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REVUE
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GASCOGNE
BUJUL.ET1N MENStJEL
BB LA
SOaiBT^ HISTORIQUB DB GASCOGNE.
Tome XVUI. — 1877.
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JHi'RlMEUlE ET UlUUIiEtflUB F^UX FUlX, HUE BALGUBRIK.
1877.
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GASCOGNE.
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REVUE
DB
GASCOGNE
BULLETIN MElSrSUEL
DB LA
SOCIETE HISTORIQVE DE GASCOGNE.
Tome XVIII. — 1877.
AUCH
IMPUIMBRIB ET UTU06RAPHU HUS. FOIX, RUB BALGUERIB.
.-' 1877.
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Ft 33./
Harvaril College Library
SEP 29 1913
PiefiA.CiCooiidge
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REVUE
DB
GASCOGNE.
Ugende et histoire.— ^ude critique
SUR
Saint Sever, roi des Scythes, et ses compagnons les
SS. Clair, Gdronce, Justin, Babilius, Jean et Poly-
oarpe (1),
I
Le culte du saint martyr Sever, honore jadis dans les Landes
avec le titre d'ancien roi des Scythes, et de ses compagnons
Clair, Gdronce, Justin, Babile, Jean et Polycarpe, est trfes-
populaire et trfes-repandu entre les Pyrenees et la Loire. Auch,
Albi, Toulouse, Lectoure, Tarbes, Bordeaux, P6rigueux, Sar-
|at, Limoges, Rodez, Cahors et leurs anciens dioceses res-
peclifs, ont en grand honneur saint Clair TAfricain; et ses
diverses legendes lui associent les bienheureux que je viens de
nommer. Une ancienne inscription de Teglise Sainte-Eulalie
de Bordeaux, celebre chez les BoUandisles et chez d'autres
ecrivains de ces contrees, les mentionne tons expressfement,
et atteste que Charlemagne avait depose la leurs reliques. Et
(1) Ce travail n'est qn'an remaniement d'articles publics na^dre dans la Petite
Bevue catholique du diocise d'Aire et de Dax. D'aatres dcrivains, qui Yalent pins
quo moi, oDt traits ou traiteront bient6t le mdme sujet d'uno antro fa^n; mail enfii,
puisqu'oD vent aussi mon avis, — tel qu'il ast, le voili.
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— 6 —
leur office a ete naguere encore approuve a Rome pour les
dioceses d'Auch et de Tarbes.
Les martyrologes en parlent moins, si I'on excepte celui de
du Saussay; cependant les BoUandistes, qui n'ont pu encore
trailer les questions relatives a noire saint Sever, nous mon-
trent signales ga et la, le 31 Janvier, les saints africains Poly-
carpe et Puplus, et le lendemkin quelques nouveaux inconnus
nommes Polycarpe, Pomes, Publim et Sever; la veille
sont aussi indiqufes Polycarpe, Pcends et sept autres. Je
me demande s'il y aurait la quelque repetition, et si Pcends
en particulier signiflerait le carthaginois, et Publius, Babi-
lias.
Quoi qu'il en soil, les siecles ont dit au sujet de nos sept
martyrs des choses parfois etranges. Et quant a saint Sever,
que je ne voudrais pas voir confondre avec saint Sever de
Rustan, 11 aurait ete un roi vandale converli, exile d'Afrique,
envoye ou retire aupres d'un prince arien, maitre de nos con-
trees mferidionales, et'immole plus tard par les Barbares, a la
t6te d'une troupe de courageux partisans de la foi catholique.
Tel est du moins le resume, un pen eclectique, il est vrai, qui
concilierait, pour le fond, ^es diverses legendes.
Que penser d'une pareille histoire? Faut-il la faire paraitre
au grand jour et lui demander ses preuves? Si grave, si
nouvelle est cette question, si sacres sont les droits de la
verity, alors surlout qu'il s'agit de ce qui est Tobjet d'un culte,
si nombreuses sont les eglises interessees a connailre Torigine
et la mission precise de nos sept apdtres, que je n'hesite pas
un moment.
Et d'avance voici ma pensee. Ce fond de legende est vrai-
ment plausible, et Thistoire mfime lui rend quelque hommage.
Peut-on en demontrer, mathematiquement, Fexactitude?
NuUe necessity de le faire, aucun interet serieux ne Texige;
d'autant plus que notre culte n'a point pour objet la royaule
de Sever, et que les droits de la religion et de la verite seront
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t
saufs et leurs desirs satisfaits si^ laissant de c6te tout ce qui
est trop peu appuye, nous transmettons comme il faut a nos
neveux ce que nous ont confle nos peres, comme certain ce
qui est utile et certain, comme plausible ce qui est serieux et
plausible. Tout respect sera done garde si nous montrons
que nos traditions de famille meritent qu'on les salue. Et
rhisloire proprement dite gagnera beaucoup a voir arracher
la legende aux dedains d'une critique boiteuse : elle sera
souvent illuminee, souvent delicieusement complet6e.
Je vais done Tinviter un instant a contrdler elle-m6me les
legendes de saint Clair et de saint Sever, k les expurger des
alterations qu'elles ont souffertes, a constater les rapports
qu'elles peuvent avoir avec les traditions les plus positives;
nous verrons si elle n'y fera pas des conqu6tes.
• II
Ce qui me frappe dans les legendes de nos sept ap6tres,
ce que les BoUandistes avaient deji commence a signaler,
«oit k propos de saint Clair (1" juin), soit au sujet de sainte
Quitterie (et je pourrai peut-etre un jour rattacher cette
vierge martyre aux memos evenements), c'est le singulier
rapport qu'elles ont, dans certains traits importants, avec
quelques pages fameuses de Thistoire des Vandales et des
Wisigoths.
Mes sources seront done, du cOte de Fhistoire, les auteurs,
assez connus, qui nous ont parle de ces deux peuples.
Du c6te de la legende, il nous faut recourir k trois famil-
ies de documents et k trois sources legendaires oil ils ont
puise.
La premiere source est la legende de saint Clair, telle
qu'ellese trouve'dans les anciens br6viaires de Tulle et d'Albi.
Sa redaction parait aux BoUandistes post6rieure au x' ou
XI* siecle; mais elle invoque d'anciens documents. Ce*qu'on
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— 8 —
peut lui reprocher, c'est que tout en citant des noms appar-
tenant a la domination wisigothe (et cette particularite qu'on
ne peut suspecter d'erreur ni de fraude est vraiment pre-
cieuse), elle suppose son martyr victime de toutes les cruau-
tes des palens. Mais il faut le lui pardonner : notre araplifi-
cateur ne connaissait ni les persecutions, ni les soulevemenls
subsequents des Wisigoths, et Texeraple donne par certains
vieux hagiographes de decrire les divers genres de supplices
qu'a du subir leur heros, quand ils avouent ne pas trop
connaitre ceux qu'il a soufferts en realite, lui a fait faire un
pas de trop. II declare pourtant ne donner guere en cela que
du probable. — Done, a part rampliflcation convenue, la
legende de saint Clair de Tulle et d'Albi merite plus de con-
flance que ne lui en ont donne les savants. — Elle a ete
suivie par un ancien breviaire de Sarlat (1674), par le com-
pilaleur du Saussay, dans sonMartyrologium gallicanum,
par le consciencieux Auteserre, dans son livre Rerum aqui-
tanicarum, ou Ton voit qu'il a du consulter aussi de vieux bre-
viaires de Bazas et de Bordeaux (c'est la remarque des Bol-
landisles, tres-desireux, comme nous, de rencontrer ces deux ,
monuments), et par les Propres acluels des dioceses d'Auch
et de Tarbes.
Notre seconde source est une histoire manuscrite de Tab-
baye de Saint-Sever en Gascogne, ouvrage eslime, du a un
benedictin du dix-septieme siecle et qui aura paru, en
deux forts volumes, avant le present article. J'espere
que la Bevue de Gascogne pourra bientdt en parler a
ses lecteurs et que Ton sera reconnaissant en vers son trfes-
erudit et tres-esUmable editeur. On y trouvera, outre un
fond de legende du saint patron de ce raon&stere, cit6 dans
Facte de fondation (982), et gr&ce a celui-ci tres-connu,
trois redactions ampliflees du meme recit. La premiere fut
faite sur les ordres du celebre Gregoire, abbe et restaurateur
du convent, et depuis eveque de Dax et administrateur du
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— 9 —
diocese de Lescar (1028-1072), La deuxieme est en vers et
peu importante. La troisieme est anterieure a celle de Fabbe
Gregoire, et, en partie du moins, a celle du fondateur de
Tabbaye, qui parait vouloir la citer. Les trois ont Fair d'igno-
rer celles de Tulle et d'Albi : ceiles-ci font de leurs saints des
Africains; celles-li, des Vandales, qu'elles supposent, chose
assez naturelle, partis de la Scylhie. Ajoutez qu'elles soumet-
tent les Vandales a Julien TApostat, ce qui les aide a expli-
quer la persecution par ce que la science historique d'alors,
dans ces pays, connaissait de plus recent en ce genre, et elles
les font venir sous son regne; elles vont ensuite alterant de
plus en plus leur canevas, tout en voulant le gamir de leur
mieux. Mais ces ombres ne feront que mieux ressortir les
lumieres qui jaillissent du fond du recit, en le detachant de
toutes ces superf6tations plus modemes, Les documents dont
je parle ici ont et6 suivis dans un ancien office de Saint-Sever,
propre a son monastere, et en partie parPillustre et judicieux
Pierre de Marca, dans son histoire du Bearn, aussi bien que
par le breviaire aturain de ces derniers temps. Et avec eux
ont una parente tres-etroite nos l^gendes de sainte Quilterie.
Une troisieme source se trouve dans les actesde saint Ge-
ronce et de saint Sever, recueillis par leP, Montgaillard et re-
sumes par Monlezun. lis offrent des variantes assez notables.
Le nom A'Alpes, donne par eux aux montagnes du Couserans,
pourrait trahir une main etrangere au pays; mais ce pent
etre la ou une faute d'inattention ou plutdt une imitation de
ceux qui disent les Alpes pyrineennes (V. Auteserre, Rerum
aquitan.). Que dis-je? d'ajpres Procope {de hello gofhico,
L I, c. xii), les habitants de nos contrees donnaient le nom
d" Alpes aux passages etroits situes entre les montagnes, et
c'est ainsi que TEspagne est dite s'etendre jusqu'aux Alpes
des Pyrenees. Voilidonc un signe presume d'interpolation
change en une marque de haute antiquite. A ces actes, for-
tifies par les traditions et par la crypte monumentale de Saint-
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— 10 —
Girons a Hagetmau, je rattacherais volontiers, non-seule-
ment la legende de ce martyr, ebauchee par le breviaire de
Dax au xiir siecle, mais encore un Propre dacquois posle-
rieur, cite parte raanuscritsaint-severien.
En somme, trois series au moins de temoignages, qui sont
tres-Ioin de se copier les uns les autres sur les points les plus
importants, tres-loin aussi de copier la veritable histoire, el
dont Taccord entre eux et avec elle sera parfois aussi instruc-
tif que leurs depositions isolees pourront devenir precieuses.
LeP. Honore de Sainte-Marie, a la verite, — dans son judi-
cieux contrdle des regies ct des usages de la critique, — par-
tage la severite de plusieurs centre Temploi de documents
semblables aux ndtres, bien que les plus habiles ecrivains,
dit-il, les aient invoques; mais, remarquez-Ie bien, il parte de
ceux qui sont tellement interpoles qu'on ne pent pas y dis-
tinguer le vrai d'avec le faux : or, dans les ndtres, je trouve
seulement des alterations faciles a constater et a guerir. — De
meme, le Pape Gelase declare, dans son fameux decret, que
TEglise romaine s'abstenait de lire les actes des martyrs, parce
qu'ils ne portaient pas avec eux la garantie d'auteurs connus
et a Tabri de tout soupcon et que Ton croyait y trouver par-
fois des indices de redacteurs ignorants, des superfluites, des
incoherences. Rome n'en a pas moins flni par en admettre un
bon nombre, une fois etablie leur fldelite. C'est le cas de re-
peter Tobservatioti faite par le P. Holland dans la preface de
son grand ouvrage : « Baronius, dit-il, avoue que certains
actes, la premiere fois qu'ils sont tombes entre ses mains,
lui ont paru ineptes et insipides; mais il ajoute qu'apres les
avoir plus soigneusement peses, il les a grandement approu-
v6s. Et a moi aussi, ajoute Bollandus, il m'en est maintes fois
arrive autant. » — Et de fait, comme le remarque Driedo (1),
(1) Joan Driedon, de Dogmat. var. torn, i, tract. 3, citd par Laderchi, Acta
SS. Christi martyrum vindicata. Dridocnsparle ici des l^gendes liturgiques. M.
Tabbd Meojoolet les a fort bion distingu^es deces l^gendes improprement dites qui
« etaieDt plat^t des eiercices litt^raires qne des ouvrages hisloriqaes. » Voir I'his-
toire de la I^gfende tr^s-distinctoment trait^edans rexcellent petit Hvre de M. Men-
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-- 11 —
Of si Ton declarferait stupide et temferaire quiconque aurait
la presomption de nier ce qu'on nous raconle, d'assez pro-
fane pourtant, sur les rois, les dues, les prinees ou les philo-
sophes, eombien plus temeraire sera eelui qui osera reeuser
le temoignage de,,. tant d'hommes, de tant d'eveques et de
docteurs?... Ces pretres, cespontifes nos peres, connaissaient,
qu'on n'en doute pas, ces paroles de TEcriture : Celui qui croil
vite a le cceur leger, et celte autre sentence : Ne crayez pas
a toute parole. »
Pardonnez done, auguste senat d'ecrivains, de correcteurs
et d'approbateurs, si dedaigneusement nommes aujourd'hui
legendaires et si dignes d'etre lus; pardonnez, si je relevedans
vqs redactions, ou du moins dans vos reeditions dernieres, non
point des inventions de personnages ou de noms propres, —
ce seraitvousattribuer tres-injuslement des impostures gra-
tuiles, alors que vous pretendez donner de Phistoire, — mais
seulement quelques fautes tres-naturelles de transcription et
des details d'araplification mal reussis et tout a fait en opposi-
tion, aux yeux de la science historique, bien plus abordable
aajourd'hui qu'elle ne Tetait de vos jours, avec les noms
propres que vous aviez recueillis; des details enfin qui de-
vaient vous parailre si naturels.
« A Tautorite des anciens, qui estle premier fondement de
la critique, il faut joindre, dit Honore de Sainte-Marie, les
conjectures, qui en sont le second. Le temoignage des au-
teurs fait naitre plusieurs conjectures; et les conjectures
contribuent a s'assurer de Tautorite des anciens. Ce sont
comme deux flambeaux qui se communiquent leurs lu-
mieres. » Mais quelles sont les conjectures que nous devrons
admettre? Celles sans lesquelles des choses irrecusables se
Irouveraient ou tout a fait inexplicables ou memo impossi-
bles; je n'aimerais guere que celles-la.
joulet sar saint L^oq ds Bayonne. Que ne pois-je rdpondre aux aimables invitations
du digne auteur, rolativement a nos origines sacr^es, par autre chose que par de
simples confrontations de la Idgende avec I'liistoire !
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- 12 --
En definitive, les quatre grands principes de la critique,
pour parler avec Fecrivain d6ja cite, seront nos flambeaux :
Tautorite historique et la conjecture logique, la tradition et
Tusage ou le consentementdes eglises. L'autorite historique,
par exemple, nous signaleratel heritier du trdne des Vandales,
exile d'Afrique a la fin du v* siecle et dont elle a perdu les
traces; la tradition, de son c6te, nous parlera d'un Africain,
qui etait un roi vandale, exile dans nos contrees avec quel-'
ques compagnons et cache sous le nom de Sever; Tusage 11-
turgique de telle eglise honorera sa royaute, sa conversion,
son exil, avec un certain consentement d'autres eglises inte-
ressees au contrdle; et, comme il nous sera impossible d'ad-
mettre un roi vandale exile chez hous et rattache par tout le
fond des legendes a la fin du v* siecle et au commencement
du vi% ainsi qu'a une pleiade d'illustres personnages chasses
alors d'Afrique par les persecuteurs, et de le supposer distinct
du prince historique banni on ne salt ou, force nous sera de
conjecturer ou m6me de conclure assez rigoureusement quHls
sont identiques.
Mon principal point de depart etant la legende de saint
Sever, on d6sirera. peut-etre quejela donne d'avancedans
toute son elendue; mais outre que trop d'amplifications et de
discours la rendent tres-longue, je dois laisser a d'autres le
soin de la publier, avec Thistoire du monaslere et de la ville
que notre martyr a honores de son nom; trop heureux de leur
preparer la voie, lis me pardonneront n6anmoins de citer
textuellement tons les traits de la legende necessaires pour un
recit complet et pour la sincerite de la discussion. Quant aux
textes entiers, laissons-les pour le moment et dans la Bi-
bliotheque nationale et dans les divers points du diocese
d'Aire ou je les ai pu etudier.
Jean LABAT,>S. J.
{A suivre.)
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— 13 —
LA DEViZE.
HISTOIRE MUNICIPALE ET CIVILE.
La ville de La Deveze, Castrum de Devezid, comple au
nombre de ses privileges celui d'avoir figure, jasqu'a la Re-
volution, comme Tun des quatre si6ges royaux de justice du
pays de Riviere-Basse (!)•
Si Dieu le veut, nous aurons plus tard Phonneur d'ofifrir a
la Revue de Gascogne, sur les Justices d'Arros et Adour (2),
des details de leur nature fort interessants.
Pour le moment, c'est VHistoire civile, et ensuite VHistoire
religieuse de la Ville et Communaute de La Devdze, qui dbit
nous occuper.
On nous accusera peut-etre d'avoir, jusqu'a ce jour, cher-
che k faire Vhistoire doree, c'est-a-dire Teloge et Tapologie
de La Deveze, plut6t que son histoire imparliale. C'est tres-
simple. L'hisloire de ce qui esttien, de sa nature estun eloge :
sauf le meurtre du venerable eveque d'Aire par les indignes
flls de Jean de Rive-Haute et leurs malheureux compagnons (3),
nous n'avons eu, dans ces epoques de vraie foi et de vraie
vertu, qu'a presenter le spectacle de grands courages et de
nobles caracteres.
(1) Cos sieges royaux ^taioDt: Castelnaa, Maubourguet, Tasqne et La DoYdze.
(2) Seolement pour Le pays de Riviere-Basse.
(3) Nous renvoyons a la fin de notre Monographie de La Devdxe quelques addi^
tions et rectifications y qui sonfc dues aux observations bienveiliautes et amicales de
M. I'abbd Candto, vicaire-g^udraL du dioc^e d'Aucb; de M. Paul La Piagne-Barris,
conseiiler a la coar d'appel de Paris; de M. I'abbd Oulac, curd deSauveterre (Han-
tes-Pyrdndes); de M. I'abbd de Carsalade du Pont, curd de Mont-d'Astarac. Nous
accepterons toujours avec reconnaissance toute observation qui aura pour but d'dclai-
rer un point quelconque de notre histoire locale.
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~ 14 —
Je doute, par exemple, que le progres des idees niodernes
puisse jamais reussir a graver dans le coeur de nos excellents
compatriotes un devoument pro re el patrid, aussi profond
que celui qui se revele a chaque page de nos archives muni-
cipales, depuis 1645 en parliculier. Nos consuls, echevins,
notables, conseillers de ville, etc,, reconnaissant « le precieux
avantage d'etre sous la main du Roy, » se feront gloire « d'e-
tre a perpetuite les justiciables 'de Sa Majeste, et ses hom-
mes. » Dans leur amour pour lebien public, ils proclameront
et defendront a outrance les droits inalienables de la com-
munauU, et, s'il faut en venir a des actes d'energie, ils sau-
ront tenir en echec les intrigues d'ambitieux qui auront pris
toutes les voies pour exploiter ses possessions au profit de
leurs passions egoistes.
- Malheureusement, dans nos annales, il y aura une date
funeste, V^oque revolutionnaire.
^ rheure opportune, on verra que nous savons fletrir les
discours impies et les violences sacrileges de nos tribuns mu-
nicipaux, et meme les faiblesses de nos freres dans le sacer-
doce.
En vertu de Tedit du 11 juillel 1607, les biens appartenant a
Henri IV, avant son avenement au trdne, par la succession de
Jeanne d'Albret, sa mere, furent reincorpores au domaine de
la couronne (1). II parait qu'en 1645, Louis XIV, par lettres
du20novembre, cedalecomted'Armagnac, et par consequent
la Riviere-Basse et le domaine de La Deveze, a Henri de Lor-
raine, comte d'Harcourt. La famille d'Harcourt les garda
jusqu'en 1787 (2).
(1) Jasqne-1&, les terres d'Armagnac, Albret, Rodez, P^rigord, Limoges ^taient
regies par des fenniers an nom dn roi de Navarre. En 1574, nous voyons figurer
on Raimond de Verges comme fermier da domaine an nom de Charles d'Ast et
Pierre Asselad, en verta d'on baildenenf ann^esconsenti par Henri, roi de Navarre,
le 27 mars 1574.
(1) Art de verifier (ei dates^ comtes d'Armagnac— Editda Conseil d'Etat da Roi
da 26 octobre 1716.
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— 15 —
iNous avons trouve trace : I'' d'hommages rendus le 6
aout 1642, par i'abbe de la Case-Dieu, pour lamoitie de la
haute, moyenne et basse justice et devoirs seigneuriaux de
Plaisance pour les fiefs en Castelnau, La Deveze, Galiax;
Maubourguet, Tieste, Aurifebat; 2° d'actes d'opposition (49
decembre 1634) contre les^usurpations que les fermiers du
domaiue faisaient sur Jes fiefs dus a Tabbaye de la Case-
Dieu, au terroir de La Devize (1).
Mais ce n'est, a vrai dire, que depuis 1645 que la ville et
communaute de La Deveze se revele a nos yeux dans sa vk mu-
nidpaleet civile. Nos archives communales, et les renseigne-
ments decouverts par nous jusqu'a ce jour, ne datent, a ce
point de vue historique, que de cette epoque. Depuis 1645,
nous possedons, en revanche, une serie abondante de docu-
ments authentiques dont la revelation, aprfes etude serieuse
et r^flechie, ne manquera pas, je Tespere, d'un certain in-
ter6t.
Cette partie de notre travail comprendra quatre paragra-
phes : 1^ Adminislralion municipale proprement dite; 2^ ad-
ministration foncidre, ou gestion des biens de la communaute;
3« administration financiire; 4** voirie.
Le paragraphe premier se divise en trois periodes : 1** Pe-
riode d'avant 1789; 2^ Epoque revolutionnaire; 3** Periode
contemporaine,
(1) iDventaire des titres de Tabbaye de la Case-Dieu (Archives ddpartementales
do Gers).
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— 16 —
ADMINISTRATION MUNICIPALE PROPREMENT DITE.
p^ODE d'ivant 1789.
Goutumes de La Deveze de 1309. — Reglement de police municipale de 1787.
— Ce r^glement aboli en 1789. — Droits et privileges de la ville et commu-
naut6 de La Devize.
La ville et communaute de La Deveze eut ses coutumes,
octroyees en 1309 par Bernard VI, comte d'Armagnac, et
confirmees par le comte Bernard VII, le 28 septembre 4392,
dans Teglise de Castelnau-Riviere-Basse (1). On lit dans Tin-
ventaire du ch§.leau de Lectoure : « Interpretation et confir-
» mation des coutumes de La Deveze, en Riviere-Basse, par
» .le comte Bernard (2). »
Au grand regret de tons ceux qui s'interessent a notre his-
toire locale, le texte de ces coutumes est perdu, ou du moins
nous n'avons pas eu, jusqu'a ce jour, la main assez heureuse
pour retrouver ce tresor.
En Tabsence de ce document, les offlciers municipaux de
La Deveze (7 octobre 1787) s'autoriserent du souvenir tradi-
tionnel de nos anciennes coutumes pour rediger un Regie-
menl de police que nos faux liberaux (15 Janvier 1789) pro-
clameront comme « un abus d'autorite et une soumission
» aveugle, de la part de la communaute, a toutes les volontes
» et a tons les caprices du sieur maire (3); » qu'ils revoqu«-
ront et annuleront « comme contraire au bien public, atten-
» tatoire aux droits du Roy et a ceux de VEglise (sic) (4), »
(1) Monlezun* Histoire de la Gascognet t. iv, p. 434. — Deliberation maDicipale
de la ville et commonaatd de La Devdze, da 7 octobre 1787.
(2) Nous devons cette note a la bionveillance de M. Paul La Plagne-Barris.
(8) Ddibdration de V Assemble municipale du lieu (ils ne venlent plus du mot :
ville) de La Devkxe,
(4) Ibidem.
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— 17 —
mais doQt la sagesse n'6chappei:a pas aux esprits intelligents
et serieux.
Nous pourrons donner plus tard, sous forme d'appendice,
ce document in extenso. Pour le moment, nous nous con-
tenterons d'en signaler quelques articles qui nous paraissent
de bonne et sage administration :
Art. 1«'.
Premierement a 6t6 dit et arrSt^ : tous les habitants de la juridic-
tion aiant voix deliberative seront tenus de se rendre a Tassembiee
generale qui sera convoqufe par un sergent de ville au nom et de la
part des offioiers municipaux, sauf legitime emp6chement, comme
aussy de deliberer et signer les deliberations, s'ils savent ecrire et
ce, a peine de trois livres d*amende applicable aux reparatioiis de
rh6tel de ville.
Art. 2.
Les officiers municipaux veilleront a Texecution de I'arrfit du
Conseil du Roi du 27 mars 1778, concernant la d^cence dans les
eglises : au cas d*obstination de la part des contrevenents, ils de-
meureront condamnes en trois livres d'amende pour chaquo contra-
vention applicable k Tentretien des ^glises qui sont toutes sans re-
venus dans la juridiction, sans prejudice d'etre fait le proems aux
deiinquants, conformement au susdit arrSt.
Art. 3.
Deflfences a toute personne de travailler les jours des f6tes et di-
manches a moins de grande n^cessitcJ et en avoir obtenu dans ce cas
la permission des officiers municipaux, a peine de trois livres d*a-
mende applicable a Tentretien des eglises du lieu.
Art. 4.
DefiFences a tous aubergistes et cabaretiers de donner a manger ny
a boire ny a jouer aux habitants de la juridiction ny k autres except^
les voyageurs, ny depuis neuf heures du soir depuis le premier no-
vembrejusques au premier avril; comme aussy depuis le premier
avril jusqnes au premier novembre, depuis dix heures du soir, ny
de laisser jouer chez eux des instruments la dite heure pass^e ny les
jours des fStes et dimanches; deffences pareillement aux dits habi-
tants et autres, les -voyageurs except^s, de rester aux dits cabarets
Tome XVIH. ' 2
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— is-
les dits jours, ny apr6s la dite Ijeure cc a peine de cinq francs d*a-
mende au profit des pauvres contre chaqu'un des dits cabarotiers,
joueurs des jeux et instruments habitants du lieu et autres circun-
voisins, et m§me de prison le cas y 6cheant.
Art. 5.
DeiBfences a toutes personnes de satrouper pour faire charivary,
course, danse ou autrement, se deguiser ou travestir, k peine de
vingt quatre heures de prison au moins et de cinq .francs d'amende
contre chaqu'un applicable aux reparations de I'hdtel de ville.
Art. 10.
Les hdtes ou cabaretiers seront regus par les officiers municipaux
en pretant le serment entre leurs mains aprte qu'ils auront pris les
attestations yalables de leur bonne vie et moeurs.
Suivent des details d'administration.
Art. 9 et 11.
Les boulangers seront tenus de faire le pain de bonne quality
Les boucheries devront 6tre tenues en service conformdment aux
reglements. Les dits bouchers ne pourront egorger aucune t6te de
b^tail qu'elle n'ait et^ sp^cialement visit^e par les officiers munici-
paux, etc. Le tout sous peine d'amende au profit des pauvres, par-
fois de prison, de confiscation de la dite viande, s'ils la jugent de
mauvaise quality. 11 faut que les poids soient.justes et conformes a
ceux de la pr^sente ville qui sont ceux du pais de Riviere-Basse.
Obligation pour eux de so servir des poids et balances qui leur se-
ront remis par les officiers municipaux. Defense de se servir de la
romaine.
Art. 12.
Aucunes personnes ne pourront s'etablir dans la presente ville et
juridiction dlcelle sans en avoir pr^alablement obtenu la permis-
sion du premier officier municipal ou autres en cas d'absence, qui
ne pourront les recevoir au nombre des habitant conform^ment k
Tart. 22 de T^dit de decembre 1706 qu'apres qu'ils auront justifi4 de
leurs bonne vie et moeurs et religion catholique et d'eux pris te regu
le serment en tel cas requis moyennant quoy pourront leur accorder
des titres d'habitans.
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19 —
Art. 60.
Et comme souvent les meilleurs reglements restent sans eflfet
faute de secours necessaires pour leur execution, conform^ment aux
dispositions de Tedit du mois d'octobre 1699, il est enjoint aux Pr6-
v6ts de mar^chauss^e, exempts, archers, huissiers, sergents, servi-
teurs de ville, aux bourgeois et tous autres de la juridiction, de
donner et prater main forte pour rentifere execution du present regle-
ment, a peine de cinq francs d*amende pour chaque fois contre cha-
qu'un des refusans, applicable aux reparations de Thdtel de yille.
Art. 51.
Tous les susdits habitant assembles tant pour eux que pour les
autres absens ont promis et promettent pourtoujours a Tarenir ob-
server exactement le present reglement de police auquel ils sont
soumis volontairementavec promesse de ny contrevenir directement
ny indirectement ny de n'en reclamer ny appeler, a quoy ils ont
renonc6 express^ment. — Au surplus, ils donnent pouvoir auxoffi-
ciers municipaux de poursuivre Tomolagation du susdit reglement
auprfes de Sa Majesty et devant Nosseigneurs du Parlement de
Toulouse — comme aussy de supplier MonseigneurTIntendant d*ho-
toriser les depences qu'il sera necessaire d'exposer pour TarrSt
d*omolagation, frais d'impositions, d'affiche et publication tant dans
la preseute ville, juridiction d'icelle que dans les paroisses voisines et
pour subvenir aux dits depens suplie en mSme temps Monseigneur
ITntendant de leur permettre d'imposer les sommes qu'ils croiront
necessaires d'apr^s les ^claircissements qa'ils prendront a cet ^gard.
Ainsy aet6 conclu, arrSte etd^lib^r^ (1) par lesdits assembles qui
ont sign^ avec mondit Maire, consuls et autres.
Sign^s : D. Lanacastets, maire; Jean-Baptiste Lanacastets, 1«'
consul, Lalanne, consul; Barquissau, Domerc, Cantan de Hournets,
Leberon, trois Dareix, Meillan, Dusser, Biere, deux Paisse, Latfite,
secr^taire-greffier.
En presence de teUes mesures administratives, je Contois
que nos progressistes de 1789 aient revoque et annule la
deliberation du 7 octobre 1787,
(1) Deliberation en assemblde generate de la commnnaate de la Devese, da 7
•ctobre 1787.
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— 20 —
Les considerants et la conclusion de leur arrfit nous parais-
sent un vrai monument d'hypocrisie liberale :
L'aiil789et le 15 Janvier rassembloe municipale du lieu de'la
Devize s*est r^unie a ThOtel de ville... a laquelle il a iti repr^sent^
par le syndic et president de la dite assemblee dudit lieu que... le 7
octobre 1787, le maire aurait presento un projet de reglement de
police contenant cinquante articles dout quelques-uns auraient pA
6tre de quelque utilite k la Communaute.... mais plusieurs des arti-
cles contenus au dit projet do reglement ne furent ny compi^ ny
entendus par les particuliers qui composaient alors cette assemblee :
tous ces articles qui ne furent ny compris ny entendus par les parti-
culiers assembles a ladite dpoquo 6taient tres on^reux a la commu-
naute et ne tendaient tous qu'a approprier un droit et une authority
sans bomes au sieur Maire, qui par ce moyen aurait tenu les habi-
tans dans la servitude au gr6 de son caprice, de maniere que ce pr^-
tendu rfeglement de police devenait une soumission aveugle de la
part de la communaut6 a toutesles volont^s du sieur maire...
Sur quoy la matiere mise en deliberation, il a et^ unanimement
arrfite et deiib^re k regard dudit projet de police que TAssemblee le
revoque et annule comme contraire au bien public, attentatoire
awx, droits du Roy et d ceux de VEglise.
Helas ! dans les jours malheureux qui suivront .de trop
pres cet arret infamant contre une administration energique-
ment conservatrice, relrouverons-nous un tel respect pour les
volontes royales et les droits imprescriplibles de TEglise !
Nous n'avons pas ete assez heureux pour retrouver la trace
de nos anciennes coutumes*
Mais nous savons, de science certaine, que la ville et com-
munaute de La Deveze possedait des droits et privileges dont
nos aulorites s'empresserent de faire le denombrement (mars
1777) pour ne pas se voir depouilies d'un bien you/ de tout
temps et de possession paisible et constante. Un arrete dela
Couret Chambre des comptes de Navarre du24 septembre
1772 enjoignait a. tous les vassaux de son ressort d'avoir a
faire hommage de ces droits a Sa Majeste, et d'en produire
la declaration. Pour faire acte de parfaite obeissance^ la mu-
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— 21 —
nicipalite de La Deveze donna, par deliberation du 9 mars
1777, au sieur Dominique Lanacastets, avocat au Parlement,
conseiller du Roi et maire, tons les pouvoirs et delegations
necessaires.
La ville et communaute de La Deveze possedait : 1** droits
de justice, haute basse et moyenne; 2^ droit de baylie; 5^ droit
de taverne; 4° droit de peage; 5° droit de mesurage, d'avoir
des mesures fixes pour les denrecs seches et liquides, droit de
moudre les grains ou Ton voulait; & droit de fixation des
lods au denier douze du prix des rentes et echan'ges; 7^ droit
de fixation des fiefs a quatre deniers par sac (16 deniers par
arpent); 8** droit de dime, censive; 9^ droit de construire des
pigeonniers detaches avec chaperon; l& droit de percevoir
une somme fixe sur chaque animal egorge et chaque barrique
de vin se dcbitant a pot ctpinte; 11° droit de fixer le ban des
vendanges; 12° droit de poUce ordinaire; 15° droits d'elire les
consuls, echevins et autres offlciers municipaux, et autres
droits seigneuriaux utiles et honoriflques (1).
n
R6gime consulaire. — Election et installation des consols. — Division de La
Dev6ze en quartiers (1765). — Pretentions de Tursan d'Espagnet. — Lutte.
— Organisation et elections des Irois quartiers. — Regime des echevins. —
Nouvelles luttes entre le corps de ville et Tursan d'Espagnet.
Jusqu'en 1765, la ville et communaute de La Deveze fut
exclusivement administree par trois consuls. — Quand il
fallait traiter des affaires de la communaute, on se r6unis-
sait, en assemblee pubUque, par devant le juge de La De-
vfeze (2) ou devant le lieutenant de Riviere-Basse (3).
(1) Cf. Deliberation da 9 mars 1777. — • Acto de vente du domaine royal de La
Devdze aa sieur Bernard de Faudoas (26 juillet 1765).
(3) Ra\n)onddu Clos, de La Devize, conseiller du Roy» r^mplit les fonctions de
la judicature de La T)ev6ze et du pays de Rividre-Basse, jusqu'en 1713; il eut pour
successeur immediat M. Andrd Saturnin Tursan, conseiller du Roy, natifdeLa
Devize; M. Tursan porte le litre do juge en chef du pays de Riviere-Basse» en
1717 (2 Wvrier).
(3) M. Jean Domerc, habitant de La Deveze, occupa la charge de lieutenant de
Rivi^ro-Basse jusqu'en 1693 (11 decembre); — de co jour, il est qualifie lieutenant
principal de Rivi^ro-Basse jusqu'en 1713 (3 septembre).
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- 22 — .
Tous les habitants, sur ^representation des consuls, avaient
le droit de prendre une part active aux. deliberations. C'etait
rage d'or du suffrage universel dans le gouvernement 3ocial.
Le suffrage universel a cette epoque etait, sans nul doute,
honnetement et intelligemment cxerce, parce qu'il ne sortait
pas des limites de la competence et des interets propres
des 61ecteurs.
La nomination des consuls se renouvelail tous les ans, le
premier dimanche de septembre : chacun des consuls sortarits
pour sa charge respective de 1", 2% 3* consul, proposait au
suffrage de la communaute, autorisee a se reunir par le juge,
aprfes communication de la liste consulaire au Procureur du
Roy, deux noms, parmi les gem de probite et de bien, les
plas capahles et solvables. Le candidat qui, dans chacun des
trois rangs, avait obtenu le plus d'adhesions, etait investi des
honneurs et charges de consul. Leresullat du vote etait com-
munique par le juge au Procureur du Roy qui octroyait ra-
tification definitive, si ce vote n'offrait rien de contraire aux
ordonnancfis royales niaux arrets de la cow.
Les consuls modemes (c'etait le nom qu'on donnait aux
nouveaux elus) fetaient rcquis par le juge de venir preter le
serment d'usage entre ses mains, a peine de vingt-cinq et
parfois cinquante livres d'amende, et d'etre responsables en-
vers la communaute de tous depens, dommages et interets.
Faute de ce, il leur etait fait inhibition et defense d'exercer
une fonction quelconque de la charge consulaire.
La prestation d'un serment, meme pour des fonctions
laiques, est de sa nature un acte religieux et sacre; aussi j'e-
prouve une sympathique admiration pour les consuls de
certaines villes et communautes se rendant a Teglise du lieu,
le lendemain de la Noel, conduits par les consuls sortant de
charge, revetus de leurs insigncs et accompagnes des membres
duCoriseil. L^, en h presence reelle du Dieu-Verite, ilssMn-
clinent devant le seigneur du lieuou son bayle qui les attend
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assis sur son siege^ la croix et le livre des saints Evangiles
poses sur ses genoux, et jurent « de bien deument garder
» governer le bien de la communaute le mieux qu'il leur sera
» possible et faiire aultant pour le pouvre que pour le riche,
» sans porter faveur a aulcung et fere tout ce quUl fau-
» dra (1). »
Je suis moins admirateur de nos consuls comparaissant
devant le juge du lieu, « jurant » sans doute « fldelite au Roy
» et de faire les fonctions de leurs charges en gens de bien,
» d'honneur et de conscience, » mais « prosternes k deux
» genoux, les mains sur les saints Evangiles, anx pieds du
» juge, dans sa maison d'habitation, ou dans Tendroit ou Ton
» a coutume de tenir les assemblees publiques. »
L'autel du Dieu vivant, dans ces circontances, me va mieux
que rhdtel, meme d'un juge de La Deveze et de Riviere-
Basse.
L'election consulaire devait se renouveler tons les ans.
Toutefois, en execution des ordres du Roy et ordonnances de
monseigneur Tlntendant, les consuls de 1735 furenl conti-
nues i^om 1736, 1737, 1738.
Le regime des consuls fut en vigueur jusqu'en 1765. II y
avait eu jusque-laharmonie parfaite entre les habitants et les
divers tenants de Tautorite. Le juge se faisait un devoir et
un honheur de presider les reunions, et les consuls prote-
geaient avec un zele digne d'eloges, s'il faut en croire nos
archives municipales, les droits et les interfits de la commu-
naute.
On connait les desordres de tout genre quiregnerent k la
Cour sous Louis XV, et qui ne firent que trop ressentir leur
influence a tons les degres de Tadministration.
L'annee 1765 est, selon nous, le point de depart officiel de
toutes nos revolutions locales.
Aux mois d'aout 1764 et mai 1765, le Roi eut la malen-
(1) Histoire dela ville ei communauU d'Aubiet^ par M. Fabbd Dubord.
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— 24 —
contreuse inspiration de signer des edits, enregistres le 16
juiliet 1765 en Souveraine Cour de parlement de Toulouse,
qui enjoignaienl aux juges des iieux d'avoir a diviser les villes
et bourgs en trois quartiers d'un nombre egal d'habitanls; el
a ieur defaut, ordre formel aux echevins ou consuls du lieu
de prbceder a Toperation. En outre, il devra etre elu, en as-
sembUe publique el par quarlier, quatre deputes. Ces depu-
tes, loujours en presence du juge et des consuls, nommeront,
au scrutin secret et a la pluralite des voix, six notables re-
presentant les divers ordres; les notables procederont a Ieur
tour, dans les memes formes, a Telection de deux echevins;
les echevins et les notables a Telection de trois conseillers de
ville; les notables, les echevins et les conseillers de ville, a
Telection d'un receveur syndic, d'un secretaire greffier, col-
lecteur, prud'homnles ettousautres serviteurs de ville.
Certains membres de la communaute de La Deveze prirent
a coeur Texecution des edits. M. Andre Tursan, juge en chef,
fut requis d'avoir a se conformer aux Ordres Royaux. Inde
irce. II parait meme que la nouvelle reglementation n'etait
pas parfaitement prisee par les consuls en charge : Guillaume
Bacque, Jean LaQtte Inthus et Bertrand Dubernet. II y eut in-
tervention dubayle, et sommation pour le juge et les consuls
d'avoir a faire executer rentier contenu des edits. Le juge en
particulier repondit par un refus formel; et desormais les
Tursan d'Espagnet n'assisteront que rarement aux delibera-
tions, bien qu'invites chaque fois par billet signe du secretaire
greffier et adresse par les officiers municipaux.
D'Espagnet alia, a titre de protestation, jusqu'a proceder,
loi seul, a la nomination d^s consuls jusqu'en 1766. II obtint
meme de ses elus la prestation du serment entre ses mains.
Les membres de la communaute, Dominique Lanacastets,
notaire royal; Guillaume Lafitte Gardey, avocat en parlement,
etc., favorables aux edits, protcstercnt contre Vdleclion d'Es-
pagnet, meme par devant notaire, la taxant d'operatiun des
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— 25 —
plus hregutidres et singulidres, de contravmtion et attentat
aux edits el reglemenls en usage, de violation flagrante des
droits de la communaule qui a toujours choisi el nomme ses
consuls, a la pluralite des suffrages.
« En consequence, lesdits sieurs conslituants etant interes-
ses a faire executer les edits et faire casser la pretendue elec-
tion consulaire faite d'autorite par d'Espagnet, ont unanime-
ment cree, pour y parvenir, syndic de la communaute, avec
pleins pouvoirs jusqu'a sentence et arrets deflnitifs, Domini-
que Lanacastets, notaire royal, a Feffet de se pourvoir envers
et centre Telection consulaire faite par ledit sieur d'Espagnel
par devant et en la cour de messieurs les offlciers de Telection
d'Auch, et partout ou besoin sera, en premiere instance ou
par appel.»
Les elus de d'Espagnet, Jean Fauron, Raymond Biales,
pour ne pas s'engager a des complications fort desagreables,
crurent devoir se desister.
M, d'Espagnet et les consuls de 1765 persevererent dans
leur refus formel de proceder au partage exige par les edits,
« nonobstant les requisitions verbales faites par la commu-
» naute en assemblee, et m6me di verses fois par plusieurs des
» plus notables. » II fallut en venir encore a la creation d'un
syndic « avec pleins pouvoirs de faire trois actes separes de
» trois en trois jours, audit sieur d'Espagnet, et subsidiaire-
» ment, et a defaut de d'Espagnet, aux consuls en exercice
» pour les prier et les sommer d'avoir a diviser la ville de La
» Deveze et ses dependances (1) en trois quartiers, pour for-
» mer chacun desdits quartiers d'un nombre egal d'habi-
» tants, en suivant Tordre des demeures (2). »
(1) En 1650, la ville et commanaotd de La Devize contenait qoatre cent trente
maisons dispersdes dans les cinq paroisses. Extrait da cadastre de 1650. En 1765,
la mdme ville et communaute de La Devize comptait 1309 habitants (Deliberation
da 21 novembre 1765).
(2) Acte notarie signe IJusser, du 13 oclobre 1765. Archives de M. Dupleix-Pal-
laro, notaire a La Deveze-Ville. M. Dupleix se pr^te a toates nos recherches avec
one bienveillance si gi^n^reuse et si amicale, que nous ne saurions jamais trop lui
temoigner notre vive et respectueuse reconnaissance.
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— 26 —
Enfln, Jean Lafltte Inthus, somme el requis par exploit
d'avoir, en sa qualite de consul, a s'executer inconlinenl ei
sans delai, proceda a la division (1) tant et si indument desi-
ree, comme suit :
l^ Avons compost le premier quartier de la paroisse de la Ville
et de celle de Saint-Andre auquel nous avons joint les ntiaisons des
nomm^s Aujalis, Lartigue Grivois et TAbeill^ qui sont a portee
de ladite ville et avons trouve que ce quartier contient quatre cent
trente quatre habitans;
2^ Avons compose le second quartier des paroisses de Castets et
St-Pierre, et avons trouv^ que ce quartier contient quatre cent trente-
deux habitants.
30 Avons compost le troisieme quartier des paroisses de St-Lau-
rent et le parsan de Labonnas excepte des trois maisons que nous
avons jointes au premier quartier lequel present quartier avons
trouv^ contenir quatre cent quarante-trois habitants.
Ainsi a ^te par Nous faite la 'division de la ville de La Deveze et
ses d^pendances, en trois quartiers en suivant Tordre des demeures
d'un nombre ^gal d'habitants autant qu*il a ^te possible.
A La Deveze, ce vingt-un novembre mil sept cent soixante-cinq.
Sign^s : Laffitte, consul, Bi^re, secr^taire-greffier d'office.
Deja (20 novembre 1765), le clerge de La Deveze, noble
Antoine Du Clos de Gouts, docteur en theologie, archiprfilre
de St-Pierre el Castets, M* Pierre Lasserre, docteur en theo-
logie et cure de Saint Laurent, M* Jean Bourdette, aussi doc-
teur en theologie, cure de la paroisse de St-Andre, la Magde-
leine et ville de la Deveze, et M' Laurent Lalanne, docteur en
theologie, prieur de Segalas, tons demeurant audit La Deveze,
en execution de Particle 36 de Tedil de mai, s'etaient donne
(1^ Jusqa'i la malencontrease division de 17^5, La Deveze ne formait qa'one
seule communautd de droits et dMntdr^ts sods le regime de trois consuls pris indif-
f^remmeot dans les cinq paroisses. L'entente 6tait parfaite dans 1' administration;
poor mon compte, je crois que la division da 21 novembre 1765 f*st le point de de-
part des divisions trop r^elles que La Devize a \o se socc^der depuis lors et se
mnltiplier dans son sein. La suite de la narration nous d^montrera malheureuse-
ment qae La Devdze a 6i^ plus particnli^rement, depuis cette 6poque, Tinfortan^e
vietime de I'esprit r^volutionnaire.
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— 27 —
readez-vous, dans la maison presbyterale de Saint-Pierre, en
Deveze, pour 61ire le depute du clerge qui devra participer a
Telection des six notables : ce fut M* Bourdette qui regut dele-
gation pour serendre, a celte fin, dans Tassemblfee des deputes.
Chacun des trois quartiers reunis par section et k des
heures differentes en presence du consul fit, de son c6te et
respectivement, le choix de ses quatre deputes. Voici le resul-
tat de Telection :
1" quartier : La Ville et St-Andre: Guillaume Laffite Gar-
dey, avocat au Parlement; Pierre Leberon, praticien, Gabriel
Lestrade, m" chirurgien, et Jean Labarthere.
2* quartier : St-Pierre et Castets : Jean Ducasse, Francois
Lalanne Poulit, Jean Laporte et Dominique Brescon.
S** quartier: St-Laurent et partie de Labonnas: Bernard
Lalanne, Laurent Dareix, Guillaume Nabonne, Arnaud Do-
merc (1).
Les douze deputes, plus le depute du clerge, se reunirent
pour elire les six notables.
Furent elus au scrutin secret et a la pluralite des voix :
4** Noble Antoine Du Clos de- Gouts, docteui; en theologie,
archipretre de la Deveze, notable pour le corps ecclesiastique;
a^* Bernard-Joseph Lafflte-Caussade, Jean-Baptiste Lana-
castets et M' Jean Dusser, notaire royal, notables pour le
corps des bourgeois et avocats.
3* Guillaume Domerc el Guillaume Dareix, notables pour
le corps des laboureurs et artisans (2).
Dix jours apres, il fut procede a Telection des deux echevins,
par les notables. Les suffrages furent devolus.par scrutin se-
cret et a la pluralite des voix a M' Guillaume Laffltte Gardey,
qui fut nomme premier echevin, et a M' Dominique Lana-
castets, notaire royal, second echevin (3).
(1) 'Deliberation du 92 novembre 1765.
(9) Deliberation du 93 novembre 1765.
(3) Deliberation du 8 decembre 1765.
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— 28 —
En conformite d^s edits, les elus durent accepter le litre
d'echevin; ils preterent le serment exige sur les saints Evan-
giles, et entre les mains du second consul, en Tabsence du
juge etdu premier consul, ilsjurerent, selonTusage, fidelite
au Roi et s'engagerent a remplir leurs fonctions en gens de
bien, d'honneur et de conscience (1).
Les notables et les echevins flrent Telection des conseillers
de ville; les elus furent : Laurent Dareix, Bernard Lalanne-
Balthazar et Arnaud Lanacastets Bachet (2).
Enfln (3), Louis Biere, praticien, fut elu secretaire gref-
fier, Pierre Dareix, receveur syndic. De plus, on decida qu'on
ne prendrait qu'un serviteur de ville aux gages de dix livres
par an. Les gages du secretaire greffier furent portes a 36
livres. Jean Lacour Lapouchoune fut nomme valet de ville, et
la maison de Guillaume Dareix Tarbes, choisie pour lidtel de
ville provisoire, au lieu de tenir les assemblies sub dio
comme cela s'etait pratique jusqu'a ce jour. Le 9 decembre
1765, Dominique Brescon Burbail fut nomme coUecleur. .
Quelques jours apres Torganisation de la nouvelle munici-
palite, eut lieu .une assemblee (4) des echevins, conseillers
de ville et notables : on arreta que, pour se conformer aux
edits, les echevins auraient a convoquer les offlciers muni-
cipaux, en assemblee de notables, tons les quinze jours, ou
plus sou vent si les echevins le jugeaientconvenable. — Dans
cette reunion, on devra s'occuper de la regie et administration
ordinaire de la presente ville com me aussi de toutes les affaires
exigeant prompte expedition, telles que logement des gens de
guerre, transport des miUtaires malades, feux de joie, reponses
aux lettres du Gouverneur, Commandant, Intendant de la
Province et ses sub-delegues, ordres par eux adresses aux
echevins, etc. — II sera egalement tenu par les conseillers,
(1) D^lib^ratioa du 5 decembre 1765.
(2) Deliberation da 5 ddcembre 1675.
(3) Deliberation da 6 decembre 1675.
(4) 19 decembre 1765.
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— 29 —
tous les premiers samedis du mois, une assemblee de corps
de ville oii seront trailees, sauf les reserves 6tablies par I'art.
13 et suivants de Fed it d'aout 1764, toutes autres questions
concemant lesinterels de la communaute.
11 est dans les tendances de Thumanite et trop souvent dans
les usages de certaines administrations nouvellement etablies
detrouver mauvaistout ce quia ete accompli dans le passe.
Nos elus modemes eurent le soin de se delivrer un brevet so-
lennelde capacite administrative. lis jugerent que la ville et
communaute de La Devfeze « depuis longlemps etait tres mal
» conduite, qu'aucune forme de gouvernement ne pouvait etre
» plus utile et plus conforme a la situation actuelle que la
» formeetles regies prescrites parlesedits de 1764 etl765. »
— II faut etre impartial; — nos ediles nouveaux revelerent
un devouement special pour la remise en vigueur de certains
droits, qu'ils nommaient biens patrimoniaux de la communau-
te, tels que droits de boucherie, de mesurage, de cabaret. . . . En-
tr'autres plaintes energiquement formulees, ils trouvaient de
fort mauvaise administration que Tancien consulat eut laisse
tomber ces privileges en desuetude; — plustard, quandnous
traiterons de la question financiere, nous verrons si leurs
plaintes etaient en tous points fondles; — d'ores et deja, il
n'y a pas lieu de feliciter outre mesurc nos nouveaux ediles
de leur zele si patemel, nolamment pour les cabarets. On ira
meme jusqu'a accuser Tadministration consulaire de concus-
sion, de mauvais emploi, detournement des fonds munici-
paux (1).
En 1767 (25 novembre) et 1768 (2 novembre), la nouvelle
edilite reviendra sur la mauvaise regie des biens patrimo-
niaux, cabarets et autres; elle representera par Torgane du
premier 6chevin que «jusqu'ala formation du corps de ville,
9 les affaires de la communaute etaient dirigees avec tanl de
» negligence et de confusion, que tout etait dans un desordre
(X) Deliberations des 11 ei 31 Janvier 1766.
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— 30 —
» general, » que jamais les offlciers municipaux n'avaient pu
liquider la situation, « parce que les titres et papiers, comp-
» tes et autres documents de la communaute ont ete enleves
» ou supprimes ou retenus par plusieurs personnes, entre
» autres les livres de mouvances, comptes des consuls, col-
» lecteurs, syndics, et specialement un arret du conseil du
» 1" mai 1696 portant prohibition d'aliener le domaine de
» La Deveze; que cet arret est entre les mains du sieur Tur-
» san, juge;. qu'il importe de nommer un syndic pour assi-
» gner les detenteurs de ces papiers devant les juges a qui
» la connaissance en apparliendra (1)* »
Ce zele si soucieux n'etait pas de nature a detruire Tantipa-
thie officielle qui divisait d6ji les Tursan d'Espagnet et la
nouvelle municipalite. II n'etait pas fait pour prevenir de
nouveaux orages. Deja, il s'en etait produit d'assez violents.
Le9 mars 1766, les echevins avaient regu ordre de Tinten-
dant d'envoyer toute la jeunesse de La Deveze, le 19 mars, a
Plaisance, pour le tirage au sort. Cet ordre fut exactement
transmis le dimanche qui en suivil la reception, a Tissue de
la messe paroissiale. Malgr6 les insinuations de M. d'Espagnet
et de quelques-uns de ses amis qui cherchaient a les entrainer
dans les voies de Tinsubordination, les jeunes conscrits furent
fldeles a Tappel. M. d'Espagnet s'en entenditavecM. de La-
garde, commissaire subdelegue, rteidant a Aire, et par ses
agissements, il reussit a faire proceder au tirage en presence
du commissaire, dans sa propre maison, vers les onze heu-
res du soir. Bien entendu, leg echevins et notables furent evin-
ces. Cette conduite indigna le corps de ville de La Deveze. II
la regarda comme un outrage sanglant inflige aux represen-
tants offlcielsde Tautorite dans Texercice m6me de leurs fonc-
tions. Le 25 mars 1766, il fut delibere qu'on prendrait une
consultation aupres de Tun des avocats les plus distingues du
parlement de Toulouse, aux fins de poursuivre.raudacieux
(1) D^lib^ratioD do ^5 novembre 1767.
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— 31 —
Tiolateur des, ordres offlciels par toules les voies de droit.
Plainte fut porteeiMgr rintendant et a M. de Choiseul, mi-
nistre de la guerre. EUe eut tout Teffet qu'on s'en 6tait promis.
L'intendant bl^a la faiblesse deM.de Lagarde^ et le 4 mai
1766 les echevins regurent la lettre suivante :
Paris, le 4 mai 1766.
Je suis fSch^, Messieurs, de ce qui est arriv6 k La Devize au su-
jet du tirage au sort. Ce n'est au surplus qu'un d^faut de forme qui
ne derange rien au fond. Mais je mande a mon subd^l^gu^ de faire
en sorte que dor^navant cet inconvenient n'ait plus lieu.
Signi : D'Etignt.
L'esprilqui a dictecette lettre revele trop, anotresens, la
tendance qu'auraient certaines autorites a vouloir toujours
justifier leurs actes^ meme quand ils sont des abus de pou-
voir le plus souvent cre6s par de mesquines ambitions.
Le corps de ville de La Deveze ordonna la transcription de
cette lettre sur les registres offlciels pour servir de regie k ceux
qui dirigeraicnt, dans la suite, les affaires de la communaule.
Elle serail en meme temps un temoignage rendu a la fermete
des administrateurs actuels comme aussi a leur respect pour
les volon tes superieures .
M. d'Espagnet ne manqua pas de rejeter la pierre aux eche-
vins. Le 23 septembre et 1" octobre 1767, la municipalite de
La Deveze crut necessaire, pour maintenir Tordre public, da-
porter di verses ordonnances de police, notamment de faire
eleverun carcan ou pilori sur la place publique. M. d'Espa-
gnet interjeta appel en cassation pres le parlement de Tou-
louse; le 9 aout 1768, la cour rendit un arr^t qui cassait ces
ordonnances, ordonnait d'enlever le carcan sauf a en faire
placer un autre, aux formes du droit, et condamnait les eche-
vius a25 livres 12 sols 11 deniers d'amende.
Joachim Gaubin,
prdtre, miffioDDiire.
{La suite prochainement.)
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— 32 —
m JDGEEIS DE lilM DE NOBLESSE EN GASGOGi.
Les privileges dont jouissail la noblesse sous Tancienne
Monarchic avaienl 6te de tout temps Tobjet des convoilises de
la riche bourgeoisie. De la les usurpations sans nombre de
noms, de titres, d'armoiries, contre lesquelles s'eleverent en
vain les ordonnances de Charles VllI, d'Henry IV et de
Louis XIIL Les troubles religieux et les guerres civiles, qui
bouleverserent la France a la Qn du xvi* siecle et au commen-
cement duxvn% ne contribuerent pas peua favoriser ces intru-
sions du Tiers-Etat. C'est en vain que le corps de la noblesse
assemble a Paris, pour la tenue des Etats generaux de 4614,
representa au Roi « que les armoiries etant une distinction
attachee aux families nobles et dont le legitime usage ne pent
venir que de la naissance ou de la permission du souverain,
les usurpations qu'en faisaient chaque jour les roturiers de-
vaient 6tre reprimees, » et supplia Sa Majeste « de creer
un juge d'armes, qui dress&t un registre universel de tons les
nobles du royaume et de leurs armoiries. » C'est en vain que
d'Hozier, signalant ces usurpations audacieuses, ecrivait:
a On ne saurait croire jusque a quel point les abus se sont
multiplies de nos jours : les roturiers s'arrogent des armes
sans aucun droit; pour pen de conformite qu'ils trouvent
entre leur nom et celui de quelque famille noble, ils prennent
le meme symbole de noblesse. II est done necessaire de re-
primer ses exces si opposes au bon ordre; la gloire du Prince
y est interessee et Thonneur de la noblesse le demande. » Les
verges meme que Moliere donnait si vertement au bourgeois
gentUhomme etaient impuissantes a reprimer ces usurpations;
et les choses en etaient venues a ce point, vers la fin du xvir
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— 33 —
siecle, que sur cent families se pretendant nobles, un dixifeme
a peine eut pu en fournir la preuve.
Louis XIV s'emut de cet abus qui, en augmentant le nom-
bre des privilegies, accroissait outre mesure les charges du
reste de la population. II rendit, en consequence, une ordon-
nance datee du 8 fevrier 1661, par laquelle il chargeait les
cours des aides du royaume de la recherche des usurpateurs
du titre de noblesse. Cette ordonnance royale ne refut point
son execution « a cause des longues procedures usitees es
dites cours, et de la faveur que plusieurs desdits usurpateurs
trouvaient aupres d'aucuns des officiers qui les composent,
desquelsils sont parents ou alliez (1).» C'est pourquoi, le 26
fevrier 1666, Louis XIV rendit une seconde ordonnance, par
laquelle il evoquait des cours des aides tons les proces pour
la recherche des usurpateurs des titres de noblesse, et en con-
flait la connaissancea des commissaires generaux, nommes et
deputes dans les provinces par le conseil d'Etat. En indiquant
les motifs de cette mesure, Tordonnance reglait en meme
temps Ml maniere dont les commissaires deyaienl proceder
pour la verification des titres de noblesse et Tetablissement
des amendes : ^ Et ordonne Sa Majeste que par ledit commis-
saire il sera procede a la continuation de la recherche des
usurpateurs du titre de noblesse, auquel efifet ledit commis-
saire se transportera dans chacune des Elections dependantes
desdites generalitez, pour faire assigner par devant luy, tant
les veritables gentilshommes que les pretendus usurpateurs,
pour representer leurs titres, pour estre le tout communique
aux commis preposez pour la recepte des amendes, et inces-
sament verifiez par ledit sieur commissaire. Et ceux qui se
trouveront sans difflculte seront a Tinstant rendus et sans
frais a ceux qui seront reconnus v6ritablement nobles. Et
(1) Ordonnance del666.— Les charges k la cour des aides confdraient la no-
blesse; de pins, elles ^talent v^nales. On comprend facilement Tappoi que les usur-
pateurs devaient trouyer anprds des nouveaux aneblis/ dont loute la parents se
troQTait encore dans la boargeoisie.
Tome XVIH. 3
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- 34 —
quant aux.autres, ledit sieur commissaire dressera son procez-
verbal des dires et contestations des parties, pour estre en-
voye avec son avis au Conseil, ou il sera fait droit au rapport
des commissaires cy devant a ce deputez; lesquels avis con-
tiendront ce que chacun desdits usurpateurs devra payer, eu
egard a ses facullez et au benefice qu'ii aura tire de son usur-
pation, au prejudice de Sa Majeste et du public. » L'amende
pour toute usurpation elait de 2,000 livres. En outre, le cou-
pable devait etre taxe a 300 livres pour chacun des titres qu'il
aurait pris indument dans les actes publics, noble, chevalier,
ecuyer, messire, baron, etc. , etc. « Et voiilant Sa
Majeste temoigner aux veritables gentilshommes, que la re-
presentation desdits titres n'est demandee que pour les dis-
tinguer des usurpateurs et de les empficher de vexations a
Favenir; ordonne qu'apres la verification desdits titres, et
ladite recherche parachevee, il sera fait un catalogue conte-
nant les noms, surnoms, armes et demeure desdits veritables
gentilshommes, qui sera registre es greflfes des bailliages et
elections pour y avoir recours. »
Depuis cette epoque jusqu'a la mortde Louis XIV, le con-
seil d'Etat rendit un grand nombre d'arrets, ordonnant de
continuer les poursuiles centre les usurpateurs de noblesse.
Telles sont les declarations du 4 septembre 1696, du 30 mai
1702, du 30 Janvier 1703 et du 16 Janvier 1714.
Forts de ces declarations royales, les commissaires enque-
teurs ne craignirent pas quelquefois de s'adresser en haut
lieu pour demander aux porteurs de titres la preuve de leurs
droits. Ainsi, en 1704, le lieutenant de la prevdte generate
des monnaies et marechaussee de France fut assigue devant
les commissaires afln de justifier du titre d'ecuyer qu'il se
donnait sans aucun droit. Dans la generalite d'Auch, M« Charles
de La Cour de Beauval, commissaire enqueteur, assigna de-
vant lui messire Clement de Montesquieu, de Pr6chac, abbe
de Berdoues et de Talbonne, pour qu'il eAt a produire ses
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— 35 —
litres de noblesse; et le25 mai 1699, le meme commiss^iire
rendit un jugement par deffaut, contre haul et puissant sei-
gneur Frangois de Lasseran de Manssencome de Monluc, par
lequelii le condamnait a 2,000 livres d'amende comme usur-
pateur du litre de noblesse et a la sqmme de 30 livres pow
la restitution « des indues exemptions des charges de la pa-
roisse de sa demeure, dont il avail joui. » — Le petit-fils de
Monluc n'eut pas de peine a se faire relever de ce jugement.
Les declarations royales prescrivaient les preuves de no-
blesse au moins jusqu'en 1360. Celle du 16 Janvier 1714 se
montra plus large : elle portait que tons ceux qui avant celte
epoque 6tabliraient une filiation noble jusqu'a Tan 1614, c'est-
a-dire cent ans, sans avoir ele poursuivis ni condamnes
avant ledil Mil, scraient declares et reputes nobles.
C'est le resultat de ces grandes enquetes heraldiques dans
la generalite de Montauban, Auch, pays de Foix et Bigorre
que nous entreprenons de publier aujourd'hui. — L'impor-
lance historique de ces documents n'echappera a personne.
M. Leonce Couture Tappreciait tres-bien quand il ecrivait dans
le numero de novembre de la Revue: « Ces jugements
constitueront un etat vraiment aulhentique, avcc mention
de preuves, de la noblesse de Gascogne avant 1716, etat sou-
verainemenl important pour la connaissance do Thistoire
feodale, militaire, ecclesiastique et civile de noire province;
etat d'ailleurs completement inedit et jusqu'ici fort peu
connu. »
Ces jugements, en eflfet, renfermenlla mention d'unefoule
de documents precieux, tels que : lettres missives des Rois de
France ou des grands officiers, achat ou transmission
hereditaire des fiefs, lettres royaux, concernant des provisions
de charges ou des missions politiques, fondations pieuses,
contrats de mariage, testaments, etc., etc. Chaque mention
d'acte indique toujours la dale, et generalement le nom du
notaire qui Fa retenu et celui du Ueu ou il a ele passe.
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— 36 —
Ces indications precises ouvriront des horizons nouveaux
a nos historiens et les guideront plus surement dans leurs
recherches.
L'importancehistoriquedeces jugements Ae .maintenue de
noblesse les arendus a plusieurs epoques I'objet de publica-
tions. Deja, en J 759, le marquis d'Aubais publiait dans ses
Pidces fugitives sur VMstoire de France les jugements
rendus dans la generality de Toulouse, par messire Claude
de Bazin de Bezons, intendant de Toulouse. Le savant genea-
logiste Laine en a signale plusieurs dans ses Archives de la
noblesse de France, ouvrage si rare aujourd'hui. M. Louis de
La Roque a publie en deux volumes, il y a quelques annees,
un sommaire des jugements rendus dans le Bas-Languedoc;
il annon^ait pour une seconde publication, qui n'a point
encore paru, le resultat des enquetes dans les anciens dio-
ceses de Toulouse, Albi, Carcassonne, Mirepoix, St-Papoul,
Rieux, Castres, Montauban, Aleth, Comminges et Lavaur.
Notre publication viendra s'aj outer a celles-la et les com-
pletera; afin de la rendre plus complete, nous avons juge. a
propos de placer en tdte de chaque jugement les armoiries
des families, d'apres Farmorial offipiel dresse en vertu de
Fordonnance du 20 novembre]1696.
Cette ordonnance, portant creation d'une grande mailrise
g6nerale et souveraine pour Penregistrement des armes de
toutes personnes, provinces^ villes, terres, seigneuries, corps
et communaute, fut plutdt une mesure flscale que le resultat
d'une preoccupation heraldique. L'enregistrement des ecus-
sons etait soumis a des droits divers, dont le produit devait
rentrer dans les caisses du Roi; et la ferme en fut adjugee
moyennant 5,833,333 livres 16 sols 4 deniers, au sieur Adrien
Vanier, bourgeois de Paris.
Ce grand travail, confle quelques annees plus tard (1701)
k d'Hozier, ne se termina qu'en 1718. C'est la que nous
puiserons pour blasonner les armes des families maintenues.
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— 37 —
Puisse notre travail trouver de nombreux lecteurs et leur
inspirer le d6sir de rechercher, eux aussi, les sources
si fecondes et si nombreuses de notre histoire regionale!
Puisse-t-il surtout procurer a la noblesse « du pur et vrai
terroir de Gascogne » ce singulier plaisir et cette consolation
dont parle Boivin du Villars dans ses memoires : «.... Et pour
autant que les families vrayement nobles, et celles aussy de
bourgeoisie, re^oivent a singulierplaisir et a consolation aussy
quand ils oyent raconter que leurs majeurs, parens etamis ont
glorieusement servy et le prince et la patrie, mesmes au des-
meslement dela guerre, j'ay voulu mettreicy les noms(l)....»
J. DE CARSALADE DU PONT.
Moiil-d*Astarac, 3 Janvier 1877.
Jugements de maintenue de noblesse (2).
I
JEAN DE SARIAC, SEIGNEUR DE CANET (3).
U argent d une comeille de sable membrie et hecquie de gueules*
Testament de noble Etienne de Sariac, seigneur d'Arn6 et de
Canet, du 5 octobre 1663, par lequel il veut que Marguerite de Du-
faur, sa femme, jouisse de Tusufruit de ses biens, et institue son
h^ritier Jean de Sariac son fils ain(5; ledit testament regu et exp6di6
par Dusault, notaire royal de Riviere-Basse.
Testament de dam^^* El^nore de Deveze, femme de noble Mar-
(1) 4« volume, page 494, Edition Petitot.
(2) Ghaque jugement est pr^e^d^ d'une fonnule jadiciaire, sans int^rdt, qui est
an ordre de comparnlion devantle cominissaire enquSteur, pour la prodoetion des
litres nobiliaires. Je De la traoscris point poar ^viter les longoeurs.
Les manascrits des archives nationales renferment une foule d'erreurs dans I'or-
thographe des noms patronymiques, et dans celle des noms de lieux et de flels. Je
prie lee personnes int^ress^es oa les amateurs de vouloir bien les rectifier; et,
d'avance, je les en remercie. — J. de C.
(3) Ge nom se trouve diversement ^crit dans les chartes latines ou francaises,
de Sariaco, de Serriaco, de Sarinaco, de Sarriac, de S^rignac. La Ghenaye donna
une trds-longue g^n^alogie de cette famille, commencant k Amaud, seigneur de
Sarriac, aupaysde Magnoac, en 1156. — Branches de Canet, Navarron, Sarcei,
Tiilac et des marquis de Sdrignae-Belmont.
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— 38 —
guerin de Sariac, seigneur de Canet, par lequel elle dit avoir ^te
procre^s de leur mariage nobles Andr^, Etienne, Jean et Roger
ses enfants. Ledit testament regu et exp(5die par Terrade, notaire
royal de Riviere-Basse.
Contrat de mariage de noble Marguerin de Sariac, seig. de Canet,
avec dam^^® E16onore de Deveze, du 17 avril 1617, regu par Nicolas
notaire de Riviere-Basse.
Testament de noble Ogier de Sariac, seigneur de Navarron, du
12 d&embre 1611, par lequel il declare etre mari^ avec noble Louise
de Pr^chac, par lequel il legue k noble Marguerin de Sariac son
fils 2,000 livres. Ledit testament regu par Lafontan et exp6di6 par
Dominique Lafontan, son fils, detempteur des papiers de son pore.
Contrat de mariage de noble Ogier de Sariac (1), seig. de Na-
varron, ecuyer, capitaine de cinquante hommes d'armes, avec dam^'°
Louise de Prechac; devant Gaillard de Meillan not" de Marciac, 12
mai 1592.
Quittance pass6e par devant Daunos, notf« royal, le 18 juillet 1569
par noble Dominique de Sariac, seig. de Navarron, et Ogier de Sa-
riac- pere et fils de la somme de 1400 livres et autres sommes y enon-
c^es promises a noble dam'^« Marie de Mont, femme dudit noble
Ogier de Sariac (2). Ladite quittance exp^^diee par Lafontan, not^®
royal etv^rifiee sur la minute par le sieur Barbotan, subd^legu^
de messire Pellet, intendant, le 8 mai 1667.
Contrat de mariage de Dominique de Sariac, seigneur de Navar-
ron (3), avec dam"® Jeanne de Forgues. Ledit Dominique assiste de
dame Amado de La Violette sa mere, du 14 avril 1542, regu par
Pierre Jugno, notaire de Marciac, et expedie par Arnaud Jugno,
not'® de Marciac, son neveu et detempteur des papiers.
Main tenu dans sa noblesse par jugement rendu a Montauban le
2 mai 1697..
Signi: Claude-Joseph Sanson, intendant de la g^neralit^
de Montauban.
(1) Ogier de Sarriae ^tait da nombre de c ces qaarante-cinq diables, coape-jar-
rets et assassinatears gascons, » qui poignard^rent le dac de Guise au ch^teaa de
Blois. — (Voye2 le tome xi de la Rfivue de Gasecgne, page 386-7.)
(2) II avail dpoas^ en 1^*' noces Marie de Mont; en 2**, Francoise de Lnp6, et en
3*, Lonise de Prechac. ,
(3) II ^(aitfilsde noble Hugoes de Sariac, seigneur de Navarron^ da chef de sa
femme Amade de La Violette, dame de Navarron. Hugues avail pour pdre « Bernat
de Sariac Senhor de Sariac, chivalid gran homme de guerre, » sur lequel nous avons
donnd uoe esquisse biographique. Voyez Revue de Gascogne, tome xv, page 542.
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— 39
II
LOUIS DE CHASTANET, SEIGNEUR DE PUYSfiGUR (4).
Uazur au chevron (Tor, d un lion du mime, passant en pointe;
au chefd'orplein.
Contrat de mariage de messire Louis de Chastanet, seigneur de
Puysdgur, fits de noble Jean-Louis de Chastanet, seig. dePuyse-
gur, et de dame Louise d'Aignan de Castancl, avec dam"« Marguerite
de Roquette. Ledit contrat passe par devant Forcade, nof* royal de
Toulouse, le 20 octobre 1688.
Contrat de mariage de messire Jean-Louis de Chastanet, seig^ de
Lagrange, assist^ de messire Jean de Chastanet, seig. de Puysegur,
son p^re, et de M' Bernard Vacquier, procureur fonde de dame Ga-
brielle de Moutberau, mere dudit sieur de Lagrange, avec dam"*
Louise d'Aignan. Ledit contrat regu et exp^die par Barbe, not^' royal
de laville d'Auch, le 8 aoilt 1655.
Contrat do mariage de messire Jean de Chastenet, seig. de Puyse-
gur, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, avec dam"« Ga-
brielle do Tersac-Montberaut. Ledit contrat regu et exp^di^ par Jean
D^las, gardenotte royal hdr^ditaire du lieu de Ste-Christie, du 24
juillet 1631.
Testament de Jean de Chastenet, ecuyer, seig. de Puysegur, par
lequel il declare 6tremari6 avec dam"« Madeleine d'Espagne et fait
ses h^ritiers universels Jean, son fils aJn^, Pierre, Josse, Jacques (2),
Joseph, Jean-Pierre et Nicolas ses sept gargons. Ledit testament
regu par Jean Delas, not. de Ste-Christie, le 15 octobre 1611, et exp6-
di^ par Louis D61as notf« le 18 juillet 1666.
Testament de Bernard de Castanet, seig. de Puysegur, par lequel il
(1) La maison de Chastanet on Chastenet de Puys^gor, arriv6e si vite k un grand
^clat, ne rcmonte pas plas hant qae les premieres ann^es do xvi* tiecle. La g^n^alo-
gie pnbli^e par La Chenaye des Bois est compl6temenl fausse jusqu'acette ^poque.
Nicolas de Castanet, marchand et bourgeois de Lectonre, en 1530, est la tige de
cette famille donl plusieurs membres ont illuslr^ la Gascogne. (Voyez Revue de
Gascogne, tome xvii pages 331, 421-2-3-4).
(2) Jacques de Chastenet, vicomte de Poys^gor, le septi^me des quatorze enfants
de Jean de Chaslenet et de Madeleine d'Espagne, a laissd des memoires omis fort
mal a propos dans la Collection des mt^moires relatifs a I'histoire de France; il
eutpoar fils le mar^chal de Puysegur. Jacqaes-Francois de Chastenet, marquis de
Pays^gur, comie de Chessy, vicomte de Bnzancy dans le Soissonais, et Tun des
quatre quarts-comtes de Soissons.
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- 40 —
laisse ses honneurs funebres a la discretion de Marguerite de Pins
sa femme, et fait mention que Jean son fils aJn6 est mari^ avec
dam^« Madeleine d'Espagne, ledit testament pass6 devant Jean Ga-
varret, not. royal de Lectoure, le dernier f^vrier 1600.
Contrat de manage de noble Bernard de Castanet, seig.de Campe-
s^gues, avec dam^« Marguerite de Pins, regu par Bouly, not'® royal
de Lectoure, 30 aout 1556, et exp^di^ d'autorit^ de justice par Jean
Lafont, le 29 mars 1597.
Testament de noble homme Nicolas de Castanet, seig. de Puys^gur,
par lequel il veut que dam^^ G^raude Foissin (1) sa femme soit
entretenue sa vie durant par son h^ritier et laisse par droit de por-
tion h^r^ditaire a noble Bernard de Castanet son fils, et de ladite
Foissin, des biens y mentionn^s, le dit testament regu par Darbens,
not. de Lectoure, le 29 Janvier 1548, etexp^di6 par Lapis le 20 juin
1601.
Maintenu dans sa noblesse par jugement rendu k Montauban le
12 decembre 1697.
Signi: Claude Joseph-Sanson, intendant de la g^n^ralite de Mon-
tauban.
(A suivrc.)
Voici rindication de ce que renferment les archives du S^minaire
d'Auch sur MM. de Chastenet-Puys^gur :
Z^ 33. — 1633. Mariage de Pierre de (^hastanet, sgr de Puys^gur,
avec d^« Marie de Bousquet.
Y 15. — Extrait de baptSme avec le visa de T^v^ue de Carcas-
sonne (sceau), d'Auguste de Chastenet de Puys^gur.
P' 21. — Fragments g6n6alogiques sur Puysegur Chastenet.
E 98. — 1190-1416. Fragments pour la g^n^alogio de la maison
de Chastanet ou Castanet [Seraient-ce les mat^riaux de Tarticle de
Lachenaye-Desbois ?]
M. Tabbe Vivent, cur^-doyen de Mi^lan (Gers), possede, avec une
copie ancienne des M6moires de Jacques de Chastenet-Puys^gur,
plusieurs lettres ou brevets royaux relatifs a cet illustre capitaine ou
a sa famille.
Quant aux Saruc, les mSmes archives ne renferment pas moins
de cent quinze pieces ou fragments sur cette famille, depuis le
douzi^me siecle jusqu'au dix-huitifeme.
[L. C]
(I) Sur les Foissin, yoyez Revue de Gascognet tome xvi, p. 483.
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— 41 —
NOTES ET DOCUMENTS INEDITS
RELATIFS
A, LA FAIMCILLE DE LAU-
M. Paul La Plagne-Barris, dans rinteressant article qu'il a
donne a la Revue de Gascogne d'octobre 1876 sur la prise de
Barcelonne {Gers), en 1591, par le seigneur de Lau, a cite,
d'apres les Archives historiques du d^artement de la Gironde,
deux lettres du marechal de Matignon a Henri IV, ou il est
parle du vaillant capitaine gascon. Ces deux lettres provien-
nent des archives du chateau de Xaintrailies, et j'ai pense
que, pour completer a la fois les communications de M. P.
La Plagne-Barris et de M. le docteurCandelle {Bulletin d'Auch,
l. nr, p. 459), je devais grouper ici les notes et les documents
relatifs a la famille de Lau, que j'ai eu la bonne fortune d'ex-
traire des vieux papiers laisses successivement au chateau de
Xaintrailies, par les Montpezat et les Lusignan.
Le temps me manqua malheureusement pour proflter,
cpmme je Paurais voulu, de cette bonne fortune que je dus a
la bienveillance des heritiers de madame la marquise de Lu-
signan, MM. de Chateaurenard et de Saint-Gery. Mon desir, .
mon ardent desir etait de tout transcrire. Mais il aurait fallu,
pourcela, des semaines entieres d'un travail assidu, etjene
disposals que de quelques journees, Ces journees, certes, je
lesutilisai de monmieux, et Finfatigablerapidite de ma plume,
qui, du matin jusqu'au soir, a soils ortu usque ad occasum,
volait sur le papier, faisait, ilm'en souvient, Tetonnement des
honorables notaires qui, aupres de moi, redigeaient avec une
majestueuse lenteur un interminable inventaire. Ne pouvant
emporter tons les tresors accumules dans les archives de
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-, 42 — '
Tanlique demeure de Pothon de Xaintrailles, je fus oblige de
choisir ceux qui me paraissaient les plus precieux, el je m'oc-
cupai surtout Qrahil sua quemque voluptas) des documents
qui concernaient mon cher xvi* siecle, J'en transcrivis ainsi
au moins uae centaine, qui ont paru dans divers volumes des
Archives historiques du departement de la Gironde (vm, x,
xiv), et dans le dernier volume du Recneil des Iravaux de la
Societe d' agriculture, sciences et arts d'Agen (1). Je regrette
de ne pouvoir joindre aux trois lettres ecrites a Jacques et a
Hector de Lau par Henri IV, par le marechal de Malignon et
par Louis XIII, que d'incompletes indications sur les pieces
plus anciennes oil flgurent d'autres membres de la famille de
Lau. Consolons-nous les uns et les autres en nous disant
que, somme toute, pour ce qui regarde les Lau, comme pour
xe qui regarde les Montpezat, j'ai pris le dessus du panier.
Le premier par la date des actes du chartrier de Xaintrailles
nous transporte dans la seconde moitie du xiv* siecle. C'est
une donation et cession (1366-1393) faite par noble Auger
de Lau de tons ses droits sur les lieux et terres d'Annian
[Aignan?] et de Boyt (2) en Armagnac, en qualite de fils et
heritier universel de defunt noble Carbonel de Lau, seigneur
de Lau.
On trouve ensuite (30 decembre 1421) le serment fait par
nobles Manaud de Lau et Carbonel de Lau, chanoine de No-
garo, freres, flls d'Auger, seigneur de Lau, de garder et main-
tenir les habitants de Nolens (3) et Casanove (4) dans leiirs
franchises et libertes.
Sous la date du 6 et du 13 juin 1456, citons le delaissement
(1) Documents Mdits pour servir a I'histoire de I'Agenais, Y voir notamment
(tirage apart, in-S^, 1874) une lettre de Henri IV, aiors roi de Navarre (15 juin
1577) k Francois de Montpezat, seigneur de Laugnac (p 127-128) et une lettre da
mar^cbal de Matignon (24mai 1585) k Jacques de Lau (p. 172-174).
(2) Bouit, section de la commune de Nogaro, ou so trouve encore ane cbapelle de
devotion el de p61erinage.
(3) Aujourd'hni Noulens, arrondissement de Condom, canton d'Eauze.
(4) Aujoufd'hui Caseneuve, id., id.
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— 4^ —
de certains flefs et rentes fait par noble Auger, seigneur de
Lau et d'Estang, pour la dotation d'une chapelle dans Teglise
dudit lieude Lau(cte Lauro) instituee par noble et puissant
seigneur Manaud de Lau, son pere (1), desquels fiefs qui sont
en Estang ledit Auger fait consentir reconnaissance en faveur
du chapelain par les tenanciers.
Douze ans plus tard, le 26 mai 1464, cession fut faite, de-
vant Michel Mitonnelli, notaire de Lannepax, par noble Auger
de Lau, seigneur de Lau et de Casanove, flis et heritier de
noble Manaud de Lau et de noble Andrive de Saint-Lane, ses
pere et mere, du territoire et fief dudit Casanove, et d'une
maison dans le lieu de Villecomtal ou Bretagne, au diocese
d'Auch, en faveur de noble Carbonel de Lau, son frere, sei-
gneur de Nolens (2), pour le payement de la somme de deux
cents ecus d'or, d'un c6te, et cinquante livres, d'autre, a lui
tegues par le testament de ses pereet mere.
Le 11 juillet 1469, une vente fut consentie par noble Ber-
nard d'Armagnac, seigneur de Termes, de plusieurs flefs,
cens et rentes au lieu de Caumont, a noble et puissant sei-
gneurs Auger de Lau, seigneur de Lau.
Le25 mai 1481, vente fut faite, pour la somme de seize
ecus d'or, par noble et puissant seigneur Bertrand de Par-
delhan, seigneur de Pangeas, a noble et puissant seigneur
Augier de Lau, seigneur dudit lieu, du fief ou service appele
galalge (3), qui etail un certain droit que les habitants de
Laratamati et du Castagnet payaient, lorsqu'ils mariaient leurs
enfants. L'acte fut passe devant Guillaume de Saint-Guilhem,
notaire de Riscle.
(1) VoiI4d^ja qcatre generations parlaiteraent d^termin^es: Carbonel de Lau,
Anger de Lao, Manaud de Lau, Anger II de Lau. Ajontons que dans cet acte,
libelld par le notaire Jean de Monasteriis, est mentionntf noble Amanieu de Lau,
frdre de Manaud de Lau.
(3) Le 18 Janvier 1480, une vente fut faite & ce mdine Carbonel de Lau, seigneur
de Nolens, par noble et puissant seigneur.... de Montescjuiou, seigneur dudit Mon-
tesquieu, baron de Lauraet^ etc.
(3) Je ne trouve pas le mot Gatalgium dans le Glossaire de Da Gauge.
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— 44 -
II ne me reste plus, avant de reproduire les trois lettres
annoncees, qu'a mentionner le contrat de manage, du 23
fevrier 1650, entre noble Bernard-Franfois, fils de feu ines-
sire Hector de Lau, seigneur dudit lieu, et noble demoiselle
Marie- Francoise, flUe de noble Philippe-Antoine de Perdail-
han, seigneur de Seailhes, contrat de mariage redige par le
notaire Guilhaumede Broqua, et un acte des 24 et 22 juillet
1653, reproduisant le testament de messire Jean Hector de
Lau, seigneur et baron dudit lieu, Estang, Tarsac et autres
places, par lequel il instituait pour son heritier general et
uniyersel Bernard de Lau, sieur de Perchede, et lui substi-
tuait ses enfants inales et en casouil viendrait a deceder sans
enfantsmS.les, ses filles, Fordre de primogeniture etant ob-
serve, et de la en avant de degre en degre, en sorte que, par
cet ordre de succession, messire Armand-Joseph-Jean-Jacques
de Lau, seigneur et marquis de Lusignan, fils de messire
Armand-Joseph de Lau, se trouve appele a ladite substitution
qui doit etre declaree ouverte en sa faveur.
Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
Lettre da roi Henri IV au baron de Lau (Jacques) (1).
Monsieur de Lau, je n'ay voulu laisser retoumer le sieur de Vi-
gnan present porteur par dela sans vous escrire ce mot par luy, pour
iuy donner autant plus d*occasion de vous tesmoigner la souvenance
que j*ay de vous, selon le propos que je luy en ay tenu, en la bonne
part que vous sgauriez desirer, cornnie je ne cache volontiers les
merites oil je les recongnois, vous asseurant que je tiens le vostre en
telle estime qu'il vous a acquis en mon endroict une tres bonne vo-
lonte de vous favoriser et gratifier en ce que vous m*en vouldr^z
ouvrir les moiens pour vostre avancement, ainsi que j'ay donn^
charge audict sieur de Vignan vous dire plus particulierement le
(L) Jacques de Lau, chevalier de I'ordre du Roi, ^tait fils de Carbon de Lau et
de Francois de Pardaillan.
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— 45 —
desir quej'ai de vous en laire ressentir les effectz. Cependant je prie
Dieu qu*il vous ayt, Monsieur de Lau, en sa saincte garde.
Escrita Dieppe, le x® jour de novembre 1593 (1).
HENRY.
II
Lettre da mar^chal de Matignon an baron de Lau (Jacques).
Monsieur, j*ay differ^ a vous mander la perte de Calays (2) pour
ce que nous Tavons seue icy fort tard, mais encores les mauvaises
nouvelles ne se sgavent-elles que trop tost. Nous tenons icy que La
Fere s'est rendue par composition ainsy que Ton Tescrit de Paris (3)
n'ayant autres nouvelles du Roy sinon que par les dernieres Sa
Majesty me mandoit qu*il esperoit que dans deux jours ceulx de la
la ville luy feroient place (4) etque sa dicte Maiest^ s'en alloit sur la
frontiere pour empescher que les ennemyzn'y entreprennent davan-
tage, secourir aussy Ardres dans lequel sont Messieurs de Belin et
Monluc avez quinze cenz hommes de guerre (5). Je m'en vays fere
ung tour jusques k Bayonne oil j'ay desja faict acheminer devant
quatre canons et des munitions sur le bruict qui court que TEspa-
gnol y veut entreprendre. Je desirerois avoir ce bien de vous y voir
pour adviser avec vous ce qui sera necessere d y fere pour deffan-
dre ceste place la, si elle est attaqu^e. Je ne faudray de vous adver-
(1) Henri IV ^tait d6}ii k Dieppe le 3 novembre 1593 et ii y ^tait encore le 29 du
m6me mois. Le 11 novembre, il dcrivit de Cette ville a an gentilhomroe du P^rigord,
le vicomte Henri de Bourdcille, et, le 16, k un gentilhomme du Limousin, le comte
d'Escars (Recueil des lettres missiveSf t. iv, p. 50, 51). Ce recueil ne renferme au-
cune lettre du 10 novembra.
(3) Les Espagnols nous enleverent Calais le 17 avril 1596, scion le DicHonnaire
historique de la France de M. Ludovic Lalanne, le 25 avril de la mSme ann^e,
selon la Chronologie universelle de M. Ch. Dreyss. Les auteurs de V Art de veri-
fier let dates se contentent de mettrela perte de Calais c au mois d'avril 1596. > La
v^rit^, attest^e par and lettre de Henri IV du 18 avril 1596 (t. iv, p. 572), est que
la ville de Calais se rendit le 17^ mais que la citadelle tint encore quelques joars.
(3) Henri IV s'empara de La F6re le 22mai 1596.
(4) Cette lettre n'a pas 6{6 recneillie dans le tome iv des Lettres missives. On la
chercherait vainement aussi dans le Supplement de M. Guadet.
(5) Palma Cayet, dans la Chronologie novenaire^ est, k cet ^gard, compl^tement
d'accord avec le mar^chal de Matignon : « Les sieurs de Belin, de Monluc et de
Rambures y [dans Ardres] estoient aussi entrez avec leurs troupes, tellement quMl y
avoil bien dans ceste petite place forte quinze cens hommes de guerre. > La g^n^-
reuse mort de Charles de Monluc sous les murs d' Ardres rachete la triste conduite
a Cambrai du gouverneur de cette ville, son cousin Balagny, le fils de Jean de
Monluc,
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— . 46 —
tir de ce qui se passera, vous priant cependant .vous disposer pour
n'assister au besoing qu'il y en pourroit avoir, dequoy je m*asseu-
reray et feray estat, sgachant raflection que vous portez au service
de sa dicte Majeste, me recoramandant sur ce bien affectueusement
a voz boanes graces, je prie Dieu vous donner, Monsieur, en sante
bonne et longue vye.
A Bourdeaux ce xxni jour de may 3596.
Vostre obeissant et plus parfaictamy,
Matignon.
Monsieur, vous entendr(5z plus particulierement de mes nouvelles
par M. de Rocquepine (1) qui m'a parl^ du faict de Marsiac. Je vous
prie de lecroire sur ce qu*il vous en dira de ma part.
HI.
liettre de Louis XIII.
d « Hector de LaUy chevalier de Vordre du Roi, capitaine de
cinquante hommes d'armes de ses ordonnances. j>
Monsieur de Lau, envoyant le sieur comto de Gramont en mon
pais de Bearn et autres lieux pour s'opposer aux dcssings et entre-
prises que y font mes ennemis contre mon auctorite et service, d^si-
rant qu'il y soit assist^ de mes bons serviteurs, je vous faiz ceste
lettre afin que vous ayez a assembler vostre compagnie de gens
d'armes le plus tost que vous pourrez et avec icelle et tout ce que vous
pourrez assembler de forces et de voz amiz, aller trouver ledict sieur
comte de Gramont pour Tassister en ceste occasion, laissant neant-
moinz queiques soldatz pour la garde du lieu de .. [ici un uom de
lieu que je n'ai pu d&hifFrer etqui semble se rapprocher de la forme
iSernom], pour la seurete du passage. Usez done en cela de dilli-
gence et vous asseurez que je reconnoistray volontiers les services
que vous m'y rendrez et les auray en la mesme consideration que si
c'estoit pour ma personne.
Sur ce je prie Dieu, Monsieur de Lau, vous avoir en sa saincte garde.
Escrit a Bourdeaux, le vi decembrel615 (2).
Louis. Phelypeaux.
(1) Olivier de Roquepine, iils nature! de Jean III de Bonzet. seigneor de Ro-
quepine. II est d6ja nomm^ dans la lettre dcrite, onze ans plus idi, a Jacques de Lau
par le mar^chal de Matignon {Documents Mdits relatifs a Vhistoire de l^Agenais,
p. 173;. J'ai cil^ la (note 3} un passage des Maisons historiques de Gascogne sur ce
lieutenant de Matignon.
^2) Louis XIII, qui ^tait arrive a Bordeaux le 7 octobre, qnitta cetle ville le 17
d^cembre. Voir louts IIII a Bordeaux, relation in^dite fubliee d'aprh un ma'
nuscrit de la Bibliothique nationaU {Publications de la sociit^ des bibliophiles
de Guyenne, 1876).
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— 47 —
CORRESPOXDANCi:
Aguin, le ^9 novembre 1876.
Monsieur le RiiDAciEUR,
En 1860, une commission institute par le prefet du Gers s'occu-
pait de faire la liste des hommes illustres du departement pour ins-
crire leurs noms sur une lable de marbre qui devait perp^tuer leur
memoire. On m'(5crivit a cette occasion qu*il etait question de D.
Brugeles, et qu'on avait besoin de savoir : 1° si Dom Louis-Clement
Brugeles etait natif de Simorre; 2^ quelle ^tait la date de sa nais-
sance et celle de sa mort. On me priait de faire moi-meme et de faire
faire des recherches. Mais comme on ne crut pas devoir admettre
Brugeles au rang des illustres, les recherches seulement commen-
c^es furent suspendues. Celles que M. I'abbe Can^to m'engageait a
faire en 1861 ne furent pas non plus poursuivies.
Vous m*avez dit dernierement que vous ^tiez d6cid^ a faire un
appel aux correspondants de la Revue de Gascogne pour decouvrir
ce qui reste incertain sur Brugeles. Avant tout, vous pourrez con-
suiter le m^moiro d^taillo qui fut envoye a TArchev^chd* par feu
M. de Carsalade du Pont, de Simorre, sous Mgr de La Croix d'Azolette.
M. de Carsalade, homme tres-instruit et tros-religieux, avec qui j'ai
eu des rapports intimes dopuis 1835 jusqu'a sa mort, a resume dans
ce memoire des recherches faites dans les actes civils de Simorre,
dans les actes de quelques notaires, dans les chroniques et dans la
tradition.
Je vous recommande aussi la lettre et Tode adressees de Neracen
1746 a Brugeles par le R. P. Inard de Caudid, docteur de Sorbonne,
ex-provincial des PP. Cordeliers de la Grande-Aquitaine, au sujet
des Chroniques.
On lit dans la lettre : « C'est i|ne remarque tiree de votre Horace
que nous lisions autrefois ensemble. » Ces paroles n*indiqueraient-
elles pas qu'ils ont 6t6 condisciples et quails devaient avoir ^ peu
pres le m^me age? Jo crois que les registres civils de Simorre con-
tiennent Tacte de naissance d'Inard de Caudie.
On lit de plus k la fin de la lettre : « Mes honneurs et saluts, s'il
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— 48 —
vous plait, et chez vous et chez moi. » Ces paroles donnent assez a
entendre que Brugeles avait aussi sa famille k Simorre.
Entr'autres choses on lit dans Tode :
AQscitain, vois-tu ces merveilles?
De Louis-Gldment ce sont les veilles.
Du Parnasse du Mont-Cassin
Deux doctes soeurs firent Colore
Ge ph^Domdoe dans Simorre.
Je ne sais si de la on pourrait conclure que Brugeles est n6 a Si-
morre.
II parait constant qu*on ne connaff d'une maniere certaine ni le
lieu ni la date de la naissance et de la mort de Brugeles. Ne tard6z
done pas, Monsieur le Redacteur, de provoquer des recherches ac-
tives dans la Revue de Gascogne, et il est k esp^rer qu*on parviendra
k connattre toutes ces choses et bien d'autres.
Je suis, etc. LOZES,
Cord d'Agn'm.
En attendant que nous mettions la main sur le memoire de feu
M. de Carsalade, qui est a rarchevSch^ d*Auch, nous transcrivons
une note anonyme (recriture et le papier nous paraissent du pre-
mier tiers de ce siecle), qui ne nous laisserait aucun doute sur la
date de la naissance de notre chroniqueur, si les chiffres n*en ^taient
^videmment fautifs :
« Brugeles (Louis-Clement), n6 a Simorre, le 8 aoAt 1725, fils de
Bertrand-Antoine Brugeles et de Marie Perrette de Labarthe-Lace-
gan. II devint aumdnier de Simorre, prieur de Mazerette, et fut
pourvu du prieure de Sarancolin en vertu du grade sur la fin de Tan
1713 et dont il prit possession le 11 Janvier 1714. Mais il en fut d6chu
par arr^t du parlement en date du 17 juin 1718; ensuite de quoi il
fut fait vicaire general de Tabb^ de Simorre, chantre, et enfin cam4-
rier. — Bertrand-Antoine, son pere, n^ en 1684, etait fils de Martial
Brugeles, avocat, et de Lafont Cl^mence. [Martial est mort le 13 de-
cembre 1690.] Bertrand-Antoine avait un frere nomm6 Dominique,
et deux soeurs, Blanche, nee en 1671, et Jeanne, n^e en 1673. Louis
Clement avait deux freres, savoir : Cerax Benott, n6 en 1731, et Do-
minique, ne en 1733. II avait aussi une sceur nomm^e Marie-Louise,
nee en 1723... »
La date de naissance, 1725, est-elle la bonne? Ouest-elle erron^e,
et sont-ce les dates suivantes, 1713, 1714, 1718, qui sont exactes?
L. C.
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— 49 —
NOTE SDR LES ARCHMBTRJ^S DE L'MCISN DIOCESE D'AUCH.
\
Dom Brugeles nous dit que les archiprfitr^s du diocese d'Auch,
« en 1570, n'etaient qu'au nombre de quinze; en 1624, au nombre
de vingt un, et en 1640, au nombre de vingt-sept [Chroniques, p. 3). »
Dans les Statuts synodaux publics en 1698 par Mgr de La Baume
de Suze, le nombre des archipr6tr6s s^^leve a trente; et ce chiffre se
maintint jusqu'i la Revolution.
Mais si le nombre de ces divisions eccl^siastiques reste le m6me
pendant cette demiere periode, leurs limites et leurs chefs-lieux su«
bissent des changements importants. Je ne signalerai que les d6pla-
cements de chefs-lieux,
J'ai sous la main trois diffdrentes enumerations des trente archi-
prdtr^s avec leurs paroisses :
lo Le recueil des Statuts synodaux publics en 1698 par Mgr de
La Baume de Suze; *
^ La troisifeme partie des Chroniques du diocise d'Auch par dom
Brugeles. Get ouvrage, public en 1746, reproduit, je crois, un pouill^
ua pen ant^rieur et qui se Irouve atix archives du grand-seminaire.
J'ai feuillete il y a quelques mois, mais fort a la hdte, ce document,
dont je dois la connaissance a une bienveillante communication de
M. Tabbe Cazauran;
3° Le recueil des Statuts synodaux de Mgr de Montillet publics
en 1770. (M. Parfouru a bien voulu me communiquer une carte du
diocese d'Auch, dat^e de 1784, qui se trouve aux archives d^parte-
mentales. Cette carte donne les mSmes chefs-lieux d'archiprStr^s
que Mgr de Montillet. Nous avons done lieu de croire que ceux-ci
ont persist^ jusqu'a la Revolution.)
Le rapprochement de ces trois ouvrages nous a amene au r^sultat
suivant : sut trente archiprStres, dix-neuf conservent partout le m6me
chef-lieu, neuf en changent et deux sont sp^ciaux a chacune de nos
trois divisions.
Voici le tableau des neuf archiprfitrfe qui changent de chef-lieu :
Mk^De Soze (1698). D. Brugeles (1746). M8fDEMoNTiLLET(1770)
Anbiet; Lnssan; Aubiet;
Barbotan; Gavarret; Barbotan ou Gavarret;
Darbao; Durban; Orn^san oa Seissan;
Hoiga; Gremen; Houga;
Tome XVUI. . 4
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— 50 —
Marciac;
Laverael on Marciac;
Laverael ou Marciac;
Hasseube;
Panassac;
Panassac ou Masseube
Nogaro;
SainuGri^de;
Mogaro;
SadoarniD;
Sadonrnin;
Trie;
Saint-Mont.
Corneillan.
Corneillan.
Voici les deux archiprfitr^s sp6ciaux dans chacun de nos trois ca-
talogues :
Dans Mgr de Suze : I*arcliipr6tr6 de Biran, form6 de six paroisses
que D. Bmgeles et Mgr de Montillet font rentrer dans Tarchipr^lr^
de risle-d'Arbeissan ou de No^; TarchiprStr^ de Sabazan, form^ de
six paroisses. Nous voyons encore cet archiprto^ dansD. Bmgeles,
mais Mgr de Montillet le place dans rarchiprStr^ d*Aignan.
Dans D. Brug^es : I'archiprfitr^ de Sabazan, dont nous venons
de parler, et Tarchiprfitr^ de Montferran {Montferran-Plavfes),Jorm^
de six paroisses, que Mgr de Suze place dans. les archiprfitr^ de
Castelnau-Barbarens, Durban et Masseube.
Enfin, dans Mgr de Montillet : celui de Lupiac, form6 de onze
paroisses tir^es^ des archipretrfe d'Aignan, de Vic et de Bassoues;
celui de Mi^lan, form6 de neuf paroisses tiroes des archiprfitr^s de
Marciac, de Mirande et de Sadournin.
On voit par ce qui precMe que plusieurs localit^s du diocese
d'Auch ont tantdt poss6d6 et tantdt perdu le titre de chef-lieu d'ar-
chiprStre, comme Barbotan, Gavarret, etc. [Rev. de Oasc, t. xv,
p. 527, et t. xvn, pp. 247 et 248). On voit encore qu'en 1756, c'est-
^-dire dix ans apr^s la publication des Chroniques de D. Brugeles,
TarchiprStr^ de Mi^lan puuvait fort bien avoir ite cr^e puisquo Mgr
de Montillet le mentionne en 1770 (Rev. de Gascogne^ t. xv, pp. 41
k 43 et 527).
Cependant, cette instabilite dans les divisions ecclesiastiques du
diocfese me fait vivement d^sirer de savoir ce qu*elles ^taient dans
des temps plus recul^s.
Ou sont les catalogues des quinze archiprStr^s de 1570, des vingt
et un archipr6tr6s de 1624, et des vingt-sept archiprSir^s de 1640
dont nous parle Dom Brugfeles [Chroniques, p. 13)?
Dom Brugeles nous dit encore dans le mSme ouvrage (p. 364) :
€ On voit dans les archives de Tarchevfeche et dans celles du chapi-
tre m^tropolitain quatre pouill^s ou denombrements des 6glises et
b^n^ces, savoir : un du xni« sifecle, un du xv°, un du xvii*, et un du
present. si^le xviii* qui a ^t^ dress^ suries declarations foumies par
ies b^ndfiders en 1729 et 1730. » Ou sont les trois premiers de ces
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— 51 —
pouill^s? (Je suis persuade que le quatrifeme est celui qui se trouve
aux archives du grand-s^minaire.) S'ils existent et si on lesconnait,
tous les hommes qui s*int6ressent k notre histoire en demanderont
la publication et T^tude.
Puis il serait n^cessaire d'aller chercher dans T^norme masse des
chartes et des documents publics ou in^dits toutes les indications
g^ographiques qu'ils renferment. On pourrait arriverainsi k r^tablir
la geographie s^culi^redu diocese d'Auch jusque dans les temps les
plus recul^s du moyen dge.
Apres cela, je voudrais encore da vantage. Tout le monde admet
que des les premiers temps du christianisme les divisions eccl^sias-
tiques furent ^tablies sur les divisions de I'administration romaine.
De m^me que les civitates devinrent des diocfeses, les pagi durent
devenir des archipr^tr^s ou des archidiacon^s. On pourrait peut-6tre
encore remonter plus haut, car les pagi remains remplacferent les
pagi gaulois.
On voit a quels interessants et difficiles problemes de geographie
historique on arrive en remontant ainsi a travers les temps et les vi-
cissitudes qui les accompagnent. Mais je regrette d'en demander au-
tant en donnant si peu.
Adrien LAVERGNE.
BIBLIOGRAPHIE-
EssAi SUR LA LANGUE BASQUE, par Frao^ls RiBART, profosseur k Tuniversite
de Pest, traduit du hongrois par Julien Vinson. — Paris, Vieweg, 1877.
In-8«, xxv-158 p.
Nous avons eu plusieurs fois Toccasion d'annoncer ici mdme dif-
Krentes publications basques publi^es k Bayonne par Tinitiative de
M. Julien Vinson; nous recevons aujourd'hui un nouveau volume
qui t^moigne de Tinfatigable activity avec laquelle le savant et^^ca-
risant metenlumifere toutce qui pent in teresser les etudes basques.
M. Vinson nous apprend, dans son Avant-propos, que VBssai mr
la langue basque de M. Ribary, public dans un joomal magyate et
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— 52 —
reste presque inconnu, presente de remarquables qualites et respire
un veritable esprit scientifique; il contient, dit-il, Tessai d'analyse le
plus m^thodique dont le verbe basque, ce sphynx redoutable de la
linguistique moderne, ait encore et6 Tobjet. Aussi devons-nous sa-
voir gre a T^rudit traducteur de n'avoir pas craint d'entreprendre T^-
tude d'une langue nouvelle pour lui, dans le seul but de mettre a la
port(5e des savants de TEurope occidentale une oeuvre aussi int^res-
sante pour la linguistique euscarienne. Mais M. Vinson n'a pas
borne Ik la part qu'il a prise a cette publication. II a ajoute au texte
de M. Ribary de nombreuses notes presentant toutes les observa-
tions compl^mentaires auxquelles le travail de Tauteur pouvait don-
ner lieu, et il a fait suivre le corps de Touvrage d*une iVoU'ce biblio-
graphique relative d Viiude de la langue basque. On sait combien
est defectueux tout ce qui a ^t6 public jusqu'k present sur la biblio-
graphie euscarienne. Aussi devons-nous remercier M. Vinjson d'avoir
songe k extraire dfes mainteuant du grand inventaire qu*il prepare
des richesses de la litt^rature basque la partie relative a la linguisti-
que pure. Cette liste comprend 96 num^ros, auxquels viennent s*a-
jouter diverses notes sur des ouvrages manuscrits et sur les princi-
paux recueils periodiques ou livres frangais et etrangers dans les-
quels des articles sp(5ciaux ont 6t^ accidentellement consacr^s a la
langue basque. C'est la un veritable service rendu aux savants et
aux bibliophiles, qui trouveront d'utiles indications dans ces notes,
prises sur le vu des ouvrages m^mes et avec cette scrupuleuse exac-
titude a laquelle I'auteur nous a habitues dans ses precedenles pu-
blications. L. S.
II
Trois poetes gondohois du xvi* siECLE, etadesl)jographiques et Iitt6raires sur
Jeao DU Ghehin, Jean-Paul de Labetrie, Gerard-Marie Imbert, par L6once
• Couture, r^dacleur eu chef de la Revue de Gascogne, Ia-8* de 105 p. [Auch
et Condom, les principaux libraires]; Bordeaux, Lefebvre; Paris, Glaudin.
Prix: 2fr.50(l).
A Monsieur Philippe Tamizey de Larroque.
A qui oflfrirais-jeces humbles Etudes provinciales isur le seizieme
sitele, sinon k vous, mon cher ami? Vous Stesde ceux qui connais-
(1) Noas publiotis, non pas un compte-rcndu de ce travail extrait do ia ffevue de
Gascogne avec des ameliorations, mais simplement r(3p!(rG d^dicatoire placee en
tdte par Taatear loi-mdme.
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— 53 —
«ent le mieux et qui aiment le plus ardemment cette brillante et ora-
geuse epoque. D'ailleurs, vos publications ont fait naitre mes arti-
cles; vos renseignements ont contribu6 k les rendre moins incora-
plets, efvotre indulgente amiti^ m*a press6 de leur faire aborder une
publicite nouvelle, quails auraient peut-^tre mieux fait d*^viter.
Vous savez aussi mieux que personne les raisons que Tauteur
pent faire valoir pour excuser certains d^fauts de ces pages. Des
circonstances singuliferes ont mis un tel inten'alie entre les quatre
morceaux r^unis dans cette brochure, que le dernier a ^t^ s^par^ du
premier par quatre ann^es entiferes. De Ik vient que dans mon etude
preliminaire sur la Renaissance des lettres en Gascogne, j'annonce
comme devant bientdt parattre deux ouvrages qui ont paru depuis
longtemps an moment oii mon opuscule voit le jour : 1° YHistoire
du colUge de Guyenne, par M. Gaullieur, que vous avez examinee
ayec une competence exceptionnelle dans la' Revue critique; j'^tais
tente d'en parler a mon tour et m^me de lui faire plus de reproches
que vous, maisce serait peut-6tre de Tingratitude : Touvrage est si
plein de fails et de documents sur la litterature du seizieme si^cle,
et j*y trouve, en particulier, tant de bonnes indications pour This-
toire litt(5raire de la Gascogne ! 2® Les Po4sies de Jehan Rus, dont
j'ai dijk parl^ aux lecteurs de la Revue de Gascogne dans un article
qui, grdce aux conditions que le hasard m'a faites, reste bon a con-
suiter, m^me apr^s d*autres articles qui valent beaucoup niieux.
Je n'ai garde d*entasser ici des Corrigenda et addenda qui pour-
raient remplir plusieurs pages. Mais je dois, par respect pOur le
public et pour vous, mon cher ami, nater en courant quelques
points utiles.
L'^tude sur Du Chemin devra probablement s'augmenter d*une
particularity curieuse : il ^tait hell^niste, et je crois bien qu'il faut
lui attribuer des vers grecs qui figurerent parmi les inscriptions pre-
par^es pour Tentree de Charles IX a Toulouse, le 2 f^vrier 1563.
(Lafaille, Annates de Tout, t. ii, 70-82.) — En revanche, il faudra
peut-dtre effacer le peu que j*ai dit de Du Chemin thSologien. L'o-
puscule centre le P. Journ6, dont une bienveillante communication
de M. Clement-Simon m^avait fourni le titre, n'esi pas elicore passe
entre mes mains; mais je suis porte a le croire d*Antoine de Cous,
neveu et successeur de Du Chemin, et aqui Ton adonn(5 quelquefois
le nom patronymique de son oncle. — Enfin, aux details que j'ai re-
cueillis sur letombeau de ce dernier, j*ajouterai que ce tombeau a
ete decouvert, ainsi quo c^lui do son predecesseur Mon luc, dans un
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cav^au de I'^glise de Cassagne, lors de la reconstruction de cettf>
eglise en 1857. Le corps de Jean du Chemin fut trouv^ revStu de ses
habits pontificaux.
Dans ma notice sur Labeyrie, je tiens a relever une distraction
singuliere. J y demande des renseiguements sur Joseph de la Na-
gerie, etj'avaismoi-meme public des 1863 [Esquisse d'une histoire
litterairede la Gascogne pendant la Renaissance) cc q\ie nous en
atransmis Du Verdier : « Joseph de Nagerio, condomois, chanoine
de Montauban. Seimion de la v&f'iU du corps de Jdsus-Christ au
Saint- Sacrement de VEucharistie, Tholose, J. Colomi^s, 1565,
iu-4o. » — Sur rabb(^ de Blasimont, en Bazkdais (car j'ai eu tort
d-ecrire Blamont, xiv, 410), Bernard de la Combe, autre ami de
Labeyrie, je n*aurai qu'a me reKrer avos ^vi!ic\Qu\ Documents pour
servir d V histoire de VAgenais.
Dans Tarticle sur Gerard-Marie Imbert, je ne suis pas stir, en cor-
rigeant plusieurs erreurs de mon premier essai, de n*en avoir pas
commis d'autre. Par exemple, j*ai parl6 d'une sceur qui vivait pr6s
de lui : en relisant le passage ^de Labeyrie qui m'a sugg6r6 cette in-
duction, je m'apergois qu'il est a la rigueur susceptible d'un sens
oppos^, et je me demande si cette soeur d'Imbert n'^tait pas plutd^
du voisinage de Labeyrie, peut-6tre m^me (cequi m'^tonnerait pour-
tant) sa propre femrae. On n*aurait quelque chance d*arriver sur de
pareilles questions h. une entiere certitude que par des recherches h.
traversles actes de T^poque.
Et maintenant, que cet essai me quitte apres de longs retards qui
n*ont gu^re servi, h(51as! a le rendre meilleur! Vous savez comment
je suis force de r^diger mes pauvres articles.^n passant de laijevue
de Gascogne dans cette brochure, ceux-ci ont 6t^ am^lior^s (le der-
nier surtout) en plus d'un endroit. Mais ils se ressentent encore
beaucoup trop de leur vice d'origine, et il me faudra les refondre, les
enrichir a la fois et les alleger, pour les faire entrer dans cette Histoi-
re litteraire de la Gascogne que je prepare depuis plus de vingtans.
Priez Dieu, mon cher ami, que Taccueil r^serv^ a ce faible essai
par les amateurs de telles recherches me donne du coeur pour cett^
grande entreprise! Faites surtout des toeux pour que cos Etudes,
parfois trop attrayantes, ne me fassont pas n^gliger des devoirs plus
difhciles, plus ^lev^s et plus necessaires. Et comptez toujours sur
la vive reconnaissance de
Votre ami devoue,
Leonce COUTURE.
Auch, 23 Janvier 1877.
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NOTES DIVERSES.
XGI. La peste bovine dans le Sud-Onest de la France en
1774-1775.
Si jamais T^pizootie sar les b^tes ii comes, designee aujourd'hui sous le nom
de Peste bovine , venait a ravager la Gascogue, nous croyons utile, ind6pendam-
ment de I'int^r^t historique que pr6seiUe, par ses details sur la maladie semblable
qui frappa le Sud-Ouest de la France en 1774 et 1775, un article sur ce sujet
publiepar M. J.-U. Magne dans la Revue des Deux-MondeSj livraison du 1*'
avril 1871, de signaler ce travail, dans les Notes de la Revue de Gascogne, k
Tattention des agriculteurs, k cause des moyens pr6servatifs ou curatifs dont il
indique Temploi contre ce terrible lleau. Vicq-d'Azyr et Bourgelat mirent le
plus grand d6vouement ^ le combattre, et.le premier fit deul voyages dans le
Midi de la France, en 1774 et 1775, pour ^tudier la maladie. Dans ces
circonstances, le gouvernement ordonna la publication des Reckerches histori-
ques et physiques sur les maladies ipisootiques de Paulet, ouvrage fort re-
marquable et fort utile. (Paris, 1776, 2 vol. in-S®.)
Cl.rHippolyte MASSON.
11 y a dans les (Euvres de M- de No6, 6v§que de Lescar, une belle et curieuse
Lettre pastorale sur V^izootie (nov. 1776). D'autres ev^ques de la province
d'Auch, mais surtout celui de Bayonne, signalerent leur charite k I'occasion de
ce fl^au. L'administration civile ne resta pas en arri^re, et son conseiller medical
fut le cel6bre Vicq-d'Azyr, qui « en 1774, 75, 76, lors de ses missions contre
r6pizootie du Midi, publia une multitude d'instructions sur les moyens de pre-
server les bestiaux de la contagion, de les traitor lorsqu'ils en sont atteints et de
desinfecter les cuirs de ceux qui en sont morts. U en donna le resume g^nera^
en 1781, 2 vol. in-8** sous le titre de Mddecine des bites h comes, (Cuvier,
Biogr' univ.) » Une de ces instructions fut imprim6e k Condom. C'est sans doute
ce qui a fait croire, il y a quelque's ann6es, que Vicq-d'Azyr (n6 k Valogne en
1748] etait condomofs. Du moins son nom a figure dans les listes imprim6es
d'bommes illustres du d^partement du Gers distribuees au Conseil g^n^ral pour
le projet dontparle ci-dessus (p. 47) M. Iecur6 d'Aguin, projet qui, du reste,
n'a jamais 6te realist. L. C.
XGII. Un imitateur de du Bartas.
Antoine de La Cauchie, appel6 quelquefois de la Chaussee, ne en Belgique
[k Mons] en 1584, entra dans la compagnie de Jesus en 1605 et mourut k Douai,
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— se-
en 1625, de la peste qu'il contracta au service des malades. On lui doit : La
pieuse Alouette dvec son tire-lire* Le petit cors et plumes de notre alouelte,
sont chansons spirituelles qui toutes luy font prendre le volt et aspirer aux
choses cilestes et ^temelles. Elles sont partie recueillies de divers autheurs,
partie aussi composdes de nouveau; la plus part sur les airs mondains, et
plus commvinSt qui servent aussi de vois h notre alouette, pour chanter les
louangesdu commun crdateur. [Valenciennes, 1619, in-12, l'« partie, de400
pages; /bid., 1621, seconde partie, de414 pages.)
On sait que noire du Bartas a dit plus singuli^rement que po^tiquement
(Cinquiesme jour de la Sepmaine) :
La gentile alouette avec son tire-lire,
Tire-lire aux fachez et tire-lirant tire
Vers la route du ciel, puis son vol vers ce lieu
Vire, et desire dire : Adieu, Dieu ! adieu, Dieu !
Voici comment le po^te beige a traduit la tirade du po6le gascon :
Ipsa suum tirelir, tireltr, tire, tir, tire tractim
Ingeminans, secat astra levis; dein tramite recto
Ima petens : di, di, di, inquit Alauda. valete.
T. de L.
QUESTION.
143. Vers attribads k Jean Silhon.
Dans une Note bihliographique sur le recueil intitule Dilices de la po6sie
galante (Paris, 1666, 2 vol. in-8°], note qui a parudans le Bulletin du biblio-
phile de 1862, M. Edouard Tricotel cite parmi les auteurs dont ce livre renferme
des poesies, un certain Sellon; et k ce nom le savant litt6raleur ajoute cette
parenth6se : C'est sans doute I'acadimicien Silhon (p. 1144.)
Cette attribution doit-elle etre maintenue? et dans ce cas, qu'y a-t-il k dire du
talent poetique de notre compatriote? Je me permets de recommander ces
questions k M. Ren6 Kerviler, qui connait mieux que personne tons les coins
et recoins de la litterature et de I'histoire de I'Acad^mie fran^aise.
Jean Brana.
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CnRISTOPHE ET FR4NC0IS DE F0IXC4ND4LLE,
EVl&QXJES D'AIRE.
Francois el Christophe de Foix etaient fils de Gaslon de
Foix, corate de Candalle, et de Marthe d'Astarac, flile et
heriliere de Jean III, dernier oomte d'Aslarac. On connalt la
date de la naissance de Frangois (1512) (1), mais on ignore
en quelle annee Christophe vint au monde. Ce que Ton sait
seulement, c'estqueFrangois etait sonain6, ainsi que Federic
ou Frederic, lequel fut successeur de son pere comme comte
de Candalle (2). Dans des vers composes vers 1540, un poete
bordelais que j'ai eu le plaisir de ressusciter, Jean Rus, saluait
ainsi los esperances que donnaient Christophe et son frere
Charles, plus tard seigneur de Villefranche, tous les deux
adolescents :
A Messienrs Charles et Gristolle de Gundale*
Si je voulois descripre le grand bien
Que nous promect vostre saige jeiinesse,
En escripvant certes il fauWroit bien
La mienno user, voire bien la vieillesse.
(1) Et non 1504* comme TavaDcent les biograplies qai le font nonrir nonag^saire
en 1594, tels qoe les r^dacleurs da Moriri del759, dom Cbaudon, M. Weiss (fiio--
graphie universelU)^ etc. L'autcur des hoit lignes consacr^es a Francois de Foix dans
la Nouvelle biographie gSnh-ale, se montrant plus g^n^reox que tout le monde,
allonge encore de denx ans la vie de ce pr^lat qa'il fail naltre en 1502. Ce m6me an*
tear (qai a ea raison de garder Tanonyme) appelle bien singoli^rement le frere de
Cbristophede Foix < Francois Hussates on de Foix, comte de Candale on Candella.*
(^} Le docte abb6 Baurein s*est troropd, lui qui ne se trompe gaere, quand il a
icril {VarUth bordeloises, Edition de 1876, t. ii, p. 24) : « II [Gaston] fut pere, en
premier lieu, de Frdd^ricde Foix, en second lieo, de Cbristopbe de Foix, en IroisUme
liev, de Francois de Foix. >
Tome XVIII. — F^vrier 1877. • 5
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— 58 —
Or doncq il fault, maulgr^ moy, que je cesse
De commencer ce que ne pourrois dire;
Mais quoy? seigneurs, suyvez cjelle promesse,
Et Toeil verra ce qu'on ne peult escripre (1).
M. Ernest Gaullieur nous apprend, dans sa curie^se et sa-
vante Uistoire du college de Guyenne (2), que Charles et
Christophe de Foix etudiferent, de 1542 a 1545, en cet etablis-
sement « trfes-florissant pour lors et le meilleur de France, »
comme s'exprime Michel de Montaigne (3). D'apres un docu-
ment analyse par Farchiviste de la ville de Bordeaux, « messire
Federic de Foix, » qui avait confie ses deux jeunes freres a
M* Andre deGouvea, lui devait, au commencement de Tannee
1543, trois cents ecus d'or pour leur pension, et le manda-
taire du comte de Candalle, Pierre Morlane, marchand de
Bordeaux, ayant declare « n'ayoir, pour le present, argent a
faire payement, » ceda auj celebre directeur, pour la somme
due, une maison situee centre le portail des Salinieres et
adoss6e aux murs de la ville (4). Francois de Foix ne con-
tribua pas moins que le comte de Candalle a procurer a ses
freres le bienfait de Teducation qu'ils re^urent au college de
Guyenne, car, ainsi que le rappelle M. Gaullieur (p. 378), le
29 juillet 1591, « dans la grande salle de cet antique chateau
de Puy-Paulin, auquel se rattachaient tant de souvenirs histori-
ques, » M* Antoine de Chadirac, « Tun des quarante notaires
royaux de la ville de Bordeaux, apprit a ses auditeurs que
tres-illustre et tres-vertueux prince Francois, de Foix, captal
de Buch, baron de Castelnau, seigneur de Puy-Paulin, eveque
d'Aire et commandeur de Tordre du Saint-Esprit, dfesirant
t6moigner a la poslerite combien il avait toujours aime ce col-
(1) Collection miridionalet tome vi. OEuvres de Jean RuspublUes d'aprh Vuni-
que exemplaire qui paraisse subsisteTf 1875, p. 51-52.
(2) Paris. 1874, grand in-8<», p. 174.
(3) Essais, liv. I, chap. xxv.
(4) Oo voit an pea plus loin (p. 183} Christophe de Foix, 6Uye da coll^fe de
Cayenne, figarer aa nombre des Umoins d'an acte da 21 join 1545 cpnsenr^ aux
archives ddpartementales de la Gironde.
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— 59 —
Iege.de Guyenne ou, grdce a lui, ses freres avaient 6te eleves,
consacralt one somme de 2,000 ecus k la fondation d'une
chaire de math6matiques (4). »
Christophe de Candalle f ut d'abord protonotaire apostolique,
ce qu'ont ignore les auteurs du Gallia Christiana, qui disent
seulement qu'il fut grand aumOnier de la reine de Navarre et
qu'il est mentionne dans le testament de Jean d'Albret, baron
de Miossans (2). Le titre de protonotaire apostolique est donne
a CSiristophe par Joachim Du Bellay, Tauteur des Xenia, eu
aliquot ad illustrium quorumdam Gallice luminum nomina
allusiones (3) :
Ghristophorus Gandalius, protonotarius.
Acria pro Christi quod nomine bella capessis,
Scilicet a Christi nomine nomen habes.
Tu quoque, lacteolo cujus de gutture manant
Mella poetarum dulcia mista favis,
Kav^vXof a Graiis cognomen adepte, poetis
Lacteolum confers, mellifluumque melos (4).
En 1560, le 5 mai (5), Christophe de Foix remplaga sur le
siege d'Aire Jacques de Saint-Julien. Voici la lettre (peut-6tre
la seule qui existe encore de lui) que le prelat, peu de temps
apres sa nomination, adressait, du chateau de Cadillac (6),
(1) M . Gaollieur a tir^ ees details d'ane plaqaette fort rare intital6« : Copie de la
fondation de la ehaire de mathimaH^iuee au eolUge de Guyenne (Bordeaax, J.-B^
Lacorn^e, imprimeur.)
(2) Tome i, Ecclesia AdurensU, col. 1166.
(3) Paris, F^d. Morel, 1569, in-4o. Voir nne note snr cette pidce a la page 18 da
tome IT de la Collection m^ridionale : Vies des pontes bordelais et pirig our dins par
Guillaume Colletet, de VAead^mie frangaise, 1873. J'ai tronvd nn exemplaire tfe
I'opascnle de J. dn Bellay (in-4o sans nom d'antenr, sans nom de lien et sans dale)
dans an recneil de melanges de la biblioth^qne Mazarine (no 10, 694.)
(4) Les lexiqaes grecs donnent en eflfet ;aa motxav^auXoc ou x«v5vXoff le sen^
dec roets compost de farine, de fromage, de lait et de miel. »
(5) Celte date, dunn^e par le Gallia Christiana, est aassi donn^e par le P
Inselme {Histoire ginialogique des grands officiers de la eouronne, tomeiii
p. 385).
(6) C'est probablement dans ce cb&leaa, si magnifiquement reconstrait par le
premier dac d'Epernon (1598 et ann^es snivantes), qae naqoirent Christophe et
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— 60 —
a Catherine de Medicis, au sujet des ravages commis par les
Huguenots dans sog* fliocefee et surtout dans sa ville 6pis-
copale :
/'
Madame, estant arryv<6 6n ce lieu pour incantinant m*en aller
faire mon debvoir a Ajre, suyvant le oommandemeat du Roy et
vosire, j*ay est6 adverty par mon vicayre et aultres qiii ont charge
de mes affaires au3ict lieu, que ceulx des esglises qu'ilz disent re-
form^es contiauent les invasions et destructions des temples qu'ilz
ont ja presque toutz rnynez en moo dioceze, augmentent toujours
de plus en plus leurs violences et furies, et ce nonobstant qu'ilz
ayent des temples pour eulx en chascune ville, au mespris des der-
niers esdicts, ayantplus d^acq(igg;;gi.ej|^|ffays, sont venus enTesglise
principale d*Ayre de gayett^ de cueur (1), et sanz estre en fagon du
raonde provocquez, ont desmoly tous les aultelz, deschir^ les chappes
et aultres vestemeilts, myz le feu aux sieges, rompu les orgues, et
autres maulx qui seroient trop longz k dire, avecques meaasses de
faire promptement mourir ceulx qui ouvriroient la bouclie pour en
parler et blessarent ung organiste qui est a sgavoir s'il ferdera la
veue du coup, et non contants de cela, soubz ceste grande licence
personne ne leur contredisant, tiennent les chanoynes en ceste
peyne, qu'ilz n*attendent sinon que on leur vieigno coupper la gorge
s'ilz entrent en leur esglize, leur ayant mande que si ilz continuent
a faire le sei^^ice qu'ilz en feront aultantaux imaiges vives, comme
ilz en ont faict aux mortes. Madame, il y a desja quatre ou cinq
moyz qu'ilz continuent ces invazions, n'ayant aucun esgard a la re-
formation des abuz qu'ilz sgavent bien quo je veulx faire et quej'ay
desja commence, ny k voz commandementz si souvent reyterez sanz
qu'on puysse dire (quoyque leurs minystres les desadvouhent et que
FraDQois de Foix. Aox descriptions de ce monument qae j'ai eu I'occasion de citer
{Essai sur la vie et les icrits de Florimond de Raymond^ eonseiUer au jtarlement
de Bofdeaux, 1867, p. 17, note 2), je joindrai la mention d'int^ressantes pages de
M. G.-J. Dnrand (Notice sur les dues d*Epernon, leurchdteau de Cadillac et leurs
sepultures, Bordeaux, 1854, brochure in-8»} et de M. le comte Jules de Gosnac
{Souvenirs du rdgne de Louis XIV, Paris, tome v, 1876, p. 92-96).
(1) H. Littrd {Dictionnaire de la langua francaise, au mot gait^ cite, comme
ayant employ^ I'expression gaiti de cceur, Amyot, d'Aubignd, Voiture, Molidre,
M°>* de S^vign^, Voltaire, J. -J. Rousseau, d'Alembert. Le plus ancien de ces ^ri-
vaias, Amyot, 8*est servi presqu'en mdme temps que Cbristophe de Foix de cette
pittoresque fa^on de parler. On salt que la traduction des Vies des Hommes illnstres
dePltttarqueparot, pour la premiere fois, etk 1559. (Paris, Michel Vas<M)san, in-f«.)
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— 61 —
vous Fayez command^), qu'il en ayt est6 faict punytion d'ung ^eul
en tout ce temps la, de sorte que ceulx qui-ont quelque peu de ju-
gementetcogQoissentrhumeur de ce peuple" veoyant bien qu*ilz ne
s'arresteront pas Iky s'il n'y est remiSdie par vostre auctorit^ et quel*
que punytion exemplaire, affin que nous puissions virre en quelque
asseurance, aultrement il vous plaira, Madame, m'excuser si je ne
m'expose a la fureur indiscrete et brutalle de ce peuple. Je vous
supplie tres-humblement, Madan^e,. pour l*asseurance quej*ay de
vostre bonne volunt^, commander qu'il y soict dbnne ordre, comme
jeprie Dieu vous donner tresr4x>ane' et fces-longue vie.
De Cadillac, ce vi« de janvyer (1).
Vostre tr^s-humble et tres-obeyssant serviteur,
CflfllSTOFI^ DE FOIX, evesque d'Ayre.
On comprend que Christophe dftFoix ait cherche, avec
d'autres ardents calholiques, a empficher de nouveaux excfes.
En 1564, il voulut, aide de son frere le comte Frederic et de
quelques autres grands seigneurs de la Guyenne, opposer
aux calvinistes une sorte de ligue defensive et m^me offen-
sive, mais cette tentative de croisade a Tinterieur dut 6tre
bient6t abandonnee devant la desapprobation royale (2).
(1) La lettre {Biblioth^que naUonahf Fonds irih^iM, vol. 8186, pri4) n'est
pas dat^e quant 4 Taon^e, mais elle se trouve au milieu de documents qui tons ap-
parliennent a 1561 et, d'ailleurs, les dv^nements qui y sont signaids se rapportent
parfaitement a cette m^meann^e (A.. S }. Levolume 17021 des Ponds latins renfer-
me (p. 29} I'extrait suivant d'une lettre ^crite k I'^v^que de Dax, alors en cour
(Francois de Noailles), par un cbanoine de Da\ du nom de Cashavaly, le l^i* Janvier
1562 (N. S.), eitrait qui confirme en tout point les plaintes de Cbristophe de Foix :
< Monseigneur, nous sommes ellray^s en ceste viUe qae les embuches que nous sont
apprest^es nous menassent de pareille ruyne qui a es\6 faite a I'esglise de la ville
d'Ayre et abbaye du Mas et a toutes aulres esglises du diocese d'Ayre. Les diets
s^ditienx n'ont laissd en esglises ornemens, calices, documens, etgeneralement toutes
chosesdesqnelles Ton se peut ayder pour faire le service divin. Les religieux, reli-
gieuses, prestres, saccagez, battuz, despoillez, brief tout s'en va en ruyne, mesme
ceulx quitiennent I'ancienne religion. Monseigneur, je vous puis asseurer que des-
puis la secte des Albigeois n'a estd veue desolation si cruelle... > (T/^sor de Noailles.)
(2) Voir sur cette confederation les MSmoires de Condi (t. v, p. 170), VEUtoirt
ecrite par le president de Tbon (t. iv dela tradaction franpaise de Londres, p. 652),
VEistoire universelle d'Agrippa d'Aubignd (t. i, p. 204, etc.) En cette mdme an-
n^e 1564. Christophe de Foix [Chriitophorus de Fuxo) assista, avec Louis de -Lux,
vicomte d'Uza, sen^chal de Bazadais, aux etats de la province d'Auch oil Jean Ba-
lagnier fut nommd ^v^que de Bazas. (Chronique de Baxat, dans le tome xt des
Archives historiques du dipartement de la Gironde, no 58).
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— 62 —
La date precise de la mort de Christophe de Foix est in-
connue. On salt seulement que ce prelat cessa' de vivre vers
1569(1) ouli:7i) (2).
Avant la fin de cette derniere annee, Francois de Foix
lui succeda'(3).
Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
{La suite p*ochainement.)
(1) L'abb^ Baarein (Variitis bordeloisest t. ii, p. 24) n'b^site pas a dire qu'il
< d^c^da 6D I'aoD^e 1569. >
(2) Blaiso de Monloc a fait ane brdve mention de Christophe de Foix, a I'ann^e
1569 {Commentaires, Edition de'M. de Ruble, t. in, p. 272). J'ai lu (Bibliotbdque
nationale, Foods francais, vol. 3224. p. 27) nne lettre de Charles IX au marquis
deVillars, dn 28 septembre 1571, qui contient cesmots: « Mon cousin, vaquant
cy-devant Tabbaye de Sainl-Jean de la Castille par le decez de fen Monsieur Cres-
tofle de Foix, evesque d'Ayre, j'en ay faict don au sieur de Roissy, conseiller en
mon privd conseil... > Cette note comble une autre petite lacune du Gallia Chris-
Uanat et j'espdre qu'elle ne sera pas perdue pour le savant continuateur de rinap«
pr^iable recueil, Dom Piolin.
(3) Voir une lettre du roi de Navarre au Pape, au sujet de la nomination de
Fr. de Foix k I'^v^ch^ d'Aire (t. i des Lettret missives de Henri IV, p. 77) La
date attribute k cette lettre (29 juillet 1575) est inexacte, et il faut lire 29 juillet
1570. De plus, I'^diteur (note 1) s'est tromp^ quant au lieu de la mort et quant k
rUge de r^vAque d'Aire. Pourquoi n 'avoir pas consult^ le Gallia Christiana f —
M. J. Gnadet, 6diteur da SuppUment au Reeueil des lettres missives de Henri IV
(t. villi 1872, p. 139, note 4), a pieusement conserve I'anachronismc de M. Berger de
Xivrey, y joignantde son crti une nouvelle et bien grosse erreur : « II fut, en 1575,
quoique la'ique et marid, fait 6vdque d'Aire. » Nuiie part il n'est question de ce
pr^tendu mariage, et Ton ne parvient pas k s'eipliquer la m^prise dn continuateur
deM. Berger de Xivrey.
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— 63 —
L^GENDE ET HISTOIRE.— ^UDE CRITIQUE
SUE
Saint Sever, roi des Scythes^ et ses oompagnons les
SS. Glair, G^ronce, Justin, Babilius, Jean et Poly-
carpe, avec notice sur sainte Quitterie (1).
Ill
La fin du v* siecle et le commencement du vi* trouverent
tour a tour les rois wisigoths a Papogee et bient6t au d6clin
de leur puissance daus ces contrees. Cette meme epoque vit
paraitre aux bords de TAdour le mysterieui personnage
nomme Sever.
Assoyons solidement cette base chronologique; elle est
d'une importance vraiment fondamentale.
« Sever, d'apres nos diverses legendes, eut pour compa-
gnons, outre G6ronce et Polycarpe, Jean et Babilius, les saints
Clair et Justin. — ^Jotre saint Clair est celui d'Albi et de Lec-
toure. — Arrives dans le midi des Gaules, ils furent en rap-
port avec un certain Engine (2) [la legende saint-sev6rienne
leur fail trouver a Rome un homme apostolique portant ce
nom], et avec les pontifes Sabinus et Anthimim, un Floren-
tmuSy les pretres Rannulfe et Bamfred, le magistral Aldemar
et le notable Ybold (3). En outre, quand saint Sever attei-
gnit les bords de TAdour, un roi Adrien on plut6t Ariien,
selon un des plus anciens dipl6mes de Saint-Sever et d'au-
tres indices a signaler plus bas, y avait deja tenu les etats de
la nation (4).
(1) Voir U liTraison de Janvier, p. 5.
(S) Ldgende d'llbi; B. La Toar, hittorien de Tnlle, citd par Balaze.
(3) Legende d'Albi.
(4) Legende de Saint-Sever.
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— 64 —
» Un roi Adrien (Arrien?) encore, mais tout aussi crael
que le n6tre etait daux, se trouve introduit dans la legende
de sainte Quitterie, dont je ne puis differer de parler. — Nee
a Belcage, ville principale du royaume a laquelle elle appar-
tenait, et soeur des saintes Dode, Wilge forte, etc., Quitterie
avail pour pere AtUitts, prince puissant par dessus tons Ics
princes de TOrienl (1). Elle fut marlyrisee a Aire-sur-FAdour,
Tan de N.-S. 477, pour n'avoir pas voulu epouser un certain
Germain. La date de 477 ou 478 est citee par les Bollandistes,
d'apres divers documents, et admise par eux. — Entre autres
choses merveilleuses, la sainte avait decouvert un tresor ca-
ch6 par un Leucianus ou Ijentimanus. Ce dernier personnage
elait un apostat qui vint a rteipiscence; avec deux eveques
qui se trouvaient pres de lui, il fut victime des rlgueurs d'A-
drien, etc. »
Tons ces details, precis ou confus, nous transportent a la
m6me 6poque, a la fin du v* et au commencement du vi* sie-
cle, et parmi les Wisigoths, gardiens ou plutdt maftres du
midi des Gaules. C'est dans ce milieu qu'on voit plus ou moins
groupes un Eugene, ev6que de Carthage, avec un saint Clair,
venu d'Afrique a Albi, ou Eugene fut exil6 en 496; un Sahi-
nus, qui souscrivit, en 506, au concile d'Agde comme eveque
d'Albi, k c6te d'un Clair, eveque d'Eauze, et du successeur
immediat d'un Justin, eveque d'Auch; un Anemius, proche
parent de Sabinus; Florentien, Tun de ces exiles d'Huneric
qui, sommes, sans autre explication, de jurer qu'ils feraient
ce qu'on leur dirait, r6pondirent avec indignation : « Nous
prenez-vous done pour des bdtes brutes (2)? »
De plus, les noms des pretres Rannvlfe el Mmfred, du
magistral Aldemar et du notable Ybold, sont des noms lu-
desques, lesquels, unis surlout aux dignites qu'ils accompa-
gnent, nous crient de retarder les eveoemenls .de nos legen-
(1) Legende de sainte Qaitterie.
(3) TillemoDt, Rninart. d$ pinec. Vand.
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— 65 —
desjusqu'a la domination wisigolhe. Enfln, riende-semblable
au roi Arrien des bords de PAdour et aux etats par lui ras-
sembles que le roi arien Alaric II et la reunion des eveques
et des notables convoques pour la revision de son code : cette
assemblee dut se tenir non loin d^Aire, puisque c'est d'Aire
que le code fut adresse a la chancellerie toulousaine.
Sainte Quitterie, d'un autre c6te, appartient manifestement
au regne d'Euric, ce pere cruel du d6bonnaire Alaric II, vu
la date de 477 ou 478, que rien ne permet d'accuser d'im-
posture et que nuUe intention historique n'aura fait suppo-
ser. Leneidnm, Lentimanns, pourraient done peut-etre se
retrouver dans le questeur ou Thomme du tresor Lidnia-
nus, que Thistoire nous montre envoye un jour vers Euric,
et dans un Licummanus, secretaire de saint Cesaire d' Aries,
calomniateur de son maitre auprfes d' Alaric II et condamne a
mort par ce roi. Quant aux deux eveques frapp6s ensemble
par le roi Adrien, ils rappellent Peveque d'Aire et celui de
Tarbes, saint Faust, exile a Aire par Tarien Euric.
Mais cela est encore pen. La question de la nationalite
vient s'ajouter a celle du temps pour sainte Quitterie, et les
deux se renvoient mutuellement de grandes lumieres.
Dans la puissance tout a fait hors ligne de Toriental Atilius,
qui ne voil le signalement d'Attila? On lit sans doute aussi
CatUiuSj mais cette variantepeut trouver son explication dans
Tusage de Taspiration initiaie, si familiere aux races tudes-
ques. Avec Atilius pour pere, Quitterie est censee avoir eu pour
mere la princesse romaine Calsiay apres les temps de Tapos-
tat Julien : ce pent 6tre un souvenir deGalla PUmdia, mariee
en Mi au roi wisigoth Ataulphe. Mais si la bienheureuse,
comme le veut la legende, etait nee dans la capitate ou regnait
son pere, comment cette ville est-elle nommke Belcage ? Tou-
louse etait 1^ c^itale des rois wisigoths. — Sans doute; ob-
servons une chose pourtant : les Toulousains ont longtemps
conserve, sous une forme ou une autre, le nom de VoUces
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— 66 — ,
ou de Bolkes, et tout naturellemenl parmi le peuple surtout :
Teciosagos prim(Bvo nomine Belcas, comme lisent plusieurs
editeurs d'Ausone. — Par suite, rien d'etonnant que la le-
gende appelle du nom de Germain le pretendant de sainte
Quitterie, et I'on peut voir en elle une princesse vouee a la
mort par ses proches, puisqu'elle a ete livree au martyre par
un roi aussi sanguinaire envers sa famille que le fut Euric.
— Ajoutez, avec les BoUandistes, la physionomie tres-gothi-
que des noms de Quilere, et de ses soeurs Dode et WUge-
forte. Cette demiere, il est vrai, s'appelle encore Ubirale,
Livrade;mm qu'y a-t-ilde plus naturel, de voir en elle une
romaine gratifiee plus tard d'un nom barbare, ou bien une
wisigothe devenue romaine et gratifiee d'un nom latin?
Et maintenant je le demande : toutes ces donnees se for-
tifient-elles assez les unes des autres, et pouvons-nous dire
a bon droit que sainte Quitterie fut une princesse issue des
races hunniques et martyrisee a Aire sous le roi Euric ?
Cessez done, critiques outres, de voir dans les indications
de nos legendes des inventions bizarres : confrontees avecnos
annales, elles vous oflfriront aisement un de ces fonds vrai-
ment historiques que les tradition^ amalgament et deflgurent
sans doute, mais ne creent pas tout d'un bloc.
II etait necessaire d'insister sur Tepoque, la nationalite, le
pays de sainte Quitere,: parce qu'elle a souflfert sous un roi
Adrien, et que sous m Adrien aussi est venu saint Sever : la
date du premier ne peut manquer de nous faire connaltre
de plus en plus celle du second, et Tetroite afflnite des deux
legendes doit nous enhardir ales rapporter a la mSme epoque'
historique.
On m'opposera peut-etre certains indices d'une antiquitfe
de part et d'autre plus reculee.
Et pour commencer par la martyre aturaine,^ quelquesruns
lui donnent pour pere un C. AtUius, gouverneur de la Galice
sous Tempereur Commode. Malheureusement, et les BoUan-
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— 67 — •
distes sont de mon avis, ce n'est la qu'une hypotbese basee
sur une simple ressemblance de noms et en contradiction
avec les autres Elements de la legende. Celle-ci, a son tour,
fait de la sainte ane descendanle de Julicn TApostat, et elle
rattacbe aussi saint Sever et ses compagnons aux temps de cet
empereur et a un decret de proscription, manifestement sup-
pose, qu'il aurait porte centre tons les cbretiens, fussent-ils
meme parfaitement etrangers a I'empire. Mais Tintroduction
de ce nom odieux est ici une source d'incoberences. Ajoutez
qu'elle s'explique aisfement de maniere a venir a Tappui de
notre exegese, et je sens le besoin dMnsister la-dessus : les
habitants de nos campagnes, dont les souvenirs chronologi-
ques ne remontent guere au-dela de la reine Jeanne ou de
Toccupalion anglaise, rapportent a ce fond les monuments et
les traditions les plus antiques; nos peres pareillement, frap-
pes jadis par les noms d'Attila, de Julien TApostat, comme
par ceux des demiers grands persecuteurs ou ravageurs de
provinces, rattachent facilement a eux des victimes de perse-
cutions plus modemes, qui n'eurent guere rien a voir avec
de tels etrangers. Pour un foyer du vn* sitele, les demiers
massacres de Chretiens etaient les leurs, ce qui pent vouloir
dire tout simplement qu'ils appartenaient aux dernieres per-
secutions, c'est-a-dire a cellos des Vandales et des Wisigoths.
— Ainsi voyons-nous la legende b6amaise de saint Galactoire
introduire pele-mele, sur la meme scene, Vandales, Wisi-
goths, Normands et Croises, ce qui nous la denonce tout
bonnement comme Toeuvre du xir sifecle au plus t6t; et si
nous ne trouvons pas la m6me confusion dans celles de nos
autres saints novempopulaniens, nous pouvons presumer
qu'elles sont ant6rieures meme aux invasions sarrazines.
Une autre date, plus noble encore, est accordee k saint
Clair par Auteserre : celle du pape Anaclet. Je la respecte, et
Ires-volontiers je Fadmets pour le saint Clair de Nantes; mais
ni ce saint Clair ni plusieurs autres ne peuvQnt etre confondus
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• - 68 —
avec celui de notre pleiade, si heureusemenl caracleristique;
pas plus que le saint Geronce d'Aire, confesseur et tres-pro-
bablement pontife aposlolique, ne saurait 6tre identique avcc
le saint Geronce de Hagetmau, compagnon de noire saint Se-
ver et martyr.
Reste done la fin de la periode gallo-wisigothe pour celle
de nos saints; tout, du reste, confirmera de plus en plus cette
conclusion.
Allons a la recherche de leur patrie.
. > . .
IV
J'ai groupe saint Clair et ses compagnons autour de saint
Eugene de Carthage, comme un petit troupeau de brebis er-
rantes autour de leur pasteur exile. Ainsi le veut Taffirmation
legendaire. Elle les fait venir d'Afrique, voila raon grand ar-
gument, et le manuscrit saint-severien, d'accord avec Tofflce
dacquois du xin* siecle, ajoute que son heros etait Vandale.
On sait la terrible invasion qui ecrasa TAfrique a Tepoque oil
nous nous sommes vus places. Les textes gascons, je Favoue,
font saint Sever originaire de je ne sais quelle region amphi-
caine, amplicaine, etc.; mais je ne vols la, mal ecrit,
que le nom des regions africaines, comme parle la legende
de sJtint Clair. Nos textes placent cette contree en Scythie :
supposition Ires-naturelle, puisqu'il s'agissait de Vandales,
mais en contradiction avec des details qui trahissent plutdt
TAfrique. En voici la preuve. Le Sever de notre I6gende de-
clare quelque part saint Saturnin originaire du meme pays
que lui, et en apporte des reliques : or, nul saint Saturnin
ne nous vient de Scythie, mais TAfrique en a produit plus
d'un, un en particulier dont les reliques furent preciseraent
emportees par les catholiques qn'avait chasses Huneric (1).
De plus, quand nos sept martyrs seront en Palestine, nous
(1) Rainart, depertee. Vandal.
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— 69 —
eDtendrons Justin demander pourquoi ils n'iraient pas a
Rome^ et G^ronce r6pondra : « II eAt ete plus simple de ie
faireen parlant denotre pays. » MaisenJudee, cette reflexion,
tres-naturelle pour des Africains, ne le serait guere pour des
hdmmes venus de Scythie ou de quelque autre point de TO-
rient.
Relativemeot k la patrie, a la nationalite de mes heros, on
m'opposera que leurs noms ne sont nullement ni scythes, ni
vandales. Or, y a-t-il apparence que des barbares aient re§u
ou pris eux-memes de pareils noms? — La reflexion serait
beaucoup plus serieuse si Ton supposait a des Romains des
noms barbares; aussi, quand la legende de saint Clair m'a
montre dans notre midi un magislrat Ahlemar, un notable
Ybold avec des pretres appeles Rannulfe et Ran f red, sans
que ri«n puisse faire suspecter leur realite historique, je me
suis dit: nous voila bien au v* siecle, en pleino domination
wisigolhe. Le tres-erudil editeur de Thistoire de saint Sever
fait observer, dans sa prfecieuse publication, qu'il vient tres-
gracieuseraent de me transmettre et ou tant de localiles re-
trouveront une bonne partie de leurs archives, que les noms
peuvent elre un signalement, et il a raison. Toutefois, je per-
siste a croire que des appellations romaines, grecques ou Se-
mites, n'empechent pas nos saints d'etre tons originaires
d'Afrique et quelques-uns du moins, et meme saint Sever,
vraiment Vandales. L'auteur de la vie de saint Fulgence nous
parle, en ce m6me temps, d'un pretre Vandale, Africain et
arien, appele Felix; et Victor de Vite, dans Thistoire de ses
coreligionnaires persecutes, des patriarches vandales Cii^Ue
elJocunde. Laderchi traite au long le point qui m'occupe (1),
et il rappelle tant d'occasions diverses ou, de tout temps, il a
6te d'usage d'adopter un surnom ou meme de changer de
nom. En ce temps-la aussi, VAth^nienne se faisait appeler
Eudoxia; Jean, Cassien; Neanias, Procope, etc. Plusieurs
(1) Acta S8, mariyrum vindicata .
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-^ 70 —
changeaient de nom au bapteme; les affranchis prenaient celui
de leur patron, ainsi que les fiUeuls celui de leur parrain.
Nous verrons que Sever avail plus d'une raison pour agir de
meme; et sa petite troupe n'eut-elle point eu d'autre intention
que celle de passer plus facilement au milieu des Wisigoths
et des Remains, e'en etait plus qu'il n'en fallait. II s'oflfre
meme dans nos legendes un indice formel de celte polyony-
mk dans nos heros, car a la place de Babilius, certains ecri-
vent Crepin pour le nom de Tun d'eux, comme si, pabsant en
Syrie, pays du grand saint Babylas, Crepin avait voulu se
faire le client de ce saint martyr. Dirai-je aussiqueles noms
de Geronce et de Jean nMront pas trop mal a deux de ces
Vandales exiles, aux yeux de ceux qui connaissent dans leurs
details les guerres de cette epoque? Mais je ne pretends pas
plus faire venir ces mots de Geronce ou Girons et de Crepin
ou Babile de TEspagne ou de la Syrie que de Giru ou de
Baba en Afrique. Assez sur les noms; entrons dans le vif
des choses.
« Herilier du tr6ne des Vandales en meme temps que de
Terreur ou ses peres etaient plonges. Sever eut enfln le bon-
heur de voir la vraie foi briller a ses yeux, et il la prefera
aux dignites de ce monde. BientOt en butte a la persecution
d'un prince impie, il dut se resigner a aller vivre dans le de-
sert. y> La solitude eut pour lui des charmes, et il songeait a
y demeurer, afln de mieux servir Dieu. Mais il connaissait
les ecrits du grand Augustin, et samemoire lui rappela cette
sentence du saint docteur « qu'il vaut mieux supporter une
vie de peine que de la fuir, car bien qu'en servant Dieu seul
dans la vie solitaire on puisse facilement echapper sans souil-
lure aux enchantements de ce monde, il n'en est pas moins
d'un plus grand merite devant le Juge supreme de travailler,
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— 71 —
pour notre bien et celui d'autrui, a combattre les ruses du
vieil ennemi par des exercices plus serieux. » Sever resoliit
done de s'arracher a tout, et d'aller, dans des conlrees etran-
geres, se rendre utile a plusieurs en leur prechant la grace
du Verbe divin, fatiguer son corps par de nobles travaux et
poursuivre la couronne des marlyrs.
Que penser de ces debuts de la legende? Je laisse de c6te
le passage de saint Augustin : la citation qu'en fait Tecrivain
pent, a la rigueur, venirdeson crii, sansquoi nous verrions
indiqu6e par la reminiscence de Sever une dale assez con-
cluante pour notre these, puisque ce saint eveque mourut au
commencement de Toccupation vandale en Afrique.
Voici surtoutce quejeme demande. Les annates des peu-
ples signalent-elles quelque roi ou du moins quelque prince*
vandale exile de Numidie et permettent-elles de le chercher en
Sever? — Je reponds que oui. — Rien de plus celebre que
les nombreux bannissemenlg politiques et religieux dus a
Pambition et a la cruaute du roi Huneric (477-484). Une de
ses principales victimes, qui naturellement lui aurait dtl plu-
t6t succeder sur le trdne, fut Godagis, petit-fils de Genseric.
Ce dernier prince avait regie que sa couronne passerait tou-
jours au plus age de ses descendants. Que fit son premier
successeur Huneric? II tua ou chassa ceux qui devaient avoir
le pas sur ses propres enfants. Et bientdt apres il mourut.
— Sever serait-il Godagis ?
Grande question, question complexe, qui en renferme bien
d'autres tout a fait capitales : aux yeux de Thistoire, qiCest
deverm Godagis? Qu^a-i-il du faire dam son exil? AuraU-il
laisse des traces phis ou moins reconnaissables d*un troves-
Ussement? Ayant grand interdt a devenir calholique, nous
est'il suffisamment insinu6 qu'il Vesldevenu? Qu'est-ce qui
aura pu le determiner ou le prMisposer a prendre ce noble
parti?
L'histoire, il faut Tavouer, garde un silence tres-mysterieux
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— 72 —
surnotre royal exiI6. Les catholiques persecutes^ qui nous
relatent les evenements dont ils furent temoins, enregistrent
avec soin la mort des autres descendants de Genseric; mats
pour celui-ci, ils nous le montrent devenant enfln son second
heritier, et ils le font disparaitre a nos yeux, laissant le trdne
a son frere Gonthamund, sans plus rien dire de son sort. Et
pourtant, sMl n'y avait point la un secret d'Etat, tout les por-
tait a nous en parler. Quelques historiens, nous dit D. Rui-
nart, ont resolu le probleme en supposant que, n'etant point
encore mort, Godagis doit etre celui-la meme qui succeda au
farouche Hun^ricsous un autre nom. Solution toute gratuite
qui ne fait qu'appuyer une chose, la survivance de Theritier
presomptif dans un nuage mysterieux. Que signifie tout cela?
Ne trouvairt pas ce qu'a fait Godagis, cherchons ce qu'il a
du faire. Ses ennerais triomphaient, et ses ennemis etaient les
Ariens; il faisait done cause commune, par le fail meme, avec
les cathohques. L'alternative dans laquelle il etail place etait
done ou de renoncer au monde, ce qui achevait de le pous-
ser vers le cathoUcisme, ou de se declarer catholique de ma-
niere a s'assurer I'appui de Tempire byzantin. Get appui, il
ne Fobtint pas. Que faire done? Humainement parlant, il ne
pouvait guere que chercher a se refugier aupres du roi des
Wisigoths. Ce prince etait un peu son parent, et il avait des
griefs assez personnels, et des plus serieux centre Huneric. Au
surplus, les plus illustres bannis d'Afrique se retiraient en
foule dans nos contrees (1), temoins saint Eugene, le grand
eveque de Carthage, que Thistoire sacree salue, tout pres
d'Albi, a la tete d'une colonic nombreuse qui s'etait fletachee
du monde, et peut-etre encore ces moines germains auxquels
ecrivait saint Cesaire d' Aries el quMl disait des hommes de
noble race.
Mais si le prince vandale etait venu lui aussi, nos annales
n'en diraient-elles pas quelcjue chose? — Eh bien, autant
(1 ) Morcelli, Africa Christiana,
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- 73 —
qu'elles le pouvaient faire, elles I'ont fait. Et cependant notre
exiI6 etait interesse a ne pas laisser transpirer, dans sa re-
traite, le secret de sa race et de son nom, et rhistorien des
Gaules, saint Gregoire de Tours, n'a guere connule sud-ouest;
il ne sait meme pas ce qu'il faut penser de sainte Quitere.
Malgre cela, il a entendu parler des bannis refoules aupres
d'Alaric II par les guerres, et quand il parle de saint Sever
de Rustan, il ditjene sais trop avec quelles allusions, que
Sever etait d'une illustre lignee. Un Severe ou Sever se mon-
tre pareillement a Agde, s'humiliant dans la solitude, aux
temps de Godagis, et Thistoire du midi nous dit encore Ik :
« Severe fut d'une illustre race. Severe futun prince venu de
Syrie (1). » Or, notez que notre saint Sever viendra aussi de
Syrie, que la legende du Severe qui aborde a Agde est plus
ou moins vague et accommodante et que le lieu de sa sepul-
ture est tenement problematique en cette ville qu'il est fort
permis de le chercher ailleurs. Ajouterai-je que ce port fut un
jour afifreusement d^vaste par Hun^ric? Certes, Sevfered'Agde
identiqye avec Godagis, et Agde ruinee par Tennemi de ce
prince, seraient deux choses qui ne s'accorderaient pas Irop
mal.
II y a plus. On dit qu'on vit apparaftre, dans le midi, k
Tepoque precise ou Godagis etait exile, de singuliers person-
nages, dont Tarrivee fit beaucoup de bruit. L'Orient, preten-
dait-on, mettait aux pieds d'Euric un roi venant recommander
sa couronne ebranlee, et Sidoine ApoUinaire, dans son em-
phase poetique, le salue comme un roide Perse (2). II y avait
la sans doute un secret de diplomalie que n'aura pas compris
Sidoine; et quant a moi, en dehors du voyage que £rt Sever
en Orient, aux lieux memos ou se retira la princesse Eudocie,
tante de Godagis, et puis, en Occident, je ne vols rien dans
les relations mutuelles des peuples en ce moment-la qui puisse
(1) Bolland, 35 Augasti.
[%) Lib. VIII, ^p. IX.
Tomb XVUI. 6
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— 74 —
m'expliquer rapparition mysterieuse et la demande de ces
orientaux.
Quoi qu'il en soil, peut-on dire que Tidendite de Sever avec
Godagis n'aurait laisse aucune trace dans les annales?
Aliens plus loin, et voici d'abord quelques indices de la
catholicitedu jeune prince et de ses relations de legitime ami-
ti6 avec Eugene et les siens.
Nous avons rencontre, en passant, le pretre vandale Felix.
Or, cVst dans la vie de saint Fulgence qu'il est question de
lui, k propos des persecutions de Huneric, et on Tentend
crier aux catholiques : « Pourquoi venez-vous renverser les
rois Chretiens? » — On salt que les ariens se donnaient cette
dfenomination, en face des catholiques. — Que veut dire un
pareil langage? Serai t-ce.une revelation? Comment faisait-on
du parti orthodoxe un parti politique, si Godagis, le chef na-
turel du parti oppose a celui d'Huneric, n'etait pas catholi-
que lui-m6me? Pourquoi ces details donnes par Thagiogra-
phie que « les tyrans ayant command^ aux catholiques de
prendre les armes, ceux-ci refuserent (1); » pourquoi ces
plusieurs milliers de martyrs immol6s a Carthage avec Tar-
chidiacre Octavien (2), si la question religieuse ne se trouvait
pas compUquee de la question dynastique? Les martyrs et
leurs historiens gardent sans doute la-dessus une grande re-
serve, mais ne croyons pas que Tambilieux Huneric n'ait
pers6cute les saints confesseurs que pour des motifs de cons-
cience, lui qui faisait bruler ses 6v6ques comme favorables
k la succession indirecte, ou que les offlciers de sa cour
Armogaste et Satur, aient ete les seuls lideles sacrifles aux
pretentions de ses propres fils.
Du reste, voici un texte assez formel de Victor de Vite (3).
Quand Florentien et ses compagnons se refuserent a prater
(1) BoUand, I. t, vita s, Castrensit.
(%) Martyrol. rom., zxu roartii.
(8) L. IV, c. !▼•
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— 75 —
sermeat de faire ce qu'on voudrait leur mander, • sait-on de
quoi il s'agissait avec tant de mystere? de reconnatlre d'a-
vance le flls de Huneric pour son successeur a la mort de ce
dernier et de nepas ecrire au-deta des mers : tel etait le con-
tenu d'un decret qu'on exhiba. El plusieurs des catholiques
repondirent alors, par un detour qui serait autant de notre
pays que du leur : « L'Evangile defend de jurer. »
N'eut-il pas trouve dans la sympalhique commiseration et
la fidelite secrfete, mais assez justement presumee des catholi-
qu'es, de puissanls. motifs pour embrasser leur foi, Godagis
ne manquait pour cela ni de precedents pleins d'eloquence ni
de secours efficaces.
II comptait meme, pour une couronne a sacrifier et pour cet
autre lr6ne de la vie parfaite a gravir, de nobles modeles.
En 456, on avait solenn^llement enseveli, k Brioude, un
eveque d'un grand passe politique, Tempereur Avitus; et un
autre empereur. Glycerins, egalement dechu du trdne, etait
pareillement devenu pontife, dix-huit ans plus tard. L'Orient
meltait aussi en honneur cet echange de la couronne avec la
tonsure : temoin, en 478, le jeune Cesar Basiliscus, fait clerc
par Tempereur Zenon, ainsi que le pretendant Marcien. Un
homme d'unnom moins retentissant dans le monde, mais bien
plus connu des Vandales, quilte bientdt apres, en 486, une
des principales families de Carthage, et va se renfermer dans
la vie monastique, oil il devient, en 494, le pere d'une com-
munaute nombreuse : je parle de saint Fulgence. D'autres il-
lustres bannis d'Afrique virent a leur tour des foules d'6mi-
grfes se grouper autour d'eux, et ainsi doivent s'expliquer ces
grands monasteres a la tele desquels nous les rencontrons sur
le sol etranger. Rappelons-nous ce que nous en avons dit
plus haut; rappelons-nous encore ces illustres princes dunom
de Sever devenus solitaires, dans le cas oil ils ne seraient pas
identiques avec le n6tre.
Le parti le plus naturel pour le prince abandonn^ de la
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— 76 -
fortune humame6tait d'aller prendre sagrande place au milieu
decemouvement, en tfite des refugi6s. Et la vie cenobitique
aura contribue a faire de lui un saint, un vrai heros, comme
cela est arrive pour saint Clodoald, le petit-flls de Clovis, Clo-
doald que le ciel conduisit aussi un jour en Provence, et au-
quel il montra, n'en doutons point, les traces encore fraiches
des glorieux Sever.
D6ja des circonstances tres-precises de famille etde cour
avaient du exercer sur Godagis une action puissante. Etd'a-
bord, Gens6ric avait 6te jadis catholique. La seconde epouse
de Huneric Tetait, la captive Eudocie, princesse romaine.
Pense-t-on que durant les seize ans qu'elle vecut avec un
epoux dont elle ne pouvait, dit Fhistorien Zonare, supporter
Tarianisme, elle n'aura point travaille a dinger vers la vraie
religion son royal neveu?
Mais voici le nom de Sever s'introduire avec gloire en plein
palais, et le catholicisme avec lui. La famille de Genseric avait
vu de pres le patrice Severe (1). Depute vers le roi vandale par
Fempereur Zenon, Severe avait acquis, par Tascendant de la
sagesse et de la grandeur d'Ame, une haute estime, et la cour
se plaisait a Tentendre. II obtiat tout ce qu'il voulut, notam-
ment la liberte de religion pour Carthage et la delivrance gra-
luitedes sujets de Tempire devenus esclaves du roi vandale et
de ses fils, et on lui jura une amitie eternelle. N'aura-t-il point
seme autour de lui des germes feconds de catholicisme? Aura-
t-il transmis son nom a quelque conqufite ?
Concluons.
Toutes ces premisses bien considerees, n'est-il pas vraiment
plausible, dans ce quil a de substantiel, le r6cit que nous fait
de Sever ici un Africain et la un roi vandale renongant au
sceptre?
0 legende ! que de curieuses confrontations n'amenes-tu
(1) Procope, Guerre des Yandales,
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— 77 —
pas lorsque I'on veut te juger et trouver sur quel fond histo-
rique tu travaillais! Mais toi aussi, 6 histoire ! par combien de
confrontations, k ton tour, n'aurais-tu pas besoin d'etre revi-
see, au risque detombei^souvent bien au-dessous delale-
gende! .
Confrontons toujours, confrontons.
{A suivre.) Jean LABAT, s. j.
NOTES DIVERSES.
XGIII. Les Gascons dans la Guerre de Gent ans.
Dans un article de la Revue des Deux-Mondes du 1«' juillet 1(C6, 8ign6
par M. Alfred Maury et ayant trail k TJIi^ioirc de Bertrand du Guesclin et de
son ipoque, par M. Simeon Luce, se trouvent les lignes suivantes :
« Nos genlilshommes ne savaient point encore faire manoeuvrer leur mon-
tare, et ce ne fut qu'au xiv* si^e que les Gascons introduisirent chez nous le
manege du cheval. s
« Les Gascons, qui ^talent habitues ^ la domination anglaise, fournirent aux
corps de volontaires, de routiers, employes par Edouard HI sous le nom de
compagnies, de nombreuses recrues, mais leurs chefs 6taient ordinairement
anglais. »
« Le roi de Navarre, apr^s s'^tre 6chapp6, prit k son service snrtout les rou-
tiers gascons d'Edouard III, lesquels faisaient, suivant leur expression, guerre
d* Anglais, et d^vastaient impitoyablement la France, qu'ils appelaient leur
chamhrey et oil ils se croyaient tout permis, ainsi qu'on pent le voir par ce
que Froissart rapporte de Bascoi de MauUon. x>
« Ala fin del360, apr^s la conclusion du traite de Bretigny, les routiers
march^renl sur le comtat d' Avignon, ayant^^ leur t^te deux Anglais et deux
Gascons, Siguinde Badefol et Robert Briquet. On soup^onne le roi de Na-
varre, Charles leManvais, d'avoir fait empoisonner S6guin de Badefol, dont il
convoitait les tr^sors. »
Deux observations h propos des details qui pr^cMent.
Ce qui est dit de Fignorance des gentilshommes fran^is en mati^re d'equi-
tation, doit 6tte pris dans le sens qu'ils ne connaissaient pas Tart de grouper
leurs chevaux pour leur faire ex^cuter des manoBUvresou charges dP ensemble,
Quelqu'un des correspondants de la Revue de Gascogne pourrait-il nous four-
nir de plus amples renseignemenls sur la superiorite hippique attribuee plus
haut aux Gascons?
Le routier gascon appel6 ici Siguin de Badefol est nomm6 avec une l^gdre
variante Badifol par I'abb^ Monlezun, au tome in de son Histoire de la Gasco-
gne, page 351. II faut sans doute aussi ne voir qu'un seul et m^me personnage
dans le Bascot de Mauleon nomm6 par Froissart, dans le Bastolde Maul^on
dont parle Tabbe Monlezun, m6me ouvrage et m§me tome, page 435. Ce rou-
tier 6tait aussi brave que cruel et pillard, ce qui n'estpas peu dire.
Cl.-HippolyteMASSON.
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— 78 —
DE L'ORIGINE DES BIENS COMMUNAUX
DE
BAJRCfELOlVNE <&ers.>
L'anlique bastide de Couet, aujourd'hui Barcelonne du
Gers, a possed6, jusqu'en ces derniers temps, un domaine
communal considerable. C'etail, par exemple, un hdpital, dont
le nom rappelle Vhospitalium qui preceda la bastide, avec
ses biens a lui propres; les biens de Teglise; la metairie de
Guiraut, connue aujourd'hui sous le nom de Baqu6; et enfln,
des bois ou terres boisees, des landes que Ton pourrait ap-
peler, vu leur etendue et leurs minces produits, les lalifundia
de la communaute de Barcelonne.
Mais les deux plus beaux fleurons des possessions de la
communaute sont, sans contredit, le bois de Cazamont et le
moulin dit de Barcelonne. '
A quelle epoque ces biens sont-ils devenus domaine com-
munal? C'est ce qu'il nous a paru interessant de rechercher;
aussi bien, faute de documents, sans doute, Thiatorien de la
Gascogne semble t-il avoir laiss6 dans Fombre ce c6te de Phis-
toire locale.
Un jugement rendu par le Senechal de Marsan, a Mont-de-
Marsan, le 15 Janvier 1691, sur lequel nous aurons peut-6tre
a revenir, nous a tout de suite fixe sur Porigine de propriete
de la for6t de Cazamont. EUe fut infeodee a Barcelonne lors
et a Toccasion de la fondation de cette ville par Jean, comte
d'Armagnac, en 1343. —Un extraitde Facte de fondation, re-
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— 79 —
copie en m^me temps que le jugement^ ne permet plus de
doute a cet 6gard.
Restaient le moulin et ses ddpendances.
Des pifeces de procMure, dat6es du milieu du XYIH"^ sife-
cle, epaves recueillies par le regrette M. Labeyrie (1) d'un des
nombreux differends ayant eiiste entre le chapitre dela cath6-
drale d'Aire J3t la communaut6 de Barcelonne^ h Tendroit du
regime des eaux qui alimentaient leurs moulius respectifs
portent :
1* Que le moulin de Barcelonne, avec des ddpendances
considerables, fut infeode a Barcelonne par Jeanne d'Albret^
reine de Navarre, le 18 juillel 1568;
2** Qu'avec le moulin, la reine de Navarre infeoda en m6me
temps le bois de B6dat, pour faciliter a la communaute les
moyens d'entretenir le moulin et ses d6pendances.
La tradition locale veut que la metairie de Guiraut, aujour*
d'hui Baque, ait eu la meme origine. Nous n'avons rien k op-
poser a la tradition. Nous lui accorderons volontiers qu'elle
est dans le vrai, d'autant mieiix que la m6tairie de Baqu6 est
situee sur la rive droite de FAdour, entre Fancien chemin de
Bem6de, parallele au canal du moulin de TAdour, tandis que
la foret de Cazamont avait pour limite, au nord, la rive gauche
du fleuve.
Curieux de verifier si la date du 18 juillet 1568 6tait exacte,
nous avons recherche si elle n'aurait pas 6te relatee dans Fun
des actes de nos pred6cesseurs. Nous avons ete largement
dMommage de nos peines.
En eflfet, independamment des baux a ferme consentis par
lacommunaut6 les 26 mars 1731 et 11 Janvier 1733, tons
deux retenus par M* Tinarrage, alors notaire k BernMe, les
plus anciens que nous ayons pu trouver, nous avons dans
notre 6tude :
(1) Ces pieces, M. Labeyrie qai en appr4ciait toate Timportance, les ataitdon-
D^es k M. Albert Lajard, propri^taire aetoel da moulin, et c'est k Tobligeance de ce
dernier que noos devons d'avoir pa en prendre connaissance.
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— 80 —
1*» Un bail a ferme du moulia retenu le 21 novembre 1762
par M* BourrouiUan, notaire a Arblade-Brassal (aujourd'hui
Arblade-le-Bas), consenti par Faberes, premier consul de Bar-
celonne, on il est dit a propos de cerlaines redevances impo-
sees aufermier:
^ Qu'il y est d'ailleurs tenu, aux termes de Facte dlnfeo-
» dation du 18 juillet 1568, consenti par la reine Jeanne de
» Navarre, ratifi6 par le roi. »
2^ Un autre bail retenu par le memo notaire; le 20 octobre
1768> consenti par Dargelos, ^chevin de la ville, est non
moins explicite.
3» Enfin, unbail a la dale du 12 septembre 1786. Nous
trouvons dans Texercice de M* Duporte un bail du meme
moulin, probablement le dernier qui fut fait sous Fempire de
Tancienne legislation, consenti par M. Joseph-Julien Dubos,
premier consul, dans lequel la meme date est mentionnee
dans les memes termes.
Ainsi, entre ces quatre citations, pas la moindre diver-
gence; et, a moins que de mettre en question le caractere
d'authenticite attache a un acte public, le fait historique se
degage clair et precis.
Deux donations princieres ont fait de Barcelonne une des
communes les plus riches du departement; la premiere en
date remonte, non pas J Philippe leBel, eomme on Fa avance,
mais bien a Philippe de Valois (1543), et le bienfaiteur fut
Jean, comte d'Armagnac. Les titres annexes au jugement du
senechal de Marsan, dont nous avons parle plus haut,' sont
precis a cet egard. Le comte d'Armagnac donna la foret de
Cazamont.
Quant au bois de Bedat (lequel etait deja epuise en 1750),
a la metairie de Guiraut (?) et au moulin, la communaute de
Barcelonne les tenait de la generosite de la mere du plus popu-
laire de nos rois.
II ne serait peut-etre pas sans interet de reprendre, un a
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- 81 —
un, les divers baux du moulin. On pourrait, par exemple,
rapprochant les divers prix de ferme, constater la prosperit6
croissante de Pusine. On pourrait, en relevant les charges
imposees aux fermiers, suivre, avec la construction successive
de Tusine, Thistoire de certains edifices publics.
Mais la presente note ne concerne que Torigine de nos
biens communaux, el nous serious heureux, nous Tavouons
sans peine, si elle pouvait faciliter k des hommes mieux pla-
ces que nous la recherche de la charte qui constate une des
liberalites de la reine Jeanne de Navarre,
Nous avons dit que Thdpital possedait des biens a lui pro-
pres; ils etaient peu considerables; ils consistaient, parait-il,
exclusivement en deux champs et un jardin.
Du 4 aval 1773 au 4" nivose an vni, nous trouvons dans
Texercice de M. Duporte quatre baux a ferme, que nous ne
mentionnerions memepas s'ils ne nouspermetlaientd'etablir
les revenus de la maison hospitaliere, revenus bien faibles,
puisqu'ils depassaient a peine, en moyenne, quatre-vingt-
onze francs.
A Teglise deBarcelonne appartenait la prairie de Jouau, qui •
fut aflfermee en 1786 pour 110 livres, tandis qu'en Tan ni
Joseph Blandin, officier municipal, en consentait bail pour
1,035 fr.
De Teglise au cure, pas n'est besoin de transition.
Le cui'e de Barcelonne semble avoir 6te de tout temps Tad-
ministrateur ne des biens de Thdpital et tout naturellement
de cetlx de Feglise. Que le lecteur nous permette d'accorder
un souvenir d'abord a M. Francois de Laffltte, docteur en
theologie, appartenant a la vieille famille des de Laffltte de
St-Aubin, qui etaient deja au xrv* sifecle seigneurs de Vergoi-
gnan. 11 fut pendant longues annees cure de Barcelonne; son
testament, date du 25septembre 1764, qui appartientaTexer-
cice deM' Bourrouillan, n'est pas sans interfit au point de vue -
genealogique.
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— 82 —
Apres lui vint M. Libaros (Jean), cure de Barcelonne et de
Vergoignan, son annexe. C'etait ce j^retre qui occupait le
poste de Barcelonne, quand survint la Revolution. Sa fld61ite
a TEglise au moment du schisme constitutionnel lui iit-elle
substiluer un intrus ? C'est ce que nous ne pouvons aflfirmer;
toujours est-il qu'a la date du 29septembre 1792, nous trou-
vonsunM. Pierre-Bernard Riviere qui prenait, dans un acle
public, la qualite de pr^tre, docteur en theologie, cure cans-
tiliUionnel de la ville de Barcelonne.
Emile GABARRET.
NOTES DIVERSES.
XGIV. Arohipr^tres de Gavarret et de Barbotan.
Extrait de bapt^me de Marguerite-Marie de Solle (Voir ci-dessous, p. 88,
ligne 16) :
Ce jourd'hay vingtiesnia aoat 1737 joar de St-Bernard Margaeriie Marie de
Solle a M baptis^e en I'dglise de St-0ren5. Le parrain a ^t^ Messire Marie-
Joseph de Seissan de MarigoaD, archipr^tre de Barbotan, et la marraine dame
Margaerite de Labonne, veuve de noble Jean de Perraguti seign. de Prdneron.
Void encore une petite pi6ce pouvant servir k eclaircir la question du chef-
lieu de rarchipr6lr6 de Barbotan :
^ Nona 8oabsinn<(s avons accord^.qae je Gerald Jnstal, pr^rei me rendrois dans
la ville de Gavarret poor y faire le service dedans I'^glise de la paroisse, tout ainsi
que sy Monsieur I'Arcbiprestre on recteur y estnit en propre personne. Et par cest
effet le dit siear Archiprestre a promts de me bailler on faire delivrer par Messienrs
les fermiers de M. le Prieur de Gavarret ou aatres la quantity de qaatorze sacs de
bled froment mesnrage da dit lieu, avec sept livres et demy en argent en foy de
quoy avons signd la pr^sente — Fait dans la chapelle de Notre Dame de Garaison,
le 2* du mois de Jnillct mil six cent cinquante. Justal, pretre — Barbotan arcbi-
prdtre.
L'archipr^tre de Gavarret qui a sign6 avec Gerald Justal se nommait Antoine
de Barbotan. Son nom m'est indiqu6 par un autographe d'un abbe d'Aignan,
qui est une permission d'absoudre des cas reserves {exceptis qui Hhertatem
decimarum viot(Mt) :
Nos vicarins generalis illust"' Domini Ircbiepiscopt ausciensis Magistro Antonio
de Barbotan Archipresbytero de Gavarret salutem in Domino die 7* mai 1646.
Antoine de Barbotan fit son testament le3 mai 1652. — J'en extraisle pas-
sage suivant :
Et pareequfi le dit sieur testateur a ritigni cy devant Varchiprettri de la ville
de Sainct Lupert de Gavarret en faveur de Maitre Bernard Paumes pritre, a la r^
serve niantmoings de la tomme de cinq cent livret omologu^es en cour deRome, . ., etc.
Dansun autre acte du 17 juin 1647, Antoine de Barbotan est qualifife d'Ar-
chidiacre de la ville de Gavarret. — (Archives privees.) J. deC.
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83 —
LE JOURNAL DE MAITRE JEAN DE SOLLE
DOCTEUR. EN J)ROIT ET AVOCAT DE LA VttLE D'AUCH
(4605-4642).
Le chroniqueur dont j'entreprends aujourd'hui de publier
les nates etait un simple avocat, vivant au fond de la pro-
vince, etranger au mouvement litteraire de son temps, a pen
pres brouille meme avec la grammaire et la litterature fran-
faises. Docteur almoe matris unwersitatis tolosanw, comme
on disait alors, il n'avait guere appris a parler d'autre lan-
gue que celle des doctes ecrits de maftre Jacques de Cujas.
Que le lecteur ne cherche done dans le journal de Jean -de
SoUe ni les charmes du style, ni roriginalile des apprecia-
tions personnelles. Ce sont de simples notes confiees au pa-
pier pour aider la memoire, de courts recits interessant pour
la plupart la bonne vUle d'Aulx, 6crits au courant de la plume
durant les quelques moments que laissaient a Tauteur les
travaux de sa profession et les soucis d'une administration
agricole rendue p6nible par les annees de disette qui se suc-
cederent dans la premiere moiti6 du xvir sifecle. Jean de Solle,
du reste, previent le lecteur dans le titre de son journal : Livre
servant de memoire de plusieurs chases^ escript par mm.
J'ai hesite quelque temps i publier ces notes, qui ne me
paraissaient pas ofifrir un interet bien serieux pour rhistoire
de notre province. Mais le desir d'etudieret de faire connaltre
I'origine etrhistoire d'une famille 6teinte, dont le nom appar-
lient aux souvenirs les plus glorieux de nos annales militaires.
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- 8i —
depuis quUl a 6te porte par le general marquis de SoUe, a
vaincu mes hesitations. Aussi bien ai-je eu tort peut-etre de
dire que Fhistoire n'aurait rien ou peu de chose a glaner dans
le journal de notre bon avocat; toute reflexion faite, je crois
au contraire que, si M. Prosper Lafforgue Tavait connu, il au-
rait pu Tajouter comme un supplement utile a ses deux ex-
cellents volumes derecherches surla ville d'Auch. On y ren-
contre, en eflfet, une foule de details qui se pretent a d'inte-
ressantes etudes de moeurs et de caracteres, et qui peuvent
enrichir Fhistoire administrative, politique et religieuse de la
ville d'Auch. Jelivredonc ces notes au public, comptant que
plus d'un ami de notre histoire provinciale m'en saura gre.
Mais, auparavant, je dois faire connaitre la famille de Tau-
teur.
Maltre Jean de Solle appartenait a une de ces families de
haute bourgeoisie qui cotoyaient de si pres la noblesse qu'elles
se confondaient presque avec elle. Plusieurs de ses ancetres
s'intitulaient avec une certaine flerte : Bourgeois de lavUle
(PAuch. Ce titre, qui rappelle celui de Bourgeois de Paris, que
le roi de France s'honorait de porter, designait une sorte de
demi-noblesse que nos Rois avaient accordee aux notables de
leurs bonnes villes. Du reste, plusieurs des membres de la
famille de Solle ont exerce au Parlement des charges confe-
rant la noblesse; par exemple, la charge hereditaire de con-
seiller et secretaire du Roi, qui emportait avec elle le privi-
lege de la noblesse au premier degre.
Jean de Solle nous a laisse, dans un feuillet separe de son
journal, quelques details sur ses ancfitres. Le premier de ses
auteurs connus apparaft en 14326 sous le nom de:
I*' Arnaud de Solle, consul de la ville d'Auch et bourgeois
d'icelle, « ainsi qu'il appert d'un livre manuscript qui se
trouve aulx archives de la ville. » II fut pfere de :
IP Jehan de Solle; qui vivait en 1495, « comme appert par
son livre de raison. »
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— 85 —
UP Hagues de SoUe lai succeda, etant I'afne de ia famille,
el fut notaire royal dela ville d'Auch.
IV Bernard de Solle, flls de Hugues, epoasa damoiselle
Pr6cieuse de Nestes, et vivait en 1530. II eut cinq enfants :
!• Bernard; 2^ Guillaume, pretre prebendier de la chapelle
de St-Barlhelemy de Teglise de Sainte-Marie d'Auch; 3* Ma-
naud; 4** Clairette; S* Guiraude.
V Bernard, Talne, epousa damoiselle Blancljig de Labriffe,
dont il eut : 1* Manaud; 2^ Bernarde; 3* Marie, qui fut ma-
riee a Guillaume d'Aignan(l).
W Manaud de Solle, pere de notre avocat, avait epous6
damoiselle Domenge de Gariapuy, fille de m afire Antoine de
Gariapuy, conseiller au presidial de Condom. II eut trois en-
fants : Jean, Sanson et Marie.
VIP Jean de Solle, docteur et avocat, auteur du journal,
avait epouse, le 23 juin 1613, damoiselle Domenge de Corrfeges,
fille de Bernard Correges et de damoiselle Gratiane de Pelis-
sier (2). II fut pere de : Pierre, Marie, Jean, Guillaume, Ber-
nard, Barthelemie, Philippe, Leonard. — De ces huit enfants,
trois seulemenl survecurenl k leur pere : Jean, Leonard qui
entra dans les ordres, et Barthelemie qui fut mariee a maftre
Joseph de Laffont.
\1IP Jean de Solle, docteur et avocat, conseiller au presi-
(1) GaiUanine d'Aignao eut de son mariage avec Marie deSoUe trois enfaots:
Bernard, Claire et Bernarde, ainsi qn'il consie par an acte de nomination de tnteur
da 26 d^cembre 1584. {Archives privies.)
(3) DomeDge de Corrdges avait trois freres et une soear : lo Barth^Umi, archi-*
prdtre de Sadoarnin; 2o Martin; 3o Jean; 4^ Jeanne. Je troave dans an acte de par-
lage que Jean de Correges ayant ^t^ condamn^ a dtre penda pour crime de Use^
majesti, par arr6t da 18 septembre 1623, s'^tait enfai en Espagne poor se soas-
traire k la sentence dn Parlement. — Un de ses complices, nomm^ Jean Lacoste,
d'Kngrasset, ayant ^t^ pris denx ans apr^s, fut peudu & Bordeaux. 11 serait pent-
6tre intdressant de savoir quel etait le crime de Use-majesti dont s'dtait rendu
eoupable le beau-frdre de Jean de SoIIe. — Un autre acte me r^vele que le notaire
Jean Fanriol, qui avait trempd dans cette affaire, fut prird de son office par arrdt
de la cour des aydes de Hontpellier, le 24 mars 1628; — et que, deux ans plus tard,
ayant M accuse et convaincu de faax, il fut coudamo^ a 6tre pendu par arrdt do
Parlement de Tbouiouse, le 29 ao&t 1630. Le malbeureux fut sonmis k la question
et penda k Axich, sur la place de la Treille, le 2 septembre 1630| vers le soir.
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— 86 —
dial d'Auch, epousa (28 aoiit 1643) damoiselle Franfoise de
Pomes, flile de Bernard de Pomes et de Barthel6mie de Par-
deillan (1). II n^eat que deux enfants : Joseph et Marie, femme
de noble Jean de Busquet.
IX* Joseph de Solle herita de son pere de la charge de con-
seiller au presidial d'Auch; il mourut le 25 novembre 1734,
laissant huit enfants de son mariage avec demoiselle Marguerite
de Lacroix rJi^Frangois-Leonard, pretre, chanoine et doyen
du chapitre de Barran; 2* Marie-Josephine, marine a messire
Frangois de Labarthe, seigneur de Colome (3 mai 1718);
3° Jean, ne le 4 juillet 1691; 4*» Marc-Antoine, chanoine de
Ste-Marie d'Auch et abb6 de Sere. [J'extrais du Liore de raison
de Jean de Solle les notes suivantes concemant son frere,
Tabbe de Sere :
€ Marc-Antoine a 6x6 nomni6 a un canonicat de la cath^drale
d'Auch au mois d'avril 1726 par le chapitre. II a et6 oblig^ de sou-
tenir a cette occasion un proces au grand conseil contre M. Froment,
br^vetaire du joyeux av^nement, et il y a 6t& maintenu par arrdt du-
dit grand conseil en 1727 avec d^pens contre iedit Froment, qui est
aujourd'hui chanoine de la mSme ^glise en vertu de son brevet, par
la vacance d*un autre canonicat.
» Hon frfere a eu un autre procfes contre M, Tabb^ de V6sian-
St-Paul, chanoine et doyen du chapitre de St-Orens. Uabbaye de
Sere, dignity de T^glise et cathedrale d'Auch, ayant vaqu^ par la
mort de M. de G41as, M. le cardinal de Polignac, archevfique d'Auch,
la conKra au sieur de V&ian. Mon fr^re la devoluta (2) en cour de
Rome, comme ayant ^t^ conferee a une personne incapable, quia non
erat de gremio^ ce qui est n^anmoins requis par la bulle de s<5cula-
risation du chapitre de Ste-Marie. Mon frere y a et^ maintenu par
(I) N'a poar toate parents avec les PardaiUan-GondriD qa'ane similitade de nom.
La famille de Pardeillao i laqoelle appartient Barth^l^mie 6tait une vieille famille
de procarenrs, avocats et notaires de la ville d'Aoch.
(3) Messieurs de 1'A.caddmie fraocaise auraient pardono^ ce Ditologisme a maltre
Jean de Solle; il rend si bien son iddel Le d^volat, en style de droit canon, est one
provision du Pape pour un b^ndfice qn on lui expose dtre vacant par nullity de titre
ott incapacity de la personne du titulaire qui le poss^de. Dom Brag^les n'a pas con«
nu le prdnom de I'abb^ de Sdre. H ne cite que le nom de famille en le faiiant pr^
e^der de qnelques points (Chron» d*AucK P* ^d.)
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-.87-
un autre arrfit du grand couseil, et V^sian a ^te condamne a la restitu-
tion des fruits et aux d^pens.
> Monseigneur de Montillet, archevSque d*Auch, a fait raondit
frere son official et Ta eharg^ des unions et suppressions qu'il a cru
devoir faire dans son diocese. Mon frere a fait toutes ces procedures,
et je lui dois cette justice qu'il est tres-capable et tres-eclair^; au-
delk de quoi il est plein de sentiment, homme d'honneur et droit. >]
5» Jeannette, religieuse aa couvent des Ura^ines de la ville
d'Auch; 6" Jean-Joseph, inort jeune; 7* Joseplirpretre, cha-
noiae de Teglise coUegiale de St-Orens.
X* Jean de Solle, conseiller et secretaire du Roi, maison
et couronne de France, epousa noble damoiselle Jeanne de
Seissan de Marignan, fille de noble Jean-BernarcJ. de Seissan
deMarignan (i), et de dameCecile de Labonne (1" juin 1727).
II fut pere de 1** Joseph-Marie, ne le 3 mai 1731; 2* Jean, mort
jeune; 3* Henri-Joseph, ne ie 16 Janvier 1739. II eut de son
mariage avec N., un fils qui fut le comte de SoUe, prefet des
Basses-Pyrenees sous la Restauration, lequel n'a laisse que
deux enfants, Henri et Melanie de Solle, morts tons les deux
sane " ' ance. 4».Irenee-Yves, chanoine de la cath6drale d' Auch,
sacre e.^que de Digneen. 1802, fut transf^re en 1805 a
Parcheveche de Chambery. Lors du concile de Paris, seance du
28 juin 1811, il resista avec energie et talent aux pretentions
de Bonaparte relativement a la nomination des eveques, et
reclaroa la mise en liberie de Pie VII, alors prisonnier a Sa-
vone (2). II a laisse un recueil de sermons assez estimes.
5* Madeleine-Frangois'e prit le voile au couvent des Ursulines
(1) J'eztrais le r^cit de sa mort du livre de r&ison de Jeah de Solle : « Le 23 mai
1753, noble Jeao-Bernard de Seissao de Marignao, president au presidial d'4ach,
C0D3eiller secretaire du Roi, maisoa et couronue de France de la chancellerie de
Thoulouse, est mort subitement. U dtait sorli le roatio pour aller parler a M. I'abbd
de Bertier, vicaire g^ndral d'Aucb; ce fut dans la maison dadit sienr de Bertier qu'il
mourot. L'on croit que ce fut d'une attaque d'apoplexie. C'^lait un homme qui vivail
bien cbr^liennement, sa-morta ^t^ soudaine mais elle n'^taitpas impr^vue. Diealui
fasse la paix. » H etait fils de noble Jean-Bernard de Seissan, seigneur de Marignan,
president au presidial d'Aucb, et de dame Jeanne d'Aspe de Meilban.
(2) Je tiens ce renseignement de M. Hubert de Marignan, arri^re^neveo, de I'ar-
tfbev^ue de Qhmb6Tj»
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- 88 -
de la ville d'Auch sous le nom de soeur de Sainte-Croix.
6* Antoinette-FranQoise entra au carmel dans le mois de juin
1747. J'extrais encore du livre de raison de Jean de SoUe la
note suivante qui temoigne de la grande bonte de Mgr de
Montillet et de Testime qu'il faisait de la famille du conseiller
et secretaire du Roi. « Ma fiUe cadelte Francon est entree dans
le couvent des Qarmelites d'Auch dans le mois de juin 1747;
elle a pris le yoile blanc le 8 decembre de la meme annee,
jour de Notre-Dame de la Conception; messire Jean-Frangois
de Montillet, archeveque d'Auch, a fait la ceremonie; ensuile,
sans nous rien dire, il vint, par une marque de consideration,
diner chez nous, ou j.e trailais nos parents. » L'acte de pro-
fession du i7 mai 1749 m'apprend que lorsque la jeune
novice fut appelee a prononcer ses grands voeux, Mgr de
Montillfet voulut encore presider la ceremonie. 7*» Marie-Mar-
guerite, nee le 20 mai 1737.
XP Joseph-Marie de Solle, conseiller et secretaire du
Roi, maison et couronne de France, epousa demoiselle Helene
de Cambefort, fille de messire Jean-Pierre-Claude-Jules de
Cambefort, seigneur de Lamothe-Lezat et de dame Marie-
Elisabeth d'Auzac (23 juin 1765). Dece mariage vinrenl:
1** Jeanne-Marie-Elisabeth, neeleS mai 1766.
2^ Jean- Joseph-Paul- Augustin qui suit:
XIP Jean-Joseph-Paul-Augustin de Solle, ne le 5 juillet
1767. D'abord comte, puis marquis de Solle, en vertu des
lettres patentes de Louis XVIII de 1814 et 1817; successive-
ment general de division, ministre d'Etat, pair de France,
major-general des gardes du royaume, chevalier de St-Louis,
grand cordon de la Legion d'honneur, chevalier commandeur
du St-Esprit et des ordres du Roi, etc., etc. Voyez sa vie
dans tons les recueils biographiques. Le general marquis de
Solle mourut en 1828, dans sa terre de Monluchet, ne laissant
de son mariage avec mademoiselle de Dampierre, fille du
general Picot de Dampierre, qu'une fille nommee :
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Helfene-Charlotte-Pauline de SoUe, nee le 47 juillet 1803,
mariee en 1821 au due Jules de La Rochefoucauld d'Estissac,
pair de France en 1839. Le noble due est mort le 21 avril
1856, laissant deson manage:
1* Roger-Paul-Louis-Alexandre de La Rochefoucauld, due
d'Estissac, qui a 6pouse le 21 avril 1853 mademoiselle Ju-
liette de S6gur, fille du comte Paul de S6gur;
2* Arthur de La Rochefoucauld, marie le l&septembre 1831
a mademoiselle Luce de Montbel;
3° Therese-Louise-Alexandrine-Frangoise de La Rochefou-
cauld, n6ele 13 juillet 1822, mariee le 30 novembre 1843 au
prince MaroAntoine Borghese, son cousin germain;
4« FeUcite-PauUne-JMiarie de La Rochefoucauld, nee le 3
decembre 1824, mariee le 29 avril 1846 a Lojiis-Charles
comte de Grefifulhe, pair de France.
Presque tons les biographes qui ont parle du general de
SoUe ont 6crit son nom en un seul mot; c'est ainsi que se
signait le general. Je n'ai pas cru devoir garder cette ortho-
graphe, que ne justifient point les actes publics anterieurs a
93. Jean de Solle, le bon advocat, Pecrivait en deux mots, tel
que ses anc6tres le lui avaient legue; ses descendants. Font
imite. Le general est le premier de sa race qui n'ait point
separe la particule de son nom. Un de ses neveux, M. Hubert
de Marignan, m'en a donn6 le motif dans le passage suivant
que j'extrais d'une de ses lettres : « Le general 6tait
deja un offlcier distingue en 1793, quand une loi dfefendit
aux ci-devant nobles de faire partie de Tarmee. En cette
qualite, il en fut exclu. U obtint cependant d'etre reintegrfe
dans son grade au mois d'octobre 1793; mais on comprend
que dans cette circonstance il ait du transformer son nom pour
lui 6ter toute apparence d'aristocratie. J'ai souvent entendu
dire a mon pere que c'est a cette epoque qu'il ajouta deux s a
son nom, dont il Qt DessoUes » Jen'ai pas cru devoir
Vimiter; j'ai conserve k ce nom, dans le courant de cette
ToMsXVni. 7
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— 90 —
"notice gehealogique, I'orthographe qiie lul (fonnaient cetix qui
le portaient avant la Revolution frangaise. •
J. DE CARSALAD^ DU PONT.
UVRB SERVANT BE UtMOlRE DE PLUSIEVRS CEASES, ESCRIPT PAR
MOT JEAN DE SOILE, ADYOCAT DE LA VIILE D'AUX,
Jesus-Maria.
Uan 1605 et le 12 octobre, k une heure appr^s midyy il fist ime
esclipse de soleil; et feust telle son obscurity qu'en plei^ jour on n'y
pouvoit rien voir k lire seullement. Laquelle grande obscurity ne
dura que fort peu, et estonna fort le monde.
En Tann^e 1605 feurent esleus consuls de la presente ville MM.
Jean Viv^s, Jean Daignan advocats, Virent notaire, Vergfe, Ran-
itjif Ladois, Laveraet marchants, et Baudeust maitre lapidaire; ^n
laquelle eslection il y 6ust opposition de quelques syndicaux du
inenu peuple, fonnant leur opposition sur ce qu'ils pr^supposoient
lapluspart des dits consuls estre contables k la ville enyertude
quelques pr^suppos^es sentences donnas par le dit Daignan, Ant^
et aultres arbitres pri^s pour voir les comptes de la ville puis 10 ans;
et encore parceque les dits Viv^s et Lauraet estoient cosins germains.
Par arrest de la cour donn^ deux mois apprfes la feste de saint Jean,
I'eslection feust confinn^ sans avoir esguard k la dite opposition,
isauf poxxT le reguard du dit Lauraet, k la place duquel on mettroit
un aultre, avec inhibition et defiences de mettre en la dite eslection
narants au degr^ prohib^ par les dits ordonnances royaulx, et arrest
de la cour. Au lieu duquel Lauraet feust mis maistre Hugues B^-
giiier notaire.
Et durant la diteannee des fiusdits consuls,, et le 22«jourdu mois
de juin 1606, monseigneur le mareschal d'Ornano (1) lieutenant pour
<1) AipboDse d'Oniano, flis do c^ldbre aventnrier €orie Sampietro et de Yanina
d'Omaoo. U prit le nom de sa mdre qui appartenait k ane famille descend ue des
UieretiB sobvetahis de la Corse. CrM raar^cital de Fraace p^r Henri IV, il fm en
ItMproipa an raikg de litfatenant f^n^ral en Gnienne. II moarnt en 161# des sui-
tes de r^p^ration de la pierre.
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— 91 —
Sa Magest^ en Guienne fist son entree en la pr6sente Tille, pour la
quelle feurent faites force preparatives, tant de compaignies d« sol-
dats que de portals peints qm feurent dresses a la porte de La Treilhd
et devant la maison de ville. Auquel les habitants d*icelle firent pre-
sent d'un beau cheval d'Espaigne qui coustoit onze cents livres; et
demeura dans la dite ville deux jours enliers et de 1^ avant 8*en alia
a Gimont.
En Tann^e 1606, il y eut une grande sterility de toute sorte de
grains et principallement de bleds, car il y avoit si grande abon-
dance d'herbe et d*aultre sorte que les bleds se coucherent par terre,
et les meilleures terres feurent celles qui moins rapporterent; telle*
ment qu'il y eust force bonnes mett^ries, du labouratge de deux ou
trois paires, ou il n'y eust pas de quitte vingt sacs de bled et la se-
mence; d'aultres ou la semence seule resta. Et la dite sterility feust
generale par tout le pays. Tout Test^ feut fort sec et ne pleust qu'une
foyes ou deux par tonnerre. Le sac de bled se vendit en est^ k 4 li-
vres 5 sols et valoit pour Touts Saints 5 livres 18 sols. H ne pleust,
come ai diet, en est^, que jeusques h. la veille de la Touts Saincts,
lesquelles pluyes durerent quinze jours, et tant, qu'en plusieurs
mett^ries on n'avoit rien sem6 encore a demy novembre, tant pour la
dite sescheresse que pluye survenante.
Le 6 may de Tan 1607, jour de dimenche, les Peres Capucins po-
serent leur croix a leur esglise et feurent establis et regeus en la pre-
s^ite ville, et ce k Saint-Pierre hors les meurs de la presente ville.
I-a susdite croix feut apport^e en procession de Tesglise de Sainte-
Marie avant, apr6s Vespres, ou avoit un grand nombre de personnes,
et dress^ qu'elle feust les MM. des chanoines, pr^bandi^s et aultres
prestres feurent la baiser, avec le reste du peuple qui y pouvoit ap-
procher.
Le 16 Janvier de Tan 1608, la chambre de MM. les esleus d'Arma-
gnac feust ^rigee en la presente ville par M. de Prugues, conseiller
du Roy et thr^sorier g^n^ral de Bourdeaux, lequel mist les esleus en
possession de leur charge dans la maison de ville, qui estoient sa-
voir : trois esleus MM. Martial d'Aignan, juge temporel, Jean Sof-
fron, maitre architecte de la fabrique de T^glise de Notre-Dame, et
Secousse secretaire de monseigneur de Trappes archevesque de la
dite ville, et un controUeur qui estoit Jean Eslienne Chanaille bour-
geois, un procureur du Roy qui estoit M. Bernard Sancet, dooteuJf«t
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— 92 —
advocat, et le greffier qui estoit Dominique Salles, receveur du tail-,
hon. Lesquds susdits estats feurent finances, avec trois huissiers
qu'il y avoit, k la somme de trente-deux mille livres.
En Tann^e 1608, 11 y eut opposition a Teslection consulaire de la
presente ville par quelques particuliers, tellement qu'un des consuls
feust k Thoulouse pour en poursuivre arrest, le quel feust donn^ au
mois d'aoust du dit an; et par iceluy feust ordonn^ que dors en avant
Teslection consulaire se feroit le premier jour de Tan, et non, come
on faisoit, a la feste de saint Jean-Baptiste, et qu'a ces fins les sus-
dits consuls continueroient leur charge jusques a la fin de Tan, au
quel temps ils proc6deroient a nouvelles eslections, avec inhibition de
metre en la dite eslection des parents au degr^ [prohibe] par Tor-
donnance ni aulcuns contables ny defciteurs a la ville. La dite opposi-
tion avoit est6 faicte sur ce que des dits consuls esleus il y en avoit
de parents et de contables, qui feust cause que les dits consuls de la
dite ann^e si^gerent dix buict mois.
(A suivre.)
Jugements de maintenue de noblesse (1).
Ill
OLIVIER DE RIVIME^ SEIGNEUR ET BARON DE LENGROS ET BAZIET (2).
D*or d trois 4pees de gueules en pal,
la pointe en haiU, soutenant une couronne fermie de mime.
Contrat de .manage de noble Olivier de Riviere, fils de noble
Prangois de Riviere, avec damoiselle Jeanne de Valens, devant Du-
trey, notaire de La Serrade, du 16 juin 1689.
Testament de noble FraHgois de Riviere, seigneur de Baziet, par
(1) Voyez la livraison de Janvier, page 32.
(2) Les Rividre de Lengros dtaieat les cadets des vicomtes de Rividre-La])attit,
qui ont joa^ ah si grand rdle dans le pays de Riridre-Basse.
lis dtaient vicomtes de RivUre, non poor avoir jamais poss4d6 one vicomt^ qaei-
conqoe> mais parce qne dds les xii* et xiiie si6cles ils dtaient presqne h^rddltaire-
ment gouverneors do pa)s de Riviere, et qu'alors lo goaverneor s'appelait vicamte
lorsqne le suzerain ^tait nn eomtef vidame lorsqne le suzerain dtait an simple
dominut, Depuls ran^antiisenent des titres de vidune d' Amiens et de vidame de
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— 93 —
lequel il laisse a damoiselle Catherine du Colom^, sa femme, Tusu-
fruit de ses biens, et institue son h^ritier noble Olivier de Rivifere son
fils; ledit testament pass6 devant Louis Bouges, notaire royal, le
29 mai 1653.
Contrat de manage de noble Frangois de Rivifere, seigneur de
Baziet, avec damoiselle Catherine du Colom^, pass^ devant Souca-
ret, notaire royal, insinu^ a la justice de Castelnau de Riviere-
Basse, et exp^^ par Lagrange greffier.
Transaction entre messire Jean de Riviere, seigneur de Trante et
Labatut, nobles Pierre de Riviere, Adrien et Frangois de Riviere;
Jesdits Adrien et Frangois sous Tautorit^ de noble Frangois de La-
b6dan, seigneur de Sauveterre, et Pierre-Beraud de Lab6dan, leurs
curateurs, pour raison des droits de l^time et partage des biens
provenants de la succession de messire Henry de Riviere, seigneur
de Lengros, et de dame Frangoise de B^gole, leurs pire et m^re.
Ladite transaction pass^e par devant Dubourdieu, notaire royal;
transaction dans laquelle il est dit que noble Bernard de Rivifere,
seigneur et baron de Lengros, avait institue son h^ritier ledit Henry
de Riviere, son fils ain^, par son testament du 13 avril 1555, pass^
devant Dominique de Lassalle, notaire royal de Bonrepaux.
Reconnaissance de la somme de 300 livres par noble et puissant
seigneur Bernard de Rivifere, baron de Labatut, seigneur de Len-
gros, en faveur de dame Anne de Lup6, sa femme, pass6 devant
Dominique Navailly, notaire royal dePuydarrieux, le 15 mars 1553.
Cbartres, aaqnel Saiot-Simon tenait Unt, il n'y a gadro en France que le vieomte de
Rividre-Labatat qui ait conserve an titre de cette nature particolidre.
En 1437; Pothon de Rividre fat capilaine d'Ecoreheurs (en langae des Boargoi-
gnona), c'est-4-dire an capitaine da parti des Armagnacs. On troare danslaliste
des capitaines commandant I'arm^e de Charles VII en Aisace ies noms gascons qoi
soivent :
Dominicos de Coars,
Pothon de Biviire,
Gaston de L^rigot,
Le grand Estrao (Astarac?),
Le petit Estrac.
Pothon de Riviere fat tad aa sidge de Saint-Hippolyte, le 7 octobre liU, et ev*
terrd avec honnear dans Tdglise d'Isenheim. Les archives manicipales deStrasbonrg
possddent deax pieces scelUes de lai (Taetey, let Ecorcheurs soiu Charles VII).
Bernard, vieomte de Rividre, sire de Labatat, figure, avee 14 dcuyers, et Cadet
de Rividre avec 7 dcoyers simples, parmi les « gens d'armes qni vinrent en Agenais
au mandement de M. de Yalentinois, k la saint Jean 1841. » cFearedtestablispoor
la garde de la Gascogne par dt\h la Garonne, aa Grdset : Bernard, vtcom^e de Ri-
vidre, escuyer banneret, capitaine da Grdset, ayec 39 escayers, 137 sergents. » Abbd
de Camps^ Compies des tr^soriers des guerrest page 275.
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— 94 —
Testament dudit Bemaid de Rivifera, seigneur de Lengros, par
lequel il veut que Anne de Lup^, sa femme, jouisse de Tusufruit de
ses biens, et institue son h^ritier noble Henry de Riviere, sou fils
aln6; pass^ par devant Jean Nicolas, notaire royal de Rivifere-Basse,
13 avril 1553.
Contrat de naariage de Bernard de Rivifere avec damoiselle Anne
de Lup6, par devant Pierre de La Dugnie, notaire royal de Maul^on,
16 d^cembre 1550.
Maintenu dans sa noblesse par jugement du ]8 d^cembre 1697.
Signi: Claude-Joseph Sanson, iutendant de la g^n^ralit^ de
Montauban.
IV
BERNARD D'AUXION, SEIGNEUR DE SAINT-MARTIN, ET JEAN D'AUXION,
SEIGNEUR d'aYGUETINTE.
EoarteU au /•' et i^d^azur d 5 itoiles d'argent, accompagnies en
chef (Tun croissant de mime; au 2^ et 3^ de gueules au chevron
d* argents aocompagni en pointe d'une canette de mime.
Testament de noble Guillaume d'Auxion, seigneur d*Antraset
Ayguetinte, par lequel il remet ses honneurs funebres a la discre-
tion de sa femme Catherine de Valens, avec laquelleil declare avoir
procr^e Blaise, Jean, Jeanne et Isabeau d'Auxion, et dans lequel il
est enoore fait mention de daunoiselle Marie Despiet, sa m^re. Ledit
testament du 22 avril 1659, regu par Boyer, notaire royal.
Testament de noble Blaise d'Auxion, seigneur d' Ayguetinte, dans
lequel 11 d^Iare avoir ^te mari^ avec damoiselle Marie Despiet,
dont il a eu nobles Guillaume, Jean, Bernard, Arnaud-Guillaume,
Louis, et Jeanne d*Auxion. Ledit testament du 26 octobre 1647,
regu par Despiet, notaire de Jegun.
Contrat de manage de noble Blaise d'Auxion, seigneur de Vivent,
f^vec damoiselle Marie Despiet, pass^ par devant Daubas, notaire
royaly le dernier avril 1614, exp^di^ par autre Daubas, d^tempteu'r
dudlt aote, en presence du sieur Gimat, subd^l^gu^ de M. Pellet,
iutendant en cette province, 2« d^cembre 1666 (1).
il) Blaiso d'Aaxion, fiU de Guillaume et de demoiselle Lncrdce de Bar de Til-
lemade, avait un frire nomm^ Philippe, auteur de la brancbe des seigneurs da Gas-
tera-Vivent; nous publierons a sa dale son jngement de maintpDue de noblesse.
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— 95 —
Contrat de manage de noble Guillaume d'Auxion, assist^ d^ no-
ble Amaud-GuiUaume son pere, avec damoiselle Luor^ de 3ar'de
Villemade, par lequel ledit Arnaud-Guillaume pke fait donation
audit Guillaume son fils, tant en raison de ses biens piopres que
de feu Candide de Boussens sa premiere femme; ledit contrat du
31 juillet 1576, retenupar Espiet, notaire de Jegun.
Contrat de manage de noble Arnaud-Guillaume d'Auxion, seir
gneur de Vivent, avec noble damoiselle Frangoise de Larrpque,
devant Jean B6ga6, notaire royal d'Ordan, le 14 fivrier 1572.
Contrat de mariage de noble Arnaud-Guillaume d'Auxion, sei«
gneur de Vivent, avec damoiselle Marthe de Ferrabouc, devant
Antoine Lacoste, notaire public de Valence, le 22 d^mbre 1567.
Contrat de mariage dudit noble Arnaud-Guillaume d'Auxion, sei-
gneur de Vivent, en presence de noble Jean d'Auxionson pire, avec
damoiselle Candide de Boussens, pass^ devant Lacoste, notaire
royal d'Ayguetinte, le 14 mars 1544, exp^di^ par Plants, notaire
royal, leSavril 1634.
Testament de Jean Auxion, iseigneur d'Aumensan, par lequel il
est dit qu*il a et6 mari6 avec damoiselle Paule de Cumont, et que
Arnaud-Guillaume son fils a ^t^ mari^ avec damoiselle Candide de
Boussens. Ledit testament regu par Jean Descumbes, notaire de la
ville de Jegun, le 27 mars 1550.
Maintenus dans leur noblesse sur la vue des productions ci-dessus
par jugement rendu k Montauban, le 28 d^cembre 1697.
Signi : Claude-Joseph Sanson, intendant de la g^^alit^ dp Moi^*
tauban.
[Voici, d*apr6s mes i^otes, un extrait gdn^logique de la maison
d* Auxion, maison de bonne et vieille chevalerie.
L Blaise d'Auxion, seigneur et barqn d*Ayguptinte, fils de noble
Guillaume et de Catherine de* Valens, et fr^e atne dps dpux pro-
duisants, eut poiir fil^ :
II. Frangois-Guillaume, baron d'Ayguetinte, mftri^ avec damoi-
selle Anne de Galard de Pavillac, dont il ei;t :
lo Gerard qui suit; 2^ Louis, mari^ k damoiselle Marie d*Espi^t,
auteur du rameau des seigneurs de Salles et Margouet; 3o Jean, au-
teur du rameau des barons du Goudin, seigneurs de Barcugnan, seul
existant aujourd'hui.
III. Gerard d'Auxion d'Ayguetinte, ni le 13 piai 1742, iflar^6 k
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— 96 —
demoiselle Charlotte de Saint -Mathieu des Touches, dont il eut :
lo Antoine-Marie-Denis; 2* Pauline, marine k M. Andr6 de Cham-
belier; 3^ Marthe-F^licit^, marine k M. d*Ajassus; 4® Marie, mari^
au comte de Redon, chevalier de Malte et de Saint-Louis,
rV. Antoine d'Auxion, baron d'Ayguetinte, chevalier de Malte et
de Saint-Louis, emigra en 92. A son retour de T^migration il racheta
la terre d'Ayguetinte et ^pousa en premieres noces lafiUe du marquis
de Pins-Montbrun, et en deuxiemes noces demoiselle Gabrielle de
Fortisson d*Aux. II est mort sans laisser de post^rit^.
Branche de Salles et Margouet,
III. Louis d'Auxion, seigneur de Salles et Margouet, eut de son
manage avec demoiselle Marie d*Espiet :
lo Jean-Marie, 6migr^ en 92, n'a plu^ donn6 de ses nouvelles;
2^ Jean-Charles, d^c^de en Emigration 7 Aortal an v; 3o Jean-Jacques
qui suit; 4P Jean-Baptiste-Cyrille-Am6dee; 5° Charles-Marie-Leon,
colonel de cavalerie; 6** Marie- Agathe-H616ne, mariee a noble Jean-
Frangois de Pumyrol de Saint-Martin.
IV. Jean-Jacques d'Auxion de Margouet, ne le3 aoiit 1776, marie
en 1812 avec damoiselle Marie de Nolivos, fille du Iieutenant-g6n6-
ral, comte de Nolivos, conseiller du Roi, commandeur de Saint-
Louis et gouverneur de La Guadeloupe. II n*a eu de son mariage
que deux filles, marines, Tune a M. Dubosc de Peyran, I'autre, en
premieres noces, k M. de I-arroux, et en deuxiemes au marquis de
Franclieu-Lascazeres, aujourd'hui sEnateur.
Branche de Barcugnan.
III. Jean d'Auxion, baron du Groudin, troisifeme fils de Frangois-
Guillaume, baron d'Ayguetinte, et cle Anne de Galatd-Pavillac,
epousa demoiselle Claire-Th^rese de Larroux de RuflK, fille du
seigneur de Barcugnan. II en eut dix enfants :
1* Jean-Joseph- Ren6, chevalier de Malte et de Saint-Louis, n*a eu
qu*une fille de son mariage avec demoiselle Louise de Liesta :
Elisabeth, marine au comte Alexis d*Abzac; 2<> Louis-Marie- Ambroise,
tu6 k Marengo; S® Joseph-Henri, mort en Emigration; 4^ Jean-
Jacques-Alexandre, mariE a La Guadeloupe, avec demoiselle Sophie
de Viprat de Neuilly, dont il a eu trois fils, Jules, Adolphe, Henry;
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— 97 —
ce demier rentr^ en Prance est mari^ avec demoiselle Marie- An-
toinette de Laroche Dupuy; il aeu un fils, Lionel, et une fille, Marie;
50 Pierre, mort en 1826; 6© Hilaire, mari6 a demoiselle Charlotte
Barres, dont il a un fils, Alcide, capitaine au 70* de ligne, et une
fille, Agathe. marine au comte de Maignas; 7® Madeleine; S© Jeanne-
Marie-Judith, tu6e a Marciac pendant la Terreur; 9« Claire-Caro-
line; 10« Marie- Antoinette-Gabrielle. — J. de C]
[La notice qui pr^cfede, et dont je remercie tres-particuli^rement
mon excellent ami, rattache imm^diatement Louis d'Auxion (sei-
gneur de Salles et Margouet) et Jean, baron du Goudin, a Frangois-
Guillaume, baron d'Ayguetinte. II doit y avoir la omission ou con-
fusion.
Pierre-£fOuw-Martin d'Auxion, seigneur de Salles et de Mar-
gouet, ^oiur de Marie d'E spiel ^ Jean-Baptiste d'Auxion, seigneur
du Goudin (en La Sauvetat de Gaure) et de Barcugnan, autre
Jean-Baptiste, garde du corps du Roi, et Jean-Raymond, etaient les
frires de ma bisaieule Marie d'Auxion, fille de messi/re Bernard
d'Auocion (1), seigneur de Salles et de Margouet^ et de dame Ma-
rie- Marguerite de Luzarey. — C*est du moins ce qui paraJt resul-
ter de Tacte de mariage passe au chdteau de Salles, le 22 ttvrier
1775, entre ladite Marie d'Auxion, assistee de ses freres, et Michel
Laborde de Lauran, fils de Pierre Laborde, sieur de Lauran, et de
demoiselle Marie Jalras de Ricane.
Madame Michel Laborde de Lauran mourut k Cazaubon, le 19 de-
cembre 1781, k Tfigede vingt-huit ans seulement, 6tantn6ele9
mars 1753, d'aprfes son acte de baptfime qui lui donne pour parrain
et marraine messire Frix de Cours, seigneur de Monlezun, et son
Spouse Marie de Barbotan.
EUe laissait k son mari deux fils :
lo Jean-Pierre, qui eut de son mariage avec demoiselle Marthe
de Muret, une fille, Nancy, en religion soeur Marie-Ther^se, morte
a TAsile d*Auch, et un fils, Sosthene, 6poux de demoiselle L^ontine
Grenous de Larroque, dont est n6 M. Felix Laborde de Lauran, de
Cazaubon;
2® Jean-Louis, qui a laiss^, de son mariage avec demoiselle Ad^
(1) Ce Bernard d'Auxion, qui a eu nne fiUe en 1753^ ne pent 6tre identifi^ avec
le seigneur de Saint-Martin du mdme nom, dont la maintenue est publico ci-dessus
(pulsque ce demier dtait nd avant 1647); ne serait-il pas son potit-fils?
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— 98 -
Ifidde de Labepie, ua fils, M. Denis I^aborde de Lauran, a Cazau-
bon; et trois fiUes : Laurentine (Madame Cazaux, ch&teau de Liet,
en Marsolan), Aline (Madame Paris, chftteau de Lahitte, prfes Gon-
drin) et Agathe (feu Madame Alph. Couture). Celle-ci, mon excel-
lente mfere, avait eu pour marraine sa parente Mademoiselle Agathe
d'Auxion, qui vit encOre a Layrac. — On pardonnera a un sentiment
bien legitime ces details de famille, qui pourront d*ailleurs, je Tes-
p^re, aider M. Tabb^ de Carsalade a completer et k rectifier la gen6a-
logie de la maison d'Auxion. — Leonce Couture.]
BIBLIOGRAPHIE.
I
Louis Xni a Bordeaux, relation in^dite publi^e d'apr6s un manuscrit de la
Biblioth^que nationals, par Ph. Tahizet db Larroque. In-^^ de 47 p.
Bordeaux, imp. Gounouilhou, 1876. (Extrait des Publications delaSoditS
des Bibliophiles de Guyenne.)
Le double mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche et de sa
soeur Elisabeth avec Philippe, infant d'Espagne, amena un assez
long sejour de la cour de France a Bordeaux dans Tautomne de
1615. Ce sejour fut marque par des ffites dont Timagination des con-
temporains regut la plus vive impression. Dejla le grand nombre de
publications relatives k cet 6venement; on en trouvera les titres dans
la Bibliothhque de la France^ dans le Catalogue de la Biblioth^-
que nationaley mais surtout k VAppendice de la relation in^dite
que M. Tamizey de Larroque, apres plus de deux sifecles et demi,
vient d'ajouter k tant d'autres. Cet appendice, pr^cieux pour This-
toire de la ville de Bordeaux, n'est pas une sfeche Enumeration : des
notes Erudites, des extraits curieux, des problfemes bibliographiques
nettement posEs en font un vrai rEgal pour les litterateurs, les histo-
riens et les curieux en tout genre.
Quant a la relation elle mfime, quoiqu*elle vienne s'ajouter si
tard a im ensemble deja surabondant, on ne pent que remercier
rinfatigable 6diteur de Favoir publiEe. REdigEe au jour le jour, avec
une fidelity minutieuse, par un temoin oculaire, juge officiel de toutes
questions d'Etiquette et de ceremonial (Pierre Sorel, hEraut d'armes
de Normandie^ d'aillours tr^s-inconnu), cette narration satisfera plus
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— 99 —
que toute autre lea amis du detail authentique et pittoresque. Ce
n'est pas que Tauteur y ait mis de Tart et du style. « II se pr^occupe
beaueoup plus, je Tavoue, dit le judicieux ^diteur, de la v6rit6 que
de Tagr^ment, etillaisse un peu trop subsisler dans son r^cit Tari'
dit^ d'un proc^s-verbal; mais pardonnons-lui d'avoir eu moins de
talent que de conscience. II est tant d*autres historiographes qui
n'ont eu ni conscience ni talent ! » J*ajouterai que rien ne parle a
Fimagination comme les procte-verbaux de ce bonbomme. Non-
seulcment vous voyez' defiler dans ses pages, princes, princesses,
grands-officiers et le reste, mais vous contemplez leurs costumes,
leurs joyaux, vous comptez les perles et les diamants des parures
nuptiales, vous mesurez tout k votre aise jusqu'k la longueur de
la queue de la robe de Madame : sept aunes de long ! Aussi cette
queue fut-elle portee c par des princesses, ducbesses et femmes de
pairs de France. »
Les pr^s^ances ne tiennent pas moins de place dans le r^it des
alltes et venues du royal cortege. Notre consciencieux heraut d'ar-
mes avoue que les contestations entre les grands sur cette delicate
matifere causferent d'^tranges d^sordres* Au reste, cette manie n'^tait
pas exclusivement aristocratique : les violons en eurent leur grande
part, € vouUans precedder les trompettes, quoyqu'ils n*y eussent
aulcun rang...^ Reflexion qui d^montre la parfaite competence
de notre auteur sur les moindres details de son metier I
La liturgie sacr^e ne I'interesse pas moins que le c6r6monial pro-
fane, et par cet endroit il m^rite encore Tattention d'une nouvelle
classe de lecteurs. On remarquera surtout les rites du manage par
procureur de Tinfant d'Espagne, repr^sente par M. de Guise, avec
Madame. Outre la benediction des arrhes, vieil usage qui subsiste
encore dans une partie de notre province, on y lira telle formule latine
qui ne se trouve plus dans les rituels,
L'entr^e solennelle de Louis XIII dans Bordeaux donna lieu a
une nouvelle suite de ceremonies enumerees avec complaisance,
mais pourtant trop sobrement decrites a mon gre ! Pierre Borel de-
clare qu'il « n'est a obmettre les beaux portiques, piramides, statues,
fontaines (pardon!) pissans vin, eau et laict...; » mais il ne les pho-
tograpbie pas comme les toilettes qui. ont brilie k son debut. J'aurais
bien voulu aussi qu'il nous donndt quelque extrait des innombrii-
bles barangues debitees par « tons les corps de la ville, > qui mon-
terent Tun aprfes Tautre, pour cet exercice, sur un eohafaud ou sie-
geait, apres diQor, le Roi entoure de sept herauts d'armes. II me
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— 100 —
semble que Pierre Borel devient trop concis vers la fin de son rou-
leau. II n'a pas dit, par exemple (mais son ^diteur y suppl^e dans
une de ses curieuses notes), que la collation offerte a Louis XIII
dans la maison de ville de Bordeaux fut trouble par pillage de con-
fitures, bris de vaisselle, renversement de tables et autres scan-
dales, a tel point que le roi dut d^cocher un soufflet a un petit vau-
rien qui se fourrait dans ses jambes.
Malgr^ ces lagers reproches, la Relation est un modele du genre;
il faut en dire autant de Tannotation et aussi de Tex^cution mat^rielle
de cette delicieuse plaquette.
II
Jeanne de Sales, soeur de saint Frangois de Sales, el^ve de sainte Jeanne-
Fran^oise de Chantal, ses rapports avec I'ordre de la Visitation, par Tabb^
J. DuLAC. 1 vol. in-12 de vii-188 p. (tir6 k 100 exemp.) Paris, A. Anbry, 1876.
Ce petit volume, qui est au point de vue typographique un chef-
d'oeuvre d*elegance grave, et k un autre point de vue un modele de
conscience dans les recherches et d'exactitude minutieuse dans le
detail, ne touche k la Gascogne que par le nom de Tauteur; Tun de
nos plus ^rudits correspondants, C'est assez pour que nous devious
k nos lecteurs, sinon une analyse complete, au moins un l^ger
crayon de cette biographic d'un des membres les moins connus,
mais non les moins aimables, de la famille du plus aimable des saints
modernes.
Le livre est adress^ aux Visitandines de la rue de Vaugirard, que
M. Tabb^ Dulac a bien connues pendant un assez long s^jour k Paris
avant 1870. II leur dit, avec ime gr4ce qu'il semble emprunter k
Tauteur de la Vie divote : « Ce livret, comme Tappellerait votre
saint fondateur, naquit a votre monast^re; il retoume k son nid.
Comment ne Taccueilleriez-vous pas avec votre douceur h^r^di-
taire? il vous parle de votre pfere, de votre m^re, de leurs connais-
sances, de leurs families, de cette Jeanne de Sales qui leur fut si
chere, et qui ne vous Test pas moins, puisque sur le tombeau de
cette enfant s'^leva en quelque sorte T^difice de votre institut —
Dans vos ouvrages imprimis ou manuscrits, qk et Ik se montre cette
jeune fiUe aux traits vagues et ind^cis, fuyant lorsque le lecteur
desire I'approcher, excitant par sa fuite mSme une curiosite d'ailleurs
iort legitime. A reconstituer cette physionomie, a r^unir ces lin^a-
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- 101 —
ments (Spars, a retracer son rdle, on sent que sur tel ou tei point
obscur de vos origines descendrait lalumiere propre a les orner d'un
nouveau channe. >
M. TabM Dulac a vraiment r^ussi dans son entreprise : non qu'il
ait ajout^ une oeuvre nouvelle a cette s6rie de vies ^difiantes cr^ee
par d'habiles et pieux ecrivains de nos jours. Mais le sujet ne s*y
prfitait pas. Dernifere scBur du saint 6v6que de Geneve et beaucoup
plus jeune que lui, assez jeune pour qu*il lui ait tout naturellement
servi de fhre, Jeanne de Sales naquit i tr^s-peu pr^s le 20 novembre
1593 (c'est line date que Tauteur ^tablit par une exacte discussion,
p. 9-12), et elle mourut aprte une courte maladie en octobre 1607.
EUe a done v^cu quatorze ans : onze ans au chateau patemel, c'est
Tobjet des deux premieres parties de ce livre (la seconde marquee
par Tapparition de madame de Chantal); un an au nionast^re du
Puits-d*Orbe, en Bourgogne, ou elle s'ennuya, c'est la troisi^me
partie; enfin deux ans dans le monde et surtout, en dernier lieu, pr^s
demadame de Chantal, mati^re de la quatri^me et demiere partie. Dans
aucunc de ces fractions d'une pieuse vie d'enfant, il n*y a de traits
bien caract^ristiques, ni de fait bien saiUant. A vrai dire, la vie de
Jeanne de Sales n*ofire pas mati^re k un livre, si on la s^pare des
faits s}mcbroniques de son grand fr^re et de sa sainte institutrice.
Mais fallait-il Ten s^parer? M. Tabb^ Dulac ne Fa pas cru, et pour
ma part, je Ten f^licite, tout en reconnaissant le d^faut relatif d'un
sujet ou Taccessoire d^robe souvent le principal. D nous fait con-
ndtre, appr^cier, ch^rir cette enfant que le saint 6vSque de Genfeve
€ aimait fort tendrement, dit le naif biographe Charles-Auguste de
Sales, tant par les raisons de la nature que parce qu'il la voyait
crottre tons les jours en vertu; » mais surtout il nous fait p^n^trer
plus intimement le caractere du saint qui parle presque a toutes les
pages de ce livre, et qu'on ne se lasse jamais d'ecouter ou d'ob-
s^rver de prfes.
Dans Tadmirable lettre qu'il ^crivit k sainte Jeanne-PranQoise,
pr^cis^ment k la mort de sa petite soeur, on lit ces mots touchants :
€ H^lasl ma fillei, je suis tant homme que rien plus... » II me sem-
ble que cet aveu, dict^ par Thumilite la plus profonde, rend cepen-
dant tres-bien lecdt^ le plus frappant de cette sympathique figure.
Peu d'hommes, sans doute, ont ^t^ plus saints que Frangois de Sa-
les, mais peut-6tre aucun saint n*a 6t^ plus homme; et de la un at-
trait qui n'appartient qu'alui. Eh bien! c'est precis^ment ce carac-
tere humain que M. Tabb^ Dulac fouille, a vingt reprises diflKrentes,
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-~ 102 —
avec une curiosite et un bonheur remarquables. Nous nous conten-
tons de citer les chapitres : Frangois de Sales et les enfants, Fran-
gois de Sales et lesdivotes^ la toilette de Jeanne de Sales, Fran-
gois de Sales s'occupait-il de mariages?.., Les traits piquants, les
reflexions fines y abondent, et on y apprend quelque chose de nou-
veau sur le saint ^vfeque de Geneve, ou du moins on ie saisit plus
vivement, m6me aprfes tousles travaux, si approfondis et si divers,
qui ont 6te consacr^s a sa vie et k son esprit.
Le style dont Tauteur a rev6tu ses r^cits et ses raisonnements est
toutji lui : rien de vulgaire; une phrase tantdt lestement enlev^e,
tantdt laborieuse et compliqu^e, maistoujours pleine de sens et de
logique; I'expression elle-m^me, tantdt vive et vraiment trouv6e,
tantdt un peu recherch^e et neologique, mais jamais d^pourvue de
saveur et de propri^te. Quant aux questions d'h^raldique, d'arch^olo-
gie, de geographic, de ehronologie et de critique semees dans ces pa-
ges, M. I'abbe Dulac les traite toujours en hoxnme des plus comp^-
tents. Je lui reprocherai pourtant d'appelerFauteur du premier Gal-
lia Christiana, Yabb6 CI. Robert : je crois que ce respectable savant
n'eut point d'abbaye, auquel cas, dans la langue de son siecle, on
ne doit pas lui donner un titre qui n*a pris que de notre temps la si-
gnification vpgue i'etcl^iastique.
L60NCE COUTURE.
CORRESPONDAlVfCE.
Sur Dom Brugdles (l).
Bien cher.
En attendant que vous f^ssiez connaJtre le r^sultat de vos recher-
ches sur Dom Brugeles dans le m^moire du grand-pere, voici k ce
sujet quelques mots du petit-fils.
L'auteur de la note que vous avez ins^r^e le mois dernier, k la
(1) M. Tabb^ Loies, dans tine seconde lettre sur dom Bnigdles, nous commnoi-
que H pariie da mdmoire de fen M. de Carsalade qui concerne la qneition de date
el d'origine. Nous ne pabiions pas cette commuDication, qui ferait doable emploi soit
ayec la lettre de M. I'abb^ de Carsalade, soitsurlout avec le m^moire prdcit^ doot
Boas donnerons rm pea plus rard des extraits. — l. c.
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— 103 —
suite de la lettre de M. I*abb6 Lozes, s'est laisse tromper par une
similitude de nom, quand il a attribu^ a la naissance de dom Bru-
gfeles la date de 1725. Les registres paroissiaux de Simorre signa-
lent, en eflfet, a cette date, le baptfime de Louis-Cl^meni Brug^es,
fils de Bertrand-Antoine et de Perrette de Labartbe-Lass^gan; mais
ce Louis-Clement n*est que le neveu du savant b^n^dictin.
Les Brug^les ^taient d'une vieille famille bourgeoise de Simorre.
Pierre Brug^les, notaire de Simorre, mari^ a Antonie Saint-Lary,
vivait en 1624. II fut pfere de Martial, C^cile, Bertrande et Marie
de Brugfeles. Martial, avocat au si^ge de Simorre, ^pousa en pre-
mieres noces demoiselle Marie d'Agut de Tr^bons, habitante de
Saint-Elix, dans la vallee d' Aure. II n'eut qu'une fiUe de ce premier
mariage, Scholastique, qui 6pousa noble Dominique de Cazeaux. Le
15 septembre 1670, il ^pousa demoiselle Cl^mence Lafont, dont il
eut: 1° Blanche, n^e en 1671; 2« Jeanne, n^e en 1673; 3^ Louis-
Cl&ment; 49 Dominique, n6 en 1682; 5» Bertrand-Antoine, n^ en
1684.
Dom Louis-CWment de Brug^les est-il n6 a Simorre? Tout porte
k croire que non. L'^tat-civil, qui mentionne la naissance de ses fr^
res et sceurs, garde le silence sur lui. II est probable qu'il dut naf-
tre entre les ann^es 1675 et 1678, car en 1698 il figure commejewne
novice du convent de Simorre, dans un acte d'aflferme de certains
biens d^ndants de Tabbaye.
Dom Brugeles eut une vie trfes-agit^. Je vous laisse le soin d'en
raconter les p^rip^ties : vous en trouverez tons les details dans le
manuscrit de mon grand-pere. Je me contenterai de vous citer un
extrait des deliberations du chapitre de Tabbaye de Simorre, au su-
jet de Tenievement du pr^cieux chartier de Tabbaye par la famille
Brugfeles : '
* € .... L'an 1725 et le 28 avril apr^s-midi, dansle monastfere
Not^-Dame de Simorre, ordre de saint Benoit, diocese d'Auch,
devant moi notaire et t^moins, ont ete presents et capitulairement
assembles : Dom Francois Larrieu^ pitancier et prieur claustral;
Jean-Pierre Simorre, infirmier; dom Jean-Germain du Cor, prevost;
dom Pierre-Thomas Capdeville, ouvrier; dom Dominique Espai-
gnol, dom Jean d' Anion et dom Jean Vignes, les tous prStres et re-
ligieux prof^s dudit monast^re, faisant la plus grande et saine partie
desdits leligieux; dom Paul Rivifere etant a Sarrancolin occupe a y
rendre le divin service, et dom Jean-Jacques Daude, religieux, etant
dans le present monastere, qui n'a eie appeie pour 6tre germain de.
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— 104 —
dom Luuis-Clemenl Brugeles, etdom Dominique Brugeles, chautre.
Auxquels par ledit dom Dominique Larrieu, prieur claustral, a it&
repr^sent^ qu*il est important de nommer et crter un S3aidic g^n^ral
pour g^rer les aflaires du corps et pour la poursuite de plusieurs
• instances que le chapitre a en plusieurs cours, et particuli^rement
pour la poursuite de I'mstance qui est pendante devant M. le senes-
chal de Toulouse, entre le syndic dudit monastere, centre dom
Louis-Clement Brugeles, religieux; dom Dominique BrugMes, chan-
tre, et le sieur Bertrand-Antoine Brugeles, bourgeois dudit Simorre,
les tons freres, concernant Tenlfevement des papiers, titres et docu-
ments appartenants audit monastere; il a convoqu^ Tassembl^e pour
delib^rer sur ce dessus... (Suit le procfes-verbal de la deliberation :
dom Dominique Espaignol est nomme syndic general pour poursui-
vre ladite aflfaire.) » [Etude de M. Lissagaray, notaire a Simorre.]
Que sent devenus les titres qui composaient le vieux chartier de
Tabbaye de, Simorre? Qu'est devenu son precieux caitulaire? Le s6-
nechal de Toulouse obligea-t-il dom Brugeles ales restituer au mo-
nastere? Autant de questions auxquelles il m'est impossible de re-
pondre. J*ai interroge et cherche en vain dans Simorre. Plusieurs
avant moi Tout fait sans plus de resultat. Peut-6tre trouverait-on au
senechal de Toulouse rinventaire des papiers soustraits par dom
Brugeles.
Les registres de Tetat-civil de Simorre se taisent encore sur repo-
que de la mort de Tauteur des Chroniques. Son frfere, dom Domi-
nique, mourut en 1776, chanoine et doyen du chapitre de Simorre.
L'abbaye avait deja ete secularisee depuis plusieurs annees.
Bertrand-Antoine, son second frfere, epousa, le 28 avnl 1722, de-
moiselle Perrette de Labarthe de Lassegan, fiUe de noble Pierre de
Labarthe, seigneur de Lassegan, etde demoiselle Jacquette de Lou-
boy de Larrey.
Le nom de Brugeles s'est eteint au commencement de ce sifecle.
Le dernier des descendants de Bertrand-Antoine et de Perrette de
Labarthe a fini tristement a Simorre.
Voila ma petite rectification faite. A vous maintenant de nous
donner sur dom Brugeles une etude litteraire aussi pleine de char-
mes que celles que vous avez consacrees a vos pontes condomois.
Veuillezagr6er, etc.
J. DE Caksalade du Pont,
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LES ARMOIRIES
DE
NN. SS. X^EI^AJVNOY ET SOXJLlS.
Les armes de nos ev^ques de France portent, d'ordinaire,
une legende sur un listel ondoyant, et sur le champ du blason,
comme meubles, des attributs symboliques.
Sans sortir de notre province ecclesiastique d'Auch, nous
pouvons citer celles de Monseigneur de Langalerie, qui porte
sur son listel ces mots si profondement Chretiens :
TINCB IN BONO MALUM (1),
et, comme meuble, outre des molettes, une tour chargee d'une
croix potencee de gueules.
Monseigneur Savy, eveque d'Aire, qui avait tant redoute le
fardeau de Tepiscopat, semblait le rendre plus 16ger par cette
legende :
▲MORS LEVIDS,
entourant une croix d'argent sur champ d'azur.
Les mots proE et caritate omaient le blason de Monseigneur
Epivent. C'etait la une legende, nous disait-on, qui ne pouvait
pas elre consideree comme une devise, puisqu'il n'y avait
aucun rapport entre elle et les pieces de Tecu. Nous ne par-
tageons pas cette maniere de voir. La molelte et les croissants
sont des attributs des croisades. Ne fallait-il done pas a nos
aieux une grande foi et une ardente charitS pour aller, au-
dela des mers, combattre pour la delivrance du tombeau du
Christ? Ces attributs rappellent une epoque de foi et de
(1) Rom., XII, 21
ToMK XVm. — Mars 1877. 8
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— JO(i —
grandeur, et ia devise, a ce point de vue, est en parfaite har-
monie heraldique avec les meubles du blason.
La devise, en general, est une citation, une sentence rap-
pelant un fait illustre, une action d'eclat. Quand eile fait partie
d'armoiries episcopates, eile traduit parfois un sentiment,
une pensee de nos livres saints, et eile n'est souvent que I'ex.
plication de Tembleme armorial.
EUe se compose de deux parties : de la figure qui s'appelle
fe corps, et des mots qui sont I'dme de la devise.
Dans les comptes-rendus de Finauguration solennelle de
rUniversite catholique de Lille, nous avons vu citcr deux
blasons. Fun portant ces mots :
AMOR CHRISTI URGBT NOS,
avec le pelican traditionnel.
L'autre :
PASCOR A TOLNBRB,
embleme du Sacre-Coeur blesse par la couronne d'epincs.
U y a la une relation intime entre la legende et les meubles
de Tecusson.
Nous retrouvons une inspiration analogue et de pareilles
harmonies dans les armoiries de NN. SS. Delannoy et Soule.
1
Anime de tout temps d'un grand amour pour la Reine du
ciel, un pretre a desservi, pendant plusieurs annees, la paroisse
de Saint-Andre de Lille : plus tard, eleve ala dignite d'eveque,
il a rempli ces redoutables fonctions, dans TOcean indien, k
3,000 lieues de la mere-patrie, dans cette He fortunee de
Bourbon qui, d'aprcs Mery, vrai paradis terrestre, aurait ete ^
le sejoiir de notre premier pere. II a dtichercher a reunir dans
son blason, comme meubles ou pieces de Tecu, tons ces sou-
venirs si chers et si touchanls.
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— 107 —
Les armes de Monseigneur Delannoy les traduisent tous en
efifet.
Nolre-Dame de la Treille, honoree d'une maniere speciale
dans cetle province ecclesiastique de Cambrai a laquelle
appartient notre eveque, est d' argent, et domine en reine sur
le chef d'azur du blason. Dans les partitions de Tecu se voient
a dextre une ancre d'or, et a senestre la croix de Saint-Andre
de meme.
Ainsi Marie, une croix et une ancre, telles sont les pifeces
heraldiques et symboliques du blason episcopal. La croix, en
souvenir de Teglise de Saint-Andre ou s'ecoula la vie sacer-
dotale de Tevfique; Tancre, attribut maritime se rapportant k
Tile lointaine qui renferme TevSche de Saint-Denis; enfin Marie,
reine au blason comme dans le cceur du prelat.
La legende est encore la pour le demontrer ; elie se rapporte
a la Consolatrice des affliges : hlec est spes nostra.
Voici, du reste, comment TEveque d'Aire blasonne :
Parti, a senestre de gueules a la croix de Saint- Andri d'oVy
a dextre de sinople a une ancre d'or; au chef d'azur charge
de Vimage de N.-D. de la Treille, d'argent, et pour legende :
HjfiC EST SPES NOSTRA.
II
Les armes de Monseigneur Soule sont composees d'apres
les memes principes.
Le champ est coupe. La premiere partition presente, en
champ d'argent, une branche d'epines centournee de sable,
surmontee d'un coeur de gueules, enflamme de m^me, place
en abime. Le Sacre-Coeur, surmontant une branche d'epines,
forme evidemment le corps de la devise; pati et amare en
ferment Tame. II y a done une relation intime entre les pifeces
du champ et la legende, a laquelle on a ajoutele mot : verffas.
Cettc expression dQit se prendre dans son acception la plus
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— 108 —
haute et la plus generale, et si Dieu est charite, Deus clmritas
est (1) il est aussi la verite meme : Ego sum... Veritas (2).
Nous repudions le sens exclusivement humain qu'on a voulu
donner au mot Veritas. La legende heraldique d'un blason
Episcopal s'elfeve plus haul; tout en admettant partout et tou-
jours les droits imprescriptibles de la verite, nous rapportons,
dans Tespfece, cette expression au Dieu de tout amour et de
toute verit6.
En 6tudiant ces armoiries, il pourrait sembler que Tetoile
qui figure en champ de sable dans la seconde partition de
r6cu dut 6tre prise pour I'Etoile de la raer, surtout lorsqu'elle
est entouree de deux ancres; mais ici, Tetoile est d'argent, et
elle se rapporte i Tordre de saint Dominique, patron du prelat.
D'ailleurs, la sainte Vierge n'est pas oubliee, puisque le
Rosaire entourant Tecusson est Tattribut exterieur de Tecu.
Aprfes* cette simple explication, blasonnons les armes de
Monseigneur Soule.
L'ev^ue de Saint-Denis porte :
€(mp6 d'argent a une branche d'^jdnes contoumee de sable
en pointe, surmont^e d'un cceur de gueules enflamme de meme
pos6 en abime; et de sable a VeloUe d'argent, qui est de saint
Dominique, accostee de deux ancres d'or, avec le rosaire en-
tourant Ncusson, et pour devise ces mots : Veritas, pati et
AMARE.
D' LfiON SORBETS.
(Ij I Joann., iv, 16.
(2) Joann., xiv, 6.
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109 *-
INSTRUCTION PUBLIQUE A GIMONT
I3ANS LES TEMPS ANTERIEURS A 1789.
I
TEMPS A^T^RIEURS A LA FONDATION DU G0LL£GE^ EN REMONTANT
JUSQU'A la FONDATION DE l'aBBAYE.
Le fait seul, toujours subsistant, de Texistence a Gimont
d'un college qui n'est pas de fondation recente et qui, au dire
de la tradition, aurait eu, avant les bouleversements qui out
marque la fin du dernier siecle, une notorifete et une impor-
tance considerables, nous avait frapp6 depuis longtemps;
nous en elions etonne surtout avant que nos recherches sur
Gimont, dont nous avons recemment fait connaitre ici m6me
le resultat, nous eussent fourni les moyens de conslater que
cette ville est actuellement bien reduite, qu'elle eut jadis
une etendue superflcielle plus consid6rable et une popula-
tion des deux tiers sup6rieure a celle d'aujourd'hui. Nous
aurions, on le pense bien, vivement desire connaitre Vori-
gine de ce college et nous assurer en meme temps si Timpor-
tance que lui attribuait la tradition etait fondee et jusqu'^
quel point on pouvait se flera ses recits. Nous pouvons affir-
mer que nous n'avons rien n6glig6 pour arriver a ce r&sultat;
et apres plusieurs annees d'enqu6te qui n'ont pas ete touti
fait steriles, nous sommes enQn en mesure de foumir des
renseignements assez precis qui ne seront pas, nousle croyons.
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— no -
depourvus d'interet pourles lecteurs dela Revue de Gasco-
gne a qui nous en offrons la primeur. Peut-etre meme qu'a
une epoque comme la nfttre, ou tout ce qui se rattache a
rinstruction publique a ses divers degres a le privilege de
renconlrer partout les plus vives sympathies, d'autres encore
pourront tirer profit de cette etude que nous ne craignons pas
de dire imparliale, qui se rattache a une question tres-diver-
sement envisagee et sur laquelle les preventions et mille pas-
sions conjurees ont reussi a amasser trop de tenebres. Puis-
sions-nous ainsi contribuer a dissiper des prejuges invete-
res, dont on subit souvent les influences sans meme soup? on-
ner que Ton s'egare !
Nos recherches sur le college en ont amene d'autres, aux-
quelles d'abord nous n'avions pas songe, concernant le con-
vent d'UrsuIines que Gimont possedait avant 1789 et qui
disparut entierement pendant les jours nefastes qui suivirent;
si bien qu'aujourd'hui il n'en existe pas la moindre trace et
que, dans Gimont meme, pen de personnes savent quUl a
existe et seraient en 6tat de vous renseigner sur Templace-
ment quUl occupait. Nous ferons aussi connaitre le resultat
de ces recherches, et nous esperons par ce moyen fournirla
preuve incontestable et sans replique que, durant la periode
d'existence du convent et du college, dont la fondalion re-
monte a pen pres a la meme epoque, la jeunesse des deux
sexes trouvait a Gimont toutes les ressources desirables pour
acquerir une solide instruction et se former aux luttes de la
vie, par une bonne education, sous la discipline de maitres
et de mattresses capables et devoues.
Nous avons voulu remonter encore plus haut et savoir aussi
cequi se faisait avant cette epoque, en reculant jusqu'ala fon-
dation de Gimont et memeau-dela. Mais ici les renseignements
precis nous ont fait completement defaut. On pent cependant,
de certains faitsbien connus, tirer quelque induction qui por-
terait a croire que, dans ces temps eloignes, rinstruction dans
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— Ill —
nos contrees n'etait pas negligee comme bien des gens se le
figurent, et que les ecoles ne manquaient pas ou les enfants
du peuple pouvaient, comme aujourd'hui, acquerir les con-
naissances appropriees a leur condition. Qa'on veuille bien
nous permettre d'insister un moment sur ces faife.
A Pepoque ou la ville de Gimont fut fondee, Tabbaye comp-
laitdejaun siecleet demi d'existence. Les lecteursdela Revue
n'ignorent pas les immenses travaux executes par elle pour
le defrichement des bois et des landes qui couvraient le pays,
et la mise en culture des terrains qu'ils occupaient. On sail
bien aussi que la ne se bornait pas le travail des moines et
que la culture des intelligences n^'entrait pas moins dans Tor-
dre de la mission providentielle quMls accomplissaient que la
culture des terres. II dut certainement y avoir une ecole atta-
chee a Tabbaye meme; et qui oserait dire qu'il n'y en avait
pas d'autres disseminees sur Timmense etendue du territoire
qui formait ses propriet^s? II est au moins bien certain qu'il y
avait un nombre considerable d'eglises dont ils etaient les col-
lateurs, el qu'en cette qualite ils devaienl pourvoir aux be-
soins spirituels et moraux des habitants, non moins qu'aux
besoins religieux qui, d'ailleurs, ne sauraient etre convena-
blement satisfaits quand les autres sont en souflfrance. Ces
eglises, assez rapprochees les unes des autres, etaient toutes
des centres de paroisses. Chacune d'elles avait son pretre des-
servant, « capeUanus, » qui en faisait le service comme vicaire
perpetuel de Tabbe, lui-m6mecure primitif. Tout cela est bien
alteste par une foule de chartes de cette epoque que nous
avons analys6es ici-m6me, du moins en grandepartie. Quelles
pouyaient etre dans ces petites paroisses les occupations de
ces pr^tres ? Toutes les fonctions du ministfere pastoral d'abord,
en ce qui concerne le service religieux et Fadministration des
sacrements. Mais c'eAt 6te bien pen de chose, il faut en conve-
nir, pour rempUrtous leurs loisirs. On pent supposer avec
assez de vraisemblance, nous dirons meme avec certitude,
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— 112 ~
qu'ils etaient egalement chargfes de donner aux enfants de
leurs paroissiens les premiers elements de rinstniction, non-
seulement de rinslruction religieuse, ce qai est tou jours de
droit, mais encore de Tinstruclion profane. Chaque paroisse
avail ainsi son 6cole. L'inslruction qu'on y recevait, nous le
voulons bien, n'etait pas aussi variee que dans les fecoles
d'aujourd'hui; on n'y effleurait pas tanldechoses : mais 6tait-
elle moins solide et moins feconde en resullats d'une utilite
pratique pour ceux qui la recevaient, eu egard k la position
sociale dans laquelle ils elaient nes? Nous ne voulons rien
affirmer; mais il nous semble qu'un doute pent 6tre permis,
Cen'est pas tout, un fait incontestable, qui nous est reveie
par les cartulaires de I'abbaye, autorise a penser qu'i cette
meme epoque notre region n'etait pas depourvue de res-
sources pour Tinstruction et Teducation sp6ciales quMl con-
vient de donner aux jeunes fllles. Nous avons vu, en effet,
dans Tanalyse que nous avons faite des acquisitions de Tab-
baye en ces contrees, sur les deux rives de la Gimone
(Revue de Gascogne, tome xm, p. 223), qu'a Fepoque oil
fut fond6e Tabbaye cistercienne, une abbaye existait deja a
une petite distance de la nouvelle fondation, au nord-est, sur
la meme rive de la Gimone. C'est une abbaye, ou plut6t un
convent de Benedictines dont la superieure prenait le nom
d'Abbesse et que Ton appelait le convent du vieux mur. En
face de celui-ci, de Tautre cdt6 de la riviere et autour de Te-
glise de Saint-Jean que, pour cette raison, on appelait d6ji
comme on Tappelle encore aujourd'hui, Teglise de Samt-
Jean de las Monges, se trouvait un autre etablissement qui
etait comme une succursale du premier et lui etait soumis,
quoiqu'il e6t son existence a part et son gouvernement in-
terieur particulier, a la tete duquelse trouvait une superieure
qu'on designait sous le nom de Prieure. On se demande
comment et pourquoi ces deux convents avaient et6 fondes
en cetendroit; el a defaut do renseignements precis, on pent
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— 113 —
conjecturer avec assez de vraisemblance, si Ton considereje
bal general de ces sortes d'institutions, que les saintes fllles
qui vivaient la y avaient ete etablies en partie pour distribuer
aux enfants de leur sexe les bienfails de rinstruction et d'une
education chretienne. Cette supposition ne paraitra pas tout
i fait gratuile si Ton fait attention que les benedictines, de-
doublement de Tordre de saint Benoit, n'etaient pas des re-
ligieuses purement contemplatives, et que dans leursmaisons
le temps etait partage dans une juste proportion, comme dans
les monasteres d'hommes, entre le travail convenable a leur
sexeet les exercices religieux prescrits par la regie. Le travail
intellectuel n'y etait pas moins en honneur que le travail ma-
nuel; et dom Gaeranger, a Foccasion de la traduction qu'il a
publiee des exercices de sainte Gertrude, une benedictine,
observe avec raison que « au moyen age, les monasldres de
fiUes ilaient souvent des ecoles de science. » Dans celui qui
re^jut la sainte lorsqu'elle n'etait encore Agee que de cinq ans
tr eUe fut, ajoute D. Gueranger, imtruitenan-seulementdans
les lettres dwines, mais encore dans les arts lib^aux, comme
on disait cUors, et elle y fit de si grands progrds qu'elle ^tmina
souvent, par son savoir, les plus grands docleurs. »
Nous ne voulons pas dire que les choses en fussent arri-
vees la dans les monasteres dont nous parlous. Mais il nous
semble qu'il n'est pas temeraire de supposer qu'on s'y occu-
pait d'instruction; et si cela etait, rinstruction qu'on y donnait
etait certainement dans une parfaite harmonie avec la con-
dition sociale des populations au milieu desquelles et pour
lesquelles ces monasteres avaient ete fondes. Les religieuses
qui les habitaient, soit dit en passant, appartenaient genera-
lement aux premieres families de la contree. Nous voyons en
particulier qu'a cette epoque une fille du seigneur de Man-
reus, Alexandrine, etait prieure du convent de Saint-Jean de
las Monges. C'est ainsi que, dans tons les temps, la religion de
Jesus-Christ a inspire les memes devouements : ce que nous
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— Ill —
vpyons aujourd'hui li'est que la remise en oeuvre de ce qui
se faisait il y a cent ans; et il y a cent ans on retrouvait,
ameliorees et perfectionnees par Texperience des siecles, les
institutions successivement fondees par le genie Chretien,
dont on pent retrouver la trace non interrompue jusqu'a
Torigine meme de TEglise.
Tons ceux qui sontunpeu familiarises avecledouzieme el
le treizieme siecle ont ete certainement frappes comme nous
de Texuberance de vie qui se manifeste partout a cette epoque.
C'est particulierement a Toccasion des nombreuses chartes
de coutumes octroyees plus ou moins spontanement pendant
ces deux siecles par les seigneurs feodaux, non-seulement aux
communautes importantes des villes, mais encore anx plus
petites communautes rurales, que cette observation s'est sou-
vent presentee a notre esprit. En les parcourant avec une cer-
taine attention, on est bien force de se dire qu'apres tout les
hommes de cette epoque, que les ecrivains d'une certaine
ecole nous representent comme plonges dans une grossiere
ignorance et abrutis par un honteux esclavage, n'etaient ni
aussi ignorants, ni aussi serviles qu'on voudrait le faire en-
tendre; et quand on voit ces m6mes hommes, pour defendre
leurs droits et leurs privileges, ou bien encore pour en obte-
nir Textension ou une nouvelle consecration, deployer une
activite et faire preuve d'une intelligence de leurs droits qu'on
retrouverait bien difflcilement aujourd'hui, forcement on
doit reconnaitre, quand d'ailleurs on n'aurait pas des rensei-
gnementsplus precis pour Petablir, que les masses popu-
laires a cette epoque n'etaient pas moins eclairees qu'aujour-
d'hui. D'oii il faut conclure que les moyens d'acquerir I'ins-
truction et de se former a la vie socialc n'etaient pas alors
plus rares que de nos jours.
D'autres actes de la meme epoque relatifs ala vie commu-
nale conduisent a la meme conclusion. Pour ce qui concerne
Gin)ont en particulier, nous avons retrouve, presque a son
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— 115 —
origine, un certain nombre de ces acles : proces-verbaux
d'assemblees commQnales, syndicats, compromis, etc.,
emaaes de cette communaute pendant les quarante pre-
mieres annees qui suivirent sa fondation. Quelques-uns
sont relatifs aux discussions qui ne tarderent pas a s'e-
lever entre ses habitants et Tabbaye; d'autres se rappor-
tent a des contestations concernant la juridiction avec les
comraunautes limitrophes; d'autres enfln avaient pour objet
d'afifermir et d'etendre les constitutions communales ou de
prevenir les contestations et dissensions qui auraient pu s'6-
lever entre les habitants, en fixant d'avance, pour des cas
determines, soit les droits, soit les obligations de chaque par-
ticulier. Dans tons ces actes, c'est la communaute tout entiere
qui est appelee a intervenir; et de fait, quand il s'agit de
deliberer, nous trouvons jusqu'a trois cents individus et
au-dela, nominativement designes, qui prennent part a la
deliberation. Les questions m6mes soumises a la deliberation,
la maniere dont on les traite, Finteret que Ton y prend, mon-
trent bien, encore une fois, que la masse des citoyens etait
au courant de ces afifaires et capable de les comprendre. En
eflt-il ete ainsi si la generalite n'avait pas eu a sa portee les
moyens d'acquerir instruction que cela suppose? Et dans
Tabsence de documents plus precis, n'est-on pas en droit de
conclure de Tensemble de tons ces faits, que les ecoles ne
manquaient pas plus alors que de nos jours, que ceux qui
avaient le gout de Tinstruction pouvaient a leur gre le satis-
faire, et qu'en realite il n'y avait que ceux qui n'en voulaient
pas ou qui en etaient naturellement incapables qui en fussent
priv6s ?
II
FONDATION DU COLLEGE.
La fondation du college, projetee d'abord des les premieres
annees du xvi* sieclc, n'eut son plein et entier accomplisse-
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- 116 —
meat qa'au commencement du xvn% II semblerait au pre-
mier abord que cette fondation est un argument centre la
these que nous venons de soutenir. Cependant il n'en est
rien. Onpourrait, au contraire, nous semble-t-il, en lirer une
preuve indirecte en sa faveur. Qu'on remarque bien cette
date assez precise dans sa generalite, a laquelle correspond
la premiere idee de la fondation, c'est-a-dire la premiere
moitie du xvf siecle. Qu'on veuille bien aussi se souvenir de
la revolution qui s'accomplissait alors en Europe dans Tem-
pire des lettres. On etait aux beaux jours de la renaissance
qui remit en honneur la litterature paienne de la Grece et de
Rome, plus ou moins oubliee durant les siecles Chretiens qui
avaient precede, et qui jetait le discredit sur les formes litte-
raires du moyen age et les methodes d'enseignement suivies
jusqu'alors dans les ecoles.
Le mouvemenl partit des grands centres intellecluels. Tons
les beaux esprits de Tepoquele suivirent avec enthousiasme,
et la province elle-m6me emboita le pas des villes. Or, pour
qu'il en fut ainsi, il faut bien supposer qu'il y avait dans la
province et jusque dans nos campagnes bon yombre d'hom-
mes d'une intelligence assez cultiv6e pour apprecier et gouter
les beautes de la litterature antique. Gimont nous fournit un
exemple frappant de l{i maniere dont les choses devaient se
passer dans les petites villes de celte categoric. Quoique jus-
qu'alors on n'eiitpas eu d'etabUssement, Tinstruction supe-
rieure, les lettres y etaient en honneur, et certainement on ne
manquait pas de maitres pour en donner les premiers ele-
ments. Le voisinage de Toulouse, les relations frequentes
que Ton avait avec cette ville, comme tons les monuments
de Tepoque Tattesteut, y attiraicnt en grand nombre les jeu-
nes Gimontois, qui, apres s'y etre prepares par llnstruation
elementaire re^ue dans la ville natale, allaient suivre les cours
universilaires, et revenaieat ensuite chez cux avec leurs de-
gres academiques. Aussi les hommes de loi, les avocats y
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— 117 —
etaient nombreux, assez nonibreux ni6me pour former une
corporation. Un des consuls, le second en rang, etait tou-
jours pris dans cet ordre.
Au reveil de la renaissance on comprit Tavantage qu'il y
aurait pour la ville de pouvoir offrir a ses enfants, en outre
des ecoles oii se donnait Finstruclion primaire, que Ton avait
deja, un etablissement ou ils pourraient aussi acquerir Tins-
truction secondaire et ^pargner ainsi a leurs families les
grands frais qu'elles devaient faire en les envoyant ailleurs.
La question fut dfebattue dans les conseils de la commune,
et bientdt fut resolue la fondation d'un college qui reunirait
toutes les branches de • Tenseignement, depuis les premiers
principes de la lecture et de Tecriture jusqu'a la philosophie
inclusivement. Pour en venir a Texecution, on dut bien sans
doute affecter a la depense toutes les ressources communa-
les. Mais elles n'auraient pas suffl pour amener a bonne fin
une entreprise de cette importance, Des dons particuliers
vinrent en aide et Ton fit aussi appel au clerge de Lombez
pour y contribuer de ses revenus.
Nous connaissons les noms de deux des principaux bien-
faiteurs. L'un etait Hugues Besombes, et Tautre, Marguerite
Lagravere. On ne dit pas dans quelle proportion chacan d'eux
contribua a la fondation; mais il semblerait que Templace-
ment occupe par les batiments, et peut-etre les batiments
primitifs eux-memes, aux moins en partie, aient ete donnes
par Tun des deux. D'un acte de declaration de revenu faite
au bureau eccl6siastique de Lombez, en date du 20 avril
1730, pour les biens et rentes appartenant au college de
Gimont, il resulte qu'alors le college possedait, en outre de
la rente que lui faisait la ville, une metairie situee dans le
consulat ou Ton semait annuellement quinze sacs de ble, avec
des vignes qui donnaient en moyenne cinquante pipots de
vin ou dix muids mesure de Paris, et un bois dont la conte-
nance n'est pas marquee. II y a aussi lieu de croire que cette
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I:
— 118 —
melairie avec ses dependances avail ete donnee par un des
deux bienfaiteurs deja nommes.
Dans Tintention des promoteurs de la fondation, tant du
clerge que de la ville, riustruction devalt se donner gratui-
tementdans le nouvel etablissement. Mais pour en venir la,
il fallait bien commencer par lui faire une dotation conve-
nable pour assurer aux maitres qu'on y appellerait une
honnete retribution. Le clerge et la communaute la prirent a
leur charge et alors les consuls flrent leurs instances pour
obtenir du souverain des lettres patentes d'erection neces-
saires pour donner an college une existence legale. Ces let-
tres furent, en effet, octroyfees par Francois I" en TannSe i 555.
Quand on voulutmettre ces lettres a execution, le clerge et
la ville ne furent pas d'accord, sans doute parce que le clerge
trouvait exageree la partmise a sa charge dans la dotation du
college. La division en vint a ce point que Taflfaire fut portee
au Parlement de Toulouse et donna lieu a un proces qui dura
plusieurs annees. Enfln, sous le regne de Henri III, nous ne
Savons en quelle annee, ce proces fut vide, et on s'adressa a
ce prince pour obtenir de nouvelles lettres patentes confir-
mant les premiferes. EUes furent, en effet, exp6diees. Mais de
nouvelles difflcultes surgirent qui enlrainferent de nouveaux
retards, et le siecle arriva a sa fin qu'il n'y avait encore rien de
fait, n est possible qu'un defaut d'entente entre le clerge et
la ville fut toujours pour beaucoup en tout cela; mais il y a
apparence aussi que les troubles religieux qui desolaient
alors la France et dont ces contrees ressentirent parliculiere-
ment les lamentables effets y contribuerent pour une large
part.
Enfln dans les premieres ann6es du regne de Louis XIII,
les difncultes flnirent de s'aplanir. On oblint alors de ce
prince de nouvelles lettres patentes et rien ne s'opposa plus
a Ferection definitive. Au sujet de la dotation Pentente s'etait
etablie entre le clerge et la ville, soit d'un commun accord.
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soil que raulorite fut intervenue pour flxer deflnitivemenl
leur part respective dans la dotation. Nous ne connaissons
pas les termes du reglement qui fut fait a cet 6gard; mais il
parait que la part du clerge fut fixee aux deux tiers et que
Taulre tiers demeurait a la charge do la ville. *
En ce temps-la la situation de la communaut6 de Gimont,
au point de vue financier, n'etait pas brillante. Les discordes
civiles avaient porte la mine dans le pays, et ses habitants
etaient generalement reduits k une aflfreuse misere. Les com-
munautesn'etaientpas plus aTaiseque les particuliers. Toutes
se trouvaient oberees de dettes, qu'elles avaient ete forc6es
de contracter pour acquitter d'enormes contributions de
guerre dont elles etaient incessamment frappees, tant6t par un
parti, tantdt par Fautre, quelquefois meme, dans une seule
annee, par les deux a la fois, suivant les chances des evene-
ments qui se succedaient. Nous n'avons pas pu decouvrir le
chiffre exact de la dette de Gimont; nous savons seulement
qu'il etait tres-eleve. La ville avait emprunte partout ou on
avait voulu lui preler. Elle devait des sommes considerables a
divers particuliers; elle devait aux religieux dePabbaye; elle
devait au clerge de Lombez, Au clerge seulement, elle faisait
de rente annuelle, pour la somme quil lui avait pretee, pres
de onze cents livres. Quoi d'etonnant que, dans une pareiUe
situation, la fondation du college ait eprouve des retards ! II y
aurait bien plutdtlieu d'etre surpris quele decouragementn'ait
pas gagne tout le monde et que le projet n'ait pas et6 aban-
donne.
Comme nous Tavons deja dit, d'apres ce qui avait ete regie,
le clerge devait payer les deux tiers de la dotation a faire au
college, et le reste demeurait a la charge de la ville. Sans
vouloir revenir sur ces arrangements, le clerge pour se liberer
d'un seul coupet pour loujours de ses obUgations, ofifrit a la
communaute de lui faire cession de sa cr^ance, a la condition
que celle-ci paierait au college, a perpetuite, la rente que jus-*
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— 1-20 —
qu'alors elle avait payee auclerge lui-m6me el que moyennaut
cette substitution il serait pour lou jours degag6 de toute
obligation. La proposition fut acceptte par la communaute,
qui demeura ainsi charg6e de la totalite de la dotation.
II ne restait plus qu'a trouver des maitres capables pour
mettre a la t6te de TStablissement. D'accord, sans aucun
doute, avec Tautorite dioc6saine, les consuls pr6senterent leur
requAte aux Peres de la Doctrine chretienne, societe de pretres
vouee a Tinstruction de la jeunesse, depuis pen erig6e en
religion, qui avait a Toulouse une maison imporlante. L'en-
seignement a tons ses degres, depuis les premiers principes
de lecture et d'ecriture jusqu'ala philosophie inclusivement,
etail le but que se proposait cette congregation. Elle r6pon-
dait ainsi parfaitement aux vues de la ville aussi bien qu'^
celles du clerge, dont elle favorisait le recrulement endonnant
Tenseignement litteraire aux eleves qui se destinaient au
sacerdoce (1).
La requ6te des consuls fut favorablement accueillie et leur
proposition aussi I6t acceptee. On se mit d'accord sur .les
conditions qui furent redigees en acte public a Gimont meme.
(1) II y ent deax congregations de la Doctrine chretienne, rune en Italie et
I'autre en France. Celle de France qui prit le college de Gimont, fut fondle par ie
P. Cesar de Bus, mort en odeur de saintete le jour de Piques, 15 ayril 1607. Dans
le principe on ne faisait dans cette congregation qne le vcen d'obeissance. Mais en
1614, le pere Vigier, qui avait snccede a Cesar dc Bus, la fit eriger en vraie religion,
sujelle anx Toeux solennels. En 1616, le Pape Panl V exigea qii'il s'nntt k une
autre congregation deji etablie, et il donna la preference^ celle des Somasques,
' clercs regulicrs do la congregation de Saint-Mayeul, ainsi nommee du .village de So-
masques, en Lombardie, entre AlUan et Bergame, ou residait le superieur de cet
ordre qui suivait la regie de saint Augustin. Cette union ne dura qne jusqu'4 1647. La
separation fut prononcet par lepape Innocent X qui rendit k la congregation des
doctrinaires francais son independance et la retablit dans son etat primitif. Elle eut
depuis lors son general particulier qui etait toujours un Francais. Elle etait divisee
en provinces, et en France seulement elle en avait trois dont le8 chels-lienx etaient
Avignon, Paris et Toulouse. Au moment de la Revolution, elle avait trente-huit
maisons pour ces trois provinces, et sur ce nombre il y avait vingt-six colleges. Les
erreurs jansenistes avaient grandement infecte la plupart de ces maisons. II y eut
un grand nombre de defections pendant les jours d'epreuve, et beaucoup d'anciens
doctrinaires donnerent dans les plus grands excds. Ce fat partieulierement le cas a
* OimoDt.
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— 121 —
ou les Peres Antoiiie Vigier, provincial en France do sa congre-
gation, et Gabriel Dnfor, vice-recteur du college Saint-Rome,
a Toulouse, s'etaient rendus acette fin, le25aout 1621. En
meme temps, ils prirent possession del'etablissement et firent
toutes leurs dispositions pour 6tre en mesure d'entrer en
fonclions a Touverture de I'annee scolaire 1621-1622 (1).
L'acle de bail fut retenu par M' Gachies Labourdere, no-
laire de Gimont, donl les papiers sont perdus; du moins,
nous n'en avons trouve aucun vestige dans Tune ni dans
Tautre des etudes qui sont aujourd'hui a Gimont. U etait
done inutile de chercher la minute originale de Facte dont
nous parlous. Nous comprenions cependant de quelle impor-
tance il etait pour notre travail d'en connaitre le texte, el
nous ne neglige^mes rien pour en decouvrir une copie. Pen-
dant longtemps nos recherches furent infructueuses. Ce n'est
que depuis quelques mois qu'une copie, qui date deja de loin,
faite sur un expedie en bonne et due forme delivre par M'
Laurens Labourdere, fils et successeur de Gachies, copie
qui, probablement, avait et6 faite jadis par un pere du col-
lege dont nous avons cru reconnaitre Tecriture, est tombee
fort a propos entre nos mains; nous en devons la communi-
cation a Tobligeance de M. Tabbe Tardivail, cure de Malartic,
et autrefois vicaire de Gimont, a qui nous sommes heureux
de pouvoir oflfrir ici, publiquement, Texpression de notre re-
connaissance. Nous donnons, d'apres cette copie, le texte
integral de eel acte important :
Uan mil six cents vingt-un, troisifeme jDur du mois d'aoust, en la
ville de Gimont, au diocese de Lombez et senechauss^e de Tou-
louse, et dans la maison commune de ladite ville, apres midi; re-
gnant prince tres-chretien Louis par la grace de Dieu roi de France
et de Navarre; par devant moi, notaire royal soussign6, et en pr6-
(1) Ce serait ane erreur de croire qu'ayant cette ^poqne le college dlait demeard
d^ert etqa'il n'y ayait pas d'enseigDement. U est trds-probable au coDlraire qiiMi
avait ^t^ occnpd d^s le temps de sa premiere dzeclion sous Francois 1*'. Mais tout
fut prdcaire et iacomplet ju8qu'4 r^rection definitive de 16^1.
Toms XVUL 9
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— i2i —
sence des t^moins bas uommes, a ot6 present eu sa personne M*
Louis Daignan, docteur et avocat en la cour, sieur de Larrumeau,
!•' consul de ladite ville, faisant tant pour lui quo pour Messieurs
ses collegues, habitants et communautt5 d'icelle, lequel de son bon
gr^ et suivant les deliberations du conseil tenues en ladite Maison
de Ville, a bailU et bailie d perp^iuiU, aux Peres de la Doctrine
chr^tienne de la congregation de Somasques, pour eux R. Pfere
Antoine Vigier, prfitre et provincial en France des Peres de ladite
congregation, et Gabriel Dufor, aussi pr^tre et vice-recteur du
college Saint-Rome, en Toulouse, presents, stipulants et acceptants,
etlesquels promettent faire ratifier le present contrat par le conseil
ordonne par le concile provincial, savoir : le college de ladite ville,
sous les pactes, conditions, qualifications et reservations suivantes,
savoir :
Que ledit sieur consul bailie, audit nom, ledit college qu'ils ont
dans Tenclos de la presente ville, dit de Saint-Nicolas, afin que la
jeunesse y soit instruite par lesdits Peres, tant aux bonnes lettres,
piete, que doctrine chretienne, et lequel college ledit sieur consul
bailie auxdits Peres en etat d'y faire leur habitation convenable;
commengant ledit exeruice a la tete de saint Luc prochaine, auquel
effet lesdits Pferes seront tenus d'y pourvoir de personnes de leur
congregation, suffisantes et capables pour y faire contiuuellement
ledit exercice en six classes par six regents, savoir : la 5« ou ils se-
ront tenus k faire lire les enfants; aux autres, les rudiments et tout
ce qui est propre et necessaire en ladite classe. Comme aussi en 4«,
3«, 2« et l'^, ensemble la philosophic, les cours de laquelle ils feront
parfaitement de deux ans en deux ans. Et annuellement, aux entrees,
ceux qui seront commis aux exercices desdites classes, seront tenus
de fkire logon publique ou Messieurs les magistrats de la ville seront
appelespour Tapprobation d'iceux, juger et connaitre de leur capa-
cite, comme aussi lesdits Peres seront tenus deux fois dans Tannee
faire faire declamations et actions classiques a tels qu'ils adjugeront
desecohers; et soutenir les disputes generales et publiques, outre les
ordinaires, savoir : i la fin de la logique et du cours entier de philo-
sophic; et pareillement de deux en deux ans, fairont representor
quelque tragedie ou commedie aux frais des acteurs, appeies k ce
dessus, comme dit est, Messieurs les Magistrats. Et les logons or-
dinaires se fairont deux fois le jour. Seront tenus lesdits Pferes faire
imprimer annuellement le catalogue des livres qu'ils voudront faire
lire ez 3usdites classes et ceiebrer tous les lundis une messe basse
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— 123 —
pourl'dme de feu Hugues Besombes, et ie Salve Regina tous les
samedis pourl'dme de feue Marguerite Lagrav^re, bienfaiteurs dudit
college, a quoi assisteront lesdits ^eoliers; ce qui sera fait et c616br6
a Tautel dudit college. Les susdits consuls seront tenus une fois tant
seulemeut de bailler et foumir aux susdits PSres les meubles suivant
le roole et estat qui en a ^t^ dress6, duquel chacune des parties en a
rotir6 une copie trfes-pertinemment sign^e; et pareillement lesdits
Peres seront tenus tenir en bon estat le susdit college, et d*y faire
ci-apres les reparations n^cessaires sans que, pour raison de ce, ils
puissent a Tavenir avoir nul recours centre ladite ville, ni aussi pour
aucun ameublement, comme dit est.
Et pour Tentretienement et sout^nement de tout ce dessus la
communaut^ de ladite ville promet payer auxdits Pferes la somme
de mille cinq cents livres, savoir : cinq cents livres au 1" septem-
bre, cinq cents livres-au 15 f^vrier et les cinq cents restantes pour
parfaife ledit payement entier, au 15 juin. Pacte convenu et ticcord6
que moyennant le payement de ladite somme de mille cinq cents
livres, et pour pouvoir satisfaire k icelle, les susdits consuls joui-
ront et se r^servent d'ors et d^ja par exprfes, les condamnations or-
donn^es a prendre annuellement sur les benefices du diocfese de
Lombez, et g^neralement tous autres droits, 16gats, rentes et pen-
sions d^ja acquises et ordonnees en faveur dudit college, ^ur lesquels
lesdits Peres ne pourront pr<5tendre aucun droit; comme aussi touts
. autres legats, rentes et pensions que par ci-apres pourront dtre
faites et procur^es par le general ou particulier des habitants de la-
dite ville, donn^es et conferees en favour dudit college a la decharge
de ladite ville, en tantmoins et attenuation des susdites quinze cents
livres. Et en cas ladite communaut^ voudrait se rachepter de ladite
rente ou partie d'icelle, les susdits Peres sferont tenus en accepter
rindication qui leur en sera faite, k la charge qu'ils pourront en
jouir sauf leur inter^t et prejudice. Plus seront tenus les susdits
Pferes faire conduire et mener les ecoliers aux processions g^nerales
par leurs r^genis ou partie d'iceux.
Seront lesdits Peres quittes et exempts de toute charge personnelle
et de Tentr^e du vin qu*ils achepteront pour leur provision. Et en
cas lesdits precepteurs commis k faire les susdites classes ne feraient
bien leur devoir, les susdits consuls s'en plaindront au sup^rieur ou
recteur dudit college. Et ou ils n*y remedieront, sera permis auxdits
sieurs consuls d'y proceder comme ils verront Stre a faire.
Pour raison desquels pactes et tout le contenu au present contract,
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— 124 --
lesdites parties respectivement ont promis et proraettent tenir, garder
et observer, et n*y contrevenir, sous hypotheque et obligation des
biens dudit college lesdits Peres; et les consuls des biens de la com-
munaut^ de ladite ville, qu'ont soumis a tons jugements de justice,
forces et rigueurs de secours et cours temporelles da present royaume
de France. Et ainsi Tont jur^, lesdits Peres les mains mises sur leur
poitrine, et lesdits consuls aux saints Evangiles de Dieu, ez pr^
sences de mattres Frangois Biane, Jean Briget, Frangois Cahusac,
prfitres; Jeande Marcassus, bourgeois, et Jean Lablanche, marchand,
dudit Gimont habitants, t^moins a ce appel^'s, soussign^s avec les
parties, et moi Labourdere, notaire royal. — Daignan-Larrumeau,
consul; Vigier, provincial; Gabriel Dufor, vice-recteur; Briget, prStre,
present : Biane, prfitre, present : Fr. Cahusac, present : Jean de
Marcassus; Jean de Lablanche, Labourdfere, notaire royal, ainsi
signes k la cfede dont le present a ete tii6 par moi Laurent Labour-
dire, notaire royal et gdrde-note des cides et protocoles de feu
M* Gachies Labourdere, mon pere, aussi notaire dudit Gimont,
quand vivait, sans y avoir rien ajout^ ni diminue. En foi de quoi et
k la requfite de R. Pere Courrent, pr6tre et recteur du college de la
pr6sente ville, le 25« du mois d*avril 1651. — Labourdere, notaire
royal.
On voudra bien remarquer que dans cet acte il n'est pas fait
mention des batiments du college, non plus que des biens fonds
qui en dependaient. Y*avait-il eu pour ces objels des stipula-
tions particulieres et un acte separe? C'est assez vraisemblable,
mais nous n'oserions rien affirmer. Nous augurons de certaines
particularites de Facte meme de bail qu'on vient de lire que
la propri6te des b&timeots et des biens fonds avait 6te cedee
h la congregation. Ainsi, pour ne citer que ce fait, on dit que
les parties promettent de tenir, garder et observer, etc., sous
hypotheque, les Peres, des biens du college, ^t les consuls,
de ceux de la communaute. Aurait-on pu s'exprimer de la
sorte, si les biens dependants du college n'avaient pas ete la
propriele de la congregation et etaient demeures entre les
mains de la communaute? II est d'ailleurs certain que, au
moment de la revolution, c'etait en efifet la congregation qui
6tait consider^e comme proprietau*e et que c'est pour ce motif
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— 125 —
que ces biens et le coll6ge Iui-m6me farent consideres comme
proprietes ecclesiastiques, et compris dans la conflscation en
masse de ces proprietes.
II n'aura cerlainement echappe a personne que, d'apres les
stipulations de Facte de bail, Tinstruction a tons les degres
fetait donnee dans Tetablissement, commen^ant par les prin-
cipes de la lecture et se completant par deux annees de philo-
sophie. De plus, cette instruction se donnait gratuitoment,
sans aucune espece de distinction, a ceux qui voulaient en
proflter. Tout le monde y avait un droit egal, et Ton pent voir
par la que le pauvre, sous ce rapport, n'etait pas, dans ces
temps-la, plus desherite que le riche, et quenos peressavaient,
au moins aussi bien que nous, trouver les moyens de lui venir
en aide pour lui faciliter Tacquisition d'une instruction eten-
due. On ne faisait pas a cette epoque, au sujet de cette question,
tant de bruit qu'aujourd'hui; mais sans beaucoup discourir,
on agissail, etsous I'inspiration de la foi chretienne, on faisait
des merveilles que les libres-penseurs, quels qu'ils soient, ne
paniendront jamais a egaler, auraient-ils a leur disposition
des ressources materielles encore plus abondantes que celles
qui sont entre leurs mains.
L'etablissement du college de Gimont fut encore conflrme
par lettres-patentes du 12 avril 1658. Nous n'en connaissons
pas la teneur, non plus que des precedentes.
R. DUBORD,
prdtre, cur^ d'Anbiet.
Aubiet, le 17 fevrier 1877.
(A suivre.)
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12fi —
LA DEVEZE.
HISTOIRE MUNIOIPALE ET CIVILE <*)•
m.
Tursan d'Espagnel, gouveraeur de La Dev6ze. — Ses lettres de provision. —
II veut faire construire une prison et d^molirles portes dela ville. — Recours
de la municipality au conseil du Roi. — Refus. — Erection de Tursan en
fief noble. — Vains efforts de la municipalite pour la construction d'6difices
publics.
Par lettres royales du 18 juin 1767, M. Pierre-Andre-
Gabriel Tursan d'Espagnet fils, conseiller au Parlement de
Pau, fut pourvu de I'office a vie de Gouverneur de la ville et
chateau de La Deveze. II eut a verser au prealable (25 Jan-
vier 1767), pourlepaiement de eel office, lasomme de six
mille livres au Tresor des revenus casuels de la Couronne;
le serment d'usage fut prete le 27 septembre 1767, parM.
d'Espagnet, entre les mains de M. Pierre-Gaston Gillet, cheva-
lier, seigneur marquis de Lacaze, comtedeCastelnau-d'Auzan,
vicomte de Gabardan, conseiller du Roi en tons ses conseils,
conseiller d'honneur au Parlement de Bordeaux, et premier
President au Parlement de Navarre. M. de Lacaze avail re^u
delegation de M, Rene-Charles de Maupeou, chevalier, vice-
chancelier, garde des sceaux de France, par lettre du 12 juil-
let 1767.
Pour Fenregistrement deces lettres de provision, M. d'Es-
pagnet manda aupres du corps de ville de La Deveze, M.
Pierre Trinqualie, bourgeois de Riscle, qui le presenta devant
(1) Voyez livr. de Janvier, p. 13,
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— 127 —
le conseil, le 10 octobrel767. M. Triaqualie n'ayant pu
produire des preuves officieUes de sa delegation, le Conseil
se refusa a Tenterinement des lettres, et exigea que M. d'Es-
pagnet se present&ten personne ou que son deleguefiit muni
d'une procuration speciale.
M. d'Espagnet en refera a M. de Maupeou; celui*ci repon-
dit a MM. les officiers municipaux de La Deveze, lel2 no-
vembre 1767, que la formalite de la procuration speciale
n'etait nuUenient necessaire. Des lors, ces Messieurs s'em-
prcsserent de donner satisfaction a M. d'Espagnet.
Nous nous permettons de reproduire les lettres de provi-
sion delivrees a M. d'Espagnet, la quittance de la finance, la
commission de M. de Maupeou, et le proces-verbal de la pres-
tation du serment (1). Nos lecteurs verront par la suite du
recit que si M. d'Espagnet abien voulu « jouiret user plei-
» nement des honneurs, fonctions, rang, seances, exemp-
» tions, privileges, prerogatives, gages, droits, fruits, pro-
» fits, revenus et emoluments de son titre, » il a parfois me-
connu la noble et delicate mission de faire vivre par ses bons
precedes les habitants de La Deveze « en bonne union et
» Concorde les uns avec les autres et de les tenir dans le res-
» pect et obeissance dus a Tautorite Royale. » S'il eut com-
pris dans un sens plus vrai parce qu'il eut 6te plus chr6tien,
les « privileges et prerogatives de la noblesse (2), » il eAtpre-
venu peut-etre ce d^bordement des passions populaires qui
ont si fort agite notre pays a Fepoque si tristement celebre
dela grande Revolution.
Provisions de V office de Gouvernevr de la vUle de La Devdze,
en faveur deM.de Tursan d'Espagnet.
Louis, par la gr&ce de Dieu, Roi de France et de Navarre, i tous
ceux qui ces pr^sentes verront, salut. Nous avons par Notre d^cla-
(1) Deliberation do 3 decembre 1767.
(2) Il avail ete r^gie par le Roi que les offices de Gouvernenr dans les villes closes
da Royanme ne seraient def^r^s qn'aux nobles d'extraclion ou autres jouissant de
la noblesse.
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— 128 —
ration du 4 mai 1766 ordonn^ qu a Tavenir il ne sera par Nous pourvu
qu'a vie aux offices de Gouverneur et de Nos Lieutenants cre^s dans
les villes closes de Notre Royaume par Notre edit du mois de no-
vembre 1733, et que restent a Tavenir nos revenus casuels : Nous
avons ordonn^ en outre, par arrSt de Notre conseil du premier juin
de ladite annee 1766, qu'il ne pourra 6tre pourvu auxdits offices de
Gouverneurs et de Nos Lieutenants dans les villes closes de Notre
Royaume que des sujets capables soit officiers do Nos troupes ac-
tuellement a Notre service ou qui en seront retires, soit Nobles d'ex-
traction ou autres jouissant de la noblesse, qui les pourront tenir et
exercer sans incompatibility avec tons autres offices, en payant par
eux en Nos revenus casuels la finance desdits offices.
Suivantles rdles ^rr^.t^s en Notre conseil conformement and. ^dit,
a Notre declaration et aud. arr6t de Notre conseil, Notre am6 et feal
con seiller en Notre courdeParlement de Pau, le s. Pierre Gabriel
de Tursan d'Espagnet ayant paye en Nos revenus casuels la finance
a laquelle Toffice de Gouverneur de la ville de La Deveze, g^n^ra-
lite d*Auch, a ^te taxe, ainsi qu*il parait par la quittance de finance
dud. office cy attach^e sous le centre seel de Notre chancelerie,
Nous avons eu agreable de le pourvoir dud. office, persuaded qu'il
remplira avec vigilance toutes les fonctions qui en dependent, et
qu*il Nous donnera en toutes occasions des preuves de zele, fidelite
et afiection a Notre service.
A ces causes, Nous avons aud. s. de Tursan d'Espagnet donne et
octroye, donnons et octroyons par ces presentes Sign^es de Notre
main Toffice de Gouverneur de la ville de La Deveze, cr^^ et ^tabli
par Notre edit du mois de novembre 1733 et auquel n'a point encore
6te pourvu, pour led. office avoir, tenir et exercer, en jouir et user
par led. s. de Tursan d'Espagnet sans incompatibility avec tons autres
offices, aux gages, appointements, logements ou usteusiles dont sera
fait fonds annuellement dans I'^tat de I'ordonnarice de Nos guerres,
suivant I'art. 6 dud. arr^tde Notre conseil du l''"*juin do lad. aun^
1766, avec pouvoir de commander aux habitants tout ce qui sera jug6
n^cessaire pour le bien de Notre service, silret^ et conservation de
la ville en Notre obeissance, faire vivre lesd. habitants en bonne
union et concorde les uns avec les autres, comn>ander aux gens de
guerre qui sont ou qui seront cy apres etablis en garnison dans lad.
ville, les contenir en bon ordre et police suivant les reglements et
ordonnances militaires, le tout lors et ainsi qu'il Nous plaira de I'or-
donnor et sous I'autorite du gouverneur et Notre lieutenant general
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— 129 —
en Notre province de Guyenne, en son absence de Nos commandants
et lieutenants gen^raux et particuliers de Notre province. Voulons
en outre que led. s. de Tursan d'Espagnet jouisse des honneurs,
autorite, rang, seances, prerogatives, exemptions, privileges, gages,
droits, fruits, profits, revenus et emoluments dont jouissent ou dot-
vent jouir les titulaires de pareils offices, de la mSme maniere et
ainsi qu'il est present par lesdits edits des mois d'aoAt 1686, d^-
cembre 1708, novembre 1733, et declarations des onze juin 1704,
4 mai 1766, arrfit de Notre conseil du l®' juin 1766 et autres arrets,
declarations et ordonnances y enonces.
Si donnons en mandement a Notre tres cher et feal chevalier,
vice-chancelier et garde des sceaux de France le sieur de Maupou
que, lui etant apparu des bonnes vie, moeurs, religion catholique
apostolique et romaine dudit s. de Tursan d'Espagnet, et de lui pris
et regu le serment accoutume, il le mette et institue ou le fasse met-
tre et instituer de par Nous en possession et jouissance dud. office.
Ten fasse jouiret user pleinement et paisiblement, sa vie durant,
ensemble des honneurs, fonctions, rang, seances, exemptions, pri-
vileges, prerogatives, gages, droits, fruits, profits, revenus et emo-
lumen ts siisdicts et y appartenant, et le fasse obeir et entendre do
tous ceux et aussi qu'il appartiendra es choses concernant led. of-
fice. Mandons aux tresoriers de Tordinaire de nos guerres et a tous
autres comptables qu'il appartiendra que les gages et droits appar-
tenant aud. office ils ayent a faire payer et deiivrer comptant aud.
s. de Tursan d'Espagnet pour chacun an aux termes et en la maniere
accoutumee, a compter du jour de Texpedition de sa quittance de
finance et rapportant les presentes ou copie d'icelles collationnee
pour une fois seulement, avec quittance dud. s. de Tursan d'Espa-
gnet sur ce suffisante. Nous voulons lesd. gages et droits apparte-
nant aud. office ^tre payes et alloues en la depence des comptes
de ceux qui en auront fait le payement, pas Nos ames et feaux con-
seillers les gens de Nos comptes a Paris auxquels mandons ainsi le
faire sans difficulte. — Car tel est notre plaisir, en temoin de quoi
Nous avons fait mettre Notre seel a cesd. presentes.
Donne a Versailles le dix-huitieme jour du mois de juin. Tan de
grSce 1767 et de Notre regno, le cinquante deuxieme. — Louis, signe
a Toriginal; et en marge duquel est ecrit : Registrees en la chambre
des comptes, oui' le procureur general du Roi pour jouir par le
pourvu dud. office des gages et droits y attribues, le premier juillet
1767. Noblct, signo. Etsur lerepli est ecrit : Parle Roi, Bertin signc.
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— 130 —
Premiere finance GfiNfiRALITfi D'AUCH.
de I'office
, VILLE ET CHATEAU DE LA DEVEZE.
de
Gottvernear.
J'ai regu de M. Pierre Andre Gabriel de Tarsan d'Espagnet, con-
seiller au parlement de Pau, la somme de ^ six mille livres pour la
finance de Toffice de Gouverneur de La Deveze ct66 par Tedit de
de novembre 1733. V^rifie oil besoin a^t^ pour en 6tre led. s. d'Es-
pagnet pourvu a vie conformement a la declaration du 4 mai 1766,
aussi v^rifi^ oil besoin a ^td, et k Tarr^t du conseil rendu en conse-
quence le premier juin aud. an; jouir de quatre cent quatie vingts
livres de gages ou appointements sur le pied de liuit pour cent de
lad. finance dont il sera pay6 chaque ann^e et a compter du jour
et date de la presente quittance, suivant les ^tats qui seront arrdt^s
au conseil, sans aucune retenue de dixieme, vingtieme et deux sols
pour livre, du dixieme quatre deniers pour livre, des invalides et au-
tres oppositions, par les tresoriers de Tordinaire des guerres entre les
mains desquels le fonds en sera fait chacun en leur ann^e d'exor*
cice; et en outre de cent vingt livres pour logement ou ustensile sur
le pied de deux pour cent de lad. finance, dont il sera pay6 en la
mfime forme que dessus et par une seule et m^me quittance; et de
tons les droits, profits, exemptions, rangs, fonctions, honneurs,
preeminences, privileges et prerogatives attribues aud. office, le tout
aihsi qu'il est plu!> au long porte auxd. declarations du 4 mai 1766
et arret du conseil du 1®' juin suivant, ordonnances, edits, declara-
tions et arrSts du conseil y relates.
Fait a Paris le 25* jour de Janvier 1767, Benin, signe; et de suite
est quittance du tresor des revenus casuels de la somme de*six mille
livres; et plus bas est 23 : r61e du 15 juillet 1766 art. 28, et au repli
est Tenregistrement au contr61e general des finances par Nous con-
seiller ordinaire au conseil Royal, contrdleur general des finances, a
Paris le 26 mai 1767.
De Laverdi $ign6.
Rene Charles de Maupeou chevalier, vice-chancelier, garde des
sceaux de France, au sieur de Lacaze, premier president du Parle-
lement de Pau, salut. Ayant plu au RoiNotro souverain seigneur de
pourvoir par lettres de provision du 18 juin 1767 le s. Pierre Andre
Gabriel do Tursan d'Espagnet, conseillcr au Parlement de Pau, de
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— 131 -
I'etat de I'office de gouverneur de la ville et chdteau de La Deveze,
g6neralit6 d'Auch, et ne pouvant led. sieur de Tursan d*Espagnet
venir ea personne pour prfiter entre Nos mains le serment qu'il doit
a Sa Majeste pour raison dud. 6tat et office. A ces causes, nous
avons commis et depute, commettons et deputons par ces pr^sentes
pour en notre lieu et place prendre et recevoir dud. sieur de Tur-
san d'Espagnet le serment en tel cas requis et accoutum6 et lui en
d^livrer tous actes et cenificats requis et n^essaires de ce faire, vous
donnons pouvoir, commission et mandement special par ces pre-
sentes que nous avons sign^es de Notre main, a icelles fait apposer
le cachet de nos armes et contresigner par notre premier secretaire.
Donn^ a Compiegne le 12* jour du mois de juillet 1767, de Maupou
sign6. Et plus bas est : par Mgr, Petigni sign^.
Par devant nous Pierre Gaston Gillet, chevalier, seigneur marquis
de Lacaze, comte de Castebau-Deauzan, vicomte de Gabardan, con-
seiller du Roi en tous ses conseils, conseiller d'honneur au Parle-
ment de Bordeaux et premier President au Parlement de Navarre,
en consequence de la commission en Tautre part ecrite et a Nous
adress^ par Mgr de Maupou vice-chancelier, garde des sceaux de
France, en date du 12 juillet dernier, s'est present^M. de Tursan
d'Espagnet, conseiller au Parlement de Navarre, lequel a prfit^ en
Nos mains le serment qu'il doit au Roi pour raison de Tetat et office
de gouverneur de la ville de La Deveze dont il a plu a Sa Majesty le
revStir par les provisions qu'EUe lui en a aecord^es le 18 juin dernier,
duquel serment Nous avons dress^ le present proces- verbal que led.
sieur de Tursan d'Espagnet a sign^ avec nous et que nous avons fait
contresigner par notre secretaire. A Pau dans notre hdtel, le vingt-sept
septembre 1787. Gillet de Lacaze, Tursan d'Espagnet sign^s a I'ori-
ginal. Et plus bas est : par Mgr, Dufiau jeune sign6 aud. original.
Ainsi a 6ti arrSte, deliber^ et precede a I'enregistrement des sus^
dites lettres de gouverneur de la ville et chateau de La Deveze, I'an
mil sept cent soixante sept et le troisieme jour du mois de d^cembre,
dans I'hdtel de ville de La Devfeze, devant les s. Laurent Dareix et
Jean Baptiste Lanacastets, echevins et magistrats de police ordi-
naire, ayant I'assistance de M® Dominique Lanacastets, conseiller de
ville et des sieurs Arnaud Lanacastets et Guillaume Domerc aussi
conseill.ers de ville. Dareix echevin, Lanacastets, echevin, Domerc,
conseiller de ville, I^anacastets, conseiller de ville, Lanacastets,
conseiller de ville, et Bi^re secretaire greffier ordinaire sign^s sur le
cahier original des deliberations municipales de La Deveze.
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- 132 —
Les lettres de provision de Sa Majeste accordent a M. d'Es-
pagnet « le pouvoir de commander aux habitants tout ce (Jul
» sera juge necessaire pour le bien du service du Roi, surete
» et conservation de ladicte ville en son obeissance, de com-
» mander aux gens de guerre qui sont ou seront etablis en
» garnison dans ladite villc, de les contenir en bon ordre et
» police, suivant les reglements et ordonnances militaires le
» tout lors et ainsi qu'il plaira au Roi de Tordonner, et sous
» Fautorite de gouverneur et lieutenant general de la pro-
» vince du Guyenne ou, en son absence, des autres com-
» mandants generaux et lieutenants particuliers de ladicte
» province. »
Or, M. d'Espagnet voulut etendre bien au-dela ses prero-
gatives.-II s'arrogeale droit de justice criminelle etmunici-
pale dans la ville de la Deveze, le droit de construction et po-
lice des prisons, le droit de garde et jouissance des f)ortes,
murs et fortifications de ladite ville.
Deja, par deliberation du 15 fevrier.1766, la municipalitc
de la Deveze, connaissant Turgence de la construction d'un
hotel de ville et d'une prison, avail vote une somme de 240
livres pour Tachat d'un emplacement attenant a la place pu-
blique et a la maison de Guillaume Dareix-Tarbes, h6tel de
ville provisoire.
M. d'Espagnet se crut autorise a faire construire de
son chef une prison pour son usage particulier, pretendant
6tre en droit .d'y faire enfermer les habitants de sa juridiction,
a son gre. II voulut Tetablir dans la tour qui domine la porle
occidental donnant sur la place publique. II confla Tappro-
priation du local au sieur Jean Lafourcade, magon, natif de
Combes; deja les deux murs interieurs servant d'appui a la
porte etaient tombes sous le marteau des demolisseurs.
La municipalite eut hate de mander le sieur Jean-Baptiste
Lanacastets, echevin, pour signifier aux ouvriers d'avoir a
suspcndre les travaux, avec menace d'amende, d'emprison-
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— 133 —
nement et de lous d6pens, dornmages et interets pour loutes
degradations par eux commises lant a la porte qu'aux murs
d'enceinte.
Sur ces entrefaites, M. d'Espagnet sollicitaetobtint du Roi,
sous forme de brevet, la permission de demolir les portes de
la ville. II avail expose, a son profit, que ces portes etaient
ensimauvais etat que les voitures et chevaux servant a trans-
porter les vivres et denrees necessaires a Talimentation de la
ville, et les habitants eux-memes etaient exposes aux dan-
^ ger imminent et perpetuel d'etre ecrases sous les mines.
Aussitdt en possession du brevet et sans se donner la peine
de le signifier au conseil de ville, d'Espagnet ordonna la de-
molition de la porte principale servant de prison royale. Ce
fut seulement apres la demolition que les ofQciers municipaux
eurent communication offlcielle du brevet.
La municipalite eut grand hate d'en referer au conseil du
Roi, et par deliberation du 3 mai 1775, elle adressa a Sa
Majesleune protestation dont voici le sens exact, sinon les
termes eux-m6mes :
Sire, la religion de Votre Majesty a 6t6 totalemeat surprise par un
faux expose. Votre Majestd n*igiiore pas qu'EUe est le haut justicier
de laDeveze : que cette ville, de temps immemorial, est le siege
d'une justice royale dont la juridiction est tres-etendue : les agisse-
. ments deloyaux et les intrigues ^goistes de M. notre Gouverneur ont
eu pour resultat de nous priver de I'hdtel de ville, d'auditoire, de
prison; la porte principale de la presente ville vient d'etre d^molie
par M. d'Espagnet. . . A trfes-peu de frais, ce local deja tr^s-vaste etlt
pu 6tre appropri^ a h6tel de ville, auditoire, prison. Or, M. le Gk)u-
vemeur, en sollicitant le brevet que Votre Majeste a bien voulu lui
octroyer, avait en vue non point les interSts generaux de la com-
munaute, — ses sympathies pour nous et son d^voAment ne vont pas
jusque la, — mais son avantage personnel. La porte d^molie, avant
Tacte de vandalisme qui vient de s'accomplir, etait, avec celles qui
sont encore debout, un ornement pour la ville, et un bien utile aux
habitants; certes, elle ne menagait nullemejat mine. Elle ^tait en bon
^tat, mais M. d'Espagnet a cru plus avantageux d'en avoir les ma-
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— 134 —
t^riaux, qui sont importants, pour en faire construire uachdteau ala
campagne... Si la religion de Votro Majesty, Sire, eut ^t^ pajrfaite-
nient eclairee sur la vraie situation, nous en avons la certitude,
jamais Elie n'efit daign^ apposer le sceau royal a la deiivrance d*un
brevet pr^judiciable au Roi, et surtout a ses fid^es et tres-devoues
sujets.
Requerons en consequence qu*il plaise a Sa Majesty declarer
ledit brevet obreptice et subreptice; faire defense au s. d'Espagnet
de s'en servir, et lui enjoindre de remettre les choses en leur 6tat,
ou du moins lui ordonner, a raison des mat^riaux considerables dont
il va profiter au prejudice du Roy et du public, de construire a ses
frais et d^pens des prisons, et un hdtel de \'ille avec un auditoire.
La requete de la municipalite n'eut pas tout Teflfet desire;
les officiers municipaux regurent une lettre (25 fevrier 1776)
ecrite par M. Douet de la Boulaye, intendant en Navarre,
Beam et generalite d'Auch :
Le Ministre n*a pas cru, Messieurs, devoir accueillir leg repre-
sentations que vous lui avez adress^es tendant a demander le rap-
port du brevet par lequel le Roy a permis a M. d*Espagnet de d^-
molir les portes de la ville de la Deveze, k la charge de les r^parer.
Mais il a pens^ que la demolition de ces portes ne devait avoir lieu
que j usque au niveau des murs, k la charge toujours de les r^parer.
J*ai informeM. d'Espagnet de cette decision a laquelle vous aurez
agreable de vous conformer en ce qui vous concerne. J'ai Thonneur,
etc.
Signi : Douet dk la Boulaye.
M. d'Espagnet ne daigna mfime pas se conformer a cette
decision ministerielle; sur certains points, ildemolitlesporles
au-dessous du niveau et negligea la reparation des murs.
A cette epoque, oil les privireges devenaient trop souvent
des abus, on ne salt ce qui merite le plus le blame et Tadmi-
ration, ou Tomnipotence violente des favoris du pouvoir, ou
Tesprit de management etde conciliation de la municipalite,
et son respect pour les decisions souveraines.
Malgre la conviction intime que la municipalite de la Deveze
avait de la force de son droit, elle porta la condescendanceau
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— l:J5 —
point de deliberer, le 19 mai 4776, qu'il serai t sursis, pen-
dant le delai de six mois, a toutes poursuites centre Tinexe-
cuteur dedaigneux des ordres deSa Majeste. Je ne sais ce qui
advint de ces menaces par trop timides du corps de ville de la
Deveze. II est de fait queM. d'Espagnet fit batir une maison
considerable, dans I'enclos dit de Tursan qu'il poss6dait en
la Deveze, d'une conlenance de 65 journaux.
Une lettre du 13 juillet 1780(1), adressee aux consuls de la
Deveze par M. de laBove, administrateur general desDomai-
nes, nous apprendqueM. d'Espagnet s'autorisa « des services
» de sa famille dans la magistrature et dans le militaire »
pour requerir, en qualite de conseiller au Parlement de Navarre,
de Gouvemeuret abbe lay de la Deveze, qu'il plaise a Sa Ma-
jeste eriger en fief noble Tenclos de Tursan, k la charge de
transporter les censives, les tallies et aatres impositions roya-
les, sur le domaine appele au Haussat, en la Deveze, sur un
autre domaine acquis par feu M. d'Espagnet pere de M.
Lafltle Montus, sur un pre appele de Tursan, et sur une
piece de terre aux Avenues.
M. Tursan 6tait au comble de ses desirs. U avait son cha-
teau. La municipalite eut a prendre, de son initiative per-
sonnelle, des mesures pour la construction des Edifices
publics que requerait radministration de la justice et
des affaires municipales, h6tel-de-ville, auditoire, greffe,
prisons, etc. — Elle avait du songer a Tacquisition d'un
emplacement situe aux abords de la place publique; le sieur
Labarthere s'etant refuse a la vente, il fut delibere, le 24 no-
vembre 1776, quffla construction aurait lieu contre les murs
et dans les fosses qui sont au levant de la ville, a Textremite
orientale du jardin de M. Leberon, aujourd'hui de la famille
Dupleix-Pallaro. Les plan et devis furent dresses par Jean
St-Laurent, maitre charpentier, sur ordonnance de Mgr Tln-
tendant du 28 decembre 1776 et communiques a la munici-
(1) Archives dc M. Andr^ Lanacastets, de la Dev^ze-Rividre* •
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palile le 10 fevrier 1777. Los frais do construction s'elevanl
a un chiflfre bien superieur aux revenus de la communaute,
MM. les offlciers municipaux deciderent quMl serait fait des
demarches pour'obtenir de Sa Majeste Tautorisation de pren-
dre les pierres necessaires dans les vieux murs de la ville.
Tons les habitants s'engagerent a transporter, par corvee,
ladite pjerre a pied-d'oeuvre, ainsi que tous les autres mate-
riaux, pourvu qu'ils ne fussent pas obliges de les aller cher-
cher a plusd'une lieue et demie de distance.
M. le gouverneur d'Espagnet avait ete plus influent aupres
de Sa Majeste. Sa requete adressee au benefice de son ch&teau
flit^accueillie avec meilleure grace, cela se comprend, que
n'en rencontra la supplique des habitants de la Deveze. Le
projet ne refut jamais execution. II fut observe d'ailleurs (1)
par la communaute que la charge des batiments a construire
pour Texercice de la justice revenait de droit au seigneur
engagiste. Mais ces messieurs de la faveur et du privilege ne
se derangent pas pour si peu. Les assemblies municipales
durent setenir, comme parle passe, jusqu'en 1788, dans la
maison de Guillaume Dareix-Tarbes et dans la maison de M.
Laurent Leberon, greffler en chef du pays de Riviere-Basse,
ou Ton avait coutume de tenir les audiences et autres kctes
pubUcs. Depuis 1788, les reunions se flrent dans une des
chambres dela maison de Jean Lartigue jusqu'au l** Janvier
1792. Acettedate, la chambre, au midi et au premier etage,
de la maison de Guillaume Dareix-Tarbes, fut de nouveau
affeclee a rh6tel-de- ville (2) .
M. Tursan ne fut pas . le seul a beneficiei* de la demolition
des portes et murailles de la ville de la Deveze. Malgre les de-
fenses formelles de Tlntendant de demolir les murs, d'en
enlever les materiaux, de leur faire subir le moindre change-
(1) D^lib^raiion du8 join 1777.
(2) D^lib^ratioD des 15 d^embre 1766 -^ 10 septembre 1788 — 18 dteimbn
1791.
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— 137 —
ment sans une permission prealable, plusiears habitants se
crurent autorises a faire leur profit de ces materiaux. En
1788 (1), Guillaume Dareix-Tarbes, negociant, s'erapara des
pierres de la porte occidentale tombee par vetuste en 1761,
demolit ce qui restait de ceite porte, et sur ies fondations 11
elevalachambre qui sert aujourd'hui de decharge a la maison
presbyterale de la Madeleine.
Joachim GAUBIN,
prdtre-missioDnaire d'Auch.
{La suite prochainement).
NOTES DIVERSES.
. XCV. D'nne r^cente Edition de FAnti- Joseph.
Dans an travail bibliographique intitule : De la fondation de la SociM des
bibliophiles de Guyenne, pabli6 ici mfime (tome vii, 1866), je demandais •
(p. 510) )a r6impressioQ d'une piauante petite pi^ce dont je citais deux edi-
tions, Tune d'Agen (1615), Faulre ae Toulouse (1619). Cette r6impression vient
de nous 6 ire donnee sous le titre que voici : L* Anti-Joseph, ou bien plaisant
ei fidUe narri d*un Ministre de la Religion pretendue, vendu publiquement
dans un coffre pour cause de sa lubriciU (2). Riimpression textuelle de V^i-
lion de 16i5 avec notice bibliographique par L. 6. de F. (3) (Bordeaux,
Charles Lefebvre, 1876, petit in-8<» de viii-20 pages. Papier de Holiande. Tir6a
tr6s-petit nombre). Si j'ajoute que la plaquette a 6t6 aomira^ement imprim6e
par Gounouilhou, on voit que rien n*a 6te n6glig6 pour la rendre d6sirable.
Aussi Tfediteur n'a-l-il rien dit de trop en s'exprimant ainsi (p. vii) : « Cette
plaquette etait fort rare et ne le seragu^re moins apr^s notre reioipression. »
Que Ton se hale done d'acqu6rir cet opuscule dont Ies anciennes tuitions — je
ni'en suis assure — manquent dans toutes Ies biblioth^ques publiques de Pans
et ne passent presque jamais dans Ies ventes, ou elles atteignent des prix des-
aspirants. On n'aura pas seulement ie plaisir de possfeder un petit joyau typo-
graphique : on aura encore le plaisir de lire un r^cit des plus spirituels, ou la
vieille verve gauloise se donnelibre carri^re, et ou tout exeite ce « franc 6clat
de rire » dont parle I'^diteur (p. vi), qui ne manque pas de citer le mot de Ra-
belais :
Pource que rire est le propre de rhomme.
T. DE L.
(1) Deliberation do 20 juillet 1788.
(2) C'est 1^ le faox-titre quo Ton a reprodait comme plus court. Dans le titre
mSme (p 1) on lil : Vendu publiquement d Clerac ville d'AgenoiSt ayant e^ti en-
fermi dans un coffre par une honeste dame de la dicte ville a laquelle il faisoit
I'amour. Le titre de I'^dition de Toulouse est qaelque peu different : Discours tris
facitieux et veritable d'un Ministre de Cleyrat en Agenois, lequel estant amoureux
de la femme d'un notaire, fut enferm4 dans un coffre et vendu a Vinquant a la
place dudit Cleyrat,
<3) Je Q'ai pas le droit de nommer le bibliophile qui a si bien soignd cette riim-
pression, mais, puisqoe nous sommes en famille et que nous ponvoDs ici penser toot
baot, je me risqae k dire conjecturalement que Ies initiales de rediteur ressemblent
a s'y tromper k celles de I'habile editeur des Poisies d'Andr4 Chinier, M. L. Becq
de Fouqai^res. S'il n'y al& qo'ane simple coincidence, qa'un simplejeadubasardi
il faot avoaer que la chose est siagQlidre. V
Tome XVn. ^ 10
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— i:38 —
CHRISTOPHE ET FRANCOIS DE FOIX-CANDALLE,
E\rECtUES D'AIRE.
{Suite.*)
Les biographes ont recueilli bien peu de details sur ce per-
sonnage dont Teglise d'Aire se gloriQe k juste titre, suivant
Fexpression du Gallia Christiana (!)• En 1566, il avail publie
(chezJean Roger, a Paris, enun volume in-f^) une traduc-
tion latine des ElMents d'Euclide, dediee au roi Charles IX (2).
En 1574, avec le concours de Joseph Scaliger, qui etait alors
ftg6 de trente-sept ans, il rait en lumiere le texte grec et latin
des livres attribues a Hermes Trismegisle (3). Ce fut encore
avec le concours de Scaliger que Francois de Foix pubHa une
traduction drangaise de ces memes livres (4). Je n'ai jamais
(*) Voir la livraison de f6vrier, p. 58.
(1) Hon immerito de Francisco Fuxio de Candala^ tuo antistite, Adurentis glo-
riatur ecelesia (t. i, eol. 1166). Les autears du Gallia ajoutent: c In omni tone
litieranim getiere excellait. »
(2) Voir dans le Manuel du libraire (i. ii, 2« parlie, col. 1089) le titre fqui n'a
pasmoios de qoatorze lignes) donn6 parFr. de Foix k son travail sor Eaclide. Une
Doavelle Edition, augment^e de deax livres sor les solides r^guliers, pamt en 1578
{\n-P),\ossius {De seientiis mathematiciSf^. 68) a reprocb^ an tradacteur d'avoir
snbstilQ^ qaelqaefois ses propres pens^es k cellcs de I'aateur. Je n'ai pas troavd ce
reprocbe dans VHistoire des Mathimatiques de Montucla iddiiion de I'an tii, iQ-4«,
1. 1, p. 218). Par one dooble faote d'impression, on a attribue la date 1661, au lieu d«
1566, k la traduction d'Eoclide, dans one note de I'ddition de 1772 de la Bi-
bliothique de la Croix do Maine (t. i, p. 219).
(8) Uercurii TrismegisH Pimandras utraque lingua restitutus, D. Francisci
Flussatis Candallce industria, etc. (Bordeaox, Millanges, in-4o). Voici comment
Tanteor parle de son collaborateur : < Accito consultornm assensu non tanlum'graeca-
ram sed etlam orientaliom linguarnm (ut pote Josepbi Scaligeri, juvenis illustrissi-
mi, non minus doctis Unguis ernditi, qaam conditione et prosapia praiclari, opera),
perpancos pingentis errores sarcientes, » etc.
(4) Le Pimandre de Mercure Trismigiste de la philosophic chrestienne, co-
gnoissanee du Verbe divin, et de Vicxcellence des (Buvres de Dteu, traduit de
Vexemplaire grec, avec collation de tr^s amples commentairest par Francois Mon*
fieor de Foix, de la famille de Candalle, captal de Bucbs, et evesque d'Ayre, etc.
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— 139 —
rencontre Tedilion in-8** que Brunei indique ainsi : le Pyman-
der traduitet commentepar Fr. de Foyx de CandaUe (Bour-
deaux, Millanges, 1574) (1), mais j'ai sous les yeux la belle
edition (in-f^) sortie des presses du mfime imprimeur en
1579 (2). Elle est dediee a « trfes haute, tres illustre et tres
puissante princesse Marguerite de France, reine de Navarre,
fille et soeur des rois tres Chretiens. » J'extrais de Pfepitre de-
dicatoire, ecrite a Cadillac, le21 du moisde decembrel578,
et connue de bien peude lecteurs, cette peroraison qui, a
divers titres, me parait assez curieuse :
Je vous pr^seate, Madame, ce petit discours, aiaat est6 adverty et
despuis Taiant cogneu par presente experience de vostre excellente
nourriture, entendemeat gen^reux, amour et devotion tr^s chres-
tienne i Dieu, et d^sir de toutes bonnes cognoissances, qui sont per-
fections en la personne et divine dme de Vostre Majesty, dignes de
la Margueritte des Princesses, et capable de recevoir les advertisse-
ments et doctrine de la Marguerite des philosophes : c'est du grand
Mercure, non traduit et comment^ selon la condignit^ dp Vostre
Grandeur et sienne, qui meriteroient le travail d'un plus docteet
suffisant interprfete. Toutefois, Madame, d^sirant de offrir a la hau-
teur de vostre ingenuity chose convenable a votre divine penste
(laquelle sur toutes choses tendant k son propre heu, recherche la
cognoissance des grandeurs et perfections de Dieu, et de toutes
sainctes disciplines), j'ai trouv6 ce Pimandre'de Mercure diet des
ancienstrois fois tres grand, par tant demilliers d'ans delaiss^ sans
interpretation, et par lequel non seulement les excellences et gran-
deurs de Dieu reluysent : mais la philosophic (si longuement rejettee
d*aucuns professeurs de la religion chrestienne) se trouve totale-
ment conjointe par acquisition de la cognoissance de ce souverain
bien (seul but des philosophes et chrestiens), lequel suivant vostre
commandement regu avec trfes humble honneur et reverance, je pr^-
sante a Vostre Majeste, d^siraut que outre la cognoissance des ex-
(1) Manuel du librairej t. in, 2« partie, col. 1648. PymandarproYienisans doate
d'ane faate d'impression. Partout ailiears s'offre a moi la forme Pimandre, m6me
dans le manuscril que la Bibliolh^que naUooale possdde de ia traduction de Fr. de
Foix, sous le n* 14768 du Fonds fran^ais (vol in-4« de 104 feuillets).
(3) Le volume se compose de 741 pages sans y comprendre la Table dee matif^rei
qui occupe bien one cinqiiantaiae de pages a deox coloanes.
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— 140 —
cellences et grandeurs qu'il plaira k Dieu communicquer a vostre
divia entendement, il y puisse pareillement continuer I'estude de la
vraye philosophie chrestienne et inquisiiion de la cognoissance des
vertus et bonte de ce souverain bien, d&ir(5 de tous amateurs de sa-
pience et v6rit6 chrestienne, qui nous est annonce par ce grand
Mercure, nous donnant la plus ancienne escripture que nous sga-
chons estre ce jourd'huy sur la terre venue jusques anostre temps (1).
Vostre Majesty, Madame, avec son bon plaisir, m'honorera tant de
recevoir ce petit mien labeur pour agreable, ensemble vostre tres
humble et tr^s ob^issant serviteur, lequel supplie la souveraine
bont^, cr^ateur, facteur et conservateur de toutes choses augmenter
en Yostre Majesty ses dons et grdces en perp^luel accroissement de
grandeur, attendant le fruict et jouissanoe de sa perp^tuelle f^licite.
' Je negligerai les vers grecs et latins composes par divers
poetes de TAquitaine en Phonneur du Pi?nandre et de son
interprete (2), je negligerai aussi la dissertation d'un M. de
Saint-Marc intituiee : Du temps qiCa fleury Mercure Trrnne-
gists (3), mais j'emprunterai a la Preface ce renseignement :
i< ....Cescommentaires furent prets apublier en Tan 1572,
et portes par nous a Paris, ou arrivantz le 26 d'aoust nous
trouvaraes tels obstacles, le temps et personnes si indispo-
sees a leur publication, que nous fumes contraincts les rapor-
ter, n'ayant eu despuis licence tant pour les miseres univer-
selles, que plus pour les particulieres, d'y mettre aucuhement
Toeil ou pensee jusques a present (i). » Je crois aussi devoir
(1) Je n'ai pas besoin de dire combien Fr. de Foix se trompait en accordant una
aassi grande antiquity & des livres qui appartiennent manifestement am premiers
sidcles de Tdre chr^tienne, comme Casaubon le premier I'a reconna. Sar Torigine
des livres herm^tiques, on peutconsalter Teicellente etude qui precede la tradac-
tioD compute donn^e par M. Loois Mdoard des livres venus jusqu'anous sons le nom
d'Hermds Trism^giste. (Paris, Didier» J 866, 1 vol. in-4o.) En rendant compte de
cet oavrage dans la Revue bibliographique et litt^raire do septembre 1867, je ne
manquaipas de reprocher k I'autear de n'avoir mdme pas prononc^ le nom de Fr.
de Foix dans an introdnction de plos de cent pages.
(2) Les vers grecs sent d'Elienne Maniald; les vers latins sent de Jean Goijon el
d'an autre podte qui signe simploment R. L.
(8} M. de Saint-Marc assure que Mercure Trism^giste est antdrieur k Abraham.
Patrizzi s'est contents d'enfaireuncontemporain de Moise.
(4) On lit dans lePriviUge (Avignon, 8 Janvier 1575): « Nostre amd et f^al cou-
iin Francois de Foix de Candalle, evesqne d*Ayre, conseiller en nostre conseil
priv^, nous a faict remonstrer avoir cy devant compost, r^dig^ et mis par escript
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— HI —
reproduire un sonnet de Pierre de Brach cache parmi les
pieces liminaires du rare volume de 1579, sonnet que Ton
chercherait vainement dans les CEuvres du poete borde-
lais(l):
Apollon et Pallas, de leur saincte presence
Favorisant Pimandre en sa nativity,
Le mirent dans le bers de rimmortalit^,
Espurant le mortel de sa terrestre essence.
Mais il fut destine qu'un manteau d'ignorance
Anuiteroit ses jours d'une ombreus'e obscurt^,
Jusqu'k ce qu*il troiivast pour leur donner clarl6,
Un homme, au Pere esgal dont il avoit naissance.
Pimandre ainsi cache sous maints secrets des cieux,
Ores pendant sa nuict se descouvre k mes yeux
Par toy, qui trois fois grand, Trismegiste ressemble.
Car s*il fut et grand sage, et grand prestre, et grand Roy,
Les cieux ces trois grandeurs ont unies en toy,
Grand Prince, grand prelat, grand philosophe ensemble.
Gabriel de Lurbe, qui, dans la Chronique bourdeloise, a
Tannee 1582, avail ecrit : « Franfois de Candalle, evesque
certains commeDtaires, tant ear, les ^l^mens de g^omdtrie et matbdmatiqaes da
Eaclide Megarense, qae sur les livres de Mercure Trismegiste, revea et recogneu da
Doaveaa iceaxcommentaires, ensemble les textes desdictz aatbenrs, et anx diets
commeotaires adjoost^ beaueoap d'observations grandement otiles et profitablet 4
DOS subjects... >
(1) En revancbe, ony trouve nne tres-longne et trds-belle pidce adress^e k « Mono
seignenr Francois Monsieur de Foix de Candalle, conseiller du Roy en son consell
priv^, 7> qui contient I'^loge, non-seulement du traducteur d'Enclide, mais encore
de tons ceux qui ont port^ le nom de Foix {Les podtnes de Pierre de Brach, 1576^
in>io, fo 148-152). Le d^but de la pi6ce est plein de majesty :
Ceux de qui les beaux vers, jusqu'aux terres estranges
Yites vonl et revont, comme berauls des lonanges,
Pen vent ^terniser le nom qu'ils ont chants :
Mais ne pouvant du tien alionger la m^moire,
Je veux que de ton nom le mien prenne sa gloire,
£t qu'ii sacre mes vers a Timmortalit^.
—II a M dita lortdans la Revue de Gaseogne (t. in, p. 197) que Pierre de Brach
fut le filleul de I'^vdque Francois de Foix-Candalle. Le podte bordelais ent pour
parrain^ comme il le ddclaro lui-m^me {Archives de la GirondCt 1. 1, p. 65), Mon-
sieur de Favars. C'est le second fils de Pierre de Brach qui, selon ses termes (ibid.,
p. 63), « fut presents au babtesme par Monseigneur Francois Monsieur de Foix de
Candalle, evesque d' A ire^ el madamoysello Diane de Foix de Candalle, sanidce. »
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— 142 —
d'Ayre, tres docte aux mathematiques et aatres sciences, »
ecrit, a Tannee 4591 : « Le 21 juillet audit an le sieur de
Candalle, evesque d'Ayre, fonde et institue au college de
Guyenne une lefon perpetuelle en mathematiques, et la dote
de cinq cens livres de pension annuelle (1). » Le m6me chro-
niqueur annonce en ces termes, a la date de 1594, la mort de
I'eminent prelat : « Francois Monsieur de Candalle, evesque
d'Ayre, et captal de Buch, Thonneur de sa maison, et moece-
nas de gens doctes, decode a Bourdeaux en sa maison de Poy-
Paulin (2), le cinquiesme fevrier audict an, en Taage de huic-
tante trois ans, ou environ (3). »
(1) Gitons icile Gdllia Christiana : c In collegio AqoitanicoBurdegale. ubi fao-
data est a Francisco cathedra pro mathematicis disciplinis tradendis, legilur hsc
epigraphe aeneae tabulte inscalpta : Franciseos Flussas Candala illastiissimas prin-
eeps, Bojomm captalis, et episcopas Adurensis, in litterarum gratiam et matheseos
illostraiionem, raathematicam lectionem perpeluam, et solemnem in gyronasio Aqui-
tanico insUtuit, atque annuo 500 librarum stipendio dotavit anno Domini MDXCIi IV
caJ. Aug. » A son toar, Montocia (t. i, p. 578) mentionne ainsi cette creation : c Co
prdlat g^ometre fonda a Bordeaux one chaire de gdom^trie, et comme il s'^tait beau-
coup adonn^ a la th£ori6 des corps rdgoiiers, il voulat qa'on ne pftt Mre admis au
eonconrs qu'aatant qu'on aarait troav6 quelqne chose de nouveau sur ces corps. Cette
loi ^lait encore en vigueur au commeicementde ce siecle; car I' Academic des scien-
ces fot» en 1708, prise pour juge d'une contestation ^levde k ce sujet entre deox
concurrents. » Voici ce que je trouve sur ce point dans rj7f5totre de VAcadimie
royale des sciences, annie 1703 (Paris, in-4«, 1705, p. 77; : c II y a, k Bordeaux
dans le college de Guyenne une chaire de math^matiqne fondle par Francois de Foix
de Candalle. II est dit par la fondation qu'en cas de vacance de cette chaire, elle
sera donn^e k celui qui sera jug^ le plus digne par les experts qui seront choisis, et
que chaque aspirant sera bbligS de fairc un jour une lecture publiqne ou il ddmou-
trera une proposition de son invention, qui ne passe pas plus ayant que ie 9* livre
des Elimens d'Euclide, et le lendemain une autre legon oil il d^montrera aussi une
proposition sur les corps solides et rdguliers, qui soit de son invention, et qui se
prouve par Euclide. Un aspirant ayant apport^ deux propositions selon I'ordre
prescrit, un concurrent lui contests qu'elles fussent de son invention, et sur celte
contestation les parties et les juges convinrent de s'en rapporter k I'Acad^mie des
sciences. Elle jugea qu'effectivement les deux propositions n'^taient pas nouvelles,
et parce que I'exactilude qu'elle apporta a ce jugement consuma pr^s de deux stances,
on a cru qu'il pouvait trouver place dans cette histoire. »
(2) J.-A. de Thou, moins bien inform^ que Gabriel de Lnrbe, qui publiait la
traduction francaise de sa chronique I'annde mdme de la mort de Fr. de Foix, a
pr^teodu qu'il avail rendu le d< rnier soupir au chateau de Cadillac. Cotte erreur a
^t^r^p^t^e par Hugues du Terns. {Clergi de France,)
(8) De Thous'est tromp^un pen plus encore, lui qui annonce que Fr. de Foix
avait d^passd 84 ans. Sc^vole de Sainte-Marthe {Eloges des hommes illustres) s'est
tromp^ bieo davantage, car il a cru quo Tdvdque d'Aire ^tait mort kg6 dc plus de
90 ans.
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— U3 —
Le president de Thou a trop bien parte, daas son I/istaire
unwerselle, de Fev^que d'Aire, pour que je ne tienne pas a
transcrire ce passage : « Francois de Foix de Candalle naquit
d'une famille tres-illustre, mais il fut beaucoup plus iUuslre
par son savoir et par sa vertu que par sa noblesse.
Les emplois dont la Coul* Thonora dans sa jeunesse Tayant
oblige de quitter ses eludes avant qu'il y eut pu faire de grands
progres, il supplea par son excellent esprit au defaut de
Teducation, et ce que les autres ont peine d'apprendre avec
le secours des plus habiles maitres, il Tapprit si heureuse-
ment de lui-meme, aid6 par ses dispositions, qu'il eut a se
rendre savant dans toute sorte de sciences, et surtout dans
les mathematiques, qu'il les aima et s'y attacha toujours,
quelques occupations que ses divers emplois lui ayent don-
nfees pendant tout le cours de sa vie, qui fut extr^mement
longue, et que meme il a fait de nouvelles decouvertes dans
ces beaux arts. Or, comme il s'est acquis rimmortalite par ses
ouvrages, qui dureront autant que le monde, je serais cou-
pable d'imprudence, si je n'etais persuade qu'un si beau
nom est un des plus grands omements de mon histoire, et je
devrais m6me passer pour ingrat, si, Tayant honore pendant
sa vie, je ne lui temoignais ma reconnaissance apres sa
mort (1). »
Reunissonsici quelques autres temoignages.
Michel de Montaigne (Essais, 1. 1, ch. xxvi) s'adresse ainsi
« a Madame Diane de Foix, contesse de Gurson » (p. 104 de
la remarquable edition pubUee par MM. R. Dezeimeris et H.
(1) Tradnction d'Antoine Teissier dans les Eloges des hommes savans (t. it,
p. 188- J 90) DeTboQ a parld encore de Fr. de Foix dans ses Mimoires, mention-
nant les frdqnenles visites qaMl lai rendil dans sa maison de Pny-Panlin, k Bor-
deaux, en 1582, etle diner < assaisonn^ de savants propos » que ce pr^lat lui donna,
la m^me ann^e. dans son chMeaa de Gaste1nau~d«-M6doc. M. Taine a reprodnit
(p. 55-57 de son cbarmant Voyage aux eaux des Pyrinies, 1855) le r^cil fait, pen-
dant ce diner, par Candatte — (le spirituel ^crivain I'appelle due de Candalle) — de
son ascension du pic du Midi. De Thou — il a soin de nous I'apprendre — connais-
sani tout le plaisir que son hdte ^prouvait a causer de ses courses dans les Pyrdn^cis,
avail poliment amene i'enlretien sur ce sujet.
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— 144 —
Barckhausen, Bordeaux, 1870): « Francois, monsieur de Can-
dale, vostre oncle, en faict nailre tous les jours d'autres(li-
vres), qui estendront la connoissance de cete qualite de vos-
tre famille a plusieurs siecles. »
Pierre L'Anglois, sieur de Bel-Estat, dans son Discours des
huhroylyphes cegypliens, emblemes, devises etarmoiries (Paris,
1583, in-4**), a mis (p. 83) un huitain tres-flatteur pour M. de
Candalle :
Docte Seigneur, la gloire des pr^lats.
Qui poss^dez Tune et i'autre Pallas, etc.
Joseph Scaliger proclamait Frangois de Foix ^princeps
mathematicorum nostri temporis, maxime vcro geometrarum :
excellens mechanicus (1). » {Prima Scaligerana.)
Florimond de Raymond s'est occupe deux fois de Teveque
d'Aire dans son Anti-Christ. A la page 226 (edition de 1607);
il a dil, sans le nommer : « Le mesme jugement (qu'il etait
magicien) ay-je veu dire a plusieurs qui ne sont pas pourtanl
de la plus basse lie du peuple, d'un seigneur de nostre
Guyenne ne d'une grande et illustre maison, que Dieu avoit
done d'un esprit et d'un jugement de beaucoup esleve par
dessus le reste des hommes, et lequel sans flatterie nous pou-
vons nommer un autre Arcliimede (2). »
A la page 763, Florimond de Raymond, appreciant la re-
forme ducalendrier, s'exprime ainsi : « Le Pape voulut avoir
(1) Christophe de Foix ful lai aussi un habile m^canicien si, comme je le crois,
c'est k ce fr^re de Francois de Foix que s'appliqaent ces lignes d'nne lettre inddile
da gouvernenr de Bordeaux, Antoine de Noailles, au roi de Navarre (7 fdvrier 1557.
Biblioth^ne nationale, Fonds frangais, vol. 6908, p. 8) : « Quant nux engins de
Christopbe Monsieur de Candalle, j'ay tant fait chercher du bois propre qu'enfin il
s'en est trouv^ en un navire duquel Ton s'aydera sans toucher k celny de la maison
de ville qui donnoit aux jurats si grand regret de le bailler. El k la v^ritti ils avoient
quelqne raison... » Dans une autre l(}ttre du '28 f^vrier {ibidem^ no 5), Antoine de
Noailles dit encore : « Nos fortifications se conlinuenl selon le moyen que nous en
avons. La machine de Tiovention de Christophe Monsieur de Candalle est dressee au
boulevard royal... » Qui nous donnera des renseignements sur celte machine?
(2) Gabriel Naudd {Apologie des grands hommes accuses de magie, Paris, 1669,
t. I, p. 52) paratt s'dtre inspird de ce passage de Fl. de Raymond, ^crivain qu'il a
grandement lou6 a la page 396 du tome ii.
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— 145 —
Tadvis de plusieurs s^avans personnages de la chrestiente,
entre lesquels fut Francois de Foix, evesque d'Ayre, sorty de
rillaslre maison de Candalle, auquel a bon droict on a donne
le nom de second Archimede, comme estant le seal qui a
forge ceste admirable machine, laquelle a rendu son premier
autheur si c61ebre et si fameux, dont il fit present au Roy
Charles neuflesme, comme aussi de Thorloge qui monstre le
flux et le reflux de la mer. Je laisse son rare sgavoir aux
mathematiques, qui s'est assez monstre a Taugmentation
d'Euclide et a Tinvention de TEptagone (1). »
D'Aubigne, dans I'int^ressant passage de ses Memoires oh
il raconte la visite faite, en 1584, par le roi de Navarre, par
Philippe de Mornay, seigneur du Plessis, par quelques autres
compagnons du futur Henri IV et par lui-meme, a « Fexcel-
lant cabinet » que Ton voyait au chateau de Cadillac (2), ca-
binet ou « la troupe s'amusa a faire lever la pesanteur d'un
canon par les machines entre les mains d'un enfant de six
ans, » d'Aubigne, dis-je, salue avec infinimentde respect « le
grand Francois de Candalle, assez cognu par ce nom (3). »
Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
{La fin prochainement.)
(1) L'auteor de rin(i-C/im(ajome (p. 765) qne Francois de Foix Qxprima au
PapeGrdgoire XIII on avis autre que celoi qui pr^valnt, comme, dit-il, c j'ay veu
par ce qu'il envoya a Sa Saintet^, et par les responses du j^suite Clavias lesqoelles
ensemble les rdpliques dudit sieur de Foix j'ay par devers moy. » Dans VEssai sur
la vie et les ouvrages de Florimond de Raymond, j'ai oublid de citer cette phrase, a
rendroit ou j'ai meotionn^ quelques-nns des manoscrits dela riche bibliothdque du
controversiste agenais.
(2) Le passage du roi de Navarre k Cadillac, en 1584, n'est pas indiqud dansle
tableau des Sijours et itiniraire de Henri IV avant son av^nement au trdne de
France, placd par M. Berger de Xivrey a la fin du tome ii do Recueil des lettres
missives de Henri IV.
(3) Edition de M. Lnd. Lalanne (1854), p. 61. Edition de MM. R^aume et de
Caussade (1873), p. 46. Voir encore sur Fr. de Foix VHistoire de la vie du due
d*Espernon par Girard (in-4o, 1780, p. 57-58). — L'Histoire g^nMogique des
grands officiers de la couronne (t. iii, p. 384) donne a I'^^vdque d'Aire cet ^logo :
c Ce fnt un pr^lat d'un grand savoir,4qni prdf^ra I'^tude des belles-lettres aux bon-
neors de la cour. »
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— 146 -•
Jugements do maintenue de noblesse (1).
V
ANTOINE DE LARTIGUE, SEIGNEUR D^ARNfi.
De gueules au lion d'or lampasse et armi de sable,
Contrat de mariage de noble Anloine de Lartigue, conseiller et
lieutenant particulier en la s^n^chaussee et presidial de Condom,
avec damoiselle Hilaire du Lin (2), devant Jean Galian, notaire royal
d'Aubiet, 30 novembre 1680r,
Testament de noble Bernard de Lartigue, sieur du Hillet, dans le-
quel ii dit avoir ^te mari^ avec damoiselle Marie du Gout, de la-
quelle il aurait eu deux enfants mdles nommes Jean-Charles et
Pierre de Lartigue; regu par de Lafitte, notaire de la jurisdiction de
M&in, le 15 avril 1630.
Jugementde M. Pellot, intendantde Guienne, qui maintient Jean-
Charles de Lartigue dans sa noblesse, du 4 mai 1667.
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des production? ci-dessus
par jugement rendu a Montauban, le 30 Janvier 1698.
Signi : Claude-Joseph Sanson, intendant de Montauban.
LOUIS DE NOUAILLAN, SEIGNEUR DE LAAIEZAN.
De gueules d la croix vuidee et triflie d'argent.
Testament de noble Blaise de Nouaillan, premier seigneur de Ville-
neuve en Condomois, dans lequel il dit avoir 6ti mari6 en premiferes
noces avec damoiselle Marie Brandelisse de B^on, duquel mariage
(1) Yoyez les livraisons de Janvier, page 32, et de f^vrier, page 92.
(2) Fille de noble Gny da Lin, seigneur de Saint-Gri^de, et de Marguerite de La-
barlhe-Giscaro. Sa S(£ur Calixte do Lin ^pousa, le 22 Janvier 1700, M. Jean-Antoine
P^rds de Lagesse, avocat^ grand-p^ro d' Emmanuel P^rds de Lagesse, d^put^ du
Tiers-Etat du pays el jugerie de Riviere- Verdun aux Eiats g<in^raax de 1789, puis
d^put^ de la Haute-Garonne a la Convention, oil il refnsa coilrageuseroent de voter
la mort du Roi.
11 y a entre I'acte qui pr^c^de et celui qui suit omission ^videnle du contrat de
mariage de noble Pierre de Lartigue, conseiller et lieutenant particulier au s^ndchai
de Condom, avec damoiselle Marie de P^ricot, pdre et mdre du produisanl. Cet acte
est rapports dand le jugement de maintenue de noble Pit^rre d<^ Lartigue, seigneur de
Montbernard, frdre du produisant, que nous donnerons a sa date.
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- 147 —
il lui etait rest6 Alexandre-Th^ophile, prfitre, et Louis de Nouaillan,
et avoir 6i& mari6 en deuxifemes noces avec damoiselie Jeanne de
Lestrade; regu le 11 mai 1676, par Barth^lemy, notaire royal de
Ferrary.
Contrat de mariage de noble Blaise de Nouaillan, premier co-
seigneur de Villeneuve, avec damoiselie Brandelisse de B6on (1);
regu par Pierre Rabat, notaire, le 5 juillet 1638.
Bail k ferme par noble Th^ophile du Chemin, tuteur dudit noble
Blaise de Nouaillan, h^ritier de noble Jeande Nouaillan, du 16 sep-
tembre 1631.
Contrat de mariage de noble Jean de Nouaillan, avec damoiselie
Jeanne de Monlezun, pass6 par Lagard^re, notaire, le 8 juillet 1613.
Testanxent de dame Jeanne de Monlezun, Spouse de noble Th^o-
phile du Chemin, par lequel elle institue son h^ritier noble Blaise de
Nouaillan, son fils ain^ et de feu noble Jean de Nouaillan son pre-
mier mari, pass6 devant de Lacave, notaire de Condom, 80 octobre
1651.
Contrat de mariage de Jean de Nouaillan, seigneur de Villeneuve,
avec Isabeau de Beaulieu, dans lequel il est fait mention de la dona-
tion faite par Marguerite de B6arn, mere dudit Jean de Nouaillan;
ledit contrat devant Frangois Lafite, notaire, le 26 septembre 1601.
Contrat de mariage de noble Arnaud de Nouaillan, ^cuyer, co-
seigneur de Vilhneuve, avec damoiselie Marguerite de Beam, le 8
mars 1572, devant Jean Baron, notaire.
Testament de noble Hector de Nouaillan, 6cuyer, co-seigneur de
Villeneuve, par lequel il institue son h6ritier noble Arnaud de
Nouaillan, son germain, regu par Guillaume Dubarry, notaire royal
de M^zin, le 20 mars 1563.
(1) Fille de Pierre de B^od, seigneur du Masses, et de Caiherine do Lamezan.
Celle-ci dtait fille nniqao de haat et puissant seigneur Jean, comte de Lamezan, et de
dame Adelaide de Montpezat. Elle apporta i son mari le domaine et cb&tean-fort de
Lamezan. qui ^cbul plus tard a son second fils Aimery-Prancois de B^on, seigneur
de Lamezan, lequel n'ent de son mariage qu'une fille qui se fit religieuse et donna
tous ses biens 4 son neveu Louis de Nouaillan-Villeneuve, qui devint ainsi seigneur
et comte de Lamezan. Les Nouaillan out port^ le nom de cette seigneurie jusques a
la Revolution. Josepb-Pierre de Nouaillan, comte de Lamezan, fils de Louis-Joseph
et de Marie-Anne de Gasquet de Clermont, ayant dmigr^ en octobre 1791, eut ses
biens confisqn^s etentr'aulres la lerre de Villeneuve dans le canton de M^zin, afferm^e
avant 1790 pour la somme de 8,000 livres. Le cbMeau-fort de Lamezan n'a point
^cbappd au marteau ddmolisseur. II ne reste plus qu'an immense donjon abandonn^
aux outrages du temps: mais ce majestueux debris parle encore des splendeurs et des
gloires du pass^.
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— us —
Testament de noble Joseph de Nouaillan, co-seigneur de Ville-
neuve, dans lequel il dit avoir 6i6 niari6 en deuxiemes noces avec
damoiselle Frangoise de Beam, et institue son l^gataire Gaston, son
second fils, et nomme pour son heritier Hector de Nouaillan, son
premier fils de son premier mariage; regu par Arnaud Duluc, notaire
royal, le 3 mai 1561.
Contrat de mariage de noble Joseph de Nouaillan, assist^ de noble
Jean de Nouaillan son pfere, seigneur de Villeneuve, avec damoiselle
Agnes de Barrau, devant Jacques Dubarry, notaire royal de Mezin,
le 5 decembre 1541.
Testament de noble Jean de Nouaillan, seigneur de Villeneuve,
par lequel il institue son heritier son fils unique Joseph de Nouaillan;
regu par Drossier, notaire de M^zin, le 21 avril 1547.
Jugement de M. Pellot, intendant de Guienne, du 5 juillet 1662,
qui donne acte de la production des titres ci-dessus.
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des productions ci-dessus
par jugement rendu a Montauban le 21 mai 1698.
Sign6 : F^lix I^e Pelletier de la Houssaye, intendant de Montau-
ban.
J. de C.
BIBLIOGRAPHIE.
1
College de France. Gours des langues et litteratures de l Europe mbri-
DION ALE. Le9on d'ouverture par Paul Meyer (Extrait de la Romania ^ t. v).
Brochure inS^. Paris, 1876.
C'est vers la fin d'avril dernier que le savant romaniste dont le
nom est particulierement cher aux lecteurs de la Revue de Gascogne
a inaugur^ au college de France son cours sur les langues et litte-
ratures du Midi de TEurope. Dans sa legon d'ouverture, qui ofire
sous une forme tres-concise, trop concise peut-^tre, le resume d'etudes
tres-^tendues et tres-profondes, et de vuos en partie fort originales,
M. Paul Meyer a traits de Cinfluence des troubadours sur la poisit
despeuples romans. II r^sulte de ce tableau, trop plein pour pouvoir
6tre reduit, que la poesie lyrique du Midi de la France au moyen-
age, qu'on regarde volontiers comme un episode brillant, maisfugitif
et isole, de notre developpement littoraire, est precisement la source
de toute la po(5sie lyrique du Midi de I'Europe. Depourvus d'^pop6e
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-- 149 —
parce qu'ils n'eurent pas, coramc les FraaQais du aord, uno existence
guerriere, les meridionaux cultiverent les premiers ce lyrisme noble
et grave qui, « de proche en proche, a gagn6 tout le monde latin,
faisant sentir son influence j usque dans les pays germaniques. » La
po^sie des troubadours n*eut, il est vrai, qu*un beau siecle, celui qui
precede immediatement la croisade albigeoise; mais, d^ja presque
eteinte, elle produisit les ecoles poetiques de Barcelonne, de la cour
de Fr^d^ric II en Sicile, de la cour du roi Denis en Galice. Ainsi,
Espagne, Portugal, Italic sont poetiquement tributaires de la Franco
du Midi, aussi bien que la France du Nord (I). « L'ancienne th^orie
qui faisait naitre la poesie fraugaise d'une sorte d*imitation de la
poesie italienne, conserve encore uae part de v^rit^ si on la restreint
au xvi« siecle. Au xvii« aussi, Corneille contracta quelques dettes
envers TEspagne. Mais ce que nous devons a nos voisins du Sud
n'est nuUeraent comparable a ce qu'ils doivent a la France du Midi.
Car ce ne sont pas seulement des sujets ou des formes poetiques que
la poesie provongale a transmises a la poesie de TEspagne et surtout
de ritalie : c'est Texistence mSme. »
Cette conclusion, qui assigne un rdle si magnifique a la poesie en*
core trop peu connue de nos troubadours, sera justifi^e sans doute
par tout Tenseigneraent de M. Paul Meyer, dont nous esp^rons bien
que la meilleure partie sera livr^e au grand public pour le plus
s^rieux progres de notre histoire litt^raire. Mais elle ressort d^ja
avec une parfaite clarte des faits r^sum^s dans ces quelques pages
si pleines et si fortes, auxquelles nous ne pouvons que renvoyer nos
lecteurs.
II
Etude sur la limfte g^ographique de la langue d'oc et de la langue d'oil
(avec une carle), par M. Ch. de Tourtoulon et M. 0. Bringdier, membres
rdsidants de la Sociiti pour Vdtude des langues romanes. I<^' rapport k M. le
ministre de rinstraction pabliqae. (Extrait des Archives des missions sden-
lifiques et liU^aires.) Paris, impr. nat. 1876, 63 pages, gr. in-S^.
La SocUU pour Viiude des langues romanes de Montpellier avait
demand^ pour deux de ses membres la mission de tracer sur le sol
frangais la ligne precise qui s6pare les terres de langue d'qil de
(1) La France da Nord aTail en propre, outre son vaste d^veloppement ^piqne, une
sorte de poesie lyrique, mais populaire', et non noble comme celle des troubadours;
« de sorte que la poesie lyrique f ran raise est form^e de denx coaranls, Tun propre**
ment national, Tautre d'originc rodridionale. «
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— 150 — .
celles delangue d'oc, le pays du franciman des pays du roman me-
ridional qui est notre idiome maternel. On ne pouvait guere choisir
pour cette tSche deux philologues plus comp6tents que MM. de
Tourtoulon et Bringuier; c'est ce qui r^sulte amplement de leurs
observations priliminaires sur les oeuvres partielles qui ont pre-
cede et prepare leur entreprise; sur la maniere de noter les nuances
phoniques qui difl^rencient les dialectos si multiples des deux lan-
gues d*oo et d*oil, surtout a leur limite commune, et enfin sur les
caract6res propres (p. )5) qui permettent de classer avec certitude
les patois interm^diaires que ces deux langues semblent se disputer.
Mais cette excellente preparation philologique aurait servi de peu
si les deux travailleurs n'avaient apport^ dans leur enqufite pratique
des proc^dfe rigoureux qui supposent autant de patience que de sa-
gacit(5 . Tout ce premier rapport rassurera sur ce point les lecteurs
attentifs. La lenteur, on le comprend, est inseparable en pareille af-
faire de lasArete. « Aussi ne paraJt-il pas ^tonnant, disent tr^s-bien
les rapporteurs, qu*aprfes un mois et demi de courses continuelles
par les chaleurs de juillet et d'aofit, apres avoir visits cent cinquante
communes, interrog^ pres de cinq cents personnes, parcouru plus
de 1,500 kilometres pour tracer notre limite sur une longueur d'en-
viron 400, il nous ait 6x6 impossible de pousser plus loin notre tra-
vail. Mais il reste ddmontre qu'avec quelque activity et quelque
amour de la science, la tdche entreprise par nous pent Stre men^e a
bonne fin (p. .10). >
La ligne trac^e, moyennant les enquStes les plus laborieuses^
part de Tembouchure de la Gironde et s'arrSte, apres une serie de
sinuosites qu'il faut voir sur la belle carte annex^e au rapport, dans
le departement de la Nievre. Nous aimerions k etudier ici la partie
de cette ligne qui s*eioigne peu de la Garonne, parce qu'en nous don-
nant la limite septentrionale de notre patois provincial, elle nous
edairerait sur quelques-unes de ses vari^t^s extremes; les remarques
des savants rapporteurs sur Tidiome des Huttes et de Soulac four-
nissent, par exemple, certaines donnees precises pour une classi-
fication, qu'il faudra bien faire quelque jour, de nos dialectes (p. 22).
Depuis Blaye jiisqu'a la forfit de Bracx)nne (Charente), notre parler
est tres-nettement s^par^ du parler d'oil, et les populations voisines
se donnent les titres opposes et trfes-significatifs de gascons et de ja-
vachs. Les alterations, les melanges mSmes n'emp^chent pas le fond
primitifde ressortir clairement pour un vrai juge. Mais arr6tons-nous :
il suffit pour le moment de recommander ce travail essentiel, en no-
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— .151 —
tant encore seulement une remarque faite en passant par les doctes
philologues, et qui a chez nous son int6rSt pratique: f La destruc-
tion des idiomes locaux et leur rera placement par la langue officielle
est un daces prejug^s qui dominant encore beaucoup trop dans les
ecoles primaires [et ailleurs]... Les douloureux ev^nements de 1870
ont seuls emp^che Tenvoi au Corps l^gislatif d'une petition... qui
avait pour but de demander que les idiomes locaux, loin d'etre pros-
crits des ecoles, fussent employes aTenseignementdufrangais. Nous
connaissons des instituteurs qui ont obtenu par ce moyen d'exoel-
lents r^sultats. II est facile de remarquer d' ailleurs que les paysans
du Languedoc qui parlent le plus correctement le frangais sont pr6-
cisement ceux qui ont conserved leur langue matemelle moins alt^r6e.>
L^once COUTURE.
NOTES DIVERSES.
XCVL Da nom de baptdme du podte gascon d^Astros.
La Revue d'Aquitaine mit en t^te de son premier num^ro (juillet 1857)
le premier essai litt^raire qae j'aie offert au public et qui avait pour titre : Lit--
Urature gasconne. Jea/n-Guillem d' Astros. Je suis revenudepuis, kpliisieurs
reprises, sur cetauteur, qui est le plus celdbre des pontes gascons (1); j'en ai
entretenu, par exemple, les lecteors de la Revue de Gascogne^ soit k roccasion
de Texcellente Edition des Poisies gasconnes recueillies et puhliies par F. T,
(Paris, Tross, 1867), soit, anterieurement, k Toccasion de V Essai sur Vhistoire
Httiraire des patois du Midi par M. le D' Noulet (Paris, Techener, 1859).
Mais jen'ai jamais justifi6 Tassertion sans preuve que renfermalt le titre m§me
de mon premier article : Jean-Guillem d* Astros, Les diverses Editions du
Trimfe de la lengouo gascouo et des autres ouvrages du po^te de Saint-Clar
portent simplement : /. G. d'Astros^ On m'a demands sur quelle autorit^ f a-
vais traduit ainsi ces deux initiales; et, tout surpris de n'en trouver aucune ni
dans mes notes ni dans ma m^moire, j'en 6lais k me demander si je n'avaispas
tout simplement, sans m'en douter, pris cela sous mon bonnet. M. F. T., le
soigneux Mitenr de d'Astros, que j'ai eu le plaisir de voir ces jours-ci k Tou-
louse, m'a rassar6 en me disant que j'avais 6t6 pr6c6de par M. Gustavo Brunet.
(1) Je recois a I'heure rodme le Bulletin du bibliophile lodivois (mars 1877), od
lou Trimfe de d' Astros, edit. 1643 («tc, 1642?), estcoW 60 fr. Les Editions de 1700,
1763, sont bien moins cheres. Les deax volumes publics cbez Tross en 1867, et q«i
codtaient 20 francs, ne se vendent pins qoe 10.
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— 152 —
Sans m'attacher pour le moment h verifier ce fait, j'ai h&te de corriger une er-
reur que j'ai pu contribuer pour ma part k etablir et k r6pandre. Car il y a er-
reur : dans J. G. d*Astros, le J veul dire tr6s-probablement Jean, mais il est
silr que le G ne veut pas dire Guillem ou Guillaume.
La prenve en est dans un parchemin que M. F. T. a bien voulu me confier et
dont je donne le sommaire parce qu'il mentionne des fondations oublieesdans
notre pays. Par acte du 11 juillet 1626, en presence de deux prelres de Lectoure,
Jean Rison, prebend^ de Saint-Gervais, et Mathieu Mains, T^v^que Jean d'Es-
tresses, s'adressant k maitre Louis Blot, pretre de son dioc^e (1), bachelier en
th6ologie et dej^ chapelain des deux chapellenies de Corpore Christi et de '
Sainte-Quitterie en I'^glise paroissiale du Saint-Esprit de Lectoure, sur le vu
de lettres apostoliques obtenues par ledit Blot [signatura apostolica per te ob-
tenia in forma dignum], le pour volt et I'investit de la cbapellenie de Jaulet
[Jauleti) ou de Piger^ fond6e en I'^glise paroissiale de Sainl-Clar, acluellement
vacante par indue occupation de maitre Gerald Dastros (ad proBsens per inde-
hitam occupationem magistri Geraldi Dastros modis in dicta signatura con-
tentis vacant em).
. On nepeut pas douter de Tidentit^ de ce G6rald Dastros avec notre po^te.
Ni la tradition ni les archives de Saint-Clar de Lomagne n'ont gard6 trace d'un
caperan de ce nom autre quel'auteur des Saisons et des EUments. Les dates
s'accordent. D' Astros a dd naitre en plein seizi6me si^cle, et probablement, une
fois ses etudes fiuies, il a toujours babite Saint-CIar, quoiqu'il n'ait commence
k signer aux registres paroissiaux qu'en 1628 (il a cess6 en 1647).
Maintenant, quelle ^tait la vraie forme vulgaire du nom de Geraldus ? Je
crois que c'etait Guiraud. Au moment m§me oil M. F. T. me faisait lire le
parchemin dont je viens de parler, je me suis rappel6 un anagramme publi6 en
t^te des Elements de d' Astros, mais auquel ni son excellent 6diteur ni moi n'a-
vions fait beaucoup d'attention. II se trouve dans le second des deux sonnets
francais adress^s k d'Astros par son a grand amy, d J. d'Escorbiac, seigneur de
Bajonnette, parent de du Bartas et poete de son ecole. L'anagramme se pr6-
s^nte sous cette forme : Dieu guidera ton astre, Mais je crois qu'il faut rem-
placer Nonpar son, nonpas dans le sonnet meme, mais en t^te. Or,
10 I S 9 4 & 611 13 7 8 18 17 3 13 14 IS 16
DIEU GUIDERA SON ASTR(E)
nous donne :
lEN GUIRAUD DE ASTROS.
L'orthographe du premier nom est d^fectueuse, et un E muet final resle sans
emploi; mais de pareilles licences 6taient tol6r6es dans ce genre d'exercice. En
tout cas, je ne crois pas qu'il subsiste le momdre doute sur le nom de notre
cher po6te gascon Jean-Guiraud d'Astros, . t. c.
(1) M. F. T. m'apprend qu'il y avail une famille de ce nom a Saint-Clar. 11 y en
avait aussi une a Lectoure dans ces derniers (emps; mais I'acte ne paratt pas concer-
' ner une famille de la ville m^me de Lectoure.
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GORISTOPHE ET FRANCOIS DE F0IXG4l!iDALLB,
ev£:ques d'aire.
(Suite €t fin*.)
Apres avoir interroge les livres, iaterrogeons les manus-
criis. Je donnerai d'abord une lettre in^dite adressee par
Francois de Foix a Charles IX, le 4 avrii 1572, et relative a
une querelle qui avait eclate entre Tevfique d'Aire et Tev^que
de Dax au sujet de la possession du prieure de La Reole.
Sire, ces jours passe^^ il me feust apport^ par ung chevaulcheur
de i'escurie de Vostre Majeste une lettre qu*ii vous plaisoict m*es-
crire touchant le priori de la Rfelle, despaichee sur quelque maul-
vais rapport et contraire a la verity du faict qui a est^ donii6 a enten-
dre par les parentz de I'evesque d*Acqs (1); et detant, Sire, que avec
ceste lettre il vous plaisoit en escrire une aultre a Monsieur de Can-
dalle, mon nepvea, qui n*est en ce Bourdellois, pendent que ce por-
teur Test all^ trouver, j*ay despaich^ vers V. M. par une Icttra pr6-
c^dant ceste cy par laqu6lle je racompte la v^rite de ce qui en est,
estant bien marry d'avoir est6 ainsi blasm6 en vostre presanee en si
grand tort pour le desplaisir que lesdictz p^renz ont que leur titu-
laire pr^tendu et qui n*eust jamais droict k ce que j*ay entendu soict
dec^d^, ou pour le moins le bruict si fameulx en ce pais qu'il est tenu
pour tel; et quant a ce que j*en faiz et delibfere, puisqu'il plaist a
V. M. le SQavoir suyvant c'e^que je vous en ay derni^rement escript,
ayant receu ung tittre avant en SQavoir aulcune nouvelle, j*ay prins
possession Tayant entendu, et img moys aprez envoye mes gentz
tenir la possession ou ils sont entr^s sans vioUance, force, ny armes
quelzconques, extraordinairement faict faire informations et inven-
taire par la justice du lieu, dont ne s'esttrouv^ plaincte jusques ace
qui en a este rapporte sans cause a V. M. Mes gentz entrant au
(*) Voyex les deux dernidres livraisons, pages 58, 138 et sniv.
(1) Voir^ ao sajet du prieur^ de la R6o)e, les letlres inddites dg Francois di
Noailles, Mque de Dax, pages 23-'i9 du tirage a part (Aubry, 1865;.
Tome XVm. — Avril 1877. ]J
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t-
i
— 154 —
priori d&xlairarent aux aultres que si le titulaire pretendu vivoit ou
bien Tevesque d'Acqz quel droict qu*ils y eussent, je n*y demandois
rien, et n*a rest^ que afaire venir ledict titulaire, ce qu'ilz oattrouve
plus mal ais6, Sire, que de vous en presenter une attestation, com-
me je pense bien qu'il Test. A cause de quoy Tons n*en sgait no-
velle aulcune. Toutesfois, Sire, tousles biens dumonde metiennent
si peu auprfes du debvoir et ties ardante affection que j'ay a r6v6rer
voz commandementz, que quoy qu'il plaise a V. M. m'en comman-
der, soit garder ou laisser ledict priori, je m'estimeray tres heureux
d'y rendre obeissa,pce, et n*estoit grand besoing que les parentz de
I'evesque deDacqz en feissent cette esmeute et implorassent vostre
authority pour la recouvrer, car k la v^rit^, Sire, s'ilz m'en eussent
parl^, ilz eussent trouv6 que je n*entendois empaicher aulcunement
ledict evesque d'Acqs, mais ce que j'en ay accept^ a est6 sur le bruict
commun de la mort dudict evesque et son titulaire. A ceste cause,
Sire, il plairra k V. M. me commander a quelles gentz dudict Eves-
que il vous plaist que je face rendre Tinventaire de ce peu de besoi-
gnes que la justice y a trouve pour y estre tres humbiement ob^y,
car encore il ne s'en est present^ aulcun a raoy. Vray est que jo
prendray la hardiesse, Sire, de vous supplier tres humbiement, puis
qu'il vous plaist que ledict priori demeure a monsieur de Dacqs, a
quoy je n'ay jamais contrevenu, s'il se trouve d^c^d^ comme il est
commun, qu'il plaise a V. M. me remetre en Testat, ne vivant plus
celluy a qui il vous plaist qu'il demeure, car V. M. n'a subject ny
serviteur plus vou(5 et en trfes humble affection a vostre service que
moy, et s'il vous plaist me fere ce bien de le croire, ce me sera le
plus grand hur (sic) et conteritement que j'aye desire de ma vye.
De Bourdeaulx, le quatriesme avril 1572.
Sire, je supplie le Creatcur vous donner en parfaite sant6 et pros-
p^rit^ tres longue et heureuse vye.
Vostre tres humble et tr^s obeissant subject et serviteur,
FRANgOIS DE Foix (1).
(1) Bibliotbdqae Nationale, Fonds francais 15554, p. 44.— A la page pr^cdd«Dt6
da mdme volume, on trouve la lettro soivante da nevea de I'dvdqae d'Aire : < Sire,
j'ai recea les lettres qu'il a plea & Y. M. m*envoyer me commandant par icelles sor-
tir ces gens que j'ay mis au prieurd de la ReoUe pour le maintenir et conserver i
Fran^oys Monsieur mon onde, lequel prieurd, Sire, vous voulez raster et domeurer
i Monslear I'evesque de Dacz, vostre ambassadeur en Levant. Je vous pays bieo.
Mtarer que, k mareqoeste, i) n'y a bomroe dans ycelluy prieur^. Si mondictsieur
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^ 155 —
J'ai lrouv6, a la Bibliolhequc natioiiale, uae autre letlre
inedite dc FraQfjois de Foix, en tete d'un manuscrit egalement
inedit intitule: Traict^diiSaint'Sacrementpar lequelplusieurs
intelligences divines, jusques a present couvertes, sontesclair-
ciespour rendre la cognoissance d'icelluy pur gee de la pluspart
des disputes qui perlurbent ce jourd'huy grand nanibre du
peuple de LHeu, le tout prim des sainctes lettres par Francois
monsieur de Foix, de la famille de€andalle, captal de Buchz,
el evesque d'Ayre (1). La voici :
Au Roy.
II plairra, Sire, a Vostre Mageste avoir souveaance que, au mois
d'aousten Tan du salut 1566, je presentay a Villiers Cousteres au
feu roy vostre frere Charles de bonne memoire, ung livre faict sur
les ellementz de la geometrie qu*il luy avoit pleu me commander luy
estre d^di6. Je receuz lors de vostre clemence cest honneur, de ce
qu*il vous pleust en accepter ung de ma main avec tel signe de
contentement, que j'eulx ung grand ennuy de n'avoir qiielque aultre
oeuvre de mon trabail pour avoir cest honneur de la d^dier a Vostre
Mageste, et parvenir k I'heur de vous faire quelque servisse. satis-
onele en y a, je ne sc&y qui le meat a y en tenir. Tant y a, Sire, que je says resola
vous aller tr^s hamblement baiser les mains et recepvoir les commandenientz des-
qaelx il vous plaira m'honnorer. Je verray y allant Monsieur Tevesque d^Aire» mon
oncle, et sgauray de lay I'occasion pour laqnelle ii s*est mis dans ledict prieurd afin
que je on puisse randre eonte certain & V. M. pour ayant entendu ce qui en est, il
vous plaise en ordonner vostre volont^. Cependant vous baisant tr^ humblement
les mains, je prie Dlea, Sire, vous maintenir en tres bonne sant^ et donner trds Ion-
gae et trds prosp^re vie.
De Castelnau de Barbarenx eo Astarac, ce premier d'avril 1572.
Vostre trds humble et tr^s ob^yssant suget et serviteur
Herrt db Foix. >
Henry de Foix fut lu^, I'ann^e suivante, au si^ge de Sommidres. Son pr^coce tr^.
pas fut d^plord par un poete gascon, Jean de la Jessie : Gessei Mauvetii in obitum
nobil. Uenriei Flussatce, comitis Candall(B, ncenia, Paris, 1573. Le po6me est d6di6
a Francois de Foix, ^vdque d'Aire. La Gessde composa sur le mdme snjet un autre
opuscule intitul($ : le Tombeau de Henri de Foix, et dddi^ au mar^chal d' Anville,
beao-frere du jeune eomte de Gandalle ^Paris, 1573. petit iiT-8o de 13 feuillets).
(1) Fonds francais, 1886. ln-4o de 144 pages.
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— 156 —
faisant plus a rinfinnit^ de mon esprit qu'a la grandeur et dignite
de voz -vertuz, qui a este cause, Syre, que voyant sur la fin de mes
jours qu'il a pleu a la bont^ divine inspirer le cueur de Vostre Ma-
gest^, qui est en sa main, k la culture et v^n^ration d'une si ardante
et exemplaire aSection, je me suys ing^r6 de presenter a vostre tres
chrestienne cl^mence ung petit traict^ que j'ay extraict du sens et
intelligence de la Saincte Escripture de Dieu, et ensuivant ses sainctz
propoz et observation de sa Saincte Esglise, par lequel je tache i
contenter toutes gens qui pourroient estre desvoyez de la vraye cul-
ture et v^n^ration, que tout chrestien doibt au Sainct Sacrement de
TEucharistie de Jesu Christ, pour metre poyne de ma part a retirer
et concillier toutes oppinions crrantes a la vraye affection et intelli-
gence de ce tres heureulx benefice que nous recepvons de sa mise-
ricorde, tant qu'il plaise k la divine bont^ reassembler comme Jesu
Christ le nous a d^clair^, toutes ses brebis ensemble (Joan. 10), k celle
fin que ung pare soit fait [et] ung pasteur, et que ceppendant toutz
les masques et argumentz materielz que plusieurs imposent sur ceste
divine communication, soient banys et rejectez, et que a la provoca-
tion des sainctz exemples de Vostre Maieste, tout vostre peuple soit
induict k v^n^rer ce bon Dieu en sainctete et justice, et comme Jesu
Christ le d^clara a la Samaritaine (Joan. 4), Tadorer en esprit et ve-
rity, metant arriere tant d'arguments et sillogismes mat^riels qui
n'ont aucun lieu, mais empaichent I'intelligence des choses divines
et incorporelles, produitz par noz afiections tenantz grandement du
defiault, que nous a laisse nostre premier pere, abaudonnant Tamour
et cognoissiince de Dieu pour Tamour et delectation momentan^e des
choses charnelles et materielles, dont Dieudeclara JlNo6 (Gen^se, 6)
que rhumain lignaige en seroit extermin^ pour avoir plus v6n6re la
chair que I'esprit, de maniere que la plus grand part de Thumain
lignaige ou presque tout (Syre) a retenu du premier pere ce que
sainct Jehan a tant blasm^ des vivantz, nous conseillant n'aymer le
monde, a cause qu'il est totallement constitue en concupiscence des
choses charnelles, d^sirs des choses venes et excessif usaige de ce
qui nous est donn^ pour la vie, ,a quoy nous vivantz tendons ce
jourdhuy plus que a chercher la gloire de Dieu afifaulte d'avoir co-
gnoissance de nous mesmes, et de penser qui nous sommes, de
quoy nous sommes, et a quoy nous debvons tendre, choses tres n^-
cessaires a Thonmie, pour parvenir a son vray sallut, lequel Jesu
Christ a declare estre la cognoissance de Dieu, et celluy qu'il a
envoye (Joan. 17), ce que Mercure le tres grand a predict 2000 ans
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— 157 —
auparavant (1), declarant que cognoitre Dieu (chap. 10. Sect^ 15) est
le vray sallut, la seule montee au ciel, et la perfection de Tdme, et
plusieurs aultres propos concernanz la doctrine de Jesu Christ lors
future et proedisant la plus grand part des articles a nous laissez par
les Appostres depuis sa mort et passion. Et de tant, Syre, qu'en TEs-
glise universelle les poinctz plus requiz a Tintelligence de la Saincte
Eucharistie pour conclure et declarer ce qu'elle en a voUu arrester
ont est^ exposes par argumentz et moyenz obscurz et difficilz, il est
nay sur ces difficultez accompagn^es d'aucunes passions et entre-
prinses grand nombre de dissentions, disputes et d^batz resistanz
auk sainctz decrets et resolutionz concludz par la Saincte Mfere
Eglise universelle, pour lesquelz concillier ensemble et esclaircir
nous avons recherche aultres argumentz, voyes et moyenz prins et
deppendantz des Sainctes Escriptures et leur doctrine, gardant par
iceulx rhonneur et gloire de Dieu, la teneur desdictz decrets et resol-
lutionz et Tesclaircissement de leur intelligence au plus prfes de
nostre possibility, lesquelz n'estant encore veuz de plusieurs per-
sonnes de sgavoir aulcunz pourroient trouver si estrange la nou-
veaut^ des argumentz et raciocinations que, avant les juger, ils n'au-
roient la p^ssience de consid^rer ce qu'ilz concluent et dtoonstrent,
bien qu'il soit conforme aulx resoUutions de TEsglise et Sainctz Es-
criptz, chose qui nous a meu a presenter ce traict6 k Vostre Magest^
et trfes heureulx entendement, et le remetre a ce qu*il plaira k vostre
prudence et tres saing jugemeni en disposer, estimant k grand
heur et honneur s'il se trouve digne qu'il plaise a Vostre Magest6
luy donner quelques heures perdues Jule veoir, pour Tayanl mesme
veu, discerner s'il sera digne de servir au peuple qu'il a pleu au bon
Dieu commetre a vostre trfes digne prudence; dont le bon plaisir de
Vostre Mageste sera (Syre) que, aprochant le bout demes ans, j'aye
cest honneur et favour qu*elle aye regeu ce mien petit labour agr^a-
ble, ensemble I'affection, debvoir el obligation que j'ay heu toute ma
vye, d'employer toutes mes forces et capaoitez k faire le servisse que
je doy, et ay deu a Vostre Magest^ et quatre pred^cesseurs d*icelle
qui m'ont tant honore, de trouver bonnes mes imbecillitez, dont tant
moy que les miens, leur sommes demeures, et k vous, Syre, trfes
humbles et tres obeyssantz serviteurs et subjectz trfes fidelles. Dieu
(1) Francois de Foix s'appnie sonvent, dans son traits, sur les liyres herm^ti-
qiies. II les cite ainsi, par exemple (p. 10) : c Comme Ta escript Mercnre le trds
grand, disant que tous les premiers animaulx avoient est6 crdes ambisexes, ensem-
ble I'hommo-.. »
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—. 158 —
par sa mis^ricorde donne la grace a ce peu qui restons de pouvoir
employer les personnes, vyes et biens k quelque hureulx servisse
faict a Vostre Magest^, a laquelle par sa divine cl6mence, il plaise
donner tres heureuse grandeur, tr^s saincte et longue vye et son per-
p6tuel gr^ et retribution a Tadministration et dignity de vostre Estat.
Au chasteau de Puippaulinen Bourdeaulx, le 24 de juing Tan
1584 (1), par vostre trfes humble et tr^s obeyssant serviteur et subject
trfes fidelle,
F. DE Poiz (2).
Voici enfin une lettre ecrite par Francois de Foix, trois
ans avant sa mort, au bordelais Bernard de Girard, seigneur
du Haillan :
Monsieur,
Les raisons que vous m'av6s desduittes par la lettre qu'il vous a
pleu m'escrire qui sent conformes k celles que j*ay fait entendre a
Monsieur le chanseiller, m'ont fait entreprendre la porsuitte de mon
Evocation, et si je me suys persuade qu'il s'y pourroit presenter de la
difficult^, je me suis voleu faire acroyre ausy que me faisant ce plai-
sir que de vous en mesler vous les pourrez lever k I'androit de mon
diet sieur le chancelier, auquel vous sgaur^s tres que bien represen-
ter les justes occasions que j*ay de vouloir decliner de ce Parlement,
ce que je vous prie de faire et me continuer ceste bonne volenti qui
m'est une confirmasion de vostre affection laquelle je desire reco-
gnoistre, mais ce sera avec autant de bonne volenti que je salu evos
(1) Trois ans pins tard (31 ddcembre 1587), HeDri III nomma Francois de Foix
eommandeiir de Tordre da Saint-Esprit. On conserve, a la Bibliothdque natlonale,
dans le fonds Sainl-Esprit (3327, t. ix, fo 126), nn portrait a Tencre de Chine de
Francois de Foix. Ni ce portrait,*ni aucnn autre, ne sont roentionn^s dans le cata-
logue iconographiqoe dn tome iv de la Bibliothique historique de la France. —
Henri III demanda vainementi la conr de Rome on chapean de cardinal ponr 1'^-
v6que d'Aire. c Le cardinal de Joyeose, > selon Amelot de la Honssaye (note de la
page 297 da tome i des Lettres du cardinal d'Osiat, 1708), < rendanC compte k
Henri III des instances qo'il avait faites a Sixte-Quint pour la promotion de M. de
Candale, dvdque d'Aire^ au cardinalat : Jen'eus, dit-il, autre rdponse de SaSain-
teti que coUre et paroles facheusetf qui seront mieux teuet qu'escrites, »
(3) Le traits de rEacharistie, dont ancun biographe de Francois de Foix n'a fail
la moindre mention, est h^riss6 de citations grecques ct h^braiques. J'avone qu'il
m'a paru peu intelligible, excepts dans la partie quioffrd {h parlir dela page 92) des
Exemplet de responses hriefves qui peuvent estres (aides aulx objections proposhs
conlre le Sainct Sacrement^ par ceulx qui par faulses intelligences de la nature di-
vine tendent d suhvertir.Vhonneur et rMrence qui luy est dheu par le vray fidelle.
11 y a 14 trente-sept objections suivies d 'autant de rdponscs. L'avocat du bon Dieu
bat d'ane manioro ^crasante l'avocat du diable. La Gascogne a un th^ologien de plus.
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— 159 —
bonnes graces de mes affectionn^es recommandations, priant Dieu,
Monsieur, en sant4 vous donner tr^s Ipngue vye.
De Bourdeaulx k Puypaulin ce xxy* juillet 1591.
Vostre mieulx aflfection6 a vous obeir.
F. DE FOTX.
A Monsieur du Haillan, conseiller du roy^ secretaire de ses ^-
nancesy historiographe de France (1).
Le volume S02 de la collection Brienne (Bibliotheque na-
tionale) renferme (p. 183 et suivantes) une copie du testa-
ment olographe de Francois de Foix^ date du 15 mai 1592.
J'avais d'abord eu Pintention de donner ici celte copie tout
enlifere, mais un ami tres-competent, que j'aiconsultesurce
point, croit que ce document a deja ete imprime (2). La
crainte du double emploi me decide a ne publier in extenso
que les deux premieres pages, et a faire connaitre les autres
par extrait ou par analyse :
Monseigneur Dieu, pere, cr^ateur tres element et misericordieux,
bien facteur, en bon nom de ton fils Jesus-Christ et de ton Sainct-
Esprit, je te supplye tres humblement voulloir conduire ce reste de
ma vie sous I'oh^issance de tes commandemens et volontez, et que,
apres mon decedz, ton bon plaisir soit de retirer Tame qu'il t*a pleu
me donner sous le pardon de mes oflFenses, .pechez et d^sob^issan-
ces en tes mains, ne fondant mes prieres sur ma justification, mais
sur la multitude de tes mis^ricordes et bont^s, pour estre iliec uny
par le m^rite de ton filz Jesus-Christ m la vraye unit6 qu'avons ac-
quise par les graces m^rit^es de sa moit, passion et resurrection
par son bon plaisir et liberalle misericorde. Je te supplye, bon Dieu,
davantaige me donner tanl de grace que avec ton bon plaisir je puisse
disposer par cette mienne dernifere volenti des choses qu'il t*a pleu
commettre en ma puissance et disposition, recognoissant en cet en-
droit les bienfaiz que j'ay regeu de ta bont6 et misericorde et la bonne
volont6 de ceu^ qui par la grace m*ont est^ byen aflfectionnez k ce
(1) Bibliotbiqne nationale, Fonds francais, vol. 20480.
(2) Ce lestameDt a ^t^ ci{6 par I'abb^ Baorein, leqoel dous appreDd qn'il fot re-
mU cnire les mains du notaire Gbadirae le 20 Janvier 1593 (Varidtis bordeloisest t. ii,
p. 24). Mais le docte arcbiviste a commis one grosse errear en disant que Francois
de Foix instUaa son h^itidre aniverselle Marie de Foix, vicomlesse de Riberac. On
va voir que rh^ritidre universello du prdlat fat sa niece Marguerite de Foix.
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— 160 —
que, aprez moy, ilz se puissent servir et substanter des biens qu'il
t'a pleu me donner, et les employer a ton service, gloire, louange et
secours des tiens.
Je laisse ma sepulture avec celle de mes parens aux Augusiins de
Bourdeaux sy je deccede en lieu duquel mon corps y pufsse bonne-
ment estre conduit, ausquelz en ce cas je legue mil livres et les prie
prier pour moy Dieu et laisse pour bastir ung sepulcre au coeur dc
leur eglise sur nostre cave, selon Tadvis et aflfection de mes execu-
teurs qui sont, pour le plus hault du prix de six mil livres toumois,
oil seront unis les corps et escriptz les noms de feu dame Jacque-
line, ma sceur (1), et mien, laquelle m'a layss6 le bien pourcc faire,
etau pied, devers le grand autel, sera escript tel ^pitaphe que noz
ex6cuteurs adviseront (2), et laisse pour mes funerailles qu'elles se-
ront faictes comme celles qu*on a accoustum6 de faire a Messieurs
nos parens, et sera pri^ la Cour de Parlement par mes parens ou
ex&xuteurs de nous faire Thonneur de sa presence en corps, comme
il fust cy devant faict en Tan mil cinq cent huictante un aux fune-
railles de feu dame Jacqueline, ma dicte soeur, au moys de febvrier,
ou la cour assista, voir lever et conduire le corps, et assista a tout le
service et nous honora de sa presence, et pour les frais desditz ob-
sfeques je laisse quatre mil livres. Et sy mon corps est mis ailleurs,
je laisse les dictes cinq mil livres, c'est a dire les quatre mil livres et
les mil des Augustins, pour estre employees semblablement au lieu
ou il se trouvera sy faire se peult, ensemble des dictes six mil livres
du sepulcj^e en seront employees quatre mil pour faire le mien et le
{I) Le nom de JacqneliDe de Foil a M onbli^ dans la plapart des genealogies de
la famille de Foix, notamment dans celle da Moreri de 1759. L'abbe Baarein, qui
n'a pas conno Charles de Foix-Gandalle, mentionne, en revanche, sa soeor Jacque-
line (t. II, p. 24).
(3) Le Gallia Christiana nons a conserve repitaphe plac^e sar le tombeaa de Fr.
de Foix par sa soenr, Marie de F«ix (qni avaitete marine en 1551 avec Guy d'Ay-
die, vicomte de Riberac): Ejus cadaver insigni maosoleo, qnod ex marmore etsre
fabrefactnm conspicitnr in choro aedis Angustinianornm Burdigals, veteri Candala^
dynaslanim a mnliis annis monnmento, conditom est. Maria aotem Candala soror.
fraternsD caritatis memor, pyramidem erexit, cni inscriptnm hoc epitaphiom :
« Francisco Fluss. Gandalffi principi B. R. P. N. genere et ingenio clarissimo,
doctrlnaetvirtutemaximo.fratri carissimoex ocuHs hominum, non ex me-
moria erepto, Maria Pluss. Candala R. soror moerens hoc monumentam posait.
In eodeoD cor illius claosit, ac snum qnando esse desierit, una concludi volait.
ut cineres etiam fratemae concordiae specimen prsebeant, et Concordes post fata
jaceant, qui Concordes semper vixerant. Vixit annos 81 menses 5 dies 20. Obiit
anno salutis udxciv. t^
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— 161 —
tout a la discretion de mes ex^uteurs qui y pourront estre ou com-
mettre personnes capables et fidelles en leur absence.
Et parce que dame Marie, ma scBur, dame de Riberac, comme
heritiere necessaire peult pretendre par la costume de Bourdelois
quelque part sur ma legitime patemelle seuUement, a cause que la
matemelle ny quelque partie de la patemelle estant hors du Bour-
delois n'y sont sujettes, je d^claire pour conservation et restauration
que je desire ramener en nostre maison, selon mon petit pouvoir, ce
que autresfois je y ay veu ou que j'en ay peu sauver pour le remet-
tre en la main de ma niepce, et d'ailleurs satisfaire ma soeur de la
part et fons qu*elle pouvoit pretendre en ce que la coustume lay or-
donne a ce que le fons ne s'esgare de la maison, selon mon possi-
ble. A ceste cause, je legue a ma dicte soeur, par usufruict, sa vie
durant, tout ce qui m'appartient a present en M6doc soit du bien
venu de nostre maison ou acquetz qui ne sont sujetz a rachapt, en-
semble le chasteau de Puypaulin dans Bourdeaux avec ses rentes et
devoirs k la charge d'entretenir les bastimens, reparations et autres
choses sujettes k ruyne.
Fr. de Foix legue encore a sa sceur 24,000 livres qu'elle
lui doit sur Montagrier (1), 14,000 qu'elle lui doll sur Mon-
cuq (2), 24,000 qu'elle lui doit sur un domaine situe en
Bretagne,
II legue a Gaston de Foix, sieur de Villefranche, son ne-
veu (3), la terre d'Ambes (4) acquise de M, de Lanssac pour
26,000 livres, ensemble des pierreries, « pour partie de ga-
rentie,,. Et si mondict nepveu est encores mineur, les dictes
pierreries seront mises en mains solvables jusques k sa majo-
rite. Je luy legue davantaige tout ce que mon frere, son pere,
me pouvoit debvoir de quelque part que ce soit, etsi d'a-
venture ledict Gaston ou aultre pour luy veult impugner, de-
baltre ou quereller contre ma vollonte ou celle de mes execu-
teurs executant icelle ou empescher autres miens legataires
(1) Anjonrd'hni chef-lieu (fe canton da d^partcmenl de la Dordogne, arrondisse-
menl de Riberac.
(i) Chef-iiea de canton da d^partement da Lot, arrondissement de Cahors.
(3) Gaston de Foix, fils de Charles, seignear de Villefranche.
(4) Commune du ddpartement dc la Gironde, arrondissement de Bordeaux, canton
du Carbon-Blanc.
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— 162 —
en leurs droitz refcus de moy, en ce cas je veux que ce legat
aille a ma dicte scBur dame de Riberac. »
Le lestateur, apres avoir rappele qu'il n'a pu 6tre paye de
certains debiteurs (fermiers et autres) « qui doibvent grandz
sommes, » el « que les emotions ne m'ont permis de conlrain-
dre, » declare qu'il legue tout ce qui pourra lui etre du, de ce
c6te, a sa niece Duchesse (1), et 11 donne et legue k la meme
les rentes et peages de Langon (2), de Cadillac, certains droits
de pacage dans la foret de Targon (3) achetes des sieurs de
Budos et Ricaut. II lui legue aussi tons les biens immeubles
qu'il possede en Medoc, le chateau de Puy-Paulin, avec ses
appartenances, « Cadillac et Podensac (4) que j'avois relenu
pour ma vie durant, le tout pour en jouir comme s'en suit, a
savoir, de Puy-Paulin et Medoc et terres qui en dependent
apres le deces de dame Marie, ma soeur, dame de Riberac,
laquelle j'en laisse vestue et possesseresse pour sa vie durant.
Seullement et apres son deces, j'entends que ma niepce d'E-
pernon, avant jouyr de Medoc ny Puy-Paulin, fasse reparer
a mon nepveu de Villefranche le dommage qui lui a esle faict
en ses biens de ma mere, quMl en soit entierement desdom-
mage et remis en iceux sans perte aucune... »
Fr. de Foix legue encore a sa meme nifece les 36,000 livres
qu'il placa « a Thostel de Paris, » et la moitie des arrerages de-
ladite somme, « pourveu qu'elle donne Pautre moitie des arre-
rages aux pauvres de Dieu. » II lui legue, en outre, tout ce
qui pent lui etre du du revenu d'Estrac (Astarac).
Je l^gue a damoiselle Renee de Jousseratz tous les droits qui m*ap-
(1) Marguerite de Foix, comtesse de Candalle^ fille de HeDri de Foix et de Marie
de Montmorency, et petite-fille de Frdd^ric de Foix, d'une part, do conndtable Anne
de Montmorency, d'autre part, marine (7 aoiit 1587) avec Jean-Louis de Nogaretde
La Valetto, due d'Gpernon, morte dans sa vingt-sixi^me ann^e, en 1593, apr^ avoir
disp086 en favour de son mari de tout ce qu'il dtait possible de loi laisser.
(2) CbeMieu de canton du d^parlement de la Gironde, arrondissement de Bazas.
(3) Chef-lieu de canton du mSme d^partoment, arrondissement de La R^ole.
(4) Chef-lieu de canton du m^mo d($partement, arrondissement de Bordeaux.
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— 163 —
partiennent sur Tacquet que j*ay fait sur Laffitte (1) et Bessan (2)
achet^s au seigneur de Vaillac, et pour son logis sa vie durant dans
Bourdeaux, je luy Ifegue la maison que j'ay acquise de Morimat avec
le jardin, le toutdevant, apres son dtees, estre r^uni au chasteau de
Puy-PauKn. Et parce que j*ay grande obligation a ladicte Jousseratz
a cause des services et secours qu*elle a cy-devant faict a feu ma
soeur et a moy, je lui laisse le droit de choisir pour meubler sa mai-
son les meubles qui sont en mes maisons, fors de mes trois cham-
bres et une salle oil j*ay accoustum^ de loger.
11 legue encore a cette personne, qui diseeourusa vie, « un
esluy et petite vaisselle d'argenl y contenu et un bassin a la-
yer et mes petits chandeliers ouvres d'argent. »
Je donne et legue aiix pauvres de Dieu mil cinq cens escus dont il
sera bailie cent livres k chacun des sept convents, k savoir : Grande
et Petite Observance, Jacobins, Carmes, La Mercy, Feuillans et Fil-
les de I'Ave-Maria, et seront requis de prior pour nous; et le reste sera
employ^ a tant de pauvres de Dieu qui soufirent secretement sans
s*oser descouvrir, et sera cherche le roUe de mon aumosnier, doyen
de Cadillac, pour pauvres qu*il a accoustum^ d'ayder tant k Cadillac
qu'a CastelnauetPuy-Paulin.
Le testateur veut que tous les mois il leur soit distribue
quarante livres a chacun, et il recommande que Ton fasse
choisir les pauvres « par gens de bien. »
Fr. de Foix institue sa soeur, la dame de Riberac, son heri-
tiere universelle, pour le cas oil dame Marguerite, duchesse,
sa niece, refuserait d'accepter les conditions du present tes-
tament.
Je legue k Jehan de Bonassier, dit Launac, ma mestairie de La-
daux (3) et ce pour le temps pendant qu'il distillera aux Augustins
de Bourdeaux par chacune ann^e dix livres de mon eau magistrate
(1) Chateau situ^ dans le m6me d^partement, arrondisseroent de Lesparre, eanton
et commune de PauiUac.
(2) Chateau dans le mdroe d^partement^ arrondissement de Bordeaux, canton de
Caslelnan, commane de Soussans.
(3) Commune dn d^parteroent de la Gironde, arrondissement de La R^Ie, canton
de Targon.
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- 164 —
que je luy ay apprins a faire (1) et six fiolles tenaas une once cha-
cune pour secourir les pauvres malades qui en auront besoing, et
veux que si Launac ou les siens cessent de bailler chacune annfe
auxdicts Augustins dix livres de ma dicte eau bonne et fidelle, comme
je Fay accoustume la faire, le seigneur de Puy-Paulin puisse pour-
voir d*un autre qui fasse bien ladicte charge, si ce n*est qu'il laisse
par maladie ou autre legitime empeschement, et en ce cas il four-
nira Tann^e suivante dix livres de ladicte eau, outre Tordinaire, et
s*il ne le fait, ladicte mestayrie sera baill^e k celluy qui accomplira
la charge, et s*il advient qu*il ne se trouve plus honime qui fasse la
dicte eau comme doit estre, je veux que la mestairie soit aux Augus-
tins de Bourdeaux jusques a ce qu'il se presente homme qui bailie
caution de faire ladicte eau et la vendre fidellement, comme diet est,
et pendant que ladicte eau sera vendue au relligieux, que les Au-
gustins nommeront pour la d^partir, j*en tends que ledict relligieux
n*en exigera aucun prix d^argent ou salaire. Vray est que si le mal-
lade n'envoyefiollepour mettre ladicte eau, le relligieux luy en pres-
tera une des six qu'il aura rcQCu, en luy laissant pour gage double
prix que couste la fioUe, car autrement les pauvres malades ne se-
roient secourus selon mon intention.
. Je veux et entends que tout ce qui me pourra estre deub apres
mon dfees soit employ^ aux pauvres d*Ayre et rf^paration de Teglise
de Tevesch^.
Je nomme ex^cuteurs de mon testament ladicte dame de Riberac,
ma soeur, damoiselle Ren^e de Jousseratz, Frangois Barbier, mon
vicaire, et Anthoine de La Forestie, abb6 de Mizerey. •
Fr. de Foix alloue une somme de 500 livres k chacun de
(1) Scdvole de Sainte-Marthe (p. 432 de la traduction de Gnill. Colletet), usant de
la figure de rh^torique Dorom^e apostrophe, dit a ce sujet : c Mais surtaut je ne scaa-
rois assez louer ce salutaire elixir, c'estainsi quetu appellesce merveilleux antidote,
que tu trouvas avec une peine et une assiduite merveilleuse; et ce qui rend encore
ton invention plus utile et plus considerable, c'est le soin que tu as pris de la com-
maniquer a la postdrit^. Gar pr^voyant bien que les hommes pour curieux qa'ils
soient des beaux secrets de la nature, ndgligeroient enfin la composition et I'usagd
de celui-cy pour sa grande despense, tu voulns obliger le public jusques au poind
qu'apres luy avoir donnd un si rare secret, tu le lay voulus conserver encore par
one notable somme d'argent qu« tu destinas h cet effect, et que tu ordonnas de pren-
dre tous les ans sur ton bien. » Rappelons ici que Dora Denis de Sainte-Marthe a
insure dans le Gallia Christiana nn long fragment du Livre iv des Elogia, relatif
a Fr. de Foix, disant : « Sed satius est ejus elogium a gentili roeo Scaevola Sam-
martbano elucubratum referre, quaro in novo scribendo tempus terere. »
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-- 165 —
ses quatre executeurs testamentaires, pour les indemniser de
la perte du temps qu'ils employeront a ses affaires.
Le testateur veut qu'on le mette dans « un sepulcre de
marbre de Comminge, lequel aura A pieds de large, 8 pieds
de long, A pieds de hauteur, environne d'une grille quadran-
gulaire en pointes pour n'y appuyer aucune chose dessus. »
II veut que par-dessus soil posee une table de marbre noir
destinee a recevoir une epitaphe.
Enfin, rev6que d'Aire veut que, si les enfants du due d'E-
pemon viennent a mourir, la fortune passe a Gaston de Foix
et a ses enfants, s'ils sont catholiques, ou, a leur defaut, au
principal catholique descendant de la race de Gaston de Foix,
marquis de Trans, jadis seigneur de Melye (1), « puisnfe de
noslre maison (2). »
Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
(1) Sic pour Meille, vicomt^ od Aragon, poss^d^e par Jean de Foix, comte de
GorsoD, p^re de ce Germain-Gaston de Foix, marquis de Trans et comte de GursoD,
doot le fils, Loais, dpousa cette Charlotte-Diane de Foix, c^l^br^e eo vers par Flori-
mond do Raymond etpar Pierre de Brach, en prose par Michel de Montaigne-
(2) Fr. de Foix avail achel^, le 25 f^vrier 1562, a pacte de rachat, la terre d^
Vayres a la reine de Navarre {Droits de p^age et de passage dans la juridiction de
Vayres, etc., par M. Ldo Drouyn. Actes de I'Acaddmie de Bordeaux^ 1869, p. 355.)
Mais il n'en ^tatt pas possesseur en 15s^2, comma le prouve le silence qa'il garde
dans son testament ao sujet de cette terre.
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Uiij —
LtGENDE ET HISTOIRE.— ^UDE CRITIQUE
SDR
Saint Sever, roi des sgtthbs, et ses compagnons.
{Suite) (1).
VI.
M. A. Curie Seimbres, dans ses Qrudiles Recherches siir les
lieux habites par Sulpice-Sev^re, a ete frappe des coinciden-
ces de rhistoire avec certains details substantiels de la legende
saint-severienne. Iltrouve reunis a Primuliac les norns d'un
Severe et d'un Clair, et il se demande si Sever serail Sulpice-
Severe. Claude Estiennot lui offre un nouvel appoint, en adjoi-
gnant un martyr du nom de Cassien aux compagnons de
martyre de notre heros; mais Claude Estiennot s'est mfepris;
un coup d'oeil jete sur la p. 174, 1. 1, de YHistoriamonasterii
S. Severi suffit pour faire voir que la citation est inexacte.
Dans lous les cas, je ne puis que loner, on lecomprend bien,
les confrontations laborieuses auxquelless'estlivre M. Curie
Seimbres; je me permettrai meme de lui en suggerer encore
une a faire. L'auteur pseudonyme des Chroniques du Bdam
el je ne sais trop quelles traditions locales fixent a Pouliac,
dans le Vic-Bilh (autrefois Primouliac, a ce que pretend le
faux et pen exact vicomte d'Asfeld), le Primuliac de Sulpice-
Severe, et a Ta7*on, le lieu de sa seconde eglise. Entre les deux
localites se trouve Clarac, riche comme elles en mines anti-
ques. Tout n'a pas encore ete dit sur ces quartiers, et Ton se-
ll) Voir la livraison de Wvrier, p. 63.
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~ ir»7 —
rait heureux si quelque inscription lapidairo venait montrer
un jour dans le raysterieux sarcophage deTaron(l) etdans
ie vocable de Clarac la sepulture et le nom de Clarus, |^ami
de Sulpice-Severe, le disciple de S. Martin.
Que de questions nous devons poser, avant d'obtenir une
pleine reponse! Aidons-nous, aidons-nous loujours a rendre
les resultats moins lointains.
J'ai opine pour la distinction de Sulpice-Severe et du martyr
saint Sever. L'individualite du dernier m'apparait trop bien
assise sur son titre de roi de Barbarie comme s'expriraent les
textes que j'ai cites tout a Theure, de roi des Vandales exile,
de prince africain; c'est la une de ces bases qu'on ne va point
placer apres coup au-dessous de la statue.
Quant a la sincerite de sa conversion et a son apostolat, je
n'ai nullement la pensee de les revoquer en doute, malgre
lout cequ'il pent y avoir de politique ou de legitimement hu-
main dans les reflexions que jepourrai faire : loin, d'etre v6-
ritablement opposees, ces choses-la s'expliquent et s'appuient
le^ unes les autres.
Je me demande meme comment il se fait que I'histoire nous
montre Godagis exile, sans nous rien dire de pareil sur son
frere Gonthamund; comment celui-ci devient roi a sa place,
tandis qu'il n'est question ni dela mort du legitime heritier,
ni d'aucune cause persistante de docheance; comment enfln
Gonthamund se montra provisoirement favorable aux catho-
liques; et au milieu de toutes ces lenebres, qui ont intrigue
les historiens, je voudrais bien savoir si Texplication la mieux
d'accord avec tout ne serait pas que Godagis avait reellement
abdique par vertu et exig6 de son frfere, en retour de la cou-
rpnne/la delivrance deseglises numides affligees.
Qupi qo'ilen soit, le prince vandale de notre legende ad-
diquaetseflt ap6lre, et c'est son apostolat qu'il nous faut
acluellement etudier.
(1) Voir le t. ii, p. 462 du present Bulletin.
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— 168 —
« Avec ses six coinpagnons, il s'embarque au port d'A-
charon, et, apres quarante-six jours de traversee, aborde a
Jopi^. »
A moins d'admettre Finterpretation dc la legende donnee
posterieurement a celle qu'on me reclame, par le docte cha-
noine M. Pedegert (Hist, monast. S. Sev., t. ii, p. 367), ou ne
se fut pas atlendu a rencontrer ici le port d'Acharon, et ces
quarante-six jours de navigalion du port d'Accaron a Joppe,
ville si voisine, demanderaient de la part de la Iqgende une
explication qu'elle nedonne pas. Mais si c'est plutdt en Afri-
que, soit a Acholla, soit ailleurs, qu'eut lieu le depart, la chose
est plus simple.
II etait, du reste, trfes-naturel a nos Africains de faire voUe
vers la Palestine. La venait de se refugier, je Tai fait obser-
ver deji, une tante de Godagis, Eudocie, seconde femme el
captive de Huneric, fuyant un epoux et un persecuteur qu'elle
detestait.
« Apres cent vingl-trois jours de peregrination, ils se rem-
barquerent pour aller vers le Nord. » Ainsi faisaient bi§n
d'autres emigres; Constantinople en accueillit un certain noni-
bre, et les princes exiles surtout savaient tendre les bras vers
Tempereur d'Orient, leur allie. Mais des vandalesne pouvaient
etre tres-bien venus dans ses Etats, depuis que Huneric avait
voulu y procurer .toute liberte aux predicants ariens.
« Justin dit alors a G^ronce : a Pourquoi n'irions-nous pas
» a Rome? C'est a notre depart, repondit ce dernier, qu'il eut
n fallu le faire. Qui, allons a Rome, s'ecria Sever. » — II y
avait a Rome, en ces jours-la, un homme apostolique plein de
sagesse et de vertu, c'6tait le pontife Eugdne. Sever alia le
trouver et lui dit qu'ils etaient venus consulter le Siege apos-
tolique pour savoir ce qu'il leur serait plus opportun de faire
dans le service divin. Sur Tinvitation d'Eugene, ils passerent
a Rome un peu plus d'un an. »
Nul pontife du iiom d'Eugene ne se montre a nous dans la
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• — 169 —
ville saintc, a Tepoque ou nous nous Irouvons places, et je
ne puis rapporter qu'a saint Eugene, eveque de Carthage, la
substance de ce qu'on vient de lire : il put etre rencontre par
nos exiles, exile lui-meme; il put aussi aller a Rome. En 487
s'y lint un concile charge d'examiner les affaires des eglises
d'Afrique; quatre eveques africains y assisterent, mais non
Teveque Eugene. Est-ce vers cette epoque qu'arriverent nos
voyageurs?
VII.
« Cependant on apprit a Rome que le sang des martyrs
arrosait le sol aquitain. La necessite des eglises persecutees,
Texemple de ses heros, les encouragements du bienheureux
Clair, la parole surtout du Souverain Pontife, tout montrait a
Sever la nouvelle carriere qu'il devait fournir. II partit, et
ses compagnonslesuivirent.Ilsarriverentbientdta Toulouse. »
A part le dernier trait, ce resume est emprunte principa-
lement a la legende de saint Clair. Quant a la persistance des
compagnons de Sever k rester avec lui et a le suivre jusqu'au
cap de Gascogne, les legendes sont trop en disaccord sur ce
point pour qu'il soit besoin d'en tenir compte. Le detail prin-
cipal, c'est la persecution qui sevissait en Aquitaihe, tandis
qu'il n'est question de rien de pareil ni dans le reste des
Gaules, ni en Italie. Avec quoi cela peuWl concorder, si ce
n'est avec la persecution deParien Euric? Dans cette hypo-
these, il faudrait placer TarrivSe de Sever entre Tan 479, date
de la persecution de Huneric, et Tan 484, date de la mort
d'Euric, ou une date posterieure de pen d'annees. Rappe-
Ions-nous que le concile tenu a Rome au sujet des affaires
d'Afrique eut lieu en 487. Mais ce calcul me porte a faire
roster saint Sever en Gaule de longues annees, car je devrai
le faire mourir Fan 507, epoque a laquelle il pouvait avoir
50, 60, 70 ans, etant deja marie, et, a ce quMl parait, sans
Tome XVIII. 12
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- 170 — •
enfants avant Tannee 480. Qu'aura-t-il fait diirant cet iiiter-
valle?
II est temps d'examiner si ce serait lui que nous avons vu
s'etablir a Agde sous le nom du moine Severe.
Le Severe dont j'entreprends Tetude est un personnage en
partie hislorique el en partie mysterieux. Tantdl on ie dit des-
cendant des rois de Syrie, tantdt, comme pour corriger une
, assertion un peu exagcree, on le fait simplement originaire
de cette contrce. Son age pent coincider avec celui du prince
vandale Godagis. Une fut pas pleinement detache du monde
des son arrivee dans laGaule (1); a Teveque d'Agde revient
Thonneur de Tavoir finalement gagne au renoncement evan-
gelique. Mais quel dessein porta ce nouveau venu a s'etablir
dansces regions occiden tales? On ne le dit pas.
II eut pour disciple saint Maxence ou Maixent, autrement
Ait Adjuteur, que les siecles passes (2) idenlifiaient avec Pabbe
Jean Maxence, le trop zele promoteur de la fameuse propo-
sition theologique : « Tun de la Trinite a ete crucifie. » Or,
cette identite n'aurait rien d'etrange si Severe d'Agde etait le
Sever d'Afrique, et Maxence, un compagnon venu avec lui.
On s'expliquerait, en effet, avec quel bon droit Ton a fait de
Maxence un theologien qui plaidait sa cause a Constantino-
ple a la t6te d'une troupe de moines scythes et qui appelait a
son secours les ev^ques d'Afrique, et nous aurions facilement
en lui celui que Clovis, son admirateur, pourrait bien avoir de-
pute a Constantinople, quand il y fit ratifier ses conquetes
sur Alaric. Alors aussi serait-il moins etonnant de voir Jean
Maxence, comme le fait remarquer Pagi, ecrire de si longs
traites en si bon latin, et de plus s'attaquer aux ecrits semi-
pelagiens de Fauste, eveque de Riez et ancien abbe de Lerins.
Je voudrais bien savoir par qui et sur quelles donnees a ete
jadis afflrmee cette identite, car elle serait par trop etrange si
(1) Bolland., 26 aug.
(2) Hist, litter, de la France. -
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— 171 —
elle etait de pure invention. Qu'on Tait nlee depuis, jc le
Contois : la controverse des moines scythes n'avait eu lieu
qu'en SI 9, et Ton supposait rabb6 Maixent mort en 515,
mais cette derniere date, proposee par les Bollandistes, n'a ete
presentee par eux que comme approximative et n'est qu'une
simple hypothese. Et puis, Maixent s'etait rendu aux envi-
rons de Poitiers dans le temps ou, a mon avis du moins,
saint Clair d'Afrique, compagnon de Sever, et aussi Alaric II,
se portaient vers le meme point : cette apparente coincidence
a-t-elle un sens? Je Tignore.
Severe d'Agde eut-il avec Alaric quelques-unes de ces re-
lations qu'entretint avec le roi Arien, d'aprfes la legende,
noire saint Sever? Nous avons vu le farouche Huneric aller
reclamer je ne sais quoi aux habitants d'Agde, dans le temps .
ou il defendait aux catholiques de faire revenir d'outre-mer
rheritier legitime de la couronne; cette ville intervint-elle aussi
dans les affaires d' Alaric?
Ici se presente un evenement d'une haute importance : le
choix d'Agde comme lieu de reunion pour les eveques de tout
le midi des Gaules au celebre concile de 506, avec projet de
se reunir encore prochainement a Toulouse, capitale des Wisi-
goths, avec les ev6ques d'Espagne.
Regulierement, c'etait la grande metropole d' Aries qui de-
vait conserver cette prerogative. L'empereur ponorius avail
statue que les notables, les juges et les evfiques de ce qu'on
appelait les Sept Provinces s'y assembleraient chaque annee,
depuis les ides d'aoiit jusqu'aux ides de septembre, pour avi-
ser aux besoins du pays (1). Les papes, de leur c6le, recon-
naissant dans cette noble ville la vraie « mere de toutes les
Gaules, et la source premiere de laquelle toute cette contree
avail re^u les ruisseaux de la foi et de Tepiscopat (2), » les
papes, dis-je, avaienl assure a ses eveques le litre primatial de
(1) Antcserrc.
(2) Bpist. 19 Episcopor. Gallia ad S. Leonem. — Zozim. ad episcopos Gallia.
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— 17-2 —
vicaires ou legals pruviuciaux clii Saint-Siege, avec rofflcc el
le droit de convoquer de grands synodes el de les presider. Et
voila pourquoi nos conciles meridionaux se tinrent habituel-
lement a Aries. L'annee 506 fit exception. L'assemblee ho-
norienne avait eu lieu a Aire (sinon a Saint-Sever, comma
Tinsinue la legende), Thiver ou Tautomne precedent, a Toc-
casion du code a publier : la reunion ecclesiastique fut con-
voquee pour Tepoque officielle de la fin de Fete, mais a
Agde.
Le monastere de Saint-Severe avoisinait Teglise de Saint-
Andre, choisie pour les seances. Les eveques avaient besoin
d'abriter leurs deliberations les moins politiques derriere
Tintervention de quelquc ami dWlaric el d'ajouter des de-
marches propres a le rassurer. Clovis venait d'abjurer Ter-
reur; plusieurs Aquitains commengaient a tburner vers lui
leurs regards, et sa bouche allait laisser echapper la fatale
parole : « Je ne puis souffrir des ariens en-dega des Pyre-
nees. » L'independance du midi et sa souverainete sur TEs-
pagne etaient menacees. Une seule chose paraissait capable
de sauver le roi Wisigoth : qu'il se declarat ouvertement ca-
tholique.
Qu'avaient done a faire les Peres d'Agde? prouver a Ala-
ric qu'ils ne meriteraient jamais d'etre suspectes de partialile
pour les Francs, comme ne le furcnt que trop, en effet, deux
d'entre eux, S. Cesaire d'Arles et S. Quinlien, venu d'Afrique
pour occuper le siege episcopal de Rodez, et, en outre, il fal-
lait envoyer au prince arien Thomme le plus propre aTeclai-
rer, a lui inspirer de la conQance, a le persuader.
Etait-il un homme aussi apte a remplir ces vues que Tan-
cien prince Severe ? N'cst-ce pas lui, ce semble, qui devait
venir dire au successeur d'Euric ce que disaient pen aupara-
vant au roi Gondebaud les eveques Burgondes, reunis aLyon :
« Que le roi accepte la foi de Clovis, et il sera plus facile aux
prelats de faire d'un rival dangereux un ami d6sarme»?
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— 173 —
Agenouilles sur Ic sol, les Peres du concile avaient commence
leurs sessions en priant le Ciel « pour leur tres-glorieux,
» Ires-magniflque [et tres-pieux (1)] maftre le roi, afin que
» Dieu lui accordat de longs jours et un empire toujours plus
» heureux et plus etendu, gouverne par la justice et protege
» par la valeur; » n'auront-ils pas voulu montrer la sincerite
de leurs vceux ? Si done la leg^nde nous monlre un Sever en-
voye vers le prince des bords de TAdour, il est tres-possible
que ce soit Severe d'Agdc, qu'il ait suivi, a leur retour, le
pretre Pierre, depute au concile par Teveque d'Aire Marcel, et
Tevfique catholique du palais, suppose qu'il faille entendre
ainsi, avec Jager, Xepiscopm de Palatio, un des souscripteurs
des actes conciliaires.
L'identification des deux Severes suppleerait heureusement
a la disproportion de la legcnde de S. Sever avec celle de S,
Clair et a Tintervalle bien long que je dois meltre entre Texii
de Sever et sa morl; d'autant mieux qu'il serait etrange de
voir un, pareil personnage fournir son chemin sans laisser
aucune trace de son passage ailleurs qu'au terme de sa route.
II y aurait encore ce "petit avantage que Jean, son adju-
lem\ ne serait pas le seul ou presque le seul des septcompa-
gnons sur lequel Thagiographie antique n'aurait rien a nous
dire; car, en dehors de Jean Maxence, oil le trouver? serail-
ce dans un certain moine Jean, dont parte Victor de Vite, per-
sonnage, a ce qu'il parait, aussi remnant que I'archimandrite
ambulant des moines scythes, et qui, venu en Afrique d'au-
dela de la mer, se vit poursuivi sans quartier par Genseric,
avec ceux qui le recevaient ?
Mais toutes ces confrontations liniraient par ctre aussi
cxcessives que pen fruclueuses souvent; moderons-les. II faut
pourtant me les pardonncr. Ma situation est celle d'un sujet
qui doit tacher, avec un simple signalement, de retrouver son
prince perdu Ton ne sait ou; iltrouveune premiere physiono-
(l) Ms. de Reims.
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— 174 —
micassez ressemblante et il se dit: Serait-celui?IleQ ren-
contre une autre, et il lui crie : Mais ne vous ai-je pas deja
vu ? L'inconnu se renferme dans son incognito et disparait en
disant: Ten sais fort bien queique chose!...
Sacrifions done a ceux qui n'en voudraient pas I'identite
des deux Jeans et meme des deux Severes; proposons-la a
ceux qui se contentent parfois^ en histoire, d'opinions et de
probabilites plus ou moins fondees; ce qui demeure certain,
c'est qu'il nous est venu un prince demissionnaire dit' afri-
cain et dit vandale que nous nommons S. Sever, et qu'un
prince africain et vandale, herilier presomptifdu tr6ne, a dis-
paru aux yeux de Thistoire sans qu'il reste autre chose de
ressemblant que des S. Severe et des S. Sever.
{A suivre.) Jean LABAT, s. j.
Dans I'article qui suit, je cite, comme on le verra, des pieces extraites de
feulllets manuserits ajout^s des le xvn^ si^cle k un volume imprim6 k Toulouse
en 1673. Parmi les pieces dont je n'ai pas eu k parler [voyez ci-apr6s p. 177,
note) , se trouve une forraule d6pr6caloire contre les malefices (trois pages de
atin),per R. P. Michael. MuranzanrCX Monte Regali, Je cite ce nom d'un
religieux de Montrejeau, en cas qu'il puisse servir, soit k la question litt^raire
des cantiques ga^cons, soit k notre histoire monastique provinciale. On y trouve
aussi un exercicepo6tiqueassezsingulier, dontvoici un 6chantillon quipourra
amusei* quelqUes lecteurs. C'est un quatrain qui se lit en deux famous, hprizon-
tale et verticale, tour de force qui ne [figure pas dans les Amusements philolo-
giques de Peignot :
Je vols
Avec
Peine
Le jour
Avee
peine
je Fois
la nuit
Peine
je vols
parmy
I'amour
Le jpur
la Duit
Tamour
me nuit.
11 y a quatre autres quatrains de ce genre, mais tr6s-raal venus. — l.
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— 17.5 —
DE QUELQUES
CANTIQUES GASCONS IN^DITS
DU XVll*^ SIECLE.
Kous avons fail connaiire, dans ua article sur Frangois
Fezede, cure de Flamarens {Revue de Gascogne, xi, 361),
deux ou trois minces recueils de noels et cantiques gascons
du XVII* siecle. Nous pourrions, en nous aidant des recher-
ches deM. le D' Noulet (1), y ajouter quelques mentions bi-
.bliographiques; mais il faut avouer que cette branclie de notre
litterature, aussi interessante au point de vue phiiologique
qu'au point de vue religieux, resterait en somme assez pau-
vre, soit pour la qualite, soit pour la quantite. Peut-etre, il
est vrai, faudrait-il y joindre de Tinedit. On rencontre
parfois, renfermes dans de pelits cahiers, ou transcritssurles
gardes de vieux livres d'eglise, des chants patois qui peuvent
n'avoir jamais ete imprimes. Pour pen qu'ils aient quelque
merite, il est bon de s'assurer, autant que possible, de Icur
qualite AHnedils et de les publier. En ce moment surtout, ou
les etudes sur les|patois pronnent, sous Timpulsion du Fdi-
Orige, un d6veloppement si remarquable, de semblables publi-
cations ne peuvent manquer d^etre bien accueillies.
Le vrai modele et le recueil le plus complet des cantiques
(l) Essai sur Vhistoire littSraire des patois du midi de la Prance aux XVI* et
XVIP sih^es. Paris, Techener, 1859 (voir le compte que j*en ai rendu daus le pre-
mier voluroe du present recueil, p. 351). M. Noulet a public dernidrement, dans la
Revue des langues romanes de Monlpellicr, le complement do ce travail pour le
xviir siecle; la Revue de Gascogne en rendra compte.
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-. 176 —
patois du xvu* siecle est le livre que publierent, en 1673, les
freresBoade, libraires de Toulouse, sous ce titre: Le Tableu
de la bido del parfct crestia, que represento Vexei'cid de la
fe, accoumpaignado de las bounos. obros, las pregarios, le
boun usalge des Sacromens, etc. L'auteur de ce livre, qui
n'est pas sans merite litleraire, quoiqu'il y ait peu de preten-
tion, etait le P. Amilha, chanoine regulier de Pamiers, mais
qui avait ete longtemps missionnaire dans le diocese de Tou-
louse, son pays d'origine. 11 va sans dire que ses cantiques
sont ecrits en pur moundi, en languedocien. Mais ils se re-
pandirent dans notre Gascogne, meme avant d'etre imprimes;
et les missionnaires de nos contrees se contenterent souvent
de les modifier un peu pour les rendre accessibles a leurs au-
ditoires. Ces rifacimenti sont rarement bien reussis, et Ton
comprend qu'il n'y a pas lieu de publier, quand on les ren-
contre, ces copies imparfaites, auxquelles la purete du lan^
gage manque autant que Toriginalite.
Nous avons parle dans le temps d'un petit cahier manus-
crit appartenant aM. Degrange-Touzin, de Valence-sur-Ba'ise,
et renfermant quelques cantiques frangais et patois. Ce cahier
nous a.montre bien clairement Tusage suivi par les mission-
naires de Gascogne relativement aux cantiques du P. Amilha.
Voici la note qui accompagne ce recueil de* vers pieux : Ces
cantiques conlenus dans ce caye^* se chantoint a la mission
qm feut faite a Condom Van 1664 h laquelle Mgr V^v^quc me
fit Vhonneur de m'agregei' pour confesser avec les Peres de
ladite mission. Or, laissant de c6te les poesies frangaises de
ce petit recueil, on y trouve : deux paraphrases des comman-
dements de Dieu : Mon fil, dont Vage lendre Deu prendre...
et Bos sabe, amno batiado...; le Paler en gascon : Pere cter-
nel, sio benito...; un cantique a la croix : Vivo la croux be-
nasido; et une paraphrase du Slabat : Pres de la croux bena-
sido. Or, ce dernier cantique, le plus remarquable de tons,
est tired' Amilha (p. M3), ainsi que Ic Palo* en vers gascons.
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— 177 —
Et si les autres morceaux du cahier de M. Degrange ne se re-
trouvent pas dans le Tableu de la bido del parfet crestia, il
n'est pas moins clair, par certains languedodanisfnes mal dis-
simules, qu'ils sont, au moins pour la plupart, etrangers a
notre pays par leur premiere origine.
Ce defaul ne les emp6chait pas de devenir populaires dans le
vrai sens et dans toute la force du mot. II y a meme lei chant
d*Amilha que la tradition conserve encore aujourd'hui hors des
limites du Languedoc. Feu M. Tabbe Abadie, missionnaire
d'Auch, me communiqua, il y a une quinzaine d'annees, une
formule rimee et musicale pour demander Taumdne, qu'il
avait entendue dans quelque paroisse du diocese, et dont il
avail pris copie. Je la lui montrai imprimee lout au long dans
le recueil d'Amilha (p. 83) :
L'almouineto, se bous plai,
Qu'uQ crestia la bous demando, etc.
11 m'estlombe ces jours-ci entre les mains un exemplaire
d'Amilha avec additions manuscrites pour notre pays, el cette
petite trouvaille, en confirmant ce que je viens de dire de la
popularite de ce recueil, m^me en Gascogne, mefournit quel-
ques textes qui me paraissent mferiter d'etre publics. Les can-
tiquestranscritssurles feuillets ajoutes a laflndu volume sont
de deux sortes (1) : 1^ des rifacimenii gascons de certains canti-
ques d'Amilha; 2** des canliques gascons qui n'ont pas leur mo-
dele dans le Tableu de la bido et qui me paraissent, plusieurs
du moins, vraimentoriginaux. Les morceaux empruntesneme-
(l) Je D6 compte pas deui OQ trois morceftux d'un genre Stranger a la pr^sente
6tiide, en particulier les litanies de la Sainte Vierge en verH frangais assez pea cor-
rects, coiDmencant ainsi: 0 Seigneur ^ o grand Roy des Roys. Notez qoe ce canti-
tique fait ^galement partie do recueil de M. Degrange, cit^ pins haot. ~ Je remar-
que aussi qu'apr^s les feuillets maouscrits, ajoutes a la fin da volame dont je m'occupe,
sejtroove une partie de livraison in- 12 (p. 17-24) d'on recueil languedocien imprinn^,
renfermant des pieces qui sont dans celoi d'Amilha, et d'autres qui ne s'y troivent
pas. Au bas de la p. 17 se lit cette note manuscrite : « Relies ce petit cayer auee
celuy la a cause de la chanson della croix qui n'est pas dans le livre, » Or cette
chanson de la croix, c'est Diu gard la Croux benasido, dont le Vivo la croux fee-
nasido du recueil de M. Degrange n'est qu' une recension gasconne.
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— 178 —
ritent guere de nous arreter. Je vais pourtant en donnerquel-
ques-uns, en regard de la le^on languedocienne, pour la
satisfaction des lecteurs qui aimeraient a comparer les deux
dialectes ;
Pater noster.
Forme languedocienne (*].
Diu qu'ets al Cel, paire tout nostre,
Bostre noum sio pertont bantat,
Abengo le Rouyalme bostre,
Faito sio bostro boulountat.
Doonats nous pa cado journado,
Perdounats coumo nous fasen,
Nou laissets nostr' armo tentado,
Deliurats nous de mal. Amen.
Forme gasconne {**].
Pai qu'ets au Geou, de touto lengo
Boste nom sio pertout bantat.
Boste Royaume nous abengo.
H^ito sio bosto boulontat.
Dats nous deou pan cado journado,
Perdonnats nous coum nous hasem;
Nou leissets nost' amno tentado,
Desliourats nous de mau. Amen.
Ave Maria.
Diu bous gard Mario ramplido
Del Fil de Diu e sa bertut,
Sus toutos fennos benasido,
E benit Jesus bostre frut.
Sancto Mario, de Diu mero,
Pregats per nous ans pecadous,
Aros e a I'ouro darniero,
Que Jesus nous sio pietadous.
Diou bous gard Mario ramplido
De touto gracio e de bertut,
Sur toutos hemnos benasido,
Benasit Jesus boste frut.
Santo Mario, de Diou m^ro,
Pregats per nous ants pecadous,
Aro e a Thouro darr^ro,
Que Diou ajo piatat de nous.
Salve Regina.
Nous bous saludan, Reyno mero,
De misericord' e dougou,
Salut, esperanco darniero,
Nous bous saludan amb' aunou.
A bous cridan, paures fils d'Ebo,
Banits del eel sense secours,
De gemica le cor nous crebo
Dins aqueste baloun de plours.
Nous bous saludam, Reyno m^ro
De misericord' e doussou !
Salut, esperanso darr^ro !
Nous bous saludam dab haunou.
A bous cridam, praubes hils d'Ebo
Bannits deou ceou sense secours,
De gemica lou co nous cr^bo
En aqueste balon de plours.
{*) Je suis fidSlement rorthograpbe da volume de 1673.
{**) Daii8 tons les (extes gascons de cet article, je suis, non le sysl^me r^gulier
conforme aux habitudes des Felibres, mais le systeme da toxte manuscrit qae jo
copie. Je ne m'iDterdis pas toutefois de corriger les erreors de detail et d'ajouter.
pour la[facilitd de la lecture, pooctuation, apostrophes, accents et traits-d' union.
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— 179 —
Regardats nous nostr' aboucado, Espiats nous, nosi' aboucado,
E apr6p on ta loung exil, E apr^s un ta long exil
Moastrats nous la facio sacrado Mustrats-nous la facio sacrado
De Jesus bostre benit fit. De Jesus boste benit hil.
0 Bierge touto pietadouso. . 0 Bierges touto pietadouso
Touto ramplido de bountat, E touto pieo de bontat,
0 Mario ta graciouso, Mario touto graciouso,
Boulgats de nous abe pietat. De nous antes ajats piatat.
J'ai souligne dans la version gasconne quelques mots peu
legitimes, quoique inteliigibles en gascon. On voit, au reste,
que ies differences 'entre les deux lemons ne sonl pas nom-
breuses; encore certaines sont-elles purement graphiques. Le
gascon, par exemple, hcvil Diou, qui se prononce exactement
comme /Wm, orthographe plus reguliere suivie par le langue-
docien. II y a un point oil je n'ose decider si Torthographe
seule varie : gasc. boiUontat, lang. boulountat; gasc. long,
langued. loung, etc. La prononciation est la m6me aujour-
d'hui et conforme a la notation languedocienne; mais dans
d'autres mots (comme nom-noum) la difiference entre Vo
ferme et Vo ouvert distingue encore les deux dialectes, et elle
a du s'etendre autrefois a des mots plus nombreux.
II serait peut-etre assez difficile de fixer, sur cet echantil-
lon, Page et la patrie precise de ces rimes. Mais Tecriture,
sinon de ces morceaux, copies en caractere imitant la typo-
graphic, au moins de certains autres qui y sent annex6s et
qui ne peuvent etre que du meme temps, designe, avec une
tres-grande probabilite, le dernier quart du xvu* siecle. Quant
au pays, ce pent etre Auch ou un canton plus meridional.
J'inclinerais, gr&ce a certaines formes particuliement rudes,
pour le Magnoac; Tauteur ou les auteurs n'auraient-ils pas
ete membresde la communaute des missionnaires de Ga-
raison ?
Les pieces nou empruntees, auxquelles j'ai hate d'arriver,
ne me paraissent pas toutes de la meme main. II y en a qui
ont un vrai merile do forme; d'autres sont mediocres. Je
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— 180 —
n'ose placer que parmi ces dernieres la seule qui soil signee.
Mais celte signature m'engage a ne pas la negliger. L'auteur
s'appelie M. Colis, un nom qui n'est pas inconnu dans notre
histoire litteraire et religieuse. M. Barbe, notre coUaborateur
si regrett6, avait siguale vaguement des fondations pieuses
faites a Mirande par un ecclesiastique ainsi nomme. D'autre
part, le recueil meme du P. Amilha renferme, mais seule-
ment dans les nouvelles editions (ed. 1703, p. 164) (1),
une paraphrase du Deprofundis, «parM. Cotis, archiprestre
de Mirande, » dont voici le premier couplet :
Aujets, moD Dia, del founs de ma bassesso,
Aujets ma boilx que s'elebo eqtabous :
A bous, moun Dia, ma preganos'adresso,
Escoutats lo» bous qu'ets ta pietadous (2).
On voit que c'esl du languedocien, mais je ne doulc pas
queToriginal ne fut en gascon, comme la piece inedite que
je vais donner. On remarquera dans celle-ci, aussi bien que
dansle De profundis, une veine noble, facile et pieuse, mais
sans grande originalite ou vigueur d'expression. C'est une
paraphrase du
Veni Creator (3>.
Sent Fsprit adourable, fienguets a nous ;
Bous qu'ets tout caritable, Bisi tats- nous.
Bous qu'ets de nostos amnos Lou Creadou,
RampUts- los de las flammos De bost'amou.
(1) Dans i'Appendice bibliographique de son volume de 1859, M. le D' Noaiet
(no 12, p. 226) ne cite pas cetle Edition et suppose que celle de 1759 (Toulouse,
Antoino Birosso) est la 2*. Mais celle de 1703 (Toul., beuso de J. J. Boudo) a sa
valeur propre, comme augment^e c de qnalquos pecos de M' I'Abesque de MhropeiH,
et d'aulros persounos d'impourtanco. » Ces personnes soni M. Cotis et M. de Ma-
ran, grand archidiacre. L'6v^que de Mirepoix a fourni une paraphrase du Miserere
(p. 170).
{i) Tableu de la bido, 6d 1703. p. 164. H. A.. Phil, .ibadie a cii6 ce morceau
dans rintrodnction de son Edition du Parterre gascoun de G. Bedout i^Auch, 1850).
II a cit^ aussi la piece peut-6tre la plus curieuse d Amilha, VExamen de las supers-
titius.
(3) J'imite la copie que j'ai sous los yeux, on mettani deux vers par ligne.
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Quiparacletus..
Tuseptiformis...
— 181 -
Bous quels lou qui s'apero
Don que da Dioulou Pero
Hont de gracio coulanto,
Onction d'esprit charmanlo
Don de tant de figuros,
A bostos creaturos
Hels-ne so qu'eU agrado,
De la Jengo sacrado
NosVaboucat,
Controou pecal,
Houec, caritat,
E puretat .
LouditdeDiou,
Toucats an biou.
E lou tbresor
Oueparlo d'or.
Accmde.
Hosiem .
Per te sciamus.
Bous qu'ets lou qu'illumino L'entendement,
Sens bosto lux dibino , Nou poudem ren.
Bous pregam que bous placio De be coula
Lou don de bosto gracio Deou Ceou en la.
Cassats dab gran deffenso L'enemic loui,
E dats pax e patienso A tout besoui,
Atau dab bost'ajudo Esbitaram
Toutmau, touto cajudo, E plan biouram.
Hels connegue de gracio Diou noste pai,
Bese deou Hil la facio Et de sa mai,
E crese que tout cedo, Toutjour e plus,
A I'Esprit qui proucedo De touts bus dus.
Gloria Patri Rendan a Diou louPero, Noste Seignou,
La glorio la mes bero E tout haunou;
Son Hil de mort a bito Ressuscitat,
Lou Sent Esprit ensuito Qu'en sio lausat.
Immediatement apres celte paraphrase se trouve celle du
Dies irce, qui a beaucoup plus la saveur du terroir. On en
peut juger par les quatre premieres strophes :
(in jour tout lou mon, bourgs e bilos,
Deou houec deou ceou sera' mbrasat
E de cenos tout arrasat
Sa dits Dabid dab las Sibillos.
Labets, helas! quino biahoro (I),
Quan lou Jutge en darr^ ressort
A cad' un reglara lou sort
E beira deguens e dehoro.
Lou son tindant de la trompeto
Sur las hossos resonnara,
E touts lous morts aperara
En deous da la gaucb' ou la dreto.
La mort sera, dab la naturo.
Tout' estonnado aquet moment,
Ouan per respone au jutjoment
Beira leua la creaturo.
(1) Ce mot, qui ^tait primilivcment une exclamation de d^tresse, veol dire lei <er-
reur oq dhordre.
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— 182 —
U me semble evident que nous avons affaire ici a unpoete
de moins de gout peut-etre et de nicsure, mais de plus de
verve que M. Cotis. Mais puisque j'ai nomme ce dernier et
que j'ai publie une de ses pieces, qu'il me soil permis d'ap-
peler Tattention de qui de droit sur cet ecclesiastique de
merite, qui fut, ce semble, sinon un poete fort distingue, au
moins un des plus zeles ap6tres de notre pays et un bien-
faiteur insigne de la paroisse de Mirande. La Revue de Gas-
cogne accueiUerait avec empressement les souvenirs qui doi-
vent Tester, dans les archives locales, de sa genereuse activite.
Parmi les cantiques non caiques sur la priere ou la poesie
liturgique et dans lesquels nous avons chance de rencontrer
plus d'elan poetique et une langue plus riche et plus origi-
nale, je choisis d'abord ces quatre sixains i la Sainte Vierge.
La piece ^st si pen compos4e qu'on pourrait la prendre pour
un fragment, et elle n'est peut-etre que cela. Mais on y re-
marquera la fermete du rhythme et de la rime, la franchise
de Texpression et la vivacite de Tesprit. Je ne dis pas que le
gout n'ait pas quelque chose a reprendre a certaines pointes
de style Louis XIII; mais la saveur du langage compense bien
ce defaut.
Luminari de puretat, Noasauts besem de tout coustat
Soleil ses nad' obscuritat, La famino, la praubetat,
FIou de bertat, Bierges Mario, Fronsi-s la caro la mes b^ro,
Tirats ud cop d'oueil piatadous L'escharment nad e despuillai,
Seous miserables peccadous Lou frut pouirit, lou blad neoulat (1)
Que s'en ban a riniirmario. E lou cabeil farsit d'orbero (2).
Gouats-lous acy touts desanats Encouero un cop, llri flourit
Lous hils d'Adam infortunats : Deguens Thaunou deou sant Esprit
Nou saben mes quin camin tengue, Seou cau I'abeilleto se pauso,
Nou poden h6 lou mendre pas Per gouari tant de languison,
Si bosto man uou digno pas Groutsats au libe de rason
S'abaissa leou per bus sustengue. Nostes peccats qu'en son la causo.
Toutefois roriginalile du langage paraft encore mieux dans
(1; Atteint de[la nielle.
(9) Ce mot, qa'on prononce o^hkro^ signifie encore, anx environs d'Ancb, chafhw*
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— 183 —
les sujets emprantes a la vie ordinaire. Le P. Amilha, vrai
missionnaire, avail doniie Texemple de ces moralites qui des-
cendent au dernier detail du menage, de Tatelier, des travaux
champetres, pour alteindre partout le mal et faire circuler
partoQt Tesprit du christianisme. Notre manuscrit nous four-
nit trois compositions qui peuvent rivaliser, a cet egard, avec
celles du poete toulousain. Mais en les comparant avec les
sujets analogues de son recueil, nous avons reconnu que
les chants gaseous, quoique probablement inspires par les
toulousains, possedfintune vraie originalite. D'un premier can-
tique, qui s'adresse aux travailleurs des champs en general,
Praube paisan pdterrous (aux pieds crottes), nous detachons
quatre couplets :
Quan au camp bas tribailla,
Seu cot portos Taguilhado :
Nou-t fachos de la porta,
Qu'ataa la crouts a portado
Jesus-Christ, quan a boulut
Mouri per h^ ton salat.
Armot dequet b^t seignau
En tout prengue ta manego (1],
Si bos plan he ton journau
£ tira de dret ta rego.
Lausa Diou, soubengue-s d'et,
Acq's plan laura de dret. . . .
Quan tu euros lou barat,
Qu'et soubengos de la bosso
On tu seras embarrat
• E leissaras car et osso :
Lous bermous t'y minjaran
E de tu-s sadouraran.
En biue de la faisson,
Fruts te neicheran a pilos,
E tu haras la lesson
Aus grands moussurs de las bilos.
Atau de simple pag6s (2)
Deou ceou bengueras bourges.
Mais je vais citer en entier la Canson de[ou\s bonds. La piece
precedente porte aussi ce titre, mais elle semble regarder tons
les travailleurs des champs: celle-ci s'adresse proprement au
bouvier, et on trouvera qiie le pieux poete a su y reunir la
morale la plus edifiante au sentiment intime de la realite et a
la vive familiarite de Texpression:
Prum6 que de commensa
De bouta la man a I'obro,
Un pauquet dioues pensa
Que tout borne [qu'jes manobro
E nescut per tribailla
Coumo Taus^tper boula.
(1) Maoche de la cbarnie.
(2) Paysan, Ce mot (frequent comme nom de famille} n'est plus usit^.
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— 184 — '
Boue, penso que ta es crestian,
E quan tou juing (1) le cau raele
A tous buous, souben-te plan
D'ataa-medis (2) te soumete
A ton Diou per lou serbi
E a sa lei obei.
Quan tu prengueras I'arai
Estaquat a la manego,
Penso que dessus ta mai
Tu t'en bas passa la rego :
Terro eros, e seras
Terro quan y tournaras.
Si cauque cop dab Tendeich (5)
Coupos quauqu'h^rbo maubeso
Qui d'ero medicbo creicb,
Pensos au peccat qu'et peso,
Resoulut de ly coupa
Autant d'arrasics qu'et a.
Aprds qu'ajos ajustat
De buous ou baquos un couple,
Si ban plan e a ton grat
Digos': quan sera-et souple
Mon esprit rebours atau,
En de h6 tout so que cau?
Si lous buous en arrega
A I'esquer (3) se t'arrebiron,
Digos tu ses arnega (4) :
Caret amno s'entretiron,
M^s malbur quan au combat
L amno cajera debat !
Quan en man tu portaras
L'aguillado qu'as ta longo,
Et tous buous tu picaras,
Prego ton Diou que te dongo
Un cop d'aguillon au co
Qu'es paressous ses ac6.
Quan de I'oueil tu guignaras
Au paubic (6) on as la miro
Per tira dret, pensaras
Au ceou : s'atau ton co tiro,
Toutjour t'en rejouiras (7)
E tout dret tu y aniras.
On trouvera peut-etre encore plus de precision et de cou-
lear dans le cantique des servantes. Ici I'auteur, lemfime cer-
tainemenl qui a fait la Chanson des bouvie)*s, a du avoir sous
les yeux Tune des plus naives-et des plus edifiantes compo-
sitions d'Amiliia : Las santos occupacins de Varmo per las
fennos en fan la mainatjario de Voustal (p. 68). Mais en
entrant dans le meme detail, un pen abrege pourtant, le poete
(1) Joug.
(2) De mdme. A I'adverbe atau (ad tale)^ ainsi, s'est ajoatd medis oa medich,
mdme, aujoord'hoi presque partoat tombd en d^so^tude.
(3) Esquett es^uer ro, vonlait dire gauch$t detraver$t etpar extension maladroit, etc.
(4) Arnega (pour arrenega)^ renier^ jurer, sacrer.
(5) Od appelle encore endech )e far qai garnit le boot infdriear de Vaguillado
(aiguillon de bouvier) et qui sort a nettoyer I'araire et a couper les racines et les
mauvaises berbes.
(6) Pal fixe : c'est ici le bllton fich^ en terre poor servir de point de mire en
tracant le sillon k partir de Tautre lout do champ.
0) Variantb : James doo t'en plaignaras. Mous n'avons pas noi6 d'autres va^
riantes effac^es et rcmplacdes par la lecop definitive dans cette pidce, ainsi que dtos
la pr^cddente et la suivante.
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— 185 —
gascon a ses moraliles parliculieres, el surtout ses tours, ses
images et son ton personnels :
La Snrbento.
Ta qu'arreglos la maison,
Lou maitin, quan Ves leuado,
Demando a ton co rason
De la neit, qu'as emplegado
Ses aue deleou pensat
A ton Dion qu'as oufensat.
Quan lou soureil esclarit
Esplandis sa b^ro facio,
Pregaras lou Sent Esprit
D'illumina de sa gracio
Las tenebros de ton co
Qu'es abugle sensac6 (1).
Quan bas plea lou dournet (2),
Penso dab ta b6ro mino
Qu'^s deterro coumo det,
Mes de terro que camino,
E que cai lou plus soubent
Per recebe trop de bent.
Si bas coille pens jardis
Herbetos ou flous naueros,
Pensaras qu'en Paradis
Toutos causos soun mes bdros.
Si h6s plan, en aquet loc
Ta bertut hara lou floe.
Quan a bareja I'houstau
Dab gran peno tu t'estaquos,
Netejo-t au mens atau
L'amno qu'as pleo de taquos,
E n'oufrisquos a ton Diou
Un pensoment ompradiou (3).
As-tu lou CO de para
Ton peu frisat, quan espios
Son cap sacrat empara
Un heich de malos espios,
E son bisatge macat
Gran merces a ton pecat.
Quan beses flamba lou hour,
Ajos deguens la pensado
Lous infers ou neit e jour
Se brulo I'amno damnado,
Per n'aue pas amourtit
Lou houec d$ son aj^petit.
Penso en cade jouman
Qu'es so que podes debengue
Si h^s ben ou si h^s man
E lou camin qu'et cau tengue,
E que Diou te pagara
L'obro que ta man hara.
II est temps d'arreter mes citations : aussi bien ai-je donne,
je crois, la fleur du panier. II y a encore cependant, outre
des paraphrases liturgiques, quelques cantiques originaux,
par eiemple un sur la mort, un autre sur le Paradis, et sur-
tout un troisieme sur la Croix, qui meritent bien les honneurs
(I) Ces deux vers, presque ideDtiqaes auxdeux demiers da 6* couplet du chant
pr^c^dent, trahissent le m^rne anteur.
(3) Petite crache. Dourno (oruche) est usit^ en Languedoc et dans une partie de
la Gascogne. On dit crugo et bano en d'autres lieux.
(3) On appclle oumpradius les fruits sans saveur ^mAris h Tombre).
Tome XVn. 13
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— 186 —
de la publicite. Mais nous pourrons les edilerplus tard si,
comme nous Tesperons, nos lecteurs prennent quelque goiil
k ce gascon encore si riche et si franc du xvu* siecle, et aux
instructions, a la fois si simples et si 61ev6es, que savaient lui
confler nos pieux missionnaires d'alors.
L^ONCE COUTURE.
DOCUMENTS IMMTS.
LE JOURNAL DE MAITRE JEAN DE SOLLE
{Suite. *)
En Tan 1609 et le 13« jour du mois de septembre, arriverent en la
presente villa vingt ou trente habitants de la ville de Gouesca (1) en
Espaigne pour venir prendre des reliques du corps de M. St-Oreus
suyvant la permission qu*ils en avoint eu de nostre St-Pere le Pape,
et du Roy Henry quatriesme, et icelles apporter en leur villo de
Gouesca (2), ce qu'ils avoint demande tant au Roy qu*aux habitants
de la prdsente ville plus de 30 ans auparavant avec forces prieres et
diligences; et disoint que M. St-Orens estoit fils natif de ladite ville,
dans laquelle il y avoit des reliques des pere et mere dudit saint, et
promirent d'en donner par mesmecharite. Leur appareil feust grand
et vindrent en grande magnificence et trea-bel esquipage, lesquels
firent don a ladite esglise de M. St-Orens d'une fort belle lampe
d'argent pour la tenir toujours allumee devant I'autel et lieu ou le
corps dudit saint repose; et pour icelle entretenir d'huile baillerent
cent escus d'or auxdits consuls de la presente ville. Le lendemain
dudit jour 13« Monseigneur de Trappe, archevesque de la presente
ville, se transporta en Tesglise de M. St-Orens, pour faire ouvrir le
(*) Voir le num^ro de Wvrier, page 90.
(1) Haesca, petite ville d'origine romaine, dans le royaume d'Aragon.
(2) Voyez dans la Revue de Gaseogne (t. ivi, page 249), Tarticle de M. L^once
Coature sur celte traoslation des reliques de saint Oren«.
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— 187 —
cofre oil lesdites reliques dudit saint reposent, pour eu bailler d*icelles
aux susdits Espaignols, suyvant ladite jussion du Roy. Auquel
assisterent le sous-prieur de ladite esglise avec cinq ou six religieux.
La foule du peuple feust fort grande. Le 15« jour apprfes dudit mois
les consuls firent aller la criede la procession g^n^ralle, laquelle feuat
interrompue, bien que le peuple feust assemble dans ladite esglise de
St-0'rens, a cause de la dispute qui intervint entre ledit sieur arche-
vesque et relligieux; lesquels ne voulurent apporter a Tesglise
Ste-Marie les saintes reliques par eux baill^es, pour della avant se
joindre avec lesdits archevesque et chanoines pour faire ensemble
ladite procession come le seigneur archevesque vouloit. Mais les
susdits relligieux vouloint faire la procession a part, et que les aultres
fissent la leur. Enfin tout le jour la dispute continuoit sans pou-
voir s*accorder, tellementquece voyantl'archevesque feust contrainct,
assist^ de son clerge, s'en aller le soir entf e sept et huict heures dans
ladite esglise de St-Orens pour recepvoir les reliques et les apporter
en ladite esglise Ste-Marie. Ce qui feust faict avec grande magnifi-
cence et force afluence de peuple, et principallement des Espaignols
entre lesquels il y avoient douze porteurs de grands flambeaux de
cire blanche des plus beaux qu*on eust jamais veu, un chascun k la
main, et avec cette magnificence les saintes reliques feurent apport^es
par ledit archevesque en Tesglise de Ste-Marie, de laquelle trois ou
quatre desdits Espaignols ne bougerent jamais ny journy nuicftant
que les susdites reliques y feurent, comme ils firent aussy en ladite
esglise M. St-Orens. Le 16 dudit mois les susdits Espaignols par-
tirent de la pr^sente ville, et les reliques feurent apporttes par le
seigneur archevesque en procession jusques a Nostre-Dame-des-
Neiges hors la porte du Caillau, ou il dit la tr^s-saincte messe; et
icelle finie, les Espaignols amenerent une hacquenee blanche bien
harnach^e pour apporter les reliques, sur la scelle de laquelle il y
avoit un estuy ou coffret pour metre lesdites reliques, et par li-dessus
couvrirent ladite hacquenee d'un grand drap de brocatel avec de
grandes franges double de satin fagohn^, sur lequel drap M. St-Orens
estoit tir^ (1) avec un St-George, et les armoiries de la ville de
Gouesca. Laquelle hacquenee estoit tir^e par quatre estaffi^s habill^s
d*une mesme coUeur fort proprement et richement suibvant la fagon
deleur pays.Etily eust quatre relligieux de la presente ville de
(1) Tir4 a ici la signification de I'ancien verbe portraire, peindre, « sar leqael drap
d'or M. saint Orens estoit peint avec on saint George. » Saint George est le patron
de la ville de liuesca.
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,- 188 ^
M. St-Orens qui s'en allerent avoc lesdits Espaigaols pour accom-
paigner les susdites reliques et pour recepvoir celles qu'ils vouloieut
donner des pere et mere nom^s saints [Orens et] Patieiltia dudit
saint. Lesquelles lesdits Espaignols leur deslivrerent, et feurent ap-
porttes avec force devotion jusques en la ville de Tarbes, ou estant
il y eust deux dignitaires de la maison dudit sieur archevesque, qui
estoient alUs avec les relligieux en la ville de Gouesca, qui firent
arrester lesdites reliques, la recevance desquelles feust baillee par la
justice de la ville aux relligieux. Et feurent elles de Ik avant trans-
port^es en la ville de Pavie, oii elles demeur^rent trois ou quatre
joum^es a cause que le seigneur archevesque n*estoiten la pr6-
sente ville pour les aller recepvoir. Et arriv^ qu'il feust, les relliques
feurent apport6es le 17 octobre, veille de saint Luc dudit an 1609,
dans Tesglise de St-Pierre. La translation desquelles feust faicte le
mesme jour dans la pr^sente ville; car le soir le sieur archevesque
feust les prendre en Tesglise de St-Pierre en procession g^n^ralle,
avec son clerg^ et les relligieux de St-Orens, etles porta dans Tes-
gUse de Ste-Marie. Et le lendemain qui estoit le 18 dudit mois, jour
de dimenche, on fist procession gen^ralle par toute la ville a laquelle
assistoint les relligieux de St-Orens et tons les aultres ordres avec
une grande affluence de peuple. Et feurent les relliques des pere et
mere de M. St-Orens portees dans ladite esglise de St-Orens ou elles
reposent. Priant Dieu que le tout ayt este faict a son plus grand
honneur et gloire et que les susdits saints soient nos intercesseurs de-
vant la divine Majeste.
En Tan 1609, la gresle fist un grand d^guast par tout le pays et
principallement aux vignes et n'en vist-on jamais tant; car depiiis la
St-Jean il y avoit presque touts les jours tonnerre et chasque jour
de tonnerre la gresle tomboit en quelque endroict. Les desbordements
des rivieres feurent grands aussy par cinq ou six foys despuis ladite
fete, tellement que les eaux firent un grand deguast des terres et
gueresls, mesmes les foins qui la plus grande partye feurent emportds
par les eaux. Les gerbes et pailles se pourrirent presques toutes par
^es champs, k cause qu*il pluvoyt presque touts les jours. L'hyver
audit an n'avoit pas este fort froict, et n'avoit nigi aulcunement
pendant ledit hyver.
Audit an 1609, le 9 novembre, le matin sur les huict et neuf hQures,
il tonnoit et encore davantage Tapros-disn^e; mesme gresloit aussy.
{A svivre.)
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— 180 —
Jugements de maintenue de noblesse (1).
vri
CHARLES DE BARBOTAN, SEIGNEUR DE MORMES.
Ecartele au i^^ et 4* d* argent a quatre pals de sable, au 2« et 3« de
sinople plein.
Testament de messire Jacques de Barbotaa, dans lequel il est fait
mention de dame Charlotte de Malvin de Pimet, sa femme, et ou il
institue son h^ritier messire Charles de Barbotan, son fils (2); regu
par Dusaulx, notaire, 23 dteembre 1691.*
(1) Voir ci-dessu8, pages 37, 92 et 146.
(2) Charles de Barbotan, seigneur de Morni^s et Carrits, eat de son mariage avec
Jeanne de Pajoler de Juillac (des vicomtes de Juillac), Jacqaos de Barbotan Garrits,
seigneur de Morm^s; lequel eut dl son mariage avec damoiselle Louise de Lartigue-
P^leste-d3-Maupas : Joseph-Clair, comte de Barbotan-Carrits^ seigneur de Morm^s»
d^put^ de la noblesse de la s6n6chauss6e des Landes aux Etats giniraux de 1789.
Le comte de Barbotan fut condamn^ par le tribunal r^volutionnaire de Paris et
ex^cut^ le 11 germinal an ii. Yoici comment le Moniteur du 19 germinal an ii en-
rogistrait sa condamnation : c Clair-Joseph Carris, dit Barbotan, &gd de 75 ans,
demeurant k Barnes, d^partement du Gers, ex-comte, d^pul^ a TAssembl^e cons-
tituante, convaincu d'avoir eu des intelligences avec les ennerois ext^rieurs de la
r^publique, sp^cialement avec les emigres, tendantes a favoriser le succ^s de leurs
armes contre la patrie, en leur fnisant passer a cet effet des secours en argent et
notamment une somme de 35,000 livres d'une part, et celle de 2,900 livres d'une
autre et diff^rentes sommes particnlidres; et Joseph N^gre, n^ a Lavasga (Lot-et-Ga-
ronne), fermier de Juliac, I'un des ^migrt^s avec laquel Barbotan correspondait, con-
vaincu d'etre complice des intelligences donl il s'agit. ont ^t^ condamn^s k la peine de
mort. » Le comie de Barbotan avait eu de son mariage avec Marie-Anne d'Arcet :
Jean-Marie, comte de Barbotan-Carrils, seigneur de Morm6s, qulpdrit a Auch en 93,
en voulant s'^vader de I'dvlchd oil il ^tail rclenu prisonnier avec d'aulres ci-devant
nobles. L'infortund sauta par une fenfire H se brisa sur le pav^. Extrait du registre
de la justice d^partementale de la mile d'Auch, section du midi ; « Le ciloyen Jean-
Marie Barbotan, ^g4 de 48 a 50 ans, est decdd^ dans la maisun de r^clusion du ci-
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— 190 —
Contrat de mariage de Jacques de Barbotan avec Charlotte de Mal-
vin, auquel a assist^ messire Jean de Series, fond^ de procuration
de noble dame Anne de Monthelieu, dame de Carris, mfere dudit de
Barbotan, dans laquelle procure elle nomme noble Philippe de Bar-
botan, sonmari; pass^ devant Sirvent, notaire royal, le 17 mars 1650.
Testament de noble Philippe, seigneur de Mormes de Barbotan,
ecuyer, seigneur de Mormes, dans lequel il dit 6tre mari^ avec
damoiselle Anne de Monthelieu, duquel mariage il a eu Bertrand,
Jacques, Anne et Jeanne de Barbotan; regu par Bader, notaire royal,
le 9 tevrier 1629.
Contrat de mariage de Philippe de Barbotan, fils aJn6 de noble
Bertrand de Barbotan, seigpeur de Mormes, avec damoiselle Anne
de Monthelieu, auquel ont assiste noble Louis de Barbotan, son aieul,
ledit Bertrand, sonpere, et noble Odet de Monlezun, sononcle; passe
devant Bernard de La Beyne, notaire royal, le 31 mai 1609; exp^die
le 2 avril 1644, par Moise Destremeau, notaire du Hougua, detemp-
teur des minutes,
Contrat de mariage de noble Louis de Barbotan, assist^ de noble
Antoine de Barbotan, seigneur de Barbotan, son pere, avec damoi-
selle Jeannette de Saint-Juliea, passe devant Amaud de Lavie,
notaire de la ville d*Aire, le 22 avril 1557.
Contrat de mariage de noble Antoine de Barbotan avec damoi-
selle L^onne de Marsan, assiste de Jean de Barbotan, son pere,
passe devant Mathieu de Gontaud, notaire de la paroisse de Saint-
Martin-de-Vers, le 22 novembre 1524.
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des titres ci-dossus par
jugement rendu k Montauban le 31 mai 1698.
Sign6 : Felix Le Pelletier de la Houssaye, intendant do Montau-
ban.
devant dv^chd a suite [sic) d'une chate par une fen^tre de ladite maison, comme il
constepar notre proc^s-verbal de ce jour. Ge 12 d'aoiit, a 3 heares apr6s-midi, 1793. •
II avait epous^, le 6 avril 1769, Marfe-Angdlique de No^, fille de Jacques Roger,
marqaisde No6, etde dame Jacqaette- Marguerite Laphanel de La Junqui^re. Jean-
Marie de Barbotan, ay ant k faire ses preuves de noblesse an cabinet des brdres du
Roi, au mois de mai 1780, pour avoir I'honnenr de monter dans les carrosses de
Sa Majesty et de la suivre a la chasse, fit remonter son premier degr^ g^ndalogiqne i
noble Yidau de Barbotan n^ en 1280. Ges preuves de conr ont 6l6 publides par M. le
baron de Ganna, arridre-neveu ducomte de Barbotan. (Voyez Armorial des Landes,
tome HI, page 48.) Tousles biens dela malson da Barbotan furent confisqu^s, et le
22 ventdse an ii la nation proc6da a la vente de 22 m^tairies et maisons de mattre
appartenant a cette famille.
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— 191 —
VIII.
JEL\N DE FERRAGUT, SEIGNEUR DU COS ET DE CRAVENSERE (1).
Uazur au fer aigu d'argent, la pointe vers le chef.
Extrait baptistaire dudit Jean de Ferragut (2), filsde noble Emma-
nuel et de damoiselle Jeanne de Latreille, tenu par Jean de Ferragut
et Jeanne de Bourrouillan, le 3 fivrier 1668; d61ivr6 par Sentets,
cure.de Roquebrune.
Testament de Emmanuel de Ferragut, seigneur du Cos, dans le-
quel il est fait mention de sa femme, Jeanne de Latreille, et institue
noble Jean de Ferragut, son fils, son heritier, du 7 octobre 1689,
retenu par Lalanne, notaire de Vic-Fezensae.
Testament de Jeanne de Montbeton, oil il est fait mention de son
mari Jean de Ferragut, seigneur du Cos, 6t de nobles Emanieu,
Pierre etAntoine, leiirs fiis, du 26 avril 1672, retenu par Ferra*
guieux, notaire royal.
Saisie faite a la requfeto de damoiselle Jeanne de Montbeton de
Bourrouillan, veuve de noble Jean, sur ledit Manieu de Ferragut,
son fils, du 15 juin 1675.
Contrat de mariage dudit nofcle Jean de Ferragut, assist^ de noble
Maoieu de Ferragut, son pere, avec ladite Jeanne de Montbeton de
Bourrouillan, devant Daniel Dupin notaire, le 13 octobre 1629.
Testament de damoiselle Marguerite de Combirac, veuve de noble
(1) La roaison de Ferragut comple parmi ses membres Vital de Ferragut, qui ac-
compagna le comte de Toaloase a la septi^me croisade, en 1270; — Quinaut de Fer-
ragutt lieutenant do Manaud de Barbazan, qui tua le sire de Garget et fat graci6 a
cause de ses hauts faits par le corole d'Arniagnac, le 12 novembre 1378; — Adoart de
Ferragut, seigneur du Cos et de Cravencdres, auquel le Parlement de Toulouse con-
fia la defense de la baronnie de Montesquieu, par arrdt du 13 juin 1468. (Voyez
manuscrits de Larcher, cit^s par Noulens.)
Cette noble maison s'est divis^e en quatre branches, dont nous donnerons, a leurs
dates, les jugements de roaintenue. Ce sont les branches du Cos et Cravencdres,
d'Estieux, de Gignan, et de Poldmont.
La branche qui nous occupe en ce moment est representee aujourd'hni par Madame
la marquise du L]fon, de Pr^neron, et Madame la comtesse de Montagut, de Mont-
Pardiac, fille da premier manage du dernier bai^n de Ferragut de Pr^neron avec
Mademoiselle de Sauviac; ct par Madame la vicomtesse d9 Noue, fille d'un second
mariage avec Mademoiselle de Roncherolles.
(2) Jean de Ferragut ^pousa en premieres noces damoiselle Marie de Pardaillan-
Gondrin, qui lui apporta la terre baronniale de Pr^eron. Pierre de Baulat, seigneur
et baron de Prdncron, pdrit tragiquement sous le fer da seigneur de Castets. k sa
mort la baronnie de Prdneron fut absorb^e par les reprises dotales de sa'femme,
Catherine do Pardaillan-Gondrin, qui ne lui avait point donnd d'enfants. GelleH^i la
Ugua k sa ni6ce, Mario de Pardaillan, dame de Ferragut.
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— 192 —
Jean de Ferragut, dans lequel il est fait mention de nobles Manieu,
Pierre, Jean et Antoine ses fils, et de Tinstitution qu'elie fait dudit
Manieu pour son h^ritier, retenu par Lalanne, notaire de Manciet,
le 10 Janvier 1606.
Transaction entre lesdits Manieu, Pierre, Jean et Antoine de Fer-
ragut, au sujet de la succession de Jean, lour pfere, le 10 f^vrier
1606, devant Asclaf, notaire.
Contrat de mariage de noble Jean de Ferragut avec damoiselle
Marguerite de Combirac, devant Pierre Baquely, notaire royal du
lieu de Roquelaure, le 29 avril 1565.
Arrfit du Parlement de Toulouse du 15 octobre 1562, entre Phili-
berte de VilleneUve, mere de Bernard, Pierre et Jean de Ferragut,
d'une paVt, et MagdelainedeSt-Araille, veuve de Pierre de Ferra-
gut, seigneur du Cos, legitime administreresse de Jean de Ferragut,
seigneur du lieu du Cos.
Contrat de mariage de noble Jean de Barbotan (1) avec damoiselle
Jeanne du Cos, fiUe de Pierre de Ferragut, seigneur du Cos, et de
damoiselle Magdeleine de Sainte-Arailles, auquel assistait Jean de
Ferragut, fils et heritier dudit Pierre, devant Dagobert, notaire de
Nogaro, 23 mai 1565;
Contrat do mariage dudit Pierre de Ferragut, escuyer, seigneur
du Cos, avec damoiselle Magdeleine de Chambourei, fille de noble
homme messire Antoine de Chambourei et de dame Anne de La-
mothe, seigneuresse, et dame de Sainte-Arailles, passe devant Jean
Le Roux, notaire royal de Casteljaloux, le 30 mars 1535.
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des productions ci-dessus,
par jugement rendu a Montauban, le 7 juin 1698.
Sign6 : Le Pelletier de La Houssaye, intendant de Montauban.
J. DE C.
MEDAILLE
I>6texT?6e a Trie (Ha.ri.tes-I*yr6n6es).
Dans la Revue deGascogne, t. iv, p. 313-17, M. Tabb^ Caneto a
public, sous forme epistolaire, une docte notice sur une medaille
(1) Probablement, Jean de Barbotan, fils cadet do messire Antoine de Barbotab,
seigneur de Barbotan et Mormds» ct de damoiselle Leonne (Alias Diane) de Marsan.
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— 193 —
grand module A sujet religieux. Je suppose que nos lecteurs ont ce
travail dans la m^moire ou sous les yeux.
Depuis environ sixans, M. Alcide Curie-Seimbresm'adonn^ une
m^daille d^terr^e, si je ne me trompe, parmi les ruines d'une vieille
chapelle, rive droite de la Bai'se, k quelque distance et au sud-est de
lavillede Trie.
A suivre sur notre medaille la description de M. Tabb^ Canute, il
semble que ce numismate en d^taille tous les elements : module
(grand axe 45 millimetres, petit axe 40 millimetres), forme (ellipti-
tique), matifere (bronze), exergue (Roma), t3rpes, caract^res, etc., a
ce point que je regarderais la trouvaille de M. Alcide Curie-Seim-
bres comme un double de celle de M. On6sime Pouydebat sans deux
initiales qui les difi^rencient.
Autour de sa medaille « viennent de gauche k droite, dit M.
rabb^ Canute, les sigles VRSNSMVSMQL
IV B, quisignifient
Vade Retro Satana Numquam Suade Mihi Vana
Sunt Mala Qum Libas Ipse Venena Bibas. >
Ces sigles concordent avec ceux de VEssai sur Vorigine^ la si-
gnification et les privileges de la Midaille ou Croix de saint Be-
noitf gravure entre les pages iv et v, interpretation p. 17. et M.
Tabb^ Caneto invoque a bon droit dom Gu6ranger. La question n'est
pas \k. Nous demandons si dans la medaille communiqu^e par M.
Onesime Pouydebat le sixieme sigle estM, et le dernier B, car sa
soeur, que nous devons k la generosite de M. Alcide Curie-Seimbres,
porte N au lieu de M, et S au lieu de B. S^rie des capitales : V .
R.S.N.S.N.V.S.M.Q.L. I.V.S. Restitu-
tion:
Vade Retro, Satana; Numquam Suade Nobis Vana;
Sunt Mala Qurn Libas; Ipse Venena Sumas.
Avec Nobis I'hexamfetre devient faux, et le pentametre avec
Sumas. Du reste, le sens varie si pen qu^rien.
Cette alteration du texte nous 6tonne d'autant plus que la medaille
a ete frapp^e a Rome et pour un monast^re de Tordre de saint Be-
nott. Comment la justifier ou Texpliquer? A d^faut de dom Gu^ran-
ger, de regrettable m^moire, dom Piolin ou tel autre savant pourra
risoudre Tenigme. Notre piece est a leur disposition.
L'abbe J. DULAC.
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- 191 —
BIBLIOGRAPHIE.
M. LE COMTE DE MUN : ORIGINE, ANTIQUITE DE SA FAMILLE, par I'abbe CaZAURAN,
archiviste du grand s6minaire d'Auch. In-S" de 92 p. avec une planche d'ar-
moiries. [Auch. lyp. F. Foix;] Paris, V. Palm6, 1876. Se vend (1 fr. 50) au
b6n6fice de la nouvelle chapelle a conslruire au grand seminaire d'Auch.
Nous sommes bien en retard avec cette publication, si int^ressante
pour notre histoire provinciale; raais nous n'avions pas a la signaler :
elle a dil arriver a tons les lecteurs de la Revue, qui auront appr^cie
par eux-mSmes T^tendue et I'int^rSt des recherches condensees dans
ces pages par le laborieux archiviste du seminaire d'Auch. Ce n'en
est pas moins un devoir pour nous d'iudiquer rapidenient les points
les plus essenticls d'histoire locale que M. I'abbe Cazauran 6claire
dans ce curieux travail. On comprend que noire point de vue n'em-
brasse que ce qui touclie a ce doraaine parfaitement libre, a I'exclu-
sion des pages (moins nombreuses d'ailleurs) ou retentissent des dis-
cussions autrement perilleuses.
La famiile de Mun est gasconne d'origine et une de ses branches
(Mun-Sarlaboux) subsiste encore en Gascogne, quoiquoun rameau
d^tach^ de celle-la mdme, rameau auquel appartient le depute de
Pontivy, ait quitt6 notre province depuis 1770, par le mariage
d'Alexandre-Frangois (trisaieui de M. Albert de Mun) avec Charlotte
Helv^tius.
Les archives du Seminaire renferment une masse considerable de
documents sur cette noble maison; et toutefois la filiation ne pent
s*en ^tablir rigoureusement qu'a partir du xiv® siecle. Mais un siecle
avant, le nom de Mun est illustre : deux freres de Mun, Auster et
Fort, interviennent, au commencement du xiii®, dans plusieurs actes
de Tabbaye de Berdoues, publics ici d'apres le cartulaire inedit de ce
monastere. Presque en m^me temps, Robert de Mun est ^v^que du
Puy. En 1292, un autre cltevalier de Mun, Bertrand, renouvelle les
coutumes du lieu de Mun en Bigorre, desquelles M. Cazauran pubUe
le texte partiel d'aprfes une copie du dernier siecle (p. 15-17). Comme
cette copie ^tait horriblement corrompue, ce texte gascon, d*ailleurs
fort curieux, oflFre beaucoup d'obscurit^s : il n'en sera pas moins,
pour les travaux de philologie et d'histoire juridique, un theme in-
t^ressant; mais I'auteur a eu tort de no pas qualifier cette copie, dont
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— 195 —
quelque lecteur mal informe pourrait, quoique fort injustement, lui
reproqjiep rincorrection. La famille de Mun nous apparjdt done
comme li^e par son nom m§me a son fief primitif, ce qui est Tindice
de la plus antique noblesse, tandis que le titre de JFn, pr^sent^ ici,
d'apres une pitee de nos archives, comme un signe d'illustre gentil-
hommerie, n'^vait pas toujours cette valeur, de bien s*en faut. C*est
certainement ce nom de Mun qui a donne lieu aux armes parlantes
de la famille : d'azur au monde d'argent cintri et croisetU d*or
(monde se disait en patois gascon, comme dans la langue des trou-
badours, mon).
Auger do Mun, k partir duquel la ligne g^nealogique de la branche
a?n6e se d^roule reguliferement, figura dans la guerre de Henri de
Transtamare centre Pierre le Cruel, roi de Castille, a cdt6 de Tellez-
de-Mun, son parent, prince de Biscaye. Cette branche espagnole ne
fait gufere qu'apparattre dans la gen^alogie, mais elle y jette un bien
vif eclat. Quant aux descendants d*Auger,. ils brillent presquo tous
dans les grandes luttes militaires de leur temps, jusqu'a Barth(51cmy
de M*n, qui d^fendit la cause catholique en Bigorre, dans les pre-
mieres guerres de religion. L'un de ses fils, Alexandre, fut Toriginc
de la branche do Mun-Sarlaboux; Tautre, Jean, continua la brancho
ainee; il fit hommage et denombrement des terre^ de Mun, Clarac,
Belmont, Lamarque, etc., et acquit celles de Guiserix, Organ et
Betpouy. Son petit-fils, Alexandre, obtint en 1655 des lettres de re-
mission pourle meurtre de son parfitre Jean-Jacques d'Arbussan,
seigneur de Podenas. Cette branche s'^teignit avec Jean-Paul, fils
d'Alexandre et de Marie-Anne de Lupe : c'est cette* dernifere qui
ali^na en 1690 les seigneuries deMun, Belmont, Lamarque, en favour
de Jacques d'Astorg, seigneur d*Aubarfede.
Dans la branche de Mun-Sarlaboux, M. labb^ Cazauran s'^tend
principalement sur son chef, Alexandre de Mun, mari6 en 1606 k
Jacqueline de Cardeillac-Sarlaboux, de la famille c^l^bre qui avait
fond6 le convent des Minimes de Tournay; il fut « un des grands
officiers gascons de son sifecle. > Ses descendants continuerent d*oc-
cuper divers grades militaires jusqu'au pere et au grand-pere de M.
le marquis actuel de Sarlaboux, Tun et Tautre chevaliers de Saint-
Louis.
Nous avons n^glig^, dans cette course rapide, les innombrables
mentions relatives k Thistoire feodale, que M. Tabb^ Cazauran a eu
soin de recueillir, a I'occasion des alliances, des transactions, des
proces, etc., survenus a chaque generation des deux branches de
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— 196 —
Mun, Les amis de ces etudes chercheront ces details dans sa con-
sciencieuse notice, qui se recommande en mdme temps aux g^n&i-
logistes et aux heraldistes par une foule d'indications nobiliaires et
par une description complete des armoiries des families allifes aux
Mun, accompagnee d'un bon dessiu qui les r^unit toutes, au nombre
de trente-huit.
Leonce couture.
CORRESPONDANCE-
Christophe de Foix-Candalle et Fabbaye de La Cas telle. — Date
de sa mort,
Paris, le 26 mars 1877.
Monsieur le R^dacteur,
Dans son premier article sur Christophe et Francois de^oix,
evfiques d'Aire (Revue de fevrier 1877, pp. 57 et seq.), M. Tamizey
de Larroque, que j'ai suivi avec un interSt tout particulier, signale
au continuateur du Gallia Christiana deux omissions.
€ 1® Christophe de Candalle fut d'abord protonotaire apostolique,
ce qu ont iguor^ les auteurs du G. Ch., » dont acte.
2® Une lettre de Charles IX [BibL nat., fonds frangais), du 28
septembre 1571, dit : Vaquant Tabbaye de saint Jean de la Castille,
par le decez de feu M. Crestofle de Foix, evesque d'Ayre, j'^nay faict
don au sieur de Roissy, conseiller en mon prive conseil... « Cette
note, ajoute Tauteur, comble une autre petite lacune du Gallia
Christiana et j'espfere qu*elle ne sera pas perdue pour le savant con-
tinuateur de rinapprfeiable recueil, Dom Piolin, > p. 62.
Pour ^pargner a Dom Piolin, qui m'a fait Thonneur do me consulter
sur les dioceses d'Aire et de Dax, une plus, longue recherche, je me
permets de renvoyer le lecteur au Verbal de Charles 7X, imprim^
dans le premier volume de la Revue de Gascogne, a ia page 175. A
propos de la situation de Tabbaye de la Castelie apr^s les ravages
des protestants, il est ^crit : t En ladite annee (1570), a la soiUcitation
du seigneur de Roussy (1), maitre des requites de Thdtel du Roy,
qui a donn^ k entendre a Sa Majest6 que ladite abbaye vaquait par
(1) Je rectifie le passage au moycn d'aoe copio du ross. que je poss^de. EUe
porte < Roissy. »
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— 197 —
le doces de messire Christophe de Foy de Candale, eveque d'Ayre, et
que le susdit abb^ lui aurait resign^, ledit sire aurait mis sous sa
maia ladite abbaye et d6put6 6conome M. Pierre de Mesme, sieurde
Revignan, cousin germain dudit sieur de Roissy; a Toccasioii de
quoy le pauvre abb6 (Jean de Capdequy) n*en peutbonnement jouir,
jaQoitqu'il n*aie jamais r6sign6 ladite abbaye en faveur dudit sieur
feu de Foix, ni autre, etpar ainsi n'aie vaqu^ aucunement, etc. > II
faut done simplement maintenir pour Tabbaye de la Castelle, en
1571, avec le Gallia etie Verbal: « Frere Jehan de Capdequy, doc-
teur de Paris en la faculty de th^ologie et religieux profte, paisible pos-
sesseur d'icelle, quarante-deux ans y a. > Loc. dt,
Le mSme Verbal fournira a votre honorable coUaborateur € la date
precise de la mort de Christophe de Foix. > Revue^ 1. 1, p. 8-2, on lit :
« L'^vSch^ d'Ayre ^tant vacant depuis le 14 septembte 1570 par le
decez de feu messire Christophe de Foix de Candalle, paisible pos-
sesseur qui dec^da ledit jour en la ville de Bordeaux. >
Veuillez agreer, Monsieur le r^dacteur, etc.
Jules BONHOMME.
Le vrai nom de r^ditear de VAnti Joseph.
Goouad, 16 avril 1877.
Mon cher ami, V Imitation de J ism-Christy qui nous donne a tous
de si bons conseils, me donne particulierement celui-ci (livre I, chap,
ii) : « Garde-toi de te fier trop a ton sentiment. > J'avais cru et
j'avais dit (livraison de mars 1877, p. 137) que T^diteur de Y Anti-
Joseph devait 6tre le m6me que T^diteur des Poisies (TAndri Che-
nier, M. L. Becq de Fouquieres. Mais j'avais 6t6 dupe des appa-
rences: M. Ch. Lefebvre, le librairede Bordeaux pour lequel a et6
publi^e la charmante r(5impression de T^dition de 1615, veut bien
m'apprendre que Tannotateur de cette piece est un bibliophile bor-
delais, M. Louis hordes de .Mortage. J'ai ^t6 d'autant plus impru-
dent en attribuant a M. L. Becq de Fouquieres les initiales de M.
L. Bordes de Fortage, que j'ai moi-mSme eu plus souvent Toccasion
de constater que Ton a confondu les initiales de M. Tenant de la-
tour avec celles de
Votre devout serviteur et ami,
T. DE L.
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— .198 —
Le Turrian de Jean-Paul de Labeyrie.
[Dans mon 6tude biographique et litt^raire sur ce po6te Condomois
du xvi« siecle (Revue de Gasc.y iv, p. 402 et ss.), j'ai cit6 ce qu*il dit
de sa maison de campagne, le Turrian, en priant ses eompatriotes
d'en rechercher la trace. Ma priere a ete entendue. D^ja un anonyme,
qui a consacr^ a mon opuscule deux articles trop bi^veillants dans
le Conservateur d*Aucli, a indiqae, entre d.eux parentheses, avec
un signe de doute, la Tourre; et la communication suivante, que
j'ai regue depuis d'un bibliophile Condomois, ne laisse aucun doute
sur cette petite question. — L. C]
.... Le Turrian de Labeyrie n*est autre chose que la propriety de
La Tourre, qui appartientaujourd'hui k M. Rivoire-B^zian. Le pre
de Salamon et le bois de Salamon existent encore.
E. G.
NOTES DIVERSES.
XGVII. Un sonvenlr da podte gascon d^Arquiep.
M. F. T. m'a confi6 en meme temps (1) nn autre parchemin tr^s- analogue au
precedent, et qui int^resse uu confrere de d'Astros, comme lui po^te patois. Le
second volume des Poesies gasconnes publi6es chez Tross renferme un po6rae
satiriquequi porte le nom de d'Arquier : La guerro deous Limacs countro lous
Leytoureses. II y a aussi un douzain de lui parmi les pieces liminaires du po^me
de d* Astros sur les Saisons, Ce d'Arquier devait 6tre beaucoup plus jeune que
son confrere; car on tient que Tauleur du Trimfe de la lengouo gascouo mou-
rut fort vieux vers 1649, et d'Arquier, vicaire des 1633, signait encore au re-
gistre paroissial de Saint-Clar en 1671, avec le double titre de vicaire et cha-
pelain, Lapi6ce que m'a remise I'^diteur de d'Astros nous apprend le pr6nom
de ce vicaire-po^te et un trait de sa biographie.
En date du 18 novembre 1674, Louis Cazetde Veautorte, evfique de Lectoure,
conf^re k maitre Francois de Cassaignau, prdtre du diocese de Montauban,
archidiacre de Saint-Gervais, la chapellenie de Sainte-Catherine dans I'eglise
paroissiale de Saint-Clar, et ce en vertu de son droit episcopal de collation et
sur le vu d'une signature apostolique obtenue par I'impfitrant; ledit b6n6fice
(1) Le lectcut' est pri6 de raccorder cette note avec la note relative au poete d'As-
tros, laquelle termioait la derniere livraison de ]& Revue de Gaseogne (p. 151-152).
L'abondanee des matidres nous a obliges & renvoyer ici ce coropl^ment.
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— 199 —
vaquail alors per incapacitatem , inhahilitatem, tiluloramque nullitatem ac
indebitam detentionem quorumdam Bartholomei Arqu^ et Joannis Belin
preshiterorum.
On pourraitdouter de I'identit^ de cet Arqu6, injaste detentear de la cha-
pelleniede Sainte-Catherine, avecl'autear de La (/ii€rro deous Limaes; mais
la cote du parchemin, qui, sans 6tre tout k fait conlemporainede I'acte, est
ancienne et certainement <^crile par un int6ress6, porte le nom sous sa vraie
forme, ou plut6t sous sa forme fran^aise (i laquelle devait coexister la forme
gasconne inscrite dans Tacte). On y lit : Litige entre M. de Cassagnau, archi-
diacrcj et M, Arquier, pritre.
Quant k ceJean Belin, qui avait pr6tendu s'accomraoder avec Barthelemy
d' Arquier d'un benefice fort k la convenance de Fun et de Tautre, je suppose
qu'il 6tait nevea de Francois de Belin, qui fut vicaire de Saint-Glar avant d' As-
tros, puis cure de Biv6s, et enfm curje (ritou) de Saint-Clar, et k qui d' Astros
d6dia son Et^, pendant qu'il prenait part, comme pr6dicateur, aux mission^
con tre les huguenots dans les Cdvennes. L. C.
XCVIII. Une lettre de M. Alem-Rousseau.
La Revue de Gascogne a public en Janvier 1868 (t. ix, 47), une notice n6cro-
logiquesur M. Alem-Rousseau. — Nous avons garde copie d'une lettre qu'il 6cri-
vit, un an avant sa mort, h la pri6re et k I'adresse de M. Am. Tarbouriech, pour
un pr6fet amateur d' autograph es; et nous pensons que nos lecteurs trouveront
quelque inl6r6t ^ ce document assez caracl6ristiqne : l. c.
Monsieur,
Aurais-je un moindre dSsir de vous etre agr6able que volontiers et avec plai-
sirje mettraisde I'empressement h vousenvoyer les quelques Ugnes que vous
me demandez pour les joindre k une collection d'aatograpbes dont s'occupe
M. Iepr6fet de la Haute-Sa6ne etqui doit comprendre tous les constituants de
1848. C'est, en efifet, me ramener k un de mes meilleurs souvenirs, celui de la
plus grande reunion d'honnStes gens qu'il m'ait 6t6 donne de voir patriotique-
ment delib^rer.
Mais, Monsieur, sera-ce bien satisfaire M. le Pr6fet de la Haute-Sa6ne que
de lui envoyer I'^chantillon d'une 6crilure de 1867 au lieu d'une ecriture de
1848. Peut-Stre k la place oii vous eles n'eClt-il pas 6t6 impossible de mieux
faire. II est peu vraisemblable qu'il ne soit rien rest6 k la Prefecture ou k I'Hd-
lel-de-Ville de mes proclamations, de mes arr^tes, de mes rapports au Gou-
vemement provisoire. Un fait certain, c'est que je n'emportai rien, ne brdlai
rien; toutes les minutes durent rester dans les bureaux.
Au moyen de ces vestiges, s'il s'en retrouvait, on aurait I'ecriture du re-
presentant du pcuple de 1848.
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— i>00 —
Mais maintenant que dix-huit ans, Texil, lamaladie, la vieillesse sont passes
par \k, mon 6criture ne doit pas pi as 6tre la m^me qae nies cheveux. En moi
tout a*cbang6 except6 moi-m^me. *
Recevez, Monsieur, Tassurance de mes meilleurs sentiments.
Auch, 17 fevrier 1867.
, Albm -Rousseau.
A M. Tarhouriech, archiviste.
QUESTIONS.
144. D*iiiie anecdote sur Mgr de La Mothe-Hoadancoart.
Tallemant desR6anx (Historiettes, t. v, p. 187) raconte ainsi ce qui se passa,
dans la vieille Sorbonne, un jour de soutenance de th^es pour le doctorat en
th^ologie, entre le futur cardinal de Retz (alors abb6 de Retz) et le futur ar-
cbey^que d' Auch (alors abb^ de Souillac) :
. € Disputant contre I'abb^ de Souillac en Sorbonne, il (Jean-Francois de
> Gondi] cita un passage de saint Augustin, que I'autre dit estre faux. II en-
» voye querir un saint Augustin, et le convainquit. Souillac, qui, quoyqu'il
D ne soit pas ignorant, parte pourtant fort mal latin, dit pour excuse : Non le-
i» geram i$ta toma. Le docteur qui presidoit luy dit plaisamment : Ergo quia
x> vidisti Thoma, credidisti. *
Conn^t-on quelque t6moignage qui confirme le piquant r^cit de Tallemant?
T. DE L.
145. Dee bombes itppeldes Gominges.
L'abb6 Desfontaines [Observations sur les Merits modemes, t. iii, p. 263),
en relevant les errenrs d'un certain Massuet, historien anonyme de la campagne
de 1734, lui reproche, entre autres choses, d'avoir dit que la ville de Traer-
bach, bombardee, fut presque rdduite encendres. « Cette ville detruite sub-
siste comme auparavant, ajoutele critique, k la reserve d'une maison 6cras6e
par une Cominge. » A ce dernier mot est attache le renvoi suivant : « Cominge
est une bombe pesant 500 livres, invent^e depuis peu par un ingenieur ou ou-
vrier de ce nom. II n'y en avait jamais eu de ce poids avant la guerre pre-
sente. »
Le nom de I'inventeur semble appartenir k la Gascogne; mais je ne trouve
pas autre chose sur ce Cominge. Quid eruditi? U. C. T.
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UN NEVEU DE MICHEL MONTAIGNE
RAYMOND DE MONTAIGNE
PRftSDENT A SAINTES, fiV^QUE DE BAYONNE.
« le n'ay point de nom qui soil assez mien; de deux que
i'ay I'unestcommun^ toutettiarace, voire encores a d'aultres;
il y a une famille a Paris et a Montpellier qui se surnomme
Montaigne; une autre en Bretaigne eten Xaintonge, de la Mon-
taigne. » Ainsi s'exprimait, dans ses Essais (liv. ii, ch. xvi),
celui qui devait donner au nom de Montaigne son illustration,
au point que toute autre renommee dans sa famille a pali de-
vant la sienne. Et ce qu'il y a d'etonnant, c'est que Michel de
Montaigne semble dire qu'il n'y a de Montaigne que les Mon-
taigne, de Bordeaux et du Perigord. Pour les Montaigne
de Montpellier, ils ne lui elaient pas parents. La question
n'est pas douteuse, et c'est bien a tort qu'on a voulu les lui
rattacher : les armes sont differentes (1). II en est de meme
des Montaigne de TAgenais. De ceux de Bretagne, nous ne
dirons rien. Mais ceux de Saintonge, jedis ceux qui signaient
et s'appelaient de Montaigne, non d'autres qui se nommaient
de la Montaigne, ils etaient bel et bien de sa lignee.
(1) Le 26 juillet 1718, par acte reca Garimond, notaire et garde-notes da roi k
MoDtpellier, « Marie-Loaise de Montaigne, veave de messire Jean-Mathicn de Ri-
qoet, conseiller da roy en tons ses conseils, pr^sidant a mortier an parlement de
Toloze, > donne one procuration poor « vendre et allienner les marais qo'elle a dans
la province de Saint-Onge, » faile « et r^citt^e dans la maison de M. Belaud, cor-
rectear en la chambre des (iomptes an logis de ladite dame. » Et, coincidence sin-
gali^re ! cette piece, sign^e Montaigne Deriqubt, est l^galis^e par « Jean de
Montaigne, conseiller du roy, juge magistrat lieutenant principal en la 8dn^chanss<§e
el si^ge prdsidial de Montpellier, » qaisigne Demontaignb, lieutenant principal.
Tome XVIII. — Mai 1877. ]4
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— 202 —
Dans son recent ouvrage, si plein de recherches, Mkliel
Montaigne, sotioiigine, sa famiUe (1), M. Theophile Malvezin,
s'en rapportant aux Essais, n'avait pas era d'abord devoir
mettre les Montaigne de Saintonge parmi les Montaigne du
Bordelais; puis, sur quelques observations, dans une note de
la fin du livre (p. 344), il n'avait plus hesite. En efifet, la des-
cendance, la filiation est authentiquement prouvee. Grimon
Eyquem, seigneur de Montaigne, cut de Jeanne Dufour s\\
enfants dont Tun, Pierre, Taine, fut pere de Michel de Mon-
taigne; dont Tautre, Raymond Eyquem de Montaigne, sei-
gneur de Bussaguet, eut d'Adrienne de La Chassaigne, deja
tante de Michel : Raymond de Montaigne, Anne de Montaigne,
Joseph de Montaigne, qui se marierent eux-memes ou ma-
rierent leurs enfants en Saintonge. Or, de la branche Sainton-
geaise des Montaigne sont sortis quelques Montaigne, dont
le nom, sans avoir Peclat de Tauteur des Essais, a eu cepen-
dant une certaine notoriete. Laissons Marie-Louise de Mon-
taigne, epouse de Jean-Mathias Riquet de Bonrepos, le fils
du createur, continuateur lui-meme du canal du Langue-
doc. Mais il en est un qui merite au moins une mention dans
la famille; c'est Raymond de Montaigne, conseiller du roi
au parlement de Bordeaux, puis lieutenant general civil et
criminel au presidial de Saintes, abbe de Sablonceaux et
eveque de Bayonne.
Raymond de Montaigne, qualifle ecuyer, seigneur de Saint-
Genez, LaVallee, Courb'iac, le Treuil-ChoUet, conseiller du
roi en son conseil d'etat, n'a qu'une assez courte note dans
le Gallia. Hugues du Tems {Clerge de France, t. i, p. S61)
dans la liste des eveques de Bayonne, dit : «XLV. Raimond
de Montague de Saint-Genes clait issu d'une famille distinguee
de Bordeaux, que Michel de Montaigne a rendue celebre. 11
fut president au presidial de Saintes, puis eveque de Bayonne
(1) Bordeaax, Lefebvre, 1875.
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— 203 —
en 1630. Co prelat assisla a I'asseniblee du clerge en 1635,
el mourut au mois de mars 1637 (1). »
II ne sera done pas sans interel de dire de lui quelques mols
de plus.
Raymond de Montaigne descendait de cet Ayquem, le pre-
mier du nom, connu comme pere de Ramon Eyquem, mar-
chand et bourgeois de la ville de Bordeaux (1402-1478), qui
acheta la terre de Montaigne dont son flls Grimon Ayquem,
ne vers 1450, pril le nom. Grimon Ayquem, jurat de Bor-
deaux, eut entre aulres enfants d'abord, Pierre Eyquem de
Montaigne (1495-1568), pferede Michel Eyquem de Montai-
gne, maire de Bordeaux, chevalier de Saint-Michel, Tauteur
des Essais; puis Raymond Eyquem de Montaigne, seigneur de
Bussaguet et de Saint-Pallays, conseiller au parlement de Bor-
deaux, dont le flls, Geoffroy de Montaigne, seigneur de Bus-
saguet, Gaujac et Saint-Genes, conseiller au parlement, marie
a Ferine Gilles, eut notre Raymond. Je n'insiste pas surcette
filiation. A propos de Nicolas Pasquier (2), qui fut lieutenant
■general a Cognac pendant que Raymond de Montaigne T^tait a
Saintes, et aqui il a ecrit denombreuses leltres, j'ai traite assez
longuement cette question des Montaigne de Saintonge et des
Montaigne du Bordelais (3). J'ai, je crois, assez bien de-
montre la parente pour qu'il soit inutile d'y revenir.
Son grand-pere avait ete le premier .magistral de sa fa-
mine. Lui ne fut pas le dernier. On a vu comment le petit
boutiquier Ayquem avait un flls marchand bourgeois de Bor-
deaux. Le petit-flls Grimon est jurat de la riche cit6. Encore
I'l) C'est la tradactioD du Gallia, I. i. fol. 1322 : « Raimundos de MoDtagae
ortos erat ex illus(ri apad Burdegalenses genera, cui suis lucabrationibus dod modi-
corn spleDdorem attulit Michael de Montagne. Rahnundov vero domious de S. Ge-
nes, regi chrisUanissimo a consiliis sanclioribas, antea praeturse SaQtonensis prseses,
episcopos creator anno 1630. Interfoit coetoi cleri Parisiensi anno 1635, defunctos
aotem mense martio anni 1637. >
(2) Un filt d'EUenne Pasquier, Nicolas Pasquier^ lieutenant g^niral et maitre
des requites. IStode sor sa vie et ses Merits. Paris, Didier, 1876, in-8«>, 2* Edition.
(3) Voir k Tappendice le chapitre x (p. 283-284} : Raymond de Montaigne, C(»f-
respondant de Nicolas Pasquier,
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— 204 —
une generation et les Eyquem, devenus Montaigne, — d'une
terre ainsi nominee, — seront mairesde Bordeaux et conseil-
lers au parlement. La bourgeoisie s'efeve; et quand par de
longues anneesde travail, d'economie et deprobite, ces mar*
chands out acquis I'aisance ou la richesse, la consideration
ou Testime, la notoriete ou la celebrite, tout naturellement
ils sont gentilshommes; oubien ils ont achete une charge qui
confere la noblesse, ou bien ils sont entres dans un corps de
ville qui a le droit de noblesse, ou bien leurs services leur ont
valu des lettres patentes qui la leur donnent. Mais ces avan-
tages, il faut les meriter; et quand le pere n'y pent arriver
lui-meme, il songe que sa vie de devouement ne sera pas
perdue pour ses enfants ou petits-enfants, sUls la veulent
continuer.
Patr lettres de provision datees de Paris, le 50 septembre
4594, Raymond de Montaigne fut nomme conseiller au par-
lementde Bordeaux ensurvivance de son pere. II fut reguen
cette qualite, lel9 juillet 1595. M. Malvezin (p. 85) ajoute :^
« Raymond de Montaigne fut homme d'eglise et clianoine en
Feglise Saint- Andre de Bordeaux. » Est-ce bien exact? Je ne
Tai vu qualifl6 ainsi nuUe part. Puis a quelle epoque aurail-il
ete chanoine? II vint a Saintes en 1606. Etait-il deja veuf ?
Mors sa flUe, qui se mariavers 1642 une premiere fois, ^u-
rait a ce moment eu au moins la quarantaine, et plus que la
cinquantaine a la date de son second mariage, en 1658, ce
qui n'estguere probable. Au contraire, sUln'etait pas encore
marie, il faudrait done admettre qu'il quitta une premiere
fois Peglise pour une epouse, et que, sa femme morte, il re-
vint a son ancienne vocation I Enfm Lopes, danS sa liste des
chanoines de Saint-Andre qui ont occupe des sieges episco-
paux, ne cite pas son contemporain Raymond de Montaigne.
En 1606, il fut pourvu de Tofflce de lieutenant general au
siege presidialde Saintes. Depuis 1585, un arret du conseil
avait reuni Fofflce de president en la senechaussee de Sain- •
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— 205 —
tonge a Tofflce de lieutenant general en la meme senechaus-
see. Charles Guitard, sieur des Brousses, senechal de robe
longue, qui etait auparavant lieutenant criminel, elait devenu
lieutenant general en 1572. Doyen du chapitre de Teglise
cathedrale de Saint-Pierre de Saintes, en 1587, il mourut en
1598. Son fils, Jacques Guitard, sieur des Brousses, deLa
Vallee et du Vivier, lui succeda au siege de la senechaussee
et il remplit seul ces deux fonctions, reunies depuis 1585.
Mais Page le forga a en resigner une. II se demit en faveur
de son neveu, Raymond de Montaigne. En meme temps pour
recompenser ses services, le roi, par lettres patentes du 18
mai 1601, enregistrees a Bordeaux le 8 avril 1605, luiac-
corda le droit de jouir, sa vie durant, des prerogatives deson
dit office. Les provisions de lieutenant general au siege de
Saintes furent donnees en faveur de Raymond de Montaigne,
a Paris, le26 novembre 1605(1). Comment ceconseiUer au
(1) Lettres de provision de Vestat et office de lieutenant gMral au siige de
Xainctespour M* Raymond de Montaigne au lieu de Jf* Jacques Guitard,
Henry... scaaoir faisons qae nous, k plain confians de la personne do notre cbe?
et bieo am^ M* Rayniond de Montaigne et de ses sens, snffisance, lit^ratare, int^-
grit^ an faict de jodicatarei loyaalt^, prud'bommii, experience et bonne dilligenses,
a icoluy, poqr ces canses el aultres k ce nous moavans, anons donnd et octroy^, don-
nons et octroyons par ces pr^sentes I'eslat et office de lieutenant g^ndral au sidge de
nostre ville de Xaincles, que nagndres sonloit tenir et exercer M' Jaeqaes Guytard,
siear des Brosses et de La Vallde, dernier paisible possessenr d'icelloy, vacqaant k
present par la pare et simple resignation qu'il en a faicte en nos mains par son pro-
cnrear suffisamment fonde do procuration an proffit dodit Montaigne qaant k ce cy
attacbee soobs le contre-4cel de nostre cbancellerie poor le diet office de lieateoant
general au diet si^ge anoir, tenir et doresnavant exercer aulx bonneurs, auclborites,
prerogatives, preeminances, francbises, libertes, gaiges, droits, proffits, revenus et
esmolumens accoustum^s et qui y appartiennont, tant qu'il nous plaira, encore que
le resignant ne vive les quarante jours portes par nos ordonnances, de la rigueur
desquclles nous I'auons relieve et dispense, rellevons et dispensons par ces presen-
tes, attendu le droict annuel qu'il a paye, pour jouir dudict priyiliege durant la
presente annee. Cy donnons en mandement k nos amez et feaulx conseillers les gens
tenans notre cour de parlement de Bourdeaulx qu'apres qu'il leur sera apparu des
bonnes vie, moenrs, conversation et reMgion catbolique dudict de Montaigne et de lay
prins et re^eu le serment en tel cas requis et acconstume, diceluy recepvez, mettez et
inslituez de par nous en possession, jouissance et saisine dudict office et d'icelluy
ensemble des honneurs, auctborites, prerogatives, preeminances, francbises, libertesi
gaiges, droiets, profficts, revenus ct esmolumens dessus diets le faites.laissezetsouf-
frei jouir et user plainement et paisiblement, eXk luy obeyr et entendre de teas cenlx
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— 206 —
parlement de Bordeaux, magistral d'une cour souveraine,
echangeail-il son siege a Bordeaux centre la presidence du
tribunal de Saintes? Le fait s'explique, si Ton considere qu'il
n'etait, a Bordeaux, conseiller qu'en survivance, et que Tof-
fice de son pere, Geoflfroy de Montaigne, appartenait de pre-
ference et appartint, en effet, a son frere aine, Joseph de
Montaigne, seigneur de Gajac.
Raymond preta serment a Bordeaux, le 16 Janvier 1606,
II ne subit pas Fexamen, comme le disent les regislres du
parlement, parce quil avait « este examine lorsqu'il f ut receu
conseiller en la cour a condition de survivance de M. sun
pere. » Mais ilne fut pas dispense de payer 2,500 livres pour
la resignation de Tofflce et de plus une somme de 206 Ijvres
pour le droit de marc d'or (1). Ildut lui en couter dedebourser
•
et ainay qa'il apparliendra sar choses louchans et conserDans ledict eslat et office.
Mandons en oulire a nos ames et fdaulx les Ir^soriers de France et gdn<raalx de
DOS finances k (sic) que par le recevear et payeur des gaiges et droicts de nos
offlciers on auUres k ce parnons commis, ils fassent lesdicts gaiges et droicts payer,
bailler el ddlivrer audict de Montaigne doresnavant par chascan an, aalx termes et de
la maniere accoustam^e, et rapportan^ ces dites pr^sentes ou vidimus d'icelle deae-
ment collationn^es pour une fois avecq quittance dudict de Montaigne sur ce soffi-
sante, nousvoullons estre passez et allonez en la despense des comptes et rabbattos
de la recppte de celluy qui payez les aura par nos amez ct f^aulx les gens de nos
comptes a.... (sic) ausquels mandons aussy le faire sans difficult^ : car tel est nostra
plaisir. En tesmoisg de quoi nous auonn faict mestre oostre seel a ces dictes pr^en-
tes. Donnd k Paris le vingt sixiesme jour de novembre Tan de gr&ce mil six cens
cincq de nostre rdgne le dix septiesme. Ainsy signd sur le reply : Par le Roy.
Dormy et scell^es du grand sceau diet seigneur de cire jaulne. — Le diet de Mon-
taigne a faict et prestd le serriient de lieutenant gdn^ral au si^ge pr&idial de l^ainc-
tes, en la cour, au cas requis et accoustumd. A Bonrdeaolx en parlement le seiziesme
jour du mois de Janvier 1 666. Ainsi signd de Pontac.
NoTi. * Ledlot de Montague o'a est4 eiamM parce qull a eit^ ct-devaat ezamlo^ loraqo'U foi
receu oonfeiUer en la coor k aondltlon de inrTiTaDce de M. sou p^e. ArchtMi tUparuwuntaUi tU U
Gironde, Rtgittrei du parlement*
(1) J'ai receu de mattre Raymond de Montaigne la somme de deux mille cinq
eens livres, pour la r^ignation de Toffice du lieutenant g^n^ral au si^ge prdsidial de
Xainctes, aux gaigea y appartenans, faicie k son profit par mattre Jacques Giytard,
qui a pay^ le droict annuel dndict office, duquel le diet de Montaigne a este pourven.
Faict A Paris le xxti* jour de novembre mil six cent cinq. Et plus bas : Qoictance
de la somme de deux mil cinq cens livres, signd : Ardier. Et an dos est escrit: En-
registrd au conterolle gdndral des finances par moi soubssign^. A Paris, le dernier
jour de novembre mil six cent cinq, signd : Vienne.
Collalionn^ k i'original par nous conseiller secretaire du Roy ct de ses finances,
8ignd:DoKiir.
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— 207 —
autant pour devenir lieutenant general; et cette somme de
2,500 livres. Ires forte pour le temps, il la garda longtemps
sur le coeur. II Tavait encore, lorsqu'en 4614, il s'elevait si
vivement centre la venalite des charges dont il avail pourtant
lui-meme profile.
Dans ses fonctions de judicature a Saintes, Raymond s'at-
tira la conQance et gagna Teslime de ses justiciables. Aussi,
quand Louis XIII convoqua les etats generaux de 4614, c'est
sur lui que les electeurs de. la senechaussee porterent leurs
suffrages. II fut nomme depute du tiers 6tat de Saintonge
avec Francois de Sainte-Maure, baron de Mosnac, pour la
noblesse, Nicolas le Cornu de La Courbe de Bree, eveque de
Saintes, et Michel Raoul, doyen du chapitre, pour le clerg6. II
y joua un r61e considerable dont les relations du temps et les
proces-verbaux des seances nous ont conserve le souvenir.
Dans la seance de la chambre du tiers, le vendredi matin,
12 decembre 1614, « sur la proposition faicte a haute voix
par plusieurs dcpputes, Ut-on dans le proccs-verbal (1), qu'il
estoit necessaire de poursuivro sans intromission le rabais des
tallies, apres avoir sur ce delibere par provinces, a este arreste
qu'on depputera vers le Roy. » C'est « le sieur lieutenant-
general de Xainctes » qui fut choisi pour la province de
Guienne. II fallait qu'il se fut deja fait remarquer pour avoir
ainsi merit6 les suffrages au milieu de tant d'hommes dis-
tingues. En effet, Raymond de Montaigne, qui avail k coeur
J 'ay receu de M« Raymond de Montaigne la somme de deux cens seze livres, pour
le droict de marcq d'or del'office de lieatenant g^ndral ausi^ge pr^sidial de Xainctesy
dont il a est4 poonreu par la resignation de M« Jacques Gaytard. Faict a Paris, le
xxTir joar de novembre mil six cent cinq. Et plos bas: Qnictance du marcq d'or,
ann^e mil six cens cinq, sign^e : Du Tremblay. fit an dos est escrit : Enregistr^ an
conterolle g^n^ral des finances par moy soubssignd^ k Paris, le dernier jonr de no-
vembre mil six cens cinq, sign^: De Vienne.
Gollaiionn^ k I'original par moy conseiller secretaire du Roy et de ses finances.
Sign^: DoRMY. — Archives d^partetnentales de la Gironde, Registres du Parle-
ment.
(I) Fonds Frangais, 7525, fol. 159- Bibliothdque Nationale. — Je dois la com-
munication de ces pidces a I'obligeancc de M. Adolphe Booyer, archiviste pal^o-
graphe.
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— 208 —
de bien remplir son mandal, s'elevaavec force dans Tasseniblee
conlre les imp6ts. La these sans doute n'est pas nouvelle.
ToHjours ceux qui paient aimeraienl aulant garder leur argent;
et toujours aussi on peat s^assurer la faveur des contribuables
en leur promettant de diminuer leurs charges. « Le lieutenant
general de Xaintes, raconle Florimond Rapine, dans sa Re-
lation des Elats generaux (p. 405-107), fist un grand dis-
cours, en beaux termes, pour fairegouter a lacompagnie trois
propositions specieuses. La premiere, de supplier tres-humble-
menl Sa Majesle de surseoir a renvoi de la commission des
tallies ou a tout le moins d'en faire la reduction au pied de ce
qui se payoit en Tannee 4576. La seconde, de demander la
surseance du droict annuel; et la troisieme, la surseance du
payement des pensions. » Le discours est long; il n'a pas
moins de trois pages in4* dans Timprime. Contentons-nous
de reproduire les passages les plus saillanls : « Quoy! s'ecrie
Forateur, nos provinces ne nous ont-elles pas deputez vers S.M.
pour representer les miseres qui les font gemir et ployer sous
le faix insupportable de la taille, qui est venue a un tel excez
que tons les sujets du Roy en sont demesurement opprimez?
N'esl-ce pas la le but de notre delegation? » II rappelle que les
etats de 4576 et 4588 flrent la meme demande. II ajoute :
« Puisque done les prudens exemples do nos devanciers nous
levent tout scrupule, et les difflcultez qui se presentent d'abord
en ceste requeste, que tardonsnous a demander courageuse-
ment ce qu'on ne pent nous refuser honnestement? »
II montre ensuite en quelle estime on les tiendra, en voyant
qu'ils ont meprise leur propre interet, « demandant que les
charges que nous poss6dons hereditairement soient vouees au
public, auxplus capables etestimez, et non retenues par ceux
qui ont plus de biens, de richesses et de cr6dit. » Ainsi on
forcera « les medisans » a avoir conflance en eux, « eux qui
nous ont estimes estre du tout contraires a la revocation de
Tinique parti de la paulette; d'autant que la pluspart de cetle
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- 209 —
compagnie possede les charges plus relevees et honorables
du Toyaume, d'autant plus nous devoos nous porter, par la
liberie et sinceriledes Estats etTobligation denos consciences,
a I'abolition de ce droict, qui fomente Tignorance, ferme la
porte a la vertu et a la doctrine. » Cest parler d'or. Mais
Torateur oubliait-il que sa charge de lieutenant general lui
avait ete donnee a beaux deniers comptants?
11 ne doute pas que si le roi elait oblige, « par la necessile
deses affaires, » de leur refuser les deux premieres demandes,
il ne leur accorde la troisieme. Avec quelle force il s'eleve
centre ceux qui font ces demandes de pension : « Ah! lachete
franQoise! Ah ! Francois, auxquels il ne reste quefe nom Fran-
cois! vous servez votre Roy comme mercenaires, puisque vous
le servez pour Targent. Si vous aviez Thumilite et Tobeissance
erapreintes vivement dans vos coeurs, vous le serviriez parce
qu'il est votre Roy legitime et que la loy de Dieu, de nature et
du royaume vous Ta donne pour vous commander. II n'est pas
messeant de recevoir des liberalitez de son Prince, mais il les
faut avoir meritees. » II regretle vivement qu'il y ait certaines
personnes qui demandenl, sans en etre dignes, des pensions.
II esper^ « avoir sans difficulte une douce et benigne response
du Roy... »
Son eloquence avait frappe tellement Tassemblee qu'il fut
designe pour 6tre le chef de la deputation et pour porter la
parole au roi. <L'on propose, raconte Florimond Rapine (1),
de deputer vers Sa Majeste, et non vers M. le chancelier,
pour le supplier d'accorder la remise d'un quart delataille.
Et fut nomme le sieur lieutenant general deXaintespour porter
la parole. »
On se rendit done au Louvre. Le lendemain matin, 13 de-
cembre, il venait dire a Tassemblfee qu'ils n'avaient pu voir le
(1) p. 189, Recueil tris-exaet et curieux de tout ce qui s'ett fait et passi en Vae-
sembUe des Estats tenus a Paris en Vann^e 1614; Paris, 1615, in-4o; relation re-
prodoile par Mayer, des Estats gt^n^aux et autres assemhUes, Paris, 1788-17^9,
18 vol. iD-8«. t. x?l, p. 165-169.
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— 210 — .
Roi. « Et en mesme temps, a este diet par le sieur lieutenant
general de Xaintes que lui et les sieurs codeputtez n'avoient
pu parler au Roy sur le subject de leur legation touchant les
tallies, ains avoient este remiz a demain unze heures par le
sieur de Souvre. »
C'est aussi ce qu'on lit dans Rapine (p. 195), et Mayer
(tome XVI, p. 272) : « Arrive ensuite M. le lieutenant general
de Xaintes, revenant du Louvre, qui dit qu'il n'avoit pu
avoir audience de S. M. et qu'il avoit este renvoye a demain
sur les unze heures. »
Ledimanche, on fut plus heureux. Le roi regut la deputa-
tion, raccueillit et lui fit des proniesses, de ces promesses
vagues, banales, dont on est parfois bien force de se con-
tenter. II fallait travailler a faire le cahier des doleances et
Ton aurait favorable r6ponse. «Le lieutenant general de
Xaintes, continue le proces-verbal du 45 decembre (4), a
diet que, suivant sa depputation, il se trouva hier avec ses
co-deputtez au Louvre, representa au Roy dans son cabinet,
en presence de laRoyne, Mgr le chancelier et autres seigneurs,
les moyens plus propres qu'il estimoit pour obtenlr diminu-
tion des tallies. La responce du Roy fut que nous debvons
estre asseurez de sa bonne voUonte, que nous ayons k dresser
nos cayers promptement et que Ton y salisfera; et sur ce qu'il
auroit r6plique que le peuple estoit fort miserable, surcharge
extr6mement des tallies et subcides, a quoy esioit necessaire
de pourvoir promptement, et que en cette demande le service
du Roy estoit mesl6 et intheresse, fut respondu par la Royne
que le Roy feroit tout ce qu'il pourroit pour contenter le
peuple. De laquelle legation ledit sieur lieutenant general de
Xaintes a este remercie par la compagnie (2). »
(1) lb. f» 170.
(2) Sons la date du lundi 15 decembre 1614, on lit dans Rapine, (p. 203}, et Mayer
(XVI, p. 283} : € k rinstant M . le lieutenant g^ndral de Xaintes rapporta la responce
que le Roy et la Royne loy avoient faite aprds Tavoir oui en ses remonstrances, qni
contenoit mesme chose que ce qui avoit est^ dit an sienr President. >
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— 211 —
Voici de cette entrevue le recit de M. Georges Picot, le
dernier historien des etats generaux(i) : «La deputation fut
regue par la reine-mere et le roi en presence du conseil. Au
discours du lieutenant general de Sainles, exposant la misere
du peuple et la n6cessite de revenir au taux des tallies pergues
en 1576, la reine repondit froidement que le roi donnerait
pleine satisfaction aux voeux des cahiers et qu'il soulagerait
le peuple; mais elle 6vita d'abord le point precis doijt il s'a-
gissait. »
La deception fut grande dans Tassemblee. « Le tiers etat,
continue M. Picot, attendait avec impatience Teflfet du discours
de son depute; il avait cru que son eloquence enlrainerait la
reine-mere. » H61as! quand il s'agit d'enlever quelques res-
sources au fisc et de faire des economies, Tetat ne salt jamais
comment s'y prendre. Et les plus belles harangues pour la
diminution des imp6ts ont ordhiairement la meme r6ponse,
sous une forme plus ou moins adoucie : Impossible.
On proposa done « de deputer de rechef vers S. M. pour
luy reiterer la mesme requeste; et fut conclu et arreste qu'on
iroit le mercredy matin ensuivant et qu'on priroit MM. des
deux ordres de nous y assister el favoriser. » On commenga
done des pourparlers avec la noblesse et le clerge. Mais Sa-
varon, depute de Clermont, ayant prononce quelques paroles
blessantes centre la noblesse a propos des pensions (2), faillit
6tre fort oial traits, et la tentative 6choua. Le tiers crut devoir
faire sa d-marche seul. Savaron, son dfelegue, reprit les trois
propositions de Raymond de Montaigne. Iln'obtint pas davan-
tage. Le roi engagea les deputes k travailler promptement a
leurs cahiers au lieu de presenter leurs demandes les unes
apres les autres; apres il leur ferait une reponse favorable.
La supplique n'avait pas eu le succes qu'esperait le tiers et
(1) Histoiredes Etait gMraux, Paris, Hachelte, 1872, 4 vol. in-8o, t. in, p. 354.
(3) Son discoan se troave dans Florimond Rapine, p. 195-134, et dans Mayer,
t. Xfi, p. 196-208.
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— 212 —
qu'ilpouvait legilimement attendre du talent de son orateur.
Mais il restait pour Raymond de Montaigne le r61e important
quMl avait joue en cette circonstance, et la consideration qu'il
s'etait acquise parmi les deputes. Aussi revint-ii dans sa pro-
vince grandi et honore.
Cessuccesa I'assemblee desetats generaux ne contribuerent
pas pen a jeter sur le president de la senechaussee de Sain-
tonge un nouveau lustre; sa capacite, sa probite lui meriterent
le respect de tous ceux dont sa haute position dans la province
attiraient les regards. II allait bient6t obtenir une nouvellc
preuve de Petat qu'on faisait de lui. Le tiers Tavait nomme
son depute en 1614. Dix ans plus tard, c'est le clerge qui lui
devait donner un temoignage eclatant de son estime.
Raymond de Montaigne conlribua puissamment a Tetablis-
sement des freres mineurs de Tetroite observance, vulgaire-
ment appeles RecoUets, cr6es en Espagne, Tan 1484, pour la
predication, et introduits en France Tan 1592. Saintes fut
certainement une des premieres villes qui les eut apres Nevers
(1597). Le Gallia christiania dit seulement que c'est sous
Tepiscopat de Nicolas Le Cornu de La Courbe de Bree (1576-
1617) que s'etablirent a Saintes les Jesuites, les Recollets et
les Carmelites (1), sans preciserla date. Mais une leltrcdu
gardien des Recollets, Jacques Lajoumard (26 novembrc
1723), adressee a Tintendant de La Rochelle, Qxe le millc-
sime a 1613. Louis XIII les fit venir a Saintes et les installa
sur Templacement de la citadelle, appelee au moyen age Ca-
pitolium, d'ou la croyance generale que Saintes sous la do-
mination Romaine avait eu un capitole. lis habitaient dans
Tenceinte de Thdpital actuel pres des mines de Teglise Saint-
Frion, qu'a remplacees la maison de Taumdnier. Mais I'jes-
pace etait etroit etle lieu incommode. Et le roi avait besoin
(1) Eo sedente rtcipiantor in nrbe Jesuitsc, fratres Minores Recolleti, et Monialcs
B. MariaD de Monte Carmeloquae postea in arcem extra urbem translatsc sunt Gal-
lia ehrisHana, t. ii, col. 1084.
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— 213 —
de leur couvent pour les fortifications de la cite. lis durent
descendre dans la ville. Auparavant ils demandaient que le
roi leur tint comple des batiments qu'ils abandonnaient. Le
lieutenant general avec des experts visita les lieux et fit Tes-
timation. Ils virent deux jardins dans Tun desquels les reli-
gieux avaient creuse un puits, un corps de logis de 120 pieds
de longueur et 17 de largeur avec 12 chambres, plus un au-
tre corps de logis ou etaient la chapelle, deux grandes cham-
bres, deux greniers par eux batis, enfm Tancienne eglise de
Saint-Frion. L'emplacement et les jardins furent evalues a
5,000 livres; la batisse, y compris le puits, a 4,000 pour les
mafons, a 1,600 pour les charpentiers, a 350 pour les serru-
riers; a 450 pour les recouvreurs; la chapelle a 1,500. Total,
10,900 livres (1). Le roi leur donna 10,800 livres. Montaigne
leurabandonna, en 1619, un vaste emplacement sur les bords
de la Charente. Depuis cet acte de generosite, ces religieux ont
toujours regarde Montaigne comme leur fondateur. La lettre
dont nous avons parle le dit en propres termes :
t A Saintes, ce 26 noverabre 1723.
* Monseigneur, pour reponse a votre seconde lettre, j*auray a vous
dire qu'il y a cent dix ans que le roi Louis XIII nous ^tablit a la
citadelle de Saintes; six ans aprfes, Sa Majesty, ayanl besoin de no-
tre couvent pour y faire des fortifications, nous donna 10,800 livres
pour nous ^tablir dans la ville. M. de Montaigne, nostre fondateur,
nous donna Templacement oii nous sommes depuis 106 ans; je ne
saurois vous donner la date des lettres patentes de Sa Majesty : il
y a cinq ans que le feu consuma tons nos titres avec tout le cou-
vent. Nous sommes actuellement 12 prestres, trois freres et un petit
serviteur de messes. J'ai I'honnenr d'etre avec un profond respect,
Monseigneur, votre tres -humble et tr^s-ob^issant serviteur,
» Frere Jacques LAIOUMARD, gardien. »
L'eglise des RecoUets sur le quai qui porte leur nom sub-
siste encore. Conflsquee comme bien national, elle est deve-
nue le club des amis de la constitution. C'est la que fut de-
li) Briand, Histoire de Viglise Santone, \l, 479.
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— 214 -
pose solennellement, en 1791, le busle deMirabeau, apres une
procession triomphale oil Teveque constitutionnel assistaavec
tout son clerge, et apres Teloge funebre prononce du haul de
la chaire de Saint-Pierre, par Deschamps, curfe de Dompierre,
d'assez triste m6moire; c'est la aussi qu'un an apres, I'image
de ce grand citoyen, que Saintes 6tait fler d'avoir compte
parmi ses habitants comme sons-lieutenant a la suite dans
le regiment du marquis de Lambert, fut aussi solennellement
brisee comme celle d'un parjure et d'un traftre. Puis le club
devint halle aux bouchers, salle de reunion, gymnase; c'est
aujourd'hui une imprimerie. J'ai publie le sceau des Recol-
lets, p. 15 des Sceaux inedits de I'Aiinis et delaSainlonge.
Raymond de Montaigne s'etait mari6. II eut au moins une
fille, Anne de Montaigne, que je trouve en 1642 femme de
Louis de Beauchamp, ecuyer, seigneur de Bussac, pres de
Saintes, flls de Helie de Beauchamp et d' Antoinette Chesnel.
En secondes noces, elle epousa, le 16 octobre 1658, a Saintes,
Blaise de Gaseq, baron des Portets, seigneur de Cocumont,
conseiller au parlement de Bordeaux, deja veuf, a ce que je
crois, d'Anne Marsaud, petite-fille d'Anne de Montaigne,
dame de Saint-Georges-des-Coteaux, et par consequent petite-
niecB de Raymond. M. Thfiophile Malvezin lui dorine un
flls, Nicolas de Montaigne, qui, dit-il, fut reconnu en 1627
par arret du conseil d'etat comme successeur de son pere en
quality de president en Velection de Saintes. C'est probable-
ment lui qui assiste en 1624 a la prise de possession de Sa-
blonceaux. Pour moi j'attribue a Raymond pour flls Nicolas
de Montaigne, seigneur baron de Puycherie, seigneur de
Courbiac, qui 6pousa Louise-H61ene de Suberville, dite veuve
en 1695. Sa flUe, Marie-Louise de Montaigne, dame de Cour-
biac, baronne de Puycherie, epousa, nous Tavons vu, Jean
Mathias de Riquet de Bonrepos, seigneur de Bonrepos et du
canal du Languedoc. J'ai indique toutes ces alliances dans
Fappendice de Nicolas Pasquier, ou il y a encore bien des
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— 215 —
lacunes, bien des pelils problemes genealogiqaes plut6t poses
que resolus. On voit que la branche Sainlongeaise des Mon-
taigne ne subsista pas longtemps dans la descendance mas-
culine. La branche Bordelaise s'est continuee par le flls de
Joseph de Montaigne, frere de Raymond, et par celui de son
neveu, Henri de Montaigne de Bussaguet, qui avait epous6, le
6 mai 1624, Marguerite Blanchard, flUe de Pierre Blanchard,
ecuyer, seigneur de La Faye, pres de Saintes.
Sa femme mourut. La douleur de Raymond de Montaigne
fut telle qu'il se consacra tout entier a Dieu et entfa dans les
ordres. Les chanoines Augustins deTabbayede Notre-Dame de
Sablonceaux (a 46 kilometres de Saintes) le demanderent
pour abbe. « A canonicis postulalur in abbatem, » dit le
Gallia (t. ii, col. 1132). Gabriel Martel, pr6tre du diocese
d'Agen, dernier abbe regulier, resigna son abbaye en sa
faveur, par acte du 17 juin 1624. Le pape Urbain VIII signa
sesbulles, lei" septembre; ellesfurent viseesarofflcialite de
Saintes, le 4 novembre. On np voit pas que les fonctions
ecclesiastiques aient fait renoncer M. de Montaigne aux fonc-
tions judiciaires. Car le meme actele qualifie pretredu diocese
de Bordeaux et president de la province de Saintonge. L'in-
compatibilile n'existait pas. Surtout a cette' epoque, il n'etait
pas rare de voir un ecclesiaslique, meme un pretre, occuper je
ne dis pas seulement des offices de judicature ou des charges
administralives, mais encore des commandcments militaires.
Sans parler de Brantdme, qui fut un instant prieur de Saint-
Vivien de Saintes et de Royan, et pour nous bomer a notre
region, TevSque de Saintes (1631), Raoul deLaGuibourgere
avait ele conseiller au parlement de Rennes, sfenechal de
Nantes et pere de famille. L'eveque de LuQon assiegea et prit
La Rochelle (1628). Le cardinal Francois d'Escoubleau de
Sourdis avait ete lieutenant general pour le roi dans la Beauce,
avant d'etre archeveque de Bordeaux en 1599. Son frere, Henri
d'Escoubleau de Sourdis, qui lui succeda sur le siege de Bor-
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— 216 -^
deaux^ fut amiral et commanda les armees navales. Francois
de Villemontfee, intendant de la generalite de La Rochelle en
4631, se fit pretre du vivant de sa femme, et fut nomine eveque
de Saint-Malo.
Le 25 novembre de Tannee 1624, Raymond de Montaigne,
pretre, president de la senechauss6e, se rendit a Tabbaye (1). II
etait accompagne de plnsieurs membres de sa famille : Nicolas
de Montaigne, son flls; Anne de Montaigne, sa fllle; de son
beau-frere, Tristan d'Alzalte d'Urlubie, qu'avait epouse Cathe-
rine de Montaigne; de Pierre Gombaud, seigneur de Feusse,
conseiller du roi, lieutenant particulier et a3sesseur criminel
de Saintes, que je crois aussi son beau-frere; puis d'Etienne
Bouildron, seigneur de Dinechin, conseiller du roi, lieutenant-
general de Saintonge; Mathieu Blanchard, seigneur de La
Foussade et de Laugeardiere, conseiller du roi, lieutenant
particulier au meme siege; Grincel, avocat en la cour; Gom-
baud, prieur de Meursac et autres. Leprieur de Saint-Savinien-
du-Part, Pierre Brassier, docteur en theologie, le mit en pos-
session de Pabbaye de Sablonceaux, avec les ceremonies or-
dinaires. Les religieux presents au convent signerent le proces-
verbal : Jacques Gallet de Fiefgallet, prieur claustral; Debour-
geade, sous-prieur; Mahy, econome; Sallet, hotelier; A. Boys-
sier, inflrmier; A. Grelaud, prieur de Champagnolles.
Le nouvel abbe, quoique commendataire, songea serieuse-
ment a son abbaye. EUe avait eu beaucoup a souflfrir des pro-
testants pendant les guerres religieuses; en 1568, le monastfere
avait ete briile par les calvinistes. Les dommages, d'aprfes un
devis estimatif dresse par le due de Biron, sur Tordre de
Charles IX, s'elevaient a cent mille livres. L'intendant que
Biron commit a la garde de Tabbaye acheva la destruction; il
fit couper et vendre a son profit les belles forets de Trelon el
de Sainl-Romainqui endependaient, abatlitles voutes dePeglise
(1) Nous doDoeroDs en appendiee, a la fin de ce travail, Tacte de prise de pos-
session.
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— 217 —
donl il vendit les pierres, el transporta a Saint- Jeao-d'Angely
Irois tonnes pleinesdepapiersetparcheminstir6s du chartrier.
Tout recemment mSme, en 4622, apres le si6ge de Saint-
Jean-d'Angely, le monastere avail ete pris le 25 Janvier par
Soubise qui le mit a composition (1) et acheva de le reduire
en cendres.
Montaigne commenga de grandes reparations, les plus
urgentes (2). 11 n'eut pas le temps d'accomplir ses projets; il
laissa ce soin-la a son successeur Henri d'Escoubleau de
Sourdis, depuis archeveque de Bordeaux. Ce fut m6me Toc-
casion de d6m61es assez longs et assez vifs entre eux, dont
Techo parvint jusqu'a Tassemblee generale du clerge de France
en 4635.
Louis AUDIAT,
President de la Soci^t^ des Archives hiitoriqaes
de Saintoiige et d'i^HDis.
{La fin prochainemenl.)
(1) C'est le terme adoaci dont sesert I'aQlear liagnenot da Journal du $Uge de
Saint' Jean en 1621, par DaDicI Mancean, dans lo I*' vol. ^x Archives historiquet
de la Saintonge et de V Aunts.
(2) c Raimond de Montagne, dil Massiou, t. v, p. 453, Bistoire de la Saintonge,
president k la sdn^chauss^e de Saintes, fut nommd abb^ sdcalier de Sablonceaux,
k la charge de restanrer cette abbaye. II n*avait pas encore song^ i remplir cet en-
gagement, lorsqa'en 1630 il fat nomrn^^ T^v^cb^ de Bayonne. » II y a dans ces lignea
plosieors errears. Montaigne avait si bien commence qa'il eut des ddmdlds avee son
saccessear^ prteis^ment k caase des int^r^ts k r^gler.
Tome XVIII. 13
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— 218 -
INSCRIPTION LAPIDAIRE
A LA CRYPTE DE L'fiGLISE DE SAINTE-QUITTERIE
AU MAS d'AIRE-SUR-l'ADOUR.
« M. Emile Labeyrie, ancien directeur du contentieux au ministere
des finances,\est mort chr^tiennement a Aire le 21 septembre 1876.
II a-laiss^ des manuscrits tr^s-int^ressants sur I'histoire du pays. »
Telle est la note que les ^diteurs de VHistoria monasterii S, Severi
ont consaGr^e (ii, 375) a un de leurs eollaborateurs, qui fut aussi notre
correspondant tres-sympathique et tres-d^vou6. Deux mois environ
avant sa mort si impr(5vue, il nous envoyait cette petite 6tude. Peu
de jours aprfes, il jous priait de ne pas la publier, de peur de con-
trarier M. J. No^lens, qui venait de citer, dans un travail sur le comU
d'Agenais au i« siicle, Tinscription dont M. Labeyrie met en doute
Texistence. Nq|is ob^imes; mais aujourd'hui, parfaitement sArs de ne
contrarier personne par la publication de ce court m6moire, qui ne
parait pas d'ailleurs tout k fait d^cisif, nous croyons rendre hommage
k la m^moire de notre regretted coUaborateur, en editant ces pages,
oil ily a de bonnes indications. Puissions-nous 6tre k mfime de faire
aussi profiter le public des autres travaux in^dits de M. Labeyrie 1
L. C.
Si la ville d'Aire-sar-rAdour est pauvre en monuments
antiques ou moderncs, elle possede du moins dans la ban-
lieue, connue sous le nom du Mas, le magnifique sarcophage
en marbre blanc de sainte Quitterie, dont on a lu ici meme
Phistoire et la description, donnees par deux archeologues
competents, M. Tabbe Pedegert, aujourd'hui chanoine de la
cathedrale (1), et M. Leon Sorbets (2), Tun de nos plus eru-
dits eollaborateurs. L'eglise au-dessous de laquelle se trouve
f\) Tome II, p. 6.
(2) Tome ill, p. ^.
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— 219 —
ce tombeau remonte au xi* siecle, ou aa x\v au plus tard.
Elle appartient en general au roman secondaire. La fa?ade
seule est du style ogival. La crypte est plus ancienne : on y
descend par deux escaliers places chacun a droite et a gauche
des absides laterales. C'est au centre de ce souterrain qu'on
trouve un baptistere carre, ainsi que le sarcophage de la
vierge-martyre.
C'est 2^ussi probablement dans cette crypte, sous la voute
de Teglise de Sainte-Quitterie, que devait etre placee, si du
moins elle avait jamais existe, la pierre epigraphique dont
parte en ces termes Arnaud Oihenard, a la page 428 de son
histoire des deux Vasconies : Antiqiais lapis in cede ccenobii
beatce Quiterice, secus Atp'ensem civilatem, his Uteris inscrip-
his :
III IDUS NOVEMBRIS OBIIT
GVILEMVS COMES C... AR
CHio DVX GVASCoNoRUM
ET OBITUS GARSIE FRATR
IS EIVS COMITIS
AGENNENSIVM
Get historien cite ainsi et decrit cette inscription, pour
prouver que les souverains de la Gascogne prenaient altema-
livement, et cumulativement quelquefois, les titres de prin-
ces, de dues, de comtes et m6me de marquis.
Marca, dans son Histoire deBiam (page 232), mentionne
dans des termes identiques ce monument lapidaire, auquel
aucun autre auteur n'a jamais fait allusion, ni avant, ni de-
puis. Mais le savant historien basque, qui en a parte le premier,
n'ajoute pas qu'il Vait vu sur les lieux. On pent done penser
qu'il tenait son information, soit de quelque habitant de la
villa, soit de quelque moine de Tabbaye, plus ou moins bien
renseigne. Mais, dans tons les cas, Texactitude du renseigne-
ment est au moins douteuse.
II est, en effet, notable que le procfes- verbal de 1569, qui re-
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— 220 —
late les devastations comniises par les Huguenots dans les
temples sacrfes et dans les maisons religieuses, ne dit pas un
mot de ce fait historique.
Pierre Duval n'en parle pas davantage dans sa Description
de I'evesche d'Ayre qu'il fit imprimer en 1651, apres avoir
accompagne, comme secretaire, Gilles Boutaull, eveque de ce
diocese, dans sa longue tournee pastorale. Son livre, devenu
fort rare, mais dont Fauteur de la presente note possede un
exemplaire, est en quelque sorte le proces-verbal, dresse jour
par jour, de la visite episcopale dans les diverses paroisses.
On y lit ce qui suit :
L'^glise (de Sainte-Quitterie) est bien Tune des plus belles de
Guieane, enrichie de divers corps saints et d*une fontaine miracu-
leuse, fr^quent^e par nombre de personnes a cause de sa vertu sur
ceux qui ont le seas 6gax6.
Ni la, ni ailleurs, le secretaire du prfelat n'ajoute aucune
autre observation, quoiqu'en general il omette pen de details
d'une certaine importance dans sa relation sur les villes,
bourgs ou hameaux qu'il a parcourus successivcment, el sur
leurs monuments remarquables. II ecrivait en 1651, quelques
annees apres la publication des ouvrages d'Oihenard,- en 1658,
et de Marca, en 1640. Ces histoires etaient alors en circula-
tion dans les contrees meridionales depuis plus de douze
ans. II est presumable que Pattention du public etant ainsi
appelee par cettc indication epigraphique, Duval aurait voulu
aller constater par son propre examen ce qui aurait d'abord
echappe a ses regards, et qu'ensuite il en aurait fait mention
dans sa brochure.
II est vrai qu'il a egalement garde le silence sur le sarco-
phage de sainte Quilteriedevant lequel les fideles allaient alors
s'agenouiller et prier, comme ils le font encore aujourd'hui,
le 22 mai ou le jour de la fete locale. Son oubli ne serait
done pas un argument bien concluant contre Tenonciation
des deux illuslres historiens basque et beamais.
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— 221 —
Toutefois, on s'expliquerait encore moins que Dom Daniel
Dabbadie/dont Tabbe LugatetlechanoinePedegertfontimpri-
mer en ce moment le manuscrit inedit sur Thistoire de Sainl-
Sever et deson abbaye(l), n'ait point relate cette circonstance
historique qui concernait si personnellement Guillaume-Sanche,
bienfaiteur de son monastere, el le fondateur de celui du Mas-
d'Aire. Ce savant religieux, qui rapportetoutes les chartes en
langues laline^ romane ou frangaise^ de mSme que toutes les
traditions relatives a ces deux maisons benedictines, ecrivait
quelques annees apres Oihenard et Marca, quMl cite, tres-fre-
quemment. II est muet sur Tinscription antique qui se ratta-
cbait si directement a son sujet.
Le chanoine Lahitere, decede a Aire le 17 juin 1769, ne
la rappelle pas davantage dans ses cahiers de notes autogra-
phes, qui ont ete deposes depuis peu aux archives du grand-
seminaire diocesain. II se borne a dire (page 94) que « Guil-
» laume-Sanche mourut le S2 decembre 984 (2), laissant de
» sa femme Urraque deux fils, norames Bernard et Sanche, et
» qu'il etait frere de Garcie, comte d'Agen. Les trois, dit-il,
» sont enterres pres du tombeau de sainte Quitterie, du c6te
» du nord. » .
II y a, en efifet, tres-pres et a la partie droile du monument
funeraire de lapalronne de la cit6 episcopale, trois tombes en
picrrc, rangees dans leur longueur a la suite les unes des au-
Ires, et dont celle *i milieu est moins longue et moins large.
EUes sont pos6es a fleur de terre, sans aucun enfpncement
dans le sol, parallelement a un mur lateral presque contigu,
et perpendiculairement au sarcophage precite. On n'aperQoit
nulle part alentour, ni ailleurs dans Tinterieur du souter-
rain, ni dans la nef au dessus, aucune trace d'une inscrip-
(1) Au moment de faire parattre ce bel ouvrage, qae nous recommander^ns plus
d'une fois a nos lecteurs (2 beaax vol. grand in-8o; 12 fr. S'adresser a M. I'abbd
Lugat, a Villencuve-de-Marsan), les Miteurs ont dt4 roicux renseign^s sar le vrai
nom de I'autear, Dom Pierre- Daniel Da Buiisoo.
'2} L'ioscription fiie W date du d6c^ au 3 des ides de novembre.
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— '222 —
lion quelconque sur les parois des auges oa des couvercles
des lombes.
L'abbe Lahitere ajoute, a la page 104, que « les dues de
» Gascogne avaient leur lombeau dans le soulerrain de Te-
» glise du Mas, » sans indiquer la source a laquelle il a puise
ce renseignement et le suivant, savoir que :
Guillaume-Sanche, fils du comte Sanche, qui demeurait a Sainl-
SovPT, oil il (celui-ci) avail fonde Tabbaye des B^n6dictins, residait
a Aire. Ayantfaityenir de la^jremi^re deces villes quelques moines
du ineme ordre, il les etablit dans la secoude et fonda leur monastere
au pied de la montagne oa 6tait (encore) son chdleau en 4093,
Pour ne laisser aucun doute sur la veritable situation du
convent priinitif, le chauoine explique que :
• I-,es Bencdictins occupaiont le terrain depuis le camp de Gorre
(par cons6quent dans la plaine) jusqu'au pied de la montagne qui est
au nord et au couchant, et toumait a tout le couchant de la ville, en
sorte que, par la tradition, on appelle tout ce fonds k I'abbaye. A pros
le renversement de tout dans cotte ville par la guerre, . les B^nedic-
tins reb^tirent le monastere au midi de Veglise paroissiaJe (du Mas)
et au levant. Ce batiment etait en briquos, et il servit plus tard de
fondement au s^minaire qu*on y Etablit, les moines ayant consenti a
la reunion en 1704.
Jusque-la, il n'y a pas un mot quelconque qui fasse suppo-
ser Texistence d'une pierre gravee ou sculptee, ou d'unc
peinture murale relative a Guillaume-Sancj^e et a son frere
Garcie.
Mais le chanoine nous donne quelques autres indications
utiles pour Thistoire et la topographie de la ville, a defaut du
document signale par Oihenard, sur le rapport d'autrui.
II nous apprend (page 104) que :
Le chdteau du comte avait iii bati par les Remains sur despiliers
combUs de terre; qu'apres les guerres de religion, M. Gilles Bou-
taut, evdque d*Aire (de 1626 a 1649), profita des restesdo cechdtoau
pour reconstruire I'evSch^ qui avait M d^moli en 1622 paries trou-
pes du due d'Epemon, gouverneur de la Guyenue en 1607, afin d'cn
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— 223 —
chasser les routiers qui en avaient fait une caverne de voleurs. Je
tirai, dit-il, les briques du puits du chateau et des fondements des
piliers pour en Mtir I'hdpital en 1746.
II y avait autour de T^glise du Mas ua cimeti^re, selon. I'usage.
Le peuple etait enseveli au eouchant, les prStres au levant dans des
tombes, les dues de Gascogne dans les souterrains de Viglise.
En 3747, on changea la route da Mas, pour la commodity des
voyageurs, depuis Thdpital jusqu'a T^glise de Sainte-Quitterie; elle
fut piquet^e (tracee) en 1746 au travers des vignes el jardins de
M. de Cadrieu et autres. Les travaux durferent un an et furent ex^-
cut^s par les corv^es.
D'un autre c6te, on lit ce qui suit dans une lettre adressee
le 22 septerabre 1753 par M. Tabbe Mirassou (1), chanoine
theologal de la cathedrale d'Aire, au prieur des capucins de
Nogaro; elle decrit ainsi quMl suit la crypte de Sainte-Quitterie,
sans parler de la fameuse inscription dont ilest impossible de
decouvrir le moindre vestige depuis plus de deux siecles :
Le corps do la sainte, dit-il, est dans la chapelle du Mas, dans un
sepulcre de tres-beau marbre et bien travaille, et plusieurs torabeaux
aux environs qui, je crois, sont des compagnes de la sainte qui Tac-
compagnaienttoujours depuisqu*elleeutquitte lamaison de son pere.
II n'y a point d'image de la sainte peinte sur son tombeau; il n'y a
qu*un grand tableau oil est dt5peint le martyre de sainte Quitterie. On
y ropresentc le bourreau qui tiont un sabre ensanglant(5, et pres de
la, on represonte la sainte ddeoll^e (deeapit^e) portant sa tSto entre
ses mains, une palme a c6t^ et une couronne qui est la couronne du
martyre. Dans un autre tableau elle est representee au milieu, sans
6tre ddcollee, sous la figure d'une jeune fille, ayant a ses deux c6tes
deux personnes folles ou furieuses liees et attach^es a deux poteaux.
Les auteurs de ces diverses descriptions, si precises sur
les moindres details, n'auraient certainement pas omiscequi
concernait le souvenir lapidaire evoque par Oihenard sMlsen
avaient decouvert quelque lambeau, ou si la tradition en fut
parvenue jusqu'a eux. Marca n'en a fail mention qu'en co-
piant Tassertion d'Oihenard qui, lui-meme, se bornait are-
(1) Aevue catholique d'Aire et de Dax de 1874, p. 193.
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peter ce qu'il ne savait que par oui-dire. Apres eux, tous
les temoins locaux et les visiteurs qui ont rendu compte de
leurs investigations sur les souterrains et la nef superieure de
Teglisede Sainte-Quitterie, ont garde le silence leplusabsolu
relativement k un fait important pour Thistoire des dues de
Gascogne, savoir : Pierre Duval, en 1651; Dom Dabbadie (1),
vers 1680; le chanoine Lahitere, en 1746; le chanoineMiras-
so.u, en 1753; les freres deSainte-Marthe dans le GaJlia Chris-
tiana, le livre rouge de Teveche extrait des glanages inedits
du paleographe Larcher, ainsi que les redacteurs de notre
Revue de Gascogne, et ceux de la defunte Petite revue calho-
lique d'Aire et de Dax.
Ne peut-onpas en ftonclure que le celebre historien de la
Vasconie a ete trompe par un correspondant qui lui aurait
declare ce qu'il n'avait ni verifie ni pu voir? La redaction
equivoque de Finscription, telle qu'elle est flguree, sur la date
du deces des deux freres Guillaume-Sanche et Garcie, comte
d'Agen, qui tres-certainement ne sont pas morts le memo
jour, le in des ides de novembre, justificrait d'ailleurs tous
les doutes que Ton soumet a des archeologues plus autorises
et plus competents.
EMU.E LABEYRIE.
(1) Lisez Dom Pierre-Daniel Du Baisson. — l. c.
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- 225 -
LA DEVEZE.
HISTOIRE MUNIOIPALE ET CIVILE <«>•
IV.
Nomination et traitement des echevins. — Creation de Toffiee de maire et autres
charges municipales. — Installation da premier maire J.-D. Lanacastets. —
Son interdiction et son r^tablissement. — Reunion k la commanaute des
offices de maire et de secretaire-greflier.
lyapres les edits, Fechevin le plus jeune et le conseiller de
ville le premier inscrit au tableau durent 6tre reelus a Texpi-
ration de la premiere annee de la nouvelle administration, et
remplaces, rechevin, par un conseiller de ville, et le conseil-
ler de ville, par un notable. A part cette reserve pour la pre-
miere annee, Techevinage durait deux ans. A la fln de leur
exercice, les echevins sortants cedaient leurs charges a des
successeurs qui devaient etre pris, en assemblee generate
des notables sous la presidence du Juge ou du Procureur du
Roi, et — en leur absence — des echevins en place, parmi les
anciens echevins, et, a leur desfaut, parmi les conseillers de
ville (2); les elections des conseillers de ville, du secretaire
greffier, du receveur syndic, devaient se renouveler tons les
trois ans (3).
II parait que les consuls exercerent leurs fonctions gra-
tuitement. II n'en fut pas ainsi des echevins et autres officiers
municipaux de la nouvelle administration. Chaque 6chevin
recevait un traitement apnuel de vjngt-cinq livres; le secre-
taire-greffier, de trente-sir livres annuelles, quitte de papier,
(1) Yoyez livr. demtrs, p. 126.
(%) Art. 12etl3,«ditdemti 1765.
(3) Ibidtm.
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— 226 —
conlr61es, qui devaient lai elre rembourses par la commu-
naule; chacun des serviteurs de ville, de vingt livres, el le
receveur syndic avail ie droil de prelevef siir la recette qaa-
Ire deniers par livre^ sauf afournir un cautionnementdemitte
livres avanl d'enlrer en exercice (1).
Les edils rendaienl obligatoires pour les eliis les charges
d'echevins el de conseillers de ville; neanmoins, le sieur
Arnaud Lanacastets, conseiller de ville, promu au rang d'e-
chevin, dans une assemblee de notables (2), el Guillaume de
Lafllle Gardey, avocat en Parlement, elu, a sa place, conseil-
ler de vine, crurenl devoir, nonobslant leur acceplation pro-
visoire el la prestation du serment, protester contre leur
nomination. lis en refererent a Mgr le Procareur general,
pretendanl que leur election etait « nulle, quant a la forme
et quant au fond. » « Quant a la forme », en ce qu'elle
n'avait ete faile que par trois notables sans le concours des
autres ni d'aucun conseiller de ville, landis qu'elle devait
reunir lamajorite absolue des voles. « Nulle quant au fond : »
M. Lanacastets ne pent elre echevin dans un corps de ville
oil M. Lanacastets, son frere, est en meme temps conseiller
de ville. De son c6te, M. de Lafille Gardey, ancien echevin,
proteste contre la validite de sa nomination de conseiller de
ville, attendu qu'il est neveu de Joseph-Bernard Lafille Caus-
sade, notable pour la classe des bourgeois.
II fut fait droil a leur reclamation el il fallul proceder a des
elections nouvelles.
En 1770, 5 Janvier, etcette fois, devanl M« Andre Salurnin
Tursau, sieur d'Espagnel, conseiller du Roi, son juge et ma-
gistral en chef du pays de Riviere-Basse, el en presence de
de M* Bacarrcre, procureur du Roi du pays de Riviere-Basse,
il y eul un renouveliement general du Corps de ViUe de La
(1) Dclib. da 15 decembre 1766; —2 novembre 1768; - 3 jaovier 1769;— 28 mai
1766; — 19 d6ceinbre 1765.
(2) Delib. du 14 decembre 1768.
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Deveze, seloa le mode d'^lectton regl6 par les edits de 176i
el 1765,
La comraunaute de La Deveze fut administree conforme-
ment aux edits jusqu'eii 1772. A cettedate, ii fut porteun
nouvel edit Royal (novembre 1771) qui revoquait celui de
1765. Neanmoins, I'article premier ordonnait que ceux qui
se trouvaient en place seraient mainlenus jusqu'au moment
oil Sa Majeste pourvoirait aux nouveaux offices. En conse-
quence de cette disposition, les officiers municipaux et aulres
membres de la municipalite en exercice pour 1771 conli-
nuerent leurs fonctions jusqu'en 1774 (1).
Aumois de juillet de cette annee 1774 (2), M* Jean-Domi-
nique Lanacastels, avocat en Parlement, conseiller du Roi,
fut pourvu par Sa Majeste de Tofflce de Maire de La Deveze, en
recompense « du zele qu'il a mis au bien et utilite de la com-
» munauteet des grands avantages qui lui ont ete procures
» par ses soins et par sa conduite. »
A la grande satisfaction des habitants, lodit sieur Lana-
castets fut (2 septembre 1774) « apres enquete de ses bon-
» nes vie, moeurs, conversation, religion catholique, aposto-
» lique, romaine, et apres la prestation du serment d' usage,
» regu et installe en la possession, fonction et exercice dudit
» office de Maire de la ville de La Deveze, pour, par lui, jouir
» et user des honneurs, autorite, prerogatives, privileges,
» pouvoirs, fonctions, exemptions, rang, seanees, gages et
» autres droits, fruits, profits, revenus et emoluments, ainsi
» qu'il est porte par les provisions, edits et declarations
» royales. »
LMnstallation eut lieu, en la ville de La Deveze, et maison
du sieur Laurent Leberon, « ou Ton a accoutume de tenir les
» audiences et oil se tenaient ci-devant les assemblees de la
» coramunaute, n'y ayant d'ailleurs aucunc maison de ville,
(1) D^lib. da26aodt 1788.
(2) 27juUloll774.
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— 228 —
» devanl Frangois Sabail, conseiller du Roy et son liealenant
» au pays de Riviere-Basse, commissaire en celte partie, de-
> pute par Sa Majeste, ecrivant sous ledit commissaire Andre
» Dareix, greffler ordinaire (1). »
Par I'edit denovembrel771, le Roi avail cree, avec I'of-
fice demaire et autres charges municipales, celui de conseil-
ler, secretaire-greffler, garde des archives de la ville et com-
munaule de La Deveze. Voulant pourvoir « audit office des
» sujets capables de le remplir avec le zele, Texactitude et
» la probite que demandent les devoirs et fonctions y atla-
» ches, *» ayant d'ailleurs pleine et entiere confiance « en la
» sufflsance, probite, capacile, experience, fldelite et affec-
» tion a son -service » du sieur Louis Biere, de la paroisse de
Castets, le Roi octroya audit sieur Biere ledit office, par let-
tres donnees a Paris, le 27 juillet de Tan de grace 1774, de
son regne le premier (2).
Le maire se fit un devoir de presider a Texecution du
toutes les formalites requises. II fut precede a une enquetc
des bonnes vie et moeurs, conversation et religion catholi-
que, apostolique et romaine du nouveau fonctionnaire; trois
temoins furent entcndus : ce fut noble Antoine du Clos de
Gouts, docteur en th6ologie, archipretre de Castets-St-Pierre;
Dominique Brescon Burbail et Jean Dareix, mailre chirurgien.
II fut rendu excellent lemoignage a Thonorabilite et aux sen-
timents religieux du sieur Biere. La ceremonie du serment
nous revele une particularity qu'on nous permettra de si-
gnaler. Les deux laiques pr^tferent le serment, surTinjonclion
du maire, les mains sur les saints Evangiles : Farchipretre
jura, en plagant la main droite sur son coeur, ad pectus, selon
le privilege reserve aux ecclesiastiques dans lesordres sacres.
(1) Procd8-verba1 da 2 leptembre 1774. — Archives do M. Andr^ LaDacastets.
(3) Nous ne pdblions pas les leitrcs de provision de la charge de maire de la ville
de La Devdze, en favear de M. Jean- Dominique Lanacastcts, ni eel les de secretaire-
greffier, en favour de M. Louis Bi6re, pour no pas multiplier des documents officiels
d*une lecture pea attrayante.
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— 229 —
11 fut ensuite precede a rinstallation par le maire, qui prit
gravement la main droile du nouvel elu, la pla^a pres du
bureau sur lequel s'ecrivaient les deliberations el « par ce,
» institua et installa ledit Bi&re en la possession^ fonction et
» exercice dudit office de secretaire-greffier et garde des ar-
» chives de la ville et communaut6 de La Devfeze, pour en
» jouir, et user des honneurs, autorite, prerogatives, preemi-
» nences, privileges, pouvoirs, fonctions, exemptions, gages
» et autres droits, fruits, profits, revenus, le tout ainsi qu'il
» est porte par ies provisions, declarations et autres regle-
» ments royaux (1). »
Depuis sa nomination, le sieur Msdre remj)lit les fonctions
de sa charge avec-toute sorte « d'exactitude et de desintferes-
» sement et surtout beaucoup de probite. » II paraft nean-
moins que tons lesadministres du sieur Lanacastets ne par-
tageaient pas la bonne opinion que certains avaient «du zele
» et du succes avec lequel il a soutenu les inter^ts de ses
» concitoyens centre ceux qui veulaient les opprimer. » 11
eut a subir (c'etait du moins sa conviction) « la persecution
» de quelque ennemi dangereux qui par de faux exposes
» parvint a surprendre ou faire surprendre une ordennance
» de Sa Majeste (26 Janvier 1776), » qui frappait ledit M« La-
nacastets, maire, d'interdit j usqu'a nouvel ordre. M. d'Espagnet
aurait-il veulu user de represailles ? Tinterdit du maire ne
serait-il pas Thistoire du pot de terre centre le pet de fer?
Quel qu'ilen soit, il fut delivre, en assemble gen6rale des
notables et du corps de ville, un excellent certiflcat de bon-
nes vie et moeurs a M"" Lanacastets. On justifia que < men dit
» Lanacastets s'est teujours bien compertfe, qu'il est sans
» reproche du c6te de la conduite ainsi qu'il pourradt en ap-
» paraitre par loutes les cemmunautes et gens de marque
» des lieux circonvoisins; que depuis dix ans il a travaille
» avec beaucoup de zele pour le bien et utilite de la com-
(1) D^lib. da 16 septtmbre 1774.
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» munaate; que par ses soins il lai a procure de grands avan-
» tages, a la grande satisfaction des habitants; qu'en parti-
» lier, depuisl774, il a rempli sa charge deraaireavectoute
» sorte d'exactitude, de desinteressement, et surtout avec
» beaucoup de probite (1). » Aussi, consuls, notables, etc.,
supplient tres-respectueuseraent Sa Majesle, avec toutes les
instances possibles, qu'il lui plaise retablir incessamment le-
dit M* Lanacastets en Texercice et fonction deraaire, etpour
y parvenir, ils nomment un syndic auquel ils donnent « pou-
» voir de presenter toutes requetes, memoires et autres ins-
» tructions que besoin sera. »
La requite de la communaute fut favorablement accueillie
par le Roi. Un ordre date de Versailles du ^ novembre 1776
revoqua les lettres d'interdit du 26 Janvier precedent. M. de
Lamothe, subdelegue a Maubourguet, adressa aux consuls
le placet royal de reintegration de M* Lanacastets dans la fonc-
tion et charge de maire, avec ordre deletranscrirein(?a?teW50
sur les registres de ThAtel-de-ville de La Deveze.
L'assemblee, « avec la soumission et respect en tel cas
* requis et avec toute. la satisfaction possible, enregistraPor-
» dre royal comme suit :
» De par le Roy, Sa Majesty ayant pour bonnes considerations
» lev6 le sieur Lanacastets de son interdiction lui a permis et per-
* met de reprendre ses fonctions de maire de la ville de La Deveze
» comme il aurait pu faire avant les pr^^dents ordres de Sa Ma-
» jeste du 26 Janvier, qu*Elle a r6voqu6s.
> Fait a Versailles, le 29 novembre 1776. Louis, signi, et plus
> bas : Bertres. »
II fut ensuite envoye extrait de la transcription au subdfe-
legue et a M* Lanacastets « pour tfemoigner la satisfaction de
» cet ev6nement (2). »
La guerre devenait de jour en jour plus ouverte. Les oppo-
(1) Deliberation da l«r mars 1776.
(2) Deliberation du !•' mars 1776; — 20 decembre 1776 et 26 aoOt 1788.
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— 231 —
sants au parti Lanacaslets formerent le dessein desurprendre,
de la part de la communaute, une demaDde au Roi, de sup-
pression cru du moins de suspension de Toffice de maire, a
la charge de rembourser M' Lanacaslets de sa finance; mais
la municipalite ne vit dans* ces demarches qu'une inspira-
tion malveillante et nuisible aux vrais mterets de la commu-
naute, reconnaissant « que le secours et Tadminlstration de
» M' Lanacastels devient de jour en jour plus necessaire pour
» maintenir ses droits et privileges. » Nos constituants dele-
guerent, a titre de syndic, noble Pierre Cantan, sieur de
Hournets, pour « avoir, pour eux et en leur nom, a se retirer
» pardevant Sa Majeste a Teffet de la supplier de maintenir
» Lanacastets dans sa charge de maire. Supplier aussi Mgr
» rinlendant de leur etre favorable, de leur accorder sa pro-
» teclion dans la justice de leur demande et de refuser toute
» ordonnance contraire aux dispositions de la presente. Les
» constituants protestent d'avance contre toute surprise qui
p pourrait lui etre arrach^e a cet egard, soit aupres des mi-
» nistres, soit aupres de mon dit seigneur Inlendant, comme
» aussi ils protestent contre la surprise de tout consentement
» ou signature qui pourrait leur avoir ete arrachee ou qui
» pourrait Tetre a Tavenir (1). »
Ces demarches eurent tout le succes desirable : par arret
du conseil du 14 decembre 1779, il plut au Roi de « reunir
» a la communaute elle-meme les offices de maire et de secre-
» taire-greffier, » c'est-a-dire, de lui confier la nomination
de ces deuxfonctionnaires. II fallut proceder a de nouvelles
elections. M. Lanacastets garda son office de maire jusqu'en
1780. Par deliberation de ce jour (3 septembre 1780) prise
en assemblee generale de la communaute, messire Etienne-
Alexandre Domerc, ancien mousquetaire du Roi, fut elu
maire, et il en remplit les fonctions avec zele, jusqu'au 5 de-
cembre 1782, jour ou, selon les prescriptions reglementaires,
11) Ddib. du 2mai ir79.
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- -232 —
on dut pourvoir a son remplacement; ce fut M* Laurent Bar-
quissau^ avocat en Parlement^ de la paroisse do Saint-Andre,
qai reunitles suffrages unanimes de la communaute* Le nouvel
61u pr6ta le serment d'usage entre les mains de M. Domerc.
. Les trais cormUs administrerent la communaute de concert
aveele maire. Les elections, tons les deux ans pourle maire,
tons les ans pour les consuls, se renouvelerent reguliere-
raent, Toutefois, Foperation du 26 decembre 1781 offre une
particularite qui semble nous r6veler deja une certaine inge-
rence, pour ne pas dire pression administrative sur le vote
electoral, Selon Pusage etablipar les reglements, les membres
sortants avaient dresse la liste consulaire.
Le premier consul, Francois Darr6, proposait an choix des
6lecteurs Jean-Baptiste Lanacastets et le sieur Pierre Paysse
Barthaseille, pour le premier rang; Jean Lafitte, second con-
sul, portait Jean Fauron et Jean Barquissau-Hillet, pour le
second rang; Pierre Lanusse, troisieme consul, portait, pour
le troisieme rang, Pierre Lanusse, gendarme, etJeanLagnoux.
Or, on decida que la liste consulaire, pour le premier rang,
serait renforcde, c'est-a-dire qu'on adjoindrait un troisieme
nom aux deux premiers inscrits. Grace a cette disposition,
M. Gabriel Lestrade, maftre chirurgien, futelu, a lapluralite
des suffrages, premier consul moderne pour Pannee 1782. II
cut pour assesseurs, aux deuxieme et troisieme rangs, Jean
Fauron et Jean Lagnoux.
Assistance publique. — Cr^lion d'on four de chariU en 1778.
On salt la bienfaisance de Louis XVI et son amour pour les
pauvres. Ses ennemis eux-mdmes rendent hommage a ses
larges liberalit6s; comme ecrivait naguere un auteur (1) aussi
peu ami des Rois que des cl6ricaux, « aucun prince n'a ete
(1) Taine, ciU dans le Contervateur dn 15 ao(^t 1876.
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— 233 —
* plus humaiii que Louis XVI, plus charitable, plus pre-
» occupe des malheureux. » Louis XVI, dit-il encore, est,
avec Turgot, « riiomme de son temps qui a le plus aime le
» peuple. »
La municipality de La Deveze s'inspira de Texemple de son
Roi, « de ce Roi qui a le plus aime le peuple et qui devait
» mourir sur Techafaud (1). » On traversait, nous revelent
les memoires du temps, une epoque de «grandes calaraites
» surtout pour la classe indigente, » par suite « de Texcessive
» rarete et cherte des grains. » LUntendant, dans sa solli-
citude pour les « besoins des habitants de sa generalile, fit
passer » alacommunaute de La Deveze, par la voie de M. de
la Baune, subdelegue a Aignan, une instruction ayant pour
objet la creation d'un four de charite, qui « fourniraitdu pain
» aux pauvres de la localite et des environs a un prix modi-
» que. » Le maire s'adressa aux sentiments genereux des
habitants. « Les personnes charitables, gentilshommes,
» ecclesiasliques et autres » furenl invites « a former un fonds
» necessaire pour un objet si interessant pour Thumanite,
» qui, d'ailleurs, ne semble etre amene par la Providence que
» pour exercer la patience de la classe la plus indigente et
» pour fournir a la classe plus aisee Toccasion d'exercer la
» charil6 (2). »
La classe aisee de La Deveze rcpondit a Tappel du maire,
avec cette generosite large et cordiale qui distingue nos ex-
cellents compatriotes, et qui, de nos jours encore, a chaque
instant et sous nos yeux, se revele sous les formes delicates
dont.une foi vive et une piete sincere ont seules le secret.
L'intendant avait cede, dans ccbut, TimpOt de la capitation.
Nous etions en Janvier 1778. II fut fait, par bon nombre de
particuliers, des avances dont la municipalile promit le rem-
boursement dans six mois, et pour fournir aux personnes
•1> Encore Taine.
-2 Dcliberalion du 9, janvlor 1778.
Tome XVIL l«i
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— m —
sympathiques a Toeuvre toutes les garanties desirables, il fut
cree un bureau d'administration charge « de determiner la
» mixtion des grains et composition du pain et de proc6der a
» la distribution; » les membres du bureau d'administration
choisis pour operer conjoinlement avecMM. les officiers muni-
cipaux furent MM. Laurent Leberon, greffier en chef de Ri-
vifere-Basse; Gabriel Lestrade, maltre chirurgien; Jean Dosser
et Arnaud Lanacastets'. Gr^ice a I'active soUicitude de MM. les
dfelfegufes, les pauvres de La Deveze et des pays voisins purent
apprecier tout ce que sait inspirer de devoument la charite
chrfetienne, puis6e a la vraie source qui est la foi.
La municipalite de La Deveze eut le bon esprit de proclamer,
dans ces conjonctures, le dogme d'une Providence « gouver-
>) nant toutes chosesici-bas (4) » et nous menageant, dans sa
Misericorde, les epreuves et les fleaux « pour exercer la pa-
» tiencedupauvre, et fournir a la classe plus aisee Toccasion
» d'exercer la charite. » C'est ainsi que riches et pauvres com-
prenaient alors cette belle et consolante doctrine de la patience
et de la charite vraiment chretiennes qui seules peuvent re-
soudre le grand probleme social du pauperisme.
J. GAUBIN,
pr^tre, missionnaire d'Auch.
(A suivre.)
(1) Livre de la Sagesse, ch. xiv — v. 3.
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— 235 —
D0CUME\1TS m^fiDlTS
LE JOURNAL DE MAITRE JEAN DE SOLLE
(Suite.*)
En I'ann^e 1610, la gresle tomba en plusieurs endroicts sur la fin
du mois d'apvril et commencement demay et fist force mal aux
vignes et autres grains [sic].
En l*ann6e susdite 1610, Leonard de Trappe, archevesque de la
presente ville, fist la visite des relliques des corps saints qui sont
dans Tesglise Ste-Marie au mois de Janvier. Et le huictiesme et
neufiesme jour dudit mois, je y assiste, et vis des relliques de touts
les apostres hormis de saint Simon -et Jude, et d'aultres plusieurs
saints. Le 12® jour le corps de saint Leotard feut treuv^ entier en la
premiere cbapello qui est soubs terre; et le 14, les tombeaux des
saints Taurin et Austin feurent aussy ouverts, qui sont sur les
autels des chapelles, et treuves touts les ossements dedans. Bans
lesquels tombeaux Ton mist par escript sur du parchemin le jour de
la visite, et le tout sign^ le mirent dans des phioles de verre afin que
le tout se conservast de porriture (1). Les testes des saints feurent pre-
mierement apport^es a la chapelle de la mirande (2), et le lendemain
qui estoit le 15 feurent apportees dans Tesglise sur le grand autel, et
les closches sonant tout le peuple vint pour honorer les relliques. Par
apr^*s le 17 dudit mois, jour de dimenche, il feust faict procession
g^n^ralle par toute la ville, et le sieur archevesque apportoit Tune
des saintes testes et deux chanoines les aultres deux. Celles de saint
Leotard et de saint Austin estoient entieres; mais celle de saint Taurin
ne Testoit poinct, car une grande partie d*icelle y manquoit a cause
(*) Voyez ci-dessus, pages 90 et 186.
(1) Les p^oces-verbaax de eette visile, retrouv^ dans celle qne fit, en 1857, Mgr
de Salinis, ont ^t^ publics par M. I' abb^ Monlezun, a la fio de sod opascnle Vies de^
saints Mques d'Auch Voyez aussi la derni^re Edition do Sainte-Marie d'Auch de
M. I'abbd Can6lo, et la prdsente Revue^ lome iv, p. 335-343.
(9} [Une note Iros-carieosc rddigiie par M. J. de G. sar la mirande de I'arche-
vAch^ d'Auch nous a ^cbapp^ ici; nons la donnerons & la prochaine mention de la
m^mo mirande, dans an autre fragment do Journal de Jean de Solle, •— l. c]
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._ 536 —
d'un coup que ledit saint recBust par des infidoll^s (1). Lorsque les
saints tombeaux feurent ouverts il y avait grande affluence de peuple*
et a mesure qu'on soustenoit la pierre de dessus Ton sentoit une bonne
odeur. Le corps de saint Leostade a la premiere susdite chapelle
feust trouv6 lout entier, mais les ossements des aultres deux estoient
pesle mesle dans les tombeaux. Dieu veaille que le toutsoit fait a sa
gloire. . . ,
Audit an 1610, au mois d'apvril, iijay et juin et commencement de
juillet, le sac du bled ne se vendoit qu'a 21 et 30 sols.
En Tan 1610, tons lesmorisquesieapaignols feurent chasses d'Es-
paigne, desquels en passerent par ce pays et presente ville plus de
30 ou 40 mille personnes, et faisoit-on eslat qu'il en estoit sorti d'Es-
paigne cinq ou six aultres mille. lis feurent chasses <^ Toccasion que
le Roy d'Espaigne disoit que quelques-uns d'entro eulx avoient volleu
metre son pais au pouvoir du Turc. lis eurent le passage par France
pour s*en aller en Barbarie.
Le 14 may de Tan 1610, Henry quatriesme, Roy de Prance et de
Navarre, feust dans Paris, allant par ville dans un carrosse, tue d'un
coup de cousteau; et le lendemain Monseigneur le Daulphin, son lils,
kg6 de neuf ans, feust coronne Roy de France soubs nom Louis 13*.
Et fe 27 dudit mois les consuls de la presente ville allerent achebal
par la ville avecquatre-vingt ou cent arquebusiers, et criferent Vive
le Roy, et firent publier un arrest de la Court et Parlement de Thle
par lequel il estoit enjoinct dfe recognoistre le Roy et inhibition a toute
persone de faire aulcunes assembloes et tenuede gents a peine d'estre
attaincts du crime de leze Majesty. Lequel arrest feust donne a cause
que apprfes la mort du Roy quelques gentilshommes en Armaignac
se saisirent d'aulcunes villes, et en aultre part de la France ne feust
fait le. semblable. En appres, le 28 dudit mois de may, on fist les
honeurs funebres du Roy en la presente ville. Et Tordre feust que
les consuls d'icelle firent tapisser de noir la maison de ville avec les
annoiries du Roy et eurent 24 torches teintes de noir port6es par
aultant d'homes avec manteau noir et les espees au coste. Et ce estant
pr^par6, messieurs du chapitre avec touts les prebandiers et relligieux
de Saint-Orens et aultres relligieux de la ville, vindrent devant la
(1) La l^gende raconte, en effet, que saint Tanrin prdchaot anx environs d'Aobiet,
fat pris par les infid^les < qui loi meurtrirent le cr^ne a coaps de bAton et de pierre
et leluitrancherent a coups de bacbe. » Dom Drogeles.
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— 237 —
maison de ville prendre le convoy des consuls qui portoint le drap
noir des morts avec les armoiries du Roy, et ce avec grande affluance
de peuble. S'en all^rent par devant le college des jesuistes droict a
Sainte-Marie, oil Monseigneur Tarchevesque arriva, qui fist Toffice
avec toute la pompe funebre qui feiist possible. Diou veuille avoir
retire Tdme de nostre bien aym^ prince en son saint paradis et donne
longue vie au regnant Louys 13« son fils.
Monseigneur de Roquelaure (1), gouverneur pourle Roy en Guien-
ne, fist son entree en la pr^sente ville lo 28 aoust 1610. Les messieurs
des consuls luy aller^t aa-devant avec leurs robes rouges, accom-
paign^s de force habitants. On fist faire des portals de triomphe a
la porte de la Treilhe et devant la maison de ville. II estoit assist^ de
force gcntilshomes et de M. le prdsi4ent La Lane (2) de Bourdeaux.
On fist faire un beau bataillon ho/sjla, ville. Et le defraya-t-on sept
k huict jours en la pr^sente yiUe.
II me revient a ce propos un voyage que je fis en la ville de
Montpellier oil j'estoisen Tann^e 1607. Et le 15" jour du mois de
(1) AntoiDO^ baron de Roqaelaore, le ftdele et npiritael ami d'Henri IV. II suec^da
au mardcbal d'Ornano dans la charge de lieotenanl-g^D^raJ de Goyenne. Louis XIII
lenomma mar^cbal de France en 1615. Yoyezdans le t. xvi de la Revue de Gaseogne
(pages 229, 310 el 511} les curieux details qa'a donnas M I'abbd Barrdre sur la via
da mardchal.
(9) Lancelot deLa Lanne, president a mortierau Parlcment de Bordeaux, fils de
messire Sarran de La Lanne, une des illustrations du Parlement bordelais. Sarran
dc La Lanne mourut en 1594 el ful enseveli dans I'^lise des dominicains de Bor-
deaux. L'extrail suivant de I'^pitaphe latine grav^e sur sa tombe donnera au lecleur
une id^e de la valeor et des vertus de son fils LaAcelol : c... . Sarrant de La Lanoe
ful vraiment un bomme d'Etat et les mattres de ce royaume lui donneront sonvent
des preuvcs qu'ils connaissaienl (outt; I'^tendue de son mdrite. II n'est plus oa plut^l
il jouit de I'immortalil^ mdine dans lo sein de Dieu. Que dis-je? il snrvii encore parmi
nous & lui-m6me dans le digne fits qui le repr^senle et qui r^unil en sa personne
tonics les verlus exigdes par la place qu'occupail son p^re, avant d' avoir atleiot I'ige
qui permet de laremplir! » Uenri-Franoois Salomon de Virolade, membrede I'Aca*
d^mie franchise, dont M. Ren^ Kervilera retract la vie dans la Revue, avait ^pousd
la fille de Laqcelot de La Lanne, Isabeau. — Sarran et Lancelot de La Lanne ne sont
pas les seoles illustrations de cette faroille, elle a encore produit Pierre de La Lanoe,
poete ^l^giaqne du xni* si^cle, et Noel de La Lanne, docteur de Navarre et abb6 da
Valcroissant, un des plus ardents d^fenseurs du livro de Jans^nius. Madame de S^
vign^, qui sVnlendail en esprit, ^crivait a madame de Grignan : « Je suis assur^e
que vous aimeriez la naivete et la clart^ de son esprit [du Pire Le Bossu]. II est
n«veu de ce M. de La Lanne qui avail une si belle femme; le cardinal de Retz voos
a pnrl^ vingt fois de sa divine beauts. II est ncveo de ce grand abbd de La Lanne,
jan^^nisle. Toute sa race a de I'esprit et lui plus que tons » Lettre 456, Edition
Ph.-A. Grouvelle.
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^- 238 —
Diay je vis aultre Monseigaeur, Ic priuco do Conde (1), avec lequel
estoint aussy Monseigneur le prince et princesse d*Orange (2)^ son
beau frere, lequel prince s'en alioit voir M. le conestable (3) a Pe-
sanas, et faisoit-on estat qu'il estoit age de 19 ans ou environ.
Lel2juinde I'an 1607 je feus a Aiguesmorte voir Tentree de
Monseigneur le conestable et de Monseigneur de Montmorency (1)
son fils, age de 12 ans ou environ, avec lesquels estoit aussy son
petit nepveu le comte d'Ales fils du due d'Auvergne. Et nous falust
raettre sur I'estang aPeyrol (5) distant de Montpellier d'unelieuc et
naviguer sur ledit estang trois grandes lieues, lequel a de largeur
une grande lieue. L'entree feust fort belle, car tout Thonneur feust
faict au fils dudit sieur de Montmorency, auquel on presenla le poelle
a Tentree de la porte de la ville, et le luy porta-t-on au devaut jus-
qucs a Tentree de Tesglise. La ville d'Aiguesmorte est fort jolie, et
sent les niurailles des plus belles de France (6), ou est d*un coste la
grande tour de Constance, qui a par le dedans sept grands jias dc
largeur, une des belles tours de France; etencor celle de la Reyne.
Par toutes les murailles porroit marcher une charrette, tant il y a
du large; et de coin en coin y a partout une tour.
Le 21 juillet de ladite ann^e 1607, Messieurs Ducasse, Lerent et
moy partismes de Montpellier pour aller voir la foyre de Beau-
caire (7), distant de Montpellier de douze lieues, qui est une des
belles foyres de France, oil on faisoit estat qu'il y avoit deux cent
mille personnes. C'estune merveille de voir de toutes sortes de mar-
chandises et de grande quantite par toutes les rues. Et principale-
(1) Henri II de Bourbon, prince de Cond^, u6 le l^r septembre 1588, ^poosa. en
1609, CharlotterMargaerite de Montmorency, fiile da mardchal de Damville. 11 fut
le p6re du grand Condd.
(3) .Freddric-Henri de Nassau, prince d'Orange, fils de Gnillaume de Nassau,
prince d'Orange, et do Louise de Goligny.
(3) Henri !•>', dnc de Montmorency, conn^table de Fran<*e, plusconnu sous le nom
de mar^cbalde Damville, fils du conn^table Anne de Montmorency.
(4) Henri II«, die de Montmorency, mardchal de France. II fat d^capit^ h Tou-
louse le 80 octobre 1683. 11 <^tait nd en 1595.
(5) L'dtang de P^rols situd k 9 kilometres Est de Montpellier; sa superficie est de
1,300 hectares.
(6) Les remparts d'Aigues-Mortes sont en effet un des specimens les plus beaux
et les plus coinplets de I'architecture militaire au rooyen4ge. La tour de Constance,
b&tie par saint Louis, ^tait aussi biendigne de I'admiration de notre brave provin-
cial. Ses murs, de six metres d'^paisseur, s'^l^vent a trente pieds de hauteur.
(7) Qm n'a ontendu parler des fameuses foires de Beaucaire du 31 au 38 juillet?
Ces foires, mstitudes en 1317 par Raymond, comto de Toulouse, ^laicnt autrefois les
plus considerables del'Europe; aujourd'hui, elles sont purement locales.
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— 239 —
ment hors de la villo il y a uu pred du coste du Ro'sne, du long
duquel ii y a de chasque coste deux cent loges oil sont toutes les
drogueries et espiceries et toutes sortos demarchandises de gresseries.
D'ailleurs sur le Rosne il y avoit ciaq ou six cent barques qui
avoient aport^ de toute sorte de marchandises. La foyre dure cinq a
six jours, et y abordent de toute sorte de nations. — U y a dans la
ville de Beaucaire deux ou trois belles esglises; la paroissielle au
devant de laquelle et sur le hault de la porte touts les nlystferes de la
passion sont tires en pierre, et quand Nostre Seigneur fist la seine.
Le convent des Cordeliers est fort beau, et encore celuy des Peres
Capucins qui est centre les murailles de la ville, devant la porte de
Tesglise duquel est plants* leur croix, et est advis qu'el^e est dressee
sur une petite niontaigne, ou on voit des testes de mort et des osse-
ments. Le chasteau (1) de la ville est sur le hault qui est fort avan
de Beaucaire. Qn voit de I'autre coste Tarascon et n'y^ rien entre
eux que le Rosne qui est une belle riviere. — Lequel Tarascon est
une fort belle ville, plus grande que Beaucaire, oii il y a du cost^
du Rosne le chasteau qui est une fort belle piece, duquel chasteau
les soldats de guardes sont corses, de tant que M' le mareschal
Domano en est gouverneur.
De Tarascon nous alldmes en Avignon, distant de Beaucaire de
quatre lieues, qui est une fort belle ville et grande; d*un cost^ de
laquelle passe une riviere appellee la Durance et de Taultre le Rosne.
I^s murailles d*ycelle sont des plus belles de France, faites toutes
en arcades, et de belles tours Tune pres de Taultre, et entre deux de
beaux bastions. On y fait guarde perpetuelle mesme le jour sur les
dites murailles, car le Pape y entretient sept cent hommes. Et y a a
chaque porte de ville avant qu'on y puisse entrer deux ou trois corps
de guarde, ou personne n'entre qu'on ne demande le nom; et on no
pourroit loger aulcune part qu'on ne prene un billet a la porte pour
aller loger. Chasque soir on sgait le nombre des estrangers et on en
apporte le rolle a M*" le vicelegat, a M' I'Archevesque et k M'» les
(1) Aojourd'hoi, ce n'est plus qa'one ruine! Le ch&tean de Tarascon, dont Jean
de Solle parte plus bas, n'a ^cbapp^ aux ravages da temps et an marteau droits-
sent que pour subir une humiliation plus grande. -- Je frappais, il y a quelqne temps,
a la porte de«ce magnifiqne chateau, rdvant a Rend d'Anjou, aux chevaliers et aux
nobles dames desa brillanto cour, lorsqae je fus soudain lird de mon r^ve par nn
bruit de clefs el des grincements de verroas. Bientdt je vis apparattre la figure fort
peu chcvalercsque d'un ge^lier de prison. Le chateau des rois de Provence, monu-
ment historiqoe par la gr4c6 de M. Viollet-le-Duc, est converti en prison! 0 bon
roi Ren^, si voui reveniez en ce mondel
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Consuls. II y ade fort belles csglises et hospitaux en nombre de 50
ou 60, entre lesquelles et des plus aneienes est Tesglise Nostre Dame,
ou est d'un coste le grand palais ou loge lo viceleguat et de I'aiiltro
le petit palais, la maison de M*" d' Avignon. M. le viceleguat amene
toujours un grand train quand il sort hors le palais, car il a 12 suis-
ses et force gentilshommes et aultres homnies d'esglise. II estjuge
de toutes les causes de la dite ville. L'esgliso de St-Pierrc est aussy
fort belle, pour le moins le devaut d ycelle; come aussy les esglisos
des Cordeliers, Predicate urs, Colestins, Jesuites, Capucins.
Le pent d* Avignon qui est sur le Rosne est fort long, car il va de-
puis Avignon jusques a Villeneufve, auquel il y a vingt-trois arca-
des, et d ycelles en y a trois de rompues, lesquelles on no fai^
accomoder de tant que le St-Pere et le Roy sunt en quelques dispu-
tes a qui doibt appartenir le susdit pent. Toute la guarde de la ville
est italienne^Il y a un fort beau cloche a la maison de ville, en hault
duquel il y a un home et unc fame. La fame presante un boucquet
qu'elle tient a la main a Thome en faisant un demy tour, et Thome
le refusant et tenant un marteau a la main sonne les heures. Nous
ostions loges au logis de la tour, et y estions le jour de M*" St-Jac-
ques. Les juifs sont prcsque log^s au mitan de la ville etsont enfer-
raesdans uno rue particuliero qui se ferme de chasquo bout d'liue
porte. Les susdits juifs portent touts chapi>eaux jauues.
J. DE C.
[A suivre,)
Jugements de maintenue de noblesse (1).
IX
JEM DE PINS (2), SEIGNEUR d'aULAIGNMES.
De gueules a trois pommes de pin d'm\
Cri de guerre : Du plus hault les pins I
Contrat de mariage de H^rard de Pins, seigneur du Bourg, avec
damoiselle Violentede Matras, dans lequel il est qualifi^ noble; ledit
(1) Voir ci-dessus, pages 37, 92, 146 et 189.
(2) La maison de Pins, une des plus anciennes et des plos illustres du midi, est
issue de la maison do Pinos, en Espagne, et par cellc-ci de I'antique souchc des
comics de Tbann, comtcs du St-Empire, depuis princes dc Thann-Woldbourg. Elle
s'esl ^tablie en France des la fin du xr si^cle. Le mot thann vent dire pin, —
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- 2-ii -^
eontrat passe devant Guillaume de Rouzies, notaire de Toulouse,
le 22 mai 1558.
Testament dudit H^rard de Pins, qualifi^conseiller au Parleraent
de Toulouse, dans lequel il est fait mention de ladite Violente de
Matras, sa femnie, et de noble Philippe de Pins, son fils, du 5
avril 1597.
Contrat de mariage dudit Philippe de Pins, dans lequel il estqua-
lifi6 noble avec damoiselle Marie de Caulot, devant Bessier, notairo
de Toulouse, le 28 septembre 1649.
Testament de Philippe de Pins, seigneur d*Aulaigneres, par le-
quel ii institue son h6ritier Jean de Pins, son ills, 18 septembre 1669;
devant Bessier, notaire de Toulouse.
Extrait baptistaire de Jean de Pins, produisant, par lequel il pa-
rait qu'il est filsde noble Philippe de Pins, seigneur d*Aulaigneres,
du 21 octobre 1652.
Contrat de mariage de Jean de Pins, dans lequel il est qualifi^
noble et seigneur d'Aulaign^res, avec damoiselle Marguerite de
Boyer (I) de Tauzia, devant Marigoac, notaire royal de Valence, en
Armagnac, le 20 fevrier 1691.
Parmi \e$ illustrations de cctte maison on peal citerOdon et Roger de Pins, grands*
mattresde TOrdre do St-Jean de Jerusalem, et le fameax^vAqae de Rieox c Joan-
nes Pinas, GQJus nomen et gentem dao magni magistri Rhodienses, Odo et Rogerio?
illaslrant.— Cum in senatu Tolosano diu jus dixisset et sacerdotium iniisset, in Riven-
sis dioecosis episcopalum electus, ad summum ponlificem et Venetam rempublicam
orator a Francisco primo missus est; in quibos provinciis de ecclesia, de rege et de
regno bene meritus, librum de Vikt aulica castigaia oralione seriptum posteritati re-
liquit. » {Inscription plae^e sous le buste de Jean de Pins, dans la galerie des
illustres a Toulouse.) Cette maison a jot6 dans le Midi de nombreux rameaux.
Ceux d'Aulaigndres, de Pins, du Bonrg, du Peyrat, de C^n, appartiennent 4 la
Gascogne; nous donnerons lenr jugement de maintenue & tear date.
(1) Jean de Pins et Marguerite de Boyer eurent pour enfant : Pierre U^rard de
Pins, qui testa le 90 juillet 1757 et fat pdre de Francois, marquis de Pins, seigneur
d'Aulaigndres, Pins, Justaret, qui dpousa, le 24 octobre 1757, Claude-IKl^ne de
Larroque, fille de noble Amand de Larroque<^d'Ordan et de dame' Jeanne de Fon-
delin. De ce mariage vint Francois, marquis de Pins, n^ le 2 novembre 1758, marid
a demoiselle Philippine do La Claverie, fille de noble Jean-Francois do La Claverie
de Soupets, chevalier de St-Loiis, capitaine de dragons, et de Marguerite de Ser-
pes de Lafage. Le marquis Francois de Pins roourut en Emigration a Lonebpurg,
Electoral du Hanovre, le 17 septembre 179B. ^n fils, Jean-Francois de Pins, ayant
ausdEmigrE, tons leurs biens furent confisquEs (la terre d'AulaignEpes, les biens
siluEs4 Monbert et Biran, dans le Gers, etles terres de Pins, JusUret, Yillate et
Soulens dans la Haute-Garonne). Le marquis Jean-Francois de Pins Epousa k son
retourde I'Emigration demoiselle IrEne de Mengaud do Lahage, dont il eut : 1« Fran-
Cois-Odon-Amand-DEsird de Pins, marquis de Montbrun, qui a relovE le rameau
Eteint des seigneurs de Montbrun, et s'est mariE en 1836 avec demoiselle ClEmen-
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— 242 —
Maiatenu doBS sa noblesse sur la vue des productioas ci-dessus,
par jugemont rendu a Montauban, le 20 juin 1698.
Signe: Le Pelletierde LaHoussaye, intendaut de Montauban.
X
DAM£L WJ FAUli, SE1GN£UR DE LOUBOUfiY^ CAPITATE AU REGIMENT
DU KOI.
DiB gueules a trais besanls...
Testament de Jean du Faur, seigneur de Loubouey (1), du 19
avril 1568, par lequel il parait que Jeanne de St-Lanne 6tait sa
femmo, Jeannot du Faur, son frera, et que Peyrot du Faur, qualifie
noble, ^tait son pere; par lequel dit testament il institue son horitiere
damoiseille Anne du Faur, sa fiUe. Ledit testament pass^ devant
Bernard de Narp, notaire de Lembeye.
tine-CbaDtal-Marie Yolande de Bassompierre; tear ftis atne, Gaston marquis dc
Pins-MoDlbroD, marid avec demoiseUe de Labusqoierc, est aujourd'hui le represent
tant de la branche atn^e de la maison de Pins; 2o Paulin-Jean-Rodqlphe, comie de
Pint, devxidme fits deJ'ean- Francois de Pins et d'Irdne de Mengaud de Lahage, a
continue hi brinche des seigneurs d'Aulaigndres. II a dpousd, en 1831, demoiselle
Uenrietle de Fritard d'Ecoyenx, ftlle do marqais d'Ecoyeux el de demoiselle de
Marbolin, doat il a eu trois enfants : Roger, Raoal et Marie de Pins, mari^ a M.
Scipion da Pleix, vicomte de CaUignan.
(I) Lonbotioy est un hameao des Basses- Pyr^n^es. situd dans la commane d'Ar-
tigneboutao, pr^ Pan. II ne reste plos que quelques ruines de son antique demouio
seignenriale. U y avait avant la r^voluiion ane abbaye laiqae, vassale de la sci-
gneurie. L'Abbd ^tait tenu, en prentnt possession de sa charge^ de prAter serment de
fidt^it^ ftQselgaeor de Loubouey. Les du Faur poss^daiect encore, a titre d*Abb6-
Lay, I'abbaye d'Abos (canton de Moneio, Basses^Pyrdndes), et avaient le patronage
de laeure dadklieu. Le seigneur d'Abos ^tai tie premier ruffe-baron de Bdarn. Le fief
d'Armau, commane de Lembeye, dtait mouvantdes seigneurs de Loubouey. Ces divers
flefs ne domiatent point aux du Faur entree anx Etats de Navarre et B<^arn, d'apr^
les listes de MM. de Larroque et de Barthelemy. Cepeadant, dans un ddnombrement
dattf de 1728, messire Pierre du Faur, seigneur de Loabouey. Armau. Artiguebou-
tan, etc., etc. pretend le ooolraire : « Article XL : Abbaye d'Abos dont jesnis Abb^
Lay et patron du lieu d'Abos, j'ay droit vacation advenant de pr^enter a la cure
dudit Jieu et a Loubouey. Article xtii : En ladite qnalild dc seigneur de Loubouey,
j'ay droit d'entrer en stance et voix deliberative aux Etats gtodraux de la province
eomme les autres seigneurs, et de ne pouvoir 6ire assign^ ni poursuivi en justicci
pendant la tenue des Etats pour quelque cause que ce soit. Je ne puis dtre exploits
dans ladite terrequepar un huissier ou bt^gud (viguier?) J'ay droit probibitif de
cbasse dans toute I'etendue de ladite terre, etc., etc. » (Arch, do Pau, E 34.)
Co rameau de la vieille maison toulousaine et gasconne des du Faur s'est etein
de nos jours.
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- 2i3 —
Testament de damoiselle Anae du Faur, du 15 mars 1572, devant
Guillaume Lalanne, notairo de Lembeye, par lequel elle fait un legs
a Bernard de Fiton, son mari, et institue son h^ritier Bertrand du
Faur, son oncl«, et lui substitue Jeannot du Faur, aussi son oncle,
fr^re dudit Bertrand.
Contrat de mariage de noble Jeannot du Faur, seigneur de Lou-
bouey, avec Marguerite Darren, passe devant Guillaume Lalanne,
notaire de Lembeye, le 25 septembre 1572.
Contrat de vente fait par Jean du Faur, dans lequel il estqualifie
noble et fils de noble Jeannot du Faur; du 27 juillet 1595, devant
Bergues, notaire de Lembeye.
Contrat pass6 devant Desclaux, notaire, par lequel, en execution
d'une sentence rendue par le s^n&hal de Pau en faveur d'Anne du
Faur, ledit noble Jean du Faur, h^ritier de Anne, sa tantc, prend
possession de la soigneurie de Loubouey.
Contrat de mariage de noble Henri du Faur de Loubouey (1), du
consontement de noble Jean du Faur, seigneur de Loubouey, son
pere, avec damoiselle Anne d*Arros de Vivent, du 6 fevrier 1634, de-
vant Pierre Dufau, notaire de Vivent.
Transaction pass^ entre noble Daniel du Faur de Loubouey,
capitaine au regiment du Roi, produisant, et noble Jacob du Faur,
seigneur de Loubouey, son frere, pour raison des droits de legitime
paternels et maternels, sur les biens delaisses par feu noble Henri
du Faur leur pfere; ladite transaction passee devant Autoine Thuron,
notairo de Lembeye, le 10 fevrier 1«93.
Certificat des maire et jurats de la ville de Lembeye, attestant que
feu noble Henri du Faur, seigneur de Loubouey, estoit originaire-
ment natif et domicilii de ladite ville en Beam, que ledit noble Jacob
du Faur est son fils afn^, et que noWe Daniel du Fatur, k present
habitant de Castelnau-Rivi^re-Basse, est aussi fils cadet dudit Henri;
du B avril 1698.
Main ten u dans sa noblesse, sur la vue des productions ci-dessus,
par jugement rendu a Montauban, le 21 juin 1698.
Signe : Le Pelletier de La Houssaye, intendant de Montauban.
(1) Sur unfr^redece da Faur, voyez ci-aprc$ rappendice 1.
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— 2U —
s' \
APPENDICE. •
I. LE LIEUTENANT-GlfeNiRAL DU FAUR BES BORDES.
Henry du Faur de I^ubouey avait pour frero N. du Faur de I-,ou-
bouey, sieur des Bordes, qui fut un soldat de grand rei\om. II etait
d^ja lieutenant-colonel du regiment de Navarre, lorsque sa conversion
au catholicisme (1666) attira sur lui tous les regards de la cour. Le
Roi le nomma brigadier d'infanterie en 1686. II fut successivement
gouverneur de Landau et inspecteui' d'infanterie le 10 mai 1688;
gouverneur de Philipsbourg en novembre de la mdme annee; mare-
chal de camp le 24 avril 1691; commandeur de I'ordre de Saint-
Louis, avec 3,000 livres de pension, lo 12 mai 1693; lieutenant-general
en Allemagne le 29 Janvier 1702. II fut tue a la bataille de Fridlingen
le 14 octobre 1702. Pour les details de sa vie militaire, voyez le Jour-
nal du marquis de Dangeau et les memoires du temps. Lisez dans
le Journal de Dangeau la lettre que le marechal de Villars ^rivit
au Roi apres la bataille de Fridlingen. II y est question de la noble
conduite du lieutenant-general du Faur des Bordes.
wSes neveux marcherent sur ses traces. Jacob du Faur de Loubouoy,
fils aine d*Henri et frfere du produisant, continue la branche ainoe a
Lembeye. II fut marie, le 26 avril 1672, avec demoiselle Louise d'Es-
poey, dont il eut qualre gargons, tous militaires. L'atn(5, nomme
Pierre, fut chevalier do Saint-Louis, brigadier des armees-du Roi,
lieutenant-colonel du regiment de Navarro, et mourut a Strasbourg
on 1734, des suites d*une blessure regue au siege de Philipsbourg.
Le second, qui portait le nom de son grand-oncle Desbordes du Faur,
a continue la descendance aJnee. Ler troisierae, chevalier de Saint-
I^uis et capitaine au regiment de Navarre, eut une jambe emportee
a la bataille de Malplaquet; il se retira a Lembeye avec 1,200 livres
de pension. Le quatri^me fut tu^ a la bataille de Malplaquet. Des-
bordes du Faur do Loubouey servit comrne ses freres dans le regi-
ment de Navarre. Chevalier de Saint-Louis et capitaine aide-major,
il se maria en 1732 avec demoiselle Rachel de Subercaze, fille de N.
de Subercaze, seigneur de Lamazou, et de dame Marie de f^ur,
dame do Balansun. Ses descendants passerent par succession de
I»mbeye k Balansun pros d'Orthez; et c'est la que de 1820 a 1830
s*est ^teinte la brancho ain^o de la famille du Faur de Loubouey.
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- 245 —
II. LA DESCENDANCE DE DANIEL DU FAUR.
Daniel du Faur de Loubouey quitta le B^arn pour s'etablir en
Gascogae, a Castelnau-Riviere-Basse, a la suite de son inariage
avec demoiselle Marie de Podenas, fille unique de messire Jacques
de Podenas, seigneur de Samadet, et de dame Jeanne de Lacomme,
des barons de Bouillon en Beam (9 mars 1694). II eut de son ma-
nage Paul, Jean, Jacques et Pierre. Jean et Jacques embrasserent
r^tat eccl^siastique, Pierre servit le Roi en qualite de capitaine au
regiment de Navarre.
Paul du Faur de Loubouey devint par succession seigneur et
baron de Bouillon. Les seigneurs de Bouillon avaient le titre de
baron et le droit d'entrer aux Etats de Beam. En 1617 cette terre
avait pour seigneur Pierre d'Estoupignan, provost royal de la ville de
Saint-Sever. Elle passa ensuite dans la maison de Lacomme. Le
dernier mAle de cette famille, Jean de Lacomme, mari^ avec demoi-
selle N. d*Espalangue, etant mort en 1710 sans posterity, la terre de
Bouillon passa a son neveu Jean de Saint-Pau, fils de sa soeur, le-
quel ^n*ayant point eu de posi^rit6 fit donation de la baronnie de
Bouillon a son cousin Paul du Faur de Loubouey, le 20 avril 1718.
Marie de Podenas vendit toutes les terres qu'elle poss^dait au pays
de Riviere-Basse et se retira en 1751 a Bouillon avec son fils aJne.
C'est ainsi que les du Faur de Loubouey ne firent que passer en
Gascogne pour revenir en B6arn, d'bu ils etaient soitis.
Paul du Faur avait epous^ demoiselle Marie de Castera, d'Orthez,
dont il eut deux gargous et deux lilies. L'ain^, Louis du Faur de
Loubouey, baron de Bouillon, lieutenant-colonel du regiment de
Navarre, epousa demoiselle Anne de Montgaurin (des seigneurs et
barons de Vignes, dont les males avaient entree aux Etats de Beam).
II en eut un fils et une fille. Jacques du Faur de Loubouey de Bouil-
lon, mort sans posterito au chateau de Bouillon en 1853, a laisse son
heritage a son neveu M. Charles Baradat, fils de sa soeur Suzanne
du Faur de Loubouey.
Jules de CARSALADE du PONT.
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— ?46 —
BIBLIOGRAPHIE.
I
Lks BXi&cuTEUBs DES ARRETS CRTM1NEL9 d'agen, depuis la CT^atioR jusqii'a la
suppression de leur emploi, par JeaD-Fran^ois Bladb. 27 p. gr. in--8o. Agen,
impr. Noubel. Lamy succ. 1877 (Extrait de la Revue de VAgenaxs).
« Je vous crois trop accoutumes a r^fl^chir, messieurs, pourqu'il
ne vous soit pas arrive souvent de m^diter sur le bourreau. Qu'est-
ce done que cet ^tre iuexplicable qui a pr^f6r^ a tous les metiers
agr^ables, lucratifs, honn^tes et m^me honorables qui se pr&entent
on foule a la force ou k la dext^rit6 humaine, celui de tourmenter et
de mettre k mort ses semblables? Cette t^te, ce coeur sont-ils fails
comme les ndtres ? ne contiennent-ils rien de particulier et d*6tranger
a notre nature? Pour moi, je n*en sais pas douter. II est fait comme
nous ext^rieureraent; il nait comme nous, mais c'est un etre extra-
ordinaire, et pour qu*il existe dans la famille humaine il faut un
decret particulier, un fiat de la puissance creatrice... >
Quiconque a lu la page c^lebre dont je ne cite que les premieres
lignes n'aura pas manqu^, m^me en resistant aux conclusion^ tou-
jours un peu extremes du grand comte de Maislre, de sender la pro-
fondeur du probleme psychologique pose par T^minent penseur.
C'est ce probleme qui donne un inter^t beaucoup plus qu'anecdo-
tique a la brochure de mon excellent ami sur les bourreaux d*Agen;
je voulais dire les exicuteurs des arrets criminels, car il n'y a plus
de bourreaux depuis notre glorieuse revolution; mais lesdits execu-
teurs, ^tablis par le dferet du 13 juin 1793, ont r^sid^ pres de cha-
que tribunal crimineljusqu'au decret de 1850 qui ne laissa subsister
Temploi qu'au chef-lieu des cours d'appel; chacun sait qu'en 1870,
la fonction a ii6 encore plus simplifi^e, et qu'un seul exteuteur-chef
suffit aujourd*hui pour tout le territoire frangais.
La brochure de M. Blad6 attire Toeil par son enveloppe d'un rouge
vif, couleur que I'imagination populaire a toujours donnee au bour-
reau en d^pit de la loi et de Tusage qui Thabillaient des plus hon-
n^tes nuances. Et quand on a mordu au contenu m^me, ce r^cit
plac^ dans la bouche d'un vieillard mi-parti d'ignorant et de lottre,
ce r^it empreint d*une sinc6rite naive, et mSl^, dans le fond comme
dans la forme, de plaisant et de sinistre, saisit et captive puissam-
ment. Ne vous attendez pas pourtant k des effets de physiologic pa-
tibulaire, propres a surexciter vos nerfs. Ni M. Blad^ ni ses timoins
n'aspirent k d^trdner les r^alistes horripilants de la litt^rature con-
temporaine. Ce qu'il y a iei de plus hardi en oe genre, cost la des-
cription de la marque {p. 1-0), et ce petit passage sur le bourreau
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— 247 —
Champin (1839-1853), bandagiste paienti: « ... Je no crois pas qu'il
xiit gagn6 des cent et des mille dans les bandages. Pour les consulta-
tions, je ne dis pas. Vous savez, Monsieur, que les bourreaux sont
naturellement tres-forls en m^decine. Autrefois ils vendaient de la
graisse de chr^tien, qui est sans pareille centre les rhumatismes et
les douleurs. Je vous en parle savamment, niais je ne vous dirai
pas oil je Tai achet^e. *Pour un louis la fiole j'en ai vu la farce. V
m'en reste encore la moiti^, a votre service (p. 18). »
Voila le ton. Quant au sujet, je n'ai garde d*introduire ici lesnouf
ou dix ex^cuteurs qui se sont succ^de k Agen, depuis Janot, qui
guiliotina M. de Lacazo-Duthiers et deux autres victimes de la Ter-
reur, jusqu'a 6ani6, aujounrhui adjoint de deuxi^me classe de
M. Roch, aux appointements de 3,000 francs. II y a dans le nombre
un Auscitain, Joseph Peyrussan, et un Lectourois, Joseph Rascat.
Sur presque tons, anecdotes piquantes et traits de moeurs qui font
pSver nidme en faisant riro. Si le r(5cit est curieux, il offre surtout
un caractere d'authenticit^ qui manque d*ordinaire a de t^ls docu-
ments. M. Blade laisse parler ses t^moins, dont la mdmoire faiblit
ou s'egare quelquefois; mais des notes empruntees aux archives de
Lot-et-Garonue retablissent constamment Texacte v^rite sur les da-
tes, les noms et les faits.
II
Le pr^re Jean et L'HOSPtr.E de Galan, par A. de Thbzan. 40 pages inlS. Auch,
impr. A. Thibault. 1877. (Se vend 50 centimes au profit de Thospice.) .
M. de Vielcastei, dans son rapport sur les prix de vertu d^cern^s
Tan dernier par I'Academie fran^aise, a appris a la France tout entiere
le m^rite doThumblefrere Jean et Timportance de Tasile de vieillards
dont il a dot6 son pays. Mais on ignore trop, m^me dans les cinq ou
six d(5partements ou il a Thabitude d'aller qu6ter, Thistoire h^roique
de ce modeste bienfaiteur de Thumanit^. Fils d'unpauvre tisserand,
de Bordes (canton de Tournay), le jeune Abadie, priv^ de son pere
a rdge de onze ans, n'apprit ni a lire ni a 6crire, mais se forma des
Tenfancea I'^cole du travail, de la souffrance et de la foi. A vingt
ans, il SQ vendit comme remplagant pour offrir a sa mfere le prix de
son sang. Soldat du 67« de ligne, il fut Texemple de ses camarades
et se fit inscrire dans chaque garnison parmi les membres de la
Societe de saint Vincent de Paul : sa vocation charitable se rev^lait
d^ja. Apres son service miUtaire, il se vouait a un service religieux
chez les Peres de Garaison, qui lui confiaient le soin des petits en-
fants de leur s(^minaire. C*est la que son plan d'hospice fut arrSte dans
son esprit. II voulut, avant tout, obtenir pour ses projets la benedic-
tion du Souverain Pojltife et partit pour Rome, malgrd les prudentes
objections de ses superiours et de son avdque, Mgr I^urence, qui
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— 248 —
lui etait quelque peu parent. 11 fit ce voyage eirvrai pelerin, sans
une obole; il t'allut que la Providence lui adress&t, k Aries, un mis-
sionnaire, son compatriote, pour le tirer de prison; a Marseille, une
connaissance, le president de la Societe de saint Vincent de Paul de
cette ville, pour lui obtenir une place gratuite sur un paquebot; a
Rome, un de nos veneres mai'tres, M. VahhA Garderes, pour le faire
accueillir au seminaire frangais. Enfin il vit longuement le Pape et
revintsdr de son oeuvre. II avait fait voeu d'elever d'abord une cha-
pelle a saint Joseph; il qu6ta pour s*acquitter do son voeu; la cha-
pelle bdtie, il lui restait cent francs, qu'il remit k son sup^rieur; sur
les instances de ce dernier, il accepta la moitie de la somme pour
acheter une dnesse. Le reste est un miracle de chaque jour, qui se
continue encore. Commenc^e avec rien, vraie creation de Dieu,
la fondation du frere Jean, un magnifique hospice desservi par des
sceurs de I'lmmaculee Conception, et qui abrite une centaine de
vieillards des deux sexes, vit et Heurit, uniquement soutenue par la
charity catholique, qui ne saurait desormais lui faire d^faut.
L'elegante et substantielle notice de M. Amand de Th^zan re-
produitie passe et le present de roeuvre; elle en fait saisir I'origine
surnaturelle et la haute portee sociale. Ecrite sous Tinspiration de la
foi et de la charity qui animent son h^ros, elle merite de rester
attachee a Toeuvre elle-m^me, qu'elle feraconnattre et aimer. Puisse-
t-elle avoir beaucoup de lecteurs, puisqu'avec eux se multiplieront
les amis du frere Jpan et les bienfaiteurs de son hospice !
Leonce couture.
REPONSE.
145. Des boml>es appel6es Gominges.
(Voyez la Qaeition k la livraison precedente, page 200.)
Cest le due de Saint-Simon qui va r6pondre k la question de M. U. C. T. —
On lit dans les Mdmoires du plus spirituel de tous les chroniqueurs (chap, xix) :
a Deux horomes d'une grosseur 6norme, de beaucoup d'esprit, d'assez de lettres.
d'honneur et de valeur, tous deux forldu grand monde, el tous deux plus que
fort libertins, moururent en ce m^me temps [1712], eilaisserent quelque vide
dans la bonne compagnie : Gominges ful I'un, La Fare, Tautre. Gominges 6toii
ills et neveu patemel de Guitaut et de Gominges, tous deux gouverneurs de
Saumur, tous deux capitaines des gardes de la reine-m6re, tous deux chevaliers
del'ordre en 1661. tous deux tr6s-affid6s du gouvernement, tous deux employes
aux executions de coniiance les plus d^Ucates... Les courtisans, pendant les
campagnes du roi, appelerent par plaisanterie les bombes et les mortieis du
)lus gros calibre des Gominges; et si bien que ce nom leur est demeurS dans
'artifierie. Gominges trouvoit cetle plaisanterie tr6s-mauvaise, et ne s'y
accoutuma jamais. »
' ^J'ajoute que Ton attribue 1' invention des bombes k un gentilhomme de
Rimini, Pandolpho Malatesta (xv*) si^clej, et que ce fut Malthus, ing6nieur an-
glais au service de Louis XIII, qui en mtroduisit I'usa^e en Prance, oi^ elles
lurenl d'abord employees au si6ge de La Molte en Lorraine (1634).
T. de L.
f
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CHAPELLE VOTIVE
DE
SAINT-SAUVEXTR DE BARRAN;
Nous avions forme depuis longtemps le projet de livrer a la
publicity quelques renseignements que nous avons recueiilis
sur la chapelle de la TransfiguratioD^ vulgairement appelee
chapelle deSainf-Sawwwr deBarran. Noushesitions toujours;
il nous semblait que cette t&che demandait une plume plus
exercee et plus autorisee que la n6tre. La pensee seule de
remplir un devoir sacre apu nous faire dominer ces conside-
rations; c'est pourquoi, en executant aujourd'hui notre pro-
jet^ nous nous abandonnons avec conflance a Tindulgence
de nos lecteurs, persuade qu'a leurs yeux noire bonne in-
tention sera la meilleure excuse de notre insuffisance.
En ce moment m^me se preparent les plans et devis de res-
tauration generate de notre egliseparoissiale^ vers laquellese
porte, chaque ann6e^ toujours plusnombreux^ le concoursde
pieux pelerins. Une chapelle dedi^e au Sauveur trouverait
done naturellement sa place dans la nouvelle enceinte. Pour
alteindre cebut, nous avons grand besoin que Ton vienne a
notre secours. Nous sommes pauvres^ et la restauration de
notre 6glise est pour nous une entreprise considerable. Dieu,
dans sa bonte inflnie^ daignerala b^nirettenircompte aussi
de tons les sacrifices, quelque 16gers quMls soient, que Ton
voudra accorder a notre oeuvre de predilection. Nous oflfrons
Tome XVm. — Juin 1877. 17
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— 250 —
notre modeste travail comme temoignage de notre profonde
et respectueuse reconnaissance.
Surla fln du siecle dernier, la petite ville de Barran, situee
a 15 kilometres sud-ouest d'Auch, poss6dait non loin de ses
murs plasieurs chapelles votives, temoignage de la foi vive
qui animait la population. L'une d'elles, entre toates, etait
:J en grand honneur : c'etait la chapelle de la Transflgoration,
^ vulgairement appelee chapelle de Sain^-Sauveur. EUe etait
j^ assise au nord-est de la viile, a 400 metres environ, au pied
de la. plus haute colline qui domine la cit6, sur les bords de
la route de grande communication qui conduit de Barran a
Auch. Le lieu fort heureusement choisi sur lequel elie etait
^ batie revelait a Tinstant la pieuse pensee de ses fondateurs,
' celle d'entretenir dans le coeur des jeunes meres et de leurs
enfants une tendre devotion au divin Sauveur, par le sou-
venir des gloires du Thabor et du miracle op6re par le divin
^ Maitre, au pied de la sainte montagne, en faveur d'un en-
fant lunatique.
On arrivait a la d6vote chapelle par le chemin dit chemin
de la cote du Moulin. Sur le milieu de la petite place qui la
s6parait de la voie publique s'elevait une magniflque croix
de marbre. Le fiit de la colonne et son chapiteau, retrouves
il y a pen d'annees, juslifient pleinement le souvenir que nos
pieux vieillards gardaient encore de ce monument sacre. Un
escalier de quatre a cinq marches, au midi, conduisait a la
chapelle, dont Tentree, a Touest, etait protegee par un au-
vent. L'autel etait a Test. Au-dessus de Tautel etait represen-
tee, en relief, la scene de la Transfiguration. Nous avons eu
le bonheur de retrouver la statuette de Tun des personnages
qui accompagnerent le Sauveur sur le Thabor; nous en don-
/ nons plus loin la description.
Cette statue a ete pour nous Texplication de la pieuse de-
votion, que nous avons trouvee dans notre chere paroisse.
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— 251 —
des jeunes meres et de leurs enfants au Sauveur^ et aussi
du concours nombreux des pelerins qui, dans le cours de
Tannee et principalement au jour de la f6te de la Transfigu-
ration, le 6 aout, viennent demander au bon Maitre son se-
cours, quelque grSce particuliere. Nous regrettons de ne pou-
voir donner aucun renseignement sur la forme et le carac-
tere architectural de la chapelle. Toule trace en a disparu, et •
nos recherches sont restees infructueuses, Cependant, le tra-
vail de la pierre d'appareil, ses dimensions, des fragments de
nervures prismatiques retrou^es sur les lieux m6mes, noua
porteraient a penser que notre chapelle fut une construction
du xrv* sifecle. Le terrain sur lequel elle fetait assise est au-
jourd'hui un petit champ, de forme triangulaire, d'une sur-
face de cinq a six ares, que Ton aper^oit non loin de la
route, n porte encore le nom de champ de Sainl-Sauveur,
nom qu'il a pris dans le cadastre dresse en 4811. .
Avant d'entrer dans la ville, sur la rive gauche du modeste
coTirs d'eau qui porte le nom pretentieux de Rhone, pres du
pent, en amont, on rencontrait la chapelle de Saint-Jacques
de Compostelle, dont le sol est converti aujourd'hui en un
petit jardin.
Au midi de la ville, a 200 m. environ, s'61evait la chapelle
de Saint-Roch; plus loin, dans la meme direction, a WO m.
environ, sur le flanc de la coUine qui domine la vall6e de Barran
et dans Taxe de la rue principale, on distinguait la chapelle
de Sainte-Anne. Toutes ces chapelles furent detruites.
C6tait en 1793^ Pendant que le sang le plus pur de la
France coulait k flots sur nos places publiques, les plus riches
souvenirs de la foi de nos peres disparaissaientsous les coups
du marteau des vandales de la revolution. Comme tant d'au-
tres localites, Barran eut ses heures malheureuses. Sa reli-
gieuse population eut Timmense douleur de voir detruire tons
les sanctuaires veneres que lapiete des fideles avait multiplies
autour de la cite.
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— 252 —
L^an 1793 de la republique une et indivisible et le dix dfe-
cembre vieux stile, le conseil gfen6ral de la commune de Bar-
ran dfelibera, d'une voix unanime, que les images, Christ et
statues qui sont dans les eglises seraient descendus inconti-
nent et qu'ils seraient deposes dans un lieu solitaire de la
grande iglise, pour dire livris aux flammes pendant les deux
yrochaines decades, pour pendant ledit delai instruire lepeu-
pledeVerreur oil Us sont, pour les mettre au niveau eta la
hauteur des circonstances, les mettre en mesure de leur faire
connaitre le charlatanisme que les ci-devant prdlres leur
defntaient en les exorlanl d'adorer les ditles statues.
Deux commissaires furent nommes et charges de recueillir
danstoutes les feglises tons lesobjels du culte, croix, orna-
ments, statues, livres liturgiques. Tout f ut enleve et livreaux
flammes. Cette execution eut lieu sur la place publique, au
sud'Ouest. Les vieillards de qui nous tenons ces renseigne-
ments, alors encore enfants, entraines comme on Test acetage
par lacuriosile, suivirent les scandaleux profanateurs. La po-
pulation refusa de prendre aucune part a cet aflfreux sacri-
lege et protesta par sa douleur contre cet attentat.
Les chapelles depouillees de leurs ornements et du mobi-
lier qui servait a Texercice du culte furent bientOt demolies.
Notre chapelle de Saint-Sauveur subil le m6me sort. Ses raa-
teriaux, ainsi que ceux de la chapelle de Saint-Roch, furent
vendus pour la somme de millequinze livres quinze sols, qui
furent aflfectfes a la construction, sur la place publique, d'une
salle pour tenir les seances de la socidte populaire. Cette
somme resla et peril entre les mains de Tagent municipal a
qui elle avait ete confine. Voici comment : le maire de la com-
mune, pour faire face a la depense des travaux de construction
de ladite salle, avait avance de sa bourse la somme de trois
cents livres. L'agent municipal s'obstina a couvrir le deborci
au moyen d'assignals; si bien que, lorsque les assignats eu-
rent perdu leur valeur, Tagent municipal n'ayant plus entre
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les mains que cette maudite monnaie, le malheureux maire en
fut pour ses frais. Mais les materiaux des deux chapelles ser-
virent a la construction du nouvel edifice. Comme demiere
profanation, on ensevelit dans les fondements, apres les avoir
brisees, la croix de Saint-Sawetir, celles de nos places publi-
ques et celles qui couronnaient nos chapelles, Une seule etait
restee intacte. Couchee sur les debris des autres croix, elle
avait son croisillon place immediatement sous le seuil de la
porte d'entree de la salle. C'est la qu'elle a ete retrouvee, il y
a quelques annees a peine, lorsque, a son tour, la salle des
seances dela socieie populaire a du disparaitre pour servir au
degageraent de la place publique. Nous n'oublierons jamais
la p6nible impression que produisit dans notre ame la vue de
tons ces objets sacres jetes dans ce lieu, dont le choix nous
revelait la pensee satanique des profanateurs du signe de
notre Redemption.
Les materiaux de cette salle ont 6te vendus; Tun des ac-
quereurs, c6dant a nos prieres, a releve la croix profanee.
Elle est debout, aujourd'hui, a Tangle de Tune de ses pro-
prieles, sur le bord de la route de grande communication
de Barran a TIsle-de-Noe, a trois cents metres environ de la
ville. Elle sert desormais de station pour les processions des
Rogations. Cette croix porte, a son croisillon, le millfesime de
4734. Elle avait ete executee parle sieur Dominique Dubourg
pour la somme de guarante-quatre livres et plac6e a pen de
distance de Teglise paroissiale, a la suite des exercices d'une
mission. Elle servait de station pour les processions domi-
nicales. Aveccette croix fut retrouve le fut de la colonnede
la croix de Saint-Sauveur dont nous avons parle plus haut.
II mesure en hauteur 1"» 35' et en diametre 0" 35*-
Revenons a notre chapelle de Saint-Sauveur.
Le soir du jour ou les vandales revolutionnaires venaient
d'achever la demolition de notre chapelle, un charpentier de
la commune, du nom deJean Saramon, habitant du hameau
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— 254 —
de Labene, regagnait sademeure, apres sa journee de travail.
Son ame s'attriste a la vue des ruines de ce sanctaaire venere
oil il etait venu prier tant de fois, ou si souvent il avail vu reu-
niesdes foules nombreuses, Triste et pensif, il passait sur ces
materiaux epars, lorsque tout k coup il heurte du pied un
obstacle, Le choc est assez violent pour lui arracher un cri
de douleur; il s'arr6te et regarde : Fobstacle heurte est Tune
des statues du groupe qui repr6sentait dans la chapelle la
scene dela Transfiguration. lUareleve avecbonheur, la place
respectueusement dans son havre-sacet Temporte. Fier et
heureux de cette precieuse relique qui ne le quittera plus, il
la cache dans un lieu secret desa maison, oiielleva demeurer
jusqu'a ce que les mauvais jours soient passe^. Alors il s'em-
pressera de Tinstaller dans le lieu le plus apparent de son
appartement. C'est la que desormais Saramon viendra s'a-
genouiller tons les jours aux pieds de la sainte image et prier
avec sa famille. II sent avec les siens qu'en possession de
cette sainte relique qu'il nomme Saint-Sauveur, il est place
sous une protection toute particuliere du divin Maitre et que
toute sa vie il devra s'en montrer digne.
Quelques annees aprfes la mort de ce fervent Chretien, nous
avons eu le bonheur de retrouver notre statue en ce lieu-la
meme ou ses pieuses mains Pavaient plac6e. Elle etait en-
chassee dans la muraille, immediatement au-dessus du man-
teau de la cheminee, recouverte par d'epaisses couches de
lait de cha,ux.
Cette statue est haute de trenle centimetres environ et se-
rait dans un etat parfait de conservation si elle n'avait ele
mutilee k sa base; les pieds manquent. Elle n'est point sans
quelque merite au point de vue artistique. A sa sculpture, il
nous semble reconnaitre un travail du xiv' siecle.
Quoiqu'elle ait porte le nom de statue de Saint'Sauveur
depuis qu'elle a ete retrouvee au milieu des ruines de la cha-
pelle, nous ne pouvons pas nous arreter a Pidee qu'elle re-
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— 255 —
presente Timage du Sauveur lui-meme. Elie nous semble
simplement flgurer Tun des trois ap6tres Pierre, Jacques et
Jeao, qui accompagnerent le diviu Maitre sur la montaghe du
Thabor. Elle appuie la tete sur la main droite ouverte, de
maniere a couvrir la tempe; elle semble vouloir se prot6ger
centre un objet dont la vue trop saisissante la trouble ou
Tincommode. La face porte Tempreinte de cette sensibilite
dans tons ses traits. La main gauche retient un livre: La tfite
porte le nimbe de la saintete. Les plis de la robe sont parfai-
tement dessines. Evidemment ce ne sont pas la les caracteres
qui nous feraient reconnaftre Timage du Sauveur. Tout nous
indique, au contraire. Tun des trois personnages apostoliques
et plus particulierement saint Jean. Sa chevelure est trop
abondante, meme sur le front, pour rappeler les caracteres
traditionnels qui determinent la I6te de saint Pierre. D'ail- r
leurs la face est imberbe, comme on est convenu de reprfesen-
ter celle de saint Jean. Enfin, le livre a fermoir que notre
personnage porte asamain gauche nous semble, comme livre
des Evangiles, justifier la preference que nous donnons a
saint Jean, le seul des trois qui soit evangeliste.
II ne sera pas inutile de placer sous les yeux de nos lecteurs
le texte de PEvangile qui nous raconte le mystere de la Trans-
figuration. Voici ce que nous lisons dans le chapitre dix-
septieme de TEvangile selon saint Mathieu :
J^sns prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, fr^re de Jacques, et
les conduisit a T^cart sur une montagne ^lev^e. Et il se transfigura
devant eux, et son visage resplendit comme le soleil, et ses vStements
devinrent blancs comme la neige. Et en m6me temps Moise et Elie
leur apparurent, s'entretenant avec lui. Or, Pierre dit k Jesus :
Seigneur, il nous est bon d'fetre ici; si vous voulez, faisons-v trois
tentes, une pour vous, une pour Moise et une pour Elie. II parlait
encore lorsqu'une nu^ lumineuse les couvrit, et voila qu'une voix
sortit de la nuee, disant : Celui-ci est mon fils bien-aim^ en qui j'ai
mis toutes mes complaisances, 6coutez-Ie. Et les disciples entendant
tomberent la face centre terre et furent dans un grand eflTroi. Et J^sus
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- 256 —
s'approcha et les toucha el leur dit : Levez-vous et ne craignez point;
alors^ levant les yeux, ils ne virent plus que J6sus seul. Etcomme
ils descendaient de la montagne, lorsque J6sus fut venu vers le
peuple, un homme s'approcha et se prosterna disant : Seigneur, ayez
piti^ de mon £ils, car il est lunatique et il souffre cruellement. Sou-
vent il tombe dans le feu et souvent dans Teau, et je Fai pr^sent^ a
vos disciples, et ils n'ont pu le gu^rir. Or, Jesus r^pondit : Gr^n^ra-
tion incr^dule et perverse, jusqu*a quand serai-je avec vous?
Amenez-le moi ici. Et J^sus Tayant menac^, le d^mon sortit de lui,
et Fenfant fut gueri a Theure mdme.
Ces lignes de recrivain sacrfe, qui avaient inspire Raphael
dans son tableau si celebre de la Transfiguration, nous revelenl
la pieuse pensee qui eleva ce sanctuaire beni. On Fouvrit au
concours des jeunes enfants et de leurs mferes pour y implorer
la protection du Sauveur, de celui qiu avait gu6ri au pied du
Thabor lejeune lunatique et qui, danssa\^iemortelle, se plai-
sait au milieu des enfants, aimant a leur prodiguer ses caresses
et a les presenter a la foule dans la purete de leur ame com-
me Timage du ciel. Le miracle raconte par FEvangile, accord^
ila fervente priere d'un pere malheureux, fut Fun des plus
eclatants temoignages de la protection que le Sauveur donne
si afifectueusement a Fenfance chretienne. Notre chapelle de
Saint-Sauveur, assise au pied de la plus haute des collines qui
dominent Barran, fut elevee en ces lieux pour en perp6tuer le
souvenir.
Aussi nous est-il facile de nous expliquer Fancien usage ou
Fon 6tait de venir, mfime de fort loin, presenter les petits
enfants k la devote chapelle, surtout au jour de la fete de la
Transfiguration que FEglise c61ebre le 6 aout, et pour les jeunes
meres d'y venir implorer les secours et les grices que leur po-
sition reclamait. En cettefStebenie qui attirait tant de pieux
p&Ierins, la foule stationnait nombreuse tout le long du jour, aux
abords de la chapelle. Surdeverdoyants tapis de gazon, auprfes
d'une fontaine jaillissante, symbole de la grace que Fon venait
solliciter dans ces lieux, elle prenait son modeste et frugal
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— 257 —
repas. Les marchands de gateaux de la ville d'Auch ne man-
qiiaient pas de se rendre aussi, surs d'avance de bien exploi-
ter leur modeste Industrie, au milieu d'une multitude de petits
enfauts.
Mais toiites ces f^tes si joyeuses, si interessantes, tant
aimees, ne fureut point du goiit des r^volutionnaires de la
locality quand sonna Theure de nos malheurs. Eflfacer toute
trace de ces pieux souvenirs pour n^amasser que la honte,
les regrets et les larmes, fut leur oeuvre de predilection. Sa-
vants et intelligents reformateurs, ils voulaient, disaient-ils,
instruire le peuple de Verreur oil ils sont, le mettre au ni-
veau eta la hauteur des circonstances et le pr6munir contre
le charlatanisme que les cirdevant pr^tres leur debitaient
Et alors il fallut insulter aux croyances d'un peuple religieux,
profaner ce qu'il venerait si legilimement, priver une multi-
tude d'enfants et leurs meres de leur chere chapelle, en dis-
perser les materiaux, se promettant bien par ce vandalisme
d'executer a bref delai leur plan de reformation sociale. Telle
fut Toeuvre de qttelques energumenes. Les ruines qu'ils
amasserent en delruisant nos chapelles marquent encore pour
la plupart leur honteux passage. Les quelques malefiaux que
Ton decouvre par-ci, par-la, parlent encore de leur attentat.
II semble que la Providence le veuille ainsi, comme un chati-
ment inflig6 a leur honteuse memoire, mais aussi comme un
enseignement pour rappeler a Thomme ce dont il est capa-
ble quand il oublie son Dieu, ou qu'il ose se revoller contre
sa majeste divine pour obeir a ses malheureuses passions.
• Les pierres dispersees par les mains sacrileges de ces sin-
guliers reformateurs n'ont pas emporte avec elles le souve-
nir de la devotion a Smnt'Sauveur.Ene est restee imperissable
dans le coeur des Barrannais et de tous ceux qui, de pres ou
de loin, etaient venus visiter Saint-Sauveur ou avaientenlendu
parler des graces exceptionnelles obtenues dans ce sanctuaire
de la priere et de Tamour.
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— 258 —
Aussi le concours des pieux pelerins n'a pas discontinue;
bien que la devote chapelie ait disparu, il se dirige aujour-
d'hui versnotre eglise paroissiale. Nous constatons avec bon-
heur que, soit au jour de la fete, ie 6 aout, soit dans le
cours de Tannee, il devient tons les ans plus considerable. Au
jour de la fete surtout, qui appelle dans notre cite une foule
d'etrangers venus de loin, nous sommes invite k benir une
multitude de petits enfants et leurs meres. N'est-ce pas la ua
signe du divin Maftre en favour de ces lieux benis qu'il s'est
choisis pour.y etre prie par les enfants et les meres, et aussi une
preuve nouvelle de son tendre amour pour Tenfance chre-
lienne?
Nous touchons peut-etre a la restauration complete de
notre pauvre eglise paroissiale, que reclame noire bienchereet
religieuse population. Nous avons la pensee d'y reserver une
chapelie a Sam/-Saut)eur. Jeunes meres, jeunes enfants, venez-
moi en aide dans cette oeuvre de restauration. Repondez a
Tappel que j'adresse a votre generosite.
Un jour malheureux, bien chers petits, vous enleva ce
sanctuaire beni que de pieuses mains avaient eleve et consacre
pour vous au divin Maitre. Vous surtout venez a mon secours,
car jesuis bien pauvre; donnez-moi unepierre pour m'aider
a relever sinon votre sanctuaire particulier, du moins noire
pauvre eglise ouje reserve une chapelie pour votre devotion.
Votre secours, je Tespfere, quelque leger qu'il soit, et vos fer-
ventes prieres me permettront de realiser mon oeuvre de pre-
dilection; alors, vous continuerez de venir parmi nous, tons
les ans plus heureux, plus nombreux, el vos gracieuses peli-
tes mains mebeniront de vous avoir rendus dans ce sanctuaire
aux caresses divines du bon Maftre, voire meilleur ami,
Saint'Sauveur de Barran.
SABION,
Cur^ de Barran.
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— 259 —
Ugende et histoire.— £tude critique
SDR
Saint Se^er, roi dbs scythes, et ses oompagnons.
{Suite) (1).
VTII
« Le prince Sever se rendit de Toulouse au camp de Cesar,
au Palwstrion; on lui avail si gnalece lieu comme celui ou se
teiiaient le roi, Tarmee et les assemblees de TEtat. Un roi
Adrien y regnait; le saint le gueril d'une maladie cruelle et le
convertit. »
Que le camp de Cesar soit le Castera de Saint-Sever ou
celui d'Aire, que Je lieu des asseniblees nalionales fut au Pa-
laestrion ou a Aire encore (un quartier, occupe en partie par
le grand-seminaire, y portait indifferemment les noms de
camp de Gorre ou de Begon^e, comme si Ton disait campus
ou casta GoUiorum ou Wisigothomm, et il etait aflfecte aux
reunions municipales), toujours est-il que le Palcestrion etait
bien sur la hauteur de Mortlanne, a Saint-Sever. Laissons
done notre saint aller a Saint-Sever.
Mais ici je dois protester de nouveau conlre le nom du roi
Adrien. Outre le dipldme dejk cite qui, de Taveu de dom Da-
niel du Buisson (2), le nomme Arrien, on peut voir un acte
du XI* siecle, dans F^dilion aturaine du moins, qui Tappelle
Ofianus (3), nouvel indice d'une lecture un peu floltanle.
(1) Voir la livrtison d'avril, p. 166.
(2) T. 1, p. 15.
(3) T. I], p. 191.
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— 260 —
Ajoutez la petite eglise de Sainsarrian, c'est-a-diredeSain/-
Arrian, bS^tie assez pres de Tendroit oil Ton disait que ce
prince avail 6te mis a.mort. Ce titre n'a pas du subsister long-
lemps; je He le retrouve point dans les catalogues de Tan-
cien livre rouge d'Aire; il demeure neanmoins affecte a une
maison de Sainte-Eulalie en Marsan. Ne peut-on pas presu-
mer que les descendants des Wisigoths Tauront balie et nom-
raee ainsi? Si c'est eux qu'ii faut reconnaitre dans nos Capots
ou Cagots, ils ont laisse des traces notables dans ces quar-
tiers-la, temoins les noms de plusieurs maisons, Thdpital
des Cagots a Cauna et la grande devotion de sainte Quitere a
Lamothe et a Toulousette. Mais leur saint Arrian ne pouvait
Tester.
On m'objeclera que sur les levres du peuple Adrien se
change tres-facilement en Arrien; je le reconnais, mais la re-
ciproque est aussi certaine, et de plus restenl les vieux textes
oil le nom A' Adrien n'aurait pas si aisement disparu.
Que Ton cherche, d'ailleurs, des legendes ou ce qualiflcatif
A'arien ait sa place toute naturelle et purement incidente, et
Ton verra s'il ne se transformepas bien vite en celui A' Adrien.
Voici, par exemple, celle de saint Aper, eveque de Toul
(15 septembre) :
D'apres les Bollandistes, ce bienheureux doit etre mort a la
fin du V* ou au commencement du vi* siecle. Or, on lui fait
exercer son apostolat dans le pays des Burgondes « du temps
d' Adrien, trds-cruel efnpereur, qui voulait que tous ses juges
sappelmsent Adrien. II eut done a trailer avec un Adrien,
juge de Chdlon'Sur-Saone. » De grace, laissez tous ces Adriens
etdites simplement que du temps d'un prince arien, qui vou-
lait voir tous ses juges ariens comme lui, il alia trouver un
juge arien hCh&lon.
En voici une autre de saint Florentius, martyr de Tille-
Ch&teau, dans le m6me pays (27 oclobre) : On dit qu'il fut
immole durant la persecution des Vandales; c'est ce qu'on a
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— 261 —
de plus serieux sur I'epoque de sa mort. Je serais porte a sup-
poser qu'il fut un de nos exilfes, vu qu'il est attribueici a I'A-
frique, \k a I'Orient, la, ce semble, a la Sardaigne, et que, de
plus, ilest en compagnie d'uu saint martyr Vandalet ou petit
vandale. Eh bien ! le malencontreux Tamayo Salazar ne man-
que pas de nous dire, a la m6me date du 27 octobre, que
Florentius, martyr de Tyle dans VAndalousie, itait un con-
verti a la foi calholique, qui fut martyrise sous rempereur
Adrien!
Je ne puis croire que toules ses sources viennent du pays
des chimeres; impossible, ici comme ailleurs, d'inventer des
mensonges de ce genre-la, si orthographiquement voisins des
choses les plus naturelles ou les plus plausibles. C'est encore
un roi arien des Burgondes qu'on nous traveslit par inat-
tention ou par la bonne foi de Fignorance, et, de plus, cette
aflfectation de la vieiile hagiographie espagnole a s'altribuer
certains de nos saints, tels que ce saint Florent, ou encore
sainte Quitterie (1),. saint Vincent de Dax..,, nous font deja
soupgonner en eux une origine espagnole, gothiqueou vandale*
Voila done le geri6reux con verti la ou tout Tappelait, et le
besoin du moment, et les necessites du peuple, et la sollicitude
des eveques fideles, et la prudente bonte du pere commun de
tons les Chretiens.
Suivant la 16gende, le roi etait tourmente par le demon et
en proie a la maladie : raison de plus pour lui adresser un
(1) Au sajet de la oationalil^ de $a%nie Quitterie^ je ferai obsenrer que tel roi Vt«
sigoth, le 20% s'est nommd Witeric, et que je n'admets nullement comme legitime
la tradoction saint-sev^rienne de saibte Qaitterie d'Arx en Ste Quintilla. U est en^
core bon de (aire remarqaer qne certains l^gendaires rapporteot aax temps de Vem-
pereur Adrien I'bistoire des soBurs de la martyre aturaine, comme on peatle Yoir
en particnlier dans I'^tnde dei Bollandistes sar sainte Livrade on Wilgeforte. Et
qaant a ce qui est de lear pays, j*ai entre les. mains la copie d'nne inscription de
Maz^res, portant que I'an 134*2 le corps de sainte Librate ^tait dans cette ^gKse pa-
roissiale de Saint-Jean de Mazdres, an diocese de Tarbes. (nntile de parler desa Id-
gende; les renseignements donn^ k son sujet par les Bollandistes nons montreraient
encore etCatilius et laroyaotd de sa famille dans ces conflns de I'Occident, et Belcage
sa capitale et sainte Quitterie martyrU^e d Aire en 477. Qu'on m'y nu)ntre k cette
date an roi on an empereur Adrien; je n'y trouve qa*an roi arien.
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— 262 —
saint, et, s'il se pouvait, un thaumaturge. D6ja le voyage de
saint Severin pres de Clovis et la guerison de ce prince par les
prieres du serviteur de Dieu avaient forlement impressionneles
cours voisines, nous dit M. Darras; et il n'est pas etonnant
qu'Alaric ait desire avoir un Seyerinpres deiui. II n'etaitpas
trop indigne de cette faveur. L'hagiographie nous apprend
qu'il envoya un jour, de Toulouse, une pauvre energumenea
saint Remi, avec une deputation royale et des lettres de re-
commandation (1). Ne meritait-il pas d'etre, a son tour, dfeli-
vredesamaladie?
Si rhistoire nous attestait qu'Alaric II vint a Aire pour y
chercher la sante, ce serait une.justification de plus pour la
legende. On me parte de certaine tradition antique qui s'en
expliquerait de la sorte; malheureusement ces anciens textes
ge sont perdus. Supposons done, si Ton veut, que c'est la re-
nommee des guerisons oper6es au tombeau desainte Quitere
qui aura fait venir ie roi, son parent, aussi bien que le desir
de faire une sorte d' amende honorable pour les meurtriersde
la sainte.
Le roi fut-il converti? Pourrais-je le nier, puisque la le-
gende Tafflrme et que, sur ce detail majeur, je n'ai aucune
preuvecontre elle? Tout, meme humainement, ne porlait-il
pas Alaric a se declarer catholique? Cette solutidn resoudrait
bien des difflcultes, et le culte assez longtemps tolere de
Saint'Arrian, et Fev^que orthodoxe du Palais, et les sou-
levements des Wisigoths les uns centre les autres, dont nous
aliens etre bienl6t temoins, seraient expliqu6s,
Au demeurant, nous constatons que Sever, parti apres les
marlyres' operes par un roi Arrien tres-cruel, n'a rencontre
qu'un roi Arrien grandement debonnaire : c'est la surtout
ce qu'il me faut, puisque c'est le double signalement d'Euric
etd'Alaricn.
La legende nous oflfrirait ici quelques passages trfes-signi-
(1) Hincmar et Flodoard.
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— 263 — ;
ficatifs si ron pouvait 6tablir, ce qui n'est pas facile, qu'ils
viennent de la bouche mfime du Saint et non point de la plume
d'un amplificateur : « Si vous croyez, 6 Roi ! a la sainte et
indivisible Trinite, vous serez gueri. Jesus-Christ est de Tes-
sence meme du Pere... 0 peuple! si vous voulez croire que
le Pere, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un dans la Tri-
nite, je suis pret a vous baptiser. » C'est a des Ariens qu'il
fallait adresser une telle predication.
« Mais bientdt vinrent les Vandales. A la priere de Thomme
de Dieu, le fleuve grossit et leur barra le chemin; bientdt
neanmoins ils le passerent a gue. Sever se mit a la tete des
defenseurs du Palaestrion et &it immole. »
Les Vandales ! et un vandale, un vandale naguere leur roi,
un homme comme saint Sever marchant contre eux!... Ne
soyons pas.trop surpris. Cette denomination, que j'ai du
prendre jusqu'ici dans son acception la plus restreinte,
signifle, au fond, etrangers ou bandits, et « depuis onze
cents ans, dit Le Cointe {Annaks eccldsiastiques des Francs,
an 508), les ecrivains, ainsi que Tatteste le P. F. Chifflet dans
son Pavlinus iUustratus, donnent ce nom a toutes les nations
getes ou gothiques et boreales. » Aussi les saints gaulois
Antholinus, Liminius, DesideiHus, Antidius, Valerius, sont-ils
signales comme des victimes des Vandales et de. Chrocus,
leur roi, bien que les nouveaux BoUandistes nous montrent
la (22 octobre), avec les pieces et les autorites les mieux en-
tendues, de simples Allemands.
Laissonsdonc les vrais Vandales; nos traditions ne peuvent
se comprendre qu'en supposant ici des Wisigoths ariens
souleves contre les calholiques a la suite de leur propre de-
faite a Vouille.
Et d'abord, que signifient ce fleuve formani barriere et
passe bientdt a gue a la suite d'un miracle, et ce miracle
manque de notre legende? Serai t-ce un souvenir confus et
trfes-mal applique du passage de la Loire par les Francs et
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— 264 —
du merveilleux qui Taccompagna? Je ne veux point m'en
prendre ici au rfedacteur legendaire, mais uniquement aux
traditions populaires qui s'approprient tout en Falterant a
leur faQon et qui imposent a la fidelite de leurs transcripteurs
d'assez grandes bizarreries.
Mais saint Sever n'alla point a Vouille. SMI Mt tombfe la,
i'autorile ecclesiastique ne lui aurait pas maintenu le litre de
martyr. Rappelons-nous ce que nous insinue le remplacement
assez prompt du vocable de saint Arrian par celui de sainte
Eulalie. Prenez a Vouille, si cela vous plait, un saint Avit,
que nous rappelle une de nos paroisses, dotee du meme nom;
prenez-y un sainl Cyprien, qui elait venu defendre, aupres
d'Alaric, saint Cesaire d' Aries, son maftre, et qui, j usque
dans le camp de Poitiers et en presence du roi, conqu6rait
de nobles guerriers a la foi et a la vie eremilique (1) : autres
sont leurs titres a notre culte que celui d'avoir ete les soldats
d'Alaricn.
Deux choses m'expliquent la mort de saint Sever. La pre-
miere, ce sont les soulevements des Wisigoths, depuis long-
temps commences, contre les suspects. La victoire de Clovis
ne put nuUement suffire pour les desarmer, dans ce pays
surtout oune parvinrent point les troupes franques; This-
toire le montre assez et de Valois le suppose avec assez de
raison. Ce que nous verrons sur la mort des compagnons de
notre Saint et de quelques autres chefs du catholicisme dans
ces coiitrfees, apres Tan 506, achevera de le conflrmer.
La seconde consideration que nous devons faire, c'est que
la foi catholique etait tout a fait en cause en 507, circons-
tance capitale qui ne se presentait gufere pour nous procurer
des martyrs, lors de Tinvasion des Alains, des Sueves et des
Vandales. Sever avait converti beaucoup de monde, soit parmi
les Gaulois encore paiens, soit parmi les Wisigoths h6reti-
ques : or, qui se declarait catholique etait cense se declarer
(1) BoUand.i 8oc(obre» etc.
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— 266 —
pour les Francs, et le seul moyen d'6chapper aux soupfons
ei!lt et6 d'abjurer sa foi : de \k deux partis bien tranches, de
l^des attaques, dessommationset devrais martyres.
Sever aura done ele martyrise par des Wisigoths.
IX
Aprfes le martyre, le culte. Le tombeau du Saint devint un
lieu de pelerinage, un lieu de prodiges. Ses reliques n'y res-
terent point tout entieres, et nous savons les honneurs que
leur rend encere aujourd'hui Teglise Sainte-Eulalie de Bor-
deaux, par ordre de Charlemagne. Le chef resta au sol ou il
etaittombe; encore fallut-il le donner un jour en gage aux
Espaghols dans un emprunt de bl6; mais il fut rapporte par
les anges, et le Saint-Siege permit de c^Iebrer annuellement
cette insigne favour. Clement V, a son tour, declara qu'il
voulait honorer le bienheureux martyr, et il accorda les in-
signes pontificaux a Tabbe de son monastere; c'est lui aussi
qui a fixe sa principale fete au 8 novembre. Voici comment
elle 6tait annoncee dans Fhagiologe du convent : ^ Dans le
pays des Gascons, au poste du Pal^strion, la naissance (au
Ciel) de saint Sever, lequel, apres s'^tre ouvert un passage a
travers le fleuve, avoir gu6ri le roi Adrien, pr6ch6 a^.peuple
et briUe par le grand nombre de ses miracles, m6rita d'etre
decapite (pour N.-S). »
Mais de toutes les merveilles op6r6es par notre h6ros, au-
cune n'est comparable a celie dont fut Theureux tfemoin le
due de Gascogne, QuMaume Sanche. C'etait vers Tan 963.
Les Normands ne cessaient point d'envahir notre littoral.
Guillaume marcha contre eux, apres avoir fait vobu, sur le tom-
beau du Saint, d'elever en son honneur un monastere splen-
dide, s'il revenait victorieux. C'est a Taler, prfes de Laluque^
qu'il renconlfa Tennemi. II le battit et en fit un si affreux
ToMi xvm. 18
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— 266 —
carnage que nos contrees fureiitd61ivrees pour toujoursdeces
feroces corsaires. M. Lege nous apprend que dans cetle
plaine, au point d'interseclion des trois arrondissements de
Dax, de Saint-Sever el de Mont-de-Marsan, se trouve un quar-
tier designe sous le nom A' Hospitakl, dont les revenus, au
siecle dernier, etaient affermes pour 412 livres par le prieur
de Taler ou de Fosse-Guimhaut; el il suppose que la jadis
auront ete recueillies les viclimes de la bataille, sous les aus-
pices de Gombaiil, frere de Guillaume. Le bon chanoineMon-
lezun, trop sfevfere parfois envers les hommes de TEglise par
crainte d'6tre partial, a juge rigoureusement Gombaud, parce
que, etant due, ii devint eveque. Atlendons, pour etre de son
avis, qu'il nous ait montre en cela quelque chose d'absolu-
ment reprehensible. Pour moi, sans vouloir etre aussi deci-
sif, j'inclinerais a penser que si la fosse sepulcrale de Taler
prit le nom de celui qui fut plus tard due de Bazas et d'Agen,
<5'est peut-6tre qu'il etait deja ministre du Seigneur avant d'etre
due, et par suite son 6piscopat serait aussi pen condamnable
qu'il fut heureux pour notre pays.
Quoi qu'il en soit de ce detail, et quel que fAt le pr6tre qui
appelait, dans cette expedition, les benedictions du Ciel sur
les combattants Chretiens, le secours d'en haut fut des plus
manifestes et des plus triomphants. Le due vainqueur cer-
tifie a que le glorieux martyr saint Sever, dout il avait im-
plore I'appui, apparut, au feu du combat, mont6 sur un che-
val blanc; revetu d'une armure eclatante, il renversait les
bataillons ennemis. » Ainsi vit-on plus tard, lorsque le Pape
Innocent XI lan^a Sobieski au secours de Vienne et mit par
la une heureuse fin a ces guerres saintes qui sauverent I'Eu-
rope, le jeune saint Stanislas de Kostka apparaitre dans les
airs et foudroyer les Turcs etonnes. Aux Saints I'honneur de
nous dfilivrer, de I'Orient jusqu'a I'Occidenl, des ennemis du
Nord et des ennemis du Midi.
Fidele a son voeu, Guillaume Sanche reconstruisil, avecune
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— 267 —
grande magnificence, Teglise el le monastere du saint martyr.
II fit venir, on ne sait de quel convent, Tabbe Salvator, en
963, et le mit en possession par divers actes successifs. Ber-
nard-Guillaume, flls de Sanche, parle d'une grande reunion
convoquee a cet effet par son pere. Les ev6ques du pays,
plusieurs ordres de clercs, de pr6tres et de moines, aipsi
que les grands de toute la Gascogne, s'y trouvaient rassem-
bl6s.
II parait que le doge d6missionnaire de Venise, saint Pierre
Urseolo, devenu moine, lui aussi, grace aux conseils de Tabbe
Guarin et de saint Rorpuald, honora nos contrfees de sa pre-
sence dans quelqu'une de ces occasions.
Void tout ce que nous pouvons en savoir; c'est un point
qu'il est interessant pour nous d'eclaircir.
L'abbfe Guarin etait Gascon (1). II avait coutume de faire,
par devotion, des pfelerinages dans les diverses parties du
monde (2). Apres avoir visitela Terre-sainte (3), il voulut, a
son retour, v6n6rer le corps de saint Marc (4) dans safa-
meuse basilique, que notre pieux due de Dalmatie venait de
reb&tir plus magniflque a ses propres frais. II fut tres-blen
fjBQU par le doge, et, lui propqsant a son tour Thospitalitfe de
son monastere, il lui conseilla de quitter le monde. Tout mA-
rement pese, le doge le fit. II suivit le venerable abbe au mo-
nastere de Saint-Michel de Cusan ou Cuxan, pres de Perpi-
gnan. De nobles compagnons s'adjoignirent a eux : saint Ro-
muald, Marin, dont ce dernier etait le disciple, et Jean Gra-
denico. On verra dans les Bollandistes diverses hypotheses
sur la province ou se trouvait le convent de Guarin : je ne
puis nullement les adopter, pas m^me celles qui le mettent
(1) Pietro Marcello, Vite de' Preneipi di Vinegia, in Venetia 1557 (da foBds donni
au graDd-s^minaire de Da\ par Mgr L.-M. de Saarez d'Aulao), p. 21. SabelHens,
deead. 1, lib, 8 (apod Bolland. 7 febr. vitaS. Romnaldi).
(3) S. Pierre Damien, Vie de S. Romuald*
(3) Petr. de NaUlib,
(4) Marcello, Saball. .
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- 268 —
en Gascogne. Le Gallia Christiana m'amene a conclure que
ce sont la des maleDlendus. Nous avons dans les Landes, a
la verite, lout pres de Garein et d'Ousse (poste jadis impor-
tant, a ce qu'il semble resulter du trace des voies romaines),
le pfelerinage, extremement frequente, de Saint-Michel de Su-
zan; la veille de la fSte, c'esl a Garein qu'a Ueu la grande
assemblie. On rencontrera m6me a Suzan certaines maisons
portant lenom debadie (abbaye), el non loin, dans le Gers,
nous aurions, s'il le fallait, des Culxan et des Saint-Michel.
Les Landes possedent encore un lieu dit Bezaudun, nom ce-
Ifebre et cheri chez les moines de Cusan. Mais tout au plus
peut-on voir au milieu de tout cela je ne sais quelle affinite
avec Saint-Michel de Tabbe Guarin, k Cusan en Catalogue,
peut-6tre des traces de la veritable origine qu'il faudraitattri-
buer au premier abbe saint-severien Salvator, et d'un voyage
fait fructueusement dans les Landes par saint Pierre Urseolo
et son maftre.
De tres-anciens auteurs disenl que le doge cenobite fut
conduit en Gascogne par le gascon Guarin (1); prise d'une
maniere assez moderee, lout nous rend la chose plausible. U
sera done venu, accompagne, comme dit Marcello, de Jean
Moresini, soil bien vile apres 978, dale de sa relraile en
France, soil peut-6lre vers 101 7, Cetle derniere date paraft
sans doute beaucoup Irop avancee, allendu que Urseolo sera
mort, dit-on, assez 161 apres 996 (2), mais voici pourquoi je
ne puis la negliger. Vers cetle annee-la (peut-elre done au-
paravanl), on pretendit avoir d6couverl au convent de Saint-
Jean-d'Angeli la lelede saint Jean-Bapliste. ToulerAquilaine,
la Gaule, YItalie el FEspagne y accoururent, Sanche, due de
Gascogne, s'y rendit avec beaucoup d'autres grands. Ainsi
parle le chroniqueur (5). Or, prfetendre que ritalie accourut
(1) Marcello.
i%) P. de Marca, Marea hitp.f col. 416.
(3) Marca, Bi$t. du Biarn,
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— 269 —
serait moins etrange s'il y avaitla une allusion a un pelerinage
de saint Pierre Urseolo. Sanche, du reste, avait eu des rela-
tions avec le pays de Cuxan, si du moins il avait marife sa jUle
au comte-marquis de Barcelone, Raymond Berenger, ce qui
est pourtant conteste. En somme, Urseolo a pu venir en Gas-
cogne; quelques-uns m^me supposent qu'il y est mort.
11 nous reste k terminer ce qui conceme le culte de saint
Sever.
Un aveu devient necessaire, encore qu'il soit penible; c'est
que le culte rendu a notre h6ros a et6 loin de s'6panouir de
plus en plus en dehors de son monastere. Tandis que les
noms des saints Clair et Geronce sont de toutes parts hono-
res, a peine trouve-t-on notre saint Sever pris pour patron a
Villcnave, au prieur6 bfenedictin de Roquefort, peut-6tre a
SainUSeorei pres Poyartin (le tout dans les Landes), et dans
le Beam a Assat et Mur, non loind'Orthez. Ajoutons Bayonne,
ou le saint elait encore solennellem'ent f6te vers 1560 (1). Le
breviaire de Dax lui conservait au xiii" siecle la premiere place
apres saint Etienne et saint Saturnin, et avant saint Lin et
saint Clet, dans Tenumeration des martyrs fournie par ses li-
tanies, mais rien de plus, si ce n'est Tadjonction de son nom
a celui des aulres compagnons de saint Geronce, dans la petite
legende de ce dernier. Moins de choses encore dans son pro-
pre diocese; le plus vieil Oi^do que j'aie pu trouver, celui de
1778, n'ajoute au calendrier universel que le nom etla fete
de sainte Quitlerieet de saint Roch.
Dirons-nous, en outre, quMl est pen consolant de ne voir
saint Sever definitivement fete parmi nous que le jour ou TE-
glise fait mention d'un autre martyr du meme nom, le 8 no-
vembre, et de nous rappeler que son jour 6tait jadis celui de
tons les saints et que c'6tait aleur autel qu'on allait le prier?
Ceux qui le reglferent ou le sanctionnerent.ainsi avaient-ils
(1) Hist, monast. S. Sot., t. i, p. 361.
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— 270 —
des craiates sur la canonicile de son culte? Esl-ce que le ca-
ractere passablementsingulierde notre martyr, de sa legende
et de sa mort auront fait apprehender un jour de Thonorer
trop ouvertement ?
Quoi qu'il en soit, rien n'a pu completement le dficouron-
ner, et recemment encore le Saint-Siege Aposlolique, plein de-
respect pour tout culte pieux et traditionnel, a sanctionne sa
fete pour notre ville de Saint-Sever et pour les dioceses d'Auch
et de Tarbes.
Etdefait, «il serait injuste, comme il est dit en tete du
Propre de Tolede, de fruslrer du culte qui leur est du ceux
que nous avons eus pour peres et pour maitres dans la celeste
doctrine. Ceux-la surtout doivent etre honores avec plus
d'ardeur qui, dans un spirituel conflit, vraiment pousses par
Taflfection d'un coeur de pere envers leurs enfants, ont
comballu pour la patrie, pour le salut de nos ancetres et
pour le ndtre. S'ils ont pris leur essor vers le ciel dans nos
contrees, sur les ailes de leur charite paternelle, de nos con-
trees aussi doit s'elever vers eux Fhommage de notre vene-
ration filiale; la fut autrefois leur demeure, la surtout doit
briller leur gloire. »
Avant de passer rapidement en revue les travaux, la raort
et les traces posthumes des compagnons de mon heros et
d'y montrer une confirmation de ce que j'ai dit jusqu'a cette
heure; avant de r6sumer d'une maniere nelte et definitive,
fut-ce au prix de certains details moins certains, la suite la
plus probable des evenements et de leurs dates, il faut, lais-
sant la Texplication 16gendaire, nous elever, a travers Tinter-
pr6tation historique, jusqu'a la haute raison des choses, jus-
qu'aux aboutissants et aux points de depart providentiels.
C'est la la grande loi de Thistoire.
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— 271 —
Noire martyr saint Sever regne a un de ces poinls culmi-
nants que nous offrent cette vaste scene et ce drame guerrier
qu'on nomme Thistoire du monde.
Au sein de Tharmonie universelie que j'y vois briller, au
milieu de celte grande victoire dji Fils de Dieu qui resume et
explique tout et qui, longtemps preparee, se poursuit aussi
depuis bien longtemps, la ou chacun de nous a sa plac,e, il
faut savoir quelle est la place de saint Sever.
A-t-il eu quelque chose a voir avec les resullats des anciens
combats livresal'Eglise, dans son ensemble, par la force, par
Terreur, par le vice et par la fausse vertu? A-t-il eu quelque
rapport avec les combats modernes livres a TEglise dans son
chef sacre, le vicaire de Jesus-Christ?
Oui, certes, et voici sa gloire.
C'est surtout sa famille qui reduisit a neant le monde ro-
main, ce monde us6 qui devait perir^ apres. avoir porte son
fruit ou prepare a TEvangile le champ qu'il lui fallait et aux
peuples un code delois et dMnstitutions que le christianisme
put agreer. Et les Vandales sont passes, ne nous lajssant
guere que saint Sever, mais aussi nous leguant avec lui tout
ce qui rayonna de son apostolat, de son intervention celeste
centre les Normands (car nous croyons avec TEglise que ce
sont les Saints qui, du haut du Ciel, brident les nations) (1),
el puis de son monastere, la conversion et la civilisation pre-
miere de nos contrees,- la pieuse emulation de ce Gaston de
Bearn qui commen^a la mine de Thivasion musulmane en
rouvrant a la croix les portes de Jerusalem et de Saragosse,
enfm Textinction complete du grand schisme en Aragon; Fabbe
de Saint- Sever, Jean de Cauna, n'eut-il point sa grande part
avec les deux principaux conducteurs de cette serieuse entre-
prise, le cardinal legat Pierre de Foix et Teveque d'Aire Ro-
ger de Castelbon (1425)? Et qu'on ne soit pas surpris de voir
(1) IntroU de la vigile de tons les sainls.
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— 272 —
represente saint Sever dans une affaire aussi majeure : c'est
de SaintSever qu'etait partie, des 1381, la reaction en favour
du Pape remain. /
Notre Vandale a done rempli un r61e vraiment capital vis-a-
vis dumonde ancien quilombait et vis-a-vis du monde nou-
veau qui combat, et, chose assez singuliere, mais tout a fait
d'accord avec les precedes accoutumes de la Providence, le
prophete qui avail decrit les destins de ces deux mondes, de
ces deux cites, hata lui-meme leur pleine realisation.
Je veux parler de saint Augustin.
Si lesVandales etaientvenus d'Espagne attaquer deplus
pres et ruiner la puissance imperiale, n'etait-ce point par
suite de cette decision, cent fois malheureuse, donnee par le
grand docteur au comte Boniface et inspiree cette fois-ci,
helas ! par une fausse prudence, qui sacrifiait un grand bien
certain pour un plus grand bien tres-problematique : « Ne
quittez point voire gouvernement pour devenir religieux :
songez au public ! » — Boniface reste, fait defection et livre
FAfrique et Rome aux Vandales,
Heureusement, Dieu, selon la parole du m6me pere, ne
laisse arriver le mal que pour en tirer un bien plus conside-
rable.
Ce qu'il y avait de vrai dans la fatale lettre a Boniface
frappa Tesprit de Sever, nous dit sa legende. Pour ne pas
exposer son peuple, il abandonne le trdne, et pour sauver
d'autres peuples, il echange le desert centre Tapostolat; et
nous devons benir le Ciel de tout ce qui s'en est suivi.
Jean LABAT, s. j.
{La fin prochainement.)
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— 273 —
L1NSTRUCTI0NPUBLIQUE AGIMONT
DANS LES TEMPS ANTIERIEURS A 1789.
(Suite), (i)
ni
ETAT PROSP&RE DU COLUSGE SOUS LA DIREGTION DES DOCTRINAIRES.
— RAPPORTS RfiCIPROQUES DES PERES ET DES CONSULS.
Ainsi place sous la direction et le gouvernement d'une con-
gregation enseignante deja si avantageusement connue dans
ces contrees dont elle avail fait une de ses provinces ayant
son centre a Toulouse, le nouveau college qui, d'ailleurs, n'a-
vait aucun rival dans une assez grande etendue de pays, ne
tarda pas a acquerir une juste renommee et a s'elever a un
haut degre de prosperite. Ce ne fut pas seulement la ville de
Gimont et ses dependances qui proflterent des avantages qu'il
oflfrait a la jeunessestudieuse. On y vit affluer un grand nom-
(l) Voir le 1*' art. daDs la livr. do fdvrier. Une errenrs'Bst gliss^e dans eet art.
dans i'iodication de la date des lettresde Francis I*'. On aimprimd 1555; e'est
1545 qu'il fallait dire. Poor ces secondes lettres relatives au mdine objet, on docu-
ment qne nons avions sous les yeax, qoand noos (Scrlvions, les rapportait vagaement
6t sans indiqnerde dalepr^eiserau rdgnede Henri HI. Nous avions accept^ celte
indication sans ponvoir alors la contr61er. Depuis nons avons acquis la certitude
que ces lettres^taient dn rdgne de Charles IX. Ce n'est pas une seule fois qu'on ob-
tint sons ce rigne des lettres d' institution. 11 y en a de 1565 et de 1568. Celles de
1565 avaient^te suivies d'un nouveanprocds jug^ en 1567 par la Cour de Rivi^re-
Verdnn, et'c'est k la suite de la sentence rendue k ce tribunal, dont nous ne eonnait-
sons pas la teneur, que furent obtenues les nouvelles lettres de 1568, qui du reste ne
furent gudre mieui ex^cut^es que les pr4cddente8, puisqu'on arriva k 1630 sans qu'il
J atit encore rien de solidement coostita4.
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— 274 —
bre d'elfeves venus de tous les lieui environnanls el meme de
lieax fori eloignes, depuis les rives de la Garonne jiisqu'aux:
pieds des Pyrenees. Les deliberations municipales le disent
assez clairement et c'est d'ailieurs ce qu'afflrmenl de la ma-
nifere la plaa positive les traditions du pays. Nous n'avons
pu neanmoins, les archives du college manquant, constater
a aucune epoque le nombre des eleves. Tout ce que nous
pouvons dire, c'est que des personnes tres-dignes de foi nous
out assure tenir de vieillards qu'elles avaient connus dans
leur jeunesseet qui avaient fait dans les dernieres annees de
son existence leurs classes au college de Gimont, qu'on y
comptait alorsjusqu'a quatre cents eleves.
II n'est pas etonnant, avec la grande facilile qu'on y avail
d'acquerir rinslruction litleraire, que la ville de Gimont, dans
les deux derniers siecles, offre I'aspecl d'une ville lettree. Les
hommes d'une intelligence cultivee y abondent, el ce n'est
pas seulement dans la haute sociele qu'on les trouve. La pe-
tite bourgeoisie et le simple peuple ont aussi leur contingent
a fournir, en sorle que cette faciUte qu'on avail d'acquerir
rinslruction rendait accessibles a tous les carrieres liberales
les plus honorees.
Le college fonde principalemenl par le clerge ful surlout
une pepiniere de pretres. C'est la generalement que le per-
sonnel ecclesiastique du diocese de Lombez recevait Teduca-
lion litleraire el metne pendant quelque temps rinslruction
theologique, depuis qu'une chaire de theologie avail ele
annexee au college grace aux hberalites de Tabbe Dubourg,
comme nous le dirons en son Ueu. Et voila sans doule ce
qui explique comment la ville de Gimont et ses dependances
pouvaient, avant 1789, fournir un si grand nombre de pre-
tres. Au moment oil eclata la persecution revolutionnaire, on
en trouve jusqu'a quaranle originaires de cette ville, exer-
fanl le saint minislere comme cures ou comme vicaires, el
dont le courage ne faillilpas dans ces terribles epreuves. lis
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— 275 —
devaient surtout au college d'avoir pu suivre lacarrifere eccl^
siastique.
L^act-e de bail par lequel les consuls remettent le college
entre les mains des doctrinaires nous a fait connaitre les pre-
cautions qu'ils avaient prises pour s'assurer k perp6tuit6 sur
Tetablissement un droit d'inspectfon et de surveillance,
qu'ils croyaient necessaires soit pour prevenir des negli-
gences possibles, soil pour reprimer, le cas echeant, les abus
qui pourraient se glisser. On a du remarquer en parliculier
qu'ils s'etaient reserve de faire subir une epreuve aux nou-
veaux professeurs avanl leur entrte en fonctions, afin de
s'assurer par eux-memes de leur capacite et de leur sufflsance;
et aussi les obligations iraposfees aux Peres concernant les
exercices litt^raires, les theses gen6rales de philosophie a la
fin du cours, etc., etc. On se troraperaitsiTon se flgurait que
tout cela demeura leltre morte. Dans tons les temps, au con-
traire, les consuls se sont montrfes fort jaloux de leurs
droits et ont tenu a exercer la surveillance qui leur etait de-
volue par Facte de bail. Leur zele a pu meme quelquefois
paraitre excessif et se ressentir d'une espece d'humeur tracas-
siere qu'on trouve trop souvent dans ceux qui sont rev6tus
de Tautorite et qui compromel le bien en poursuivant une per-
fection impossible. lis tenaient surtout aux exercices litterai-
res, aux representations the^trales et aux actions publiques
qui terminaient le cours de philosophie, et ou ils aimaient a
venir argumenter.
C'etaient les consuls qui presidaient dans ces occasions; et
comme longlemps personne n'avait songe a leur disputer cet
honneur, ils s'etaient facilement habitues a voir un droit la
ouil n'y avait que tolerance et simple politesse. Apres en avoir
joui paisiblement et sans trouble pendant plus d'un siecle, ils
nese seraient pas doutes que quelqu'un put le leur con tester.
C'est cependant ce quiarriva, et ce ful Tabbe commeiidataire,
Etienne Dubourg, qui, en 1727, se posa en rival, sans que
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— 276 —
nous puissions dire ce qui Tengagea a faire si tard cette re-
vendication et a tronbler une jouissaDce qui durait paisible-
ment depuis tant d'ano^es. Ce fut a i'occasion des theses de
pbilosophie soutenues cette aQQ6e le % et le 24 jailiet.
L'abb^ Duboarg n'y assista pas en personne; mais il s'etait
fait representer, dans i'intention peat-6tre de provoquer une
explication par la revendication solennelle et publique des
droits qu'il croyait lui appartenir et dont il n'entendait pas
6tre dfepouille par Dom Marqueyret, religieux de Tabbaye de
Gimont. Ce d616gue ne fut pas des derniers arrives et il prit
le fauteuil de la presidence, d'intelligence sans doute avec le
recteur du college. Les consuls arriverent ensuite et preten-
dirent eux aussi prteider comme cela s'etait tou jours fait.
On s'ecbauffa de part et d'autte, on se disputa et flnalement
les consuls, pour eviter un plus grand scandale, prirent le
parti de ceder a la violence et se retirerent. lis dresserent
neanmoins proces-verbal de ce qui s'etait passe et ^des
injures outrageantes et insulles faites tant centre eux que
cmtre loute la communaute. » L'affaire fut portee au Parle-
ment et fetaitdeja engag6e lorsque les consuls flrent connaitrc
offlciellement au corps de ville, et les traitements dont ils
avaieut ete Fobjet et les demarches qu'ils avaient faites pour
en obtenir reparation. L'assemblee ne manqua pas d'ap-
prouver leur conduite au college, ainsi que la requete qu'ils
avsuent present6e au Parlement pour demander qu'il ftlt
informe, deson autorite, des injures et du trouble a eux
caus6 par D. Marqueyret. II fut de plus decide que la pour-
suite de cette affaire aurait lieu aux frais de la communaute.
Nous ignorons quelle en fut Tissue : on n'en trouve plus de
trace dans les deliberations municipales, ce qui fail penser
que pour le moment les choses en resterent \k.
La querelle se renouvela en 1744, a Toccasion de la ren-
tree des classes; mais cette fois ce fut avec Tabbe Dubourg
en personne. L'afifaire fut encore defferee au Parlement qui.
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— 277 —
par provision, sans prfejudicedes droits des parties et en
attendant Tarrfit deflnilif, adjugea a Tabbfe le droit de pro-
noncer le discours a I'ouverture des classes, ce qui impliquait
la presidence. On se soumit : mais en acceptant cette deci-
sion, on arreta que les consuls « defendraient au nam de la
communaut^ en F assignation qui leur avail ete donnee dans
la personne du sieur Cabanis, Twn (Teux, de la part de
I'abbe Dubourg. » Neanmoins, a la suite de cette decision
qui est du 8 novembre, on flt des demarches aupres de Tabbe
pour essayer de s'entendre et de terminer cette affaire a
Tamiable. On convint de la remettre a la decision de deux
conseillers du Parlement nommes d'un commun accord.
Puis, quand la nomination des arbitres fut faite, le conseil
communal qui Tavait approuv^e emit le vobu qu'avant de
passer outre les consuls prissent une consultation de M" Pu-
jos, et une autre de M* Latour, avocals au Parlement. Ces
consultations ne furent pas favorables aux pretentions de la
communaute; ce qui fit qu'on se desista. On reconnut d'apres
Tavis motive des avocats que le droit de pres6ance dans les
actions publiques du college appartenait a Tabbe, en quality
d'hommager du roi, a raison des locaux reserves dans le
pareage. On reconnaissait par cela m6me qu'il etait inutile
de donner suite au projet de faire decider la question par des
arbitres, et on s'empressa de porter cette resolution a la con-
naissance de Pabbe.
Les exercices litteraires etaient communement dedies a la
ville dans la personne de ses magistrats, et le conseil se serait
bien garde de refuser cette dedicace dont il etait flatte, encore
qu'elle entrain&t pour la communaut6 quelque depense.
Car il faut remarquer qu'on tenait a donner a ces f^tes un
grand 6clat, et que rien n'etait neglige, soit de la part des
consuls, soit de la part de la communaute, pour exciter
Temulation des Aleves et encourager leurs efiforts. Dans ce
but, il etait d'usage, apres les exercices, de faire servir a
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— 278 —
rHdtel-de-Ville une collation a laquelle elaienl invites les ele-
ves qui y avaient figure, avec leurs professeurs. En droit, les
frais etaient au compte de la communaute, mais les consuls
n'y regardaient pas de si pres : lis tenaient de leur c6te a
faire montre de g6nerosile el a temoigner par des largesses
personnelies de Tinter^t qu'iis portaient a la jeunesse stu-
dieuse et aux maftres devours qui la forraaient. Voici un
exemple qui donnera une idee de la maniere dont les choses
se pratiquaient en ces occasions. Dans Tassembleedu 1" juil-
let 1759, les consuls demandent une allocation de 19 livres
qu'ils ont depensees pour donner une collation aux ecpliers
d'humanites et aux Peres Doctrinaires a Toccasion de la dedi-
cace faite a la ville de Texercice litteraire. C'est, dit-on, a
cette somrae que sont portees les fournitures faites par Da-
bosc, aubergisle. Mais la n'est pas compris le vin qui avail
ete fourni par les consuls, et c'etaient eux aussi qui avaient
defraye les joueurs d'instruments, invites a preter leur con-
cours pour rehausser Teclat de la f6te.
IV.
DtMlSlfc ENTRE LES PfeRES ET LES CONSULS OCCASIONNfiS PAR l'fNSUF-
FISANCE DES RRVENUS DU COLLEGE.
Au commencement du xvii* siecle, c'esl-a-dire au moment
oil fut arrfite le chiflfre de la pension qui devait 6tre payee
annuellement pour la dotation du college, toules les choses
necessaires a la vie etaient a un prix excessivement bas com-
parativement a ce qu'il fut une quarantaine d'anntes plus tard
et surtoul a ce qu'il est aujourd'hui. C'est sur ce bas, prix
que la pension avail ete calculee, et sans doute que ce calcul
avait ete fait assez largement pour qu'elle put amplement suf-
fire au modeste entrelien des Peres, tant que le prix des
choses se maintiendrait a pen pres au m^me niveau. Mais une
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— 279 —
augmentation meme considerable etait possible, et ce cas se
realisant, I'equilibre se rompait et la pension devenait neces-
sairement insufflsanle. C'est ce qui arriva et qui devint un
sujet de contestations et de divisions entre la communaute el
les Peres. Ceux-ci ne trouvant plus dans les revenus du col-
lege de quoi suffire a leur entretien flrent entendre des
plaintes et demanderent une augmentation de pension. De
son c6te, la communaute, toutenreconnaissantPinsuffisance
dont seplaignaientles Peres, ne se pressait nullement de faire
droit a leur demande, pretextant les grandes charges qui
pesaient deja sur elle et auxquelles il ne lui etait pas possible
d'en ajouter de nouvelles. Nous avons vu en efifet qu'a Tepo-
que du traite elle avait des dettes considerables, et que ses
revenus suffisaient k grand peine a payer aux cr6anciers les
interets annuels. On esperait alors une amelioration prochaine,
mais ces esperances furent deques, et Ton ne tarda pas a s'aper-
cevoir que loin dese relever ontombait tons les jours plus bas, et
qu'aulieude payer les dettes anciennes, on y en ajoutait tons
les ans de nouvelles qui devaient finir, si Ton ne s'empressait
d'y mettre ordre, par entrainer la mine de la communaute.
Ce fut en 1656 que les Peres commencerent k faire entendre
leurs plaintes. Mais ces plaintes etaient encore discretes et
pen accentuees. Prenant sans doute en consideration la si-
tuation critique dans laquelle ils voyaient que se trouvait la
ville, ils se contenterent de demander qu'elle leur abandon-
nftt certains droits qu'elle avait sur la chapelle de Cahuzac. Le
conseil communal, a qui la demande fut soumise dans Tas-
semblee du 26 avril, fut bien d'avis qu'on leur fit cette ces-
sion, mais il y mit pour condition que les Peres relacheraient
trois cents livres sur la pension que leur faisait la ville. C'etait
sans doute la valeur moyenne de ces droits dont on deman-
dait la cession. Les Peres ne devaient en recevoir aucun sou-
lagement : ils n'acceptferent pas, et pour le moment les cho-
ses en resterent la.
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— 280 —
Dans les annfees qui suivirent, la situation ne lit qu'em-
pirer. Non-seulement on s'etait refuse a toute augmentation,
mais on ne payait pas meme exactement les 1,S00 livres-
C'est ce qui fit qu'en 1758, au moment de la rentree des
classes, les Peres, k bout de patience, fermerenl Fetablisse-
ment. Cette mesure rigoureuse que Ton n'avait pas prfevue
jetta le desarroi dans le conseil communal. On comprit quel
malheur ce serait pour la ville et quel prejudice port6 4 Fins-
traction de la jeunesse si elle etail maintenue; cequi fit qu'on
s'empressa de prendre des mesures efflcaces pour donner
satisfaction aux Peres et les engager par ce moyen a revenir
sur leur determination. C'est ce qu'ils firent, et la rentrte,
un moment suspendue, eut lieu comme a Tordinaire.
Jusqu'a Tannee 1666 il n'y eut pas de nouvel eclat. Mais
alors les Peres voyant que toutes leurs reclamations respec-
tueuses etaient restees sans eflfet, que meme leur pension
n'etait pas payee integralement, prirent le parti de recourir
aux voiesde rigueur et intenterent un proces a la communaul6
pour se faire payer les arrferages echus. Les consuls en por-
terent la nouvelle au conseil dans rassembl6e du 11 avril
1666. En Pinvitant a deliberer sur cette affaire, lis mirent en
avant la proposition d'enlreprendre des demarches pour
faire rejeter sur tout lepays de Riviere-Verdun la pension de
1,500 livres jusque-la payee par la communaute.
Sans se dfeconcerter en apprenant la nouvelle du proces, le
conseil delibere qu'on se dfefendra « contre le sieur de St-
Rome (le Pere provincial de la congregation pour la province
de Toulouse) et les Peres doctrinaires. » Et pour ce qui re-
garde la demande a faire du rejet de la pension sur tout le
pays de Riviere- Verdun, il est d'avis qu'il soit donnfe suite a
cette proposition. De* plus, reconnaissant le bien-fonde des
plaintes elev6es par les Peres au sujet de Tinsufflsance de
cette pension, il veut qu'en faisant la demande de rejet, on
ne neglige rien pour faire elever la pension de 1,500 a 2,000
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— 281 —
livres (1). Les demarches entreprises a eel effet par les
consuls n'eurent aucun succes. lis ne furent pas plus heureux
dans leur defense centre les poursuites dont ils etaient Fobjet
au Parlement de Toulouse. Ils furent condaranes a payer aux
Peres tout ce qu'ils reclamaient jusqu'a Fintroduction de
rinstance. Depuis s'etait ajoutee a cet arri6re Fannee cou-
rante; et pour en obtenir le paiement, il fallut encore recourir
aux memesmoyens. C'etait toujours a recommencer, et 11 est
aise de comprendre combien les Peres devaient 6tre ennuyfe
de tout cela, et combien aussiil etait difflcile, dans une pareille
situation^ que leurs relations avecles consuls fussent toujours
egalemenl bienveillantes et amicales. II n'est nuUement eton-
nant qu'en les voyant si peu soucieux de remplir les obliga-
tions de la communautS a leur egard^ ils apportassent eux-
memes quelque negligence dans Taccomplissement de celles
qui les concernaient. Les consuls auraient dA le comprendre
el eviter de se montrer trop exigeants. Mais, au conlraire, ils
ne manquaient pas de relever les moindres inexactitudes et de
les d^noncer au conseiL qui etait bien aise de trouver la un
pretexte pour justifler sa conduite aFegard des Peres^
En 1667, fut renouvel6e la proposition d'une demande de
rejet de la pension sur tout le pays de Riviere-Verdun. Void
ce qui y donna occasion. Dans Fassemblee du 17 avril, les
consuls donnent communication d'un arret du conseil du Roi
portant verification des dettes de la communaute, suivant
(1) Celte proposition de dem&Dde de rejet fot reoouvel^e plasiears fois, comme on
le Terra dans la saite, dans les assemblies municipales. Mais les d-marches aax-
qnelles elles dpnnaient lien demenrdrent toojoars infroctiieuses. II semble que si les
consols s'^taient bien rendu compte de la nature et de I'origine de la pension que
pajait la communautd, ils auraient d(i s'attendre & ce r^sultat. Plus des deux tiers*
en effet, reprdsentaient lesint^rdts d'one detle de la communantd dont le capital lu^
avait M abandonnd par le clergd. Ce capital 6tait comme un d^pdt laissd entre les
mains de la communant6 pour constituer un fonds dont le revenUi suivant les con-
ventions qui avaient M faites au sujet de la dotation du college, repr^sentait la
part assignee au clergd. D'od il suit que rejeter la pension sur tout le pays c'eftt 6td
tout simplement le rendre solidaire de la communauld de Gimont dans sea affaire^
particuli^res et Tobliger a prendre part au paiement de ses dettes.
Tome XVII. 19
Di^zedbyC^OOgle
— 282 —
lequel elles s'elevaient a la somme gnorme de sotxanle-dix-
neuf miJtle et tant de Uores, doat il fallait payer les interels
annuels, et songer en meme temps a prendre des moyeos
pour rembourser le capital. Pour tout cela, d'enormes impo-
sitions pendant de longues annees etaient inevitables, les re-
venus ordinaires ne suffisant meme pas pour payer les in-
terets. Avec de si lourdes charges; disent les consuls, il n'est
pas possible que la communaute continue a payer seule aux
Peres du college la pension qu'elle leur fait; el puisque,
ajoutent-ils, le pays tout entier qui envoie ses enfants au col-
lege se trouve interesse a sa conservation, ils proposent a
Tassemblee de faire des d-marches auprds de quelque Gran-
deur, pour obtenir soulagement et decharge. II n'y a pas
a douter que cette proposition ne ffiit du goat de Tassemblee:
elle vota bien que des demarches seraient faites dans ce sens
aupres de Tlntendant; assurement ces d-marches furent fai-
tes; mais il est aussi bien certain qu'elles n'aboutirent pas
et que la communaute dut payer ses dettes sans discontinaer
de payer la pension, qui etait elle-meme une dette (1).
La situation etait tou jours tres-tendue. En 1668, les Peres,
pour faciliter un rapprochement sans trop compromettre
leurs inter^ts, proposerent aux consuls un forfait et offrirent
(1) Les dettes de la commuDaut^ reconnaes par arr^t da Conseil royal avaient 6U
contracUes pendant les gnerres d^sa>trease8 doDt ces contr^es earent tant a sonffrir
sons le rdgne de Louis XIII et pendant la minority de son saccesseur. Les deli-
berations municipales de Gimont, anssi bien que cetles de Solomiac que nous avons
anatys^es tout an long, fournissent au sujet des dernidres de curieux renseignements
qui compietent et corroborent ceui publics ici mdmepar notrecollaborateur et aoii,
M. le docteur Ed. Desponts. {Dn village de Gascogne pendant les guerres de la
Fronde, Revue, VIII, 5 )
A Tepoque od nous sommes, des cbangements s'dtaient opdr^s dans I'organisation
^e radministration municipale en vertu d'un edit du mois de mai 1765. Ala
tlte de cette administration etait un maire & la nomination du roi. Puis venaieoi
quatre 4chevins nommes par la communaute, comme I'etaient avanC les consuls dont
ils tenaient la place. Cette organisation, contre laquelle on ne cessade protester, ne
dura que quelques annees, apres lesquettes on revint a Tancienne forme, mais avee
la plupart des anciens privileges de moins. Nous continuous a nous servir Ici do
terme de consuls en parlant des ^chevins qui tenaient leur place. Cette expression
ne fat jamais acceptee par la communaute, quoique pendant qaelques anneea on
1*611 loit seryi dans la redaction officielle des proces«verbaax.
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— S?83 —
(le prendre pour douze cents livres, en deduction sur leur
pension, les droits de boucherie et de pesage, a cette condi-
tion cependant qu'une maison annexee au college, servant de
sacristie et sur laquelle ils se proposaient de faife construire
un refectoire pour Vornement de la ville, serait exemptee des
tailles. La proposition fut acceptee avec cette condition, mais
,on ne dit pas pour combien de temps. U est bien certain que
cette cession ne fut que temporaire.
II n'est plus question de la pension jusqu'a Tannee 1707.
Cette annee fut malheureuse entre toutes. D6ja, les annees
precedentes, la miSere avait et6 si intense que grand nombre
de particuliers n'avaient pu payer leurs impositions pour les-
quelles ils 6taienl toujours en reste; en celle-ci, dlt-on dans
une deliberation du 17 janfier, plusieurs out abandonn6 leurs
biens, pour n'avoir de quoi ensemencer leurs labourages.
D'autres ont meme deraoli leurs maisons dans Tenclos de la
ville, et vendu les d^pouUles pour subsister. Le maire, Jean
de Lagausie, attribue cette extreme misere « aux grandes .
imposilions, aux frequents passages de gens de guerre et d
una grande pension que la communaute fait annmllement de
1,500 livres, aux Pdres doctrinaires, pour I'entrelien du
college; » le seul, ajoute-t-il, qu'il y ait dans toute Telection,
OQ toute la jeunesse de toutes les villes et lieuxen dependant,
est instruite a la vertu et aux bonnes lettres. II en conclut que
tout le pays profltant des avantages qu'offre cet 6tabliss8ment^
il n'estpas juste que la communaute de Gimont soit seule a
en supporter la charge. Dans d'autres lieux, dit-il encore,
corame Villefranche de Rouergue, oil des cas semblables se
sent presentes, SaMajeste, a qui Ton a eu recours, a rejete la
pension sur toute Telection. Apres cet expose, le maire et les
consuls requiferent Tassemblee de deliberer pour voir s'il n'y
aurait pas lieu de faire une semblable demande. L'avis ducon-
seil fut ce qu'il avait toujours ete en semblable occasion; il
fut doncarrele qu'on prosenterait nn placet kS^. Majeste pour
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demander le rejetsuivanl la proposition du maire. La demar-
che eut lieu, mais elle a'eut pas un meiUeur resultat que les
pr6cedentes, et bon gre mal gr6 on continua k payer les 1,500
livres comme par le passe.
II s'ecoule ensuite un nombre assez considerable d'an-
nees sans qu'on voie reparaftre cette question. Ce n'est que
vers 1750 qu'on peut reconnaitre que la position des Peres,
est toujours precaire et que leurs relations avec les consuls
s'en ressentent. Les recriminations recommencent des deux
c6tes. Les Peres reclament une augmentation plus vivement
que jamais. Les consuls, de leur c6te, se mt)ntrent de plus en
plus obstines a ne pas entendre, trouvant que 1,500 livres sont
deja une charge excessive pour la communaute. II y eut a ce
sujet une longue discussion dans* une assemblee tenue le
29 octobre 1741, a la suite de laquellequelques membres alle-
rent jusqu'a vouloir supprimer toute allocation. La majorite
cependant fut pour le maintien des 1,500 livres, et toutle
. monde fut bien aise qu'on saisit cette occasion pour consi-
gner dans le proces-verbal les griefs articules contre les Peres
par lesquels on croyait sans doute excuser le ref us qu'on fai-
salt d'acceder a leur demande. On dit qu'ils mettent beau-
coup de negligence a remplir les conditions du bail en ce qui
concerner6ducationdelajeunesse, et les exercices religieux
auxquels ils sont soumis, et Fetat des livres qu'ils doivent
ajinuellement donner. On ajoute qu'a la derniere rentr6e, le
2 du moiscourant, on avait parte trop librement des Messieurs
de la ville; que d'ailleurs, depuis plusieurs annees, les Pferes
n'ex6cutaient en rien ce qui est porte dans le contrat, tant
pour les declamations que pour les pieces de th6&tre qu'on doit
donner au public. — L'affaire, pour le moment, n'eut pas
d'autre suite. Mais tout ceci montre que, des deux c6t6s, on
s'observait et que les relations etaient p6nibles.
{A suivre.) R. DUBORD,
pritre, car€ d'Aobiet.
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— 285 —
CHRISTOPHE ET PRANQOIS DE POIX-CANDALLE,
;6vfiQUBS D'AIRB.
APPENDIGE.
Deux anecdotes sar Fr. de Foiz recaeillies par Jean de
Oaaft>eteaa.
Je refois a Tinstant meme (27 avril 1877) le tome !•' de
la Chronique bordeloise publiee pour la Societe des biblio-
philes de Guyenne par M. Jules Delpit, d'apres le manuscrit
original de la bibliotheque du chateau de La Brede (Bordeaux,
imprimerie Gounouilhou, 1876, in-8** de xv-335 pages), et,
au milieu d'une foule de curieuses particularites, j'y trouve
(p. 228-229), sous Tannee 1580, ces details plus singuliers
qu'exacls sans aucun doute, mais qui me paraissent par leur
singularite meme meriter d'etre mis sous les yeux de mes
chers lecteurs :
€ Ea cette ann^e, Frangois, M. de Candale, eveque d'Aire, qui
estoit parvenu en cette perfection de science, dans Talchimie, qu'il
pouvoit fixer e blanchir le mercure, e faire des billots de lune, ayant
donn6 a un orphevre de Paris environ cent marcs, pour luy fabriquer
de la vaisselle d'argent, e ayant convenu du dechet, pour march^,
comme ledit orphevre, qui ne songeoit pas au faict, e qui avoit trouv^
ledit argent, au burin, a la tousche e au cyseau, de tres-bon aloy,
eut fabriqu^ la vaisselle, e apres Tavoir pois^e et veu que le dechet
montoit a plus du tiers sur ledit nombre de deux cents marcs, ne
sgachant d*ou cela procedoit, se transporte a Bourdeaux, oil Feveque
estoit, e luy diet franchement que, si ledit seigneur evesque vouioit,
il le ponrroit perdre, puisqu*il auroit trouv6 plus que du tiers de de-
chet sur les trois cents marcs; mais que, ne sachant d*ou la faulte
procedoit, il luy avoit port^ sa vaisselle bien elabour^e, ainsin que
Teveque pouvoit voir, le priant d'avoir piti^ de lay, qui estoit dans
rinnocence. L'eveque se mettant a rire e cognoissant que son art
Tavoit tromp^ e qu*il n'avoit perdu que sa peyne e son argent,
d'aultant que le feu avoit emporte tout ce qui estoit du mercure, e
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— 286 —
que le bon aloy de la lune estoit demeur6, diet a I'orphevre qu*il
poisat; et apres Tavoir content^, le renvoya sans lui descouvrir le
secret. C'est ce seigneur qui disoit, a Bourdeaux, avoir tfouve la
pierre philosophale. Mais il est bien vray qu'il composa une eau tres-
excellente qu'on appelle encore Veau de Candale. Le secret de la-
quelle il mit es mains du gardien des Augustins de Bourdeaux, par
succession. Mais, oultre cela, il estoit si expert arquebusier, qu'un
jour qu'un de ses pages estant dans la garene de de Baschevele, a
Medoc, mont^ sur un chesne granderaent hault, pour avoir un nid de
pie, e la mere s'estant mise sur la teste du page, Teveque, qui estoit
a la fenestre, qui regard oit sur ladite garene, cria au page qu'il ne
bougea pas, e prenant une arquebuse a roues (car en ce temps-la on
ue parloit point encore ni de fusils, ni de charabines), tua la pie sur
la teste du page (1). »
Pn. TAMIZEY de LARROQUE.
Peintures d^coratives dans T^glise de Lamontjoie,
par M. Philippe Tartas (2).
Le nouveau travail de M. Tartas,. dont je veux parler aux lecteurs
de \d^ Revue deGascogne, est lachapelle de saint Louis, dans T^glise
de Lamontjoie (canton de Francescas), edifice caracteris^ par le
(1) Un pea plus loin (p. $37), Jean deGaufreteau raconle, sous I'ann^o 1583, que
« ics jurats de Bourdeaux et M. Francois de Candale eurent du mal me$16 ensemble,
et procedoit de ce que ledict [Monsieur] Francois se vouloil approprier la pUce de
Puy-Paulin... » Jo reproduiscet 6loge (p. 313, sous I'annde 1578) d'un drudit que je
ine suis content^ de nommer, k propos da Pimandre de Fr. de Foix : c En celte an-
n^e, un certain personnage, nomm^ Saint-Marc, grandementscavant, et leqael estant
sorti de I'ordre et soci^t^ des jnsuistes, s' est oit mis h la suite deM.de Saioct-Luc,
gouvernenr de Brouage, se faict, en cetle ann^e, signaler, faisaut le cours en pbilo-
sopbie, ayec des termes parfaictoment d^licats, dans le colldge de Guienne, souls |a
principality d'Elie Yinet, touts les plus doctes le venoyent escouter; les jesuistes mes-
mes, je dis des principaux, estoyent frequents en son auditoire. On le tenoit pouruo
aultre Aristote; au moins le savoit-il tout sur le doigt. II se vantoit que si leslivres
de ce grand pbilosophe et de Platon estoyent perdus, il les remeltroit. y> Sur Jean
Puget de Saint-Marc on pent voir tout le cbapitre xxi (p. 3-21-345) de VHistoire du
colUge de Guyennef oti M. GauUieur a parl6 avec enthousiasme c de cet hommesi
justement c^lebre en sou temps, si compUt«*ment oubii^ aujourd'bui. »
(2) Yoirrarticle poblid ici Tan dernier (xvii, 189) sur les peintures de M. Tartas
aux Garmes d'Agen. — L'exlr6me abondance des malidres nous oblige, a notre grand
regret, a supprimer de la noleacluello de M. BIad6 ce qui concerne la recente de-
coration de Saint-Uilaire d'Agen, pour nous on tenir k une ^lise plus intdrcssante
pour nous. — l. Cv
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— 287 —
style de transition duxv« au xvi« sifecies. Dechaque cdt6 de la cha-
pelle sout deux^ armoires a vantaux construites sur les dessins four-
nisparM. Payen, et conformes a rornementation g^n^rale'de I'e-
dilice. Ces armoires, ferm^es de grilles, sont timbr^es des armes pa-
pales, royales etpontificales. Uune contient un reliquaire modeme,
avec des restes de saint Louis; Tautre un reliquaire ancien donn^,
dit-on, par Philippe le Bel, et qui parait, en effet, remonter au xit«
sifecle. L'autel modeme est d*un beau travail et supporte les statuet-
tes de saint Louis et de sa mere Blanche de Castille. Le panneau
du milieu repr^sente le voeu de samt Louis.
La plinthe verte qui supporte Tornementation repose elle-mdme
sur un soubassement uoir. Vient ensuite, jusqu*a la hauteur des cu-
lots, une tapisserie a m^daillons, charges alternativement de la fleur
de lys d'or longue et maigre du xiii" siecle, et des armes de Castille,
' qui sont de gueules d la tour d* argent magonn6e d'or, Les mMail-
Ions s*etalent sur une ^toflfe broch^e d*or, et domineepar une frisea
fond noir, supportant une niche du m^me style que les armoiries.
Cette niche contient la statue en pied de saint Louis.
La frise se raccorde a une tenture vert clair, avec semis au mono-
gramme du saint (S et i^ entrelac^s). La voAte simule la pierre d'un
ton clair ros^, releve d'arabesques en couleur, dans le gotit des vieil-
les enluminures. Nervures fond rouge et vert fleurdelis6 d*or,
clef de voAte fleurdelis6e sur fond d*azur cercl^ de noir.
L'arc doubleau, richement orn^, semble 6tre la comme une de ces
pierres d'attente qui presagentdes entreprises nouvelles.
Telle est la description sommaire et technique de ce travail d^co-
ratif. Ce que je ne puis qu'indiquer dans ce compte- rendu, tardif par
ma faute, mais exempt de toute complaisance, c'est Timpression
calme et harmonieuse que laissent aux spectateurs ces peintures
faifes, avec le concours d'un 61eve d^ja distingu^, parun homme qui
sait et qui aime son metier.
Jean-Frangois BLADE..
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Jugements de maintenue de noblesse (1).
XL
ANTOINE DV COUSSOL, SEIGNlEUR d'eSPARSAC, ET BERTRAND DU COCS-
soL, SEIGNEUR DE LA PAiLH^RE, habitants pvis d'Aigtian, elec-
tion d'Armagnac.
D'azur a un agneau d'argent, au chef d'or, charge d'une
molelte de sable, accostee de deux etoUes de meme.
Contrat de mariage de Jean du Coussol de Laspeyres (2), qualified
noble, avec damoiselle Jeanne de Mont, du 19 novembre 1505.
Testament de noble damoiselle Jeanne de Mo;it, dame d'Espar-
sac, veuve dudit noble Jean du Coussol, par lequel il parait que
Jean du Coussol, seigneur d'Esparsac, et Nicolas du Coussol, dit
d'Esparsac, lous deux qualifies nobles, ^taient ses fils (3), du 16 juil-
let 1553, devant Berard, notaire d'Aignan.
Transaction pass6e entre Jacques du Coussol, qualifie noble, fils
et h^ritier de noble Jean du Qoussol, d'une part, et Nicolas du Cous-
sol, frere dudit Jean et oncle de Jacques, du 12 octobre 1573.
Transaction entre Antoine du Coussol, seigneur de La Pailhere,
ai'eul de Bertrand, Tun des produisants, et Bertrand du Coussol,
seigneur d'Esparsac, tons deux freres et qualifies nobles, parla-
quelle il parait que'Jacques du Coussol et Jeanne de Lup^ ^taient
leurs p^re et mere. Ladite transaction passee devant Amaud de Les-
pis, notaire de la ville d*Aignan, le 19 fevrier 1603.
EsPARSAc. — Testament de Frangoise de Ferragut, veuve dudit
• noble Bertrand, seigneur d'Esparsac (4), par lequel il parait qu 'au-
tre Bertrand etaitson fils, du 23 decembre 1657.
Transaction passee entre noble Jean de Laverdin, sieur do Games,
mari de damoiselle Marguerite du Coussol, et Antoine du Cous-
(1) Voir ci-dessus, pages 37, 92, 146, 189 et 240.
(2) La terre et le ch&teaa de Laspeyres sont silods dans la commune d'Aignao,
section de Fromentas.
(3) Elle avait encore une fille, nomm^e H^lie do Codssol, marine k son cousin>
noblo Louis de Mont, seigneur de Lartigue.
(4) Le lief d'Esparsac depend de la commane de Saint-Go, canton d'Aignan.
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• — 289 —
sol (1), seigneur d'Esparsac, Tun des produisants, par laquelle il pa-
raft que Bertrand du Coussol, seigneur d'Esparsac, et Marguerite de
Pins, ^taientpfere el mere duditAutoine, devant Batons; notaire royal
de Lectoure, le 9 aotit 1678.
Lk Pailhere. — Contrat de mariage de noble Antoine du Cous-
sol, seigneur de La Pailhere (2), avee Jeanne de Riviere, par lequel il
parait que Bertrand du Coussol, seigneur d'Esparsac, etait son frere,
29 juin 1599,
Contrat de mariage de Hector du Coussol, qualifi^ noble et sei-
gneur de La Pailhere, avec damoiselle Catherine de Bonlouix, par
lequel il parait que Antoine etait son pere, devant Bertrand, notaire
de Lupiac, 29 d^cenibre 1630.
Contrat de mariage de Bertrand du Coussol, seigneur de I^
Pailhere (3), avec damoiselle Marie de Talazac, par lequel il parait
qu'Hector ^tait son pere, du 16 fevrier 1678.
Maintenus tons los deux dans leur noblesse sur la vue des produc-
tions ci-dessus par jugementrendua Montauban, le 1«^ juillet 1698.
Sign6 : Le Pelletier d6 La Houssaye, intendant de Montauban.
J. DE C.
(1) Antoioe du Coussol, seigneur d'Esparsac, fnt pdre de noble Antoine da Cous-
sol, seigneur d'Esparsac, St-Go, Latour du Camp, etc., etc., qui d^nombra ses fiefs
nobles devant les trdsoriers du Parlemect de Pau. le 17 aoUx 1736. II eut huit en-
fants : 1*' Jean-Marie, qui continue la descendance; 3« Frix, pr^tre; 3« Antoine,
sieur de La Tour; 4* Joseph-Antoine-Gabriel; 5" Frjx, ing^nieur ordinaire du Roi;
6* Jeanne> marine k Lupiac; 7* B^nonie; 8^ Jeanne-B^r^nice. — Jean-Marie du
Coussol, seigneur d'Esparsac, St- Go, Latour du Camp, etc., etc., ^pousa demoi-
selle Hilaire de Mont-Geilenave, dont le fr^re Louis de Mont, seigneur de Gellenave,
6tait marid avec Marie-Anne de Podenasde Laroque. Jean-Marie mourut a Bou*
zon-St-Go, le l**- mai 1814, dg^ de 84 ans. II laissail six enfants : 1^' Frix-Th^o-
dore; 2« Frix-Hector, chevalier de saint Louis, ^migra en 93, mort an cb&teau de
Bonlouix, commune deSt-Pierre-d'Aubezies; 3« Marie-Theodore; 4*'Louis-Therese;
5e Marie-Joseph; 6« Marie- Anufr-Sophie, marine le 30 tbermidor, an ii, k M. Hip-
polyte du Bosc de Peyran, fiU de Jean-Jacques du Bosc do Peyran, ancien officier
d'infanterie, et de demoiselle Frangoise d'Arbens. M. du Bosc de Peyran est le seul
repr^sentant du rameau des du Coussol d'Esparsac, St-Go, etc., etc., dont la des-
cendance mMe s'est ^teinte de nos jours.
(3) Sur lefief de La Pailhere, voyezAevue de Gaseogne, tome xvu, pages 49, 238
et 446. Jeanne de Lup^,fill6 4'0gier de Lupd, seigneur deCastillon,Sle-Cbristie, etc.,
etde Jeanne de Grossolles, femme de noble Jacques du Coussol, seigneur d'Espar-
sac, a pu porter le fief de La Pailhere chezles du Coussol. Les Lup6 dtaient seigneurs
de Sarragachies, dans le territoire duqnel se trouve le Singulo de La Pailhdre.
(3) Bertrand du Coussol, seigneur de La Pailhere, eut pour fils Pierre du Cous-
sol qui ilail vivant le 17 mai 17t3 cVoyez Revue de Gascogne^ t. xyii, p. 447). Lei
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— 290 —
BIBLIOGRAPHIE.
I ,
HiSTOiRB DE LA Floridb FRAN^iiSE, parPaol Gaffarel, professear ^ la Faculty
des lettres de Dijon. 1 vol. in-8'* de vii-523 pages, plus deux carles gtogr.
Paris, Firmin-Didot. 1875. Prix : 8 fr.
Pliae le jeune pouvait dire : Historia quoquo modo scripta placet.
Les historiens d'alors ne racontaient gaere que des fails int^ressanls
et dignes d'une 6iernelle meraoire; on n*avait invente encore de son
temps ni Thistoire purement savante, appliquee a des minuties, a
des obscurit^s, a des discussions de noms el de dates, ni Thistoire
philosophique, moins ioquiete de raconter que de prouver. Aujour-
d'hui le commun des lecteurs a besoin d'etre rassur^ avanl tout sur
la maniere de Thistorien qu'on lui recommande; si quelques-uns
d^sirent des textes ou des faits inedits, quelques autres des theories
nouvelles, la plupart veulent savoir si la narration qui leur est
offerte est capable d'int^resser leur curiosiie par cet art pr&ieux qui
rend la vie aux hommes et aux faits du passe. Rare privil^e du
livre dont je viens d'inscrire le litre au haul de cette page! II plaira
presque egalement a tons. Divis6 en deux parties parfailemenl dis-
linctes, bien qu'elles aient le meme objet, il offre, dans la premiere,
un recil attachant comme un roman, pardon ! beaucoup plus attachaut
que force romans tres-vant^s, el de plus des vues utiles sur la grave
question politique de la colonisation; dans la seconde, une s^rie de
textes du xvi« siecle, d*une vraie valeur historique el lilt^raire, les
uns rares et difficiles a atteindre, les autres tout a fait inedits, tous
publics ici avec un soin infini et une correction irr^prochable.
seigneurs de La Pailhdre se soul ^teiots, h la fin du siecle dernier, dans le cha-
teau de ce nom.
A la famille du Coussol se rallachent encore : Guillaume Arnand du Coussol,
qui assisia, en 1321, au mariage de Msrlhe d'Armagnac^ avec Bernard d'Albret;
Sansonnet du Coussol, seigneur d'Espar^c, present k I'assemblde de Nogaro, en
1479; Vital du Coussol, i6moin de rbommage rendu au comte d'Aimagnac, par
Thibaui de Batons, en 149i; le capiuine du Coussol, qui fit la revue de sacompa-
gnie en 1509. (Cbartier du s^oainaire.) Outre les branches d'Esparsac ct deLa
Pailbire, nous donnerons, k sa date, la branche des seigneurs du B^dat.
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- 291 —
Le sujet par lui-m6me est des plus int^ressants. On sait que la
Floride frangaise (h^las ! si peu de temps frauQaise) n'occupe dans
notre histoire maritime et coloniale qu'un petit nombre de pages;
mais quels ^tranges incidents, quel drame dans ces trois expedi-
tions tent^es, d'abord sous Tinspiration de Coligny, puis sous Tim-
pulsion trop lente et trop peu ^clairee de la cour de France, pour
soumettre k notre influence et k nos armes ce pays charmant ou Ton
croyait trouver Tor d'Ophir et la source de Jouvencel Quel Epilogue
magniHque de cette action trois fois malheureuse, dans la quatri^me
expedition, qui n'eut d'autre but et d*autre r^sultat que de venger le
sang de nos colons vers^ par la cruaute perfide des Espagnols! On
sait, nous Tavons nous-raSme assez dit dans ce recueil pour n'y pas
insister, que le heros de cette merveilleuse revanche fut un Gascon.
U nous sera permis de renvoyer a T^tude publi^e ici m6me au com-
mencement de )869 sur Dominique de Gourgues, a propos de Tex-
cellente Edition donnee par notre ami et collaborateur, M. Ph.
Tamizey de Larroque, de La Reprise de la Floride. Mais au lieu de
relireTextrait beaucoup trop pale et trop ^court^ que nous en offrimes
alors, on fera mieux d'aborder le texte m6me de la Reprise , soit dans
la plaquette bordelaise, qui doit 6tre deja fort rare, soit dans le
volume plus accessible de M. Gaffarel, qui I'a republiee en entier. On
sera surtout heureux de suivre dans son recit, non pas seulementcet
epilogue de Thistoire tragique de notre colonic, mais cette histoire
tout entiere, dans ces quatre tableaux diif^remment, mais presque
^galement riches de couleur et d*actiou : La ddcouverle^ avec les
premiers huguenots refugies de France au Nouveau-monde et les
explorations hardies de Jean Ribaut; — La colonisation, eiYec les
incidents dramatiques, souvent heureux, mais fiaalement si tristes,
qui signalerent le commandement du brave Laudonniere, qui fut
aussi le premier historien de la Floride; — Le massacre, Ribaut,
qui a supplante Laudonniere, disparaissant devant Tatroce figure do
Tespagnol Menendez, et tous nos etablissements, d^ja pleins de pro-
messes, noy^s dans le sang frangais; — La vengeance, avec ses pre-
paratifs mysterieux, la politique la plus prudente s'associant au plus
audacieux esprit d'aventure, et le patriotisme gen^reux d*un seul
homme, d'un pauvre hobereau landais (1), vengeant I'honneur d*un
pays impuissant et d'un pouvoir oublieux.
(1) On n'a pas oubli^ que Dominique do Gourgues, nd k Mont-de-Marsan> <ilait
fils (]u seignouc de Gaube (Landes) et de Monlezun (Gers).
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— 292 —
M. GaflFarel, connu depuis plusieurs armies par d*Gxcellents tra*
vaux sur rAm^rique, ne s'est pas cru dispense par sa science sp^-
ciale d'terire avec una vraie Eloquence cette curieuse histoire. II
avait de beaux modeles. Ces premieres relations americaines, qudique
trac^es par des hommes dont ce n'^tait pas le metier d'terire, sont
parfois admirables de couleur et de vie. Nous avons essay^ de ren-
dre justice a notre compatriote de Gourgues a cet ^gard (nous conti-
nuous a le regarder comme le vrai redacteur de la Reprise de la
Floride, et nous pouvons nous autoriser aujourd'hui du suffrage
tres-comp^tent du savant professeur de Dijon). Mais nous n'avons
pas de peine a declarer que Laudonni^re est lui-m6me un grand
ecrivain sans s'en douter. M. Taine l6 signalait d^s 1855 [Revue de
Vinstr. pubL, 15 f(Sv., p. 706) comme un homa\e de la trempe de
Monluc, de Sully, de d*Aubignt5. t II dit les faits, ajoutait Thabile
analyste, sans les orner ni les d^velopper; il ne sait ni ne veut com-
poser des phrases... Comme Christophe Colomb, il fait ses descrip-
tions sans songer k les faire, et elles n*en sont que plus agr^ables. Le
sentiment qui les inspire est parfaitement vrai et naturel, etc'est une
grSce a laquelle depuis longtemps nous ne sommes plus habitues.
Y a-t-il dans VAnabase de X^nophon des peintures plus jolies que
ce passage?... » Et le.critique citait une page, puis une autre, et il
aurait pu les multipUer encore sans chercher beaucoup.
Les curieux trouveront dans la seconde moiti6 du volume de M.
GaflFarel, non pas toute V Histoire notable de la Floride du capitaine
Laudonniere, ma is des morceaux tres-consid^rables de ce grapd tra-
vail. Ce que je tiens a dire, c'est que le savant professeur a su pren-
dre a ce naif chroniqueur toute la fraicheur de ses impressions, tout
rinterSt de ses ayentureuses caravanes. La science moderne lui a
permis de preciser et d'expliquer bien des details; mais cette emo-
tion premiere, ces surprises dramatiques, ces etonnements de nos
Frangais devant les richesses et les horreurs d*une nature inconnue,
respirent aussi bien dans ses pages, pour I'instruction et le charme
des lecteurs contemporains. Du reste, M. Gaflfarel avait, pour la
description des paysages, des types, des costumes et des scenes qui
varient la trame de son rckiit, d'autres secours que les relations pit-
toresques des chroniqueurs. Laudonniere adjoignit a sa caravane le
dessinateur Jacques Lemoyne de Mourgues; une partie des dessins
de cet artiste ont et6 couservf^s jusqu'a nous, et le nouvel historien
de la Floride, qui s'en est servi tres-souvent, en louc « la naive exe-
cution et la scrupuleuse exactitude (p. 49). > II desirerait qu'on les
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— 293 —
reproduisit aujourd'hui par la lithographiepourlesmettreklaport^e
des amiricanistes^ qui les recevraieat avec enthousiasme. Nous le
Youlons bien, mais il nous serable que les lecteurs de M.Gaffarelen
jouissent d^jk, tant sa plume fait bien Tuffice du crayon, dans les
nombreux passages oil il retrace, d'apres Mourgues, soit la nature
floridienne, soit les figures el les groupes pittoresques des Indiens.
J'insiste sur cet art de peindre sans efibrt et sans appareil de style;
le talent du r^cit rapide, curieux, attachant, ^mu, n'est pas moins
remarquable en lui-m6me, mais on le remarquera peut-6tre moins,
tant il semble se confondre avec le fond m^me des choses, dans cet
Episode incomparable de nos annales maritimes.
J'ai dit que Tint^r^t si vivant de la narration n*emp6chait pas
Tauteur de toucher a la question politique des colonies; mais c'est
sans dogmatisme, et m^me presque sans reflexions explicites. On
n'en voit que mieux, par le cours m6me -des choses habilement
pr^sente, combien les Fran^ais eurent toujours la premiere quality
d*un peuple colonisateur : le don d'exciter la sympathie, le d^voue-
ment des Strangers; combien ils manquferent de ces autres qualit^s
sans lesquelles rien ne dure : la Constance et Tesprit de suite. M.
Gaflarel montre cependant que, dans les aSaires de la Floride, une
mauvaise politique ajouta sesfunestes effets i ceux de la l^gferet^
frangaise; et, d'autre part, il ne nous permet pas de croire que ce der-
nier defaut soit sans remade, car il nous fait admirer la Constance
tenace du parti protestant, qui poussa le premier aux expeditions
floridiennes. Quant aux 6conomistes qui font table rase de la ques-
tion, regardant simplement toute colonic comme une charge pt un
danger, il leur oppose non des theories, mais des faits dont la France
ne pent nier, helas ! les suites humiliantes et douloureuses. « Plaise
a Dieu, conclurons-nous volontiers avec lui, que retoumant le mot
fatal qui nous a valu tant de deceptions : P&rissent les colonies plu^
161 qu'un principe 1 nos concitoyens s'^crient de preference : Piris-
sent ioutes lesutopies et tons les pritendus principes plutdt qu'une
seule colonic I i
II est inutile d'appuyer sur cette ardeur de patriotisme qui contri-
bue pour une bonne part a donner tant de vie et d'interfet a toute
cette histoire. Une fois mdme, au moins, elle a peut-6tre un peu
trouble le jugement de M. Gafiarel. Je vise ce qu'il dit d'une critique
adressee par un historien du Canada k Theroique de Gourgues. II y a
dans cette critique une exageration.et surtout une malignite d'inter*
pretation qu'il fallait repousser avec energie; mais la question de
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— -294 —
droit subsiste, et I'enthousiasme ne resout pas de telles questions.
Un examen serieux, oii Ton aurait tenu compte de Tesprit et des
n^essit^s du temps, aurait mieux servi les intentions de Tapologiste.
Je pourrais noter encore un exces d'admiration dans Teloge de Co-
ligny; mais de si legers reproches ne sauraient diminuer le merite
d'un volume qui a sa place marquee dans la bibliotheque de tout
s(5rieux ami de notre histoire nationale, et plus sp^cialement de tout
Gascon z6le pour les gloires de son pays.
II
Du TRAITEMENT DES AFFECTIONS GASTRO-INTESTINALES par leS EAUX DE BaGN^-
REs-DE-BiGORRB, par le D' L. Carrere, medecin consultant k Bagn^res-de-
Bigorre. In-12 de 56 p. Bagneres, 1877. Impr. Jos. Cazenave.
II n'y a pas, dans notre sud-ouest, de station thermale dont la re-
nommee remonte plus haut et compte un plus grand nombre de pa-
trons que Bagneres-de-Bigorre. La bibliographic de ce lieu privil^-
gi6 remplirait plusieurs pages etbffrirait, a c6le de noms obscurs et
d*ouvrages ridicules, les autorit^s les plus hautes et les plus irr^cu-
sables. Mais ces eaux si vant^es ont eu auSsi leurs d^tracteurs, qui
semblent a la longue avoir prdvalu; de sorte que, si Ton visite en-
core la gracieuse cite pyren^enne, c'est moins pour y guerir que
pour savourer, comme le bon Montaigne, « Tam^nite du lieu, la
comYnodit6 de logis, de vivres et de compagnies. i Notre excellent
compatriote, le D*" Louis Carrere, de Marciac, est de ceux qui pro-
testent et qui luttent contre ce pr^juge defavorable. Nous avons deji
fait connaitre deux memoires consacr^s par lui a la rehabilitation
des bains de Bagneres {Revue de Gasc, xn, 231, 329); mais il plai-
dait alors surtout pour une source particuli^rement negligee, cells
de Salies. Aujourd'hui, c'est la cause commune des thermos de Ba-
gneres qu*il defend. La premiere partie de son opuscule montre la
superiority de cette station sur d'autres plus vantees,au point devue
de la variety des sources : car elle en possede k la fois diB sulfureu-
ses, de salines, de ferrugineuses et d*arsenicales. Dans les deux au-
tres parties, M. Carrere traite successivement des vertus de ces eaux
pour les maladies de Testomac et pour celles de Tintestin. Partout les
indications th^rapeutiques sont donn^es avec une extreme clart^, et
souvent appuy^es d'observations pr&ieuses, dues a une pratique de
quelques annees. Les unes et les autres m^ritent Tattention des m^
decins et des malades, et ne peavent quecontribuera relever lafor-
ttine medicale des thennes de Bagneres. Leonce COUTURE.
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— 295 —
NOTES DIVERSES.
XGIX. L'Intendant Boucher et dom de Montfaucon.
On annonce une nouvelle Edition de Touvrage : Les monumens de la monar-
chie frangoise qui comprennent VHistoire de France avec les figures de
chaque r^gne que Vinjure du terns a ^pargnies^ par le R, P, dom Bernard de
Montfaucon, religieux b^edictin de la congregation de Saint-Maur, publi6e
CD 5 vol. in-4<^, ornes de 400 gravures bors texte, avec une introduction sur les
monuments historiques de la France et une biographic de dom Bernard de
Montfaucon, par L. Favre, directeur de la Revue historique de I'ancienne
langue frangaise et 6diteur du Dictionnaire historique de Vancier^ langage
frangais, par La Cume de Sainte-Palaye. Le moment est done favorable pour
donner un billet in6dit de Boucher, intendant de Guyenne, ^ I'illustre 6rudit
(Biblioth^ue Nationals R6sidu Saint-Germain 1316, p. 171) :
a A Bordeaux, lel3iuin 1727.
» J'ay receu, mon Reverend Pere, avec la letire que vous m aV6s 6crite le 13
du mois pass6, les deux plans qui y 6toient joints, je les ay donn^ en com-
munication, et ne doute pas que la beaute de 1 ouvrage n'engage plusieurs per-
sonnes k faire des souscriptiuns.
y> Je suis, mon Reverend Pere, Totre lr6s-humble et lr6s-obeissant serviteur.
» BOUCHBR. »
Rappelons k ce sujet les paroles de M. Alfred Maury {VAncienne Acad^mie
des Inscriptions et belles-lettres, 1864,. p. 209) : a Montfaucon dut npn-seule-
ment r6diger cet immense ouvrage, il lui fallut encore en assurer la publication
par Torganisation d'une souscription qui suppl64t au d6faut d'editeur; car les
frais considerables de Tentreprise avaient effray^ les libraires, et le savant reli-
gieux en fut r6duit ^ qu^ter lui-m§me des souscripteurs. »
T. de L.
G. Les dcrivains de Gimont.
M. I'abbe Dubord a raison d'attribuer ^I'influence du college de Gimont {oil
d'apres Monteil, laplupart des Doctrinaires faisaient leurs d6buts, dans « une
des plus jolies, des plus agr6ables, des plus riantes petites villes de France, »]
le grand nombre de lettres qui brillaient dans le pays aux deux demiers si^cles*
II faut ajouter pourtant que le goCtt et la culture des lettres remontent encore plus
haut k Gimont. Peu de petites villes ont fourni nn aussi grand nombre d'^cri-
vains. Au xvi^ si^cle : Jean de Nicolas, professeur de droit canonique en TUni-
versit6 de Cahors, dont VEnchiridion bene/iciorum (Lyon, 1550, in-4*] fut
tr6s-estim6 jadis et oflfre encore un vif int6r6t. Au xvii" : Pierre de Marcassus, n6
vers 1584, mort k Paris en 1664, auteur d'une multitude d'ouvrages m^diocres*
maisparfoiscurieux, en vers et en prose,-— I'augustin Jean Duput (mort en 1623),
Voracie de la Faculty de th^ologie de Toulouse, et dont r6norme in-folio a M
longtemps consuUe; — le dominicain Bernard de la Palissb (ne le 16 novembre
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— 296 —
1599, mort le 21 juillet 1666), auteur d'un savant commentaire sar les Psaames
(1665. 2 vol. in-fo). Enfin au iviii* siftcle, Th. Sudrb (1718-1795), l'6loquent
avocatde Galas. — Je cite ces noms, sur lesquelsj'ai d6jk d'abondantes notes,
pour que M. I'abb^ Dubord, en ponrsuivant ses recberches si patientes aux
arcbives de Gimont, puisse y ajouter quelques renseignements sur Torigine ei
les families de ces ill ustres gimontois. L. G.
GI. Les couvents de Tordre de Gluny en Gascogne an xv* si^cle.
Un de nos plus laborieux correspondants, avis6 par una remarqae de M.
I'abb^ Gan^to [Revue de Gasc, xi, p. 425) d'un document de 1428 dont j'avais
donn6 connaissance ^ notre Eminent directeur et qui renferme des indications
sur tous les couvents de Gluny, m'a fait prier d'ea publier ici la partie relative
k notre region, d'apr^s les notes que j'avais prises en 1859. J'acc6de volontiers
k ce d6sir, et soubaite que ces renseignements soient utiles et k lui et k tous
ceux qui s'occupent de notre histoire monastique. — L. G.
' Bibl. nat., mss. anc. f. lat. 5654. Catalogue monasteriorum et Veneficiorum
ah archimonasterio cluniacensi dependentium,., mccccxxviij.
In prioratu S. Orientii auxit. (Avch)^ sunt de praesenti xxv monacbi, licet
secundum antiquas visitationes uon debeat esse tantus numerus. Subprior debet
facere de domiilorio. Sacrista tenebitin luminari (....?) et aliis necessariis.
In prioratu de Aleyraco (Layrac), ubidebenl eisse xvi. monacbi cum priore
ad minus; secundum antiquas visitationes debent esse plures.
Item in prioratu de Helisona [Eauze) debent esse octo mon.
Item in prioratu S. Fidis de Morlanis (Morlhas) , ubi debent esse tres monacbi.
Item in prioratu de Medicino {Mdzih), ubi deoent esse ix. monacbi.
Item in prioratu S. Montis (Saint-Mont), ubi debent essevij. monacbi.
Item in decanatu de Gordiniaco (1) ubi debent esse xij. monacbi ad minus,
licet secundum visitationes antiquas debet esse major numerus; habet unum
prioratum subditum vocatum de Monte calvo ubi sunt moniales et debetur eis
perdecanum xvj. libras paris. singulis an n is.
Ilem domus S. Joannis est subdita decanatui de Gordinaco.
Item in prioratu S. Licerii ubi debent esse octo monacbi.
Item in prioratu Gense l^St-Geny?) in quo debent esse v. mon. cum priore.
item in domo de Moiraco [Moyrax) sunt quatuor mon^. licet sec. antiquas
visitationes esset major numerus; et eleemosyna debet ibi ter fieri in bebdomada,
et sunt celebrandsB duse missse omni die ciun nota.
Item in prior^u de Peti^usia (Peyrusse), subdito prioratui S. Orientii, debet
esse prior cum uno monacbo....
Item in prioratu de Monte alto [Montaut), subdito prioratui S. Orientii, de-
bent esseviij. monacbi...
. Item in prioratu de Togeto [Touget], in quo debent esse iv. mon. cum priore...
Item in prioratu de Pluma {La Plume) (2), subdito prioratui de Alayraco,
unito....
Hem in decanatu de Moyssano (Mouchan) .
(1) Le P. H^lyot mentioDDo Gordiniac, k la suite de Saint-Orens d'Auch, parmi
les monastdres qui farent soamis k Gluny sous saiat Hagues. Mais je ne sais rien de
ce lieu, non plus que des deox mooasteres qui lui ^taient subordooa^s et dont Taft
g'appelait Montcau {mons calvus), Bst-ce la locality dece nom, en Lot-et-Garoane?
(2) Le r^dacteor avait d'abord dcrit de Penna au lieu de de Pluma.
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NAUDONNET DE LUSTRAC.
Luslrac etait une seigneurie (1) situee dans PAgenais, au
nord de la Garonne, mais la famille qui en porte le nora est
etablie depuis deux cent cinquante ans dans TArmagnac, oii
elle possede la terredeLias. C'est pourquoi le lecteur accueil-
lera favorablement, peut-6tre, les pages que notre Revue em-
ploiera a relever la memoire trop oubliee de Naudonnet de
Lustrac, Tun des braves et fldeles capitaines du parti des Ar-
magnacs.
Ceux qui voudront connaitre cette famille feodale trouve-
ront sa gen^alogie, incomplete, il est vrai, dans les registres de
d'Hozier et dans le 12* volume du Diction, de la noblesse;
ils liront aussi avec un vif inter^t les notes savantes de M.
Tamizey de Larroque, sur Marguerite de Lustrac, dans ses
documents sur Anne de Caumont (2), lis trouveront surtout
un nombre considerable de pieces ofOcielles conservees en
original ou en vidimus dans les collections du cabinet des
litres. En transcrivant quelques-uns de ces antiques docu-
ments j'aurai suffisamment fait connaitre les droits de Nau-
donnet de Lustrac a nos patrioliques respects,
Le due d'Anjou, frere de Charles V, cherchait a rassembler
sous ses ordres toute la noblesse de notre pays pour faire la
guerre aux Anglais. Au mois de septembre 1372, pendant
qu'il assiegeait Penne d'Agenais, le baron de Lustrac se ran-
(1) Lustrac ^Uit une des qaatre baronnies qui formaient le comt^ d^Agenais, avec
Montpezat, Bajamont et Boville. (B. de Saint-Amans^ Hist, de Lot-et-Garonne,
tome I, p. 308.)
()) V. Documents inid, sur VAgen., p. 122-126.
Tome XVIII. — Juillet 1877. 20
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— 298 —
gea sous son commandement et regut Tordre de reparer el
mettre en etat de defense son chateau.
Loys, fils de Roy de France, frere de Motis. le Roy et son lieu-
tenant en toute langue doc, due Danjou et de Touraine, et conte
du Maine, k notre ame Estienne de Montmejean, tr^sorier des gens
de guerre de Monsieur et de nouses dictes parties, ou a- son lieu-
tenant, salut : Pour ce que Bernard de Lustrac, escuyer, est venu
benignement et gracieusement a Tobeissance de Mons. et Tare-
cogneu a son souverain seigneur; attendu aussi le bon voloir qu*il
•a de bien et loyaument servir Mons. et demourer k tons jours
mais son bon et loyal subget : Nous pour lui ayder a emparer et
fortifier et avitailler son lieu de Lustrac, de grace especial li avons
donn6 et octroy^, donnons et octroyons par la teneur de ces pr6sQ.n-
tes, ceste fois la somme de trois cents francs d or. Si vous man-
dons et estroictement enjoignons que audit Bernard ou a son cer-
tain commandement vous paiez et delivrez presentement , sans
aticun delai, ces lettres veues, ladite some de iii<^ francs d'or, et par
raportant ce present mandement, et quictance sur ce dudit Ber-
nart, nous voulons et mandons ladite some de iii*^ fr. estre allofe
en vos comptes et rabatue de vostre receple, plaineraent sans au-
cun contredit par nos bien amez les gens des comptes de Mon-
sieur a Paris, nonobstant quelconques mandemens et ordonnances
ou deflfenses faites ou k faire au contraire. Donne a Penne d'A-
genois, soubs le seel de notre secret, le xvi« jour de septembre de
Tan de grace MCCCLXXII. ,
Le meme jour Antejeat de Lustrac, seigneur de Rigolifere,
recevait semblable gratification pour emparer et fortifier son
lieu de Rigoliere.
Bernard de Lustrac eut pour fils Bertrarid (1), qui servit
aussi pendant les guerres de Gascogne; car ses services sont
mentionnes avec eloge dans une piece que I'on trouvera plus
loin,
Arnaud de Lustrac etait le fils aine de Bertrand. Des sa
premiere jeunesse, il s'exerga au rude metier des armes, qui
(1) Bernard estcautioa et ensaite Bertrand est cr^ancier principal d'une obligation
deSOO francs d'or sonscrite, 25 octobre 1398» par noble et puissant seigneur Ber-
trand de Dnrfort, seigneur de Gavaudun, et de la Roche en Thibaad. Tr^tor gini-
raide Yillm^ilU, to Lastrac.
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— 299 —
etait alors rigoureuseraent impose a tout gentilhomme. Jo ae
sais si c'est a lui ou a son pere quMJ faut attribuer les petites
victoires remporteesen 1420 sur les Anglais commandes par
Pons de Castillon. « Apres avoir passe le Lot (Pons de Cas-
» lillon) s'elait dirige sur La Sauvetat du Drot; mais vive-
» ment ponrsuivi par le seigneur de Lustrac, avec des forces
» superieures, il s'etait refugie au chateau de Frepesch d'ou
» il reussit a s'evader avant la prise de la place » que les
Frangais enlev^rent de vive force. (B. de Saint-Amans, Hist,
de Lot'€t'Garonne. ], 245).
Quoi qu'il en soil, des Tannee 1427, Arnaud de Lustrac,
qui n'est jamais design6 dans les titres que sous le surnom
de Naudonnel, s'etait fait une reputation de bravoure et de
sagesse. La ville de Lauzerte s'etait donnee au roi de France
en 1370, a Tinstigation et &ur les conseiis de Bernard de
Lustrac et de plusieurs autres gentilshommes de son voisi-
nage; mais elie avait fait, selon la coutume, la reserve de tons
ses privileges, dont un des plus importants etait le droit de ne
point recevoir de garnison. En 1427 celte ville demanda au
Roi de lui donner pour capilainc Naudonnet de Lustrac; c'est
ce qui est explique dans Tordonnance qui suit :
Charles... Roy de France, a tous eeulx, etc... Comme nous avons
entendu que les consuls et habitans de nostre chastel de Lozerte, au
pais de Quercy, qui au temps pass4 n*ont voulu recevoir ceulx que
avions commis a laguarde de nostre dit chastel, qui est forte place
et avantageuse, assize es prochennes>frontieres de nos enemys, se-
roient assez d'accort et assencement de recevoir en chasteliain de
nostre ditjt chastel nostre bien ame Naudonnet de Lustrac, escuier,
duquel ils pourroient estre on leurs affaires secouruz, si a ce il nous
plaisait le comettre, pour ce qu*il eist de noble et aucienne ligaee,
expert en armes, et leur affin, ami et voisin : Savoir faisons que nous,
ce considere, et les grans et loyaux services que ledit Naudonnet et
les siens nous ont fait de tout temps au fait de nos guerres et aul-
trement en plusieurs et diverses nianieres, ou ils ont expose corps
et biens, et font encore chascun jour; voulans lesdits services en-
vers ledit Naudonnet aucunement recognoistre, a ce que de tout
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— 300 —
plus il soit abstraint [astreint) a nostre service, et confians de son
sens, loyault^ et bonne diligence, et d^sirans avoir toute ob^issance
audit lieu de Lozerte; icellui Naudonnet, pour ces causes et autres
qui k ce nous ont meu et meuvent, avons ordonn^, commis et esta-
bli, ordonnons, cometons et establissons chastellain de nostre dit
chastelde Lozerte; pour icelluy office de chastellain (duquel nous...
deschargeons... tous autres) avoir, tenir et doresnavant exercer par
ledit Naudonnet aux guaiges aaciens et ordonnes que on dit estre de
soixante livres tournois par an et de douze vint livres tournois de
creue par an. Pour ce que sen§ grans frais nostre dit chastel ne se
pourrait guarder attendu le temps de la guerre et qu'il est assez en
frontifere de nos dits enemys, comme dit est, nous lui avons ordonne
et ordonnons par ces mesmes presentes, avecques les autres droicts,
prouffiz et eraolumens qui audit office de chastellain appartiennent tant
conimeil nous plaira. Si donnoos en mandement a nostre trfes cher
etam^ le comte de Foix, nostre lieutenant general en nos pays de
Guienne et Languedoc, que, prins et receu dudit Naudonnet serment
en tel cas accoustum^, icelluy mette et institue, face mettre et insti-
tuer de par nous en pocession et saisine dudit office de chastellain
de nostre dit chastel de Lozerte..,. Donne k Blois,.le dernier jour de
fevrier 1427. — Par le Roy, Tarcevesque de Reins, les sires de Tre-
ves et de Guaucourt et aultres presens, — sign^ Jehan de Ville-
bresme.
Six semaines plus tard, 10 avril 1428, mandement du
comte de Foix etanl a Toulouse, et le 10 mai 1428 :
Apud Lauzertam, senescalliae et diocesis Caturcensis, existens et
personaliter constitutus nobilis Arnaldus de Lustraco, filius Ber-
trandi de Lustraco, domini loci de Lustraco, diocesis et senescalliae
Agennensis, castellanusque dicte villede Lauzerte, coram me notar.
publicum et testibus infra scriptis, ipse Arnaldus de Lustraco exhi-
buitet hostendil et presentavit honorabili et circonspecto viro Domno
Guillertno de Archambaudo, in legibus licenciato, habitatori dicte
ville Lauzerte, locum tenenti magmfici et potentis viri domini Joha-
nis Rogerii de Convenis militis, vicecomitis Agennensis, domini-
que de Tenda et senescalli hujus senescalliae catursensis... etc...
Suit le proces-verbal de la prestation de serment, oil les
habitants de la ville reconnaissent leur ch^telain et capitaine
dans la personne de Naudonnet.
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— 301 —
Le royaume etail alors en danger. Le Roi n'avait plus ni
armee, ni flnances; la noblesse faisait la guerre a ses frais;
en (iistribuant a ses capitaines fldeles des charges telles que
• la capitainerie de Lauzerte, Charles VII ne conferait qu'un
droit de commandement sans aucune ressource pecuniaire
pour payer les soldats; je renvoie a la fin de cette notice une
ordonnance (inedite) du iSfevHer 1425, qui trahit ces em-
barras et fait connaitre en meme temps Torganisation mili-
taire du pays dont Naudonnet fut bientdt le principal de-
fenseur.
II ne cessa point de tenir la campagne avec les braves
gens qui s'etaient ranges sous son commandement^ Au mois
dejuilletl430, ilest enfln paye d'une partie de ses gages
de chatelain de Lauzerte,
Saichent tous que je Naudonnet de Lustrac, escuier, cappitaine de
Lauzerte pour le Roy noslre sire, confesse avoir eii et receu de Jehan
Seaume, receveur general de toutes finances ettrosorier des guerres
es pays de Languedoc et duch^ de Guyenne, la some de soixante
livres lournois sur mes gaiges dudit office de cappitaine de ceste
presente annee comengant le premier jour de septembre derrenere-
ment pass6, de laquelle some de li liv. toum. je me tiens pour con-
tent et bien paye et en quicte ledit receveur el tr^sorier g^n^ral et
tous autres qu'il appartient. En tesmoing de ce j'ay scellees ces pre-
scntes de mon scol, le dixieme jour de juillet, Tan MCCCC trentc.
Le 20 octobre de la meme annee, il est a Agen pour la de-
fense de la ville et y fait passer la revue de ses hommes d'ar-
mes souffisamment montez, armes et habilles pour servir le
Roy nostre sire en ses guerres a I'encontre des Anglois el au-
tres ses enemy s el adversaires. Ces neuf ecuyers de sa com-
pagnie sont:
Ledit Naudonnet de Lustrac.
Peyroton deu Poy.
Palazoles.
Thory.
Jehan de Mondanart.
Sens Serin.
Mondinet.
Lesguila.
Jehan Ayguem.
Beraart de Lustrac.
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— 302 —
En 1432, il s'empare des ch&teaux de Sauveterre el de
Monsegiir, sur les Anglais, il les force a Ini rendre la villc
deCastelcullier {Hist, de Lol-et-Garonne, I, 463) et, en recom-
pense, le Roi lui donne la capitainerie de ces villes.
Charles, par la g. de Dieii roy de France, etc... savolr faisonsque
pour le bon rapport et tesmoignage que fait nous a este de la per-
sonne de Naudonnet de Lustrac, escnier, et de ses sens, preudomie
et diligence; a icelluy de nostre certaine science et grdce especial
avons donne et octroye, donnous par ces presentes Toffice de capi-
taine de nostre chastel de Sauveterre en Agenes, lequel, conime il
dit, il a nagueres conquis sur nos anciens enemys et adversaires les
Anglois, etc... Donnd a Bourges, ]1 decembre 1433. (Tome xiv,
Ordonn. piece 78. Cabinet des manuscrils,)
II preserve la ville de Penne d'Agenais et il en esl nomme
capitaine, d'abord par le comte de Foix, lieutenant general
en Languedoc, puis par le Roi (1).
Charles, etc... Savoir faisons que pour consideration des bons et
grants services que notre ame Naudonnet de Lustrac, escuier, nous
a fait le temps pass6 et fait de jour en jour tanl au fait de nos guer-
res que autrement... et mesmement en la garde et deffense de nos
ville et chastel- de Penne en la sen&hausseed*Agenes, au vivant du
feu sire de Barbasan, pour le temps qu*il vivoit cappitaine ot chas-
telain des dites ville et chastel, et continuellement depuis son tres-
passement; a icelluy Naudonnet, pour ces causes et pour la con-
fiance que nous avons delui, avons donne et donnons de grace es-
pecial... I'office de cappitaine et chastelain de nostre ville et chastel
de Penne vacant par le trespas dudii feu sire de Barbasan, etc...
Donne a Vienne, le douzieme jour d'avril, I'an de grace MCCCC
trente quatre apres pasques, et de nostre regno le xii«. Par le Roy en
sonconseil. D. Bude.
Le 15 mars precedent, Naudonnet avait regu du tresorier
des guerres 1,333 liv. 6 sols Sdeniers, tant pour ses gages
que pour Tentretien des fortifications de la ville de Penne'.
II maintenait une police rigoureuse dans le pays. Plusieurs
(I) Aux archives do Pta exisle rorigioal scelld d'une charle d'alliance entre le
comle do Foix et Naudonnet de Lustrac. Cette pidce est dat^e de Peone d'Agenais,
le 1*' ao<itl4d2. (Paul Raymond, Sceaux des archives, p. 142, no 439.;
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— 303 —
habitants d'Agen ayant enfreint sa defense de communiquer
avec ceux qui tenaient ie parti des Anglais, il les fit incarcerer
dans le chateau de Lafox. La population d'Agen prit parti
pour ses compatrioles; elle altaqua le chateau sous la con-
duite de Montpezat, sen6chal pour le Roi en Agenais; mais
elle fut repoussee aveo perle de quelques hommes de part et
d'autre. (Saint-Amans, Hist, de LoM-Garonne, ad •annum
1432.) Cet evenement est rapporte en detail dans la piece
offlcielle, n** % a la fin de cette notice.
Les annees suivantes nous montrent Naudonnet entiere-
ment maitredu pays. Comme chatelain royal, il avait Sau-
velerre, Penne d'Agenais, CastelculUer, Lauzerte, Monflan-
quin et neuf paroisses desajuridiction (1). Comme seigneur
paFticulier, Lustrac, Gavaudun, Terrasson, Montmarey, Au-
debray, Tersol, Pierre Levade, la Bastide de Michemont, Mas-
saguel et beaucoup d'autres. {Acles d'hommages de Luslrac,
Archives nal. P. iiSO, fol. vii"x e( suivants.) La meilleure
noblesse du pays servait sous ses ordres, ainsi qu'on le verra
dans les listes des ecuyers et arbaletriers que je copie sur deux
montres ou revues de 1435. et une autre de 1437. Au mois
d'octobre 1435, il tenait a Gavaudun une gamison de dix ar-
baletriers et 19 ecuyers.
La rev euede Naudonnet, seignmr de LustraCy escuier, capi-
iaine de Penned Agenez et dix-neuf aultres escuiers de sa com-
pagnie, rereue a Gavaudun le \im^ jour du moys denovembre
MCCCCXXXV.
r^dit seigneur de Lustrac. Perron de Cales.
Bernard de Lustrac. Jehan D*Ayquem.
Lo seigf de Bajolmout. Bernardon D'Ayquem.
Raymon- Bernard de Montagu. Pierre de Cas.
Perroton de Prey. Jehan de Genoilhac.
Pouthon de la Guiscardie. Jehan de la Dugnie.
(1) € Le seigneur de Lnslrac occape bien neuf paroisses de I'honnear et jaridic-
> lion de Monflaoqain. » Rtpporl dcs commissaires r^formalears da domaine de
GuyennaeD 1469, Arcbiv.de laGironde, lome v, page 345. Ses df seen dan ts )es occu-
paieni encore presque toutes en 1498 et 1514. {Hommages. Arch. nat. P. 1150.)
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— 304 —
Poncet de Charry. Jehan de Cuzorn. '
Bascon de Rieux. Jehan de Rxjzin.
Potet de Brassac. Lo seigneur de Montaguder.
Barthelemeu de Forestz. Raymon de Torabie.
Le 3 octobrel437, il tenait, a Villeneuve-d'Agen, une com-
pagnie de 30 hommes d'arraes et 30 arbaletriers :
Le seigneur de Lustrac, capi- Gaillarl de Mondanart.
taine, ecuier. Jehan de Mondanart.
Le seigneur de Boville, cheva- Jehan de Genoilhac.
lier. Pierre de Cast.
Poncet de Boville. Perron de Cales.
Le sieur de Lesinha. Poncet de Charry.
Le seigneurde Mondanard. Jehan de la Dugnie.
Guilloumet dous Castels. Jehan de Cuzorn.
Le Bore de Montagut. Perroton Dupey.
Jehan de Rolhac. Jehan Dllho.
Bernard de Malausa. Bernard de Lustrac.
Jehan Daysio. , Jehan de Lobejac.
Casbert de Villesentut. Arnault del Mut.
Jehan de Fortacho. Pey Raque.
Casbert de Sarras. Perin del Pont.
Bernard Delbros. Jehan de la Bailhie.
Le roi lui avail confere le litre d'ecuyer de son ecurie, litre
lionoriflque aiors fort recherche, le seul qu'ait jamais porte
le celebre Lahire.
Cependant la ville d'Agen etait dechiree par les factions;
apres la mort d'Amanieu deMonlpezat, Beraud de Faudoas
Barbazan avail ete nomme senechal de Gascogne par commis-
sion du 18 juillet 1435 (qui est impriraee, p. 83, G^ecdogic
de la maisonde Faudoas). Le comte d'Astarac lui dispula cette
place, Chacun de ces prelendants proflla des troubles qui en-
sanglanlaient la ville d'Agen, M. Pabbe Barrere, Saint-Amans,
Samazeuilh el Monlezun (iv, 253) raconlent ces evenements.
Naudonnet y pril une part tres-aclive en soutenant son ami
el compagnon d'armes Barbazan. Je n'enlre point dans ce
recit qu'on lira (annexes, piece 2*) lei qu'il a ete redige par
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•- 305 —
la chaocellerie de Charles VII, sur le rapporl d'uu conseiller.
Boerius {de Sedilionibiis) rappelle le meurtre qui fut alors
comrais de Tarchidiacre d'Agen, on en verra les details. C'est
par erreur sans doute quejes hisloriens de TAgenais ont place
ce crime en 1518. En 1442 le Roi mit fin a ces troubles en
faisant saisir et punir les coupabies. II destitua les deux se-
nechaux et nomma a leur place Odet de Lomagne, sieur de
Fimarcon, par une ordonnance donnee a Toul, le penultieme
mars 1442 avant P^ues, d'ou j'extrais cette phrase <r ..; que
» pour cause dudit debat soil meu telle guerre entre les par-
» lies que la ville d'Agen ait este prinse par amblee ou par
» echellee par chascune desdites parties, et en icelles prinses
» ait eu gens pilles et robez, les autres prins prisonniers et
» raengonnez et les autres noiez et tues, et qui plus est pour
» cas dudit debat ait chacune desdites parties tenu gens
» d'armes sur le pais, tellement que a Toccasion de ce le
» pais de ladite senechaussee d'Agenets est presque tout de-
» truit par eulx, airisi que de tout ce avons este et somes
» deuement injormez.... » (Cab. desmss. Charles royales,
XV. 159.)
La grace royale rendit Naudonnet a la liberie qu'il avail un
moment perdue par les ordres du Parlement. II revint dans son
pays pacifle, et reprit le commandement de ses places. Par
ordonnance donnee a Nancy, en Lorraine, le 3 fevrier 1444,
Charles VII lui allouauneparlie des sommes qui lui elaienl
dues pour ses gages el le paiemenl de sa compagnle. Le 12
juillet 1456, il donna encore une quittance de ses gages de
chatelain de Penne d'Agenez; je ne trouve depuis lors au-
cune piece qui temoigne de sa survivance. II laissa plusieurs
enfanls. L'aine, nomme Antoine, herita de ses lerres et sei-
gneuries; le second est la lige des seigneurs de Lias, en Ar-
magnac; le troisieme, Bertrand, fut abbe de SaintrMaurln,
puis eveque de Rieux el, en cette qualite, president des Elals
de Languedoc, en 1483; puis eveque de Lectoure des 1485,
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- 306 —
seloa le Diction, de Richard {r Lectoure), seulement de 1508
a 15H, selon le Gallia Christiana (t. i, col. 1084) (1).
Les pieces dont je n'ai pas cite Torigine sont avec beau-
coup d'autres, dossier Lustrac, cabinet des litres, l"' serie.
On y trouve plusieurs sceaux tres-bien conserves des sei-
gneurs de Lustrac : le ciniier est une hure de sanglier, les
supports un lion et un griffon, les armoiries, six cotices po-
sees en bande, ce qui n'a aucun rapport avec ies armoiries
donnees par les genealogistes aux Lustrac de Lias; preuve
qu'il ne faut pas toujours se fler aux armoiries pour recon-
naftre les families.
Paul Laplagne-Barris.
APPENDICE.
I
(J.J. Reg. 184, piece 584, pago 393 verso, Archiv. oal.)
Charles.... savoir faisons: Nous avoir regu Tumble suplication de
notre bien am6 Naudonuet de Lustrac escuyer capitaine de Penne
en noire s^n(5chauss6e d^Agenes et de Lozerte, con tenant que sept ou
huitans a ou environ, pour ce qu'il estoit trouve reconnoitre que
aucuns manans ethabitans es villes, lieux et places de ladile s^ne-
'(!} Sur m& demtnde, M. E. Camoreyt a eu la bonte dorecbercher aax archives da
Lectoore les traces de Bernard de Lustrac; mais il n'y a troavd son nom qu'uneseule
fois, dans une piice qui menlionne un proems entre eel ^v^qoe el Antoine de Sabanes,
protonutaire apostoliqae. — « L'an mil cinq cens ct naa et lo xx* jorn deu mes de
» feure son siadas reg'istrtdas las leciras assi dejus inseridas.
> Au dos de las susditas leciras es fcricpl. A nos am^s et feaulx, les consuls de
» nostre ville etcitd de Leclore De par le Roy. Nos am^s et feaulx, pendant le proems
» de Tevesch^ de Lee tore en nostre grand conseilh, entre notre am^ ct feal con-
> seilher maistre Bertrand de Lustrac, evpsqae dudit esvecb^, et maistre Antoine de
» Sabanes prothdnolaire du Saint Si^ge appostolique d'autre, vous escripvismes et
» mandasmes que pour aucanes desobeyssances qn'on disoit avoir estd faicies con-
» trf nous par ceulx de la maison de Las et maistre Dorde de Vaurs habitans de
> nostre ville de Leclore, vous n'eassiez k ^iire en conseil de nostre dite ville les
» sosdits de Las et de Vaurs ne anitre de leur lignde, ne leur bailher aucune cbar-
> ge, etc.... » (Le Roil^ve cotle interdiction pour le motif qu'il avail pertinemment
appris que lessus-nomro^s n'avaicninullement mesfaicl envers lui).
Archiv, Lectoure, livre blanc, fol. 218, verso.
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— 307 —
. cbauss^e et autres alloieat, venoient et reparoieat au lieu de Cler-
mont-Soubiran que lors tenoient et occupoient nos ennemis et ad-
versaires les Aoglois, portoient et menoient vivre audit lieu, confer*
toient et favorisoient nos dits ennemis, dont plusieurs maulx et in-
convenients se sont ensuivis es dits pays et environs. Notre ame et
feal chevalier Berauld de Faudoas, lors lieutenant en ladite sene-
chaussee pour feu le seigneur de Barbasan en son vivant s^nechal
dudit Agenais, fit faire inhibition et defense de par nous auxdits
manans et habitans des villes et lieux de ladite senechaussf^e et au-
tres, de quelque estat ou condition qu'ils fussent, qu'ils ne feussent
tant osez ne hardis d alef , venir, conserver, ne reparer audit lieu de
Clermont ne autre part en parti a nous contraire, ne confortassent
ou ne portassent vivres k nos dits ennemis, sur certaines et grandes
peines a nous a appliquer, d'estre reputes rebolles et desobeissants
envers nous et de tenir prison pour ilec recevoir audit cas punition
telle qu'il appartiendra. Etque a ung certain jour apres que les gens
dudit supliant alerent courir devant le lieu de Clermont, rencontrent
ung nomme Bernard Lombart de nostre ville d'Agen et deux
autres en sa compagnie venant dudit lieu de Clermont, lesquels gens
dudit supliant voyant et coignoissant que ledit Lombard et autres
dessusdits avaient enfrainctes lesdites inhibitions et deffenses, les
prindrent et iceulx menent au chastel et lieu de la Fots, a Tun des-
quels ils donnent tantost apres congie, et ung ou jour apres
donnent congi^k Tautre en payant la despense qu'ils avoient faite
audit lieu de la Fots, et a Tautre troisieme donnent aussi congie
parmi ce qu'il pai'a aussi certaine somme de deniers; avant la deli-
vrance desquels et pour savoir quelle punition ils devoient recevoir
pour rinfraction desdites inhibitions et deflfenses, ledit suppliant se
transporta audit lieu de la Fotz, devant lequel lieu les habitans de
notre dite ville d'Agen et le seigneur de Montpesat, accompagne de
certain grand nombre de gens, arm^s et habill^s d'arraeures invasi-
bles et defendus viendrent tantost aprfes audit lieu de la Fotz, et ilec
se tindrent et furent par manifere d'ost ou si^ge par certains jours
contre ledit supliant, ou il perdit k Toccasion de ce tons ses chevaulx
et y mourut un de ses gens et serviteurs; et depuis, a Toccasion de
ce que par la mort et trepas dudit sieur de Montpesat, on son vivant
nostre senechal d'Agen, avons donn6 audit Beraut de Faudoas ledit
estat de s^n^chal pour les rebellions, reffus ou desob^issance que
avoient faites aucuns habitans audit Agen a Texecution des lettres
de don que obtint de nous ledit Berauit dudit office, se transporta
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- 308 -•
par devant ledit supliaut en lui requdrant que pour mettre ses dites
lettres a exteution le voulsist accompaigner jusque en notre dite
ville d'Agen, lequel supliant, a la requeste dudit Berault et en ob6is-
sant au contenu en nos dites lettres, se transporta avec ledit Berault,
jusques au-devant des portes de notre dite ville d'Agen, desquelles
ouvrir aucuns desdits habitans d'ieelle ville d'Agen furent refiusans,
dont k cause de ce se meurent plusieurs debats et divisions entre les
habitants d'ieelle; et tellement que le commun peuple de nostre ville
se assembla, so transporterent en plusieurs lieux de laditte ville on
estoient les clefs des portes d'ieelle, les prindrent et firent ouvrir les-
dittes portes ausdits Berauld corame sen^chal. supliant et autres
estans en leur compagnie. Et peu de temps apres pour les debats et
divisions dessusdites ledit Berauld de Faudoas envoia de par luy
certaines lettres closes adregans audit suppliant, contenant en effet
que les dessusdits habitans desobeissants I'avaient voulu tuer et
mettre a mort et que sur toute Tobeissance que le supliant nous de-
siroit faire que incontient lesdites lettres veues se transporta par
devers lui en notre dite ville d'Agen accompagn^ de ses gens, lequel
supliant apres que lesdites lettres lui furent baill^es par lui veu le
contenu en icelle se transporta en notre ville d'Agen par devers ledit
sieur de Faudoas qui estoit en la maison comunal d'ieelle ville, au-
quel comme s6n6chal, il fit la revrerence; en laquelle maison com-
munale ledit Berault fist tantost apres habitans de la-
dite ville qu'il soupgonnoit estre coupables des rebellions et deso-
beissance dessusdites; et poy apres les gens dudit Berault s6n(5chal
et autres officiers de notre dite ville, ledit supliant estant en icelle,
prendrent Tarcediacre mage au clochier de I'eglise St-Etionne et
I'emmenerent prisonnier en la tour du pout d'ieelle ville sur la ri-
viere de Garonne; et deux jouirs apres par sentence de nos officiers
en ladite ville d'Agen, fut ledit arcediacre condamne a estre gecte
en ladite riviere de Garonne pour estre uoye. Depuis lesquelles
choses k aussi faire ledit Berault, comme nostre sen^chal, requit au-
dit supliant qu'il lui fait ouverture de nos prisons du lieu de Castel-
cuUier, dont il avoit la garde, pour y mettre deux ou trois de ces re-
belles et dfeob^issans, que ledit de Faudoas avait pris prisonniers,
lesquels feurentmis esdites prisons. Lesquelles peu de temps apres
ce qu'ils furent tenus prisonniers en icelles, ils rompir^nt et s'echap-
perent. A I'occasion desquels chefs dessusdits, informations ont ^t^
faites contre leditpsupliant et autres, parjvertu desquelles et de cer-
taines nos lettres lesdits de Faudoas et Berault [sic) ont 6te adjour-
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— 309 —
nes par devant nous a comparoir en personne a certain et competent
jour, passe auquel le supliant a comparu en personne en notre ville
do Montalban, contre lequel notre procureur a fait proposer les cho-
ses dessusdites et contre lui fait prendre grans conclusions crimi-
nelles.
Sur quoy ledit supliant a este oy, lesquelles parties oyes par les
gens de notre grand conseil, feut ordonn^ que ledit supliant et autres
seroient itis en prisons ferm^es, esquelles ledit supliant a est^ inter-
rog^ par aucuns de notre grand conseil a ce commis et depputes. Et
depuis a este appoint^ que ledit supliant serait eslargi k caution et
comparaii en personne a notre cour de parleraent au lendemain du
Quasimodo prochain venant; lequel supliant a bailie caution, c'est
assavoir nostre tres cher et ame cousin le sieur de Lebret, lequel a
cautionn^ ledit supliant jusques a la somme de i^ 1. tour, et avec ce
Pierre d'Estodeca, ^cuyer, seihneur de Boysc, et Mondon de Breuilb,
sieur de la Mote, lesquels pour ledit supliant se sont constitues plei-
ges et Font cautionn^ corps pour corps et promis rendre en notre
cour de parlement audit jour du lendemain de Quasimodo. Et
doubte ledit supliant que a Toccasion des choses dessusdites nostre
procureur le vouille mectre en grant involution de proces et cen-
tre lui tendre a punition ou de grosses amendes et autreraent le
travailler. Et pour ce nous a humblement fait suplier et requ^rir que,
attendu que desdits e mprisonnement et arrest desdits d^sobeissans
et coupables ne de la sentence donn^e contre ledit arcediacre, de sa
prinse et condempnation, ledit supliant n*a est^ aucunement consen-
tant, et que ce qui a et6 fait par ledit supliant a et6 pour cuider bien
faire et ob^ir aux comandements qui de par nous lui ont ^t^ faits,
qu*il n*a aucune chose prins ni exige des habitants de nostre ville
d*Agen, qu*il alia en cette ville en esp^rance de mectre ledit de Fau-
doas en possession dudit office de senechal et garder la ville de
commotion : il nous plaise en favour et pour consideration des conti-
nuels et grands services qu'il nous a fait longtemps en la frontiere
de Guienne contre nos anciens ennemis et adversaires les Anglois,
sur lesquels il a prins plusieurs places qu'ils occupaient et icelles
reduites en nostre ob^issance, luy impartir notre grdce. Pour quoy
nous, les choses dessus dites consid^r^es, pour ces causes et autres
nous mouvans.... [Suit la formule de pardon, grace et remission.]
Donn6 k Tholose, au mois de mars, Tan de grfice mil ccccxiji.
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— 310 —
II
[Charte troy ales, tome xiv, piece 40.)
Charles, p. lag. de D. R. de F., knos ames et feaulx les generaulx
conseillers par nous ordonn^s au fait et gouvernement de toutes nos
finances de nostre pais de Languedoc, salut et dilection. Les cappi-
taines et bourgeois de nostre pais de Guienne prenans gaiges ou
pensions de nous pour la garde et deffense d'aucunes villes et chas-
teaux et forteresses assises en la fronliere dudit pais de Guienne
nous ont fait remontrer comme, a cause de leurs dits gaiges et pen-
sions, ils aient acoustume prendre et avoir chacun an ordinairement
des deniers de nos finances de Languedoc par la raain du receveur
gen6ral d*icelle; est assavoir le cappitaine de Monflanquin 300 1.
tour. — le capitaine de Moncuq 300 1. tour. — le cappitaine de
Montorsier 300 1. toqr. — le capitaine du Port-Sainte-Marie 400 1.
tour. — le capitaine de Mermande 306 1. tour. — le capitaine de
Chastelcullier HOO 1. tour. — le capitaine du Chastel de Sauveterre
en Agenois 600 1. tour. — le capitaine de Clermont Soubiran 846
1. tour. — le capitaine de Puymirol 486 1. tour. — le capitaine de
Villeneuve d'Agenez 600 1. tour. — le capitaine de Mesin 1,200 1.
tour. — les vint bourgeois de la cite d'Agen 600 1. tour.— Jehan de
Puyestienne bourgeois de ladite ville d'Agen neuf vins livres tour-
nois — Jamet Ferrant bourgeois ilec neuf vins livres tournois —
les vint bourgeois de Villeneuve d*Agenez 600 1. tournoises. — I^es
dix bourgeois de la ville du Mas d'Agenez 300 livres tournoises. —
Les seize bourgeois de la ville de Puymirol 480 1. tournoises. — Les
vint bourgeois de la ville de Mermande 600 1. tournoises, — et les
treize bourgois de la ville du Port Sainte Marie 480 1. tournoises —
Et il soit ainsi que de nouvel ayons deschargi^ de ladite recepte g^-
n^rale Frangois de Nerly qui lesdits gaiges ou pensions souloit paier,
et d'icelle chargie n. am^ et ft^alJehan Seaume. Pour laquelle cause
lesdits capitaines et bourgeois doubtent que ledit J. Seaume fasse
difficult^ de leur paier ce qu*il leur est dd du temps pass6 a cause
de leurs gaiges et pensions et ce qui doresenavant leur en pourra
6tre deu, sans sur ce avoir de nous nouvel mandement ou ordon-
nance, requ^rant sur ce notre provision. Pour ce est-il que nous, qu^
voulons lesdits capitaines et 'bourgeois t^ire pay^s et contentes de
leurs dits gaiges et pensions, vous mandons et expressement enjoi-
gnons que par ledit Jehan Seaume, a prds^nt receveur g^n^ral des-
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- 311 -
dites fiaances, vous d6s deniers de la recepte ordinaire et extraordi-
naire faites paier et bailler et d^livrer auxdits capitaines et bourgeois
ce qui leur pent estre deu du temps passe, a cause de leurs dits gai-
ges et pensions, et semblablement ce que doresenavant leur en pourra
estre deu aux termes et en la mani^re accoutum^s. Et par rapportant
les presentes et quitances sur ce d'ieeulx capitaines et bourgeois ou
de leur procureur pour eulx tant seulement tout ce que pay6 baillo
et d^livr^'sera a la cause dessusd.Nous voulons estre passe et allou^
es coraptes et rabatu de la recepte dudit Jehan Seaume par nos amds
et feaulx les gens de nos comptes, auxquels par ces rnesmes lettres
mandons que ainsi le facent sans aucun contredit, nonobstant q^uel-
conques ord"» mandement ou defense a ce contraire.
Donne a Yssoudun, le i\7ii® jour de f^vrier. Tan de grdce mil quatre
cent vint et cinq et de notre regne le quart .
Par le roy : le comte de Foy, Tevesque de Laon etautres presents.
De Grepo, Secretaire.
Je crois devoir publior ici les cotes des principales pieces relatives
aux seigneurs de Lustrac que renferment les archives du S^minaire
d'Auch. — L. C.
1448. Partage des terres de La Cbapelle, Malause, Boissiere, Durfort, Cler-
mont, entre Rainiond de Durfort et Arnaut de Lustrac.
1460. Bail k rente par le seigneur de Lustrac et son 6pouse, dame de Dur-
fort, en faveur d'Etienne Fontanel.
1495. Noble fiernardii\de Luslrac de La Molhe &e marie k demoiselle Jeanne
de Beauville.
1495. Raisons de demoiselle Jeanne de Lustrac faisant valoir ses droits
devant le s6n6chal d'Agenois et Gascogne centre Jeanne de Frangel. — Sen-
tence dudit s6n6chal pour demoiselle de Lustrac cdTitre demoiselle Jeanne
de Franget, dame de La Molhe. (Trois aulres pieces sur cetle affaire.)
1516. Contrat de roariage de Gabriel de Lustrac avec demoiselle Anne de
Rabastens.
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312 —
UN LECTOUROIS EVfiQUE DE TARBES.
Ce n'est point que Lectoure manque d'hommes celebres
dan's tens les genres, eglise, armee, legislature, sciences,
lettres, induslrie. Aussi, en en notant un de plus, me pro-
pose-je moins d'honorer Lectoure qui le donna que Tarbes
qui le regut.
Geraud II de Doucet occupa le siege de Tarbes au com-
mencement du quatorzieme siecle. Les chartes latines portent
Geraldus de Duketo. Pourquoi Fabbe Monlezun {Histoirc de
la Gascogne, t. ni, p. 120) ecrit-il Jean de Doucet ou d'Osset?
Si d'Osset n'est qu'une alteration, Jean, nous le craignons,
est une invention. Un acte roman du 27 novembre 1509 le
nomme Guiraud de Leytora. Tons les auteurs s'accordent a
reconnattre que lorsqu'il fut promu a ce siege, notre person-
nage etait chanoine et chantre ou plut6t prechantre de la
cathedrale de Lectoure. N'aurait-il pas encore ete originaire
de cette ville?On lit dans Tabbe Monlezun {Hisloire de la
Gascogne, t. vi, p. 26) : « Actum fuit hoc Leclorse in dome
Amaldi de Dulceto, domini de Podio, prope Lavardens Auxi
dioca^sis, die sexta.mensis januarii, anno Domini millesimo
trecentesimo nonagesimo prime... » En 1591 existait done
a Lectoure la maison d^Arnauld de Doucet, seigneur de Pouy
(Pouy-Roquelaure?). S'est-elle perpetuee jusqu'a nos jours,
et remonterait-elle a notre eveque, son glorieux membre, en
m6me temps quMUustre citoyen de la ville de Lectoure? De
Leytora ne marque tres-probablement que le lieu de nais-
sance.
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- 313 —
De la naissance^ nous igoorons completement la date.
Larcher dans son Calendrier (p. 16) dit que Geraud II fut
elu eveque le 31 juillel 1308, et dans son Pouill^ {Revue ca-
Iholique, t. vi, page 272), avant le 31 juillet 1308.
Silence absolu a Tendroit de la consecration.
A quelle epoque mourut-il? L'eveque de Tarbes avec d'au- .
Ires prelals accompagna a Saint- Bertrand de Comminges le
pape Clement V le 7 Janvier 1309. D'apres Tabbe Monlezun
(Histoire de la Gascogne, t. m, p. 120), il deceda deux ou trois
ans apres. Au compte du Gallia Christiana (t. i, p. 1234),
le siege vaquait le 16 des calendes de mars 1313, son titu-
laire elant trepasse le 3 des ides de fevrier, suivant ce temoi-
gnage que les Benedictins avaient extrail du Necrologe de
Veglise de Lectoure : « /// idus Februani obilus Geraldi de
Dulceto canonici el proecentoris hujiis ecclesice, el episcojd
Tarbiensis. » Rapprochons les deux elements chronologiques,
nous obtenons le 3 des ides de fevrier 1313 ou le 11 fevrier
1313. C'est pour ce temps que Larcher s'etait declare dans son
Gkmage (t. ix, p. 286); il y substitue dans son Calendrier {p.
16) et dans son Pouille {Revue calholique, t. vi, p. 272) le 19
juillet 1315, conformement a VObituairedu chapilre de Tarbes.
Quelques lignes plus bas dans lePouill^, il rapporte cependant
que le siege vaquaitau9 fevrier 1315, sans se donner autrement
la peine de concilier ces contradictions. L'archevfique d'Auch
convoqua k Nogaro un concile qui commenga en 1315 et flnit
en 1316. A s'en tenir i Tordre des fails qu'etablit dom Bru-
gfeles {Chrmiques, p. 127-8), Touverture s'en fit post6rieure-
ment au mercredi avant la Saint- Jean. L'abbe Monlezun
{Histoire dela Gascogne, t. hi, p. 184) nous apprend qu'il se
reunissail pendant que Gaston de Foix rendait le dernier
soupir, et Gaston le rendit le 13 decembre 1315. « L'ev6que
de Tarbes, raconte le m6me auteur, n'avait paru au Concile
ni par lui meme ni par ses delegues. Nous le trouvons nean-
moins present lorsque le metropolitain conflrma les statuts
Tome XVm. 21
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— 314 —
arrfites par Tassemblee. II est vraisemblable que le siege va-
quait encore quand le Concile s'assembla etque la nomination
suivitde pres; peut-elre meme eut-elle lieu darant Tassemblee
{Histoirede la Gascogne, I. iii, p. 164). » « Arthur de Coa-
rase, chanoine et vicaire-general de Tarbes, y parut muni de
• la procuration de Tevfique de Couserans {Histoire de la Gas-
cogne, t. m, p. 155). » A Touverture du Goncile, vers le 13
d^cembre 1315, vaquait certainement le siege de Tarbes, puis-
que Teveque n'y figure point et que Arthur de Coarase n'y
representepour le diocese que le chapilre en qualite de vicaire
general capitulaire. Tout ceci cadre bien avec la.morl de Ge-
raudau 31 juillel 1315.
Quelles sont les armes des Doucet?
Tandis que le chapitre de Tarbes 61isait G6raud, le pape
Clement V, par unebulle de la troisieme annee de sOn .pon-
tiflcat, elevait au meme siege un certain Bernard, le recom-
mandant au roi Philippe le Bel, sans doute pour le proteger
contre son emule. D'ou sortait ce Bernard?
Desiderata sur.lesquels pourront s'exercer les collabora-
teurs de la Revue de Gascogne, tel et tel surlout avec un inte-
r6t particulier et force chances de reussir.
L'abbe J. DULAC.
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— 315 —
L'lNSTRUGTIONPUBLIQUE AGIMONT
DANS LES TEMPS ANTERIEURS A 1789.
{Suite). (1)
C'est sur ces entrefaites qu'eureat lieu, entre les consuls et
Fabbe Dubourg, les discussions dont nous avons parle au
sujet de la preseance dans les exercices litteraires. Get abbe,
qui eut en comniende Tabbaye de Gimont pendant plus d'un
demi-siecle, se montrait en toute occasion et sur tout fort ja-
loux des droits attaches a son benefice. Mais il n'est pasmoins
vrai que c'etait un ecclesiastique pieux et regulier, un homme
de bonnes oeuvres. Les nombreuses fondations quUl fit en sont
la preuve. II restaura et agrandit Thdpital, y etablit les soeurs
de Saint- Vincent-de-Paul, et donna les fonds necessaires pour
leur entretien. II fonda egalement des missions periodiques,
qui devaient etre donnees par les Lazaristes de Gimont, a Solo-
miac, etc., etc. Dans tons leslieux dependant de son benefice,
les pauvres eurent part a ses lib^ralites. Le college ne fut pas
non plus oublie. En 1751, Tabbfe Dubourg y fonda une chaire
de Iheologie avec quatre bourses pour Tentretien dans le
college de quatre elfeves de theologie pauvres. Le 5 octobre
1753, il ajouta a ces premiers legs un nouveau capital pro-
duisant une rente annuelle de 150 livres, dont 100 devaient
etre employees en achat de livres a distribuer en prix aux di-
verses classes et 50 en ouvrages de theologie pour les bour-
siers. 11 etait dit dans Facte de fondation que si, dans quel-
que classe, la distribution des prix n'avait pas lieu, faute de
(1) Voir les livraiions de mars et jain.
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._ 316 —
sujets sufflsaots, Targent qui devait etre attribue a celte
classe, sur les 100 livres, serait distribue aux pauvres.
La fondation pour la chaire de theologie et pour les bourses
fut faile par acte du 29 aoAt 1751 . Cependant retablissement
dfeflnilif n'eut lieu qu'en 1753. Nous en avons la preuve dans
une deliberation du 17 juin de cetle annee, dans laquelle les
consuls rendent compte d'un voyage qu'ils ent fail a Lombez,
comme deputes par lacommunaute, pour remercier Teveque-
de cet etablissement.
Ces fondations, pour si precieuses qu'elles fussent, n'am6-
lioraient en rien la position personnelle des Peres au point de
vue materiel. L'humeur tracassiere des consuls sut au con-
traire y trouver une nouvelle source de chicanes et de que-
relles. Des I'annee 1757, nous les voyons, sous pretexte que la
communaute a quelque inleret dans les fondations de Tabbe
Dubourg, representer a Tassemblee qu'il serait a desirerqu'il
y etit une copie des actes constitutifs a la disposition des con-
suls. Tout le monde fut de cet avis, et il fut resolu qu'on en
ferait la demande au Pere recteur. En apparence, rien de plus
naturel que cette demande. Mais il n'enest pas moins vrai,
comme la suite le fit voir, que c'etait un motif de deflance
peu flatteur pour les Peres qui la faisaientfaire, et qu'on vou-
lait s'assurer s'il n'y aurait pas quelque clause qui autoris^t
les consuls aslmmiscerdansFemploi desfonds, ou du moins
ale surveiller. Jusqu'en 1774 il n'y eut cependant sur ce ter-
rain que de legferes escarmouches. Cetle annee le conflil prit
une tournure plus grave, et c'estdans Tassemblee du 4 aoiit,
apres lesexercices defin d'annee, que Fecial eut lieu. II y a
apparence qu'il se preparait depuis longlemps, et que ce qui
en fournit le premier pretexte, ce furent les instances reite-
rees cette annee par les Pferes pour obtenir celte augmenta-
tion de pension tanl de fois demandee et toujours eludee.
Uestrepresenle dans celte assembles que par la fondation
du 5 octobre 1753^ faite par messire Etienne DuLourg, abbe
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— 317 —
de Gimont, de la somme de 150 Hvres de rente annuelle, 100
livres pour des prix a distribuer dans toutes les classes et
50 livres pour Tachat de livres de theologie a distribuer aux
boursiers, il est expressement porle que la distribution des
prix sera faite k la fln de chaque annee dans une assemblee pu-
blique, et que Monseigneur de Lombez, le Pere provincial des
doctrinaires, les offlciers royaux, les consuls et les notables de
la ville seront invites et pries d'y assister;- de plus, que s'il
arrive que dans quelque classeil n'y ait pas des 6tudiants
sufflsants, soiten nombre, soiten capacite, lavaleurdesprix
soil distribuee sur le champ publiquement aux pauvres par le
Pere recteur. On pretend que malgre ces clauses qui paraissent
obliger les Peres a inviter les offlciers royaux et municipaux,
ainsi que les principaux habitants de la ville, ils negligent de
faire cette invitation; ou, s'ils en font quelqu'une, ce n'est que
partiellement et tres-irregulierement. Dans la distribution qui
vient de se faire, notarament, ils n'ont invite les consuls qu'au
moment de la ceremonie, ne leur donnant pas un temps con-
venable pour convoquer une assemblee de leur corps pour
y assister. Les consuls concluent en disant que cette contra-
vention exige que Ton se pourvoie ou et par devant qui il
appartiendra, pour obliger les Doctrinaires a faire ladite in-
vitation, et pour faire regler la maniere et le temps auquel il
est seanl qu'ils la fassent; afln que, tant lesdits offlciers que
les principaux habitants puissent se preparer a y assister.
Reprenant ensuite leur requisition, les consuls reprfesentent
encore que par Facte d'6tablissement du college du S3 mat
16^1 (1), lesdits Doctrinaires se sont obliges de faire assis-
ter et mener aux processions generales par leurs regents les
eleves qui frequenlent Tetablissement. Or c'esl une pratique
quMls out negligee depuis quelques ann6es, occasionnant
par la la dissipation des ecoliers durant ces processions; k
quoi il importe de remedier, comme aussi de faire defense
(1) Nous n'avons pas •onnaissanee de eet tete.
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auxdits Doctrinaires de qualifier le college dans les theses qu'ils
y distribuent, de college royal, attendu que de tout temps ils
ne Font qualifie que de college de Gimonl, le faisant avec rai-
son, puisquMl a ete fonde en tout ou en partie par la com-
munaute qui leur en a fait bail. lis representent enfln que
pour la fondation de quatre places de bdursiers, les Doctri-
naires sont obliges de loger, nourrir et instruire les pourvus,
depuis la Saint-Luc jusqu'a la fin de Tannee classique; que
malgre des clauses aussi expresses, lesdits Doctrinaires les
renvoient chez eui plusieurs fois dans Tannee et presque tou-
jours avant que Tannee classique soitfinie; a quoi il importe
aussi a la communaute de faire attention et de inettre bon
ordre.
La discussion s'etant engagee sur ces propositions, M.
Daylies, lieutenant principal en la judicature, fut d'avis que la
communaute se pourvut devant Nosseigneurs du Parlement
et poursuivit en cette cour un arret de reglement contra les
Doctrinaires fixant, relativement a Facte dc fondation des prix,
en quelle maniere devaient etre invites et pries tant les of-
flciers royaux et municipaux que les principaux habitants de
la ville; s'ils doivent faire cette invitation, du moins la veille
au plus tard; s'ils doivent la faire par la personne de leur rec-
teur, comme il se pratique pour Tinvitation aux harangues de
rentree; si, a la place de Teveque absent, son vicaire general,
qui n'est point appele par la fondation, a droit d'assister a
cette distribution de'prix; quelle doit 6tre sa place et s'il adroit
de preceder les offlciers de justice et de police, ounon; si ces
derniers sont en droit, aux termes de la fondation, d'exiger
que le recteur leur rende compte de la valeur des livres qu'ils
distribuent, afin de savoir si la somme de cent francs elait
tout entiere employee a cette distribution; et enfin si les
officiers municipaux sont en droit de faire dislribuer sur le
champ, en leur presence, aux pauvres du lieu, le residu de
la somme dc cent francs qui n'aurait pas ele employe auxdits
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— 319 —
prix. En outre, la communaute se pourvoira contre lesdits
Doctrinaires pour les contraindre a conduire les ecoliers aux
processions generales; pour leur faire defenses de qualifier
a Tavenir dans leurs theses le college de Royal, mais seule-
ment de college de Gimonl com me par le passe; enfin pour les
faire condamner a tenir chez eux les boursiers pendant tout
le temps que porle la fondation.
M. Messine, procureur du roi de rH6tel-de-ville, ne par-
tagea pas cet avis. 11 voulail qu'avant de s'engager dans une
voie de violence, les consuls essayassent de s'entendre a Ta-
miable avec les Doctrinaires sur les points contestes, et qu'au
cas ou ils ne pourraient arriver a une entente, ils fissent leur
rapport a la prochaine assemblee pour y etre statue.
M. Lacassaigne, docteur-medecin, appuya Tavis de M.
Baylies. II voulait meme que des ce jour sommation fiit faite
aux Doctrinaires de se trouver le lendemain a la procession
solennelle de TAssomption, et dans la suite a toutes celles
qui se feraient, avec les ecoliers. II voulait encore que, dans
le menfie acte, les consuls protestassent contre la distribution
des prix qui s'etait faite le mercredi precedent, a laquelle
les principaux habitants n'avaient pas ete invites et pries
d'assister.
L'avis deM. Messine prevalut et des le jour meme, a Tissue
de cette assemblee, les consuls ecrivirent au P. Amiel, qui
tenait la place du recteur, pour le prier de se rendre a Thdtel-
de-ville « a Veffel de conferer et moyenner sur les sujets de
plainte de la comtnnnaxiU. » Le pere Amiel repondit « qu'il '
ne prevoyait pas ga'aucune affaire put interesser le college
A Vlwlel'de-ville, » et refusa de s'y rendre. Sur ce refus, TAs-
semblee fut de nouveau convoquee pour le jour meme, et, a
Tanauimite, elle arreta qu'on poursuivrait un arret du Par-
lement contre les Peres Doctrinaires, sur tons les faits enu-
meres dans Tavis de M. Daylies; et aussi, conformement a
celui de M. Lacassaigne, on voulutque, des ce jour, les con-
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sqIs leur Assent acte pour les sommer d'assister a la proces-
sion du lendemain.
.C'est, en effet, ce qui eut lieu. Mais a la suite de cet acte
les choses prirent une tournure qu'on n'avait pas pr6vue. Le
P. provincial et le P. recteur y repondirent par un autre acte.
fait aux consuls pour demander une augmentation de 2,500
livres, les sommant d'assembler la communaut6 pour lui
communiquer cette demande dans quatorze jours pour tout
delai. Faute de ce faire, ils protestaient qu'ils abandonneraient
le college et en remettraient les clefs. Cet acte ayant ete
porte dans Tassemblee qui se tint le 21 aout, on reconnut
bien vite qu'on s'etait engage dans une mauvaise voie. On
discuta longtemps sur les moyens qu'il convenait de prendre
pour en sortir, et enfln on adopta Tavis de M. Messine qui
etait ainsi formule :
Ayant Tassufance, disait-il, par la declaration de M. Daguzan
(cur^ de Gimont,) que Facte fait k la requite du P. Provincial etdu
P. Recteur'du college pour 6tre signiffi^ au maire et aux consuls, est
le veritable ouvrage de la congregation, nonobstant quelque defaut
de forme qu'on pourrait objecter pour en contester la valeur juridi-
que, et que bien loin de le d^savouer, la congregation tout entiere
est bien determin^e a y donner suite jusqu'a son entiere execution;
il est urgent de d^liberer et de prendre un parti sans aucun retard;
d'autant plus que la demande des Peres est formulae de la maui^re
la plus claire et la plus 6nergique et que la communaut^ n*a que
quatorze jours pour pourvoir k Taugraentation demand^e ou se pro-
curer d'autres sujets pour faire le service du college. II est^ ajoutait-il,
de la derniere importance de ne pas perdre un moment de vue les
grands interSts qui se trouvent engages dans cette afiFaire. Si la
congregation donne un si court d^lai, c'est, sans aucun doute, parce
qu'elle veut faire deiib^rer au prochain chapitre qui se tiendra le
!•' septembre, sur la destination k donner aux Pferes qui sunt a
GimoQt, si la communaut^ n*a pas ^gard k sa demande.
. Cel avis, mis en deliberation, fut vivement combattu par
M. Daylies, qui en avait donne un tout contraire. M. Messine
n'en fut que plus ferme dans son sentiment; aux raisons
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qu'il avait d6ja donnees k Tappui il ajouta les considerations
suivantes ;
II etfiut int^ressant pour la ville et pour le diocese d'employer tous
les moyens possibles pour conserver le colMge, monument du z^le
denos seigneurs les ^vSques de Lombez et du clerg^, et qui avait 6t6
de tout temps, comme il 6tait encore,' reconnu d*une n^cessit^ indis-
pensable et absolue pour Teducation de la jeunesse. La chose est
si evidente, ajoutait-il, que si nous jetons les yeux sur les diverses
classes de la soci6t6 dans le diocese, nous voyons que la plupart,
tant eccl^siastiques que s^culiers, doivent leur Education a notre
college, qui a procure aux parents le moyen et la facility de la leur
donner. Le college venant k 6tre d^truit, les parents qui s*occupent
a faire 61ever leurs enfants, ou pour T^glise, ou pour les autres 6tats
necessaires k la soci^t6, seront dans Tirapossibilite de leur procurer
r^ducation qui convient a ces diverses carri^res. II faut ensuite re-
marquer que Toffice divin, qui s'^tait fait dans tous les temps dans
la paroisse avec une grande solennite, est aussi grandement int6-
ress^ k la conservation du college, qui contribue si fort a en rehaus-
ser la splendeur, et que, s'il venait k manquer, la paroisse de Gi-
mont se trouverait r^duite au niveau des paroisses de campagne.
Quant a la demande de Taugmentation de pension faite par les Pe-
res, demande fondle surcette raison que cette pension doitdtrepro-
portionn6e au prix des choses necessaires a la vie, quoiquele college
soit a la charge du clerge qui Ta dot^, M. Messine est bien persuade
que la communaut^ voudrail pouvoir contribuer k cette augmenta-
tion. Mais on sait bien qu'elle ne le pent pas, ayant d(5ja tant de
peine a acquitter les contributions dont elle est accabl^e. II pense
que, dans cette extr^mit^, le seul parti qui reste a prendre est d'ex-
poser a Mgr Tev^que I'^tat de la communaut^ et celui du college et
de supplier sa Grandeur d'engager les Peres a continuer leurs soins
pour le college jusqu'a son retour dans le diocese. En attendant, il y
a lieu d'esperer que sa prudence et sa sagesse lui sugg^reront un
moyen de satisfaire a la demande d*augmentation. Pour conclure,
M. Messine emet le vceu que le maire envoie incessamment un ex-
trait de la pr^sente deliberation au P. Provincial, le priant, au nom
de la communaute, de vouloir Stre bien perspad6 qu'elle ne n6gli-
gera rien pour obtenir de Monseigneur T^vSque Taugmentation
c(u*il demande, dont la n^cessit^ u'est contestee par personne. 11
demande encore que, de son cdt^, M. le curi^ envoie par le courrier
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— 322 --
de ce jour un autre extrait de la deliberation a Tev^ue, pour mettre
Sa Grandeur en mesure de connaftre les pretentions des Doctrinaires,
et de voir ce qu'il est possible de faire pour procurer par le clerge
cette augmentation. Quant a Tinex^cution des fondations et des con-
ventions stipul^es dansTacte de bail, M. Messine est d'avis que le
maire propose auP. Provincial de vouloir faire cesser les motifs de
plainte qu'avait la communaute et qu'il convienne aveo lui d*un ar-
rangement a Tamiable, oii il sera tenu compte des droits respectifs
des parties.
L'avis de M. Messine fut adople dans tons ses points.
Les proces-verbaux des deliberations ne font pas connaitre
le resultat des demarches qui en furent la suite. Mais il est
certain qu'on finit par se raettre d'accord, puisque les Peres
resterent au college et continuerent a y remplir leurs fonc-
tions comme a Fordinaire.
L'apaisement cependant ne fut qu'apparent et momenta-
ne. La cause de la discorde demcurait toujours, et Tannee
suivante la querelle se ralluma plus vive et plus passionnee
que jamais. Dans Tassemblee du 7 aout 1775, les consuls,
a la requete du procureur du roi de Thdtel de ville, represen-
tant que ce maglstrat demeure informe que MM. les Doctri-
naires ont entrepris, contre T usage et contre la disposition
expresse de Facte de bail, de faire vaquer le college au com-
mencement de ce mois, Fassemblee etait requise de delibe-
rer sur ce point. Mais il y a toute apparence que ce n'etait la
qu'un pretexte pour faire naitre Foccasion de recri miner con-
tre les Peres et d'inserer au proces-verbal une longue enu-
meration des griefs plus ou moins fondes articules contre
eux. Nous les reproduisons en grande partie en empruntant
les termes memos du proces-verbal.
Vu, dit-ouy que la communaute demeure inform^e que non-seu-
lement le college de cette ville a ete forme sans sa participation et
sans que les Peres Doctrioaires aient daigne lui dire les motifs qn'ils
pouvaient avoir de le faire vaquer avant le temps fixe par Tusage et
par le contrat de bail, mais que le Pere Miquel, Tun d'eux, a pr^-
tendu que les consuls qui furent invites a un exercice litteraire
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- 323 —
n'avaient pas le droit d'y assister en chaperon et d'y tenir le rang
dH k leur place, et que, par la dispute qu'il y 61eva a ce sujet, il
trouva le moyen de les faire retirer; que le jour suivant le P. Mi-
quel, tirant sans doute avantage de laconduite des consuls qui, pour
un bien de paix, avaient oed6 a la violence, fit travestir une troupe
de jeunes gens, les uns en magistrats, les autres avec la livree con-
sulaire, d'autres enfin en habit d'officier et de soldat, et les obligea
de courir d'un bout de la ville a Tautre en cet Equipage grotesque,
au son du tambour et du violon, pour donner du ridicule aux con-
suls, aux magistrats et aux principaux habitants de la yjlle, et les
tourner en derision au sujet de ce qui s'etait passe la veille aux exer-
cices; qu'apres plusieurs coups de fusils tires dans les rues il les
avait fait entrer dans la chapelle de la congregation du college, oii
la messe se c^lebre tons les dimanche et fdtes-, et leur avait fait
prononcer le discours accad^mique de M. Fl^chier, portant pour
titre: Si les passions des femmes sont plus violentes que celles des
hommes. Auquel discours assisterent plusieurs personnes de diffe-
rent sexe et de tout dge qui s'^taient rendues au college le m§me jour
pour assister a la distribution des prix fix^e ce jour-la par le P. Mi-
quel, sans tenir compte du temps fix^parla fondation,et sans avoir
fait d'invitation aux notables de la villo....
Le proces-verbal insiste ensuite longuemeiit sur les effets
produils sur Taudiloire par ce discours, et le scandale qu'on
dit en 6tre resulte. Enfln, apres tous ces considerants, le con-
seil arrete que le Pere provincial des Doctrinaires sera inces-
samment informe de la conduite du Pere Miquel et prie de
prendre des moyens pour qu'a Tavenir la communaute n'ait
pas de semblables raisons de se plaindre. On ne lui cachera
pas que sMl n'etait fait droit a cetle demande, on se verrait
force, bien a regret, de recourir aux voies de rigueur.
D'autres preoccupations d'un genre bien different et d'une
gravite tout exceptionnelle ne tarderent pas a venir distraire
Tattention de ces querelles. C'est en ce moment en effet que
la terrible epizootic, qui, cette annee, porta la desolation dans
toute la province, des Pyrenees a la Garonne, et qui deja avait
promene ses ravages dans la plupart des communautes voi-
sines, faisait son invasion dans cello de Gimont. Du 15 aout
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— 324 —
a la fin de septembre elle sevit avec une telle violence que, sHl
faut prendre a la lettre les expressions dont on se sert dans
les proces-verbaux qui s'y rap portent, il ne resta pas dans
toute Tetendue de la juridiction, qui renfermait treize parois-
ses, une seule tete de belail. Pour comble de desastre, une
grele epouvantable, tombee le 29 jiiin, avait enlierement de-
Iruit toutes les recolles, et ses ravages s'elaieat meme etendus
a la plus grande parlie du diocese de Lombez. Les Peres du
college, a qui leur metairie qu'ils avaient dans Gimont four-
nissait une bonne partie de leur subsislance, alteints comme
tout le monde par les deux fleaux, se virent dans Timpos-
sibilile de se mainlenir plus longlemps, du moins en con-
servant le m6me personnel. Le Pere Amiel, alors recleur, en
donna avis par une leltre adressee aux consuls, accompagnee
d'un elat detaille des revenus et des charges de Tetablissement.
L'une et Tautre furent communiques an conseil dans Tassem-
blee du 12 novembre. II r6sultait de Tetat que le revenu du
college, apres les charges payees, se trouvait reduit a 898 liv.
15 sols 8 deniers, qui etaient toute laressource des Peres pour
leur entretien et celui des batiments du college pendant une
annee. Evidemment il n'etait pas possible d'y suffire. L'as-
semblee le reconnut; mais se trouvant dans Timpossibilite
d'y pourvoir, elle se boma a decider qu'on enverrait sans
retard une deputation a Lombez pour instruire Tevfique de
la detresse ou se trouvait le college, et le prier de lui venir
en aide afln d'en prevenir la ruinc. Celte question reviiit
encore dans Tassemblee du 21 du meme mois, avant le depart
de la deputation, ct Ton voit par les debats que les Peres
avaient fait la proposition de supprimer, pour cette annee
seulemenf el sans cms^qiience pour tavenir, la classe d'huma-
nitSset celle de quatrieme. L'asscmblee jugea qu'il n'etait pas
de sa competence de deliberer sur ce sujet. On se contenta
d'insister sur renvoi d'une deputation a Lombez ct d'en
presser le depart.
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— 325 —
Le 12 decembre cette deputation etait de retour et faisait
connaitre a Tassemblee le resullat de sa demarche. L'6v6que
s'etail montre tres-aflfecte des malheurs que venait d'eprouver
son diocfese, et la communaut6 de Gimont en particulier; il
s'etait empresse d'ecrire au contrdleur general et avait meme
iuteresse toute sa famille pour agir aupres de lui afln d'obtenir
les secours necessaires. Monseigneur, disent'les deputes, sait
que les besoins ne sont que trop reels. II conlinuera d'ecrire,
de soUiciter et d'agir jusqu'a ce quMlait reUssi'a faire accueillir
sa demande. Quant aux besoins des Peres, il etait d6ja informe
quUls avaient perdu leurs recoltes et leur betail, et il savait
aussi que ces pertes leur avaient porte le plus grand prejudice
el tenement diminue leur revenu qu'avec ce qui leur restait il
n'etait pas possible que le nombre des Peres qu'il y avait au
college put Irouver la nourriture et Tentretien. 11 avait gi6me
reconnu Tannee derniere que leur pension devait etre aug-
mentee, et il s'en etait occupe dans son dernier sejour a Parts;
qu'en consequence il avait demande, soit pour cux, soit pour
les dames Ursulines qui sont dans le meme besoin, la partie
de la mense conventuelle de Tabbaye de Saramon qui se trouve
dans son diocese; que sa demande avait ete remise entre les
mains de Mgr de Toulouse pour y faire droit; mais que ce
prelat etait tombe malade au moment qu'il en avait ete charge,
ce qui avait donne lieu au retardement de sa decision; que
pour lui il ne pouvait en ce moment donner aucun secours
aux uns ni aux autres, parce que, d'un c6te, ses revenus
avaient beaucoup diminue par suite de la gr^le tombee sur
son diocese le 29 juin, ce qui Tavait oblige de passer a son
fermier de 17 a 18,000 livres; et que, de Tautre, il etait decide
a partager le restant a un nombre inflni de families de son
diocese qu'il savait etre dans la plus grande misere, n'ayant
ni b'e, ni vin, ni besliaux, ni aucun moyen de s'en procurer;
qu'il croyait devoir aller au plus presse, et qu'en consequence
il voulait, autant qu'il serait en son pouvoir, pourvoir a leur
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subsistance jusqu'a la recolte prochaine; que pour mieux
atteiadre son but il avait renvoye le plus grand nombre de ses
offlciers et vivait en simple particulier (1).
Dans une pareille extremite on consentil tacitement, c'est-
a-dire qu'on ne s'opposa pas, a ce que le nombre des regents
qu'il y avait au college, de six fut reduit a quatre, comme
Tavait propose le recteur. De plus, on laissa les Peres jouir
du revenu des quatre bourses de theologie, et a ces condilions
les Doctrinaires (iemeurerent a leur poste.
Mais tout cela n'elait que du provisoire. L'annee suivante
tout devait rentrer dans le meme etat et la difficulte qui n'e-
tait qu'eludee devait aussi se representer. Sur la fin d'octo-
bre, le bruit se repandil dans la ville que les Peres se dispo-
saient, pour tout de bon, a abandonner le college, sMls n'a-
vaient pas Taugmentation qu'on leur avait fait esperer et qui
n'arrivait jamais. Les consuls, qui n'ignoraient pas ces dis-
positions, avaient ecrit k TevSque pour qu'il avis&t, et dans sa
reponse le prelat s'etait borne a leur dire que lorsqu'il sau-
rait ce que la communaute voulait donner, il verrait de son
cOte ce qu'il lui elait possible de faire. Cette reponse fut com-
rauniquee a Tassemblee tenue le 1" novembre 1776. Depuis
qu'ils Tavaient regue, les consuls, qui en avaient ete peu
satisfaits, s'elaient mis en quete des titres du college et ils
avaient d6couvert les lettres patentes de Louis XIII, du mois
de raai 1620, qui, disent-ils, avaient disparu depuis longtemps
des archives par la negligence de leurs predecesseurs. Dans
ces lettres, il est dit que les consuls et habitants de Gimont
avaient obtenu de Frangois P', en 1545, des lettres patentes,
par lesquelles ce prince ordonnait Tetablissement dans la ville
de Gimont d'un college qui serait dote par Teveque et les be-
neficiers de Lombez. Le clerge fit opposition et refusa de
faire seul cette dotation qu'on voulait lui imposer. II y eut
(1) Lombez avait alors poar ^vdque Jacques Richier de C^risy, normaDd, sacri
le %i> ao^t 1761.
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pi oces, et ce proces ne fut deflnitivemeol clos que le 20 mai,
date des lettres palentes de Louis XIII, qui raellaient a la charge
du clerge une somme de 1014 livres, a payer annuellement
au college sur les revenus ecclesiastiques. Les consuls rappel-
lent ensuite comment et a quelles conditions le college fut
donne aux Doctrinaires el Fengagement pris par la commu-
naule d'ajouter la somme de 486 livres aux 1,014 a donner
par le clerge pour assurer au college cette pension de 1,500
livres qu'on lui fait tons ans. Venant ensuite a la demande
faite deja depuis deux anS par les Peres, d'une augmentation
de 2,300 livres, les consuls reconnaissent qu'elle est suffi-
samment justiQee par les changements survenus depuis le bail
du college dans les conditions de la vie materielle. Tout, en
efifet, depuis cette epoque, a enormement augmente de prix,
et il est manifesto que la pension de 1,300 livres est bien
loin de sufflre a Tenlretien honnete de six regents et des
domestiques, et en outre a Tentretien de la chapelle et des
b&timents du college. Les consuls terminent leur expos6 en
disant que cette semaine ils ont de nouveau ecrit a Teveque
en iui envoyant une copie des lettres patentes de Louis XIII,
et lui ont propose de soumettre le differend qui pourrait s'e-
lever entre le clerge et la communaute a Tarbitrage de deux
avocats. Le pr61at, sans rien dire de cette proposition, a re-
pondu sur le fond m6me de la question que son clerge ne
pouvait donner que 300 livres. II leur semble qu'avant de
prendre un parti quelconque, il serait prudent de consulter
deux avocats. C'est aussi le sentiment de Tassemblee, et il
est arr6le qu'on enverra a Toulouse consulter M" Ricard et
Delort, pere. L'un et Tautre furent favorables, dans leurs
consultations, aux pretentions de la communaute. C'etait bien
assez pour faire cesser les hesitations. Aussi dans Tassemblee
de 22 decembre, oil cette consultation fut presentee, le con-
seil s'empressa-t-il de prier M* Dupre, Tun des consuls, et M.
Lacassaigne, docteur-medecin, de faire imm^diatement tous
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les agis necessaires, d'un cOte pour obliger les* Peres Doctri-
naires a fouriiir le nombre de regents que portait I'acte de
bail, de I'autre pour contraindre le clerge a pourvoir a Taug-
mentation de la pension. A cette fin il voulut qu'on remit
entre leurs mains loules les pieces propres a justifier les de-
mandes de la ^ommunaul^, parmi lesquelles on cite le central
de bail, les lettres patentes de Frangois I" de Tannee 154S,
celles de Charles IX de 1565 et de 1568, et une sentence du
juge de Riviere- Verdun de 1567 relative au differend qui s'e-
tait eleve des le principe entre le clerge et la communaute au
sujet de cette dotation.
Nous ne connaissons pas la suite de cette affaire; mais il
parait qu'elle se termina paciflquement sans Tintervention
des tribunaux. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y eut rien de
change au college pour le nombre des professeurs, et que la
bonne harmonic, quelque temps troublee, entre les Peres et
les consuls, se retablit pen a pen. II ne parait pas qu'elle
ait ete de nouveau gravement alteree les annees qui suivirent,
jusqu'au temps oil Tetablissement mainlenu pendant tant
d'annees, au prix de tant de devouement d'un c6te et de sa-
crifices de Tautre, disparut emporte par la tempete revolu-
tionnaire. Une preuve de ce bon accord heureusement retaf-
bli, c'est qu'en 1782, le bruit s'etant repanduque le P. Amiel,
toujours recteur, devait recevoir une autre destination, on ful
unanimement d'avis de faire des demarches pour qu'il fAl
maintenu a Gimont; et le P. Amiel, en effet, y resta, et il elail
encore k la tete du college lorsque la revolution eclata.
A ce moment, par suite des malheurs du temps et de la
grande misere qui regnait dans la France tout entiere, la
situation du college, au point de vue materiel, se trouvait
encore bien compromise; ce qui donnerait a penser que, lors
de Taccord qui s'etait etabli a la suite des reclamations de
1776, les Doctrinaires n'avaient pas obtenu tout ce qu'ils
demandaient. Les choses en etaient a ce point en 1788, que
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la position n'6tanl plus tenable, le Pere Theron, provincial
de Toulouse, ecrivit a M. P6rfes, maire de Gimont, dans les
premiers jours de fevrier, pour lui annoncer officiellement,
de la part de sa congregation, le dessein arr6t6 d'abandonner
le college, dans lequel ils ne pouvaient plus se soutenir k cause
de la modicite des revenus, qu'il dit n'etre que de 5,000
livres; a moins, ajoutait-il, qu'on ne trouvatle moyen de leur
procurer une subsistance honnfite, ou que la ville n'y pourvAt
d'ailleurs. Le maire communiqua cette lettre a Fassemblfee du
10 fevrier, et celle-ci, se voyant dans Fimpossibilite de faire
davantage, se conlentad'endemanderle renvoi a Teveque (1).
Qu'advint-il de ce renvoi? Nous Tignorons. Les evenements
se precipiterent de telle fa^on que la demande ne devait
jamais avoir de solution.
Le lecteur aura sans doute remarque comme nous que les
demeles dont nous venons de tracer une esquisse, entre les
consuls et les Peres Doctrinaires, coincident avec la persecu-
tion a outrance dirig6e contre une sociSle celebre, vouee aussi
a rinstruction de la jeunesse, qui aboutit d'abord a sa sup-
pression civile dans la plupart des Etats, et enfln a la sup-
pression m6me canonique de Fordre en 1775. Nous nous
sommes demand^, en voyant cette coincidence, si Fesprit
dont etaient animus les ennemis des Jesuites, et qui, dans
ces religieux, poursuivait la religion elle-m6me, n'avait pas
''deja penetre dans Gimont, et s'il n'aurait pas 6te pour quel-
que chose dans les tracasseries dont les Doctrinaires furent
Fobjet. Nous ne voulons rien affirmer a cet egard, mais il
nous semble qu'on pent bien legitimement en douter. Nous
voyons en efifet que parmi ceux qui se montrent les plus hos-
tiles aux Peres et les plus acharnfes k les poursuivre, il y en
a plusieurs, un entre autres, le docteur Lacassaigne, bien
connus pour leurs sentiments religieux, et m6me profonde-
(1) Alexandre- Henri de Chaovigny de Blot, n^ le 11 Janvier 1751^ saer^ ^v^que
de Lombez le 80 mara 1788, mort k Londres en 1805.
TOMK XVin. . 22
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— 330 -
mentpieux. Tous, quand Toccasion s'en presente, temoignent
pour les choses religieuses, pour le culte et les ceremonies
de I'Eglise en g6n6ral^ un respect et m^me un attachement
qui ne soDt^ helas! gu^re de mode aujourd'hui parmi les
representants officiels des communes. Aussi^ sans vouloir
affirmer qu'ils n'avaient en aucune fa^on subi Pinfluence de
cet esprit dont nous parlions tout a Theure, esprit qui sem-
ble avoir 6te tout sp6cialement celui de ce siecle, et dont sou-
vent on pouvait subir la funeste influence sans s'en douter,
nous croyons qu'a Gimont on etait encore loin d'etre arrive
a ce point qu'on partageat les sentiments des ennemis achar-
n6s des J6suites en particulier et en general de tous les ordres
religieux.
Nous nous sommes souvenu en faisant ces reflexions que,
parmi les deliberations de cette epoque, il y en avait une qui
nous avait frappe dans le temps, ayant pour objet la defense
des Pferes Capucins etablis a Gimont, dont Texistence se trou-
vait en ce moment menacee par les mesures prises par la
commission institute a Paris pour la reformation des ordres
religieux. Nous avons voulu la revoir, et nous nous sommes
convaincu qu'en effet on etait bien loin a Gimont, a cette epo-
que, de partager les preventions qu'on rencontrait en bien
des endroits contre les religieux, contre les Peres Capucins
en particulier. Nous croyons faire plaisir aux lecteurs de la
Revue en faisant connaitre cette pifece, et avantde nous occa-
per des Ursulines, dont nous avons a parler maintenant, nous
Fajoutons ici comme appendice.
{A suivre.) R. DUBORD,
pr^tre, cnr^ d'Aubiet.
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331— %-«'"'^
APPENDIGE.
Deliberation (39 octobre 1769) de la commune de Gimont demandant la
conservation da convent des P^res Capucins.
L'an mil sept cent soixante-neuf et le vingt-neuvifeme jour du
mois d'octobre, apr^s-midi, dans rhdtel-de-ville de Gimont, Tasseni-
bl6e de Messieurs les notables ddment convoqu^e aux formes ordi-
naires par devant M. maitre Jean-Frangois Cahuzac, lieutenant
principal au si6ge royal de ladite ville, k laquelle a 6t6 repr^sent^
par MM. les maire et ^hevins qu'ils demeurent instruits que, sur
Tavis de nos seigneurs de la commission ^tablie pour la r^forme des
R^uliers. il serait intervenu des lettres paten tes portant suppression
de plusieurs maisons religieuses, notamment dans le diocese de
Lombez, et qu'il y a lieu de craindre que la maison des Freres Ca-
pucins de cette ville ne soit ^galement supprim^; et comme ces Re-
ligieux ont et6 appel^s par une deliberation de la ville du 29 aoAt
1602; que la p&iurie dautres prfetres et le grand nombre d'habitants
dont cette ville est composte furent le motif de leur etablissement;
que les m^mes raisons militent encore et sont mSme plus fortes au-
jourd'hui, en ce que la communaut^, ^tant compos^e d'environ 5,000
Smes, n*a qu'un cur6 et deux vicaires pour desservir la pnroisse la
plus considerable du diocese; qu'il y avait autrefois une conso'rce
compos^e de vingt prStres qu'on a 6t6 oblige de reduire au nombre
de sept, y compris le cure et les deux vicaires, a raison de la dimi-
nution considerable desrevenus, occasionnee par Taugmentation (du
prix) des denrees et par la diminution des rentes, ou par le deperis-
sement des capitaux; de maniere que la suppression du convent des
Freres Capucinls dans cette ville ne pourrait qu'fitre tr^s-nuisible k
une paroisse aussi vaste et a laquelle ils donnent tant de secours,
soit en y confessant, soit en y prfichant, soit enfin en y ceiebrant la
messe en cas de maladie du cure ou de ses vicaires. Sur quoi mes-
sieurs les maire et echevins prient le corps de ville de deiiberer pour
aviser aux moyens et aux expedients qu'il y aurait k prendre pour
ticher de conserver les Frferes Capucins dans cette ville.
Sur cette proposition, le procureur du roi dit qu'il n'a que des
eioges k donner aux Pferes Capucins etablis dans cette ville. Ils edi-
fient le public par la regularite de leurs moeurs et ils se distinguent
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— 332 —
chaque jour par beaucoup de zele et d'erudition dans les differents
emplois qu'il a plu k Monseigneur TEvSque de leur confier dans cette
ville et sa juridiction, soit pour Tinstruction, soit pour radministra-
tion des sacrements. Et par Ik ils se rfendent non-seulement utiles,
mais ils sont encore des dispensateurs tres-n&essaires pour cette
communaut^. Sur quoi ledit sieur procureur du roi croit que pour
rint6r6t du public Fassembl^e doit d^lib^rer que Messieurs les offi-
ciers municipaux pr^senteront requite k Messieurs de la commis-
sion, tendante k la conservation des P^res Capucins dans cetle ville,
et qu'ils s'adresseront k Mgr I'^vfique de Lombez pour le prier de
vouloir entrer dans les int^rfits de la communaut^, et le prier de
vouloir appuyer la demande qu*elle se propose de faire. A quoi
conclut.
Le corps de ville, assemble aux formes ordinaires, a unanimement
d^liber^ et arrSt^ que Messieurs les maire et ^chevins demeurent
charges de presenter requSte a Messieurs de la commission pour les
supplier de vouloir maintenir et conserver les Frferes Capucins de
la maison de Gimont, k raison des grands avanlages qui en revien-
nent k la paroisse et a tous les lieux circonvoisins, et des pressants
besoins qu'elle a de leur secours; m§me de s'adresser k Mgr I'^vS-
que de Lombez pour le prier de vouloir s'int^resser pour appuyer la
supplique de la communaut6 et faire connaitre la n^cessite de con-
server ce convent.
Ainsi a &t6 d^lib^re et de tout ce dessus a ^te dress6 verbal, lec-
ture faite d'icelui, que nous avons sign^ avec les d^lib^rants. Cahu-
zac, lieutenant principal; Lacome, maire; Dupr6, ^chevin; Soe,
echevin; Lacassaigne, (5chevin; Lefortier, ^chevin; Messine, con-
seiller; Collongues, conseiller; Daurio, prStre, notable; Merueis, no-
table; Boas, notable; Castanet, notable.
•Pour copie conforme :
R. DUBORD,
prdtre, car^ d'Aabiet.
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Jngements de maintenue de noblesse (1).
XII
JEAN-JACQUES DE GESTAS, SEIGNEUR DE B£T0US ET BOUZON^ ET
GABRIEL DE GESTAS DE FLORAN, SEIGNEUR DE MONTHAURIN.
Uazur d la tour d' argent magonnie et crinelie de sable.
Contrat de manage de Gaillard de Gestas, seigneur de Floran (2),
qualifi6 Doble, avec damoiselle Jeanne de La Tour, du 11 juin 1536.
Testament du m6me, du 10 juillet 1558, par lequel il paraJt que
de son premier mariage avec damoiselle Jeanne de Maul^on il a eu,
entre autres enfants, Jean de Gestas, aieul de Gabriel, l*un des pro-
duisants; et que de son second mariage avec damoiselle Jeanne de .
La Tour il a eu, entre autres enfants, B^zian de Gestas, bisaieul de
Jean-Jacques, autre produisant.
Contrat de mariage de Bezian de Gestas avec damoiselle Violante
de Saint-Marcet, devant Raymond Duclos, notaire de la ville de
Magnoac^ du 27 Janvier 1577.
Testament de Bezian de Gestas, par lequel il paraJt que Jean-
Jacques de Gestas itait son fils; du 14 juin 1615.
Contrat de mariage dudit Jean-Jacques de Gestas de Floran, sei-
gneur de Bouzon, avec noble damoiselle Chariotte de Castillon,
passe devant Gilles de Lamothe, notaire royal de la ville de M^zin,
16 d^cembre 1612.
Contrat de mariage de Jean de Gestas, seigneur de Bouzon, avec
damoiselle Jeanne de Pins, dans lequel il est qualifi^ noble et fils
de Jean-Jacques de Gestas, seigneur de Batons, et de Charlotte de
(1) Voir ci-dessu8, pages 37; 92, 146, 189, 240 et 288.
(2) Le fief de Bdtoas (canton de Nogaro) fat d'abord poss^d^ par nne famille du
rndme nom a laquelle succ^da, dans le ;lv« sidcle, une famille de Lar^e. Gdrard de
Lar^c ^tait seigneur de Batons en 1479. Les de Gestas de Floran, qui poss^ddrent
la seigneurie de B^tous aprds les Lar6e, I'ontgard^e jusqu'en 1791. A cette 4poqae,
le comte de Geslas la vendit a noble Francois de Laborde de Pacbdre, qui I'a Ugnde
k sa ni^ce, mademoiselle de Faochey. marine an marquis Edmond de Villeneave-
Haaterive.
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I ■■- '
I -. 334 —
Castillon; devaat Guillaume Maguelpne, uotaire de Pessoulens,
15 mars 1644.
Testament de Jean de Gestas, seigneur de Batons, Bouzon, quali-
fi^ noble, par lequel il paratt que ladite damoiselle Jeanne de Pins
etait sa femme et ledit Jean-Jacques, produisant, son fils; devant B^-
zian, notaire de Betous, 19 juiilet 1680.
Contrat de manage de Jean -Jacques de Gestas, qualifi^ messire
el seigneur de Betous, Bouzon et autres places, avec damoiselle Ma-
rie de Pins; du 23 f^vrier 1687, devant Labarthe, notaire de Va-
lence.
Contrat de manage de Jean de Gestas, fils de noble Gaillard de
Gestas, auteur des produisants, dans lequel il est qualifie noble et
puisne de Floran (1), avec damoiselle Isabeau d'Arroux, devant
Dominique Dauriac, notaire royal de I^roquan, 28 octobie
1583.
Testament de Jean de Gestas, seigneur de Floran, par lequel il
paraft que ladite Isabeau d'Arroux 6tait sa femme et que Jean de
Gestas ^tait son fils, du 19 Janvier 1607.
Contrat de mariage.de Jean de Gestas, qualifie noble et seigneur
de Floran et Montmaurin, avec damoiselle Charlotte du Garran^, du
7 avril 1614.
Testament dudit noble Jean de Gestas, seigneur de Montmaurin,
Floran, par lequel il parait que noble Gabriel de Gestas ^tait son fils;
du 21 avril 1654.
Contrat de mariage de Gabriel de Gestas, seigneur de Montmau-
rin, avec damoiselle Marie de Junca, par lequel il paratt que noble
Jean de Gosta ^tait son p^re el Charlotte du Garran6 ^tait sa mere;
pass4 devant Bernard Montlong, notaire royal de Castelnau-Magnoac,
le 21 Janvier 1646.
Maintenus dans leur noblesse sur la vue des productions ci-des-
sus, par jugement rendu k Montauban le 1*' juiilet 1698.
Signi : Le Pelletier de La Houssaye, intendanl de Montauban.
(1) Latcrreet seigneurie de Floran est pass^e au xvin* si^cle dans la maison de
Dispan de Savaric, qui s'est appeUe d^sormais Dispan de Floran.
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I
^ 335 —
xm
JACQUES DE FERRAGUT, SEIGNEUR DE PASCAU (1).
IfazuT au fer aigu d' argent la pointe vers le chef,
Arrdt du parlement de Toulouse du 15 octobre 1562, entre Phili-
berle de Villeneuve et Madeleine de Sainte-Araille, veuve de Pierre
de Ferragut, auteur du produisant, par lequel il paratt que Jean de
Ferragut, seigneur du Cos, ^tait fils de Pierre.
Contrat de mariage dudit Jean de Ferragut, seigneur du Cos, avee
damoisello Marguerite de Combirac; devant Pierre de Bacquelly,
notaire royal du lieu de Roquelaure, 29 avril 1595.
Trarfsaction entre nobles Pierre, Jean, Antoine et Amanieu de
Ferragut, seigneur du Cos, fr^res, au sujet de la succession de Jean
leur pfere, du 10 f^vrier 1606, devant Asclaf, notaire,
Testament de ladite damoiselle Marguerite de Combirac, veuve de
noble Jean de Ferragut, dans lequel il est fait mention de Pierre- ^
Jean- Antoine et Manieu et de I'institution de son heritier par elle
faite dudit Manieu, du 10 Janvier 1606, devant Lalanne, notaire de
Manciet.
Transaction entre Jean de Ferragut, seigneur du Cos et de Cra-
vens^e, et Pierre de Ferragut, seigneur de Lesquette, frferes, pour
raison des biens de la succession dudit Manieu et de damoiselle
Frangoise de Lasseran, leurs p^re et mere, 14 f^vrier 1665.
Contrat de mariage de Jacques de Ferragut, produisant, dans le-
quel il est qualifi6 noble et fils de Pierre, seigneur de Lesquette,
avec damoiselle Marguerite de Bonlouis, dame de Pascau (2) devant
Justrabo, notaire de Castelnavet, du 18 juillet 1674.
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des productions ci-dessus,
par jugement rendu h Montauban le 5 juillet 1698,
Signi : Lb Pelletier de La Houssaye, intendant de Montauban.
J. DE C.
(A suivre.)
(1) Voyez livraison d'avril, p. 191.
(2) Lefief de Pascau relevait de la maisoD de Saint-Gresse da Strides. JeaD de
Saint-Gresse, geigneur de Sdridos et Pascaa, vendit ce dernier fief, dans le courant
du XVII* sidcle, k noble Bertrand de Pardaillan, sieur de La Couture, qui lui-mdmo
le c^da aux Bonlouis.
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V \)
-r- 336 —
BIBLIOGRAPHIE.
HiSTOiRE DE LA CAIHEDRALE D£ RoDEz, avoc pieccs JQStificatives et de nom-
breux documents sur les 6glises et les anciens artistes da Rouergue, par L.
BiON DE Marlavagnb (omSe de 27 grav.). Rodez, veuve Carr6re; Paris, Di-
dron, 1876. 1 vol. in-8° de xvi-423 p. — Prix : 5 fr.
D^bordee depuis longtemps par Tabondance des mati^res, la
Revue de Gascogne h&ite plus que jamais k ouvrir son cadre si
etroit aux travaux qui n'interessent pas directement son domaine
provincial. Que ce soit notre excuse pour le long retard qu'a subicet
extrait; on verra, d'ailleurs, que nous aurions eu tort de n^gliger le
livre de M. Bion de Marlavagne, puisqu*il s*y Irouve des noms gas-
cons, sans parler des secours pr^cieux qu'il pent foumircbez nous
aux Etudes du m6me ordre.
En effet, VHistoire de la cathddrale de Rodez pent 6tre propos6e
comme un modele, soit pour la partie historique, qui defraie les neuf
.premiers chapitres (p. 1-115), soit pour les onze chapitres descriptifs,
qui enibrassent tous les details du vaste Edifice et de son mobilier
(p. 116-276), soit pour Tappendice de documents inedits et de dis-
sertations qui couronne ce travail (p. 277-402), soit enfin pour les
dessins, trop peu nombreux sans doute, mais suffisants et tres-soi-
gneusement ex^cut^s.
M. Bion de Marlavagne a le sentiment tres-vif, non-seulemeot de
Tart ogival, mais de Tinspiration chretienne qui Texplique et le con-
* sacre. II parle avec respect et avec amour de tout ce qui touche au
cuke catholique, et ne craint pas de regretter les f6tes et les ceremo-
nies dramatiques des ages de foi, auxquelles il a consacre tout un
chapitre, le dernier de son beau travail. Dans le premier, le m6me
sentiment Ta rendu favorable aux antiques traditions de son pays
sur Torigine apostolique de la cath^drale de Rodez. Toutefois, la
science n'aura pas a se plaindre; la legende pent rester douteuse,
mais les raisons invoqu^es par le savant et religieux auteur pour
appuyer son opinion relative a la premiere place de la cath^drale et
a celle du baptist^re de sa cit^ sont puisees aux principes les
plus silrs de Tarcheologie chretienne. Partout, du resle, Thistorien
se montre plein de prudence et de sagacity, fidele a citer et a utiliser
les documents, habile a relever les erreurs m6me d*auteurs estimes,
comme MM. de Gaujal et de Barrau.
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i
-- 337 —
Restaur^ au v^ siecle par saint Amans, que des historiens plust
sceptiques regardent oomme son fondateur, reconstruite au vi« par
saint Dalmas, la cathedrale de Rodez ue date, dans son ^tat actuel,
que du xin« siecle pour ses pins anciennes portions; et les demiers
travaux de la nef et des tours n'ont ^te accomplis qu'au lyi**. Or,
M. Bion de Marlavagne a eu le bonheur de trouver, pour toute la
dur^e de ces quatre siecles, des renseignements trfes-pr^is sur la
construction et Tornementation de ce monument remarquable. A
force de compulser et d'^tudier surtout les archives de TAveyron, il
a pu nous donner sur les noms des artistes, sur les comptes et devis
des maitres deToeuvre, sur Texecution de chaque fragment de I'edi-
fice, des details qui interessent hautement Thistoire artistique de la
France et sp^cialement de notre midi. t Ce qui nous paraft incon-
testable, dit-il lui-m6me, et ce que nous nous sommes attach^ a
faire ressortir, c'est la ressemblance de la cathedrale de Rodez avec
les cath^drales de Clermont, de Limoges et de Narbonne, avec cetle
demiere surtout. Elle pent, comme les trois autres, servir a montrer
ce que devint Tarchitecture ogivale a la fin du xiii* siecle, en quit-
tant rUe-de-France et la Picardie, son pays d'origine, pour s'etablir
au midi dans des contrees oii Tarchitecture romane dominait exclusi-
vement. » L'auteur insiste aussi, avec grande raison, sur ce fait, que
r^difice dont il a retrace I'histoire, si rigoureusement exacte et si ri-
chement document^e, a ^t^ congu, dirige, exfeut^, comme ses pareils
du moyen Sge et du d^but des temps modernes, par des indigenes.
€ En fait d*art, ajoute-t-il, et particulierement en fait d'architecture,
le Rouergue, s'il a peu donn^ aux pays voisins, s'est presque tou-
jours suffi a lui-mSme. Son inaptitude i la culture des arts n'est
done pas aussi grande qu'on s'est plu a le dire. Cette v^rit^ resulte, '
non-seulement de Thistoire de la cathedrale, mais encore des docu-
ments sur les anciens artistes du Rouergue que nous publions a
TAppendice. > Tons ceux qui slnt^ressent a I'histoire de Tart fran-
gais tiendront compte au laborieux auteur de la publication de ces
documents; ils lui seront particulierement reconnaissants de ses d^-
couvertes sur « une ecole de peintres-verriers a Rodez au xv® siecle
(p. 342-346), » et de sa liste, avec pieces a Tappui, des peyriers,
magons et architectes, — fustiers et charpentiers, — serruriers,
fabricctnts d*horloges, fondeurs de cloches et de canonSy — peintres
et veyriers ou verriniers^ — imagiers, statuaires et sculpteurs, —
facteurs d'orgues^ — brodeurs et tapissiers, — argentiers et orfivres,
dont les archives du Rouergue ont gard6 le souvenir, liste qui rem-
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w
— 338 —
plit pres de cinquante pages, de rimpression la plus compacte.
Mais apres avoir recommand^ cet ouvrage par ce qui touche a
rhistoire de la religion et de .rart, nous devons noter ce qu'il four-
nit k notre province. On sait que quatre membres de Tillustre fa*
piille de Corneillan et notre grand cardinal Georges d'Armagnac ont
occup^ le siege Episcopal de Rodez (1). Leur biographic n'est pas
^trang^re a Thistoire de leur cathedrale. — L*6v§que Frangois d'Es-
taing, mort le 1«' novembre 1529; en avait presque achev6 la cons-
truction. Les deux tours occiden tales arrivaient a la hauteur qu'elles
n'ont guere B^pass^e, les voAtes int^rieures 4taient tres-probable-
ment termin^es, le mur-pignon entre les deux tours atteignait le
haut de la grande rosace. II restait a faire les t^tes de mur qui de-
vaient porter la charpente du grand comble. Georges d'Armagnac,
successeur de Frangois d'Estaing, les fit executer et y fit sculpter ses
armes, qui ne seraient pas si haut si on avait eu le choix de la place.
On voit encore son blason au somniet des deux derniers contre-forts
m^ridionaux, et il y est accompagn6 d<^s initiales G. A.etd'une
gerbe symljolique, dont voici Texpiication : € Fr. d'Estaing entou-
rait ses armes du cordon de saint Frangois, pour annoncer qu'il
voulait 6tre dans les chaJnes et captif de J.-C. On dit que le secre-
taire de Georges d'Armagnac, Guillaume Philandrier, imagina, pour
ench^rir sur le cordon, d*ajouter aux armes de son maJtre une gerbe
li^e et dress^e avec ces mots : In flagella paratus, comme pour lui
faire dire: Je ne suis pas seulement lie et captif de J.-C, je suis
encore pr6t a recevoir les coups. » Jacques de Corneillan, neveu et
successeur du cardinal d'Armagnac, fit executor, en 1562, le pignon
occidental, dont deux pyramidions portent ses armoiries. Mais la
'tour du sud-ouest, reprise sous T^piscopat d'Armagnac, dans le style
de la Renaissance, pour rivaliser avec le grand clocher, merveille du
XIV® sifecle, ne fut pas men^e k fin par son successeur. II en resta un
d^but grandiose, digne d'immortaliser Tarchitecte Jean Salvanh, et
cette inscription trop fastueuse : Facessant JEgyptiorum insantB
pyramidum moles, Valeant orbis miracula (dont les derniers mots,
qui font lanique aux Merveilles du monde, ont ^t^ mal traduits par
(1) Sar MM. de Gorneillao, ^vdqoes de Rodez, voyez ce qa'en a dU'ici mSme,
en \^\e de \enrs Lettres indditesi notre infatigable collaborateur, M. Tamizey de
Larroqoe (xv, 328). — Sur le cardinal G. d'Armagoac, voyez mon 6tude biographi-
qae et liUdraire de 1875 (xvi, 341). J'aurais dd y revenir depuis, pour faire conoaftre
de Doovelles leUres de riliustro diplomate, pabli^es par M. Ph. Tamizey de Lar-
roqae dans la Revue historique de MM. Monod et Fagniez ^ii, 515-565).
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— 339 —
rauteurj. Le mdme artiste fit d'autres travaux pour le cardinal d*Ar-
magnac : des reparations au chateau de Muret etau palais Episcopal,
et surtout la somptueuse restauration, dans le goilt de la Renaissance,
d'un monument du xin« siecle, lechdteau de Gages, pr^s de Rodez,
dont Marguerite de Valois avait c6d6 Tusufruit a son parent. Quant
au palais Episcopal, Georges d'Armagnac le fit surtout consolider; il
fit reconstruire en mfime temps la porte de Saint-Martial, voisine de
la cath^drale, et laissa des fonds pour T^rection des belles arcades,
soutenant la terrasse de revSch^, qui viennent k la suite de cette porte.
Mais c'est Jacques de Cdrneillan qui les fit Clever. — Sous Francois
de Corneillan, qui avait lente de soumettre Rodez k la Ligue, le peu-
ple de la ville obtint un ordre de demolition du palais Episcopal et le
d^molit en effbt (1589); une ordonnance royale de 1599, permettant
a Tevfique de le rebitir sur les m6mes fondements, n'eut aucune
suite, et c'est en 1684 seulement que s'^leva, plus loin des remparts,
le palais encore subsistant, mais tout k fait transform^. — Quant k
Bernardin de Corneillan, il fit refaire Torgue en 1628; on nous ra-
conte de plus, sur son compte, une ^fes-dramatique anecdote sur le
banc des consuls (p. ^28), pour laquelle nous renvoyons aucurieux
recit de M. Bion de Marlavagne.
L^once Couture.
NOTES DIVERSES.
CII. Bernadotte et rnniversit^ de Giesaen.
M. le comte de Bremond d'Ars a bien voulu roe communiquer — et je tn'em-
presse de communiqaer aux lecteurs de la Revue de Gaseogne — an document
tr^s-peu connu et qui ne manque point d'int^r^t : c'est la copie da dipldme d6-
ceni6, le 17 ddcembre 1798, k notre illustre compatriote par Tuniyersit^de
Giessen (Hesse-Darmstadt), d'apr^s I'exemplaire que le professeur Buchner
donna, le 31 decembre 1807, k M. le vicomte de Bremond d'Ars, k son passage
^ Giessen. Th^ophile-Charles de Bremond d'Ars, alors officier de cavalerie. est
mort g6n6ral de division, le 12 mars 1875, &gS de 88 ans, et c'est son fits qui
m'a remis le document qui nous apprend qu'^ tous ses autres litres S. M. Char-
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— 340 -
les-Jean XIV, roi de Su^de et de Norv6ge, joignait le litre de membre honorairc
deTacad^mie deGiessen. T. de L.
Saint et prosp^rit^!
En vertu de I'autorit^ et da pouToir
k DOUf aooord^f
Nouf d^olaroDf et faToir faifontr
qa'aa oitoyen
JEAN-BAPTISTE
BERNADOTTE
homme tr^s-o^l^bre par lef exploits^
G^niral diTisionnaire de tris-puisiante R^publique fran^aifey
tr^f-Taillanty tr^i-pradenty tr6fl-respe(}table; tr^s-ol^ment eavers aotre
Patrie tant qu'elle a ^t^ oooup^e
par Ses troappei; tris-gin^renz et tr^f-lib^ral envers notre Aoad^mief
tr^f-bienveillant envers les Profeiteurs des Soienoes et enveri tons ceax
qui oaltiTent les Bfasei,
illiutre Proteotear dei Soienoes et des Arts,
auxqnelles
qaalit^s ^minentesy
Ledit Gitojren joint une profonde ^raditiony
p r inoipalement
nne ample et exaote Gonnoissanoe des objets relatifs 4 rhistoirey 4 la
statistiqae et aax soieno^i politiques et ^oonomiquesy
par rapport 4 laqueile
noas nous faisons gloire
de poavoir I'aggriger dans notre sooi^t^ litt^rairey oomme Bf embre
honoraire
de notre Aoadimie et ainsiy
l*vnir k noas oomme par des liens plus ^troits; devant
Le RecTtenr de I'Aoad^mie
Lb DOCTKua J. G. S. ALB. BUGHNER
P. P. ord. en Droits
et devant
Le Gbanoelier de TAoadimie
Lb ooGTBoa J. G. KOGH
Gonseiller intime de.S. A. S. Bf . Le Landgrave de Hesse et premier
Professeur en Droits;
qai en a donn^ la conoession;
par ArrH6
de tonte I'Aoad^mie en Gorps
et sp^oialement
de rillostre Faoalt^ des Philosophesy
Les honneurs supremes en Philosophie
ont ^t6 av^ourd'hui oonf(6r6sy
selon le rit et les us aooontum^Sy
par
CHRETIEN HENRI SGHMID
Dootenr en Droits et en Pbilosophiey Gonseiller de la R^genoe de
S. A. S. Bf . le Landgrave de Hessey
Professeur en Po#sie et en Eloqaenoe;
en foi de qnoi
Le Doyen de la Faoulti des Philosophes
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— 341 —
GUILLAUME FREDERIC BEZEL
GomeiUer intime de la Rigenoe de S. A. 8. Bf. le Landgrave de Hesse
et Professeur public ordinaire des langaes orientalet
a public oet aote foleninely
■oat le grand loeaii de I'Aoad^mie :
le xvu Deo. mdcclxxxxthi.
A GIES8EN de rimprimerie de Jean-Guillanme Branny imprimeur de
VVniversiU (1).
cm. Les quatrains de Jean de La Jessie.
Guillaome Colletet {Vies des poHes Gascons, 1866, p. 132 da tirage k part]
pretend que la Philosophie morale et civile du sieur de La Gessie oc consiste en
cent quatrains s^rieux qui sont autant de pr6ceptes4i bien vivre. » J'ai mis sous
ce passage une petite note qui, pas plus que Fassertion du bon Colletet, ne doit
subsister. Void ce que je lis, en effet, dans le Bulletin mensuel de la lihrairie
Morgand et Fatovt (no 6. Janvier 1877, p. 455, article 2739) : « La Jbss^
(Jeande). La || philosophie \\ morale et civile^ \\ du sieur de La Jess^. ||
Premiere Edition. || A Paris, || par Fr6d6ric Morel, impriraeur || ordinaire du
Roy. II M. D. XCV. || Avec privilege de Sa Majesty. In-6o de 40 pp., d6reli6.
aoofr.
» Au titre, one petite marque de F. Morel.
]» Au verso du titre, un quatrain de Ph. d'Angennes, sieur du Fargis.
» Les pp. 3-4 sont occupees par une 6pitre en prose k messire Renauld de
Beaune, patriarche archevesque de Bourge^.
» Le volume est divisg en deux parties contenant cbacune 101 quatrains. La
seconde partie n'a M signal^e jusqu'ici par aucun bibliographe. Goujet [Bihlio-
thkque frangaise, xiii, 194) dit qu'il n'a compte que 101 quatrains dans la
Philosophie morale. M. Raynal, dans YAvertissement mis par lui en t^te du
Nouveau discours sur le si^ge de Sancerre, r^imprim^ k Bourges en 1842, a
reproduit ce renseignement sans pouvoir le rectifier. Enfin, M. Brunet lui-m^me
{Manuel, in, 776) ne parle 6galement que de la premiere partie. » Rempla^ons
done le chifTre 100 par le chiffre 202 et, en fail de renseignements bibliogra-
phiques, m4fions-nous de toutle monde.
T. de L.
P. S. Au moment ou j'allais envoyer k notre cher r^dacteur en chef cette
petite note, je recois le numero de juillet 1877 des Etudes religieuses, philoso-
phiqueSf historiques et littdraires, et j*y trouve I'occasion d'une nouvelle recti-
fication. Cette occasion m'est fournie par un article intitule : Une poignie de
pseu^hnymes frangais, dans lequel un bibliographe d'un rare m6rite, qui se
(1) Placard de O™ 36 centimHres de largeur sur Om 44 centimetres de hauteur,
imprim^ sur gros papier blanc.
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— 342 —
cache sous le nom du P. Clauer, rend compte d'un bien curieux et bien pr^cienx
manascrit qu'il a eu le bonheur de d^couvrir : la Bibliolheca personata du P.
Louis Jacob de Sainl-Cbarles, devancier, depuis deux si^cles, deQu6rard. Yoici
comment le R. P. Clauer traduit (p. 81) le passage relatif k la femme de Colletet,
cette Glaudine dont j'ai si complaisamment parle {Introduction aux Vies des
poHes Gascons, p. 24-28) : « Plusieurs auteurs de notre temps lui ontdecerne
le nom d'Hlustre; elle s'appelait Le Hain, N6e k Paris, elle epousa Guillaume
Colletet, et, apr^s la mort de son premier mari, elle s'unit k Morin. Sous
son nom parurent di verses poesies frangaises, qui ne sont pas d'elle, mais de
Guillaume Colletet. Elle me Ta avou^ elle-m^me. VEpitaphe de Guillaume
Colletet n'est pas non plus de Glaudine, mais, selon le bruit public, d'Antoine
Pureti^re. Le R. P. Francois Vavasseur, jesuite, ce maitre en Eloquence latine,
la traduisit en \ers latins tr6s-616gants. Glaudine Colletet mourut k Paris en
1666. » On Yoit que j'ayais.eu bien tort de dire : a Glaudine Le Nain, appel^
quelquefois Le Hain, probablement par suite d'une faute d'impression. s C'est
Le Nain, au cohtraire, qui est la forme d^fectueuse (1). On voit encore que le
bruit courait (mais ici il n'y a plus certitude) que Fureti^re aurait r6dig6 le
buitain qu'apr^s tant d'autres critiques, j'ai cit6 comme ayant 6te compose ad
usum viduw par la pr^voyante tendresse de Colletet roourant. Enfin, apr^ les
rectifications, indiqiions les deux additions que les biographes de Giaudune
doivent d^sormais au P. Jacob : le nom de son second mari, Morin, dont Talle-
mant des R^aux (Historiettes, t. yii, p. 113) avait dit : a Elle espousa un je ne
s^ay qui, b et la datede sa mort qui n'a et6 indiquee nulle part, 1666. N'oublions
pas que le P. Jacob n'a pas pu 6tre mal inform^ sur ces deux points, lui qui
connaissait tres-bien la derni^re femme de ce Colletet qu'il appelle (p. 84) son
trks-cher ami (2).
Cette m^me livraison des Etudes — j'ai garde cela pour la bonne boucbe -r
renferme, dans un remarquable article du R. P. Colombier sur T^po^tte de
I'^rection des dvichSs de France, un 61oge que je suis heureux d'indiquer, k
la fois comme un puissant encouragement et comme une legitime recompense,
k mes chers collaborateurs : notre recueil est cit^ (p. 17, note 6) sous le titre
de la §avante Bevue de Gascogne.
(1) Nous avions tons M tromp^s par le texie des Historiettes (t. vii, p. 107) et, ce
qui dtait encore plus dangereux, par le texie des Pohies diverges de Colletet (Paris,
1056, ia-lS, p. 190). Comment Colletet avait-il laisse passer nne eoquilU qui d^fi-
garait le nom de sa femme? Qoan4]e dis toas, j'ai tort; je devrais dire : presque tons,
car M. Jal {Dictionnaire critique, vo Colletet} avait lu, sous la date du 19 novembre
1152, dans les registres de mariage conserves a rHdtel-4e-Yille de Paris, le nom de
Claude {sic) Le Hain.
(2) Voir pages 8S-83, ce que le P. Jacob nous apprend de denx ouvrages |5ubli^i
sous un nom ompruDtti par G. Colletet.
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— 343 —
QUESTIONS.
146. Mademoiselle de Gambefort et le Roi de N&varre. >
M. de Saint-Amans (Histoire du d^partement de Lot-et-Garonne, X. i, p. 398)
raconte qae, pendant le s6jour da futur Henri IV k Agen, en 1577, un bal fut
donn6 dans la grande salle de r6v6ch^ , d'aatres disent dans la roaison de M. de
Selves (rue Porte-Neuve, ou ful 6Ubli depuis le couvenl de la Visitation), et
que « les bougies ayant 6t^ tout k coup eteintes par un ordre sup^rieur, au
grand scand ale de Tassembl^e, »une des danseuses, mademoiselle de Cambefort,
pour 6chapper au danger d'un enlevement, « se jeta par la fendtre et se cassa
la jambe en tombant sur le pave. » M. de Saint-Amans ajoute que le souvenir
de cet 6venement se retrouve dans une cbanson qui commence ainsi (etdontje
voudrais bien connaitre tons les couplets] :
Anooa de Cambofort,
Aqaello dansarello, etc.
L'6diteur de V Histoire du d^artement de Lot-et-Garonne, qui, comme on le
sait, 6tait le ills de Tauteur, met sous ce passage la note que voici : <k M6zeray
{Histoire de France, t. xii, p. 470) raconte cetfe aventure d*une mani^re moins
vraiseroblable, disant que les bourgeois d'Agen 6taient fort mal contents du Roi,
pour certaine galanterie arriv6e au bal, \k oil quelques -uns de sa suite, qui
abusaient des passions de sa jeunesse, ayant fait souMer les flambeaux, porter ent
les mains sur les riches pierreries des dames, en feignant de cbercher autre
chose. »
M. Bazin, dans la spirituelle Notice sur Henri IV qui pr^^de les (Economiei
royales (Edition Michaud et Poujoulat), dit, transportant en 1578 ce qui est
incontestablement de 1577 (p. vii) : «D6s les premiers moisdel578, une folie
lui fit perdre [au roi de Navarre] la ville la plus considerable qui Teut re^u dans
son gouvernement de Guyenne. Les jeunes seigneurs de la cour qu'il tenait dang
Agen, jalouK de lui montrer qu'ils en savaient autant que les courtisans de Paris,
s'avis^rent au milieu d'un bal d*eteindre les chandelles pour faire main basse
sur les belles dames gasconnes. Irrit^s de cette insulte, les habitants d'Agen,
peres, maris, amants et freres, appel^rent dans leurs murs les troupes du roi
[de France]. »
M. Henri Martin [Histoire de France, 4« edition, t. ix, p. 469) reproduit (en
note] la version de M. Bazin et ajoute : <k Nous n'avons trouv6 d'allusion k ce
fait que dans un pamphlet ligueur de 1586, VAvis d*un catholique anglois^
piece tres-eloquente, tres-violente et tres-calomnieuse (1). Du Plessis-Momai,
(I) L'interprdte pr^tenda des catholiques anglais est le fameux avocat g^n^ral de
la Ligne, Louis d'Orl^ans oa Dorians. Le pamphlet, qui n' est pas intitald, comme le
dit M. H. Martin, Avis d*un catholique anglois, mais bien Avertissement d$s
catholiques anglois aiKc Francois catholiques, a 6i^ r^mprimd dans Tddition de la
Satire Menifpie de Ratisbonne (1709) et, de nos jours, dans le t xi des Archives
eurieuses de V Histoire de France.
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— 344 —
dans sa refutation de cette pi^ce, en appelle k tons les habitants d' Agen contre
une fable qu'il repousse avec indignation. »
Je vais reproduire toutela tirade de Du Plessis-Mornay [Lettred'un gerUil"
homme catholique francois, contenant brhe riponse aux calomnies d'un
certain pritendu anglois. Mimoires de la Ligue, t. v, in-4«, p. 437-438) : .
a Us ajoutent un exc^s pr^endu k Agen en Tan 77, qu'ils publient par tout le
monde... Mis4rables! Et qu'ils en enqui^rent ceux d' Agen grands et petits,
hommes et femmes, si jamais il en fut mention. Je parle confidemment, et le dis
de rechef, s'ii y en a jamais eu feu ni fum§e. Madame la mar^cbale de Monlac,
qui est aujourd'hui madame d*£scars, 6toit pr^sente. Le roi de Navarre et ma-
dame sa soeur, princesse au-dessus de la corruption et de la medisance de ce
si^cle, devisoient avec elle : qu'elle soit ouie en temoignage, s'il y eut scandale
ott de parole ou de fait, s'il y eut chandelle eteinte, comme ils disent, s'il ne
partit tout ce soir d'avec elle, si elle en ouit un seul mot sur le lieu, si elle ne fut
fort ebahie, quand se trouvant de retour chez elle on lui e^ vint parler. Et de
fait, il me souvient que lors un gentilhomme s'en venant de France pour se
donner au service de ce prince, entendant k P6rigueu3c ce bruit, voulut en sa-
voir la verile par ses amis premier que lui parler, r^solu de retourner tout court
s'il 6toit v6ritable, et je fus pr6sent qu'il s'adressa a feu monsieur de Foix,
personnage de vertu et de verite, qui lors 6toit de la part du Roi pr^s du roi de
Navarre, lequel I'assura sur son honneur qu'il n'en 6toit rien ni en soup^on, ni
apparence, que c'6toit une mechante calomnie, et qu'il en avoit ecrit an Roi,
pour le t^moignage qu'il devoit rendre k la v6rit6 et pour I'acquit de sa cons-
cience. Qu'on s'enqui6re m6me k Agen, le roi de Navarre en sera tr6s-content,
et encore qu'il y en ait de recusables, je m'assure qu'il seroit marri d'enrecuser
aucun pour ce regard. Mais c'est une calomnie h6reditaire; car elle fut invents
par lefeu amiral de Villars, beau-p6re de monsieur de Mayenne, pour ddvoyer
ceux de Bourdeaux et autres villes, de recevoir le roi de Navarre, comme alors
elles le d^siroient Et je dirai plus que si on demande k ceux d'Agen quel ils
aiment mieux en conscience, ou vivre sous ce tems-lk dont ils veulent se pre-
valoir, ou sous le regime de la Ligue (qui toutefois devoit §tre temp6r6 par la
presence d'une reine), qu'ils aimeront mieux les mois entiers sous le roi de
Navarre, que les plus courts jours sous les d6sordres de la Ligue. »
Comme on le voit, d'apr^s Du Plessis-Mornay, il n'y eut rien, absolument
rien, et ni la Version de M. de Saint-Amans, ni celle de Mezeray, ne r^sistent k
la vigoureuse discussion du Pape des Huguenots. S'il y eul, en 1577, une vic-
time, ce ne fut point la chaste mademoiselle de Cambefort, mais bien ce pauvre
roi de Navarre contre lequel les mauvaises langues du temps auraient debits une
de ces calomnies qu'enfante si facilement I'esprit de parti. Je demande si c'est*
bien \k ce qu'en definitive on doit penser, et si mademoiselle de Cambefort n'est
pas tout simplement I'heroine d'une de ces legendes qui s'6vanouissent au8sit6t
devant la s6rieuse critique, semblables k ces I6gers brouillards des nulls d'ete
qui s'envolent devant les premieres lueurs del'aurore.
T. de L.
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ORDReS RGUWX ET MIUTAIRES DE LA GASG«.
Au moyen-age, et sous Pancienne monarchie, la Gascogae
6tait assez riche en etablissements appartenant a des ordres
religieux et militaires. Aucun historien provincial n'a entre-
pris de dresser le catalogue de ces etablissements. Voilapr6-
ciseipent ce que j'ai tente de faire, dans la limite du possible.
Ce travail, que la Revue de Gascogne veut bien accepter, fait
partie du livre que je prepare sur la Geographic historique
dela Gascogne (i).
Templiers. — Je n'ai point a faire ici, m6me sommairement,
rhistoire de cet ordre fonde vers 1418, et supprime en 1312.
Voici, classes par dioceses, les renseignements que j'ai pu
recueillir sur les Templiers de Gascogne :
Diodse d'Auch. — Etablissementa Riscle. On a pr6tendu,
sans preuves, qu'il y en avait un autre a Comeillan.
(1) Le present travail a ^t^ r^ig4 d'aprds les iDformations ci-apr^.
SOURCES MANUSGRITES: Arch, dip, des BassesPyrinies, H. 193, 194,
195, 19Q. Manuscr Us Daignan du Sendat {k la Biblioth^ue monicipale d'Auch).
OUVRAGES IM PRIMES : Qi^^HJ, Histoiredes Ordres de Ckevalerie, i, 166^
— Db Grassbt, Essai sur le Grand- PrieurideSaint-GilleSf 13. — L.-T. Dasst,
Histoire de Vabbaye de Saint- Antoine. — Gallia Christiana, i, 307-8. — MoN-
LEZUN, Histoire de la Gascogne, u, 307-8. — Don Beug&lbs, Chroniques EccU-
siastiques du Dioche d*Auch, passim. — O'Reilly, Histoire de Baxas^ passim. —
Datez4c-Macata, Essais historiques sur le Bigorre, passim. — P. Raymond,
Dictionnaire topographique des Basses-Pyrinies, passim. — Saint-Amans, Essai
sur Us antiquith du dipartetnent de Lot-et-Garonne, 154-55. — Id., Histoire
ancienne et modeme du dipartement de Lot-et-Garonne, i, i86-87. — Cassany-
Mazbt, Hist, de Vill^neuve-sur-Lot, — Trqaut, Monogr. hist, du canton dela-
vardac. — De Lafforb, Divisions eccUsiastiques de l*Agenais du II* au IVU
si^clet, dans le tome Yii da Recueil des travaux de la Sociiti d' agriculture,
sciences et arts d'Agen, — Samazboilh, Histoire de VAgenais, du Condomois et
du Bazadais, i, 348-49. — Barr^rb, Histoire religieuse et monumentale du dio-
dse d'Agen^ 1,281-82.— Id., Hist, de la commune du Port-Sainte-Marie. -^
Voyage littiraire de deux religieux binidictins, Le tome ii, p. 32-33, coDtient les
statats de TOrdre de la Foi el de la Paix. — Baron db Cadna, lencouacq, Bessaut,
et VOrdre de Saint-Jacques de VEpie Rouge,
Tome XVIII. — Aodt et Septembre 1877. 23
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— 346 —
Diocise de Bazas. — Le couvent des Carmes de Bazas avail
6te b&ti, sur les mines d'un etablissement de Templiers, sous
Thibaud, feveque de Bazas de 4343 a 4348, Peut-etre Tordre
du Temple eut-il aussi une maison a Langon. Les Tem-
pliers 6taient certainemenl etablis a Baulac.
DiocdsedeTarbes. — Les Templiers furent etablis a Borderes
par le comte de Bigorre, entre 4245 et 4250. Rien ne prouve
quils aienl eu, cdmme on Ta dit, une maison a Gavamie.
Diocdses d'Agen et de Condom. — Vers 4470, et sous Elie
deCastillon, 6v6qQe d'Agen, les Templiers s'6tablirent a Agen,
au Temple de Carissaille, a Sauvagnas, au Port-Sainte-
Marie et au Nomdieu. Us possedaient aussi le chateau du
Bedat, pres Agen. Une inscription de 4270, trouv^e a Sauva-
gnas, prouve qu'il y avait un commaiideur de Tordre du
Temple a Agen : PRfiPTOR • AGEN i • Samazeuilh afflrme,
sans le prouver, que les Templiers eurent des commanderies
a Sainte-Quiterie, k Golfech, et a Sainte-Foi de Jerusalem,
« Us possedaient pres d'Agen les terres ou chateau de Me-
rens; pres de Laroque-Timbaut, le monastere de Bourdiels,
et dans la commune de Villeneuve, ceux de Cuzom et la
Gr&ce. » Golfech fut plus tard une commanderie de Tordre de
Malte. U existe, au Port-Sainte-Marie, une eglise gothique et
un donjon ayant certainement appartenu aux Templiers. L'e-
ghse est encore appelee le Temple. On trouve les Templiers
etablis au Port-Sainte-Marie durant le xiii* siecle. Us avaient
aussi une maison et une eglise sur le flef de Prayssas. Les
TempUers du Port-Sainte-Marie reclamaient, a raison deleurs
privileges, un cimetiere particulier qui leur fetait conteste par
le prieur dulieu. Leurs biens passerent a Tordre de Malte. U
y avait des Templiers au Temple pres Sainte-Livrade, a Sainte-
Quiterie, k Saint-Antoine, a Salabeilles, a la Gr&ce, a Ville-
neuve, et aux Bourdiels dans la commune de Hautefage. On
dit que les Templiers possedaient la terre de Bemadets, dans
la commune de Lavardac.
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- 347 —
Ordre de Saint-Jean de Jerusalem ou de Malte. — L'liis-
toire de eel ordre est trop connue pour que j'aie besoin d'en
rien dire. II reconnaissait pour chef souverain le grand-maitre
residant a Malte, et se divisait en huit langues, ayant chacune
ses possessions, ses lois, ses coutumes, une administration et
une organisation particulieres. Les huit langues etaient celles
de Provence, d'Auvergne, de France, d'ltaUe, d'Aragon, de
Castille, d'Allemagne et d'Angleterre. La iangue de Provence
englobait tout le midi de la France, et etait sous les ordres du
grand commandeur, le premier des bailUs conventuels. Les
grands-prieurs etaient au nombre de vingl-sept, dont deux
pour la Iangue de Provence, le grand-prieur de Saint-Gilles et
le grand-prieur de Toulouse. Le grand-prieure de Saint-Gilles
est en dehors de mon domaine, et la Gascogne se trouvait com-
prise dans celui de Toulouse. Les commandeurs etaient les
litulaires des simples commanderies, dont chacune 6tait d'a-
bord un convent, renfermant un hdpital pour les pelerins et
les pauvres, el un nombre suffisant de freres religieux et ser-
vants, dont le chef avail le litre de prceceptor. L'ancien etat de
choses se modiflaentierement par longueur de temps, si bien
que les commanderies n'etaient plus a la fin que des agrega-
lions de biens, dont les commandeurs avaientla jouissance,
deduction faite des charges, taxes, contributions et autres
redevances qui leur etaient imposees par les donateurs, soil
par la Iangue, soil parFOrdre (4).
On comprend qu'avec ces changemenls incessants, le nom-
bre des commanderies ait varie selon les temps. En 1768, il
etait de 27 pour le grand-prieure de Toulouse : c'etaient Tou-
louse, Arcins, Argentins, Bordeaux, Borderes, Boudrac, le
Burgaud, Caignac, la Cavalerie, Caubin et Morlaas, Condat
Garidech, Golfech, Montsauiinez, Poncharramet, Plaignes,
Puissoubran, Renneville, Saint-Blaise des Monls, la Tempo
(1) Code de I'Ordre de Satn«-/ean, Tit. x.
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— 348 —
* d'Egen ou Temple da Breuil, Lavilledieu, fiayonwe, Gabre et
Capoulet, Gouts, Roquebrune (4).
Tel est Fetat de 1768 (2). Je vais mainlenant presenter, par
dioceses, les renseignements qu'il m'a ete possible de recueil-
lir sur les commanderies de TOrdre de Saint- Jean de Jerusa-
lem, en Gascogne, aux differentes epoques de I'histoire de cet
ordre.
Diocese d'Auch. — Commanderies de Cazauxd'Angles,
Cabas, FHdpital Sainte-Christie, la Claverie (deux), la Rou-
miouat, Riscle, Sabailhan, Tachoires, Viozos (eteinte au
xvin*siecle).
Diocise de Dax. — Commanderie du Sainl-Esprit pres
Bayonne, Domus quam fratres Hierosolimilani habent in
capitepontis Baionce, 4206, ch. du chap, de Bayonne.
. Diocdse de Lectoure. — Commanderie de Gimbrede.
Diocdse de Coniminges. — Commanderie de Montsaunez.
Diocise de Couserans. — Neant.
Diocese d'Aire. — Commanderie de Saint-Justin et d'Audi-
gnan.
Diocise de Bazas. — Commanderie de Beaulac.
Diocese de Tarbes. — Commanderie d'Aureilhan, dotee
vers 4262, par Geraud de Montfaucon et Geralde, sa fem-
me. — Commanderie de Luc.
Diocise d'Oloron. — Commanderie d'Auberlin, la Coin-
mande d'Aubertin, Hospitale de Faget et Domus Albertini,
1128, Marca, Hist. deB^arn, 424. EUe fut fondee en 1228, sur
le territoire d'Aubertin. Apres avoir d'abord dependu de Tab-
baye de Sainte-Christine (Espagne), elle passa aux Barnabites
de Lescar, auxvur siecle. Un hdpital etail annexe a la com-
manderie d'Aubertin. — Commanderie de Gabas, fondee en
1127 par les moines de Tabbaye de Sainte-Christine (Espa-
gne). Un hdpitaletait annexe a la commanderie de Gabas. —
(1) Les noms des commanderies sita^es en Gascogne sont impnmdes en italigues.
(9) Db Grasset, E$$ai iur U grand-prieuri de Saint-GilleSf 13. |
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— 349 —
Conimanderie de TRdpital d'Orion. Elle existait des 4255, et
un h6pital y elait annex6. — Commanderie de rHdpital Sainl-
Blaise, La Commanderie de Misericorde, 4334, not, d-Oloron,
n^A, f. 48. Au xviir siecle, elle appartenait aux Barnabites
de Lescar. Un hdpital etait annexe a la commanderie de
THdpital Saint-Blaise, — Commanderie de Mifaget, fondee en
1400, et dependant de Tabbaye de Sainte-Christine (Espa-
gne). Unhdpital etait annexe a la commanderie de Mifaget.—
Commanderie de Navarrenx. — Commanderie d'Ordiarp, de-
pendant de Fabbaye de Roncevaux (Espagne). — Comman-
derie et hdpital de Saint-Christau, dependant de Fabbaye de
Roncevaux (Espagne).
Diocese de Lescar. — Commanderie et hdpital de Ber-
lanne(?). —Commanderie de Caubin etMorlaas, VEspiUU de
Calvi, Calvinum, x« siecle. Elle relevait da Grand-Prieure de
Toulouse, et comprenait Abos, Anoye, Argelos, Arget, Baleix,
BentayoQ, Castelbieilh, Castetis, Dommengeux, Escures, Es-
lourenties-Darre, Gabaston, Garlin, Lalonquere, Lombia,
Luc-Armau, Luccarre, Maspie, Momy, Moncaup, Noarrieu,
Ouillon, Peyrelongue, Samsons, Saull-de-Navailles, Serres-
Morlaas, Urdes. — Commanderie de Cescaa. — Commanderie
et hdpital de Lespiau> dependant de Fabbaye de Sainte-
Christine (Espagne).
Diocese de Bayonne. — Aphat-Ospital, Hospilale el orato-
rium de Apate, 4482, cart, de Bayonne, f. 32. Le comman-
dear du lieu presentait aux cures de Bustince, Iriberry, Men-
dive, et a la chapellenie de Saint-Sauveur. Un hdpital etait
annexe a cette commanderie. — Commanderie et hdpital d'lhol-
dy, desservie par les Premoutres au xvu* siecle. — Comman-
derie d'Irissarry, Hospilale et oratoriwn de Irizuri, 4486,
cart, de Bayonne, f. 32. Le commandeur du lieu presentait
aux r.ures d'frissarry et de Faxu. Un hdpital etait annexe a
cette commanderie.
Diocdse (TAgen. — Commandeur du Temple d'Agen, Pre-
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— 350 —
ceptor domus milicice templi Agenni, 4520, — Domiiiipech,
preceptof' Dominici Podii, 4520. — Le Temple, Preceptor
domus milicie templi, 1520. — Saiol-Antoine de Ficalba,
Preceptor sancli Antonii de Pica Albano, 4520. Peut-etre
s'agissait-il d'une commanderiede Tordre deSaiat-Antoine. —
Commanderiede Saint-Felix, Preceptor et Rector sancli FeH-
cis, 1520. — Sainte-Foi-la-grande, Preceptor de Saubeusse
etsancte Fidisde Dordonia, 1520.
Diocese de Condom. — Commanderies de Goulard, le
Nomdieu, Pouy, Rouillac. — Commanderie d'Argenlin ou
d'Argenlens. — De 1493 a 1508, il est question d'une com-
manderie de Saint-Roman ou Saint-Arroman (diocese de
Bazas), qui fut reunie a celle d'Argentiri.
Diocdse de Lombez. — Commanderie de Sainl-Jeau-du-
Plante(?)
OrDRE de SAINT-AnTOINE de ViENNE ou DE ViENNOIS. — En
1076, un seigneur Dauphinois, Josselin, seigneur de Chateau-
neuf de TAlbenc, rapporta, sur sa terre de la Motte Saint-Di-
dier, les reliquesde sainl Antoine, abbe, que Romain Diogene,
empereur de Constantinople, lui avait concedees en recom-
pense de ses services. Josselin fonda une eglise a la Motle
Saint-Didier, et y deposa les reliques. Pendant la terrible epi-
demic dite le feu Saint- Antoine, qui fit en 1095 son apparition
dans le midi de la France, Guignes, flls de Josselin, batit un
hdpital provisoire et se devoua, avec le concours de dix autres
gentilshommes, an soulagement des malades. Ainsi fut fonde
Tordre hospitaller de Saint-Antoine, dont la premiere eglise fut
benie par le pape Calixte II en personne, le 13 des calendes
d'avril 1119. Cet ordre prospera rapidement, et reudit de
grands services. II avait fort degener6 vers la fin du xm* sie-
cle, epoque ou Boniface VIII declara les Antonins ordre reli-
gieux et militaire, leur accorda le titre de chanoines, et les
soumit a la regie de Saint-Augustin. En 1622, le Pape leur ac-
coj'da de nouveaux slatuls. Cet ordre parut se relever un peu
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— 351 —
vers la fin du xvu* siecle. II declina si rapidement au xvni%
que ses membres, fortement reduits, ne purent suffire au
service de leurs li6pitaux; et qu'ii fallut recourir k d'autres
religieux. Le chapilre general consentit a rincorporation de
I'ordre de Saint- Antoine a I'ordre de Saint-Jean de Jerusalem,
et cette reunion fut approuv6e par une buUe signee par
Pie VII, en 4776. A cette epoque, le nombre des maisons,
qui avait varie selon les temps, s'elevait a quarante-trois, y
compris le chef, avec leurs membres ou d6pendances. C'6-
talent : FAbbaye, Rome, Paris, Chambery, Lyon, Pont-en-
Royans, Aumonieres, Pont-a-Mousson, La Lande, Besangon,
Troyes, Auxerre, Bar-le-Duc, Issenheim, Clermont-Ferrand,
Aubeterre, Marseille, Toulouse, Rouen, Rheims, la Falcodiere,
PonWe-Rals, Avignon, Veynes, Bellay, Sainte-Croix, Metz,
Chalons, Vienne, les Trois-fipis, Strasbourg, SaintMarcellin,
Florence, Turin, Ranvers, Valr6as, Mamans, Grenoble, Mer-
ges, Perpignan, Beaufort, Royban, Gap.
Dans le diocese d'Auch, les chanoines reguliers de Saint-
Antoine et de Toulouse avaient la commanderie de Monlezun-
Pardiac.
La commanderie de Ponl-de-Rats etait situee dans le dio-
cese de Lectoure, a Saint-Antoine de Pont-de-Rats ou d'A-
rats {Pontis-Rali), ou simplement Saint-Antoine. Au xvii'
siecle, cette commanderie d6pendait de la maison de Saint-
Antoine du Pre Montardit, a Toulouse.
II existait au diocese d'Aire, dans Tarchipretre de Roque-
fort, une commanderie de Saint-Antoine, qui dependait elle-
m6me de celle de Saint-Antoine de Galoni, pres Samadet,
diocese de Bazas.
Les commanderies de Pontdaurat et de Saint-Antoine du
Queyret, dans le diocese de Bazas, dependaient de la com-
manderie generate d' Aubeterre.
La commanderie de Pontdaurat existait des 4284, ainsi quMl
appertdes rdles gaseous. DeprotecUonne regis pro prceceptore
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— 352 —
elfratribm hospitalis sancH Antonii de Pontedeauralo. Pont-
daurat passa a Tordre de Malte en 1776.
Dans le diocese de Lescar, la commanderie de Malausanne
relevait du prieur6 de Toulouse.
La chapelle el Thdpital de Saint-Antoine, a Agen, etaient
fort anciens. Labenazie croit qu'il furent fondes k Tepoque ou
sevissait le feu ardent on feu Saint- A7itoine. II parait que cer-
tains seigneurs de TAgenais renoncerent, en favour du nou-
vel elablissement, aux dimes qu'ils avaient usurp6es ou infeo-
dees. Les liberalites cesserent avec le fleau, si bien que, vers
1088, Simon, 6v6qu€ d'Agen, donna la chapelle a saint Gerard,
abbede la Grande-Sauve. On avail jele pres de celle chapelle
les fondements d'un prieure. L'hdpital ne fut pourlantpas
supprim6, par le fail de la transmission a Tordre de Sainl-Be-
noit; el un nouvel elabUssement fut construil derriere le
prieure pour recevoirles malades. Peut-etre la commanderie
de Saint-Antoine de Ficalba, Preceptor Sancti Antonii de Ficu
Alhano; 1620, que certains semblent considerer comme una
possession de Tordre de Malte, avait-eUe en realite appartenu a
Tordre de Saint-Antoine de Viennois.
Ordre de SAiNTrjACQUES dil aussi de Saint-jacques de
L'fipfiE-RouGE et de Saint-jacques d'Espagne. Approuve en
1175 par le pape Alexandre III, auteur de quelques regle-
ments relatifs aux chevaliers, qui avaienl la faculte de se
marier. Les -dignites de Tordre furent reglees. Venait d'abord
le Grand-maftre, 61 puis les Treize, qui passaient avant les
autres commandeurs. Innocent III confirma (1198) la bulle
d'Alexandre III. Les chevaliers prirenl la regie de Saint-Au-
gustin, et flrent les voeux ordinaires de religion. lis etaient
vfitus d'une chappe blanche, avec chaperon de meme couleur,
et porlaienl sur le c6te gauche de la poi trine une epee brod6e
en rouge, avec une coquille d'or posee en abime sur Tepee.
Pen de lemps apres son avenement (1226), . Amanieu, ar-
cheveque d'Auch, institua Tordre militaire de Saint-Jacques
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•- 353 —
pour proteger la foi et la paix, et pour combattre les usurpa-
teurs de biens ecclfesiastiques. Les statuts, approuves par le
pape Honorius III, furent conflrmes, en 1231, par le pape
Gregoire IX, avec prescription de certaines regies. Les che-
valiers faisaient voeu de chastete, obeissance et pauvret6. Les
gens maries pouvaient 6tre regus, et leurs femmes agregees a
Fordre. L'habit des chevaliers etait blanc. Us portaient sur
la poitrine une croix de laine rouge brodee en sautoir, et for- .
mee d'une crosseet d'une epee, pour marquerTorigine epis-
copale de Tordre, dont Tarcheveque d'Auch fut nalurellement
le premier Grand-Maitre. Odon de Pardaillan est le premier
commandeur connu dans le diocese. Voici les possessions re-
connues aux chevaliers de Saint-Jacques dans la bulle de 1231 .
Chateaux de Manciet et de Demu {de Mancied et de Demul
caslra), avec tons leurs droits et appartenances, sauf les
hommages des chevaliers et autres, comme il est plus ample-
ment explique dans Facte de donation du vicomte de Beam et
de Gabardan. Parmi ces possessions flgurent aussi Juillac
(Juliacum), Calignac {Catiniacum), Antagnac {Antainam),
Samaran (Saumaram), Bousses (Boussen) et Circagarrad,
que certains croientetre Serregrand ou Sarregrand, pres Bar-
ran, dans le diocese d'Auch. Il faut ajouler a ces possessions
la terre situ6e pres de Bascos {apud Bascos juxta Allinetum),
la maison et les terres de Bascons, pres Rimbez {apiid Rhnbes
Juxla Gavaretum Basconz). Dans le diocese de Comminges,
le chateau de Saint-Marcel {castrum sancti Marcelli), Mons,
Rotundus, Alan (Alanutn), Montbernard {lUons Beimardi),
Mom Esquivi, Laucoterium, Saint-Ferrtol {sanclus Feireo-
lu8\ avec leurs droits et appartenances. Dans le diocese de
Bigorre, le chateau de Moniy (co^ft-um de lUomi), etMazeres
{Mancelam), avec leurs droits, terres et dependances, sauf les
hommages des chevaliers et de quelques autres, ainsi qu'il
est dit dans Facte de donation du vicomte de Beam et de
Gabardan. Tou jours dans Feveche de Bigorre, Moncaup
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•- 354 --
(lUons-calvus) appartenait a Fordre Ue Saint-Jacques. Dans
le diocese de Dax, ThOpital de Saint-Jacques de Tonres {hos-
pitale sancti Jacobi de Tonres) avec Candresses {Candiessa)
et Prugue {Prugo), le chateau de Salomon {caslrum de Salo-
mon) avec tous ses droits et appartenances, la moilie de la
dime, castrumde Polones, avec tous ses droits et appartenan-
ces, I'eglise et la terre de Laqui, et des terres situees k Apia
et aPontonx {Apia etad Pontons). Dans le diocese de Bayonne,
rhdpital de Bouloc (hosjntale de Bonobco), et ses apparte-
nances. Dans le diocese d'Aire, le chateau de Saint-Savin
{castrumS. Savini), caslrum de Sanctonatur avec tous leurs
droits et d6pendances, et le quart de tous les droits de Saint-
Jean-Pouge (S. Johannes de Pogia).
La bulle de 1231 ne parle pas de la commanderie de Bessau
ou de Bessaut. Bessaut est inscrit au nord de Lencouacq et des
sources de la Guaneire, dans la carte du diocese d'Aire, dressee
en 1635 par un chanoine appele de Classun. Le n» 106 de la
carte de Cassini marque Thdpital et la chaussee qui relie
Lencouacq a la commanderie de SainfrJacques. Dans un proces-
verbal de Tfetat des eglises du diocfese d'Aire, date du 5 octobre
1571 {BuUetin d'Auch, aotit 1861), la commanderie de Bes-
saut est signalee comme etant situee a Fextremite de la paroisse
de Lencouacq. Cette commanderie, ou plutdt cet hdpital, etait
a la nomination du Roi. En 1571, le commandeur etait le
seigneur de Montestruc. Le commandeur presentait aux cures
de Lencouacq, Retgeons et Belis, dont les titulaires etaient
institues par Teveque d'Aire. L'origine de la commanderie re-
monte au moins au xii« siecle. Nous voyons, en effet, au com-
mencement du xni% le chef de lafamille de Mesmes ou Mames,
faire une donation « a Fhdpital de Bessal, c'esta-dire de Bes-
saut ou Bessault, nom lire de saltus, bois-foret, qui existait
dans les environs du lieu qui est aujourd'hui Chourdens et la
GraouiUd. Ce dernier est un marais servant de reservoir aux
eaux decoulant de la lande et qui alimentait et alimente en-
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— 355 —
core le ruisseau de la Guaneyre, aqua nigra, qui passe a
Lencouacq, a Cachen, et descend par Giax dans la Doaze. La
commanderie etait un benefice attache a Pordre militaire de
Saint-Jacques, dont elle portait le nom et les armes. Cet ordre
avail ainsiplantesurle chemin de Composfelle, trfes-suivi des
pelerins fort nombteux alors, des stations ou hdpitaux pour les
recevoir en allant ou a leur retour. II est certain que rhdpilal
de Bessaut etait un des plus considerables (1). »
Ordre de Saint-Lazare. Fonde aJerusalemen 1119. Dans
leprincipe, ses raembres se vouerent au service des hdpitaux,
et surtout au soin des lepreux, dont saint Lazare etait le pa-
tron. Plus tard, ses membres se conslituerent en ordre reli-
gieux et militaire. Quand la Terre-Sainte fut definitivement
perdue pour les Chretiens, ils se refugierent en France. Enfin,
aprfes differentes vicissitudes, Tordre qui etait sur le point de
p6rir, fut reuni par Gregoire XIII a Tordre de Saint-Maurice de
Savoie (1572). En 1608, Henri IV le reunit a Tordre de Notre-
DameduMonlrCarmel.Onles designa desormais sousle nom
d'Ordres royaux de Sainl-Lazare et du Mont-Carmel reunis. lis
furent supprim6s en 1791.
Je n'ai trouve que fort peu de chose sur Tordre de Saint-
Lazare en Gascogne. L'hdpital de Fleurance (diocese d'Auch),
fut donne par le Roi a Tordre de Saint-Lazare, et rendu en-
suile a la ville. Dans le chef-lieu du diocese d'Agen, il
existait a Textremite du faubourg du Pin une commanderie
de Saint-Lazare, aumeme lieu ou un hdpital de lepreux avail
ete fonde dans le xnr siecle.
Jean-Fran?ois BLADfi.
(1) Baroo de Cauna, Bessant, Lencouacq, ei VOrdre de Saint-Jacques de VEpe'e
Rouge.
An xviii^ sidcle. il y avait encore, dans le dioe6se d'Auch, one commanderie de
Saint-Jacques de I'Ep^e-Roage.
II existe aux archives manicipalesd'Astaffort'HH. ld\ tin acte de 1349. dans le-
quel Jean V, comte d'Armagnac. donne le chateau de Taillac en Bruilhois aax
chevaliers de Sainl-Jacqaes d'Esp^gne, nom qae i'on donnait parfois en Gascogne a
rordre aossi designe sous le nom de chevaliers de Saint-Jacques de I'Ep^e-Rouge, ct
de chevaliers de la Foi et de la Paix.
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-. 356 —
UN NEVEU DE MICHEL MONTAIGNE
RAYMOND DE MONTAIGNE
PRfelDENT A SAINTES, fiVfiQUE DE BAYONNE.
{Suite €t fin\)
Raymond de Montaigne, vingt-sixieme abbe de Notre-Dame
de Sablonceaux, resta pea de temps sur ce siege. II ecliangea
bientOt sacrosse abbatiale pour la crosse episcopale. En 1629,
il fut nomme eveque de Bayonne, province d'Auch, et preco-
nise a Rome, le 4 mars, par le pape Urbain VIII. La cere-
monie du sacre eut lieu dans la calhedrale de Sainles, le 44
juilletl630; le prelat consecrateur etait Teveque deSaintes,
Michel Raoul de La Guibourgere, assiste de Louis de La Va-
lelte d'Epernon, eveque deMirepoix, filsnaturel du ducd'E-
pernon, et de Henri de Betliune, eveque de Maillezais, qui
avail ete nomme, en 1626, a Teveche de Bayonne, el qui
devint, en 1646, archeveque de Bordeaux.
Toulefois, Teveque ne^e pressa pas beaucoup de se rendre
a son siege. Un an apres, il n'avait pas encore paru a Bayonne,
oil pourtant, outre ses devoirs, Tappelaient des liens d'ami-
tie ou de parente. « II etait beau-frere du baron d'Urlubie,
Tun des seigneurs les plus distingues du Labourd; le comte
de Gramont, gouverneur de Bayonne; M. Duvergier de Joan-
nis, lieutenant du maire; M. de La Lande, sieur du Luc, pre-
(*) Voir ci-dessos, livraisoa de mai. p. 201.
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— 357 —
mier echevin, et plusieurs autres notables s'honoraient de
son alliance ou de son amitie (1). » Quelle cause leretinl?
Enfln, le nouveau prelat s'achemina vers son diocese. II se
rendit d'abord a Urtubie chez sa soeur, Catherine de Montai-
gne, mariee, nous Favons dit, a Tristan d'Urlubie. C'est de
la qu'il ecrivit au corps de ville pour lui annoncer sa pro-
chaine arrivee a Bayonne. Le corps de ville deputa aussitOt
deux de ses membres, Duvergier Monferrat, echevin, et Day-
mar, jurat, pour Taller saluer a Urtubie au nom de la cite (2).
Le 26, les deputes de la ville sont de retour. lis ont trouve
a Urtubie Feveque plein des meilleures dispositions, qui les
a fort bien accueillis et leur a « fait des protestations de
bonne affection pour la ville. » C'est deraain samedi qu'il doit
faire son entree solennelle; on delibere done im^e^^atement
sur les preparatifs, et Ton decide que « les sierursl^andoings,
eschevin, et Daymar, jurat, avec douze ou quinze bourgeois
iront au-devant dudit sieur, a une lieue de la ville. » Pour
les echevins, ils Vattendront a la porte Saint-Leon en robes
noires et en chaperons. La on dressera « une chaire avec un
tapis dessus pour lui faire la harangue Q).
Ce qui fut dit fut fait sans doute.
En meme temps —-22 septembre— se presentent au conseil
(1) L'abb^Mcnjoulet, Aevue de Gascogne, t. xii, p. 566, ddcembre 1871.
(3) « Sor la lettre recue de M. de MoDtagne, ^vesque de caste ville, qui est k Ur-
tubie, ont dt6comrois : MM. Davergier-Monferrat. dcbevin^ et Daymar, jurat, poor
aller visitor ledit sieur dvesque des ports de la ville. « {Rugistre des deliberations de
la ville de Bayonne, 22 septembre 1631 aux archives de Bayonne, BB 31). Toutes
les pieces provenant de*s archives de Bayonne dont je me sers ici m'ontdtd communi-
quizes avec beaucoup d'eropressemenl par Tarchiviste M. E. Dulaurens.
(3) Lesdict sieurs Duvergier Monferran, eschevin, et Daymar, jurat, ont diet s'es-
tre transport's & Urthubie pour y saluer M. de Montagne, dvcsque de ceste ville,
comme ils ont faict, qui les a tr6s-bien accueillis et fait des protestations de bonnes
affections pour la ville. Et parce que ledit sieur de Montagne les a assenrd qa'il
viendra faire son entree samedi prochain vingt-septi^me de ce mois, a est' ordonn'
que le dit sieur 'vesque sera receu; savoir, que les sieurs Dandoings, eschevin, et
Daymar, jurat, avec douze ou quinze bourgeois iront au-devant dudit sieur k une
lieue de la ville, et que lesdicts sieurs du corps avec leurs robes noires et chaperons
le recevront a la porte de Saint-L'on, ou sera mis une chaire avec un tappis dessus
pour lui faire la harangue. — Idem.
»
^<li
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- 358 -
Michel Doyhenard, chanoine en Feglise cath6drale de Notre-
Dame, vicaire-general, et Jehan de Mendibouro, pr^tre, fonde
des pouvoirs de r6v6que. lis viennent piier les echevins de
faire enregistrer dans le livre de leurs deliberations les bulles
du pape Urbain VIII qui conferent Teveche de Bayonae a
Raymond de Montaigne, abbe deNotre-Dame de Sablonceaux.
Les 6chevins s'empressent de decider qu'ils sera fait droit a
cette demande. En effet, il y a sur le registre une belle feuille
blanche; elle attend encore la buUe.
C'etait la f6te, c'etait la joie, c'etait Tunion, la paix, les
protestations de devouement et d'amour. Helas! combienpeu
dura cette douce lune de miel! Un mois apres, il y eut un in-
cident qui jeta du froid entre Teveque et Techevinage. On etait
a la messe, le jourde la Toussaint. Que se passa-t-il? nous
Pignorons; mais le cas etait grave : car les jurats craignirent
les censures ecclesiastiques. Laissons parler le registre du
5 novembre 1631 : « Sur la remonstrance du sieur lieutenant
en la mairie concernant le diflferend qui s'est men dans Fe-
glise Notre-Dame, le jour de la Toussaint dernier, a este de-
liber6 que les sieurs de Luc, eschevin, et de Harriet, jurat, se
transporteraient devers M. Fevesque pour Fassurer, de la
part du corps, qu'ils seraient marris d'avoir entreprins aucune
chose dans ladite eglise au prejudice de son droit; que ce
qu'ils en out fait, ils out creu le pouvoir faire et que Fautho-
rite de leurs charges leur permettoict; que mesme pour vali-
der leur opinion, ils out faict consulter leur proced6; de la-
quelle consulte il resulte Favoir pen faire; c'est pourquoy ou
ledit sieur evesque trouveroit quelqties difficultes a icelle, le
prieront leur octroyer delay competant pour s'en mieux in-
former par MM. les gens du Roy ou autres personnes capa-
bles au parlement de Bourdeaux, aux fins de ne destruire en
aucune faisson Fauthorite de FEglise ni du Roy, lui protestant
qu'au cas qu'il se trouve que ledit corps de ville aye failli
par aucune intreprinse sur le droit dudict sieur evesque ou
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— 359 —
de FEglise^ de lui en faire telle satisfaclioQ et declaration qu'il
advisera; suppliant ledict sieur evesque les vouloir exempter
de ses fulminations et censures, sur Favis qu'ils ont qu'il a
intention de ce faire contre eux ou aucun d'eux, ains lui voul-
loir faire traictement d'ung bon pasteur qu'ils honorent et
respectent comme tel, n'estant ny relaps, ny desob6issants,
moings dfeireux de soustenir aucune chose qui ne leur soict
loisible; et pour saplus grande satisfaction, ordonn6 que Pex-
trait de la pr6sente deliberation sera delivre audict sieur eves-
que par lesdicts sieurs deputes. »
La Lande du Luc et de Harriet racontent done, le 7 no-
vembre, qu'ils « furent devers M. de Bayonne, luy ont bailie
* la coppie de la delibferation prinse sur ce sujet et obtenu de
luy delay jusques a dimanche, afln que, pendant ce dit temps,
lesdits sieurs Assent consulter leur affaire. » Sur ce, on envoie
a Bordeaux Daccarrette, echevin, pour consulter a MM. les
gens du Roy et fameux avocats. » Mais comme cela pent trai-
ner en longueur, Tevfique exige, immediatement et avant tout,
une declaration « quUls sent marris de ce qui se passa ledit
jour dans Teglise el qu'ils n'y pourront faire aucun acte de
justice. » Le point est grave : car enfin c'est un peu prejuger
les decisions a intervenir; c'est aussi s'avouer coupables.
D'autre part, M. de Montaigne n'entend pas raillerie; il ne
parle rien moins que d'une « excommunication qu'il veut pu-
blier, fondee sur le trouble qu'il pretend estre advenu, ledit
jour, pendant que le saint of flee de la messe se celebroit. »
Done, pour eviterles foudres ecclesiastiques, eten « attendant
que le corps soit parfaitement informe de ce qu'ils doivent
faire et de la juridiction qu'ils peuvent avoir dans ladite
eglise, Fechevinage signe Facte suivant : « Lesdits sieurs sont
» marris de ce qui s'est passe le jour et feste de la Tous-
» saint dernier dans Feglise, en laquelle ils ne feront aucun
» acte de justice jusqu'a ce qu'ils soient plus particuliere-
p ment informes par leur conseil de ce qu'ils doivent faire. »
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- 360 —
Celle conduite concilianle du corps municipal fil-elle ter-
iniaer amiablement Taffaire? Les registres de la ville n'en
parlentplus. Mais si tout finitlapour cette fois, il yeut ce-
pendant un premier froissement. Les rapports ne furent plus
des lors aassi agreables entre le corps de ville et Tev^che.
Un mois apres son arrivee, M. de Montaigne « demande
une petite loge qui appartient a la Fabrique, bastie dans le
jardin appartenant au chapitre, pour s'en servir et y bastir,
en faisant quelque recognoissance a la Fabrique. » Le cha-
pitre ne veut rien accorder « sans Tadveu desdits sieurs pa-
trons lais de ladile fabrique, » et il en refere au conseil. Aus-
sitdt, la ville (21 novembre 1631) designe Dacarrette, eche-
vin, et Daymar, jurat, pour, avec les delegues du chapitre, '
Hiriard etde Lissalde, aller «veoir ledit sieurde Bayonne et
lui offrir la jouissance de ladite loge pour tout le temps et
soubs telle condition d'utillite pour la Fabrique qu'il voudra,
sans alliener le fonds. »
Un pen pliis tard Teveque demande davantage; il voudrait
elever une construction. Le 9 Janvier 1632, les chanoines
exposent au conseil de ville que « M. de Bayonne les sol-
licite de luy accorder la jouissance de la loge appartenant
a la Fabrique, qu'il desire faire bastir pour y loger son car-
rosse, tenir le foing, et faire quelque logement pour ses do-
mestiques; son intention etant qu'apres son deces ou quic-
tant I'evesche, il lui soit seulement recogneu et rembourse
jusqu'a six cents livres sur le bastiment quHl fera et que le
reste, avecle fonds, demeurera pour la fabrique. » Le conseil,
apres deliberation, consent encore avec empressement. << Et
furent commls MM. du Halde, eschevin, et Harriet, jurat, pour
en savoir la response auxdits sieurs du chapitre et audit
sieur 6v6que, et en faire passer le contract ou acte avec ledit
seigneur eveque, et les sieurs fabriqueurs ecclesiastique et lay
de ladite Eglise. »
II paratt toutefois que le contract ne fut pas signe imme-
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— 361 —
diatement : car dans une deliberation du 12 novembre 1635,
trois ans aprfes par consequent, on voit que « ledit sieur
evesque desire avoir entiferement la loge apparlenant k la Fa-
brique, qui joint le jardih et la maison du chapitre prfes Fe-
veche, pour servir a son utillite, en en faisant trois escus de
rente a la Fabrique. » Le 10 decembre, la loge lui etait louee
douze livres qu'il devait «donner au fabriqueur lay annuel-
lenient. »
Une question d'assez mince importance en apparence vint
troubler la bonne harmonie. Le 16 Janvier 1632, on deputa
de Harriet et de Luc vers Tev^que pour lui demander « s'il
veutentretenir le concordat fait ci-devant entreM. d'Etchaux,
pour r6vesque(l), et lesdits sieurs du Corps deville sur la
nomination des predicateurs et payement d'iceux. » U repon-
dit « que pour le passe il veult effectuer le concordat, et que,
sy apres il pourvoict de predicateur, il pourveoira aussi au
payement. » Voila un point delicat : le choix du predicateur.
II pent paraitre etrange qu'il soit remis au conseil municipal.
Or, le conseil payait; il pretendait avoir un orateur qui lui plAt.
L'eveque s'y pretade bonne grace... pour cette fois, et on lui
annonca qu'on a nomme « le sieur Casamiaille, prieur du
convent de Saint-Dominique de ladite ville, pour predicateur
pour les advent et caresme prochain, » en le priant de Tap-
prouver.
Le 28 mai, « la ville ayant ci-devant institue sainctement
la predication en la chaire de ladite ville durant Toctave du
sacre de chaque annee, et de tant que ladicte feste appro-
che, » on s'occupe de chercher un predicateur, et Ton nom-
me « le P. Nicolas Josse, prjeur du convent des Carmes de
ladi4e ville. » Et Ton prie Peveque d'approuver ce choix. Mais
Teveque repond « y avoir pourveu, il y a plus de six rnois,
de la pcrsonne d'ung pere augustin, et que c'estoit a luy de
(1) Bertrand d'Echaas, ^vdqaede Bayonnede 1598 a 1621.
. Tome XVin. 24
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— 362 —
songer a ces affaires et non auxdits sieurs de ladite ville, et
qu'ils ne s'en donnassent point la peine, »
La ville ne dit rien, laisse precher le P. augaslin et attend.
L'octave flnie, les predications terminees, Torateur sacre re-
clame les douze ecus d'usage (1).
Le cas etait pr6vu sans doale. Et la ville repond « que
ledit predicateur avoit este nomme par M. Tevesque et non
par la ville, qui estoit en possession de se faire comme ins-
tituteur de ladite predication; il ne sera pourveu par la ville
au payement du predicateur. ».
Raymond de Montaigne c6da. L'annee suivante, etant a sa
propri6te de La Vallee, enSaintonge, il ecrivit, le 15 septem-
brel633, a Tun de ses vicaires generaux, Michel Doilharal,
official du diocese, une lettre qui fut communiquee, le 5 oc-
tobre, au conseil de ville; « il lui bailloit charge de veoir les-
dits sieurs du conseil et leur presenter de sa part qu'il rend
grS,ces auxdits sieurs des bonnes volontes et affections qu'ils
ont porte et portent audit sieur evesque, et de plus qu'il
desireroit que le concordat passe entre lesdits sieurs evesques,
ses predecesseurs, et lesdits sieurs du Corps dela ville, con-
cemant la nomination des prMicaleurs des advans, caresme
et octave du sacre, sortit son plein et enlier effect; et ce faisant
que lesdits sieurs du Corps de ville choisissent lesdits predi-
cateurs en satisfaisant aussy par eux a ce qu'ils ce sont soub-
mis par ledit concordat. » La ville accepta done avec em-
pressement. On nomma aussitdt pour precher Tavent le P.
Legros, que le vicaire general approuva en Tabsence de Te-
veque.
(1) € 18 jain 1632. Le sieur de La Borde, clerc, a remonstr^ qae, par institation
ey deyantfaicte par la ville, elle aaroit pourvue aux predications de Toctave, H est
usage de bailler la somme de donze escus carnes poar lesdites predications et d'aa-
tant que le predicateur angnsiin qui finist le jour d'hier ses predications est au propre
de se retirer, a demande qu'il pieust auxdits siears da Corps de ville de pourveoir aa
service accoutume da predicateur. » Ecus carnes, peut-etre cornei ou mieux eomds,
coENUTUS, sans doute les petits comu&y < quia minus cusi et formosi. » Ddcangb,
Moneta, p. i^l K
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— 363 —
Tout semblait done regl6; mais le choix du predicaleux etait
une affaire importante; a ehaque instant il en est question
dans les deliberations. Ainsi, eri 1635, on rappelle a Tfeveque
qu'il doit trois cents livres pour le salaire des predicateurs. Le
21 Janvier 1636, on lui depute Detcheverry, echevin, et de La
Lande, jurat, « pourluy dire que la ville a advis que Mgr le
due d'Espernon a voulonte et desire pourvoir la ville d'un pre-
dicateur pour Tadvent et caresme prochain; qu'elle desire le
plaire en cela, et prieront M. de Bayonne de Fagreer ainsi. »
M. de Bayonne y consentit sans peine. Mais il dut payer ce-
pendant; car, dans une seance du 28 mars, on lui reclama
« les cent livres qu'il est oblige de bailler de sa part pour le
pere predicateur.... pour avoir presche en lachaire de cette
ville le caresme dernier, » en m6me temps qu'on demande
« a MM. du chapitre deux cens livres qu'ils doibvent d'arres-
rages pour les regens du college. » Quelques jours aprfes, nou-
velle encontre. La ville a « nomm6et choisy le P. Segure, de
Fordre des Augustins, pour precher les octaves du sacre pro-
chain et donn6 connaissance de ladite domination a M. le
vicaire general pour Tabsence de M. de Bayonne, qui auroit
agree ladite nomination. » Mais Teveque — peut-6tre ignorait-
il Tapprobation donnee par le vicaire general, peut-etre vou-
lait-il qu'elle fut donnee par lui-m6me personnellement, — de-
clare «au corps qu'il ne pouvoit approuver ladite nommina-
lion et n'entendoit que le dit Pere preschast, sy premierement
on ne rendoit audit sieur evesque ce quy luy est deub, c'est
asavohr que la presentation de la nomination dudit Pere luy
soit faicte, afin de Tapprouver, sy bon luy semble. » Le corps
repond quil a deja satisfait a son devoir; neanmoins, il prie
Fevfeque d'agreer la nomination. Le malentendu probable-
ment fut eclairci, et Fon en resta la.
Ce sont des symptdmes; le malaise existe; il va se revfe-
ler de temps en temps. Comme pourtantla lutte n'est pas en-
core engagee ouvertement, on se fait parfois des amities, on
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— 364 — ^
proteste d'affections reciproques, et Ton se donne des temoi-
gnages de deference mutuelle. II y a des alternatives de beau
temps et d'orage.
Le 16 Janvier 1632, sur la remohtrance du sieur lieutenant,
onenvoieen deputation « MM. duLuc et de Harriet, eschevin
et jurat, pour prier M. Tevesque et MM. du chapitre de faire
quelques processions et prieres, a ce qu'il plaiseaDieu de con-
server le Roietle bien servir en son voyage qu'il a escript
faire vers Metz. » L'eveque promet d'ordonner <f des prieres
chacun dimanche a la grand'messe. » Trois mois apres, le
conseii apprend avec etonnement que M. de Bayonne a de-
fendu « auxdits sieurs de Fossecave et de Gayon puisne,
bourgeois, corays par lesdils sieurs du Corps, de quester pour
les moynes Carraes. » Le 23 avril, on envoie a pulialde et
Daccarrette, echevins, pour en conferer avec lui. » On profile
de Toccasion pour lui reclamer 150 livres que la ville a
avancees pour lui « pour le predicateur des advens et caresme
de Tan 1629 0130,1) grosse question qui allait susciter de
longs debats.
En 1636, unnomme Bedat etait poursuivi pour outrage au
Corps de ville qui le tenait en prison. M. de Montaigne inter-
cede pour lemalheureux. Le 7mai, il revient a la charge et
prie « lesdits sieurs du corps de ville de vouloir avoir esgard
aux prieres qu'il leur avoit ci-devant faictes pour Bedat, et, en
sa consideration et celle du nombre des enfans et femme du-
dit Bedat, quy meurent de faim, se contenterd'une satisfac-
tion a laquelle il obligera ledit Bedat envers lesdits sieurs du
corps, puisque d'ailleurs sa longue detenption a deub expier
en quelque fasson son offence. » L'echevinage est inflexible;
a Texces commis par ledit Bedat est. si grave qu'ils sont obli-
ges de continuer les poursuites centre lui intentees. » EtTon
ordonneau syndic de poursuivre Taccuse «jusquesaujuge-
ment dudit proces. »
Le 30, c'est le tour de la ville. Elle demande a Tev^que
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« d'arrester que ses lacquais el domestiques ne le suivent a
la procession du Saint-Sacrement avant lesdits sieurs du
Corps. » II est probable que Peveque s'y pr6ta de bonne
grace : car aussitdl, comme retour et en echange de son bon
proc6de, ilexprime son desir d' « ouvrir une porte ou la mu-
raille antienne qui ferme la terrasse de Tevesche, afin d'avoir
sortie sur les remparts ou aller pres du Chateau-Vieux pour
y faire sa promenade. j> Le conseil ne veut rien decider et ren-
voieTaffaire aaM. lecomle de Gramont (i), gouverneur de
ladf te villc, pour ce faict estre resolu a qu'il appartiendra. »
Dans une autre circonstance il y avait eu de la part de la
jurade plus d'empressement etde zele. M. de Montaigne avait
congu le projet de reconstruire son ev6che. Le pays de La-
bourd lui promit tout le bois necessaire; il desirait que la
ville contribuat a la d6pense, et que pour sa part il plut « aux
dits sieurs luy bailler et fournir toute la pierre de taille et
massonnerie, chaulx et sable qu'il aura besoing. » Lui ferail
le reste. Par une deliberation du 50 Janvier 1632, il fut « ar-
reste que lesdits sieurs bailleront audit sieur evesque toute
la pierre de taille, chaux et sable qu'il aura besoing pour
ledit basliment, rendu sur Ics lieux. »
Tout etait pour le mieux; on 6tait d'accord; le palais episcopal
allait commencer; la ville desirait etre agreable a son eveque,
et Veveque se montrait heureux des bonnes dispositions de
la ville. Qui pouvait troubler un si juste concert et diviser
des coeurs si bien unis ? Toutefois, c'est par la que la discorde
eclata, vive, ardente.
En 1635 eurent lieu par province ecclesiastique les elec-
tions a Tassemblec gen6rale du clerge qui s'ouvrit a Paris, le
25 mai. Raymond de Montaigne, qui avait ete depute du
(I) Anioine de Gramont, comie de Gramont, de Guiche el de Louvigny, chevalier
des ordres do roi, vice-roi de Navarre, gouverneur el maire perp^tucl el h<^r^ditaire
de Bayonne, ills de Philibert do Gramont el de Toulongeon, gouverneur et mafre de
Bayonne, s^n^cbal dc Navarre, et de Diane, dite la Belle Corisande d'Andoins. II
epousa Louise dc Roquelaure, et en sccondes noces Claude de Montmorency.
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— 366 —
Tiers aux Etats generaux de 1614, fut depute du clerge, pour
la province d'Auch, en meme temps que Jacques Raoul, eve-
que de Saintes, pour celle de Bordeaux. II y avail vingl
ans de cela, et la situation etait autre. II y joua un rdle ef-
face; d'abord, Richelieu etait la, quoiqu'il ne parut pas aux
seances; puis M. de Montaigne ne put qu'y sieger deux mois
et au milieu de graves difflcultes. A la verification des pou-
voirs du 30 mai, Teveque d'Aire, Gilles Boutaut, protesta
contre son admission; et en son nom Teveque d'0rl6ans, Ni-
colas de Netz, demanda des commissaires devant lesquels il
expliquerait les motifs de son opposition; en meme temps il
remit aux agents generaux du clerg6 la requete de Ffeveque
d'Aire contre lui, et aussi celle de Jacques de Bulu, official
d'Auch, contre Telection de Charles de Poudeux, sieur de
Saint-Cric, chanoine en Teglise cathfedrale de Lescar. Le i
juin, au moment ou Ton allait juger le differend, Peveque de
Bayonne « requit Mgr Tarcheveque de Bordeaux de s'abstenir
du jugement du differend qu'il avaitau sujet de sa deputation,
a cause de divers proces qu'ils ont ensemble; a quoi Mgr de
Bordeaux repliqua quMl n'avait aucun proces contre le sei-
gneur de Bayonne, sinon que, pour raison des reparations
des batimenls de Tabbaye de Saint-Blanxeau, il etait inter-
venu avec les religieux de ladite abbaye. » L'archeveque ce-
pendant, c'etait Henri d'Ecoubleau de Sourdis, son successeur
au siege abbatial de Sablonceaux, se declara pret a s'abste-
nir. L'ev^que d'Auxerre, Dominique Seguier, fut un des com-
missaires, assiste de Teveque de Saint-Paul-Trois-Chateaux,
Francois Adhemar de Monteil de Grignan, pour rapporteur.
Le 12, on lit les pieces; on entend Gilles Boutaut, Raymond
de Montaigne et Dominique de Vic. Or, si Teveque d'Aire
s'oppose a Pelection de Tev^que de Bayonne, Tarcheveque
d'Auch a ordre de sa province de s'opposer a celle de Teve-
que d'Aire; on renvoie done les parties devant les commis-
saires pour produire tout ce que bon leur semblerait, dans
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— 367 —
un mois pour tout d61ai. Par provision, on admet « le sei-
gneur Raymond de Montaigne, eveque de Bayonne, » dans
Tassemblee avec voix deliberative, ainsi que Dominique de
Vic, arclieveque d'Auch, et autres deput6s du second
ordre.
Usant de la permission, I'ev^que de Bayonne prit part aux
travaux de I'assembiee. On trouve sa signature au bas de
la declaration du 7 juillet par laquelle I'assemblee declarait
« illegilimes, invalides et nuls » les « mariages des princes
du sang qui peuvent pretendre a la succession de ia couronne
el particulierement des heritiers presomptifs, s'ils sont faits
non seulement sans le consentement de celui qui possede la
couronne, mais, en outre, centre sa volonte et sa defense. »
C'est Mgr de Bayonne qui fut charge, le 15 juin, avec les
evSques d'Amiens et de Mirepoix, d'aller saluer le garde des
sceaux, Pierre Seguier;etlelendemain, avec Tarchevequed'Aix
et les eveques de Nimes et de Viviers, de recevoirMM. de Leon
et Aubry, conseillers d'Etat, venant, au nom du roi, deman-
der Tavis du clerge sur le mariage des princes. Le meme jour,
sur la proposition de Tarcheveque de Bordeaux, il etait avec
les archeveques de Tours, les eveques de Chartres et d'Auxer-
re, nomme pour dresser un projet de reglement general « sur
la forme, convocation et tenue des assemblees diocezaines et
provinciales, afin de les rendre uniformes par toutes lesdites
provinces. )^
Le 20 juin, il se plaint des cours souveraines qui decla-
rent nulles les provisions d'eveque oil ne sont point indiques
les benefices possedes, malgre la dispense dont jouissent les
eveques on France, en Italic, en Espagne et dans toute la chre-
liente, et malgre la permission du Pape, « en quoy Fautho-
rite de Sa Saintete est grandement interessee et la djgnite
episcopate abbaissee, estant privee en France d'un privilege
dont tons les evesques jouissent ailleurs par la gratification
du Saint Pere qui seul a le droict d'en ordonner. » L^assem-
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— 368 —
blee declara que celle demande serait « inseree dans le ca-
hier des affaires spirituelles. »
Le 25 juin, Raymond dc Montaigne pril de nouveau la pa-
role. Centre tons ies usages on avait impose les beneficiers
du Beam, et il protestait energiquement. II y eut de longues
discussions. L'assemblee le pria avec les eveques de S^z,
d'Auxerre et de Saintes, « de s'assembler et rechercher, dans
tons les edits, declarations et arrets que le clerge a pour ses
immunites et privileges, les raisons sur lesquelles on pent es-
tablir cette exemption, afln d'appuyer Tinstance qui sera
faicle pour Tobtenir. »
Ses anciennes fonctions de president au presidial le ren-
daient fort precieux a Tassemblee pour toutes ces contesta-
tions liscales. Aussi le voit-on faire plusieurs rapports sur ces
questions. Le 3 juillet, ilrend compte d'une mission aupres
du president Amelot et du procureur general au grand conseil,
relative a un reglement « des frais et loyaux cousts. » 11 oblinl
ce qu'il desirait; et « Mgr le president Pa remercie de la peine
qu'il a prise si utilement.» Le 14 juillet, il est encore charge,
avec Teveque de Ch&lons, de voir les commissaires du roi au
sujet de la regale. Le 21, il est depute aupres du roi pour le
supplier de maintenir le clerge dans les exemptions du droit
de regale qu'on voulait imposeraux dioceses d'Auch, de Saint-
Paul et de Nimes. L'eveque de Cha.lons, Jacques de Neu-
cheze, porte la parole; et en rendant compte de leur mission,
Raymond de Montaigne se plut a louer « la fermete et Tintel-
ligence » de son coUegue.
Sa mission, bien commencee, allait flnir. Le 21 juillet,
Teveque d'Aire representa que le jour etait venu de juger
son opposition. Le 23, meme observation. A quoi I'arche-
veque d'Auch repondit « que, sans entrer au faict particu-
lier de la contention entre Mgrs d'Aire et de Bayonnc, il vou-
loit seulement representor la charge quMl avoit dela province
d'Auch d'assurer Tassemblee que la nomination avoit este
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— 369 —
faictedans Tassemblee provinciale, avec toutes les formes pra-
tiquees d'anciennete dans la province; que toutes les procu-
rations estoient selon Tusage et la cousturae d'icelie et quele
seigneur evesque de Bayonne ne pouvoit consentir a aucune
subrogation au prejudice de la province qui Tavoit nomme,
a laquelle on ne pouvoit donner un procureur contre son gre. »
Et il requit Tassemblee de prononcer sur Tinterfit de sa
province. L'archeveque de Bordeaux sortit comme il 6tait
convenu. On obtint aussi que Tarcheveque de Toulouse, re-
cuse par Teveque d'Aire, s'eloignat; et Fassemblee decida que
les provinces d'Auch et de Toulouse ne pourraient prendre
part au vote. On allait juger. Dominique de Vic declara • qu'il
avoit charge expresse de la province de s'opposer a la recep-
tion de Mgr Teveque d'Aire dans cette assemblee, et qu'en
consequence de ce, il s'opposoit, au cas que la compagnie
voulut Tadmettre et quHl en demandoit acte. » Le president,
Jean Joubert de Barraud, un saintongeais, archeveque d' Ar-
ies, demanda Facte; il promit de Tapporter. Mais Baymond
de Montaigne pria Mgr d'Auchden'en rien faire, ne voulant
« pas'suivre plus avanl cette opposition. » La protestation
etait signee de six eveques de la province.
Le 24 juillet, les quatre commissaires qui etaient les eve-
ques d'Auxerre et de Saint-Paul, puis Ferdinand deNeuville,
abbe de Saint- Vandrille, depute de Lyon, et Guillaume Jocet,
archidiacre de Saint-Malo, depute de Tours, conclurent a
Tadmission dePevequc d'Aire. L'assemblee adopta. Mais elle
decida d'abord que Teveque de Bayonne serait paye de ses
taxes jusqu'ace jour, tant pour le venir que pour leretour,
aux termes des reglements. Lui-meme voulut remercier I'as-
semblee, et Tassemblee « lui a temoigne, dit le proces-verbal,
la satisfaction qu'elle avoit regue de sa presence et de ses
bons avis. » Mgr d'Auchajouta quMl avaitrenonce a son op-
position uniquemcnt a la priere de Peveque de Bayonne; puis
il prie qu'on delivre « Textrait de la deliberation qui lui or-
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— 370 —
donne de se retirer, » et, en outre, « la proposition qu'il a
faiteenfaveurdesecciesiastiques de la Basse-Navarre centre
ceux de Beam ppur le paiement des d6citnes, afln quMl fasse
apparoir qu'il s'est acquitte de la charge qui lui a ete don-
nee (1). »
Ainsi, quelque vice de forme empechait Raymond de Mon-
taigne de prendre plus longtemps part aux travaux de la com-
pagnie. Mais il se retirait apres les protestations ensafaveur
de six 6veques de sa province, apres avoir rempli une partie
de son mandat, apres avoir pendant deux mois assiste aux
reunions ou il avait souvent pris la parole et donne d'utiles
avis. II partait avec les eloges et les regrets de ses coUegues
dans Tepiscopat.
L'eveque de Bayonne avait prolite deson sejour a Paris. 11
avait obtenu du conseil du roi un arret « par Icquel il est or-
donne qu'il sera impose et leve la somme de quinze mille li-
vres tournois pour le bastiment de Tevesche, trois mille sur
la ville, et les douze mille autres livres sur le pays de La-
bourd. » Cela changeait tout a fait les conditions premieres
proposees par Tevfique, acceptees par la ville : le pays de
Labourd fournissant le bois; la ville, la pierre, la chaux et Ic
sable; Teveque se chargeant du reste. Aussi, quand, le 12 no-
vembre 1655, au nom du prelat, Pierre Duvergier, chanoine
de Notre-Dame, vint au conseil communiquer cet arret, «et
le prier de se disposer a y satisfaire, » il y eut plus que de la
surprise. Quoi! on avait accorde ses demandesau prelat, etil
faisait intervenirrautoriteroyale! Quoi! Ton voulait imposer
la ville ! C'etait contraire a ses privileges. On delibera. depen-
dant, il fallut sesoumettre. Le23 novembre, on vota les trois
mille livres, non sans protestation et sans quelque mauvaise
humeur. « Ouy le syndic de la ville, a este ordonne que, sans
approuver le terme d'imp6t que la ville n'a jamais souffert,
(I) Collection des procis-verbaux des assemblies ginirales du cletgi de France
t. II, p. 658.
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— 371 —
et a la charge dc retirer declaration dudit sieur de Bayonne,
la ville lui baillera 3,000 livres pour ledit bastiment. »
On paieradonc, c'est entendu. Maisles offlciers municipaux
ont trouve un biais pour debourser le moins possible. Mon-
seigneur veut avoir de nous mille ecus. Eh bienf -ne lui a-t-
on pas deja fourni des mat6riaux? II y en a bien pour sept
cents Uvres. De plus, ne doit-il pas quelque chose pour le sa-
laire des pr6dicateurs ? Oui, trois cents livres. On lui retien-
dra done trois cents livres, plus sept cents livres, soil mille li-
vres.
Donner et retenir ne vaut. Sans doute, le preiat consentait
a cet arrangement; mais je soupgonne qu'il fut au fond m6-
content et bless6. La lulte ne tarda pas a devenir directe et
publique.
Quelle en fut, dirais-je lepretexte ou la cause? C'est une
simple question de voirie et d'alignement. Malheureusement,
nous n'avons ici, pour nous guider et nous eclairer, que les
registres municipaux; nous n'entendons, par consequent,
qu'une voix. Et cette voix est-elie j[uste ? L'animosite parait
avoir et6 vive. II se pent que le corps de ville ait fait pencher
la balance en sa faveur et donne tons les torts a Tadversaire.
L'impartialite, qui est rare chez les individus, Test peut-etre
encore plus dans les corps; et Techevinage en cette circons-
tance pritdes resolutions, ceda.ades entrainements dont un
individu se serait certainement gardfe.
II serait bien long de raconter par le menu les details de la
querelle. Nous nous bornerons aux principaux incidents;
c'est un chapitre curieux des rapports entre deux autorit6s ja-
louses. Le 11 juillet 1636, le conseilest informe que Raymond
de Montaigne desire, pour son palais Episcopal, « se servir de
la place vide qui est au-devant dudit evesche, pres la porte de
Larochepaillet. » Cette place est a lui; il n'a done aucune
autorisation a solliciter de personne. Mais il a voulu « faire
part aux eschevins de son desseing, afinqu'ilssoient tesmoins
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— 372 —
qu*il ne veut rien entreprendre sur cc qui est au publicq,
defferance qu'il ne rendroit pas a autre personne, non pas
meme a un prince du sang, quand il seroit sur les lieux, cen-
tre la volonte duquel il ne lairroit pas de continuer son bas-
timent s'il Tavoit entreprins, quelque instance qu'il flst au
contraire. » Ces paroles, toutes pleines de courtoisie pour les
echevins, montrent en meme temps un caracterc assez ener-
gique ct une fermete peut-etre un peu voisine de rentetement.
On en refere au comte de Gramont, gouverneur de la villc;
le gouverneur envoie des canonniers examiner si Tediflcepro-
jete ne nuira pas au service des fortiflcations et de la defense
de la ville. Non; il y aura« place suffizante pour le passage du
canon. » On allait done probablement adopter les conclu-
sions de Grapiont. Tout k coup se presente au conseil Pierre
deHiriard, chanoinede Notre-Dame, tenant a la main « un litre
de cent trente ans, escript sur parchemin. » II a droit aussi a
la place, et si Ton permet a Tcveque de. batir, il batira lui
aussi. Or si le chanoine batit, une rue se trouve supprimee. II
faut done reflechir murement avant de repondre oui a Tevc-
que. L'intervention dece chanoine centre le pasteur du
diocese etait trop singuliere pour etre spontance; mais elle
venait merveilleusement a propos. L'argument decisif etait
trouve. Aussi le prelat se plaint-il des obstacles qu'on lui
suscite; il croyait rencontrer « plus d'affection et d'amour
dans Tesprit desdits sleurs du Corps. » Evidemment Hiriard
aetepousse; c'est a lui qu'on en veut. Ehbien! qu'onlui
signifie un acte en bonne forme d'opposition a ses projets de
construction. Sinon, des demain matin, a cinq heures, les
travaux commenceront. Les propos s'echangent; on est blesse,
on s'irrite. Bayonne ne m'est rien, s'ecrie Teveque. Si, rc-
pondent les echevins, si le roi ne nous eut pas fait Thonneur
de vous nous donner pour eveque, il nous en eut donne uu
autre. — Et quel autre? J'ai refuse « Tarchevesche d'Aixet pla-
sieurs aotres benefices, qui estoient de bien plus grande consi-
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— 373 —
deration que non pas Tevesche de Bayonne. » La discussian
continua sur ce ton tres-peu courtois de part et d'autre. Puis
le prelat offrit, si Ton lui vouiait.permeltre de batir selon ses
plans, d'empecher Hiriard d'elever sa maison, de lui faire
declarer en justice qu'il n'en avail pas le droit, et qu'au cas
ou un tribunal donnerait raison au chanoine, il ferait demo-
lir a ses frais le palais episcopal eleve sur le terrain litigieux;
« qu'il avoit assez de biens pour repondre de sa pro-
messe. »
C'elait une ouverture, et la proposition pouvait ^tre ac-
ceptee. On ne se pressa pas d'y repondre, et Montaigne se
h&ta trop de croire qu'on rejetait sa transaction. Le lende-
main matin, 15 juillet, les echevins voient avec stupefaction
les travaux commences. lis se plaignent vivement de ce man-
que d'egards; Tev^que repond qu'il a attendu en vain leur
decision. Mais un corps ne s'assemble pas facilement; plu-
sieursmembres etaient absents. Bref, on se separe fortme-
conlents les uns des autres. Pen apres le syndic fait somma-
tion de cesser les travaux. Le prelat, encore plus irrite de cet
acle juridique, leur jette Tepithete d'ingrats. lis ripostent qu'il
leur etait difficile d'etre ingrats, n'ayant encore rcQu ni faveur
ni bienfait. — Vous n'etes pas seulement des ingrats, mais encore
des tyrans. Moi, je suisaime du peuple. Iln'y am6me dansle
conseilque trois ou quatre qui s'opposent a mes desseins. — La
discussion s'echauffe; les propos desagreables continuent. En-
fin on se separe, et le conseil ordonne quMl sera fait dutout un
proces-verbal qui sera insere dans le livre des deliberations.
On avail oublie dMnscrire les buUes de Montaigne; on n'oublie
pas de copier ce long factum.
L'eveque avail des partisans dans le conseil et il savait tout
ce qui s'y passait. Aussi on crut frapper un grand coup. Le
48 juillet, le premier echevin Dolives, rappelant les injures
« proferees par Icdit sieur eveque» , les mots ingrats et tyrans,
demande, «sy, attendu les contumelies et paroUes outrageantes
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proferees par ledit sieur evesque, le corps en general et par-
liculier se doibt depparlir de ie visiter; et sy aucun en parti-
culier ne se veult priver dele visiter, s'il pourra assister aux
deliberations. » C'etait une atteinle flagrante portee a la li-
berie individuelle. La passion ici depassait les bornes. Le
sieur de Lalande, echevin, fait fort sagement observer que
cette proposition est un outrage aux membres de Tassem-
blee, que c'est accuser de pen de fldelite les echevins, jurats
et autres offlciers du corps de ville, « la charge et qualite
relevee dudit seigneur evesque ne pouvant que rendre lesdites
visiles justes et honorables. » N'etait-il pas possible de rendre
de telles visiles « sans desseing d'y offenserTinterest public? »
Done, si Ton veut passer outre, il proteste de nullite, et se pour-
voira centre la decision, Malgre ces reserves, Tassemblee,
irritee, declare que quiconque ira chez Feveque ne pourra plus
prendre part aux deliberations qui le concernent. C'etait raettre
I'eveche en interdit. L'eveque eut la pensee d'excommunier
rh6tel-de-ville. II se retint; memo un peu apres, il chercha
a attenuer ses paroles et a excuser ce qui avait pu blesser
Techevinage. Le 12 aout, le grand vicaire va au conseil. On
a dit que Teveque avait Iraite les echevins d'ingrats et de
tyrans; il n'a pas dit cela, « ains seulement avoit diet que cet
empeschement estoit une tirannique violance; en quoy il n'a
creu rendre aucune offense auxdits sieurs du corps, desquels
11 est scrviteur. » II ajoute que le chanoine Hirriard ayant re-
nonce a son opposition, Tobstacle a la construction du ba-
timent n'existait plus; c'esl pourquoi il priait « lesdits sieurs de
trouver bon qu'il continue son bastiment. » Le conseil aurail
dA etre touche de cet acte oil le prelat, en realite, s'inclinait
et reconnaissait implicitement ses torts. Et il aurait pu, ou-
bliant des paroles blessantes ou des precedes trop sommaires,
accepter les excuses offertes etfaire la paix. II n'en fut rien.
Le conseil persistadans son opposition. AlorsTSveque jugea
a proposde ceder pour un temps a Forage. II quitta Bayonne
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— 375 —
et son diocese, et vint se r6fugier dans sa paisible maison de
campagne de La Vallee.
Nous avons, datee de La Vallee, le 18 novembre 1636, une
leltre adressee au due d'Epernon sur cette malheureuse que-
relle. Au mols d'octobre, le 17, Epernon, gouverneur de
Guienne, s'etait rendu aBayonne ou son flls Bernard de No-
garet de La Valette arrivait le 23. Les Espagnols faisaient de
grands preparatifs de guerre; et, en efifet, le 17 et le 18, lis
p6nelrerent en France, s'emparerent de Hendaye, d'Urrugne,
de Saint- Jean-de-Luz et de Ciboure, lis assiegerent ensuite le
fort du Socoa, ou il n'y avait que deux cents soldats qui sor-
tirent par une bonne composition (1). lis parurent m6me de-
vant Bayonne, et Gramont les for^a de se retirer. 11 paraf t, du
reste, que la presence des Espagnols ne causa pas grande
frayeur en la ville : car, dfes le 29 octobre, le due et son flls
repartirent pour Bordeaux; et la noblesse qui etait accourue
se retira en meme temps. Raymond de Montaigne 6crivit au
due d'Epernon la lettre suivante decouverte a la Bibliothfeque
nationale, Fonds francais, 20478, p. 331, par M- Ph. Ta-
mizey de Larroque, qui a la main si heureuse, et communique
par lui a la Reviie de Gascogne, t. xi, p. 248, octobre 1871 :
« Monseigneur, vous avez agrii ma retraite. Accuse par
quelques personnes qui faisoient gloire de mespriser TEglise,
et ne pouvant demeurer sans prejudicier a mon caractfere et
ames successeurs, j'ai juge plus a propos de me retirer que
d'user en ceste saison de Textresme remede convenable au
mal. Vous m'avez fait Thonneur, Monseigneur, de vouloir
prendre cognoissance de ce qui s'est passe par deli; sur
quoy j'attendray vos commandemens pour y rendre entiere
obfeissance sur ce subject et tous autres, comme estant verita-
blement, Monseigneur, votre tres-humble et tres-obeissant
serviteur, R..., ev. de Bayonne.
» A La Vallee, ce 18 novembre 1636. »
(1) Recherehes historiques sur la ville et Viglise de Ba^onne^ par Yeillel, cha-
noine; mannscrit.
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•« 376 —
L'eveque ne relourna pas dans sa ville episcopale; la mort
lie lui en iaissa pas le temps. Quelques mois aprfes saleltre, en
mars 1637, ii alia rendre compte a Dieu de son administra-
tion,
II serait difficile de juger ici Raymond de Montaigne,
magistrat ethomme d'eglise. Sans doute il remplit ses fonc-
tions de judicature avec zele, avec loyaute, avec justice; le
mandatde depute du tiers aux Etats generaux est une preuve
qu'il av.ait su gagner Testime et Tafifection generale a Saintes
ct dans la province de Saintonge. On a vu lerdle important qu'il
joua a ces assemblees del614, saluees de tant d'esperances,
accueillies avec tant d'ardeur, sui vies avec tant d'emotions, et
finalement si studies au moins enresultatsimmediats. Saintes
lui doit les fondations du convent des Recollets; et Tabbaye de
Sablonceaux, des reparations trop I6t interrompues par son
depart. Commeeveque, il ne paraitpas avoir laisse, sinon dans
son diocese, au moins k Bayonne, un souvenir aussi univer-
sellement respecte. Son administration, d'ailleurs, fut courte
et presque continucllement entravee. Au point de vue ou les
choses en etaient venues, il parait difficile qu'il eut pu desor-
mais faire beaucoup de bi|p. Qui eut tort dans cette petite
guerre qu'on pourrait appeler les querelles de rue mitoyenne?
Nous n'avons pastoutes les pieces du proces; nous n'avons
meme entendu presque qu'une des parties. Comment notre ju-
gement pourrait-il etre eclairel Mais ilnous parait qu'il ne fut
pas comme chef du diocese ce qu'il avait ete comme presi-
dent de la senechaussee. Habitue aux formes rigoureuses de
la justice, ne voyanl que le droit strict, homme de loi, peut-
etre ne vit-il pas que la position d'un pasteur d'ames n'etait
pas celle d'un president de tribunal, et que si Tun doit etre
avant tout Tesclave de la lettre, Tautre doit etre surtout Tin-
terprete de Tesprit. « II ne faut pas, ecrivait I'auteur des
Essais (liv. in, ch. 1"), ilnefaut pas appeller debvoir, comme
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— 377 —
nousfaisons tous les jours, une aigreur et une iatestioe as-
prete. » Sa mission etait toute de douceur et de conciliation.
Quand mfime il eiit eu raison, quand m6me la jurisprudence
et les textes eussent 6te pour lui, il eAt plus gagn6 a ne point
montrer tant d'exigence. Je sais bien que Michel de Montai-
gne Fa dit : « Et est opiniastret6 soeur de la Constance, aa
moins en vigueur et fermete (liv. u, ch. 32). » Mais la fermete
n'est point faiblesse; elle n'est pas non plus entfitement. Des
paroles malsonnantes, des expressions pen gracieuses, des
precedes un pen sommaires ont dii blesser des esprits dbjk
pen bienveillants. Voilapour un cdte.
Ce qui attenue singulierement les torts du prelat, c'est la
conduite du corps de ville, mettant pour ainsi dire son 6ve-
que en quarantaine, interdisant la porte de sa maison aux
membres du conseil; c'est leur refus d'enlrer en accommode-
ment, quand le Pontife s'inclinant, retire, en les expliquant,
les termes qui avaient cheque les susceptibilites des echevins,
et leur demande de cesser une opposition dontle pr6texteavait
disparu. Cette humility, cet aveu repare bien des paroles vivos.
11 faut tenir compte aussi de Tesprit de corps. Le pouvoir
municipal se dressait encore debout devant tout autre pou-
voir. II n'y avait pas longtemps que Richelieu avait dompte
la fiere cite de Guiton; les villes etaient encore fort jalouses
de leur independance; et, n'ayant plus a guerroyer centre
Tennemi exterieur, elles bataillaient volontiers centre quelque
rival d'influence ou d'aatorile k Tinterieur. Le pr6texte en
etait assez mesquin; evidemtnent on Pavait cherchfe. Une
part, et assez large, de responsabilite dans ces dissensions fi-
cheuses retombe done sur Tfechevinage de Bayonne.
Enfln, ce qui prouve encore qu'il y avait li, avant tout, nn
froissement d'amour-propre local, c'est TamitiS que tfemoi-
gnaient a Mgrde Bayonne. un certain nombremfeme de jurats et
d'fechevins; ce sent lesegards qu'eulpour lui le comte de Gra-
mont, maire et gouvernenr de la ville, Tapprobation que sem-
Tome XVm. 25
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— 378 —
blelui avoir donnee le due d'Epernon^ et enfin Taffection
qu'avaitpoiir lui le peuple. Toutefois, et c'est par la que je finis
cet essai de biographie, j'aurais voulu que Raymond de Mon-
taigne^ avant ses demel6s avec le corps de ville, eut rela le
eh. 29^ liv. i^ de son oncle breton, De la moderation : « On
peult et trop aymer la verity et se porter excessivement en
nne action juste. A ce biais s'accommode la voix divine : « Ne
• soyez pas plus sages qu'il ne fault, mais soyez sobrement
» sages ».,. J'ayme des natures teraperees et moyennes; Fim-
moderation vers le bien mesme, si elle ne m'oflfense, elle m'es-
tonne et me met en peine de la baplizer... L'archer qui oul-
trepasse le blanc, fault comme celui qui n'y arrive pas. »
Louis AUDIAT.
APPENDIGE
(1)
Acte de prise de possession de I'abbaye de Sablonceauz,
par Rasrmond de Montaigne.
(Minutes de Vcrjat, notaire a Saintes.)
Petrus Brassier, in sacra theologia doctor, rector parochialis ec-
desiae Sancti Saviniani du Port, universis presentes litteras inspec-
turis salutem in Domino. Literas provisionis reverendo in Christo
patri domino de Montaigne, presbytero Burdigalensis dioecesis,
Santonensis provinciae praesidi, a sanciissimo domino nostro Ur-
bano papa octavo factas de monasterio sive abbatia B. Mariae de Sa-
blonceiiis ordinis sancti Augustini, Santonensis dicBcesis, sub titulo
commendae, cum funiculis cannabis impendentibus more romance
curiae sub plumbo buUatas, sanas et integras, non vitiatas, non can-
cellatas aut abrasas, sed omni prorsus vitio carentes, venerabili do-
mino officiali Santonensi directas, datas Romte apud Sanctam Ma-
riam majorem anno incarnationis Domini miilesimo sexentesimo vi-
gesimo quarto, pontificatus vero ejusdem sanctissimi domini nostri
D. Urbani papaB octavi anno secundo, kalendis septembris signatas,
Afemellus, C. Paulus, A. Bouroup et aliis nonnullis signis manua-
libus, ac processum verbalepi super executionem praedictae ballaB
usque ad missionem in realem, actualem et corporalem possessio-
(1) Voir ci-dessag, ii?r. de mai, p. 316.
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— 379 —
nem et sequentia per dictum dominum officialem seu auditorem
communem factum, datum Xtotonis die decima quarta mensis no-
vembris ejusdem anni, signatum in minuta : Moyne, auditor; R. de
Montaigne, P. Brassier, Blanchard et Levesquot, et Toumeur scriba,
per praedictum reverendum dominum abbatem exhibitas, quas qui-
dem litteras cum ea qua decuit reverentia recepimus, et ad requisi-
tionem ejusdem domini reverendi abbatis quatenus ad executionem
integram prsedictarum litterarum in absentia et per vim subdelega-
tionis per eumdem dominum officialem Xantonensem factae et in
epdem processu fulminationis dictarum bullarum contentse et per
nos visaB et lectse, procedentes, prsefatum dominum reverendum ab-
batem manu dextra apprehensum in realem, corporalem et actualem
possessionem prsedictae abbatiae ipsiusque annexorum jurium et
pertinenciarum universarum, peringressumin ecclesia dictae abba-
tiae, aspersionem aquae benedictae, depsculationem magni altaris, lec«
turam libri missalis, sessionem in cathedra abbatiali, solemnis missae
celebrationem et traditionem ciavium tam praedictae ecclesiae quam
totius monasterii missimus et possuimus, venerabilibus vero fratribus
capitulo et conventui ut obedientiam et reverentiam ac diversis vas-
salis et aliis subditis ut consueta servitia ac jura ab eis debita inte-
gra exhibeant sub pcenisin eisdem litteris contfentis injunximus, id-
que, in signum verae possessionis nemine discrepante neque se oppo-
nente. In quaram fidem et confirmacionem praedicto domino reverendo
abbate eais requirente, presentes litteras per notarium regium inCras-
criptum etiam ad eos per praedictum dominum officialem sive audi-
torem deputatum expediri fecimus. Datum et actum in dicta abbatia,
die vigesimaquinta mensis novembris anno Domini millesimo sexen-
tesimo vigesimo quarto praesentibus ibidem infra scriptis et subsi-
gnatis ad id vocatis et rogatis.
R. Montaigne; Brassier, SacrsBtheologiae doctor et rector Sancti Vi-
viani; Jacques de Fi^gallet, prior claustralis ejusdem abbatiae beatae
Mariae Sabloncellis; Debourgeade, suprior ejusdem abbatiae; Mahy,
religiosus et rector ejusdem abatiae; Sallet scutifer; A. Grelaud, prior
Sancti Petri de ChampaignoUes; A. Boyssier, infirmarius dictae abba-
tiae; Bouildron, lieutenant g^n^ral de Saintonge; G. Montaigne; Che-
valier; Durtubie; Chevalier; Nicolas de Montaigne; Chevalier; P.
Gombauld, lieutenant particulier et assesseur criminel de Saintes;
M. Blanchard,. lieutenant particulier de Saintes; H. Gombaud, prior
de Meursac; Grincel, advocat en la cour; Mestreau; Favre; Verjat,
notaire royal a Saintes.
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— 380 —
Ugende et histoire.— ^tude critique
80R
Saint Sever, roi dbs scythes, et ses compagnons.
{Suite et fin) (1).
Saint Eugdne de Carthage.
Ce grand fevfeque subit deux exils. Tun dans la persecution
de 479, Tautre en 496; il avail ete rappele a Carthage en 487.
' Albi fut sa principale retraile; on croit qu'il y mourut.
La legende de saint Sever nous a fait rencontrer a Rome un
Eugene, personnage tres- venerable, qu'elle traite d'abord tout
simplement d'homme apostolique; plus tard seulement, ses
reediteurs le confondent tres-fautivement avec le Pape. B. La
Tour nous dit que ce fut precisement un Eugene qui con-
fera Tepiscopat a saint Clair et qui ordonna egalement ses
compagnons. Et dans la legende de ce dernier ap6tre, nous
lisons quMl eut un Eugene pour compagnon d'apostolat.
Tons ces Eugene coincidant trop bien avec celui de Carthage,
nous n'avons pu manquer d'y trouver une excellente base
chronologique.
Saint Gdronce le martyr.
Dejk distingu6 du confesseur, enseveli au Mas d'Aire, dont
j'ai parl6 i la page 68 du present volume, il doit Tetre
aussi d'un autre, tout k fait inconnu, que signalait en ces
(1) Voir cUdegsos, p. 359.
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— 381 —
termes Thagiologe de Tabbaye Saint-Girons^ a Hagetmau :
depositio B. GerontU, confessoris, monachi congregationis
nostrcB. Ce dernier est confondu av6c celui d'Aire par This-
torien du monastfere de Saint-Sever, t. i, p. 39; mais il suffit
de consulter soit le passage cite plus haut, soit les Bollandistes
pour rfecuser leur identite,
Plusieurs localites du sud-ouest honorent un saint G6ronce;
malheureusement il n'est pas facile de discerner lequel; ce
titulaire se trouve pourtant juxtapose avec saint Clair a Suzan
ou Ygos, et avec saint Sever a Saint-Sever et m6me a Met-
gnos de La Glorieuse. Sed quid hcec inter lantos?
Quant a Tapostolat et a la mort de Geronce, plein desaccord
entre les legendes. La plus circonstanciee et la plus semblable
a un journal historique est celle que cite, d'apres le P. Mont-
gaillard, Tediteur de Thistoire de Saint-Sever, tome n, page
358. '
II y est dit, entre autres choses, qu'ayant appris la mort de
saint Sever, Geronce accourut avec Clair, Justin, leurs com-
pagnons et environ vingt miUe Chretiens, que le 10 novembre
la guerre se ranima, qu'il y re^ut un coup mortel, et qu'il
fut transporte et enseveli provisoirement pres de la riviere
d'Auch, a deux milles de cette cite; nouvel indice du sens
que Ton doit donner avec nous ^ la iutte ou avait p6ri saint
Sever.
Saint Jean le martyr.
A part ce que j'ai dit au sujet de Maixent, disciple de saint
Severe a Agde, je ne sais rien sur notre Jean, si ce n'est qu'un
saint de ce nom se trouve souvent adjoint, dans le culte
paroissial, aux Sever, aux Clair, aux Geronce, sans que nous
puissions bien preciser son individualite. Serait-ce un indice
de son identite, deja discut6e, avec Jean Maxence? S'il enetait
ainsi, nous seYions ramenes encore une fois au commencement
du VI* sifecle.
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— 382 —
Saint Polycarpe,
De celui-ci, rien non plus, sinon ce que j'ai dit, dans la
livraison de Janvier, p. 6, sur les Polycarpe et Puplus; PoUf-
carpe, Pcenes, Publius et Sever; Polycarpe, Poends et sept
autres inconnus du 31 Janvier, qui semblaient vouloir nous
rappeler nos saints et les Babilius et les Garthaginois.
Saint Justin.
Ou chercher notre saint Justin? dans les Hautes-Pyren6es,
oil M. Curie Seimbres nous montre un saint Justin en com-
pagnie d'un saint Sever? Est-celui aussi qui est le titulaire de
la petite ville des Landes qui porte son nom? Dans tons les
cas, il possedait jadis une 6glise pres de Geaune, dans la
proximit6 d'une chapelle de sainte Quitterie et d'une autre de
saint Loup.
Saint Babile.
Nous commenfons a redevenir mieux fournis. Sans doute
c est par megarde qu'on nomme parfois saint Babylas le saint
Babile honore a Brocas dans FAlbret, a Garosse dans la grande
Lande, a Cazalis sur notre frontifere, enlre Captieux et Vil-
landraut. M. L6once Gouture nous le montre appele smnt
Babel dwoiS le diocese de Lectoure (1). Mais mon dessein n'est
pas de rechercher en dehors du diocese d'Aire, le seul que je
connaisse un pen, les localites consacrees a nos saints martyrs.
J'ai parte de Brocas pres de Labrit. Un autre Brocas existe
dans la Ghalosse, annex6 a Montaut. Tons ces postes depen-
daientdu monastfere saint-sev6rien. Ges demieies annees, on
a et6 amen6 a y d6truire les restes d'un grand autel en style
(1) Bulletin eatholique d*Aucht 1. 1, p. 77.
[Je crois devoir r^tracter cette assertion peo r^fl^chie. J'avais ciU, de m^moire. le
Dictionnaire d'hagiographie de Tabbd P^ttn {Enq/cl. tMoL di Migne), et, v^rifi*
cation fait#» l*artic1e Babel (t. ii, col 1367) de ce Dictionnaire ne dit pas que ce
nom fitusitd dan^ le diocdse de Lectoure plut^t qu'ailleurs. ^ l. c]
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t,
i
— 383 -
ogival. Or, voila qu'au-dessous s'est revel6e une sepulture bien
humble, mais fort mysterieuse, formee ou plut6t recouverte
par quelques briques. II y avait, autant que je m'en souvieqs,
un femur ou un tibia; rien de plus. Mais nulle inscription,
nulle tradition, nul renseignement. Serait-ce par hasard une
relique de saint Babile, dont Fautre Brocas des Landes aurait
seul conserve le souvenir et le culte?
Ceci me rappelle une inscription degagee naguere, mais sans
aucun ossement sacre, dans les fondations de la petite eglise
de Cere, voisine de la derniere localite. EUe devait etre bien
interessante; mais, helas! c'est sur du pl&tre qu'on Tavait
ecrite, et quand le bon cur6 de la paroisse fut averti de la de-
couverte, Tinstrument du demolisseur ne lui permit de recon-
naitre que pen de mots 6pars, dont voici les principaux :
MARTTRES — OCTO — BINI — FATIGATI — MttrTES PLECTI SUNT
— ATQUE — iNTERPECTi. Tout cela SO rapportait-il k nos martyrs,
dont plusieurs, telsque Babile, Clair, Sever,., etaienlhonores
dans le voisinage? Ah! que ne peut-on mieux suivre tons ces
precieux deblaiements !
Pomdre, abbd k Aries.
Avant de parler de saint Clair, il me sera permis sans doute
d'examiner quelques autres personnages de la fin du v* et des
debuts du vi* siecle, pour vou* si saint Sever n'aurait pas en
eux des contemporains et comme des compagnons de sa des-
tinee. Voici d'abord le celfebre Pomere.
Moure de nation, ecrivain trfes-recommandable, il compta
saint Cesaire d' Aries parmi ses disciples. Certains chapitres de
sa Vie contemplative^ le 5' du !•' Uvre en particulier, sont
tenement accentues au sujet du renoncement aux grandeurs
mondaines, qu'oti ne pouvait manquer d'y trouver un 6Ioge,
au moins indirect, de nos S6v&res. Un traite special du mSme
auteur sur ce dernier sujet ne nous est point arriv6. C'est
f^cheux pour ma th^. Pomere mourut en 499.
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— 384-
Saint Galactoire,
On admet que cet ev6que de Benehamum a ete martyrise
par les Wisigoths pres de Mimisan, sur les bords du golfe
tarbellien, au moment oil il paraissait aller rejoindre Clovis, a
la t6te d'une troupe de catholiques.
Voici ce qu'en dit un ancien brfeviaire de Lescar, k part les
Normands qu'il y mele bien mal a propos avec les croises.
Antiquorum fide dignatradit relatio... gentes quasdam circa regna
Scythica habitasse qui Gothi dicebantur... Totam Vasconiam dis-
currebant... Galectorius... pro defensione Ecclesiae et patriae cruce
signavit agmina Bearnensium... Velut Ecclesiae Dei principalis
catholicus. . . armatorum acies praecedebat. . . Occidi potuit, non vinci. . .
Barbaris Gothis eorumque complicibus viriliter superalis,... fide les
defensorum fidei, Ecclesiae et Vasconiae corpora collegerunt.
Et encore :
Praefatam gentem ciick Mimisanum oppidum hostiiiter pa-
triam devastantem locaque sacra foedantem sacer praesul exercitu
Bearnensium et Vasconum bellicose aggreditur, et patriam a fidei
bostibus liberavit. Tandem parta victoria per fidei pugilem et suos,
gloriose martyr, corpore dilacerato capiteque excise a perfidis, oc-
cubuit... Bearnenses vero, hujusmodi Gothis occisis aut captis e
patriaque funditus eliminatis, dum pace potiti fuere optata, corpus
fortissimi athletae Galectorii... ad sedem suam Lascurrensem devote
transtulerunt.
Tout cela n'explique point comment c'est a Mimisan qu'eut
lieu ce conflit avec les Goths. II faut supposer que Galactoire
allait se refugier aupres de Clovis, a la suite de la bataille de
Vouilie, et il n'a pu etre honore comme formellement martyr
qu'autant que les Goths lui auront fait une sommation equi-
valente a celle-ci : Declarez-vous ariens, ou bien nous yous
executons comme partisan des Francs.
Saint Orat.
Les BoUandistes nous parlent d'un saint Grat, romain d'ori-
gine (17 octobre), qu'ils pensent etre identique avec celui
d'Oloron. Dans ce cas, le bienbeureux serait venu de Rome
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— 385 —
dans les Gaules, ayec Ansut, dont le nom trahit un Germain,
(ans signifie compagnon, answit compagnon prudent), vers le
temps oil Rome nous envoyait nos sept martyrs. U pourrait
fort bien se faire que Ansut fiit un vandale refugie d'Afrique
et Vadjuleur de saint Grat (comme Maxence f ut celui de Severe
d'Agde), car nous les voyons se retirer tons les deux dans le
Rouergue justement a Tepoque ou ils devaient y trouver pour
fevequeQuintien, cet autre Africain exile. Ce sera bientdt apres
le concile d'Agde que Grat et Ansut auront fait ce voyage, car
nous les y voyons vite martyrises pres de Capdenac, aiu lieu
dit aujourd'hui de Saint-Grat. J'attribue leur mort aux
Wisigoths qui cherchaient a se defaire de saint Quintien.
Un martyrologe de Saint-Savin en Lavedan, ecrit au xii*
siecle, ne connaft qu'un saint de ce nom, et il le dit honore a
Capdenac le 16 octobrfe;
Oloron honore son ev6que saint Grat le 19 du meme mois,
mais- comme simple confesseur Pontife, ce qui ne s'accorde-
. rait pas mal avec le genre de mort dont j'ai parle.
Notre vener6 M. Darre a porte un bien precieux secours.
aux Bollandistes pour leur travail sur saint Grat d'Oloron.
Puissent-ils rencontrer souvent de semblables aides !
Saint Lizier.
Saint Glycere ou Lizier etait proche parent de saint Quin-
tien. II suivit saint Fauste, eveque de Tarbes, a Aire, ou
Euric Tavait exile, fut eveque de Couserans et prit part au
concile d'Agde (Holland., 27 aout).
Peut-6tre saint Fauste 6tait-il Africain, car on le dit, lui
aussi, parent de saint Glycere, et, par suite, de saint Quintien;
seulement, les indications relatives a ce point auraient lege-
rement besoin d'6tre retouchees pour plus d'accord entre
elles (cfr Holland., 28 septemb.).
Qu'on ne soit pas etonn6 de voir plusieurs sieges episcor
paux du midi occupes par des exiles d'Afrique des la fin du
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- 386 ^
¥• siecle. On avail la des hommes tout prepares par la Pro-
vidence, et nos contrees, desolees par Farianisme des Goths,
des d6sastres sans nombre et le retard forcement subi par la
conversion des idol^tres, n'6taient gufere en 6tat d'en foar-
nir assez.
Et tout cela rend de plus en plus plausibles pour cette
grande heure Tapostolat de nos emigres et les discussions
religieuses si naturelles entre ces victimes de Tarianisme afri-
cain et leurs hdtes ariens.
Saint Glair de Lectoure et d*Albi.
Enfin, nous revenons a notre grand point de depart, a
Timportante l^gende d'Albi. Elle a 6te donhee dans le 1. 1*'
du Bulletin catholique, p. 72, par M. Leonce Couture. « Quel-
» ques reserves qu'il faille faire sur Taulhenticite de ces ac-
» tes, » disait des 1858 notre judicieux redacteur en chef,
« il en reste toujours un fond solide et vrai.,. Quant au de-
» veloppement de la narration, certains legendaires du moyen
» age prirent d'excessives licences. Mais ici tout montre dans
» Tecrivain le dfesir et le respect de la v6rit6. Son ton est
» simple, grave, religieux. Loin de prodiguer les expressions
» d'une complete assurance, Tauteur emploie, quand il le
» faut, les formules dudoute, d ce qu'on dit..., ace qu'on
» rapporte. II a pour guide un certain 4cril fort ancien.
» — Or, il a ecrit au xii' ou au xin' siecle... II est bon de le
» rappeler sou vent : Les ages de foi n'itaierU pas des ages de
» mensange. Mais jusqu'ici, » dit encore M. Couture, « les
» donnees manquent pour assignor une date certaine. »
Ces donn6es, des donnees, du moins, rigoureusement suf-
fisantes, je ser^s heureux que le titre de roi des Vandales,
acquis aujourd'hui par saint Sever devant le public leltre, —
gr&ce aux dignes editeurs qu'a trouv6s D. du Buisson, —
p6t enfin les o&ir, et que mes nombreuses confrontations
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— 387 —
amenassent a prendre ce titre au pied de la lettre. A M, L.
Couture d'achever de nous dire ce qu'il n'a pas encore dit,
Je ne reviendrai pas sur les details de la legende maltresse,
sur Torigine africaine de nos martyrs, sur les compagnons
d*apostolat de saint Clair, Florentius, Eugdfie et Montan,
dont nous retrouverions encore les noms parmi ceux des pre-
lats africains bannis par Hun6ric, sur les Ranulf et Ramfred,
Ybold ou Aldemar, etc, Mieux vaudra terminer cette longue
discussion par le jugement du P. Papebrock sur notre martyr.
« Admettons, ecrit-il, un saint Clair, africain, qui aura
» quitte son pays pendant la persecution des Vandales, alors'
» que saint Eugene, ev6que de Carthage, etait exile, c'est-a-
» dire en 484, Arrive k Albi, il aura ete le successeur imme-
» diat ou mediat d'Anemius, dont nous rencontrons lasubs-
» cription episcopate en 451; et telle aura ete la cause de la
» retraite d'Eugfene dans cette ville, dans son second exil de
» 496. A moins pourtant de supposer que Clair aura suivi
» son ev6queet accepte le siege d'Albi, devenu vacant. De
» li il sera venu mourir i Lectoure, et c'est par suite d'une
» confusion tres-facile qu'il aura ete regarde comme Tapdtre
» de ces contrees. » (Holland., !•' juiuv)
Pour ne parler que du diocese d'Aire, on signale le culte
special de saint Clair, avec concours des populations, dans
une douzaine de localites, appartenant presque toutes ^ la
region du nord-est; ce sont, dans les cantons — de Gabarret :
Estigarde, Herri; de Villeneuve : Lacqui; de Roquefort : Geu,
Arue; de Mont-de-Marsan : Bougue; d'Arjuzanx: Ousse-Su-
zan, Ygos; de Labrit : Labril, Vert; de Pissos : Moustey; en-
fin, Sairit-PauUn-Born el Cassen pres Montfort.
Que sera-ce done du Gers et des dioceses d'Agen, de Bor-
deaux, de Toulouse, de Cahors, de Rodez, d'Albi, et aussi de
ceux de Tulle, de Perigueux et Sarlat, de Limoges, et d'autres
encore sans doute, si du moins ce n'est point par erreur qu'ils
confondent leur saint Clair avec celui de Lectoure et d'Albi ?
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— 388 —
R^SUM^ FINAL
11 ne me reste plus qu'a resumer, a mon tour, les fails et
les dates relatifs a saint Sever et les principales raisons que
j'ai presentees pour faire de lui le petit-fils de Genseric,
' Nous avons done trouve :
En 477, Tavenement de Huneric comme roi des Vandales;
De 477 k 482, le bannissement de Godagis avec sa femme;
De 481 a 484, la persecution de Huneric;
En 483, a Carthage, le celebre martyre de sept moines el
bientdt le premier exil de saint Eugene;
-Cn 484, la mort de Hunferic, et aussi, chez les Wisigoths,
celle d'Euric;
En 487, le rappel de saint Eugene, le concile de Rome pour
les affaires d'Afrique, et la publication du livre de Victor de
Vile sur la persecution des Vandales;
En 496, le second exil de saint Eugene, k Albi, et en 805
sa mort au meme lieu;
En 506, le concile d'Agde;
En 507, la l)ataille de Vouille el le massacre subsequent de
plusieurs saints personnages, parmi lesquels j'ai compte nos
sept Vandales.
Aprfes les bases chronologiques, meltons en relief les bases
logiques :
1* La royaulS de saint Sever est affirmie par sa legende
landaise et appuyee, ici par Torigine princiere attribute,
dans d'autres ecrils, a des Severe venus de Syrie ou a d'au-
tres nouveaux venus d'Orient, la par Thistoire de Huneric el
sa defense d'6crire au-dela des mers pour en rappeler sou
h6ritier legitime;
2* L'Afrique est indiquie comme le pays de Sever par la
16gende de saint Clair, et insinuee par son litre de roi van-
dale exile, par plusieurs expressions et details de la legende
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— 389 —
landaise, par les relations du saint avec le grand ponlife
Eugdne; cette donnee est, du reste, en parfait accord avec
Temigration de tant d'exiles contemporains dans nos contrees;
S** hdL nationality da royal vandofe est affirm^e par sal6-
gende et par celle de saint Geronce, ainsi que par son ancien
office, et confirmee par la fuite et Tabdication historiquement
assez probable de Godagis;
4* Son ^que est diterminie par ce m6me titre de prince
vandale exile d'Afrique, par ses rapports avec un roi (arien)
de ces regions, par les persecutions (d'Evaric) qui Fy avaient
pr6ced6, par sa contemporan6ite avec le grand pontife Eugene
et avec un haut melange de noms gallo-romains et tudesques
dans les premiferes classes de la societe meridionale;
5* Son identity avec Godagis est iUihlie par une grande cor-
respondance d'age, de caractere et d'antecedents que nul au-
tre ne pent oflfrir, et confirmee par les craintes qu'inspirait i
HunericFexile d'outre-mer;
6** Sa retraUe aupres du roi arien regnant aux bords de
TAdour se trouve en parfait accord avec les faits du regne
d'Alaric II etParrivee de saint Eugene et de tant d'autres Afri-
cains au milieu de nous;
l"" SB.mort, enfin, demeure inexplicable, avec celle des saints
Geronce, des saints Galactoire, des saints Grat, a moins de Fat-
tribuer aux soulevements des Wisigoths vaincus par Clovis.
En somme, voici mon raisonnement capital :
II faut admellre que notre saint Sever fut un prince van-
dale d'Afrique, demissionnaire et exile, venu aux bords de
TAdour a Tepoquede saint Eugene et d'un rbi arien debon-
naire qui succomba sous lefs coups des envahisseurs septen-
trionaux; tout ce qui ne fond pas dans les details rapproches
de la legende et de Thistoire nous le montre ainsi.
Or, Godagis seul pent reunir en lui tons ces traits;
Done il faut admettre que saint Sever ne fut pas autre que
Godagis.
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— 390 —
Done, en outre, sont tres-louables les Ugendes lUurgiqties
des saints Sever et Geronce> — soit quant k leur teneur, telle
qu'elle se trouve dans le Propre du diocese de Tarbes, s^-
prouv6 par Pie IX, et dans lesbr6viaires aturains de Mgr Savy
et de Mgr Lanneluc, — soit quant h Forigine africaine qu'at-
tribuent k ces Bienheureux les nombreuses et assez celebres
16gendes nees de celle d'Albi, — soit quant au titre de roi des
Vandales maintenu durant plusieurs siecles a saint Sever par
les traditions liturgiques deson monastfere.
Tres-opportuneaussi est dans notre culte provincial et dans
le breviaire de Mgr SavyPadjonction de saint Geronce a saint
Sever par un office commun. Le Propre de Mgr Lanneluc Ta-
vait supprim6e, trouvant peut-etre qu'elle fut occasionnee ja-
dis par des renditions de la legende trop pen s6rieuses ou
par des rapprochements trop pen significatife; mais elle offre
le grand avantage de faire recourir, pour la recitation de leur
office, au commun de plusieurs martyrs, et par \k d'assurer
implicilement a tons les sept compagnons et a leur. union
apostolique des honneurs bien mferites; sans compter qu'elle
amene plusieurs belles allusions a mainls details trfes-impor-
tants de leur histoire. Je ne ra'en explique pas davantage,
parce que la justification liturgique de ce qu'ont essay6 nos
predecesseurs et nos maltres, beaucoup plus d'accord peut-
etre qu'ils ne le pensaient et avecPhistoire et avec les lois ro-
maines du culte local, comporterait une trop longue suite de
reflexions; ce qui conviendrait mieux a un commentaire de
leurstravaux.
Done, enfifl, le titre d'africain a 6te justement conserve a
saint Clair par les Propres recents d'Auch et de Tarbes et par
le breviaire de Mgr Lanneluc, et Bordeaux fail bien de lui ad-
joindre ses six compagnons dans un meme culte et de conser*
ver leurs reliques avec honneur dans Peglise Sainte-Eulalie.
C'est la tout ce que je voulais conclure Ahs le d6but de ce
long travail.
Jean LABAT, s. j.
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— 391 —
LA DEVEZE.
HISTOIRE MtlNIOIPALE ET CIVILE.
§11.
PERIODS RliVOLnTIONNAIRE (1).
(1789-1804).
I
Assemblies municipales de 1787. — Formation de celle de La Devize. —
Protestation da maire. — Decision de la commission intermMiaire de I'as-
sembl^e provinciale et de Tintendant.
L'edit du Roi (juin 1787) ordonnait la creation dans les
provinces et generalites du royaume d'assemblees speciales,
oil seraient representes les divers ordres du clerge, de la no-
blesse et du tiers-etat, Lereglement du 12 juillet 1787 vint
determiner les formes selon lesquelles devaient s'executer les
volontes royales dans la generalite d'Auch.
Le reglement porte que Tadministration de la g6neralite
d'Auch sera divisee en trois especes d'assemblees : une
municipale, une ^'ikcUon et une provinciale. L'assemblee
provinciale se tiendradans la ville d'Auch; celle de Felection,
dans le chef-lieu; les assemblies municipales dans les villes
et les paroisses qu'elles representent (2).
(1) Tontes les qaestions de la p^riode r^volatioanaire afferent es a notro Hittoire
religieuse de La Devize, kYadminittration fondhe, financiire, etc.. soot renvoy^e^
4 lenrs chapitres et paragraphes sp^iaux. Nous no as attacberons, autant que pos-
sible, k oe relator dans ee paragrapbe que ce qui a trait a V administration muni-
cipale proprement dite.
(3) Pour les diitails, cf. rdglement du 12 juillet 1787, fait par le Roi, sur la' for-
mation et la eompontiofi des assemblies qui auront lieu dans la g^n^ralit^ d'Aueb,
en tertn de I'ddit (juio 1787) porUnt creation des assemblies provinciales (Ircbives
ddpartemen tales du Gers).
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— 392 —
La Deveze voulut avoir son assemblee municipale. II y eut
convocation de la communaute, le 14 oclobre 1787, en as-
semblee paroissiale, a Teflfet de proceder a la nouvelle forme
de municipalite.
L'assemblee fut composee de Jean Bourdette, cure de la
Madeleine, membre de droit, d'un syndic-president et de
neuf membres choisis par voiede scrutin (1).
MVJean Dominique Lanacastets, maire, et en cette qualite
membre de Tancienne municipalite, protesta contre Torgani-
salion nouvelle, Ilpresenta a Mgr I'lntendant (2) une requele
dont voici le sens exact :
La communaute de la Devize, Monseigneur, est dans le cas de
Fart, ler du rfeglement de juillet 1787. De longue date, la Devfeze
possfede une municipality, selon les prescriptions des ^dits d'avant
1787... Si, k certains egards, le corps municipal de la Deveze peut
§tre consid^re comme caduc, restent toujours le maire, le secretaire*
greffier N*y ^urait-il pas lieu de proceder a de nouvelles Elections
suivant les ^dits jusqu'a ce jour en vigueur?... Ne serait-il pas
inopportun, mSme inutile, de cr^r a la Deveze une assemble
municipale, dansle sens de TMit de 1787?... Si cependant, malgrS
les plus respectueuses remontrances, on en vient a adopter cette
nouvelle forme de municipality, le maire et le secr6taire-greffier d6ji
en titre doivent seuls 6tre syndic-president et secr6taire-greffier,
chacun en ce qui le conceme, de ce nouveau regime municipal... : la
mairie et le secretariat sont des offices dont on ne peut arbitraire-
ment d^pouiller les titulaires actuels. En consequence, le sieur maire
supplie tr^s-humblement Mgr Tlntendant de vouloir declarer n'y
(1) Le syndic nomm^ fat: messire Etienne-Alexandre Domerc, aDcien monsqQe-
taire du Roy. Les membres ^ios furent: M* Laurent Leberon, notaire royal, M*
Laurent Barquissau, avocat an Parlement, noble Pierre Cantan de Honmets, les
sieurs Andr6 Dareix, Jean-Baptiste Lanacastets Langlade, Marc Lartigne, Pierre
Payss^, Francois Darr^ et Jean Laignonx.
Si on d^sirait encore des details sur la mani^re de tenir les assemblies mimici-
pales, on pourrait utilement consolter la deliberation de Tassembiee municipale de la
Devdze du 26 aoilt 1788.
(2) Claude- Francois de Boucheporn, chevalier, conseiller d'bonneur au parlemeoi
de MetZi conseiller du Roy en tons ses conseils, mattre des requites ordinaire de sou
bdtel, intendant de justice, police, finances en Navarre, B^am, comte de Foix et g^
ueralite d'Aucb.
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— 393 —
avoir lieu d*etablir a la Devfeze une assemble municipale : subsi-
diairement, en cas de difficult^s, ordoiiner que le maire sera, en sa
quality, syndic-n6 de ladite assembl^e et le sieur Laffitte, secr^faire-
greffier.
La commission intermfediaire de Tassemblee provinciale
« eslima que les fonctions de la maaicipalite nouvelle et celle
de maire en litre ne s'entre-d6truisent pas, qu'elles sont au
contraire distinctes et separees; que Texistence du maire en
titre n'a point du empecher la formation d'une assemblee
municipale au lieu de la Deveze, que le maire ne doit pas
etre le syndic-ne de cette assemblee; qu'il ne doit pas meme
avoir entree dans son sein, a moins qu'il n'en soit elu mem-
bre; qu'on ne doit avoir aucun 6gard a sa requite et que
rassembl6e municipale doit 6tre maintenue telle qu'elle a ete
formee. »
Sur cet avis, Tlntendant « crut devoir ne pas s'arreter aux
observations du suppliant... Ayant egard aux r^quisilions
de la commission intermediaire, il deboute le sieur Lana-
castets de ses conclusions, et confirme le proces-verbal de
la nomination des membres de Tassemblee municipale du
lieu de La Deveze dul4 octobre 1787, pour 6tre ex6cute.
selon sa forme et teneur (1). »
Nonobstant cette declaration et confirmation offlcielle, il
fut tenu (21 decembre 1788) une assembl6e generale de la
communaute, ou Ton traita des finances et de la voirie.
A cette occasion, le maire Lanacastets se permit des repre-
sentations peu sympathiques, au sujet de la nouvelle forme
administrative, malgr6 la presence de certains personnages,
membres elus de Tassemblee municipale, qui crurent devoir
garder un silence prudent. A toutes les 6poques et en tous
lieux, sous des nuances diverses, il y a eu de ces esprits pre-
tendus conciliants qui sont de tous les partis, mais disposes
(1) Faiti Pao, le I*' mars 1788.— De Boucheporn, sign^. — Cf. Deliberation
da ^e ao^it 1788.
Tome XVIIL 26
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- 394 —
ase montrer devoues a celui qui servira le plus efficacement
leur ambition et leurs interels.
M* Lanacastets, maire, de concerl avec les trois consuls, fut
fidele a reunir la communaut6, en assemblee generale, pour
des questions diverses dont il sera fait mention plus tard,
jusqu'au 8 mars 1789.
II
Redaction da cahier des dol^ances de la communaut^ de La Devize en 1789.
— Choix des d6put6s el leur s6jour k Lectoure. — Teneur du cahier.
Les Etats generaux du Royaume furent convoqu6s a Ver-
sailles, par lettres du 24 Janvier 1789. Apres la reception de
Tordre royal, raccomplisscment de toutes les forinaliles re-
quises parle reglement, et Tordonnancedu lieutenant general
du senechal de Lectoure, la communaute de La Deveze (1) se
reunit en assemblee generale, par devant M* Dominique
Pere, conseiller du roi et juge de Riviere-Basse, et elle redigea
son cahier de Doleances, Plaintes et Bemontrances.
W Dominique Lanacastets/ maire, M* Laurent Leberon,
notaire royal, Pierre Labat, docteurmedecin, et Jean-Baptisle
Lanacastets-Langlade, bourgeois, furent choisis comme de-
putes, avec mission de porter le cahier des doleances, en la
ville de Lectoure, siege de la senechaussce d'Armagnac. II
leur fut octroye tons pouvoirs de concourir, dans Tassemblee
flxee pour le 12 mars, h Telection des deux deputes que le
liers-etat de la senechaussee devait envoyer a Versailles, de
cooperer a la redaction du cahier general, « proposer, re-
(1) M« Dominiqae Lanacastets, maire; Jean Laporte, premier codsuI; Jean Lar-
tigae, deuxidme consul; Joseph Meilhac, trolsieme consul; M*< Laurent Barquissaa,
avocat au parlement; M* Laurent Leberon, notaire royal; M' Etienne-Alexandre
Domerc, ancien mousquetaire; Pierre Labat, docteur m6decin; Jean Dusser, notaire
royal; Jean-Baptiste Lanacastefs Langlade, bourgeois; Georges Sdnac, Dominique
Dubertrand, etc, etc.
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— 395 —
montrer, aviser et consentir tout ce qui peut concerner le be-
soin de TEtat, la reforme des abus, r^tablissement d'un ordre
fixe et durable dans toutes les parties de radministration, la
prosperite generate du Royaume et le bien de tous et chacun
des sujets deSaMajeste (!)• »
Les quatre deputes se rendirent, pour le 12 mars, a Lec-
toure, malgre les rigaeurs du temps. Durant leur sejour dans
cette ville, du 12 au 27 mars, ils eurent particulierement a
se plaindre « de la cupidite des aubergistes qui vexerent ge-
neralement tous les deputes, ainsi que cela est notoire (2). »
Le choix des deputes du tiers-etat fut generalement ap-
plaudi. Ori leur remit en grande pompe le cahier general des
doleances de la senechaussee, avec celui de chaque com-
mune, pour s'y conformer exactement, et faire valoir, aupres
des Etats, les remontrances dont ils etaient Texpression,
Nous croyons qu'il ne sera pas sans interet d'offrir i la
juste curiosite du lecteur le cahier des « Supplications, Do-
leances et Remontrances que les deputes de la ville royale de
La Deveze » eurent a presenter a MM; de la senechaussee :
Les habitants de la ville et communaute de La Devize, rhinis
en assemble g4ndrale, cejourd'hui 8 mars 4789^ sous laprisidence
de Af« P6r6f juge de Rivih^e-Basse, ont arrU6 :
1° Las syndics de la ville et communaute de LaDevfeze demeurent
auloris^s, lors de la redaction du Cahier general qui sera arr6t6 par
les gens du tiers-etat de la senechaussee, k faire representer au
Roy, par les d^put^s aux Etats du Royaume, de vouloir distribuer
les d^put^s g^n^raux en deux Chambres, Tune Haute, Tautre
Basse, et consentir k ce que les suflfrages de I'une et de Tautre y
soient compt^s par tSte et non par* ordre;
2o 11 sera arr^t^ par les mSmes Etats gen^raux une loi immuable,
qui ne pourra recevoir de modification que par leconsentement des
nouveaux g^neraux. 11 sera permis aux nouveaux g^neraux de fixer
et determiner leur' ten ue plus ou moins prochaine, selon les circons-
(1) D^libiratfon da 8 mars 1789.
(2) Deliberation du 13 avril 1789.
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— 396 —
tances et le besoia de TEtat; et cette tenue sera fix^ a un terme
p^riodique, au plus tard, de cinq en cinq ans;
3® Nul imp6t, subvention et subside ne pourra dtre lev^ dans le
Royaume qu'il n'ait 6t6 consenti et arr6t6 par les Etats g6n6raux;
4P Reunion en une seule Election d'Etat des cinq Elections
d'Armagnac, Aslarac, Riviere- Verdun, Lomague, Lannes et autres
petits Etats qu'on trouvera a propos d'y joindre. Suppression des
Elections et assemblies provinciales. La tenue de la nouvelle Elec-
tion sera a Auch, ilaquelle nuUes Commissions de maire, consul, ni
autre officier de ville ne donneront entree, mais la seule iledion de
conununaut^;
5<> R^forme de toutes les parties de Tadministration des finances
en regies ou fermes gen^rales. Suppression des intendances, bureaux
des ponts et chauss^es;
6<> Rentree des domaines corporels engages, (^changes, ou conce-
des, ainsi que de toutes justices m6me des pr^tendues patrimo-
niales, a quelques ^poques que le tout ait ^t^ accorde ou conc6di;
7« Suppression des abbayes commendataires et des religieux ren-
tes dans les campagnes, pour le revenu Stre employi^ au besoin de
I'Etat;
8® Estimation de^ la dette du clerge par ses propres revenus; r^
forme a op^rer dans sa discipline et pratique;
9® Rentree a leur premiere destination des dimes poss^^es saos
titre par les laiques. Dans aucun cas, la possession de ces dimes ne
pourra donner aux possesseurs d'autres prerogatives ni privileges
que le droit de percevoir les dimes;
IQo Suppression du franc-fief, et amortissement avantageux a
TEtat et a toutes les conditions;
11® Le pr6t d'argent sera permis a terme avec stipulation d'int^r^t
au denier de Tordonnance, pour faciliter la circulation des especes
et obvier h. Tusure et a Tagiotage;
12° Protection pour le commerce et liberie a conceder dans Tin-
terieur du Royaume : gabelles et autres droits d*entree k etablir aux
frontieres;
13<> Reforme des lois forestieres, suppression des droits de chasse,
ou du moins qu*ils soient restreints aux seuls seigneurs dominants
qui jouiront des honorifiques de la haute justice;
14° Suppression des charges municipales acquises a titre d'office
ou non, leur reunion en corps de communaute ;
15° Opposition a faire a Touverture de nouvelles routes, sous
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— 397 —
quelque pr^textg que ce puisse ^tre^ quand bien m6me elles seraient
dejk accordees, leur multiplicite etant onereuse a TEtat;
16o Reformation du dernier code militaire; requdrir, en faveur du
Tiers-Etat, qu'il sera accord^ un grade d'officier dans les troupes
frangaises, oil les gens pourront acqu^rir la noblesse en versant leur
sang pour la patrie, le tout en conservant aux nobles leurs preroga-
tives et pr^s^ances;
17° Reforme a operer dans Tadministration de la justice, tant par
la suppression de divers tribunaux que par la creation de nouveaux,
union a d'autres, en supprimant la v^nalite des charges, les donnant
au concours apres un rigoureux examen, observant de rapprocher
les juges de leurs justiciables;
IS° II sera etabli un seul et unique impdt sur tons objels donnant
revenus fixes, sous la denomination de vingtiemey ou tout autre
qu*on voudra donner;
19<» Le deficit de TEtat ou dette nationale, et le moyen de le cou-
vrir, sera le dernier article a traiter aux Etats g^n^raux. Le moyen
le plus prompt et le moins on^reux sera de tomber sur des ressources
de volupte et non de n^cessite, attendu que le peuple est hors d'dtat
de contribuer par de houveaux impdts sur ses fonds, etant deja sur-
charge d*impositions;
20*> Consentir un seul et unique impdt sur les fonds des terres
tant nobles f^odalesque rurales, k quels particuliers, corps, com-
munautes, que le tout puisse appartenir, sous la denomination
d*imp6t tenntorial et perception en nature;
21« Requerir, consentir, accorder et generalement fairetout ce
qui pent influer aux bien, prosperite, bonheur du Roi et de ses
sujets.
Finalementy en ce qui conceme rinterfitparticulierdelaconmiu-
naute, requerir Texecution du contrat passe entre le Roy et la com-
munaute le 1" mai 1696, par lequel Sa Majeste dedara inalienable
le domaine de La Deveze, moyennant une somme de 3,300 fr.; re-
presenter qu'au prejudice du contrat, le domaine a ete neanmoins
engage au raois*de juillet 1765 au marquis de Faudoas. Ce qui a ete
la source d'une foule de proems qui se perpetuent et ont entraine la
ruine de la communaute.
Fait et arrfiie, le 8 mars 1789, par lesdits habitants assembles, qui
ont signe, ceux qui ont su, avec M. Pere, juge, quia preside la
reunion.
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— 398 -.
Ill
Organisation ddpartemenlale decretee par la Constituanle. — Annexion deLa
• Dev6ze au d6parlemenl du Gers. — Adhesion de I'assemblee municipale. —
Vceu du parli contraire en faveur du d^parleinent de Bigorre. — P6lilion
du temps de l' Empire. — Chef-lieu de canton k Piaisance, malgr6 les recla-
mations de La Dev6ze. — Pretentions de Beaumarches satisfailes. — Requite
des paroisses voisines de La Devize rejetee.
Le 5 mai 1789, les Elals generaux se reunirent a Versail-
les. Douze cents deputes furent presents. A rouverlure de
TAssemblee, le Roi exprima « en nobles paroles ses voeux
pour le bonheur de la nation (1). » Sa Majeste convia les
Etats a y travailler genereusement. Helas! les representanls
de la nation se laisserent entrainer « au desir exagere d'in-
novations qui s'etait empare des esprits (2) » par suite de
la funeste influence des clubs, des livres impies, des ecrits
de loute nature (3).
Entreautresreformes «exagerees, » disons menx-nuisibles,
en partie du moins, aux vrais interels de notre pays, la
Conslituante, qui siegeait a Paris, depuis lelOoctobre 1789,
vota la loi sur Torganisation des nouvelles institutions politi-
ques. EUe realisait peu a peu son r6ve de former une France
completement nouvelle, d'apres desprincipespurement ration-
nels et au uiepris de toutes les traditions. On fit table rase de
(1) M. V. Duruy reconnatt en ces termes la noblesse du langage royal : Hit-
toire de France, tome ii, p. 463.
(2) Ibidem.
(3) Pendant la gaerre de I'inddpendaijce am^ricaine (1776-1783), Tosprit public,
en France, avail fail-des pas rapides dans la vote dangerease dos r^formes ot des in-
noTaUons. Toot ^Uit remis en question dans la monarchie franQai«e Les lois, lo Gou-
vernement, la religion, ]a royautd diaient livrds k I'examen des publicislos dont |0
premier but semblait 6tre de ddlruire. On s'ocoopait d'abattre et non de r^parer. Des
Merits de toute nature se mullipliaient sous toutes les formes pour renverser les
croyances du pass^. Les Parlemenls, qui commenQaient a s'cffrayer de celte r^volie
de Torgueil humain, prononQaicnt des condamnatioos contrc les livres impies qui,
dds lors, n'en devenaient que plus recberch6s. Les ouvrages les plus m^diocros
trouvaiont ainsi des lecleurs el des pr6noars. II leur suffisait d'etre scandaleux el
proscrits (Encyclop^die catholiquet art. France, tome xii, p. 380.)
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- 399 —
ce qui avail existejusqu'alors; les anciennes provinces de
France, qui s'etaient nat'urellement consUluees suivant les
rapports de race, de langagq, de mcEurs, furent abolies et
remplacees d'abord par 83 departements.
Dans cliaque departemenl, il y aura une administration
generate, dite administration ccntrale on conseil general, de
trente-six membres, qui prendra, dans son sein, un Direc-
loire, partageen sections. Le conseii general du departement
ne siegera qu'une fois Tannee; mais son directoire, compose
de huit membres, sera en permar^ence. Le directoire du de-
partement correspondra avec le ministre de Vinterieur, rece-
vra directement les ordres de TAssemblee nationale et du Roi
et les fera parvenir aux districts.
Chaque district devra etre compose de douze membres, et
aura son directoire de quatre membres.
Au-dessous du district, il y auralecawton, forme de plusieurs
communes, qui elles-memes seront dirigees par un maire, un
procureur-syndic et un conseii municipal. ^
Les diverses administrations du departement, du district et
m6me les deputes a FAssemblee nationale, seront choisis par
une assemblee dlectorale composee A'electeurs designes, dans
les assemblees primaires, par les citoyens actifs de chaque
commune (!)•
Le comte de Montaut, le baron de Cadignan et M. de Ca-
telan furent charges, a titre de commissaires royaux, de la
formation du departement du Gers.
(1) Ceile mdme cbambre dleclorale cut plastard la charge de Dommer aax 6vdch^,
aui cures et aux divers offices judiciaires.
Pour dire citoyen actif, il fallail dire kg& de 25 ans et payer ane imposition ^ale
a la valour dc trois joarnc^es de travail. Dans la masse des citoyens actifs d'nn can-
ton et daiu la propi)rtion de 50 pour 100, on prenail les eligibles payant une eon-
tribuiioii d^termin^e. el parmi ces dligiblos dans la proportion de un pour 100 sur
la totalili^ d'*s citoyens actifs, on nommait les Hecteurs,
Cf. D(icrels du ii dicembre 1789. I5janvier 1790, 2 f^vrier 1790, etc. Sar I'or-
ganisiiion des nouvelles institutions poliiiques, voir rexeellent oavra^edeM. Legd,
pr£tre du dioc6se d' Aire : Les dioeises d'Aire et de Dax sous la Revolution frafaise,
I. !«'. p. 71.
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-- 400 —
L'annexion de La Deveze au d^partemeat de Bigorre fut
Tun des voeux les plus chers de la communaut6.
En novembre 1787, les seigneurs de Riviere-Basse avaient
tenu une assembleeaCastelnaupoursolliciter la reunion da
pays aux Etats de Bigorre. Le sieur Lanacastets, maire de La
Deveze, et le sieur Laporte, 1" consul, qui assistaient a la
seance, avaient exprime le voeu que La Deveze comptat parmi
les communautes annexees. Vassetnblee municipale de La
Deveze, c'est-a-dire le parti Domerc, protesta energiquemenl
contre Tingerence du sieur maire et du consul. EUe pretendit
que Lanacastets et Laporte avaient commis un abus de pou-
voir, qu'ils avaient agi « de leur autorite privee, sans com-
mission nimandat delacommunaute. » EUe declara s'opposer
formellement a toutes d-marches aux fins susdites et infirma
tout engagement qui aurait etedeja pris. « A rassemblee mu-
nidpak seule et non au maire et consul appartient le droit de
presider aux afifaires d'administration communale (1). »
Les peuples de Riviere-Basse ont la pretention de croire que lear
pays, depuis les temps les plus recul^s, fait partie du comte de Bi-
gorre gouverne par des Etats provinciaux... lis oat formule le vcbu
d'etre r^unis a cette province, afin de profiter des avantages plut6t
imaginaires que r4els d'etre r^gis par des Etats... Mais tout cela
s'est passe dans un temps ou Ton n*avait pas esp^rd que TArma-
gnac ni les autres provinces du royaume seraient un jour regies par
une administration aussi avantageuse que celle que les representants
de la nation vont lui procurer, bien sup^rieure a tous ^gards a toute
autre administration quelconque, notamment a celle qui ^tait en vi-
gueur dans la Bigorre (2).
(1) Deliberation da 15 Janvier 1789.
(2) Deliberation du 12 decembre 1789.
Messieurs de VassemblSe municipale regardaient 1789 comme c i'aurore de la
liberie, T&ge d'or, I'epoqoe sans tache de la renovation sociale. » Mais rappelons
que Bailly loi-meme, le president da tiers, vient de prononcer ces memorables pa-
roles : « Apprendre 4 1'homme ses droits avaivt ses devoirs, c'est preparer les abus de
la liberie et la despotisme individael » (seances de I'assembiee national e d'aoilit 1789).
Et, en effut, cette immortelle et pacifique revolution se traduira bienidt, beias ! en
oppressions violentes et sacrileges, el au lieu « d'avancer le bonheur du pea][>le, »
le jettera aax abtmes I
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— 401 —
Nos fervents liberaux de Tassemblee municipale acceple-
rent « avec reconnaissance et grande sensibilite » ies deci-
sions et decrets de FAssemblee nationale. lis furent Ies cliauds
partisans des libertes et reformes nouvelies, et « leur satis-
faction s'accrut grandement » lorsqu'on leur manda qu'ils
ressortiraient a Tavenir du departement d'Auch. Leurs de-
putes eurent mission « de rendre graces aux representants de
la nation des avantages inestimablcs que la nouvelle consti-
tution va procurer a TEtat (1). »
Le parti Lanacastets, Laurent Leber on, notaire royal; Jean
Lestrade, m* chirurgien; Laurent Barquissau, avocat en par-
lement; Pierre de Cantan Hournet, etc., se reunit en assem-
blee generale et decida qu'il fallait rapporter et tenir pour
non avenue la deliberation du 12 decembre 1789.
Les d^lib^rants sollicitent de I'Assembl^e nationale la faveur et le
pr(5cieux avantage d'etre r^unis au departement de Bigorre dont
Tarbes doit ^tre le chef-lieu. I^a Riviere- Basse, jadis bas-comte de
Bigorre, n*a jamais fait, depuis la separation de 1256, qu*un seul et
m§me peuple uni par unfi mSme communaut6 de sentiments etd'in-
terets, qu'un seul et m6me pays depuis des siecles, et Ton voudrait
briser les liens d'une si cordiale fraternity ! La communaut^ de La
Deveze renouvelle le voeu d^ja formula dans Tassemblee des trois
ordres tenue, en novembre 1787, a Castelnau de Riviere. Elle
s'associe aux protestations du clerge et de la noblesse faites a Lec-
toure, lors de la redaction des cahiers, et a la requdte de la plupart
des notables du pays de Riviere, presentee au Roy et k TAssemblec
nationale (2).
Ce meme voeu fut tres-nettement exprime par les habi-
tants de la ville (la Madeleine), de Castets et de Sami-Picrre,
dans Tassemblee primaire qui se reunit, le 14 mai 1790, dans
Teglise Saint-Nicolas de Plaisance, par ordre deM.de Mon-
laut. Tieste et Goueyle, Uragnoux, Belloc, Jii, Baulal, Saint-
(1) Deliberation da Idddcembre 1789.
{%) Deliberation de Janvier 1789. — Seaoee pormanente du conseil general de la
commune de La Deveze-Ville du 20 vendemiaire an iv.
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— 402 —
Aunis, Lengros, Canet s'associerent a ce desir el renouvele-
rent, pour leur part, leurs protestations en favour de leur
reunion au departement des Hautes-Pyrenees. Lasserrade,
Paris, Couloume et Mazeres voulurent seules dependre du
departement du Gers (1).
Nous retrouvons encore, sous le premier Empire, une pe-
tition adressee par la commune de La Deveze-Ville a M. Ic
Prefet des Hautes-Pyrenees. Nous aimons a reproduire cette
piece, ne serait-ce Que pour temoigner de nos respeclueuses
syrapatliies pour ies redacteurs de I'adresse et leurs devoues
adherents :
A ilf . le PHfet des Hautes-Pyrenees ^ of/icier de la Legion
d'honneuTy baron de V Empire,
Les siears Laurent Leberon, maire; Jean Lestrade, adjoint: Jean-
Baptiste Lestrade, officier de sant^; Jeau-Baptiste Leberon, Jean et
Olivier Tursan d'Espaiguet, Jean-Baptiste Labarthere, Jean Lafon
pere et fils, Jean et Dominique Dubertrand pere et fils, Pierre Gau-
bin, PaulDomerc Lagoulondau, oncle et nes^eu, Paul Sarram^a Ma-
tras, etc , etc., les tous composant la commune de La Deveze-Ville
au departement du Gers, ont I'honneur de s'adresser a vous, M. le
Prefet, avec la confiance que leur inspire votre amour du Bien et
votre d^sir de le faire, pour vous prier de deposer au pied du troue
la demande plusieurs fois re^it^ree et qu'ils reitereiit encore en fa-
veur de leur reunion au departement des Hautes-Pyrenees. Cette
reunion ne pent nuire sous aucun rapport aux iut^r^ts du Gouver-
nement. Elle offre d'ailleurs taut d'avantages pour les exposauts que
Sa Majeste se fera certainement un devoir de Taccueillir avec tout
rint^rfit bienveillant qu*elle porte a ses plus humbles sujets.
Usages, moeurs, habitudes, commerce, locality, tout sollieite cette
reunion. Les in ter^ts des exposants et de vos administres ont tou-
jours (5te et doivent 6tre confondus; nos grains nourrissent et nos vins
abreuvent cepeuple a demi-pasteur, dont les bestiaux labourentuos
champs, dont les carriferes procurent tous les mat^riaux nocessaires
a la construction de nos habitations, dont les for^ts fournissent tous
les bois propres a Texploitation de nos vins; c*est un ^change per-
(1) Proc6s-verbal do la 2" assembl^e primaire du canton de Plaisancc, da 14 m&i
1790. — Archives d^partementales du Gers.
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-• 403 ^
manent de leurs fers, de leurs bois, de leurs bestiaux, de tous leurs
produits contre les productions de notre sol. En un mot, la plaino
et la montagne fournissent mutuellement k leurs besoins, et Tune ne
pent se passer des ressources de Tautre.
Sous le rapport de leurs aflfaires administratives et judiciaires, les
exposants ne doivent pas moins solliciter la mferae reunion; de gran-
'des routes qui se prolongent i travers une plaine riante, jusqu'a la
plus haute montagne; des communications faciles et rapprochees;
peu de distance a parcourir pour arriver au chef lieu, si6ge des au-
torites sup^rieures; enfin, jamais aucun obstacle ne pent s'opposer
aux relations avec Tarbes, au soin des affaires domestiques.
II n*en est pas de m6me,*M. le Pr^fet, a Tf^gard du d^partement
du Gers : beaucoup plus 61oign^s du chef-lieu, nous ne pouvons y
parvenir que par des chemins montagneux, boueux, difficiles etim-
praticables pendant trois saisons de Tannic; plusieurs rivieres a
traverser qui d^bordent facilemenl, en sorte qu'il nous faut trois
jours pour faire le voyage d*Auch, chef-lieu, tandis qu'on pent le
faire dans un jour pour Tarbes, chef-lieu de votre d^partement.
Ainsi, I'agriculture en souffre a cause du retard quo les voyageurs
eprouvent ayant des affaires a Auch; d'ailleurs, dans toutes les par^
ties du d^partement du Gers, le sol ne produit que ce que les ex-
posants r^coltent sur le leur, qui produit Iui-m6m6 abondamment
ce que Ton trouve dans les autres parties; aussi, nul commerce, au-
cune relation.
Ce sent deux peuples diffSrents, s^pares par des coteaux escarp^s
et (§normes, et par des rivieres; deux peuples qui ne peuvent com-
muniquer qu*a travers mille precipices et mille dangers.
Tels sont, M. le Pr^fet, les motifs qui out d^termia6 les exposants
a demander leur reunion a votre departement, qui les determine a
persister dans leur voeuj et a vous supplier, au nom du bien que
vous desirez, de vouloir faire entendre leur reclamation k SaMajest6
Imp^riale et Royale. Le bonheur de ses peuples lui est trop cher
pour ne point accueillir avec bont(5 la juste demande d'une portion
de ses sujets aussi respectueux que fideles. Et dans le cas que la
reunion demand^e s'opere, nous demandons la formation d*un can-
ton chef-lieu, a La Deveze-Ville, Tune des communes les plus belles
et les plus populeuses du departement du Gers, et en cas de diffi-
cult^s, d'etre r^unis au canton de Maubourguet.
Les exposants, pleins de confiancc on votre justice, ne cesseront
de faire des vooux au ciel pour la conservation des pr^cieux jours du
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— 404 —
Monarque qui nous gouverne et pour la prosp^rite de son Empire.
(Suivent de Jiorabreuses signatures.)
11 etail de toule convenance que le chef-lieu du canton,
siuon le district, fut etabli a La Deveze.
Le pays de Riviere-Basse, de plus de douze lieues carrees, doit
necessairement coiuposer un district. Ce district serait adrairable-
ment plac^ a La Deveze, point central de la contree. En tout 6v^ne-
ment, la ville de La Deveze doit necessairement 6tre choisie pour
chef-lieu de canton, non-seulement a cause de son anciennete, mais
encore a cause de la vaste ^tendue de son territoire, de sa nombreuss
population el de la masse dnorme de sa contribution a rimp6t. Sans
doute, elle ne fournit pas le nombre de 450 citpyens actifs; mais on
peut tres aisement y suppleer par I'adjonction des communaut6s
voisines, Tieste, Uragnoux, Labatut, Soubagnac, Armentieu, etc. (1).
M'' Etienne-Alexandre Domerc, maire; M" Dominique Lana-
castets, M* Laurent Leberon, Pierre Cazeaux, archipretre de
Saint-Pierre-Castets; M* Jean Lacrampe, cure de Saint-Lau-
cent, et Joseph-Marie Lanusse, refurent de la commiinaute de
La Deveze pleins pouvoirs de s'assembler et se concerter a
eette fin avec les deputes des autres villes et communaules
de Riviere-Basse, voire meme avec ceux des viiles de Marciac
et de Beaumarches (2).
Les aspirations fort legitimes des habitants de La Deveze,
et les demarches de leurs d61egues municipaux, sont demeu-
rees sans eflfet, par suite d'influences qui revelent, presque
a chaque page, des rapports nombreux que nous avons par-
courus avec le soin le plus scrupuleux, la plus flagrante par-
tialite.
Malgre le voeu formel des communautes voisines, Tieste,
Belloc, Saint-Aunis, Ju, Baulat, etc. (3), La Deveze eut a faire
(1) Deliberation du 12 decembre 1789. '
(2) Deiiberalion do 21 f^vrier 1790.
(3) A cette occasion, nous aimons k rendre un hommage reconnaissant aox bien-
veiilantes sympathies pour La Deveze des bons habitants de Belloc, dont Ic maire.
le sieur Jean Saint-Lannes/adressa iM. de Hontaut, la lettre suivante : c Monsieur,
ay ant re^n une lettre de la part de M. d'Espagnet (Pierre), maire de Tieste, poor
voos envoyer T^tat des citoyens actifs de la communaote, je voos Tenvoie Ch4nelQs
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— . 405 —
le sacriflce, jene dis pas seulement du dislrict, mais meme
du canton.
Le chef-lieu du district fut fixe provisoiremenl (1) aNogaro,
et le canton a Plaisance.
En conformitedu decret de TAssemblee nationale des 9 et
28 Janvier 1790, les deputes du departement du Gers (2)
avaient depose, sous la date du 18 mars 1790, au comitede
constitution, siegeant a Paris, un procfes-verbal des limites du
departement d'Armagnac ou du Gers.
Ce proces- verbal nous apprend que TAssemblee Nationale
decrete :
1** Le departement d'Armagnac dont Auch est designe
comme chef-lieu, sera divise en six districts dont les chefs-
lieux sont : les villes d'Auch, Lectoure, Condom, Nogaro,
risie-en-Jourdain et Mirande;
2** Le district de Nogaro sera divise en six cantons : No.
garo, Labastide-d'Armagnac, Houga, Barcelonne, Plaisange
et Aignan.
Dans la liste des paroisses annexees au canton de Plaisance,
nous lisons : La Deveze (la ville), CastetSj St- Pierre, Si- An-
dre, St- Laurent, « les toutes dependantes de la ville et com-
munaute de La Deveze (3). »
aux fins de fixer Tassembi^e primaire do canton. Les habitants de cette commnnaotd
m'ont chargd de vons sopplier de fixer nn canton poartenir lenr assembl^e primaire
a la ville royale de La Devize , eu ^gard k la proximity des lieux et les commodit^s
respcctives dos habitants. Nona espdrons que voos nons accorderez cette favenr. J'ai
I'honnear d'etre. Sign6 : Saint-Lannes, maire do Belloc. 7 mai 1790. » (Archives
ddpartementales do Gers .)
()) Durant T^poque rdvolutioonaire, nons retrouvons presqne Achaqoe instant ces
formnles : arrdtd, d^crii^ provisoirement. Malhenreusement.ceprovisoire, dans les
int^rdts de La Devize, n'est devenu, sur bien des points, qne trop d^fioitif.
(2) Dncastaiog, cur6 deLanuxet d^pol^ d'ArmagDac; le marquis de Lusignan,
ddputd da Condomois; de Laterrade, d^put^ d'Armagnac; P^r^, d^patd d'Aoch; Pe-
lanqoe-B^raut, d^putt^ do condomois; le baron de Luppd, d^patd d'Aoch; Sentets,
ddpotd d'Aoch; Goiraodez, ddpiit^ d'Aoch, sign^s an procds- verbal do 18 mars 1790.
(3) Paroisses du canton de Plaisance : Armentleo, Arparens, Baolat, Beaumar.
chds, Belloc, Biere, Boossas, Cahosac, Canet, Castetsen Devize, Cayron, Cooiens,
Croiito, Fosterooao, Galiax^ Gooey te. Gouts, id, Izotges, Labatot, Lacaossade,
la Devdze (la ville), Lalengoo, Lasserrade, Lengros, Mazeres,*Mimort, Montdebat,
Mont^gut-Gores, JMonferran, Pouydragoin, Pr^chac, Ricoort, Sarragachies, Sous-
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Beaumarches ne vit pas de bon oeil retablisseinent du siege
cantonal a Plaisance. Le Conseil general de la commune de
Beaumarches, voulant protester contre cetle delimitation, s'au-
torisa du respect du aux vieilies traditions et aux souvenirs
du passe : « La vlUe de Beaumarches compte plas de cinq
» cents ans d'anciennete. Elle a ete batie par le Roy de
» France pour servir de boulevard contre Tambition des grands
» vassaux dela couronne (1). Elle est assise sur un coteau
D riant qui domine la magnifique plaine de TArros. EUepos-
j> sede de grandes halles, hfltel-de-ville, prisons, parquets, etc.
» Et Beaumarches vient d'etre condamnee a dependre de
» Plaisance, petite vUle qui vient de naitre (sic) (2), quin'avail
» pas meme un siege royal! »
Ces « observations ^ plus ou moins exactes, et autres adres-
sees a MM. les commissaires royaux etaM. le comte de St-Priest,
furent favorablement accueillies, grace sans doute a Tin-
fluence de M. Jean-Baptiste Lamarque, baron d'Auriebat,
president du Directoire du district de Nogaro, maire de Beau-
marches, et ami de M. d'Espaignet.
Le7 d6cembre 1790, le Directoire du district reuni (3),
il fut represente, a Tassemblee, par Jean Bastard, procu-
reur syndic « qu'il est instant de proceder a la rerision
» des cantons du district et de les rectifier, non-seulement
» quant aux limites, mais encore quant a Telendue et au
» nombre, attendu que la composition qui en a ete faite
Dessns oa PAris, St-Andri en Dev^xe, StAunii, St-Lanne, St-Laurent m Devhe,
St-Pierre en Devize, Tasque, Thermes, Tieste, ViUeDeuve.
Procds- verbal des limites du d^partement d'Armagnac oa du Gers, do 18 mars
1790, arrdt^es en verta du d^cret de TAsseroMde nationale da 28 Janvier 1790.
(Archives d^partementales dn Gers.)
(1) Au snjetde la fondation de la bastide de Beaomarcb^s, consnlter I'aete de pa-
rdage (1290} entre le roi de France, Philippe-le-Bel, el Arnaud-Guillauine, corale
de Pardiac. — Monleiun, Histoire de la Gascogne, tome 6e, page 218.
(2) A rencontre de cette affirmation, voir Bistoire f^odale de La Devixe^^. 37.
C3} Presents : Jean-Baptiste Lamarque, d'Auriebat, president : Joseph Deplasse,
vice-president : Pierre-Paul Daurensan, Joseph Pngens, Jean Daubons, administra-
teors du district de Nogaro.
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— 407 —
» n'est que provisoire, suivant I'instruction de rAssemblee
)> Nalionale du20aout 1790... Adoptant pour base. que la
» mesure la plus couvenable doit elre que chaque caiitou
» n'ail pas moins de quatre lieues carrees, il a ele reconnu
» qu'il pouvail y avoir dans le district^ dta? cantons : Nogaro,
» Aignan, Barcelonne, Houga, Estang, Manciet^ Labastide-
» d'Armagnac, Riscle, Plaisance, Beauniarches (1).
Les paroisses voisines de La Deveze, Armentieu, Soubagnac,
Tieste, Uragnoux, Goueyte, Belloc, persislerent a demander,
par requete du 46 decern bre 1790, un canton pour ia viile de
La Deveze.
L'affaire fut trainee en longueur jusqu'au 9 avril 1792. A
ce jour, le directoire du departement d6clara « n'y avoir lieu
» de deliberer quant a present sur la demande des.petition-
» naires (2). »
Nous avons sous les yeux bien des documents authentiques
qui, a les bien peser, nous revelent, d'une fagon par trop evi-
dente, a quel point La Deveze a ete la victime de la parlialite,
et meme jusqu'a quel degre la delimitation actuelle de nos
communes el de nos paroisses de La Deveze a sa raison d'etre,
des 1789, dans Tinfluence de menees fegoistes et ambitieuses,
et, par suite, dans Tarbitraire et le caprice. Nous n'avons pas,
pour le moment, a signaler ces details offlciels dont Tetude
reflechie nous fait desirer ardemment Tepoque oil il sera pos-
sible aux administrations superieures de songer efficacement
a revise)* les limites civiles, religieuses surtout, de notre beau
(1) Paroisses annex^es au canton de Beaumarchh : Armous, Baccarisse, Bidre*
BoQSsas, Cayron, Sciourat*. Monfcrran, Mont^gut-Gares, Mondebat, Paris ou Sous-
dessus, Ricau, St-Andri el St-Laurent, en Devdjse,
Paroisses da canton de Plaisaoce : Armentiea, Baalat, Belloc, Castets en De-
vixe, Crodte, Caliax, Goaeyte, Jii, fzotges, Labatut, La Devixe {la ville), St-
Pierre en Devise ^ Lasserrade, Lengros, Maz^res, Pouydraguin, Pr^chac, Souba-
goac, St-Aunix. Tasqae, Thermes, Tieste, Vilieneuve.
Of. Cahier, no 1, des registres des deliberations du Conseil d'administration da
district de Nogaro. (Archives ddpartementales du Gers.)
(2) Arrdtd du directoire du dt^parlement, du 9 avril 179-2. Sign4 : Lafargue, Sau-
tiran, Batbie, Lanlrac, Barbeau, Ca2aux (Archives d^partemeniales du Gers).
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— 408 —
pays d'Arros et Adour. Scrupuleusement fldele a notre
charitable devise : flelrir les faits odieux sans porter atteinte
a rhonneur des persoanes et des families, nous nous en
tiendrons k raconter les scandales enfantes, dans notre chere
La Deveze, par la Revolution, et qui ont si fort contribue a
abattre Toeuvre des siecles. Nous attendrons patierament — en
vain peut-etre — Theureux jour ou Ton pourra songer efficace.
ment a reparer les ruines et a reedifier.
J. GAUBIN,
pr6tr
[A suivre.)
prdtre, missioDoaire d'Aoch.
NOTES DIVERSES.
CIV- Un Noel en gascon commingeois.
Le Noel suivant, <jui ne nous parait pas^ ant^rieur k la seconde moitie da
xviii^ si6cle, est signe : Un Curi de Cominge. Nous le croyons inddit el le
publions d'apr^s une copie que nous a commuDiqu^e M. F. Taillade. TexcelleDt j
^diteur de d' Astros. II m^rite Tattention par le patois dans lequel il est ecrit : |
c'est du gascoQ tr^s-authentique, mais avec un fort melange de mots langue- i
dociens que nous indiquerons en note :
Bountat de Dia. qain'Arribado ! Ud aslr'esclairo sa naissenco.
Loa que tent tout debat sa ma L'anjo a belt retreni lou eel;
Noo trobo re per s'estroupa. Glorio, sa dits, a rBternel
CoQchat ao miey de la tourrado Et pax a Tbome d'ionoaceoco !
Aqai loa Dia dea eel, Ca, ca, coarrets, pastoas,
Loa mestre dea troapel, ^ Anats loa bese toas
Aquet aatoa de la nataro, Aquet efan de Dia loa Paire /
Es sense foe ' E sio serbit
E sense loc, E benasit
A I'abentaro ! Dambe sa maire )
Dins ano grepio sar la terro En toat temps, pertoot, a toat'booro
E sur la paillo e sar loa he Gloria tibi, Domine,
Jay loa de qui depent la Le Out natus es de Virgine
E qa'a I'yfer ben he la gaerro. Aneit perl'armo peecadooro-
Lou qu'a heit tout de re Laus tibiy sit hortor :
Qoe dosto e da loa be, Toatis dea fond dea eor
Boantat de Dial misero stranjol Boas bengaem rende nostr'homalge.
Es tout nudet, Bounhur proum^s,
Transit de fret Sias a jam^s
Dins ano granjo. Nostre partatge.
1*' CotJPL. Y. S, ma, lang. poar man, —■ 3, estroupa (eromaillouer), mot langned.
— 5, eel, 1. pour ciu, — 6, mestre; le motgase. legitime est m^ste; troupel, 1. poor
troupH. — 8, foe, lang. pour /ioec. — 2* Coupl. v. 1 et 10, dins, lang. poar de-
guens, dens. — 4, ifer, lang. pour inMr ou ihdr (auj. infir). — 3* Coupl. v. 2,
celt pour c^u. — 3, Eternel, lang. ou franc. — 6, tou«,, franc, pour toutx. — 7,
efan^ lang. pour ehan, Paire et aa v. 10 matre, pour pay, may, — 4* Coupl.
V. 4, armo lang. pour amno (auj. presque partout amo), ^ b, fond^ lang. poor
houns. Cor, pour co. — 7 et 10, nostre, lang. pour noste.
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— 409 ~
MAKGUERITE D'ANGOULflME
REmE DE NAVARRE
ET VITTORIA. COLOIVNA..
Un de nos compatrioles, qui a consacre a la soeur de Fran-
cois I" trois conferences tres-agreables, prfetend que sur ce
sujet « Terudition ne peut guere rien attendre apres les publi-
cations de MM. Genin, Leroux de Lincy, Aime Champollion-
Figeac, tie Lagreze, de Laferiiere et d'autres encore (1). » Et
le savant historien du Mariage de Jeanne (TAlbret declare lui-
meme, des le debut de sa preface, qu'apresles divers travaux
consacres chez nous a la mfere de son heroine, « il ne reste rien
a dire, a moins de decouvrir des documents nouveaux (2). »
C'est aller trop loin, ce me semble. M. de Ruble ne nous livre-.
t-il pas, dans le m6me volume, plusieurs lettres inedites, et
fort importantes, de Marguerite d'Angouleme? Genin, en se
contentant a peu pres de consulter les trois in-folio de lettres
de la Reine de Navarre conserves en manuscrit a la Biblio-
thfeque Nationale (3), n'a-t-il pas du laisser plus d'un 6pi a re-
cueillir dans les dep6ts publics et prives, en France meme,
sans parler de Fetranger ? L'excellente publication de M. de La
Ferriere-Percy n'a aucunement comble cette lacune (4). Mais
(1) Victor Luro, Marguerite d'AngouUme et la Renaissance, diode historique et
littdraire en trois confdreDces (faites i Pan). Paris, Michel Ldvy, 1|^6, in-12.
(2) Baron Alpb. de Ruble, le Mariage de Jeanne d'Albret, Paris^ Ad. Labitte,
1877, gr. in-8o. Page vj.
(8) Lettres de Marguerite de Valois, pablides par M. Gdnin pour la Socidt6 de
THisloire de France, 1841. (Tome ii, 1842). Voyez on art. de M. Littrd, Revue des
Deux Mondes, l^r join 1842, et Hist, de la langue fr. (Paris, Didier, 1843), t ii,
p. 456. M . Littrd a laissd k d'aatres, par example k Tautear du Mariage de Jeanne
d'Albret (p. 97-98), le soin de venger des odieoses interpretations da Gdnin la five
affection de Marguerite pour son frdre Francois I*'.
(4; Marguerite d'AngouUme, son livre de dipenses (1540-1549). Etude sur tes
dernidres ann^es. Paris, Aubry, 1862, in- 18.
Tome XVIH. 27
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— 410 —
surtoat, n'esl-il pas triste de n'avoir a citer sur la biographic
de la grand'mere de Henri IV que des notices sommaires et
des articles de revue, d'ailleurs, j'en conviens, tres-remarqua-
bles? Et ce siecle s'ecoulera-t-il sans qu'une vie complete de
Marguerite puisse etre opposee avec avantage, de ce c6te
de la Manche, au travail consacre par miss Freer (1) a Til-
lustre princesse qui se mela si activement aux affaires politi-
ques, religieuses et litteraires du siecle de la Renaissance et de
la Rfeforme? Plut a Dieu que cette liche agreit anotre ha-
bile et laborieux compatriote, Tediteur de Monluc, devenule
biographe de Jeanne d'Albret ! M. Alphonse de Ruble estassez
jeune, il aime et connait assez le xvi' siecle pour pouvoir un
jour faire en faveur de la m5re -ce qu'il a deja si bien com-
mence pour la fllle.
Voici un tres-court episode de la vie religieuse et litl^raire
de Marguerite d'Angouleme, qui ne me paraft pas denu6 d'in-
ter6t et qui a ete, ce me semble, k peine indique en France.
Ses relations avec Vittoria Colonna se bornerenf probable-
ment de sa part a une seule lettre; mais encore cette corres-
pondance merite-t-elle d'etre connue, surtout si Ton songe
que le xvi* sifecle n'eut pas de femme plus distinguee que
cette belle et sainte marquise de PBscara, qui sut charmer,
consoler, fortifier de grands serviteurs de Dieu comme le car-
dinal Polus, et des artistes comme Michel-Ange.
Les missives que je vais faire connaitre ne sont pas ine-
dites; je les tire d'un recueiltres-estime, mais trfes-rare, meme
au-dela des Alpes, recueil oii Paul Manuce a reuni des lettres
italiennes f(frt varices, signees des noms litteraires les plus es-
tim6s alors dans la Peninsule (2) . Celies que je vais lui emprun-
(1) Life of Margueriti d^Angouleme, from numerous original sources, etc., by
liartba \V&lker Freer. $d edit. 1858. 3 vol. 8*\
(2) Delle lettere volgari di diversi nobilissimi huomini et eecellentissimi ingegni,
scritte in diverse materie. In Venetia, 1567. 3 parties, petit in-8o. A acre des Aide
(Voyez Renoaard, 1. 1, p. 364). « Raccolta assai rara, » dit (p. 454) le dernier ddi-
leor des Rime e lettete di Vittoria Colonna (Pirenze, Barbera, 1860), M. Saltiiii
Je sail a me demander si ce livre, sans 6tre express^ment proserit, n'anra pas M
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^ 411 -^
ter sont sans date; mais des rapprochements tout natorels
m'ont permis de leur assigner une epoque approximative qui
ne me parail iaisser place a aucun doute raisonnable.
Nee en 1490 d'un grand connetable du royaume de Naples,
mariee k dix-sept ans a Ferrante d'Avalos, marquis de Pes-
cara, qui n'elait pas plus age qu'elie, Vittoria Colonna avait
developpe son talent poetique dans son delicieux sejour de Tile
dlschia, ou eile recevait les legons et les hommages de pofetes
tels que Sannazar et Bernardo Tasso, le pere de Tauteur de la
Jerusalem delivree. Bient6t, la guerre lui disputa son mari,
qui fut Tun des plus braves el des plus heureux generaux de
Charles-Quint. Apres une carriere qui eut ete admirablement
remplie sans un moment de coupable faiblesse et quelques
actes d'excessive rigueur, le marquis de Pescara 6tait mort le
i novembre 1525, et des-locs sa jeuhe veuve s'etait vouee a
Dieu seul avec une ardeur de devotion que le Souverain Pon-
tife diit moderer. S'arrachant avec peine du monaslere ou
elle avait voulu se fixer, elle vint habiter avec ses freres a
Naples en 1526, puis a Rome jusqu'au printemps de 1537,
puis k la cour de Ferrare, d'ou elle repartit pour Rome dans le
courant de 1538 (1).
C'est probablement de Rome, a la fin de 1539 ou dans les
premiers jours de 1540, qu'elle adressa a la Reine de Navarre
une lettre qui ne nous est pas parvenue. Peu de temps apres,
le poete Louis Alamanni fecrivait de Lyon a la marquise une
lettre dont j^ traduis la plus grande partie :
Je n'aurais jamais cru en partant de Rome que mon desir d*6tre
avec Votre Excellence et mon regret de Tayoir quitt^e iraient au
tout doucemeDt sopprimd a cause des lettres, orlhodoxes poartant, de T^Ydqae V^r-
gerio, mort apostat. Ce fait, qui n'est pas sans exemples, expliqnerait rextrdii)^
raretd d*un Tivre si inUressaDt et doDt les biographes de Vergerio eo particulier
aoraient po tirer bon parti.
(1) Voy. Enr. Saltini, Vittoria Colonna^ en t6te des Rime e lettere, ^d. cit.; Le
F^Tre Beamier, Vittoria Colonna^ Paris, Hschette, 1850, notice (ris-estimable
malgr^ le Ijrisme extravagant da style; Lannaa RoUand, Miehel^Ange et Vittoria
Colonna, diode assez ddveloppde |Itt5 p.) en tdte de son volame de tradaction Imi-
tol6 Michel-Ange poHe. Paris, Didier, 1860.
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— 412 —
point que je les ^prouv^s en voyage. En v^rit^, plus je m'^loigne,
plus je les sens grandir. En tout cela, je n'ai d*autre faveur de la
fortune que la compagnie de mon patron rillustrissime et r^veren-
dissime cardinal de Ferrare qui, du reste, est tourmente d'autant de
regret et du mfime regret que moi; encore notre chagrin nous sert-il
en nous fournissant un sujet continuel d*entretiens qui nous rendent
la route plus aisfe et ces contr^es alpestres moins longues et moins
dpres. II y a entre nous comme une Emulation de regrets k Tadresse
de Votre Excellence, et aussi de louanges pour elle et de felicitations
sur notre bonheur de Tavoir connue. Pour moi, outre ces discours,-
je n*ai su m*empScher de vous adresser d'abord un sonnet relatif a
vos pr^cieuses poesies, et depuis je ne sais combien d'autres sonnets
oil je parais beaucoup plus devot que je n'en ai Thabitude, et qui,
pour dire le vrai, m*ont ^t^ inspires par le desir de vous ressembler
etde gagner, s*il est possible, votre affection, plutdt que parTesprit
de piet6 qui conviendrait a^ de tels vers. Mais j'ai Tespoir que le
temps, Tusage et votre exemple 6veilleront en moi ces germes di-
vinsquin'ont que trop longtemps sommeill^ et qui sans vous se-
raient plus profond^ment endormis que jamais. Je reserve, c© sujei
k des conjonctures plus favorables, pour vous dire que je suis k
Lyon, oil m'ont et6 remises pour vous des lettres de la Reine de
Navarre, lesquelles vous seront port^es par Mgr de Rodez, ambas-
sadeur a Rome pour le Roi tres-chrdtien, personnage d*un tres-haut
et tres-rare m^rite et plein des qualit^s que Ton pent desirer dans
les hommes du rang le plus eminent. Demain je pars pour la cour
avec Mgr de Ferrare (1), etc.
AJamanni (2), quietaitde cinq ansplusjeune que Yittoria
Colonna, s'etait compromis de bonne heare dans Florence,
sa patrie, en embrassant le parti hostile aux Medicis. II dat
s'exiler. Devenu a demi-francais, jusqu'^ occuper a la cour
des 1533 la place de maitre d'hdtel de Catherine de Medicis,
qui Tavait reconcilie avec son nom, ce poete fut cede pour
quelque temps par Francois I" a Tun de ses plus devoues
amis, le cardinal Hippolyte d'Este (le meme qui devint une
(1) Delle lettere volgari^ lib. ii, p. 13.
(2) Voyez Tiraboschi, Storia della letter, ital., t. vii, pari, in, I. 8, c. 31} Ni-
ceroo, Mdm, des hommes illustres, t. xiii, p. 53. On saitqae I'ud desfils du poete
italien fut dydque de Bazas.
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— 413 —
quinzaine d'annees plus tard archeveque d'Auch). L'un et
Taulre connurent Vittoria Colonna en 1537 a la cour de
Ferrare, oil le due Hercule II, epoux de Renee de France, se
plul a reunir pres deTillustre marquise une foule de beaux
esprits et de grands personnages. Les biographes d'Alamanni
fixenl son voyage en France avec le cardinal dfe Ferrarc a
Tannee 1540; mais nous le trouvons encore a Rome et a
Naples lout le mois de Janvier de cette annee (1); de plus,
il est sur que Georges d'Armagnac, 6veque de Rodez, nomme
ambassadeur a Rome en 1559, y etait des le mois d'avril de
Tannee suivante : il faut done (2) placer en fevrier ou mars
1540 la rencontre a Lyon du cardinal de Ferrare et du futur
cardinal d'Armagnac. Nous avons ainsi la date assez exacte de "
la leltre du poete que je viens de eiter, et de celle de Margue-
rite que je vais traduire. Je dois prevenir que celle-ci est ecrite
dans un italien tres-pur. La spirituelle conteuse de VHepia-
nwron maniait Tidiome de Boccace aussi bien ou mieux que
sa propre langue, et Von n'a pas besoin de supposer qu'elle
ait fait revoir son style par quelqu^un de ces ecrivains d'outre-
raonls qui ne manquaient pas a la cour de France. Je citerai
plus bas de ses vers toscans. Voici done la lettre que Georges
d'Armagnac dut remettre dans les premiers mois de 1540 a
Vittoria Colonna, de la part de Marguerite d'Angouleme, reine
de Navarre : ,
Votre lettre, ma cousine, en me jnontrant peinte au vif votre tant
desir^e affection, m*arendue siheureuse que la joie m*a fait oublier
Tennui oil je devrais etre de trouver en moi-m§me le contraire des
louanges que m'accorde Tindulgence de votre jugement. Vous vou-
lez et vous estimez que chaeun vous ressemble. Et si je ne songeais
que vous avez 6gard au naturel des princes vicieux, plus faciies a
(1) Annibal Caro lai ^crit d Rome, le 28 Janvier, et d Naples, leSO Janvier 1540.
Voyez Delle lettere familiari del coram. Ann. Caro (Venise, 1751, 3 ▼. iD*8«), t. i,
p. 75 et 81 (je me sers d'an exemplaire qoi porte sur lei plats an cachet trmori6
avec cette l^gende : BibliotMque de M^ d*Epinay),
(2) lettret inSdUet du card, d'Armagnac, pabL par Ph. Tamizey de Larroqae
(Paris, Claudin, 1874), p. 17, note 3.
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y^
— 414 —
corrigcr (dit-oa) par uue louaage immerit^e que par aucun reproche
de leuts vrais d^fauts, je ne saurais ici reconnaitre votre charity en-
vers moi. Mais, d*autre part, je suis obligee de recoQna?tre au moins
ramour que vous me portez, en me moDtrant quelle diflP^rence il y a
entre les triomphes et les dignit^s du monde et de Texterieur et la
beaut^ et parure de la fille et vraie Spouse du seul et grand roi,
beaut^ tout ititerieure et cach^ au fond de Tdme. II me semble, ma
cousine, que, pour trouver ce ferme fondement du roc d*humilite,
vous ne pouviez prendre un meilleur moyen que de me dire ce que
je suis au gr6 du monde, qui ne considfere que la noblesse et Tappa-
rence temporelle, et ce que vous estimez vous-m6me que je suis in-
terieurement. Car je confesse, quant au dehors, que Dieu m'a plac&5
et fait nattre en un tel etat, que tant d'abondance non merits me de-
vrait donner une Strange crainte; et, quant au Redans, je me sens
si diflKrente de votre bonae opinion que je souhaiterais n'avoir pas
lu votre lettre, n*etait Tesp^rance que j'ai d'y trouver, moyennant
vos bonnes prieres, un aiguillon pour sortir du lieu ou je suis et
commencer a courir aprfes vous. Car, bien que vous soyez si avan-
c^e qu'en regardant Tespace qui est entre vous et moi je perde Tes-
p^rance de vous joindre, je ne veux pas au moins perdre la foi qui
assure la victoire a ceiix qui espferent contre Tesp^rance mSme. De
cette victoire Dieu, par votre bon office, aura la gloire, et il vous en
donnera le merite. Mais poury atteindre, il me faut la continuation
de vos prieres et les fr^uentes visites de vos precieuses lettres. Je
vous en prie, n'ayez point d'enaui a me les continuer; car mon ami-
ti6 pour vous, commenc^e par la renomm^e, s*est tant accrue par la
r6ciprocite.que m*ont prouv^e vos lettres, que je desire plus que
jamais d'en recevoir et surtout d'etre assez heureuse pour pouvoir
en ce monde vous ouir parler de la fSlicite de Tautre. Et si dans
celui-ci vous connaissez que je vous puisse faire quelque plaisir, je
vous prie, ma cousine, de m*employer comme votre soeur; car je
vous satisferai d'aussi bon coeur que je desire et que j'espere en
Tautre vous voir ^ternellement.
Votre bonne cousine et vraie amie,
M^ Marguerite, reine de Navarre (1).
Comme k peu pres tout ce que Marguerite a 6crit de pieux,
cette lettre presente une certaine recherche de pensee et de
(1) DelU kHere volgari, 1. i, p. 211.
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— 415>
langage qui peut etonner au premier coup d'oBil. On aurait
' tort d'en rien conclure contre la sincerite du sentiment. La
marquise dePescara, poetesse bien autrement inspiree et plus
fervente chretienne que sa correspondante, ne montrera pas
moins de solennile cerfemonieuse dans sa reporise. Mais ce
ton un peu recherche paraitra la simplicite meme si on le
compare a celui qui regno dans la correspondance epistolaire
de la reine de Navarre avec Briconnet, ev6que de Meaux.
• Cost, dit Genin, un debordement de metaphores dont la
vulgarite tombe a chaque instant dans le burlesque; c'est un
galimatias perpetuel, absurde, qui parfois touche a la folie.»
N'allez pas croire, par exemple, comme Pa imagine le spiri-
tuel conferencier cite au commencement de cet article, que ce
soil la de la scolastique (1). La scolastique, que M. V. Luro a
eu rimprudence de condamner trop vite, sur un requisitoire
passionne de Michelet, y entre pour fort peu de chose. Cette
rhetorique en delire, c'est le mauvais c6te de la Renaissance;
ce mysticisme excessif, c'est tant6t un des effets, tantdt une
des causes de la Reforme. Mais cilons la reponse de Vittoria
Golonna :
S^r^nissime Reine,
Ijis hautes et religieuses pensees renfermees dans Tindulgente
lettre de Votre Majesty devraient m'inspirer ce silence recueilli, qui
est la meilleure louange dont on puisse honorer les choses divines.
Mais dans la crainte que mon respect ne passdt pour ingratitude,
j'oserai, sinon r^pondre, du moins m'abstenir d*un silence absolu;
et cela uniquement pour faire remonter, si je puisjdire, les poids de
votre horloge celeste, afin que par pure bont^ elle sonne encore, et
me regie et distribue les heures de cette vie terrestre pleine de confu-
sion pour moi, jusqu'a ce que Dieu m'accorde la'grftce d'entendre
Votre Majesty m*entretenir de Tautre, de vive voix, comme Elle dai-
gne m'en donner Tesp^rance. Si Tinfinie bont6 me fait une telle fa-
veur, un de mes plus vifs d^sirs sera combl^. Depuis longtemps, en
effet, quand je venais i songer que, dans ce long et p^nible voyage
{\) Mmr(iuefit$ d^AngoulMe, troii conferences, p. 24-38.
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— 416 —
de la vie, nous avons besoin d'un guide dont les enseignements
nous montrent la route et dont Texemple nous encourage k en sup-
porter les fatigues, il me semblait que chacuD doit chercher de pr6-
Krence des modules dans son propre sexe, parce que Timitation est
alors plus fructueuse, et je me tournais vers les femmes illustres
de ritalie pour apprendre quelque chose d'elles et les imiter. Mais,
bien que je visse dans le nombre beaucoup de personnesde merite,
je n'en trouvais pourtant aucune sur laquelle toutes les autres dus-
sent se regler. Dans ime seule, 6trang^re k Tltalie, j'entendais dire
que toutes les perfections de la volonte ^taient unies k celles de Tin-
telligence. Mais comme elle 6tait en si haut rang et si loin de moi,
sa penste me jetait dans cette tristesse et dans cette crainte qu'eurent
les Juifs en yoyant la flamme et la gloire de Dieu sur le sommet
de lamontagne, oii, imparfaits comme ils etaient encore, ils n'osaient
pas monter; c'est pourquoi ils deraandaient a Dieu dans le silence de
leur cceur qu'il daigndt rapprocher d'eux sa divinity par le Verbs
fait homme. Et comme le Seigneur les entretenait dans cette soif spi-
rituelle tantdt par Teau miraculeuse du rocher, tantdt par la manne
celeste, ainsi Votre Majesty a bien voulu me consoler par sa tres-
douce lettre. Et si I'effet de la grice surpassa de beaucoup tout ce
que les Juifs en attendaient, pour moi aussi Tavantage de voir
Votre Majesty d^passera, je crois, de beaucoup tons mes d^sirs. Et
certes la rencontre me sera heureuse pour ^lairer mon esprit ot
cahner ma conscience; et Votre Majeste mSme ne sera pas sans en
avoir quelque plaisir; ce lui sera une occasion d'exercer ses deux
vertus les plus prticieuses : Thumilit^, parce qu'il lui faudra s*abais-
ser beaucoup pour m'instruire; la charity, parce qii^elle trouvera
chez moi grande difficult^ pour faire p^n^trer ses legons. Mais com-
me il arrive presque toujours que plus Tenfantement a it6 laborieux,
plus Tenfant est cher k la m^re, j'espere que plus tard Votre Majeste
pourra se r^jouir de m'avoir si p^niblement enfantee par Tesprit et
de m*avoir faite selon Dieu et selon ses propres vertus.
Je ne saurais jamais me figurer comment Votre Majeste a pu me
voir devant elle. Sans doute elle s*6tait retourn^e pour m'appeler
de loin, par une condescendance digne d'elle, et il a bien fallu
qu'elle m'apergAt en avant; ou peut-6tre m*a-t-elle vu la prte^der
comme Jean pr^c^dait lo Seigneur; et plflt au ciel que comme lui
je pusse au moins devenir une voix qui dans le desert de nos mi-
seres crie a toute Tltalie de preparer la voie a la venue bien desiree
de Votre Majesty ! Mais tant qu'elle sera retardee par ses hautes et
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— 417 —
royaies sollicitudes, jeme r^signerai enparlant d'Elle avec le car-
dinal de Ferrare, dont le noble esprit eclate en toutes choses, et par-
ticulierement dans le respect qu*il professe pour Votre Majesty. Je
suis heureuse de voir dans ce seigneur des vertus en si baut degr6
qu'elles nous rappellent Tantiquite par leur excellence, quoique leur
nouveaute soit extreme knos yeux tyop accoutum(5s au mal. Je parle
encore de Votre Majesty avec le cardinal Polus (1), dont la conver-
sation est toujours dans le ciel etqui nq daigne abaisser ses re-
gards et ses soins vers la terre que pour le bien du prochain; et
souvent aussi avec le cardinal Bembo, si enflaram^ du desir de bien
travailler dans la vigne du Seigneur, que la plus haute recompense,
bien qu'il ait 6te appel^ tard, pourra lui 6tre d&ernee sans exciter
aucun murmure (2). Je tdche que tous mes entretiens prennent leur
commencement et leur fin d*un si digne sujet pour acquerir un peu
de cette lumifere que Votre Majesty, dans le vaste coursdeses-
voyages, sait si bien discerner et honore si hautement. Qu*Elle dai-
gne done augmenter sans cesse I'^clat d'une si pr(5cieuse margue-
rite, puisqu'EUe sait si bien repandre et d^artir ses rayons qu'en
th^saurisant pour elle-m^me elle augmente nos richesses. Je baise
votre main royale et me recommande humblement a vos tres-d^si-
rees bonnes grdces.
De votre Majesty la tri^s-obligec servante,
La Marquise De PESCARA (b).
Nous avons un temoin de Teflfet que produisit sur Margue-
rite la lettre, trop solennelle sans doute ettrop verbeuse, mais
si noble et si chrelienne de Vittoria Colonna. \oici ce qu'e-
crivait peu de temps apres a Fillustre marquise un eveque
italien, qui etait alle faire sa cour a Francois I" pour relever
(1) Reginald Poole, des ducf de Suffolk, Inn des pins illastres et des plus sainU
pr^lats de son temps, cr^^ cardinal comme Hippolyte d'Cste par Paul 111, mort en
1558, pen de temps aprds sa cousine la reine Marie. Le card. Qairini a public sa
vie avec ses Leitres (Brescia, 1744. 5 vol. in-4<»).
(2) Le y^nitien Pierre Bembo, anienr c^l^bre des Asolanit secretaire non moins
vam<{ de L^on X pour les lettres latines, fut crd6 cardinal par Paul III en 1589; sa
vie grave et piense fit dolors onblier les d^sordres de sa jennesse. II monrnt k
Rome en 1547. Voir snrtout Lod. Beccadelli, Vita del card, Pietro Bemho, dans
Monumenti di varia letterat. (3 vol. in4«, Bologne, 1797), t. i, part, ii, p. 253.
(3) Delle lettere volgari, I. i, p. 213; roprodaite par M. Sallini dans los Rime
t Uttere di Vitt, Colonna, p. 424.
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— 418 —
UD peu sa fortune diplomatique et religieuse, deja biiilaDte,
mais assez gravement compromise a Rome :
Messire Louis Alamanni m*a dit avoir regu de Votre Excellence
une lettfe ou vous me saluez en vous excusant de n'avoir pu me
r^pondre. Ce souvenir que vous vouiez bien me garder vaut la re-
ponse la plus Idngue et la plus flatteuse, et je continue d'etre tout a
votre service. La ser^nissime Reine de Navarre m'a fait lire la der-
ni^re lettre de Votre Excellence; en Taccompagnant de longues et
profondes reflexions. EUe semontrait toute consol^e d'avoir suvous
toucher au point d'obtenir cette faveur si pr^cieuse pour elle. Pour
moi je n*ai pas en somme de bien plus cher ni de plus grande con-
solation que cette Reine, si propre, par ses, paroles ardentes et par
ses manieres merveilleuses, k r^chaufifer au service de Dieu les
coeurs les plus froids du monde. II m'arrive de rester huit et dix
jours sans paraitre a la coiir, enfonc^ dans quelque belle solitude,
attentif k cultiver mon dme et a y faire germer la parole divine; je
vais apres cel^ m'exposer aux rayons de Tardente charite de la Reine,
et je sens qu'elle rechauffe, fortifie et fait croitre cette semence et lui
fait porter son fruit qui est la connaissance de Dieu et de ce que je
suis, avec un d^sir fervent de me mettre a ne servir que lui. Mais
je ne veux pas m'^tendre davantage et me rendre ennuyeux pour
Votre Excellence. La paix du Christ soit avec vous. Je me recom-
mande k vous trfes-humblement.
L'evfique Vergerio (1).
L'eveque de Capodistria avait roQu des sa premiere entre-
vue avec la Reine de Navarre cette impression purement edi-
fiante qui peut nous surprendre; il Texprimait en termes
tout apostoliques dans une lettre pr^cedente au poete Ala-
manni, dont je me contente de citer les premieres lignes :
Ni la marquise de Pescara, ni vous-m6n!fe, quoique vous sachiez
si bien Tun et Tautre et de vive voix et par ferit exprimer ce que
vous vouiez, ni notre illustrissime cardinal, ni Rome entiere, en me
(1) Delleleit. volg., 1. i, p. 216. — Pierre-Paul Vergerio, d'abord jarisconsnlte
el marid, entra depots dans I'^Ut eccMsiastiqne et fat envoye comme nonce en Alio-
magne par Clement VII etpar Paul III, dans les premiers troubles du protestan-
tisme. Ce dernier pape le nomma 6vlque de Capodistria, sa patrie, en 1536. Voycz
son article dans Bayle {Did. crtf., vo Vergerius) et dans Niceron ( Jf^m. des homm.
itL, xxxviii, 63).
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- 419 —
vantant la noblesse et la beaut^ d'dme et de g^nie, ainsi que I'ke-
roique ferveur de respritchr^tien etrardente charit^ de la Reinede
Navarre, — vous n'avez su m*eii dire autant que j 'en aipu ^prouver
hier sur le vrai. Car Sa Majesty a daigne me faire entendre quelques
instants sa pr&ieuse conversation; et ainsi ce jour m*a procure une
joie inenarrable et lameilleure certes que j*ai eue depuis longtemps.
Bdni soit Dieu, le Pere de N.-S. J.-C, qui dans sa grande mis^ri-
corde a suscit^, au milieu de ce si^cle d'erreur et de t^nebres, cet
esprit, cette lumiere (1), etc.
Sans doute Fapostolat exerce par Vittoria Golonna avail
fait naitre une noble emulation dans T^me de sa royale cor-
respondante. La sainte veuve aflfermissait les ames chance-
lantes dans la foi, ranimait chez les ministres de la religion
la piete aflfaiblie par le feu des passions et la contagion du
monde, excitait les artistes et les poetes a chercher dansTes-
prit Chretien Tideal de leurs oeuvres. EUe faisait servir a ce
proselytisme religieux rinstrument poetique dont elle avait
reQu le don, et ses sonnets pieux excitaient de toutes parts
une admiration salutaire pour les ames. La posterite ne lui
a pas ete toujours aussi equitable; on Fa trop confondue dans
la foule des fades imitateurs de Petrarque; mais, comme Pa dit
un critique de notre temps, « Vittoria Colonnaeut raison de
puiser dans Petrarque Telegance du style. Ce n'est que dans
son cceur et dans son ame qu'elle trouva la passion sincere
et sympathique qu'elle deploie, soit en celebrant la gloire et en
pleurant la mortde son mari, soit en 6hantanl les choses de
Dieu, a qui, ne trouvant plus de bonheur parmi les hommes,
elle s'etait donnee sans reserve (2). » On ignore trop genera-
lement que Marguerite d'Angoul6me poussa Timitation de sa
sainte amie jusqu'a ecrire comme elle des sonnets reUgieux
en italien. II en subsistedeux (3); mais je n'en connais qu'un.
(1) Dftlle lett. volg., 1. i, p. 173.
(2) Ferd. Ranalli, Vite d'Ulustri romani. Firenze, 1838.
(3) Biblioph. Jacob, dans la Notice hisiorique qui precede 9on Edition do VUef-
ianviron (ParU, Delahays, 1861), p. xxiv.
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— 420 —
ou il me semble qu'on sent hien, malgreun certain embanras
tres-naturel a qui ecril une langue etrangere, un sentiment
religieux sincere et profond. J'essaie de traduire :
Pere eternel des cieux, dont le desir ardent
Est que, sorti de toi, tout homme a toi revieane;
Toi qui, pour racheter toute la race humaine,
Voulus porter le poids de la faute d'Adam;
Guide-moi, seul appui du p^cheur repentant!
H^las! j'ai beau courir, sans toi je perds ma peine;
Je ne puis qu'implorer ta grdce souveraine
Pour m'affranchir enfin des pi^ges de Satan.
Dans Toeuvre du salut ouvrifere inutile,
Je me fatigue en vain, et ma barque fragile
Au lieu du port cherche rencontrerait Tecueil.
Mais pour me rassurer la foi m*ofFre ses armes,
Ton sang fait mon espoir, et je te prie en larmes
De m'attirer toi-m§me et de me faire accueil (1).
On pourra trouver que cette prierc a Taccent huguenol;
mais elle n'oflfense en rien la foi catholique, et des lors pour-
quoi lui opposer de malvelllantes sublilites d'interpretation?
II faut le dire cependant : le zele religieux de Marguerite est
gate pour nous par cet esprit d'independance qui fit d'elle
Tappui des premiers proteslants frangais, quoiqu'elle ait de-
clare a son lit de mort qu'elle etait toujours res tee, au fond
du coeur, fidele a la foi catholique. Ici encore, si nous la com-
parons a sa. correspondante d'llalie, tout Tavantage est du
c6te de cette derniere. Elle se montra des Forigine animee
d'un zele ardent pour la reforme de TEglise, et ce zele la rap-
procha des plus fameux predicateurs de Tepoque, par exem-
ple d'Ochino et de Pierre-Martyr; mais quand ces esprits
(1) Padre eterno del ciel, che brami e vaoi
Che a Te tutti torniam. donde noi siamo
Partiti ancora, e del fallir d'Adamo
PortasU peoa per far salvi noi, etc.
(Parna^o i<a/iafW), Paris, Baudry, 1843, p. 1000.)
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— 421 —
excessifs se furent jetes dans le parli protestant, « elle n'eut
garde de les suivre, dit un de ses biographes; elle s'arrfita sur
uii chemin qu'elle regarda desormais comme perilleux, elle
versa des larmes ameres sur Tegarement d'amis savants mais
devoyes, et, en deplorant leur chute, elle s'attacha de plus en
plus a la foi calholique, qui fut toujours la sienne et dont elle
ne se departit pas un instant, comme le d6montrent ses poe-^
sies et seslettres ascetiques ecrites a diverses epoques (1). »
Nous ravens enlrevue dans ses pieuses conversations avec
le cardinal humaniste Bembo, revenu de trop longues erreurs,
mais desormais gagne a Dieu; avec le cardinal Polus, Tune
des plus grandes ames de la reforme catholique du seizieme
siecle. Contraste frappant! Fauditeur enlhousiaste des pieux
propos de Marguerite d'Angoul^me est un eveque attire tres-
probablement en France par des vues d'ambition* et peu do-
cile aux instructions de Rome qui le rappelaient dans son
diocese. Pierre-Paul Vergerio*reussit a se faire envoyer Tan-
nee d'apres (1541) a Tassemblee de Worms, par Francois P%
et il y sou tint encore tres-efficacement les • interfits catholi-
ques (2). On crut qu'il avaitete tres-blesse de n'etre pas torn-
pris dans une promotion de cardinauxfaitevers ce temps; ce
qu'il y a de certain, c'est qu'il ne tarda pas a precher les doc-
trines protestantes dans son diocese et continua de le pervertir
jusqu'a Tannee 1549, ou il sortit de Tltalie pour professer li-
brement le nouveau culte. II mourut assez vieux a Tubingue,
(1) Enr. Saltini, op, cit., p. xxxiv. — Les biographes de Tittoria Golonna nous
apprennent que I'un de ceox qui aid^rent le plus cette grande &me a se detacher de
ses vues persoDueiles, quelquefois dangereuses, en fait de dogme et de culte, ce fut
Michel- A nge^ catholique soumi^ aniant qu'artbtte inddpendant.
(2) Sleidan {Commentar. I. xiii)et Paolo Sarpi [Ittoria del cone, di TreniOt 1. 1)
pr^tendent qu'il fut reelleroent envoys a Worms par Paul III. Palavicin (t. i, col.
944, de la trad, fran^aise publico par Migne) r^fule ceite erreur en pronvant que Ver*
gerio ^lait d^ja suspect a Rome avant cette dpoque, et le P. Niceron a eu grand
tort de suivre en ceci la version des protestants et de leur copiste Fra Paolo. Mais
il serait curieux et facile de jeter plus de jour sur cette p^riode de la vie de Vergerio,
en ^tndiant d'autres lettres Ecrites par lui ou a lui et renform^es dans le premier li-
vre du recaeil de Paul Manuce.
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— 42-2 —
f
le i octobre 1565, sans avoir jamais obtenit Tentiere conflance
de ses coreligionnaires.
II ne reste de lai qu'une masse d'ecrits plus irrites que sa-
vants contre la Papaute. Les deux femmes qu'il admirait tant
moururent consolees par la religion qu'il avait trahie; mais
leurs oeuvres ne parlent pas egalement pour leur memoire, et
malgrt le culte que les lettres reconnaissantes ont gard6 pour
Marguerite, il est sur qije ses ecrits n'ontpas reclatimmaciile
qui recommande aux ames chreliennes les poesies de Vitto-
ria Colonna. Au reste, cette illustre femme n'a pas d'autre
monument que ses oeuvres litteraires. Michel-Ange, qui avait
pour ainsi dire re?u son dernier soupir (15 fevrier 1^47),
n'osa pas essayer de reproduire une image toujours vivante
au fond de son &me. II est vrai qu'il a consacre a Vittoria Co-
lonna quelques sonnets non moins immortels que ses pein-
tures et ses marbres.
LtoNCE COUTURE.
DOCUMENTS INlfiDlTS.
Testament de Francois deHansenoome, p^re de Blaise de Monlnc
(14 Janvier 1530) (1).
Cette piece est un pen longue sans doute, mais elle donne
sur l.a fortune et sur Tfetat civil de la famille de Blaise de
Monluc des details qui auront une importance historique
pour tout lecteur qui s'interesse k notre grand capitaine.
Pour cequi est de la fortune, on saura exactement a quoi
s'en tenir. Blaise de Monluc etait, en effet, un gentilhomme
pauvre.
(l)BibUotb. de rinstilat, H. 18»U.
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— 423 —
II parle avec une legitime flerte de la noblesse de ses an-
cetres; tous les genealogistes, en eflfet, nous apprennent qu'il
descendait de la grande race des barons de Montesquiou.
Plusieurs de nos contemporains ont mis en doute celte ori-
gine etsuppos6 que le marechal appartenait a une famille
obscure dont le nom patronymique etait Monluc et dont tout
Teclat serait venu des hauls fails de Pauteur des Commen-
laires.
M, Borel d'Hauterive apublie, en 1841, dans le tome 2'
de la Revue hist, de la noblesse, p. 181, une notice sur une
famille de Monluc, originaire des Landes, depuis 1560; et
dans une dissertation qui ne semble pas sufQsamment ap-
profondie, il a essaye d'etablir une relation de parente entre
ces Monluc et la famille de Blaise de Monluc, qui, selon lui,
n'appartiendrait pas aux Montesquiou-Massencome, mais seu-
lement a des Monluc d'Agenais.
M. Bourrousse de Laflfore a suivi la m6me voie, en s'ap-
puyant sur une dissemblance quHl a cru remarquer entre les
armoiries de Blaise de Monluc et celles des Montesquiou. Notre
excellent savant M. Tamizey de Larroque a pench6 vers celte
idee, qui flatle lepalriotisme local de nos voisins de TAgenais
en altribuant exclusivemenl a leur conlree tous les anc6tres
du marechal de Monluc et de ses braves flls.
Notons d'abordque, si leurdrigine6taitainsirestreinle, elle
serait deja respectable; car Archambauld, seigneur de Mon-
luc, en Agenais, alia aux croisades. II vivait au xii* siecle; les
archives de laRepublique possfedent un litre rfedige vers Tan-
nee 1202, par lequel Arcibaldus dominm de lUonlisluc, cruce
signatiisetJerosolimamproficiscens, reclame ses privileges de
croise violes dans la guerre entre les rois de France et d'An-
glelerre; au has se Irouve un sceau equestre de 60 millimetres
dontPecu porleun lion i queue fourchee. (J. 1138.)
Ses descendants, sUl en eut, ne conserverenl point la terre
de Monluc; elle vint aux Lasseran Massencome; or, ceux-ci
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— 424 —
n'avaient plus, en 1318, qu'une fiUe, damisella Aude de
Ijosseran et de Masencoma, que son pere Mosegne En Gaxiar-
imut de Lasei^an et de Masencoma, senhe dexidil loc de Ma-
sencoma de Bonluc (pour Monluc), Mamert, de Puch de Gon-
taut etaulres Iocs, maria, le 5septembrel318, a noble Odon
de Montesquieu, d la cherge que quittera to nam de Mantes-
quiu, et sera tengul de porta to nom etarmes de Mansencoma.
Ce central de mariage etait en original dans les archives
de ia maison de Montesquieu; le 13 fevrier 1784, il ful vu et
verifie par dom Merle, dom Clement, dom Poirier, MM. de
Brequigny, Gamier, Bejot et Dacier, dont le temoignage ne
saurait etre serieusement conteste. C'est sur cette piece, impri-
mee p. 29 de la Genealogiede Montesquiou, que les genea-
logistes se fondent pour nous apprendre que les seigneurs de
Monluc etaient depuis 1318 des Montesquiou-Lasseran-Mas-
sencome. Leur nom palronymique de Montesquiou s'etait
perdu conformement a la clause du contrat, mais pas imme-
diatement toutefois, puisque VHistoire de la Gascogne de
Tabbe Monlezun nomme au xv* siecle un Paul de Mon-
tesquiou, seigneur de Massencome.
Le doute est dissipe, la question est tranchee; le contrat de
mariage de Blaise de Monluc, public dans cette Revu£ (1), et le
testament de son pere, que Ton va lire, convaincront les plus
incredules. Blaise de Monluc etait pauvre sans doute, mais il
appartenait a la plus haute noblesse de Gascogne (2). Lamo-
deste seigneurie de Monluc etait dans le domaine de ses anc6-
tres tout au moins depuis 1318; ses descendants ousafamille
Tout conservee jusqu'a la fin du dernier siecle avec un soin
jaloux qui les honore.
Paul LA PLAGNE-BARRIS,
(1) Tome XVI (1875), p. 466.
(3) [Oo me permettra de rappeler qu'on cbercheur fort habile, M. Cldment*Simon,
en pnbliant le Testament de Blaise de Monluc, a ddja rdfut6 M. Borel d'Uaaterive
et d^moDtrd la parents des Monluc et des Montesqniou. Yoy. Revue de Gasc, xni,
299. — L. c]
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-^ 425 —
Testament de messire Francois de Hassenoome.
In nomine Patris, et Filii, et Spirilus Sancti. Amen.
Scachent tous pr^sens et ayenir que, aujourd'hui que Ton comp^e
le quatorzieme du mois de Janvier mil cinq cent trente, i^gnant le
tres-chr^tien et excellent prince Frangois, par la grace de Dieu Roy
de France, a est^ present et personnellement constitu^ et establi en
personne dans le lieu de Puch de Gontaut, au diocese de Condom
et s^n^chauss^e d'Agenois, en Gascogne, devant et en la presence
de moi, notaire soussigne, et des t^moins ci-apres soussign6s et
nomm^s, scavoir est, noble Frangois de Massencome, seigneur de
Monluc, lequel ^tant en sant^ de son corps et aussy estant en son
bon entendement, memoire et bonne remembrance, voyant, regar-
dant et considerant Testat humain, les perils et accidens de la mort
qui, de jour en jour, d'heure en heure, sent en oe monde avenant,
et que convient a tous hommes mourir, et aussy qu'il n'y a chpse
plus certiaine que la mort et plus incertaine que Theure d'icelle. A
cette cause ledit de Massencome, voulant obvier auxdits dangers et
faire comme un vray chr^tien et vray catholique doit faire, et pour
donner ordre a ses affaires et de noble Frangoise d*Estillac, sa
femme, et pour laisser paix et concorde entre ses enfants cy-dessous
nommes et autres a qui il est tenu d*en faire commemoration et
m&noire, et pourvoir au salut de son 4me, disposer et ordonner ses
biens et choses; de son bon gr^, pure, franche et agr^able volenti,
a fait, institu^ et ordonn^, fait, institue et ordonne son ordre de tes-
tament dernier et extrdme yolqnt^ et en cas^ de mort, en la forme et
maniere que s'en suit. En faisant le signe de la dToix et disant : In
nomine Patris^ ei Filii, et Spirilus Sancti. Amen.
Et tout premierement, ledit Massencome testateur a reconmiand^
son ame et son corps a Notre-Seigneur Dieu J6sus-Christ, a la glo-
rieuse Marie, sa mdre, a Monsieur saint Michel Tange, et a Mon-
sieur saint Pierre, et^ tous les saints et saintes du Paradis, et a
rhonneur et reverence du saint s^pulcre de Notre-Seigneur; ledit
testateur, s'il tr^passe a douze lieues du Saint-Poy, a esleu son se-
pulcre et veut estre mis et ensevely en Tdglise de Notre-Dame du
Saint-Poy, la ou ses ancestres ont accoustum^ estre enterrfe.
Item, a voulu et ordonn^, veut et ordonne ledit testateur que le jour
Tome XVIII. 28
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— 426 —
de son deces et enterrement luy spient dites et chanties par prestres
ou religieux les mieux vivans que se pourra trouver le nombre de
trente messes, et que lesdittes messes soient payees a la volont^ de
sa femme, son fils et ex^cuteurs dessous nomm^s, et que lesdits
trente prestres ayent leur refection corporelle.
Item. A voulu et ordonne, veut et ordonne ledit testateur que le
jour dessus escrit luy soient faites le nombre de quatre torches de
cire, chacune demie livre de cire; et veut aussy ledit testateur que
ledit jour de son eaterrement soit donn^i pauvres femmes veuves,
orphelines, demandant Taumdne, la somme de cinq francs, comp-
tant pour franc quinze sols tournois.
Item. A voulu et ordonn6, veut et ordonne ledit testateur, que le
lendemain apres son dit d(kjes et enterrement, luy soient dites,
chanties et c^lebr^es autres trente messes par semblables prestres;
que pour chacune 'd*icelles sera pay^ ainsi que dessus est dit par
lesdits, avec refection corporelle, auxdits trente prestres, et quatre
semblables torches comme les premieres, et qu'il soit distribue aux-
dits pauvres semblable somme de cinq livres et comptant comme
diBSSUS.
Item. A voulu et ordonn^, veut et ordonne ledit Massencome,
testateur, que au bout du mois de son dit enterrement, que Ton fait
les honneurs, luy soient dites, chantees et c^lebrdes autres trente
messes par semblables pr6tres et que lesdits prestres ayent reflFection
corporelle comme dessus, et que leur soit paye ainsi que dessus est
dit, et semblables torches comme les premieres, et qu'il soit dislri-
tribue k semblables pauvres, comme dessus est dit, la somme de
cinq francs.
Item. A voulu et ordonn6, veut et ordonne ledit Massencome,
testateur, que le lendemain apr^s lesd. honneurs luy soit fait son
bout d*an sans demeurer davantage, et que audit jour luy soient
dittos et chanttes autres trente messes par semblables messieurs
prestres, et que soient payees comme dessus est dit, ensemble au-
tres quatre torches de chacune demie livre de cire, et qu*il soit dis-
tribu6 auxdits pauvres autres cinq francs comme les autres jours
dessus Merits.
Item. A requis et requiert ledit testateur, que auxdits jours de son
enterrement et honneurs, il ne soit proche (?) de s^culiers ni religieux,
en soite ni fagon quelconque, et ainsy prie ledit testateur a noble
Frangoise d'Estillac, sa femme, et h tons ses enfants cy-dessous
nomm^s, que d^s le jour apr^s audit bout du mois et en fesaot comme
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— 457 —
dessus est dit, il[s] laisse[nt] le deuil entiferement du tout.
Item. A voulu ledit testateur, que les l^gats et obits fond&s par
son grand p^re Pierre- Arnaud de Massencome tant au lieu de Puch
de Gontaut que au lieu de Saint-Poy soient totalement entrelenus
etpay^s. .
Item. A voulu et ordonn^ ledit testateur, veut et ordonne que les
laisses et douaires que feu son pere Arnaud de Massencome ordonna
et donna par testament a ses soeurs Lorette. . . et Jeanne de Massen-
come leur soient pay^s par son Writier ou h^ritifere succ6dant apres
safin.
Item. A voulu et ordonn^, veut et ordonne ledit testateur qu*il
soit pay^ a son fr^re Pierre de Massencome, chevalier de Monsei-
gneur St-Jean de Rhodes, trente livres tournois par an, jusques a
ce qu'il soit pourvu d*un benefice de son'ordre.
Item. A donn^ et laisse, donne et laisse a son frfere Bernard de
Massencome, religieux de M. St-Maurin, en Agenois, la sommede
cent sols tournois, en le laissant avec ce son h^ritier particulier et
qu'il ne puisse rien plus demander en ses biens ni choses.
Iten^. A donn^ et laiss^, donne et laisse a sa soeur Rose de Mas-
sencome, religieuse en Tabbaye de , semblable sommede cent
sols tournois, et avec ce son h^ritiere particuli^re.
Item. A donne et laiss6, donne et laisse et 16gue ledit testateur
h Jean de Massencome son tils, religieux de Tordre de Monsieur
St-Pierre de Condom, la somme de cent 6cus petits, le laissant ainsy
avec ce son h^ritier particulier et qu'il ne puisse autre chose de-
mander desdits biens.
Item. A donn^ et l^gue ledit de Massencome a son dit fils pour
son droit, partage et legitime, la sonmie de mil livres tournois, le
laissant avec ce son heritier particulier et qu'il ne puisse autre
chose demander en ses biens ni a son heritier cy-apr^s nomm6.
Item. A voulu et ordonne, veut et ordonne ledit testateur que
S^bastien son fils soit de Tordre de Monsieur St-Jean de Rodes et
lui soit bailie et pay6 par son heritier, cy-apr^s nomm^, le passage
accoutum^ de payer a ladite Religion, ensemble hablllement et au-
tres choses necessaires; si ledit Sebastien ne veut 6tre dudit ordre
ne faire la volenti dudit testateur, ledit testateur lui a donn6 et 16-
gu6 pour son droits partage et legitime, la somme de cinq cent li-
vres tournois, le laissant avec ce son heritier particulier, et qu*il ne
puisse jamais demander autre chose en ses biens.
Item. A donn^ et 16gu6, donne et legue ledit testateur k Marie de
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— 428 —
Massencome, sa fille, a present religieuse de Madame Ste-Claire de
Condom, pour son droit, partage et legitime, la somme de cent li-
vres, et avec ce qu'elle ne puisse rien plus demander en ses biens.
Item. A donn6, l^gu6 et laiss^, donne, legue et laisse ledit testa-
teur a Anne de Massencome, a present marine k FranQois de Lebe-
ron, outre son douaire que ledit testateur lui a fait et donn6 par cy
devant, la somme de cent sols tournois, la laissant avec ce son W-
ritifere particuliere, et qu'elle ne puisse autre chose demander en ses
biens.
Item. Donne et legue ledit testateur a Isabeau de Massencome,
sa fille, pour son droit de douaire, mariage et legitime, la' somme
de douze cent livres tournoises et deux cent livres en habillement, la
laissant avec ce son h^ritifere particuliere, et qu*elle ne puisse rien
plus demander en ses biens ni a son heritier cy dessous nomm^.
Item. A voulu et ordonn^ ledit testateur que toules les detles en
quoy il serait tenu qui apparoitront par Mules, gens de bien, di-
gnes de foy ou par 6crit de sa main, soient r^ellement payees par
son heritier cy dessous nomm^ et lui en chargeant sa conscience.
Item. A voulu et ordonn6 ledit testateur que noble Frangoise
d'E^tillac, sa femme et compagne, soit dame, maitresse et usufruc-
tuaire de tons ses biens et choses, demeurant viduellement et chas-
tement.
Item. A voulu et ordonn^, veut et ordonne ledit testateur, si la*
ditte dame d'Estillac, sa femme, ne se pouvoit accorder avec sondit
Ji6ritier dessous nomm^, lui laisse la maison dudit Puch et le cha-
teau tout entierement sa vie durant, vivant honnestement comme
dessus est dit, ensemble lejardin pres de laditte maison.
Item. Lui laisse davantage le choix d*une chambre de la maison
vieille basse a mettre son vin, et la petite chambre au bout de Tes-
table, et aussy qu'elle puisse jouir de la grange pour faire son vin,
tant au tonneauque au troyal [treuil, pressoir).
Item. A laisse et laisse ledit testateur a ladite d'Estillac, sa dite
femme, sa vie durant seulement, en la sorte que dessus est dit, sga-
voirestla vigne- vieille et la vigne blanche au Sabla, ensemble vin et
argent de la rente de la Pergerie.
Item. Vcut et ordonne ledit testateur que ladite d'Estillac, sa
femme, prenne et retire la moitie du profit du moulin Nau sans
qu'elle soit tenue d'y faire aucune reparation ny moise quand il en
serabesoin audit moulin.
Item. Plus lui a laiss6 ledit testateur le petit pre joignant ledit
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— 429 —
moalin Nau, et qu'elle puisse prendre de la latte a faire son pacbe^
aux de prendre lattes pour faire son cercle, pour raillier la vais-
selle qui lui sera n^cessaire.
Item. A voulu et ordonn6 ledit testateur que ladite d'Estillac, sa
femme, puisse prendre son chauflFage, et pour faire reparer sa mai-
son, au bois dudit Sabbatier, ensemble Tappessage de son b^tail,
sans qu'elle soit tenue d'en payer rente ny aucun subside en sorte
que soit.
Item. A donne et l^u^, donne et l^gue ledit testateur k ladite
d'Estillac, sa femme, sa vie durant, en la sorte que dessus est dit,
tant en la juridiction du Puch de Gontaud que de Villefranche de
Quoyran; la somme de quarante-sept litres dix-huit ardits; comptant
et met tant soixante ardits pour £Eiire de lamonnaie courante en Bour-
deloys; en fiefs et rentes ensemble dix-huit carteaux, une coupe de
bled froment, soixante-un carton une coupe et demie de seigle et
trente-six... et demie, le tout de rente payable annuellement a ladite
dame d'Estillac, sa dite femme, par les mains des tenanciers et feu-
dataires cy aprfes Tun apres Tautre nomm^s. — Prem*'. Les h^ritiers
de feu Bernard de la Croix, vingt-deux.... et demy, quatre quartiers
de froment, huit carteaux de seigle. — Arnaud de la Croix, septaAiits
et demy. — Sur Andr^ Carade et ses frferes, treize sols trois deniers,
deux pouUes.— Sur Antoinede Bailler, vingt-sept sols, unepouUe.—
Sur Bernard de Bailie, vingt-sept sols quatre deniers, deux pouUes*
— Sur Jean Forcade, marchand de Touux, dix-sept sols dix deniers
maille, deux poulles. — Sur Jeanne I^borde, 38 sols un denier et
maille, un quarteron et demi froment et une pouUe. — Sur les Wri-
tiers de feu Vidon de Bourdieu, 16 sols, un quarteron de froment,
deux poulles. — Sur le recteur de Puch de Gontaut, 13 sols trois
deniers, une coupe de froment, une poulle. — Sur les h^ritiers de feu
Peyron de Saint-Guillem, un sol. — Sur messire Jean Desbetz,
15 sols deux deniers.— Sur Berdo de la Cassaigne, deux sols, un car-
teau de seigle. — Sur Peyrot de Daunes, dit Cuquat, pour sa maison,
sept deniers maille. — Sur les heritiers de Bernard de Turturelle,
pour leur maison, neuf deniers. — Sur Mos Bernard deTourc, pour
sa place, sept deniers maille. — Sur Jean de Berbelle, pour sa mai-
son et vigne de la Pacquere... — Sur les heritiers de feu Frangois
Casamajour, un sol six deniers. — Sur les heritiers de feu Boudolet
du Tarquet, pour leur maison, un sol six deniers. — Sur Jean Fitte,
pour sa maison et place, un sol six deniers. — Sur Ramonet de Ca-
ras, dit Pichoy, pour sa maison et terres et autres biens, dix-sept
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i- 430 —
sols neuf deniers. -^ Sur Mos. Jean Cazade, pour sa maison et ter-
res, trois sols neuf deniers. — Sur Barthelemieu de Banoudy et ses
fr^res, deux sols six deniers. — Sur Guyot de Joye, pour sa maison
et terres, deux sols et sept deniers. — Sur Manijon Dallien, pour sa
maison et terres, trois sols huit deniers, demie coupe seigle. — Mi-
niatte de Labat, pour sa maison, la vigne de la Pargate, trois de-
niers. — Pour la sixifeme partie du vin de la Parguere sur Ars, dit
Tauzet, ditCarest, pour ses maisons, quatre sous neuf deniers, une
pouUe. — Sur Amanieu de Garade, pour sa maison, neuf deniers,
une poulle. — Sur Bardollet de Garade, son fr^re, pour sa maison
et place, cinq sols six deniers maille. — Sur les h^ritiers d'Antoine
Desbatz, pour leurs maisons et terres, quinze sols six deniers. —
Sur les h^ritiers d'Arnaud Guilhem de la Borde, pour Icur maison et
vigne de Parguere, trois sols un denier et la sixi^me partie du vin de
la Parguere. — Sur les h^ritiers de feuPeyrot de Quarau, deux sols.
— Sur M. Antoine de Quarean, 30 sols six deniers et mailles, trois
coupes seigles et une poulle. — Sur Sanson Dumont, pour sa mai-
son et terre, un sol trois deniers, deux quarterons de froment quatre
cartons une coupe de seigle. — SurM. Antoine Vivier, pour sa mai-
son * un sol neuf deniers. — Sur Michaud de Capdevillo, pour ses
maisons et terres... — Sur les heritiers de feu Antoine de Toir, seize
sols, un quarton, une coupe et demie de froment, un carton, une
coupe et demie de seigle, une poulle. — Sur Marchand Dumont,
quatre sols neuf deniers deux quartons, et demie coupe de froment,
cinq quartons et deux coupes seigles. — Sur les heritiers de feu
Berdot Gares, 25 sols deux deniers maille. — Sur les heritiers de
Jean de Bordes et de Bonnet, 55 sols 9 deniers, une coupe froment,
deux pouUes. — Sur les heritiers de Maudonnet de la Fontan, une
poulle. — Sur Jean Caver6 de Mouchas, un sol, un poulle. — Sur
Januet de la Barthe Molier, 17 sols 9 deniers, deux quartons, trois
coupes et demi de seigle, quatre pouUes. — Sur Meniou de Saint-
Gemon de Callegue, 20 sols 3 deniers. — Sur les heritiers de feu
Bemat Tilhet, 14 sols trois deniers, 17 quartons et demi de seigle,
deux pouUes. — Sur les heritiers de Vidau de Poy, 18 sols, sept de-
niers, un quarton, trois coupes de seigle, une poulle. — Sur Andr^
d'Arg^los, 10 sols 10 deniers maille et un denier pour la vigne de la
Parguere, et la'sixifeme partie du vin de ladite vigne de la Parguere.
Sur messire Mathau Gaudin^ 4 sols neuf deniers, un quarton seigle.
— Sur Pierre Melet, marchand de Castelgelours, 35 sols, une coupe
de froment. — Sur les heritiers de feu Monplet de Suaux, 10 sols
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sept deniers, trois quartons 3 coupes seigle, une poule et demie.—
Sur Jean de Labourthe Oceolher (?), neuf sols, deux cartons froment,
une poule. — Sur Menjotte de la Vys, un denier et la sixifeme partie
du vin de la Parguere. — Sur Jean de la Fitte dit Jeanlong, sept sols
trois deniers, quatre quartons seigle. — Sur les h^ritiers de Peyrot
de Montgeon, un denier et la sixi^me partie du vin de la vigne de la
Parguere. — Sur Arnaud de la Borde et Amaud de Tescat... et la
sixi^me partie du vin de ladite vigne de la Parguere. — Sur Jean
de la Fitte jeuno, 9 sols neuf deniers, un quarton, trois coupes de
froment, un quarton et demi seigle. — Sur Jean Castel de Bemade
de Vilaton, six deniers, demi quarton de seigle. — Sur les h^ritiers
Arnaud Guilhem de la Fitte, cinq sols, un quarton seigle. — Sur
Jean de Baillefer de Goulard, un sol. — Sur Peirot de Goulard, un
sol. — Sur les heritiers de Bernard CoUe, neuf deniers, un quarton
et demi de seigle. — Sur Antoine de Lespan .... six deniers. — Sur
Jean de Castaignon, marchand de Touneins, un denier et la sixi^me
partie du vin de la Parguere. — Sur Peyrot de Pugaret, 4 sols. —
Sur Vidau de Jean de Manay, sept sols 7 deniers, un quarton, une
coupe de seigle. — Sur Francois de Maury, ] 1 sols. — Sur Berduc
de Bauthet, un denier et la sixi^me partie de la Parguere. — Sur
Guilhem de Maury, huit deniers, un quarton, 3 coupes seigle. —
Sur Jean de Maury, un denier, une coupe seigle. — Sur Peyrot de
Maury un denier, une coupe seigle. — Sur Gachiot de Baillet, huit
sob huit deniers, une coupe froment, 3 coupes de seigle. — Sur
Mancerot Desterac, sept sols et demi-quarton de seigle.
Item. A voulu et ordonn^ ledit testateur que les rentes susdites
soient baillfes et payees annuellement a ladite dame d*Estillac, sa
femme, ou son procureur. Si cas advenoit que les terres et posses-
sions susdites dont lesdites rentes descendent ou dependent et des-
dits tenanciers et feudataires en vaudront (I), veut et ordonne ledit
testateur que ladite d'Estillac sa dite femme prenne leurs lods et
ventes sa vie durante comme dessus est dit.
Item. A voulu, veut et ordonne ledit testateur que si ladite d'Estil-
lac, sadite femme, vouloit convoler en secondes noces aprfes sondit
tr^pas, qu'elle puisse engager lesdites rentes, moulin et autres choses
kelle parluy laiss^es en son veuvage, comme cy dessus est d^lar^,
pour le prix et somme de douze cent lirres, lesquelles lui laisse et
doune ledit testateur tant pouiP Targent qu'elle luy a port^ et aussy
(1) Lecture donteiise. Le sens doit 6tre : changmt d$ maitre.
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— 432 —
pour ragencement et autres services qu'elle lui a faits jusques a soa-
dit trepas.
Item. A voulu et ordonne, veut et ordonne ledit de MsCnsencome
testateur, que si le cas ladite d'Kstillac sa temme ^toit grosse d'un
•enfant masle ou de deux a I'heure de son trespas et venoit a vie dans
r^tat et en ige d'avoir partage et legitime, leur laisse part et portion
desdits biens a chacun la somme de cinq cent iivres, et les laisse
avec ce ses h^ritiers particuliers, et qu'ils ne puissant jamais plus
rien demander k son h^ritier ci dessous nomme ni en sesdits biens.
Si cas etoit que ladite d'Estillac 6toit grosse et enceinte de fille ou
filles et qu'elles vinssent en dge et 6tat d'etre mariees, ledit testateur
audit cas leur laisse, Ifegue et donne a chacuned*elles, pour leur
droit, douaire, partage et legitime, la somme demille Iivres et deux
cent en habillemens, etavec ce les laisse ses h^ritiferes particulieres
sans qu'elles puissent jamais plus rien demander en sesdits biens ni
k sondit heritier cy dessous nomm^.
Item. — Et pour qu'en faisant les convenances du contrat de ma-
nage entre noble Blaise de Mansencome, son fills, et noble Antoi-
nette Isalguier, par lequel contrat et convenances, du vouloir et'
propre requeste dudit Blaise, — son fils, pourvu qu'il fut masle et
habile a succMer, et si le premier n'estoit habile au second, et autre
apres en suivant; etque si du premier mariage n'y avoit que filles ou
que ledit Blaise condescendit ou vint a secondes noces, vouloit ledit
testateur que le premier fi.ls du second mariage fut son heritier, et en
suivant du premier au second, et que la fille du premier mariage se-
roit a doter d'autant d'argent que sa mere auroit apporte, et en sui-
vant lesdits pactes passes, sauf et reserve que ledit testateur s*estoit
r^serv^ les rentes, terres et moulin et tout autres choses du lieu de
Puchde Gontaut. Etcomme rinstitutiond'h^ritier est chef et fonde-
ment de tout bon ordre, pourquoi ledit noble Frangois de Mansen-
come, testateur, de son bon gre, pure franche et absolue volonte :
Premierement, mis et accomply sondit present testament et der-
nifere volenti a deiie execution en la forme et maniere que dit est
cy dessus, a fait et institu^ et ordonn^ par ce fait, institue et ordonne
et de sa propre bouche nomme son heritier universel et demeurant
de tout et chacuns ses biens et choses : scavoir est son cher et bien
aym^ Blaise de Mansencome, son fils, tantdes biens dudit lieu de Puy^
de Gontaud que autres lieux. Premierement, comme dessus est dit, et
ses laiss^s et l^guats cy dessus soit tenu payer et satisfaire, une fois
seulement, sondit heritier.
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— 433 --
Item. A voulu et ordonn^, veut et ordonne ledit testateur que si
ledit Blaise de Mansencome, son dit fils, alloit de vie a tr^pas sans
enfants m41es de I'un mariage ou de deux ou qui mourussent avant
son tr^pas, veut et ordonne ledit testateur que ses biens revinsent
entierement a noble Joachim de Mansencome son fils et a ses en-
fants mdles, premier et puis second, et au d^faut des mdles aux
filles. Et si le cas estoit que ledit Joachim allast de vie a tr^pas sans
enfans masles ni filles, ou que apres son tr^pas ils mourussent, veut
et ordonne ledit testateur que lesdits biens retournassent audit S6-
bastien de Mansencome son fils et pareillement a ses enfants masles,
aux filles, et en s'en suivant I'un kFautre toujoursles plus prochains;
et si desdits Joachim et S^bastien de Mansencome n'y avoit lors
masles ni filles, ou aprfes ledit tr^pas mourussent, veut et ordonne
ledit testateur que lesdits biens aiilent a sa fille Anne de Mansen-
come, a present mariee a Frangois de Leberon; et apr^s le tr^pas
de ladite Anne, a son dit premier fils, et second a d^faut de Taine, et
aux filles s'en suivant; et si de ladite fille Anne n'avoit enfant male
ni filles, et qui allassent de vie a tr^pas, veut et ordonne ledit testa-
teur que ses dits biens retournent aux enfants de Isabeau de Man-
sencome, sa fille, suivant toujours le plus prochain; et en d^faut
qu*il n'y eut d'enfants desdits Mansencome cy dessus nonmies, veut
et ordonne ledit testateur que ses biens retournent a noble Odet de
Mansencome, fr^re dudit testateur, lesdits laiss6s et l^ats premier
pay^s.
Item. A voulu et ordonn6, veut et ordonne ledit testateur que
celui qui sera son h^ritier ou heritifere qui succMera auxdits biens
prenne totalement le nom et armes, le seing et contre-seing et autres
signes, que pourra : que soit vaine chose que faire un testament qu'il
ne fut mis a execution deiie; pour ce ledit testateur a fait institu6, et de
sa propre bouche nomm6 et ordonn^ ses ex^uteurs de cestuy-ci son
pr&ent ordre, testament, demiere et extreme volenti par cas de
mort, sgavoir est : nobles Jehaa de Pardeillan sieur de Panjas, Ga-
chiot de Mondenart sieur d*Estillac, Bernard de Las seigneur de
Paillas et Frangoise d*Estillac, sa dite femme, et auxquels et un
chacun d'eux, Tun apres Tautre et en Tabsence de Tautre, ledit tes-
tateur a donn6 et donne par ce present plein pouvoir, autorit6 et
raandement special de mettre son present testament, ordre et der^
niere volenti, par cas de mort, a execution deiie, de point en point,
comme dessus est dit et declar^; donnant mandement, autorit6 et
puissance a ses dits ex^cuteurs cy dessus nomm^ de prendre si
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— 434 —
grande quantite de ses biens et choses, tant meubles elimmeubles,
et tant qu'il en sera mestier et n&essaire pour accomplir et payer
les laisses et l^gats cy dessus laiss^s et l^guj^s en son dit present
testament et derniere volenti et par cas de mort; eassant, r^voquant
et annulant tout autre ordre de testament et c^dulles que par cy
dessus pourroit avoir fait et ordonn^, voulant et ordonnant .cestuy
son present testament soit son dernier ordre et derniere volonte et
qu'il aye fermete et vailleur perdurable par devant tons juges tant
seculiers que d'^glise, et si par maniere de testament ne pent valoir
vaille par maniere de donation pure et simple faite entre les vifs irre-
vocable k jamais et k perp6tuit6, et'tout ainsi et par la forme et ma-
niere que dernier testament pent valoir, h Tutilite et proffit de son
h^ritier etheritiere cy dessus, et autres ayant interfit audit present
instrument de testament et par choses susdites. Ledit de Mensen-
come testateur en a requis a moy notaire soussigne lui en estre fait
instrument et que laisse a bailler a son dit hdritier ou h6ritiere cy
dessus nomm(5s, et a tons autres qui auront int^ret et dont sera re-
quis : que luy ay octroye, et fait et passe les an et jour cy contenus,
lieu, mois et regnant que dessus, en presence de Monsieur Antoine
de Garas prestre, Saranxot de Labat, Jean et autre Jean de la Par-
tere, Giot de Joye, Bernard de la Borde et Barthelemy de la Fitte,
tous habitants du lieu de Puch, t^moins connus a ce requis et ap-
pel6s et moy notaire.
FAUCHER, notaire.
Certifie Jean de Bancours, notaire detempteur et collationaire
des papiers de feu Monsieur Jean Faucher, notaire en son vivant de
Pucn ae Gontaut, que a la requisition de Dominique Bertin, habitant
de Montesquieu, avoir fait cherche dudit testament de feu noble
Frangois de Mansencome cy dessus escript, et faisant pour messire
Adrian de Monluc, comte ae Carman, fait comme dessus, lequeli'ai
trouv^ parmi les papiers dudit feu Faucher et exp^die la susdile
copie audit Bertin; a Puch de Gontaut, le vingti^me mars mil six
cent un, en foy de quoy me suis signe, Baucoctrs, notaire et coUation-
naire.
Extrait tirade son exp^di^ par moy Pierre Cousse, notaire royal
de Pujaudran, a moy exhib^ et apres deux collations retire par mes-
sire Jacques de la Roche, seigneur et baron de Fontanilhes et aiitres
places, sans y avoir rien ajoute ny diminue. Fait ce premier Janvier
mil six cent q uarante huit.
COUSSE, notaire royal.
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435
BIBLIOGRAPHIE.
G^OGRAPHiB juiTE, AtBiGEoisE 6t cALViNisTE de la Gascogne, par J.-F. Blade.
35 p. in-8o. Bordeaux, Ch. Lefebvre. 1877. (Tir6 h cinquante exemplaires.)
Cette substantielle notice n'est que le dernier cHapitre de la partie
consacr^e a TEglise dans la Giographie historique de la Gascogne,
grand et utile travail que M. Blad6 a d^ja termini ou peu s'en faut,
et dont les hommes studieux n'attendront pas longtemps, esp^rons-
le, la publication integrate. Les publications partielles qu'il en a
faites ont pour but principal d'attirer a une oeuvre trfes-laborieuse-
ment pr^par^e les additions et corrections qui peuvent la perfection-
ner avant son apparition definitive. Pour ma part, n*ayant gufere rien
de semblable a fournir en ce qui conceme la giographie Wt^rodoxe
de cette province, je veux recommander a mes lecteurs le tableau
qu'en offre notre docte correspondant, en donnant quelque id6e des
renseignements positifs qu*il a su r^unir en si grand nombre dans un
espace si 6troit.
Sur les Juifs, moins de trois pages lui ont suffi pour grouper les
indications relatives a leur existence dans le sud-ouest de la France
depuis les Wisigoths jusqu'a Torganisation des synagogues consis-
toriales par le ddcret imperial de 1810. II a n^glig^ un fait ant^rieur
au VII* siecle : le tombeau du juif Bennid (portant mention de deux
autres juifs, Crepen et le lapicide Jona), retrouv^ nagu^re par
M. Tabbe Canute dans les fouilles du prieur^ de Saint-Orens {Tte-
vue de GascognCy xvi, 296, 410).
Touchant les h^retiques ant^rieurs aux Albigeois, il a eu tort de
mettre en doute Torigine gauloise et commingeoise de Vigilantius, si
nettement affirm^e par saint J^rdme. Du reste, quelque rares que
soient ici les faits precis relatifs tant aux anciennes sectes qu*k
Talbig^isme gascon, je ne sais pour ma part y rien ajouter.
II serait plus facile d'allonger la partie relative au calvinisme;
mais il faut dire qu elle est d^jk tres-satisfaisante par le nombre et
la precision des renseignements. Ce qui est ant^rieur a I'^dit de
Nantes oflFre encore des lacunes : mais n'en restera-t-il pas toujours
sur Torigine, souvent occulte, et Texistence longtemps conlrarite du
culte r6form6 dans telle ou telle viUe ? L'organisation des chambres
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\
— 436 —
de justice et des places de sflret6, d'aprfes les divers 6dits de tolerance,
est nettement indiqu^e. Mjais surtout la geographic officielle des
6glises calviaistes depuis la promulgation de T^dit de Nantes jusqu a
sa revocation (1598-1685) ne laisse k peu presrien a d^sirer, non
plus que la p^xiode, d*arlleurs fort obscure par elle-mSme, qui s*6tend
deTann^e 1685 a T^dit de tolerance de 1787, et a plus forte raison,
ce qui concerne Telat actuel du culte protestant dans notre region.
Je devrais m'arrfiter la; mais je tiens a donner moi-mdme, pour
ceux denos lecteurs, qui'ue pourront lire I'opuscule de M. Blade,
quelques renseignements sur I'organisation des eglises calvinistes au
XVI* et au XVII* siecle.
Comme la negation de toute hi^rarchie sacerdotale etait fondamen-
tale dans le calvinisme, les eglises pr^tendues r^formees etaient in-
d^pendantes les unes des autres, mais n^anmoins fortement unies
par une constitution arrfitee en 1558, dans le premier synode natio-
nal, sous lapresidence du ministre Chandieu. Chacun d'elles avait :
lo un ou plusieurs ministres ou pasieurs, nommes non pat la com-
munaute, mais par le colloque ou par le synode; 2^ un consistoire,
preside par les pasteurs, et comprenant les anciens de Teglise, spe-
cialement charges de la discipline, et a)'mes du pouvoir de r^primande
et de suspension de la cene; 3^ des diacres, presidant a la distribution
des secours destines aux pauvres, et qui pouvaient faire partie des
consistoires et m^me 6tre envoy^s aux coUoques et aux synodes.
— Pour maintenir Tunion des Eglises, on les distribua des 1558
en provinces et en colloques. On comprenait sous ce dernier nom
un groupe de communaut^s assez rapproch^es pour former, deux ou
quatre fois par an, des reunions oii chacune envoyait ses ministres
et un ancien (1). La province ^tait form6e d'un certain nombre de
colloques voisins. L'autorite des colloques etait soumise k celle des
synodes provinciauXf comme les consistoires Etaient soumis aux
colloques. Les synodes provinciaux se tenaient une ou deux fois
Tan; chaque eglise devait y envoyer ses ministres et un ou deux
anciens. Les synodes nationaux, composes seulement de deux
ministres et deux anciens de chaque province, devaient se reunir
chaque ann^e.Les premiers se suivirent eneffet assez r^gulierement:
Paris, 4558; Poitiers, 1560; Orleans, 1562; Lyon, 1563; Paris, 1565,
etc. Mais depuis ils devinrent plus rares et le gouvernementde Louis
XIV n'en soufifrit plus a partir de 1660.
(1) On remarqaera qu'aDjonrd'hai le colloque a pris le nom dc consutoire, tandis
qae Vancien con^Utoire^ attache k chaqae dglise, se nomme conseil preshjitfy'<U»
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— 437 — .
Voici quelle ^tait, des la fin du ivi* siecle, la division provinciale
de la Prance ealviniste : 1. He de France, Pays chartrain, Picardie,
Champagne et Brie. — 2. Normandie. — 3, Bretagne. — 4. Orleans,
Bl^sois, Dunois, Nivernais, Berry, BourbonnaisetMarche.— 5. Tou-
raine, Anjou, Loudunois, Maine, Vendomois et P,arche. — 6. Haut
et Bas-Poitou. — 7. Saintonge, Aunis, La Rochelle, Angpumois. —
8. Basse-Guienne, P^rigord, Gascognb et Limosin. — 9. Haut et
Bas-Vivarais, Velay et Forez. — 10. Bas-Languedoc (savoir Nimes,
Usez, Montpellier, jusqu'a B^ziers inclusivement). — 11. Le reste
du Languedoc, Haute-Guienne, Toulouse, Carcassonne, Quercy,
Rouergue, Armagnac, Haute-Auvergne. — 12. Bourgogne, Lyonnais,
Beaujolais, Bresse, Basse-Auvergne et Gex. — 13. Provence. — 14.
Dauphin^ et principaut6 d'Orange. — 15. Eglises de la souverainet^
de Bearn. — 16. Cayennes et G^vaudan (1).
Je laisse de c6te le B^arn, qui renfermait une cinquantaine d'^glises
divis^es entre les six coUoques de Sauveterre, d'Orthez, de Pau,
d'Oloron, de Nay et de Vicbilh. — Mais je veux faire connattre, m6me
avec un peu plus de detail que M. Blade, les colloques du Condomois
et du Haut-Agenais, qui faisaient partie de la province de Basse-
Guienne, etle coUoque de TArpaagnac, compris dans la province de
Haut- Languedoc et Haute-Guienne. Je donne, d'apr&s le recueil des
Synodes nationaux (La Haye, 1710, 2 vol. in-4°), la liste des Eglises
et les noms de leurs ministres a deux epoques : en 1603 et en 1637.
Condomois (etLANDEs). En 1603 : Nerac (Marmet pere, Masparraut,
de la Mioe), M^zin (Luiter), Casteljaloux (Du Luc), Caumont (Vieil-
vans). La Bastide-d'Armagnac (Silvius pfere), Mont-de-Marsan (de
la Palogue), Eauze (Mellet), Vic-Fezensac (Guinier), Tartas (Pou-
•riot), Sos (Dumier).
En 1637 : Nerac (Vignier, Aaron Tinel), Montagnac (Daubus),
Cannubin et Meillan (La Livoire), Coulonges, le Mas-d'Agenais,
Vic-Fezensac et Montreal ensemble (Boutet), Lavardac et Tranque-
roUe (Sauvage), Casteljaloux (Du Luc), Monheurt(La Guchai), Puch
(1) One questioQ qui se pose ici d'elle-m^me, mais qo^il est difficile et peat-6tre
impossible de r^soudre avec cerlitade» c'est de savoir qaelle ^Uit en somme la po-
polatioQ protestante distribute dans ces seize provinces. On a era que les calvinistes
dtaient au nombre de deax millions 4 I'av^nement de Henri IV; ce chififre parait
eiagdrd, el il faudrait sans doute en raballre un bon tiers ou davantage : les protea-
tants ne seflattaient pas, alors m^me, de former plus du dixi^me de la population
totale» laquelle, k la fin du xvi« sidcle, ne devait pas atteindre donze millions (L.
Derdme, Le Calvinisme en Prance^ dans la Bevue contemporaine da 1^ juin 1868,
t. Lxviii, p. 521).
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— 438 —
et Gontaut (Du Luc), Montcrabeau (d'Artigues), Eauze (Dufau),
Hastingue, les Landes et Chalosse (La Fitte, Solon; ce dernier n*etait
peut-dtre que proposant, on ne le compte pas).
IIact-Agenais. En 1603 : Tonneins (de Monjous, de Bangons),
Clairac (Ricottiei^pere et fils), Castelmoron (Bonsty), Puch (Mermet
fils), Montflanquin (Perron pere), Tournon (Perron fils), Monthart
(Seillade), Leyrac (Silvius fils), Laparade (Perran), Grateloap (Vi-
douze), Puymiroi (La Pajole).
En 1637 : Agen (Jean Alba), Grateloup (Abel Denys), Lac6pMe
(Eraste de la Cave), Monpron et Lustrac (Daubus jeune), Montflan-
quin (Persi), Tonneins (Bernardin du Hauf, Betous), Laparade
(Brinhol), Gontaut et Saint-Barthelemy (Salettes), Tournon (Doz6),
Clairac (Jean Costebadie), Pujols (Vauquelin), Castelsagrat (Ma-
thurin), Castelmoron (La Barre), Castelgrat, Combes et Montaut
(Maures), Puymiroi (Textas), Gavaudun (Jarlan).
Armagnac. — Ce colloque comprenait en 1603 cinq ^glises : Lee-
toure (Sauvec), Mauvezin (Gardesi), Puycasquier (Momin), L'lsle-
Jourdain (Duprat), Le Mas de Verdun (Constans).
En 1637, il 6tait r^duit a 4 : Mauvezin (Matthieu de Tissier),
Llsle-Jourdain (Etienne Rigault), Puycasquier et ses annexes (Jean
Tournon), Masgrenier et Lectoure (Isaac du Mas).
L^ONCE COUTURE.
CORRESPONDANCE.
Les Convents de Gluny en Gascogne.
CastiUon-de-Bat2, 25 aodt 1877.
Monsieur l'Abbe,
Dans un recent num^ro de la Revue de Gascogne^ vous avez pu-
blic un catalogue fort int^ressant sur les convents de Tordre de
Cluny dans notre province. Je vous prie de me permettre deux re-
marques a ce sujet.
D*abord, il faut que la Gascogne et I'Agenais renoncent a Thonneur
d'avoir ppss^d^ un monastere du nom de Gordiniac. II s'agit de
Sainte-Marie de Goudargues, dioceze d'Uzes. Vous trouverez dans
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— 439 —
VHistoire g4n6rale du Languedoc plusieurs chartes relatives a ce
monastfere (Voyez aux index des tomes ii et v de la nouvelle Edition
les mots GordanicuSy Gordaniacensis et Gordiniacerms). L'une de
ces chartes, dat^e de 932, eontient donation de Mons Calvtis a
Sainte-Marie de Goudargues. Nous devons aussi rayer de notre liste
le prieur^ de Saint-Jean, puisqu*il d^pendait du monastere dont nous
venons de parler.
Ensuite, le « pnoratus Gense » est le prieur^ de Saint- Luper.
Car on peut lire dans un livre imprim^ en 1626 et intitule « Pouill6
g^n^ral des abbayes de France et des benefices qui en dependent : >
« Prioratus S. Leuberthi d'Heouse seu Gense auxiianensis diocesis
in quo debent esse cum priore quinque monachi. Est ibi unus sa-
crista. » Ce prieur6 {d*apres Dom Brug^les, pp. 343 et 419) 6tait si-
tu6 « entre Escalans et Torrebren, dans le pays Euzan, oil il y a un
hameau appel6 Saint-Loubert, dans Tarchipr^tr^ de Gavarret. »
Mais puisqu'il vous a paru interessant de publier la liste des con-
vents dfe Tordre de Cluny en Gascogne au xv« siecle, vous aure»sans
doute plaisir a lire les notes que j*ai recueillies sur ce qu'ils ^taient
au commencement du xii« siecle.
M. Parfouru a bien voulu me communique! deux buUes du pape
Pascal II ins^rees dans le Cartulaire noir du chapitre de Sainte-
Marie d*Auch.
La premiere, probablement in^dite, dat^e de Tan 1100 et adress^e
a Tabb^ Hugues de Cluny, eontient F^num^ration des principaux
monasteres de son ordre, parmi lesquels je n*en ai trouv^ que trois
appartenant a notre province :
S. Martinus de Auxia;
S. Licerius de Bigorra (1);
S. Orientius Auxiensis.
L'autre, reproduite par Tabb^ Daignan du Sendat dans ses ma-
nuscrits et par Dom Brugeles (preuves de la seconde partie, p. 50),
est datee de 1105 et adressee aux religieux de Saint-Orens d'Auch,
EUe eontient le denombrement des monasteres dependants de ce
prieur6. On lit dans cette bulle le passage suivant : « Statuimus
enim ut queecumque possessiones, quaecumque bona idem beati
«
(1) [Ce prieur^, que j'ai eu tort de ne pas identifier dans ma note, et qa'il ne
fant confondre ni avec Saint-Lizier de Couserans, ni avec Saint-Lys {S, Licerius
Savensiuminpartibus, Hist, du Languedoc^ v, 502), est Saiat-L^zer, sur leqnel
on pent voir Texcellente notice de M. G. Bascle de Lagr^ze, dans son HisL relig.
de la Bigorrif p. 362-369. — L. c]
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— 440 —
Orientii monasterium legitima possessione in praesentiarum possi-
dere cogaoscitur, firma vobis vestrisque successoribus conserventur;
in quibus haec visa sunt propriis nominibus ex[>rimenda :
Ecclesia S'^ Saturnini de Castelle (?);
St» Petri de Manidvilla (?);
S»i Martini de Tuget (Touget);
S^' Salvii [Saint-Sauvy, D. Bnig^les, p. 455);
S*^ Martini de Gallovico (?];
S** Christinse [Sainte-Chrisiie^prhs AuchyT>, Brugeles.
p. 454);
S** Frisii (Saint-Frix de Bassoues);
S^' Juliani de Monasterio {MouMs);
S*' Orentii de VaHe Caprasia [Saini-Orms deLavedan];
S^' Mameti [Saint- Mamet de Peyrtisse-Grand^);
CapellaStiClari(?). »
Je serais fort curieux de savoir ou se trouvaient V Ecclesia S^ Sa-
iumini de Castelle, S*^ Petri de Manidvilla, S*» Martini de Gal-
lovico, et la Capella S^' Clari (1).
Pour completer tout ce que je viens de dire, on peut encore glaner
dans D. Brugeles, et surtout dans le PouilU gdn^al des abbayes de
France public en 1626, dont un exemplaire, qui se trouve aui ar-
chives departementales, m*aet^ fort gracieusement communique par
M. Parfouru.
Je desire, Monsieur TAbbe, que vous trouviez quelque inter^t a
cetfe communication, et surtout que vous vouliez bien compter sur
ma profonde estime et mon entier devouement.
A. LlVERGNE.
NOTES DIVERSES.
CV. La chapelle de Sainte-Anne, an GMon, prds Pavie (Gers).
La piece suivante, extraite d'un volume de documents eccl^siastiques colli-
g6s par Tabbe Louis Daignan du Sendat, qui fait partie de la bibliolh^que dio-
c^saine db Tarchevfichfe d'Auch, nous r6v6le I'existence d'une chapelle d6diee
k sainte Anne, attenante h la d6vote chapelle de Notre-Dame du C6don. Nous U
(1) [Je n'ai pas le temps de fouiller dans les livres el dans mes notes, mais il me
semble qae cette dernidre chapelle dtait a Saint-Glar de Lomagne et nnie an prienr^
de Salnt-Geny de Lectoare. — l, c]
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— 441 —
publions comme an complement de la notice sur ce lieu de pMerinage ins^r^e an
commencement Je notre tome xvi« (Janvier 1875). — l. c.
A Mgr r/W"*« et R4v^^ Archevique d^Auch, ouMons^votre vicaire gindrql.
Sapplie hnmblement M^ Jean-Baptiste Daste de Mostbroni pr§tre, docteor
en theologie, chanoine de Teglise m^tropolitaine de Sainte-Marle et priear de
la devote chapelle de N.-D. du Sedon, presPavie, et vous repr^sente quejoi-
gnant ladite chapelle 11 a 6te nouvellement construit une autre chfipelle qui a
6t6 d6di6e k sainte Anne. Et parce que cette derni^re chapelle n'est pas encore
b6nie, que le suppliant desire obtenir la permission de la faire b^nir, ce qu'il ne
ne pent obtenir qu'il ne soit procede k la verification de I'etat d'icelle : A ces
causes, il plaira k Votre Grandeur, Monseigneur, ordonner qu'il sera procede k
la verification de T^tat de la chapelle nouvellement construite par tel commis-
saire qu'il vous plaira k ces fins commettre pour, son verbal fait et remis, etre
ordonne ce qu'il appartiendra. Et le suppliant continuera de prier Dieu pour
votre prosper ite et sante.
— Vue la presente requete, nous commettons aux fins d'icelle M* Jean-Pierre
Domec, cure de la paroisse de Pessan, pour, sur son verbal k nous rapporte,
etre ordonne ce qu'il appartiendra.
A Auch, le 29 d'aoAt 1725.
Daignan do Sbndat, vie. gen.
CVI. Qn6rard et Tabb^ Anselme.*
Un de nos excellents collaborateurs, M. C1.~H. Masson. nous avait fait espe-
rer dansle temps une etude sur Antoine Anselme, abbe de Saint-Sever, predi-
cateur ordinaire du Roi, membre de Tacademie des inscriptions et belles-lettres.
Cette etude, fort interessante par son sujet m^me, VeiiX ete plus encore assure-
ment par la fagon dont le sujet aurait ete traite. Soit que notre confrere donne
suite k son projet, soit qu'un autre ecrivain se charge de nous raconter la vie de
Tabbe Anselme, je recommande au biographe du pieux predicateur une etrange
erreur de Querard, dans le premier volume de sa France littSraire. Le savant
bibliographe n'hesite pas k enlever k la Gascogne un de ceux de ses ceiebres
enfants dont elle a le plus droit d'etre fiere, et annonce bravement que I'abbe
Anselme naquit k lUe-Jourdain, « dans VArtois, » le 13 Janvier 1652. Du reste,
Querard devait etre bien distrait le jour oil il redigea sa notice sur notre eio~
quent compatriote, car, non content d'en faire un Artesien, il en fait aussi un
« memhre de VacadSmie fro/ngaise, » T. de L.
CVn. Une vieille scnlptiire italienne aux environs d*Anch.
Le chateau deLuxeube (LucusSylva?)^ autrefois propriete d'unebranche de
I'illustre famille des Du Faur, aujourd'hui richement restaure par M. Demonts,
'^mcien pr^fet du Puy, a garde quelques restes de son antique ameublement. Un
Toiot XVm. 29
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— 442 —
de DOS amis, qui Ta visits naga^re, aremarqa^ sartout ud beaapanneaadebois
scolpt^, reprdsentant VAssomptionde la Vierge,el renfermant dans sa partie
infer ieore le groape des ap6tres. II a calqa6 soigneosement la signature de ce
curieux morceau, et je n'ai pas eu de peine k lire en toutes lettres : Bagcio Ba5-
DiHELLi, un des grands noms de Tart iulien au xvi* si^cle. L. C.
QUESTIONS.
147. Une relinre k VS barrd et k monogrammes.
J'ai sous lesyeux un volume dont la reliure porte des s%nes myst^rieux. que
je voudrais bien voir expliquer par quelqu'un des correspondants de la Revue
de Gascogne. C'estun Montaigne de Paris, 1611, in-S'', reli6 en veau rouge.
SuR LEs PLATS, eucadr^s d' arabesques, on voit : au milieu, un coeur perc6 de
deux fl^ches, entour6 d'une guirlande circulaire et accoste, k droile et k gauche,
de deux alliances (mains unies) et de deux amorini k I'arc band6; — au-dessus
et au-dessous du coeur et de ses accompagnements, se r6p6tent deux ligoes
uniformes de signes alpbabetiques que je vais tdcher de decrire : 4^^ ligne :
deux <i> enlaces; deux D adoss^s et enlaces; un A et un M entrelac^s. ^ ligne:
un S barr6 d'un trait oblique (descendant de droite k gauche) et plac6 entre
deux representations d'un m^me monogramme, ou je crois distinguer les lettres
F, D, S, V, peut-6tre M ou N. — Sur le dos, tout convert de fines arabesques,
sauf une longue ligpe verticale m^nag^e presque du haut en has, on lit la devise
espagnole : Morir o mas contento.
Dans tout cela, il y a des symboles fort simples et fort conuus (alliances,
amours, coeur perc6), mais aussi des sigles et des monogrammes evidenunent
significatifs. J'avoue n'en savoir expliquer aucun. Seul I'S barre m'avait d'a-
bord paru assez clair. Je croyais, avec beaucoup de gens, que Henri IV avait
invente ce r6bus en faveur de Gabriel le d'Estrdes [S trait).
Cetle explication a pour elle rautorit6 de M. Vatout (Souvenirs des residen-
ces royales, iv, 203) et celle de M. Ed. Foumier (Moniteur du 10 Janvier 1856).
Mais elle a 6t^ pleinement r6futeepar M. Adr. de Longp^rier [AthentBum fra/ng.
1856, p. 57) qui, non content de rappeler (^Estries se pronon^ait* comme il
doit se prononcer encore, Etries^ a cit6 des exemples de rsbarr6 employ^ par
Jeanne d'Albret et par Catherine de Navarre avant la naissance de Gabrielle. II
est probable que ce signe voulait dire, pour Jeanne d'Albret, fermesse ou fer-
meti (I'S barr6 repr^sentant une f) , et que ses enfants en gard^rent I'usage. Mab
cela ne m'explique pas les autres myst^res de mon Montaigne, y compris la de-
vise espagnole du dos, et ne me fait pas savoir pour qui cette reliure a^te
faite. L. C.
148. Une statue du cardinal d^Armagnac.
On lit dans une courte notice sur le Mus6e d*Auch, inseree p. 655-556 du 2*
volume de la Statistique des d^partements pyrMens par Alex, de M6ge (1829) :
«.... Au nombre des objets qu'on y a d6j^ rassembl6s, on distingue des torses*
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— 443 —
un beau tombeau chr6tien de la fin da vr* si^le, la statue du cardinal d'Ar-
magnac, etc. » Je n'ai jamais vu cette statue, qui repr^sentait peut-6tre, non
I'illustre cardinal Georges d'Armagnac, mais un pr61at moins cdldbre, Jean IV
d'Armagnac, archev^que d'Auch, que Tantipape Benoit XIII nomma cardinal en
1406 {Revue de Gasc. , xy, 306). Quoi qu'il en soit, ou est aujourd'bui le monu-
ment signals en 1839 par M. du M6ge? U. C. T.
149. Un 6crivain de N6rac.
Je viens de trouver chez un chiffonnier d'Anch un volume intitule : Viri Dei
Cbsaris de Bus, congregationis Doctrince christiance institutoris, Vita»
authore R. P. Jacoho Goudour, neracensi, ejusdem congregationis theologo,
Toloss, Raym. Bosc, 167J . In-13. Cette biographic du fondateur des Doctri-
naires est dedi6e k Claude Maillier du Houssay, ancien ev^que de Tarbes, que
I'auteur loue surtout d'avoir confix, dans sa ville Episcopate, un sEminaire et un
college anx enfants du venerable C6sar de Bus. Cette histoire est ^rite avec un
certain talent, dansun latin 6l6gant jusqu'^ la recherche. Quelqu'un pourra-t-il
me foumir snr ce Jacques Goudour, n^racais, qui m'^tait jusqu'^ ce jour par-
faitement inconnu, le uioindre renseignement biographique? L. C
150. Da nom patois de Tajonc.
M. rabb6 C. Daux, qui a public des lettres in6dites de saint Vincent de Paul
dans la livraison du 1^^ avril 1876 de la Revue des questions historiques, dit
(p. 588, en note, an sujet de Montech (Tarn-et-Garonne) : « Quelques-uns, in-
> terrogeant les armes de cette viUe» qui porte unebranche d'ajonc epineux.
» appel^ en patois tueho ou tuch, en font Mont de la tuchOf d'ou Montuch et
» Montech. Cette plante est tr^s-abondante, du reste» dans les environs de cette
» locality. » Je voudrais savoir lo quelle est I'^tymologie de tucho ou tuch;
^ quels sont les autres noms que porte I'ajonc dans le langage populaire de
tout le sud-ouest. T. de L.
151. Une filleale de Marguerite d^Angoaldme.
J'ai relev^ sur les feuillets de garde d'un vieux volume de la Biblioth^que du
S^minaire d'Auch la note suivante :
a Lunedi alii xxviij di nouembre M. D. xlj. a M* Maria de Dej cominciorono
le dogle trale sette o le ott'ore della mattina. Partori fraun hora et dua doppo
mezo giorno una bambina et il di medeshno si battezo et ha hauto per ordine
della regina di Nauarra che e stata comare insieme co la duccheza di Ferrara
nome Margherita. — I Compari:
» II card. Tornon. II card. Scotia. »
Je demande quelle est cette Marguerite, nee «k une heure et demie aprfts midi.»
le lundi 28 novembre 1541, et qui fut tenue le m^me jour sur les fonts da
bapt^me par des personnages si illustres : la Reine de Navarre, sa cousine Renee
de France, duchesse de Ferrare, le cardinal de Tournon, archevftque d'Auch, et
Dadid Beaton, archev^que de Saint-Andrd, dit le cardinal d'Ecosse. — L. C.
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— 444 —
t
Mgr Thomas-Casimir-Frangois de Ladoue, ev^ue de Nevers, n^ a
I Saint-Sever (Landes), le 23 juillet 1817, a rendu son toie a Dieu,
au saint autel, apres la commimion, le 28 juillet 1877. C'est une perte
sensible pour TEglise, qu'il aima toujours avec passion et k laquelle
il avait vou^ tons les eflforts d'une infatigable energie, toutes les res-
sources d'un talent brillant et facile. C'est un deuil special pour notre
I province, qui Tavait vu naitre et ou se passa une grande partie de sa
vie sacerdotale. C*est un deuil de famille surtout pour la Sociite his-
iorique et la Revue de Gascogne, qui s'honorent de le consid^rer,
I apres son illustre ami Mgr de Salinis, comnie Tun de leursfondateurs.
I On pent rolire, dans la premiere livraison de notre recueil (i, 9), la
I lettre qu'il adressait a I'occasion de cette publication a tout le clei^
du diocese d*Auch. Quand les circonstances Teurent ^loign^ de Tad-
I ministration, il daignait encore envoyer au r^dacteur en chef du Bul-
letin une longue et instructive communication sur les moyens de
I perfectionner cette oeuvre (iv, 577). II nous confiait d'eloquentes pages
n^crologiques sur MM. Henri d'Aignan, Leon Dufour (vi, 250), Th. de
I Marignan (ix, 420), le marquis H. de Galard-Terraube (xi, 97); la pre-
I mi^re esquisse de son beau travail sur Mgr Gerbet (v, 377, 439; vi,
105), et d*excellents articles bibliographiques sur des ouvrages de
' MM. de Gavardie (v, 318), Lespinasse (v, 639) Jr^n^e David (m, 338),
I de Claye (x, 172), d'Esparbes de Lussan (x, 275). A notre tour, nous
I avons fait connaitre avec le plus grand soin tous les ouvrages dont il
fut Tauteur ou T^diteur : son Coup d'udl sur VapologMque chr4-
/tenne(1865, vi, 54), leiDiviniUde VEglise de Mgr de Salinis (1864,
' VI, 5, 120), la SiraUgiedeM. Renan de Mgr Gerbet (1866, vn, 285),
I la Vie de Mgr de Salinis (1864, v, 171), Mgr Gerbet, sa vie, ses
! (Buvreset rScolemennaisienne {IB69, xi, 134). Aujourd'hui, on nous
I engage a raconter sa vie. Mais de substantielles notices lui ont 6t6
6onsacr6es dans divers joumaux catholiques, et nous ne pourrions
que dire moins bien les mSmes choses. Ce que nous ne pouvons faire,
roais ce qui se fera sans doute bientOt dans un des quatre dioceses
(Aire, Amiens, Auch, Nevers) qui Tout le mieux connu, et ce que
I nous appelons de tous nos voeux, c*est ime biographic itendue et
complete de ce grand serviteur de Dieu et de TEglise, que nous serons
I heureux de recommander k nos lecteurs.
R. I. P.
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CHEVET DE LA CATHfiDRALE D*AUCH.
Qmissions et oompldments des etudes ddj& publides
sur oet ddlfloe (*).
Bien que la premiere pierre de la cathedrale d'Auch n'eftt
ele posee, sous le roi Charles VIII, qu'en jaillet 1489, une
indication artistique flxa a Taspect du nord, vers 1493, le
nivellement general de Tfedifice, a la hauteur des cinq roAtes
cryptales. La crypte, en eflfet, venait alors de s'achever et
d'oflfrir asile aux trois sarcophages i reliques, dont les Bene-
dictins de Saint-Orens avaient fait le genereux sacrifice.
A partir de cette indication' ext6rieure, vers le nord (1),
les Iravaux s'eleverent si rapideraent que le chevet d'un nouvel
edifice se trouva complet, m6me pour les voiites, vers 1507,
c'est-a-dire a la moitie du regno de Louis XIL
II fallut songer des lors a orner de verrieres en coul^ar les
ehapelles entierement construites, ce qui fut termini en 1513,
par le peintre Arnaud de Moles, originaire de Saint-Sever
(Chalosse).
On crut ensuite pouvoir donner des autels aux chapdtes
que le verre protegeait, en commengant par les trois qui ter-
minent le chevet k Test.
Celles-ci furent, selon T usage de TSpoque, dot6es d'autels
en pierre, prfesentant trois faces verticales k Toeil de Tobserva-
teur, tandis que la quatrieme se confondait avec le pan coup6
{*) Ancien travail de M. Tabb^ Can^to^ dont les yeox, depais longtemps malades,
ne loi permetlent pas de se livrer aujoord'hui k de tell«ii Etudes.
(1) Ce soDtdeax panonceanx asoutieos d'anges, graves sur le contrefort voisin de
la sacristie, od les liohs d'Arraa^^nac viennent s'adjoindre aux trois fleurs de lis de
Louis XI, par suite de la couqudie fafte en 1473.
Charles VIII prend possession des privileges capitulaires, transmis par son pdre
avec le comtd d'Armagnac, ct d^sormais infdod^s k la couronne de France.
Tome XVm. 30
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du centre. De ces trois autels primitifs, deux subsistent en-
core, a droite et a gauche de la chapelle terminale.
Dans la construction de cette derniere, on avait raltache
aux trois pans coupes du fond un remarquable monument en
pierre, et celui-ci, . dispose horizontalementi empfichait les
trois fenetres de commencer aussi bas que celles des aulres
chapelles. Ce monument sert encore comme de voile a jour a
Tautel entier.
C'est done une espece d'opercule d'une etendue Ires-peu
ordinaire, en latin opertoriam. Et Tobjet principal a recouvrir
6tant ici le Pain celeste, la nourriture de nos ames, animce
dbus^ ce vaste opercule, perce de nombreuses decoupures qui
produisent un si bel efifet, avait pris dans le plan de construe
tion le nom tres-expressif de Ciboriwn, par extension du mot
liturgique Saint-Ciboire.
Une chaine en metal precieux suspendit au centre une
riche colombe d'or, destin6e a contenir les saintes especes
eucharistiques, et deux cour tines pendaient egalement d'une
tringle en fer, en avant du Cibofium, pour le clore anterieu-
rement, Ajoutons meme que cet ancien usage est encore
denonce a nos regards par les pitons qui recevaient la trin-
gle sur les deux c6tes.
Au sud-ouest de cette chapelle, le pan central avait ete b&ti
avec un opertorium, aussi en pierre, mais d'un autre genre,
et d'un tout autre usage que le precedent. II s'eleva en toute
Uberte, parce que la chapelle ou il se trouve ne pouvait pas
avoir de fenetres, attendu que son midi etait alors Tinterieur
du Tinel (vaste salle de Tancien archeveche), qui estactuelle-
ment en demolition malgre ses nombreux souvenirs histori-
ques.
Cet opercule se developpa done en deux etages successifs,
jusqu'a la hauteur de 5 metres, encadre a droite et a gauche
d'elegants pinacles et couronne d'une belle vegetation de
pierre. II presente de plus, a son debut horizontal, sa
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— 447 —
plus grande largeur entre les deux colonnes voisines.
Gar^ monument flxe^ il 6tait destin6 k recouvrir, mais sans
courtines, un groupe, aussi en pierre, compos6 de sept per-
sonnages grands comme nature, lis sont debout autour du
corps de J6sus-Christ, depose de la croix, et reproduisent la
touchante scene qu'on appelle Lamentation sur le torn-
beau.
A peu de distance sont quatre gardes debout et isoles. lis
portent les armes, la coiffure et le costume des quatre regi-
ments d'infanterie que Louis XII venait de former, Cette der-
niere observation donne, sans la preciser absolument, Tfepo-
que oil notre oeuvre d'art Chretien fut mise en place, vu que
Louis XII mourut en 151 5,
Reconnaissons toutefois que Tarcbeveque, cardinal de
Clermont-Lodeve, intronise en 1512, presidait en personne
a Tornementation de nos trois chapelles, dans les premieres
annees du regno de Frangois I", Car, dans celle qui avoi- •
sine le Ciborium, vers le nord-est, Tautel, alors nouvellement
coDstruit, porte sur le bord inferieur de Tarcbitrave, la date
de 1524, ce qui indique la neuvifeme annee du r^gne de Fran-
cois I".
Disons, en outre, que, selon le goAt de cette pferiode, cet
autel est orne de fausses nicbes, qui sont munies d'opercules
fort reduits, 6vid6s en coquille.
Toutefois, alors m6me et pendant plus de vingt ans encore,
on sculpta sur d'autres points de notre catb6drale des oper-
cules cpmplets de forme borizontale; ils avaient, il est vrai,
assez peu de bauteur au-dessus des statuettes isol6es qu'ils
devaient recouvrir, k moins que le ciseau de Tartiste n'eAt k
les terminer en pointeplus ou moins aigue, comme il Pa fait,
par exemple, aux portes laterales de notre eglise.
11 est done incontestable flue la pyramide en amortisse-
ment avail pris, dans la premiere moiti6 du xvi* siecle, une
certaine vogue, comme on le voit egalement au cboeur d'A-
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— 448 —
mims, commence en 1508, et a cehii de Saint-Bertrandde-
Comminges, livr6 aux sculpteurs sous FraDfois I". Elle est
m^me semee avec profusion au couronnemeDt de nos boise-
ries, tandis que, un peu au-dessous de cette riche vegetation,
les opercules se reunissent de maniere a ne former qu'un
seul oper4orium conlinu, au-dessus des hautes stalles tant au
midi qu'au septentrion.
Les nombreux visiteurs qui se plaisenl k les considerer
n'ont pas tons le meme enlhousiasme pour les merveilles que
reproduisent nos boiseries. Mais peut-on meconnaftre la
p6riode arlistique qu'elles revelent a premiere vue ? Le tiers
ap moins 6tait mis en place lorsque Raphael descendit dans la
tombe. Ilmourut a Rome, en 1520, quoiqu'il ftlt encore fort
jeune (1), Or, ce que Ton est convenu d'appeler seconde
manidre dansses oeuvres d'arl Chretien elait deja tres en vo-
gue en Occident, et nous en trouvons une sorte de trace mani-
festo au-dessus de Tautel alors nouvellement construil, a
Forientdu chevet qui nous occupe. En efifet, on avait regarde
comme beaucoup trop austere la part de mur terminal qui est
entre le Ciborium de pierreet son autel.
Cette facade interieure fut done revetue de boistres-miece,
et Ton enrichit ce placage triangulaire de ciselures tractes a
grandes lignes et chargees de dorures en relief. Elles forent
m6me couronnees, pour certaines expositions plus solen-
nelles, d'un Ciboriolum (2) spherique, construit aussienbois,
ome d'arcatures et rehausse d!or sur divers points.
Deux pelites courtines, egalement enbois dore, s'ecarterent
i droite et a gauche et se coufondit^t avec les longues ailes
de deux anges dontles, membress out trop visibles, ce nous
semble.
Malgr6 leur destination purement reverentielle, ces pr^»-
(1) Cette date est trac^e k la poiiite, au r^ers de la 9* basse stalle cdtd nord, oa
eU« rappelle aussi Taiinde de U mort dn peintre Arnaad de llolef .
(2) Opercnle plus petit, sons leqael se serail plac^e quelqaefois la saiote Kucha-
ristie en expositioD.
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— 449 — .
das esprits celestes offrirent aux regards de completes nudites,
beaucoup trop hors de place, mais que cerlaines allures de
ce qu'on appelle la Renaissance excusaient alors tres-facile-
ment.
Sur plusieurs verrieres qui enrichissent le chevet, on pou-
vait faire une observation analogue a celle de nos deux anges;
mais I'occasion on elait surtout frequente dans lesistalles du
choeur, donl la confection en bois de chene se poursuivait
encore depuis 1507.
II est bien evident qu'un travail d'art, soutenu avec autant
de perseverance, de delicatesse et de succes, devait etre a
I'abri des variations atmosph6riques. Or, si les voAtes du
chevet etaicnt achevees depuis longtemps, comme c'etait in-
dispensable, on avait eu soin, en outre, de cldturpr provisoi-
rement les haules fenfires qui dominent cette portion si
imporlante deFediflce; sans compter qu'ellefut pourvue bien
a temps d'un mur provisoire bati du nord au sud entre les
cinq arcades voisines, afm que toute la partie occidentale de
notre eglise ptit elre livr6e aux nombreux ouvriers qui con-
tinuerent de la construire meme apres la mort de Francois I".
Cette espece de catamite publique etait survenue en mars
1547, etc'estunan apres que la cathedrale d'Auch fut con-
sacree a Nolre-Dame, bien que Tedifice fut encore inachev6.
Dans nos boiseries, le dernier haut dossier place a Test,
mais a Taspect du nord, venait alors de conferer les traits et
le costume de Francois P' au roi David, trfes-reconnaissable a
sa harpe. Et comme les sialics devaient etre laissees dans un
etat incomplet, a cause des troubles publics, on songea a
donner au choeur une enceinte conservatrice vers FOrient.
C'est du temps d'Henri II que cette cl6lure fut 6tablie en
pierre, sur les troispans coupes de Test, ainsi qu'un modeste
autel dont le rotable futevide en fausse niche avec coquille en
amortissement. On Teri^ea a Finterieur entre deux colonnes
torses pour le service habituel du chapitre.
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— 450 —
Enfin, bien au-dessus du retable de cet autel, on exposa
aux regards des chanoines, vers 1559, la statue de Notre-
Dame d'Auch, sur la balustrade que coaronne encore Tarcade
terminale. Elle gardacette place jusqu'aFannee 1792 (1).
Un objet de veneration aussi profonde que T^tait ce pieui
monument meritait bien les attentions d'un riche opercule,
et la cath6drale en fournissait depuis Louis XII des exemples
saisissants sur divers points.
Rien, assurement, n'obligeait ici a terminer de preference
ce motif d'ornementation en d6me, en pinacle ou en pyramide.
Entiferement libre en son pourtour, il se trouvait degage de
toute construction voisine, sous Parcade qui le dominait; mais
il devait recouvrir avec aisance la statue de Notre-Dame. On
n'eut done qn'k fixer eel 61egant opeiiorium k la fagon des
baldaquins, sur un petit nombre de colonnes dont la base
pouvait d'ailleurs se rattacher facilement a Tappui inferieur.
Les exemples de ce genre ne manquaient pas, surtout en
Italic dans le xvi' si^cle.
On vit aussi, bientdt apres Tinvention des ostensoirs, cette
espfeced'operculesur colonneitesdominer certains monuments
eriges, meme dans nos provinces, sur les autels importanls
ou il servait k Texposition de la sainte Eucharistie. Mais dans
ce dernier cas, un usage aussi exclusivement determine flxa
avec la liturgie le vocable sacre de Ciborium a ces sortes
d'opercules.
Revenons enfm a Tetude historique des changements dont
lachapelle terminale fut successivement Fobjet.
Dans la seconde partie du xvi' siecle, les commotions im-
primees a notre Midi par les protestants furent tres-desas-
treuses, surtout dans la province ecclesiastique d'Auch. II etalt
done fort a craindre que les especes eucharistiques ne fusseut
pen en surete dans la riche colombe suspendue au centre du
(1) k celte dernidre date, des mains impies la mirent en pieces et brftlirenl ses
d^ris sar la place publiqae.
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— 451 —
Ciborium. Aussi notre chapitre mfetropolitain s'arreta-t-il de
pr6f6rence a la confection d'un tabernacle important muni de
six torsades engagees, et on Tetablit solidement sur I'autel
primitif. On lui adjoignit des cadres a saintes reliques, ainsi
qu'une sorte de retable a fausses niches, encore facile a dis-
tinguer a droite et a gauche de Tarriere-plan.
Enfln, au-dessous du tabernacle fut egalement fixe un
gradin enrichi de sculptures a* fond smille, comme pour le
reste de Tornementation, ainsi que cette periode de troubles
Tindiquait.
Cependant Charles IX etait mort en 1574, et Notre-Dame
d'Auch s'etait fait respecter par les cohortes protestantes qui
avaient tant menace de Tenvahir. A son tour Henri IV avait
deflnitivemenl reussi a enrayer les pretentions des calvinistes
dans le sud-ouest, el Leonard de Trapes 6tait intronise sur
notre siege mfetropolitain depuis la fin du xvi« sifecle.
II savait que, dans sa province ecclesiastique, le choeur de
Saint-Bertrand venait d'etre termine en bois (1); mais pour
Auch, comment retrouver, aprfes un demi-sifecle de suspension
forcee, des artistes capables d'ajouter une travee a Toeuvre
restee incomplete, soit au midi, soit au septentrion? Car on
voit encore des deux c6tes la section de Topercule continu
au-dessus de la moitie du contrefort qu'elle domine. Mon-
seigneur de Trapes n'osa done faire, a titre de complement,
aucune addition dans les boiseries du choeur.
Alors, Pierre Soufron, entrepreneur auscitain, crut devoir
faire gouter a Sa Grandeur un projet de tres-riche cldture in-
terieure, mel6e de pierre et de marbre, avec voAte qui put
Tanir a la cloture primitive au-dessus du retable en fausse
niche. Ce plan fut, en efifet, mis a execution sous Henri IV,
pour n'^tre termin6 que dans les premiferes annees de
Louis XIII.
Le riche entourage dont le grand autel du chapitre venait
(i) Ou y lit, noQ loin do ma)tre-aatel» la date 15T7 grav^e dans les boiseries.
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— 452 —
d'etre dote, dans la premiere moitie du xvii' siecle, mit beau-
coup plus en relief la nudite des quatre pans qu'on avait
dfelaisses dans la chapeUe du Saint-Sacrement. On crut done
devoir accorder une attention speciale a ces quatre surfaces,
sans plus de retard.
Les uns voulaient les embellir, au moins jusqu'a la hauteur
du Ciborium, de peintures plus ou moins en harmonie avec
les trois verrieres voisines. D?autres plaidaient en faveur de
grands cadres, qu'animeraient certains personnages en relief,
rehausses d'or.
La question etait ainsi pendanle depuis plusieurs annees
lorsque, sous Louis XIV, Mgr de la Mothe-Houdancourl, notre
archev6que, aida a la resoudre. II venait d'assister, a Paris
m^me, a la mort de la reine-mere dont il avait ete jusque-la
le confesseur. Rendu a son diocese par ce deplorable evene-
ment, en 1666, il voulut consacrer le souvenir de la defunle
par une fondation obituaire. A cette fin, il designa un petit
nombre de chapelains qui, tons les jours, acquitteraient ses
pieuses intentions, a Tautel du tombeau de J6sus-Christ.
11 no pouvait mieux choisir, ce semble; mais, afm que
le souvenir ne s'en perdit jamais, il fit richement dorer Voper-
torium qui s'eleve au-dessus du tombeau divin. II fit en outre
rattacher au-devant de Taulel une plaque de bois, sculptee
avec soin de plusieurs motifs, sans negliger un petit nombre
de peintures, Et surtout, il ne voulut pas oublier le chiffre de
Louis XIV, alors regnant : ce sont deux L entrelacees, tres-
connues dans les oeuvres d'art de cette epoque, et qui furent
piacees ici au milieu de Pornementation.
Get exemple de boiseries fut juge d'aulant plus digne d'etre
suivi, que Mgr de la Mothe-Houdancourt avait depense de
grandes sommes sur divers points de son eglise, specialement
afin d'etablir en beau marbre les riches balustrades de com-
munion qui ornent Tentree de toutes les chapelles.
En 1670, il avait egalement fait elever, sous le nom de Jube,
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— 453 —
une tres-riche construction oil le marbre dominait, se pro-
posant de mellre fin a tout deplacement des stalles adjacentes,
comme on Favait souvent demande, sous pretexte de faire une
large ouverture s^u choeur (1).
Enfln, il etait mort en 1684, avec la reputation d'un saint
personnage.
D'ailleurs, ce grand prelat avait dot6 la fabrique par testa-
ment des sommes necessaires pour conslruire un grand orgue
et terminer les deux tours qui sont a Touest de la cath6drale.
Neanmoins, les debals relatifs k la chapelle du Ciborium
se poursuivirent encore dans la premiere moitie du xvni* sifecle,
et Ton flnit par conclure en faveur de quatre evangelistes en
boisdore(2). lis furent rattaches aux surfaces nues qui com-
plelent cetle chapelle. On ajouta meme certaines ornementa-
lions tout a fait accessoires, surlout comme caractfere, mais
sans pretendre au merite d'adjoindre quelque part le chififre
royal dont nous venons de parler.
Enfin, autour des deux piliers furent etablis quatre anges
dont deux etaient en adoration, tandis que les deux autres
agilaient vers le public des epees flamboyanles.
Peu avan t la fin de sa longue carriere episcopate, Mgr de Mon-
lillet, sur un bref obtcnu du pape Clement XIII, consacra au
Sacre-Coeurde Jesus notre chapelle terminale. Cependant, ilne
crut pas devoir la decorer de peintures. Cette bonne oeuvre
etait reservee a une pieuse famille d'Auch, qui veut meme
Fenrichir d'un autel et d'une statue dediee au Sacre-Coeur.
F, CANETO,
vie. gin.
(1) L'efTet conservatear da jnbd se produisit pr^s de deox sidles, jasqd'i ce
qa'enRn Napoleon III voulut le romplacer par un avant-choear ogival, dans le but
d'assorer I'avenir auxdites stalles. En 1858. I'Etat fit les frais de eet avant-choenr
en bois, et paya 20,000 fr. environ les peintures historiques dont il fiit ddcord.
(2) l\ 9St f^cbeux que, dans le but de preparer la place de Tun des quatre Evan-
gelistes, ont ait cm devoir mutiler compldtement la credence et la piscine en picrrc
ricbemeot d^cor^e de sculptures qui se trouvaientdu cdt^ de I'EpUre.
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— 454 —
L1NSTRUCTI0NPUBLIQUE AGIMONT
DANS LES TEMPS ANTERIEURS A 1789 (1).
COUVENT DES URSULINES.
Au moment oix Tetablissemenl du college de Gimont ache-
vait de se consolider par la cession qu'en flt la ville a la con-
gregation de la Doctrine chretienne, une autre congregation,
qui devait faire comme le pendant de la prfecedente, fondee
pour Feducation des fiUes, prenait en France de grands de-
veloppements; c'etait la congregation des Ursulines, devenue
depuis peu un ordre religieux sous la regie de saint Augus-
tin, et que pour cette raison on appelait Augustines-Ursu-
lines, pour les distinguer des autres associations d'Ursulines
qui n'avaient pas embrasse cette regie.
Sainte Angele de Merici fut la premiere fondatrice des
Ursulines. Mais ellene fit, pour ainsi dire, qu'ebaucher cette
institution. Elles'etait bornee d'abord a s'adjoindre uncer-
tain nombre de pieuses filles vivant, comme elle, dans le
monde pour se dfevouer ensemble a Tinstruction chretienne
des enfants de leur sexe, particulierement des pauvres. Toutes
ces pcrsonnes formaient bien une veritable association, mais
depourvue des caracteres essentiels d'une congregation reli-
gieuse proprement dite. EUes n'etaient liees par aucun voeu;
seulement Angele les engageait a se consacrer a Dieu, en leur
(1) Voyez plus haul, p. 109, 273, 315.
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— 455 —
parliculier, par le voeu de chastete. EUes ne se reunirent
pas, dans le principe, en communaute, mais continuerent a
vivre isolement dans le monde, comme elles faisaient avant
leur enlr6e dans Tassociation. Rien ne fat change dans leurs
habitudes ni dans leur maniere de se vetir. Seulement elles se
reunissaient pour certains exercices spirituels, qui devaient se
faire en commun, et pour les classes. C'est le 25 novembre
4335 qu'Angele et ses compagnes se mirent resolument a
Toeuvre, et Ton continua sur ce pied jusqu'a la mort d'An-
gele, arrivee dans la nuit du 27 au 28 Janvier 1540.
Paul III approuva cet Institut en 4544 et, de ce moment,
des associations semblables se formerent en d'autres Ueux et
se multiplierent rapidement dans toute Tltalie. En 4572,
Gregoire XIII les erigea en veritable Ordre religieux sous la
regie de saint Augustin, en laissanl toutefois aux di verses as-
sociations la liberte, si elles le preferaient, de continuer a
vivre comme elles avaient fait jusqu'alors. U y eut depuis
des Ursulines clbitrees et des Ursulines non cloitrees. Ni les
unes ni les autres n'avaient un centre commun. Les diverses
maisons etaient independantes les unes des autres et se gou-
vernaient elles-raemes sous la dependance spirituelle de Teve-
que diocesain.
Les Ursulines ne commencerent a etre connues en France
que sur la fin du xvi* siecle; et ce fut encore au venerable
Cesar deBiis, le fondateur de la congregation de la Doctrine
chretienne, que notre patrie fut redevable de ce nouveaubien-
fait. La premiere fondation faite sous ses auspices fut celle
de risle, dansle Comtat-Venaissin. Cette fondation ne futd'a-
bord qu'une simple association dans le genre de celles de
sainte Angele, n^ayant d'autre but que Tinstruction chre-
tienne des flUes pauvres. Les premieres associees furent Cas-
sandre de Bus, niece de Cesar, et Frangoise de Bremont, sa
penilenle. L'association commenga en 4692. Pendant quatre
ans, les membres continuerent a vivre en liberte 'et separe-
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— 456 ^
ment daris le monde; mais en 1596, elles renoncerent lout a
fait a celte liberte pour se soumettre a la vie commune sous
laconduitede Frangoise de Bremont. Celle-ci ne devail pas
Tester longtemps a Tlsle. Par une disposition particuliere de
la Providence, elle etait destinee adonner en France, a Toeuvre
de sainte Angele, son entier d6veloppement; d'abord en mul-
tipliant les fondations sur le modeie de celles de lisle, et ensuite
enfaisant subir a Plnstitul les transformations successives qui
devaient en faire un veritable Ordre religieux. La fondation
qu'elle fit a Paris fut la premiere qui se soumit a la cl6ture.
Bientfil d'autres suivirent qui imiterent cet exemple; celles qui
existaient deji flnirent par en faire autant, si tien que vers
1620 la transformation etait partout accomplie. Depuis ce
moment il n'y eut plus de fondation sans cloture, et les Au-
gustines-Ursulines formerent dans toute la rigueur du droit
un Ordre religieux que Dieu combla de ses benedictions; ses
maisons se multiplierent rapidement detous c6tes, et partout
les religieuses qui les habitaient se flrent coristamment re-
marquer par leurpifeteexemplaire, par leur parfaite regula-
rite et par le zele qu'elles deployaient pour Tinstruction el la
bonne education des jeunes flUes qu'on leur confiail. Ces
bonnes traditions ne se sonl jamais perdues.
Maintenant que Ton sail la part qu'eut le ven6rable Cesar
deBus a Tintroduclion et a la propagation en, France des
maisons d'Ursulines, on ne sera pas surpris de voir un con-
vent de cet Ordre s'etablir a Gimonl pen de temps apres que
les Doctrinaires se furenteux-memes inslallesau college. Le
successeur de Cesar dans le gouvernement de sa congrega-
tion etait anime du m6me esprit que lui et ne mettait pas
moins de zele pour propager les maisons d'Ursulines que les
etablissements de son Ordre, afin de pourvoir a Finstruction
et a la bonne education des femmes en m^me temps qu'a
celle des hommes. Un projet de ce genre manifesto par lui
aura 616 d'autant mieux accueilli a Gimonl qa'on y avail
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— 457 -
SOUS les yeuxles bons resultats obtenus depuis que le college
etaitaux mains des Peres, et qui 6taient d'un si bon augure
pour ceux qu'on pouvail se proraettre de retablissement du
couvent.
Pour realiser ce projet, il ne manquait qu'une chose, mais
c'etait la plus essentielle : les ressources materielles indispen-
sables pour une semblable entreprise. Les temps, d'ailleurs,
etaient loin d'etre favorables. Nous avonsdil dans quelle triste
situation se trouvait la communaute. Les charges qui pesaient
sur elle etaient deja si lourdes qu'on ne pouvail pas songer
a lui en imposer de nouvelles. On ne pouvait pas non plus
demander au clerge de nouveaux sacrifices; ses revenus, par
suite du malheur des temps, se trouvaient aussi greves de
charges enormes, auxquelles il ne pouvait sufflre qu'a grand'
peine. Les particuliers n'etaient guere plus i Taise, et cette
misfere g6nerale fut cause que la fondation du couvent se fit
attendre et ne vint qu'environ dix ans apres Tinstallation des
Peres au college, II est m6me vraisemblable que Tattente ett
6te plus longue, si la Providence n'avait pourvu d'une ma-
niere inesperee aux premieres necessites de Tetablissement.
Tandis que les personnes le plus direclement interessees
a la fondation du couvent se contehtaient de faire des
vceux steriles, Dieu s'etait choisi dans une des families les
plus marquantes de la contree Tinstrument dont il voulait se
servir pour Taccomplissement de ses desseins. C'etait une de-
moiselle dePins de Monbrun, nommee Catherine. Elle avail
une soeur, Isabeau, qui etait entree au couvent d'Ursulines fon-
de a Toulouse, en 1610. Peut-etre Catherine avait-elle voulu
y entrer aussi; mais nele pouvantpas, pour des raisons que
nous ignorons, elle aura voulu se d6dommager en consacranl
unepartie de sa fortune, dont elle avail la libre disposition, a
la fondation d'un couvent de cet Ordre dans la ville d3 Gi-
mont. EUeypensalongtemps devant Dieu, sans rien commu-
niquer a personne de son projet; et enfin, quand ellecrut re-
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— 458 —
connaitre quec^etaitla volonte de Dieu qu'elle s'employata
cette fondation, elle partit pour Toulouse afln de communi-
quer son dessein a la superieuredu couvent de cette ville. Les
annates de TOrdre nous ont conserve le detail de toute cette
affaire, et nous croyons devoir reproduire fldelement le texte
m6me de cette relation, qu'a bien voulu faire transcrire pour
nous Madame la Superieure du couvent du Prieure d'Auch, a
qui nous sommes heureux de pouvoir offrir ici Texpression
de notre reconnaissance.
L'auteur, qui ne pent 6tre qu'une religieuse de FOrdre, fait
preceder son recit de quelques considerations pieuses sur les
voies cachees de la Providence, qui conduit tout a ses fins
d'une maniere admirable, se sert le plus souvent, pour y ar-
river, de moyens qui deconcertent toutes les previsions hu-
maines, et fait meme servir a Taccomplissement de ses des-
seins les machinations des mechants et les efforts que fait le
demon pour les entraver. La bonne soeur, apres s'etre livree
quelque temps a ces reflexions que son coeur lui dictait, en
fait Tapplication au couvent de Gimont « qui se fit, dU-elle,
sans beaucoupde bruit, et sans employer plusieurs person-
nes, en la maniere que je vais dire :
€ Mademoiselle Catherine de Pins de Monbrun a la gloire d'avoir
travaill6 la premiere a cet itablissement. L'Ordre lui a cette pre-
miere obligation de lui en 6tre redevable plutdt qu'a toute autre. Car
elle fut la premiere qui en congut la pens^e, et sans autre secours
humain Ta fait r^ussir. Pr^venue par cette honne volenti, elle en
communiqua avec les religieuses Augustines Ursulines de Toulouse,
auxquelles elle donna six mille livres en fonds de terre pour faire
cette fondation dans la ville de Gimont, diocese de Lombez. Cette
proposition futregue et accept^epar toutes les religieuses, lesquelles
pour Texecution, assemblees capitulairement, choisirent par com-
mun suffrage la r^verende M^re Marguerite de Noilhan, dite de
Sainte-Scholastique, prieure; la r^v^rende Mfere Catherine de
Giscaro, dite.de Sainte-Marguerite, sous-prieure; soeur Marguerite
de Casteljaloux, dite de Jesus, et sceur Isabeau de Pins de Mon-
brun, dite de Sainte-Ursule. Celafait avec la licence et permission de
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- 459 —
Monseigneur de Montchal, archevfique de Jjulouse, elles partirent
de cette ville; et du consentement de Tordinaire de Lombez, allferent
le fonder a Gimont, ou elles arrivferent le 9 hovembre 1630. Elles
6taient si remplies de zele pour la gloire de Dieu et le salut des
dmes qu'elles se conciliferent bien vite Testime et la consideration
de tout le monde. Les m^moires de r^lablissement portent que
toutes les vertus se transporterent a Gimont avec elles. Elles en ont
laiss^ de si belles marques et si bien gravies dans le coeur des su-
jet's qu'elles ont regus, que leur zele, religion et vertus religieusesy
paraissent encore avec eclat, surtout Toraison, la mortification,
Tob^issance, rhumilit^, Tunion etparfaite r^gularit^. »
Le nouvel etablissement ful, dfes son origine, marque du
cachet particulier qui convienl aux oeuvres de Dieu, les
epreuves, qui arrivent presque toujours desle debut, comme
pour les etouffer a leur naissance, et qui en realite neservent
qu'i les aflfermir et a assurer leur duree. C'est a ces epreuves
que Tauteur de la relation falsait allusion dans les reflexions
qui precedent son r6cit. Les premieres vinrent de la part de
ja famille de la fondatrice. Catherine de Pins etant morte
quelque temps apres la fondation, ses hferitiers naturels, qui
n'avaient pas vu de bon oeil sa liberality, profltferent avec
empressement de quelque defaut de forme qu'il y avait dans
Tacte de donation pour Tattaquer en nullite. lis intentferent
un proces aux feligieuses, et flrent si bien qu'ils reussirent a
les faire deposseder et a se faire reinlegrer eux-memes dans
la possession des fonds qui avaient servi de base a Tetablis-
sement. L'arret du parlement qui pronon^a cette deposses-
sion fut rendu le 4 juillet 1650. Le proces, comme c'etait
assez ordinaire alors, durait deja depuis longtemps et avait
donne lieu a bien des peripeties; tenement qu'au di^e de la
narratrice, les soeurs n'avaient joui paisiblement des biens en
litige qu'environ sept ou huit ans. Void les lignes qu'elle
consacre k rappeler ces douloureux 6"v6nements :
Le d^on, plein de rage centre cet ordre qui Tafflige tant, n'a pas
mcmqu^ de faire ses eflForts pour le d^truire; et pour le frapper par
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— 460 —
le fondement, 11 fit agir I'int^rdt particulier des parents de la fonda-
trice qui contesterent aux soeurs ie pied de la fondation, et par arr6t
elles en furent privees. Les sept ou huit ans qu'elles en jouirent ne
les soulagerent pas beaucoup; et la gr^le qui leur enlevait toutes leurs
r^coltes 1^ r^duisit Ji une extreme pauvret^; tellement que les cho-
ses les plus n^cessaires leur manquaient. Et comme si Dieu n'avait
pas voulu et approuv^ cet ^tablissement, il permit que ciel et terre
se r^unissent pour reduire cette maison k la derni^re miseie. Et
comme si ces filles, toutes de naissance et de condition, fussenl ve-
nues de la derni^re mendicity, elles avaient peine d'avoir du pain.
Une vertu ordinaire n'aurait pas resiste a tant d'epreuves.
Mai5 celle des saintes filles a qui avail ete confiee roeavre
de la fondation etait assez forte pour les traverser sans
faillir. Rien ne ful capable de les decourager, et Dieu recom-
pensa leur Constance. La pauvrete de la maison, loin de
decourager les vocations, les multiplia, et Ton vit accourir de
divers c6t6s des sujets de distinction, qui apporterent de quoi
reparer complfetement le^ pertes que Ton avait faites. Ces
saintes filles profiterent des ressources que la Providence leur
menageail. « Non, dit encore la narratrice, pour se Inert trot-
ter, maispour se loger fort pauvremenl etse mettre a con-
vert. La divine Providence, ajoute-t-elle, a fait depuis un
conlinuel miracle; car, avec une fort petite rente, elles nour-
rissent une communaute de trente religieuses et pourvoient a
lout leur necessaire, sans compter les personnes qui les ser-
vent au-dehors, ce qu'on doit attribuer a la sage conduite de
celles qui en ont la charge; et Ton pent dire sans flatterie
comme sans exag6ration que cette maison a ete depuis sa fon-
dation, et est encore fournie de tres-bons sujets qui honorent
leur profession par leur vertu et leur vie exemplaire, et sent
pour le prochain un sujet d'edification par leur tres-religieuse
conversation; ce qui entretient et augmente Testime qu'on a
toujours eue pour cette maison. »
La communaute jusqu'a lafincontinuade se recruterdans
les families les plus marquantes du pays par la fortune et
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— 461 -
par la noblesse. Le couvent, par suite, ne tarda pas ise trou-
ver dote de six melairies, dont les revenas pouvaient suffire
aux d6penses de la maison, si des greles ou d'aulres fleaux
ne d6truisaient pas les recoltes. Mais il est bien digne de re-
marque que Dieu, qui voulait que ses fldfeles servantes eussent
Tabsolu necessaire, ne permit jamais que leurs ressources
allassentau-deli. Souvent m6me il arriva, par suite des acci-
dents dont nous parlions plus haut, et qui furent tres-fr6-
quents, comme nousTavons dej a observe, pendant lexvm'sie-
cle, qu'elles se trouvferent quelquefois momentanement dan^
de serieux embarras et obligees de recourir ades emprunts (1).
Mais il y avail tant de sagesse dans Tadministration et le
(1) Permis d'empruDt de la somme de 840 liyres 4 sols 4 deniers. — Cejotird'hiii
36 novembre 1713, les soeurs vocalesde noire commanatit^, capitulairement assem-
blies au Dombre de onze, aprds avoir iavoqud Tassistance dn Sain^Esprit, selon la
coutame; lam^re prieure nous ayant reprdsentd les n^cessit^sde la maison, le cba-
pitre, d'on comman consenteroent, loi a permis d'empmnter la somme de hoit cent
qaarante-qaatre livres qaatre deniers, k M. Boas, doctenr en m^decine. — Sign^es :
Soeur Pbilibertede Beaapuy, de Sainte-Croix, prieure; — SoBur Toinette Saint-Pol,
discrete; soeur Francoise de Saint-Gabriel, discrete; soeur Catherine de Saint-Andr^;
soeur Marguerite de la Yisilation, discrete; soeur de Sainte-Marie; soeur Anne de
Saint-Jean, discrete; soeur Bartb^leroy de Saint-Joseph; soeur llh6re (Hilaire) de
Marrastde Saint-Augustin, procuratrice; soeur Gabrielle de Sainte-Agnds; soeur Mar-
guerite de la Nativity, secretaire
Dans un extrait de la declaration des biens ct revenus des dames Ursulines de
Gimont, faite au bureau eccl^siastique de Lombez en 1730, le revenu net du monas-
t^re n'est port6 qu'a 603 livres 13 sols, tandis que les charges s'dl^vent i la somnfe
de 1304 livres 4 sols. < Partant, concluail-on, il s'cd faut de sept cents livres onze sols
que la communaut^ n'aye do quoi payer les charges annuelles, etpar consequent il
ne lui reste rien pour subsister. »
Pour m^moire, on ajoute : que la communaut^^ outre les charges annuelles, doi^
actnellement 9,749 livres qualorze sols cinq deniers pour avance de ddpense foornie
par divers particnliers, comme boulanger, boucher, dpicier et cordonnier. — Le
colUge ou monast^re menace mine de tons cdtto et est ^tay^, en sorte que pourle re-
mettre on dtal, et achever le corps delogis qui deroeure imparfait, il en coiltera, au
jugement d'experl, six mille livres. — La communautd, au nombre de trente-deux
religieuses, se trouvesans h\6 pour subsister* depuis la feste de la Koel dernidre
et ne vit qu'au rooyen des emprunts ou des aumdnes des fideles. — Conclusion des
bureaux : — Vue par nous, deputes au bureau dioc^sain de Lombez, la declaration
des dames religieuses de Gimont, suivantlaquelle les revonus dudit convent se mon-
tent annoellement a la somme de 603 livres 13 sols; et les charges k celle de 1304
livres 4 sols; le bureau a arrdtd que les revenus des dames religieuses de Gimont ne
sont pas suffisants pour payer les charges qu'il est oblige de payer et parainsi
qn'elles seront comprises dans le Pouilie du present diocdse pour n^ant. Fait ao bn-
reau le 20 avril 1730. Collaiionne sur Toriginal, Borderie, secretaire.
Tomb XVIH. 31
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— 462 —
goavernement; on savaitsibien seimaintenir -dans la striote
observation de la pauvrete religieuse, que le desordre ne put
jamais s'introduire dans les comptes, et que si quelquefois on
se trouva en deficit, une sage 6conomie ne tarda jamais de
r6tablir Pequilibre.
En resume, le convent des Ursulines de Gimont fet dans
un etat prospere, a tons les points de vue, pendant toute la
dureede son existence. Leur pensionnat etait nombreux. Les
families marquantes de la ville et des environs tenaient a con-
fier pendant quelques anntes leurs fllles aux bonnes soeurs.
Les fiUes pauvres n'etaient pas non plus oubliees. II y avait
au convent des 6coles speciales, ou elles pouvaient gratuite-
mentacquerir Tinstruction convenable a leur condition. Toutes
les classes de la societe avaient ainsi leur part aux avantages
que procurait cet etablissement; et, ce qui n'arrive pas tou-
jours, le bien immense que faisaient les soeurs etait univer-
sellement apprecie comme il devait Tetre. Aussi, quand vin-
rentlesmauvais jours qui annoncerent sa fin prochaine, pas
une voix ne s'eleva centre elles pour les accuser. Au contraire,
Talarme fut au comble dans la ville quand on vit leur exis-
tence menac6e. Lamunicipalite elle-meme, tout imbue qu'elle
6tait des principesdu jour, auxquelstantd'honnfites gens don-
naient leur adhesion, sans se douter de Tabime ou ils allaient
les conduire, n'hesita pas a se faire Tinterprete du sentiment
general. II n'y eut qu'une voix pour protester contre la sup-
pression du convent el pour demander lemaintien d'une ins-
titution etablie, disait-on, depuis des siecles, et qui 6tait de la
plus grande utilite^ soit a cause du grand nombre de demoi-
selles qui recoivent leur education dans cette maison, la seule
qu'il y ait dans la contree, soit a raison des ecoles publiques
que les soeurs tiennent ouvertes aux enfants et fllles pauvres
de la ville pour leur apprendre la lecture, le travail et la reli-
gion. (Deliberation du 27 decembre 1789.)
Ces protestations devaient demeurer sans rfisultat. Le jour
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— 463 —
m6me, cette municipality, cpu venait de s'en faire Pergane,
instrument inconscient, on aime loujours a le croire, d'utt
parti a qui le mensonge et rhypocrisie ne coutaiefttriew
quand il s'agissait de dissimuler ses projelsde destrudtion, se
transporta au couvent pour donner connaissance aux reli-
gieuses des dispositions de la loi recemment votee comceraanit
les voeux monastiques. Les municipaux devaient ausfii leur
faire observer qu'en vertu de cette loi eUes etaieut reudufis ^
leur liberte; que si c'etait leur desir, elles pouvaient demeurer
dans leur couvent; mais que si elles voulaieut le quijtter pour
rentrer dans lemonde, les portes leur seraient ouvertes^ Ot
qu'elles pouvaient sans obstacle suivre leur inclination. Ce
n'etait pas sans peine, on le voyait hien, que la municipalit6
faisait cette demarche. Aussi mit-on toute sorte d'egards et
de menagements. Le maire, qui portait la parole, temoigna
aux scBurs, au nom de tons ses coliegues et au sien, la plus
vive sympathie. Elles, de leur c6te, se montrerent tres-sensi-
bles aux egards qu'on leur temoignait, mais aucune n'eut la
faiblesse de se laisser seduire par ces idees de liberte qu'on
faisait miroiter devant elles pour provoquer une aposlasie.
Interpell6es individuellement et invitees a declarer lettrsinl^-
tions, toutes sans hesiter repondirent « qu'eUes ne desiraient
rien tant que de rester dans leur sainte maison pour travail-
ler a s'y rendre utiles, comme elles avaient tache de le faire
par le passe. »
L'asserablee communale fut de nouveau convoquee le jour
meme, a la suite de cette demarche, pour 6tre insUuitpdu r^
sultat. Comme si on s'y etait attendu, on ne temoigna aucune
surprise de la determination des soeurs; tout le monde, au
contraire, parut partager les sentiments sympathiques qui
leur avaient ete manifestes par le maire, au cours de Tentre-
yue, et enfln, Tassemblee, a Tunanimile, reconnut « que le
pays avait le plus grand inter^t a ce que le couvent fut con-
serve et les religieuses maintenues, pour^jontinuer d'tastruire
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la jeunesse suivant le but de leur institut, e^ comrae elles
n'avaient cesse de le faire depuis leur etablissement avec le
plus grand zfele et la derniere exactitude. »
Suivant la declaration envoyee, sur ordre^ a Paris, par la
Prieure, et dont nous possedons une copie que nous devons
a la bienveillance de M. Paul Laplagne-Barris, le convent de
Gimont comptait alors quatorze professes on religieuses de
choeur, et cinq converses, dont nous croyons devoir conser-
ver ici les noms. II n'est pas question de novices. Probable-
ment qu'en voyant Forage devenir de plus en plus menagant
on avait juge prudent de les renvoyer dans leurs families.
SoRurs Professes.
1® Jeanne-Sabine des Innocents, dite de Sainte-Catherine, prieure,
Ag^e de 49 ans et 7 mois^ 33 ans de profession;
2® Marie Messine, dite de la Visitation, sous-prieure, &gee de 63
anset 2 mois, 43 ans de profession;
3** Rose Pendaries de St-Arailles,dite soeur Victoire, Sgee de 46
ans, 24 ans de profession;
4° Marie de Sudria, dite de Sainte-Ursule, dg^e de 59 ans et 10
mois, 41 ans de profession;
6^ Marie Proupt, dite de Saint-Augustin, %6e de 67 ans et 2
mois, 40 ans de profession;
6° Marie-Anne Laffitau, dite de Sainte-Agnes, &gie de 57 ans
et 6 mois, 40 ans de profession;
7® Marie-Claude-Frangoise de Carrere de Labege, dite scBur
Sainte-Croix, Ag6e de 58 ans et 10 mois, 34 ans de profession;
8<> Frangoise des Combes de Monlaur, dite soeur Rose, Sig^e de
48 ans 7 mois, 32 ans de profession;
9® Jeanne d'Aignan, dite de Saint-Benoit, figee de 50 ans 7 mois,
26 ans de profession;
10<> Anne-Louise de Mont de Benque, dite sceur de la Presenta-
tion, fig^e de 53 ans et 2 mois, 26 ans de profession;
ll® Anne Quinsac, dite soeur Sainte-Angele, dg^e de 43 ans, 19
ans de profession;
12® Jeanne Lartigue d'Arn^, dite de Saiote-Th^r^se, dgee de 29
ans, 8 ans de profession;
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— 465 —
130 Marie-Arm© Vidaillet, dite de Sainte-C^cile, ^eede 30 ans, 6
ans de profession;
14® Jeanne-Marie-Antoinette Diadd^, dite de Sainte-Marie, Sg^e
de 36 ans, 5 ans de profession.
S(Burs Converses.
1* Jeanne-Marie St-German, dite soeur Marguerite, ftg6e de 60
ans, 31 ans de profession;
2*» Antoinette St-German, dite soeur Elisabeth, 4g6e de 5? ans, 31
ans de profession;
30 Jeanne Dufour, dite soeur de la Nativity, dgee de 60 ans 10 mois,
27 ans de profession;
4^ Genevieve Degans, dite soeur Brigite, &g^e de 46 ans, 21 ans
de profession;
50 'Jeanne Causse, dite soeur Doroth^e, Ag^e de 37 ans, 14 ans de
profession.
A la suite on lit : Je certifie T^tat ci-dessus veritable, fait dans le
monastfere'de Saiute-Ursule dela ville de Gimont, 1^ 28 mars 1789.
— Signi : Soeur Sainte-Catherine des Innocents, prieure.
L'accueil si peu sympathique fait generalement partout, et
en particulier a Gimont, par les membres des communautes
religieuses, aux avances qui leur etaient faites pour les en-
gager a sortirspontanement de leur convent, ne faisait point
Taflfaire de leurs persecuteurs, qui avaient compt6 sur tout
autre chose et qui n'auraient pas ete f&ches de voir> du moins,
une majorile imposante se preter, par une retraite volon-
taire, a leur aplanir les voies pour raccomplissement de la
spoliation qu'ils m6ditaient. Trompes dans leur attente et
comprenant desormais qu'il n'y avait plus a hesiter; qu'il
fallait, pour atteindre le but qu'ils poursuivaient, agir reso-
lument et promptement, et raettre de c6te les menagements
hypocrites qu'ils avaient gardes jusqu'alors, ils sehaterentd'a-
dopter les dernieres mesures qui restaient a prendre pour
falre sans plus de delai evacuer les maisons religieuses et
proceder a leur spoliation; ces mesures une fois adoptees,
ordre ful donne aux municipalites de les metWe.immediate-
ment a execution dans toute la France.
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— 466 —
Cet ordre arriva a Gimont le 44 mai 1790. On devait com-
mencer par faire, sans aucun delai, Tinventaire de Pargenterie,
de Targent monnay6, des effetsde sacristie, des bibliotheques,
livres, manuscrits, medailles, et du mobilier le plus precieux
des maisons religieuses dependantes de la municipalite.
Le meme jour on nomma commissaires pour proceder a cet
inventaire M* Sim6on Thomas Soe, avocat, el M* Jean Caba-
nis, notaire, Tun et Tautre membres de Tadministration mu-
nicipale.
Le lendemain 15 dudil mois, ces commissaires se mirent
a Toeuvre. Les Ursulines eurent leur premiere vlsite. Nous
avons le proces -verbal de Tinventaire des efifets trouves chez
elles : piece interessante k plus d'un titre, qu'on sera sans
doute bien aise de retrouver ici et que nousreproduisonsinte-
gralement d'api^ Toriginal qui se trouve aux archives depar-
tementales du Gers.
L'an 1790 et le 15* jour du mois de mai, — Nous M« Simeon
TLoidas So6, avocat, et M« Jean Cabanis, notaire, tous mjembres de
la. municipality de Gimont et commissaires nomm^s par ladite mu-
nicipality, par la deliberation du jour d'hier, a Teftet de proceder a
rinventaire de i'argenterie, argent monnaye, efifets de sacristie, bi-
blioth^ues, livres, manuscrits, m^dailies et du mobilier le plus pre-
cieux des maisons religieuses de notre municipalite; Nous sommes
d'abord transport's avec M« Castaing, procureur de la commune, et
le sieur Jacques Messine, secretaire de ladite municipalite, dans le
monastfere des dames Ursulines, sis dans la pr'sente ville. Oil etant
entr^s, et en vertu du d'cret de TAssembiee nationale du 26 mars
dernier que nous aurions communique auxdites dames Ursulines,
nous nous serious d*abord fait representer les recepisses et comptes
de regie; et apres avoir balance la recette faite depuis le 22 fevrier
dernier jusqu'k ce jour, que nous aurions trouve sur Tun des deux
registres suivant Tarrfite des comptes de ce jour, se porter a la som-
me de 1720 livres 2 sols 6 deniers, avec la depense qui se porte a
1378 livres 6 deniers, il s'est trouve que la recette excedait la de-
pense de la somme de 342 Jivres 2 sols, qui a reste entre les mains
de Madame Rose Pendaries, du nom de soeur Victoire, procuratrice.
Puis, nous sommes transpottes a la sacristie oh nous nous se-
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— 467 —
rions fait repr^senter Igs effets appartenant audit monast^re; oil noug
aurions trouv^ deux burettes en argent et un bassin qui n'est qu'ar-
gent^; douze chandeliers de bois argent^; dix chasubles de difiKren-
tes ^toffes, dont deux garnies de galon fin, et les autres en galon faux;
seize aubes, cinq surplis et six napes. Ueglise n'appartenant pas
audit monastere, les vases saci:^s et autres ornements appartienneat
a la cure.
Puis, nous sommes transport's a la bibliotheque ou nous avons
trou-v6 dans une armoire 200 volumes de livres pieux.
Puis, aux archives, ou a 6t6 par nous trouv' le coffre-fort qui con-
tient 211 livres 7 sols 9 deniers. Dans lequel coflFre-fort nous avons
aussi trouv6 le titre de fondation dudit monastfere; ensemble les ti-
tres de propriete de six metairies qui lui appartiennent, plus d*une
maison et jardin et d*une vigne. Lesdites metairies situ^es, savoir :
deux dans lajuridiction de Noaillan, une dans les juridictions de Mau-
bec et de Sarran; une dans la juridiction de Touget, et les deux au-
tres dans la juridiction de Gimont, ainsi que la maison, jardin et
vigne; plus le titre de propriete d'une rente de vingt sacs et d'un
tiers de ble, mesure de Gimont, etablie sur des fonds dependants
desdites metairies, sur differents particuliers; la plus grande partie
de ladite rente tombantau premier novembre de chaque ann4e. Plus
les titres de propriete de 1417 livres 8 sols de rente, au capital de
32,748 livres, lesquelles rentes tombent chaque ann'e a diff'rentes
'poques, et payees par des maisons religieuses et autres mains mor-
tes et divers particuliers.
Puis, nous ayant fait repr6senter le livre de r'gie des susdites me-
tairies, nous avons reconnu qu'elles doanent de revenu annuel la
somme de 3100 livres : jointes au ravenu ci-dessus en rentes, en
argent ou en bl6, se portent annuellement a la somme de 4720 livres
14 sols 8 deniers; et que les charges dudit monastere se portent
annuellement k la somme de 2169 livres 18 sols 7 deniers, et que
par cet ordre il ne reste annuellement de revenu audit monastere que
la somme de 2550 livres 16 sols 1 denier. Nous ayant declare lesdi-
tes dames que le monastere n'a pas de dettes passives.
Puis, nous sommes transport's dans le pensionnat, infirmerie et
noviciat, oil nous aurions trouv' vingt-un lits en tres mauvai« 'tat.
Puis, sommes alles dans la lingerie, ou il a 't' trouv' 52 paires de
draps de lit de lin, tant bon» que mauvais, et 37 paires de draps de lit
d'etouppe, aussi tant bons que mauvais. II y a aussi 't' trouv'
■ 45 douzaines de se«vi«ties^et 28 napes, que lesdites- dames ontdedar'
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— 468 —
leur appartenir en propre comme faisaal partie de leur trousseau
lorsqu'elles sont entries dans lamaisou, ainsi que Tentier ameuble-
mentdeleur cellule. Plus avons trouv6 dans ledit monastere 16 vieil-
les armoires servant a Tusage de la maison et des pensionnaires.
Plus avons-nous trouve trois tonneaux et 29 barriques, le tout ser-
vant pour Texploitation des biens du monastere.
Suit Tetat des religieuses presentes dans le monastere, coa-
forme' a celui que nous avons donne plus haut. Les commis-
satires les interpellerent de nouveau de s'expliquer sur leurs
intentions de sortir de la maison ou d'y rester; toutes repon-
dirent comme la premiere fois qu'elles ne voulaient point en
sortir, mais y rester.
Le procfes- verbal ajoute :
Et verification faite par nous des.religieuses que ledit jn'onastere
pent contenir, nous avons reconnu qu*il pouvait contenir vingt-cinq
religieuses de choeur et cinq soeurs converses.
Et avons fait et cldtur^ le present, les an et jour susdits, en pre-
sence de toutes les dames et soeurs dudit monastere, a la charge et
garde desquelles nous avons laiss^ tons les objets ci-dessus dotail-
l^s, et nous sommes sign^s avec le procureur de la commune et no-
tre secretaire. — So6, officier municipal; J. Cabanis, officier muni-
cipal; Castaing, procureur de la commune; Messine, secretaire.
Cet acte n'etait que le prelude et Tannonce des dernieres
rigueurs^qui ne devaient pas se faire attendre longtemps.
Bientdt, en effet, les religieuses furent expulsees de leur con-
vent, qui fut lui-m6me conflsque avec tout ce qui en dependait
et vendu a vil prix, comme tout ce qui avait appartenu aux
eglises et aux communautes religieuses.
Des quatorze soeurs professes, huit resterent a Gimont ainsi
que les cinq soeurs converses. Les huit professes etaient :
Soeur Catherine, prieure (Anne-Sabine des Innocents).
Soeur de la Visitation, s. p. (Marie Messine).
Soeur Agnes (Marie-Anne Laffitau).
Soeur St-Augustin (Elisabeth Proupt).
Soeur St-Benott (Jearme D'Aignan).
Soeur Victoire (Rose Pendaries, de St-Arailles).
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— 469 —
Soeur Th^rese (Jeanne Lartigue d'Arn6).
Soeur C^cile (Marie-Anne Vidaillet).
Ces deux dernieres etaient probablement etrangeres aGi-
moQt. Elles farent revues dans une famille Plantier, de la
ville, oil nousles voyons pendant tout le temps de la Terreur
et meme apres. Les six autres, qui appartenaient a Gimont
par leur naissance, resterent dans leurs families. Quant aux
six qui ne flgurent pas ici, il est a pr6sumer qu'elles allferent
aussi chercher un refuge chez leurs parents. Nous pouvons
Tafflrmer de la soeur Sainte-Angele (Anne Quinsac), qui etait
de Solomiac, ou elle est morte. Nous nous souvenons d'avoir
entendu parler de cette soeur dans notre enfance, sans nous
douter assurement qu'un jour nous retrouverions son nom
sous notre plume. Elle vivait dans sa famille avec une autre
de ses soeurs qui avait ete fiUe de saint Vincent de Paul.
L'une et Tautre furent jusqu'a leur mort un sujet d'edifica-
tion pour la paroisse.
{La fin prochainemenL)
R. DUBORD,
pr^tre, cor^ d'Aobiet.
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— 470 —
LE JOURNAL DE MAITRE JEAN DE SOLLE
{Suite.*)
Le 25 juillet de Tan 1611, les estats d'Armaigaac feurent tenus en
la presente ville par M. de Fonterailles, seneschal d'Armagnac, et
conseiller d'authorit^ de la cour des aydes de Montpellier et de la
cour de parlemeni de Thle, pour recepvoir les oppositions sur Tedit
de suppression de Teslection d'Armagnac et dons volontaires que
certains depute du pais avoint offert au conseil pour obtenir la sup-
pression. Les susdits estats feurent tenus a la mirande de Tarclie-
vesch6 (1) oil ass^stoit M. rArchevosque, force noblesse et deputes de
n Voyez ci-dessus, pages 90, 186 et 235.
(1) Le moi doMirande abeaucoup de rapport avecletermearehiteclural itaMtnbel
vedere. La mirande dtait une salle sp^ciale disposes de maniere k voir le jour d'one
certaine hauteur, a droiteet a gauche^ et surtout devaut soi, dans la direction de
I'est. Si la direction principale et la plus dtendae eti dt6 vers la midi, le soleil anrait
ddrangd I'assistance et rendu p^nible le s^j our passage r de la mirande. Dans Tarche-
y^cb^ d'Auch, la salle du tinel lenait lieu de mirande. Le mot tinel ou tinal est
d'origine latine et a pour racine tina^ vase. Ondonne encore, en Bretagne, le nom de
tinel a unecertaine salle artificielle que Ton fail^ pour le temps des foires, en place
publique, et ou Ton pent aller s'asseoir, aulour d'une grande table, pour se rafrat-
chir et jouer k certains jeux.
La mirande de I'arcbevdch^ ^tait une salle tr6s-vaste> oblongue et i angles droits,
n'ayant de fen^tres que sur Torient. On y voyaitune chemin^e haute et large, dans
laquelle on pouvait au besoin entretenir un grand feu. Elle ^tait spteialement re-
marquable par uo grand cul de lampe en pierre, fixd du c6t6 nord, c que I'arcbitecte
avait destine k porter Tun des riches lampadaires des grandes soirees Episcopates. —
Sur sa face anl^rieure, le sculpteur met en sc^ne trois cbanoines du temps, nu-pieds,
selon I'inconvenante habitude que les staluts de Jean Flandrin leur reprocbent. lis
sent rev^tus du froc, c'est-a-dire de celte longue luniquequi ordinairement^tait mn-
nie d'un capuchon. Le plus kg6 porte, en outre, r^paulfdre desofficesdu choeur. Sa
barbe est longue, et son capuchon renvers^ en arri^re nouslaisse voir lacouronne de
cheveux qui entoure sa t6te chauve. Les deux autres ont le capuchon relevE jusqu'au
front et se montrent comme le premier fort affaires autour d'une table de jeu. Trois
pieces de monnaieet deux d^s sont sur la table. Au-de^sous, le premier, que le ha-
sard vient de meltre bors de cause, est foulE aux pieds de ses partenaires et 4 mdme
de rendre gorge. Le plus k%6 relive de sa main droite la coupe qui a de nouveau
lancE les d^s. II a perdu* a son tour la monnaie de son enjeu, qu'il veul ressaisir
de la main gauche. Mais son vis-4-vis maintient les d^s dans le rapport des nombret
que le basard vient de produire en sa favour, tandis que, de sa main droite* il prend
a Toreille le ravisseur des espdces mon^taires, qui d^sormais sont a lui seul. Assu-
r^ment, I'auteor de ce bas-relief n'est pas un membre du cbapitre k reformer. »
Prieurd de Saint-Orens d'Auch, par M. TabbE Can^lo, vie. g^n^ral^ p. 135 et 34
(in-8o. Poix. Auch). On citait aussi a Auch la mirande du prieur^ de Saint-Orens et
cdlle da coavent des jacobins, qui existe encore.
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— 471 —
forc0 collectes dudit pais. Enfin le nombre des opposants aux sus-
dits dons volontaires qui ramenoient k TArmaignac plus de cent
mille libres feust plus grand que eeux des aultres qui ne le bouloint
pas, qui estoint des personnes praetiqu^es par ceulx qui avoint
poursuivy ladite suppression et qui avoint promis les dons afin de
Tobtenir. Et pour asehever les susdits estats, attendu qu*il y avoit
force absents des principaulx des collectes, Tassemblee feust remise
au 10 aoust, auquel jour les contretenans eurent inhibition et deffen-
ces de Monseigneur le prince de Cond^, qui estoit en ce pays, de
faire aulcune assembl^e sans permission expresse du Roy, qui feust
cause que les susdits estats ne se peurent continuer.
En Tan 161} et le 23 aoust, M. de Trappes, archevesque de la pnt
ville, feut voir Monseigneur le prince de Cond6 en la villo de Con-
dom, lequel archevesque estoit accompaignd de trente homes a che-
bal, au nombre desquels j'estois. De Condom avant, le susdit prince
s'en alia en la ville d'Agen.
En Tannic 1612, les penitents blancs (1) commencerent a se bastir
dans I'esglise des peres Cordeliers hors les murs de la pnt ville; et
le 18 de septembre du susdit an, ils firent leur octave et commence-
rent a faire le serbice divin.
En Tann^e 1612, M. de Lespine (2), bourgeois de la pnt ville,
assist^ de quelques syndicaux, estanta Paris, poursuivist un arrest au
conseil par lequel lesdits huit consuls de la pnt ville feurent reduits
a quatre, sur laquelle reduction il y eust force bruit etdiscorde par
la ville, les uns agreant ladite reduction, les aultres et le menu peu-
ble boulant les huict. Enfin MM. les consuls deputerent un de leur
corps pour aller playder k Paris, si qu'enfin ils s'assemblerent quel-
(1) Les Pdnitenia; blaoc3 s'^taient dtablis k Aach en 1607. Lachapelle et lesbA-
tiraenis dont il est question sont occap^s aajourd'hai par I'^tablissement des Frdres
de la Doctrine chr^tienne, roe des P^ni ten ts-B lanes. — L' emplacement apparte-
nait-ii aax pdres Cordeliers? Y avait-il d^ja one 4glise construite par ces reiigieax?
Le Joarnai de Jean de Solle semblerait rindiquer.(Je n'ai iroav^ nnlle part la con-
firmation de ce detail. M. Prosper Lafforgae, qui a fait de si minotleuses reehercbes
snr le pass^ de la ville d'Aocfa, n'en parle pas dans son histoire.
[Je crois qa'il s'agit d'une cbapelle dans I'^glise des cordeliers, encore snbsis-
tante, que les penitents anront quitt^e plus tard pour s'^tablir sur on local qui leur
apparttnt en propre. — L. c]
(9) Mattre Gaillard de Lupine, consoiller en I'^lection d'Armagnac, avait 6povi^6
demoiselle Jeanne de Gr^foilhe, dont il eat noble Jean de Ldpine, coMeillec en la
cour des aydes et finances de Montpeilier.
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— 472 —
ques-uns des principaulx habitants de ladite ville, qui un party'qui
aultre, etfirentaccord que les huict consuls demeureroint parcy aprfes,
k la charge que les robbes consulaires serviroint pour six ans et de-
meureroint au profist de la ville, et chasque consul auroit 50 livres
pour ses peines, ou auparavant chascun avoit six vingt livres pour
sa robbe. Lequel accord feust envoys au depput^ a Paris, pour con-
formement a ycelluy demender retractement du premier arrest et
confirmation dudit accord, ce qu'il obtint. Ceste affaire d'oppinias-
trete cousta a la ville de depenses environ mille escus, et lesdits con-
suls de ladite ann^e servirent deux annees sgavoir 1612 et 1613.
En Tann^e 1612 pour la Noel, il ne fist pas de froict; et en cest
hyver il feust remarque chose qui n'avoit et6 veu de soubvenance
d'home, c*est que de tout I'hyver il n'y eust pas glace ny neige, si
ce n'est force pluye et vents, Ce qui feust cause que Test^ du suib-
vant de Tan 1613 il y eust grafide sterility de toute sorte de grains,
vins et fruicts, desquels la gresle fist aussy grand deguast. Et n'y
avoit jamais tonnerre que la gresle ne tombast quelque part. Le
bled se vendoit en mois d'octobre et novcmbre et decembre k 4 li-
vres 16 sols et a 5 livres le sac, et le pipot du vin de vendanges a
6 livres.
En Tannic 1613 et le 9 novembre, il y eust un jeune guar^on pas-
teur, de Tage de 20 ans, de la jurisdiction de la presente ville, qui fust
pendu et puis brusl6 hors la porte neufve, pour avoir est^ pr<5venu
de bougrerie (1) et d*ycelle convaincu avec une asnesse, laquelle feust
premierement tu^e et puis touts deux ensemble brusl6s. II feust con-
dampn^ par sentence de messieurs les consuls, confirmee par arrest
do la cour en touts ses chefs.
En Tannic 1614 etle 9 fevrier, qui estoitle jour dudimanche gras,
il arriva un grand esclaodre en la present ville et a la maison de
(1) Ce vieux mot, qai ne s'emploie aujonrd'hui que dans le langage le plus grossier,
n'a point la signification que lui donne ici Jean de Solle (Voyez le diclionnaire de
Tr^voui). II est pris dans cetie phrase pour synonynie de bestialiti. Le Corpus juris
romanif qni servait de base a la legislation frangaise, n'avait point pr^va ce d^lit;
aassi n'existail-il point dans la jurisprudence fraucaise de loi afflictive d'an pareil
crime. Le ch^timent en ^tait Uiss^ a Tarbitrairti des Parhments, qni suifaient en
pareille circonstance la vieilie coutame d'apr^s laquelle le coupable, I'animal et les
pieces du procds ^taient briil^s. Celte praiiiiue avail son origine dans la legis-
lation judaiqne, aecept^e sur divers points par la soci4t6 chr^tienne k ses debuts :
Out cumfumento etpecors coierit morte moriatur : peeus quoque oceidite. (L^vi-
tiqoe, chapitre xx, v. 15.) ^
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— 473 —
M. de Chanaille (1) bourgeois. C'estqu'ayant fait inviterpour Tapr^-
souper toutes les plus apparentes families de la ville a voir le plaisir
d'une pastorale, aprfes trois ou quatre actes parachevi^s, tout le
planche de la salle basse s-enfonga sous les pieds, sauf un saumier
auprfes de la chemin^e ou feurent sauv^s quelques-uns. Si que en-
yiron deux cent cinquante personnes tomberent dans le chay, d'entre
lesquelles trois fiUes et un escollier feurent treuves morts sur la place,
et force habitants blesses eux ou leurs enfants. Ledit jour le Saint-
Sacrement reposoit dans Tesglise des jesuistes pour le jubil^, et feust
admire que de tant de personnes tomb^es il n'en y eust que si peu
de morts. Dieu soit lou6 !
Le 26 jour du mois d'aoust de Tan 1614, Sanson de Solle, mon
frere, dec^da sur les huict heures du matin, et feut ensepvely dans le
choeur de Tesglise des peres cordelliers, le .mesme jour sur les cinq
heures apres midy. II estoit arrive de Thle le 14 dudit mois malade
et eust une fievre continue. II n'estoitag^que de dixneuf ans et avoit
d^ja estudie un an en theologie dans la ville de Thle. Dieu iuy face
paix et veuille avoir log^ son ame en son saint paradis 1
En Tannic 1613, la recolte du bled et vin et de toute sorte de fruicts
feust fortpouvre et generalle, et Thyver commenga avantle mois de
novembre et dura novembre, d^cembre, Janvier, fevrier, mars, apvril,
may de Tan 1614 et disait-on qu*on ne Tavoit jamais tant veu dur6,
si que tout Tautomne de Tan 1613 feust hyver, et le primptemps de
Tan 1614 aussy. II y eust en ladite ann^e 1614 grande famine par-
tout, et il y avoit si grande quantity de pouvres en la presente ville
qu'on feust constraint les sortir hors d'ycelle et faire les aumosnes
generalles en Tesglise des pferes cordeliers, a la cotisation desquelles
les ecclesiastiques et les beneficiers feurent tonus, et encore un
chascun des habitants, chascun suibvant ses commodit^s. Et pour
les pouvres de la ville on leur distribuoit des pains qu'on faisoit faire
d'un sol ou cinq liars vaillant, par dizaine en chasque quartier de la
ville suibvant les rolles qui en avoint 6t6 dresses.
Le. 1*' du mois de may de ladite ann^e 1614, le sac de bled s'en-
cherisl en un march^ de 20 sols et vaulust jusques a 6 livres 10 sols,
(2) Jean-EtieDoe de Chenailles, sienr de Glarac, conseiller dn Roi, pdre de Jean
de Cbenailles, siear de Clarac, qui a poor fils :
!• Jean de Cbenailles, seigoeor de Bazillao, capitaine au regiment de Roq<Qelallrt.
^o Marlhe, marine a noble Jean-Charles de Colonics, seigneup de Lamotbe,'
30 Claire, marine 4 noble Dominique de Roqnevert, sioar da Rose.
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— 474 —
Gt uu mois aprfes il se vendist a 7 livres 5, 6 et 8 sols le sac. II y
east aussy grandes maladies en la presente ville et g^n^Uement
partout, en laquelle moururent un grand nombre de personnes. Et
Gstoit les susdites maladies par toutes les villes d'une mesme sorte,
des fievres continues, mal de testes et de reins, si que dans deux ou
trois jours on tomboit en frein^sie. — En laquelle ann6e 1614 la recolte
feust trfes-bonne et y eust entr'autres grains force bleds, et Test^ feust
tellement sec qu*il ne pleust poinct dutout. Les raisains com-
mencerent k naistre sans que la pluye entrast mesme a la racine de
la souche, sinon quelques ros^es, si que Ton d^sesperoit d*avoir du
vin, la plus grande partye des raisains ressemblants sees, et toutte-
fois, merveille de Dieu, il y eut force Tin et tellement que la charge
de la vendange tiroit plus dun pipot de vin; Dieu soit lou6!
En I'ann^e 1615, je feus eslu consul de la presente ville et estois
le second, et oe en compaignie de messieurs Andr6 Bona, docteur et
advocat qui estoit le premier consul; Dominique Vivent, notaire
royal; Antoine Espiau, bourgeois; Arnaud Cornety, notaire royal;
Jean Lalo, marchant; Antoine St-Martin, notaire royal, et Blaise
Barre, marchant. Dieu veuille que le tout soit fait a son honneur et
gloire !
En ladite ann^e, nous eusmes de grands troubles sur les diverses,
menses Jiuefaisoint les princes, .et commengames a faire bone garde
en la put ville, depuis le 13 aoust sur le commandement du Roy et
de monseigneur le mareschal de Roquelaure, sur le point que Sa
Magest6 vint en ce pays de Guienne et ville de Bourdeaux, espou-
sor rinfante d*Espaigne. Tout ce plat pays feust ruin^ par diyerses
trouppes d'un et aultre party, qui tenoit la campagne. Le chasteau
de Lectoure feust prins par monseigneur de Rohan, par Tintelligence
de M. de Fonterailles (1), s^nechal d*Armagnac, qui feust la seule
cause de la totale ruine de ceste contr^e d'Armagnac.
Coppie de la lettre du Roy qui nous feust mandde en Van de
nostre charge consulaire i6i5.
Chers et bien aim^s, ayant jug^ k propos maintenant que nous
sommes prest de nous acheminer en nostre province de Guyenne
pour Taccomplissement de nostre mariatge et celuy de nostre tres
(1) Benjamin d'lstarac, seigneur et baron de Marestang, Fonterailles, vicomte de
Monferran Cogotois, etc., etc., fits de messire Michel d'Astarac, seigneur et baron
des mdmes places, gouirerneur de Lectoure, et de dame Isabdle de Gontaot.
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— 475 —
chere soeur aisn^, de pourvoir k la security de nos villes et places,
pour empecher qu*il n'y arrive aulcune alteration qui puisse troubler
le bien et repos de nos bons subjects et la paixet tranquillity publicque;
mesmes sur Toccasion du reffus que nostre cousin le prince de
Conde, assist^ de nos cousins les dues de Longueville, de Mayenne,
comte de Saint-Pol et mareschal de Bouillon, nous a fait de nous
accompaigner en nostre voiatge; ce qui nous donne assez de subjects
d'estre en deffiance sur leurs intentions : Nous vous faisons celle-cy
pour vous ordonner de prendre de vostre part le soing que vous
debv^s de la conservation de ma ville et cit^ d*Aux; Et a cest effect
faire fere bone et exacte guarde aux portes d'icelle, et y donner tei
ordre que les princes et seigneurs susnom^s ou aultres s'adjoinant
d'eux n*y entrent sans lettres ou passeport de nous, et qu'il ne soit
fait aulcunes pratiques ou maneuvres contraires et prejudiciables k
nostre authority et serbice et repos de ladite ville, sans touteffoy
vous alarmer ny prendre k ceste occasion aulcun ombrage les uns des
aultres; ains vous conserver^s toujours en la mesme amiti^ et in-
telligence que vous aves eu avec les aultres villes vos voysines tant
catholiques que de la relligion pr^tendue r^form^e, soubs i'observa-
tion et entretenement de nos edicts de pacification. Continuant aussy
en Tentifere ob^issance que vous nous debv^s et laquelle vous nous
avez en toute occasion t^moign^e; et nous assurant que vous ne
manquer^s de vous comporter en cela suibvant nostre volonte et in-
tention, nous ne vous en ferons plus longue lettre. Donn6 k Paris,
le 30 jour de juillet 1615. Louts.
Philippeaux.
Et au-dessus de la lettre : A nos chers et bien amis les consuls,
manants et habitants de nostre ville d'Avx.
Edict du roy Louys XIII pour la translation du siige du sineschal
d'Armagnac de la ville de Lectoure en la pnt ville d'Aux.
Louys par la grace de Dieu roy de France et de Navarre, k tous
ceux qui ces pntes verront salut. Le feu Roy nostre tres honor^ sei-
gneur et pere que Dieu absolve, et nous despuis son decez, ayant
confix entre les mains du sieur de Fonterailles seneschal d'Armagnac
la guarde de la -ville de Lectoure et nostre pays et seneschjauss^e de
Lectoure en Armagnac, pour Tassurance que nous avions de sa fidel-
lit^, ii estoit oblig^ par son debvoir do la maintenir et conserver au
peril de sa vie en nostre authorite et puissance; mais tant s'en fault
qa'il s*6n soit fidellement acquitl^ estant eu ceste bonne s^solutioui
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— 476 —
qu'au coDtraire aussy tost qu*il a veu les mouvements apparoistie
contre nostre authorite et serbvice, au lieu de s*y opposer, comme il
estoit tenu et par sa naissance et par les charges dont nous Tavions
honnor6 tant du gouvernemeut de ladite ville que de ladite senes-
chauss^e de nostre pays d'Armagnac, non seulement il s'est rang^ a
la faction de ceux qui se sont rebell^s contre nous, mais il les avoit
appell^s dans ladite ville pour avec leur assistance se saisir duchas-
teau pendant Tabsence du capitaine d*ycelluy, qui se confiaut en sa
foi et loyaute s*en estoit esloign6;,tellement qu'au lieu de proteger nos
subjects habitants de ladite ville de Lectoure come il debvoit, il les
auroit lachement exposes a toute sorte de ruiues, desolations et mi-
sferes, et tient encore les gens de bien qui me sont le plus affection-
nes, en telle rigueur et serbvitude que la pluspart sont constraincts
de s'en retirer et abandonner leur bien et famille; desorte que nostre
authorite n'estant plus recogneue en ladite ville, nous ne voyons
pas que la justice y puisse plus estre rendue et administree par les
officiers d'ycelle avec la liberty et seurete qui est requise. A Tocca-
sion de quoy, et en attendant que nous puissions donner ordre et
arrester aultrement le cours de ces rebellions et reprimer les auteurs
d*ycelles selon leurs faultes et desmerites, estant besoiug de pourvoir
a transferer le siege de la seueschauss^e et presidial d'Armagnac,
qui a est^ jusques a present estably audit Lectoure, en aultre com-
modite, ou nos officiers et nos subjects qui auront h y aller pour-
suyvre leurs procez et affaires y puissent demeurer seurement. A ces
causes, appres avoir mis ceste aflaire en deliberation en nostre con-
seil, en la presence de la Royne nostre tres-honnor^e dame et mere,
des princes et officiers de nostre couronne et aultres principaux et
notables personages de nostre conseil, de Tadvis d'ycelluy et de
nostre certeine science, pleine puissance et authority royale, avons
d^lar^ et ordonne, declarons et ordonnons par ces presentes signees
de nostre main, voulons et nous plaist que le dit si^ge de la senes-
chatiss^e et pr&idial dudit pays d'Armagnac soit transfer^ de la dite
rille de Lectoure oil il est, en celle d'Auxqui est la principale de la
dite s^neschauss^e, auquel lieu nous voulons que les officiers dudit
siege aint a se rendre quinze jours apres Tenregistrement et publi-
cation qui sera fait de ces pr6sentes en nostre cour et parleraent de
Thle, pour par cy appres y faire et exercer les fonctions de leur
charge et rendre la justice a nos subjects de ladite s^neschauss^e,
etc., etc., etc Et tel est nostre bon plaisir, no-
Aobstant quelconques lettres, edicts, ordonnances et auhres choses a
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— 477 —
ce contraires, auquelles nous avons desrog^ et desrogeons par ces
preseates, en temoin de quoy nous avons fait mettre h ycelles nostre
seel. Donn6 k Bourdeaux, le quatriesme jour de d^cembre l*an de
grace mil six cent quinze et de nostre regne le sixiesme. — Signe :
Louys. — Et sur le reply : Par le Roy, Philippeaux; et scell6 du
grand sceau de cire jeaune a double queue.
Lettre du Roy d M. le Mazuyer (1).
Monsieur le Mazuyer, Considerant qu*a I'occasion de la resbellion
et desobeissance qui m'a est^ rendue par le sieur de Fontarailles,
gouberneu? de ma ville de Lecloure, et de tout ce qui s*est pass^
nagueres en ycelle, la justice n'y pent estre desormais faite ny admi-
nistr^e avec la seuret^ et authority qui est requise, je advise de trans-
ferer le siege de la s^n^chaussee et pr^sidial de ladite ville en aultre
lieu plus seur et commode; et pour cest effect ay choisy la ville
d'Aux, capitale de ladite s^n^chauss^e, et ay fait expedier mes lettres
patentes pour ladite translation, lesquelles je vous envoye pr^sente-
ment pour estre enregistr^es en ma cour de parlement de Thle, a
laquelle je vous prie los faire incontinant presenter, et a ceste fin
les faire metre entre les mains de mes advocats et procureurs g^ni-
raulx pour faire par eux les poursuites et diligences quy seront n^-
cessaires pour Tex^cution de mes lettres. Vous employant aussy
* selon qu'il dependra de vous pour Teffect^de mon intention y con-
tenue et a ce que il ne soit apporte aulcun retardement, estant chose
quy importe a mon serbvice et au bien et repos de mes subjects.
Done, m'asseurant que vous en aurez tout le soing que je puis d6-
sirer, jene vous en fair6 plus longue lettre, priant Dieu, Monsieur
le Mazuyer, vous avoir en saincte guarde. I^e tout a Bourdeaux, ce
doutziesme decembre mil six cent quinze.
Louts.
A Monsieur messire le Mazuyer, premier prisident en la cour
et parlement de Tholose,
Public b^riffi^, en la cour de parlement de Tholose, le 14 Janvier
1616.
J. DE C.
(A suivre.)
(1) Gilles le Mazuyer, install^ premier president an parlement de Tonlonse le 8
decembre 161ft, mort en 1681. Son fils, Henri le Mazuyer, remplit snceessivement
les charges de conseiller aox reqndtes, conseiller an parlement, proenrear g^ndral,
et conseiller d'h6nnear. -- Les le Mazuyer diaient seignears et barons de Mont^gat
Uequelf,. — En 1689 le roi ^rigea cette terre en marquisat en faveur d'Henry le
Mazuyer. — D'aMur au pSHcan d'or^ san$ pitU,
Tome XVni. 32
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— 478 —
Jugements de maintentie de noblesse (1).
XIV
JEAN D'AYMIER^ seigneur D'ARQU^ ET LIAS.
Uazur d un aigle (T argent, le vol itendu, becqu4 etmembri d'or,
accompagn6 en chef de deux itoiles du mSme, et en poinie d'un
croissant d*argent accosti de deux itoiles d*or (2).
Contrat de mariage de Pierre d' Aymier (3) avec damoiselle Superie
du Faur, dans lequel il est qualifi^ noble et seigneur d'Arqufes, pass6
devant Jacques Thaumassy, notaire royal du Fauga, le 18 mars 1559.
Contrat de mariage de noble Bernard d'Aymier, seigneur d'Ar-
qufes, avec noble damoiselle Amade de St-Pastour, par lequel il
parait qu'il 6tait fils de Pierre d*Ayraier et de Superie du Faur, pass^
•
'(1) Voir ci-dessns, pages 37/92, 146, 189, 240, 288 et 333.
(2) L'^cussoD scalpld an-dessas de la porte dn donjon da chateau d'Arqu^s, pone :
de gueules a un aigle d'argentt le vol dtendu, becqu^ et membri d'or, aeeompagni
en chef de deux ^toiles d'or; au chef cousu d'ajrur au croissant d* argent accosti de
deux itoiles d'or,
(8) Parmi les pr^d^eessenrs de Pierre d'Aymier d'Arqnes, nous citerons :
Jeban d'Aymier, chevalier, mattre d'hdtel du roi Louis XI, condamn^ a dire
^cartel^ pour avoir favoris^ le comte d'Armagnac, 1472. (La Revue en parlera
prochainement dans une nolice sur le capitaine Garavelle). II possddait une im-
mense fortune k Toulouse, mais fat presque ruin^ par I'incendie de 1462 : il
eat 38 maisons brftt^es (Raynal, Hist, de Toulouse, p. 174).— Autre Jean d'Aymier
^tail conseiller au Parlemeut en 1530.(Voyez notre notice sur Garavelle.) II fut pdre
de 1« Aatoineite, marine iAntoine de Clarac, seigneur de La Galaube; dont un fils,
Jean, seigneur de La Galaube et Hirepoii, qui ^oasa, le 6 avril 1566, Marguerite
de Laffite; 2<* Pierre d'Aymier, capitaine ^s legions de Languedoc, seigneur d'Arques
et Lias; lequel ^pousa Antoinette de La Yalette-Nogaret, fiUe de Bernard et de Anne
de Bretol'enne. — Le 15 d^cembre 1530, ils eurent pour enfants : 1« Pierre, seigneur
d'Arquds, citd en tdte dujugement; 2o Jean, sieur de Garrits, c fr^re de Pierre d'Ay-
mier, seigneur d'Arqu^s, paye au chapitre de Tlsle-Jourdain la rente annuelle
de 1554. » Livre obiiuBire de I'dglise Saint-Martin de VUle; 8® Lambert, dil
le capitaine Garavelle. — Le livre obituaire du chapitre de I'lale^ourdaiii fail en-
core mention de : Francois d'Aymier. pr.dbendier du cbapkre,^ 1540; Arcaud-
Guiliem d'Aymier, lienr de La Bege, 1548; Gaillard et Pierre d'Aymier, 1362.
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— 479 -
devanl Douazan, notaire royal de la comt6 de Pezensac, le 10 aoftt
1597 (1).
Autre contrat de mariage dudit Bernard d'Ajmiier avec damoisefUe
Jeanne-Antoinette de Touges, scBur de Jean de Touges, seigneur de
de Noualhan, devant Guillaume Mascaras, notaire royal du lieu de
Noualhan.
Testament dudit Bernard d'Aymier, seigneur d'Arqu^s, capitaine
au regiment de Piemont, par lequel il declare avoir 6t& marie en
premieres noces avec damoiselle Amade de St-Pastour, et en
deuxifemes noces avec Catherine de Nouillan, Bt que de son premier
mariage il a eu un fils nomm^ Gabriel; du 18 novembre 1615 (2).
Contrat de mariage dudit Gabriel d*Aymier, seigneur d'Arqu^s et
Alias, avec damoiselle Louise de Boyer, pass^ devant Guillaume
Berque, notaire de Lectoure, 2 d^cembre 1630.
Acte d*emancipation fait par ledit Gabriel d*Aymier, seigneur
d'Arques et d' Alias, en favour de Pierre-Jean d*Aymier, sonfils;
devant Riossecome, notaire royal de Condom, le 17 avril 1670.
Contrat de mariage dudit Pierre- Jean d*Aymier, seigneur d'Alias
et d'Arqufes, avec damoiselle Marguerite de Bezolles, par lequel.il
parait qu'il ^ait fils dudit Gabriel; du 12 Janvier 1682 (3).
(1) Bernard d'Aymier ent de son premier mariage, avec Amade de St-Pastour,
qaatre fiUes : !'> Snperie, marine en premieres noces avec Hector de La Sadria*
seigneur de Campanes (16 novembre 1617}, et en deoxlemes ooces avec Jean de
Saint-Gresse, seigneur de S^ridos et de Pascau (15 aoAt 1633); So Gabriuiic, 3' Mi-
ramonde, religieuse de Ste-Ursule k Toulouse; 4^ Prancoise, spouse du seignear de
Monibazet.
(2) Peut-dtre doil-on rattacber k Bernard, noble Jean d'Aymier, seigneur de Mi-
nart^ qui Spouse, vers 1625, damoiselle Jeanne du Faur de Barbazan, fille de noUe
Jean- Jacques du Faur, seigneur de Barbazan et Aragu^s, et do damoiseUe Jeanne.de
NogeroUes.
(3) Pierre- Jean d'Aymier rendit bommage pour la seigneurie d'Arqu^, sise au
cornt^ de I'lsle-Jourdain. en 1664. (Arch, de Pau, B. 2044). II se remaria avec
Germainede F^raud, laqaelle (5tait veuve en 1696. Les P^raud, originaires d'Aurignac
en Gomminges, ^tablis k Tlsle-Jourdain vers le milieu du xvii* si^ele, ^talent
seigneurs de Lescuns; M. de F^raud, seigneur de Lescuns, assistait en 1789 i I'as-
semblee de la noblesse du Comminges a Muret. Germaine de F^raud, veuve 4e Pierre-
Jean d'Aymier, seigneur d'Arqu^s, fit enregistrer ses armes, sur I'armorial de 1696 :
d'axur a un C0idenas d^or; au chef d* or charg4 de trots fleurs de, lys de sable, n® 352.
Une branche cadette de la maison d'Arqu^s fix^e k Lagraulas, seigneurie qui lui
venait des Bezolles, s'est 6leinte k la fin dusi^cle dernier, dans la personne de Jean-
Louis d'Aymier d'Arqn^s. seigneur de Lagraulas, marid k damoiselle Paule de La-
banne, dame deBascous, qui n'eutque deux filtes, marines, Tune. Marie-Hyacinthe,
avec Francois de Cours, seigneur de Monleznn (1765); I'autre, Louise, avec Francois
de Benqnet, seigneur d'Arblade, officier au regiment d'Anvergne (1757). — Je n'ai
pu, malgr() mes reebercbes, dt^couvrir comment la seigneurie d'Arquesettouslesbieni
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— 480 —
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des productions ci-dessus,
par jugement rendu aMontauban, le 15 juillet 1698.
Signi : Le Pelletier de La Houssaye, intendant de Montaubaa.
XV
BERNARD DE BUS SIEUR DU POUY, NICOLAS DE BUS SIEUR DE LA COUR-
DELLE, FILS DE NOBLE HENRI DE BUS^ SIEUR DE LA COURDELLB, ET
DANIEL DE BUS DE LA COURDELLE.
Armes (1).
Jugement de M. Pellot du 10 juin 1667 qui donne acte des pro-
ductions k nobles Bernard de Bus de La Roque, sieur du Pouy,
Henry et Daniel de Bus, sieurs de La Courdelle, de la representa-
tion de. leurs titres.
Testament de Nicolas de Bus, sieur de La Courdelle, du 19 sep-
tembre 1690(2).
Marntenus dans leur noblesse sur la vue du jugement de M.
Pellot et du testament ci-dessus; par jugement rendu a Montauban,
le 12 juillet 1698.
Signi: Le Pelletier de la Houssaye, intendant de Montauban.
sita^s dans lo comtd de I'lsle-Jourdain, et poss^d^s par les d'Aymier d'Arqnes,
^taient en 1763 la propri^l^ de Gay-Joseph de SaiDt-Jean de Pointis, d'aoe brancbe
eadettedes barons de Pointis, formde par Pierre de Saint-Jean de Pointis, et non in-
diqn^e dans les genealogies. Le 11 juin 1763, Gny-Joseph de Saint- Jean de Pointis,
rend bommage ponr le cbMeau noble d'Arqnes, et directe et terres nobles en I'lsle-
Jourdain. li avait Spouse Jeanne-Marie de Yandomois, de Tanrignan, de Franeaz&l,
dont 11 eat deax filles : Rose-Josepbine, comtesse de Panetier, et Gatbcrine-Josephe-
Charlotte, marine aa marqais de Cazaax-Laran. seignear de Gaussan, auquel elle
apporta les seignearies d'Arqaes, les baronoies de Pointis-Inard, de Taurignan et
Francazal. La marqoise de Cazaux-Laran, veave depais le 37 aoftt 1783, ayant
emigre en Espagne avec ses deux filles, la seignearie d'Arques et toates les terret
sus-nommees farent vendaes nationalement (16 prairial an iii.)
(1 j Le rol percevait an droit de 20 liYres sar chaqoe enregistrement d'armoiries.
Malheareosement beaacoap de gentilshommes refaserent de se soamettre a cette loi
fiscale et le grand armorial general de d'Hozier est toajours reste incomplet.
(2) Je ne sais si ces de Bus de Gascogne se rattacbent k la famille da venerable
Cesar de Bus, fondatear des Peres de la Doctrine Cbretienne et des religieases Ursa-
lines (*). II avait trois freres, Bernardin, Pierre et Alexandre. Un de ses neTeax, Bal-
tbasar de Bas, jesuite, est Tautear de plasieurs ouvrages ascetiqaes. Cette famille
de Bus, originaire d'ltalie, s'etait implantee en France avec les papes d' Avignon. Le
jagement rendu en 1667 par I'intendant Pellot renferme les titres nobiliaires de U
famille de Bus etil noas dlrait peut-dlre qaels liens la rattacbent aa venerable Gdsar
de Bus eti ses freres. Mais ou le iroaver?
(*) On poorrait le croire, s'il fallait accepter an brait recoeilU par le P. J^ Bajole {Bi9t. saeHt
ttAJmtaiM, p. SSS) qai place k Jegoo (Gert) la oaisMOoe d'on acceaiUDt de ceiar de Bbi . — L. C.
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— 481 —
BIBLIOGRAPHIE.
Trois contes populaires recaeillis k Lectoure, par M* Jean-Francois Blade.
Traduction frangaise et texte gascon. In-S" de 76 pages. Bordeaux, Ch. Le-
febvre. 18T7 (tir6 k 60 exemplaires. — Extrait du tome v, 2* s6rie, des Tra-
vaux de la Soditi d' agriculture, sciences et arts d'Agen.)
Nos lecteurs connaissent d^ja deux publications analogues de notre
docte correspondant : les Contes et proverbes populaires recueillis
en Armagnac [Revue de Gasc, 1867, viii, 166, 373, 552) et les Con-
tes populaires recueillis en Agenais{R. de Gasc, 1874, iv, 472).
Dans chacun de ces recueils nous avons si^nal^, parmi un grand
nombre de morceaux plus ou moins importants, mais toujours int^-
ressants pour la philologie etla litt^rature populaire, un nombre plus
restrcint de « narrations vraiment epiques, > c'est-a-dire de r^cits
fond^s sur des croyances merveilleuses et largement d^veloppes de
Texposition au denouement. Or, depuis, M. Blad^ a trpuv6 plu-
sieurs contes de ce genre, mais encore plus ^tendus et plus mythi-
ques. II en publiaitun, en octobre 1875, dans la Revue de VAge-
nais, sous forme frangaise seulement [V Homme de toutes couleurs)^
avec un avertissement dont il est bon de transcrire quelques mots :
< La longueur (de certains contes in^dits de la Gascogne) d^passe
de beaucoup eelle de la plupart des r^its que Ton pent encore.trans-
crire a pen pres uniformement sous la dict^e de diverses personnes,
— II n*en est pas ainsi de ceux qui appartiennent b la mSme cat^-
gorie que Y Homme de toutes couleurs. En ce cas, il est absolument
n(5cessaire de rapprocher des fragments plus ou moins considerables
et disperses dans lam^moire d*un nombre variable de narrateurs. ...
Le resultat que j*ai obtenu, sans le moindre parti pris, m*a conduit a
retablir, par le mSme proc^de, un certain nombre d'autres contes
plus ou moins longs, mais qui n'existent plus que par fragments
dans la m^moire de diverses personnes de qui je les tiens. Dans ce
genre de rechercbeSjj'ai particulierement insist^ sur la succession
des faits et s6verement contrdle la logitimite des raccords. Ce travail
me porte a croire que les contes dont il s'agit existaient encore tout
entiers, il y a pen de temps, dans les souvenirs de plusieurs person-
nes... >Celadit, M. Blade consultait les critiques sur la logitimite
de son procOde, se declarant decide a brfller sans regret ce qu*ils
dedareraient suspect.
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— 482 —
Je suppose que les personnes eonsult^es par mon savant ami lui
out dit, comme moi, que son proc^d^ etait irr^prochable, a la seule
condition d*indiquer au lecteur les points de soudure des fragments
juxtaposes et la provenance respective de chacun de ces fragments.
Dans V Homme de toutes couleurs en particulier, la narration est
trop suivie et trop liee pour qu'on en puisse raisonnablement con-
tester Tuniid. Du reste, les renseignements d'origine fournis par le
coUecteur etaient assez rassurants par eux-m^mes, et pouvaient lui
sugg^rer, pour les autres contes recueillis par morceaux, des regies
d'exp^rience plus precieuses que des vues purement personnelles.
U Homme de toutes couleurs avait ete conte int^gralement a M.
Blade, durant son enfeince, par une vieille repasseuse lectou-
loise; plusieurs personnes le lui ont recite encore depuis, mais prive de
tel ou tel Episode, que d'autres narrateurs, incomplets eux-m^mes sur
quelques points, lui ont pennis de supplier. Dans ces conditions, le
collecteur de contes populaires reste fidele a son r61e de t greffier
de la tradition » en recueillant et en rapprochant des fragments ori-
ginairement unis : car il n'y met rien du sien, que la recherche
m&ne. II en serait autrement s*il refaisait un morceau quelconque,
s'il fournissait seulement le fil qui joint les parties; mais dansle cas
actuel, il ne fait que retro uver ces parties et ce fil.
D*ailleurs, il y a toujours quelque chance de rencontrer un narra-
teurplus fidele qui vous presente, reuni, ce que d*autres vous ont
donne disperse. C'est ce qui est arrive a M. Blade, t Je crois, dit-il
en t6te de sa nouvelle brochure, devoir soumettre aux erudits et k
mes compatriot^ trois des recits integralement retrouves aprfes avoir
ete retablis par les procedes deja decrits. Quelques-unes des per-
sonnes que j'ai consultees en dernier lieu sont mortes; mais celles
qui survivent suffisent amplement a me garantir. Neanmoins, ces
demieres sont exposees a partir aussi avant Timpression de mon
grand recueil. C*est pourquoi j'ai hdte, etc. » Je me hdle moi-mSme
de signaler ces curieuses et magnifiques narrations populaires, tout
en appelant de mes voeux les plus ardents ce grand recueil qui ren-
fermera « les monuments poetiques et prosaiques de la litterature
populaire de la Gascogne. » Aucune province de France ne possede
encore quelque chose de tel; nous serous fiers que la Gascogne donne
Texemple, et que co soit avec ce soin et cette competence dont
M. Blade a deja fait preuve parses entreprises partielles de ce genre,
et plus que jamais par celle-ci.
Nous y trouvons trois contes vraiment remarquables. Le premier
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— 483 —
est intitule le Bdtard : il si'agitclu fils d'un roi de Prance qui^pousa
la fille du chdtelain de Serillac (prfes La Sauvetat de Gaure), apr^s
des exploits merveilleux qui lui permirent de se faire reconnattre
pour ce qa*il 6tait. II y a dans ce r6cit, en dehors de cette appro-
priation locale qui n'a jamais gr^nde valeur, parce qu'elle varie
avec les caprices de Timagination populaire el des narrateurs eux-
mfimes, trois Episodes surlesquels doit porter Inattention desmytho-
graplies : P la messe dite nuitamment k la chapelle de la Roumiuac
par un prilre mort, et Torigine du Bdtard reconnue par lui k la
fleur-de-lys qu'il lui voit sur la langue : deux points dont le pre-
mier se trouve partout, tandis que le second m'^tait inconnu jusqu'i
ce jour; 2^ I'^preuve du Bitard dans un chAteau solitaire, ou des
6tres surnaturels lui fournissent le moyen de triompher de tout obs-
tacle pour remonter k son rang; 3® sa bataille centre un ennemi qui
jouit de la facultc^ de se mdtamorphoser sept fois en une nuit. Les
Episodes analogues a ce dernier ne manquent pas dans les divers
contours; mais il y a ici une richesse mythique assez remarquable,
rhommese transformant successivement « en can, en tchot [hibou],
en luiz-crampo (ver-luisant), en hoeillo secOy en brumo, en brut de
campano que souno d I'agounio, enfin en bent. > Le B4tard tran-
cha le vent en deux et ainsimit fin kla guerre qui d^solait son pays.
Mais le second Episode, celui du vieux chateau, donne surtout
lieu a des rapprochements curieux. Le h^ros du conte, k peine cou-
ch4,y vit nombre de petites cr^tures parfaitement immobiles. Puis
il enteudit crier dans la chemin^e : t Bdtard, tomberons-nous ou ne
tomberons-nous pas? — Tombez si vous voulez, ne tombez pas si
cela vous plait, je m*en moque...> Or, il vit descendre successive-
ment des membres et des tdtes qui formerent cinq hommes, lesqueis
dansaieat en chantant : € Dansons le lundil dansons le mardi! » et
ainsi de suite, jusqu'au vendredi inclusivement. Le Bdtard riait de
tout son coeur; enfin, impatient^, il se mit a danser et k chanter lui-
mdme, en ajoutant a la chanson des Corps sans dme (c'^tait leur
nom] les deux jours quiy manquaient. Lk-dessus les petiies crea-
tures se foridirent comme brume, et les Corps sans dme, apr^s •
avoir proniis au Bdtard de fSter d^sormais le dimanche comme de
bons Chretiens, lui enseignerent en recompense le secret des meta-
morphoses, grdce auquel il vint k bout de son redoutable ennemi. —
Or, dans cet Episode se trouvent fondus deux traits distincts de my-
thologie populaire : l^^Thistoire des membres tombant un a un, pour
6prouver le courage d'un aventurier. Dans un coiite du Hainaat,
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• 484 —
rintrepide Culolte- Verte entend sortir une voix du haut de la che-
min^ : € Cherrai-je? cherrai-je point? > disait la voix. Et le gargon
sans peur, qui etait en cuisine, se contente de retirer la pofile en di-
saDt : € La, chois hardiment. > II chut une jambe, puis une autre, et
le reste; enfin Thomme refait de jtoutes pieces indiqua a Culotte-
Verte un tr^sor cach^, qui ne I'aida pas peu a mettre a fin ses entre-
prises (1). 29 L'histoire de la chanson des jours de la semaine, qui
se trouve dans sa purete en un r^it du pays de Vannes. Les Kori-
gans (nains) de ces quartiers dansaient toute la nuit en chantant, dans
le plus pur bas-breton : di-lun, di-meurs^ di-merc'her, sans pous-
ser plus loin I'^num^ration des jours de la semaine. Mais un petit
bossu, surpris par leurbande et qu'ils forcferent a danser avec eux,
leurapprit k joindre a leur • chanson les trois jours dejeudi, ven-
drediet samedi. En recompense il fut d^livre de sa bosse, laquelle
fut donn^ peu apres a un tailleur malin et jaloux, qui avail enseign^
aux fcorigans le nom du dimanche, mais sans savoir terminer leur
chanson. EUe fut achev^e, en revanche, par leur premier ami, Tex-
bossu, ce qui amena la d^livrance du peuple entier des Korigans et
la fortune de leur bienfaiteur (2).
Les comparaisons, auxquelles la mythologie populaire prdte tant,
n*ont pas un pur interSt de curiorist^. Elles permettent de remonter
le cours des dges jusqu'aux donnoes primitives, qui servenl de base
aux inductions les plus pr^cieuses pour Tethnographie; de plus,
elles revfelent le travail subsequent du genie populaire sur ces tradi-
tions antiques. Ici, par exemple, on pourra trouver que la scene
terrifiante des membres detaches n*est pas aussi bien amenee que
dans les contes ou elle a pour temoiu un homme qui s'est vant6 de
n'avoir jamais peur; on pourra s'^tonner que Tapparition et la dispa-
rilion des < petites creatures » ne soierft justifi^es par rien; enfin il
pourra sembler que cet episode n'est pas attache assez fortement a
la fin du conte, les « corps sans ame > ne fournissant au bdtard aucun
moyen positif et necessaire pour amener le denouement. Mais quoi
« (1) Ch. Deulin, Contes d*un huvenr de fci^re (6* 6dit., 1873}, p. 67.
(aj Em. Souvesjre, le Foyer breton (Michel Levy, 1858), t. ii, p. 112. Cette tra-
dition avait 6X6 d6ja recueillie par M. C. Tranois [Revue de liretagnef mars 1834).
On rencontre aussi la chanson des joors de la semaine en Irlande, en Catalogne,
en Picardie, en Provence (Voyez la Melusine do 5 avril dernier, p. 163).
Le conte rdduit 4 la bosse prise k un brave homme et donnoe a un jaloux ou a un
mal appris se trouve ^n bien des pays, et jusqu'au Japon (Voyez les Lutim et le Voi-
sin jaloux, conte japonais publit^ dans la M^lusinCt loc. cit,, par M. Emm. Cnsquinj.
II a 6{6 versifl^ de nos jours tr6s-dl6Raroment par une po^tesse de Tr^vise. Voyez le
Due gobbe, novelletta (par A. Veronese Mantovani) dans le Pamaso italitino con-
temp. (Paris, Baadry, 1843), p. 1091.
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- 485 —
qu'on pense de ces details, il faut toujours compter sur quelques
lacunes possibles, la m^moire populaire ayant ses d^faillances, au-
]0urd*hui surtoutque les derniers narrateurs des veill^s d'hiver et
des despilhoucades disparaissent sans laisser d*Iieritiers. De plus,
il ne faut pas s*etonner de voir des Episodes entiers se reproduire dans
des contes diff^rents; c'est la le proc^de mSme de Tepop^e popu-
laire, et on ne le voit nulle part plus clairement que, dans les r^cits
des peuples europ^ns qui sont restes k cet ^gard les plus voisins
des sources aryennes (1). J'ajouterai seulement que si la formule
Dansons le lundil,.. est ins6r6e en frangais dans le conte gascon, ce
qui trahit un empruixt, en revanche, les Korigans de la Bretagne s*y
trouvent remplaces par les Corps sans dme; or, ce sont Ik des 6tres
myst(5rieux qui n'ont guere ^t^ signales jusqu*ici, ce me semble, en
dehors de la Gascogne (2). On les retrouve dans d'autres contes gas-
cons; par exemple, V Homme de toutes couleurs^ apres avoir traverse
le Pays de la faim et de la soif, livre bataille au Corps sans dme,
qui lui fait cette declaration : < Jamais tu ne pourras me tuer, et il
est dit que je ne dois mourir qu'a la fin du monde pour ne pas res-
susciter (3). »
Passons au second conte de M. Blad^, lou RH de las agraulos,
le Roi des corbeaux. C*est un des plus complets et des plus ^piques
qu'on puisse lire. II commence comme le Peau-d'dne agenais : trois
filles demand^es en mariage par un ^poux redoutable, et dont la dei^
ni^re se soumet. Mais ici lepere est un homme verd et de plus, un
cyclope. L*epous6e estemport^ par les corbeaux, a travers les airs,
< dens lou pais dou fret, dens lou psus de la n^u e dou tor, oun i a
pas nat aubre ni nado berduro. » La, dans un palais myst^rieux, elle
regoit chaquesoir, mais dans les tenfebres, son mari qu'elle ne doit
pas chercher a voir. On sait la curiosite de Psyoh^ : ici une goutte de
cire brAlante ^veille le pauvre (5poux, qui allait voir finir ses malheurs
sans la faute de sa femme. II est enchaJne, comme Promelhee, au
sonunet d'une haute montagne au milieu de la mer, sous la garde de
deux loups. Tun noir qui veille la nuit, Tautre blanc qui veille le
jour. Notre Psyche expie sa faute, et il n y a pas au monde de plus
(1) Voyez les Contes des paysans et des pdtres slaves^ traduits en fran^ais et
rapprochis de leur source indiennei par Alex. Chodzko. Paris, Hachette. 1864.
In-lS.
(2) M. Luzel a public le Corps sans dme, conte breton {Archives des missions
seientif. et litt,, 2« s^rie, vii, i:2,>; roais il s'agit d'un g^ant dont I'^me est cacbee
fort loin du corps, mythe singoller qui se troave d4ja dans une fouie de contr^es de
rOrient. Vo>ez Tart, de M. Emm. Cosquiu sur le conte ^gyptien des Deux Frires,
dans le dernier num^ro de la Revue des questions historiques (avril 18*77, xxii, 502.)
(3) Revue de VAgenaiSt octobre 1875, p. 450.
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— 486 —
Strange po^sie que ce r^cit* Une vieille lavaadifere, sorte de f^e pro-
tectrice, donne k la pauvre reine des souliers de for, iine besace ou
le pain ne doit pas manquer, une gourde ou le vin ne s'^puise ja-
mais, et un couteau d'or pour couperTherbebleuequi chantenuit el
jour et qui brise le fer. Elle voyagea un an dans le pays sans nuil,
oiile soleil brille toujours; elle y trouva Therbe bleue, maisnon oelle
qui chante nuitetjour Elle alia dans le pays sans soleil, ou luit
toujours la lune; elle y trouva, au bout d'un an, Therbe bleue qui
chante nuit et jour, maisce n'^taitpas celle qui brise le fer.
La R6mo tourn6c plega lousonn coat6l d'or e tournftc parti. Tres jours aprfes
arrib^o dens lou pais oun i a pas nat soureil ni nado luo e oun hd n^t tout-
jour. Aqui march^c tout un an. Quan aueuo hame e set, lou pan e lou bin
manquauon pas deguens la biasso e la cujo. Quan au^uo enibejo de drome, se
couchauo en tdrro e soumeillauo. Aucap d'un an de bouiatge, entenouc canta
dens la n6it : c Soui Terbo bluio, I'^rbo que canto n^it e jour, I'^rbo quebri-
gaillolou h6r... ©Cop sec. la RMno lirdc lou soun cout^l d*or e raarchtea
Tescu de cap a Tendret doun bengu^uo la cansoun. Tout d'un cop sous dus sou-
li^s s'arroumpoun. La R6ino au^uo hourat I'^rbo bluio, F^rbo que canto neit
ejour, r6rbo que brigailio lou h^r. Alabetz la R6ino couple T^rbo quecantano
toutjour : « Soui I'^rbo bluio, I'^rbo que canto n^it e jour, I'^rbo que brigailio
lou h^r... »
La R^ino tourn^c plega lou sou cout^t d'or e tourn^c parti a trau6s la ndit
en marcha p6-nuso a traues bus brocs. Marchec lountens, lounlens, lountens.
Enfin la n6it afiniscouc e lou soureil se leu^c. La R^ino 6ro iau bord de la ma
grano tout procbe d'un petit bach^t. La R^ino mounts sou petit bach^t e
partiscouc sur la ma grano. Pendent set jours e s6t n^itz, biscouc pas que c^u
e aigo. Lou maitin dou ho6iti6mo jour arrib^c deguens la ilo e abis^ sou cap
de la bauto mountagno lou R^i de las agraulos encadenat. Asta l^u que la biscouc,
lou loup blanc s'abi^c la gorjo doub^rto. Cop sec la Reino tir^c Ion soun coutet
d'or e prengouc I'^rbo que cantauo toutjour : a Soui I'^rbo bluio, I'ferbo que
canto nuitetjour, I'drbo que brigailio lou b^r. .. » En aquero cansoun lou
loup blanc s'acoat^c e s'endroumiscouc. Alabetz la Reino dambe lou soun cou-
tet d'or sann^c lou loup blanc e lou loup negre. Ac6 b^it touquec la cadeno
de h6r dou pes de s^t quintans qu'encadenauo lou RM de las Agraulos dambe
fdrbo que cantauo toutjour : « Soui I'^rbo bluio... » Alabetz I'^rbo se car^c e
se lassiscouc en un moument; m^s lou R6i de las agraulos se leuec fier e bar-
dit coumo un cezar. « Mercio, henno. » Ac6 h6itcrid^cas quoate benlzdou
C6u : a Gouac ! couac ! couac I » A proupourlioun que cridauo, boulados d'a-
graulos arribauon de toutz coustatz m^s biste qu'un lambret, e cop sec tour-
nauon prene la forme de rhome. Quan toutos est^n arribados, lou R^i digouo :
a Brabos gens, mas penose las bostos soun acabados. Espiatz la-bas, la-bas,
la-has. Esun r^i de mous amies que nousbeng cerca dambe set milo nabiris.
Dens un mes, seran toutz au pais. • E trie trie, moun counts es finit, E trie
trae, moun counte es aeahat,
Ici j'ai mieux aime faire gofiter le charme de la narration popu-
laire que de raisonner sur son origine et sa composition. Au reste,
les rapprochements s'offrent plus nombreux que jamais. C'est dans
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mie multitude de contes de tous le& pay& qu^'un monstre demaade
une jeune fille en mariage, redevient homme chaque nuit, et adresse
a sa femme uae defense que la curiosity lui fait enfreindre. Daiis
beaucoup d'autres, une femme use des souliers de fer k la recherche
de son mari. Voyez les remarques de M. Koelher sur le premier et
le demier des morceaux publics par M. Blade dans son recueil age-
nais de 1874. Mais, quelle que soit I'interpretation astronomique t«-
nue en reserve par nos mythographes pour ce double lieu commun,
je demande qu'on fasse la part de I'^lement humain si profond^ment
empreint dans cette creation populaire, qu'on admire surtout T^lo-
quence de ce touchant symbole de Texpiation. La purification par la
souflFrance volontaire n'a peut-6tre jamais 6t6 mieux exprim^e que
par ces trois ann^s de voyage solitaire et par la conqudte de cette
fleur celeste qui d^Iivre les dmes captives.
Venous enfin au troisieme conte lectourois de M. Blad6, le conte
« de la mer qui chante, de la pomme qui danse et du petit oiseau
qui dit tout. » En voici les traits essentiels : 1° Trois soeurs font des
souhaits matrimoniaux. La plus jeune desire ^pouser le roi et pro-
met de lui donner deux jumeaux qui auront des chaJnes d'or entre
peau et chair; 2^ Le souhait et la promesse sont r^alis^s; mais la
belle-m^re envoie noyer les deux jumeaux, aprfes avoir fait dire k son
fils absent que c'etail un chien et un chat, et le roi abus^ tient sa
femme dans un affreux ^tat d*humiIiation; 3<> Les jumeaux grandis-
sent chez des pScheurs qui les ont recueillis; k Tage de sept ans,
ils se mettent en route a la recherche de leurs parents : la mer leur
annonce en chantantqu'ils vont les retrouver, et un mSme arbre leur
fournit, par le secours d'un homme qui leur donne en m§me temps
rinstruction aff^rente, la pomme qui doit sauter sur la t§te de leur
ennemie et Voiseau qui doit r^v^ler le mystere de leur naissance et
de leur conservation; 4® Ils vont servir chez le roi mSme. Bientdt la
pomme et Tpiseau font leur office. La vieille reine est convaincue en
public, grdce aux mSmes agents myst^rieux; le roi la condamne a
mort, mais il lui fait grdce, et 5° lui-m6me se d^voue a la peine
capitale; mais, par la volenti de Dieu, la hache du bourreause brise
trois fois sur son cou, ce qui le constitue legalement quitte du sup-
plice qu'il devait subir.
Cette derniere croyance est populaire en Gascogne, ainsi que M.
Blade le constate, etellese trouveailleurs, comraeon le voit dans une
des pifeces du troisieme livre de la Miougrano enlreduberto d'Auba-
nel. Mais cet episode d'un roi qui se condamne lui-ruSme amort est
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assez singulier, et je ne me souviens pas de Ta^oir rencontr^ ail-
leurs. Au reste, quelques-uns des narrateurs entendus par M.
Blade Tignoraient entiferemeiit, de sorte qu'il pourrait bien n'Stre
qu*une conclusion post^rieurement soudee au conte, pour satis-
faire une d^licatesse de sentiment qui ne se trouve pas toujours dans
les r^cits populaires. — J*en dirai a peu pres autant du quatrieme
pdtnt, en ce qui concerne la grace accord^e a la cruelle belle-mere;
dans la plupart des recits, plus soucieux de la justice que de la piet6
filiale, cette m^gere est brdl^e vive, ou mise a mort de quelque
autre maniere.
Poursuivons notre course a reculons. — Dans quelqu'un des contes
similaires, les enfants ne trouvent les objets merveilleux que lors-
qu'ils sont d^ja au service de leurs parents, et c'est la ra^chancet6
de leur vieille ennemie qui les engage dans cette recherche insensee,
thfeme trait^ dans un grand nombre de vieux recits. C'est ainsiqu'ils
atteignent Teau qui danse, la pomme ou la rose qui chante, et Toi-
seau qui dit la v^rit^ : on a vu que les objets soot un peu difiF^rents
dans le conte lectourois (1). On pent lire « TOiseau de v^rit^, » conte
populaire lorrain recueilli par M. Emm. Cosquin (2). De plus, dans ce
dernier conte, ainsi que dans un conte breton du mSme type, I'oi-
seau de verite ne dit que mensonges tant qu'il n'est pas pris. — Le
second episode (enfants condamn^s k etre noy^s sur le rapport d*une
femme cruelle et qui sont sauv^s miraculQusement) se reproduit dans
une multitude de contes soit de ce type, soit d'un autre. UHistoire
du chevalier du cygne (roman frangais imprim^ en 1499) debute par
une fiction de ce genre, qu'on retrouve aussi dans les Mille et une
nuits, — Mais ou le conte gascon est evidemment tronqu(5, c*est
dans le premier Episode : on ne voit pas du tout pourquoi la plus
jeune des trois soeurs, non contente de d^sirer la main du roi, fait une
promesse insensee, qui, de plus, se realise sans autre explication.
Voici un conte du Caucase qui remplirait peut-6tre cette lacune :
€ Trois soeurs, cardeuses de laine, s'entretiennent un soir ensem-
(1) Je crois, da reste, qn'on troQverait, en Gascogne m^me, dans d'aatres formes
de ce conte, les trois objets merveilleax exactement identiqnes k ceax du conte lor-
rain. M. Blad6 lai-m6me faisait dire en 1857 (Revue d'Aquitaine, i, 501) 4 son
Compagnon pensif : « Voici le paysde I'eau qoi danse^ de la pomme qui chante et
do petit oiseau qui dit toat. >
(2) Dans la Romania d'avril dernier (vi, 239). C'est le xviP des Contes popu^
laires lorrains recueillts dans un village duBarrois, a Montiers-sur-Saulx (Meuse)^
et doni la s^rie n'est pas encore ^puis^e. A la saite de chaqae conte, M. Cosqain
donne an commentaire trds-^radii, plein de rM^rences et de comparaisons instrac-
lives. C'est au commentaire de i Oiseau de viriU que j'emprunte la plopart des re-
marqors qai vont soivre.
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ble, et chacune d'elles dit aux autres ce qu'elle ferait si le roi la pre
nait pour femme. Le roi enten J leur conversation : il Spouse Tain^e,
puis la seconde, qui ne peuvent tenir leur engagement, enfin la
troisieme. Celle-ci a dit qu'elle donnerait au roi un fils aux dents
de perles et une fiUe aux cheveuxd'or. [Dans le Chevalier du cygne^
ils portent en naissant une chaine d'or au cou.] Ses deux soeurs,
jalouses, font jeter les enfants dans une gorge de montagnes et en-
voienl dire au roi que sa femme est accouch^e d'un chien et d'un
chat. Le roi ordonne de noyer le chien et le chat, etc. t Le reste est
assez diflFerent de notre conte, quoiqu'on y voie un pommier qui
parle et qui da'nse.
Remarquons cependant que le conte du Caucase nous repr^sente le
roi mari^ successivement a chacune des trois soeurs vivantes. N'est-
ce pas simplement cette impossibility morale qui aura fait tronquer
le commencement du conte gascon? Ainsi, k c6te des 61^ments pri-
mitifs, que la mythographie comparee doit d^gager et interpreter, il
faut reconnaitre toujours dans les contes populaires Tel^ment moral
oil se caracterisent la race, le pays, la religion. Aussi M. Blad6 a-t-il
recueilli, avec le m6me soin que tout le reste, ces appropriations
locales, ces comparaisons prises de la topographic, ces reflexions
braves, tantdt propres au narrateur, tantdt mises dans la bouche d*un
personnage du conte (1). Ces dernieres sont d*un gros bon sens, aussi
Chretien que gascon. Cependant on pourrait trouver une teinte
trop fataliste a cette sorte de proverbe qui revient deux fois dans la
bouche de la vieille protectrice de notre Psyche : c Lous counseils
serbisson pas d'arr^ e so que diu arriba manquo pas jam^s. » Re-
marquez que cette derniere phrase traduit I'aphorisme emprunte sans
doute aux Arabes par le peuple espagnol : • Lo que ha de ser no
puede faltar. t
Quoi qu'il en soit. ce travail de M. Blad^ marque sur ses deux
recueils precedents du meme genre, qu'un si legitime succes a d^jk
couronn6s, un progres trfes-remarquable, et par T^tendue des r^cits,
et par le m^rite des recherches, et par la notation soigneuse des va-
riantes rapport^es toujours a leurs foumisseurs responsables. Quant
a la valeur de la narration elle-mfime, il n'est pas n^cessaire d'y in-
sister; pas une dme po^tique ne recevra sans emotion ces ^chos, en-
core si pleins et si sonores, du g^nie ^pique de notre race.
LioNCE COUTURE.
(1) Aq point de vae philologiqne, je dois faire remarqaer leg quatrc ffagtnenta
rim ^8 qai se uronveDl aux pages 61 et 66*.
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— 490 —
CORRESPONDAIWCE.
La fomille de Donoet et son fief de Pony.
Sempuy, le 28 juillet 1877.
Monsieur TabW,
Je viens de lire, dans la Revue de Oascogne, Farticle de M. TabW
Dulac, intitule : Un LectouroiSy ivique de Tatbes, et je me permets '
de vous 6orire poui: vous demander si le savant auteur de cet article
ne se trompe pas en traduisant domini de Podio par t seigneur de
Pouy-Roquelaure. »
J'ai des donnees qui me portent a eroire que le Podium dontil
s'agit ici est, non pas Pouy-Roquelaure, mais Sem-Pouy.
J'en trouve une premiere preuve dans Farticle m6me de I'auteur,
ou il est question de Podio prope Lavardens^ ce qui ne peut pas
s*entendre de Pouy-Roquelaure, qui se trouve dans une direction
oppos^e par rapport a Lectoure, tandis que le Sempuy est plus rap-
proch^ de Lavardens que de Lectoure.
La seconde preuve, je crois la trouver dans un testament du xv*
sitele que la commune du Sempuy possfede dans ses archives et oil
il est question d*une famille de Dulceto.
Ce testament fait en 1452 par M. de Rege, alors cur6 du Sempuy,
renferme des details curieux; mais il est trop long pour que je puisse
le transcrire en entier; je me contenterai d'en extraire quelques pas-
sages. Apres avoir fonde et richement dote une ohapelle dans Teglise
paroissiale Ste-Marie du Sempuy, en Thonneur desainte Catherine,
M. de Rege, testateur, ajoute :
Item voluit praedictus testator quod oapellania prsedicta, tamdiu
quamdiu ipse vitam ducet in humanis, sibi pertineat et expectet sibi-
que pertinere et expectare voluit.
Denique post ipsius instituentis decessum ipse idem testator ins-
tituens elegit, prsesentavit, instituit, ordinavit et spiritualiter nomi-
»avit, eligit, prsesentat, instituit, ordinat et nommat de praesenti
Erimum capellanum dictae capellaniaB : videlicet Bertrandum de
>ulceto, clericum, nepotem suum et habitatorem ejusdem loci de
SAo Podio, easuquo velit procedere ad sacros ordines, et quod infra
viginti quinque annos dictus Bertrandus de Dulpetosit infra sacros,
Et si forte dictas Bertrandus de Dulceto, primus capellanus electus,
in aetate dictorum viginti quinque annorum non erat infra sacros,
elegit, instituit, et ofdinavit dictus testator secundum capellanum
dictae capellauiae rectorem qui pro tunc dictam rectoriam ecclesiae
prsedictae loci praedicti de Suo Podio tenebit et possidebit. Similiter
post decessum dicti Bertrandi de Dulceto, primi capeUani per ipsum
electi, instituit et ordinavit dictus testator capellanum dictee capel-
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— 491 —
laniae, rectorem dictse ecclesiae parochialis beatse Mariae ejusdem
loci de Sdo Podio; et post decessum illius rectoris, alium rectorem
in dicta rectori^ possessorem et successorem, et sic rectores qui
futuris rectoribus eitunt successores ecclesiae supradictae loci prae-
dictide SAo Podio.,.
Plus loin, M. de R^e, institue ses l^gataires universels :
Joannam de Moquenis, Bertrandum de Dulceto et Marquisiam
de Dulceto, filios dictae Joannae et nepotes ipsius testatoris, pro
onSnibus eorum voluntatibus faciendis, aequis portionibus inter ipsos
dividendis haeredes suos universales et generales instituit atque fecit
et voluit et ore suo proprio nominavit.
A cette ^poque, le due d'Albret ^tait seigneur du comt6 de Gaure :
Domiino de Lebreto comitatuum Drocarum et Gaurae comite,
et reverendissimo in Christi patre'et domino domino Philippe per-
missione divina Auxis archiepiscopo, etc.
Voioi les noms des temoins mentionnes dans le testament :
Hujus rei sunt testes ad hoc specialiter vocati et rogati per dic-
tum testatorem videlicet : Petrus de Calameto, Petrus de Malau-
"berco, Bertrandus de Agossio, Arnaldus de Aqua pulchra, Vitalis
de CAiario junior, Vitalis de Thomassio, Bertrandus de Casfris loci
de Stio Podio et Petrus de Bertino loci de Manhanco habitatores, et
ego Bernardus Guillelmus de Bordis. clericus apostolicus, auctoritate
imperiali notarius ac habitator loci de Sdo Podio.
Veuillez agr^er, Monsieur, etc. Louis SABATIE,
car^ du Sempuy.
Nous remercions M. le cure du Sempuy de cette communication
int^ressante pou^ Thistoire de sa paroisse et de la famille de Doucet.
Aureste, il ne resulte pas dutesta(nent de De R6ge que son neveu
BertraDd de Doucet appar4int k une famille da seigneurs du Sempuy;
«t Podium tout seul ne d^signa jamais cette localite, si je ne me
trompe. Mais M. I'abbe Sabatie a raison d'61iminer Pouv-Roque-
laure; la lettre suivante va donner, je crois, la vraie identification de
Podium, fief des Doucet. — L. C.
Lectoure, le 6 aoflt 1877.
Monsieur le r^dacteur en chef,
En remercrant M. I'abbe Dulac d*avoir remis en m^moire un lec-
tourois evSque de Tarbes, j'ajouterai, avec son consentement, quel-
ques observations qui ne seront peut-Stre pas sans int^rdt ^ la suite
de son travail.
Premierement, a propos du doute qui pent encore subsistersur
Torigine lectouroise de cet (5v6que, je citerai, dans le t. iiv, p. 396
des Notices et extraits des manitscrits, publics par TAcad^mie des
inscriptions et belles-lettres, un acte de 1273 a la fin duquel on fit :
< Actum fait apud Lactoram in aula Amaldi Guillelmi et
Raimundi Guillelmi de Dulceto fi^atrum quarto die introitnis
mariii Anno ab incamatione Domini millesimo duoentes9 LXX"^
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— 492 —
tertio... > (Je dois la connaissance de cet acte k Uextrdme oblipeance
de M. P. La Plagne-Barris). Ainsi done bien avant 1391, eiistait a
Lectoure la maison de Dulceto, contemporaine lie T^vSque GeraUius
de Dulceto, et dans laquelle, probablement, il avait vu le jour.
En second li«u, je ne crois pas que Ton puisse retrouver la
seigneurie de Podio, indiquee dans Facte de 1391, a Pouy-Roque-
laure, mais, sans doute, a Pouy (actuellement hameau) situe au
nord-est et a quatre kilomfetres de Lavardens dans le diocese d'Auch.
Pour ce qui est du vrai nom de famille des Doucet, on le trouve
constamment a Lectoure, m§me dans les chartes latines, &rit ainsi :
de Dosset, On sait que les notaires se dispensaient fr^queinment de
latiniser les noms propres. Par d'autres raisons, qui seraient aussi
longues k d^velopper ici qu'inutiles, on voit que c*est la la vraie
logon romane etque ce nomne comporte pas d'apostroplie, ainsi que
I'a 6crit Tabbe Monlezun.
On trouve des de Dosset k Lectoure pendant le xni«, le iiv« et le
commencement du xv* siecle. En 1434 ils n*y sont plus repr^sent^s
que par une femme Melha de Dosset, Leur nom disparait alors et ne
se retrouve plus dans la suite. II n*est question, a ma connaissance,
de leur seigneurie de Pouy, que dans Facte de 1391. Leur maison a
Lectoure devait Stre une de ces nombreuses maisons fortes intra
muros dont on voit encore les substructions; elle dut 6tre raseQ lots
de la demolition de la ville en 1473. N^anmoins son emplacement
serait interessant k connaitre (1); il pent en rester des vestiges con-
siderables, et, outre Fhonneur devoir vu naitre un ^vfeque, elle oflfre
cette petite curiosity ^nigmatique d' avoir servi pour r^diger deux
actes importants, k un sifecle d'intervalle, alors que ses proprietaires
n'^taient pas notaires, et que les souscripteurs de ces actes ^taient
amplement pourvus d'autres lieux mieux appropri^s, semble-t-il,
pour la redaction d'actes publics. XXX.
QUESTION.
152. Un due d^Bsclignac, historien.
On lisait dans une revue etrangSre de f6vrier 1874 : « Charles-Philippe de
Preissac, due d'Esclignac, ancien pair de France, auteur d'une Histoire dltalie,
est mort k Milan k VS^ge de 83 ans. » Cet historien portait un nom eascon; c'est
une raison suffisante pour demander h quelgu'un aes ^crivains de la Retme de
Gaseogne, sinon une notice complete sur lui, au moins les indications hiogra-
phiques et bibliographiques utiles pour se renseigner sur sa personne et sor
sonouvrage. Jean BKANA.
(I) Des emprunts anciens et snrtout modernes ont priv^ les archives municipales
de Lectoure de tout ce qu'elles renfennaienl de plus pr^cieux et des deux livre«
terriers de la premiere moilid do x?*sidcle, qui aaraient permis de retrouver certains
ment reinplacemeDt de cette maison.
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NOTES SlIR DEIIX SEIGNEURS DE LVSTRAC.
En lisant Tinteressaiite biographie de Naudonnet de Lus-
trac, publiee dans la livraison de juillet de cette Revue par M.
Paul La Plagne-Barris, je me suis souvenu que les Archives
d'Agen possedent deux pieces a utiliser pour Thistoire de la
famille de Lustrac.
Le fief qui porte le nom de Lustrac est un moulin fortifle
comme un chateau du moyen^age. II est situe sur les bords
du Lot, rive droite, dans la commune de Trentels. . Son plan
est rectangulaire et ses angles sont flanques de tours b&ties
dans (Euvre. L'ensemble est assez bien conserve. Lustrac a
soutenu des sieges. II est souvent cite dans les registres des
consuls d'Agen avec la qualification de fort.
Monl-Nareisse etait le nom primitif de la localite. Fouques .
de Lustrac construisit, vers I'annee 1305 environ, le muulin
qui a garde son nom.
Voici, a ce sujet, un paragraphe extrait d'un denombre-
ment (environ 1320) des droits per^us dans la juridiction de
Penne :
Item, in passu paxerie de Monte-Nareisse fuit quondam molen-
dinum edifficatum, bene sunt quindecim anni elapsi, et paxerie
quedam, bene sunt viginti anni elapsi, per Fulconem de Lustrac, et
valuerunt et possunt valere V^ (1).
(1) (Archives d^partementales de Lot-et-Garonne, S^ k la s^rie E. Frespech^
FF. 1» fo 15.) Le registre ainsi cot^ contient des copies faites aa xyiii* si^cle de
documents d'nne grande importance, mais qui sont transcrits d'ane fagon fort in-
correcte. Toutefois leor authenticity neparatt pas devoir 6tre snspect^e.
Dans I'acte relatif aux moulins da Lot^ les Boms sont cit^s avec des variantes
orthographiqoes dans I'ordre suivant : De Gaillardello-f de Fumello; de Pinibus
(Lamothe-Pis, comm. de Condezaygnes, rive droite); de La Canal on Conat; de Las
Ondasi de monte de Montriaco; de monte Nareissa (Lustrac); La Gutmorda; de
Tome XVIH. — Novembre 1877. 33
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— 494 —
Une charle (1439) publiee ci-apres nous reporte au temps
des rputiers et deslattes contre les Anglais.
A gen, fldele a la France, devena ville « es marches et froa-
lieres, » etait alors entoure de voisins non moins redoutables
que les etrangers. Le peril etait partout, comme le prouve
rincident relate dans cet acte.
Naiidonnet de Lustrac, maitre des principales forteresses
des environs, assiste du seigneur de Boville, prepara contre
les Agenais un facile coup de main. II avait pour lui le sene-
chal B6raud de Faudoas.
Ce dernier convoqua le peuple a ses assises. Ces assemblees
se tenaient a la maison commune, situee au centre de la ville.
Tandis que les faubourgs etaient degarnis, les deux capitaines .
a la tete d'une troupe nombreuse franchirent lesportes. Peut-
6tre furent-ils regus comme des hdtes ou comme des amis en
produisant un mandat du senechal. Toujours est-il que les
notables etaient reunis a souhait. Les surprendre, les cerner,
.choisir des prisonniers et des otages, ce fut Faffaire d'un ins-
tant. Les deux routiers se saisirent des ofQciers du Roi, des
•consuls, d'un certain nombre de bourgeois et d'habitants et
particuliferement des plus riches. Le but de ce guet-a-pens se
devine. II s'agissait d'une forte rangon i extorquer. Les Age-
nais redoutant la mine de leur ville, craignant meme pour
leur vie, s'engagerent a payer la somme &iorme de miUe ecus
en cinq ans.
Portalou on Pertutou (Portaloa, comm. de Tr^mons, rive gauche); de Philogeras
an Reg olerat (R\gon\i^Te$, comm. de Penne, rive gaache); demonte superiori di
Pelitserio; de monte inferiori de Pelisserio.
D'apr^s cet ^tat, qui est in^dit, ces 12 moulins Etaient lous de fondatioD r^cente.
Ainsi ces immeoses travanx de barrages et de constructions d'6cluses et de moalins
sur le Lot, souvent restaurds, utilise encore pour la plopart de nos jours» date-
raient da commencement du iivf si^cle. C'est I'^poque des grandes entreprises. De
1346 h 1305, 38 bastides furent fondles surleterritoire qui tonstituele d^partemeot
de Lot-et-Garonne. Cos vilies furent rapidement penpl^es et entour^es de mors.
Sept d'entre elles sont actuellemeat des chefs-lieux de canton. Pendant la m^me
pdriode les vilies ancienne^ achevaient leurs enceinies de murailles et les seigneurs
devaient de nouveaux cb&teaux. Je doute que les grands ouvrages qui ont trans-
formd i'Agenais depnis soixantaans, et dont nous sommes justement flers, soient
r^qtiivalent comme somme d'efforts de ceax que je Tiens d'^nam^rer.
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— 495 —
Lustrac, Boville el Faudoas avaient-ils dejastes causes de
plain tes contre les Agenais? C'est possible; mais les proofe-
des qu'ils employerent pour les faire valoir sont assuremeiit
peu chevaleresques.
Ces faits s'etaient passes en 1456.
Trois ans apres, le Dauphin de France, qui devait 6tre Louis
XI, fut envoye par le roi son pere a Toulouse pour y repri-
mer les exces commis par les gens de guerre (1).
II re^ut les plainfes des habitants d'Agen et donna ordre
d'informer contre Lustrac et Boville. Le senechal d' Agenais et
deGascogne, lejugemage d'Agen etle juge ordinaire de
Condom, furent charges de faire Tenquete el de prononcer le
jugement.
Les letlres de grace aCcordees a Naudonnet de Lustrac (2),
en 1442, font allusion a quelques autres ey^nemenls qui se
passerent a Agen a la suite de la surprise de la ville. Le me-
fait est singulierement attenue, ainsi que cela a toujours lieu
dans la redaction des actes de cette nature. Ces lettres ne
mentionnent m^me pas imposition forcee des mille ecus.
Ces divers episodes ne peuvent 6tre retraces que sommal-
rement d'apres des actes si courts. lis sont curieux parcequ'iis
caracterisent fort bien une epoque de troubles oil Tamitie de^
capilaines etait souvent aussi dangereuse que leur inimitie.
Au moment oil nous voyons le roi de France oblige de sur-
veiller son partisan Rodrigue de Villandrando (3), de proteger
(1) Le Dauphin n'avait alors que seize ans. II arriva k Touloose le 35 mai, L'or-
donnance rendne en favenr des consuls d'Agen, le 28 join, doit 6tre mi des premiers
acies dmanant de ce g rand jnsticler.
Aprds avoir paru pour la premiere fois dans la Revue de GaseognCf cette charle
figurera sans doute anx premieres pages dn recneil des lettres de Louis XI qile pre-
pare en ce moment la Soci^te de I'histoire de France.
(2) Page 306.
(3) II est vraisemblable que Lustrac prit part a la campagne de Villandrando danii
r Agenais. Peut-ltre en aurons-nous lapreuve quand M. Jules Quicherat aura T(S^
dild un m^moire fort remarqnable pam il y a trente ans (BibliotMgfue de VEcoh
des ehartes, 2es6rie» 1. 1) etqui va prochainement se transformer en un volume.
Si qnelque lecteur de la Revue de Gascogne poss^dait des decumenu iq^dits sur le
cdldbreaventurier, jeTengageTivement k les transmettre a I'bistonen de Kodrigue
de Villandrando, le savant directenr de TEcole des chaY(6s.
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— 496 —
le Languedoc contre ses compagnies, TAgenais nous presente
ce spectacle singulier d'i>n senechal livrant ceux qu'il doit
d6fendre, de capitaines, partisans frangais, rangonnant une
des villes francaises les plus exposees comme elant sur la
frontiere. Partout la division, le mepris du droit, le regrie de
la force, la trahison, Tecrasement des faibles.
Ordonnanoe du Dauphin, depuis Louis XI.
(28juinl439).
Loys, fils du Roy de France, daulphin de Viennoys, au gouver-
neur et seneschal d'Ageneis et de Gascoigae et au juge mage d'Agen
ou juge ordinaire de Condom et k chacun d*eulx ou a leurs lieuxte-
nans, salut. Les consuls, bourgois, manans et habitans de la ville et
cit6 dudit lieu d'Agen nous out humblement fait eiposer que Tan
mil un«xxivi derreni^rement pass^ Bdrauit de Faudouas, chevalier,
pour lors gouverneuir et seneschal dudit pais d'Ageneys, estant en
ladite ville d*Agen et tenant son audience publique en la maison
commune d'icelle, fist entrer ou au moins par son ordonnance en-
trferent en ladite ville les seigneurs de Bovesville et de Lustrac
accompaignez de grant quantity de gens d'armes etde traict, lesquels
apres leur dicte entree, vindrent tout droit en ladicte maison com-
mune oil ils prisdrent et arresterent plusieurs des ofGciers de mon-
dict seigneur et des consuls, bourgois et autres manans et habitans
de ladicte ville et des plus riches queilz trouverent en ladicte maison
commune avec ledit Berault de Faudouas. Et lesquelz consulz,
bourgois et autres de ladicte ville estant ainsi pris et arrestez, doub-
tans la perdicion de leurs corps et biens et la destruction totalle de
ladicte ville, actendue la maniere de Tentr^e desditz gens d*armes, la
force et violence qu'ilz leur faisoient et les menasses qu'ilz leur
donnoyent, par crainte et doubte et qu'autrement ne Teussent point
fait, promisdrent au nom de ladicte ville ausdits seigneurs de Bo-
vesville et de Lustrac donner la somme de n® escuz par chacun an
jusques a cinq ans enssuivant souiz certaines condicions mises et
appos^es audit contrault sur ce fait entrelesdites parties. Et lesquelles
condicions n'ont en riens este accomplies de la part desdits seigneurs
de Bovesville et de Lustrac; ce non obstant, soulz umbre dudit con-
trault ainsi fait par force, violence et contraincte, comme dit est
dessuSy iceuiz de Bovesville et de Lustrac se sont eiforcez et efforcent
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— 497 —
tant par voye de fait que autrement, a tort et centre raison contrain-
dre lesdits exposanls a paier ladite somme de ii<^ escuz par chacun
an depuis le temps que ledit contrautt fut fait et pass^, qui est en
leur grant grief preiudice et dommaige, et plus seroit se par nous ne
leur estoit sur ee pourveu de remede convenable, humblement re-
querant icelluy. Pour quoy Nous, les cboses dessusdites consid^r^es
qui ne vqulons telz contraulx par force, violence et contraincte faiz
comme dessus est dit valoir ne sortir aucun effect, eu regart aux
grans perteset dommaxges que lesdits exposans ont souffert et
souffrent de jour en jour pour acquiter leur loyault6 envers mondit
seigneur, lesquels sont es marches et fronti^ros des Anglais, anciens
ennemis de mondit seigneur et nous, vous mandons et commandons
que se, appeiezceulx qui seront k appeler, il vous appert par informa-
cion ou autrement deuement de ce que dit est tant que souffire doye,
vous ferez tenir quictes et paisibles lesdits exposants doresenavant de
ladite somme de ii« escuz pour chacun an et des arreraiges qui en pour-
royentestre deuz du temps passe se aucunsen sont deuz; et faisant
commandement bien expres de par mondit seigneur et nous ausdits
de Bovesville et de Lustrac sur certains et grans peines k appliquer
auxdits seigneurs que pour raison de ladicte somme et arreraiges ils
ne mole^tent ne travaillent lesditz exposans par voye de fait ou autre-
ment indeuement; aingois qu'ilz vous baillent et mectent en voz
mains les obligations qui ont estd faictes par la maniere et pour les
causes dessusdites, s'aucunes en ont, pour icelles estre par vous
cassees et adnuUees se estre le doyvent. Et au surplus aux parties
sur tout icelles oyes faictes bon et brief accomplissement de justice,
car ainsi nous plaist il estre fait, non obstant quelconques lettres
subreptices kce contraires. Mandons a tous les justiciers, officiers
et subjez de mondit seigneur que a vous en ce faisant obeissent at
entendent diUgemment. Donnd a Tholouse le xxvni^jour de juing,
Tan de grace mil cccc trerite et neuf.
Par Monseigneur le Daulphin en son conseil,
* Bachelier.
Parchemin. Largeur 0 m. 29, hauteur, 0 m. 22. Sceau du dau-
phin en cire rouge, pendant sur simple queue: ^cartel^ aux 1 et 4 de
France, aux 2 et 3 d'un dauphin. — Archives de Thdtel-de-ville
d'Agen. Serie FF, a classer.
G. THOLIN.
arcliivist* da d4ptrt«ment de Lot-et-6aronn«.
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— 498 —
LA DEVEZE.
HJSTOIRE MUNIOIPALE ET CIVILE.
PfiRIODE RfiYOLUTIONNAIRE.
{Suite*.)
IV.
Fasion des deux partis Lanacastets et Domerc. — Parti d'Espaignet. — D6faite
de ce dernier aax Elections muDicipales. — D^membrement de Saint-Andr^
at Saint- Laarent. — Curieox consid^rants de cette creation commanale. —
Election des officiers municipaux de la nouvelle commune. — Graves d^sor-
dres dans les eglises de Saint-Andr6 et de Saint-Laurent. — L'aff aire da
demerobrement est port^e k Auch. — Reconnaissance de la nouvelle com-
jaxme de Ladev^ze-Rividre. — Protestations de La Deveze. — Supplique
de Ladev6ze-Rivi6re k l'Assembl6e nationale.
M* Dominique Lanacastets, dans son zele pour la propa-
gation des a Immortels Principes » et dans sa flerte pour
rhonneur dont la communaute Tavait investi en le deputant
a Tassemblee generale de la senechaussee, parut oublier ses
anciennes querelles avec VassembUe municipale de 1787.
Des Taurore « de ce beau jour de la regenferation de tputes
choses et du redressement de tons Jes griefs et de tons les
abus dont le pauvre peuple etoit depuis si longtemps la vic-
time {sic) (1), » il y eyit, parait-il, reconciliation et union in-
time entre les divers tenants de la municipalite.
Grace ^ leur « surveillance et bon exemple, » la commu-
naute de La Deveze eut, tifes le principe, le precieux avantage
« dejouir d'une paix profonde, malgreles desordres fomenles
(^ Voir |«s (ivraisoni d'ao^ et septembre, *p. 291.
(1) Acte notarid da 10 fdvrier 1790. *- Archives de M. Dupleix-Pallaro.
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— 499 —
par les brigands qui regnaient dans plusieurs pays du royau-
me (1). »
L'Assemblee Nalionale venait d'abolir les litres honoriflques
et autres privileges de la noblesse (2).
Elle proclamait (27 aout 1789), « en presence et sous les
auspices de TEtre supreme, riramortelle Declaration. » Nos
ediles s'empresserent de voter de sympathiques hommages
au « zele si enthousiaste des dignes representants de la na-
tion. »
M. d'Espaignet, peu partisan du nouvel ordre des choses
« qui lui 6tait la domination dans La Deveze, lui enlevait ses
titres honorifiques, et annulait le droit de chasse, ce qui lui
etait particulierement en horreur (3), » vint Iroubler cet en-
thousiasle concert d'admiration et de louanges. II vint « jeter.
la zizanie » dans ces coeurs qui deja savouraient, « avec une
sainte ivresse, les delices de la liberte. »
Nos municipaux iront meme jusqu'a dire que « d'Espai-
gnet n'a vu qu'avec la rage dans le cceur les decrets de TAs-
semblee nationale qui le ramenaient Fegal de ses conci-
toyens (4). »
En conformite du decret de d6cembre 1789, il fallut proce-
der a la creation du nouveau maire, du procureur-syndic de
la commune, des officiers municipaux et des notables.
Deux nouveaux partis se trouverent en presence : le parti
d'Espaignet (5) et le parti des adh6rents au nouveau r6gime (6).
(!) Deliberation da l«r mars 1790.
(2) Nuit du 4 aoOt 1789.
(3) Deliberation da 22 juillet 1790.
(4) Ibidem.
(5) Tarsan d'£spaignet, Joseph Meilhan, etc.
(6) M. Alexandre Domerc, maire de la ville et commanaate de La Deveze, M«
Dominiqa^ Lanacastels, M* Laarent Leberon, siears Jean Lestrade, Jean Domerc,
Jean Douyaa, officiers municipaax* M* Laarent- Barqaissao, procareur de la com^
mane, M* Cazeaax, archiprdtre de Saint-Pierro-Castets, M* Lacrampe, cure de Saint-
Lauren I, M" Jean Dusser, notaire royal, siears Jpsepb-Marie Lanusse, Antoine
Louit, Andre Pelican, Dominique Dubertrand, Jean LaUnne, Jean Duffau, Pierre
Clavel, notables.
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.- 600 —
M. Domerc crut avoir le droit de convoquer les electeurs
pour la nomination du citoyen (1).
D'Espaignet pretendit a la presidence de Tassemblee elec-
tive. Afln de se concilier des voix, il tint, dans sa maison, des
reunUms privees, allant jusqu'a promettre aux electeurs qui
lui accorderaient leur suffrage le partage des biens commu-
naux. II leur fit esp6rer un arpent de terre a chacun (2).
On se reunit le jour fixe par M. Domerc. D'Espaignet se
rendit a la seance. — « Monsieur le syndic^ vous n'avez pas le
droit d'ouvrir Tassemblee. Ce droit appartient, non a voire
municipaUte, mais au corps municipal, compose du maire et
des Irois consuls (3). Vous vous etes installe eft president, sans
mission legale. — Monsieur d'Espaignet,» fit observer M. Do-
merc, « j'ai ete choisi, en ma qualite de syndic de Vassemblee
munidpale, pour la convocation des electeurs et la presidence
de la reunion. Du reste, c'est a moi et non au corps muni-
cipal qu'ont ete adresses les ordres de M. le minislre et de
M. rintendant. — Le ministre etTintendant n'ont fait que des
bet,.. C'est a la commune a decider si la convocation a
ete faite selon les formes. — Votre pretention. Monsieur d'Es-
paignel, est contraire aux d6crets de TAssemblee nationale :
neanmoins, je veux adherer a votre desir, et nous allons
proceder a Teleclion du president. » M. d'Espaignet ne put
reunir que 83 voix, et M. Domerc en obtint 104.
M. Tursan, hors de lui, quitte brusquement lasalle. « Vous
n'6tes que de la canaille, des fnpons, dit-il a ses partisans.
Vous m'avez indignement trompe. Vous n'aurez pas les com-
munaux. » .
D'Espaignet se retira par devant notaire, et signifia, par acte
public, a ses adversaires, une protestation signee de quelques-
uns de ses adherents et dont je traduis le sens exact :
(1) On designait ainsi la nonvelle organisation manicipale.
(2) »(Slib«ration da 32 juUlet 1790.
(3) M. d'Espaignet faisait allosion aax difficult^s dont nous avons d^ja parl^t sor-
▼ennes entre les partis Domerc et Lanacastets.
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— 501 —
Fidfeles k nos devoirs, invariablement attaches k I'int^r^t g^n^ral
de la commune, nous nous sommes empresses de nous rendre k
Tassembl^e pour la nomination du citoyen. Quelle n'a pas 6t6 notre
surprise de voir la reunion pr^sid^e par le syndic de cette sorte de
municipalili qui est purement administrative^ consequemment
sans quality pour deliberer en assembl^e communale. Les articles 8
et 12 du d^cret de d^mbre ne parlent que du corps municipal et
non de VassembUe municipale. Toutes sortes d'intrigues et de
moyens violents ont 6x6 mis en jeu pour capter le suffrage des ^lec-
teurs. Les Elections ne sauraient 6tre libres dans ces conditions. De
bonnes gens, des gens simples quoique tris-honnUes^ ont 6i6 trom-
pes et abuses I Comment ! on aurait r^ussi k s^duire ces braves
gens au point de les obliger a nonmier, contre Tint^rSt g^n^ral, leur
propre int^rfet, membres de la nouvelle organisation, les anciens mu-
nicipaux? Des hommes qui n'ont rien fait d'utile pour la commune,
pour la portion du peuple la moins fortun^e, des gens qui ont aban-
donn^, entre les mains d'usurpateurs, les biens communaux, des
gens coraptables envers la communaut^ d'une administration souil-
lee par les abus les plus intolerables! Faut-il done a la communaut^
de pareils administrateurs? Nous protestons ^nergiquement contre
les operations d6ja faites. Nous en r&lamons la nuUit^ partout ou il
appartiendra. Nous declarons ne vouloir en aucune manifere pren-
dre une part* active aux operations engagees, qu'autant que nous se-
rous assures que les suffrages seront libres et que Tintrigue n'abu-
sera plus de la simplicity et de la pauvret^ des electeurs au fond si
honnfites et d^vou^s au bien public. Nous d^larons en outre avoir
la ferme et constante resolution de poursuivre, par toutes les voies
16gales en notre pouvoir, la restitution des biens de la communaut6
et des fruits pergus k son prejudice, par la negligence des prec6dentes
administrations. C^est ainsi (fut-il ajout^ sur un ton ironique peut-
6tre dans la pensee de d'Espaignet) que I'esprit de notre Immortelle
Constitution sera suivi de la regeneration de toutes choses et du re-
dressement de tons les griefs et de tons les abus dont le pauvre peu-
ple est depuis si longtemps la victime (I).
Les protestations de M. de Tursan ne durent pas exercer
une influence tres-serieuse et tres-efflcace sur le r6sultat du
vote.
(1) Acte sign^ DareU, ootaire, do 10 f^vrier 1790.— Archives de M. Dapleix-
Pailaro.
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- 502 --
Le 21 fevrier 1790, nous retrouvons le syndic de Tassem-
blee municipale, M. Domerc, avec son titre offlciel de Moire
de la ville de La Deveze. — La charge de Procureur-sj/ndic
de la commune fut confiee a M^ Laurent Barquissau, avocal
en Parlement; MM. les officiers munieipaux : M* Dominique
Lanacastets, avocat en Parlement, Laurent Leberon, notaire
royal, Jean Lestrade, maitre en chirurgie, Jean Domerc et
Jean Douyau, furent choisis, par le parti de la majorite « et
» celui de la saine raison, a la satisfaction publique, indis-
» tinctement dans les cinq paroisses qui composent la com-
» munaute de La Deveze et dont la Magdeleine est la ville et
» le chef-lieu (1). »
Dfes cejour, ily aura guerre ouverteentre les deux partis,
et elle se poursuivra, il faut tristementPavouer, avec un scan-
daleux acharnement.
D'Espaignet (2) voudra « se maintenir a main armee
et au mepris des lois sacrees de la Nation, » lui reprocheront
ses adversaires, dans les droits honoriflques du patronage (5)
abolis par les decrets de TAssemblee nationale.
Une partie des habitants des paroisses de Saint- Andre et de
Saint-Laurent sont coijvoques, paries ordres de d'Espaignet,
sous le pmxhe de I'eglise paroissiale de Sainl-Andre, par de-
vant notaire, pour le samedi 27 fevrier 1790. Nos archives
municipales nous apprennent que la plupart se refuse-
rent a repondre a Tappel. II n'y eut guere que certains
intrigants, toujours prets au desordre, et les obliges de
d'Espaignet, qui se rendirent a ses objurgations et k ses me-
naces.
II fut convenu et arrete par les comparants que, sous le bon
plaisir du Roi et de TAssemblee nationale :
(1) D6Ub6ralion des l*f mars — ai fdvrier — 22 juillet 1790.
(2) Pierre- Andrd-Gabriel do Tursan d'Espaignet, president 4 celto ^poque de la
Cour des aydes de Montauban, depuls deux ans surtout, r^sidail habitucllement i
La Devdze, dans sa famille.
(3) M. d'Espaignet poss^dait le titre de « patron et abb6 lay des ^glises de Saint-
Andrd et de la Magdeleine. t
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— 503 —
1^ Lesparoisses de Saint-Andre et de Saint-Laurent sont
et demeurent demembrees de la ci-devant communaute de
La Deveze (1).
2^ Des ce moment, elles se regardent commelibres et inde-
pendantes et elles se rfeunissent en societe ou communautfe
sous le titre de Saint-Andre et Saint-Laurent (2).
5* II sera precede de suite a la formation d'une munici-
palite conformement aux decrets de TAssemblfee nationale;
4° On exigera fermement et resolument reddition des
comptes de la part des administrateurs de la ci-devant com-
munaute de la Deveze;
^ On agira contre les usurpateurs et detenteurs des biens
communaux(3) pour obtenir la part et portion qui peut compu-
ter aux citoyens de la commune St-Andre-St-Laurent;
6° II sera fait notification au corps municipal des autres
paroisses de la Deveze, de la decision prise, afln qu'elles ne
s'immiscent en aucun facon dans les fonctions municipales
qui peuvent interesser la nouvelle commune;
7^ Aussit6t que le corps municipal sera nomme, il s'em-
pressera d'envoyer un extrait du present acte, lant a la com-
mission inlermediaire d-Auch qu'a M. Tlntendant.
(1) En voici les consid^ranta : « Les citoyens de Saint-Andrd et do Saint-
Laarenl, indign^s de la conduite des anciens administrateurs qui les gouvernaienl
avec une verge d'airain et une injustice r^voltante en tons points, ont saisi avec em-
pressement r occasion de se d^livrer dc Tadministration la plus vicieuse qn'il y eut
en France; un bienfait inespdrd, le rdsultat de la raispn et de I'humaine sagesse, la
Constitution imagint^e pour notre bonheur et Textinction des abns nous permet d'etre
libres, et ceia d'une mani^re dclair^e : Faisant usage de notre liberty antoris^e par
les decrets de I'Assembl^e nationale, nous, citoyens de Saint-Abdrd et de Saint*
Laurent, nous ^tant « f^d^r^s », nous qui n'avons pas contribu6 4i'usurpation des
%iens communaux^ au gaspillage de Tancienne administration, nous dont le moindre*
8*11 poss^dait quelque mince portion de cesbicns, s'empressait de manifester son dd-
sir de les rtfunir a la masse commune, nous nous ddmembrons de la ci-devant com*
munautd de La Devize pour former une commune sons le titre de Ladevexe^
Riviere... » (Causes du ddmembrement, archives Ducbemin.)
(2) Le 4 mars 1790, le Gonseil gdndral dela nouvelle commune d^cida « sous son
bon plaisir » que ddsormais la nouvelle communautd porterait le nom de « commune
de Ladevixe-Riviire. »
(3) Au paragraphe de I* AdministraUon foncUre et financiire, nous dtudierons
avec soin et impartiality cette question si delicate des comptes et des 6f'en^ eqn^-
munavx.
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— 504 —
Les considerants de cette resolution sont vraiment curieox
a lire (1).
« La formation des communaut^s derive de lan^cessit^ oh ont ^le
les hommes de vivre en soci^t6, Cette association se divise en So-
ciiUpolitique et en SocUU civile, Pius les premieres sont gran-
des, ^tendues et puissantes, plus elles sont parfaites, parce qu'elles
ont plus de moyens pour se faire respecter des Etats voisins!... C'est
tout Toppos^ pour les societ^s int^rieures dans leur Etat civil : car,
plus elles sontgrandes, moins elles peuvent etre surveillees, moins
les magistrats peuvent leur donner leurs solas, et s*occuper de leur
bonheur; d'ou il suit qu'il est heureux de vivre dans \qs Grands
Etats et dans de petites communaut^s. >
> La communaut^ delaDevfeze trap va^stSy puisque, sur un ter-
ritoire immense, elle compte cinq paroisses comidirables dont les
maisons sont iparses, ne pent rendre ses habitants heureui par la
difficult^ oil sont ceux qui la gouvernent de s'occuper de leurs be-
soins individuels, de les connaftre et d'y porter un secours efficace. >
Communaute trap vaste, dites-vous, lerritoire immense,
paroisses comiderables, habitations eparscs; decidement vos
ferventes sympathies pour le nouveau regime vous aveuglent:
LaDeveze ne s'est jamais cru de cette importance!
Mais voici le pot aux roses :
€ L'homme n^ libre, qui jouit aujourd'hui do toute sa liberie, en
vertu de notre immortelle Constitution cesserait de T^tre si, contre
son gr^, il pouvait §tre forc6 de rester dans une soci^te qui lui de-
plait et qui lui est on^reuse; c'est faire le plus noble usage de la
liberty que notre glorieux monarque et les representants de la nation
oflfrent a tons les Frangais que de se tirer de la sorte d'oppression
sous laquelle les comparants gemissent depuis longtemps.... C*est
pourquoi lesdits comparants se d^clarent libreSy inddpendants eL
d6gag6s de la Soci^t^ qui formait la ci-devant communaute de la
Deveze, et comme le consentement des associis itait libre lorsque la
Sociiti ou communaute a it6 form4e, de mSme, celui des compa-
rants doit Vet/re pour la dissoudre. ^
(1) An temps oil nous vivoos, il y anrait bien des motifs de combaltre ces absor-
des theories dont {'application a fait le malhenr de la France. Mais, poor plat
d'nne raison, noos critiquerons pea, nous r^servant tonlefois le droit de garder,
pour les affirmer ^nergiqaemeot en temps el liea, tontes nos antipatliies contre des
doctrines de ce genre.
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— 505 —
Vraiment! citoyens f6d6res, « votre pacte d'umon cimente
» par les liens les plus fratemels et les plus amicaux » est
par trop du cru du citoyeii de Geneve ! Voyons jusqu'au bout
votre contrat social :
€ Ce ne sont pas liles seuls et les plus graves inconv^nients de
la situation : mettant tout notre espoir dans la r^g^n^ration de la
France qui proserit toute sorte d*abus, nous nous flattions que les
anciens administrateurs s'empresseraient d'apurer leurs comptes;
•que, notre conduite ayant ete reconnue bonne, nom serions ad^
mis aux charges nouvelles... Nous I'atteadions de la justice de
nos concitoyens...; bien loin de la, ces administrateurs occupentles
places de lanouvelle municipal ite... Us les occupent depuis plus de
quinze ans, ils les occuperaient ^ternellement, et leur insatiable am-
bition ne serait jamais satisfaito... Cependant, les places municipales
ne sont-elles pas de leur nature amovibles? Ces places, d'ordinaire,
les bons citoyens, les citoyens paisibles, les evitent au lieu de les re-
chercher! etsi ces places sont brigu4es d'unefaQonaussi ind^nte,si
tons les moyens sont bons pour les avoir, on connait les motifs se-
crets... mais nous sommes cpleins de ces brigues. > Nous, « les bons
patriotes > nous avons consigiie * ces brigues et mauvais moyens
dans un acte protestatoire (sic) » passe par devant notaire (1) centre
ces nominations illegales et si iudignement t brigues > et, puis-
qu'il est de la nature des Soci^t(^s que, quand elles finissent. les as-
soci^s doivent apurer leurs comptes, et retirer de la masse commune
la part qui compete a chacun, il sera pris d'^nergiques mesures
pour liquider Tancienne administration, et poursuivre fermement et
r^solAment la rentr^e et le partagc des biens communaux, ce qui ne
pent manquer d'etre approuv6 par tons les gens justes et impar-
tiaux (2). »
Seance tenante, les partisans ded'Espaignet, «cettetourbe
de manants et de gens sans aveu, » selonTexpression assez
peu parlementaire de nos archives municipales (5), apres
s'6tre « eriges en commune » et « voulant recueillir le pre-
, mier fruit de la Constitution qui doit regenerer le royaume p
(I) Le notaire Dareix.
(3) Acte notari^, sign^ : Laterrade, 27 fdvrier I'390.— Arc|uves de M. Lalanne-Ba*
beroet, propri^taire k Ladevdze-Rividru.
(8) Deliberation do i*r mars 1790.
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— 506 —
et qui est « la iibert6 de choisir les officiers municipanx et
administrateurs parmi eux et dans leur sein, » deciderenl,
(f i la pluralile des voix, que la journfee du travail dechaqoe
» citoyen demeurerait fixee a quinze sols; que par cet ordre,
» tout citoyen payant une contribution directe de quarante-
j> cinq sols, serait repute c/%^n ac///, et tout citoyen payant
» une contribution directe de sept livres dix sols, seraitdtoyra
» actifel eligible. On fixa la liste des citoyens actifs qui furenl
» en cette occurence trouves au nombre de cinquante. »
On convint que la nouvelle municipalite se coraposerail
d'un maire, de cinq officiers municipaux, d'un procureur de
la commune et de douze notables.
M. d'Espaignet fut designe comme President de Tassem-
blee, par la majorite absolue des suffrages, et M. Lalanne fut
elu secretaire. M. d'Espaignet occupale siege dela Presidence,
et tous, presents a la reunion, president, secretaire, etc.,
preterent le serment d'etre « fldeles a la natioa, i laloi et aa
» Roi, de maintenir la Constitution, de choisir, en leur ame
» et conscience, les plus dignes de la conflance publique, et
» de remplir avec zele et courage les fonctions civiles et politi-
» ques qui pourraient leur etre confiees. » Les trois scruta-
teurs elus, on proceda a Telection du maire, par scrulin in-
dividuel et secret de tous les citoyens actifs; des officiers
municipaux et des notables, par scrutin de liste double et
nominale (1).
Le maire et les officiers municipaux, le procureur de la
commune, en presence de tous les citoyens, a Fexception de
Dareix, Darre, Laffitte, absents, preterent le serment requis,
et jurerent « de maintenir la Constitution du royaume de
' (1) Les ^Iti3 farenl : Marc Lartigae-MagDon, maire; Joseph Dobernet, Bernard
Bacque-Pignoolet, Andr^ Dareix-Lavigne, Francois Darr^, Jean LaffiUe-Intbut
fils, officiers municipuuxi Joseph Meilhan, procureur de la commune, et MM.
Etienne Lacoste, Berna(d Riviere, Panl Lagnonx, Jean Mav^res, Jean Goadtoe,
Marc Lalanne-Baget. ArnandlNogoez, Pierre Lannsse, Laurent Lanusse, Domiiu-
quo Barquissau, Bertrand Clavel, Francois Lanacasteis, hoktblet.
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- - 507 —
» tout leur pouvoir, d'etre fldeles i la nation, a la loi et au
» Roi, de bien remplir lears fonctions. »
A la requisition du citoyen maire, du procureur de la com-
mune et des offlciers municipaux, les acte notarie et delibe-
ration du 27 fevrier 1790, par le ministere de M* Marie-
Joseph Mangounel, huissier audiencier, pourvu par le Roi
au siege de Beaumarches, et par exploit du 28 fevrier, furent
notifies a M. Domerc, maire, a M. Barquissau, procureur
syndic, et, en leurs personnes, aux autres offlciers munici-
paux de La Deveze..., afin qu'ils « n'en ignorent et qu'ils ne
» s'immiscent en aucune fagon dans les fonctions de la mu-
» nicipalite sur et dans le territoire de la commune de St-
» Andre et St-Laurent (1). »
M. d'Espai'gnet, president, s'autorisant des d6crets, or-
donna a Tassemblee de se dissoudre; mais il parait que ces
trop chauds partisans des libertes nouvelles tinrent a ne pas
se « separer » purement et simplement.
L'eglise de St-Andre est envahie. M* Bourdette, cure de la
paroisse, est mande pour avoir a enlever les saintes especes.
Rendons justice a ce respect pour la Sainte-Eucharistie,
malgre le sentiment d'indignation que deja souleve dans notre
coeur la conduite de ces « turbulenls. »
Tout dans I'eglise est bouleverse; le banc reserve aux offl-
ciers municipaux de La Devdze, elus en conformite des de-
crets, est change de place; on s'empare des clfes de Teglise,
VDulant le lendemain, dimanche, avoir Tentree libre pour de
nouveaux scandales.
Dans le fait, le lendemain, 28, au moment de la messe
paroissiale, les pretendus offlciers de la nouvelle commune
s'installent au banc offlciel, escortes par des gens « armes de
fusils, » et par un valet de ville emprunte dans une commu-
naute voisine; le tambour bat aux champs; « deux fusiliers » se
placent Tarme au bras, au pied de Tautel, pendant le saint sa-
(I) Acte notarie du corps manicipal do La Devdze-Eivi^rOi 37 f^Trier 1790.—
Archives de M. UlaDne-Dnberoet.
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— 508 —
criflce; et le reste de labande faitcercle autour du sanctuaire :
au moment vouIq, d'Espaignet fait demander la paix a M*
Bourdelte parun fusilier... Le trop boncure, lent a rendrea
Ydbbe Lay les honneurs, est vivement interpelle par d'Espai-
gnel Ini-meme, « malgre la representation que ce n'etait pas
Pusage. » — Force est a M* Bourdette de donner la paix a U.
d'Espaignet et a ses « turbulents » affldes.
Que Ton juge du desordre qui dut se produire dans Te-
glise, a cette scene de vrais « sans-culottes. »
Le soir, Tindigne cortege se rend dans Teglise de St-Lau-
rent, pour assister aux v6pres et a la benediction du Tres-
Saint Sacrement. II se commit tant de profanations et d' « in-
decences» queM* Lacrampe, cure de la paroisse, dut inter-
rompre Tofflce.
€ [Les adherents au parti i)omer c], attendu que de tels faits sont un
outrage sanglanl inflig6 a la municipalite officielle de la Deveze, un
•m^pris formel des d^crets de TAssembl^e nationale, une r^volte ou-
verte centre la Constitution deTEtat; qu'ils ne tendentqu'afomenter
le trouble dans la communaute; que la vie m§me de plusieurs offi-
ciers municipaux est en danger s^ieux;
» Attendu que les paroisses de St-Andre et de St-Laurent ne sont
nullement en droit de se s6parer de la communaute de La Devfeze,
n'ajant qu'un seul et m6me terrier, un seul et m^rae r61e, une seule
administration, et cela depuis des siecles; que d*ailleurs, la question
se trouve d6j^ d^cid^e, enprincipe, le 20 f^vrier 1790, par nos sei-
gneurs de TAssemblfe nationale en favour de la ville de Rouen centre
les faubourgs... Par tons ces motifs, lesdits maire et officiers muni-
cipaux de La Deveze arrfitent a Tunanimit^ qu*il est urgent de d^-
noncer de pareils attentats a TAssembl^e nationale; qu'un double de
la deliberation sera adress^ par M. Domerc, maire, a AL le Presi-
dent, pour le supplier de r6tablir Tordre et la tranquillity dans La
Devfeze, de faire jouir les citoyens des fruits et des bienfaits de la
Constitution du royaume, de remettre les officiers municipaux dans le
libre exercice de leurs fonctions, de punir enfin le sieur d*Espaignet
et consorts comme refractaires aux d^crets de 1* Assemblee nationale,
rebelles a la Constitution et perturbateurs du repos public (1).>
(1) D6libdralioB du !•' mars 1790.
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— 509 —
La declaration suivante fut annexee au proces-verbal
officiel :
Ont comparu M® Bourdetle, cure de St-Andr^, et M* Lacrampe,
cur^ de St- Laurent, qui ont eertifi^ et attest^ que les faits ci-dessus
d6taill6s, qui se sent passes dans leurs ^lises, le dimanche, vingt-
huit f^vrier demier (1790) sont v^ritables. lis supplient TAssembWe
nationale de r^primer ces attentats, et de remettre Tordre et la tran-
quillity dans leurs paroisses, et ont sign^ : Bourdette, cur6 de St-
Andr6 et la Magdeleine; Lacrampe, cur^ de St-Laurent.
De son c6te, la municipalite d'Espaignet aclressa une re-
quete aMM. du bureau de la commission intermediaire de la
Province de Gascogne, siegeanl a Auch, et a M. Flntendant,
aux fins d'obtenir Tautorisation du demembrement.
D'Espaignet, «qui devait aller i Auch,» fut pri6, «pard6-
» liberation, de conferer avec MgrPIntendant et avec MM. de
» radministralion sur tons les interfits de la commune nou-
» velle, de presenter tons memoires et requites, au nom de ,
» ses commettants, dans la persuasion intime que ce bon
» citoyen fera tout le possible pour leur bonheur. »
II fut, en outre, adress6 une requele a MM. de Fadminis-
tration provinciale, afln que les mendes et r61es des imposi-
tions fussent directement envoyfes au corps municipal de La
Deveze-Riviere, voulantledit corps municipal «fairelui-m6me
» le recouvrement des imp6ts, sans 6tre tenu d'avoir aucun
» rapport a cet egard avec la communaute de la ville de La
» Deveze. »
n fut repondu a cette requite par une ordonnance de soit
communiqu6 (6 mars 1790) k la municipalite de La Devfeze,
« avec sommation de repondredans trois jours, vu Turgence
» du cas, a cause du recouvrement des impositions. »
Le corps de ville de La Deveze dut se prononcer. H protesta
fenergiquement comme on devait s'y attendre :
Atoutes les ^poques, les cinq paroisses n'ont.fait qu'un seul et
m6me consulat, une seule administration, une m^me coUecte, en \m
Tome XVin. 34
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— 510 —
mot, un tout indivisible... Jamais les habitants de St-Andr^etde
St-Laurent n*auraient song^ k faire scission, s'ils n'avaient eU
pouss^s a la r^volte par certains intrigants froiss^s de n'avoir pas
6x6 appel^s, par la confiance des 61ecteurs, aux charges municipales;
et ces r^fractaires, qui sont-ils? le tres-petit nombre... Les citoyens
actifs qui ont concouru k la formation de cette Strange municipality
sont k peine au nombre de quarante sur plus de deux cent trente
electeurs... Cesont des enfants de /amille, des mineurs (1)... Qui
sont-ils encore? les moindres tenanciers... U est visible, par les
idles, qu'ils ne payent, y compris d'Espaignet, leur chef, pour toute
imposition, qu*environ mille livres, alors que la contribution totale
de la communaut^ se porte a quinze ou seixe mille livres... Auto-
riser la separation ! mais c'est aller centre tons les reglements...;
dans Tancien regime, la creation des nouvelles municipalit^s etait
affaire du Conseil, et actuellement une pareille matiere ne peui 6tre
trait^e et d^cid^e que par TAssembl^e nationale. Cette poigute d'ha-
bitants ont done agi sans quality et seraient-ils fondes en droit,
n'ont-ils pas lenonc^ a leur privilege en prenant eux- mfemes, avant
leur separation, une part active a la formation selon la teneur des
d^crets, du corps municipal deLa Deveze, si bien que le procureur
syndic, M. Laurent Barquissau, avocat, et plusieurs officiers, muni-
cipaux et notables ont et^ pris, dans les deux paroisses, et exercent,
joumellement, les fonctions de leur^ charges, comme membres de la
munioipalili ginirale (2).
II parail, nonobslant celte protestation energique et bien
fondee, que la requete du corps municipal de Ladeveze-
Riviere re^ut bon accueil aupres des membres de la commis-
sion intermediaire.
Les partisans de d'Espaignet surprirent encore de MM. du
bureau de TElection le partage du rOle en deux parts : un
arrete dela verification (3 avril 1790) divisait la juridiction
dela Deveze en deux communes : Ladeveze-VUle et fjadevdze-
Riviire : « Ladeveze-Riviere : nom aussi etrange que Texis-
tence en 6taitchimerique (3). »
(I) Deliberation da 32 JQiUet 1790.
(3) Deliberation de la municipalite de La Deveze (ville) da 11 avril 1790. — Sap-
plique da corps mnnicipai de La Deveze-Riviere, k Nos Seigneors de rAssennbiee Da-
fionale.
(3) Deiiberttion do 11 a?ril 1790.
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— 511 —
De la, nouvelles protestations du corps municipal offlciel
de La Deveze :
A 1' Assemble nationale seule appartient le droit d'aulorisfep le
d^membrement d'une communaut^, nuUement k radministraticui
Provinciale, ni aulrescours etjuges... En consequence, la munici-
palite de IjB. Devize arrfete : qu*il sera fait opposition formelle aux
dites ordonnances du bureau de TElection d,es 2 et 3 avrU '(17&0) et
toutes autres rendues ou k rendre tendant k la separation des rdles;
comme aussi a ^te arrdte de se pourvoir pour faire ordonner qu'il
ne sera remis, adress^ ni envoy^ aux membres de la pr^tendue com-
munaute et habitants desdites paroisses, aucuns ordres, avis, ordon-
nances, ni d^crets; faire declarer, n*y avoir pas mfime lieu d'ordon-
ner que ladite communaute sera reconnue pour communaute parti-
culifere... A cet eflfet nomment, orient et constituent pour syndics
M. Domerc, maire, et Joseph-Marie Lanusse, notable, avec pleins
pouvoirs de s'adresser et se pourvoir devant tons les tribunaux,
cours, juges, mdrae devant TAssembiee nationale (1).
. Le corps municipal de Ladeveze-Riviere releva le gant. II
adressa une supplique a Nos Seigneurs de I'Assembl^e na-
tionale; le texte de cette adresse est assez original pour que
nous nous permettions d'en reproduire quelques extraits :
Nos Seigneurs,
Le corps municipal de Ladevfeze-Rivifere , admirateur de la
Constance de votre zele pour op^rer le bonheur de la France, a
rhonneur de vous adresser des supplications dans le but d'obtenir
de votre justice le bonheur de notre commune, en sanctionnant par
un decret particulier ou par un d^cret g^n^ral, la resolution qu'il a
prise de se demembrer de la cy-devant communaute de La Devfeze
par les motifs les plus justes, exposes dans Tacte du 27 fevrier
dernier.
En regrettant, Nos Seigneurs, de vous ravir les moments pre-
cieux que vous emploierez k lire noire requSte et k prendre connais-
sance de nos actes, nous vous supplions de les approuver... C'est
vous qui nous les avez inspires... Ce sont vos prinqpes qui nous ont
servi de guide, lorsque nous nous sommes demembres d'une com-
(1) Deliberation da 11 avril 1790.
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— 512 —
munaut6 ou toute espece d'abus s'^taient introduits, et qui, usant a
notre ^ard d*une force oppressive, ne se lassait point de nous
tyranniser. Si nous nous etions ^gar^s en ne croyant que suivre les
mod^es qui sont notre admiration, ce serait une erreur de notre
esprit, jamais de notre coeur.
Suivent des diatribes violentes centre la. ville et commu-
naute de LaDeveze, — «chetif hameau... quatorzeou quinze
maisonnettes composant ce petit lieu qui a servi de pretexte
k r^tablissement du don gratuit. » — Et ses adminislrateurs
qui veulent « se perp6tuer dans les places -municipales » se
refusent k rendre compte de leur administration « la plus
» vicieuse qui existe en France », detiennent « des biens
» communaux pris a la face de la commune » et dont la pos-
session n'est que « le fruit du brigandage. »
Le temps n'est plus ou nos malheureuses campagnes seront,
comme par lepass^, victimes du despotisme... Le vieil arbre 6tait
vermoulu, vous l*avez frappe, Nos Seigneurs, et il a 6i6 r6duit en
poudre Un autre germe k sa place : c'est vous qui I'avez plants et
d^j^ nous le voyons dans toute sa vigueur; d^ja nous en godtons
les fruits d^licieux... Qu'avons-nous desire pour I'entiere f^licite du
royaume, si ce n'est que son sue nourricier se r^pande dans toutes
ses veines, qu'il n'en neglige aucuneT Nous ne sommes qu'ime de
ses plus minces membranes (stc), mais nous devons trouver la source
du bonheur dans cette regeneration si applaudie, si'd^sirde des
bons citoyens ou chaque corps, chaque individu gravile vers sa fe-
licity par une tendance bien naturelle et qui a fait les citoyens de
St-Andre et St-Laurent (1) !
Nous ne nous arreterons pas a discuter une pareiUe adresse,
aussi ridicule dans les termes que fausse quant an fond. Les
faits deji cit6s et ceux que nous r6velerons encore per-
mettront a tons nos lecteurs de Tapprecier comme nous.
(1) Sappliqae do corps maoicipal de La Devdxe-Rm^re, a NosSeigaears de Fls-
semblde nationaie, 6 mars 179#.
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— 513 —
Efforts inatiies du corps monicipal pour obtenir one assembl^e primaire k La
Dey^ze. — R6Ie de La Dev6ze k YassemhUe de la c(%mpagne, k Plaisance. —
Motifs pour envoyer les habitants de la nouvelle communed une autre assem-
blee primaire.— Protestations de I'assemblee primaire de Plaisance, y compris
laplussaine partie des habitants de Saint-Andre- et Saint-Laurent. — As-
sembl6e primaire de Beaumarch^s, ou votent les habitants de Ladev^ze-Ri-
viere. — Violences et coup de main de d'Espaignet. — Protestations des
dissidents et demande en cassation de I'election. — R6ponse de M. de Mon-
taut. — Nouvelle requite des dissident. •— R6saltat.
MM. les commissaires royaux eurent k songer a la formation
de Vassemblee electorate.
M. de Monlaut convoqua, a cet effet, tous les citoyens
actifs des communes du canton de Ptaisance. Deja la muni-
cipalite de La Deveze avait pris tous les moyens possibles de
conciliation pour pacifier les mecontents de Saint-Laurent et
de Saint-Andre. Le maire, M. Domerc, s'etait adresse, au nom
de la communaute, a MM. les commissaires royaux dans le
but d'obtenir que la ville de La Deveze fut, pour le moins,
choisie comme siege d'une assemblee primaire. M. Domerc
avait pense que cette decision aurait eu pour resultat heureux
« la pacification des esprits, » sauf a obtenir « qu'on laiss&t
complete liberty a ceux des habitants de Saint-Andre et de
Saint-Laurent qui ne voulaient pas etre demembres (et c'6tait
au moins les deux tiers) de voter a Tassemblee primaire de
La Deveze, et a ceux qui tiendraient pour le d^membrement
d'aller voter a telle autre assemblee primaire que MM. les com-
missaires leur indiqueraient. » Ce serait « le seul moyen d'a-
paiser la fermentation qui est dans la commUnaute, et d'eviter
les suites f&cheuses que cette fermentation pourrait avoir. »
M. de Montaut repondit « qu'il ne pouvait accepter ce
moyen de pacification; qu'il n'avnit pas a se m61er des affaires
de municipalites; que les maisons qui formeraient le chef-lieu
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seraient en trop petit nombre; qu'au reste il y aurait danger
a accorder une assemblee primaire, dans un endroit aussi
divise; qu'en faisant cette concession, on depouillerait Plai-
sance qui est le canton... Voulez-vous un moyen de concilia-
tion? Nous retirerons de La Devfeze les paroisses de Saint-
Andre el de Saint-Laurent; nous les enverrons a Fassemblee
primaire de Beaumarches^ et ces trois autres paroisses iront
a Plaisance. »
«M. le comte », fit respectueusement observer M. Domerc,
« nous avons propose, en faveur des seuls dissidents (et c'est
le petit nombre) de deux paroisses, la liberte de voter aiileurs
qu'i La Deveze s'ils y tenaient, mais uniquement corame
moyen de prevenir les graves desordres que la surexcitation
des esprits pourrait amener entre les deux partis se ren-
contrant dans une meme assemblee; quant a la question de
principe, au point de vue du demembrement, nous la re-
sprvons tout entiere. Nous ne pouvons souscrire a renvoi
sans reserve de tons les habitants des deux paroisses a Tas-
embl6e primaire de Beaumarches; ce serait reconnaftre le
fait accompli, avant jugement definitif, consacrer le triomphe
de la minorite, le plus grand nombre des habitants voulant
rester reunis a la communaute de La Deveze.
» Vous dites, monsieur le comte, qu'on ne saurait faire
beneficier La Deveze d'une assemblee primaire, sans depouiller
Plaisance. Mais a-t-on eu ce scrupule en accordant une as-
semblee primaire a Beaumarches et a Tasque? Beaumarches
a une demi-lieue de Plaisance, Tasque a un quart de lieue,
etc. (1). La Deveze n'a-t-elle pas eu de temps immemorial le
titre de ville? Elle a ses armoiries enregistrees a Tarmorial de
France. Un arret du Parlement a juge que la cure de La Deveze
ne pourra etre occupee que par un gradue, a Tinstar des autres
vi^les du royaume. Elle a toujours eu un maire d'office, elle
(1) Et amres consid^rants qo'il est iDOtile de transcrire, pared qo'ils n'eotrent pas
directement dans noire sojet, qnoiqne trte-plausibles.
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— 515 —
paie annuellemerit, pour les seuls droits d'enlree sur les con-
sommations, unesomme de six ousept cents livres... Et on
ltd refuserait une assemblee primaire !
» Vpus craindriez, monsieur ie comte, que la formation
d'une assemblee primaire dans la ville de LaDeveze ne servit de
pretexte a de nouveaux conflits.. . Mais qu'estce done que cette
espece de municipalite quts'est etablie centre loutes les regies,
contre le voeu de la plus grande et de la plus saine partie des
habitants des deux paroisses, sans aucun pouvoir ni autorit6
quelconque? Ces memes parliculiers avaient deja vote pour
les elections de la municipalite generate. lis avaient par con-
sequent epuise leurs droits de citoyens actifs. N'y aurait-il pas
criante injustice a forcer la majorite des habitants des deux
paroisses a suivre cette poignee de mecontents, k se separer
de la merc-patrie et a porter avec regret leurs suffrages sur
une terre elrangere? Que cette quarantaine d'intrigants aillent
faire etalage de leurs ambitions d^Ques ou bon leur semblera,
si mieux ils n'aiment rester dans leurs demeures.
» Par toutes ces considerations et autres, le corps muni-
cipal de La Deveze arrete, volontairement et unanimement,
quMl sera fait auprfes de MM. les commissaires, par votre bien*
veillante intervention, de nouvelles et respectueuses instances
aux fins qu'il soit accorde a La Devfeze une assemblde pti-
maire, composee des citoyens actifs dela juridiction, auxquels
seront adjoints les citoyens actifs des communautes d'Ar-
mentieu, Soubagnac, Tieste, Uragnoux, Saint-Aunis-Lengros,
et autres communautes voisines qui desirent vivement cette
annexion, et out fait des demarches rfeiterees pour obtenir
cette precieuse faveur (1). »
Malgre les justes reclamations du corps municipal de La
Deveze, Plaisance, Beaumarches et Tasque furent seules desi-
gnees comme sieges des quatre assemblies primaires du
canton.
(1) Deliberation du 12 mai 1790.
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— 516 —
Plaisance fut divisee en deux assemblees primaires :
4* VassembUe de la viUe, avec adjonction des communes
de Gouts, GaJiax et Prechac;
2* VassemhUe de la campagne, composee de La Devize {la
Magdeleine), Caslels et Saint-Pierre, et des commnnes de
Tieste et Goueyte, Uragnoux, Belloc, JA, Baulat, Mazeres,
St-Aunix-Lengros, Lasserrade et CroAte, Paris, Couloume,
Gannet.
Vassembl^e de la ville, qui comptait 310 citoyens aclifs,
eut k nommer trois electeurs.
Vassembl^e dela campagne, qui en comptait 465, eut a en
designer cinq.
La reunion de VassembMe de la campagne eut lieu les 14
el IS mai 1790, a Plaisance, dans Teglise paroissiale Saint-
Nicolas.
A Touverture de la seance, il s'eleva, de la part de-toutes
les communaut6s reunies, par Torgane de leurs maires res-
pectifs, de vives protestations centre le choix fait par M. de
Montaut, de la ville de Plaisance, comme siege de leur as-
sembl6e primaire.
Par respect et ob^issance aux decrets de TAssembl^e nationaleet
aux ordres de M. de Montaut, nous nous sommes rendus a Plai-
sance. Mais cette souniission ne doit nuUement tirer k consequence
pour Tavenir. Notre vceu g^n^ral, voeu nettement et en maints Merits
manifest^ k MM. les comraissaires, ^tait, — et nousy pers6v6rons,—
de nous r^unir dans la ville de La Deveze... Nous esp^rons qu'oa
nous fera justice en accordant dans Tavenir k la ville de La Deveze
notre assembl^e primaire.
Aprfes cette protestation en termes, comme on le voit, for-
mels, on dut proceder aux diverses operations prescrites par
les d6crets.
Nous remarquons avec une certaine fierte que La Deveze
eut la plus large part dans les honneurs de la seance.
La presidence de Tassemblfee se trouva, d'abord, apparte-
nir au sieur Jean Dusser, notaire royal de La Deveze, comme
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— 517 —
doyen d'age : Laurent Leberon^ au meme litre, fut designe
comme secretaire, et les trois scrutateurs, doyens d'age, fu-
rent: Jean Lacabane, d'Uragnoux; Felix File, de Jd; et
Pierre Barre, de Lasserrade.
On proceda ensuile au depouillement des ciloyens actifs.
qui se porterent a 465, et a Telectibn du President, du Se-
crelaire el des trois scrutateurs definitifs qui devaient, aux
termes du reglemenl, presider au choix de cinq 61ecteurs.
M. Etienne-Alexandre Domerc, maire de La Devdze, fut
elu President de i'assemblee, a la presque unanimite des
suffrages; M* Laurent Leberon, nolaire royal de La Devize,
secrelaire; Dominique Lanacaslets, avocat en parlement de
La Devize; Gratian Duces, bourgeois, de Lasserrade et
Pierre Domerc, deGoueyle, scrutateurs.
Apres la prestalion du sermenl d'usage par le President et
ie secretaire, la seance fut levee jusqu'au lendemain.
Le 15, on se reunit de nouveau et Ton nomma les cinq
electeurs.
Sur les cinq elus au scvutin secret et par listp double,
c< comme elant les plus dignes de la conflance publique, el
» les plus capables de remplir avec zele el courage les fonc-
» lions civiles et politiques, » trois furent pris dans les rangs
des ciloyens de La Devize.
Sur 285 ciloyens aclifs, presents a la seance, M. Alexandre
Domerc, president de I'assemblee, fut elu par 275 suffrages;
Pierre Domerc, de Goueyle, 496; Dominique Lanacaslels,
avocalde^ Devdze,ni; Laurent Leberon, nolaire de La
Deveze, 153, el M. Pierre Lesperet, avocat en parlement de
Plaisance, 145 suffrages.
Dans celle reunion des 14 et 15 mai, il se prt^duisit, en
favour de la ville el communaule de La Deveze, un incident
que nous sommes heureux d'avoir a signaler :
Le corps municipal delasoi-disanl commune de Ladevfeze-
Riviere s'elail per mis de « represenler » a iMM. les com mis-
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— 518 —
saires-royaux que « les paroisses de Saint- Andre et de Saint-
» Laurent qui vivent depuis longtemps sous un regime
» oppressif, ont voulu recueillir les fruits de rimmortelle
» constitution et se r^generer. »
Ici revient la perpetuelle rengaine « des biens commu-
naux, » de la « trop vaste» etendue de la communaute de La
Devfeze » pour etre bien administree,» des habitations repan-
dues dans la, campagne sur une surface de plus de quatre
lieues, a Texception de quinze maisonnettes qui sont envi-
ronnees demurailles, d quoiVon a bien voulu donnerle nom
de ville, denomination cruelle qui a servi de pretexte aux
traitants {sic) pour rangonner nos malheureuses campagnes
par un impdt appele don graluil, qui n'avait el6 cree que
pour les viUes.
Sans la fermet^ des citoyens de ces deux paroisses, aussi vertueux
qu'ils sont zel^s pour la chose publique, e'en etait fait de nous; nojis
retombions dans Taristocratie tyrannique de nos anciens oppres-
seurs. Mais ayant k faire a des gens subtils et pratidens, qui you-
laient retenir, a quelque prix que ee fdt, la proie qui leur ^chappait,
nous avons observe les formes (1)... Cependant les administrateurs de
la ville, desol^s de ne puuvoir plus ^tendre leurs vexation*, ne ces-
sent d'intriguer. lis ont imagine qu'ils pourraient op^rer une autre
revolution dans les t^nebres en subiilisant le pauvre peuple par
toute sorte de moyens les plus coupables. C*est pendant la nuit que
leurs emissaires vont courir dans les maisons pour faire signer des
deliberations, et ces pauvres gens ainsi circonvenus prononcent un
oui a force de persecutions, qui rend criminels ceux qui osent Tarra-
cher. Ces administrateurs portent mAme leur hardiesse jusqu'k in-
tercepter les lettres et paquets adress6s k notre municipality; tant de
tracasseries (2) ne ^euvent qu'avoir mis une grande division, entre
les habitants des deux municipalit6s.... Des esprits ^tant atissi eioi-
gn^s, tout rapprochement est impossible entre les habitants vexa-
teurs et les Mlbitants vexis...
En consequence, la municipalite de Ladevfeze-Rivi^re qui ne d^-
(1) lis font ici le narrd de lear d^membremeat, de lenr organisation en com-
mnne, do lenr sncc^ aoprds de Tadministration provinciale et da barean de Vi^
lection.
(2) A qui la fantet
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— 519 —
sire que la tranquillity (?) etqui pr^voit Torage si toutes lesparoisses
de La Devize ^taient class^es daas la in^me assembl6e primaire
pour la nomination des ^lecteurs, s'adresse avec confiance k MM.
les commissaires du Roi qu'elle consid^re conime les anges tut^-
laires de la paix pour obtenir de ne pas voir les habitants de St-
Andr6 et St-Laurent dans la m6me assembl^e primaire oil seront les
habitants des autres paroisses; et cela, pour eviter des malheurs...
La municipalite de Ladeveze-Riviere s*en rapporte a la.sagesse
et aux lumi^res de MM. les commissaires pour le lieu de son as-
sembl^e primaire; mais elle insiste de la fagon la plus decid^e pour
que les paroisses de St- Andre et St-Laurent ne soient pas dans la
memo assemblee primaire que les trois autres paroisses soumises a
Varistocratie tyrannique de la ville de La Deveze... Et vous ferez
jusrice (1).
M. le comniissaire de Montaut, dans son rapport sur les
assemblees primaires da canton de Plaisance, declara « que
des motifs et un bien de paix Pavaient oblige de joindre a Tas-
sembl6e primaire de Beaumarches (2) les paroisses de St-
Laurent et de St-Andr6 reunies en nouvelle municipalite sous
le nom de Ladeveze-Riviere, et separees de La Deveze. Sans
entendre prejuger le fonds, en ce qui concerne leur separa-
tion, il a cru prudent de les s6parer pour le moment afin
d'eviter la suite des inimities qui existent entre les cinq pa-
roisses. La Devfeze (la ville), Castets et St-Pierre iront a Plai-
sance; St-Laurent et St-Andre a Beaumarches » (3).
Vassemblee de campagne, de Plaisance, ne porta pas aussi
loin la prudence. Toutes les communautes reunies, sans ex-
ception, de concert avec les habitants de la paroisse de la
Magdeleine, « qui est le cheMieu et la ville de La Deveze,» de
(1) Reqa^te sign^e : Lartigue Maignon, maire de Ladev^ze-Rividre.
(2) Void la liste des communes faisant partie de Tassemblde primaire de Bean-
marches: BeaQmarch6.s, Cootens, Gayron, Coarlies, Floar^, Louslitges, Montar-
ran, Ricau, BoQssas, Mond^bat, Monldgut, Biere (tomes ces commanes d^jad^peh-
dantesde Beaamarchds), Armentieu, Soabagoac, Si-Andri^ St-Laurent (ces deni
derni^res d^peqdantes de La Devdze).
(3) l\ Tisulie da rapport de M. de Montant que la ddnomiDation de La Devize^
Ville appartienf 4 la kagdeleine. La lecture attentive de ce rapport nous r^ydle*
d'ailleurs, que le commissaire est un de ces hommes par trop conciliants qui vou-
draient se couvrir de la Idgalit^, et manager toutes les ambitions.
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— 520 —
celles de Castets et Saint-Pierre, «depen(lances de ladite ville,»
protesterent contre la scission accordee aux paroisses de
Saint-Laurent et Saint-Andre « egalement dependantes de la
ville et communaute de La Deveze. »
Pourquoi avoir permis aux citoyens de ces deux paroisses
d'aller voter dans une autre assembl^e primaire? N'ont-elles pas tou-
jours d^pendu de la ville et communaut6 de La Devize? N'ont-elles
pas 6t6 gouvern^es par les mSmes officiers civils? N'ont-elles pas eu
a toutes les epoques le mSme terrier? Certains citoyens seulement
desdites paroisses ont eu I'id^e de la separation, contre le gre de la
plus saine partie des citoyens des mfimes paroisses, qui ne veulent
absolument pas de scission.
En consequence, toutes lesdites communaut^s de Tassemblee
de campagne de Plaisance protestent de plus fort, avec les citoyens
de La Devize, et les citoyens intelligents et serieux des paroisses
s^par^es, contre le pr^tendu d^membrement, cpmme^tant fait con-
trairement a leur voeu, au m^pris de toutes les regies et par des per-
sonnes absolument sans qualite.
Les citoyens « intelligents et serieux » de Saint-Andre et
Saint-Laurent qui s'opposaient a la separation, s'etaient du
reste rendus a la seance du 15 mai pour unir leurs protesta-
tions a celles des communautes reunies (1).
Nous tons comparants, habitants des paroisses de Saint-Andre
et Saint-Laurent, ayant ^t^ instruits que les citoyens qui fomentent
la scission veulent aller voter dans une autre assemblee primaire,
malgr^ le voeu et sans la participation de la majeure partie des habi-
tants desdites paroisses, mus par le desir de rester toujours rdunis a
la ville et communaut^ de La Deveze a cause des grands avantages
qui en r^sultent, protestons contre la pretendue scission, et de-
mandons a 6tre regus a voter, avec les habitants de notre commu-
naute, qui est la ville, dans la presente assemblee. Supplions M. le
president de vouloir bien nous donner acte de notre protestation
pour nous opposer devant qui de droit k la pretendue scission com-
me ill6galement accomplie.
(1) Voiciles noms des principaox : M« Laarent Barquissau, avocaten Parlemeot;
Joseph Lanasse; Jean Laffitle; Joseph Laffitte; Jean Domerc Laborite; Jean La-
lanne; Pierre Clavel; Jean Dufau Cazalot, officiers municipaai ou notables; Domi-
nique Rividre; Antoine Abadie; Pierre Bezian; Pierre Lagnonx; Jean Fauron; Joseph
Dnshemin; Jean Lussan; Pierre Lamarqoe, etc.
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— 521 —
II fat fait un excellent accueil a la protestation de ces bons
citoyens, qui furent tres-regulierement admispar Tassemblee
a voter pour le choix des cinq electeurs.
M. de Montaut, dans sa trop conciliante « prudence,! avait
done 6te plus facile a tolerer la scission des votes.
Les paroisses de Saint-Andre et Saint-Laurent furent an-
nexees a Tassemblee primaire de Beaumarches.
La reunion eut lieu, le 17 mai 1790, dans Teglise parois-
siale (1).
J. GAUBIN,
re, mission
DOCUMENTS IIVMTS.
prdtrOi missionnaire d'Aacli.
L
D^eonverte dn tombeaa d' Anger II de Montfancon, dvdque de
Gonserans, dans le Glof tre de Saint-Lizier.
M. Louis de Bardies, secretaire particulier de M. le comte
de Casteras, prefet du Gers, nous a communique Facte sui-
vant, « constatant, nous ecrit-il avec juste raison, une decou-
verte des plus interessantes pour Thistoire provinciale,
Farcheologie et m^me Thagiographie. » Cette decouverte a eu
lieu dans le cloitre attenant aPeglise de Saint-Lizier, ancien-
ne cathedrale du diocese de Couserans, Tun des dix suffra-
gants de Tarcheveche d'Auch.
La Revue de Gascogne, en publiant ce document, dont elle
remercie et le correspondant qui le lui a transmis et M. le
cure-doyen de Saint-Lizier qui Ta communique a M. de Bar-
dies, doit le faire preceder d'une courte notice sur Teveque
qu'il conceme.
Auger II de Montfaucon siegea comme eveque de Couse-
(1) L'aboodaDce des matieres nous oblige k renvoyer i an prochain nom^ro le
r^cit de Fassembl^e de Beaumarches, qui termine ce paragrapbe. — l. c.
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— 522 —
rans depuis 1279 jusqu'en 1303. «ll orna de peintures Teglise
de Saint-Lizier et fit, a ce qu'on croit, construire les stalles da
choeur. On remarque dans cet ouvrage un faucon place sur
une montagne, ce qui fait conjecturer qu'Auger en elait
Tauleur. » Ainsi parle Hugues du Terns (1), d'aprfes le Gallia
Christiana. Ce dernier ouvrage nous donne quelques autres
renseignements curieux. Des 1280, Auger publia des Statuts
reglant le casuel des cures. Les archives communales de
Sarron conservaient encore de lui une letlre du 6 aoAl de la
m6me annee,par laquelle il flxait ce qui etaitdu au cure de ce
lieu, pour sepultures, mariages, dime et premices. Pour un
enterrement, par exemple, c'etait le meilleur ou le plus pre-
cieux vetement du defunt, et 6 sols toulousains; plus deux
deniers pourlagrande croix, ou un seul pour la petite. On
voit que les enterrements de premiere et de seconde classe
nedatent pas d'hier.
En 1290, le samedi apres TAssomption, Auger de Mont-
fauGon si6gea au Concile de Nogaro; il signa le premier apres
Tarcheveque d'Auch, mais les actes du Concile portent son
titre et point son nom.
II mourut en odeur de saintete, d'apres la tradition cons-
tante de son diocese. La date de sa mort (1" juin 1303) ^t
doiinee avec precision par r6pitaphe qui se lit encore sur
sa pierre tombale et que nous rapportons d'aprfes le GalUa :
fflC JACETREVfiRENDUS IN CHRISTO PATER, D. DOMINUS AUGERIUS
DE MONTEFALCONE, DEI GRATU EPISCOPUS CONSERANENSIS, QUI OBRT
CALENDIS JUNII SUB ANNO DOMINI MCCCIII, CUJUS ANIMA REQUIESCAT
INPACE. AMEN.
La tombe porte de plus, a sa surface superieure, Tefflgie
du prelat, sculpts en pied, avecses ornements pontiflcaux.
Elle est en pierre dite de Fiurme ou de Belveze (Haute-Ga-
ronne).
La notice du Gallia Christiana fait observer que rillustre
(1) le clergi de France, t. i, p 487.
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— 523 —
famille a laquelle appartenait l'6veque Auger de Montfaucon
subsislait encore a Tepoque de la redaction (1715). Les doc-
tes benediclins la ierminent de plus par ces mols : « De celte
famille est notre confrere Dom Bernard de Montfaucon, a
qui nous devons la derniere edition, tres-soign6e, de saint
Athanase, les Hexaples d'Origene, la Paleographie [grecque]
et divers autres ouvrages; mais il y en a un bien plus grand
nombre qu'il medite et dont il s'occupe actuellement (1). »
Le P. de Montfaucon, qui n'etait pas indifferent a ces
questions de famille et que son humble confrere, Dom Mabil-
lon, appelait plaisamment, pour quelque semblant de morgue
aristocralique, M. de la Roquetaillade, — le P. de Montfaucon
a mieux marqu6 lui-m6me son degre de parente avec le saint
eveque de Couserans. En faisant, dans sa Biblidtheca biblio-
Ihecarum manuscriptorum nova, iUnventaire du riche fonds
manuscrit de Saint-Germain-des-Pres, il signale le texte inedit
des ConsHlutions synodales d' Auger de Montfaucon^ port6es
sans doute (d'apres Tindication fournie plus haul par le Gal-
lia chr.) en 1280. A la suite de ce titre il insere une longue
note, d'ou il resulte que Teveque Auger 6tait frere de Rai-
mond-Bernard de Montfaucon, seigneur de Monlfaucon-le-
Vieux, et que lui, le docte editeur de saint Jean-Chrysostdme,
descendait de ce seigneur, d'apres sa genealogie, qu'ildonne
la-m^me assez au long. II y ajoutetous les titres des Comtitu-
lions synodales d'Auger de Montfaucon, et publie en entier le
preambule de ce precieux reglement avec le premier article,
sans doute le plus interessant de tons, De vita et conversa-
tione clericorum. Nous n'avons pas actuellement sous la
main le volume de Dom Montfaucon; mais lious pouvons
citer, d'aprfes un journal litleraire du temps (2), quelques-uns
(1) Gallia christ,^ 1. 1, col. 1134. — Les lectears de la Revue de Gateogne n'ont
pas besoin que nous leur rappelions une Lettre inidite de D, Mrontfaucon^ publide
avec de savaotes annotations par M. Ph. Tamizey de Larroque dans notra t. x, p. 84.
(2) BibliotMque raisonn^e des ouvrages des savants de VEurope, 1739. (t. S8,
p. 165.)
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— 524 —
des passages les plus importants du premier litre des SiahUs
de 1280.
Le saint eveque y ftondamne les epreuves par Peau chaude
ou froide et par le fer chaad, et defend adx pretres de benir
ces objets pour servir a de tels usages. II leur donne une foule
de lemons morales, qui prouvent a la fois les desordres du
temps et le zele pieux du prelat. Une recommandalion qui
montre la piete naive de ce siecle : « Que chaque pretre, des
le commencement de son sacerdoce, se fasse faire des orne-
ments avec lesquels il puisse 6tre enterre quand il mourra. »
Mais rien n'est capital pour la connaissance des superstitions
de nos peres comme le passage suivant, que dom Montfaucon
a savamment commente dans le Supplement de I'Anliquiie
expliquee. Je cite la traduction frangaise du journaliste de Hol-
lande :
« Qu'aucun ne se m61e de deviner soit par les sorts des
saints ou des apotres, oomme on les appelle, soit par quelque
sorte d'ecrit que ce puisse etre, ni ne cherche a decouvrir
Tavenir ou a faire quelque sorte de malefice que ce soit, par
des tablettes ou grimoires (codicibus) ou p ar Tastrolabe.
Qu'aucune femme n'ose se vanter qn'elle va la nuit a cheval
avec Diane, deessedes paiens, ou avec HerodiadeouBensozia,
ni mettre au nombre des divinites une troupe de femmes :
car c'est une illusion du Demon. Que personne, en employaot
certaines herbes pour pr6servatif, n'use de vers ni d'enchan-
tement, ni d'autre chose que de Toraison dominicale et du
symbole, et n'ecrive que Tun ou Tautre dans les billets qull
pendra ou quMl liera sur soi. On pent neanmoins se servir
depierres el d'herbes contre le Demon, pourvu que ce soil
sans enchantement. On se gardera aussi d'observer supersti-
lieusement les jours e^^p^ien^, les constellations, leslunaisons,
les calendes de Janvier, les commencements des mois, les
jours, les mbis, Tannee, le cours de la lune, du soleil et des
6loiles, c'est-i-diredanslapensee qu'il y avail en ces choses
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— 525 —
quelque verta; car elles ne soal toules que des sigoes, et non
des causes des evenements. Ences jours et temps susdits, on
nepreparerapas non plus dansles maisons des tables chargees
de viandes, ou avec des lampes; et on n'ira pas dans les rues
etdans les places publiques avec des chantres et des choeurs
. de musique. II ne faut regarder aucuns temps comme heureux
ou malheureux, en sorte que dans ceux-li on entreprenne
tout et dans ceux-ci on ne veuille rien entreprendre. On no
doit pas non plus pronostiquer les bons oumauvais evenements
sur le vol ou le gazouillement des oiseaux, ou sur le mouve-
ment des membres, ou Taspect de quelque animal. Nous d6-
fendons aussi de tirer quelque augure de la naissance sous les
douze signes du ciel dans les manages ou autre chose que ce
soit. Quiconque aura contrevenu aux statuts precedents, apres
les defenses generales que nous ordonnons aux pr6tres de faire
pendant la celebration de la messe aux jours du dimanche,
qu'on lui interdise absolument Tentree de Teglise et Tusage
des sacrements ecclesiastiques; et meme si le cas le requiert,
qu'il soit excommunie et puni par les autres voies ordinaires.»
L. c.
Proch-verbal de Vouverture et de la fermeture du tombeau
d' Auger II de Montfaucon, un des grands iviquss de Couserans^
mort le /^"^ juin 430S.
Les ouvriers employes a la restauration du clottre avaient appuy^
un 6tabli contre le mur de T^lise. Le 28 mai 1877, frapp^s du son
creux que rendait le mur, ilsenleverentquelquespierresettrouvferent
une excavation. M. le cur^ en fut inform^ imm^diatement. C'etait
un tombeau.
Cedant aux vives instances de ses paroissiens, M. le cur^ prbmit
que satisfaction serait donn6e a leur d^sir de le voir, le 31 mai, ce
qui fut fait.
Le s^pulcre a ^t^ creus6 dans le mur et se trouve limits, sur quatre
c6t6s, par une simple magonnerie. Le fond est form^ par des dalles,
et la partie sup^rieure ^tait recouverte par la pierre tumulaire, qui a
i\A remise en place et s'y adapte parfaitement.
Le corps de r6ySqu6 est couche sur les dalles, le dos en bas et la
Tome XVra, 35
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— 526 —
face en haut. Lapoitrine, relev^e, appuieles bras crois^s surelle. l^s
membres inf^rifeiirs sont juxtaposes jusqu'a la naissance des pieds,
qxii sont places Tun sur Tautre. La tSte est renvers^e en arrifere et k
gauche. A partir de la michoire inf^rieure qui adh^e au tronc, elle
en est s^par^e et n'a guere plus que les os.
Le tronc et les membres sont dans un meilleur ^tatde conservation.
La peau ne repose pas imm^diatement sur des os : elle en est s^paree
parlestissus intermediaires, saillants bien qu'amoindris. Lacouleur
des teguments est d'un brun fonc6, excepte aux mains et aux pieds
qui ont encore de la blancheur. Sionappuie le doigt sur la cuisse,
la peau cede a la pression, mais reprend immediatement sa place sans
laisser de creux. Elle est ferme au ventre bien que s^parfe de Tepine
dorsale par trois centimetres environ. Les dents de la mdchoire infe-
rieure et les ongles sont tres-bien conserves.
La longueur du corps, depuis le sommet dela tfite jusqu'ala plante
des pieds, est d'un metre 80 centimetres. Les mains et les pieds ont
des formes fines et belles et sont visiblement de race aristocratique.
Seulement le petit doigt et Taonulaire de la main droite sont d^-
pouilles de leur peau et presque d^tach^s. La poitrine est ample et
bien conform^e. Les souliers, ou plut6t les pantoufles, car le quartier
de derriere manque, sont d*un cuir noir tres-bien conserve. Leur di-
mension t^moigne de la richesse des pieds, qui sont tr^s-cambr^s. On
voit par ci par la quelques lambeaux (en poussiere) color^s, restes
d'^tole ou de quelques vStements. Quelques debris blancs de gants
se voient encore sur les mains. 11 faut aussi noter un petit bouquet de
romarin. On n'a trouv^ni croix pastorale, ni anneau; ni aucune trace
d'orriements m^talliques. Cette absence des bijoux qui accompagnent
toujours les restes des personnages ricbes et honoris, confirmerait
la tradition que, vers 1793, ce tombeau fut profane. Dans ce cas,
Talteration de la t^te et de la main droite ferait presumer que la croix
et I'anneau furent enlev^s.
Parmilesmilliers de personnes qui, le31mai, ont visitecettetombe,
quelques-unes se demandaient si c'etait r^ellement la depouille
d' Auger II de Montfaucon, et k quel signe on pouvait le distinguer
de tant d'evSques inhumes a Saint-Iizier, dans le laps de 600 ans?
Nous entrouvons la preuvedansla pierretumulaire d* Auger de Mont-
faucon, qui s'adapte parfaitement au s^pulcre et dans les notices his-
toriquesextraites desregistres del'evSch^, quiconstatentrinhumation
d'Augerde Montfaucon dans lemur qui s^pare le cloitredu transsept.
Les soussign^S) fabrioiens, autoht^s et notables de Saint-Iizier,
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— 527 —
dans le but de transm^ttre k leurs descehdanls les faits qui -^ieuQedt
d'etre expos^, ont dress^ le present procfes-verbal pour &ttB depos^
aux archives de la paroisse ce jourd'hui, premier juia mil huit ceut
soixante-dix-sept, jour oil le tombeau a 6te clos et remis dans son
premier 6tat.
[Ont signe MM.] Astri^, cur^-doyen; [lo comte] U. de Tei«sac,
maire; Az^ma, president de la fabrique, juge de paix; P. Ta^difeu,
capitaine en retraite, fabricien; Lamary, fabricien; Mestre, percep-
teur; J. Mouroux, greffier de paix; Rabiouse, capitaine en retraite;
Nicolas; Siadoux, conseiller municipal; Ferrage, avocat; Boyreau,
adjoint, fabricien; L. de Lingua de Saint-Blanquat, [ancien mairej;
Mayli^ (IA>n), conseiller municipal.
n
Une lettre concernant Jean de MonlaCi dvdqae de Condom.
En lisant la notice de M. L6once Couture sur Trois poiles
condamois du XV 1^ siicle (1), j'ai ete frapp6 de la mention qui
s'y rencontre (p. 27 et passim) de Jean de Monluc. Je crois
bien que c'est de lui qu'il est question dans une lettre d'un
personnage sur lequelon a6crit une foule dMneplties, etdout
je cherche areunir la correspondance et lesoeuvrespocliques
pour les publier qflelque jour avec sa vi6. Je veux parler dti
batard d'Angouleme. Void une copie de cette lettre, qu6 la
lecture du Catalogue desMss. de la Bibliottieque Nationale (pliit
k Dieu qu'il fat achev6 et mis a la port6e de toutes les bourses !)
m'a fait aller deterrer dans un des riches recueHs deBetbune.
Ce qu'il y a de curieux dans Tepisode auquel cette missive
se rattache, c'est qu'aucun defe trois solliciteurSji a ce qij'iJ me
semble bien, n'oblint, a ce moraent-li, la generality dfeS g$.-
()) Je profile de cette occasion ponrt^moigner pabliqnement&M. J. DnkasmaviTe
reconnaissance an sujet de Texcellent article qn'il a bien Touin con^rvr 4 cette
brochure dans \eBuHetin du 6t6<iop/it7e d'aoiit-septembre 1877. di revti^mebito-
veillance dont l^moigne ce compte-rendu diminne en qoel^ne choM la |>oft^ les
61oges qn'il me donne, c'est tonjoors un encouragement bien pr^cieux que le suf-
frage d'un des hommes qui ont le mieux dtudid de libs jottk^ Ilriftl8li% 'Mtt^affe da
xxje sieclo. — L, c.
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— 528 —
leres stationnfees «enBour(ielois, » ni Fregose, niMonlac, ni
Henri d'Angouleme. Ce dernier devint a la v6rite amiral des
mers du Levant — entre nous, je lesoupQonne, apres etre alle
en Ecosse d'ou il revint a I'age de 9 ans, de n'avoir pas beau-
coup plus vu la pleine mer que le celebre « amiral Suisse »
de la piece du Palais-Royal — mais ce futbeaucoup plus tard.
Je me souviens aussi d'avoir vu plus d'une fois le nom de
Jean de Monluc dans les registres capitulaires du grand prieure
de France aux Archives nationales : encore un recueil de do-
cuments qui rendrait a Thistoire de France d'inappreciables
services, si on en avail seulement une courte analyse suivie
d'un onomasticon.
J. DUKAS.
BIBOOTHilQUE NATIONALE, MS. FR. N« 3249 (fONDS B^THUNE), 38« PIl^E, V^ 78.
Monsieur mon frere, par ce que Mons' le Mareschal Damuille s'ex-
cuse k present de demanderpourmoy au Roy la generalite de six vais-
seaulx de mer qui sonten Bourdelois, d'autant qu'il diet en auoir cy de-
uant parl6 pour le seigneur Fregouse et qu'il ne luy conviendroit en
parlerpourdeux: aussyquelefilsde Mons^'deMontlucarrivahiersoir,
que je doubte vouloir demander ceste charge, je vous enuoye en di-
ligence ce gentilhomme pnt porteur pour vous prier en vouloir es-
crire un mot a Monseigneur et k M^ le cardinal de Bourbon, ensorte
que par vostre faueur je ne soye frustr^ de Tesperance que j'en ay
eue; surquoy ne vous feray plus longue lettre, sinon pour vous pnter
et a madame ma soeur mes reconunandations bien humbles, priant
Dieu, mons' mon frere, vous donner en sante ce que mieux (?) de-
sirez.
Je supplie mad. (1) V* plus plus humble et aflfectionn^ frere et
dame soBur en
vouloir faire autont. serviteur,
F. Henrt b. d'ANGOULESME.
Au dot :
▲ Monsr mon frere
Mods' de Montmorency.
(1) Saunripiion autograph€.
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— 529 —
Jugements de malntenue de noblesse (1).
XVI
NOBLE JEAN DE FABAS, SEIGNEUR DE LAMOTHE (2).
D*or au lion de gueUles rampant sur une branche de fdve (faba)
de sinople.
Certificat des maire et capitouls de Toulouse, du 22 d&embre
1698, attestant que messire Arnaud de Fabars, sieur d'Alixandre,
aurait et6 capitoul de ladite ville en I'aan^e 1578 (3).
(1) Voir ci-dessu8, pages 37, 92, 146. 189, 240, 288, 333 et478.
(2) La maisoD de Fabas, Favas oa Fabars, est originaire da pays de Ghalosse,
s^n^ohaass^e de Dax, o£i elle poss^daitles fiefs de Fabas, de Rostaiog. etc. « ..*.. II
existe aassi ua cayer ^crit de la main propre dadit sieur de Fabas, dans leqael il
cotte la g^ndalogie de ceux qui sent issus de la maison de Fabas, k commencer de-
puis Jean de Fabas, seigneur dudit lieu de Fabas^ en Chalosxe, pdre de Pasqnan. »
Inventaire des papiers da mardchal de Fabas, vicomte de Gastets-en-Dorte, citd par
M. Barkhausen. Yoici d'on autre c6U cequ'on lit dans les annates manuscrites de
rH6teI-de-Viile de Tooioose: «... Advis^rent aassy qbelamagest^ de la Reyne mdre
(Catherine de M^dicis), ponrmoyener etparfaire ladite paix (1579), venait en ce
pays, et qu'elle estoil deja avec son conseil en la ville du Port-Ste-Marie, ayant de
la magest^ du Roy toute puissaqce de ce faire; auroient d^l^gud messire Arnault de
Fabas, docteur et avocat en la cour, sieur d'Alixandre, un des susdits capitouls, per-
sonnage capable d'une telle charge, estant issu de Villustre maison de Rosiaing de
Dax, tinichaussie des Landes, et nourri d^s sa jeunesse en cour entre les grands
seigneurs, pour presenter k ladite dame et la bonne affection des sieurs Capitouls et
leur parfaite obeissance envers sa Magest^. >
En 1243, Henri III, roi d'Anglelerre, nomma ponrarbitre entre I'dv^que de Dax
et son chapitre et des habitants de la ville : € Inter milites forenses Guillelmns Ray-
mundi de Favariis, etc., etc. > (Archives de Dax, cities par M. de Cauna, tome ii,
page 329). — Arnand-Guillaume de Fabas, conseiller du Roi, docteur regent et
professeur de tbdologie, 4tait, en 1463, abbd de Gimont (dom Brugeles).
(3) Arnauld de Fabas, sieur d'Alixandre, dont I'auteur des annales de Toulouse
parle si diogieuseroent, dlait fils de messire Jean ^e Fabas et de damoiselle Marie
d'Ari6s, mari^s le 15 juillet 1559. II avait pour frdres Michel-Victor de Fabas, ar-
chipr^tre de Gardouche et archidiacre de Lartaing (probablement Rostaing) en la
calh^drale de Tarbes, nommd k I'abbaye de Simorre le 17 novembre 1603; — et
Jean de Fabas, vicomte de Castets-en-Dorte, seigneur d'Ari^s, mar^chal decamp des
armies du Roi, gentilhomme ordinaire de la Chambre, gouverneur du ducb^ d'Al-
bret. (V. dom Brugeles, p. 219.) Henri lY iui conf^ra tous ces litres pour le r^com-
penser de ses services. II ^pousa, le 27 Janvier 1572, Louise de La Chassaigne,
dame de Castets. — Lear fils, Jean de Fabas, vicomte de Caste(s-en-Dorte, mari^
avec Marthe de Ch^teauneuf, eut une fille nomm^e Marie, qui ^pousa, le 27 sep-
bre 1630, messire Jean de Gontaut, comte de Cabr^rds de Roussillon, gouverneur
du pays de Quercy.
Dom Brugeles dit que Michel-Victor de Fabas, abb6 de Simorre, c ^Uitfrdre da
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— 530 —
Testament dudit Arnaud de Fabas de Rostaing, seigneur d*A-
lixandrQ, dans lequel il est fait mention de feu damoiselle Rajmonde
de Costa, sa premiere femme, et de Mondette de Tesseyre, sa femme,
et de Raymond de Fabas son fil^; du 7 mars 1594 (1).
Jugement de M. de Bezons, intendant du Languedoc, le 11 no-
vembre 1^69, par ieq^uel Jacques de FaJ^as de Rostaing ^ ^t^ main-
tenu dans sa noblesse; dans lequel jugement est enonce lecontrat
de mariage dudit Raymond de Fabas, docteur et avoeat en la cour,
fils dudit Arnaud, avec damoiselle Frangoise de Blandinifere; du 23
avril 16i6.
Transaction pass^e entre Jacques et Pierre de Fabas sur la suc-
cession de Raymond de Fabas, leur pere, e^t de ladite damoiselle de
Blandihifere, leur mfere; du 6 Janvier 1653.
Tes^tament de damoiselle Marthe de Palarin, veuve dudit noble
Pieirre de Fabas, dans lequel il est fait mention dudit Jean de Fabas
produisant, Tun de ses fils; du 11 ami 1684 (2).
Cpntrat de mariage dudit Jean de Fabas, sieur de Lamothe, avec
damoiselle Frangoise d*Aries(3),dans lequel il est qualifie noble; du
29 septembre 1685.
Mvr de Fabas, inar^chal depi^np des ^rmdes da Roy, > Jean, vicomte de Castcu.
Je conelos qn^e Micbal, Victor et Jean dtaiexit fr^res d'Arnaud de Fabas, sieur d'A-
Jixandre, d*^n acte 4e reconnaissance de dette, pas^^ dans la maison abbatiale de
Simorre.eiftre messire Raymond de Fabas, doctear et avoeat an parleroent, fils
d'AJ'Pdud de Fabas, d prhent en visite chez Monsieur son oncle, R^y^rend Pire en
JDien MipM-Victor de ^abas, ^tc, d'une part, et le capitaino Bernard de Las*
salle, d'aatre part, 8 avril 1613. (Minntes 4e St-Martin. notaire k Siroorre)
(1) Arnaud de.Fabas avait epcore an fils, nomm^ Jean. Les annales roanuscrites
jie ia,ville de Joulouse en font I'aln^, et disent qn'il accompagna son pdre dans sa
mission aupr^ fie la Reine-meije, ,en 1579: € car il ^toit un escolier pourra de
j^rapde ^ucfitiop. »
(2) Pierre de Fabarset JWarthe 4p Palarin eurent pour enfants : !<> Etienne-Jean,
jl^pn 1667; i^** Jean, sieur de Lamothe, qui est le produisant, n6 en 1658; 3«> Du-
raifd, capitaine de cavalerie, gouverneur de Samatan, chevalier de St-Louis, non
in^rij6; A'»iQatherine-Ang61ique, marine le -21 mars 1699, a noble Francois de St- •
fie^T» d'JSscolin, iieutenanldechevau-Idgers.au regiment de Narbpnne.— Etienne.
Jean de Fab^s ^pousa, le 17 ao(it 1702, demoiselle Francoise de Sedillac de St-
L^op^d, fiUe de messire Jean-Guy de Sddiilac de St-Ldonard, seigneur de Mon~
(orneil. et.de demoiselle Margueritte de Lavaur. De leurs huit enfants, une fille
aeule surv^cut, Durande-Margaerite de Fabas, marine le 9 d^cembre 1729 k noble
Pierre.de I Garsalade du Pont, seigneur de Ste-Foy, Encorneil et Aguin, capitaine
^ansjloyal-vais^eau., chevalier de St-Louis.
^3) FiUe (|e noble Jean-Francois d'Ari^s de Pardies, habitant de St-Elix-sur-
j^il^lpne; elle fat m6re de,: !<> Jean-Francois de Fabas, mort jeune; 2o Ther^se;
8<> Ang^lique. Les Fabars vinrent se fixer a Simorre a la suite de la nomination
g^, lUjfli^lty^tor ^6 Fab^ jk ^'abbaye de ^imorre.
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— 531" —
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des productions ci-dessus,
par jugement rendu k Montauban, le !<>' aotlt 1699.
Signi: Le Pelletierde La Houssaye, intendant de Montauban.
xvn.
NOBLE FRANCOIS DE FABARS, SIEUR DU CASTISrA.
D'or au lion de gueules rampant sur une branche de f^ve de
sinople,
Jugement rendu par M. de Bezons, intendant de Languedoc, du
11 novembre 1669, qui maintient Jacques de Fabas, p6re du pio-
duisant(l).
Contrat de mariage de noble Frangois de Fabas avec damoiselle
Toinette de Pelissier (2), par lequel il paratt qu'il est fils dudit noble
Jacques de Fabars.
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des productions ci-dessus,
par jugement rendu a Montauban, le 17 aodt 1698.
Signi : Le Pelletier de La Houssaye, intendant de Montauban.
J. DE C.
CORRESPONDANCE.
L'ordre de Malte dans lea Landes.
Cauna, 5 septembre 1877.
Monsieur le Directeur,
M6me aprfes Tutile travail de M. Blad^, la statistique des com-
(1) Voyez, poor la filiation, le jugemeQt prdc^dent.
(2) Toinette de Pelissier ^tait da Cast^ra-Vivent. EUe fat mdre de : lo Jean-
Baptiste; 2o Bernard, capitaine de ^aldre; 3o Francois, pr^tre, cor^ de Lnz; 4o Jac-
qnes, garde do Roi; 5o Jeanne-Marie. — Jean-Baptiste de Fabas dp«06a, le 17
novembre 1744, demoiselle Margoerite Daste, fiile de noble Pierre Daste, sieor de
Talasac, avocat en parlement, maire perp^toel de la ville de Simorre, et de Fraa-
coise Doplan. De ce mariage vinrent : 1«> Pierre; 2o Bernard; 3o Jeanne-Fran-
coise; 40 Jacqoes: 5o Jos^phe-Margoerite; 6« Jean-Baptiste; 7^ Jeanne-Marie; 80
Anne-Josdphe: 9^ Frangois- Joseph; lO^ Jeanne-Anne. (Btat civil de Simorre.)
Pier'-e de Fabas fot marid avec demoiselle El^onore-Ursale Dopleix de Gadignan,
de Condom, dont il n'eot qo'une fille, Jeanne- Charlotte,- marine a noble Jacqoes-
Roger de S6rie, de Condom. Eile 6tait veove en 1826, ayant on fils : Jean-
Ghry808i6me-Urbain-Am^d^e de S^rie.
Pierre de Fabas ^migra en 1792, et ne reparot jamais; son sort est demeor^ in-
con no. Toos ses biens forentconfisqo^s et vendds nationalement le 28 flordal et le
4 froctidor an 11.
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manderies hospitalises est a faire ou a completer, et ma surprise a
it6 grimde en particulier cle la voir si r^duite pour notre region des
Landes.
1» II est notoire qu'autour de la ville de Dax existaient des chapel-
les de Templiers qui ont pass6 aux chevaliers de Rhodes ou
Malte;
2^ Dans la paroisse de Labatut, en la pr^v6t6 de Dax, il reste une
chapellenie pr^s du chemin de fer, nomm^ Notre-Dame de Camon,
ouse faisait'avant 1790 un service religieux et des sepultures. Ca-
mon est dit avoir appartenu k Tordre de Saint-Jean. — Passons au
diocfese d'Aire.
En 1538, dans* la vicomt6 de Marsan, on comptait: 1° Thdpital de
Saint-Jean de la Fontaine, dont le titulaire appartenait a la famille de
Prugue;
^ La commanderie de Caubon (dependante de Caubon et Morlais
enBAam), k Saint- Justin, dont le prieur, Gautier de Bourdeilles,
tenaitde prfesk P. de Brantdme (etait-il son oncle?)
3* La commanderie d'Audignon doit 6tre nomm^e Saint-Esprit
d'Audignon, dependant de la commanderie du Saint-Esprit d' Avi-
gnon;
4<* (et c'est peut-6tre la principale omission de M. Blad^), les com-
manderies de Castelnau et P^corade en Tursan, cit^s dans les docu-
ments de 1569 et 1789. Castelnau el Peeorade devaient dependre du
grand prieure de Toulouse, comme Arcius, dont ils d^pendaient eux-
m6mes,et Castelnau (Gironde). Peeorade (Landes) embrassait Cas-
telnau, Damoulens, Bahus, Lucpeyroux, Saint-Jean de Morgan, la
ville de Geaune et bien d'autres. Le baron de Marquessac, dans ses
Hospitaliers de Guienne (Bordeaux, 1886, imprimerie Justin Du-
puy), a consacr^ 28 pages in -4° et plusieurs gravures, de sa main
burin^es, k la commanderie de Ptorade et k ses membres annexes.
Comme je n'ai jamais ^tudi^ sp6cialement Tordre de Malte dans
les Landes, je me borne a ces faciles indications, sans prejudice de
ce qui pourra 6tre retrouv^ plus tard.
Je remercie M. Blad6 d'avoir rappel^ Tordre de Saint-Jacques de
TEp^e, si repandu dans la province d'Auch, et dont les savants du
nord nient Texistence (sauf en Espagne). J*ai d^ja ecrit a ce sujet au
comte Arthur de Marsy a Compiegne; il y a substitution de nom,
M. Advielle, d* Arras, dans son travail sur Waiquart, conteste
Tordre de Saint-Antoine de Viennois, auquel appartenaient les com-
manderies de Samadet et de Roquefort sous le n9m de Saint-An-
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- 533 —
toine de Golong ou Saint- Antoine du T. (Voir la Revue nobiliaire
historique deDumoulin, mars-avril 1877).
Tout d^vou6 a vous et a la Revue.
Baron de CAUNA,
inspectear de la Soci^t^ francaise d'arch^ologie.
P. S. — Je VOUS communique une note que je viens de recevoir
de M. d*01ce, et qui concerne en particulier la chapelle d'Oxarty,
sar laquelle on pent consulter M. P. Raymond, Ca.ssini et la carte
de TEtat-major (feuille de StJ^ean-pied-de-port), etc.
. « M. Blad6 place une commanderie militaire k Iholdy. Dans tons
nos titres, rien ne la fait soupgonner, rien uon plus dans les traditions
locales, si tenaceschez les Basques. C'est k c6t6, a Behaune en Lan-
tabat, diocese d' Acas, qu*il y avait un prieur^ dont un baron de Luxe
avait fait don kTabbaye deLa Honce.
» A Iholdy, k la jonction de cette commune avec celles de Lantabat
et d'Armenaarit, pres de la route qui va de St-Palais Jilrrisary, il y
a une petite chapelle pr^s d'un moulin dit d'Oxarty. La tradition
veut quesaint Jacquesait pr6ch6 sur ce lieu en se rendant enEspagne.
II prScha aussi, dit-on, dans un autre endroit sur la colline, a 5 ou
600 mfetres vers le nord. Quand les fidMes voulureat ^tablir un ora-
toire, il y eut discussion sur Templacement a choisir. La colline Tem-
porta et Ton appr^ta des mat^riaux sur son penchant. Mais un beau
matin, on les retrouva tout aupres du ruisseau d'Oxarty , et la chapelle
fut bdtie la de par Mgr saint Jacques.
> Autrefois, le jour de Saint-Blaise, je crois, les trois paioisses
limitrophes se r^unissaient pre* de cette chapelle pour la benediction
des animaux. Get usai^e s'est perdu, mais les trois paroisses y vonl
encore en procession a certaines epoques. L*6difice, qui ressemble k
une grange surmont^e d'une petite croix, a 6t6 repare et remis en
^tat. En 1848 on 49, une bande de Boh^miens s'en ^tait empar^e,
et la garde nationale d*Iholdy fit une expedition de nuit pour les en
deloger. II y eut trente ou quarante prisonniers, hommes et femmes,
surpris pendant qu*ils dormaient pele-mSIe cqmme des moutons...»
I
Une terre de FOrdre de Saint-Jaoqnes de PEp^e. — Trois dglises
de rOrdre de Clany.
Aubiet, le 4 octobre 1877.
Mon cher Monsieur,
Dans I'article de la R&vue qui a pour titre : « Ordres religieux
et militaires de Gascogae, » M. Blai6, en parlant deTordrede
Saint-Jacques institu^ par Amanieu, archevSque d'Auch, cite parmi
les possessions de cet ordre « la terre silu^e pres de Bascos [apud
Bascos juxta Altinetum], » Altinetum est une faute pour Albine"
turn, Aubiet. Je pense que cette terre de Bascos, dont il est ici ques-
tion, n'est autre que laparoisse de Saint-Jean de Bascous, supprim^e
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• 534 —
et a^n^x^e a Aubiet, par Leonard de Trappes, k la suite des guerres
du ivi« sitele, aprfes que les protestants eurent d^truit sou eglise.
Daus les plus anciens titres, ce territoire est ainsi d6sign6 : de Bds-
coliSy de Vascplis, deBascols, de Bascous. H en est plusieurs fois
fait mention dans le cartulaire de Tabbaye de Gimont, qui avait dans
son voisinage et sur ses limites au nord la grange de Barfes. Je
connais parfaitement remplacement de Tancienne Eglise et de son
cimetifere, oi il a 6t& trouv^ plusieurs sarcophages de pierre de
grande dimension, que j'ai vus et qui servent aujourd'hui d'auges a
abreuver les animaux..Ce cimetifere se trouve k environ deux kilo-
metres d' Aubiet, sur Tancien chemin qui conduit a Blanquefort,
anciennement connu sous le nom d'Espirville.
^e puis ^alement donner satisfaction k M. A. Lavergne au sujet
des questions poshes dans sa lettre du 25 aodt, que je trouve dans la
mfimo livraison. — Ou se trouvaient :
Ecdesia Sancti Saturnini de Castello 7
Sancti Petri de Manidvilla ?
Sancti Martini de Oallovico ?
La premiere de ces dglises ^tait situ^e sur la rive gauche du Tarn,
dans le dioctee de Toulouse, qui avait autrefois, de ce c6t^^ cette
riviere pour limite. Les moines de Cluny avaient encore au mdme
endroit, « entre la Garonne et le Tarn, » les paroisses « de As-
tradi » et « <2e Sancto Michaele de Castello, > avec toutes leurs
d^pendances.
La seconde Eglise i Sancti Petri de Manidvilla^ (c'est Mandi-
viWa qu*il faut lire), n'est autre que Saint-P6-du-Bosc, qui forme,
avec Saint-Martin-du-Hourc, la paroisse r^eemment erig^ dans le
canton d© Gimont sous le nom de Saint-Martin-Saint-P6. Cette
paroisse limite au couchant et au nord celle de Sainte-Marie, tres-
imciennement d6sign6e sous le nom de Sancta Maria de Mandi-
villa, ou simplement de Manvilla,
Enfin la troisieme, « ecdesia Sancti Martini de Gallovico, > est
Garble, qui a encore aujourd'hui saint Martin pour patron. II est ais^
de comprendre combien facilement de Gallovicus on a pu faire
Garble.
Dans Facte de transaction du 10 juin 1258, entre Tev^que de Tou-
louse .et Tabb^ de Cluny, qui nous a fourni ces renseignements,
nous trouvons encore d^sign^es comme appartenant aux m^raes re-
ligieux, les ^glises de Roumas, de Saint-German et de Saint-Lau-
lent-du-Pin, d^pendantes du Prieure de Touget, ainsi que chiles
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desparoisses de Saint-Germier, de Giscaro et de ]y[au^eta?, de Sancto
Germerio, de Giscaloris et de Maurmiw.
Votre bien d^vou6 en N.-S.-J.-C.
R. jpUBORD,
pr6tre, caf6 d'Anbiet.
A propos des ^oiites leotourois de M. Blad6.
Monsieur et bien cher r^dacteur en chef,
Dans 'votre article bibliograpbique sur trois contes populaires
recueillis d Lectoure par M. Blad6, je lis a la derniere ligne de la
page 487 de la livraisoo d'octobre 1877 de la R^m de Gc^cogne, la
phrase suivante : f Get Episode d*un roi qui se coudamnq lui-mfim^
a mort est assez singulier, et je ne me souviens pas de I'avoir reu-
contr^ ailleurs. »
Permettez-moi de vous rappeler trois faits qui ont plus ou moins
de ressemblance avec I'histoire du roidu troisifeme conte lectourois.
C'est d'abordCharondas, l^gislateurde Thurium, qui avait d^fendu
aux habitants de cette ville, sous peine de mort, de se rend^e arme$
dansles assemblies publiques. Unjour, de yetourd'une expeditions
ayant appris que rassembl6e du peuple 4tait fort tumultueuse, il s'y
pendit aussitdt pour Tapaiser sans avoir quitt6 son ^p^e. Comme ou
lui faisait remarquer qu'il violait sa propre loi, il r^pondit : « Je pre-
tends au contraire la confirmer et la scelle"r mfim^ de mon sang; »
et sur le champ il se perga de son ep^e.
Vo\oi encore Zaleucus, l^gislateur des Locri^ns-Epizepliyrieus,
dont une^loi condamnait les adultferes a avoir les yeux crev^s. Quelque
temps apres, son fils ayant 6x6 convaincu de ce crime, le peuple
voulait lui faire grdce. Mais Zaleucus, bon pere en m6me temps que
legislateur rigoureux, fit crever un oeil a sou fils et un autre a lui-
mfime.
Puis enfin s'ofFre k nous Canut-le-Grand, roi de Danemark et
d*Angleterre. Ce prince ayant tu^, dans Tivresse, un de ses soldats,
voulut ^re jug6 par le peuple assemble. II fut reconnu coupable de
meurtre, mais on laissa k sa disposition la fixation de la peine. Comme
il avait precedemment inflige auxmeurtriers, par.uneloi, une amende
dont un tiers devait revenir aux parents de la victime, un tiers k
Tarm^e, et le dernier tiers au roi, il se condamna k payer neuf fois
la valeur de Tamende ordinaire, en ordonnant que le tiers k lui ap-
pUcable reviendrait k I'Eglise.
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— 536 —
Paisque j'ai la plume a la main, pennettez-moi encore de voui
rappeler que vous ave? oublie de restituer la propri^t^ et la restaura-
tion du chateau de Luxeube kM. Vasselin, beau-fr^re de M. Demonts,
le restaurateur du chdteau de Mont^t, et que vous avez donn6
comme ayant fait partie ^e Tantique ameublement de Luxeube un
panneau de bois sculpt^, d'origine italieune, lequel a fait un saut du
magasiu d'un chifionnier de la ville d'Auch dans le manoii de
Luxeube.
Tout a vous d'esprit et de coeur,
Cl.-Hippoltte MASSON.
Je me reserve de revenir sur le panneau de Baccio Bandinelli,
quand je Tauraivu^ ce qui, jeTespere (et M. Vasselin lui-m6me a bien
voulu me pr^venir a ce sujet), aura lieu dans pen de temps.— Quant
a r^pisode du dernier conte de M. Blad^, dont je ne connaissais pas
le pendant, je ne songeais qu'a la mythologie populaire, non a I'his-
toire. Mais je remercie M. Masson d^avoir ^tendu ici le champ des
comparaisons, d'autant plus que la limite de ces domaines voisins
est loin d'etre partout fix^e. Ce qui manque m6me a certains de nos
mythographes les plus ^rudits, c'est la connaissanceintimedeThis-
toire heroique ou primitive et des mythologies classiques. — Au
reste, depuis que mon article sur le recueil de M. Blad^ a paru, j'ai
pu consulter la collection enti^re de la MUusine, et j'y ai trouv^
mati^re a enrichir ou modifier plusieurs points de mon travaij. Mais
cette besogne m entratnerait trop loin acette heure, et je me contente
d'indiquer, dans le n<> du 5 mai dernier de cette revue de mythologie
populaire (p. 206), les Trois filles du houlangeVy conte breton re-
cueilli par M. Luzel et qui reproduit la plus grande partie du troi-
sieme conte lectourois de M. Blad6. l. c.
BIBLIOGRAPHIE.
Oovraffes d^hagiographie.
Vn mendiant au sihU de Voltaire, par I'abb^ S. Solassol. Aaeh, imp. F.-A.
Cocharaox. 1877. In-i8 jdsus de 371 p. (litre rouge et noir). 3 fr. — Saint Frajou,
martyr en Gaseogne, sa Ugende, ses reliquest ton culte^ par le R. P. Carles,
prdtre da Sacr^-Coear, missionnaire da Calvairo. Toolouse, imp. Hebrail. 1877
(types elz^viriens). Id-18 de 123 p. -- Notice sur le bienheureux Bernard de Mor^
las et ses deux disciples, morts a Santafem en Portugal, en 1377. Pau, imp. Vi-
gnancoar. 1871. Id-18 de 23 pages.
Ce n'est pas dans ce recueil 4'6rudition provinciale que je puis
analyser avec une ^tendue convenable le beau travail de M. Tabb^
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— 537 —
Solassol, cur6 de Marsaa (Gers), sur la vie de B. Benott- Joseph
Labre. H suffira de le sigaaler comme une oeuvre qui fait le plus
grand honneur au clerg^ dioc^sain. La eonvenance de cette biogra-
phie, parfois etrange pour nos moeurs modernes, avec les vrais be-
soins des dmes a notre ^poque, est bien montrte par Fauteur lui-
m6me dans une introduction fort ^loquente. Quant au r^it, on pent
le comparer sans crainte aux meilleurs de ce genre. La vie de Labre,
en particulier, avait ^t^ d^ja mcont^e par M. L6on Aubineau, dont
M. Solassol indique tres-bien (p. 32) le m^rite caract^ristique : « une
langue pleine de noblesse et de simplicity, rappelant celle du grand
siecle. > Le nouveau biographe a plutdt raccent de notre g^n^ra-
tion : il est pittoresque, vif, anim^, plus rapide d'ailleurs que son
devancier; il conviendra certainement davantage au plus grand
nombre des dmes a qui s'adresse rh^roique predication de d^tache-
ment et d'aust^rit^ qui sort de toutes les pages de cette pieuse bio-
graphie. L' Amotion de T^crivain se communique toujours au lecteur,
parce qu'elle est toujours sincere. Uhistorien semble avoir v^cu avec
son h^ros, et quand on s*est laiss^ aller quelque temps au charme
de ses rfcits,^on ^prouve quelque chose d' analogue a ce qu'il d^lare
avoir ressenti lui-m6me en visitant tel sanctuaire de Rome particu-
lierement cher au saint mendiant frangais : f Le ciel me semblait
plus ouvert, Dieu plus^voisin, Tair que je respirais.embaum^ de
parfums plus suaves... » N'oublions pas de dire, pour acheverde
recommander cet excellent livre, qu'il se vQnd au profit d'une bonne
oeuvre locale, k laquelle Tauteur s'est g^n^reusement d^vou^, avec
le concours de son noble paroissien, M. le due de Fezensac. Notons
aussi que ce volume est un vrai bijou typographique, aussi propre
a charmer le godt d*un bibliophile qu'k ^difier TSme d'un chretien.
— Encore un volume charmant, celui que notre docte et pieux
correspondant, le R. P. Carles, appliqu6 depuis plusieurs ann^es
aux recherches hagiographiques concernant notre sud-ouest, vient
de consacrer a un des martyrs les plus oubli^s de la Gascogne. Une
ville du Comminges porte son nom et garde ses reliques. D'aprfes
ime l^gende tres-sommaire, Prajou 6tait un jeune homme de vingt
ans qui succomba glorieusement dans la lutte de nos populations
chr^tiennes centre les Musuhnans; ainsi p^rirent pour la foi d'au-
tres h^ros, rest^s en v^n^ration dans leur patrie : saint Aventin pres
de Luchon, saint Vidien a Martres, saint Fritz k Bassoues. La pr6-
sente notice a 6x6 6cnte k Toccasion de la translation des restes du
saint martyi^dans une nouvelle chdsse, au mois de juillet dernier, et
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— 538 —
elle sauvera certainement de ro.ubli les faits principaux relatifs au
culte de saint Frajou. Je n*eii dis pas davantage sur ce point, parce
que le R. P. Carles a bien voulu rediger lui-meme, pour la Reoue
de Gascogne, une nouvelle notice hagiographique a laquellenoslec-
teurs feront certainement le meilleur accueil. Mais il faut recom-
mander a tous les amis de Thistoire et de Tarch^ologie provinciales
les pages consacr^es dans oe joli petit volume a la ville et a Teglise
de Saint-Prajou, ainsi que les notes fort instructives ou Tauteur
traite du nom du saint, de la liturgie locale, des trois confreries an-
ciennement Stabiles dans la paroisse, de la vie d*Angl6ze de Saga-
zan (la berg^re de Garaison), enfin de Tabbaye de Fabas, ou fiit en-
sevelie dette Bernadette du dix-septieme sifecle. Tout cela est plein
d'une science de bon aloi; toutefois, la pi6t^ brille peut-6tre encore
plus que la science dans les pages du zi\6 calvairien. H croit utile
de savoir ce que firent nos aieux, surtout cafin d'apiprendre ce que
nous devons faire nous-m^mes; • et en traitant du culte des saints, il
veut principalement accroJtre et fortifier ce culte, ce qu'il regarde a
bon droit comme une bonne, oeuvre € tout a la fois religieuse et pa-
triotique. >
— La petite Notice sur le B, Bernard de Mori as a paru en 1871;
mais elle ne nous a et^ communiqute que depuis peu par la bien-
veillance de M. Peyret, chanoine d'Auch. II est toujours bon d*en
faire mention, parce qu'elle r^v^e un saint b^arnais qui ^tait abso-
lument oubli^ dans son pays. M. Tabbe Navarrine, cure-doyen de
Morlaas, a fait cesser cet oubli en consacrant une chapelle a ce pieux
dominicain dans sa belle ^glise, et en publiant cette notice, dont la
substaiice est emprunt^e aux annales des Freres Prficheurs. Trois
naives images, accompagn^es de legendes en vers et en prose, po-
pulariseront encore mieux cette pieuse histoire, dont voici les traits
principaux : Vers le milieu du xni« sitele, le B. Gilles de Santarem,
provincial des Dominicains d*Espagne, se rendant au chapitre g^-
neraldeson ordre et passant par Morlaas, y regut la visite d'un
jeune gentilhomme du lieu qui voulait, malgr^ ses parents, se de-
vouer a Dieu dans Tordre de saint Dominique. Gilles lui donna ren-
dez-vous a Saragosse, oil en effet Bernard regut Thabitde ses mains.
II le suivit depuis a Santarein, ou il devint sacristain du convent iet
instituteur de deux jeunes enfants vou^s a Tordfe, et qui firent avec
lui de tels progres dans la saintet^ qu'ils merit^rent tods les trois,
k la suite de celestes revi^lations, de passer ensemble de ce iiionde
au bonheur 6ternel, le jour de T Ascension de Tan 1277.»
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— 539 -
Oovrages d^histoire litt6raire.
Lefons nouvelles et remarques sur le texte di divers auteurs, par Reinboid Db-
zBiMBRis. Bordeaux, Chaumas, 1876. Id-8o de 115 pages.— La troupe de Moliire
d Agen d*aprds un document Mdit, par M. Ad. Magbr. Paris, Glaodin; BordeaaXi
Lefebvre, 1877. Id-8<i de 44 pages — Notes sur la vie et les puvrages de Vabb^
Jean-Jacques BoHeau, avec divers documents inSditSf par M. Pb. Tahizbt db
Larroqub. Paris* Aabry; Bordeaux , Lefebvre, 1877. In-8o de 152 p. (Extrait des
tra?aox de la socidtd d'Ageo.) — Documents in^dits sur Gassendi, par Pb^ Tami-
ZET DB Larroqub (Bxtrait de la Revue des Quest, hist.) Paris, V. Palm^, 1877.
Iu-8o de 36 p. — Une poign^e de pseudonymes frangais^ par Pierre Claubr, stras-
bourgeois. Lyon, Aug. Brun, 1877. In-8o de 27 p.
Les humanistes du ivi« et du xvii* siecle ont multipli^ k Tenvi les
recueils de critique verbale, oii iis pr^tendaient ^lucider des passa-
ges obscurs de classiques latins ou grecs, marqiier des rapproche-
ment, ^clairer des allusions, mais surtout corriger les fausses legons
et ramener les textes a leur puret^ primitive. M. Dezeimeris, un
savant de leur trempe ^gare dans notre sifecle apideute, repirendraif
volontiers la tradition des adversaria, eh T^tendant i nos auteurs
frauQais. Je m'^tais promis, toiit en applaudissant a ce noble exem-
pie, de discater avec lui les legons douteuses et les imitations qu'il
signale dans Regnier et dans A. Ch^nier, ohget de ses deux premiers
chapitres. Mais ce serait par trop briser le cadre historique et pro-
vincial de la Revue. Qu'il me soit permis de dire seulement que
ring^nieux critique exerce, aiguise Tesprit de son lecteur, m6me
quand il ne le persuade pas; que tous ses rapprochements de textes
sont instructifs et agreables, mSme quand ils ne sont pas decisifs, ce
qui est peut-etre le cas le plus commun. 11 n'est pas si ais^ de de-
cider, sur une ressemblance mSme frappante, qu'il y a imitation;
et M. Dezeimeris sait trop de vieux textes classiques pour ne pas en
retrouver quelqu'un sous une foule de textes modernes qui pourraient
bien n*en d^river d'aucune maniere. J'avoue, par exemple, que le
long passage du byzantin Prodomos, rapproch^ par le savant hell^-
niste bordelais d'une des plus belles idylles d'Andr6 Ch^nier, n'a
pu, malgr^ une incontestable analogic d* allure, me faire sortir de ma
reserve sur la question d'imitatioh. Sans pr^tendre, avec certains cri-
tiques du XVII® siecle, qu'un sonnet tout entier peiit venir de deiix
auteurs dilKrents,jecroisqu*il ne faut juger en si Micate matifere
qu*avec une extreme prudence. Au point de viie de la sAret^ criti-
que, je mettrais au-dessus des deux premiers chapitres le troisieme,
consacr^ a Ausone. M. R. Dezeimeris expliqiie beaucoup mieux
qu*on ne Ta fait jusqu'ibl sa t* ^pitre, adress6e au bigorrais Axius
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— 540 —
Paulus. Les corrections de textes qu'il indique dans ce morceau et
dans quelques autres sont parfois des plus heureuses, surtout celle
qui remplace, sur le pi6destal d'un Bacchus Panthfe, le mot inex-
plicable MYOBARBUM par FN YnoBAOPON. Nous esperons bien avoir a
profiler un jour de ce chapitre de critique ausonienne, que nous re-
commandons aux curieux.
— Molifere est-il venu k Agen? C'est plus que probable. Dans un
registre des archives de rH6tel-de-Ville, r^^ig^ par les consuls
d'Agen, se trouve cette note du 13 Kvrier 1650 : « Le sieur du Fraisne,
com^dien, est venu dans la maison de ville nous rendre ses devoirs
de la part de leur compagnie et nous dire qu*il estoit en cette ville
par Tordre de Mgr nostre gouverneur. > C'est-a-dire que le due
d'Epemon fit venir la troupe de Moliere, dontDufresne ^tait comme
le regisseur, pour augmenter Teclat et la gaiet^ des fStes qui accom-
pagnferent la rentr^e de la Cour des aides a Agen apres une longue
absence. M. Ad. Magen, qui depuis longtemps d^ja avait decouvert,
public, comment^ ce texte, y revient avec un surcroit de details
curieux, dans cette plaquette de luxe, imprim^e en caracteres elze-
viriens sur papier verg^, poursejoindre aux curiositfe mo K^re^gue*
qui sont a la mode en ce moment plus que jamais. Elle y merite
une bonne place; car, outre ses agr^ments ext^rieurs et ses fines
qualit^s litt^raires, elle comble du mSme coup (comme Tecrit k Tau-
teur M. Tamizey de Larroque, un des critiques dont il a r^uni a la
fin de son travail les communications ^pistolaires) elle comble du
m^me coup ime lacune de Thistoire de sa ville natale et une lacune
de la biographic de Moliere.
— C'est encore un double service rendu a Thistoire de TAgenais
et k celle de la litt^rature frangaise que la publication consacr6e par
M. Tamizey de LArroque k Tabb^ Jean-Jacques Boileau, Tune des
bonnes plumes du second jans^nisme. L'origine de cet 6crivain a &ii
tiree au clair ici m6me (1872, xm, 540, 578), et je n'y reviens pas.
Mais les divers faits de sa vie sont discutes par notre 6rudit corres-
pondant avec la patience et la sagacite dont il a donn^ d6ja tant de
preuves, et qui etaient plus n^cessaires que jamais k travers les in-
trigues et les obscurit^s ou .s'^gare souvent la litterature janse-
niste. J'ai un pen fr^quent^ ce dangereux pays avant mon excellent
collaborateur, et je crois pouvoir dire avec quelque competence .qu'il
n'y a pas fait un seul faux pas. Au reste,il fait connattre, surtout par
des extraits bien choisis, les ouvrages public parson auteur, en par-
ticulier les Lettres sur diffirmts sujets de morale et depi6t6 (Paris,
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— 541 —
1737-42, 2 V. m-12), dont il cite une lettre entiere, relative au franc-
alleu d'Agenais et de Condomois (p. 28-31), Mais, comme on le
pense, c'estrinAiit qui domine dans cette brochure, ainsi que dans
la plupart des autres publications du savant auteur. II est vrai que
M. Tabb^ Hurel dans un appendice de ses Oraleurs sacris d lacour
de Louis X/F (Paris, Didier, 1874, 2 vol. in-12, t. n, p. 356-370)
avait un pen ^crSm^ la curieuse correspondance de Boileau avec
Mgr de Noailles; mais M. Tamizey de Larroque en a donne beau-
coup plus, en restant dans la meilleure mesure, et il a plus d'une
fois corrig^ son devancier. II a ^dit^ de plus des pieces relatives a
la famille et k Tintimit^ de Tabbe, qui continuent a le. presenter,
malgr^ sa fdcheuse couleur jans^niste, sous le mSnie jour favorable
qui avait frapp6 M. Hurel.
— II y aurait encore plus d'^loges peut-§tre k donner aux Docu-
ments sur Gassendi, trfes-instructifs par eux-mSmes et accompagn^s
d'un commentaire qui epuise la biographic du philosophe provengal.
Mais restons en Gascogne et renvoyons Tanalyse de cette trfes-sa-
vante brochure k notre prochain article sur VHistoire de la philoso-
phie dans le Polybiblion.
— II faut nous contenter, pour la mfime raison, d'une chaude
recommandation k regard d' Une poignie de pseudonymes frangais.
Que les souscripteurs de la nouveUe edition des Supercheries litti-
raires et du Dictionnayre des anonymes n'oublient pas d*y joindre
cette plaquette, publico dans le mfime format et avec plus de luxe.
Uhabile bibiiographe qui signe P. Clauer a retrouv^ la, Bibliotheca
personata d'un pr^d^cesseur de Barbier, le c^lfebre biblioth^caire
carme Jacob de Saint-Charlies. II en extrait ici m6me unequarantaine
de pseudonymes, qu'il accompagne de notes solides et curieuses, et
se contente de ranger par ordre alphab^tique, en appendice, un plus
grand nombre d'auteurs d^lnasqu^s par le P. Jacob, mais dont les
vrais noms ont 6te publics dans divers livres imprimis. Tout cela
est d'un bibiiographe exact etd'un parfait critique; tout est digne du
savant coUaborateur des PP. de Backer pour la Bibliographic de la
Compagnie de J^sus. Car nous ne croyons faire aucune peine k M.
P. Clauer, strasbourgeois, en lui associant dans nos ^loges Texcel-
lentP. Sommervogel, qui nous parait fitrele plusintimede sesamis.
UoNCE COUTURE.
Toia XVm. 36
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— 5A2 —
NOTES DIVERSES.
CVin. Pr^tendnes lettres inMltes de Bossnet et de Satnt-Gyraa.
Sous ce titre : Autographes et in^dits, le R. IP. Colomibier vient de publier,
dans la livraison de novembre des Etudes religieuses, plusiears morceaux de
proYenance et d'iinportaiice diverses, accompago^s de remarqnes bislorkpies
marquees au coin de r^rudition la plus siure et la pltls ^tendue. Ce n'est done q[iie
par distraction qu'il a pu donner le nom dUn^dits k quatre billets de Bossaei
d6j^ publics, non-seulement en partie par M. Floquet, mais en entier dans ra-
tion la plus repandne des (Euvres de Bossuet, cdle que M. Lachat a suireillfie
pour r^diteur Louis Viv^s. Voyez le tome xxx (1865) de cette edition, p. 581
Le p. Colombier a eu communication de ces billets par c Madame de La 4^at£ra,
qui les a rccus comme un heritage de famille, » ainsi qu'il le dit lui-m^me. 11
n'en donne d'ailleurs aucun commentaire, etles lecteurs des f^uJe^quin'ont
pas sous la main Touvrage de M. Floquet feront bien de recourir, ponr quel*
ques ^claircissements utiles, k la note (h) de la page indiqu6e ci-dassis di
Bossuet de Viv^s. Nous avons sur la rdigieuse de N^rac d^oil^ (c'^st-^-dire
priy6e de I'habit pour ses d^sordres) quelques documents in6dits et une nouvel-
le lettre autographe de Bossuet, aux archives du grand s^minaire d'Aucb. II n'y
a pas lieu d'imprimer tout cela, mais la Revue de Gaseogne, qui a d^j& doimi
deux billets inedits de Bossuet (v, S61; xit, 376) et qui a signals tout un
mdmoire, ^galement in6dit, du grand evdque de Condom (xi, 95), pourra y le-
venir et en publier quelque chose.
Avant de quitter le P. Colombier, qui a g&t6 la Revue de Gascogne en h
traitant de « savante, » et qui lui saura grdde semontrer recennalssante en Im
indiquant de 16g6res £autes 6cfaapp^e8 k sa vigilance, je reldverai une autre
inexactitude du m§me article. Comme Saint-Cyran, en sa quality de bayonnais,
est une de mes plus intimes connaissances, j'ai et6 tout surpris de voir donnv
comme in^dite sa curieuse lettre sur le P. de Condren. Elle est ins6r^e trds*
fidMement dans le second volume (p. 61S} des Lettres chrMennes et ^iriUuUis
de mesmre Jean du Verger de Haurawne, ahh^de Satnt-Cyr^n, qui n'otUpoM
encore £t6 imprim^es jusqu'h present {». L 1744, 2 voL in-12). Au reste, le
P. Colombier y a ajout6 des notes fort utiles. L. C.
cm. Impromptu dn marcffals de Oaliu*d, an sajet d^nn compUmeat
41al adrosBdy ehea M. ^de I«aterrade» k l^ectomtB.
De tes couplets j'admire la toumure :
Le sentiment en « faU tous les Irais,
£t le desir d'embellir la nature
Est un d6faut qui sled k tes portraits.
Quand ton esprit k me peindre s'occnpe,
Le cceur jaloux veut guider le pinceau :
L^esprit du cceur est ais^ment la dupe;
Comme Tamour Tamitie voit en beau.
(Extr. des mss. de M. Mains, ancien doctrinaire.)
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— 543 —
QUESTIONS.
153. Snr J. Geraslus, condomois.
Je trouve dans le Catalogue des manuscriti fran^U (t. i, in^fo, 1868, p. 184)
cette indication : 1089 (da Fonds Pranks). La glorieuH MwrgueriU, par
II* Arnault de Villeneofve, tradaction de /. CeroBius, condonois (tic), com-
meoQant (fol. 44) par : Amy lectmrj commeje me travailtoU pour recow^r^r
des Uhvres andens, et finissant par : Soit done lou^ le Seigneur qui vit et regne
par les siecles des sieelee. Ainsi soifr-il. Le manuscrit, sor papier, eit de 1560.
Qai p.onrra me fournir des renseignements sur cet enfant de €ondom, du xvi^
siede, qui devait s'appeler J. Ceras on pIutAt J. Cerasi, et sor lequel j'ai yaiae>-
ment consults tons les recueils que j'ai sous la main? T. de L.
154. Un professear dn college de Tarbes.
Ud doctrinaire en appelle lui autre. J'ai recueilii, diSbris de biblioth^que»
im petit iii'12 de xx-190 p., avec ce titre :
An syllogigtica demomtraia. Auctore Peteo Joffrb, presbytero congre-
^ationii dootrinm chrigtianm, et in oollegio TarbienH altero philosophic pro-
fe^sore. Ad nswn sua scholce. Tarbiae, apud MatthjRUm Roqueuaurbl, typog.
«t bibliop. ooU^ii l^arfaieosis* M. D. CC. XII.
On demaBde des renseigiiemeats biograpbiques sur Goudour; qui m'en
donnera sur Joffre? L'abb6 J. DULAC.
Je ferai observer que ce Hvre a iSte autrefois employe, pour Fenseignement
de la logique, dans beaucoup d'^tablissements. n y ^ a une autre edition (cui
additcB sunt annotatienes utiles, lesqudles annotati(m8 ne depassent ^dre
one page) de Toulouse, chez Ant. Birosse, 1764. J'en ai un exemplaire qui
porte sur les plats les armes de Prance avec la l^gende circulaire : Co}lSgeso§al
d'Auch. — L. c.
RfiPONSE.
152. Un due d'Esclignae hlstorien.
(Vvijet U Questim^ an oem^ro pr^c^^Dt* p. 492.)
Vous demandez si un due d'Esdignac mort en 1874 k Milan 6tait onginaire
de la Gascogne. Je puis r^pondre k cette question. J'ai peu oonnu ce pair de
France; mais son oncle a ^t6 le meiileur ami de mon enfance, et c'est de Jul
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— 544 —
surtout que je puis parler. Get oncle, M. de Pressac F^zensac d'Esclignac, comte
deMarestang, 6tait dOQ6d'uQ physique remarquable. Sa taille etait trto^lev6e^
sa figure noble et gracieuse. II avail seulement unebotte d'une grosseur extra-
ordinaire; on disait que son pied avail ^t6 broye par un boulet; il ne m'en a
jamais parle. Le due qui vient de mourir 6tait aussi boiteux. Le comte de
Marestang, que Ton appelait tout simplement M. d'Esclignac, m'a racont6
souvent sa vie. A quatorze ans, comme il 6tait tr6s-grand» on le nomma officier
et il par tit pour llle de Malte. Le grand-maitre etait son oncle. Appr^ciant la
passion du jeune chevalier pour les lettres et les sciences, il mit k sa disposition
un b&timent pour faire la description des c6tes de la M6diterran6e. J'ai ya
plusieurs dessins etlu plusieurs pages de ce livre in^dit et peut-^tre inachev^.
Lorsque la revolution survint, M . d'Esclignac fut d'abord tr^s-bien accueiUi
chez un prince allemand avec lequel il avait des relations de parente; puis on
jour, dans jenesais plus quelle ville, les fonds vinrent k lui manquer* pour
vivre et faire vivre un de ses parents et compagnons d'exil, M. de Luppe, il se
fitrecevoir tourneur et gagna son pain en faisant. des pipes d'ecume de mer.
M. d'Esclignac, k qui je dois mes gouts d'^tude et de recherches, 6tait on
homme de profond savoir. II aimait surtout la min6ralogie, la nnmismatiqae.
les livres rares. Je poss^de une partie de sa biblioth^ue.
II 6tait en relation avec tons les savants d'Europe, et devint Tami de M.
de Fontanes. II rentra un des premiers en France, et M. de Fontanes le nomma
inspecteur de I'acad^mie de Pau. Lorsque la restauration arriva, le due sonfir^re
fut nomme pair de France, et lui fut mis de c6t6. II mena une existence fort
modeste, vivant en philosophe, recevant quelques amis qu'il charmait par sa
belle parole, et absorbs par sa passion pour les sciences naturelles surtout.
n alaiss6 un beau cabinet de min^ralogie.
Lorsque TindemnitS des 6migr6s vint lui donner pour sa simple legitime
pr^s de 500,000fr.,il nevoulut faire aucune d^marchepour toucher cette somme.
Un de ses amis, mon p^re, fit toutes les avances et lui ^pargna tons les soucis.
H6las! M. d'Esclignac 6tait effraye de la fortune qui lui arrivait et il ne se
trompait pas dans sespressentimentsi Savie si calme fut troubl^e profondement.
Ce savant 6tait d'une ignorance incroyable pour ses affaires. II croyait donner
une simple lettre de recommandation, et il se porta caution d'un entrepreneur
de la halle de Pau, qui le trompa indignement. 11 vit sa fortune diminuer tout k
coup, et devenir la proie d'intrigants. II acheta un vieux ch&teau pour y passer
ses demiers jours. S^par^ de ses amis et de ses chores 6tudes, il se laissa 86-
duire par une intrigante qu'il 6pousa, et qui le rendit trds-malheureux. Umourut
frapp6 d'une attaque d'apoplexie, laissant deux jeunes fiUes, qui sont mortes.
M. d'Esclignac avait compost une histoire des Arabes d'Espagne. J'ai vu le
manuscrit, j'iguore ce qu'il est devenu. II passaitpour beaucoup plus fort que
son neveu, dont je ne connais pas I'ouvrage.
G. B.dbL.
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L'EGLISE DE BOSTENS.
Les Landes, bornees a Touest par POcean et au sud par le
cours de TAdour, n'ont point de limiles bien tranch6es k
Test; mais avant de descendre dans la plaine, on rencontre
une sorte de terrain de transition, par lequel on arrive, comme
par degres, a cette vaste mer de sables, nae, monotone, au-
jourd'hui tapissee de bruyeres et de pins. Ce sol indfecis, ou
le sable siliceux altemfe souvent avec Targile, se remarque
surlout dans le triangle forme par le croisement des grandes
routes du Caloy a Pille-PArdit etde Pille-PArdit a Roquefort.
Cette region parait avoir ele asse^ fraichement envahie par le
pin maritime, dont les graines ailees sont pouss6es de Test a
Touest par le venl; car, dans le voisinage, on trouve frequem-
ment des ruines, des substructions, des mosaiques, temoins
irrecusables d'une civilisation anterieure, brusquement arrStSe
par Tinvasion des Gascons etdes Sarrasins. Or, dans le centre
de ce triangle dont nous parlous, au milieu de vignobles qui
semblent vouloir rivaliser avec PArmagnac, s'eleve modeste-
ment une petite eglise, grave et decente, comme une noble
chatelaine du vieux temps : c'est Sainte-Marie de Bostens,
ou mieux Baustens (Val-estens, vallis exiensa). Nous ne
Savons point justement a quelle epoque elle remonte; mais 11
est certain qu'elle existait deja au dixifeme siecle, puisque
Guillaume Sancbe, due de Gascogne, la donna en 963 ou982
aumonastere de Saint-Sever (1).
Dans sa forme actuelle, il est evident que nous ne retrouvons
(I) Dedit....6cclesiam SancUB Maris de Balesteno, sea de Bansten. Eitt. mon.S,
Severi. Tom. ii, p. 128.— Gonftrmatioa par Bernard, fils de Goillaame, eo lOIS^
p. ISO. Voir encore p. 146,350.
ToMK XVin. — D^cembre 1877. 37
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— 54« —
plus Teglise primitive de GuiUaumeSanche; car les moiaes, qui
en fetaient devenus possesseurs, out dft la reconstruire el Ta-
grandir au xn' siecle et peut-etre m^me au xiir, si Tou fait
attention que le style ogivals'etablit plus tard dans nos contrees
que dans le nord, et que les Benedictins surtout, ces grands
b&tisseurs, avaient peine a s'ecarter de leurs vieiUes traditions.
Quoi qu'il en soit, a un metre de Tabside et dans la meme
direction parallele, on voit au midi une absidiole detachee qui
sert aujourd'hui de sacristie. Elait-ce la Peglise originelle ?
Nous serious port6s a le croire, en la rapprochant des cha-
pelles qui peuplent la vallfee d'Aure et qu'on a plus tardagran-
dies; mais il est impossible de Taffirmer, parce que Tentable-
mentroman qui court en dehors, sans interruption, de lanef
k Tabside proprement dite, rfegne egalemeat sur le pourtour
de Tabsidiole-sacristie.
I. L'abside carreedei'^glise, longue dans ceuvre de5 metres
50 centimetres, large de 3 et haute de 5, n'oflfre interieure-
ment ni colonnes, ni arcatures; soit qu'une retouche modeme
ait a dessein nivele les parois, soit que les premiers construc-
teurs Paient ainsi disposee pour laisser plus d'espace; Famor-
tissement est une forte voute en berceau.
II. Aux deux flancs de Tentree de Tabside vient se relier,
en retour d'equerre, une nef large de 5 m. 23 c, sur 9 m.
50 c. de longueur, avec une voAte rbmane sans arcs-doubleanx
s'elevant sous clef a 8 m. 80. On le voit au premier coup d'oeil,
cette nef est beaucoup plus haute que Pabside sur laquellc
elle surplombe exterieurement. Les quatre faces sont percees
de meurtrieres, reconnaissables en dedans et qu'il faudra
rouvrir.
Lapoussee longitudinale de T^diflce est soutenue, a Touest,
parunetour carree ouplul6tparall61ogramme, formant porche
autrefois, avec deux portes. Tune extferieure et Tautre inte-
rieure; mais au xv* ou xvi' siecle, si Ton en juge par la forme
et les moulures de Tentree actuelle, on crut devoir allonger
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— 547 —
rfeglise, en continuant les miffs de la nef a partir du clocher
La construction assez basse, sans style, s'amortit en un lam
bris de planches, voute en arc de cloitre k angles rentrants,
dont le sommet tranche et aplati pr6sente un carre disgracieux
Cette addition malheureuse a eu un double resultat par rap
port k Tensemble du monument : d'abord le clocher ne part
plus de Tentree, mais a Texterieur il aPairde vouloirsedepe-
trer de deux nefs d'inegale hauteur qui Penserrent et le genenl;
d'autre part, lorsqu'on a ainsi prolong^ Teglise, il a fallu,
pour obtenir la communication avec Tancienne nef et Fab-
side, ouvrir la base de la tour par deux larges arcades partant
de terre, sur lesquelles est assis maintenant de Test a Touest
un clocher massif de 19 mfetres de hauteur. Nous attribuons
en partie a cette operation imprudente les profondeslezardes
qui regnent aux angles de la tour et en compromettent la soli-
dity.
On entre dans cette tour par un escalier place en dedans de
la nef nouvelle. L'interieur en est divise par trois voutes 6tagfees
qui se lient aux murs lateraux. Au-dessus de la dernifere voute,
ouverte au centre, les quatre murs sont converts par une toi-
ture k quatre eaux. Nous aliens maintenant quitter rinterieur
de Teglise pour passer a Text^rieur, qui seul est ome.
D'abord, la tour carree, tout en conservant de haut en bas
les m6mes dimensions, est partagee en deux ordres par un
cordon de billettes qui la coupe au sud et au nord, sans faire
retour k Test et a Pouest. Une partie est d6cor6e d'un pare-
menten moellon pique, dont les assises sont presque reguUferes,
tandis qu'ailleurs on reconnait les traces d'un cr6pissage en
magonnerie; mais le tout, achaque etage, estrelevepar deux
bales a arcades geminees de 90 centimetres de hauteur. Les
futs des colonnes tres-courls supportent des chapiteaux plus
developpes, varies, curieux k plus d'un titre et traites d'une
fafon qu'on ne s'attendraitpas a Irouver dans unesimple 6glise
de campagne. Nous en donnons deux specimens que nous
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— 548 —
devotis a Tobligeant crayon de Mademoiselle Tartiere, fiUe de
M- Farchivisle du departement desLandes (1).
(1) M. A. Pascal, gravear k Aucb, a dA ridaire ces dessins pour faire les gravores
que DOQS offrons a oos lecteurs. — l. c.
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1
i
— 549 —
Nous avons dejasignale uq entablement original qui court
sans interruption sous la toiture de la nef, de I'abside et de la
sacristie : cet entablement est d'un bel effet et releve singu-
lierement r^diflce. Use compose en entier de plaques epaisses
de pierre, d'une forte saillie, bien ajustees et soutenues par des
modillons en consoles. La partie du nord est assez fruste, celle
du midi un pen molns; mais Tabside, surtout au couloir me-
ridional qui la separe de la sacristie, offre encore plusieurs
modillons qu'ondiraitsortisrecemment dela main du sculp-
teur.vNous ne nous attacherons pas a les decrire, parce qu'il
suffit d'avoir vu une fois le chevetexterieur d'un6 abside ro-
mane, pour se faire une juste idee de ces caprices assez pen
symboliques centre lesquels tonaait saint Bernard. Nous
dirons seulement que la toiture des absides et de la nef n'apas
de charpenle. La couverture est formee par des dalles noy6es
dans le mortier, lesquelles s'abaissent en pente douce vers
Tentablement. Les tuiles neuves qui recouvrent aujourd'hui
ie tout ont ete ajoutees, avec le temps, pour plus de sAret6.
Nous avons cru devoir renvoyer a la fin une pierre sculp-
tee (ou peut-etre un moulage) dont nous devons encore le
dessin a Mademoiselle Tartiere : c'est un monogramme du
Christ, bien dififerent, par sa forme, de ceux que les sie-
cles precedents nous avaient transmis. On salt que, depuis
Constantin, le X et le P etaient, parmi nous, encadres dans
un cercle, et les artistes latins, tout en conservant TA et Tu
grecs, avaient introduit successivement le S remain dans
d'autres accessoires de fantaisie. Ici nous avons un carr6, ou .
plutdt unesorte d'ecusson, parti, coupe, tranche et taille ; on
dirait les chainetles ou marelles de Navarre. Sur la ligne ver-
ticals que tient en bas une sorte de dextrochere, on lit Xpis-
Tus; la ligne du coupe embroche PA et Ya; enfin, dans les
quatre triangles formes par le X et le coupe, on voit en toutes
lettres : Pax, Rex, Lux, Lex; seulement, pour obtenir les X
de Rex et de Lex, on a crois6 les bouts du tranche et du
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— 550 —
taille. Ainsi le monogramme contient une pensee complete :
Chrislus, principium el finis, (est) Pax, Rex, Lux, Lex. On
salt que le premier molPax est la devise des Benedictins.
A Saint-Avit, assez pres de Bostens, M. Ozanne, architecte du
departement, avait deja releve une pierre absolument sem-
blable; la n6tre se trouve placee sur le linteau d'une porte
ouverte au midi assez tard, au rez-de-chaussee d'un batiment
adosse a la nef, lequel servait de presbytere, mais qui doit
disparaitre pour degager Teglise.
Pour ne rien laisser de ce qui touche le monument, dans
des fouilles, d'ailleurs infructueuses, pratiquees sous la di-
rection de M. Barats et de M. Piraube, cure de Bostens, on
a trouve deux monnaies du module d'un Hard, Tune d'argent,
Tautre de cuivre, aujourd'hui deposees au medailler du grand
seminaire d'Aire; la description que nous en donnons ci-
apres appartient au savant Pere Labat.
Notre but, en ecrivant cette simple notice, a ete d'attirer
Tattention des archeologues et des administrateurs du de-
partement sur une eglise ancienne, curieuse, perdue au mi-
lieu des vignobles et des pins, mais qui merite d'etre con-
servee. II est grandement temps de la restaurer; car la tour
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— 551 —
semble ne tenir que par miracle, et sa chute pourrait entrainer
celle de ia nef. Si la commune etait riche et populeuse, ce
travail de consolidation serait deja fait; mais le bon Youloir
des habitants ne suffit pas, et il faut que tons les amis de
Tart antique viennent gen6reusement k leur secours.
J.-F. PfiDEGERT,
cbADoine d'Aire-soM'Adoor.
APPENDICE.
Deux petites monnaies troav^es k l^glise de.Bostens, dans le sol.
1. D' argent, tres-mioce, de moyenne grandeur, revers fruste. A
I'avers FRACIA (?) et autres lettres eflfac^es ou rogn^es. Croix pat-
tee cantODn^e de deax lions leopardes et de deux fleurs de lis. —
Uatlas Roret oflFre un avers pareil, sauf I'inscription tout k fait dif-
f^renle, n° 346, et Tattribue k Charles le T^m^raire, due de* Bour-
gogne. Du Cange offre aussi le mSme avers, mais aveo simple ^car-
teliement a la place de la croix; etailleurs, la croix, le lion'T^opard^
et le lis autrement combines : le tout dans des pi^es appartenant
a H{enricus VI) REX FRANC. ET ANGL. ou REX ANGUAE ET
HAERES FRANCIAE.
2. Denier de cuivre, portant a I'avers Teffigie et le nom du Pape
Urbain VIII, et au revers ses trois abeilles avec rinscription ANT
CARBARLEAVE 1635, que je lis : ANToniu^ CARo/t*s BAR6^
rini LEgalus kYEnionensis (V . Man. Roret).
J. LABAT, S. J.
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^ 552 —
k
L'lNSTRUCTIONPUBLIQUE AGIMONT
DANS LES TEMPS ANTERIEURS A 1789 (1).
VI.
LES DOCTRINAIRES ET LES URSULINES PENDANT LA TERREUR. — CE
QUE DEVINT l'INSTRUCTION PUBLIQUE APRfeS LA SUPPRESSION DU
COLLEGE ET DU COUVENT.
Le college et le couvent, quant a leur duree, fournirent a
peu pres la meme carriere. A la verile, pour le college, la
premiere fondation remonte, comme nous Tavons vu, aux
lettres patentes de Frangois 1" qui 6taient de Tannee 1543.
Mais les difflculles qui surgirent en retarderent considerable-
ment Texecation, et a vrai dire ce n'est que du moment qu'il
fut mis entre les mains des Doctrinaires, c'est-a-dire neuf ans
avant la fondation du convent des Ursulines, qu'il commenga
proprement a vivre.Cette carriere fut honorable et brillante pour
•Tun et pourPautre. Maisle convent, entierement independant
de Tautorite civile et ayant juste assez de revenus pour se
sufflre, eut par suite une existence bien moins tourmentee
que celle du college. En somme. Tun et Tautre remplissaient
fidelement la mission qui leur etait conflee; ils avaient an plus
haul point Testime et la confiance publique; en les perdant,
le pays se trouvait tout a coup prive d'une ressource qui ne
serait pas de longtemps remplacee.
Au moment ou s'ouvre la persecution qui les emporta Tun
(1) Voyez plus haat, p. 109, 878, 315, 454.
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— 553 —
et Tautre, le personnel qui dirigeait les deux etatolissements
suivit une ligne bien differente. Autant fut digne etediflante
la conduite des Ursulines, autant fut scandaleuse celle des
Doctrinaires. Ceux-ci, ea eflfet, imbus des principes janse-
nistes dont toule leur congregation elait infectee, furent
des plus empresses et des plus ardenls a suivre le mouve-
ment revolutionnaire. Deux d'entre eux, le Pere Jean Amiel,
recteur, et le Pere Marin Ruffat, regent de 5% apres avoir,
des premiers, prete le serment constitutionnel, ne garderent
plus aucune mesure. lis se fixerent a Gimont apres la sup-
pression du college, et souscrivirent, sans opposer lamoindre
resistance, a tout ce qu'il plut aux agents du pouvoir de leur
demander. lis furent Tun et Tautre agrees comme instituteurs
publics de !'• classe et s'engagerent, a ce titre, a elever la
jeunesse dans les principes republicains; Ruflfat alia si loin
dans cette voie qu'U merita les favours du representant du
peuple DartigSeyle, a qui il dut sa nomination de procureur
de la commune de Gimont. 11 est k remarquer qu'il debuta
dans Fexercice de cette charge par requerir dans Tassemblee
du 4 frimaire an u (24 novembre 1793) que Targenterie ser-
vant au culte catholiqae dans toutes les eglises dependantes
de la juridicUon, fut ramassee aussitdt, inventoriee et appor-
tee sans delai au departement. Un arrete conforme fut rendu
seance tenante; et a la suite comparut le pretre Amiel, avec
plusieurs autres pretres constitutionnels, pour proclamer son
apostasie et abjurer solennellement son sacerdoce, en pre-
sence des administrateurs du departement Dauriot et Constan-
tin, qui assistaient a la seance.
Bien autre fut la conduite des Ursulines. Toutes se montre-
rent inebranlables dans leur foi et dans les sentiments de
fidelite et d'amour qu'elles avaient voues a Dieu et a FEglise.
Ni les menaces, ni les persecutions qu'elles eurent a souffrir
ne purent dompter leur courage; et lorsque, au plus fort de la
Terreur, celles qui etaient restees a Gimont furent, le 26 ven-
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— 554 —
tose an u (16 mars 1794), forcees de comparaitre devant la
municipalite pour pr6ler le serment civique exige de Ions
ceux qui recevaient quelque subvention de la nation, le pro-
ces-verbal fait foi que toutes repondirent clairement et d'one
voix ferme qu'eiles ne le prfitaien't pas et que leur conscience
s'y opposait.
Que devint I'instruction publique a Gimont apres ia sup-
pression du college et du convent?
La revolution savait detruire, mais elle n'6tait pas forte
pour edifier. Des annees se passerent sans qu'on songeat
meme a organiser quelque chose. Tout fut abandonne a
rinitiative privee, sous le contrdle, bien entendu, des auto-
rites constitufees, dont il fallait avant tout obtenir Tautorisa-
tion; et elle ne s'accordait, on le pense bien, qu'a ceux qui
professaient les opinions du jour et apres qu'ils avaient prete
un serment qui devait en 6tre la garantie.
Apres la suppression du college, deux pretres, Laforgue,
aum6nier de Thdpital, et Laporte, un des vicaires de la pa-
roisse, voulurent chacun ouvrir une 6cole. Deux laiques,
Dupre et Pendaries, dont les sentiments n'etaient pas favora-
bles a la revolution, voulurent en faire autant. Tons, proQtant
de la liberte qu'on n'avait pas encore cherche a entraver, s'e-
taient deja mis a Toeuvre sans s'inquieter de Tefifet que cela
pourrait produire. Onne leslaissapas longtemps tranquilles.
Le 21 decembre 1791, il y eut un arrete du departemenl por-
tant que tons ceux qui voudraienl se livrer a Tenseignemenl
devraient an prealable se faire auloriser par les municipalites,
et prefer le serment exige des fonctionnaires. En consequence,
les instituteurs deja en exercice furent invites a se presenter
le 12fevrier 1792 pour remplir ces formalites. Ilsserendirent;
mais quand il fut question, pour 6tre autorises, de preter le
serment qu'on leur demandait, tons s'y refuserent et aime-
rent mieux y renoncer. Mors un nouveau sujet, Jean-Baptiste
Miau, se presenta pour demander d'etre autorisfe a ouvrir
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une ecole. II pretalesermentetrautorisationlui fut accordee
avec empressement. II fut, pour le moment, Tunique res-
source de Gimont en fait d'enseignement, car ce ne fut
qu'environ deux ans aprfes qu'Amiel et Ruffat furent recus
comme instituteurs du 1" degre. Quelque temps apres, le 16
germinal an ii (Savril 1794), le citoyen Jean Palissard, fils,
fut reQu au meme titre.
Pendant les deux annees qui suivirent, rien de nouveau ne
se produit. Mais le 25 nivose an iv (4 fevrier 1796), Tassem-
blee de Tadministration municipale du canton fut presque
tout enliere consacree a Tinstruclion publique. Dfes le dfebut,
le president fit lecture d'une lettre du departement, deman-
dant des renseignements sur Tetat de celte instruction, « tene-
ment negligee dans toute la Republique, ajoutait le president,
que rignorance des Frangais pourra les faire retomber dans
la servitude. » II demande ensuite aux agents des communes
les renseignements dont il a besoin pour repondre d'une ma-
niere precise aux questions qui lui sont adressees.
Les renseignements fournis par les agents nous appren-
iient que, par arrete du district du 7 nivose an m (27 Janvier
1795), septecoles primairesavaient ete etablies dans le canton
de Gimont, et qu'une seule, celle de Saint-Sauvy, avail eu
son instituteur. L'administration municipale pense que cela
tient a ce que cette fonclion si importante n'etait pas assez
retribuee. EUe voudrait qu'il futetabli dix ecoles dans le can-
ton; deux a Gimont et une dans chacune des communes
d'Aubiet, de Lussan, de Marsan, d'Ansan, de Juilles, de
Sainte-Marie, d'Escorneboeuf et de Saint-Sauvy. EUe estime
que la retribution scolaire doit etre fixee a 40 sols par mois
payables en numeraire. Enfin elle designe pour remplir la
fonction d'instituteur : a Ansan, le citoyen Ayraut; a Saint-
Sauvy, le citoyen Pacquiequi exerce deja. On ajoute qu'on n'a
pu en trouver pour les autres communes et on prie le depar-
tement de procurer pour Gimont un bon maitre d'ecriture.
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.— 556 —
Deux annees apres (7 nivosean vi— 27 decembrel798), on
n'etait pas plus avance. Deux communes settlement, Gimont el
Aubiet, etaient pourvues d'inslituteurs, au sujet desquels les
agents respectifs de ces communes fournissent les renseigne-
ments suivants, en reponse aux queslioift relatives a rinstruc-
tion publique et privee el a la conduite des insliluteurs, qui
avaient ete proposees dans un arrete du 3 frioaaire de cette
annee.
L'ageiit municipal d' Aubiet parla le premier et dit que le
citoyen Auvergne tenail iine ecole particuliere, dans laquelle
il recevait de dix a douze enfants de six a dix ans; qu'il avail
visile cette ecole, et qu'il avail vu que iedit instituteur ne
montrait que les principes de la lecture, sans rien autre; qu'il
avail reconnu qu'il ne leur enseignait rien de conlraire aux
lois, aux moeurs el aux institutions republicaines, et qu'il
Tavait exhorte de faire apprendre a ses eleves les droits et
les devoirs de l-homme et de les leur expliquer; de leur parler
des defenseurs de la palrie el de leurs heroiques travaul; de
leur faire cherir la Republique et ses institutions et de leur
faire observer les fetes decadaires.
L'agent municipal de Gimont presenta un rapport ecrit,
dans lequel il disait qu'il avail visile, accompagne du procu-
reur de la commune, les 6coles particulieres de la commune
(il n'y CD avail pas d'autres) au nombre de quatre, savoir :
celle du citoyen Etienne Barciet, pretre conslitutionnel; cellc
de la ciloyenne Vidaillet, ex-religieuse; celle de la citoyenne
Pujos, el celle du citoyen Comere, pretre conslitutionnel et
marie. Dans celle de Barciet il avail trouve de dix a douze ele-
ves, depuis Page de six ans jusquVi quinze.Ledit Barciet leur
enseignait les droits de Thoinme etles devoirs du citoyen. 11
ne leur enseignait rien qui fut conlraire au gouvernement ni
a la constitution. Le maitrc et les eleves s'honoraient du litre
de citoyen el observaienl les jours de decadi. Dans Tecole de
la ciloyenne Vidaillet, il avail trouve aulour d'elle de douze a
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— 557 —
quinze Giles de differeats ages, auxquelles, d'apres sa decla-
ration, elle n'enseignait que la couture. Dans celle de la
ciloyenne Pujos, il n'avait trouve que quatre enfants de sept
ans et au-dessous, auxquelles elle n'enseignait que les princi-
pes de la lecture. Elle les faisait vaquer les jours decadaires.
Enfin, dans celle de Bertrand Comere, il avait trouve de dix
a douze eleves, de onze ahs et au-dessous. Get inslituteur
leur enseignait les principes de la lecture et de la morale
chrelienne. II ne leur enseignait rien de contraire an gouver-
nement. II avait promis de se procurer une constitution de
Fan III, et les delegues pensaient que cette 6cole pouvait etre
utile a la sociele.
A la suitede ces communications, le citoyen Blaise Lajoux,
ci-devant tambour-major de la demi-brigade du Gers, retire
en conge deflnilif, annonce qu'il est dans Tintention d'ou-
vrir une ecole particuliere, sous la surveillance de Tagent mu-
nicipal de Gimont et de Padministration cantonale. L'Assem-
blee applaudit a ses intentions et le president Texhorte i les
executer promptcment.
Deux mois apres, le 9 ventose an vi (27 fevrier 1798), on
regut un nouvel arrele concernant la surveillance des ecoles
parliculieres, maisons d'education et pensionnats; ce qui
fournit Toccasion de declarer que dans tout le canton il n'y a
pas uninstituteur public. On a seulement des instituteurspar-
liculiers qui sont: a Gimont, Etienne Barciet, Bertrand Co-
mere et Blaise Lajoux, pour les gargons; la citoyenne Pujos,
belle-soeur de Comere, et la citoyenne Vidaillet, pour les fiUes;
a Marsan, le citoyen Jean-Bernard Monmejan, pr6tre, cur6
constitutionnel; a Ansan, le citoyen Joseph Boubee, pr6tre,
cure constitutionnel, et Jean Ayraut; a Aubiet, le citoyen Au-
vergne; a Sainte-Marie, les citoyens Souzet, pretres asser-
mentes. Tun d'eux cure constitutionnel; les agents de ces com-
munes sont charges de visiter les ecoles. Nous ne connaissons
le resultat de cette visite que pour Gimont.
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— 558 —
Ce fut le 10 floreal suivant (29 avril 1798) que Tagent mu-
nicipal de cette commune deposa son rapport, dans lequel ii
n'est question que des ecoles de gargons. EUes etaient en ce
moment au nombre de qualre; celles dirigees par Barciet,
Comere et Lajoux; et une ouverte depuis peu, dirigee par le
citoyen Carlan. Apres examen, les commissaires visiteurs, qui
etaient Tagent municipal etle commissaire du directoire pres
radministration cantonale, s'etaient convaincus que chez le
citoyeii Lajoux Tinstruclion touchant les droits et les devoirs
deThomme n'elait point negligee. «Nous avons meme vu, di-
sent-ils, avec une agreable surprise, qu'un enfant de cinq a
six ans repondait avec precision et intelligence a une dizaine
de questions que nous lui avons adressees sur cette matiere,
et nous n'avons pu que donner des eloges a Tinstituteur et a
ses eleves en les exhortant k continuer.
» Chez le citoyen Barciet, ministre du culte catholique, con-
tinuent les visiteurs, nous avons reconnu quil enseignait les
droits et les devoirs de Thomme et la Constitution; que les de-
cades et les fetes y etaient observees, ainsi que dans Tecole
du citoyen Lajoux.
» Chez le citoyen Cartan, nous avons reconnu que son ecole
etait dirigee dans de bons principes, mais comme il n'y a que
peu de temps qu'elle est ouverte, les eleves n'ont pu encore
profiter des lemons republicaines qucrinstituteur nous a dit
etre dans Tintention de leur donner.
» Chez le citoyeu Comere, pretre marie, nous avons reconnu
que, malgre les avertissements qui lui avaient ete donnes de-
puis plus de six mois, Tenseignement des droits et des de-
voirs de Thomme et du citoyen et de la constitution etait tres-
neglige; qu'un seul eleve, et depuis quinze jours seulement,
etait pourvu du livre de la constitution et qu'il n'avait appris
que quelques lignes des droits de Thomme. II resulte de la une
presomption de refus fait par Tinstituteur d'enseigner ce qui
est present par Tarrete du Directoire. » La conclusion finale
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— 559 —
etait quecetteecoledevaitfitre fermee. ^.'administration mu-
nicipale fut du meme avis et, seance tenante, elle rendit cet
arrete :
Consid^rant que le maintien et raffermissement de la R^publique
peuvent seuls d^pendre d'une bonne education et des sages institu-
tions;
Considerant que les instituteurs peuvent, en quelque sorte, decider
du sort de la Republique puisqu'ils ont dans leurs mains la g6n6ra-
tion suivante et qu'ils peuvent k leur gr^ fagonner Tesprit et le coeur
des enfants qui leur sont confies, et faire de z^l^s defenseurs des
principes r^publicains et du gouvernement d^mocratique> comme
aussi les rendre plus chauds partisans du royalisme et de Tempire
sacerdotal;
Considerant qu*un funeste prestige d^toume encore les peres et
meres d'envoyer leurs enfants sous des maitres r6publicains ennemis
du fanatisme et des pr^jug^s, et leur fait pr^f^rer les vieux pedago-
gues, trop enticWs de Fancien regime, etdontles legonsne peuvent
faire que des fanatiques et des idiots;
Considerant enfin que le citoyen Bertrand Com^re, prfitre marie,
instituteur particulier dans la commune de Gimont, s'obstine a ne
pas enseigner k ses eieves les droits et les devoirs de Thomme et I^
Constitution; que le nom respectable et glorieux de citoyen est in-
connu dans son ecole; que ledit Comere se plait a se faire appeler
€ Monsieur le cure, » et qu'au surplus il est tres-propre a insinuer a
ses ei^vesles plus crasses prejuges et toutes les horreurs du fana-
tisme,
*Arr6te : — Le departement sera invite a faire former recole par-
ticuliere dudit Berti-and Comfere.
La decision du departement, conforme aux voeux de Tad-
ministration municipale, ne dat pas se faire attendre.
Et voila, apres avoir d6truit le college el le convent, ce que
la premiere Republique sut faire a Gimont pour les remplacer.
Pour completer cette etude, disons encore en peude mots
ce que devinrent les bailments du convent et du college quand
on en eut chasse les legitimes possesseurs^
Quant au convent, son sort fut bientdt decide. La vente
suivit de pres la confiscation, et Tacquereur on les acquereurs
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— 560 —
n'eurent rien de plus presse que de Je demolir, avec I'eglise
attenante de Sainte-Catherine, qui avait ete aflfeclee k son usage
par la ville, pour vendre les materiaux et etablir des jardins
sur remplacement.
Le college eut meilleure chance. II etait destine a etre vendu
commele convent. Mais avant la mise a execution de ce projet,
la pensee vint a la municipalite de demander quMl fut con-
serve pour etre converti en caserne pour la gendarmerie (4
fevrier 1794). Les demarches faites dans ce but amenerent
un sursis. Mais le projet qui y avait donne lieu finit par etre
abandonne. On pensa alors a y transporter rhdpital (7 fruc-
tidor an m, 24 aotit 1795). Ainsi, on gagna du temps. Mais
ce second projet n'aboutit pas plus que le premier. Enfln, la
vente fut deflnitivement arretee. La nouvelle en fut portee
dans Fassembleedu l"prairial an iv,20mai 1796. On disait
m6me qu'on croyait que deja des soumissions avaient ete
faites; sur la proposition du citoyen Dupre, agent municipal,
et en s'appuyant sur les dispositions d'une loi recente qui
autorisait la revendication par les communes de ces sortes
debatimenls, ilfut resolu qu'on ferait opposition et qu'on
demanderait la conservation du college pour y etablir une
ecole centrale supplemenlaire. Cette opposition eut son eflfet.
La vente ne se fit pas et le college demeura a la commune
conformement aux dispositions de la loi du 26 fructidor an
IV (12septembre 1796).
Et maintenant, pour epilogue, qu'on veuille bien nous per-
mettre de reproduire ici, sans commentaire, le programme de
la fete de la jeunesse, celebrec a Gimont, conformement aux
ordres du Directoire, le 10 germinal an iv (30 mars 1796).
Mieux que tout ce que nous pourrions dire, il fera compren-
dre comment etait entendue Teducation de la jeunesse en ces
temps fortunes ou la France avait Tavantage d'etre gouvernee
par des philosophes et des theophilanthropes, dont tons les ef-
forts tendaient a s'aflfranchir du catholicisme, a ramener parm
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— 561 —
nous le pagaoisme et a former une generation de rgpubli-
cains k Timage de ceux d'Athfenes et de Laced6mone. Voici ie
programme, dont la redaction avait ete confine au citoyen Paul
Serain, commissaire du Directoire, adopte en s6ance, le 4 ger-
minal de ladite annee :
Les citoyens seront pr^yenus que la fdte de la Jeunesse sera c^l^-
br^e a Gimoni, le 10 germinal, et ils seront invites a se trouver a
midi pr^is a la maison commune pour aller a Taulel de la patrie qui
sera ^lev6 sur la place de la Libert^. Get autel sera d'une structure
simple et sans luxe, comme la tendre Jeunesse k laquelle la f6te est
destin^e.
Ordreetmarche:
l^ Un groupe d*homraes de Tftge viril ouvrira la marche, U sera
Tembl^me deshomme forts et vigoureuxetd'un caractfere ferme, qui
ont cr^ et soutenu la Revolution et qui ont ouvert aux Frangais le
chemin de la liberty et de la R^pubiique. lis porteront un rameau de
laurier k la main, embleme de la victoire de la liberty sur le des-
potisme;
29 Un groupe d'enfants suivra le premier, portant des corbeilles de
fleurs, pr^curseurs des fruits qu*ils promettent h la patrie. Ce groupe
sera entoure demilitaires blesses et mutiles aux armies, pourservir
a la jeunesse d'exemple du d^vouement et des sacrifices qa'elle doit-
k la m^re commune. Ce groupe sera precede d*une bannifere portant
pour exergue : € Espoir de la Patrie; >
3<» Ici sera plac^ un groupe de musiciens, embleme des plaisirs
innocents qui accompagnent la jeunesse;
4® Un groupe de femmes et de fiUes vStues de Wane suivra oelui
des enfants. Elles porteront k la main une branche de myrthe. Leur
bannifere portera pour devise : t Vertu; >
50 Un groupe de vieillards portant k la main des chaines bris^es
suivra le groupe des femmes et filles. Us seront pr^c^d^s d'une
banni^re portant pour exergue : c Nos enfants nous ont rendus k la
liberty. » La marche sera ferm^e par les autorit^s constitutes; les
membres de Tadministration municipale, le juge de paix et ses
assesseurs, et la gendarmerie. Dans cet ordre on partira de la mai-
son commune en chantant Thymne : € Veillons au salut de V Em-
pire. » Arrives a Tautel de la Patrie, on d^posera en ofirande le
Tome XVIII. 38
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— 562 —
laurier, les fleurs, le mpthe et les chaines brisees. Pendant cette
c6r^monie la musique fera entendre Tair : € ^a ira; »
6® Un orateur fera un discours sur T^ducation de la jeunesse. Des
sieges seront disposes k droite et a gauche de Tautel pour les yieil-
lards et les femmes;
II y aura sur Tautel de la Patrie un registre pour Tinscription ci-
vique des citoyens qui auront atteint 21 ans, et un autre pour ceux
de 16 ans qui doivent Stre incorpor^s dans la garde nationale;
Le president de Tadministration niunicipale annoncera pour la fdte
de la jeunesse de Tan v une distribution de recompenses pour ceux
qui auront appris par coeur les droits et les devoirs de rhomme, ou,
suivant I'Sge, Facte constitutionnel, et les premiers ^l^inents de la
morale r^publicaine;
7o On se portera ensuite dans Tordre ci-dessus a Tesplanade, ou
la jeunesse s'exercera aux jeux de la course et de Tarbalete. L'ar-
bal^te sera donn^e en recompense au plus adroit, et le plus leste et
le plus agile recevra suivant les dges, savoir :
Depuis 10 ans jusqu'a 12, un agneau.
Depuis 8 ans jusqu'a 10, un lapin blanc.
Depuis 6 ans jusqu'i 8, une paire de pigeons blancs.
Depuis 6 ans et au-dessous, un beau gdteau.
Et void maintenant en quels termes la grave assemblee
approuva ce programme :
L'assembl^e, reconnaissant dans le plan propos6 une simplicity
touchante, d^gag^e de faste et de luxe, tel qu'il convient (sic) k des
r^publicains, qui pour former Tesprit et le corps de la jeunesse,
veulent rappeler les fStes si majestueuses et si interessantes
d*Athfenes et de Lac^demone, approuve unanimement le susdit plan
propose et arrdte qu'il sera suivi ponctuellement.
Risumteneatis,amici! — Pour nous, en terminant ce tra-
vail, nous nous contenterons d'exprimer tout haut le voeu qui
s'^chappait de notre cceur pendant que notre main retrafait
ces tristes souvenirs : « Daigne le ciel nous preserver a jamais
de voir en France le relour de parcilles foliesi »
R. DUBORD,
pr^tre, card d'Anbiet.
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— 563 —
APPENDIGE.
A M. LE wtoACTEUR EN CHEF DE LA Rcvue (fe Goscogne.
Mon Cher Monsieur,
Je viens de decouvrir une pifece tres-interessante relative au
college de Gimonl et aux efforts qui furent fails en divers
temps pour lui annexer un seminaire diocesain.* Jusqu'ici, je
n'en avals pas m6me soupgonne Texistence et jUgnorais ega-
lement les tentatives relatives au seminaire. Je ne sais si vous
serez de mon avis : mais il me semble que cette piece merite
d'etre publi6e textuellement et je me h&te de vous en envoyer
une copie pour etre ajoutee, s'il y a lieu h impression, comme
appendice a mon travail sur Tetat de Finstruction publique a
Gimont sous Tancien regime.
Cette piece est la minute d'un memoire qui fut adress6 k
Mgr de Cerisy, ev6que de Lombez, dans les premieres ann6es
de son episcopal, pour justifler les pretentions de la ville de
Gimont a Tetablissement deflnitif dans son seiri du seminaire
diocesain dont ce prelat s'occupait alors activement. II parait
que, dans le clerge, on etait d'accord pourdemander cet 6ta-
blissement, dont Tutilite et m^me la necessite ne faisaient doute
pour personne. Mais on ne s'entendait pas au sujet du lieu oil il
serait plus avantageux de le placer. Les uns opinaient pour Lom-
bez, siege deTeveche, oil il serait sous les yeuxetla surveillance
immediate de Teveque; les autres pr6feraient Gimont, k cause
du coUege, oil les aspirants au sacerdoce faisaient leurs 6tudes
littferaires, et pensaient qu'il serait avantageux que ces jeunes
gens pussent continuer leurs etudes th6ologiques dans la m6me
maison et sous la direction des memes Peres. Le m6moire a
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— 564 —
pour objet de demontrer les avantages qu'il y aurait a don-
ner la preference a Gimont. U commence par Thistorique de
la fondalion et de retablissement du college lui-m6me. Rien
dans cerecit ne contredil ce que j'ai dit moi-m6me, et sur cer-
tains points il fournit des renseignements qui achevent d'e-
claircir des difflcultes que je n'avais pu faire entierement
disparaitre. Je crois que ceux qui ont lu mon travail ne se-
ront pas fachfes de voir que les conjectures que j'avais faites
et auxquelles j'avais dii me bomer, soit par rapport au col-
lege, soit par rapport aux origines et a Timportance de Gi-
mont jusqu'au xvn* siecle, se trouvent ici completement
justifl6es.
Les renseignements concemant les efforts tentes en diffe-
rents temps pour Tetablissement^d'un seminaire viennent en-
suite. Us sont absolument nouveaux, et sous ce rapport, ils
compl6teront heureusement mon travail sur Tinstruction pu-
blique.
Ce m6moire est sans date et sans signature; mais il est cer-
tain qu'il est posterieur a 1752, puisqu'il y est fait mention
de faits qui se sont accomplis dans le courant de cette annee.
II faut nfecessairement le rapporter aux premiers mois de 1733,
puisque la question du seminaire etait deflnitivement resoioe
en favour de Gimont des le mois de juin de cette annee. Noos
trouvons, en effet, a la date du 17 de ce mois, une delibera-
tion dans laquelle les consuls demandent « qu'il leur soit al-
» loue six livres pour la depense qu'ils ont fait dans un
» voyage a Lombez, au nom et comme deputes de la com-
» munaute, pour remercier Feveque de Tetablissement au
» college d'une chaire de theologie qui s'etait fait avec le
» CQUcours de Tabbe Dubourg, qui avait laiss6 des fonds pour
» cela. »
La pifece que j'ai sous les yeux est evidemment la niinute
du memoire envoy6 a r6v6que, pour etre communique k Tas-
semblee du clerge qui devait se tenir prochainement et ou
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— 565 —
devait se trailer la question du semioaire. Ella s'6tait conser-
vee dans la famille de M. I'abbe de Cahuzac, et c'est M. Tabbe
deCahuzaclui-mfime qui la remit avant de mourir i M. Mo-
lard, de qui nous en avons eu nous-meme communication par
Fentremise de M. de Lavigne, cure-doyen de Gimont. Or, Je
remarque que, dans le dernier siecle, la famille de Cahuzac
6tait une des plus marquantes de Gimont; on voit plusieurs
de ses membres figurer dans les rangs de la magistrature;
d'autres appartenant au barreau : en cette annee 1753, un
Cahuzac est syndic de la communaute et, en cette qualite, il
est envoye avec le sieur Bacon, premier consul, en deputation
a Lombez « pour faire a Mgr Teveque de tres-humbles re-
montrances au sujet de la reduction des places de la consorce
du Saint-Sacrement. » II n'est pas sans vrais^mblance que
c'est lui, ou du moins un membre de cette famille, a qui. fut
conflee la redaction du memoire et qu'ainsi la minute s'en
conserva dans les papiers de la famille.
Bien a vous de tout coeur,
R. DUBORD,
prStre, cut6 d'Aabiet.
Oriffine de r^tablissement du college fond^ par le clergd
de Lombez dans la ville de Olmont, oomme la plus
grande et principale du dioodse, sous le nom de college
de Saint-Nicolas, et dtablissement du s^minaire dans
ladite ville.
I. — Origine da college de Gimont (1S45).
Le college de Saint-Nicolas fut ing6 dans la ville de Gimont en
Tannee 1545 par lettres patentes de Frangois I", pour faire instruire
la jeunesse aux arts et grammaire; pour la dotation et entretien du-
quel Sa Majesty ordonna que le seigneur 6v^que de Lombez, Tabbe
de Gimont et autres b^neficiers du diocese seraient tenus de payer
et fournir annuellement selon le revenu temporel de leurs b^n^fices,
avec injonction au Parlement de Toulouse d'enregistrer et verifier
icelles et de faire ce d^partement sur les benefices susdits.
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— 566 —
II. — Lettres de Jnssion (en 1B6Z),
r Le Parlement ayant diff6r6 reniegistrement, cela aurait engage le
roi par ses lettres de jussion du 5 Janvier 1552 d'enjoindre a ladite
cour de proc^der k la publication et execution des susdites lettres;
mais les grandes guerres et troubles du royaume 6tant survenus, le
Parlement diflf^ra k publier et k faire droit sur icelles.
III. — Noavolles lettres patentee (en 1667).
Charles IX, instruit de Tinex^ution des lettres patentes de ladite
annee 1545, aurait donn6 des lettres patentes le 26 Janvier 1567,
par lesquelles Sa Majesty aurait mand6 a M« Marc-Antoine Char-
pentier, juge de Verdun, commissaire en cette partie, de contrain-
dre r^v6que de Lombez et b^n^ficiers de son diocese k payer et a
fournir annuellement, selon le revenu temporel de leurs b^n^fices,
pour la dotation et entretien dudit college et ehapelle, nonobstant
oppositions queleonques, auxquelles i;e voulait 6tre defere, retenant
a soi et k son conseil priv^ la connaissance d'icelles. En execution
desquelles lettres et commission, M« Marc-Antoine Charpentier, au-
rait precede, et par son ordonnance contradictoirement donnee
auraient comparu partie des b^n^ficiers et un d6put6 dudit seigneur
evfique. Ledit seigneur fut condamn^ a payer annuellement aux
consuls de Gimont, pour sa cote part, la somme de deux cents livres
pour la dotation dudit college, jusqu'a ce que ledit seigneur 6v6que
eflt destine une pr^bende pour I'entretien dudit college, et Monsieur
Tabb^'de Gimont, la somme de deux cents livres, et autres b^nefi-
ciers a proportion, revenant en total, les susdites taxes, a la somme
de mille quatorze Jivres, ainsi qu'appert de Tordonnance du susdit
commissaire du 2 juin 1567.
Le clerg^ de Lombez, ^tanten partie m^content de lasusdite taxe,
en appela au Parlement, se fondant sur Tinstance pen dan te sur la
verification des primordiales lettres portant erection du college dans
la ville de Gimont corame la plus grande et principale du diocese;
lesquelles lettres auraient ^t^^gar^es audit Parlement; et pr^tendant
par \k faire casser Tordonnance du commissaire comme donnee par
attentat, autrement de quoi la cour du Parlement aurait pris con-
naissance.
IV. — Lettres patentes en Evocation an conseil (1568).
Ce qui aurait occasionn6 que le Roi, par ses lettres patentes don-
n^ k Paris le 15 f^vrier 1568, aurait ordonn^ que ledit seigneur
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— 567 — .
ev6que et b^n^ficiers seraient assignes devant Sa Majesty au conseil
priv6 pour voir casser les procedures faites au Parlement de Tou-
louse, defendant audit Parlement de passer outre ni d*en coniw^re,
ordonnant neanmoios que sans prejudice du droit des parties, tous
les b^n^ficiers de Lombez seront contraintsau payement des deniers
ordonn^s pour I'entretien dudit college suivant la taxe faite par ledit
Charpentier commissaire, et ce nonobstant toutes oppositions aui-
quelles Sa Majesty ne voulait 6tre d^fer^, ainsi qu'appert desdites
lettres.
En consequence desquelles lettres patentes, les susdits b^neficiers
payerent la taxe faite par devant ledit commissaire, et le seigneur
^v^que assigna pour sa cote-part aux consuls de Gimont le revenu
de la cure de Montaignac pour en perceyoir les fruits pour la dotation
dudit college.
Lesdits sieurs consuls de Gimont ont joui ' plusieurs ann^es du
revenu de la cure de Montaignac affermde par lesdits consuls pour
I'entretien dudit college, jusqu'a ce qu'un' autre seigneur ^vSque de
Lombez la retira et satisfit en argent ladite pension comme les autres
ben^ficiers du diocese.
V. — Lettres patentee de 1620.
Mgr Daffis, ^vfique de Lombez (en 1606), cessa d*en payer la
pension et Taflfaire fut plaidee au conseil du Roy Louis XIIL Par ses
lettres paten tes du mois de mai 16^0, dans lesquelles est ramen^ le
vu des lettres paten tes ci-devant rapport^es, le roi declare que ces
lettres patentes ci-devant obtenues sont conformes aux d^crets et
constitutions canoniques et k Tarticle 54 de Tordonnance de Blois
pouf reducation de la jeunesse et entretien des regents dudit college;
et a ces causes, conclut-il, « ordonnons rex6cution des lettres pa-
tentes ci-dessus 6nonc6eSy et taxe faite, en consequence, par le sus-
dit commissaire. »
VI. — Article 24 de Tordonnance de Blois.
f Et d'autant que Tinstitution des s^minaires et colleges qui ont
ete etablis en aucuns evSchesde notre royaume, pour Tinstruction de
la jeunesse tant aux bonnes et saintes lettres qu'au service divin, a
porte beaucoup de bien k TEglise et m6me a plusieurs provinces de
notre royaume, grandement devor^es par Tinjure du temps et d^pour-
vues de ministres ecciesiastiques, admonestons et n^anmoins enjoi-
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^ 568 —
gnons aux archevfiques et ^v6ques d'ea dresser et instituer en leurs
diocfeses et aviser de la forme qui sera la plus propre selon lan6ces-
sit^ et conditions des lieux et pourvoir a la fondation et dotation
d'iceux par union des b^n^fices, assignations >ie pensions et autre-
ment ainsi qu*ils verront 6tre affaire. >
Remarque. — Je constate par toutes ces lettres patentes et ordon-
nance de Blois, d^crets et constitutions canoniques que ie clei^6 de
Lombez ^tait tenu d'^riger un college dans le diocfese et de le deter
par des pensions, k quoi chacun ^tait tenu de contribuer selon le re-
venu temporel de son b^n^fice ou d'y affecter sp^cialement certains
benefices.
VII. — Arrangement intervena entre le clerg6 et la com-
manaatd.
Post^rieurementi Facte de 1621, le clerge de Lombez, suivantla
tradition, plaga la somme de vingt mille livres et au-dela, et ce au
denier vingt, sur la communaut^ de Gimont et la chargea de payer
la cotisation port^e par Tordonnance du commissaire de Tannee
1567.
De tout temps, les prfitres de Saint -Nicolas qui ont servi ledit
college et chapelle ont ^t^ payes par les mains desdits consuls. Ces
Messieurs, n*6tant nullement propres k Clever la jeunesse, n'^taient
point pour ce motif au gre du diocese, en sorte que, n'^tant li6e par
aucun contrat, la communaut^ de Gimont, du consentement de Mgr
r4v6que de Lombez, passa acte avec les Phies de la doctrine chre-
tienne, le 23 aotit 1621, par lequel la coramunaut^ s'oblige de payer
annuellement auxdits P^res la somme de quinze cents livres; et pour
pouvoir satisfaire a icelle, les susdits consuls jouiront et se reservent
d'ores et d^jk par expr^s les sommes ordonn^es k prendre annuelle-
ment sur les b^n^ficiers du diocese de Lombez.
Les lettres patentes pour les villes de Lectoure, Gimont et autres
pour r^tablissement desdits P^res, furent enregistr^es en la cham-
bre des comptes k Paris, le 12 avril 1658, comme aussi au Parle-
ment de Toulouse.
L'ordonnance de MM. les vicaires g^n^raux et official, pour ap-
prouver au nom dudit seigneur 6v6que, est du mois de mai 1622.
(La fin prochainement.)
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— 569
Jugements de maintenue de noblesse (1).
XVIII
FRANCOIS DE PERCIN, SEIGNEUR DE LAURET (2).
Hazur au cygne d' argent sur une Hvih^e du mSme, accompagn6
en chef de trois moieties d'iperon d^or,
Extrait des registres du Parlemenl de Toulouse, parlequel il paratt
que, le 12 juillet 1553, les chambres furent assemblies pour traiter
de la reception de Messire Jean de Percin en Tofficede conseiller.
Procuration ad resignandum de Toffice de conseiller audit par-
lement , pass^ par ledit Jean de Percin, au profit de Valentin de
Percin, son fils, docteur 6s-droits et avocat ea la Cour, 2 juillet 1582.
Testament dudit Valentin de Percia, qualifi^ Messire, conseiller
audit- Parlement, par lequel il parait que damoiselle Jacquette de
Bely 6tait sa femme et que Frangois de Percin 6tait leur fils, 25 mars
1609, devant Mathieu Ruch^re, notaire royal de Toulouse.
Contrat de raariage de noble Frangois de Percin avec damoiselle
Louise de Lautrec, devant Dieuzaide, notaire royal de Puycasquier,
du 5 novembre 1611.
(1) Voir ci-dessas pages 37, 92, 146, 189, 240, 288, 333, 478 et 529.
(2^ La plupart des aoteurs qui ont parld de la maisoD de Percin la rattachent aax
Percy d'Angleterre, comtes de Northumberland. Voyez Moreri, Lacheoaye, etc.
Quoi qu'il en soit de cette origine d'oatre-mer, rappelons qa'Arnaad de Percin, sei*
gnear de S6ran en Fezenzagaet, donna des coatamesanx habitants de S6ran en 1272,
et qu'il partirde cette ^poque, on retroave la maison de Percin constammentfixde en
Fezenzagaet, et plus particnli^rement k Flenrance. La branche atn^e de cette maison,
connae sons le nom de Percin de Montgaillard, a produit lafameux liguear Bernard
de Percin-Monigaillard, surnommd le Petit feuillant; voyez leplaisant portrait qa'en
fait la Satire Minipp4e, A cette branche appartiennent encore le baron Jean de Per-
cin-Montgaillard, seigneur de S^ran, d6capit^ sous Louis XI It pour avoir livrd la
place de Br^medans le Milanais, et dont la rodmoire fat rehabilitee quelqoesannees
plus tard; Pierre-Jean-FrauQois de Percin-Montgaillard. ^v^que de Saint-Pons, fils
du precedent; et Jean-Jacques de Percin-Montgaillard, dominicain, mort a Toulouse
en 1771, auteur dec Monumtnta conventu$ Tolotani ord. F,F, pradicatorum.
Les Percin deLauret, Percin de Lilanges, Percin de la Y&lette, ^taieot des branches
eadettes des marquis de Montgaillard.
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— 570 —
Donation faite par noble Jean de Lautrec, seigneur de Lauret (1),
au profit de Louise de Laulrec, sa fiUe, par laquelle il paraft que
ledit FrauQois de Percin 6tait son mari; devant Bernard Dieuzaide,
notaire de Puycasquier, 5 mars 1627.
Testament de damoiselle de Lautrec, veuve de Francois de Per-
cin, seigneur de Lauret et St-Bres, par lequel il paratt que Frangois
de Percin, seigneur de Lauret et de St-Bres, 6tait son fils, et que
autre Frangois 6tait son petit-fiis; regu par Dorbe, notaire royal de
Mauvezin, le 22 aodt 1670.
Contrat de mariage de Frangois de Percin, seigneur de St-Bres,
avec damoiselle G^raude du Cos, par lequel il paraJt qu'il 6tait fils
de Frangois, seigneur de Lauret, et de Louise de Lautrec, du 28
novembre 1657.
Testament de dame Claire-(j^raude du Cos, par lequel il parait
que ledit noble Frango\s de Percin, seigneur de Lauret, etait son
mari, et que noble Frangois de Percin, seigneur de Lauret, produi-
sant, 6tait leur fils; regu par Cantaloup, notaire de Puycasquier, le
27 septembre 1680 (2).
(1) Gette brancho de i& maison de Lautrec de Toolouse appartenait aa Parie-
meot, 0^ ses membres exercaient les premidrea fonctioDs. Ed 1552, ADtoine de
Lautrec St-Germier, conseiller aa ParlemeDt de Toaloose, ayant embrassd la reli-
gion rtSform^e, fut exild de la ville et pendu eo effigie. II se retira k Gendve avec sa
femme (Yoyez Histoire de V^glise de Toulouse^ par I'abbd Salvan, tome i?, page
72-73}. N. de Lautrec, mari^ avec damoiselle N. de Bonnot de La Tuqoe, dame
d'Aurigoac (?), futpdre de : Pierre de Lautrec. seigneur d'Aurignac; Jean de Lau-
trec, seigneur de Lauret, et Anne de Lautrec, femme de Francois d'Orbessan, fils
de noble Jeban d'Orbessan, snigneur de Castelgaillard, ainsi qu'il rdsulte d'un acte
de quittance de dot du 30 avril 1601 (Original en papier, faisant partie de nos ar-
chives). La tcrre et seigneurie de Lauret, commune de Sle-Gemme, ^tait, jusqu'on
1600, un des fiefs de la maison de Gdres, seigneurs de Ste-Gemme, Lauret, Bustetf
Teuleres, le Grillon eo Fezenzaguet.
(2) Contrat de mariage pa&s6 le 4 octobre 1749 par devant Mattres Philippe Ratier
et Baudouin Quenlain, notaires royaux de la ville de Cambrai en Cambrdsis, enire
Messire Francois de Percin, chevalier de Saint-Louis, capitaine au regiment d'Enri-
cbemont cavalerie, fils de Messire Francois de Percin, chevalier de Saint-Louis, sei-
gneur de Lauret et d'Engalin, et de feue dame Jeanne de Nouaillan de Lamezan;
assists de Messire Francois de Percin, chevalier de Saint>Lonis> capitaine aur^gimeoi
Layallere, son oncle patemeL d'une part; et demoiselle MarieTAnne-Louise de la
Chaise, fille de Messire Cbristophle de la Chaise, 4cuyer, chevalier de Saint-Louisi
ayde-major de la ville de Cambrai, et de dame Claire-Marie de Grumelier, habitants
de la ville'de Cambray (Archives de M. le marquis do Castelbajac-Barbszan, au
cb&teau de Barbazan).
Testament mystique de Francois de Percin, seigneur de Lauret, en date du }•'
mars 1760, dans lequel il declare avoir marid son fils atnd Francois avec demoiselle
Marie-Anne de la Chaise, et Marie de Percin sa fille, avec noble Jean-Charles de
Saint-P^, seigneur de Sarrecaud^ il faitdes legs A Messire Francois de Percin Aieur
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— 571 —
Maintenu dans sa noblesse sur la vue des productions ci-dessus,
par jugement rendu a Montauban, le 12 juillet 1698.
Signi : Le Pelletier de U Houssajre, intendant de Montauban.
BIBLTOGRAPHIE.
Petits M^moires surrhistoire de France.
Je suis heureux de signaler aux lecteurs de la Revue de Gascogne
une collection digne de leurs plus sympathiques encouragements, la
collection de PetiU Mimoires sur Vhistoire de France entreprise par
la Society bibliographique, qui, sous I'^nergique et habile direction
de M. de Beaucourt, son d^vou^ fondateur, a rendu tant de services
aux amis des sciences et des lettres. Deux volumes de la nouvelle
collection ont d^ja paru : Vie et vertus de saint Louis d'aprh
Guillaume de Nangis et le confesseur de la reine Marguerite, texte
Stabli par Rene de Lespinasse, ancien ilkve de VE cole des Chartes
(4877) (1); Les derniers Carolingiens d'aprds le moine Richer et
d'autres sources originales, texte traduit et Stabli par Ernest Ba-
belon, 6lh)e de I'Ecole des Chartes [4877) (2), et d'autres volumes
sont surle point deparattre(3). Avant d'exprimer mon humble avis
de Saiat-Holaire, lieutenant de cavalerie au Ngimenl d'Enrichemont, et b Francois
de Percin, capitaine aurdgiment de la marine, chevalier de Saint-Louis, ses deux
autres fils; et institue pour son h^rili^re universelle Marie Christophle de Percin, sa
petlte-fille, et iille dndit Francois de Percin, son fils atn6, et de ladite dame de La
Chaise (Archives du ch&teau de Barbazan).
Marie Christophle de La Chaise apporta !a seigneurie de Lauret dans la branche
aln^e de la maison de Caslelbajac, par son manage avec le marquis Gaston de Gas*
telbajac-Baibazan. Cette branche de la maison de Castelbajac, dont none aurons k
reparler quand nous donnerons son jugement de maintenue, est representee aujour-
d'bui par le marquis Gaston de Casteibajac-Barbazan et le comte Charles de Caslel-'
bajac-Barbazan-Beaulieu.
(1) 1 vol. gr. in-18j6sus,de XVI-3-21 pages. Paris, librairio de la Soci6l6 biblio-
graphique, 35. rue de Crenelle. Pri:( : 3 fr.
(3) 1 vol.gr. in-18 j4sus. de X[-338 pages. Ibid,, rodme prix. Les deux volumes,
fort convenablement imprimds, iont orn^s de gravures tiroes soit du recneil de dom
B. de Montfaucon {Monuments de la monarchie frangaise), soitdurecueil de Hefner
(Costumes du moyen-dge Chretien).
(3) Notamment la Chronique de Du Guesclin» qui sera publide par M. Gabriel
Richou, archivisle pal^ographe, bibliothdcaire de la Cour de CassaUon. Qu'il me
soit permis de direici a des lecleurs qui sont, .en quelque sorte, pour moi des amis»
que j'espdre pouvoir donner bientdt a la collection de la Socidl6 bibliographique un
volume qui intdressera particulidremenl les Gascons, les MSmoires (devenus si rares)
de Jacques de Chastenel, seigneur de Puys^gur.
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— 572 —
sur le travail deMM. de Lespinasse et Babelon, je tiensa citer quel-
ques lignes dela priface dans laqaelle un de nos meilleurs ^nidils,
qui est en m6me temps un de nos ^crivains les plus distingu^s, M.
Marius Sepet, le critique de VUnion, le chroniqueur de la Refoue
des questions historiques^ le biographe de Jeanne d' Arc, charge de
dinger la publication des Petitsmimoires^ indique le plan qui a 6t6
suivi :
« II y a longtemps que la Soci^te bibliographique avait couqu le
projet de mettre a la port6e de tous les recits de notre histoire, tels
qu*ils sont sortis de la plume des ecrivains contemporains ou voisins
des ^Tenements qui font le sujet de ces recits; ily a longtemps qu'elle
avait pens^ que des narrations toutes pleines de Tesprit de Tepoque
qu'elles retracent, fourniraient a la fois aux gens du monde, aux
classes ouvrieres et k la jeunesse, des lectures plus saines, plus
agr^ables et plus instructives que les meilleurs d'entre les roraans.
Mais le projet congu, il fallait Texecuter, et I'execution n'et%it pas
ais^e.
> II n'est pas, en effet, facile d'etre pleinement accessible aux
lecteursde nos jours et de conserver en mSme temps le caractereet
lacouleur dessiteles passes. Les ecrivains decesepoquessongeaient
a leurs contemporains et non pas a nous. II faut, pour les approprier
a notre usage, demeurer un ^Cfivain et un hommede notre- temps et
se faire un homme ou un ^crivain du leur...
» II ne s'agitpas ici d'ailleurs de faire des livres d'histoire propre-
ment dite, mais des livres de lectures historiques, donnant le senti-
ment, la sensation et, qu'on nous passe I'expression, la saveur du
pass6 delapatrie aux Frangaisde nos jours, trop ignorants desactions,
de la vie et des moeurs de leurs aieux. II s'agit de faire cela, sans
oublier jamais queces livres doivent aller non-seulement a Tdge mdr,,
mais 6tre places entre les mains de la jeunesse et de I'enfance mSme.
C'est une oeuvre qui demande beaucoup de tact et de mesure. II ne
faut sacrifier ni la fid^lit^ du tableau, ni d'autre part aucuue conve-
nance. Encore une fois, c*estune tdche qui n'est pas ais^e. Neanmoins,
la Soci^t^ bibliographique n'a pas h6sit6 a Tentreprendre, et,
avec Taide de Dieu, elle la monera a bien.
• Nous commencerons par la Vie et les vertus de saint Louis ^
plagant, pour ainsi dire, sous le patronage de ce heros du christia-
nisme et de la France, de ce fils soumis de I'Eglise, qui fut le pere
de son peuple, tous les volumes qui suivront... *
Je ne saurais donner trop d'elogesau soin et au talent avec lesquels
MM. de Lespinasse et Babelon, comme a Teuvi, ont r^alis^ le pro-
gramme si bien trac6 par M. Sepet. Ces jeunes ^rudits semblent, en
quelque sorte, avoir v6cu Tun sous saint Louis, Tautre sous les der-
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— 573 —
niers Carolingiens, tant ils ont mis de lumiaeuse exactitude et de sai-
sissant relief dans les deux Etudes tiroes, d'une part, des r^cits de
Guillaume de Nangis et du confesseur de la reine Marguerite, ainsi
que des chroniques de Richard de Frachet, de Vincent de Beauvais,
de Baudouin d*Avesnes et de quelques auteurs anonymes; d'autre
part, des r^cits de Richer, d'Abbon, de Frodoard et de Raoul Glaber.
Les simples petits volumes de M. de Lespinasse et de M. Babelon
fontmieux connaitre le siecle de saint Louis et le sifecle de Hugues
* Capet que certains pr^tentieuxetgros volumes dontje n*ai pasbesoin
de citer le titre. D'uae lecture facile, agreable, les traductions ou
plutdt les restit\xtions des deux excellents ^Ifeves de TEcole des Char-
tes s'adressent k tout le monde, aux femmes, aux jeunes gens, aux
enfants eux-mfimes, comme aux hommes instruits, qui aimeront k
rafraichir leurs souvenirs en parcourant ces recueils k tous ^gards
si bien faits. Ici, invoquant Tautorit^ de deux des membresles plus
considerables de I'lnstitut, de deux des plus savants continuateurs
de dom Bouquet, Tautorit^ de MM. N. de Wailly et Leopold Delisle,
je dirai que ces jugescomp6tents entre tous ont donn6 leur complete
approbati(m au travail de MM. de lespinasse et Babelon (1).
Honoris de telssuflFrages, les deux premiers volumes de la nouvelle
collection sont assures duplus brillant succfes. A ce propos, je lede-
raande avec Tespoir d*6tre entendu, pourquoi desormais, soit pour
les cadeaux de la Noel et du premier jour de Tan, soit pour les dis-
tributions deprix, nesubstituerait-on pas les Petits mimoires a tant
de volumes les uns insignifiants, les autres ridicules, que Ton offre,
en ces circonstances, aux jeunes gens et aux jeunes filles? Combien
de fois, en voyant les fades ougrotesques recueils qu*en guise d'^tren-
nes ou de recompenses scolaires, Ton ose donner a des enfants, conmxe
(1) RappeloDS qae le livre de M. de Lespinasse doit 6tre compUt^par le JoinnilU
de M. de Wailly. «P'apr^s le plan de ceue ^ditioD, dit M. de Lespinasse (p.XY,
note 1), nous n'avons faitancunemprunlaux Al^moires du sire deJoinvilie, plusieurs
fois publics par M. de Wailly, avec une superiority d'drudition incontestable.
De m6me qu'il a roodernis^ les M^moires du spirituel cheYalier du roi Louis, nous
avons vouln meltre a la port^e de tous les acles et les yerlusdu saint roi de France.*
M.deWaillya pr^ei^^ementdonn^une^ditionde Joinville (Hacbette,1865,grandin-18)
qui, par la modicit^ surprenante du prix comme par I'beureux rajeunisseroent da
texte, conviendrait a merveille 4 I'opuvre de noble propagande entreprise par les
bommes de bien qui sont k la tdte de la Society bibliographique . En rapprochant
VHUtoirt de sain% Louis qui, comme le declare M. de Wailly, estdu petit nombre
de celles qu'aueune ne pent remplaeer, du r^um^ des r^citsde Guillaume de Nangis
et du confesseur de la reine Marguerite, on obtiendra un compiet et vivant tableau
de celte douce France da xiii* siecle que Ton n'admirera jamais assez.
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— 574 —
les Aventures desnaufragis oxxrErmitedu Chimborazo,je mesuis
6cri6 avec un melange d'indigaation et de piti^ : Heu ! miserande
puer t Partout, d*un bout k Tautre de notre cher pays, puisse-t-on
remplacer ces volumes sans style, sans int^rfit, sans valeur morale,
cette litt^raturede pacotille, par ces resumes historiques oula langue
ataat de puret^, oil les r^citsonttant d'attrait, ou les idfes ont tantde
noblesse et d'^ldvation ! En apprenant a admirer les grands hommes
de la vieille France, on aura plus de force, plus de patriotisme, plus
d!ardeur a bien faire : on sesentiravivifi^, transfornie par Imfluenee
de tant de beaux exemples, de tant d'eloquents enseignements, et,
en sachant mieux I'histoire de notre glorieux passe, les generations
qui suivront la ndtre rendront plus digne de ce pass^ Thistoire de
I'avenir.
Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
[On me permettra de placer a la suite de cette reconmiandation
des Petits mimoires une recommandation plus gen^rale en faveur
de la Society bibliographique elle-mSme. Cette oeuvre, ^galement
ch^re i la religion et k la science, contribue par une foule de moyens
(correspondances, commission pour achat de livres, publications
p^riodiques, Amission de tracts, de brochures populaires et autres,
bulletin mensuel, collections de Classiques pour tous, de Petits
mimoires sur Vhistoire deFrance, de lectures variees, etc., etc.)
k detruire Terreur et a propager les saines doctrines. Pour agir par-
tout plus efficacement, le Comit^ si6geant a Paris a provoqu^ la
creation de Comit^s d^partementaux. Celui du Gers, dont nous pour-
rons donner sous peu Torganisation definitive, compte d^ji une
^rentaine de membres. Le bureau, dont Mgr TArcheydque d'Auch
a bien voulu accepter la piesidence honoraire, tient reguli^rement
ses reunions, et la Semaine religieuse du diocfese en publie les re-
solutions lespFus importantes. Un dep6t de toutes les publications
de la Societe ne tardera pas k etre etabli dans la ville d*Auch. — On
pent s'adresser, pour donner son nom et verser sa cotisation annuelle
(10 fr.), iM. Tabbe Sembres, professeur au Petit-Seminaire d'Auch
et tresorier du Comite departemental, qui se charge de la presenta-
tion k la Societe si dignement presidee a Paris par son fondateur,
M. le comte G. de Beaucourt. — l. c]
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— 575
Ouvrages de philologie.
De lingua aquitaniea, apvd facaltatem litterarum parisiensem disputabat ad doc-
toris gradnin promovendus A. Locwairb, olim sch. norm, alninniis. Paris,
Hachette, 1877. 65 p. ia-8o.— Les origines linguutiques de VAquitaine^ par A.
LucHAiRB, prof, au iyc6e de Bordeaax, d** es-lettres. Paa, impr. Ydron^se, 1877.
Gr. in-8'» do 73 p. — Ricits d* kistoire iainte en b^arnaiSf Iradaits el publics poar
]a premiere fois sur le manuscrit da xt* si^cle par V. Lbspy et P. Raymond, pour
la Soci6i6 des bibliophiles de B^arn. Pan, L^od Ribaat. Tome 1 (1876), in-8o carr^
de lxxj-245 p. Tome U (1877) de iij'Vij-384 p. — • Proverbes dupays de Biarn,
4nigme% et contet populaires, recueillis par V. Lbspy. Montpellier, barean des
pulilications de la Socield poor I'^tude des langnes romanes. 1876. In-8o de 111 p.
— CarUbiu de Santo Estello. Recuei dis ate duficiau ddu felibrige en 1876.
Mtmes, Baldy-Riffard, 1877. Gr. in-8<> de 59 p.— R^dts bibliques en vers patois.
Ancieo et Douveau testameDt. Agon, Feroand Lamy. 1877. 1 vol. in-8* de 215 p.
Prix : 1 fr. 50.
Nous nous sommes mis bien en retard avee la remarquable thfese
latine de M. Luchaire sur la langue gasconne dans ses rapports avec
le basque; mais nous en sommes, pour cette fois, a nous f^liciter de
ce p^che d'habitude : nous lui devons de pouvoir joindre au compte-
rendu de ce morceau de philologie sorbonnique celui d*une exposi-
tion plus complete de la mSme theorie, que I'auteur vient de publier
en frangais. L'^crit latin et la brillante soutenance du jeune profes-
seur de Bordeaux ont 6x6 appr^i^s, et M. Luchaire a ^t^ demiere-
ment nomm^ maitre de conferences d'histoire et de langues du midi
de la France a la Faculty des lettres de Bordeaux. L'emploi est nou-
veau; de sorte que tons les amis de la philologie romane doivent se
f^liciter doublement : de la part que TEtat consent k faire pour la
premiere fois a ces int(5ressantes etudes dans Tenseignement sup^-
rieur d'une Faculty du midi, et de Theureux choix du professeur
charge d'inaugurer k Bordeaux le cours de philologie provengale. La
these de lingua aquitanica, outre les merites plus rares qu'on ne
pense d'une redaction tres-facile et tres-claire et d une latinit^ tres-
convenable, indique une connaissance remarquable des langues et
dialectes en question et surtout une sflret^ de m^thode, une sagacity
et une prudence d'induction qui sont le vrai signe d'une s^rieuse
vocation philologique. Sur la questiou principale de sa these, M. Lu-
chaire se trouvait entre Quill, de Humboldt, affirmant Textension
primitive du basque en Aquitaine et dans toute la peninsuie iWri-
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— 576 —
.que, et M. Blade, suivi de graves autorit^s, qui restreint apeu pres
a ses limites actuelles rancienne ^tendue de cet idiome mystirieux.
Notre auteur se prononce en somme "(sauf la question ethnographique)
pour le premier systeme; mais il abandonue et la numismatique
iberienne si compl^tement raUe par M. Boudard, et Timmense ma-
jority des etymologies toponymiques du savant berlinois. Loin de
grossir la partie originale du glossaire basque, il d^passe toutes les
evaluations deji faites de la part du latin ou du roman dans ce glos-
saire : il la porte aux deux tiers, tandis que M. de Charencey se con-
tentait d*affirmer la moiti6 (1). Mais un petit nombre de noms pro-
pres soit antiques, soit encore en vigueur, dont I'^tymologie paratt
incontestable, suffisent pour marquer Tancienne existence en Aqui-
taine d'un idiome que le basque repr^sente toujours plus ou moins.
L'action directe du latin, et non du simple roman, sur cet idiome se
d^montre par des exemples comme ceux-ci : fagum est devenu en
basque bago; digitate (d6), didari; regerriy err^gue; cmtum^ zeni,
Ces mots latins n'ont pas traverse Tespagnol ou le gascon pour pas-
ser au basque, quoique certains auteurs, M. Van Eys, par exemple,
aiment a le croire; car le gascon ciUy rey, didaUy n'aurait jamais fait
zeru, errdguet didari; et Tespagnol haya n'a pu deveniir bago.
— Mais j*ai Mte, sans entrer dans une analyse suivie qui me mfene-
rait trop loin, d'extraire de la brochure frangaise de M. Luchaire
jUste de quoi faire comprendre encore mieux sa position dans la
question basque et les principaux jalons de sa thfese : on me permet-
tra seulement de n^gliger souvent ce qui est proprement euskara
et de prendre un pen plus de ce qui est gascon.
M. Luchaire, en revenant a la theorie de Humboldt, est le premier
a nous apprendre la fortune faite par la theorie opposee. La critique
de M. Blad6 (2), dit-il dans son avant-propos, « fut accept^e en par-
tie par des savants sp^ciaux qui, depuis quelques ann^s, ont fait ac-
complir de s^rieux progres aux Etudes basques : MM. Julien Vinson
et Van Eys. Aussi M. Abel Hovelaque, dans sa Ldnguistique (2®Mit.
1877), n*a-t-il pas craint de dire : II n'y a pas de preuve historique
(1) Si j'ai bien compris la pens^e de Tauteur, il s'agit des deux tiers, qaoiqa'il ait
^crit tertiam {partem) (p. 59); Vest peat-dtre le seal endroit ou I'oxpression aittrthi
lapens^e de M. Luchaire, si toutefois ce u'est pas moi qui me m^prends. S'ilar^elle-
ment voulu dire le tierst il rend encore plus inacceptable (car il le sera toujours) le
Bom de langue romaoe donn^ par lui au basque, m6me avec la restriction quodam
modo (p. 60.)
(3) On me permetlra de renvoyer, au sujet des Etudes sur les Basques de notre sa-^
vant coUaborateor, a I'analyse d^velopp^e que j'en ai donn^e ici indme(X, 1869, 495}.
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— 577 —
que lebasque ait occupi^ dans les temps ancienSf une aire plus 6ten-
due. La thiorie ibirienne n'est qu'une hypothise simplement plan-
sihle et qui attend encore sa justification.^ U est vrai que ces asser-
tions viennent d'etre fortement combattues par un des meilleurs eus-
karisants de notre temps, le prince L.-L. Bonaparte. Quant kM. Lu-
chaire, tout en acceptant aufond les vues de Humboldt, ilavoueque
la demonstration en reste a faire a peu pr^s en entier.
II la commence par les t^moignages des anciens et les textes 6pi-
graphiques (ch. I). Iltraite d'ailleurs ces moyens avec prudence; il
ne trouve rien de d^cisif.en fait de langue, dans les textes historiques,
ni m6me dans les noms de peuples, sauf deux qu'il croit « tr^s-claire-
ment d'origine ib^rique : Ausci et Vasates; > le premier voudrait
dire Basques (cti^/c) et le second ville (basa). Parmi les noms de villes,
la plupart sont inexplicables ou douteux, mais trois ou quatre « peu-
vent s'interpr^ter avec certitude : » Aspaluca, aujourd'hui Accous (05,
rocher, lekuy lieu); Garasa, aujourd'hui Garris (gar, haut, sufi. za,
abondance); Elimberris, aujourd'hui Auch [iri-berri, ville neuve);
Losa, aujourd'hui probablement Sanguinet (loi, boue, suflF. za). L*^
pigraphie de notre region fournit en plus grand nombre des noms de
personnes ib^riens; je ne citerai que Nescato de Tincription publi^e
ici. Tan dernier, par M. Tabb^ Dulac; neskato est pur basque, usit^
dans le Labourd et la Basse-Navarre, diminutif de neska^ jeune
fiUe.
La d^monstratiou se continue parT^tude des rapports phoaeliques
du basque et du gascon, pr^c^dee d*une topographic de ces idiomes.
A la topographic du gascon est jointe ime classification de ses dia-
lectes (Fauteur dit sous-dialectes, mais j'aime mieux, avec un de
nos meilleurs romanistes, M. Chabaneau, appeler le gascon une
languequ'undialecte). M. Luchaire en avait reconnu trois (leb^arnais,
le gascon d'Armagnac et le commingeois) dans sa th^se latine; ici,
avec plus de justesse, je crois, il les r^duit a deux principaux : le
b^ainais et le gascon proprement dit, en se contentant de noter, aux
fronti^res, des caracteres propres au gascon montagnardet au gascon
maritime (1). Les principaux caracteres phon^tiques h^rit^s du basque
(1) 11 oflre cependant aoe classificatioa plus aoalytique comprenant six branches : '
10 du Bordelau et de VAgenais (M^doc, Bordelais, Entre-deax-mers, Bazadais,
Condomois, Agenais m^ridioDal); 2* de VArmagnae (Armagnac, Lomagne, Gimois,
Astarac, Fezensac, Gabardan, Pays de Rividre-Basse); S<> du Comminges (Com-
minges, N^bouzan, Conserans, Rividre en Gascogne toalonsalDe, Tallde deBaronsse);
40 de la Bigorre (QaatreVall^es^ Bigorre) , 5o du Biam (B^arn, partie de Navarre
Tome XVm. 39
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— 578 —
par le gascon sont les suivants : l** absence de v [Beatipopuli quibus
vivere bibere esti); 2o repugnance pour f; B^ absence de r initial
(arram pour ram^ arriu pour riu); 4<> mutation de I medial en r et
b^ suppression de n entre deux voyelles (gario pour galino). Tons
ces traits communs sont constates bien exactement dans les deux
langues, avec citation de textes aussi anciens que possible et discus-
sion approfondie sur les principales difficult^s; de sorte que cesquel-
ques pages de M.Luchaire m^ritent la meilleure place parmi celles,
en petit nombre, qui ont 6t6 consacrees jusqu'ici k la phon^tique
gasconne et que Tauteur indique lui-m§me, sans oublier YEssai de
M. I'abbe J. Daste public en 1871 par la Revue de Qascogne. Quant
k ce qui en resulte touchant Tinfluence r^elle du basque sur le gas-
con, il me semble bien, comme a M. Luchaire : 1« que ces traits sont
propres au basque, puisqu'il en a marqu^ les mots m^mes qu'il a
pris directement au latin; 2* que cette influence est originelle, vu sa
g^n^ralit^.
Les deux demiers chapitres, en compWtant la demonstration,
enrichissent notablement, Tun, le lexique basque, Tautre, Tetude de
. la toponymie aquitanique. M. Luchaire, redressant, sur un terrain oil
leur inferiority s'explique, des philologues tels que MM. Van Eys et
Phillips, dresse des listes raisonnees de mots emprunt^s par le
basque d'une part au gascon, de Tautre, directement au latin, et
aussi de mots d'origine non latine communs au basque et au gascon :
categorie curieuse, dont T^tude aboutit a montrer dans toute la Gas-
cogne quelques restes du vieil idiome anterieur a la conqufite ro-
maine, lesquels, conserves par le latin vulgaire de notre pays, ont
pris place dans les patois nes de ce latin. Quant a la toponymie
aquitanique actuelle d'origine basque, elle aboutit dans M. Luchaire
aui mftmes conclusions a peu pres que M. Fauriel avait tres-nette-
ment poshes a la fin du second volume de son Histoire de la France
m4ridionale : noms habituellement romans dans les basses valines
et dans les plaines, basques dans les hautes valiees; plusieurs noms
basques disperses dans le reste de TAquitaine de C^sar. Mais si
Fauriel avait bien vu, il avait mal ou point du tout d^montre. De la
le travail tout k fait neuf de M. Luchaire sur les principaux radicaux
des noms de lieux a denomination basque : 1<> ar (montagne ?) :
eiLabonrd); Qo des Landes (grtndes Landes, Laodes maritines, Ghalosse). En
somme, le gascon eat parl6 dans neof ddpartements et par environ deox millions
d'individns.
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— 579 —
Arrou, Arrens, Arreau, etc.; 2® atan (vallte) : Aranvielle, Haram-
buru, etc.; 3o aB (rocher) : Aspe, Aste, Aspet, Azun, etc.; 40 mal
(hauteur) : le Mail-Arrouy, le Mail de la Side, etc.; 5<* muno (col-
line) : MoQD^, Munia, etc.
II est difficile de suivre M. Luchaire dans son ^tude patiente et
sagace sans se rendre a sa conclusion : « La langue des Aquitains
6tait comme Tidiome iWrien de TEspagne, de la mfeme famille que
celle des Basques actuels. Son domaine s'^tendait k peu prfes, du
temps de C^sar et de Strabon, sur la mfime region que celle oil Ton
parle aujourd'hui le dialecte gascon, c*est-a-dire sur la province
eccl^siastique d'Auch. Get ancien idiome, supplant^ par le latin po-
pulaire, a laiss6 des traces de lui-m6me dans les noms propres que
les anciens ont cit^s, dans le yocabulai)*e et dans la constitution
phonique du gascon et dans les noms de lieux de la r6gion pyr6-
n^enne. » II est impossible surtout de ne pas reconnaitre dans I'au-
teur, avec une excellente preparation philologique, les plus pr^cieu-
ses qualit^s d*6bservation et d'induction requises pour ces d^licates
et Kcondes Etudes. Puisse-t-il suivre maintenant sa vocation jus-
qu'au bout et enrichir de plus en plus le domaine, encore trop n6-
glig^ surtout parmi nous, des langues romanes et en particulier de
notre langue gasconne !
— Les Rioits d'histoire sainte en biamais publies, d'apris un
manuscrit du xv« siicle, par M. V. Lespy, auteur bien connu d'une
bonne Grammaire Hamaise, et M. P. Raymond, k qui les arcliives
et I'histoire du B^arn ont d^ja tant d'obligations, est un monument
eiev^ en Thonneur de notre vieille langue provinciale. Au point de
vue des seules conditions ext^rieures, ces deux pr^cieux volumes
sont d^ja une raret^, un ph^nomfene qu'il est de notre devoir de sa-
luer avec admiration et sympathie. Heureuse ville de Pau, la seule
assur^ment de notre region gasconne, ou xine Soci^t^ de bibliophiles
ait pu s'organiser s^rieusement et trouver le moyen de produire de
beaux livres imprimes sur le plus fort papier, dans im format de
luxe, dans le seul interSt des Etudes historiques locales! Mais ces
publications ne se reconmianderont pas moins par la valeur du fond
que par la distLaction de la forme; c'est du moins ce que permet
d'esperer ce premier travail, si d^licatet si important, mene k bout
par les soins reunis des deux savants de Pau. Assur^ment le manus-
crit b^arnais n'apas regu le commentaire complet (litt^raire et philo-
logique) r^lam^ par la curiosity des lecteurs, mais le morceau est
du plus haut prix par lui-n;Sme et les ^diteurs y ont mis tant de
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— 580 —
soins et tant d'excellentes additions qu'il faut, sous peine d*injustice
et d'ingratitude, les remercier dix fois avant de leqr adresser la
moindre critique.
Beaucoup de nos compatribtes, m6me lettr^s, peuvent Tignorer;
mais c*est un fait reconnu que Tinsigne raret^ de vieux textes litt^-
rcdres en langue gasconne (dont le b^arnais, comme je le disais tout
k rheure, est un dialecte). On avait des textes juridiques : fore et
coutumes, actes notaries; ajoutez-y quelques rares et courtes lettres
missives; mais des pages r^dig^es par un ^rivain, dans une inten-
tion intellectuelie et morale, on n'en connaissait encore aucune ily a
quelque temps, les troubadours gascons ayant toujours ^rit en
langue provengale classique, tres-diff^rente du gascon. C est au point
que tel savant romaniste s'etait figur^ que les patois gascons et
autres ^taient n^s assez tard de la decomposition de cet idiome col-
tiv^. Les chartes sufEsaieat pourtant, sans compter d'autres argu-
ments d^cisifs, pour prouver Pantiquit^ de nos dialectes. Mais void
un surcroit de preuves, et de preuves proprement litt^raires, qui sur-
git a la fois de trois points difJ^rents. M. L&on Gautier faisait con-
naitre dansle Monde du. 14avrill876 un mystere b^mais dela
Passion, d'apres un manuscrit de M* Firmin Didot, qui devrait bien
6tre public. Dans la Revue des langues romanes du 15 novembre
1876, M. Mila y Fontanals rev^lait, d*apr6s un manuscrit de Madrid,
une traduction bearnaise du recueil de morale et de contes intitule :
Disciplina clericalis (Patrol, lat. Migne, clvii, 530); et M. Paul Meyer
[Romania de Janvier 1877, p. 152) a montr^ que cette version bear-
naise avait 6t& faite, non sur le texte latin, mais sur la version fran-
gaise du commencement du iv« siecle qu*a publieeTabbe Labouderie.
Mais quand mdme on imprimerait tout cela, ce qui n'est pas fait
encore, on comprend le prix du texte narratif ^dit^ par MM. Lespy
et Raymond, si Ton fait attention surtout que, transcrit au xv« sitele,
il remonte tr^s-probablement au milieu du nv*.
Le premier volume renferme la partie de celte histoire sacree qui
correspond a TAncien Testament. La narration est tr^s-abr^g^e, con-
forme, sauf de tr^s-l^g^res intercalations, au texte des livres histo-
riques de la Bible, et divis^e en six p^riodes, d*apr^ Tenseignement
Chretien traditionnel encore suivi dans le Discours sur l' histoire uni-
verselle de Bossuet. « De la prumera etat forma Diu Adam lo pru-
mer homi. De la secunda etat reforma Diu lo linhagequi ere pergut
per lo dilubi. Et en lo comensament de la tersa etat, Abraham co-
mensa la circuncisio. Et en lo comensament de la quarta etat, regna
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— 581 —
David, qui fo lo prumer rey deu linhage de Judea (I. Juda?). Et en
lo comensament de la quinte, los fillhs d'Israel fon captivatz et las
[sic, l. los) prophetes en Babitonie. Et en lo comensament de la vi«
etat, nascoJhesus-Xrist. » On reconnait le pur Warnais, pourvu
qu'on prononce Vf comme h aspiree, le v comme 6, et la plupart
des 0 comme ou, ce qui doit se faire assur^ment. Je ne puis parcou-
rir cette narration en son entier; il suffit de faire observer que tons
les faits importants sont au moins indiqu^s, et que les faits les plus
frappants et les plus dramatiques obtiennent un certain developpe-
ment, de sorte que la gr&ce et T^nergie du vieux langage de nos
pferes brillent dans beaucoup de passages.
Le texte a souffert assez souvent de Tignorance du copiste, mais
les soins des ^diteurs ont gu^ri la plupart de ses blessures. Us n'ont
pas pu combler, on le comprend, les lacunes qui apparaissent Qk et
Ik; heureusemenl elles ne sont ni tr^s-nombreuses, ni trfes-consid^
rabies, sauf celle du commencement qui nous a d^robe toute la suite
de rhistoire sainte depuis la creation jusqu'a la r^v^lation de la loi
dans le desert. Vers la fin de cette histoire biblique, une place a et^
faite k Thistoire profane, mais alt^r^e par les fables du moyen-dge.
Jules Wsar en est le principal objet; Pomp^e, son gendre, ayant
voulu le priver des honneurs du triomphe, C^sar le fait mettre a
mort. Apris quoi, dictateur de Rome, il devient lo conqu^rant de la
plus grande partie du monde et fait bdtir en Espagne trois grandes
villes : Tol^de, fondfe par les deux chevaliers Tol et Ledo, S^ovie,
par Octovian et Segorbin, enfin Saragosse qui porte les deux noms
de C^sar Auguste.
Le second volume renfermeThistoire de Jesus-Christ presquesans
lacunes, sauf la fin, ou d*ailleurs il manque peu de chose sans doute,
puisqu'ony trouve six apparitions de N.-S. ressuscit6. Le recit
^vang^lique se d^roule assez exactement d'apris la concorde, le r^
dacteur ayant soin de nommer souvent tel ou tel ^vang^liste :
« Sant Matheu ditz en son euvangeli... JSantJohan euvangeliste
ditz... » Mais il est coup6 assez souvent par des reflexions, commen-
taires, allegories, empruntfe aux Pferes de TEglise. De plus, les apo-
cryphes ont fourni leur contingent, que notre historien a trop n6-
glige de distinguer des textes sacr^s; c'est d'autant plus f^cheux que
quelquesruns de ces contes ne sont pas mfime Mifiants : je parle de
certams details des premieres pages tirdsder^'yangftte cte PEn-
/anc6 (Fabric. Codex apocr. N. T,, 1. 1, p.l27ss.)Il fautdireaureste
qu'k partir de ce d^but, presque tout est puis^ aux bonnes sources.
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— 582 —
J'aurais voulu marquer ici la vraie origine des ^Idments mfiles
aux textes sacr^s dans cette redaction; mais ce travail me r^ussirait
mal, faute d'avoir sous la main tous les "auteurs k consulter. II est
Evident, du reste, que cette histoire sainte a 6x6 redig^e d'abord en
latin, probablement d'apr^s YHistoria scholastica de P. Comestor,
et qu'elle a 6i6 assez r6pandue au moyen-4ge, puisqu'on en si-
gnale cinq traductions 6n langues vulgaires : une b^arnaise, que
M. Lespy nous donne, deux en provenQal, une en Catalan, une en
espagnol. Lacomparaison de ces versions semble prouver qu'elles
ne procfedent pas Tune de Tautre; cela est clair au moins pour la
version b^arnaise compar^e i Tune des versions provengales, que
les editeurs ont imprimee en grande partie k la fin de chacun des deux
volumes. Cette longue et laborieuse publication de deux textes, Tun
provengal, Tautre b^arnais, est un service signal^ rendu a T^tude
des langues du Midi de la France et pennet en particulier de faire
toutes les comparaisons desirables pour la phon^tique, le lexique et
la construction du bdarnais par rapport i la langue d'oc classique.
La longue annotation critique ^labor^e par les Editeurs pour chaque
volume (i, 204-245; n, 247-297), et surtout le glossaire tres-impor-
tant (ii, 299-381) qui termine Touvrage et qui, s'ajoutant k la traduc-
tion frangaise pour Tintelligence du texteb^arnais, contient,en outre,
une multitude de citations d*autres textes b^araais et des enrichis-
sements notables pour la lexicologie roraane, achfevent de recom-
mander cette belle et meritoire publication aux amis de ces Etudes
trop longtemps n^lig^es, mais dansce moment, ce semble, en train
de prendre faveur chez tous les esprits serieux.
— Ge n'est pas aux seuls amateurs de philologie, c*est k tous les
amis de notre litt^rature populaire ou plutdt a tous ceux qu'int^res-
sent le bon sens, Tesprit, la verve ironique et piquante et le franc-
parler du bearnais ou du gascon, vrai gaulois, vrai frangais, c'est a
tous ceux-la que s'adresse Tagr^able volume ou M. Lespy a reuni
un bon nombre de proverbes de son pays, avec un commentaire tres-
instructif et tres-spirituel. II y a des recueils plus charges; le B6am
lui-m6me en aau moins un; mais notre auteur, qui s'y entend, de-
clare que * la plupart des proverbes recueillis par MM. Hatoulet el
Picot Zwtparaissent6tredes proverbes en biamais plutdt que des
proverbes biamai$(PT6i., p. v). > Ceux qu'il nous oflfre, au con-
traire, sont puis^s k la source vive du langage courant et en ont
garde la force et la fratcheur. Laissant la les cadres accept^s assez
mal k propos jusqu'ici, M. Lespy classe ses dictons dans ces dix
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— 583 —
chapitres : Pasteurs, — agriculture, — manages, — animaux : qua-
drupfedes, — oiseaux, insectes, reptiles, — m^t^orologie locale, —
proverbes divers, — denominations. Sous ces chefs, il n'y a pas
uniquement des proverbes proprement dits, mais aussi de simples
expressions ou locutions proverbiales. J'en cite une presque au ha-
sard, avec son commentaire, pour donner quelque id^e du charme
piquant de toutes les pages de ce petit livre :
« Unta-s dab oli de cherment. S'oindre d'huile de sarment. —
Boii'e au moment du depart, prendre des forces avant de se mettre au
travail. En frangais : faire jambes de vin (Laurent Joubert.xvi® sifecle).
Qui 'boit bon vin, il fait bien sa besogne (01. Basselin, Yaux de
Vire, 14). — Les ProvenQaux ont aussi Texpression oli de souco^
huile de cep de vigne, qu'ils emploient dans ce proverbe : A mau
de cor oli de souco (Arm. prouv. 1860, p. 70). >
Aux proverbes, M. Lespy a joint d*autres elements utiles et cu-
rieux de philologie populaire: 1<> les cris: (Au peu! — Biahorel
etc.); 2<> les jurons {JHu bihant, pet de pericle, etc.); 3o les provoca-
tions (beam6s fates et courtis); 4® les jeux (vingt formulettes rim^es);
4<^ les 6nigmes, au nombre de trente-trois; 5<* un aurost ou n^nie
fun^bre, qu'on pent comparer k celles qu'ont publi^es MM. Rivar^s et
Pierquin de Gembloux, et aussi auxt^ocmde la Corse; 6o les contes
(tres-brefs), au nombre de dix, dont quelques-uns sent plutfitdes
fac^ties ou des attrapes. Mais les philologues ne m^prisent rien en
pareille mati^re, et d'ailleurs T^rudition facile et ing^nieuse de M.
Lespy donne k tout de rint^rfet.
— Une des preuves les plus.^clatantes de la renaissance des Etu-
des et des langues romanes du midi de la France, c'est la fondation du
Filibrige (acad^mie des dialectes d'oc frangais et espagnols), accom-
plie le 21 mai 3876 a Avignon Je voudrais faire connaitre, d'aprfes le
Cartabiu ou bulletin officiel de cette journfe, les statuts du filibrige,
les discours ou s'affirm^rent son esprit et ses vis^es, ainsi que la
division en ^coles ou maintenances et les principaux membres de
cette gaie compagnie. L'espace me manque aujourd'hui, mais plus
d'une occasion me permettra d*y revenir. Qu'il me suffise de dire que
nous sommes (je vais expliquer ce nous) cinquante majouraus,
sans parler de nombreux mainteneurs; de ces cinquante, vingt-un
sont espagnols et vingt-neuf frangais. Deux seulement appartiennent
k la Gascogne : t En Jan-Franc6s Bladi» de Leitouro (Gers), es-
crivan gascoun, acampaire di cant et conte poupulari de la terro de
Gascougno. — Mounsen Tabat Leounci Couturo, d'Auch (Gers),
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— 584 -
prouvengalisto, direitour de la Revisto de Gascougno, > Notre ca-
poulU (president) est Fr^d^ric Mistral, de Maillane, Tillustre auteur
de Mireille^ de Calendal et des lies d'or.
— Je ne puis que recoramander les Rdcits bibliques en vers patois
publics naguke par M. Aug. Laurans avec Tapprobation de Mgr 1*^-
v6que d'Agen. II n'y a rien de plus d^licat assur^ment que d'omer
de rhythmes et de rimes les pages de nos saints livres, doat la sim-
plicite sublime semble repousser toute parure. Du moins notre pofete
J est all6 en toute modestie, content de serrer de pres, dans une
po&ie alerte et lucide, les narrations de TAncien et du Nouveau
Testament. C'est toujours un moyen agr&ible et stir de faire gotlter
plus vivement les textes sacr^s par une foule d'esprits, et surtout
par les enfants. La langue nous a paru un pen mfel^e (c'est, au fond,
du languedocien); mais Tauteur emploie sans doute son idiome ma~
temel avec une entiere fidelity. Le vers lui-mSme n*est pas partout
^galement fortou gracieux; mais le courant du recit marche toujours
heureusement, avec une sinc^rit6 de sens qui manque trop souvent
a des pofemes plus brillants et mieux ciselfe. La modicitS du prix
engagera sans doute bien des curieux k se procurer ce volume tres-
rempli, qui ne promet que de saintes Amotions et des legons utiles.
L^ONCE COUTURE.
La statue du cardinal d'Armagnac et le Mus^e d'Auch.
La statue du cardinal d'Armagnac dont parle M. du Mege [Sta-
tistique des dipartements PyrSndens^ t. II, p. 556) existe encore,
incomplete, bris^e en quatre morceaui, fort d6grad4e,cependant bien
digne encore do Tattention et de I'^tude des arch^ologues.
Le cardinal, rev6tu d'habitspontificaux, le chapeau surles genoux^
est couch^ sur la dalle qui a dti servir de couvercle au sarcophage
monumental de son tombeau.
Cette statue est bien celle de Jean IV, archevdque d*Auch, fait
cardinal par Tantipape BenoJt XIU, car on pent voir du c6te gauche
du pr^lat ses armoiries, telles que les indique M. Tabbe Canute :
&artele d'Armagnac et de Rodez (Voir Revue de Gascogne, T. XV,
p.209)(l).
L'auteur de la question k laquelle je r^ponds est fort excusable de
n'avoir pas connu ce monument, car il gtt dans une des salles basses
(1) Je Bonhaile fort qa'an trch^ologae pins expert et pins patient qne moi entre-
prenne de d^chiffrer nne inscription aussi ddgrad^e que le personnage et plac^e
an deasons de celni-ci. Je voudrais encore qn'on 6tndi4t le costome et tons les details
arch^ologiqnes de cette statue, qn'on lacomparftt avec d'autres de la m^me ipoqae.
Je ddsirerais enfin savoir dans quelle ^lise ou dans quel clottre elle fnt primitive-
ment plac^.
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— 585 -
de la bibliotheque de laville, en compagnie d'une trfts-belle inscrip-
tion romaine que je crois in^dite, d'un autel an^pigraphe portant
sur Tun de ses c6t^s le guttus et sur I'autre la patfere, de tStes et de
fragments de statues antiques en marbre, de fragments de colonnes
et de tombeaux. Dans cette mSme salle on trouve encore un certain
nombre d'inscriptions du moyen-&ge et plus modernes. Et ktravers
tout cela, une partie du tbobilier de Messieurs les orph^onistes.
II seraitk d^sirer que Tadministration municipale se montr&t plus
soucieuse des monuments dont la garde lui est confine. EUe devrait
avoir a coeur de r^unir dans un local commode et convenable tons
les objets antiques qu'elle possfede.
Si j'avais voix au chapitre, je proposerais la vieille galerie du cloi-
tre des Cordeliers. On n'aurait qu*a demolir le mur dans lequel se
trouve noy^e la magnifique colonnade en marbre du xiv« si^cle, ins-
taller dans la galerie du cloJtre les monuments antiques actuellement
d^pos^s k rh6tel de ville ou dans les caves de la bibliotheque, etablir
une grille en fer dans la cour de la gendarmerie, et confier la clef k
la femme d'un gendarme, qui se tiendrait aux ordres des visiteurs.
L'ex^cution de ce projet entrainerait assur^ment fort pen de frais;
et il aurait I'avantage, non-seulement de remettre au jour les restes
d'un monument dont la ville d'Auch pourrait 6tre fi^re et de r^unir
dans un beau local toutes ses richesses arch^ologiques, mais surtout
d'oflfrir un asile a toutes les d^couvertes que Ton pourrait faire dans
le d^partement. C*est en efifet parceque nous n'avons pas un vrai mu-
s^e que celui de Toulouse s'est enrichi d*inscriptions romaines ve-
nues d'Auch el d'Eauze, d'une belle mosaique venue de cette der-
niere ville, du tombeau de saint Clair, venu du prieur6 de Saint-
Orens; que le mus6e du Louvre possfede un beau buste en marbre
(deS^n^que, dit-on,) trouv^ en rectifiant le lit du Gers; que lemus6e
de Saint-Germain nous a r^cemment ravi la remarquable inscription
judaique bilingue, trouv^e au Prieur(5, et dont M. Tabb^ Canute a
entretenu les lecteurs de cette revue. (T. XVI, pp. 297 et ss.)
Pour arr^ter une telle Emigration, il importe que la ville d'Auch
prenne au plus tdt exemple sur Toulouse, qui a install^ son riche mu-
s^e dans les cloJtres du convent des Augustins. Et, sans aller si loin,
Lectoure possfede un petit musEe plein d'inscriptions romaines tr^s-
int^ressantes, fort bien installe et admirableraent bien tenu; Condom
restaure magniGquementses vieux clottres. line sied point k lacapi-
tale de la Gascogne de rester en arriere en n%ligeant son mus6e et
les beaux restes de son vieux convent.
A. LAVERGNE.
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— 586 —
RfiPONSE.
107. D*an romaneier prdtre et gasoon.
(Voyez la Questiont t. xy, p. 567.)
Yoil^trois ans que M. T. de L. demandait des renseignements sur an ro-
maneier pea estimable, Olivier, que I'abb^ Desfontaines dit avoir 6t6 « pr^tre
gascon, docteur en th^oiogie. » Notre excellent collaborateur soubaitait fort
que la Gascogne edt le droit de « renier cet impur 6crivain. »
Qu6rard {Fromce litt^raire, vi, 482) ajoute au nom d'OLiviER (prfinom in-
connu) les troistitres : « pr^tre gascon, docteur en th6ologie, ex -cordelier. >
Mais, selon toute probability, il se contente de copier Barbier, qui aara copi6
Desfontaines, ce qui ne nous fait pas avancer d'un pas. II nous apprend cepeo-
dant qu'Olivier a commis au rooins trois ouvrages : La comtesse de Janis-
santa, dont parlait M. T. de L. (k qui la Revue, par une erreur typographique,
a fait dire Tanissanta); — Uinfortundnapolitain ou la Vie et les aventures
diik $eigneur Roxelli (an personnage r^el, d'apr^s Lenglet Dufresnoy); 2, puis
4 Yoh, 1708, 1719, 1722; -^ Mimoires du comte de Vordac, g^nSral desar-
mies de VEmpereur. Paris, 1724 et 1730; 2 vol., dont le premier est de rabb6
ravafd>x-j68aite, dit Barbier. Mais peut-6tre faut-il lire, avec les nouveaui
6diteurs des Supercheries littSraires (iii, col. 977), Cavord; sur quoi ils citoit
h Bihliothiqu^historique de France, 6dit. Fevret de Fontette, affirmant que
Vordac est I'anagramme de Cavord ou Covard.
Voici on passage de I'abb^ Goujet qui a echapp6 k tons ces savants bibliogra*
phes. Comme i'abb6 d'Artigny avait attribu6 {Nouv. m6m, de litt^at., i, 249),
probablement sur lafoi de Lenglet Dufresnoy {Dihlioth, desromans), losMd-
moires de Vordac au fameux Gatien Sandras des Courtilz, Goujet lui ^crivit:
« Ils ne sont point de lui. Le premier volume est d'un pr^tre de Languedoc
nomm6 Cavard [? plus probablement Covard]; le second est du sieur Olivier,
chanoine de Milly dans le G^tinais (Nouv. mimoires, ii, xij). »
L'abb6 Goujet est d'babitude parfaitement renseigne sur ces questions de
bibliographie; ce qui me permet de conclure qu'Olivier, fort probablement, n'e-
tait pas gascon : quelle apparence qu'un gascon soit devenu cbanoine de Milly?
Son collaborateur languedocier^, ce qui pour un parisien ^uivaut 4 gascon;
aura-t-il caus6 I'erreur de Desfontaines? Je le croirais volontiers si ce dernier
avait 6mis son assertion au sujet des Mimoires de Vordac; mais c'est ^ pro-
pos de Janissanta qu'il a dit [Nouvelliste du Parnasse, i, 22] : « Livre mal
dig6r6 et mal 6crit. On y trouve pourtant beaucoup d' imagination et des aven-
tures surprenantes. L'b^roine de ce roman Unit son r^cit et sa vie k rh6pital,
et raconte elle-m^me sa derni^re maladie qui la mit au tombeau : peu s'en
faut qu'elle ne dise pr6cis^ment le jour qu'elle est morte. Qui croirait que le
Roselli et cet ouvrage, qui est k peu prto du mSme genre, Assent d'un prdtre
gascon, docteur en theologie? » L. C.
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TABLE MtiTHODIQXTE
DES mati£res gontenues dans le tome dix-huiti£me.
ARCHEOLOGIE ET BEAUX-ARTS.
Architecture.
Lechevetde la cath^drale d'Auch (F. Canito), 336.
U^glise de Bostens (Landes) (J. F. PSdegert), 545.
Histoire de la cathidrale de Rodez^ par M. Bion de Morlavagne
(L. C), 336.
Epigraphie.
Uae inscription de Sainte-Quitterie du Mas d*Aire (^. Labeyrie),
218.
Numismatlqne.
line m^daille desainl Benoit trouv^ek Trie (J. Dulac)^ 192.
Deux monnaies trouv^s a Bostens (J. Labat), 551.
H6raldiqiie.
Les armoiries de NN. SS. Delannoy et Soul6 (D' Sorbets), 105.
Sculpture.
La statue du cardinal Jean d' Annagnac et le musee d'Auch (A . La-
vergne), 584.
Pelnture decorative.
Decoration de la chapelle Saint-Louis k Lamontjoie, par M. Tartas
(Blad^, 286.
HISTOIRE.
I. Etudes prj^liminaires.
G6ographie.
Giographie juive, albigeoise et calviniste de la Gascogne, par M.
J.-F. Blade (/.. C), 435.
Les archiprStres deTancien diocese d'Auch (A. Lavergne),4:9.
Essai sur les eauxde Bagnires-de-Bigorre, parle D'Carrfere(L.(7 ),
294.
(Voir ci-dessous, Histoire monastique.)
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II. HISTOIRE EGCL£SIASTIQUE.
Histoire paroissiale.
Lachapelle de Saiat-Sauveur de Barran [abbi Sabion), 249.
Histoire monastiqae. ,
Ordres religieux et militaires de la Gascogae (/.-F. Blad4), 345.
Lettres sur Tordre de Malte dans les Landes (baron deCauna), 531.
Les couvents de Ciunistes en Gascogne [A. Lavergne), 438.
Trois ^lises de Tordre de Clun/ (R, Dubord], 533.
Hagioffraphie et biographie eccl^siastique.
L^gende et histoire. Essai critique sur saint Sever, martyr, et ses
compagnons (P. Labat) .
I. M6raoire de saint Sever; litre de roi, 5.
II. Trois sources Ifegeadaires, 7.'
III. Epoque de saint Sever; sainte Quitlerie, 63.
IV. Patrieet nationality, 68.
V. Origine royale; Godalgis, 70.
VI. Apostolal; saint Eugene, 6v6que de Carthage, 166.
VII. Mission en Gaule; saint Severe d'Agde, 169.
VIII. Le marlyre; les Wisigoths, 259.
IX. Le culte, Tabbaye, 265.
X. Gloirede saint Sever, 270.
XI. SS. Eug6ne, G^ronce martyr, Jean martyr, Polycarpe, Justin, Ba-
bile, Galactoire, Grat, Lizier, Glair, 380.
R^sum6 final, 388.
Saint FrajoUy martyr en Gascogne^ par le R. P. Carles (L. C), 537.
Notice sur le B. Bernard de Morlas (L. C), 538.
Un mendiant ausikcle de Voltaire, par Tabb^ Solassol [L. C), 536.
Jeanne de Sales, par Tabb^ Dula'c [L. C), 100.
Auger de Montfaucou, ^vSque de Couserans, et son lombeau [L.
C.\ 521.
Christophe et Frangois de Foix-Candalle, evfiques d'Aire (Tamizey
de Larroque.)
Christophe de Foix-Candalle, 57.
Francois de Foix-Candalie. 138, 153.
Appendice. Deux anecdotes sur Fr. de Foix, 285.
Un neveu de Michel Montaigne: Raimond de Montaigne, evdque de
Bayonne [Louis Audiat.)
R. de Montaigne, president ^Saintes, abb6 de Sablonceaux, 201.
R. de Montaigne, 6v6que de Bayonne, 356.
Un lectourois, 6v6que de Tarbes [/. Dulao), 312,
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— 589 —
Deux lettres sur la famille de ce lectourois et son fief de Pouy (I. Sa-
batii et XXX), 490.
Le frhre Jean et Vhospice de Galan, par A. de TWzan (L, C.)y 247.
III. HISTOIRE CIVILE ET POLITIQUE.
Histoire communale.
Monographie de La Devize (J. Gaubin), 13, etc.
Ancien regime.
I. Coutumes et priyil^gee, 16.
n. Regime consulaire, ^chevins, 31.
ni. Confliu entre le goaverneur d'Espaignet et la commuDe, 126.
IV. La mairie, le premier maire Lanacastets» 225.
V. Assistance publique, 232.
P^riode rdvolatioDDaire.
I. Assembl^e municipale de 1787, 391.
II. Gahier des dol^ances de La Devize, 394.
III. Organisation d^partementale et cantonale, 397.
rv. D^membrement de Ladev^ze-Rivi^re, 498.
y . Assemblies primaires de Plaisance et de Reaumarch^s, 513.
De Torigine des biens communaux de Barcelonne du Gers IGabarret)^
78.
Les exicuteurs d'Agen, par J.-P. Blade [L. C), 246.
Louis XIII d Bordeaux, par T. de L. [L. C), 98.
Histoire f^odale et nobiliaire.
Naudonnet de Lustrac [P. La Plagne-Barris], 297.
Notes sur deux seigneurs de Lustrac ((?. Tholin), 494.
Notes concernant la maison de Lau (T. de L.], 41.
M» deMun, origine et antiquity de sa famille, par Tabb^ Cazauran
[L. C), 194.
Maintenues de noblesse en Gascogne (J. de Carsalade du Pont.)
Introduction, 32.
1. Sariac, 37.
2. Chastenet de Pays6gur, 39.
3. Riviere -Lengros, 92.
4. d'Anxion (avec extraits g^n^alog.), 94.
5. Lartigaed'ArD^, 146.
6. Nonaillan de Lamezan, 146.
7. Rarbotan de Morm6s, 189.
8. Ferragut, seign. du Cos, 191. ^
9. De Pins d'Aulaigndres, 240.
10. Da Faar deJLoubouey (avec append.), 242.
11. Du Coussol, 288.
12. Gestas (de Betous et deFloran), 333.
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13. FerragQt de Pascau, 335.
14. d'Aymier, seigneur d'Arqu6s et de Lias, 478.
15. de Bos, s'* du Poay et de la Courdelle, 480.
16. Fabas de Lamothe, 529.
17. Fabars du Casl6ra, 531.
18. Percin de Lauret, 569.
IV. HISTOIRE LITTfiRAIRB.
Philologie, littdratare Qopulaire.
Essai sur la langue hasque, par Ribary, trad. Vinson [L. S.), 51.
Langues romanes. Legond'ouverturedeP. Meyer (L. C), 148.
Limiiegiographique des langues (Toe et d' oily par Toartoulon et
Bringuier [L. C), 149.
Cantiques gascons in^dits du ivn* siecle (L. Couture), 175.
Trois contes remeillis A Lectoure, par J.-F. Blad^ (L.C), 481.
Lettre a propos d*un de ces contes (CL-H. Masson), 535.
De lingua aquitanica, thfese de M. Luchaire [L. C), 575.
Origines linguistiques de rAquitaine, par A. Luchaire (L. C),
576.
Ricits d^histoire sainte en biarnais, par MM. Raymond et Lespy
(I. 6'.), 579.
Proverbes biamais, par M. V. Lespy [L. C.), 582.
Ricits bibliques en vers, par A. Laurans {L. C)> 584.
Cartabiu de Santo Estello [L, C.), 583.
Histoire de renseignement.
Uinstruction publique i Gimont avant 1789 (/?. Dubord).
L Avant la fondation du college, 109;
II. Fondation du college, 115;
III. Etat prosp^re du college, 273;
IV. D^m^les entre les PP. doctrinaires et les consuls, 278, 315.
V. Convent des Ursulines, 454.
VI. Fin du college et du convent. Instruction primaire pendant la
Revolution, 546.
Biographie et critique litt^raires.
Legons nouvelles et remarques sur divers auteurs (Ausone), par R.
Dezeimeris (L. (7.)> 539.
Marguerite d'Angouldme et Vittoria Colonna (L6once Couture), 409.
Trois pontes condomois du XVI* si&cle, lettre-d^dicace (L. C), 52.
Note sur le Turrian du poete I.Abeyrie [E. (?.), 198.
La troupe de Molikre a Agen, par A. Magen [L. C), 540.
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- 591 —
Notes sur la vie et les ouvrages de Vabbi J.- J. Boileau, par Ph. T.
de L. (L. C), 540.
Du lieu et de la date de la naissance de Dom Brug^les (Lozes et /.
de Carsalade), 47, 102.
Bibliographie.
Histoire de la Floride frangaise, par M. Gaffarel (L. C), 290.
Documents inidiis sur Gassendi, par Ph. T. de L. (L. C), 540.
Une poignie de pseudonymes frangais, par P. Clauer {L, C), 540.
V. DOCUMENTS INfiDITS.
Mdmoires.
Livre de raison de Jean de Solle, avocat auscitain du xvii« si^cle, pu-
blic avec iutrod. et notes (J. de Carsalade], 83, 186, 235, 470.
M^moire sur le collie et le s^minaire de Gimont, 563.
Actes privds.
Testament de F. de Mansencome, pere de Blaise de Monluc (P. la
P.-B.), 442.
Lettres missives.
Lettre de Henri IV, de Louis XIII et du mar^chal de Matignon a
MM. de Lau (T. de L.), 44.
Lettre du bdtard d'Angouldme concemant le jeune J. de Monluc
(J. Dukas), 527.
NOTES DIVERSES.
XCI. La peste bovine dans le sud-ouest en 1774 [CL-H, Mas-
son et L. C), 55.
XCn. Un imitateur de du Bartas (T. de i.), 55.
XCni. Les Gascons dans la guerre de Cent-ans [CL-H. M.), 77.
XCIV. ArchiprStr^ de Barbotan ou de Gavayret (/. de C), 82.
XCV. D'une r^cente Edition de TAnti-Joseph [T. deL.), 137, 197.
XCVI. Du nom de baptfime du po^te gascon d*Astros (L. C), 151.
XCVII. Un souvenir du po^te gascon d'Arquier (L. C), 198.
XCVIII. Une lettre de M. Alem-Rousseau, 199.
XCIX. Uintendant Boucher et dom Montfaucon [T. de L.), 295.
C. Les ^crivains de Gimont [L. C), 295.
CI. Les convents clunistes en Gascogne {L. C), 296.
CII. Bemadotte et Tuniversit^ de Giessen (T. de Z.), 339.
cm. Les quatrains de J. de la Jess^ (T. deL.)^ 341.
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— 592 —
CIV, Un noel en patois commingeois (L. C), 408.
CV. La chapelle de Sainte-Anne, au C^don pres Pavie (Gers)
[L. (5.). 440.
CVI. Qu^rard et I'abb^ Anselme (T, de L.), 441.
CVII. Vieille sculpture italienne pr^s d'Auch [L. C), 441.
CVni. Pr^tendues lettres in^dites de Bossuetet de Saint -Cyran
(L. C), 542.
CIX. Un impromptu du marquis de Galard,542.
QUESTIONS ET RJ^PONSES.
107. D'un romancier pr6tre et gascon. R^ponse [L. C), 586.
143. Vers attribu^s a Silhon [L. C), 56.
144. Une anecdote sur TarchevSque d'Auch La M -Houdancourt
(T.deL.), 200.
145. Des bombes appel^es cominges [U. C T,), 200. — RipoNSE
(r. deL.),248.
146. Mademoiselle de Cambefort et le Roi de Navarre [T. de L.]j
343.
147. Une reliure k VS barr^ et a monogrammes (L. C), 442,
148. Une statue du card. d'Armagnac (U. C. T.), 442.
149. Un ^rivain de N6rac (L. C), 443.
150. Du nom patois de Tajonc [T. de L.), 443.
151. Une filleule de Marguerite d*AngouI6me (L, C), 443.
152. Un due d'Esclignac, historien (/. Brana), 492. — Reponse
(G. B. de Lagrize), 543.
153. Sur J. Cerasius, condomois [T, de L,), 543.
154. Un professeur du college de Tarbes (/. Dulac), 543.
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