,  secretaire  particulier  de  M.  le  comte 
de  Casteras,  prefet  du  Gers,  nous  a  communique  Facte  sui- 
vant,  «  constatant,  nous  ecrit-il  avec  juste  raison,  une  decou- 
verte  des  plus  interessantes  pour  Thistoire  provinciale, 
Farcheologie  et  m^me  Thagiographie. »  Cette  decouverte  a  eu 
lieu  dans  le  cloitre  attenant  aPeglise  de  Saint-Lizier,  ancien- 
ne  cathedrale  du  diocese  de  Couserans,  Tun  des  dix  suffra- 
gants  de  Tarcheveche  d'Auch. 

La  Revue  de  Gascogne,  en  publiant  ce  document,  dont  elle 
remercie  et  le  correspondant  qui  le  lui  a  transmis  et  M.  le 
cure-doyen  de  Saint-Lizier  qui  Ta  communique  a  M.  de  Bar- 
dies, doit  le  faire  preceder  d'une  courte  notice  sur  Teveque 
qu'il  conceme. 

Auger  II  de  Montfaucon  siegea  comme  eveque  de  Couse- 

(1)  L'aboodaDce  des  matieres  nous  oblige  k  renvoyer  i  an  prochain  nom^ro  le 
r^cit  de  Fassembl^e  de  Beaumarches,  qui  termine  ce  paragrapbe.  —  l.  c. 


Digitized  by 


Google 


—  522  — 

rans  depuis  1279  jusqu'en  1303.  «ll  orna  de  peintures  Teglise 
de  Saint-Lizier  et  fit,  a  ce  qu'on  croit,  construire  les  stalles  da 
choeur.  On  remarque  dans  cet  ouvrage  un  faucon  place  sur 
une  montagne,  ce  qui  fait  conjecturer  qu'Auger  en  elait 
Tauleur.  »  Ainsi  parle  Hugues  du  Terns  (1),  d'aprfes  le  Gallia 
Christiana.  Ce  dernier  ouvrage  nous  donne  quelques  autres 
renseignements  curieux.  Des  1280,  Auger  publia  des  Statuts 
reglant  le  casuel  des  cures.  Les  archives  communales  de 
Sarron  conservaient  encore  de  lui  une  letlre  du  6  aoAl  de  la 
m6me  annee,par  laquelle  il  flxait  ce  qui  etaitdu  au  cure  de  ce 
lieu,  pour  sepultures,  mariages,  dime  et  premices.  Pour  un 
enterrement,  par  exemple,  c'etait  le  meilleur  ou  le  plus  pre- 
cieux  vetement  du  defunt,  et  6  sols  toulousains;  plus  deux 
deniers  pourlagrande  croix,  ou  un  seul  pour  la  petite.  On 
voit  que  les  enterrements  de  premiere  et  de  seconde  classe 
nedatent  pas  d'hier. 

En  1290,  le  samedi  apres  TAssomption,  Auger  de  Mont- 
fauGon  si6gea  au  Concile  de  Nogaro;  il  signa  le  premier  apres 
Tarcheveque  d'Auch,  mais  les  actes  du  Concile  portent  son 
titre  et  point  son  nom. 

II  mourut  en  odeur  de  saintete,  d'apres  la  tradition  cons- 
tante  de  son  diocese.  La  date  de  sa  mort  (1"  juin  1303)  ^t 
doiinee  avec  precision  par  r6pitaphe  qui  se  lit  encore  sur 
sa  pierre  tombale  et  que  nous  rapportons  d'aprfes  le  GalUa : 

fflC  JACETREVfiRENDUS  IN  CHRISTO  PATER,  D.  DOMINUS  AUGERIUS 
DE  MONTEFALCONE,  DEI  GRATU  EPISCOPUS  CONSERANENSIS,  QUI  OBRT 
CALENDIS  JUNII  SUB  ANNO  DOMINI  MCCCIII,  CUJUS  ANIMA  REQUIESCAT 
INPACE.  AMEN. 

La  tombe  porte  de  plus,  a  sa  surface  superieure,  Tefflgie 
du  prelat,  sculpts  en  pied,  avecses  ornements  pontiflcaux. 
Elle  est  en  pierre  dite  de  Fiurme  ou  de  Belveze  (Haute-Ga- 
ronne). 

La  notice  du  Gallia  Christiana  fait  observer  que  rillustre 

(1)  le  clergi  de  France,  t.  i,  p  487. 


Digitized  by 


Google 


—  523  — 

famille  a  laquelle  appartenait  l'6veque  Auger  de  Montfaucon 
subsislait  encore  a  Tepoque  de  la  redaction  (1715).  Les  doc- 
tes  benediclins  la  ierminent  de  plus  par  ces  mols :  « De  celte 
famille  est  notre  confrere  Dom  Bernard  de  Montfaucon,  a 
qui  nous  devons  la  derniere  edition,  tres-soign6e,  de  saint 
Athanase,  les  Hexaples  d'Origene,  la  Paleographie  [grecque] 
et  divers  autres  ouvrages;  mais  il  y  en  a  un  bien  plus  grand 
nombre  qu'il  medite  et  dont  il  s'occupe  actuellement  (1). » 

Le  P.  de  Montfaucon,  qui  n'etait  pas  indifferent  a  ces 
questions  de  famille  et  que  son  humble  confrere,  Dom  Mabil- 
lon,  appelait  plaisamment,  pour  quelque  semblant  de  morgue 
aristocralique,  M.  de  la  Roquetaillade,  —  le  P.  de  Montfaucon 
a  mieux  marqu6  lui-m6me  son  degre  de  parente  avec  le  saint 
eveque  de  Couserans.  En  faisant,  dans  sa  Biblidtheca  biblio- 
Ihecarum  manuscriptorum  nova,  iUnventaire  du  riche  fonds 
manuscrit  de  Saint-Germain-des-Pres,  il  signale  le  texte  inedit 
des  ConsHlutions  synodales  d' Auger  de  Montfaucon^  port6es 
sans  doute  (d'apres  Tindication  fournie  plus  haul  par  le  Gal- 
lia chr.)  en  1280.  A  la  suite  de  ce  titre  il  insere  une  longue 
note,  d'ou  il  resulte  que  Teveque  Auger  6tait  frere  de  Rai- 
mond-Bernard  de  Montfaucon,  seigneur  de  Monlfaucon-le- 
Vieux,  et  que  lui,  le  docte  editeur  de  saint  Jean-Chrysostdme, 
descendait  de  ce  seigneur,  d'apres  sa  genealogie,  qu'ildonne 
la-m^me  assez  au  long.  II  y  ajoutetous  les  titres  des  Comtitu- 
lions  synodales  d'Auger  de  Montfaucon,  et  publie  en  entier  le 
preambule  de  ce  precieux  reglement  avec  le  premier  article, 
sans  doute  le  plus  interessant  de  tons,  De  vita  et  conversa- 
tione  clericorum.  Nous  n'avons  pas  actuellement  sous  la 
main  le  volume  de  Dom  Montfaucon;  mais  lious  pouvons 
citer,  d'aprfes  un  journal  litleraire  du  temps  (2),  quelques-uns 

(1)  Gallia  christ,^  1. 1,  col.  1134.  —  Les  lectears  de  la  Revue  de  Gateogne  n'ont 
pas  besoin  que  nous  leur  rappelions  une  Lettre  inidite  de  D,  Mrontfaucon^  publide 
avec  de  savaotes  annotations  par  M.  Ph.  Tamizey  de  Larroque  dans  notra  t.  x,  p.  84. 

(2)  BibliotMque  raisonn^e  des  ouvrages  des  savants  de  VEurope,  1739.  (t.  S8, 
p.  165.) 


Digitized  by 


Google 


—  524  — 

des  passages  les  plus  importants  du  premier  litre  des  SiahUs 
de  1280. 

Le  saint  eveque  y  ftondamne  les  epreuves  par  Peau  chaude 
ou  froide  et  par  le  fer  chaad,  et  defend  adx  pretres  de  benir 
ces  objets  pour  servir  a  de  tels  usages.  II  leur  donne  une  foule 
de  lemons  morales,  qui  prouvent  a  la  fois  les  desordres  du 
temps  et  le  zele  pieux  du  prelat.  Une  recommandalion  qui 
montre  la  piete  naive  de  ce  siecle  :  «  Que  chaque  pretre,  des 
le  commencement  de  son  sacerdoce,  se  fasse  faire  des  orne- 
ments  avec  lesquels  il  puisse  6tre  enterre  quand  il  mourra. » 
Mais  rien  n'est  capital  pour  la  connaissance  des  superstitions 
de  nos  peres  comme  le  passage  suivant,  que  dom  Montfaucon 
a  savamment  commente  dans  le  Supplement  de  I'Anliquiie 
expliquee.  Je  cite  la  traduction  frangaise  du  journaliste  de  Hol- 
lande  : 

«  Qu'aucun  ne  se  m61e  de  deviner  soit  par  les  sorts  des 
saints  ou  des  apotres, oomme  on  les  appelle,  soit  par  quelque 
sorte  d'ecrit  que  ce  puisse  etre,  ni  ne  cherche  a  decouvrir 
Tavenir  ou  a  faire  quelque  sorte  de  malefice  que  ce  soit,  par 
des  tablettes  ou  grimoires  (codicibus)  ou  p  ar  Tastrolabe. 
Qu'aucune  femme  n'ose  se  vanter  qn'elle  va  la  nuit  a  cheval 
avec  Diane,  deessedes  paiens,  ou  avec  HerodiadeouBensozia, 
ni  mettre  au  nombre  des  divinites  une  troupe  de  femmes : 
car  c'est  une  illusion  du  Demon.  Que  personne,  en  employaot 
certaines  herbes  pour  pr6servatif,  n'use  de  vers  ni  d'enchan- 
tement,  ni  d'autre  chose  que  de  Toraison  dominicale  et  du 
symbole,  et  n'ecrive  que  Tun  ou  Tautre  dans  les  billets  qull 
pendra  ou  quMl  liera  sur  soi.  On  pent  neanmoins  se  servir 
depierres  el  d'herbes  contre  le  Demon,  pourvu  que  ce  soil 
sans  enchantement.  On  se  gardera  aussi  d'observer  supersti- 
lieusement  les  jours  e^^p^ien^,  les  constellations,  leslunaisons, 
les  calendes  de  Janvier,  les  commencements  des  mois,  les 
jours,  les  mbis,  Tannee,  le  cours  de  la  lune,  du  soleil  et  des 
6loiles,  c'est-i-diredanslapensee  qu'il  y  avail  en  ces  choses 


Digitized  by 


Google 


—  525  — 

quelque  verta;  car  elles  ne  soal  toules  que  des  sigoes,  et  non 
des  causes  des  evenements.  Ences  jours  et  temps  susdits,  on 
nepreparerapas  non  plus  dansles  maisons  des  tables  chargees 
de  viandes,  ou  avec  des  lampes;  et  on  n'ira  pas  dans  les  rues 
etdans  les  places  publiques  avec  des  chantres  et  des  choeurs 
.  de  musique.  II  ne  faut  regarder  aucuns  temps  comme  heureux 
ou  malheureux,  en  sorte  que  dans  ceux-li  on  entreprenne 
tout  et  dans  ceux-ci  on  ne  veuille  rien  entreprendre.  On  no 
doit  pas  non  plus  pronostiquer  les  bons  oumauvais  evenements 
sur  le  vol  ou  le  gazouillement  des  oiseaux,  ou  sur  le  mouve- 
ment  des  membres,  ou  Taspect  de  quelque  animal.  Nous  d6- 
fendons  aussi  de  tirer  quelque  augure  de  la  naissance  sous  les 
douze  signes  du  ciel  dans  les  manages  ou  autre  chose  que  ce 
soit.  Quiconque  aura  contrevenu  aux  statuts  precedents,  apres 
les  defenses  generales  que  nous  ordonnons  aux  pr6tres  de  faire 
pendant  la  celebration  de  la  messe  aux  jours  du  dimanche, 
qu'on  lui  interdise  absolument  Tentree  de  Teglise  et  Tusage 
des  sacrements  ecclesiastiques;  et  meme  si  le  cas  le  requiert, 
qu'il  soit  excommunie  et  puni  par  les  autres  voies  ordinaires.» 

L.  c. 

Proch-verbal  de  Vouverture  et  de  la  fermeture  du  tombeau 
d' Auger  II de  Montfaucon,  un  des  grands  iviquss  de  Couserans^ 
mort  le  /^"^  juin  430S. 

Les  ouvriers  employes  a  la  restauration  du  clottre  avaient  appuy^ 
un  6tabli  contre  le  mur  de  T^lise.  Le  28  mai  1877,  frapp^s  du  son 
creux  que  rendait  le  mur,  ilsenleverentquelquespierresettrouvferent 
une  excavation.  M.  le  cur^  en  fut  inform^  imm^diatement.  C'etait 
un  tombeau. 

Cedant  aux  vives  instances  de  ses  paroissiens,  M.  le  cur^  prbmit 
que  satisfaction  serait  donn6e  a  leur  d^sir  de  le  voir,  le  31  mai,  ce 
qui  fut  fait. 

Le  s^pulcre  a  ^t^  creus6  dans  le  mur  et  se  trouve  limits,  sur  quatre 
c6t6s,  par  une  simple  magonnerie.  Le  fond  est  form^  par  des  dalles, 
et  la  partie  sup^rieure  ^tait  recouverte  par  la  pierre  tumulaire,  qui  a 
i\A  remise  en  place  et  s'y  adapte  parfaitement. 

Le  corps  de  r6ySqu6  est  couche  sur  les  dalles,  le  dos  en  bas  et  la 
Tome  XVra,  35 


Digitized  by 


Google 


—  526  — 

face  en  haut.  Lapoitrine,  relev^e,  appuieles  bras  crois^s  surelle.  l^s 
membres  inf^rifeiirs  sont  juxtaposes  jusqu'a  la  naissance  des  pieds, 
qxii  sont  places  Tun  sur  Tautre.  La  tSte  est  renvers^e  en  arrifere  et  k 
gauche.  A  partir  de  la  michoire  inf^rieure  qui  adh^e  au  tronc,  elle 
en  est  s^par^e  et  n'a  guere  plus  que  les  os. 

Le  tronc  et  les  membres  sont  dans  un  meilleur  ^tatde  conservation. 
La  peau  ne  repose  pas  imm^diatement  sur  des  os  :  elle  en  est  s^paree 
parlestissus  intermediaires,  saillants  bien  qu'amoindris.  Lacouleur 
des  teguments  est  d'un  brun  fonc6,  excepte  aux  mains  et  aux  pieds 
qui  ont  encore  de  la  blancheur.  Sionappuie  le  doigt  sur  la  cuisse, 
la  peau  cede  a  la  pression,  mais  reprend  immediatement  sa  place  sans 
laisser  de  creux.  Elle  est  ferme  au  ventre  bien  que  s^parfe  de  Tepine 
dorsale  par  trois  centimetres  environ.  Les  dents  de  la  mdchoire  infe- 
rieure  et  les  ongles  sont  tres-bien  conserves. 

La  longueur  du  corps,  depuis  le  sommet  dela  tfite  jusqu'ala  plante 
des  pieds,  est  d'un  metre  80  centimetres.  Les  mains  et  les  pieds  ont 
des  formes  fines  et  belles  et  sont  visiblement  de  race  aristocratique. 
Seulement  le  petit  doigt  et  Taonulaire  de  la  main  droite  sont  d^- 
pouilles  de  leur  peau  et  presque  d^tach^s.  La  poitrine  est  ample  et 
bien  conform^e.  Les  souliers,  ou  plut6t  les  pantoufles,  car  le  quartier 
de  derriere  manque,  sont  d*un  cuir  noir  tres-bien  conserve.  Leur  di- 
mension t^moigne  de  la  richesse  des  pieds,  qui  sont  tr^s-cambr^s.  On 
voit  par  ci  par  la  quelques  lambeaux  (en  poussiere)  color^s,  restes 
d'^tole  ou  de  quelques  vStements.  Quelques  debris  blancs  de  gants 
se  voient  encore  sur  les  mains.  11  faut  aussi  noter  un  petit  bouquet  de 
romarin.  On  n'a  trouv^ni  croix  pastorale,  ni  anneau;  ni  aucune  trace 
d'orriements  m^talliques.  Cette  absence  des  bijoux  qui  accompagnent 
toujours  les  restes  des  personnages  ricbes  et  honoris,  confirmerait 
la  tradition  que,  vers  1793,  ce  tombeau  fut  profane.  Dans  ce  cas, 
Talteration  de  la  t^te  et  de  la  main  droite  ferait  presumer  que  la  croix 
et  I'anneau  furent  enlev^s. 

Parmilesmilliers  de  personnes  qui,  le31mai,  ont  visitecettetombe, 
quelques-unes  se  demandaient  si  c'etait  r^ellement  la  depouille 
d' Auger  II  de  Montfaucon,  et  k  quel  signe  on  pouvait  le  distinguer 
de  tant  d'evSques  inhumes  a  Saint-Iizier,  dans  le  laps  de  600  ans? 
Nous  entrouvons  la  preuvedansla  pierretumulaire  d*  Auger  de  Mont- 
faucon, qui  s'adapte  parfaitement  au  s^pulcre  et  dans  les  notices  his- 
toriquesextraites  desregistres  del'evSch^,  quiconstatentrinhumation 
d'Augerde Montfaucon  dans  lemur  qui  s^pare  le  cloitredu  transsept. 
Les  soussign^S)  fabrioiens,  autoht^s  et  notables  de  Saint-Iizier, 


Digitized  by 


Google 


—  527  — 

dans  le  but  de  transm^ttre  k  leurs  descehdanls  les  faits  qui  -^ieuQedt 
d'etre  expos^,  ont  dress^  le  present  procfes-verbal  pour  &ttB  depos^ 
aux  archives  de  la  paroisse  ce  jourd'hui,  premier  juia  mil  huit  ceut 
soixante-dix-sept,  jour  oil  le  tombeau  a  6te  clos  et  remis  dans  son 
premier  6tat. 

[Ont  signe  MM.]  Astri^,  cur^-doyen;  [lo  comte]  U.  de  Tei«sac, 
maire;  Az^ma,  president  de  la  fabrique,  juge  de  paix;  P.  Ta^difeu, 
capitaine  en  retraite,  fabricien;  Lamary,  fabricien;  Mestre,  percep- 
teur;  J.  Mouroux,  greffier  de  paix;  Rabiouse,  capitaine  en  retraite; 
Nicolas;  Siadoux,  conseiller  municipal;  Ferrage,  avocat;  Boyreau, 
adjoint,  fabricien;  L.  de  Lingua  de  Saint-Blanquat,  [ancien  mairej; 
Mayli^  (IA>n),  conseiller  municipal. 

n 

Une  lettre  concernant  Jean  de  MonlaCi  dvdqae  de  Condom. 

En  lisant  la  notice  de  M.  L6once  Couture  sur  Trois  poiles 
condamois  du  XV  1^  siicle  (1),  j'ai  ete  frapp6  de  la  mention  qui 
s'y  rencontre  (p.  27  et  passim)  de  Jean  de  Monluc.  Je  crois 
bien  que  c'est  de  lui  qu'il  est  question  dans  une  lettre  d'un 
personnage  sur  lequelon  a6crit  une  foule  dMneplties,  etdout 
je  cherche  areunir  la  correspondance  et  lesoeuvrespocliques 
pour  les  publier  qflelque  jour  avec  sa  vi6.  Je  veux  parler  dti 
batard  d'Angouleme.  Void  une  copie  de  cette  lettre,  qu6  la 
lecture  du  Catalogue  desMss.  de  la  Bibliottieque  Nationale  (pliit 
k  Dieu  qu'il  fat  achev6  et  mis  a  la  port6e  de  toutes  les  bourses !) 
m'a  fait  aller  deterrer  dans  un  des  riches  recueHs  deBetbune. 
Ce  qu'il  y  a  de  curieux  dans  Tepisode  auquel  cette  missive 
se  rattache,  c'est  qu'aucun  defe  trois  solliciteurSji  a  ce  qij'iJ  me 
semble  bien,  n'oblint,  a  ce  moraent-li,  la  generality  dfeS  g$.- 

())  Je  profile  de  cette  occasion  ponrt^moigner  pabliqnement&M.  J.  DnkasmaviTe 
reconnaissance  an  sujet  de  Texcellent  article  qn'il  a  bien  Touin  con^rvr  4  cette 
brochure  dans  \eBuHetin  du  6t6<iop/it7e d'aoiit-septembre  1877.  di  revti^mebito- 
veillance  dont  l^moigne  ce  compte-rendu  diminne  en  qoel^ne  choM  la  |>oft^  les 
61oges  qn'il  me  donne,  c'est  tonjoors  un  encouragement  bien  pr^cieux  que  le  suf- 
frage d'un  des  hommes  qui  ont  le  mieux  dtudid  de  libs  jottk^  Ilriftl8li%  'Mtt^affe  da 
xxje  sieclo.  —  L,  c. 


Digitized  by 


Google 


—  528  — 

leres  stationnfees  «enBour(ielois,  »  ni  Fregose,  niMonlac,  ni 
Henri  d'Angouleme.  Ce  dernier  devint  a  la  v6rite  amiral  des 
mers  du  Levant — entre  nous,  je  lesoupQonne,  apres  etre  alle 
en  Ecosse  d'ou  il  revint  a  I'age  de  9  ans,  de  n'avoir  pas  beau- 
coup  plus  vu  la  pleine  mer  que  le  celebre  « amiral  Suisse » 
de  la  piece  du  Palais-Royal — mais  ce  futbeaucoup  plus  tard. 
Je  me  souviens  aussi  d'avoir  vu  plus  d'une  fois  le  nom  de 
Jean  de  Monluc  dans  les  registres  capitulaires  du  grand  prieure 
de  France  aux  Archives  nationales :  encore  un  recueil  de  do- 
cuments qui  rendrait  a  Thistoire  de  France  d'inappreciables 
services,  si  on  en  avail  seulement  une  courte  analyse  suivie 
d'un  onomasticon. 

J.  DUKAS. 

BIBOOTHilQUE  NATIONALE,  MS.  FR.  N«  3249  (fONDS  B^THUNE),  38«  PIl^E,  V^  78. 

Monsieur  mon  frere,  par  ce  que  Mons'  le  Mareschal  Damuille  s'ex- 
cuse  k  present  de  demanderpourmoy  au  Roy  la  generalite  de  six  vais- 
seaulx  de  mer  qui  sonten  Bourdelois,  d'autant  qu'il  diet  en  auoir  cy  de- 
uant  parl6  pour  le  seigneur  Fregouse  et  qu'il  ne  luy  conviendroit  en 
parlerpourdeux:  aussyquelefilsde  Mons^'deMontlucarrivahiersoir, 
que  je  doubte  vouloir  demander  ceste  charge,  je  vous  enuoye  en  di- 
ligence ce  gentilhomme  pnt  porteur  pour  vous  prier  en  vouloir  es- 
crire  un  mot  a  Monseigneur  et  k  M^  le  cardinal  de  Bourbon,  ensorte 
que  par  vostre  faueur  je  ne  soye  frustr^  de  Tesperance  que  j'en  ay 
eue;  surquoy  ne  vous  feray  plus  longue  lettre,  sinon  pour  vous  pnter 
et  a  madame  ma  soeur  mes  reconunandations  bien  humbles,  priant 
Dieu,  mons'  mon  frere,  vous  donner  en  sante  ce  que  mieux  (?)  de- 
sirez. 

Je  supplie  mad.        (1)  V*  plus  plus  humble  et  aflfectionn^  frere  et 
dame  soBur  en 
vouloir  faire  autont.  serviteur, 


F.  Henrt  b.  d'ANGOULESME. 


Au  dot  : 
▲  Monsr  mon  frere 
Mods'  de  Montmorency. 

(1)  Saunripiion  autograph€. 


Digitized  by 


Google 


—  529  — 

Jugements  de  malntenue  de  noblesse  (1). 
XVI 

NOBLE  JEAN  DE  FABAS,  SEIGNEUR  DE  LAMOTHE  (2). 

D*or  au  lion  de  gueUles  rampant  sur  une  branche  de  fdve  (faba) 

de  sinople. 

Certificat  des  maire  et  capitouls  de  Toulouse,  du  22  d&embre 
1698,  attestant  que  messire  Arnaud  de  Fabars,  sieur  d'Alixandre, 
aurait  et6  capitoul  de  ladite  ville  en  I'aan^e  1578  (3). 

(1)  Voir  ci-dessu8,  pages  37,  92,  146.  189,  240,  288,  333  et478. 

(2)  La  maisoD  de  Fabas,  Favas  oa  Fabars,  est  originaire  da  pays  de  Ghalosse, 
s^n^ohaass^e  de  Dax,  o£i  elle  poss^daitles  fiefs  de  Fabas,  de  Rostaiog.  etc.  «  ..*..  II 
existe  aassi  ua  cayer  ^crit  de  la  main  propre  dadit  sieur  de  Fabas,  dans  leqael  il 
cotte  la  g^ndalogie  de  ceux  qui  sent  issus  de  la  maison  de  Fabas,  k  commencer  de- 
puis  Jean  de  Fabas,  seigneur  dudit  lieu  de  Fabas^  en  Chalosxe,  pdre  de  Pasqnan. » 
Inventaire  des  papiers  da  mardchal  de  Fabas,  vicomte  de  Gastets-en-Dorte,  citd  par 
M.  Barkhausen.  Yoici  d'on  autre  c6U  cequ'on  lit  dans  les  annates  manuscrites  de 
rH6teI-de-Viile  de  Tooioose:  «...  Advis^rent  aassy  qbelamagest^  de  la  Reyne  mdre 
(Catherine  de  M^dicis),  ponrmoyener  etparfaire  ladite  paix  (1579),  venait  en  ce 
pays,  et  qu'elle  estoil  deja  avec  son  conseil  en  la  ville  du  Port-Ste-Marie,  ayant  de 
la  magest^  du  Roy  toute  puissaqce  de  ce  faire;  auroient  d^l^gud  messire  Arnault  de 
Fabas,  docteur  et  avocat  en  la  cour,  sieur  d'Alixandre,  un  des  susdits  capitouls,  per- 
sonnage  capable  d'une  telle  charge,  estant  issu  de  Villustre  maison  de  Rosiaing  de 
Dax,  tinichaussie  des  Landes,  et  nourri  d^s  sa  jeunesse  en  cour  entre  les  grands 
seigneurs,  pour  presenter  k  ladite  dame  et  la  bonne  affection  des  sieurs  Capitouls  et 
leur  parfaite  obeissance  envers  sa  Magest^.  > 

En  1243,  Henri  III,  roi  d'Anglelerre,  nomma  ponrarbitre  entre  I'dv^que  de  Dax 
et  son  chapitre  et  des  habitants  de  la  ville  :  €  Inter  milites  forenses  Guillelmns  Ray- 
mundi  de  Favariis,  etc.,  etc.  >  (Archives  de  Dax,  cities  par  M.  de  Cauna,  tome  ii, 
page  329).  —  Arnand-Guillaume  de  Fabas,  conseiller  du  Roi,  docteur  regent  et 
professeur  de  tbdologie,  4tait,  en  1463,  abbd  de  Gimont  (dom  Brugeles). 

(3)  Arnauld  de  Fabas,  sieur  d'Alixandre,  dont  I'auteur  des  annales  de  Toulouse 
parle  si  diogieuseroent,  dlait  fils  de  messire  Jean  ^e  Fabas  et  de  damoiselle  Marie 
d'Ari6s,  mari^s  le  15  juillet  1559.  II  avait  pour  frdres  Michel-Victor  de  Fabas,  ar- 
chipr^tre  de  Gardouche  et  archidiacre  de  Lartaing  (probablement  Rostaing)  en  la 
calh^drale  de  Tarbes,  nommd  k  I'abbaye  de  Simorre  le  17  novembre  1603;  —  et 
Jean  de  Fabas,  vicomte  de  Castets-en-Dorte, seigneur  d'Ari^s,  mar^chal  decamp  des 
armies  du  Roi,  gentilhomme  ordinaire  de  la  Chambre,  gouverneur  du  ducb^  d'Al- 
bret.  (V.  dom  Brugeles,  p.  219.)  Henri  lY  iui  conf^ra  tous  ces  litres  pour  le  r^com- 
penser  de  ses  services.  II  ^pousa,  le  27  Janvier  1572,  Louise  de  La  Chassaigne, 
dame  de  Castets.  —  Lear  fils,  Jean  de  Fabas,  vicomte  de  Caste(s-en-Dorte,  mari^ 
avec  Marthe  de  Ch^teauneuf,  eut  une  fille  nomm^e  Marie,  qui  ^pousa,  le  27  sep- 
bre  1630,  messire  Jean  de  Gontaut,  comte  de  Cabr^rds  de  Roussillon,  gouverneur 
du  pays  de  Quercy. 

Dom  Brugeles  dit  que  Michel-Victor  de  Fabas,  abb6  de  Simorre,  c  ^Uitfrdre  da 


Digitized  by 


Google 


—  530  — 

Testament  dudit  Arnaud  de  Fabas  de  Rostaing,  seigneur  d*A- 
lixandrQ,  dans  lequel  il  est  fait  mention  de  feu  damoiselle  Rajmonde 
de  Costa,  sa  premiere  femme,  et  de  Mondette  de  Tesseyre,  sa  femme, 
et  de  Raymond  de  Fabas  son  fil^;  du  7  mars  1594  (1). 

Jugement  de  M.  de  Bezons,  intendant  du  Languedoc,  le  11  no- 
vembre  1^69,  par  ieq^uel  Jacques  de  FaJ^as  de  Rostaing  ^  ^t^  main- 
tenu  dans  sa  noblesse;  dans  lequel  jugement  est  enonce  lecontrat 
de  mariage  dudit  Raymond  de  Fabas,  docteur  et  avoeat  en  la  cour, 
fils  dudit  Arnaud,  avec  damoiselle  Frangoise  de  Blandinifere;  du  23 
avril  16i6. 

Transaction  pass^e  entre  Jacques  et  Pierre  de  Fabas  sur  la  suc- 
cession de  Raymond  de  Fabas,  leur  pere,  e^t  de  ladite  damoiselle  de 
Blandihifere,  leur  mfere;  du  6  Janvier  1653. 

Tes^tament  de  damoiselle  Marthe  de  Palarin,  veuve  dudit  noble 
Pieirre  de  Fabas,  dans  lequel  il  est  fait  mention  dudit  Jean  de  Fabas 
produisant,  Tun  de  ses  fils;  du  11  ami  1684  (2). 

Cpntrat  de  mariage  dudit  Jean  de  Fabas,  sieur  de  Lamothe,  avec 
damoiselle  Frangoise  d*Aries(3),dans  lequel  il  est  qualifie  noble;  du 
29  septembre  1685. 

Mvr  de  Fabas,  inar^chal  depi^np  des  ^rmdes  da  Roy,  >  Jean,  vicomte  de  Castcu. 
Je  conelos  qn^e  Micbal,  Victor  et  Jean  dtaiexit  fr^res  d'Arnaud  de  Fabas,  sieur  d'A- 
Jixandre,  d*^n  acte  4e  reconnaissance  de  dette,  pas^^  dans  la  maison  abbatiale  de 
Simorre.eiftre  messire  Raymond  de  Fabas,  doctear  et  avoeat  an  parleroent,  fils 
d'AJ'Pdud  de  Fabas,  d  prhent  en  visite  chez  Monsieur  son  oncle,  R^y^rend  Pire  en 
JDien  MipM-Victor  de  ^abas,  ^tc,  d'une  part,  et  le  capitaino  Bernard  de  Las* 
salle,  d'aatre  part,  8  avril  1613.  (Minntes  4e  St-Martin.  notaire  k  Siroorre) 

(1)  Arnaud  de.Fabas  avait  epcore  an  fils,  nomm^  Jean.  Les  annales  roanuscrites 
jie  ia,ville  de  Joulouse  en  font  I'aln^,  et  disent  qn'il  accompagna  son  pdre  dans  sa 
mission  aupr^  fie  la  Reine-meije,  ,en  1579:  €  car  il  ^toit  un  escolier  pourra  de 
j^rapde  ^ucfitiop.  » 

(2)  Pierre  de  Fabarset  JWarthe  4p  Palarin  eurent  pour  enfants  :  !<>  Etienne-Jean, 
jl^pn  1667;  i^**  Jean,  sieur  de  Lamothe,  qui  est  le  produisant,  n6  en  1658;  3«>  Du- 
raifd,  capitaine  de  cavalerie,  gouverneur  de  Samatan,  chevalier  de  St-Louis,  non 
in^rij6;  A'»iQatherine-Ang61ique,  marine  le  -21  mars  1699,  a  noble  Francois  de  St-  • 
fie^T»  d'JSscolin,  iieutenanldechevau-Idgers.au  regiment  de  Narbpnne.—  Etienne. 
Jean  de  Fab^s  ^pousa,  le  17  ao(it  1702,  demoiselle  Francoise  de  Sedillac  de  St- 
L^op^d,  fiUe  de  messire  Jean-Guy  de  Sddiilac  de  St-Ldonard,  seigneur  de  Mon~ 
(orneil.  et.de  demoiselle  Margueritte  de  Lavaur.  De  leurs  huit  enfants,  une  fille 
aeule  surv^cut,  Durande-Margaerite  de  Fabas,  marine  le  9  d^cembre  1729  k  noble 
Pierre.de  I Garsalade  du  Pont,  seigneur  de  Ste-Foy,  Encorneil  et  Aguin,  capitaine 
^ansjloyal-vais^eau., chevalier  de  St-Louis. 

^3)  FiUe  (|e  noble  Jean-Francois  d'Ari^s  de  Pardies,  habitant  de  St-Elix-sur- 
j^il^lpne;  elle  fat  m6re  de,:  !<>  Jean-Francois  de  Fabas,  mort  jeune;  2o  Ther^se; 
8<>  Ang^lique.  Les  Fabars  vinrent  se  fixer  a  Simorre  a  la  suite  de  la  nomination 
g^,  lUjfli^lty^tor  ^6  Fab^  jk  ^'abbaye  de  ^imorre. 


Digitized  by 


Google 


—  531"  — 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus, 
par  jugement  rendu  k  Montauban,  le  !<>'  aotlt  1699. 

Signi:  Le  Pelletierde  La  Houssaye,  intendant  de  Montauban. 

xvn. 

NOBLE  FRANCOIS  DE  FABARS,   SIEUR  DU  CASTISrA. 

D'or  au  lion  de  gueules  rampant  sur  une  branche  de  f^ve  de 

sinople, 

Jugement  rendu  par  M.  de  Bezons,  intendant  de  Languedoc,  du 
11  novembre  1669,  qui  maintient  Jacques  de  Fabas,  p6re  du  pio- 
duisant(l). 

Contrat  de  mariage  de  noble  Frangois  de  Fabas  avec  damoiselle 
Toinette  de  Pelissier  (2),  par  lequel  il  paratt  qu'il  est  fils  dudit  noble 
Jacques  de  Fabars. 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus, 
par  jugement  rendu  a  Montauban,  le  17  aodt  1698. 

Signi :  Le  Pelletier  de  La  Houssaye,  intendant  de  Montauban. 

J.  DE  C. 

CORRESPONDANCE. 


L'ordre  de  Malte  dans  lea  Landes. 

Cauna,  5  septembre  1877. 
Monsieur  le  Directeur, 
M6me  aprfes  Tutile  travail  de  M.  Blad^,  la  statistique  des  com- 

(1)  Voyez,  poor  la  filiation,  le  jugemeQt  prdc^dent. 

(2)  Toinette  de  Pelissier  ^tait  da  Cast^ra-Vivent.  EUe  fat  mdre  de  :  lo  Jean- 
Baptiste;  2o  Bernard,  capitaine  de  ^aldre;  3o  Francois,  pr^tre,  cor^  de  Lnz;  4o  Jac- 
qnes,  garde  do  Roi;  5o  Jeanne-Marie.  —  Jean-Baptiste  de  Fabas  dp«06a,  le  17 
novembre  1744,  demoiselle  Margoerite  Daste,  fiile  de  noble  Pierre  Daste,  sieor  de 
Talasac,  avocat  en  parlement,  maire  perp^toel  de  la  ville  de  Simorre,  et  de  Fraa- 
coise  Doplan.  De  ce  mariage  vinrent :  1«>  Pierre;  2o  Bernard;  3o  Jeanne-Fran- 
coise;  40  Jacqoes:  5o  Jos^phe-Margoerite;  6«  Jean-Baptiste;  7^  Jeanne-Marie;  80 
Anne-Josdphe:  9^  Frangois- Joseph;  lO^  Jeanne-Anne.  (Btat  civil  de  Simorre.) 

Pier'-e  de  Fabas  fot  marid  avec  demoiselle  El^onore-Ursale  Dopleix  de  Gadignan, 
de  Condom,  dont  il  n'eot  qo'une  fille,  Jeanne- Charlotte,- marine  a  noble  Jacqoes- 
Roger  de  S6rie,  de  Condom.  Eile  6tait  veove  en  1826,  ayant  on  fils :  Jean- 
Ghry808i6me-Urbain-Am^d^e  de  S^rie. 

Pierre  de  Fabas  ^migra  en  1792,  et  ne  reparot  jamais;  son  sort  est  demeor^  in- 
con  no.  Toos  ses  biens  forentconfisqo^s  et  vendds  nationalement  le  28  flordal  et  le 
4  froctidor  an  11. 


Digitized  by 


Google 


—  532  — 

manderies  hospitalises  est  a  faire  ou  a  completer,  et  ma  surprise  a 
it6  grimde  en  particulier  cle  la  voir  si  r^duite  pour  notre  region  des 
Landes. 

1»  II  est  notoire  qu'autour  de  la  ville  de  Dax  existaient  des  chapel- 
les  de  Templiers  qui  ont  pass6  aux  chevaliers  de  Rhodes  ou 
Malte; 

2^  Dans  la  paroisse  de  Labatut,  en  la  pr^v6t6  de  Dax,  il  reste  une 
chapellenie  pr^s  du  chemin  de  fer,  nomm^  Notre-Dame  de  Camon, 
ouse  faisait'avant  1790  un  service  religieux  et  des  sepultures.  Ca- 
mon  est  dit  avoir  appartenu  k  Tordre  de  Saint-Jean.  —  Passons  au 
diocfese  d'Aire. 

En  1538,  dans* la  vicomt6  de  Marsan,  on  comptait:  1°  Thdpital  de 
Saint-Jean  de  la  Fontaine,  dont  le  titulaire  appartenait  a  la  famille  de 
Prugue; 

^  La  commanderie  de  Caubon  (dependante  de  Caubon  et  Morlais 
enBAam),  k  Saint- Justin,  dont  le  prieur,  Gautier  de  Bourdeilles, 
tenaitde  prfesk  P.  de  Brantdme  (etait-il  son  oncle?) 

3*  La  commanderie  d'Audignon  doit  6tre  nomm^e  Saint-Esprit 
d'Audignon,  dependant  de  la  commanderie  du  Saint-Esprit  d' Avi- 
gnon; 

4<*  (et  c'est  peut-6tre  la  principale  omission  de  M.  Blad^),  les  com- 
manderies  de  Castelnau  et  P^corade  en  Tursan,  cit^s  dans  les  docu- 
ments de  1569  et  1789.  Castelnau  el  Peeorade  devaient  dependre  du 
grand  prieure  de  Toulouse,  comme  Arcius,  dont  ils  d^pendaient  eux- 
m6mes,et  Castelnau  (Gironde).  Peeorade  (Landes)  embrassait  Cas- 
telnau, Damoulens,  Bahus,  Lucpeyroux,  Saint-Jean  de  Morgan,  la 
ville  de  Geaune  et  bien  d'autres.  Le  baron  de  Marquessac,  dans  ses 
Hospitaliers  de  Guienne  (Bordeaux,  1886,  imprimerie  Justin  Du- 
puy),  a  consacr^  28  pages  in -4°  et  plusieurs  gravures,  de  sa  main 
burin^es,  k  la  commanderie  de  Ptorade  et  k  ses  membres  annexes. 

Comme  je  n'ai  jamais  ^tudi^  sp6cialement  Tordre  de  Malte  dans 
les  Landes,  je  me  borne  a  ces  faciles  indications,  sans  prejudice  de 
ce  qui  pourra  6tre  retrouv^  plus  tard. 

Je  remercie  M.  Blad6  d'avoir  rappel^  Tordre  de  Saint-Jacques  de 
TEp^e,  si  repandu  dans  la  province  d'Auch,  et  dont  les  savants  du 
nord  nient  Texistence  (sauf  en  Espagne).  J*ai  d^ja  ecrit  a  ce  sujet  au 
comte  Arthur  de  Marsy  a  Compiegne;  il  y  a  substitution  de  nom, 

M.  Advielle,  d* Arras,  dans  son  travail  sur  Waiquart,  conteste 
Tordre  de  Saint-Antoine  de  Viennois,  auquel  appartenaient  les  com- 
manderies  de  Samadet  et  de  Roquefort  sous  le   n9m  de  Saint-An- 


Digitized  by 


Google 


-  533  — 

toine  de  Golong  ou  Saint- Antoine  du  T.  (Voir  la  Revue  nobiliaire 
historique  deDumoulin,  mars-avril  1877). 
Tout  d^vou6  a  vous  et  a  la  Revue. 

Baron  de  CAUNA, 
inspectear  de  la  Soci^t^  francaise  d'arch^ologie. 

P.  S.  —  Je  VOUS  communique  une  note  que  je  viens  de  recevoir 
de  M.  d*01ce,  et  qui  concerne  en  particulier  la  chapelle  d'Oxarty, 
sar  laquelle  on  pent  consulter  M.  P.  Raymond,  Ca.ssini  et  la  carte 
de  TEtat-major  (feuille  de  StJ^ean-pied-de-port),  etc. 

.  «  M.  Blad6  place  une  commanderie  militaire  k  Iholdy.  Dans  tons 
nos  titres,  rien  ne  la  fait  soupgonner,  rien  uon  plus  dans  les  traditions 
locales,  si  tenaceschez  les  Basques.  C'est  k  c6t6,  a  Behaune  en  Lan- 
tabat,  diocese  d' Acas,  qu*il  y  avait  un  prieur^  dont  un  baron  de  Luxe 
avait  fait  don  kTabbaye  deLa  Honce. 

»  A  Iholdy,  k  la  jonction  de  cette  commune  avec  celles  de  Lantabat 
et  d'Armenaarit,  pres  de  la  route  qui  va  de  St-Palais  Jilrrisary,  il  y 
a  une  petite  chapelle  pr^s  d'un  moulin  dit  d'Oxarty.  La  tradition 
veut  quesaint  Jacquesait  pr6ch6  sur  ce  lieu  en  se  rendant  enEspagne. 
II  prScha  aussi,  dit-on,  dans  un  autre  endroit  sur  la  colline,  a  5  ou 
600  mfetres  vers  le  nord.  Quand  les  fidMes  voulureat  ^tablir  un  ora- 
toire,  il  y  eut  discussion  sur  Templacement  a  choisir.  La  colline  Tem- 
porta  et  Ton  appr^ta  des  mat^riaux  sur  son  penchant.  Mais  un  beau 
matin,  on  les  retrouva  tout  aupres  du  ruisseau  d'Oxarty ,  et  la  chapelle 
fut  bdtie  la  de  par  Mgr  saint  Jacques. 

>  Autrefois,  le  jour  de  Saint-Blaise,  je  crois,  les  trois  paioisses 
limitrophes  se  r^unissaient  pre*  de  cette  chapelle  pour  la  benediction 
des  animaux.  Get  usai^e  s'est  perdu,  mais  les  trois  paroisses  y  vonl 
encore  en  procession  a  certaines  epoques.  L*6difice,  qui  ressemble  k 
une  grange  surmont^e  d'une  petite  croix,  a  6t6  repare  et  remis  en 
^tat.  En  1848  on  49,  une  bande  de  Boh^miens  s'en  ^tait  empar^e, 
et  la  garde  nationale  d*Iholdy  fit  une  expedition  de  nuit  pour  les  en 
deloger.  II  y  eut  trente  ou  quarante  prisonniers,  hommes  et  femmes, 
surpris  pendant  qu*ils  dormaient  pele-mSIe  cqmme  des  moutons...» 

I 
Une  terre  de  FOrdre  de  Saint-Jaoqnes  de  PEp^e. —  Trois  dglises 
de  rOrdre  de  Clany. 

Aubiet,  le  4  octobre  1877. 
Mon  cher  Monsieur, 

Dans  I'article  de  la  R&vue  qui  a  pour  titre  :  «  Ordres  religieux 
et  militaires  de  Gascogae,  »  M.  Blai6,  en  parlant  deTordrede 
Saint-Jacques  institu^  par  Amanieu,  archevSque  d'Auch,  cite  parmi 
les  possessions  de  cet  ordre  «  la  terre  silu^e  pres  de  Bascos  [apud 
Bascos  juxta  Altinetum],  »  Altinetum  est  une  faute  pour  Albine" 
turn,  Aubiet.  Je  pense  que  cette  terre  de  Bascos,  dont  il  est  ici  ques- 
tion, n'est  autre  que  laparoisse  de  Saint-Jean  de  Bascous,  supprim^e 


Digitized  by 


Godgle 


•    534  — 

et  a^n^x^e  a  Aubiet,  par  Leonard  de  Trappes,  k  la  suite  des  guerres 
du  ivi«  sitele,  aprfes  que  les  protestants  eurent  d^truit  sou  eglise. 
Daus  les  plus  anciens  titres,  ce  territoire  est  ainsi  d6sign6  :  de  Bds- 
coliSy  de  Vascplis,  deBascols,  de  Bascous.  H  en  est  plusieurs  fois 
fait  mention  dans  le  cartulaire  de  Tabbaye  de  Gimont,  qui  avait  dans 
son  voisinage  et  sur  ses  limites  au  nord  la  grange  de  Barfes.  Je 
connais  parfaitement  remplacement  de  Tancienne  Eglise  et  de  son 
cimetifere,  oi  il  a  6t&  trouv^  plusieurs  sarcophages  de  pierre  de 
grande  dimension,  que  j'ai  vus  et  qui  servent  aujourd'hui  d'auges  a 
abreuver  les  animaux..Ce  cimetifere  se  trouve  k  environ  deux  kilo- 
metres d' Aubiet,  sur  Tancien  chemin  qui  conduit  a  Blanquefort, 
anciennement  connu  sous  le  nom  d'Espirville. 

^e  puis  ^alement  donner  satisfaction  k  M.  A.  Lavergne  au  sujet 
des  questions  poshes  dans  sa  lettre  du  25  aodt,  que  je  trouve  dans  la 
mfimo  livraison.  —  Ou  se  trouvaient  : 

Ecdesia  Sancti  Saturnini  de  Castello  7 
Sancti  Petri  de  Manidvilla  ? 
Sancti  Martini  de  Oallovico  ? 

La  premiere  de  ces  dglises  ^tait  situ^e  sur  la  rive  gauche  du  Tarn, 
dans  le  dioctee  de  Toulouse,  qui  avait  autrefois,  de  ce  c6t^^  cette 
riviere  pour  limite.  Les  moines  de  Cluny  avaient  encore  au  mdme 
endroit,  «  entre  la  Garonne  et  le  Tarn,  »  les  paroisses  «  de  As- 
tradi  »  et «  <2e  Sancto  Michaele  de  Castello,  >  avec  toutes  leurs 
d^pendances. 

La  seconde  Eglise  i  Sancti  Petri  de  Manidvilla^  (c'est  Mandi- 
viWa  qu*il  faut  lire),  n'est  autre  que  Saint-P6-du-Bosc,  qui  forme, 
avec  Saint-Martin-du-Hourc,  la  paroisse  r^eemment  erig^  dans  le 
canton  d©  Gimont  sous  le  nom  de  Saint-Martin-Saint-P6.  Cette 
paroisse  limite  au  couchant  et  au  nord  celle  de  Sainte-Marie,  tres- 
imciennement  d6sign6e  sous  le  nom  de  Sancta  Maria  de  Mandi- 
villa,  ou  simplement  de  Manvilla, 

Enfin  la  troisieme,  «  ecdesia  Sancti  Martini  de  Gallovico,  >  est 
Garble,  qui  a  encore  aujourd'hui  saint  Martin  pour  patron.  II  est  ais^ 
de  comprendre  combien  facilement  de  Gallovicus  on  a  pu  faire 
Garble. 

Dans  Facte  de  transaction  du  10  juin  1258,  entre  Tev^que  de  Tou- 
louse .et  Tabb^  de  Cluny,  qui  nous  a  fourni  ces  renseignements, 
nous  trouvons  encore  d^sign^es  comme  appartenant  aux  m^raes  re- 
ligieux,  les  ^glises  de  Roumas,  de  Saint-German  et  de  Saint-Lau- 
lent-du-Pin,  d^pendantes  du  Prieure  de  Touget,  ainsi  que  chiles 


Digitized  by 


Google 


—  535  — 

desparoisses  de  Saint-Germier,  de  Giscaro  et  de  ]y[au^eta?,  de  Sancto 
Germerio,  de  Giscaloris  et  de  Maurmiw. 
Votre  bien  d^vou6  en  N.-S.-J.-C. 

R.  jpUBORD, 
pr6tre,  caf6  d'Anbiet. 

A  propos  des  ^oiites  leotourois  de  M.  Blad6. 

Monsieur  et  bien  cher  r^dacteur  en  chef, 

Dans  'votre  article  bibliograpbique  sur  trois  contes  populaires 
recueillis  d  Lectoure  par  M.  Blad6,  je  lis  a  la  derniere  ligne  de  la 
page  487  de  la  livraisoo  d'octobre  1877  de  la  R^m  de  Gc^cogne,  la 
phrase  suivante  :  f  Get  Episode  d*un  roi  qui  se  coudamnq  lui-mfim^ 
a  mort  est  assez  singulier,  et  je  ne  me  souviens  pas  de  I'avoir  reu- 
contr^  ailleurs.  » 

Permettez-moi  de  vous  rappeler  trois  faits  qui  ont  plus  ou  moins 
de  ressemblance  avec  I'histoire  du  roidu  troisifeme  conte  lectourois. 

C'est  d'abordCharondas,  l^gislateurde  Thurium,  qui  avait  d^fendu 
aux  habitants  de  cette  ville,  sous  peine  de  mort,  de  se  rend^e  arme$ 
dansles  assemblies  publiques.  Unjour,  de  yetourd'une  expeditions 
ayant  appris  que  rassembl6e  du  peuple  4tait  fort  tumultueuse,  il  s'y 
pendit  aussitdt  pour  Tapaiser  sans  avoir  quitt6  son  ^p^e.  Comme  ou 
lui  faisait  remarquer  qu'il  violait  sa  propre  loi,  il  r^pondit :  «  Je  pre- 
tends au  contraire  la  confirmer  et  la  scelle"r  mfim^  de  mon  sang;  » 
et  sur  le  champ  il  se  perga  de  son  ep^e. 

Vo\oi  encore  Zaleucus,  l^gislateur  des  Locri^ns-Epizepliyrieus, 
dont  une^loi  condamnait  les  adultferes  a  avoir  les  yeux  crev^s.  Quelque 
temps  apres,  son  fils  ayant  6x6  convaincu  de  ce  crime,  le  peuple 
voulait  lui  faire  grdce.  Mais  Zaleucus,  bon  pere  en  m6me  temps  que 
legislateur  rigoureux,  fit  crever  un  oeil  a  sou  fils  et  un  autre  a  lui- 
mfime. 

Puis  enfin  s'ofFre  k  nous  Canut-le-Grand,  roi  de  Danemark  et 
d*Angleterre.  Ce  prince  ayant  tu^,  dans  Tivresse,  un  de  ses  soldats, 
voulut  ^re  jug6  par  le  peuple  assemble.  II  fut  reconnu  coupable  de 
meurtre,  mais  on  laissa  k  sa  disposition  la  fixation  de  la  peine.  Comme 
il  avait  precedemment  inflige  auxmeurtriers,  par.uneloi,  une  amende 
dont  un  tiers  devait  revenir  aux  parents  de  la  victime,  un  tiers  k 
Tarm^e,  et  le  dernier  tiers  au  roi,  il  se  condamna  k  payer  neuf  fois 
la  valeur  de  Tamende  ordinaire,  en  ordonnant  que  le  tiers  k  lui  ap- 
pUcable  reviendrait  k  I'Eglise. 


Digitized  by 


Google 


—  536  — 

Paisque  j'ai  la  plume  a  la  main,  pennettez-moi  encore  de  voui 
rappeler  que  vous  ave?  oublie  de  restituer  la  propri^t^  et  la  restaura- 
tion  du  chateau  de  Luxeube  kM.  Vasselin,  beau-fr^re  de  M.  Demonts, 
le  restaurateur  du  chdteau  de  Mont^t,  et  que  vous  avez  donn6 
comme  ayant  fait  partie  ^e  Tantique  ameublement  de  Luxeube  un 
panneau  de  bois  sculpt^,  d'origine  italieune,  lequel  a  fait  un  saut  du 
magasiu  d'un  chifionnier  de  la  ville  d'Auch  dans  le  manoii  de 
Luxeube. 

Tout  a  vous  d'esprit  et  de  coeur, 

Cl.-Hippoltte  MASSON. 

Je  me  reserve  de  revenir  sur  le  panneau  de  Baccio  Bandinelli, 
quand  je Tauraivu^  ce  qui,  jeTespere  (et  M.  Vasselin  lui-m6me  a  bien 
voulu  me  pr^venir  a  ce  sujet),  aura  lieu  dans  pen  de  temps.— Quant 
a  r^pisode  du  dernier  conte  de  M.  Blad^,  dont  je  ne  connaissais  pas 
le  pendant,  je  ne  songeais  qu'a  la  mythologie  populaire,  non  a  I'his- 
toire.  Mais  je  remercie  M.  Masson  d^avoir  ^tendu  ici  le  champ  des 
comparaisons,  d'autant  plus  que  la  limite  de  ces  domaines  voisins 
est  loin  d'etre  partout  fix^e.  Ce  qui  manque  m6me  a  certains  de  nos 
mythographes  les  plus  ^rudits,  c'est  la  connaissanceintimedeThis- 
toire  heroique  ou  primitive  et  des  mythologies  classiques.  —  Au 
reste,  depuis  que  mon  article  sur  le  recueil  de  M.  Blad^  a  paru,  j'ai 
pu  consulter  la  collection  enti^re  de  la  MUusine,  et  j'y  ai  trouv^ 
mati^re  a  enrichir  ou  modifier  plusieurs  points  de  mon  travaij.  Mais 
cette  besogne  m  entratnerait  trop  loin  acette  heure,  et  je  me  contente 
d'indiquer,  dans  le  n<>  du  5  mai  dernier  de  cette  revue  de  mythologie 
populaire  (p.  206),  les  Trois  filles  du  houlangeVy  conte  breton  re- 
cueilli  par  M.  Luzel  et  qui  reproduit  la  plus  grande  partie  du  troi- 
sieme  conte  lectourois  de  M.  Blad6.  l.  c. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Oovraffes  d^hagiographie. 

Vn  mendiant  au  sihU  de  Voltaire,  par  I'abb^  S.  Solassol.  Aaeh,  imp.  F.-A. 
Cocharaox.  1877.  In-i8  jdsus  de  371  p.  (litre  rouge  et  noir).  3  fr.  —  Saint  Frajou, 
martyr  en  Gaseogne,  sa  Ugende,  ses  reliquest  ton  culte^  par  le  R.  P.  Carles, 
prdtre  da  Sacr^-Coear,  missionnaire  da  Calvairo.  Toolouse,  imp.  Hebrail.  1877 
(types  elz^viriens).  Id-18  de  123  p.  --  Notice  sur  le  bienheureux  Bernard  de  Mor^ 
las  et  ses  deux  disciples,  morts  a  Santafem  en  Portugal,  en  1377.  Pau,  imp.  Vi- 
gnancoar.  1871.  Id-18  de  23  pages. 

Ce  n'est  pas  dans  ce  recueil  4'6rudition  provinciale  que  je  puis 
analyser  avec  une  ^tendue  convenable  le  beau  travail  de  M.  Tabb^ 


Digitized  by 


Google 


—  537  — 

Solassol,  cur6  de  Marsaa  (Gers),  sur  la  vie  de  B.  Benott- Joseph 
Labre.  H  suffira  de  le  sigaaler  comme  une  oeuvre  qui  fait  le  plus 
grand  honneur  au  clerg^  dioc^sain.  La  eonvenance  de  cette  biogra- 
phie,  parfois  etrange  pour  nos  moeurs  modernes,  avec  les  vrais  be- 
soins  des  dmes  a  notre  ^poque,  est  bien  montrte  par  Fauteur  lui- 
m6me  dans  une  introduction  fort  ^loquente.  Quant  au  r^it,  on  pent 
le  comparer  sans  crainte  aux  meilleurs  de  ce  genre.  La  vie  de  Labre, 
en  particulier,  avait  ^t^  d^ja  mcont^e  par  M.  L6on  Aubineau,  dont 
M.  Solassol  indique  tres-bien  (p.  32)  le  m^rite  caract^ristique  : «  une 
langue  pleine  de  noblesse  et  de  simplicity,  rappelant  celle  du  grand 
siecle.  >  Le  nouveau  biographe  a  plutdt  raccent  de  notre  g^n^ra- 
tion  :  il  est  pittoresque,  vif,  anim^,  plus  rapide  d'ailleurs  que  son 
devancier;  il  conviendra  certainement  davantage  au  plus  grand 
nombre  des  dmes  a  qui  s'adresse  rh^roique  predication  de  d^tache- 
ment  et  d'aust^rit^  qui  sort  de  toutes  les  pages  de  cette  pieuse  bio- 
graphie.  L' Amotion  de  T^crivain  se  communique  toujours  au  lecteur, 
parce  qu'elle  est  toujours  sincere.  Uhistorien  semble  avoir  v^cu  avec 
son  h^ros,  et  quand  on  s*est  laiss^  aller  quelque  temps  au  charme 
de  ses  rfcits,^on  ^prouve  quelque  chose  d' analogue  a  ce  qu'il  d^lare 
avoir  ressenti  lui-m6me  en  visitant  tel  sanctuaire  de  Rome  particu- 
lierement  cher  au  saint  mendiant  frangais  :  f  Le  ciel  me  semblait 
plus  ouvert,  Dieu  plus^voisin,  Tair  que  je  respirais.embaum^  de 
parfums  plus  suaves...  »  N'oublions  pas  de  dire,  pour  acheverde 
recommander  cet  excellent  livre,  qu'il  se  vQnd  au  profit  d'une  bonne 
oeuvre  locale,  k  laquelle  Tauteur  s'est  g^n^reusement  d^vou^,  avec 
le  concours  de  son  noble  paroissien,  M.  le  due  de  Fezensac.  Notons 
aussi  que  ce  volume  est  un  vrai  bijou  typographique,  aussi  propre 
a  charmer  le  godt  d*un  bibliophile  qu'k  ^difier  TSme  d'un  chretien. 
—  Encore  un  volume  charmant,  celui  que  notre  docte  et  pieux 
correspondant,  le  R.  P.  Carles,  appliqu6  depuis  plusieurs  ann^es 
aux  recherches  hagiographiques  concernant  notre  sud-ouest,  vient 
de  consacrer  a  un  des  martyrs  les  plus  oubli^s  de  la  Gascogne.  Une 
ville  du  Comminges  porte  son  nom  et  garde  ses  reliques.  D'aprfes 
ime  l^gende  tres-sommaire,  Prajou  6tait  un  jeune  homme  de  vingt 
ans  qui  succomba  glorieusement  dans  la  lutte  de  nos  populations 
chr^tiennes  centre  les  Musuhnans;  ainsi  p^rirent  pour  la  foi  d'au- 
tres  h^ros,  rest^s  en  v^n^ration  dans  leur  patrie  :  saint  Aventin  pres 
de  Luchon,  saint  Vidien  a  Martres,  saint  Fritz  k  Bassoues.  La  pr6- 
sente  notice  a  6x6  6cnte  k  Toccasion  de  la  translation  des  restes  du 
saint  martyi^dans  une  nouvelle  chdsse,  au  mois  de  juillet  dernier,  et 


Digitized  by 


Google 


—  538  — 

elle  sauvera  certainement  de  ro.ubli  les  faits  principaux  relatifs  au 
culte  de  saint  Frajou.  Je  n*eii  dis  pas  davantage  sur  ce  point,  parce 
que  le  R.  P.  Carles  a  bien  voulu  rediger  lui-meme,  pour  la  Reoue 
de  Gascogne,  une  nouvelle  notice  hagiographique  a  laquellenoslec- 
teurs  feront  certainement  le  meilleur  accueil.  Mais  il  faut  recom- 
mander  a  tous  les  amis  de  Thistoire  et  de  Tarch^ologie  provinciales 
les  pages  consacr^es  dans  oe  joli  petit  volume  a  la  ville  et  a  Teglise 
de  Saint-Prajou,  ainsi  que  les  notes  fort  instructives  ou  Tauteur 
traite  du  nom  du  saint,  de  la  liturgie  locale,  des  trois  confreries  an- 
ciennement  Stabiles  dans  la  paroisse,  de  la  vie  d*Angl6ze  de  Saga- 
zan  (la  berg^re  de  Garaison),  enfin  de  Tabbaye  de  Fabas,  ou  fiit  en- 
sevelie  dette  Bernadette  du  dix-septieme  sifecle.  Tout  cela  est  plein 
d'une  science  de  bon  aloi;  toutefois,  la  pi6t^  brille  peut-6tre  encore 
plus  que  la  science  dans  les  pages  du  zi\6  calvairien.  H  croit  utile 
de  savoir  ce  que  firent  nos  aieux,  surtout  cafin  d'apiprendre  ce  que 
nous  devons  faire  nous-m^mes;  •  et  en  traitant  du  culte  des  saints,  il 
veut  principalement  accroJtre  et  fortifier  ce  culte,  ce  qu'il  regarde  a 
bon  droit  comme  une  bonne,  oeuvre  €  tout  a  la  fois  religieuse  et  pa- 
triotique.  > 

—  La  petite  Notice  sur  le  B,  Bernard  de  Mori  as  a  paru  en  1871; 
mais  elle  ne  nous  a  et^  communiqute  que  depuis  peu  par  la  bien- 
veillance  de  M.  Peyret,  chanoine  d'Auch.   II  est  toujours  bon  d*en 
faire  mention,  parce  qu'elle  r^v^e  un  saint  b^arnais  qui   ^tait  abso- 
lument  oubli^  dans  son  pays.  M.  Tabbe  Navarrine,  cure-doyen   de 
Morlaas,  a  fait  cesser  cet  oubli  en  consacrant  une  chapelle  a  ce  pieux 
dominicain  dans  sa  belle  ^glise,  et  en  publiant  cette  notice,    dont  la 
substaiice  est  emprunt^e  aux  annales  des  Freres  Prficheurs.  Trois 
naives  images,  accompagn^es  de  legendes  en  vers  et  en  prose,  po- 
pulariseront  encore  mieux  cette  pieuse  histoire,  dont  voici  les  traits 
principaux  :  Vers  le  milieu  du  xni«  sitele,  le  B.  Gilles  de  Santarem, 
provincial  des  Dominicains  d*Espagne,   se  rendant   au  chapitre  g^- 
neraldeson  ordre  et  passant  par  Morlaas,  y  regut  la  visite  d'un 
jeune  gentilhomme  du  lieu  qui  voulait,  malgr^  ses  parents,    se  de- 
vouer  a  Dieu  dans  Tordre  de  saint  Dominique.  Gilles  lui  donna  ren- 
dez-vous  a  Saragosse,  oil  en  effet  Bernard  regut  Thabitde  ses  mains. 
II  le  suivit  depuis  a  Santarein,  ou  il  devint  sacristain  du  convent  iet 
instituteur  de  deux  jeunes  enfants  vou^s  a  Tordfe,  et  qui  firent  avec 
lui  de  tels  progres  dans  la   saintet^  qu'ils  merit^rent  tods  les  trois, 
k  la  suite  de  celestes  revi^lations,  de  passer  ensemble  de  ce  iiionde 
au  bonheur  6ternel,  le  jour  de  T Ascension  de  Tan  1277.» 


Digitized  by 


Google 


—  539  - 

Oovrages  d^histoire  litt6raire. 

Lefons  nouvelles  et  remarques  sur  le  texte  di  divers  auteurs,  par  Reinboid  Db- 
zBiMBRis.  Bordeaux,  Chaumas,  1876.  Id-8o  de  115  pages.—  La  troupe  de  Moliire 
d  Agen  d*aprds  un  document  Mdit,  par  M.  Ad.  Magbr.  Paris,  Glaodin;  BordeaaXi 
Lefebvre,  1877.  Id-8<i  de  44  pages  —  Notes  sur  la  vie  et  les  puvrages  de  Vabb^ 
Jean-Jacques  BoHeau,  avec  divers  documents  inSditSf  par  M.  Pb.  Tahizbt  db 
Larroqub.  Paris*  Aabry;  Bordeaux ,  Lefebvre,  1877.  In-8o  de  152  p.  (Extrait  des 
tra?aox  de  la  socidtd  d'Ageo.)  —  Documents  in^dits  sur  Gassendi,  par  Pb^  Tami- 
ZET  DB  Larroqub  (Bxtrait  de  la  Revue  des  Quest,  hist.)  Paris,  V.  Palm^,  1877. 
Iu-8o  de  36  p.  —  Une  poign^e  de pseudonymes  frangais^  par  Pierre  Claubr,  stras- 
bourgeois.  Lyon,  Aug.  Brun,  1877.  In-8o  de  27  p. 

Les  humanistes  du  ivi«  et  du  xvii*  siecle  ont  multipli^  k  Tenvi  les 
recueils  de  critique  verbale,  oii  iis  pr^tendaient  ^lucider  des  passa- 
ges obscurs  de  classiques  latins  ou  grecs,  marqiier  des  rapproche- 
ment, ^clairer  des  allusions,  mais  surtout  corriger  les  fausses  legons 
et  ramener  les  textes  a  leur  puret^  primitive.  M.  Dezeimeris,  un 
savant  de  leur  trempe  ^gare  dans  notre  sifecle  apideute,  repirendraif 
volontiers  la  tradition  des  adversaria,  eh  T^tendant  i  nos  auteurs 
frauQais.  Je  m'^tais  promis,  toiit  en  applaudissant  a  ce  noble  exem- 
pie,  de  discater  avec  lui  les  legons  douteuses  et  les  imitations  qu'il 
signale  dans  Regnier  et  dans  A.  Ch^nier,  ohget  de  ses  deux  premiers 
chapitres.  Mais  ce  serait  par  trop  briser  le  cadre  historique  et  pro- 
vincial de  la  Revue.  Qu'il  me  soit  permis  de  dire  seulement  que 
ring^nieux  critique  exerce,  aiguise  Tesprit  de  son  lecteur,  m6me 
quand  il  ne  le  persuade  pas;  que  tous  ses  rapprochements  de  textes 
sont  instructifs  et  agreables,  mSme  quand  ils  ne  sont  pas  decisifs,  ce 
qui  est  peut-etre  le  cas  le  plus  commun.  11  n'est  pas  si  ais^  de  de- 
cider, sur  une  ressemblance  mSme  frappante,  qu'il  y  a  imitation; 
et  M.  Dezeimeris  sait  trop  de  vieux  textes  classiques  pour  ne  pas  en 
retrouver  quelqu'un  sous  une  foule  de  textes  modernes  qui  pourraient 
bien  n*en  d^river  d'aucune  maniere.  J'avoue,  par  exemple,  que  le 
long  passage  du  byzantin  Prodomos,  rapproch^  par  le  savant  hell^- 
niste  bordelais  d'une  des  plus  belles  idylles  d'Andr6  Ch^nier,  n'a 
pu,  malgr^  une  incontestable  analogic  d* allure,  me  faire  sortir  de  ma 
reserve  sur  la  question  d'imitatioh.  Sans  pr^tendre,  avec  certains  cri- 
tiques du  XVII®  siecle,  qu'un  sonnet  tout  entier  peiit  venir  de  deiix 
auteurs  dilKrents,jecroisqu*il  ne  faut  juger  en  si  Micate  matifere 
qu*avec  une  extreme  prudence.  Au  point  de  viie  de  la  sAret^  criti- 
que, je  mettrais  au-dessus  des  deux  premiers  chapitres  le  troisieme, 
consacr^  a  Ausone.  M.  R.  Dezeimeris  expliqiie  beaucoup  mieux 
qu*on  ne  Ta  fait  jusqu'ibl  sa  t*  ^pitre,  adress6e  au  bigorrais  Axius 


Digitized  by 


Google 


—  540  — 

Paulus.  Les  corrections  de  textes  qu'il  indique  dans  ce  morceau  et 
dans  quelques  autres  sont  parfois  des  plus  heureuses,  surtout  celle 
qui  remplace,  sur  le  pi6destal  d'un  Bacchus  Panthfe,  le  mot  inex- 
plicable MYOBARBUM  par  FN  YnoBAOPON.  Nous  esperons  bien  avoir  a 
profiler  un  jour  de  ce  chapitre  de  critique  ausonienne,  que  nous  re- 
commandons  aux  curieux. 

—  Molifere  est-il  venu  k  Agen?  C'est  plus  que  probable.  Dans  un 
registre  des  archives  de  rH6tel-de-Ville,  r^^ig^  par  les  consuls 
d'Agen,  se  trouve  cette  note  du  13  Kvrier  1650  :  «  Le  sieur  du  Fraisne, 
com^dien,  est  venu  dans  la  maison  de  ville  nous  rendre  ses  devoirs 
de  la  part  de  leur  compagnie  et  nous  dire  qu*il  estoit  en  cette  ville 
par  Tordre  de  Mgr  nostre  gouverneur.  >  C'est-a-dire  que  le  due 
d'Epemon  fit  venir  la  troupe  de  Moliere,  dontDufresne  ^tait  comme 
le  regisseur,  pour  augmenter  Teclat  et  la  gaiet^  des  fStes  qui  accom- 
pagnferent  la  rentr^e  de  la  Cour  des  aides  a  Agen  apres  une  longue 
absence.  M.  Ad.  Magen,  qui  depuis  longtemps  d^ja  avait  decouvert, 
public,  comment^  ce  texte,  y  revient  avec  un  surcroit  de  details 
curieux,  dans  cette  plaquette  de  luxe,  imprim^e  en  caracteres  elze- 
viriens  sur  papier  verg^,  poursejoindre  aux  curiositfe  mo K^re^gue* 
qui  sont  a  la  mode  en  ce  moment  plus  que  jamais.  Elle  y  merite 
une  bonne  place;  car,  outre  ses  agr^ments  ext^rieurs  et  ses  fines 
qualit^s  litt^raires,  elle  comble  du  mSme  coup  (comme  Tecrit  k  Tau- 
teur  M.  Tamizey  de  Larroque,  un  des  critiques  dont  il  a  r^uni  a  la 
fin  de  son  travail  les  communications  ^pistolaires)  elle  comble  du 
m^me  coup  ime  lacune  de  Thistoire  de  sa  ville  natale  et  une  lacune 
de  la  biographic  de  Moliere. 

—  C'est  encore  un  double  service  rendu  a  Thistoire  de  TAgenais 
et  k  celle  de  la  litt^rature  frangaise  que  la  publication  consacr6e  par 
M.  Tamizey  de  LArroque  k  Tabb^  Jean-Jacques  Boileau,  Tune  des 
bonnes  plumes  du  second  jans^nisme.  L'origine  de  cet  6crivain  a  &ii 
tiree  au  clair  ici  m6me  (1872,  xm,  540,  578),  et  je  n'y  reviens  pas. 
Mais  les  divers  faits  de  sa  vie  sont  discutes  par  notre  6rudit  corres- 
pondant  avec  la  patience  et  la  sagacite  dont  il  a  donn^  d6ja  tant  de 
preuves,  et  qui  etaient  plus  n^cessaires  que  jamais  k  travers  les  in- 
trigues et  les  obscurit^s  ou  .s'^gare  souvent  la  litterature  janse- 
niste.  J'ai  un  pen  fr^quent^  ce  dangereux  pays  avant  mon  excellent 
collaborateur,  et  je  crois  pouvoir  dire  avec  quelque  competence  .qu'il 
n'y  a  pas  fait  un  seul  faux  pas.  Au  reste,il  fait  connattre,  surtout  par 
des  extraits  bien  choisis,  les  ouvrages  public  parson  auteur,  en  par- 
ticulier  les  Lettres  sur  diffirmts  sujets  de  morale  et  depi6t6  (Paris, 


Digitized  by 


Google 


—  541  — 

1737-42,  2  V.  m-12),  dont  il  cite  une  lettre  entiere,  relative  au  franc- 
alleu  d'Agenais  et  de  Condomois  (p.  28-31),  Mais,  comme  on  le 
pense,  c'estrinAiit  qui  domine  dans  cette  brochure,  ainsi  que  dans 
la  plupart  des  autres  publications  du  savant  auteur.  II  est  vrai  que 
M.  Tabb^  Hurel  dans  un  appendice  de  ses  Oraleurs  sacris  d  lacour 
de  Louis  X/F  (Paris,  Didier,  1874,  2  vol.  in-12,  t.  n,  p.  356-370) 
avait  un  pen  ^crSm^  la  curieuse  correspondance  de  Boileau  avec 
Mgr  de  Noailles;  mais  M.  Tamizey  de  Larroque  en  a  donne  beau- 
coup  plus,  en  restant  dans  la  meilleure  mesure,  et  il  a  plus  d'une 
fois  corrig^  son  devancier.  II  a  ^dit^  de  plus  des  pieces  relatives  a 
la  famille  et  k  Tintimit^  de  Tabbe,  qui  continuent  a  le.  presenter, 
malgr^  sa  fdcheuse  couleur  jans^niste,  sous  le  mSnie  jour  favorable 
qui  avait  frapp6  M.  Hurel. 

—  II  y  aurait  encore  plus  d'^loges  peut-§tre  k  donner  aux  Docu- 
ments sur  Gassendi,  trfes-instructifs  par  eux-mSmes  et  accompagn^s 
d'un  commentaire  qui  epuise  la  biographic  du  philosophe  provengal. 
Mais  restons  en  Gascogne  et  renvoyons  Tanalyse  de  cette  trfes-sa- 
vante  brochure  k  notre  prochain  article  sur  VHistoire  de  la  philoso- 
phie  dans  le  Polybiblion. 

—  II  faut  nous  contenter,  pour  la  mfime  raison,  d'une  chaude 
recommandation  k  regard  d'  Une  poignie  de  pseudonymes  frangais. 
Que  les  souscripteurs  de  la  nouveUe  edition  des  Supercheries  litti- 
raires  et  du  Dictionnayre  des  anonymes  n'oublient  pas  d*y  joindre 
cette  plaquette,  publico  dans  le  mfime  format  et  avec  plus  de  luxe. 
Uhabile  bibiiographe  qui  signe  P.  Clauer  a  retrouv^  la,  Bibliotheca 
personata  d'un  pr^d^cesseur  de  Barbier,  le  c^lfebre  biblioth^caire 
carme  Jacob  de  Saint-Charlies.  II  en  extrait  ici  m6me  unequarantaine 
de  pseudonymes,  qu'il  accompagne  de  notes  solides  et  curieuses,  et 
se  contente  de  ranger  par  ordre  alphab^tique,  en  appendice,  un  plus 
grand  nombre  d'auteurs  d^lnasqu^s  par  le  P.  Jacob,  mais  dont  les 
vrais  noms  ont  6te  publics  dans  divers  livres  imprimis.  Tout  cela 
est  d'un  bibiiographe  exact  etd'un  parfait  critique;  tout  est  digne  du 
savant  coUaborateur  des  PP.  de  Backer  pour  la  Bibliographic  de  la 
Compagnie  de  J^sus.  Car  nous  ne  croyons  faire  aucune  peine  k  M. 
P.  Clauer,  strasbourgeois,  en  lui  associant  dans  nos  ^loges  Texcel- 
lentP.  Sommervogel,  qui  nous  parait  fitrele  plusintimede  sesamis. 

UoNCE  COUTURE. 


Toia  XVm.  36 


Digitized  by 


Google 


—  5A2  — 


NOTES  DIVERSES. 


CVin.  Pr^tendnes  lettres  inMltes  de  Bossnet  et  de  Satnt-Gyraa. 

Sous  ce  titre  :  Autographes  et  in^dits,  le  R.  IP.  Colomibier  vient  de  publier, 
dans  la  livraison  de  novembre  des  Etudes  religieuses,  plusiears  morceaux  de 
proYenance  et  d'iinportaiice  diverses,  accompago^s  de  remarqnes  bislorkpies 
marquees  au  coin  de  r^rudition  la  plus  siure  et  la  pltls  ^tendue.  Ce  n'est  done  q[iie 
par  distraction  qu'il  a  pu  donner  le  nom  dUn^dits  k  quatre  billets  de  Bossaei 
d6j^  publics,  non-seulement  en  partie  par  M.  Floquet,  mais  en  entier  dans  ra- 
tion la  plus  repandne  des  (Euvres  de  Bossuet,  cdle  que  M.  Lachat  a  suireillfie 
pour  r^diteur  Louis  Viv^s.  Voyez  le  tome  xxx  (1865)  de  cette  edition,  p.  581 
Le  p.  Colombier  a  eu  communication  de  ces  billets  par  c  Madame  de  La  4^at£ra, 
qui  les  a  rccus  comme  un  heritage  de  famille,  »  ainsi  qu'il  le  dit  lui-m^me.  11 
n'en  donne  d'ailleurs  aucun  commentaire,  etles  lecteurs  des  f^uJe^quin'ont 
pas  sous  la  main  Touvrage  de  M.  Floquet  feront  bien  de  recourir,  ponr  quel* 
ques  ^claircissements  utiles,  k  la  note  (h)  de  la  page  indiqu6e  ci-dassis  di 
Bossuet  de  Viv^s.  Nous  avons  sur  la  rdigieuse  de  N^rac  d^oil^  (c'^st-^-dire 
priy6e  de  I'habit  pour  ses  d^sordres)  quelques  documents  in6dits  et  une  nouvel- 
le  lettre  autographe  de  Bossuet,  aux  archives  du  grand  s^minaire  d'Aucb.  II  n'y 
a  pas  lieu  d'imprimer  tout  cela,  mais  la  Revue  de  Gaseogne,  qui  a  d^j&  doimi 
deux  billets  inedits  de  Bossuet  (v,  S61;  xit,  376)  et  qui  a  signals  tout  un 
mdmoire,  ^galement  in6dit,  du  grand  evdque  de  Condom  (xi,  95),  pourra  y  le- 
venir  et  en  publier  quelque  chose. 

Avant  de  quitter  le  P.  Colombier,  qui  a  g&t6  la  Revue  de  Gascogne  en  h 
traitant  de  «  savante,  »  et  qui  lui  saura  grdde  semontrer  recennalssante  en  Im 
indiquant  de  16g6res  £autes  6cfaapp^e8  k  sa  vigilance,  je  reldverai  une  autre 
inexactitude  du  m§me  article.  Comme  Saint-Cyran,  en  sa  quality  de  bayonnais, 
est  une  de  mes  plus  intimes  connaissances,  j'ai  et6  tout  surpris  de  voir  donnv 
comme  in^dite  sa  curieuse  lettre  sur  le  P.  de  Condren.  Elle  est  ins6r^e  trds* 
fidMement  dans  le  second  volume  (p.  61S}  des  Lettres  chrMennes  et  ^iriUuUis 
de  mesmre  Jean  du  Verger  de  Haurawne,  ahh^de  Satnt-Cyr^n,  qui  n'otUpoM 
encore  £t6  imprim^es  jusqu'h  present  {».  L  1744,  2  voL  in-12).  Au  reste,  le 
P.  Colombier  y  a  ajout6  des  notes  fort  utiles.  L.  C. 

cm.  Impromptu  dn  marcffals  de  Oaliu*d,  an  sajet  d^nn  compUmeat 
41al  adrosBdy  ehea  M.  ^de  I«aterrade»  k  l^ectomtB. 

De  tes  couplets  j'admire  la  toumure : 
Le  sentiment  en  «  faU  tous  les  Irais, 
£t  le  desir  d'embellir  la  nature 
Est  un  d6faut  qui  sled  k  tes  portraits. 
Quand  ton  esprit  k  me  peindre  s'occnpe, 
Le  cceur  jaloux  veut  guider  le  pinceau : 
L^esprit  du  cceur  est  ais^ment  la  dupe; 
Comme  Tamour  Tamitie  voit  en  beau. 

(Extr.  des  mss.  de  M.  Mains,  ancien  doctrinaire.) 


Digitized  by 


Google 


—  543  — 


QUESTIONS. 


153.  Snr  J.  Geraslus,  condomois. 

Je  trouve  dans  le  Catalogue  des  manuscriti  fran^U  (t.  i,  in^fo,  1868,  p.  184) 
cette  indication  :  1089  (da  Fonds  Pranks).  La  glorieuH  MwrgueriU,  par 
II*  Arnault  de  Villeneofve,  tradaction  de  /.  CeroBius,  condonois  (tic),  com- 
meoQant  (fol.  44)  par  :  Amy  lectmrj  commeje  me  travailtoU pour  recow^r^r 
des  Uhvres  andens,  et  finissant  par :  Soit  done  lou^  le  Seigneur  qui  vit  et  regne 
par  les  siecles  des  sieelee.  Ainsi  soifr-il.  Le  manuscrit,  sor  papier,  eit  de  1560. 
Qai  p.onrra  me  fournir  des  renseignements  sur  cet  enfant  de  €ondom,  du  xvi^ 
siede,  qui  devait  s'appeler  J.  Ceras  on  pIutAt  J.  Cerasi,  et  sor  lequel  j'ai  yaiae>- 
ment  consults  tons  les  recueils  que  j'ai  sous  la  main?  T.  de  L. 

154.  Un  professear  dn  college  de  Tarbes. 

Ud  doctrinaire  en  appelle  lui  autre.  J'ai  recueilii,  diSbris  de  biblioth^que» 
im  petit  iii'12  de  xx-190  p.,  avec  ce  titre  : 

An  syllogigtica  demomtraia.  Auctore  Peteo  Joffrb,  presbytero  congre- 
^ationii  dootrinm  chrigtianm,  et  in  oollegio  TarbienH  altero  philosophic  pro- 
fe^sore.  Ad  nswn  sua  scholce.  Tarbiae,  apud  MatthjRUm  Roqueuaurbl,  typog. 
«t  bibliop.  ooU^ii  l^arfaieosis*  M.  D.  CC.  XII. 

On  demaBde  des  renseigiiemeats  biograpbiques  sur  Goudour;  qui  m'en 
donnera  sur  Joffre?  L'abb6  J.  DULAC. 

Je  ferai  observer  que  ce  Hvre  a  iSte  autrefois  employe,  pour  Fenseignement 
de  la  logique,  dans  beaucoup  d'^tablissements.  n  y  ^  a  une  autre  edition  (cui 
additcB  sunt  annotatienes  utiles,  lesqudles  annotati(m8  ne  depassent  ^dre 
one  page)  de  Toulouse,  chez  Ant.  Birosse,  1764.  J'en  ai  un  exemplaire  qui 
porte  sur  les  plats  les  armes  de  Prance  avec  la  l^gende  circulaire :  Co}lSgeso§al 
d'Auch.  —  L.  c. 

RfiPONSE. 

152.  Un  due  d'Esclignae  hlstorien. 

(Vvijet  U  Questim^  an  oem^ro  pr^c^^Dt*  p.  492.) 

Vous  demandez  si  un  due  d'Esdignac  mort  en  1874  k  Milan  6tait  onginaire 
de  la  Gascogne.  Je  puis  r^pondre  k  cette  question.  J'ai  peu  oonnu  ce  pair  de 
France;  mais  son  oncle  a  ^t6  le  meiileur  ami  de  mon  enfance,  et  c'est  de  Jul 


Digitized  by 


Google 


—  544  — 

surtout  que  je  puis  parler.  Get  oncle,  M.  de  Pressac  F^zensac  d'Esclignac,  comte 
deMarestang,  6tait  dOQ6d'uQ  physique  remarquable.  Sa  taille  etait  trto^lev6e^ 
sa  figure  noble  et  gracieuse.  II  avail  seulement  unebotte  d'une  grosseur  extra- 
ordinaire; on  disait  que  son  pied  avail  ^t6  broye  par  un  boulet;  il  ne  m'en  a 
jamais  parle.  Le  due  qui  vient  de  mourir  6tait  aussi  boiteux.  Le  comte  de 
Marestang,  que  Ton  appelait  tout  simplement  M.  d'Esclignac,  m'a  racont6 
souvent  sa  vie.  A  quatorze  ans,  comme  il  6tait  tr6s-grand»  on  le  nomma  officier 
et  il  par  tit  pour  llle  de  Malte.  Le  grand-maitre  etait  son  oncle.  Appr^ciant  la 
passion  du  jeune  chevalier  pour  les  lettres  et  les  sciences,  il  mit  k  sa  disposition 
un  b&timent  pour  faire  la  description  des  c6tes  de  la  M6diterran6e.  J'ai  ya 
plusieurs  dessins  etlu  plusieurs  pages  de  ce  livre  in^dit  et  peut-^tre  inachev^. 
Lorsque  la  revolution  survint,  M .  d'Esclignac  fut  d'abord  tr^s-bien  accueiUi 
chez  un  prince  allemand  avec  lequel  il  avait  des  relations  de  parente;  puis  on 
jour,  dans  jenesais  plus  quelle  ville,  les  fonds  vinrent  k  lui  manquer*  pour 
vivre  et  faire  vivre  un  de  ses  parents  et  compagnons  d'exil,  M.  de  Luppe,  il  se 
fitrecevoir  tourneur  et  gagna  son  pain  en  faisant.  des  pipes  d'ecume  de  mer. 

M.  d'Esclignac,  k  qui  je  dois  mes  gouts  d'^tude  et  de  recherches,  6tait  on 
homme  de  profond  savoir.  II  aimait  surtout  la  min6ralogie,  la  nnmismatiqae. 
les  livres  rares.  Je  poss^de  une  partie  de  sa  biblioth^ue. 

II  6tait  en  relation  avec  tons  les  savants  d'Europe,  et  devint  Tami  de  M. 
de  Fontanes.  II  rentra  un  des  premiers  en  France,  et  M.  de  Fontanes  le  nomma 
inspecteur  de  I'acad^mie  de  Pau.  Lorsque  la  restauration  arriva,  le  due  sonfir^re 
fut  nomme  pair  de  France,  et  lui  fut  mis  de  c6t6.  II  mena  une  existence  fort 
modeste,  vivant  en  philosophe,  recevant  quelques  amis  qu'il  charmait  par  sa 
belle  parole,  et  absorbs  par  sa  passion  pour  les  sciences  naturelles  surtout. 
n  alaiss6  un  beau  cabinet  de  min^ralogie. 

Lorsque  TindemnitS  des  6migr6s  vint  lui  donner  pour  sa  simple  legitime 
pr^s  de  500,000fr.,il  nevoulut  faire  aucune  d^marchepour  toucher  cette  somme. 
Un  de  ses  amis,  mon  p^re,  fit  toutes  les  avances  et  lui  ^pargna  tons  les  soucis. 
H6las!  M.  d'Esclignac  6tait  effraye  de  la  fortune  qui  lui  arrivait  et  il  ne  se 
trompait  pas  dans  sespressentimentsi  Savie  si  calme  fut  troubl^e  profondement. 
Ce  savant  6tait  d'une  ignorance  incroyable  pour  ses  affaires.  II  croyait  donner 
une  simple  lettre  de  recommandation,  et  il  se  porta  caution  d'un  entrepreneur 
de  la  halle  de  Pau,  qui  le  trompa  indignement.  11  vit  sa  fortune  diminuer  tout  k 
coup,  et  devenir  la  proie  d'intrigants.  II  acheta  un  vieux  ch&teau  pour  y  passer 
ses  demiers  jours.  S^par^  de  ses  amis  et  de  ses  chores  6tudes,  il  se  laissa  86- 
duire  par  une  intrigante  qu'il  6pousa,  et  qui  le  rendit  trds-malheureux.  Umourut 
frapp6  d'une  attaque  d'apoplexie,  laissant  deux  jeunes  fiUes,  qui  sont  mortes. 
M.  d'Esclignac  avait  compost  une  histoire  des  Arabes  d'Espagne.  J'ai  vu  le 
manuscrit,  j'iguore  ce  qu'il  est  devenu.  II  passaitpour  beaucoup  plus  fort  que 
son  neveu,  dont  je  ne  connais  pas  I'ouvrage. 

G.  B.dbL. 


Digitized  by 


Google 


L'EGLISE  DE  BOSTENS. 


Les  Landes,  bornees  a  Touest  par  POcean  et  au  sud  par  le 
cours  de  TAdour,  n'ont  point  de  limiles  bien  tranch6es  k 
Test;  mais  avant  de  descendre  dans  la  plaine,  on  rencontre 
une  sorte  de  terrain  de  transition,  par  lequel  on  arrive,  comme 
par  degres,  a  cette  vaste  mer  de  sables,  nae,  monotone,  au- 
jourd'hui  tapissee  de  bruyeres  et  de  pins.  Ce  sol  indfecis,  ou 
le  sable  siliceux  altemfe  souvent  avec  Targile,  se  remarque 
surlout  dans  le  triangle  forme  par  le  croisement  des  grandes 
routes  du  Caloy  a  Pille-PArdit  etde  Pille-PArdit  a  Roquefort. 
Cette  region  parait  avoir  ele  asse^  fraichement  envahie  par  le 
pin  maritime,  dont  les  graines  ailees  sont  pouss6es  de  Test  a 
Touest  par  le  venl;  car,  dans  le  voisinage,  on  trouve  frequem- 
ment  des  ruines,  des  substructions,  des  mosaiques,  temoins 
irrecusables  d'une  civilisation  anterieure,  brusquement  arrStSe 
par  Tinvasion  des  Gascons  etdes  Sarrasins.  Or,  dans  le  centre 
de  ce  triangle  dont  nous  parlous,  au  milieu  de  vignobles  qui 
semblent  vouloir  rivaliser  avec  PArmagnac,  s'eleve  modeste- 
ment  une  petite  eglise,  grave  et  decente,  comme  une  noble 
chatelaine  du  vieux  temps  :  c'est  Sainte-Marie  de  Bostens, 
ou  mieux  Baustens  (Val-estens,  vallis  exiensa).  Nous  ne 
Savons  point  justement  a  quelle  epoque  elle  remonte;  mais  11 
est  certain  qu'elle  existait  deja  au  dixifeme  siecle,  puisque 
Guillaume  Sancbe,  due  de  Gascogne,  la  donna  en  963  ou982 
aumonastere  de  Saint-Sever  (1). 

Dans  sa  forme  actuelle,  il  est  evident  que  nous  ne  retrouvons 

(I)  Dedit....6cclesiam  SancUB  Maris  de  Balesteno,  sea  de  Bansten.  Eitt.  mon.S, 
Severi.  Tom.  ii,  p.  128.—  Gonftrmatioa  par  Bernard,  fils  de  Goillaame,  eo  lOIS^ 
p.  ISO.  Voir  encore  p.  146,350. 

ToMK  XVin.  —  D^cembre  1877.  37 


Digitized  by 


Google 


—  54«  — 

plus  Teglise  primitive  de  GuiUaumeSanche;  car  les  moiaes,  qui 
en  fetaient  devenus  possesseurs,  out  dft  la  reconstruire  el  Ta- 
grandir  au  xn'  siecle  et  peut-etre  m^me  au  xiir,  si  Tou  fait 
attention  que  le  style  ogivals'etablit  plus  tard  dans  nos  contrees 
que  dans  le  nord,  et  que  les  Benedictins  surtout,  ces  grands 
b&tisseurs,  avaient  peine  a  s'ecarter  de  leurs  vieiUes  traditions. 
Quoi  qu'il  en  soit,  a  un  metre  de  Tabside  et  dans  la  meme 
direction  parallele,  on  voit  au  midi  une  absidiole  detachee  qui 
sert  aujourd'hui  de  sacristie.  Elait-ce  la  Peglise  originelle  ? 
Nous  serious  port6s  a  le  croire,  en  la  rapprochant  des  cha- 
pelles  qui  peuplent  la  vallfee  d'Aure  et  qu'on  a  plus  tardagran- 
dies;  mais  il  est  impossible  de  Taffirmer,  parce  que  Tentable- 
mentroman  qui  court  en  dehors,  sans  interruption,  de  lanef 
k  Tabside  proprement  dite,  rfegne  egalemeat  sur  le  pourtour 
de  Tabsidiole-sacristie. 

I.  L'abside  carreedei'^glise,  longue  dans  ceuvre  de5 metres 
50  centimetres,  large  de  3  et  haute  de  5,  n'oflfre  interieure- 
ment  ni  colonnes,  ni  arcatures;  soit  qu'une  retouche  modeme 
ait  a  dessein  nivele  les  parois,  soit  que  les  premiers  construc- 
teurs  Paient  ainsi  disposee  pour  laisser  plus  d'espace;  Famor- 
tissement  est  une  forte  voute  en  berceau. 

II.  Aux  deux  flancs  de  Tentree  de  Tabside  vient  se  relier, 
en  retour  d'equerre,  une  nef  large  de  5  m.  23  c,  sur  9  m. 
50  c.  de  longueur,  avec  une  voAte  rbmane  sans  arcs-doubleanx 
s'elevant  sous  clef  a  8  m.  80.  On  le  voit  au  premier  coup  d'oeil, 
cette  nef  est  beaucoup  plus  haute  que  Pabside  sur  laquellc 
elle  surplombe  exterieurement.  Les  quatre  faces  sont  percees 
de  meurtrieres,  reconnaissables  en  dedans  et  qu'il  faudra 
rouvrir. 

Lapoussee  longitudinale  de  T^diflce  est  soutenue,  a  Touest, 
parunetour  carree  ouplul6tparall61ogramme,  formant  porche 
autrefois,  avec  deux  portes.  Tune  extferieure  et  Tautre  inte- 
rieure;  mais  au  xv*  ou  xvi'  siecle,  si  Ton  en  juge  par  la  forme 
et  les  moulures  de  Tentree  actuelle,  on  crut  devoir  allonger 


Digitized  by 


Google 


—  547  — 

rfeglise,  en  continuant  les  miffs  de  la  nef  a  partir  du  clocher 
La  construction  assez  basse,  sans  style,  s'amortit  en  un  lam 
bris  de  planches,  voute  en  arc  de  cloitre  k  angles  rentrants, 
dont  le  sommet  tranche  et  aplati  pr6sente  un  carre  disgracieux 
Cette  addition  malheureuse  a  eu  un  double  resultat  par  rap 
port  k  Tensemble  du  monument :  d'abord  le  clocher  ne  part 
plus  de  Tentree,  mais  a  Texterieur  il  aPairde  vouloirsedepe- 
trer  de  deux  nefs  d'inegale  hauteur  qui  Penserrent  et  le  genenl; 
d'autre  part,  lorsqu'on  a  ainsi  prolong^  Teglise,  il  a  fallu, 
pour  obtenir  la  communication  avec  Tancienne  nef  et  Fab- 
side,  ouvrir  la  base  de  la  tour  par  deux  larges  arcades  partant 
de  terre,  sur  lesquelles  est  assis  maintenant  de  Test  a  Touest 
un  clocher  massif  de  19  mfetres  de  hauteur.  Nous  attribuons 
en  partie  a  cette  operation  imprudente  les  profondeslezardes 
qui  regnent  aux  angles  de  la  tour  et  en  compromettent  la  soli- 
dity. 

On  entre  dans  cette  tour  par  un  escalier  place  en  dedans  de 
la  nef  nouvelle.  L'interieur  en  est  divise  par  trois  voutes  6tagfees 
qui  se  lient  aux  murs  lateraux.  Au-dessus  de  la  dernifere  voute, 
ouverte  au  centre,  les  quatre  murs  sont  converts  par  une  toi- 
ture  k  quatre  eaux.  Nous  aliens  maintenant  quitter  rinterieur 
de  Teglise  pour  passer  a  Text^rieur,  qui  seul  est  ome. 

D'abord,  la  tour  carree,  tout  en  conservant  de  haut  en  bas 
les  m6mes  dimensions,  est  partagee  en  deux  ordres  par  un 
cordon  de  billettes  qui  la  coupe  au  sud  et  au  nord,  sans  faire 
retour  k  Test  et  a  Pouest.  Une  partie  est  d6cor6e  d'un  pare- 
menten  moellon  pique,  dont  les  assises  sont  presque  reguUferes, 
tandis  qu'ailleurs  on  reconnait  les  traces  d'un  cr6pissage  en 
magonnerie;  mais  le  tout,  achaque  etage,  estrelevepar  deux 
bales  a  arcades  geminees  de  90  centimetres  de  hauteur.  Les 
futs  des  colonnes  tres-courls  supportent  des  chapiteaux  plus 
developpes,  varies,  curieux  k  plus  d'un  titre  et  traites  d'une 
fafon  qu'on  ne  s'attendraitpas  a  Irouver  dans  unesimple  6glise 
de  campagne.  Nous  en  donnons  deux  specimens  que  nous 


Digitized  by. 


•Google 


—  548  — 


devotis  a  Tobligeant  crayon  de  Mademoiselle  Tartiere,  fiUe  de 
M-  Farchivisle  du  departement  desLandes  (1). 


(1)  M.  A.  Pascal,  gravear  k  Aucb,  a  dA  ridaire  ces  dessins  pour  faire  les  gravores 
que  DOQS  offrons  a  oos  lecteurs.  —  l.  c. 


Digitized  by 


Google 


1 
i 


—  549  — 

Nous  avons  dejasignale  uq  entablement  original  qui  court 
sans  interruption  sous  la  toiture  de  la  nef,  de  I'abside  et  de  la 
sacristie  :  cet  entablement  est  d'un  bel  effet  et  releve  singu- 
lierement  r^diflce.  Use  compose  en  entier  de  plaques  epaisses 
de  pierre,  d'une  forte  saillie,  bien  ajustees  et  soutenues  par  des 
modillons  en  consoles.  La  partie  du  nord  est  assez  fruste,  celle 
du  midi  un  pen  molns;  mais  Tabside,  surtout  au  couloir  me- 
ridional qui  la  separe  de  la  sacristie,  offre  encore  plusieurs 
modillons  qu'ondiraitsortisrecemment  dela  main  du  sculp- 
teur.vNous  ne  nous  attacherons  pas  a  les  decrire,  parce  qu'il 
suffit  d'avoir  vu  une  fois  le  chevetexterieur  d'un6  abside  ro- 
mane,  pour  se  faire  une  juste  idee  de  ces  caprices  assez  pen 
symboliques  centre  lesquels  tonaait  saint  Bernard.  Nous 
dirons  seulement  que  la  toiture  des  absides  et  de  la  nef  n'apas 
de  charpenle.  La  couverture  est  formee  par  des  dalles  noy6es 
dans  le  mortier,  lesquelles  s'abaissent  en  pente  douce  vers 
Tentablement.  Les  tuiles  neuves  qui  recouvrent  aujourd'hui 
ie  tout  ont  ete  ajoutees,  avec  le  temps,  pour  plus  de  sAret6. 

Nous  avons  cru  devoir  renvoyer  a  la  fin  une  pierre  sculp- 
tee  (ou  peut-etre  un  moulage)  dont  nous  devons  encore  le 
dessin  a  Mademoiselle  Tartiere :  c'est  un  monogramme  du 
Christ,  bien  dififerent,  par  sa  forme,  de  ceux  que  les  sie- 
cles  precedents  nous  avaient  transmis.  On  salt  que,  depuis 
Constantin,  le  X  et  le  P  etaient,  parmi  nous,  encadres  dans 
un  cercle,  et  les  artistes  latins,  tout  en  conservant  TA  et  Tu 
grecs,  avaient  introduit  successivement  le  S  remain  dans 
d'autres  accessoires  de  fantaisie.  Ici  nous  avons  un  carr6,  ou  . 
plutdt  unesorte  d'ecusson,  parti,  coupe,  tranche  et  taille ;  on 
dirait  les  chainetles  ou  marelles  de  Navarre.  Sur  la  ligne  ver- 
ticals que  tient  en  bas  une  sorte  de  dextrochere,  on  lit  Xpis- 
Tus;  la  ligne  du  coupe  embroche  PA  et  Ya;  enfin,  dans  les 
quatre  triangles  formes  par  le  X  et  le  coupe,  on  voit  en  toutes 
lettres  :  Pax,  Rex,  Lux,  Lex;  seulement,  pour  obtenir  les  X 
de  Rex  et  de  Lex,  on  a  crois6  les  bouts  du  tranche  et  du 


Digitized  by 


Google 


—  550  — 

taille.  Ainsi  le  monogramme  contient  une  pensee  complete  : 
Chrislus,  principium  el  finis,  (est)  Pax,  Rex,  Lux,  Lex.  On 
salt  que  le  premier  molPax  est  la  devise  des  Benedictins. 
A  Saint-Avit,  assez  pres  de  Bostens,  M.  Ozanne,  architecte  du 
departement,  avait  deja  releve  une  pierre  absolument  sem- 
blable;  la  n6tre  se  trouve  placee  sur  le  linteau  d'une  porte 
ouverte  au  midi  assez  tard,  au  rez-de-chaussee  d'un  batiment 
adosse  a  la  nef,  lequel  servait  de  presbytere,  mais  qui  doit 
disparaitre  pour  degager  Teglise. 


Pour  ne  rien  laisser  de  ce  qui  touche  le  monument,  dans 
des  fouilles,  d'ailleurs  infructueuses,  pratiquees  sous  la  di- 
rection de  M.  Barats  et  de  M.  Piraube,  cure  de  Bostens,  on 
a  trouve  deux  monnaies  du  module  d'un  Hard,  Tune  d'argent, 
Tautre  de  cuivre,  aujourd'hui  deposees  au  medailler  du  grand 
seminaire  d'Aire;  la  description  que  nous  en  donnons  ci- 
apres  appartient  au  savant  Pere  Labat. 

Notre  but,  en  ecrivant  cette  simple  notice,  a  ete  d'attirer 
Tattention  des  archeologues  et  des  administrateurs  du  de- 
partement  sur  une  eglise  ancienne,  curieuse,  perdue  au  mi- 
lieu des  vignobles  et  des  pins,  mais  qui  merite  d'etre  con- 
servee.  II  est  grandement  temps  de  la  restaurer;  car  la  tour 


Digitized  by 


Google 


—  551  — 

semble  ne  tenir  que  par  miracle,  et  sa  chute  pourrait  entrainer 
celle  de  ia  nef.  Si  la  commune  etait  riche  et  populeuse,  ce 
travail  de  consolidation  serait  deja  fait;  mais  le  bon  Youloir 
des  habitants  ne  suffit  pas,  et  il  faut  que  tons  les  amis  de 
Tart  antique  viennent  gen6reusement  k  leur  secours. 

J.-F.  PfiDEGERT, 

cbADoine  d'Aire-soM'Adoor. 


APPENDICE. 


Deux  petites  monnaies  troav^es  k  l^glise  de.Bostens,  dans  le  sol. 

1.  D' argent,  tres-mioce,  de  moyenne  grandeur,  revers  fruste.  A 
I'avers  FRACIA  (?)  et  autres  lettres  eflfac^es  ou  rogn^es.  Croix  pat- 
tee  cantODn^e  de  deax  lions  leopardes  et  de  deux  fleurs  de  lis.  — 
Uatlas  Roret  oflFre  un  avers  pareil,  sauf  I'inscription  tout  k  fait  dif- 
f^renle,  n°  346,  et  Tattribue  k  Charles  le  T^m^raire,  due  de*  Bour- 
gogne.  Du  Cange  offre  aussi  le  mSme  avers,  mais  aveo  simple  ^car- 
teliement  a  la  place  de  la  croix;  etailleurs,  la  croix,  le  lion'T^opard^ 
et  le  lis  autrement  combines  :  le  tout  dans  des  pi^es  appartenant 
a  H{enricus  VI)  REX  FRANC.  ET  ANGL.  ou  REX  ANGUAE  ET 
HAERES  FRANCIAE. 

2.  Denier  de  cuivre,  portant  a  I'avers  Teffigie  et  le  nom  du  Pape 
Urbain  VIII,  et  au  revers  ses  trois  abeilles  avec  rinscription  ANT 
CARBARLEAVE  1635,  que  je  lis  :  ANToniu^  CARo/t*s  BAR6^ 
rini  LEgalus  kYEnionensis  (V .  Man.  Roret). 

J.  LABAT,  S.  J. 


Digitized  by 


Google 


^  552  — 


k 


L'lNSTRUCTIONPUBLIQUE  AGIMONT 

DANS  LES  TEMPS  ANTERIEURS  A  1789  (1). 


VI. 


LES  DOCTRINAIRES  ET  LES  URSULINES  PENDANT  LA  TERREUR.  —  CE 
QUE  DEVINT  l'INSTRUCTION  PUBLIQUE  APRfeS  LA  SUPPRESSION  DU 
COLLEGE  ET  DU  COUVENT. 

Le  college  et  le  couvent,  quant  a  leur  duree,  fournirent  a 
peu  pres  la  meme  carriere.  A  la  verile,  pour  le  college,  la 
premiere  fondation  remonte,  comme  nous  Tavons  vu,  aux 
lettres  patentes  de  Frangois  1"  qui  6taient  de  Tannee  1543. 
Mais  les  difflculles  qui  surgirent  en  retarderent  considerable- 
ment  Texecation,  et  a  vrai  dire  ce  n'est  que  du  moment  qu'il 
fut  mis  entre  les  mains  des  Doctrinaires,  c'est-a-dire  neuf  ans 
avant  la  fondation  du  convent  des  Ursulines,  qu'il  commenga 
proprement  a  vivre.Cette  carriere  fut  honorable  et  brillante  pour 
•Tun  et  pourPautre.  Maisle  convent,  entierement  independant 
de  Tautorite  civile  et  ayant  juste  assez  de  revenus  pour  se 
sufflre,  eut  par  suite  une  existence  bien  moins  tourmentee 
que  celle  du  college.  En  somme.  Tun  et  Tautre  remplissaient 
fidelement  la  mission  qui  leur  etait  conflee;  ils  avaient  an  plus 
haul  point  Testime  et  la  confiance  publique;  en  les  perdant, 
le  pays  se  trouvait  tout  a  coup  prive  d'une  ressource  qui  ne 
serait  pas  de  longtemps  remplacee. 

Au  moment  ou  s'ouvre  la  persecution  qui  les  emporta  Tun 

(1)  Voyez  plus  haat,  p.  109,  878,  315,  454. 


Digitized  by 


Google 


—  553  — 

et  Tautre,  le  personnel  qui  dirigeait  les  deux  etatolissements 
suivit  une  ligne  bien  differente.  Autant  fut  digne  etediflante 
la  conduite  des  Ursulines,  autant  fut  scandaleuse  celle  des 
Doctrinaires.  Ceux-ci,  ea  eflfet,  imbus  des  principes  janse- 
nistes  dont  toule  leur  congregation  elait  infectee,  furent 
des  plus  empresses  et  des  plus  ardenls  a  suivre  le  mouve- 
ment  revolutionnaire.  Deux  d'entre  eux,  le  Pere  Jean  Amiel, 
recteur,  et  le  Pere  Marin  Ruffat,  regent  de  5%  apres  avoir, 
des  premiers,  prete  le  serment  constitutionnel,  ne  garderent 
plus  aucune  mesure.  lis  se  fixerent  a  Gimont  apres  la  sup- 
pression du  college,  et  souscrivirent,  sans  opposer  lamoindre 
resistance,  a  tout  ce  qu'il  plut  aux  agents  du  pouvoir  de  leur 
demander.  lis  furent  Tun  et  Tautre  agrees  comme  instituteurs 
publics  de  !'•  classe  et  s'engagerent,  a  ce  titre,  a  elever  la 
jeunesse  dans  les  principes  republicains;  Ruflfat  alia  si  loin 
dans  cette  voie  qu'U  merita  les  favours  du  representant  du 
peuple  DartigSeyle,  a  qui  il  dut  sa  nomination  de  procureur 
de  la  commune  de  Gimont.  11  est  k  remarquer  qu'il  debuta 
dans  Fexercice  de  cette  charge  par  requerir  dans  Tassemblee 
du  4  frimaire  an  u  (24  novembre  1793)  que  Targenterie  ser- 
vant au  culte  catholiqae  dans  toutes  les  eglises  dependantes 
de  la  juridicUon,  fut  ramassee  aussitdt,  inventoriee  et  appor- 
tee  sans  delai  au  departement.  Un  arrete  conforme  fut  rendu 
seance  tenante;  et  a  la  suite  comparut  le  pretre  Amiel,  avec 
plusieurs  autres  pretres  constitutionnels,  pour  proclamer  son 
apostasie  et  abjurer  solennellement  son  sacerdoce,  en  pre- 
sence des  administrateurs  du  departement  Dauriot  et  Constan- 
tin,  qui  assistaient  a  la  seance. 

Bien  autre  fut  la  conduite  des  Ursulines.  Toutes  se  montre- 
rent  inebranlables  dans  leur  foi  et  dans  les  sentiments  de 
fidelite  et  d'amour  qu'elles  avaient  voues  a  Dieu  et  a  FEglise. 
Ni  les  menaces,  ni  les  persecutions  qu'elles  eurent  a  souffrir 
ne  purent  dompter  leur  courage;  et  lorsque,  au  plus  fort  de  la 
Terreur,  celles  qui  etaient  restees  a  Gimont  furent,  le  26  ven- 


Digitized  by 


Google 


—  554  — 

tose  an  u  (16  mars  1794),  forcees  de  comparaitre  devant  la 
municipalite  pour  pr6ler  le  serment  civique  exige  de  Ions 
ceux  qui  recevaient  quelque  subvention  de  la  nation,  le  pro- 
ces-verbal  fait  foi  que  toutes  repondirent  clairement  et  d'one 
voix  ferme  qu'eiles  ne  le  prfitaien't  pas  et  que  leur  conscience 
s'y  opposait. 

Que  devint  I'instruction  publique  a  Gimont  apres  ia  sup- 
pression du  college  et  du  convent? 

La  revolution  savait  detruire,  mais  elle  n'6tait  pas  forte 
pour  edifier.  Des  annees  se  passerent  sans  qu'on  songeat 
meme  a  organiser  quelque  chose.  Tout  fut  abandonne  a 
rinitiative  privee,  sous  le  contrdle,  bien  entendu,  des  auto- 
rites  constitufees,  dont  il  fallait  avant  tout  obtenir  Tautorisa- 
tion;  et  elle  ne  s'accordait,  on  le  pense  bien,  qu'a  ceux  qui 
professaient  les  opinions  du  jour  et  apres  qu'ils  avaient  prete 
un  serment  qui  devait  en  6tre  la  garantie. 

Apres  la  suppression  du  college,  deux  pretres,  Laforgue, 
aum6nier  de  Thdpital,  et  Laporte,  un  des  vicaires  de  la  pa- 
roisse,  voulurent  chacun  ouvrir  une  6cole.  Deux  laiques, 
Dupre  et  Pendaries,  dont  les  sentiments  n'etaient  pas  favora- 
bles  a  la  revolution,  voulurent  en  faire  autant.  Tons,  proQtant 
de  la  liberte  qu'on  n'avait  pas  encore  cherche  a  entraver,  s'e- 
taient  deja  mis  a  Toeuvre  sans  s'inquieter  de  Tefifet  que  cela 
pourrait  produire.  Onne  leslaissapas  longtemps  tranquilles. 
Le  21  decembre  1791,  il  y  eut  un  arrete  du  departemenl  por- 
tant  que  tons  ceux  qui  voudraienl  se  livrer  a  Tenseignemenl 
devraient  an  prealable  se  faire  auloriser  par  les  municipalites, 
et  prefer  le  serment  exige  des  fonctionnaires.  En  consequence, 
les  instituteurs  deja  en  exercice  furent  invites  a  se  presenter 
le  12fevrier  1792  pour  remplir  ces  formalites.  Ilsserendirent; 
mais  quand  il  fut  question,  pour  6tre  autorises,  de  preter  le 
serment  qu'on  leur  demandait,  tons  s'y  refuserent  et  aime- 
rent  mieux  y  renoncer.  Mors  un  nouveau  sujet,  Jean-Baptiste 
Miau,  se  presenta  pour  demander  d'etre  autorisfe  a  ouvrir 


Digitized  by 


Google 


une  ecole.  II  pretalesermentetrautorisationlui  fut  accordee 
avec  empressement.  II  fut,  pour  le  moment,  Tunique  res- 
source  de  Gimont  en  fait  d'enseignement,  car  ce  ne  fut 
qu'environ  deux  ans  aprfes  qu'Amiel  et  Ruffat  furent  recus 
comme  instituteurs  du  1"  degre.  Quelque  temps  apres,  le  16 
germinal  an  ii  (Savril  1794),  le  citoyen  Jean  Palissard,  fils, 
fut  reQu  au  meme  titre. 

Pendant  les  deux  annees  qui  suivirent,  rien  de  nouveau  ne 
se  produit.  Mais  le  25  nivose  an  iv  (4  fevrier  1796),  Tassem- 
blee  de  Tadministration  municipale  du  canton  fut  presque 
tout  enliere  consacree  a  Tinstruclion  publique.  Dfes  le  dfebut, 
le  president  fit  lecture  d'une  lettre  du  departement,  deman- 
dant des  renseignements  sur  Tetat  de  celte  instruction,  «  tene- 
ment negligee  dans  toute  la  Republique,  ajoutait  le  president, 
que  rignorance  des  Frangais  pourra  les  faire  retomber  dans 
la  servitude.  »  II  demande  ensuite  aux  agents  des  communes 
les  renseignements  dont  il  a  besoin  pour  repondre  d'une  ma- 
niere  precise  aux  questions  qui  lui  sont  adressees. 

Les  renseignements  fournis  par  les  agents  nous  appren- 
iient  que,  par  arrete  du  district  du  7  nivose  an  m  (27  Janvier 
1795),  septecoles  primairesavaient  ete  etablies  dans  le  canton 
de  Gimont,  et  qu'une  seule,  celle  de  Saint-Sauvy,  avail  eu 
son  instituteur.  L'administration  municipale  pense  que  cela 
tient  a  ce  que  cette  fonclion  si  importante  n'etait  pas  assez 
retribuee.  EUe  voudrait  qu'il  futetabli  dix  ecoles  dans  le  can- 
ton; deux  a  Gimont  et  une  dans  chacune  des  communes 
d'Aubiet,  de  Lussan,  de  Marsan,  d'Ansan,  de  Juilles,  de 
Sainte-Marie,  d'Escorneboeuf  et  de  Saint-Sauvy.  EUe  estime 
que  la  retribution  scolaire  doit  etre  fixee  a  40  sols  par  mois 
payables  en  numeraire.  Enfin  elle  designe  pour  remplir  la 
fonction  d'instituteur  :  a  Ansan,  le  citoyen  Ayraut;  a  Saint- 
Sauvy,  le  citoyen  Pacquiequi  exerce  deja.  On  ajoute  qu'on  n'a 
pu  en  trouver  pour  les  autres  communes  et  on  prie  le  depar- 
tement de  procurer  pour  Gimont  un  bon  maitre  d'ecriture. 


Digitized  by 


Google 


.—  556  — 

Deux  annees  apres  (7  nivosean  vi— 27  decembrel798),  on 
n'etait  pas  plus  avance.  Deux  communes  settlement,  Gimont  el 
Aubiet,  etaient  pourvues  d'inslituteurs,  au  sujet  desquels  les 
agents  respectifs  de  ces  communes  fournissent  les  renseigne- 
ments  suivants,  en  reponse  aux  queslioift  relatives  a  rinstruc- 
tion  publique  et  privee  el  a  la  conduite  des  insliluteurs,  qui 
avaient  ete  proposees  dans  un  arrete  du  3  frioaaire  de  cette 
annee. 

L'ageiit  municipal  d' Aubiet  parla  le  premier  et  dit  que  le 
citoyen  Auvergne  tenail  iine  ecole  particuliere,  dans  laquelle 
il  recevait  de  dix  a  douze  enfants  de  six  a  dix  ans;  qu'il  avail 
visile  cette  ecole,  et  qu'il  avail  vu  que  iedit  instituteur  ne 
montrait  que  les  principes  de  la  lecture,  sans  rien  autre;  qu'il 
avail  reconnu  qu'il  ne  leur  enseignait  rien  de  conlraire  aux 
lois,  aux  moeurs  el  aux  institutions  republicaines,  et  qu'il 
Tavait  exhorte  de  faire  apprendre  a  ses  eleves  les  droits  et 
les  devoirs  de  l-homme  et  de  les  leur  expliquer;  de  leur  parler 
des  defenseurs  de  la  palrie  el  de  leurs  heroiques  travaul;  de 
leur  faire  cherir  la  Republique  et  ses  institutions  et  de  leur 
faire  observer  les  fetes  decadaires. 

L'agent  municipal  de  Gimont  presenta  un  rapport  ecrit, 
dans  lequel  il  disait  qu'il  avail  visile,  accompagne  du  procu- 
reur  de  la  commune,  les  6coles  particulieres  de  la  commune 
(il  n'y  CD  avail  pas  d'autres)  au  nombre  de  quatre,  savoir : 
celle  du  citoyen  Etienne  Barciet,  pretre  conslitutionnel;  cellc 
de  la  ciloyenne  Vidaillet,  ex-religieuse;  celle  de  la  citoyenne 
Pujos,  el  celle  du  citoyen  Comere,  pretre  conslitutionnel  et 
marie.  Dans  celle  de  Barciet  il  avail  trouve  de  dix  a  douze  ele- 
ves, depuis  Page  de  six  ans  jusquVi  quinze.Ledit  Barciet  leur 
enseignait  les  droits  de  Thoinme  etles  devoirs  du  citoyen.  11 
ne  leur  enseignait  rien  qui  fut  conlraire  au  gouvernement  ni 
a  la  constitution.  Le  maitrc  et  les  eleves  s'honoraient  du  litre 
de  citoyen  el  observaienl  les  jours  de  decadi.  Dans  Tecole  de 
la  ciloyenne  Vidaillet,  il  avail  trouve  aulour  d'elle  de  douze  a 


Digitized  by 


Google 


—  557  — 

quinze  Giles  de  differeats  ages,  auxquelles,  d'apres  sa  decla- 
ration, elle  n'enseignait  que  la  couture.  Dans  celle  de  la 
ciloyenne  Pujos,  il  n'avait  trouve  que  quatre  enfants  de  sept 
ans  et  au-dessous,  auxquelles  elle  n'enseignait  que  les  princi- 
pes  de  la  lecture.  Elle  les  faisait  vaquer  les  jours  decadaires. 
Enfin,  dans  celle  de  Bertrand  Comere,  il  avait  trouve  de  dix 
a  douze  eleves,  de  onze  ahs  et  au-dessous.  Get  inslituteur 
leur  enseignait  les  principes  de  la  lecture  et  de  la  morale 
chrelienne.  II  ne  leur  enseignait  rien  de  contraire  an  gouver- 
nement.  II  avait  promis  de  se  procurer  une  constitution  de 
Fan  III,  et  les  delegues  pensaient  que  cette  6cole  pouvait  etre 
utile  a  la  sociele. 

A  la  suitede  ces  communications,  le  citoyen  Blaise Lajoux, 
ci-devant  tambour-major  de  la  demi-brigade  du  Gers,  retire 
en  conge  deflnilif,  annonce  qu'il  est  dans  Tintention  d'ou- 
vrir  une  ecole  particuliere,  sous  la  surveillance  de  Tagent  mu- 
nicipal de  Gimont  et  de  Padministration  cantonale.  L'Assem- 
blee  applaudit  a  ses  intentions  et  le  president  Texhorte  i  les 
executer  promptcment. 

Deux  mois  apres,  le  9  ventose  an  vi  (27  fevrier  1798),  on 
regut  un  nouvel  arrele  concernant  la  surveillance  des  ecoles 
parliculieres,  maisons  d'education  et  pensionnats;  ce  qui 
fournit  Toccasion  de  declarer  que  dans  tout  le  canton  il  n'y  a 
pas  uninstituteur  public.  On  a  seulement  des  instituteurspar- 
liculiers  qui  sont:  a  Gimont,  Etienne  Barciet,  Bertrand  Co- 
mere  et  Blaise  Lajoux,  pour  les  gargons;  la  citoyenne  Pujos, 
belle-soeur  de  Comere,  et  la  citoyenne  Vidaillet,  pour  les  fiUes; 
a  Marsan,  le  citoyen  Jean-Bernard  Monmejan,  pr6tre,  cur6 
constitutionnel;  a  Ansan,  le  citoyen  Joseph  Boubee,  pr6tre, 
cure  constitutionnel,  et  Jean  Ayraut;  a  Aubiet,  le  citoyen  Au- 
vergne;  a  Sainte-Marie,  les  citoyens  Souzet,  pretres  asser- 
mentes.  Tun  d'eux  cure  constitutionnel;  les  agents  de  ces  com- 
munes sont  charges  de  visiter  les  ecoles.  Nous  ne  connaissons 
le  resultat  de  cette  visite  que  pour  Gimont. 


Digitized  by 


Google 


—  558  — 

Ce  fut  le  10  floreal  suivant  (29  avril  1798)  que  Tagent  mu- 
nicipal de  cette  commune  deposa  son  rapport,  dans  lequel  ii 
n'est  question  que  des  ecoles  de  gargons.  EUes  etaient  en  ce 
moment  au  nombre  de  qualre;  celles  dirigees  par  Barciet, 
Comere  et  Lajoux;  et  une  ouverte  depuis  peu,  dirigee  par  le 
citoyen  Carlan.  Apres  examen,  les  commissaires  visiteurs,  qui 
etaient  Tagent  municipal  etle  commissaire  du  directoire  pres 
radministration  cantonale,  s'etaient  convaincus  que  chez  le 
citoyeii  Lajoux  Tinstruclion  touchant  les  droits  et  les  devoirs 
deThomme  n'elait  point  negligee.  «Nous  avons  meme  vu,  di- 
sent-ils,  avec  une  agreable  surprise,  qu'un  enfant  de  cinq  a 
six  ans  repondait  avec  precision  et  intelligence  a  une  dizaine 
de  questions  que  nous  lui  avons  adressees  sur  cette  matiere, 
et  nous  n'avons  pu  que  donner  des  eloges  a  Tinstituteur  et  a 
ses  eleves  en  les  exhortant  k  continuer. 

»  Chez  le  citoyen  Barciet,  ministre  du  culte  catholique,  con- 
tinuent  les  visiteurs,  nous  avons  reconnu  quil  enseignait  les 
droits  et  les  devoirs  de  Thomme  et  la  Constitution;  que  les  de- 
cades et  les  fetes  y  etaient  observees,  ainsi  que  dans  Tecole 
du  citoyen  Lajoux. 

»  Chez  le  citoyen  Cartan,  nous  avons  reconnu  que  son  ecole 
etait  dirigee  dans  de  bons  principes,  mais  comme  il  n'y  a  que 
peu  de  temps  qu'elle  est  ouverte,  les  eleves  n'ont  pu  encore 
profiter  des  lemons  republicaines  qucrinstituteur  nous  a  dit 
etre  dans  Tintention  de  leur  donner. 

»  Chez  le  citoyeu  Comere,  pretre  marie,  nous  avons  reconnu 
que,  malgre  les  avertissements  qui  lui  avaient  ete  donnes  de- 
puis plus  de  six  mois,  Tenseignement  des  droits  et  des  de- 
voirs de  Thomme  et  du  citoyen  et  de  la  constitution  etait  tres- 
neglige;  qu'un  seul  eleve,  et  depuis  quinze  jours  seulement, 
etait  pourvu  du  livre  de  la  constitution  et  qu'il  n'avait  appris 
que  quelques  lignes  des  droits  de  Thomme.  II  resulte  de  la  une 
presomption  de  refus  fait  par  Tinstituteur  d'enseigner  ce  qui 
est  present  par  Tarrete  du  Directoire. »  La  conclusion  finale 


Digitized  by 


Google 


—  559  — 

etait  quecetteecoledevaitfitre  fermee.  ^.'administration  mu- 
nicipale  fut  du  meme  avis  et,  seance  tenante,  elle  rendit  cet 
arrete  : 

Consid^rant  que  le  maintien  et  raffermissement  de  la  R^publique 
peuvent  seuls  d^pendre  d'une  bonne  education  et  des  sages  institu- 
tions; 

Considerant  que  les  instituteurs  peuvent,  en  quelque  sorte,  decider 
du  sort  de  la  Republique  puisqu'ils  ont  dans  leurs  mains  la  g6n6ra- 
tion  suivante  et  qu'ils  peuvent  k  leur  gr^  fagonner  Tesprit  et  le  coeur 
des  enfants  qui  leur  sont  confies,  et  faire  de  z^l^s  defenseurs  des 
principes  r^publicains  et  du  gouvernement  d^mocratique>  comme 
aussi  les  rendre  plus  chauds  partisans  du  royalisme  et  de  Tempire 
sacerdotal; 

Considerant  qu*un  funeste  prestige  d^toume  encore  les  peres  et 
meres  d'envoyer  leurs  enfants  sous  des  maitres  r6publicains  ennemis 
du  fanatisme  et  des  pr^jug^s,  et  leur  fait  pr^f^rer  les  vieux  pedago- 
gues, trop  enticWs  de  Fancien  regime,  etdontles  legonsne  peuvent 
faire  que  des  fanatiques  et  des  idiots; 

Considerant  enfin  que  le  citoyen  Bertrand  Com^re,  prfitre  marie, 
instituteur  particulier  dans  la  commune  de  Gimont,  s'obstine  a  ne 
pas  enseigner  k  ses  eieves  les  droits  et  les  devoirs  de  Thomme  et  I^ 
Constitution;  que  le  nom  respectable  et  glorieux  de  citoyen  est  in- 
connu  dans  son  ecole;  que  ledit  Comere  se  plait  a  se  faire  appeler 
€  Monsieur  le  cure,  »  et  qu'au  surplus  il  est  tres-propre  a  insinuer  a 
ses  ei^vesles  plus  crasses  prejuges  et  toutes  les  horreurs  du  fana- 
tisme, 

*Arr6te  :  —  Le  departement  sera  invite  a  faire  former  recole  par- 
ticuliere  dudit  Berti-and  Comfere. 

La  decision  du  departement,  conforme  aux  voeux  de  Tad- 
ministration  municipale,  ne  dat  pas  se  faire  attendre. 

Et  voila,  apres  avoir  d6truit  le  college  el  le  convent,  ce  que 
la  premiere  Republique  sut  faire  a  Gimont  pour  les  remplacer. 

Pour  completer  cette  etude,  disons  encore  en  peude  mots 
ce  que  devinrent  les  bailments  du  convent  et  du  college  quand 
on  en  eut  chasse  les  legitimes  possesseurs^ 

Quant  au  convent,  son  sort  fut  bientdt  decide.  La  vente 
suivit  de  pres  la  confiscation,  et  Tacquereur  on  les  acquereurs 


Digitized  by 


Google 


—  560  — 

n'eurent  rien  de  plus  presse  que  de  Je  demolir,  avec  I'eglise 
attenante  de  Sainte-Catherine,  qui  avait  ete  aflfeclee  k  son  usage 
par  la  ville,  pour  vendre  les  materiaux  et  etablir  des  jardins 
sur  remplacement. 

Le  college  eut  meilleure  chance.  II  etait  destine  a  etre  vendu 
commele  convent.  Mais  avant  la  mise  a  execution  de  ce  projet, 
la  pensee  vint  a  la  municipalite  de  demander  quMl  fut  con- 
serve pour  etre  converti  en  caserne  pour  la  gendarmerie  (4 
fevrier  1794).  Les  demarches  faites  dans  ce  but  amenerent 
un  sursis.  Mais  le  projet  qui  y  avait  donne  lieu  finit  par  etre 
abandonne.  On  pensa  alors  a  y  transporter  rhdpital  (7  fruc- 
tidor  an  m,  24  aotit  1795).  Ainsi,  on  gagna  du  temps.  Mais 
ce  second  projet  n'aboutit  pas  plus  que  le  premier.  Enfln,  la 
vente  fut  deflnitivement  arretee.  La  nouvelle  en  fut  portee 
dans  Fassembleedu  l"prairial  an  iv,20mai  1796.  On  disait 
m6me  qu'on  croyait  que  deja  des  soumissions  avaient  ete 
faites;  sur  la  proposition  du  citoyen  Dupre,  agent  municipal, 
et  en  s'appuyant  sur  les  dispositions  d'une  loi  recente  qui 
autorisait  la  revendication  par  les  communes  de   ces  sortes 
debatimenls,  ilfut  resolu  qu'on  ferait  opposition  et  qu'on 
demanderait  la  conservation  du   college  pour  y  etablir  une 
ecole  centrale  supplemenlaire.  Cette  opposition  eut  son  eflfet. 
La  vente  ne  se  fit  pas  et  le  college  demeura  a  la  commune 
conformement  aux  dispositions  de  la  loi  du  26  fructidor  an 
IV  (12septembre  1796). 

Et  maintenant,  pour  epilogue,  qu'on  veuille  bien  nous  per- 
mettre  de  reproduire  ici,  sans  commentaire,  le  programme  de 
la  fete  de  la  jeunesse,  celebrec  a  Gimont,  conformement  aux 
ordres  du  Directoire,  le  10  germinal  an  iv  (30  mars  1796). 
Mieux  que  tout  ce  que  nous  pourrions  dire,  il  fera  compren- 
dre  comment  etait  entendue  Teducation  de  la  jeunesse  en  ces 
temps  fortunes  ou  la  France  avait  Tavantage  d'etre  gouvernee 
par  des  philosophes  et  des  theophilanthropes,  dont  tons  les  ef- 
forts tendaient  a  s'aflfranchir  du  catholicisme,  a  ramener  parm 


Digitized  by 


Google 


—  561  — 

nous  le  pagaoisme  et  a  former  une  generation  de  rgpubli- 
cains  k  Timage  de  ceux  d'Athfenes  et  de  Laced6mone.  Voici  ie 
programme,  dont  la  redaction  avait  ete  confine  au  citoyen  Paul 
Serain,  commissaire  du  Directoire,  adopte  en  s6ance,  le  4  ger- 
minal de  ladite  annee : 

Les  citoyens  seront  pr^yenus  que  la  fdte  de  la  Jeunesse  sera  c^l^- 
br^e  a  Gimoni,  le  10  germinal,  et  ils  seront  invites  a  se  trouver  a 
midi  pr^is  a  la  maison  commune  pour  aller  a  Taulel  de  la  patrie  qui 
sera  ^lev6  sur  la  place  de  la  Libert^.  Get  autel  sera  d'une  structure 
simple  et  sans  luxe,  comme  la  tendre  Jeunesse  k  laquelle  la  f6te  est 
destin^e. 

Ordreetmarche: 

l^  Un  groupe  d*homraes  de  Tftge  viril  ouvrira  la  marche,  U  sera 
Tembl^me  deshomme  forts  et  vigoureuxetd'un  caractfere  ferme,  qui 
ont  cr^  et  soutenu  la  Revolution  et  qui  ont  ouvert  aux  Frangais  le 
chemin  de  la  liberty  et  de  la  R^pubiique.  lis  porteront  un  rameau  de 
laurier  k  la  main,  embleme  de  la  victoire  de  la  liberty  sur  le  des- 
potisme; 

29  Un  groupe  d'enfants  suivra  le  premier,  portant  des  corbeilles  de 
fleurs,  pr^curseurs  des  fruits  qu*ils  promettent  h  la  patrie.  Ce  groupe 
sera  entoure  demilitaires  blesses  et  mutiles  aux  armies,  pourservir 
a  la  jeunesse  d'exemple  du  d^vouement  et  des  sacrifices  qa'elle  doit- 
k  la  m^re  commune.  Ce  groupe  sera  precede  d*une  bannifere  portant 
pour  exergue  :  €  Espoir  de  la  Patrie;  > 

3<»  Ici  sera  plac^  un  groupe  de  musiciens,  embleme  des  plaisirs 
innocents  qui  accompagnent  la  jeunesse; 

4®  Un  groupe  de  femmes  et  de  fiUes  vStues  de  Wane  suivra  oelui 
des  enfants.  Elles  porteront  k  la  main  une  branche  de  myrthe.  Leur 
bannifere  portera  pour  devise  :  t  Vertu;  > 

50  Un  groupe  de  vieillards  portant  k  la  main  des  chaines  bris^es 
suivra  le  groupe  des  femmes  et  filles.  Us  seront  pr^c^d^s  d'une 
banni^re  portant  pour  exergue  :  c  Nos  enfants  nous  ont  rendus  k  la 
liberty.  »  La  marche  sera  ferm^e  par  les  autorit^s  constitutes;  les 
membres  de  Tadministration  municipale,  le  juge  de  paix  et  ses 
assesseurs,  et  la  gendarmerie.  Dans  cet  ordre  on  partira  de  la  mai- 
son commune  en  chantant  Thymne :  €  Veillons  au  salut  de  V Em- 
pire. »  Arrives  a  Tautel  de  la  Patrie,  on  d^posera  en  ofirande  le 
Tome  XVIII.  38 


Digitized  by 


Google 


—  562  — 

laurier,  les  fleurs,  le  mpthe  et  les  chaines  brisees.  Pendant  cette 
c6r^monie  la  musique  fera  entendre  Tair  :  €  ^a  ira;  » 

6®  Un  orateur  fera  un  discours  sur  T^ducation  de  la  jeunesse.  Des 
sieges  seront  disposes  k  droite  et  a  gauche  de  Tautel  pour  les  yieil- 
lards  et  les  femmes; 

II  y  aura  sur  Tautel  de  la  Patrie  un  registre  pour  Tinscription  ci- 
vique  des  citoyens  qui  auront  atteint  21  ans,  et  un  autre  pour  ceux 
de  16  ans  qui  doivent  Stre  incorpor^s  dans  la  garde  nationale; 

Le  president  de  Tadministration  niunicipale  annoncera  pour  la  fdte 
de  la  jeunesse  de  Tan  v  une  distribution  de  recompenses  pour  ceux 
qui  auront  appris  par  coeur  les  droits  et  les  devoirs  de  rhomme,  ou, 
suivant  I'Sge,  Facte  constitutionnel,  et  les  premiers  ^l^inents  de  la 
morale  r^publicaine; 

7o  On  se  portera  ensuite  dans  Tordre  ci-dessus  a  Tesplanade,  ou 
la  jeunesse  s'exercera  aux  jeux  de  la  course  et  de  Tarbalete.  L'ar- 
bal^te  sera  donn^e  en  recompense  au  plus  adroit,  et  le  plus  leste  et 
le  plus  agile  recevra  suivant  les  dges,  savoir  : 

Depuis  10  ans  jusqu'a  12,  un  agneau. 

Depuis  8  ans  jusqu'a  10,  un  lapin  blanc. 

Depuis  6  ans  jusqu'i  8,  une  paire  de  pigeons  blancs. 

Depuis  6  ans  et  au-dessous,  un  beau  gdteau. 

Et  void  maintenant  en  quels  termes  la  grave  assemblee 
approuva  ce  programme : 

L'assembl^e,  reconnaissant  dans  le  plan  propos6  une  simplicity 
touchante,  d^gag^e  de  faste  et  de  luxe,  tel  qu'il  convient  (sic)  k  des 
r^publicains,  qui  pour  former  Tesprit  et  le  corps  de  la  jeunesse, 
veulent  rappeler  les  fStes  si  majestueuses  et  si  interessantes 
d*Athfenes  et  de  Lac^demone,  approuve  unanimement  le  susdit  plan 
propose  et  arrdte  qu'il  sera  suivi  ponctuellement. 

Risumteneatis,amici!  —  Pour  nous,  en  terminant  ce  tra- 
vail, nous  nous  contenterons  d'exprimer  tout  haut  le  voeu  qui 
s'^chappait  de  notre  cceur  pendant  que  notre  main  retrafait 
ces  tristes  souvenirs :  «  Daigne  le  ciel  nous  preserver  a  jamais 
de  voir  en  France  le  relour  de  parcilles  foliesi » 

R.  DUBORD, 

pr^tre,  card  d'Anbiet. 


Digitized  by 


Google 


—  563  — 


APPENDIGE. 


A  M.  LE  wtoACTEUR  EN  CHEF  DE  LA  Rcvue  (fe  Goscogne. 

Mon  Cher  Monsieur, 

Je  viens  de  decouvrir  une  pifece  tres-interessante  relative  au 
college  de  Gimonl  et  aux  efforts  qui  furent  fails  en  divers 
temps  pour  lui  annexer  un  seminaire  diocesain.*  Jusqu'ici,  je 
n'en  avals  pas  m6me  soupgonne  Texistence  et  jUgnorais  ega- 
lement  les  tentatives  relatives  au  seminaire.  Je  ne  sais  si  vous 
serez  de  mon  avis :  mais  il  me  semble  que  cette  piece  merite 
d'etre  publi6e  textuellement  et  je  me  h&te  de  vous  en  envoyer 
une  copie  pour  etre  ajoutee,  s'il  y  a  lieu  h  impression,  comme 
appendice  a  mon  travail  sur  Tetat  de  Finstruction  publique  a 
Gimont  sous  Tancien  regime. 

Cette  piece  est  la  minute  d'un  memoire  qui  fut  adress6  k 
Mgr  de  Cerisy,  ev6que  de  Lombez,  dans  les  premieres  ann6es 
de  son  episcopal,  pour  justifler  les  pretentions  de  la  ville  de 
Gimont  a  Tetablissement  deflnitif  dans  son  seiri  du  seminaire 
diocesain  dont  ce  prelat  s'occupait  alors  activement.  II  parait 
que,  dans  le  clerge,  on  etait  d'accord  pourdemander  cet  6ta- 
blissement,  dont  Tutilite  et  m^me  la  necessite  ne  faisaient  doute 
pour  personne.  Mais  on  ne  s'entendait  pas  au  sujet  du  lieu  oil  il 
serait  plus  avantageux  de  le  placer.  Les  uns  opinaient  pour  Lom- 
bez, siege  deTeveche,  oil  il  serait  sous  les  yeuxetla surveillance 
immediate  de  Teveque;  les  autres  pr6feraient  Gimont,  k  cause 
du  coUege,  oil  les  aspirants  au  sacerdoce  faisaient  leurs  6tudes 
littferaires,  et  pensaient  qu'il  serait  avantageux  que  ces  jeunes 
gens  pussent  continuer  leurs  etudes  th6ologiques  dans  la  m6me 
maison  et  sous  la  direction  des  memes  Peres.  Le  m6moire  a 


Digitized  by 


Google 


—  564  — 

pour  objet  de  demontrer  les  avantages  qu'il  y  aurait  a  don- 
ner  la  preference  a  Gimont.  U  commence  par  Thistorique  de 
la  fondalion  et  de  retablissement  du  college  lui-m6me.  Rien 
dans  cerecit  ne  contredil  ce  que  j'ai  dit  moi-m6me,  et  sur  cer- 
tains points  il  fournit  des  renseignements  qui  achevent  d'e- 
claircir  des  difflcultes  que  je  n'avais  pu  faire  entierement 
disparaitre.  Je  crois  que  ceux  qui  ont  lu  mon  travail  ne  se- 
ront  pas  fachfes  de  voir  que  les  conjectures  que  j'avais  faites 
et  auxquelles  j'avais  dii  me  bomer,  soit  par  rapport  au  col- 
lege, soit  par  rapport  aux  origines  et  a  Timportance  de  Gi- 
mont jusqu'au  xvn*  siecle,  se  trouvent  ici  completement 
justifl6es. 

Les  renseignements  concemant  les  efforts  tentes  en  diffe- 
rents  temps  pour  Tetablissement^d'un  seminaire  viennent  en- 
suite.  Us  sont  absolument  nouveaux,  et  sous  ce  rapport,  ils 
compl6teront  heureusement  mon  travail  sur  Tinstruction  pu- 
blique. 

Ce  m6moire  est  sans  date  et  sans  signature;  mais  il  est  cer- 
tain qu'il  est  posterieur  a  1752,  puisqu'il  y  est  fait  mention 
de  faits  qui  se  sont  accomplis  dans  le  courant  de  cette  annee. 
II  faut  nfecessairement  le  rapporter  aux  premiers  mois  de  1733, 
puisque  la  question  du  seminaire  etait  deflnitivement  resoioe 
en  favour  de  Gimont  des  le  mois  de  juin  de  cette  annee.  Noos 
trouvons,  en  effet,  a  la  date  du  17  de  ce  mois,  une  delibera- 
tion dans  laquelle  les  consuls  demandent  «  qu'il  leur  soit  al- 
»  loue  six  livres  pour  la  depense  qu'ils  ont  fait  dans  un 
»  voyage  a  Lombez,  au  nom  et  comme  deputes  de  la  com- 
»  munaute,  pour  remercier  Feveque  de  Tetablissement  au 
»  college  d'une  chaire  de  theologie  qui  s'etait  fait  avec  le 
»  CQUcours  de  Tabbe  Dubourg,  qui  avait  laiss6  des  fonds  pour 
»  cela. » 

La  pifece  que  j'ai  sous  les  yeux  est  evidemment  la  niinute 
du  memoire  envoy6  a  r6v6que,  pour  etre  communique  k  Tas- 
semblee  du  clerge  qui  devait  se  tenir  prochainement  et  ou 


Digitized  by 


Google 


—  565  — 

devait  se  trailer  la  question  du  semioaire.  Ella  s'6tait  conser- 
vee  dans  la  famille  de  M.  I'abbe  de  Cahuzac,  et  c'est  M.  Tabbe 
deCahuzaclui-mfime  qui  la  remit  avant  de  mourir  i  M.  Mo- 
lard,  de  qui  nous  en  avons  eu  nous-meme  communication  par 
Fentremise  de  M.  de  Lavigne,  cure-doyen  de  Gimont.  Or,  Je 
remarque  que,  dans  le  dernier  siecle,  la  famille  de  Cahuzac 
6tait  une  des  plus  marquantes  de  Gimont;  on  voit  plusieurs 
de  ses  membres  figurer  dans  les  rangs  de  la  magistrature; 
d'autres  appartenant  au  barreau :  en  cette  annee  1753,  un 
Cahuzac  est  syndic  de  la  communaute  et,  en  cette  qualite,  il 
est  envoye  avec  le  sieur  Bacon,  premier  consul,  en  deputation 
a  Lombez  « pour  faire  a  Mgr  Teveque  de  tres-humbles  re- 
montrances  au  sujet  de  la  reduction  des  places  de  la  consorce 
du  Saint-Sacrement.  »  II  n'est  pas  sans  vrais^mblance  que 
c'est  lui,  ou  du  moins  un  membre  de  cette  famille,  a  qui.  fut 
conflee  la  redaction  du  memoire  et  qu'ainsi  la  minute  s'en 
conserva  dans  les  papiers  de  la  famille. 

Bien  a  vous  de  tout  coeur, 

R.  DUBORD, 

prStre,  cut6  d'Aabiet. 

Oriffine  de  r^tablissement  du  college  fond^  par  le  clergd 
de  Lombez  dans  la  ville  de  Olmont,  oomme  la  plus 
grande  et  principale  du  dioodse,  sous  le  nom  de  college 
de  Saint-Nicolas,  et  dtablissement  du  s^minaire  dans 
ladite  ville. 

I.  —  Origine  da  college  de  Gimont  (1S45). 

Le  college  de  Saint-Nicolas  fut  ing6  dans  la  ville  de  Gimont  en 
Tannee  1545  par  lettres  patentes  de  Frangois  I",  pour  faire  instruire 
la  jeunesse  aux  arts  et  grammaire;  pour  la  dotation  et  entretien  du- 
quel  Sa  Majesty  ordonna  que  le  seigneur  6v^que  de  Lombez,  Tabbe 
de  Gimont  et  autres  b^neficiers  du  diocese  seraient  tenus  de  payer 
et  fournir  annuellement  selon  le  revenu  temporel  de  leurs  b^n^fices, 
avec  injonction  au  Parlement  de  Toulouse  d'enregistrer  et  verifier 
icelles  et  de  faire  ce  d^partement  sur  les  benefices  susdits. 


Digitized  by 


Google 


—  566  — 

II.  —  Lettres  de  Jnssion  (en  1B6Z), 

r  Le  Parlement  ayant  diff6r6  reniegistrement,  cela  aurait  engage  le 
roi  par  ses  lettres  de  jussion  du  5  Janvier  1552  d'enjoindre  a  ladite 
cour  de  proc^der  k  la  publication  et  execution  des  susdites  lettres; 
mais  les  grandes  guerres  et  troubles  du  royaume  6tant  survenus,  le 
Parlement  diflf^ra  k  publier  et  k  faire  droit  sur  icelles. 

III.  —  Noavolles  lettres  patentee  (en  1667). 

Charles  IX,  instruit  de  Tinex^ution  des  lettres  patentes  de  ladite 
annee  1545,  aurait  donn6  des  lettres  patentes  le  26  Janvier  1567, 
par  lesquelles  Sa  Majesty  aurait  mand6  a  M«  Marc-Antoine  Char- 
pentier,  juge  de  Verdun,  commissaire  en  cette  partie,  de  contrain- 
dre  r^v6que  de  Lombez  et  b^n^ficiers  de  son  diocese  k  payer  et  a 
fournir  annuellement,  selon  le  revenu  temporel  de  leurs  b^n^fices, 
pour  la  dotation  et  entretien  dudit  college  et  ehapelle,  nonobstant 
oppositions  queleonques,  auxquelles  i;e  voulait  6tre  defere,  retenant 
a  soi  et  k  son  conseil  priv^  la  connaissance  d'icelles.  En  execution 
desquelles  lettres  et  commission,  M«  Marc-Antoine  Charpentier,  au- 
rait precede,   et  par  son  ordonnance  contradictoirement  donnee 
auraient  comparu  partie  des  b^n^ficiers  et  un  d6put6  dudit  seigneur 
evfique.  Ledit  seigneur  fut  condamn^  a  payer  annuellement  aux 
consuls  de  Gimont,  pour  sa  cote  part,  la  somme  de  deux  cents  livres 
pour  la  dotation  dudit  college,  jusqu'a  ce  que  ledit  seigneur  6v6que 
eflt  destine  une  pr^bende  pour  I'entretien  dudit  college,  et  Monsieur 
Tabb^'de  Gimont,  la  somme  de  deux  cents  livres,  et  autres  b^nefi- 
ciers  a  proportion,  revenant  en  total,  les  susdites  taxes,  a  la  somme 
de  mille  quatorze  Jivres,  ainsi  qu'appert  de  Tordonnance  du  susdit 
commissaire  du  2  juin  1567. 

Le  clerg^  de  Lombez,  ^tanten  partie  m^content  de  lasusdite  taxe, 
en  appela  au  Parlement,  se  fondant  sur  Tinstance  pen  dan  te  sur  la 
verification  des  primordiales  lettres  portant  erection  du  college  dans 
la  ville  de  Gimont  corame  la  plus  grande  et  principale  du  diocese; 
lesquelles  lettres  auraient  ^t^^gar^es  audit  Parlement;  et  pr^tendant 
par  \k  faire  casser  Tordonnance  du  commissaire  comme  donnee  par 
attentat,  autrement  de  quoi  la  cour  du  Parlement  aurait  pris  con- 
naissance. 

IV.  —  Lettres  patentes  en  Evocation  an  conseil  (1568). 

Ce  qui  aurait  occasionn6  que  le  Roi,  par  ses  lettres  patentes  don- 
n^  k  Paris  le  15  f^vrier  1568,  aurait  ordonn^  que  ledit  seigneur 


Digitized  by 


Google 


—  567  — . 

ev6que  et  b^n^ficiers  seraient  assignes  devant  Sa  Majesty  au  conseil 
priv6  pour  voir  casser  les  procedures  faites  au  Parlement  de  Tou- 
louse, defendant  audit  Parlement  de  passer  outre  ni  d*en  coniw^re, 
ordonnant  neanmoios  que  sans  prejudice  du  droit  des  parties,  tous 
les  b^n^ficiers  de  Lombez  seront  contraintsau  payement  des  deniers 
ordonn^s  pour  I'entretien  dudit  college  suivant  la  taxe  faite  par  ledit 
Charpentier  commissaire,  et  ce  nonobstant  toutes  oppositions  aui- 
quelles  Sa  Majesty  ne  voulait  6tre  d^fer^,  ainsi  qu'appert  desdites 
lettres. 

En  consequence  desquelles  lettres  patentes,  les  susdits  b^neficiers 
payerent  la  taxe  faite  par  devant  ledit  commissaire,  et  le  seigneur 
^v^que  assigna  pour  sa  cote-part  aux  consuls  de  Gimont  le  revenu 
de  la  cure  de  Montaignac  pour  en  perceyoir  les  fruits  pour  la  dotation 
dudit  college. 

Lesdits  sieurs  consuls  de  Gimont  ont  joui '  plusieurs  ann^es  du 
revenu  de  la  cure  de  Montaignac  affermde  par  lesdits  consuls  pour 
I'entretien  dudit  college,  jusqu'a  ce  qu'un'  autre  seigneur  ^vSque  de 
Lombez  la  retira  et  satisfit  en  argent  ladite  pension  comme  les  autres 
ben^ficiers  du  diocese. 

V.  —  Lettres  patentee  de  1620. 

Mgr  Daffis,  ^vfique  de  Lombez  (en  1606),  cessa  d*en  payer  la 
pension  et  Taflfaire  fut  plaidee  au  conseil  du  Roy  Louis  XIIL  Par  ses 
lettres  paten tes  du  mois  de  mai  16^0,  dans  lesquelles  est  ramen^  le 
vu  des  lettres  paten  tes  ci-devant  rapport^es,  le  roi  declare  que  ces 
lettres  patentes  ci-devant  obtenues  sont  conformes  aux  d^crets  et 
constitutions  canoniques  et  k  Tarticle  54  de  Tordonnance  de  Blois 
pouf  reducation  de  la  jeunesse  et  entretien  des  regents  dudit  college; 
et  a  ces  causes,  conclut-il,  «  ordonnons  rex6cution  des  lettres  pa- 
tentes ci-dessus  6nonc6eSy  et  taxe  faite,  en  consequence,  par  le  sus- 
dit  commissaire.  » 

VI.  —  Article  24  de  Tordonnance  de  Blois. 

f  Et  d'autant  que  Tinstitution  des  s^minaires  et  colleges  qui  ont 
ete  etablis  en  aucuns  evSchesde  notre  royaume,  pour  Tinstruction  de 
la  jeunesse  tant  aux  bonnes  et  saintes  lettres  qu'au  service  divin,  a 
porte  beaucoup  de  bien  k  TEglise  et  m6me  a  plusieurs  provinces  de 
notre  royaume,  grandement  devor^es  par  Tinjure  du  temps  et  d^pour- 
vues  de  ministres  ecciesiastiques,  admonestons  et  n^anmoins  enjoi- 


Digitized  by 


Google 


^  568  — 
gnons  aux  archevfiques  et  ^v6ques  d'ea  dresser  et  instituer  en  leurs 
diocfeses  et  aviser  de  la  forme  qui  sera  la  plus  propre  selon  lan6ces- 
sit^  et  conditions  des  lieux  et  pourvoir  a  la  fondation  et  dotation 
d'iceux  par  union  des  b^n^fices,  assignations  >ie  pensions  et  autre- 
ment  ainsi  qu*ils  verront  6tre  affaire.  > 

Remarque.  —  Je  constate  par  toutes  ces  lettres  patentes  et  ordon- 
nance  de  Blois,  d^crets  et  constitutions  canoniques  que  ie  clei^6  de 
Lombez  ^tait  tenu  d'^riger  un  college  dans  le  diocfese  et  de  le  deter 
par  des  pensions,  k  quoi  chacun  ^tait  tenu  de  contribuer  selon  le  re- 
venu  temporel  de  son  b^n^fice  ou  d'y  affecter  sp^cialement  certains 
benefices. 

VII.  —  Arrangement  intervena  entre  le  clerg6  et  la  com- 

manaatd. 

Post^rieurementi  Facte  de  1621,  le  clerge  de  Lombez,  suivantla 
tradition,  plaga  la  somme  de  vingt  mille  livres  et  au-dela,  et  ce  au 
denier  vingt,  sur  la  communaut^  de  Gimont  et  la  chargea  de  payer 
la  cotisation  port^e  par  Tordonnance  du  commissaire  de  Tannee 
1567. 

De  tout  temps,  les  prfitres  de  Saint -Nicolas  qui  ont  servi  ledit 
college  et  chapelle  ont  ^t^  payes  par  les  mains  desdits  consuls.  Ces 
Messieurs,  n*6tant  nullement  propres  k  Clever  la  jeunesse,  n'^taient 
point  pour  ce  motif  au  gre  du  diocese,  en  sorte  que,  n'^tant  li6e  par 
aucun  contrat,  la  communaut^  de  Gimont,  du  consentement  de  Mgr 
r4v6que  de  Lombez,  passa  acte  avec  les  Phies  de  la  doctrine  chre- 
tienne,  le  23  aotit  1621,  par  lequel  la  coramunaut^  s'oblige  de  payer 
annuellement  auxdits  P^res  la  somme  de  quinze  cents  livres;  et  pour 
pouvoir  satisfaire  a  icelle,  les  susdits  consuls  jouiront  et  se  reservent 
d'ores  et  d^jk  par  expr^s  les  sommes  ordonn^es  k  prendre  annuelle- 
ment sur  les  b^n^ficiers  du  diocese  de  Lombez. 

Les  lettres  patentes  pour  les  villes  de  Lectoure,  Gimont  et  autres 
pour  r^tablissement  desdits  P^res,  furent  enregistr^es  en  la  cham- 
bre  des  comptes  k  Paris,  le  12  avril  1658,  comme  aussi  au  Parle- 
ment  de  Toulouse. 

L'ordonnance  de  MM.  les  vicaires  g^n^raux  et  official,  pour  ap- 
prouver  au  nom  dudit  seigneur  6v6que,  est  du  mois  de  mai  1622. 

(La  fin  prochainement.) 


Digitized  by 


Google 


—  569 


Jugements  de  maintenue  de  noblesse  (1). 


XVIII 

FRANCOIS   DE  PERCIN,   SEIGNEUR  DE  LAURET  (2). 

Hazur  au  cygne  d' argent  sur  une  Hvih^e  du  mSme,  accompagn6 
en  chef  de  trois  moieties  d'iperon  d^or, 

Extrait  des  registres  du  Parlemenl  de  Toulouse,  parlequel  il  paratt 
que,  le  12  juillet  1553,  les  chambres  furent  assemblies  pour  traiter 
de  la  reception  de  Messire  Jean  de  Percin  en  Tofficede  conseiller. 

Procuration  ad  resignandum  de  Toffice  de  conseiller  audit  par- 
lement ,  pass^  par  ledit  Jean  de  Percin,  au  profit  de  Valentin  de 
Percin,  son  fils,  docteur  6s-droits  et  avocat  ea  la  Cour,  2  juillet  1582. 

Testament  dudit  Valentin  de  Percia,  qualifi^  Messire,  conseiller 
audit-  Parlement,  par  lequel  il  parait  que  damoiselle  Jacquette  de 
Bely  6tait  sa  femme  et  que  Frangois  de  Percin  6tait  leur  fils,  25  mars 
1609,  devant  Mathieu  Ruch^re,  notaire  royal  de  Toulouse. 

Contrat  de  raariage  de  noble  Frangois  de  Percin  avec  damoiselle 
Louise  de  Lautrec,  devant  Dieuzaide,  notaire  royal  de  Puycasquier, 
du  5  novembre  1611. 


(1)  Voir  ci-dessas  pages  37,  92,  146,  189,  240,  288,  333,  478  et  529. 

(2^  La  plupart  des  aoteurs  qui  ont  parld  de  la  maisoD  de  Percin  la  rattachent  aax 
Percy  d'Angleterre,  comtes  de  Northumberland.  Voyez  Moreri,  Lacheoaye,  etc. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  origine  d'oatre-mer,  rappelons  qa'Arnaad  de  Percin,  sei* 
gnear  de  S6ran  en  Fezenzagaet,  donna  des  coatamesanx  habitants  de  S6ran  en  1272, 
et  qu'il  partirde  cette  ^poque,  on  retroave  la  maison  de  Percin  constammentfixde  en 
Fezenzagaet,  et  plus  particnli^rement  k  Flenrance.  La  branche  atn^e  de  cette  maison, 
connae  sons  le  nom  de  Percin  de  Montgaillard,  a  produit  lafameux  liguear Bernard 
de  Percin-Monigaillard,  surnommd  le  Petit  feuillant;  voyez  leplaisant  portrait  qa'en 
fait  la  Satire  Minipp4e,  A  cette  branche  appartiennent  encore  le  baron  Jean  de  Per- 
cin-Montgaillard,  seigneur  de  S^ran,  d6capit^  sous  Louis  XI It  pour  avoir  livrd  la 
place  de  Br^medans  le  Milanais,  et  dont  la  rodmoire  fat  rehabilitee  quelqoesannees 
plus  tard;  Pierre-Jean-FrauQois  de  Percin-Montgaillard.  ^v^que  de  Saint-Pons,  fils 
du  precedent;  et  Jean-Jacques  de  Percin-Montgaillard,  dominicain,  mort  a  Toulouse 
en  1771,  auteur  dec  Monumtnta  conventu$  Tolotani  ord.  F,F,  pradicatorum. 

Les  Percin  deLauret,  Percin  de  Lilanges,  Percin  de  la  Y&lette,  ^taieot  des  branches 
eadettes  des  marquis  de  Montgaillard. 


Digitized  by 


Google 


—  570  — 

Donation  faite  par  noble  Jean  de  Lautrec,  seigneur  de  Lauret  (1), 
au  profit  de  Louise  de  Laulrec,  sa  fiUe,  par  laquelle  il  paraft  que 
ledit  FrauQois  de  Percin  6tait  son  mari;  devant  Bernard  Dieuzaide, 
notaire  de  Puycasquier,  5  mars  1627. 

Testament  de  damoiselle  de  Lautrec,  veuve  de  Francois  de  Per- 
cin, seigneur  de  Lauret  et  St-Bres,  par  lequel  il  paratt  que  Frangois 
de  Percin,  seigneur  de  Lauret  et  de  St-Bres,  6tait  son  fils,  et  que 
autre  Frangois  6tait  son  petit-fiis;  regu  par  Dorbe,  notaire  royal  de 
Mauvezin,  le  22  aodt  1670. 

Contrat  de  mariage  de  Frangois  de  Percin,  seigneur  de  St-Bres, 
avec  damoiselle  G^raude  du  Cos,  par  lequel  il  paraJt  qu'il  6tait  fils 
de  Frangois,  seigneur  de  Lauret,  et  de  Louise  de  Lautrec,  du  28 
novembre  1657. 

Testament  de  dame  Claire-(j^raude  du  Cos,  par  lequel  il  parait 
que  ledit  noble  Frango\s  de  Percin,  seigneur  de  Lauret,  etait  son 
mari,  et  que  noble  Frangois  de  Percin,  seigneur  de  Lauret,  produi- 
sant,  6tait  leur  fils;  regu  par  Cantaloup,  notaire  de  Puycasquier,  le 
27  septembre  1680  (2). 

(1)  Gette  brancho  de  i&  maison  de  Lautrec  de  Toolouse  appartenait  aa  Parie- 
meot,  0^  ses  membres  exercaient  les  premidrea  fonctioDs.  Ed  1552,  ADtoine  de 
Lautrec  St-Germier,  conseiller  aa  ParlemeDt  de  Toaloose,  ayant  embrassd  la  reli- 
gion rtSform^e,  fut  exild  de  la  ville  et  pendu  eo  effigie.  II  se  retira  k  Gendve  avec  sa 
femme  (Yoyez  Histoire  de  V^glise  de  Toulouse^  par  I'abbd  Salvan,  tome  i?,  page 
72-73}.  N.  de  Lautrec,  mari^  avec  damoiselle  N.  de  Bonnot  de  La  Tuqoe,  dame 
d'Aurigoac  (?),  futpdre  de  :  Pierre  de  Lautrec.  seigneur  d'Aurignac;  Jean  de  Lau- 
trec, seigneur  de  Lauret,  et  Anne  de  Lautrec,  femme  de  Francois  d'Orbessan,  fils 
de  noble  Jeban  d'Orbessan,  snigneur  de  Castelgaillard,  ainsi  qu'il  rdsulte  d'un  acte 
de  quittance  de  dot  du  30  avril  1601  (Original  en  papier,  faisant  partie  de  nos  ar- 
chives). La  tcrre  et  seigneurie  de  Lauret,  commune  de  Sle-Gemme,  ^tait,  jusqu'on 
1600,  un  des  fiefs  de  la  maison  de  Gdres,  seigneurs  de  Ste-Gemme,  Lauret,  Bustetf 
Teuleres,  le  Grillon  eo  Fezenzaguet. 

(2)  Contrat  de  mariage  pa&s6  le  4  octobre  1749  par  devant  Mattres  Philippe  Ratier 
et  Baudouin  Quenlain,  notaires  royaux  de  la  ville  de  Cambrai  en  Cambrdsis,  enire 
Messire  Francois  de  Percin,  chevalier  de  Saint-Louis,  capitaine  au  regiment  d'Enri- 
cbemont  cavalerie,  fils  de  Messire  Francois  de  Percin,  chevalier  de  Saint-Louis, sei- 
gneur de  Lauret  et  d'Engalin,  et  de  feue  dame  Jeanne  de  Nouaillan  de  Lamezan; 
assists  de  Messire  Francois  de  Percin,  chevalier  de  Saint>Lonis>  capitaine  aur^gimeoi 
Layallere,  son  oncle  patemeL  d'une  part;  et  demoiselle  MarieTAnne-Louise  de  la 
Chaise,  fille  de  Messire  Cbristophle  de  la  Chaise,  4cuyer,  chevalier  de  Saint-Louisi 
ayde-major  de  la  ville  de  Cambrai,  et  de  dame  Claire-Marie  de  Grumelier,  habitants 
de  la  ville'de  Cambray  (Archives  de  M.  le  marquis  do  Castelbajac-Barbszan,  au 
cb&teau  de  Barbazan). 

Testament  mystique  de  Francois  de  Percin,  seigneur  de  Lauret,  en  date  du  }•' 
mars  1760,  dans  lequel  il  declare  avoir  marid  son  fils  atnd  Francois  avec  demoiselle 
Marie-Anne  de  la  Chaise,  et  Marie  de  Percin  sa  fille,  avec  noble  Jean-Charles  de 
Saint-P^,  seigneur  de  Sarrecaud^  il  faitdes  legs  A  Messire  Francois  de  Percin  Aieur 


Digitized  by 


Google 


—  571  — 

Maintenu  dans  sa  noblesse  sur  la  vue  des  productions  ci-dessus, 
par  jugement  rendu  a  Montauban,  le  12  juillet  1698. 
Signi  :  Le  Pelletier  de  U  Houssajre,  intendant  de  Montauban. 


BIBLTOGRAPHIE. 


Petits  M^moires  surrhistoire  de  France. 

Je  suis  heureux  de  signaler  aux  lecteurs  de  la  Revue  de  Gascogne 
une  collection  digne  de  leurs  plus  sympathiques  encouragements,  la 
collection  de  PetiU  Mimoires  sur  Vhistoire  de  France  entreprise  par 
la  Society  bibliographique,  qui,  sous  I'^nergique  et  habile  direction 
de  M.  de  Beaucourt,  son  d^vou^  fondateur,  a  rendu  tant  de  services 
aux  amis  des  sciences  et  des  lettres.  Deux  volumes  de  la  nouvelle 
collection  ont  d^ja  paru  :  Vie  et  vertus  de  saint  Louis  d'aprh 
Guillaume  de  Nangis  et  le  confesseur  de  la  reine  Marguerite,  texte 
Stabli  par  Rene  de  Lespinasse,  ancien  ilkve  de  VE cole  des  Chartes 
(4877)  (1);  Les  derniers  Carolingiens  d'aprds  le  moine  Richer  et 
d'autres  sources  originales,  texte  traduit  et  Stabli  par  Ernest  Ba- 
belon,  6lh)e  de  I'Ecole  des  Chartes  [4877)  (2),  et  d'autres  volumes 
sont  surle  point  deparattre(3).  Avant  d'exprimer  mon  humble  avis 

de  Saiat-Holaire,  lieutenant  de  cavalerie  au  Ngimenl  d'Enrichemont,  et  b  Francois 
de  Percin,  capitaine  aurdgiment  de  la  marine,  chevalier  de  Saint-Louis,  ses  deux 
autres  fils;  et  institue  pour  son  h^rili^re  universelle  Marie  Christophle  de  Percin,  sa 
petlte-fille,  et  iille  dndit  Francois  de  Percin,  son  fils  atn6,  et  de  ladite  dame  de  La 
Chaise  (Archives  du  ch&teau  de  Barbazan). 

Marie  Christophle  de  La  Chaise  apporta  !a  seigneurie  de  Lauret  dans  la  branche 
aln^e  de  la  maison  de  Caslelbajac,  par  son  manage  avec  le  marquis  Gaston  de  Gas* 
telbajac-Baibazan.  Cette  branche  de  la  maison  de  Castelbajac,  dont  none  aurons  k 
reparler  quand  nous  donnerons  son  jugement  de  maintenue,  est  representee  aujour- 
d'bui  par  le  marquis  Gaston  de  Casteibajac-Barbazan  et  le  comte  Charles  de  Caslel-' 
bajac-Barbazan-Beaulieu. 

(1)  1  vol.  gr.  in-18j6sus,de  XVI-3-21  pages.  Paris,  librairio  de  la  Soci6l6  biblio- 
graphique, 35.  rue  de  Crenelle.  Pri:(  :  3  fr. 

(3)  1  vol.gr.  in-18  j4sus.  de  X[-338  pages.  Ibid,,  rodme  prix.  Les  deux  volumes, 
fort  convenablement  imprimds,  iont  orn^s  de  gravures  tiroes  soit  du  recneil  de  dom 
B.  de  Montfaucon  {Monuments  de  la  monarchie  frangaise),  soitdurecueil  de  Hefner 
(Costumes  du  moyen-dge  Chretien). 

(3)  Notamment  la  Chronique  de  Du  Guesclin»  qui  sera  publide  par  M.  Gabriel 
Richou,  archivisle  pal^ographe,  bibliothdcaire  de  la  Cour  de  CassaUon.  Qu'il  me 
soit  permis  de  direici  a  des  lecleurs  qui  sont,  .en  quelque  sorte,  pour  moi  des  amis» 
que  j'espdre  pouvoir  donner  bientdt  a  la  collection  de  la  Socidl6  bibliographique  un 
volume  qui  intdressera  particulidremenl  les  Gascons,  les  MSmoires  (devenus  si  rares) 
de  Jacques  de  Chastenel,  seigneur  de  Puys^gur. 


Digitized  by 


Google 


—  572  — 

sur  le  travail  deMM.  de  Lespinasse  et  Babelon,  je  tiensa  citer  quel- 
ques  lignes  dela  priface  dans  laqaelle  un  de  nos  meilleurs  ^nidils, 
qui  est  en  m6me  temps  un  de  nos  ^crivains  les  plus  distingu^s,  M. 
Marius  Sepet,  le  critique  de  VUnion,  le  chroniqueur  de  la  Refoue 
des  questions  historiques^  le  biographe  de  Jeanne  d' Arc,  charge  de 
dinger  la  publication  des  Petitsmimoires^  indique  le  plan  qui  a  6t6 
suivi : 

«  II  y  a  longtemps  que  la  Soci^te  bibliographique  avait  couqu  le 
projet  de  mettre  a  la  port6e  de  tous  les  recits  de  notre  histoire,  tels 
qu*ils  sont  sortis  de  la  plume  des  ecrivains  contemporains  ou  voisins 
des  ^Tenements  qui  font  le  sujet  de  ces  recits;  ily  a  longtemps  qu'elle 
avait  pens^  que  des  narrations  toutes  pleines  de  Tesprit  de  Tepoque 
qu'elles  retracent,  fourniraient  a  la  fois  aux  gens  du  monde,  aux 
classes  ouvrieres  et  k  la  jeunesse,  des  lectures  plus  saines,  plus 
agr^ables  et  plus  instructives  que  les  meilleurs  d'entre  les  roraans. 
Mais  le  projet  congu,  il  fallait  Texecuter,  et  I'execution  n'et%it  pas 
ais^e. 

>  II  n'est  pas,  en  effet,  facile  d'etre  pleinement  accessible  aux 
lecteursde  nos  jours  et  de  conserver  en  mSme  temps  le  caractereet 
lacouleur  dessiteles  passes.  Les  ecrivains  decesepoquessongeaient 
a  leurs  contemporains  et  non  pas  a  nous.  II  faut,  pour  les  approprier 
a  notre  usage,  demeurer  un  ^Cfivain  et  un  hommede  notre- temps  et 
se  faire  un  homme  ou  un  ^crivain  du  leur... 

»  II  ne  s'agitpas  ici  d'ailleurs  de  faire  des  livres  d'histoire  propre- 
ment  dite,  mais  des  livres  de  lectures  historiques,  donnant  le  senti- 
ment, la  sensation  et,  qu'on  nous  passe  I'expression,  la  saveur  du 
pass6  delapatrie  aux  Frangaisde  nos  jours,  trop  ignorants  desactions, 
de  la  vie  et  des  moeurs  de  leurs  aieux.  II  s'agit  de  faire  cela,  sans 
oublier  jamais  queces  livres  doivent  aller  non-seulement  a  Tdge  mdr,, 
mais  6tre  places  entre  les  mains  de  la  jeunesse  et  de  I'enfance  mSme. 
C'est  une  oeuvre  qui  demande  beaucoup  de  tact  et  de  mesure.  II  ne 
faut  sacrifier  ni  la  fid^lit^  du  tableau,  ni  d'autre  part  aucuue  conve- 
nance.  Encore  une  fois,  c*estune  tdche  qui  n'est  pas  ais^e.  Neanmoins, 
la  Soci^t^  bibliographique  n'a  pas  h6sit6  a  Tentreprendre,  et, 
avec  Taide  de  Dieu,  elle  la  monera  a  bien. 

•  Nous  commencerons  par  la  Vie  et  les  vertus  de  saint  Louis ^ 
plagant,  pour  ainsi  dire,  sous  le  patronage  de  ce  heros  du  christia- 
nisme  et  de  la  France,  de  ce  fils  soumis  de  I'Eglise,  qui  fut  le  pere 
de  son  peuple,  tous  les  volumes  qui    suivront...  * 

Je  ne  saurais  donner  trop  d'elogesau  soin  et  au talent  avec  lesquels 
MM.  de  Lespinasse  et  Babelon,  comme  a  Teuvi,  ont  r^alis^  le  pro- 
gramme si  bien  trac6  par  M.  Sepet.  Ces  jeunes  ^rudits  semblent,  en 
quelque  sorte,  avoir  v6cu  Tun  sous  saint  Louis,  Tautre  sous  les  der- 


Digitized  by 


Google 


—  573  — 

niers  Carolingiens,  tant  ils  ont  mis  de  lumiaeuse  exactitude  et  de  sai- 
sissant  relief  dans  les  deux  Etudes  tiroes,  d'une  part,  des  r^cits  de 
Guillaume  de  Nangis  et  du  confesseur  de  la  reine  Marguerite,  ainsi 
que  des  chroniques  de  Richard  de  Frachet,  de  Vincent  de  Beauvais, 
de  Baudouin  d*Avesnes  et  de  quelques  auteurs  anonymes;  d'autre 
part,  des  r^cits  de  Richer,  d'Abbon,  de  Frodoard  et  de  Raoul  Glaber. 
Les  simples  petits  volumes  de  M.  de  Lespinasse  et  de  M.  Babelon 
fontmieux  connaitre  le  siecle  de  saint  Louis  et  le  sifecle  de  Hugues 
*  Capet  que  certains  pr^tentieuxetgros  volumes  dontje  n*ai  pasbesoin 
de  citer  le  titre.  D'uae  lecture  facile,  agreable,  les  traductions  ou 
plutdt  les  restit\xtions  des  deux  excellents  ^Ifeves  de  TEcole  des  Char- 
tes  s'adressent  k  tout  le  monde,  aux  femmes,  aux  jeunes  gens,  aux 
enfants  eux-mfimes,  comme  aux  hommes  instruits,  qui  aimeront  k 
rafraichir  leurs  souvenirs  en  parcourant  ces  recueils  k  tous  ^gards 
si  bien  faits.  Ici,  invoquant  Tautorit^  de  deux  des  membresles  plus 
considerables  de  I'lnstitut,  de  deux  des  plus  savants  continuateurs 
de  dom  Bouquet,  Tautorit^  de  MM.  N.  de  Wailly  et  Leopold  Delisle, 
je  dirai  que  ces  jugescomp6tents  entre  tous  ont  donn6  leur  complete 
approbati(m  au  travail  de  MM.  de  lespinasse  et  Babelon  (1). 

Honoris  de  telssuflFrages,  les  deux  premiers  volumes  de  la  nouvelle 
collection  sont  assures  duplus  brillant  succfes.  A  ce  propos,  je  lede- 
raande  avec  Tespoir  d*6tre  entendu,  pourquoi  desormais,  soit  pour 
les  cadeaux  de  la  Noel  et  du  premier  jour  de  Tan,  soit  pour  les  dis- 
tributions deprix,  nesubstituerait-on  pas  les  Petits  mimoires  a  tant 
de  volumes  les  uns  insignifiants,  les  autres  ridicules,  que  Ton  offre, 
en  ces  circonstances,  aux  jeunes  gens  et  aux  jeunes  filles?  Combien 
de  fois,  en  voyant  les  fades  ougrotesques  recueils  qu*en  guise  d'^tren- 
nes  ou  de  recompenses  scolaires,  Ton  ose  donner  a  des  enfants,  conmxe 

(1)  RappeloDS  qae  le  livre  de  M.  de  Lespinasse  doit  6tre  compUt^par  le  JoinnilU 
de  M.  de  Wailly.  «P'apr^s  le  plan  de  ceue  ^ditioD,  dit  M.  de  Lespinasse  (p.XY, 
note  1),  nous  n'avons  faitancunemprunlaux  Al^moires  du  sire  deJoinvilie,  plusieurs 
fois  publics  par  M.  de  Wailly,  avec  une  superiority  d'drudition  incontestable. 
De  m6me  qu'il  a  roodernis^  les  M^moires  du  spirituel  cheYalier  du  roi  Louis,  nous 
avons  vouln  meltre  a  la  port^e  de  tous  les  acles  et  les  yerlusdu  saint  roi  de  France.* 
M.deWaillya  pr^ei^^ementdonn^une^ditionde  Joinville  (Hacbette,1865,grandin-18) 
qui,  par  la  modicit^  surprenante  du  prix  comme  par  I'beureux  rajeunisseroent  da 
texte,  conviendrait  a  merveille  4  I'opuvre  de  noble  propagande  entreprise  par  les 
bommes  de  bien  qui  sont  k  la  tdte  de  la  Society  bibliographique .  En  rapprochant 
VHUtoirt  de  sain%  Louis  qui,  comme  le  declare  M.  de  Wailly,  estdu  petit  nombre 
de  celles  qu'aueune  ne  pent  remplaeer,  du  r^um^  des  r^citsde  Guillaume  de  Nangis 
et  du  confesseur  de  la  reine  Marguerite,  on  obtiendra  un  compiet  et  vivant  tableau 
de  celte  douce  France  da  xiii*  siecle  que  Ton  n'admirera  jamais  assez. 


Digitized  by 


Google 


—  574  — 

les  Aventures  desnaufragis  oxxrErmitedu  Chimborazo,je  mesuis 
6cri6  avec  un  melange  d'indigaation  et  de  piti^  :  Heu  !  miserande 
puer  t  Partout,  d*un  bout  k  Tautre  de  notre  cher  pays,  puisse-t-on 
remplacer  ces  volumes  sans  style,  sans  int^rfit,  sans  valeur  morale, 
cette  litt^raturede  pacotille,  par  ces  resumes  historiques  oula  langue 
ataat  de  puret^,  oil  les  r^citsonttant  d'attrait,  ou  les  idfes  ont  tantde 
noblesse  et  d'^ldvation  !  En  apprenant  a  admirer  les  grands  hommes 
de  la  vieille  France,  on  aura  plus  de  force,  plus  de  patriotisme,  plus 
d!ardeur  a  bien  faire  :  on sesentiravivifi^,  transfornie par  Imfluenee 
de  tant  de  beaux  exemples,  de  tant  d'eloquents  enseignements,  et, 
en  sachant  mieux  I'histoire  de  notre  glorieux  passe,  les  generations 
qui  suivront  la  ndtre  rendront  plus  digne  de  ce  pass^  Thistoire  de 
I'avenir. 

Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 


[On  me  permettra  de  placer  a  la  suite  de  cette  reconmiandation 
des  Petits  mimoires  une  recommandation  plus  gen^rale  en  faveur 
de  la  Society  bibliographique  elle-mSme.  Cette  oeuvre,  ^galement 
ch^re  i  la  religion  et  k  la  science,  contribue  par  une  foule  de  moyens 
(correspondances,  commission  pour  achat  de  livres,  publications 
p^riodiques,  Amission  de  tracts,  de  brochures  populaires  et  autres, 
bulletin  mensuel,  collections  de  Classiques  pour  tous,  de  Petits 
mimoires  sur  Vhistoire  deFrance,  de  lectures  variees,  etc.,  etc.) 
k  detruire  Terreur  et  a  propager  les  saines  doctrines.  Pour  agir  par- 
tout  plus  efficacement,  le  Comit^  si6geant  a  Paris  a  provoqu^  la 
creation  de  Comit^s  d^partementaux.  Celui  du  Gers,  dont  nous  pour- 
rons  donner  sous  peu  Torganisation  definitive,  compte  d^ji  une 
^rentaine  de  membres.  Le  bureau,  dont  Mgr  TArcheydque  d'Auch 
a  bien  voulu  accepter  la  piesidence  honoraire,  tient  reguli^rement 
ses  reunions,  et  la  Semaine  religieuse  du  diocfese  en  publie  les  re- 
solutions lespFus  importantes.  Un  dep6t  de  toutes  les  publications 
de  la  Societe  ne  tardera  pas  k  etre  etabli  dans  la  ville  d*Auch.  —  On 
pent  s'adresser,  pour  donner  son  nom  et  verser  sa  cotisation  annuelle 
(10  fr.),  iM.  Tabbe  Sembres,  professeur  au  Petit-Seminaire  d'Auch 
et  tresorier  du  Comite  departemental,  qui  se  charge  de  la  presenta- 
tion k  la  Societe  si  dignement  presidee  a  Paris  par  son  fondateur, 
M.  le  comte  G.  de  Beaucourt.  —  l.  c] 


Digitized  by 


Google 


—  575 


Ouvrages  de  philologie. 


De  lingua  aquitaniea,  apvd  facaltatem  litterarum  parisiensem  disputabat  ad  doc- 
toris  gradnin  promovendus  A.  Locwairb,  olim  sch.  norm,  alninniis.  Paris, 
Hachette,  1877.  65  p.  ia-8o.—  Les  origines  linguutiques  de  VAquitaine^  par  A. 
LucHAiRB,  prof,  au  iyc6e  de  Bordeaax,  d**  es-lettres.  Paa,  impr.  Ydron^se,  1877. 
Gr.  in-8'»  do  73  p. — Ricits  d* kistoire  iainte  en  b^arnaiSf  Iradaits  el  publics  poar 
]a  premiere  fois  sur  le  manuscrit  da  xt*  si^cle  par  V.  Lbspy  et  P.  Raymond,  pour 
la  Soci6i6  des  bibliophiles  de  B^arn.  Pan,  L^od  Ribaat.  Tome  1  (1876),  in-8o  carr^ 
de  lxxj-245  p.  Tome  U  (1877)  de  iij'Vij-384  p.  — •  Proverbes  dupays  de  Biarn, 
4nigme%  et  contet  populaires,  recueillis  par  V.  Lbspy.  Montpellier,  barean  des 
pulilications  de  la  Socield  poor  I'^tude  des  langnes  romanes.  1876.  In-8o  de  111  p. 
—  CarUbiu  de  Santo  Estello.  Recuei  dis  ate  duficiau  ddu  felibrige  en  1876. 
Mtmes,  Baldy-Riffard,  1877.  Gr.  in-8<>  de  59  p.—  R^dts  bibliques  en  vers  patois. 
Ancieo  et  Douveau  testameDt.  Agon,  Feroand  Lamy.  1877.  1  vol.  in-8*  de  215  p. 
Prix  :  1  fr.  50. 

Nous  nous  sommes  mis  bien  en  retard  avee  la  remarquable  thfese 
latine  de  M.  Luchaire  sur  la  langue  gasconne  dans  ses  rapports  avec 
le  basque;  mais  nous  en  sommes,  pour  cette  fois,  a  nous  f^liciter  de 
ce  p^che  d'habitude  :  nous  lui  devons  de  pouvoir  joindre  au  compte- 
rendu  de  ce  morceau  de  philologie  sorbonnique  celui  d*une  exposi- 
tion plus  complete  de  la  mSme  theorie,  que  I'auteur  vient  de  publier 
en  frangais.  L'^crit  latin  et  la  brillante  soutenance  du  jeune  profes- 
seur  de  Bordeaux  ont  6x6  appr^i^s,  et  M.  Luchaire  a  ^t^  demiere- 
ment  nomm^  maitre  de  conferences  d'histoire  et  de  langues  du  midi 
de  la  France  a  la  Faculty  des  lettres  de  Bordeaux.  L'emploi  est  nou- 
veau;  de  sorte  que  tons  les  amis  de  la  philologie  romane  doivent  se 
f^liciter  doublement :  de  la  part  que  TEtat  consent  k  faire  pour  la 
premiere  fois  a  ces  int(5ressantes  etudes  dans  Tenseignement  sup^- 
rieur  d'une  Faculty  du  midi,  et  de  Theureux  choix  du  professeur 
charge  d'inaugurer  k  Bordeaux  le  cours  de  philologie  provengale.  La 
these  de  lingua  aquitanica,  outre  les  merites  plus  rares  qu'on  ne 
pense  d'une  redaction  tres-facile  et  tres-claire  et  d  une  latinit^  tres- 
convenable,  indique  une  connaissance  remarquable  des  langues  et 
dialectes  en  question  et  surtout  une  sflret^  de  m^thode,  une  sagacity 
et  une  prudence  d'induction  qui  sont  le  vrai  signe  d'une  s^rieuse 
vocation  philologique.  Sur  la  questiou  principale  de  sa  these,  M.  Lu- 
chaire se  trouvait  entre  Quill,  de  Humboldt,  affirmant  Textension 
primitive  du  basque  en  Aquitaine  et  dans  toute  la  peninsuie  iWri- 


Digitized  by 


Google 


—  576  — 

.que,  et  M.  Blade,  suivi  de  graves  autorit^s,  qui  restreint  apeu  pres 
a  ses  limites  actuelles  rancienne  ^tendue  de  cet  idiome  mystirieux. 
Notre  auteur  se  prononce  en  somme  "(sauf  la  question  ethnographique) 
pour  le  premier  systeme;  mais  il  abandonue  et  la  numismatique 
iberienne  si  compl^tement  raUe  par  M.  Boudard,  et  Timmense  ma- 
jority des  etymologies  toponymiques  du  savant  berlinois.  Loin  de 
grossir  la  partie  originale  du  glossaire  basque,  il  d^passe  toutes  les 
evaluations  deji  faites  de  la  part  du  latin  ou  du  roman  dans  ce  glos- 
saire :  il  la  porte  aux  deux  tiers,  tandis  que  M.  de  Charencey  se  con- 
tentait  d*affirmer  la  moiti6  (1).  Mais  un  petit  nombre  de  noms  pro- 
pres  soit  antiques,  soit  encore  en  vigueur,  dont  I'^tymologie  paratt 
incontestable,  suffisent  pour  marquer  Tancienne  existence  en  Aqui- 
taine  d'un  idiome  que  le  basque  repr^sente  toujours  plus  ou  moins. 
L'action  directe  du  latin,  et  non  du  simple  roman,  sur  cet  idiome  se 
d^montre  par  des  exemples  comme  ceux-ci :  fagum  est  devenu  en 
basque  bago;  digitate  (d6),  didari;  regerriy  err^gue;  cmtum^  zeni, 
Ces  mots  latins  n'ont  pas  traverse  Tespagnol  ou  le  gascon  pour  pas- 
ser au  basque,  quoique  certains  auteurs,  M.  Van  Eys,  par  exemple, 
aiment  a  le  croire;  car  le  gascon  ciUy  rey,  didaUy  n'aurait  jamais  fait 
zeru,  errdguet  didari;  et  Tespagnol  haya  n'a  pu  deveniir  bago. 

—  Mais  j*ai  Mte,  sans  entrer  dans  une  analyse  suivie  qui  me  mfene- 
rait  trop  loin,  d'extraire  de  la  brochure  frangaise  de  M.  Luchaire 
jUste  de  quoi  faire  comprendre  encore  mieux  sa  position  dans  la 
question  basque  et  les  principaux  jalons  de  sa  thfese  :  on  me  permet- 
tra  seulement  de  n^gliger  souvent  ce  qui  est  proprement  euskara 
et  de  prendre  un  pen  plus  de  ce  qui  est  gascon. 

M.  Luchaire,  en  revenant  a  la  theorie  de  Humboldt,  est  le  premier 
a  nous  apprendre  la  fortune  faite  par  la  theorie  opposee.  La  critique 
de  M.  Blad6  (2),  dit-il  dans  son  avant-propos,  «  fut  accept^e  en  par- 
tie  par  des  savants  sp^ciaux  qui,  depuis  quelques  ann^s,  ont  fait  ac- 
complir  de  s^rieux  progres  aux  Etudes  basques  :  MM.  Julien  Vinson 
et  Van  Eys.  Aussi  M.  Abel  Hovelaque,  dans  sa  Ldnguistique  (2®Mit. 
1877),  n*a-t-il  pas  craint  de  dire  :  II  n'y  a  pas  de  preuve  historique 

(1)  Si  j'ai  bien  compris  la  pens^e  de  Tauteur,  il  s'agit  des  deux  tiers,  qaoiqa'il  ait 
^crit  tertiam  {partem)  (p.  59);  Vest  peat-dtre  le  seal  endroit  ou  I'oxpression  aittrthi 
lapens^e  de  M.  Luchaire,  si  toutefois  ce  u'est  pas  moi  qui  me  m^prends.  S'ilar^elle- 
ment  voulu  dire  le  tierst  il  rend  encore  plus  inacceptable  (car  il  le  sera  toujours)  le 
Bom  de  langue  romaoe  donn^  par  lui  au  basque,  m6me  avec  la  restriction  quodam 
modo  (p.  60.) 

(3)  On  me  permetlra  de  renvoyer,  au  sujet  des  Etudes  sur  les  Basques  de  notre  sa-^ 
vant  coUaborateor,  a  I'analyse  d^velopp^e  que j'en  ai  donn^e ici  indme(X,  1869, 495}. 


Digitized  by 


Google 


—  577  — 

que  lebasque  ait  occupi^  dans  les  temps  ancienSf  une  aire  plus  6ten- 
due.  La  thiorie  ibirienne  n'est  qu'une  hypothise  simplement  plan- 
sihle  et  qui  attend  encore  sa  justification.^  U  est  vrai  que  ces  asser- 
tions viennent  d'etre  fortement  combattues  par  un  des  meilleurs  eus- 
karisants  de  notre  temps,  le  prince  L.-L.  Bonaparte.  Quant  kM.  Lu- 
chaire,  tout  en  acceptant  aufond  les  vues  de  Humboldt,  ilavoueque 
la  demonstration  en  reste  a  faire  a  peu  pr^s  en  entier. 

II  la  commence  par  les  t^moignages  des  anciens  et  les  textes  6pi- 
graphiques  (ch.  I).  Iltraite  d'ailleurs  ces  moyens  avec  prudence;  il 
ne  trouve  rien  de  d^cisif.en  fait  de  langue,  dans  les  textes  historiques, 
ni  m6me  dans  les  noms  de  peuples,  sauf  deux  qu'il  croit  «  tr^s-claire- 
ment  d'origine  ib^rique  :  Ausci  et  Vasates;  >  le  premier  voudrait 
dire  Basques  (cti^/c)  et  le  second  ville  (basa).  Parmi  les  noms  de  villes, 
la  plupart  sont  inexplicables  ou  douteux,  mais  trois  ou  quatre  «  peu- 
vent  s'interpr^ter  avec  certitude :  »  Aspaluca,  aujourd'hui  Accous  (05, 
rocher,  lekuy  lieu);  Garasa,  aujourd'hui  Garris  (gar,  haut,  sufi.  za, 
abondance);  Elimberris,  aujourd'hui  Auch  [iri-berri,  ville  neuve); 
Losa,  aujourd'hui  probablement  Sanguinet  (loi,  boue,  suflF.  za).  L*^ 
pigraphie  de  notre  region  fournit  en  plus  grand  nombre  des  noms  de 
personnes  ib^riens;  je  ne  citerai  que  Nescato  de  Tincription  publi^e 
ici.  Tan  dernier,  par  M.  Tabb^  Dulac;  neskato  est  pur  basque,  usit^ 
dans  le  Labourd  et  la  Basse-Navarre,  diminutif  de  neska^  jeune 
fiUe. 

La  d^monstratiou  se  continue  parT^tude  des  rapports  phoaeliques 
du  basque  et  du  gascon,  pr^c^dee  d*une  topographic  de  ces  idiomes. 
A  la  topographic  du  gascon  est  jointe  ime  classification  de  ses  dia- 
lectes  (Fauteur  dit  sous-dialectes,  mais  j'aime  mieux,  avec  un  de 
nos  meilleurs  romanistes,  M.  Chabaneau,  appeler  le  gascon  une 
languequ'undialecte).  M.  Luchaire  en avait  reconnu  trois (leb^arnais, 
le  gascon  d'Armagnac  et  le  commingeois)  dans  sa  th^se  latine;  ici, 
avec  plus  de  justesse,  je  crois,  il  les  r^duit  a  deux  principaux  :  le 
b^ainais  et  le  gascon  proprement  dit,  en  se  contentant  de  noter,  aux 
fronti^res,  des  caracteres  propres  au  gascon  montagnardet  au  gascon 
maritime  (1).  Les  principaux  caracteres  phon^tiques  h^rit^s  du  basque 

(1)  11  oflre  cependant  aoe  classificatioa  plus  aoalytique  comprenant  six  branches  :  ' 
10  du  Bordelau  et  de  VAgenais  (M^doc,  Bordelais,  Entre-deax-mers,  Bazadais, 
Condomois,  Agenais  m^ridioDal);  2*  de  VArmagnae  (Armagnac,  Lomagne,  Gimois, 
Astarac,  Fezensac,  Gabardan,  Pays  de  Rividre-Basse);  S<>  du  Comminges  (Com- 
minges,  N^bouzan,  Conserans,  Rividre  en  Gascogne  toalonsalDe,  Tallde  deBaronsse); 
40  de  la  Bigorre  (QaatreVall^es^  Bigorre) ,  5o  du  Biam  (B^arn,  partie  de  Navarre 

Tome  XVm.  39 


Digitized  by 


Google 


—  578  — 

par  le  gascon  sont  les  suivants  :  l**  absence  de  v  [Beatipopuli  quibus 
vivere  bibere  esti);  2o  repugnance  pour  f;  B^  absence  de  r  initial 
(arram  pour  ram^  arriu  pour  riu);  4<>  mutation  de  I  medial  en  r  et 
b^  suppression  de  n  entre  deux  voyelles  (gario  pour  galino).  Tons 
ces  traits  communs  sont  constates  bien  exactement  dans  les  deux 
langues,  avec  citation  de  textes  aussi  anciens  que  possible  et  discus- 
sion approfondie  sur  les  principales  difficult^s;  de  sorte  que  cesquel- 
ques  pages  de  M.Luchaire  m^ritent  la  meilleure  place  parmi  celles, 
en  petit  nombre,  qui  ont  6t6  consacrees  jusqu'ici  k  la  phon^tique 
gasconne  et  que  Tauteur  indique  lui-m§me,  sans  oublier  YEssai  de 
M.  I'abbe  J.  Daste  public  en  1871  par  la  Revue  de  Qascogne.  Quant 
k  ce  qui  en  resulte  touchant  Tinfluence  r^elle  du  basque  sur  le  gas- 
con,  il  me  semble  bien,  comme  a  M.  Luchaire  :  1«  que  ces  traits  sont 
propres  au  basque,  puisqu'il  en  a  marqu^  les  mots  m^mes  qu'il  a 
pris  directement  au  latin;  2*  que  cette  influence  est  originelle,  vu  sa 
g^n^ralit^. 

Les  deux  demiers  chapitres,  en  compWtant  la  demonstration, 
enrichissent  notablement,  Tun,  le  lexique  basque,  Tautre,  Tetude  de 
.  la  toponymie  aquitanique.  M.  Luchaire,  redressant,  sur  un  terrain  oil 
leur  inferiority  s'explique,  des  philologues  tels  que  MM.  Van  Eys  et 
Phillips,  dresse  des  listes  raisonnees  de  mots  emprunt^s  par  le 
basque  d'une  part  au  gascon,  de  Tautre,  directement  au  latin,  et 
aussi  de  mots  d'origine  non  latine  communs  au  basque  et  au  gascon  : 
categorie  curieuse,  dont  T^tude  aboutit  a  montrer  dans  toute  la  Gas- 
cogne  quelques  restes  du  vieil  idiome  anterieur  a  la  conqufite  ro- 
maine,  lesquels,  conserves  par  le  latin  vulgaire  de  notre  pays,  ont 
pris  place  dans  les  patois  nes  de  ce  latin.  Quant  a  la  toponymie 
aquitanique  actuelle  d'origine  basque,  elle  aboutit  dans  M.  Luchaire 
aui  mftmes  conclusions  a  peu  pres  que  M.  Fauriel  avait  tres-nette- 
ment  poshes  a  la  fin  du  second  volume  de  son  Histoire  de  la  France 
m4ridionale  :  noms  habituellement  romans  dans  les  basses  valines 
et  dans  les  plaines,  basques  dans  les  hautes  valiees;  plusieurs  noms 
basques  disperses  dans  le  reste  de  TAquitaine  de  C^sar.  Mais  si 
Fauriel  avait  bien  vu,  il  avait  mal  ou  point  du  tout  d^montre.  De  la 
le  travail  tout  k  fait  neuf  de  M.  Luchaire  sur  les  principaux  radicaux 
des  noms  de  lieux  a  denomination  basque  :  1<>  ar  (montagne  ?)  : 

eiLabonrd);  Qo  des  Landes  (grtndes  Landes,  Laodes  maritines,  Ghalosse).  En 
somme,  le  gascon  eat  parl6  dans  neof  ddpartements  et  par  environ  deox  millions 
d'individns. 


Digitized  by 


Google 


—  579  — 

Arrou,  Arrens,  Arreau,  etc.;  2®  atan  (vallte) :  Aranvielle,  Haram- 
buru,  etc.;  3o  aB  (rocher) :  Aspe,  Aste,  Aspet,  Azun,  etc.;  40  mal 
(hauteur) :  le  Mail-Arrouy,  le  Mail  de  la  Side,  etc.;  5<*  muno  (col- 
line)  :  MoQD^,  Munia,  etc. 

II  est  difficile  de  suivre  M.  Luchaire  dans  son  ^tude  patiente  et 
sagace  sans  se  rendre  a  sa  conclusion  :  «  La  langue  des  Aquitains 
6tait  comme  Tidiome  iWrien  de  TEspagne,  de  la  mfeme  famille  que 
celle  des  Basques  actuels.  Son  domaine  s'^tendait  k  peu  prfes,  du 
temps  de  C^sar  et  de  Strabon,  sur  la  mfime  region  que  celle  oil  Ton 
parle  aujourd'hui  le  dialecte  gascon,  c*est-a-dire  sur  la  province 
eccl^siastique  d'Auch.  Get  ancien  idiome,  supplant^  par  le  latin  po- 
pulaire,  a  laiss6  des  traces  de  lui-m6me  dans  les  noms  propres  que 
les  anciens  ont  cit^s,  dans  le  yocabulai)*e  et  dans  la  constitution 
phonique  du  gascon  et  dans  les  noms  de  lieux  de  la  r6gion  pyr6- 
n^enne.  »  II  est  impossible  surtout  de  ne  pas  reconnaitre  dans  I'au- 
teur,  avec  une  excellente  preparation  philologique,  les  plus  pr^cieu- 
ses  qualit^s  d*6bservation  et  d'induction  requises  pour  ces  d^licates 
et  Kcondes  Etudes.  Puisse-t-il  suivre  maintenant  sa  vocation  jus- 
qu'au  bout  et  enrichir  de  plus  en  plus  le  domaine,  encore  trop  n6- 
glig^  surtout  parmi  nous,  des  langues  romanes  et  en  particulier  de 
notre  langue  gasconne ! 

—  Les  Rioits  d'histoire  sainte  en  biamais  publies,  d'apris  un 
manuscrit  du  xv«  siicle,  par  M.  V.  Lespy,  auteur  bien  connu  d'une 
bonne  Grammaire  Hamaise,  et  M.  P.  Raymond,  k  qui  les  arcliives 
et  I'histoire  du  B^arn  ont  d^ja  tant  d'obligations,  est  un  monument 
eiev^  en  Thonneur  de  notre  vieille  langue  provinciale.  Au  point  de 
vue  des  seules  conditions  ext^rieures,  ces  deux  pr^cieux  volumes 
sont  d^ja  une  raret^,  un  ph^nomfene  qu'il  est  de  notre  devoir  de  sa- 
luer  avec  admiration  et  sympathie.  Heureuse  ville  de  Pau,  la  seule 
assur^ment  de  notre  region  gasconne,  ou  xine  Soci^t^  de  bibliophiles 
ait  pu  s'organiser  s^rieusement  et  trouver  le  moyen  de  produire  de 
beaux  livres  imprimes  sur  le  plus  fort  papier,  dans  im  format  de 
luxe,  dans  le  seul  interSt  des  Etudes  historiques  locales!  Mais  ces 
publications  ne  se  reconmianderont  pas  moins  par  la  valeur  du  fond 
que  par  la  distLaction  de  la  forme;  c'est  du  moins  ce  que  permet 
d'esperer  ce  premier  travail,  si  d^licatet  si  important,  mene  k  bout 
par  les  soins  reunis  des  deux  savants  de  Pau.  Assur^ment  le  manus- 
crit b^arnais  n'apas  regu  le  commentaire  complet  (litt^raire  et  philo- 
logique)  r^lam^  par  la  curiosity  des  lecteurs,  mais  le  morceau  est 
du  plus  haut  prix  par  lui-n;Sme  et  les  ^diteurs  y  ont  mis  tant  de 


Digitized  by 


Google 


—  580  — 

soins  et  tant  d'excellentes  additions  qu'il  faut,  sous  peine  d*injustice 
et  d'ingratitude,  les  remercier  dix  fois  avant  de  leqr  adresser  la 
moindre  critique. 

Beaucoup  de  nos  compatribtes,  m6me  lettr^s,  peuvent  Tignorer; 
mais  c*est  un  fait  reconnu  que  Tinsigne  raret^  de  vieux  textes  litt^- 
rcdres  en  langue  gasconne  (dont  le  b^arnais,  comme  je  le  disais  tout 
k  rheure,  est  un  dialecte).  On  avait  des  textes  juridiques  :  fore  et 
coutumes,  actes  notaries;  ajoutez-y  quelques  rares  et  courtes  lettres 
missives;  mais  des  pages  r^dig^es  par  un  ^rivain,  dans  une  inten- 
tion intellectuelie  et  morale,  on  n'en  connaissait  encore  aucune  ily  a 
quelque  temps,  les  troubadours  gascons  ayant  toujours  ^rit  en 
langue  provengale  classique,  tres-diff^rente  du  gascon.  C  est  au  point 
que  tel  savant  romaniste  s'etait  figur^  que  les  patois  gascons  et 
autres  ^taient  n^s  assez  tard  de  la  decomposition  de  cet  idiome  col- 
tiv^.  Les  chartes  sufEsaieat  pourtant,  sans  compter  d'autres  argu- 
ments d^cisifs,  pour  prouver  Pantiquit^  de  nos  dialectes.  Mais  void 
un  surcroit  de  preuves,  et  de  preuves  proprement  litt^raires,  qui  sur- 
git  a  la  fois  de  trois  points  difJ^rents.  M.  L&on  Gautier  faisait  con- 
naitre  dansle  Monde  du.  14avrill876  un  mystere  b^mais  dela 
Passion,  d'apres  un  manuscrit  de  M*  Firmin  Didot,  qui  devrait  bien 
6tre  public.  Dans  la  Revue  des  langues  romanes  du  15  novembre 
1876,  M.  Mila  y  Fontanals  rev^lait,  d*apr6s  un  manuscrit  de  Madrid, 
une  traduction  bearnaise  du  recueil  de  morale  et  de  contes  intitule  : 
Disciplina  clericalis  (Patrol,  lat.  Migne,  clvii,  530);  et  M.  Paul  Meyer 
[Romania  de  Janvier  1877,  p.  152)  a  montr^  que  cette  version  bear- 
naise avait  6t&  faite,  non  sur  le  texte  latin,  mais  sur  la  version  fran- 
gaise  du  commencement  du  iv«  siecle  qu*a  publieeTabbe  Labouderie. 
Mais  quand  mdme  on  imprimerait  tout  cela,  ce  qui  n'est  pas  fait 
encore,  on  comprend  le  prix  du  texte  narratif  ^dit^  par  MM.  Lespy 
et  Raymond,  si  Ton  fait  attention  surtout  que,  transcrit  au  xv«  sitele, 
il  remonte  tr^s-probablement  au  milieu  du  nv*. 

Le  premier  volume  renferme  la  partie  de  celte  histoire  sacree  qui 
correspond  a  TAncien  Testament.  La  narration  est  tr^s-abr^g^e,  con- 
forme,  sauf  de  tr^s-l^g^res  intercalations,  au  texte  des  livres  histo- 
riques  de  la  Bible,  et  divis^e  en  six  p^riodes,  d*apr^  Tenseignement 
Chretien  traditionnel  encore  suivi  dans  le  Discours  sur  l' histoire  uni- 
verselle  de  Bossuet.  «  De  la  prumera  etat  forma  Diu  Adam  lo  pru- 
mer  homi.  De  la  secunda  etat  reforma  Diu  lo  linhagequi  ere  pergut 
per  lo  dilubi.  Et  en  lo  comensament  de  la  tersa  etat,  Abraham  co- 
mensa  la  circuncisio.  Et  en  lo  comensament  de  la  quarta  etat,  regna 


Digitized  by 


Google 


—  581  — 

David,  qui  fo  lo  prumer  rey  deu  linhage  de  Judea  (I.  Juda?).  Et  en 
lo  comensament  de  la  quinte,  los  fillhs  d'Israel  fon  captivatz  et  las 
[sic,  l.  los)  prophetes  en  Babitonie.  Et  en  lo  comensament  de  la  vi« 
etat,  nascoJhesus-Xrist. »  On  reconnait  le  pur  Warnais,  pourvu 
qu'on  prononce  Vf  comme  h  aspiree,  le  v  comme  6,  et  la  plupart 
des  0  comme  ou,  ce  qui  doit  se  faire  assur^ment.  Je  ne  puis  parcou- 
rir  cette  narration  en  son  entier;  il  suffit  de  faire  observer  que  tons 
les  faits  importants  sont  au  moins  indiqu^s,  et  que  les  faits  les  plus 
frappants  et  les  plus  dramatiques  obtiennent  un  certain  developpe- 
ment,  de  sorte  que  la  gr&ce  et  T^nergie  du  vieux  langage  de  nos 
pferes  brillent  dans  beaucoup  de  passages. 

Le  texte  a  souffert  assez  souvent  de  Tignorance  du  copiste,  mais 
les  soins  des  ^diteurs  ont  gu^ri  la  plupart  de  ses  blessures.  Us  n'ont 
pas  pu  combler,  on  le  comprend,  les  lacunes  qui  apparaissent  Qk  et 
Ik;  heureusemenl  elles  ne  sont  ni  tr^s-nombreuses,  ni  trfes-consid^ 
rabies,  sauf  celle  du  commencement  qui  nous  a  d^robe  toute  la  suite 
de  rhistoire  sainte  depuis  la  creation  jusqu'a  la  r^v^lation  de  la  loi 
dans  le  desert.  Vers  la  fin  de  cette  histoire  biblique,  une  place  a  et^ 
faite  k  Thistoire  profane,  mais  alt^r^e  par  les  fables  du  moyen-dge. 
Jules  Wsar  en  est  le  principal  objet;  Pomp^e,  son  gendre,  ayant 
voulu  le  priver  des  honneurs  du  triomphe,  C^sar  le  fait  mettre  a 
mort.  Apris  quoi,  dictateur  de  Rome,  il  devient  lo  conqu^rant  de  la 
plus  grande  partie  du  monde  et  fait  bdtir  en  Espagne  trois  grandes 
villes  :  Tol^de,  fondfe  par  les  deux  chevaliers  Tol  et  Ledo,  S^ovie, 
par  Octovian  et  Segorbin,  enfin  Saragosse  qui  porte  les  deux  noms 
de  C^sar  Auguste. 

Le  second  volume  renfermeThistoire  de  Jesus-Christ  presquesans 
lacunes,  sauf  la  fin,  ou  d*ailleurs  il  manque  peu  de  chose  sans  doute, 
puisqu'ony  trouve  six  apparitions  de  N.-S.  ressuscit6.  Le  recit 
^vang^lique  se  d^roule  assez  exactement  d'apris  la  concorde,  le  r^ 
dacteur  ayant  soin  de  nommer  souvent  tel  ou  tel  ^vang^liste  : 
«  Sant  Matheu  ditz  en  son  euvangeli...  JSantJohan  euvangeliste 
ditz...  »  Mais  il  est  coup6  assez  souvent  par  des  reflexions,  commen- 
taires,  allegories,  empruntfe  aux  Pferes  de  TEglise.  De  plus,  les  apo- 
cryphes  ont  fourni  leur  contingent,  que  notre  historien  a  trop  n6- 
glige  de  distinguer  des  textes  sacr^s;  c'est  d'autant  plus  f^cheux  que 
quelquesruns  de  ces  contes  ne  sont  pas  mfime  Mifiants  :  je  parle  de 
certams  details  des  premieres  pages  tirdsder^'yangftte  cte  PEn- 
/anc6 (Fabric.  Codex  apocr.  N.  T,,  1. 1,  p.l27ss.)Il  fautdireaureste 
qu'k  partir  de  ce  d^but,  presque  tout  est  puis^  aux  bonnes  sources. 


Digitized  by 


Google 


—  582  — 

J'aurais  voulu  marquer  ici  la  vraie  origine  des  ^Idments  mfiles 
aux  textes  sacr^s  dans  cette  redaction;  mais  ce  travail  me  r^ussirait 
mal,  faute  d'avoir  sous  la  main  tous  les  "auteurs  k  consulter.  II  est 
Evident,  du  reste,  que  cette  histoire  sainte  a  6x6  redig^e  d'abord  en 
latin,  probablement  d'apr^s  YHistoria  scholastica  de  P.  Comestor, 
et  qu'elle  a  6i6  assez  r6pandue  au  moyen-4ge,  puisqu'on  en  si- 
gnale  cinq  traductions  6n  langues  vulgaires  :  une  b^arnaise,  que 
M.  Lespy  nous  donne,  deux  en  provenQal,  une  en  Catalan,  une  en 
espagnol.  Lacomparaison  de  ces  versions  semble  prouver  qu'elles 
ne  procfedent  pas  Tune  de  Tautre;  cela  est  clair  au  moins  pour  la 
version  b^arnaise  compar^e  i  Tune  des  versions  provengales,  que 
les  editeurs  ont  imprimee  en  grande  partie  k  la  fin  de  chacun  des  deux 
volumes.  Cette  longue  et  laborieuse  publication  de  deux  textes, Tun 
provengal,  Tautre  b^arnais,  est  un  service  signal^  rendu  a  T^tude 
des  langues  du  Midi  de  la  France  et  pennet  en  particulier  de  faire 
toutes  les  comparaisons  desirables  pour  la  phon^tique,  le  lexique  et 
la  construction  du  bdarnais  par  rapport  i  la  langue  d'oc  classique. 
La  longue  annotation  critique  ^labor^e  par  les  Editeurs  pour  chaque 
volume  (i,  204-245;  n,  247-297),  et  surtout  le  glossaire  tres-impor- 
tant  (ii,  299-381)  qui  termine  Touvrage  et  qui,  s'ajoutant  k  la  traduc- 
tion frangaise  pour  Tintelligence  du  texteb^arnais,  contient,en  outre, 
une  multitude  de  citations  d*autres  textes  b^araais  et  des  enrichis- 
sements  notables  pour  la  lexicologie  roraane,  achfevent  de  recom- 
mander  cette  belle  et  meritoire  publication  aux  amis  de  ces  Etudes 
trop  longtemps  n^lig^es,  mais  dansce  moment,  ce  semble,  en  train 
de  prendre  faveur  chez  tous  les  esprits  serieux. 

—  Ge  n'est  pas  aux  seuls  amateurs  de  philologie,  c*est  k  tous  les 
amis  de  notre  litt^rature  populaire  ou  plutdt  a  tous  ceux  qu'int^res- 
sent  le  bon  sens,  Tesprit,  la  verve  ironique  et  piquante  et  le  franc- 
parler  du  bearnais  ou  du  gascon,  vrai  gaulois,  vrai  frangais,  c'est  a 
tous  ceux-la  que  s'adresse  Tagr^able  volume  ou  M.  Lespy  a  reuni 
un  bon  nombre  de  proverbes  de  son  pays,  avec  un  commentaire  tres- 
instructif  et  tres-spirituel.  II  y  a  des  recueils  plus  charges;  le  B6am 
lui-m6me  en  aau  moins  un;  mais  notre  auteur,  qui  s'y  entend,  de- 
clare que  *  la  plupart  des  proverbes  recueillis  par  MM.  Hatoulet  el 
Picot  Zwtparaissent6tredes  proverbes  en  biamais  plutdt  que  des 
proverbes  biamai$(PT6i.,  p.  v).  >  Ceux  qu'il  nous  oflfre,  au  con- 
traire,  sont  puis^s  k  la  source  vive  du  langage  courant  et  en  ont 
garde  la  force  et  la  fratcheur.  Laissant  la  les  cadres  accept^s  assez 
mal  k  propos  jusqu'ici,  M.  Lespy  classe  ses  dictons  dans  ces  dix 


Digitized  by 


Google 


—  583  — 

chapitres  :  Pasteurs,  —  agriculture,  —  manages,  —  animaux  :  qua- 
drupfedes,  —  oiseaux,  insectes,  reptiles,  —  m^t^orologie  locale,  — 
proverbes  divers,  —  denominations.  Sous  ces  chefs,  il  n'y  a  pas 
uniquement  des  proverbes  proprement  dits,  mais  aussi  de  simples 
expressions  ou  locutions  proverbiales.  J'en  cite  une  presque  au  ha- 
sard,  avec  son  commentaire,  pour  donner  quelque  id^e  du  charme 
piquant  de  toutes  les  pages  de  ce  petit  livre  : 

«  Unta-s  dab  oli  de  cherment.  S'oindre  d'huile  de  sarment.  — 
Boii'e  au  moment  du  depart,  prendre  des  forces  avant  de  se  mettre  au 
travail.  En  frangais :  faire  jambes  de  vin  (Laurent  Joubert.xvi®  sifecle). 
Qui  'boit  bon  vin,  il  fait  bien  sa  besogne  (01.  Basselin,  Yaux  de 
Vire,  14).  —  Les  ProvenQaux  ont  aussi  Texpression  oli  de  souco^ 
huile  de  cep  de  vigne,  qu'ils  emploient  dans  ce  proverbe :  A  mau 
de  cor  oli  de  souco  (Arm.  prouv.  1860,  p.  70).  > 

Aux  proverbes,  M.  Lespy  a  joint  d*autres  elements  utiles  et  cu- 
rieux  de  philologie  populaire:  1<>  les  cris:  (Au  peu!  —  Biahorel 
etc.);  2<>  les  jurons  {JHu  bihant,  pet  de  pericle,  etc.);  3o  les  provoca- 
tions (beam6s  fates  et  courtis);  4®  les  jeux  (vingt  formulettes  rim^es); 
4<^  les  6nigmes,  au  nombre  de  trente-trois;  5<*  un  aurost  ou  n^nie 
fun^bre,  qu'on  pent  comparer  k  celles  qu'ont  publi^es  MM.  Rivar^s  et 
Pierquin  de  Gembloux,  et  aussi  auxt^ocmde  la  Corse;  6o  les  contes 
(tres-brefs),  au  nombre  de  dix,  dont  quelques-uns  sent  plutfitdes 
fac^ties  ou  des  attrapes.  Mais  les  philologues  ne  m^prisent  rien  en 
pareille  mati^re,  et  d'ailleurs  T^rudition  facile  et  ing^nieuse  de  M. 
Lespy  donne  k  tout  de  rint^rfet. 

—  Une  des  preuves  les  plus.^clatantes  de  la  renaissance  des  Etu- 
des et  des  langues  romanes  du  midi  de  la  France,  c'est  la  fondation  du 
Filibrige  (acad^mie  des  dialectes  d'oc  frangais  et  espagnols),  accom- 
plie  le  21  mai  3876  a  Avignon  Je  voudrais  faire  connaitre,  d'aprfes  le 
Cartabiu  ou  bulletin  officiel  de  cette  journfe,  les  statuts  du  filibrige, 
les  discours  ou  s'affirm^rent  son  esprit  et  ses  vis^es,  ainsi  que  la 
division  en  ^coles  ou  maintenances  et  les  principaux  membres  de 
cette  gaie  compagnie.  L'espace  me  manque  aujourd'hui,  mais  plus 
d'une  occasion  me  permettra  d*y  revenir.  Qu'il  me  suffise  de  dire  que 
nous  sommes  (je  vais  expliquer  ce  nous)  cinquante  majouraus, 
sans  parler  de  nombreux  mainteneurs;  de  ces  cinquante,  vingt-un 
sont  espagnols  et  vingt-neuf  frangais.  Deux  seulement  appartiennent 
k  la  Gascogne  :  t  En  Jan-Franc6s  Bladi»  de  Leitouro  (Gers),  es- 
crivan  gascoun,  acampaire  di  cant  et  conte  poupulari  de  la  terro  de 
Gascougno.  —  Mounsen  Tabat  Leounci   Couturo,  d'Auch  (Gers), 


Digitized  by 


Google 


—  584  - 

prouvengalisto,  direitour  de  la  Revisto  de  Gascougno,  >  Notre  ca- 
poulU  (president)  est  Fr^d^ric  Mistral,  de  Maillane,  Tillustre  auteur 
de  Mireille^  de  Calendal  et  des  lies  d'or. 

—  Je  ne  puis  que  recoramander  les  Rdcits  bibliques  en  vers  patois 
publics  naguke  par  M.  Aug.  Laurans  avec  Tapprobation  de  Mgr  1*^- 
v6que  d'Agen.  II  n'y  a  rien  de  plus  d^licat  assur^ment  que  d'omer 
de  rhythmes  et  de  rimes  les  pages  de  nos  saints  livres,  doat  la  sim- 
plicite  sublime  semble  repousser  toute  parure.  Du  moins  notre  pofete 
J  est  all6  en  toute  modestie,  content  de  serrer  de  pres,  dans  une 
po&ie  alerte  et  lucide,  les  narrations  de  TAncien  et  du  Nouveau 
Testament.  C'est  toujours  un  moyen  agr&ible  et  stir  de  faire  gotlter 
plus  vivement  les  textes  sacr^s  par  une  foule  d'esprits,  et  surtout 
par  les  enfants.  La  langue  nous  a  paru  un  pen  mfel^e  (c'est,  au  fond, 
du  languedocien);  mais  Tauteur  emploie  sans  doute  son  idiome  ma~ 
temel  avec  une  entiere  fidelity.  Le  vers  lui-mSme  n*est  pas  partout 
^galement  fortou  gracieux;  mais  le  courant  du  recit  marche  toujours 
heureusement,  avec  une  sinc^rit6  de  sens  qui  manque  trop  souvent 
a  des  pofemes  plus  brillants  et  mieux  ciselfe.  La  modicitS  du  prix 
engagera  sans  doute  bien  des  curieux  k  se  procurer  ce  volume  tres- 
rempli,  qui  ne  promet  que  de  saintes  Amotions  et  des  legons  utiles. 

L^ONCE  COUTURE. 

La  statue  du  cardinal  d'Armagnac  et  le  Mus^e  d'Auch. 

La  statue  du  cardinal  d'Armagnac  dont  parle  M.  du  Mege  [Sta- 
tistique  des  dipartements  PyrSndens^  t.  II,  p.  556)  existe  encore, 
incomplete,  bris^e  en  quatre  morceaui,  fort  d6grad4e,cependant  bien 
digne  encore  do  Tattention  et  de  I'^tude  des  arch^ologues. 

Le  cardinal, rev6tu  d'habitspontificaux,  le  chapeau  surles  genoux^ 
est  couch^  sur  la  dalle  qui  a  dti  servir  de  couvercle  au  sarcophage 
monumental  de  son  tombeau. 

Cette  statue  est  bien  celle  de  Jean  IV,  archevdque  d*Auch,  fait 
cardinal  par  Tantipape  BenoJt  XIU,  car  on  pent  voir  du  c6te  gauche 
du  pr^lat  ses  armoiries,  telles  que  les  indique  M.  Tabbe  Canute  : 
&artele  d'Armagnac  et  de  Rodez  (Voir  Revue  de  Gascogne,  T.  XV, 
p.209)(l). 

L'auteur  de  la  question  k  laquelle  je  r^ponds  est  fort  excusable  de 
n'avoir  pas  connu  ce  monument,  car  il  gtt  dans  une  des  salles  basses 

(1)  Je  Bonhaile  fort  qa'an  trch^ologae  pins  expert  et  pins  patient  qne  moi  entre- 
prenne  de  d^chiffrer  nne  inscription  aussi  ddgrad^e  que  le  personnage  et  plac^e 
an  deasons  de  celni-ci.  Je  voudrais  encore  qn'on  6tndi4t  le  costome  et  tons  les  details 
arch^ologiqnes  de  cette  statue,  qn'on  lacomparftt  avec  d'autres  de  la  m^me  ipoqae. 
Je  ddsirerais  enfin  savoir  dans  quelle  ^lise  ou  dans  quel  clottre  elle  fnt  primitive- 
ment  plac^. 


Digitized  by 


Google 


—  585  - 

de  la  bibliotheque  de  laville,  en  compagnie  d'une  trfts-belle  inscrip- 
tion romaine  que  je  crois  in^dite,  d'un  autel  an^pigraphe  portant 
sur  Tun  de  ses  c6t^s  le  guttus  et  sur  I'autre  la  patfere,  de  tStes  et  de 
fragments  de  statues  antiques  en  marbre,  de  fragments  de  colonnes 
et  de  tombeaux.  Dans  cette  mSme  salle  on  trouve  encore  un  certain 
nombre  d'inscriptions  du  moyen-&ge  et  plus  modernes.  Et  ktravers 
tout  cela,  une  partie  du  tbobilier  de  Messieurs  les  orph^onistes. 

II  seraitk  d^sirer  que  Tadministration  municipale  se  montr&t  plus 
soucieuse  des  monuments  dont  la  garde  lui  est  confine.  EUe  devrait 
avoir  a  coeur  de  r^unir  dans  un  local  commode  et  convenable  tons 
les  objets  antiques  qu'elle  possfede. 

Si  j'avais  voix  au  chapitre,  je  proposerais  la  vieille  galerie  du  cloi- 
tre  des  Cordeliers.  On  n'aurait  qu*a  demolir  le  mur  dans  lequel  se 
trouve  noy^e  la  magnifique  colonnade  en  marbre  du  xiv«  si^cle,  ins- 
taller dans  la  galerie  du  cloJtre  les  monuments  antiques  actuellement 
d^pos^s  k  rh6tel  de  ville  ou  dans  les  caves  de  la  bibliotheque,  etablir 
une  grille  en  fer  dans  la  cour  de  la  gendarmerie,  et  confier  la  clef  k 
la  femme  d'un  gendarme,  qui  se  tiendrait  aux  ordres  des  visiteurs. 

L'ex^cution  de  ce  projet  entrainerait  assur^ment  fort  pen  de  frais; 
et  il  aurait  I'avantage,  non-seulement  de  remettre  au  jour  les  restes 
d'un  monument  dont  la  ville  d'Auch  pourrait  6tre  fi^re  et  de  r^unir 
dans  un  beau  local  toutes  ses  richesses  arch^ologiques,  mais  surtout 
d'oflfrir  un  asile  a  toutes  les  d^couvertes  que  Ton  pourrait  faire  dans 
le  d^partement.  C*est  en  efifet  parceque  nous  n'avons  pas  un  vrai  mu- 
s^e  que  celui  de  Toulouse  s'est  enrichi  d*inscriptions  romaines  ve- 
nues d'Auch  el  d'Eauze,  d'une  belle  mosaique  venue  de  cette  der- 
niere  ville,  du  tombeau  de  saint  Clair,  venu  du  prieur6  de  Saint- 
Orens;  que  le  mus6e  du  Louvre  possfede  un  beau  buste  en  marbre 
(deS^n^que,  dit-on,)  trouv^  en  rectifiant  le  lit  du  Gers;  que  lemus6e 
de  Saint-Germain  nous  a  r^cemment  ravi  la  remarquable  inscription 
judaique  bilingue,  trouv^e  au  Prieur(5,  et  dont  M.  Tabb^  Canute  a 
entretenu  les  lecteurs  de  cette  revue.  (T.  XVI,  pp.  297  et  ss.) 

Pour  arr^ter  une  telle  Emigration,  il  importe  que  la  ville  d'Auch 
prenne  au  plus  tdt  exemple  sur  Toulouse,  qui  a  install^  son  riche  mu- 
s^e  dans  les  cloJtres  du  convent  des  Augustins.  Et,  sans  aller  si  loin, 
Lectoure  possfede  un  petit  musEe  plein  d'inscriptions  romaines  tr^s- 
int^ressantes,  fort  bien  installe  et  admirableraent  bien  tenu;  Condom 
restaure  magniGquementses  vieux  clottres.  line  sied  point  k  lacapi- 
tale  de  la  Gascogne  de  rester  en  arriere  en  n%ligeant  son  mus6e  et 
les  beaux  restes  de  son  vieux  convent. 

A.  LAVERGNE. 


Digitized  by 


Google 


—  586  — 


RfiPONSE. 

107.  D*an  romaneier  prdtre  et  gasoon. 

(Voyez  la  Questiont  t.  xy,  p.  567.) 

Yoil^trois  ans  que  M.  T.  de  L.  demandait  des  renseignements  sur  an  ro- 
maneier pea  estimable,  Olivier,  que  I'abb^  Desfontaines  dit  avoir  6t6  «  pr^tre 
gascon,  docteur  en  th^oiogie.  »  Notre  excellent  collaborateur  soubaitait  fort 
que  la  Gascogne  edt  le  droit  de  «  renier  cet  impur  6crivain.  » 

Qu6rard  {Fromce  litt^raire,  vi,  482)  ajoute  au  nom  d'OLiviER  (prfinom  in- 
connu)  les  troistitres :  «  pr^tre  gascon,  docteur  en  th6ologie,  ex -cordelier.  > 
Mais,  selon  toute  probability,  il  se  contente  de  copier  Barbier,  qui  aara  copi6 
Desfontaines,  ce  qui  ne  nous  fait  pas  avancer  d'un  pas.  II  nous  apprend  cepeo- 
dant  qu'Olivier  a  commis  au  rooins  trois  ouvrages  :  La  comtesse  de  Janis- 
santa,  dont  parlait  M.  T.  de  L.  (k  qui  la  Revue,  par  une  erreur  typographique, 
a  fait  dire  Tanissanta);  —  Uinfortundnapolitain  ou  la  Vie  et  les  aventures 
diik  $eigneur  Roxelli  (an  personnage  r^el,  d'apr^s  Lenglet  Dufresnoy);  2,  puis 
4  Yoh,  1708, 1719,  1722;  -^  Mimoires  du  comte  de  Vordac,  g^nSral  desar- 
mies  de  VEmpereur.  Paris,  1724  et  1730;  2  vol.,  dont  le  premier  est  de  rabb6 
ravafd>x-j68aite,  dit  Barbier.  Mais  peut-6tre  faut-il  lire,  avec  les  nouveaui 
6diteurs  des  Supercheries  littSraires  (iii,  col.  977),  Cavord;  sur  quoi  ils  citoit 
h  Bihliothiqu^historique  de  France,  6dit.  Fevret  de  Fontette,  affirmant  que 
Vordac  est  I'anagramme  de  Cavord  ou  Covard. 

Voici  on  passage  de  I'abb^  Goujet  qui  a  echapp6  k  tons  ces  savants  bibliogra* 
phes.  Comme  i'abb6  d'Artigny  avait  attribu6  {Nouv.  m6m,  de  litt^at.,  i,  249), 
probablement  sur  lafoi  de  Lenglet  Dufresnoy  {Dihlioth,  desromans),  losMd- 
moires  de  Vordac  au  fameux  Gatien  Sandras  des  Courtilz,  Goujet  lui  ^crivit: 
«  Ils  ne  sont  point  de  lui.  Le  premier  volume  est  d'un  pr^tre  de  Languedoc 
nomm6  Cavard  [?  plus  probablement  Covard];  le  second  est  du  sieur  Olivier, 
chanoine  de  Milly  dans  le  G^tinais  (Nouv.  mimoires,  ii,  xij).  » 

L'abb6  Goujet  est  d'babitude  parfaitement  renseigne  sur  ces  questions  de 
bibliographie;  ce  qui  me  permet  de  conclure  qu'Olivier,  fort  probablement,  n'e- 
tait  pas  gascon :  quelle  apparence  qu'un  gascon  soit  devenu  cbanoine  de  Milly? 
Son  collaborateur  languedocier^,  ce  qui  pour  un  parisien  ^uivaut  4  gascon; 
aura-t-il  caus6  I'erreur  de  Desfontaines?  Je  le  croirais  volontiers  si  ce  dernier 
avait  6mis  son  assertion  au  sujet  des  Mimoires  de  Vordac;  mais  c'est  ^  pro- 
pos  de  Janissanta  qu'il  a  dit  [Nouvelliste  du  Parnasse,  i,  22]  :  «  Livre  mal 
dig6r6  et  mal  6crit.  On  y  trouve  pourtant  beaucoup  d' imagination  et  des  aven- 
tures surprenantes.  L'b^roine  de  ce  roman  Unit  son  r^cit  et  sa  vie  k  rh6pital, 
et  raconte  elle-m^me  sa  derni^re  maladie  qui  la  mit  au  tombeau  :  peu  s'en 
faut  qu'elle  ne  dise  pr6cis^ment  le  jour  qu'elle  est  morte.  Qui  croirait  que  le 
Roselli  et  cet  ouvrage,  qui  est  k  peu  prto  du  mSme  genre,  Assent  d'un  prdtre 
gascon,  docteur  en  theologie?  »  L.  C. 


Digitized  by 


Google 


—  587  - 

TABLE  MtiTHODIQXTE 

DES  mati£res  gontenues  dans  le  tome  dix-huiti£me. 


ARCHEOLOGIE  ET  BEAUX-ARTS. 

Architecture. 

Lechevetde  la  cath^drale  d'Auch  (F.  Canito),  336. 

U^glise  de  Bostens  (Landes)  (J.  F.  PSdegert),  545. 

Histoire  de  la  cathidrale  de  Rodez^  par  M.  Bion  de  Morlavagne 
(L.  C),  336. 

Epigraphie. 

Uae  inscription  de  Sainte-Quitterie  du  Mas  d*Aire  (^.  Labeyrie), 
218. 

Numismatlqne. 

line  m^daille  desainl  Benoit  trouv^ek  Trie  (J.  Dulac)^  192. 
Deux  monnaies  trouv^s  a  Bostens  (J.  Labat),  551. 

H6raldiqiie. 

Les  armoiries  de  NN.  SS.  Delannoy  et  Soul6  (D'  Sorbets),  105. 

Sculpture. 

La  statue  du  cardinal  Jean  d' Annagnac  et  le  musee  d'Auch  (A .  La- 
vergne),  584. 

Pelnture  decorative. 

Decoration  de  la  chapelle  Saint-Louis  k  Lamontjoie,  par  M.  Tartas 
(Blad^,  286. 

HISTOIRE. 
I.  Etudes  prj^liminaires. 

G6ographie. 

Giographie  juive,  albigeoise  et  calviniste  de  la  Gascogne,  par  M. 
J.-F.  Blade  (/..  C),  435. 

Les  archiprStres  deTancien  diocese  d'Auch  (A.  Lavergne),4:9. 

Essai  sur  les  eauxde  Bagnires-de-Bigorre,  parle  D'Carrfere(L.(7  ), 
294. 

(Voir  ci-dessous,  Histoire  monastique.) 


Digitized  by 


Google 


—  588  — 

II.  HISTOIRE  EGCL£SIASTIQUE. 

Histoire  paroissiale. 

Lachapelle  de  Saiat-Sauveur  de  Barran  [abbi  Sabion),  249. 

Histoire  monastiqae.  , 

Ordres  religieux  et  militaires  de  la  Gascogae  (/.-F.  Blad4),  345. 
Lettres  sur  Tordre  de  Malte  dans  les  Landes  (baron  deCauna),  531. 
Les  couvents  de  Ciunistes  en  Gascogne  [A.  Lavergne),  438. 
Trois  ^lises  de  Tordre  de  Clun/  (R,  Dubord],  533. 

Hagioffraphie  et  biographie  eccl^siastique. 

L^gende  et  histoire.  Essai  critique  sur  saint  Sever,  martyr,  et  ses 
compagnons  (P.  Labat) . 

I.  M6raoire  de  saint  Sever;  litre  de  roi,  5. 
II.  Trois  sources  Ifegeadaires,  7.' 

III.  Epoque  de  saint  Sever;  sainte  Quitlerie,  63. 

IV.  Patrieet  nationality,  68. 

V.  Origine  royale;  Godalgis,  70. 
VI.  Apostolal;  saint  Eugene,  6v6que  de  Carthage,  166. 
VII.  Mission  en  Gaule;  saint  Severe  d'Agde,  169. 
VIII.  Le  marlyre;  les  Wisigoths,  259. 
IX.  Le  culte,  Tabbaye,  265. 

X.  Gloirede  saint  Sever,  270. 

XI.  SS.  Eug6ne,  G^ronce  martyr,  Jean  martyr,  Polycarpe,  Justin,  Ba- 

bile,  Galactoire,  Grat,  Lizier,  Glair,  380. 
R^sum6  final,  388. 

Saint  FrajoUy  martyr  en  Gascogne^  par  le  R.  P.  Carles  (L.  C),  537. 

Notice  sur  le  B.  Bernard  de  Morlas  (L.  C),  538. 

Un  mendiant  ausikcle  de  Voltaire,  par  Tabb^  Solassol  [L.  C),  536. 

Jeanne  de  Sales,  par  Tabb^  Dula'c  [L.  C),  100. 

Auger  de  Montfaucou,  ^vSque  de  Couserans,  et  son  lombeau  [L. 
C.\  521. 

Christophe  et  Frangois  de  Foix-Candalle,  evfiques  d'Aire  (Tamizey 
de  Larroque.) 

Christophe  de  Foix-Candalle,  57. 
Francois  de  Foix-Candalie.  138,  153. 
Appendice.  Deux  anecdotes  sur  Fr.  de  Foix,  285. 

Un  neveu  de  Michel  Montaigne:  Raimond  de  Montaigne,  evdque  de 
Bayonne  [Louis  Audiat.) 

R.  de  Montaigne,  president  ^Saintes,  abb6  de  Sablonceaux,  201. 
R.  de  Montaigne,  6v6que  de  Bayonne,  356. 

Un  lectourois,  6v6que  de  Tarbes  [/.  Dulao),  312, 


Digitized  by 


Google 


—  589  — 

Deux  lettres  sur  la  famille  de  ce  lectourois  et  son  fief  de  Pouy  (I.  Sa- 
batii  et  XXX),  490. 

Le  frhre  Jean  et  Vhospice  de  Galan,  par  A.  de  TWzan  (L,  C.)y  247. 

III.  HISTOIRE  CIVILE  ET  POLITIQUE. 
Histoire  communale. 

Monographie  de  La  Devize  (J.  Gaubin),  13,  etc. 

Ancien  regime. 

I.  Coutumes  et  priyil^gee,  16. 

n.  Regime  consulaire,  ^chevins,  31. 

ni.  Confliu  entre  le  goaverneur  d'Espaignet  et  la  commuDe,  126. 
IV.  La  mairie,  le  premier  maire  Lanacastets»  225. 
V.  Assistance  publique,  232. 

P^riode  rdvolatioDDaire. 

I.  Assembl^e  municipale  de  1787,  391. 

II.  Gahier  des  dol^ances  de  La  Devize,  394. 

III.  Organisation  d^partementale  et  cantonale,  397. 
rv.  D^membrement  de  Ladev^ze-Rivi^re,  498. 

y .  Assemblies  primaires  de  Plaisance  et  de  Reaumarch^s,  513. 

De  Torigine  des  biens  communaux  de  Barcelonne  du  Gers  IGabarret)^ 
78. 

Les  exicuteurs  d'Agen,  par  J.-P.  Blade  [L.  C),  246. 

Louis  XIII  d  Bordeaux,  par  T.  de  L.  [L.  C),  98. 

Histoire  f^odale  et  nobiliaire. 

Naudonnet  de  Lustrac  [P.  La  Plagne-Barris],  297. 

Notes  sur  deux  seigneurs  de  Lustrac  ((?.  Tholin),  494. 

Notes  concernant  la  maison  de  Lau  (T.  de  L.],  41. 

M»  deMun,  origine  et  antiquity  de  sa  famille,  par  Tabb^  Cazauran 
[L.  C),  194. 

Maintenues  de  noblesse  en  Gascogne  (J.  de  Carsalade  du  Pont.) 

Introduction,  32. 

1.  Sariac,  37. 

2.  Chastenet  de  Pays6gur,  39. 

3.  Riviere -Lengros,  92. 

4.  d'Anxion  (avec  extraits  g^n^alog.),  94. 

5.  Lartigaed'ArD^,  146. 

6.  Nonaillan  de  Lamezan,  146. 

7.  Rarbotan  de  Morm6s,  189. 

8.  Ferragut,  seign.  du  Cos,  191.  ^ 

9.  De  Pins  d'Aulaigndres,  240. 

10.  Da  Faar  deJLoubouey  (avec append.),  242. 

11.  Du  Coussol,  288. 

12.  Gestas  (de  Betous  et  deFloran),  333. 


Digitized  by 


Google 


—  590  — 

13.  FerragQt  de  Pascau,  335. 

14.  d'Aymier,  seigneur  d'Arqu6s  et  de  Lias,  478. 

15.  de  Bos,  s'*  du  Poay  et  de  la  Courdelle,  480. 

16.  Fabas  de  Lamothe,  529. 

17.  Fabars  du  Casl6ra,  531. 

18.  Percin  de  Lauret,  569. 

IV.  HISTOIRE  LITTfiRAIRB. 
Philologie,  littdratare  Qopulaire. 

Essai  sur  la  langue  hasque,  par  Ribary,  trad.  Vinson  [L.  S.),  51. 

Langues  romanes.  Legond'ouverturedeP.  Meyer  (L.  C),  148. 

Limiiegiographique  des  langues  (Toe  et  d' oily  par  Toartoulon  et 
Bringuier  [L.  C),  149. 

Cantiques  gascons  in^dits  du  ivn*  siecle  (L.  Couture),  175. 

Trois  contes  remeillis  A  Lectoure,  par  J.-F.  Blad^  (L.C),  481. 

Lettre  a  propos  d*un  de  ces  contes  (CL-H.  Masson),  535. 

De  lingua  aquitanica,  thfese  de  M.  Luchaire  [L.  C),  575. 

Origines  linguistiques  de  rAquitaine,  par  A.  Luchaire  (L.  C), 
576. 

Ricits  d^histoire  sainte  en  biarnais,  par  MM.  Raymond  et  Lespy 
(I.  6'.),  579. 

Proverbes  biamais,  par  M.  V.  Lespy  [L.  C.),  582. 

Ricits  bibliques  en  vers,  par  A.  Laurans  {L.  C)>  584. 

Cartabiu  de  Santo  Estello  [L,  C.),  583. 

Histoire  de  renseignement. 

Uinstruction  publique  i  Gimont  avant  1789  (/?.  Dubord). 

L  Avant  la  fondation  du  college,  109; 

II.  Fondation  du  college,  115; 

III.  Etat  prosp^re  du  college,  273; 

IV.  D^m^les  entre  les  PP.  doctrinaires  et  les  consuls,  278,  315. 

V.  Convent  des  Ursulines,  454. 

VI.  Fin  du  college  et  du  convent.  Instruction  primaire  pendant  la 

Revolution,  546. 

Biographie  et  critique  litt^raires. 

Legons  nouvelles  et  remarques  sur  divers  auteurs  (Ausone),  par  R. 

Dezeimeris  (L.  (7.)>  539. 
Marguerite  d'Angouldme  et  Vittoria  Colonna  (L6once  Couture),  409. 
Trois  pontes  condomois  du  XVI*  si&cle,  lettre-d^dicace  (L.  C),  52. 
Note  sur  le  Turrian  du  poete  I.Abeyrie  [E.  (?.),  198. 
La  troupe  de  Molikre  a  Agen,  par  A.  Magen  [L.  C),  540. 


Digitized  by 


Google- 


-    591  — 

Notes  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Vabbi  J.- J.  Boileau,  par  Ph.  T. 

de  L.  (L.  C),  540. 
Du  lieu  et  de  la  date  de  la  naissance  de  Dom  Brug^les  (Lozes  et  /. 

de  Carsalade),  47, 102. 

Bibliographie. 

Histoire  de  la  Floride  frangaise,  par  M.  Gaffarel  (L.  C),  290. 
Documents  inidiis  sur  Gassendi,  par  Ph.  T.  de  L.  (L.  C),  540. 
Une  poignie  de  pseudonymes  frangais,  par  P.  Clauer  {L,  C),  540. 

V.  DOCUMENTS  INfiDITS. 

Mdmoires. 

Livre  de  raison  de  Jean  de  Solle,  avocat  auscitain  du  xvii«  si^cle,  pu- 
blic avec  iutrod.  et  notes  (J.  de  Carsalade],  83,  186,  235,  470. 

M^moire  sur  le  collie  et  le  s^minaire  de  Gimont,  563. 

Actes  privds. 

Testament  de  F.  de  Mansencome,  pere  de  Blaise  de  Monluc  (P.  la 
P.-B.),  442. 

Lettres  missives. 

Lettre  de  Henri  IV,  de  Louis  XIII  et  du  mar^chal  de  Matignon  a 
MM.  de  Lau  (T.  de  L.),  44. 

Lettre  du  bdtard  d'Angouldme  concemant  le  jeune  J.  de  Monluc 
(J.  Dukas),  527. 

NOTES  DIVERSES. 

XCI.  La  peste  bovine  dans  le  sud-ouest  en  1774  [CL-H,  Mas- 
son  et  L.  C),  55. 

XCn.  Un  imitateur  de  du  Bartas  (T.  de  i.),  55. 

XCni.  Les  Gascons  dans  la  guerre  de  Cent-ans  [CL-H.  M.),  77. 

XCIV.  ArchiprStr^  de  Barbotan  ou  de  Gavayret  (/.  de  C),  82. 

XCV.  D'une  r^cente  Edition  de  TAnti-Joseph  [T.  deL.),  137, 197. 

XCVI.  Du  nom  de  baptfime  du  po^te  gascon  d*Astros  (L.  C),  151. 

XCVII.  Un  souvenir  du  po^te  gascon  d'Arquier  (L.  C),  198. 

XCVIII.  Une  lettre  de  M.  Alem-Rousseau,  199. 

XCIX.  Uintendant  Boucher  et  dom  Montfaucon  [T.  de  L.),  295. 

C.   Les  ^crivains  de  Gimont  [L.  C),  295. 

CI.  Les  convents  clunistes  en  Gascogne  {L.  C),  296. 

CII.  Bemadotte  et  Tuniversit^  de  Giessen  (T.  de  Z.),  339. 

cm.  Les  quatrains  de  J.  de  la  Jess^  (T.  deL.)^  341. 


Digitized  by 


Google 


—  592  — 

CIV,   Un  noel  en  patois  commingeois  (L.  C),  408. 
CV.  La  chapelle  de  Sainte-Anne,  au  C^don  pres  Pavie  (Gers) 

[L.  (5.).  440. 
CVI.  Qu^rard  et  I'abb^  Anselme  (T,  de  L.),  441. 
CVII.  Vieille  sculpture  italienne  pr^s  d'Auch  [L.  C),  441. 
CVni.  Pr^tendues  lettres  in^dites  de  Bossuetet  de  Saint -Cyran 
(L.  C),  542. 
CIX.  Un  impromptu  du  marquis  de  Galard,542. 

QUESTIONS  ET  RJ^PONSES. 

107.  D'un  romancier  pr6tre  et  gascon.  R^ponse  [L.  C),  586. 

143.  Vers  attribu^s  a  Silhon  [L.  C),  56. 

144.  Une  anecdote  sur  TarchevSque  d'Auch  La  M  -Houdancourt 

(T.deL.),  200. 

145.  Des  bombes  appel^es  cominges  [U.  C  T,),  200.  —  RipoNSE 

(r.  deL.),248. 

146.  Mademoiselle  de  Cambefort  et  le  Roi  de  Navarre  [T.  de  L.]j 

343. 

147.  Une  reliure  k  VS  barr^  et  a  monogrammes  (L.  C),  442, 

148.  Une  statue  du  card.  d'Armagnac  (U.  C.  T.),  442. 

149.  Un  ^rivain  de  N6rac  (L.  C),  443. 

150.  Du  nom  patois  de  Tajonc  [T.  de  L.),  443. 

151.  Une  filleule  de  Marguerite  d*AngouI6me  (L,  C),  443. 

152.  Un  due  d'Esclignac,   historien  (/.  Brana),  492. — Reponse 

(G.  B.  de  Lagrize),  543. 

153.  Sur  J.  Cerasius,  condomois  [T,  de  L,),  543. 

154.  Un  professeur  du  college  de  Tarbes  (/.  Dulac),  543. 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


^  i 


Digitized  by  VjOO^IC 


-• 


Digitized  by 


Google 

.  4 


Digitized  by 


Google 


v^: 


>>r 


^5C^. 


i 


k:% 


'y\ 


,^ 


v%: 

va 

4? 

~w 

<^^^\.^ 

Tk  wi 

^. 

»fe' 

< 

s! 

J^^ 

^V< 

^ 

x^ 

*'ri 

^^Cev^ 

^: 

^$ifc*: 


='^.> 


^^N 


'JU^ 


aLi*J«r*r39 


::^^ 


ia^^£v'^^'^C\ 

.^^^/^dHt 

D  i  g  i  t  i  ^^^^^H^^^^B^^^^^I 

3  2044  100  889  369 


^i 


^ 


.   ^» 


f>: 


-K*  V, 


le^ 


.vV? 


^\.*if  ^.- 


ajtA   •*•'