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PROPERTY OP
ARTES SCIENTIA VERITAS
REVUE
DB
L I NGUISTIQUE
KT DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
TOME XXXI
205-
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLIÉ Ml
JULIEN VINSON
PROFESSEUR A L'ÉCOLB NATIONALE DBS LANGUES ORIENTALES VIVANTES
Avec la colUboration de divers Mvauis français et étrangers
TOME TRENTE ET UNIÈME
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÈRES ET RUE MADAiME, 20
1898
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLIÉ FAR
JULIEN VINSON
PROFESSEUR A L'ÉCOLE :CATIOXALE DES LANGUES ORIKNTALES VIVANTES
Atcc la collaboration de divers savants franyais et étrangers
TOME TRENTIi-ET-UNIHlME
15 JANVIER 1898
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÊRES ET KUE MADAME, 20
1898
I i^
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE GOMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLlt PAR
JULIEN VIN SON
PROrESSBUR A L'ÂCOLB NATIONALB DBS LAMQUBS ORIENTALES VIYANTBS
Avec ta collaboration de divers uvânts français et étrangers
TOME TRENTE-ET-UNIÈME y . \
15 JANVIER 1898
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÈRES ET RUE MADAME, 20
1898
SOMMAIRE DU N« 1
p. Regnaud. — Quelques observations de sémantique
grecque 1
De la Grasserie. — Du verbe concret 15
E.-S. DoDGsoN. — The Biscayan Grammar, Vocabulary,
and Bilingual Dialogues of Rafaël Micoleta 35
A. Marre. — Histoire de la princesse Djouher-Manikain,
roman malais (suite) 40
Varia. — I. Appel aux bibliographes 73
II. Les livres minuscules 7g
BIBLIOGRAPHIE
M. Bréal. — Essai de sémantique 60
G. DE MoRTiLLET. — Formation de la nation française . 68
P. RiCHENET. — Le patois du Petit-Noir, canton de Che-
min (Jura) 73
C. Lagache. — L'Alphabet rationnel 74
P. W. Joyce. — A Grammar of the irish language . . . • 75
B. Quaritch's Catalogue 76
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLIÉ PAR
JULIEN VIN SON
PROFESSEUR A L^éCOLC NATIONALE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES
Atcc la collaboration de divers savants français et étrangers
TOME TRENTiftMP:
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÈRES ET RUE MADAME, 20
1897
i^ii-s
8^
3^
QUELQUES OBSERVATIONS
DE
SÉMANTIQUE GRECQUE
Le nouveaa Dictionnaire grec-français de M. A.
Bailly' réalise à beaucoup d'égards les progrès les
plus évidents et les plus utiles sur tous ceux qui Tout
précédé. On peut dire même qu'il approcherait de la
perfection, si tout ce qui touche à l'origine et à Tordre
de développements des significations était aussi satis-
faisant que le reste. Il est vrai que la sémantique est
une science toute nouvelle et à peine encore suscep-
tible d'être vulgarisée*. Les notes suivantes n'en ont
pas moins pour objet de montrer le parti que Tau-
teur aurait pu en tirer, sans viser à rien de trans-
cendant, ni s'exposer à des assertions prématurées
et téméraires. Espérons que compte en sera tenu
dans les prochains tirages d'un livre qui malgré
cela a tant de titres à passer pour excellent.
Paul Regnaud.
1. Librairie Hachette et C'% Paris, 79, boulevard Saint-Ger-
main.
2. En ce qui regarde le caractère primitif et la fécondité évo-
lutive de ridée de mouvement exprimée par les verbes pousser,
séparer^ écarter, étendre, couvrir, etc., voir ma Grammaire com-
parée du grec et du latin ^ II, p.
1
— 2 —
cd^i^ (( 1) tempête, nuée orageuse, ouragan; 2) peau de
chèvre ».
Ce sens est le premier; al^iç est proprement ce qui vient
de la chèvre. La tempête désignée par ce mot n'est qu'une
variante de l'égide mythologique, image de la libation en-
flammée comparée à du lait de chèvre dont Zeus, à qui elle
est destinée, se sert en guise de foudre.
«ryXii (( I) éclat du soleil ; 2) éclat, lueur ».
C'est l'inverse qui est vrai : le sens général de lumière a
précédé le sens particulier d'éclat du soleil. — M. Bailly
compare le sanscrit agis ou agnis; agis n'est pas sanscrit.
«xpo{, sens premier comme adjectif « extrême » ; rac. ax,
(( être aigu » .
Il fallait faire concorder ces deux indications en donnant
comme sens premier, aigu, pointu (cf. lat. acer)^ d'où ce qui
est à la pointe, extrême. En partant de là, on aurait com-
plété ou rectifié la signification des composés suivants :
ixpft-;^oXoç (( emporté, passionné », — proprement, dont la
colère est aiguë, c*est-à dire vive, irritée.
àxpo-poX^;; « lancé de loin », — plus exactement et étymo-
logiquement, lancé sous forme d'arme pointue, de trait, de
javelots, etc., et par conséquent lancé de loin (eminun); cf.
ofu6eX){c, machine à lancer des traits.
àxp<i-$puov (( fruits des arbres, particulièrement fruits à
écailles (noix, châtaignes, etc.) », — proprement, fruits à
pointes, c'est-à-dire dont Técorce est piquante ou rugueuse.
àxp(5-xo[xo; (( qui relève ses cheveux sur le haut de la tête»,
— proprement, qui a la chevelure en pointe ou toupet.
àxp<i-xofjioç (( abrupt, escarpé, d*où poli, lisse, uni»,—
— plutôt (pour ce dernier sens), taillé à la surface, d'où poli.
Le sens de l'expression axpxc vuxt^^ç, c au plus profond de la
— 3 —
nuit », et des analogues, devait s'expliquer par l'analogie de
révolution significative des mots comme âx{x>! « pointe et
point principal », àx|jiâ?;cu « ôtre dans toute sa force, etc. ».
âXxnJ (( force agissante, d'où force, vigueur »•
Proprement et primitivement, « ce qui écarte : «Xxiî xaxoû.
liés., écart du mal. — cf. àXi^co, àXéxco, àXxXxeTv, àpxicu ;
lat. arceo et urgeo,
«.uSpoTia (( ambroisie, c'est-à-dire nourriture des dieux
comme le nectar était leur boisson ».
L'ambroisie est proprement la libation offerte au feu du
sacrifice. C'était donc un liquide; on peut ajouter nourricier,
puisque sous cette forme il était la seule nourriture des dieux,
personnifications du feu sacré.
àp^r) « ce qui est en avant, d'où commencement ».
Il fallait rapprocher ce mot et le verbe correspondant «p^w,
non pas directement du latin rego, mais de ep/ojjLai, venir,
aller, d'où s'avancer, être en avant, le premier, etc.
yXwwï « pointe, d'où langue ».
Bien plutôt à rapprocher de xXtuîw, xXa^o), lat. glocio (ce
dernier avec adoucissement de l'initiale comme dans yXww«);
primitivement ce qui crie, émet un son, parle.
Ypaou) « égratigner, écorcher » ; yXoço) « tailler, d'où sculp-
ter ».
Le sens primitif de ces deux verbes, dont les radicaux
étaient identiques à l'origine, est séparer, diviser, couper, etc.;
cf. lat. acalpo^ sculpo.
^«i;, combat, est rapporté à tort à Sa(o>, allumer; ^v.U est
primitivement, ce qui sépare, divise, coupe, blesse, tue; cf.
oilu), diviser.
oe^<ynic, étym. : t Sec- d'origine inconnue et*iîoir»)ç= irf5<T'.;».
— 4 —
C'était le cas de rapprocher le sanscrit dampati^ maître de
maison, pour * dumspatL
^TjjjLoç (( terre habitée par un peuple; proprement, la part
de territoire appartenant à une communauté, contrée, pays,
terre ».
Plus précisément division, d'où district, contrée, etc. ;
même famille que oaito, diviser.
Si'xTi « règle, d'où usage, manière d'être ou d'agir ».
Le radical Six signifie marquer. La ôîxtj est primitivement
la marque, Tindication, la désignation, d*où la prescription,
la règle indiquée, la loi, le droit, la justice, etc. Observations
correspondantes sur Bsixvjixi dont le sens premier n'est pas
montrer, mais marquer d'un trait, tracer, indiquer, etc.
el'pYw (( enclore, enfermer; à ne pas confondre avec eî'pYw,
écarter, repousser, d'où empêcher».
Les deux verbes au contraire n'en sont qu'un pour le sens
comme pour la forme. L'idée première commune est séparer,
d'où enclore ou écarter, selon le point de vue auquel on se
place; cf. lat. arceo et urgeo.
èpoxw (( 1) retenir, d'où arrêter ; 2) par suite écarter, re-
pousser ».
L'idée première est séparer, écarter, d'où empêcher, rete-
nir, arrêter ; cf. les articles tio^ic et tppiww.
eu/ïi « vœu, souhait »; e-j/^oç « sujet d'orgueil, gloire ».
On ne saurait séparer l'un de l'autre le sens premier de ces
deux mots. Ils appartiennent à la même famille que le lat.
vox et signifient avant tout parole. Pour le sens de vœu, cf.
lat. vo{[/]'ceOy dérivé de vox: et pour celui de gloire, xXsoc,
d'abord voix, parole, d'où renommée, gloire.
CejYV'jjii (( mettre sous le joug, attacher au joug ».
Le sens premier et général est attacher, joindre, unir,
réunir. Le sens particulier mettre sous le joug est secondaire;
5
Tauteur Ta reconnu lui-même en donuant à la racine C^y ^^
sens de joindre.
ÇÉw « bouillir > ; ^r,'koç « ébullition, d'où ardeur ».
Sens premier : s'agiter, agitation.
lr^n^.^ « 1) dommage, perte; 2) peine, châtiment)).
Ce sens est le premier ; cf. oafjidîw, lat. domOy punir, châ-
tier, d*oi] dompter.
6iXs<r72 < mer >.
Il fallait indiquer comme sens premier ce qui agite ou
s'agite, et rapprocher étymologiquement ce mot. non pas de
de "cps/^w, mais de TàpaîJdtD; cf. pour le sens «Xç auprès d'à'XXo-
Ozp9o; (( confiance, résolution, assurance, hardiesse )).
Sens premier : agitation, excitation, ardeur, hardiesse, au-
dace. Il fallait comparer le rad. sanscrit dhrs, être excité,
ardent, audacieux, et non pas un prétendu dharsas qui
n'existe pas.
Oiûjia « objet d'étonnement ou d'admiration ».
11 eut été bon de faire précéder ce sens, à titre d antécédent
nécessaire, de celui d'objet qui tombe sous les yeux, specta-
cle. Pour l'évolution significative, cf. lat. miraculum auprès
de miro et monstrum auprès de moneo.
ôjfioî « souffle, d'où âme )) 6jfio<; « thym, plante odorifé-
rante. ))
On se rendra compte de la parenté de la signification de
ces deux mots par les différentes acceptions de irvéw « 1) souf-
fler; 2) respirer; 3) exhaler une odeur ». Le thym est ainsi
appelé parce qu'il fleure.
••^ « 1) muscle, nerf ; 2) force, vigueur ».
Le sens général de force a précédé le sens particulier de
muscle (chose forte) ; cf. lat. vis.
— 6 —
fcjoc « égal en nombre ou en force ».
Même famille que Hww, rendre semblable et 6'.xa»v, image;
proprement, ce qu'on voit, ce qu'on voit tel, — sens premier:
semblable, pareil d'une manière générale.
•^aX'jirco) (( 1) couvrir, envelopper, cacher; 2) étendre pour
couvrir ».
Ce second sens est le premier. Dans tous ces cas analogues,
ridée d'étendre ou de s'étendre a précédé celle de couvrir.
y^Xtvw (( 1) faire pencher, incliner; 2) coucher, étendre ».
Le sens d'étendre est le premier en date. Pour l'évolution
sémantique, cf. «rrpwvvufxi et lat. sierno; aussi rad. sanscrit
çri^ s'approcher, s'étendre.
xX'JÏib) (( battre de ses flots, baigner de ses flots ».
Sens premier, s'agiter, couler (en parlant de l'eau) ; cf.
xX'jSiov, agitation (des flots), vague, etc.
xv(Çci), if(Minxi (*xvdtŒw), gratter.
Sens premier, couper, piquer; cf. ^viS-n, ortie.
xoiTTO) « 1) frapper à coups répétés ; 2) couper ».
Ce second sens est en réalité le premier; cf. xô^zfjia, ce qui
coupe ou est coupé, tranche.
xoitt!; « proprement, qui décide, d'oii juge».
Le sens premier de ce mot est qui distingue, d'où qui de
termine, décide, juge.
xTiïd) « bâtir (des maisons, des constructions) ; 2, par est.
fonder ».
Le sens premier est se fixer, s'arrêter, s'établir ; cf. rad.
sanscrit ksl-ny même sens.
xûjjia c A, littéralement ce qui s'enfle, d'où flot, vague. —
B, toute production, fœtus, fruit, etc. ».
Sens premier, ce qui s'agite, s'avance, se développe.
— 7 —
Kûpoc (( autorité souveraine, puissance de faire ou de ne pas
faire ».
Sens premier, production, action, pouvoir de faire, de
produire ou d'agir; cf. lat. creOj sanscrit kar, faire. —
xjpto;, ce ou celui qui possède ce pouvoir» d'oti maître.
ÀiSpoc « violent, véhément, impétueux ».
Sens premier, qui arrache, sépare, s'empare de; cf.
AiuSavw et lat. rapîo.
Ài^u) 1 1) rassembler ; 2) choisir ».
Ce sens est le premier. L*idéc fondamentale est celle de
séparer, tirer, distinguer; cf. lat. lego, choisir, d'où cueillir,
et lego, -are^ envoyer au loin (séparer, écarter).
)iYw « coucher ».
Sens premier, séparer, étendre; cf. l'article xXt'vw.
Às-fo) « dire, parler ».
Même point de départ de l'idée : séparer, distinguer, indi-
quer. Voir les articles Stxij et «pafvco. — Cf. lat. légère, lire,
dire, et lex, ce qui indique, prescrit.
Xe(icb) (( laisser, quitter, abandonner ».
Sens premier, se séparer, s*écarter, s'éloigner.
Àotroc «restant, qui reste ».
Proprement et primitivement, séparé, mis de côté, écarté.
laissé.
ÀuïiTsAiJç c qui acquitte la rançon ou la dépense faite, d'où
avantageux, utile ».
Plus exactement, qui est dégagé de (toute) dépense, qui ne
nécessite pas de frais.
[U'pofiat (( obtenir par le sort, obtenir en partage ».
L'idée première, au sens actif, est séparer, diviser, d*où
partager.
iJiiTpov (( mesure, c'est-à-dire instrument pour mesurer ».
— 8 —
Ce sens est postérieur à celui d'étendue en général, d*où
une certaine étendue servant d'étalon. Cf. rad. sanscrit ma
dans le sens de développer, étendre, édifier, puis mesurer.
fXTixoç « longueur, par extension grandeur » .
Même famille que K^fa<:. Le sens général de grandeur est
le premier pour tous les mots de cette famille.
fxriv'c « colère durable, ressentiment ».
Sens premier, excitation, ardeur, passion.
{aivto « gratter, d'où carder ».
Sens premier : séparer, diviser, déchirer, d'où carder.
ôpiii « 1) assaut, attaque; impulsion au sens moral ».
Le sens premier est mouvement^ mouvement en avant,
course vers, etc.
opvu[jLt « 1) faire se lever; 2j au moyen s'élancer ».
Le sens premier est mettre en mouvement, pousser, faire
aller.
ojpavôç, cf. védique varunas « firmament ».
Varuna est un des noms du feu sacré en tant qu'il enve-
loppe (rad. var, envelopper) les oblations. Le sens de ciel
(plutôt que celui de firmament) est une conjecture de
quelques mythologues.
cicpeXoç (( 1) utilité, profit; 2) secours ».
Le lat. opus indique ainsi l'évolution significative :
1) peine, travail, d'où : 2) aide, secours (à soi-même ou à au-
trui) ; d'où 3) ce dont on a besoin , ce qui aide ou sert, utilité,
avantage. — De l'idée de besoin découle celle de devoir
(ocpeîXw) : il est besoin de, d'où on doit, etc.
•nax/io (( ùtre affecté de telle ou telle façon » ; 'Jtiîixa et TriOo;
(( ce qu'on éprouve ».
Sens premier, souffrir, souffrance; famille apparentée au
rad. lat. sjoic, piquer, faire du mal, etc.
— 9 —
•KcXac t près, auprès ».
Sens premier (adjectif), ce qui s'avance, s'étend, s'approche,
d'où ireXa^u) s'approcher; aussi îtXàÔo), même sens.
Tccxivvujii (( déployer ».
Proprement, étendre, aussi bien ce qui est plié que ce
qui ne Test pas.
irr'YVjjit t fixer en enfonçant ».
Plutôt percer, piquer, et par là fixer, planter; cf. \2X.Jigo,
TTtxpôç (( rac. "ïTix être aigre, d'oii être acre ».
Le sens premier et général de la rac. irtx est couper, pi-
quer, d*où être acre, acide, elc, qui sont des variétés de l'idée
de piquer.
^otxt>.o; « varié, divers, d'où bizarre, tacheté ».
Même famille que irixpô;; sens premier, piqué, d'où tacheté,
moucheté, bigarré, varié, etc.
irXaÇa) (i 1) faire vaciller; 2) écarter du droit chemin »•
Le sens premier est séparer, étendre, écarter^ s'écarter.
fzkvn\ (( errement, d'où course errante ».
Même famille que nXaÇo) (rad. commun -ïrXavÇ, d'où it^aÇ et
îiXav(a:, — cf. tùÀl surface large et plate, chose étendue).
îrXiu^to « façonner, modeler ».
Extension du sens de irpidju), exécuter, faire.
irXî;Oo; « grande quantité, d'où foule, multitude ».
Le sens premier est extension, étendue, d'où étendre dans
l'acception du nombre, multiplicité, etc.
-^cXot-ûiç « large et plat ».
Même famille que itXTjOo;; sens premier, étendu, d'où
étendu au point de vue de l'espace, large.
TToiv-iJ « 1) propr. expiation d'un meurtre; 2) expiation d'un
châtiment ».
Le sens premier est peine, douleur, d'où châtiment ;. cf.
- 10 -
Tc^voc j[)eine, lïevoixat peiner, lat. punio,
TToaww « 1) aller à travers, traverser, parcourir; 2) aller
jusqu'au bout, achever, exécuter, etc. ».
Le développement du sens est analogue à celui de (ttoXoc
et TiXoc (voir les articles relatifs à ces mots) ; sens premier,
s'avancer, se séparer, finir, terminer, achever, faire.
irpâ^c « 1) action; 2) exécution, accomplissement ».
Ce sens a précédé l'autre.
(latpco (( balayer » ; Tjptù « 1) tirer (un filet, un vêtement) ;
2) traîner de force; 3) charrier, entraîner ».
Le sens primitif commun est séparer, écarter; cf. lat.
(8)cerrOf traîner, entraîner, balayer, nettoyer, etc.
(rofp^c (( habile ».
Rapproché à juste titre du lat. sapere; et wîpïjç est donné
non moins justement comme apparenté à l'un et à l'autre.
Mais il eût été bon de dire que l'idée commune et première
est celle de séparer, distinguer; cf. le rad. sap dans lat.
sappa, sappe, et sap-inus, sapin, l'arbre aux feuilles piquantes,
tranchantes. Voir aussi l'article xpiTiflc
jTrao) « tirer particulièrement; l)tirer hors, retirer, attirer,
extraire.... 4) déchirer, lacérer, déchiqueter ».
Sens premier, séparer, déchirer, arracher.
ffTceipo) « semer ».
Sens premier, séparer, étendre, répandre.
(HiapTo; (( 1) semé; 2) disséminé, dispersé».
Ce sens est le premier; cf. ^icioTov, corde, ce qui est étendu ;
(cf. l'article tôvoc); oirElpa, enroulement; mais primitivement
et proprement enveloppement ; cf. l'article xxXjit'cw; cf. aussi
lat. spargo, étendre (rad. commun sparx, d'où (rrapcnr, <n:2pp,
TtZOLp],
Tzolo; (( 1) action de s'équiper, de se préparer fpour la
— 11 —
lutte ; 2) action de se préparer pour la marche ; d'où action
d'aller, trajet, voyage ».
Ce sens est le premier ; Tidée fondamentale est celle de se
séparer, s'en aller, partir, d*où se préparer pour partir, etc. ;
cf. cnpiivvujxi, sanscrit star, séparer ; lat. aierno, séparer,
étendre.
T:pTt6^ (( armée ».
Sens premier, ce qui est séparé, éloigné, expédié, d*où
expédition militaire, armée. Voir l'article <xt(5Xoç.
sTp39u) « tourner >.
Le sens premier est écarter, briser, tordre, d'où tourner,
etc ; cf. Toiicco et lat. iorqueo.
<;^drXXb> (( faire glisser, d'où faire tomber ».
Sens premier, mettre en mouvement, pousser, d'où faire
glisser, choir, tomber, au physique et au moral.
'iistù « mettre à une place fixe et appropriée ».
"A-^^T. « 1) ce qui est mis en ordre, d'où corps de troupes;
2) corps, compagnie ».
Le sens premier du rad. commun est séparer, diviser (d'où
division, c'est-à-dire corps de troupes) ranger, mettre en
ordre, etc. ; cf. sanscrit taks, couper.
TEîvw (c 1) tendre (un bouclier, etc.); 2) étendre, déployer».
Ce sens est le premier ; cf. lat. teneo, tenir, c'est-à-dire,
étendre, tirer à soi (en étendant), tenir ferme, arrêter.
tstpw « user en frottant » ; -c^otiv t qui s'use vite par le
frottement ».
Sens premier, briser, broyer; cf. lat. iero; d'où pour "cipr^v,
broyé, brisé, moulu, puis tendre, doux, frêle, etc.
Tacjiap t borne pour servir de but ou de signe, d'où terme,
fin )).
— 12 —
Le rad. xex signifie couper, séparer, termineri finir; l'idée
de borne n'est que secondaire.
Mômes remarques sur 'cipHia, but, mais auparavant, sépa-
ration, fin, limite.
«céXoç « 1) achèvement, accomplissement, réalisation; 2)
résultat, suite; 3) fin, terme ».
. Ce sens est le premier; cf. rad. sanscrit star et iar, sépa-
rer ; d'où, dans la dérivation grecque, diviser, terminer, finir.
•cépaç (aussi teipaç) « signe envoyé par les dieux, signe ex-
traordinaire,... prodige. »
Au point de vue du sens, xlpac est à TTQpito, voir, observer,
comme 6aùfia est à OeioiJLai (voir l'article Baufia).
-ripffw (( rac. Tape brûler ».
Le sens de celte racine est surtout sécher, durcir. Où
l'auteur a-t-il pris le sanscrit iarshas, soif, qu'il range dans
celte famille de mots?
Ti'v'jjjLt « propr., faire payer, d'où châtier, punir ».
TÎvw « 1) payer, acquitter ; 2) faire payer, punir, venger ».
Le sens premier est frapper, punir, châtier, d*où au moral
faire payer, payer; cf. tiffiç, châtiment, punition, vengeance
etTtjxr;, peine, châtiment, etc., d'où amende, indemnité, com-
pensation évaluation, valeur, prix, estime, considération,
dignité, honneur; cf. rad. sanscrit ci-n, séparer, couper,
châtier.
Tovoc c tout ligament tendu ou pouvant se tendre, particu-
lièrement corde ».
Il fallait dire tout ligament considéré comme étendu,
allongé ; l'idée de tension a pour antécédent celle d'extension ;
cf. Teîvw.
up3t; « souris ; cf. sansc. scar, résonner, à cause du petit
cri de la souris ».
La véritable famille est celle à laquelle appartiennent
— 13 —
opS^Tw pour *ïopu<iJw, creuser, lat. sulc-us, sillon (creux),
sarc'ulum, instrument pour creuser, etc., cf. aussi et surtout
lat. sorex, souris.
«patvoi « 1) faire briller; 2) faire connaître, indiquer ».
Le parfait -îré^paY^a renvoie à un rad. r^çay^, çasc, séparer,
diviser; cf. se. bhanj, bag, m. s., d'où l'indication d'une
évolution significative semblable à celle qui a été étudiée
à l'article oixr, ; diviser, distinguer, marquer, montrer, an-
noncer, indiquer, faire briller, etc., d'où l'explication du
sens de çwvr;, la parole, la voix en tant qu'indicatrice.
opa^c» « primitivement, mettre dans l'esprit, d'où faire
comprendre, expliquer, indiquer».
Le rad. de çpiïw est apparenté à celui de cppaajo) et de <pp>{v
(pour *o?ifivî). L'idée première est celle de séparer, distin-
guer, marquer, d'où indiquer, exposer, expliquer; cf. l'ar-
licle 3ixT,.
opitntû {< serrer l'un contre l'autre, ensuite barricader.
«027 (i« « clôture ».
Le sens premier pour le radical de l'un et l'autre mot est
celui deséparer, écarter, presser, serrer, enfermer, protéger;
cf. ci-dessus les articles erp^w et ipjxu).
opr^v, sens 3) « le cœur ou l'âme comme siège : 1° des sen-
timents et des passions; 2) de l'intelligence ». — <p?^v, en ce
sens ne désigne pas un organe particulier, mais bien, con-
formément à sa signification étymologique de séparation, le
sentiment ou la pensée en tant que séparant, distinguant,
discernant (cf. lat. inteltigentia) les objets sensibles, et subsi-
diairement les sentiments et les choses abstraites.
çpovtîç (f soin, souci, préoccupation ».
Sens premier, idée, pensée, c'est-à-dire faculié de distin-
guer les objets ; cf. «ppovTi^uj auquel l'auteur attribue j ustement.
— 14 —
mais d'une façon peu conséquente avec lui-même, le sens
premier de penser, méditer, et en second lieu celui de s'in-
quiéter, se soucier.
<?uyt! (( fuite )) ; rapporté à la rac «pu^, se courber pour fuir-
Le sens premier est séparation, écart, d'où fuite, exil, etc.;
cf. sanscrit bhuj, séparer, briser, d'où tordre, courber.
yiioi c espace immense et ténébreux qui existait avant
l'origine des choses ».
Le sens pouvait et devait s'exprimer d'un mot : le vide
(primitif) et antérieur à la manifestation des choses; cf.
Sens 2) « Par suite d'une fausse dérivation de x^w (verser,
répandre), masse confuse des éléments répandus dans l'es-
pace, chaos ».
yii^ n*a rien à faire avec ce sens dont le point de départ
est aussi Tidée du vide primordial supposé rempli à Toriginc
par les éléments confondus, par suite de l'impossibilité où se
trouve l'esprit de se représenter la création exnihilo.
y^oL^iei (( ce qui brille, d'où ce qui réjouit, grâce ».
Le rad. de x<^P^? 6st inséparable de celui du sanscrit hars^
s'agiter, d'où être gai, vif, réjoui, et de celui du lat. horreo,
s'agiter, trembler, frémir, d'où se hérisser. La '/à?^^ est donc
uvant tout la joie, sens qui se retrouve jusque dans les ex-
pressions comme x*?^'' Soûvat, proprement donner de la joie,
d'où accorder une faveur, etc.
X'nM' Ce mot est rapporté à bon droit à la même famille
que ^(ai^tia ; mais alors pourquoi donner comme sens premier
celui d'objet en forme de pince, d'où pied, serre ou pince de
certains animaux? — x^^*^ signifie proprement griffe, ce qui
sépare, déchire (cf. x^'?> main, d'abord griffe), d'où pied
fourchu, etc.
— 15 —
y^^i et /.o).o; I bile, fiel, au figuré colère m, rapportés à tort
à la rac. x«?» X*^> briller.
Sens premier, ce qui est acide, aigre, ou amer, d'où au
phj'sique, l'amer, la bile, et au moral, l'aigre ou l'aigreur, la
colère, etc. Radical apparenté à celui de x**^?'^> séparément
et •/r}.^ (voir cet article) ; xô).o; est avant tout ce qui sépare,
tranche, coupe, pique. Pour l'évolution significative, cf.
particulièrement lat. acer, d'où actdus, etc.
oj/V, « souf&e » ; «p'^x^c (( souffle frais, fralcbeur, froid ».
Le rad. est apparenté à celui de a^fj^b), s'agiter; cf. le
rapport de O'jjaoc, souffle, âme et de celui de 6uw, s'élan-
cer s'agiter. L'ordre de développement des significations, est .
d'une part, l'agité, l'air, le souffle, l'âme ; de l'autre, l'agité,
le vif, le frais, le froid.
wpa, « toute division du temps, période de temps ».
Le sens premier est celui de saison chaude, d'où saison
en général, année, période de temps déterminée, "ûp» pour
*9wp-a est de la même famille que le lat. sol; signification
commune première, ce qui est chaud ou échauffé. Le latin
tempus (rad. temp, sansc. iap, échauffer), a la même origine
significative et l'idée y a subi une évolution analogue.
DU VERBE CONCRET
Nous appelons verbe concret celui qui ne peut ex-
primer l'acte pur de cette action sans exprimer
en même temps et indivisiblement le point d'appli-
cation. Ce point d'application est d'ailleurs tantôt
l'instrument nécessaire pour que l'action se produise,
tantôt l'objet qu'elle vient affecter, tantôt enfin la
qualité ou l'adverbe qui l'accompagne ; mais c'est l'ins-
trument qui domine, et l'objet lui-même peut le plus
souvent s'y ramener. Le concrétisme est alors à plu-
sieurs degrés : au plus faible, l'action peut encore
se traduire sous cet accompagnement nécessaire, quoi-
que celui-ci soit très fréquent : au degré supérieur, il
ne le peut et le conglomérat est indispensable, seule-
ment le mot ajouté conserve son existence indépen-
dante, et se retrouve employé en ce dernier état dans
le discours ; au degré extrême, cet emploi séparé n'est
plus possible ; ni le verbe ni son appendice ne peuvent
plus apparaître isolés; bien plus, le déterminant, si son
idée doit être exprimée ailleurs, doit adopter pour
le faire une racine différente, la première s'étant ex-
clusivement consacrée à accompagner le verbe.
Le verbe concret n'existe pas dans beaucoup de
langues, mais seulement dans quelques groupes où ce
— 17 -
phénomène doit être recueilli précieusement et étudié.
Il est probable qu'il est d'une haute antiquité et qu'il
fut autrefois bien plus fréquent, car le concrétisme est
un des caractères du langage primitif. Le langage ne
sépare pas dans les mots ce qui est visuellement insé-
parable, il n'indétermine pas ce qui est surdéterminé.
Ainsi, par exemple, le verbe : aller, a un sens indéter-
miné, on peut aller à pied, en voiture, en barque, en
rampant, en courant, au pas, etc., et lorsque le regard
ou l'imagination voit cette action s'accomplir, il n'a-
perçoit pas telle personne aller, sans aucune addition,
mais il la voit aller à pied ou achevai ou en voiture, etc.
il ne peut séparer l'action de son instrument. Voilà
pour le verbe intransitif. De même en est-il du verbe
transitif et à plus forte raison ; on ne voit pas toucher
quelqu'un sans, le voir toucher avec la main, ou avec le
visage ; bien plus, on aperçoit en même temps l'objet
qu'il touche, et le tout ne fait qu'un dans la vision, il en
doit être ainsi dans le langage ; si quelqu' un meurt, on
ajoutera dans le même mot la cause de la mort ou son
auteur. Ces exemples suffisent pour faire comprendre
h processuspsychique.Vne telle exigence nous semble
étonnante ; au contraire, c'est notre division de la pen-
sée par le langage qui eût semblé surprenante et peu
naturelle, car nous divisons l'indivisible, et si le besoin
d'analyse nous y conduit et présente de nombreux
avantages, il est certain qu'il a ici l'inconvénient de
rendre la perception moins vive, moins frappante, de
diminuer la force des images et de substituer trop
complètement peut-être le langage du raisonnement i
celui de la sensation.
— 18 —
A côté du verbe concret, objet de la présente étude,
se trouve le verbe normal, celui qui est usité dans la
plupart des langues, et uniquement dans celles civili-
sées.
Par exemple, dans les phrases ci-dessus, on dira sim-
plement: je vois, ou je marche, sans ajouter : en voiture,
à cheval, ou en canot ; ou, si Ton ajoute ces idées cons-
tituantes, ce sera plus tard par un mot séparé, peut-être
môme espacé ; pendant longtemps, Tesprit s'en tiendra
avec le langage (du moins l'esprit de l'auditeur), à
ridée de la marche, sans plus. En réalité, il y aura
donc abstraction, mais cette abstraction est si fréquente
qu'elle est devenue pour nous la situation d'esprit
normale.
De même, nous disons que quelqu'un a été frappé,
sans ajouter immédiatement et indivisiblement qu'il
l'a été avec le pied ou avec la main ou avec des armes ;
ce n'est que plus tard, si nous en avons le temps, que
dans une narration détaillée, nous raconterons ces dé-
tails qui sont devenus de simples circonstances. De
même, nous disons rye mange, sans nous croire obligé
d'indiquer quel objet, et si nous exprimons celui-ci, ce
sera après une pause, quand l'idée est déjà complète.
Le verbe, après avoir été successivement concret,
puis normal, parvient à un dernier stade, celui du
verbe abstrait.
Le latin et le grec contenaient un certain nombre de
verbes abstraits, mais le français en possède beaucoup
plus, et certaines langues, comme le basque, ont fini
par faire un emploi continuel de ces verbes. Lorsqu'on
français on dit : je guerroie, on emploie un verbe nor-
- 19 —
mal, il n'est pas concret, puisqu'il ne renferme plus
l'indication du point de fixation^ du mode de l'action,
pour le surdéterminer il faudrait dire dans un seul mot:
je guerroie par terre ou par mer, ou à pied, ou à che-
val, etc., mais cependant l'expression à la rigueur se
suffit; que si je dis rje /a/s la guerre, je n'ai point
dans le verbe ya/'s un verbe concret, ni mêrtie un verbe
normal, car cette expression, si elle reste non suivie,
est tout à fait indéterminée et peut être suivie de la paix
aussi bien que de la guerre. C'est dire que le verbe
faire est tout à fait abstrait, tout à fait indéterminé,
tout à fait vague. Tel est le cas pour la plupart des
verbes dits auxiliaires : être, avoir y vouloir ^ etc.
Ils procurent l'avantage de dégager l'idée vraiment
verbale de tous les indices de temps, de mode, de
nombre, de personne, mais cette idée réside en réalité
dans le radical. qui suit et qui est le verbe effectif. Les
Anglais, dans la conjugaison négative ou l'interrogative,
n'emploient que le verbe auxiliaire do, faire; cela
leur permet d'avoir un verbe attributif invariable ; il
n y a que le verbe apparent qui se conjugue, et comme
il est toujours le même, les affixes y restent attachés, il
n'y a plus besoin de les adapter à chaque instant. Tel
est le verbe abstrait et son usage.
Le verbe est donc, suivant les stades de civilisation et
les pays, concret, normal ou abstrait.
Nous verrons, plus loin, dans un appendice, qu'il en
est de même de plusieurs parties du langage.
On a beaucoup usé et quelquefois abusé de ces mots
abstrait et concret, dont le sens est devenu souvent un
peu vague ou mal compris, il importe de le préciser. Le
— 20 —
concret est le surdêterminé ; par exemple, entre l'indi-
vidu et l'espèce, c'est l'individu qui est concret, c'est
l'espèce qui est relavivement abstraite ; quand il s'agit
du temps^ des verbes, celui qui situe exactement l'action
sur les coordonnées du temps est concret, celui qui le
situe seulement dans une direction est abstrait ; enfin
l'être est abstrait relativement à l'une de ses qualités
qui se rencontre dans d'autres êtres et qui est abstraite,
n'étant plus cantonnée à un seul individu.
C'est dans ce sens qu'existe le verbe concret, il n'ex-
prime plus une action en général, mais cette action
avec quelques-unes de ses circonstances particulières
et principales, capables de l'individualiser.
Mais ce concrétisme, pour exister, non pas seulement
dans la pensée, mais aussi dans le langage, doit réunir
en un seul mot l'action et sa circonstance particulariste,
autrement il n'y aurait plus de concret linguistique.
Il réussit mieux si les deux mots deviennent insépa-
rables l'un de l'autre et ne peuvent plus s'employer
seuls, c'est là le summum du concrétisme.
Les langues les plus dérivées et devenues les plus
abstraites emploient quelquefois le verbe concret.
C'est ainsi qu'en français on dit à son gré \ frapper o\x
tuer du poignard ou siva^Xement poignarder. On em-
ploie alors un autre procédé, l'instrument est devenu
verbe ; l'instrument est d'ailleurs imparfait, car ce mot
n'indique pas si Ton a frappé ou si l'on a tué. C'est du
concrétisme hystérogène qui n'a point la rigueur du
procédé primitif.
Il importe de ne pas confondre le verbe concret avec
la conjugaison concrète. Il y a sans doute dts l'analogie
— 21 -
entre eux, mais le verbe concret est lexicologique,
tandis que la conjugaison concrète est grammaticale ;
en d'autres termes, le verbe concret n'est qu'un mot
non encore employé dans la proposition, tandis que la
conjugaison concrète prend le mot à l'état statique et
le conduit à l'état dynamique par un agencement
actuel qui varie à chaque instant suivant les besoins
de la pensée. Cette conjugaison qui se rencontre un
peu partout sporadiquement^ mais en masse dans les
groupes américains, ouraliens et dans l'esquimau et
sur laquelle nous avons écrit une monographie, est
connue sous le nom de conjugaison objective. Elle con-
siste essentiellement à englober, dans le conglomérat
verbal, le pronom-sujet, le pronom-objet et môme le
pronom-complément indirect ; le basque en offre un
modèle très curieux ; quelquefois même, le substantif
objet est incorporé. De là, le nom un peu impropre de
conjugaison objective, donné non parce que cette con-
jugaison répondrait à l'aspect objectif, mais parce qu'elle
comprend l'objet aussi bien que le sujet. Voici comment
elle est concrète. L'esprit dos peuples primitifs ne pou-
vait concevoir le verbe sans son complément direct
actuel, par exemple, aimer ^ sans exprimer en même
temps l'objet aimé, tuer sans dire l'objet du meurtre.
Il ne leur suffisait pas d'exprimer les deux successive-
ment comme nous le faisons dans nos langues, car alors il
existe un point d'arrêt, quelque bref qu'il soit, dans
l'idée; il leur était nécessaire d'indiquer l'action et
Tobjet d'une manière simultanée, or on ne le peut
qu'en intercalant l'objet dans l'action, ce qui parait
difficile au premier abord. Cependant ce procédé n'a
- 22 —
n'a point été rare, il a pu se réaliser en insérant le pro-
nom-objet entre le pronom-sujet et le verbe en un
même mot, et pour plus d'incorporation, en abrégeant
l'unet l'autre au moyen d'une crase. Parfoisl'union a été
plus énergique; en dacotah, par exemple la racine
verbale s'entrouvre elle-même, et se referme en ren-
fermant le pronom-sujet et le pronom-objet.
Comme on le voit, le verbe concret et la conjugaison
concrète ou objective partent du même principe ; ils
sont concrets tous les deux par surdétermination, par
l'expression dans un même mot tant de l'action que du
point d'application qui la surdétermine, mais la diffé-
rence consiste en ce que l'un des concrétismes est
statique, tandis que l'autre est dynamique. Le verbe
concret se forme une fois pour toutes, sans qu'il y ait
lieu de le construire ou de le défaire à chaque fois,
tandis que la conjugaison concrète, comme toute autre
conjugaison, laisse et reprend à chaque instant ses élé-
ments.
A ce point de vue d'ailleurs, comme nous l'avons
observé au commencement, le verbe concret lui-même
est cependant plus ou moins indivisible. Dans sa véri-
table formule, ce verbe et son déterminant ne peuvent
se séparer d'aucune manière, les deux éléments déta-
chés n'auraient plus aucun sens, mais il ne s'en tient
pas toujours à cette pureté de constitution; quelquefois
le verbe peut s'employer seul, mais le déterminant ne
le pourrait, si l'on veut exprimer Tidée lexicologique
et souvent nominale qu'il contient, il faut se servir
d'une autre racine. Cette nécessité est encore très carac-
téristique. Enfin lorsque les deux mots peuvent s'em-
- 23 -T-
ployer seuls^ le procédé ne diffère plus essentiellement
de la composition ordinaire ; cependant il s'accompagne
de crases ou se corrobore d'union habituelle des deux
mots, ce qui diffère de l'état général des langues, d'au-
tant plus que dans les nôtres, la composition est nomi-
nale, mais rarement verbale.
Ces principes exposés pour éclairer notre marche,
nous allons observer successivement les langues peu
nombreuses où le verbe concreta conservé son existence
assez nette pour qu'il n'y ait pas d'erreur possible sur
sa véritable nature.
Une des plus curieuses sous ce rapport, c'est certai-
nement Talgonquin, ou plutôt le groupe très riche des
langues algonquines, qui d'ailleurs renferme à divers
points de vue les phénomènes grammaticaux les plus
singuliers. C'est là que se rencontre le type le plus pur
du verbe concret.
DU VERBE CONCRET ALGONQUIN
Le verbe concret est à plusieurs degrés : tout d'abord
le concrétisme absolu à la S*' puissance, puis ceux à
la 2* et à la 1'" puissance. Nous commencerons par le
degré le plus élevé. D'autre part, le concrétisme se fait
jour par des moyens différents. L'idée accessoire indis-
pensable au verbe peut être de plusieurs natures.
Tantôt il s'agit de l'instrument par lequel l'action
s'accomplit; c'est alors qus le concrétisme apparaît en
général à son plus haut degré. Alors même il faut sous-
— 24 —
distinguer : Tinstrument peut être subjectif ou objectif.
Il est subjectif quand il consiste en une des parties du
corps humain, il est objectif ou ordinaire lorsqu'il est
de toute autre sorte.
Tantôt il s'agit, non plus de l'instrument de l'action,
mais de son objet; ce cas se rattache au premier,
car l'idée peut passer facilement de l'objet considéré
comme instrument à l'objet lui-même.
Tantôt il s'agit de la qualité ou du degré de l'action
elle-même.
A. — Verbe concret instrumental.
Il faut distinguer l'instrument subjectif et l'instru-
ment objectif.
a) Instrument subjectif.
Celui-ci a été certainement le point de départ et de
type pour les autres. L'homme s'est d'abord servi de ses
instruments naturels ou corporels. <
Nous appelons ces instruments subjectifs, parce
qu'ils sont essentiellement personnels d'abord, à la per-
sonne qui parle ; ma tête^ ma main, puis à la personne
à qui l'on parle et que leur emploi fréquent se rattache
à cette idée primitive de la personnalité et du moi.
Nous examinerons ce concrétisme aux trois puis-
sances.
/o Concrétisme à la 3* puissance ou absolu.
Il y a en algonquin, dit Tabbé Cuoq dans sa Gram-
maire de la langue algonquine, des verbes, pour ainsi
dire, incomplets par eux-mêmes et ne pouvant subsister
qu'à l'aide d'un secours étranger. « Les uns prennent
leur appui par-devant et se nomment verbes prêfor-
— 25 —
més^ les autres le prennent par le côté opposé et se
nomment verbes adformés. »
En effet, l'élément joint, suivant la place qu'il
occupe, forme une préformante ou une adformante.
C'est la préformante qui est la plus usitée. Ce procédé,
nous le verrons bientôt, finit par aboutir à des verbes
prépositionnels.
Ce qu'il faut noter, c'est qu'aucun des deux éléments
ne peut exister séparément.
Voici des exemples ; anim-osey s'en aller à pied ;
animt-pato, s'en aller à la course, animi-se, s'en aller
au YQÏ, anim-aiakaj s'en aller à la nage, anîm atakak,
s'en aller en glissant sur la glace, dans tous ces cas la
racine anim signifie aller ou plutôt en allant, mais ne
s'emploiepasseule. D'ailleurs, ce ne sont pas les diverses
parties du corps qui sont ici en action^ mais leurs
divers mouvements ; nous verrons tout à l'heure l'ac-
tion des différentes parties elles-mêmes.
On s'étonne de voir considérer comme préformante
le verbe anim, qui est cependant le verbe lui-même.
Tandis que les éléments ose^ pato, se, ataka, forment
les instruments de l'action, on serait donc tenté de
renverser la classification du grammairien.
Le verhepim passer, qui n'a pas d'existence séparée,
ne peut aussi apparaitie qu'avec des adjuvants de la
même manière.
Pim-ose, passer à pied, pim-ote, passer en rampant^
pimi'pato, passer à la course, pîmi-se, passer au vol ;
dans ces cas, il s'agit encore des divers mouvements
du corps humain. On peut ajouter: pimi-pahik, passer
achevai, car l'allure à cheval modifie le mouvement du
1
— 26 —
corps ; et même pim-icka, passer en canot, car le mou-
vement se trouve ainsi modifié. C'est d'ailleurs là le
point de transition entre l'instrument subjectif etTins-
trument objectif.
Mais l'instrument peut être plus subjectif encore, en
ce qu'il consiste non dans les divers mouvements du
corps humain, mais dans ses membres mêmes.
La racine nick signifie se fâcher ; de là les verbes
suivants nicki-ma, irriter par la parole, nicki-na, irri-
ter par l'action.
Le mot na est une abréviation de nindj, la main, ou
de nik, le bras, on touche ici la transition entre le
mouvement et le membre.
La racine tang exprime l'idée de toucher, de là les
verbes inséparables: tangi-na, toucher avec la main,
tangi-ck-am, toucher avec le pied, tangy-am-a^ toucher
avec les dents.
L'adformante ck, indique le pied, celle a/n, la bouche
et na, comme nous l'avons déjà vu, la main.
La formation concrète est encore plus curieuse avec
la racine cing qui signifie haïr, être antipathique.
Cing enimay hair par l'esprit, cingi-taica, haïr par
l'oreille, ne pas aimer à entendre, cing-abama, haïr
par la vue; ne pas aimer à voir, cinga marna, ne pas
aimer par l'odorat, ni dnga-mania nasenia, je n'aime
pas l'odeur du tabac, cingip-tca, ne pas aimer par le
goût, ni cing-in-tca kikons, je n'aime pas le poisson .
Quelques-uns dcces éléments joints ont une existence
séparée, mais ont été abrégés dans le conglomérat ;
d'autres n'ont aucune existence autonome ; c'est ainsi
que le t, ta est une abréviation du mot tawak, oreille ;
— 27 —
ab une du mot tcab, voir, mais les autres adformantes
rnam pour l'odorat, et p pour le palais n'ont aucune
existence distincte.
La racine iako, prendre, saisir, se combine aussi avec
les adformantes pour former un verbe,
Tako-ma^ prendre avec la main, tak-wama, prendre
avec les dents, iak-werima, prendre avec la pensée,
comprendre.
La racine />a/2ï, échapper, perdre, produit les verbes
suivants :
Pani-na, perdre dçs mains, pani-cka-tca, perdre du
pled^pana-ba-na, perdre de y\ie, pani-tawa, perdre
de l'oreille, ne pas entendre, pana-ma, perdre de la
bouche.
La racine onia, signifie le dos> sur le dos, pini-oma,
porter sur le dos^ pi t-o ma, appo rter sur le dos, /)a/i-oma,
s'échapper de dessus le dos .
La racine bin, indique le mouvement du bras, ou le
bras lui-même en un mouvement vif, aje bina, reculer
avec le bras, kiceki-bin, tourner en allongeant vite le
bras.
Ce qui est remarquable, c'est que toutes les parties
du corps ne reçoiventpas cet emploi grammatical, mais
seulement celles qui servent d'instrument à l'acti-
vité.
Les verbes concrets subjectifs sont donc de deux
sortes: ceux qui joignent indivisiblement au verbe
leiément d'une partie du corps, ceux qui y joignent
celui de 1 action d'une de ces parties. Le tout, d'ailleurs,
est considéré, non comme objet, mais comme instru-
ment.
— 28 —
D'autre part^ on peut distinguer les préf armantes et
les adformantes que nous avons d'abord confondues
pour plus de clarté. Les différents mouvements, instru-
ments de Taction, rentrent dans la classe des pré/or-
mantes. Les organes mêmes du corps a|)paraissent
comme adformantes. Le second point seul demande
une explication,
Dans les exemples ci-dessus cités^ anim-ose, aller à
pied, anim- pato, aller à la course, animi-se, aller au
vol, on peut considérer que c'est le second élément et
non le premier, qui forme le verbe, et qu'on doit tra-
duire ainsi : en allant marcher, en allant courir, en
allant s'envoler. La préformante jouerait alors le rôle
d'adverbe et le verbe serait prépositionnel. De même,
/>{/n-ode passer à pied, se traduirait: en passant mar-
cher, etc., l'exemple du véritable verbe prépositionnel
algonquin serait dans ce sens : a-patOj courir à, à-pagis,
se jeter à.
2^ Concrétisme à la 2^ puissance
Sans quitter encore cet ordre d'idées, il faut obser-
ver que quelquefois le premier élément peut exister
séparément, ce qui rend le concrétisme moins absolu,
et en tout cas plus grammatical, en voici des exemples :
Madgi-pato, partir à la course, kitoe-palo, s'en re-
tourner à la course.
D'autres fois, c'est le second élément qui peut exis-
ter isolé ; mais alors, en prenant le premier élément,
il modifie un peu sa signification. Anoki, travailler,
ina-^inoki, travailler d'une certaine manière, mais il
s'agit là d'éléments objectifs.
— 29-^
5® Concrétisme à la i'* puissance
Quelquefois les deux mots ont un emploi séparé aussi
bien qu'un autre collectif, alors on touche aux verbes
composés ; les grammaires n'en donnent pas d'exemple
pour le subjectif.
b) Instrument objectif .
Ici nous ne distinguons plus les différents degrés de
concrétisme.
L'instrument objectif s'est formé, suivant nous, par
imitation de l'instrument subjectif, car les armes habi-
tuelles de l'homme, celles de son corps, ont été les
premières. On distingue encore ici les instruments
eux-mêmes et le mouvement fait pour s'en servir. Il
faut distinguer aussi le cas de préformation et celui
d'adformation.
/•' cas : Préjormation
Voici des exemples : anim-ac, aller à la voile,
comme on disait au subjectif, anim-ose^ s'en aller à
pied ; pimi-pahik, monter à cheval, comme on disait
pimi'poto, passer à la course ; pim-ickas, passer en ca-
not. On voit par là comment la transition s'est faite du
subjectif à l'objectif.
Racine ma, descendre, d'où, ma-am, descendre en
canot, ma-ac, descendre à la voile, ma-atakak, des-
cendre par la glace.
Racine nis, descendre, d'où nis-adjiwe^ descendre
par le côté, nis-andawe, descendre par l'escalier, nis^
ikn, descendre par un rapide.
— 30 -
Dans tous les cas précédents, aucun des deux éléments
ne peut exister séparément.
Voici maintenant des exemples où le premier élément
peut avoir une existence séparée.
Akim-ose, aller en raquettes, tibuk-ose, marcher de
nuit, madji'patOy porter à la course, hisse-pato, s'en
retourner à la course.
Le verbe peut avoir deux préformantes, anim-akim'
ose, s'en aller à la raquette, papam-akim-ose^ se pro-
mener en raquette.
Dans certains autres, les verbes complets par eux-
mêmes peuvent prendre une préformante, mais
alors celle-ci modifie un peu la signification.
Ici encore l'interprétation de la préformation peut
être double, cette préformante peut être considérée
comme le verbe, et telle est la première impression,
et alors le second élément est l'instrument ; ou bien la
préformante doit être assimilée à un simple adverbe,
et c'est le second élément qui est le verbe véritable.
La grammaire prouve que c'est la seconde interpréta-
tion qui doit prévaloir, car les exemples de préfixation
de Tadverbesont dans ce sens : in-me, parler comme,
in-atis, se conduire comme, 0^'P^» boire ainsi, iji-webat,
il en est ainsi {animocing iji-pik, ils boivent à la ma-
nière des chiens). Une nouvelle preuve est apportée
dans ce sens, lorsque la préformante peut s'employer
seule, puisque alors son sens distinct est bien connu,
tibik-ose, marcher de nuit, gwaiak-ose^ marcher
droit.
Mais alors dans les verbes à adformaiites il se pré-
sente un nouveau genre de concrétisme. Dans nis-
— 31 —
adjiwe, descendre une côte, ms-ï6on, descendre un
rapide, nis-andavoe, descendre l'escalier, nis ne signi-
fiant plus descendre, mais de haut ea bas, adjiwe,
signifiera non pas par là côte, ni ibon, être sur le
rapide, et le tout aura la traduction exacte suivante :
de haut en bas être sur la côte, d'où les verbes con-
crets : être sur la côte^ être sur le rapide substitués au
verbe normal, être, se tenir^ on aurait un verbe, une
racine de verbe différente pour chaque situation. Ce
concrétisme consisterait non dans le point d'attache
d'une action à un objet, à un instrument ou à un
mouvement, mais bien dans l'emploi d'une racine dif-
férente pour chaque action, comme on peut en em-
ployer une pour chaque substance. Grammaticalement
cela est bien le procédé, ainsi Tadformante et la pré-
formante produiraient des concrétismes de nature dif-
férente.
Telle est la vérité grammaticale, mais celle psycho-
logique est autre ; dans l'esprit, le mot adverbial qui
précède est devenu un véritable verbe, toutes les fois
surtout que le second élément correspond au mouve-
ment d'un organe ou d'un instrument matériel, si bien
qu'on pourrait interpréter dans le même sens, même
lorsque le premier élément est une préposition véri-
table : iji-pi, au lieu de boire comme, pourrait se ren-
verser ainsi : imiter en buvant; a païwe, se réfugier
au lieu de ifuir vers ; être vers en fuyant, etc.
Ce qui est à noter, c^est qu'on peut trouver dans ce
procédé primitif l'origine du verbe prépositionnel lui-
même qui aurait exprimé le mouvement matériel, ou
Torganeen mouvement, tandis que l'adverbe ou la prépo-
— 32 —
sition préfixées auraient exprimé la direction du mou-
vement et Tacte proprement dit.
Quoi qu'il en soit^ il existe une conciliation entre ces
deux explications. Dans Temploi des préformautes,
c'est bien quant à la forme et grammaticalement le se-
cond élément qui est le verbe, mais psychiquement et
virtuellement c'est le premier.
b) Cas d'adformation.
L'interprétation est simple, c'est bien le premier
élément qui est le verbe, le second exprime l'instru-
ment matériel de l'action ; on peut appeler ce verbe
verbe instrumentaL
Bi exprime que l'instrument est la boisson.
C'est la dernière syllabe du mot ; nipi, eau: kiwakœe'
bi, être étourdi par la boisson, être ivre ; kavi-bi, être
abattu par la boisson, tomber d'ivresse, mino-bi, être
bien par la boisson, mangi-bi, être méchant par la
boisson.
Abawe exprime que l'instrument est Veau.
Miw-abawe, être chassé par la pluie, cabtc-abawe,
avoir ses habits percés par la pluie, tewik-wei, avoir la
migraine pour s'être mouillé, nis-abawe, être tué par
l'eau, se noyer.
Ac exprime que l'instrument est le vent.
Tak-aé, être rafraîchi par le vent, nakoi-ac, être
arrêté par le vent, web-ac, être emporté par le vent,
kwa-nab-ac, chavirer par le vent.
Ac devient asin, quand le verbe a pour sujet un nom
de genre inanimé : web-asin-pingw, être emporté par
le vent, la poussière.
Ok, exprime que l'instrument est les vagues.
— 33 —
Kinda^oc, être englouti par les flots, tcat-canga-ok,
éprouver le tangage^ kiwack-toeia-okt être étourdi par
les flots.
As : par le soleil.
Cin-as, êtreébloui par le soleil, tewiktoei-ds , souffrir
d'un coup de soleil, seg-as, être effrayé par le soleil,
kivoakwei-as , êtreétourdi par le soleil.
Awas : par la chaleur.
Ab-awas, se réchauffer, cib-aœaSj supporter la
chaleur, a?aAretr-atras, être sensibleau chaud, nagatavo-
aiccts, être accoutumé à la chaleur.
Akis : parleyèw.
Aibakis, être dur à cuire, wisak-akis, souffrir d'une
brûlure, tcag-akis, être consumé par le feu, mokw-
akis, pleurer de douleur par l'effet du feu.
Abas : par Isk Journée,
Cibabas, pouvoirrésisterà la fumée, kiptcanam-abas ,
être étouffé par la fumée, wakwew-abas, être facile-
ment incommodé par la fumée, kakipin-gwei-abas,
être aveuglé par la fumée.
Atc: par le froid.
Tak-atc, être saisi par le froid, kik-atc, être raidi
par le froid, nining-atc, trembler de froid, voakem-atc,
être frileux.
Tant : par le bruit.
Miwi-tam, être chassé par le bruit, kitoack-we-tam ,
être étourdi par le bruit, tewikwe-tam , avoir le mal
de tête à cause du bruit, wakewi-tam, être sensible au
bruit.
Ngumc : par le sommeil,
SiW-wg'toac, être fatigué par le sommeil, kawi-gwacj
— 34 —
succomber au sommeil, wingi-ngwac, aimer à dormir,
wani-ngwac, être somnambule.
Akone : par la neige ,
Miw-akone, être chassé par la neige, cioia-akane.
être ébloui par la neige, inden-akone, rester exposer à
la neige, naka-akone, être arrêté par la neige.
Ne : par la maladie.
Moko-ne, pleurer par le mal, kawi-ne, succomber à
la maladie, pimi-ne, être malade de la guerre, kakami-
ne, périr vite de la maladie.
Nos : par Vodeur,
Nisa-nos^ être tué par Todeur, nigata-^nos, être habi-
tué à l'odeur, wakewa-nos être sensible à l'odeur,
miwa-nas, être chassé par l'odeur.
Cin : par une chute.
Kiwaue-cin, être étourdi par une chute, pikokitoane-
cin, se casser le nez en tombant, kibilam-cin, saigner
du nez en tombant.
Kos : par le choc d'un objet.
KawiC'kos, être abattu sous un fardeau, tc/saArc-A'os,
être meurtri.
Il faut remarquer soigneusement que ces éléments
indiquant l'instrument n'ont pas, pour la plupart,
d existence isolée et ne se rencontrent que dans cette
composition, c'est ce qui leur donne le caractère et l'em-
ploi concrets.
{A suivre.)
The Biacayan Grammar, Vocabulary, and Bilin-
gual Dialogues of Rafaël Micoleta (Bilbao^
1653).
A. The manuscript. On tbe back of the volume at
the British Muséum containiDg the origîDal, thèse
words are printed Italian \ & | Biscayan | Gramm \
Mm.\BriL \ Bihl. \ Hart. | 46/6 \63U \ PL. XX.E. \ 9.
It contains the book plate of Owen Brigstocke at the
begiDuing of Micoletas work. This shews bis coat of
arms bearing three scallop shells (like those worn by
the pilgrimsto Santiago de Galicia to the présent day),
and a blackbird standing on the top of the helmet
above theshield and holding a cherry in its righthand
claw.The motto, in.capitals, beneath thèse arms is
àç 6(fiç xal TueptaTEpà, like serpent and dove, recal-
ling the words of the Lord ased by Cardinal Pôle,
the last Catholic Archbishop of Canterbary, on bis
escatcheon. In reply to a question by myself signed
PALAMEDES, a writer named D. M. B. was good
enoagh to publish in Notes and Queries, March 27,
<897, London, page 257, some information shewing
that « Owen Brigstocke was born 1680, matriculated
a Jésus Collège, Oxford, 29 October, 1695, agedfif-
- 36 —
teeo, and was calledto the bar at the Hiddle Temple
1705 », that he <(had literary tastes, and spent much
time in Paris », thaï « He collected a library, a por-
tion of wbich is still at Blaenpant » in Wales, in
the house of bis descendants bis brotbers, So be
was a contemporary of, if not acquainted witb, Pierre
d'Urte, whose Biblical translation was publisbed in
Oxford, Jnne 1" 1894\ bytbe Vice-Principal of Jésus
Collège, tbe Rev^ Llewelyn Tbomas, Canon of S*Asaph,
Wales.wbodiedprematurely on the 12th of May,1897,
frominfluenza. Thewords«MVSEVM | BRTAN | NI-
CVM » are stamped in red on the verso of tbe 47lh
leaf, wbich is the last that bears any writing, and on
tbe front of the 2»^ The mark « BRITISH | MU-
SEUM » witb the royal crown occurs likewise in red
on tbe verso of tbe 10^** and 15'** leaves.
Tbe followingare tbe catchwords in the manuscript :
f. 2. recto (y), f. 3. recto {y) verso /a/' imper f, f. 6.
verso /reyr, f. 7. verso Mantetes. Folio 15 is followed
by a blank and annumbered leaf.
On the recto of f. 16 occurs, in a very différent
bandwriting, perhaps that of Master 0. Brigstocke, at
any rate someone indiffèrent to the niceties of Heus-
karian writing, the following slovenly copy.
Gure Aita ceructan aicena Pater noster qui es in eœlU
Sanctiftca bedi hire icena sanctificetur nomen tuum
1. I take this opportunity of requesting that 1876 be added
after 1870, on p. 162 of that book, and London after 1881.
- 37 —
Ethor bedi ire Résuma
Eguin bedi hire oorondatea
ceruan beçala lurrean-ere
Gurc eguneco oguia iguc egun
Eta quUa ietzague gure çorrac
nola guçere cordunèy
quitiaten baitra-oegu,
Eta ergaiUala aar eraei tenta-
tionetan, baina delura gaitzac
gaichtorie,
Ecen hirea duc Résuma, eta
puissança, eta gloria seculacotz
Veniat regnum tuum,
Fiat ûoluntastuaquemadmodum
in cœlo sic etiam in terra Panem
nostrum quotidianum da nobis
ho die
Et remitte nobis débita nostra
sicut et nos remittimus debitori-
bus nostris
Et ne nos inducas in tentationem^
sed libéra nos a malo
Quia tuum est Regnum et potentia
et gloria in scecula Amen»
Amen
The Lords praycr inthe Cantabrian Visayna
or présent Baccuensa (sic) Languadge oui ofPaulus
Merula Cosmographie part 2 lib 2
On tbe recto of folio 17 cornes la tbe same hand-writing :
Sinhesten dut Jainco Aita bo-
there gucitaco ceruaren, eta
lurraren creaçalen baithan* eta
Christ haren semé bakoitz gure
Jauna baithan: ccin concebitu
içan haita spiritu sunindaganie :
sortu maria cirginaganic : pon-
Uo pilateren passionatu, cruci*
Ûatu, hil eta abortze: inantzi
içan da inffernisuara^ ,
Hereneeo egunian resuscitatu
canda hiliaric : igan de ceruete-
ra: jarria da Sainco Aita : bo'
there gueita coaren escunean :
Handie ethorteco da oicien eta
hiten ugeatzera sinhesten dut
Spiritu saindua baith an : sin
heêten dut elica sain duCathoU'
eoa: saindun communionea:
hekatuen barkamendua, hara-
guiaren resurrectionea ; eicitze
Credo in Deum pat rem omni-
potentem
creatorem cœli et terrœ : et in
Jesum Christum Jllium eius uni'
cum
dominum nostrum: qui conceptus
est de Spiritu sancto ese natus
Maria oirgine ; passus subpontio
pilato, cruxijiœus mortuus et se-
pultus, descendit ad in/eros: tertio
die reeurrexit de mortuis as-
candit in coelum : sedet ad dex-
teram dei patrie omnipotentis :
inde oenturus ad iudicandum
eiuos et mortuos.
Credo in spiritum sanctum
credo sanctam ecclesiam Catho-
licam : sanctorum communio-
nem, Remissionem peccatorum
Garnis Resurrectionem : eitam
œternam Amen.
tUrnala, Amen,
1 . Ou bien injfemisuara sans point sur le 2* i.
— 38 —
The Apostles creed in the same Languadge.
P. Merula took this Gure Aitu from Leiçarragas
version of S' Matthew. ch. 6. v. 9-13. There are va-
riants in the différent éditions of his Cosmographiu,
On p, 302 of that of Raphelengti M. D. C.V. oiie
reads ceruan, çordunèy, trauegu, gatchtotic- It was
repeated without change in the édition of Amsterdam,
1621. Bat in that of 1636 and the same place p. 69
70 c&ruan occurs as in this manuscript. Merula hasHe-
gnum et Potentia, et Gloria in secula, in the latin and
Résuma, Yorondated.ietsaguc, Résuma, eta Puissança,
eta Gloria in the Basque.
Afterthis there corne flve blank and unnumbered
pages, (two leavesand ahalf) and then,on the verso
of that marked in pencile as i8, there are eleveo
lines with thèse words beneath them : The Lordt
prayer in the présent languadge of Island. The iast
three lines however constit of the numerals hup to
tivtugu (20). It would be interesting to know
whence came this Icelandic Pater and the above Heus-
karian Credo. On the other side of the same leaf, tbe
stamp « MUSEVM | BRITAN | NICVMin redrecurs.
Then there are two blank folios. On the recto of the
first bas been pencilled the foUowing note 4416 =
29 fols 6SU=\S Exf^FmSept 1885. The first folio, or
frontispice, is preceded by 22 blank folios] separating
it from the end of the manuscript entitled Remarques
tur La Langue Italienne, By Matthew Prior, Esq'"".
— 39 —
Tbe recto of tbe foarth of Ihese leaves bears tbe note
i^^^-ifE. Tbe. 42. is in pencil.
B. The édition published at mt expense in sevillà
ON THE 25 tb OF JANUART, 1897. I mucb regret tbat I
did not wait six months before publishing this book I
a If you wish a tbing done well, do it your self » is a
trite saying, but very true. M' G. F. Barwick, of tbe
British Huseom, supplied me witb a copy of part of
tbe text tbat was put into tbe printers bands, and
revised tbe rest, wbicb I bad takeu from tbe very care-
lessly made édition in tbe Revista de Ciendas Ht$tor%'
c(u> Barcelona, 1881. To tbis my attention was first
called in 1892, by Don R. M. Azkue Presbytero.
I was aiso mucb obliged to bim for reading tbe proof-
sheets; but bedid notperform tbis task quite to my
satisfaction, and avowed tbat be feit no interestin tbe
work. Yet, «if a tbing iswortbdoingat ail, it is wortb
doingwelU. I bope tbat before long a pbotograpbic
fâcsimile of tbe original will be available for continen-
tal Bascologists .
It isnecessary to say tbat in tbe manuscripttbe Dia-
logues begin on tbe 1 2tb leaf , next after tbe verses. Tbe
recto of folio 1 1 bas only tbe word Dialogos. Its otber
side is blank. Tbe pages bearing tbese, interesting
dialogues bave a separate numbering, up to 7, being
theoDly part of tbe manuscript tbat bears any numbe-
ring in ink, and are tbe last part of tbe book. Tbe recto
of folio 10 contains tbe modo decontar entirely and
- 40 —
exclusively, ending/o^ àqui. Tbe introductory or pro-
perly grammatical part of tbe work, down to page 10
of tbe new édition, is too slight and too full of mistakes
to be of any value.
The Dictionario brève, however, and tbe Dialogot
are a very important addition to tbe lexicological
wealtb of Spanisb Basque, indeed second only in impor-
tance to tbe (mostly Bizcayan) Befranet y Sentenciat
printed at Pamplona by P. Porralis in 1596, men-
tioned by Larramendi, wbo utilised an imperfect
copy now missing, and reprinled at Geneva in 1896
for M' W. J. Van Eys. It would be satisfactory to
learn wbat is meantby a el son que llaman, las vacasi^,
p. 33. To an Englisbman it recalls wbat is vaguely
known as « tbe tune tbe old cow died of )> . I Ibink
tbat Don Francisco Rodriguez y Marin, of Sevilla,
wbo requested me to translate bis poems into Basque,
and gave me a perfect copy of tbe édition printed in
Tolosa, 1790, of tbe volume numbered 103 in the
Bibliographie de la Langue Basque (1891), must be
learned enougb to explain tbe expression.
One wisbes aiso to flnd out wbo Ganaza mentioned
at tbe beginning of tbe dialogues, was. He is there
referred to as baving said tbat a mau sougbt for tbree
tbings witb great care, namely a slitcb loose in bis stoc-
kings, « una suciedad en la cama, y los cu^nos si su
mugerse los poney>.
Tbe saying ^ tan delicado como Judeo en viernes »
(p. S5) aIso requires explanation. Delicado evidently
— 41 —
means scrapulous, and the scruples must be those
aboateating and drinking on the eve ofthe Sabbath
day . Doany previoas or later Spanish autbors use such a
pbrase ? I hope to say sometbing in an otber article
aboQt tbe language of tbe author in connection with
that of other Bizcayan writers. It seenos likely that he
knew Martin Ocboa de Capanaga (in tbe édition of
whose Doclrinea publisbed at Yizeu, 1893, read on
page CLXVII desde instead of de manera). I shali tben
publisb a list of tbe many and vexations misprints in
my édition, for tbe wbicb 1 beg pardon.
Edward Spencer Dodgson .
Cork, Ireland, 28 november 1897.
HISTOIRE
DE LA
PRINCESSE DJOUHER-MANIRAM
Roman traduit du Malais
sur le Manuscrit de la Bibliothèque Nationale de Paris
Par Aristide MARRE
(Suite)
Maka baginda poun meniourouh.kan segala man-
tri dan houloubalang pe.kerdja.an akan meng.
hantar.kan touan poutri dengan anakda baginda
itou. Maka baginda poun membri perentab pada segala
mantri demikian perentab baginda : « Hey segala ka-
mou mantri . kou siapa kamou sakalian yang dapat
kousourouh.kan meng. hantar.kan istri.kou dan
anak.kou tiga orang ber.saoudara ini kapada nene^.
nia radja Haroun er-Raschid di binoua Bagdad. » Ma-
ka sakalian. nia poun tiada berani berdatang sembab
melainkan ber.diam diri.nia djouga.Maka baginda
Le roi Chah Djôhon confia donc son épouse et ses
trois fils à ce ministre perfide, se reposant sur les pa-
roles qu'il venait d'entendre. Une quarantaine de cha-
meaux chargés des présents, quarante nourrices des
enfants, cent suivantes de la princesse, mille hommes
ouvraient la marche, mille cavaliers bien armés et
bien équipés formaient Tescorte de la princesse et de
— 43 —
poun membri perentab kapada mantri yang ter.touah
deripada yang Iaîn,maka kata baginda : a Hey mantri.
kou angkau.lah kapada hati.kou yang dapat kou barap
akan meng. hantar.kan istri kou dan anak.kou tiga
orang bersaoudara ini karna pendapat.kou sakali-kali
angkau tiada ber.bouat khianat pada kou, lagi poun
angkau ter-touah deripada segala mantri.kou yang
laîn, adalah angkau takout akan Allah soubhanah oua
taaia dan kapada akou. » Maka sembah.nia mantri
itou : (( iâ touankou chah alam sa.benar.nia.lah yang
di.per.hamba men. djoundjoung perentah yang maha.
moulia itou sa.harous.nia.Iah hamba mengerdja.kan
perentah chah alam itou meng. hantar.kan Sri padou-
ka adinda dan anakda itou kapada radja Haroun er-
ses enfants. Cela fait, la princesse prit congé de son
époux; celui-ci la tenant embrassée, la couvrit de bai-
sers ainsi que ses trois enfants, en pleurant. Il lui re-
commanda de présenter ses hommages à son père le
sultan Haroun er-Raschid, ses salutations à son frère
aine Minbah Châhas ; il la chargea de déposer aux
pieds de Leurs Majestés mille et mille pardons et de
taire ses excuses à son frère Minbah Châhaz.
Alors le prince dit au ministre, félon : « mon mi-
nistre, il faut que tu partes maintenant et que tu
mènes le chameau de mon épouse, car j ai pleinement
confiance en toi ; surtout aie bien soin delà protéger! »
Mais le roi ne s'était point appuyé sur Dieu le très haut
et digne de louanges, et pour ce motif Dieu le très
haut l'en punit. Quand le prince eut fini de parler au
ministre, celui-ci dit : a Monseigneur, roi du
— 44 —
Raschid. » Maka radja Chah Djohon poun menierah.
kan istri nia dan anakda yang katiga orang itou kapa-
da mantri khianat itou sah karna sebab menengar sem-
bah mantri khianat itou^ dan segala per.kasih.an saki-
ra.kira ampat pouloh éikor onta yang niembaoua dia,
dan ampat pouloh orang pengasoh anakda itou^dan sa-
ratous dayang-dayang meng.hantar.kan adinda itou
dan sa.ribou orang yang meng. hantar.kan adinda
itou, dan sa.ribou orang yang ber.kouda dengan alat
sendjata.nia yangmeng.iring.kantouanpoutri Djouher
Manikam dengan anakda baginda. Maka sakalian.nia
ter.serah.lah kapada mantri itou, Satelah soudah
makatouan poutri poun ber.mohon.Iah kapada souami-
nia. Maka baginda pounmémelouk dan men.tchioum
monde, votre serviteur porte vos ordres sur le sommet
de sa tête. »
Alors la troupe s'étant mise en marche, la princesse
Djouher-Manikam monta sur son chameau avec ses
trois enfants ; un garde du corps se tenait à la tète ; elle
s'avança accompagnée par le misérable ministre et par
toute son escorte, se dirigeant de halte en halte vers la
ville de Bagdad. On était arrivé à une de ces haltes,
quand le jour fit place à la nuit. Le ministre fit alors
dresser une tente pour que la princesse y prit du repos,
les gens dressèrent leurs tentes tout autour. La prin-
cesse Djouher'Manrkam descendit de son chameau,
puis entra dans sa tente avec ses trois enfants ; les
tentes des nourrices et des suivantes entouraient en
cercle la tente de la princesse. Au milieu de la nuit,
une pluie violente vint à tomber ; alors le misérable
— 45 -
istri.nia dan ana^.nia yang katiga itou serta dengan
tangis.niadan ber.pesan kapada istrinia akan sembah
kabaouah douli ayahnda dan bounda Soultan Haroun
er-Raschid, dan sembah baginda kapada padouka ka-
kenda Minbah Chaha:s, baginda mohon.kan ampoun
be.ribou.ribou ampoun kabaouah douli ayahnda dan
bounda dan minta maaf kapada kakenda Minbah
Chahcus; dan kapada mantri khianat poun baginda ber.
kata: « Hey mantri. kou baîk-baik-lah angkau pergi
ini membaoua onta istri.kou ini karna sangat.lah ha-
rap. kou kapada mou; houbayà-houbaya baik angkau
memelihara.kan dia ». Tetapi radja itou tiada ber.
sandar kapada Âllah soubhanah oua taaia, sebab itou,
lahmaka datang balas Âllah taala kapada radja itou.
ministre agité par Satan, fut tenté dans son cœur. Il
pensa : « L'épouse du roi est admirablement belle,
belle comme son nom de Djouher-Manikam ; il faut
que j aille auprès d'elle et que je lui déclare mon
araour! » Et alors le ministre rebelle partit et entra
dans la tente de la princesse. Il la trouva encore assise
auprès de ses trois enfants, occupée à chasser les mous-
tiques.
La princesse le voyant entrer dans sa tente, lui de-
manda : « mon ministre I quelle affaire t'amène au-
près de moi, à cette heure, au milieu de la nuit ? )> Le
ministre répondit : « Je viens ici parce que je vous dé-
sire ! » La princesse dit alors : « Et c'est là l'affaire
qui t'amène auprès de moi ! C'est à toi que le roi m'a
confiée à cause de ton grand âge et comme si tu étais
mon père. C'est en toi qu'il a mis toute sa confiance
— 46 —
Telah soudah habis titah baginda kapada mantri itou,
maka sembah mantri : <( ià touankou chah alam atas
batouk kapala hamba.Iah menanggong dia. » Maka
segala rayât poun ber.djalan.lah iya dehouIou,maka
touan poutri Djouher Manikam poun naïk ka.atas
onta dengan anakda tiga orang itou dan sa'orang bi-
douanda yang meng.apala.kan onta itou maka touan
poutri ber.djalan.lah dî.iring.kan olîh mantri yang
bédébah itou dengan rayât sakalian itou deripada
souatou per.henti.an datang kapada souatou per.hen-
ti.an menoudjou djalan ka nngri Bagdad. Hatta Ka-
lakian maka datang. lah kapada souatou per.henti.an
maka hari poun malam.lah, maka mantri itou poun
men.diri.kan kheimah akan tampat touan poutri ber.
pour que tu nous fasses arriver, moi et mes enfants, en
la ville de Bagdad auprès de mon vénéré père, le roi
Haroun ér-Raschtd. Quel est donc ton naturel, pour
que tu veuilles commettre une action qUe condamne
Dieu le très haut et digne de louanges? Pour moi, il
m'est interdit de la commettre, parce que je suis la
servante de Dieu le très haut et la fervente disciple de
Mohammed l'envoyé de Dieu (que la bénédiction de
Dieu soit sur lui et le salut!). Que seraîs-je donc si je
me rendais coupable de cet acte que Dieu le très haut
et digne de louanges défend : Et toi, tu n'as donc au-
cune craintede Dieu le très haut et digne de louanges?
Ne seras-tu pas couvert de honte en face de l'Envoyé
de Dieu, au jour du jugement dernier ? Et tu veux
commettre cette action défendue qui est un grand
péché I v
— 47 —
adou itou.Maka segala orang yang bania]^ itoupoun
men.diri akan kheimah djouga meng. oliling.i khei-
mah touan poutri Djouher Manikam. Maka touan
poutri poun touroun deri.atas onta.nia itou lalou
masouk kadalam kheimah serta anakda baginda tiga
orang dan segala yang mengasoh dan dayang-
dayang poun ber.idar meng.oliling.i kheimah touan
poutri Djouher Manikam itou^ maka datang kapada
tengah malam, maka houdjan poun touroun terlalou
lebat.maka mantri tchelaka itoupoun haroubirou oiih
cheîtan mem.bri ouasouas pada hati.nia. Maka fikir.
nia bhaoua istri radja ini terlalou amatelok roupa.nia
dan nama.nia poun terlalou indah-indah touan poutri
Djouher Manikam, balk.lah akou pergi kapada.nia
Le misérable ministre dit : « Si tu ne veux pas, je
tue tes enfants. » — « Jamais, dit la princesse, jamais
je n'y consentirai, et si tu fais périr mes enfants, que
puîs-je contre l'arrêt de Dieu, si ce n'est d'invoquer
son nom ? » Le ministre tua un des enfants du roi. Cet
enfant mort, pour la seconde fois il fit la même de-
mande à la princesse, et celle-ci répondit : « Jamais
je ne me résoudrai à commettre cet acte indigne de
tout croyant et défendu par l'Envoyé de Dieu. Non^ je
ne le ferai pas ! » Le ministre dit : « Si tu ne veux pas,
je tue un autre de tes enfants. » La princesse Djouher-
Manikam répondit : « Si tu tues mon enfant, c'est par
l'arrêt de Dieu, et je me soumets à sa volonté. » Le
ministre tua le second enfant. « Non, jamais, répéta
la princesse, je ne consentirai à cet acte I En quel état
paraltrais-je, au jour du jugement dernier, devant la
— 48 —
mengata.kan berahi akou kapada.nia. » maka mantri
dourhakaitoupounpergi.lah iyaniasouk kadalam khei-
mah touan poutri itou maka di.dapat.i.nia touan poutri
itou lagi doudouk di sisi anakda yang tiga itou serta
lagi mem. bourou-bourou niamol: maka touan poutri
poun melihat mantri itou masouk kadalam kheimah.
nia, makakata touan poutri itou : « Hey mantri. kou
apa pekerdja.an mou datang kapada akou ini ouektou
tengah malam ini ? » Maka kata mantri itou « ada-
poun hamba datang ini hendak-kan touan pou tri. lab.»
Maka kata touan poutri demikian. lah pe.kerdja. an
mou datang ini kapada akou, karna akou di.serah.
kan olih radja kapada mou, karnaangkau mantri yang
ter.touah lagi ka.per.tchahaya.an radja, oupama ba-
facede l'Envoyé de Dieu (que la bénédiction de Dieu
et le salut soient sur lui !). » Le misérable ministre re-
prit : (( Si tu ne veux pas de moi, je tue ton troi-
sième enfant. » Et la princesse répondit : « Si tu le
tues, quepuis-je faire, sinon mesoumettreà la volonté
de Dieu et invoquer son nom ? » Le troisième fils du
roi fut tué. Questionnée de nouveau, la princesse dit
encore : « Jamais je n'y consentirai ; jamais je ne com-
mettrai une telle action ! » Et ce ministre bâtard dit :
« Si tu ne veux pas de moi, nécessairement je te tue,
toi aussi I »
Alors la princesse pensa dans son cœur : « Si je ne
veux pas céder, sans nul doute il va me tuer ; il faut
donc que j'use de ruse. » Alors elle dit : v Attends-
moi ici, je veux d'abord laver mon vêtement, mon
badjou et mon corps> car ils sont teints du sang de
— 49 —
pa.kou angkau lagi radja poun sangat.lah harap.nia
akan dikau kapada meniampey. kan dakou dan anaV-
kou ka aagri Bagdad kapada ayah.kou radja Haroun
er-rachid.\maka betapa pekerti.mou yang demikian
ini hendal^ ber.bouat pe kerdja. an yang tiada di.per.
kenankan Allah soubhanah oua taala karna pe.kerdja.
an itou boukan laik-kou meng.erdja.kan dia karna
akou hamba Allah taala dan oummat bani Mohammed
rasoul A\ldih( Salla Allah alay ht oua sallamal) bhaoua
akou akan pekerdja.an yang di.larangkan Allah
soubhanah oua taala betapa pri.kou ber.bouat dia Ber-
monla angkau poun tiada.kah takout akan Allah sou-
bhanah oua taala dan tiada.kah angkau malou akan
rasoul Allah pada hari kiamat djamaah maka ang-
mes enfants. » Le ministre maudit de Dieu le très
haut répondit: « C'est bien, j'attends ici. »
Alors la princesse DJouher-Manikam sortit de sa
tente. La pluie tombait à torrents. La princesse, s'éloi-
gnant précipitamment, marcha pendant toute la nuitsans
savoir où elle allait. Elle marchait depuis plusieurs
heures lorsque l'aurore parut ; la princesse arriva
ainsi près d'un arbre au milieu de la plaine^ et après
en avoir mesuré des yeux la hauteur, elle monta
sur cet arbre. Le jour s'était levé; en ce moment passa
sur le chemin un marchand qui venait de faire son
commerce et s'en retournait en la ville de Bassrah :
il se nommait Biyâpri\ En passant sous l'arbre, il
leva les yeux et aperçut une femme assise sur cet arbre.
1. CeDom de Biydpri signifie en malais : c marchand, commer-
çant, négociant. »
4
— 50 —
kauhendals pe.kerdja.an haram ini lagi dosa besar.' »
Maka kata mantri bedebah itou « djika angkau
tiada maou nistchaya kou.bounouh arlak.mou ini.»
maka kata touan poutri Djouher Manikam <( bhaoua
sakali.kali akou tiada redia akan pe.kerdja.an ini
dan djika kau.bounouh anak.kou apatah dayah.kou lagi
dengan faoukoum ÂUah djouga nama.nia? » Maka di.
bounouh.nia olih mantri analj: radja itou sa'orang.
Satelah soudah mati maka di.tania poula akan touan
poutri itou, maka djaouab touan poutri demikian
djouga sa.kali.kali akou tiada maou meng.erdja.kan
pe.kerdja.an itou karna boukan orang islam meng.
èrdjà.kan demikian, bhaoua pe.kerdja.an inidi.iarang.
kan rasoul Allah, bhaoua akou tiada maou meng.
« Qui êtes- vous, s'écria-t-il, êtes- vous femme ou
djinn? — Je ne suis ni djinn^m démon, mais une
descendante du prophète de Dieu Adam (que le salut
soit sur lui !), une disciple du prophète Mohammed
l'Envoyé de Dieu (que la bénédiction de Dieu et le salut
soient sur lui !). »
B/yajor/ grimpa sur l'arbre, prit la princesse, la fit
monter sur son chameau, puis se mettant en route,
la conduisit au pays de Bassrah, Arrivé dans sa mai-
son, Biyâpri voulut s'approcher de la princesse, mais
celle-ci lui dit : « Garde-toi de m'approcher tout d'a-
bord, car j'ai fait à Dieu le très haut vœu de demeurer
quarante jours sans voir la face d'un homme. Lorsque
ce temps sera expiré, cela deviendra possible ; si ces
quarante jonrs n'étaient pas encore écoulés, nécessai-
rement je mourrais. »
- 51 —
erdja.kan dia.Maka kata mantri itou djikalau angkau
tiadamaou nistchaya kou bounouh ana^ mou sa'orang
lagi. Maka kata touan poutri Djouher Manikam
« djika kaubounouh analj[.kou itou dengan houkoum
Allah atas.nia redla.lah akou » maka.olih (mantri)
îtoupoun di. bounouh. nia poula anak radja itou.maka
djaouab touan poutri itou bhaoua sakali.kaiiakou tiada
maou mengerdja-kan yang demikian itou, betapa hal
akou memandang mouka rasoul ÂlIah {Salla Allah
aleyhi oua sallama) pada hari kiamat djamaah.
Maka kata mantri bedebah itou (( djika angkau tiada
akan akou, nistchaya ka.tiga.nia ana|i:.mou kou.bou-
nouh itou ». Maka kata touan poutri Djouher Manikam
djika kau.bounouh sakalipoun apatah daya kou lagi
Alors Biyâpri l'installa sur la terrasse grillagée de
sa maison et lui prodigua ses soins et ses prévenances.
QUATRIÈME RÉCIT
Où IL EST ENCORE PARLÉ DU MINISTRE ASSASSIN
DES ENFANTS DU ROI
Aussitôt après que la princesse Djouher ^ Mani-
kam fût partie en fuyant, le ministre ordonna à toute
l'escorte de s'en retourner et de se présenter au roi
Chah Djohon. Il dit à ses gens : « vous tous, servi-
teurs de la reine, voyez quelle a été sa conduite! Ses
trois enfants sont morts, et c'est elle qui les a tués ! Après
quoi elle a disparu. En quel lieu a-t'-elle pu se réfu-
- 62 -
soudah.lah dengan houkoum Allah taala nama-nia. »
Maka mati.lah ka.tiga.nia anak radja itoumaka di.
tania.i poula akan touan poutri itou maka touan pou-
tri : « tiada akou meng.erdja-kan pe.kerdja.an ini
boukanpekerdja.ankou. »
Maka kata mantri haramzadeh itou « djika angkau
tiada maou akan akou nistchaya angkau kou bounouh
poula '). Makafikir touan poutri dalam hati. nia djika
akou tiada maou akan dia nistchaya akou poun di.
bounouh. nia, baîk.lah akou ber.bouat honar, maka
kata touan poutri : « nanti.lah akou di.sini dehoulou
akou hendals mem.basouh kaîn.kou dan badjou.kou
dan toubouh.kou karna ber.loumour darah anak. kou. »
Maka mantri lanat allah taala : « Balklah, akou me-
gier? Personne au monde ne le sait. Voilà ce qu'elle a
fait I Pour vous, partez tous, emportez les cadavres de
ses trois enfants au roi Chah Djohon, dites-lui toutes
les circonstances. » Les gens chargés d'emporter les ca-
davres s'en retournèrent tous ; arrivés en la présence
du roi, ils rapportèrent les circonstances de la trahison
du ministre envers la princesse et du meurtre de ses
enfants, ajoutant qu'il était parti de son côté en disant
qu'il voulait aller à la recherche de la princesse. Il
emmenait avec lui ses trois fils, quarante laskars * et
les trésors.
Quand le prince eut entendu ces paroles, il demeura
frappé de stupeur, mais son repentir d'avoir laissé
partir la princesse sans lui était inutile. Il fit inhumer
1. Laskar on Lachkar est an mot persan, fort usité en hin-
doustani, qui signifie soldat on marin.
— 53 —
nanti di sini. ^ Maka touan poutri Djouher Manikam
poun kalouar.lah deri.dalam kheimah.nia, maka tou-
roun houdjan poun terlalou lebat.Maka touan poutri
poun mem.bouang. kan dirinia berdjalan pada inalam
itou tiada.Iah ber.ka. tabou. an pergi.nia lagi.kalakian
adabebrapadjam lama.nia touan poutri itou ber.djalan
maka hari poun pedjer.lah.Maka baginda sampey.lah
kapada pohon kayou di tengah padang Siyoudjana.
Mata menentang tinggi.nia ma^a lalou nalk touan
poutri ka. atas kayou itou maka hari poun siyang.Iah^
maka pada tatkala itou ada sa'orang saudagar lalou
pada djalan itou datang derlpada ber.niaga hendal^
poulang ka nagri Basrah ber.naraa Biyapri, maka
iyapoun lalou di baouah pohon kayou itou . Maka iya
les trois jeunes princes. Le roi versait des larmes et
tous les gens de sa maison et du palais remplissaient
Tair décris et de sanglots dont le bruit était semblable
aux craquements du tonnerre, pendant qu'on procédait
aux funérailles suivant les coutumes observées pour
tes plus grands rois.
Après cela, le prince descendit de son trône royal et
se transforma en derviche pour mieux se livrer à la re-
cherche, dans tous les pays, de son épouse bien-aimée.
Il avait avec lui trois esclaves seulement, dont l'un
se nommait Hestri. — « Pars, lui dit-il, va à la re-
cherche de ta maîtresse en tous les pays ; » et il lui
donna un cheval avec des provisions. Hestri dit :
«Que votre Majesté soit heureuse ! ô Monseigneur, roi
du monde, quels que soient vos commandements, votre
serviteur les pose sur sa tête ! » Hestri se prosterna^
— 54 —
me.lîhat ka. atas pohon kayou itou maka dî.lîbat.nîa
sà'orang perampouan doudou^c di.atas pohon kayou
itou maka kata.nia : « Hey perampouan siapa.kah
ini manousia.kah atau djin.kah angkau îni? » maka kata
touan poutri Djouher Manikam : « akou ini boukan
djin dan boukan cheltan, bhaoua akou ini derîpada
anak tchou-tchou nabi Allah Adam [cdeyki es'selam!),
dan deripada oummat nabi Mohammed rasoul Allah
{salla Allah aleyhi oua sallama!) » Maka Biyapri poun
nalk ka.atas pohon kayou itou meng.ambil touan pou-
tri itou, maka di naik.kan.nia ka'atas onta.nia lalou
di.baoua.nia ber.djalan ka nagri Basrah. Satelah
soudah sampey ka roumah Biyapri maka Biyapri poun
puis monta sur son cheval^ il se mit en route se diri-
geant vers la ville de Bassrah.
Après quelque temps de marche, il arriva en la
ville de Baasrah et passa devant la maison de Biya-
pri. En ce moment môme, la princesse Djoaher-Ma-
nikam était assise sur la terrasse de la maison de
Biyapri ; elle regarda attentivement le visage de Hes-
tri qui passait le long de la maison et l'appela en
disant: « Hé Hestri ! d'où viens-tu jusqu'ici ? » Hes-
tri, jetant ses regards vers le haut de la terrasse,
aperçut la princesse Djouher-Manikam et lui dit :
« J'ai été envoyé par votre frère aine pour vous cher-
cher, Madame ! » La princesse dit : « Va-t'en, pro-
mène-toi ; à la nuit tu reviendras ici , maintenant
qu'il fait grand jour, je craindrais que Biyapri ne
connût notre départ. » Hestri, en s'inclinant, répon-
dit : « C'est bien, Madame I »
— 55 —
henda^ hampir kapada touan poutri. Maka kata touan
poutri : « djangan.lah angkau bampir dehoulou karna
akou lagi ber.nadzar kapada Âliah taala ampat pouloh
hari tiada akoubolih me.lihat mouka laki.Iaki, apabila
soudah sampey maka bolih dan djika belom sampey
nistchay a akou mati. » Maka di tarob.nia olih Biyapri
di.atas pendjour roumah.nia di.pelihara.kan balk,
balk dengan saperti.nia.
QUATRIÈME RÉCIT
El Kitwah pri meniata.kan tcheritra yang kaMm-
pcUakan mantri yang mem,bounouh anak radja itou!
Satelah soudah touan poutri Djouher Manikam
pergi mem.bouang.kan diri.nia maka mantri itoupoun
meniourouh.kan sakalian rayât kombali mengadap
radja C/ioA Djohon maka kata. ni a kapada segala orang
itou : « Hey touan. touan sakalian lihat.lah olib hamba
sakalian perangi touan poutri Djouher Manikam, anak.
Il alla se promener çà et là, en attendant que la
nuit fût arrivée. Quand le jour eut fait place à la
nuit^ il revint au bas de la maison de Biyâpri et at-
tendit quelques instants, puis il appela la princesse.
« Attends, dit-elle, car Biyâpri veille encore. » Hestri
s'assoupit, puis il s'endormit au bas de la maison de
Biyâpri, après avoir tout d'abord noué la bride dé
son cheval à sa ceinture.
L
-So-
nia tiga orang ini telah mati di.bounouh.nia, maka
iyapoun lenniap.lah deri sinî kamana gerangan ghaîb.
nia boukan gerangan manousia itou. Maka demikian
lakou.nia tetapi pergi.lah kamou sakalian baoua malt
analj: radja tiga ini kapada rad ja Chah Djohon, kata .
kanlahsegala haï ahoual.nia kapada radja itou. Maka
segala orang yang membaoua malt anal: radja itou-
poun kombaii.Iah sakalian. Sa telah soudah sampey
kapada baginda maka di.per.sembah.kan.nia.lah hal
ahoual mantri itou hendak ber.bouat khianat kapada
touan poutri dan padouka anakda di.bounouh.nia!
maka iyapoun pergi kata.nia hendaV men.tchahari
padouka adinda dan segala harta itou di.baoua.nia
dengan anak . nia tiga orang dan laskar touankou ampat
CINQUIÈME RÉCIT
La princesse Djouher-Manikam étant descendue de
la terrasse, monta sur le cheval pendant que Hestri
dormait encore. Elle s'assit sur le cheval, attendant
que Hestri se réveillât. Mais un voleur éthiopien qui
était venu près du magasin de Biyâpri pour voler,
aperçut ce cheval dont la bride était attachée à la
ceinture de Hestri ; il la détacha et tira le cheval jus-
qu'au milieu de la plaine. Dans la pensée de la prin-
cesse, c'était Hestri qui conduisait ainsi son cheval.
Mais la lune s'étant levée, TÉthiopien vit assise sur le
cheval ume femme d'une éclatante et merveilleuse
beauté.
Le cœur du voleur éthiopien fut rempli de joie. Il
pouloh. Satelah baginda mendengar sembah rayât itou
maka baginda poun heiran akan diri.nia dan.sesal
baginda poun tiada ber.gounalagi karna sebab baginda
meniourouh.kan touan poutri itou pergi tiada serta
dengan baginda.Maka baginda poun meniourouh.kan
orang menanam.kan padouka anakda tiga orang itou
sorta dengan tangis.nia baginda dan segala isi rou-
mah.nia dan astana.nia poun ramey bounyi tangis.nia
goumourouh saperti tagar.Maka di.tanam.kan orang.
lah saperti adat segala radja.radja yang besar-besar.
Satelah soudah iya meniourouh.kan menanam.kan
anakda itou, maka baginda pountouroun deriatas ka.
radja.an.nia, baginda men djadi.kan diri.nia saperti
derouis men.tchahari makin padouka adinda touan
dit dans son cœur : « Voilà bien longtemps que je
suis parti pour voler quelques richesses; certes^ j'ai
acquis pas mal de joyaux, de perles, de pierres
précieuses, de l'or, de l'argent^ de magnifiques vête-
ments de toutes sortes, mais tout cela n'est rien en
comparaison de la merveille que je viens de trouver
et qui va devenir ma femme, la lumière de mes yeux,
le fruit de mon cœur! Maintenant, je vais donc jouir
en paix du bonheur de posséder cette épouse I )>
La laaison du voleur éthiopien était située sur le
sommet d'une colline ; il y conduisit la princesse
Djouher-Manikam, lui montra tout ce qu'elle conte-
nait et la lui livra en disant: « ma jeune sœur I c'est
à vous qu'appartient tout ce que renferme ma maison,
usez-en suivant votre bon plaisir. » La princesse
dit ; « Demeure tranquille tout d'abord ! » Et elle
— 58 —
poutri Djouher Manikam itou pada segala nagri den-
gan tiga orang sahaya baginda djouga pergi.Maka ada
sa'orang sahaya baginda itou yang ber nama Hestri
« pergi.lah angkau men.tchahari touan.mou pada se-
gala nagri» niaka di.bri baginda sa.eikor kouda séria
dengan bakal.nia.maka sembah Hestri « daulat iâ
touankou Chah alam mana perentah touankou hamba
djoundjong » maka Hestri poun meniembah serta naik
ka.atas kouda lalou ber.djalan ka nagri Basrah Hatta
bebrapa lama.nia di djalan itou maka sampey.lahiya
ka nagri Basrah lalou iya ber.djalan di.hadap.an
roumah Biyapri, maka koutika itou touan poutri
Djouker-Manikam doudouk pada pendjourou rou-
mah Biyapri, maka touan poutri Djouher Manikam
pensa dans son cœur : « Voilà donc ma destinée : d'a-
bord j'ai demeuré chez Biyapri, et maintenant me
voici tombée entre les mains d'un voleur éthiopien !
C'est par la volonté de Dieu le Très-Haut que cela
arrive à sa servante I » Le voleur éthiopien voulut
approcher la princesse, mais celle-ci lui dit : « Garde-
toi bien de m'approcher dès maintenant, car j'ai fait à
Dieu le très haut le vœu de ne pas voir la face d'un
homme avant trois jours révolus. »
Le voleur éthiopien prit alors à boire et dit :
« Allons, buvons d'abord I » — « A mon avis, observa
la princesse, si nous commençons par boire tous les
deux ensemble, toi tu t'enivreras et moi aussi ; des
hommes m'enlèveront loin de toi, et ils te tueront. Il
en serait ainsi sûrement. Allons ! j'emplirai ta coupe
et tu boiras, toi, le premier ; quand tu auras assez bu.
~ 59 -
poun memandang moujtjLa Hastri lalou iya ka tepi
roumah-Br^apn maka touan poutri Djouker-Manikam
poun memanggil ^es^r/kata. nia : « Hey Hestri deri-
mana angkau datang kamari ini ? » maka Hestri poun
memandang ka.atas pendjourou roumah itou maka di.
lihat nia touan poutri Djouher-Manikam maka sem-
bah Hestri : « hamba.di.sourouh.kan olih padouka
kakenda mentchahari touankou. »
(A suivre,)
alors je boirai à mon tour, et c'est toi qui empliras ma
coupe. » Le voleur éthiopien fut très joyeux d'en-
tendre ces paroles de la princesse. « C'est vrai, ce que.
vous dites 1 » s'écria- t-il.
Il reçut avec grand plaisir la coupe des mains de la
princesse et but. Après avoir vidé plusieurs fois la
coupe, il tomba ivre-mort, sans l'usage de ses sens et
semblable à un cadavre.
(A suivre,)
BIBLIOGRAPHIE
Euai de témantique par Michel Brëal. — Paris.
1897. HachetUet C'\ éditeurs, io-So, 349 p.
Ce nouvel ouvrage de réminent professeur du
Collège de France est avant tout un recueil de curiosi-
tés linguistiques et grammaticales. En l'envisageant à
ce point de vue, et abstraction faite des étymologies
dont beaucoup sont contestables, on ne saurait lui
refuser les plus vifs éloges. L'auteur, qui s'est visible-
ment inspiré, à propos du grec, du latin et des langues
germaniques, de la méthode inaugurée en ce qui
regarde le français par A . Darmesteter dans sa Vie
des mots, a apporté à l'application qu'il en a faite les
brillantes qualités de clarté et de finesse dont on
peut dire qu'il a le monopole en matière de grammaire
comparative et philosophique. Nul n'excelle comme lui
à encadrer, quand il s'agit des phénomènes les plus
délicats du langage, les détails techniques et d'éru-
dition pure dans un style qui leur prête tout le charme
des œuvres d'art et les dispose en tableaux qui font les
délices du savant de profession autant que du simple
amateur. Les livres de M. Bréal, et surtout celui-ci,
sont comme la galerie pittoresque et amusante de la Un-
-•61 -^
guistique, et rarement Vutile dulci n'a été réalisé plus
heureusement par Talliage du savoir précis et de Tagré-
ment littéraire. L Essai de sémantique iaM penser à la
Pluralité des mondes mise au point, quant à la forme*
par un émule de Renan, et c'est tout dire.
Mais ces mérites si précieux et si rares en pareille
matière seraient-ils incompatibles avec les larges syn-
thèses dont le domaine si neuf de la science des signifi-
cations nous laisse entrevoir la perspective 7 On serait
tenté de le craindre, en constatant qu'ils s'appliquent
ici plutôt à ce qu'on pourrait appeler les faits divers de
cette science qu'aux traits d'ensemble qui la caractéri-
saient. Aussi, à cet égard, V Essai de sémantique
entraine-t-il des déceptions, dont je voudrais essayer
de montrer la cause, en prenant pour exemple le
contenu du chapitre X, intitulé : La restriction du sens.
« Un fait que donne toute la matière (est-il dit en
« tète de ce chapitre), c'est que nos langues, par une
« nécessité dont on verra les raisons, sont condamnées
<( à un éternel manque de proportion entre le mot et la
« chose. L'expression est tantôt trop large, tantôt trop
« étroite . »
Un exemple où l'expression est trop étroite nous
est fourni par le mot français toit, qui au point de vue
de son étymologie (lat. tectum) devrait signifier tout ce
qui est couvert, mais qui a été « assez resserré par
« l'usage.. . pour convenir uniquement et spécialement
« à la coBverture d'une maison ».
— 62 -
Ce que l'auteur appelle ici « manque de proportion
entre le mot et la chose » résulte en réalité de Tabsence
d'un mot indépendant ou propre à tout égard pour
désigner l'objet du substantif toit. Pour lui, il en
en voit la raison dans « ce que le verbe est la partie
« essentielle et capitale de nos langues, céUequiserl à
« faire des substantifs et des adjectifs. Or, ajoute-t-il,
« le verbe, par nature, a une signification générale,
« puisqu'il marque une action prise en elle-même,
« sans autre détermination d'aucune sorte. En combi-
« nant ce verbe avec un suffixe, on peut bien attacher
a l'idée verbale à un être agissant, ou à un objet qui su-
H bit l'action, ou à un objet qui est le produit ou Tins-
« trumentde l'action, mais cette action gardant sa si-
<( gnification générale, le substantif ou l'adjectif ainsi
« formé sera lui-même de sens général. Il faudra que
« par l'usage on le limite. ^
Nous remarquerons tout d'abord que rien n'est plus
contraire à l'idée logique qu'on peut avoir du dévelop-
pemenl du langage que de voir dans le verbe le fac-
teur des substantifs et des adjectifs. L'action est une
abslraction eu égard au sujet agissant, et les choses
abstraites, nous n'avons pas à l'apprendre à
M. Bréal, n'ont été revêtues des signes de langage qu'à
la suite des objets concrets ; s'il est quelque chose
de sûr en pareille matière, c'est que le nom de
l'agent a précédé celui de l'acte qu'il accomplit.
En d'autres termes, et par exemple, Tidée de cou-
- 63 -
vreur et de couvert, couverture (du toit), (c'est-à-dire
ce qui couvre), est la mère et non la fille de celle qu'ex-
priment les formes verbales je couvre, tu couvres, il cou-
vre, elc, expressions qui reviennent du reste à celles
de moi couvreur, toi couvreur, lui couvreur, etc.
La raison cherchée de l'absence de propriété
(n'oublions pas que c'est de cela qu'il s'agit) du mot
toit ou, ce qui revient au même, de sa parenté avec tec-
tum, dont le sens est plus large, réside donc ailleurs
que dans le fait de la prétendue préexistence de tego, je
couvre. Je m'empresse d'ajouter qu'en substituant
un nom d'agent '^tex, celui ou ce qui couvre, à tego,
comme signe initial de Fidée de couvrir, je laisse in-
tacte qnant au fond l'explication de M. Bréal : dans
Tune et l'aulre hypothèse, — que le nom d'agent
impersonnel ait précédé ou non le verbe person-
nel, — le mot primitif exprime une idée géné-
rale qui se spécialise ultérieurement au sens de
toit. Mais la véritable cause du phénomène est bien
autrement intéressante et profonde; elle tient à la loi
générale qui préside à l'histoire du langage et en
vertu de laquelle les significations primordiales sont
allées sans cesse du général au particulier, c'est-à-
dire en se multipliant et se spécifiant grâce à la
multiplication préalable des formes du langage issues
de l'altération phonétique et de la dérivation. C'est
ainsi qu'en latin l'idée de couverture en général,
exprimée par les mots tectum, toga, tugurium, tegu*-
— 64 ~
mentum, etc., s'est restreinte petit à petit après la créa-
tion de ces mots au sens de toit, toge, tégument, etc. \
Voilà, à notre humble avis, ce qu'il importait de
mettre en plein relief, surtout dans un livre consacré à
la science des signiQcations. Cette science ne saurait
en être que l'histoire fondée sur les principes qui
viennent d'être rappelés. Il est vrai qu'au lieu d'un
chapitre de dix pages à peine sur la question, elle eût
demandé à elle seule la moitié du volume, et d'inci-
dente qu'elle est dans ce volume, elle serait devenue
le pivot sur lequel tout le reste aurait tourné.
Il importait d'autant plus d'envisager les faits sous
ce jour que la propriété des mots en général et celle
du mot toit en particulier se rattachent au problème de
l'imposition des noms et servent à le résoudre. Si les
noms avaient été imposés aux choses d'une manière
arbitraire, on ne verrait rien de pareil vraisemblable-
ment aux restrictions significatives dont nous entre-
tient M. Bréal: chaque objet aurait son nom particu-
lier, et par là même adéquat et sans relation avec les
dénominations des autres objets plus ou moins diffé-
rents. Dès l'instant où il en est tout autrement et où
les ;mots forment des familles dont les membres ont
entre eux des liens visibles tant pour la forme que pour
le sens, il y a tout lieu de croire à un développement
1. Je me permets de renvoyer pour cette question si importante
à ma note sur le déoeloppement phonétique et idéologique du
langage (EboUs de linguistique éeolutionnistef p. 298).
— 65 —
coordonné et spontané de part et d'aulre, c'est-à-dire à
une création naturelle des formes et à une attribution
naturelle des sens qui sont en opposition formelle avec
les idées de l'auteur sur l'intervention de l'esprit ou
plutôt de la conscience sur le développement du langage.
On voit le conflit des principes et la cause profonde du
désaccord des méthodes entre celle que nous adopte-
rions et celle de H. Bréal.
Sous un autre égard, les rapports dont il vient d'être
question qui régnent entre les mots d'une même
langue et qui résultent d'un développement soli-
des formes et des sens, constituent ce qu'on a
appelé très justement Vorganisme du langage. A
notre avis, M. Bréal a tort de contester l'exactitude du
terme : si tout organisme est un ensemble de phé-
Qomènes simultanés et successifs plus ou moins
durables dont les mouvements et les changements
sont le résultat d'une même impulsion centrale, le
langage est éminemment susceptible d'être considéré
comme un organisme, et le mot de vie appliqué à
Timpulsion qui l'anime n'a rien de métaphorique. Le
verbe humain ne serait inorganique et sans vie propre
qu'à la condition de consister en faits indépendants
et inertes. Est-ce le cas? La spécification inconsciente
des sens généraux combinée avec la multiplication
non moins inconsciente, chez le parleur des formes,
par suite de Taltération phonétique et delà dérivation,
sont les faits patents et constants qui répondent sans
— 66 —
ambages n la question. Que cette vie du langage
humain soit le prolongement ou la manifestation par-
tielle de la vie même de l'homme, nous ne le contes-
terons pas; mais ce que nous maintiendrons, c'est
que des faits du langage, tout en étant d'origine indivi-
duelle, n'en sont pas moins instinctifs et irréfléchis
à l'état initial comme les battements du cœur, le jeu
de la respiration et tous les phénomènes de la vie
physiologique; c§qui revient à dire que si la cons-
cience s'en empare, ce n'est pas elle qui les produit
et qu'ils résultent eux-mêmes de lois d'ordre surtout
physiologique ; il en est ainsi des changements pho-
nétiques à l'époqne où les sons sont encore fluides ;
il en est ainsi des changements sémantiques quand,
par exemple, la combinaison habituelle du mot toit
avec le mot maison a restreint pour celui-là le sens
général de œuvert ou couverture au sens spécial de
couverture d'une maison ; ou par un phénomène
inverse, quand la combinaison de l'adjectif perçant
avec le mot esprit a développé chez l'adjectif le sens
(moral) de subtil à côté du sens physique de perçant.
Rien de prémédité ni de voulu dans l'un et l'autre
cas; d'où l'hypothèse inévitable de causes fatales et
par conséquent légales ou régulières qu'il importe de
dégager et de connaître pour instituer d'une part la
phonétique, de l'autre la sémantique.
Loin de trouver la notion, le souci et la recherche
de ces lois dans le livre de M. Bréal, nous y consta-
— 67 —
tons, au contraire, comme une tendance constante à
ramener le général au particulier, à remplacer Tétude
des séries par celle des faits isolés, à substituer le
capricieux ou l'accidentel au régulier et au coordonné,
à préférer en un mot les anecdotes aux explications
d'ensemble et aux coups d'oeil généraux, le tout sous
prétexte de sauvegarder l'autonomie de l'intelligence
humaine et la propriété de ses œuvres. « £n ce long
« travail (celui du développement grammatical) il n'y
a arien, dit M. Bréal, qui ne vienne de la volonté. »
Nous affirmerions volontiers tout le contraire : dans
révolution linguistique rien ou presque rien n'est
d'origine consciente et voulue ; et c'est parce qu'il en
est ainsi que (sans^parler de la phonétique), la sé-
mantique a des lois, qu'elle peut devenir l'objet dune
science, et que le livre de M . Bréal, qui semble fait
pour prouver le contraire, en appelle d'autres où ces
bisseront exposées etdémontrées expérimentalement.
Paul Regnaud.
- 68 -
Formation de la nation française, par Gabriel de
MoRTiLLET, professeur à l'École d' Anthropologie
(Bibliothèque scientifique internationale, t. LXXXVI).
Paris, Félix Alcan, 1897, in-8^ VJ-.336 p., nombr. fig.
Le vers si connu de Destouches, que tant de per-
sonnes attribuent à Boileau, h*est point d'une applica-
tion rigoureuse. En matière scientifique surtout, la
critique est souvent plus difficile que l'art, et il est
beaucoup moins pénible de faire un livre que de
contrôler le travail d'autrui. Il y a d'ailleurs des
sujets tellement spéciaux et des noms tellement auto-
risés que, sans aller jusqu'à jurer absolument sur la
parole d'un maître, on peut affirmer à priori que telle
œuvre est aussi bien faite et aussi complètement
traitée que possible.
C'est précisément le cas du livre dont j'ai donné le
titre ci-dessus. Seul peut-être en France, M. de Mor-
tillet pouvait le faire ; seul il connaissait à fond tous
les éléments ou du moins les éléments principaux de
son sujet, et s'il y avait des défauts ou même des erreurs
dans son ouvrage, elles ne pourraient porter que sur des
points de détail qui disparaissent tout à fait dans l'en-
semble. Au surplus, la qualité maîtresse de l'auteur,
qui fait le plus grand mérite de son livre, c'est la
méthode, cette méthode précise, rigoureusci sûre et
si parfaitement logique.
— 69 -
M . de Mortillet examine d*âbord à quelles sources
00 peut puiser pour résoudre le problème qu'il s'est
posé : établir l'histoire préhistorique de la France. Il
n'a pas de peine à montrer que ni la Bible, ce vieux
fétiche, ni les légendes, ces gracieuses filles de l'ima-
gination populaire travaillant sur des souvenirs confus,
ne peuvent donner d'indications exactes; que les
textes écrits doivent être consultés avec prudence ;
que la linguistique et la science des religions don-
nent quelques renseignements ; mais que c'est surtout
l'anthropologie et la paléo-ethnologie qui permettent
d'étudier la question aussi exactement que possible.
Quelles sont donc les conclusions de cette étude 7
La première apparition de Thommesurle territoire
qui constitue aujourd'hui la France a eu lieu vrai-
semblablement il y a quelque 230 à 240,000 ans.
L'homme, dernier terme actuel de la série animale,
issu par voie de progression des singes anthropoïdes,
a dû se former dans les régions plus chaudes de
FAsie méridionale, de l'Inde probablement. Les pre-
miers <i Français » immigrants étaient des sauvages
de petite taille, à la tête allongée, d'une intelligence
rodimentaire, nus, laids et très vigoureux, uniquement
armés de gros nœuds de pierre taillés à grands éclats :
il faisait alors assez chaud dans nos régions , puis la
température alla en se refroidissant, ce qui amena la
grande époque glaciaire dont la durée ne peut être éva-
laéeàmoinsde 150,000ans. Le besoin renditl'homme
— 70 —
industrieux ; il apprit à se vêtir, à se loger, à se
chauffer, à perfectionner son outillage. La race se
transforma : le cràne^ sans cesser d'être allongé,
s'amincit et le cerveau put augmenter de volume ;
Tart prit naissance et nos ancêtres de cette époque
nous ont laissé quelques représentations d'eux-
mêmes : leur beauté était toute relative. Doux et paci-
Qques, pêcheurs et chasseurs, ils n'avaient aucun ani-
mal domestique et ne cultivaient point la terré. Enfln,
le climat s'adoucit, et il y eut de grands changements
dans la vie et les habitudes. A ce moment, survinrent
des envahisseurs brachycéphales, mentalement supé-
rieurs aux premiers occupants de notre sot ; ils
apportèrent un commencement de religion, le culte
ou tout au moins le respect des morts, l'agriculture,
la domestication des animaux, l'usage de l'arc et de
la hache emmanchée, le polissage de la pierre : ils
venaient sans doute de l'Asie antérieure, des régions
dites plus tard éraniennes. D'autres immigrations
suivirent : à l'époque de l'âge de bronze, arrivèrent
encore de l'Asie, mais de contrées un peu plus
septentrionales, des hommes qui faisaient de la métal-
lurgie, qui brûlaient leurs morts au lieu de les enter-
rer. Les nouveaux venus se mélangeant avec les
vieux dolichocéphales ont peu à peu formé le fond de
la population française actuelle. Nous arrivons ensuite
à l'âge de fer et nous touchons à l'histoire.
A-t-on quelques données sur le langage de ces
— 71 —
• *
diverses races antiques? M. de Mortillet a eu grand
soin de faire remarquer, après Hovelacque, qu'il n'y
a aucune corrélation nécessaire, aucune solidarité,
entre les langues, les races et les nationalités. Mais on
peut, en s'aidant des résultats de l'observation linguis-
tique, émettre quelques hypothèses admissibles. Les
premières populations historiques de la France par-
laient des dialectes celtiques, et le celte, plus proche
parent du latin que du grec, paraît être la première
langue aryenne qui soit venue en Europe. Mais,
auparavant, que parlaient les Français de la préhis-
toire ? A mon avis, chaque groupe régional devait
avoir son idiome propre, d'origine spontanée, tout à
fait différent des autres, essentiellement agglutinant,
composant et polysynthétique, dont on peut retrouver
quelques traces dans les mots français modernes,
assez nombreux encore, d'origine inexpliquée.
En fermant, sur ces réflexions, le livre admirable de
M. de Mortillet, je ne puis m'empêcher de remarquer
que l'auteur n'est ni membre de l'Institut, ni grand
ofBcier ou commandeur de la Légion d'honneur, ni
professeur au Collège de France, et pourtant combien
peu, parmi ceux qui réunissent tous ces titres, lui
sont supérieurs 1 En particulier, je ne cesserai jamais
de m'étonner que le Collège de France, dont le rôle
initiateur et rénovateur est la seule raison d'être, ait
on enseignement aussi mal organisé. Beaucoup de
chaires y sont inutiles, parce qu'elles font double
— 78 —
emploi avec celles de la Sorbonne ou d*ailleurs ;
beaucoup sont à remanier, par exemple celles de
philologie comparée et d'histoire des religions
quisont à transformer en cours de linguistique géné-
rale et de mythologie comparée; et il y aurait à créer,
pour n'en citer que deux, des chaires d'anthropologie
et de paléo-ethnologie. Quand verrofts-nous s'accom-
plir ces réformes nécessaires ? Quand verrons-nous se
produire l'œuvre de justice et de réparation ? Hélas I
comme l'a dit le vieux poète, dans la page superbe
que j'ai déjà citée ici, la vertu a disparu de la terre
depuis les temps antérieurs à l'histoire, sous le
règne hypothétique de Saturne :
... Quum frigida parvas
Prseberet spelunca domos, ignemque, laremque,
Et pecus, et dominos communi clauderet umbra ;
Sylvestrem montana torum cum sterneret uxor
Frondibus et culmo, vicinarumque ferarum
PeUibus, haud similis tibi, Cynthia, nec tibi,cujus
Turbavit nitidos extinctas passer oceilos ;
Sed potanda ferens infantibus ubera magnis.
Et sa^pe horridior glandem ructante marito.
Quippe aliter lune orbe novo, cœloquerecenti,
Vivebant homines qui, rupto robore nati,
Compositive luto, nuUos habuere parentes...
Julien ViNSON.
— 73 —
Le Patois de Petit-Noir, canton de Chemin {Jura),
par P. RicHBNET. — Dâle.L. Bernin ; Paris, Welter,
4896, pet. in-8o. de (viij)-302 p.
Je donnerais volontiers ce volume comme modèle à
tous ceux qui voudraient étudier le langage spécial à
certaines régions et surtout à certaines localités. Ces
monographies sont d*une importance capitale pour
rhlstoire complète du développement d'une langue» et
il est extrêmement utile parfois qu'on ait pu recueillir
un tout petit détail linguistique confiné à tel village ou
à tel hameau. Mais pour augmenter la valeur de ces
observations, encore est-il bon qu'elles soient faites
par des personnes au courant des procédés et des
méthodes de la science .
Toutes ces conditions se trouvent réunies dans le
présent volume. Après une dédicace à son père et à sa
mère, émouvante dans sa simplicité, l'auteur rappelle
avec la gratitude nécessaire les noms de ceux qui l'ont
aidé à préciser les souvenirs de son enfance, des
vieillards, car, là aussi la jeunesse, emportée par le
mouvement moderne, méprise ou dédaigne la tra-
dition et les usages des siècles précédents. Puis
Tieunent de très intéressantes notices sur la pro-
nonciation, l'orthographe phonétique adoptée, les
principales modiQcations des mots, la formation du
patois étudié, une rapide esquisse grammaticale,
— 74 —
un vocabulaire comparatif et enfin un certain
nombre de spécimens comparés avec les autres
patois congénères de la langue d'oiU du lorrain et
du bourguignon.
L'auteur et l'éditeur ont droit à toutes les félicita-
tions.
Julien ViNsoN
L'Alphabet rationnel, étude sur Talpliabétisme et la
graphie de la langue française, par Célestin Lagache,
sénateur, ancien sténographe des Chambres. — Paris,
Ch. Delagrave, 1897, (iv).x-128 p. in-8* et portrait
de l'auteur.
Cet ouvrage posthume, dû à la piété des amis et
des enfants de M. Lagache, est fort intéressant, mais
il témoigne d'une observation imparfaite et d'une
inexpérience vraiment trop manifeste. Il s'y mêle
aussi une préoccupation un peu puérile de la tran-
scription exactement figurée de la parole, problème,
hélas I à peu près aussi insoluble et aussi inutile
que la quadrature du cercle.
Faut-il entrer dans les détails?
M. Lagache ne reconnaît a la langue française que
seize voyelles : il fait figurer d^ns le tableau Vc rouet.
— 75 —
mais n'y trouve qu'on eu et n'y comprend ni Vé, ni l'i,
ni Yû, ni Voû longs. Quant aux consonnes, il n'indique
ni tch, ni dj ; distingue gu de g etqu de 9, etc. On
remarque, çà et là, certaines assertions qui étonnent,
la suivante, par exemple : « C'est précisément parce
que Vh est une aspiration que pour nous l'A est une
lettre et, en tant que lettre, une articulation ou une
consonne. y> Ailleurs i de lien est identifié à // de
famille ou à / de péril. Ailleurs encore la prononcia-
tion / pour d est soigneusement notée dans grand
homme et pied à terre, mais la raison de cette mutation
n'est pas soupçonnée. J'en passe.
Cet ouvrage est certainement et incontestablement
un livre de bonne foi .
J. V.
À Grammar ofthe irish language, 6y P. W. Joyce,
ll.d., t.c.d., m.r.i.a. — Dublin, M. H. Gill and
Son,1897, pet. in-12, 136 p.
Cette grammaire n'est ni meilleure ni pire que la
plupart des livres de ce genre destinés à l'enseigne-
ment dans les écoles. Elle n'a aucune prétention
scientifiqoe, etil me]semble même que l'auteur s'en
défend avec une insistance excessive, car je trouve
tOQjoors absolument fausse cette opinion des péda-
— 76 -
gogues que l'étude des formes anciennes trouble et
gêne rétudiant. Est-ce qu'au contraire la vraie
méthode ne consisterait pas à rechercher les causes
des différences qu'on observe entre les langues
contemporaines et à montrer par l'histoire de le urs
développements qu'elles proviennent d'un même pro-
totype ou au contraire qu'elles n'ont aucune parenté
originelle? Est-ce qu'une règle est autre chose qu'un
effet, qu'un résultat, et ne la retient-on pas d'autant
mieux qu'on en sait la cause et la raison d'être? Le
livre de M. Joyce, la seule grammaire irlandaise à bon
marché qui existe, est en tout cas fort recomman-
dable.
J. V.
Bernard QuaritcKs Catalogue n« 775. MonumenU of
Printing. —Londr^, 12 nov. 1897. xvj-30i p. in-8°.
Ce n'est pas là un catalogue ordinaire de vente;
c'est un véritable manuel bibliographique. On y
trouve des descriptions très précises d'incunables
extrêmement rares, sortis de 1455 à 1500 des presses
allemandes, françaises, anglaises, espagnoles, ita-
liennes et néerlandaises. Il y a aussi quelques xylo-
graphes .
Les deux joyaux de cette collection sont un exem-
— 77 —
plaire magniflque, sur vélin, du Psautier de 1459
(29 août 1 459, Fust et Schœffer) dont on demande
5,250 livres sterling (131,250 fr.) et une Bible de
Gatenberg et Fust (la Bible Mazarine) estimée 5,000
livres (125,000 fr.).
Le volume commence par une notice très intéres-
sante sur les origines de Timprimerie et des premiers
imprimeurs connus ; il se termine par une table fort
bien faite.
J. V.
VARIA
I. — Appel aux Bibliographes
Une édition de Virgile
J'ai trouvé récemment chez un boaquiniste un exemplaire,
malheureusement incomplet, d'une intéressante édition de Virgile
qui est du XVII* siècle vraisemblablement. C'est un petit in-8*,
signé aux cinq premiers feuillets de chaque feuille, de A à Q7
(cette dernière est une demi-feuille de huit pages) . Les pages ont,
titres courants et signature compris, 104 mm. sur 60. Le texte est
imprimé en italique, mais il y a en marge des notes en romain
(du corps 7).
Le volume commence à la p. 1> signature Bz (il marque donc
20 p. préliminaires n. ch. probablement), et est chiffré jusqu'à la
p. 531, puis viennent 65 p. n. ch. On y trouve:
p. 1-30, les Bucoliques;— p. 31-96, les Géorgiques;— p. 96-100,
Argumenta in jEneid; — p. 101-394, l'Enéide; — 395-413, Ma-
phœi Vegii laudensis liber; — 413, vers de C. Gallus, et de Sui-
pice de Carthage de Vergilio, — 414, Incerti auctoris de
Vergilio et Alcinous ; — 415-427, Culex; — 428-433, Dirœ; —
433-452, ^ina; — 452-467, Ciris; - 468-471, Moretum;— 471-
472, Copa; — 473-478, Elegia in Mecœnatis obitutn; — 478-499,
Epigrammata; — 499-520, Priapeii lusus; — 521-528, Ca/aZec^a ;
— 528-531, Dicersorum poëtarum in Vergilium Epitaphia; —
521, ineclogam Solini; — (i)-(iv) prœfatiuncula in Gcorgica; —
(vHxv) Annotatiuncula in Georgica ; — (xvi) page blanohe : —
- 79 —
(xvii) sign. Nn 4, à la fin : Reruni ac cerborum in hisce VcrgUii
operibus obsertandorum index ; longues lignes de Aà V, complet.
Je serais bien reconnaissant au lecteur qui pourrait me faire
connaître le titre exact de cette édition et me dire ce que contien-
nent les dix feuillets préliminaires qui manquent à cet exem-
plaire.
Julien ViNSON.
Paris, 25 novembre 1897
P. -S. — Je me suis laissé dire, il y a longtemps déjà, qu'un
érndit des derniers siècles s'était évertué à terminer les vers ina-
chevés de V Enéide ; ainsi le fameux Audenies fortuna jucat
était par lui complété timidosquc repcUit, Quelqu'un pourrait-il
me dire le nom de ce a poète ». la date et le lieu d'impression de
son ouvrage f
II. — Ijes livres minuscules
Je reçois de MM. Salmin frères^ imprimeurs à Padoue, une série
de documents fort intéressants. Ils comprennent d'abord une ré-
eUmation, à propos de trois articles de M. Gaston Tissandier,
dans la Nature SUT les impressions microscopiques ; MM. Salmin
font observer que le Daniino de 1878 (de 500 pages à 31 lignes,
% mm. sur 22, et comprenant toute la Dicine Comédie) est le livre
imprimé dans les caractères les plus petits qui aient été employés
jiuqa*à présent et qui ont un œil de deux points sur un corps de
trois. MM. Salmin ajoutent que le libraire Ulrich Hœplide Milan
avait acheté une centaine d'exemplaires de ce petit chef-d'œuvre
et avait substitué un fronstipice portant son nom au titre original
de Toavrage : je possède un exemplaire dans ces conditions.
Mais MM. Salmin frères ont voulu montrer qu'ils pouvaient
^remieux encore. Ils annoncent la publication d'un « volumetto»
de 10 mm. sur 6, contenant dix lignes par page, y compris le
chiffre de pagination, imprimé avec les mêmes caractères que le
- 80 —
Dante et formant 208 p. Le texte est une lettre encore inédite et
écrite en 1628 par Galilée à Christine de Lorraine. Ce petit bi-
jou typographique, grand, ditun journal italien, comme Tongledn
pouoe d'une dame, se vend 4 fr. ; il en a été tiré cent exemplaires
numérotés sur papier spécial « oeruleoo à dix francs Tun. Ce sera
vraiment le plus petit livre du monde.
J.V.
Le Propriétaire-Gérant^
J. Maisonneuve.
CHALON-SUR-SAÔNE, IMPRIMERIE DE L. MARCEAU
REVUE
DE
LINGUISTIQ,UE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLIA PAR
JULIEN VINSON
PROFESSEUR A L'éCOLE NATIONALE DBS LANGUES ORIENTALES VIVANTES
Avec U colUboratioQ de divers savants français et étrangers
TOME TRENTE-ET-UNIÈME
15 AVRIL 1898
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÈRES ET RUE MADAME, 20
1898
SOMMAIRE DU No 2
Pag.-»
V. Henry. — Antithèse védique 81
R. DE LA Grasserib. — Le verbe concret (sai7e) 108
E.-S. DoDGSoN. — Analytical synopsis of the basque
verb in S. Mark translated by Liçarrague 126
P. Regnaud. — Notes sur l'exégèse védique 157
Varia. — I. Les squelettes de Voltaire et de Rousseau 187
— IL Une étude des voyelles 188
— IIL Le moi franc-maçon 190
— IV. Coquilles typographiques 191
— V. Folk-lore. Mariage 191
BIBLIOGRAPHIE
André Lefèvre. — LHisioire 16()
A. Orain. — Le folk-lore de V Ille-et-Vilaine 165
Ch. Letourneau. — L* évolution du commerce 167
P. Regnaud. — Comment naissent les mythes 168
P . Loti . — Ramuntcho 169
H. Pernot. — Grammaire grecque moderne 179
P. H ALLER. — Altspanische Sprichwôrter 181
Mémoires de la Société finno-ougrienne. XI I8tj
Kuhn's Zeitschrift, t. XXXV, 3« fasc 186
L'ANTITHÈSE VÉDIQUE
et les ressources qu'elle oftre à l'exégôte moderne
pour rinterprétation du Véda.
(La présente étade avait été préparée en vue du Congrès des
Orientalistes de Paris. Mais, la section indienne de ce Congrès
ayant reçu plus de communications qu'elle n*en a pu accueillir,
— en fait elle n*est point parvenue à épuiser son ordre du jour,
— i'ai cm qu'il était préférable de laisser la parole à nos con-
frères venus de l'étranger, et je me suis réduit au rôle plus aisé
de simple auditeur. Je publie aujourd'hui, en dehors des travaux
du Congrès, les pages que je lui avais destinées.)
V. Hugo avait-il feuilleté le Rig-Véda? En tout élatde
cause, il n'aurait pu le connaître que fort tard, sous une
forme peu fidèle et médiocrement engageante. Ce n'est
donc pas à lui qu'il est redevable de l'antithèse caractéris-
tique qui est, pour ainsi dire, sa marque d'ouvrier, d'autant
plus précise et serrée, dans sa structure en quelque sorte
mathématique, qu'on remonte davantage la série de ses
écrits poétiques ; — antithèse dont la formule la plus com-
plète tient en deux vers :
L'homme aujourd'hui sème la cause ;
Demain Dieu fait mûrir l'effet.
Il en avait trouvé le type, sans doute, dans la littérature
classique : Horace, dans ses poésies lyriques, aime et cons-
truit à merveille ces oppositions multiples de mots et d'idées
qu'an heureux chiasme sait mettre en valeur :
Abstulit clarum cita mors Achillem>
Longa Tithonum minuit senectus....
6
— 82 —
Mais, classique ou non, propagée d'âge en âge par l'imi-
tation consciente, ou moule naturel de la pensée indo-
européenne renouvelé de temps en temps par un atavisme
psychique qui n'est autre que le génie, il est certain que
cette figure fait le fond même de la poésie védique, que plus
on y regarde de près, plus on l'y voit transparaître à travers
les obscurités de la langue, du lexique et de la phraséologie,
et que, dans l'incertitude où nous laissent le plus souvent les
autres critères d'interprétation^ celui-ci est un des plus sûrs
pour nous permettre de dégager, avec une approximation
infinitésimale^ le sens précis qu'un poète a attaché à la
stance qu'il composait. Car, si nous parvenons à y saisir
une antithèse, il nous suflSra d'en avoir à peu près compris
le premier terme pour que l'autre s'ensuive tout naturelle-
ment ; et, à son tour, la connaissance du second nous affer-
mira dans l'intelligenee que nous avions anticipée du premier.
J'ai déjà donné de cette application du principe de l'anti-
thèse védique plusieurs exemples isolés, dont Tun au moins
a eu la bonne fortune de rencontrer l'entière adhésion d'un
juge en qui ma conBance paraîtra hautement légitime. Au
reçu de mon explication du bizarre et incompréhensible
8aptâçîr^anctm\ M. Bloomfield a bien voulu m'écrire que le
le sens en ressortait désormais de façon « absolutely con-
clusive t. Ce succès m'a encouragé à publier aujourd'hui
quelques autres résultats partiels, pour la plupart moins
importants, mais surtout à réunir sous une seule rubrique
et en un seul corps de doctrine, afin de mieux laisser juger
de la méthode par la comparaison^ quelques-unes des prin-
cipales difficultés d'interprétation qui m'ont semblé solubles
par le procédé de « l'antithèse védique ».
1. (R. V. III. 5. 5.) Vedlca, 4 = Mém, Soc. Ling., IX, p. 108; et,
pour d'autres exemples de cette figure védique, cf. Vcdica, 11, 12,
14. 2, 16 = Mém. Soe. Llng,, X, p. 86, 89, 95, 103, etc.
~ 83
1
Je commencerai par. un cas très simple, où déjà le prin-
cipe de Tanti thèse avait bien guidé Grassmann, tandis que
M. Ludwig, faute de l'avoir suivi, n'a abouti qu'à un résultat
manifestement insuflSsant.
R. V. IV. 37. 3 c d, on lit ijuKvé manu^oàd ûparOsu vik^u
yu$mé sàcâ brhâddioe^u sàmam. Le nœud de la phrase^
c'est, à n*en pas douter, l'acception réelle de la vague
épithète ûpardsu^ qui impose l'option entre divers sens, et
notamment celui de « inférieurs » et celui de « récents ».
C'est en faveur de ce dernier que s'est décidé M. Ludwig,
(qo 169, p. 179 dut. I) : « so opfere ich als mensch bei den
jûngeren siàmmen ». Mais en vérité quelle nécessité y a-t-il
pour le chantre de constater solennellement, qu'il fait liba-
tion de sôma a parmi ses contemporains » ? et chez qui et
avec qui la pourrait-il bien faire ? L'épithète ainsi entendue
a du moins toutes les apparences d'une naïveté gratuite.
Ce sens ainsi rendu suspect, n'existe-t-il aucun moyen de
fixer avec une certitude relative l'acception danâ laquelle
le poète a dû ici employer le mot ûparàau, qui est un locatif
plariel ? Demandons-le au locatif pluriel corrélatif et anti-
thétique de la proposition suivante : le composé àrkàd-dica
ne peut signifier que « habitant les hauteurs sublimes du
ciel ». Instantanément nous voici amenés à soupçonner que
ûpara doit ici se traduire par « inférieur », ou, en d'autres
termes, que nous avons affaire aux clças terrestres en tant
qa*opposées à celles du ciel^
1. C'est ce qu'avait déjà fort bieu vu Bergaigne : ReL Véd,^ I,
p. 210 ; mais il croit, à tort selon moi, que les brhdddicaa sont ici
te lachficatears, i6., p. 319.
— 84 -,
Grassmann, toutefois, s*est trompé en traduisant le verbe
juhoé par « ich kûnde », comme s'il se rattachait à la racine
hoà, faute grave qu*il a postérieurement aperçue et corrigée
dans son lexique. En réalité le paradoxe antithétique est
encore beaucoup plus fort qu'il ne l'avait pressenti : le poète
ne se borne pas à « annoncer » parmi les hommes le sôma
destiné aux habitants du firmament, sens de datif commodi
qui ne se concilie que bien diflScilement avec la tournure
essentiellement locative yu^mé mcà^ etc. ; bien plus, le poète
ter se le sôma parmi les hommes, et ce sôma versé sur terre
se trouve par le fait, et nonobstant, et en môme temps, être
versé au ciel, afin que les êtres célestes en puissent jouir. —
Je traduis donc:
« A l'exemple de Manus (qui fut le premier habitant de la
terre] je répands le sôma parmi les tribus de la terre, [et en
le répandant ainsi je le répands par là-même] parmi vous
les habitants du plus haut des cieux. »
Ainsi seulement nous découvrons dans les intentions de
notre poète une pensée, je ne dis pas juste ni exquise, mais
enfin une pensée qui dans sa phraséologie vaille en effet la
peine d'être exprimée.
II
Personne ne méconnaît l'antithèse védique dans les cas
o\x elle saute aux yeux, comme R. V. V. 83. 2 c d : « et l'in-
nocent [même] tremble devant le fougueux [Parjanya],
quand Parjanya le tonitruant frappe les coupables ». On
vient de voir que, dès qu'elle se voile un tant soit peu, un
critique même pénétrant et rompu aux subtilités du style
védique est sujet à passer devant elle sans la voir. Que sera-
ce, si elle se dissimule sous quelqu'une de ces formules
d'invocation banale, comme il y en a tant dans le Véda^ qui
— 85 —
semblent tout à la fois ne signifier rien ou signifier tout ce
que Ton voudra ? Raison de plus pour essayer d*en préciser
le vrai sens au moyen de cet adjuvant intrinsèque.
R. V. Vil. 15. 8. : kaàpa usrâç ca dîdihi svagnàyas
toàyd oayâm | suoiras toâm asmayûh*
Grassmann (1, p. 313): « Des Nachts und Morgens leuchte
duy durch dich sind reich an Feuern wir, Du mânnerreicher
unser Freund. » — A-t-il compris ? En tout cas il s'est bien
donné garde de le laisser voir.
M. Ludwig (I, p. 420, n^ 397) : « nâchte und morgen
strale hindurch, durch dich sind wir gut mit feuer ver-
sehen ; | du hast gute belden, bist der unsrige ». — C'est la
platitude même ; or je ne dis pas que le poète védique ne
puisse souvent être plat, mais j'estime qu'il ne l'est pas
ici.
Est-ce que la corrélation évidente de svagnàyas et suoiras
ne devait pas éclairer tout interprète sur la corrélation symé-
trique toàya et asmayûhi et montrer que ces quatre termes
s'opposent mathématiquement deux à deux, encore que les
deux derniers ne rentrent pas dans le même type de caté-
gorie grammaticale ? Car il importe peu que l'un soit un
pronom à Tinstrumental, l'autre un adjectif au nominatif,
du moment que celui-ci peut signifier (( étant en notre com-
pagnie » aussi légitimement que le premier signifie « avec
toi B. Je traduis donc sans hésiter: « [0 Agni,] de par toi
nous avons un bon Agni, et toi en notre compagnie tu as de
bons héros ». C'est-à-dire : « Tu es un bon Dieu, et nous
sommes de braves gens » ; et, par conséquent, « brille jour
et nuit » ; car nous ne te laisserons jamais manquer de rien,
nous ne t'exposerons jamais à t'éteindre ; à charge de re-
vanche ; brûle perpétuellement pour notre service ; et enfin
toutes les idées de réciprocité entre hommes et Dieux fami-
lières à quiconque a feuilleté le Véda.
- 86 -
Ainsi, au lieu d*un verbiage puéril» on obtient une suite
logique, un enchaînement satisfaisant de pensée.
III
Les morceaux de brillante facture, tels que l'hymne du
joueur (X. 34), sont tout particulièrement sujets à revêtir cet
ornement très recherché de Tantithèse. Car, pour le dire en
passant, il ne me parait pas un instant douteux qu'il n'y ait,
dans le Rig-Véda tout au moins, un certain nombre de mor-
ceaux de facture et de pur dilettantisme. Telle ne parait pas
être tout à fait la pensée de M. BloomBeld : dans la magis-
trale étude qu'il a récemment consacrée à l'hymne des gre-
nouilles (VII. 103) et où il a définitivement élucidé la
nature intime de cette pièce en apparence unique, — en réa-
lité simple incantation pour amener la pluie \ — il est allé
jusqu'à dire qu'à son avis il n'y avait pas dans tout le Véda
un seul passage qui n'eût répondu à quelque objet rituel.
Et j'y souscris, à la seule condition de faire mes réserves
expresses sur la manière dont il l'entend. Qu'on vienne, par
exemple, à démontrer un jour que l'hymne du joueur était
un charme pour gagner au jeu : je ne m'en étonnerai pas
autrement, et je m'applaudirai^ tout au contraire, de cette
heureuse circonstance qui nous a valu la conservation for-
tuite, dans un recueil sacré, d'un morceau aussi criant de
réalisme et de vie. Mais, de croire qu'il ait été composé
tout exprès en vue d'un pareil usage, non, en vérité, je m'en
sens incapable ; car il porte bien trop la marque d'une com-
position indépendante de toute utilité extérieure, désinté-
ressée, originale enfin, où la fantaisie d'un vrai poète s'est
donné libre carrière Ou bien croirai-je que le Sir ha-
1. Proeeedinga o/ the American Oriental Society, xvii, p. clxxiij-
clxzix.
— 87 -~
sirim symbolise en effet l'uDion de lahvéh avec rame fidèle ?
Mais je pense qu'il est inutile d'insister : tout le monde
admet qu'une compilation de livres religieux est sujette de
sa nature aux plus étranges compromissions, dont il faut
se louer puisque la littérature et l'érudition en tirent profit
sans que jamais la vraie foi s'en scandalise.
Voilà un assez long préambule, — développement d'une
idée générale qui me tient fort à cœur, — pour n'ajouter que
bien peu de chose à l'interprétation proprement dite de la
pièce visée; car M. Ludwig (n* 1027, II, p. 678, et V,
p. 560) a parfaitement vu les jeux d'antithèse où s'est
complu l'auteur de cet étrange et pittoresque morceau. Seu-
lement, je ne suis pas bien sûr qu'il les ait vus tous, ou en
tout cas qu'il les ait fait tous ressortir avec une égale netteté.
Quand, par exemple, il traduit 10 d, anyés^am àsiam ûpa
nàkiam eti, « geht er fur die nacht in andere hâuser », je
crois qu'il est absolument dans le vrai, c*est-à-dire que le
poète n'a pas eu l'intention de représenter le joueur s'intro-
duisant dans les maisons la nuit pour y voler ; car enfin on
a beau être malheureux au jeu, ce n'est pas à dire qu'on
ait pour cela la vocation et l'adresse du cambriolage. Mais
qui m'assure que Tauteur n'a pas commis cette faute de
mesure et de goût ? L'expression même dont il s'est servi,
malgré son laconisme, parce qu*elle contient une antithèse
implicite qu'il sufHt de développer pour deviner sa pensée :
àstam i signifie, pour les astres et les hommes, « aller se
coucher )) ; et donc anyè^ûm âstam i, construction hardie
de brièveté, mais dès lors très claire, doit signifier tout sim-
plement (I découcher », et la stance ne fait plus qu'un tout
[ienerae conjugis immemor a).
Plus haut (2 c d), la demi-stance aktfàsydfiàm ekapa-
ràsya hetor ànucratâm àpa jàyàm arodham appelle une
observation de même ordre. Qu'est-ce que ekaparà? et que
— 88 —
vient ici faire cette épithète? 11 y a dix façons de la traduire,
qui toutes, plus ou moins, s'accommodent de la nature du
dé à jouer : « qui est autre qu'un », car ils sont plusieurs ;
(( qui consiste essentiellement en un », car Kali est le roi
des dés ; « der mir ûber ailes ging » (Ludwig); a qui
triomphe par un » (P. W., Grassmann), car dans la majo-
rité des coups tout au moins c'est un point de plus qui dé-
cide de la victoire; « dont la pensée est entièrement absorbée
en un seul [point] », par cette dernière raison même. Et il
se peut bien que tous ces concepts à la fois se soient joués
par voie de demi-calembour dans l'esprit du compositeur.
Mais il en est un qui domine tous les autres, en tant qu'exigé
et mis en relief par Tantithèse : Tépouse du joueur est ânu-
Dratd, a dévouée, fidèle », ce qui revient à dire qu'elle aussi,
à sa façon, mérite le titre d'ekaparà « qui ne songe qu'à un
[son mari] seul » ; et ainsi les deux personnages entre les-
quels le joueur fait un choix arbitraire reçoivent virtuelle-
ment la même épithète, qui fait davantage ressortir leur
opposition.
La cascade d'antithèses de la stance 9 a été comprise sans
difficulté : les dés roulent en bas, mais frappent en haut {sl,
puisqu'ils font perdre le joueur qui les a lancés ; ils n'ont
pas de mains, et triomphent du joueur, qui en a (b) ; ils sont
froids, et ils brûlent le cœur (d) des joueurs palpitants.
Mais que devient la symétrie de ce fragment, si l'on ne
constate en c aucune antithèse pareille à celle des trois autres
vers, ne fût-ce qu'à la faveur d'un jeu de mots ? Elle y est,
et le jeu de mots aussi : irina a rainure » désigne tout en-
semble un fossé, une rigole et la table où viennent tomber
les dés ; ceux-ci sont des braises ardentes, ils tombent dans
la « rigolo » où ils devraient s'éteindre, et ils n'en conti-
nuent pas moins à ardre puisqu'ils (( brûlent le cœur » des
joueurs.
— 89 —
Et enfiD, si le contexte nous oblige à chercher un artifice
dans le second emploi du mot irina^ ce ne sera point raffi-
nement condamnable, mais au contraire postulat logique,
que d'en découvrir un aussi dans le premier, et de traduire
1 b « nés en plein vent et se vautrant {oàrvriànàs intensif)
dans la rigole », comme des fruits mûrs tombés de Tarbre
que sont en effet les dés.
IV
L'application de notre principe pourra parfois nous aider à
résoudre une petite difficulté grammaticale, dont la solution,
à son tour, retentira sur Tinterprétation du texte. Soit la
question de savoir jusqu'à quel point le thème 6^(ira- con-
jugué à un mode personnel de la voix moyenne, peut
prendre Tacception de voix passive : je n'en vois dans
Grassmann que deux exemples (R. V. V. 73. 8, VIT. 24. 2),
et ce chiffre infime, comparé à la masse énorme de ses em-
plois au moyen avec sens actif, suffirait dès Tabord à nous
mettre en garde. Or il se réduit encore, si Ton observe que,
dans le premier passage, il n'y a absolument aucune raison
de prendre pakvàfi pfk^o pour un nominatif plutôt que pour
un accusatif : « O Âçvins, quand vous franchissez les
océans, ils (les hommes, les sacrificateurs, les Dieux, peu
importe) vous ont apporté les aliments cuits. » 11 n'y a rien
à objecter là-contre, si ce n'est qu'on n'y retrouve pas la
nuance de retour de Taotion sur le sujet qui d'ordinaire, —
mais non pas nécessairement, — accompagne le sens actif
du verbe moyen. Et encore: quand les Açvins franchissent
les océans, ce n'est pas pour leur plaisir, mais pour le bien
de leurs adorateurs ou des Dieux; et ainsi, quand ceux-ci
les nourrissent, c'est en définitive à leur propre profit.
Reste à un seul cas. Mais celui-là semble difficile à
— 90 —
écarter, et M. Delbrûek le déclare irréductible \ Exami-
nons-le de plus près : visr^tadhena bharaie auvrktia. La
traduction qui vient la première à l'esprit est (( l'offrande
parsemée de vaches (c'est-à-dire arrosée de lait) est ap-
portée », et Sàyana n'y manque point, qui glose suorktis par
8iuti8 et bhavaie par sambhriyaie- Mais la suvrkii n'est ni
l'offrande ni la louange : c'est, étymologiquement et dans
l'usage, ainsi que l'a bien démontré Bergaigne, (( la bonne
orientation » [de la jonchée], ou, par extension, « la jonchée
sacrificatoire elle-même, en tant que bien disposée, rituelle-
ment orientée », etc. Or, si Ton peut apporter une offrande
ou une louange, on ne peut pas apporter une orientation;
et, si l'on apporte les herbes destinées à la jonchée, on ne
peut plus apporter la jonchée une fois qu'elle est disposée et
orientée : le sens passif du verbe nous devient donc de plus
en plus suspect. Que si nous nous tournons vers oiar^to.-
dhenày nous sommes amenés à penser que cette épithète
n'est peut-être pas de pur ornement et qu'elle a été mise là
pour suggérer à Tesprit d'un Hindou une association anti*
thétique d'idées familières : ne contiendrait-elle pas, par
hasard, à l'état prégnant le complément de notre verbe
moyen actif? ne serait-il point permis d'entendre, — à
l'exemple de II. 24. 9 c yàd vàjani bharaie « lorsqu'il se
procure le butin », et de maint autre passage, — visr^ta-
dhenà [dhénas] bharaie suvrkiis, (( la jonchée, quand on
l'arrose de vaches, rapparie des vaches » [à celui qui l'ap-
prête et l'arrose] ce qui justifie du coup l'emploi du moyen
au sens actif? En d'autres termes, plus on y jette de vaches
(on y verse de lait), plus elle en fournit au sacrifiant : para-
doxe anthétique où nul de ceux qui ont fréquenté le Véda ne
méconnaîtra ses habitudes.
Le contexte, malheureusement, n'appuie pas l'une de ces
1. Altindieche SyntaXy p. 264.
— 91 —
interprétations plus que l'autre ; et même, à raison du pa-
rallélisme des idées, « le sôma est pressuré, les liqueurs
sont versées », il favoriserait peut-être plutôt celle par le
sens passif « l'offrande est présentée », si grammaticalement
elleetaitprobable.il faut pourtant remarquer que le corré*
latif en a est grhhïtàrti te màna indra, « ton cœur est
captivé, ô Indra », et que c'est la formule habituelle — ou
toute autre analogue — dont se sert un conjurateur pour
annoncer qu'il a maîtrisé le Dieu et va le forcer à répandre
ses dons. Il n'y aurait donc rien que de logique à ce que la
suite de la stance mentionnât, sous une forme discrète et par
un artifice de style aimé des poètes, les plus importants des
présents attendus d'Indra.
V
Voici maintenant un cas où, en précisant de môme le sens
d'une forme et, par suite, d'un vers, notre critérium nous
permettra d'expulser sans merci du lexique une forme déjà
réputée douteuse. On sait que le soi-disant substantif fé-
minin iâna « descendance » n'a que de bien faibles ga-
rants: Grassmann ne l'admet que dans deux passages; Roth,
dans un seul et, dubitativement, dans trois ou quatre autres;
on ne l'a pas encore trouvé en dehors du R. V. Or, III. 25.
1 b, il est aisé de voir que le génitif prthivyaJi dépend, non
de tànSy mais de sanûr, au même titre que dioàli, et que
l'instrumental iàna n'est qu'une locution adverbiale signi-
fiant d en succession, en ligne directe » ; et ainsi l'a vu
M. Ludwig (n*» 324), qui toutefois le traduit par « aussi ».
J'aime mieux le sens étymologique d'un instrumental de
iàn, et je remarque simplement que, si ce mot ne signifiait
que « aussi », il serait surprenant qu'on le rencontrât cons-
tamment dans des passages où il s'agit d'origine et de des-
— 92 —
cendance; cf. III. 27. 9. Ici M. Ludwig traduit dhiya
cakre vàrenyo par « durch weisheit ward der treffliche ge-
schaffen », et bhutàhàrti gàrbham à dadhe par « der wesen
keim hab ich gewonoen ». Cela est grammaticalement
irréprochable ; mais ne semble-t-il pas que, si cakre est une
3^ personne, — et il Test indubitablement, car i*épithète
vàrenyo ne peut s'appliquer qu'à Agni, et non au chantre (cf.
10 a), — son corrélatif immédiat dadhe ne puisse être pris
à la V^ ? Il est vrai que le même mot un peu plus bas est
sûrement une V^ personne ; mais c'est dans la stance sui-
vante, et, d'une stance à l'autre, le sens d'un même mot
change d^autant plus aisément que ce peut être pur hasard
si elles se suivent dans la compilation actuelle. C'est sou-
vent un diascé vaste qui les a cousues arbitrairement en-
semble parce qu'elles contenaient le même mot ; ou, en pre-
nant les choses au mieux, le poète, après avoir versifié une
stance oii il attribuait à Agni Taction exprimée par dadhe,
a trouvé piquant d'en versifier une autre où il se l'attribue à
lui-même.
Je traduirais donc : « Agni est devenu précieux de par La
pensée pieuse^ et il a déposé [dans les êtres] le germe des
êtres, [qui est] en ligne directe le père de Vadrease pieuse »
(dàk^asya pitârani tànà). J'ai souligné le rapport antiilté-
tique entre dhi et dàk^a^ qui est le nœud de ce petit bouquet
de fleurs védiques : les hommes pieux ont engendré Agni
par la simple pensée, sans rites déterminés, et lui, à son
tour, il leur a enseigné les meilleurs rites pour servir pieuse-
ment les Dieux. Toujours l'idée de la réciprocité de bons
offices entre la terre et le ciel ; toujours le balancement anti-
thétique qui est comme la marque d'outil du chantre des
divinités védiques.
On dirait même, moyennant qu'on sous-entendepi^^iram
en 10, que la stance suivante ne fait que répéter la même
— 93 —
idée sous une forme moins heureuse ; et alors dadhe peut
rester, comme plus haut, à la 3^^ personne : « C'est Toblation,
6 Agnijils de la force, qui t'a déposé, sacrificateur précieux
et étincelant, en tant que père de Tadresse pieuse ^ »
VI
Comme d'une forme rare, ainsi d'un mot rare: notre
principe nous mettra sur la voie du sens à choisir ; sans lui,
l*option serait impossible. Le composé manyumi peut signi-
fier « qui détruit la colère », ou « qui détruit avec colère,
dans sa colère >, — acceptions usuellement adoptées, mais
beertaines, en tout cas imprécises et, on en conviendra,
assez banales, — ou bien « qui mugit en colère », mieux
encore « qui mugit la colère », épithète expressive et forte,
particulièrement appropriée si elle s'applique au Dieu-tau-
reau Indra.
Essayons successivement ces deux sens sur R. V. VII. 18.
16 c d. Avec le premier, nous obtenons : « Il détruit la colère
de celui qui détruit dans sa colère », — ici déjà la corréla-
tion devient boiteuse* — « lui qui règne sur le chemin, il
8*est emparé des chemins. » Ici elle fait entièrement défaut ;
car, si en d le pàtyamàna est sûrement Indra, le balance-
ment dQ la phrase semble exiger que le manyumi de c soit le
même personnage. Comprenons donc — à quoi se plie sans
difSculté le verbe mimaya — : (( Indra a mugi la colère de
1. La traduction de M. Oldenberg {Sacred Books of ihe East,
XLVI, p. 291 et 296) prête aux mêmes observations que ci-dessus :
eo particulier, de ce que « le germe des êtres » est Agni, il ne s'en-
sait pas que d dadhe soit 1'* personne (p. 298) ; car il se conçoit fort
bien qu*AgQi se dépose soi-même en tant que germe des êtres, et
c'est ce qu'exprime congrûment la voix moyenne du verbe.
t. J'avoue ne pas comprendre autre chose que le mot à mot de la
Teision de M. Ludwig (II, p. 655) : «Indra veruichtete den grimm
^s vereiUers der kampfwut. » Qui est ce oereitler opposé k Indra t
— U4 ~
qui mugit la colère, il a occupé les chemins, lui qui règne
sur le chemin » ; ce qui revient à dire : « Le mugissant a
mugi, le roi du chemin tient les chemins ». Il n'y a rien de
plus cohérent ; et, comme les deux autres emplois de ma-
nyumi (I. 100. 6, II. 23. 4) se rapportent sans conteste res-
pectivement à Indra et à Bi'haspati et se prêtent sans difiS-
culté au même sens\ il y a donc lieu, dans notre passage,
d'appliquer aussi à Indra, et non à son adversaire, cette
épithète évidemment louangeuse, dont la traduction me
parait dès lors assurée.
VII
Les deux suggestions qu'on va lire étaient inscrites dans
mes notes personnelles sur le Véda, bien avant la publica-
tion de la récente traduction de M. H. Oldenberg, qui par
le fait les a rendues inutiles. Si je les maintiens ici, c'est
pour faire voir qu'on peut arriver au même résultat par des
chemins très différents, et que le principe d'interprétation
par l'antithèse est un bon guide, puisqu'à sa suite on marche
à d'aussi heureuses rencontres.
R. V. IV. 7. 11 a : tp^û yàd ànnà ir^drjLà vacâk^a. Grass-
mann : « VoU Gier nach Speisen wachsend durch den
gier'gen » ; à peine grammatical, et point du tout intelli-
gible. M. Ludwig: « wenn trocken die speise, ist er rasch
gewachsen»; inâ a deux sens différents, et vacâk^a est
traduit comme s'il n'était pas accentué. La structure de la
phrase appelle la correction tr^ur et l'interprétation d'ànnd
par l'instrumental : « Lorsque l'altéré a grandi grâce à la
nourriture altérée », c'est-à-dire « quand le dévorant Agni
1. Dans cette derniôre stance, il est parfaitement superfin de
faire dépendre brahmadcifjtas (génitif) de manyumf, puisqu'il se
réclame déjà de tàpano. Que si Von y tient, j'admettrai que le poète
a fait un calembour sur manyumt, mais ici seulement.
— 95 —
s'est fortifié aux dépens du combustible sec^ ». Pour
M.Oldenberg (op. cit., p. 345), ànna est également un ins-
inimental, mais tp^â peut demeurer : « When he thirstily
bas grown strong by thirsty food ». Je n'y contredis pas :
tout ce que je voulais établir, c*est que la raison qui m'a
amené à construire comme lui ànna avec ir^ûnà et à bien
comprendre la fonction de ce mot dans la phrase, c'est la
mise en contraste visible des deux ir^à- qui se répondent.
R. V. IV. 3. 9 c d : /rrç^ia êati ruçatà dhdsinai^à m-
maryena pàyasd pîpàya. UépiihëiQ jàmaryetf>a ne veut rien
dire, et les deux autres antithèses, âmà et pakvâm, kr^nà et
ruçatà, qui développent le mystère (ptâ) de la vache, ne
peuvent que difficilement, dans cette clausule de stance,
rester sans corrélation : en d'autres termes, on attend ici
deux mots aussi au lieu d'un, quelque chose comme /a(j?)
àmartyenay dont la contraction, remarquons-le bien, ne
donnera en effet qu'un acceot* Soit donc : « Noire, [elle
regorge] de nourriture étincelante ; créature, elle regorge
d'un lait immortel*. » Voici maintenant ce que je trouve
dans le commentaire de M. Oldenberg (op, cit. y p. 329) :
« The meaning of jàmarya (à'uaj XeyV^^o^) is unknown.
Sâyana reads jà amaryend- — I should prefer jâ amar-
iyena. M. M. )) L'accord est complet, d'autant qu'il ne s'est
point effectué, de ma part au moins, par-devant Sâyana,
Qui en lisantyâ l'explique par un pluriel accusatif.
Tout n'est pas dit, malheureusement, avec cette conjec-
ture, où je me rencontre avec une si imposante autorité.
Il faut bien convenir que la critique de texte védique n'exis-
tera jamais, si elle ne parvient pas à se plier aux règles que
1. Comparez, 6'il est nécessaire, à titre de supplément de démons-
tration, Texpression très claire àsadhibhir cacak^e R. V. m. 5. 8 a.
2. La vache-aurore est une créature, puisqu'on la voit naître et
moarir; elle est immortelle, puisqu'elle revient tous les jours: ce
paradoxe antithétique est le lieu commun de la poésie primitive.
— 9f; —
s'est sagement imposées la critique de texte des auteurs
classiques. Or, ici, elles sont outrageusement violées : on
no voit pas comment une contraction jàmariyena^ si facile
à résoudre, a pu cesser d'être comprise, être prise pour un
seul mot, puis perdre son /, que défendait de surcroît Vn
subséquent, devenu impossible et dès lors écrit rj^ après la
chute du ^ ; il est trop clair que jàmaryena serait la lectio
difficilior à maintenir ; d'autre part, les dépositaires du
texte étaient au moins aussi au courant que nous des arti-
fices de style aimés des poètes, et le principe de l'antithèse,
qui nous amène à restituer jàmariyena^ devait le leur faire
conserver, s'ils l'avaient lu, ou même restituer, si leur texte
ne le portait plus. Que répondre à tout cela ? Rien, je
l'avoue, sinon que )àmaryeijLa ne peut rien signifier. Il y a
des moments, dans lexégèse védique, oii l'on se trouve
acculé k une impossibilité : il faut, ou renoncer à s'en occu-
per, ou admettre — ce que j'ai déjà souvent insinué ^ — que,
dans bien des cas, les écoles védiques ont choisi la lectio
difficilior précisément par la raison qu'elles n*y compre-
naient rien, qu'un mot estropié par accident a été ensuite
pieusement conservé dans le texte par une tradition qui Ta
envisagé comme d'autant plus sacré qu'il était plus informe
et partant plus mystérieux, en un mot, que le Véda est par
endroits un bouillon de culture de fautes de texte. Aussi la
plume tombe-t-elle souvent des mains à qui essaie de le
commenter. Je ne m'étonne qu'à demi que MM. Pischelet
Geldner aient renoncé à leur projet de dictionnaire.
VIII
Pour avoir méconnu la vertu de l'antithèse, on a parfois,
non seulement failli à atteindre le vrai sens d'un mot, mais
1. A. V., XIII (Rêhitas), p. 44 ; VII, p. vij; X-XII, p. 216; eto.
— 97 —
substitué un à peu» près banal à la traduction exacte d'un
autre mot d-ailleurs parfaitement connu, et faussé ainsi le
caractère de tout un passage.
R V; VII. 20, 4 c d : n/ vàjram indro hàrivàn mlmih^an
gàm àndhaaû mâde^u va vjooca.
Grassmann (I, p. 319) : « Dass rossbegabt den Blitz er
niederschmettre erlabte Indra sich beim Mahl am Soma. »
— Sans contester en principe le sens d'aucun mot, observons
toutefois que la première, proposition n'est nullement finale
daus le texte : les deux propositions sont accolées paratacti-
quement, ce qui fait présumer antithèse, ou du moins cor-
rélation.
M. Ludwig (n" 572=11, p, 156) : « hernider bringend den
donnerkeil zum trank nam Indra, der herr der falen rosse,
«einen aufenthalt bei den trinkgelagen. « — C'est, en tout
ëcat de cause, un mince hommage à rendre à Indra que de
constater de lui ces truismes, à la fin d'une stance où l'on
a commencé par dire qu'il a empli de sa grandeur les deux
univers.
Demandons-nous cependant quels peuvent être les tenants
et aboutissants du verbe uooca. Sans doute, la très rare
racine uc, « être habitué, se plaire », mais aussi, au chan-
gement près d'une seule lettre, la très commune racine rac.
Dans cet ordre d'idées, Indra en ses ivresses aurait « con-
versé avec le jus de la plante ». Et pourquoi donc pas ?
L'ivrogne cause bien avec sa bouteille ; et nous possédons
un hymne où, si Indra ne parle pas nominativement au s6ma,
au moins monologue-t-il comme s'il battait les murs. D'ail-
leurs, S6ma est un Dieu, au même titre qu'Indra; et, comme
il y a toujours un rappel nécessaire de l'idée de S6ma dans
àndhas ou tout autre mot similaire, on ne voit aucune im-
possibilité à ce qu'Indra, au prix d'une légère correction au
texte, s'entretienne avec le congénère dont il s'enivre.
C'est le corrélatil de sâni ûvoca qui départagera la ques-
tion. Or il y a bien longtemps que Bergai^he, et par une
tout autre voie, a établi le sens probable de la raôine myak^
et des divers mots qui en procèdent^ : il assimile, en mor-
phologie et en sémantique^ nimimik^an à Tadjectif nimiçla^
et nous permet d'y voir l'équivalent de l'expression « se
mêler à, cohabiter avec, fréquenter », etc. Dès lors, les deux
sens s'éclairent Tun l'autre, et nous ne courons pas grand
risque de nous tromper en supposant que lastance s'achevait
sur une gradation de paradoxes : le foudre et le s6ma sont
les deux compagnons, les intimes amis d'Indra ; mais l'un,
il n'en fait que sa société habituelle en compagnie de ses
chevaux ; l'autre, il cause familièrement avec lui lorsqu'il
est ivre. Mais je n*iusiste pas sur cette conjecture.
R. V. IL 11. 19 a b: aàaema yé ta Uiiùhis tàranio oiçoà
spfdha àrye/jLa dâsyan. — Grassmann (I, p. 18): «Es
glûck' uns, dass durcb deine Gunst wir schlagen die Feinde
air, durch Arjer die Barbaren. » — M. Ludwig (n^484 =
II, p. 55) : (( die wir durch deine hilûeistungen ûbervin*
dend bekâmpfen môchten mit dem Ârya aile feindlichen
heere der Dasyu. m
Le premier a fort bien vu que sànema est un verbe de
proposition principale, accentué seulement parce qu'il com-
mence la phrase, et ne saurait dépendre de yé. Le second a
très correctement traduit apfdhaa.,. dàsyUn comme étant en
construction paratactique et équivalant sans la moindre
nuance à dàsyanâni spvdhas. Pour avoir toute la pensée du
poète, il n'y a qu'à concilier ces deux vues exactes et com-
pléter la seconde par l'introduction du balancement anti-
thétique: alors on s'aperçoit que utibhis,., aryena doit né"
cessairement équivaloir de même à aryasya utihhis^ et ie
devient libre pour dépendre de yé. Aussitôt la phrase reprend
1. Religion Védique, II, p. 261 i. n.
~ 99 —
toute son ampleur : « Nous qui sommes tiens, puissions-
nous victorieux, de par les forces auxiliaires de l'Ârya»
triompher des hostilités des.Dasyus! »
R. V. III. 34. 1 a b: indrah pûrbhid àtirad dàsam arkair
■vidàdrasur dàyamàno vi çàtrUn. Gra«smann admet un verbe
ti day avec le sens de <c mettre en pièces » ; mais ce serait
un emploi unique. M. Ludwig lui laisse le sens de « par-
tager », et comprend qu'Indra a réparti les ennemis entre
ses fidèles à titre de butin ; mais a priori la synonymie des
deux accusatifs dàsam et çàirûn repousse cette conception
quelque peu forcée et appelle la synonymie des verbes qui
les régissent, soit donc simplement a atirat et ti [atirai].
Cela posé, puisque « les ennemis » figurent deux fois dans
le membre de phrase qui leur est consacré, on s'attend à ce
que, par antithèse, « les richesses » figurent deux fois, au
moins implicitement, dans le membre de phrase qui lui fait
équilibre: comme plus haut R. V. VII. 24. 2, on n*a qu'à
rétablir comme régime à dàyamanas le mot càsu abstrait de
tidâdcasus, et l'on obtient ainsi le balancement irrépro-
chable: (( Indra le briseur de citadelles a triomphé de l'en-
nemi, conquérant la richesse, partageant les richesses, il
a dissipé les ennemis. » Il n'est pas jusqu'aux nuances de
ridée qui ne s'opposent deux à deux.
R. V. V. 58. 6 c (peinture de l'orage) : ksàdanta âpo rinaté
vànânù — Grassmann(I, p. 210) : (( Dann sprudeln Wasser
und die Fluten rinnen. » Je n'examinerai pas ici jusqu'à
quel point vâna peut signifier a Flut ». Pour moi, je n'en
crois rien ; mais je me contente d'observer qu'ici Sâyana le
repousse, d'accord en cela avec le postulat de l'antithèse. —
« Die Wàlder stiirzen » (Ludwig, II, p. 306) n'y satisfait
pas davantage : on attend un objet qui soit autre chose que
les àpas et qui fasse la même chose avec une nuance appro-
priée, par exemple « les eaux coulent en bouillonnant, les
— 100 —
bois coulent doucement » sens respectif deâ racines k^ud et
ri. Et c'est bien cela : «> Lès torrents se ruent, les forêts
dégouttent. » Bis pluit in HiLeis\» .
R. V. II. 10. 3 : uttânayàm ajanayan sû^Utam bhdvad
agnih purupéçdsu gàrbhah \ çirinàyâm cid aktûnà mâho-
hhir âpariopio casati pràcetah. Le sens de çirind est in-
connu. M. Oldenberg (op, cit., p. 218), tout en constatant
que la glose indigène par « nuit » est de pure divination,
accorde qu'elle peut être exacte. Je ne le pense pas : il me
semble trop manifeste que le sens de « dans la nuit » n'a
été suggéré que par le voisinage de aktànà « de nuit », qui
au contraire eût dû en détourner un scoliaste tant soit peu
intelligent, puisqu'il impliquait un intolérable et plat pléo-
nasme. M. Ludwig (I, p. 326, et IV, p. 292) ne traduit pas,
mais suggère au commentaire qu'il pourrait bien s'agir du
foyer de la forge. Avant lui, Roth et Grassmann avaient
songé au sens de a réduit, cachette », qui, bien entendu
avec référence métaphorique au creux de la vèdi dans lequel
on allume Agni, est rendu vraisemblable par l'étymologie
et entièrement confirmée par le balancement antithétique
des deux expressions ultànàyam et çiriî^àyàm, si visible-
ment disposées et opposées en assonance. Uuttànâ, «celle
qui s'étend )) (comme une femme en vue de la fécondation*),
celle où l'on engendre le bien enfanté, c'est la vêdi mère
d'Agni ; et .la çirirjLa (( le réduit secret » (la vulve de cette
femelle donc), c'est le creux de cette même vôdi oii Agni
prend naissance. Observons que la fin de la stance contient
1. Pour Bergaigne {Rel, Véd., 1, p. 257) les càndni seraient les
vases de bois d^où les Maruts font couler la pluie. Je n'ai natu-
rellement rien à objecter contre la donnée mythique de la cuve des
Maruts ou du tonneau des Danaïdes (cf. Reoue des Études Grecques,
V, p. 2d4) ; mais je crois l'interprétation descriptive infiniment plus
plausible comme sens et mieux appropriée au contexte.
2. Cf. Bei^aigne, Rel. Véd., II, p. 66, qui n'y voit qu'une méta-
phore pour « la Terre ».
— 101 —
en outre une antithèse accessoire : « Aa sein de la cachette »,
qui est toute petite, ainsi qu'on va le voir, « il resplendit de
par sa grandeur. »
IX
Il y a des cas où, par un raffinement de style plus savant
quêtons ceux que nous avons relevés jusqu'à présent, une
staDce tout entière est construite sur la formule antithétique
et ressemble d'un bout à l'autre aux types plus modernes
évoqués au début de cette étude. L'examen du sens de
çiriQâ nous amène tout naturellement à nous occuper de la
stance R. V. II. 2. 4, qui n'est autre chose qu'un dévelop-
pement plus abondant de la même idée, et où M. Ludwig
(IV, p. 287) avait déjà reconnu partiellement le chiasme
pour un principe dMntcrprétation méconnu ici par Roth et
Grassmann .
11 suffit en effet d'y jeter un coup d'œil pour se convaincre
que les quatre pàdas doivent s'y opposer deux à deux. L'en-
semble du morceau s'adresse à Agni, c'est-à-dire, d'une
manière générale, au feu terrestre ; d'autre part, certaines
circonstances, et notamment la mention de Pfçni (la nuée
d'orage), nous font irrésistiblement songer à l'éclair : ainsi
l'antithèse que fait pressentir la structure de la stance
doit reposer essentiellement sur le contraste constaté entre
Agni-éclair et le feu de l'autel. Cela posé, tâchons de dé-
gager une à une le sens des expressions choisies par l'au-
teur.
a] tâm uk^âmanam ràjasi svà à dame, « lui qui grandit »
Grassraann> ou « qui répand de l'eau » Sàyana, et j'aime-
rais mieux le premier sens, qui va rendre plus sensible
lantithèse viàée, mais il se peut même qu'il y ait calembour
intentionnel, « dans l'espace sombre qui est sa demeure
— 102 —
propre. » Aucune difficulté de texte ni de traduction. Ce
sont bien là tous les caractères d'Agnî-éclair. Eh bien donc,
cet Agni immense qui remplit Tespace,
b) On le cache dans un petit trou (le creux de l'autel, la
çiritiâ) : candrâm iva surûcarri hoârà à dadhuh- On ne
peut guère équivoquer sur le sens de candrâm. et M, Lud-
wig seul a eu l'idée d'y voir la lune ; M. Oldenberg, le
dernier venu, ne Ta point suivi (op. cit., p. 193) et s'en est
tenu au sens courant de candrà dans le Véda : « brillant,
métal brillant, or ». P.lus douteux est hvârà, qu'il traduit
avec Roth par « serpent » (Ldw. avec approximation bien
meilleure par « Wôlbung »). Mais un mot qui étyraologi-
quement signifie (( sinueux » peut aussi naturellement dé-
signer le trou du serpent que le serpent lui-même, comme
on voit que le latin lacerta signifie à la fois « lézard » et
« trou de lézard ». Or, à supposer que le sens de « ser-
pent» convint aux autres emplois connus de hvdrà, — ce que
je n'ai point à examiner pour l'instant, — il est certain qu'il
exige ici la correction arbitraire hoàràm, qui détruit la belle
symétrie de la stance pour n'aboutir qu'à une triste banalité :
(( Ils l'ont placé [dans sa demeure], le serpent qui brille
comme de l'or » (Grassmann). Notons enfin que Sâyana
glose heure vijane, ce qui est aussi proche que possible de
notre sens postulé de (( réduit, cachette », et que, en com-
prenant de la sorte, on justifie d'emblée la comparaison
candrâm ica « comme de l'or », laquelle autrement n'est
qu'une inepte cheville. Concluons qu'il faut traduire :
c< Lui qui en grandissant séjourne dans le vaste espace, ou
le cache, le resplendissant, comme un trésor, au fond d'un
étroit terrier. »
c) prçni/âh patarârfi citâijantam aksâbkifi. Le causatif de
cil est amphibologique, en ce qu'il peut avoir à volonté le
sens causatif ou le sens actif ; ce dernier même est plus frc-
— 103 —
quent;au surplus, c'est l'ensemble qui nous départagera.
Quant au génitif pfçnt/âa, il est bien difficile de le faire dé-
pendre de patàram (Grm., Ldw. ) : « le volant de Pfçni »,
pour « celui qui vole à travers Pfçni », cela n'est pas plus
correct en sanscrit qu'en français; et, quand M. Olden-
berg supplée, avec doute d'ailleurs, « le [fils] ailé de Pyçni »,
il a bien conscience de gloser au lieu de traduire. Mais
voyons : ak^àhhis est là tout prêt et assez près pour fournir
an objet possédé à ce génitif; qu'objecter contre « le volant
qai regarde par les yeux multiples de Pfçni »? Qu'il n'est
dit nulle part ailleurs que l'éclair soit aveugle? 11 est vrai :
on lui fait même jouer le rôle d'espion, U. V. V. 59, 1 ; mais
ce peut n'être qu*un paradoxe de plus. Quqj qu'il en soit,
les veaux naissent parfois aveugles, et, eu égard à la courte
durée de l'existence du veau nouveau-né Agni, à la perma-
nence relative de sa mère Prçni, il doit sembler tout à fait
licite de frapper le premier de cécité, surtout quand il s'agit
d'obtenir un effet poétique. Et puis enfin, encore une fois, c'est
d'après l'ensemble qu'il s'agit de juger ces difficultés dedétail:
si Tensemble se tient, s'il s'en dégage une pensée cohérente,
au lieu d'un galimatias informe, l'exactitude de chaque dé-
tail sera par là même plus d'à demi démontrée. Eh bien donc,
cet Agni qui n'a d'yeux que ceux de la nuée dont il émane,
d) On en fait une sentinelle : pûthà nà pàyûrri jànanî iihhé
ànu, « [on le place] comme un gardien du chemin entre les
deux races » (divine et humaine). La correction de patho
en paihà est trop simple pour nous arrêter un instant, et le
rôle du feu, soit atmosphérique, soit terrestre, comme mes-
sager délégué respectivement des Dieux aux hommes et des
hommes aux Dieux, achève de nous fixer sur les personnages
auxquels la stance fait tant d'allusions implicites et sur l'an-
tithèse primordiale qui a présidé à sa composition ^
1. Il est presque superflu d'affirmer que cette discussion, elle
— 104 —
. X
La méthode que je développe aura peut-être fait ses
preuves définitives, si elle parvient à avoir raison de stances
considérées comme désespérées soit au point de vue du
sens ou de la situation, c'est-à-dire difficilement intelli-
gibles en elles-mêmes, et, si à toute force on arrive à en
extraire un sens, sans rapport apparent avec l'ensemble du
contexte où elles figurent. A titre d'exemple, essayons-la
donc sur une stance qui n'est rien moins que claire, à en
juger par le double témoignage de Grassmann (I, p. 547),
qui la bannit purement et simplement de l'hymne où la tra-
dition l'a insérée, et de M. Ludwig (V, p. 120), qui l'accom-
pagne d'un laborieux commentaire * : R. V. VI. 47, 19
j/ujdnà hariia ràthe bhàri ioà^tehà rûjaii \ ko viçoàhà
dviffatàh pàk^a àaata utàsînef^u sUri^u \\
Le fait est qu'il est fort difficile de concevoir que quel-
qu'un puisse s'asseoir tout à la fois a du côté de l'ennemi »
et (( parmi les généreux donateurs », lesquels au contraire
doivent être les compatriotes, les alliés et les amis du
chantre qui implore pour eux la victoire. Quant à attribuer
à àsine^u un sens détourné, métaphorique, différent enfin
de celui de àsate, il est impossible d'y songer ; car les deux
termes sont en corrélation trop évidente. Et cette seule
aussi, est dans mes notes manuscrites bien antérieure à la sugges-
tion de M. Max Mûller « brilliaat like gold in a bidden place »
(Oldenberg, oyo. cit., p. 195). qui n*en forme d'ailleurs qu'une mi-
nime partie, mais avec laquelle je me rassure et m'honore de ni'étre
rencontré. Quant à Hergaigne, il est revenu jusqu'il huit fois sur
ce passage intentionnellement mystique (voir le précieux Indeœ de
M. Hloomfleld); mais d'aucune de ses analyses do détail ne se dé-
gage le sens général de la stance.
1. Bergaigne n'en traduit que la première moitié : ReL Vcd.^
III, p. 51 i. n.
— 105 —
observation suggère Tidée qu'ils pourraient bien se trou Ver
dans deux propositions diflFérentes.
Il faut ici introduire une remarque : l'absence de ponctua-
tien est, dans le texte du Véda, une source de grande per*
plexité, et notamment Tusage d*un signe équivalent à notre
parenthèse y serait le bienvenu. Quoi qu'il en soit, il y a fort
longtemps qu'on a reconnu la nécessité de traduire certaines
parties de stances comme grammaticalement et logiquement
indépendantes du reste: peut-être môme a-ton parfois abusé
de ce procédé, mais rien n*en dispense. II est des paren-
thèses qui sautent aux yeux, comme R. V. X. 14. 5 c ou A.
V. VII. 53. 3 b* ; il en est de latentes, comme celle que j'ai
cru pouvoir admettre pour traduire R. V. 111.15. b, et sans
laquelle la stance ne m'a guère paru offrir qu'un étrange
fatras*. Or, ici, pour que les deux mots entre lesquels nous
soupçonnons une corrélation antithétique appartiennent en
effet à deux propositions distinctes, il faut précisément que
la première, soit le pâda c, figure comme entre parenthèses.
Traduisons-le donc en l'isolant, et, pour rendre la pensée
plus claire en conformant la construction à nos habitudes
occidentales, rejetons-le à la fin de la phrase au lieu de
rinsérer au beau milieu. Que vient-il? Une antithèse de
mots et de pensée, d'abord ; puis un sens parfaitement
logique et suivi, qui ne laisse prise à aucune incertitude :
« Attelant à son char ses deux chevaux bais, c'est de ce
côté-ci, parmi les généreux donateurs assis [autour de moi
ou de lui], que Tvastar resplendit d*un vif éclat. Et qui
donc jamais pourrait s*asseoir du côté de celui qui [nous]
haii»?»
t- Bcrgaigne- Henry, Manuel Védique, p. 123 i. n. ; Henry, A. V.,
VII, p. 20 et 80.
2. Henry, Vedica, HI, 11 = Mém. Soc. Linp., X, p. 86.
3. H ne faut pas grande réflexion pour se rendre compte du rôle
Que joue la parenthèse dans toute poésie sacerdotale, environnée
— 106 —
Ce qui revient simplement à dire :
(( Nous avons le Dieu parmi nous qui lui rendons un
culte riche d'offrandes ; c'est ici qu'il trône ; nos ennemis
ne Tauront pas, ni aucun autre : nous sommes sûrs de la
victoire. »
Et, remarquons-le, ce n'est pas seulement, dans cet ordre
d'idées, la stance elle-même qui s'explique, mais sa situa-
tion et tout l'ensemble dont elle fait partie ; car dès lors il
n'est plus nécessaire de l'isoler, de l'écarter, de l'envisager
comme tardive, surajoutée, interpolée sans rime ni raison,
dans un hymne qui n'est visiblement, d'un bout à l'autre,
qu'une conjuration solennelle récitée à la veille ou à l'ins-
tant décisif d'une bataille.
XI
Il n'est pas à prévoir que toutes les interprétations de
détail proposées dans cette étude d'ensemble rencontrent
l'assentiment général. Quelques-unes, sans doute, paraîtront
forcées ou subtiles. Lorsqu'on croit avoir trouvé une bonne
d'arcanes, destinée à n*ètre que Taguement comprise de tout autre
que le récitant. Voici, à l'autre bout de Téchelle indo-europôeone,
un exemple bien frappant du même procédé de style [Reçue Celtique^
VI, p. 69), une conjuration bretonne contre une dartre maligne :
éiré nao môr ha nao mène» \ éma eur /eànteun a ilrugarei \ kéa dl
da ôber da diégez. Le traducteur comprend : « Entre neuf mers et
neuf montagnes est une fontaine de merci : vas-y faire ta demeure. »
Cela est irréprochable comme mot à mot, ~ à cela près que éma peut
aussi signifier « voici », — mais laisse à désirer comme idée : c^r
pourquoi la dartre, chassée bien loin, — ceci est dans Tordre, « par
delà nonantfl-ueuf rivières navigables », dirait l'Atharva-Véda. —
s*en irait-elle dans une « source de merci », qu'elle souillerait, qui
dès lors contaminerait d'autres hommes et cesserait d'être une source
de merci ? Combien le sens est moins forcé si Ton sépare le vers
intermédiaire, qui ne semble être que l'éloge du remède ou du
charme apporté par le conjurateur! Soit donc : « Entre neuf mers et
neuf montagnes (voici une source de merci !) va- t'en faire ta de-
meure. » Cette interprétation est trop convaincante pour n'être pas
sûre.
— 107 —
clef, on est naturellement tenté de l'essayer à toutes les ser-
rure»; mais la maladresse de l'ouvrier ne prouve rien contre
la valeur de la clef. Il me parait ressortir de cette série
dexemples que- Tune des méthodes d'exégèse védique à
recommander aux jeunes sanscritistes de l'avenir, — dan-
gereuse peut être par l'excès, comme le serait toute méthode
exclusive sur ce terrain fuyant, mais du moins d'application
facile et à la portée de tous les esprits, — peut se résumer
en cet aphorisme :
a Après avoir établi le mot à mot rigoureux de la stance,
CHERCHEZ L'ANTITHÈSE. »
V. Henry,
Paris, 3 jaavier 189&
INDEX
DES PASSAGES DU RIG-VEDA
SUnces
Pagss.
Stances
P»ges
A •
100.
6
94
IV.
37.
3 ..
83
2.
4
101
V.
58.
6 ..
99
10.
3
100
V.
59.
1 ..
... 103
11.
19
98
V.
73.
8 ..
89
23.
4
94
V.
83.
2 ..
84
24.
9
90
VI.
47.
19 ..
... 104
5.
5
• 82
VII.
15.
8 ..
85
5.
8
95
VII.
18.
16 ..
93
15.
5
105
VII.
20.
4 ..
97
III.
25.
1
91
VII.
24.
2 ..
...90, 99
27.
9
92
VII.
103.
• •
86
27.
10
92
X.
34.
1 ..
89
34.
1
99
X.
34.
2 ..
87
IV.
3.
î/ ■ • • ■ •
95
X.
34.
9 ..
88
IV.
7.
11
94
X.
34.
10 .,
87
LE VERBE CONCRET
(Suite)
b) Verbe concret quant à l'objet de r action.
Il n'y a pas toujours une séparation très nette entre
cette classe et la précédente ; en effet, l'objet peut se
tourner en instrument, ainsi au lieu de tenir la mainj
on peut dire tenir par la main.
Ici encore il faut distinguer le verbe concret sub-
jectif et le verbe concret objectif; c'est le premier qui
semble avoir été le point de départ du second.
a) Concret subjectif.
Les noms de parties du corps donnent lieu à un
grand nombre de verbes composés. En voici des
exemples.
On remarquera qu'alors l'élément indiquant la partie
du corps ne se trouve plus sufBxé, mais infixé^ d'où
l'amalgame ressort plus complet.
noni'ingewe-nindigoy il se graisse le visage ; l'élément
inywe ne signifie le visage que dans le conglo-
mérat; makawadj-ingwe-watci, il a le visage gelé.
otci-siti-punik, avoir la crampe au pied. C'est l'infixé
site qui signifie pied,
pitakosite-ciw , se heurter le pied en marchant.
— 109 —
ki'cacago^kate^kozOf il s'est écrasé la jambe; c'est
kate qui est l'indice de la jambe.
oka-kicki'kàte-jwat^an, ils lui coupent la jambe.
saki'kwe-komo, il a la tête hors de l'eau; kwe est Tin-
dice de la tète ; ki-kicki-kiue-htganiiui, il eut la tête
tranchée.
ni-kotiko-nike-ciu/e, je me disloque le bras en tom-
bant; nike est l'indice du bras.
songi'tehe-kawituin^ fortifie-moi le cœur ; tehe est Tin*
dice du cœur.
6) Concret objectif.
Les exemples sont moins nombreux, mais nous en
retrouverons tout à l'heure en cri.
L'indice awcLS signifie enfant, mais il a cette parti-
cularité qu'il ne peut s'employer que de la part de la
mère.
Ntki atoaSj accoucher ; non awas» allaiter ; takon
atc(», tenir son enfant; pimom awaa, tenir son en-
fant sur son dos ; wewil awas, bercer son enfant ;
nikamo aa?a5, chanter pour endormir son enfant ; kijac
awas, avoir soin de son enfant ; hini atoas, défendre
son enfant.
Les mots employés en composition concrète diffè-
rent lexicologiquement de ceux employés séparément.
c) Verbes concrets quant à la qualité de l'action
a) Adformante
La particule kas exprime que l'actioo n'est pas réelle,
mais simulée.
— 110 —
Nind ojêino has, je fais semblant de fuir ; mawi
kojso, il fait semblant de pleurer ; anwenin dëfo kaso
ban, il faisait semblant de se repentir; anibot cenjikas^
faire Tenfant ; ici okinak we kcuo, elle veut faire la
reine.
Ici le mot qui modifie est suffixe; en môme temps, il
se conjugue comme un verbe ; en réalité, c'est donc
ce mot qui est une adformante.
Mais le procédé inverse est suivi aussi.
6) Préformante
C'est alors la particule qui est préfixée et qui indique
une individualité de Faction, un degré de cette action.
En voici de nombreux exemples :
Le préfixe ni signifie que l'on veut faire, qu'on a
besoinou qu'on est sur le point de. . . ni toi ija Momiany,
je veux aller à Montréal ; ni wi kitike^ je veux culti-
ver ; ki wi wisin-na ? veux-tu manger?
De même, le verbe venir s'exprime, non par le verbe,
mais par la particule /)«': ni-pi-aiamia,}e viens prier;
ki-pi-aiamia, tu viens prier.
Le verbe a//er s'exprime par la particule awi: aïoi-
kapacimota, allons nous baigner; waiotaminota, allons
jouer.
Il ne faut pas que la traduction française induise en
erreur sur la véritable situation grammaticale. Dans
le génie de la langue algonquine le véritable sens est
alors: Quanta la colonie, manges-tu? volontaire-
ment manges-tu? en allant pries-tu f En français, il
y a deux verbes dont l'un à l'infinitif ; en algonquin,
— 111 —
plus proche de l'exactitude linguistique, il n'y a qu'un
verbe, celui objectif marquant l'action; le premier élé-
ment n'est, en réalité, qu'un nom d'instrument ou de
qualité, ou de quantité, indiquant le degré de l'action.
II en est de même dans les cas suivants :
Nita, indique qu'on sait faire l'action ou qu'on en a
l'habitude.
Niiaajipiike, il sait écrire; niiapimose, il sait mar-
cher ; niia nikamo, il sait chanter.
Plus exactement, nita n'est qu'un indice de poten-
tiel et ne doit pas se traduire par il doit, mais par en
puissance; il écrit en puissance, il chante en puis-
sance, etc.
Pwa est l'indice du potentiel négatif: acaie ni pwa
pimose, je ne puis plus marcher ; ni pwa nikani, je
ne puis pas chanter ; ni pwa adjamu, nous ne pou-
vons pas partir ; en réalité : je ne marche plus en puis-
sance, je ne chante pas en puissance, etc.
Madji, est l'indice du commencement,
madji anamensike^ il commence la messe.
madji nikamonaniwan, on commence à chanter,
inexprimé que l'action continue à se faire.
Nind aniskika, je me fais vieux.
Kodj exprime l'action à l'état de tentative : kodj
diamin^ efforce-toi de prier ; kodj ikwandaweta, faisons
effort pour monter; en réalité, />/7e en tentative, etc.
gwimawi, indique l'embarras.
f^igwinatci totam, je ne sais comment faire ;
nigwinawi ikity je ne sais que dire ;
^i gwinatci inenindam^ je ne sais que penser;
port indique Tinterruption.
— 112 —
pon puatisi, il a cessé de vivre ; ki-pon-animfsi, il a
cessé de soufiErir ;
ikwa indique la terminaison de l'action.
ikwa anamensike, il a fini la ïnesse, il a dit la messe
finalement.
mamanda, indique l'excellence de l'action.
mamanda nikamo, il excelle à chanter ;
nanda indique qu'on cherche à faire l'action.
nanda wisin, chercher à manger ;
nanda wabam, cherche à le voir ;
pwatami tagocin, il tarde à arriver ;
matwe exprime qu'on entend l'action énoncée par le
verbe.
matwe piisan, on entend pleuvoir :
matwe mawi, on l'entend pleurer;
matwe akosi, on entend dire qu'il est malade.
manadj exprime qu'on prend garde.
manadj pangiciwin^ prends garde de tomber ;
manadj minikucen, garde-toi de boire.
Il faut traduire: il pleut, quanta l'ouïe, tu bois si tu
ne prends garde, etc.
/>rïcA« signifie, par méprise.
pitcipinkike, il entre par méprise.
pata exprime que l'action a été faite à tort :
ki pata totam tu agis à tort, tu fais mal.
' wani^ exprime l'erreur.
wani tipayge, il se trompe en mesurant.
Dans cette composition, le premier élément reste
invariable, il exprime la modalité. Ce même phéno-
mène se rencontre dans d'autres langues, où le poten-
tiel, le factitif ne sont que des modalités, aussi ne s'ex-
- 113 —
priment-ils que par des particules, comme en osmanli.
Tel est le verbe concret de l'algonquin. On voit qu'il
revêt diverses modalités, ou plus exactement, qu'il
est concret de plusieurs manières. Il est remarquable
que les éléments qui créent ce concrétisme, s'ex-
priment par une racine différente très souvent dans
le conglomérat que celle employée à l'état d'isolation.
Bien plus, cette racine n'est pas la même pour Tadfor-
mante-instrument que pour Tadformante-objet, ou
même que pour radformante adverbiale. C'est ainsi
que ridée piedy à pied, s'exprime dans la préformante
par ose, dans l'adformante-instrument par ck et dans
radformante-objet, par site, tandis que pied, dans
l'expression isolée, se rend par une racine différente
encore .
La distinction entre les préformantes et les adfor-
mantes d'une part, entre le subjectif et l'objectif d'autre
part, entre l'instrument, l'objet et la qualité d'autre
part, doit être retenue. On est parti du subjectif de
l'instrument, ainsi que de l'adformante. Il n'y en a pas
de preuve certaine, il est vrai, mais tel semble le pro-
cessus.
II
Du verbe concret cri
Le cri fait partie du groupe algonquin, et si nous
l'étudions après la langue algonquine proprement dite,
c'est que le phénomène observé y a un grand dévelop-
pement.
\fi
— 114 —
Nous ne ferons pas ici les divisions et subdivisions
qui précèdent et qui étaient nécessaires seulement
pour éclairer notre route^ mais nous distinguerons
cependant :
1® Ce qui a rapport au corps humain. 2° Ce qui con-
cerne les autres objets. 3** Ce qui concerne les degrés
des verbes.
Auparavant, nous donnons un exemple qui fera bien
saisir Tensemble du système.
La racine verbale nât, signifie aller chercher; voici
la réunion sur elle d'éléments déterminatifs qui le
surdéterminent :
•
nàta hwew, il va le chercher par eau.
nâta hattew , \\ cherche ses traces.
nâta kamekam, il gagne le rivage.
nâta kani kasiw, il gagne le rivage à l'aide du vent.
nâta kame yâsian, cela gagne le rivage à l'aide du
vent.
nâta kamepiten, il le tue à terre.
nâta kwewy il va visiter ses pièges.
nâta skew, il va chercher de la mousse.
nâtàskusiwew, il va chercher du foin.
nâta mamew, il va le lui chercher.
nâta yapew, il va visiter ses filets.
nâti pen, il va chercher de l'eau.
nâti chinittew, il va chercher du bois de chauffage.
nâti skutawew^ il va chercher du feu.
nâti watew, il va chercher sur son dos.
nât chinehamavoeœ , il va lui demander des médecines
à acheter.
nât ânâwa meut, il va chercher de quoi manger.
- 115 —
nako katew, il cherche où il demeure.
Les adformantes employées n'ont pas la mdme ra-
cine, quand on exprime leur idée isolément, sauf celles
suivantes : o^ kiya^ mousse, qui se retrouve dans nâta
skew, mas kusiy, foin, qui se retrouve dans nata skust
new, ayaptWj filet, qui se retrouve dans nata yapeWy
et iskuteto, feu, qui se retrouve dans nât iskuta tew ;
mais le^ autres racines diffèrent totalement ;
Eau, isolé, s'exprime par nipiy et dans le verbe par
hwé.
Trace^ isolé, s'exprime par ayetiskiw et dans le verbe
par hattew.
Rioage.isolé, s'exprime par tchikahâm&i dans le verbe
"^xkamekam.
Denif isolé, s'exprime par oitin, et dans le verbe par
hasivo.
Bois, s'exprime isolément par mistek et dans le verbe
par chimitten,
Piège, s'exprime isolément par wanihigan^ et dans
le verbe par kwew .
Dos s'exprime isolément par mispiskwan et dans le
verbe par wato.
Manger, s'exprime séparément par mitjisuw et dans
le verbe par nâtoa.
Demeurer, s'exprime isolément par ayaWj apiw
et dans le verbe par katew.
Dans tous ces cas, il y a verbe concret à la 2^ ou à la
3* puissance; l'élément ajouté ne fait qu'un avec le
verbe, de manière à n'avoir plus jamais une existence
séparée .
Quel a été le processus ? Les débris de mots ayant
— 116 —
conservé cette existence séparée qui se trouvent dans
le conglomérat; permettent de le retracer. Les éléments
incorporés dans le verbe pouvaient d'abord vivre
isolés, puis, lorsque l'union eut duré longtemps, ils
devinrent inséparables ; lorsqu'on voulut rendre l'idée
isolément, il fallut bien se servir de nouvelles racines.
Comment trouva-t-on ces dernières? Rien ne s'in-
vente en linguistique. Il s'agissait d'idées très usuelles.
Pour les exprimer dans presque toutes les langues, il
existe les doublets, dont le sens est d'abord identique.
Mais comme rien d'inutile ne se conserve, chaque dou-
blet trouve son emploi. Tantôt chacun prend une
nuance différente de sens, c'est ce qui arrive fréquem-
ment en français ; tantôt chacun a un emploi gram-
matical différent, tantôt enfin, et tel a été le cas ici,
l'un a été employé à l'état isolé, l'autre dans le conglo-
mérat. La racine isolée étant entrée dans celui-ci, c'est
l'autre doublet qui a été seul employé désormais à
rétat d'isolation.
Voici maintenant des exemples des différents verbes
concrets :
V Membres ou actions du corps humcUn
Verbes intransitifs
n'aweiju, exprime Faction de manger.
ut'à-nawew, il cherche à manger; polo-nawewy il rap-
porte de quoi manger.
abiw, désigne Taction des yeux .
wissak abiWj il souffre des yeux ; tokk^âbiiy^ il ouvre
— 117 —
les yeux ^pissaka-ûbm, il ouvre les yeux; nâ^hâbiw,
il voit bien .
towew-awew, la voix, le son de la parole.
miyot towew, il parle bien ; may owew, il parle mal ;
na&pi towew^ il imite la voix de quelqu'un.
yow, le vol des oiseaux.
pimiyow, il va en volant ; kitoe yow, il s'en retourne
en volant ; pâpi yow, il vient en volant.
awevo, le poil d'un animal .
miyw aœeta, il a beau poil ; iimist awew, il a le poil
court.
katew, le ventre.
mite kattew, il a faim ; kisiwas kateto, il a mal au
ventre.
puw,YMte de manger.
kihispuw, il est rassasié ; kimis puw, il mange en secret ;
pitckipuw, il s'empoisonne.
skoyuwj l'action de la nourriture.
ru'pahi skoyuw, il se fait mourir en mangeant trop ;
sàkeskine skoyuw^ il se remplit de nourriture ,
kâmowy l'embonpoint.
miyo kâmoto, il est bien gras.
khwamito, kkwasiw, le sommeil.
maiine kkwamiw,x>n l'entend dormir; pikiskwekkwa-
miw, il parle en dormant.
notie kkwasiw, il a envie de dormir.
huw, l'action de porter des habits.
myo huw, il est bien habillé ; wâhiski huw, il est
habillé en blanc.
P^yihuw, fort mouvement du corps.
namanù payihuw, il tremble de tout son corps; na-
— 118 -
waki payihuiu, il se prosterne fortement ; payiw,
aller à à cheval, courir.
maljihuw, état du corps, de la santé.
miyo matjihuw, il se sent bien.
atamow, la bouche, la parole.
inisiwe ii-at-âmow, il parle beaucoup de langues;
iskw-atâmoto, il expire ; ptsiteto-atâmoïc, il a l'écume
à la bouche.
inoio, toew, kweio-, action de la parole.
iciyaki-moto , il blasphème; kiiskvoe-motc, ilparleavec
folie, loigak-kioew , il dit de mauvaises paroles.
'juo, tout mouvement du corps.
nàmiskioe-i/iw, il incline la tète; oppiskwe yiw-, il
lève la tête: yepiskioe-iyvo, il penche la tête ; soujï-
niske-yiw, il étend le brag.
kkwew, visage.
kâasi-kktoew , il s'essuie le visage ; mikok-kweio, il a le
visage rouge.
idikuxw, boue.
appinew, new, maladie, douleur.
loam, wew, il est fou par le mal.
i/aioew, le corps.
sahki yawew, il a le corps robuste; yoskiyawew , il est
faible.
tckiwew, action de monter ou de descendre.
à iimtchiweio, il monte une montagne.
i^kuitew, aller sur la glace.
pisiskuUeto, il passe sur la glace.
itwato, façon, allure.
/iiiyott waio, il agit bien.
IJiioato, kkioeio, le sang.
— 119 —
pakinuhkktoew, il vomit du sang; toiki-kkwawy il aime
à manger du sang.
ham, action de chanter.
sipwe-hamy il commence à chanter ; ponà-ham, il cesse
de chanter.
nom exprime la trace du pied, l'action de la vue et
celle de la main.
kayàse-nam, sa piste ancienne; oski-^nam, sa piste
fraîche; mi yo-nam, il le trouve beau; nut/i-nam,
il le tient dans la main.
abâkvoevo, la soif.
nipâcha-abakew, il meurt de soif.
Attanij attamow, l'action de respirer.
iskivet-attam, il pousse le dernier soupir.
makkat-attanij il pousse un grand soupir.
tatjimow, l'action de se traîner.
pimit atjimow, il se traîne à terre.
kikkaw, la vieillesse.
kakebot::, kikkaw, il est insensé par la vieillesse.
simow, action de danser, d'être couché.
nitt a ssi simow, il danse bien.
uitew, action de marcher.
nest-utlew, il est lassé de marcher; must-uttevo, il
va à pied.
Pfmaw, action de fumer.
nrnieppwaw, il manque de tabac.
Verbe objectif ou transitif
hew, l'action et mew, la parole.
kaski'hevo, il en vient à bout en agissant; kaski-mew,
il en vient à bout en parlant.
'^f'
— 120 —
eyimew, action de la pensée .
it-eyimexjo^ il le pense ainsi ; m/s ka-eyimew, il le trouve
en y pensant.
wokeyimew, croire.
sokkitelu'Wokeyimew , il le pense courageux.
neto, action de la main.
oti-new, il le prend avec la main; mino-neto, il l'arrange
bien.
pitew, l'action du bras.
mani-pitew, il Tarrache ; otchi-pitew, il le tire.
skawew, faction des jambes et des pieds.
takiskawevo, il le frappe du pied; piku-skaweto, il le
brise en marchant dessus.
spitew ou pwew, le goût, l'action des lèvres et du
palais.
nisst'Spitew , il en reconnaît le goût ; matchi-spitew,
il en trouve le goût mauvais.
mameçv, l'odorat.
miyo mâme^^ il trouve Todeur agréable ; matchù
mamew, il trouve l'odeur désagréable ; miy-àmeKV,
il le sent.
ttav^ew, l'action de l'ouie.
tàpwettawew, il croit à sa parole ; kitim à kitawew, il
l'écoute avec compassion.
nawew, l'action de la vue.
nissitawi nawew, il le reconnaît en le voyant ; kiti-
mâki-nawew , il le regarde avec pitié.
amew, l'action des dents.
takkus-amew , il le mord; wissakameWy il lui fait mal
en le mordant.
atemew, l'action de la bouche.
— 121 —
webatemew^ il Taspire.
tonâmeto, l'action de la bouche, de la parole.
kusti tonâmew, il craint ses paroles.
ganâwew^ action sur les eaux.
way à wigânamew, il le frappe jusqu'aux os.
Comme on le voit, l'élément objectif est dominant
dans tous ces exemples ; l'idée ajoutée est celle d'un
nombre ou d'une action du corps.
2^ Autres objets.
Verbe intransitif
tchimeç^, l'action d'aller en canot, en vaisseau ou de
ramer.
pekiwe-tchimew y il s'en revient en canot.
huw, l'action d'aller par eau.
kiwe huw, il s'en va par eau; ajriva huw, il traverse
une rivière.
poyuw, l'action de descendre le courant.
mhàpoyuw, il s'en va à la dérive.
pew^ l'action faite par l'eau ou celle qu'on opère sur
Teau.
nàii'pew, il va chercher de l'eau; awati pew, il
charroie de l'eau ; nipahipew, il meurt par l'eau ;
kiiskiwe-pew , il est fou par l'eau, il est ivre.
wQ^vLw, action du père ou de la mère .
kiskinohamà-wasuw, il instruit ses enfants ; pasas-
tehwa-wasuçv , elle fouille ses enfants.
^«^, indique tout ce qui ressemble aux corde, ruban,
fil, cheveux.
■l >,
1^ '
- 122 —
mw-abew, il mange des cordes; amskot-abew, il
attache des cordes.
apiw, l'action d'être assis.
towatew, un fardeau.
kkâsu^j action de simuler.
amo^v, action d'errer.
skiwev^, un bourbier.
skeiv, l'action de bâtir.
attamwy l'action de marcher sur du bois.
kkai^^ew, la chair du poisson.
skewew, toute autre chair,
an'ew'j les œufs : man dfve^, il ramasse des œufs.
yàvvesWy la colère.
attika'e^v, le bois.
pakwe^v, les feuilles.
skasUvew, le foin.
abàwew^ l'action de l'eau.
askçveçi'y médecine.
Verbes transitifs
pahi^vew, un coup violent.
ahwew, une action sur l'eau.
ahçveçv, piler, écraser.
sfveiv, sawatew, marque du feu, du ciseau et du couteau.
huyew, une action sur l'eau.
abâwayeçv, action au moyen de l'eau.
simeiv, action de secouer.
astimeiv, action du vent.
payew, action de la scie, de la lime, de la pierre à
aiguiser.
— 123 —
tahevew, action de la hache ou du fusil.
kkutew, action sur le bois.
skateu/j action d'abandonner.
ppiwcUew, natew, action de maltraiter.
kwatewy action de l'aiguille, du collet, du lacet, du
filet.
skateiu, demeure, habitation.
sàkkomew, adoption.
Lorsque l'élément est objectif, il se rapproche du
subjectif, comme on le voit par ces exemples, en ce
qu'il exprime les instruments ou les mouvements qui
imitent ceux du corps de l'homme.
Il ne s'éloigne de cet ordre d'idées que pour exprimer
des éléments très connus : l'eau, le feu, le vent, le bois.
3® Degré des verbes
Les particules sont alors tantôt des préfixes, tantôt
des suffixes; elles sont bien concrètes en ce qu'elles sur-
déterminent le verbe. On les rencontre d'ailleurs dans
beaucoup de langues.
Elles ont cette particularité qu'elles n'ont pas d'exis-
tence isolée. Mais cependant le concrétisme est beau-
coup moins accusé, parce que le verbe peut apparaître
sans elles.
Par exemple t pouvoir et vouloir suivis d'un infinitif
rentrent dans cette catégorie; mais il faut bien com-
prendre le sens exact. On ne dit pas vouloir prier,
poucoir priery mais bien prier en volonté, prier en
paissanee. C'est le subordonné chez nous grammatica-
lement qui est le principal là-bas .
— 124 —
toi signifie la volonté.
wi-ayamihaw , il veut prier, il prie on puissance.
ki signifie le pouvoir,
nama ki-totaw, il n'a pu le faire.
ot ami^ être occupé à.
otami-mitjisuw , il est à manger.
notte, avoir envie de .
notte-matuw , il a envie de pleurer.
mâna, nitta, nekaya, avoir l'habitude.
nitta, nimikkweuj , il a l'habitude de boire.
kakwBy tâcher de.
ati-mâtji, commencer à.
powi, cesser de.
vokkCy être sujet à.
Tel est le verbe concret dans la langue cri. Notre
observation a été assez étendue pour nous faire parvenir
à trois conclusions.
La première est que le procédé du verbe concret a
dû être d'abord purement subjectif. Le grand nombre
d'éléments relatifs aux diverses parties du corps
humain, comme objet et surtout comme instrument, à
des fonctions et des mouvements de ce corps, le prouve
évidemment. L'homme primitif a rendu le verbe con-
cret en lui donnant pour appui soi-même, tantôt ses
yeux, tantôt sa bouche, tantôt sa main, tantôt sa vue,
tantôt sa parole, tantôt son action. De là, il a passé
aux instruments et aux mouvements qui imitent ceux
du corps : le bâton, la flèche, etc. Il a fini par les élé-
ments usuels et familiers, l'eau, le feu.
Le second point est que l'élément employé a subi
t
— 125 —
lexicologiquement une déformation dans le conglo-
mérat, puisqu'il s'y est entièrement consacré, et n'a
pu désormais s'employer isolément avec la même
racine, effet hystérogène, mais qui a beaucoup renforcé
le concrétisme verbal.
Enfin, le troisième point qui ressortira davantage,
lorsque dans un appendice nous aurons examiné ce qui
eoncerne le concrétisme dans les substantifs des mômes
langues, c'est que le langage a procédé par le moyen
très antique de la classification pour arriver à ce
résultat. Elle a créé de véritables familles de verbes
reconnaissables par le second élément vide qui y est
affilé. Par exemple, toutes les actions qui ont lieu par
Teau ou sur l'eau, ou qui affectent l'eau, forment une
classe spéciale ; de môme celles relatives à la main ou
aux yeux, etc.
(A suivre.) Raoul de la Grasserib.
Analytical Synopsis of the 542 forms of the
Verb in Si Marks Gospel as translated by
Jean de Leiçarraga, 1671 .
AC. 2. Impératif, singulier 2* personne^ régime sin-
gulier, auxiliaire actif, adressée au masculin.
5. 36...., siNHETsac solament. ..., croy seulement
9. 47,.., ïDocac hura..., arrache-le :
AÇVE. 6. Imp: pluriel, 2* personne, r. s. aux : act :
11. 24..., siNHETsa(îae ecen ..., croyez que
11. 29..., : eta iHARDESTapae, ..., & me respondez :
11. 30... ? iHAKDESTaçue. ... ? respondez moy.
14. 6..., WTzaçue hori, ..., Laissez-la :
14. 44..., eta ERAMapaesegurqui. ...,& le menez seu-
rement.
15. 36...^ vTzaçue : ..., Laissez,
ADI, 20. Imp : s. 2«. auxiliaire.
1. 25..., icwLadi, eta ilkï adïhorrenganic. ..., Tais-
toy & sors hors de luy.
2. 9..., lAïQui adi, ..., eta ebil adi'i ..., Leue-
toy, ..., & chemine ?
2. 11..., lAïQUi adiy . • . , Leue-toy ,
3. 3. ..., lAïQUi adi artera. * ..., Leue-toy en place.
1. Cf. le nom de maison et de famille Hiriarte^ milieu de
ville f place de ville, si commun dans le pays basque.
— 127 —
4. 39..., ICHIL adi, eta gueldi adi. ..., Tais-toy, &
te tien coye.
5. 8..., iLKi arfï spirîtu satsuâ, guiçon horrenganic.)
..., Vuide hors de cest homme, esprit immonde . )
5. 41..., Nescatchâ (...) iaiqui adi, ,.., Fille (...)
Leue-toy.
7.34..., iRKQui arfï..., Ouure-toy.
8. 3..., GuiBELERAT acti oDeganic Satan: ..., Va
arrière de moy Satan :
9.25..., iLKï arf/ horrenganic, ..., Sors de luy,
10. 49..., spoRÇA adi, iaiqùi adi\ ..., Pren courage,
ieue toy,
11. 23. ..^ KEN adi^ eta iraitz adi itsassora : ..., Oste
toy, & te iette en la mer:
12. 29..., BBXiadi Israël, ..., Escoute Israël,
12.36..., iAR-a(//ene escuinean, ..., Sieds-toy à ma
dextre^
15. 30. .., eta iautsi adi crutzetic . . . , & descen de
la croix.
ADILâ. 2. Id quod adi avec la terminaison conjonc-
tive la.
8. 26. .., Ezad//a burgura sar, ..., N'entre point au
village^
9. 25...^ eta guehiagoric ez adila sar hori baithan.
..., & que tu n'entres iamais plus en luy.
ADIN. 7. Subjonctif, présent sing : 2« aux :
5.53..., ethor arfm, ... que tu viennes^
9. 43...^ escu bakoitzdun^ vicitzean sar adin,,..:
1. On pourrait à la riguear compter parmi les formes verbales
cet adjectifs se terminant en dun^ parce que dun est la môme
chose que duen avec n relatif =s qui l'a, ayant.
- 128 —
gehennara ioan adin, ... entrer manchot en la
vie, ..., & aller en la géhenne,
9. 45. . . , mainguric vicitzean sar adirij ecen ez . . .
gehennara kgotz adin, . . . entrer boiteux en la
vie, qu' . . . , & estre ietté en la géhenne,
9.47..., begui bakoitzdun laincoaren resumàn
SAR adirij ecen ez . . suco gehennara egotz adin .• . . .
entrer auec vn œil au royaume de Dieu, qu' . . . ,
& estre ietté en la géhenne du feu :
ezAGO. I. Indicatif prés: 2' verbe irrégulier e^^on,
auxiliaire .
12 . 14 ... : ecen czago guiçonén apparentiara
BEHA, ... : car tu n'as point d'esgard à l'appa-
rence des hommes,
AGVC.l. Imp. s. 2«r.s.r.i. pi: l"pers:adr: masc:
aux: act:
13. 4. . . . , ERRA^'WC . . . , Di nous
AICELA. 1. Ind: prés : s. 2«, i. q. au avec e eupho-
nique avant la, verbe substantif.
12. 14... ecen eguiati aicela, . . .que tu es véritable.
AICÉN . 3 . l.q. au verbe subst : & aux : avec e eu-
phonique avant n conjonctif . Avec l'accent il a le
sens de l'impératif.
1. 24. ... norAicEN, ... qui tu es:
1 . 41 ... , atcén chahu, . . . , soit net,
5 . 34 ... , eta atcén sendo ^ eure plagatic . . . . , &
sois guarie de ton fléau .
AICENÂ. 1. 1. q. ai>avec e euph: n rel: décline au
vocatif. Verbe subst: na=- tu qui.
1. Sendo dérive-t-il da oastillan sanadof
— 129 —
11. 10... : Hosanna leku gorenetan aicenà. (Hau-
tin a mis aicend.) ... : Hosanna es très-hauts
lieux.
LlTZAITADAN. 1. Ind: prés: s. 2*. rég: ind: s.
l'^pers: avec da euph: pour t avant n rel : génitif
«elon ridiotisme Basque avec esca.
6. 23. . . : ESCATUREN aitsaitadan gucia . . ., Tout
ce que tu me demanderas .
lIZ. 11. Ind: prés: s. 2*. verbe subst : & aux:
1 . 11 . . ., Hi Aiz ene Semé maitea . . . , Tu es mon
Fils bien-aimé,
1 . 24. . . ? gure deseguitera ethorri ais ?, ..: ht
Aiz.(Hautin a mis a/::).Iaincoaren saindua. . . es-
tu venu pour nous destruire? . . . asçauoir, le
sainct de Dieu . . .
3. 11. . .,Hi Aiz laincoaren Semea. ..., Tu es le
Fils de Dieu.
8. 29. . ., Hi Aiz Christ Tu es le Christ.
10. 21. .., Gauça baten peitu a/j, . . ., Tu as faute
*
d'vne chose :
12. 34. .., EzAiz vrrun laincoaren resumatic.
. . ..Tu n'es point loin du royaume de Dieu.
14. 61..., Hi Aiz Christ /amco benedicatuaren
Semea? ...,Es-tule Christ, le Fils de Dieu, bénit?
14. 70 ..., Eguiazqui hetaric aiz, ecen Galileano
Aiz, . . . , Vrayement tu es de ceux-là: car tu es
Galileen,
15. 2..., Hi AIZ luduen Reguea ? ..., Es-tu le
Roy des luifs?
9
- 130 —
ezALBEILEDI. 3. Adjuratif s.3« aux:
13. 15..., ezalbeiledi iauts etcherât, eioi ezalben
ledi SAR deusen bere etchetic eram aitera . • . . J
ne descende point en la maison, & n'y entrai
point pour emporter aucune chose de sa maison.!
13. 16. . . ezalbeiledi guibelerat itzul, bere abilla-^
menduaren hartzera. . ., qu'il ne retourne point
en arrière pour emporter son vestement.
ALBEILEGVITE. 1. Adjuratif s. 2«. r. s. verbe irri
actif egum.
13. 14. . ., ihes alBEiLEGuiTE mendietar&t: . . . qui
ceux. . . , fuyent aux montagnes.
ALBEITZINARRATE. 1. Adjuratif pi: 2*. r. s,
verbe irr: act: erran,
13. 11 , hura ALBEITZINARRATE : . . . , dites celai
ezALBEITZINEÇATE. 2. Adjuratif, pi: 2«. r. s.
aux: act:
13. 11..., eta Qzalbeitsineçate médita: ... & n'\
méditez point:
13.21...,: Qzalbeitsineçate sinhets. ..., ne 1^
croyez point :
AN. 1. Imp: s. 2*. r. s. adr: au féminin, aux: act:
7. 27 .... VTza/2 behin . . ., Laisse premièrement
AQVIGV. 1. Imp: s. 2*. régime indirect plurie
1" personne, auxiliaire.
9. 22. . ., HEL aquigu, guçaz compassione harturic
• . . , secour^nous, çiy ant compassion de nous .
AQVIO. 2. Imp: s. 2*. r. i. s. aux:
1« 44..., eta eracuts aquio Sacrificadoreari
... & te monstre au Sacrificateur^
— 131 —
9. 24..., launa, hel aquio ene incredulitateari .
... : subuien à mon incrédulité.
AQVIT. 1. Imp : s. 2«, r. i. s. 2« pers: auxiliaire.
6. 22. . ., EscA aquit cer-ere . . . Demande-moy ce
que
ARREIT. 2. Imp : s. 2*. verbe irrégulier intransitif
iarveiqui.
2. 14..., ARREIT niri. ..., Suy-moy.
10. 21..., ARREIT niri, crutzea harturic
... , suy-moy, ayant charge la croix .
ATHOR. 1. Imp: s. 2*. verbe irr: intransitif e^/io)*.
10. 21...: eta athor, ... : puis vien-t'en^
ATZA. 1. Indicatif prés. s. 2*. verbe irr: intr: et^an,
auxiliaire.
14. 37. . ., Simon," lo at::a? . . ., Simon, dors-tu?
AV. 3. Ind: prés: s. 3*. r. s. 2« personne, aux: act:
5. 34. . . , Alabâ, eure fedeac saluatu au, . . . , Fille,
ta foy t'a sauuee^
10. 49. . . : DEiTZEN au. . . . , il t'appele.
10. 52. . . Eta bertan recîebi ceran ikustka , . . . Et
incontinent il recouura la veuë,
AVC. 3. Imp: s. 2®. r. s. adr: masc: verbe possessif
& aux : act :
1 . 44. . . , BKGVinauc . . . , Garde que
10. 47..., lesus Dauid-en semeà, auc pietate ni-
çaz. . . ., lesus fils de Dauid^ aye pitic de moy.
10.48...., Dauid-en semeà, auc pietate niçaz.
. . . , Fils de Dauid> aye pitié de moy.
AVÇVE. 9. Imp: pi: 2\ r. s. verbe poss: & aux:
act:
4. 24 . . * , GogoAUÇUE . . . , Regardez
— 132 —
8 . 15 ... , GogoAUçu E . . . . Aduisez
9. 50...?AUÇUE ceurôc baithan gatz, eta baque
AUÇUE elkarren artean. ... Ayez du sel envous-
mesmes, & soyez en paix entre vous.
11. 22..., AUÇUE laincoaren fedea. (à remarquer
le génitif objectif) ..., Ayez la foy, de Dieu.
[sic] .
12. 38. . ., BEGmHauçue . . . , Don nez- vous garde
13. 5. . ., BEGmnauçue , . . , Aduisez que
13. 23 Baina çuec BEomnauçue. Mais donnez-
vous garde :
13. 33. BEGViRauçue, Gardez-vous,
AVELA, 1. I. q. au avec e euph: avant /aconjonctif.
5. 31... gendetzeac* hertsen auela,... que la
foule t'enserre,
AVT. 3. Ind: prés: s. l*. r. s. 2*. pers: aux: act:
5. 7...? ADiURATZEN uut laincoarcu partez. .?
ie t'adiure de par Dieu
9. 25. . . , Spiritu mutuà eta gorrâ, nie aut manat-
ZBN, ..., Esprit muet & sourd, ie te commande,
14. 31. ..., ezaut vkaturen. ..., si ne te re-
nieray-ie point.
AVTE. 1. Ind: prés : pi: 3*. r. s. 2". pers: aux : act:
3. 32. . . , hire amac eta hire anayéc lekorean* gald-
1. Ce mot a la terminaison du nom infinitif Ue, Il y a certains
nombres d'arbresque la portent aussi, e. g. Jicotjse, figuier. Il est
aussi artificiel que le serait gentlfactio en latin. Y a-t-il d'autres
auteurs basques qui Tont usité?
2. Quelle est Torigine de lekorcanf Est-il Icku, endroit ^ avec
la terminaison biscayenne rcartf synonyme de tic, rie; en sens de
hors lieu?
— 133 -
KGuiTEN aute. . ,, Voila ta mère & tes frères que
te demandent là dehors,
BEÇA. 6. Imp: s. 3*. r. s. aux: act:
4.9..., ENÇUN 6eca. ...,oye.
4. 23. . .j ENçuN beça. .. ., qu'il oye.
7. 16. . ., ENÇUN 6era. . . ., qu'il oye.
8. 34. . ., RENUNTiA beça bere buruàz, eta har* beça
bere crutzea, . . . , renonce à soy-mesme, &
charge sur soy sa croix,
13. 14.. . ADi beça) . . . l'entende).
BEDI.2. Imp: s. 3^ aux:
7. 10..., lieriez hil bedi. ..., qu'il meure de
mort.
15. 32. Christ Israeleco Reguea iauts bedi orain
crutzetic, . . . Que Christ le Roy d'Israël descende
maintenant de la croix^
BERRAIT. 1. Imp: s. 3'rég: ind: s. 1* pers: verbe
irr: intr: iarreiqui,
8. 34. . ., eta berrait niri. , . ., & me suyue,
ÇABILALA. 4. Ind: imparfait s. 3* avec la participial
causant Télisiondu n final, verbe irr : intr : ebiL
1. 16. Eta Galileaco itsas bazterreançABiLALA... Et
en cheminant auprès de la mer de Galilée,
6. 48. . ., itsasgainez çabilala:... cheminant sur la
mer,
6. 49. Baina hec hura ikussiric itsas gainez
ÇABILALA, . . . Mais quaud ils le virent cheminant
sur la mer,
1. Il n'est point impossible que hnr et charge proviennent de
a même racine.
l
— 134 —
11. 37. . : : eta templean çabilala, ... : & comme il
cheminoit au temple,
ÇABILAN. 2. Ind: impart: s. 3*. v. i. intr: ebt'L
emploi absolu et aux :
5. 42. . ., eta ba çabilan : . . ., & cheminoit:
14. 11 ... : eta bilha cabilan ... : dont cerchoit
ÇABILTZAN. 4. Ind: imp: pi : 3" v. i. intr: ebil.
emploi absolu & auxiliaire.
9. 30. Eta handic ilkiric, elharrequin çabiltzan
Galilean gaindi : * Et estans partis de là ils che-
minoyent par Galilée :
11 . 18. . . , eta BiLHA ÇABILTZAN . . , cerchoyont
14. 1. ... eta Scribàc çabiltzan bilha ... & Scri-
bes cerchoyent ♦
14. 55. Eta Sacrificadore principalac,eta consistorio
gucia lesusen contra testimoniage bilha ça-
biltzan, .... Or les principaux Sacrificateurs, &
tout le consistoire cerchoyent tesmoignage contre
lesus. (en 16. 6. on voit que bilha ne gouverne
point le radical, mais le génitif ou possessif.)
ÇABILTZATE. 1. Ind: prés: pi: 2* v. i. intr: ebil,
auxiliaire.
16. 6... denaren bilha çabiltzate, ... vous cer-
chez . . . qui a esté crucifié
baÇADASSATEN. 1. Ind: imp: pi: 3«, v. i. act:
erasten , [et . St-Jean: Ep : dadassala) .
14. 5. . . Eta baçADASSATEN haren contra. . . Ainsi
ils fremissoyent à rencontre d'elle.
1 . A remarquer gaindi qui gouverne le locatif.
— 135 —
ÇADVCATEN. 1. Ind: imp: pi: 3*. r. s. verbe irr:
act: eduqui.
11 . 32 ... : ecen guciéc çaducaten . . . ^ Car tous
tenoyent
ÇAIC; 1. Ind : prés: s. 3*. r. i. s. 2* pers : adr:
masc : aux :
7. 11. . . PROBETCHATUREN çaic, .. ., viendra à ton
profit,
ÇAIÇVE. 5. Ind: prés: s. 3*. r. i. pi: 2« pers:
auxil :
4.11..., Çuey EMAN çaiçue laincoaren resumaco
secretuaren. eçagutzea : , H vous est
donné de cognoistre le secret du royaume de
Dieu:
4.24..., NEURTUREN paicae, eta emendaturen
caiçue, . . . , il vous sera mesuré : & . . . il sera
adiousté .
11. 24...: eta eguinen çaiçue. ..., & il vous
sera fait.
14. 64...: cer irudi çaiçue? ...: que vous en
semble ?
ÇAITEZQVETE. 1. Potentiel prés: pi : 2*. aux:
10. 38. . . BATHEYA AHAL çaitezquete? ... :
pouuez-vous . . . , & estre baptizez ... ?
ÇAlTEZTE. 7. Impératif pi : 2^ auxiliaire. (C'est l'in-
dicatif employé comme impératif.)
1. 15. . . : EMENDA çaitezte, ... : amendez-vous,
6. 31 . . . , eta reposa çaitezte gutibat : . . . , &
vous reposez vn petit :
6. 50..., spoRÇA çaitezte, ..., Asseurez vous,
8.15... eta beguira çaitezte Phariséeun altclia-
— 136 —
garritic, .. . . , & donnez- vous garde du leuain des
Pharisiens,
14. 32. . ., lAR çaitezte hemen, . . ., Seez-vous ici,
14 . 41 ... , êta REPOSA çaitezte : . . . , & reposez :
14. 42. lAïQui çaitezte, Leuez-vous,
ÇAITEZTENEAN. 1. Indic: prés: pi 2'. nrelidécl:
temporel, aux : {nean =z quand)
11. 25. Baina othoitz eguiten iar çaiteztenean,
Mais quand vous serez pour faire oraison,
ÇAITVZTE. 2. Ind : prés: sing: et plur : 3«r. pi: 2*
pers: aux: act:
1. 8..., baina harc batheyaturen caiYwste Spi-
ritu sainduaz ... : mais il vous baptizera du
sainct Esprit.
13. 9 : ecen liuraturen çaituzie consisto-
rioetara ... : car ils vous liurerontaux consistoires,
ÇAITVZTENEAN. 1. Ind.: prés: pi: 3* r. pi : 2*
pers: avec n rel:décl: temporel, aux: act:
13. 11. Eta HATZAMANIC ERAMANEN çaitustenean.
m
Quand donc ils vous mèneront pour vous liurer:
(L. n'a pas traduit ces trois derniers mots).
ÇAITVZTET. 4. Ind; prés: s. 1*. r. pi: 2* pers:
aux : act :
1. 8. ..., nie BATHEYATZEN çaituztet vrez, .,...
ie vous ay baptizé d'eau: (L. le traduit au temps
présent . )
1. 17..., eta EGuiNEN çaituztet guiça* 8 pesca-
1. Da moi guiça on a formé guiron en ajoutant l'adjectif on, bon.
Dante (Pwriy., 28,92) a dit; que Bien fecc ruant buono; Guiça
ona eguin ccçan laincoac. Guiça provient-il de Tltalien guiso,
ou de la môme racine que eguin, faire ^ V. Hugo a dit (Les Mise-
râbles): y L'homme qui au fond est bon ».
- 137 —
dore. ..., & ie vous feray estre pescheurs
d'hommes .
9. 19..., noizdrano finean supportaturen çaitu::^
tetf.,., iusqu'à quand fim\lement vous suppor-
teray-ie ?
11. 29..., INTERROGATUREN çaitustet lïic-ere çuec
gauça bâtez: ..., le vous interrogueray aussi
d'vne chose,
ÇAIZCALA. 1. I. q. çaiscan avec élision du n final
devant la participial, v. subst :
8. 11..., hari cembeit signoren cerulic gaidez çaiz-
CALA, ..., demandons de luyg'tte/g'Me signe du ciel,
ÇAIZCAN. 10, Ind : imp : pi: 3« r. i. s. aux :
1. 18. Eta bertan vtziric bere sareac iarreiqui
irançaucan. (Hautin a mis içâ- à la fin de la
ligne.) Et soudain laissant leurs filets le suyuirent.
1. 80... : eta bere aita Zebedeo vncian vtziric
languilequin, iarreiqui içan çaizcan : &
laissans leur père Zebedee en la nacelle auec les
ouuriers^ le suyuirent;
1. 30... : eta bertan minçatu içan çaizcan harçaz.
... : & soudain ilsluy parlent d'elle.
1. 36. Eta IARREIQUI içan çaizcan Simon eta
harequin ciradenac. Et Simon le suyuit, & les
autres qui estoyent auec luy .
2.15... eta IARREIQUI içan çaizcan qui pareil-
lement l'auoyent suyui.
6.35..., ETHORRi içan çaizcan bere discipuluac,
..., ses disciples vindrentà luy.
10. Sommaire 13. Christi presentatu içan çaizcan
— 138 —
haourres. (ici le n final est le relatif qui, nom :
plur :) 13 En/ans présente:: à Christ
10. 32... ETHORRi BEHAR çaiscati gaucèn er-
RAiTEN : ... à leur dire les choses qui luy deuoyent
aduenir:
11. 18...: ecen beldur çcdzcan, ... : car ils le
craignoyent
15. 41... lARREiQUi içançaiscan^..,, Tauoyent suiui,
ÇAIZQVIC. 2. Ind: prés: pi: 3«. r. i. s. 2*. pers:
adr : masc : aux :
2. 5..., Semé, barkatu çàisquic eure bekatuac.
,,,,Mon fils, tes péchez te sont remis.
2. 9. ..., barkatu çaizquic bekatuac, ala er-
RAiTEA, Tes péchez te sont remis : ou de dire^
ÇAIZTE. 2. Ind : prés : pi : 3* r. i. pi : aux :
4. 11... : baina lekorean diradeney comparationez
gauça guciac tractatzen çaizte : mais à ceux-là
qui sont dehors, toutes choses se traittent en si-
militudes.
16. 17. Eta signe hauc... iarreiquiren çaisté:
(Hautin a omis la ponctuation ici.) Et ces signes
suyuront ceux
ÇAIZTELA. 1. l. q. çai:j le eiwec la conjonctif comme
supplément à! ecen.
3. 28, ..., ecen bekatu guciac guiçonén seméy bar-
KATUREN çaistela, ..., que toutes sortes de pé-
chez seront pardonnez aux fils des hommes,
ÇAQVIZQVIDATE. 1. Impér: pi : 2^ r. i. s. l'*' pers.
aux :
7. 14..., beha çaqui:squidate guciac, ..., Escou-
tez moy tous,
I
[ — 139 —
ÇAQVIZQVIOTE. 1. Imper : pi : 2*. r. i. s. aux : (cf.
St Luc, IX, 35).
9.7...: huni hehx çaquâquiote, ..., escoutez-le.
baiCARA. 1. I. q. gara avec le préfixe 6aï superflu,
aux :
10. 35... cer-ere kscaturen baicara, (à remarquer
que le régime de esca n'est point au génitif ici)
ce que nous demanderons.
ÇARETE. 11. Ind : prés : pi : 8% verbe subst : & aux:
4. 40. ..., Cergatic çarete horrela icior? (L'origi-
nal n'a pas de virgule.) . . ., Pourquoy estes vous
ainsi craintifs?
5. 39.. ., Cergatic tormentatzkn çarete, . • ., Pour-
quoy vous tourmentez-vous...?
7. 18. . ., Horrela çuec-ere adimendu'gabe çarete?
. . . , Vous aussi estes vous ainsi sans entende-
ment?
10. 39. . . BATHEYATUREN h?Lçarete : . . . , vous serez
baptizez :
11. 5. . ., Cer ARI çarete, . . . , Que faites vous. • . t
12. 27. . . : çuec beraz haguitz enganatzen çarete.
... : vous vous fouruoyez donc grandement.
13. 9. ... : AÇOTATUREN çarete, eta gobernado-
rén eta reguén aitzinera eramanen çarete ene
causaz, hœy testimoniagetan. ...: vous serez
fouettez^ & serez menez deuant les Gouuerneurs
& les Rois, â cause de moy, en tesmoignage à
iceux.
13. 13. Eta GAiTZETsiAC içanen çarete guciéz, ene
icenagatic : Et serez hais de tous pour mon nom :
14. 27..., Guciac scandalizaturen çarete nitan gau
— 140 —
hùnetan : , . . , Vous tous ceste nuict serez scan-
dalisez enmoy:
14. 48..., Gaichtaguin baten ondoan beçala ilki
çarete., . ene hatzamaitkra?..., Vous estes venus
comme après vn brigand..., pour me prendre.
ÇARETEN. 2. I. q. çarete avec n conjonctif.
. 9. 41..., ceren Christenac çareten. ..., pource que
que vous estes à Christ,
11. 2... : eta hartan sarthurkn çareten beçain
sarri, .. . ., incontinent que vous y entrerez,
ÇARETENAC. 1. I. q. mreteaux : avec n rel : déci:
nom: pi : intr. nac = ceux vous qui).
. 13. 11..- MiNço çaretenac,hdÀïi2L Spiritu saindua.
... vous qui parlez» mais iesainct Esprit.
baÇARREITZAN. 1. Ind. : imp : pi : 3«. r. i. s. verbe
irr : intr : iarreiqui,
6. 1..., eta baÇARREITZAN bere discipuluac, ..., &
ses disciples le suyuoyent.
ÇARREITZATE. 1. Imp: pi: 2* r. i. s. /az-raçw.
14. 13... : ÇARREITZATE Iiari . ... : suyuez-le.
ÇARREITZOLA. 1. I. q. farm^-s'an avec élision du
n devant la participial .
10. 32. . . , eta çarreitzola. . ., & en /e suyuant
ÇARREYON. 1. Ind : imp : s. 3". r. i. s. iarreiqui.
5. 24. . . , eta populu handi çarreyôn, . . . , & grand
peuple le suyuoit,
ÇATCHETZATE. 1. Imp: pi: 2\ t. i. s. verbe irr:
ATCHIQUI.
14. 44. . ., hari çatchetzate, ... : empoignez-le,
ÇATEN. 1. Potentiel prés : s. 3*. aux :
14.5. Ecen baur birur-ehun dinero baino guehiagolan
— 141 —
SALDU AH AL çatcn, eta eman paubr éy. Car il
pouuoit estre vendu plus de trois cens deniers, &
estre donné aux poures .
ÇATOZTE. 3. Imp: pi : 2^ verbe irr : intr : eilwr.
1. 17. . . . , CATOZTE eneondoau ..., Venez après moy,
6. 31 ... , ÇATOZTE ceurôc appart leku desertu ba-
telara, . . . , Venez vous-en à part en lieu reculé,
12. 7. . . : ÇATOZTE ... : venez
ÇAVNÇATELA. l.Ind : prés : pi : 2\ verbe irr. : int:
eUan, auxiliaire, avec la participial.
13. 36 . . ., Lo ÇAUNÇATELA . . . domiaus.
ÇAYE. 1. Ind : prés : s. 3*r. i. pi: aux :
10. 40 ..i, baina emanen çaye (Hautin a mis
emanen çaye) ... : il sera donné à ceux
ÇAYENEAN. 1. I. q. çaye avec n rei : décl : tempo-
rel (nean = après que, quand).
16. 19. Eta launa gauça hauçaz hœy minçatu
içan çayenean, Et après que le Seigneur lesus
eut parlé à eux,
ÇAYENEC. 1. I. q. çaye, avec n rel : datif pluriel
décliné au nom : pi: actif {nec= ceux à qui).
10. 42 ... ecen nationén gainean seignoriatzea
laket çayenéc, . . . que ceux qui tiennent en
estime de dominer sur les nations,
ÇAYENËY. 1. 1. q. caye avec/i rel : dat : pi : décliné
audat : pi : {ney == à ceux pour qui).
10. 40 ... PREPARATU içan çayeney. . . . ausquels
il est préparé.
ÇAYENIC. 1. I. q. çaye avec n rel : dat : pi : décliné
au. partitif indéterminé en apposition avec le nomi-
natif {nie = aucuns de ceux à qui).
- 142 —
14. 4. ... berac baithan gaitzi çayenic, . . . aucuns i
.... despitez en eux-mesmes,
ÇAYO. 4. Ind: prés : s. 3«. r. i. s. aux :
4. 25. . . ., EMANENf ay() : . . . edequiren çayô. ...J
il luy sera donné : . . . luy sera osté. !
10. 7 ..., eta luNCTATUREN çayô bere emaz-
teari. . . .^ & s'adioindra à sa femme.
11. 23 . . . EGUiNEN qayô, . . . luy sera fait. |
ÇAYOLA. 1. I. q. çayo avec la conjonctif. j
9. 21 ... haur heldu çayola? . . . que ceci luy estl
aduenu ?
ÇAYON. 3. I. q. çayo avec n conjonctif, et relatif!
nominatif.
5. 16 .,,y nola dkmoniatuari heldu rm/i rayo/i.
eta vrdéz. ... comme il estoit aduenu à ce dé-
moniaque^ (Est-il plutôt imparfait?)
6. 2. . • . huni eman içan çayon sapientia haur, . . .
ceste sagesse qui luy est donnée?
12. 26. . . ., nola berroan liari minçatu içan çayon
laincoa, (ici l'accent sur çayon pourrait être une
faute d'impression) . . . comment Dieu parla à
luy au buisson
ÇAYON. 5. Indiimp :s. 3*. r. i. s. aux :
5. 18 . . ., OTHOIZTEZ ÇAYON ... le prioît
6. 19. Halacotz Herodias ayher ç^iyàn, Donl
Herodias en auoit à luy,
6. 20. Ecen Herodes beldur çayôn loannesi, Car
Herode craignoit lean (à remarquer le datif avec
beldur)
10. 52. ...,eta iarreiquiten ra^wt lesusi bi-
— 143 —
dean. (Hautin a mis iairreiquiten.) ..., &
suiuoit lesusparle chemin.
14. 51. Eta guiçon gaztebat iarreiqui içan çayôn
gorputz gorputz billuciaren gainean inguru mihisse
bâtez ESTALiRic, ... Et quelque ieune homme le
suiuoit, enueloppé d'vn linceul sur le corps nud :
ÇAVDETE. 3. Indicatif prés : & impératif s. 2^ verbe
irr : int : egon .
5. 39 . . ., eta nigarrez çaudete ?. .. & plorez ?
6. 10 ... , ÇAUDETE han handic ilki arterano.
..., demeurez-y iusques à tant que vous partiez
de là.
14. 34 ... : ÇAUDETE hemen, ... : demeurez ici^
ÇAVDETEN. 1. I. q. çaudete indic : avec n conjonc-
tif.
10. 38 . . . ceren esquez çaudp:ten : . . . que vous
demandez :
baCEAQVIAN. 1. Ind : imp : s. 3* r. s. verbe irr:
trans : iaquin.
15. 10. (Ecen bacEAQUiAN nola . . . Car il sçauoit
bien (ici ba traduit bien).
baCEAQVIAT. 1. Ind : prés : s. 1- r. s. adr : masc:
verbe irr : act : iaquin.
1. 24 ... ? bacEAQUiAT ... ? ie sçay
CEÇAN. 95. Ind : imp : s. 3*. r. s. aux : act :
1. 12. Eta bertan Spirituac irion ceçan hura deser-
tura. Et incontinent l'Esprit le poussa au désert.
1. 25. Eta mehatcha ceçan hura lesusect ... Et
lesus le tença,
1. 28. Eta lo ceçan haren fam&c bertan Galileaingu-
— 144 —
ruco comarca gucia. Ainsi sa renommée alla sou-
dain par toute la contrée d'alentour de Galilée.
1. 31. Orduan hurbilduric goiti ceçan luira escutic
HARTURic, eta bertan vtzi ceçan helgaitzac : . . .
Adonc s'approchant la leua, en la prenant par
la main, & soudain la fieure la laissa,
1. 34. . . : eta anhitz deabru campora egotz ceçan,
... : & iettoit plusieurs diables,
1. 41. Orduan lesusec compassione harturic eta
escua HEDATURic, HUNQui ceçan liura, ... Et
lesus ayant compassion^ estendit sa main, & le
toucha,
1. 43. Eta hura mehatchaturic bertan igor ceçan
camporât : ... Et l'aynnt menacé, soudain
Tenuoya dehors.
8. 14. .. ., iKus ceçan Leui Alpheoren semea péage
lekuan iarrîric, (Hautin a mis une virgule
après ceçan) . . ., il vid Leui lejils d'Alphee assis
au lieu du Péage,
3. 5. . . : Eta heda ceçan, ... Et il Testendit,
4. 8 ..., eta eman ceçan fructu ..., eta ëkar
ceçan 6/Af batac hoguey eta hamar, ..., & rendit
du fruit, ... qu'vn grain en apporta trente,
4. 39.... MEHATCHA ccçan haicea, ..., il tança le
vent,
5. 6..., laster eguin ceçan . . ., il accourut,
5. 7. Eta oihuz voz goraz erran ceçan, .., Et criant
à haute voix, dit,
5. 9. Orduan interroga ceçan hura, ... ? Eta
IHARDETS ceçan, . . . Adonc il Tinterroga, . . .? Et
il respondit>
— 145 —
5. 22 .... EGOTZ cecan bere buruâ han^ti ôinetara.
. . . , se ietta à ses pieds :
5. 27 . . ., età HUNQUi ceçan haren arropâ. . . ., &
luy toucha la robbe :
5. 29 ... : eta sendî ceçan bere gorputzôan . ., &
sentit en son corps,
5. 30..., iTZULiRic gendetzean, erran ceçan, ...,se
retourna en la foule, disant,
5. 33..., eta egotz ceçan hevQ buruâ haren aitzî-
nera, ..., & se ietta deuant luy, '
5. 43 ... : eta erran ceçan ..., puis dit '
6. 14. Eta ENÇUN ceçan regue Herodesec minçatzen
(...)eta ERRAN ceçan, Ot\e roy Herode en ouit
parler ;...) & disoit.
6. 17. Ecen Herodes hunec gende iGioRRiRic iiar
ceca^ï loannes, eta ESTECA ceçan presoindeguian,
Car Herode ayant enuoyé ses gens, auoit fait
prendre Iean,& l'auoit lié en prison.
6. 24 ...? Ettt harc erran çecan, loannes Baptis-
tarenburuiiren. ...? Et elle dit, La teste de lean
Baptiste.
6. 27. Età bertan Reguec, igorriric borreroa,
MANAC^fa// ... Mais incontinent y enuoya le bour-
. reau,& commanda
6. 28. Eta EKAR ceçan haren buruîi platean, Et
apporta la leste d'iceluy en vn plat,
6. 34. Orduan ilkiric ikus ceçan gendetze handia
lesusec, eta compassione har ceçan hegaz : Adonc
lesus estant sorti, vid grande multitude, & en eut
compassion : :
6. 48. Eta IKUS ceçan ... Et vid
10
— 146 —
7.25 ..., ETHORRiRic EGOTZ ceçcUihere buruà haren
oinetara, ..., vint & se iettaàses pieds.
7. 28. Eta harc ihardets ceçan, Elle respondit,
7. 30 ..., eriden ceçan ..., elle trouua
7. 33 ,..: eta thu eguinic, hunqui ceçan h^ren
mihia. ... : & ayant craché, luy toucha la langue,
7. 34. Guero cerurat beguiac altchaturic suspirio
EGUiN ceçan, Puis en regardant au ciel, il souspira,
8. 6, Orduan mana ceçan populua ... Adonc il
commanda au peuple
8. 7 ..., HRRAN ceçan ...» il commanda
8. 12. Orduan barnadanic bere spirituan suspirio
eguinic'erran ceçan, Luy souspirant profonde-
ment en son esprit^ dit,
8. 23. Orduan itsuaren escua harturic, sraman
ceçan burgutic campora : eta haren beguietara thu
fiGUiNic, eim wcuac haren gainean bçarriric,
fNTBRROGA ceçan. Lors il print la main de Taueu-
gle, & le mena hors du village : ayant craché es
yeux d'iceluy, & mis les mains sur luy, il Tin-
terroga
8. 24. Eta harc beguiac altchaturic erran ceçan,
Et l'homme ayant leué la veuë, dit,
8. 26. Orduan lesusec igor cecan hura bere
9
etcherât, Puis il le renuoya en sa maison,
8. 32. . . .Orduan apparta cecoji Pierrisec, . . . Lors
Pierre le print
8. 33. Eta harc itzuurig, eta bere discipulueta-
Brat bhaturïc reprotcha ceçan Pierris, Mais luy
se retournant, & regardant ees disciples, tanga
Pierre,
— 147 —
9. 14. Eta discîpuluetara ethorriric, ikus ceçan
gendetze.^ handibat hayén inguruân, Puis estant
reuenu à ses disciples, vid vne grande multi-
tude à Tentour d'eux,
9. 17 ..., ERRAN ceçan, Magistruà, ... dit, Maistre,
9. 19. . . . ERRAN ceçan, natione sinheste gàbea,
. . . dit, nation incrédule,
9. 20.. •, bertan Spirituac çathica ceçan hura,
. . . , incontinent l'esprit le desrompit :
9. 21. Orduan interroga ceca/i /esasecharen ai ta,
Âdonc il interroga le père d'iceluy,
9- 24. . . . nigarrequin erran ceçan, . . . auec
larmes dit^
9.25..., MEHATCHA ccçan spiritu satsua, ...,il
tança l'Esprit immonde,
9. 27. Baina lesusec harén escua hartuRic
CHUCHENT ceçan hura, Mais lesus l'ayant prins
par la main le dressa^
9. 36. Etahaourtchobat HARTURic eçar ceran hay en
artean. Et ayant prins vn petit enfant, il le mit
au milieu d'eux :
10. 3. . , . ERRAN, ceçan, . . . leur dit,
10. 17 ... , norbeitec harengana laster eguinic, eta
haren aitzinean belhauricaturic, interroga
ceçan, .,,, quelqu'vn accourut qui s'agenouilla
devant luy, Tinterrogant,
1 . M. L. Diharassarry dans Mariaren Haurren Escu-Liburua
(Bayonne, 1895), p. 359 emploie jendeUe dans le sens de gène-
ration. \\ a tort en appelant othoitsa le Magnificat et le Credo
et en écrivant errotor et aî*rosorio pour crretor et arrosario
qui sont les formes anciennes et étymologiques. Pierre d*Urte
a errotor^ lui aussi. Mais une erreur n'est jamais respectable.
- 148 —
10.. 21. Eta lesusec harenganat bkhaturic, onhets
ceçan, Et lesus le regardant, Taima,
10. 49. Orduan lesusec gueldituric, Mana C6ca/i,
Et lesus s'estant arresté, dit
12.1. ..., Mahastibàt landa cemn guicon-batec.
eta iNGURA ceçan hessiz, eta eguin ceçan ho-
bibat ^ lacotaco, eta edifica ceçan dorrebat,
.,., Quelqv'un planta vne vigne, & l'enuîronna
d'vne Imyè, & y creusa vne fosse pour vn pressoir,
& y édifia vne tour:
12. 2. Eta IGOR ceçan laborarietara sasoinean
cerbitzaria. Or en la saison il enuoya-vn seruî-
teur aux laboureurs,
12. 4. Eta berriz igor ceçan hetara berce cerbitza-
ribat . . . Derechef leur enuova vn autre serviteur:
12. 28 . . ., Iiarc interroga ceçan, . . .^Tinlerroga,
14. 3... : eta hausiric boeitâ, huts ceçan haren
buru gainera. ... : & rompit la boite & Tes-
pandit sur le chef d'iceluy .
14. 22..., HAR ceçan lesusec oguia eta gratiâc
rendaturic hauts ceçan: ..., lesus print du
pain : & après auoir rendu grâces le, rompit :
14. 35. Eta aitzinachiago ioanic, bere buruà lurrera
EGOTZ ceçan, eta othoitz eguin ceçan, Quand il
se fut vn peu eslongné, il se ietta en terre :
& prioit
14. 36. Eta erran ceçan, Abba, Aita, Et disoit,
Abba, Père,
1 . Hobi dérive probablement du latin focea, ou bien en est
le cousin germain.
— 149 —
14. 39. Eta berriz ioanic othoitz egùin ceçan,
eta propos bera erran ceçan. Et derechef s'en
alla, & pria^ disant la mesme parole.
14. 47. . . 10 ceçan Sacrificadore principalaren cer-
bitzaria, . . ., & en frappa le seruiteur du prin-
cipal Sacrificateur,
14. 60. Orduan Sacrificadore subiranoac artera
lAïQumic INTERROGA ceçan lesus, Lors le souue-
rain Sacrificateur se leuant au milieu^ interroga
lesus,
14. 61... Berriz Samficadore subiranoac inter-
ROGA ceçan hura, . . . Derechef le. souuerain
Sacrificateur Tinterroga,
14. 63. Orduan Sacrificadore subiranoac bere arro-
pâc ERDiRATURic ËRRAN cccan, Lors le souuerain
Sacrificateur deschira ses vestemens, (Scdit,
14. 67..., hari beguira iarriric ekran ceçan^
. . . , elle le regarda, & dit,
14.68. Beina harc vka ceçan, ..., eta oiilarrac lo
ceçan. Mais il le nia, . . ., & le coq chanta.
14. 70. Baina harc berriz vka ceçan. Mais il le
nia encores.
14. 72. Eta berriz oillarac lo ceçan :., . Eta camporat
iLKiRic nigar euguin ceçan. Et le coq chanta
pour la seconde fois : ... Et s'estant ietté hors
il pleura,
15. 2. Orduan interroga ceçan hura Pilatec,
(Hautin a mis une virgule après ceçan) Et Piiate
l'interroga:
15. 4. Eta Pilatec berriz interroga ceçan, Donc
- 150 —
Pilate l'interrogue encore : (L. traduit Tinter-
roga.)
15. 34. Eta bedratzi oreDetan oihu eguin ceçan
lesusec ocengui. Et à neuf heures lesus cria à
haute voix,
15. 36. Laster eguin ceçan bada batec> Et quel-
qu'vn accourut,
15. 37. Eta lesusec oihu handibat eguinig, spiri-
tua RENDA ceçan. Et lesus ayant ietté vne haute
voix, rendit l'esprit.
15. 39. . . , ERRAN ceçan, ... : dit,
15. 44... : eta Centenera deithuric. interhoga
ceçan hura, ... : & ayant appelé le Centenier,
rinterroga.
15. 46. pta harc mibissebat erossiric, eta hura
ERAUTSiRic ESTAL ccçan mihissoaz : eta eçar
ceçan '" : eta itzulis eçar ceçan harribat mo-
nument^borthân. Lequel ayant acheté vn linceul,
le descendit de la croix, & l'enueloppa du linceul,
& le mit ... : & roula vne pierre à l'huis du mo-
nument.
CEÇ ANEAN . 2 . I . q . ceçan avec n rel : décl : tempo-
rel (nean= quand).
10. 14. Eta hori ikus ceçanean lesusec, Ce que
lesus voyant,
15. 39. Eta IKUS ceçanean ... Centenerac^ Et le
Centenier .. ., voyant
CEÇAQUEEN. 2. Pot: imparf : s. 3\ r. s. aux: act :
5.4...: eta nehorc ecin ceba ceçaqueen, . . . ; &
personne ne le pouuoit domter«
-^ 151 —
6. 19. ..,, baîna kcin ceçaqueen, ..» : Mais elle
ne pouuoit.
CEÇAQVENEZ. 1. I. q. ceçaqueen avec e euph. &
z mediatif en complément d'eya.
11. 13. . . eya deus hartan eridbn ceçaquenes :
... />ourroirs'iltrouueroit quelque chose :
CEÇAQVEOTEN. 1 . Pot : imp: pi: 3^ r. s. r. i. s,
aux : act :
14.40... cer ihardets ceçaqueoten. ... qu'ils
luy deuoyent respondre.
CEÇATEN. 10. Ind : imp: pi: 3«. r. s. aux: act;
2. 4..., AGVER ceçaten ... etche gaina, . . ., eta hura
çuLHATURic, ERAUTS ceçateii,.., ils descôuuri-
rent le toict du lieu ... : & l'ayant percé le des-
cendirent
3. 6, Orduan ilkiric Pharisduéc, bertan Hero-
dianoequin conseillu eduqui cecaten haren con-
tra, Adonc les Pharisiens estans sortis, sou-
dain firent assemblée auec les Herodiens à ren-
contre de luy
4.4..., eta irets ceçaten hura. ...&ladeuorerent.
4. 7..., eta itho ceçaten hura, ..., & l'estouf-
ferent,
4. 10. . . , INTERROGA ceçaten , . . , l'interroguerent
4, 36. Eta populua vtziric har ceçaten hiira vncian.. .
Et après auoirlaissé la multitude, ils le prindrent
5. 14. ... ihes eguin ceçaten, . . , , s'enfuirent,
6.29,.., eta eraman ceçaten haren gorputza, eta
EÇAR ceçaten thumbân. . . ., & emportèrent son
corps, & le mirent en vn sepulchre. (L. traduit
dans la tombe.)
— 152 -
' iB. 33 . . . , t .eta eçagut cecaten hufa , ^i\hitzec : eta
oinez hiri gucietaric laster eguin cecaten hara,
...,,& plusieurs le recogneurent, &y coururent à
pied de toutes les villes;
6. 42. Eta lAN ceçate/igiicièc. Et tous en mangèrent,
6. 43. Eta cecaten goiti çathietaric hamabi sasqui-
tara, eta arrain-etaric cerbait. Et recueillirent des
pièces de pain douzepanierspleinsi&^ae/çwe/'e^/e
. des poissons . ...
6. 49...: eta oihu eguin cecaten.,,: d^nt ils s'es-
crierent.
6. 51...., eta mirets cecaten. ..., & s'egmerueii-
lerent.
6. 53..., eta portu har cecaten. .., & prindrent
port.
6. 54.. ,,bertan eçagut reço/en hara. ...., ils le
. cognurent incontinent.
7. 17. . ., INTERROGA ccçatcn bere discipuluéc com-
, . parationeaz . ..., ses disciples Tinterroguerent
de la similitude.
8.5,..? Eta hec erran cecaten, Çazpi ... ? Ils di-
rent, Sept.
8. 8. lAN cecaten bada, Us en mangèrent donc,
. (L'original porte //).
, 8, 28. Eta hec ihardets cecaten, Et ils respon-
dirent,
9.. 10. Eta hec erran haur euqui cecaten berac
baithan, Ils retindrent donc ces te parole en çux-
mesmes;
9. 11. Guero interroga cecaten. Apres l'in terro-
guerent,
— 153 —
9. 15..'. : etâ har'engàna laster eguinkz saluta
ceçaten. . . ., & accourans cers luy le saluèrent.
9. 20. Orduan ms.kK ceçaten haréiigana: Ils luy
amenèrent donc:
9. 28..., bere discipuluéc inthreoga ceçaten
appart ses disciples Tinterroguerent à part,
10. 2. Orduan ethorriric Phariseuéc intkrroga
ceçaten ...,Adonc les Pharisiens vindrent, &
rinterroguerent,
10. 4. Eta heczKKMi ceçaten, Ils dirent,
10, 10. Eta etchean berrîz discipuluéc gauçâ harçaz
beraz interroga ceçaten. Derechef les disciples
rinterroguerent de cela mesme en la itiaîson .
10. 49. . . Eta DEi ceçaten itsua, ... et appelèrent
l 'aueugle,
11. 4..., eta ERiDEN ceçaten asto-vmea esteca-
TURic, bortha aldean campotic bi bideren ar-
tean: ' eta lâcha ceçaten hura. ... & trouuerent
Tasnon qui estoit lié dehors- auprès de la porte
entre deux chemins: '& le deslient.
11. 7. Eta ÉKAR ceçaten asto-vmea lesusgana, Ils
amenèrent donc Tasnon à lesus,
11. 14... Eta haur ençun ceçaten haren discipu-
luéc ... Et ses disciples Touirent.
11. 18. Eta haur ençun ceçaten Scribéc . . . Ce que
les Scribes. . . oyans,
11. 20. ... IKUS ceçaten ficotzea erroetarano
EYHARTUA. ... ils le virent séché iusques aux
racines :
♦ • ■ -
12. 3 • Baioa hec hur» harturic çaurt ceçaten,
— 134 —
< eta IGOR ceçaten hutsic. Mais iceux Je prenans,
le blessèrent & le renuoyerent vuide.
12. 4 . . . , eta igor ceçaten desonestqui tractaturic
TURIC. . . ., & le renuoyerent Tayans honteuse-
ment traitté.
.12. 5. . ., eta hura uiLceçaten : . . .., lequel ils oc-
cirent :
«
/ 12. 7. Baina laborari hec erran ceçaten bere ar-
tean, Mais ces laboureurs dirent entr'euy,
12. 8. Eta HARTURic hura hil ceçaten, eta iraitz
ceçaten mahastitic campora. Parquoy le prenans
le tuèrent, &ietlerent hors de la vigne.
12. 17..» Eta MiRETS ceçaten haren gainean. ...
Et furent esmerueillez de luy.
12. 18..., eta interroga ceçaten^ ..., & Tinter-
roguerent, disans.
13. 3..;, INTERROGA ccçaten appart Pierrisec eta
lacquesec, ..., Pierre et laques, ... Tînterro-
guerent à part.
14. 16. . . : eta eriden ceçaten,, . ., eta appain ce-
çaten Bazcoa. . . ., & trouuerent . . ., & appres-
terent r agneau de Pasque .
14. 23. . . : eta edan ceçaten hartaric guciéc. ... :
& en beurent tous .
14.46..., eta hatzaman ceçaten . ..., & Tem-
poignerent.
14. 51.. ., eta hatzaman ceçaten hura guiçon gazte
batzuc. ...: & quelques iQunes hommes le sai-
sirerent.
14. 53. Orduan eraman ceçaten lesus Sacrifica-
dore subiranoagana : De là ils amenèrent lesus
— 155 —
au souuerain Sacrificateur: (L. n^a pas traduit
de là.)
14. 57. Orduan batzuc iaiquiric falsuqui -çestiAca
ceçaten haren contra, Adonc aucuns se leuerent^
& portèrent faux tesmoignage à rencontre de luy ,
14. 64. * . ? Eta hec guciéc haren contra iugea ceça-
ten, ... ? Et eux tous le condamnèrent estre coul-
pable de mort.
15. 1» Eta bertan goicean conseillu eduquiric
. . ., ESTECATURIC ICSUS ERAMAN Ceçuten, ... Et
incontinent au matin . . . ayans tenu conseil, liè-
rent lesus,
15. 11. Eta Sacrificadore principaléc incita ceça-
ten populua... Et les principaux Sacrificateurs es-
meurent le peuple^
15. 13. Eta hec berriz oihu eguin cecaten, Etîceux
derechef crièrent,
15. 14. .••?Etahec hambat oihu guehiago eguin
ceçaten, ... ? Et ils crièrent tant plus fort,
15. 16. Orduan gendarmesec eraman ceçaten hu-
ra sala barnera, ... eta dbi ceçaten banda gucia.
Lors les gendarmes l'amenèrent dedans la salle,
... : & appelèrent toute la bande.
15. 17, Eta VETZi ceçaten hura escarlataz, Et le
vestirent de pourpre,
15. 20 j eta vetzi ceçaten bere abillamenduéz:
eta[camporat ERAMAN ccfaten ...,&le vestirent
de ses vestemens, & le menèrent hors pour le cru-
cifier .
15. 21. Eta BORTCHA ceçaten bideazco... bat. Et
contreignirent vn certain passant
— 156 —
: 15. 22. Gaero. eraman cecaten Gôlgothaco lekura.
Puis le menèrent en la place de Golgotha,
16. 4. . ., iKus cecaten . . . elles voyent (L. traduit
virent) .
16, 5. Guero monumeutera sarthuric, ikus ceca-
ten lagun gaztebat escuineco aldean iaRRïa,
abillamendu churi luce bâtez veztitva : (à com-
parer lagun à l'anglais felloto, a young Jel-
loto. L'ange n'était pas leur compagnon . Ils ne
l'avaient pas vu avant ce moment.) Puis .estans
entrées dedans le monument, elles virent vn îou-
uenceau assis au costé dextre, lequel estoit accous-
tré d'vne longue robbe blanche,
' 16. 8. Eta hec bertan partituric ihes eguin cecaten
monumentetic: Et elles soudain se partans s'en-
fuirent du monument:
16.20. Hec-ere partituric predica cecaten leku
gucietaîn, Eux aussi estans pairtis, prescherent par
tput,
ÇEÇATENEAN . 1 . 1 . q . cecaten : avec n rel : décl c tem-
porel {nean = quand)
(A suivre.)
NOTE SUR UEXÉGÈSE VÉDIQUE
Dans le numéro dé la Itevue critique du 21 décembre
dernier ( p. 308), SI. V. Henry constatant à propos de
rhymne XllIJ, deVAtharva-Véda, Tàccord fréquent
contre la mienne {Le' Rig-Véda et tes Origine-^ delà
Mijlhologie indo-européerine, p. 315 sqql) de la tradùc-
Uon de M. hioomQeld {The sacred. booh of the East,
xLii, p. 207 sqq.), et de la sienne propre {Les Hymnes
Hohitas), expliqué le fait par la raison que « le Véda
en dépit de ses faces multiples et changeantes, se pré-
sentera toujours sous un aspect sensiblement iden-
•
tique* à deux interprètes dont le système fond:imental
consiste à commencer par le passer au laminoir d\in
fiiot'à-mot rigoureux ».
Je doute fort, et nous allons voir pourquoi, que le
laminoir du mot-à-mot soit aussi intéressé dans la
question que Taffirme M. Henry. Le véritable discrimrn
qui me met d'un côté alors que MM. Henry et
Bloomtield sont de Tautre, résulte de Thypothèsc qui
sert de base à notre interprétation réciproque; Natura-
1. Saos vouloir épiloguer sar ce que cette assertion a d*exagéré,
qu'il me soit permis cependant de faire remarquer, que dès le pre-
mier vers, M. BloomÛeld a préféré mon interprétation du mot
9finf(acai à celle de M* Henry.
— 158 —
liste et mystique pour ces Messieurs, liturgique et méta-
phorique pour moi, elle rend compte à merveille, grâce
à ce désacicorcl et sans aller plus loin que les vers \ et 4,
ni faire intervenir en première ligne le mot-à-mot, des
causes de la divergence en question. Selon qu'on verra
le soleil rouge, ou le feu du sacrifice dans le Kohila
auquel est consacré Thymne, on traduira vajin et vaja
(vers 1 et 2) par coursier (BloomQeld) ou par récon-
forté et réconfort (Regnaud), et ruhas (v. 4) par) «ram-
pes ou hauteurs = espaces élevés du ciel (H. et B.» ou
par « celles qui s'élèvent ou montent = les flammes
sacrées (R.)». Or, la première interprétation résulte
d'une méthode si impeccable, sinon d'un mot-à-mot si
rigoureux, que, d'une part, elle aboutit à'identiQer pour
^ les besoins du système vajin et vaja, et de l'autre à
donner à l'adjectif verbal ruh un sens qui en exclut toute
idée verbale ou de mouvement I La seconde, au con-
traire, satisfait tout à la fois la théorie sur laquelle elle
repose, l'étymologie et les exigences grammaticales.
Voilà une triple Qlière dont le contrôle vaut bien, ce
me semble, celui qu'on prétend tirer de traductions qui
ne s'accordent entre elles qu'en rompant trop souvent
l'une et l'autre avec les principes les plus essentiels
de toute exégèse rationnelle.
Il est clair comme le jour que si MM. Henry et
Bloomfield rendent de concert ruhas par « hauteurs* »,
1. Même observation pourrait être faite à propos da mot con-
cret rastra « directeur, ce qui dirige » et non « royaume ».
— Î59 —
c'est que le sens qu'imposait la grammaire jurait avec
leur théorie mythologique ; c'est que sur ce point la
théorie ou la grammaire sont en défaut, et qu'entre
celle-ci et celle-là ces Messieurs ont donné la préfé-
rence à la théorie : je n'avais pas autre chose a
répondre et à démontrer.
Paul Regnaud.
BIBLIOGRAPHIE
Bibliothèque des sciences contemporaines. Sl« série,
tome I. — V Histoire, par André Lefèvre. — Paris,
C. Reinwald, 1897, in-8% viij.693 p.
Nous avons un grand nombre de livres d'histoire,
les uns considérables, les autres très courts, mais il
en est fort peu de bons. Aussi saluons-nous avec joie
TouvragedeM. Lefèvre, qui prendra place au premier
rang parmi les meilleurs. Il suffit, pour en montrer
tout le mérite, de citer la définition même de Thistoire
que donne Tauteur (p. 691): « L'histoire est le tissu
indéfini des événements que déterminent l'expansion,
les rencontres, les passions de groupes humains plus
ou moins bien doués par la nature, plus ou moins
favorisés par les milieux originels, transitoires et défi-
nitifs »et (p. vj) : « c'est à partir de ces mouvements,
de ces migrations aventureuses que, par degrés
insensibles, l'histoire se détache de la zoologie...
N*est-il pas bon de monter sur quelque colline aérée,
pour regarder venir du fond des lointains horizons
tout ce lacis de routes, de traverses coupées de san-
glantes fondrières, qui ont fini par amener à la sphère
— 161 —
idéale des Shakespeare, des Voltaire, des Diderot, des
Gœtiie, des Laplace et des Darwin quelques héritiers
errants du Pithecanthropus erectus ? » El c'est pour-
quoi, dans ce beau livre, les religions et les mœurs
tiennent une aussi grande place que les faits histo-
riques proprement dits. M. Lefèvre y a apporté tous
ses soins; on y retrouve son style élégant, châtié,
précis ; son esprit énergique et net ; sa méthode exacte
et rigoureuse. Un seul chapitre apprend plus à ses
lecteurs que maints ouvrages en vingt ou trente vo-
lumes.
Je cherche quels passages pourraient être particu-
lièrement recommandés, et je me trouve extrêmement
embarrassé : il faudrait tout citer. Les analyses des
religions perse, musulmane, chrétienne, sont naturelle-
ment excellentes. Ce qui est dit sur JeanChrysostôme,
Charlemagne, Etienne Marcel, Jeanne d'Arc, entre
autres, répond on ne peut mieux à la réalité des faits et
aux préoccupations des lecteurs : Jean Chrysostôme,
ce prêtre savant et austère, mais autoritaire et tracassier
(p. 362) ; Charlemagne, ce dompteur des Germains
barbares, cet administrateur « auquel le génie tient
lieu de savoir » (p. 411-416) ; Etienne Marcel, ce pré-
curseur incompris des grands révolutionnaires fran-
çais (p. 527-528) ; Jeanne d'Arc, cette personnifica-
tion de l'idée française encore indécise, à qui l'Église
fait aujourd'hui l'injure de la canonisation (p. 538-
539). C'est le cas de dire: j'en passe et des meilleurs.
11
- 162 —
J'ai rarement lu une plus juste et pins saine apprécia-
tion djB l'empereur Julien, dit TÀpostat, cet homme
d'esprit dont le règne ne fut malheureusement qu'une
espérance (322-323).
Mais, pour bien montrer la haute valeur du travail
de H. Lefëvre, je citerai deux passages de son der-
nier chapitre : « Je n'insiste pas sur l'escamotage de
la Révolution de Juillet par la branche cadette, et par
la caste électorale. Cette déconvenue, très sensible à
Paris, à peu près indifférente à la France, était la
résultante des timidités et des ambitions du libéra-
lisme tempéré par l'égoïsme censitaire. La monarchie
constitutionnelle répondait parfaitement à l'opinion
moyenne du pays légal, et il est certain qu'elle aurait
duré plus de dix-huit ans sans l'obstination peu intel-
ligente de Guizot à ne point élargir la base étroite de
l'oligarchie bourgeoise. Sa carrière, d'ailleurs, et il
faut savoir en dire autant de la Restauration, ne fut
ni sans éclat ni sans honneur. L'indépendance de la
Belgique, la conquête de l'Algérie, l'appui accordé
en Espagne et en Portugal à un libéralisme relatif,
l'avertissement donné à l'Autriche par l'occupation
d'Ancône ont relevé l'influence extérieure de la
France. Un recul, malheureusement nécessaire, dans
la question d'Orient, et la médiocre humiliation de
l'indemnité Pritchard ne doivent pas effacer le souve-
nir des services rendus au pays par nos armes et notre
diplomatie. Quant au développement intérieur, notre
— 163 —
histoire n'offre point de période plas féconde. L'his-
toire renouvelée par les Augustin Thierry, les Miche-
let; le moyen âge découvert par les chercheurs de
notre École des chartes ; l'Inde et la Perse antique
sortant de leurs ténèbres à la voix de Burnouf ; l'in-
téressante lutte du romantisme contre les routines
qui appauvrissaient la langue ; enfin cette immor-
telle pléiade des poètes et des romanciers, des critiques,
des professeurs, des orateurs et des artistes qui a
égalé ce siècle aux plus grandes époques de l'histoire
et maintenu la France au moins à la hauteur des puis-
santes nations où parurent les Byron, les Shelley et
les Walter Scott, les Goethe et les Schiller ; ce sont là
des gloires qui ne procèdent pas sans doute du régime
mesquin inauguré en juillet, mais dont l'éclat n'en
rejaillit pas moins sur la France renaissante. En
même temps, l'horizon scientifique s'élargissait de
toutes parts. La vapeur, l'électricité dévoraient l'es-
pace. La photographie domestiquait pour ainsi dire
la lumière du soleil . Le calcul et le télescope appro-
fondissaient le ciel, tandis que la chimie organique
pénétrait dans l'intimité de la substance. Enfin la phi-
losophie scientifique inaugurée par Auguste Comte et
par Littré commençait, malgré ses réticences, à miner
l'édifice inconsistant de la métaphysique. » N'est-ce
pas là un excellent résumé du règne de Louis-Phi-
lippe ?
Je trouve meilleure encore, s'il est possible, cette ap-
— 164 —
préciatioD da second Empire : « En quatre mois, les
réactions appuyées sarrinstinctive défiance des masses
rurales avaient confisqué la République et le suffrage
universel. On sait avec quelle joie sournoise elles
ont coopéré, par l'expédition de Rome, à la répres-
sion des mouvements populaires issus de la révolu-
tion parisienne, et comment ce triste désavea de
l'esprit français, del'influence française dans le monde,
a permis au parjure d'adosser à la Bourse et à la
sacristie un trône ensanglanté. J'ai vu ces choses
immortalisées par les Châtiments, et l'adhésion servile
de tout un peuple, et la proscription des âmes ûères,
et le ralliement successif de quelques sceptiques, dont
le talent et la renommée ont fait cortège au pseudo-
César, et les éphémères prospérités et l'écroulement
lugubre. Sans doute, réveillée par la mutilation,
retrempée dans la défaite, la France républicaine a
marché vaillamment sous le fardeau sans cesse accru
de dettes fatales et de dépenses nécessaires; mais il
ne me semble pas inutile de mettre en garde les
générations nouvelles contre l'indifférence, la fri-
volité, l'énervement, et je ne sais quelle mysta-
gogie dilettante, germes morbides peut-être insinués
en nous par le désarroi moral du second Em-
pire. »
Je ne fais au livre de M. Lefèvre qu'un reproche :
Il y manque un index alphabétique détaillé des noms
et des choses; au moins aurait-il fallu réunir et
— 165 —
répéter à la table, à la fin du volame, les résumés
substantiels qui sont en tête de chaque chapitre.
Julien YiNSON .
Folk'lore de Tllk-eUVilaine. De la vie à la mort, par
A. Orain. — Pariz, Maisonneuve, 1897, in-8*,
(viij)-ij-298 p.
Cet intéressant volume est le trente-troisième de
la collection des « littératures populaires )> fondée en
1881 parle regretté Ch. Leclerc. M. Orain y a réuni,
en quatre chapitres, le résultat de ses longues et
patientes observations sur les coutumes, les habi-
tudes, les traditions de son pays en ce qui concerne
la naissance, le mariage et les principales cérémonies
de la vie. Un second volume nous parlera delà famille,
de la mort, etc. On trouve dans le présent recueil,
à côté de choses nouvelles, de curieuses variantes de
chansons, de formulettes, de devinettes, déjà connues
et courantes dans d'autres régions de la France. On y
trouve aussi des anecdotes locales et des faits person-
nels qui donnent au livre une saveur toute particu-
lière. La manière dont est mené ce premier volume
fait ardemment désirer l'apparition du second.
J. V.
— 166 —
«
L'Évolution du commerce dam les diverses races hu-
maines (Bibliothèque anthropologique, tome XVIII).
parCh. Letourneau. — Paris, Vigot frères, 10,
rue Monsieur-le-Prince, 1897, in-8% xxiij-581 p.
Je ne sais plus qui a défini le commerce « le vol
organisé » ; mais cette boutade, pour ceux qui liront
le livre de M. Letourneau, ne paraît point du tout
contraire à la réalité des faits. Le commerce a pour
but en etfet l'acquisition d'un objet qu'on n'a pas et
dont on a besoin ou envie, mais qui appartient à un
autre. Or, le moyen le plus simple de se procurer
l'objet désiré est évidemment de le prendre.
Il est impossible d'analyser ici en détail le livre, si
intéressant, si nourri de faits, si bien conduit, de
M. Letourneau, qui commence par une table des ma-
tières et qui finit par un index alphabétique, fort bien
faits l'un etTautre. Il y parle d'abord des origines du
commerce ; on chercherait en vain quelque chose
d'analogue chez les animaux ; ils razzient, mais ne
commercent pas ; ils échangent des services, mais
jamais des objets. Beaucoup de sauvages ne connais-
sent que les cadeaux ou le vol. D'autres en sont arrivés
à comprendre les échanges en nature. Plus tard, à ces
échanges généraux se sont substitués des échanges,
dans des proportions déterminées, de certains objets
qui prenaient ainsiune valeur, toute relative d'ailleurs.
L'emploi des monnaies vient évidemment de l'usage
— 167 —
de payer certains achats au moyen d'objets toujours de
même nature, par exemple au moyen de coquillages,
de peaux de bêtes, d'armes, de femmes surtout. Et
M. Letourneau suit le développement du commerce
chez les Nègres des races inférieures ; chez les Nègres
supérieurs ; dans la zone industrielle de l'Afrique ; en
Polynésie; dans l'Amérique sauvage ; chez les Mongols
ooniades et les Mongoloïdes ; en Chine et au Japon ;
chez les « Périégyptiens >> (les Berbères, les Kabyles,
les Hovas, etc.)» les Éthiopiens et les Égyptiens;
chez les Arabes et chez les Juifs. Puis il étudie l'orga-
nisation du négoce et du trafic, l'invention des mon-
naies fiduciaires, la création des bourses et des
banques, l'usage du crédit, du prêt à intérêt, etc., en
Mésopotamie, en Phénicie, en Asie-Mineure, en Grèce,
à Rome, dans l'Europe barbare et médiévale, aux
temps modernes, et il se demande en terminant ce que
sera le commerce dans l'avenir. Quandle monde civilisé
sera devenu, — mais quand? — la simple fédération
des États républicains ; quand la société sera organi-
sée de telle façon qu'il n'y aura plus ni exploiteurs ni
exploités et que chacun devra donner volontairement
son maximum de travail utile, le commerce redevien-
dra l'échange naturel et nécessaire de produits spé-
ciaux de chaque industrie locale et de chaque sol dif-
férent. Si c'est là une utopie, elle est noble, grande et
généreuse ; et ce que nous aurions de mieux a faire,
ce serait de travailler tous, de toutes nos forces, à la
— 168 —
faire entrer le plus tôt possible dans le domaine des
choses possibles et réalisables .
Julien ViNSON.
Comment naissent les Mythes, par Paul Regnaud. —
Pans, Félix Alcan. 1897, in-8^ (iv)-xx-251 p.
Ce qu'il y a de plus intéressant dans cette savante
et remarquable brochure, c'est la préface où M. Re-
gnaud expose l'état actuel des études mythologiques.
Il démontre péremptoirement l'erreur des folk-loristes
absolus. Pour ceux-ci, il y a, dans l'humanité, un fonds
commun de légendes qu'on retrouve chez toutes les
nations, et ce fonds commun est une sorte de fan-
taisie plus ou moins Imaginative, de pathologie men-
tale, de rêveries spontanées. A celte école qui prend
pour base des observations recueillies au hasard et
rapprochées à l'aventure, M. Regnaud expose la théo-
rie plus ancienne et plus scientifique de la méta-
phore, de l'interprétation des mots; et il appuie cette
théorie d'exemples significatifs : le conte du Petit-Pou-
cet, la légende hindoue du Déluge, et l'histoire véri-
dique de Purûravas et Urvacî.
L'analyse minutieuse du conte du Petit-Poucet est
particulièrement instructive. Tous les traits essentiels
de ce conte sont facilement ramenés à des formules
védiques. Ainsi le nom même de Poucet, remplacé
dans des versions étrangères par celui de Grain-d'Orge,
— les —
de Noisette, de Moitié-de-Pois, est fort bien expliqué
par la Kathâ-upani^ad et par d'autres testes antiques
où le mot « pouce » est employé avec le sens très net
de diminution, de réduction de l'être ou de l'activité.
J. V.
Ramuntcho, par Pierre Loti, de l'Académie française.
Paris, 1897, in-18 de viij-3o1 p.
« Quarante et unième édition y> porte le volume que
j'ai sous les yeux ; ainsi, voilà déjà plus de quarante
mille ou au moins plus de vingt mille exemplaires qui
ont circulé et qui ont eu sans doute quelque cent mille
lecteurs. La presse a loué ce livre presque à l'unani-
mité et, pourtant, c'estsans aucune hésitation qu'après
avoir lu, relu, analysé la plume à la main, je le déclare
nettement mauvais, à tous les points de vue : forme et
style, sujet, et couleur locale enfin.
Le sujet du roman est parfaitement dépourvu d'in-
térêt ; l'invention est médiocre. Une jeune paysanne,
séduite par un riche étranger de passage, Ta suivi dans
la grande ville. Là, il l'a installée dans un faubourg
où il lut rend des visites discrètes et où elle met au
monde un fils ; arrive la période du ralentissement de
l'affection : les visites de l'amant sont de plus en plus
espacées, et Franchita s'enfuit un jour, rompant brus-
quement avec le père de son fils ; elle revient hardi-
— 170 —
ment s'installer dans son village natal. Elle y élëye
son Raymond (Ramuntcho), moitié en bourgeois, moi-
tié en paysan, et il se trouve que cet enfant réunit les
qualités ou plulôt les défauts des deux races paternelle
et maternelle. Il se fait contrebandier pour occuper
ses loisirs ; il se fait soldat par fierté, alors qu'il lui
serait facile d'éviter le service militaire en se décla-
rant Espagnol, car sa mère est originaire d'Espagne ; et
il s'en va pour trois ans dans le Nord triste et froid,
laissant là ses amis, ses parties de « pelote » et sa
a petite amie » avec qui il passait toutes ses soirées
en causeries d'amour à peu près platonique. Mais
quand il revient, pour recevoir le dernier soupir de
sa mère, la morale et la société ont pris leur revanche :
plulôt que de lui voir épouser un bâtard^ on a fait de
Gracieuse une nonne. Ramuntcho, sur les conseils du
sacristain, combine un enlèvement audacieux, mais
ses ardeurs tombent devant la froideur de la jeune
religieuse et devant la majesté simple et noble du cou-
vent. Il part alors, lassé de tout, pour <c les Amé-
riques ». Est-il canevas plus pauvre, plus banal et
plus faux?
Je n'insiste que sur un point, le caractère de Ra-
muntcho «créé par la fantaisie triste d'un des raffinés
de nos temps de vertige » (p. 6), « retenu y> dans le
pays basque « pendant quelques saisons » par « cette
admiration d'artiste » qui a lui avait donné le caprice
de s'allier avec une fille de ces montagnes pour en
— 171 —
obtenir une descendance basque » (p. SI9). Ce gali-
matias sonore a pour bat de nous préparer aux excen-
tricités de la vie de Ramuntcho dont le caractère est
un mélange du vieux conservatisme basque, avec ses
enthousiasmes naïfs, et de l'impudence artistement
délicate du Parisien. Que l'auteur Tait ou non voulu,
ce récit est au fond une tentative pour réhabiliter
l'araour libre, pour réagir contre les préjugés bour-
geois, pour protester contre les convenances établies.
L'impression quj en reste, quand on a tourné la der-
nière page, est exactement celle que laissaient jadis
les romans les plus célèbres d'Octave Feuillet : préten-
tieux et immoral.
Mais ce qui choque et ce qui étonne aussi, car l'au-
teur est de l'Académie française, c'est le style. On est
vraiment surpris des néologismes de iM. Loti : les
<( courlis, annonciateurs de l'automne », les « rivières
méridionales» aux «eaux déjà /roidies » (p. 1) ; la
^^nouillure des herbes » (p. 3) ; la maîtresse qui devient
«gênante et quémandeuse » (p. 10) ; la nuit qui « em-
brume» les groupes (p. 176); les amoureux qui se
promènent « au soleil ^aman/» (p. 209) sur «les berges
du chemin » (p. 318) ; les costumes « dissimulateurs»
(p. 327) ne me paraissent point devoir figurer dans la
prochaine édition du Dictionnaire de l'Académie.
D'autres fois, ce sont des constructions irrégulières ou
des emplois de mots qu'on ne pardonnerait pas à des
collégiens : <( la saison des pluies qui revient avec son
— 172 —
<i même air d'amener répuisement des sèves » (p. 3) ;
« Ramuntcho sentait au fond de zoi-mème » (p . 4) ;
« elle repassait du linge pour le$ personnes d'Etché-
zar » (p. 3) ; il « s'élevait» (même p. 3) pour « il mon-
tait » ; « tous l'avaient pardo/irkSe » (p. 10); « il fait un
temps déchaîné » (p. 96) ; la verdure qui coavre a de-
puis des millénaires une géologie tourmentée » (p. 325) .
D'autres fois encore, ce sont de bizarres réminis-
cences scientifiques ; passe à la rigueur pour « ce
vastesoulèvementqui s'appelle Pyrénées» (p. 8), mais
que dire de « son vieux père, aujourd'hui décomposé
dans la terre profonde o (p. 17)? Il faut relever aussi
des comparaisons ou des descriptions comme celle des
Parques assimilées à de « tranquilles personnes
blanches » (p. 247) et du marin qui pousse du fond
« avec de beaux gestes plastiques ))(p.27). Enfin, je
ne puis admettre le sens spécial que Tauteur donne
à certains mots, au mot raffiné par exemple (p. 6,
16, etc.) ; je trouve agaçant Tabus des formules inter-
jectives, « oh! le... oh I les... », et je ne crois pas
qu'il soit d'un très bon goûtde répéter sans cesse « les
petites » pour « les jeunes filles ». Quant au a phos-
phore » pour « les allumettes » (p. 126), c'est du pur
Chàteaiibriand .
Que de choses j'aurais à signaler, si je m'arrêtais
non plus aux mots, mais aux phrases, si j'analysais
certains passages où se manifestent en apparence des
théorie philosophiques ou humanitaires I Plus de dix
— 173 —
fois, par exemple, H. Loti parle du vieil esprit, des
refrains qui s'échappent de la nuit des siècles, des
habitudes traditionnelles, de Tâme des ancêtres qui
parfois sort de la terre et plane sur le pays. Qu'est-ce
que cela veut dire ? « Faire les mêmes choses que
depuis des âges sans nombre ont faites les ancêtres et
redire aveuglément les mêmes paroles de foi, est une
suprême sagesse, une suprême force » (p. 35). Est-ce
bien sûr? Est-ce bien exact? Hélas! même dans le
pays basque, la loi du progrès suit son cours inflexible:
depuis trente années seulement, j'ai vu y changer
bien des choses ; ce jeu de paume que M. Loti décrit
plusieurs fois œn amore, n'est plus que le jeu vulgaire
du blaid, de la balle au mur, tandis qu'il y a vingt ans
encore le seul jeu honorable, le seul cultivé, était le
rebot. Le rebot lui-même n'a rien de basque ; c'est le
vieux jeu de paume à la française, tel qu'on le prati-
quait dans la salle historique du W juin 1789 avec ses
à deux de jeu, ses quinze et ses chasses. Est-ce à un
membre de l'Académie, à un des régisseurs officiels de
la littérature, de prêcher ce ridicule conservatisme
dans un style à l'excès révolutionnaire? Les Indiens
étaient plus logiques ; ils mettaient dans une vieille
grammaire tamoule ce précepte caractéristique : « Sur
quels sujets, avec quelles paroles, de quelle façon, les
illustres ont parlé, — parler ainsi, c'est la convenance
du style. »
J'ai retrouvé ces théories incolores, fades et vagues.
— 174 —
dans plusieurs articles da Ft^aro dont il a du reste été
question dans V Avenir, à propos d'une visite à Ronce-
vaux, à propos des fêtes soi-disant de la tradition
basque organisée à Saint-Jean-de-Luz par une muni-
cipalité réactionnaire. Et j'y remarque la même pré-
tention, la même observation maladroite et impar-
faite.
On a dit pourtant que la couleur locale était Tun
des principaux mérites de Ramuntcho. La couleur
locale y est au contraire presque toujours fausse.
M. Loti, élu sous ce nom membre de l'Académie, a
commandé pendant plusieurs années, sous son nom
vulgaire de Julien Viaud, le bateau stationnaire de la
Bidassoa ; il est manifeste qu'il n'a jamais habité , qu'il
n'a jamais parcouru, qu'il n'a jamais étudié le pays
basque. Il a dtné dans quelques « bonnes » maisons,
il a fait quelques excursions en voiture, il a assisté à
quelques fêtes locales ; il a griffonné à la hâte des notes
incomplètes sur son carnet de poche, il a demandé
à quelque hôte complaisant des indications rapides. Le
village principal de son roman est en France, non loin
de la Bidassoa, près de la mer, à peu de distance de Saint-
Jean-de-Luz, dans les montagnes pourtant, quelque
chose comme Urrugne, — dont Théophile Gauthier a
immortalisé le nom en recueillant l'inscription de son
horloge : Vulnerant omnes^ ultima necai; — mais un
Urrugne à une altitude supérieure. Pourquoi donc
M. Loti donne-il aux gens, aux choses, aux localités,
— 175 —
des noms, des mœors et des habitades entièrement
espagnols? Florentine, Ignacio, José-Marîa, Dolorès,
Marcos, Joachin, Pilar, Damasa, Ramuntcho même,
ne sont point les noms habituels de cette région. Je
n*apprécie pas très bien au surplus la différence qu*il y
aurait entre Franchita et Pantchika; ce sont deux
Duances diminutives de l'espagnol Paquita. Les noms
de famille sont plus admissibles, malgré certaines
irrégularités d'orthographe : Iraola (et non Iragola),
Bidégaray (et non Bidegarray), Gorostéguy, sont bien
des noms du pays. Les villages, les « lieux dits», sont
au contraire remarquablement bien nommés et ils ont
certainement été indiqués à l'auteur par une personne
intelligente : Mendiazpi, Amezqueta, Errebiague, Buru-
zabal, Gaztelugaïn, sont charmants et je ne vois guère
d'inadmissible que le nom du village principal Etcbé-
zar : d'abord, il faudrait dire, en France, Etcbezahar ;
puis ce n'est là tout au plus qu'un nom de maison :
Vieîlleville, Cazauvieilh, etc.
Si j'entre dans l'examen minutieux des détails de la
vie basque, telle qu'elle nous est dépeinte dans Ra-
muntcho, je ne trouve qu'erreurs à chaque pas. Je
n'ai jamais vu sur les iQurs des maisons des images de
saints ou de saintes avec des légendes basques ; on ne
connaît dans ce pays ni la Vierge du Pilier (pourquoi
« dn Pilar »?), ni celle des Angoisses, ni les mille
autres espagnoles ; on n'a point une vénération spé-
ciale pour les litanies de la Sainte-Face: d'ailleurs les
— 176 —
Basques ne jurent ni par les sacrements, ni par les
cornes du Diable. Qu'est-ce que ce costume des
hommes d'autrefois : «large ceinture, blouse noire très
courte à mille plis » (p. 144)? Où M. Loti a-t-il vu des
maisons basques entourées de chênes-lièges (p. SS6)?
Je ne crois pas qu'il y ail des lièges au sud de rAdour.
Où a-t-il vu des hommes qui s'embrassent (p. S31)?
Quant aux « devises » des maisons, M. Loti les
commente et les arrange à sa guise ; c'est joli, mais ce
n'est pas vrai. Et ce repas de fête I « avec des poissons
de la Nivelle, du jambon, des lapins» (p. 43) et du
cidre, bien entendu, car, à en croire M. Loti, on ne
boirait que du cidre dans le pays basque français où,
au contraire, le mot « cidrerie », dont il abuse, est
tout à fait inconnu.
Dans un livre de ce genre, la langue basque ne pou-
vait être oubliée. L'auteur nous en donne de très rares
échantillons : itchoua « l'aveugle » (p . 21 ) ; gaou-
one{p. 217) « bonne nuit» et non « l'antique bon-
soir »; l'inscription du mur des jeux Ae^diumeblatdka
harilzea debakatua (p. 65), qu'il faut corriger debe-
katua da bleka harilzea a il est défendu de se mettre
(à jouer) au blaid » ; la chanson iru damacho (pourquoi
u et non ou?), la seule que paraisse connaître M. Loti
et qu'il met à toutes sauces jusqu'à en faire un air
d'improvisation (p. 51); et plusieurs mentions de l'tr-
rintzina dont il est fait, aux pages 1 04-1 05, une des-
cription véritablement fantastique. Ailleurs, M. Loti se
— 177 — •
contente de répéter certaines banalités courantes sur
les « mots compliqués et longs qui pour des yeux de
Français ne ressemblent à rien de connu » (p. 113),
sur « la mystérieuse langue des ancêtres » (p. 86), « si
fermée aux étrangers de France » (p. 84), « d'origine si
inconnue, qui, aux hommes des autres pays d'Europe,
semble plus lointaine que du mongolien ou du sans-
crit» (p. 47) et « dont l'âge semble incalculable »
(p. 7). Ce qui serait pardonnable à d'autres ne peut
1 être à un écrivain qui a fait le tour|du monde et qui
a longtemps entendu parler des langues à peu près
aussi originales que le basque: le japonais et les
idiomes de TOcéanie. Du reste, les observations lin-
guistiques de M. Loti dénotent une légèreté et une
inexpérience rares : il déclare la langue basque « alerte
et sonore, malgré son incalculable antiquité » (p. 248);
il affirme que, dans la haute montagne, « la langue se
conserve plus nettement articulée, plus incisive, plus
pure peut-être qu'à la côte » (p. 146), ce qui est sim-
plement inintelligible. Ailleurs, il trouve, ce qui est à
peu près le contraire de la vérité, que les jeunes Bas-
quaises ont un « accent chanté, avec leurs finales en
rra ou en rrik, faisant rouler si alertement les r qu'on
eût dît à chaque instant des bruits d'ailes de moineaux
dans leurs bouches » (p. 136). Ailleurs encore, nous
voyons des jeunes filles se pâmer toutes sur « un rien,
un demi-mot de leur vieille langue basque » (p. 134).
En passant, je remarque cette note de la page 3 :
18
.— 178 —
« Raymond, Ramon, Ramuntcho : le même nom »qm
devient ailleurs Ramunlchito ; suffisait-il de dire que
ce sont quatre formes du même nom? Raymond est
français, Ramon espagnol, Ramuntcho un diminutif
basque et Ramoncito (non Ramunkhito) le diminutif
espagnol.
Et il s'est trouvé des gens pour écrire que ce livre
médiocre est un poème admirable, que Tauteur a —
enfin! — annexé la Biscaye à la littérature et qu'il a
déployé tout son talent des beaux jours, pour décrire
ce pays si peu connu, qu'il a si bien et si longuement
observé. C'est à peu près ainsi que s'exprime un écri-
vain de mérite, un normalien, le critique patenté du
Tempa. Peut-être, après tout, M. Gaston Deschamps
a-t-il voulu rire et faut-il prendre le contre-pied de son
article pour sainement juger de Ramuntcho.
Certes, il y a dans ce livre de jolies pages, des des-
criptions intéressantes ; mais elles ne suffisent pas à
faire oublier tous les défauts que je viens de signaler.
Pourquoi donc a-t-il eu tant de succès, même en
dehors de ce que j'appellerai l'entraînement, le respect
humain, le convenu? C'est qu'aujourd'hui on nelitplus,
on ne sait plus lire, comme me le disait naguère un
homme de goût, un fin critique, Laurent Pichat; nos
pères, quand ils recevaient un ouvrage nouveau, ne
se contentaient pas de le parcourir en tournant rapi-
dement les pages ; ils le lisaient d'un bout à l'autre,
h'gne par ligne et mot par mot. Rien ne leur échap-
— 179 -
paitet la conoaissaDce du détail ne nuisait pointa
l'appréciation de Tensenible. Aussi les écrivains s'ap-
pelaient alors Lamartine, Victor Hugo, Théophile
Gauthier, Mérimée, George Sand; aujourd'hui nous
n'avons plus que des Ohnet, des Coppée, des Octave
Feuillet, des Anatole France et des Loti. C'est pourquoi
je suis volontiers de l'avis d'Alceste, et quand un
Oronte me dit de « ce style Qguré dont on fait vanité »,
je me reporte à mes lectures passées et je réponds
simplement aux éloges des Philinte : « J'aime mieux
ma mie, ô gué ! j'aime mieux ma mie! »
{UAtsenir des Pyrénées, mardi 18 et jeudi 20 janvier 1898.)
Julien ViNSON.
Grammaire grecque moderne, par Hubert Pernot,
répétiteur à l'École des Langues orientales vivantes.
— Paris, Garnier frères, s. d. (1897), in-8^ xxxi-
262 p.
J'ai lu ce livre avec le plus grand plaisir et j'ai hâte
de le recommander aux étudiants et aux linguistes. Ce
qui m'y frappe surtout, c'est la clarté, la précision et
la méthode. Il faut louer notamment, à ce point de vue,
les chapitres consacrés à la prononciation, à l'accen-
tuation, à la phonétique. L'auteur a fait précéder son
livre d'une très substantielle préface où est fort bien
expliqué le caractère très particulier de la langue
— 180 —
grecque actuelle qu'on appelle à tort vulgaire, sa déri-
vation parfaitement logique du grec ancien, les pré-
tentions au purisme de beaucoup de ses écrivains:
nous retrouvons ces choses d'ailleurs dans un grand
nombre d'autres idiomes. Il faut particulièrement féli-
citer M. Pernot d'avoir, à chaque instant, rappelé la
forme originelle ancienne.
La Grammaire de M . Pernot est divisée en cinq
parties : phonétique, morphologie, mots invariables,
dérivation et composition, syntaxe (qui a trois subdi-
visions : accord, compléments, propositions subor-
données). Je ne sais si la troisième partie était vraiment
nécessaire et j'ai peur que la syntaxe ne soit un peu
compliquée. J'aurais au surplus quelques observations,
je n'ose dire quelques critiques, à présenter sur cer-
tains points de détail. Par exemple, je pourrais (p. 55)
discuter la question de l'article indéQni un. Quelle est
la distinction essentielle et fondamentale entre l'article
et le pronom ou plutôt l'adjectif? Je crois qu'il est sage
et plus conforme, non pas à la logique de la grammaire
générale, mais à l'usage traditionnel de réserver le nom
d'article à l'article défini le, la, les.
A la p. 128, je remarque que les verbes grecs mo-
dernes ont perdu la voix moyenne et qu'ils ont tous»
le plus souvent au passif, quelquefois à l'actif» une
double signification passive ou active et réfléchie. Je
ne suis pas assez grand clerc en grec, et surtout en
grec moderne, pour prononcer catégoriquement ; mais
- 181
il me semble qae ces doubles significations, rendues
en français par le verbe ordinaire ou par le verbe pro-
nominal (ils ont été connus ou ils se sont connus,
j'éveille ou je m'éveille), correspondent aux (2 tman^/^o-
dam et parmmâipadam du sanscrit et représentent les
deux formes, objective et subjective, transitive et intran-
sitive du verbe (j'éclaire, c'esl-à-dire je donne de la
lumière à quelque chose; j'éclaire, c'est-à-dire je suis
lumineux; — je sors, c'est-à-dire je vais dehors; je
sors, c'est-à-dire je tire de, je fais sortir, etc.).
P. 104, j'aurais voulu qu'on m'expliquât l'origine
de ce pronom respectueux périphrastique toO Xéyou
avec le génitif du pronom personnel ordinaire.
J'arrête ici ces remarques qui n'auront fait, je l'es-
père, qu'accentuer encore le très réel mérite de cet
excellent ouvrage.
Julien ViNsoN.
Altipanische Sprichwôrter und sprichwôrtliche Redens-
arten ausden Zeiten von Cervantes... von Pr. Joseph
HÀLLER,kônigl. bayerische Hofralhe. — Regensburg,
G. I. Manz, 1883, 2 vol. très gr. in-8° à 2 col. —
I.xxxij-652p-;II, xvj.304p.
Je ne me propose de ne relever dans ce livre que ce
qui regarde la langue basque. Elle y tient une place
assez importante, et il convient de citer en premier
— 182 -
lieu la notice qui occupe les dernières pages (S7S-287)
du second volume. Cette notice est faite avec une cer-
taine négligence, ou du moins l'auteur n'a consulté ni
les meilleurs ouvrages ni les plus récents. Chemin fai-
sant, il mentionne cette boutade d'un Espagnol que je
ne connaissais pas : « Les Basques écrivent Salomon
et prononcent Nabuchodonosor ». Au point de vue spé-
cial des proverbes, M. Haller ne parait avoir connu le
livre d'Oihénart que par Leroux de Lincy et par les
citations de Weslermann dans son MonaUschri/t
(Brunzwig, 1858, t. IV, p. 587), ce qui est insuffisant.
L'unique ouvrage qu'il parait avoir eu sous les yeux
est le Compendio d'Isasti.
Or, sur les 86 proverbes que donne Isasti, p. 171-
175, M. Haller n'en reproduit (très exactement, avec
les fautes typographiques) que 28, savoir :
A la p. 46ienM7, à la p. 70 le n^ 45, à la p. 12i
le n« 19, à la p. 142 le n^ 35. à la p. 222 le n- 78,
à la p. 227 le n« 7, à la p. 268 le no 5, à la p. 310 les
n^- 52 et 44, à la p. 324 le n^ 25, 5 la p. 330 le n» 21 ,
à la p. 333 le n^ 17, à la p. 336 le n«> 11, à la p. 359
le n« 40, à la p. 380 le n^ 71 , à la p. 395 le n^ 8, à
la p. 408 le n^ 23, à la p. 443 les n«* 4 et 20, à la
p. 511 le no 62. à la p. 561 les no«59, 60, 61 ] 62, 28
et 52. On voit que les n»' 52 et 62 sont cités deux fois.
En dehors de ces 28 citations, on trouve encore,
dans le livre de M. Haller dix autres phrases basques
rapportées comme références à des proverbes :
— 183 —
P. 65 : « goaia gorao goaiaz ^oiïi (goaia, goaiaz=
corrienleen losrios; gorà, goiti= arriba), den Strom
hinaut stromaufwaerts » , avec une note de dix lignes
sur l'ablatif basque en z.
P. 66 : « goaia {goaya) beau {béera, beett), stromab-
waerts (die Stromung hinab) » .
P. 104 : « AUzatù [alchatu gandorra-a {cucuzasta-
a)], den kamm erheben (hoch tragen) ».
P. 105 : a Altzatu {alchatu) ainguara-ac {angura-
oc), Die anker emporheben ».
P. 125: <( Aima por sal (explicacion falta), parece ser
QDâ expresion familiar que se aplica à la persona
muy injeniosa, en contraposicion à la otra : aima de
cantaro, la que signiQca la persona muy necia o
tonta.Los Vascones la W^itndin: guiza-tontoa ».
P. 128 : « Aima de canlaro.. . Les Vascones llaman
ta! persona : guiza-tontoa . »
P. 319 : « A perdon herido... Los Vascones dicen
lasterca [lasterka] ta guzioc, lo que signiflca al pié de
la letra en castellano : à toda prisa ».
P. 349 : « Arratos perdidos. Se debe leer : a ratos
perdidos. Los Vascones dicen asimismo : eraldi ut
uian (in verlorenen (mûssigen) Augenblicken ) ».
P. 451 : « A vanderas desplegadas... Los Vascones :
bandera destolestuaz , mit entfalteter Fahne », avec
une note sur le mot bandera qui serait basque d'ori-
gine, banda-era « modo de animar », ou baldera « el
que Ileva à un lado la gente ».
— 184 —
P. 581 : « A los anos mil buelue el agua por do
solia yr... Este refran se halla tambien en el Bascuense.
El cantar antiguo dice : Milla urte igarota : ura hère
bidean.. Nach taiisend Jahren kehrt das Wasi^r îd
sein Bettzarûck. )>.
EnQn M. Haller donne à la p. 83, comme références
à ce proverbe : « A la muger y a la picaça lo que vieres
(dieras) en la plaça » les traductions suivantes de deux
proverbes basques dont le texte n'est pas indiqué :
(( 1. Ein Geheimniss, auch hinter dem Busch gelegt,
wird bald offentlich ; — 2. Hinter dem Busch ist oft ein
Ohr. (Reinsberg, III, 78). » Cette citation se rapporte-
t-elle à Touvrage mentionné à la p. 140 « Reinsberg,
III : Das Sprichwort als Praktikus, von Ida von
Dûringsfeld. Leipzig, 1863 » ? Probablement, mais
quels sont les textes basques? Je ne retrouve pas le
premier ; quant au second, c'est le n° 403 d'Oihé-
nart: supar-ondoc behar-ondo n derrière le buisson il
y asouvent quelque oreille (qui écoute ce qu'on dit
en secret) ». Mais M . Haller ne connaît que fort impar-
faitement le recueil d'Oihénart, car il parle, comme
d'un ouvrage distinct, de la collection Fr. Michel; il en
cile dix-sept proverbes (n^' 6. 28, 66, 117. 180, 262.
263,295, 372, 373. 46. 49, 58. 134. 139, 152. 171).
Il y a, même entre autres, une erreur assez plaisante de
l'auteur à propos du nM80 : Garaziren gaiza Behor-
leguic derossa. M. Haller a emprunté ce proverbe,
comme les seize autres, à Leroux de Lincy qui traduit
— 185 —
<i Beborleguy porte la peine de la faute commise par
Garacy », et explique que Garacy est le nom d'un
pays et Behorleguy celui d'un village. Là-dessus,
M. Haller prend feu et flamme, et écrit une note de
plos d'une colonne de long pour démontrer que Leroux
de Lincy est un profond ignorant, car il n'y a dans le
pays basque ni pays de Garaci ni village de Beborleguy.
H. Haller n'aurait eu qu*à jeter les yeux sur une carte
pour trouver Beborleguy; et quant à Garaci, le Dic-
tionnaire de M. Van £ys, qu'il connaît, lui aurait appris
que c'est ce qu'on appelle en français le pays de Cize.
Au surplus, la note si malencontreusement critiquée
n'est point de Leroux de Lincy. mais d'Oibénart lui-
même qui traduit : « Un cbétif village porte la peine
de la faute de tout un pays » et qui ajoute : « Le mot
Garacy, au texte, est le nom propre d'une province en
Basque; et le mot Behorleguy. le nom d'un village de
la même province. »
Je ne sais quel Espagnol a indiqué à M. Haller les
pbrases basques que j'ai rapportées plus baut, et dont
l'intérêt est assez médiocre.
Ce livre n'est d'ailleurs qu'un commencement, car
les proverbes espagnols, quoique formant 555 numéros
(avec des notes et des références dans un grand nombre
de langues d'Europe), n'épuisent pas même la lettre
a et ne vont que de a à Antonia. Ce travail formidable
sera-t-il jamais achevé?
Julien YiNSON.
— 186 —
Stéomalais-ugrilaism $euran tomituhia. XL Mé-
moires de la Société Finno-Ougrienne. XI. — Hel-
singfors, 1898, gr. in-8'* de vij-iao p.
Ce volume est consacré à un très intéressant tra-
vail du D'. Berthold Laufer : « Ein Beitrag sur
Kenntniss der tibetischer Volksreligion ; Einleitung,
Text, Uebersetzung und Glossar». La base de ce travail
est l'ouvrage tibétain Klu.bum bsdus pat snin po
« Eine verkûrzle Version des Werkes von der Hundert-
tausend Nâga's ».
J. \.
ZeiUchrifl fur vergleichende Spraehforschung auf dem
Gebiete der Indogermanischen Sprachen, bgg. von
E. Kdhn und J. Schmidt. T. XXXV. 3" fasc.
Gutersloh.
Contient : p. 345-344, die Aspiration in Irischen^
par Holger Petersen, de Copenhague; p. 445-464. die
sogenannte participium necessitalis der Irischen, par
E. Zupitza ; p. 462, etymology qf àToXiç, alicubi
und verwandt^n, par W. H. D. Rouse et Th. Âufrecht,
et Berichtigung mr Paul Horn.
J. V.
VARIA
I. — Les squelettes de Voltaire et de Rousseau.
Dans une lettré adressée au doctear Cabanes, dit la Chronique
médicale, M. Charles Monod, le chirurgien bien connu, membra
de l'Académie de médecine de Paris, relate les chiffres des rapides
mensurations des diverses pièces des squelettes de Voltaire et de
Rousseau auxquelles il lui a été donné de procéder lors de l'ouver-
ture des cercueils de ces grands hommes au Panthéon.
Il rappelle qu'il avait été d'ailleurs entendu que les cercueils
provisoirement refermés, mis sous scellés, seraient rouverts plus
tard pour Tezamen qui s'imposait.
M. Monod avait donné le conseil que, pour cela, il fût fait appel
à des hommes compétents, tels que M. Labordeou M. Manouvrier
devant lesquels il pensait s'effacer complètement ; son assistance
an Panthéon n'ayant été d'ailleurs réclamée que pour' vérifier
l'hypothèse de la mort de Rousseau par coup de feu.
U a eu soin cependant, en l'absence de collègues plus autorisés,
de prendre, séance tenante, avec le docteur Louis Monod, quelques
mesures, & l'aide des moyens très imparfaits dont il disposait.
S'il n'a pas publié ces chiffres, c'est qu'il pensait qu'ils devaient
être vérifiés par des procédés plus précis.
Mais aujourd'hui que, -^ comme l'apprend le docteur Laborde
dans la Tribune médicale y—\^ Ministre de l'Instruction publique
s'oppose & l'examen anthropologique des squelettes de Voltaire et
de Rousseau, il lui semble que ces mensurations méritent d'être
connues, telles quelles, et faute de mieux.
— 188 —
En Toioi le relevé :
VOLTAIRE
Centimèlrea
Crâne. Diamètre antéro-postérieur 16
— transversal 13
Fèniur 43
Tibia 35
Humérus - , 32
ROUSSEAU
Crâne. Diamètre antéro-postérieur 17
— transversal » 14, 5
Fémur 41
Tibta ; 34
Humérus 29
La mensuration des orànes a été faite an niveau d'une section
horizontale qui passait à la hauteur de la protubérance occipitale.
(Le Temps —Supplément au numéro du dimanche 20 février 1898.)
Ainsi, Rousseau était plus petit que Voltaire, mais avait la
tête plus grosse. L'indice céphalique de Voltaire aurait été 0,81
et celui de Rousseau 0,84.
II. — Académie de médecine.
4
Une étude des voyelles, — M. Marey développe longuement
devant l'Académie un travail paraissant peut-être à priori
quelque peu abstrait^ mais néanmoins plein d'intérêt à la fois
pour les hommes de science proprement dits, comme pour les
chanteurs, orateurs, acteurs, etc.^ pour tous ceux, en un mot, qui
ont à tenir compte du mécanisme de la voix et de la prononcia-
tion.
Il s'agit d'une (x étude des voyelles par la photographie des
flammes manométriques » à laquelle se livre un de ses élèves, un
jeune clinicien bien connu, M. Marage, docteur ès-^cienoes et
docteur en médecine.
— 189 —
M. Marage a employé une méthode très élégante que tons ceux,
poar pea qu'Us aient quelques notions de physique et aient en-
tendu parler des travaux du physicien Kœnig, trouveront d'une
simplicité extrême : une bande de papier sensible passait, d'un
mouvement uniforme (1 m. 50 à la seconde), devant un objectif
photographique et recevait Timage négative d'une flamme d'acé-
tylène, vibrant au moyen d'une capsule manométrîque, sous Tin-
floenoe de la parole ; une deuxième flamme, vibrant an 1/54 de
seconde, était photographiée en même temps et servait de chro-
nomètre... C'est tout...
Il a ainsi étudié sept voyelles I, U, OU, É, EU, O, A.
Les résultats qu'il a obtenus graphiquement, et que par consé-
quent tout le monde peut contrôler, sont les suivants :
1* Il faut distinguer les voyelles parlées et les voyelles chantées;
il existe entre ces deux classes de voyelles des di£Férencea très
grandes : les premières sont formées par les cavités bucco-naso-
pharyngiennes et accessoirement par les cordes vocales ; dans la
formation des voyelles chantées, les cordes vocales ont une in-
fluence prépondérante.
2* Chaque voyelle parlée est toujours caractérisée par un même
groupe de flammes, et on a — les voyelles à une flamme : l, U, OU :
& deux flammes : É, EU, O ; à trois flammes : Â. Ce qu'il y a de
curieux, c'est que cette claasiflcation corresponde àcelles de Grass-
mann (1858), de Helmholtz (1863) et aux tracés obtenus par
L. Hermann.
^£n parlant, chaque voyelle devant la capsule, on obtient un
certain nombre de flammes ; chacune correspond à une vibration
double : on peut donc compter leur nombre, ce qui donne la vocable
de chaque voyelle. La vocable est flxe pour chaque voyelle et pour
chaque expérimentateur si la façon de prononcer reste la môme;
elle change dans le cas contraire. Chaque voyelle est donc carac-
térisée plus par son tracé qui ne change pas et qui lui est propre,
que par sa vocable qui varie entre certaines limites ; si, jusqu'ici
on a donné une si grande importance k la vocable, c'est que les
expérimentateurs se servaient surtout de l'oreille comme moyen
d'obtenratiou.
— 190 —
4* On peut, en combinant la voyelle A avec I, U, OU^ obtenir
les tracés caractéristiques des voyelles à deux flammes Ë, EU, O ;
il n'y aurait donc que trois voyelles fondamentales I, U^OU,
avec une flamme, Â avec trois flammes ; pour les autres on a :
A+(-I) = É
A + (-U) = EU
A + (-OU) = O
Ces équations sont également vraies quand on remplace les
voyelles par leurs vocables ; cette expérience vérifie la théorie de
Grassmann. On pourrait expliquer ainsi pourquoi les paroles
sont mal entendues dans les chœurs ; deux voyelles se superpo-
sant peuvent donner naissance à une troisième.
5* Les voyelles chantées n'ont aucune ressemblance aveo les
voyelles parlées ; dans la voix d'homme, les voyelles passent
constamment de l'une & l'autre, sans que Toreille puisse noter
cette transformation, c'est le tracé seul qui Tindique d'une façon
très nette.
Dans la voix de femme, la flamme caractéristique, et par con-
séquent la vocable disparaît, et il n'y a aucune différence entre les
vibrations d'un diapason et celles de la voix : toutes les flammes
sont égales entre elles et également distantes ; ceci s'explique par
ce fait que ce sont les cordes vocales qui chantent;
On comprend alors pourquoi on a cherché en vain la vocable
dans la voyelle chantée, puisque, ou la voyelle se transforme, ou
la vocable n'est plus perceptible.
Ceci explique, non seulement les désaccords entre les divers
expérimentateurs, mais encore pourquoi la voix chantée est moins
bien comprise que la voix parlée : parce que le chanteur conserve
la note et Iftche la vocable, c'est-à-dire la voyelle, tandis que
l'orateur conserve la vocable et l&che la note. {Le Temps — 25 no-
vembre 1897.)
III. — Le mot Aranc-maçon.
J'ai trouvé^ dans un lot de vieux papiers, la note suivante sur
une étymologie fantastique du mot franc-maçon: a A writer in
— 191 —
the Hehrew Leader finds tbe dérivation of the word Free-mason
in the Egyptian and Coptic langaages : Ra, Egyptian forsun ; PA,
a coptic pre&x ; Mes^ the coptic word to « regenerate n ; Sn the
prenomina tfaird person plural. Hence Phre-mes-sn o the san
régénérâtes them », symbolically a the sons of light ». We need
hardly comment, we think, on the patent absnrdity and inoom-
patibility of any such a dérivation, and may well remember,
withoot incivility, old Carlyle's terse formula of « bottled
moonahine» (The Freemason, saturday, Jane 4, 1881).
IV. — Coquilles tjrpographiques.
On eite les vers suivants composés par un Américain de bonne
humeur :
The typo stood in front of bis case,
Ând a fiendish smile crept over bis face
As he butchered bis take, nor left a trace
Of meanîng nor sensé in any place.
And tbe éditer wrote of the calm, sbrewd head,
That the orator had; but in type he read
That the orator had a a calf-sbaped head » —
When the orator called, the éditer fled.
Of an actress wrote he : « She can't be beat,
a And to watch ber face is quite a treat » ;
a As an actress », said typo» « she is a beat,
» And to wash her face is quite a treat ».
And the editor wrote of « her soul-lit eyes,
That shine like stars from out the skies »,
Bat the typo fixed it « Her sore-lid eyes
That stone-like stare from out of the styes »
V. — Folk-lore. Mariage.
J'ai en dernièrement occasion d'assister & un mariage sur la
limite du Gâtinais et de la Beauce, et j'ai observé, là, un usage
— 192 —
qu'on m'a dit dtre général dans le diocèse d^Orléans. Après la oété-
monie religieuse et lorsque le prêtre s'est retiré à la sacristie, le
père de la mariée vient offrir le bras à sa ûlle, et il monte avec
elle, lentement^ les degrés qui mènent à l'autel. Il redescend alors
seul, laissant la nouvelle épouse debout en face de l'autel. Puis,
le père du marié monte & son tour, offre le bras & sa bru et re-
descend avec elle pour U remettre au marié qui l'attend debout
au pied des degrés.
Cet usage est évidemment une survivance de quelque contume
ancienne, n'ayant sans doute rien de reiigieiix à son origine.
Est-elle pratiquée ailleurs en France et de la même façon ?
J. V.
Le Propriétaire-Gérant,
J. Maisonnbuve.
Chalon-sur-Saône.— Imp. L. Marceau
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
fUBLli MK
JULIEN VTNSON
PROFESSEUR JL L'écOLB NATIONALE DBS LANGUES ORIENTALES VIVANTES
Avec la colUboration de divers savants français et étrangers
TOME TRENTE-ET-UNIÈME
15 JUILLET 1898
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DB MÉZIÈRES ET RUE MADAME, 20
1898
SOMMAIRE DU No 3
Paf««
J. ViNSON. — Fête de TAssociation basque à Sare
en 1897 193
A. Marre.— Histoire delà princesse Djouher Manîkam,
traduit du malais (suite) 224
R. DE LA Grasserie. — Du verbc concret (suite et fin). 241
E.-S. DoDGSON. — Analytical synopsis of Saint Mark's
Gospel in Basque 272
Corrigenda 296
Varia. — I. Le langage des plantes 316
II. Le langage oratoire 317
BIBLIOGRAPHIE
K. Bruchmann. — Naturlehre der Dichtung 301
C. Tagliabue. — Manuale e glossario délia lingua
urdu 306
J. Regnaud. — Précis de logique éoolutionniste 309
. ?• SÉBiLLOT. — Littérature orale deV Auvergne 312
N. QuELLiEN . — Breiz 313
FÊTE DE L'ASSOCIATION BASQUE
A Sare en 1897 V
L'Association Basque, qui compte déjà plusieurs années
d'existence, a célébré lundi dernier, 13 septembre, sa fête
annuelle à Sare.
Dans la matinée, les membres de l'Association, présents,
se sont rendus en pèlerinage au cimetière de la commune,
où repose de son dernier sommeil le regretté poète basque
Elissamburu. On peut dire sans crainte d'amoindir la gloire
de l'auteur du Vieux Sergent^ qu'Ëlissamburu fut le Dé-
ranger basque et que, comme lui, il a charmé bien des
oreilles.
Aussi l'Association a-t elle eu l'heureuse idée de lui
ériger à la façade de la Mairie de Sare, sa ville natale, une
plaque oommémorative en vue de perpétuer son souvenir à
travers les générations futures.
A midi, dans une des salles de l'Hôtel de Ville, mise gra-
cieusement à la disposition de l'Association Basque par la
municipalité de Sare, a eu lieu le banquet annuel des
membres de la Société. Le repas a été gai et bien servi, et
les quatorze Basquisants, qui étaient autour de la table,
se sont séparés après plusieurs toasts, a à la prospérité de
l'Association » et « aux membres absents », en se donnant
rendez- vous l'an prochain.
A trois heures et demie, l'estrade, établie pour la circons-
l. Nous êmpruntoas ce compte reudu à VAocnir des Pyrénées de
BayoDoe du 18 septembre 1897, en y ajoutaur le texte intégral des
discours.
13
— 194 -
tance est envahie par les membres de l'Association, auxquels
se joignent plusieurs notabilités du pays, et quelques parents
du poète Élissamburu venus tout exprès pour la cérémonie*
MM. Ansorena adjoint au maire de Sare, le député Har-
riague, 0. Lacroix, Labrouche, Aguirre du Val Carlos,
plusieurs maires du canton et le juge de paix d*Espelette,
etc., prennent place à côté des délégués, et rehaussent par
leur présence l'éclat de la fête.
Devant un auditoire immense, massé sur la grande place
de Sare, et occupant toutes les fenêtres des maisons environ-
nantes, le président de FAssociation Basque^ l'honorable
M. Guilbeau, ouvre la séance et lit le rapport du jury sur le
concours littéraire de Sare.
Dix-sept compositions écrites ont été adressées au jury,
et un second prix a été décerné au poète Barbier de Saint-
Jean-Pied-de-Port, pour sa poésie Jtaasoko Arraintzalea
« le Pécheur de la mer )). Trois mentions honorables sont
accordées à :
V^ Duhaldebère, de Sare, pour sa composition Haur
niainaz galdua a l'Enfant dorloté ».
2° Aizpuru-Azubia, de Saint- Sébastien, pour son Gaurko
Umantak « les Héros modernes ».
3<> Dibarrart, de Baïgorry, pour son Baratse-Zain baten
zoriona t le bonheur d'un Jardinier ».
Le jury a constaté avec une certaine tristesse que le niveau
du concours de poésie basque baisse sensiblement; que les
poètes basques ne s'attachent pas assez à traiter le sujetprin-
cipal, s'en écartent beaucoup trop, et que les idées poétiques
font souvent défaut, au milieu de phrases bien alignées et
rimées...
Après le chant de la poésie couronnnée, qui est très
applaudie, le président se lève et prononce le discours sui-
vant :
— 195 —
« ESKUÀLDUN HeRRITAR MàITEÂK,
» EgQn Sarako lierria bozkariotan da. Herriko bes-
arekiD batean, orhoitzapenezko eginbide bat beietzen
duelâkotz.
» Izan dire dembora guzian, herri eder huntan,
gizon hautuak. Herriari darraïo^ gisa guziez, Semé
aipatuak eta jakintsunak izaitjBa.
» Nabi nukeegun, gubaino leben emen bizi izan
direneri, orhoilzapen bategorri, lurrean zirelarik bere
antzea, jakilatea, eta izaite guzia, E3kual Herriaren-
tzatemandutelakotz. Hek egiazko Ëskualdun Semeak
ziren, eta hekien izenak eta omenak iraunen du £s-
kual-Herriak, Eskuarak, eta Eskualdunek dirauteno.
Bai Sarako Herriak ohorc handia du, horrelako gizon
hautuak izan dituelakotz.
» Orai nabi dautzuet zerbeit erran, Eiissamburu
Ëskualdun neurlilziariaz. Hainitz emen zaretene,
ezaguiu duzue Eiissamburu, eta badakizue nor
zen.
)> Bertzek ère on da, jakin dezaten hura nor zen,
zembat haren bibotza Eskualduna zen, eta zembat
roaite zuen gure Eskual-Herri maitea.
» Eiissamburu Saran sortu zen Agorrilaren 14"
1828*°, eta goan zen gazterik Larresorroko Semcna-
riorat. Dembora hartan eskoia handi guti zen leku
baatan. Han Elissamburuk hartu zuen gero bizi gu-
— 196 —
zian baliatuko zaïon jakitate azkar, eta balios hura.
Hogoi urte izan zezaken hartu zuenean chedea sol-
dadu goateko, cta Franziari bere odola emaiteko.
» Soldadu choil sartu zen armadan, eta 30 urtez
ibili ondoan Afrikan eta Franziako zoko gebienetan,
Italiako eta Franziako azken gerla, oûciale gisa egin
ondoan, etorri zen Sara bere berri maiterat, azken
egunak bakean iragaiterat. Emen bil izan zen, icbilta-
sunean, urtarrilaren 2" 1892" guziez oboralua, mai-
tatua, bere azkeneko urteak emaiten zituelarik, Ezpe-
letako bakezko jujekoan, Gobernamenduak ezogutu
zuelakotz, gai zela eginbide horren betelzeko.
» Bere ibiitze guzietan, eta non nabi gerla zadien,
Ëlissamburu orboitzen zen beti bere Sara maiteaz, eta
EskualHerriaz. Zembat aidiz urrunParisen,etaberlze
lekutan zeiarik ez zuen erraiten obi bere adlchkideri :
« Bigauza ditut eskas lurrean zorion osoa izaileko,
» Emazte balEskual-Herriko alaba, eta gero Larrungo
)) mendiaren gerizean Elcbolatlo bat aidapa baten gai-
» nean ». Eta bala gertatu zitzaion.
» Errana da, gizon bautuek badituztela batzuetan
gogoeta eta asmu berak. Bertze neurtitziari Eskaal-
duu batek nombeitgauza bora erran du, zioenean.
« Jaunak emaiten badaut niri osasuna,
)) Oraindik izanen dut, andre-gaî batona,
» Nabi delà Franzesa, interesa-duna,
)) Bainan ez nahiago dut Utsik Eskualduna. »
» Horra nola mintzalu zen demboraz Iparraguirre
— 197 —
handia, zoinari zor baitiogu Gernikako arbola Kskual-
Herri guzian, orok kantatzen duguna.
» Elissamburuk egin du eta izkjribatu neurtitz
saerte guzietarik, bihotza ilungarri bezala irri-egtteko
gaî direnak.
» Nork ez dakii eta nork ez du aditu kantatzen Es-
kaal-Herrietan Lan Andren Besia zointan Chachatto
ampatu hul sahetsean gordea, iMari-Martinek egiten
baitu lauarekin hiruaren keinua?Zembatirri ez dugu
egin, eta ez da oraino egiten kantu hori aditzean II
» Gisa berean Churiko edo iJehelegiko chakurra
guziekbadakigu. Badakiguere, zer testament celebrea
egin zuen chakur gaizo harek II
» Orobat ère Zapaiaina edo Gùon zuhurra zer
lorreko gauzen ezagulza osoa horren ungi errai-
tekoll
» Elissanf)bururen obretarik zembeit bakarrik, emen
izendatzen ditut, eta gogorat eidu zaizkidan bezala.
Egun bâtez, izan daiteke haren Semeak, argilaratuko
dituen, zorzaioten bezala aitak egin dituenobra-eder-
rak.
» fil itz oraino erran bebar ditut, bertze zembeit
Elissamburuk egin dituen izpirituko lanez. Eta bertze
hainitzen artean izendatuko ditut : Maria. Apecha eta
Lorea, Chori Berriketaria, Eskuara-Eskualduna
Zer itz sarkorrak I Zer sentimendu eztiak eta guziz
bihotzerat doazinak ezin aski-on erranezko neurtitz
eder borietan I ! I
— 198 —
» Iduri du zentzua eta Gizonaren izaite-guzia, eta
gizonak dituen gogoetarik hoberenak eta gozoenak bor
direla. Ibiii zen, lekuetan Elissamburuk bilbatu du
jakitea, zerzen mundua, zer zen egiazko gizontasuna,
eta zubur baten pare, mintzatu da ungi pisatuz, ungi
ikusiz zer zenegia, zer ziren lurreko itzulbideak, ela-
guzieu gainetik noiakoa zen bihotzaren mintzaira eta
hitzketa.
» Eta hortan da Elissamburu guzientzat nausi, ja-
kinduelakotz erraiten»bihotzeanzaukana, beti zuzen,
zuburki eta itzulbiderik gabe.
» Eta hortako ère, Elissamburuk egin dituen obrek
iraunen dute beti eta eidu diren leinuek, gusturekin
beti irakurturen dituzte harek neurtitzetan errao
dituen gauza ederrak.
» Eta orai mintza gaiten emen Elissamburuk egin
dituen obra-nausiez Guziek ezagutzen dugu eta kan-
tatu ère dugu Nere Etchea. Neurtitz horiek aski
litazke gizon baten omena egiteko.
» Iparragirrek egin badu Gernikakoarbola, Elissam-
kuruk egin du, bertze gisa batean, bere Mendiko etche
ttipia zointan laboraria, doliatzu, bizi baita zorion-
osoan munduko nahasmendutarik urrun.
» Ex daïteke hobeki erran lurreko zoriona :
Ikusten duzu goizean,
Argia asten denean,
Menditto baten gainean,
Etche ttiki aintzin churibat, lau haitz handiren
[artean.
— 199 —
Iturritto bat aldean,
Chakur churi bat atean^
Han bizi naiz bakean.
Nahiz ez den Gaztelua,
Maite dut nik sor lekua,
Âiten aitek hautatua,
Etchetik urrua zait iduritzen, nonbait naizela
fgaldua,
Nola han banaiz sortua,
Han utziko dut munduà^
Galtzen ez badut zentzua.
» Gero argitaratu zituen, Biba Fransia, Lehen eta
orai, Maiiéjaiiut eta Àingeru bâti.
)> Itzbataskeneko hunengainean.
» Aingeru bat egin zuen bere emazte beharra Urru-
ûan lehen aldikotz ikusi ondoan. Ezkontgaïak ziren
biak. Elissamburuk nahi zuen emaztelzat Eskualdun
bat. Urrunako alaba bat hartu zuen errailen ziola-
rik:
Maite dut eta ezin erran
Aingeru bâti maite dudala,
Zeru garbiak arratsean,
Izarra maite duen bezala,
Zer ez dabada zorigaitza!
Mintzatu nabi ezin mintza!
Non nahi naizen gogoan dut,
Gaûaz egunaz aingeru hori,
Urrundik frango chede badut,
Bainan urbildik^ ezin atrebi,
Urbîldu eta ez naiteke atrebi.
— 200 —
» Balilake hainitz erraiteko Elissamburuk egin
dituen obren gainean. Liburutto bat egin liteke er-
recliki. Ez dut emen luzatu nalii sobera ela aknbatzen
dut Piarres Adames zembeit ilz erran eta. ..
» Zer da nor da Piarres Adame?.,. Hura da norbeit
eta nehor ez. Itzkiribatzailek hartzen dute izen bat,
obra bat nakidutenean egin. Orobal; egin du EUssam-
buruk. Egia da Sarako herrian, izanomen dela,gizon
bat, Piarres Adame izena zuena, eta Elissamburuk
bertze hainilzek bezalaezagutzen zuena. Bainanberriz
ère diot Piarres Adame delà Alegiazko gizon bat.
zoina mintzobaita minlzaraztaileak nalii duen bezaia,
» Piarres Adame deitzen den iiburuttoa gutik
daukate. Berrogoi liburu baizik ez dire izan moldizte-
giluak. Bazuen cbedea haren segida egileko.
» Ezen Piarres Adame obra batenpasarle batbezala
zaukan Elissamburuk.
)> Zer Eskuara garbia? Iduri du arrokatik jausteu
den uraren cburcburka ezti paregabea, liburutto har-
tan den mintzairak . Sarako semé batek ^ zezakeu
hobeki erran. Axularrek Sarako lurrean eragin duen
hazi onak fruitu ona ekarri du...
» Zer aisiatasuna? zerarraizia? zerhitz ungi aur-
kiluak ungi hautatuak, eta ungi erranak? Zer erakus-
pen bandiak liburuk tlipi hortan ? Elissamburuk gure
mintzaira edo itzkera ederra, gure Eskuara maitea,
ezagutzen zuen nihork ez bezala. Bazakien zer zor
zuen bere Eskualdun Herritareri eta emaiten zioz-
4^MW -
— 201 —
katen beti bere bailan zauzkan bezala erakuspenik
zohurrenak, ela oberenak.
» Holako gizonek luzez bebar lukete bizi lurrean
Bainan horiek ère iikor dire betzeak bezala.
» Chede bandi bat bazuen il aintzinean : nabiko
zoen gare Eskuara ederra, guziek gisa berean itz
kîribatzen ikusi. Ez da oraino egungo egunean, bala-
san hori egin. Agian Eskuara maite duten gizonek,
eginen dule zerbeit Elissamburuk gogoan zuenaren
beletzeko.
Gure mintzaira zaharrari bori zor ginioke. Ez
dezagun sobera luzamen eman. Gero ez da menturaz
demborarik izanen Axularrek erraiten duen bezala,
bere obra, ederrean. Elissamburu il bada orbolt gai-
ten baren erranez, orboit gaiten hark bere zuhurtzian
itzkiribatu dituen obra ederrez. . .
» Emen emaiten dugu egun Sarako kargudanen
baimenarekin Arri bat, azkarra Larrun mendiko
erraietarik ebakia, eta zoinaren gainean eman baiti-
tugu itz hauk :
ELISSAMBURU NËURT-ITZL4RUR1
ESKUALDUN BATZARRAREN
ORHOITZAPENA
» Elorkisunean jakin dadien, noia aintzinekoek
zakiten bere mendeko gizonen antzea, jakitatea, eta
zuhurtzia, ezagutzen eta ohoratzen.
)> Sarako jende orai bizi, eta gero etorkisunean et-
orriko zaretenak ?
— 202 —
» Orboit zaizte egun, gizon ospe batek zer egin duen.
Noia Sarako Semé bauta bat oboratu duen.
» Arta zazue, arrokatik ateratua izan den Arrihori,
zeren erranen baiteraulzue izan deia Sarako herrian
gizon bat, zeruko dobainez berregindua, chede onez
gainditua lurreko gauzak, eta gizonaren bibotza ungi
ezagutzen zituena.etabeti bertutearen bidean, Eskual-
herriaren eta Eskuararen amodioan, Inrrean bizi izan
dena. Haren izena Eskual Herrian, izar baten pare
izanen da. Beti distiatuko du etorkîsunean gizon
bautuen orboitzapenak egiten duen bezala munduan,
zeren ibili eta egin dituen urrats guzietan Eskual-
Herri maitea, eta Eskuara gure minlzaira ederra, bait-
zituen beti gogoan, ezpainetan, etabibotzean.
» Bizi bedibetil Eskual Herriaren izena I
» Bizil Sarako berri ederraren aipamena !
» Eta bizi bedi beti ! Elissambururen Orboitzapena I »
Voici la traduction française de ce discours :
« Chers Compatriotes Basques,
» Le pays de Sare est en joie aujourd'hui, parce
que, en ce jour de fête locale, il remplit aussi un
devoir de reconnaissance. Il y a eu de tout temps,
dans ce beau pays, des bommes distingués. De toute
façon, il lui est dû d'avoir des fils instruits et
renommés.
» Je voudrais aujourd'hui envoyer un souvenir à
-. *203 —
ceux qui ont vécu avant nous, et qui ont donné pour
le pays basque, pendant qu1ls étaient sur la terre,
leur talent, leur science et leur vie entière. C'étaient
de vrais fils basques : leurs noms et leur réputation
dureront tant que dureront le pays basque, la langue
basque et les Basques. Oui, le pays de Sare a le grand
honneur d'avoir eu des hommes distingués.
y> Je veux vous dire maintenant quelque chose
d'Élissamburu, le poète basque. Vous tous qui êtes
ici, vous avez connu Élissamburu, vous savez ce qu'il
était. Il est bon que d'autres le sachent aussi et qu'ils
apprennent combien son cœur était basque et combien
il aimait notre cher pays basque.
» Élissamburu naquit à Sare le 14 août 1838 et alla
étudier, tout jeune encore, au séminaire de Lanessore.
A cette époque, il y avait peu de grandes écoles dans
cette région. Élissamburu prit là cette science solide
et étendue dont il profita ensuite toute sa vie. Il avait
vingt ans quand il se fit soldat et fit le sacrifice de son
sang à la France.
» Il entra dans l'armée comme simple soldat. Ce
De fat qu'au bout de trente ans, après avoir couru
dans tous les coins de la France et en Afrique, et
avoir pris part comme officier aux dernières guerres
en Italie et en France, qu'il revint à Sare, son cher
pays, pour y couler en paix ses derniers jours. Il y
est mort modestement le 2 janvier 1892, entouré de
Testime et de l'affection universelles, ayant consacré
— 204 —
ses dernières années aux fonctions de juge de paix
d'Espeletle que le Gouvernement lui avait conQées,
parce qu'il l*avait reconnu digne de les remplir.
» Pendant toute sa carrière, et partout où il se
trouva, Elissamburu se souvint toujours de son cher
Sare et du parys basque. Que de fois, loin, à Paris ou
ailleurs, il disait à ses amis : « Il me manque deux
choses pour' être parfaitement heureux sur cette
terre, une femme fille du pays basque, et une petite
maisonnette sur une colline àTabri de la Rhune. » Et
il lui en arriva ainsi.
» On a dit que les hommes d*élite ont souvent
les mêmes idées et les mêmes aspirations. Un autre
poète basque a dit la même chose que lui, en ces
termes: « Si Dieu me donne lassante, je trouverai
encore une bonne flancée, Française et même riche,
mais je préférerais une Basquaise sans fortune.» Ainsi
parlait il y a longtemps le grand Iparraguirre, auquel
nous devons le chant de L'Arbre de Guernica que nous
chantons tous dans le pays basque.
» Élissamburu a écrit des poésies de toutes sor-
tes, gaies, satiriques et mélancoliques. Qui ne
sait et qui n'a entendu chanter, dans nos villages,
La Fête des quatre dames, où Marie-Martine, cachant
sur son flanc une petite outre gonflée, fait pour quatre
le signe de trois? Combien n'en avons- nous pas ri et
combien ne rit-on pas encore en Tentendant? Nous
connaissons de même Le Chien de Mehetegia, nous
— 205 —
savons aussi quel célèbre testament fit ce pauvre ani-
mal. De même, Le Cordonnier ou F Homme sage; quel
talent I quelle connaissance exacte des choses terrestres
pour si bien dire 1
» Je nomme seulement ici quelques-unes des
œuvres d'Élissamburn, telles qu'elles me viennent
a Tesprit. Il se peut qu'un jour son flls mette
au jour les belles œuvres de son père. Je
dois encore cependant dire deux mots de quelques
autres œuvres d'esprit qu'a faites Élisamburu. Je
nommerai parmi beaucoup d'autres. Marie, L'Abeille
et la fleur, LOiseau messager, La Langue basque
et le Basque... Quelles paroles pénétrantes I quels
sentiments doux et surtout allant au cœur, dans ces
beaux vers qu'on ne saurait trop louer ! Il semble que
le bon sens, toute laviehumaine^ ainsi que les pensées
les meilleures et les plus agréables de l'homme y
soient exprimés. Partout où est allé Élissamburu, il a
cherché à apprendre ce qu'était le monde, ce qu'est
la véritable humanité, et, semblableau sage, il a parlé,
aprèsavoirbien étudié, après avoir bien vu, ce qu'est
la vérité, ce que sont les vicissitudes terrestres, et
par-dessus tout comment sont le langage et la pa-
role du cœur.
» Là aussi^ Élissamburu peut être considéré comme
un maître pour tout, parce qu'il sait dire ce qu'il a
dans le cœur, toujours droit, toujours prudemment et
sans détours. C'est aussi pour cela que les œuvres
— 206 —
dÉ'lissamburu dureront toujours et que les générations
à venir liront toujours avec plaisir les belles choses
qu'il a mises dans ses vers.
» Et maintenant, parlons ici des chefs-d'œuvre qu'a
faits Élissamburu. Nous connaissons tous, et nous
avons tous chanté Ma maison. Ces vers suffiraient à
immortaliser un homme. Si Iparraguirre a fait L'Arbre
de Guernica, Élissamburu a fait d'une autre façon sa
Petite Maison de la montagne^ où le cultivateur vit
heureux dans la prospérité complète, loin des agita-
tions du monde. On ne saurait mieux exprimer le
bonheur terrestre :
» Voyez-vous le matin — quand lalumière commence
— sur une petite montagne, — une petite maison à la
façade blanche, au milieu de quatre chênes, — une
petite fontaine sur le côté, — un chien blanc à la
porte ? — C'est là que je vis en paix,
» Quoique ce ne soit pas un château, — j'aime ma
maison natale, — choisie par les ancêtres de nos
ancêtres ; — loin de chez moi, il me semble que je
suis partout perdu ; — comme je suis né là, c'sbt là
que je laisserai le monde, — si je ne perds pas l'in-
telligence. »
» Il publia ensuite Vive la France, Jadis et mainte-
nant. Je vous ameel A un ange. Un mot sur celte der-
nière chanson. Il la composa après avoir vu pour la
première fois à Urrugne celle qui devait être sa femme.
Ils se fiancèrent. Ëlissambnru voulait pour femme
— 207 —
uDe Basquaise ; il prit une allé d'Urragne, en lui
disant :
« Je l'aime, et je ne puis dire — à un ange que je
Fainie, — comme le ciel pur le soir — aime l'étoile.
— N'est-ce point un malheur de vouloir et de ne pou-
voir parler? — Partout où je suis, j'ai dans l'esprit,
—jour el nuil, cet ange ; — de loin j'ai beaucoup de
résolution, — mais de près je n'ose plus ; — une fois
rapproché, je ne puis plus oser. »
» Il y aurait beaucoup à dire sur les ouvrages qu'a
composés Élissamburu ; on ferait aisément un livre. Je
ne veux pas allonger celte note, et je finis en disant
quelques mots de Piarres Adame.
» Qu'est-ce, qui est-ce que Piarres Adame ? C'est
quelqu'un et ce n'est personne. Les écrivains prennent
un pseudonyme quand ils veulent faire une œuvre ;
c'est ce que fit Élissamburu. Il est vrai qu'àSare, si
l'on en croit les on-dit, il y a eu un homme du nom
lie Piarres Adame qu'Élissamburu, comme beaucoup
d'autres a connu. Mais je n'en répète pas moins que
Piarres Adame est un nom allégorique, qui parle
comme le veut celui qui le fait parler.
» Peu de personnes possèdent le petit livre qui s'ap-
pelle Piarres Adame ; il n'en a été imprimé que
quarante exemplaires. Il avait l'ihtention d'en faire la
suite. Car Élissamburu considérait Piarres Adame
comme un fragment de ses œuvres.
y^ Quel basque pur ! Le langage de ce livre semble
— 208 —
uDe douce et incomparable source jaillissant da
rocher. Un fils de Sare ne pouvait mieux dire. La
semence pétrie dans le sol de Sare par Axular a
porté un bon fruit...
» Quelle aisance! quelle vivacité ! quelle prudence!
quels mots bien trouvés, bien choisis, bien employés!
quels grands tableaux dans ce petit livre I Élissam-
buru savait mieux que personne, et personne ne le
saura mieux notre bel idiome, notre basque chéri. Il
savait ce qu'il devait à ses compatriotes basques, et il
leur donnait sans détour les conseils les plus sages.
» De pareils hommes devraient vivre longtemps sur
la terre. Mais ils sont mortels, eux aussi, comme les
autres. Il avait un grand souci, avant de mourir : il
aurait voulu voir tout le monde écrire notre beau
basque de la même façon. Cet accord ne s'est pas
encoreréalisé au jour d'aujourd'hui. Plaise à Dieu que
tous ceux qui aiment le basque fassent quelque chose
pour remplir les intentions d'ÉlissamburuI Nous le
devons à notre vieille langue ; n'y tardons pas trop ;
peut-être n'en aurons-nous plus ensuite le temps,
comme Ta dit Axular dans son bel ouvrage. Si Élis-
samburu est mort, souvenons-nous de ses paroles, sou-
venons-nous des belles œuvres qu'il a écrites dans sa
sagesse...
» Nous posons ici aujourd'hui, avec le consentement
des autorités de Sare, une forte pierre, arrachée aux
entrailles de la Rhune et sur laquelle nous avons mis
— 209 —
ces mois: « Au poète Élissamburu, — souvenir — de
TAssocialion Basque, » Pour qu'on sache dans Tavc-
nir comment les prédécesseurs savaient reconnaître
et honorer le talent, le savoir, la sagesse des contem-
porains.
)) Gens de Sare qui vivez à présent et qui viendrez
dans l'avenir, — souvenez-vous de ce qu'ont fait
aujourd'hui une affluence d'hommes, comment ils ont
honoré un fils distingué de Sare. Prenez soin de celte
pierre extraite du rocher, parce qu elle vous dira qu'il
) a eu à Sare un homme doué des dons du ciel, plein
de bonnes intentions, connaissant bien les choses de
la terre et le cœur de l'homme, et qui a toujours vécu
sur la route de la vertu, dans l'amour du pays et de
ia langue basque .
» Son nom demeurera dans le pays basque comme
UD astre sans pareil. Il resplendira toujours dans
Tavenir, comme le fait le souvenir des gens distingués,
parce qu'il avait toujours dans l'esprit, sur les lèvres et
dans le cœur, partout où il allait et à chacun de ses pas,
notre cher pays basque et le basque notre belle langue.
H Vive toujours le nom du pays basque I Vive la
réputation du beau pays de Sarel et vive toujours le
souvenir d'Élissamburu I »
Les applaudissements couvrent les dernières paroles de
l'orateur.
Ensuite un délégué lit le discours de M. Darricarrère,
tnembre de T Association, qui n'a pu, à son grand regret,
assister à la cérémonie.
14
— 210 —
« Jàunak età Andrbâk,
» Eskuarazaleak Saran ongi-ethorriak garela ikhusi-
eta galdelzen baleraukute zergatik, berehala ihardets
gindiozoketehala galdetzaileeri ongi-elhorriak garela
zercn aspaldi aspaldi-danik herri haa eskuarazale
toki izatubaila.
» Gureerran horren aide huna zer argitaral athera-
tzen ahai dugun:
» Mila sei ehun eta hogoila hamabortzean Juanes
Harambiiru predikatzaiicak, Saratarra zelakolz naski
Sarako niinlzaijean egin izatu zuen elizaraleko libu-
rutobat: Debozino eskxiarra mirailla eta orazinoie-
yia deilzen diUena ; liburu hau izatu da zazpi aldiz
bederen arra-imprimalurik. Francisque-Michel Bor-
deleko Eskola-Haiidiko nausi batek dijo huntaz bere
Eskual-Herriko iciilorioan :
» Haramhuruk egin liburua ezin aurkitu bezain ba-
» liosa da, zeren ungi izkirib.itua baita Sarako Eskua-
» raederrenean. »
» iMila sei ehun eta berrogoita bigan, Saran Sarako
Jaun erretor batek, Axular jakintsunak eta hiztun
aiphatuak, egin izatu zuen Gero, ala Geroko gero
daritzoten liburu ospe handitakoa.
» Badakizue Axular, eskualdun izkiribatzaile
lehenagokoen eta oraikoen artean, delà lehena eta
nagusia bezala agerlzen zaukuna ; gure aintzineko es-
- 211 —
kuarazaieek agûr egin zioten; guk ere gorarik, ela
baruhasturik, agur egiten diogu; gehiagoiik errai-
tenahal dugu, guk eskuarazaleek, badadukagula ha-
ren libara eskuara ederrekoak iraunen duela eskua-
rak diraueino; ondikoz haren lan-egina haichturka
darabilate oraiko izkiribatzaile balzuek.
» Hizkuntzaz bertzalde, liburu hauta haren ma-
miaz aiphamen dagiguntzat, badijogo eziela nebor
izâtQ eskaallierriko girichtinoari eskuaraz bereegim-
bideez bain chuchen eta bain zorrozki eta garbiki
mJDtzatu zaijoenik. »
» Mila sei ebun eta berrogoila bemezortzian Hariz-
mendi, Sarako jaun bikarioak, Euskararat biiiurlu iza-
lu zuen Saran: » A ma birjinaren ofizioa ». IJburii
chume hortan badirehilz-nourtntako saimo eta hymno
batzu hain mintzaija lainoan eta iirainean eginak, eta
bain ongi burutan parekatuak non, iduri batzaiku,
bitz-neurtzaileek, hitz-pikolariek, edo kanlore-lionlzai-
loek erakhatspen on baten ekaitzat harlzekoak direla,
ondikoz, ordean, ezla izalu eskual-herrian liburu hitz
pikotan hurren guzia eginikako hori, bir-berrilurik,
eta behar bezala aphaindurik, berriz imprimarazi
darokunik.
» Hila zazpi ebun eta bemezortzian, Juanes Etche-
berri, Jaun mirikuak, eskaini ziotzan, orduko La-
phurdiko batzahnrrari, eskualdunentzat, eskuaraz
bertze hizkuntzarik etzakitenenlzat latin-erdarareu
ikhasteko baitezpadakodiren liburutto batzu.
— 212 —
» Haren eskaintza, edo Gomendiozko karta, Bayo-
nan imprimarazi zuen Mateo Roquemaurel Imprima-
tzaillea ela liburu saltzaillea baithan.
» Eskualherria eta eskualdunak biholz bihotzetik
mailbe izanez lothu zitzaijon lan luze eta ez erretch
hari; huna berak zer dijoen bere lan-egileko hartii
zuen chedearen eta bari ziarraizkon nekeen gai-
nean :
» Baldin bertze hizkuntzetan bezala, izan baiira
lehenagotik liburuak Eskuaraz izkiribatuak, hetan
begiratuak eta allchatuak egonen ziren gauzen izenak
eta mintzatzeko hitz eta manera eskuarazkoak. Bai-
nan noia izan bailira bain aphurrak eta gutiak eskua-
raz argitarat ilit^iii diren liburuak, bargatik bitzak
eta gauzen izenak... joan izan dira aphurbana emeki-
emeki bertze gauza guziak bezala trukatuz, eroriz
eta ahantziz.
» Lehenago Espainia guzian eta Franlziako bainitz
herritan Eskuaraz bertze mintzorik etzelarikan, egun
dakhusagu zein herri gutitan mintzo garen Eskuaraz ;
eta oraino mintzo garenei-ere eskas zaizkigu bainitz
hitz eta izen lehenagokoetarik ; zeren hekien lekhuan
bartu baititugu bertze balzuek bitzkuntza arrotzeta-
rifc, eta bek-ere ez gisa berekoak guztlak, zeren batek
bartu baitu kitzkuntza batetik, eta bertzeak bertze-
tik.
» Hala ezin nagoke erran gabe zein achola guti eta
artba aphurra izatu duten Eskuaidunek bere eskuaraz..
— 213 -
)^ Habkotz bada Ëskualdunen neke hau ikhusirik
hasinîDlzen Eskuaraz, Latinez, Frantsesez eta Espai-
nolez hilztegi baten moldalzen ; bide harlaz Eskual-
ilun guzick eta bereziki ene lierritar Laphurtarrek
zembait.... laguntza izan lezaten gatik; beré herritik
kamporat, ikhi gabe zembail hitzk.untzaren parte be-
deren ikhasteko. Ordeanoiz eta ère usle bainuen ain-
Izina neramala nenre obra, gogora zitzaitan deusguli
balio zoela ene trabailiiak eta zimciidu gabeko obra-
ren pare izanen zela, baldin iehembizirik ezbanituen
moldatzen Eskuarazko lehembiziko hatsapenak latin
ikhasteko, zeren hank baitira zein nabi hitzkuntzaren
zimenduak, zainak eta erroak. »
y^ Horrengatik bada, Jaunak, orai hemen dakbarlz-
ketzoet, halako maneran moldatuak eta eginak, non
haukien bidez estudiatu nabi duenak Eskuaraz Eskual-
herritik jlkhi gabe ikhas baitetzake latinezko Decli"
nazionak, bai balaber Conjvga^inoak eta lehembiziko
hatsapen guztiak.
y> Zorigaitzez Etcheberri mirikuak eginikako lan
bandi horiek gaidu izatu dire; zorigaitzez dijogu zeren
holako langile artecha, khartsu eta Eskuarazaie baten
ian-eginak iraun bebar bailzuketeen gure eta edozein
harrotz-herrietako jakintsunen erakhats-garritzat
» Gaizki errandugu bada aldebat gaIdu izatu dire-
la Etcheberri mirikuaren aiphatiidilugun lan-eginak ;
huna zertan egiaren mugarria iragan dugun : aita Lar-
ramendi gipuzkoarrak bere hitztegi mila zazpi ehun eta
— 214 —
berrogoita bortzean imprimatuan erraiten daroku
xxxvj plaman :
» £1 doctor Juan de Etcheberria, natural de Sara en
Labort, oy Medico de la villa de Azkoïtia, rouy docto
y amante de su Lengoa, tiene aûos ha compuesto au
Diccionario quadrilingue de Bascuence, castellâoo,
Francés, y Latin, que impresso pudiera servir para
enlenderlos pocos libros que ay en Bascuence, aunque
no con toda extension. Avrà diez o doce aûos» que
estando de passo en Azkoitia, me lo flo por dos dias,
y entresaquë muchas voces deldialecto Labortano, pa-
ra ponerlas despues en las correspondientes dei castel-
lano.Harto mehuvieraalegrado,que huviera precedido
la impression deste Diccionario para valerme del tra-
vajo ageno, sin orension de su autor, en quanlo di-
«
xesse bien con la idea del mio.
» Beraz ageri da, espainiako erdaran Larramendik
errnn daukunetik. Etcheberri mirikuaren hilztegitik
hitz asko bildu zituela eta bere hiztegian kokatu.
» Agian noizpait norbaitek bildukodilu Jakintsun
lehezkoen bozgarri, gure eskuarazko bilzzahar oraino
hor-hemenka doi-doia bizirik gordeak eta banatuak
daudezenak!
» Horra bada nor eta noiakoak izatu diren, gure
jakineko eta iduriko, aspaldi duela bere burua era-
khutsi duten Sarako Eskuarazaleak.
)) Gure mendeko eskuarazaleetan bertze batzu oral-
no aipliatzeko badilugu :
— 215 —
«Gehienek ezagutu duzue Ithurbide zena, miriku
eta Sarako hauzapheza : Eskualdun ikhiislalez belhe-
rikako harrek bere Ëskuarazaletasunaren lekhuko
utzi daroku Sarako minUaija ederrean imprimaturik :
khtorio $aindua laburzki galde^ eta errcpustuz ; Jaun
hura ère Sarako semé on bezain eskuarazale ona izatù
delaezladukaga ahantzirik. »
Ce qui signifie :
« Mesdames et Messieurs,
» En voyant qu'amateurs de la langue basque nous
sommes les bienvenus à Sare, si Ton nous demandait
pourquoi, nous pourrions répondre que nous sommes
ainsi les bienvenus parce que ce pays de Sare, est
depuis très longtemps, cet endroit où le basque a été
cultivé.
» A l'appui de ce dire, voici ce que nous pouvons
publiquement Taire connaître :
»En 1635, Jean de Haramboure, prédicateur, a com-
posé dans ce langage de Sare, sans doute parce qu'il
était de Sare, son petit livre d'église intitulé : Mûoir
et Oratoire de dévotion manuelle; ce livre a été réim-
prtmé sept fois au moins. M. Francisque Michel, pro-
fesseur à la Faculté de Lettres de Bordeaux, a dit,
dans son livre sur le Pays Basque ; « Le livre de J. Ha-
ramboure est aussi précieux qu'introuvable, car il est
fort bien écrit dans le beau basque de Sare. »
— 216 —
» £ii 16iâ, un curé deSare, le savant et Tiliustre
écrivain Axular, a composé à Sare son Après on Après
après, ce livre dont la réputation est si grande. Vous
savez qu'Axular, parmi les écrivains basques anciens
ou modernes est le premier et apparaît comme le
maître. Nos prédécesseurs dans Tétude du basque l'ont
salué ainsi; nous le saluons à notre tour plus encore et
la tête découverte; et de plus nous pouvons dire, nous
basquisanls, que nous tenons pour certain que ce
magnifique livrebasquedurera tant que durera la langue
basque ; malheureusement quelques écrivains d'au-
jourd'hui traitent ce chef-d'œuvre à coups de ciseaux.
En dehors du langage d'ailleurs, si nous examinons
la substance de ce livre, nous dirons que personne
n'a jamais parlé aux chrétiens du pays basque de
leurs devoirs d'une façon aussi précise et aussi nette.
» En 1658, Harismendi, vicaire de Sare, a traduit
en basque à Sare, ÏOffice de la Vierge Mère. Dans ce
petit livre on trouve quelques psaumes et hymnes ren-
dus dans un langage si naturel et si coulant et répon-
dant si bien à son but, qu'il nous semble que les
poètes, les érudits ou les chanteurs y trouveraient
d'excellents modèles ; cependant il ne s'est encore
trouvé personne dans le pays basque pour faire réim-
primer en le renouvelant et en le traitant comnie il
convient, ce livre à peu près inimitable par la préci-
sion de son style.
» En 1718, Jean Etcheberri, médecin, offrit h l'as-
— 217 —
semblée d'alors de Labourd, quelques petits ouvrages
qui avaient pour but d'enseigner le l.itiri aux Basques, à
ceux qui ne savaient d'autres langues que le basque.
Son offre ou sa Lettre de recommandation, il la lit
imprimer h Rayonne, chez Mathieu Roquemaurel,
imprimeur et libraire. Comme il aimait le pays basque
et les Basques» il s'appliqua à ce travail long et pas
facile. Voici ce quMI dit lui-même de la peine qu'il lui
avait causée et des ennuis qui en furent la suite :
» Si, comme dans les autres langues, il y avait eu
des livres anciennement écrits en basque, on y trou-
verait notés et signalés les noms de choses ainsi que
les tournures de phrases basques. Mais comme il y a
très peu et de très peu d'importants ouvrages publiés
jusqu'ici en basque,... les mots elles noms de choses
se sont peu à peu et insensiblement, comme toutes
les autres choses, modifiés, perdus et oubliés.
» Bien que jadis, dans toute l'Espagne et dans une
grande partie de ia France, il n'y avait pas d'autres
langues que le basque, nous voyons dans combien peu
de villages, nous parlons basque, et encore, même à
nous qui le parlons, il nous manque beaucoup d'an-
ciens mots et d'anciens noms, parce que, à leur place,
nous avons pris des mots aux langues étrangères,
et encore ne sont-ce pas toujours les mêmes, parce
que Tun les a pris dans un idiome et l'autre dans un
antre.
» Ainsi et je ne puis m'empécher de dire quel peu
n
— 218 —
de souci et quel manque de soin ont en les Basques
de leur basque.
» C'est pourquoi voyant cette négligence des
Basques, je me suis mis à rédiger un Dictionnaire
basque, latin, français et espagnol ; par ce moyen
tous les Basques, et surtout mes compatriotes du L«i-
bourd, puissent y trouver quelque assistance pour,
sans sortir de leur pays, apprendre au moins quelque
partie d'un langage. Mais, cependant, comme je pen-
sais à avancer mon œuvre, il me vint à l'esprit que mon
travail vaudrait peu et qu'il ressemblerait à un ouvrage
mal assis, si auparavant je ne rédigeais en basque
les premiers éléments de la grammaire pour apprendre
le latin, car ce sont là les fondations, les bases et les
racines de n'importe quel idiome.
» C'est pourquoi donc. Messieurs, je vous les
apporte rédigés de telle façon que, par leur moyen,
celui qui veut étudier en basque, sans sortir du pays
basque, puisse apprendre les déclinaisons aussi bien
que les œnjugaisonshlmes, ainsi que tous les premiers
éléments ».
» Par malheur, ces travaux qu'avait faits le doc-
teur Elcheberri ont été perdus ; nous disons par
malheur, parce que les œuvres d'un travailleur si soi-
gneux, si ardent, si amateur de basque auraient dû
durer comme exemple pour les savants de notre pays
et de tous les autres pays étrangers.
» Mais nous avons mal dit en constatant que les
— 219 —
travaux mentionnés par nous du docteur Etcheberri se
sont entièrement perdus : voici en quoi nous avons
dépassé les bornes de la vérité. Le Père guipuzcoan
de Larramendi nous dit à la p. xxxvj de son Diction-
naire, imprimé en 1745 : « Le docteur Jean de Etche-
berri, originaire de Sare en Labourd, aujourd'hui ,
médecin de la ville d'Azcoitia, très savant et très amant
de sa langue, a composé depuis de longues années un
Dictionnaire en quatre langues: basque, espagnol,
français et latin, qui, s'il était imprimé, pourrait servir
pour faire entendre, quoique d'une façon pas absolu-
ment complète, le peu de livres qu'il y a en basque. Il
doit y avoir de dix à douze ans que, me trouvant de
passage à Azcoitia, il me le confia pour deux jours et
j'en tirai beaucoup de mots du dialecte labourdin pour
les intercaler ensuite parmi mes traductions de l'espa-
gnol. J'aurais été de beaucoup plus satisfait que l'im-
pression de ce Dictionnaire ait déjà eu lieu, afin de
pouvoir me servir du travail d'autrui sans faire aucune
espèce de tort à son auteur...
» Il parait donc de ce que nous dit Larramendi dans
le langage d'Espagne qu'il a pris beaucoup de mots du
Dictionnaire du docteur Etcheberri et qu'il les a mis
dans le sien\
l.Poavreau, dans son Dictionnaire basque français manusorit,
conservé à la Bibliothèque Nationale à Paris, cite plusieurs fois le
Diction naired' Etcheberri. Mais cet Etcheberri ne pouvait être celui
de 1718, car Oihenart qui parait avoir eu le manuscrit sous les
yeax écrit à Pouvreau en 1661 : «feu M. d'Etcheberri.w Pouvreau
De cite chaque fois que le mot basque et sa traduction latine (J.V.).
— 220 —
» Plaise au cielqa^nn jour quelqu^un recueille, a ia
grande joie des savants véritables, les vieux mots de
notre langue basque à peine vivants cà et là, qui se
cachent et sont comme inutilisés I
» Voilà donc quels ont clé et ce qu'ont été, autant
que nous pouvons le voir et le connaître, les basqui-
sants de Sare qui ont vécu dans les siècles passés.
» Nous avons encore à mentionner quelques per-
sonnes parmi les basquisants de notre siècle.
» La plupart d'entre vous ont connu feu M. Dilhur-
bide, médecin et maire de Sare. Ce Basque émînenl
nous a laissé comme témoignage de sa compétence en
basque un livre imprimé dans le beau basque de Sare
V Histoire sainie abrégée par demandes et par réponses.
Nous ne saurions oublier que ce Monsieur était aussi
bon basquisant que bon fils de Sare. »
Le travail de M. Darricarrère, attendu avec une certaine
curiosité, a pleinement satisfait l'auditoire. M. Darricarrère
a dû se livrera beaucoup de recherches pour compléter son
étude biographique. Il s^est acquittéde son mandat en philo-
logue consommé. Nous sommes heureux de rendre ici un
hommage très mérité àce vaillant bascophile, que l'Association
Basque est Bère de posséder dans son sein.
Enfin, un autre délégué lit le remarquable discours du sa-
vant professeur à TÉcole des langues orientales vivantes'
M.Julien Vinson, membre de l'Association, retenu au Con-
grès des Orientalistes qui a lieu en ce moment à Paris :
« On parle beaucoup de « ia tradition » depuis
quelque temps dans notre cher pays basque ; et puisque
ce mot parait à la mode, je demande la permis-
sion de remployer à mon tour. Seulement je le pren-
drais dans une acception plus large et plus exacte, je
crois, que ceux qui en abusent, si j*ose m'exprimer
ainsi. Pour eux « la tradition » n'est qu'une expres-
sion respectable à Tabri de laquelle ils pensent dissi-
muler la conservation des préjugés, le culte des rou-
tines surannées et la perpétuité des abus.
» Pour nous, la tradition, c'est 1 étude attentive et
prudeirte du passé, non pas pour y voir tout en beau
ou en grand, mais pour y chercher la raison d'être des
choses actuelles et les lois générales du développement
de rhumanité.
^ C'est ainsi que, dans cette commune de Sare.
qui est depuis longtemps comme le cœur du pays, où
se sont alimentés tant d'écrivains et de basquisants
illustres, depuis Malterre il y a près de trois siècles
jusqu'au professeur Schuchardt il y a dix ans à peine;
c'est ainsi que dans cette commune nous avons voulu
élever un monument visible, un monument durable,
à la mémoire d'un des plus vaillants citoyens, d'un des
cœurs les plus généreux du pays, à la mémoire d'Élis-
samburu.
» Vous n'attendez pas de moi une biographie com-
plète de notre ami regretté. Qu'importeraient des faits
et des dates? Ce qui importe, c'est l'homme lui-même,
son caractère, sa haute valeur morale. Ce qui importe
aussi et ce qu'il convient de signaler avant tout, c'est
— 222 —
qu'Élissamburu étaiUa représention aussi exacte que
possible du type et de Tesprit basques où se fondent
si harmonieusement un mysticisme élevé, une fran-
chise modeste, une haute dignité personnelle et un
amour invincible de Tindépendance. Ajoutez-y le culte
de la famille, le respect des souvenirs et le patrio-
tisme dans son sens le plus noble et le plus complet.
» Élisssamburu peut être envisagé à deux points de
vue, comme homme public et comme homme privé.
» Homme public, c'est-à-dire soldat, puis fonction-
naire civil, nous Tavons toujours vu aimable et bon,
juste et sévère, indulgent aux faiblesses, implacable
au mal ; et toujours il adonné l'exemple de la disci-
pline, de Tamour de Tordre, sans aller jamais jusqu'au
sacrifice de ses idées personnelles. Il voulait con-
vaincre et non contraindre. Avant de commander, il
avait su apprendre à obéir.
)) Quant à Thomme privé, c'est surtout dans l'écri-
vain que nous l'apprécierons. Je ne vous rappellerai
pas le charme de ses compositions poétiques où la fraî-
cheur du sentiment s'alKe si bien à la pureté de la
forme. Élissamburu était un des partisans acharnés,
— qu'on me passe le mot, — de la conservation du
basque; non qu'il espérât en faire jamais un idiome
local exclusif, mais parce que cette belle langue est
presque le seul témoin de Tantiquilédu peuplebasque,
et que c'est une force de plus pour un peuple, qui doit
jouer son rôle dans le mouvement démocratique mo-
— 223 —
derne, que d'apporter à la masse des efforts réunis
une originalité propre et des qualités particulières.
y^ Aimons et cultivons à son exemple la langue
basque; aimons ce pays si favorisé de la nature et
conservons avec un soin jaloux l'exemple et les le-
çons de ceux qui y ont vécu avant nous, non pour les
copier servilement, mais pour les continuer, les déve-
lopper et contribuer par là au progrès général de
Tesprit humain. »
Ce discours a été très goutté et a soulevé des applaudisse-
ments répétés.
On procède ensuite au concours d'improvisations. Peu de
champions, mais joute assez réussie; les ripostes toujours
railleuses des concurrents ont beaucoup fait rire le public.
Trois prix ont été décernés à : !<> Zubilibia, de Sare ; 2" Duhal-
deborde, de Sare: 3oLastiry,d*Ascain.
Ensuite a lieu le concours des chirola et tambourinaires
venus de la Navarre.
Après avoir joué ensemble le Gernikako Arhola^ les mor-
ceaux imposés sont exécutés avec brio^ à la satisfaction
générale, et trois prix alloués à : V Aguirre, de Vera;
2^ Verges, de Vera; 3*" Aldabe, de Vera.
Enfin et pour terminer la fête, on passe au Concours des
Danses Basques. Le Comité, faute de danseurs du tradition-
nel Saut Basque, décide d*ouvrirun concours de fandango,
auquel prennent part plusieurs groupes. Quatre prix sont
accordés : 1*> Aramendy, de Ciboure; 2° Goyty, de Ciboure;
3* Durio, de Ciboure; 4** Lasserre, de Ciboure.
11 était six heures et demie quand le président a levé la
iîéance.
HISTOIRE
DE LA
PRINCESSE DJOUHER-MANIKAM
Roman traduit du Malais
sur le Manuscrit de la Bibliothëqae Nationale de Paris
Par Aristide MARRE
(Snite)
Maka kata touan poutri Djouher Manikam : « per-
gi.lah angkau ber.djaian dehoulou sakarang inalam
angkau datang.lah kamari^ djangan tiada angkau da-
tang karna ini hari siyang hendak ber.djaian takout
di.ka.tahou.i olih Biyapri ». Maka sembah Hastri
« baïk.lah touankou ! » Maka. Hastri poun ber.-
djalan.djalan.lah kasana kamari, me. nanti. kan hari
malam. Satelah soudah hari malam, maka Hastri
poun datang kabaouah roumah Biyapri me.nanti.-
kan ouektou malam, maka di.serou.lah olih Hastri
Aussitôt la princesse Djouher- Manikam sortit un
magnifique costume d'homme, s'en revêtiten y ajoutant
une arme semblable à un kandjar et descendit de la
maison. Ensuite, montant sur son cheval et le pous-
sant vivement, elle arriva au bas de la colline. Elle se
dirigea vers le pays de Boum et^ continuant son che-
min de forêt en forêt, de plaine en plaine, elle parvint
- 225 —
akan touan poutri Djouher Manikam. Maka kata
touan poutri : a menant! dehoulou karna Biyapri itou
lagi djaga ». Maka Hastri poun soudah mengantouk
lalou iya tidor dibaouah roumah Biyapri bermoula
tali kouda.nia poun di.tambat.kan.nia pada pinggang-
nia.
CINQUIÈME RÉCIT
El kissahjon mengata.kan tcheritra yang kalima
akan hal poutri Djouher Manikam touroun deri.atas
pend jour roumah gedong itou lalou touan poutri naïk
ka. atas kouda.nia Hastri itou lagi tidor djouga.
Maka touan poutri Djouher Manikam poun doudouk
di.atas koudania menanti.kan Hastri djaga. Hatta
maka zanggi pentchouri itoupoun ka baouah roumah
à la porte du fort de la ville de Roum\ au moment
où le roi de ce pays venait de mourir.
SIXIÈME RÉCIT
Où IL EST RACONTÉ COMMENT LA PRINCESSE DjOUHER-
MaNIKAM monta sur LE TRÔNE AU PAYS DE ROUM.
Lorsque la princesse Djouher-Manikam fut arrivée
à rextérieur du fort deRoum, elle s'assit dans le baley
1. Dans la pièce historique, imprimée à Paris en 1615, intitu-
lée: c Articles du traicté faict en l'année mil six cens quatre,
entre Henri- le- Grand, roy de France et de Navarre, et Sultan
A.mat, empereur des Turcs », on lit dans Ténumération des pays
possédés par le sultan : Alep, Damas, Bassrah et Rom{sic). Dans
leMakota râdja-râdja (Couronne des rois), on cite, d'après le
KUàb adàb es-Selathin, trois rois célèbres par leur générosité :
le roi de Roum^ le roi de Syrie et le roi à'Yémen,
15
— 226 —
Biyapri kendat: mentchouri maka iya me.lihat sa'
eikor kouda tali.nia ter.tambat pada pinggang Hastri
itou.maka olih zanggi pentchouri itoupoun di.poutous.
kan.nia.lah kapada pinggang Hastri itou.maka di.
hela.nia olih zanggi pentchouri itou ka.tengah pa-
dang.maka pada sangka touan poutri Hastri djouga
yang menarik kouda ini. Hatta maka boulan poun
terbit maka di.lihat.nia olih zanggi itou sa'orang per
ampouan doudouk di.atas kouda terlalou baïk roupa.
nia dan tchahaya.nia poun terang ter.lebih indah-
indah.Maka ^ra/z^'z/r pentchouri itoupoun terlalou amat
souka.tchita hati.nia.maka kata ^an^^r itou didalam
hati.nia: « telah laraa.lah akou pergi mentchouri be-
brapa arta akou dapat deripada ratna moutiyama-
nikam kou per. olih dan ber.bagaî-bagai emas dan
perak dan lagi ouarna kain deripada kaïn souf sakelat
aln el banat kou per. olih souatou poun tiada gouna.
nia Adapoun sakarang ini baharou.Iah akou mendapat
yang indah-indah ini sakarang kou per.oiih sa'orang
en dehors du fort. Elle était merveilleusement belle
et ses vêtements tout brillants d'or étaient garnis de
pierreries, de perles et de rubis. Un homme venante
passer par là, l'aperçut et demeura saisi d'étonnement
et d'admiration, car dans le pays de RoumW n'y avait
personne qui pût être comparé à ce jeune homme si beau
et si magnifiquement vêtu. Il lui demanda : « D'où ve-
nez-vous et pourquoi étes-vous venu ici ?» La prin-
cesse répondit : « Je ne connais pas le lieu où je me
trouve en cemoment, et je viens de la ville de Damas."»
Cet homme de Roum prit congé et s'en alla se présen-
-^ 227 -
akan istri-kou dan tchahaya inata.kou dan bouah hati.
kou baharou.lah senang rasa hati.kou sebab kou per,
olih istri ini. Adapoun akan roumah zanggi pent-
cbouri itou di.atas kamountcha^ boukit maka touan
poutri Djouher Manikam poun di.baoua.nia.lah ka
roumah. nia. maka di.toundjouk.kan.nia.Iah segala isi
roumah-nia dan di.serah.kan.nia kapada touan poutri
Djouher Manikam, maka kata zanggi itou kapada
touan poutri Djouher Manikam : « Hey adinda touan
hamba. lah yang ampounia isi roumah hamba ini ba-
rang kn.hendak hati touanhamba . lah ». Maka kata
touan poutri Djouher Manikam : « diam.lah angkau
dehoulou ». Maka touan poutri poun fikir dalam hati.
nia: soudab.lah ountong.kou ini dehoulou soudah.lah
akou doudouk kapada Biyapri sakarang ini djatoh
poula kapada tangan zanggi pentchouri ini poula
iioupoun.soudah.lahdengan eradat Allah taala djouga
yang ber.lakou atas hamba.nia ». Maka Zanggi peut-
ter au mangkouboumi^ ; il lui rapporta tout ce qu'il
avait vu.
Le mangkouboumi, après Tavoir entendu, sortit
promptement pour aller trouver le jeune homme. Dès
qu'il se fut approché de lui et qu'il eut vu sa beauté
remarquable et les splendides vêtements garnis depier-
reries, de perles etde rubis dont il était paré, le mang-
kouboumi s'assit auprès de lui et dit: « Jeune homme!
\.ljbmangkouhoumie&i le premier ministre, le grand vizir,
chez les peuples malais et javanais. Ce titre, cette dignité signifie
& la lettre: « qui tient le pays dans son giron, c'est-à-dire en tu-
telle ou sous sa garde. »
- 228 -
chouri itou hendajj: meng.hampir.kan touan poutri
Djouher Manikam; maka kata touan poutri itou :
Djangan.lah angkau hampir dehoulou karna akou lagi
ber.nadzar kapada Allah taala tiga hari lagi tiada
bolih melihat mouka Iaki-laki yang lain ». Maka
zanggi pentchouri itoupoun meng-ambil minoum.an.
nia.makà kata ^anggi pentchouri itou : « mari.lah kita
minoum dehoulou I » Maka kata touan poutri Djouher
Manikam : tetapi pada bitchara akou djika kita mi-
noum dehoulou ber.doua, angkau poun mabok akou
poun mabolj: nistchaya akou di.ainbil orang deripada
mou dan angkau poun di.bounouh.nia. Djika demikian
mari.lah akou meng.isi.kan piyalà itou angkau mi-
noum dehoulou itou, apabila soudah angkau pouasa
minoum^ maka akou poula minoum angkau meng.isi
piyala itou », maka zanggi pentchouri itoupoun ter-
lalouamat soukatchita hati.niamen.dengar kata touan
poutri demikian itou maka kata.nia : (( benar.lahkata
d'où venez- vous? Pourquoi êtes- vous venu dans ce
pays ? » La princesse répondit : « Je veux parcourir le
monde pour mon agrément, telle est ma volonté ! »> Le
mangkouboumi reprit: « Voulez-vous que nous vous
fassions roi dans ce pays-ci ?» La princesse répliqua :
« Pour quel motif voudrais- je être fait roi dans ce
pays î Par quel moyen d'ailleurs ? » Le mangkou-
boumi répondit: « Notre roi est mort! » — Est-ce
qu'il n'a pas d'enfant ? dit la princesse. — Le roi a
laissé un enfant, répondit le mangkouboumi^ mais il
est encore bien petit et incapable de gouverner ses
sujets ; c'est pour cela que nous vous ferions roi dans
— 229 —
touankou itou m, lalou iya mem.bri.kan tampat itou
kapada tangan tauan poutri Djouher Manikam den-
gan souka.tchita.nia kapada tangan zanggi itoupoun
minoum.Iah i satelah bebrapa poula gelas iya minoum.
Hatta maka sanggi itoupoun mabok.lah ter.hantar
saperti bangkei tiada khabar akan diri.nia, | maka
touan poutri Djouher Manikam poun mengalouar.
kan pakeyan yang indah-indah lalou iya memakei
tchara Iaki.laki dan memakei sendjata saperti kand-
jar. Maka touan poutri poun touroun deri roumah itou
lalou naik iya ka.atas kouda.nia maka di.gertak-kan.
nia kouda.nia touroun ka.boukit itou lalou iya me-
noudjou djalan ka binoua Boum deripada souatou
riraba datang kapada. 3QUatou rimba dan deripada
souatou padang datang kapada souatou padang.maka
sampey.lah baginda di.Iouar kota binoua Roum.
Adaponn radja. didalam binoua Roum baharou iya
mati.
ce pays. » La princesse Djouher-Manikam reprit:
«Pourquoi non? qu'est-ce qui s'y opposerait ? Si vous
tous, vous voulez suivre mes conseils, j'accepterai la
royauté dans ce pays . » Le ministre dit : « Et pour-
quoi nous tous ne voudrions-nous pas suivre les com-
mandements de mon seigneur ? »
Le mangkouboumi la conduisit au palais; tous les
mantri et les houloubalang s'assemblèrent pour pro-
clamer roi la princesse DJouher-Manikam. Cela fait,
la princesse prit le nom de Radja Chah Djohon. Après
quelque temps de règne, son esprit de justice et sa
parfaite équité dans. le gouvernement de ses sujets
— 230 —
SIXIÈME RÉCIT
El tlsaah pri mengata.kan tcheritra yang ka.
anam tatkala touan poutri Djouher Manikam mend-
jadi radja di binoua Roum, Hatta kalakian satelah
sampey.lah touan poutri Djouher Manikam di louar
kota nagri Roum maka doudouk.lah touan poutri
Djouher Manikam pada balei di louar kota itou roupa.
nia terlalou indah-indah dan pakeyan.nia poun serba
ka.emas.àn yang ber.tatah.kan ratna moutia mani-
kam, makaada sa.orang.orang laki-Iaki lalou di louar
kota itou iani di louar kota nagri Roum itou, maka
di.lihat.ria roupa orang mouda itou, maka itoupoun
heiran.lah dan ter . tchengang . tchengang me.Uhat
roupa baginda itou tiada.lah ada banding.ari.nia di-
dalam nagri Roum itou serta dengan pakeyan.nia
patout sakali yang demikian itou | maka orang itou-
avaient rendu son nom célèbre dans tous les pays étran-
gers. RadjaChâh Djohon dit à son ministre : « O mi-
nistre ! fais-moi construire un baley en dehors du fort ; »
et aussitôt les mantri et les houloubalaag ordonnèrent
aux habitants de construire ce baley .
Dès que la construction fut achevée, on vint l'an-
noncer au roi. Celui-ci dit alors : « mangkouboumi ! y
a-t-il dans mon royaume un homme qui sache peindre?
— «Oui, Monseigneur, Roi du monde, il y a ici un
peintre habile. » — «Qu'on fasse venir ce peintrel » —
«Immédiatement, Monseigneur», dit le mangkouboumi,
et il ordonna à un esclave d'aller mander le peintre.
— 231 —
poun ber.tania kapada orang mouda itou kata.nia
« bendal^ kamana touanhamba dan derimaoa touan-
bamba datang ini? | » Maka kata touan poutri Djouher
Manikam adapoun hamba ini tiadaber.ka. tabou. an
tampat bamba doudouk akan sakarang ini hamba da-
tang deri nagri Damsik maka orang itoupoun ber.
mohon.lah kapada orang mouda itou lalou iya pergi
meng.adap mangkouboumibe.per.sembah.kan saperti
yang di.libat.nia itou samoua.nia di.kata.kan.nia ka-
pada mangkouboumi | di.dengar olib mangkouboumi
sembab orang Roum itou. maka mangkouboumi poun
sigra-lab iya ka louar men.dapat.kan orang mouda
itou. Satelab hampirlah mangkouboumi kapada orang
moudaitoumakadi.lihat.niaolihmangkouboumiroupa.
nia poun terlalou indah-indah dan pakeyan. nia poun
ber.tatab.kan ratna moutia manikam, maka mangkou-
boumi poun doudouk dekat orang mouda itou seraya
ber.tania kata.nia: a Hey orang mouda derimana
Le peintre vint en toute hâte et entra en la présence
de Radja Chah Djohon, en se prosternant le front
jusqu'à terre. Le prince lui dit : « peintre I est-ce
que tu as une fille sachant peindre ? » Le peintre ré-
pondit: « Oui, Monseigneur, Roi du monde, j'ai une
fille très habile dans Tart de la peinture ». — « Dis à
ton enfant de venir ici. » — Le peintre se prosterna de
nouveau, puis il alla chercher sa fille. « mon enfant!
lui dit-il, le fruit de mon cœur, viens, le roi t'appelle! »
Alors la fille du peintre, promptement se mit en route,
accompagnée par son père.
Ils entrèrent ensemble en la présence du roi^ qui se
— 232 —
touanhamba datang ini niaka touanhamba datang ka
nagri ini ». Maka kata touan poutri itou adapoun
hamba ini hendak ber. main. main sa.genap nagri orang
itoulah ka.hendak liamba». Maka kata mangkouboumi :
cr maou.kah touanhamba kami djadi.kan radja dalam
nagri ini ? » Maka kata touan poutri Djouher Mani-
kam itou : (capa sebab.nia maka hamba hendak touan-
hamba djadi.kan radja dalam nagri ini kamana pergi.
nia ». Maka sahout mangkouboumi a adapoun radja
kami soudah mati » ; maka kata touan poutri itou
(c tiadakah radja beranak?» maka kata mangkouboumi
« ada djouga radja ber. anak itou tetapi iya masih ket-
chil, belom tahou iya memerentah. kan segala rayât
itoulah sebab.nia maka touanhamba kami djadi.kan
radja didalam nagri ni ». maka sahout touan poutri
Djouher Manikam: <x apatah salah.nia djika touan-
hamba sakalian maou menourout bitchara hamba maka
hamba poun maou ka.radja.an didalam nagri ini ».
trouvait encore au milieu de ses manirî et de ses hou-
loubalang. Le peintre etsa fille se prosternèrent le front
contre terre. Le prince dit : « Peintre, est-ce là ta
fille ?» — « Monseigneur, Roi du monde, oui, c'est
là mon enfant ! » — « Eh bien 1 dit le roi, venez 1 en-
trez avec moi dans l'intérieur du palais ! » Et en même
temps le prince partit et rentra dans ses appartements,
suivi de la fille du peintre. Il se dirigea vers un endroit
retiré, et là il dit : « Ma sœur, faites, je vous prie,
mon portrait, et tâchez de le faire bien ressemblant ».
Alors la princesse DJouher-Manikam se revêtit d'un
habillement de femme^ et sous ce costume elle était
- 233 '
Maka kata mantri itou : mengapa.tah maka kami sa-
kalian tiâda maou menourout perentah touankou
itou ? » maka di.baoua olih mangkouboumi ka astana
itou, maka segala mantri dan houloubalang poun ber.
himpoun akan me.naîk.kan touan poutri Djouher
Manikam itou radja. Satelah soudah itou maka touan
poutri Djouher Manikam poun me.nama.ï diri.nia
radja Chah Djohon. Satelah bebrapa lama.nia dalam
ka.radja.an itou terlalou sakali adil.nîa baginda pada
meng.koukoum.kan dengan sa.benar.nia dan nama.
nia poun machour.lah pada segala nagri yang laln.
Maka kata radja Chah Djohon kapada mantri : « Hey
mantri per.bouat.kan akou sa.bouah balei di.louar
kota int.maka segala mantri dan houloubalang poun
meniourouh segala rayât itou ber.bouat souatou balei
di.louar kota itou. Satelah soudah balei itou maka di.
sembah.kan.nia kapada baginda itou maka kata ba-
ginda : (( Hey mangkouboumi ada.kah orang yang
ravissante. Cela fait, elle ordonna de la peindre ainsi ;
lartiste réussit parfaitement et le portrait était tout
à fait ressemblant, car la fille du peintre était très
habile. Quand son œuvre fut achevée, elle reçut en don
un keti d'or\ Le prince lui dit: «0 ma sœur I que
ceci demeure tout à fait secret ; gardez -vous de le ré-
véler à qui que ce soit au monde; si vous le disiez, je
vous ferais périr, vous avec votre père et votre mère» .
La Slle du peintre répondit : « Monseigneur ! Roi
du monde ! de quel front votre servante oserait-elle
1. Le keti est un poids qui fait la centième partie d*an pikoul;
il eorrespond à 6d3 grammes^ 177 milligrammes.
— 234 —
tahou menoulis dalam nagri.kou inif » maka sembah
mangkôboumi : a iâ touankou chah alain ada orang
yang pandei menoulis touankou ini.uiaba bagindaber-
kata : « panggil.han akou si.penouiis itou», maka
sembah mangkouboumi « demi iâ touankou » maka
mangkouboumi poun meniourouh.kan sahaya.nia mo-
manggîl penoulis itou. Maka si.penouiis poun sigra
datang lalou masouk mengadap radja Chah Djohon,
maka iyapoun meniembah lalou ka tanah kapala.nia.
maka kata baginda kapada si.penouiis itou : « Hey
penoulis adakab ber.anak perampouan yang tahou
menoulis?» Maka sembah. nia si.penouiis itou: « iâ
touankou chah alam ada anak hamba i)erampouan
touankou terlalou pandei menoulis iya ». Berkata
radja Chah Djohon: «panggil.kan akou akan anak.
mou itou kamari ». Maka penoulis itoupoun meniem-
bah lalou iya pergi memanggil anak. nia kata.nia ka-
pada anak. nia : « Hey anak.kou bouah hati.kou mari
enfreindre les commandements de Votre Majesté ? »
Elle se prosterna et demanda la permission de s'en
retourner dans sa maison. .
Radja Chah Djohon en présence de ses ministres et
de ses sujets, dit au mangkouboumi : a O mangkou-
boumi ! dépose ce portrait dans le baley qui est en
dehors du fort. Quand tu l'auras suspendu au baley.
fais-le garder par quarante hommes. Si quelqu'un, en
venant à ce portrait, se met à pleurer ou à l'embrasser,
saisis-le et amène-le-moi î » Le portrait fut suspendu
au baley et le mangkouboumi ordonna à un officier de
le garder avec quarante soldats.
— 235 --
angkau di.panggil olih radja! » maka anak penouils
itoupouD sigra.iah iya ber.djalan denhan di.iring.kan
olib bapa.nia masouk mengadap radja itou. maka ba*
gindapoun lagi semayan di.hadap olih segala nmntri
dan houloubalang.maka si.penoulis poun datang den-
gan anak. nia. nfaka iyapoun soudjoud kapala.nialalou
ka.tanah.maka kata baginda » Hey penoulis ini.kah
anak. mou? » maka. sembah penoulis itou : a ià tou-
ankou Chah alam ini.lah anak hamba, iâ touankou »,
maka kata baginda: «hey penoulis mari, lah angkau
masouk kadalam astana Seraya baginda berangkat
masouk. maka anal: penoulis poun masouk-lah iya
meng.ikout baginda itou. maka baginda pouû pergi-
lah kapada tampat yang sounyi.satelah itou maka
kata baginda : « Saoudara.kou toulis.kan apalah roupa.
kou ini, djangan ber.salag.an lagi )), maka touan pou-
tri Djouher Manikam poun memakey pakey .an tchara
perampouan roupa.nia. baginda poun terlalou amat
SEPTIÈME RÉCIT
Ou l'on fait CONNAITRE TOUTES LES CIRCONSTANCES
DE l'arrivée au pays DE ROUM DU VOLEUR ÉTHIO-
PIEN, DE BlYAPRI ET DU ROI ChaH DjOHON.
Quand le voleur éthiopien sortant de son ivresse se
fut réveillé, il vit que la princesse Djonher-Manikam
n'était plus dans son logis. Alors il descendit de sa
maison en pleurant, il la quitta et se mit en route,
allant de pays en pays jusqu'à ce qu'il fût arrivé dans
la ville de Roum, Là il vit un baley et appendu à ce
baley un portrait qui ressemblait parfaitement à la
f^*iij»
1
•'"•À
i*f*- .
I
if- -
.7
— 236 —
elok. Satelah soudah maka di.sourouh.nia toulis sa-
perti roupa baginda itou. maka di. toulis. nia. lah olih
penoulis itou tiada lagi ber.salah.an roupa. nia itou
dengan gambar.nia itou terlalou sakali bidjatcsana
anak penoutis itou. Satelah soudah di. toulis. nia maka
di.anougraha.i.sa.kati emas kapada si. penoulis itou.
Maka kata kaginda : « Hey saoudara.kou adapoun
rahasia.kou ini sa.kali-kali djangan kau kata.kan sa'
orang kapada sa'orang djoua poun dan djika kau kata.
kan nistcbaya kou bounouh dengan ibou bapa.niaitou)).
Maka sembah anak penoulis itou : « ià touankou Chah
alam brapa.kah besarbatôk kapalabamba makahamba
berani me.lalou.l perentah touankou chah alam itou,
maka iyapoun mendjoundjoung douli. Satelah soudah
itou maka iyapoun bermohon poulang ka roumah.nia
maka radja Chah Djohon poun di.hadap olih mantri
rayat.nia. Maka kata baginda kapada mangkôboumi :
(( Hey mangkôboumi taroh.kan olih mou gambar ini
princesse Djouher-Manikam ; vite il monta au baley
et tenant le portrait dans ses bras, il le couvrit de
baisers tout en pleurant. « malheureux que je suis,
s'écria-t-il, voici le portrait de ma bien-aimée que je
cherche ! Où peut-elle être? » Les gardes du baley
ayant vu Tacte de TEthiopien, se saisirent de lui et
l'amenèrent devant le roi. Ils racontèrent le fait. Le
prince dit : « Voleur éthiopien ! pourquoi t'es-tu con-
duit ainsi à l'égard de ce tableau ? » L'Éthi opien répon-
dit: « mon Seigneur, Roi du monde, je vous demande
mille et mille fois pardon. Votre serviteur va dire la
vérité. Si Ton me tue^ je mourrai ; si l'on me pend
- 237 -
pada balei yang di louar kota ini. Satelah soudah
angkau gantong.kan pada balei itou maka angkau
sûurouh lounggouh.i kapada ampat poulob orang.
Adapoun djikalau ada orang datang kapada gambar
itou menangis atau memelou^ dan men.tchioum gam-
bar itou, maka langkap olih mou baoua kamari kapada
kou». Satelah soudab maka gambar itoupoun di. gan-
tong.kan orang.lab kapada balei itou maka di.sourouh.
kaa tounggou.i olih mangkoboumi pada sa'orang pen-
ghoulou dengan ampat pouloh orang rayât itou.
SEPTIÈME RÉCIT
El kissah maka datang. lah tcheritra yang ka.
toudjouh pada meniata.kan pri hal ahoual sanggi
dan Biyapri dan radja Chah Djohon sakalian itou
datang.lah ka binoua jRoum. Hatta maka zanggi
pentchouri itou poun ingat.lah iya deripada mabo^j:.
je serai élevé bien haut ; si Ton me vend, je serai
emmené bien loin ! Roi du monde ! écoutez les pa-
roles de votre humble esclave I Une certaine nuit que
j'étais parti pour voler, je trouvai un cheval, et sur
ce cheval il y avait une femme de la plus merveilleuse
beauté. Je l'emmenai dans ma maison, je pris de la
boisson et je bus plus que de coutume, je m'enivrai et
m'endormis. Ma bien-aimée avait disparu, je devins
fou, et c'est ainsi, ô Roi du monde! que votre esclave
est arrivé près du fort et qu'il a vu le portrait sus-
pendu au baley. Ce portrait est l'image fidèle de ma
bien-aimée ; et voilà pourquoi je pleure ! » Le prince
— 238 —
nia itou maka iyapoun bangoun deripada tidor.nia,
maka di.lihat.nia touan poutri Djouher Manikam
tiada lagi di roumah nia. Maka sanggi pentchouri
poun touroun.iah iya deripada roumah. nia seraya
dengan tangis.nia lalou iya meninggal.kan roumah
tangga.nia, maka iya ber.djalan deripada souatou
nagri datang kapada souatou nagri hingga datang iya
ka binoua Roum. Maka iya poun me.lihat sa.bouah
balei itou maka di.lihat.nia ada souatou gambarter-
gantong pada balei itou roupa.nia sa.roupa dengan
touan poutri Djouher Manikam itou. maka sigra iya
naïk ka.atas balei itou lalou iva memelouk dan men.
tchioum gambar itou dengan tangis.nia.maka kata
zariQiji itou : « Ouéli tchelaka.kou saperti ini.lah
roupa.nia kakasih.kou yang kou.tchahari ini di.raana
gerangan iya ». Maka sanggi itou poun di.lihat olih
penounggouh balei lalou di.tangkap.niadi.baoua.nia
kapada radja serta di.per.sembah-kan.nia barang la-
dit : « mon Mangkouboumi, que cet homme soit
gardé soigneusement, qu'il soit bien traité et qu'on lui
donne à manger ! »
D'autre part Biyâpri, les quarante jours écoulés,
étant monté sur la terrasse, vit que la princesse Djoti-
her-Manikani n'y était plus ; il devint fou, abandonna
sa maison et toutes ses richesses, et se faisant derviche,
il s'en alla de pays en pays cherchant la princesse
Djouher- Manikam^ sans jamais pouvoir la rencontrer.
Passant au pays de Roum^ il vit le baley situé en de-
hors du fort et s'y arrêta. Alors il aperçut le portrait
et l'observant avec la plus grande attention, il se prit
— 239 —
kou.nia.Maka kata baginda itou: « Hey :ianggi pent-
chouri mengapa.tah maka pekerti.mou demikian itou
kapada gambar.kou itou maka sembah zanggi itou :
ft ià touankou Chah alam hamba memohon . kan am-
poun beribou-ribou ampoun, berkata benar.lah hamba.
mou ini, djika di.bounouh hamba mati, dan djika di.
gantong hamba tinggi, dan djika di.djoual hamba
djaouh, ià Chah alam dengar.lah sembah hamba
yang di.per.hamba ini. Maka pada souatou malam
hamba. mou pergi mentchouri^ maka hamba. mou dapat
sa.eikor kouda dan di.atas kouda itou ada sa'orang
perampouan terlalou elok roupa.nia.maka hamba.mou
baoua ka roumah hamba, ialou hamba ambil minoum.
aD, maka hamba minoum. lah terlalou baniak deripada
dehoulou, maka hamba tidorTlah deri sangat hamba
mabok, maka hilang.lah kakasih hamba itou, maka
djadi gila.lah hamba mentchahari dia itou deripada
souatou nagri datang kapada souatou nagri, demikian.
à pleurer, puis le serrant dans ses bras il le couvrit de
baisers. « Hélas! mabien-aiméel s'écria-t-il, voilà bien
ton image, mais où peux-tu te trouver? Il fut saisi
aussitôt par les gardes du baley et amené devant le
roi de Rouin, « Biyàpri^ dit le prince, d'où viens-tu
et pourquoi t'es-tu ainsi comporté ? » Biyâpri répon-
dit: « Monseigneur! Roi du monde! votre esclave
vous demande mille et mille fois pardon. Je vais par-
ler en toute vérité: si Ton me tue, je mourrai ; si l'on
me pend, je serai élevé bien haut; si Ton me vend,
je serai emmené bien loin ! Dans le temps que je reve-
nais de faire mon commerce, je passai sous un arbre
l 'fJ
t?
I
- 240 —
lah iâ chah alam.maka tatkala sampey.lah bamba*
mou di louar kota ini maka hamba.mou lihat gambar
touankou Chah alain ter.gantong di balei itou, maka
pada penghhat hamba tiada.lah ber.salah.an roupa.
nia itou deogan gambar touankou, inilah sebab.nia
maka hamba menangis ».
(A suivre.)
et je vis que, sur cet arbre, il y avait une femme de'la
plus merveilleuse beauté. Je la pris et Temmenai dans
la ville de Bassrah, je l'installai sur la terrasse de
mon magasin. Une certaine nuit, elle disparut sans
que je pusse savoir où elle était allée. Alors, ô Roi du
monde ! je devins comme un homme fou et je m'expa-
triai. Étant arrivé au pays de Roum, je vis un baley
en dehors du fort et je vins m'y assseoir. Alors, Mon-
seigneur, j'aperçus un portrait suspendu àcebaley;
il ressemblait tout à fait à ma bien-aimée que j'ai per-
due. Je la pressai dans mes bras, je la couvris de
baisers. Telle est la vérité, ô Roi du monde! »
(^4 suivre,)
DU VERBE CONCRET
(Suite et Fin)
III
En Dacotah, le concrétisme est moins complet,
mais, dans sa limitation, il est très instructif, parce
qu'il nous enseigne le point de départ du processus;
d'ailleurs, il est à la troisième puissance, ce qu'il
faut retenir, c'est-à-dire que le verbe ne peut s'em-
ployer isolément, ni l'autre élément non plus.
Stephen Riggs, dans sa Grammaire du Dacotah,
donne la liste limitative des verbes :
baza
lisser, aplanir.
ga.gan.gapa
ouvrir.
gata^ guka
répandre.
hinia
enlever avec la brosse.
hunin
tresser.
huva
dégraisser.
huayan
tromper.
huguza
secouer.
hca
ouvrir, répandre i
Kci
s'écrouler.
lidata
gratter.
hu
peler, piller.
hugo
écraser.
16
(■
?
ka»a
ouvrir.
k'co
embarrasser.
hinc'a
gratter, effacer.
kiaza
craquer.
konta
entaiiler.
ksa
séparer.
ks'a, klan
courber.
ludaza
répandre.
m (la iza
éclater.
nul II
mettre en poussière
mua
déchirer.
m ni
disperser.
polu
user.
psaka
se briser en deux.
psan
répandre.
ps'un
disloquer.
pta
couper.
planyan
renverser.
ptuza
fendre.
sba
embrouiller.
sbu
pendiller.
sdéca
fendre.
s'ciça
presser.
s III in
effacer.
sua
. sonner.
Slli
cold, gone out.
sota
éclaircir.
saka
comprimer.
ska
lier.
— 243 —
sna
s'pa
s'pi
s'pu
s'uza
tàka
tan
tepa
tic'a
tipa
titan
tkuga
tpi
tpu
wega
winz'a
zamni
za
z'az^a
z m
z'ipa
z'un
z'uz'n
manquer.
s'arrêter, se désister,
trier, cueillir,
tomber.
mush.
toucher, rendre solide.
se joindre.
s'user.
gratter.
resserrer.
arracher, cueillir.
interrompre.
craquer.
émietter.
fracturer.
soumettre, courber.
ouvrir.
remuer.
effacer.
se raidir.
pincer, serrer.
déraciner.
être en pièces.
Voici maintenant les particules qui viennent com-
pléter ces verbes :
ba exprime que l'action est faite, en coupant ou
en sciant au moyen d'un couteau ou d'une scie.
bo signifie que l'action se fait en tirant d'une
arme à feu ou d'un arc, ou avec un bâton ou autre
instrument ayant un bout. Il exprime aussi l'action
h''
L*».
■/.
&>>»
7.'»
i
I
'i
fi
— 244 —
de souffler avec la bouche, et enfin celle de la pluie
et de la grêle.
ka indique que Faction se fait en frappant comme
avec une hache ou une, massue, ou en rasant, il
signifie aussi l'action du vent ou de Teau courante.
^a indique que Taction est faite par le pied ou en
foulant, il exprime aussi toute action involontaire
des objets, Téclat d'un fusil, le craquement du bois
d'œuvre, le bruit de Teau qui bout.
pa signifie que l'action se fait en poussant ou en
frottant avec la main.
ya signifie que l'action se fait avec la bouche.
yu exprime simplement que l'action est faite par
un autre, il produit le verbe factitif, l'autre personne
est considérée comme Tinstrument; il convertit
aussi le verbe intransitif en verbe transitif.
Voici des exemples :
pa-ksUj rompre avec la main ; na-ksa^ rompre
avec le pied; ya-ksa, rompre avec la bouche; ba-
ksUj rompre avec un couteau ou une scie ; bo-ksa,
rompre en perçant ou en tirant; ka-ksa^ rompre avec-
un bâton ou une hache.
pa-ktariy courber avec la main, na-ktariy courber
avec le pied; ya-ktan^ courber avec la bouche,
ba-ktan^ courber en coupant, bo-ktan^ courber en
perçant; ka-ktan^ courber en frappant.
pa-sica^ détériorer avec la main ; na-sica, dété-
riorer avec le pied ; ya-sica^ dété.riorer avec la
bouche, maudire; ba^sica^ détériorer en coupant;
na-pluza, se fondre sous l'influence de la chaleur
— 245 —
ou du froid; na-liba, tomber f ka-diiza^ couler,
comme Teaii; ka-gariy passer au travers, comme le
vent; bo-hinta, écarter en soufflant.
11 y a lieu de faire plusieurs observations inté-
ressantes :
he processus est essentiellement le même qu'en
Algonquin, c'est-à-dire que le point de départ est
subjectif; l'instrument est la main, le pied, ou dès*
membres du corps humain; puis de Tinstrumeiit
naturel on passe à l'instrument artificiel : la hache,
la flèche, etc., et enfin aux agents naturels, le vent,
l'eau. D'autre part, ce n'est pas toujours l'organe ou
l'instrument qui est en jeu, mais aussi son action,
le bruit de son action. Il y a des transitions très
logiques d'un sens à l'autre : na exprime l'action
du pied, puis le bruit que fait le pied en foulant,
enfin tout objet qui éclate, comme s'il était foulé par
lui.
L'ensemble de ces préfixes indique les trois instru-
ments naturels ; la main, le pied, la bouclie el les
dents, et les trois artificiels primitifs : le tomahawk
du sauvage, la flèche, le couteau. Les derniers sont
comme le prolongement du premier; le concrétisme
subjectif persiste donc dans les premiers mots
objectifs. Le concrétisme réside en l'application
du verbe à l'instrument par une représentation indi-
visible .
Enfin, la racine des préfixes ne se rencontre que
dans le conglomérat. C'est ainsi que la main, napey
n'a aucun rapport avec pa, ni le pied, sika^ avec na^
ni le couteau, isan, miatia avec 6a, ni la flèche.
StM^Vv
■1
4
£
I'''
*2
1
— 246 —
Uazapa avec bo ; la bouche / et les dents hi pré-
sentent seules une certaine analogie avec ya. Nous
croyons que sous ce rapport l'évolution a été la
même qu'en Algonquin.
Ce procédé ne règne pas seulement en Dacotah,
mais aussi dans les langues apparentées, le Cegiha,
le Kwapa, le Kansah, l'Osage, le Teiwere le Winria-
baga, le Mandou, THidatsa, le Tutelo, le Biloxi et
les autres langues Siouxes.
ESQUIMAU
*
Le verbe concret, dans le sens que nous avons
indiqué, se retrouve en esquimau et en groënlandais.
Là n'apparaît plus, il est vrai, la différence entre
l'objectif et le subjectif, ni le caractère général
d'instrument. Mais l'adformante n'a, dans l'état
d'isolement, aucune signification.
Voici quelques-uns de ces éléments indicatifs de
concrétisme :
qaxpoq indique l'existence de l'objet; scuclwe-
qaxpoq^ il y a de la morue.
sai^C'^qaxpunga, j'ai un couteau ; ino-qcLvpoq , il y a
des hommes.
uwoq signifie dexemr; gishaq-Uit^'oq, devenir du bois.
tam^*oq si gniGe qu'on souffre Taction; toqupa/û le
tue; ioqU'tauivoq, il est tué.
xsharm*oq est une particule de potentiel ; takux-
shawoq^ il peut être.
ngO'Xpoq signifie devenir; inuk ngoxpoq^ il devient
homme.
~ 247 -
sin'oq signifie obtenir; numa-sm^ogy il aperçoit le
rivage.
siojcpoqy rechercher; sioluk-sioxpak^ il cherche la
pluie.
unna xsioxpoq^ il voyage pendant la nuit.
luucpoqy rechercher pour en faire usage ; mani-
liuxpoq^ il cherche des œufs; quisla caxpoq^ il
cherche du bois.
ipoqj manquer de; aja xtoq-ipok, il est sans péché.
kipog est un diminutif; ishe-kipok^ il a de petits yeux.
tuwoq^ suwoq sont des augmentatifs; ishi'tmyoq^ il
a de grands yeux.
tixpoq indique un certain usage du substantif /i«^/.
toxpoq^ il mange de la chair.
kalaxpoq, se trouver mal ; tupa-kataxpoqy il se
trouve mal du tabac.
xnipoq^ avoir goût de; taxago-xnipoqj il a goût de
sel.
Comme on le voit, si Tadformante esquimaude
ne dijlere pas morphologiquement de celle algon-
quine, elle s'en écarte beaucoup au point de vue
sémantique. Ici il ne s'agit ni du membre du corps,
comme instrument, ni d'un autre instrument pra-
tique, mais plutôt de ce qu'on appelle généralement
la voix dans les verbes ou le degré plus ou moins
avancé de Faction.
Ces nuances se trouvent encore marquées par
les adformantes suivantes :
riarpoq indiquant que l'action est en voie de pro-
duction, en devenir.
■*.■• ■ .
44 •
r
;
^1
li-
>ï ■[
tu '
'i
-Il
M
— 248 —
lerp'oky que raclion commence.
niar-pok. la tentative.
umav'Ok^ la volonté; de même, uminarpok.
tarawok^ aravok^ la coutume.
naviarpoky la facilité.
rusugpok, le désir; de même, lerssap-ok.
larpok est un diminutif et tdlarpok un augmen-
tatif, de même ngarpok,
r-ka-ok.
ngil'Ok est un négatif.
mwoky un peu.
dhàrpok signifie bien, et nerawoky davantage, très.
rkigpokj davantage.
inarp'Oky seulement.
dhimorpok, tout à fait.
vigpoky en vérité.
nfarigpoky complètement.
v-atdlarpok, trop.
tuinarpok, d'une manière continue.
tarpok marque la répétition.
torpok signifie peu à peu.
rkajarpoky presque.
giifoky giok, aussi.
galuarpok, à la vérité.
rkorpok, probablement.
nugnarpok, vraisemblablement.
iassarpoky d'une manière apparente.
rkarpok, d'avance.
jarpok, de bonne heure.
rssuarpok, violemment.
— 249 —
nguarpok, un peu.
tsiorpok, passablement.
ngazapok^ presque, de même kaverpok.
narpok^ ou.
jujpok^ jamais.
gujukpok, avoir du penchant.
tailivh, empêcher que.
nerarpày dire que.
upà, agir pour soi.
toràj penser que.
rkuràf ordonner que.
i^ipày faire en sorte que.
Il ne s'agit phis ici de substantif objet, ni d'ins-
trument objectif ou subjectif, ni de mouvement
d'action, mais bien du mode lui-même par lequel
Faction s'accomplit, de la manière ; cependant, il ne
faut pas confondre ces éléments avec des adverbes:
ils ne s'emploient pas isolément; d'autre part, il sont
simplement des modificateurs. Ce système ne semble
pas se retrouver dans les autres langues de la même
famille.
V TARASQUE
On nous signale le même procédé dans le Déné,
langue de la famille Athapaske et dans la langue
Polynésienne; nous ne possédons pas les éléments
nécessaires pour vérifier sérieusement.
Dans une langue américaine du Mexique, le
Tarasque, il règne un principe analogue, quoique
non identique. 11 importe de l'interpréter avec soin.
11 est tout d'abord remarquable que l'élément
i^'
'
— 250 —
surdéterminantest, comme en Algonquin, tantôt sub-
jectif, tantôt objectif: il est subjectif quand il se
réfère à Tune des parties du corps et il semble bien
que ce soit ici aussi le point de départ.
D'autre part, Télément ne s'emploie pas ^à Tétat
d'isolement, mais seulement dans le conglomérat
verbal.
Enfin, comme en Algonquin, l'indice subjectif
devient peu à peu, et par une longue évolution
sémantique, un indice objectif.
La seule différence consiste en ce que la racine
verbale peut s'employer seule, mais cet emploi n'est
pas habituel, et la surdétermination reste nécessaire,
sinon en droit, du moins en fait.
D'autre part, tandis que l'élément déterminant est
ailleurs préfixé ou sullixé, il est ici le plus souvent
infixé, ce qui corrobore le caractère concret.
a) Concrétisiue subjectif
Les Tarasques surdélerminent l'action verbale
en la mettant en relation avec une des parties du
corps de Thomme, que cette partie soit Tobjet de
l'action, ou qu'elle en soit Tinstrument, et ils font
intervenir ce procédé bien plus souvent que de rai-
son, ce mot n'est pas le môme que celui qui est
employé isolément.
Ce qui est curieux, c'est que pour former la phrase
cet élément inséré dans le verbe ne suffit pas; il faul
le répéter isolément par une autre racine.
Hopon-di-ni, signifie laver les oreilles ; di élanl
l'indice des oreilles, infixé dans le verbe hopo-ni,
— 251 -
laver; mais pour dire laver les oreilles, il faudra
l'expression suivante : hopon-di-ni cutzique^ le mot
cutzique étant la racine pour les oreilles exprimées
séparément.
L'idée d'oreilles se trouve ainsi répétée deux fois.
C'est comme si Ton disait : laver (il s'agit des
oreilles) les oreilles.
Voici les divers indices subjectifs, il s'agit plus
souvent de l'objet que de l'instrument :
eu = les mains ; hopo-cu-ni, laver les mains,
phame-cu-ni, être malade delà main; phame-cu-ru-
ni^ être malade des doigts [ru est l'indice du pluriel).
cha^ la gorge; hopon-cha-ni^ laver la gorge; eu-
can-cha-ni, briser le cou; cha, de la gorge finit par
s'étendre à tout le corps ; hamen-cha-ni^ être malade
partout; cAw, partie inférieure du corps: chu-cu-di,
placer en bas; eu est l'indice du réfléchi; hopah-
chu-eu-ni, se laver en bas; di^ les oreilles, devient
le coin; passant du subjectif à l'objectif.
gari^ le visage ; kopon-gari^nij se laver le visage.
Par une singulière extension gari passe de la
figure à la main et au tibia : phamen-gari-cu-ni,
souffrir du tibia.
gue^ la poitrine.
De la poitrine, le sens passe au dedans, au creux,
hopon-gue^eU'Cuehi-ni, laver la cruche en dedans.
mu, la bouche; hopo-mu^ni^ se laver la bouche.
L*infixe du sens de bouehe, passe d'un côté au sens
de rive et d'autre au sens de porte.
para, le dos ; hopo^para-ni, se laver le dos.
•:. *
rli
'•
'^[
— 252 —
ruy le front; hopo-ru-niy laverie front.
Cet infixe du sens de front passe à celui de che-
min, et d'extrémité des doigts ; vcura^ru-ni, s'asseoir
dans le chemin, et môme à celui de narine, phame-
ru-taniy être malade des narines.
ta, la cuisse; hopo-ta-nl, laver la cuisse.
chaia, le mollet ; cet infixe s'étend ensuite à tout
le côté.
tsi, la tête; hopoh^tsi^ni^ laver la tête.
xUy les bras.
Ce suffixe s'applique ensuite à l'idée de lit et de
canot, le lit est comme des bras étendus pour rece-
voir, de même le canot, le ventre et par extension
le dedans ;
ca, gasca^ le visage.
me, la barbe ; hapu-me^ni, avoir la barbe blanche.
On voit le grand nombre d'infixés subjectifs et
leur tendance par sémantisme à former des infixes
objectifs.
b) Concrétisme objectif
Les infixes désignent : 1° les objets compléments
du verbe, 2** le degré de la qualité de l'action, 3** les
voix du verbe.
1** Objets compléments du verbe
carah, la maison, amba-cara-ni, être propre quant
à la maison.
cazca^ le sol, vaxa^cazca, -ni, faire l'action dans
le sol.
chêne, draps, colliers, choses enfilées.
cutu, les sacs ou les bourses.
— 253 —
échu^ choses larges comme le papier.
ma^ le chemin, l'eau ; /îrc-mà-wi, manger en chemin.
pa-ri-ma-ni, étouffer dansTeau.
mo, en chemin.
mû, une cour ; çaxâ-ma^niy s'asseoir dans la cour.
/?fl, le feu, le marché ; erû-pa-nij voir le marché.
pe, le feu, veca-pa-ni, jeter au feu.
pcy la place, la chose plane, anga-pe-ni, être sur
la place.
scu, une chose large; scara-scu-nij écrire sur une
table.
tgire, la nuit.
vina, le jour; cara^çina-ni, écrire tout le jour.
yra, quirha^ choses rondes.
ycha, choses larges.
2® Degré et qualité de l'action
bez, pour rire ; tembûn-bez-père'-nij se marier pour
rire.
cayea^ séparation.
chapan^ pour rire.
chatay assez.
che, dommage, ou profit, en haut.
cuxa, sérieusement, tristement ; vecho-cuxa-ni,
regarder tristement.
guo^ mais, ensuite.
gue, faire l'action totalement.
guiy en s'inclinant.
mUy moj contre.
no, faire l'action pour rester, caudaize^no^ti, il
descendit à terre pour rester.
•'r
— 254 -
:f
^ M
,)
V4
.f
-, •
il'
Orin^ de haut en bas.
piquare, sentir une action, pâme^chan-piquare ni, se
sentir malade.
po^ venir en faisant l'action ; piré-po^ni, venir en
chantant.
quathà^ faire Faction en bas.
reh, approcher, éloigner.
sira-singa, commencement de l'action.
tza, faire Faction en hâte ; mi-tza^ta-ni, ouvrir en
h&te.
tze, en bas; que tze-ni, baisser.
tzca, aller, faire et revenir; tire'tzca-nica'Singa.jie
vais manger et je reviens.
va, de loin.
xara, pour rire.
xu, ici.
yara, aller dans un but.
yaca, venir pour s'en retourner.
Ae, henUy signe du réitératif.
II faut noter que dans le génie de la langue il n'y
a point dans tous ces cas un verbe suivi d'un infi-
nitif, mais un verbe modifié par un indice adver-
bial.
3** Voix du verbe
betaoperUy réciprocité.
cha, la possession.
eu et gu^ indices d'un complément au singulier.
va, indice d'un complément au pluriel. •
dira, signe de pluralité.
ga^ particule du passif ou du déposant.
marin, marhi, signe de pluralité.
i
— 255 -
me, particule du possessif.
mUy mOy pour ou contre quelqu'un, petu, mu-ni,
parler contre.
pera, réciprocité; vanda-pera-ni^ parler ensemble.
quare, faire l'action pour soi.
ra, ta, rata, causatif.
xarak, c'est un autre qui parle.
ruzca, causatif.
Ici, comme en Algonquin, le procédé n'est point
grammatical, mais lexicologique, il affecte le mot
avant son emploi dans la proposition, il se distingue
par là essentiellement de la conjugaison objective ;
cette dernière infixe ordinairement d'ailleurs un
pronom, tandis que le verbe concret, est un* repré-
sentant du substantif.
Souvent ces indices se superposent les uns aux
autres et on peut décomposer les verbes en beau-
coup de particules ne pouvant vivre séparément.
Langues Polynésiennes
Le mot qui attache concrètement le verbe à un point
d'appui matériel n'est pas toujours celui d'un instru-
ment ou d'un objet, ou même d'une modification du
degré de la qualité de l'action, il peut être aussi un mot
exprimant l'idée d'un lieu ou d'une direction, de telle
sorte que l'action ne puisse être représentée qu'avec
un mouvement matériel, non plus celui qui consiste
à frapper, à hisser, à lancer^ mais celui qui se dirige
en haut ou en bas, ou par le développement de la
même idée, vers celui qui* parle ou vers l'interlo-
cuteur.
r,^^#^m \ , ^
miS-::
I
•1
— 256 -
Ce phénomène peut être observé dans les langues
Polynésiennes. La particule de lieu ou de direction
suit le verbe qui apparaît rarement sans elle.
Il y a une double correspondance de ces parti-
cules, la première avec les différentes personnes,
et la seconde avec les diverses directions. Il n'y a
pas, du reste, une grande distance entre les deux;
la première personne se confond avec le lieu le plus
proche, la seconde avec le lieu le plus éloigné, la
troisième avec un lieu très éloigné. Au point de vue
des personnes, mai s'applique à la première dans
toutes ces langues ; atu, à la seconde dans toutes
et aussi à la troisième en Haïtien, Havaïen, Mar-
quesan, Maori; ange à la troisième en Samvan et
dans Tîle de Tonga; hifo indique le réciproque.
Au point de vue de la direction, ake indique Fac-
tion se dirigeant au-dessus, hifo celle se dirigeant
au-dessous ; mai, signifie ici, vers ici, et atu^ là. Enfin
quant au lieu lui-même, mai signifie ici et na là-bas.
Ces particules sont postposées au verbe qu'elles
affectent et qui s'emploie rarement sans elles, elles
lui donnent une base matérielle et concrète.
Elles sont la reproduction linguistique du geste.
CHINOIS ET JAPONAIS
Ces deux langues de l'Extrême-Orient, le Japo-
nais sous l'influence du Chinois, sont parvenues à
avoir les avantages d'un verbe concret par un autre
moyen, en appuyant deux verbes l'un sur l'autre,
l'un d'eux étant plus général, plus usité.
~ 257 -
11 y a là un procédé qui se rapproche de celui de
remploi des auxiliaires, mais sans se confondre
avec lui. L'auxiliaire, en effet, joue un rôle gramma-
tical, tandis qu'ici le rôle joué par le second verbe
est purement lexicologique. Il y a pourtant entre
les deux processus, le même rapport que celui que
nous avons signalé entre le verbe concret par
fixation à son objet et la conjugaison dite objective.
Ce verbe, est en réalité un verbe composé.
En Chinois, ces verbes sont kiù^ et lai qui indique
en outre, que le verbe a un objet; /«, dont la signifi-
cation propre est frapper^ et qui s'ajoute à une foule
de verbes, à peu près comme l'anglais to do; hiing,
travail; ta kung, frapper le travail, travailler; ta-
snen, frapper un compte, régler un compte; tchut^
qui signifie germer, sortir du germe, et qui sert à
marquer le mouvement; tshok, faire, quia dans la
composition une force intensive, mais souvent n'est
qu'explétif; tchUy demeurer, qui est intensif aussi;
h'hi^ lever; tao^ attendre, tous verbes de direction;
/flo, tomber; mâi^ dont le sens isolé est cacher,
s'approcher.
Ici sans doute, il n'y a plus un mot vide, n'ayant pas
conservé un emploi isolé, mais il existe une union
trrs fréquente et unité de sens; en outre, l'auxiliaire
t'xprime originairement le mouvement et même l'ins-
Inunent. il faut noter ta qui signifie proprement
frapper et qui forme un grand nombre de verbes
actifs, et le comparer au système du Dacotah. 11
marque aussi la percussion, le mouvementderaction,
1 instrument, et est joint à beaucoup de verbes.
17
— 258 —
Le Japonais coiuiait aussi des verbes auxiliaires
dans le même sens lexicologique, c'est-à-dire à
coté de ceux ayant une fonction grammaticale, ceux
n'ayant qu'une fonction lexicologique et servant de
point d'appui à un autre verbe ; ce sont des verbe.^
composés et la grammaire japonaise les distinguo
nettement des auxiliaires proprement dits. Le pre-
mier verbe demeure invariable, le second seul est
fléchi; c'est d'ailleurs le second qui exprime l'idée
principale, uti horossiy frapper-tuer, tuer en frap-
pant ; ici nous trouvons encore l'instrument ou le
mouvement de l'action.
Voici quelques exemples :
fiu/cl, souffler; harahi, chasser; huki-harahi,
chasser en soufflant; huki-kessi^{siire sortir en souf-
flant, souffler hors de; humi^ marcher, faire marcher;
korossi, tuer; humi^korossi; hassiri^ courir: kaheri,
revenir en arrière ; hassiri-kaheri, courir en ar-
rière ; huri^ secouer; kisi^ couper en deux; huri-
kisi^ secouer en deux; kakiy écrire; tori, prendre:
kaki-toriy copier ; kiri, couper ; ake^ ouvrir ; kiri-
ake, ouvrir en coupant; omohi, penser ; ssage, hu-
milier; omohi'Ssage, mépriser; tobiy s'envoler:
agariy monter ; tobi-agari^ voler en haut.
On arrive ainsi au même résultat que celui qu*on
obtient ailleurs au moyen du verbe prépositionnel.
Tel est le verbe concret. Nous en avons tracé le
domaine propre et les limites^ ne le signalant que
là où nous croyons son caractère non douteux:
c'est un verbe surdéterminé, soit par son mouvez
— 259 —
ment, soit par son instrument, soit par sa situation,
soit par un autre verbe, et cela avant d'entrer dans
le domaine de l'emploi actuel et de la grammaire.
On ne le rencontre encore que dans un nombre
limité de langues, il n'en est pas de plus remar--
quable. Il se place vers le commencement de l'évo-
lution.
Ce caractère de coricrétisme n'affecte pas le verbe
seul, nous allons le rechercher maintenant dans le
substantif et dans le mot de nombre et le pronom,
où il apparaît aussi net, mais où il est devenu plus
rare encore.
Du Substantif concret
Nous ne rencontrons le substantif concret que
dans deux langues, le groupe Algonquin, le groupe
Esquimau^ où nous allons l'étudier. On en trouve
aussi Tamorce dans le groupe Bantou.
a) Groupe Algonquin
'C'est dans le Cri que l'on découvre le substantif
concret en plus grand nombre. Il consiste dans
l'addition au substantif principal d'un autre substan-^
tif n'existant plus isolément dans le discours, et se
confondant indivisiblement avec le premier. Par
exemple ubuy signifie eau, mais ne s'emploie pas
en dehors de la composition; de là uskuten abuy,
eau de ïe\x,siw'abug, vinaigre; ayami-hen^ahuy , eau
bénite. Ce procédé ne se distinguerait pas de celui
de la composition si l'un des mots n'était pas devenu
un mot vide.
— 260 —
En voici des exemples. Il faut noter qu'ici le pro-
cédé n'est plus subjonctif et que le substantif déler-.
miné ne se lie point aux parties du corps ni à leurs
mouvements.
Khan signifie une chose artificielle ; pisim^ soleil,
pisim-khan^ wne montre ; a^'o-sisy enfant; awâsissi-
kkatiy poupée.
Kkavin, exprime Tadoption; nottàmg^ mon père;
n'ottawikkavin ^ mon père adoptif.
gan^ l'instrument ; masi nahike\Vy il écrit, masi-
na/u'gan^ le livre.
yan^ le poil de Tanimal; mustus-we^yan^ peau de
l^œuf.
egin^ le drap, Tétoffe, mikkwaw^ rouge, mikke-
vegin, drap rouge.
abuy, liquide ; colos-abuy, liquide des mamelles»
lait.
attik, le bois ; wask{^*ay^ bouleau, {\*askwa^yatiik,
bois de bouleau.
abiskj le fer, la pierre ; paskisigan^abisk^ fer du
fusil.
kamik^ habitation ; ayamihewi-kamik, maison de
prière, église.
b) Groupe Esquimau
mtV, habitant, sila^ la terre ; sila-miut, habitant
de la terre; kat, compagnon ; igdlo^katu. compagnon
de maison; kupak^ fente, kupa-kut^ la hache qu'on
met dans une fente ; mineky un morceau, kissa-
minek^ un morceau de bois ; igalak^ fenêtre, igala^
minek, morceau de verre; lok, grandeur, nintok, à
— 261 —
longues jambes ; ussuk^ semblable, inu-ssukj manne-
quin; ^cf/eA', Textrème en rang; kingu-^dtek, le der-
nier, sagdlek, le premier.
c) Groupe Bantou
Ce système est bien connu ; tous les substantifs
sont répartis en classes, ils sont précédés d'un
mot qui les range en un certain nombre de caté-
gories : objets ronds, êtres animés, végétaux,
objets doubles, instruments, animaux, noms propres
d'hommes, le temps, la mesure, les noms abstraits.
Ces préfixes sont classifiants; ils comprennent les
groupes suivants : 1" ka^ A:, ki, ko^ ku ; 2® t, tu, iin^
zin ; 3*" rf, Z, di, li, la\ 4"* /i ; 5** /?, />«, pi ; 6^ 6, ho,
hu\ 7® /w, ma^ mi, mu, mù, mo; ces préfixes, sont
des pronohis, maiâ probablement d'origine sub-
stantive et en tous cas, chacun a son sens classi-
fiant, distinct. Ce qui est remarquable, c'est qu'au
moins dans certaines langues, aucun substantif ne
peut s'employer sans ces déterminants.
11 y a donc encore concrétisme par surdétermina-
tion.
d) Groupe Caucasique
Le groupe Caucasique présente le môme phéno-
mène, mais plus effacé ; le principe est identique,
mais n'a qu'un emploi grammatical, les substantifs
se répartissent en sept ou huit classes^ mais le mot
indiquant la classe ne se préfixe pas au substantif
lui-même, mais aux autres mots en dépendant.
Par exemple, en Thusch, on distingue les êtres
masculins anthropiques, les êtres féminins, et les
^-\v
ri
11
— 262 —
êtres irrationnels au singulier et au pluriel, et cha-
cun se marque par un préfixe différent ; le substantif
ne pourrait pas s'employer grammaticalement, s'il
en était dépourvu.
Ce procédé du substantif concret est, comme
nous Tavons dit, tout lexicologique, il affecte le
mot avant son entrée dans la grammaire ; après
cette entrée, il faut signaler un concrétisme ana-
logue, cette fois grammatical, que nous avons
décrit ailleurs; le substantif souvent ne peut s'em-
ployer sans un possessif qui s'y agglutine, phéno-
mène très curieux en Nahuati, où on peut l'étudier
complètement.
Chinpis
Les déterminants sont nombreux, et différents du
déterminant numéral dont il sera question ci-après.
En v')îci des exemples : téou, chose ronde, solide,
unie : mou teoû , le bois; che-teou, la langue; je
léou^ le soleil \jen^ l'homme ; hia^ la secte; ya,, les
poissons; chou, les plantes; fAe les minéraux. Ils
sont postposés:
Annamite
L'annamite prépose, au contraire, les détermi-
nants. Nous renvoyons à (*otte langue au déterminant
numéral ci-dessus,
Birman
Nous nous bornons au nu*'me renvoi.
— 263 —
Égyptien
Les déterminants pour classer sont aussi très
nombreux dans le vieil Egyptien.
Du mot de nombre concret
Le déterminant numéral est un des phénomènes
les plus curieux de la grammaire, il vaudrait mieux
dire de la lexicologie. Il est impossible à beaucoup
de peuples primitifs de nombrer d'une manière
abstraite, de dire : un, deux, trois, etc. Quoi de plus
abstrait que le nombre, lorsqu'il ne se rapporte pas
à quelque objet? D'autre part, si le nombre s'ajoute
à un substantif actuel, il réveille en lui l'instinct
concret, et ce substantif devra se doubler d'un autre
plus général qui le classifie.
Le nombre dans beaucoup de langues doit donc
toujours s^unir à un classifiant substantif, ce dernier
est devenu un mot vide, ne peut s'employer isolé-
ment, c'est là sa caractéristique.
Le déterminant numéral existe en Chinois, en
Japonais, dans la langue de Nicobar.
Chinois
*
Les principaux déterminants numéraux sont :
1" kôy pour une personne dont on n'indique pas le
rang ; 2® tchik, pour les oiseaux, les quadrupèdes,
les navires, les parties du corps ; 3" tui, pour les
objets par paires ; 4** shwang^ id.; 5** pà = prendre,
pour les objets qu'on peut tenir avec la main, cuiller.
— 264 —
etc.; G® tchang, pour les choses étendues; 7° tchi^
pour les branches, pinceaux; 8^ thiao^ pour les^
objets longs et]minces; 9" kieUy espace, pour les cons^-
tructions; 10^ tio, siège, pour les temples, elr. ;
11" /o, passer, pour les portes, les ponts; 12" w//?, pour
(les grains, blé, sable; 13" /ir/, pour les groupes ;
14" kuan, pour les troupeaux ; 15" kliuai, pour les
morceaux; 16" i/n^^an, pour les choses rondes, etc.
Ces classificateurs sont au nombre de 78.
Voici leur emploi ; on les prépose au substantif
garni du mot de nombre. Ji khou zhin, une bouche
homme, pour un homme ; ji wei jù, une queue
poisson, pour un poisson ; jïmjau pà khi, un visage
blanc, drapeau, pour un drapeau blanc.
Japonais
C'est au Chinois que le Japonais a emprunté ce
procédé. On sait qu'il a une double série de mots
de nombre. C'est seulement lorsqu'il emploie celle
empruntée au Chinois qu'il se sert du déterminant,
jamais lorsqu'il emploie la sienne propre.
Voici quelques-uns de ces déterminants : 1" ha,
pour les oiseaux ; iti^ un, hibarij alouette ; hibari
iti'ha^ une alouette ; 2" haï, pour les tasses et autres
cécipients ; 3** kiki^ pour les animaux et les choses
allant par paires ; iima iti pikiy un cheval ; 4" hoiu
objet long et fin ; 5" haku, portraits ; 6" hiice, lettres;
7" A'fl, divisions du temps et de Tespace ; san go
niti, trois jours ; 8" kai^ pour les chapeaux et couver-
tures; 9" keriy pour les maisons; 10" mal, pour les
— 265 —
oI)jets minces ; 11** nin^ pour les personnes ; 12® ssou^
pour les navires, etc.
Nicobar
Yoang est le déterminant numéral des personnes;
tjouag^ celui des végétaux ishom yoang^payu^
hommes cent personnes); woûAîg^, des animaux do-
mestiques et des ustensiles de ménage; aniohy des
récipients ; donoe^ des embarcations ; lamiun^ des
morceaux de tabac; tah\ des pièces de monnaie,
étoffes, plaques ; /ow, des touffes de cocos ou de ver-
dure.
Voici un exemple de Temploi : shom yoang payii,
dix personnes hommes; lue noang nôt, trois pièces
porcs.
A if tu
Cette langue ne possède qu'une amorce de ce
processus. Le mot de nombre, lorsqu'il est enlployé,
non comme adjectif, mais comme substantif, se
sullixe un n, s'il s'agit de personnes, et un /?, s'il
s agit de choses: 1* shinc-n ou shine-p ; 2^ iu-n, ou
tU'p; 3" re-n ou re-p,
Samoan
Ici le procédé est plus développé ; les détermi-
nants numéraux sont: pour les poissons, /a//, feuille;
pour les cocos, ngat^a, pierre, pour les Tharos ,
mala^ œil^ pour l'arbre à pain, fua^ fruit.
. Voici des applications : laU angafalu o ia = dix
feuilles de poissons ; dix poissons ; ùa lima ngava
— 260 -.
niik, ici cinq pierres cocos ; ici sont cinq noix de
cocos ; mata ngafulu o talo, dix yeux de tare ; dix
taros.
Viti
Dans la langue mélanésienne de Viti, le système
est le même ; le mot {\*aga signifie pirogue et toln
trois, le déterminant numéral est sagai^ générique
pour toutes les embarcations, d'où waga sagaitolu.
trois pirogues.
C'est dans cette langue que se produit, à côté do
ce phénomène do concrétisme, le phénomène do
syncrétisme si curieux qui consiste à exprimer en
un seul mot et par une seule racine le nombre et
Tobjet nombre. C'est ainsi que buru signifie dix
cocos et tara, dix arbres à fruits, tandis que koro
signifie cent cocos et selavo mille cocos.
Annamite
Les déterminants numéraux les plus usités sont
cai, pour les choses, et con pour les êtres animés,
mais il y en a beaucoup d'autres.
Cette particule se place entre le mot de nombre et
l'objet nombre, ba câi bat, trois écuelles ; bôn-con-
c/V, quatre poissons ; hal tàm vàn, deux tables; sàn
ngôi sao, six étoiles.
Mais ici le procédé a une autre signification qui
nous fait peut-être toucher du doigt la véritable
origine du déterminant numéral.
Il n'est pas besoin qu'un mot de nombre inter-
vienne pour que le substantif se garnisse d'un dé-
terminant.
- 267 —
Ces déterminants sont très nombreux et forment
apposition. On joint au nom individuel un nom plus
générique qui le classifie. Aux noms de personnes
et d'animaux on ajouic kon^ enfant, ex. kon trâiy fils,
kon gai, fille, kon khjo^ chien ; kon-mao^ chat; kon
khjim^ oiseau, kon-ka^ poisson. Aux noms d'arbres
on ajoute //«/, arbre ; à ceux de fruits, irai^ fruit,
11 est permis de supposer que le déterminant
numéral aurait existé en dehors du mot de nombre,
et qu'il aurait été un procédé de concrétisme ap-
pliqué au substantif; de nombreux exemples semblent
l'établir dans les langues de l'Extrême-Orient. Plus
lard, ce phénomène se serait affaibli, et n'aurait plus
existé qu'en présence d'un mot de nombre, parce
que ce mot, étant abstrait, a besoin davantage d'un
point d'appui.
Birman
Le même phénomène avec le môme processus se
produit en Birman. Le déterminant numéral s'y em-
ploie,- même en dehors de tout mot de nombre, ce
qui revient à dire qu'il s'agit au fond d'un substantif
concret. Au lieu de dire un chien^ on dit chien-un-
animaly h lnveh-ta-cia. De môme : homme-un-corps;
lii'ta-haj; laung un animal, krah-ta-kaung ; oiseau-
iin-animal, nhah-ta-kaung.
(]e déterminant est pour les objets ronds ou cylin-
driques lôh; pour les livres, les lettres, traung;
pour les objets composés de choses pareilles/;^; pour
l»^s arbres, pang; pour les objets pointus, phjak ;
pour les objets en faisceau, thop.
268
Siamois
Ici le phénomène n'existe qu'en présence des
mois de nombre. Au* lieu de dire trois pr^tres^ on
dit : prêtres trois personnes bra-sàm^ông ; au lieu
de six poissons: poissons-six-queues, /?W hokhân.
Les déterminants numéraux les plus communs
sont : ông^ personne, pour les rois et les prêtres,
gol^ homme pour les autres, ^«'rt, corps pour les
animaux et le bois, han^ queue pour les poissons,
kon, morceau pour les pierres, etc.
Que le déterminant numéral puisse ou non se
ramener au substantif concret, il est certain que
dans plusieurs langues ce procédé a été favorisé par
le système d'écriture, et aussi par les homonymies
résultant du monosyllabisme. Il a bien fallu, pour
distinguer des racines qui avaient les significations
les plus diverses, employer un moyen diacritique*
consistant à adjoindre un second substantif par
apposition.
Mais cette cause ne peut être qu'adjuvante, car
les langues de TOcéanie qui emploient le procédé
y sont soustraites.
Du Pronom concret
Ce phénomène très curieux n'existe que dans la
langue des Andamans et n'affecte que le pronom
possessif; en voici la description :
Le pronom est préfixé au substantif qu'il déter-
mine et consiste dans un conglomérat qui comprend
les racines du pronom personnel, rf, ng^ /, au plu-
— 269 —
riel, m, ng^ Z, suivant les personnes, plus au sin-
gulier le suffixe ia^ au pluriel, le suffixe état pour
les deux premières personnes, et ùntat pour la troi-
sième ; par exemple, l""* pers. rf-i-â, 2* ng^ia^ 3" l-
la; au pluriel; l*"* m-ètat^ 2" g/a/, 3® l-Ontat.
Mais, s'il s'agit des parties du corps humain ou
des degrés de parenté, on emploie d'autres formes
qui varient, suivant chaque partie du corps, sui-
vant chaque parenté.
En ce qui concerne d'abord les parties du corps
humain, il existe sept classes :
!'• classe, ab, pi. at, elle s'applique au corps en
général, le dos, le coude, Testomac, le foie, etc.
2* classe, a/% pi. arat, elle s'applique à la jambe,
aux testicules, à la vessie, etc.
3* classe, à ka, pi. àcat; elle s'applique à la
bouche, aux lèvres, à la langue.
4* classe, ig, pi. itîg; elle s'applique aux yeux, aux
oreilles, au visage.
5* classe, ông-, pi. orot ; elle s'applique à la main,
aux ongles, au pied, etc.
6* classe, â/, pi. ôtot ; elle s'applique à la tôte, au
cerveau, à la nuque, au cœur.
7* classe, ôtô, elle s'applique h la taille, etc.
De même pour les noms de parenté .:
l'« classe, ab, pi. at; elle s'applique au père et à
la mère.
2« classe, ar\ pLaràt: elle s'applique au fils.
3® classe^ // Arfl, pi. akat ; elle s'applique au frère
cadet.
I
"t I
— 270 —
4" classe, 0^ pi. étal ; elle s'applique au filsadoplif.
5** classe, r//, pi. état; elle s'applique à Tépouse.
6* classe, ë6, pi. ebet ; elle s'applique au beau-fi*ls.
7* classe, sing. « et«, pi. ê/«^ ôntàt ; elle s'applique
au mari.
8*' classe, e/iy pi. a-et : elle s'applique au frère el
à la sœur aînés.
L'emploi est 1res simple, on joint à ces divers
déterminants l'indice de chaque classe, d'où les pro-
noms suivants :
1" personne suivant les classes des parties du
corps ; d>ab, d-ar, d-àka, d-tig, do-ong, d-ôt, d-ôto,
et au pluriel :
m^at^ m-arat, m-akat, ni-itfg, moiot ; m-ôtot. moi.
Il ne s'agit donc pas de formes différentes du |)ro-
nom qui reste partout rfau singulier et m au pluriel
de la l""" personne, par exemple, mais d'un déter-
minant ajouté qui s'intercale entre le pronom et le
substantif.
Ce qu'il faut remarquer aussi, c'est le caractère
subjectif que prend le procédé en se restreignan!
aux parties du corps humain et aux degrés de pa-
renté, idées subjectives par excellence. Ce caractère
s'approche de ce que nous avons observé en Dacotah
et en Algonquin pour le verbe concret.
Ainsi le concrétisme que nous avons trouvé dans
le verbe n'est pas particulier à cette partie du dis-
cours ; on le rencontre aussi dans le substantif, dans
le mot de nombre, dans le pronom lui-même, se
constituant de la même façon par l'addition d'un
— 271 —
déterminant qui lui sert de point d'appui et qui le
surdéterniine. Partout on retrouve en même temps
les vestiges du caractère subjectif qui accompagnait
le caractère concret. Enfin partout le phénomène
est lexicologique et non grammatical proprement
dit ; il afl'ecte le mot du discours, avant que celui-ci
n'entre dans le discours. Partout aussi, Tindice ajouté
est devenu un mot vide, n'étant plus ou prescpie
plus employé isolément, et il se l'orme pour Temploi
isolé un mot nouveau, ou plus exactement il se fait
un triage entre les doublets pour Tune ou Tautre
fonction. Dans Tadjectif seul nous n'avons pas
trouvé ce mode de concrétisme, mais l'adjectif est
une partie du discours détachée du verbe.
11 est à penser que les verbes concrets, comme les
autres mots du discours concrets, sont de formes
très anciennes, ou du moins, primitives. En tout
eas, ils constituent un des plus curieux phéno-
mènes du langage, et indiquent un état psycholo-
gique particulier, inconnu à nos langues modernes,
et même à toute la famille indo-européenne.
Raoul de la Grasserie.
Analytical Synopsis of the 542 forms of the
Verb in Si Mark's Gospel as translated by
Jean de Leiçarraga, 1571 {suite),
16. 11. Ella hec ençun cerateuean eccu... Iceux
ayans oiiy qu'il
CEDIN. 107. Ind: imp : s. 3* aux.
1. 9. Eta GUERTHA cecUii egun helan, El aduinlen
ces iours-la
1. 11. Eta voz-bat EGUiN cedin ceruëtaric, Adonc il
y eut vne voix des cieux,
1. 13. Ela EGON cedin han desertuan berrogu(\v
egun. Et fut là au désert quarante iours
1. 14.... ETHOR cerfm lesus Galileara,. . ., lesus
vint en Galilée,
1. 23. . ., eta oihuz iar cediuy. . ., lequel s'escria.
1. 26. Eta spiritu satsua hura çathitlric, ela
ocengui oihuz iarriric, ilki rerf//z harenganio. El
Tesprit immonde le desrompant, & s'escrianl à
haute voix, s'en sortit.
1. 35... lAïQUiRic iLKi cedin, eta ioan cedin leku
desertu balelara,. . ., s'estant leué, il sorlit, c^
s'en alla en vn lieu désert (llautin a omis le trail
après iai, à la (in de la ligne.
1. 40. Eta ETHOR cedin harengana sorhayobal. Et
vn lépreux vient à luy (L. traduit vint ,
1. 42. . ., bertan ioan cedin harenganic sorhayolas-
suna, ela cuahu cedin , . ., la lèpre se parlil sou-
dain de luv, & fut nettové.
- 273 —
1. 45. Baina hura iLKimcHks cedin anhitz gaiicàren
PUBLiCATZEN, cta beharquiarcn manifestatzen,
Mais iceluy parti commença à publier maintes
choses, & diuulguer Taffaire :
2. 1. Eta berriz sar cedin Capernaumen cembeit
egunen buruan, Quelques iours après il entra
derechef en Capernaum : (H. a mis Caperna à la
fin de la ligne.)
2. 12. Eta bertan iaiqui cedin, eta ohea harturic,
iLKi cedin gucién presentian : Et iceluy soudain
se leua, & ayant chargé son lict, il sortit en la
présence de tous :
2. 13. Eta iLKi cedin berriz itsas aiderai : Adonc il
s'en alla derechef vers la mer :
2. 15. Eta GUERTHA cedin, Et aduint
2. 23. Eta GUERTHA cedin, . . Et aduint
3. 1. Guero sar cedin berriz synâgogân, Puis il
entra derechef en la synagogue,
3. 5., eta haren escua bercea beçain senda cedin.
(H. a mis escua,) & la niain luy fut rendue saine
comme Tautre.
3. 7. Baina lesus bere discipuluequin retira cedin
itsas alderàt : Mais lesus auec ses disciples se
retira vers la mer :
3. 13. Guero igan cedin mendi batetara. Puis monta
en vne montagne,
3. 20... : eta berriz gendetze handibat bil cedin,,.. :
& derechef vne multitude s'assembla,
4. 1. Guero berriz has cedin iracasten itsas
bazterrean : eta bil cedin harengana gendetze
handi, Puis il commença derechef à enseigner
18
:n
..': >■
.*-••
I
4 •
*
I
- 2r\ -
auprès de la mer, v^t grande niullitude s'assembla
vers liiv :
4. l\. . ., ereillebat ilki cec/în kkeitkra. . ., vu se-
meur s en alla pour semer : 11. a mis ereitara.
4. 4. Eta GLEiiTHA cedin khkitean, Et aduint qn en
Semant,
4. 5. EVàhevce jjartebat khou cedin leku harriruet-
ara,. . . : eta hertan ilki cedin. L'autre clieul en
lieux pierreux,. .. , & soudain elle se leua,
4.6..., EHHE cedin : . . . , eyhah cedin . . . , elle fut
haslee :, elle deuint sèche.
4. 7. Eta berce parlebat euoh cedin elhorri arlera,
Et r autre cheut entre les espines :
4. S. Eta bereea eror cedin lur-onera, Et l'autre
cheut en bonne terre^
4. 37. Orduan altcha cedin\và\Ci} buhumba handi-
bat. Lors vn grand tourbillon de vent se leiie,
(L. traduit 56^ leud],
■\. 3î). . . Orduan cessa cedin haicea, eta Iranqni-
litate handi e(;iin cedin. , . .Lors le vent cessa, &
fut faite grande tranquillité.
5. 13..., etaoLDAR rer///M'rdaldea gainetic hehera
itsassora llautin a mis, elaol-)...: & le troupeau
se rua du haut en bas en la mer,
5. 20. lOAN cedin bàda, (»ta iias cedin predicat/kn
Decapolisen ... Il s'en alla donc, & coniniencn
à prescher en Decapolis
5. 21 . . ., populu handi ril cedin harengana,
5. 22. Eta hunâ, v.twow cedin ... bat.
Lors voici vn . . ., vint :
5. 24. Eta lOAN cedin lesus harequin,
M
2fO —
lésas donc s'en alla auec luy,
5. 27. Hura lesusez minçatzkn* ençumc, KXHort
cedin gendetzean guibelctic, Icelle ayant oiiy
parler de lesus, vint en la foule par derrière,
4. 29. Ela bertan vgor ce(/in harenodol ithurria :
Et incontinent le flux de son sang s'estancha,
5. 3iî. Eta einaztea bklduhiuc eta ikarahic, ...,
hiTHOH cediii, Et la femme craignant & tremblant,
. . . , vint,
T). viS.Gucro ETHOH cedin ... Et vint
5. 42. Eta bertan faïqh cedin nescatchà, Et in-
continent la fillelte se leua,
6. 1. Guero parti cedin liandic, eta ethor cedin
bere herrira, Apres il se partit de là, & vint en
son païSj
Cy, 2..., HAS cedin synagogân iracastkn, . . ., il
commença à enseigner en la synagogue :
6. 7. . . ., eta has cedin havén igorten birâ : . . .,
& commença de lesenuoyer deux à deux,
6.46..., mendira w\y cedin othoilz eouîtkra.
..., il s'en alla en la montagne pour prier.
6. 48 ... etagauiirenlaurgarren veilla irian ethor
cedin hetara, ... : &enuiron la quatrième veille
de la nuictil vint à eux
6. 51. Orduan igan cedin hetara vncira: eta sos-
SEGA cedin haicea : A Jonc il monta en la nasselle
vers eux, & le vent cessa :
7. 24. Eta handic iaiquiric ioan cedin Tyreco eta
Sidongo comarquetarât : Et se leuant delà, s'en
alla aux marches de Tyr et de Sidon :
7.31. Guero partituric Tyreco eta Sidongo
-276 -
(jiioarteretaric, ethor cedin Galileaco ilsassora.
Decapolisco comarquén arteaz. Et estant départi
derechef des quartiers de Tyr & de Sidon, il
vint à la mer de Gatilé par le milieu des quar-
tiers de Decapolis.
7. 35..,, eta lâcha <■«//« liaren mihico etchequi-
dura. . . . , & le lien de sa langue fut de^iiié,
8. 10. Etaberlan vnciraSARTHURicbere discipulue-
quin, ETHOR cedin Dalmanutha bazierretara. El
incontinent il monta en vue nasselle avec ses
disciples, & vint es quartiers de Dalmanutha.
8. 13. Eta hec vtzihic, vncian berriz sabthuhic
iHAGAN cedin berce aidera . Et quand il les eut lais-
sez, il rentra en la nasselle, '& passa à l'antre
riue .
8. 22. Eta ËTHOH cedin Bethsaidara : De là vint
en Beth — salda,
8. 25. . . : eta senda cedin, ... : & fut restitué:
8. 31. Eta tt.Ks cedin hayén iracasten. Et se print
à les enseigner
9.2, , . ,, eta THAXSFiGLBA cedin. hayén aitzinean.
. . . , & fut transfiguré deuant eux ,
9. 7. Ela KGUix cedin hodeybat. , . : etaETH0Bcc(/("
vozbat hodeyetic, Et vne nuée vint ... : puis de
nuée vint vne voix.
9, 15. Ela bertan gendetze gucia, hura iklssihic.
si'ANTA cef///ï.- Et incontinent toute la multitudo
le voyant fust estonnee,
9. 26. Eta spiritiin oihu ecuimc ela bura gaizqui
ÇATHiCATUBiCj iLKi ccdiii: ela kaourra hila beça-
LACA cedin , Et Tesprit en s'escrîant & le des-
- 277 —
rompant bien fort, sortit : & Venfant deuint
comme mort,
9. 27..., eta iKiqvi cediu. ...,. &il seleua.
9. 33. Eta ETHOR cedin Gapernaumera : Apres il
vint en Capernaum :
10. 1. Guero handicPARTiTURic, ^iwo^cedin ludeaco
aldirietara lordanaren berce aideaz : eta berriz
gendetze mi. cedin harengana: Puis estant parti
de là, il vint es quartiers de ludee par \q chemin
delà le lordain : & de rechef multitude de gens
s^assembla vers luy,
10. 14. . ., FASGHA cedin . . . , il se fascha,
10. 22. Eta hura faschaturic hitz hunez, ioan
cedin tristeric: Luy contristé pour re mot, s'en
alla marri :
10. 28. Orduan Pierris h as cedin hari erraitkn,
Hunà, Adonc Pierre luy commença à dire, voici,
10. 47..., HAS cedin oihu eguitkn eta erraitkn,
. . . , commença à crier, & dire,
10. 50 , lAïQUiRic ETHOR cedin lesusgaua. . . . , il
se leua, & s'en vint à lesus.
11. 7. . . ., eta lAR cedin haren gainean. . . ., & il
s'assit dessus.
11. 11. EtasAR cedin lerusalemen lesus, eta temp-
lean:... ilki cedin Bethaniaràt hamabiequin.
Ainsi lesus entra en lerusalem, & au temple:...,
il sortit /?0M/' aileron Bethanie auec les douze.
11. 12. . .^ GOSSE cedin. .... il eut faim.
11. 13. Eta vrrundanic ikussiric ficotze hosto-
dunbat, ethor cedin eya ... Et voyant de loin vn
figuier qui auoitdes fueilles,il y 2\\dL pour voir ^^\\
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11. 15...: ela lesus teinpleaii sahthuric. iivs
cerfm . . . campora egoizten, ... : & quand lesus
fut entré au temple, il se print à ietterhors
11 . 19. . . , iLKi cedin lesus hiritic. . . . , lesus sor-
tit de la ville.
12. 1..., eta camporat ioA?i cedin, ..., & s\mi
alla dehors.
12. 28. Eta ETHon cedin Scribetaric cembeil, her
DISPUTATZEN ENÇUNic , Et quelqu'vn des Scribes
estant venu là, qui les ayant ouy disputer
ensemble,
13. 5. Eta lesus, ..., h.vs rcr/m erraitex, lesus
leur respondant commença à dire,
14. 3...,ETHOH cedf/i emaztebat ..., arriua vno
femme
14. 10. Orduan ludas Iscariot hamabielaric bat
ETHOR cedin . . . Adonc ludas Iscariot, vn des
douze, s'en alla.
14 . 17. . . , ETHOR cedin hamabie(|uin. . . . , il vint
auec les douze.
14. 33 ..., eta nx^ cedin icitze?^, eta guciz kki-
CHATZEN. . . ., adonc il commença à s'espouuan-
ter, & estre en extrême angoisse.
14. 37. Guero ethor cedin. Puis il vint,
14. 41. Eta ETHOR cedin herén aldian. Puis il vint
pour la troisième fois
14. 43 ETHOR cedin ludas, . . . , Iudas( . . . )vint,
14. 66. . ., ETHOR cedin . . . nescatoetaric bat: ....
vne des chambrières . . . vint.
14. 68. . . Eta iLKi cedin (H)rralerat, . . . I.ors sorlit
hors au portail.
t
— 270 —
14. 69. Eta nosratoa berriz hura ikussiric, has
cedin . . . erraitkn, Et quand la chambrière Teut
veu derechef, elle se print à dire
14. 71. Orduan hura has cedin maradicatzen eta
AR>*KGATZEN, Lors il comiueiica à se maudire, &
à iurer,
14. 72...: eta orhoit cedin Pierris ... hitzaz,
. . .': & il souuint à Pierre de la parole
15. 8. Eta oihuz iarriric populua has cedin
ESCATZEN ... Et le peuple s'escriant se print à
demander
15. 28. Eta coMPLi cedin Scriptura... Ainsi fut
accomplie TEscrilure
15. .*W..., ilhunibe eguin cedin lur giiciaren gai-
nean bedratzi orcnelarano. (llautiu a omis ce
point.)..., il y eut ténèbres faites sur tout le pais
iusqu'à neuf heures.
15. 38. Eta templeco velâ erdiua cedin bi çalhitara
garait ic behererano . Et le voile du temple se
fendit en deux, depuis pn haut iusqu'au bas.
15. 43..., AUSART cedin Pilatgana sartzera, ..., s'en-
hardit de venir à Pilate,
10.19. ..., goiti cerurât altcha cedin^ eta ixixcedin
laincoaren escuinean. ..., il fut esleué en haut
au ciel : & s'assit à la dextre de Dieu.
CEG0ELA.8. I. q. cegoen avecélision du n avant la
participial, parfois auxiliaire.
2. 15...,Iesus haren etchean mahaineaii iarriric
CEGOELA, ... lesus estsut assis à table en la mai-
son d'iceluv,
5.5... oihuz CECiOELA, ..., criant.
i
— 280 —
9. 24, Eta bertaii' liaour aitâ<- oihuz cBGOELA...Et
iiicoiitinoiit le père de l'enfant s'esrriant.
12. 41. Eta lesusec triincoaren aiirkân lARHiHit:
rEr;oKL\, Aussi lesus estant assis vis à vis An
tronc,
13. 3. Eta lAiiRiDic cGGOELA Oliitat/.rtaoo mi'mliaii
te 111 j) le are II aurkàn. Et comme il [estoit assis an
mont des Oliiiiers vis à vis du temple,
14. 3. . . eta mahainean i.^itHtKic ceuoela, ... romin<;
..,, & estoit assis .i table,
14. 06. Eta Pierris hcliereeo salàn cegoew. Et
comme Pierre esfoit en la cour en bas,
14. 67... Pierris behotze?; cegoei.a. ... Pierre »iiii
se chaiitfoit,
CEGOEiX. 6. Ind; imp: s. .3* v. i. int : egon, parfois
aux:
3. 32. Eta lAnHinic cegoes haren ingiiruàn gendet-
zea. Et la multitude estoit assise à l'entour de
luy :
6. 6. Eta inii-az cegoén hayén incredulitateagatic.
Et s'esnienieilloil de leur incrédulité,
10. 46.... iJartimeo Timeoren semé îtsua cegoe>
lAKRiRic, bide bazterrean, esquez: .,., vnaueiigU'
dit Bar-timée, c'esià dire, fils de Timee, estoil
assis auprès du chemin, mendïoit.
14,54...: eta ckguen iarriric cerbitzariequin
& estoit assis auecr les sei-uiteurs,
14. 61. Baina hura ichilic cecoen. Mais il se taisoil.
15.39. ... haren aurkaii CEGOES Centeiierac. (ici il'
— 281 -
n final joue le rôle du relatif nominatif çz/^) Et le
Centenier qui estoit là vis à vis de luy,
GEGOENA, 1. I. q. c€goen;n rel : dérl. : nom:
intr : aux :
15. 43. ETHORRiRic loseph Arimatheacoa, con-
seiller OHORATUA, hura-ere laincoaren resumaren
BEGUiRA CKGOENA, loscph d'Arimalhee honneste
conseiller, lequel aussi estoit attendant le règne
de Dieu,
CEGVIOTEN. 1. Ind: imp: pi : 3- r. s. r.i. s. v. ir:
act : eguin,
8. 22 ...,eta othoitz CEGUioTEN, ..., & le pria-on
CEGVITÉN. 1. Ind : imp : pi: 3» r. s. eguin.
14. 50. Orduan hura vtziric haren discipulu gu-
ciéc ihes ceguitén. Adonc ses disciples le delais-
sans^ s'enfuirent tous.
CELA. 31. I.q. cen avec élision du n devant la par-
ticipial et conjonctif.
1. 10. Eta bertan ilkiten cela vretic. Et soudain
comme il montoit hors de l'eau,
1. 13. ..., TENTATZEN ceZfl Sataucz i ... estant tenté
de Satan :
1, 35. ..., Guero^ goicean oraino ilhun handia cela
Et au matin qu'il estoit encore fort nuict,
2, 1. ... ecen etchean cela. ... qu'il estoit en la
maison.
2j 14. Eta vrruti iragaiten cela^ Et en passant
outre,
3, 21 ..., çoRATU cela . ..., qu'il estoit hors du sens.
1. Taadis que daas ce verset L. traduit guero par et, il reud sou-
vent />ui« par eta au lieu de guero, Ë. g. plus haut, 14,41.
- 282 —
4, 10. Ela bera CKLA, Or quand il fut à part soy,
5. 29. ... SENDATU cela plaga harlaric.
... qu elle esloit giiario de ee (leau.
5. .']5. Orairio luira mincu) re/rt ... Liiy eiieoro par-
lant,
6. (). .*.., iHACASTKN Alu celû . ... enseignant.
(). 20. ..., KÇAGiTURic ecen hwTdiceLa guiçon iustoa
eta saindua, (L'original a cela).,,, seachant qu'il
estoit homme iuste c^ sainct:
G. 49 ... fantosmabat cela ; . . . que ce fust vn fan-
tosnie :
6. ."iS ..., non CKLA hura ..., hara , ..., là où ... qu'il
esloit.
7. .'50 ... deabrua ilki re//ï, ... le diable eslre sorti.
8. 31 ..., (»cen RKiiAii cela ... qu'il ialloit (llaulin a
mis ce à la fin de la lignei.
9. 25. Ela iKUssiuic lesusec» ecen populua lasterca.
ELKARGANAT/KN ccUi , Ht quand lesus vid que le
peuple s'amassoit ensemble,
9. 26 ... ecen HiL cela, ..., 11 est mort.
10. 17. Eta luira ilkiten cela,, ., Et connue il sor-
toit
10. 47. : eta hura lericotic ilkiten cela ,,,:&, Inv
se partant de lericho
10. 40. Eta KNçtNic ecen lesus Nazareno cela,
Et ayant ouyque c\stoit lesus de Nazareth.
11. Il ... : eta gauca gucietara inguru «EiiATiHic,
eta ia beranuia^ cela ... : & quand il eut
1. Il est probable qu<» ce mot soit proche parent de bchererano
que nous avons vu plus haut. H est tard (casiillan tar(h) qusLtid le
soleil arrive en bas du ricl. Cf. lifraiimn (P. d'Urte, Htàrlday c. 30,
V, 42).
— 283 —
tout regardé de tous coslez,& que desia il estoit
tard,
11. 32. . . loannes cguiazco Propheta içan cela.
. . . lean auoir esté vray Prophète.
12. 35. . ,, teniplean iracastkn ari cela,
. . . enseignant au temple
13. 1. Eta ILKITEN cela teinpletic, Et comme il se
partoit du temple,
14. 3. Eta lesits Bethaniàn Simon sorhayoaren et-
chean cela. . . Et comme il estoit en Bethanie
en la maison de Simon le lépreux,
14. 43. Eta bertan, hura oraino minço cela, Et sou-
dain comme il parloit ejicores,
14. .54. . ., BKROTZEN Cela su bazterrean. . . ., & se
chaufToit au feu.
15.21 ..., landetaric heldv cela^ ... (lequel ve-
noit des champs
15. 44. . . HiL cela qu'il estoit mort.
16. 4... harria aldaratia cela: la pierre estre
roiilee: )
16. 11... ecen vici cela, ... qu'il viuoit,
CEM bat. 4. I. q.^'e/j, aux: avec // rel : nom: devenu
m avantTarticle indéfini bal,
5.22. ... synagogaco principal lairus deitzen
cc/;/bat, . . . vn des priilcipaux de la synagogue
quiauoit nom lairus,
1. 32. , . gor nequez mixço cemhsit, , . . vn sourd
begueyant :
15. 7. . . Barabbas deitzen r^///bat . . . vn dit Barab-
bas,
15, 21, . , bideazco Simo!i (]vreniano deitzen cem-
<?■■:
«f
f. '
j
t
A-
■S:
I t
— 284 —
bat, (Hautin a mis deitzen) . . . vn certain pas-
sant, nommé Simon Cyrenien
CEN. 45. Ind: imp : s. 3® verbe p'oss : et aux: (Le
n finalise fond parfois dans le n rel : ou conj: )
1. 4. BATHEYATZEN ARi ceii loannes desertuan, lean
estoit baptizant au désert,
1. 5. Eta lOAiTEN cen harengana ludeaco herri
gucia eta lerusalemecoac: Et tout le païs de ludee,
& ceux de lerusalem alloyent vers luy,
1.6. Eta CEN loannes veztitua camelu biloz, eta
larruzco guerrico bâtez bere guerruncean inguru,
Or lean estoit vestu de poils de chameau, &
d'vne ceinture de cuir au tour de ses reins:
1. 13. . . : eta cen bassa bestiequin, ... : & estoit
auec les (l'original a le) bestes sauuages,
1. 21... eta bertan Sabbath e^w/iea/i sarthuric
synagogàn, iracasten ari cen. . . : & tost après
au iour du Sabbath estant entré en la syna-
gogue, il enseignoit.
1. 23. Eta CEN hayén synagogàn guiçombat^..
Or en leur synagogue estoit vn homme
1. 33. Eta iri gucia borthara bildua cen. Et estoit
toute la ville assemblée à la porte.
1. 45..., baina lekorean leku desertuetan cen.
. . ., mais estoit dehors es lieux déserts :
2. 3... laurez eramaiten cen paralyticobat.... vn
paralytique qui estoit porté à quatre. (L'original
^ovie porte),
1. Pour le cbaogement de n âual en m qui arrive souvent chez
Leiçarraga, comparez le latin in qui devient im en composition, et
TO{jL TixTÉpa dans l'inscription grecque de Karatasch en KiAtxîa. Cf :
cembat; orcmbaiy &c, dans cet Évangile.
— 285 —
2. 4... lesus CEN etche gaina, (n final ici devient *
le n relatif signifiant où, dans laquelle), . . le
toict du lieu où estoit lesus
2. 13... : eta populu gucia ethorten cen haren-
gana, ... : & tout le peuple venoit à luy,
2. 26. Nola sarthu içan cen launaren etchean
Abiathar Sacrificadore principalaren demboran:
Comme il entra en la maison de Dieu, au temps
d'Abiathar principal Sacrificateur,
3. l,.., eta CEN han guicombat..., & là estoit vn
homme
4. 1... : eta pop-ulu gucia ilsas costan leihorrean
CEN..., Se tout le peuple estoit a terre auprès
de la mer.
4. 15. . . hayen biholzetan erein cen hitza. {n final
jouant le rôle du rel: nom: qui) ... la parole
semée en leurs cœurs.
4. 36... CEN beçala: ... ainsi qu'il estoit
5. Sommaire 25 Odol lariatzez eri cen eniaztea,
(ici le // final devient le // rel: nom:) 25 La
femme ayant le flux de sang.
5. 5. Eta bethiere egun eta gau mendietan eta
thumbetan cen... Et estoit tousiours de nuict
et de iour es montagnes et es sepulchres,
5. 11. Eta CEN han mendi aldean.. . Or y auoit-
il vers les montagnes
5. 14. ... iKUSTERA cer eguin içan cen, ... pour
voir ce qui estoit aduenu.
5. 21. . . , eta cen itsas bazterrean. . . & estoit près
de la mer.
5. 25. Eta emaztebat cen . . . Ory auoit-il une femme.
' * _ ♦
Kr'
1
M'
— 286 —
5. 26. . ., baina (;aizcoatuago icafi cen. ... ; ains
plustot estoit allée en empirant :
5. 30. Eta bertan lesusec bere baithan eçacu-
TLRic harenganic ilki Içan cen verthutea, n
final = n rel : nom:) Et soudain lesus cognois-
sant en soy-mesme la vertu qui estoit sortie
de soy, (L'original porte sorli).
5. 36. . . .EHUAiTEN cen hilz haur (/? rel : nom :). . .
ceste parole qui se disoit,
5. 42. . . : ecen bamabi vrthetacoa cen :
... : car elle estoit aagee de douze ans.
6. 14... (ecen haren icena cen famatua! ... (car
son nom estoit fort renommé).
6. 47..., vncia cen itassoaren erdian, eta hura
bera leihorrean. ..., la nasselle estoit au mi-
lieu de la mer, & il estoit seul sur la terre.
7. 26. (Eta emaztea cen Grec, nationez Syropln*-
nissiana). . . (Or ceste femme estoit Grecque, Ho
nation Syrophenissienne:)
7. 35..., eta minço cen claroqui. ..., & parloit
droitement.
8. 1. Egun hetan, gucizco gendetze handia ce>'
beçala, [n conj : avec beçalà). En ces iours-la
comme il y auoit fort grande multitude,
8. 32. Eta claroqui propos hunez minçatzen ^r/^
Et disoit cela ouuertement. (L. ne traduit point
cela).
9. 6. Eta cer MINÇO cc/^.. Or ... qu'il disoit:
9. 20..., eta lurrera eroriric iî^aulzcatzen cen
* . . : & estant cheut à terre, se tournoit W»
&là
. I
— 2S1 —
0. .*Î4..., cein ckn berceac baino liandiagoa.
Ilautin a mis ccn), . .. I(H|ueI estoitlv plus grand.
(L. traduit le plus-grand que les autres,
10. IV2... : e»la hayéii ailzinean ioitkn cen losus,
. . . , & lesus alloit deuaiit eux :
11. 17. Eta iHACASTKN ARi ceu. Et (Miseignoit,
11.30. loan esen baptismoa ccMulic ckn, ala gui-
roiuîlaric? Le Haplesinc de lean estoit - il du
ciel, ou des hommes ?f|[. amis ijuieo à la fia de
la ligne.)
14. 1. CKN bada Ba/.coaren eta ogui altchagarri
gabeeoen bestâ bi eguuen buruitn : Or dciw
iours après estoit la feste de Pasque & des pains
sans leuain :
15. 7. Eta CKN ... pri^sonér seditionero lagune-
quin, Et y en auoil . . . lequel estoit prisonnier
aucc ses complices de «édition,
15. 26. Eta CKN harencausaren inscriptionea A////e7rt
scKiBATi A, ivDVKN HKCiVKA. Et Tescriteau de son
crime estoit ainsi escrit, Lk Roy dks Ivifs.
15. 39..., Eguiazqui guiçon haur laincoaren
Semea ckn. . . ., Véritablement cest homme es-
toit Fils de Dieu.
15. 46... arroca batetan kbaquia jckn monumen-
tean : ici le // final es le rel: nom:) . .. dedans
vn monument qui estoit taillé en vu roc :
15. 47. . . non kçartkn cen, . . . où on le mettoit.
16. 4. . . : ecen guciz handia cen. . . . i car elle es-
toit fort grande.
CEXA. (). I. q. cen^ avec // rel: décl: nom: intr:
& ace : {na = lequel).
V* -
1*'
A..
•S :
^ .^ •
>.
I
; V
«1
— 288 -
5. 15... DEMONiATu îcan cena iauriric eta vezti-
TURic eta CENÇATURic, . . . ccluy qui auoit esté
tormenlé du diable, assis & vestu, & de bon sens:
5. 18... DKMO^iKTV içan cena. , . le démoniaque
5. 33. . . hura baitlinn eguin œa/i cena,
ce qui cstoit fait en elle,
6. 14. . ., loannes batheyatzex ari cena,
. . ., Ce lean-la qui baptizoit,
6. 52. . . oguiéz eguin içan cena: (L'original porte
eguin içan cena:) . , , le faict des pains :
7. sommaire 32 Gor eta inotftel cena sendatu.
32 Le sourd et bègue guari,
CENAZ. i, I. q: ceîi verbe subst: avec /« rel : déd:
médiatif défini, complétant le sens de ^//e/or.//r.
[naz = par le temps que).
15. 41. Eta hec, Galilean CENAZ gueroztic. ... Les-
quelles dés lors qu'il estoit en Galilée,
GEXDVTEN. 1. Ind : impipl: 2° r. s. aux: act:
9. 33..., Cer bidean ihardlquiten cenduten
elkarren artean ? ..., Que disputiez vous par le
chemin entre vous ?
CENE AN. 25. Id quod cen, aux: avec n ve\: e euph:
décl. : déf: (nean =^ quand,)
1. 14. Eta loannes hatzaman içan cenean. Or
après que Jean fut mis en prison.
2. 25..., eta gossetl cenean bera eta harequin
ciRADENAC ? ... quaud ..., & qu'il eut faim liiy
& ceux qui estoyent auec luy?
4. 6. Baina iguzquia goratu cenean^ Et quand le
soleil fut leué,
4. 35...,ARRASTt' ceAtefl'/î, ... quand le vespre fut venu,
— 289 —
4. 39. Eta iRATZARRi cenean, ... Quand il fut
esueillé,
5.2. Eta iLKi cenean vncitic, Et quand il fut sorti
de la nasselle,
5.4. Ceren anhitzetan cepoz eta cadcnaz estecatl
içan cenean^ ... (Hautin a omis cette virgule.)
Pource que souuent quand il auoit esté lié de
ceps et de chaines,
5. 18. Eta hura sarthu cenean vncira, Et quand
il fut entré en la nasselle,
5. 21. Eta IRAGAN cenean lesus vncian berriz berce
aidera, Et quand lesus fut derechef passé à
l'autre riue en vne nasselle,
6. 2. Eta ETHORRi cenean Sabbathoa, Et quand le
Sabbalh fut venu,
6. 21. Bada egun carazcoa ethorri cenean, Mais
vn ioar opportun estant venu,
6. 22. Eta sARTHLRic Merodiasen alabâ dançati
cenean^ Et que la fille d'Herodias fut entrée, &
eut dansé,
6. 47. Eta ARRASTU cenean. Et le soir venu,
7. 17. Guero etchean sarthu cenean populutic
RETiRATLRic, (L'original porte retiraturic,) Et
quand il fut entré en la maison, s'estanl retiré
du peuple,
7. 30. Eta lOAN œan cenean bere etchera, Et quand
elle s'en fut allée en sa maison,
0. 28. Eta etchean sarthu cenean. Mais après
qu'il fut entré en la maison,
9. 33. ... : eta etchera cenean, ... : & quand il
fut venu en la maison.
19
— 290 ~
9. 35. Eta lARRi cenean. Et quand il fut assis,
11, 19. Eta arratsa ethorri cenean^ Et le soir fut
venu, (on a omis quand ,
14. 17. Eta ÀRRASTU ceneafiy Et le soir venu,
14. 45. Eta EtiioRRi cenean^ Quand donc il fut venu,
15. 42. (Hautin a mis 24) Eta arrastu ccNean (El
le soir estant venu
16. 1. Eta Sabbathoa ira(;an ceneati. Quand le
Sabbath fut passé,
16. 2. . . ., iguzquia ia ilki cenean, (Hautin a omis
ce point.) . . ., le soleil estant ia leué
16. 9. Eta lesus reslscitatu cenean. Or quand
lesus fut ressuscité.
CENIC. 2. I. q. cen aux: n rel : décl: partitif en
apposition avec le nominatif et Taccusatif.
4. 8. . . fructu GORATZEN eta handitzen ceniv^ (ace.
du fruit, montant croissant
5. 11... vrdalde handibat alha cenie. (nom: ...
vn grand troupeau de pourceaux qui paissoit.
CENTVZTEN. '2. Ind : imp: pi: 2- r. pi: aux: ad:
8. 19... cembat sasqui çathiz beteric altchatv
centuzten .^ . . . , combien recueillistes- vous de
paniers pleins du résidu ?
8. 20... cembat sasqui cathiz betheric altchati
centuzten ? . . ., combien auez-vous recueilli de
corbeilles pleines du résidu des pièces de
pain?^[L, ne traduit pas ni résidu ni de pain*
mais seulement de pièces),
ll.es citations françaises dans cet ouvrage se trouvent dans la
Sainctc Biblo, Lyon.M.D.LVI. L'exemplaire du Musée Hrttanoique
porte la cote r. Q3. cl. 8.)
— 291 —
Revue de Linguisiiciue tome XXX (1807)
P. 314. 1. 22. encuadernador;!. 26 Aurresquitu.
P. 315. 1. 5. Asmazailia. 1. 20. Ërelixinoia.
P. 316. 1. 12. Arazauba 1. 23. abarrasca. 1. 25. Babi-
jaquia.
P. 317. 1. 10. Lo mesmo es. I. 14, Comunidad. 1. 15.
Escano. h 32 bascuenze es enfatica.
P. 318. 1. 1. peut-ôtre casla 1. 7. Allimarra 1. 9.
Begiiitaunia. 1. 28 Jaiozaarra.
P. 319. 1. 17. llamado 08colonxa(?08cotonoa). 1. 27.
peut-être V^radaguana.
P. 321. 1. 22. peut-ôtre Failia. 1. 32. Curso.
P. 322. 1. 5. Propio^ 1. 25. Duda, 1. 28. mismo.
P. 323. 1. 18. Partizaguia. 1. 24 Ajoutez « Sicosa de
carne, ô semejante^ Jaquija. 1. 29 Caloquia.
P. 324. 1. 4. Epistola,
P. 325. 1. 5. de Mots Basques 1. 6. Salaherry ^ publi-
cation de 1. 8, seinte 1. 13. p. 145 de.
Reme de Linguistique tome XXXI (1898)
P- 35. I. 13. blackberry plutôt que cherry, p. 36.
I. 5 his brothers descendants,
P. 37. 1. 15. Bascuenza 1. 22 : cein 1. 26 ahortze :
iautzi 1. 29 hilitaric : igan içan da 1. 30 Jainco
'• 31. gucitacoaren escuinean 1, 33. iugeatzera
1.34. baithan : 1. 35 saiiidu 1. 36 : sainduen 1. 37.
bekaturen 1. 40. inffernisuara p. 39. 1. 24 thèse
interesting.
P' 41. 1. 9. de manera, M. le D*^ Arthur Farinelli,
dinnsbruck, le savant auteur de « (luillaume de
— 292 —
Humboldt et TEspagne « (Paris, 1898), m*a écrit an
sujet de Ganaza mentionné dans les dialogues de
Micoleta (1. 3. 98) « Ganaza non poivebhe essere il
famoso comico Italiano che fu verso la meta del
1500 in Ispagna ? Era a^ suoi tempi popolarissimo » :
et 21. 3. 98 « Ganassa n'a rien écrit. Ce n était
qu'un employé d'une compagnie théâtrale très
célèbre. »
P. 126. 1. 7. hura,
P. 127. 1. 8. 8. 33..., ly 27. 5. 23. 1. 28. Les deux
points : sont une faute de P. Hautin. Voyez les
versets 45 et 47 du même chapitre. '
P. 128. 1. 20 véritable.
P. 129. 1. 8. demanderas, 1. 13. avant es-insérez ?
1. 15. Dieu. 1. 24, bénit?
P. 130. 1. 8. arrière : 1. 11. ALBEILEGUITE.
P. 131. 1. 4. aquiL
P. 133. 1. 24. séparer itsas et gainez.
P. 134. 1. 5. ba ÇABILAN : 1. 9. elkarrequin.
P. 135. 1. 12. secretuaren sans virgule. 1. 31. BEGl'I-
RA çaitezte Pharisenén.
P. 31. 1. 11. Galilée : BEGUIRA çaitezte Phariseuén.
P. 136. 1. 13 sainduaz. 1. 19. çaituztenearij (Hautin a
omis cette virgule). 1. 27. après 17 insérez 'Hautin
a mis 27). Supprimez 8.
P. 137. 1. 3. avant noizdrano insérez? 1. 15. sépare/
ican et caizcan.
P. 138. 1. 3. gaucén 1.12. demandans. L 30. PUE-
SENTATU.
P. 139. 1. 20. Ajoutez « L'emploi de cer quoi 9iu lieu
de certan avec le verbe intransitif est notable.
— 293 —
Log^iquement ari est actif. On pourrait dire que cer
est Yaccusativus respectûs, » 1. 29. guciéz, 1. 14. tor-
mentez-
P. 140. 1. 7. ÇARETEN, I. 12 [nac I. 17. discipulu-
ac. 1. 24. CARRE YON. Il faut accentuer Fô.
P. 141. 1. 1. paubrey. I. 5. ÇATOZTE.
P. 142. 1. 19. çayôn 1. 23 ÇA YON, 1. 24. Après
ÇA YON insérez (Hautin a oublié d'accentuer Pô.)
1. 24. ajoutez « Cf. : çaizcan, 11, 18. et temor à la
escuadra Espafiola [La Epoca, 15 de Myo^ 1898)
et les Sermons de P. Astarloa^ (Bilbon, 1818),
tome 2, p. 164. *Mundu onetan pobre izatiari
deutse bildur, eta ezteutse bildurric betico infer-
nubetan pobre, villox, eta ecerbere bagaegotiari*.
= They are afraid of being poor in this world,
and they hâve no fear of remaining without
anything, at ail, and naked and poor in hell for
ever.
P. 143. 1. 3. guiçon 1. 4. au lieudegorputz gorputz
Visez gorputz 1. '24. ajouter (Hautin a omis le trait
après ba à la fin de la ligne).
P. 144. 1. '21 après ceçan insérez (Hautin a omis le
trait après ce à la fin de la ligne).
P. 145.1. 26. teste. 1. 6. pasde virgule. 1. 18. prison
sans point
P. 146. 1. 13. EGUINIC, 1. 29 rat BEHATURIG
P. 147. 1. 8. spirituac 1. 12 après nigarrequin insérez
(Hautin a omis le trait après nigar à la fin d'une
1. Fraacisco Mugerza, éditeur de Tolosa, a fait imprimer quelques
parties d'une nouveUe édition de ces beaux sermous. Il ferait bien
<1« la terminer.
(/3 VW
ir.
il
. ■ ^*
^^
^
— 294 —
ligne). 1. 15. Tesprii. 1. 16. HARTURIG, 1. 22...
ERRAN ceçan,...
P. 148. 1. 13. ajoutez (L. traduit le seruiteur), l. 15.
serviteur: 1. 17. HAUTSIRIC 1. 22. grâces, le &.
1. 23. burua. avec • au-dessus du a.
P. 149. 1. 23. oillarrac 1. 24. EGUIN. 1. 19. Baina.
P. 150. 1. 17. ITZULIZ. 1. 14 pas de point.
P. 151. I. 4 médiatif. Ajoutez nez=z autour de, c'esl-
à-dire pour voir. Si se rend par eya,) 1. 26. avoir
laissé.
P. 152.1. 6. Eta GOITI ceçaten 1.7. arratnetarir.
P. 153, 1. 17. après bideren insérez (Hautin a omis
le trait après bi à la fin de la ligne). 1. 24. luéc.
P. 154. 1. 1. HUTSIC. 1. 3. TRACTATURIC. I. 4.
bifTez TURIC. 1. 6. séparez HIL et ceçaten :
P. 155.1. 21..., eta 1. 24et26 VEZTI
P. 156. Ajoutez à la fin 16. 11. Eta hec ENÇIJN ceça-
tenean eeen... Iceuxayans ouy qu'il.
Messieurs les Étudiants feraient bien de se procurer
le volume qui porte la cole 3. b. dans la Bibliographie
de la Langue Bas(fue (Paris, Maisonneuve, 1891), c'est-
à-dire ï Evangile de mini Marc extrait du Nouveau-
Testament Basque. Nos citations françaises se trouvent
dans le volume qui porte la cote c. 33. d. 8. au musée
Britannique, c'est-à-dire La Saincfe Bible, A Lyon, par
«
Sébastian Honorait. M. D. LXVI. Ce volume appar-
tenait à la Reine Élizabeth d'Angleterre. La reliure qui
est ma^^nifique porte son portrait entouré des mots
i /
— 295 —
Elizabbth DeiGratia Ang. Fra.n. et Hib. Hegina,
et sar l'autre côté son écossson avec les mots Dibt et
MON DROIT, entouré de la citation Biblique POSYI
DEVH ADIVTOREM MEVM et portant la date M. D.
LXVIII an fond. Ceux qui ne connaissent pas biep
le Français de Calvin n'ont qu'à consulter le Diction-
naire de t Ancienne Langue Française par Frédéric
Godefroy, Paris, 1884.
L'imprimeur Pierre Hautin a omis les traits à la fln
d'une ligne dans les versets de cet f^^angile que
voici :
I. 24 ba â7 bai 30 bel 35 iai 11 . 1 . Caperna, 3ekar
Hbai 18dis19gen.31 ga 36 Abiâ7 guiçonaga 111.8
han 33 voron IV. 8 ce 13 receM bon 20 du .32 ha V. 2,
ber VIII. 31 ne 31 ce,prin34di 33 gai IX. 2 men 16
di 18 cam 42 lu 43 di 49 sacri 30 an X. Sommaire te
X. 1 ber 14 enga 17 9ere 20 ma 23 | a XI. 1 men 4
bi 12 B 14 secu 13ero27 Sa 30 guiço XIV. 63 arro 4
hi 12-24 erpaitaquiz XV. 1 prin. Scri 1 2 ci 29 bu 34 le
leo magda 44 hu XVI sommaire min 1 aroma 2 etbor
7 ga8 ci 9 ma 19 ci 14 a 16 salua 20 gu.
'.;
u ■
*'*■
r .
-1
PIÈCES HISTORIQUES
DE LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE
EN FRANÇAIS ET EN BASQIE
J'ai publié dans celle Reme (tome XXX, p. 147-
177 et p. 196-215), un document basque formant
une sorte de catéchisme, qui est devenu infinimenl
rare, et qui remonte à l'époque du concordat. Sans
titre, lieu, ni date, la brochure, comme indicatioD
d'origine, porte seulement la signature Beaumont.
J'ai découvert, depuis, une brochure française qui,
sans être le prototype complet de la plaquette basque,
est évidemment un extrait ou une réduction de ce
prototype. Elle a 12 p. rognées et mesure 133 mm.
sur 112 (les pages ont 129 sur 80) ; elle porte au bas
de la dernière page cette note : « A Pau, chez Véro-
NÈSE, Imprimeur-Libraire ». En haut de la première
page est une vignette religieuse, puis vient ce titre :
(( Instruction | de la jeunesse, | par demandes et par
réponses, | ou précis | des connaissances nécessaires ».
A la p. 10, après un double ûlet, on trouve une
partie séparée : « Questions sur l'utilité et l'avantage
qu'un État peut retirer de l'exacte observation de la
Religion », composée de huit questions et réponses
terminées p. 12, lignes 4 et 5, par le mot « Fin » et
— 297 —
In signature «par Andrey». Puis, au-dessous d*un filet
double, on lit : « Approbation des Docteurs. — Nous
soussignés, Docteurs en Théologie, de la Faculté de
Paris, certifions avoir lu ce petit Livre, dans lequel
nous n'avons rien trouvé de Contraire à la religion et
aux bonnes mœurs. — Donné à Paris, le 21 sep-
tembre 1802. — Signes (sic), Cantal, Fleury, Beau-
mont ». Au-dessous, vient un fleuron formé d'em-
blèmes religieux et au-dessous encore ta rubrique de
rimprimeur.
Quel peut être ce Beaumont?
Quoiqu'il en soit, si nous comparons la brochure
française et la brochure basque, nous constaterons que
les deux dernières pages de la première ne se trouvent
pas dans la seconde ; qu'en revanche la seconde partie
du basque. (haurren instruccionea « l'instruction des
enfants ») n'a pas son correspondant en français où le
petit préambule relatif à l'empereur Adrien manque
également. Ceci fixé, de la p. là la p. 10, la bro-
chure française contient soixante-deux demandes et
réponses qui forment, avec treize autres intercalées,
toute la première partie basque.
En comparant le texte de ces soixante-deux de-
mandes avec ma traduction des correspondantes
basques, je relève les principaux corrigenda sui-
vants :
P. loi, I. 13 : comment s'est fait.
P. 153, 1. 1 : comment peut-on entendre.
— 298 —
Là: soit un seul.
1. â!4 : abstenons-nous du travail.
1. Sd : le samedi.
P. 155, 1. 213-24 : où il ne pleut jamais ou rare-
ment.
P. 157, L2 : la moindre chose.
!• 7 : leur désir.
I. 8 : bienheureux.
I. 9-11 : heureux, mais bienheureux ceux
à qui Dieu ne laisse faire leur volonté
en ce monde et qu'il corrige par l'ad-
versité.
1. 27 : son arche.
P. 159, 1,22: sept.
P. 161, 1. 5 : (il n'y a pas de huitième raison).
1.8: choses les plus agréables.
1. 9-10 : et l'abstinence du péché.
1. 14: larron.
1. 16 : le premier
1.20: a bâti la
\. 22-25 : ruines, ruine.
P. 163, 1. 6 : formé.
1. 7 : formé du limon de la
1. 8 : formée.
1. 15 : l'affaire la plus importante.
L 22 : vivre conformément à ce qu'elle
prescrit.
1. 25 : un Rédempteur.
— 299 —
P. 165,
P. 167,
P. 169.
P. 171,
P. 173,
. 1 : terre l'espace de quatre.
. 5 : 5815 ans.
. 13 : immoler son fils.
. 18 : les vies.
.19: que Tinsensé qui dit dans son
cœur qu'il.
.2 : exterminer.
. 8 : quelle famille.
. 10 : dix écus.
. 23-24 : n'avait jamais eu .
. 26 : sur le bord.
. 1-2 : où... relui, reluira.
, 5 : depuis la création.
. 9-10 : les ténèbres étaient répandues.
. 11 : soleil, loin d'être couché.
. 19 : supportée.
. 22 : le succès de cette .
. 24 : telle qu'il se trouva à Jérusalem
des mères qui-
. 4 : et c'est dès lors que.
. 13 : le nombre des.
. 23-24 : qui se Qt baptiser.
. 2 : été suscitée par.
. 1 : du temps même des .
. 3 : voulait se faire passer.
. 5 : il fut terrassé par saint Pierre à
Kome.
On aura pu remarquer que quelques-unes de ces
;m*
V.
:
il
. ]
z r
— 300 —
variantes répondent à des erreurs de traduclion que
j'ai commises ou à desimpies coquilles typographiques.
Voici d'autres smlah\escorrtgenda :
P. 151, 1. 4 : cet enfant, qui n'avait que dix ans,
était appelé.
P. 153, I. 8-9 : car il avait créé le monde.
P. 161, 1. 1 : ce même jour-là.
P. 163, I. 21 : savoir la religion.
P. 177, 1. 2 : toucher. Le corps est
P. 201 ,17: quand ils n'eurent pas pu activer.
P. 303, 1. 5 : un engrais qui le met dans la con-
dition de porter.
I. 21 : l'eau fait se séparer l'air et tombe.
J. V.
i#
' I >'
BIBLIOGRAPHIE
Pœlik. Naturlehre der Dichtung. Von Kurt Bruch-
MANN. — Berlin, Hertz, 1898. In-8% vj-406 p.
Cet ouvrage ne rentre que fort indirectement dans
le cadre de notre lievue, puisque, — nous en devons
la remarque à Tauleur même (p. 372), qui se ren-
contre ici avec une des obser\^alions de mes Ànti-
nomies, — la perfection intrinsèque d'une littérature
ne parait pas dépendre du caractère grammatical de la
langue qui lui sert d'instrument. Et toutefois elle ne
saurait s'en désintéresser; car, pour quiconque s'est
pénétré une fois du principe de l'évolution, la litté-
rature n'est an fond qu'un stade plus élevé de la
parole parlée; et, du cri-réflexe, qui a exprimé les pre-
mières sensations de l'humanité, à la poésie la plus
raffinée d'un Heine ou d'un Shelley, il n'y a qu'une
différence de degré, non de nature. C'est pourquoi
M. K. Bruchmann, qui n'en est pas à ses débuts
dans ce domaine, a pu écrire un livre de critique lit-
léraire longuement médité et supérieurement informé,
et le faire précéder des considérations les plus natura-
listes sur les origines du rythme, de l'assonance,
deraliitération, de la rime, des figures de mois et de
K
pensées, de tout ce qu'on se représente ordinaire-
Tiietit comme le vêlement sonore cl chatoyant de la
poésie et qui est en réalité la poésie elle-même, cd
l;int que la poésie n'est qu'utie manifestation du lan-
g:i!,'e et que le langage ne peut non plus se passer de
rythme et de métaphore. . . que dis-je? que le langage
humain tout entier, depuis ses plus humbles origines
jusqu'à son plus splendidc épanouissement, n'est
d'un bout à l'autre de son évolution que métaphore
eu ses acceptions et rythme dans ses sons.
Une partie générale, où il analyse finement ces élé-
ments primordiaux ; une partie spéciale, où il en con-
Juit l'application à travers lesdivers genres, lyrique,
épigue etdramatique : tel est l'ensemble de l'ouvrage
de M. K. B., agrémenté de citations de poésies, soit
allemandes, soit exotiques, dont quelques-unes sont
vraiment exquises et font honneur â son goût; voir
notamment le petit poème de huit ou seize vers de la
|i. 70. Une telle œuvre ne se résume pas. Je la ferai
mieux connaître en notant, au hasard de la lecture,
l<?s Impressions qu'elle m'a suggérées.
P. 13 : parmi les origines de la danse, il ne faudrait
pas oublier la mimique de l'amour sexuel, encore si
visible, malgré les déguisements que lui a imposés
la pudeur, dans les pas dansés par couples en vis-à-
vis que conservent, entre autres, l'Auvergne et la
Bretagne.
P. 26 et 28 : la loi des X II Tables elle-même, au
- 303 —
dire de Cîcéron, était un carmen, c'est-à-dire tout au
moins une prose rythmée, parfois allitérée ou asso-
nancée, et je me trompe forl s'il n'en est des Bràh-
manas de l'Inde antique comme du Cursus pontifical
actuel ; la conservation par tradition orale d'un aussi
formidable corps d'ouvrages ne s'explique que par
on adjuvant mnémotechnique.
P. 38 : le vers français décasyllabe à césure après
la 6"" syllabe est aussi ancien que le même vers à
césure après la 4% et il y a longtemps que j'ai
expliqué l'un et l'autre, respectivement et dans cette
Revue même, par l'hephthémimère et la penthéml-
mère.
P. 59 : je ne sais s'il nous faut tant déplorer de ne
point posséder tout l'œuvre de Sapho; elle vit, ei
vivra éternellement, dans les quelques purs dia-
mants qu'elle nous a laissés, et surtout dans les trois
stances 7rotxtX66pov'... qui sont peut-être ce que l'an-
tiquité a réalisé de plus parfait ; c'est assez pour sa
gloire, et, si nous en avions davantage, qui peut dire
que notre impression n'en serait point gâtée?
P. 74 : la citation de Musset par tome et page de
ses œuvres n'est pas suflTisanle ; tout le monde n'a
pas cette édition sous la main, et il faudrait ajouter
le titre de la pièce pour le lecteur soucieux de se
reporter aux sources.
P. 90 : le « Nous l'avons tous vu » de V. Hugo
(dans 4814) ne mérite pas un point d'exclamation ;
* I < -
n
— 304 —
tout ce que le poète veut dire, c'est qu'à la naissance
du roi de Rome on a tiré le canon des Invalides, et
que tous les Parisiens d'alors, — y compris lui. qui
avait neuf ans, — en ont été témoins; et rien n'est
plus simple que cette idée.
P. 176: les caractères essentiels de l'épopée sont
parfaitement définis; mais il en est un sur rorigine
duquel on ne saurait trop insister. L'épopée esl née
du mythe naturaliste : elle n'est autre chose qu'une
série inconsciente de mythes célesles transportés sur
la terre : de là son cachet d'impersonnalité. Car, si
l'on conçoit que le poète raconte impersonnellement
des aventures qui lui sont fournies par une tradition
immuable et précise, à bien plus forte raison en est-il
de même de faits naturels auxquels aucune volonté
ni imagination humaine ne saurait rien changer. En
somme, dire qu'Ulysse, après mille dangers, retrouva
Pénélope, cela revient à dire que le soleil, la nuit
écoulée, vient s'unir à l'aurore; et il ne se peut pas
de constatation plus impersonnelle. Naturellement il
en faut dire autant du héros qui tue le dragon (la unit
ou l'orage), qui retrouve l'eau de Jouvence (la rosée',
et de tous les thèmes épiques en un mot (p. ISIl
Pas un incident des vraies épopées ni des vrais conle^
n'a été invmté.
P. 246 et 237: en parlant séparément du théâtre
osque et du théâtre populaire italien, il faut ajouter
que l'un procède de l'autre et que la commedia delï
— 305 —
arte laisse encore reconnaître les types grotesques
de l'antique atellane.
P. 279, I. 14: P. Gringoire n'a pu écrire que
^ rimes françoises », non «françaises ».
P. 285 : Marivaux est plarcé sensiblement trop bas ;
à mes yeux, c'est notre premier comique après
Molière, et en tout cas il laisse bien loin derrière lui
Regnard, qui n'est qu'un amuseur, et Lesage, qui
n'a écrit qu'une comédie sérieuse.
Et, comme après lui je placerais Beaumarchais, je
veux avouer que j'ai été déçu de ne pas lire (p. 360),
la spirituelle citation de sa préface qui eut été tout à
fait en situation : « Et si le hasard n'eut pas conduit
ce jour-là le barbier Figaro dans cet endroit (sous
le balcon de Rosine où se morfondait Almaviva), que
devenait la pièce?... Alors, il n'y aurait point eu de
pièce, ou, s'il yen avait eu, elle aurait été ditTé-
renle. » Et vraiment c'eût été grand dommage.
Mais M. Bruchmann n'a que faire d'autorités pour
établir les thèses qu'il sait partout énoncer et
défendre avec un égal bonheur.
V. Henry.
20
Mailual c dtossario deila liiujua indoslana o urdii,
|ier Cititiillo Tauliabue, professore di lingu» indos-
iwwà del U. Istituto OrientuI in Napoli. fîoma, tif).
ilella Acad. dei l.iricei, 1898, iii-8°.(v)-288-(ij) (>■
(loirie t de la collection scolaire de l'Institut Oriental
di! iNaples).
Je ne veux pas examiner ici si ce livre est bon ou
mauvais, s'il répond ù son but ou non, si les phrases
sont bien ou mal choisies, si les traductions sont mé-
diocres ou excellentes. Je ne me préoccupe que de
siivoir si, dans l'état actuel de la science du langage,
un pareil livre est nécessaire ou même seulement
utile cl, â cette question, je réponds : non, sans
hésiter. Ce n'est plus ainsi que l'on doit enseigner
iitu' langue.
£n linguistique, et même en linguistique pratique,
comme, hélas! .en philosophie, en politique et en tout
c(< qui concerne l'humanité, — car tout se tient, ou,
comme disait Jacolot, tout est dans tout, — nous
constatons laluttede deux conceptions diamétralement
iipiiosées.l'ancienneet la nouvelle, qui procèdent l'une
ilii principe d'autorité, l'autre du principe de liberté.
Pour l'une, il convient d'aller de haut en bas. d'or-
ilotmer, de prescrire, de conduire fermement; pour
l'autre, ii faut seulement faire rélléchir. aider, guider
doucement. Et pour en revenir à l'enseignement des
langues, pendant de longs siècles, on s'est imaginé
qui' II! meilleur moyen de faire apprendre à quelqu'un
— 307 —
m
une langue étrangère était de lui mettre en mains une
grammaire pleine de règles et de préceptes compli-
qués, présentés dans un ordre conventionnel et factice,
sans lien entre eu\ et dont on ne donnait point la
raison d'être, puis un cours de thèmes « gradués »
avec un vocabulaire spécial. La version n'était consi-
dérée que comme un exercice accessoire ayant pour
principal résultat de faire écrire en bon français. Ce
procédé avait le grand inconvénient d'ennuyer l'élève
et de fatiguer le maître; les progrès de l'étudiant
étaient fort longs jusqu'au jour où, étant parvenu à
force de travail à savoir assez de mots pour déchiffrer
seul un texte^il pouvait aller de l'avant sans s'embar-
rasser de l'empirisme grammatical.
Aujourd'hui, nous partons de cette idée qu'il faut
avant tout laisser à l'étudiant la plus grande somme
possible d'initiative, j'allais dire de responsabilité. Il
faut le laisser marcher à peu près seul, en se contentant
de le guider et de lui donner les conseils de l'expé-
rience. iVous lui mettons entre les mains une gram-
maire réduite à son minimum, c'est-à-dire exposant
uniquement les éléments simples du langage métho-
diquement classés suivant leur nature originelle ou
leur fonction, et une série de textes que nous lui
faisons lire, que nous lui apprenons à analyser et
d'où il doit déduire lui-même les fameuses règles.
La version, ou plutôt la lecture des textes, devient la
base de tout le travail, et le thème, texte purement
-308 -
imitatif, n'est plus que l'application de la théonequ'on
s'est formée, que la justîflcation de la science acquise.
L'étude devient relalivement agréable, intéressante,
aisée et rapide.
Pour apprendre n'importe quelle langue, il n'est
besoin que de deux ou trois tableau:^ des formes grani-
malicales, un dictionnaire de celle langue, enfin et
surtout un texte; et l'idéal serait d'y ajouter une
bonne traduction française de ce texte. En 1876,
j'ai voulu traduire en français VEuai tur la lariyuc
hasifue écrit en hongrois par M. Fr. Kibary, profes-
seurs à l'Université de Buda-Pesl. Qu'ai-je fail pour
y arriver en peu de temps? Je me suis procuré un
petit dictionnaire magyare français et une grammaire '
in;igyare quelconque; j'ai commencé par lire cette
ij'rnmmaire, la plume à la main, et j'en ai résumé la
partie essentielle (déclinaisons et conjugaisons) et\
deux ou trois tableaux. Puis, je me sais attaqué au
texte, Le commencement a été pénible ; Je sens général
se détachait difficilement des mots rapprochés ; dè.«
la dixième page, tout était plus clair; à la cinquan-
tième, le travail devenait facile; a la un, je traduisais
presque à livre ouvert.
Tant il est vrai qu'il n'y a qu'une méthode et que lu
méthode, c'est tout. 1
Julien ViHsoN.
— 309 —
Précis de Logique évoluttonniste, l'entendement dans
ses rapports avec le langage, par Paul Regnàud. —
Paris, F. Alcan. 1897, pet. in-8^(ivHv-2i5 p.
Après avoir longtemps cherché, j*ai dû renoncera
analyser cet ouvrage qui forme un bloc compact et
qu'on ne pourrait résumer sans lui ôter une partie de
sa valeur. La logique ou Tart de penser n'est pas
autre chose en effet que l'histoire du développement
du langage ; et il ne faut pas oublier que le mot logique
est un dérivé du mot logos. (Vestpar le langage et par
lui seul qu'on peut comprendre les conditions intel-
lectuelles diverses de Thomme. On ne peut pas
séparer le langage de la pensée; l'entendement et les
signes vocaux par lesquels il se manifeste sont sou-
mis aux mêmes lois dont la logique est le tableau
général.
Ces idées ne sont pas nouvelles ; elles ont été plus
ou moins clairement émises par plusieurs philo-
sophes ; je ne citerai ici que Condillac, dont l'admi-
rable langue des calculs commence par ces mots:
<( Toute langue est une méthode analytique, et toute
méthode analytique est une langue. Ces deux vérités,
aussi simples que neuves, ont été démontrées, la
première dans ma grammaire et la seconde dans ma
logique; et on a pu se convaincre de la lumière qu'elles
répandent sur l'art de parler et sur l'art de raisonner,
qu'elles réduisent à un seul et même art. »
m-
• ,
— 310 —
Le livre comprend cinq parties : les conditions du
raisonnement, les catégories logiques, le raisonnement :
SCS auxiliaires et ses jn-inci pales formes, amphiholofjies
et erreurs verbales, les erreurs logiques et les sophisines .
La première s'occupe surtout des signes du langage,
de la nomenclature, de la classiflcation et de la pro-
position. Voici comment M. Regnaud définit la logique:
« la science qui traite d'une manière générale de l'ori-
gine, de la valeur et de l'usage des signes vocaux ou
du langage ». On sait que M. Regnaud donne au lan-
gage articulé, sinon comme origine, du moins
comme antécédent, le cri qui, « en tant que signe,
est devenu tacitement conventionnel par Tétroilesse
et la constance de sa relation avec la sensation dont il
résulte »; d'ailleurs « la diversité des sensations amena
nécessairement des vaiiations du langage, des modi-
fications du cri naturel inconscient ». Les premiers
mots, si l'on peut s'exprimer ainsi, furent des
espèces de substantifs signifiant ta qualité ou l'atlribiU
par lequel était alîecté l'être vivant. Puis, l'éveil de
la conscience individuelle amena le développement
ultérieur du langage, qui a procédé du genre uni-
versel au genre général, puis au genre particulier et
enfin au nom commun.
A VA\ propos, M. Regnaud cite un passage de
BulTon où l'illustre naturaliste expose que les hommes
ont dû nommer indistinctement arbre un chêne, un
hêtre, un tilleul, un sapin, un pin, un if; qu'on aura
.i:
— 311 —
ensuite inventé deux mots, un pour les trois premiers et
un pour les trois derniers. Comment se fait-il donc
que, dans beaucoup dn langues, les termes généraux
manquent ? En basque, par exemple le mot arftrc n'existe
pas. M. Regnaud répondraitpeut-êtrequele mot arbre a
pu prendre un sens particulier; Tinverse ne se pro-
duit-il pas dans le langage courant en France où beau-
coup de personnes appellent par exemple sapins tous
les résineux ?
Dans la quatrième partie, à propos de l'homonymie
et de la synonymie, M. Regnaud donne une fois de
plus d'intéressants exemples des oscillations signifi-
catives des mots à sens vague : le latin ienuis appa-
renté à lener et à tenax. yariant de «ténu, délié à
<( étendu )).et le grec coxù; allant de u aigu » à « vio-
lent )^ Dans celte mémo partie, iM. Regnaud traite
des i< mythes », c'est-à-dire de désaccords primitifs
entre le mot-signe et la perception ou l'idée signifi-
cative, d'erreurs verbales érigées en traditions. J'aime
â rappeler à ce propos une remarque intéressante de
M. Louis Ménard : « C'est comme si on disait que
Toxygène est un débauché, parce qu'il s'unit à tous
les corps » .
La dernière partie est uniquement consacrée à
réfuter la récente brochure de M. V. Henry dont j'ai
rendu compte ici même (t. XXX, 1897, p. 185-195).
M. Regnaud résume ainsi qu'il suit l'ouvrage de
M. Henry: « Thèse : La linguistique est une science.
V :yfil
'i\
r->
h'>^
I. 't
'$V
— 312 —
Antithèse : Mais une science qui ne peut rien nous
apprendre. Synthèse: C'est apprendre quelque chose
que d'apprendre, qu on ne sait rien ».
Pour conclure, je crois avec M. Regnaud à la sûreté
de la méthode positive et de la doctrine évolutionniste.
J. ViNSON.
Littérature orale de l'Auvergne, par Paul Séôillot.
— Paris, J. Maisonneuve, libraire-éditeur, 1897.
In-8^ de (viij)-xj-343 p.
Ce volume qui forme le trente-cinquième de la
Collection des Littératures populaires, est un recueil
f fait de seconde main (et je prends ce mot dans son
acception naturelle, sans qu'il implique dans ma pen-
sée ni blâme, ni critiqne, ni méQance) par notre colla-
borateur P. Sébillot, qui est un maître enTespèce. Il
a mis en ordre les divers morceaux authentiques qui
ont été publiés à diverses époques et les a fait suivre
d'excellentes notes el d'observations intéressantes. Le
volume est divisé en deux parties, qui se terminent
par un index alphabétique très soigné.
La première (p. 1-238) comprend cinquante-quatre
« conleset récils», la plupart courts, classésà peu près
dans l'ordre suivant : contes religieux, histoires de re-
venants, récits relatifs au diable, au drac, aux lutins,
aux fées, aux impies, aux loups-garous. Parmi les
références, M. Sébillot aurait pu rappeler certains
- 313 —
contes basques que Webster, Cerquand ou moi avons
publiés; mais il est évident qu'on ne peut pas tout
dire. — Le drac est évidemment « le dragon, le ser-
pent, le heren suge des Basques ». •
La seconde partie (p. 239-329) comprend les chan-
sons (douze, y compris des « bourrées ») avec la mu-
sique notée, les devinettes au nombre de quarante-
sept et où j*ai retrouvé entre autres celle du lacet de
corset que j*avai$ recueillie dans le pays basque, et
enfln le « blason populaire», expression que je n'aime
point du tout parce qu'on ne la comprend pas sans ex-
pllcation. Passe pour « littérature orale » si Ton ré-
pu^rne à l'anglais fotk-lore, mais le « blason populaire 1
M. Sébillot entend par là les dictons qui caractérisent
plus ou moins malicieusement les gens de certains
pays ou de certains villages : « Gascon larron,
» Clermont le riche, Riom le beau, » etc. Est-il exact
de comparer ces formules, plus ou moins justes et ra-
rement admises par ceux auxquels on les applique, à
des armoiries et à des devises héraldiques? Je ne le
pense pas. J. V.
>. OuELLiEN, Breiz, poésies bretonnes. — Pay^s,
i. Maisonneuve, 1898, pet. in-8^ iv-161 p.
Ces poésies sont charmantes et elles ont été écrites
avec un art infini. Mais ce qui m'a le plus frappé dans
(•e livre, c'est la lettre-dédicace, véritable préface, où
Fauteur atlirme d'abord loriginalité de l'esprit breton
Wfw
M.'r;'
* ■
^V
<
M
VA
— 314 —
et écrit ensuite celte proposition que « le paliiolisme
sort des mêmes hauteurs que le culte de hi fomme».
Sur le premier point je serais volontiers sceptique.
Le mirage de la langue toute spéciale du pays,— ell^s
Basques peuvent en tirer argument mieux encore que
les Bretons, — entraîne facilement à cette conceplion
d'une race à part, de mœurs particulières, decon-
tumesindépendantes. Or, lorsqu'on serre les choses d(^
près, on s'aperçoit vite que cette prétendue originalité
repose sur des détails de peu d'importance et que tous
les paysans de France : Bretons, Basques, Gascons.
Berrichons, Picards ou Lorrains, ont «des âmes d'en-
fants », une naïveté qui n'est en somme que de l'igno-
rance, une pudeur tout extérieure et qui passe vile,
une religion essentiellement ininleiligente et gros-
sière. Ce qu'il y a de vrai, c'est que l'isolement des
paysans dans le labeur quotidien, dans la grande paix
delà nature, mène fatalement à ce mysticisme vague
qu'on prend volontiers pour du sentiment et qui nesl
au fond qu'un simple état de stupeur, de demi-som-
meil, de rêve éveillé.
Quant au patriotisme étroitement lié au culte de la
femme, on se rappelle la vieille formule : Mon dieu,
mon roi, ma dame. iMais qu'est-ce que cela prouve?
Le respect de la femme est le résultat d'une évolution
logique d'idées conduisant de la brutalité libidineuse
à la pitié, à la reconnaissance, à l'admiration de la
maternité. Que de peuples, même relativement supê-
i^
— 315 —
rieurs, chez qui la femme n'est encore considérée que
comme un instrument de plaisir, comme une ma-
nœuvre commode, comme un être secondaire à l*égal
duhœuf ou de la vache! Le christianisme, qui pré-
tend avoir relevé h femme par le culle de la Vierge,
Ta considérée en réalité beaucoup moins bien queTan-
liquilé païenne : c'est un être inférieur et imparfait,
un instrument de perdition, une cause perpétuelle de
péché. Je n'insiste pas.
Mais qu'il est donc agréable dé faire et surtout de
lire de jolis vers !
J. ViNSON.
VARIA
I. —Le Langage des Plantes
C'est aujourd'hui le jour où les Parisiens souhaitent la fèk à
toutes les personnes aimées qui s'appellent Marie.
Nous n'avons pas de prédilection pour ce prénom qui nous vient
du christianisme.
Beaucoup de femmes le portent à Paris et autres lieux.
Mais ce prénom n'est pas le seul qui charme. Et il serait facile
de le remplacer par beaucoup d'autres, ~ aussi agréables à entendre.
—et qui ne sentiraient pas la sacristie.
Nous n'en voulons que les quelques preuves suivante :
France^ Francia, Franclne^ qui sont des noms français ;
Dina, Lia< Sarah, Rachel, qui sont des noms bibliques;
Yelva, Nadèje, Lividia, Ziéna, qui sont des noms russes;
Fatma, qui est un nom turc.
Et tous ces noms qui plaisent autant à l'oreille que ceux de
Pétronille ou de Cunégonde, — célèbres de par le calendrier gré-
gorien, lequel les traite de saintes, ~ n'ont guère cours chezoons,
pendant que le nom de Marie y est très répandu, grâce aux efforts
cléricaux. •
En attendant que cette tendance disparaisse, il nous faat bien
sacrifier au nom que portent tant de nos lectrices vierges comm^
leur patronne ou bien mères de famille.
-- Nous croyons donc bien faire en donnant quelques conseils^
ceux qui ont aujourd'hui des fleurs à offrir, car il faut faire son
choix et approprier la plante à la personne.
Si vous ète^ absent, envoyez de l'absinthe.
Si vous êtes constant* c'est l'amarante qu'il faut offrir.
Avez-vous contiance? C'est l'anémone qui convient.
— 317 —
Voaiez-vous vous marier? Un oranger en fleurs.
A votre belle-mère^ vous ne pouvez offrir qu'un oranger en
fruits.
Le bouton de rose s'offre sans prétention à une jeune fille, ainsi
que le lis blanc et la p&querette.
La capucine est le feu d'amour, ainsi qcie le dahlia orange. La
fougère, sincérité. La gentiane tout ce qu'il y a de plus brûlant :
elle oe le cède même pas sur ce terrain à l'héliotrope.
La giroflée ne veut pas dire grand'chose. L'hortensia est le sym-
bole de l'indifférence.
L'iris blanc, symbolise l'ardeur, et le jasmin blanc la passion.
Voulez-vous reprocher sa perfidie à quelqu'un? Offrez-lui du
iaarierou du mancenillier.
Les mousses sont l'amour maternel et le mûrier blanc est
la sagesse.
Nous n'avons pas btîsoin de parler du myrte, ce symbole des
feux les plus ardents.
Le nénuphar est l'inverse du myrte.
L'œillet signifie un tas de choses, toutes bonnes, à part le vio-
let, qui marque l'aversion.
Quant aux roses, on en a abusé. Selon leur nuance, elles
peuvent signifier depuis amour jusqu'à infidélité. Offrez-en donc
tant que vous voudrez sans vous préoccuper de ce qu'elles veulent
dire. (La Lanterne, 15 août 1880.)
II. —- Le Langage oratoire
Un observateur anglais, qui avait la plus vive admiration
pour le talent de M. Gladstone et qui l'a beaucoup écouté, afiSrme
<iue le grand orateur, au commencement de ses discours, parlait
toujour en mi, mais qu'il terminait en sL Se non è rero..»
J. V.
Le Propriétaire- Gérant y
J. Maisonneuve.
* ■ I > I I
CbaloD-surSaÔDe. — Imprimerie de L. Marcean^ E. Bertrand, sacc'
REVUE
DE
LINGUISTKIUE
BT DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLli FAI
JULIEN VINSON
PROFESSEUR A L'ÉCOLE NATIONALE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES
Avec la collaboration de divers aavAtiti français et étrangers
TOME TRENTE ET UNIÈME
15 OCTOBRE 1898
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIËRES ET RUE MADAME, 26
1898
SOMMAIRE DU No 4
H.deCharencey. — Quelques étymologieseuskariennes 319
P. Regnaud. — Un paradoxe védique 344
P, Regnaud. — Une règle importante de sémantique. 34fi
A. Marre.— Histoire delà princesse Djouher Manikam,
roman malais (nuite) 349
E. W. Fay. — Latin «bilere, arbiier», Umbrian « ver-
fale » 375
Varia. — Les coupes sombres 392
BIBLIOGRAPHIE
M. Grammont. — La Dissimilation consonarUique
dans les langues indo-européennes et dans les langues
romanes 380
G. Hempl. — A Manual of German orthography and
phonology with a word-list 385
E. Drakoules. — Neohellenic Language and Litté-
rature 386
Oriental Studies 387
E.-S. DoDGSON. — The Construction of a eya » with
the conjunctive cerb in old Basque, , 390
QUELQUES ÉTYMOLOGIES EUSKARIENNES
1<» ZURI, A, « blanc ». L'étymologie de ce mot
semble, à première vue, assez obscure. Toutefois, ce
D*est guère un de ceux auxquels on pourrait être tenté
d'attribuer une origine fort ancienne. Il ne faut pas
songer à le rapprocher du Fr. « souris », qui, comme
nom de teinte, désigne spécialement sorte, chez les
chevaux, indique un animal avec des marbrures,
écuyères et une croix de mulet.
La ressemblance avec le Turk Sire^ << jaune», —
Khirghise, Sar, « jaune », Koïbale, Saryq, m.s. —
Mongol, Stru, — Bouryete, Shura, m.s. — Yourake,
Sirr, «blanc », — Wogoule, Saïrang, m.s. — Japo-
nais, Stm, — Ostyak (dialecte Surgule), Sour, «gris»,
— Magyar, Szi^rke, m.s. — Accadien, Serka,
«éclat», Shir, « lumière » eiSur, «splendeur», nous
semble purement fortuite. Il en est de même de l'affinité
que l'on pourrait être tenté d'établir avec certaines
expressions d'origine Indo-Européenne, telles que
l'Arménien Shar, « blanc, jaune, rougeâtre », d'une
racine Svar, Saw, Su, « briller », d'où Sanskrit Svar,
« ciel », et Suryas, « soleil ».
Le plus simple serait d'y voir le Béarnais Seu,
« suif », — Espagnol et Portugais Sebo « suif », —
21
— 320 —
italien, Sevo. Sego^ en Latin Sébum, Semm, m. s., mais
avec la finale ri {(arfois ajoutée aux noms de couleur,
Cf. GORRI. La valeur propre de Zuri est donc lill.
« Ce qui est de la couleur du suif» et, par suite,
« blanc ».
2° GORRI, A, « rouge ». Nous nous étions d'abord
demandé s'il ne conviendrait pas de rapprocher le
mot du vieux provençal, Gorrier, «élégant, recherché
dans sa mise » . — Languedocien moderne Gourrié,
m. s. Les idées de beautés et de couleur rouge peu-
vent ici se trouver unies comme elles le sont dans le
Russe Krasnoï, lequel s'emploie aussi bien dans Tud
que dans l'autre de ces deux sens. Un examen plus ap-
profondi nous a démontré ce qu'une telle explication
offrait de peu acceptable. Dans le mot basque en ques-
tion, nous reconnaîtrons tout d'abord la flnale ri.
Voy. Zw précédé de la racine Cor, laquelle ne cons-
titue qu'une abrév. de l'Espagnol Colorado, litt. « co-
loré », mais qui se prend dans lesensspécialderouge,
cf. d'ailleurs le portugais Côr qui a la même valeur.
Y aurait-il à constater ici une influencedirecte du Portu-
gais sur le Basque comme dans Za6a/, « plaine >s ou
Chanket, «boiteux », déjà étudiés dans un précédent
travail ?
Que le rouge ait été considéré comme la couleur
par excellence, rien d'élonnantà cela ; c'est celle qui
frappe le plus l'œil par son éclat, précisément parce
quelle occupe le centre de la gamme chromatique, à
— 321 —
égale distance de la teinte claire qui est le jaune et de
la teinte sombre, laquelle est le bleu.
3^ BELZ, A ; « noir ». Le /pourrait bien être ici
purement euphonique comme dans Atzeir, « acier y>,
— Moldesi, « modestie ». Nous aurions donc tout lieu
de rapprocher ce mot deTEspagnol Bazo, a brun i^, d'où
Pan bazo, « pain bis ». — Vieux Provençal Bis, «bis,
de couleur sombre ». — Italien Bigio.
Deux étymologies, d'ailleurs, ont été proposées
pour expliquer ces termes. Vossius, d'après Ménage,
les rattache a une forme du Bas-Latin Byssem, litt.
<i couleur de coton », de Bysstis, « coton ». De là vien-
drait encore le portugais Bugia, a guenon » et le Bas-
Latin BusiuSy «fauve ».
Diez préfère voir dans les mots en question, une apo-
cope du Latin Bombycinus, « cotonneux, couleur de
colon ». En toatcas, le mot est assez ancien en Basque,
puisqu'on le voit apparaître comme nom ou surnom
dans un texte du XI P siècle.
La première de ces étymologies, bien que n'étant
pas à Tabri de toute critique, nous semble encore la
plus acceptable.
En tout cas, ni Belz ni Baso, ni même le Français bis
n'ont certainement rien à faire avec notre expression
Balzan qui désigne un cheval noir ou roux, mais taché
de blanc aux pieds, d'où « Balzane», tache blanche
au pied d'un cheval. C*est évidemment à tort qu'on a
voulu attribuer à ces derniers mots une origine Gel-
y — 322 -
tique. M. De vie a fort bien démontré qu'ils vienûent
de Tarabe Batqa, féminin de Ablaq et signifiant Albo
nigroque colore variegatm.
Personne ne consentira à voir autre chose qu une
coïncidence fortuite entre le Belz du Basque et le Tcher-
Itesse ou Adighé, Pizza, « bleu » . — Arine Biz^ m.s.
On remarque que les formes Bazcho, Baztazun
données par Larramendi ne possèdent pas le/ médiat,
nouvelle preuve qu'il doit être regardé comme adven-'
tice.
i** HORI, A; «jaune ». Nous avons cherché tout
d abord s il n*y aurait pas quelque affinité à établir
entre cet adjectif et Urhe, « or ». Il aurait donc signi-
fié lill. « color aureus ». Cela irait assez pour leseos,
mais au point de vue phonétique soulèverait certaines
difficultés. Nous aurions d'un autre côté, peine à y
voirie Béarnais Haubri, « blanchâtre », du Latin i/-
binus, dérivé lui-même de Albus, « blanc », cf. Om-
brien A [fus, m.s. et Grec aktfôç (d'après Hésychius) et
qui n'est resté en usage que comme terme da méde-
cine.
II vaut mieux, ce nous semble, le rattacher au La-
tin aurum, mais par l'intermédiaire du Béarnais
Lauret.Wil. « doré », du latin Auratus. C'est un nom
souvent donné aux bœufs qui ont le pelage bai-clair.
En Poitou, on se sert de l'expression Doret. Ne disons-
nous pas en Français, des « cheveux dorés » pour des
cheveux d'un blond vif? Le / initial Béarnais est ici
— 323 —
adventice comme dans leFrançais iierrcpour «Illa he-
dera », Tltalien Lordura pour a la ordura )>. Le
Basque l'aura laissé tomber ici comme dans Aderallu,
(( brique », derEspagnolI(u2n7/o. Quant à la diph-
tongue au devenue o, cf. Yaun, «seigneur», de l'Es-
pagnol Don, — Hanta, « choisir », du latin optare.
5MZ, IZ4N,(( être, été». C'est le verbe substantif
en Basque et il peut servir d'auxiliaire comme dans
DOS dialectes romans.
Le prince L.-L. Bonaparte voulait y retrouver une
altération de Hitz, « parole, verbe », et rendait Niz,
« sum>> para meum verbum » pour Ni hitz. Une telle
conception semble bien abstraite, bien philosophique,
surtout chez un peuple de laboureurs et de bergers,
comme sont aujourd'hui encore les Eskualdunaks.
D'autre part, nous avons du reconnaître peu soute-
oable rhypolhèse par nous émise jadis que cette
racine Iz, iza, n'était autre chose que la finale média-
tive z précédée d'une voyelle euphonique et qu'il con-
vient, en conséquence, de voir dans le même Niz,
H sum >►. — Hiz, « es », l'équivalent des termes,
per me. per te. Il serait, en effet, assez difficile de com-
prendre comment une simple désinence a pu se trans-
former en verbe substantif.
Somme toute. Fopinion la plus soutenable consiste
à admettre l'emprunt fait par les Basques de celte ra-
cine Iz aux peuples Aryens, probablement même aux
Celtes. iNous avons en Gaulois Esti, «il est», à rap-
procher du grec éaTt, cf. Latin, « est. esse». — Al-
lemand, ht, « il esl », — Gallois et Irlandais h, m. s.
— Sanskrit As, «esse », etc., etc.
L'analogie formelle qu'offre le Basque avec certains
dialectes de l'Amérique du Nord c'est que, priroitive-
menl, dépourvu comme eux de verbe substantif et de
pronom relatif, il a emprunté ces parties du discours à
des peuples de souche indo-européenne.
Ce qui serait, d'ailleurs, bien de nature à nous con-
firmer dans cette manière de voir, c'est qu'en Basque,
l'on emploie les verbes « être » et « avoir » en guise
d'auxiliaires. Iza, par exemple, sera employé pour
former des passifs tout comme le verbe substantif en
Français, en Espagnol, en Provençal, et Ion aura par
exemple, Maithatu da, « il est aimé », de Maiihatzt,
« Amatun », et da, «est ».
L'on découvre là, un exemple frappant de Tinfluence
exercée par les idiomes plus développés au point de vue
organique sur ceux qui leur sont inférieurs à cet égard.
Ne peut-on pas conclure delà, sans excès de témé-
rité que, depuis les temps historiques, tout le système
de la conjugaison euskarienne a dû être remanié dans
une bien large mesure?
Si donc, cet idiome, au point de vue du lexique, est
un des plus chargés d'éléments étrangers que l'on
puisse citer, on ne saurait non plus le considérer
comme absolument originel et primitif, même sous le
rapport morphologique .
— 325 —
On a, et non sans raison, suivant nous, admis que
les peuples Aryens eux-mêmes ont bien pu, à l'origine,
être également dépourvus de verbe substantif. La
racine As D*aurait-elle pas, par exemple signiQé sim-
plement d'abord « respirer »? Elle offre, en tout cas.
bien de l'affinité avec le sanskrit i^u, « souffle, respi-
ration ». L'on citera bien des cas de transformations
de sens analogues. Est-ce que le Latin Sfare, « être
debout, s'arrêter », n'a pas donné naissanee au Stare,
« être », de l'Italien, pris comme auxiliaire, par
exemple dans E stato, « ifuit », à VEstar, « être » de
l'Espagnol et du Portugais ?
Précisément, en Basque, le verbe Egon,i( demeurer »,
« rester », se prend volontiers comme synonyme de
Dotre verbe substantif. Ex. : Barfioa otez ihaurri dago,
«la cour est couverte d'ajoncs »,litt. « reste, demeure
couverte, etc. » — Ihaurri dago bide guziaostoz eta
adarrez, « tout le cliemin est couvert de feuilles et de
branches ». Cette dernière façon de s'exprimer pour-
raitbicn ne pas remonter très haut en Basque, etnous
y verrions volontiers une preuve nouvelle de l'action
exercée sur lui par les dialectes néo-latins.
Ajoutons d'ailleurs qu'en ce qui concerne le verbe
être, bien d'autres peuples semblent ne s'être guère
montrés moins imitateurs que les Basques. Nous ne
savons plus -quelle peuplade indienne des États-Unis,
citée par Bancroft s'est forgé un verbe auxiliaire à
l'exemple de l'Anglais. Le Maya ou Yucatèque moderne
— 326 —
a calqué l'Espagnol sur ce point et s'est créé un para-
digme de verbe auxiliaire totalement inconnu à la
langue ancienne du pays. Enfin, n'a-t-on pas cru re-
trouver le Werden germanique dans le Var, « il est »,
de rOsmanli?
6^ HODEI, A; ODEI, A ; a nuage ». L'étymologie
de ce terme est assez obscure et nous n'osons la don-
ner que comme probable, non comme absolument
certaine.
On ne saurait, bien entendu, admettre qu'une res-
semblance purement fortuite entre le terme Basque
et rOstyak (dialecte Irtyche), Péteng, m. s. (dial.
Surgute), Pêtyegn. La forme primitive de ce terme
devait certainement avoir une liquide, non une den-
tale muette, comme l'établissent le Suomi Pilwi
« nuage », — Magyar, Felhœ, m. s., — Tcheremisse
PU, — Wotyèque, Pilhem, etc.
D'autre part, nous n'oserions affirmer la parenté,
malgré une grande ressemblance et pour le sens et
pour la forme, entre Hodei et le Bas- Breton Hudenn,
hurenn «nuage », sans doute pour un archaïque
Suden, ou Surenn. Le mot est isolé au sein de la
famille celtique et on' ne sait guère d'où il vient.
Il convient, croyons-nous, d'aller chercher beau-
coup moins loin l'explication de Hodei. Ne serail-ce
pas simplement une altération de Ur-tegi ou Vr-degi,
ug-degi, litt. « demeure des eaux, qui contient
de l'eau »? Cette dénomination conviendrait ou ne
- 327 —
peut mieux au nuage. D'ailleurs, on sait que le r de
Ur, <i eau », tombe volontiers en composition pour
être remplacé par un 9; cf. Ug-atza, « mamelon»,
liu. « moyeu, cylindre humide» de IV, « aqua »,
eti(^a,« moyeu d'une roue, corps allongé», — Ugot-
cho, << brochet loup d'eau », pour UretOtcho, Oxo,
H lupus », — Ugalde, lill. « près les eaux », de Aide,
i< proche, endroit rapproché », nom de famille d'une
cantatrice célèbre, etc., etc. Par suite d'un affaiblisse-
ment assez fréquent du u initial en i nous obtenons
enfin Igeri, «en trempe », litt.«dans Teau, ce qui est
dans l'eau >>, pour Urert et avec la suffixe allative et
partitive Ka, — Igertka, « nager », litt. ajacere per hu-
midum », pour Urerika, — IgeL « grenouille », litt.
<i l'aquatique », — Igelsu, « plâtre », lilt. « qui prend
beaucoup l'eau, l'humidité )) ( cf. la particule de ren-
forcement Su ou Zu).
D'ailleurs, le g médial entre deux voyelles est sujet
à tomber. Cf. par exemple. Nagusi « maître «, qui
dialectalement devient Nausi ou même Nabuni. —
Sagutei, (i souricière », litt. « maison de souris»,
pour Sagutegi; cf. Sagu, « sorex», et Tegi, « do-
mus ».
Ce qu'il y aurait ici toutefois d'un peu anormal peut-
être, ce serait ce r remplacé pour un g devant une
consonne. Dans les exemples précités, le cas ne se
présente guère que pour le rentre deux voyelles.
Quant au / de Tei ou TV^i devenante, au u primitif
— 328 —
transformé en o, enfin au h initial euphonique, ce sont
des faits trop fréquents en Basque^pour que nous ayons
à nous y arrêter ici.
7'KÀTABUT, Â, « cercueil, bière » dans ledîal.
d'Irun et synonyme du Bas-Navarrais Hilhutcha qui
veut dire litt. « boite de mort ».
Le prince L.-L. Bonaparte pensait qu'il n'y a
sans doute que les deux première syllabes de commun
entre ce mot et Kataburu, qu\ a le même sens dans le
dialecte de Lezo, et que les finales But et Bur pouvaient
fort bien avoir chacune une origine différente.
D'ailleurs, il admettait une affinité tout au moins
possible, sinon même assez probable, entre ces deux
termes et l'Italien Catalello qui possède un sens iden-
tique et se trouverait formé de Letto, « couche, lit »,
précédé du même dissyllabe Caia ou Kata.
D'autre part, le savant basquisant penchait à voir
dans ce dernier, l'Espagnol Calar, « voir, regarder »,
du Latin Calare, m. s., mais il ne croyait pas qu'il y
eût le moindre rapprochement à faire entre Katabuta et
l'Arabe Tabut, m. s., d'où dérive visiblement l'Espa-
gnol Aiaud, ce qui supposerait une forme intermé-
diaire Alabul, Adtabu.
Nous ne saurions nous ranger à cette opinion et
voici pourquoi :
D'abord, rien ne prouve, et cest ce que nous allons
tout à l'heure essayer de démontrer, que le dissyllabe
Kafa de Katabuta ait quoi que ce soit à faire avec le
— 329 —
Cata de Cataletto. Ce dernier se retrouve dans diverses
expressions des dialectes néo-latins. Cf. par exemple,
Italien Cato/a/co« catafalque, échafaud »,à rapprocher
des formes Basses-Latines Catufaltus, Catafaldm, Ca-
daffale, Cadapallus, Cadaphallus, Chafallus.
Nous pouvons également regarder comme un dou-
blet de ce mot le vieux Provençal, Cadufale, « écha-
faud», — vieux Catalan, Cadafal, — Portugais, Ca-
dalso. C'est ce que prouve l'exemple de l'Italien et du
Bas-Latin où le même mot désigne l'échafaud et le ca-
tafalque.
Ducange dérive ce dissyllabe Cata du latin Catus,
Caltus, qui avait d'abord voulu dire« prudent, avisé »,
de C au tu8,Cavere, A' oix encore le nom de famille, CWon.
De là, on passe au sens de « chat », cet animal se fai-
sant remarquer à la fois par son astuce et sa circons-
pection.
Enfln, à une époque plus rapprochée de nous,
Cattus, Catus flnit par désigner une machine de guerre
à laquelle on avait trouvé nous ne savons quelle res-
semblance avec un félin.
Dans celte hypothèse, Cataletto, de Letto, « lit », et
CatUÈ, se rendrait litt., par «couche ayant la forme de
la machine de guerre appelée chat». Catafalco, par
contre, équivaudrait à a poutre offrant l'apparence du
même instrument. En effet, on ne saurait méconnaître
dans le Falco italien, l'Allemand Balkea « poutre», —
moyen haut Allemand, Balke, — vieux haut Allemand,
- 330 —
Balcha; — Anglo-Saxon, Balca. ~ Anglais et Hollan-
dais, Balk, — Suédois, Bjelke, — vieux Norraia,
Batkr, « enclos, ligne de séparation », d'une racine
proethnique Aryenne, Bhalg. que nous retrouvons
encore dans le Grec 4>àXaY^, «rouleau, phalange, lé-
gion ».
Mais alors, on devrait s'attendre à rencontrer des
formes telles que Catofatœ, Catoletto, non Catafalco
et Cataletto.
Diez, au contraire, veut retrouver l'origine de ce dis-
syllabe Cata dans l'espagnol et Portugais Catar «re-
garder, épier, rechercher, examiner», du Bas-Latin Ta-
tare, m. s. C'est l'opinion reprise plus tard par le
prince Bonaparte.
Lillré nous fait observer d'ailleurs que les deux ex-
plications diffèrent plus en apparence qu'en réalité,
puisque après tout. Catare dérive de Catm ef signifie
litt. « imiter le chat qui guette la souris». T/hypothèse
ima{)[inée par Diez, plus satisfaisante peut-être au point
de vue phonétique que la précédente, ne semble guère
acceptable sous le rapport de la sémantique. Quel
rapport trouvera-t-on entre un cercueil ou un cata-
falque et un lieu d'observation ?
Le fait est qu'il nous parait difficile, au point de vue
étymologique, di^ séparer le dissyllabe initial de Cata-
falco, Cataletto de celui qu'offrent des substantifs tels
que « catachrèse, catalogue, catéchisme, catastrophe»
etc., etc. Or, à n'en pas douter, c'est le Katà. « contre.
— 831 —
en détail, en bas, avec mouvement de haut en bas »
que l'on y retrouve.
Toutefois, dans les deux exemples précédemment
cités, la préposition grecque semble avoir revêtu un
caractère spécialement péjoratif. Nous rendrons donc
litt. Cataletto, par « mauvais lit, couche funèbre »,
et Caïajalco par « mauvais échafaudage, échafaudage
fanèbre » .
Tout au contraire, si nous voulons (et c'est bien le
parti le plus sage de notre avis) nous en tenir aux
données fournies par la phonétique Euskarienne,
reconnaissons dans la 1'* syllabe de Katabuta, la péjo-
rative initiale bien connue G, Ga ou^a, qu'offrent
également Gahamu, « petit hameçon », cf. I.atin
Hamiu, — Garrathoin, « rat», de l'espagnol Raton,
— Katalo, « en suspens », etc., d'origine sans doute
romane. (Voyez les préfixes Cha ou Ca du ifrançais,
par exemple, dans Cahutte, litt. mauvaise hutte);
Chavirer, litt. mal virer, mal tourner). A cette préfixe
vient s'ajouter l'Arabe TabUt « cercueil », peut-être
en passant par une forme archaïque hypothétique de
Tespagnoi, car il n'existe guère de termes Basques
dont on puisse dire avec certitude qu'ils ont été em-
pruntés directement à l'Arabe.
Si le t de la syllabe finale est devenu r, dans le
dialecte de f.ezo (Kataburua pour Katabulua cette
transformation, pour rare^qu'elle soit, offre-l-elle rien
de plus étrange que celle du d en gutturale liquide
— 332 —
dans Desperi, expédier (cf. Espagnol Despedir, « jeter,
lancer, congédier) » ?
Quant au u Qnal euphonique, on en citerait bien
des exemples. Cf. entre autres le Basque Chukhu
« sec», et le Béarnais Eschuc « sans suc », du latin
Ex et Succus.
S"^ KâTALO, 4, « pendant, pendu, suspendu ».
Étymologie assez obscure. Nous serions tenté, pour
notre part, de voir dans ce mot une abréviation du
vieux Béarnais, vieux Provençal et vieux Catalan
Alongat ^< allongé », Béarnais Alaungat, du Latin
Longus, mais avec la préQxe péjorative Ka (voy.
Katabuta) et un t intercalé qui est ici euphonique,
comme dans Katarde « écureuil », et Zerutarri « sa-
phir », litt. <i pierre céleste, bleu de ciel », de Zeru
« cœlum » et Harri, « pierre ».
En effet, tout objet suspendu en raison de la loi
d'attraction éprouve comme une tendance à s'allonger,
à se rapprocher de terre.
9** KATARDE, A, « écureuil ». Nous avions cru
d'abord y retrouver l'Ostyak (dial. de Tlrtysche)
Kouthyar, Koudhyar, « polatouche, écureuil volant»,
avec te, partie augmentative, lilt. << grand polatouche »,
mais outre que notre écureuil n'est pas plus grand
que celui de Sibérie, il ne faut pas abuser de TOugro-
Finnois, quand on veut faire de Tétymologle Basque.
D'ailleurs, le mot s'explique suffisamment par l'Espa-
gnol Ardilla « écureuil » (en Portugais Harda), mais
— 333 —
avec Ka péjoratif et / euphonique intercalé, cf. le
précédent.
■
lOo ISKINASSO, A, « geai », litt. a qui fait beau-
coup de bruit», ou « très enroué, qui crie d'une
voix enrouée ». Effectivement, nous trouvons dans le
mot, outre la finale aiigmentative So, une partie radi-
cale Iskin, Iskina, qui rappelle beaucoup l'Espagnol
Esquila «sonnaille», — Béarnais. Eiquire, Eiquère
«clochette» — Italien, Squilla, — vieux Français,
Esckelk, Esquilk « petite cloche », qui n'a rien à faire
au point de vue étymologique avec Esquille « petit
fragment d'os », du Grec £x^^^- ^^ ^^^^* Esquila, Es-
quire, Squilla nous sembleraient plutôt d'origine ger-
manique. Cf. l'Allemand Schellai sonnette, clochette, ,
grelot », — vieux haut Allemand, Schella, — Allemand
et moyen haut Allemand, Schellm, « sonner la
cloche », — vieux haut Allemand, Skaellàn, m. s., —
Suédois, Skal « retentissement, bruit, son d, et
Skalla « résonner, retentir».
Toutefois, nous jugeons préférable de voir dans les
trois premières syllabes d'Iskinasso, une abréviation
de TEspagnol et vieux Provençal Esquinancia, Esqui-
nemia, — Portugais, Ësquineacia, Squinencia, —
Béarnais, Esquinance, — Italien, Squinanzia, —
vieux Français, Esquinance, Squinance, Squir^ancie, du
Grec K'jvàyxT), litt. « étranglement de chien », de
Kucov, « canis » et "Ayxetv, « étrangler ». Effective-
meut, l'esquinancie fait tirer la langue au patient, à la
— 934 —
façon du chien qui s'étrangle ou qui étouffe de cha-
leur. Remarquons d'ailleurs que le cri du geai a
quelque chose de rauque, rappelant la voix d'une
personne souffrante de la gorge.
11 • OKHILO. A, a pic-vert». Ne paraît pas devoir
être rapproché de l'Espagnol Esguilon « sonaille, son-
nette», — vieux Provençal, Enquelha, Esqnelle « clo-
chette » ; nous préférons y voir notre vieux terme fran-
çais « Roquillon ». Rien déplus naturel que cette com-
paraison du pic-vert qui frappe les arbres de son bec
pour en faire sortir les vers ou les creuse pour cons-
truire son nid dans leur intérieur, avec le bûcheron
qui les abat.
La chute de la labiale n'est pas d'ailleurs un fait
rare en Basque, non plus que la chute] du n floal ;
cf. Alo « ajlons », de l'Espagnol Ahn, — Gerenno
« étalon », de l'Espagnol Garanon, mot probablement
d'origine germanique.
i2o AHUNTZ, A, « chèvre ». Désignait peut-être
plutôt à l'origine la brebis, on sait d'ailleurs, au point
de vue de l'histoire naturelle, que la chèvre et la brebis
se rapprochent beaucoup l'une de l'autre. Le mot sem-
blerait d'origine celtique, cf. Gallois, Oe/ii< agneau»,—
Bas-Breton Oan et (dial. de Vannes) Oen, — Comique,
On, sans doute d'un vieux thème Ogne. Le a initial
serait ici euphonique, comme par exemple dans Athun
a thon », — Athamenda « demander ». Quant au tz
final, ne serait-il pas pour Tze, finale infinitive qui in-
— 335 -
dique parfois production, apport : cf. Sagartzea pom-
mier », de Sagar, ra « gomme », — Arhantze « pru-
nier », de Arhana « prune »?
AhwiUsa serait donc l'animal qui produit des
chèvres ou des agneaux . Remarquons que la même
racine Ahun apparaît dans Ahunno « chevreau »,
mais accompagnée de la finale diminutive no.
WB<> SAGÛ, A, « souris ». Ce mot ne saurait s'ex-
pliquer, que nous sachions, par aucune langue indo-
européenne. En revanche, il offre bien de l'analogie
avec le Géorgien Thagm, m. s. Nous admettrions vo-
lontiers qu'ils peuvent avoir, l'un et l'autre, la même
origine, mais sans décider de quel idiome ils dérivent
primitivement.
13^ SUGE, A, « serpent ». Encore un de ces raris-
simes noms d'animaux qui nous rappellent les idiomes
de l'Europe Orientale : cf. Esthonien (dial. de Dorpat)
Siug. Ce mot est d'ailleurs bien isolé au sein de la
famille Ougro-Finnoise, et nous ne savons d'où le
faire venir. Peut-être faut-il en rapprocher l'Ostyak-
lénisséien, Thieg, m. s.
U* IXU, A, « aveugle ». Nous avions d'abord
songé à rapprocher ce mot du Béarnais Pichous,
Pixous, litt. « pisseux», pris parfois comme injure.
Le p initiai aurait disparu comme dans Ollo « poule »,
Lanno « franc, sincère, loyal », du Latin Planus, etc.
Mais alors il faudrait supposer les montagnards pyré-
22
~ 336 —
néeusbien discourtois à l'égard des malheureux privés
de la vue.
Somme toute, Ixu pourrait bien n'être qu'un dou-
blet d'un archaïque Uxu, employé encore dans cer-
tains cantons et qui, d'ailleurs, possède, le même
sens.
On sait avec quelle facilité le u devient t en Basque;
cf. Okhilu ou Okhiti « cassé, vieilli, usé », — hvtegu
ou Inxegi « ennui ».
Tous les deux, sans aucun doute, se rattachent au
Latin Luscus « borgne », ~ vieux Français, busqué
« louche », — Catalan, Llusco, — vieux Provençal.
Losc, — Béarnais, Luscou, Lusque, mais avec chute
du / initial' cf. Hori « jaune ». Remarquons toute-
fois que nous n'avons pas d'autre exemple du a: basque
répondant à $c, sk primitif, mais on peut admettre ici
une chute pure et simple de la gutturale finale.
Par égard pour les aveugles et pour ne pas leur
rappeler ce que leur état offrait de désespéré, le Basque
se contente de les traiter de <c louches » .
15*» HIRI, A, (( ville, cité ». Pas moyen, comme nous
avions cru d'abord pouvoir le faire, de rapprocher ce mol
de l'hébreu */r, hir, m. s. La forme Ibérienne antique
était certainement Ut ou Eli. Le / primitif sera devenu
r entre deux voyelles, comme dans Zeru « ciel »,
du latin Cœlum, — Soro « sol », — Ainguru
« ange », de Angelûs, etc.
C'est ce que démontrent plusieurs noms d'anciens
— 337 —
centres de populations, tant en Espagne qu'en Aqui-
taine. Citons par exemple llibem ou Illiberh, litt.
« Villeneuve» (cf. Berri, neuf, nouveau), sur la rive
gauche du Tech (Tichis), à deux lieues environ de Per-
pignan. Cette localité fut plus tard appelée £/ena, d'où
son nom moderne d'Elne. Elle avait jadis été le siège
d'un évêché, transporté, par la suite, à Perpignan. —
Eliberis^ m. s., actuellement Ehira ou Elvire, près de
Grenade, en Andalousie. Un concile s'y tint en 305.
Il y a, aux environs, une montagne appelée Sierra
Elbira ou Elvira. — lliberis ou Cocolliberi^, Cocoliberù,
litt. tf ville neuve des Cauconesot/ Cocones », aujour-
d'bui CoUiourOt dans le Roussillon, aux pieds des
Pyrénées, à 6 lieues S.-E. de Perpignan et à 2 lieues
S.d'Elne. Nous ne saurions guère hésiter non plus à
voir une corruption de ce même Eliberris, Elimberris,
dans le préten du Climberris, Çliumberrum, Elimberrim
de Pomponius Mêla et de la carte de Pentinger. Elle
reçut, par suite, le nom d'Augmta Àusdorum ou Aus-
coruM. C'est la ville d'Auch, jadis capitale de l'Ar-
magnac et aujourd'hui chef-lieu du département du
Gers.
Sans doute, l'existence de ces vieilles formes Ibé-
ricnnes Iliberis, Eliberris, a été contestée. On s'est sur-
tout étayé pour révoquer en doute ur authenticité
sur les monnaies des habitants de l'antique cité d'El-
vire. Leur nom y a été lu llurir, litt. « de ceux
d'i/tin », des <c habitants dllurû On sait que le r ûnal
— 338 —
est géDéralement considéré comme indice du génitif
pluriel composé dans le dialecte du sud de THispanie.
Or, lluri, dit-on, ne ressemble pas du tout à lliberri
Faisons tout d'abord observer combien il serait ris-
qué de soutenir que tous les écrivains de Tantiquité
ont entendu de travers et qu'ils se sont, pour ainsi
dire, donné le mot pour se tromper à peu près de la
même façon. Évidemment, ces auteurs durent trans-
crire de la manière dont ils avaient entendu. Se
rejeter sur une erreur des copistes semblerait vérita-
blement encore moins soutenable.
Du reste, il y a, croyons-nous, moyen d'expliquer
cette étrangeté d'orthographe d7/urtr. On peutsupposer
tout d'abord que le signe rendu par u {ou) répondait
plutôt à une syllabe qu'à un son simple. M. Huebner
reconnaît l'existence de plusieurs signes syllabiques
dans l'alphabet Ibérique. Il en cite un répondant à
notre syllabe Ka (ka), un autre exprimant le groupe
Ce ou Ke. Un troisième enfin serait l'équivalent du
groupe Du ou Dou. Dans cette hypothèse, le prétendu
caractère n, ou aurait bien pu se lire Ve ou Be. Nous
obtiendrions ainsi une forme Ilberir ou7/ocrtr assez
rapprochée û'Iliberris.
Une autre hypothèse serait encore possible. Serait-
il donc si téméraire de supposer que ledit signe u
avait comme en Latin, suivant les cas, une double va-
leur, soit de voyelle, soit de consonne, qu'elle pouvait,
en un mot, se prononcer soit u soit t?? Au lieu de
— 339 —
Ilwrir, Dous obtiendrions dé la sorte Ilvrir, ou Ilbrir,
ou même Ilverir, il verir, en rétablissant la voyelle
brève souvent supprimée en Ibérien, tout comme dans
Talphabet Phénicien dont il dérive. Nous voici bien
près d'Iliberis.
Nous chicanera-t-on sur ce que les monnaies don-
neraient un V au lieu d'un b? Mais on sait combien
ces deux lettres sont souvent confondues tant en Es-
pagnol qu'en Béarnais. Le Basque actuel ne les dis-
tingue même pas, et il est vraisemblable que cette con-
fusion remonte à une haute antiquité. Rappelons à
ce propos le mol de Scaliger : Felices Vascones quihus
civereestbibere, et la répartie moins connue de l'am-
bassadeur d'Espagne au roi des Belges : « Sire, je suis
entré dans la diplomatie l'année même où mon r^ati-
frère est devenu bœuf. »
Ajoutons par parenthèse que les termes Hiri ou IK
se retrouvent peut-être dans les noms suivants de
villes antiques :
1"^ llerda, aujourd'hui Lérida en Catalogne, sur la
rive droite de la Sègre (jadis Sicoris), à 18 lieues N.-
0. deTarragone et 31 N.-O. de Barcelone. Un con-
cile s'y tint en 5M. Elle faisait partie autrefois du
territoire de Illergètes.
2» Uicis ou Ilicum, actuellement Elche, célèbre par
sa forêt de palmiers. Cette ville est située sur la
la Segara, à 4 lieues 0. d'Alicante (royaume de Va-
lence.
— 340 —
3"" Ilipa, assimilée par Danville à Alcoka. Ne serait-
ce la même localité que Vosgien indique sous le nom
AeHienipa et qu'il identifie d'ailleurs à Alcala de Gua-
daira, sur la rivière de ce nom, à M lieues S.-E. de
Séville (Andalousie) ?
4** llijula ou Elepha, aujourd'hui Nitbla, sur les
rives du Rio-Tinlo, à 16 lieues 0. de Séville.
3** Ililurgis ou Illiturgis, près d'Andujar ou An-
duxar, si ce n'est juste sur le même emplacement. Il
n'en reste plus guère, assure-t-on, que des ruines.
Elle se trouve à 10 lieues E. de Cordoue et 9 lieues
0. de Jaën.
6® llorcis on Eliocrata, aujourd'hui Lorca, baignée
par la Guadalentin, à 14 lieues S.-O. de Murcie et
12 lieues 0. de Carlhagène.
7 Illunum ou Bigerra, actuellement Villena, à
22 lieues N.-E. de Murcie et 22 S.-O. de Valence.
9* Illuro ou llluro, aujourd'hui Mataro, en Cata-
logne, à 14 lieues S.-O. de Gironne et 6 lieues ?î.-E.
de Barcelone.
10^ Uuro, qui n'est autre chose qu'Oloron, sous-
préfecture du département des Basses-Pyrénées, à
4 lieues S.-O. de Pau.
Nous ne saurions du reste nous empêcher de recon-
naître encore le terme lit, « cité, ville », dans le nom
de deux peuples de l'antique Ibérie, à savoir, les lier-
caons, dont Tune des cités principales était Dertosa,
aujourd'hui Tortosa, sur la rive gauche et non loin de
— 341 —
l'embouchare de ]'Èbre, et les Ilergétes, dont il vient
d'être question à propos de la cité d'Ilerda.
Il semble reparaître encore dans le nom de l'antique
Elusa, principale ville des Eltisates, qui avaient tiré
d'elle leur nom et vivaient au N.-O. des Ausci.
Si, enfin, Ton admet (hypothèse qui n'offre rien de
téméraire), que le durcissement du / en r avait déjà
pu se produire dans quelques anciens dialectes Ibé-
riques, rien n'empêchera de reconnaître le mot //t dans
Iria flavia, Jitt. « ville de Flavius », aujourd'hui
Padron, en Galice, sur l'Ulla, à 4 lieues S. de Com-
postelle. L'assimilation en serait peut-être beaucoup
moins acceptable avec le dissyllabe Qnal du nom de
Gracchuris, litt. « ville de Tibérius Gracchus», parce
que le célèbre personnage en fut le fondateur. Dan-
ville l'assimile à la localité actuelle d'Alfaro, et Yosgien
à celle d'Âgréda, dans la Vieille-Castille, à 3 lieues
S.-O de Tarragona. Ce fut, on le sait, la patrie de
sainte Marie d'Agt'éda.
Inutile de parler ici d'une ville ù'Agreda ou Nmva
Malaga, en Amérique, dans le royaume de Quito, à
45 lieues S.-O. de la ville de ce nom. Peut-être aura-
t-elle été ainsi désignée en souvenir de sainte Marie
d'Agréda.
Nous ne pouvons, en terminant, nous empêcher de
protester contre l'hypothèse d'Ampère, qui traduit le
nom du mont Esquilin, à Rome [Exquiliœ, Esquiliœ,
Esquilinus),p2iT « Cité des Basques», de Eiiski, litt.
— 342 —
^ Les parlants», terme à rapprocher de celui à'Eu^
kara « langue Basque », litt. « langue des parlants)^,
de Eusi « parler à haute voix », d*où Eskalherria
« pays Basque », litt. « pays de la langue Basque », el
Euskaldun « Basque » , possesseur de V Eskalherria,
du pays où Ton parle TEuskara, et enfui de //t,
« ville». A Texemple de beaucoup d'autres peuples,
les Basques se considéraient comnne étant les seuls à
parler une langue compréhensible. Aussi, donnent-ils
aux autres idiomes le nom û'Erdiara ou demi-langage.
C est ainsi que les Chinois, qui se regardent comme
seuls véritablement raisonnables et civilisés, accordent
cependant aux Barbares de TOccident une demi-intel-
ligence, qui leur permet de réussir dans les sciences.
Du reste, ce mot Evski ne reparaît-il pas dans le nom
des anciens Ausci, à peu près équivalent à celui
d'Euskuldun, puisqu'il est formé, lui aussi, du verbe
Eusi, mais joint à la finale partitive Ki, litt. « portio
loquentium » ?
Le docte historien partait de là pour soutenir l'exis-
tence d'anciennes populations d'origine Ibérienne,
jusque dans l'Italie Centrale. La chose n'est pas, sans
doute, impossible, mais, à coup sûr, les arguments
invoqués par Ampère ne nous semblent guère con-
cluants. Qui nous dit qu'il soit le moins du monde
question de Basques dans le nom de rËsquilin?i\e
pourrait-il pas se rattacher au latin jEsculus « chêne
à glands doux et comestibles », de la racine Edere
— 343 —
« manger »? L'Esquilin aurait donc simplement été
« la montagne couverte de chênes à glands doux ».
Pour nous résumer, le terme lit pourrait bien être
primitif en Basque, et nous ne voyons guère à quoi le
rattacher. Sans doute, la ressemblance avec leTchéré-
missBiito « urbs», — Suomi, Kyllae, — Turk-Tar-
lare, Kula, — Turk-Osmanli, Kaleh « château », mérite
de passer pour purement fortuite.
C^ DE Charencey.
UN PARADOXE VÉDIQUE
Il ne faut jamais se lasser de le dire, car les intérêts
de la vérité et de la science en dépendent, Bergaigne
est le premier qui ait mis le doigt sur le vrai sens des
y édas quand il en a affirmé le caractère essentielle-
ment liturgique. Il n'avait qu'à généraliser davantage
encore Tobservalion, à dire que les hymnes étaient
abiolument et exclusioement liturgiques pour tracer le
programme exact et définitif de Texégèse védique.
Il n*a pas été moins bien inspiréet pénétrant pour
certaines questions de détail et particulièrement pour
celle des énigmes et des paradoxes védiques. Il a su
voir toute Timportance de la rhétorique spéciale des
Kishis et il s'est efforcé d'en montrer le caractère avec
une insistance en rapport avec l'attention qu*exige le
procédé de la part de quiconque veut pénétrer le
sens de leurs antiques compositions.
Cette attention doit être tenue en baleine si Ion
veut arriver au déchiffrement complet et coordonné des
formules, obscures h dessein, que les textes védiques
soumettent à chaque pas à la perspicacité des savants
qui les étudient.
C'est pour maintenir ces intéressantes questions à
Tordre du jour de l'indianisme que j'indiquerai en
essayant de le résoudre un des plus caractéristiques
— 345 —
de cesparadoxes dont peu d'hymnes sont exempts
et que plusieurs présentent à foison.
DansThymnedu Rig-Véda, VI, 13, vers 2.1e poète
dit à Àgni: « Tu résides, tu as une habitation (/r^a^o^r)
comme le voyageur qui circule {parijmeva). » Cette
comparaison si paradoxale s'expliquerait difficilement
si nous n'avions que ce texte pour nous tirer d'affaire,
fort heureusement, un autre texte (R.V., VI, 2, 8)
nous indique le mot de l'énigme en comparant celte
fols la demeure d'Agni igaya) au même voyageur.
Or, la demeure d'Agni est la libation où s'alimen-
tent et résident ses flammes ; mais en même temps
on peut dire qu'il voyage autour d'elle qu'il circule
pour l'envelopper et Kétreindre. De là Tanlithèse ou
le paradoxe du voyageur sédentaire présentée sous sa
forme la plus énigmatique dans la formule parijmeva...
kàar/asi. «tu as un domicile comme le voyageur»,
c'est-à-dire « quoique voyageur».
Ces étranges combinaisons de mots et d'idées ne
sont pas du reste propres aux seuls hymnes védiques.
Il serait facile de montrer que les œuvres des anciens
lyriques grecs, en y comprenant les chœurs des tra-
giques, en sont remplies. On y verra l'indice que le
lyrisme hellénique et le lyrisme des Hindous védiques
ont la même origine et reposent à la fois sur les mêmes
conceptions liturgiques et sur les mêmes artiflces de
style. P. Regnaud.
UNE RÈGLE IMPORTANTE DE SÉMANTIQUE
Un point sur lequel tous les linguistes, je crois,
sont d'accord, c'est que d'une manière générale les
adjectifs ont précédé les substantifs. Ceci revient à
à dire que les objets ont été nommés d'après leur qua-
lité principale; Tétymologie le fait voir, par exemple, à
propos des mots latins terra la sèche, d'où la terre,
de sol le brillant, d'où le soleil, serpens le rampant,
d'où le serpent, etc. xVIaissi le fait est évident, la ma-
nière dont il s'est produit requiert une explication.
Comment l'adjectif a-t-il pu perdre la signification gé-
nérale qui le rendait apte à désigner une qualité
donnée dans Ums les objets qui la possèdent, pour se
restreindre à ne «ig'm/îer cette même qualité qu'en tant
qu'elle caractérise un seul genre d'objets? Exemple :
serpent s'appliquant primitivement ou étymologique-
ment à tout animal rampant, mais ne désignant plus
dans l'usage actuel que le (rampant)-serpent.
Selon toute vraisemblance, cette spécification s'est
produite par l'intermédiaire d'une formule complexe
déterminant d'abord le serpent au moyen de qualifi-
catifs combinés : « le serpent (c'est-à-dire, le rampant)
mordant, d'où le « serpent » tout court. C'est exac-
tement le même procédé qui a donné naissance aux
— 347 —
noms propres comme Pyrrhus = << l'homme roux ■ ,
puis « le Roux ». Daus les deux cas et dans tous les
cas analogues, l'expression est devenue propre, après
avoir été commune, par Tadjonction d*une qualiflcalion
secondaire qui en a limité Tapplication soit à un seul
homme de couleur rousse, soit à la seule catégorie
d'animaux qui sont à la fois mordants et rampants.
La part du langage dans le procédé comprend deux
phases : 1o vulgarisation de la formule « le serpent
mordant » pour désigner le (futur) serpent proprement
dit; ^ réduction de cette formule au terme « serpent »
(comme la formule &v7]p uu^^ciç s'est réduite à 116^-
Mais tout n'est pas là : le phénomène grammatical
a été accompagné d'un phénomène mental, à savoir le
reflet sur l'esprit de l'appropriation du mot erpent
à ranima] ainsi désigné, et U transformation pour
Tenlendement de l'appellation significative (le serpent
= le rampant) en pure étiquette phonétique. Il s'en-
suit que le mot serpent n'évoque plus dans notre intel-
ligence l'idée d'un objet qui rampe, mais seulement
et spécialement celle de Tanimal caractérisé par tous
les attributs du serpent.
Arrivé là, le mot ne désigne plus la chose en
la qualifiant, mais c'est la chose qui donne au mot sa
valeur spécifique et précise, ou, ce qui revient au
même, qui le Qxe dans sa signification secondaire et
acquise .
— 348 -
Cette répercussion de Tobjet dénommé sur la signi-
fication du nom de l'objet, rend compte aussi des ac-
ceptions sensiblement différentes les unes des autres
qui se sont attachées à certains adjectifs comme le latio
axxT « piquant », mais aussi « ardent » et « rapide ».
Dire à ce propos que « piquant » est le sens propre, et
« ardent», le sens métaphorique n'explique rien, si
l'on ne montre pas la liaison des deux idées. Or, cette
liaison apparaîtra, par exemple, dans l'expression i^n\%
acernL le feu piquant, cuisant », mais aussi « ardent»
vif. agité, rapide». Tous ces attributs constants du feu
se sont groupés naturellement sous l'expression qui
exprimait l'un d'entre eux et qui ainsi enrichie est
restée prête pour d'autres alliances de mots, comme
equus acer « le cheval ardent, rapide ».
Une explication analogue convient au double sens
du latin fragor « cassure» et « bruit (qui accompagne
la cassure) », et à tous les faits du même genre.
De là une règle de sémantique dont la prise en con-
sidération est d'un grand secours pour la détermina-
tion des rapports parfois si embrouillés des différentes
significations d'un même vocable.
P. Regnaud.
HISTOIRE
DE LA
PRINCESSE DJOUHER-MANIRAM
Roman traduit du Malais
sur le Mannscrit de la Bibliothècpe Nationale de Paris
Par Aristide MARRE
(Suite)
Maka kata baginda : « Hey perdana niantri taroh .
kan.lah orang ini baîk.baïk pelihara.kan bri makan
Hatta kalakian maka Biyapri satelah genap.lah
ampat pouloh hari, maka iyapoun naik ka.atas pen-
djourou roumah.nia, maka di.lihat.nia touan poutri
Djouher Manikam tiada.lah lagi, maka Biyapri
poun gilah.lah, maka iyapoun meninggal.kan roumah
tangga.nia dan segala harta.nia me.lakou-kan diri.
nia saperti derouis, ber.djalan deripada souatou nagri
Le prince alors dit à son mangkouboumi : a mang-
kouboumi! que cet hoinme soit gardé soigneusement ;
qu'on lui donne de la nourriture et des vêtements I »
Le roi de Damas, après ôtre descendu de son trône,
avait quitté son royaume et sous le costume d'un der-
viche, il s'était mis à parcourir les différents pays.
Arrivé à Boum, le roi Chah Djohon vit un baley situé
en dehors du fort et alla s'y asseoir. Le prince, regar-
— 350 —
datang Kapada souatou nagri men . tchahari touan
poutri DJouher Manikam, tiadadjouga iyaber.temou,
maka iyapoun lalou ka nagri Boum; maka Biyapri
poun melibat sa.bouah balei di louar kola, maka iya
ber.hôiiti kapada balei itou maka J^^^a^W poun me.
libat kapada gambar itou maka di.per . amatî. nia
roupa touan poutri DJouher Manikam, maka iyapoun
menangis seraya iya memelou^ dan men.tchiûum
gambar itou maka kata.nia « ouéb kakasih.kou demi-
kian.lah roupa.nia kamana gerang.an pergi.nia! »
maka iyapoun lalou di tangkap olih orang yang me-
nounggou balei itou, maka di.baoua.nia kapada radja
Roum. Maka olih radja itou ber . titah : « Hey
Biyapri derimana angkau ini datang maka demikian
pekerti.mou. » Maka sembah Biyapri : « ift touankou
chah alam bhaoua hamba memohon.kan ampomi be.
dant avec attention le portrait qui ressemblait absolu-
ment à la princesse Djou/ier-Manikam, versa d'abon-
dantes larmes et s'écria: « Hélas ! fruit de mon cœur!
ma bien-airoée ! lumière de mes yeux ! c'est bien là
ton image! Mais toi-même, toi que je cherche, où donc
es-tu? » Et en parlant ainsi, le prince tenait le por-
trait entre ses bras et le couvrait de baisers. Ce que
voyant, les gardes du baley le saisirent et l'amenèrent
au roi.
Le roi lui dit : « Monseigneur, d'où venez- vous?
Comment vous êtes-vous égaré dans ce pays ? Et pour-
quoi vous ètes-vx)us comporté ainsi que vous l'avez
fait à l'égard de mon portrait ? » Le roi Chàh-Djohon
répondit: « Sachez que mon épouse, qui se nomme la
— 351 —
ribou.ribou amjDoun hamba ber.datang sembah dengan
sa . benar . nia ; djikalau di.bounouh hamba mati, dan
djikalau di.gantong hamba tinggi, djikalau di.djoual
hamba djaouh. Adapoun tatkala hamba kombali
deripada ber.niaga maka hamba lalou di.baouah pohon
kayou itou, maka hamba lihat di.atas pohon kayou
itou ada sa'orang perampouan terlalou elo)j: roupa.nia :
maka hamba ambil lalou hamba baoua kombali ka
nagri Basrah, maka hamba taroh.kan di.atas pen-
djour gedong . hamba. Hatta pada souatou malam
maka iya hilang.lah kakasih hamba itou, tiada ber.
ka.tahou.an lagi pergi.nia itou, iâ. chah alam! maka
hamba poun mendjadi saperti oranggila mem.bouang.
kan diri hamba.maka hamba poun datang . lah ka
binoua Rouni ini, maka hamba lihat souatou balei
di louar kota, maka hamba pouu doudouk kapada balei
princesse Djouker-Manikam, a disparu loin de moi.
C'est pour cela que j'ai quitté mon royaume, et que,
me faisant derviche, j'ai marché de pays en pays, de
plaines en plaines, de villages en villages, à la re-
cherche de celle qu'il ne m'a jamais été possible de
rencontrer. Mais, étant arrivé dans le pays de Votre
Majesté, j'ai vu suspendu au baley ce portrait qui est
d'une ressemblance frappante avec mon épouse. C'est
pour ce motif que j'ai pleuré en contempjant cette
image. »
La princesse sourit, et en même temps son cœur était
attendri en voyant la conduite de son époux ; elle dit à
son premier ministre : « mon ministre, je 70us confie
cette personne, traitez-la dignement, donnez-lui des
23
- 352 —
touankou itou; maka hamba libat souatou gambar ter,
gantong kapada balei itou sa.roupa dengan kakasih.
kou yang hilang itou tiada lagi ber.salah.an roupa.nia.
Maka pelouk dan hamba tchioum serta hamba me-
nangis.demikian.lah, iâ Chah alam. » Makakataba-
ginda kapada perdana mantri : « Hey mantri.kou
taroh.kan.lah orang ini baîk.baîk dan bri makandan
bri pakey iya. » Saberxnoula maka radja Cliah
Djohon Damsik itoupoun touroun.lah iya me.ninggal.
kan ka.radja.an kaginda me.laçou.kan saperti lakou
derouis berdjalan.Iah baginda deripada souatou nagri
datang kapada souatou nagri . Maka radja Chah Djohon
poun lalou iya ka binoua Roum. Maka radja Chah
Djohon poun melihat sa.bouah balei di louar kota
itou, maka iyapoun doudoulj: kapada balei itou. Maka
baginda poun terpandang kapada gambar itou sa.
vivres en abondance, donnez-lui aussi quatre femmes
pour le soigner convenablement : c'est le roi de Damas h
Le ministre alors, sur Tordre de la princesse, partit et
conduisit le roi de Damas dans une maison de belle
apparence et pourvue d'un ameublement conforme aux
ameublements des rois.
HUITIÈME RÉCIT
Ou l'on raconte les actes du ministre du pays de
Damas, le meurtrier des enfants du roi Chah
Djohon .
Le ministre prit toutes les richesses qui avaient été
envoyées en présent au roi Haroun er-Raschid. Lin-
— 353 —
roupa sakali dengan touan pou tri Djouher Manikam^
Maka baginda poun menangis seraya berkata : « Ouéh
bouah hati.kou dan kakasih.kou dan tchahaya mata,
kou demikiaji.Iah roupa.nia^ dimana.kah gerangan iya
sakarangini kou.tchahari; seraya baginda memelou^
dan mentchioum gambar itou. Maka dilihat olih orang
yang menounggouh balei itou lalou di.tangkap.nia di.
per.sembah.niakapada radja CAaA Djohon. Makakata
baginda : « Hey touankou derynana touhamba ini da-
tang maka sesatkanagri ini, dan apa sebab makapekerti
mou ini yang demikian itou dengan gambar hamba. »
Maka sembah radja Chah Djohon alim bhaoua istri
hamba yaugber.nama touan poutri Djouher Manikam
telah lenniap.lah deripada hamba, sebab itou.lah hamba
meninggal.kan ka.radja.an hamba, maka hamba me-
lakou.kandiri hamba ini saperti lokou derouis, maka
gots d'or, lingots d'argent^ riches habillements en
fines étoffes de la 'contrée de Bouzoungga, ainsi que
les vêtements de la princesse Djouher-Manikam et
ceux de ses trois enfants, tout fut transporté et vendu
en la ville de Badgad. Mais le roi Haroun er-Raschid
ayant vu que son nom et celui de sa fille la princesse
Djouher-Manikam étaient gravés sur les lingots d'or
et d'argent, s'empara de toutes ces richesses.
Le minisire du pays de Damas disait : « Ces ri-
chesses sont à moi ; » de son côté, le roi Haroun er-
Raschid disait ; « Ces richesses sont à moi, car mon
nom et celui de mon enfant sont gravés sur ces lingots
d'or et d'argent. » Le ministre dit: « Puisque Sa
Majesté déclare que ces trésors sont à Elle, il faut.
— 364 —
hamba berdjatfui deripada souatou nagri datang ka-
pada souatou nagri dan deripada souatou padang da-
tang kapaâa souatou padang dan deripada souatou
dousoun datang kapada souatou dousoun, mentcha-
hari diya, tiada djouga hamba bertemou dengan diva;
maka hamba sampey.lah ka nagri Chah alam ini,
maka lihat gambar chah alam tergantong kapada baiei
itou> sa.roupa dengan istri hamba tiada lagi ber.salah.
an roupa.nia; sebab itou.lah hamba menangis akan
gambar itou. 9 Maka baginda poun tersinnioum se*
rava belas hati.nia melihat ka.lakou.an.nia souami.
nia itou, maka kata baginda kapada perdana mantri :
(( Hey mantri.kou taroh.kan balk.baîk akan orang ini
pelibara.kan iya dan bri makan.makan.an dan bri
perampouan ampat orang memelihara.kan diya radja
Damsik ini. » Maka mantri yang disourbuh.kan olih
Monseigneur, que ce différend soit vidé en justice. »
Le roi de Badgad répondit: « C'est bien. Nous irons
où tu voudras me conduire! — C'est bien, dit le
ministre, nous irons alors devant le roi du pays de
Roum ; ce prince a la réputation d'être extrêmement
juste: chacun de nous lui exposera sa plainte. » Le
prince répondit: « C'est bien 1 » Le ministre reprit:
« roi du monde, il est bon que nous partions sans
retard! »
Alors le roi Haroun er-Raschid se mit en route
avec son fils Minbah-Châhaz, ses houloubalang et
des soldats. Le Kâdhi accompagnait le prince. De son
côté, le mini&tre du pays de Damas se mit en route,
accompagné de ses trois fils et des quarante lascars du
- 355 —
bagindft itoaponn pergi.lah iyà membaona radja Dam-
si'k itou kapada sa.bouah gedong dengan segala
alat.nia itou saperti alat segala radja. radja itou.
HUITIÈME RÉCIT
El kiBsa datang kapada tcheritra yang Ara.
dqulapanpada mengaia.kan pri hal mantridi binoua
Danm'k yang mem.bounouh anak radja chah Djohon
itou,
Maka segala arta yang di.sourouh per.sembah.kan
kapada radja Haroum er.rachid itoupoun samoua.nia
di.ambil.nia olih mantri itou saperti tangga emas dan
tangga pera^c dan segala kaïn saperti souf sa.khelat
aln et.banat beled Roujoungga dan saperti kaîn touan
poutri Djouher Manikam dan pakeyan anakda ba-
pays de Damas, Après quelque temps de marche, ils
arrivèrent en la ville de Roum et entrèrent dans le
fort. Ils se présentèrent de part et d'autre devant le roi
de Roum et chacun d'eux exposa sa plainte.
Le roi Haroun er-Raschid s'exprima ainsi: « O Roi
(lu monde! je me présente devant Votre Majesté pour
lui demander son jugement impartial. Le ministre du
pays de Damas a apporté à Badgad^ entre autres ob-
jets précieux, des lingots d'or et des lingots d'argent
sur lesquels sont gravés mon nom et celui de ma fille
la princesse Djouher- Manikam. Je m'en suis emparé,
et me voici venu en présence de Votre Majesté. » Le
roi de Roum dit: « S'il plaît à Dieu le Très-Haut, roi
de Badgad! l'afifaire va être jugée suivant la mesure
— 356 —
ginda yang ka.tiga itou samoua.nia di.baoua.nia ka
nagri Bagdad di.per.niaga.kan.nia di.sana.maka di.
lihat.nia olih radja Haroum eiwachid nama baginda
dan nama anakda touan poutri Djouher Manikam
tersourat kapada tangga itou; maka segala harta itou
samoua.nia olih radja Haroun erxachid itou di.
ambil.nia. Maka kata mantri nagri Damsik « ada-
poun harta itou harta hamba » maka kata radja
Haroun-er ,rachid « adapoun harta ini harta hamba,
karnanama.kou^dan nama anak.kou tersourat dalam
tangga emas dan tangga perak itou. » Maka sahout
mantri itou « djik^ Chah alam mengakou harta ini,
balk.lah touankou kita ber.houkoum ». Maka saout
radja Bagdad <( baïk.lah kita pergi kamana angkau
hendak membaoua akou ». Maka sembah mantri itou
(( balk.lah kita meng.adap radja binoua Roum karna
de nos forces. » Le roi de Roum reprit : « Mon mang-
kouboumi, et vous, mes mantri et mes houloubalang,
recherchez toute l'inspiration divine pour trancher le
différend existant entre le roi de Badgad et le ministre
de Damas, » Les ma/i^n s'inclinèrent et dirent: «
Monseigneur, Roi du monde, quels qu'ils soient, nous
élevons les ordres de Votre Majesté au-dessus de nos
tètes I ))
Et ils délibérèrent sur la nature du différend. Le roi
de Badgad déclare : « Ces objets précieux sont à moi,
car ils portent gravés les noms de moi et de mon enfant. »
D'autre part et en môme temps, le ministre de Damas
déclare : « Ces objets précieux sont à moi ! »
Les mantri et les houloubalang demeurèrent fort
— 357 —
baginda itou khabar.nia térialou sangat adil, baîklah
kita masing-masing mengatakan daoua kita kapada
baginda itou ». Maka sahout baginda : «baik.lah.))Maka
kata mantri itou : « là chah alam balk.lah kita sigra
pergî. » Maka racfja Haroun-er . Rachid poun ber.
djalan.Iah dengan anakda Minbah Chahaz dan hou-
loubalang baginda dan rayat.nia^ dan \^\v poun
adalah serta dengan baginda, dan mantri binoua
Dam^ik poun ber.djalan.lah dengan anakda.nia tig^
orang rayât Dam^ik poun ampat pouloh orang serta.
nia^ Satelah bebrapa lama.nia di djalam, maka sampey .
lab iya ka binoua Roum, lalou masouk kota deripada
ka.doua pihak itou meng.adap radja Roum masing-
masing menienbah.kan daoua. nia kapada radja /?ou/^.
Maka radja Haroun er.rachid poun berdatang
sembab : a ià Chah alam! Adapoun hamba meng.
embarrassés : ils dirent au roi : « Roi du monde !
nous tous, nous ne pouvons nous-mêmes juger ce dif-
férend; il est trop difficile pour nous; c'est le juge-
ment impartial de Votre Majesté qui peut seul en dé-
cider, j) Le prince dit: « C'est bien! je prononcerai la
sentence, s'il plait à Dieu le Très-Haut, pourvu que
vous consentiez à l'accepter. » Le roi de Bagdad ré-
pondit : « Roi du monde, jugez entre nous deux sui-
vant votre impartiale justice. » Le roi de Roum dit
alors : « ministre de Damas, et vous, roi de Bagdad,
voulez- vous l'un et Tautre que Nous jugions selon le
jugement de Dieu le Très-Haut? » Et ils répondirent
des deux côtés: « Cest là ce que nous demandons:
le jugement de Dieu! » Le prince reprit: « Si vous y
— 358 -
adap Chah alam ini henda|j[ meinohon.kan houkonm
yang.sa.benar.nia ka.baouah touankou Chah alam
karna mantri di binoua Dam^ih: ini mem-baoua harta
ka nagri Bagdad^ maka dalam harta itou ter.sourat
nama hamba dan nama ana^ hamba toiian poutri
Djouher Manikam, pada tangga emas dan tangga
peralj: itou ; maka hamba ambil.lah, maka hamba
datang meng adap touankou Chah alam ini ». Maka
sahout radja Roum : « In chà Allah taala, hey radja
Bagdad! sakedaa sa.kouasa kami mem.bitchara.kan
diya. » Maka kata radja Roum pada mangkouboumi
dan segala mantri akou dan houloubalang.kou saka-
liam periksÂ.i ilham akan hal radja Bagdad dan
mantri Damsik itou. | maka segala mantri Roum
itoupoun meniembah maka sembah.nia: a i& touan-
kou chah alam ini mana.lah parentah touankou hamba
consentez de part et d'autre, c'est bien !» — « J'y con-
sens, dit le ministre de Damas, » — « Et moi égale-
ment, » dit le roi de Bagdad.
Le roi de Roum alors parla en ces termes: « Con-
formément à la loi de Dieu le Très-Haut, j'adresse cette
question au roi de Bagdad: « Avez- vous une fille? »
Le roi de Bagdad répondit: « Oui, Roi du monde, j'ai
une fille et un fils. » — « Et, dit le Roum, est-ce que
vous avez présentement ces deux enfants ? » Le roi de
Bagdad répondit : a J'ai mon fils, mais ma fille, je l'ai
perdue! » Le roi de Roum^ continuant, dit: «Quelle
est la cause de la perte de votre fille? » Le roi de
Bagdad répondit: « Roi du monde! écoutez mon
récit. Pendant que j'étais parti pour le pèlerinage avec
— 359 —
djoundjonng. y> Maka segala màntri Roum itoupoun
ber.bitchara.lah akan Jtial kata daoua.nia itou karna
radja Bagdad daoua nia « segala harta ini harta.kou
karna nama analic hamba yang tersourat kapada harta
itou »; maka kata mantri Damsik : « harta ini harta
hamba n.Maka segala mantri dan houloubalang itou
sakat. an. nia. Maka segala marika iiou poun berda-
tangsembah demikian sembah.nia: « ià Chah alam I
tiada.Iah ter.bitchara.kan olih hamba sakalian karna
bitchara ini terlalou amat soukar kapada hamba saka-
lian, melaînkan houkoum ini adil Chah alan djouga
yang dapat meng.houkoum.kan diya ». Maka kata
baginda : « baïk.lah akou meng.houkoum.kan in cha'
Allah taala djika iyamaou menourout houkoum. kou.»
Maka sahout radja Bagdad: « iâChah alam houkoum.
kan.lah antara kami kadoua dengan houkoum yang
mon épouse et mon fils qui se nomme Mtnbah Châhaz,
j'avais laissé ma fille pour garder mon palais. Arrivé
au but de mon pèlerinage, j'envoyai une lettre au Kâdhi.
Elle était ainsi conçue : « Que la paix soit avec le
» Kâdhi. J attendrai encore pour le grand pèlerinage
» environ une année. Pour ce qui regarde mon
» royaume, mon palais et ma fille, la princesse Dj'ou-
9 her-Manikam, veille avec le plus grand soin, garde-
» toi de toute négligence dans la protection de mon
» royaume et de mon enfant! » — Quelque temps
après, le Kàdhi m'envoya une lettre à la Mecque; elle
était ainsi conçue : « Roi du monde ! votre servi-
» teur a reçu Tordre de veiller sur le palais de laprin-
» cesse votre fille ; or, une certaine nuit, votre fille est
— 3eo —
sa.benar.nia. )) Maka kata radja Chah Djohon : « Hey
m^niTÏ Dam^ik dans radja ^Sa^o^ac/ maou.kah touan-
kou kadoua piha^c kami houkoum.kan dengan hou-
koum Allah taala ». Maka senibah ka.doua pihal: :
« itou.lah yang hamba pohon.kan houkoum Allah
itou ». Maka kata baginda: « baîk.lah djikalau ridla
yang ka.doua pihak ». Maka sembah mantri Damsik :
« ridla. lah hamba demikian lagi kata raja Bagdad, o
Maka kata radja Roum a tetapi hamba bertania
dongan ha|s Allah taàla kapada radja Bagdad: « ada.
lah touanhamba beranak perampouan? » Maka sahout
radja Cagdad : « ada^ iâ Chah alam 1 hamba beranak
perampouan sn'orang dan laki-laki sa'orang. » Maka
kata radja Roum : « ada.kah sakarang.ini kadoua
anak itou ? » Maka sahout radja Cagdad : a Chah
alam anak hamba yang laki-laki ada, dan yang pe~
» venue auprès de moi et elle m'a dit : « K&dhi ! tu
» es Tobjet de mes désirs ! » — Après avoir entendu
cette lettre du Kâdhi, j'appelai mon fils Mtnbah Châ-
ha:s et lui dis : « Pars pour Bagdad, va tuer ta sœur,
» parce qu'elle est notre honte. » Mon fils Mtnbah
Châhaz partit aussitôt pour Bagdad et tua sa sœur.
Puis il revint me trouver à la Mecque. Son coutelas
était encore teintdesang. Alors je m'écriai : « Louanges
à Dieu, le Seigneur de l'univers! Notre honte est
effacée ! » Tel est mon récit! ô Roi du monde! »
Le roi de Roum dit: « C'est bien I maintenant je
prononcerai le jugement! » Et, «'adressant au ministre
de Damas, il lui dit: « ministre de Damas, dis-moi
la vérité, si tu veux qu'au jour du jugement dernier
— 361 —
rampouan itou telah hilang.lah. » Maka kata radja
Roum apa moula. nia maka anak radja yang peram-
pouan itou hilang?» Maka sahout radja Cagdad:
f< ià, chah alam ! dengar.kan.Iah tcheritra hamba,
tatkala hamba pergi nalk hadji serta istri hamba dan
anak hamba yang ber.nama Minbah Chahcus itou
adapoun anak hamba yang perampouan itou hamba
tinggal.kan mensunggou.ïastana hamba. satelah soudah
hamba nalk hadji maka berkirim sourat kapada (cadli
demikian bounyi.nia : « Salam doa hamba dataug
kapada kadli adapoun hamba lagi menanti hadji
akbar barang satahoun lagi berxnoula akan nagri
hamba dan astana hamba dan anak hamba perampouan
yang ber.nama poutri Djouher Manikam itou peli-
hara.kan baïk-balk, djangan taksir kaldi kapada me~
melihara.kan nagri hamba dan anak hamba. » Hatta
•
intercède pour toi le prophète Mohammed (que la
paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui !). Parle et
dis la vérité : d'où te viennent ces richesses ? afin que
je prononce mon jugement entre vous. »
Le ministre du roi de Damas dit avec crainte : «
Monseigneur, Roi du monde I je vais déposer au pied
du trône de Votre Sublime Majesté le récit complet
depuis le commencement. Je reçus une mission du roi
Chah Djohon, « mon ministre, me dit-il, pars, je
t'envoie dans la ville de Badgad; mène mes trois en-
fants à leur aïeul, et mon épouse la princesse -D/oMAe/'-
Manikam à sa mère et à son père le roi Haroun er-
Raschid. » Je me mis donc en route avec l'escorte qui
accompagnait la princesse Djouher Manikam, et nous
— 368 —
brapa lanm.nia maka ^adli poun ber.kirim sourat
kapada hamba ka Mekah demikian bounyi.nia : « Hl
chah alam ! hamba.mou di.sourouh.kan chah alam
meng.aoual astana padouka anakda baginda itou;
maka ada pada souatou malam anàkda dating kapada
hamba demikian kata.nia : « Hey kaldi ! akoa hendak
akau dikau I » satelap hamba menengar sourat deripada
kadli demikian itou, maka hamba sourouh.kan.lah
anak hamba Minbah Chaas itou, maka kata hamba :
pergi.lah angkau ka binoua Bagdad, bounouh olih
mau saoudara.mou itou, karna iya membri kita malou;
maka anak hamba Minbah C hahojs xXom^qm pergi.lah
iya ka Bagdad, maka di.bounouh.nia saoudara.nia
itou. Maka iyapoun kombali.lah mendapat.kan hamba
ka Makah, Sekin.nia poun masih ber.loumour darah,
maka kata hamba el hamd lilah rabbi et alamin,
arrivâmes à notre premier lieu de halte. Le jour ayant
fait place à la nuit, je dressai une tente et les gens de
l'escorte dressèrent tous des tentes autour de celle de
la princesse. Mais Satan survint qui souffla dans mon
cœur une tentation ; cette pensée me vint : « l'épouse
du roi est admirablement belle, elle a aussi un très
beau nom: il faut que j'aille lui demander si elle veut
de moi. » Alors j'entrai dans la tente de la princesse;
dans ce moment-là, elle était assise à côté de ses en-
fants qui dormaient, occupée à chasser loin d'eux les
moustiques. La princesse me demanda : c( mon mi-
nistre, pourquoi viens-tu ici? » Et je répondis: « Je
viens ici pour vous demander si vous voulez de moi ! »
La princesse dit: « N'as-tu donc nulle crainte de Dieu
— 363 -^
hilang.lah malou deripada kita! demikian.lah tche-
ritra.nia, i& Chah alam ! » Maka kata radja Roum :
« baHc.lah sakarang hamba sourouh.kan houkoum
ini. Maka kata radja Roum poulapadamantri Damsik:
(( Hey mantri Damsik berkata benar.lah angkau
kapada kou djika angkau hendalj: chefaat nabi Mo^
hammed rasoul Allah (Salla allah aiey,hi oua fal-
lama! ), pada hari kiamat djamaah, kata.kan.lah olih
mou dengan kata yang sa.benar.nia; derimana angkau
ber.olib bartà ini soupaya sigra akou poutous.kan
hiHikoum kamou itou. » Maka kata mantri Damsik
itou denhan takout.nia : « iâ touankou Chah alam !
hamba per.sembah.kan.lah ka baouah douli yang
mabamoulia tcheritra nia deripada^per.moula.an.nia
segala peristeoua hamba di sourouh.olih radja Chah
Djohon maka baginda itou ber.kata kapada hamba,
le Très-Haut et digne de louanges? Je ne veux pas, car
cette action est défendue par Dieu le Très-Haut et
digne de louanges, elle est défendue par l'Envoyé de
Dieu (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur
lui!). Non, je ne commettrai pas cet acte que tu veux, ce
n'est pas l'acte d'un croyant. Que serais-je, si je con-
sentais à le commettre? » Alors je lui dis: « Si tu ne
veux pas, je tue un de tes enfants! » La princesse ré-
pondit: « Si tu tues mon enfant, ce sera par le juge-
ment de Dieu ; et que pourrai-je faire, sinon invoquer
son nom ? » Alors je tuai un de ses enfants. Lui mort,
je demandai de nouveau si elle voulait de moi, et je
tuai encore un autre des enfants. Celui-là mort, j'adres-
sai la mèroe question, et la princesse répondit : « Je
■- 364 -^
demikîan katabaginda itou : « Hey mantri.kou pergi.
lah angkau kou.sourouh.kan ka nagri Cagdad, pergi
nieng, hantar.kan anak.kou tiga orang ini kapnda
nene^.nia dan istri.kou touan pou tri Djouher Mani-
kam kapada haya bounda.nia radja Haroun er.
rachid. Hatta maka gamba poun bcr.djalan.lah
dengan segala rayât y angmeng.i ring. kan touan poutri
Djouher Manikam itou. maka datang . lah pada
souatou tampat per. moula an. nia maka hari poun
malum.lali, maka hamba poun men.diri.kan rounah.
maka segala rayât itou masing-masing men.diri.kan
roumah ber.koliling roumah touan poutri itou.
Maka datang. lah cheïtan membri ouasous kadalam
hati hamba bhaoua datang pikir hamba adapoon
istri radja ini terlalou q\o\ roupa.nia dan nama.nia
poun terlalou indah-indah baîk akou pergi her.tania
ne veux pas commettre une action qui est défendue
par Dieu et détestée par l'Envoyé de Dieu (que la paix
et la bénédiction de Dieu soient sur lui !) ; cette action
est interdite, et c'est un grand péché devant Dieu le
Très-Haut et digne de louanges. » Je luis dis : « Si tu
ne veux pas, nécessairement je tue le troisième de tes
enfants. » Laprinôesse Djouher- Manikam répondit:
« Si tu tues mon troisième enfant, ce sera par le juge-
ment de Dieu, et que pourrai-je faire sinon invoquer
son nom, car je ne suis qu'une femme? » Alors je tuai
encore un enfant. Après la mort de ce troisième en-
fant du roi, je posai de nouveau ma question à la prin-
cesse; elle ne voulut pas y consentir. Je lui dis: « Si
tu ne veux pas, jeté tue! » Elle me répondit: « Situ
— 365 —
kapada.nia kalau-kalau iya maou akan dakou. Maka
hamba poun masouljc.lah kadalam l^ceimah touan poutri
itou, tatkala itou touan poutri lagi doudoulj: di sisi
anak.nia tidor îtou, iya lagi mem.bourou-bourou
niamo]^. Maka hamba di.tania.î olih touan poutri,
maka kata.nia: « Hey mantri.kou hendak kamana
angkau ini ? » Maka sahout hamba « adapoun
hamba ini datang ini hendak ber.tania kapada touan
hamba kalau-kalau touanhamba maou akan hamba » .
Maka kata touan poutri : (( tiada.kah angkau takout
akan Allah soubhanah oua taaia bhaoua akou tiada
maou karna pe.kerdja.ân ini di.Iarang.kan Allah
soubhanah oua taala dan di.Iarang.kan rasoul Allah
[salla Allah aley.hi oua sallama !) boukan pe.herdja.
an.kou dan boukan pe.kerdja.ân islam yang hendak
kau . kerdjakan ini, maka betapa pri.kau mengerdja.
me tues, c'est que Dieu aura prononcé son arrêt sur sa
servante; mais attends-moi ici, car je veux laver mes
vêtements et mon corps tachés des traces du sang de
mes enfants. » Je dis: « C'est bien! j'attends ici. » Elle
sortit de la tente, la pluie tombait à torrents. Il me
fut impossible de savoir où elle était allée. Tel est mon
récit, ô Roi du monde ! »
Le roi dit: Ministre du pays de Damas, as-tu des
fils? » Il répondit: « Oui, Monseigneur, Roi du monde,
j'ai trois fils. » Le prince dit: « Fais venir tes trois fils
ici, afin que promptement je juge suivant la loi insti-
tuée par le Prophète (que la bénédiction de Dieu et la
paix soient sur lui I). Voici ce que prescrit cette loi :
« Le ministre a tué les enfants de la princesse Djouher-
— 366 *— •
kan diya.maka kata hamba » djika angkau tîada
maou, raistchaya kou.bounouh anak.mou sa'orang. »
Maka sahout touan poutri « djika kau bounouh pouQ
anak.kou soudah dengan lioukoum Allah djouga,
nama.nia apatah oupaya.kou lagi ? » maka bamba
bounouh sa'orang; telah soudah mati maka hamba
ber.tania poula itoupoua tiada djouga iya maou akan
hamba. maka hambah bounouh poula sa'orang lagi
anak.nia; lagi satelah mati maka bamba ber.tania
poula, maka sahoiit touan poutri itou : « tiada akou
maou meng.ordja . kan pe.kerdja.an yang di.Iarang.
kan Allah dan di.bentchi.kan ragoul Allah {salla
Allah aley.hi oua sallama !) karna per.bouat.an
haram itou ber.dossa.nîa terlalou kapada Allah sou-
bhanah oua taala. Betapa pri.kau meng.erdja.kan
diya? » Maka kata hamba « djika tiada angkau maou
Manikam, ce n'est pas le ministre qui doit être mis à
mort^ ce sont les enfants du ministre qui doivent être
tués. L'exécution de ce jugement sera la juste applica-
tion de la peine du talion entre le ministre et la prin-
cesse. »
Le ministre appela ses trois fils; dès qu'ils furent
venus, il les présenta au roi de Roum, Celui-<îi dit à
son ministre :« mon ministre! où est TÉthiopienî
qu'on l'amène icil » Le voleur éthiopien vint et
se prosterna devant le roi de Roum. Le roi de Roum
lui dit : « Éthiopien ! retourne dans ton pays et change
de conduite. Celle que tu cherches^ tu ne la reverras
plus ! » Et le prince lui fit don d'un keti d'or. Puis le
prince dit: i< mon ministre, où est Biyâpri f qu'on
-3W-
nistcbaya kou bounouh aDa]j:.mou katiga.nia » maka
sahout touan poutri Djouher Manikam : a Djika kau.
bounouh poun anak.kou yang katiga.nia soudah.lah
dengan boukoum Allah taala, nama.nia apatah ou-
paya.kou lagi, karna hakou perampouan. » Maka
bamba bounouh saorang lagi. Satelab soudah mati
katiga.nia anak radja itou, maka bamba ber.tania
poula kapada touan poutri itoupoun, tiada djouga iya
maou, maka kata bamba « djika angkau tiada maou
maka angkau poun kou bounouh ». maka saout.nia
aken bamba : « djika akou poun kau. bounouh soudah.
lah dengan houkoum Âllah djouga ber.lakou atas
hamba.nia; tetapi manti.lah akou di.sini karna akou
bendak mem.basouh kain.kou dan toubah.kou bekas
ber.loumour darah anak.kou. Maka kata bamba:
« baîk.lab bamba nanti di.sini. » Maka iyapoun ka-
ramène ici I » On amena donc Biyâpri. Lorsque celui-
ci fut arrivé, il se prosterna devant le prince. Le prince
dit: « Biyâpri^ pars pour ton pays et change désor-
mais de conduite. Celle que tu cherches, tu ne la re-
verras plus ! » Et le prince lui fit don de deux keti
d'or.
Le roi de Roum dit alors aux mantri: « Que tous
soient assemblés I Je veux rendre le jugement entre le
roi de Bagdad et le ministre de Damas. » Les mantri
et les houloubalang se rassemblèrent donc en présence
du roi, en même temps que ses sujets. Le roi de Roum
dit: « mon mangkouboumi ! que les enfants du mi-
nistre de Damas soient misa mort tous les trois. Telle
est l'inspiration divine. Alors les enfants du ministre
24
— 368 —
louar.lah deridalam roumah.nia itou hari poun houd-
jan.lah terlalou amat lebat; maka tiada.lah ber.ka.
ahou.an lagi kamana pergi.nia. Demikian.lab tche-
ritra.di& Chah alam ! » Maka kata radja : « Hey mantri
binoua Dam^ik » ada.kah angkau ber.anak Iaki-laki?»
maka sembah.nia : ià touankou Chah alatn ada anak
hamba tiga orang Iaki-laki. Maka kata baginda baoua
anal:.mou itou katiga. nia kamari, soupaya sigra kou
houkoum.kan dengan houkoum cheriat nabi (Salla
allah aley.hioua!) demikian.lah houkoum. nia: mantri
itou bounouh anah: poutri Djouher Manikam itou
a bounouh mantri itou, tiada patout bounouh anak
mantri itou satelah soudah di.kerdja itou doua-doua
bounouh mantri dan poutri itou doua-doua kissas ».
Maka mantri itoupoun memanggil anak.nia tiga
orang itou.satelah datang maka di.per.sembah.kan.
de Damas furent tués tous les trois. Après qu'ils
eurent été mis à mort, le prince dit: « Ministre,
retourne au pays de Damas, avec un haillon pour cein-
ture et dans tes derniers jours change de conduite! Si
tu ne le sais pas, c'est moi qui suis la princesse Djou-
her-Manikam, la fille du sultan de Bagdad, Tépouse
de Chah" DJohon, mon seigneur^ et la sœur de Mtnbah
Châhajg, Dieu a frappé tes yeux d'aveuglement, à
cause de ta félonie envers moi. Il en est de même du
Kâdhi de la ville de Bagdad. » Le ministre de Damas,
saisi de frayeur trembla de tous ses membres; il se jeta
aux pieds de la princesse DJouher-Manikam et, ainsi
prosterné, il demanda mille et mille fois pardon, puis
il s'en retourna à Damas tout en larmes et accablé de
— 369 —
nia kapada radja Roum, maka kata radja Roum
kapada mantri.nia : « Hey mantri.kou mana sanggi
itou baoua kamari.maka zanggi pentchouri poun
datang lalou roeniembah kapada radja Roum, maka
kata radja Roum : « Hey sanggi kombali.lah angkau
ka nagri.mou dan djangan lagi pekerti.mou' yang
demikian itou bhaoua yang ankau ichahari itou
tiada. lah angkau per.olih lagi I » maka baginda
poun mem. bri anougraha emas akan sanggi sa.
kati. Maka kata baginda poule : « Hey mantri kou
mâna Biyapri itou baoua kamari ; » maka Biyapri
poun di. baoua orang . lab iya. Satelah Biyapri itou
datang lalou iya meniembah kapada baginda : maka
kata baginda « Hey Biyapri ! pergi.la hangkau
ka nagri.mou, djangan. lah lagi pekerti.mou de-
mikian, bhaoua yang kau tchahari itou tiada. lah
douleur à cause de la mort de ses trois fils. Le Kàdhi,
couvert de honte à cause de sa trahison envers le sul-
tan de Bagdadj s'enfuit et s'expatria. Le roi de Roum
ordonna. d'amener le roi Chah Djohon et dé lui donner
un habillement tout brillant d'or, et il l'envoya demeu-
rer en la cotnpagnie de son père le sultan de Badgad
et de son frère le prince Minbah Châhaz.
Alors la princesse Djouher-Manikam se retira ; elle
entra dans le palais et en revint revêtue d'habits de
femme. Elle sortit alors accompagnée de ses suivantes,
et alla se présenter à son père le sultan de Badgad.
Elle se prosterna devant son père, devant son frère le
prince Mînbah Châhas, et devant son époux le roi
Chah Djohon.
kau per.olih lagi. » Maka baginda poun meng. anou-
graha.i doua kati emas. Maka kata radja Roum
kapada segala mantri.nia: a ber.himpoun.lah kamou
sakalian bhaoua akou hendak meng.houkoum.kan
radja Bagdad dengan mantri Damsik; )> maka segala
mantri dan houloubalang poun ber . himpoun . lah
meng.adap baginda serta segala rayât sakalian. nia.
Maka kata radja Roum : « Hey mantri. kou I adapoun
anak mantri Damsik itou bounouh ilham katiga.nia. b
Maka anal^ mantri DamsUs itou di. bounouh orang.lah
katiga.nia. Satelah soudah mati. maka kata baginda :
« Hey mantri. kou ! kombali.lah angkau ka nagri
Damsik dengan sa.heley sa.koupang kemoudi.an hari.
nia, maka djangan.lah pekerti.mou demikian itou
lagi, dan djikalau angkau tiada tabou akou. lah poutri
Djouher Manikam anat Solthan Bagdad dan souami.
La princesse dit : « vous tous, seigneurs et guer-
riers du pays de Roum, apprenez que je suis une femme
et non un homme. Voici mon père le sultan Haroun
er-Raschidj roi de Bagdad ! Voici mon frère qui se
nomme Mînbah Châha2, et voici mon époux le roi
Chah Djohon qui règne sur le pays de Damas ! Depuis
le temps où vous m'avez fait monter sur le trône de
Roum, si j'ai commis quelque faute par erreur ou par
ignorance, il faut que vous tous vous m'excusiez, car
habituellement les serviteurs de Dieu commettent de
nombreuses fautes par erreur ou ignorance; il n'y
a que Dieu seul qui ne commette ni oubli ni négligence,
et soit à l'abri de l'erreur ou de l'ignorance 1 »
Le mangkouboumi du pays de Roum dit - « Jamais
— 371 —
kou radja Chah Djohon iya.Iah touan.kou dan saou-
dara.kou Minbah Chcthœs, karna mata.mou di. bouta.
kan Allah sebab l^ianat kamou akan dakou dan demi-
kian lagi ^adli nagri Bagdad. Maka mantri Dam^ik
itoupoun gemetar.lah segala anggota.nia serta dengan
takout.ûia lalou iya soudjoud di hadiirat touan poutri
JDjouher Manikam seraya memohon.kan ampoun
beribou.ribou ampoun menienbah lalou iya ka nagri
Dam^ik dengan tangis.nia, terlalou doukatchita iya
akan anal:.nia tiga orang itou mati. Satelah itou
maka kadli poun terlalou amat malou.nia sebab iya
ber.bouat pitnah kapada Solthan Bagdad; maka lari.
lah membouang.kan diri.nia. Maka radja Roum me-
niourouh membaoua radja Chah Djohon serta di.bri.
Votre Majesté n'a commis la moindre faute, soit par
erreur, soit par ignorance, pendant le temps qu'elle a
régné sur le pays de Roum. Il y a eu pourtant Une
faute commise par Votre glorieuse Majesté parmi les
jugements qu'elle a rendus. Le ministre a tué, la prin-
cesse a tué; tous deux l'ont fait volontairement. C'est
une faute pour la princesse Djoaher-Manikam d'avoir
tué les enfants du ministre, comme le ministre a com-
mis une faute en tuant les enfants de la princesse. Il y
a eu là similitude ; néanmoins, s'il plaisait à Sa Majesté
de demeurer sur le trône de Roum^ tous nous en se-
rions extrêmement contents. »
La princesse Djouher-Manikam dit : « Je vais
prendre congé de vous tous, seigneurs ! il est bon que
nous fassions roi le jeung prince et qu'il me remplace
sur le trône ! »
— 372 —
nia roeimakey pakeyan yang ka.emas.an; maka di.
sourouh baginda doudoulj: ber . saroa-sama dengan
ayahnda baginda Solthan Bagdad dengan kakenda
baginda Minbah Chahaz. Maka touan poutri DJouher
Manikam ber.angkat.lah baginda masouk kadalam
astana, maka kombali.Iah baginda memakey pakey.
an perampouan.maka touan poutri DJouher Manikani
poun kalouar.lah iya di.iring.kan olih segala dayang-
dayang meng.adap ayahnda baginda Solthan Bagdad.
(A auiore.)
Les mantri et les houloubalang de Roum répon-
dirent : (( Quels que soient les commandements de
Votre Majesté, nous les élevons au-dessus de nos
tètes. »
Alors la princesse fit Tenfant royal son successeur,
et mantri^ houloubalang et sujets, tous, en se proster-
nant, élevèrent leurs mains au-dessus de leurs têtes et
le proclamèrent roi.
(A suivre.)
LATIN BITERE, ARBITER, UMBRIAN VERFALE
Ail of the carrent explanations of bitere are bighiy
problematic. Scbolars do notneed tobave poîDted out
tothem tbe difficulties in the way of comparing bitere
with (poiTàco, and witb -^TjTéco. The least plausible
ofall tbe explanations is that wbich makes Ose. bai-
ki$, wbich is in ail probability,a proper name, an
excuse for *6a«/cr«, and compares Lettic gaita 'course'.
This is as bad as wben I myself got per <b>it al out of
périt al atCaptivi 690, wbich I explained from ^per-
fit, passive to perdit 'destroys' *. If I could bave* es-
tablished the proverbial nature of that verse, my
theory would bave bad a basis. There may be a germ
of truth in it after ail as perbitere is the only form of
the verb that can muster many citations.
Ail our study of &i/ere must note its rareness, and it
is almost safe to say that it is limited to Plautus and
bis immédiate imitators, or to archaizers. Terence does
not ose it. There is no reasonable doubt but that bîtere
is the correct orthography for the word, while bètereis
a manuscript variant.
I propose to explain tbe word from *dwi + eitere
•to go apart'. Tbe relation oC^dwi- to dt-di-s is tbe
1. Cf. Am. gr. PhiL, 16, 12.
— 374 -
same we hâve in Gothic «w;/>-alongside of 0. H. G. zir-.
4ccording to this explanation bitere meaot originaily
'togoaway'.
This explanation suits perfectiy Ihe explanation of
Umbr. ebetrafe hebetafe \\n exitus', if Buecheler is righl
incomparing -bet- yf Hh bitere, for bel- would sland for
*Aci7- as well as for *6ae<-.
We mighloperale however wilh a]bilere am^itere,
and compare com-buro, if it be true thaï -buro cornes
from the misdivision of am]b'Uro.
The -te- suffîx ot ei- seems to be preserved in oiior
wtorif that verb is really cognale withEi- 'go".
In the study of Latin arbtter let us flrst exclude the
dialects. There can be no doubt but that the word
means *umpire, judge, arbitrator'. Pott saw in arbtter
the sensé *zu dem zweiten' and compared with -biter
Grk. 8eÙT£poc 'second', while ar- was a préposition
Uo'*. In later days aréUer has been explainedas from
ad' + hiterey but the différence in quantily bas to be
laken into account hère.
It seems to me that arbtter may go baclc to ardho-
TEKO-, and in that case the following words may be ils
cognâtes: Sk. ardA-a *hair, drdha-'side, part, placé',
ardhàyaii 'satisfles, appeases'. Greek àp^-^iôç *bond,
league', àp9-pov 'joint', àpt9-(x6ç 'sum, number' might
aiso be compared, making àr-dh- an extension of ar-
1. Cf. Danieisson in Pauli's Altilal. Stud., iii, 198 ff.
2. Not dorived from ad.
-^ 8!Z5 —
*join\ In that case Âptô- mast be explained to contain
an anaptyptîc i, or we might compare -api- in àp-
apt-axo) and suggest a dissyllabic root.
As to thesulBx in drbiter, if we note that Sk. ardhà,
bas pronominal inflection we might compare it with
Lat. al'ter 'second, other', t^-/6r* 'which of Iwo*. It
may be merely imitated. [A propos of u-ter, I protest
against Aryan u- Uwo' set up by Bragmann-UaUhau-
sen Mhe 'bothness' of Sk. u-bhau lies in the -bhau,
and as for u-ter, we can no more infer u- Hwo' from
it than we can infer a/- 'two' from aller,] from
magis'ter, the name of another oificer. The word
arbiter 'witness' does in fact approach the meaning
of 'second', as Pott' saw. It is interesting tonote that
Latin tesiin 'witness' meant originally 'third', accor-
dingto a récent probable explanation\ while testor,
the derivative verb, is in ail respects lilce arW/ror in in-
flection. We must also note seguester *umpire, arbi-
Irator' which Plautus uses as a subslilute for arbiter*.
Let us pass now lo Umbr. afputrati 'arbitratu*. So
far as ils r ofTers testimony it seems to stand for ad-,
but we can not exclude the possibility that f is a bad
spelling, or an analogical spelling, for r, cf. armanu
for armamu. As -rp- is certainly for -rô- the question
1. Known tomefrom Brugmann'aOrundriss,!!, §683, p. 1042.
2. Bnigmanns* Grundriss P, p. 1094.
Oa Ltm C»
4. Skutsch in B. B. 23, 100 fE.
5. Cf. Rudens 1004 : nisl das seqaestrum aut arbitrum, etc.
- 376 —
arises whether-r6- can bederived from -boH-, Inas-
much as Umbrian -mb- cornes from -mbh- this ques-
tion can notbe rejected without considération, evenif
in alfU' '-If- corresponds to Lat. -/A- in atbtis. Suppos-
ing Ihat àrdho- 'half came into primitive Italie, il
maybave had in preprim. Italie, as in Sanskrit, two
accents '^ardhô- and '^drdho-, and the one bave been
syllabîfled ^ar-dho- and tbe otber "^arâh-o-. We do not
know that -rdh- would bave bad tbe same pbonetic
treatment for botb syllabiflcations. I am not of those
wbo believe tbat we can operate by algebraic substila-
tion in pbonetic matters : because -dh- yields Ital. -f-
{-b'?) I am not willing to say tbat -rdh- yields Ital. -rf-.
Tbe analogy of Umbr. alfu, Lat. alba (: àX(p6ç) may
incline us to tbe supposition tbat as -lbh- yields Umbr.
-If-, so -RDH- would yield Umbr. -rf-, but analogy is
not proof.
Tbe only word tbat may be cited as proof in Um-
brian \sverfale Uemplum' wbicb is explained as Lat.
^verbale '[place of] words''. Tbis seems to me very
questionable. I prefer to explain verfale by Lat. *ter-
.^afe 'place marked by Unes' : versus Mine, row, mea-
sure-of-land'. Tbe single occurrence of ver/aie is as
foUows: verfale pufe arsferlur trebeit 'templum ubi
flamen versatur'\ wbere versatur seems to make for
my explanation. Lucre tins calls tbe sky 'versatile
1. Bréal rendors eerfale by 'carmen*.
2. fiaecbeler*s translation, lab. Ig. VI a 8.
— 377 —
templum'. Weknow that a templum was a space
marked out by the augur for observations \ Itthere-
fore seems to me that we do well to explain verfale as
*lhe place of Unes', cf. templum *^é[uvoç : Tépst
'marks, cots*.
In Vmhmn afputrati 'arbitratu', if we bave a ge-
nuine descendant from the primitive speech, we must
suppose that ar- was confounded with ihe prefix af-,
and -u- in the second syllableis a weakened in the
post-tonic syllable. It is'on the whole discreeter fo
regard afputrati as borrowed from Latin. An arbiter
is of ail officiais the one most likely to be imported
from abroad. The Oscans bave aidil and kvaisstur as
names of officiais imported from abroad, and the Um-
brians bave kvestur with a derivative kvestretie that
was unknown to the Romans. There is nothing to for-
bid our supposing that arbiter and arhitratus were
both bowowed by the Umbrians, and perhaps at a time
when ARDHOTERO-was spoken *aréwïcrby the Romans.
In addition to the suggestion that af- for ar- is
due to a gênerai analogy we may even find a spécifie
analogon in arsmahamo\ but armanu corrected to
afmamu* 'ordinamini' .
Hère let me sum up the propositions advanced
above : Lat. bîtere comes from *dM?t-, a by form of di-
1. Cf. Livy, 1, 18, 7-8.
2. VI b 56.
3.1b 19.
— -wa -
•aparl, away'+i(ere, a -te- présent lo the root ei 'go'.
Lai, arbiter 'ainpire' is cognate with Sk. ardhà
'haïr, àrdhor 'side, part'.
Umbr. afputrati 'arbitratu' is probably borrowed
from Latin.
Umbr. verfale means the 'place marked out by
lines* and is cognate with Lat. versus Mine' .
Edwin W. Fay.
Aprih 28, 1898. Lexington.
Va.
PosTCRiPT. — That -LBH- yields Umbr. -If- is not a
certain inference from alfu 'alba', for the stem alf(h
*white' may well be in rhyme with rufth 'red*. Sabine
aipus is doubtiess only a way of writing albw, and the
same thing seems to be true of Paelignian Alpis 'AI-
bius', alongside of A la fis 'Albius'.
Umbr. urfeta which is usually rendered 'orbitarrC
seems to me best rendered 'orditam (se. telam)\ and
belongs to ôrditur 'spins a thread'. There can belittle
doubt but urfeta is not certainly the producl of -hdh-;
I suggest rather that ôrdior îs derived from a complex
of the locative ori 'in the mouth' with the root dhk-,
inflected, as in Ubriam, dhe-io- (cf. Lat. condio). The
sensé of this compiex was 'puts in the mouth' Rho-
tacism took place in Ubrian before the complex be-
came a compound. The rôle of the mouth in spinning
is well known (cf. Catullus, LXIV, 317-8). The plau-
sibility of this explanation of ordior is borne out by
— 379 —
Ihe lexical citations of that verb, as well as by the
compound exàrdior : barring a very few citations for
the so calied literal sensé of 'spin', the other citations
do hardly more than ring the changes on the/typical
example ônm est loqui, -to such an extent that ordior
might almost be classed among the verbs of saying.
Oct.,22, *98.
BIBLIOGRAPHIE
LaDisximilation comonanlique dam les tangues indo-
européennes et dans les langues romanes, par H. Gràm-
MONT. — Dijon, 1895.
Le livre de M. Grammoni a pour objet de formuler
une kyrielle de nouvelles lois phonétiques se ratta-
chant au phénomène de la dissimilation. et que j'écar-
terais volontiers toutes par une fln de non recevoir fon-
dée sur les raisons suivantes : 1° la plus importante et
la plus sûre des lois phonétiques est Tassîmilation;
SM'évolution phonétique du langage ne comporte pas
de lois contradictoires ; 3"" la prétendue dissimilation
est toujours fondée sur de fausses explications, ou les
cas qu'on en cite wsont des exemples à peu près isolés
qui dépendent de corruptions ou de confusions dans
lesquelles les lois phonétiques véritables n'ont généra-
lement rien à voir,
A cette dernière catégorie appartiennent la plupart des
altérations que Tauteur a relevées dans les idiomes
romans (patois et langues littéraires), tel par exemple le
prétendu français populaire chamoine pour chanoine.
Quant aux fausses explications, elles pullulent. Je
me bornerai à relever les suivantes:
N'est-ce pas abuser du sens du mot que d'appeler
— 381 —
dissimilatioD, et non pas désaspiration, le phénomène
que présente le grecT£ÔYj|jLt en ce qui concerne la repré-
sentation par un t, à la syllabe redoublée, du ô radical?
La preuve qu'il s'agit bien d'un affaiblissement pho-
nélique pur et simple nous est fournie par le vocalisme
des formes redoublées du sanscrit tisthâmi, bModa,
etc., qui accuse toujours un état faible correspondant
à celui du substitut de l'aspirée redoublée. Il est im-
possible de disjoindre les deux faits et de ne pas les
attribuer à une seule et même cause, à savoir la loi
de compensation en vertu de laquelle toute forme qui
se développe est susceptible par la même d'abaisser
le diapason phonétique de l'une ou l'autre des parties
qui la composent.
Le changement du r en /, ou le lambdacisme, ré-
clame la même observation. Il est absolument sûr qu'à
une époque qui n'est pas fort ancienne, les langues
indo-européennes ne possédaient pas de /. Graduelle-
ment, une bonne partie des r ont été atteints par le
lambdacisme, et le fait a eu lieu si souvent, sans qu'il
y ait lieu de faire intervenir la dissimilation, qu'en
bonne logique il convient d'expliquer tous ces change-
ments de la même manière.
La prétendue dissimilation grecque de (jl en ^
(\i£\i£pàç — pe(x5pàç) est due à un double processus
phonétique des plus intéressants et des plus sûrs,
mis en pleine lumière par le rapprochement de [luekôç
moelle (chair molle, le mou), (x&Xuç mou, |xaX-ax6ç,
1
— 388 —
môme sens, p'X-àÇ, m. s., à-(xpX-6ç, m. S; Le radi-
cal (lueX a donné très régulièrement [xJ=8X et par assi-
milation [xSeX d'où par contraction [^ dans àfiSXuç,
et par chnte du [x (imprononçable à Tinitiale dans un
groupe (x6) P'X-àÇ. De son côté, (xaX-ax6ç est pour
(xJ=aX-axoç : chute du f (non assimilé en j3). Quant à
(xcôXuç (cf. lat. mollis) pour *(x(oeX-uç, comme ce mot a
conservé la voyelle (co) qui, en s^affaiblissant graduel-
lement a donné ailleurs J= et |3, il n*a subi à l'initiale
aucune modiflcalion ni suppression*.
En voilà assez, je crois, pour justifier le scepticisme
que j'éprouve d*une manière générale pour toutes les
explications qui cherchent à rendre compte de certains
faits phonétiques par une tendance du langage à
changer un son pour la différencier d'un son voisin.
M. Grammont fait à propos des lois qu'il propose,
l'observation suivante : « Ces lois sont des possibilités;
elles sont la formule suivant laquelle la dissimilatioa
se fera, si elle se fait. »
Comment concilier ce rôle facultatif des lois en
question avec le caractère de nécessité qu'on prétend
1. Si Ton me demande comment il se fait que le procédé n'ait
pas été partout le môme, je répondrai que les modifications pho-
nétiques sont d'origine individuelle, et les langues d*usage com-
mun. Il en résulte que, dans une même langue, toutes les possibi-
lités phonétiques individuelles peuvent s'établir et coexister les
unesà côtédes autres.S'ii en était autrement, le verbe humain, en
tant que son, aurait été stérile et ne se serait jamais enrichi d*un
second mot à la suite d'un premier.
— 888 —
attribuer aux lois phonétiques en général ? Si la dissi-
milation obéit à des règles impératives et fatales, on
ne saurait admettre qu'elle se fera ou ne se fera pas.
Elle se fera toujours, ou qu'on ne nous parle plus de
ces processus phonétiques inflexibles dont la conQrma-
tion sur un terrain particulier de la science des sons
a été le but de l'auteur qui le déclare en ces termes :
a Si la dissimilation, elle aussi, obéit à des lois, tout
se tient dans l'édifice... c'est pourquoi nous avons
pensé qu'il valait la peine d'étudier séparément le
domaine de la dissimilation \.. »
Cette élude fausse et manquée, comme elle devait
l'être eu égard à l'objet que l'auteur avait en vue, a
pourtant abouti à un résultat que j'apprécie fort et
qu'il a constaté ainsi qu'il suit : « Notre intention était
primitivement d'étudier la dissimilation seulement
dans les ancijennes langues indo-européennes. Nous
commençâmes par le grec... Mais nous reconnûmes
bien vite que le grec ne possédait guère de dissimilation
qu'à la basse époque... Nous passâmes au vieux slave,
qui ne nous apprilrien, si ce n'est que la dissimilation
lui est presque totalement étrangère. Le vieux latin et
le latin «classique n'offrent que peu de faits et tous
entachés de l'obscurité qui règne généralement dans
cette langue. iMais le latin de la basse époque et surtout
1. Notons encore cet aveu dépouillé d'artifice: « Les mots rédu-
-pliquéa en général et ceux qui font onomatopée en particulier ont
un vocalisme spécial. » Nous voilà rejetés en plein dans le do-
maine de la fantaisie et de Tarbitraire.
25
— 384 —
le latin vulgaire nous apportèrent des cas de dissimila-
tion absolument certains. . . »
Ainsi point de dissimilation . sûre dans les états •
anciens du langage. Le phénomène n'apparail qu'au
moment de confusion et d'ignorance, et surtout de
rupture de la tradition, où s'est produite la transfor-
mation du latin en roman. J'y vois la preuveévidente
qu'il s'agit en réalité de corruptions qui ne relèvent
d'aucune loi et qui ne sont par conséquent d'aucun
secours pour l'explication des règles phonétiques qui
président à l'évolution normale du langage, là où cette
évolution n'a pas subi de révolution violente comme
dans le sanscrit, le grec ancien, le latin classique, les
langues slaves et germaniques.
Je manquerais à tous mes devoirs si je n'ajoutais, à
la suite des critiques que le souci des intérêts de la
science et de la vérité m'ont obligé à soumettre à
l'auteur, l'expression de toute l'estime que m'inspi-
rent l'étendue et la précision de son savoir dans le
domaine linguistique si vaste qu'embrasse son étude.
Quel utile parti il pourrait en tirer, si, secouant
avec la poussière de ses chaussures de voyage, les
vaines, les stériles méthodes de lalinguisliqae d'outre-
Rhin, il substituait hardiment aux formules d'écoles
l'initiative féconde qui jaillirait de la source si abon-
dante, ce semble, de ses observations personnelles 1
Dans la science, comme ailleurs, le succès suit l'au-
dace. Ëst-il besoin de le rappeler à la jeunesse
— 385 —
française qui sMntéresse à celle du langage? Atten-
dra-t-elle pour rompre les liens qui la paralysent et
rhumilient que des idées nées chez nous lui reviennent
avec l'estampille de Berlin el le laissez-passer alle-
mand? Paul Uegnaud.
P.-S. — J'allais oablier de donner an bon point à M. Gram-
mont pour l'hésitation qu'il éprouve à admettre l'équation /rre/i-
dus == (pEpô{ievoc. En France, le sens commun, môme en matière
de phonétique, ne perd jamais absolument ses droits.
A Maniml of Gerinan orlhography and phonology^
mth a word'lisi, by George Hëmpl, professer in the
University of Michigan. — Boston and London, Ginn
and C% 1897, petit in-8% xxxij-(ij)-298 p.
La liste des mots, avec l'indication de la pronon-
ciation exacte et des références au texte du volume,
n'a pas encore paru; M. Hempl ne nous en donne
aujourd'hui qu'un spécimen en quatre pages.
Cette liste formera la quatrième partie de l'ouvrage ;
les trois autres sont : T lorthographe, 2* la phono-
logie, 3* l'accent.
Vorthographe est traitée en cinq chapitres: l'al-
phabet» l'épellation (spelling), la division des mots
d'une ligne à l'autre, l'emploi des capitales et la ponc-
tuation. Rien d'intéressant comme les deux premiers
chapitres surtout : le premier nous donne la série
très complète des types d'impression et des caractères
d'écriture qui ont été en usage en Allemagne depuis
les runes jusqu'à nos jours. Au deuxième chapitre.
- 386 —
l'auteur expose Tincertitude qui régnait en Allemagne
il y a trois cents ans sur l'orthographe usuelle, mais
il ne s'occupe pas du mouvement réformateur con-
temporain.
La phonologie se subdivise en phonétique générale,
matériel phonique de la tangue allemande et pronoo-
ciation. Il y aurait évidemment beaucoup d'observa-
tions à faire, particulièrement sur le système de trans-
cription adopté, qui me parait un peu compliqué: c'est
toujours le résultat auquel on arrive en voulant être
trop précis et représenter avec une minutieuse exacti-
tude jusqu'aux moindres nuances de sons et de bruits.
La prononciation^ à ce point de vue, est étroitement
examinée, et je ne puis que recommander la lecture de
ces pages on ne peut mieux travaillées.
Tout ce qui touche à l'accent est également traité
de main de maître : intonations, efforts variés, état
d'esprit de celui qui parle, tout ce qui touche au sujet
est passé en revue, et je ne pense pas qu'il existe au-
cun livre mieux fait et plus complet à ce point de vae.
Tous les linguistes voudront l'avoir dans leurs biblio-
thèques. Julien Vinson.
Neohellmk Language and Littérature, three lectures
delivered at Oxford in June 1897, by Platon E. Dra-
KOULES. — Oxford, B. H. Blackv^ell. i897.viij-70 p.
in-8°.
Les trois conférences de M. Drakouli ont pour sujets:
— 387 —
les origines de la langue néo-grecque, les origines de
la littérature néo-grecque et les activités modernes.
L'auteur fait correspondre successivement ces trois
sujets aux trois grandes périodes: chute de Rome ou
époque byzantine, chutede Constantinople ou époque
turque, Révolution française ou époque néo-hellénique.
H. Drakouli y explique fort bien les rapports du grec
moderne au grec ancien, les tentatives des* puristes,
le mouvement littéraire contemporain, et expose fort
nettement les questions complexes qui se groupent
autour du problème grec. J. Y.
Orientai S tudies ;a^ sélection of the papers read be-
fore the Oriental Club of Philadelphia (1888-1894).
Boston, Ginn & Company, 1894.
Le 30 avril 1888,11 y a juste dix ans, dix-neuf
savants et travailleurs américains se réunirent pour
fondera Philadelphie une Société, le Club Oriental; ils
se proposaient d'échanger leurs idées et de provoquer
autour d'eux le développement des études orientales.
Le nombre des membres était, cinq années après, de
trente-deux, dont une dame (Mrss Cornélius Stevenson,
curateur honoraire de la section égyptienne du Musée
d*archéologie de l'Université de Pennsylvanie) et un
Français (M. Louis Vossion, consul à Philadelphie);
quatre membres étaient morts; un avait donné sa
démission. Les statuts Qxaient au chiffre maximum de
trente le nombre des membres et décidaient que la co-
— 388 -
tisation annuelle serait de un dollar seulement. Jus-
qu'au 10 mai 1894, le club tint quarante séances. Le
présent volume est en quelque sorte le résumé de
ces quarante séances, en ce sens qu'il contient les prin-
cipales des communications quijont été faites par les
membres de la Société. Ces articles sont au nombre de
treize ; tous sont d'un très grand intérêt, et ils em-
brassent l'ensemble des études orientales.
M. H. Collitz traite du nom aryen de la lan^^me
(p. 177-201); M. Morton W. Easton, de la géogra-
phie physique de l'Inde (p. 17-34) ; M. Edward Wash-
burn Hopkins. des nombres sacrés du Rig-Véda
(p. 141-159); M. George A. Barton, des divinités
originales israéliles (p. 86-115) ; M. W. Max Mûller,
des anciens Éthiopiens (p. 73-85); M. Paul Hanpt,
du livre de VEcclésiasle (p. 2i2-278) ; M. Marcus
Jastrow, des psaumes 73 et 90 (p. 35-51), et d'un do-
cument judiciaire de Babylone (p. 116-136); M. H.V.
Hilprecht, d'un fragment numérique de Nippur
(p. 137-140); M. J). G. Brinton, des alphabets des
Berbères (p. 63-71); M. Benjamin Smith Lyman.
du changement des sourdes en sonnantes dans les
composés japonais (p. 160-176) ; M. Slewart Culin, de
la littérature des travailleurs chinois (aux États-Unis,
p. 52-62); enfin M°'* Stevenson, de la plume et de
l'aile dans l'ancienne mythologie (p. 202-241).
Tous ces articles sont à recommander, et je ne
saurais vraimentdire s'il y en a un qui soit meilleur que
— 389 —
les antres. J'ai particulièrement remarqué ceux sur
rinde, sur le nom de la langue, sur les dieux d'Is-
raël, sur la phonétique japonaise et sur les alphabets
berbères.
Ce dernier travail, dû à la plume habile de H. Brin-
ton, le savant linguiste, est plutôt un progranome
d'études ; mais il ouvre un champ vaste et fécond à
Tactivité des chercheurs. Notre éminent collègue rap-
pelle que récriture berbère, essentiellement conso-
nantique, est évidemment d'origine sémitique, mais
que si plusieurs de ses caractères peuvent être ratta-
chés à l'alphabet punique, d'autres sont d'une autre
origine; que les premiers d'ailleurs peuvent avoir été
empruntés au punique ou provenir d'une^ source com-
mune. Mais beaucoup d'inscriptions paraissent anté-
rieures à la fondation de Carthage; on en trouve de-
puis les Canaries jusqu'aux frontières de la Libye.
Ces inscriptions antiques présentent des caractères
qu'on ne retrouve plus dans l'écriture moderne. Il est
probable que l'alphabet primitif se rattache à l'écriture
égyptienne, prototype commun de tout le sémitisme;
or, on a signalé de remarquables analogies avec les
alphabets cel.tibères. D'autre port, notre ami }J. le
D' Letourneau a montré des analogies du même genre
avec certains signes alphabétiformes tracés sur les dol-
mens et les menhirs du nord de l'Espagne et de l'ouest
delaFrance. Ces faits seraient extrêmement importants,
car ils prouveraient une identité de race ou une com-
— 390-
manautp d'origine entre les vieux Gaulois, les Ibères
et les indigènes du nord de l'Afrique, hypothèse à la-
quelle j'ai, pour ma part, plus d'une fois songé en étu-
diant la langue basque, et en croyant y découvrir cer-
tains vestiges d'influences sémitiques. L'avenir nous
éclairera. Julien Vinson.
The Comtruction ofeyi\ with the œnjunctive verh in
old Basque, hyE. S. Dodgson (extrait des Transactiom
of the philohgical Society). — Londres, 1898, il p.
in-8\
On retrouve dans cette brochure, à un moindre de-
gré que d'habitude peut-être, Tincohérence et le
manque de mt'thode qui caractérisent les publications
de l'auteur. Il y a mis de tout, et même des choses
intéressantes, car M. D. est fort instruit et très au
courant de tout ce qui concerne le basque. Il rapporte
entre autres un mot de M. Antoine d'Àbbadie qui est
parfaitement absurde: « Basque grammar bas still to
te written, and it should be written in english » ; celle
boutade, si elle est authentique, prouverait seulement
une fois de plus que M. d'Abbadie, excellent mathé-
maticien et astronome de mérite, était un linguiste des
plus médiocres.
La question principalement étudiée par M. D. est
la suivante : d'où vient la flnale enetz, enez, ou enz des
phrases basques interrogatives avec yea.ea, hea «si^
précédent, comme dans: ega lainconganic diradem-
— 391 —
« (je demande) s'ils sontdeDieu»?Le prînceL.-L. Bo-
naparte voyait, parait-il, dans ces formules la forme
conjonctive du verbe en n avec la négation ez et pro-
posait de traduire, par exemple : « s'ils sont de Dieu
ou non ». M. Dodgson combat cette opinion, mais sa
discussion est un peu confuse. Évidemment, si le
prince L.-L. Bonaparte voit dans diradenez une con-
traction de diradenedo ez (qu'ils soient ou non), il se
trompe ; mais s'il suppose que la finale en z est four-
nie par la négation mise là pour ampliQer, si j'ose
m'exprimer ainsi, le caractère dubitatif de la question,
pour en faire prévoir la solution négative, pour jouer
en 4iuelque sorte le rôle de notre « n'est-ce pas? »
lopinion est parfaitement soutenable. Les objections
de M. Dodgson sur la réduction euphonique de ez
à z, sur la présence dans certains cas du ba positif,
ne portent pas ; ce qui est plus sérieux, ce sont les
exemples en ez sans eya (si> utrum, v^hether) ou au
contraire les exemples de eya avec le conjonctif simple
sanse^. Pour M. D., le 2 est tout simplement le suffixe
instrumental de la forme conjonctive déclinée. La
question est intéressante et mérite qu'on la discute de
très près; je ne serais pas éloigné de croire que M. D.
est dans le vrai.
Julien ViNSON.
VARIA
Les Coupes sombres
« Je m'étais, dans un article, servi de cette location qaî est
courante dans la langue de la conversation et du journalisme :
une coupe sombre. J'avais dit, si je me rappelle bien, qu'il fau-
drait faire dans les grandei administrations une coupe sombre
d'employés.
Un de mes anciens élèves, qui 'est devenu garde général des
forets, me vient un jour demander à déjeuner, et au cours de
Tentretien :
— Savez- vous au juste, me dit-il, vous qui vous piquez de
savoir le français, vous qui êtes un puriste, savez-vous ce que
c'est qu'une coupe sombre?
La question me surprit, je n'y avais jamais songé.
^— Dame! lui dis~je, il est très vrai que, si le terme a dans le
langage forestier une signification particulière, je l'ignore. Je le
prends dans le sens où tout le monde l'accepte dans l'entretien
familier. Une coupe sombre, c'est pour nous un furieux abatis,
après lequel il ne reste plus rien sur le sol. Ainsi quand nous
disons qu'il faut faire dans les abus des coupes sombres, nous enten-
dons par là qu'il faut en détruire le plus qu'on peut. La métaphore
est d'un emploi très fréquent dans le style du parlementarisme
et de la presse, et je n'ai jamais vu qu'on y attachât aucune
autre ac(*eption.
Mais j'avoue que je n'ai jamais réfléchi sur ce petit problème
d« linguistique. J'écris « une coupe sombre » en ce sens, parce
que cela se dit et s'écrit ainsi partout. Jamais je ne me suis avisé
de remonter à la signification précise, au sens étymologique et
vrai. Si c'est une sottise, mon excuse est que nous la faisons
tous ; je suis couvert par le peuple^
QuBm pênes arbitriurn est et jus et norma loquenJi^
par le peuple qui est notre grand, qui doit être notre seul maître
de langue.
— 393 —
— Eh bien ! mon cher maître, permettez-moi, à moi qui fna
votre éièye en rhétorique, de vous afiQrmer qu'en oe cas-là le
peuple se trompe et que coupe sombre pris en ce sens est, comme
voas avez dit vous-même, une sottise; on^ comme vous disiez
jadis, quand vous étiez professeur, un gros contresens.
— En tout cas, je ne suis pas seul à le faire.
— Oh! non, tenez, pas plus tard qu*avant-hier, un de vos col-
laborateurs du Temps^ M. Marcel Mon nier, écrivait que « les
lapins pratiquent des coupes sombres dans les carrés de choux *.
— Eh bien ! en parlant ainsi, il était compris de tout le
monde.
— Soit; mais nous, hommes de la forêt, nous sourions tout
bas.
La coupe sombre est^ par opposition à la coupe claire^ une
coupe qui laisse la forêt sombre. Elle suppose donc un abatis
sans grande importance; tandis que la coupe claire (celle qui
rend la forêt claire) indique un furieux abatis.
Si j'ai besoin d'argent, je fais une coupe claire.
— Oui, i'nterrompis-je, une coupe qui vous permet d'éclairer.
— Ohl s'écria- 1- il... à votre âge!... Si je ne veux que désen-
combrer la forêt, je fais une coupe sombre.
Il vit bien à mon air inquiet que j'étais plus étonné que con-
vaincu.
— Vous ne me croyez pas? me dit-il. Eh bien! vous con-
naissez M. Tournus, aujourd'hui trésorier général à Versailles,
et qui fut longtemps inspecteur des finances. Il a en cette qualité
surveillé bien des coupes sombres et bien des coupes claires. Il
vous renseignera exactement sur le sens exact de la locution.
Je ne répondis rien; j'étais collé. Mais, mon ancien élève
parti, je courus au Dictionnaire de Littré. C'est la loi et les
prophètes.
a Coupe sombre, dit l'illustre lexicographe, opération qui
consiste à enlever dans un massif, une partie des arbres qui le
composent, de manière à permettre à ceux qu'on laisse sur pied
d'ensemencer le sol au moyen des graines qu'ils disséminent
naturellement.
8 Coupe claircy opération qui consiste à abattre une partie des
arbres précédemment conservés, afin d'habituer peu à peu les
jeunes recrues à la lumière... »
C'est mon forestier qui avait raison : où nous usons de la
— 394 —
location coupe sombre^ nous devrions nous servir du terme:
coupe claire...^ ou plutôt il y a une opération définitive que les
forestiers appellent « coupe de nettoiement » ; c'est celle qai
consiste à tout abattre, afin de nettoyer complètement le sol;
voilà la vraie métaphore.
Je le sais maintenant et nous n'en continuerons pas moins à
écrire à contresens une coupe sombre. Le pli est pris.
Ne voyez-vous pas tous les jours des humanistes écrire : le
tulgum pecus f
Vulgumpecus! Quelle horreur! — Soanarelle. »
Cet article du Temps (n"* du 30 mars 1898) appellerait quelques
réflexions. Tout d'abord^ si M. Sarcey avait fait attention aux
mots eux-mêmes, il lui eût été facile de comprendre, sans con-
sulter Littré, que le jeune forestier avait raison. Une coupe
sombre est ainsi appelée parce qu'elle laisse la forêt sombre,
tandis qu'une coupe claire fait tomber un assez grand nombre
d'arbres pour que la forêt devienne claire.
Quant aux coupes, de nettoiement, ce n'est pas du tput ce que
M. Sarcey s'imagine. C'est une opération sans importance qui
consiste à nettoyer la forêt, c'est-à-dire à en enlever les ronces,
les végétations secondaires, les sous-bois sans avenir, etc.
La question a été déjà discutée sous Louis-Philippe, à propos
d'un discours parlementaire.
J. V,
TABLE GÉNÉRALE DU TOME XXXI
Pages
Quelques observations de sémantique grecque, par P. Reg-
naud 1
Du verbe concret, par R. de la Graâserie 15, 108, 241
Tbe Biscayan Grammar^ Vocabulary and Bilingual Dia-
logues of Rafaël Micoleta, par E.-S. Dodgson 35
Histoire de la princesse Djouher-Manikam, roman malais»
par A. Marre (suite) 42, 224, 349
Antithèse védique, par V. Henry 81
Analytical synopsis of tbe basque verb in S. Mark trans-
lated by Liçarrague, par E. S. Dodgson 126, 272
Notes sur l'exégèse védique, par P. Regnaud 157
Fête de l'Association basque à Sarre en 1897 193
Quelques étymologies euskariennes, par H. Âe Charencey . . 319
Un paradoxe védique, par P. Regnaud 344
Une règle importante de sémantique, par P. Regnaud 346
Latin « bitere, arbiter i), Umbrian a verfale », par Ëdwin
W. Fay 373
Corrigenda 296
Varia. Appel aux bibliographes 78
— Les livres minuscules 79
— Les squelettes de Voltaire et de Rousseau 187
— Une étude des voyelles 188
— Le mot franc-maçon 190
— Coquilles typographiques 191
— Folk-lore. Mariage 191
— Le langage des plantes 316
— Le langage oratoire 317
— Les coupes sombres 394
BIBLIOGRAPHIE
M. Bréal. Essai de sémantique, par Paul Regnaud 60
G. de Mortillet. Formation de la nation française, par
J. Vinson 68
— 396 —
Pag«
P. Richenet. Le patois da Petit-Noir, canton de Chemin
(Jara), par J. Vînson T3
C. Lagache. Ualphabet rationnel, par J. Vinson *4
P.-M. Joyce. Â. Grammar of tbe irish langaage, par
J. Vinson Î5
B. Qaaritch. Catalogue n* 175, by J. Vinson "^
A. Lefèvre. L'histoire, par J. Vinson 160
A. Orain. Le Folklore de l'I Ile-et-Vilaine, par J. Vinson. 165
Ch. Latourneau. L'évolution du commerce, par J. Vinson.. 166
P. Regnaud. Comment naissent les mythes, par J. Vinson. 168
F. Loti. Ram un tcho, par J. Vinson 169
H. Pernot. Grammaire grecque moderne, par J. Vinson 179
J. Haller. Altspanische Spricbwôrter, par J. Vinson ISl
Mémoires de la Société Finno-Ougrienne, par J. Vinson... 1^
Kuhn's Zeitschrift, par J. Vinson 186
K. Bruchmann. Naturlehre der Dichtung, par V. Henry.. ^1
C. Tagliabue. Manuale e glossario délia lingua urdu, par
J . Vinson 306
P. Regnaud. Précis de logique évolutionniste, parJ. Vin-
son 309
P. Sébiilot. Littérature orale de r Auvergne, parJ. Vinson. 312
N . Quellien. Brei/., par J. Vinson • 313
M. Grammont. La dissimilation consonantique dans les
langues indo-européennes et dans les langues romanes, par
Paul Regnaud 380
G. Hem pi. A Manual of German orthography and phono-
logy with a word-list, par J . Vinson 385
E. Drakoules. Neohelienic Language and Littérature, par
J. Vinson 386
Oriental Studies, par J. Vinson 387
E. S. Dodgson. The construction of eya with the conjunc-
tive verb in old Basque, par J. Vinson 390
LANGUES ÉTUDIÉES
Linguistique générale, 15, 60, 74, 108, 241, 81, 157, 168, 186,
188,301,309,346.
Allemand, 385.
Basque, 35, 126, 193, 169, 181, 272, 319.
-•397 —
Breton, 313.
Espagnol, 181.
Finno-Ougrien, 186.
Français, 68, 73, 165, 312, 394.
Grec, 1, 179, 386.
Hindoustani, 306.
Indo-Ëuropéen, 380.
Irlandais, 75.
Latin, 373.
Malais, 42, 224, 349, 380.
Ombrien, 373.
AUTEURS
H. de Chareneey, 319.
E.-S. Dodgson, p. 35, 126, 272.
Edwin W. Fay, 373.
R. de la Grasserie. p. 15, 108, 241.
M. Gailbeau, p. 193.
V. Henry, p. 81, 301.
A. Marre, p. 42, 224, 349, 380.
P. Regnaud, p. 1, 157, 60, 344, 346.
J. Vinson, 68, 73, 74, 75, 76, 160, 165, 167, 168*, 169, 179,
181, 193, 306, 309, 312, 313, 385, 386, 387, 390.
Le Propriétaire-Gérant,
J. Maisonneuve.
Ghalon-sar-Saône. — Imprimerie de L. Marceaa, E. Bertrand, saco'
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
TOME XXXIl
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
TOME XXXII
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
tVMi.lt »AR
JULIEN VINSON
PROFESSEUR A L'écOLE NATIONALE DBS LANGUES ORIENTALES VIVANTES
Avec !« collaborAtion de divers savants français et étrangers
TOME TRENTE-DEUXIÈME
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÈRES ET RUE MADAME, 20
1899
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLli PAR
JULIEN VINSON
PROFESSEUR k L^éCOLB NATIONALE DBS LANGUES ORIENTALES VIVANTES
A^ec la collaboration de divers savants français et étrangers
TOME TRENTE-DEUXIÈME
15 JANVIER 1899
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÈRES ET RUE MADAME, 26
1899
SOMMAIRE DU No 1
Tables du Madras Journal qf Literature and Sciences,
m
par Julien Vinson 1
The Verb in S. Mark*s Gospel from Liçarrague, par
E. S. DoDGsoN 23
Nécrologie (Ch. Schefer, Fr. Mûller, G. de Mortillet,
M»"* H. Chavée 94
Varia. Prononciation française 95
BIBLIOGRilPHIE
Emile SoLDi. La Langue sacrée 82
Max Mûller. Nouvelles études de Mythologie 84
D' Letourneau. Uécolution de Véducation 86
Anatole Loquin. Molière à Bordeaux 88
N. QuELLiEN. Contes et Noucellès du Pays-de-Tréguier 91
A. Orain. Le Folk-lore de Ville et Vilaine (t. II j 92
Michel Klimo. Contes et Légendes de Hongrie 92
Kuhn's. Zeitschrift (XXXVI, 1) 93
TABLES
DU
Madras Journal of Littérature and Science
J'ai eu dernièrement à faire une recherche dans
le très intéressant et très estimé recueil dont je
viens d'écrire le titre, et j'ai eu beaucoup de peine
à trouver ce que je cherchais, vu Tinsuffisance des
tables annuelles et Tabsence d'une table générale.
Aussi m'est-il venu l'idée de rédiger cette table, et,
en la publiant ici, je ne crois pas sortir du pro-
gramme de la Revue j car c'est un travail qui intéresse
la linguistique, la philologie, le folk-lore et l'histoire
(le l'humanité. J'ai dii, naturellement, rédiger cette
lable en anglaiii et je l'ai faite double, par ordre
alphabétique de matières et par noms d'auteurs.
Le journal porte exactement le titre suivant:
The Madras Journal of literature and science pu-
blished under the auspices of the Madras Literary
Society and Auxiliary ofthe Royal Asiatic Society,
Le tome premier porte seulement : The Journal,
Pour être complète, la collection doit comprendre
23 volumes in-8°, répartis en 3 séries savoir : Série I,
1833-1851, 17 vol.; Série II, 1856-1861, 6 vol.; Sé-
rie m, 1864-1866, 1 vol. Le volume XVII est double :
il comprend trois parties dont la première appartient
à la première série et les deux autres à la seconde .
1
Voici la consistance de chaque volume :
1. Oct. 1833-déc. 1834, Madras^ Vepery Mission
Press, 1834, vij-iij- 369 p. et 6 pi. ; — II. 1835. Ma-
dras AthenaDum press, ix-398p., 7 pi. ; — III. Janvier-
avril 1836, (iv).vij.l59-(ij) p., 2 pi. ; — IV. Juillet 1836,
(iv)-ij-240 p., 5 pi. ; — V. Janvier-juin 1837, (iv)-ij
437 p., 21 pi.; — VI. Juillet- décembre 1837.
(vj)-477 p., 8 pi. dont une en couleur; — Vil. Jan-
vier-juin 1838, (iv)-2-483 p., 10 pi. ; — Vlll.
Juillet-décembre 1838, (v)-402 p., sans pi.; — IX.
Janvier-juin 1839, (vj)-458p., sans pi.; — X. Juillet-
décembre 1839, (iv)-ij-447 p., 7 pi. dont une en
couleur; — XI. Janvier-juin 1840, (iv)-ij-401-ij p.,
6 pi.; plus un appendice de (ij) p.et p. 45-78 con-
tenant un titre et des textes télingas. — XII.
Juillet-décembre 1840, (iv)-ij-381-ij p., 8 pi. ; —
XIII. Parts I et II. 1844-5, (vij)-244-(v)-195 p.,
14 pi.; — XIV. Parts I et II. 1847, (ix>220-
(iij)-196 p., 17 pi.; — XV. 1848, (v)-218 p.; 1849,
(iij)-p. p. 219à394-(v)-p.p.,395à588, 27 pi. —XVI.
1850, (iij)-513 p., 2 pi.; — XVII. 1851. (iij)-159p..
3 pi. ; XVII anc. série ou Inouv. série, octobre 1856-
mars 1857, (ij)-iv-xiv-130-v, p. 131-293, (iv)p., 17 pi.;
— XVIII ou II nouv. série, avril-septembre 1857, ;ij -
■
ij-v-325 p., 8 pi. dont trois en couleur; — XIX ou
III nouv. série, octobre-décembre 1857, (v)-(ij)-ij-i52-
(ix)-p., p. 163 à 289, 11 pi.; — XX ou IV nouv. série,
avril-septembre 1858, (v)-178-(v)-p., p. 179 à 382, 8 pi.;
— XXI ou V nouv. série, avril-septembre 1859, (v;-
234-(ix)-p., p. 235 à 388, 4 pi.; — XXII ou VI nouv.
— 3 —
série, mai-décembre 1861, (iv)-ij-204-(v)-p., p. 205 à
348-xiij.ij p., 5 pi.; — (XXIII) I" de la troisième
série, juillet 1864, (v)-182 p., 5 pi., 6 p. musique
lith.; 2« partie, octobre 1866, (iv)-178 p., 15 pi.
Les vol. 1 à IV sont « édités» par J.-C. Morris,
secrétaire de la Société littéraire de Madras; les
vol. V a Vlll par Rob. Cole ; les vol. IX à XII par
Rob. Cole et G.-P. Brown ; les vol. XIII à XXII par
le Comité de la Société, et le vol. XXIII par le Se-
crétaire honoraire. La première série (tomes I à XVII,
première partie) forme 39 numéros ; la seconde
(XVII à XXII) 12 numéros, et la troisième 2 parts.
II n'a rien été publié de 1841 à 1843, de 1852 à
1856, de 1862 à 1863, et rien ne correspond aux
années 1846 et 1860.
Julien ViNsoN.
Acclimating extra-tropical
plants within the Tropics,
by Rob. Wight, V, 39-43,
290-300.
m
Achin (Mahomniedan kings
of),by Lieut. Newbold, 111,
54-57; IV, 117-120.
Aden (an ancient réservoir
at),byR.L.PIayfair, XVIII,
25-42.
Aerolitli in atree (supposed),
XVII b, 242-254.
Afghanistan, vid, Persia.
Africa (instructions for the
expédition into central), II,
167-176; — notice on an
expédition into South-
Africa, XlVa, 181-183; —
capt. Harris on the animais
of S.-Africa, VII, 271.
Agriculture, vid, Nepaul.
Agri-horticullural Society of
Madras, report for 1848,
XV, 190-194;— vid. Pro-
ceedings, Transactions.
Air, vid. Spécifie.
Airs (six south-indian) with
music. XXIV, 137-139.
— 4 —
Aliflaila wa laila, X, 439.
Altitude, vid, Kater s.
Araber, vid. Ava.
Anatomy : proportions of hu-
raan body, I, 273-274.
Aneroid, vid, Barometers.
Angustura, vid, Strychnos.
Animal and plant (relation-
ship between), byG.Bidie,
XVIII, 175-182.
Animais (directions for raa-
king and preserving), V,
184-195.
Animais, vid. Africa.
Ant (on preserving timber,
etc. from the attack of the
>vhite), XI, 313-314.
^n/c/opc (Indian),by M. Ben-
nett, V, 406-410.
Antimony (Mines of), XVlII
b, 254-257.
Antiquarian and mythical
notes, by M. J. Walhouse,
XX, 53-G6.
Antiquities^t'tW. Druidic, Neil-
gherries.
Ants (Catalogue of a species
of) found in S. India, by
T. C. Jerdon, XVII a, 103-
127.
Appearance (a remarkable) in
the Indian seas, by Lt.
Dawson, IX, 148-150.
Architectural remains (an-
cienl) in the Madras Presi-
dency, by capt. E. H. Ha-
rington, XXU, 103-127.
Archipelago (Hindu remarks
in the Eastern), XIV b, 171-
172.
— Journal of the Indian Ar-
chipelago, XIW h, 170-171.
Aristarchus (Observations of
the li^nar spot), by T. G.
Taylor, V, 313-314.
Arraenia (A copper coin of
Léo, kingof),XVIIa, 151-
155.
Artesian well (Attempt of an
al Tuticorin, XV, 167-172.
Artificial crystals and mine-
rais, V, 424-425.
Asclepiad^se (a new genus of
by R. Wighl, Vil, 142-
143.
Asia, vid. Planet.
Aska sugar factoi^, XVllI,
276-282.
Assyria and Babylonia (Exca-
vation in) by col. Rawlin-
son, XVII b, 251-254.
Astronomical observations, by
J. Herschell and M. Cac-
ciatore, V, 412;— astro-
nomical tables and obser-
vations, by Goday Venkat
— 5 —
Juggarow, II, 92-97; — on
the hindu astronomical ta-
bles, IV, 230-231.
Astronomy at Madras, IV,
47-56; VII, 387-399.
Auriferous deposits of India,
by Fr. Bure, XII, 30-37.
Aurungabad (statistics of the
city of), by D'. A. Walker,
XVI, 1-33.
Austraiia (Account of a new
Colony in West), by W.
Milligan, VI, 304-336.
As sa m, vid. A va.
Ava (Route Journal from) to
the Arober Mines of Assatn,
by capt. S. F. Hannay,
abstracted by capt. R. Boi-
leau Pemberton, VI, 390-
422.
Aviary (Amethod of conslruc-
ting a portable), by Lieut.
H. P. Hawkes, XXI, 60-61.
Aviary, vid. Feeding,
Azimuth, vid, Kater^s.
Babylonia, vtd. Assyria.
Backwater (an excursion a-
long the Travancore), by
capt. H. Drury, XIX, 203-
220.
Balance for délicate weighing,
II, 86-92,
w
Banaganpilly jaghire (aglance
at) by T. J. Newbold, III,
117-122.
Bangalore, vid, Geology.
Bark-tree, vid. Cinchona.
Barometer (Marine); theory
of storn^s, I, 169-179.
Barometers (construction of),
by W. Gilchrist, G. Under-
v^rood, T. G. Taylor, V, 26-
31, 31-32, 306-308; VI,
60-68, 69-70, 337-338; VII,
123-125; XII, 261-270; —
powers of the Aneroid, by
L* G*i Cullen, XVII a, 155-
157.
Barometrical levelling in the
Madras Presidency, XIV,
200-201.
Barrel (Aselfperforming),by
lieut. J. Braddock, 11,343-
354; III, 48-53.
Barytes (discovery of sulphate
of) in the E. Ghauts, by
capt. Newbold, XIII, 218-
219.
Basava puran (Accdunt of
the), byC. P. Brown, XII,
271-291.
Battas of Sumatra (Language
oftlie), by lieut. T. J. New-
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— 8 —
— Wilson's Sanscrit and
English Dictionary, éd. by
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— J. K. Wilson's Botanical
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277.
■î— Mrss Young's the Mos-
lem nobles, XVIII, 313.
— Varions arabie books,
XVII, 269-271.
— Varions books on natural
history, XVIII, 312.
— Books on british India,
XVIII, 313, 315.]
Boring (A new method of),
V, 406; — in Fort William,
by capt. Taylor, VII, 470-
476; — on tbe sea-bench
at Madras, by T. G. Taylor,
XIV a, 183-186.
Botany of S. India (Contri-
butions to)y by lient. R. H.
Beddone, XXII, 70-76;
XXIII, 37-59.
Botany (Contributions to in-
dian), byR.Wight,V,l-15,
309-313 ; — Dr. Wight's
illustrations, VII, 269,478;
XI, 372, 386 ; — Dr.
Wight's proposed work,
VI, 469-473.
Botany and natural history of
thchimalayan mountain. by
C. J. Forbes Boyle, XI.
306.
DE BouRZB*s Dictionnaire u-
mou! français, XXIII, 111-
115.
Brahmanism (the origin of}.
by maj. H. Congreve, XXII,
274-294.
Brain (On the] of the Negro
compared wilh that of the
Europaean and Orang-Ou-
tang, by Dr. Fr, Tiede-
mann, VII, 187-192.
Bridges (comparative cheap-
nes of large and small}, IX.
146-148.
Bridges (On the construction
of suspension], bycapt. G.
Underwood, VII, 117-122 :
VIII, 347; — by Lieut.
C. C. Johnston, VIII, 329-
333.
Bridges, vid, Sivamundrani.
Brine spings of Cheohire, by
A. B. Northcote, XX, 104-
116.
Buddhism, vid. Ordination.
Siamese.
Buddhists (Traditions concer-
ning the migrations of), by.
Rev. B. Schmid, V, 229-
231.
Buddhist sculptures at Masu-
— 9 -
lipatam, by maj. II. Con-
gre ve, XXII, 44-45.
Burmese coins (on) ,XIX, 268.
Burmese, vid. Ordination.
Cairns (the) of Tinnevelly,
by Rev. J. T. Kearns, XXI,
27-30,
CalotropUy vid, Mudar.
Caps for musketry (percus-
sion), III, 154.
Carboniferous sti^atunis at
Baypour near Calicut, by
Lient. Newbold, XI, 239-
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Cassia ^i/rma/ini (Notice of),
by R. Wight, VI, 71-74.
Cassia lanceolata (notes on),
by N. Wallich and R.
Wight, V, 352-362.
Cast ironin China (Early use
of), XIII, 217-218.
Castes (An historical account
ofthe), VII, 478.
Catholic books, i^id, Telugu.
Ceded districts (account of
the), by Lient. Newbold,
X, 109-131.
Celtic or Scythian vestiges
in the Carnatic (supposed),
by the Rev. W. Taylor,
XIV b, 78-97.
Cemetery (An ancient) at
about 11 m. N. W. of Ma-
dras, VIII, 346-347.
Ceylon, vid, Entomology,
Garaboge tree.
Channel, vid, Pamban.
Chantry, i^irf. Munro.
Chemical tests, by Lt. Brad-
dock,X, 270-359.
Cheohire, c/rf. Brine.
China, vid. Cast iron.
Chinese feast to disembodied
spirits, by Lieut. T. J.
Newbold, VI, 255-263.
Chintamani (The tamil epic),
by the Rev. P. Percival,
XVIII, 43-49.
Christians, vid. Malabar, Sy-
rian.
Chromate of iron (Trade in),
V, 421-422.
C/iunan (Solidifying or indu-
ration of), by Lieut. Brad-
dock, III, 97-100.
Clnchona or Bark-tree, XVII
b, 208-242.
Cinghalese plants (New),
XVIII, 102-110,273-276.
Cipher. Time of moon, by
Goday Vencat Juggarow,
II, 369-380.
Coal and Minerai resources
of India (Report of a Com-
mitee forinvestigaling the).
— 10
VIII, 153-197; XI, 355-
371.
Coal at Kotah, XVII b, 261-
265; by Ph. W. V^all,
XVIII, 256-209 ; — at Nel-
lore, XVIII, 291-293; — in
Scinde, XIX. 142.
Coal, vid, Carboniferous.
Cobra, vid. Naga, Venom.
Coin and currency in ancient
and modem times, by H.
King, XXI, 62-117.
Coin, vid, Burmese, Greek,
Roman.
Coleoptera, vid, Entomology.
Colony, vid, Africa.
Colours, vid. Dark, Red.
Comet, vid, Halley.
Communication (on impro-
ving internai) inthe Carna-
tic, IX, 78-89.
CongUj vid, Kongu.
Convolvulaceœ of India, by
G. Walter - Arnott, and
observ. by Wight, V, 15-23.
Cooling the air of rooms in
tropical climates, by prof.
P. Smith, XXI 309-327.
Coorroo (the), the migratory
races of India, by E. Bal-
four, XVII. a, 4-9.
Copper, vid, Vellore, Ores,
Syrian.
Correspondence, V. 428-432.
Corundum pits, vid. Gold.
Cotton (cultivation and labor
of), byR. Wight, VI, 79-
111 ; — by J. M. Healh,
XI, 178-184;— XV1II,110-
130, 294-295. Vid. O'il
Courtellum (flora of), by R.
Wight, II, 380-391; III,
64-96 ; IV, 57-66.
Cows (Unprimitiveness of ihe
Hindu vénération of),XXlII,
140-141.
Crombech (A remarkable)
near Pullicondah, by capt.
Congreve, XllI, 47-51.
Crystals, vid. Artificial.
Crystalline limestone (Occur-
rence of) in the district of
Coimbatore, byH. F. Blan-
ford, XIX, 60-64 ; — in the
vicinity of Trichinopoly,
by W. King, XX, 272-273.
Cucurbitacea ( Fru it of the) , by
R. Wight, XIl, 43-54.
Cumbaucum droog near Ma-
dras (A visit to), by col.
Monteith, IV, 134-138 ; —
on the table land of, a letter
from. capt. J. F. Smith,
IX, 311-312.
Currency, vid. Coins and
Currency.
— 11 —
Cyclone (A)atNellore, 2 nov.
1857, by Lieut. J. Mallins,
XIX, 65-70, — at Cuddapah,
by Lieut. E. Heraery, XIX,
70-71.
Dsemia extensa (the), as an
antidote for snakebite, XIX,
267.
Dark races of mankind (on
ihe fonction ofthe colouring
matter of the skin in the),
byR. M. Glover, XII, 175-
181.
Dent du Midi (Fall of a part
of), V. 420-421.
Dcvotees, vid, Maun Bhows.
Diamonds, vid. Gold.
Dip, vid, Needle.
Distances (Estimating of) at
sea, II, 338-343; III, 57-
59, 141-142.
Districts, vid. Ceded Districts.
Dowlatabad (Statistics of the
Circar of), by W. H. Brad-
dley, XV, 481-551.
Ch. DnEW (obituary), XIX
146-147.
Drugs„ vid. Mishme, Pucha.
Druidic antiquities of the S.-
India, by maj. H. Congreve,
XXII, 205-212.
Dukhan (On a portion of), by
Lieut. Col. W. H. Sykes,
VI, 344-374; — Statisti-
cals ofthe four coUector^tes
of Dukhun, IX, 150-193,
391-450.
Dunes (Notice of river) on
the banks ofthe Hogri and
Pennaur, by lieut. Newbold,
IX, 309-310.
Earthquake at Ganjam, VI,
246 ; — in Guntoor, July
1859, by J . W. B. Dykes,
XXI, 165-166; — at Nan-
digama, XXII, 295; — in
Salem, by H. G. Smith,
XXII, 139-142 ; —in S.-
India, by T. J. Knox, XXI
340-342 ; — in Travancore,
11 aug. 1856, by J. A.
Brown, XVII b, 109-113 ;
by Theroo Canacasaby Moo-
delliar, XVII b, 113-114.
Earthquakes , by B. W.
Wright, I, 104-111.
Education of natives in India,
byA. D. Campbell, E. Bal-
four and olhers, I, 350-
359; III, 101-115; XVI,
380-400.
Elanus melanopterus (Struc-
ture and habits of the}, by
B. H.Dodgson, VI,75-78.
— 12 —
Electric fluid at Palaveram
on the 1*^' nov. 1840, by T.
G. Taylor, XI, 393-394.
Electro-magnetic motors,VII,
181-186.
Eléphants (Method adopted in
the Coimbatore district for
catching wild), by capt. D.
Hamilton, XIX, 58-60.
Entomological cabinet (an),
by lient. H. P. Hawkes,
XIX, 249-251.
Entomological papers, by J.
Nîetmer,XVII b, 171-202;
-^Ceylon coleopteraf XVIII,
50-63.
Entomology of the Himalayas
andof India, byRev. F. W.
Hope,XII, 105.
Ethnography of Bellary, by
E. Balfour, XVII, 10-20.
Europaean, i^id, Brain.
Europe, i^id. Buddhists.
Evaporation (Observations
on) at the Red-Hills near
Madras in 1844, by lient.
Ludlow, XIII b, 87-94.
Exhibitions (Provincial), by
J. Forbes Boyle, XVIII,
64-79.
Expédition, vid. Africa.
Famine (Notes on the duty of
Government in periods of),
by J. F. Thomas, IX, 206-
220.
Famine of 1833 (Effects of
the), by capt. Best, XIII,
186-195.
Feast, vid. Chinese.
Feeding-apparatus (A self)
for an aviary, by lieiil.
H.P.Hawkes,XXl,61-G2.
Festivals, vid, Holidays, Mu-
hurrum.
Fishes (Fresh waterj of S.-
India, by T. G. Jerdon,
XV, 139-149, 302-346.
Fishes, vid. Ichthyology.
Flint, i^id. Gold.
Flora, vid. Himalaya.
FoRBES Boyle (J.) (Obil.),
XX, 145-146.
Fossil remains of mollusks,
etc., V, 403-405.
Fossils at Hingolee, by capt.
G.W. Gray,VlI, 477-478.
Fossil-wood sandstones at
Trevicary near Pondicherry
(Geological âge of),byH.F.
Blanford, XX, 47-52; —
Fossiliferous beds near
Pondicherry and in South-
Arcot, by G. T. Kate, XII,
37-42 ;Xni, 147-153; 211-
211?.
— 13 —
Fossils, vid. Sevalik, Sivathe-
rium, Monkey.
Fossils of ihe Eastern portion
of the great basaltic district
of India, by John G. Mal-
colrnson. XII, 58-104.
Fund, vid. Oriental.
Galvanism (On the change in
ihe chemical characler of
minerais induced by), by
R. W. Fox, V, 423-424.
Ganiboge tree (the) of Geylon
by R. Graham, V.300; VI,
236-245; VII, 467-470.
Gang robbers, vid. Phausi-
gars.
Garcixdk Ta.ssy. Discours de
1861, XXII, p. 46-48.
Gardens, vid, Government.
Geography (A sketch of tho
progress of), VII, 442-467.
Geological desiderata, by
Lient. Col. T. J. Newbold,
XI, 245-250; — geological
papers in the Madras Jour-
nal of />. and Se, by ¥,.
G. Balfour, XXI, 158-164;
— advancement of geolo-
gical science in India, by
capt. J. Campbell, XI, 78-
86.
Geology through the N. Cir-
cars in the year 1835, by
P. M. Benza, V, 43-70; —
of the Hiroalayan moun-
tains, XI, 323-343; — of
Cutch, by C. W. Grant,
XII, 309-371; — of the
Bombay islands, by R. D,
Thomson, V, 159-178; —
of Bangalore and some olher
portions of Mysore, by John
Clark, IX, 89-121 ; — bet-
ween Ilayderabad andXag-
pur, by J. G. Malcolmson,
IV, 194-218;— ofMaduca,
Trichinopoly, Tanjore and
Porthacota, by Rev. D.
Muzzy, XVII b, 90-102;
— between Madras and the
Neilgherry Hills, by P. M.
Benza,IV, 1-27; — ofNeil-
gherry Hills, XXII, 226-
259; — of S.-lndia, by J.
Malcolmson, I, 329-342; by
lietit. Newbold, XI, 126-
143; by lient. R. Baird
Smith, XI, 315-323; — of
Thayet Myo, by J . Ban-
king, XXI, 55-59; — in the
province of Auckland ,
New. Zealand, l)v Dr. F.
Hochstetter, XXI, 113-153.
Gingy Fort (a description of
the buildings in the), by
— 14 —
capl. E. A. Foord, XXI,
348-354.
Gold, Manganèse, Flint, Go-
rundumpits,and Dîamonds
Mines, by J. Newbold, XI,
42-51 ; — Gold mines in
ihe province of Malabar,
XIV a, 154-181.
Gold, vid, Auriferous.
Gonds (LangiKLge of the), XIII
a, 216-217; XVI, 33-54.
Good Hope (Hints regarding
the cape of), III, 127-140.
pQsawees or Gosaeens{Oï\ the
customs of), by J. War-
den, XIV a, 67-76.
Governement garden at Oo-
tacamund, XVIII, 297-
303.
Grafting (Suggestions for a
new application of), by R.
Wight, III, 26-32.
Grains, vid. Priées.
Grants, vid. Inscriptions.
Graphite in Tinnevelly and
Travancore, XIII a, 215-
217; — in Kumaon and
Travancore, by of Forbes
Boyle, XVII b, 257-264,
295-297.
Greek pottery (a fragment of),
from the Afghanistan, XIII
a, 154-156.
Griffith (Biogr. of W.), XIV
a, 187-197.
Gunpowder (Analysis oflhe
residuum of fired), by J.
Braddock, III, 1-8.
Gutta(Remarks on Camhogia),
. byR.Wight, IX, 121136.
Rob. Hall (obits), XVIII,
164-165.
Hallky's cornet, by T. G.
Taylor, 1,164-165; 111,59-
64; — by J. F. W. Her-
schell, III, 437-439.
Hamadryas ophiop/tagus, XI,
391-393.
Health oftroops in India, XV,
201.
Heaven (South) Survey al
Madras, by N. Pogson,
XXIII, 85-95.
Heights, vid, Himalaya, Neil-
gherries.
HimalayaandCashmere Flora,
(rev.) by J. F. Boyle, l,
316, 329.
Himalayas (Heights of the),
XVII, 304; — snowypeaks
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Himalayas , vid. Entonjo-
— 15 —
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Hogri, j'/rf. Dunes.
Holes inglass (Drilling), III,
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Holidays and festivals (Hin-
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llorticultural Society, vid.
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Human body, vid, Anatomy.
HuMDOLDT (Report on a letter
from M. A. de), VI, 224-
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Hurriallee grass (Cultivation
of), byCol. Reid, XV,477.
481.
Hydrabad(N. and £.), statis-
tical report, by Dr. Walker,
XVI, 182-235.
Ichtbyological gleanings in
Madras, by T. G. Jerdon,
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Impatiens (The Genus) from
Anamallay Hills, by iieut.
H. Beddome, XX, 66-75;
XXI, 50-60.
Imphi^ vid. Sorgho.
Indexes, III, 160-161; XVII b,
289-293; XVIII, 322-325;
XIX, 283-289; XXI, 158-
164, 385-388; XXII, i-ii;
vid. Geological.
Indigo (Gullivation and ma-
nufactures of) by Macfadyen,
VIII, 197-202.
Infusoria (Fossil) by prof.
Ehrenberg, VII, 148-162.
Inscriptions (Hindu), by W.
EUiolt, VII, 193-232; —
note on an ancien hindu
granl, by \V. Elliott, XI,
302-306; Xril a, 115-146;
XIII b, 1-16; — ncar ihe
Varaha temple at the seven
pagodas, XIII b, 36-47; —
vid. Syrian.
Instructions and questions, I,
44-53.
Instruments, wW. Kater's,Me-
teorological.
Irish emigrants, poetry, engl.
and lat., by A. J. A., XV,
552-553.
Iron and steel (on Indian), by
J. M. Heath, XI, 184-192.
Iron, vid. Gasl, Ghromale,
Latérite, Ruet, Sweden.
Island, vid. Laccadive, Siva-
mundram.
Jains (Note on the state of
the statues of the), by lient.
T. J. Newbold, XI, 306-
310.
Jangams (Essayon the crced,
— 16 —
customs, and littérature of
the), by G. P. Brown, XI,
143-177; XII, 271-291.
Java, vid. Sumatra.
Jetty (proposed) over the surf
at Madras, XVill, 133-135.
Jews and Syrian Ghristians
of the Malabar coast (An-
cient copper documents of
the), by H. Gundert,XIII a,
115-140.
Jews of Gochin (Analysis of
the grant in possession of
the), by F. W. Ellis and
H. Gundert, XIII b, 1-17.
Jcypore, vid. Parvatipore.
Journal, wV£. Archipelago, Pe-
riodics, Transactions.
Jupiter Planet, by T. G.
Taylor, II, 165-166; — its
mass, IV, 131-133.
Karcns (Yoon-tha-lin), note
on, by capt. W. G. Stoll,
XXII, 52, 67.
Katei^s (Gapt.) altitude and
azimuth instruments, by
lient. J. Campbell, VI, 137-
142.
Kerala Mahatniya, by the rev.
H. Gundert, XIII b, 97-
105.
Khoonds(Language, Manners
and Rites of the), by MM.
J. A. R. Stevenson, \V. G.
Maxwell, and Rev. W.
Taylor, V, 17-46; VII, 89-
103.
Kistnab (Unsurveyed country
on the), by capt. Nelson,
XXIII b, 128-139.
Kongudifrariijiikkal^ transi, by
W. Taylor, XIV, 1-66.
Kolies, vid, Mhadeo.
Kota vocabulary, by Rev. F.
Metz, XX, 1-46.
Kummemmet iStatistical re-
port on the sircar of), by
Dr. Walker, XVI, 179-181.
Kurkhi (The site of, VU,
379-381.
Laccadive islands (description
of the), by W. Rohinson.
XIV b, 1-46 ; — manage-
ment during Fusli 1268 of
fîve laccadive islands, by
E. G. Thomas, XXI, 248-
264.
Languages (Original and deri-
ved) by Rev. B. Schroid,
IV, 121-127; — an essayof
the relationship of lan-
guages and nations,by Rev.
B. Schmid, V, 133-158; -
the study of living lan-
17 —
guages, by Col. A. Cotton,
XVIII, 214-253.
Languages, vid, Batta, de
Bourzes, Gonds, Hindus-
tani, Khoonds, Kotas, Lin-
guals, Malayan, Mylay,
Payanur, Persian, Tamil,
Telugu, Tersai, Toda,
Transcription, Vemana.
Latérite (the) or îron clay in
India, by R. Cole, IV,
100-116; —in Beder, by
T. J. Newbold, XI, 244-
245 ; — on the latérite for-
mation, byJ. Clark, VIII,
334-346.
Laurus Cassia, by R. Wight,
IX, 121-135.
Law (native) in the Courts of
the Madras Presidency, by
J. Dawson Morync, XXIII,
1-36.
Laws of Siam, ms. in Madras,
XXIII, 105-111.
Lead Ores in Cuddapah dis-
trict, by P. W. Wall, XX,
279-304.
Léo, vid, Armenia.
Lepidoptera (A method for
preserving duplicates of),
by Lient. H. P. Hawkes,
XIX, 251-252.
Light(VelocityoO.II,290-297.
Lighthouse of Madras (Mir-
rors in the), by capt. J. F.
Sraith, IX, 273-286.
Lightning (Effects of), XV,
351-352.
Limestone, vid, Crystalline.
Linguals (Origin of the sans-
krit), by G. Bûhler,XXIII,
116-136.
Loonar (Natron lake of), by
G. Smith, XVII b, 21-56.
Mackemsie(CoL) (biogr.), Il»
262-290, 354369.
Mackensib mss. (Reports on
the), by W. Taylor, Vil,
151, 277-378; VllI, 1-80,
215-305; IX, 152, 313-
376, 452; X, 1-42,388-432;
XI, 80-125; Xllla, 57-115;
XIV b, 112-159; XV, 173-
190; XVI, 55-101; XVII,
277:
Magnesite (note on the), IV,
232-234.
Magnetic Dip and Intensity
at Madras, by T. G. Tay-
lor, (rev.) VI, 220-224; —
magnetic force in S. -India
(Direction and Intensity),
by Thomas Gl. Taylor and
John Caldecott, IX, 221-
272.
2
— 18
Magnetic survey (Progress
of), by R. and H, Schla-
gintweit, XX, 332-356.
Mahommedan, (^eW. Achin,Mo-
hurrum.
Mahratta Bramines (Macken-
sie mss.), by G. P. Brown,
XIII, 94-97.
Malabar country (Sketch of
the Southern), byA. Turn-
bull Ghristie, IV, 185-193.
Malabar coast christians, by
ven. arch. Robinson, 1,7-
13, 94-104, 257-269, 342-
350.
Malacca (Lient. Newbold on
the straitsof), VII, 269-271.
Malay tapir (the), VI, 247.
Malayan mss. and books(Note
on), by Lient. Ne\vbold,VII,
78-88.
Malayan Peninsula (Sketch
of), by lient. Newbold, VII,
52.
J. Malcolm (Sir) (biogr.), I,
167-169.
Mamrnalia in the southern
Mahratta country, by W.
Elliot, X, 92-108, 207-233.
Mammalogy of the Hinialayas,
by W. Ogilby, XII, 139-
171.
Manar, vid. Pamban.
Manganèse, vid, Gold.
Manuscripts (Oriental) in Eng-
land, XII, 291-292 ; -
report of a committee ap-
pointed to examine some
native mss. , XIV b, 97-111.
— vid, Mackensie, Malayan,
Sanskrit.
Mariners of the Cororaandel
Coast (Native), by Capt.
H. Congreve, XVI, 101-
104.
Marrîages (early) of the Hin-
dus, XXIII, 139-140.
Masulipatam, vid. Buddhist
sculptures.
Matter(colouring),.«V/. Dark,
Red.
Maun Bhoi\'s{xïie) on thebiack-
clothed mendicant devolees,
by capt. A. Mackintosh,
III, 9-26.
Measures, vid, Weights.
Médical school (the Madrasi,
VII, 265-269.
Mendicant, vid, MaunBhows.
Métamorphoses, vid, Musqui-
toes.
Meteor at Madras, XIII, 165;
XIV b, 159-169.
Meteoric showers of nov.
1836, by D. Olmsted, VII,
163-177.
— 19 —
Meteoric stones, XIII b, 164-
165; XVIII, 130-133.
Meteorological instruments
and instructions, by A. Turn-
bull Christie, 11,41-70; —
instructions for marking
and régis te ring meteorolo-
gical observations, V, 196-
210 ; — meteorological cur-
ves, by maj. Jacob, XVII
1», 267-268.
Meteorological observations
at Bangalore, 1860, XXII,
296-322; at Merkara in
Goorg, by R. Baikie, VI,
342-343 ; — in the Ghâts
of S.-India, by col. Sykes,
XII, 371-374; — on the
Goomsoor mountains, by
lient. J. Campbell, VI, 295-
299 ; — at Hoonsoor, in My-
sore, VI, 159, 340-341;
VII, 146-147, 416-417 ; —
at Madras, I, 39, 119- 127,
199-205,277-281,363-369;
II, 98-104, 180-190, 303-
313, 392-398; III, 65-71,
147-153; IV, 235-240; V,
214-217, 315-318, 434-437;
VI, 158,251-254,474-477;
VII, 144, 273-276, 413,
480-482; VIII, 211-214,
397-402; IX, 198,202-205,
453, 455-458 ; X, 201, 203-
206, 442, 444-447; XI, 201-
205,395,398-401;XIl,187,
189-192, 376, 378-381; XV,
195-196, 394; XVII a,
158-159 ; XVII b, 127-130,
287-288; XVIII, 173-174,
318-320; XIX, 160-162,
280-282; XX, 177-178,379-
380; XXI, 233-234, 381-
382; XXII, 199-204, vij-
xiij; XXIII, 158-182 ;XXin
b, 153-178 ; — at Manan-
toddy, I, 38; — at Moul-
mein, by J. Dalmehoy,
VI, 47-55; — at Roya-
cottah, by Lieut. Camp-
bell, VII, 418-424; — at
Trivandrum, by J. Calde-
cott, VI, 56-59, 159; VII,
145, 414-415; IX, 199-
201, 454; X, 202, 442;
XI, 396-397; XII, 188,
377.
Meteorology of Bombay, by
col. Sabine, XIII b, 106-
116 ; — of the plains and
mountains of N.-W.-India,
XI, 343-355; — of S.-In-
dia, IX, 451; — ofS.-Afri-
ca, V, 393-399.
Mhadeo Kolies (An account
of the Tribe of) by capt, A.
-20-
Mackintosh, V, 71-112,238.
279.
Microscopic objects (Photo-
graphie delineation oO,by
lieut. J.Mitchell, XXI, 10-
16.
Migration, vid. Goorroo.
Mineralogy of Neilgherry
hills, XXII, 226-259.
Minerais of Geylon, XV, 202-
203; — from S. India, XII,
16-30; — sfid, Artificial.
Mines, t^irf. Amber, Antimony,
Ava, Béryl, Gold.
Mirrors, vid. Lighlhouses.
Miscellanea, lU, 154-159.
Mishme Teeta and Pacha pal
(Notes on the drugs called),
by N. Wallich and W. Tin-
ning, V, 347-352.
Mohurrum (Origin and Gere-
monies ofthe), by Mahomet
Tippoo, II, 315-335.
Mollusca (Pelagian) collecled
in a Voyage from England
to Madras, by W. Traill,
XVII b, 147-165; — i^id-
Fossils.
Monkey (A fossil) from the
tertiary strata of the Seva-
lik hills by P. T. Gautley
and H. Falconer,Xll,304-
309.
Monogram (Gompany's),XlX.
267.
Moon, piW. Arisurchus, Ci-
pher.
Mortar (Induration of), ^•
36-39.
Moths and Bées, XIX, 110-
116.
Mulberry tree (the) and ihe
silk, XVIIl, 305-306.
Mounds (Note on ceruinjofa
scoriaceous characterfound
near Bellary, by R. Cole,
VII, 130-133.
Mud, vid. Narrikal.
Mudar {Calotropis procera),
by R. Wight, II, 70-86.
MuNRO (Gol. Th.) (Biogr.), 1.
166-167 ; — Ghantry's sU-
tue of him, XIII a, 174-
177.
Music, vid. Airs.
Musketry, vid, Gaps.
Musquilo (Metomorphosesof
the), by W. Gilchrisl, IV,
128-130.
Musquitoes (How lo getrid
of), XVIII, 304-305.
Mijlay (Meaning ot theword).
XIX, 267.
Myrtacea, vid. Pomegranate.
Mythical notes, vid. Antiqua-
rian.
— 21 —
Naga or Cobra capello (On a
new species of), by W.
EUiot, XI, 39-41,390.
Nagpore, vid. Bhonsla.
Narrikal, or mud bank, by
Fr. Day and lieut. T. Mit-
chell, XXII, 260-271.
Natron lake of Loonar, by G.
Smith, XVll b, 1-21.
Needle (the dip of the) in
S.-India, by-lieut. S. O. E.
Ludlow, XIII a, 195-210.
Negro, vid, Brain.
Xeîlgherries topography, by
de Burghe Borch, VIII, 86-
127 ; — Geology and Mi-
neralogy, XXII, 226-259;
— heighls, by capt. G. Un-
derwood, VI, 303 ; — al-
tered rocks, by maj. H.
Gongreve, XXII, 49-51 ; —
Végétation, by capt. J. Al-
lardice, IV, 67-73 ;—Sur-
vey, by capt. J. Ouchter-
long, XV, 1-138 ; — lists
of ferras and raosses by
Rev. B. Schmid, XIX, 79-
88; — antiquities, inclu-
ding an inquiry into the
descent of the Todas, by
capt. H. Gongreve, XIV a,
77-146.
Nelgoondah(Statistical report
on the Siccar of), by Dr.
Walker, XVI, 173-178.
Nellore Gopper ores (Analy-
sis ofthe), byJ. Prinsep,
III, 154-155.
Nepaul agriculture and rural
economy, by A. Campbell,
VI, 445-460; — M. Hodg-
son's zoology, VII, 271-
272 ; — vid, Scolopacidae .
Night, by Rev. Th. Halls,
XV, 195-198.
Nights, vid. Thousand.
Notes and Queries, XIX, 266-
268; XX. 141-145.
Novara (Scientific expédition
of the Austrian frégate),
XIX, 264-265.
NuUamuUays (An account of
parts of), by W. King,
XXIII b, 63-106.
Numismatic gleanings, by W.
ElHot, XIX, 220-249; XX,
75-99.
Nuth grass in the ceded dis-
tricts, by R. Wight, II,
138-146.
Occultation at Madras, II,
297-308.
Oil of collon seed, by M.
Wayne, XX, 121-122 ; —
prospectus of wood-oil, by
— 22 -
M. Guibourt, XX, 116-121;
by V..., XVIII, 233-290.
Oils of S.-India (the), by
lieut, Hawkes, XIX, 1-57.
Omar KHAVYâM^s quatrains
(two mss. of), by J. H.
Branson, XXIII, 97-105.
Orang-outang, vid. Brain.
Ordination of aburmesepriest
of Buddha, by George Knox,
I, 25-38.
Orembourgto Bokhara (Jour-
nal of the russian mission
from), transi, by Col. Mon-
teith, X, 132-168; XI, 52-
78.
Ores, vid, Copper, Lead, Nel-
lore.
Oriental translation fund, X,
198-200.
Ornithology (Jerdon*s), rev.,
XIII, 220-222.
Oyster, vid, Pearl.
Pagodas, vid, Seven.
Palmyra trees (Some) in the
northern sircars, by Col.
Bowler, I, 13-15; — note,
1,114-116.
Pamban passage in the Gulf
Manar (opérations for wi-
dening the channel of), VI.
111-136, 246; — a machine
for droping it, by lieut. Con-
greve, VIII, 328-329.
Pandya (The Kingdom of), by
H. Wilson and W. Taylor,
VI, 142-157, 176-209.
Parliamentary sanction (Cost
of), m, 154.
Parvatipore and Jeypore (Ge-
neral description of the
country between), by lieut.
J. Vertue, XXI, 264-294.
Passage, vid, Pamban.
Payanur (legend of) transi,
from the Malayalim, by
H.Gundert, XIII b, 11-17.
Peaks, vid, Himalaya.
Pearl oyster (on the), by E.
F. Kelaart, XIX, 89-116.
Pennaur, vid. Dunes.
Periodics and Journals, IV,
185-232 ; V, 159-210, 363-
427; VII, 148-232, 424-
476.
Persia, Tartary and Afghanis-
tan (Notes on), by Col.
Monteith, IV, 28-46.
Persianmetrical composition,
by lieut. T. J. Newbold,
V, 113-132; — A brief no-
tice of some persian poets,
by ensign. ^nd afterw. lieut.
Newbold, II, 247-254; III,
35-47; IV, 74-84; V, 113-
— 23 —
132, 232-237; VI, 264-
279.
Phausigars or gang robbers,
by J. A. R. Stevenson, II,
255-262.
Phosphorescence of the sea,
XV, 352.
Photographie printiiïg pro-
cess, by capt. Tripe, XVII
b, 166-170.
Photography (on a plain or
waxed paperprocess in), by
J. Mitchell, XVII b, 71-80;
— oxymel process in pho-
lography, by J. Tawse,
XVIII, 270-272 ; — wV£.Mi-
croscopic.
Pier at Madras (Construction
ofa), XIII b, 52-86 ;XVI1I,
135-158.
Planaria (A new species of
terrestrial), by W. Eiliot,
XV, 162-167.
Planet (Dîscovery of a new)
« Asia », by N. R. Pogson,
XXII, 100-102 ; — vid. Ju-
piter,
Plants (The growths of) wi-
thoutopen exposure to air,
by N. B. Ward, Gh. Mal-
lard, J. Traill, V, 340-346;
— vid, Acclimating, Ani-
mai, Botany, Cinghalese.
Poets, vid, Persian.
Poison (the) of the Upas an-
tiar, by prof A. Kœiliker,
XX, 99-104.
Poisoning with the seeds of
Thevetia meriifolia, XIX,
140-142.
Pôles (on the pretended fixity
ofthe),byW.Taylor,XXII,
67-70.
Poligars (Outbreak of the S.),
by G. A. Hughes, XIII b,.
17-35.
Pomegranate (the) tobe sépa-
red from the myrtacea^ by
R. Wight, XII, 254-261.
Pondicherry, vid, Fossils.
Portraits, vid, Stereoscopic.
Pottery, vid, Greek.
Preserving, vid. Animal, Ant,
Lepidoptera, Timber.
Priées of Indian Grains, XV,
198-201.
Priest, vid, Buddhism.
Proceedings of the Royal So-
ciety, Vin, 209-214 ; XIX,
252-256; — of the London
Geological Society, VII,
259-263; Vlli, 203-209; —
of the London Zoological
Society, VII, 263-264;— of
the Royal Asiatic Society,
I, 40-42, 359-362 ; II, 176-
— 24 —
178 ; IV, 168-184 ; VI, 461-
468; VII, 251-259; VIII,
370-396 ; — of the Asiatic
Society of Bengal, VII, 236-
250;-of the Madras Literary
Society, I, 42-43, 116-118,
192-198; II, 178-179; III,
142-148 ; V, 319-330 ; VII,
233-235 ; IX, 194-197 ; XI,
192-199, 387-390 ; XII, 181-
186,374-374; XI» a, 222-
244 ; XIII b, 166-195 ; XIV
a, 201-220; XIV b, 173-
196; XV, 204-218, 352-
393, 569-588; XVI, 147-
172, 401-513 ; XVII b, 116-
122, 277-286; XVIII, 166-
172, 315-317; XIX, 154-
159, 274-278; XX, 149-
159, 359-366; XXI, 166-
174, 362-370; XXII, 149-
161, i-vi; — of the Agri-
horticultural Society of In-
dia, XIX, 268-271; XX,
159-163, 366-374; XXI,
203-231, 370-380; XXII,
162-190 ; — of the Madras
photographie Society, XX,
163-176, 374-378; XXI, 174-
202, 355-362 ; XXII, 191-
198 ; — of the Bombay geo-
graphical Society, XIX,
256-263; — Ph;)'sikalisch
Œkonomische Gesellschaft
zu Kônigsberg, XXII, 271-
274.
Prop (The best position of a.,
II, 335-338 ; — on an încli-
ned place, III, 122-126.
Proportion (Relative) belween
circulars bodies and their
squares, by capt. G. Tay-
lor, VI, 301-302 ; — vid.
Anatomy.
Pucha pal^ vid. Mishme.
Pulney Hills (Vegetable pro-
ducts of), by lient. R. H.
Beddome, XIX, 163-202;
— p/rf. Varreghe.
Purana^ vid. Basa va, Vishnu.
PuRDiE (Obit.), XIX, 142.
Pytun (Statistical report of
the sircar of), by Dr. Brad-
ley, XVI, 235-379.
Queries and notes, XIX, 266-
268 ; XX, 141-145.
R'a (on the power of the tamil
letter),by Rev. T. Foiilkes,
XXI, 1-10.
Races, vîd. Coorroo, Dark,
Negro, Saxon.
Radiata, order, XX, 122-140.
Raft for saving shipwrecked
persons, VIII, 327-328.
— 25 —
Railway (Line selected for the
Madras), by Col. T. T.
Pears, XIX, 71-79.
Rain Guages and Registry of
river frabes. by capt. Best,
XIII a, 178-185 ;-- for Ihe
province of Madura, by W.
H. Bayley, XVII b, 203-
208.
Rain in oct. 1861, XXII, 323-
324.
Râmnâd (Account of the pro-
vince of), from the Macken-
sie Collection, V, 371-393.
Ramoossies (History of the) in
the Sattarah ttîrritory and
in Poonaand Ahroednuggar,
bycapt.Alex.Mackintosh, I,
126-159, 206-243, 282-316 ;
II, 1-40, 105-137, 191-246.
Rasorial birds (on two new
gênera of), by B. H. Hodg-
son, V, 300-306.
Red Colouring matter of the
sea round the shores of the
. Island of Bombay, XXI,
153-158.
Réservoir, i^id. Aden.
Rhinocéros (A supposed new
species of), XIV a, 181-183 ;
— rhinocéros Oswelli, XIV
b, 169-170.
Rise (An extraordinar)') in the
Kistnain July 1859, by W.
Knox, XXI, 164-165.
Robbers, vid, Phausigars.
Roman coins discovered in
the Coimbatore District,
XIII a, 212-215;— roman
gold coins discovered at
Madura, by R. D. Parker,
XVII b, 114.
Roofs, vid, Syrian.
RoTTLER, Dr. (Biogr.), by
Rev. T. Foulkes, XXII, 1-
17.
Rust (tron preserved from),
by J. Prinsep, I, 270-273.
iîyo^M'ar (notes on), by John
F. Thomas, IX, 53-78.
Sails, vid. Steams.
Saltpetre, 1, 182-189, 190-191.
Sand-Binding plants of the
Madras Beach, by Hugh
Cleghorn,XVIIb, 85-90.
Sanskrit mss. in Madras, by
G. Bûhler, XXIIl, 72-85.
Sarawack (Extract from M.
H. Low's work on), XIV b,
172-173.
ScHLAGiNTWEiT (Last Joumcy
anddeathof Ad.),XX, 304-
332.
ScHMiD, Dr. B. (Obit.), XIX,
143-146.
— 26 —
Science (Brilish association
for the advancement of),
iîsst meeting, V, 423; — en-
couragement to science, by
the East India Company,
V, 400-401; — report on the
State of science, X, 432 ; —
research in sciences, X,
433-437.
Scientifîc Mission to India
XIX, 137-140.
Scolopacidœ of Népal, by B.H.
Hodgson, V, 410412.
Scoria, vid, Mounds.
Scythic, vid. Gellic.
Scorpions (Eflect of the sting
of), XVIII, 304.
Sculptures, vid. Buddhist.
Sea (Report upon the run of
the), by T. G. Taylor, IX,
135-146 ; — vid. Appea-
rance. Distance, MoIIusca,
Phosphorescence, Red.
Sects, vid, Tengala.
SeIections,VI, 344-460.
Seringapatam climate, I, 269-
270.
Serpent, vid. Naga.
Sevâlik hills (Structure and
Fossils of), by P. T. Caut-
ley, XII, 292-309 ; — i^iVf.
Monkey.
Seven Pagodas (A Guide to
the), by lient. J. Braddock,
Rev. W. Taylor, and W.
G. Mahon, XIII a, 1-56;
XIII b, 36-47.
Shipwrecks, vid. Raft.
Ships, vid, Steam.
Siamese(Code,Historicalmss.
and the progress ofBud-
dhism among the),by lieot.
T. J. Newbold, VI, 1-16;
— vid, Laws.
Signatures in the grantof the
Syrian Christians, byprof.
Lee and major Rawlinson,
XIV a, 197-198.
Silk worm (New species oï\,
XVII, 268-269.
Silk, vid. Mulberry.
Silver (On assaying), bylieul.
Braddock, III, 72-84.
Sinai (A visit to) and a geolo-
gical sketch of it, by capt.
Newbold, XIV b, 47-73.
Sivasamudram (Island and
bridge of) in the Caveri,
by Râmâswâmimûdaliar, I,
83-94.
Swatherium giganteum^ a new
fossil, by Hugh Falcon and
capt. P. T. Gautley, IV,
219-229.
Skin, çid. Dark.
- -?? -
Slavery in S.-India by A. D.
Carnpbell, I, 243-255.
Sraell (Delightful) on approa-
ching tropical lands from
sea, V, 422.
Snake, wW. Daemia, Naga.
Societies, ^id. Proceedings.
Solar System (motion of thc)
in space, VU, 387-399.
Soldierâ discharged from the
Madras army (Number of),
by E. Balfour, XV, 554-
568; — wrf. Health.
Sondur (the Valley of), by
lieut. Newbold, VIII, 128-
152.
Sorgho and Impin (On the
culture of),byM. Perrottet,
XXI, 298-308.
Spécifie gra\ities of aqueous
vapour, dry air, and satu-
rated air, by lieut. Camp-
bell, VII, 126.
Spells, vid, Telugu .
Spirits, vid. Ghinese.
Springs (Thermal) of Galwa
and Mahanandi in the Kur-
nool province, by capt.
Newbold, XV, 160-162 ; —
vid, Brine.
Stalagmitis gambogioides y by
R. Wight, IX, 121-135.
Stars (On the height, motion
and nature of shooting), by
M. Quetclet, VII, 177-181;
— discovery of two new
variable stars by N . R . Pog-
son, XXIÏI, 95-96.
Statistical and geological me-
moir (A) of the country
from Punah to Kiltor, by
J.Bird, VI, 375-389.
Statistics, vid. Aurungabad.
Dowlatabad , Hydrabad ,
Kummemmett , Dukhun ,
Nelgoondah, Pylun, Varra-
gherrhies, Yelgunthal.
Statues, vid. Jaîns.
Steam power (Application of
low) to ail vessels instead
of sails, XII, 227-254.
Stereoscopic portraits, by
lieut. L. Paxton, XVIII,
253-256.
Stocks (Dr.), (Obit.), XIX,
271-274.
Stone implements in Madras
and N. Arcot, by R. Bance-
Foote, XXIII b, 1-42.
Storms (Theory ofj, Marine
barometer, I, 169-179 ; —
the law of storms, by T. G.
ïaylor, IX, 376-390 ; — on
bail storms in Gochin and
Travancore, by lieut. gen.
GuUen, XXI, 328-339; —
— 28 —
storm of the 30 oct. 1836
(observations at Madras du-
ring the), by T. G. Taylor,
V, 211-213; — at Madras,
the 20 oct. and 25 nov.
1846,by J.J. Franklin,XlV
a. 146-151 ; — at Bombay,
the 5 april 1848, by Col.
Sykes, XV, 201-202 ; — of
the 20 nov. 1856, by major
Jacob, XVII b, 115; by H.
Cleghorn,XVIIb, 123-125;
— at Chicacole,3aug. 1858,
by M' Thornhill, XX, 356;
— at Tranquebar^ 23 april
1859, byM.W^.Cadell, XX,
357.
Strigine family (A new genus
in the), byBr. H. Hodgson,
V, 23-25.
Strychnos (the), nux vomica^
and the false Angustura, by
W. 0. Shanghnessey, V,
365-367.
Sugar, vid, Aska.
Sumach (The american), by
W. Hamilton, V, 363-365.
Sumatra and Java (Relation
of Continental India with),
by W. Taylor, XVI, 104-
146.
Surf (Theory of the Madras),
fropi 8 observations of20
groynes, by rapt. J. Ker-
kennic, XXI, 342-348;-
vid. Jetty.
Surveys (Origin,progressand
présent state of the) in In-
dia, by capt. Th. B. Jervis,
VII, 424-441.
Sweden (New iron mines
in), III, 154.
Sympiesometer as a marine
instrument, by lieut. R. B.
Smith, VIII, 305-326.
Syrian Roofs, by M..., Ill,
115-116; — by G. Un-
derwood, VII, 381-387.
Syrian and Jewish copper pla-
tes of Malabar, by H. Gun-
dert, XIII a, 115-146; by
Kookel Keloo Nair, XXI,
30-35; — vid. Signatures.
Syrian church in China^ XIH,
219.
Tamil, pid, Beschi, de Bour-
zes, Chintaroani.
Taming, vid. Horse.
Tamoul, vid, Tamil.
Tapir, QÎd, Malay.
Tartary, vid. Persia.
Taxidermy, XXII, 335-348.
Tea (Cultivation of), by H
Cleghorn, XXII, 142-148;
— tea-plant in Assaro, by
— 29 —
A. de Candolle, V, 413-416;
by J. Mac-Clelland, VI,
423-444; by W. GrifiBth,
VIII, 348-369; — Report
on tbe manufacture of tea
in Assam. by C. A. Bruce,
X, 169-198.
Teak forest over the Anamul-
lay mountains,.by capt. F.
C. Cotton, XVIII, 80-102 ;
— a concrétion in teak
trees: query, XIX, 268;
reply, XX, 142-145.
Telugu language and littéra-
ture (Essay on the), by C.
P. Brown, X, 43-59, 360-
387; XI, append., 43-78;—
telugu spells, by G. P.
Brown, XXIII, 60-71; —
roman catholic books in the
telugu language, by C. P.
Brown, XII, 54-58.
Température of the Ëarth at
Travancore, XIV a, 199-200.
Tengala and Va^agala (Note
on the sects), by C. P.
Brown, XI, 300-302.
Tersai (The word), by S. Mar-
car, XV, 347-351.
T/ieveiia, vid, Poisoning.
Thompson's Mineralogy (An
errorin),by capt. J. Camp-
bell, XI, 310-313.
Thousand and one nights, X,
439.
Thugs (An account of the cus-
toms and practises of the
murderers called), by lieut.
P. A. Reynolds, IV, 85-99.
Tides at Madras, by lieut.
col. du Havillard, I,"l79-
182 ; — set of the tides at
Madras during the N.-E.
Monsoon, by T. G. Taylor,
IX, 135-146; — sugges-
tions for observation of the,
tides, by prof. Whewell,
VI, 248-250 ; — An appa-
ratus for registering the
tides, by lieut. J. Camp-
bell, VI, 300.
Tiger (A post-mortem exa-
mination of a), by Dr. Ben-
za. V, 419-420.
Timber (Préservation of),
XVII I, 303-304; — pro-
tecting timber from lire,
XIX, 116-137; — timber
in the neighbourhood of
Cuddapah, by capt. J. H.
M. Stewart, XXI, 295-297;
— vid, Ant.
Tinnevelly, oid, Cairns.
Tobacco (The curingof), XIX,
268.
Todas (Vocabulary of the), by
— 30 —
Rev. F. Metz, XVII b,
103-108, 131-146; XVIII,
1-24.
Tohfet al akhar^ transi, by
Geo. Norton, I, 166-169.
Topes of Bhilsa and Sanchi
by rev. W. Taylor, XXII,
94-100.
Transactions of the agricultu-
rai and liorticulturalSocïeXy
of India, vol. 3, rev., by
R. W., V, 330-339 ; VI,
163-175.
Transcription, writing of In-
dian words in roman cha-
racters, by. MM. W. Elliot,
W. H. Bayley, M. Nor-
man and R. Caldwell, XX,
179-271; XXI, 235-247.
Translation, piW. Oriental.
Trap Dykes (On the cristal-
line structure of the); in
the Sienite of Amboor, by
R. B. Smyth, IX, 287-309.
Travancore hill tribe,by lieut.
Gonner, I, 1-7, 54-83; —
public work in Travancore,
XXII, 127-138 ; ~ p/rf.
Backwater.
Tree, vid. Aerolith, Teak,
Timber.
Trees /^influence of) on cli-
mate, XV, 400-476.
Tropics , vid. Acclimating,
Smell.
Troops, uid. Health.
TsuraMoung Bo,aulobiogr.,
by capt. A. Mac-GuHey,
11, 146-164.
TuRNBULL Christie (Scicnli-
fic labours of),XV,150-i59.
Tuticorin, vid, Well.
Upas, vid. Poison.
Vadagala, vid, Tengala.
Van Diemen land (Report of
the Gliraate and Diseases
oO, by W. Milligan, V,
416-419.
m
Vapour, vid. Spécifie.
Varragherries or Pulney-
mountains (Statistical obser-
vations on the), by Rob.
Wight and capt. Ward, V,
280-289, 433; VI, 280-294.
Vegetables, vid. Pulney.
Vellore (Fort and Hindu
temple at), by Lieut. H. P.
Hawkes, XX, 274-278.
Vemana, by maj. R. M
Mac-Donald, XXIII, b, 43-
62.
Venoraof the Gobra on ihe
Mungoose (Effect of the),
XIX, 267.
— 31 —
Vessels, vid, Steam.
Vishnu Purana(l^ook\\, chap.
2),by E. B. Powell, XVII
a, 1-3.
Volvox globator (ihe), XVIII,
306-310.
Van Hammer (Obit.), XVIII,
159-161 .
Walker, h. (Obit.), XIX,
147-149.
Warungal (Slaliclical report
on the sircar of), by A.
Walker and maj . gen. Fra-
zer, XV, 219-301.
Waler supply to tanks, I,
111-114 ; — water raising,
I, 160-166; — water of
the seven wells{in Madras),
by J. E. Mayer, XXIII b,
107-127.
Weighing, vid. Balance.
Weights and measures (In-
dian), V, 33-36; by J. W.
Breeks, XXI, 16-27; — a
uniform System of weights
and measures ihroughout
India, by W. H. Bayley,
XVIII, 183-213.
Well, vid, Artesian, Seven,
Zem-zem.
Wheat (Cukivationof) dinthe
Madras presidency, XV,
395-399.
Widening, vid, Pamban.
WindsofCoromandei {On the
cause of land), by R.
Wight, III, 32-35 ; — a
mean-result fromanumeri-
cal register of wind, by
J. Dalmahoy, VII, 104-
107.
Wodiahghurand the adjacent
part of Gumsoor (Gursory
notes on), by W. G. Max-
well, VIL 134-142.
Wood oil, XVIII, 283-290;
— vid, Timber.
Wooden pendulum (On the
rate of a clock with a) and
on the longitudinal expan-
sion and contraction of
wood, by lieut. Braddock,
VI, 108-117.
Yelgunthul (Statislics of the
sircar of), by T. L. Bell,
XVII a, 20-102.
Yoon-th a-lin, vid, Karens.
Zanguebar (Notes on), by M.
Ed. Loarer, XXII, 76-93.
Zemindaries (Report on the
Goomsur, Duspallah, and
— 32
Boad), by lieul. G. Mac-
Pherson, VII, 400-412.
Zemindary (Report on the
Bustar), by capt. Gh. El-
liot, XXII, 18-43.
ZeiD-zem well, at Mecca ; ii<
water, 111,159.
Zodiac [The names used in
the Indian), by C. P.
Brown, XIV. a, 151-154.
II. — Table par Noms d'auteurs
A. J. A, XV 552-553.
Capt. J. AUardice, IV, 67-73.
R. Baikie, VI, 342-343.
R. Baird Smilh, XI, 315-323.
E. Balfour, XV, 554-568;
XVI, 380-400 ; XVII a,
4-9, 10-20 ; XXI, 158-164.
W. H. Bayley,XVlIb, 203-
208; XVIII, 183-213; XX,
179-271 ; XXI, 235-247.
Lieut. R. H. Beddonie, XIX,
163-202; XX, 66-75; XXI,
59-60 ; XXII, 70-75 ;XXII1,
37-59.
J. L. Bell, XVII a, 20-102.
M. Bennett, V, 406-410.
Dr. P. M.Benza, IV, 1-27;
V, 43-70, 419-420.
Capt. Best, XIII a, 278-185,
186-195.
G. Bidie, XVIIl, 175-182.
J. Bird, VI, 375-389.
H. F. Blanford, XIX, 60-64,
272-273.
Col. Bowler, 1, 13-15,
De Bourzes, XXIII, 111-113
J. Forbes Boyle, I, 316-329:
XI, 306; XVII b, 257-264,
295-297 ; XVIII, 64-79.
Lieut. J. Braddock, II, 343-
354; III, 1-8, 48-53, 72-
84, 97-100; VII, 108-117:
X, 270-359 ; XIII a, 1-5(3;
XIII b, 36-47.
W. II. Bradley, XV, 481-550 :
XVI, 235-379.
J.H.Branson, XXIIl, 07-105.
J. W. Bieeks, XXI, 16-27,
C. P. Brown, X, 43-59, 300-
387; XI, 143-177,300-302,
app. 43-78 ; XII, 54-.j8,
271-291 ; XIII, 94-97 ; XIV
a, 151-154 ; XXIII, 60-71.
J. A. Brown, XVII b, 109-
113.-
C. A. Bruce, X, 169-198.
R. Bruce-Foote, XXIII b, 1-
42.
G.Bùhler,XXIII, 72-85,116-
136.
- 33 -
Pr. Bure, Xtll, 30-37.
De BurghBorch,Vni, 86-127.
C , 11,338-342; 111,57-
59, 141-142.
M. Cacciatore, V, 412.
51, 2(ï5-2'i2, 226-269, 274-
294.
Lieut. Gonner, I, 1-7, 54-83.
Col. A. Gotton, XVin, 214-
253.
J. CaldecoU, VI, 56-59, 159; Gapt. F. G. Gotlon, XVIII,
VII, 145, 414-415; IX,
199-201,221-272,454; X,
202,442; XI, 396-397; XII,
188, 377.
R. Caldwell, XX, 179-271 ;
XXI, 235-247.
80-102.
Lieut. gen. Gulien, XVII a,
155-157; XXI, 328-339.
J. Dalmehoy, VI, 47-55 ; VII,
104-107.
Lieut. Dawson, IX, 148-150.
xV. D. Garapbell, I, 243-255, J. Dawson Mayne, XXII, 1-
350-359 î VI, 445-460.
Lieut. capt. J. Ganipbell, VI,
137-142,295-299, 300; VII,
126-127, 418-424; XI, 78-
86, 310-313.
A. de Gandolle, V, 413-416.
36.
B. H. Dodgson. VI, 75-78.
Gapt. H. Drury, XIX, 203-
220.
J. W^ B. Dykes, XXI, 165-
166.
Capt. P. T.Gaulley, IV, 219- Prof. Khrenberg, VII, 148-
229; V, 401-402; XII, 292- 162.
304, 304-309.
J. Clark, VIIÏ, 334-346; IX,
89-121. '
H. Cleghopn, XVII b, 123-
125,85-90; XXII, 142-148.
R. Cole, IV, 100-116; VII,
130-133.
Lieut. capt. maj. H. Gon-
greve, VI, 111-136, 246;
VIII, 328-329; XIII, 47-
51; XIV a, 77-146; XVI,
101-104; XXII, 44-45, 49-
Capt. Gh.Elliot, XXII, 18-43.
Hev.W. EUiot, VII, 103.232;
X, 92-108, 207-233 ; XI,
39-41, 302-306, 390; XV,
162-167 ; X!X, 220-249 ;
XX, 75-99, 179-271 ; XXI,
235-247.
F. W^. Ellis, XIII b, 1-17.
H. Falconer, IV, 219-229;
XII, 304-309.
Gapt. E. A. Foord, XX!, 348-
354.
3
— 34 -
Rev. T. Foulkes, XXI, 1-10.
R. W. Fox, V, 423-424.
J. J. Franklin, XIV a, 146-
151.
Maj. gen. Frazer, XV, 219-
301.
Prof. Garcin de Tassy, XXII,
46-48.
W. Gilchrist, IV, 128-130;
V, 26-31; VI, 60-68.
R. M. Glover, XII, 175-181.
Goday Venkat Juggaro\v, 11^
92-97, 369-380.
J. Graham, V, 178-184, 367-
370, 430-431.
R. Graham, V, 300 ; VI, 236-
245 ; VII, 467-470.
C.W. Grant, XII, 309-37 J.
Capt. G. W. Gray, Vil, 477-
4V8.
W. GrifiBth, VIII, 348-369.
M. Guibourt, XX, 116-121.
Rev. H. Gundert, XIII, a,
115-146; XlIIb, 1-17,97-
105.
Th. Halls, XV, 197-198.
Capt. D. Hamilton, XIX, 58-
68.
W. Hamilton, V, 363-365.
Capt. S.E. Hannay, VI, 390-
422.
E. H. Harington, XXII, 103-
127.
Lient, col. de Havillard, I,
179-182.
Lient. P. Hawkes, XIX, i-
57,249-251, 251-252 ; XX,
274-278; XXI, 60-61, 61-
62.
Arth. Hay, XIII b, 145-164;
XIV b, 74-77.
J. M. Heath, XI, 178-184,
184-192.
Lient. E. Hemery, XIX, 65-
71.
J. F. W. Herschell, V, 412;
X, 437-439.
Dr. Fr. Hochstetter, XXI,
113-153.
Br. H. Hodgson, V, 23-25.
300-306, 410-412.
Rev. F. W. Hope, XII, 105.
G. A. Hnghes, XIII b. 17-
35.
Maj. Jacob, XVII b, 115, 267-
?68.
T. C. Jerdon, X, 60-91, 198.
234-269; XI, 1-76, 207-
; 392; XII, 1-15,193-227 ;Xni
a, 156-174; XIII b, 116-
145 ; XV, 139-149, 302-346;
XVII a, 103-127, 128-151.
Capt. Th. B. Jervis, VII,
424-441.
Lient. C. C. Johnston, VIII,
329-333. .
— 35
C. T. Kate,XlI, 37-42; XIII
a, 147-153, ail-212.
Rev. J. T. Kearas, XXI, 27-
30.
Ë. F. Kebari, XIX, 89-116.
Capt. J. l(erkennic, XXI,
342-34a.
H. King, XX, 272-273 ; XXI,
62-117; XXIII b, 63-106.
G. Knox, 2-25.
T. J. Knox, XXI, 340-3 42
W. Knox, XXI, 164-165.
Prof. A. KôUiker, XX, 99-
104.
Kookel Keloo Nair, XXI, 30-
00.
Prof. Lee, XIV a, 197-199.
Ed. Loarer, XXII, 76-93.
Lieut. S.O.E. Ludlow, XIII,
a, 195-210; XIII b, 87-
94.
J. Mac-CIelIand, VI, 423-
444.
Capt. A. Mac-CuUy, II, 146-
164.
Maj. R. M. Mac-Donald,
XXIII b, 43-62.
Mac-Fadyen, M ! I , ll»7-202.
Capt. A. Mac-Kintosh, I, 126-
159, 206-243,282-316; III,
9-26 ; V, 71-112, 273-279.
Lieut. C. Mac-Pherson, VII,
400-412.
W. G. Mahon, XIII a, 1-56;
XIII b, 36-49.
Mahomet Tippoo, 11,315-335.
J. G.Malcolmson, I, 329-342;
IV, 194-218; XII, 58-104.
Ch. Mallard, V, 340-346.
Lieut. J. Mallias, XIX, 65-71.
S. Marcar, XV, 347-351.
W. G. Maxwell, V, 17-46;
VII, 89-103, 134-142.
J. E. Mayer, XXIII b, 107-
127.
Rev. F. Metz, XVII b, 103-
108, 131-146. XVIII, 1-24;
XX, 1-46.
W. Milligan, V, 415-419; VI,
304-336.
Lieut, J. Mitchell, XVII b,
71-80; XXI, 10-16.
Lieut. T. Mitchell, XXII, 260-
271.
Col. Monteith, IV, 28-46, 134-
138; X, 132-168; XI, 52-
78.
A. Muttusanii-pillay,XI,250-
300.
Rev. D. Muzzy, XVII b. 90-
102.
Capt. Nelson, XXIII b, 128-
139.
Ënsign. lieut. capt.T.J.New-
pold, II, 247-254; III, 35-
47,54-57, 117-122; IV, 74-
- SÔ -
84, 117-120, 139-145 ; V-
113-132, 232-237; VI, 1-
16, 255-263,264-279; VII,
52-75, 78-88, 269-271 ;
VIII, 128-152; IX, 309-
310; X, 109-131; XI, 42-51,
126-143, 239-243, 244-245,
245-250, 306-310; XII, 171-
175, XIll, 218-219; XIV
b, 47-73; XV, 160- 162.
J.Nietmer, XVII b, 171-202,
XVIII, 50-63.
M. Norman XX, 179-271;
XXI, 235-247.
A. B. Northcote, XX, 104-
116.
Geo. Norton, I, 166-169.
W. Ogilby, XII, 139-171.
D.Olmsled, VII, 163-277.
W. 0*Sgamghnessey, V,.365-
367.
Capt. J. Ouchlerlony, XV, 1-
138.
R. D. Parker, XVII b, 114.
Lieut.L. Paxton, XVIII, 253-
256.
Col. T. C.Pears, XIX, 71-79.
Capt. D. Boileau Pemberton,
VI, 390-422.
Rev. P. Percival, XVIII, 43-
49.
Perrottet, XXI, 298-308.
R. L. Playfair, XVIII, 25-42.
N. R.Pogson,XXÎI, 100-102:
XXIII, 85-95, 95-96.
E. B. Powell, XVII a, 1-3
J. Princep, I, 270-273; III.
154-155.
Quételet, VIII, 177-181.
RâmâswAmi-niudaliar, I, 81^-
94.
J. Ranking, XXI, 55-59.
Maj. Rawlinson, XIV a, 107-
199; XVII b, 251-254.
Col. Reid, XV, 477-481.
Lieut. P. A. Reynolds, IV, 85-
99.
Archd. Robinson, 1,7-13, 04
104, 257-269, 342-350.
W^. Robinson, XIV b, 1-40.
Col. Sabine, XIII b, 106-110.
H. Schiagintweit, XX, 332-,
356.
R. Schiagintweit, XX, 332-
356; XXIII, 140-152, 221)-
231; XIX, 79-88.
Rev. B. Schmid, IV, 121-127:
V, 133-158.
Capt. J. F. Smith, IX, 373-
286, 311-312.
G. Smith, XVII. 1-21, 21-56,
81-84.
Prof. P. Smith, XXI, 309-327.
H. G. Smith, XXII, 139-142.
Lieut. R.B. Smith, VIII, 305-
326.
- 37 -
R. B. Smyth, IX, 287-309.
J. A.R. Stevenson, II, 255-
262; V, 17-46; VII, 89-103.
J. H. M. Stewarl, XXI, 295-
297.
Capt. W G. Stoll, XXII, 52-
67.
Lieut. col., col. W. H. Sykes,
VI, 344-374; XII, 371-374;
XV, 201-202.
J. Tawse, XVIII, 270-272.
Capt. C. Taylor, VI, 301-302;
Vil, 470-476.
T. G. Taylor, I, 164-165; II,
165-166; III, 59-61; IV, 47-
56; V, 212-213, 306-308,
313-314; VI, 60-68, 220-
224; IX, 135-146, 221-272,
376-390 ; X, 437-439 ; XI,
393-394 ; XIV a, 183-186.
Rev.W. Taylor, VI, 142-157,
176-220; VII, 1-51, 277-
378; VIII, 1-86, 215-305;
IX, 1-52, 313-376. 452; X,
1-42,388-432; XI, 86-125;
XIII a, 1-56, 57-115 ;XI11
b, 36-47; XIV a, 1-66; XIV
b, 78-97, 112-159, XV, 173-
190;XVI, 55-101, 104-146
XXII, 67-70. 94-100, 325-
336.
Tlieroo Canacasaby mudalliar
XVII b, 113-114,
E. G. Thomas, XXI, 248-264.
J . F. Thomas, IX, 53-78, 206-
220.
R. D. Thomson, V, 157-178.
Dr. Fr.Tiedemann, VII, 187-
192.
W. Tinning, V, 347-352.
J. Traitl, V, 340-346.
W. Traill, XVII b, 166-170.
A. Turnbull Christie, II, 41-
70; IV, 185-193.
Capt. G. Underwood, V, 31-
32.306-308, 432; VI, 303;
VII, 381-387, 117-122 ;
VIII, 347.
V...., XVIII, 283-290.
Venketrow, I, 15-24.
Lieut. J. Venue, XXI, 264-
294.
R. W...., V. 330-339; VI,
163-175.
J. Walhouse, XX, 53-66.
Col. A. Walker, XV. 219-301;
XVI, 1-33, 173-178, 179-
181, 182-235; XXIII b,
149-152.
Ph. W. Wall, XX, 279-304;
XVIII, 256-269.
N. Wallich, V, 347-352, 352-
362.
Capt. Ward; V;280-289,433 ;
VI, 280-294:
J. VS'arden,XlVa.67-70,
— 38 —
M. Wayne, XX, 121-122. 280-294, 469-473 ; VII, 142-
Prof. Wheweli, VI, 248-250. 143, 269, 478; VII. 142-143.
Rob. Wright, 11,70-86,138- 269,478; VIIÏ, 210; XI.
146, 380-391; III, 26-32, 372-386 ; IX, 121-135 ;XiI,
32-35, 64-96; IV, 57-66; 43-54,254-261.
V, 1-15, 15-23, 39-43, 290- H. Wilson, VI, 142-157, ITtu
300, 309-313, 340-346, 352- 220 .
362; VI, 71-74, 79-111, B. W. Wright, 1,104-111
Aatlytical Synoimis of the 542 forma of the
Yerb ia Si Marks Gospel as translated by
Jaaa de Leiçarraga,- 1571.
{Suite)
ba CEQVIAGV. 1. Ind: prés: pi: r. s. adr: masc:
V. i. iT2Lnsii\{ iaquin.
12. 14..., ba CKQUiAGV.,., nous sçauons
CEQVIÉN. 9. Ind : imp.: S. 3« r. i. pi. aux :
(cf. : Zayen Luc. 1. 55. et Dartayet (Ma/ïMtf/, 1876,
p. 27 & 74).
6. 34. . . : eta has cequién anhitz gauçaren iracas-
TEN. . . : & commença à leur enseigner plusieurs
choses.
6. 50. . . : baina bertan minça cequién^ ... : mais in-
continent il parla à eux,
8. 14. Eta ogui hart/.era discipuluey ahanz ce-
quién : Or il {sic) auoyent oublié à prendre des
pains,
9. 4. Guero aguer cequién Elias Moysesequin,
(L. rend ils par discipuluey . Hautina mis Elies)
Puis ils virent Elie auec Moyse
10. 32... Eta HARTURic berriz hamabiac^ has ce-
quién. . . ERRAiTEN : ..., & Jesus ayant derechef
prins les douze, commença à leur dire
12. 1. Guero has ce^^tV/i compara tionez erraiten.
Puis il commença à leur dire par similitudes,
14. 52. Baina hura, vtziric mihissea, billuzgor-
- 40 —
RiRiG ITZUR cequién. Mais iceluy laissant son lin-
ceul s'enfuit, d'eux tout nud.
16. 12. . . AGUEfi cequién berce formatan, . . ., il se
«
monstra en autre formes, à deux
16. 14. . . hamequey aguer cequién, ... il se mons-
tra aux onze,
CEQUIO'N. 9. Ind: imp: s. 3% r. i. s. aux :
2.14... Eta lAïQUiRiG lARREiQUi ce^i/ed// . . . Lequel
se l^ua & le suyuit.
3. 7... : eta iarrgiqui cequiôn gendetze handia
Galileatic eta ludeatic, (Hautin a imprimé iarre-
qui). . . : & grande multitude lesuiuitde Galilée
& de ludee,
5. 2..., bertan aitzinera etho^ cequiôn thumbeta-
rie. . . , incontinent vint au deuant de luy des
monumens (Hautin a mis ber à la fin de la
ligne).
5. 6... eta gur cequiôn :.. y & s'enclina deuant
luy ;
6. 25... Eta bertan sarthuric affection atl qui
Reguegana, esga cequiôn, Et incontinent estant
entrée auec grande affection le Roy, luy fit re-
queste,
8. 32. . ., eta has cequiôn^ reprotchatzen. ...,& le
commença à tancer.
14. 54. Eta Pierris vrrundanîc i.vrreiqui cequiôn.
Sacrificadore subiranoaren sala Larnerano : Et
Pierre le suiuoit de loin iusques dedans, en la
cour du souuerain Sacrificateur,
15. 43..., eta esca cequiôn lesuscn gorputza-
ren, . ., <Sc luy demanda le corps de Iesus4
— 41 —
16, 9..., AGUER cequiôn lehenic Maria Magdale-
nari, ... il s'apparut premièrement à Marie Mag-
daleine,
CEQVIZQVIO'N. 1. Ind: imp: pi: 3% r. i. s.
aux :
5. 17. Ovàxidin hec Hks cequizquiôn oXhoïiz eguiten
... Âdonc ils commencèrent à le prier
GEQVISÏEN. 1. Ind. : imp : pi : 3« r. i. pi. : aux :
6. 33..., eta aitzin cequizten haey...-, & y vindrent
deuant qu'eux,
CERAUCALA. 1. 1. q. ceraucan slycc élision du n
devant la participial.
1. 40..., othoitz EGUITEN ceraucala^.,. & luy di-
sant,
CERAUCAN. 7. Ind : imp: s. 3*. r. s. r. i. s. aux :
act:
5. 8. (Ecen erraiten ceraucan, (Car il luy disoit,
5. 10. Eta othoitz handi eguiten çeraucan, {sic. Le
p devant ^et ine se trouve qu'ici, je crois, dans
Testamentu Berria.) Et le prioit fort
5. 23. Eta othoitz handi eguiten ceraucariy Elle
prioit fort,
6. 18. Ecen erraiten ceraucan loannesec Herodesi,
Car lean disoit à Herode,
6.20... , eta ohore ekk^tk^ ceraucan : ... & Tauoit
en reuerence :
7. 26...) eta othoitz eguiten ceraucan,,,) & elle
prioit
14.72... Pierris lesusec erban ceraucan hitzaz,
... à Pierre de la parole que lesus luy auoit
dite,
— 42 —
CERAUCATELA. 1. I. ql ceraucaten avec la par-
ticipial et élision du n final.
9. 10..., elkarri galde eguitbn ceraucatela^ . . , :
s'enqiierans entre eux.
CERAUCATEN. 5. Ind : imp : pi : 3* r. s. r. i. s.
aux : act : (en 9, 13, le n final est le pronom
reÏMitque)
6. 56. . . , eta othoitz eguitkn ceraucaten , . . : & le
prioyent
9. 13..., eta hari kguin nahi ceraucaten gucia,
(/.' rel : ace :) . . . (& luy. . . tout ce que ils ont
voulu)
14. 65. . . Eta oflicieréc cihor vkaldi SMAiTEN cerau-
caten, . . Et les officiers luy bailloyent des coups
de leurs verges.
15. 19..., eta belhauricaturic reuerentia eguiten
ceraucaten ... : & se mettans à genoux, lui faî-
soyent la reuerence.
15. 31. Halaber Sacrificadore principalec-ere es-
carnioz elkarri erraiten ceraucaten Scribequin,
Semblablement aussi les principaux Sacrifica-
teurs se moquant disoyent les vns aux autres
auec les Scribes,
CERAVELA. 2, I. q : cerauen avec la participial
& conjonctif et élision du n,
12. 28. . ., eta iKUssiRic ecen vngui ihardetsi ce-
rauela^ . . . , &sçachant qu'il leur auoit bien res-
pondu (L. ivdiAmi voyant)^
13. 5..., iHARDESTEN ceraueta... leurrespondanl
CERAUEN. 16. Ind : imp: s. 3» r. s. r. i, pi:
aux : act :
— 43 —
2. 2. . . : eta degl\r\tzen cerauen hitza. . . : & il
leur annonçoit la parole.
2. 26. . . ciradeney-ere EMAN cerauén?. . . en donna
aussi à ceux qui estoyent
4 . 2. Eta iRAGASTEN cerauefi comparationez anhitz
gauça, eta erraiten cerauen bere doctrin&n, Et
leur enseignoit beaucoup de choses par simili-
tudes, & leur disoit en sa doctrine.
4. 33. Eta anhitz hunelaco comparationez trac-
TATZEN cerauen hitza, Ainsi par plusieurs telles
similitudes il leur traittoit de la parole,
6. 4. Eta ERRAITEN cerauen lesusec, Adonc'Iesus
leur disoit,
6. 10. Eta ERRAITEN ce'aue\y 11 leur disoit aussi,
7. 9. ERRAITEN ceraueuhalahev^ Il leur dit aussi,
9.1. ERRAITEN cerauen halaber, Il leur disoit aussi,
12. 38. Eta ERRAITEN cerauen bere doctrinàn,
Dauantage il leur disoit en sa doctrine,
14. 16. . . ERRANcerrtwe/i beçala. [n conjonctif fondu
avec le n final ordinaire). . . comme il leur auoit
dit,
14, 44. Eta EMAN cerauen, . . elkarren artean (Hau-
tin a mis une virgule après cerauen) Or celuy . . . ,
leur auoit baillé signe entr'eux,
15. 6. Eta bestanLARGATZENOHi cerauen presoner-
bat, ... Or leur relaschoit-il à la feste vn pri-
sonnier,
15. 8. . ., bethiere eguin vkan cerauen beçala. {n
conj :) . . . comme il auoit tousiours fait
15. 9. Eta Pilatec ihardetsi cerauen^ Pilate leur
respondit.
— 44 —
15. 14. Eta Pilatec erraiten cerave/iy Adonc Pi-
late leur dit,
GERA VEXE AN. 2. I. q. cerauen, a rel : déci :
temporel, e euph : {nean = quand).
6. 21..., Herodesec bere soreguneco banqueta
EGUiTEN cerauenean princiey eta capitainey eta
Galileaco prlncipaley : qu'Herode faisoit le fes-
tin du iour de sa natiuité aux princes capitaines
& principaux de Galilée :
6. 22 CEUDENEY atseguin egun cerauenean, ,. &
qu'elle eut pieu à Herode, & aussi à ceux qui
estovent
CERAVNSALA. 1. Ind: imp: s. 3* r. s. r. i. s.
avec la participial et élision du n final, v. i. act:
erauntsiy
5. 5. . ., eta bere buruâri harriz geraunsala ..., &
se frappant de pierres.
baCERAVNSATEN. 1. Ind: imp: pi: 3* r. s. r. i.
s. V. i. act: eraunlsi,
15. 19. Eta bacERAUNSATEN haren buruâri cana-
bera bâtez, eta. . . Et frappoyent son chef d'vn
roseau, &
CERAVTZAN. 1. Ind: imp : s. 3\ r. pi. r. i. s.
aux : act :
5. 20. . . cein gauça handiac eguin cerautzan lesu-
sec: ... combien grandes choses lesus luy
auoit faites:
GERAVÏZATEN. 1. Ind: imp: pi: 3« r. pi: r. i.s.
aux: act:
1. 32. Eta arratsean, iguzqui sartzean, ekarten
çerautzaten , . . guciac eta demoniatuac. Le soir
- 45 —
Venu, comme le soleil se couchoit, on liiy
amena tous... & les démoniaques.
CERAVZTEN. 1. Ind: imp: s. 3* r. pi: aux: ad:
4. 34. . . : baina appartean bére discipuluey
DECLARATZEN cerauzteu gauça guciac. . . : mais à part
il declaroit tout à ses disciples.
CETZALA. 1. I.q. cc^za/i avec chute du /i avant /a
participial, ou conjonctif.
7. 30...,eta alabà ohe gainean getzala..., & sa
fille couchée sur le lict.
CETZAN. 4. Ind: imp: s. 3* v. i. intr : etzan. En 2,
4 & 5, 401e /i final devient le pronom relatif = où,
1. 30. Eta Simonen ama-guinharreba getzan hel-
gaitzarequin : (Hautin a séparé hel & gartza-
requin:) Or la belle mère de Simon estoit
couchée ayant la fleure:
2. 4... paralyticoa CETZANohea (/irelz^aw^TMe/. . .)
le lict auquel le paralitique estoit couché.
4. 38. Eta hura vnciaren guibeleco aldean cetzan
Lo bururdi baten gainean : (ici cetzan sert
d'auxiliaire avec lo) Or estoit-il en la poupe,
dormant sur vn oreillier :
5.40. . nescatchâ cetzan lekura. (n rel=o/), dans
lequel) où la fillette gisoit.
CEVDELA. 4. 1 q. ceuden avec la participial &
chute du n.
3. 31. . . :eta lekorean geudela. . . : & estans dehors
14. 18. Eta hec mahainean iarririg ceudela^ Et
comme ils estoyent assis à table,
15.40.;. vrrundanic beha geudela,... qui re-
gardoyentde loin:
— 46 —
16. 14. Azquenic, elkarreqiiin iarriric ceudela
Finalement. . ., estans ensemble,
CEVDEN. 6. Ind: imp: pi: 3*verbeirr: intr. egon
(En 1, 32 & 3, 34 le n final est le relatif jw^'.)
1. 22. Eta sPANTATURic ceuden haren dootrinâz, Et
s'estonnovent de sa doctrine:
1. 32... gueizqiii ceuden guciac {n rel : nomi-
natif)... tous ceux qui auoyent quelque mal
3.4... baina hec ighilig cEUDEif...? Mais ils se
taisoyent.
3. 34... haren inguruàn iarriric ceuden disoipu-
luetara, {n rel: nom:)... à Tenuiron les dis-
ciples qui estoyent assis à Tentour de luy:
5.40 Eta irriz ceuden harçaz: Et ils se rioyent de
luy:
15.47. Eta Maria Magdalena eta Maria losefen
amaj reha ceuden... Et Marie Magdaleine &
Marie mère de loses regardoyent
GEVDENAC. 1.1. q . ceuden, n rel: décl: acc: régime
de citzan . (nac = ceux qui)
5.38. .. , eta nigarrez ceudenac, . . . , & ceux qui
ploroyent
CEVDENACGATIC. 1. 1. q. cei^rfe/iac avec gatic =
pour^
6. 26. Eta Reguec haguitz tristeturic, cinagalir
eta harequin mahainean iarriric ceudenacgatic,
Et le Roy estant fort marri, ...» à cause du
iurement & de ceux qui estoyent assis à table
auec luy.
CEVDENETARlC.l. l.q. ceuden, n rel: décl: part:
défini [netaric = de ceux qui)
— 47 —
11.5. Eta han cbudenetaric batzuc... Et aucuns
de ceux qui estoyent là
CEVDENEY. 1. I. q. ceuden, rcl: nom: décl: dat:
{ney = à ceux qui,)
6. 22..., eta Herodesi eta harequin mahainean
lARRiRiG CEUDENEY..., & qu'elle... à Herode,
& aussi à ceux qui estoyent assis ensemble
à table,
CEVNÇALA. 2. Ind: imp: pi: 3* avec chute de n
final devant la participial accusatif, v. i. passif
etzariy auxiliaire de lo.
14.37. . . Lo CEVNÇALA : . . . dormans
14.40... berriz lo cevnçala: ... derechef dor-
mans.
CIEÇA'N. 2. Ind: imp: s. 3* r. s. adr:masc: aux:
act:
12. 20. . . : eta lehenac har cieçàn emazte, ... : dont
le premier print femme,
12. 21. Eta bigarrenac har cieçàn hura, Et le
second la print,
CIEÇATEAN. 1. Ind: imp: pi: 3«r. s. adr: masc :
aux: act:
12. 22. Eta HAR cieçatedn hura cazpiéc, Les sept
donc le prindrent,
CIECEN . 4. Ind : imp : pi : 3« r. s. r. i. pi : aux :
act:
2 . 16. . . , ERRAN ciecén haren discipuluey, . . . ,
disoyent à ses disciples,
5. 16... ERRAN ciecén haey, ..., leur racontèrent
11. 5. . . ERRAN ciecén^, . . leur dirent
11. 6. Eta bec erran ciecén^ Ils dirent
- 4g -
Ici nous voyons les deux ciecén saris même une
différence d'accent pour les distinguer. Basque is
not the only language that has awkward homonyras.
In the gospel ofS. Luke we find 17of them. Il y en a
plusieurs en Basque moderne. Voyez Dartayet
{Manuel, 1893. ) Does not airit in vulgar English raean
am noti is not, are not, hâve not, has not ? Est and
sis in Latin hâve each a double meanrag, namely
is & eats, thou mayest be & if thou wilt, respec-
tively.
CIECÉN. 59. Ind: imp: s. 3* r. s. r. i. pi : aux:
act.
1. 17. (Hautin a mis 27) Eta erran ciecen lesu-
sec, Adonc lesus leur dit,
2. 8. . . , ERRAN ciecén haren, . . . , leur dit,
2. 25. Eta harc ERRAN ciecén^ Mais il leur dit,
2. 27. Guero erran ciecén: Puis il leur disoit,
3. 9. Eta ERRAN c/ecc/^ bere discipuluey... Et ildil
à ses disciples
3. 17... fêta hicv icen eman ciecén Boaners^es,
. . . (ausquels il donna nom Boanerges,
3. 23. Eta hec beregana deithuric, Ennk^ ciecén
comparationez, (Hautin a mis com à la fin de la
ligne.) Mais luy ayant appelez à soy, leur dit par
similitudes,
3. 33. Orduan ihardets ciecén, Adonc il leur
respondit,
4. 9. Orduan erran ciecén, Adonc il leur dit,
' 4. 11. Eta ERRAN ciecén^ Et il leur dit,
4. 13. Ela ERRAN ciecén, Puis il leur dît,
4. 21. ERRAN ciecén halaber, Il leur disoit aussi.
- 49 -
4. 24. Guehiago erran ciecén, D*auantage il leur
dit,
4. 35. Eta ERRAN ciecén egun hartan, Ce iour-la
. . ., il leur dit,
4. 40. Eta ERREN ciecén, (Hautin a omis la virgule.)
Puis il leur dit,
5. 13. Eta PKRMKTTi ciecén bertan lesusec. Et
lesus incontinent leur permît:
6.7...: eta eman ciecén bothere spiritu satsuén
gainean..., & leur donna* puissance sur les
esprits immondes.
G.31. Eta ERRAN ciecén^ Et il leur dit,
6. 37. . .ERRAN ciecén^, . . leur dit.
6.50. . ., ERRAN ciecén,. . .^ & leur dit,
7. .6. . . ERRAN ciecén,, . . leur dit,
7. 14. Guero deithuric populu gucia beregana,
ERRAN ciecén. Puis ayant appelé à soy tout le
peuple,
8. 1 . . . , eta ERRAN ciecén, . . . , & leur dit,
8.9..., guero eman ciecén congit...: pui» les
renuoya .
8. 17. . .,. ERRAN ciecén. . . leur dit,
8.21. Eta ERRAN ciecén, Dont il leur dit,
8. 34, Guero populua beregana dkithuric bere
discipuluequin, erran ciecén. Puis ayant appelé
le peuple à soy auec ses disciples, leur dit,
(Hautin a mis di à la fin de la ligne.)
9. 12. . . ERRAN ciecén,, . . leur dit,
9. 29. Eta ERRAN ciecén. Il leur dit,
9. 35, . . , eta erran ciecén^ . . . , & leur dit,
9. 36..., eta hura bessoetara harturic, erran cie^
4
~ 50 -
ce/2,. ...: & après Faucir prins entre ses bras.
leur dit.
10. 5. . . . ERRAN ciecén,. . . leur dit,
10. 11. Eta ArtrcKRRAN, ciecen, Et il leur dit,
10. 14. . . eta ERRAN ciecén, . . . , & leur dit»
10. 24. . . ERRAi« ciecén^ Haourrâc, . . . leur diU
Enfans
10. 36. Eta harc erran ciecén^ Et il leur dit,
10. 38. Eta lesusec erran ciecén^ Et lesus leur
dit,
10.. 39. . . Eta lesusec erran ciecén, ... Et lesus
leur dit,
11. 2. Eta ERRAN ciecén, Et leur dit,
11. 22. . . ERRAN ciecén,. . . leur dit,
11. 29. . . ERRAN ciecén,. . . leur dit,
12. 1 . . . , eta ALOCA ciecén laborariey , ... : après la
loa à des laboureurs,
12. 5. Eta berriz bercebat igoh ciecén, Etencores
en enuoya vn autre,
12. 15. Eta harc eçaguturic hayén hypocrisie,
ERRAN ciecén, Iceluy scachant leur hypocrisie.
leur dit,
12. 17... ERRAN ctecew,. . . leur dit,
12. 24. . . ERRAN ciecén,. . . leur dit,
12. 43. Orduan bere discipuluac beregana dei-
THURic ERRAN ciccén, Lors appelant à soy ses
disciples, leur dit,
14. 13. . ., eta erran ciecén,. . & leur dit,
14. 20. . . ERRAN ciecén, leur dit;
14. 22...: eta eman ciecén,...: puis leur en
donna,
- 51 —
14.23. . ., gratiàc rbndaturic, eman ciecén :. . . il
rendit grâces, & la leur donna :
14. 48. . . ERRAN ciecén, . . . , & leur dit,
15. 12. . . , berriz erran ciecén, . . . leur dit dere-
chef (Hautin a mis ci à la fin de la ligne).
15 . 15. Pilatec bada populuaren gogara eguin nahiz.
LARGAr/ecew Barabbas, eta lesus açotaturic liura
ciecén. Pilate donc voulant contenter le peuple,
leur relascha Barrabas : & après auoir fouetté
lesus il lé leur liura,
16. 10. Harc lOANic CONTA ciecén, Et elle se part-
tit, & l'annonça à ceux
16. 13. . . coiiTA ciecén bercéy :. . ., l'annoncèrent
aux autres :
16. 14. . ., eta rep^otcha ciecén hayén incredulita-
tea, eta bihotz gogortassuna :. . ., & leur repro-
cha leur incrédulité, & dureté de cœur : (H. a
mis ha à la fin d^une ligne . )
16. 15. Eta erran ciecén. Et leur dit,
CIEÇO'N. 40. Ind : imp : s. 3® r. s. r. i. s. aux : act :
1. 41..., eta ERRAN cieçôn,,,, & luy dit,
1. 44. Eta ERRAN cieçôn, Et luy dit,
2. 5. Orduan lesuscc hayén fedea ikussiric, erran
cieçôn paralyticoari, Et lesus ayant veu leur foy
dit au paralitique
2. f4. . . , eta erran cieçôn. . . ., & luy dit,
4.39..., eta erran cieçôn^ itsassoari..., & dit à la
mer,
5. 19. . . , aitzitic «ERRAN cieçôn, . . . , ains luy dit,
5. 33..., eta erran cieçôn eguia gucia.... & luy
dit toute la vérité.
- 52 -
5. 34. Eta harc erran cieçôn, Et il luy dit,
6. 23. Eta cin eguin çieçôn : Et luy iura^
6. 64 Eta harc ilkirig erran ciepôn bere amari.
Elle estant sortie dit à sa mère,
6. 27... : harc bada ioanic edequi cieçôn biiruii
presoindeguian..., lequel s'y en alla, & le déca-
pita en la prison.
6. 28..., eta emaj^ cieçôn hura nescatchari, eta
nescachàc eman cieçôn bere amari. ..., & la
donna à la fille,^ & la fille la donna à sa mère.
7. 27. Eta lesusec erran cieçôn. Mais lesus luy
. dit,
7. 28..., eta erran cieçôn,..^ & luy dit,
7. 29., Orduan erran cieçôn^ Alors il luy dit,
7. 34. . . , eta erran cieçôn Ephphata, . . .& luy dit,
Hephphathah,
8. 25. . . , Eta berris goiti beha eraci cieçôn ;...,&
luy fit derechef leuer la veuë :
9. 23. Eta lesusec erran cieçôn^ Et lesus luy dit,
9. 38. Eta iHARDETs* cieçôn loannesec, Adonc lean
print la parole, & dit,
10. 18. Eta lesusec erran cieçôn . lesus luy dit,
10. 20 ERRAN cieçôn, Magistruà, . . . luy dit,
Maistre, (Hautin n'a pas mis la virgule après cie-
çôn.)
10. 21..., eta ERRAN cieçôn^... y & luy dit,
10. 51. . . ERRAN cieçôn lesusec,. . . luy dit,
10. 52. Eta lesusec erran cieçôn^ Et lesus luy
dit,
11. 14... erran cieçôn ficotzeari, Ilemendic harét
luy dit, Que plus à iamais
— 53 —
11. 21. Orduaii ORHOiTURicPierrisec erran ciççôn.
Alors Pierre s'estantsouuenuluy dit,
12. 29. Eta lesusec ihardets cieçôn, lesus luy
respondit,
12. 34. . ., erran cUçôn^ . . . , luy dit,
12. 32. Orduan erran cieçôn Scriba harc, ... Et le
Scribe luy dit :
13. 1..., ERRAN ctecdn bere discipuluetaric batec,
. . , , vn de ses disciples luy dit,
13. 2. . ., ERRAN cieçôn, . ..luy dit,
14. 29. Eta Pierrisec erran cieçôn. Et Pierre luy
dit,
14. 45. . . , eta pot eguin cieçôn. . . : & le baisa.
14 . 47 ... , eta edequi cieçôn beharria . . . , & luy
couppa Taureille.
14. 61. . ., eta erran cieçôn^ ..., & luy dit,
14. 62. Eta lesusec erran cieçôn. Et lesus luy
dit,
15. 2.. . ERRAN cieçôn, . . . luy dit,
15. 36. . ., eta spongiabat betherig vinagrez, eta
EGCARRiRic canabcra baten inguruan, eman ctVcdn
EDATERA. . ., & emplit vne esponge de vin-aigre,
& la mit à j'entour d'vn roseau, & luy en bailla
à boire :
15. 45. Eta gauçâ eçaguturic Centeneraganic,
EMAN cieçôn gorputza losephi. Ce qu'ayant co-
gnu du Centenier, il donna le corps à loseph.
CIEÇOTEN, 23. Ind : imp : pi: 3« r. s. r. i. s.
aux : act :
1. 37..,, ERRAN cieçoten, ...^ ils luy disent,
— 54 —
2. 24. Eta Phariseuéc erran cieçoten^ Horri\
Donc les Pharisiens luy dirent, Regarde,
3. 32..., eta hec erran cieçoten^ Hunâ\... : on
luy dit donques, Voila
5. 12. Eta othoitz eguin cieçotenàedhr\ihec gnciéc^
Et tous ces diables le prioyent,
5. 31. Eta ERRAn cieçoten bere discipuluec, Ses
disciples luy dirent,
6. 30..., eta conta cieçoten... gucia.., & luy racon-
tèrent tout
8. 4. Eta iHARDETs cieçoten bere discipuluéc, El
ses disciples lui respôndirent,
8. 20. . . ? Eta hec erran cieçoten ^ Çazpi. . . ? Ils luy
dirent, Sept.
8. 22... : eta présenta cieçoten itsubat,... & là
on luy présenta vn aueugle,
10. 37. Eta hec erran cieçoten^ Ils dirent,
10. 39. Eta hec erran cieçoten^ Bay. Ils luy
dirent, nous le pouuons. (L. traduit Si.)
11. 28. Eta ERRAN cieçoten , Et luy dirent,
11 . 33. . . ERRAN cieçoten lesusi, . . . , dirent à lesus,
12. 4... eta harri vkaldiz hauts cieçoten burua.
...&luy iettans des pierres, luy froissèrent la
teste,
12. 16. Eta hec présenta cieçoten: ...? Eta hec
ERRAN cieçoten^ Cesarena. Et ils luy présen-
tèrent : , . . ? Us luy dirent, De César.
1. Les exclamations horra et huna ne sont probablement qae
les pronoms démonstratifs cela et ceci. Les anciens Basques ont
été, je crois très laconiques^ indiquant souvent leurs pensées à
l'aide des mains par des gestes.
— 55 —
14. 11. . . , eta PROMETTA cieçoien diru emaitera • . ,
& luy promirent donner argent :
14. 12. . . , ERRAN cieçoten bere discipuluéc,, . . , ses
disciples luy. dirent,
14. 70... ERRAN cieçoten Pierrisi, ..., dirent à
Pierre,
15. l...,eta LiuRA cieçoten Pilati. ..., & le li-
urerent à Pilate.
15. 17, eta inguru eçar cieçoten buruan elhorri
PLEGATUZCO^ coroabat, . . . , & luy mirent à Ten-
tour de la teste vne couronne d'espines qu'ils
auoyent pliee.
15. 20...,ERAUNZ c/eco/en escarlalazcoa,. . ., ilsle
deuestirent de la pourpre,
15. 23. Guero eman cieçoten edatera mahatsarno
myrrharequin nahasteca, Puis luy donnèrent à
boire du vin auec myrrhe : (L. traduit meslé,)
GIEDIA'N. 2. Ind. imp : s. 3® adr: masc : aux :
cf. saint Luc ; XX, 32. Inchauspe dit a ciedian
est la forme particulière de Liçarrague pour
rendre le parfait de l'indicatif ».
12. 21. . ., eta hil ciedidn^, . . & mourut,
12. 22. . .: gucietaco azquenenic hil ciediàn emaz-
tea-ere. . . La femme aussi mourut la dernière
de tous.
CIETZEN. 3. Ind : imp : s. 3* r. pi : r. i. pi:
aux: act :
1. A temsLTqïxer pleffatusco . Cf. 3 lignes plus bas escarlatas-
coa, et saint Luc 5. 29 ccudene;sco = de gens qui estoyent, et 16.
17 diseipulusco -= de (ses) disciples, sco est la terminaison ad-
jectivale indiquant la consistance.
— 56 -
6. 41. . . : eta eman cietzén bere discipuluey, . . .
eta bi arrainac parti cietzén guciey.... & les
bailla à ses disciples,... : & départit les deux
poissons à tous.
8. 6. . ., eta eman cietzén bere discipuluey, . . . , &les
bailla à ses disciples,
CIETZOTEN. 2. Ind : imp : pi : 3« r. pi. : r. i. s.
aux : act :
10. 13. Orduan présenta cietzoten haourtcho batzu.
Alors on luy présenta des petits enfans
11. 7..., eta EÇAR cietzoten berén abillamenduac
gainean..., & mirent leurs vestemens sur ice-
CIHARDVCATELA. 2. I. q. ciharducaten avec
chute du n avant la participial & conjonctif.
2. 8. Eta bertan eçaguturic lesusec bere spirituaz,
eccn hala ciharducatela berac baithan. Et incon-
tinent lesus ayant cognu de son Esprit, qu'ils
disputoyent ainsi en eux-mesmes
9. 14.. ., eta Scribéc hequin ciharducatela. & des
Scribes debatans auec eux.
baCIHARDVGATEN. 2. Ind : pi: 3« r. s v. i. a.
ikarduki.
8. 16. Eta baciHARDUGATEN elkarren contra. Dont
ils eurent propos entr'eux,
11. 31. Eta baciHARDUGATEN elkarren artean, Or ils
disputoyent entr'eux,
GIOAGELA. 1. I, q. cioacen avec chute du n avant
la participial.
2.23... haren discipuluac bidean cioacela
ses discipler: en cheminant
— 57 —
CIOACENEC. 1. I. g. cioacen avec n rel : décl :
nom : pi : actif; ind : imp ; pi : 3*verbe irr: int :
ioan,
11. 9. Ëta aitzinean cioacënéc, Et ceux qui al-
loyent deuant,
CIOC. 1. Ind : prés s. 3* r. s. adr : masc: verbe
irr : tr : erran, M. Tabbé Inchauspe dans une
note du 19 octobre 1897 me dit que cioc est « sy-
nonyme de dioc môme aujourd'hui... en Soûle. »
14. 14... : Magistruac cioc, ..., Le maistre dit,
CIOELA. 24. I. q. cioen avec chute du w avant la
participial.
1. 7..., CIOELA, ..., disant,
1.11..., cioELA, ..., disant,
1. 15. Eta CIOELA, Et disant,
1. 24. CIOELA, Ah, Disant
1. 25..., CIOELA, disant,
3. 33..., CIOELA, ... disant,
5. 9..., gioela, ..., disant,
5. 23. .., CIOELA, ..., disant,
6. 25..., CIOELA, ..., disant,
8. 15..., CIOELA, ..., disant^
8. 26..., CIOELA..., disant,
8.33,.., CIOELA, disant^
9. 7..., CIOELA, ... qui disoit
9. 38. .., CIOELA..., & dit,
10. 33. CIOELA, (Hautin a mis Cioela,) Disant,
12. 6. . ., CIOELA, . . . disant,
12. 26..., CIOELA, ..., disant,
14. 44. . ., CIOELA, . . ., disant,
14, 60.,,, CIOELA, .,.,, disant,
- 58 —
14. t>8. . . , ciOELA, . . . , disant,
14. 71..., ciOELA..., ..,, disant,
15 . 4 . . . , cioELA, ... : disant,
15. 9..., ciOELA, ..., disant,
15. 36..., ciOELA^ ... : disant,
CIOEX. 1. Ind : imp : s. 3* r. s. v. i. tr : erran.
4. 30. Guero cioen, ... Puis il disoit,
CIOITELA. 15. 1. q. cioiten avec la participial
causant la chute du n,
I . 27 ... , CIOITELA, . . . , disans,
3. 11..., CIOITELA, , . , disans,
5 . 12 ... , CIOITELA, . . . , disans,
5. 35. . ., CIOITELA, . . . , disans,
6. 2..., CIOITELA, Nondic huni gauça hauc?
disans, D'où viennent ces choses à cestuî-ci ?
.7. 37, et 8. 16. . ., cioitela, . . ., disans,
10. 26. . .,bere artean cioitela,. . .: disant entr'eux,
II. 9..., cioitela, ...: disans
11. 31..., cioitela, disans, (H. a mis cioite à la
fin de la ligne.)
12. 18..., cioitela, ..., disans,
13. 4. CIOITELA, Disans (llautin a mis cioitela.)
14. 57. . . , CIOITELA, . . . , disans,
15. 18..., CIOITELA (Hautin a mis cioitela) ..,,fw
disant^
15. 29. . . , eta cioitela, . . . , & disans,
CIOITEN. 4. Ind : imp : pi : 3® r. s. v, i. irem: erran.
6. 15. Bercée cioiten, ... : eta bercée c/o//e/?,...
Les autres disoyent, ... Et les autres disovent,
14. 2. Eta cioiten y ez bestân. Et disoyent, Non point
duraut la feste,
— 59 —
15. 35. . ., cioiten, . . ., disoyent,
CLOSTELA. 2. I.q. ciosten avec chute du n avant
la participial .
8. 27. . . , ciostela , . . . leurs disant,
11. 17. . ., ciostela . . ., en leur disant,
CIOSTEN. 2. Ind : imp : 8.3* r. s. r. i. pi : v. i.
act : erran,
7. 20. Ciosten bada, Il leur disoit donc,
9. 31. .., eta CIOSTEN, ..., & leur disoit,
CIOTELA. 1. I. q. cioitela. C'est peut-être une
faute de l'impression.
9. 11. .., CIOTELA, disans,
ClOTSALA. 2. Ind : imp : s. 3« r. s. r. i. s. avec
chute du n avant la participial, v. i. tr : erran,
I. 40..., eta hari BEtHAumcATUiuc ciotsala, . . . à
genoux, & luy disant,
9. 25. . ., CIOTSALA, . . ., luy disant,
CIOTSATELA. 1. Ind : imp : pl : 3' r. s. r. i. s.
avec chute du n avant la participial v. i. transitif
erran.
10. 49. . . , CIOTSATELA. . . . , luy disant, (pour
disans^)
CIRADELA. 6. I. q. ciraden avec chute du n devant
la participial, auxil :
9.9. Eta hec menditic iausten ciradela. Et comme
ils descendoyent de la montagne,
10.32... iGAiTEN ciradela lerusalemera : ...,
montans en lerusalem,
II. 20. Eta goicean aldetic ihagaiten ciradela Et le
matin comme ils passoyent auprès du figuier,
— 60 —
14. 18..., eta alha ciradela. Et comme..., i
mangeoyent,
14. 22. Ela hec alha ciradela. Et comme ils man-
geoyent,
16. 12. . . , camporat partitzen ciradela. . . ., qui
estoyent en chemin pour aller aux champs.
CIRADEN. 32. Ind: imp : pi : 3« verbe subst : &
aux : (Dans 5 cas le // final est le pronom relatif
qui^ nom : pi :)
1, 5. ... : eta batheyatzen ctrarfe/i guciac haren-
ganic lordaneco fluuioan, . . ., & estoyent tous
baptizez par luy au fleuue de lordain,
1. 16..., (ecen pescadore giraden)... (car ils es-
toyent pescheurs)
1. 34.... erharçun diuersez eri ciraden guciac:
(n rel : nomin :) . . . tous ceux qui estoyent
malades de diuerses maladies:
1 . 45. . . , ela ethorten ciraden harengana aide gu-
cietaric. ... : & de toutes parts on venoit à luy.
2. 6. Eta Scribetaricbatzu CIRADEN han iarriac, Or
aucuns des Scribes estoyent là assis,
2 . 15 ... , ecén anhitz ciraden ... : car il y en auoil
beaucoup
3. 10... afllictionetan giraden guciac [n rel:
nom :) tous ceux qui estoyent affligez
3. 22. Eta lerusalemetic iautsi içan ciraden Scribêc
{n rel : nom :) Et les Scribes qui estoyent descendus
de lerusalem,
4. 36... : baina berce vncitchoac-ere baciRAOES
harequin. ... ! Or y auoit-il aussi d'autres pe-
tites nasselles auecluy*
— 61 -
4. 37..., eta bagàc sartzen ciraden vncîra, ...,
tellement que les ondes se iettoyent en la
nasselle,
5. 13 (eta baciRADEN bi millaren inguruà) ...
(or il y en auoit-il enuiron deux mille,) .
6. 3...? Eta SGANDALIZATZEN ciradeu hartan. ...?
Et estoyent scandalizez de luy.
6. 31... : ecen anhitz ciraden... : car il y auoit
beaucoup
6. 34. . . : ecen ardi artzain gabeac beçala ciraden :
... : car ils estoyent comme brebis n'ayans
point de berger :
6. 44... CIRADEN borz milla guiçonen inguruà.
. . . estoyent enuiron cinq mille hommes.
6. 56.,.. guciac sendatzen ciraden, ... tous...
estoyent guaris.
7. 1. eta Icrusalemetic ethorri ican ciraden Scriba
batzu. (n rel : nom :) . . . & aucuns des Scribes
qui estoyent venus de lérusalem,
8.9... CIRADEN laur^ millarem inguruà, ... es-
toyent enuiron quatre mille :
9. 4. . ., eta minço ciraden Iesuse(|uin. . . . parlans
auec lesus.
9. 6. . . : ecen icituac ciraden. ... : car ils estoyent
espouuantez.
9. 32. . ., eta beldur ciraden haren interrogatzera.
. . ., & craignoyent de l'interroguer.
10. 32. Eta CIRADEN bidean. . ., eta spantatzen c/-
1. On prononce toujours le r ûnal de laur à Itaassou, mais on
écrit lau.
— 62 —
raden^ eta... ciraden beldur. Or estoyenl-ils
en chemin, , . . : & s'estonnoyent, & . . . crai.
gnoyent,
12. 12. Ayher ciraden h^àdi\i9iven hatzamaitera.
..., baina populiiaren beldur c/r/7fif^/i : Dont ils
tascherent à Tempoigner, mais ils craignirent le
peuple :
14. 4. Eta CIRADEN hatzu... Dont aucnns furent
14. 40. . . : ecen b»yén beguiac cargatuac cirade:?,
... : car l«# yeux estoyent chargei^^
15. 2&. CIRADEN bada hirur orenac. . . Or estoit-il
trois heures
15. 40. Eta baciRADEN emazteac-ere. . . Il y auoil
aussi des femmes
16. 8...: ecen beldur ciraden, ... : car elles
craignoyent.
16. 20... lARREiQUiTEN ciradcn signoéz. (w rel :
nom :) par les signes qui s'ensuyuoyent.
GIRADENAG. 4. I. q. ciraden avec n rel: décl :
nom : passif et ace : pi : {nac = ceux qui)
1 . 36. . . ela harequin ciradenac. . . . , & les autres
qui estoyent auecluy.(L. omet les autres.)
2. 25... eta harequin ciradenac? ... & ceux qui
estoyent auec luy?
5. 40. . ., eta harequin ciradenac, . . ., & ceux qui
estoyent auec luy,
6. 31 . . . ETHORTEN eta lOAiTEN ciradcnac : ...
d'allans & de venans,
GIRADENEAN. 7.1. q. ciraden, n rel : décl : temp :
(nean= quand)
— 63 —
6. 53. Eta berce aidera iragan ciradenean^ Et
quand ils furent passez outre,
6. 54. Eta vncitic ilki ciradenean, Et comme ils
furent sortis de la nasselle,
11. i. Eta lerusalemera, Bethphage eta Bethania
Oliuatzetaco mendi aldecoetara hurbiltzen cira-
denean j [H, a mis men à la fin de la ligne.) Et
comme ils s'approchoyent de lerusalem, enuiron
Bethphage & Bethanic vers le mont des oliuiers,
11. 12. Eta biharamunean ilki içan ciradenean
Bethaniatic, (H. a mis Be à la fin d'une ligne.)
Et le lendemain quand ils furent partis de Be-
thanie,
15. 20. Guero harçaz trupfatu ciradenean, Apres
qu'ils se furent moquez de luy,
15. 33. Baina sey orenac ciradenean, Mais quand
il fut six heures,
16. 13. Eta hec itzuli ciradenean,.. Lesquels
estans retournez,
CIRADENEG. 5. I. q. ciradenac mais nom : pi:
actif, {nec = ceiux qui)
4. 10... haren inguruân hamabiequin giradenég^
comparationeaz. ... qui estoyent entour luy
auec les douze, ... de la similitude.
11. 9. . ., eta IARREIQUITEN ciradcnéCy . . ., & ceux
qui suiuoyent,
14. 70. Eta appurbaten buruân berriz han cira-
DENÉc. .'. Et derechef vn peu après, ceux qui es-
tovent là
15. 29. Eta iRAGAiTEN ciradenéc... Et ceux qui
passoyent
— 64 —
15. 32. . . Harequin crucificatu içan ciradenec-ere
. . . Et ceux, qui estoyent crucifiez auec luy,
CIRADENÉN. 1. C'est le géniiit de ciradenac, aux:
(né/i = de ceux qui)
11. 15. . . . SALTZKN eta EROSTEW ARi cîi'adenén cam-
pora EGOizTEN, (H. a mis ero à la fin de la ligne.
... à ietter hors ceux qui vendoyent & achetoyent
au temple,
CIRADENETARIC. 3. C'est le partitif défini de ci-
radenac [netaric = d'entre ceux qui) .
3.8...: eta Tyreco eta Sydoneco inguructan ha-
BiTATZEN ciradenetaric gendetze handi, (H. a mis
han à la fin d'une ligne.) ... Et grande multitude
de ceux qui habitoyent à Tenuiron de Tyr tk de
Sidon
14. 47. Eta han ciradenetaric cembeitec, ezpata
iDOQUiRic..., Et quelqu'vn de ceux qui estoyenl
là, tira son glaiue,
15. 35. Eta han ciradenetaric batzuc. . . Et aucuns
de ceux qui estoyent là
CIRA DENEY. 3. C'est le datif déterminé de ciradenac
{^ney = à ceux qui)
2. 26..., eta nola harequin ciRADENEY-ere. . .
aussi à ceux qui estoyent auec luy?
14. 69. . . han cjradeney erraiten, . : . à dire à ceux
qui estoyent là,
16. 10. . ., lesusequin içan ciradeney^ (H. a mis ci
à la fin de la ligne.) ... à ceux qui auoyent esté
auec luy:
CIRADENl. 1. C'est le datif indéterminé de cira-
dmac, aux : [ni = à [deux) qui, sans déterminef
qui étaient les deux.)
16. 12. Guero gauça hauén ondoan hetaric bi
\Okvtis.^ciradeni. , . Puis après ces choses, ... , à
deux d'entr'eux, qui estoyent en chemin
IRADEiVIC. 1. C'est le partitif indéterminé de
ciradenaCy aux : Ici le partitif a la force d'un par-
ticipe et ciradenic signifie ayant été, qualifiant
le nom :
15. 41... : eta anhitz berce emazte harequin ba-
tean lerusalemera igan ican ciradenic. ... : &
plusieurs autres lesquelles estoyent montées
ensemble auec luy en lerusalem.
IROËN. 1. Pot: imp: s. 3* r. s. aux : act :
5. 3..., eta cadenaz-ere nehorc ecin esteca ci-
roen. ..., & nul ne le pouuoit lier, nos pjM
mesme de chaines :
IROITENAREN. 1. Pot: imp: pi: 3\ r. s. aux:
act: n rel : accusatif décl : au génitif déterminé
dépendant de araura = à la mesure de. [narcn
rz de celui 71/c)
4. 33. . ., ENÇUN AHAL ciroilcuaren araura. ..., selon
qu'ils pouuoyent ouyr.
ITECEN. 52. Ind : imp : pi : 3* aux :
1. 27. Eta SPANTA ciiecen guciac. Et tous s'en es-
tonnerent.
1. 29. Eta bertan synagogatic ilkihic, ethor ciie-
cen Simonen eta Andriuen etchev*a lacquese-
quin eta loannesequin. Et lantost se parlaiis de
.la synagogue, ils vindrent auec laques & lean
en la maison de Simon & d'André.
--66 —
2^ 3. Ordiian ethor citecen batzu harengana,
(Hatitina mis herengana.) hàowc aucuns \iïiàmr^\^
à luy,'
2. 23.- . . ,'eta has citecen haren discipuluac. . . b«-
ruca iDOQUiTEN. ..,, ses disciples en cheiui-
nant se prindrent à arracher des espics.
3. 8. . , ., ETHOR citecen harengana. "... vindrent
à luy,
3. 13. . . : eta ethor ct/ece/i harengana. ... : &ils
vindrent à hiy,
3. 20. Eta ETHOR citecen etchera : . . . Puis vindrent
en la maison:
3. 21. , . iLKi citecen . . ., ils sortirent
4. 4. . .. eta ethor citecen ceruco choriac^ . . ., v\
les oiseaux du ciel vindrent
4. 7. . ., eta elhorriac handi citecen, ... : & les es-
pines montèrent, (L. traduit g^ra/irf/ren/.)
4. 41. Eta ICI citecen icidura handiz : Et ils crai-
gnirent de grande crainte,
5. 1. Eta ethor citecen itsassoaren berce aidera.
Et arriuerent de la la mer
5 4 13... Eta iLKiRic spiritu satsuac sar citecen
vrdetara,...)eta itho cê/ece/i itsassoan . ... : adonc
ces esprits immondes estans sortis, entrèrent
es pourceaux :
5. 14. . . : Orduan ilki citecen ... : lors sortirent
5. 15. . . : eta ici citecen, ... : & eurent crainte.
5. 35... ETHOR citecen batzu synagogaco princi-
palarenetic, . . . , aucuns viennent de chez le
principal de ta synagogue,
Ici arenetic est analysable ainsi tic =eXye liaison
— 67 —
euphonique, aren = illius avec casâ^ domo^
domu sous-entendu. On sait, que du possessif
en on a formé un nom indépendant signifiant le
cheZy la casa de, e. g. Echeberri-en = de Maison-
neuve ; Echeberri-ena = (la maison) de Maison-
neuve. Et en certains dialectes, peut-être par
Tinfluence de enea := le mien, la mienne, ena est
devenu enea = illa casa de,
5. 42. . . : eta spantamendu handiz spanta citecen.
(H. a mis spanta à la fin de la ligne.) . . . Dont
ils furent estonnez dVn grand estonnement.
G. 29. Eta hori ençunic haren discipuluac ethor
citecen^ Ses disciples ayans ouy le faict, vindrent.
6. 30. Eta BiL citecen Apostoluac lesusgana, Apres
les Apostres se rassemblèrent vers lesus,
6. 32. loAN citecen bada lekii desertu batetara vn-
cian appart: . . . Ainsi ils s'en allèrent en vn lieu
reculé à part en vne nasselle.
6. 33. . . , eta bil citecen harcngana . . . . , & s'amas-
sèrent versluy.
6. 40. Eta lAR citecen arencaz, ehunà, eta berro-
guey eta hamarni. Et il s'assirent par rangées,
par centeines & cinquanteines.
6. 42..., eta ressasia ct/cce/i . ..., & furent rassa
siez.
&. 50. . . , eta TRUBLA citecen : . . . , et furent troublez:
6. 53 , ETHOR citecen Genesarethco lurrera,
. . ,, ils vindrent en la contrée de Gennezareth,
6. 55. .., HAS citecen ohetan erién ekarten, . . ., &
se prindrent à luy apporter c;à & là.en des licts
ceux qui auoyent mal, (L. omet çà & là.)
-6Ô-
7. 1. Orduan bil citecen harengana Phariseuac,
Or les Pharisiens & . . . , s'assemblèrent vers
luy.
7. 2. ..., ARRA.NGURA citecen. . . .) ils en firent
complainte .
7. 35. Eta bertan irequi citecen haren beharriac,
Et incontinent ses aureilles furent oiiuertes,
8. 8. . ., eta ressasia citecen : . . ., & furent ras-
sasiez:
8. 11. Eta ETHOR citecen Phariseuac, eta bas cite-
cen harequin iharduquitkn, Et les Pharisiens
vindrent, & se prindrent à disputer auec luy,
8. 27. Eta lesus eta haren discipuluac, handic
ILKIRIG ETHOR citcccn ... Et Icsus & SCS dis-
ciples estans partis de là, vindrent
9.3. Eta haren abillamenduac argui citecen, eta
haguitz CHiTRiT elhurra beçala. Et ses veste-
ments deuindrent reluisans& fort blancs comme
neige,
9. 34, Eta hec ichil citecen : Et ils se teurent:
10. 24. Eta discîpuluac SPANTA c//cc«/i hitz hauçaz.
Et les disciples s'estonnerent de ces paroles.
10. 26. Baina hec are spantago citecen^ Dont iceux
s'estonnerent encore plus:
10. 41 . Eta hori ençunic hamarrac has citecen fas-
CHATZEN lacquesezeta loannesez. Quoy oyansies
dix autres^ ils commencèrent à se courroucer de
laques et de lean.
11. 4. PARTI citecen bada, Us se partirent donc
M. 27. . • . , ETHOR citecen harengana Sacrificadore
principalac, eta scribâc, {sic) eta Ancianoac«
— 69 -
(Hautin a omis ce point. Il a mis Sa à la fin de
la ligne.) ..., les principaux Sacrificateurs, &
les Scribes & les Anciens vindrent à luy,
12. 12. ... : eta hura vt/iric ioan citecen. ... :
parquoyle laissans, s'en allèrent.
12. 18. Orduan ETHOR cf7ece/z harengana Sadduce->
iiac, Adonc les Sadduciens (...) vindrent à luy,
14. 11. Eta hec hori ençunic aleguera citecen^ Les-
quels l'ayans ouy, s'esiouirent,
14. 16. Parti citecen bada haren discipuluac, eta
ETHOR citecen hirira: Ainsi ses disciples se par-
tirent, & vindrent en la ville,
14. 19. Eta hec has citecen tristetzen : eta hari
ERRAiTEN bâta bercearen ondoan, Lors ils se
prindrentàse contrister, & luy dirent Tvn après
l'autre,
14. 26. Eta canticoa erranig ioan citecen Oliuat-
zetaco mendirât. Et après qu'ils eurent dit le
cantique, il [sic) s'en allèrent en la montagne
des Oliuiers.
14. 53... : eta bil citecen harequin Sacrificadore
principal guciac, ... : auec lequel tous les prin-
cipaux Sacrificateurs,. . . s'assemblèrent.
14. 65. Eta HAS citecen batzu haren contra thu
egviten: eta haren beguithartearen estaltzen,
eta haren buffetatzen : eta hari erraiten, Et
aucuns se prindrent à cracher contre luy, et
couurir sa face, & luy bailler des buffes : & lui
disoyent,
15. 1.8. Eta HAS citecen haren salutatzen, Et se
prindrent à le saluer,
- 70 -
16. 5. ... : eta ici citecen. (Hautin a omis ce point.)
. . ., & s'espouuanterent.
GITIAGV. 1. Ind: prés: pi: 1«. r. s. adr : masc :
aux : acl :
10. 28. . . , guc VTzi citiagu gauça guciac, . . , voici,
nous auons tout délaissé.
CITIAT. 1. Ind: prés: s. 1® r. pi : adr: masc:
aux : act :
10. 20..., horiac guciac beguiratu citiat neure
gaztetassunetic. ..., i'ay gardé toutes ces
choses dés ma ieunesse.
CITVA'N. l.Ind:imp: s. 3'. r. pi: adr : masc:
verbe poss :
12. 20. CituAn bada çazpi anaye: (i) Or il y auoit
sept frères : ( A remarquer que L. n'écrit pas
baciradtn ici. Il pense en erdara.)
CITVELA. 1. I. q. c^'^Mew aux : act : avec chute du w
avant /a conjonctif.
3. 22. . . , eta deabruén princearen partez deabruac
campora egoizten cituela. . . ., & iette hors les
diables de par le prince des diables. (L. traduit
qu'il iettoit.)
CITVEN. 14. Ind: imp : s. 3*. r. pi: verbe po$s:&
aux: act : (En 11, 61e n final est conjonctif gou-
verné par beçala),
1. 22. . ., ecen iracasten cituen. car il les ense-
gnoit.
1. 39. . . : eta deabruac campora egoizten cituen.
... : & iettoit hors les diables.
2. 13 , eta iragastbn cituen hec. ...,&les
enseignoit.
— 71 —
2. 26. . . : eta proposilioneco oguiac iàn* vkan cir-
tuen, ..., & mangea les pains de proposition,
3. 8. . ., ENÇUNiGcein gauça handiac eguiten cituen
. . . , ayans oiiy les grandes choses qu'il faisoit..
3. 12. Baina harc haguitz mehatchatzen cituen,
. . . Mais il les tançoit fort,
6. 6. . ., eta inguratzen cituen burguàc inguru, . ..,
& tournoyoit à Tentour des villages
6. 48. . . : eta nahi cituen hec iragan. (de ce mot
vient iragaitza comme emaitsa de eman,) ...,
& les vouloit passer.
8. 25. . ., eta ikusten cituen vrriindanic-ere claro-
qui guciac. ...: alors il voyoit tous de loin
clairement.
9. 31. Ecen iracasten cituen bere discipuluac, Car
il enseignoit ses disciples,
10. 1 ... : eta ohi beçala berriz iracasten cituen. (H.
a mis ber à la fin de la ligne.) . . ., & derechef
les enseignoit comme il auoit accoustumé.
10. 6. Baina creatione hatsetic, arra eta emea
EGUiN cituen laincoac. Mais du commencement
de la création, Dieu les fitmasle & femelle.
10.22...: ecen on handiac cituen. ... : car il
auoit beaucoup de biens.
11. 6..., lesusec manatu cituen beçala: {n conj :
devant beçala.) . . . comme lesus leur auoit com-
mandé :
1. En dialecte Aezcoan ian devient shan, en Guipuzcoan ^r//i
aspiré.
— 72 —
CITVENAC. I. q. citueriy aux: act : n rel : accus:
décl : accus : régime de citzan {nac=: ceux que.
3. 13. .. NÀHi cituenac : ... ceux qu'il voulut :
CITVENEAN. 2. I. q. cituen^ aux: act : avec /irel:
décl : temporel, {nean = quand,)
6. 41. Eta borz oguiac eta bi arrainac hartu citue-
nean, Et quand il eut prins les cinq pains & les
deux poissons,
6. 46. Eta hec igorri cituenean^ Et quand il les
eut renuoyez, (L'original porte ils.)
CITVENIC. 2. I. q. cituen aux: act : n rel: décl:
partitif indéterminé en apposition avec le nominatif
& l'accusatif.
9. 7... hodeybat hec estali cituenic : (nom:)
Et vne nuée vint qui les encombra :
9. 38... ceqibeit hire icenean deabruac campora
EGOizTEN cituenic^ (ace.).., quelqu'vn qui iettoil
les diables hors
CITVZTELA. 5. I. q. cituzten aux: act: avec chute
du n devant la participial : qualifiant Taccusatif et
le nominatif.
1. 5 ..., bere bekatuac gonfessatzen cituztela.
. . ., confessans leurs péchez.
1. 16 ..., sareac itsassora egoizten cituztela
... iettans leurs filez en la mer :
1. 19 ..., hec-ere vncian bere sar.^ac adobatzkn
cituztela, ,.., qui racoustroynt leurs filez en la
nacelle.
12. 5. ... : eta anhitz berceric, batzu cehatzen eta
berceaç hiltz^en cituzfela. ».. , & plusieurs autres
\
— 73 —
desquels ils blessèrent les vns, & occirent les
autres.
15. 29... bere buruac higuitzen ciluzlela^ (H. a
mis bu à la fin d'une ligne.) ..., hochans leurs
testes,
GITVZTEN. 8. Ind : imp : pi 3" r. pi : verbe poss : &
aux : act : (en 9, 9 le n final traduit le pronom que
ace : pi :)
3. 11 ..., haren aitzinera bere buruac egoizten ci-
tuztérij ..., se prosternoyent contre luy,
6. 13 ..,, eta sendatzen cituzten. ..., & les gua-
rissoyent.
6. 56 ..., placetan eçarten cituzten eriac,
. . . , ils mettoyent les malades es marchez :
8. 6 ... : eta presentatu cituzten populuaren aitzi-
nean. ... : & ils les présentèrent deuant le
peuple.
8. 7. BaciTUZTEN halaber arrain guti batzu, Ils
auoyent aussi quelque peu de petits poissons :
(L. omiX. petits.)
9. 9 ... iKussi cituzten gauçac, (ici le n final de
cituzte/z joue le rôle du pronom relatif que ac-
cusatif pluriel.)
... ce qu'ils auoyent veu,
10. 13 ... : baina discipuluéc mehatghatzen cituz'
ten^
... : mais les disciples tançoyent ceux
11. 8... : eta bercée adarrac ebaquiten cituzten
arboretaric eta bidean hedatzen. ... : les autres
couppoyent des rameaux des arbres, & les espan-
doyent par le çhemiq.
— 74 —
CITVZTENAC. 1. I. q. cituzten, n rel : nom : déel:
accus: pi : régime de cituzten. (nac = ceux qui.)
10. 13..., heC PRESENTATZEN ciVaz/e/iflc.
. . . ceux qui les amenoyent.
CITVZTENÉC, l/l. q. citutzen, n. rel : décl: nom :
pi : act . (née = ceux^ qui.)
5. 14. Eta vrdeac bazcatzen cituztenéc
Et ceux qui paissoyent les pourceaux,
CITZAN. 40. Ind : imp : s. 3*. pi : aux : act :
1 . 10. . . . , iKUs citzan ceruac erdiràtzen, eta Spi-
ritu saindua vsso columbabat beçala haren gai-
nera lAUSTEN. . . ., il vid les cieux se fendre, &
le sainct Esprit comme vne colombe descendant
sur luy.
1. 16 ... iKus citzan Simon eta Andriu haren ana-
yea, . . . , il vid Simon & André son frère
1. 19. Eta handic aitzinachiago lOANiG, iKUs citzan
lacques Zebedeoren semea eta loannes haren
anayea, Et de la passant vn peu plus outre, il
vid laques fils de Zebedee, & lean son frère,
1. 20. Eta bertan dei citzan hec : ... Et inconti-
nent les appela :
1. 13 ... ; eta harc cerbitza citzan. . .., & elle les
seruit.
1. 34. eta senda citzan. .. guciac: ... Et il guarit
tous
3. 13 ..., eta dei citzan beregana nahi rài/e/^âic:
. . . , & appel à soy ceux qu'il voulut :
3. 14. Eta ORDENA citzan hamabi harrequin iça-
TECO, eta PREDIGATZERA IGORTEGO I . . . Et Cn Of-
— 75 —
donna douze pour estre aucc luy, & pour les
enuoyer prescher,
5. 38 .., eta ikus citzan tumultoa, eta nigarrez
CEUDENAC, ..., & void le tumulte^ & ceux qui
ploroyent
5. 40 ... : baina harc guciac idoquiric campora,
HAR citzan nescatcharen aità eta amâ, ... : mais
les ayant iettez tous dehors, il prend le père &
la mère de la fillette,
6. 7. Orduan dei citzan hamabiac, Adonc il ap-
pela les douze,
6. 8. Eta MANA citzan ... Et leur commanda
6. 33. Baina ikus citzan populuac ioaiten, Mais le
peuple les vid en aller,
6. 39. Orduan mana citzan^ Adonc il leur com-
manda
G. 41 ..., beguiac cerurat altchaturic, gratiac
RENDA citzan^ eta hauts citzan oguiac:
..., regardant vers le ciel, il rendit grâces, &
rompit les pains,
6. 45. Guero bertan bere discipuluac sar eraci
citzan vncira, eta aitzinean ioan eraci itassoa--
ren berce aidera Bethsaida alderat. Incontinent
après cela il fit monter ses disciples en la nas-
selle, & aller deuant luy outre la mer vers Beth-
saida,
7. 33. Eta hura gendetzetic appart harturig, ecar
citzan bere erhiac haren beharrietan : . . . Et
Tayant tiré à part de la multitude, il mit ses doits
es aureilles d'iceluy :
7. 36. Eta MAKA citzan, ,, y Et il leur commanda
— 76 —
8. l..., DEi cilzan beregana lesiisec bere disci-
puluac, . . ., lesus appela à soy ses disciples,
8. 5. Eta iNTERROGA c^7za/2, Lors il leur demanda,
8. 6... : eta, harturic çazpi oguiac, gratiâc ren-
DATU eta, HAUTS citzan^ ... : & print les sept
pains, & après auoir rendu grâces, il les
rompit,
8. 15. Eta MANA citzany Et il leur commanda,
8. 25. Guero berriz eçar citzan escuac haren be-
guién gainean, Et après il mit derechef les mains
sur les yeux d'iceluy,
8. 27. . . : eta bidean imterroga citzan bere disci-
puluac,
... : & sur le chemin il interroga ses disciples
8. 30. Orduan debeta citzan mehatchurequin. . . Et
il leur défendit auec menaces
9. 2. Eta sey egunen buruan har citzan Pierris.
eta lacques eta loannes, eta eraman citzan mendi
gora batetara appart bec berac\ (H. a mis men
à la fin de la ligne.) Et le sixième iour après,
lesus print Pierre, & laques & lean, et les
mena seuls à part sur vne haute montagne,
9. 9 . . . , MANA citzan y . . . , il leur commanda
9. 16. Orduan interroga citzan Scriba hec.
Lors il interroga les Scribes, (L. traduit ces.
9. 33..., INTERROGA citzan.,,, il les interroga,
9. 35..., DEi citzan hamabiac, . . . il appela les
douze,
1. Bera en Basque exprime et solus et ipse. Vous entendra «j*
la bouche d'un Basque qui n'est pas très fort en Français «je
il'irai pas moi-même », Majs il veut dire seul^ sans compognon.
iO. 16. Ëta hec bessoetara hàrturig, escuac hayén
gainean eçarririg, BEfiEDick citzan. Et après les
auoîr prins entre ses bras^ mettant ses mains
sur eux, il les bénit.
11. 1..., IGOR c^'/za/ibere discipuluetaric biga,...,
il enuoya deux de ses disciples,
11. 15..., eta cambiadoren mahainac, eta vsso
columba satzalen cadiràc itzul citzan,. ., & re-
nuersa les tables des changeurs : & les selles de
ceux qui vendoyent des pigeons.
12. 42. Eta ETHORRiRic eniazte alhargun paubre
batec ËMAN citzan bi peça chipi, Et vne poure
vefue vint, laquelle y mit deux fort petites
pièces,
14. 13. Orduan igor citzan hère discipuluetaric
biga, Adonc il enuoya deux de ses disciples,
14. 37. . ., eta eriden citzan, . ., & lestrouua dor-
mans :
14.40. Guero itzvliric eriden citzan berriz. . . Et
estant retourné, il les trouua derechef
16. 8. . .• : ecen ikarac eta iciapenec hm\ citzan :
(H. a mis ci à la fin de la ligne.) ... : car trem-
blement & frayeur les auoit saisies f
CITZATEN. 10. Ind : imp : pi : 3« r. pi : aux :
act:
3. 31... IGOR citzaten batzu harengana, haren
DEITZERA... enuoyerent aucuns vers luy pour
l'appeler.
5. 14. . ., eta ekar citzaten berriac hirira eta cam-
pocoetara :...,& en portèrent lesnouuelles.en
la ville & par les villages :
-79-
8. 8... : eta altcha citzalen cathi soberatuetaric
çazpi sasqiiitara. . . & emportèrent du résidu des
pièces de pain sept eorbeillees.
11. 6. . ., eta lOAiTEUA vtzi citzalen. . . : ii ceux-là
les laissèrent aller.
il. 8. Eta anhitzec berén abillametuluac heda
citzalen bidcan : Et plusieurs estendoyent leurs
vestemens par le chemin :
12. 13. Guero igor citzalen harengaoa Hiarise-
uetaric eta Herodianoetaric batzu, Apres ils luy
enuoyont aucuns des Pharisiens <S: des Hero-
diens,
14. 46. Orduan bec Ecxn citznleii bere escuacha-
ren gainean, Adonc ils mirent les mains sur
15. 24..., p/lRTI citzalen haren abillamenduac,...
ils départirent ses vestemens,
15. 27. Eta harequin crucifica citzalen bi gaich-
taguin: Ils crucifièrent aussi auec luy deux bri-
gands:
16.1..., Maria Magdelenac eta Maria lacquesen
amàc, eta Salomec eros citzalen vnguentu aro-
maticoac, (H. a mis aroma à la fin de la ligne.'
..., Marie Magdaleine, & Marie mère de
laques, & Salomé, achetèrent des onguens
aromatiques,
ÇOAZTE. 5. Impératif pi: 2'v. i. int: ioan.
6 . 38 ... ? ÇOAZTE ... ? allez
11.2..., ÇOAZTE... burgura:. .. .Allez en ce vil-
lage
14.13. . ., ÇOAZTE hirira, . . ., Allez en la ville,
— 79 —
16.7. BainaçoAZTE. Mais allez,
16.15..., çoAZTE miindii orolara, ... , Allez par
tout le monde,
ÇVE. 7. Imp: pi: 2* r. s. aux: act:
9.19.,.? EKKRçue hura enegana...? Amenez-le
moy.
11.3...? ERRAci/e ecen . . . ? dites que
13.18. Othoitz EGUipuebada. . . Priez doncques
13. 29. . ., iKqviçue, . ., sçachez
13.33. . . eta othoitz EGUiçue, . . . , & priez :
14. 38. . . , eta othoitz EGviçue^ . . ,& priez,
14. 41 .., Lo ECMViçue gaurguero*, ... Dormez
d^ici en auant.
1. Gaut' qai rend ici dans le sens de ce moment, signifie dans
quelques dialectes cette nuit, dans les autres ce jour d'hui.
Ça fait penser qu'il ne soit qu'une ancienne forme de /mur,
haii = ceci, Gaur signifiant cette nuit pourrait être une contrac-
tion de gau-haur = nuit-cette, Gau = nuit devient ffab quand il
est suivi de Tarticle défini. Il est peut-être le même mot que
gabc = 3ans. La nuit est le temps san^ soleil. Le mot egun
= jour paraît être parent de ekia, cguskia ssle soleil, cf. garren
garerC^ la terminaison ordinale des numéros, et gon pour hon
en Navarrais.
CORRIGENDA DANS LE TOME XXXI
p. 274, 4* ligne d'en bas ajoutez après harengana,,..,
grand peuple s'assembla à luy,
p. 276, 3« ligne d'en bas EGUINIC
p. 281, 4® ligne, après aux : ajoutez (na = lequel),
!'• ligne de la note lisez et par guero^
p. 282, lignes 7* et 10« lisez CELA,1. 17. Supprimez
la ponctuation après lasterca 1. 20, ajoutez (L.
traduit « qu'il estoit mort »). 1. 26, lisez c'estoit
p. 283, 1. 19 mettez... avant la pierre
p. 287, 1. 7 lisez loannesen 1. 7 d'en bas lisez est le
p. 289, 1. 13, ajoutez (L. traduit la nasselle,)
p. 290, 1. 14 après partitif insérez participial (nîc =
un y quelque, ou quelqu'un qui) 1. 17 après montant
insérez &
p. 291, 1. 15 après Jaquija, insérez »
p. 292, 1. 13, supprimez Je point après véritable
1. 15, lisez bénit? 1. 18, lisez séparez 1. 19, lisez
baÇABILAN : & après elkarrequin insérez 1. 11
Galilée : 1. 21, lisez Phariseuén sans point. 1. 22,
biffez tout. 1. 27, ajoutez 1, 12 demandans 1. 30
PRESENTATU, 1. 28 biffez 1. 12 demandans et ce
qui suit 1. 29 biffez sentatu.
p. 293, 1. 9 lisez 1. 29, 1. 10, lisez Mayo 1. 14 séparez
baga et egotiaril. 17 lisez anything atall, and naked
(and) I. 19 mettez l'accent aigu sur Vo en guirôn
1. 20, lisez 1. 24. ajoutez
- 81 —
p. 294, 1. 4 lisez seruiteur 1. 9 lisez auoir
p. 295 1. 2 lisez écusson. La note finale sur cette
page est tellement pleine de fautes d^impression
qu'il faut la répéter.
Pierre Hautin, en imprimant l'Evangile de saint
Marc, a omis le trait, à la fin d'une ligne, dans les
versets suivants, après les fragments de mots que
voici :
Ch. I. v. 24 ba 27 bai 30 bel 35 iai
II. 1 Caperna 3 ekar 17 bai 18 dis 19 gen 21
ga 26 Abi 27gui<;onaga
III. 8 han 23 com 35 voron
IV. 8 ce 15 rect 17 ber 20 du 32 ha
V. 2 ber 42 spanta
VIII. 30 ne 31 ce & prin 34 di 35 gai
IX. 2 men 16 di 18 cam 42 lu 43 di 49 sacri
50 Au
X. Sommaire se 1 ber 14 enega 17 hère 20
Ma 23 la
XL 1 men 4 bi 12 Be 14 secu 15 ero 27 Sa 30
guiço 31 cioite
XII. 24 ezpaitaquiz
XIV. 63arro
XV. 1 prin & Scri 4 hi 12 ci 29 bu 34 le 40
Magda 44 hu
XVI. Sommaire min 1 aroma 2 ethor 7 Ga 8 ci
9 Ma 10 ci 14 ha 16 salua 20 gu
E, S. DODGSON.
fitBLiO&RAPHIË
Emile SoLDi. La Langue sact^ée, la cosmoglyphie, le
mystère de la création. — Paris, A. Heymann, 1897.
Gr. in.-8% (vj)-xvi-677 p., nombreuses figures.
Ce magninque volume s'annonce comme le premier
d'une série qui doit en comprendre huit autres traitant
successivement de « Voyage dans Tautre monde ; la
céramique», «l'architecture», «l'architecture: tom-
beaux et temples » ; « armes et costumes : le culte,
transformation des signes sacrés en ornements », « l'an-
thropomorphisme: sculpture ei polychromie », — ces
cinq divisions comprenant les 500 signes de la langue
sacrée, — puis « l'écriture : transformation des signes
sacrés en signes déterminatifs, syllabiques et alpha-
bétiques », « langues, gestes, traditions », « ethno-
graphie : origine de la première famille humaine,
dates, conclusions, lois », « préface, appendice, dic-
tionnaire de la langue sacrée ».
Dans ce premier traité, il n'est parlé que de la vie:
constitution des êtres vivants par l'attraction, énergie
et intelligence, corps, âme, feu, soleil. Pour l'auteur
tout est symbole, depuis le moindre ornement du
costume des paysans jusqu'aux dessins les plus coni-
— 83 —
pliqués des plus grands artistes ; et tous ces symboles
révèlent une langue sacrée dont les signes, observables
sur toute la terre, enseignent irréfutablement l'unité
de Tespèce humaine, unité d'origine, d'intelligence,
de science, de religion, d'écriture. Les hiéroglyphes
ne sont qu une transformation secondaire de cette
langue sacrée. Le signe pour ainsi dire fondamental
serait la croix en T, simplification du signe de l'instru-
ment qui produit le feu, c'est-à-dire le foret avec sa
corde.
Je ne puis suivre l'auteur dans le développement ni
même dans l'exposé, un peu nuageux et subtil, de sa
théorie. iNul doute que l'écriture n'ait son origine
dans le dessin, mais la convention y intervient aussi-
tôt, et nous constatons que si le dessin primitif était le
même, la forme abrégée et sa valeur syllabiqne ou lit-
térale ont été très variées. De ce qu'un Australien s'il
savait dessiner, un Chinois, un Mexicain, représente-
raient le soleil ou la lune par un cercle avec un point
central ou avec des rayons, s'ensuivrait-il que leur
mentalité, leurs mœurs, leurs croyances, leurs lan-
gages seraient les mêmes? Pas du tout; cela prouverait
uniquement que les uns et les autres voientet observent
avec exactitude. D'aifleurs, pour m'exprimer d'une
façon plus précise, le dessin est un langage subjectif,
tandis que l'écriture est un langage objectiL
Quant à l'unité de l'espèce humaine, c'est une pure
hypothèse, une chimère que rien ne justifie et ne né-
— 84 -
cessite. Elle est même absolument improbable. De
ce que, comme disent IMotin et les Bouddhistes, le>
âmes individuelles sortent de lame universelle, est-ce
que cela prouve que le Français ou TÂrabeont un an*
cêtre commun? Non, cela veut dire que la substance
une a formé des corps différents, et que les races hu-
maines sont aussi variées que les objets fabriquer
avec la même matière : l'Anglais est à TEsquimau ce
qu'une lance est à un bouclier, ce qu'une lampe est :<
un éteignoir, ce qu'une plume de fer est à une aiguille
à coudre. Il n'y a guère plus d'unité dans Tespèce
humaine. Julien Vi.nson.
NouveHesÉtudes demylhologie.p^vH^x Mûller, trad.
par M. L. Job, professeur au lycée de Nancy. — Parh,
F. Alcan. 1898, in-8% x-651 p.
On peut appliquer à certains hommes de science le
mot célèbre: a Ils n'ont rien oublié, ni rien appris ^
non que leurs études ne se soient logiquement dévc*
loppées et que leur instruction personnelle n'ait rien
gagné, mais parce qu'ils demeurent immobiles au
milieu du mouvement général et qu'ils s'obstinent
dans leurs préjugés et leurs routines. Tel nous avons
toujours connu M. Max Mûller, piétisle et dévot, sou-
teneur convaincu des convenances et des théories n
priori, tel nous le retrouvons dans ce nouveau livre.
Il y affirme plus que jamais la thèse de Vhofiw sapiens,
totalement isolé du reste des êtres; il y proclame udc
— 85 —
fois de plus que Thomme ne saurait avoir « émergé
d'une brutalité bestiale » ; il y défend à nouveau la
théorie de Lautcerschîebung, théorie* spécieuse s'il en
fut, comme Ta magistralement démontré Hovelacque.
il y a trente ans déjà. Veut-on une preuve de l'état
d'esprit de M. Mûller? Il suffira de rapporter ce qu'il
dit du rapprochement 6e6ç = déca (p. 291-292) : la
parenté de ces deux mots est phonétiquement impos-
sible, mais il faut l'accepter à cause de« la logique des
faits », quitte à soupçonner que c'est un mot « excep-
tionnel, en raison de sa haute antiquité ». Dans
d'autres langues, les mots signifiant « Dieu » pré-
sentent ainsi des irrégularités. La forte aspiration serait
une« prononciation révérencieuse » et «nous n'avons
qu'à entendre la physionomie extraordinaire que
prend parfois le mot God dans la bouche des ministres
du culte ! »...
Aujourd'hui, M. Mûller n'est pas seul en lice; il a
appelé à la rescousse ses disciples et les disciples de
ses disciples; et tous de foncer avec entrain contre
l'anthropologie et les anthropologistes, ces gens qui,
«parce qu'ils mesurent des crânes et des tibias », se
permettent de ne pasjurare in verba magistri. Ce qui
m'étonnera toujours, c'est quêtant de Français fassent
sifacilement cortège à cet Allemand anglicanisé. Il est
vrai qu'en 1895, à l'occasion du centenaire de l'École
normale, on l'a nommé « Commandeur de la Légion
d'honneur », oubliant une certaine conférence qu'il
— 86 -
fit et qu*il publia, pour rinauguration de TUnîTersit^
— allemande— de Strasbourg, le 23 mai 1872. et
dont Hoveiacque disait ici-même: « Nous tenions au
moins M. Max Mûller pour un homme de tact et de
goût, il nous en faut bien revenir. » (Revue, V, p. 31 1j
J. V.
L'Évolution de tÉducation dans les diverses races
humaines par le D' Ch. Letournead. — Paris, Vigoi
frères. 1898. in-8^ (vij)-xviij.617 p. (T. XIX de la
Bibliothèque anthropologique.)
Personne, je crois, ne méconnaît i Importance de
réducalion au point de vue social et humanitaire;
mais, parmi ceux qui se préoccupent de Tavenir. com-
bien peu ont étudié le problème qui est double, une
partie étant purement documentaire, historique, d'ob-
servation et Tautre étant d'application, d'utilité essen-
tiellement pratique ! Le livre de M Letourneau est
un recueil méthodique de faits, empruntés à l'histoire
naturelle, depuis Tanimal d'ordre assez inférieur
jusqu'à l'homme le premier de tous. L'éducation a été
longtemps un acte spontané, un fait vital, résultat
de l'imitation d'une part et de l'intérêt de l'autre. Puis
le second point de vue l'a emporté sur le premier, et
on a dirigé l'éducation, non dans l'intérêt actuel et
immédiat, mais dans un intérêt futur général, supé-
rieur aux besoins étroits et passagers. Il s'agit aujour-
d'hui de déterminer exactement cet intérêt et la façon
— 87 -
de le mieux servir. Le D' Lelourneau n'a pas de peine
à montrer que la seule bonne éducation, la vraie, est
celle qui permettra de développer normalement et
librement les facultés mentales deThomme, en lui per-
mettant d'utiliser au maximum ses forces et ses apti-
tudes physiques.
Est-ce à dire que tout soit parfait dans cet ouvrage ?
Les citations y sont malheureusement quelquefois em-
pruntées â des écrivains d'une autorité secondaire,
soit qu'ils aient mal observé, soit qne leurs observa-
tions, déjà anciennes, aient été plus tard contrôlées
et corrigées. En ce qui concerne l'Inde par exemple,
Tabbé Dubois et Sonnerat sont des témoins fort dis-
cutables; la traduction du Rîg-Vêda, par Langlois,
n'a presque aucune valeur, et l'on ne s'attendait
guère à voir Strabon cité à côté de Dalton ou de
H. Spencer. Le fait allégué par le géographe grec, l'in-
fanticide légal et voulu dans l'intérêt de la tribu dont
les ressources matérielles étaient ainsi ménagées, exis-
tait naguère chez les Todas des Nîlagiris. La présence
(les Anglais a amené la suppression de cet usage tra-
ditionnel, et il en est résulté une situation remarquable
au point de vue de l'organisation familiale. La règle
était naguère de n'avoir qu une femme par maison,
quel que fût le nombre des hommes. Aujourd'hui que
les femmes sont moins rares, il peut y en avoir plu-
sieurs dans chaque habitation, mais des habitudes
anciennes il restececi que les femmes sont communes
— 88 —
h tous les hommes de la maison, de sorte que la ma-
ternité de renfant, si j*ose m'exprimer ainsi, est seule
certaine.
J'aurais un reproche plus grave à adresser à notre
vaillant secrétaire général. Pourquoi se refuse-t-il à
admettre Forigine malaise des Hovas? Certainement
la langue des Hovas ne diffère pas sensiblement des
autres langues de Madagascar, mais toutes ces langues
sont incontestablement du vieux malais, quel que soit
le type de ceux qui les parlent. Et qu'est-ce que c'est
que cette allégation de ressemblances malaises appor-
tées par les Arabes? Cela me choque, sous la plume
de Letourneau, peut-être plus encore que sa double
affirmation : « Le préfixe ra qui a une tournure égyp-
tienne. . . » et « que nous avons vu employer de la même
manière chez les « Cafres ». Relisez la Linguistique
d'Hovelacque, mon savant ami, et vous corrigerez ce
passage dans votre prochaine édition. Ceci, d'ailleurs,
n'enlève rien au mérite, à l'intérêt et à la haute valeur
de votre beau livre.
Julien ViNSON.
Molière à Bordeaux..., avec des considérations nou-
velles sur ses fins dernières, par Anatole Loqdin...
— Paris, Bordeaux et Orléans, 1 898, 2 vol. in-8'* : l(iv)-
640p.;II, (iv).62op.
Est-il vraiment possible de parler de Molière dans
la Revue de linguistique? Et pourquoi non? Outre que
— 89 —
la comédie touche au folk-lore et s'en inspire souvent,
Molière aurait droit au titre de linguiste pour les spé-
cimens de patois populaires, de sabir et de b'ngua
franca qu'il donne passim, et mieux encore par la
leçon de grammaire du Bourgeois gentilhomme.
L'ouvrage de M. Loquin est considérable ; ces deux
volumes» à l'apparence ordinaire et modeste, repré-
sentent un travail énorme et contiennent la matière
de plusieurs grands in-quarto. Et ici, il faut louer
l'imprimeur, le maître bordelais bien connu, M. Gou-
nouilhou, digne successeur des Morpain et des Mi-
langes : il y a telle page, contenant quatre ou cinq
caractères différents, dont la composition a dû être
fort laborieuse.
Le point de départ est en apparence minime (les
petites causes ont de grands effets) : la découverte
contestée d'un document prouvant le passage de
Molière à Bordeaux en 1656, et une allusion railleuse
à une thèse proposée par un Bordelais que le fameux
Masque de fer aurait pu être Molière. Là-dessus,
M . Loquin a bâti un édifice admirablement complet :
biographie minutieuse de Molière, bibliographie on ne
peut mieux détaillée, analyse et histoire de chaque
pièce, enfin étude rigoureuse de l'histoire ou, si Ton
veut, de la légende du Masque de fer.
Je ne puis suivre M. Loquin à la piste, et je dois
me borner à recommander la lecture de son livre. Il
faut signaler surtout les études sur Don Juan ou te
- 90 -
Feslin de pierre et sur Tartuffe, où nous apprenons
quelles persécutions, c'est le vrai mot, ces deux pièces
attirèrent à leur auteur, ainsi que les altérations et
les corrections qu'on lui imposa, les fureurs et les
haines qu'elles soulevèrent dans le monde des dévoL^
et des jésuites : on attaqua Molière de toutes les façons.
On calomnia sa vie privée, et on affirma qu'il avait
épousé sa propre fllle, fille de sa maîtresse, Madeleine
Béjart, alors que, la preuve en est faite, Armande Béjnrl
n'était que la très jeune sœur et la filleule de Made-
leine. C'est en constatant cet acharnement clérical, en
remarquant d'autre part le peu de précision des détails
donnés sur la mort de Molière en 1673, que M. Loquin
et d'autres ont supposé que Molière pouvait être le
Masque de fer qui, après avoir été enfermé à Pignerol,
à Exiles, aux lies Sainte-Marguerite, mourut à la
Bastille le 19 novembre 1703.
J'avoue que, malgré toute la puissance de démons-
tration et tout le talent de M. Loquin, je ne suis pas
convaincu. Il y a bien des incertitudes et encore plus
d'improbabilités. Et justement comme j'écris ces lignes,
m'arrive le Temps du 16 décembre 1898 avec un
article de M. Albert Sorel, où je lis que M. Funck-
Brenlano, dans un travail sur la Bastille, aurait défi-
nitivement (?) résolu le problème et démontré, comme
lavait proposé Marins Topin il y a trente ans, que le
mystérieux prisonnier n'était autre que Mathioli,
l'agent du duc (]e ftfantoue, enlevé par Catinat le
à
— 91 —
2 mai 1 679. Je vais me procurer Touvrage de M. Funck-
Rrentano.
En attendant, il Tant féliciter M. Loquin de son bel
ouvrage, riche mine de renseignements qu'on aurait
une peine infinie à réunir : étymologies des noms
propres, origine du nom de Molière, emplacement
exact du théâtre où il jouait à Bordeaux, etc., etc.; on
n'en finirait pas si Ton voulait tout citer.
C'est là véritablement un livre de foi et de bonne
fol. Julien Vjnson.
Contes et Nouvelles du Pays-de-Tréguier, par
N. QuELLiEN (Conteurs et poètes de tous pays, tome
premier). — Paris, i. Maisonneuve, 1898, pet. in-8%
(vilj)-iij-263 p.
L'idée qui a inspiré la publication de cette nou-
velle collection est de tous points excellente; il ne
s'agit pas de romans de pure imagination ou de simple
fantaisie; il s'agit, si je ne me trompe, découles et de
poèmes ayant un fonds populaire, mais dont la forme
seule est littéraire et artificielle, artistique si Ton veut.
Les compositions de M. Quellien sont toutes pleines
d'un parfum local, qui leur donne un cachet d'origi-
nalité remarquable ; mais le fonds de ces récits n'est
pas autrement intéressant.
J. V.
— 92 —
Le Folk'lore de nile-et-Vilaùie. De la vie à la mort
(suite), par A. Orain. — Pam, J. Maisonneuve. 1898,
pet.in-8^ (viij)-38«p.
Continuation d'un volume dont il a déjà été parlé
ici (t. XXXI, p. 163) ; celui-ci traite des croyances et
superstitions (sorts, cantiques, dictons, pronostics),
du monde fantastique (sorciers, loups-garous, lutins,
diables), du monde religieux (prêtres, sœurs, tiers-
ordre) et enfin de la mort (malades, remèdes, reve-
nants). Très intéressant et très précis. J'y remarque
les avènements (apparitions ou visions annonçant une
mort prochaine). J. V.
Contes et Légendes de Hongrie, par Michel Klimo
(Coll. des Littératures Populaires, tome XXXVI). —
Paris, J. Maisonneuve, 1898, peU in-8\ (viij)-307 p.
Très intéressant recueil, où nous trouverions une
grande quantité de références à signaler. Décidément
le fonds des contes européens ne varie pas ; les dé-
tails seuls sont différents. Ainsi, le dernier conte, TEn-
fant âgé desept ans, rappelle tout à fait le conte basque
de la Tabatière, mais il s'agit d'un cadenas magique
d'où sortent trois cents soldats. .. Que de remarques à
faire sur ces variantes d'un èonte primitif commun?
Quelle en est la cause et quelle est d'ailleurs rorigine
du prototype? ^ J. V.
— 93 —
Zeilschrifl fiir Vergleichende Sprachforschung auf
liera Gebiete der indo-germanisclien Sprachen. begrun-
det von A. Kuiin, herausgegeben £. Kiihn und
J. Schmidt. Band XXXVl (i\eue Folge, Band XVI).
Erster Hefl. — Gûterbh, C. Berlelsman, 1898, in-8%
162 p.
Ce nouveau fascicule comprend: 1* Die indo-ger-
manischen Liquiden zu Liquiden im Âltindisch,
von F. Fortunalov, p. 1-37; — 2"* Ueber dieschwache
Stufe der uridg. V vocale, von F. Fortunatov, p. 38-
54 ; — 3° trnt und trnt, von F. Zupilzat, p. 54-74;
— 4*" Wie viel laute gab es im Indo-germanischen?
von Holger Pelersen, p. 74-110; — 5^ Griech.
haizôvriç von Oswald Richter, p. 111-123; —
6* Vedische-Beitraege (suite) von Willy Foy ; — 7"* Go-
lische Wortdeutungen, von Willhelm Luft, p. 143-149;
— 8* An Aveslan Word- Arrangement, by A. V. Wil-
liams Jackson, p. 149-152! J. Y.
NÉCROLOGIE
ta Revus de Linguistique doit saluer, en attendant
qu'elle puisse leur consacrer des articles, les travail-
leurs morts dans le courant de cette année» hommes
de bien, dont la science ressentira la perte de plus en
plus:
M. Charles Schefer, ancien diplomate, professeur
de persan, administrateur de l'École des Languesorien-
tales vivantes, mort le 3 mars 1898, à Tâge de 7? ans
et demi.
M. Friedrich Mûller, réminent linguiste mort à
Vienne, le 23 mai 1898, dans sa 66* année.
M. Gabriel de Mortiliet, Tillustre paléo-ethnologue,
mort à Saint-Germain^en-Laye, le 23 septembre 1898,
à 78 ans.
M. E.-G. Lambrechti le vaillant secrétaire de
rÉcole des Langues orientales, enlevé prématuré-
ment par une cruelle maladie, le 30 septembre 1898,
à la Croix-Saint-Alban (Savoie).
A ces noms, il convient d'ajouter celui de M"*' H.
Chavée, la digne veuve du fondateur de cette Revue,
qui a c-vpiré après de longues souffrances, le 19 sep-
tembre 1898, à rage de 79 ans et 3 jours.
31 décembre 1898.
J. V.
VARIA
Prononciation française
Un de nos lecteurs nous adresse Tarticle suivant qui a paru dans
le Petit Journal du 18 juillet 1896 et qu'il nous semble en effet
intéressant de reproduire :
Un Parisien, descendant du train à six ou sept heures de
chemin de fer dans la direction de Genève, voit des abricots ap-
pétissants et demande à acheter de ces abricots, — en mettant un
accent circonflexe parisien sur Vo de la dernière syllabe. — » Des
abrif/nf'tt, monsieur? voilà! » — dit la marchande avec un
aimable sourire... A deux heures de là. dans la direction de Lyon,
un petit décrotteur lui proposa de cirer ses sout/crs. — « Mais,
dites-moi, pourquoi un attroupement devant cette maison? — Ah!
Monsieur, c'est une pauvre verVve, dont le propriétaire fait vendre
les mobies. »
Ailleuis. — dans le Nord, — il entendra des gens s'inviter à
boire une bout<>le. Ailleurs encore, vers le Midi, on le dissuadera
de prendre tel sentier de montagne parce qu'il estdangt'reux (avec
un c fermé). Mais, plus près de Paris, on lui vendra un objet
quelconque, garanti sans défaut (avec un c muet).
Il entendra, dans la Brie, appeler un lièvre un limwe ou
même un i/ritce. Ailleurs, vers l'Ouest, ce sera la loi qu'il entendra
appeler la loè; ailleurs, vers le Sud-Ouest, on lui proposera de
boire du vin d'une bonne rt/i-née, en faisant sonner à part la diph-
tongue nasale an.
Etc., etc.. S'il descend tout à fait dans le Midi, aux vrais pays
d'a^-.'ïent où l'on voit « des lur se promener sur le courss », ce
sera bien autre chose: et il lui arrivera de s'exclamer, novice
voyageur : « Que drôle de prononciation ont ces gens-là! » sans
— 96 —
prendre garde que son que pourrait sembler drôle aux indigènes...
Il remarquera aussi avec ces diversités de prononciations pro-
vinciales, des variétés, des modulations non moins cnrîeataes
d'intonation. Nombreux sont les pays où le dialogue de deux
personnes est une sorte de chant psalmodié. Pas bien loin de
Paris, en Beauce, il y a un chantonnement particulier. A partir
de Beaune et de Chalon-sur-Saône, ce ramage s'acceotae, et,
dans les salons lyonnais, il présente un caractère déjà méridional
avec une prosodie toute spéciale.
Notez, je vous prie, qu'il n'est point question de ces « parler
français », de ces dialectes et sous-dialectes régionaux dont on
a entretenu ici même le lecteur il y a quelque temps. C'est de
français qu'il s'agit, de français que les gens prononcent plus oa
moins autrement que les Parisiens et aocen tuent à la guise de leut
pays. Ce qui n'est pas, d'ailleurs, pour les empêcher de s'en servir
correctement ni même de façon littéraire et éloquente. Orateur
de premier ordre au barreau et à la tribune, le Lyonnais Jnle^
Favre ne se dépouilla jamais complètement de son accent de terroir.
H prononçait : l'opposition, un pople libre, des idées new%'es,
on des harangues d'un pur et vigoureux français, sans un accroc
de grammaire, sans une déviation de syntaxe, parlant toujours,
disaient ses rivaux eux-mêmes, « comme un livre parfaitement
écrit ».
Mais où se trouve donc le sanctuaire et le centre d'oracle de
la vraie bonne prononciation du français? Est-ce â Paris? Oui
et non. Il y a un très mauvais accent parisien, en prenant le mot
accent au double sens de prononciation et d'intonation. Cet accent
est au maximum exécrable avec ce que Nestor Roqueplan (arcbi-
parisien natif de Marseille) a appelé le « tour de bouche écui^ p
des rôdeurs des faubourgs et le glapissement déchiré de leurs
femelles, qu on dirait s'être gargarisées de l'eau nauséeusement
corrosive des ruisseaux. Plus tolérable, mais nullement recom-
mandable est le parler de la Parisienne qui « a mis aujord'bui
des b^'^tttines neuves » et à qui «on n'a pas daigné faire l'aumonoe
- 97 —
de l'offre d'un foteail» ( deux o fautivement brefs) dans la mai-
son où elle est allée en visite.
A Paris, on abase des abréviations et des contractions. Victor
Hugo, dans les Misérables, a tiré un plaisant parti du a Qu'est-
ce que c'est que ça ? » de Gavroche, prononcé kèkseksa. Un de nos
réformateurs de l'orthographe (dépèchons-nous de dire en passant
que l'orthographe et la prononciation françaises semblent destinées
à demeurer sempiternellement deux sœurs ennemies) a raconté
que son père, volontiers puriste, s'impatientait è. une leçon de
prononciation que ses deux fils donnaient à un étranger. Il ne
faut pas, lui enseignaient-ils, faire entendre 1'/ finale du pronom
il devant une consonne. On prononce t. Sur quoi le papa, outré,
s'écria avec véhémence, en se tournant vers leur hôte: « N'en
croyez rien ? Inn saf pa skidiz! » (ils ne savent pas ce qu'ils
disent ! »
Le cher homme ne s'apercevait pas que ce démenti énergique
confirmait énergiquement ce qu'il voulait nier.
A Londres aussi, les abréviations et contractions sont portées
â l'excès^ ce qui déroute fort, dans les premiers temps, l'étranger
qui se croit en suffisante possession de la langue de Shakespeare.
lit «
Il y a beau temps que les Parisiens ont été querellés au sujet
de leur prononciation. Dès 1530, Tory reprochait aux dames
parisiennes de trop faire la petite bouche en articulant Péris et
mon mèri. Une vieille parisiennerie consistait à sub.^tituer. au
contraire, Va à Vé et de prononcer Piarre, la guarre, la place
Maubart. Robert Estienne, en 1549, a relevé cette prononciation
fautive, dont il est resté quelque chose. On disait aile pour ellei
et cette substitution a persisté dans le langage faubooried, surtout
par la contraction de aile en a devant une consonne (analogue 'à
celle de il) : « A m'a dit qu'il faut qu'a parte. » Et il n'y a pas
que les très petites gens pour se servir, eu langage familier, de
cette vieille contraction parisienne. '
Le langage p&risien défectueux prononce iabe, abominabe%
doube, pour table, abominable, double. Tout cela, c'est ce qu'on
7
— 98 —
appelle du pantinoisy adjectif non académique mais argotique,
qui a passé dans la langue familière du théâtre, d'où le mauTaif
accent parisien est soigneusement banni.
Certaines prononciations ou façons de parler mauvaises, soit
parisiennes, soit provinciales, sont plutôt arriérées, démodées.
Elles furent correctes autrefois et s'imposèrent sons l'autorité de
l'usage, avec l'approbation d'auteurs en crédit. Utjène, Ustachc,
hureux étaient de bonne prononciation à ia ville et à la cour
dans le Grand Siècle. Ménage appuyait alors de son autorité
d'académicien que l'on prononçât dang<^reux avec un è fermé et
défaut avec un e muet. Plus près de nous, au siècle dernier,
l'Académie promulguait la suppression de Vr finale des motseo !>
devant une consonne : « Le repente d'un enfant, un souveoi
pénible. » On supprimait aussi Vr des mots en our : Velou pour
velours^ toujo/< au lieu de toujours. On enlevait Vu dans les mots
pourceau (porceau) et aujourd'hui (aujord*hui). Ce dernier a cours
encore, à Paris et même cours bourgeois.
On supprimait Vr des mots en eur. Le Traité de l'art de birn
prononcer., de Hendret (1687) recommande de dire voyageitx,
tromp6'Mx,.ramonr»Ma:, balay^?^^, etc., si l'on veut parler comme
le beau monde. Dans les manuscrits du fameux auteur des
MaximeSy La Rochefoucauld, [eux est partout mis pour leur. Ce
leux est resté dans le vocabulaire faubourien de Paris. Dans le
langage de tout le monde, les mots monsieur, messieurs, ont con-
servé la prononciation ancienne en eu. Dans celui du port cyné-
gétique^ piqueur est resté piqwcux»
Mais, encore une fois, où trouver le critérium de la bonne
prononciation du français? L'Académie française a écrit ceci
dans la préface de son premier dictionnaire: a Comme la peinture
qui représente les corps ne peut pas peindre le mouvement
des corps, de môme récriture qui peint à sa manière le corps de
la parole, ne saurait peindre entièrement la pronopciation, qui
est le mouvement de la parole ». Plus rèoemment, elle a dit:
«On n'apprend pas la prononciation dans un dictionnaire; on ne
— 99 —
l'y apprendrait qae mal. . . C'est dans la compagnie des gens bien
élevés, des honmHes (jenSy comme on disait autrefois^ qu'il faut
s'y façonner et 8*en faire une habitude.
1) Mais cette règle n'est guère sûre. Où la trouver cette, réunion
de gens distingués, d'honnêtes (jcns en possession des oracles de
la prononciation? Serait-ce TÂcadéraie? Mais Vaugelas, Tim-
peccable grammairien, y avait apporté son accent savoyard ; Jules
Favre quelque chose de l'accent canut de la Croix- Rousse; et
M. Cherbuliez, à cette heure, n'est pas tout à fait libéré de ses
inflexions genevoises. . . »
Ne parlons pas de la Chambre ni du Sénat, deux grands réser-
voirs d'éloquence^sansdoute, mais deux superbes Babels d'accents
et de prononciations (sans parler de la politique). Alors quoi ? Le
Conservatoire de déclamation du faubourg Poissonnière.
Mais oui vraiment. C'est lui le dépositaire attitré de la tradi-
tion, en ce qui concerne Ifi prononciation, la diction de la langue
française; de même que c'est lui le contrôleur, sous la haute juri-
dietloQ de TÂcadémie, des variations que l'usage (maître anonyme
4i souverain) introduit dans l'articulation des mots. Car les va^
riatioirs de la prononciation ne sont pas finies, ne le seront proba-
blement jamais; à preuve que, dans ces derniers temps, les mots
dfsîr^ pétiller, s^'ve, oolMge... sont devenus officiellement; désir,
pétiller, sève, collège, etc.
En dépit de quelques divergences entre professeurs, le dogma-
tisme de l'enseignement du Conservatoire fait autorité, fait loi,
et ses missionnaires de la bonne parole ^ qui sont les artistes dra-
matiques édnqués par lui, de première main ou de seconde (oar
il a engendré quelques bons Conservatoires en province), ré-
pandent l'évangile de la prononciation correcte. Partout où une
scène leur est ouverte, le mérite de leur bien dire est apprécié.
£t dans les pays même à accent de terroir violentr on les goùte^
on les savoure. .Quelquefois il arrive que des rôles de minime
importance y sont confié», à côté d'eux, à des comparses du cru,
lesquels se font honnir par les spectateurs congénères, sur qui
cette cacophonie d'accent et de prononciation fait l'impression,
par contraste, d'une impatiente caricature du parler local.
— 100 —
La facilité des voyages, en multipliant les contacts des divers
Français entre eux, a déjà notablement atténué les disparates de
prononciation et les dissonances d'accent. Ces dernières, toutefois,
ne disparaîtront vraisemblablement jamais; et c^est heureox. U
y a, dans la résonance des instruments de musique qai plaisent
le plus à Toreille^ des vibrations dissonantes atténuées, voilées
qui leur donnent du mordant, de la couleur et la personnalité da
timbre. Semblablement, dans la diction séduisante ou entraî-
nante de tel comédien, de tel orateur, il y a souvent la vibration
intime d'un accent provincial primitif qui lui fournit on mysté-
rieux appoint d'originalité, de charme, de puissance.
Il me semble^ sauf erreur, que l'enseignement de la bonne pro-
nonciation, de la diction correcte du français ne tient pas, dans
notre pays, la place à laquelle il a droit, non pas même dans
beaucoup de grandes villes. Dans les localités de petite impo^
tance, on n'attache aucune importance à ces vétiiles-lâ. On a
tort. Dans les écoles normales d'instituteurs des deux sexes, on
devrait apprendre Vortholalie, Tart de bien prononcer et bieo
articuler.
La prononciation est le mouvement de la parole, » disait U
préface du premier Dictionnaire de TÂcadémie. Mais mainte-
nant, la photographie reproduit le mouvement (cinématograpbie),
et une autre invention merveilleuse, le. phonographe, emmaga-
sine, conserve, reproduit et peut reproduire indéfiniment les
vibrations sonores quelles qu'elles puissent être.
Pourquoi ne point recourir à Taide du phonographe^ fîdMe
transmetteur de bon langage, .de bonne prononciation, de bon
accent, pour en mettre les exemples  la portée des enfants, — et
d'abord de leurs maîtres^ — dans les provinces de notre France
où Ton est excellemment français, sans nul doute, mais de
cœur et d's\me plus que de bouche?
Le Propriétaire-Gérant y
J. Maisonnbuvb.
Chalon-sur-Saône. — Imprimerie de L. Marceau, E. Bertrand, suce'
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
f UBUi PàM.
JULIEN VINSON
PROFESSEUR A L^ACOLB HATIONALB DBS LAROUBS ORtBNTALBS TIVAHTBS
Avtc U coIUbondon de dlven MVflnts fimB(aU et Atrtiigen
TOME TRENTE-DEUXIÈME
15 AVRIL 1899
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUB OB MÉZIÈRBS ET RUB MADAMB, 36
1899
SOMMAIRE DU No 2
J. ViNSON. — Notice sar quelques missionnaires jésuites
qui ont écrit en taïuoul et sur le tamoul au dernier
siècle 101
A. BÉNAZET. — Quelques mots sur l'étude comparée des
littératures 147
A. Marrb. — Histoire delà princesse Djouher Manikam,
roman malais (suite etjin) 165
Varia. — I. La Sibérie d'Amérique. 190
— II. Les Pirates de la Littérature 193
BIBLIOGRAPHIE
Annales du Musée GuimeL Lés Parsis, par D. Menant. 153
A study in philology, by E. Pearson 184
94^^ Report of the British and Foreign Bible Society 185
Lucrèce, trad. par A. Lepèvre 186
Bulletin de la Société des Sciences^ Lettres et Arts
de Pau 188
Zeitschri/t fur vergleichende Sprach/orschung» • . • . 188
NOTICE SUR QUELQUES MISSIONNAIRES
JÉSUITES
^Vl ONT ÉCRIT EN TAMOUL ET SUR LE TAMOUL AU DERNIER SIÈCLE
I. — Le Père P. de La Lane
La Bibliothèque Nationale possède une collection
de mss. tamouls relativement importante, puisqu'elle
comprend actuellement près de mille numéros. Ces
manuscrits proviennent de plusieurs sources fort inté-
ressantes : Tancien fonds formé des mss. entrés à la
Bibliothèque avant l'impression du grand catalogue de
M39 {Catalogus librorum manuscriptorum Btbiiothecœ
regiœ, Paris, 4 vol. gr. in-fol.); dejs mss. arrivés
isolément à diverses époques : des dons ou legs
de divers orientalistes, Anquetil; Ducler, Burnouf,
Ariel, Haas. Parmi les premiers, on peut remar-
quer (no 189 du fonds tamoul, anc. fonds n** CCVII,
p. 444, col. 2 du catalogue de 1739), un ms. de 92 p.
petit in-4'', mesurant 240 mm. sur 183 et portant le
titre suivant : « Grammaire pour apprendre la langue
Tamoul vulgairement appelée le Malabar. A la plus
grande gloire de Dieu. Faite, à Ponlichéry et achevée
le 18* novembre 1728 par un Missionnaire de la Com-
pagnie de Jésus de la Mission du Carnale ». Anquetil
8
— 102 —
Dous apprend que ce Missionnaire est le P. Pierre de
La Lane«
On trouve dans les Lettref édifiantes deux lettres do
P« de La Lane, la première de Tarcolan» en TaDoée
1705 (t. X, p. 397-405); la seconde, plus longue, de
Pondichéry, le 30 janvier 1709 (t. X, p. 1-46). Dans
la première, il dit qu'il est dans la Mission du Car-
nate depuis sept mois.
La Bibliographie du P. Sommervogel nous apprend
que le P. Pierre de La Lane* né à Toulouse le
6 août 1669, devenu novice le 8 septembre 1686,
fut envoyé en 1704 en Perse, d'où il passa dans Tlnde;
il y mourut en 1746.
Le P. Sommervogel dit que le P. de La Lane com-
posa un Dictionnaire télinga; je n'en ai trouvé aucane
trace, mais la Bibliothèque possède un ms. in^*" de
90p., mesurant 183 mm. sur SI40 mm. et intitulé:
« Grammaire pour apprendre la langue Talenga, dite
vulgairement le Badega, faite à Pontichéry l'an 1729,
par un Missionnaire de la Compagnie de Jésus de la
Mission française du Carnate. A la plus grande gloire
de Dieu » (n^ 40 du fonds télinga, anc. fonds n* ccnii,
Catalogue de 1739, p. 444), qui est du P. de La Lane.
Ces deux mss. sont tout à fait inédits; 4nquetil en
avait pris une copie qui est aussi à la Bibliothèque
Nationale, n"" 18 du fonds télinga).
— 108 —
II. — Le Père L.-N. de Bourzee
Le P. de Bourzes a laissé un Dictionnaire tamoul
français dont la Bibliothèque Nationale possède une
copie complète (n^^ 213-214 du fonds tamoul) faite à
Pondichéry en 1849 sur un ancien exemplaire appar-
tenant à la Mission; ce mss. forme deux volumes, le
premier ayant xvj-367 p. et le second 537 p. Les
pages sont à deux colonnes; le t. P^* va de a à takcha-
namurtti, le second de tdgam à kchombalam. Le seul
titre qu'on y lise est le suivant : « Dictionnaire tamoul
et françois ». L'ouvrage commence par une préface et
quelques notes sur l'alphabet et sur l'euphonie, ainsi
que par l'alphabet grantham. La préface, sous forme de
lettre adressée « aux RR. PP. », commence ainsi qu'il
suit (je corrige les fautes d'orthographe et autres
dues certainement à la négligence des copistes) :
Ce dictionnaire contient en premier lieu les termes qui se
trouvent dans le dictionnaire portugais-tamul, à la réserve
de quelques uns, que j'ay cru devoir rejeter comme fautifs ou
de très bas usage, et de quelques autres qu*il est aisé de sup-
pléer en les formant par les règles. Il se pourra faire que
j'en aie encore omis quelques-uns par megarde ; il sera aisé
de les ajouter. En dernier lieu, on trouvera dans ce diction-
naire la plupart des termes contenus dans les cinq diction-
naires de ce pays-cy. Ces cinq dictionnaires sont : V le iicâ-
garam, qui est le plus ancien de tous; 2"" le nigandu, qui est
le plus fameux ; 3** le uriichoU qwi est le plus court ; 4° le pin-
galam, qui est le plus étendu, et 6^ le agarâdU qui est le
moins exact.
— 104 —
De ces sources vient lo grand nombre de termes dont ce
dictionnaire est composé, nombre qui paroit encore plus
grand qu'il n'est en effet par les variations d^orthographequi
obligent souvent à placer un même terme en trois ou quatre
endroits différents. Cotte multitude de mots ne doit pas plus
nous effrayer que nous ne nous effrayons du grand nombre
des mots latins qui sont dans Calepin. On n'est pas obligé de
les sçavoir tous, raai^ il est avantageux d'avoir un livre où
1 on puisse trouver la signification de ceux qu'on ne sçait
pas encore, quand on les trouve, soit dans le discours, soit
dans les livres. C'est pourquoy je suis persuadé qu'il y aura
plus à ajouter à ce livre qu'à y retrancher. Le R. P. Antoine
de Provence, auteur du Dictionnaire portugais-tamoul, a
rejette les termes poétiques parce qu'ils sont de peu d'usage;
il devoit donc, ce me semble, rejetter par la même raison
quantité de termes samouscroutam ou granthoniques, qui
sont d'aussy peu d'usage que les poétiques, ou s'il a retenu
ceux-cy, parce qu'ils sont nécessaires pour entendre les ou-
vrages du R. P. Robert Nobili, il semble qu'il devoit re-
tenir les poétiques qui ne sont pas moins nécessaires pour
entendre les livres poétiques du pays qui sont presque tous
en ver?...
Le P. de Bourzes parle ensuite du sanscrit qui ne
peut s'écrire exactement en tamoul ; — de Te et de Vo
brefs, qu'on ne saurait distinguer de Vé et de V6 longs;
— de la confusion qui peut résulter du « manque de
Qgure pour a bref » : le P. de Bourzes marque « sou-
vent )) cet a par « un chevron » sur la consonne qui
doit se lire avec a; — des abréviations : us. usité,
r«f. ou ernd. d'usage parmi les savants seulement;
ign. ou inc. inconnu « à moi et à ceux que j'ay con-
sultés», Mad., Mar., Trav., Com., Malab., termes
— 105 —
« d'usage au Maduré, au Marrava, à Travancor, vers
le cap Commorin, au Malabar»...
Un terme est souvent connu, usité, de bon usage, honnête,
dans un paîs qui, à quinze lieues de là, sera inconnu, inu-
sité, de bas étage et malhonnête. Autant qu'il m'a été possible,
je m'en suis tenu à l'usage du Madurey . Dans la Mission du
Carnate, il y aura sans doute bien des termes particuliers
qu'il faudra ajouter et qualifier autrement.
Regardez donc cet ouvrage comme une ébauche où il y a
beaucoup à retoucher. Dans le cours de ce Dictionnaire, vous
trouverez quantité de fautes contre la langue françoise. Ceux
qui sçauront qu'il y a plus de trente ans que je ne parle guère
que portugais ou tamoul, me pardonneront aisément. Vous
trouverez aussi qu'il y a quelques mots latins; quelques-uns
me sont échappés par l'habitude où j'étois de composer le
tamoul en latin. J'en ay mis d'autres parce que le mot fran-
Qois ne me venoit pas, d'autres par modestie, pour ne pas
user de certaines expressions françoises peu honnêtes, d'autres
parce qu elles m'ont paru plus précises et plus courtes.
Le P. de Bourzes dit que, pour le sens donné aux
termes, il a suivi ordinairement le « Dictionnaire por-
tugais », c'esl-à dire le Vocabulaire du P. de Proenza
(1679). Plus loin, il parle « des règles de Torthographe
sçavamment expliquées dans la Grammaire du R. P.
Constance-Joseph Besqui (sic) »,
Le P. de Bourzes distingue « comme trois dialectes
eu tamoul » : 1° le tamoul-sanscrit, très mêlé de mots
sanscrits et dans lequel a écrit en partie le P. Robert
de Nobili; 2** le tamoul rigide ou poétique, où Ton
affecte de ne pas employer de mots sanscrits; 3° le
tamoul vulgaire, courant parmi ceux qui parlent bien
. — 106 —
a comme les Yellales qui portent le nom de vdrlleit'
tojil6r^y>.
La préface se termine ainsi :
Quelque long que soit cet ouvrage, ce n'est cependant que
l'abrégé d'un autre plus long, où je marquois les synonymes,
et certaines énumérations qu'on trouve dans les Dictionnaires
du paîs. Comme le R. P. Besqui les rapporte dans son Dic-
tionnaire poétique, je renvoyé souvent à ce Dictionnaire et
s'il arrive que ce que je rapporte ne s'accorde pas à ce que
dit ce H. P., je consens volontiers qu'on s'en tienne plutôt à
luy qu'à moy.
Voilà, mes RR. PP., de quoy j'ai crû devoir vous avertir
au commencement de ce Dictionnaire. Il ne me reste qu'à
vous l'offrir, comme je le fais très humblement, vous priant
de vouloir bien me donner un peu de part dans vos prières
et dans vos travaux apostoliques.
Le Dictionnaire commence au mot agarddi et fînit
au mot kchombalam.
En voici quelques extraits qui permettront d'iden-
tifier des copies manuscrites :
Agastiyanmalei^ la montagne où l'on dit qu'il vit encore
peu loin du cap de Comor(in).
ahirandjikkâsuy monnoye d'or comme sequin.
irCéCanimei ou Md'anumei, lit. paroit être l'habillement
d'une nouvelle accouchée. Poêt. il se prend pour mun*
dicrum immoditer.
1 . Ce mot remarquable signifie proprement a ceux qui ont pour
fonction la parole, ceux qui parlent bien » et, comme on ne le
donne qu'aux Vellàjas, généralement propriétaires ruraux^ il a
pris le sens d'« agriculteurs ». Le Dictionnaire de la Mission de
Pondichéry et celui de "Winslow le font venir de cârttei « agri-
culture » (Winslow dit : du skt. cartha « agriculture • (?); mais
cette étyraologie est inexacte, et a été inspirée par cet emploi
spécial du composé càrUeittojildr .
— 107 —
kètteit la déesse mûdei, poêt. et certaine constellation,
iaru, arbre. Voy. ainiaru, poêt.
nedumei, longueur et poêt. cheveux de femme.
parambar ou selon d'autres par^ambar^ courroyeurs.
pi, les plus grossiers excromens, terme baa^ dites /racA^am.
majei, pluie, eau, o^, nue, froid poêt,
layanij corruption, item perte.
r*ondeij infection.
kcfiombalam, bassesse, inconnu.
La Bibliothèque Nationale possède deux fragments
de deux autres copies du Dictionnaire du P. de
Bourzes. Le premier volume (n"" 208 du Catalogue)
va de lentamij à kchombalam; le second (n"" 209) de
agarddi à nâvtJar; les deux volumes se complètent
donc l'un par Taulre. Ces deux copies, faites au der-
nier siècle et écrites sur deux colonnes, sont plus cor-
rectes que celle d'Ariel, et par conséquent que son
prototype. Elles présentent quelques variantes inté-
ressantes; je relève entre autres le mot suivant :
în'd'animei, in'd'anumei, Vestitus puerperae. p. ordure de
de fem.
Ces deux volumes ne contiennent ni la préface ni
les appendices. Une copie tout à fait complète se
trouve à la Bibliothèque de la Société littéraire de
Madras. La préface y est signée : a Louis Natal de
Bourzes. T. »• Le volume, qui compte x-770 p. de
46 lignes chacune, forme un grand in-folio et porte
le titre suivant : « Dictionnaire Tamoul-Français, par
le R. P. Louis Natal de Bourzes, Missionnaire du Ma-
duré ». D'après ce volume, la préface a été publiée
— 108 —
dans le Madras Journal qf Littérature and Science
(t. XXÏII, 1864, p. 111-115). L'éditeur dit qu'il Ta
reproduite avec toutes ses fautes d'orthographe ; mais
il n'a pas pris garde que ces fautes devaient être
surtout le fait du copiste.
Nous ne savons que peu de choses sur le P. de
Bourzes. Il prie les lecteurs, dans sa lettre-préface,
d'excuser ses incorrections et ses fautes de français,
parce qu'il y a plus de trente ans qu'il ne parle que le
portugais et le tamoul. Dans les Lettres édifiantesy on
trouve quatre lettres du P. de Bourzes (t. IX, p. 339.
vers 1708; t. XII, p. 56, du 21 sept. 1713; t. XVI,
p. 448, du 5 févr. 1715 et p. 467, du 25 nov. 1718).
Il me semble utile de publier ici, pour la première
fois, une lettre que le P. de Bourzes adressait à M"°' de
Soudé en 1710. Il y donne d'intéressants détails per-
sonnels. Par d'autres lettres, qu'il écrivit plus tard
au P. Souciet, nous apprenons qu'il était d'une famille
nombreuse, qu'il avait un frère Jésuite en France (à
Perpignan, en 1726; à Manriac, ou Toulouse, eu
1732), qu'il perdit sa mère en 1718; que M°« de
Soudé (( sa bienfaitrice » mourut en 1719; qu'en 1714
on le nomma supérieur de la Mission du Naduré;
qu'en 1725 il était adjoint au provincial de Malabar;
qu'en 1726, le Général de la Compagnie le nomma
Supérieur général de la Mission française en rempla-
cement du P. Barbier, mais qu'il refusa cet emploi,
préférant re;ster au Malabar, où il desservait alors
— 109 —
une des petites cures établies parmi les pêcheurs de la
côte de Travancore.
Voici la lettre de 1710 :
Copie de la lettre du R. P. de Bourzes, Jésuite mission
naire de Maduré à M^ la comtesse de Soudé, sa bienfaitrice, à
Chaalons-sur-Marne.
Au Maduré, le 24 août 1710.
La paix de N.-S . soit avec yous !
Madame,
Comme la côte de Travancor est assez éloignée de celle
de Choromandel où nos vaisseaux viennent d'aborder, la
cassette où estoient renfermés les beaux présens et les lettres
que vous avez eu la bonté de m*envoyer, arrivèrent trop
tard pour pouvoir vous répondre par les mêmes vaisseaux,
ainsy je suppose que vous recevrez tout à la fois deux de mes
lettres, celle de Tan passé où je tache de vous témoigner ma
reconnoissance au sujet de ce nouveau bienfait et celle-cy où
je vais vous raconter au détail comme vous le souhaitez ce qui
m'est arrivé depuis ma dernière lettre. Quelque temps après
que je Teus écrite arrivèrent de Goa en cette province de
Malabarplusieurs missionnaires, venuspar la voyede Portu-
gal; parmi eux quelques-uns n'avoient pas encore fini leurs
études de théologie et on songea à leur donner des maîtres.
On me fît l'honneur de me nommer pour cet employ ; quelque
peu decapacitéque j'eusse pour m'en bien acquitter et quelque
répugnance que j'eusseàquitterlesoin deschrétiensdontjeme
trouvais alors chargé, Tordre fut si précis qu'on me déclara
qu'on n'accepteroit aucune excuse, mais comme les supérieurs
sçavoient que j'avois des prétentions bien différentes, ils me
promirent pour me consoler qu'au bout de deux ans que
devoit durer ce reste de cours de théologie j'obtiendrois in-
failliblement ce que je prétendois, et on ajoutoit quantité
— 110 —
d autres choses très capables d'adoucir la peine que me pou-
voit causer cette nouvelle disposition car je suis obli^ de
dire en passant que les supérieurs Portugais en ont en
toutes rencontres très bien usé à mon égard, me témoignant
àtoute occasion avoir pour moy plus de considération que je ne
mérite et que je ne pourrois attendre si j*étois portugais d'ori-
gine.
Je n'eus point d'autre party à prendre que d'accepter cet
employ; mais faisant réflexion combien ces deux ans
m'alloient reculer dans la langue du pays que je ne faisois
que commencer à parler et que d'ailleurs au bout de cette
carrière je me trouverois avoir près de quarante ans sur la
tète, je perdis presque toute espérance d'estre jamais mis-
sionnaire de Maduré. Cependant il semble que j'eus une
espèce de pressentiment de ce qui devoit m'arriver dans la
suite, car répondant à la lettre du R. Père provincial je luy
marquois entr'autre chose que je voiois bien qu'aller ensei-
gner la théologie estoit un aussi droit chemin pour le Ma-
duré. que Tavoit esté le voyage d'Europe pour venir au
Malabar, mais que j'avois éprouvé plusieurs fois que la
Providence prenoit plaisir à me conduire à mon terme par
les routes qui paroissoient m'en éloigner le plus et en effet
les choses arrivèrent ainsy comme vous verrez dans la suite*
le P. Provincial me consola par une seconde lettre et je me
mis en devoir d'obéir.
Ambalacate est le lieu où je devais enseigner : c'est un
collège ou plutost une maison mal bâtie au milieu d'un bois
à quelques lieues du bord de la mer et éloignée de quatre ou
cinq journées de l'endroit où je me trouvois. Je m*embarquay
sur mer et monté sur une barque de pécheur rangeant la
côte, en une nuit je me rendis à Coulaon, lieu célèbre dans
la vie de saint François Xavier qui y ressuscita un mon
pour vaincre l'osbtination des habitants qui refusoient d'em-
— 111 —
brasser la foy ; les Portugais y avoient autrefois une for-
teresse, les Hollandois en sont aujourd'hui les maîtres; c'est
là que finit la côte de Travancor et que commencé celle de
Malabar s'étendant vers le Nord jusqu'à Calecut; le Mala-
bar depuis Coulaon jusqu'à Ambalacate est coupé de quan-
tité de rivières et canaux qui fertilisent le pais et forment
une infinité d'isles charmantes par leurs verdures éternelles.
Je m'embarquay une seconde fois à Coulaon, sur un petit
esquif fait d'un seul arbre et aprè^ avoir navigué cinq ou six
heures de mer nous entrasmes par l'embouchure d'une de ces
rivières et je fis tout ce voyage par eau. Si le terme eût eu plus
d'agrément pour moy, j'aurois eu du plaisir à voir tant de
beaux paisages couronnés de palmiers, mais outre cette
peine j'en avois une autre qui ne laissoit pas de me causer
quelques émotions. Les Hollandois sont fort puissants dans
le Malabar, ils venoient même d'avoir de grands avantages
contre le samorin (c'est un nom commun à tous les Roys de
Calecut) ; ils l'avoient défait en plusieurs rencontres et tous
les petits roys ou princes de Malabar avoient reçu la
loy. Il me faloit traverser la rivière de Cochin qui est une
des plus belles du monde, c'est-à-dire qu'il me faloit passer
à la vue de Cochin, place très importante des Hollandois, en
suite fort près de Chanenor. autre forteresse du mesme
domaine. Dans ce dernier endroit toutes les chaloupes qui
passent sont reconnues, je me souvenois de ce qui étoit
arrivé à quelques-uns de nos missionnaires, que les Hollan-
dois renvoyèrent il y quelques années de Batavie en
Hollande. Comme j'avois esté renvoyé moy mesme de Goa à
Lisbonne, un second voyage d'Europe ne m'auroit pas
accômodé, mais comme l'obéissance estoit mon guide je me
rassurois et en effet je passay sans estre reconnu pour
François, ny interogé sur mon pays et sans aucune autre
fâcheuse rencontre. Arrivé à Ambalacate, j*y trouvoisleschoses
— 112 —
dans une disposition tout autre que ne croyoient mes supé-
rieurs, car ils se persuadoient que le gouverneur de Cochin
qui quelque temps auparavant avoit reçu avec beaucoup
d'honèteté le P. Recteur d'Ambalacate, et fait de grands
honneurs à Tarchevôque de Crangenore, jadis de notre com-
pagnie, étoit fort bien intentioné pour nous et qu'il ne se
metroit pas fort en peine qu'il y eut un Jésuite françois
dans ce désert quand même il viendroit à le sçavoir, mais
nos pères me déclarèrent d'abord que depuis le Gouverneur
leur avoitdonné à eux &à l'archevêque des marques du peu
defondqu'ilyavoità faire sur ces démonstrations extérieures
d'amitié; qu'il avoit donné des ordres très peu avantageux
à nos missionnaires ; qu'il y avoità Cochin des déflences po-
sitives de souffrir sur les terres de la compagnie d'Hollande
dans le Malabar aucun Jésuite françois; que lorsque cette
troupe de jeunes missionnaires avoit débarqué à Cochin
quelques mois auparavant ils s'estoient informez s'il y avoit
quelques Jésuites françois & quantité de choses semblables.
Je proposay d'abord de retourner sur mes pas & quoy que
par honéteté on eût de la peine à me laisser partir, on jugea
toutefois que c'étoitle party le plus sage. Ainsy après sept ou
huit jours de séjour dans cette maison mon cours plutost
achevé que commencé je me rembarquay, je repassai encore
plus près des murailles de Cochin. & avec le même bonheur
je revins à la coste de Travancor. Comme le poste que
j'occupois avant ce voyage se trou voit remply par un plus
digne successeur, je me trou vois sans aucun engagement &
naturellement disposé pour entrer dans la mission, je trouvay
du côté des supérieurs toute la facilité que je pouvois sou-
haittor quoique dans un temps où plusieurs autres deman-
doient la mission sans pouvoir l'obtenir, celte même facilité
joinie avec cette petite révolutiond'Ambalacatemepajrutestre
une marque que cetoil la volonté de Dieu, que j'entrasse dans la
— 113 -
mission dont je m'étois presque rendu indice pour avoir trop
balancé ; ce fut le mercredy saint que je pris Thabit de mis-
sionnaire de Maduré;ilestbien différent de ce que je me sou-
viensauoirleu dans une relation oùTonraporteque nousallons
demy nus couverts d'un méchant morceau de toille, l'auteur
n'étoit pas bien informé, nous portons une espèce de soutane
de toille fort honôte sur un autre linge que nous ceignons
sur les reins à Ti ndienne ; en voyage un espècede turban en tête
et sur le turbanun voile, à la maison seullementi la chaussure
est ce qu'il y a déplus incommode, c'est comme une soquede
recolet, avec cette différence qu au lieu de courroyes qui serrent
à la chausse nos soques n*ont qu*une cheville de bois à grosse
tête : cette cheville s'insère entre l'orteil et lesegonddoitdu pied
et rien d*avantage, cette chaussure ne peut servir quand on va
à cheval, il faut aller alors le pied nu sur l'étrier ce qui n'a
guère bonne grâce, et c'est ainsy que je suis venu; quelques-
uns usent cependant de souliers turquesques, cella 'est réputé
pour un peu malpropre et ceux qui se picquent d'être plus
exact observateurs des usages indiens n'en veulent pas.
C^est danscetéquipage que je partis àdix heures du soir, car
comme nous dissimulons le plus qu'il nous est possible que
nous soyons Européans, on ne peut aller ou venir à la côte
qu'avec de grandes précautions et de nuit. Vous sçavez déjà
Madame, la raison qui nous oblige à déguiser notre pais, les
lettres des missionnaires la répètent à chaque pas, mais
quelque chose qu'on puisse dire, on ne comprendra jamais
en Europe ny môme sur la côte jusqu'où va l'horreur que
les Indiens ont pour nos coutumes. Puisque vous voulez sça-
voir jusqu'au moindre détail, je vous diray que je trouvay
des chemins et très étroits et pleins d*arbres épineux dont
j'auois toutes les peines du monde à me garantir: des bottes
auroieiit été fort de saison et je n'auois n'y bas ny souliers,
voulant éviter un buisson, le bat du cheval mal sanglé, et le
— 114 —
cavaliertombe, non par terre, mais dans un autre buisson épi-
neux, j'en fusquittepour quelques légères égratigneares. Je ne
vous écris cecy, Madame, que pour rire et uniquement pour
vous et pour vos amys, on se moqueroit de moy et avec
raison, si on sçauoit icy que j'écris sérieusement de sem-
blables bagatelles en Europe, mais il faut bien &iire une
longue lettre pour vous contenter. Je continue donc dans le
même stille. Le jour fut aussi cruel que la nuit, la chaleur
fut très modérée pour ce pais-cy, le soleil étoit couvert de
nuages et il fesoit du vent, toutefois le hâle me fît peler le
visage et enfler les pieds, enfieure qui me dura plus d*un
mois. Les voyages sont ici très pénibles, on ne sçait ce que
c'est qu'hotelerie, souvent on ne trouve n*y où passer la
nuit et le fort de la chaleur à couvert, n'y rien même à ache-
ter, il faut porter avec soy une petite batterie de cuisine
sous peine d'estre exposé à ne pouvoir faire cuire un peu de
riz. Le pauvre homme, direz-vous, mais qu'est-ce que toui
cela et tout le reste qu'on peut souffrir au service d*un maître
qui sçait si bien récompenser, si on le compare avec ce que
souffrent les gens de guerre au service des princes qui, tan-
tost par ingratitude, tantost par impuissance, récompensent
si mal I
J'arrivay sur le soir à la plus prochaine résidence où je fus
reçu avec beaucoup d'amitié par le F. Bernard, un des plus
anciens missionnaires de Maduré et qui a eu la gloire d'estre
confesseur de Jésus-Christ. Vous aurez lu, Madame, dans
les lettres impriméesde nos missionnaires ce qu'il souffritiiy a
quelques années pour la foy, on le chargea d'outrages, on le
battit cruellement jusqu*à luy faire sauter les dents de la
bouche, c'est luy qui a été mon instructeur dans les usages
et coutumes de la mission. Dieu veuille que j'aye bien
apris d'un si grand exemple à souffrir constamment pour
Jésus-Christ I Au bout de deux mois et demi, j*ay esté chargé
— 116 —
de cette mesme )*ésidence, elle eut l'an passé le sort de toutes
les autres et de tout le pais, la famine y fit de grands ravages
parmy les chrétiens comme parmy les idolastres, plusieurs
sont morts de faim, plusieurs ont été vendus en esclavage,
plusieurs ont fuy dans d'autres contrées, si bien que le
troupeau est diminué de près de la moitié; ceux qui restent,
endebtés et pauvres pour la plupart, ne peuvent qu'à peine
subsister, la cherté des vivres n'est que médiocrement dimi-
nuée, la cruauté des tributs continue toujours ; les chrétiens
qui nous regardent comme leurs pères, viennent sans cesse
nous conter leurs misères, et c'est un cruel crève-cœur de
voir une nécessité si pressante sans pouvoir les soulager, le
salaire déterminé pour les catéchistes ne leur suffisant pas
pour subsister, ils ne peuvent faire leurs employs comme il
faut, ce sont comme des sangsues qui ne nous donnent pas
de relâche ; vous voyez donc, Madame, que jamais secours
ne m'est venu plus à propos que celuy que vous avez eu la
bonté de m'envoyer, je vous en rends de très humbles actions
de grâces, priant la bonté divine qu'elle vous récompense
au centuple en ce monde et dans l'autre. Cette misère des
chrétiens jointe à une guerre ci ville qui depuis longtemps
désole la meilleure partie de cette résidence, les empêche de
venir à l'église si souvent qu'ils auoient coutume, plusieurs
n'ont pas de quoy acheter une petite provision de riz pour
trois ou quatre jours, ny de quoy se fournir de quelques aunes
de toille pour se couvrir un peu honnêtement ou plutost pour
paroistre à l'église sans la dernière honte, par là le travail
des confessions n'est que trop modéré, et le nombre des bap-
têmes est beaucoup moindre ; dans ces deux mois-cy je n'ay
baptisé que 23 adultes et une trentaines d'enfants, c'est bien
peu comparé aux fruitsqui sefaisoientende lïieilleurs temps,
mais c'en est assez pour ne pas me repentir d'être venu.
Outre cella j'ay icy une très grande consolation, c'est l'inno-
— 116 —
cence admirable des chrétiens, il faut auoûer à la honte de
notre Europe, qu'il y a icy au Maduré (car le Malabar est
autre chose), qu'il y a, dis-je, moins de vices grossiers même
parmy les Gentils qu'en Europe, et pour les Chrétiens sou-
vent le plus grand embarras du confesseur est de trouver
matière d'absolution, en particulier pour l'y dol le ou chose
qui en approche, elle est bien rare parmy les Chrétiens qui
fréquentent l'église, je ne me lasse pas d'admirer que des
gens qui viennent de quitter l'infidélité, qui ont sans cesse
devant les yeux les mauvais exemples des Gentils, les solli-
citations et reproches de leurs parents idolâtres à essuyer,
soient si constants dans la foy et ayent tant d'oreur des idoles
auxquelles ils ont tant de fois sacrifié, je ne prétents pas dire
cependant qu'aucun ne retourne au vomissement ny les ca-
noniser tous, je parle en général. Je n*ay eu jusqu'à présent
aucune persécution du côté des Gentils, mais seulement une
ou deux alarmes auxquelles nous sommes exposés à chaque
instant, car placé au milieu des idolâtres et sous le domaine
des princes infidèles et de leurs gouverneurs et officiers qui,
pour la haine pour la foy et l'espérance du pillage, ont tou-
jours les yeux ouverts sur nous. Nous devons estre toujours
prestsàce que la providence voudra ordonner de nous. Il
y a si peu de sçureté, que nous ne pouvons faire porter ny
coffre ny cassette d'un lieu à un autre, ils s*imagineroient
qu'ils contiennent des richesses immenses et c'en seroit
assez pour s'exposer infailliblement au pillage, pour vous
faire bien entendre cet article, il faut vous dire un mot de
la forme du gouvernement. La plupart des roys deTInde ont
une faim insatiable d'amasser, non pour avoir de quoy
fovirnir aux dépenses nécessaires de l'Etat ou àleurs plaisirs
ny pour laisser à leurs successeurs, mais pour enterrer et
enterrer de sorte que jamais on ne puisse tirer ces trésors et
c'est pour cella qu'ils emploient les noirs secrets de la magie
— 117 -
afin que le démon prenne possession de ces trésors et en soit
le garde, on assure qu'il les garde si bien, qu'il tue ceux qui
tentent de les déterrer et s*il enseigne quelque fois à d'autres
magiciens la manière de les tirer, ce n'est qu'en demandant
qu'on luy immole certains nombres de victimes humaines ;
cette folle et abominable passion d'accumuler des trézors pour
un si mauvais usage oblige les roys de livrer les provinces et
gouvernements à ceux qui en offrent le plus, sans se mettre
en peine si pour se dédommager ils feront des injustices, ou
des vexations aux peuples : si le prince châtie leurs excès ce
n'estque par le même principe d'avarice et pour leur tirer plus
qu'ils n'avoient promis, dans ces occasions il les fait tour-
menter quelque fois jusqu'à leur ôter la vie; il est ayzé de
juger par là ce que feront les gouverneurs ou intendants de
province, ils donnent mille tortures à leur esprit pour voir
comment ils pourront tirer de l'argent pour payer ce qu'ils
ont promis, pour se rédimer des vexations qui les attendent et
pour rester eux-mêmes à leur ayze : on vend la justice, on
pille le laboureur, on emploie toutes sortes de calomnies
pour avoir prétexte de mettre à l'amende, en un mot c'est
une oppression insupportable et comme nous sommes obligés
malgré que nous en ayons de faire assez de dépenses en caté-
chistes, domestiques, et autres choses semblables, ils s'ima-
ginent que nous avons le secret de faire de l'or et cella joint
à la haine que plusieurs ont pour notre sainte foy est une
cause continuelle et permanente de persécutions qu'ils nous
font à chaque pas.
C'est ce qui nous oblige à éviter avec soin de laisser pa-
roitre le peu que nous avons ; la plupart de mes petits meubles
sont encore sur la côte, je ne peux les faire venir que peu à
peu et avec de grandes précautions, la crainte de Tembarras
qu'il y a, quand il faut transporter son bagage d'un endroit
à un autre me fait quelque fois souhaiter de n'avoir rien du
9
— 118 -
tout. C'est ainsi que ce que nous avons nous coûte qaelque-
fois plus de peine que ce qui nous manque, une bonne pro*
vision de présents de piété est le meilleur de tous les meubles
parce que en peu de temps ilsdisparoissent entre nos mains,
quoique on ne les donne qu'avec discrétion. Aussi pour le
présent je ne désire rien autre chose que ce que j'eus l'hon-
neur de vous marquer dans ma lettre de l'an passé, chapelets
de quelque matière un peu solide, médailles, relicaires, agnus
dei, grains de jay et d'ambre jaune, ou au moins grains jaunes
façon d'ambre, les plus gros et les plus façonnés sont les
meilleurs. Je ne marque cecy que parce que vous souhaitez
que je vous dise avec confiance ce qui peut m'estre utile, car
à proprement parler je n*ai besoin que de la grâce du Sei-
gneur, et je ne vous demande que la continuation de Taffec-
tion maternelle que vous avez pour moy et pour mes frères
et un peu de part dans vos bonnes œuvres et saintes prières.
Je suis avec beaucoup de reconuoissance,
Madame,
votre très humble serviteur.
De Bourzbs,
Missionnaire de la Compagoie de Jésus.
A la Bibliothèque de la maison des Jésuites de la
rue Lhomondse trouvent les copies de deux lettres du
P. de Bourzes adressées à M"» la comtesse de Soudé
(datées des 24 août 1710 et 28 janvier 1715), une lettre
adressée à son frère le 9 novembre 1 733 et vingt-et-une
lettres adressées au P. Etienne Souciet, professeur au
collège Louis-le-Grand (de 1713 à 1734); on vient
de lire la première. Nous y voyons qu'en 1710
on voulut faire faire au P. de Bourzes un cours
— 119 —
de théologie au séminaire d'Ambalacate, qu'il s'y
rendit, mais ne put y rester pour ne pas porter
ombrage, en sa qnalité de Français, aux Hollandais,
maîtres du pays; qu'en 171 4, il vint àPondichéry pour
raison de santé; qu'en 1715, il était à Vadugarpati ;
en 1721 , à Colupati ; en 1724 sur la côte de Pêcherie,
à partir de 1726 à Manapar.
Dans la Bibliographie du P. Sommervogel, nous
apprenons que le P. Louis iNoël de Bourzes, né à
Sabrières (Ardèche) le 19 octobre 1673. entré dans
la Compagnie de Jésus le 8 septembre 1689, arriva
en 1704 dans l'Inde où il mourut, à Manapar, le
25 février 1735. Il faisait partie de la mission portu-
gaise et dit, dans une de ses lettres, que les Por-
tugais l'appellent le P. Natal. Dans ses lettres au
P. Souciet, il parle ainsi qu'il suit de son Diction-
naire : « Il s'en faut bien que je sois toujours en
contemplation. J'ai fait un dictionnaire françois-tamul
pour nos PP. nouveaux venus de France. J'en ai fait
un autre latin-tamul pourmoy-même. Et je suis après
un autre tamoul-latin fort ample où j'ay taché de
mettre tous les mots que je trouve dans les diction-
naires du pays. Cette nation, quelque barbare qu'elle
soit dans le reste, a fait dos réflexions sur sa langue,
sur la poésie et sur l'arithmétique. C'est là presque
tout ce qu'il y a de sciences aux Indes » (lettre reçue
à Paris le 1*' septembre 1731). — « Je suis bien obligé
à V. R*' de la trop bonne idée qu'elle s'est formée de
— 120 —
moD ouvrage. Il est encore fort imparfait, et nullement
en estât d'eslre décrit. Comme j'écris aussi mal que
vous le voyez, et d'ailleurs en latin, les naturels du
pays ne peuvent le décrire. Je prélens seulement, si
Dieu m'en donne le temps, en envoyer un exemplaire
à Pontichéri et en laisser un autre dans cette Pro-
vince. Sijestois plus jeune, je m'offriroisà vous eu
transcrire un ; mais je ne désire pas mesme de rester
si longtemps sur la terre d'où il est temps de partir. Ce
livre seroit assez inutile dans votre bibliothèque , il
sera peut-être de quelque utilité dans ce païs-cy . Les
ministres luthériens danois ont une imprimerie, mais
outre qu'ils n'ont pas les caractères grandons, ils y
mettroient peut estre quelque hérésie, et d'ailleurs ce
seroit peut-estre les mettre en estât de nous faire plus
de mal. Peu s'en faut que je ne considère cet ouvrage
comme les P. du désert les paniers (?) qu'ils faisaient
pour s'occuper et pour brûler au bout de Tannée h
(lettredu 9 septembre i 732, de la côte de Travancor). Le
9 novembre 1733, il disait à son frère : « Après avoir
satisfait à ce que je dois à mes Xens, je lis, j'écris
et prie Dieu: ainsi je ne m'ennuie jamais et n'ai jamais
du temps de reste. Vous sçavez que j'ai composé
deux dictionnaires, un françois-tamul, l'autre tamul-
latin, tous ouvrages imparfaits. 3. Parlerîez-vous
tamul aussy aisément que vous parleriez françois?
R. Et que je parlerois françois à présent que j'ai oublié
notre langue ou à peu près ; que je parlois autrefois.
- 121 -
non. D'ailleurs c'est suivant les matières. En matière
de choses spirituelles dont nous avons plus à parler,
je fais une exhortation à peu près avec la même facilité,
et aussy correctement que je la faisois en latin après
cinq ans de régence, pas d'avantage. Et moins que
cela dans les affaires et choses prophanes {sic), dont
nous avons moins besoin déparier. Toutes les langues
s'apprennentmieux en parlant avec ceuxquiparlentbien
qu'en composant des dictionnaires. Depuis que je suis
sorti de la mission de Madurey, je ne parle qu'avec
des pescheurs, parmi lesquels il y en a peu qui parlent
passablement' ».
Le P. Cœurdoux écrivait de Darmavaram au P. Sou-
ciât le 13 septembre 1735: « Vous avez apparem-
ment appris la mort du P. Noël de Bourzes. Il y avoit
longtemps qu'il n*étoit plus dans ce qu'on appelle la
mission; ildesservoit une des cures que les Pères por-
tugais ont sur les cotes. Les missions du pais tamoul
lui sont redevables d'un grand dictionnaire qu'il a
composé en cette langue ». La mort du P. de Bourzes
1. Cette lettre conclut ainsi : « Dans les exercices que je viens
de faire je me suis senti extrêmement porté à regarder cette année
comme la dernière de ma vie, et à servir Dieu au moins cette
année comme j'aurois dû le servir toute ma vie. Priez le Seigneur
qu'il m'en fasse la grâce et comme vous devez naturellement me
survivre, en apprenant ma mort n'oubliez pas celui qui vous
aime tendrement en N.-S. Faites mieux, comme la nouvelle de
ma mort ne vous viendra que longtemps après mon trépas, dès à
présent supposant que ma dernière heure est venue, priez le Sei-
gneur qu'il m*accorde la grâce des gr&ces qui est une sainte mort. »
— 122 —
est racontée ainsi qu'il suit dans une lettre du P. Gar-
gam au P. Souciet, datée de a Pedda Aricarla, ce
8 décembre 1735 : Si les Pères Le Gac, le Père
Cœurdoux et le Père de Bourzes vous ont appris de
mes nouvelles, il faut que je vous en dise des leurs, en
commençant parle dernier, que le Seigneur nous a
enlevé, pour le mieux placer dans le ciel qu'il rfestoit
sur la terre. Vous le connoissiez et vous sçaviez aussi
bien que moy que c'estoit un saint jésuite et un saint
missionnaire. J'ay eu le bonheur d'en estre le témoin
par moy mesme à Ëlacouritchi, quelque temps avant
sa mort. Il m'avoit écrit comme une personne qui
s'attend à mourir dans peu et encore plus tosl qu'il
n'a fait. Vous verrez sans doute la lettre circulaire que
Ion enverra en France et que je n'ay pas vue. Je ne
vous en dis que les deux mots que m'écrivit le Père Le
Gac lorsque je lui en demanday les particularitez: voicy
ses paroles : Voicy ce que je sçais de la mort de notre
cher Père de Bourzes. Le T' vendredi de caresme, il
dit la sainte messe et il s*estoit confessé auparavant.
Il dina à son ordinaire. Sur les quatre heures du soir,
il lui prit un éblouissement, et il fit entendre qu'il
sentait un grand mal à l'estomac ; on le porta sur son
lit. Depuis ce moment il perdit toute connoissance. Il
demeura dans cet estât trente heures, après quoy il
expira. Il y avoit deux de nos Pères. Il rendit après la
mort beaucoup de sang et de pourriture par la bouche,
ce qui fait croire que c'est un abcez qui Ta suffoqué, h
— 123 —
III. - Le P. G.-J. B68ohi
Le P. Bescbi a joué \m rôle fort important dans
l'histoire des études tamoules, mais ce rôle a été sin-
gulièrement exagéré. Ses ouvrages d'enseignement, .
supérieurs à tous ceux qui ont été faitsjusqu'à ces der-
nières années, resteront et lui conserveront une répu-
tation honorable ; ses ouvrages tamouls, en prose ou
en vers, n*ont qu'un intérêt fort secondaire et leur
célébrité ne dépassera jamais le cercle étroit des chré-
tiens du pays tamonl. La biographie du P. Bescbi a
été écrite par plusieurs personnes, notamment par le
P. Bertrand, dans son important ouvrage sur la Mû-
sion du Vaduré{?ms, 1847-1856, t. IV, p. 342-375),
et par le P. Cahour dans son travail anonyme « Les J^-
suiie$Y> par un jésuite (Paris, 1843-1844, t. II, p. 169-
177ef36o-371). Le P. Cahour dit qu'il a surtout con-
sulté une biographie écrite en tamoul et traduite par
le P. du Banquet. C'est à la même source que s'était
inspiré M. Eugène Sicé dans son Mémctire sur ta vie,
les ouvrages et les travaux apostoliques du P. Constant
Beschi (Paris, 1841, in-8% 18 p.. extrait des Annales
de Philosophie Chrétienne, n^ 19, juillet 1841, 12* an-
née, 3' série, t. IV). Plus tard, M. l'abbé Dupuis, édi-
teur de nombreuses œuvres tamoules de Beschi,
publia, sans chercher d'autres renseignements, sa
Notice sur la poésie tamoule, le rév. P. Beschi et le
r^wMcam(Pondichéry, impr. des Miss., 1851, in-8^
'
— 124 —
81 p.). Le document tamoul qui avait servi de ba
ces diverses hotices avait été écrit à la tin du dern
siècletèn 1797, dit-on, par un poète chrétien Sâmi
dappoulié, originaire de Pondictiéry, qui devint pi
tard, à Madras, le professeur de tamoul de Sf . F.
Ellis. M. Ëllis, qui devint un tamuliste remarqua
et qui était, avec un groupe d'hommes distingué
à la tête du collège de Madras, mourut mdlheureu
ment, à Râmnàd, pendant un voyage scientiflque. 1^
9 mars 1819, empoisonné par suite d'une erreur d^
son cuisinier indien. En 1816, il avait envoyé Tun des
professeurs natifs du Collège, A. Mouttoussamippoullê
rechercher, dans les localités où Beschi avait vécu, les
souvenirs et peut-être des ouvrages inédits de ce
célèbre missionnaire, déjà fort oublié cependant. [1
est par exemple fort étonnant que Ton ne rencontre
pas son nom dans le livre de M. Perrin {Voyage dam
Nndoslan, Paris, 1807, 2 vol. in-8); arrivé dans
rinde en 1778, M. Perrin avait habité pendant de
longues années le pays tamoul dont il avait fort bien
appris la langue.
L'abbé Dubois, qui a séjourné dans le pays dravidien
de 1792 à 1823, parle bien du P. Beschi, mais outre
qu'il écrit son nom « Beschie», il semble n'avoir su que
fort peu de chose sur lui : « les huit contes (de Para-
mârta), dit-il, furent compilés et écrits en langue
tamoule par le P. Beschie, ancien missionnaire jésuite
dans le Carnatique ; quelques personnes ont même
— 125 —
prriir.pposé qu'il en était l'auteur. .. mais... j'ai tout lieu
io JL ; croire qu'il n'en fut que le compilateur; j'ai reconnu
!j' \ fond de ces contes dans des pays où ni le nom, ni
i;^ s écrits du P. Beschie n'étaient jamais parvenus »
e jf ^e Pantcha-tantra, etc., Paris, 1826, in-8°, p. xiv-xv).
ro eci est d'ailleurs fort exagéré, car l'ensemble du
h aramârta est incontestablement d'inspiration euro-
léenne : cf. les épisodes de l'âne chargé de sel et du
. bien qui lâche sa proie pour l'ombre (conte premier),
le l'œuf de jument (conte deuxième), de l'odeur du
/ôti payée par le son de l'argent (conte troisième), de
1 .'impôt sur l'urine (conlé cinquième), de la branche
i'arbre coupée entre le tronc et le coupeur assis à
> Tenvers sur la branche (conte sixième), et beaucoup
d'autres encore.
Quoi qu'il en soit^ en 1 81 6, MouttoussamippouUé, qui
était chrétien, s'acquitta avec zèle et intelligence de la
mission qu'on lui avait confiée. Il eut l'occasion de
trouver plusieurs ouvra ges inédits et inconnus de
Beschi. Il rencontra même, à Kariyenpatti, village
entre Taniaour et Trichénapally,deux frères, Dairiam-
poullé et Âmirdapoullé, fils de Savêrimouttouppoullé,
qui avait été l'un des catéchistes de Beschi. Je fais
observer que. de 1746, date 5 laquelle Beschi avait
quitté le pays, à 1816, il s'est écoulé soixante-dix ans;
il est difficile d'admettre que les deux hommes en
question aient été vraiment les fils d'un catéchiste de
Beschi ; c'étaient peut-être ses petits-fils. Ils affirmaient
— 126 -
d'ailleurs avoir été eux-mêmes les catéchistes du
P.Jules-César Potensa, successeur immédiat de Bcschi
à Porthacoudy, ce qui est encore bien improbable.
Quoi qu'il en soit, ils remirent à Mouttoussamippoullê
ou lui firent obtenir un certain nombre de manuscrits
sur papier ou sur aies (feuilles de palmier), qui pro-
venaient évidemment de l'entourage immédiat do
du P. Beschi, et notamment plusieurs petits poèmes
tamouls et divers morceaux en prose, qui furent
publiés à Madras en 1843. Mouttoussamippoullé.
en effet, reprenant la notice de Sâminâdappoullé,
avait rédigé une biographie de Beschi qui circula
longtemps manuscrite et ne fut imprimée qu'après
sa mort, par les soins de ses disciples, Appavou-
poulie et Gnânadicappoullé. Le volume a pour titre
Viramûinunivar çanttirarn ; il parut à Madras en 18i3
et se compose de 6-30-26-1 3-(iv) p. in-8. La notice
biographique est suivie de ce qu'on pourrait appeler
les petites œuvres de Beschi et accompagnée d'un por-
trait colorié hautement fantaisiste. L'auteur avait du
reste refait son travail en anglais et l'avait publié
ainsi dans le Madras Journal for littérature and science
(t. XI. 1840. p. 250-300).
La plupart des détails donnés par ces notices sont
a priori inadmissibles, tant on y reconnaît l'esprit in-
ventif et l'imagination aventureuse des Indiens. Ainsi,
on y raconte que Beschi, élève du Collège romain,
fut distingué par le Pape et envoyé par celui-ci dans
-^ 127 —
FInde, avec son compagnon d'études, le père Arnold,
en 1700. On afTirme qu'il savait alors ritalien, le por-
tugais, l'hébreu et le latin; qu'il apprit en cinq ans,
dans rinde, le sanskrit, le tamoul et le télinga. Vers
1736, il ne lui fallut que trois mois pour apprendre le
persan et Thindoustani dont il avait besoin pour aller
demander, en faveur des chrétiens du pays, la protection
de Tchandâ-çàhib. Ce prince, gendre du Nabâb d'Ar-
cate, et qui de 1736 à 1741 fut le véritable souverain
du Naduré et du Carnatique, aurait, dit-on, tellement
admiré le talent et les vertus du savant jésuite qu'il
l'aurait pris pour son dît(7(îw, c'est-à-dire pour son
premier ministre. Il aurait même donné à Beschi le
nom de Hsmati sannyâsl, qui serait une simple
traduction de son nom k Constant'», mais il n'est
pas vraisemblable que le prince indien, qui parlait
surtout persan, ait employé de pareilles expressions.
Je doute encore plus qu'il ait choisi un jésuite
français pour son ministre; et je suis fort aise d'ap-
puyer mon opinion sur Tautorité de M. l'abbé Ber-
1 . Beschi porta successivement les noms tamouls de Dàiriya-
nûdasuoâmi (sk. Dhàiranàthaçvâmin) « le Seigneur de la fer-
meté », et de Viramâmuni (et sk. Vlramahâmuni) « le grand pé-
nitent héroïque »; ces deux mots ont la prétention de traduire
le nom de a Constant ». C'est ainsi que les missionnaires ont fait
de Jean « le seigneur ou le père de la grâce » Aruldnanda ou
Arulappa, de Pierre a le père royal » Ràyappa, de Paul « le
petit père» Sinnappa, d'Hilaire « le bienheureux» Muttii/udeiya,
de Marguerite a la dame à la perle » Muttammâl, de saint Louis
de Gonzague « la lumière de la sagesse» Gnânappragàça [sk.
DjAânaprak&ça], etc.
— 128 —
•
trand. La légende ajoute d'ailleurs à ces aflSrmatioDs
étonnantes des détails encore plus invraisemblables.
On assure que le Nabâb lui î\ssigna en toute propriété
un territoire immense dont le revenu était considé-
rable, que Beschi mena dès lors un train de prince et
ne sortait qu'avec un apparat extraordinaire; on ajoute
qu'après la chute de Tchandâ-çàhib, il se retira, vieilli
et fatigué, au village de Manat'pàdu, où il mourut en
174S. Cette date était déjà contestée, car, dans son
Classîfied catalogue, M. Murdoch nous apprend que le
Rév. Kennett n'a pu trouver, sur place, aucune in-
dication précise. M. Burnell, dans sa Palœography
(2* édition, 1878, p. 159), donne hypothétiquemeot les
chiffres 1704-1744, comme durée de la vie indienne
de Beschi.
Nous avons heureusement des documents plus po-
sitifs; le très savant père Sommervogel m'a commu-
«
nique, comme venant de sources absolument sures et
autorisées, te curricutum'vitœ de Beschi que précisent
et complètent des renseignements déjà publiés par le
P. Bertrand et d'autres auteurs sérieux.
Beschi (Constantin-Joseph), né à Castiglione (pro-
vince de Venise*) le 8 novembre 1680, entra au novi-
ciat des Jésuites le 21 octobre 1698 et y passa deux
ans. De septembre 1700 à 1701, il professa la gram-
1 . 11 s'agit probablement de Castiglione délie Straniere, petite
ville de 5,251 habitants, dans la province administrative de Man-
toae.
— 129 -
maire (classe de cinquième) à RaTenne. £d 1701, il
fut envoyé à Bologne où il resta jusqu'en 1710. De
1701 à 1702, il fit sa deuxième année de philosophie,
ayant fait sa pi;e;nière avant son entrée au noviciat. De
1702 à 1703, il (fit sa troisième année de philosophie,
puis il recommença à enseigner la grammaire : qua-
trième de 1703 à 1704, troisième de 1704 à 1705.
De 1705 à 1706, il enseigna les humanités. En 1701,
il avait été adjoint au directeur de la grande Congré-
gation des élèves du collège de Bologne; en 1705-
1706,11 dirigeait la Congégation de TAssociation. De
1706 à 1709, il fit ses trois années de théologie et fut
ordonné prêtre, probablement en septembre 1709. De
1709 à 1710, il fit sa quatrième année de théologie et
se prépara pour les missions. Il partit seul (unîcm)
pour rinde en 1710 et y arriva en 1711, par Lisbonne
et Goa probablement. Il fut affecté aux missions du
Malabar et envoyé dans le Maduré. La première indi-
cation précise que Ton trouve sur sa présence dans le
pays est dans la relation des années 1714, 1715 et
1716 (rédigée à Lisbonne par le P. Brandolini) : en
1714, Beschi avait la direction spirituelle du district
de Kâmanàyakkenpatti, mais résidait à Cajetaru'.
1. Cajctaruest sans doute le village indiqué sous le nom de
Careicr^fe dans le « Calalogus promnciarum^ domorum^ colle-
giorum, residentiarum^ seminariorum et missionum Societatis
Jesu, Anno MDCCXVIl. Romœ, typis Georgii Flachi», in-18*
de 96 p. Kâmanàyakkenpatti y est appelé Camenanayquen-
paiti.
— 130 —
Le 28 octobre 1714, il flt sa profession solennelle dans
réglise de la Sainte-Vierge à Gurukkalpatti.
Le P. Cahour, dans son ouvrage anonyme Les Jé-
suites (par un jésuite, Paris, 1 843-1 84i, 2 vol. in-lâ),
reproduit (p. 365-377 du t. II) une lettre du P. de
Bourzes, supérieur, depuis 1714, de la missioQ de
Maduré, où il raconte une « persécution » que^ Beschi
venait de subir à Gurukkalpatti. La lettre, adressée à
M"ede Soudé, est datée « de Varugapatti, 28 janvier
1715». Cette lettre n*a pas été publiée dans les Lettre
édifiantes, maison y trouve le nom du P. Beschi dans
une lettre du P. Saignes à M"'* de Saint-Hyacinthe,
écrite d'Attipâkam, le 3 juin 1736 (XXIX. p. 226;
n. éd., t. XIV, p. 38). Parlant d'une persécution
ordonnée par le roi de Tanjaour et qui fut apaisée par
un «général maure», le P. Saignes ajoute : « Le
P. Beski(^tc),qui se trouva alors le plus près de Tarmée
alla Ten remercier, et il en fut reçu avec les plus
grandes m^H-ques de distinction ». Une lettre du
P. Cœurdoux, écrite de Pondichéry au P. Souciel. le
6 janvier 1739, annonce que Tchandâçâhib a fait son
entrée à Trichenapally le mois précédent et il ajoute :
«Trois missionnaires assemblés y célébrèrent, avec
pompe, la fête de NoëL Aussi, ce nabab est fort favo-
rable à la religion et attaché particulièrement au
P. Beschi, jésuite italien de beaucoup de mérite et
qui est joint aux autres pères portugais de ta mission
du Maduré ». Il faut citer encore une lettre du P. Gé-
— 131 —
néral en date du 29 octobre 1739; elle annonce que
Beschi rendit visite à Dost-Ali-Ehan à Velour et que,
pour témoigner au nabab sa reconnaissance de l'ami-
tié dont il l'avait honoré, il demandait des curiosités
d'Europe pour lui en faire présent, ainsi qu'une lettre
de remerciement signée du P. Général. Voilà tout ce
qui concerne les rapports de Beschi avec les princes
indiens.
De 1714 à 1746, il avait d'ailleurs passé par beau-
coup de résidences. Ainsi, il parait qu'en 1716 il
était à Maduré; en 1720, à Vadugarpatti; en 1729, à
Avour; en 1730, à Gunampatti, dans le Tanjâour; en
1730 à Tanjâour; en 1734, encore à Gunampatti; en
1740, à Trichenapalli ; en 1742, à Tuticorin; en 1744,
àj Manaparei. Il est facile de retrouver la position
de ces diverses localités en consultant les deux cartes
publiées dans les Lettres édifiantes (ancien recueil,
XV, 1 et ' ; nouveau, XIII, 90 et XV, 1).
En 1737, les forces du vaillant missionnaire com-
mencèrent à s'altérer. En 1740, pourtant, sa santé
était meilleure. Mais en 1744, il dit lui-même, dans
la préface de son Dictionnaire tamoul-latin, qu'il
est « senex ac laboribus fractus » et qu'il a passé
trente années entières dans les missions du Maduré.
En 1746, nous le retrouvons directeur, pour les
élèves ilu rite syriaque, du séminaire d'Ambalakkàdu :
On dit qu'il est « fractis viribus » et il y mourut le
4 février 1747.
— 132 —
Voici ce que disent des notes conservées sar son
compte :
Operarius eximius, sed non valebat ad res temporales ad-
ministrandas, ingenium optimum: praefectus studiorum
optimus ; sed judicium non asqao passa ibat cum ingénie ;
constitutionis sanguine». — Ërat ita peritus lingu» tamulics
ut in pago Elacurrici prises faetit constitutus litterarum
ludi, in quo catechistse informarentur bac Ùngua. Tanta
alacritate atque diligentia peregerunt hoc studium caté-
chiste, ut brevi artem littérature hujus ediscerant. Pater
Bescfaius eos bene excultos et exercitiis spiritualibus formatos
dimisit.
C'est à ce village d'Éiakkur'itchi que Beschi donna
le nom de Tirukkâvalûr ; ce village faisait partie du
district de Pârûr et dépendait de Kônânkûppam-
Aryanûr. Le chef du pays, un certain Rangappa^
majavarâya, avait donné le terrain nécessaire ' à la
construction d'une église, comme en témoigne une
inscription datée du 26 Adi de Tannée Îë57 de Sali-
vâhana (5 août 1734), gravée sur une pierre, au bord
de l'étang qui est derrière l'église. Pour cette église,
Beschi composa des vers tamouls qui, parait-il, y
étaient encore chantés il y a quatre-vingts ans. Il y
avait placé solennellement, ajoute-t-on, une statue de
la Sain te- Vierge, habillée à l'indienne, avec T Enfant-
Jésus dans ses bras, qu'il avait fait faire sur ses propres
dessins à Manille par l'intermédiaire de l'évêque de
Saint-Thomé.
Nous avons cité plus haut une lettre du P. de
Bourzes parlant de Beschi. La première mention
— Ï33 —
que nous renÉontrions des études tamoaies de Beschi
est dans une autre lettre du P. de Bourzes (au P. Sou-
ciet, de Colupatti, le 13 janvier 1721) : «Je viens
d'apprendre que le cher P . Gargam est avec le P. Bes-
chi; c'est-à-dire avec le P. aux fleurs. Le P. Gargam
ne pouvoit trouver de meilleur maître de la langue;
car ce P. la possède en perfection, jusque là qu'il fait
de beaux vers en cette langue, ce que nul autre mis-
sionnaire n'avoit encore fait ». Les mots a le père aux
fleurs » s'expliquent par ce passage d'une lettre du
10 janvier 1721 : « Pour les fleurs, le Seigneur sera
votre récompense du soin et de la peine que vous
avez prise de les bien marchander, empaqueter, etc.
Le P. pour qui je les ai fait venir les a trouvées trop
obères, et le fâcheux est que la plupart de vos semences
ont perdu toute leur force en chemin. C'est tout ce
que je peux vous écrire maintenant sur l'article, car
depuis qu'elles sont venues, ces fleurs, je n'ai pu me
rencontrer avec le P. pour qui elles sont venues. Je
garde votre lettre pour la lui montrer. Je ne doute pas
qu'il n'entende raison, car il est fort raisonnable. En
tout cas, ce sera une preuve qu'il vaut bien mieux
servir Dieu que les hommes. Dieu se passe toujours
de notre bonne volonté, et les hommes pas toujours ».
Je réimprime ci-après la lettre du R. P. de Bourzes
de 1715 que le Père Cahour n'avait d'ailleurs pas
donnée en entier :
10
— 134' —
Lettre da R. P» de Bourzes à Madame la Comtesse de
Soudé prpoiie Chaalons en Champagnes.
De Varugapatti dans ia mÛRion de Madnrey,
le28ia^vie^l715.
La paix de notre Seigneur.
Madame,
Au mois d'octobre 1714 j'eus l'honneur de vous écrire
par la voye du R. P. Martin qui partît alors pour France
pour aller traiter les affaires de nos missions françoises. Je
pris la liberté de vous envoyer par cette voye un reliquaire
de S. François Xavier à la place de celui qui s'est malheu-
reusement perdu. Dieu veuille que celui-cy ayt un meilleur
sort. J'ajoutai a cette relique plusieurs pierres quarrées qui
sont fort estimées icy pour faciliter les couches, contre la
pierre &' autres maladies Ce fut de Pontichéri que je
vous écrivis vous priant d'avoir pour le père Martin la même
confiance que vous auriez en moy, et de luy parler & écrire
avec la même ouverture que vous feriez avec moy. Ce père
étoit icy dans la même mission que moy, & nous vivions
ensemble avec une union et une amitié qui me fait extrême-
ment regretter son absence; et me met fort en peine sur le
succès de son voyage» à cause de plusieurs incommodités
dont il est attaqué & malgré lesquelles il s'est exposé a tant
de dangers inséparables de tel voyage. Le P. Martin me
promit qu'il tacheroit de vous aller voir, car il sait fort bien
toutes les obligations que je Vous ay.
Pour ce qui me regarde depuis ce tems la> c'est-à-dire de-
puis le 14 d*octobre que le père Martin partit, il ne m*est
arrivé rien de fort singulier, si ce n'est que lorsque je m'y
attendois le moins, on m*a nommé supérieur de cette mission.
Jay écrit fortement pour m'excuser de cet employ plus pé-
nible qu'honorable, mais on n'a point eu d'égard à mes raisons
et jay été obligé à baisser la teste sous le joug et parce que
- 135 —
j'estois à Textrémité de la mission, il m'a falu m'ap^rocher
du centre pour être plus à portée des affaires qui ne laissent pas
d'être en assez grand nombre à cause de divers embarras que
cause la grande multitude des catéchistes que nous entre-
tenons et des chrestiens dont nous avons soin. Depuis que je
suis en charge un de nos missionnaires a eu une terrible per-
sécution dans la résidence de Gurugalpatti que je lui laissé
sur la fin de 1713. • Un catéchiste de cette résidence, ayant
trouvé un malheureux paria qui quoiqu'il eût apostasie
pour se faire Turo pour un vil interest, débitoit de fausses
reliques» le saisit et le maltraita fort imprudemment. Le
P. Constance Beschi Tayant scû, promit à ce malheureux
de luy faire justice et de lui faire rendre ce qu'on luy
avoit pris, et lui donna en même tems les avis conve-
nables. Le paria parut content et se prosternant plusieurs
fois devant le père lui demanda pardon. Le père crut que
cestoit une affaire presque finie, lorsque peu de jours après
la feste de saint Thomas premier apôtre des Indes, sur le
soir, l'église fut investie par plus de deux cents soldats,
le missionnaire fut arrêté avec quelques catéchistes et autres
domestiques. Le P. Beschi eutla présenced'espritetl'adresse
de faire échapper deux jeunes garçons dont on pouvoit
craindre que par la force des coups, ils ne disent plus qu'il
qu'il n'en falloit; le père et ses catéchistes furent menés à
une peuplade voisine nommée Alancoulam. Un soldat qui
connoissoit le père ]ui apprit quelle étoit la cause de sa prison
et que cet infâme apostat sestoit venu plaindre qu'on luy
avoit enlevé je ne sais combien de choses prétieuses ; peu
après le brame qui a la teste de deux cenis soldats avoit
saisi le père, le chargea de mil injures effroyables et fit ga-
rotter d'une manière barbare le catéchiste, le père entendant
les cris du catéchiste se leva promptement et protesta que le
catéchiste ne méritoit pas ces mauvais traitemens, que c'es-
— 136 —
toit lui missionnaire qui étoit coupable, si quelqu'an étoit
coupable, que c'estoit lui-même qui devoiten porter la peine.
Il dit ces paroles d'un air si résolu et d'un ton si ferme que
le barbare cessa de tourmenter le catéchiste, mais on ue
cessa pas de charger d'injures et d'outrages le missionnaire;
pour vous parler, m'écrit-il, avec la confiance que me per-
met notre amitié, je vous avouerai que je n'aurois jamais
cru qu'il fut si doux d*ètre injurié pour Jésus-Christ, je ne
crois pas jamais avoir ouy mes louanges avec tant de goût
que j'entendis alors les plus sanglants outrages et les
plus piquantes railleries. Cependant le brame amenant avec
soy l'exécuteur déclara au Père qu'il étoit condamné à la
mort et lui demanda s'il vouloit que la sentence s'exécutât
sur le champ ou le lendemain matin. Qu'elle s'exécute quand
il vous plaira, repartit le Père. Alors se tournant vers le bou-
reau,il luy demanda quand est-ce qu'il feroit cette exécution,
le boureau qui selon toutes les apparences avoit le mot remit
la chose au lendemain sous prétexte qu'il faisoit alors obscur.
Non, non, répartit le Père Beschi, il fait un fort beau clair
de lune et je souhaite que ce soit tout à l'heure. Le brame
voyant sa résolution, se retira et luy fit mettre des doubles
fers aux pieds. H étoit environ minuit, et le père passa dans
cet état le reste de la nuit. Celui à qui l'apostat dont jay
parlé avoit porté ses plaintes et par les ordres de qui le Père
fut arrêté, était le général d'un camp volant que le Roy de
Madurey avoit envoyé pour obliger les princes ses vassaux
à payer le tribut ordinaire. Il se nomme Elamarajapen, celui-
oy fit venir le Père devant luy dès le matin du jour suivant
qui étoit un samedy et luy fit diverses questions. — Quelle
loy il preschoit, quelle langue il parloit, de quel pays il
étoit et autres semblables, auxquelles le Père répondit avec
beaucoup de sagesse. Il luy demanda ensuite pourquoi il
étoit venu en ces pays ci. Pour souffrir les affronts que vous
— 137 —
me faites, répondit le Père, n'y ayant rien de plus glorieux
pour moi que d'être injurié pour la vertu, Pour quelle vertu,
répliqua l'officier, pour la vertu répartit le Père, qui nous
enseigne et qui m'a obligé à quitter volontairement ma pa-
trie, parents et amis, ou j'aurois fort bien pu faire mon salut;
uniquement pour ne pas aller au ciel tout seul, mais accom-
pagné d'un grand nombre d'âmes après leur auoir fait
connoitre, adorer et servir le vray Dieu et non les fausses
divinités quon adore injustement dans ces pays cy. L'officier
ordonna aussitost qu'on luy esta les fers des pieds, etqu*on
le dépouillât. Le Père se dépouilla lui-même quittant une
espèce de soutanne de toille jaunâtre ou couleur de feuille
morte que nous portons et resta avec quelques aulnes de
toille que nous ceignons sur les reins dessous la soutanne ;
vous ne scauriez croire. Madame, combien cela devoit être
sensible à ce Père, non seulement par principe de modestie,
mais encore à cause de notre couleur blanche, qui est pour
nous aussi humiliante au milieu de ces noirs, que le seroit
la couleur noire au milieu des Européans^ à cause que cette
couleur blanche est un indice que nous sommes Européans. Et
qu*en ce pays cy estre tenu pour Européan est la même chose
qu'être tenu pour le plus infâme des hommes, les Européans
qui vivent icy siir les costes de la mer ne peuvent se le per-
suader ets'en mocquent, mais nous qui connaissons mieux le
terrain et qui sommes à la merci de ces barbares ne l'ap-
prenons que trop à nos dépens. Après avoir fait ainsi dé-
pouiller le Père, on Bt apporter des cordes pour le lier et le
fouéter et une espèce de colier ou chaîne pour lui mettre au
col, on fit même battre le tambour pour le conduire au sup-
plice. Ne croyez pas, dit alors le missionnaire, m'effrayer
pas cet instrument de supplice, sçachez au contraire que
vous ne scauriez me faire de plus grand plaisir, et que
c'est uniquement pour obtenir une si bonne fortune que je
— 138 —
suis venu de six mille lieues de loin. Cependant un soldat
gentil y mais amy du Père s*estant approché de TofiScier
lui dit deux roots à Toreille et aussitost l'officier fit rhabiller
le Père ei le prenant par la main le fit conduire dans Ii
maison d'un brame, inconséquence ridicule, après aroir
traitté le Père comme le dernier des hommes, il le fi:
conduire dans une maison de brames, ou ne peuv^t
entrer que des personnes de distinction. La nouvelle de la
prison du Père s'estant répandue, quelques chrestîens de:"
plus fervents vinrent le trouver. Là-dessus on dit à Elama-
rajapen (c'est le nom de l'officier) que cinq ou six rajas
étoient arrivés déterminez à mourir, si on ne relâchoit k
docteur étranger. Les rajas sont une caste fort noble et qui
se pique de bravoure ; ils menacent quelquefois qu*ils se tue-
ront eux-mêmes ou qu'ils mouront lesarmes à la main si on ne
fait pas ce qu'ils prétendent. Cette nouvelle ne laissa pas d'inti-
mider Eiamarajapen et il arriva en même tems d'autres parti-
cularités qu'il seroit trop long de rapporter qui l'obligèrent à ve-
nir au piutost à proposer capitulation. La capitulation ordinaire
en ces rencontres est une bonne somme d'argent, il la demanda
et selon les apparences cen'étoit que pour cela qu'ilavoittant
fait le méchant. Le P. Beschi repartit que s'il avoit de lar
gent il le donneroit plutôt s'il étoit permis pour obtenir une
mort glorieuse que pour s en délivrer. Eiamarajapen fit exa-
miner le peu de bardes qu'on avoit saisi dans le même
tems que Ion arrêta le père, mais voyant que c'étoit très peu
de chose, il les fît rendre au Père, et enfin voyant qu'il
ny avoit rien à espérer, il fit relâcher le Père, au bout de
24 heures de prison. Le Père selon la coutume du pays alla se
laver comme pour se purifier d'avoir été entre les mains de
cette canaille, et prit le chemin de son église .Le Gentil
dont jay parlé qui prit les interests du Père avec autant de
zèle qu'auroit pu faire le plus fervent chrestien proposa que
— 139 —
le Père pour réparation d'honneur fut reconduit à' sa maisoh
sur un éléphant, mais le brame répondit judicieusement
que cela n'étoit convenable ny pour luy ny pour le Père,
pour lui parce s'il faisoit cet honneur au Père on croiroit
qu'il en auroit reçu une grosse somme dont on lui deman-
derait compte, ny au missionnaire parce qu'on croiroit
qu'il auroit donné la même somme et qu'il seroit exposé
tous les jours à semblables avanies, si on se persuadoit
qu'il fut si riche; on se contenta donc de donner au Père
une pièce de toile qu'on nomme Toupaiti et à ses disciples
le pacon et Betle^ le pacon est un fruit que les Indiens
mâchent avec quelques feuilles nommées Vettilei ou comme
les Européans le nomment Betle ou Bétal, le Père de son
côté donna au brame un petit coffret de vernis et un perroquet
de fayence de Chine, l'un et lautre de très médiocre valeur,
et s'en retourna à son église triomphant, s'il faut en juger
selon les maximes du monde, mais en effet lé cœur pénétré
de douleur et les yeux baignés de larmes d'avoir touché si
près à la palme du martyre sans achever d'y atteindre. La
raison pourquoi ce calagam [c'est ainsi que nous appelons
les petites persécutions que nous souffrons), la raison dis-je
pourquoi ce calagam fut terminé en si peu de tems fut parce
queElamaràjapenétoit pressé de partiravec son camp volant,
ce fut aussi par une spéciale providence de Dieu afin que le
Père put prendre des mesures pour éteindre le feu delà
persécution qui gagna bientôt en divers endroits, car le
bruit s'estant répandu qu'on avoit fait mourir le mission-
naire, Maniagarren, c'est-à-dire le gouverneur ou intendant
de la ville de Tencacnhi peu éloignée de Gurucalpaiti crut
que c'étoit une belle occasion pour persécuter les chrétiens.
Il y a de l'apparence qu'il y fut sollicité par le beau-frère
d'un marchand chrétien et son ennemi juré aussi bien que
de notre S^<^ religion, le maniagar fit prendre les chré-
— 140 —
tieii$ ,et piller la maison de ce marchand où Ton troura
pour environ cent écus de marchandise et fit mettre aassi le
sceau à toutes les maisons des chrétiens de la ville, et les
Badagas dans le quartier desquels nous avons une petite
église, conspirèrent entre eux pour la détruire. Le P. Constance
Joseph Beschi reçut cette affligeante nouvelle le dimanche au
soir, c'est-à-dire peu après avoir été élargi; il prit aussitôt les
mesures nécessaires pour appaiser ce nouveau calagam et
il le fit heureusement p^^r le moîen d*un seigneur gentil,
commandant des gardes constituées pour empêcher les vols
ou les restituer. Ce seigneur nommé Chinnananjadeven a été
autrefois grand ennemi des chrétiens et aujourd'hui surtout
en cette occasion est notre défenseur déclaré; nous avons
gagné son amitié par quelques petites curiosités, tant il est
nécessaire & important de faire cette dépense. Le P. Beschi
n'étoit pas encore sorti de cet embarras lorsqu'il apprit la
veille de Noël ce qui se passoit à Cajetarrou autre ville où
nous avons une église appartenant à la même résidence,
Ouganadapulley maniagar supérieur de cette ville se trouva
à Alanculam lorsque le P. y fut arrêté et traitté comme
nous avons dit cy-dessus, et écrivit aussitôt au maniagar
inférieur de persécuter les chrétiens, celui-cy se saisit
. aussitost de quatre chrétiens et pilla leurs maisons. Il vou-
lut faire prendre quatre autres qui sont de caste Vellales, et en
efet les menoist desjà prisonniers lorsque tout le quartier des
Vellales quoique gentils sopposèrent à cette entreprise, en
partie pour l'affection qu'ils ont pour notre S^"^ religion
et pour les missionaires, et en partie parce qu'ils prétendent
que leur quartier est un azile qu'ils ne souffrent pas aisé-
ment que l'on viole, et c'est pour cela que nous considérions
cette église comme la plus sûre de notre mission. La suitte
fera voir que les endroits les plus sûrs de notre mission au
fond ne le sont guère; les soldats qui emmenoient les chré-
— 141 —
tiens voyant qu'on les leur arrachoitdes mains, protestèrent
de la violence qu'on leur faisoit en leur tirant des mains une
proye qui pou voit rendre au maniagar plus de deux mille
écus. Si c'eçt pour cela, répondirent les gentils, que vous les
arrêtez nous en donnerons non seulement deux mille, mais
quatre mille s'il le faut, et en disant ces parolles, ils les obli-
gèrent à relâcher les prisonniers. Le P. Beschi rapporte que
dans cette occasion et plusieurs autres, ces Vellales se sont
cooiportés avec une générosité européanne. Dieu sçait et
et vous pouvez juger, Madame, quelle fut l'affliction du mis-
sionnaire se voyant lui & ses chrétiens persécutés de tous
côtés. Le Père envoya un catéchiste à OugadanapuUey
pour ne pas faire de mal aux disciples d un missionnaire
qu'il venoit de protéger à Alamculam, et luy fit écrire par
diverses personnes de considération, mais ce fut en vain.
Cet Ouganadapulley est Vellale de ceux de Cajetarou, mais
avec je sais quel mélange qui pour lui est une tache, son
père étoit fort pauvre et faisoit l'office de M*' D'EcoUe. Ouga-
naden ou Ouganadapulley (car c'est au fond le même nom)
ne sçacbant où donner de la tète alla àTutucurin, ville mari-
lime proche de Cajetarou et où les Hollandois ont une mé-
chante forteresse, nous y auons aussi des églises. Les habi-
tants paravas qui est une caste peu considérée des gentils,
mais que Dieu a choisie pour être la première de ces quartiers
qui ait embrassé la foy, et que S' François Xavier a con-
vertie et cultivée avec tant de travaux, depuis ce tems la la
religion s*est conservée dans cette caste qui habite le long de
la côte de la pêcherie, et les pères de notre compagnie ont
continué à la cultiver jusqu'à nos jours. Ils l'ont cultivée
au reste sans s*accommoder aux coutumes du pays, mais
vivant à l'européenne et c'est ce qui a rendu notre S<» loy
et ceux qui la prêchent si méprisables dans l'Inde. Ouga-
nadapulley fit l'emploi d'écrivain chez un chrétien parava
— 142 —
qui l'adopta pour' frère, jusqu^à manger avec lui les restes
de la mère d'Ouganaden et Taida à faire fortune ; il en fit uih
si grande qu'enSn il est parvenu à être grand maniagar, le
séjour qu'a fait Ouganaden à la cote lui a donné une pleine
connoissance et par conséquent un souverain mépris pour
les Européens et une médiocre connaissance et un ni^iris
et haine mal fondée pour notre S^ religion qu'il ne peut
ignorer être la même que nous prêchons dans les terres et
que nos frères prêchent à la côte, et que par conséquent que
quelqu'effort que nous fassions pour dissimuler notre patrie
nous sommes en effet ceâ Européans si odieux et si mépri
sables aux Indes sous l'odieux & infâme nom de Parangiiis,
et qu*une telle loy toute S^^ qu'elle est prêchée par de tels
gens ne convient point à la noblesse de sa caste. Ougana-
dapulley respirant comme un autre la vengeance et la haine
contre le troupeau de J.-C, vint en personne à Caje-
tarrou; c'est icy dit le P. Beschi que la douleur ne me per-
met qu'à peine d'écrire ce qui se passa. Cet ennemi juré de
notre religion assembla le dimanche toutes les castes. Brames,
Vellales, marchands, et même les pallas ou parias qui sont
les plus infâmes. Inspiré du démon, il leur fit une harangue
composée d'autant de blasphèmes que de paroUes, tournant
en ridicule nos plus saintes cérémonies, vomissant mille
horreurs contre le sacrement de confession qu'il traduisoit
en mystère d'iniquité, et publiant tout ce qu'il auoit vu à
la côte qu'il crut pouvoir nous rendre plus odieux et exé-
crable, il conclut en animant le peuple à aller sur le champ
détruire l'égliseque nous avions dans le quartier des Vellalles
et il ne fut que trop éloquent : tout le peuple en fureur et
jusqu'aux plus basses castes vint fondre sur notre église
et sur notre maison et après avoir tiré le peu qu'il y trouva
qui fut mis en dépost« il détruisit l'un et l'autre jusqu'aux
fondemens. Il y avoit longtemps qu'Ouganadapuiley conser-
— 143 —
voit cette haine dans son cœur, mais ce qui le détermina
alors à en venir à cette extrémité a été le grand nombre de
conversions qu'il y aeu Tannée passée à Cajetarrou, où plus
de quatre-vingt et dix personnes ont reçu le S^ batème
et parmi elles, deux qui étoient des principaux, ce qui a
achevé de l'irriter est une parole de ces deux néophytes.
C'est la coutume en ces pays-cy que certains Brames ou
autres aillent de ville en ville et de bourgade en bourgade
faire la lecture d'un poème qui contient les avantures plus
que romanesques d'un de leurs dieux et après que cette
lecture est faite on a coutume de faire un présent au lecteur.
Un de nos chrétiens de Cajetarrou fut invité à assister à
cette lecture, celui-cy répondit : Pourquoi aller entendre les
contes d'un Dieu prétendu à qui on a enlevé sa femme?
Cette raillerie piquante fut rapportée au maniagar et nous a
coûté bien cher. Au milieu de ces vexations les Chrétiens
quoique consternés sont restés constans, cependant deux
baptisés depuis peu, par un long silence ont trahi leur foi
car, interrogés s*ils renonçoient à la foy, leurs parents
crièrent qu*ils la renonçoient et eux par une lâche timidité
se turent croyant peut-être qu'ils n'étoient point obligés
à dédire leurs parents et qu'il sufRsoit de ne pas renoncer
en termes exprès. Ce n'est pas ainsi qu'en a usé un chrétien
deTencacchi: les soldats qui ne le connoissoient pas le pre-
nant pour un gentille renvoioient disant qu'ils n'en vouloient
qu'aux chrétiens. Si c'est aux chrétiens que vous en voulez,
reprit celui-cy, je suis Xtien aussi bien que ces autres,
traitez-moi comme eux. et en effet il fut arrêté. Telle a été
l'issue de ce fatal calagam de Cajetarrou sans que jusqu'à
présent on ait pu raccomoder les choses; au contraire le
maniagar est plus obstiné que jamais et prétend tirer de
grosses amendes non seulement des chrétiens qui ont em-
brassé la foy, mais encore des Gentils Vellalesqui nous ont
— 144 —
soufferts si longtemps dans leur peuplade, ce qui sans doute
sera un grand obstacle à la conversion de ces pauvres gentils
qui étoient assez portés à embrasser la foy de la vérité de
laquelle ils sont très convaincus et Dieu veuille que cela
ne fasse pas rétrocéder ces nouveaux chrétiens.
Cependant les persécutions ne sont pas terminées. Aux
trois que je viens de rapporter, Dieu, pour éprouver la cons-
tance des chrétiens et donner plus d'occasions de mérites.
permitqu'il survint unequatrième bourasquele jour de Noël.
Lorsque le P. Beschi disoit la troisième messe et étant sur
le point de consacrer, entendit un bruit confus parmi les
chrétiens qui assistoient au saint sacrifice. S'étant informé de
quoi il s'agissoit, on lui répondit que cinq ou six Turcs à che-
val étoient arrivés de Tirouneloeli, ville capitale de toute la
province, dont le seul nom est formidable aux missionnaires
qui y ont été plusieurs fois menés prisoniiiers, et souffert
bien des avanies. Il est aisé de juger quelle peine ce fut pour
le P. Beschi de se trouver dans un si grand péril, et au mi-
lieu du S^ sacrifice. Il acheva cependant la messe le mieux
qu'il lui fut possible, il en eut le tems, parce que les Turcs
s'arestèrent dans un petit bois proche du village, la messe
finie, un Turc, un Brame, et le maniagar demandèrent à
parler au P. et lui dirent que le Turc, Seigneur de la peuplade,
les auoit envoyé pour s'informer si Elamarajapen auoit tout
restitué, pour l'obliger à restituer s'il manquoit encore quelque
chose; le P. leur répondit que tout avoit été fidèlement
rendu, le reste de l'entretien se passa en civilités réciproques
après quoi ils se retirèrent. L'expérienee nous enseigne que
ces sortes de visites de gens inconnus sont ordinairement des
pronostiques de Calagam: ainsi le P. plia bagage sans rien
laisser dans cette Église et dans la maison et se retira à une
autre. Ce fut une providence de Dieu toute particulière, car
à peine le P. s'étoit-il retiré que l'ennemi reuint^ et enrageant
— 145 —
de ne rien trouver ny le père ny les catéohtôtest ils enme-
nèrent trois ou quatre habitans chrétiens qu'ils conduisirent
à une peuplade voisine et le jour suivant les renvoyèrent à
l'instance du Brame, mais aussitost après eux reuinrent ces
furieux et enfonçant la petite fenêtre de la chambre du Père
cherchèrent à piller, ne trouvant rien, ils se retirèrent hon -
teux, mais toujours résolus à ne pas désister de leur entre-
prise* En efet, quelques jours après ils prirent cinq bœufs des
habitans outre six autres qu'ils avoient déjà saisi et emme-
nèrent prisonniers k Tirounelveli deux habitans Tun des-
quels est un bon vieillard d'une grande piété, le Turc princi-
pal qui a ses droits sur Gurugalpatti les retint trois jours et
se fâcha fort contre le maniagar qui lui avoit fait espérer
qu'il pouvoit tirer de grosses sommes du missionnaire; au
bout de trois jours il les renvoya en leur donnant par écrit
une promesse qu'on ne feroit aucun mal aux habitans et qu'ils
pouuoient revenir en toute sûreté, car ils s'étoient retirés.
Le maniagar rappella en effet les habitans, mais il leur de-
manda d'abord quatorze écus pour les frais de la venue des
Turcs, il se retrancha ensuiteà cinq, les habitans refusèrent de
les payer, le maniagar les chargea sur le catéchiste dont l'im-
prudence a été la cause de tant de tumulte. Cependant le
P. Beschi d'épuisement causé du travail et beaucoup plus de
l'affliction extrême que lui a causé tant de trouble, et l'état
misérable de sa résidence, est tombé malade, Dieu veuille lui
rendre la santé nécessaire pour consoler & raffermir les chré-
tiens que ces sortes de troubles intimident extrêmement, car
vous n'ignorez pas, Madame, de nature qu'ils sont naturel-
lement extrêmement timides, prions le Seigneur qu'il fortifie
par sa grâce notre foiblesse naturelle.
Je vous ay fait tout ce détail. Madame, parceque j'ai cru
que rien ne pouvoit vous donner une idée plus juste de notre
mission où nous sommes continuellement exposés à mille
— 148 —
avanies, où le dernier des hommes peut nous causer les plus
fâcheuses affaires, où dans les endroits mêmes les plus sûrs
nous sommes dans de continuelles craintes ou nous ne pou-
vons pas encore nous assurer d^achever tranquillement
l'auguste sacrifice de nos autels ou dans Tim possibilité où
nous sommes de donner de l'argent aux Gentils, ce qui ne
feroit qu'irriter leur cupidité, et nous attirer persécution sur
persécution ; nous n'auons point d'autre moyen de nous faire
des protecteurs que quelques curiosités données à propos» ou
enfin nous auous bien besoin des prières de nos amis pour
obtenir du ciel la prudence & la constance nécessaire pour nous
bien conduire nous et notre petit troupeau, sur tout dans les
occasions périlleuses des persécutions. Je vous demande très
particulièrement les vôtres et suis avec un très profond respect
et beaucoup de reconnaissance,
Madame,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
De Bourzbs,
Missionnaii'e de la Compagnie de Jésus.
Ayez la bonté de pardonner les fautes qui sont contre la
propriété de la langue que j'oublie de plus en plus faute
d'exercice; permettez moy, Madame, de saluer très parti
culièrement toutes les personnes de votre illustre famille.
Dans un prochain article, nous passerons en revue
les ouvrages du P. Beschi.
Julien ViNsoN.
(A suicre).
QUELQUES MOTS
SUR
LtTUDE COMPARÉE DES LinÉRATURES
f/histoire de rhomme est dominée par un fait posi-
tif : l'unité de Tesprit humain dans la pluralité des
races *
Or, une science née récemment» et déjà contestée,
la <( Mythologie indo-européenne », repose sur l'his-
toire incertaine d'une migration des Aryas, issus des
hauts plateaux de TAsie à une époque indéterminée.
Cette théorie constate, à l'origine^ une communauté
de langue et de religion entre les peuples « aryens»,
mais elle écarte comme « harbares » les peuples
« anaryens ». A la vérité, la linguistique et l'exégèse
révèlent une étroite parenté intellectuelle entre les
groupes ethniques de souche aryenne, qui ont em-
porté dans leur dispersion les éléments primordiaux
de la civilisation indo-européenne. De même que le
pieux Énée sortant de Troie, ils ont quitté leur pri-
mitif séjour
Cum aociia nataque^ Penaiibus ac magnis Dis.
Et c'est pourquoi l'école linguistique a rapproché
avec fruit des idiomes divers, pour saisir leur affinité
— 148 —
OU leur dissemblance originelles, pour marquer le
point où ils se séparent d'un troiic commun, pour
reconnaître enOn dans l'histoire des mots l'histoire
même des races humaines. En effet, les travaux de
Bopp, de Burnouf, de Schleicber, de Michel Bréal,
ont élucidé le problème de l'origine des langues et
établi assez nettement la filiation des idiomes indo-
européens.
L'étude comparée des mythes, entrée avec Max
Mullèr, Tylor et Andrew Lang dans une période
vraiment scientifique, a porté plus loin le champ de
ses investigations. Ces savants n'ont pas rapproché
seulement les traditions des peuples apparentés par la
langue; ils ont aussi comparé la mythologie de toutes
les nations connues, soit aryennes, soit anaryennes. A
leurs yeux, nul groupe d'hommes ne forme d'îlot soli-
taire, nul océan infranchissable ne sépare les peuples.
Ils se rejoignent tous par de secrets chemins, et c'est
seulement par une fiction de l'esprit que nous pou-
vons les isoler dans u l'ample sein de la nature y>. Mille
observations, en effet, révèlent la ressemblance,
souvent même Tidentité des symboles, des cou-
tumes, des croyances, chez des peuples séparés par
la langue, par l'histoire et par la race.
Nous n'invoquerons pas ici l'universalité souvent
constatée d'usages ou de fables, qui répondent aux
besoins physiques ou aux aspirations morales de Thu-
maine nature, et, à ce litre, se rencontrent dans la
— 149 —
plupart des pays, aussi bien parmi les Gafres, les Aos-
traliens et les Peaux-Rouges» que parmi les Aryas,
les Sémites et les Chinois \ Ces manifestations primK
tives de Tactivité sont d'ordre naturel; elles n'im-
pliquent pas l'existence de relations historiques ou
préhistoriques. Mais nous relèverons parfiiis, chez les
peuples les plus divers, une correspondance minu-
tieuse dans les mœurs, dans les légendes, dans les
usages, et, — fait caractéristique, — dans les rites*.
M. Gaidoz observe, dans l'histoire des religions, si
fertile en rapprochements, des analogies frappantes
entre le « Qchement du clou » à Rome et chez les
nègres bantous du Congo*. Les « roues de fortune )>
renfermées dans certaines églises de la Basse-Bre-
tagne et que les fidèles font tourner à la main ou avec
une corde pour obtenir la protection d'unsaint, existent
aussi dans les temples bouddhiques du Japon. Ces
1. C'est ainsi que les contes renfermés dans le recueil bond-
dhiqae le Panichatantra ont circulé parmi les peuples de l'anti-
quité avant qu'ils fussent reproduits en arabe, en bébreu, en
grec, etc. Le conte japonais de V Homme à la Zou/><? est bien connu
en Occident. Il figure sous différents noms, et avec des variantes
dont la principale est le changement des loupes en bosses, parmi
les récits populaires bretons, picards , allemands^ irlandais, cata-
lans (V.Japanese Fairy Taies Séries (Tôkiô, Kobunsha, éd.)»
1895.
2. Les chaityas bouddhiques^ par exemple^ creusés dans le roc
plus de deux siècles avant notre ère, offrent les dispositions inté-
rieures de nos ^lises. V. Fbrgusson, Cave Temples of India,
Londres, 1880.
3. Rome et Congo : Un parallèle f dans la Reçue de P histoire
des religions^ v. VIL
11
— 150 —
roues sont analogues aux disques magiques utilisés
par les Grecs dans les mystères sous le nom de ^6(i5oi
ou de xuxXoi, et empruntés, suivant Clément
d'Alexandrie, aux Égyptiens'. En dehors des analo-
gies doctrinales entre le bouddhisme et le christia-
nisme, les bonzes pratiquent les circumambnlations
processionnelles, la bénédiction avec la main droite,
la récitation deâ litanies, la confession, l'ascétisme
monacal.
M. Goblet d'Alviella^ étudiant Tarbre céleste sous
son triple aspect d^arbre cosmogonique, d'arbre de
vie et d'arbre de science, démontre que celle concep-
tion n'est pas seulement aryenne ou sémitique ; elle se
rencontre chez les peuples les plus variés. De même,
l'arbre entre deux personnages affrontés, d'origine
mésopotamienne, existe à Java et dans l' Amérique
Centrale*. Parmi les emblèmes, la croix équilatérale,
très antérieure au bouddhisme et au christianisme,
n'est-elle pas un objet de vénération chez presque
1. V. Les Roues liturgiques de l'ancienne Égyptey dsois les
Bulletins de l'Académie royale de Belgique (nov. 189B, p. 4d9
sqq.).
2. La Migration des symboles, Paris, 1891. •
3. Voilà pâut-être un nouvel indice des relations très anciennes
qu'A, de Humboldt soupçonnait entre l'Asie Orientale et ie
^ord-ouest de TAmérique précolombienne. La comparaison des
masques en usage dans ces deux régions nous fournira aussi une
présomption favorable à lexistenoe de ces relations. V.E. Schnkl-
LENBACH : Sur les immigrations d'un ancien culte asiatique en
Amérique (Vlli'oongrès international des American isles). Paris
(cet. 1890^.
tous les peuples de r ancien et du iVonve^iirMonde?
La présence de la croix gammée n'a-l-elle pas été
signalée dans toiit TOrient, en Afrique, dans les dei^x
Amériques, jusqu'en Patagonie, et sur des botj^ts
que les Indiens Pueblos agitent dans leurs danses
religieuses'? Enfin le bouddhisme de l'Ëxlrême-
Orient ne connait-il pas le foudre de la mythologie
classique {vajra sanscrit et dordj l'^bétain), quî sert à
bénir les fidèles et à exorciser les démons, le rosaire,
appelé dans 1- Inde « guirlande à prières )^ japa-^mAlây
le létrascèle, le disque solaire des Komains et des
Celtes, et même Timagedu Bon-Pasteur sous les traits
de la divifiité Kouan-Yin*?
L'auteur de la Migration dex Symboles rapporte,
parmi de nombreux témoignages, un singulier exemple
d'identité de croyance :
La lutte de la lumière contre les ténèbres, du soleil
contre le nuage, est fréquemment représentée, dans
l'antiquité classique, par Timage d'un combat entre
un aigle et un serpent. On trouve ce symbole en Grèce
1. E.-T. Hamt, Le Svastika et la Roue solaire en Amérique^
dans la Reçue d'Ethnographie, 1885. — Relation du voyage, de
M. de la Vaulx en Patagonie, 1899.
2. Le Mercure criophore avait déjà fourni aux premiers chré-
tiens le type do Bon-Pasteur, que Ton a retrouvé, suivant
MM. Grunwedel et Â. Foucher^ sur une image du Gandhàra.
V. sur ces rapprochements : Das Etangelium von Jesu in seinen
Verhàltnissen su Buddha-Saga und Buddha-Lehre, par R. Sky-
DEL, et The Neœ Testament and Buddhism, dans la Contbmpo-
RART Rbvibw (déo. 1880).
— 152 —
dès répoqoe homérique. Dans la description d'un
combat entre Grecs et Troyens, VIHdde rapporte l'im-
pression produite sur les troupes de Prium par l'appa-
rition soudaine d'un aigle tenant un serpent entre les
serres. « Mais le rei^tile palpitant n'oublie pas de lutter,
» car il se redresse et déchire la poitrine et le cou de
» son ravisseur. L'aigle, vaincu par la soufifrance, le
)> laisse enfin échapper*. » Au regard des Troyens, la
victoire du serpent présageait leur propre défaite, et
le découragement fit tomber leur ardeur :
V espoir changea de camp^ le combat changea tfâme^
devant le signe du dieu gui porte Tégide, Atdç xépoç
alyi6)(pio.
Or. cet emblème reparaît dans la symbolique des
Aztèques. Les manuscrits originaux rapportent que
les premiers conquérants du Mexique furent déter-
minés à fonder leur capitale par Tapparition, sur un
nopal, au soleil levant, d'un aigle tenant un serpent
entre les serres\ Ce motif figure encore dans les armes
de Mexico. Il était regardé par les Aztèques» ainsi que
par les contemporains d'Ulysse, comme un gage de
victoire et de puissance. Et cependant, ajoute non
sans ironie M. Goblet d'Alviella, il est peu probable
que les Aztèques aient jamais lu Homère.
1. HoMÂRE, Iliade, XJl, vers 200 sqq.
2. Albert Réville, Les Religions du Mexique, Paris, 18fô.
V. aussi Le Mythe de Votan, étude sur les origines asiatiques de
la oivilisatioo américaine par H. db CHARENCEY(AleDÇon,1871).
— 153 —
«
Les œuvres littéraires des peuples les plus diffé-
rents abondent aussi en ressemblances qui franchissent
les bornes des pays unis par des relations et brisent
les barrières de l'histoire.
Max Mûller a signalé des expressions communes à
r Edda et à Homère. D'après la mythologie Scandinave
la moins contestée, Thomme fut tiré d'un frêne. Dans
Hésiode, Jupiter fait sortir des frênes la troisième
race des hommes, et nous voyons par un discours
de Pénélope à Ulysse que cette tradition n'est pas
inconnue aux Homérides: «Dis-moi quel est ton pays,
d'où es-tu? car tu n es pas sorti de l'arbre antique '. »
Tel est encore le mythe si poétique d'Endymion
s*endormant sous les baisers de Séléné, que Max
Mûller a retrouvé dans la littérature africaine, en dia-
lecte béchouana, pour traduire la disparition du So-
leil devant la douce clarté de la Lune. La comparaison
de r Évangile de rbinfance avec le Lalita Vistara
permet de reconnaître dans les écritures bouddhiques
les paraboles de la Samaritaine et de l'Enfant pro-
digue*. M. Léon Feer n'a-t-il pas découvert chez les
1 . Max Mûller, Essais de Mt/ihologie comparée. Trad. Per-
rot. V. aussi l'article de M. d'Arbois de Jubainvillb, Les
Nombres 3 et 9, 7 et 50 dans la littérature homérique et ches
les Celtes (Revue des Traditions populaires, 1898, p. 289).
2. V. G. Brunet, Les Étangiles apocryphes. Paris, 1849. —
Lalita Vistara (trad. Foucaux dans les Annales du Musée
Guim£t)tet S. Bzal^ .Buddhist Scriptures from the Chinese.
Londres, 18'/1. On trouve aussi dans les annales de tous les
peuples, sauf peut-être chez les Africains, le récit d'un déloge
— f 54 —
Mongols le thème de la légende c^tique de Tristan et
Yseuit, ainsi que l'histoire classique de Midas ^ re-
tracée avec une étonnante exactitude'?» Enfin la
légende de Persée, entre beaucoup d'autres, n*est-elle
pas vraiment universeHe?
Observons maintenant la littérature dramatique
d'un pays resté, pendant des siècles, rigoureuse-
ment fermé aux influences occidentales, le Japon.
Ei\ dehors des lois esthétiques qui ne font point
partie du patrimoine intellectuel d'un peuple dé-
terminé, nous constatons que le théâtre, au Pays du
Soleil levant, a suivi la voie commune au drame grec
et au mystère français. Ainsi se confirme Tuniversa-
lité des pi*océdés qui appartiennent à la poétique gé-
nérale de l'humanité. Gomme les <( miracles» krish-
haïtes, qui furent représentés dans l'Inde, suivant
M. Bartb, dès le II* siècle avant notre ère*, le
nô japonais fg est issu de cérémonies liturgiques
nommées kagura JFT ^ Ife*; il possède le chœur
de la tragédie antique, à la fois confident et inter-
universel. Les Bràhmanas montrent Mânoa s^embarquant, comme
Noé^ dans une nef qui s'échoue, après rinondation, sur la mon-
tagne du Nord (V. Sylvain Lévi. La Doctrine du sacrifirt*
dans les Bràhmanas. Paris, 1898). {Bihlioth. de l'École drs
Hautes-Études, vol. XI).
1. Les Contes Mongols,
2. Les Religions de l'Inde.
3. Les Kagura existaient déjà au III* siècle; mais elles furent
surtout en honneur à IVpoque de l'empereur Kammu, il y a
1100 ans environ.
— 155 —
prête du sentiment populaire, sous ie nom de/i Ht,
le drame satyrique ou kîogen ^ 3*, et jusqu'aux
personnages essentiels de la comédie gréco*latine^
On peut encore signaler au Japon l'usage des masques,
rrrnportance des mimes/Femploi des hommes pour les
rôles féminins, l'adaptation à la scène de légendes
héroïques et religieuses, enfin plusieurs traits com-
nnuns au théâtre d*£xtréme-Orient et au drame de
notre antiquité classique'.
Comment donc expliquer ces concordances?
Hormis le cas de ressemblances constatées entre
des peuples unis par la communauté de la descen-
dance, de la tradition ou de l'éducation, deux solu-
tions seulement s'offrent à notre jugement: ou bien
1. (( lis représentent l'amoar d'an vieillard sévère, le caractère
tt d*un valet foarbe et malicieax, ou d'une courtisane qui n'omet
» rien pour plumer son galant, ou enfin un jeune homme qui se
ï) plonge dans les débauches. » Ambassades mémorables de la
Compagnie des Indes Orientales (Amsterdam, 1680).
2. V. Ëmilf. Guimet, Le Théâtre au Japon (Paris, 1886);
Lequeux, Le Théâtre japonais (Paris, 1889); Léon de Rosny:
adaptation à la scène française d'une pièce japonaise. Le Cou-
cent du Dragon tcrt (Paris, 1890). Parmi les articles de revue et
les traductions, nous signalerons : The Bloodstone, A Japancse
It/rical drama translated into english (Belgravia); Bousquet,
Le Théâtre au Japon (Rerue des Deux-Mondes, 15 août 1874);
Le Japon, Théâtre, acteurs, actrices (Reçue de Géographie in-
ternationale, 1884); Ck)MTE Meyners d'Estrey, L*Art drama-
tique en Extrême-Orient (Annales de l* Extrême-Orient et de
l'Afrique, vol VIII, p. 225); Japancse Lgric Drama (Cornhill
Magasine, vol . XXXIV, p. 419) ; Wingfielo, Plaggoing in Japan
(Murrag's Magasine, aiotii ISSl y Lonâon); Pfizmaier^ Traduc-
tions; The Far East (suites d'articles, 1898-99,) etc., etc.
— iso-
les conceptions identiques ont passé d'un pays a
l'autre par voie d'emprunt, — ou bien elles se sont
produites isolément, spontanément, en vertu d'ane loi
générale et permanente de l'esprit humain ^
Ce dernier cas, à notre avis le plus fréquent, sup-
pose, chez tous les peuples, dés centres de création
1. Ainsi le genre dramatique japonais Sarugaku no nô,
^ fH lË nons parait sorti d'une évolution naturelle, plutôt
que transplanté des contrées occidentales. On s'est demandé si les
procédés scéniques de Tart grec n'auraient point pénétré de l'Inde,
dans la Chine et le Japon avec le bouddhisme. Le Nihon-gi
signale en effet 1' « indo-gaku » parmi les représentations
scéniques d'origine occidentale. Mais le théâtre indien lai-
môme a-t-il subi l'influence de la civilisation grecque? Rien
n'est moins démontré. M. Sylvain Lévi a expliqué les carac-
tères du théâtre indien comme le développement spontané du
passé littéraire et religieux de l'Inde et en a défendu l'origina-
lité contre Weber, Bran dès etWindisch (v. le Théâtre Indien,
Paris, 1890, et Quid de Grœcis ceterum Indorum monumenia
iradiderlnt). D'autre part, les pèlerins bouddhistes qui, du IV* au
X* siècle, allèrent puiser à sa source la loi du Maître et rappor-
tèrent en Extrême-Orient les livres sacrés de l'Inde, ne semblent
pas avoir révélé la technique du théâtre indien aux lettrés chi-
nois et japonais. Ces spectacles les étonnaient sans les intéresser,
et^ autant que nous en pouvons juger, étaient peu ou mal com-
pris (V. Ed. Chavannbs^ Mémoires sur les religieux èniinents
qui allèrent chercher la loi dans les pays d'Occident, par l'tsing,
et la traduction anglaise de Takarusu). Quant à l'expansion
gréco-bactrienne au delà du Pamir, elle reste & l'état de pure
hypothèse: les monnaies bilingues rapportées récemment du
Kashgar et attestant le contact des civilisations grecque et chi-
noise, sont en caractères kharoshthi-chinois et non gréco-chinois.
L'écriture kharoshthi n'a rien de grec, et ses prototypes existent
dans un alphabet sémitique, probablement araméen (V. Bulletin
Académie Inscr, et Belles-Lettres, juillet 1898, et Halévt^
Revue sémitique de juillet 1895).
— 187 —
iodépendanls et autonomes, qui semblent démontrer
qae te fonds primitif des races est partout le même. Il
u'est point aryen ou anaryen, il est humain. Dans
tous les pays, l'âme des hommes renferme, avec les
premiers principes, des tendances originelles, néces-
saires, vers une évolution déterminée'. Partout elle
obéit à une logique infaillible, qui trouve sa loi secrète
dans la nature même de Tentendement. C'est ainsi
que dans tout pays, la poésie est la première forme du
sentiment littéraire et que le genre dramatique, sui-
vant la remarque de M. Faguet, se subdivise jusqu'à
rémiettement dans le cours des âges'. Or, si a le
» point de départ est commun à toutes les races,
» toutes ne marchent pas du même pas dans le dé-
» veloppement intellectuel ». Ainsi Tart du théâtre,
en Grèce et dans Tfnde, formé d'éléments identiques
chez ces deux peuples, a cependant produit deux
genres dramatiques divergents : la tragédie, — le nâ-
takck*. L'architecture romane, en parfaite harmonie
avec la littérature, revêt en France, au XP siècle,
des formes variables suivant les régions : le même
thème artistique, interprété diversement, atteste Tin-
dividualilé, le génie particulier de nos provinces. En
Normandie, une race jeune et sortant à peine de la
barbarie élève des monuments à son image; ils sont
1. Cf. la Prakrti da système philosophique indien Sàmkhya.
2. Drame ancien. Drame moderne,
3. Sylvain Lévi^ Le Théâtre indien.
— 158 —
vlgonrèux et frustes. Les sombres églises (TÀuvergoCt
bâties en laves, ne parient point le même langage qoe
les frêles chapelles du Poitou, ouvragées comme des
coffrets d'ivoire ou de métal. Dans le Midi» les 6g:anes
du cloitre de Saint-Tropbime, à Arles, et du portail de
Saint-Gilles, les pilastres cannelés à la romaine de
Notre-Dame d'Avignon et les fines coionnettes du cou-
vent de Moissac sont conformes à la tradition de la
sculpture antique. Il semble que l'art de cette époque
s'exprime par des dialectes divers. Et ces formes ar-
chitecturales nont p.is été adoptées en vain; elles
expriment hautement l'instinct des races; ce sont des
manifestations distinctes, mais étroitement apparentées
du génie français :
Faciès^ non omnibus una^
Nec diversa tamen; qualem decet esse sororum.
Cette adaptation nécessaire entre le milieu et
rètre vivant nous explique encore que la civilisation
soit si inégalement répartie sur le globe. Les N'javi
mènent toujours la vie errante et misérable de leurs fa-
buleux ancêtres, les Pygmées, et leur langue est si
pauvre qu'elle n'exprime pas même l'idée de la divinité.
Comment pourrait-il en être autrement dans des soli-
tudes stériles? Néanmoins, lorsque plusieurs groupes
d'hommes se trouvent dans les mêmes circonstances,
ils tendent à croire, à sentir, à agir de la même façon.
Et c'est pourquoi le Bouddha rédempteur, comme Pro-
méthée cloué sur son rocher pour l'amour des hommes,
— 189 —
«
ne diflëre pas essentiellement du Cfirist, -^ taoihi
conception du rachat des fautes s'impose avec force à
Inhumanité*.
Le groupe des peuples aryens ne nous para!t donc
pas former une famille isolée, un monde fermé aux
populations étrangères à son inspiration et à sa cul-
ture. Sans doute, le génie indo-européen a trouvé
dans l'antiquité gréco-latine l'expression parfaite de
la beauté classique. Mais la Grèce et Koine, ces deux
foyers d'intense lumière, n'ont pas brillé isolément,
sans reflet sur le monde. Leur éclat ne doit pas nous
empêcher de voir le long passé de la funéraire Egypte,
ni l'histoire millénaire de la vénérable Asie, « déjà
vieille, dit Michelet, cinq cents ans avant Jésus-
Christ ». Et si l'Asie est le berceau de l'humanité, lés
peuples qui ont évolué du « nœud du monde » vers
l'Occident méritent-ils seuls de nous occuper'?
« On connaît rhistoiro de quelques nations; on
ignore le genre humain. » Cette belle parole de Bos-
1. Il y a aussi du Messianisme dans le rôle du Bouddha. Avant
Çakya-Mouni, l'Inde semble avoir vécu dans Tattente d'un
Messie: le Cakravartin (V. E. Sèk art ^ Essnis sur la légende du
Buddka, 1882). Pareille observation s'applique à la Chine an-
cienne: M. Maurice Courant observe que le caractère Jou expri-
mait, suivant le P. de Prémare, l'attente d'une rédemption.
2. Un axiome reçu au nombre des vérités banales assure que
(( la civilisation suit le cours du soleil en se dirigeant de l'Orient
vers l'Occident ». Cette proposition, fort contestable, paraîtra
moins surprenante si nous l'entendons cum (jrano salis, en nous
rappelant qu'elle fut formulée pour la première fois au delà du
Rhin, par Herder, et reprise par Hegel et son école. -^
— ieo~
suet sera moins vraie lorsque la science comparée des
traditions, des mœurs, des littératures, nous aura fait
connaître tous les peuples, soit qu'ils parcourent une
carrière brillante, soit qu'ils paraissent « endormis,
comme dit le Moïse d'Alfred de Vigny, du sommeil de
la terre ». Telle peuplade océanienne» humble et bar-
bare, perdue dans le vaste système de l'univers, se
présente à nous comme un document scientifique
précieux, si elle marque un « moment » dans l'histoire
progressive de l'homme. Elle est comme un anneau de
la chaîne ininterrompue des sociétés ; et si elle met
sous nos yeux l'enfance de l'humanité, le prologue
du drame éternel qui se joue sur la scène du monde,
« nous saisirons les débris de ces époques reculées
» avec l'empressement d'un biographe qui trouve
» quelques griffonnages tracés par son héros encore
» enfant, alors qu'il était bien lui-même*... v> Entre
le passé et l'avenir, — on l'a souvent remarqué, —
la transition s'accomplit comme tout ici-bas, par une
succession de mouvements inaperçus, parfois contra-
dictoires, dont le résultat général est identique et
concourt à l'évolution universelle. Ne retrouvons-nous
pas encore aujourd'hui sur les visages basques les
grands traits originels de la famille ibérique ; en Nor-
mandie, les yeux couleur d'océan des anciens marins
Scandinaves ; et en Provence, des physionomies la-
1. Max Mûller, Essais de Mythologie comparée (Trad.
Perrot).
- 161 -
Unes, qui ne diffèrent guère des bustes de nos musées?
Les costumes eux-mêmes sont, dans nos campagnes,
vénérables et expressifs. Les] paysans de Bethmale
n'ont pas abandonné l'habit charmant et suranné de
leurs ancêtres, et les femmes du Centre portent tou-
jours ces longs manteaux de deuil que nous voyons
aux pleureuses des tombeaux du XIV* siècle. Enfin la
coiffure artésienne montrerait, a défaut de la littérature
provençale, que le pur goût classique est toujours
vivant dans le pays de Camargue, qui eut jadis sur
ses promontoires des temples d'Apollon et de Vénus
Astarté.
I.e principe fécond de la continuité naturelle, for-
mulé dès l'époque des philosophes éléates, s'applique
donc au développement graduel de l'esprit humain
dans sa marche régulière, incessante, à peine troublée
par les orages et les révolutions. L'histoire a conservé
le souvenir de crises sociales, d'invasions soudaines
qui devaient frapper de stérilité le sol foulé par les
Barbares. Elles ont pu ruiner la puissance matérielle
d€s nations ; jamais elles n'ont entièrement détourné
leur vie intellectuelle de son cours naturel. Durant ces
jours sombres, la conscience nationale sembla s'éva-
nouir dans la poussière des galops, dans la fumée
des incendies ; les ténèbres se firent, et les peuples
tremblèrent, écoutant passer l'épouvantable trombe.
Puis, la tourmente prit fin. Des hommes se levèrent,
qui renouèrent la tradition interrompue, et souvent
vatnqqears de leur farouche oppresseur, transmirent
à leurs descendants le trésor lentement accru de leur
âme collective : Régna ex infimo coorta $upra impe-
rantes constiterunt\
Ainsi rame humaine a sa vie propre et continue. 11
importe de la découvrir sous les formes transitoires de
Tart et des littératures. Elle reflète la civilisation dans
sa marche et en dessine la courbe par sa propre his-
toire. Elle anime même les paysages. Pourquoi la
Bretagne, cette pauvre terre de granit, exerce-t-elle
sur nos cœurs une si grande puissance de séduction?
Elle possède en vérité un charme profond |>ar ses
tristes landes, par ses fougères et ses chemins creux.
Mais elle nous touche surtout par sa mystérieuse his-
toire, par ses douces légendes, par ses gracieuses fées
des lacs, légères comme une vapeur et couronnées de
fleurs, par ses chevaliers mystiques, idéales figures
d'immaculée perfection, pareilles à de claires et sèches
images de missel. La Bretagne nous émeut par sa mé-
lancolie, mais c'est l'âme de la race celtique que nous
aimons en elle. Sur les routes armoricaines, les che-
valiers de la Table-Ronde sont toujours en quête du
Graal, et dans la forêt de Brocéliande, Merlin l'en-
chanteur est toujours prisonnier.
C*esl donc l'histoire de l'âme, sans cesse modifiée
par le mouvement des idées, par l'évolution de l'orga-
nisme social, par le contact des races étrangères, qui
1. Sânèque, Quœst, natur., III^ Prœfatio,
— 163 —
constitue l'histoire même de rhommc. C'est en effet
autour d'une idée morale que se groupe une nation,
par la communauté des souvenirs et des aspirations,
non point par les fatalités de la géographie. Quel lien
maintient la forte unité du peuple d'Israël? Un livre,
l'Ancien-Testament, qui, depuis Nabuchodonosor et
Titus, sert aux Israélites épars de foyer d'exaltation
nationale et patriotique. L'Allemagne, comme la Grèce
de nos jours, s'est formée volontairement autour de
quelques noms, et la statue « Germania » exprime une
conception abstraite. Dans nos contemporains revivent
d'innombrables générations. La connaissance compa-
rative du long passé des esprits nous fera donc con-
naître rétendue du patrimoine commun à tous les
peuples, vérifiera leurs origines et leur succession,
éclairera leurs rapports passagers ou permanents.
Aussi convient-il de placer les différents foyers de
culture intellectuelle à leur véritable plan, dans la
perspective des âges, et de rechercher les relations
internationales qui expliquent la pénétration mutuelle
des races. Nous verrons l'esprit humain évoluer par-
tout conformément à des principes certains, suivant
•
des lois d'ordre général. Cette étude, qui nous reporte
dans le passé profond, nous rendra attentifs aux essais
maladroits, timides, barbares, aux bégayements de
l'être conscient de son effort, à l'obscur travail d'où
sortent les sociétés. La continuité du progrès intellec-
tuel nous apparaîtra surtout dans l'histoire littéraire
- 164 —
des Chinois et des Japonais, si fidèles gardiens de
leurs traditions'. Car la réalité des choses est dans le
passé, image véritable d'une existence qui éclaire
et dirige la vie contemporaine. Et renseignement des
temps écoulés nous sera infiniment salutaire. Un
peuple qui aurait la pleine conscience de lui-même,
qui se connaîtrait comme un être doué de raison, com-
prenant la loi de son développement, renoncerait
pour jamais à toutes les violences. Efforçons-nous donc
de retrouver, sous la trame des faits et des idées,
l'âme héréditaire de l'humanité .
A. Bénizet..
1. Suivant li^ remarque de M. de Rosny, le Japon est peut-être
le seul pays qui n'ait jamais été conquis, le seul qui possède,
depuis vingt-six siècles, la même dynastie de princes (La Civi-
lisation japonaise ^ Paris, 1886).
HISTOIRE
DE LA
PRINCESSE DJOUHER-MANIKAM
Roman- traduit du Malais
sur le Manoscrit de la Bibliofhèqoe Nationale de Paris
Par Aristide MARRE
(Suite et fin)
Maka touan poutri Djouher Manikam poun soudjoud.
lah iya kapada ayahnda baginda dan kapada saoudara
baginda Minbah Chahaz dan kapada souami.nia
radja Chah Djohon. Maka kata touan ^onin Djouher
Manikam: « Hey segala touan-touan dan pahlawan
binoua Roum ka.tahou.î olib touan-touan sakalian
adapoun bhaoua bamba ini perampouan boukan
hamba ini laki-laki; ini. lah ayah bamba yang ber.
nama Solthan Haroun er.rachid dan yang ka. radja.
an dalam binoua Bagdad, dan saoudara hamba yang
ber. nama Minbah Chahœs, dan souami hamba radja
La princesse Djouher- Manikam dit : a mon en-
fant! voici les dernières recommandations que vous
adresse votre mère : il faut que vous pratiquiez la jus-
tice, afin que Dieu rende votre royauté durable. A
vous, mantri et houloubalang de Roum, je confie
mon enfant. S'il commettait quelques fautes par né-
gligence ou par ignorance, je vous en prie, ne les
12
— 166 ^
*Chah Djohon yang ka.radîa.an di binons Damsifc ;
dan sa.lamahambadi.naïk.kan ka. radja.an olih touan-
touan sakalian di binoua Roum ini, djikalau ada
barang salah l^ilap bebal hamba itou, hendak.Iah di.
maaf.kan olih touan-touan sakalian akan hamba»
karna adat hamba Allah itou melainkan penouh
dengan l^ilap dan bebal djouga hania Allah sou-
bhanah oua taala djouga yang tiada kadatangan loupa
dan laley dan tiada ber.nama kilap dan bebal. Maka
sembah mantri binoua Roum : « iâ touankou Chah
alam ! maka souatoupoun tiada salah dan kilap touan-
kou Chah alam. Chahadan sa.lama touankou men.
djadi radja di binoua Roum ini, karna ada djouga
souatoupoun salah houkoum touankou yang maha-
moulia akan segala yang di. houkoum. kan touankou
Chah alam itou yani hendak.nia itou doua-doua bou-
nouh mantri itou bounouh dan poutri itou bounouh
prenez pas trop à cœur^ car mon enfant est jeune et il
n'a pas encore atteint toute la maturité de sa raison. »
ïoQs mantri et les houloubalang répondirent: « O
Majesté I que votre prospérité aille toujours en gran-
dissant! Comment nous serait-il possible de trans-
gresser vos commandements? »
La princesse reprit : « mon enfant! par-dessus tout
il faut que vous observiez la justice et que vous soyez
patient et libéral à l'égard des mantri et des houlou-
balang et de tous vos sujets, pour que les faveurs de
Dieu s'accroissent sur votre personne et que votre
royaume soit protégé par Dieu le Très-Haut et digne
de louanges, avec la grâce de l'intercession du pro>
- 167 —
ada salah.nia poutri Djouher Manikarn mem.hou*
nouh anak maniri dan mantri itoupoun lagi salah
mem,bounouh anak poutri Djouher Manikarn demi
kianJah oupama.nia touankou akan tetapi djikalau
maou djouga kira.nia touankou Chah alam nalk radja
di sini, bhaoua terlalou lebih sotikatchita hamba sa-
kalian akan touankou Chah alam. » Maka kata touan
poutri Djouher Manikarn « adapoun bahoua hamba
memohon.lah kapada touan-touan sakalian, baîk.lah
anak radja ini kita naîk.kan radja akan ganti hamba
ka. radja. an. » Maka sembah segala mantri dan hou-
loubalang Roum : « mana perentah touankou hamba
djoundjoung; )) maka anak radja itoupoun di. ganti.
kan olih touan poutri Djouher Manikarn. Maka segala
mantri dan houloubalang rayât sakalian poun men.
djoundjoung douli meng.ata. kan Chah alam itou. Maka
kata touan poutri Djouher Manikarn : « Hey anak-kou 1
phète Mohammed, l'Envoyé de Dieu (que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui I). mon enfant!
il faut que vous gouverniez tous vos sujets avec un es-
prit de justice, car dans ce monde, jusqu'à la mort,
nous devons rechercher la vérité. mon enfant ! sur-
tout n'oubliez jamais mes dernières recommandations, n
Alors, prenant dans ses bras l'enfant royal, elle le
baisa. Telle est l'histoire de la princesse Djouher-Ma-
nikam.
Ainsi qu'il est dit en arabe :
« L✠kânat id-dounyâ tedoumo li èhlihâ
» Le-kâna résout Oullâh hayyân baqyân. »
Ce qui signifie littéralement :
— 168 —
adapoun pesan bounda kapada touanhamba : hendak
lah touan berbouat adil soupaya touan di kakal-kan
Allah didalam ka-radja-an touan dan lagi menaroh
pada segala mantridan houloubalang Roum akananak
hamba ini, dan djikalau ada barang salah l:ilap bebal-
nia, djangan apalah touan sakalian, ambil pada hati
touan sakalian karna ana|: hamba ini lagi mouda
belom lagi sampey al:al-nia. » Maka sembah sogala
mantri dan houloubalang: « là touankou Chah alam!
ber-tambah tambah daulat masakan hamba melalou-l
perentah touankou itou ; » sabagailagi kata touan
poutri Djouher-Manikam : « Hey anak-kou hou-
baya-houbaya hendak-lah touan sangat-sangat ber-
bouat adil serta çabar dan mourah akan segala mantri
dan houloubalang rayat-rayat touan sakalian soupaya
ber-tambah-tambah anougraha Allah akan touan dan
nagri touan poun di-pelihara-kan Allah soubhanah
« Si le monde restait à ceux qui l'habitent,
9 L'apôtre de Dieu y serait demeuré vivant. »
NEUVIÈME RÉCIT
Ou l'on fait CONNAITRE COMMENT LE ROI HaROUN
er-Raschid s'en retourna au pays DE Bagdad
AVEC SA FILLE LA PRINCESSE DjOUHER-MaNIKAM,
SON GENDRE LE ROI ChAH DjOHON ET SON FÏLS LK
PRINCE MiNBAH ChaHAZ.
Le sultan Haroun er-Raschid ayant fait dire au sul-
tan de Roum qu'il voulait retourner au pays de Bag-
dad, le sultan de Roum donna ordre à son ministre de
— 169 —
oua taala dengan berkat chefaat nabi Mohammed
rasoul Allah {Salla Allah aley-hi oua sallama!) hey
anak.kou ! hendak.lah touan meng.houkoum.kan segala
rayai touan itou dengan houkoum yang sa.benar.nia
karna hendak kitadidalam dounia ini lagi matidjouga
yang sa.benar.benar. nia. Heyanak-kou houbaya-hou-
baya hendak.lah pesan.kou ini djangan touan laley »
roakadi.pelouk di.tchioum baginda anak radja itou.
Ini lah tcheritra.nia touan poutri Djouher Manikam
saperti kata char$ el.hilm dengan behasa parsi : inraloa-
kan tetal moula eital moula halha waloukan
rasoul Allah heyyal mobaka yani djikalau ada
dounia ini kakal bagai isi.nia nistchaya rasoul Allah
hidoup sa-lama-lamania; dan sabailagi kata arab:
« Law kànat id-dounyâ tedoumo li ehlihâ.
Le.kâna resoul Oullâh hayyân baqyân.
rassembler les mantri^ les houloubalang et ses soldats,
avec des éléphants, des chevaux et les instruments de
nmsique. Tous arrivèrent avec des présents, car le
sultan de i2oi^m voulait accompagner le sultan Haroun
er-Raschid jusqu'à Bagdad et lui porter ses présents.
Le moment favorable étant arrivé, le sultan Haroun
er-Raschid partit de Roum se dirigeant vers le pays
de Bagdad, de plaine en plaine et d'étape en étape.
Après quelque temps démarche, tout en se réjouissant
le long du chemin, on arriva au pays de Bagdad, Les
mantri, les houloubalang et les soldats sortirent du
fort pour se porter à la rencontre du sultan Haroun
er-Raschid, et ils entrèrent dans le palais.
Alors la reine sortit promplement pour trouver le
— 170 —
NEUVIÈME RÉCIT
El kissah niaka datang.Iah kapada tcheritra yang
ka sambilan pada meniata.kan hikayat rad ja Haroun
«r.mcA/rfhendak kombali kabinoua Bagdad dengan
anaj^da baginda touan poutri Djouher Manikam serta
menantou baginda radja Chah Djohon dan ana|:da
baginda Minbah Chahas. Maka Solthan Haroun er,
rachid poun meniourouh.kan mengata.kan dîri ba-
ginda kapada solthan Roum henda^ kombali ka
nàgri Bagdad; maka Solthan Roum poun mem.bri
perentah kapada segala mantri baginda itou meniou-
rouh.kan meng.himpoun.kan segala mantri dan hou-
loubalang rayât sakalian dengan gadjah dan kouda
dan segala bounyi-bounyi.an. Maka segala marika
itou poun datang.Iah masing-masing mem. baoua
per.sembah.an karna Solthan Roum hendak meng.
hantar. kan solthan Haroun er. rachid ka binoua
sultan et sa fille la princesse Djouher-Manikam,
S'étant rencontré avec sa fille, elle la serra dans ses
bras et la couvrit de baisers. Elle dit en pleurant:
« Hélas I mon enfant, le fruit de mon cœur, ta mère
avait pensé qu'elle ne te reverrait plus jamais! » Et elle
iîouvrait son corps de larmes et de baisers en répétant:
« Hélas! mon enfant, je te croyais perdue pour tou-
jours ! )) Ensuite la reine se prosterna devant le sultan
Haroun er-Raschid, Son fils Mtnbah Châhaz vint
alors se prosterner aux pieds de sa mère, mais celle-
ci le serra dans ses bras et l'embrassa. Alors son gendre
le roi Chah Djohon s'avança et se prosterna à son tour
— 171 —
Bagdad, maka/segalapersembah itou poun di.sourouh
solthanf Roum hantar. kan kapada soltban Haroun er.
rachid. Maka datang. lah tatkala koutika yang balk
maka solthan Haroun er.rachid poun kombali deri
binoua Roum datang ka binoua Bagdad deripada
souatou padang datang kapada souatou padang dan
deripada souatou per. benti.an datang kapada souatou
per.benti.an. Hatta kalakian maka brapa lama di
djalan itou dengan ber.souka.souka.an sa.pandang
djalan itou, makasolthan Haroun er.rachid poun sam-
pey.lah ka binoua Bagdad. Maka segala mantri dan
houloubalang poun kalouar.Iah dan rayat-rayat saka-
lian deridalam ko ta mengalou.ngalou.kanbagindalalou
masou^ kadalam astana ; maka perinaisouri poun sigra
kalouarmen.dapat.kan baginda dananakdatouanpoutri
Djouher Manikam serta baginda ber. temou lalou ba-
ginda memelouk dan mentchioum anak datouan poutri
Djouher Manikam serta dengan tangis.nia baginda: ma-
aux pieds de la reine, qui le serra dans ses bras et
l'embrassa. Tous étaient en larrfies.
Le sultan Haroun er-Raschid partit pour le lieu des
audiences et donna l'ordre à Tun de sesbantara (héraut)
de faire rassembler ses ministres, ses guerriers et ses
sujets. Quand ils furent rassemblés, le sultan dit :
« Maintenant je veux fêter les mantri, les pahlatoan
(officiers), les houloubalang et tous les soldats de Roum
qui nous ont amenés jusqu'ici. » Lorsque le sultan //a-
roun er-Ra^chid eut achevé de les fêter, ils voulurent
prendre congé pour s'en retourner au pays de Roum.
Le sultan Haroun €r-Raschid]eur fît don de vêtements
— 172 —
kakata.niabaginda:((OuéhaDak.koudanbouahhati.kouI
akou sangka tiada lagi bounda ber .temou dengan tpuan d
makadi.tchioum poula sa.lourah tôubouh anaL:da itou
dengan tangis.nia : « Ouéh anak.kou kou sangka hilaog
sounggouk kemoudian.»Maka baginda poun soudjoud
padapadouka kakenda soMhv^n Haroun er.rachid maka
anak.da Minbah Chahas poun datang meniembah ka-
dam bounda baginda lalou di.pelouk di.tchioum olih
baginda. Maka mantou baginda radja Chah Djohon
poun datang. lah soudjoud kapada kadam bounda ba-
ginda itoupoun di.pelouk di.tchioum baginda djouga.
Kalakian satelah soudah ber.tangis.tangis.an maka
solthan Haroun er.rachid poun ber.angkat.lah ba-
ginda ka peng.adap.an mem.bri perentah kapada
sa'orang bantara-nia meniourouh meng.himpoun.kan
ouazir.nia danpahiaouan.niadan segala rayât sakalian.
Sat^Iah badlir.lah segala marika itou sakalian, maka
d'honneur, à chacun suivant son rang; ils se proster-
nèrent aux pieds de Sa Majesté puis s'en retournèrent
paisiblement au pays de Roum.
Ensuite de cela, .le sultan Haroun er-Raschid or-
donna à l'un de ses bantara de faire assembler ses
mantri, ses houloubalang et ses sujets. Une fois assem-
blés, le prince dit: « vous tous, mes mantri et mes
houloubalang, il faut que vous me construisiez une
maison de bains de sept étages sur la place de la ville
de Bagdad. » Tous répondirent: « Monseigneur,
Roi du monde I quels que soient vos commandements,
vos serviteurs les placent au-dessus de leurs tôtes> » Et
tous, mantri, houloubalang et sujets, se mirent à
— 173 -
kata soUhan kapada mantri baginda. « Satelah saka-^
rang akou hendak ber.djamou segala mantri dan pah-
laouan houloubalang rayât Rourn sakalian yang meng.
hantar.kan kita itou. «Maka tatkala selesey.lahsolthan
Haroun er.raçhid deripada ber.djamou itou, maka
sakalian marika.itou poun hendak ber.mohon henda|^
poulang ka nagri Roum. Maka solthan Haroun er,
rachid poim mengarounia.I persalin akan marika itou
masing-masing dengan lalk.nia martabat.nia. Maka
marika itou poun men.djoundjoung douli touankou
koinbali ka binoua i2oam dengan sadjahtra.nia; maka
kemoudian deri itou maka solthan Haroun er,rax:hid
poun menitah.kan sa'orang bantara.nia meniourouh
meng.himpoun.kan segala ouazir. nia dan houloubalang
dan rayai. nia sakalian ; satelah soudah berhimpoun sa-
kalian marika itou, maka kata baginda kapada sakalian
marika itou : « Hey touan-touan sakalian mantri-kou
l'œuvre, chacun d'eux exécutant ce qui était prescrit
par l'architecte.
Après quelque temps, la palais des bains fut fini ; il
était somptueusement orné de rideaux de soie, de dais,
de tapisseries tramées d'or et frangées de perles; des
tapis brodés d'or étaientétendus aux différents étages,
et il y avait quantité de flambeaux et de lanternes.
Les constructeurs entrèrent alors en présence du roi
et dirent: «0 Monseigneur, Roi du monde ! vos esclaves
ont complètement achevé leur travail conformément aux
ordres de Votre Majesté. »
Le roi Haroun er-Raschid rendit grâces à Dieu le
Très-Haut et digne de louanges, le véritable Seigneur
— 174 —
dan houloubalang. kou henda^.lah touan-touaa sakalian
per.bouat.kan akou souatou PaDtcha.persadatoudjouh
pangkat di meidan hinout^ Bagdad ini. » Makasemb^
marika.itou sakalian : « ià touankou Chah alam mana
perentah hamba djoundjoung » maka sakalian maniri
dan houloubalang rayât poun be.kerdja.lah masing-
masing ber.bouat diya barang yang di.sourouh.kan
olih toukang.nia. Hatta bebrapa lama.nia maka pant-
cha.persada poun soudah.lah dengan per.hiyas.an.nia
deripada tirai dewangga dan langit-langit katifat bepà-
kan. kan emas dan be.roumbei-roumbei.kan moutiara
dan ter. hampar.Iah deripada permadani yang ka.emas.
an pada segala pangkat pantcha-persada itou dan be-
brapa deripada diyan dan tanglong, Maka segala marika
itou poun masoul^.lah mengadap ber.datang sembah
demikian sembah. nia: ce là touankou Chah alam telah
soudah.lah hambakerdja.kan saperti perentah touankoa
qui accorde à ses serviteurs ce dont ils ont besoin. Puis
les fêtes commencèrent: pendant quarante jours et qua-
rante nuits, les musiques ne cessèrent de retentir; il y
eut des jeux, des festins, des divertissements de toutes
sortes; on se livrait bruyamment à la joie, parce que
le sultan devait procéder à la cérémonie du bain des
deux époux, ses enfants. Quand les veilles furent
finies et que le moment favorable fut venu, le sultan
revêtit d'un magnifique habillement brodé d'or le roi
Chah Dj'ohon, tandis que la princesse /)/*owAer Mani-
kam était parée par sa mère de voiles et de vêtements
superbes garnis de joyaux, de perles et de pierres pré-
cieuses d'une richesse incomparable.
— 175 —
Chah alam itou dengan sampourna.nia. » Maka radja
Haroun er j^achid poun meng.outchap choukour kapada
Allah soubhana oua taaia dengan sa.benar.nia touhan
yang meniampey. kan segala hadjat hamba.nîa. Maka
Solthan poun memoula.ï pe.kerdja.an ber.djaga-djaga
ampat pouloh hari dan , ampat pouloh malam dengan
segala bounyi-bounyi. an dan pelbagai permain. an den-
gan TTifikan dan minoum ber.souka-souka.an gagap
gempita bounyi.nia, karna baginda hendak memandi.
kan anakda kadoua Iaki istri itou. Satelah selesey.lab
deripada ber djaga-djaga itou maka padakoutikayang
baïk maka baginda poun mengena. kan pakey.an akan
radja Chah Djohon yang ka.emas.an, dan pakeyan
yang moulia-moulia. Maka touan poutri Djouher Ma-
nikam poun di.hiâs.I olih bounda baginda deripada
bebrapa tirai pakeyan yang terlebih moulia-moulia
yangber.tatah. kan ratna moutia manikam yang tiada
Les deux époux étant ainsi parés, le sultan les fit
monter sur un palanquin. Son fils Minbah Châha2
était vêtu d'un splendide costume. Le sultan monta son
cheval semberâni \ sellé d'une selle d'or ciselé. En-
touré des jeunes princes et seigneurs, des officiers de
sa cour et des étendards, Haroun er-Raschid marchait
en tête. U s'avançait suivi des princes^ des mantri et
1. En javanais, le cheval semberâni signifie cheval calant; et
en effet, dans le Sadjarah malayou, le cheval semberâni est un
cheval fabuleux qui traverse la profondeur des mers et vole dans
les airs. D'autre part, si ce mot dérive, comme le dit Klinkert
en son dictionnaire malais-hollandais^ de la racine &<?ra/it, il
signifie simplement ardent^ brate, fringant.
— 176 —
ter.hingga. Satelah soudah meng.hias.Iana^dakadoua
laki istri itoumaka di. naîk.kan olih baginda akan
anakda kadoua laki istri itou ka.atas djampana dau
anakda Minbah Chahaz poun langkap dengan pake-
yan.nia. Maka baginda pounmeng-andarai.ikoudasem-
beraniber.pelana . kan emas dipahat. Maka baginda ber.
djalanlab dehoulou dengan ratoù-ratou adinda dan den-
gan segala pegaouai danpandji-pandji. Maka baginda
poun ber aralj:lah meng.iring.kan ratou-ratou anaL:da
dengan segala mantri dan houloubalang dan segala istri
orangbesar-besar poun meng.iring.kan sertapermaisou-
ri dengan segala dayang-dayang praouansakalian. Ma-
ka segala bounyi-bounyi. an poun ber.bounyi. lahterla
lousakali merdou. Maka di.ara^.lah toudjoiih kali ber.
kolilingnagrisatelahsampey.lahana]<:dabaginda kadoua
pada pantcha-persada itou maka di. naîk.kan baginda
ka.atas pantcha persada itou ; maka datang.lah segala
des houloubalang. Les épouses des Grands accompa-
gnaient la reine avec ses filles d'honneur, et tous les
instruments de musique faisaient entendre leurs sons
harmonieux. Sept fois Ton fit le tour de la ville. Quand
les deux époux furent arrivés au pied du palais des
bains, le sultan les fît monter. Alors vinrent les épouses
des Grands avec la reine, qui les saupoudrèrent de
poudre de riz mêlée d'ambre et de musc, et répandirent
sur leurs tôtes du nard et du curcuma. Tous deux furent
plongés dans un bain d'eau de roses et de toutes sortes
de fleurs aromatiques, avec de Teau de la fontaine
Zemzem ' .
1. La famease fontaine d'Agar, près de la Meoque.
— 177 —
istri orang besar-besar serta permaisouri mem.bedak.i
dengan ambar kastouri dan me. lângir.l dengan na-
rouastou dan koumkouma; maka di.mandi.kan olih
baginda kadoua.nia dengan ayer. bounga rampey dan
ayer maouar di.soudah.i dengan ay er zamzam . Satelah
selesey*lah deripada mandi itou maka kombali.lah ma-
sou^ kaastana ayahnda baginda. Satelah sampey.lah
kadoua.nia ka astana^ maka hidang.an poun di.angkat
orang.Iab ka.hadap.an baginda dan ka.hadap.an segala
ouléma dan fa^ih lebai dan segala mantri dan houlou-
balang rayât sakalian bina dina laki-laki dan peram-
pouan besar ketchil, sakalian. nia poun makan.lah
masing-masing dengan hidangan.nia. | Satelah sou-
dah makan maka fakih poun membatcha doa salamat
sampourna lepas deripada behaya dounia dan akhi-
rat, lalou memakey segala baou-baou.an yang amat
haroum baou.nia. Satelah soudah pekerdja.an itou
La cérémonie du bain terminée, les deux époux sor-
tirent du palais des bains et entrèrent dans le palais
du roi leur père. A leur arrivée, on servit un repas
aux princes^ aux oulémas, aux docteurs de la loi, aux
prêtres, aux mantri, aux houloubalang , aux gens du
peuple, hommes et femmes. Tous, sans exception,
grands ou petits, eurent part au repas. Quand il fut
terminé, l'un des docteurs de la loi récita la prière pour
demander à Dieu un bonheur parfait, à l'abri de tout
danger dans cette vie et dans l'autre, puis il répandit à
flots les parfums les plus odoriférants.
Après cela, le roi Chah Djohon vint trouver le sultan
et lui parla ainsi : « Monseigneur, Roi du monde, j'ai
— 178 —
maka radja Chah Djohon poun ber.datang sembah de-
mikian bounyi.nia: « ià, touaQkou Chah alam! hatnba
hendak memohonkan ampoun dan karounia kabaouah
douli touankou Chah alam hambn hendak memohon.
kan kombali ka nagri Damsik touankou. Adapoun
nagri Damsik itou sounyi.lah ià touankou! » Maka
kata baginda « balk.lah touankou, karna nagri tiada
be.radja.nia, dan djikalau karna tiada sebab nagri
touankou tiada. lah ayahnda maou ber.tcherey dengan
touan> tetapi penaroh ayahnda akan anat:da^ djikalau
adasalah bebal.nia, djangan.lah touan tourout ». Maka
sembah radja Chah Djohon : ià touankou Chah alam !
adapoun padouka ana|cda itou kapada hamba adalah
saperti niaoua hamba dengan bebrapa badaa hamba
demikian.lah rasa. nia kapada hamba^ melainkan am-
poun Chah alam djouga baniak-baniak akan hamba in
cha 'Allah taala atas batou^ kapala hamba menanggong
à solliciter de Votre Majesté une grâce et mon pardon :
je voudrais prendre congé de Votre Majesté et m'en
retourner au pays de Damas^ car le pays de Damas est
délaissé, ô Monseigneur I »
Le sultan dit: «C'est bien. Monseigneur; votre pays
en effet, est séparé de son roi, et si ce n'était à cause de
votre royaume, je ne voudrais plus être séparé de vous,
maintenant que le père a le dépôt et la garde de son
enfant ; pourtant si je devais commettre une faute,
il ne faudrait pas y condescendre. »
Radja Chah Djohon répondit: « Monseigneur,
Roi du monde. Votre fille est comme une âme qui se-
rait unie à mon corps. Voilà ce que je sens ! Mais les
— 179 —
diya. Satelah itou maka kata baginda kapada perdana
mantri : « Hey perdana mantri ! hendak.lah aiigkau
ber.langkapsegala rayât kira-kira tiga ribou dansegala
houloubalang tiga ratous yang mengandaral kouda
semberanidangadjahkoudadenganperkakas.niameng.
hantar.kan anak.kou doua Iaki istri itou. » Satelah
sondah langkap segala yang meng.iring.kan baginda
itou maka sol than meniouroub mem.bouka per.bende-
hara.an kira-kira ampatpouloh ampat on ta yang mem-
baoua diya segala harta dan pakeyan yang ka'emas.an
dan segala perkakas isi astana yang karadja.an. Satelah
soudah Jt^adlir maka radja CAaA Djohon poun ber.mô-
hon.lahkapadaayahndadanboundadankapadakakenda
baginda Af//z6a/t Chahas, Maka di pelouk di tchioum
olili baginda ayahnda dan bounda dan kakenda akan
anakda touan poutri Djouher Manikam, dan anakda
radja Chah Djohon serta dengan tangis.nia, ayahnda
nombreuses faveurs de Votre Majesté envers moi, sll
plaît à Dieu le Très-Haut, je les porte au-dessus de ma
tète. »
Le sultan Haroun er-Rascliid dit alors à son pre-
mier ministre : «O mon ministre, il faut que tu tiennes
prêts à partir trois mille soldats et trois cents houlou-
balang montés sur des chevaux semberâni; il faut que
des éléphants ou des chevaux bien équipés transportent
mes deux enfants, mari et femme. »
Lorsque l'escorte fut prête, alors le sultan ordonna
qu'on ouvrit le lieu où étaient renfermés ses trésors, et
quarante-quatre chameaux furent chargés de richesses,
de vêtements tissus d'or et d'objets précieux, de ceux-
. — 180 —
dan bounda, kakenda Minbah Chafuis poun berdakap
berpelouk dan ber.tchîoumdengan radja Chah Djohon
serta dengan tangisniakadoua bersaoudara itou; maka
segala isi astana poun menangis goumourouh bounyi.
niasapertiomba^^meng.ampas.ampasdipanteybounyi.
nia. Maka touan poutri Djouher Manikam dengaa
radja Chah Djohon poun meniembah ayahnda dan
bounda dan kakenda baginda Minbah Chahaz . Maka
baginda poun ber.djalan menoudjou djalan ka nagri
Dam^ih: dengan segala bounyi-bounyi.an terlalou atla-
mat bounyi. nia. Maka solthan Haroun er-rachid dan
anakda Minbah Chahajs poan meng.hantar.kan kalouar
kota. Satelah soudah djaouh baginda ber.djalan maka
solthan Haroun er.racA/e/ poun kombali.lah kadalam
kota lalou masou^ di astana dengan bimbang.nia ba-
ginda ber.djalan dengan anakda Minbah Chahaz serta
là qui se trouvent seulement dans le palais des rois.
Tous les préparatifs achevés, Radja Chah Djohon prit
congé de son père, de sa mère et de son frère aine
Minbah Chahaz, Ceux-ci tenaient dans leurs bras et
couvraient de baisers et de larmes la princesse i)/oaAer-
Manikam, ainsi que Radja Chah Djohon. Lui et son
frère Minbah Châhœs pleuraient en s'embrassant, et
tous les gens du palais éclataient en sanglots avec un
bruit semblable à celui des vagues qui se brisent sur le
rivage de la mer. A la fin, la princesse Djouher Ma-
nikam et le roi Chah Djohon, après s'être prosternés
devant leur père, leur mère et leur frère Minbah Châ-
hojSy partirent se dirigeant vers le pays de Damas, au
son imposant de tous les instruments de musique . Le
~ 181 —
rneminta doa akan ana^da baginda salamat sampourna
di.bri Allah karounia limpab.nia. Satelah itou maka
bebrapa lama. nia baginda ber.djalan itou, maka sam-
pey.Iah baginda ka nagri Damçik. Maka segala hou-
loubalang dan rayât poun kalouar. lah deridalam kota
Uamsik itou meng.alou.ngalou.kan baginda itou lalou
segala mantri dan houloubalang poun soudjoud.lah
kapada baginda, sakalian itou dengan souka-tchita.nia
akan radja.nia soudah kombali itou dengan salamat
sampouma.nia kadoua laki istri itou. Maka baginda
poun masou^.lah kadalam astana doudouli: b^r.kasih-
kasihan. doua laki istri.
Ghahadan maka tiada.lah hamba pandjang.kan
hikayat touan poutri Djouher Manikam ini yang telah
machour.lah pada segala nagri di.atas angin sampey.
lah ka.baouah angin. Tammat hikayat touan poutri
sultan Haroun er-Raschid et son fils Mînbah Châhaz
les reconduisirent en dehors du fort ; quand ils furent
loin, le sultan revint vers le fort et rentra dans son pa-
lais, marchant tristement avec son fils Mînbah Châhaz
et adressant à Dieu sa prière pour qu'il accordât ses
gr&ces abondantes et un bonheur parfait à ses enfants.
Après quelque temps de marche, le roi Chah Djohon
arriva au pays de Damas. Les houloubalang et les
soldats sortirent du fort de Damas et allèrent à la ren-
contre du prince. Les mantri et les houloubalang se
prosternèrent à ses pieds, tous se réjouissant de l'heu-
reux retour en parfaite santé du roi et de la reine. Le
prince rentra dans son palais, et les deux époux vécurent
pleins de tendresse l'un pour l'autre .
13
— 182 —
Djouher Manikam ini. Sftlamatsampournasegalayang
membatcha diya atau menengar diya istimeoua yang
meniourat akan diya pouD deafikian djouga di pelihara.
kan Allah soubhanah oua taala, apalah ^ira.nia iman
dan amal.nia djouga, hamba.mou yang moumin dan
yang islam I
Tammat .
Je n'allongerai pas cette histoire de la princesse
Djouher Manikam, qui est devenue célèbre dans tous
les pays sur le vent et sous le vent. Je la termine ici,
en faisant* des vœux de parfait bonheur pour ceux qui
la liront ou l'écouteront, et particulièrement pour ceux
qui la copieront.
BIBLIOGRAPHIE
Annales du Musée Guimet: Bibliothèque d'études.
Tome septième. Les Parsis, par D. Kenant. Paris,
Ernest Leroux, 4898, in-8*, xxiv-480 p. (Première
partie).
Les trois collections qui forment les Annales du
Musée Guimet sont composées d'ouvrages d'une va-
leur fort inégale et d'un intérêt souvent capital, sou-
vent médiocre. Le présent volume est certainement
l'un des meilleurs de ce qu'on pourrait appeler la
seconde série, la Bibliothèque d'études: à vrai dire, je
l'aurais plutôt mis, quant à moi, dans la Bibliothèque
de vulgarisation. C'est en effet un simple recueil de
documents, écrit sans la moindre prétention, avec
une conviction profonde et après une étude aussi
consciencieuse que possible du sujet. Mais ce n'est
point un livre de science, et il me paraît destiné plu-
tôt aux gens du monde qu'aux travailleurs.
Il y aurait sans doute quelques observations à pré-
senter, quelques appréciations à discuter et quelques
petites erreurs à relever. Je réserve ces critiques, de
détail, pour un examen d'ensemble, quand le second
volume aura paru. En attendant, je recommande fort
la lecture de celui-ci . J ulien Yinson .
— 184 —
A study in philology. . . by Ernest PfiARSON. London,
Trûbner & C% pet. in-8*, xîj-HS p.
Que dire de ce petit livre sinon qu'il ne vaut ni plus
ni moins que les autres ouvrages du même genre où
Ton prétend, par la comparaison de mots pris au
hasard dans toutes les langues, démontrer Tunité pri-
mitive du langage humain, et même retrouver ridiome
unique divisé et détruit à l'époque de la tour de Babel ?
Il y a des choses qu'on ne saurait discuter... Hais ce
qu'on peut relever dans ces listes de mots, c'est l'in-
croyable insouciance avec laquelle elles sont faites :
les linguistes improvisés ouvrent un dictionnaire quel-
conque et y prennent des mots sans se préoccuper de
savoir si ces mots sont simples ou composés, s'ils sont
primitifs ou secondaires, s'ils sont originaux ou em-
pruntés à d'autres idiomes. Ainsi, M. Pearson donne,
comme hindoustanis, beaucoup de mots persans ou
arabes, et comme basques des mots latins ou espa-
gnols. Quant au fonds de l'ouvrage, le procédé est
extrêmement simple; c'est toujours Vequmet Valfana.
A la p. 69, par exemple, est une salade de mots arabes,
hindous, tamouls, nicobarais, mongols, italiens, etc.,
où l'auteur prétend trouver une racine primitive en
F, B, W, H initial et L final, ayant le sens de a sei-
gneur, père, produit, enfant»; le système est commode,
mais suffit-il pour prouver leur parenté, de rappro-
cher l'arabe walî « père », le tamoul palam a fruit »,
ledravidien dl « homme», l'italien ftaiTb « magis-
— 185 —
trat »? Et puis les distinctions sont parfois inat-
tendues : l'urdû, l*hindi et l'hindustani sont traités
notamment comme des langues différentes. ..Non rctgio-
nam di loro, ma guarda e passa. S. \.
The 94lh report of the British and Foreign Bible
Society. London JS9S, in-8%xliv-424-219 p.> 12 cartes
en noir et 6 en couleurs.
La Société Biblique, fondée en 1798, a publié oU'
distribué des Bibles ou des portions de la Bible en
351 langues différentes, dont 286 ont été directement
éditées par elle; en 1897,douze idiomes nouveaux ont
pris place sur ces listes. Quand je dis « langues »,
j'entends dialectes, patois ou variétés; ainsi l'Inde
seule comprend 56 spécimensdifférents qu'on pourrait
porter à 109 si l'on distinguait les révisions et les édi-
tions spéciales; pour le pays basque, je compte quatre
dialectes et une douzaine de volumes. En 1897, la
Société a vendu ou donné 310,598 volumes ou bro-
chures. Son budget s'est élevé du 1^' avril 1897
au 31 mars 1898 à la somme de 311,132 livres 1 sh.
(7.778.301 fr. 25), dont 231.938 livres 11 sh. 10 d.
(5.763.474 fr. 75) en recettes nettes et 222.330 liv.
15 sh. 10 d. (5.558.763 fr. 75) en dépenses nettes.
De 1804 à 1898 (31 mars), le nombre total des vo-
lumes sortis des dépôts de la Société s'est élevé à
155.529.954; les Sociétés a£Sliées ont en plus dis-
tribué 94.181 .426 volumes.
— 186 —
Outre ces renseignements statistiques qui sont fort
intéressants, le présent rapport contient de très belles
cartes linguistiques, de curieux détails sur les opéra-
tions des agents de la Société, sur l'accueil fait à ses
colporteurs dans les différents pays. Nous constatons
là, une fois de plus,la sottise de beaucoup de membres
du clergé catholique, quelque réserve que nous fas-
sions d*aillei;rs sur l'œuvre et le but de la Société,
et sur certaines appréciations de ses agents ou de ses
membres. Julien Vinson.
Lucrèce. De la Nature des choses, traduction com-
plète en vers français, par André Lefèvre. Nouvelle
édition. Part*, Société d'éditions littéraires, 1899,
pet. in-8%(vj)-xi-323p.
L'éloge de cette traduction n'est plus à faire et, à ce
point de vue, on ne peut qu'être frappé de l'unanimité
des appréciations qui la saluèrent à son apparition,
il y a vingl-trois ans. Comme Lefèvre a bien fait de
rappeler, à la Qn de son beau volume, ces jugements
de critiques d'opinions philosophiques différentes, mais
tous des maîtres et des maîtres supérieurs 1 Lucrèce
n'a jamais été classique, dans le sens étroit du mot,
et pourtant tous les humanistes, tous les hommes
instruits des générations qui nous ont précédés, lisaient
Lucrèce, l'aimaient et l'admiraient. Je n'en donnerai,
pour ma part, qu'une preuve : mon premier, je dirai
presque mon seul précepteur, car les autres n'out
— 187 —
guère été que des pédagogues, celui auquel je dois tout
le peu de bien qu'il y a eu moi, mon père» qui me
manque chaque jour de plus en plus, me mit Lucrèce
entre les mains dès ma quinzième année, dans l'Inde,
dans ce pays où la nature est si belle et si puissante ;
et c'est dans le pays du Bouddhisme, cette admirable
religion matérialiste, au bord de la mer immense et sous
un soleil jamais obscurci, que j'ai lu pour la première
fois VyEneadum gmitrix, le tantum relligio et le suave
mari magno du grand poète. Avec quel plaisir je viens
de les relire dans la magnifique traduction de Lefèvre I
Certes, si j'avais à donner mon avis dans la ques-
tion si discutée des traductions en vers, aurais-je
quelque droit de dire que la poésie appelle la poésie,
à condition que la traduction soit un calque exact du
texte. Fils d'un homme qui a consacré de longues
années à traduire Dante en terza rinia française repro-
duisant jusqu'à l'harmonie extérieure de son modèle,
comment ne préférerais-je pas les vers puissants de
Lefèvre à la prose banale de tel autre adaptateur ou à
la paraphrase poétique d'un Pongerville ?...
Et c'est avec émotion que j'ai parcouru les lignes,
si éloquentes dans leur simplicité, que notre ami a
inscrites en tête de cette nouvelle édition. Oui, depuis
vingt-trois ans, le niveau moral a certainement baissé,
les^ convictions se sont effacées, les illusions ont dis-
paru, et il n'y a plus d'hommes de foi : je ne parle
pas de la foi religieuse, bien entendu. Consolons-nous
- 188 —
en nous disant que la génération actuelle est le produit
des tristes années du second Empire, en remarquant
que les leçons du passé nous permettent d'avoir
encore conQance en Tavenir, et en lisant une fois de
plus les vers énergiques de Lucrèce ou de son fidèle
traducteur
Sur les calmes hauteurs de la Philologie
Dans rimpassible fort de la sérénité.
Julien ViNsoN. .
Bulletin de la Société des Sciences , Lettres et Arts de
Paris, IP série, tome 26, 1896-1897, l'* et 2* livrai-
son. Paris, l. Ribaut, 1898, gr. in-8% (ijH46 p. et
16flg.
Cette livraison est tout entière occupée par le
remarquable et très intéressant travail de M. E. Mon-
dez sur la météorologie générale : température des
vents, tourbillons, nuages, brouillards, pluie, grêle et
neige, bourrasques, tempêtes. C'est une étude très
complète et très instructive.
J. V.
Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung, etc.,
par E. Kuhn et G. Schmidt, vol. XXXV (nouvelle
série, vol. XV), 4« liv. &ûterloK 1898.
Contient de fort intéressants articles : Etymologien,
par Félix Solmens, p. 463; Uhujyu, ein Schûtzling
der Açvin, par Th. Baunach, p. 485; Der Accent im
- 189 -
Mitklindischen, par H. Jacobi, p. 563 ; Ueber da$
periphrctstische Perfekt im Sanskrit, par H. Jacobi,
p. 578; Hibernica, par Whitley Stokes, p. 587;
Stavîsche Miscellen, par Franz Prusik, p. 596; Zur
griechischen Lautlehre, par Paul Kretschmer, p. 603 ;
Silbendiêêimilalionen im Germanischen, par Richard
Lœwe, p. 609 ; An indo-germanic toord-arrangement,
par I. Stracban, p. 61 SI; Noch einmal àLiakàç par
A. Zimmermanu, p. 613-614.
J. V.
VARIA
I. — La Sibérie d'Amérique
Dimanche, 4 septembre. — N'est-œ pas une eioix qui tond ses
bras à l'horizon? On dirait anssi nne école, par derrière, et cette
tache yert sombre sur le vert pins pâle des prairies, ce doit être
an jardin potager. Tenez, voilà denz cornettes blanches qui y
arrivent. Parions qne c'est la France et que la mission (Holy
cross mission) se soutient avec l'argent de France!
— Ce n*est pas probable ! Je tiens le pari, s^écrie nn Pomëra-
nien, à côté de moi. L'entourage nons regarde tons les deux,
hésite, ne sait que croire. On aborde, nons descendons, nous voilà
à la porte d'une grande isba. Je frappe, nous entrons. . . et nous
tombons en pleine jésnitière. Songez-y, sept Pères venus de toutes
les missions d'Alaska pour recevoir leur nouveau supérieur! Et
ils sont français, et ils vivent avec leurs sauvages de l'argent de
nos bébés de France, Sainte-E^nfaoce et Propagation de la foi !
Quant aux cornettes, ce sont de petites sœurs canadiennes, ainsi
qu'à Dawson. Deux Frances pour une, ï'alnée et la cadette, celle
d'Europe et celle d'Âmériqae, en voilà trop pour mon Poméranien
qui s'en va, grommelant : « Mais à quoi diable ces missions
peuvent-elles leur servir en France? n
 quoi? parbleu, à relever la tète à quatre mille lieues et plus
du pays, pour délicieusement écouter la voix qui redit au fond
de chaque àme française : a Non, tout n'est pas perdu au pays de
Jeanne d'Arc! »
C'est à Holy-Cross que j'ai eu la bonne fortune de rencontrer un
Père dont le long séjour sur le Yonkon, joint aune véritable
— 191 —
passion ethnologique, ont fait une autorité en Alaska. Nouravons
navigaé ensemble jusqu'à Saint-Michaêl ; c'est & loi que je dois
les détails de mœurs et de langue indigènes qui, sans doute, inté-
resseront les lecteurs du Temps, Le R. P. Monroe, d'une famille
bien connue & Lyon, me permettra donc, malgré sa modestie, de
lui en faire ici mes remerciements très sincères.
L'origine des tribus du Youkon, et plus généralement de
l'Alaska, a donné lieu à bien des controverses. De grande taille,
aux pieds du Chilkoot, avec une force athlétique, la race dégénère
à mesure qu'on s'enfonce dans l'intérieur, où, malheureusement,
la farine et le levain chimique des Américains tend, de plus en
plus, à remplacer le poisson, riche nourriture huileuse, indispen-
sable pour résister aux hivers polaires. Le nombre des enfants y
est fort restreint, et la consomption décime chaque année les
adultes, groupés par trois ou quatre familles dans les mêmes
isbas, mais toujours dans la plus grande individualité. Ils n'ont
pas de chefs ; leur république n'admet pas même les petits ser-
vices de voisin à voisin, ce qui les empêche de créer quelque
chose de durable, et la seule influence qui se fasse relativement
sentir parmi eux est celle des riches. Ceux-là se permettept le
luxe de deux ou trois femmes. Quant à leur religion, elle est des
plus primitives et se réduit à leurs sorciers et à un culte parti-
culier des morts, sur les tombes desquels on dépose les armes, les
canots des défunts, et des provisions pour la route. . .
Mieux sustentés par la pêche, les autochtones du bas du fleuve
sont plus forts, moins dégénérés que ceux des environs de Circle-
City ;de petite taille, quoique bien proportionnés, ils sont bien les
descendants des Esquimaux qu'on retrouve sur les côtes de la
mer de Behring. La petitesse de leurs mains, de leurs pieds^
leurs cheveux noirs (les Esquimaux les taillent en couronne, à la
dominicaine), leur teint olivâtre, leurs yeux presque en* triangle
et leur patience d'imitation ou de sculpture sur ivoire offrent plus
d'un point de ressemblance avec les Japonais. Le détroit de -Beh- '
ring ne mesure que 77 kilomètres de large, avec au milieu, lestles
du Petit et (lu Gros-Diomède, à 3 kiloinètBes de distance. . . (Voir
cap Prince-of-Wales, sur la carte.)
— 192 —
Rien pourtant dans leur langage n'indique une parenté avec la
Chine ou le Japon; il change, du reste, sur plusieurs points da
fleuve. Quelques exemples de celui des Tinneh, à Nubato^ que
parlent environ 2,000 individus, permettront de se rendre compte
de ses difficultés linguistiques.
Ko (cette) nen/koka (terre/en surface) ten/oro/to (notre/À tous/
père Dieu) tlotsudiife/ta (nous n'écoutons pas/si), oro/ta (poor
cela/plus tard), totseltlon/ta (nous mourrons/ quand) yo/yît (ciel/
dans l'intérieur du) to/tena/totltala (en haut/nous/il ne recevra
pas).
C'est-À-dire : Si nous n'écoutons pas Dieu, notre père à tous aor
la terre/ à cause de cela, il ne nous recevra pas plus tard dans le
ciel, en haut, quand nous mourrons.
Voulez-vous quelques éléments de la redoutable grammaire que
pourrait publier le Père? Oyez et ne désespérez point.
1* Les verbes changent suivant Tacception de leurs complé-
ments. £z. le verbe porter change 44 fois, suivant qu'on porte
un objet ou un autre.
2* Chacune de ces formes change suivant que Ton porte dans
une des quatre directions qui remplace, pour les Indiens du
pays, les quatre points cardinaux. (La hauteur du soleil en été^
sa disparition en hiver expliquent cette curieuse ignorance.)
Soit : 1* en avant de la rivière; 2" en aval ; 3* du côté de la mon-
tagne; 4* du côté de la vallée.
3* Chacune de ces nouvelles formes change encore suivant que
vous portez cet objet pour la première, pour la deuxième, pour la
troisième ou un nombre indéfini de fois.
Or, comme 44x4X3=528, il faut apprendre 528 verbes au lieu
d'un seul. Oufl
Exemple (J'arrive portant un enfant) :
1* En bas de la rivière :
1^ fois, nitsé etlaîch ;
2* fois, nitsé no egetaîch ;
3* fois, comme la seconde, au présent.
2* En haut de la rivière :
— 193 —
1" fois^ yonnan netltalob ;
2* fois^ yoanou nongetaïob^
3* En bas de la montagne :
1** fois, to detltoïch ;
2* fois^ to nodegetaïch.
4* £n haut de la montagne:
1" fois^ rô letlaïch ;
2* fois, rô nolgetalch.
Ajoutez à cela que tont verbe a trois présents.
Ainsi : je vois (un canot) : 1* A son départ : neskaïob ;
2* Pendant son trajet : raskal ;
3* Â son arrivée:
Du baut de la rivière : nitsé eskaîcb ;
Au baot de la rivière : younou eskaîcb ;
Rencontrant quelqu'un : adé leskaïcb ;
Venant on ne sait d'où : kônô deskaïob.
Lecteur, comme le Gouvernement ne m'a pas encore proposé une
cbaire de tinneb^ ainsi que je le mérite, si vous vonies en appro-
fondir tous les mystères, je vous réfère au R. P. Monroe, à Nu-
lato, Alaska. Courrier tous les ans. Lui seul est capable d'inter-
préter^ aux jours de confession, les inextricables gargouillements
de ses pécbeurs. Moi, je préfère le volapuk de la nature, où bon-
Jour se traduit par un grand sourire et de petits yeux d'amis ;
j'aifaim^ par j'ouvre la boucbe; c'est bon, je me frotte l'estomac ;
je t'aime^ une flatterie de la main (en Europe, des lèvres; en
Océanie, du nez) ; tu m'ennuies, je te tape ; je veux m'en <Uler^
je m'en vais !
{Le Temps. — 26 décembre 1898.)
IL — Les Pirates de la Littérature
FRANÇOIS COFPÉE
M. Coppée a besoin de mettre en rors une tempête. Son ima-
gination est en détresse. Que faire?
— 194 —
Vite^ il prend le Comte de Monte-Ckristù^ d'Alexanâi« Da-
mas (page 294 de Tédition Roaff), et il y trouve ce qaisait :
Le capitaine s'approche de moi (il faat voas dire qae )*6tais aa
gouvernail ), et me dit :
— Que pens3z-voas des nuages qui s'élèoent là-haa f...
■" Je pense qu'ils montent un peu plus cite qu'ils n'en ont le droit
et qu'ils sont plus noirs ...
— Hola! Hé! Range à serrer les cacatois et à haler bas le clin-
foc!
Cest une belle et bonne tempête,,,
. . . Nous avions encore trop de toile.
On cargue la brigantine. Nous carguons les /iifniers ,
— Je m'en vais, dit le capitaine, prendre mes précautions.
Le bâtiment était bien oieuœ.
Nous étions ballotés que le diable en aurait pris les armes .
On se mit à l'ouvrage...
Je descends d la cale; il y avait dôjâ trois pieds d'&acc. Mainte-
nant, il faut tâcher de sauver les hommes.
A la chaloupe! Le pont crèoe aoec un bruit qu'on aurait dit la bor-
dée d'un oeUsseau!
Le bateau se mit à tourner sur lui-même,. .
Et voioi le parti que tire aossititt le a poète » François Coppée,
de cette description pittoresque et animée :
Notre vieux capitaine,,.
Fit une étrange moue et dit au timonier :
« Vois donc ce grain Id-bas, . . la drôle de visite! »
L'autre répond : « 11 est bien noir et vient bien cite! »
Hola! Hé! Tu vas voir comment je les reçois!
Haie bas le cUn-fœ! Serre les cacatois!
Bah I c*étaU la tempête et toujours trop de toile.
On serre les huniers^ on cargue la grand' voile;
Enfin le loup de mer prend ses précautions.
Mais le naoire était trop oieua, et nous dansions,
Mes enfants^ que le diable en aurait pris les armes !
On travaillait, malgré l'orage et ses vacarmes.
Mais quand on eut de Veau plein la cale, il fallut
S'occuper promptement des moyens^e salut.
Harassés, aveuglés, trempés comme une soupe.
Pour la mettre â la mer nous parons la chaloupe.
Quand tout à coup, et sans nous demander conseil.
Voilà le pont qui crèoe aoec un 6rtt(< pareil -
— 195 --
Au fracas cTun vaisseau qui lâche sa borctée t
Moi, pendant la minute où le bateau ooula^
En tournant sur lui-même,..
Ce n'est pas plus difficile que ça I
La supercherie a été dévoilée pour la première fois^ il y a
quelques années, par notre excellent collaborateur Jean Jullien,
datas son journal Art et Critique,
M. de Ricaudy Ta signalée récemment dans le Bulletin de la
Presse. Nous en faisons part A nos lecteurs d'après ce journal.
J. P.
(L'Aurore. —Jeudi, 9 mars 1899.)
Le Propriétcdre-Géranty
J. Maisonnbuvb.
01ialoii-iar-S«0iie. — Imprimerie L. Mareeaa, B. BBRTHAND, taeeesseor.
REVUE
DE
LINGUISTIQUE
ET DE
PHILOLOGIE COMPARÉE
RECUEIL TRIMESTRIEL
PUBLIÉ PAB
JULIEN VINSON
PROFESSEUR k L*éCOLB NATIONALE DBS LANGUES ORIENTALES VIVANTES
Avec la collaboration de divers savants français et étrangers
TOME TRENTE-DEUXIÈME
15 JUILLET 1899
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE OB MÉZIËRES ET RUE MADAME, 20
1899
SOMMAIRE DU N» 3
J . ViNSON. — Sic eo8 non vobis 197
P. Regnaud. — La question de Torigine du langage
et la linguistique évolutionniste 201
S. Devèze. — Traduclion de la Prabôdhacandrôdaya
sanskrite 231
E. DoDGSON. — Synopsis of the verbal /orms in the
Basque S\ T. ofloTl 247
H. DE Charencey. — Origine étrangère de quelques
noms d'animaux dans les idiomes nord-asiatiques. . 261
Varia. — I. Quelle est cette langue?
— IL Le pays basque et les journalistes.
BIBLIOGRAPHIE
M. de Charencey. — L'historien Sahagun, par J. Vin-
son 264
Paul Sébillot. — Légendes locales de la Haute-Bre-
tagne, par J . ViNSON 265
Bulletin de la Société de Pau, t. XXVI, par J. Vinson. 265
J. de Jaurgain. — La Vasconie, par J. Vinson 267
Proceedings of the Canadian Institute^ t. II 269
Kuhn's Zeitschrift, vol. XXXVI 269
Divers outrages de M. de la Grasserie^ par J. Vinson. 269
SIC vos NON VOBIS...
Mon excellent et respectable ami, le modeste et
savant W. Webster, me signalait dernièrement un
ouvrage qui venait de paraître en Espagne, qu'il ne
connaissait que par une annonce dans un Catalogue
et qui avait pour titre : « Catalogo de obras eus-
karas por G. de Sovarrain. » Il ajoutait : « Is this
work of Sovarrain a translation or a réchauffé of
your Bibliographie? » Je me suis naturellement
procuré le volume ; Webster avait soupçonné la
vérité : c'est un plagiat, ou, si Ton veut, un « démar-
quage », partiel et peut-être inconscient, de mon
« Essai de Bibliographie de la langue basque d ;
M. de Sorarrain, — c'est là son véritable nom, — y a
intercalé des articles pris au livre d'Allende Salazar
(Biblioteca del Bascôfilo, Madrid y 1887) ou à
d'autres ouvrages. Il m'a emprunté ma date (car
l'ouvrage, publié en 1898, est daté de 1891), mon
ordre chronologique, mon système de numérotage
(chiffres en normandes accompagnés des lettres a, b,
c, etc., pour les diverses éditions ou réimpressions)
qu'il a d'ailleurs irrégulièrement suivi, mes titres
avec les fautes qui m'avaient échappé et auxquelles
il en a ajouté de nouvelles, mes notes qu'il a sou-
vent abrégées et toujours littéralement traduites. Il
a d'ailleurs supprimé l'indication de la division des
14
— 198 —
lignes et n'a, comme pagination, relevé que le
nombre des pages principales, chiffrées. Il a même
copié ma disposition typographique, sauf qu'il a
imprimé les notes en rouge. Le livre est d'ailleurs
gros, grand, sur papier fort, et publié avec cette élé-
gance de mauvais goût qu'on rencontre trop sou-
vent de l'autre côté des Pyrénées. Paraîtra-t-il suf-
flsant, pour excuser le plagiat, d avoir couvert mon
livre d'éloges et d'avoir dit (p. 471) : « On peut dire
que c'est le travail qui a servi de base pour la for-
mation du présent catalogue ? » C'est de l'impu-
dence ou de la naïveté, car, il y a, dans mes notes,
beaucoup de choses qui sont ma propriété exclusive,
beaucoup de renseignements que de patientes
recherches m'ont fait découvrir ou que des circons-
tances heureuses m'ont permis, à moi seul, de con-
naître. Et voilà un amateur qui s'en empare, sans
plus de cérémonie, comme s'il s'agissait de choses
tombées dans le domaine public! Circonstance ag-
gravante : il reproduit exactement mes indications :
« renseignement donné par le prince L.-L. Bonaparte,
renseignement de M. le d*" Larrieu, etc., » comme
si c'était à lui que ces renseignements avaient été
fournis! Que n'a-t-il suivi l'exemple d'AIIende Sala-
zar qui, à chaque article, indique ses sources d'in-
formation?
En tc^te du volume est une dédicace à M. J.-V. de
Araquistain. Ce M. de Araquistain est un des quatre
ou cinq Espagnols qui ont cru rendre service aux
études basques en prenant un conte populaire ou
— 199 -
une légende plus ou moins authentique, et en la
dénaturant dans une amplification de rhétorique
généralement médiocre^ Il n'est d'ailleurs pas plus
bibliophile ou bibliographe que M. de Sorarrain;
pour ces Messieurs, un livre est évidemment un
article de commerce ou un bibelot d'étagère, et rien
de plus. Le susdit Araquistain écrit à son compère
une longue lettre, dans ce style emphatique et
solennel auquel se prête si bien la langue espagnole,
pour lui démontrer qu'il a parfaitement le droit de
copier les autres et de faire siens leurs ouvrages.
Il commence par admirer ce Catalogue, « véritable
œuvre de Bénédictin, dit-il, qui épouvante par le
travail, la patience et la force de volonté qu'il révèle,
sans parler des grands sacrifices d'une autre sorte,
que peuvent seuls se permettre les favorisés de
Plutus ! )) Mon Dieu ! que ces choses-là sont donc
mises en termes galants ! Le travail de Bénédictin
a été fait à coups de ciseaux, et quant aux sacrifices
d'argent, c'est peut-être ceux qui ne sont pas riches
qui ont quelque mérite à en faire. Un détail qui
m'a amusé dans la correspondance de MM. de Sorar-
rain et de Araquistain : les deux « bascophiles » se
félicitent de ce que leur livre, de simple index qu'il
était primitivement, soit devenu un Catalogue !
Le livre est en effet intitulé : « Gatalogo de obras
euskaras. Catalogo gênerai cronologico de las obras
impresas referentes â las provincias de Alava, Gui-
puzcoa, Biscaya, Navarra, à sus hijos y à su lingua
euskara o escritos en ella, formado en vista de los
— 200 —
trabajos de los Srs. D. Antonio Gallardo, Brunet,
Muûoz y Romero, Allende Salazar, J. Vinson y
otros, con un indice de autores, por orden alfabético
y notas correspondientes, arreglado para uso exclu-
sivo de su autor G. de Sorarrain: Barcelona, 1891. »
On lit au verso de ce titre : « Barcelona, Imprenta
de Luis Tasso, Arco del Teatro, 21 y 23, 1898. »
C'est un grand in-8* ou plutôt un in-4* de xviij-493 p. ;
cartonné. Il est malheureux que M. Sorarrain n'ait
pas attendu quelques mois... il aurait eu encore
beaucoup à copier dans mon Supplément , ..
Julien ViNsoN .
P.-S. — La convention de Berne, du 9 septembre
1886, complétant celle du 16 juin 1881, garantit la
propriété littéraire des Français en Espagne. Je ré-
serve tous mes droits, bien entendu. . .
2* P.-S. — On m'écrit de Barcelone que M. de
Sorarrain (Genaro) est mort depuis quelques années;
que son fils, peu habitué d'ailleurs aux choses litté-
raires, ayant trouvé le manuscrit du Catàlogo l'a fait
imprimer sans la moindre arrière-pensée et par un
simple sentiment de piété fîliale; que le livre a été
tiré seulement à 500 exemplaires qui ont été presque
tous distribués à des amis, à des basquisants et à des
journalistes... On ajoute que certainement M. de
Sorarrain père ne destinait pas cet ouvrage à l'im-
pression, etc., etc. Que signifient alors les lettres-
préfaces et la manière même dont l'ouvrage est rédigé ?
Ce n'est pas là un livre que l'on fait pour son usage
exclusif. . . les lecteurs apprécieront.
LA QUESTION DE L'ORIGINE DU LANGAGE
ET LA
LINGUISTIQUE ËVOLUTIONNISTE
Les commencements du langage considérés au
double point de vue des sons et des sens, ont donné
lieu depuis Platon jusqu'à Renan à tant d'hypothèses
contradictoires et fragiles que, pour beaucoup de bons
esprits, la question est presque à mettre sur le même
pied que celles de la quadrature du cercle ou du mou-
vement perpétuel. La crainte de la chimère, le soupçon
de l'utopie, ont suscité en pareille matière des préven-
tions défavorables, même à l'égard des recherches les
plus sagement conduites. Une circonstance bien carac-
téristique, c'est que la Société de Linguistique de Paris,
qui compte au nombre de ses fondateurs les savants
français les plus compétents de l'époque, a inscrit dans
ses statuts l'exclusion de toute controverse sur l'ori-
gine du langage'. On ne pouvait déclarer plus nette-
ment que la question semble insoluble, ou tout au
moins prématurée. Cette mise à l'index remonte, il
1. ART. U. La Société n'admet aucune communication con-
cernant soit Torigine du langage, soit la création d'une langue
universelle.
— 202 —
est vrai, â plus de trente ans il86o>; nuis rien n'in-
dique que les linguistes dont elle émane aient changé
sensiblement d*avis. Loin delà. Tan des plus éminents
d'entre enx n'hésitait pas à souscrire tout récemment
dans le Joètrnal de$ Savanis* à Tavis d'un confrère
étranger affirmant que ^ les diverses théories surTori-
gine du langage n'ont jamais contenté que leurs au-
teurs » .
Faut-il s'en tenir à cette note décourageante? Ya-t-il
vraiment lieu de croire que ce dernier quart de siècle,
si fécond pourtant en savants travaux sur toutes les
parties de la Linguistique, n*a rien apporté d'utile aux
idées qu'on peut avoir sur Tétat primitif et l'économie
initiale des éléments du langage ? On nous permettra
d'en douter et d'essayer de faire valoir les différentes
raisons qui sont de nature, sinon à trancher déOniti-
vement une question aussi ardue, du moins à laisser
entrevoir des lueurs qui dissiperont peut-être dans un
avenir prochain les obscurités qui l'entourent. Aussi
bien, rien n'autorise à la ranger à priori parmi celles
dont l'esprit humain doit se résigner à ne jamais avoir
le mot. Les considérations qui vont suivre nous
donnent en tous cas lieu de l'espérer.
l
Le langage considéré comme l'ensemble des expres-
sions significatives qui servent à Thomme pour com-
1. Année 1896, p. 464 : article de M. M. Bréal.
— 803 —
m
muniquer ses idées au moyen delà parole oa des sons
vocaux est, on peut le poser en fait, un organisme
essentiellement susceptible de modiPications et de dé-
veloppements. Il suffit pour s'en rendre compte de
comparer l'extrême pauvreté du vocabulaire des sau-
vages à l'opulence toujours croissante de celui des
peuple? civilisés. Chez ceux-ci même, quelle énorme
différence entre les quelques centaines de vocables dont
se contente la pratique verbale du paysan dépourvu
d'instruction et le magnifique déploiement de moyens
d'expression qu'a su mettre à son service le luxe d'un
Théophile Gautier, par exemple; et sans cependant qu'il
soit possible de nier que l'excédent des instruments de
l'un sur ceux de l'autre résulte d'un accroissement
graduel qui suppose une période initiale commune
d'éclosion ou d'origine I
Ces faits généraux indiquant que les langues ayant
visiblement un développement ont eu probablement un
commencement, nous serviront d'introduction à des
remarques particulières tendant à la même conclu-
sion. Nous les emprunterons naturellement au do-
maine indo-européen, c'est-à-dire à la famille de
langues dont dépendent presque toutes celles de
l'Europe actuelle par l'intermédiaire du grec, du
latin et des anciens idiomes slaves, germaniques
et celtes.
Dans ces langues, une immense série de mots est
à mettre à part avant tout dans l'opération qui cousis-
r
*■
^
— 204 -
tenait à. séparer les dérivés des primitifs en vu(
remonter par degrés aux formes originelles. Nous
Ions parler de ceux qui résultent de la combina
I des termes simples avec les préposilions-préfî
^ tels que, pour prendre un exemple dans le français
îl verbe composé /?ar/aîra(/?ar /aire). Non seulemer
[ procédé de composition qui consiste à créer de par
ï mots est évident, mais la langue des poèmes ho
^ riques, que nous pouvons considérer à certains cgi
et dans une certaine mesure comme Tantécédeiit
torique du français, puisqu'il s'agit d'une mêmefami
nous reporte à un moment de la vie de nos idior
où cette composition n'était pas faite, etoùpréposil
et verbe jouissaient encore d'une indépendance r
tuelle. A cet égard d'ailleurs, le grec des premiè
épopées est en parfait accord avec un autre idio
de même souche, le sanscrit archaïque, ou celui <
recueils de chants sacrés appelés Védas, qui, lui n
plus, n'a pas encore opéré la fusion des prépositioi
préfixes avec les formes verbales dont elles deviendn
une partie intégrante dans l'étal postérieur de
langue.
On se rendra compte de la quantité considérable
termes dont l'existence est due à la soudure des p
fixes aux verbes voisins, si l'on remarque qu'en fn
çb\s constituer, destituer, instituer, prostituer, restiiu
substituer, — abstenir, contenir, maintenir, obtenir,
tenir, soutenir, etc., et tous les mots de la famille
i
l
— 205 —
chacun d'eux, comme œnstitution, constitutif, consti-
iutiannely constitutionnellement, etc., remontent par la
voie du latin à une semblable origine.
Nous pouvons donc considérer comme établi d'une
manière absolument certaine, le fait que tous les mots
à préfixes de nos langues sont de création relativement
récente.
Il en est de même des mots à mffi^xe^. Il faut en-
tendre par là tous ceux dont la fonction grammaticale
est indiquée par un élément final composé d'une ou
de plusieurs syllabes caractéristiques et communes à
tous les vocables de même fonction. Telles sont les
finales leur dans notre mol foc-leur , iure dans^c-lwrc,
lion dans /ac-tion, etc. Grâce à ces syllabes suffixées,
facteur se range dans la catégorie des noms d'agents
masculins, facture et faction dans celles des noms
féminins d'action, et ainsi de suite pour tous les
vocables qui correspondent aux formes déclinées et
conjuguées des langues synthétiques. Les suffixes com-
prennent, en effet, non seulement ceux dont il vient
d'être fourni des exemples et qu'on peut considérer
comme les étiquettes des substantifs et des adjectifs de
différentes sortes, non seulement aussi les désinences
diverses qui distinguent les personnes et les nombres
des verbes, telles que c, e^, e, ons.ez, ent dans/'ame,
tu aimes, il aime, novs aimons, vous aimez, ils aiment,
mais de plus les finales spécifiques des cas dans les
langues à flexions ; exemples: us, i, o dans les formes
— 206 —
latines bon-us (nomioalif mascolin singalier), bon-i
(génitif ), bon-o (datif-ablatif), etc.
Abstraction faite des préfixes, les suffixes embras-
sent donc tous les éléments phonétiques qui s'ajoutent
aux primitifs pour donner naissance aux dérivés quels
qu'ils soient. C'est dire qu'eu égard aux exemples cités,
les primitifs dégagés par l'analyse seront fac dans /àc-
/etir, etc., aim dans faitrie, etc., bon dans le latin
bonus, etc. Mais il importe d'ajouter que les primitifs-
radicaux ou racines, ce qui est tout un, ne se pré-
sentent pas toujours comme enchâssés dans la gangue
qui les unifie aux suffixes. Souvent encore le langage les
a conservés sous l'aspect isolé qu'ils offraient avant
le développement auquel ils ont servi de base. On
peut en citer pour exemple le latin rex à côté du
cortège de sesdérivés reg-erc, reg-ina, reg-ius, reg-num,
rec-tor\ etc., sans oublier les formes verbales rejy-o,
reg-h, reg-it, etc., et les cas de la déclinaison reg-is,
reg-em^reg-i, m/-e, etc.; comparer le français rot, auprès
duquel se rangent les dérivés roy-al, roy-aulé roy-al
ùte, etc.
Si l'on joint à l'examen de ces faits la constatation
qu'au latin rex correspond en sanscrit l'identique râj\
mais que les dérivés respectifs dans les deux langues
sont différents, on en conclura en toute certitude qu a
l'époque de la vie commune de ces langues, le pri-
mitif râ/-rea; était seul existant et que l'ensemble de
la dérivation connexeestlerésultald'undéveloppemenl
- 207 —
qui s'est effectué dans chacun des deux idiomes a la
suite de leur séparation. Le même raisonnement
serait applicable à beaucoup d'autres primitifs restés
à rétat simple» comme rex, ou pourvus de suffixe,
comme fac-tio, et tout concourt à prouver qu'il
fut un temps dans l'histoire de nos langues où les
radicaux suffisaient à l'expression de la pensée et
constituaient tout le vocabulaire, à condition toutefois
d'admettre que les préfixes et les suffixes sont eux-
mêmes d'anciens radicaux. Or, en ce qui concerne les
premiers, Taflirmalive ne saurait laisser de doute : il
est certain que le latin per, antécédent du français /?c/r,
dans parfaire (comparer le lat. perficcre), est un ancien
nom d'agent signifiant « qui s'avance, qui va au delà »,
à ranger dans la même catégorie grammaticale que
rex, primitivement « celui qui dirige », d'où « roi ».
Pour les suffixes, le cas est moins clair. L'hypothèse
la plus vraisemblable est qu'ils résultent d'emprunts
faitsaux finales des primitifs-radicaux; exemple, ea?dans
r-ex servant à des formations secondaires comme cod-ex;
et s'il en est ainsi, ils se classent par là même au
rang des éléments secondaires du langage. Mais
dussent-ils être considérés comme d'anciens radicaux
indépendants, ultérieurement ag^gf/i^/mc^ (selon le terme
consacré) à d'autres radicaux, qu'il n'en resterait pas
moins acquis que tous les éléments de nos langues se
ramènent à des noms d'agents monosyllabiques dans
le genre de rex et de per, à l'aide desquels s'est déve-
- 208 —
loppée soil la composition avec préfixes (parfaire, per-
ficere), soit la dérivation avec suffixes (rex, reg-fus —
roi, roy-af), c'est-à-dire et en somme tout ce qui
constitue les familles de mots considérées comme
l'ensemble des formes secondaires groupées autour
des primitifs dont elles dépendent.
Par suite de cette simplification delà question, le pro-
blème de l'accroissement du langage se trouve resserré
dans les termes suivants : Peut-on assigner une origine
aux primitifs-radicaux ou racines, et dans l'affirmative,
quelle est-elle? C'est en l'envisageant ainsi que nous
en poursuivrons Tétude.
II
Avant d'examiner les rapports que les parties simples
du langage appelées racines peuvent avoir entre elles,
il convient d'essayer d'en bien déterminer la nature,
surtoutau point de vue fonctionnel. Jusqu'ici, nous les
avons identifiées aux noms d'agents monosyllabiques
sur le type de rcar, c'e3t-à-dire que nous y avons vu
des éléments, en quelque sorte pratiques et déterminés
du langage, Nous ne devons pas dissimuler cependant
que l'opinion courante diffère de la nôtre à cet égard.
On admet généralement qu'un mot comme rex (pour
regs) est une forme déjà complexe qui comprend, en
outre d'une partie radicale reg, un suffixe s ayant pour
fonction de caractériser le nominatif masculin singu-
lier. La racine ainsi considérée serait une abstraction
— 209 —
à tous les points de vue : jamais elle n'apparaîtrait à
rétat isolé ou indépendant, et le sens qu'elle exprime-
rait en soi échapperait à toute détermination précise.
Ce dernier point surtout rend l'hypothèse invraisenâ-
blable. Non seulement il est logiquement difficile
d'imaginer un état du langage, quelque primitif qu'il
soit, où les fonctions grammaticales des vocables au-
raient été vagues, mais les noms d'agents et d'actions
(à côté de ceux de choses) s'indiquent comme les
instruments nécessaires des plus anciens modes
d'expression de la pensée. D'autre part, l'analyse de
rex en reg-s n'a rien qui s'impose, loin de là, étant
donné que le x est l'antécédent naturel du g, comme
la phonétique le fait voir.
Mais que les racines comprennent ou non le s dit
désinentiel des monosyllabes déclinables comme rex,
'fex, 'dex, etc., que ces monosyllabes aient été em-
ployés ou non dès l'origine avec leurs fonctions de
noms d'agents, la question de savoir s'ils sont ou non
apparentés entre eux se présente sensiblement dans les
mêmes conditions, et rien ne nous empêche de la
traiter en faisant abstraction de ces points litigieux.
Constatons pourtant encore avant de l'aborder que,
malgré son importance capitale, elle a été laissée abso-
lument de côté par Bopp, le fondateur de la grammaire
comparée des langues indo-européennes, et par la
plupart de ses disciples. C'est que celui-là et ceux-ci
ont fait généralement bon marché de la logique,
— 210 —
et par là de toutes les circonstances sî impor-
tantes qui solidarisent à tant d'égards la logique et la
grammaire. Il est resté tacitement convenu dnns recule
qu'il en était des racines de nos langues comme dos
espèces animales et végétales, et que, pour les unes
comme pour les antres, la tâche de la science ne com-
portait pas de recherches plus profondes que de
constater le caractère particulier de chacune d'elles
et de s'arrêter là, sans souci du quod antea.
On sait ce qu'il est advenu aux mains de Danvin
de ce « Tu n'iras pas plus loin » imposé par l'igno-
rance voulue et tyrannique des vieilles méthodes, en
ce qui regarde la botanique et la zoologie. La gram-
maire s'est montrée plus docile à l'injonction desprw-
denls: en dépit du succès sur d'autres domaines des
théories évolutionnistes, elle en est restée en général au
dogme irraisonné et irrationnel de l'indépendance a
principio des racines linguistiques les unes à l'égard
des autres.
A peine est-il besoin de signaler les tentatives d'ex-
plications plus ou moins conformes à cette doctrine,
présentées à quelques années d'intervalle par Renan
et par M. Max Mûller. Le premier, dans son livre sur
l'origine du langage, u plaidé, en ces termes, la cause
de l'innéilé ou de l'intuilivité des racines: << La seule
chose qui me semble incontestable, c'est que l'inven-
tion du langage ne fut point le résultat d'un lonjr
tâtonnement, mais d'une intuition primitive qui révéla
— 211 —
il cliaque race la coupe générale de son discours et le
grand compromis qu'elle dut prendre une fois pour
toutes avec sa pensée. »
Quant à M. Max Mûller, il na cru pouvoir mieux
faire, quoique linguiste et des plus éminents, que
d'adopter rhypothèse d'un philosophe allemand, M. L.
Noire, qui est bien parmi les plus étranges qu'on
puisse imaginer. Esquissons-la en quelques mots. Au
début de la civilisation et de rétablissement des so-
ciétés, les hommes se réunissaient pour accomplir cer-
tains travaux, certains actes, auxquels ils s'excitaient
à Taide de cris dont les intonations variaient selon la
nature de la tâche entreprise ou de l'amusement goûté
en commun. Ces cris spéciaux sont devenus les appel-
lations-racines des faits et gestes qui les avaient pro-
voqués; et voilà du même coup Texplicalion de
l'origine du langage et de l'imposition des vocables
aux objets qu'ils désignent.
Nous n'insisterons pas plus qu'il ne convient sur la
gratuité absolue des deux hypothèses. Nous nous bor-
nerons à remarquer pour toute critique que la théorie
de l'innéité accorde trop à l'homme primitif qu'elle
suppose nécessairement parlant parce qu'il est homme,
alors que celle de l'invention en commun lui accorde
trop peu, en supposant l'antériorité de la société, eu
égard à la faculté de parler. Le développement linguis-
tique, nous ne saurions trop le redire en réponse à
Benan, implique commencement; et ce commence-
— 212 —
ment qui a suivi sous nos yeux un cours si spontané
et si naturel, ne saurait avoir la cause arlincielle et
d'occasion que lui assignent MM. JNoiré et Max
Mûller.
On peut ranger d'ailleurs auprès de ces vaines con-
jectures celle que les demi-savants et les linguistes
amateurs sont assez disposés à admettre, et qui consiste
à attribuer l'origine des racines à l'onomatopée. Mais
quelque spécieuse qu'elle soit, on en sentira l'insuffi-
sance aussi bien en constatant combien peu de noms
d'agents et d'actions peuvent remonter à rimitation
des bruits naturels et des cris des animaux» qu'en se
rendant compte que cette imitation suppose une apti-
tude des organes de la voix que le langage seul aurait
pu développer, — autrement dit que l'onomatopée
n'est en étal de contribuer au langage qu'une fois le
langage établi.
iNous pouvons maintenant considérer le terrain
. comme déblayé et laisser l'examen des hypothèses
aventureuses pour celui des faits positifs.
Parmi ceux qui sont de nature à éclairer la question,
il n'en est pas de plus importants que les doublets ra-
dicaux. Il faut entendre par là lés primitifs, développés
ou non par la dérivation, dont le sens est identique et
la forme voisine. Tels sont en latin flect dans flect-o et
ptect dans com-plect-or avec la signification commune
de plier, tordre, tourner, dont on peut rapprocher à
titre de radicaux restés à l'état simple, plex dans du-plex
— 213 —
et plus (pour *plux) dans du^plus « double >>, c'.est-à-
dire « deux fois plié ».
La différence phonétique entre ftect et plect ne porte
que sur les initiales f-p, à propos desquelles il convient
de remarquer que Tune et l'autre appartiennent au
point de vue de leur classement physiologique à la
catégorie des labiales fortes. C'est dire qu'elles sont
étroitement apparentées, et qu'étant donné l'échange
fréquent des deux consonnes, ou plutôt le passage
souvent attesté de l'une à l'autre, il parait sûr que tel
a été le cas dans l'exemple qui nous occupe, et que
les racines flecl el plect doivent la ressemblance de leur
sens à leur commune origine au point de vue des sons.
Une remarque analogue peut être faite d'ailleurs en ce
qui regarde flect et plect, d'une part, etplex de l'autre,
le groupe et étant, comme on le démontre en phoné-
tique, une variante fréquente ùex.
On aperçoit sans peine toute la portée que peut
prendre, à propos de l'origine des racines, une pareille
observation, s'il y avait lieu de la généraliser. iMais
avant d'en décider et de conclure, il est bon que nous
nous rendions compte des conditions dans lesquelles
se produisent les variations phonétiques du langage et
quelles en sont les conséquences.
III
le langage humain se compose de sons, et ces sons
résultent naturellement du jeu des organes qui con-
15
— 214 —
courent à les émettre. Mais les organes vocaux n*ébiDt
jamais absolument semblables d'homme à bomme,
comme le prouve le simple fait qu'on se reconnailà la
voix, il s'ensuit que, d'homme à homme Jes sons cor-
respondants qui composent le langage diffèrent entre
eux, même quand l'imitation tend à les rendre
identiques. Souvent l'identité traditionnelle ou initia-
tive l'a emporté sur la différence fatale ou physiologique,
et dans ce cas les mêmes signes ont pu rester affectés à
la représentation du son approximativement identique
émis par différents individus d'après une norme com-
mune. Il en est ainsi du /"de la racine flect.
Mais souvent aussi, dans les mêmes circonstances,
la différence a pris le pas sur l'identité, et c'est alors
qu'une variante 'pleci a pu apparaître auprès de l'anté-
cédent traditionnel flect. Les changements de ce genre
se produiront surtout chez les individus atteints d'un
vice de prononciation plus ou moins caractérisé, comme
celui qui se traduit par le lambdacisme ou l'altération
de r en /, ou bien aussi comme le dentalisme qui a
pour effet de substituer le / auc; exemple entore pour
encore.
Malgré la fréquence et l'on peut dire la généralité
des conditions physiologiques individuelles dont le
résultat est d'altérer les sons traditionnels du langage,
ces altérations ne parviennent à acquérir à leur tour
un caractère permanent et traditionnel, comme
plect obtenant droit de cité dans le latin auprès du
— 216 —
préoccupant flect, que dans des circonstances particu-
lièrement favorables. A Theure actuelle, il est presque
impossible qu'une variante phonétique prenne pied
dans le langage, parce qu'elle ne saurait le faire qu'en
mettant la tradition en échec, et que celle-ci, soutenue
par un enseignement général et uniforme, contrainte
au ne varieiur paf la lettre écrite ou l'orthographe, a
acquis une telle consistance et une telle fi&ité qu'elle
étouffe infailliblement toute tentative d'indépendance,
c'est-à-dire d'altération des sons consacrés par l'usage.
Dans le domaine purement phonétique du langage, la
tradition est désormais souveraine, et elle devient
de plus en plus puissante à mesure que l'instruction
générale se développe ; mais il n'en a pas toujours été
ainsi.
Avant de devenir ethnique ou nationale, comme celle
qui s'applique au français actuel, la tradition phoné-
tique a été provinciale, locale et même familiale ou
patriarcale ; et plus était étroit le cercle politique ou
social dans lequel elle s'exerçait, plus elle était exposée
à se modifier au gré des circonstances capables d'agir
sur elle. Aux temps primitifs, dans une famille, une
tribu, un clan, une variante phonétique émanant du
père ou du chef, par exemple, avait d'autant plus de
chancesde s'implanter dans le dialecte commun auprès
de l'antécédent dont elle provenait, que son auteur
était mieux écouté et que les principaux auxiliaires de
la conservation exacte des anciennes formes man-
— 216 —
quaient davantage. Sans l'écriture, sans la lecture, sans
la littérature, sans renseignement commun, sans la
grammaire, sans rimprimerie, sans tous les secoars
qu'a reçus successivement des progrès de la civilisation
la transmission régulière du mot sous une forme au-
thentique et identique, rien de plus facile, rien de plus
naturel et sans doute rien de plus fréquent, que l'intro-
duction constante dans la langue publique de variantes
privées enrichissant sans cesse le vocabulaire commun
et venant prendre place à côté des formes déjà acquises
et admises.
Un exemple d'ordre pratique nous est fourni, auprès
d'une infinité d'autres où la filiation radicale par voie
de variantes phonétiques est aussi évidente, par le tercet
des racines latines flect.-plect.-plex. En théorie, on
peut aller plus loin et admettre, si Ton lient compte de
la parenté des sons mêmes qui les composent, la
parenté phonétique possible de toutes les racines entre
elles. Nous abordons par là, il convient de le recon-
naître, un terrain bien technique; mais il nous suffira
de justifier succinctement la remarque qui précède en
indiquant au lecteur que des trois ordres entre lesquels
se répartissent les consonnes dites explosives, à savoir :
les gutturales c,q,g, h, x;
les dentales t,d, z;
les labiales ^ p, b, v\
le premier seul est primitif et que les sons qui com-
posent les deux autres en dérivent par voie d'altération
- 217 —
phonétique ; que dans Tordre même des gutturales le
son fort X peut être considéré comme l'antécédent des
autres; que parmi les autres consonnes (qui sont 5, r,
/) s vient de x, r de * et / de r ; qu'enfin toutes les
voyelles procèdent de â et de ô. En résumé, les sons
premiers du langage se ramènent à ces deux voyelles
et pour ce qui est des consonnes, à a: et aux nasales
m, n qui se fondent elles-mêmes dans un antécédent
commun auteur des variantes actuelles'.
Ces indications, quelque cursives qu'elles soient,
montrent comment on peut dire que l'échange de sons
qui s'est produit entre flect, pied et p/ex permet de faire
remonter à une forme antérieure commune, non seu-
lement ces trois racines et les analogues, mais toute$
les racines de nos langues.
I.a conclusion à laquelle on aboutit ainsi et qui
tranche la question en faveur de l'hypothèse d'un déve-
loppement graduel des formes ou des sons du langage,
ne suffit pourtant pas àlasolutioncomplète du problème.
N'oublions pas, en effet, que le verbe humain est
composé d'une manière indissoluble de sons et de sens,
nous dirions volontiers de corps et d'âme, et qu'il ne
servirait à rien de montrer que ceux-là peuvent sortir
d'une même souche, comme la frondaison d'un grand
1 . Devant une labiale, la nasale primitive est devenue m ; de-
vant les autres consonnes explosives, elle est restée /t, du moins en
latin et de là en français. Pour tous ces détails, voir mes
Éléments de grammaire comparée du grec et du latin et mon
Précis de phonétique germanique.
— 218 —
chêne, si Ton n'établit pas la possibilité de TévoIatioD
parallèle et coordonnée de ceux-ci. C'est le point qoe
nous allons maintenant essayer d'éclairer.
IV
Les mutations signiflcatives des formes du langage
peuvent être examinées à deux points de vue et selon
quelles concernent la signification proprement dite des
vocables, ou leur fonction logique ou grammaticale.
Nous nous occuperons d'abord de celle-ci.
En linguistique, rien n'est plus sûr que le mouve-
ment logique en vertu duquel les parties du discours
ont évolué les unes des autres. L'élymologie, toutes
les fois qu'elle est possible, nous fait voir que le nom
commun est invariablement issu d'un adjectif employé
substantivement. C'est ainsi que le roi {rex) est celui
qui dirige ou le conducteur, la terre (terra) la sèche,
le soleil [sol) le brillant, etc. On est donc tout à fait au-
torisé à croire que les langues ont passé par un stage où
les choses étaient dénommées par leurs qualités et où,
par conséquent, l'adjectif et le substantif ne formaient
qu'une seule et même catégorie.
Cette observation concerne tout particulièrement les
mots concrets, mais il est facile de voir que les noms
abstraits ont la. même origine et que la blancheur, la
grandeur, la beauté, etc., ne sont' autre chose que le
blanc, le grand, le beau, etc., c'est-à-dire les noms
(adjectifs) de telles ou telles qualités considérées abs-
— 219 —
traction faite de celles qui peuvent se rencontrer à côté
d'elles dans une même substance. Les noms propres
eux-mêmes ne font pas exception à cette règle, attendu
que Pyrrhus est le roux, Philippe celui qui aime les
chevaux, Ptolémée le guerrier, etc.
Cet état du langage où toutes les appellations étaient
qualificatives nous est indiqué d'ailleurs par le double
fait que les noms communs ne désignent que les genres :
homme, cheval, arbre, etc. , etqu'il est besoin pour les
dénominations individuelles de la combinaison d'un
nom commun et d'un adjectif: un homme brun. Il va
de soi, en effet, que si les premières désignations avaient
été nominales, ou propres à la chose désignée, cette
combinaison aurait été inutile.
Mais l'adjectif même, en tant que chargé de la
fonction de désigner les qualités des choses, et par
suite les choses elles-mêmes par leur qualité distinc-
tive (la terre = là sèche), peut-il être considéré comme
primitif? f^'affirmative est difficile, en présence de la
question, insoluble, à ce qu'il semble, dans cette hypo-
thèse, de l'imposition 7ia/t<re//e des désignations adjec-
tives aux qualités qui en sont l'objet. Pourquoi le mot
sec, par exemple, a-t-il été appliqué, de préférence à
tout autre, à la désignation des choses sèches, — le
mot brillant, à la désignation des choses brillantes, et
ainsi de suite? La seule réponse qui paraisse satisfai-
sante est d'admettre, surtout par raison logique, qu'il
faut remonter chronologiquement des adjectifs aux
— 220 —
pronoms démonstratifs, et que ceux-là sont des va-
riantes de ceux-ci dont les formes et les signiGcations
vagues et générales se sont, grâce aux circonstances
qui seront indiquées tout à l'Iieure, spécifiées et appro-
priéesy petit à petit, à la désignation de telle ou telle
qualité déterminée. Nous n'insisterons pas sur celte
partie si nettement préhistorique de la science du
langage; nous ne voulions qu'indiquer la solution la
plus vraisemblable du problème de l'imposition des
noms, à supposer le phénomène d'origine naturelle,
et tout en montrant comment cette solution peut s'ac-
corder avec le caractère évolutif, et certain d'ailleurs,
des parties du discours.
Nous terminerons ces remarques en constatant que
le verbe n'était autre à l'origine qu'un adjectif-nom
d'agent, comme le montre encore en sanscrit la double
fonction des formes comme ddiâ « donneur » et « il
donnera ».
Les catégories significatives d'ordre grammatical et
logique, — entendons celles des principales parties du
discours, pronom, adjectif, substantif, verbe, — pro-
cèdent donc les unes des autres et nous mettent en
présence d'une extension ou d'une croissance que
nous allons constater encore, si nous passons à l'exa-
men des significations propres aux vocables considérés
isolément et abstraction faite de leur rôle syntaxique.
i.
— 221 —
L'exemple qui nous a servi pour donner une idée
de la manière dont s'effectue révolution des sons peut
montrer comment s!y joint l'évolution sémantique ou
significative. De même, en effet, que flect, plex, plie
s'expliquent par un antécédent commun flex qu'on
retrouve encore d'ailleurs dans les mots comme flex-us ,
le sens de flect « courber » et celui de plex, plie « plier »,
rentrent l'un et l'autre, à titre de nuances, dans la signi-
fication antérieure et commune de « briser, tordre ».
Nous avons là un phénomène tangible de mutation signi-
ficative, marchant de concert avec une mutation phoné-
tique, dont les exemples pourraient être multipliés à l'in-
fini, même en ce qui regarde les formes dérivées, telles
que les doublets latins tennis « ténu » et tener « tendre »,
reposant sur l'antécédent commun hypothétique *temm
« étendu, mince ». iMais si nous connaissons la cause
habituelle du changement des sons vocaux, à savoir
l'état particulier des organes de l'initiateur du chan-
gement, à quoi il convient d'ajouter l'influence exercée
par la dérivation et qui a pour effet régulier d'affaiblir
la tonalité des éléments phonétiques du primitif, ne
nous serait-il pas possible de dégager celle des muta-
tions sémantiques correspondantes?
Nous ne croyons pas nous tromper en les attribuant
pour la plupart à ce que nous appellerons les locutions
ou les formules discursives, c'est-à-dire les affecta-
tions habituelles de telle variante phonétique donnée
à telle variante significative correspondante. Fixons
les idées en prenant pour exemple les expressioi
françaises « ployer une branche » et a plier od^
serviette ». Ployer et plier (lat. plicare) sont deui
verbes de même origine phonétique et de même sigoi-
fication première, et pourtant une nuance significative
sensible a fini par scinder le sens origine! commun â
la suite , non seulement de la scission phonétique déji
acquise et à la faveur de cette scission même, mais aussi
de rhabitudequi s'est établie de se servir de la forme
ployer quand il s'agit du fait de courber un objet résis-
tant, alors qu^on a recours à la forme plier s'il est
question du même acte appliqué à un objet inerte et
sans ressort.
Il est infiniment probable qu'ici, comme en ce qui
regarde les altérations phonétiques, l'altération oa
plutôt la spécification sémantique, qui ne pouvait
naturellement se produire qu'en second lieu, est dueà
la manière de dire, — à la locution, ou à la formule,
— d'un initiateur auquel les circonstances ont permis
de faire autorité ou de servir d'exemple. Rappelons-
nous d'ailleurs que c'est ainsi, et ainsi seulement,
que peuvent s'expliquer les attributions primitives de
telle ou telle forme ou variante du pronom démons-
tratif à la désignation de telle ou telle qualité spéciale
des choses, et par là, la transition même du pronom à
l'adjectif.
Les exemples auxquels nous avons eu recours jus-
qu'ici ne portent que sur des transitions significatives,
— 223 —
légères. Il en est ainsi, en effet, des nuances qui dis-
tinguent courber de tordre ou de plier, — plier de
ployer, — ténu de tendre ; mais, à côté de ceux-là, on
peut citer de nombreux cas où la disjonction significa-
tive des doublets phonétiques va en s élargissant jus-
qu'au point d'aboutir a une antithèse formelle. Nous en
avons des exemples dans le radical indo-européen tan
iA étendre » passant au sens de « serrer, réduire » dans
« ténu, ténuité », par Tintermédiaire de celui de mince;
dans le latin prîvus, primitivement « séparé » (com-
parer notre verbe priver), d.'où « propre, attaché à,
spécial » par l'intermédiaire de « mis à part, réservé,
approprié », dans les expressions « en privé, une chose
privée « propre », — opposé à « commun, public) »;
dans le latin meniior, étymologiquement « penser, se
représenter (une chose réelle) », arrivant à signifier
« mentir, tromper», en passant par l'idée d'i< ima-
giner », etc.
Ces modifications, qui, au cours de la vie des mots,
en transportent graduellement le sens du contraire au
contraire, nous démontrent d'une manière irrécusable,
que tout Tentre-deux peut être rempli à plus forte
raison par des vocables apparentés, et par conséquent
que l'ensemble des termes d'une langue de pre-
mière formation se prête à être comparé à un
immense réseau dont toutes les mailles, solidaires les
unes des autres au point de vue de la forme, le sont
également eu ce qui regarde les sens. C'est ce que
— 224 —
nous avions pris à tâche de faire voir, et noas pou-
rions nous en tenir à cette conclusion si noas D'avior>
pas à tenir compte, avant de terminer, d'une sorte i*
rappel à la question préalable, que quelques linguistr
ont pour habitude d'adresser à quiconque raisonneur
les racines, pour établir les bases d'une théorie gcn^
raie du langage.
VI
Tous les progrès qu'ont accomplis depuis les com-
mencements du siècle les sciences historiques e:
naturelles sont venus à Tappui de l'hypothèse que I:
terre est bien autrement ancienne qu'on ne le croyaiî
en s'appuyant sur la chronologie biblique plus ou
moins bien interprétée. 1/âge du monde que nous habi-
tons a été reporté de six à sept mille ans à plusieurs cert-
tainesde siècles, et la race humaine a été vieillie en
conséquence. Bien que les données paléontologiqnes
qui la concernent ne paraissent pas déterminées jus-
qu'ici d'une manière bien précise et bien sûre, on ik
risque guère de dépasser le minimum en lui attribuant
une cinquantaine de mille ans d'existence. C'est en
partant d'approximations de ce genre que certains lin-
guistes ont contesté la validité des conclusions que
d'autres se croient en droit de tirer de l'examen des
racines indo-européennes, et qu'ils en dénient le cane-
1ère primitif. Il y a si longtemps, disent-ils, querhomm*'
doit user du langage, et les plus anciens documents qui
— 225 —
nous font connaître ces racines, tels que les Védas de
rinde ou les poésies homériques en ce qui regarde la
Grèce, sonl d'une antiquité relative si peu considérable
(trois mille ans, au plus), qu'il y a lieu de croire à des
refontes multiples qui en ont complètement altéré les
traits primitifs et qui interdisent d'en tirer parti comme
si Ton avait quelque droit d'y retrouver l'image des
origines.
On en donne d'ailleurs pour exemple ce qui s'est
passé dans la transition du latin aux langues romanes
et la création dans celles-ci de racines apparentes qui
n'ont rien de primitif, mais qui seraient mises sur le
même pied que les autres, si l'étymologie n'en décelait
pas la formation secondaire. Telle est, entre autres, la
racine roui, qu'indiquent les mots français rouler,
rouleau, roulement, etc. Sans les mots latins rot-a,
rot'Ula, etc., qui nous y font voir clairement le résultat
de la combinaison d'un radical plus ancien rot et des
suffixes qui l'accompagnent dans rotula, nous n'hési-.
terions pas à considérer roui comme une racine pri-
mordiale età raisonner très faussementen conséquence.
Or, ce qui a eu lieu à cet égard entre le français et
le latin a dû se produire à plus forte raison entre
l'indo-européen, dont nous connaissons les racines par
les idiomes qui en sont issus (sanscrit, grec, latin, etc.),
et les états du langage de la race qui l'ont précédé
durant les longs siècles antédocumentaires dont la
durée s'est étendue, au point de vue régressif, depuis-
— 226 —
répoquedesVédas et des poèmes homériques, jnsqo^
celles des premiers essais chez nos âocétres du langâ^
articulé.
Voilà l'objection dans toute sa force, et nous ne dis-
simulons pas qu'elle nous place dans l'alternative, m
de la réfuter, ou de reconnaître que la prudence scien-
tifique impose le devoir de s'en tenir au scepticisme
passif de la Société de Linguistique de Paris. Fort heu-
reusement pour ceux à qui cet aveu d'impuissance
parait humiliant, excessif et de nature à stériliser tout le
champ de la linguistique indo-européenne en la privant
à jamais de principes., les arguments sur lesquels on
peut s'appuyer pour passer outre sont nombreux et
concluants. Nous indiquerons les principaux en les
classant par ordre d'importance.
I"" Les fausses racines, eu égard aux origines latines
du français, telles que ro<i/ dans roul-er, etc., sont
très peu nombreuses ; dans la grande majorité des cas,
le français a conservé les racines latines qui sont pour
la plupart des racines indo-européennes. Il en est ainsi,
entre une infinité d'autres, de /^ dans souf-fr-ir qui re-
monte par l'intermédiaire du latin fer, du grec ^ep, du
sanscrit bhar, etc., jusqu'à l'époque d'unité Indo-euro-
péenne. Il est hautement invraisemblable que les racines
qui se sont conservées à peu près intactes à travers les.
vicissitudes qu'a subies la langue mère pour arriver au
français actuel, n'aient pas bénéficié d'un avantage ana-
logue dans la langue mère elle-même.
— 227 —
S"" La transition du latin au français et aux langues
romanes en général, s*est effectuée dans des conditions
toutes spéciales de trouble et d'irrégularité. Sans la
brusque révolution causée par Tinvasion des Barbares,
dont Teffet a été de suspendre pendant des siècles toute
l'ancienne culture, le latin serait resté le laUn et l'en-
chainement historique des formes de la langue n'aurait
pas abouti à la confusion dont la fausse racine roui
nous fournit un ei^emple. Rien au contraire n'autorise
à croire que le développement linguistique à l'époque
d'unité indo-européenne ne se soit pas poursuivi dans
des conditions à la fois traditionnelles et naturelles
exemptes des risques d'un trouble profond parce que la
tradition en était sans doute familiale et orale. La fra-
gilité de la tradition àvilisée de l'antiquité classique
tient à son caractère littéraire et scolaire qui la
rendait éminemment susceptible de disparaître avec
la littérature et l'enseignement public dont elle dé-
pendait.
3"* L'ancien égyptien nous fournit l'exemple d'une
langue qui, dans le cours des quatre ou cinq mille ans
pendant lesquels nous pouvons en suivre l'histoire, n'a
pas modifié sensiblement ses racines. Pourquoi en au-
rait-il été autrement de la langue mère indo-euro-
péenne, une fols pourvue de ses instruments néces-
saires? Elle n'a jamais complètement cessé d'accroître
le nombre de ses radicaux au moyen de l'évolution
phonétique, mais elle les a conservés tels ou à peu près
— 228 -
qa1ls sont nés. à C4)lé de leurs antécédents, et c>s(
de là que vient sa richesse.
io Les formes radicales restées simples, comme le
latin dtx dans tn-dex^ ju-dtx) ou rex^ et qui présentent
le plus grand nombre des termes communs aux diffé^elll^
idiomes indo-européens de première formation, d*où la
preuve qu*elles remontent à la langue mère, décèlent
leur caractère primordial autant en ce qu'elles sont
monosyllabiques qu'en raison de leur fonction gram-
maticale d'adjectifs-noms d'agents, k ce double point
de vue, elles portent le cachet des éléments initiaux do
langage, et aucun fait n'autorise à supposer qu'elles ont
subi des altérations du genre de celles qui ont abouti à
la fausse racine roui du français.
Il nous semble que la cause est entendue.
Le langage, comme la société à laquelle il sert de lien,
comme la civilisation dont il est le principal auxiliaire,
a eu d'humbles commencements et sa richesse actuelle
est le fruit de la lente capitalisation de ses gains suc-
cessifs. A la façon de tout ce qui a vie, il jouit de la fa-
coltéde s'accroître, et son histoire n'est que letableaude
l'extension constante des moyens qui lui sont propres
pour.«jHi^er la pensée humaine. Envisagéesousce jour,
la question de son origine devient singulièrement
simple et claire dans les deux parties qu'elle comporte.
La première, qui concerne le cri animal et qui survit
encore dans le langage actuel sous la forme de Tinter-
jection, est toute du ressort de la physiologie. C'est «î
— 229 —
cette branche de la science qu'il appartient snrtoutd*en
montrer les rapports nécessaires, et d'ailleurs évidents,
avec les causes subjectives et extérieures qui provoquent
rémission de la voix d'une manière spontanée et irréflé-
chie, on pourrait dire naturelle et fatale, chez tous les
êtres qui possèdent les organes requis à cet effet.
Avec l'intervention psychologique de la conscience
et le secours de l'articulation modulant le son pro-
prement dit, le cri animal est devenu le langage
humain, et c'est alors que l'étude en relève du lin-
guiste ou du grammairien dont la tâche consistera,
si tout ce qui précède est juste, à remonter des effets
aux causes ou des phénomènes secondaires à ceux qui
les ont précédés.
Par là, la linguistique rentre dans le cadre des
sciences historiques et leur emprunte sa méthode;
parla, la question d'origine cède le pas à celle de
développement et d'enchaînement. A vrai dire, — et
c'est ce qui excuse dans une certaine mesure l'interdit
de la Société de Linguistique, — ici comme ailleurs, le
commencement absolu n'est nulle part, et l'œuvre du
savant est circonscrite en conséquence.
Paul Këgnàud.
16
LE
LEVER DE LA LUNE DE LA CONNAISSANCE
(PRABÔDHACANDRÔDAYA )
Drame en 6 aotes, traduit pour la première fois en français
du sanskrit et du pràkrit
Ce drame est une composition allégorique, qui res-
semble à nos vieilles moralités par la personnificatiou
de Quiétude, de Dévotion à Vishnu, de Sentiment de
la personnalité, de Compassion, etc.
Les opinions tbéologiques ou philosophiques, qui
sont énoncées ou auxquelles il est fait allusion dans ce
drame, le sont parfois avec une telle obscurité qu'il
faudrait bien des notes pour en élucider les difficultés :
nous ne tenterons même pas ici d'effleui'er un sujet
aussi intéressant, mais plein de périls, auquel seuls des
philosophes pourraient appliquer la finesse ou la péné-
tration de leur esprit.
L'auteur de ce drame veut établir les principes du
Védanta, et il met en scène les autres doctrines, en
ayant soin de souligner avec malice leurs erreurs ou
leurs absurdités, et il est certain qu'il agit trop souvent
comme ceux qui, ayant une idée fixe, ne peuvent s'em-
pêcher, même avec la meilleure foi du monde, de
représenter sous un faux jour les sectes rivales. Il faut
— 231 -
avouer que cette passion exclusive donne parfois au
drame une allure des plus franches et des plus vives,
et Ton ne peut que souscrire aux invectives, aux saillies
spirituelles qui émaillent la pièce hindoue.
Dans ce drame, l'âme {Purucha) épouse Illusion
(Maya), et de cette union naît le monde entier, Manas
(le pouvoir imaginatif). Manas épouse d'un côté Ac-
tivité {Pravrtti), et de l'autre Inaction [Nwrtti), Avec
la première sont engendrés Grand Aveuglement
(Mahamoha) et tous les autres vices, Hypocrisie,
Amour, Volupté. Hérésie, Colère, Avarice, Sentiment
de la personnalité, etc. De la seconde épouse naissent
Discernement {Vioeka) et toutes les autres vertus,
Contentement de peu, Compassion, Quiétude, etc.
Discernement a pour épouse Pensée {Mati)\ il doit
se marier, grâce à l'entremise de Dévotion à Vichnu,
avec Révélation (Upanishad), d'où doit sortir la déli-
vrance de l'âme par l'engendrement de Prabodha,
c'est-à-dire l'Idée que je suis Vichnu, et de Science
{Vidya), sa sœur.
Nous pensons qu'il est pour le moins inutile de faire
remarquer à ceux qui voudront bien lire cette traduc-
tion (que nous avons faite sur le texte de Brockhaus,
Leipzig, 18350 la quantité assez grande d épisodes qui
font honneur à la féconde imagination de Krchnaraiçra.
Les lecteurs sauront faire eux-mêmes le départ de ce
qu'il y a de vraiment neuf et piquant dans cette mora-
lité hindoue, et ils seront assez justes pour ne pas trop
1. Dans les passages difficiles, qui ne manquent pas dans oe
drame, nous avons consulté parfois avec fruit le Commentaire de
Sédition de Calcutta^ 1838.
— 232 —
nous en vouloir d'avoir scrupuleusement conservé les
passages audacieux et parfois pleins d'une licence phi-
losophique. Car nous suivons, élève respectueux et
reconnaissant, le système de traduction exacte, qu'ont
bien voulu nous enseigner nos maîtres, MM. J. Vinson
et A. Bergaigne.
• Personnages du Drame
L'ame (Puracha) épouse d'Illusion (Maya).
Illusion (Maya) épouse du mâle ou de l'Être Suprême, et de
Purucha.
Manas, fils de Maya.
Activité (Pravrtti)) -, . j %#
\^,. .X i Les deux épouses de Manas.
Inaction (Nivrttt) ;
Discernement
Passion
I Les deux fils de Manas.
^ , i Les deux épouses de Discernement.
Pensée )
( Enfants de Discernement et de Révélation.
Science ^
Foi, mère de Quiétude (Dans ce drame, il y a une seconde
Foi selon les incrédules, et une troisième Foi, fille de Pas-
sion. La première est blanche, la deuxième noire, fille de
ténèbres, et la troisième rouge).
Quiétude, fille de Foi.
Compassion, amie de Quiétude.
Grand Aveuglement, et tous les vices, fils d'Activité et de
Manas.
Discernement, et toutes les vertus, fils d'Inaction et de
Manas.
Sentiment de la pbrsonnauté.
— 283 —
AviDmi, fils de celui-<;i.
Cupidité, épouse d'Avidité.
Hypocrisie, fils d'Avidité et de Cupidité.
Faux-Semblant, fils d*Hypocrisie.
Amour.
Volupté, épouse d'Amour.
Matérialistes
) Sectes hérétiques et auxiliaires de Passion.
Mendiant
Kapalika
Irréligion, ministre de Passion.
Nous ne mentionnons pas ici d'autres personnages secon-
daires, plus ou moins mêlés à l'action, et qui grossiraient
inutilement cette liste.
PRABODHACANDRODAYA
PREMIER ACTE
BÉNÉDICTION
a Nous vénérons cette splendeur \ immense, sans tache,
consistant uniquement dans la conscience de soi-même ; à
celui qui ignore cette splendeur, lenserable des trois mondes,
l'éther, l'air, le feu. Peau et la terre, apparaît comme un
étang dans le mirage du soleil de midi ; mais pour ceux qui
en connaissent l'essence, l'ensemble des trois mondes dis-
paraît de nouveau, semblable au corps du serpent cou-
ronne*. »
Et aassi
1. Brahma neutre.
2. Les passages mis entre guillemets sont en vers dans Tori-
ginal.
— 234 —
« Vive cette lumière particulière, qui fraachit le trou de
Brahma au moyen du vent enfermé dans l'artère intérieure,
et qui, l'organe interne étant disposé à l'apaisennent, est
pleine d'une joie qui commence 1 celte lumière pénètre le
monde, manifestée en quelque sorte sous l'apparence sensible
du pénitent qui porte sur sa tête une demi-lune (Çiva). »
FIN DE LA BÉNÉDICTION
Le Directeur. — N'en disons pas plus long. J'ai reçu un
ordre de Gôpala, dont les pieds de lotus sont éclairés par les
couronnes de rayons lancés par les pierres précieuses des
diadèmes de tous les vassaux ; de Gôpala qui, sous la forme
de l'homme-lion. s'est manifesté en fendant comme des
portes la poitrine de la multitude des ennemis forts, et qui.
sous la forme d'un grand sanglier, a relevé la terre hors du
déluge, — qui n'était autre qu'une famille de rois très puis-
sants ; — de Gôpala, dont la gloire, sous forme de boutons
de liane, pend aux oreilles des courtisanes qui senties quatre
points cardinaux ; de Gôpala, qui a le feu de sa splendeur
mis en branle (attisé) par la secousse du vent très lourd
produit par les oreilles des éléphants de tous les points car-
dinaux.
— Vraiment, nous a dit le vénérable Gôpala, quand j'étais
occupé à conquérir le monde pour mon ami d'enfance, le roi
Çrîkîrtivarman, j'ai vu disparaître le suc heureux de Brahma
suprême, et mes jours se sont passés, souillés en quelque
sorte par le contact du suc des diverses voluptés, mais main-
tenant j'ai accompli ma tâche, car
« Les princes, ennemis du roi, ont été détruits, la terre en
possède la garde, et sa souveraineté, grlce à des ministres
illustres, ornée d'une guirlande de têtes de vassaux, a été
établie sur la terre ayant pour ceinture l'océan. »
Je désire donc me divertir par l'exécution d'un spectacle
- 285 —
ayant en abondance le suc de l'apaisement ; aussi vous devez
aujourd'hui, en présence du roi Çrîklrtivarman, représenter
cette pièce, nommée le lever de la lune de la connaissance
(Prabôdbacandrôdaya), autrefois donnée pour vous par son
auteur, le seigneur Krchnamiçra. Le roi brûle du désir de
contempler avec sa cour ce spectacle. — Bien. Je vais dans
la coulisse appeler ma femme et je vais exécuter le diver-
tissement.
(Ayant fait quelques pas et ayant regardé dn côté de la coulisse)
Madame, venez ici.
L'Actrice. — Me voici, mon époux. Quel ordre voulez-
vous que j'exécute ?
Le Directeur. — Madame, vous le savez parfaitement :
« Il existe un prince, nommé Gôpala : la tlamme du feu de
sa majesté, en lécbant le fossé des trois mondes, grandit dans
une forêt qui est la puissante armée des rois ses adversaires ;
sa gloire se répand dans le monde entier, et, par ses victoires
sur les rois, dues à un seul ami qui n'est autre que la liane
de son épée, il a rétabli dans son autorité royale Tomement
des rois, .Klrtivarman ; »
Et aussi
« Maintenant encore la gloire de Gôpala est chantée sur les
champs de bataille par les bruits prolongés que font les fentes
du sommet des bosses des éléphants qu'agite un vent impé-
tueux, par les danses des femmes des Piçâcas et par le bruit
des femmes ivres des Yâtudhànas, dont les cymbales, qui
ê
sont des crânes d'hommes, résonnent par le battement de
leurs mains qui bondissent. »
Du roi, qui est entré dans le sentier de l'apaisement, je
viens de recevoir l'ordre de représenter, pour son plaisir, une
pièce nommée Prabôdhacandrôdaya ; les acteurs doivent
donc recevoir l'ordre de prendre leurs costumes.
L'Actrice (avec ôionnement,. — Mon époux, c'est surpre-
~ 236 —
nantt c'est surprenant. Ce Gôpala a obtenu autrefois la vic-
toire en menaçant tous les rois uniquement par l'héroïsme et
la force de son bras, en barattant, comme la mer de lait qui
fut barattée par Madhumattana, la mer composée par farraée
de Karna, mer dont les guirlandes de vagues sont des che-
vaux bouillonnants à cause de la multitude de Qèches qui,
lancées par son arc tiré jusqu'à l'oreille, pleuvent abondant^^;
mer dont les milliers de grandes montagnes sont les hauts
éléphants renversés par des milliers de javelots aigus tombant
sans interruption; mer dont les flots innombrables sont les
fantassins roulant par le choc du mont Mandara mis en
branle, qui est son bras agité. Comment donc un si grand
apaisement a-t-il pu se produire chez ce guerrier dont la
conduite héroïque doit être louée maintenant par tous les
solitaires?
Le Directeur. — Mon épouse, la splendeur de Brahma,
douce uniquement par essence, malgré quelques modifica-
tions, revient à sa propre nature, car sa colère a éclaté pour
raffermir sur la terre la souveraineté des rois de la dynastie
de la lune qui avait été déracinée par le maître de Gèdi (Sisu-
pâla), aussi terrible que le feu du dernier jour pour la des-
truction de toutes les races de rois.
Vois comme •
« L'immobilité, le calme et les limites sont les mêmes pour
l'Océan qui, bouleversé par le vent de la fin d'un Kalpa, a
submergé toutes les montagnes. »
Des héros, comme Gôpala, étant devenus des parties du
bienheureux Nârâyana (Vichnu), sont descendus sur la terre
pour le bien des êtres, et, une fois leur œuvre accomplie,
parviennent à la sérénité absolue; par exemple, que Ma-
dame considère Paraçurâma lui-même,
(( Dont le sacre a été accompli vingt et une fois dans le lit,
débordant de sang, des rivières ayant pour rives une abon-
— 237 —
dante boue faite de graisse, de chair et dç cervelles de rois,
et dont la hache, si renommée dans la destruction, limitée
aux femmes, aux enfants et aux vieillards, est habile à fendre
de son tranchant, dans un retentissement horrible, les épaules
élevées des Kchatriyas. »
(( Celui même qui avait soulagé la terre en déracinant la
race des princes qui pesaient sur elle comme un fardeau, le
vénérable muni, fils de Jâmadagni, après avoir par ses austé-
rités apaisé le feu de sa colère, est entré dans Tapaisement. »
Do même celui-ci aussi (Gôpala), ayant atteint son but, est
parvenu maintenant à un état d'apaisement extrême, lui qui
« ayant vaincu, avec Tappui de Discernement, Karna et le
puissant Aveuglement, a fait, comme le lever de la connais-
sance, le lever de la gloire du roi Çrlkirtivarman ».
(Dans la coulisse). Ah ! méchant! le dernier des acteurs!
Comment, nous vivants, peux-tu dire la défaite de notre maître
Grand Aveuglement causée par Discernement?
Le Directeur (avec tressaillement (regardant). — Oh !
« Embrassé par Volupté, qui le presse tendrement de ses
seins élevés et gros, c'est Amour qui vient, le vénérable,
enivrant tous les êtres, charmant tous les regards, et dont les
yeux de lotus sont remplis d'ivresse. »
Mes paroles viennent, comme il me semble, d'exciter la
colère d'Amour; donc il vaut mieux nous éloigner tous deux
d'ici. (Tous les deux sortent).
FIN DU PROLOGUE
(Alors Amour, comme il a été décrit plus haut, et Volupté arrivent).'
Amour (avec colère).— Ayant redit : Ah 1 méchant ! le der-
nier des acteurs ! comment, nous vivants, peux-tu dire la
défaite de notre maître Grand Aveuglement, causée par Discer-
nement 1
N'est-il pas vrai, 6 le dernier des comédiens ! que
— 238 —
(( Discernement, ayant pour origine les Castras, règne
dans Tesprit de ceux qui savent, tant que ne tombent pas sur
eux les flèches des regards des belles aux yeux de lotus ? :
a La terrasse agréable d'un palais, les femmes, les lianes
aux abeilles bourdonnantes, les jasmins venant de s'épanouir,
les vents parfumés, les nuits accompagnées de leurs luoes.
certes, si cesarmes, qui sont à moi, triomphent de toutes parts
irrésistibles, oh I quelle sera' cette puissance de Discerne-
ment ? Quel sera le lever de la connaissance ? »
Volupté. — O mon époux I je pense que Discernement
est vraiment un grave ennemi du grand roi Grand Aveu-
glement.
Amour. — Ma chère, d'où vient dans ton cœur cette crainte,
certes, naturelle aux femmes, pour Discernement? Vois, vois.
u Bien que ces flèches ou ce carquois soient faits de fleur?,
cependant, femme aux belles hanches ! tout ce monde, en y
comprenant les Dieux et les Asuras, ne va pas même un instant
vers la tranquillité en transgressant mes ordres.)) En effet :
(( Le roi des Dieux (Indra) a été amoureux d*Ahalyâ ; le
maître des créatures a été vers sa propre fille ; le Sôma a
aimé la femme de songuru (Brhaspati). Ainsi, qui n'a pas été
dirigé souvent par moi dans un sentier trompeur ? Et quelle
est la fatigue de mes flèches dans l'œuvre de l'affolement du
monde ? ))
Volupté. — Mon époux, c'est vrai; cependant il faut
craindre un ennemi, quand il est accompagné de grands amis;
en effet, ses conseillers, Empire sur soi-même et Vœu de
pratiques pieuses passent pour être très puissants.
Amour. — Ma chère, tu vois ces conseillers puissants du
roi Discernement, Empire sur soi-même, etc. Eh bien ! ceux-là
rapidement et nécessairement seront dispersés rien que par
le fait d'être attaqués par nous. En effet :
« Qu'est-ce que Pitié pour Colère ? Qu'est-ce que Chasteté
— 239 —
et les autres pour moi ? Devant Cupidité, quels sont ceux-ci :
Vérité, Probité, Incorruptibilité. » Mais comme Empire sur
soi-même, Vœu de pratiques pieuses, Manière de s'asseoir,
Effort dans Tacte de la respiration, Renoncement aux objets
de jouissance, Exercice de la Contemplation, Répétition men-
tale de la leçon apprise, Concentration de la pensée, doivent
être réalisés par une pensée unique, sans altération, leur
déracinement sera tout à fait facile ; et leurs femmes sont
aussi leurs mauvais génies; et par là ils sont tout à fait à
notre portée. En eflfet :
(( Sans parler du regard, des paroles, des coquetteries, des
rires, du jeu, des embrassements des amantes, leur souvenir
seul est suffisant pour Témotion passionnée du cœur. »
Et surtout quand ils seront attaqués par les favoris de notre
maître, Égoïsme, Hypocrisie et les autres, ils se réfugieront
vers le mal, qui est le conseiller du roi (Grand Aveuglement).
Volupté. - Mon époux, voici ce que j'ai entendu dire : le
lieu de naissance de Modération, de Tempérance, de Discer-
nement, etc., est unique.
Amour. — Ah 1 ma chère ! pourquoi parler d*un lieu de
naissance unique ? Notre père lui-même n'est-il pas unique?
En effet :
(( Dans les premiers temps du monde, ici (dans ce monde
illusoire) de l'union du souverain (Purucha) avec Illusion
[Mdyâ) est né un fils connu sous le nom de I^fanan; et par
celui-ci, qui avait émis à son tour tout cet univers, l'ensemble
des trois mondes, une double famille, la nôtre, a été engen-
drée. »
D'Activité est sortie la première famille de Grand Aveu-
glement et des autres ; d'Inaction la seconde famille de Discer-
nement et des autres est sortie.
Volupté. — S'il en est ainsi, mon époux, pourquoi une
lutte si ardente existe-t-elle entre vous qui êtes frères ?
— 240 —
Amour. — Ma ehère. * on sait qoe dans le inonde étiîav
une lattp arant pour origine précisément le m^me désir d^ ^
frères. Ainsi poor la conquête de la terre, nne bostili:**
ardente, cause de la destruction dn monde, s'est élevée enire
les descendants de Kum ei de Panda ».
Tout ce monde absolument a été acquis par notre père, e:,
comme nous étions ses favoris, ce imème monde) noas e>t
échu par héritage; mais eux ont tenu nnecondaîte tout oppos*^^
fà la nAtre . Aussi ces méchants sont-ils maintenant résolus à
déraciner nous et notre père.
Volupté. — Que ce malheur se détoame de nous ! que ce
malheur se détourne de nous! Mon époux, est-ce la haioe
seule qui les a poussés à ce crime, et n*j a-t-il pas ici
quelque ruse projetée?
Amour. — 11 y a ici quelque mystère.
Volupté. — Mon époux, pourquoi ne déconvre-t-on pas
cette cause cachée?
Amour. — Comme Madame, grâce à sa nature de femme,
est timide, on n a pas annoncé ce crime redoutable.
Volupté (avec crainte). — Mon époux, qu'est-ce que cela?
Amour. — Ma chère, soyez sans crainte, soyez sans crainte :
cela ne convient qu'aux désespérés. Certes, d après le bruit
qui court, il naîtra dans notre famille une Râkchasî, nommët^
Science, semblable à la nuit de la fin du monde.*
VoLiPTÉ laveccraiiiie;. — Ah ! malheur ! malheur ! Com-
ment ! dans notre famille il y aura une Ràkchasî ! à cette
pensée mon cœur frissonne.
Amour. — Ma chère, soyez sans crainte, soyez sans crainte.
C'est seulement un bruit.
Volupté. — El que doit faire cette Râkchasl ?
Amour. — Ma chère, il y a en vérité à ce sujet une sen-
tence de Brahma : « Mâyâ a été la femme du mâle, détaché
de tout commerce avec le monde, et celle-là, même non touchée
— 241 —
par lui, ayant engendré un fils, Manas, engendra graduel-
lement les mondes, et de ce même Manas sera engendrée à
son tour cette fille, Science, qui doit dévorer le père (iManas)
les frères, la mère et toute la famille.»
Volupté (avec un tremblement de crainte). — Mon époux,
sauve-moi 1 sauve-moi I (Kn disant cela.elle embrasse son époux).
Amour (ayant exprimé par ses gestes le plaisir qu'il éprouve de
ce contact), (A part). — « H cause Tépanouissement des poils qui
se hérissent, il fait dans les yeux trembler la prunelle, il
engendre la joie et fascine, cet embrassement de la femme
avec la liane de ces bras couverts de bracelets qui bruissent
et Tunion heureuse des deux seins lourds et élevés par le
tremblement de la crainte. »
(L*ayant embrassée fortement). (Haut). — Ma chère, soyez sans
crainte! soyez sans crainte! Nous, vivants, comment la
naissance de Science pourrait-elle s'accomplir ?
Volupté. — Mais la naissance de cette Râkchast est-elle
regardée comme précieuse pour vos ennemis ?
Amour. — Oui, vraiment Science doit être engendrée, avec
son frère la lune Prabôdha, par Discernement et son épouse
la déesse Révélation ; et c'est, pour amener cette naissance,
que tous ceux-ci. Apaisement, Pouvoir de se dompter soi-
même et les autres font tous leurs efforts.
Volupté. — Mon époux, comment la naissance de Science,
qui doit causer leur propre destruction, est-elle vantée par
ces méchants ?
Amour. — Des méchants faisant le mal et s'appliquant à la
destruction de la famille peuvent-ils songer aux dommages
à subir ? Vois :
« La naissance des êtres, qui ont reçu en partage une
nature noire et tortueuse, cause la mort de ceux dont ils
tirent leur origine et d'eux-mêmes : la fumée, étant devenue
nuage, après la mort du feu, va elle-même vers la mort. »
— 242 —
Dans la Coulisse. — Ah ! méchant ! Comment peux-tu
en notre absence nous gronder, en disant que nous-mêmes
nous faisons le mal? Ne sais-tu pas, malheureux I
« Que les rois prescrivent l'abandon même d'un guru
impur, s'il ne connaît pointée qui est à faire ou à ne pas faire
et s'il est sorti hors de la droite voie ? »
C'est là un vers purânique, que disent ceux qui connais-
sent les Purânas.Le père même, qui n'est autre que le maître
du monde, a été lié par notre père (Purucha) qui avait suivi
Sentiment de la personnalité: et ce même lien s'est fortifié
par Aveuglement et les autres.
Amour. — Ma chère, c'est notre aîné, Discernement, qui
s'approche d'ici avec la déesse Pensée (Mati). Le voici :
« Ayant son éclat reçu de Passion et autres, qui vont vers
leur plaisir, amaigri comme un orgueilleux, il paraît, par sa
beauté devenue très obscure avec Pensée, comme la lune
voilée par un épais nuage. »
Pour nous, il n'est pas convenable de demeurer ici
(En disant cela, tous deux sortent).
(Alors rentrent le roi (Discernement) et Pensée (Mali).
Le Roi (ayant médité) . — Ma chère, tu as entendu les
propos orgueilleux de ce garçon mal élevé, qui ose nous
repousser, en disant : Ils font le mal.
Pensée. — Mon époux, quelle faute le monde nous repro-
che-t-il ?
Le Roi.— Ma chère^ vois :
« Il a été lié avec cent chaînes par ces méchants, Passion
et les autres, commandés par Sentiment de la personnalité,
et il a été entraîné depuis longtemps dans une situation mal-
heureuse, lui, le maître du monde, le pur fait de pensée et de
bonheur. »
Ceux-là sont d'honnêtes gens, et nous, qui nous appliquons
— 243 —
à la délivrance de celui-ci, nous faisons le mal, disent triom-
phalement ces méchants.
Pensée. — Mon époux, puisque colui-là, d*une nature belle
et joyeuse, ayant un éclat éternel et son action qui se manifeste
dans les trois mondes, est connu comme le Souverain Sei-
gneur, comment par ces méchants a-t-il été lié et poussé dans
rOcéan d'Aveuglement?
Le Roi. — Ma chère,
« L'homme dont Ténergie ne se lasse point, dont le cœur
est entièrement apaisé, qui a obtenu la souveraineté, acquis
Texpérience de la vie et qui, maître de lui-môme, élève tou-
jours sa pensée, oui, cet homme lui-même, quand son cœur
sera trompé par les femmes, abandonnera sa fermeté natu-
relle, puisque ce mâle* s*est oublié ici lui-même par suite de
son union avec Illusion (Mâyâ). »
Pensée. — Mon époux, il n'y a pas en vérité obscurcisse-
ment du soleil par une traînée d'ombre, pour qu'il y ait eu
triomphe par Illusion sur le Dieu Océan, dont le grand éclat
se manifeste.
Le Roi. — Ma chère» cette Illusion est incompréhensible,
comme une courtisane, car elle abuse le Purucha suprême,
en lui exprimant des sentiments faux. Vois :
« Grâce à cette déesse très indigne, le Dieu, brillant comme
le cristal de roche qui est une pierre précieuse, a éprouvé
une altération, mais non un changement; certes, dans cet
embrassement sa splendeur ne périt pas du tout, et cependant
Illusion est capable de produire la non-fermeté (de ce
cristal) ».
Pensée. — Mais pour quelle raison cette coquine trompe-
t-elle ainsi un être d'une condition si noble ?
Le Roi. — En vérité. Illusion agit sans raison et sans
1. PuNs, autre nom de Purucba.
— 244 —
utilité pour elle; car telle est la nature des démons-femmes.
Vois :
« Elles trompent, elles ravissent, elles abusent, elles me-
nacent, elles enivrent, elles désespèrent; quand elles entrent
dans le cœur tendre des hommes, quelle puissance n*ont pas
les femmes aux beaux yeux ? » Il y a aussi une autre raison.
Pensée. — Mon époux, quelle est-elle ?
Le Roi. — Voici ce qu*a pensé cette méchante : Quant à
moi, ma jeunesse est passée, je suis assez vieille, et ce mâle
ancien, par sa nature même (de vieillard) est détourné du
plaisir des objets; je vais donc faire entrer mon Bis lui-même
dans la place du Souverain Seigneur. — Manas ayant exécuté
cette intention de sa mère et ayant pris en quelque sorte la
forme du Souverain Seigneur, grâce à un voisinage immé-
diat, fît les villes aux neuf portes les corps\et dans ces corps
il introduisit le Souverain Seigneur, quoique unique, et après
ravoir divisé en quelque sorte en beaucoup de parts : alors
en lui, comme dans un cristal, il fait ses propres mouve-
ments.
Pensée (ayant réfléchi). — Mon époux, le fils est tel que la
mère.
Le Roi. — Aussi il a été circonvenu par son petit-fils, le
fils aîné de Manas, Sentiment de la personnalité. Et alors ce
Seigneur Suprême (l'ilme) <( savant, suivant la formation
des agitations de la pensée, ayant une marche incertaine et
plongé dans un sommeil fait d'ignorance, voit ces différents
rêves et se dit t Moi, je suis né ; celui-ci est mon père, celle-là
ma mère; voilà mon champ, mon épouse, ma famille, mon
fils, mon ami, mes ennemis, ma richesse, ma force, ma
science, mes parents ».
Pensée. — Mon époux, dans le Souverain Seigneur (rame) i
privé de la connaissance par un sommeil long, très long,
comment la naissance de Prabôdha s'opère-t-elle ?
— 245 —
Le Roi. (Il se tient, le visage baissé par oonfusioD|.
Pensée. — Mon époux, pourquoi es-tu si silencieux, la
tête courbée sous le poids très lourd de la honte ?
Le Roi. — Ma chère, d'ordinaire le cœur des femmes est
plein de jalousie ; je crains donc de te faire en quelque sorte
une offense.
Pensée. — Mon époux, elles sont loin de me ressembler,
les femmes qui entravent le désir né dans le cœur de .leur
époux, quand celui-ci s'occupe de l'agréable ou s'engage sur
la route du devoir ou de l'utilité.
Le Roi . — Ma chère,
(c Si, par l'entremise d*Apaisement et des autres, il y a
union entre moi et la déesse Révélation, troublée par la
jalousie d'une longue séparation et irritée, et si Madame,
repoussant un instant les objets des sens, demeure en silence,
alors, grâce à l'absence de ces trois états : la veille, le sommeil
et le profond sommeil, sera obtenu le lever de Prabôdha
(de la connaissance). »
Pensée. — Mon époux, si le chef de notre famille peut à
ce prix se délivrer de ses liens, bien qu'ils soient puissants,
que mon époux ait même avec elle une union éternelle : voilà
ce qu'il y a pour moi de plus cher.
Le Roi. — Ma chère, si tu es ainsi indulgente, alors sont
accomplis les souhaits que nous formions depuis longtemps.
En effet :
« L'âme, unique, — le premier des êtres, le maître éternel
— reprend la qualité d'être uniquement Brabma, grâce à moi
qui, avec Science et selon la règle, ai fait cette mortification
mettant fin à la vie de ces partageurs de Brahma qui, ayant
lié, divisé de diverses manières et jeté dans les villes (les
corps) cette âme, l'avaient conduite vers le lieu suprême de
la mort. »
17
— 246 —
Soit : pour la naissance de Prabôdha, qui est l'objet qne
nous nous proposons, nous allons employer Apaisement,
Action de se dompter soi-même et les autres. (Sar ces paioies
tous deux sortent).
Fin du premier Acte.
Gérard Dbtèzs.
Analytical Synopsis of the 542 forms ot the
Verb in Si Marks Grospel as trans^ated by
Jean de Leiçarraga, 1571.
(Suite)
ÇVELA. 32. I. q. çuen avec chute du n avant la
conjonctif & participial.
1. 14.. ., PREDiGATZEN pz^e^a laincoaren reçumaren
Euangfelioa : . . . , preschant TEuangile du royaume
de Dieu*,
2. 16. Eta Scribéc eta Phariseuéc ikussiric publi-
canoequin eta gende vicitze gaichtotacoequin
lATEN çuela, Et les Scribes & Pharisiens voyans
qu'il mangeoit auec les peagers & gens de
mauuaise vie,
3. 22..., ecenBeelzebubÇUELA...,Il a Beelzebub,
6. 37. Eta harc ihardesten çuela . . . Luy respon-
dant
7.6. Baina harc ihardesten çuela ... Et luy res-
pondant
9. 12. Eta harc ihardesten çuela . . . Luy respon-
dant
9» 17. Eta ihardesten fMcte gendetzecoetaric batec,
1. Lc8 citations françaises se trouvent dans « Le second tome
de la Saincée Bible^ a lion, par Sebastien honorati, m.d.lxvf »
(Bibliothèque Nationale, Paris, cote : Inventaire A n* 322).
— 248 —
Et vn de la multitude respondant (L. traduit de
ceux de la m.)
9. 19. Eta harc ihardesten çuela ... Et lesus luy
respondant
10. 3. Baîna harc IHARDESTEN fuete . . . Luy respon-
dant
10. 5. Eta IHARDESTEN çuela lesusec (Hautin a mis
ihardiesten) ... Et lesus respondant
10. 20. Eta harc ihardesten fae^ ... L'autre res-
pondant
10. 24... Baina lesusec berriz ihardesten çuela. . .
Mais lesus derechef respondant
10. 51. Eta ihardesten çuela ... Alors lesus pre-
nant la parole
11. 14. Orduan ihardesten pacte lesusec ... Lors
lesus respondant
11. 22. Eta IHARDESTEN çucla lesusec ... Et lesus
respondant
11. 29. Eta lesusec ihardesten çuela ... Et lesus
respondant
12. 12... hayén contra comparatione haur erran
çuela : . . . qu'il auoit dit ceste similitude contre
eux :
12. 17. Eta ihardesten çuela lesusec ... Et lesus
respondant
12. 24. Orduan ihardesten çuela lesusec ... Lors
lesus respondant
12. 34... ecen harc çuhurqui ihardetsi çueln^ ...
qu'il auoit respondu prudemment,
12. 35. Eta IHARDESTEN çuela lesusec ... Et lesus
... leur respondoit (L. ne traduit par leur)
— 249 —
13. 2. Orduan lesusec ihardesten çuela .,.Lors
lesus respondant
14.3. ... aspic garbizco vnguentu precio han-
ditaco boeitabat çuela: ... qui auoit vne boite
d'oignement d'aspic précieux :
14. 20. Eta harc ihardesten çuela ... Et luy res-
pondant
14. 48. Eta ihardesten çuela lesusec... Lors lesus
parla à eux,
14. 64..., HiL uETLECi çuela . ... estre coulpable de
mort.
15. 2. . . ? Eta harc ihardesten çuela ... ? lesus res-
pondant luy dit,
15. 12. Eta Pilatec ihardesten çuela, Et Pilate
respondant
15. 39..., ecen hala oihu eguinic spiritua rendatu
çuela.,., qu'il auoit rendu l'esprit en criant ainsi:
16. 11..., eta harc ikussi çuela, ..., & qu'elle
l'auoit veu,
16. 20. . ., launac hequin obratzen çuela, eta hitza
confirmatzen çuela . .., le Seigneur ouurant auec
eux, & confermant la parole
ÇUEN. 29. Ind: imp: s. 3®. r. s. v. poss : & aux :
act :
1. 4..., eta PREDICATZEN çuen emendamendutaco
baptismoa bekatuén barkamendutan ..., & pres-
chant le Baptesme de repentance, en remission
des péchez.
1. 6. . ., eta othi eta bassezti iaten çuen. . . . : &
mangeoit des sauterelles, & du miel saunage.
1. 7. Eta PREDICATZEN çueu, Et preschoit,
— 250 —
1. 35.. », eta han othoitz egviteh çuen^ ..., &
prioit là.
1. 39. Eta PREDiCATZEN çucH hayén synagoguetan,
Il preschoit donc en leurs synagogues,
2. 25. .., cer EGUiN cwen Dauid-ec. .. ? . . . ce que
fit Dauid
3. 10. Ecen anhitz sendatu vkan çuen^ Car il en
auoit guari beaucoup,
4. 26. Guehiago erraiten çuen^ D'^uantage il dit,
5. 2. ,.. spiritu satsua çuen guiçombat: (w rel:
nom:} . . . vn homme qui auoit vn esprit im-
monde,
5. 26. Eta anhitz suffritu vkan çuen anhitz medi-
cutaric, eta bereaguciaDESPENDATUfi/e/i, Laquelle
auoit beaucoup souifert de plusieurs médecins,
& auoit despendu tout le sien,
5. 28. Ecen erraiten çuen. Car elle disoit,
5. 32. Eta inguru behatzen' çuen^ Mais il regar-
doit tout à Tentour
5. 36. Èta lesusec . . . hitz haur ençun çuen beçain
sarri, [n conj : régi par beçain.) Et incontinent
que lesus eut ouy ceste parole
6. 5. Eta ECiN EGUiN cwe/ihan verthuteric batre. Et
ne peut là faire aucune vertu,
6. 19..., eta HiL ERACi NAHi faew, . .., & desiroit le
faire mourir :
6. 20... : eta hura ençunic anhitz gauça eguiten
çuen^ eta gogotic hura ençuten çuen. ... : &
l'ayant ouy faisoit beaucoup de choses, & Toyoit
volontiers.
- 251 -^
9. 10..., cer erran nahi çueriy hiletarîc, resusci-
TATZE harc. ... que c'estoit à dire cela, Res*
susciter des morts.
10.48 ... : baina harc vnguiz oihu guehiago egui-
TEN çuen^ ... : mais il crioit beaucoup plus fort,
12. Sommaire 42 Truncora emaiten çuen alargu-
naz. (ici le n final est le prou: rél : nomin :)
42 La vefue mettant au tronc.
12. 35 ... ERRAiTEN çuen^ ..., disant, (vide çuela)
12. 37...? Ëta gendetze anhitzec ençuten çuen
hura gogotic. ...? Et grande multitude de gens
prenoyent plaisir à Touir.
12. 41..., GOGOATZEN çuen nola populuac diru
emaiten p2/e/i truncora,..., prenoit garde com-
ment le peuple mettoit argentan tronc :
12. 44 ... ÇUEN gucia, bayeta bere sustantia gucia.
(Hautin a mis une virgule avant bere) Ici le n
final c'est le relatif que..,, tout ce qu'elle
auoit, voire toute sa substance. (Dans l'original
« auoit voire », et «gucia bayeta ». L. a souvent
reproduit les fautes du texte de Calvin.)
14. Sommaire 30 Pierrisi aitzinetic erraiten
nola UKATUREN çuen.,.. 30 Reniement prédit à
Pierre.
14. 31. Baina harc vnguiz haguitzago erraiten
çuen^ Mais il disoit encore plus fort,
15. 44. Eta Pilatec miresten çuen..,. Et Pilate
s'esmerueilla
ÇVENA. 2. I. q. çuen^ aux : act : ^i rel : nom :
décl : ace : [na = celle ou celui qui)
-^ 252 —
5 . 15 ... , legîonea ukan çuenci : celuy, . , . , qui
auoit eu la légion : (régime de diot).
5. 32 ... , haur eguin çuena . . . celle qui auoit fait
cela (régime de leçançat.)
ÇVENAC. 2. I, q. çuen^ n rel : décl: nom: act:
[nac = celui ou celle qui)
1 . 22 . . . authoritate çuenac beçala, eta ez Scribéc
beçala. . . , comme ayant authorité^ & non point
comme les Scribes.
14. 44 ... , hura traditzen çuenac. , . Or celuy qui
le trahissoit,
ÇVENARI. 1. I. q. çuen, v. posa : n rel : nom :
décl : dat : (nari = à celui qui)
3. 3. . . . guiçon escu eyhartua çuenari, ... à
rhomme qui auoit la main sèche,
(Cf. çuenic, 3. 1, où le Français est identique, mais
où escu porte l'article de sorte que eyhartua est
plus prédicatif, et duçue, 8. 17, gogortua.)
ÇVENEAN. 11. I. q. çuen, n rel : décl: temp :
{nean = quand)
1. 42. Eta hori erran çuenean^ Et quand il Teut
dit, ,
2. 25 ... necessitate çuenean, . . . quand il eut
nécessité,
3. 34. Eta inguru behatu çuenean ... Et en regar-
dant de tous costez
5. 6. Eta iKussi çuenean lesus vrrundanic, Quand
donc il vid lesus de loin,
5. 22..., etaiKUSSi çuenean hura, ... : & rayantveu,
8. 17. Eta hori eçagutu çuenean lesusec, Et lesus,
cognoissant cela.
— 253 —
9. 20 ... : eta ikussi çuenean^ ... : & quand il Teut^
veu,
10. 50. Eta hura, bere mantoa egotzi çuenean. Et
iettant bas son manteau,
12. 34. Eta lesusec ikussi çuenean... Et lesus
voyant
14. 23. Eta copà hartu çuenean, Et ayant prins
la coupe,
14. 67. Eta IKUSSI. çuenean Pierris... Et quand
elle eut apperceu Pierre
baÇVENEZ. 2. I. q. çuen^ n conj : avec e euph :
devant z médiatif comme complément à.^ eya.
[nez = sur la question si, about if.)
3.2... eya Sabbathoan sendaturen çuenez\,.. s'il
le guariroit au Sabbath,
15. 44..., eya baçuENEz* heuraguiric ... s'il y
auoit long temps
ÇVENIC. 4. I. q. çuen, n rel : nom : décl : indéter-
miné partitif en apposition avec le nominatif (/lîc
zzzçuelqu^un qui,)
1. 23. . . . spiritu satsua çuenic, ... ayant vn esprit
immonde, (L. traduit l'immonde esprit,)
3. 1 ... escua eyhartua çuenic. ... qui auoit la main
sèche.
5. 25... odol iariatzeà hamabi urthe Ae/âtn çuenic :
1. Voyez ma brochure (11 pages) « The Construction of e^a
with the conjunctive verb in old Basque» (Hertford, 1898),
100 exemplaires en tirage à part des Transactions of the Philo-
logical Society^ de Londres. Il y a un appendix de 3 pages publié
en 18d9 (onse exemplaires en t. A p.).
— 2M —
• . . vne femme qui auoit vn flux de sang depuis
douze ans:
15, 7..., HERioTZE mutinationez BGunc çuenic
& qui auoit commis homicide par mutinerie.
ÇVQVEEN. 1. Cond: passé : s. 3*. r. s. verbe pos-
sessif.
14. 21 ... : on çuQt ke:^ guiçon harc . . . , il eust
esté bon à cest homme-la
ÇVTELA. 8. I. q. çuten aux : act : avec chute du n
devant la participial & conj :
2. 3. ..., EKARTEN çutela.., paralyticobat. ..., ame-
nans vn paralytique (H. mit ekar à la fin de la
ligne.)
2. 12..., ERRAiTEN çutela^ ..., disans,
6. 35..., ERRAiTEN çuielaj ..., disans,
6. 48... penac2/^e/a AtJRTHiQUiTEN : ... qu'ils auoyent
peine à tirer : (H. a mis çutela,)
7. 2..., haren discipuluetaric batzuc escu corn-
munez(« . .)iaten çutela oguia, ... aucuns de ses
disciples prendre leur repas auec les mains
communes,
8. 11 ..., hura tentatzen çutela. . . ., le tentans.
10. 2... TENTATZEN çutelo^ ..., le tentans,
11. 33. Eta iHARDESTEN çutela . . . Ainsi pour res-
ponse
ÇVTEX. 35. Ind : imp : pi : 3^. r. s. aux: act:
2. 6..., eta iharduquiten çuten bere bihotzetan,
hunelay ,.., & disputoyent en leurs cœurs,
2. 18. Eta loannesen eta Phariseuén discipuliiéc
barur eguiten çutén : ... Or les disciples de
lean & des Pharisiens iusnoyent :
— 265 -
7. 36 .. ., vnguiz guehiago publicatzen çutén. ...:
de tant plus ils le publioyent
7. 37. Eta giiciz miraculu esten* çutén, Et s'eston-
noyent tresfort,
14. 56. Ecen anhitzec falsuqui testificatzen çutén
haren contra : . . . Car plusieurs disoyent faux
tesmoignage contre luy :
15. 3. Eta anhitz gauçaz accusatzen çutén hura
Sacrifîcadore principaléc. Et les principaux
Sacrificateurs Taccusoyent de plusieurs choses.
15. 19..., eta thu eguiten çuten haren contra,...,
& crachoyent contre luy:
15. 29. . . iNiURiATZEN * çutcn, . . ., luy disoyent ou-
trages,
14.31 Eta halaber guciec-ere ERRAiTEN çutén,
... Et tous aussi disoyent de mesme.
15. 10... nola hura inuidiaz liuratu çutén Sacrifi-
cadore principaléc)... que les principaux Sacri-
ficateurs lauoyent liuré par enuie.
15. 32... INIURIATZEN çutén, ..., luy disoyent ou-
trages.
15. 41... eta cerbitzatu vkan çuten: ....& luy
auoyent subuenu:
16. 3. Eta erraiten cuten elkarren artean, Et di-
soyent entr'elles,
1 . Ce mot se retrouve en onhesten = tenir pour bon, aimer^gaitz-
esten = tenir pour mauvais, haïr. Entre-t-il en mirestenf II est
possible que ejsku = mdAn^ dérive de la racine hes, het::. Cf. Latin
prae/i^nc^ere et l'Anglais hand.
2. On trouve le verbe iniurij avec ce même sens dans l'Anglais
du XVI* siècle, e- g. dans le Prodromus de Gabriel Powel(Oxford,
1602), p. 30 et 31. Voyez The Century Dictionary.
— 256 -
16. 6..., hunà lekua non rçarri ^kan çutén. ...,
voici le lieu où on Tauoit mis.
1.13..., eta Aingueruëc gerbitzatzen çuUn
& les Anges le seruoyent.
3. 2. Eta GOGOATZEN çutén eya... Et prenoyent
garde sur luy s'il
3. 11. ..., eta oihu EGUiTEN çuten,..., & crioyent,
3. 21. ... : ecen erraiven çuten,... : car ils disoyent
3. 22... Scribéc erraiten cutén^ (Hautin a mis
çutén) avec Ve cassé) Et les Scribes.. . , disoyent.
3. 30. Ecen erraiten p a/en, Pource qu'ils disoyent,
4. 41... : eta erraiten çuten elkarren artean,
disans Tvn à l'autre,
5. 20...: eta guciéc miresten çuten. ...: & tous
s'en esmerueilloyent.
5. 24..., eta hertsen çuten..,., tellement qu'ils
Tenserroyent.
6. 2... anhitzec miresten çuten^. . . : & beaucoup...,
s'estonovent,
6. 12. Eta hec partituric predicatzen çuten
Eux donc partis preschoyent
5. 13. Eta deabru anhitz campora egoïzten çutén:
eta UNCTATZEN fai^« olioz anhitz eri,... Et iel-
toyent hors beaucoup de diables, & oignoyent
d'huile plusieurs malades,
6. 48. ...: (ecen haice — contra çutén)...: car le
vent leur estoit contraire :
6. 49. ..., usTE çuten..., ils cuiderent
6. 50. Ecen guciéc ikusten pw/e/i hura. Car ils le
voyoyenttous,
— 257 —
6. 56...: eta hunquitzen çutén guciac (ici le n final
est le relatif nominatif)...: & tous ceux qui le
touchoyent
9. 34...: ecen elkarren contra iharduqui çutén
bidean,... : car ilsauoyent disputé les vns contre
les autres en chemin,
10. 48. Eta MEHATCH\TZEN çuteti anhitzec
Et plusieurs le tançoyent
11. 9..., oihu EGUiTEN ftt/tf /?,... crioyent:
12. 12. . . : ecen eçagutu çuten,.. : car ils cognurent
12. 41..., eta anhitz abratsec emaiten cutén anhitz.
... : or plusieurs riches y mettoyent beaucoup.
ÇVTENAC. 4. I. q. çuten^ nveX: nom : décl : ace: &
nom : (jiac = ceux qui)
5. 38..., eta dolu handi ekarteiT çutenac. ceux
qui.. . &menoyent gros dueil.
6. 44. Eta lAN çutenac. Or ceux qui auoyent
mangé
8. 9. Eta lAN çutenac, . . Or ceux qui auoyent mangé
16. 14...: ceren hura resuscitaturic ikussi vkan
çutenac. : pourtant. .. à ceux qui Tauoyent veu
ressuscité .
ÇVTENEAN. 10. I. q. çuten, n rsl: décl: temp:
{nean = quand)
1. 37. Eta ERiDEN çuteneany... Et quand ils l'eu-
rent trouué,
3. 11. Eta spiritu satsuéc hura ikusten çutenean.
Et les esprits immondes quand ils le voyoyent,
3. 21. Eta haur ençun çutenean haren ahaideac. . .
Et quand les siens eurent ouy cela,
— 258 —
6. 55. Eta laster eguin çutenean inguruco comarca
hura gucia,... Et coururent çà & là par toute
la contrée d'alentour,
7. 2. Eta hec wmssi çutenean,., lE^X voyans
14. 12. . .., Bazcoa s\crifigatu behar çutenean. . . .
qu'on deuoit sacrifier F agneau de Pasque,
15. 24. Eta CRUGiFicATU çutenean^,... Et quand
ils l'eurent crucifié,
15. 25... hura crucificatu cw^e/itfan. ,.. quand ils
le crucifièrent.
15. 35.., ENÇUN çutenean,, .. quand ils Fouirent,
16. 4. Eta MiRATU çutenean,,,, ÇEt regardans
ÇVTENEC. 1, I. q. çuten aux: act: n rel: décl :
nom : act {nec = ceux qui)
5. 16. Eta haur ikussi çutenec ... Et ceux qui
auoyent veu ceci,
ÇVTENETARIC. 1. I. q. préc: décl: part: déter-
miné [netaric = de ceux qui)
6. 2..., eta ençuten çutenetaric anhitzec ...:&
beaucoup de ceux qui Toyoyent,
ÇVTENETIC. 1. I. q. çuten, v. p./i rel: ace: décl:
part : indéterminé . [netic = de ce que)
12. 44. Ecen guciéc soberaturicçutenetic.
Car tous ... de ce qu'ils auoyent d'abondant:
ÇVTENIC. 1. I.q. çuten, aux: act: n rel: nom: décl:
part : indéterminé participial, en apposition avec
le nom :) de ciraden
14. 4..., eta erraiten çutenic^ [nie = quelques
' uns qui) , . . aucuns. . ., & disoyent,
DA. 101. Ind : prés: s, 3". verbe subst : & aux :
J
— 259 —
1 . 3. . . voza DA, (Hautin a mis da^) La voix . . . ,
est^
1. 7..., ETHORTKNrfa ..., vient
1.8. Eguia DA, Vray est
1. 15..., coMPLiTU da demborà^ eta nvviBiLda lain-
coaren résuma: ..., Le temps est accompli,
& le royaume de Dieu est prochain :
1. 24..., Cer DA hire eta gure artean [esus Naza-
renoa? ..., Qui a-il entre toy & nous lesus
Nazarien ?
1. 27. . ., Cer da haur? cer doctrina berri da haur?
..., Qu'est-ce ci? Quelle doctrine nouuelle est-
ce ci?
2. 1. . ., eta ENÇUN ican da ... : & le bruit fut
2. 7. Cergatic haur hunela blasphemio erraiten
ARi da? Pourquoy cestui-ci prononce-il ainsi des
blasphèmes ?
2. 9. Cein da erratchago, erraitea paralyticoari^
. Lequel est plus aise de dire^au paralytique,
2. 21..., eta gaizgoatzenago ^ da ethendurà. . . ., &
la rompure en est pire. (H. a mis ga à la fin de
la ligne.)
2. 22. . . eta mahatsarnoa issurten da^ . . . baina
mahatsarno berria çahagui berrietan eçarri
BEHAR da. . . . , & le vin s'espand, ... : mais le
vin nouueau doit estre mis en vaisseaux neufs .
2. 27...: Sabbathoa guiçonagatic eguin ican da,
1 . Notez la terminaison comparative ajoutée au nom infinitif
duquel le sens exact devient o plus en empirant », gaiscoa-Uen-
ago. Cl : spantago sous baitxitecen.
— 260 —
ez guiçona Sabbathoagatic. ..., Le Sabbath est
faict pour rhomme, & non point Thomme pour
le Sabbath: (H. a mis ga à la iïn de la ligne.)
2. 28. Bada guiçonaren Semea Sabbathoaren-ere
iabe DA. Par ainsi le Fils de Thomine est Sei-
gneur aussi du Sabbath.
3. 4. ..., Sabbathoan vngui eguitba da sori, ala
gaizqui eguitea ? persona baten emparatzea, ala
HiLTZEA : {sic) ...^Est-il loisible de bien faire es
Sabbaths, ou de mal-faire? sauuer vne per-
sonne^ ou la tuer ? L'original porte personue,)
3 24. Ëcen baldiu resumabat^ bere conixa parti-
TUA baDA, Car si vn royaume est diuisé contre
soy-mesme,
3. 25. Eta baldin etchebat bere contra partitua
baoA, Et si vne maison est diuisee encontre soy-
mesme,
3. 26 ... eta partitua ba^A bere contra, . .. contre
soy-mesme, & est diuisé,
3. 29. . ., baina içanfn da condemnatione eternala-
ren hoguendun. ..., mais sera tenu coulpable
de condamnation éternelle.
1. On a dit qu'il n'y a pas de mot basque commençant en r.
11 est vrai que ces mots sont tous la plupart forains et qu'on les
écrit à présent avec err au lieu de r, par exemple erresuma chez
Bernard Gastelugar.
[A suivre), E. S. Dodgson.
ORIGINE ÉTRANGÈRE
DE QUELQUES NOMS D'ANIMAUX
DANS LBS IDIOMES NORD-ASIATIQUES
La présence dans les dialectes de la Sibérie et pays
avoisinants d'un certain nonibre de noms d'animaux,
certainement empruntés à d'autres souches de langues,
mérite d'être signalée à l'attention des ethnographes.
Elle établit l'existence d'antiques rapports entre les
habitants actuels du nord de l'Asie et des populations
de régions fort éloignées. Voici les exemples de ce
phénomène que l'on peut citer :
L Pictet avait déjà cités comme apparentés à l'Ar-
ménien Eln, «cerf» — Vieux Slavon Yeleni, Yelenu
— Russe Olon — Polonais Jelen — Gallois Eilen,
« cerf» et Elmn, «biche, faon » — Lithuanien Elnn,
«élan», les termes suivants en vigueur chez les
nomades delà Haute-Asie, Mandjour/r6yi,Oro/i, «cerf»
— Tongouse (suivant les dialectes), Oron, Orol, Iriani,
«renne».
L'on pourrait, croyons-nous, sans trop de témérité,
attribuer la même origine au Tschouktschi nomade
Xoranna (d'après Uaukin); Xaraan (d'après Reitsky) ;
Koron (suivant Romberg), l'aspirée initiale semblant
parfois purement euphonique dans cet idiome.
18
\
— 262 —
Pas de doute sur l'origine aryenne de tons ces mots.
Elle se rencontre dans la vieille racine indo-européenne
ar. Sanskrit r, grec 'EXacb, «chasser, pousser)^ — Alle-
mand Eilen, « feslinare » — Irlandais Eilim, « aller, se
mouvoir». Le cerf est donc l'animal agile, qui se meut
avec vivacité.
II. Le nom du renard en Samoyède-Oslyak, dont
les divers dialectes se parlant dans la région comprise
entre le cours supérieur de l'Obi et le cours moyen de
riénissei nous fait assez l'efTet, lui aussi, d'être em-
prunté. Ce qui tendrait à le prouver, c'est que l'animal
en question est appelé dans les autres idiomes de
souche Samoyède, de noms absolument dissemblables
et ne rappelant en rien l'indo-européen.
Quoi qu'il en soit, le mot qui désigne le renard est
Lokâ en dial. du Tas — Lokka en dial. Karassine et
enfln Loga dans celui du Narym. Serait-ce de là que les
Bongrois jadis fixés dans la Sibérie occidentale ont
pris leur terme de Rokus pour signifier « renard» ?
Jugera-t-on trop fort de rapprocher ces vocables du
nom indiquant le' lynx dans beaucoup de langues euro-
péennes? Cf. Grec, AûyÇ — Gothique, Lauho —
Suédois, Lô — Vieux Saxon, Lœx — Anglo-Saxon,
Lox — Hollandais, Losch — Vieux haut Allemand,
Luhs — Allemand Luchs — Lithuanien, Lwzis, de la
racine qui se retrouve dans le Latin Lux, l'Allemand
Licht, r Anglo-Saxon Lixan. Le lynx aurait donc été par
excellence, pour nos aïeux, le quadrupède au regard
brillant ou à la vue perçante.
— 263 —
III. L'on sait que d'autre part, en Ostyak (dialecte
Surgute), le renard se dit Wahhar ou Vakchar. Ce
vocable ne rappelle-t-il pas singulièrement le nom d'un
animal très voisin chez les habitants de la vallée du
iNil? iNous avons p. ex. : en Kopte (dial . Baschmourique)
&«.09«.p (Baschar) — ii«.ig(op {Baschôr) en dial. Memphi-
tique et Thébain pour « chacal». Le même mot se
retrouve sons une forme assez rapprochée en vieux
Libyen, à savoir Bmsaria Bàaaapta, xà àXcoiréxta ol
AlSueç Xéyouat, nous dit Hésychius. Enfin M. L. Rei-
nisch, le docte Chamitisant, nous donne pour chacal
Wakari en A far et Wakdri en Saho. Ce sont, on le sait,
deux dialectes nilotiques. Ajoutons que le renard qui
fait défaut dans ces régions du Nord-Est de l'Afrique,
s'y trouve en quelque sorte remplacé par le chacal.
Serait-ce le seul hasard qui aurait amené une telle
coïncidence entre dialectes sibériens et nilotiques?
Nous aurions peine à le croire, mais quand et comment
ont-ils pu exercer une influence quelconque les uns sur
les autres ?
Particularité bizarre, les trois termes ici étudiés se
retrouvent en Basque. Cet idiome dit, en effet, Oreina
pour «cerf», d'où notre mot Orignal ou « grand cerf
duCanada» et icAcn (dial. Guipuscoan)pouru renard».
Enfin, ce même animal est appelé Lukia en dial. Bis-
cayen. Comte de Charenget.
BIBLIOGRAPHIE
H. DE Charencey. L'historien Sahagunet les Migra-
tions Mexicaines. Alençon, typ. etlith. A. Herpin, 1898,
95 p. gr. in-8**.
Résumer un pareil travail, qui est lui-même un
résumé analytique, me semble vraiment impossible ;
il me suffira de le signaler aux amateurs. Le P. Saha-
gun, arrivé au Mexique fort peu de temps après la
conquête, eut l'idée, rare et louable chez un mission-
naire chrétien, de se renseigner sur les coutumes, les
mœurs et les traditions du pays. Il a laissé plusieurs
copies d'un ouvrage qu'il écrivit là-dessus, en espa-
gnol et en nahuatK mais, conflsqués par le despotisme
royal et par Tinquisilion, ces manuscrits, traduits
récemment en français par MM. Rémi Siméonet Jour-
danet, n'ont vu le jour qu'en 1829 et 1830. Que de
choses précieuses ne trouverait-on pas dans les biblio-
thèques de la Péninsule I Ainsi, on affirme Texistence
en Portugal d'un texte en langue guanche, l'idiome
original des Canaries. Qui voudra et pourra le recher-
cher, le retrouver et le publier ? Ce serait rendre à la
science un bien grand service. J. V,
— 265 —
Paul Sëbillot. Légendes locales de la Haute-Bretagne.
Première partie. Le monde physique. Nantes, 1899,
petit in-8%(iv).xi-1 87 p.
Est-il possible de rendre compte en quelques lignes
de ce petit volume qui contient une masse imposante
de faits et qu'on peut indiquer comme modèle à tous
les travailleurs, à tous les amateurs au folk-lore? Ce
recueil est un complément aux légendes religieuses
catholiques et par suite il est, à mon avis du moins,
beaucoup plus intéressant; c'est en somme le résumé
de la mythologie locale de la Haute-Bretagne. M . Se-
billot y rapporte toutes lescroyances, toutes les supersti-
tions populaires relatives aux serpents, aux monstres,
aux eaux, a la terre et à la mer : sirènes, fées, gnomes,
lutins; — villes englouties, trésors cachés, crimes mys-
térieusement punis; — revenants, apparitions, etc.,
rien n'y manque.
C'est un précieux document de plus apporté à l'his-
toire de la pensée humaine et qui jette un jour nouveau
sur l'origine, le développement et l'évolution des reli-
gions dans le monde.
J.ViNSON.
Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de
Pau. IP série, t. XXVI (1896-1897), 3« et 4« livr. Pau,
veuve L. Ribaut, 1897, gr. in-8^ p. 249-599.
A part les procès-verbaux des séances, les listes
ordinaires et les tables (p. 573-599), le présent volume
• '\ - 266 -
est occupé tout entier par une nouvelle série de
delabaronuedeCrouseilhesàson fils, publicatioi
comme la précédente dont j'ai rendu compte ici-c
aux soins intelligents et éclairés d*un ancien mag
M. Adrien Planté. Je ne puis que confirmer me
mières appréciations: cette correspondante est
mante et tout à fait de nature à inspirer le regret d
vieux temps. Dans ce siècle de vapeur, de télêgr
de téléphone, que sais-je encore? on n'écrit pi
lettres et Ton ne sait plus en écrire. On griffonn
i I hâte des billets sommaires, sans style, ni souven
orthographe, jetés à la poste au hasard, ordinairt
sans date et toujours sans numéros comme desp<j
sans inlérét destinés à être détruits I . . .
M. Planté a ajouté d^excellentes notes; il
donne de plus deux portraits de M^^'deCrouseilhe
a bien le type fin des Béarnaises, et un de son fil
est quelconque.
Mais ce qui me gale cette publication, ce son
états de services du fils de M™*' de Crouseilhes, ce
qui elle adressait ces lettres si vivantes et si vc
d*oà la mièvrerie et la pose religieuse sont tolalei
absentes. M. de Crouseilhes fils, né en 1792 et mo
1861, fut nommé avocat général à Pau, à vingt-qi
ans, au fort de Tabominable réaction royaliste, el, s
avoir passé par le Conseil d^Élat, il devint, à In
cinq ans, conseiller à la Cour de Cassation. Pa
France sous Louis-Philippe, député réactionnain
— 267 —
1849, miDistre en 1851 et sénateur en 1852 ; grand
officier de la Légion d'honneur et de Grégoire le Grand,
il parait avoir été le type du fonctionnaire solennel,
clérical et parfaitement inutile. J. Y.
La Vasconie. . . par J. de Jaurgain. Première par-
tie. Pau, imp. Garet, 1898, in-8% xx-453p.
C'est un livre d'histoire ou plus exactement une
série de discussions sur des documents et sur des faits
historiques. Le livre est extrêmement intéressant avec
ses appendices, ses tableaux généalogiques, ses docu-
ments reproduits; le malheur est que rien n'est sûr
dans ce moyen âge bas-latin. Comment distinguer le
fait réel de la légende, alors surtout que les chartes et
lescédules faussessont constamment mêlées aux vraies?
Un des passages les plus intéressants est celui qui
est relatif à l'évêché de Bayonne, dont M. de Jaurgain
ne saurait placer la fondation avant le XIP siècle.
Cette thèse, qui est infiniment probable, porte un coup
sérieux à la légende de saint Léon qui, venu de Rouen
pour convertir les Basques, aurait été le premier évêque
de Bayonne et aurait été martyrisé aux portes de cette
ville au IX.® siècle. On sait qu'à la façon de saint
Denis, sainteSotange et autres, le susdit Léon auraitfait
environ deux kilomètres autour des remparts de la ville
en portant sa tête entre ses mains. M. de Jaurgain a
beau nous dire qu'il est bon catholique et qu'il croit,
— 268 —
sauf l'épiscopat local, à cette légeode, les esprits iodé-
pendants auront un peu plus ledroîtde n'y voirqu^ooe
fable n'ayant peut-être aucun fondement historiqae.
Au commencement de ronvrageselrooTent des affir-
mations très contestables qui prouvent que M. de Jaur-
gain n*est pas du tout au courant des études lioguis-
tiques basques. Il n'est pas prouvé que le nom basque
de Pampelune — Iruna — signiQe h la bonne ville h ;
j'y verrai plutôt un dérivé de Iru a trois». On a dit en
effet que Pampelune était la réunion de trois agglomé-
rations distinctes; je ne retrouve pas cependant la note
que j'avais prise. Il n'est pas plus exact de dire que
les Vandales, les Vascons, les Caristes, les Lestrigons,
lesCanlabres,etc., étaient Basques; rien ue le prouve,
pas plus que l'identité de la langue ibérienne avec le
basque primitif. Je crois avoir très catégoriquement
démontré au contraire que les monuments écrits de Ih
langue ibérienne qui sont parvenus jusqu'à nous ne
sont aucunement explicables par le basque.
Julien ViNsoN.
Au moment où je termine cet article, on m'apporte
une nouvelle brochure de M. de Jaurgain : Quelques
Légendes poétiques du pays de Sou le. C'est une attachante
et remarquable étude sur six chansons basques et sur
les faits historiques qui leuront donné naissance. L'his-
toire sert ici à la correction du texte; j'y reviendrai.
— 269 —
Proceedings of îhe Canadian Institute. Toronto, febr.
1899, vol. II, part I, n° 7, gr. in-8*.
Contient: Président B.E. Walker's Address (p. 1-10),
Prehistoric Vonumenisof BrittanyhyiproLX.B. Macal-
lum (p. 11-1 4), Corwwdt/mtVi Ontariohy ArchibaldBlue
(p. 1 5-22), A^o/c« on prospecting for Corundum by Willet
G. Miller, M. A. (p. 23-26), et The international scien-
ti^ Catalogue by James Bain (p. 27-29).
Zeitschrift jûr verg leichende Sprachforschung . . , von
E. KuHN und J. Schmidt. Vol. XXXVI, 2'fasc. Gû-
tersloh, 1899.
Contient : H. Hûbschmann, Zur persischen Laut-
lehre(p. 153-179);A. Thumb,Etymologien (179-202);
E. Zupitza. UeberDoppeliionsonanzim Irischen (202-
245);Th.Baunack,UeberdasVedischeWort/?aîiraf245-
253) ; Th. Baunack,Zu R. V. X. 40, 3 (253-254) ; Th.
Baunack (254-257), W. Liift, Wulflla oder Ulphila
(257-264); P. Kretschmer,Etymologisches (264-270);
P. Kretschmer, Aphârese îm Griechischen (270-273);
W. Stokes, Hibernica (270-273). J. V.
De la Catégorie des voix, par R. de la Grasserie.
Paris, J. Maisonneuve, 1899, gr. in-8*>, 273 p.
Langue Auca ; grammaire, dictionnaire, textes, par
R. de la Grasserie. Paris, J. Maisonneuve, gr. in-8'*,
1898, (iv)-372p.
— 270 —
Langue Zoque et langue Mixe; grammaire, diction-
naire, textes, par R. de la Grasserie. Paris^ J. Mai-
sonneuve, gr. in-8^ 1899, 384 p.
Critica de la Lengua Auca del seflor R. de la Grasse-
rie, por Rodoifo Lenz. Santiago del Chile, imprenta
Cervantes, 1898, gr. in-8^ 21 p.
[| m'a paru qu'au lieu d'examiner ces quatre publi-
cations séparément, il valait bien mieux les réunir,
comparativement, dans une seule et même étude. C'est
surtout en effet une question de méthode qu'il convient
de traiter ici .
M. de la Grasserie a déjà publié un très grand nombre
d'ouvrages qui forment deux groupes distincts. Le
moins important se compose d'une série de monogra-
phies toutes consacrées à des idiomes peu connus
de l'Amérique ; le plus considérable est une série
de mémoires traitant divers points de linguistique
générale.
En reprenant les sept ou huit brochures de M. delà
Grasserie relatives à des langues américaines, je suis
frappé tout d'abord de ce fait qu'elles ne sont point
rédigées sur un plan uniforme. Tantôt ce sont des gram-
maires composées de toute pièce sur des textes plus
ou moins étendus ; tantôt ce sont des traductions ou
des adaptations de vieux ouvrages, comme c'est le cas
pour l'idiome awca; tantôt ce sont de simples traduc-
tions d'anciens livres espagnols. Or, même dans les
— 271 —
grammaires directement écrites par M. de la Grasserie,
je ne trouve pas l*anité de composition, la simplicité,
la clarté désirables, et je remarque avec surprise le peu
de place qu'y occupe la phonétique, Ta peu près trop
fréquent des traductions et l'incorrection évidente des
textes. Je sais bien que la correction parfaite est impos-
sible à obtenir pour des volumes de ce genre, mais il
est manifeste que nulle part les révisions n'ont été
faites avec tout le soin et toute l'attention qui eussent
été nécessaires. Vent-on quelques exemples? Dans la
brochure sur les voix, le mot tamoul tshèr est traduit
« lier, être lié » ; ce sens est inexact, car ce radical,
qu'il aurait fallu d'ailleurs écrire çêr ou sér (avec
l'une ou l'autre des deux premières sifflantessanscrites),
signifie « joindre, être joint». Dans la même page, à
sdgu est opposé sdtsa pour sdlsu ; ces deux mots d'ail-
leurs sont lélingas (ou telugus) et non point tamouls.
Le brahvi (écrit aussi dans la même page brahvi: à ce
propos pourquoi tulu est-il écrit M/m?) est donné sans
la moindre hésitation comme une langue dravidienne ;
Quelques pages plus loin, le caractère passif du verbe
transitif basque est affirmé comme si c'était un fait in-
contestable et universellement admis. Partould'ailleurs,
la plus grande négligence est apportée à la transcrip-
tion des mots, et il n'est tenu aucun compte des signes
diacritiques qui différencient les divers ordres de con-
sonnes, les cérébrales et les dentales notamment.
M. de la Gr. adopte, sans les contrôler ni les vérifier,
- 272 -
les propositions de tous les grammairieDS,etil se trouve
ainsi conduit à donner comme certaines des choses
fort discutables: je n'admets point par exemple que le
signe du présent en tamoul soit kidru ou gidru ;
d*autre part, les transcriptions tara tamoul et idlu
canara, sans points souscrits, ne montrent pas assez
ridentilé de ces deux mots. Dans l'anglais même, on
lit plusieurs fois: Jam loved au lieu de / amloved. Àa
surplus, le même son n'est pas toujours représenté de
la même façon ; ainsi l'explosive palatale forte est
écrite tch, tsh ou tsch. M. de la Gr. use beaucoup du
A comme signe distinctif: il dit quelque part que ce
signe convient parfaitement pour marquer un renfor-
cement ; cette affirmation, un