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Full text of "Revue de linguistique et de philologie comparée, Volume 10"

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UNIVERSITY OF 
CALIFORNIA 
SANTA CRUZ 




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REVUE 



DE 



LINGUISTIQUE 



ET DE 



PHILOLOGIE COMPARÉE 

REGUETL TRIMESTRIEL 

PUBLIÉ PAR 

M. GIRARD DE RIALLE ' 

AVEC LE CONCOURS DE 

MM. EMILE PICOT ET JULIEN VINSON 

ET LA COLLABORATION DE DIVERS SAVANTS FRANÇAIS ET ÉTRANGERS 



TOME DIXIÈME 

l«r Fascicule — Juillet 1877 



PARIS 

MAISONNEUVE ET O», LIBRAIRES - ÉDITEURS 

25, QUAI VOLTAIRE 

1877 



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OBLéAlfS, IMP. D£ O. lAOOB, CLOITRE SANT-ÊnERlIE, A. 



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LA LÉGENDE DU JUIF-ERRANT 

(Suite et fin.) 



La démonstration que le Juif-Errant revient au Chas- 
seur éternel, et que, par cehii-ci, il remonte à travers 
les mythes météorologiques de Wodan et de Rudra, à une 
légende que nous a révélée son nom de Laquédem, et 
dont la parabole de Caïn et Abel nous dira, je crois, le 
dernier mot ; cette démonstration nous rend curieux de 
savoir si, sous une ^ forme ou sous une autre, il n'y 
aurait pas quelque chose d'analogue à notre sujet chez 
les Grecs et les Romains. Nous y avons déjà touché par 
un mot, mais il faut voir la chose de près. 

A un premier examen, on est tenté de retrouver notre 
légende dans le mythe de la terrible Hécate, Êxàra S«<nrXï7Te(l), 
aiiphère, comme son nom le dit (2), toujours par voie et 
par chemin, protectrice des chiens, et accompagnée d'eux, 
comme il est dit aussi du chasseur Wodan (3), identifiée 

{{) Theocrili Idyllion, II, 15. 

(2) V. Preller, Griechische Mythologie, p. 259, 3« éd. 

(3) Alb. Hœfer, Zur Myth. und Sittenkunde aus Pommern, dans 
iSermama, I, 104. — Les chiens, en Allemagne, portent souvent le 
nom de Wodan. (Germania, VIII, 380.) 



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~ 4 — 

d'ailleurs avec l'infernale Perséphone, comme Wod le chas- 
seur infernal, le heljagery l'est avec hel l'enfer, et, plus 
tard, avec le diable, cette Perséphone au cœur impla- 
cable qui conduit nuitamment la troupe des furies (1), 
comme le chasseur damné, dammjàger^ les âmes de 
ceux qui ne peuvent trouver le repos, comme Marut les 
morts (2). 

Jusqu'ici, le mythe grec s'accorde on ne peut mieux 
avec les mythes de Wodan et de Rudra, mais cependant 
la ressemblance est plus spécieuse que réelle. Quand on 
va au fond, on voit que le mythe d'Hécate est impossible 
à réduire à un fait historique. La Diane infernale est 
un fruit de l'imagination populaire surexcitée, et n'est 
pas autre chose. Dans la mythologie germanique, on 
pourrait lui assimiler la déesse Holla, qui conduit les 
sorciers et les sorcières, des c furies », dit une légende (3), 
et, effectivement, un prédicateur du XV« siècle,- Joh. 
Herolt, nous apprend qu'on appelait Holla Diane, quam 
quidam Dianam vacant (4). Hécate n'est qu'une magi- 
cienne ambulante comme Médée, une sorcière comme 
Circé et la blonde Périmède, et on a même rapproché 
son nom du mot hemy par l'intermédiaire de l'ancien 
bas-saxon hagata, termes qui, l'un et l'autre, veulent 

(1) T^ç 5*iÎ8/îOfoiTeç È/aivùç... àftsAep^ov ^Top t'xpoaoL. (llias, IX, 571.) 
Cf. Scholia in Theocriti IdylL, p. 19, éd. Didot : Ttiv £xàT>7v ^co-c 

(2) Kuhn, Wodan, dans Zeitsch. /. D. A,, V, p. 488 sqq. Panzer, 
Beitrag zur Myth., Il, 437, 527. Alb. Hœfer, Zur Myth, md Sitt, 
dans Germaniat I, i03. 

(3) V. L. Bechstein, Der Sagenschatz, etc., des Thiiringerlandes, 
m, p. 190. 

(4) Grimm, Deutsche Mythologie, p. 885. 



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-- 5 — 

dire « sorcière > (1). La Thessalie la revendique, et sa 
place finale est dans le sabbat des mystères de toute 
provenance, où le syncrétisme romain de Tépoque de la 
décadence lui avait assigné le rang que méritaient ses 
enchantements et ses philtres, (fipiJMm. 

Sans doute, il faut Taccorder, Rudra, avec son cortège 
de Maruts, revient à une procession de trépassés ; étymo- 
logiquement, on ne saurait le contester, puisque marut 
dérive de mritay mort, de mn, mar, mourir, en sanskrit, 
en zend et en latin (mor-i), et les Einherjar que conduit 
Wodan sont des guerriers tombés sur le champ de 
bataille (2). Mais cela n'empêche qu'il n'y ait dans ce 
monde-là une vie et un mouvement exubérants, et rien 
qui rappelle le milieu où se plaît Hécate, à savoir les 
cimetières et le sang infect des cadavres : èpxoiis>wv vexuwv 
avec r'-npU xoci peTov alpa (3), Il cst vrai que SOU rôle premier 
est tout autre ; ce rôle est universel, car elle a en par- 
tage le pouvoir de tous les dieux (4). 

N'importe ; convenons que le mythe d'Hécate n'est pas 
de la famille de la légende du Chasseur, et voyons ce qu'il 
en est de celui de Mars conduisant les processions et la 
danse des Saliens. Mais ici, loin d'avoir affaire à des 
âmes de morts ou à quoi que ce soit de néfaste ou de 

(1) V. Mone, Anzeiger fûrKunde der Deutschen Vorzeit, VIII, 445. 

(2) Remarquons que le todtenmann (homme des morts, fossoyeur) 
est appelé le vieux Juif, der alte Jude, dans quelques contrées d'Alle- 
magne, dans la Haute-Silésie. (V. Yernaleken, Mythen des Volkes in 
Oestreich, p. 296.) Or le Juif-Ërrant est, comme nous Tavons déjà in- 
diqué, un Wodan transformé. 

(3) Théocrite, loc, c. 

(4) Kac yépaç ev yKvn rs xal oO/oavôi, riU Boàadcrpy elle a puissance SUT 

la tçrre, le ciel et la mer. (Hésiode, Théog., 427.) 



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- 6 — 

lugubre, nous ne rencontrons que la joie et la vie, la vie 
renaissante du printemps. Ce sont, non des spectres, mais 
des vivants en chair et en os qui courent et se trémous- 
sent avec Mars à leur tête, uniquement pour célébrer le 
dieu, non en tant qu'il est la personnification de la 
guerre, en laquelle qualité, comme le savait déjà Tacite {\)] 
il est identique avec Wodan, mais pour la célébrer en ses 
fonctions de dieu du renouveau et de Tannée renaissante. 
Il est vrai que certains passages d'Ovide et de Festus 
disent que Romulus avait consacré à Mars le premier 
mois, à cause de ses qualités guerrières qui plaisaient le 
plus aux peuples belliqueux du Latium (2), mais il n'y a 
là rien d'absolument contradictoire, le caractère du prin- 
temps étant ce qu'il est, turbulent au possible. C'est la 
saison qui remue la nature de fond en comble, et, comme 
dit le poète, la fureur {de toutes les divinités capricieuses 
s'y donne carrière : Vertumnis, qmtquot sunt^ nattes 
iniquis (3). Même comme dieu du printemps. Mars a 
ainsi droit à l'épithète d'anhelus qu'on lui attribue en sa 
qualité de dieu de la guerre. Ses fonctions en l'une et 
l'autre situation l'essoufflent également. 
Le mythe de la divinité, dont les prêtres se faisaient 

(1) Les Hermundures vainqueurs, dit-il {Annal. ^ XIII, 57), avaient 
dévoué les Gattes vaincus à Mars et à Mercure. (Cf. Germania^^ VII.) 
Or, Wodan était Mars et Mercure, comme on le savait encore au 
Vile siècle. (V. la Vie de 5. Columban, Mabillon, Annales Benedictini, 
1, p. 295, fol. 1703, et la glose citée par Holtzmann, D. Jtf., p. 35.) 
Mars et Mercure, chez les Romains, revenaient à un seul dieu. (Mar- 
tial, Epigf., V, 24.) 

(2) Ovide, Fastes, III, 79 sqq. Pomp. Festus, De Verb. signif,, 
1. XI. 

(3) Horat., Salir., II, 7. 



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- 7 — 
de si jolis revenus par le ver sacrum, convient donc, de 
quelque côté qu'on le considère, à l'étude comparative 
que nous faisons ici. Comme dieu du printemps, Mars 
faisait sauter et courir tout aussi bien que comme chef 
de guerre. Les Salions (1) se trémoussaient en honneur 
du mois qui a pris du dieu le nom qu'il porte, et les 
cavaliers célébraient par le même motif des courses, 
equiria, au champ qui lui était consacré. Les uns et les 
autres reviennent ainsi, en leur valeur mythologique, aux 
Maruts et aux Einherjar. 

Mais il y a, à ce qu'il semble, un point de rattache 
tout spécial entre le mythe de Mars et la légende du Juif- 
Errant. Yarron nous dit que les Salions, quand ils avaient 
terminé leurs processions, nettoyaient les trompettes 
sacrées dans la cour des cordonniers, sur le Palatin : 
in atrio sutorio sacrorum tubœ lustrantur (2). Pourquoi 
dans la cour des cordonniers ? Mars était- il le patron des 
cordonniers? Nullement. Que conclure alors de cette 
coïncidence cordonnière ? Ne disons pas qu'il en résulte 
que Mars avait du pech (malheur) comme notre Juif, bien 
qu'à tout prendre la métaphore et la comparaison soient 
autorisées par des légendes (3). Non ; la cour des cordon- 
niers pourra nous servir mieux, et voici comment. 

Nous avons parlé de Persée et de sa grosse sandale, 
crocvJdcXeov fAsyaGoç, qui ressemble fort au gros soulier, skô 



(1) Salit a sallendo et saltando, dit Festus, 1. XVU. 

(2) Varro, De lingua latina, VI, U. 

(3) V. Grimm, Kinder und Hausmàrchen, I, p. 158, 5e éd. On y 
apprend comment la poix (pech) est synonyme de c malheur. » Une 
jeune fille paresseuse reçoit, au lieu de la pluie d'or qu'elle attendait, 
un chaudron plein de poix qui la souille de la tête aux pieds. 



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— 8 — 
thokkvan, de Widar passé dans les attributions du Juif- 
Errant. Si, ce qui est mythologiquement probable, ces 
deux chaussures sont les mêmes, Persée (4) et Widar 
personnifiant également le renouveau, le renouvellement 
du monde, puisqu'ils tuent, Tun les forces hostiles et les 
ténèbres, dans la personne de la Gorgone Méduse (2), 
et Tautre dans celle du loup Fenris; le dieu Mars, qui, 
en sa qualité de démon du printemps, n'est qu'un autre 
Persée ou un autre Widar, nous conduit, par la cour 
des cordonniers du Palatin, à lui identifier le cordon- 
nier Ahasvérus qui, sous le nom de Buttadeus, dieu 
poisson, peut passer, d'un côté, pour le patron du mois où 
la nature entre en plein travail de renouvellement, )e 
mois d'avril, et de l'autre, comme nous le verrons, pour 
la figure équivalente du poisson mystique, i^Wç, le Réno- 
vateur par excellence, le soleil idéal, le Christ. 

(1) C'était la croyance des Égyptiens, nous dit Hérodote (II, 91), que 
lorsque la chaussure de Persée avait paru quelque part, la fertilité et 
Tabondance allaient régner dans toute l'Egypte : To sm(h foani, evOmicv 
aTrao-ov AîyuTrTov. Pour les. Égyptiens, Persée était un des aspects du 
dieu Ra, le soleil ; et la Théogonie d'Hésiode nous apprend que, Titan 
chez les Grecs, Persée dans la mythologie grecque, personnifie égale- 
ment la lumière du jour. 11 est le fils du soleil, Hélios. (Hésiode, 
Théog., V. 956.) Le sang de Persée, dit Jupiter, le père du jour 
(Diespiter) et le soleil même {eunéem esse Jovem ac solm* Macrobe, 
Sat., I, 23), est mon sang, quis sanguinis auctor if se ego. (Stace, 
Thébaîde, I, v. 224.) 

(2) n n'y avait qu'une seule Gorgone, bien qu'Hésiode en nomme 
trois, ce qui parait inutile. On voit, en effet, que Méduse étant tuée, il 
n'est plus question de Stheno et d'Ëuryale. Du reste, Homère, les 
tragiques, Apollonius et autres, ne parlent jamais que ^'une seule 
Gorgone. C'est toujours ro/)yw, ro/oyoOç, ro/sygiîj, ropyeiviv. (Ilias, V, 
741; VIII, 349; XI, 36; Odyss., XI, 634; ApoUonii ArgomuUea, IV, 
V. 1515.) 



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— 9- 

Personne ne nous accusera, je pense, de donner par 
ces explications un poisson d'avril ; la vérité est qu'elles 
ouvrent une échappée de vue non encore ouverte dans 
l'interprétation de notre légende. Nous y reviendrons. En 
attendant, mentionnons, pour ne rien négliger, quelques 
fables arabes auxquelles on pourra trouver un air de famille 
avec le Juif-Errant. On lit dans le Qorân (1) qu'un certain 
Samari, c'est-à-dire un Samaritain, car le nom ne veut 
pas dire autre chose, avait fabriqué le Veau-d'or, et, 
en punition de ce crime, il se serait vu condamner par 
Moïse à errer perpétuellement sur la surface de la terre, 
f Éloigne-toi d'ici », lui aurait dit le législateur cour- 
roucé. « Ton châtiment dans ce monde sera celui-ci ; tu 
diras à qificonque te rencontrera : Ne me touchez pas » . 
Samari va donc, et son mouviement perpétuel lui a valu 
le surnom de tourneur, al kharaïthi (2). 

Ce qui est fâcheux, c'est que, de tout cela', il n'y ait 
pas un mot dans l'Exode (3). On peut donc soupçonner 
Mahomet ou son secrétaire d'avoir inventé ce récit. 
Quant à une autre légende qu'Herbelot rapporte, d'après 
l'auteur du Nighiaristan, d'un certain Fadhilah qui vit un 
jour, dans une vallée de Syrie, un vieillard à tête 
chauve, tenant un bâton à la main et ayant l'air d'un 
derviche qui, sur la demande qui il était, lui répondit : t Je 
suis ici par l'ordre du Seigneur Jésus ; il m'a laissé en 
ce monde pour y vivre jusqu'à ce qu'il vienne une 
seconde fois en terre, etc. (4) î ; quant à cette légende, 

(1) Sur., XX, 90, 96 sq. 

(2) Herbelot, Bibliothèque orientale, III, p. 197. 

(3) V. le récit de VExode, ch. xxxu, consacré au fait du Veau-d'or. 

(4) Herbelot, loc. c, sub voce^ Zérib.^ III, 607. 



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— 10 — 
elle rentre trop ^idemment dans le cycle légendaire 
d'Élie et de saint Jean, pour qu'il soit besoin d'insister 
là-dessus. Et pour ce qui est du vieux Juif qui, au 
rapport d'Al Kazwini (1), se montre la nuit sur la surface 
de la mer où il erre et suit les navires, il se termine trop 
en poisson pour le regarder sans rire. C'est le rêve d'une 
imagination malade, où il n'y a même pas un grain de 
cette naïveté dont ailleurs les contes de poissons ne sont 
pas dépourvus (2). 



VI 



Mais puisque nous voilà revenu en Orient, où nous 
avait conduit d'abord le nom de Laquédem, restons-y. 
Les mythes cosmiques de Rudra, avec lequel Indra s'iden- 
tifie parfois (3), et de Wodan, équivalant à Mars, nous ont 
permis de saisir la filiation qu'a avec eux la légende 
du Chasseur sauvage qui mène la chasse de Caïn, et se 
confond, dans le sentiment populaire, avec le Juif-Errant. 
Laquédem serait-il donc identique avec Caïn? Certaines 

(1) Ap. Bochart, Hierozoicon^ II, col. 858 sq. 

(2) V. quelques-uns de ces contes chez Brlinger, Volksthûmliches 
ans Schwaben, 1, 132. 

(3) Cela résulte de ce qu'Indra est invoqué avec les Maruts (V. jR. 
Véda, h. 100, st. 1-15), et que les Maruts ou Rudras composent son 
entourage et lui montrent en quelque sorte le chemin où il doit mar- 
cher. (16., h. 101,8t. 4,7.) 



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— 11 - 

inductions nous Tont fait affirmer déjà, mais il faut justifier 
davantage cette affirmation. 

Il n'est pas admissible d'interpréter, avec Goldziher et 
d'autres, la légende de Caïn et d'Abel au sens atmos- 
phérique du mythe d'Indra et d'Ahi ; encore moins de 
n'y voir que la relation du premier meurtre qui ait 
affligé l'humanité. Nous ne pouvons admettre l'inter- 
prétation de Goldziher (1), et ne voir en Caïn qu'un 
héros solaire (2) à la manière de Persée ou d'Indra, et, 
dans Abel, l'obscurité que répandent les nuages person- 
nifiés en la Gorgone et en Ahi, parce qu'il est abon- 
damment prouvé que les Hébreux et leurs congénères 
n'avaient pas du tout le sens mythique développé dans la 
direction où il se^ manifeste chez les Indo-Européens. Il 
leur arrivait sans doute d'exalter ou de diviniser le 
soleil et les autres phénomènes cosmiques ; mais la chose, 
qu'on me permette de le dire, ne se passait pas avec la 
naïveté et Tinnocence qu'y mettaient les ancêtres de notre 
race, à nous. Chez ceux-ci, on restait dans le domaine d'un 
vague polythéisme ; chez ceux-là^ on tombait tout de suite 
dans l'idolâtrie la plus prononcée. 

Maintenant, quant à l'autre interprétation du récit 
biblique, nous ne pouvons l'admettre, par la raison fort 
simple qu'un meurtre particulier, quelque grave que le 



(1) V. Dermythos bei denHebrœem, p. 129 sqq. 

{î) Tout aussi peu, pour le dire en passant, que dans le Buddha- 
Çâkya. C'est une explication fantastique, et M. Renan a eu raison de 
s'inscrire en faux contre une pareille interprétation. (V. Joum. As., 
juillet 1876, p. 32.) Nous avons d'ailleurs démontré la réalité ethno- 
graphique de Çâkya dans notre ouvrage: le Buddhisme, U Nir- 
t^, etc., 1873. 



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— 12 — 

fait soit en lui-même, est de trop mince importance dans 
rhistoire générale du genre humain pour fixer l'attention 
des peuples, et, par suite, celle de l'historien. Si donc 
les faits et gestes de Caïn et d'Abel ont trouvé un écho 
dans les annales primitives, il faut que la crise où ils 
aboutissent se rapporte, non pas à un simple meurtre 
commis par un^ particulier sur un aulre particulier, mais 
au plus grand crime qu'il soit possible de commettre contre 
l'humanité. Or, je n'en sais et personne n'en sait de plus 
grand que la guerre. 

L'histoire de Caïn et d'Abel est une parabole, et ni 
Caïn ni Abel ne sont des personnes réelles. Le premier 
représente les peuples qui s'adonnent à l'agriculture ; 
l'autre, les peuples pasteurs. Mais la culture de la terre, 
quoiqu'elle soit l'art par excellence de la paix, est néan- 
moins ce dur et servile travail qui nous fait manger 
notre pain à la sueur de notre front. C'est vraiment le 
labor improbus, labeur rude et vil, labeur aléatoire, 
labeur qui excite et nourrit dans l'homme une foule de 
basses passions ; entre autres, la crainte, l'envie, la haine 
et surtout cette manie de s'arrondir, comme on dit, 
dont l'âpreté dépasse parfois l'imagination. C'est un fait, 
que le paysan vit dans des transes perpétuelles, et, 
vienne une occasion où ce qui l'oppresse pourra écla- 
ter, il donnera un libre cours à ses rancunes et aux 
penchants de violence que l'implacable servitude du sol 
a nourris en lui. Alors, c'est la guerre des paysans, la 
guerre féroce et impitoyable contre un voisin favorisé 
d'occupations plus faciles et plus agréables (4). Ce voisin, 

(1) Les conditions de la vie pastorale, dit le voyageur russQ 



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-lâ- 

à Torigine de la société, est possesseur et gardien de 
troupeaux. Les poètes, d'accord avec les observateurs, 
Vont toujours chanté, et toujours aussi ils ont poussé 
des lamentations sur le sort du laboureur. 

Mais les occupations relativement paisibles et. peu aléa- 
toires du pasteur le rendent aussi plus faible que son 
rude et grossier voisin, et. de la sorte si, poussé par ses 
basses passions, Caïn, la manie de la propriété ter- 
rienne personnifiée, der Eigenthumssûchtige, comme son 
nom l'indique très-bien (4) ; si, dis-je, Caïn s'élève contre 
son frère, le doux gardien de moutons, il le vaincra, 
l'abattra à ses pieds et volontiers le tuera. 

Alors, qu'arrivera-t-il ? La Némésis se dressera devant 
le meurtrier, et les furies le saisiront. Il voudrait se 
vomir lui-même, et, dévoré par d'invincibles remords, 
il se verra forcé de quitter le sol qu'il a souillé ; désor- 
mais il mènera une vie vagabonde, une existence mau- 
dite, juste comme la légende le dit du chasseur damné, 
dammjàger, et du 

Juif qui est errant 
Parmy le monde, pleurant et souspirant. 

Cette interprétation de la parabole de Caïn et d'Abel 
n'est pas arbitraire ; elle trouve sa confirmation dans les 
commencements des diverses sociétés où les peuples, 
aussi longtemps qu'ils restent barbares ou sauvages, 

Prshewalski à l'occasion des Mongoles, ne favorisent que trop Toiki- 
veté. Les soins à donner aux troupeaux n'exigent absolument aucun 
travail fatigant. (Ap. Bastian, Zeitsck, fiir Ethnologie^ VII, p. 361.) 
(1) R. Hirsch, Der Pentateuch, I, p. 93. 



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— 14 — 

subissent la malédiction que leur penchant pour la guerre 
entraîne avec lui. Et pour ne pas sortir du domaine de la 
légende, on dirait que la parabole biblique se reflète 
dans le mythe eddaïque des Âses et des Vanes, présentés 
comme les fauteurs de la première guerre qui eut lieu 
•dans le monde. Le nom même des Yanes invite à la com- 
paraison, car le sens étymologique en correspond à celui 
d'Abel. Le nom d'Hébel, h^H s'explique par bSH, 

vane egit, et la Bible emploie le mot dans le sens de tes 
vatuif vanitas, néant (1). De son côté van, d'où dérive 
Yanir, signifie c être privé de >, et, comme substantif, 
c illusion » ou <x vanité >. 

Nous voyons ainsi dans les Vanes de véritables Abé- 
liens. LesEddas et TYnglinsaga en parlent longuement (!2). 
Cette dernière les montre doux et paisibles, demeurant 
dans l'origine en Orient, côte à côte avec les Ases, leurs 
alliés. Néanmoins, ces alliés par le sang leur étaient étran- 
gers par les dispositions morales : les Ases étaient d'une 
nature rude, violente et surtout cupide. L'envie qu'ils 
portaient à leurs voisins dans l'aisance, Vauri sacra 
famés (3), les poussa à leur faire une guerre d'extermi- 
nation. L'infâme Loki, Loka ôtheckan^ chef des Ases, tua 
Baldr, chef des Vanes, par la main de l'aveugle Hôdhr. 
Mais Hôdhr est la personnification de la guerre, comme 

(1) Jérémie, X, 3. 

(2) V. Voluspâ, Gjjlfagiwaing; Fn^Knsa^a, chapp. 1, V,dans Beims- 
kringla edr Noregs konunga Sôgor, par Snorra Sturlusyni, I, pp. 5, 
9; éd. 1777, par SchôniDg, Kopenhague. 

(3) Cela est énigmatiquement exprimé dans la Voluspâ par le mot 
gullveigy breuvage d'or, qui paraît avoir été la cause de la première 
guerre. 



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- 16 — 
Mars qui engendre la terreur et la peur, et marche de 
concert avec cette engeance à la destruction de la 
société (4>. Et c'est ainsi, dit TEdda, que s'accomplit 
dans, le monde le fait lamentable, harmslaug, du premier 
meurtre : that var enn fôlevlg fyrst i heiml (2). 

Dès lors, les Ases ont couru le monde entier, et on 
dirait qu'agités et fugitifs sur la terre, c'est d'eux que 
leurs descendants, les Germains, tiennent ce penchant 
irrésistible qui les pousse à quitter sans esprit de retour 
le sol natal, pour se répandre dans tous les pays du 
globe. Il est du moins certain que la légende du Chasseur 
perpétuellement errant a été toujours cultivée avec prédi- 
lection par les Allemands ; dans aucun pays, elle n'a pris 
tant de formes et d'aspects divers qu'en Allemagne (3), 
et il s'ensuit qu'on est fondé à soutenir que c'est une 
création véritablement allemande. C'est donc aussi un 
symbole national, car tout ce que nous créons est à notre 
image, à notre ressemblance et nous représente. 

Cependant, le fond de la légende ne cesse pas pour cela 
d'être un fait historique primordial. Ce que nous voulons 
dire seulement, c'est que l'Allemagne, en s'appropriant 
ce fond, l'a frappé à son type, même sous la forme que 
le Chasseur a prise dans la légende du Juif-Errant. Le 
Juif-Errant allemand a changé sa constitution exotique 



(1) Hesiod., Theog,, 933 sqq., *oêov -mi MïyLOfit <yùv Xpm mokiTrôpQcô. 

(2) Voluspây st. 1-22/ dans VEdda de Saemund, III, p. 35; Hafniae, 
1828; st. 25-37^ chez Hoitzmann, Die altère Edda. Cf. Ferd. Vetter. 
Freyrund Bcddr, dans Germania, XIX, 204; Karl Meyer, Germanta, 
XVII, p. 198 sqq.; HoUzmann, Deutsche Myth., p. 48, 268. 

(3) Voy. les collections de légendes de Kuhn, Meier, Rochholz, 
Prôhle, MûllenhofiT, out. c, p. 360 sqq. 



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— 16 - 

primitive, à Tinstar de ce qui se passe sur le sol allemand 
à regard de ses congénères vivants, dont un grand 
nombre présente le phénomène étrange de Juifs à cheveux 
blonds (4). 



VII 



Il nous semble que la filiation du Juif-Errant se 
trouve maintenant suffisamment élucidée, et que l'étude 
des mythes parallèles nous a éclairés aussi sur le sens 
originel du légendaire vagabond. Gain fut le premier qui 
fit la guerre et qui tua son frère, le doux et paisible 
Abel ; le premier, Ahasvérus-Laquédem, demanda la mort 
du Juste : primus Christum cruci suffigendum excla- 
maverit (2). Le châtiment de Gain est d'errer agité sur la 
terre ; une légende du XIII® siècle nous le montre qui 
roule jusqu'à la fin du monde, renfermé dans un ton- 
neau, autour d'une vaste et stérile plaine qu'elle nomme 
le désert d'Abillant (3). L'expression est peut-être symbo- 
lique, et signifie le pays d'Abel, la terre que le meur- 
trier a ensanglantée et rendue stérile. Le châtiment de 
Lî^quédem ne manque pas non plus de grandeur tragique. 

(1) Le dernier recensement Ta constaté, et Virchow a porté le fait à 
la connaissance du Congrès anthropologique qui s'est tenu à léna au 
mois d'août de cette année, 1876. On a trouvé plus de 11 p. 100 de 
juifs blonds. 

(2) Boulenger, loc, c. 

(3) V. Huon de Bordeaux, ch. XXXIV, dans la Biblothèque JbJeue. 



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-il - 

t Je suis, dit-il, de ceux qui, par leur arrogance, cruci- 
fièrent le Sauveur des humains (1) ï>, et de même que 
rÉternel mit un signe sur Caïn afin que personne ne le 
tuât, le Christ détourne la mort de la tête de Laquédem. 
€ La mort ne me peut rien », dit-il, 

Chacun meurt à son tour, 
Et moi je vis toujours. 

On n'a guère compris ce que signifie la sentence que 
Jésus renouvelle en punition de la € cruelle audace ]> 
du Juif. Des poètes ont voulu faire mourir le t cruel et 
rebelle > ; Ed. Grenier a imaginé « la mort du Juif- 
Errant », et Schubart le fait s'endormir d'un sommeil 
qui ressemble au sommeil éternel (2). La légende, d'ail- 
leurs, n'a pas été plus intelligente à l'égard du Chasseur, 
dont le Juif est la-forme renoiivelée ; dans la Westphalie, 
on montre la tombe du Chasseur sauvage sur le Hain- 
berg, près de Bockenem (3). Cependant le Chasseur, pas 
plus que le Juif, ne saurait mourir, car Caïn, son 
ancêtre, ne meurt pas ; personne ne le tuera. La chasse 
est synonyme de guerre ; l'une comme l'autre « dresse 
des pièges dans le sang (4) x>. Si jamais on voit la fin 
de la guerre, ce sera quand il n'y aura plus de com- 



(i) V. tome IX, p. 316, Complainte d*un Juif encore vivant, errant 
par le monde, st. 5. 

(2) En 1834, un poète dramatique a montré, à la Porte-Saint-Martin^ 
le Juif-Errant prenant son vol vers le ciel en compagnie de Franklin 
et de Napoléon. 

(3) Kuhn, Sagen^ etc., ans Westfalen^ I, 315. 

(4) Michée, Yll, 2. 

i 



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battants. La guerre seule pourra tuer la guerre, et 
c'est ce que la vieille Voluspâ nous fait entendre, quand 
elle. dit que Vali, à qui appartient le, cljiamp de braille 
jpnché de cadavres, brûle r^vej^le^^ô(]|l^r (4). Mais ^la 
n'arrivera qu'à la fin du mqn(^ (^actiael, qui périra, 
comme Ilion, jusque dans ses ruines : etiam periere 
ruinœ (2). 

Toutefois, c'est pour Tmdiive so^s une autre forme, et 
je ne sais si, par une sorte d'intuition prophétique, 
comme on en rencontre tant d^ns les dépositaires 
inconscients des mystères de Thumanité, la, légende n'a 
pas voulu indiquer ce renouvellement par le i^om ,de 
Buttadeus, qu'elle attribue au Juif-Errant qui, d'abprd 
et avant tout, est le symbole de l'état discordant ac(uel 
du genre humain, et par conséquent celui de l'obscurité. 
Ce nom singuher, avec lequel nous avons déjà fait con- 
naissance, se trouve mentionné, pçur Iji premier^ fois et 
comme au hasard, dans la Praxis Alchymiœ, impriipée à 
Francfort epi 1604", de Libavius (3), gavant médQ.cia 
oubUé jiujourd'hui , injustement sans doute, car, le 
premier, il eut la grande et salutaire idée de la trafis- 
fusion du sang. Mais que signifie le nom de Rutfa- 
deus? Nous n'hésitons pas à l'interpréter par « poisson- 
dieu >. En effet, quand on le décompose, pn.a butta 



(1) Foiusjpa, st. 37. Cf. Karl Weinhojd, Die Sqgen von ^Irofct, dwis 
Zeitsch. fûrD. A., Vil. 

(2) Lucain, flianale^ IX, 969. Je marque r^endroit de ce passage, 
parce que plus d'une fois j'ai pu voir que des.prof^i^seurs même de 
r Université ne savent pas où il se trouve. 

(3) Libavii Praxis AlchymicB, p. &37,.in-8o. ,Habij^u^eç^e^t op le 
trouve cité fautivement sous le nom de Libarius et de ^^beâi^. 



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et deus (l).'Or butta, en tant que mot de provenance 
afllemande et, par conséquent, allemand, butta désigne 
nn des poissons les plus estimés du genre rhombus (2), 
afuquel appartient aussi ce turbot de Domitien, au sujet 
duquel le sénat romain ne crut pas déroger, en déli- 
bérant à quelle sauce il fallait le manger , ou du 
moins comment il convenait de le préparer (3). Mar- 
tial nous dit que, pour ne pas se rendre à un repas 
où . on servait un turbot, il ne pouvait y avoir qu'un 
seul motif : avoir la certitude d'entendre lire à table de 
mauvais vers (4). C'était donc et c'est encore, on peut 
le dire, le poisson par excellence. Aussi, une de ses va- 
riétés est-elle nommée heiligbutt, rhombe sacré. 

Ne sait-on pas que la primitive Église aimait, en 
vue du déluge de nos péchés, à désigner le Christ par 
le mot i;^0yç, parce que le Sauveur demeure comme un 
c poisson > vivant au milieu xles abîmes d'eau, où nous 
autres nous périssons? Plus tard, le symbolisme passable- 

(1) Libavius, et tous ceux qui reproduisent le nom (Schudt, Compend. 
hisl. jud., III, 8, p. 461 ; Martin Drôschei, Dissertatio theal. de duobus 
testibus vivis, c, II, § 1 sqq., et autres) écrivent dœu$y mot qui n'en 
est pas un, car il n'a pas de $ens. C'est donc chez Libavius un lapsus 
calami ou une faute d'impression ; les autres l'ont copié sans inquié- 
tude. On retrouve, estropié quant à la première partie, mais correc- 
tement quant à la seconde, le nom de Buitadeus chez les Saxons de 
la Transylvanie sous la forme de Bedeus. 

(2) Gela n'empêche que, étymologiquément, le mot ne soit synonyme 
de € bout d'homme i ou de c nain. » Les lutins ou farfadets (fcobolde) 
sont des butte. (Simrock, Handb. der D. M., p. 472.) D'un autre côté, 
Fôrslemann (Altdeutsches Namenbuch, v. Bud) interprète Butte par 
€ seigneur. ^ 

(3) Juvenal, Satire IV. 

(4) Martial, Epigram., III, 45. 



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ment raffiné des Alexandrins Irouvail dans ce mot^ in- 
diqués initialement, les mots d'une phrase que saint 
Augustin nous a conservée (1), et qui est i>îorovç Xjoioto^, 
eeoy, yîoc icarhpy Jésus-Ghrist, fils de Dieu sauveur. De. ce 
Piscis, les païens ont ensuite fait le sobriquet de pisci' 
oidi (2), donné aux chrétiens. 

Or, quand on réfléchit que, comme Jésus-Christ, le Juif 
Buttadeus est toujours par voie et par chemin, qu'il n'a 
pas de lieu oii reposer sa tête, sinon nuitamment, sur 
une sorte de croix improvisée avec un arbre ou avec des 
instruments aratoires (3), qu'on le voit assister dévote- 
ment aux sermons et donner le bon exemple d'un 
pécheur qui veut expier son crime (4) ; qu'il gémit de ne 
trouver à ses différentes visites que des juifs dans la ville 
chrétienne de Hambourg (5); qu'il exhorte les gens (6) 



(1) August., De civitate Dei, XVIII, 23. 

(2) Tertullian., De Bapiismo, I : c Sed nos pisciculi secundum 
t^ôùv nostrum Jesum Ghristum, etc. » 

(3) V. Kuhn, Sagen ans Wesifalen, I, p. H5; II, p. 33. Mûllenhoff, 
'Sagen, etc., ans Holstein, etc., 160, 547. 

(4) « Je fay, dil-il, icy bas pénitence, etc. » V. tome IX, Pavant- 
dernière strophe, p. 318. Dans VHistoire admirable, etc., de Bruges, 
il dit qu'il n'a pas youlu se laisser baptiser, et il ajoute : c Et m'en ai 
repenti (p. 26). » 

(5) C'est un trait rapporté par Pierre Dupont. 

(6) Dans le cantique, l'œuvre d'un romancier moderne d'Épînal ou 
de Montbéliard, qui suit la complainte, le Juif-Errant s'écrie : 

Amendez-vous, pécheurs, amendez-vous ; 
Songez à l'état de vos consciences; 
AGn d'apaiser dé Dieu le courroux. 
Disposez-vous à faire pénitence ! 

(V. le cainlique, st. 13, dans la Légende du Juif-Errant, par P. Dupont, 
p. 5.) 



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— 24 — 

et les convertît en tous pays, grâce à la faculté qu'il a 
de comprendre et de parler, comme les apôtres, toujours 
la langue du pays qu'il traverse (1) ; qu'il accepte 
Taumône sans en avoir besoin pour lui-même et seule- 
ment pour la distribuer aux pauvres (2), qu'il fait des 
miracles (3) et se montre cependant constamment doux et 
humble, qu'il n'est sévère qu'aux impies et aux blasphé- 
mateurs ; je dis que lorsqu'on réfléchit à tous ces traits 
auxquels on trouvera à en ajouter d'autres également édi- 
fiants, il est difficile de se refuser à la pensée que la 
légende, par l'attribution du nom de <c dieu-poisson >, a 
eu en vue l'identification finale du Juif criminel et 
sombre d'allures avec le Juif pur et lumineux, le 
Christ, rénovateur et vivificateur comme le soleil^ le soleil 
levant [à). 

Maintenant, on voit distinctement aussi le joint déjà 
indiqué de notre légende avec les mythes de Persée, de 
Widar et de Mars. Le punctum saliens, la victoire du 
soleil sur les ténèbres, est le même chez tous; seulement 
les procédés diffèrent. Ce que le mythe réalise par un 
acte dramatique, la légende l'opère par une transforma- 



(1) Discours véritable^ etc., p. 7 : c Aussitôt qu'il entre ea une 
terre, il entend la langue. » 

(2) € Si on luy bailloit quelqu*argent, il ne prenoit pas plus de deux 
ou trois sols, et tout à l'heure les donnoit aux pauvres. > (V. Discours 
véritablCy etc., p. 5.) Ces deux ou trois sols deviennent deux schillings 
ou un groschen dans les récits allemands, et cinq sous dans la com- 
plainte d'Épinal, et dans le cantique. 

(3) Y. D. Galmet, Dictionnaire de la Bible, s. v. Juif-Errant. 

(4) Oa sait que TÉgKse appelle le Christ : Oriens, splendor lucis 
œtemœ, et Soi, (V.les Àntieniies (}ui aunpncent Ifi fêtç de la naissance 
du Sauveur.) 



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— 22 — 

tion morale. Persée, BellérophoD, Widar, Mars entrent 
en latte oav^te contre on monstre, qui vit d'one exis- 
tence séparée de la lear; Laqnédem n'accomplit qu'un 
combat tout intérieur « La légende a christianisé le mythe. 
Ponr elle, la Gorgone, la Chimère, le Loup est le péché 
mortel qu'a commis Âhasvéros et qu'il eipie par ses 
courses forcées et par les œuvres de charité, dont son 
existence ambulatoire lui fournit fréquemment les occa- 
sions. Au surplus, l'intention de la légende se manifeste 
déjà, nous l'avons vu plus haut, dans le conte du Chas- 
seur, l'ancêtre immédiat d'Ahasvérus. Il apparaît même 
avec la qualification de butta, et cela surtout dans des 
pays foncièrement catholiques, comme par exemple la 
Wes^)halie. Il y porte le nom de bwidejàger (1). La 
christianisation de notre héros est donc fort ancienne, , 
relativement parlant, et ainsi nous sommes assurés que 
Libavius (+ 1616) n'a pas inventé l'épithète de butla^ 
deu8. Il l'a trouvée établie dans la tradition populaire, 
comme, du reste, il est aisé de le voir à la manière dont 
il cite le mot (2). 

Mais cette hardiesse de la légende qui ramène Wodan, . 
c'est-à-dire le diable (3), et le Christ, c'est-à-dire le prince 
de la paix, à l'unité personnelle de Laquédem-Buttadeus, 
ne saurait étonner ; lé peuple, tout comme le génie, est . 



(i) KuhD, Sagen ans Westf,, II, 12. 

(2) € Alius ipsam (se. Âhasverum Judœum) appellat Buttadeum, 
alius aliter (toc. c). » 

(3) Nous avons déjà indiqué Tidentification de Wodan avec le diable. 
Aussi le Chasseur^ qui est Wodan, ne craint-il rien tant que 
la figure de la croix. Quand il passe et qi^'on se croise les bras, ou 
qu'on se place à un endroit où les chemins se croisent, on n'a rien k 



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— 23 -. 
un grand philosophe ; ses créations, si divergentes qu'elles 
soient, aboutissent' toujours à une synthèse quelconque. 
La seule condition pour cela, c'est qu'elles soient incons- 
cientes: L'inconscience est la loi de toute véritable créa- 
tion. Si celui qu'on peut' appeler le Chrétien errant, 
Firànçois d'Assise, n'est point parvenu à s'identifier avec 
lé Christ, c'est uniquement parce que la condition d'incons- 
cience a mari^ué aux créateurs de sa légende. Pour y 
mettre trop de voulu, ils ont été faiseurs plutôt que 
créateurs. La légende du chef de l'ordre ambulant par 
excellence (1 y présenté son héros toujours en fuite devant 
'le diable dalns les gorges dé la Verna (2), et recevant la 
promesse qùfe cette existence inquiète et vagabonde, si 
elle était correctement suivie , ne finirait qu'avec le 
monde. Mais" on n'a pu faire qu'elle ' le fût long- 
temps; la décadence des religieux' mendiants s'accuse 
visiblement d^S, alors qu'ils n'ont pas ' encore traversé 
un ' sètil siècle ; la polémique de John Wiclef, curé de 
LuttiénV6rth (3),* et les satiWs de Ctàùcer en foiit foi (4)', 

craindre de lui. (V. Hœfer, dans Germania, I, 103; Birlinger, Ans 
SehèaViii, p.^9f.) L^dentîhcàdonr'dô'Wodan^èt au GhâskeHir àteci le' 
diable s'étend aussi au Juif. Un proverbe frison appelle le 'disdilecf^' 
offé'tf(î«/le^'Vîètttllldf.'(Kérli;' Ostfrîémnd'wie es derikt uhd sprikHt, 
122, 3e éd.) 

(1) Sa mat'éhe 'fût si^ rapide, qu'aprSs vingt<-cinq atfs d'existence 
on trochre les Fraineiscaiiis déjà au ccjeur dé la Rnsisie, et aà-delà de 
l'AfÂe, parmi les Tàtfl^sl.' 

(2) f Crridbiiaséo infral Tévere et TArno. » (Dante, D. C, Pârad., 
XI, 106.) 

(3) Ntmenowlèn, c'est le cas de le dire. Le précurseur de Luther, 
curé d'un eiidit'oit qui vaut Lutter ou en a la vertu ; car^' c'est aiiiéi 
qu*ôtt jpéut traduire le nom de Lutterwortfa. 

(4) V. The Sompnmr'esXàle, v. 7348 sq(j[.i et Thé Phlogue, àsûs 



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— 24 — 

f 

et le Christ d'Assise s'en est allé à vau-l'eau, malgré les 
auto-da-fé avec lesquels ses indignes disciples prétendaient 
le g^rifier (1). ' 

Peut-être aussi que la légende de saint Christophe a 
fait tort à celle de saint François. Déjà un chrétien 
errant ou du moins intrépide marcheur se trouvait ab 
antiquo identifié avec le Christ. Saint Christophe portait 
le Sauveur à cheval sur ses épaules, puerum sibi in 
humeris elevans, Christum pontavit (2), et ainsi il se 
présentait au peuple comme un autre Hercule (3). Impos- 
sible de lutter victorieusement avec un symbole aqssî 
populaire. Mais la tentative du génie poétique le plus 
inconscient qui fût, au moins dans sa première période, 
la tentative que Gœthe a faite, dans la pièce déjà men- 
tionnée, en nous présentant le Juif-Errant sous un point 
de vue renouvelé du moyen âge, à la manière satirique et 
goguenarde de Hans Sachs, aurait pu peut-être, à cause 
du talent du poète, rajeunir la conception qui se révèle 
dans le nom de Buttadeus. Autant, du moins, que nous 
en pouvons juger par l'état fragmentaire où est restée 

les Contes de Ganterbury, y. 209-272. Cf. R. Pauli, Bilder ans Alt- 
England, p. 45 sqq. 

(1) Le premier bûcher, sur lequel ils eurent )a satisfaction de brûler 
y'iî un wiclefite, date du 26 février iiOO. 

(2) Jacobus de Voragine, Legenda aurea, XGV. Le peuple et l'Église 
même n'ont pas cessé d'ajouter foi à cette légende créée par la primi- 
tive Église. Luther voyait en saint Christophe l'exemple et l'image de 
la vie chrétienne : c Exempel und Ebenbild eines christlichen Lebens. 
Dâher heisst auch ein ieglicher Christ Christoferus, das ist, ein 
Christtreger. » (Ap. Joh. And. Tafinger, Dissertatio theologica de 
ifiwcatione S, Christophori, etc. Tubingœ, 1748, p. 15 sq.) 

(3) Sur une métope retrouvée dans les fouilles d'Olympie, Hercule 
porte en effet la charge habituellement dévolue à Atlas, 



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^25 — 

cette pièce, Gœthe, sans connaître d'ailleurs, â ce qu'il, 
parait, le nom fatidique de Buttadeus, songeait à Fassi- 
milation finale du Juif-Errant et du Christ. Les • allures 
du Christ gœthéen ressemblent à s'y méprendre à celles de 
Buttadeus. Il erre au loin et arrive, sur l'appel du Père, 
en bronchant tout à travers les étoiles, pour recevoir 
une mission de charité relativement àJa planète terrestre, 
déjà visitée par lui. L'état où il la trouve lui ôte, dit-il, le 
repos dans le sein de Dieu., Il la parcourt, et, tout à 
ses investigations et informations, il passe par les cam- 
pagnes et les villes, paraissant aux gens un étranger, 
pauvrement vêtu. Ils disent : Cet homme arrive de bien 
loin. Où qu'il s'informe, il en entend de belles sur la ma- 
nière dont on pratique la religion ; et si, intrigué par ses 
allures, on lui demande qui il est, il répond, en s'éloignant 
d'un pas tranquille : a Enfants, je suis le fils de Thomme >. 
Fils de l'homme ? On ne sait ce que cela veut dire, mais 
la forte tête de l'endroit explique que le père de ce fils 
s'appelle Homme. 



VIII 



Il est temps de nous résumer. 

Le Juif-Errant finit, §ous le nom de Buttadeus, par 
s'identifier avec le Christ, et cette transformation laborieuse 
part d'une base fort compliquée. L'origine de notre 
héros est, eu efiet^ dans une triple filiation. La légende a 



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— 2ff — 

réuni en^Iui le Gartaphilus armémen, tôujourS'en vi- 
sites^ de: bon voisinage et eu goguette <chest lés- gtéliÉï 
d'égitôe; le cbar|>ëntièr* ait pied lé^er; né dânë' cette' 
tribn que la Genèse compare à une biéhe Iftre^l), et lé' 
Chasseur sauvage qui ne dort jamais, com^e le c veilletii" 
étemel >, ewiget nachlwœchtef; avec lequel le peuple 
rîdentifie dans quelques pays (2). Par'Cartaphilus, notre 
héros- se rattache à ce jeune Juif bien-aîmé qiiî était 
censé devoir rester' sur la lerre jusqu'à la seconde venue 
du Christ'; il est judéo-chrélieUi' Pai^' le portter de Poncé- 
Pilat^, il devient une € âme criminelle >, condamnée à 
quelque grande peine; pat* le 'Chasseur, cette peiné se 
réalise '■ sous là forme d'une existenee perpéiuelletnéfit^^ 
errante. Le coupable est < en marche'jour et nuit > ; il 
ne" peut s'arrêter ni' s'asseoir j: nec stdré^ née sederé 
patuit{3!). c Quand je m- arrêté, dit-il (4); jësùiè desStis 
des* charbons ardens ; encore bien que je suis assis, 
meâ jambes remuent iii En effet, le Christ lui avait ditt 

Ich zwar gehe bald zur Ruh, 

Aber toandem soUst nun du 

* Und warteriy bis ich homme (5). 

De ces trois éléments, Idi dernier est le plus impor- 
tant ; s'il n'était venu se joindre aux autres , nous 
n'aurions eu qu'un Juif localisé, mais le Juif errant 

(1) La^ribo' der Nephtalî/V. Genèse, XLIX, 24. 

(2) V. Kttho, Sa§en, etc*» au» Westf.^ II, 33. 

(3) Hadeck, loc, c, § ix. L'ouvrage est de IGSI. 

(4) Histoire admirable, etc., p. 40. 

(5> W. 8<Aléifêl,i»J mi^tm^,^«t; 18, 



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— 2r — 
n*existerait pas, et Tétude comparsdve qu!on ferait à son 
sujet; des mythes? d'Iâdfay de Rudra^ de Perséey de 
Mars, de Wodaa serait sans, but ni raison.; LeGhassôur 
seul s'identifie intimement avec le Juif^Errantv et* lâ^ 
preuve c'est que souvent le peuple: les confond (Fim avec 
l'autre^ qu'il nomme l'un» pour l'autre (1). Mais par le 
Cliasseur, nous remcmtons i aisément à Widar et à Wodan; 
puis de là àJndray à Rudra^ àiPersée^.àJasony.à'Mars, à 
Bellàrophon , qui, . tous , personnifieatiom du vent r ou 
démo^s. de I'otï^jç, . vont^ . cavaliers v ou < voifeuriers' cônw 
sommés (2), à. la poursuite )de quelque ennemiuvoisii» ou ^ 
du moinç localisé. Le Chasseurseul^ et i plus encore à 
son imitation le Juif, courent indéfiniment dans il'espace^ 
sans but précis, à. l'instar des âmes en;;peine,. et*-c'é8t ea* 



(1) liéier, Schioàbhche Sdgen, 1, 116; Simrock; Hondô. d^I). Jlf., 
p. 286^ 

(2) Partout, dans le Véda, Indra apppatt; à cheval ou ^monté 
en voiture traînée rapidement par deux chevaux jaunes d'jor, haru 
V. B. V., m. I, h: 82, dont presque toutes les strophes se terminent 
par la phnasQ: « Y^âJM^Iniifia>ie' hari, attelle» maintenant, 6 Indài, 
tes ham. % Cf. h. 84, st. 2 : t Indram indhari vahato, les haris 
conduisent Indra, > et ailleurs. ^ Persée va.cgtiDbattm à<thèvaMe 
monstne , éthiopien .(V. Hesiodir TAfldf om«,iiV^.280< «(}q.),netiuAndrb . 
mède délivrée,. BeUéroph^n i^e seirt. vde t Pégaiéi pouHrc iondre^ sur ' 
la Chimère. (Ib., v. SiSsqq/^.Sehcemann, Die<Métsiodi>Thiagiii^Ab^; 
PreUer, Gr^ Mythf^^ }!, 7i.),,Quanti Mars, h imythe le doU,. cdoime 
Indra,. 4^ deux courtiers, eqMt bfugé^^iGeorgkay ll\,- 91)i, qu'il iaiguil«« 
lonne et qui yolent pfus rapides qi^e.le. vent. (Q vide, Fast.i' lly 856'; 
Yirg., Énéid., XII,:332sqq.) Porté sur les ^evaux de Marsi,>UuiriiiHs 
échappe à rAchéron. (Eiorat , Odeè, lll, 3.) Nous^ avons d^àdit^ que •. 
Wodan va à eheval ou en /voilure.^ L*£dda^ne la représente qu'à chieial, 
à moins qu'elle ne lui fasse traverser les espaces ait > vol. (Hammaiy 
st. 156; Voluspây st. 64.) 11 en est d(ft même du Ghasseir; il «si: aava- 
Uer ou voiturier. (V. Simrock, D. M., p. 229.) 



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-as- 
effet ces âmes qu'ils représentent. Comment? Mais, par 
un retour inconscient de la légende au sens primitif de 
la fable, où les Maruts ou Rudras, qui entourent leurs 
chefs, marutvantaSy et les entraînent, rudrânâm eti 
pradiça (1), ne sont au fond que des âmes. C'est un fait 
que, dans les idées de la haute antiquité, le vent est 
adéquat à l'âme ou l'esprit; un seul et même radical 
désigne l'un et l'autre, tant dans les langues indo-euro- 
péennes que dans les idiomes sémitiques (2). Rappelons 
seulement les mots âtman, aûhva (d. anheliius), anima, 
spiritus, pneuma, geist, ruachy le spiritus Dei. Il est 
d'ailleurs certain que, dans^ le mythe de Wodan, le popu- 
laire en Allemagne voit depuis longtemps une procession 
d'esprits (3), et dans la légende du Chasseur, comme 
nous l'avons déjà dit, un cortège d'âmes damnées (4). 
Dés lors, nous sommes en présence d'un fait psychologique 
et moral, d'un fait humain par conséquent et, de plus, 
historique. Une simple donnée psychologique et morale 
ne suffit pas pour créer un mylhe, encoi;e moins une 
légende; pour qu'ils aient prise sur l'imagination populaire^ 

(\) V. Rig-Véda, h. 101, st. 4 sqq. 
^ (2) Chez les Égyptiens, il est yrai, un seul et même hiéroglyphe, 
Véperpier, signifiait Y âme et le sang; ensuite de quoi Moïse, qui ayait 
puisé sa science en Egypte, a dit: c L*âme, c'est le sang, > (Lév., 
XVII, II) ; mais c'était là l'âme animale. L'âme spirituelle, le principe 
suhtil, qui quitte le corps à l'heure 'de la mort et voyage dans les 
mondes ultraterrestres, est désignée par l'hiéroglyphe du phénix^ et 
aussi par celui de Vétoile. (Voy. Horapollon, par Lauth, dans Sitzungs- 
berichte der k. Académie zu Mûnchen, 1876, 1. 1, p. 78.) 

(3) VA. Kuhn, dans Zeitschrift fur D. A., V, p. 488; Hœfer, dans 
Germania de Pfeiffer, I, p. 103. 

(4) Cf. Bechstein, Der Sagenschatz^ etc., des ThûringerlOindes^ I, 
p. 135. 



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-2&- 

il leur faut un fond historique (1). La légende d'une âme 
agitée et sans repos exige, pour point de départ, l'histoire 
d'un homme coupable et partant errant et fugitif. 

Mais quel est l'homme en qui les documents les plus 
anciens que nous ayons personnifient un fait de ce genre? 
Si ce n'est pas le document.que reproduit, d'après d'autres 
plus anciens sans doute, le chapitre IV de la Genèse, on 
cherche vainement ailleurs. Le sagace trouveur d'histoires 
primordiales, George Smith, est mort, et ne sera certes 
pas de sitôt remplacé (2). Nous pouvons donc, en attendant, 
accepter la légende de Caïn comme la légende mère de 
nos mythes cosmiques par la suite, puis comme la source 
spontanément renouvelée du Juif-Errant. La descendance 
est suffisamment illustre, et, pour la rendre plus grande, 
il n'est pas besoin de la transformer par des éléments 
cosmogoniques, comme l'a fait Quinet, ou par des motifs 
lyriques à la Schubart, ou par des faits romanesques, 
ainsi que l'a essayé le R. G. Croly avec son Salathiel. 

Laquédem est donc le descendant légendaire du maudit, 
in^ (3), que personne ne tuera ; Caïn est son ancêtre. Mais 

Caïn est maudit, parce que, le premier, il a outragé l'huma- 
nité en versant le sang humain^ parce qu'il l'a tuée, 

(1) La généralité des mythographes s*est fourvoyée en expliquant 
uniquement les mythes par des motifs cosmiques, par des impressions 
que les phénomènes météorologiques et autres auraient faites sur les 
hommes des anciens jours. C'est faire trop d'honneur au soleil, à la 
lone, à l'aurore, à la pluie et au beau temps. J'y vois, avec Holtzmann, 
mi engouement qui passera, et un jour on arrivera à distinguer clai- 
rement que le principal motif des mythes est dans des faits historiques» 

(2) Quoi qu'on en ait dit dans le Journal savant de Gœttingue, on 
ne rabaissera pas un t«l mérite avec des jeux de mots. 

(3) Ôenèse, IV, 11. 



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alitant i qu'elle petit l'être par ' un * bomme. Invei^iir du 
Aéau.iqni désole l'humanité/ comme l'ouragan dévaste la 
nature^. Caïn est la personnification de la guerre toujours 
fratricide^ et^ coopsdble sws trouver le repos nulle part, ' 
c'est avec vérité «pe nous > l'entendras nous dire par son 
descendant:.* Je m'ai pour c<Hnpagnons de voyage que 
les vents/ lafoudrci eti les tempêtes (1) >. 

... Le tourbillon m'entratne. 
G*est rhumanité que Dieu yenge. 

Béran^er remonte de quelque manière, par le mot 
c humanité », aux sources de notre légende, mais faute de 
la comprendre seulemen^ans le sens moral dont l'opposé 
est c rinbumanité » d'un autre poète (2), il emploie le 
mot à faux. C'est aussi le cas de Reiffenberg, qui voit 
dans le Juif-Errant c une leçon d'bumanité en ce que ce 
personnage montre à Ums les yeux le cbâtiment de celui 
qui insulta aux douleurs inouïes du Sauveur du monde (3) > . 
Le savant éditeur de la Chronique rimée croit*il donc 
aussi que c'est arrivé? D'autres exégètes ne sont guère 
mieux inspirés, quand ils prennent le Juif-Errant pour le 
représentant du peuple juif, en ce que ce peuple, coupable 
en bloc, il parait, est perpétuellement à l'état errant, 

(1) Caignez, Le Juif-Errant, act. II, se. 9. Cf. le dicton des paysans 
de Picardie et de Bretagne, cité plus haut, tome IX, p. 311. 

(2) Ed. Grenier, La mort du Juif-Errant, ch. III, y. 12 : 

Le plus grand des forfaits, c'est rinhumanité. 
dit Âliasverà son h^e. 

(3) V. VAnnMre 4e ta BibUothique royale de Belgique, III, p. «99, 
1842. 



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4|u?il ,ii'^§t)in«Jle ipart 'pbez 4ui, tiulil ;aBija ^pas . dcAôww. 
Bi^ niôst :4)lus feux, ^et jSTOrockiia i^déjà rewrqpjkéiflue 
c'est là una'ei(pUaationimadi»i3^ble(l).;Diti!«ste^ ^q^mmiez 
à tous les Juifs. 

c La prédilection supposée aux iàifs, dit Tun d'eux (2), 
pour l'existence errante, est un ;des aiiomes créés par le 
fanatisme de la race at'ienne >. Et, en effet, où et quand 
a-t-on jamais vu les Juifs errant comme les Tsiganes ou 
Gitanos? Partout ils sont établis, et si solidement que 
les gouvernements, au temps pasàé, èhaque fois qu'ils 
ont voulu se débarrasser d'eux, pour ime cause ou pour 
nne autre, mais surtout parce qu'ils leur devaient 
beaucoup d'argent, ont dû recourir aux moyens les plus 
violents. Jamais nulle part , à mdks d'être chassés 
et dépoiiillés, les Juifs n'ont pu se décider à quitter 
leurs domiciles ; jamais la vie errante n'a été kle4eur 
goût; ils ont regretté même 4a i terre si excessivement 
dure pour eux, la. terre des Pharaons. Bien jfAus, les Juifs 
sont si peu enclins à changer de pays, que v6lonliefs tls 
se l'approprieraient et diraient aux aborigènes, comme le 
personnage de ' la comédie : 

La maison m'appartient; je le ferai connaître. 

Et effectivement, la crainte qu'ils n'en vinssent là a 
pariÇçis.Qbsédé le.wpygp 4^q. ,Pn;le;i;rjA^erdisajit, à:C8^se 



M).im$cimjpr Diffmie Uuihi)ime 4e h W. Wolf, I, 
p. 432. 

(2) J. Derenbourg, Revue cntique du 30 septembre ilS769.p.;âl4, 
note 1. 



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-32- 
de cela, l'accès aux charges publiques (i) et aussi le pro- 
sélytisme (S). Un lied de cette époque pousse à persécuter 
les Juifs, c parce qu'ils veulent nous chasser ». 

Zu trosl der christenheit, 
Da$8 wir diejuden ztoingen, 
Die uns ivôllen vertringen. 

Le sens de notre légende est donc tout autre que Tétat 
supposé du peuple juif. Le mot de son origine est la 
guerre, et sa fin, nous croyons l'avoir démontré, trouve 
son expression dans le nom de Buttadeus, en ce qu'il 
revient à l'expression qui désigne le Christ, à savoir ix^ç. 
Oui, certes, l'allégorie de la légende est transparente ; 
l'inconnu qu'elle renfermait, nous l'avons dégagé : c'est 
l'évolution de la guerre, l'état originel de l'humanité, 
aboutissant à la paix, qui est son état typique. La paix est 
la fin de toute agitation et de tout discçrd ; toutes choses 
se meuvent en cette fin. Le poète a donc été bien 
inspiré en mettant dans la bouche du Juif-Errant ces 
deux vers, qui résument le sens et la portée de l'existence 
du héros : 

La fin de l'univers est la fin de mes maux ! 

Pour eux tous, c'est la mort I Pour moi, c'est le repos ! (3) 

Voilà l'apophthegme de notre légende ; et maintenant, 



(1) c Ne Judœî super Ghristianos magistri vel minislri ponantur. » 
{Monum. Germ. hi$L, II, p. 79; pars altéra. Cf. p. 97.) 

(2) J6., p. 12t. 

(3) Le Juif-Errant, de Scribe, act. IV, se. i. 



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— 33 — 

pour terminer,* nous pouvons dresser, par un tableau 
synoptique, l'arbre généalogique de notre héros. Le voici : 

Le fait brut. 

Caïn (la guei^e). — Nephtali. — Enoch. — Êlie. 
Rudra. .— Mars. — Wodan. — Os^iarias. — Saint Jean. 
Chasseur sauvage. — Cordonnier. — Cartaphilus. 

Juif-Ërrant. — (Xerxès) Ahasvérus. 
Isaac Laquédem. — ï^^» 

Buttadeus (la paix). 

L'idéal PHiLosoraïaus. 

CHARLES SCHCEBEL. 



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DU POLYSYNTHÉTISME 

ET DE LA FORMATION DES MOTS 

DANS LES LANGUES QUICHE ET. MAYA. 



LANGUB QUiCHÉ. 

Il y a, en quicbé, trois séries de pronoms personnels 
simples el quatorze séries de pronoms personnels combinés 
avec différents radicaux ou thèmes. 

Pronoms personnels simples. 

l® La première série est celle des pronoms exclusive- 
ment personnels : 

I 11 m 

Sing. in ai are. 

Plur. oh yx e. 

Ces pronoms se préposent aux noms et aux thèmes 
verbaux-substantifs qo (qohe, qoh), ux. 

«. In ahay, Hobtoh, moi le roi Ilobtoh ; al Pablo, toi 
Pierre ; yx alab-om, vous enfants. 
€. In qo, in uXf je suis; 
at qo, ai ux, tu es ; 
oh qo, oh ux, nous sommes, etc. 
In qo ruq nu m^m, je suis avec mon aïeul; in ux 
etamayon, je suis le sage. 



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-â5- 

Ces mêmes pronoms se préposent au participe passé 
des verbeè absolus pàtàsift et neutres, pour former le 
temps parfait. 

In log-on-inak, j'ai aimé ; in log-ox-inak, j'ai été aimé ; 
in ul'inàk, je suis arrivé, etc. 

2« La seconde série est celle des pronoms personnels dits 
possessifs, qui se préposent aux thèmes commençant par 
une consonne : 





1 


II 


m 


Sing. 


nu 


a 


«. 


Plur. 


ha 


y 


qu-i 



3» La Iroiâième série est celle des pronoms de même 
nature, qui se préfixent aux thèmes commençant par une 
voyelle : 

I n m 

Sing. w- (nvrw) aw- r-. 

Plur. &- yw' qU'0\xc-[\]: 

Les pronoms de ces deux séries se piréposent ou se 
préfixent aux noms et aux noms verbaux en -m: 

«. Nu mum, l'esclave de moi, mon esclave ; a chi, la 
bouche de toi ; u wachy le visage de lui ; w-oyeual, la 
colère de moi ; aw-al, le fils de toi ; r-ochoch, la maison 
de lui ; k-ahau, le roi de nous ; qu-i mun-iby les 
esclaves d'eux ; c-oyeual, la colère d'eux ; qu-ixaU-ib, les 
femmes d'eux. 

Les noms précédés du pronom possessif, surtout quand 

(1) qu représente une gutturale très-forte, laquelle s'emploie devant 
les voyelles faibles e^ i* y ; c représente une gutturale faible, laquelle 
s'emploie devant les voyelles fortes a, o, ii . 



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— 36 — 

il s!agit d'une chose ayant rapport au corps humain, 
prennent très-souvent l'un des suffixes -al, -el^ ^il, -ol^ 
'Ul. Exemples : nu bak-il^ mon os, mes os ; w-iboch-il, 
mon nerf, mes nerfs ; ha tioh'ilf notre chair ; nu gag^l, 
ma majesté ; u pajholf sa natte, etc. 

p. On forme Tun des prétérits de la voix active en 
préposant ou en préfixant les pronoms dits possessifs 
aux noms verbaux en -m. Exemples : nu log^om, j'aimai ; 
nu bak^oMy je perçai ; w-oyob-em^ j'attendis ; nu ban-om, 
•je fis, etc. 

Nu bak-om signifie c je perçai » ou « mon percement », 
suivant que bak-om est pris dans l'acception verbale 
comme dans nu bak-om ri coc c je perçai cette cale- 
basse », ou dans l'acception nominale, comme dans are 
wa nu bak'Om c voici mon percement ». Il suit de là 
qu'au rebours de ce qui a lieu dans nos langues 
aryennes, le pronom personnel qui sert à former le pré- 
térit dont il s'agit est régi et non pas régissant, et 
qu'en outre l'objet apparent de l'action en est le sujet. 
En effet, nu bak-om ri coc signifie au propre o, le perce- 
ment de moi, ce que je perçai, [c'est] cette calebasse, 
cette calebasse [est] le percement de moi ». De même 
celte proposition nu ban-om w-ochoch c je construisis ma 
maison >, revient à dire t la maison de moi [est] le 
construit de moi ». 

Pronoms personnels combinés. 

do La première série est celle' des pronoms exclusive- 
ment personnels, combinés 'avec la particule d'actualité 
ca : 



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. -37- 

1 . II m 

Sing. qU'inonqu-i c-at 

Plur. C'Oh qu-^x qurC. 

Ces composés adverbo-pronominaux se préposent, en 
qualité de pronoms-sujet, aux thèmes verbaux absolus 
(inlransitifs), passifs ou neutres. 

Conjugaison absolue : qu4 log^on, j'aime. 

c-at log-on, tu aimes. 

ca log-'Ony il aime. 

ooh log-m, nous aimons,,. etc. 
Conjugaison passive : qu-i log-ox, je suis aimé. 

c-at log-oXy tu es aimé. 

ca log-oâr, il est aimé. 

C'oh log-ox, nous sommes aimés, etc. 
Conjugaison neutre : qu-i boly je roule. 

c-at bol, tu roules. 

ca bol, il roule. 

croh boly nous roulons, etc. 

2^ La seconde série est celle des pronoms exclusivement 
personnels, combinés avec la particule d'antériorité dans 
le temps, x- pour xi. 

I II III 

Sing. x-in ou x-i x-at 

Plur. (û-oh x-yx x^e. 

Ces composés adverbo-pronominaux se préposent, en 
qualité de pronoms-sujet, aux thèmes verbaux substantifs, 
absolus, passifs ou neutres : 

X'i qohe, x4n uxy je fus. x-i log-on, j'aimai. 



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— 38 - . 

x-at qohe, x-at ux^ lu fup. x-at log-on^ tu aimas. 

x-qohe, x-ux, il fut, etc. x-log-^on, il aima, etc. 

X'i log-ox, je fus aimé. x-in wi, j'arrivai. 

x-at log-oço, tu fus aimé. x-ai ul, tu arrivas. 

X'iog-àx, il fut aimé, etc. . x-ul^ il arriva, etc. 

3<> La troisième série est celle des pronoms exclusi- 
vement personnels combinés avec les deux particules x 
et ca: 

I 11 111 ' 

Sing. X'qu4n on ooqU'i x-c-at 
Plur. x^C'Oh x-qu-yx xqu-e. 

Ces composés trinaires servent à former le futur des 
verbes substantifs, absolus, passifs et neutres : 

x-qu-i qohe, je serai ; x^u-i log-on, j'aimerai ; x-qu-i 
log-ox, je serai aimé ; oj-çw-m ul, j'arriverai, etc. 

On peut exprimer le futur sans se servir de la parti- 
cule X composée avec ca. Exemple : qvri log-on, j'aime, 
j'aimerai. 

^ La quatrième série est celle des pronoms exclusive- 
ment personnels combinés avec la particule négative ma : 

m 



m-e. 



Ces composés adverbo-pronominaux se préposent, en 
qualité de pronoms-objet, aux différentes personnes de 
l'impératif négatif : 

m4n a-ràpuà, ne me frappe pas. 
m-at nurrapuhj que je ne te frappe pas. 





I 


II 


Sing. 


m-m 


m-at 


Plur. 


m-oh 


m-yx 



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- 39 — 

m-oh a-rapuhj ne nous frappe pas. 
m-e y-rapuh, ne les frappez pas, etc. 

Les pronoms des trois premières séries composées se 
préposent, en qualité de pronoms-objet, aux différentes 
formes de la conjugaison transitive. Exemples : 

C-at nu'logohy je t*aime (maintenant-loi de moi amour). 

Qu'in aW'ixcowah, tu me bais (maintenant-moi de toi 
haine). 

X4n a-logohy tu m'as aimé (autrefois-moi de toi amour). 

Qur^ nU'logoh, je les aime (maintenant-eux de moi 
amour). 

X-oh r-ixcowahCaxla, le Castillan nojus a baïs (autrefois- 
nous de lui haine du Castillan — ^haine du Castillan). 
C'est le lieu de dire que le génitif se rend par la prépo- 
sition du pronom possessif de la troisième personne au 
nom possédé : baluc^ beau-frère ; ahau, roi : u haluc 
ahaUy le beau-frère du roi ; — ai, fils ; chab, flèche : 
r-al nu chaby le fils de ma flèche ; — r-iûccowah Coxla, la 
haine du Castillan. 

On voit qu'il n'y a pas en quiche, comme en nahuatl et 
en kechua, de conjugaison objective pei*sonnelle. Le 
pronom-objet combiné avec l'indice temporal s'y prépose 
analytiquement au thème verbal personnalisé à l'aidé des 
pronoms possessifs. 

5<> La cinquième série est celle des pronoms exclusive» 
ment personnels combinés avec la conjonction optativo- 
subjonctive ta (tah) : 

1 II m 

Sing. in-ta àt-ta are-ta, 

Plur. oh'ta yx-ta e-ta. 



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Ces composés se préposent aux noms et aux adjecUfs. 
Exemples : at-ta ahauy que tu [sois] roi ; in-ta nimanel^ 
que je [sois] obéissant ; e-ta log-olah^ qu'ils [soient] 
aimables. 

La conjonction tah est l'indice du mode subjonctif : 
qU'in ux'tah, que je sois ; qu-i log-ox-tah^ que je sois 
aimé, etc. 

6<» La sixième série est celle des pronoms dits possessifs 
combinés avec la particule ca : 





I 


H 


m 


Sing. 


ca-nuy ca-n 


c-a 


C'U. 




ca-w 


o-aw 


COrT. 


Plur. 


corka 


qu-y 


COrqVri 




ca-k 


qu-yw 


COrC. 



On forme le temps présent des verLes transitifs à Taide 
de ces composés : 

oMiu log-oh, j'aime. ca-w ixcowahy je hais. 

Cra log-ohy tu aimes. c-aw ioccowah, tu hais. 

c-u log-oh, il aime, etc. ca-r ixcowah, il hait, etc. 



combinés avec la particule x, 


xi : 




I 


H 


111 


Sing. xi^u^xt-n^x-nu 


x-a 


X'U. 


XMV 


SHIW 


XrT (xi-r). 


Plur. X'ka (xi-ha) 


x-y 


x-qVriipGi-qUri) 


x^k (od'k) 


x-yw 


x< (xi-c). 



Ces composés servent à former le temps passé. 
xi-^u, x-nu log-ohy j'aimai. xi-w ixcowah^ je haïs. 



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I 


II 


III 


chi-^u, chi-n 


ch-a 


ch'U. 


chi-w 


ch-aw 


ehi-r. 


chùka 


chry 


chirqui. 


chi'h 


chryw 


chûc. 



— 41 — 

s>a log-ohf tu aimas. x-aw ixcowah, tu haïs. 

a>-u log-oh, il aima, etc. xi-r ixcowah, il haït, etc. 

8® La huitième série est celle des pronoms dits possessifs 
combinés avec la préposition chi c dans > : 



Sing. 
Plur. 



Ces composés se préposent aux thèmes verbaux transitifs 
pour former le temps futur. 

chi-nu log-oh, j'aimerai. cht-wixcowahj je haïrai. 

ch-a log-oh, tu aimeras. ch-aw ixcowah, tu haïras. 

diru log-oh, il aimera, etc. chi-r ioccowah, il haïra, etc. 

8<> La huitième série est celle des pronoms dits possessifs 
combinés avec la particule x et la préposition chi : 

XHM-nu log-oh, j'aimerai aujourd'hui, à l'instant. 

x-chi-^ ixcowah, je haïrai aujourd'hui, à l'instant. 

9« La neuvième série est celle des pronoms dits posses- 
sifs combinés avec ech, radical de ech-afC t posséder >. 

I II m 

Sing. w-ech, w-e aw-ech^aw-e r'ech,r'^. 
Plur. k-echy fc-c yw-ech, yw-e qu-ech, qu-e. 
Ces composés polysynthétiques correspondent aux pro- 
noms « le mien, le tien, le sien, etc. > ; tu-eeh signifie 
au propre « de moi propriété >. Are wae zakul aw-ecK, 
le ce fruit [est] de toi propriété, ce fruit est le tien. 

10® La dixième série est celle des pronoms dits posses- 
sifs combinés avec tuquel: 



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— 42 — 

Nu'diquel, moi seul ; a-tuquel, toi seul ; u-tuqud^ lui 
seul, etc. 

11<> La onzième série est celle des pronoms dits posses- 
sifs combinés avec onoh-^l c tout, tous » : 

W'Onohely tout moi ; awonohel, tout loi ; r-onohel^ tout 
lui ; k'Onohel, nous tous, etc. 

'I2o La douzième série est celle des pronoms dits pos- 
sessifs combinés avec le radical ib = maya ba « per- 
sonne » : 





I 


II 


III 


Sing. 


W'ib 


aW'ib 


r-ib. 


Plur. 


k'ib 


yw^ib 


qu-ib 



Canu log-oh w-iby je m*aime moi-même (maintenant de 
moi amour [est] de moi personne). 

C-a log-oh aw-ib, tu t'aimes toi-même. 

C-u log-oh r-ibf il s'aime lui-même. 

13® La treizième série est celle des pronoms dits posses- 
sifs combinés avec le nom inusité umal : 





1 


II 


III 


Sing. 


W'umal 


a-umal (aw-umal) 


r-umal. 


Plur. 


k'Umal 


yW'Umal 


C'Umal. 



Ces composés polysynthétiques forment le causatîf-ablatif 
des pronoms personnels : 

Ch-a ban-a ri w-umal, tu feras ceci pour moi. 

X'-in ya nu-qazlem a-umal, je donnai ma vie pour toi. 

Ca log-ox w^umaly il est aimé. par moi. 

Pedro hg^ox w-umal ahaUy Pierre est aimé par le roi, 

i4<> La quatorzième série est celle des pronoms dits 
possessifs combinés avec le nom uq « ami, compagnon ^. 



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I 


II 


m 


wSing. 


w-^uq 


aw-^uq 


r-uq. 


Rlur. 


k'Uq 


yW'Uq 


q-uq 



Ces composés forment Te comitatif-adessif des pronoms 
personnels : qu-i be r-nq nu-cahaUy je vais à mon«père ; 
X'-ul W'Uq, il vint à moi ; qo chi ha nu-cahau r-uq nu 
chuch, est dans maison de-moi père avec de-moi mère, 
mon père est dans la maison avec ma mère. 

Il convient d'ajouter aux quatorze séries pronominales 
le révérenciel Ud, qui correspond à Tespagnol « Vmd » 
et se prépose en qualité de pronom substantif sujet : 

Lai nU'Cahau, votre seigneurie [est] de moi père. 

Lal'ta nU'Chuch, que votre seigneurie soit notre mère. 

Lai ca ahuanic, y(ÀVQ seigneurie commande. 

Le révérenciel se postpose, en qualité de pronom subs- 
tantif objet, sous la forme la : 

Ye-la lai ahrtogol, chi-ka log-oh-ta la^ si votre sei- 
gneurie [était] miséricordieuse, nous aimerions votre 
seigneurie. 

# DU POLYSYNTHÉTISME. 

La relation est exprimée polysynthétiquement dans les 
formes w-ech, nu^tuqu-el, w-onoh-ol, w-ib^ w^umal et 
W'Uq, où le pronom est régi par les différents noms 
auxquels il est uni. 

11 y a, en outre, expression polysynlhétique dans les 
formes plus complexes qui suivent : 

«. Le pronom dit possessif est intercalé incorporali- 
vement entre la préposition chi t dans » et le nom ech 
i propriété > : 



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- 44 — 

I 11 III 

Sing. ch'Uw-ech (chi'nuw-ech) chraw-ech chi-r-ech. 

Plur. chi'k-ech ch-^w-ech chi-qurech. 

Ces composés forment le datif des pronoms personnels : 

Ca-éiu ya ch-aw-ech, maintenant de moi don dans de 
toi propriété, je te donne. 

Are wae zakul ca^^u ya chi-r-echy le ce fruit mainte- 
nant de moi don oians de lui propriété, je lui donne ce 
fruit. 

Ê. Même intercalation entre chi et wach € figure, 
visage > : 

1 11 m 

Sing. ohi-nu-wach ch-a-woch ch-u-woch. 

Plur. chi'ka-wach chry-wach chùqui-wach. 

Chi'WUrwach (dans de moi visage) signifie c devant 
moi >. 
7. Même intercalation entre chi et nakah c proximité » : 

I II 111 

Sing. chi-nu-nakah ch-a-nakah ch-iHiakah, etc. 

Chi-nu-nakah (dans de moi proximité) signifie € auprès 
de moi 9. 
S. Même intercalation entre chi et ih c épaules ». 

I II m 

Sing. ch'UW'ih (chi-nuw-ih) ch-aw-ih chi-r'ih, etc. 

Ch'UW'ih (dans de moi épaules) signifie c contre moi > . 
c. Même intercalation entre chi et (col < espace > : 

1 II m 

Plur. chi'ka-xol ch^y-xol chi-qui'XoL 



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_ 45 -- 

Chùka^xol (dans de nous espace) signifie < ^ntre nous >. 
0. Même intercalation entre chi ei xe ^ pied > : 

I II III 

Sing. Chùnu^xe ch-^-xe cfMi-xej etc. 

Chi-nu-xe (dans de moi pied) signifie « au-dessous de 
moi ). 
e. Même intercalation entre chi et m c cime, tête » : 

I II III 

Sing. chi-^nitr-wi ch-a-wi ch-u-wi^ etc. 

ChùnU'Wi (dans de moi tête) signifie c sur moi ». 

A en juger par lés textes que j'ai pu, consulter, il n^ 
aurait véritablement de polysynthétisme que dans les 
formes où figurent les pronoms de la seconde et de la 
troisième personne ; en effet, tandis que chirechj chuwach^ 
chunakah, chirih, chttxe, chuwiy chawechy etc., se pré- 
sentent comme parvenus à l'état de mots, au contraire 
chi nu wachy chi nu wi^ chi nu nakah, chi nu xe, chi ka 
xol, etc., sont transcrits analytiquement. 

Dans le même ordre d'idées, je dois constater que, si 
les composés qurin^ c^U c-ohy x-in, x-^t, x-oh, etc., se 
présentent sous une forme synthétique, il n'en est pas 
de même de ca nu, ca ha, ca qui, etc. On est ainsi 
amené à conjecturer que le polysynthétisme a été, en 
qoiché, le résultat de contractions euphoniques qui se 
sont produites dans les seules formes où il y a eu rencontre 
de voyelles. 

Quoi qu'il en soit, grâce à la formation des composés 
qui viennent d'être passés en revue, le quiche est parvenu 



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- 46 — 
à eréer une sorte de déclinaison pronominate dont voici 
le tableau : 

Nominatif, in, at, are, ohy yx^ e. 

qurifiy oaty C'Oh, qvryXy qu-e, etc. 
Génitif, nu, a, u, ka^ y, qu-t. 
Wy aw, r, k, yw, qu^ c. 
Accusatif, qu'in, c-cU, etc. 
m-in, mrat, etc. 
Datif, chruw-echy ch-aw-ech^ chi-r-echy etc. 
Gomitatif-adessif. w-uq, aw-uq, r-uq, etc. 
Gaiisatif-instrumental. w-umal, a-umaly r-umal. 

Il n'en a pas été de même pour les noms, qui sont 
demeurés indéclinables. Â leur égard, la relation s*exprime : 
i^ k Taide de prépositions ; 2o au moyen du pronom de 
la troisième personne préposé ou préfixé, suivant que le 
nom^ commence par une consonne ou par une voyelle ; 
3<» syntactiquement ; 4'' en préposant des composés dans 
lesquels entre le pronom de la troisième personne. 

i<> Les prépositions sont les suivantes : 

6c. Chi « à, dans, en, de ». Exemples : chi-huyub, dans 
les montagnes ; chi oqob-al, dans les coupes ; x-qui tzol- 
comih qU'ib chi ux-ily chi amoloil, chi zanicdl, ils se 
changèrent eux-mêmes en mouches, en moucherons, en 
fourmis ; chi gihy chi agab, de jour, de nuit ; nu petic 
chi nu huyub-al, tna venue de mes montagnes. 

/S. Pa f dans, à, de ». Exemples : qu-in be puw-ochoch, 
je vais dans ma maison ; x-be pa caybaly il alla à la 
place ; pa hun varabaly dans une station ; pa zutz 
x-kah cahil zamahel, des nuages descendit le céleste 
messager. 



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- 47 - 

Pa s'emploie de préférence devant les nottls représentant 
des objets réputés inanimés. 

7. Xol € entre, pendant %: xd ha, entre les maisons ; 
xol gih, pendant le jour. 

5. Huzutcum = hu-n, un + zutcum (zut-uc-um), cercle. 
« autour > : hutzutcum ha, autour de la maison. 

c. Zuruzuh € autour » : zuruzuh Hnamit^ autour de la 
ville. 

ç. Chaka t au-delà > : chaka polo qo nu huyub-al, au- 
delà de la mer sont mes montagnes. 

ô. Qa € jusqu'à » : in qo yw-uq qa u qizibal u wach 
uleu, je suis avec-vous jusqu'à la fin de la face de la 
terre. 

2<> Le génitif s'exprime, ainsi qu'il a été dit précédem- 
ment, par la préposition du pronom possessif de la troisième 
personne au nom possédé. 

S^ Le nom régi par un verbe transitif se postpose au 
thème verbal : ca-nu log-oh w-ahith, j'aime mon maître. 

Je rappelle que le nom prétendu régi est en réalité 
régissant. 

4« Les autres cas se rendent par la préposition de 
composés pronominaux de la troisième personne : 

«. Ch-U'Wach « devant lui »- : chuwach uleu, à la face 
de la terre ; chuwach w-ahau-al, devant mon roi. 

p. Ch'U'Chi {chiy dans ; u, de lui ; chi, bouche), t le 
long de » : chuchi palo, le long de la mer. 

7. Chi-^'ih a contre » : amag chirih amag, ahau-ar-^ 
em chirih ahau-^r-em, village contre village, royaume 
contre royaume. 

8. ChrU-pam {chi, dans ; u, de lui ; pam, ventre) ; 
chupam nu nim-al qoxtun, dans mon grand château. 



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— 48 — . 

t. Ch-u^xmut f entre > .: chaxmut cah, chu^xmut uleti, 
entre le ciel, entre la terre. 

C Ch'U-xe c sous » : chtixe u rnuk-ib-al gug-raxùn^ 
sous le dais de plumes vertes. 

ô. R'Umal « par, à cause de » : rumal r-etal santa 
cruXy par le signe de la croix; rumal u cak-olhal qui 
qux, à cause de la colère de leurs cœurs ; ta x-e tzon-ox 
rumal ah-tzak, alors ils furent interrogés par le créateur. 

X. R'Uq f avec », q-uq f avec » : ruq nu gal-gab, avec 
mon bracelet; q-uq nu cah-ol, avec mes fils. 

À. Chi-r-ech ou cftt-r-e sert à exprimer le datif : ca-nu 
ya chire achih, je donne au hérjos. 

Remarque. — Rumal et ruq s'emploient en qualité de 
conjonctions : ntmal xi-w ulaah hun takan, car j'ai 
hébergé un envoyé , ruq nu xtapak, et mes sandales. 

DE LA FORMATION DES MOTS. 

Les mots se forment : 
4® Par dérivation à Taide de suffixes ; 
2o Par dérivation à Taide de suffixes avec répétition 
initiale ; 
3« Par répétition de la voyelle et de la consonne finales ; 
40 Par redoublement ; 
5<> Par dérivation à Taide de préfixes ; 
6« Par composition. 

Dérivation à Vaide de suffixes. 

Dérivation verbale primaire. — Les suffixes premiers 
servant à dériver les verbes consistent tous en une voyelle 
suivie d'une consonne. 



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— 49 — 

a. Suffixes -ah, -eh, -ihy -oh, -uh : 

An, courir : an-ah, se hâter ; an-eh, dépêcher, envoyer. 

Zub : zub^h, nettoyer; zub-ih, s'enfoncer danè la boue. 

Zui-ah, gagner ; ziib-uh, tromper, vaincre. 

Coh, don : œh-ih, donner gratuitement. 

Chab, flèche : chab-ih, fléc^her. 

Yaii, malade : yau-ah, tom}3er malade. 

Et, signe, mesure : et-ah, signaler, mesurer. 

Eu-ah, cacher ; oyeu-ah} irriter ; log-ohy aimer ; mak- 
tihy commettre des péchés ; mog^ek, s'emparer ; nic-ohy 
voir, juger ; pul-ehy lever, dresser ; pat-ah, prendre des 
oiseaux avec de la glu ; |)ôr-a A/ divorcer ; val-uh, éventer; 
pim-ih, engraisser ; ziq-eh, fumer, etc. 

La plupart de ces verbes sont transitif». 

]3. Les suffixes -an, -in, -on, -un servent h former des 
verbes absolus ou des verbes neutres : 

Gag-an, avoir de l'envie ; etz-cm, jouer ; ha4n, demeu- 
rer ; ap'on, arriver ; batz-on, arranger ; op-on, ouvrir ; 
log-on, aimer; ban-on, faire, etc. 

7. Les suffises -ax, -ex, -ix, -ox, -ux servent à former 
des verbes passifs : 

Zub-ax, être gagné; log-ox, être aimé, etc. 

8. Le suffixe -cm sert à former des verbes absolus ou 
neutres : 

Ban-oUy faire; bak-mi, percer; ox-ou, se passionner, etc. 

€. Le suffixe -e sert à former des verbes neutres : 

Ban-e, faire ; bak-e, faire cuire le pain ; cap-e, faire du 
mortier ; hob-e, maigrir; pach-e, couver ; pam-e, salir ses 
langes; qul-e, se marier, etc. 

ç. Les suffixes -âr, -er, -tV, -or, -ur servent à former 
des verbes neutres : 

4 



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— 50 — 

Bak-eTy maigrir ; cak-ary être en colère ; cor-or, ronfler ; 
miroir, remuer ; chah-ir, tourner en cendres ; zah^r, 
blanchir ; queh-ur, se changer en bête ; hurniry s'unir ; 
pim-iTy grossir ; oyeu-ar^ s'irriter, etc. 

X. Les suffixes -a6, -éb, -iby -oby -ub, -at, -ef, -it, -oty 
-ut servent à former un certain nombre de verbes généra- 
lement neutres : 

Chuc'ob, violenter, défier ; oy-ob, espérer ; qaq-aby se 
recueillir ; tze-b pour tze-eb, rire ; lilroty amollir la terre ; 
tzac-at, ajuster, achever, etc. 

X. Les suffixes -a, -i, -o, -u servent à former des verbes 
transitifs ou des verbes neutres : 

Buk'U, courber, plier ; buz-Uy tordre ; coh-o, croire ; 
lib-a, calmer, reposer ; oq-jiy boire ; pich-iy marchander ; 
po-o, nuire ; pub-a, souffler ; ziq-o, flairer, sentir, de ziq, 
tabac, etc. 

p. Le suffixe -to sert à former un petit nombre de verbes : 

Wach'iCy songer, rêver; gay-icy pourrir, etc. 

Dérivation nominale primaire, — Substantifs. 

a. Suffixes -aly -el, 41, -oly -ul : 

Et-al, signe, de ety d*oû et^ah, signaler. 

Gan-aly gloire, splendeur, de gan, jaune. 

Gay4l, pourriture, de gay, acide, d'où gay-ic, pourrir. 

Oyeu-aly colère, vaillance, de oyeUy colère, d'où oyeu- 
ary s'irriter. 

Finirai, grosseur, graisse, de pim, gras, d'où pim-ih et 
pim-ir. 

Qul-el, époux, de qui, d'où qul-e. 

Toh-ol, dette : toh-^, donner à crédit. 



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— 51 — 

Zak4l^ blancheur, d« mq, blatte, d*où zak-ar, 

Zak'Ul, fruit, de zaq, 

Nut-ulf juge, arbitre, de nut, noix de cacao. 

p. Suffixes -ahy ^eh, 4h, ^K -^^ •* 

Zah-ih, printemps, à^zak, d*où zak-ar^ zak-il, zak-ul; 
boUah, pustule, enflure ; el-ah, offrande, promesse ; 
na-oh, sagesse, prudence, de na, sage ; way4h^ faim ; 
yuh'Uh, querelle ; $oah-ôh, ballet, de xah, talon, etc. 

7. Suffixes en -n : 

Pal^an, chaîne, tribut; tic-o'à, semailles, jardin, de 
tiCy semer, planter ; loc-an, ronce ; zil-ariy joie ; mb-an, 
sorte de pâtisserie, etc. 

8. Suffixes en -é ; 

Ha-ab, averse, de ha y eau ; pooob, colonne, bouclier, 
de poc, soutenir, afider ; qut-ubj paume de la main ; 
tog-ob, infortune ; xah-ab^ sandale, de xah, talon, d'où 
xa-oh; zih-ib, masse ; zez-eb, foie, etc. 

e. Suffixes en -t : 

Alrit^ petite fille, de al, fils, par rapport à la mèire ; 
qak'Ot, douleur, de qaky blesser ; zoUot^ crasse ; zxit-uty 
trombe d*eau ; yau-t, ennemi, etc. 

0. Suffixes en -m .• 

AqVremy écuelle ; balram, tigre, bal-a, dévorer ; jfoft-om, 
tambour ; pokorriy épi de maïs sans feuilles ; tzal-am, 
planche ; un-um, membre viril ; xU-im, vérole. 

ç. Suffixes -a, -w, -w, -m ; 

Am-a, vieux ; j}a/-a, piège à oiseaux, de paty mettre de 
la glu ; ul-ay hôte, étranger, de ùl, venir ; huy^Uy mon- 
tagne ; lem-ou, miroir ; nut-Uy alliance ; tep-eu, grandeur ; 
nl-m, terre, etc. 

X. Suffixe -ak : 



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- 52 - 

Pet'ak, sorte de charbon ; qûak, colle ; zun^ak, fan- 
tôme ; win-ak, homme, esclave, etc. 

X. Suffixes en -cA ; 

PaC'Ochy cuiller de bois ; ib-och^ conjonction de nerfs ; 
pfik'Cch, socle j^ur asseoir un vase ; pem^echj écaille de 
poisson. 

II. Suffixes en 'X: 

Og^Xy sorte dé champignon ; por^^ox, petit papillon/ 

V. Suffixes en -«; 

Au^az, commandement, de au, collier, marque du pou- 
voir royal. 

TT. Suffixes en -ay, -^y, -oy : 

Paoay, palmiste ; pil-ey^ épi de maïs égrené ; xic-ay, 
première pousse de Tarbre ; zoUoy, nasse. 

Dérivation nominale pHmaire, — Noms verbaux. 

à* Le suffixe -ol sert à former des noms correspondant 
aux noms français en < eur » ou en oc ant » : 

Bak'oly perceur ; ban-ol, faisant, facteur ; mel-ol, net- 
toyeur de colon; cah-ol, descendant, fils, de cahj flescendre. 

p. Les suffixes -ai, -el, -i7, ^ul forment des participes 
neutres du présent : 

Bak-aly ban-al: ian-aly cessant ; meg-ely chaufiant, etc. 

Par une règle d'euphonie difficilemenl expliquable, 
mais d'une application assez fréquente dans la dérivation, 
la voyelle du suffixe s'élide au contact des consonnes -a?, 
'Z, 'h : qoh, être, qoh-l ; iah, commander en chef, taM ; 
gaz, vivre, qaz4y etc. 

7. Les thèmes terminés en -/ forment le participe 
neutre du présent en -an: 



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^53- 

Qil^ly rencontrer, qnl-an ; mul, joindre, muUan ; puly 
bouillir, pul-an ; hul, resplendir, hul-an, etc.* 

5. Le suffixe -ic forme des infinitifs du passif : 

Bak, bak'ic, l'être percé ; ban, ban-ic, l'être fait ; il, 
il'ic^ l'être vu ; bak-oïc, percer, bak-ouic ; bahon^ percer, 
bak'On-ic ; bak-e, percer, bak-e-ic; bak-er, percer, bak- 
er-ic ; bak-al, bak-al-ic ; cam, cam-ic, l'être mort, la 
mort. 

f. Le suffixe -el forme des participes du futur passif : 

Bak, bak-el, devant être percé ; bak-ou, bak-ou-el ; 
bak'on, bak-on-el ; bak-e, bak-e-l; bak-er, bak-er-el, etc. 

ç. Le suffixe -om forme des participes du passé et des 
adjectifs : 

Bak, bak'Om ; ban, ban-om, etc. * 

e. Les suffixes en -y servent à former des participes du 
présent : 

Bak'Uh, bak-uy ;yai'ah, pat-ay ; pal-eh, pal-éy, etc. 

X. Le suffixe -inak f-in-ak) sert à former des participes 
du temps passé : 

Bak, bak'in-ak, percé; bak-ou, bak^ou-in-ak ; bak-on, 
bak-on-in-ak ; bak-e, bak-e-m-aky etc. 

Dérivation nominale primaire. — Adjectifs. 

«. Suffixes en 4 : 

. Gag, feu ; gag-al, brillant, majestueux. 
Heb, choisir, embellir ; heb^ely beau. 
Itz, sorcier ; itz-el, mauvais. 

Nay sage, na-ol, habile ; rach-ul, paresseux ; Izutz-xU^ 
étroit, etc. 
p. Suffixes en -h : 



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— 54 - 

Mit, défricher, mit-ih, diligent*; rar-oh, savoureux, de 
rar, saveur âpre ; yatrah, de yat, lier,^ etc. 

7. Suffixes en -6 ; 

Nan-ob, attentif ; tub-ub, désobéissant, etc. 

S. Suffixes en -i : 

Rech-et, digne, convenable, de rech^ehy être digne, 
juste, etc. 

g. Suffixes en -y ; 

Om-ey, vieux ; que-ayy pareisseux, etc. 

ç. Suffixes en -m ; 

Gin-om, riche ; num-um^ affaibli ; xup-am^ hydro^ 
pique, etc. 

>7. Suffixes en -x : 

Tor-oXy désobéissant, etc. 

0. Suffixes en -a, -e; 

Gal-e, malheureux ; imb-e, proche, premier ; nib-ay 
élégant ; qui-a, nombreux {qui-al, multitude, qui-ar, aug- 
menter), etc. 

DérivcUmi verbale secondaire et tertiaire. 

a. Verbes instrumentaux : 
Nan-ob, attentif ; nan-ob-ehy se préparer, avec. 
Ter, suivre ; ter-eh, ter-en^ ter-en-ib-eh, imiter avec. 
Tog-ob^ pitié; tog-ob-eK, avoir pitié de. 
Wach, figure; wach-ib, {einie 'yWach'ibeh^ feindre avec. 
Oy, appeler ; oy-oft, espérer ; oy-ob-eh^ attendre avec. 
QiX'b, honte ; qix-b-eh, faire honte avec, etc. 
p. Verbes compulsifs : 

Canfij mourir ; cam-iz-ahy faire mourir ; cam-iz-ab^hj 
tuer avec. 



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— 55 — 
Ely sortir ;.ci-e2^, délivrer. 
Num, avoir faim ; num'it-qhj affamer. 
Ziq, tabac; ziq-ar, fumer; zig-ir^z-ah, enchanter. 
Wi'^h accroître ; win-ak^ homme ; win-alUr, naître ; 
win-ak-ir-iz-ah, faire naître, créer, etc. 

7. Lab-aly guerre, lab-al-ah, guerroyer; rech-et, digne, 
rech-et-al et rech-et-al-ih, être digne ; rim-il-oh, pleurer 
beaucoup ; xam-al-ih, séparer la tête du tronc ; xeb-elroh, 
remuer les lèvres ; xoc-ol-ihy faire de la boue, etc. 

8. Ha, eau ; ha-b, averse ; ha-b-ih, ha-b-in-iCy pleuvoir. 
Hach, diviser ; hach-C'iCy se séparer, etc. 

«. NiçHxhy moitié, nic-ah-ar, partager en deux ; pohron^ 
douleur, pok-on-ah, faire souffrir, pok-on-ar, souffrir ; 
tot'Om, niais, tot-om-ar, faire le niais, etc. 

ç. Hun, un, hun-am-ah, égaliser, aplanir ; IzaUam, 
planche, tzalHrni-ahy aplanir ; qox-om-ahy épier, etc. 

n. Gihy soleil, gih-iUa, adorer, supplier ; lik, répandre, 
UqU'il-a, délayer ; zol-om-alraj regarder partout avec 
inquiétude; y a, donner, ya-l-ct, donner souvent. 

Q. Mol, compagnon, mol-ob-a, approcher tû réunissant; 
paky sac, paK-ab-ay placer un sac ; xac, pas ; (cac-ab^a, 
ouvrir les jambes ; ocac-al-uK mesurer ses pas ; yacrob-a^ 
établir ; hiqu-ib^y déclarer, etc. 

X. Bepy flamme, aep-ec-uh, souffler la flamme ; rol-oc' 
oh, étinceler ; yal-ac-uh, s'enorgueillir ; yog-oqu-ehy aller 
lentement par mauvaise volonté ; xub-ak-ih, jouer sur 
une grande flûte ; pol-oqurih, suer ; pix-c-uh pour pix-ao 
ttA, s'examiner, etc. 

>. Per-C'Ot pour per-ec-ot, se remuer ; per-C'-ot'ihy se 
donner une entorse ; yuch-o-at-ic pour yuch^aC'Ot'ic, 
tomber de sommeil; zal-o^t'Uh, couvrir de boue. 



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— 56 — 
f*. QuXy cœur, qux-Ual-ah pour qux-atrat-ahy se sou- 
venir ; yac, lever, yac-at-ahy^ se lever ; yog, humilier, 
yog'Ot-ahy êlre humilié; bak, percer, bak-at-ahy être percé, 
bak-at'ah'iz-ahj faire être percé. 

Dérivation nominale secondaire et tertiaire. 

Nim, grand ; nimbai y grandeur ; nim-al-ah) grand. 

Ulz, bon ; titz-il^ bonté ; utz-il-ah, bon. 

Quiq, sang, quiq-el^ah, sanglant ; ahau, roi, ahau-al- 
ahy royal; coi, sauver, col-on-ely sauveur ; chah-ih^ garder, 
chah-ib-aly garde-manger, chah-ib^liby chasteté ; na-oh, 
sagesse, na-oh-in-el, sage ; nie, regarder, nic-om-ab-al, 
discernemenl. 

Bak-b-al ou bak-ib-al, perçoir ; at-in^ se baigner, al-in^ 
ib-al, bain-; batz4li, filer, batz-ib-aly fuseau ; coly sauver, 
col'b-al pour col-ob-aly salut ; oq-a, boire^ oq-ob-al, coupe ; 
waj manger, wa-ib-al, salle à manger, table ; to, aider, 
tO'Olf celui qui aide, to-b^al, aide, secours ; poc, soutenir, 
poc-ob-el, bouclier, pocob-al, pilier ; na-oh, sagesse, na- 
oh'ib-aly science, art ; tzon^ demande, tzon-ohy demander, 
tton-ob-al, prière ; war^ dormir, ^war-ab-al, dortoir, etc. 

Dérivation par suffixes avec répétition de la consonne 

initiale. 

Ce procédé consiste à répéter avant le suffixe la con- 
sonne initiale du thème, en ayant soin d'intercaler la 
voyelle thématique quand Teuphonie Texige. 

Baky percer ; bak-a-b-a^ percer souvent. 

He, tirer k soi ; he-h-a, tirer à soi souvent. 



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— 57 - 

Ya, donner ; yà-y-a, donner souvent. 

Cham-a-ch-a, rumirier ; mur'U-m'Uh, ne pas s'accor- 
der ; dze-eh, rire ; iz-eh-tz-oh^ bramer (le cerf). 

Lahy pierre plate^^ce qui est étendu; lah-l-iCy étendu. 

Bem-b'iCy ondoyer; boh-h-icy secouer; nut-xi-n-ic, 
réunir des aumônes ; per-e-p-ic, se friser ; zil-z-ot-ic, 
trembler. 

J^ar-b'Oty s'éreinter ; boh-b-ot, s'agiter ; chop-ch-oty cuire 
(la plaie) ; lem-Uot,^ briller ; non'O-n-iyty bourdonner dans 
la tête ; pich-p-ot, être en érection ; rob-r-ot, briller ; 
tar-a-t'Ot, faire du tapage ; won-w-ot, aboyer ; lob-o-zo^ 
s'enfoncer dans la boue. 

Per-p-eXy crête de coq ; zim-z-iiy, mille pieds. 

Rtcx-r-ic, long et étroit ; tzir-i-tz-ic, imberbe ; wur-u- 
W'iCy goitreux; yon-o-y-ic, solitaire; zih-z-ic, droit et lisse ; 
won-o-w-oh, resplendissant, etc. 

Répétition de la voyelle et de la consonne finales. 

Exemples : yupu-p, être sur le })oint dé s'éteindre (le 
feu) ; pich-ich, pincer ; polz-o-tz, s'endurcir ; wop'Op, 
s'enfoncer les pieds dans la terre ; gap-a-p^ avoir soif ; 
bak-a-ky résonner ; gat-a-t, souffrir, etc. 

Redoublernent, 

Exemples : mm^-mury se former des ampoules ; nuz- 
nuzy ramper comme le serpent ; poh-poh, lort rouge ; 
pot-fot^ bouillir ; hic-hun pour hxm-hnn, chacun, de hun, 
un ; ca-cab pour càb-caby de deux en deux ; ox-ox, de 
trois en trois. 



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- 58 — 

Dérivation à l'aide de préfixes. ^ 

On forme un certain nombre de mots en préfixant à 
des radicaux ou à des thèmes nominaux la particule 
possessive ah- : 

Exemples : auj collier ; ahrau, possesseur de collier, roi. 
mn, médecine ; ah-cun, médecin. 
zu, flûte ; ah'ZU, musicien. 
/wiM, péché ; ah-pau, pécheur. 
puwaky métal ; ah-puwak^ orfèvre. 
tziz-oUy couture ; ah-tzizon, tailleur. 
Rabinaly nom de lieu ; ah-Rabinaly qui est de 
Rabinal. 

La particule diminutive x- (ix-), préfixée à des noms, 
indique le sexe féminin ; si un guerrier se ngmme tziquin 
« rOiseau » ou geh-a-cuch « TAigle noir », sa femme sera 
X'tziquin ou x-geh-a-cuch. 

L'abbé Brasseur signale, comme étant formés de la 
même mànièi^e, les mots x-cab a cire », de cab, miel ; 
x-gag t griffes >, de gag, feu ; x-pach « lézard », de padi. 

De la composition. 

Dans les composés du quiche, qui sont pour la plupart 
binaires, le premier élément se présente, tantôt muni 
d'une voyelle appartenant au suffixe déterminatif dont la 
consonne finale est élidée, tantôt, au contraire, à Tétat de 
radical. Exemples : 

a. Geh-a-cuchy. Taigle noir = gek, noir h- a, de -al + cuch, 
aigle. 



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— 59 — 
Gan-a-caby miel jaune = gan^ jaune -b a + cabj miel. 
Zak-4-puwak, argent = zak, blanc + t, de -t7 + puv^ak, 

métal. 
Pom-i'tJie, sorte de cire végétale (?) = pom, copal + t 

+ ch€f arbre. 
Oh-a-che, laurier = oh + a^ de -al + che. 
Oh-i'Chey noyer = oA + i, de -t7 + che. 
p. Gai-jfofc, bracelet = jfai, lier^ lien + jfafe, bras. 
Zak-amag^ paix = zaft, blanc + amag, bourg. 
Gug-raocon, plumes vertes = gug, plume précieuse 

+ rax-on, vert. . 
Chuch-gugy la ràère des plumes précieuses = chuchy 

mère + gug. 
Cak-raily douleur très-vive = cak. rouge + ra-t7, dou- 
leur. 
Itz-biih, maudire = itz, mauvais + fti-eft, dire. 
Mawi'hun, personne, aucun = mawi, non + hun, un. 
Et'Camarah, porter les signaux = et, signal + cam-ar'ahy 
' porter. 
Qui-chCf nom d'un pays = gt^-i, eux, beaucoup f cAe, 

arbre. 
Nm-ckCy nom de lieu = nm, grand + cA^. 
Achik-mun, esclave mâle = ach4h, mâle + mun^ 

esclave. 
Ixok'mun, esclave femelle = iocok, femme + mun. 
On trouve dans le JRabinal-Achi quelques composés 
Irinaires ou quaternaires, parmi lesquels je citerai : an- 
boz'xaki'hal, se hâtent d'éclore les épis de maïs blanc 
= an, an-ahy courir + boz, éclore + zaky blanc, zak4l 
+ hal, épi de maïs. 



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60 



CONCLUSIONS. 



AU poiat de vue grammatical : 

I. Le quiche exprime la relation analytiquement, sauf 
, dans certaines formes où les pronoms personnels s'unis- 
sent à des particules, soit temporales, soit modales, soit 
négatives, et dans certaines autres où ces mêmes pronoms 
s'incorporent entre une préposition et un nom régi. 

II. Il n'y a, au regard des noms, que des prépositions. 

III. On ne trouve, en quiche, ni incorporation du pronom 
ou du nom régis entre le pronjom-sujet et le thème verbal, 
ni conjugaison objective' personnelle. 

IV. Les pronoms personnels et les indices temporaux se 
préposent au thème verbal. 

V. Les pronoms .personnels s'unissent polysynthétique- 
ment à quelques noms. 

VI. Les thèmes verbaux transitifs sont personnalisés par 
les pronoms dits possessifs, tandis qu« ceux des verbes 
ifltransitifs le sont par les pronoms substantifs. 

Au point de vue lexique : 

I. La dérivation par suffixes est le procédé fonda- 
mental. 

II. Le quiche emploie deux procédés de répétition par- 
tielle, consistant : l'un à répéter la consonne initiale, l'autre 
à répéter la consonne finale. 

III. Les composés sont généralement binaires. 

IV. L'emboîtement se réduit d'une part à l'apocope de 
la voyelle finale de quelques particules, d'autre part à 
l'apocope de la consonne du suffixe déterminatif dans un 
certain nombre de composés. 



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— 61 — 

LANGUE MAYA. 

Il y a, en maya, trois séries de pronoms personnels 
simples et sept séries de pronoms personnels combinés. 

Pro7ioms personnels simples. 

1» La première série est celle des pronoms exclusivement 
personnels : 

I II ' lii 

Sing. en ech 

Plur. on ex 

Ces pronoms se postposent aux noms, en qualité de 
pronoms-sujet : mehen en, je [suis] lils ; batab ech, tu 
[es] cacique ; mhbal ech yalan boyi-bec, couchée toi sous 
l'ombre d'un chêne, etc.; ils se suffixent, en la même 
qualité, au thème des verbes intransitifs dans tous les 
temps autres que le présent. 

Le prétérit des verbes intransitifs est caractérisé par la 
suffixation de la particule -t, qui s'élide au contact des 
pronoms personnels : 

ISac-en, je montai. nac-on, nous montâmes. 

Nac-ech, tu moulas. nac-ex, yous montâtes. 

Naoi, il monta. . . nac-ob, ils montèrent. 

Remarque, — Les verbes comme les noms forment le 
pluriel en -oft. 

Le futui^ des verbes intransitifs est caractérisé par la 
suffixation de -oc, -ec, -iCy -ocy -tic au thème wrbal précédé 
du -radical bin € aller ». 



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Bin nac-ac-eti, je monterai . bin nac-ac-on, nous monterons . 
Binncuyac-ech^in monteras, bin nac-^o^x, \o\xs monterez. 
Bm nac-ac, il montera. bin nac-ac-ob, ils monteront. 

Les pronoms de ïa première série se postposent ou se 
sufûxent aux verbes transitifs en qualité de pronoms- 
objet. Exemples : û keyah en in yum, mon père me 
frappa ; yacunah in cah eài, je t*aime. 

^1^ La seconde série est celle des pronoms personnels 
dits possessifs qui se préposent aux thèmes commençant 
par une consonne : 

1 II 111 

Siiig. in ^ ^• 

Plur. ca a... ex û...ob. 

3« La troisième série est celle des pronoms de même 
nature, qui se préfixent aux thèmes commençant par une 
voyelle : 

1 II . III 

Sing. u au y. 

Plur. c au... ex y... ob. 

Les pronoms de ces deux séries se préposent ou se 
préfixent aux noms : 

in yum, le père de moi. u-otoch, la maison de moi. 

à yum^ le père de toi. au-otoch, la maison de toi. 

é yum, le père de lui. y-otoch, Isl maison de lui. 

cayum, le père de nous. c-otoch, la maison de nous. 

a yum-eXy le père de vous, au-otoch-ex, la maison de vous. 

û yum-ob, le père d'eux. y-otochrob, la maison d'eux. 

Les mêmes pronoms se préposent ou se préfixent aux 
verbes transitifs, à tous les temps autres que le présait. 



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— 63 — 

Le prélérit des verbes transitifs est caractérisé par le 
suffixe -ah : 

In tzicHih,, j'ai obéi ; à tzic-cûi, u tzic-ah, eCc. 

In cam-lhez-ah, j'enseignai ; à camb-ezHih, n camrb- 
ez-dh, elc. 

Le futur de ces mêmes verbes est caractérisé par la 
suffixation de -a6, -eè, -té, -06, -ub ou de -é au» thème 
verbal précédé du radical bin, 

Bin in tzio4b eu bin in lûoé, j'obéirai ; bin u oheUt-é^ 
je saurai ; bin in canan-i-é, je garderai. 

Les verbes compulsifs en -ez-ah ne prennent pas de 
sttffixe caractéristique au futur : bin in cam-b^z, j'ensei- 
gnerai. 

Les verbes intransitifs forment leur présent en postposant 
au thème verbal mis à l'inQnitif le radical cah précédé du 
pronom dit possessif: 

Nac-al, monter : nac-àl in cah, je monte. 
nac-al à cah, tu montes. 
nacrai u cahy il monte, etc. 

Le présent des verbes transitifs est actuellement carac- 
térisé par le suffixe -ic : 

In cam-b-ez-ic, trcn cam-b-ez-ic, j* enseigne. 

In tzic'ic, l-en tzic4c, j'obéis. 

In can-an-t'ic, t-en can-a^i-t-ic, je garde. 

Mais il parait qu'anciennement le présent de ces verbes 
se formait comme ,celui des verbes intransitif? : 
Cam-b-ez^k in cahj tzic in cah, can-an in cah. 
Cette formation analytique consiste purement et simple- 
ment dans l'apposition d'un nom verbal au radical nomino- 



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... 64 — 

verbal cah <c Fêtre occupé à, Toccupation » affecté du 
pronom personnel dit possessif, de telle sorte que nacal 
in cah signifie au propre « le monter [est] de moi l'être 
occupé à ». 

C'est le lieu de constater que le prétérit, le futur et le 
présent actuel des verbes transitifs consistent en des 
noms verbaux différents affectés des pronoms dits posses- 
sifs en tant que noms, d'où il suit que- ces pronoms sont 
en réalité des pronoms régis ou des pronoms-objet. 
Ainsi U'Ukah za « j'ai bu de la bouillie » revient à dire 
« de moi boisson [a été, fut] la bouillie i^ ; de ntiême 
U'ilic in yum c je vois mon père > équivaut à « de moi 
vision [est] de moi père ». 

Le prétérit intransitif nac-en « je montai » paraît être 
morphologiquement identique à Taryen às-mi ; mais, ici 
encore, nac est un nom verbal, ainsi que le démontre le 
pluriel de la troisième personne nac-ob « monteurs ». 
Nac-en revient îà dire « « monteur [autrefois] moi ». 

Pronoms personnels combinés. 

io La première série est celle des pronoms exclusive- 
ment personnels composés synthétiquement avec ca ou d, 
particule d'actualité. 

Ces pronoms se postposent ou se préposent au sujet de 
Taction, en qualité de pronoms-objet. Exemple: licii-oa-ic' 
han-al in yum c-en, c-en-iœ û ha/o^ic, comme mon père 
me donne de la nourriture, ainsi il me* bat (lie, comme > 
ii'Oaic, il donne, de lui don ; han-al, nourriture ; m t/wm, 
de moi le père ; c-en, moi, à moi ; c-en-ix, moi aussi ; 
u hao4c^ il frappe, de lui le frappement). 



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— 65 — 

^ La seconde série esl celle des pronoms dits pos- 
sessifs combinés avec cette même particule d'actua- 
Uté. 

Ces pronoms s'emploient en qualité de pronoms-sujet. 
Exemples: bal c-au ok*t4cy que pleures-tu? c-in oab-aly 
je suis placé (actuellement de moi l'être placé). 

3<* La troisième série est celle des pronoms exclusive- 
ment personnels composés synthéliquement avec la con- 
ionction ca c quand, lorsque ». Exemples : c-en bin-iy 
quand je m'en allai» au lieu de ca bin^en ; oon bin4, 
quand nous nous en allâmes. 

A^ La quatrième série est celle des pronoms exclusive- 
ment personnels composés synthétiquement avec la parti- 
cule négative ma. Exemple : m-en ba u chayan uinic-ob, je 
ne suis pas comme le reste des hommes (m-en, pas moi ; ba, 
comme; chayan, reste; uinic-ob^ hommes; u, pronom 
indiquant que uinù>ob est au génitif). 

&> La cinquième série est celle des pronoms exclusive- 
ment personnels composés polysynthétiquement avec la 
préposition H c à, vers, dans, en, avec, de > : 

I li III 

Sing. t-m t-ech 

Plur. to-on te-ex 

Ces pronoms s'emploient comme pronoms substantifs 
absolus devant les noms et devant les verbes. Exemples: 
t^ch ttUacal in tvml, toi toute ma pensée {Uech, toi ; 
tulacal, tout ; in tucul, de ma pensée) ; t-en c-en (pour 
ct-en), moi je dis. 

Ils s'emploient également cdmme pronoms-sujet : t^en 
nac'i, je montai, au lieu de noc-ew; t-en canirb-ez-ic, 



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j'enseigne (en moi renseignement); t-m yac^un-ij 
|'ai0iai> etc. 

Ces mêmes pronoms se postposent aux verbes transitifs 
en (pialité de pronoms-objet. Exemples : u al^b t-ech^ je 
te dirai ; baxtumenel au al-ic bin^il à cam-b-ez t-erij 
pourquoi dis-tu [que] tu m'enseigneras {box-l-u-^nendj 
quoi-dans-de-iui-cause, pourquoi ? au al^-ic^ tu dis, de toi 
le dire ; bin-Uy nom verbal dérivé de biUj aller ; t-m, à 
moi, vers moi, moi). 

Il est vraisemblable que t-en a élé employé en qualité 
de pronom-objet avant de l'être en qualité de proncrn^ 
sujet. Quoi qu'il en soit, je constate que le maya a eu 
successivement recours à trois modes d*expression pour 
rendre le temps présent : 
I. Cam-b-oah in eah, l'enseigner [est] de moi l'être 

occupé à. 
IL In cam-b-ez-ic, l'enseigner de moi. 
III. T-en eam-b-ez-iCy en moi l'enseigner. 

6^ La sixième série est celle des pronoms dits possessifs 
composés polysynthétiquement avec -fra c personne >, de 
manière à former un pronom réfléchi : in haoah in-ba, je 
me frappai moi-même (je frappai la personne de moi, de 
moi frappement de moi personne) ; u lox-ic u-ba tanba-ob, 
ils se battent réciproquement. Dans cet exemple, -06, 
indice de pluralité, bien que suffixe à l'adverbe tanba 
« réciproquement >, se rapporte au pronom singulier u, 
avec lequel il forme la troisième personne du pluriel, 
absolument comme dans u yum-ob a le père d'eux ». 

70 La septième série est celle des pronoms dits posses- 
sifs composés polysynthétiquement avec tial ce le propre t 
ou avec tilil « propriété » : 



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In*titily b propriété ée moi, le mien. 
A'tial, la propriété de toi, le tien, etc. 

Les pronoms dits possessifs se préfixent, hn qualité de 
pronoms-objet» aoK postpositiom etely avec {ptelf compa- 
gnon) ; icnalf avec ; ahlçd^ .à cause de ; okotj contre ; 
alan, sous. Exemples ; u-elel, avec moi ; au-etel^ avec 
toi ; y-etelj avec lui ; thicnal, avec moi ; c-^klal, à cause 
de uous ; u-okol, contre moi ; y^ol^, contre lui ; y-alan, 
sous lui. 

tV POLÏStNTHÉTlSMlB. 

La relatioA est eiprimée polysysIfaéliqqeiiieAl d»s les 
formes iti-ba, in-tilil, Uretel, etc. 

Il y ^ également expression polysynthétique, mais avec 
une sorte d'incorporation, dans les composés qui suivent : 

a. T'in-ba^ en moi-même, à tnoi-méme (dans-de-moi-la 
personne) ; t-^-ba, en toi-même, à toi-même ; t-u^^ en 
lui-même, à lui-même, etc. 

p. T'in-men, i-in-menel, par moi, pour moi, & cause 
de moi {ti + in + men-el, men, cause, fondement, raison 
d'être) ; t-a-men, t-u-meny etc. 

7. T'irirpach, derrière moi, à ma suite {H + in + pach, 
épaule, derrière) ; t-a-pach^ t-^-pach. 

î. T-u-cal, à cause de lui, à cause de {ti + t^ + cal^ 
cause). 

t. T-^'lany en présence de lui, devant lui, en présence 
de, devant {li + u + tan, vers, milieu, en avant). 

Ç. T'U-zut-pachy autour de lui, autour de {ti + u + zut, 
tour, cercle, rond + pack). 



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— 68- 

e. T-urxul, à la fin de lui, enfin {H + u + xul, un, 
achèvement). 

X. T-u-yam, entre, au milieu de (rt + w + yam, milieu, 
centre). 

X. T'Uryukul, partout {H + u + yukul, tout). 

fA. T-u-zebcU, promptement {H + u + zeb-al, célérité). 

V. T'U'Ziik, à gauche {H + u + ziik, gauche). 

Il y a aussi polysyntbétisme, avec incorporation suivant 
la formule verbe-objet-sujet, dans cha-horn-en, je portai 
de l'eau = cha, porter + Aa, eau + n, suffixe thématique 
+ en, pronom-sujet. 

Le maya ne possède, pour exprimer les relations des 
noms dans l'espace (déclinaison nominale), que des prépo- 
sitions dont la principale est H = chi du quiche. 

FORMATION DES MOTS. 

Les mots se forment : 

lo Par dérivation à l'aide de verbes auxiliaires ; 

2<» Par dérivation à l'aide de suffixes ; 

3® Par dérivation à l'aide de préfixes ; 

4« Par redoublement; 

5» Par composition. 

Dérivation à Vaide de verbes auxiliaires. 

On forme des verbes intransitifs en suffixant à des 
radicaux soit nus, soit dérivés, les verbes auxiliaires hal^ 
lahal, pahal, cahal. 

a. Le verbe hal « se tenir debout, stare, estar » s'em- 
ploie au prétérit et au futur (h-i, h-ac) avec la significa- 



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lion de « estar, être >. Comme substantif, hal signifie 
tige, bambou, rosée. 
Exemples des verbes dérivés : 

Hah, vrai ; hah-hal, être vrai ; hahrhiy hah-hac. 

Ceky noir ; cek-halj être noir ; cek-hi^ cek-hac. 

Bol, rond ; bol-halj rouler ; bol-hiy bol-ac. 

Buh, fendre ; buhrhal^ se fendre ; buh-hi, buh'Oc. 

Yan-il, existence ; yan-halj se trouver, être ; yan-hi^ 

yan-^c. 
Bek-echy aminci; bek-echrhal, s'amincir; bek-echrhij bek- 

ech-ac. 

fi. Le verbe lah-al c s'étendre, s'achever, finir » de 
lah, ce qui est étendu,, dalle ; tout, fin, terme), forme 
régulièrement le prétérit en lahri et le futur en lah-ac. 

Ce verbe se sufiQxe à un certain nombre de radicaux, 
soit nus, soit dérivés, à l'expression desquels il ajoute une 
nuance de pluralité : 

Em-elf descendre ; em-lahaly descendre tous. 
J?m, aller ; bin-lahal, aller tous à la fois. 
Achy ride ; ochAahalj se rider, etc. 

Le prétérit lah-i et le futur lah-ac servent à dériver un 
certain nombre de radicaux donnant naissance à des noms 
verbaux en -tal : 

Cach, briser; cacli^t-aly se hriser ; cach-lah-i, cach-l-ac. 
Cux, vie ; cux-t-al, vivre ; cux-lah-i, cux-l-ac, etc. 

C'est bien à tort que l'abbé Brasseur veut faire de t-al 
un verbe substantif auxiliaire ; en effet, à ces infinitifs 
in transitifs correspondent des infinitifs transitifs en t-ah : 
budiiy YftPBientj bucin^t-al, s^ v^tir; budn-t-ahy vêtir, 



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- 70 ~ 
Çhéen^ éoorce ; chéen-t-al, s'écorcer ; chém-t^h, écorcer. 
Catz-ubf clair; catTrub-i-al, s'éclaircir; catz-ub-i-ah, 

éclaircir, etc. 

Cach'Ualy cux-t-al^ bucin^Ual, bucin-t-ah^ etc., sont 
pour cach-al-clf cux-ul-olj budn'it'alj etc., car le roàya, 
à la différence du quiche, syncope très-fréquemment les 
voyelles. Exemples : lub^-en pour lub-ul-en, je tombai ; 
eb'Z-ah pour éb-ez-ahy affiler ; d-z-ak pour d-iz-ah, brûler; 
naC't'in cah pour naoal in cak, etc. 

7. Le verbe pah-al t devenir, se faire » (maya pa, être 
debout, être posé ; quiche pa^, qui est debout), forme 
régulièrement le prétérit en pah-i et le futur en paà-ût. 

Exemples de verbes dérivés : 

Haz, entier; haz-pahaly se compléler; haz-paJh-i, hetz- 

pah^ac. 
Chay, surplus ; chaf-pahid, s'ajouter ; dmy-pahd, ckay- 

pah-ac. 
Hok, lier ; hokrpahaly se lier ; kok-pah-i^ h^-pah-ac, etc. 

S. Cah-ail <x demeurer, habiter n {ixdi, teri%, Ueu 
habité, ville ; être ocetqpé à, èli^ à, iÎEâre), se suffixe 
dans un petit nombi:>e deoi^. Exemple \ei^ sigi»l;€i*«aAa/, 
signaler. 

On forme des verbes transitifs, en suffixant à des radi- 
c^uix, soit nus, soit dérivés, les verbes curty cun-ah ou 
dn-^h a ensorceler, pouvoir faire, être capable de ». 
Exemples : 

Bek-echy aminci, bek-ech^cVfn, amincir. * 
Caillai, demeurer ; cah-cun, faire demeurer. 
Cet, égal ; cet-cun, égaliser. 
Chil, ce qui est étendu ; ckH-cunrah, étendre, etc. 



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- M - 

Remarque. — * On a vu plas haut qu'un certain nombre 
de verbes prétendus dérivés par 'hal forment le fniar en 
'OC et non en -hac ; d'autre part, des verbes, dans lesquels 
n'entre pas cet auxiliaire, forment le prétérit en *Ai et le 
futur en -ac. Par exemple : cul-aly s'asseoir : prêt culrhi^ 
fut. cuUac; hdh, vzmtv : prêt, hâh-hi^ fut. bàb-ac. Il 
faudrait donc admettre que le prétérit h-i concourt à 
former bol-hi, huh-hi, cek-hi, tandis qu'il ne concourrait 
pas à former cul-hi, hab-hiy -etc. 

Ce résultat, inadmissible, me porte à croire que l'emploi 
du verbe hal comme auxiliaire est chose trés-douteuse, et 
je me demande si la difficulté ne se résoudrait pas en 
admettant que le prétérit des verbes transitifs a été primi- 
tivement formé par la suffixation de la caractéristique i 
à un nom verbal en aA, de telle sorte que hah-hi et 
bdb-hi ne seraient rien autre chose que hah-ahi eibib-ah^, 
syncopés ? 

De la dérivation à l'aide de suffixes. 

Les suffixes de dérivation du- maya étant, en immense 
majorité, identiques à ceux du quiche, je me bornerai à 
quelques exemples : 

AN € être debout, supporter, soutenir, aider > : 
An^al, se soutenir; an-aCy supporté, debout. 
An-at, soutenir, supporter, aider : prés, an-t-ic pour 

an-at'iCy fut. an-t-è pour an-at-é, prêt, an-t-ah pour 

an-at-ah. 
An-c-al pour AN-AC-AL, être debout : prêt, an-ca-hi et 

an-hi pour an-ac-ah-i^ fut, an-ac^nac et ant-ac pour 

atiraû-an-ac. 



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—.72 — 
4n-c-f7 pour an-ac^Uj être debout ; an-il, appui. 
An't-ahHil pour an-at-ahrul^ protecteur. 
Afirt-ab-al pour an^t^-ainil, être soutenu, aidé 
An-(-tc pour an-at^iCf appui, support. 

CUL c fondement, assise > : 
CuUal, s^asseoir ; cuUic, assis ; cul-an, assis. 
Cu^^Z^ qui est assis, seigneur, dame. 
Cul'Cinah pour cul-ic-in-ah, asseoir, poser, placer (1). 
Culrdnorbal, être assis, installé, pour mUic-in-ab-al. 
Culreh'il, qui peut s'asseoir. 
Cul-t-ah, asseoir, mettre en place, pour cul-iit'ah. 

EL € brûler » (transitif) : 
Prés. elriCf prêt, elrah, fut. ei-é. 
£^an^ brûlé ; et-em, brûlant, ardent. 
EMf brûler (intransitif) : prêt, el-i pour elrchri, fut. 

EUel'il, brûlure, ardeur. 

JSUz-ah ou eUez-ahy incendier : prés, el-z-ic pour el-ez-ic. 
EUiz-ah, incendier, incendiaire. 
Elriz-alHxl, être incendié. 

CÇL € froid, glacé ; froidure, fièvre > : 
CeUh-alj avoir froid, pour cel-ahrol ou cel-eh-al. 
CeUt-aly se refroidir, pour ceUet-al. 
CeUem, frais, jeune, robuste, beau; ceZ-ew^ id. 
Cel-em-h-al pour cel-em-eh-àl, se fortifier : prêt, cel-emr 
hi pour ceUem^h-iy fut. cel-em-ac. 

(1) L'emploi de cun, cun-ah^ ein-ah comme auxiliaire me parait 
d'autant plus douteux que ce verbe possède en propre la signification 
bien précise c d'ensorceler, d'être puissant. > 



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— 73 — 

CeUm-Uj vigueur, beauté, jeunesse, pour ceUentril. 
Cel*t-ah, rendre frais, refroidir, pour cel-et-ah. 
Cel-t'ic pour cel^t-ic, frais, froid, glacé. 

Dérivation à l'aide de préfixes. 

On fcnrme un certain nombre de mots en préfixant ou à 
des radicaux ou à des thèmes, soit verbaux, soit nominaux, 
la particule possessive ah : 
Motulf nom de ville; ah-Motulj originaire, habitant de 

HotuL 
Cay, poisson ; ahr-cay^ pêcheur. 
Cehy cerf, bête fauve ; ah-ceh, chasseur. 
Cim-ZHih, tuer ; ah-dm-zaah, meurtrier. 
Chem, bateau ; ah-chem, batelier. 
Kin, soleil ; ah^kin, astrologue. 
Lob, mal, vice ; ah-lob, mauvais, méchant. 
Ohel, savoir; ahH)hel, savant, sage. 
Tuz, mensonge ; ahrtuzj menteur. 
Nao^l, le monter; ah-nacnil^ celui qui monte. 

Le sexe masculin s'indique par la préfixation de cette 
même particule : 

AhrPech, celui qui s'appelle Pech. 
Ix préfixé indique le sexe féminin : 
Ix-Pech, celle qui s'appelle Pech. 
Mehen, fils ; ix-mehen, la fille. 

Répétition de la consonne et de la voyelle initiales. 

Les verbes fréquentatifs se forment par la répétition 
de la consonne et de la voyelle initiales. Exemples : 



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— 74 — 

Ba^isr^, caresser ; borbaylMib. 
Kit'Uhj répandre ; ki^kil^ah. 
Bith, sevrer ; bi-bith^ 

Du redoublement. 
Exemples : kan, jaune, kan-kan, très-jaune ; be, chemin, 
be-be, mancber, etc. 

De la composition. 

Les composés sont pour la plupart bioaires. Exemples : 
AkaUchéeb, Faiguade aux arbres = ak-al, aiguade + ché<b^ 

arbre. 
Becan-chen, le puits du ravin ss beean^ ravin + chm, pujis. 
CaUkab, poignet =:;: cal, gorge, cou + kab^ maio, bras. 
Chumu<Hikab, minuit = chumuc, milieu + akab, auit. 
MayaC'Ché, table de bois = mayac, Utble + ché, bois, arbre. 
Mucuy-ché, le bois des tourterelles ss nmcmf, tourteridle 

+ ché. 
XibiUcoh, puma mâle = xib^l^ mâle + coh^ puma» 
Bokob'xutheny vase à battre le ebocolal s? bok'-ob, batte* 

ment + xuth-en, vase. 

Composés renfermant plus de deux étémente : 
Cit'boloU'tum, nom d'une divinité = cit, sanglier + bolon, 

neuf + tum^ pointe. 
Kan-cab-cheny nom de lieu = kan, jaune + cab, terre 

+ chen^ puits. 
Ah'bah-yoc^tzimin^ maréchal-ferrant = ah-bah, cloueur 

+ yocy pied, sabot + tzim-in, chevaux. 

On voit qu'il n'y a pas d*emboitement entre les éléments 
composés. 

Lucien Adam. 



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IDIOHES DU RIO-NUNEZ 

(COTE OCCIDENTALE D'AFRIQUE) 

Pendant une année de séjour à Boké (Rio-Nunez), j'ai 
recueilli quelques notes sur les différents idiomes parlés 
dans le pays. Sans notions suffisantes de linguistique, je 
n'ai pu éviter les écueils dans lesquels sont tombés, bien 
9mûi inoi, tant de voyageurs et de missionnaires ; mais 
w moiîns, je n'ai apporté dans mon étude aucune idée 
préconsçue : j'ai amplement écrit ce que j'ai entendu, en 
Qi'aidaftt de rexpârience d'hommes très m courant des 
laj3giieg afrioiânes, grâce à leurs relations commerciales 
incessantes avec les noirs. 

J'emploierai, {>our «xpriaer les mots des idiomes indi- 
gnes, l'^rthograi^e et la [^.lottéiiftte française. Ainsi, le 
double signe 0«6 a la valeur du même groupe en français 
dafts tes mots c tout, vo«s > : c'est la vofeûe italiemie et 
^efq^de u; — les si^es 4m , m, saas marquer «n son 
ausfii Traitement nasâ} ^e dans Botre iangue, n'ont pas 
A(Hl plus un json aussi bref que dans les langues oii Yn 
se prçmofflce bien d^ché de la voyette ; touli^ois, je les 
ai i^réquemment «ntMdus sonner coipme dans a iant, 
mon »* et, d'autre parl^ il est des cas oii l'n est par- 
£aitem^t détaebé de b voyette qui le précède : j'indi- 
çœr^j 0QAte dernière ccrnsoBotsee en faisant sitivre l'n 
d'une apostrophe, n' ; —le g final, venant après un son 
nasal ou presque nasal^ se prononce à peine ; -^ le 



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groupe gu, devant i ou 6, se prononce g dur, comme 
dans les mots a guinée, guise » : c'est le g allemand de 
gift, geben. — F a le son d'un i très-long, précédé des 
voyelles o, e, a et suivi d'un e muet ; il crée un son de 
diphthongues assez rare dans notre langue actuelle, mais 
répondant bien auxconsonnances oc, tt, oc, du grec classique. 
— Ve final est souvent muet ou à peine formé. — Vh sera 
toujours aspiré, 

I. — IDIOME sousou. 

Le sousou est la langue commune au Rio-Nunez. Il est 
parlé par les Landoumans et les Nalous, presque à l'égal 
de leur langue propre. Je ne saurais dire si cet idiome 
est partout identique. (Il sera facile de s'en assurer en 
consultant les tableaux de Koelle et en comparant leurs 
mots aux miens.) 

Substantifs. — lis ne se déclinent pas ; ils diffèrent 
quelquefois, mais exceptionnellement, au masculin et au 
féminin. En général, les sexes sont exprimés par les mots 
< mâle > et a femelle » ajoutés au nom. Exemples : jhémé, 
homme, mâle ; guinéf femme, femelle ; so, cheval ; so 
guiné, jument ; konkoiirou ou torjhé jhéméj coq ; torjhé 
guinéy poule. — Le pluriel est très-régulièrement formé 
par l'adjonctioad'un suffixe, ye ou eye^ au nom singulier: 
jhémé, homme, jhémeyey hommes; so, cheval, soye, 
chevaux ; banki, case, bankieyey cases. Dans certains cas, 
la terminaison qui marque le pluriel est aye ; celte dési- 
nence semble alors tenir lieu de l'article indéfini ijfiéméaye, 
guinéaye, des hommes, des femmes, pour désigner un 
groupe d'individus. 



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— 77 — 
Article. — L'article défini existe sous plusieurs formes 
et paraît même posséder une sorte de déclinaison ; il se 
place devant le nom, ou^ quand le nom est qualifié, après 
l'adjectif. 

le, la, avec un nom srjet, ne, ka, a. 

— après l'adjectif qualifiant un nom, ni, ki, i. 
de, de la, di. 
à le, à la, ynajhan, di ? 
par le, par la, ne. 

le, la, avec un nom régime direct, ne. 
les, avec un nom sujet, des, di. 
aux, par les, les, avec un nom régime direct, ne. 

Adjectifs. — Les . adjectifs qualificatifs^ invariables 
quant au genre, peuvent offrir une désinence particulière 
à chacun des nombres ; le substantif abandonne alors au 
pluriel sa désinence propre : jhèmé fan^ guiné fan, bel 
homme, belle femme ; jhémé fanij guiné fani, beaux 
hommes, belles femmes. Les qualificatifs se placent après 
le substantif. 

Adjectifs cardinaux : 



On, kérin*g. 
Deux, frin'g. 
Trms^ sarhan. 
Quatre, néni. 
Cinq, sauhouli, soûhli. 
Six, séni. 
Sept^ solofrin'g. 
Hait, solomosarhan. 
Neuf, soUmdni. 
Dix, /iw. 



Onze, founikérin'g. 
Dotize^ founifrin'g. 
Vingt, mohogné ou morhogné. 
Vingt-un, morhogné ni kérin*g. 
Trente, tongo $arhm. 
Quarante, tongo nâni. 
Cinquante, tongo soûhli. 
Cent, kémé. \ comme en 
Bfiile, oulou. i mandingue. 



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Adfectifs ordinaux. — A part le premier, ne ^n'gué, 
ils se forment par Fad jonction delà finale cié aux nombres 
eardinaax : secondf, le second^ férin'gdé ; troisième, le 
troisième, sarhandéy etc. Il y a adjonction d'une lettre 
euphonique dans les nombres terminés par une voyelle : 
dixième, le dixième, foun'dé ; cent, le centième, kémen'dé. 

Adjectifs partitifs. — En général^ exprimés par des 
périphrases. Demi se dit a tagui, correspondant à notre 
français c la moitié d ; le dout)le, frin'g rékafouki, deux 
ensemble. 

Adjectifs possessifs. — Se placent, comme l'article, avant 
le substantif. Paraissent invariables : 

Mon, ma, mes, mé : mé jhémé, mé guineye, mon 

homme, mes femmes. 
Ton, ta, tes, y. 
Notre, nos, movjhou. 
Votre, vos, voka. 
Leur, leurs, eka. 

Adjectifs interrogatifs. — Paraissent se placer après le 
substantif et prendre seuls la terminaison numérale au 
pluriel : quel, quelle, n'derh (rh] son très-guttural) ou 
moun'dou; guiné moun'douye, quelles femmes? jhémé 
n'derh, quels hommes? 

Adjectifs démonstratifs. -* Ils m'ont semblé rfôtre que 
l'article défini. 

Adjectifs indéfinis. — Brin' g ^ tout, tous, toute, toutes; 
kankan, chacun, chacune ; dantigue^ autre, autres. 

Adjectifs augmentatifs ou diminutifs. — Les exemples 
suivants montrent comment s'expriment l'augmentation et 
la diminution : 



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- 79 - 

Kouîféy grmd; kouyé dondondiy un «peu grand; hmyé 

kifan, très-grand ; kamfé abèrcj le plus grand. 
Kéfou, cuillère ; kéfoukoumbé, grande cuillère ; kéfoudi, 

petite cuillère. 
Jhéméy homme ; jhémékoumbé, homme grand, homme à 

la fleur de Tâge ; jhémédi, petit homme ou adolescent. 
Dimédi, enfant ou petit enfant ; dimédidij tout petit 

enfant. 

Avant de continuer l'examen des parties du discours, je 
vais donner quelques phrases bien simples, relatives aux 
rapports des noms et de l'article entre eux. 

Le père de cet homme, di jhémé a fafa (de cet homme 
le père) ; — la mère de cette femme, di guiné a nga (de 
cette femme la mère) ; — la case de l'homme [que vous 
. connaissez], di jhémédi ka banki ; — cette case [appar- 
tient] à l'homme que vous connaissez, di hanki jhémédi 
ynajhan kolan'g alabian'bère (mot à mot : di, cette ; 
banki, case ; jhémédi, homme [de V] ; ynajhan^ k\e; kch 
Um'g exprime une nouvelle idéede spécificité, comme même, 
lui-même ; atalman'bère, tu connais) ; -^ cet homme est 
bon, di jhémé a fan ; — il a tué un homme, abaia (il a) 
jhémé kérin'g fora (tué) ; — la case dorihée à cet homme, 
ba$iki di jhé^né narmt'fi (donnée) ; ~ la case construite 
par cet homme, di banki jhémédi najha (lui-même, que tu 
me nommes), rafala (construite) ; — bon père, fafa fan; 

— le bon père, fafa fâm ; — mauvake mère, nga kobi ; 

— la mauvaise mère, ne nga kobi; — un homme propre, 
honnête, blaac, européen, jhémé fighé ; — boisson amère, 
béré jhmo; '— la boisson amère, ne béré jhonoki; — deux 
hommes, jhémé frin'g. 



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- 80 — 
Pronoms. — Projioms personnels, distincts au singulier 
et au pluriel, et selon qu'ils jouent le rôleMe sujet ou celui 
de régime : 





SUJBT. 


RiGim 


Je^ moi, me, 


n, ntan, fnou (?), 


n, me. 


Tu, toi, te, 


y> - 


y- 


U, elle, lui. 


a. 


kong. 


Nous, 


fMujhou, 


moMJhou. 


Vous (toujours avec 
le sens du pluriel : 
les noirs tutoient la 
personne à laquelle 
ils s'adressent). 


0, 


o(r). 


Ils, eux, les. 


é, d ou hà (avec lé- 
gère aspiration). 


é. 



Le mot kmg exprime très-souvent une idée de redou- 
blement, remplace en maintes phrases notre mot c même », 
à la suite du pronom personnel. 

Je m'habille, n sosé soma (moi habillement mettre) ; — 
je me lave, n majhama (je ne saurais dire si la termi- 
naison ma n'exprimerait pas une idée de répétition ; la 
phrase se traduirait alors : je lave moi-même) ; — tu me 
donnes ceci, y di fimame (toi ça-méme donner à moi) ; — 
il t'aime, a vamà y kong (lui aimer toi-même); — tu 
l'aimes, y vama kong ; — il nous aime, a vama moujhou 
kong ; — vous l'aimez, y vama kang, o vama kong ; — 
il vous aime, a vama y kong, a vama o (?) kong ; — 
ils l'aiment, a vama a kong ; — je les aime, n vama é 
kong. 

Dans les phrases suivantes, la forme mûu contient 
l'idée de négation, ou peut-être ce mot est-il simplement la 
négation : 



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- 84 — 

Je ne Taime pas, mmi vama a kang ; — tu ne m'aimes 
pas, mou vama n'kong ; — il ne nous aime pas, a mou 
vama moujhou kong , — nous ne l'aimons pas, moujhou 
moti' vama a kong. 

Pronoms possessifs. — , Ils ont un pluriel formé de la 
même manière que celui des noms substantifs : 



Le mieo, la nnieniie. 
Le tien, la tieiyne, 
Le sien, la sienne, 
Le DÔIre, la nôtre, 
Le vôtre, la vôU'e, 
Le leur, la leur. 



SINGULIER. 

nbé, 
ybé, 
ahé, 
movjhotibé, 

ybé(r), 

ébé. 



PLURIEL. 

nbtye, 
ybeye. 
abeye. 

movjhoubeye, 
ybeye (?). 



La formation de ces pronoms apparaît aàsez clairement 
pour ne nécessiter aucune explication. 

PronomrS relatifs. — Ce sont, pour les deux genres et 
les deux nombres, die, qui; nejhe, dont, de qui, que 
(régime direct ou indirect). 

Pronoms interrogatifs. — Ndéy qui, de qui, à qui, par 
qui? ~ y, que, quoi (aux deux, genres et aux deux 
nombres). 

Prononts démonstratifs. — Comme l'article défini. 

Verbes. ^-- 11 y a des mots qui sont bien des signes de 
jugement, qui relient entre eux d'autres mots exprimant 
des idées, des notions diverses. Mais ces mois d'alliance, 
si je puis ainsi les appeler, restent sous-eqtendus dans 
beaucoup de pl)rases. Pas de conjugaisons. Les temps 
sont indiqués plus ou moins clairement par des mots 
spéciaux, sans doute en rapport avec les idées du présent, 
du futur, de la condition, etc. On remarque pourtant 

6 



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-8â- 

quelques transfoihmalions du mot-verbe qui exprime Tidée 
générale correspondant à- notre infinitif , transformations 
qui ressemblent à de vagues essais de conjugaison 
inconsciente, mais qui pourraient bien n^ëtre que ties 
retours à la racine, plus ou moins dégagée de liaisons. 
Au lieu de réflexions, qui manqueraient sans doute 
d'intérêt, mais npn peut-être d'étrangeté, sous ma plume 
inexpérimentée en pareille matière, je vais donner la 
traduction en sousou de trois verbes frança^ à leurs prin- 
cipaux temps et modes. 



10 Vbiibb être : LANJHÀNG ou LANJH (?). 



INDICATIF PRÉSENT. 

Je suis, n lanjhang. 

Tu es, y lanjhang, 

II est, a lanjkang. 

Nous sommes, moujkoîi lafij- 
hang. 

Vous êtes, lanjhang. 

Ils sont, é ianfhang. 

IMPARFAIT. 

J'étais, n lanjhang noung. 

Tu étais, y lanjhang nonng, etc. 

PASSÉ INDÉFINI. 

J'ai été, n lanjh noung. 

Tu as été, y lanjh noung, etc. 



FUTUR. 

Je serai, n lanjhmaye. 
Ttt seras, y lanjhmaye/eic. 

CONDh-KMfNBL. 

Jeserais, n'ianjgmaye noung.^ic. 

IMPÉRATIF. 

Sêis^tanjh. 
Soyons, lanjhang. 
Qu'ils soient (?). 

SUBJONCTIF ntÉgKNT. 

Que je sois, n (at^'/^y etc. 

PARTICIPÉS. 



2« Verbb avoir : SÔTO. 



INDICATIF PRESENT. 

J'ai, n sôto. 

Tu as, y solo, etc. 



IMPARFAIT. 

J'avais, n solo noung. 

Tu avais, y solo noung, etc. 



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t>A8Sé INDÉFINI. 

J*ai eu, n bâté sâto, 

To as eu, y bâté sôto, etc. 

PLU6-QUK-P4I\]^A1T. 

J'avais eu, n bâta $ôto naung. 
Tu avais eu , ,1/ bâta .sôto 

FUTUR. 

J'aurai, n sôtfima. 

Tu auras, y sôtotna, etc. 



CONDITIONNEL. 

J'aurais, nsdtome noun^f. 

Ta ^titikïsl'fÉÔtùfite noung, etc. 



Sdfo. 



IMPÉRATIF. 



SUBJONCTIF. 



Que j'aie, n sôto ou {ou très- 
90ttrd), ^ic. 

.Ajgnt, ^/o. 
Eu, iôtd-iôto. 



3» Verbe ÉGRIRE : SÉBÉ (é très-bref, presque le çon d't). 



INDICATIF PRÉSENT. 

J'écris, n se^y^ttima^ etc. 

IMPARFAIT. 

J'écrif ais, n sébélititna naung. 

PASSÉ DÉFINI. 

J'écrivis, n sébélUi nofing^ 

PASSÉ INDÉFINI. 

J!ai écrit, n ^oto sébétiti. 

PLUS-QUE-PARFAIT. 

J'avais écrit, n ^to sébétiti 
noung. 



FVTUR. 

J'écrirai, n fafijfa sébélitidé. 

COND^TIO^BL (?). 
IMPÉRATIF. 

Sébifliti, sébélUima. 

SUBJONCTIF (?). 
PMiTIGiPES. 

Écrivant, sébélUima (î). 
Écrit, sébétiti, sébétitima. 



Prépositions, adv^bçs, interjections, œnjonctions. — 
J'ai recueilli un nombre très-restreint de ces mots : on 
en trouvera des exemples dans les phrases que j'ai 
précédemment citées et dans celles qui vont suivre. 
J'insisterai seulement sur la négation : il n'exjiste pas, de 
conjugaison négative; la négation, à la preçïiére per- 
sonne, s'accompagne ordinairement de* la suppression du 
pronom-sujet ; aux autres personnes, elle se place entre 
le pronom et le verbe : 



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— 84 — 

Je n* écris pas, mou sébélitima. 
Tu n'écris pas, y mou sébélitima. 

Il y' a parfois répétition de la négation : 

Je n'ai pas été, mou mou n lanjh noung (ici le pronom 
serait conservé, si Ton n'admettait pas le redoublement 
de la négation). 

Tu n'as pas été, y mou mou lanjh noung, etc. 



Exemple de négation et d'affirmation ; fan, bon ; kifan, 
bon, qui est certainement bon ; amoufan, qui n'est pas 
bon, mauvais. On retrouve la signification négative A'atnou 
dans amouha, il n'y en a plus, pour désigner qu'une 
quantité ou un nombre d'une chose spécifiée n'existe 
plus. 

PHRASES ET 'MOTS DIVERS. 



Soleil, sogué. 

Lune, qmké. 

BoDJour, omama. 

De quoi te plains-tu ? moui 
jhonoma? 

Je m'en vais, bâta sigua. 

Allons ensemble, on' sigua. 

Je descends, bâta sigua labéra. 

Adieu, vongué ségui. 

Argent, batangua. 

Pagne, dougui. 

Paille, séjhé, 

Têle, kourCdie. 

Bois à brûler, niéguè. 

Mouton, yéjhé. 

Bœuf, nin'gué. 



La paix! silence! dojhof kifanf 

Chaise ou banc, dojhosé. 

Main, béléjhé. 

Pied, sandié. 

Prince ou roi, mangue. 

Sabre, dcguéma. 

Lit, sadé. 

Coucher, sa. 

Dormir, jhy. 

Lever, kéty. 

Eau, yé. 

Feu, té.. 

Riz, mâtê. 

Calebasse, lin*gué, 

Manj[er, ban' dé, ban' dé don. 



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~ 85 - 



J'ai faim, camé ma. 

h suis rassasié, han'ia louba. 

Oui, yo. 

Non, adé. 

Venlre, fourL 

Apporte-moi cela, fa ffui rébé. 

Arbre, houri. 

Fruit, kouridi. 

Fleurs, hourifougné. 

Feuilles, houribrojhé. 



Faut-il aller loin ? movjhou 
sigaman hiré maconié ? 

Retournons au poste, movjhou 
ka goulé talé. 

Où sommes-nous? movjhou na 
min* dé ya ? 

Gomment appelles-tu cet arbre ? 
gui honrijhlimoujhi? 

Matin, guéségui. 

Midi, sogvé fia tagui (soleil est 
au milieu). 



II. — IDIOME LANDOUMÂN. 

Les Landoumans habitent les deux rives du Rio-Nunez, 
depuis les hauteurs du Bôvé, qui leur sont disputées par 
les Foulahs jusqu'à Dibélia. Ils sont resserrés entre lé 
pays des des Tchiapesis au nord, et le pays des Sousous 
au sud. Leur idiome a les plus grands rapports avec le 
baga : 



Un, tine. 

Deux, marame. 

Trois, masasse. 

Quatre, manglé. 

Cinq, kiame. 

Six, kiamtine. 

Sept, MamtirC marame. 

Huit, kiamtin'masasse. 

Neuf, kiamtin'manglé. 

Dix, pou. 

Ooze, poudégnine^ poudétine. 

Douze, poudémarame. 

Vingt, poutwaram^. 

Cinquante, poukiame. 

Cent, kémé (??). 

>|il!e, oulou m. 



Homme, kémé,jhémé. 

Femme, guiné. 

Bonjour, goudimo, 

Adieu^ pasoko. 

De quoi te plains-tu ? aké mopé 
mana? 

Je m'en vais, nko. 

Tête, dioumpe. 

Main, kécha. 

Pied, kéiiéke. 

Mouton, kankasia. 

Bœuf, vanan. 

Eau, damoune, moutie. 

Feu, nintie,* 

Manger, anake. 



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III. — IDIOME NALOU. 

Les Nalous habitent les deux rives' du Rio-Nunez, au- 
dessous du territoire des Landoumans, jusqu'à Victoria ; 
les limites de leur pays sont assez mal définies au noi^ 
et au sud ; elles s'étendent davantage vers le nord. 

Je ne puis donner qu'un trés-faible spécimen de l'idiome 
nalou : 



U0, den'déke. 
Deux, bile. 
Trois, pâte, pâté. 
Quatre, bina. 
Cinq, tédou. 



Six, té den'déke. 
Sept, té bUi. 
Huit^ té pâté. 
Neuf, té bina. 
Dix, téblé. 



D'après une version dont j'aî quelque raison de sus- 
pecter la véracité, les Nalous compteraieiil séulemetit' 
jusqu'à dix et seulement par nombres pairs; les motà qui 
expriment ces nombres différeraient de ceux dont je viens 
de donner la liste : 

Deux, biné. 
Quatre, bané. 
Six, pâté. 
Aûit, pâlébiné. 
Dix, téno. 

IV. — IDIOME BAGA. 

Les Bagas sont les noirs du littoral. Les mots q^e j'ai 
recueillis dans leur idiome ne correspondent pas aux 
mots bagas réunis par Kôëlle, ainsi qu'on en peut juger 
par ces exemples : 



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- 87 



Ud, Orne» 
Deux, méreine,^ 
Trois, massasse. 
Quatre, tnanglâis. 
Cinq, tiamatte. 
Six, iiamatoutine. 
Sepr, tiamtaméréine. 
Huit, /iafit<ama55a«S(?. 
Neuf, /iam/aman^2dis. 
Dix, ou/to. 
Dieu, A:anou. 
HooHne, foune. 
Ftmme, aranê. 
Ensuit, aoii<«. 
Ciel, afaine. 
Terre, olo/fip. 
Eau, damoune. 
Rix, maraniitf. 



Oui, to. 
Non, tié. 
Manger, etjcke. 
Boire, moune. 
Arbre, ourt. 
Navire, afri^le. 

d'après roellk. 

Un, pin. 

Deux, pâren, pàran. 

Trois, jMisds. 

Quatre, pân'ere. • 

Cinq, ^ma^ 

Six, hamâterkin, délcin. 

Sept, dépérafi. 

Huit, desdo. 

Neuf, depdnere. 

Dix, to()/a/o. 



\. — IDIOMES DIVERS. 

D'autres idiomes sont parlés au Rio^Nunez, mais par 
des noirs étrangers au pays : le wolof, langue des noirs 
du Sénégal ; ]e mandingue, langue des cultivateurs qui 
vienaeiU du Fouta (Toubacayes) : René Caillé en a donné 
un vocabulaire ; l'arabe, la seule langue écrite. 

J'ai eu l'occasion d'observer un assez grand nombre 
de Yolàs ou Diobas du Kabou, conquis par les Foulahs ; 
j'ai recueilli quelques mots de leur idiome. En voici le 
tableau : 



Un, bapo. 
Deux, hopobonki. 
Trois, iH^bandio. 
Quatre, bopobonio. 



Cinq, béda. 
Six, mpadi. 
Sept, fii^adégpMg»h 
Huit, v(ué. 



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Neuf, Umberlo, 
Dix, bapo. 
Dieu, goudana. 
Soleil, bouniga. 
Lune, boulampa. 
Homme, housa. 
Femme, mahouhali, . 



Enfant, nda. 
Tête, boifa, % 
Main, goubéda» 
Pied, ranfca. 
Eau, mambia. 
Manger, liguénédakane. 



VI. 



FOULAH DU FOUTA-DJALON. 



On remarquera dans cette partie que certains mots, 
certaines appréciations ne concordent pas exactement avec 
ce que M. le général Faidherbe a écrit sur l'idiome 
poular (langue du Toro, du Damga, etc.). Les dissem- 
blances peuvent être dues à mon inexpérience des langues 
africaines, mais elles peuvent aussi indiquer un dialecte 
spécial, hypothèse qui n'a rien de surprenant ni de 
hasardé, si l'on songe aux dissemblances de mœurs et 
d'hatitudes existant aujourd'hui entre les Pouls du nord et 
les Pouls du sud. 

Dans le Foulah, tel que je l'ai étudié à Boké, Vs a 
toujours un son très-sifflant. 

Il y a souvent des redoublements de consonnes, dabbotir- 
goly deffougol. 

Il existe au moins deux aspirations très-distinctes : l'une 
douce, que j'exprimerai par h ; l'autre rude, que j'expri- 
merai par jh : cette dernière ne répond pas tout à fait à 
l'aspiration du même signe des idiomes précédents ; elle 
offre quelque chose de spécial qu'il m'est impossible 
de définir et d'indiquer; elle m'a paru d'une difficulté 
inouïe à prononcer dans le cours et à la fin de certains 
mots. 



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- 89 — 

Substantifs. — Ils ne se déclinent pas. Ils sont 
identiques au masculin et au féminin {poutiou, cheval 
et jument) ou complètement différents aux deux 
genres (jhorko, homme ; déboy femme ; dontogal, coq ; 
gvertodé, poule). — Le pluriel se traduit de plusieurs 
manières : 1® par l'adjonction de dé ou de bé au nom 
singulier : poiUioudé, chevaux ; débobé, femmes ; — 
2» par l'adjonction de guédène : sôudoti, case, sôudoii- 
guédène, cases ; dans quelques cas, guédène se subs- 
titue à la dernière syllabe du mot singulier : donto- 
guédène^ coqs ; -^ 3® par un nouveau mot : réobébène, 
femmes. 

Article. — Il n'y a pas d'article indéfini. Il paraît 
exister un article défini, se plaçant toujours après le 
nom ou après l'adjectif qualifiant le nom, on pour le sin- 
gulier, gué pour le pluriel, sans distinction de genres : 
jhorko on^ l'homme ; débo on, la femme ; landan on, le 
sel; soûdouguéy les cases. 

Adjectifs. — Les qualificatifs sont susceptibles de 
grandes variations ; ils prennent le signe du pluriel : 
jhorko modioy un bel homme ; jhorko modiogué (on dit 
aussi modiobê)y de beaux hommes. Ils revêtent une forme 
particulière aux deux genres : baba modio, bon père ; 
débo modiali, mauvaise femme. Comme on le voit, 
l'adjectif se place après le nom ; il précède l'article si le 
nom est défini : baba modio on, le bon père. Certains 
adjectifs, exprimant deux qualités contraires, ne diffè- 
rent que par le suffixe ajouté à un radical invariable : 
lÂboUy honnête ou propre ; lâbaliy malhonnête ou mal- 
propre. • 



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^96 — 



Adjectifs ca/rdinmm. 

Un, gi. 
Deux, didi. 
Trois, tati. 
Quatre', waye. 
Ciii% gué. 
Six, ^^. 
Sept, guédidi. 
Uuit^ guétati. 
Keuf, guénaye. 
Dix, sapo. 
Ona^e, sapogô. 
Douze, sapodidi. 
ViJDgt, no^, nêffêga. 



Trente, Uapandé tatù 

Quatrante, tiapandé naye. 

Cinquante, tiapandé gué: 

Soixante, tiapandé guégô: 

Soixante^ix^ tiapandé guééMi* 

Uuatre-vingits, tiapandé guétatù 

Quatre-vingt-dix, tiapandé gué^ 
naye. 

Cent; témédéri. 

Atilk, ôulouré. 

Mille huit cent soixante et seize, 
oulouré témédéré-guétati tia- 
pa»dé guédidLê- guégô. 



Adjectifs oréinaux, ~. Le premier «e dit arno on (oa 
proflonee en fiisîoDiiant ia défaire syllabe d'omo avee 
rartiole) ; les autres s'exprÛMDl^ par V^Àjfimtion^ d^ g^é 
ou guédène à l'adjectif cardinal ; souve^ celui^ei eat à U 
fois cardinal et ordij)8â^ àaftr adjonction d'awune 
partÎGiite distinotive : seciNid, didi gtiédèM ; la seconde 
femmey é^ didi gué on ; la vingtième oâSfr^ scmi&m 
nogaye ofu. 

Adfectifs paytUifs el muHipUmlifs : 

Fétiéré m, la moitié. 

Sen'dou (exprimant l'idée de partage), 

Din'tati (en trois), le tiersk 

Fétiéré naye ou, le quart. 

Ndé didiy le double. 

Ndé tatiy le triple. 

Ndé naycy le quadruple {ndé exprime l'idée de 



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- 91 ~ 

choséfe égales" qui sont jointes Tune à l'autre 
ou les unes aux autres). 

AdjêcRfs po$$é$sif$ : 

An, mon,. ma, mes; 
. Ma, ton, ta, tes^. 
£b, son, sa, ses. 
Mènêy notre, nos. 
Ma (?), votre, vos. 
Mabé^ leur. 

Adjectifs interrogatifs. — Ils semblent dériver des 
signes que je crois correspondre à Tartifele défini : 

Débo ondou, quelle fettime? 

Dêbà bé ondou, quelles femmes ? 

Débo dndouy de quelle femme ? 

Débo ondou guédène, de quelles femmes ?. 

Débo ombo, à quelle femme? 

Débo onibo guédène^ à qâieltes^ femmes? 

Adjectifs démonstratifs. — Faut-il regarder coniïtte tels 
les signes de l'article défini ou admettre des signes parti- 
culiers de démonstration? Mes notes sont trop incomplètes 
sur ce point poni^ élucider la qoëstion : je n'^y trouve que 
ce seul exemple de démonstration : o jhotko... cet 
homme... 

Adjectifs indéfinis : 

Pope, tout ; fope, tous. 

Jhorko Oy chaque homme. 

Kotféhi ày ttn [homme] quelconque. 



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— 92 — 

Débo kovdni (T, une femme quelconque. 
Dantie, autre. 

Comparaison, superlatifs et diminutifs. Exemples : 

« moins » s'exprime par sédé et « plus >, par bouri, 
Bouri diandi^ plus grand ; diandi sédé^ moins grand (la 

place de la conjonction semblerait indifférente). 
Tokodiou, petit ; tokosoune, très-petit ; tokosotm'ko, tout 

petit. 
jhorko lie modiguari bouri o, cet homme est plus beau 

que celui-ci. 



Pronoms. — Pronoms personnels 





SUJET. 


RÉGUIE. 


Je, moi, 


mi, midOj 


mm'gué ou min*gue. 


Tu, toi, 


a, ide. 


ma'. 


II, lui, 


Oy 


mou ou mo. 


Nous, 


mené. 


ménène. 


Vous, 


on, 


onone. 


Ils, eux. 


é, hé (?), 


ène. 


Pronoms possessx 


:fs: 






SINGULIER. 


PLURIEL. 


Le mien, la mienne, 


kominkong, 


kominkong. 


Le tien, la tienne, 


koangkong. 


komayekong. 


Le sien, la sienne, 


komakokong, 


komayebékong. 


Le-la nôtre. 


komenkong, 


komenkong. 


Le-la vôtre, 


komakong, 


komayekong. 


Le-la leur, 


komabékong^ 


komayekong. 



Je donne cette liste sous toute réserve. 

Pronoms relatifs. — Exemples : boudi ko mi diogui 



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~ Ô3 - 
kong, Targent que (ko) je possède moi-même (le mot 
kon§y déjà signalé dans l'idiome sousou, a probablement 
été cédé à ce dernier par le foulah ; ce n'est pas d'ailleurs 
le seul emprunt du sousou au foulah) ; — b(mdi ko mi 
nani [éoudioudé, l'argent dont je puis disposer. > 

Pronoms interrogatifs. — Je n'en puis citer qu'un : 
qui, yhombo? 

Pronoms démonstratifs: 

Ce, cela, dou, doun, beye. 
Celui-ci, celui-là, on tigui. 
Ceux-ci, bé tigui. 

Verbes. — Ce que j'ai dît à propos du verbe, en 
parlant de l'idiome sousou, s'applique également au 
foulah. M. Faidherbe, dans son vocabulaire poular, 
donne une liste assez considéraT}le de verbes terminés 
en dé. Dans le foulah de Boké, j'ai cru remarquer une pré- 
dominance sensible de 'verbes terminés en gol ou en ou. 

On remarquera, dans les essais de conjugaison qui. 
vont suivre, l'emploi de particules exprimant, soit un 
redoublement du pronom, soit une idée de temps. 

lo Verbe ÊTRE : VONOU. 



Ko mène voni. 
Ko on voni. 
Ko bé voni (i). 



INDICATIF PRÉSENT.- 

Ko mi voni, je suis. 
Kdvoni, tu es. 
Ko voni, il est, etc. 

(1) On voit un exemple d'une particule de redoublement tantôt dis- 
tincte du pronom sujet, tantôt fusionnée avec lui. On notera aussi que 
)a forme régulière de conjugaison que je viens de donner est plutôt 
théorique que réelle ; elle peut s'employer, mais elle n'appartient pas 
au langage courant. Le verbe s'élide. Ainsi, au lieu de dire : ko mi 
voni iando, je suis roi, on dit : ko mi lando. 



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Ko mi vofii noung, etc. 

PASSÉ INDÉFINf. 

Mi varU noung, etc. 

FUTUR. 

Mi vomye, je serai. 
Avoneye, (asei^s. 
voneye, il sera, etc. 
Mène voneye. 
On voneye. 
È voneye. 

GONDITIONHEL. 

Mi voneye îMung, je serais, etc. 
A voneye noung, etc. 

SUBJONCTIF. 

Yami.v^i, q^e jç^fois (1). 
Ya voni, quefu s,ois,,etc. (1). 

2o YEaBE AVOIR : 

INDICATIF PAIENT. 
Mi diogui, j'^ai. 
A diogui, tu as. 
diogui, il a, etc. 
Mène diogui. 
On diogui. 
È diogui. 

IMPARFAIT. 

Mi diogui noung^ i*^W^> ^^^- 

PASSÉ INDÉFim^^?). 

PLUS-QUE-PARFAIT <?). 

FUTUR. 

Miéiogaye, j'aurai, etc. 

CONDITIONNEL. 

Mi diogueye, j*aurais, etc. 



,94- 

vont, quHl i^oît, . jB^tc 
Mène voni, on^voni, é voni. 

{HIPÉRAtlF. 

Fanot*, sois. 

Yo tjonott,, qu'il. soit (I). 

Vonène, soyons. 

Voné, soyez. 

Yobé vonou, qu'ils soient (i). 



PARTICIPE PASSÉ. 



Voni. 



PARTICIPE PRÉSENT. 

On le remplacerait par une pé- 
riphrase : si mi voni^lando 
noMng, ou simplement : si ko 
mi Umdo^ [é^nt] roi, ,fnoi 
[étant] roi. 



DIOGOU, mOGOUGOL. 

^U^ONCTIF. 

Si mi 4i(^iy ^e je so^, .^tc. 

Ça diogui. 

Yo diogou. 

Yo mène diogou. 

Yo on diogou. 

Yo hé diogou. 

lJ|fIȃB4HF. 

Diogou, aie. 

Yo diogou, qu'il ait. 

Dioguène, ayojas. 

Diogué, ayez. 

Yo hé diogou, qu'ils aient. 

PARTICIPES (?). 



"(1) Autres exemples de pronoms redoublés avec ou sans fudon. On 
en trouvera de nouveaux dans les conjugaisons suivantes. 



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-Ô5- 



> Vbbbb manger : NIAMOV. 



INDICATIF PRÉSENT. 




Mène nittnutye. 


Miâo fUamoudé, jeno^ti^. 




On»niamêye. 


Ide niamoudé, tu maogi^s, 


^c. 


rÈ niamaye. 


Mo nianwudé. 






Médène niamoudé. 


' 


SUBJONCTIF. 


Odone niamoudé. 
Odé niamoudé. 




Tomintarnow, que je mange, etc. 
A niamou. 


IMPABFAIT. 




Yo niamou. 


Mido niofnmtdémmff, j^^ 
geais, elc. 


ovan- 


Yo ment' nàamou. 
Yo on niamou. 


PASSÉ INDÉFINI (?). 




Yo é (ou yo bé) niamou. 


PLUS-QUE-PARFAIT. 

Mi niammokngy j'avais 
gé, etc. 

aniaminùung. 

mène niaminotmg. 
on niaminoung. 
é niaminoung. 


man- 


IMPÉRATIF. 




Niame, mange. 
Yo niamou, qu'il mange. 
Niamène, mangeons. 
• Niamou, maagez. 
Niamé, qu'ils mangent. 


FUTUR. 




PARTICIPES. 


Mi niamaye, je ^ooi^ngeffai, 
A niama^. 


etc. 


Présent : s'exprime par péri- 
phrases. 


niamaye. 




Passé : niama, au^igé. 



11 est impossible de a'être pas frappé des Tessemblaaces 
qui existent entre les formes de temps et de> modes des 
verbes sottsous et des verbes foulahs; cette ressemblance 
a sa raison d'^re^ dans les imitations et dans les emprunts 
que ridiome sousou a dû s'assimiler au contact des 
Foulahs, la race la plus civilisée de toute la côte occiden- 
^tale d'Afrique (je. ne parle pas, bien entendu,. des. Arabes 
et des Européens, races émigrantes et passagères). 
Prépositions, €^dverbes, interjections yOmj&nctions. -r On 



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— 96 — 

en trouvera des exemples dans ce qui précède ou dans le 
vocabulaire qui suit. Je donnerai seulement ici quelques 
exemples de négation : 

Je ne suis pas roi, mi vona lando. 

Tu n'es pas roi, a vona lando. 

Je n'étais pas roi, mi vona lando noung. 

Je n'ai pas été roi, mi vonalinoung lando,. 

Je ne serai pas roi, mi vonata lando. 

Je n'ai pas d'argent, mi diogaki boudou. 

Je n'aurai pas d'argent, mi diogaka boudon, 
La négation semble donc s'exprimer en foulah par 
une désinence particulière du verbe auquel elle est jointe 
idéalement. 



MOTS DIVERS. 



A (préposition), o. 
Abandonner, atié. 
Abattre, sopou, , 
Abeille, niaki. 
Abondant, doudou. 
Accepter, iiangou. 
Acheter, sodou. 
Adorer, batou. 
Age, doubi. 
Agé, ébondoubi. 
Airner, ydou. 
Aller, yagol. 
Ami, ndiatigué. 
Année, itandé. 
Arbre, légal. 
Assembler, avétougol. 
Asseoiras'), diodougoL 
Beau, modié. 
Blesser, mouyenougol. 



Bœut.nagué. 
Boire, yarougol. 
Bon, modio. 
Bonjour, dianvoni. 
Bouche, jhoundouko. 
Bouillir, deffougol. 
Bras, dioungo. 
Calebasse, jhordé. 
Captif, mattjhoudo. 
Caravane, sété. 
Chef, jhoré (tête). 
Chercher, dabbougol. 
Chien, rovandou. 
Corps, bandou. 
Cou, dandé. 
Cuisse, bousalé. 
Dent, nidjhe. 
Dire, alougol. 
Doigt, holû 



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a? 



Dormir, danmigol. 
Fruit, hihéUgal, 
Gale, poudié, 
Laogue, den'guale. 
Loin, jhodL 
Lune, lévrou. 
Maladie, niààuséré. 
Malade, niaou. 
Matin, soubaka. 
Midi, nangué jhoré. 



Mois, ^ono. 
Mort (un), majhi, 
Çartager, sen'dou. 
Penser, midiou. 
Poitrine, berndé. 
Soleil,„n(in^M^'. 
Soulier, padé. 
Tabac, yambba. 
Ventre, rêdou. 
Vêtement, tiontié. 



Phrases. — Apporte-moi cela, adou lan dou. — Faut- 
il aller loin? mène ya lo jhodi ? — Retournons au poste, 
routène guène tata. — Prends-moi une branche de cet 
arbre, gfweïw youngo doun légal. — Comment appelles-tu 
cet arbre? doi^n légal no viétéf — Ou sommes-nous ? 
onto mène voni ? 

D** A. CORRE. 



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— 98- 

LA CONJUGMSON 

DANS LES LANGUES DRAVIDIENNES, 

{Suite et fin), 

§ VI. — Formes nomino-verbales. 

GÉRONDIFS ET PARTICIPES. 

Je comprends sous cette division deux sortes d'expres- 
sions verbales, qui sont employées avec une signification 
adjective, mais qui diffèrent Tune de l'autre, en ce que dans 
les premières (participes) c'est l'idée adjective qui prédo- 
mine, tandis que dans les secondes (gérondifs) c'est l'idée 
verbale. Si je dis, par exemple, « l'homme qui a mangé », 
j'ai un participe dravidien ; mais si je dis « l'homme, 
ayant mangé, s'en est allé i>, j'ai un gérondif? Les 
grammairiens indigènes expriment cette différence en 
appelant le premier péyaréttcham « nom incomplet » et le 
second vin'eiyéttcham « verbe incomplet ». Les grammai- 
riens européens appellent généralement participes Tune 
et l'autre forme ; seulement la première est qualifiée, par 
Caldwell notamment, de relative, et la seconde de verbale. 
Ariel appelait la seconde participe indéclinable, nom qui 
a le défaut de s'appliquer surtout à l'expression française 
correspondante. Je crois bon, pour faciliter la distinc- 
tion, de maintenir les appellations de Beschi, participe et 
ijérondif. 



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A. — Participes. 

Le princrpal rôle de cette forme, dans les langues dra- 
vidiennes, justifie le nom que lui a donné M. Caldwell 
de participe relatif; elle sert en effet à remplacer les 
pronoms relatifs qui manquent à toutes ces langues. 
Les pronoms relatifs véritables sont ceux qui lient un 
substantif à son complément : Thomnie qui mange, 
l'enfant qui a lu le livre, etc. Le participe dravidien, que 
quelques auteurs appellent -pour ce motif adjectif verbal, 
est toujours accompagné d'un nom qu'il précède, mais il 
est susceptible naturellement lui-même d'un complément 
direct ou indirect, comme le verbe d'où il procède ; il en - 
résulte qu'à l'aidé d'un participe on joint souvent à un 
substantif une véritable phrase complète. 

Il y a, dans chaque langue dravidienne, autant de par- 
ticipes que de temps simples. Il y en a donc trois en 
tamoul : ceux du passé et du présent sont caractérisés 
par un a final qui se joint au signe du temps, çéy- 
gin'd'-a ou çéy-gir'-a « qui fait », géy-d-a « qui a fait » 
(les prétérits en 4n' font leurs participes en in'a ou iya, 
^udiya onjjudin'a « qui a écrit ») ; le participe futur 
est en um et se trouve identique à la troisième personne 
singulière du futur; çéyyum sera donc c il fera > et c qui 
fera i>. Le canara, plus logique que le tamoul, a aussi 
le participe futur en a: mâduva a qui fera », kareyuva 
«c qui appellera >, morphologiquement conformes hmâdida 
« qui a fait », kareda « qui a appelé » (le participe pré- 
sent est périphrastique). Le télinga fait son passé et son 
présent en a ; son futur en edu, edi, é, êti. Le malayâla 



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— 100 — 

ressemble au tamoul. Le kudagu confond le présent et 
le futur mâduwu, mais a un passé mâdunti € qui a fait >. 
Le tulu ne parait pas distinguer le participe du gérondif, 
quant à la forme. — Le participe négatif tamoul est en 
â ou en âda, çeyyâ ou çeyyâda t qui ne fera pas », dans 
la langue vulgaire ; il est aussi en al-â ou al-âda (voyez 
ci-dessus, § V, 5). Le négatif canara est en oda, mâdada 
a qui ne fait pas » ; le télinga en m, pôni c qui ne va 
pas > ; le kucjagu en a/w, mâdalu « qui ne fait pas », etc. 
Les grammairiens tamouls comptent, parmi les formes 
participiales, le participe futur allongé et le participé 
futur abrégé. Le premier est caractérisé par l'addition 
de la terminative du à Yum normal. Je n'en connais 
d'autre exemple que le suivant donné par les grammairiens 
indigènes : 

PwMirinirçiilnnàupûvulagilyâvu 

MurLarinHn'akkileiyop pu 

(Auteur inconnu.) 

« Dans le monde terrestre qu'entourent les eaux de 
l'Océan, on ne trouve rien qui puisse t'étre comparé ». 

Quant au participe abrégé, il est caractérisé par l'absence 
de la syllabe um; naturellement les explosives dures 
finales prennent alors un u épenthétique : nadakku « qui 
marche ». Sauf le cas des verbes neutres à forme active, 
ce participe abrégé n'est autre que le radical verbal ; il 
s'emploie à tous les temps ; par exemple : ûkarakkurfda- 
^nlâmqrei « le rouge lotus qui a mangé la laque mise à 
sa portée » (ûfftt pour ûttum) [Çindâmani] ; nWVxikko- 
lyân'ei c l'éléphant tué hier », etc. Les participes de deux 
syllabes brèves n'ont pas la forme abrégée. 



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^ IM — 

Ce participe syncopé, joint à l'adjectif arum on ariya 
« difficile », prend le sens du supin latin en u : çéyyarum 
€ factu difficile », çollarum {Çindâmanij I, 52) « difficile 
i dire », etc. 

Le participe dravidien remplace, ainsi que nous l'avons 
vu pjus haut, le pronom relatif. Il est important de faire 
remarquer que, dans ce sens, il peut être pris objective- 
ment ou subjectivement. Ainsi, pulikon'd'ayân'ei se traduit, 
suivant les cas, « Téléphant qui a tué le tigre » ou « l'élé- 
phant qu'a tué lé tigre » ; araçan'peVfapérumei « la 
grandeur qu'a obtenue le roi » ; nîvandapojudu c l'époque 
où tu es venu ». Ce phénomène est si général en dravi- 
dien qu'on en retrouve des traces dans les idiomes les 
plus^ imparfaits, par exemple en tuda, où l'on dit très-bien 
an kûdid nâlorj « au jour où je me suis marié » (tamoul 
nân kûdiya nâliJ). 

J5. — Gérondifs. 

Les gérondifs, participes de relation, participes ver- 
baux ou participes indéclinables, ont également des 
formes différentes correspondant à chaque temps personnel. 

En tamoul vulgaire, toutefois, celui du passé est le 
seul usité ; mais, dans la langue savante et dans l'idiome 
ancien, les trois temps ont leurs gérondifs. Le malayâla 
a les mêmes formes que le tamoul ; le canara, le télinga 
et le ku4agu n'ont pas de gérondif futur ; le tulu a 
un gérondif présent ou futur, un gérondif de l'imparfait 
et un géfondif passé. Tous ces idiomes ont en outre un 
gérondif négatif. * 

|. Le gérondif passé a diverses formes en tamoul ; la 



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— 102 — 

plus ordinaire n'est autre que celle du prétérit, sans 
suffixes personnels : çéy-du < ayant fait », vit-tu « ayant 
laissé », etc. Les prétérits en in'ên' font i, vilaiïgi « ayant 
brillé^* (ce qui montre bien le rôle adventice et eupho- 
nique] du n') (1). Les grammairiens comptent en outre 
des formes en bu ou pu, en â et en û, dérivées par 
'addition de ces syllabes au radical : 1® vilaûgubu 
• ayant brillé », nadappu « ayant marché > ; cette forme 
ne sert guère qu'en poésie et avec les verbes au pré- 
térit en i, dont le gérondif gagne ainsi une syllabe ; — 
2v<^;a € s' étant levé i> {Râmay., VI, xvii, 19) ; cette forme 
est identique à la négative (voyez ci-après) ; — 3® je n'ai 
trouvé de û que l'exemple suivant : 

Ai'pagan'ê(îur'umâditafkànû 
Vuft'a4ivav^angalum, etc. 

€ A(Ji, qui le cherchait jour et nuit, l'ayant aperçu, 
s'approcha^ et^e prosterna à ses pieds... >. (Agaval de 
Kapila, préface.) 

(1) Les quatre verbes pôgir'adu t aller >, dgir'adu «devenir*^ 
tdgir'adu c donner » et *Mgifadu f appeler, crier », font pôgi eipôy, 
agi et ây, iây {Tiruvileiyddalpurâna, pays, 11), kûy {Naichadha, 
XXV, 1), On trouve d'autres formes irrégulières : ko^u ou kolii pour 
koniî^À c ayant pris > (devant les voyelles kô4u) ; çêri pour çêrndu 
c étant arrivé à », téri et téri pour têrndu c ayant appris, ayant 
su », etc. 

Les verbes dont le radical finit par ei ont un gérondif passé irrégu- 
lier eneii (employé seulement en poésie) : valeii pourvaleindu c ayant . 
plié », naçeii pour naçeindu c ayant aimé », etc., d'où Ton dérive, 
par Taddition de a, une forme participiale nouvelle, valeiiya c qui 
plie » ou c qu'on plie » . Le gérondif en eii compte pour autant de 
syllabes que celui en du, mais sa finale n'est pas élidable ; le participe 
en eiia H une syllabe de plus que celui en da. 



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— 103 — 

Le gérondif canara et télinga se forme comme celui 
du tamoul : mâdi t ayant fait >, karedu « ayant appelé » 
(can.) ; tchêçi « ayant fait », koni « ayant pris > (tél.). 
C'est également de Timparfait et du parfait que dérivent 
les formes tulu malti a pendant qu'il faisait » et mal- 
tûdû a ayant fait », etc.; de même en kudagu, mâditu 
« ayant fait ». 

Le gérondif passé se remplace quelquefois par le verbal 
en al avec um en tamoul (voy. § XI). 

IL Le gérondif présent a également diverses formes : 
en canara, il est notamment en uliây mâduttâ m faisant » ; 
en télinga, en tu ou du ; en tulu, il dérive du présent, 
malpu « faisant ». En tamoul, il est caractérisé par a 
final (çéyya < faisant ») joint au radical simple ; ces 
formes en a se retrouvent dans les autres langues congé- 
nères, mais nulle part elles n'y sont employées avec la 
même fréquence qu'en tamoul. Dans ce dernier idiome, 
a se joint, non seulement au radical simple, mais encore 
aux suffixes du futur ; ainsi on a çéyga et ar'iga à côté 
de céyya « faisant » et ar'iya « sachant, s'instruisant » ; 
môppa « sentant », naçlappa « marchant », etc. Les 
verbes à forme intransitive emploient les gérondifs en ga 
comme des optatifs : ni çéyga « puisses-tu faire ! » (1) ; 
de cet emploi est venu l'usage de terminer en ka certains 

(1) Uans ce cas, l'a final s'élide devant une voyelle; les grammairiens, 
citent les exemples suivants : êCi'iyalkâv<inùmivaUarugennavê c pour 
voir son caractère, nous lui dîmes ; donne, et » endemârgalêju- 
gén^d^ân «c levez-vous, mes parents, dit-il » {Çindâmani), niyi^iruk- 
MrCà'êgi c toi, reste là, dit-il, et partant... » {Çilappadigâram). 

Ce sont ces formes en a que les grammaires ordinaires étudient, 
sous le nom d*iniinitif, en même temps qu'un certain nombre de noms 
verbaux en al, adu, etc. 



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impératifs négatifs dont nous avons parlé ci-dessus 
(§V,5). 
M. Caldwell voit dans cet a le démonstratif éloîgaé. 

III. Le gérondif futur est spécial au tamoul et au 
Kialayâla. Il y prend, suivant les grammairiens locaur^ 
différentes formes, dont la première en a est idenliquet 
au gérondif présent el se traduit en français par « pour > 
avec l'infinitif: kânavandir t vous êtes venu pour voir > 
(Çindatnani, VIII, 25). 

Les autres formes sont conslita^3es par l'addition 
au radical de iya, iyar, van et bâkku : \^ iya ou iyar 
est une finale adjective : çéyyiya « devant faire >, kâniyar 
€ devant voir » (1); — 2® van, bân ou pan n'est autre 
chose que la troisième personne masculine du futur, prise 
en quelque sorte adverbialement ; la forme verbale est 
devenue pour ainsi dire un simple nom verbal : arasan' 
kânbân vandân' c le roi est venu pour voir », c'est-à-dire 
a il est venu celui qui doit voir, le roi » (2) ; — 3<» ftaftW 
dérive probablement de la précédente avec ku, suffixe du 
datif : padubâkku c devant souffrir » {KuT*al\ xvu, 4) ; 
kâppâkku « devant garder, protéger > {Kur'aly cxni, 7). 

IV. Le gérondif négatif s'obtient en ajoutant â, âdu, 
âmal au radical : çéyyâ « ne faisant pas », vijâdu « 'ne 
tombant pas », vanaiïgâmal « n'adorant jpas ». On le 
remplace quelquefois par le nom verbal nûlén'avajâ- 



(1) Voyei-en des exemples dans les Jfur'a/ (cxxx, 6 ; cxxxii, 3) 
et dans le Râmâyana (VI, xni, 21). — Ces formes servent aussi 
d'optatif. 

(^) En malayàla, vân se change généralement en mân : tiv^mân 
c devant manger » ; quelquefois' même le v disparaît, varan pour 
varuvdn c devant venir », 



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— 105 — 
meiyôdi c courant sans fléchir comme un fil » {Çindâ- 
maniy II, 35) ; ici vajâmei est proprement t action de ne 
pas fléchir ». Une autre forme consiste dans l'addition 
de alâ au radical (al + a) : yâvadunineiyalâ < sans penser 
à rien > (Çilappadigâram). 

Les idiomes congénères ont des formes analogues : le 
malayâla fait son gérondif en aie et ânnu, varâle ou 
varânnu c ne venant pas » ; le télinga Ta en ka, pampaka 
€ sans envoyer », Ya final du thème pouvant parfois 
s'allonger en a; le canara dérive son gérondif négatif 
par adé : hâladé « n'ayant pas vécu », iliyadé c n'étant 
pas descendu > ; le ku^aîgu, par alté^ mâd-allé c ne 
faisant pas », et le tulu par andé^ malp^ndé € ne faisant 
pas ». Â part celle du télinga, toutes ces formes se ratta- 
chent à Vâdu tamoul ; le télinga aka correspond à l'impé- 
ratif tamoul aVka (voy. § V, B)j qui est proprement 
un gérondif présent en ka avec al intercalé; cet al 
reparait, modifié euphoniquement en an, dans le tulu 
flnde. 

Les exemples et les explications qui précèdent auront 
fait comprendre, je l'espère du moins, la signification 
exacte du gérondif dravidien. Je n'insiste pas davantage 
sur ce sujet : le gérondif négatif se traduit généralement 
en français par <x sans » avec l'infinitif, « sans dire, sans 
faire », etc. 



§ VII. — Formes périphrastiques. 

A une époque plus ou moins moderne, il s'est déve- 
loppé, dans les idiomes qui nous occupent, un certain 



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- 106 - 

nombre de formes composées. Les unes ont eu pour 
objet de rendre certaines nuances de sens, de temps ou 
de modes ; les autres ont été créées pour exprimer le 
passif; d'autres enfin n'ont eu d'autre but que d'allonger 
l'expression verbale et d'offrir aux poètes en quelque sorte 
un synonyme commode. Nous allons examiner successive- 
ment ces diverses combinaisons. 

A. — Composés explétifs. 

Les poètes tamouls aiment assez ces composés, dont 
leurs ouvrages offrent de nombreux exemples. Les princi- 
paux verbes employés comme explétifs sont les suivants : 

i^ Idugir'adu f donner 3>, dont les formes temporelles 
se joignent aux gérondifs passés en u ou au radical des 
verbes qui ont ce gérondif en i : çéydittân pour çéydân' 
€ il a fait », vilaûgiptadu « cela a brillé » ; 

2® Vidugir'udu t laisser », pôyviplân' pour pôyinân 
€ il est allé » ; 

3® Nit'kir'adu « être debout » s'ajoute aux gérondifs 
présents et passés ; son prétérit nin'd'ên, etc., joint au 
gérondif en â, constitue un présent que les grammairiens 
indigènes mettent dans leurs paradigmes sur le même 
rang que les formes en kir*u ou kin'd'u : çéyyânin'd'ên 
« je fais » ; 

4o Tarugir'adu « donner 3> se joint au radical, mais 
seulement sous les formes tarum (part, fut.) et tara (gér. 
prés.) ; 

. 5® Adikkir'adu « battre » s'ajoute à certains radicaux 
et aux gérondifs passés ; 

6® Ufugir'adu « approcher » s'ajoute au radical des 



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-- 407 — 

verbes dont le gérondif est en i, mais seulement sous 
les formes ur'â (gér. nég.) et tir'in' « s*il s'approche > 
(voy. ci-après, § IX, A) ; 

1^ L'appellatif-verbe ulên (voy. ci-après, § VllI) est 
également explétif : adeindulên pour a^eindên « je suis 
ayant obtenu n pour « j'ai obtenu » ; vandular (JRa- 
mâyanay VI, xxviii, 49) « ils sont venus », pour vandâr; 

8® Arulugir'adié a daigner » est aussi explétif, mais il 
exprime le plus souvent une idée honorifique : çéydaru- 
linân « il a fait » ou plutôt « il a daigné faire » ; 

9^ kgir^adu « devenir » se joint explétivement à des 
noms verbaux ou appellatifs "(voy. ci-après, § X et XI) : 
pugalvadâyinân c il devint ce qui dira, il dit », pour 
pugan'd'ân {Tiruvileiyâdalpurâna, I, 31) ; énalânan « il 
devint le dire, il dit », pour en'd'ân (Râmâyana, VI, 
XXVI, 468) (4). 

B. — Verbes pamfs. 

Pour rendre en lamoul l'idée de nos verbes passifs, on 
fait suivre le gérondif présent du verbe intéressé des 
formes temporelles de padugir'adu « souffrir i> : adikkap- 
paftên « j'ai été battu ». On emploie encore tingir'adu 

(1) Ce verbe sert beaucoup dans la langue vulgaire. En tamoul, son 
gérondif présent âga; ses noms verbaux âvadu, âgei, âdal; ses 
dérivés ânâl et âyin, figurent dans un grand nombre d'expressions 
coDJonctionnelles. Son gérondif passé ây 7orme des adverbes de tous 
les noms: péridây t étant ce qui est grand >, c'est-à-dire c gran- 
dement » ; balamây c étant force », c'est-à-dire c fortement », etc. 
La troisième personne singulière neutre du futur, âm (pour âgum) c il 
deviendra, il sera, il est habituellement, il est », s'emploie djins le 
langage usuel pour notre c oui » (le tamoul vulgaire prononce âmâ). 
Ci. àvu tu]u (que M. Brigei traduit it will take place) ; am kudagu, etc. 



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— 108 — 

f 

c manger ^^ mais joint au radical : ar'eiyundadu c il a 
mangé battu, il a été battu ». Per'ugir'adu « obtenir » 
sert aussi dans le même sens, avec le gérondif présent : 
muyai^appér'in' «si Ton obtient serré, si l'on est serré > 
{Kur'al, cxxxiii, 40). L'infinitif et le verbe sont quelque- 
fois séparés, pijeikkavumpér^umê « il sera même trompé » 
fÇindâmani). 

Les autres langues dravidiennes forment également leur 
passif par composition avec le verbe padu t souffrir » : 
kareyalpaduvenu « je suis appelé » (can.), pampabadu- 
iunnânu « je suis appelé » (tél.), etc. Le ku4agu et le 
lulu n'ont pas de passifs ; le gond forme le sien en ajou- 
tant le verbe c être » au participe actif. 

C. — Nuances de temps ou de modes. 

Dans toutes les langues dravidiennes, on a suppléé 
par des périphrases à la pauvreté primitive, et l'on est 
parvenu ainsi à exprimer ce que rendent les impar- 
faits, les plus-que-parfaits, etc., de nos idiomes européens 
modernes. 

En tamoul, par exemple, le verbe irukkir'adu « être, 
être assis », joint au gérondif, exprime le passé défini, 
le plus-que-parfait, le futur antérieur : çolliyirukkir'ên 
« je suis ayant dit, j'ai dit », çéydirundên « J8 fus ayant 
fait, j'avais fait », vandiruppên « je serai étant venu, je 
serai venu ». L'imparfait s'exprime par inmdên « je 
fus », précédé du gérondif kon^u « ayant pris » : vâçit-' 
tukkondirundên « je fus ayant pris ayant lu, je lisais » 
(voy. ci-après, jD). Dans le langage populaire, la voix 
négative est souvent remplacée par le gérondif présent 



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— 109 — 

suivi du négatif de mâttugir'adu t vouloir, pouvoir » : 
çéyyamâttên c je ne veux pas faire, je ne ferai pas ». 

Le p^ticipe présent canara est dérivé de iruva « qui 
sera » : hâdultiruva « qui sera ou qui est faisant, qui 
fait ]^. 

En télinga, l'indicatif présent peut être périphrastiquô : 
na^utchutunnânu, pour nadutchutâmi a je marche », est 
formé du gérondif nadutchutit ei deunnânu «je suis » (1). 
Un composé analogue se retrouve en malayâla, où il a 
un sens d'insistance : nân nadakkunnunda « je marche 
véritablement ». 

Le tulu a développé un plus-que-parfait et un futur 
antérieur en joignant au gérondif passé le passé et le fulur 
de uppuni « être » : maltuditte « j'avais fait », bûruduppe 
€ je serai tombé » (2). 

Le kucjagu a développé, au moyen du verbe iru « êlre », 
une riche conjugaison périphrastique comprenant un 
présent, un imparfait, un parfait, un plus-que-parfait, un 
futur et un futur antérieur. Il remplace le pot^entiel. au 
moyen des verbes keiyu « pouvoir » et ariyu a savoir » 
suffixes au nom verbal en vaku. 

(t) Unnânu se rattache à uv4u < il y a, il est r, un des principaux 
verbes défectifs des grammairiens tamouls. Il dérive de tij. c intérieur >, 
d'où Ton a formé l'appellatif uUavan, uHan^ ulan c celui qui est » et 
ûlên f je suis », ujây c tu existes », elc, (voy. ci-après § VIII). Ce 
radical se retrouve dans toutes les langues dravidiennes : en tulu, on 
a uUe c je suis », etc. 

(2) Le tulu possède un potentiel impersonnel forma par la combi- 
naison du gérondif présent avec les particules oli ou bô^u : malpoli, 
malpodu, « je peux faire » ou c tu peux faire », etc. — Il a égale- 
ment un conditionnel très-curieux qui paraît constitué par la combi- 
naison des deux suffixes du présent (ou futur) en v et du passé en d ; 
pamitve c je dirais », bûrudvaya c tu ne tomberais pas », etc. 



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- no — 

Le tu4a a un parfait négatif composé d'un auxiliaire 
et du gérondif présent : âfa gertherU c je n'ai pas dansé b. 

X>. — Nuancée de sens verbal. 

Je me bornerai à donner quelques exemples pour le 
tamoul, où ces formes sont plus abondantes et plus carac- 
téristiques. 

1^ KoUûgir'adu t prendre », avec le gérondif passé, 
donne au verbe le sens de la voix moyenne : éjudikhol- 
lugifén « j'écris pour moi » (4) ; 

2o Le gérondif de ce verbe kondu « ayant pris », avec 
varugir'adu « venir » ou irukkir'adu « être », forme un 
conlinuatif ; padittukkondirukkir'ân « il étudie incessam- 
ment D, pifcheikoduttukkonduvanigirân a il donne fré- 
quemment l'aumône. — Le continuatif du tulu est formé 
de tippuni c être » et d'un gérondif en ondu (2) : mal- 
tondiippudji « je ne fais pas habituellement » ; 
- 3<> Vanigir'adu seul forme un continuatif; 

4.0 PôSugir'adu « poser, jeter » donne au verbe un 
sens essentiellement objectif; 

5® Vidugir'adu « laisser » indique que l'action du verbe 
principal est tout à fait limitée, terminée : anuppiviffên 
a j'ai tout à fait envoyé » ; 

ô^ Pogir'adu « aller » s'emploie également dans le sens 
d'achèvement. 



(1) Le tu]u fait son moyen en om : âye ianakà tânê kâkonde c il 
se bat lui-même >. Cet om se rattache yraisemblablement à la racine 
générale dravidienne oj, ul c vie, intérieur, existence t. 
^(2) Ces formes en ortdu, avec uppuni c être », sont les correspon- 
dantes de celles tamoules en kdfj4u avec irukkir'adu. 



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— 411 — 



§ VIII. — Conjugaison NOMINALE. 

Dans toutes les langues dravidiennes on trouve des 
traces d'une ancienne habitude extrêmement logique, mais 
généralement inconnue et inusitée dans les dialectes mo- 
dernes. Elle consistait à former des composés spéciaux 
par l'union des suffixes pronominaux du verbe à des 
noms quelconques ; l'expression résultante prend le sens 
verbalisé du substantif, rap()orté à une personne subjec- 
tive. De bon on fera je suis bon, de poitrine on fera /ai 
une poitrine ; le nom verbisé peut, du reste, être suscep- 
tible de recevoir ou de conserver toutes sortes de complé- 
ments. En ajoutant au mot front le signe de tu, par 
exemple, dans la phrase suivante : le front brillant qui 
resplendit comme le soleil, on a l'expression verbale tu 
as un front brillant qui resplendit comme le i soleil. Ce 
sont de pareilles expressions que les Tamouls appellent 
vin'dkkur'ippu « signes verbaux > ; d'autres granimairiens 
les ont appelés noms conjugués ; M, Caldwell préfère avec 
raison l'appellation de Beschi, verbes appellatifs (voy. ci- 
après, § X). Exemples : de nal « bon », on fait en tamoul 
nal'l-ei « tu es bon » ; de kavi « poète >, on dérive en 
télinga kavi-vi « tu es poète » ; en khond, on a de même 
negg-âmu « nous sommes bons ». 

Les signes pronominaux peuvent être joints au thème 
nominal ou bien à sa forme adjective ou oblique ; cette 
forme est en iya pour les noms de qualité tamouls ; mais 
alors Va tombe souvent : nalUadu ou nan'd'u ("f + d = n'd') 
€ c'est bien ». Pour les noms en am, l'oblique est en 



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— 412 — 

attu ; de maranij on fait marattadu c c'est dans l'arbre » ; 
pour la plupart des substantifs, il est en in : on dit konên 
ou kôn-in-ên c je suis roi »i La troisième personne sin- 
gulière en du est susceptible de divers changements eupho- 
niques ; là strophe suivante, composée par un grammairien, 
en donne des exemples caractéristiques : 

\ei*^\iWêçémpon'virik2ii&VVêvev^mMa, ...m 
Pol'pit'i'âf»ptlmugeilt^/ê»mim« — kat'pil'l'^ 

PeijirLajagunalldiT'dLitêpêrâpporulin'ba ^ 

Kanmjci9UçéyiB.Yeïi{êJcâ 9 

d L'or pur est dans la montagne ; les blanches perles 
sont dans la vaste mer ; le doux miel est dans les bou- 
tons de fleurs qui éont superbes ; la beauté des femmes 
est dans la chasteté ; le plaisir et les richesses* éternelles 
sont dans la bonne charité ; la beauté des yeux est dans 
les services qu'on a rendus ». 

Autres exemples : yâjnileiyam « nous sommes jeunes j» 
{Nâlaçliyâry II, 9) ; kâdalei « tu es aimée > {Kur'aly cxii, 
1) ; nan'n'irei « tu as une bonne nature », et mén'n'iral 
€ elle a une nature délicate » {Kur'al, cxii, 4), etc. 

La strophe suivante des Kxir'al{\jiy 7) offre un exemple 
i*emarquable : 

An'hafivutêCt^amayâvirCmeiyinnângê 
Nan*g\xityjkii\9.i\fiiéU • vu 

« La clarté se trouve chez celui qui possède bieû ces 
quatre qualités : l'affection, la sagesse, la certitude et 
l'absence de désirs ». Vdeiyân'kattu e elle est chez celui 
qui possède » est formé, par le suffixe de troisième per- 
sonne du, du suffixe locatif kan a lieu, place, œil, dans » . 



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— 113 — 

L'appellatif formé de la négative se trouve joint même 
à Tappellatif verbe : kodiyeiyaleini € tu n'es pas cruel, 
toi > {Râmâyana, I, xvi, 54). Le sens littéral est : « tu 
n'es pas toi qui es cruel » (§ IX). 

On peut assimiler à un appellatif-verbe certains com- 
posés formés par l'addition des suffixes personnels au 
gérondif négatif : ar*iyâdâr pour ar*iyâr e ils ne sçiuront 
pas » ou « ceux qui ne savent pas » ; çéygalâdâr {Kur*al, 
III, 6) € ceux qui ne feront pas » ; naviVVâdâr « ceux qui 
ne diront pas » {Çindâmani^ VI, 56). 

Nous avons vu plus haut que ce phénomène n'est pas 
spécial au tamoul, et que des exemples s'en trouvent 
même en khond. Le télinga ne forme guère de pareils 
dérivés que pour les premières personnes singulières et 
plurielles et pour la deuxième personne singulière, à l'aide 
des affixes ni ou nu, vi ou vu et mu. Suivant les règles 
d'harmonie propres à cet idiome, il emploie ni et vi avec 
les thèmes en e, et ?m, vu, avec ceux terminés autre- 
ment (nw, vu^ pouvant devenir alors anu, avu). Mu ne 
varie pas, parce qu'il est toujours joint au suffixe de 
pluralité. Exemples : tandri-ni « je suis père » , talli- 
vi f tu es sa mère », kâpu-nu « je suis un habitant i>, 
sevakuda-vu « tu es un serviteur », mantchivâra-mu 
a nous sommes bons ». Pour rendre ces formes négatives, 
on ajoute kânu « je ne suis pas » (tam. âgên) : nênu 
kavini kânu « je ne suis pas poète », c'est-à-dire « je ne 
suis pas moi qui suis poète » (voy. § IX). 

11 en est de même en canara, du moins dans l'ancien 
dialecte. La grammaire indigène de Kêçirâdja (Çabdama- 
nidarpanay publiée à Mangaloi-e, par M. Kitlel, en 1872) 
dit expressément (str. 219) qu'on peut joindre les affixes 

8 



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— 114 - 

personnels aux adjectifs, aux noms de nombres, aux pro- 
noms, aux substantifs. Exemples : orvenUy orvay, orvarUy 
orvevUy orvir ou orvarir, orvar a je suis un, tu es un :>, etc. 

§ IX. — Déclinaison verbale. 

J'entends par déclinaison verbale Taddition à une forme 
verbale des suffixes de la déclinaison nominale ou de 
suffixes analogues. Il faut distinguer deux cas : celui où 
la forme verbale est impersonnelle, c'est-à-dire où il s'agit 
seulement des participes ou des gérondifs, et celui où 
elle est impersonnelle, c'est-à-dire où il s'agit du présent, 
du passée du futur aoristique ou de la voix négative. Je 
n'examinerai ici que le premier cas ; le second sera traité 
au paragraphe suivant. 

Les formations dont nous allons nous occuper ont pour 
but d'exprimer les relations rendues en français par nos 
conjonctions siy quand, pendant que, quoique^ etc. 

a. Le si conditionnel se rend en tamoul de quatre 
façons différentes : la première consiste à ajouter au. 
radical simple le suffixe locatif il ou in, géy-y-il « si l'on 
fait », var-in « si l'on vient », nân çol-Uil t si je dis », 
ni vîjil « si tu lombes », etc. On trouve dans les auteurs 
des formes dérivées du radical de l'aoriste : nineippin 
« si l'on pense » (Çindâmani), mar'appin a si l'on 
oublie » {Kur'al, cxiii, 5), çélgit'pin « si l'on arrive » 
(Kur'al, cxvii, 10). — La seconde est caractérisée par 
l'addition de al ou êl, soit au radical du prétérit, soit aux 
formes personnelles ; on dira, par exemple, nân çéydâl 
€ si je fais », et çéygindênêl, de même sens ; ni çéydâl « si 
tu fais », et çéydaneiyêl a si tu as fait », avânîûgâdêl 



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— 115 — 

« si le désir ne s'éloigne pas > [Çindàmaniy VI, 23), hêt- 
tirêl € si vous avez entendu d {Râmâyana, VI, xxvi, 30). 
M. Câldwell voit dans ceiâl le suffixe instrumental « par j>. 

— La troisième forme est composée du participe* relatif 
passé et de kâl c temps » (sk. kâla) ou « lieu » : avan' 
çéydakkâl « s'il fait » ; on joint aussi kâl au participe 
futur : nâm çollunkâl « si ou quand nous disons » (1). 

— La quatrième forme est périphrastique et consiste 
dans l'addition de âgil, âyil, âyin, anal (contracté de 
âginâl pléonastique) t si Ton devient » aux formes per- 
sonnelles : çéyvên-âgil <r si je ferai, si je peux faire » 
(proprement « s'il arrive que je fasse »). 

Le télinga rend le si par plusieurs procédés correspon- 
dant à ceux du tamoul. Le premier est l'addition dé ma 
au radical : tchûtch-ma « si l'on voit » (tam. il ou in). 
Le second consiste à suffixer êni aux formes person- 
nelles : tchêyitiM'êni « si nous avons fait » ; èni est une 
contraction de même sens que le tamoul âyin. Le troi-^ 
sième, et le plus commun, ajoute ê au radical du prétérit. 
M. Clay assimile cet ê à l'interrogative ; peut-être n'est-ce 
qu'une réduction de êl. 

Le canara a une forme principale en re, banda-re 
€ s'il est venu ». Ce re est pour M. Gundert l'abrégé de 
are, tam. et mal. âr'ti « voie, moyen » (2). 



(1) Ces formes du passé avec kâl sont les seales connues du tamoul 
Tulgaire, où elles se prononcent, suivant la remarque de M. Galdwell, 
avec l'accent sur la pénultième et avec perte du l final : nân pônakkâl 
devient nân pônàkkâ c si je vais » ; â se corrompt même en i, 
pônàkki. 

(2) Le soi-disant infinitif-supiu du luju, malpe-re, aurait-il une 
origine analogue? 



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— 146 — 

Le ti)lu ajoute da aux formes personnelles aiTirmatives 
et négatives : malptiveda « si je fais », malpvdjeda « si 
je ne fais pas » ; hûriyarû « vous tombiez », bûriyarûda 
« si vous tombiez ». Ce (7a, suivant M. Caldwell, doit, par 
analogie, être un suffixe locatif (1). 

Le tuda a les expressions pôk-âdi et pok'ârch,€ s'il va, 
si Ton va ». M. Pope voit dans les finales âdi et ârch des 
corruptions du canara are et du tamoul al. 

b. Quoique est rendu par les formes de si augmentées 
de la copulative um a et » en tamoul : çeyiâl-um « quoi- 
qu'on fasse, quand même on ferait », etc. Le canara 
fait rû (re + û d et ») et âgyû (agi « étant devenu » 

+ H)' 

c. Quand, lorsque, puisque, s'exprime par le mot uji 
ou uli « lieu, place », joint aux gérondifs passés en u : 
nânadappiiji « tandis que je marchai », ni çéyduli « quand 
tu faisais » ; avec les verbes dont le gérondif est en i, 
cette particule se joint au radical : vênduji « quand il est 
nécessaire ». Le tamoul vulgaire emploie les formes en 
kâl citées ci-dessus ; mais il se sert plutôt de pôdu ou 
pojudu « temps », avec le participe relatif passé : aval 
vanda pôdu, « quand elle vint ». Des constructions analo- 
gues se retrouvent en malayâla, en canara, en télinga ; 
en tulu même on ajoute aga au radical : malpunaga 
(n euph.) « quand on hii, when making ». Le tuda a 
aussi des formes correspondantes, atham kudâ vali 
« quand il se maria » ; ici kudâ est un gérondif, et vali 
(can. vèhy tam. vélei, sk. vélo^ veut dire « temps ». 

- (1) La troisième personne singulier neutre clu parfait maltûxL^a 
(pour maltûndû + 4o) sert ordinairement pour tous les temps et pour 
toutes les personnes. 



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V 117 — 

d. J'arrête ici cette étude des particules jouant le 
rôle de nos conjonctions ; mais il y en aurait encore 
bien d'autres à citer. En tamoul mun i avant i> joint au 
participe futur, pin « après t> joint au participe passé, 
vareiyil (dans l'espace) a tandis que » et vareikkum 
(pour le temps) • jusqu'à ce que » avec le participe 
présent, porutfu (cause) « afin que » avec le participe 
futur, etc. 

Sans y avec l'infinitif, ne s'exprime pas seulement en 
tamoul par le gérondif négatif, mais aussi par les prépo- 
sitions négatives an*d*i, in'd'i, avec le gérondif passé 
positif: mvdittan'd'i t sans terminer », kon'd'in'd'i a sans 
tuer > {Râmâyanay VI, xxv, 49, 129). 

J'ai dit plus haut que le gérondif en pâkku est peut- 
être un gérondif ou un nom verbal en pan au datif; pâVku 
puis pâkku (1). 

§ X. — Noms appellatifs. ' 

Les grammairiens tamouts européens nomment ainsi 
certaines formes nominales dérivées, soit de substantifs, 
soit de pronoms, soit de verbes, et essentiellement per- 

(1) Ce qui me confirmerait dans cette opinion, c'est l'emploi de 
formes telles que çéygiradat'ku avec le sens de c pour faire, afin de 
faire ». C'est le datif du nom verbal participial masculin, pris dans un 
sens abstrait et neutre ; la distinction des sexes ne doit pas être très- 
ancienne en dravidien. On sait qu'en vieux tamoul bien des mots ont 
des formes doubles : on trouve dans les anciens écrivains têvu et 
araçu sans terminaisons sexuelles, au lieu des plus modernes araçan' 
€ roi » et têvan" c dieu » à finale masculine ; des mots neutres en am 
varient leur finale en an*, suffixe essentiellement masculin : ar*an' 
= ar^am t vertu », palam = palan' t profit, fruit », etc. 



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— 118 — 

sonnelles, c'est-à-dire désignant un être animé : par 
exemple archer y d'arc ; montagnard, de montagne ; bossUy 
marchand^ lecteur, courtot, etc. Nous ne pouvons nous 
occuper ici que des appellatifs formés des verbes : il faut 
pourtant signaler quelques formes pronominales intéres- 
santes. 

De l'oblique des pronoms personnels pluriels, avec les 
terminaisons an, al, adu, ar, a, on dérive des mots ayant 
le sens des nostras, vestras^ nostrate^, etc., latins : par 
exemple, tamar « les siens propres > {Naichadha, XI, 22), 
numar « les vôtres » {Kur*al, cxxxii, 8), tama € ses 
affaires » {Kur*al, xxxviii, 6) ; tâm « soi-même » pou- 
vant être explétif, on trouve dans le Çindâmani le mot 
kôn't'amar « les gens du roi >. 

Les appellatifs se forment des verbes en ajoutant aux 
radicaux des temps les terminaisons an, avan, on, masc; 
al, aval, fém.; adu^ neutre ; âr, avar, plur. masc. et fém.; 
avei, ana, a, plur. neutre : çéyvân « celui qui a coutume 
de faire », vandaval c celle qui est venue », etc. Avec les 
formes brèves, que M. Galdwell appelle très-justement 
« noms participiaux », le signe v du futur se durcit en b: 
çéybavan « celui qui fait », êngubavan « celui qui se désole » 
{Kur'al, cxxvii, 9) ; on correspond à tiotre « eur » : çeyvôn 
« faiseur », igajgit'pôn « le mépriseur » {Prabhulmga- 
lilâ, X, 40). Une forme spéciale, masculine et féminine, 
en i, dérive, soit du radical futur, soit du radical verbal: 
ungi t mangeur », tulli « sauteur », etc. 

Les formes en an, al, etc., ne sont que les troisièmes per- 
sonnes ordinaires substantivces. On trouve de même êt'kunar 
a: ceux qui mendient » (Naichadha, xi, 23), enma fumular 
« il y a même (des gens) qui disent » {Nannûl, passim). 



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— 119 — 

- De la même manière peuvent être substantivées et par 
suite déclinées toutes les formes verbales : çéydên « j'ai 
fait », çéydênukku a à moi qui ai fait ». Voici quelques 
exemples caractéristiques : éyttênuyirkâttal {Naichadhay 
XXIII, 22) € garder la vie de moi qui suis tombé en défail- 
lance », un'n'eiyêpugalpukkêfiukkur'ukan « approche-toi 
de moi qui ai pénétré jusqu'à toi » [Râmâyana, I, vi, 30), 
çâmdâykku {NâladiyâVy xui, 6) « à toi qui es venu », 
tûyeiyây {Prabhulingalilâ, x, 46) ^ devenu toi qui es 
pur ». 

Les appellatifs-verbes (voy. § VIII, ci-dessus) sont égale- 
ment susceptibles de déclinaison : vîn'eiyên'ojiya {Çindâ- 
mani, VI, 106) « en me laissant moi misérable », porHyi- 
lêiUaneiningavô {Naichadka, xxii, 13) « t' éloignant de moi 
ignorante ». On trouve même substantivées certaines formes 
pléonastiques d'appellatifs-verbes : adiyanêntaneiyeiytir'êl 
« ne doute pas de moi qui suis ta servante » (Naichadha, 
xxvii, 31) ; pâviyênmugam « le visage de moi pêcheur » 
{Naichadha, xxrv, 12). 

Toutes ces formes, ainsi conjuguées, sont susceptibles 
de compléments, de régimes directs ou indirects : 

Marudarumanattin'ên'ukkinidan'd'ôvâjvuman'n*ô 

« A moi, dont Fesprit est troublé, la vie n'est certes 
pas .douce » {Râmâyana^ VI, xxxii, 111). 

On trouve beaucoup de ces formes au vocatif: têvarîr 
« vous qui êtes dieu » (avec dieu honorifiquement au 
pluriel), çâmiyîr € vous qui êtes seigneur », kuruçilôy 
« ô toi qui es roi » {Naichadha^ xxii, 13) ; et même 
iruvir a vous deux » {Naichadhaj iv, 121). L'exemple sui- 



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— 120 — 
vanl, lire du Çindâmani (m, 251), est remarquable paur 
Tabondance des compléments : 

Ku^unutkkuja^gan'mâleimalluppûUagan'd'amarhtr 

« vous dont la vaste poitrine, épanouie et robuste, 
est ornée de belles guirlandes de fleurs de safran >. 

Le mot ordinaire « tout », ellâm (forme adj. ellâ)^ a 
d'intéressants dérivés appellatifs susceptibles de déclinaison 
et de conjugaison : éllâm ou éllôm, élâm ou élôm « nous 
tous », éllir ou élîr « vous tous », ellâr ou élâr « eux 
tous », etc. 

Parmi les expressions à signaler, il ne faudrait pas 
oublier celles formées par at'Vu. Celte particule aie sens 
de « il est comme, il est semblable à » ; c'est Tappellalif 
verbe neutre de la troisième personne de an\ radical de 
an'n'a, an'eiya « pareil à, semblable à ». Il peut être joint à 
l'oblique des noms (Cf. Kur'al, xxii, 7 : marattaVVu « il 
ressemble à un arbre »), ou aux gérondifs passés : 

Iniyavtiiatâgavin'iCàdaMr'al 
Kaniyiruppakkâykavamdafiu 

« Dire des choses amères quand on en a de douces 
dans le cœur, c'est cueillir des fruits verts quand il y en 
a de mûrs » {Kur'al, x, 10). — Cf. vêffatTu {Kur'al, 
cxv, 5) « il est pareil à ce qui est agréable ». 

Ces exemples me paraissent suffisants, et je ne m'arrête 
pas davantage sur ce sujet. Je ne crois pas utile de 
signaler les formes correspondantes des autres langues 
congénères. 



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— 121 — 



§ XL — Noms verbaux. 

Les grammairiens désignent particulièrement ainsi des 
noms dérivés des verbes et indiquant simplement l'action : 
le lire, le manger, l'action de courir. 

Les deux formes les plus générales en tamoul sont en 
gir'adu [kkir'adu pour les transitifs) et en dal (ou ttal)^ 
ajoutés au radical : çéy gir'adu a le faire », padikkir'adu 
r le lire », pôdal « Taller », ureittal « le parler ». 
Les intransitifs ajoutent quelquefois simplement al au 
radical : çéyyal « le faire », nîkkal « Téloigner ». Les 
verbes en l font, avec dal^ r'al ; ainsi le radical kanal 
€ brûler » fait kanar'al pour kanaldal ou kanaludal {u 
euph. de liaison) ; on trouve quelques exemples de noms 
verbaux dérivés des gérondifs : en'd'al a le* dire », fcaw'- 
an'd'al « le brûler » ; enfin dal s'affaiblit quelquefois en 
çal : idiçal a l'action de se détruire ». 
-Ces formes en al servent à rendre certaines nuances 
modales ; augmentées de àm (pour âgumy troisième per- 
sonne future de âgir'adu a: devenir »), elles constituent 
une sorte de potentiel : çéyyalâm 4 on peut faire ï>, mo- 
jiyalâm « on peut dire ». Avec um « et », elles rempla- 
cent les gérondifs : erCd^alum « en disant, après avoir 
dit », vanangalum « en venant d'adorer ». On emploie 
aussi, dans ce sens, leur instrumental en ôdu a avec », 
augmenté généralement de la conjonctive um: varalôçlu 
€ en venant, avec le venir », én'd'alôdum «quand il eut 
dit, avec le dire ». 

Pour ne pas allonger démesurément ces notes, je laisse 



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de côté tous les autres noms dérivés verbaux. Les plus 
usités sont en gei (kket), gugei (kkugei), vu (pu) : nadak- 
kei, nadakkugeiy nadappu « l'action de marcher, la 
marche d. Mais il est une forme que je dois signaler : 
c'est un nom verbal d'une espèce particulière dérivé, par 
le suffixe d'action mei, du participe présent, du participe 
passé et du participe négatif : çéygir'amei, çeydameiy 
çeyyârjs^ei ; le dernier est très-usité. Le dérivé du participe 
passé, à l'instrumental, rend notre « parce que » : avan'- 
aduçéydameiyâl « par-le-avoir-fait-cela-lui », c'est-à-dire 
« parce qu'il a fait cela i>. 

Les appellatifs verbes neutres en adti servent de noms 
verbaux ; nôvadu, par exemple, se prendra pour « le 
souffrir » ; cette forme pourra donc avoir, suivant les cas, 
l'une des trois significations : « cela souffre, ce qui 
souffre, le souffrir ». Cf. Ajunguvadennei <r pourquoi 
pleurer? j^ (Çindâmani, VI, 126). 

Le nom verbal en al sert souvent d'optatif; le plus 
habituellement, il est pris avec le seno négatif : cf. Râ- 
mâyana (I, vi, 29) : man'n'anîvarundal € ô roi, ne te 
désole pas t. Il faut voir simplement ici le radical et la 
négation al. 

Le télinga a des noms verbaux en ta, damu et êdi : 
pampu-ta, pampa-damii ou pamp-êdi <r l'action d'envoyer ». 
Ta correspond au tamoul dal ; êdi paraît formé du 
pronom adi « cela » et correspond par suite à la termi- 
naison lamoule adu. Le négatif est en mi : pampa-mi 
« l'action de ne pas envoyer » ; ce mi représente le mei 
tamoul. 

En canara, on dérive les noms verbaux par les termi- 
naisons uvadii, vudu, ona, ke ; bareyuvadu, barevt(4u. 



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- 123 — • 
bareyôna « ractiôn d'écrire », mâduvike ou mâ^ike 
€ raclion de faire >, etc. Le négatif est en me. 

Le malayâla a des noms participiaux en ma correspond 
à ceux du tamoul en met; il suit d'ailleurs généralement 
letamoul. 

Le tulu a les noms participiaux malpunâye « celui qui 
fait >, maltinâlU « celle qui faisait », maltûdinavu « cela 
qui a fait », et m^lpandinâkùlU a ceux qui ne font pas ». 
Quant aux noms verbaux, il a malpuni a faire >, maltini 
« avoir fait » et maltùdini « avoir eu fait ». 

Les noms verbaux du kudagu sont en vahUy mâduvaku 
€ faire » ; c'est du moins la forme de l'infinitif donné par 
M. Cole: 



§ XH. — Conclusion. 

La conclusion qui se dégage, ce me semble, de l'étude 
qui précède me paraît être la suivante : malgré leur alté- 
ration phonétique, malgré la forte décadence formelle 
qu'ils ont subie, tous les éléments qui entrent dans la 
composition du verbe dravidien sont nettement distincts; 
et le sentiment de leur individualité existe, inconsciem- 
ment et par intuition toutefois, chez ceux qui parlent. Les 
langues dravidiennes sont donc au premier rang des langues 
agglutinantes. 

Il résulte aussi de l'examen auquel nous venons de 
nous livrer que la distinction du nom et du verbe n'existe 
pas à proprement parler dans ces idiomes dont la conju- 
gaison primitive était excessivement simple. La modalité 
de l'idée verbale n'y était pas soupçonnée ; les temps 



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— 124 — 

s'y réduisaient à deux : un passé et un présent ou futur 
aoristique, dont lé premier seul avait une signification 
nette et précise. Quant aux voix dérivées, le tulu seul en 
possède quelques-unes, et la seule générale est la causa- 
tive qui se rattache au futur ; cette exception, pas plus 
que celle du gond, dont la conjugaison est particulière- 
ment riche (je n'ai pu l'étudier encore, faute de livres), 
ne saurait prévaloir contre l'unanimité des idiomes congé- 
nères. 

En résumé, le lamoul a été arrêté dans son développe- 
ment formel, ou, si Ton veut, est entré dans la vie 
historique, presque au sortir de sa période monosyllabique 
primitive et au début de sa phase agglutinative de son 
existence. * 

On me permettra, à titre de spécimen, de reproduire 
ci-après une même phrase en tamoul, canara, kudagu et 
télinga. Je l'emprunte à la Coorg Grammar du colonel Cole : 

€ La pluie paraît très -forte ; ne cessera-t-elle pas 
bientôt »? 

Tamoul : majei migavum balamây agap padugir'adu ; 
çurukkamây nit'ka mâttâdô ? 

Canara : malé bahala balavu embadâgi kânutte ; îga 
nilluvadillavô ? 

Kudagu : maie dûta djonmdu kâmba; ikka nippar 
dilliya? 

Télinga : vâna tchâna balam ani agupaduttunnadi ; 
vêgira nilavadô ? . 

En tamoul vulgaire parlé, on prononcerait : .majé 
(j français) rômbo balamây âmpadudû ; chtirukkây {ch 
allemand doux) iiikke {eu bref) mâttâdô ? 



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— 425 — 

Le 6 avril 1861, nous quittions Karikal ; un petit 
nombre d'amis, quelque peu jaloux de nous voir reprendre 
le chemin de l'Europe, nous avaient accompagnés jusqu'au 
port. Avec eux venaient quelques Indiens dévoués, parmi 
lesquels je saluais avec plaisir mon excellent maître de 
tamoul depuis deux années^ le savant et modeste Aiyâçâ- 
rainâyakkar, dont j'ai appris, il y a peu de temps, la 
mort prématurée. Pendant la traversée, je voulus résumer 
mes connaissances, et je mis en ordre, sous la forme 
d'une e grammaire raisonnée », mes notes et mes sou- 
venirs. 

Lorsqu'on m'a fait l'honneur de me demander pour la 
Revus de linguistique un travail d'ensemble sur le verbe 
dravidien, j'ai dû reprendre ce travail, ancien déjà, et y 
rechercher bien des faits oubliés, bien des remarques 
perdues de vue. Cette lecture n'a pas été sans charme ; 
si j'ai parfois souri de certaines réflexions naïves et du 
manque absolu de méthode linguistique (car je n'étais 
point alors au courant des progrès de la science linguis- 
tique en Europe), je me suis reporté par la pensée aux 
jours heureux où j'étudiais les vieux classiques tamouls à 
Fombre des multipliants séculaires, où je consultais les 
brahmes sous les portiques des chauderies en briques 
rouges. Que d'événements, que d'accidents, que de mé- 
comptes depuis ces dix-huit années ! 

Quoi qu'il en soit, c'est à l'aide de ces notes, com- 
plétées par la lecture des principales grammaires indigènes 
ou dues à des auteurs européens, et surtout de l'excellent 
ouvrage général du doctçur Caldwell, qu'a été rédigée 
l'esquisse qu'on vient de Ure. Je ne me dissimule ni les 
imperfections, ni les défauts d'un travail un peu hâtif, 



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— 126 — 

entrepris dans des circonstances pénibles, au milieu de 
souciç de diverses natures, et entrecoupé par les exigences 
d'occupations absorbantes ; aussi ne puis-je que solliciter 
toute l'indulgence du lecteur. Peut-être me sera-t-il pos- 
sible un jour de compléter et de corriger mon œuvre, si 
le sort m'accorde enfin la vie calme et régulière que j'ai 
toujours rêvée... 

Me si fata meis paterentur ducere vitam 
Au$piciis, et sponte mea componere curas I 

Julien ViNSON. 
Bayonne, le 25 juin 1877. 



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-427 — 

LES MÉDECINS ET LA MÉDECINE 

DANS L'ÀVESTA. 

Ce n'est pas dans un siècle où la physiologie (née elle-, 
même du progrés des connaissances physiques et chimi- 
ques) est en train de créer la médecine scientifique, qu'il 
peut encore y avoir lieu de plaisanter sur les préceptes 
de la vieille thérapeutique fétichiste, métaphysique et con- 
Juratoire. 

Ces anciennes pratiques sont celles que nous retrou- 
vons encore chez les peuples inférieurs de l'humanité, 
et même, au milieu de nous, parmi les populations que 
la civilisation moderne n'a qu'imparfaitement pénétrées. 

Dans les fragments de l'Avesta qui sont parvenus jusqu'à 
nous, il est question, en deux passages assez importants, 
de la médecine et des médecins. Ces deux ' passages 
appartiennent au livre du Vendidad : l'un d'eux forme le 
chapitre vingtième ; l'autre est un fragment du chapitre 
quatorzième. Nous nous proposons de donner le texte de 
ces deux morceaux, transcrit en caractères latins, de les 
traduire et de les commenter. 

I. — Chapitre vingtième du Vendidad. 

Un certain nombre des chapitres du Vendidad traitent, 
souvent sans aucune transition, de matières fort diffé- 



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-128- 

rentes. Les rédacteurs passent tout à coup d'un sujet à 
un autre» sans que rien n'indique ce brusque change- 
ment. Dans le vingtième chapitre, il n'en est pas ainsi. 
Ce chapitre est consacré tout entier à la médecine. Il est 
vrai qu'on pourrait le diviser en deux parties : dans la pre- 
mière, il est question de la révélation que fait Ahura Mazdâ 
(Ormuzd) à Zarathustra (Zoroastre), concernant l'origine 
divine de l'art médical ; dans la seconde, nous trouvons 
une prière, une invocation par laquelle le Mazdéen 
demande Téloignement des maux corporels et bénit les 
remèdes qui peuvent les chasser. 

Que ces deux parties n'aient pas été composées à la 
même époque, qu'elles aient formé, tout d'abord, chacune 
un tout différent, le fait est possible et même vraisem- 
blable ; mais, tel qu'il se présente à nous dans sa rédac- 
tion définitive, le chapitre en question constitue un ensemble 
bien délimité. 

Cela dit, nous entrons en matière : 

i. pereçaf zarathustrô ahurem mazdàm ahura mazda 
mainyû çpènista ddtare gaêlhanàm açlyaitinàm asàum ko 
paoiryô masyânàm thamananuhatàm 

2. varecafiuhaiàm 

3. yaokhstivatàm 
A. yâtumatâm 

5. raêvatàm 

6. takhmanàm 

7. paradhâlàm 

8. yaçkem yaçkâi darayat mahrkem nmhrkâi dârayat 

9. vazemnô açti dârayat 

10. aihrô iaphnus dârayat lanaot haca masyêhê. 
n Interrogavit Zarathustras Ahurum Mazdam : Ahure 



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— 129 — 
Mazda, spiritus sanctissime, conditor mundorum corpo- 
reoram, pure, quis primus rnortalium auxiliatorum, 
splendentium, potentium, àrle prœditorum, illustrîum, 
pollenlium, legem in primis qui habuerunt (?), môrbum 

morbo affixit, mortem morti affixit, affixit, ignis 

aeslus (1) affixit, longe a corpore mortalis? » 

Les difierenls génitifs pluriels qui se rencontrent dans 
les sept premiers versets offrent, pour la plupart, quelque 
difficulté. Le premier de ces mots, que M. Spiegel traduit 
par « heilkundig », c'esl-à dire ayant la science des 
remèdes, et M. de Harlez par c préservant des maux i, 
comporte bien ce sens, mais seulement grâce à une sorte 
de paraphrase. A nos yeux, il ne signifie que < portant 
du secours », auxiliator. Telle est l'explication que fournit 
la version huzvârèche, la tradition, et nous ne voyons rien 
qui s'oppose à la faire admettre ici purement et simplement. 

Nous avons traduit le second mot par c plein d'éclat, 
resplendissant », splendens, La tradition le rend par 
« sage », mais n'est-ce pas là une sorte de paraphrase 
un peu vague ? Le mpt est tiré du substantif varecah- (en 
sanskrit varcas-) qui, très-certainement, a le sens de 
« éclat, splendeur ». La tradition, commentant le terme 
en question, dit : sage comme Kâus ; ce dernier, le 
Kava uça de l'Avesta, est traité de asvaredo kava uça dans 
le cinquième yest. Au vingtième chapitre du Vendidâd, 
M. Spiegel rend le mot par « handelnd )» et dans le yest 
en question par i sehr glœnzend » ; dans le premier cas, 
M. de Harlez le traduit a sage » ; dans le second, « bril- 
lant ». Il y a là une contradiction. Le dernier sens nous 

<i) H. e. febrim. 



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— 130 — 

parait seul exact ; c'est d'ailleurs affaire aux commenta- 
teurs que de déterminer ce qu'il faut entendre au juste 
par ce terme vague de brillant, de resplendissant ; on 
peut briller de sagesse, comme de toute autre qualité. 

Le mot yaokhstivat' ne saurait être rendu, comme le 
fait M. de Harlez, par c bienveillant ». La traduction 
huzvârèche l'explique ainsi : c pourvu de volonté >, et 
Anquetil dit très-justement < qui a fait tout ce qu'il a 
voulu >.. La version exacte est donc celle-ci : « capable de 
faire ce qu'il veut ». Le terme « unumschraenkt » (ayant 
un pouvoir illimité) est donc fort juste ; l'expression de 
M. Justi € mit kraft versehen » est exacte, ainsi que le 
mot € potens », mais le mot a unumschrœnt est peut- 
être plus rigoureux. 

La version huzvârèche rend le mot suivant par « riche ». 
C'est encore là une sorte de paraphrase. Nous ne doutons 
paSx que la traduction étymologique ne donne parfaite- 
ment ici le sens véritable : < doué d'un pouvoir magique ». 

La glose traditionnelle « élevé comme Zoroastre » nous 
autorise à rendre raêvat- par « plein de lustre, de splen- 
deur, illustre ». M. Spiegeldit « glaenzend y>j M. de Harlez 
f noble ». 

Nous traduisons paradhcUa- par legem in primis qui 
habuit, ce qui donne d'une façon exacte le sens littéral 
du composé en question, et qui, d'autre part, s'accorde 
avec la version huzvârèche, mais ce qui, par Contre, a 
besoin d'être éclairci. Pour M. de Harlez, il s'agit de 
€ justes par dessus tout », d'individus a pour qui la loi 
était le bien suprêrpe ». Rien ne semble autoriser celte 
version, et elle ne s'accorde guère avec l'ensemble du 
texte. En fait, ainsi que le dit M. Spiegel dans son Corn- 



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— 131 — 

mentairej le mot esf composé de para « avant, précé- 
demment », et de data- c loi » : « ayant la loi avant >. 
Mais qu'entendre par là ? Ce que «ous enseigne encore la 
tradition : < les individus qui ont précédemment régné ou 
qui ont régné les premiers ». (tlonsuUez Windischmann, 
Zoivastrische stndim^ p. 191 s. ;Spicgel, tral., t, 111, 
p. Lxvi ; Comment. y t. I, p. 459.) 

Aucune expression ne nous parait mieux rendre le 
sens du causatif de dar m tenir » que le latin affigo, 
affixi : affigere cruci,ierr(By memx>riœ. L'auteur du pas- 
sage dont il s'agit considérait évidemment la maladie et 
la mort comme des entités, comme des êtres ayant une 
espèce d'existence indépendante ; de là ces expressions de 
faire tenir la maladie à la maladie, la mort à la mort : 
€ il retint la maladie et la mort captives, il lès empêcha 
de se développer, il les enchaîna », morbtmi vinxit, La 
version huzvârèche ne laisse ici aucun doute. 

Quant aux <x ardeurs du feu », on pourrait lés exprimer 
simplement par le mot de « fièvre ». 

La plus grande obscurité règne sur le neuvième verset. 
Faut-il regarder vazemm açti comme deux mots distincts? 
n'est-ce qu'un composé? faut-il, avec un manuscrit, lire 
vazimanô, et, avant tout, quel est le sens de cette expres- 
sion? On a proposé plusieurs traductions : il s'agirait 
de la destruction des os, de la destruction du corps, du 
couteau qui blesse, etc. (Consultez Spiegel, Comment, ^ 1. 1, 
p. 459 s.) Tout cela n'est que très-problématique, et la 
traduction huzvârèche ne nous apporte malheureusement 
ici aucune lumière. Évidemment, il s'agit d'un mal, d'une 
maladie quelconque ; mais quel nom lui donner ? Nous 
nous abstenons de traduire ce passage difdcile. 



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— 132 — 

44. âaf mraot ahurô mazdB thritô paoiryô çpitama 
zarathustva masyânàm Ihamiianuhatâm varecanuhatàm 
yaokhstivaldm yâlumatàm raêvatàm takhmamm para- 
dhatamm yaçkem yaçkâi ddrayaf mahrkem mafirkâi 
dârayat vazemnô açti dârayaf âlhrô taphnus dârayat 
tanaof haéa masyèhé. 

« Tune (Uxit Ahurus Mazda : Thritus primus, sanctis- 
sime Zarathustra, mortalium auxiliatorum, splendentium, 
potenlium y arte praeditorum , illustrium , poUentium, 
legem imprimis qui habuerunt, morbum morbo affixit, 
mortem morti affixit, ... affixit, ignis aestus affixit, longe a 
corpore morlalis i^. 

42. viçcithrem dira ayaçata âyapta khsathra vairya 

43. paitistâtèê yaçkahê paitistâtèê mahrkahê paitistâtèê 
dâiu paitistâtèê taphnu 

44. paitistâtèê çâranahê paitistâtèê çâraçtyêhê paitis- 
tâtèê azanahê paitistâtèê azahvahé paitistâtèê kumghahê 
paitistâtèê aiivâkahê paitistâtèê durukahê paitistâtèê 
açtairyêhê paitistâtèê aghisyso pûitysô âhitysô yâ anrà 
mainyus phrâkerentat avi imàm tanûm yàm masyâmm. 

« Remedium poposcit, favente Khçathro Vairyo, ad 
obsistendum morbo^ ad obsistendum morti, ad obsis- 
tendum malo, ad obsistendum aestui, ad obsistendum 

, ad obsistendum vitio (?), putredini, tabi, quae 

Ânrus mainyus creavit adversum corpus mortalium >. 

Le mot viçéithra- ne peut signifier que « remède i^ 
d'après le sens général du texte. D'ailleurs, avec celte 
expression de remède, nous ne rendons peut-être que la 
signification très-générale du mot. Malheureusement, rien 
ne vient nous aider à la rendre plus précise. Le pronom 
dim semble jouer ici le rôle d'une enclitique : remedium 



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— i3J — 

quoddam. Quant à âyapta et à khsathra vairya, ces 
expressions sont au cas instrumental : € il demanda par 
faveur, par Rhsathra vairya... ». En Igtin, la formule 
de r.ablatif absolu semble assez bien rendre, d'une façon 
Sommaire, dette sorte d'idiotisme du zend. 

La traduction littérale des formules paitistâtèê yaçkahè, 
paitistâtèê mahrkahê, etc.,* serait l'emploi d'un datif pour 
le premier mot, d'un génitif pour le second. En ce qui 
concerne les formes dâzu et iaphnUy il est évident 
qu'elles n'ont rien de grammatical ; on devait s'attendre à 
dâiaos et taphnaos. 

Les neuf premiers génitifs du quatorzième verset sont 
difQciles à traduire. Tout ce passage existe dans le texte 
zend, mais il n'est pas rendu dans la version huzvârèche, 
et la tradition moderne ne fournit que des renseigne- 
ments peu précis. Il se peut que çâranahê doive être 
traduit par cephalalgiœ, mais cela n'est qu'une suppo- 
sition. 

Quant aux derniers mots du verset, ils présentent- 
encore un idiotisme. L'article imàm est à peu prés encli- 
tique ; la version littérale serait : adversum hoc corpus 
quod mortalium. 

15. adha aiem yô ahurô mazdâô urvam baêsazysô 
uzbarem 

16. pôurus pôuru çatâô pôunis pôuru hazanrdi pôurus 
pôurubaêvanô 

17. aoim gaokerenem pairi, 

« Alors, moi Ahura Mazdâ, je produisis les plantes 
médicinales par centaines, par milliers, par dizaines de 
mille, [et] parmi elles le gaokerena y>. 

Cette dernière plante, le gaokerena, est le haoma blanc. 



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- 134 — 

qui joue un grand rôle dans le récit des écrivains m'az- 
déens du moyen âge sur la résurrection. Dans les Zoroas- 
trische studien jle Windischmann (p» 465 et s.), il se 
trouve un important article sur le paradis mazdéen et 
le haoma blanc. Nous y renvoyons le lecteur. Voyez les 
autres indications données par M. Justi dans son diction- 
naire zend; p. 99. * ^ 

18. taf vîçpem phrinâmàhi iat vîcpem phraêsyâ- 
mahi tat vîçpem nemaqyâmahi avi imam tanêm yàm 
masyânâm, 

<L Illud omne diligimus, illud omne exposcimus, illud 
omne colimus, erga corpus mortalium ». 

Ici se trouve répété dans le texte zend ce fragment que 
nous avons rapporté ci-dessus, au verset quatorzième, et 
qui n'est point dans la traduction huzvârèche. 

Depuis ce verset jusqu'à la fin du chapitre, les paroles 
de louange ou d'imprécation sont placées dans la bouche du 
Mazdéen : louange aux remèdes créés par Ahura Mazdâ^ 
imprécations contre les maux envoyés par Aura mainyu. 

19. yaçkem thwàm paili çanhâmi mahrkem thwàm 
paiti çaiïhâmi dâiu thwàm paiti çaûhâmi taphnu thwàm 
paiti çanhâmi * 

20. aghise thwàm paili çanhâmi. 

« Morbe, te exsecror ; mors, te exsecror ; malum, 
te exsecror ; œstus, te exsecror ; pravitas (?), te exsecror.» 

Les substantifs yaçkem, mahrkem, etc.*, du dix-neuvième 
verset, sont à l'accusatif et s'accordent avec le pronom 
thwàm ; au verset vingtième, au lieu de la forme aghise, 
nous devrions donc trouver l'accusatif aghisîm, 

21. yénhe vareda vanaêma drujem druja vareda 
vanaêma 



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— 135 — 

22. yHhê khsathrenir aojôhvaf maibyô ahurâ. 

Ces deux versets, qui sont empruntés à l'un des can- 
tiques de la seconde partie du Yaçna (chap. 31, 4), offrent 
une difficulté. Le root à mot nous donne ceci : « Que par 
la force de celui-là nous puissions vaincre la Druje, nous 
puissions vaincre les Drujes ! » Mais à quel nom se 
rapporte le pronom yênhê^ illius? M. Spiegel suppose 
que c'est au haoma blanc, au gaokerena, dont il est parlé 
dans le dix-septième verset. Le fait est possible, mais rien 
ne le démontre d'une façon certaine. Quant au mot à 
mot du vingt-deuxième verset, il nous donne : « Que le 
pouvoir plein de force de celui-là [soit] à moi, ô Ahura » ! 
M. de Harlez pense qu'il faut renverser les termes et 
supprimer le second pronom ; il traduit donc ainsi : 
f Qu'il nous soit donné, ô Ahura, un pouvoir fort ; que 
par sa puissance je fasse périr la Druje ». Nous ne pou- 
vons nous rallier à cette explication, ni admettre le 
moyen, trop peu respectueux du texte, qui la rend pos- 
sible. Traduisons donc simplement ainsi : « Par sa force, 
puissions-nous vaincre la Druje, puissions-nous vaincre 
les Drujes ! A moi, ô Ahura, sa force puissante I » Reste, 
d'ailleurs, à déterminer si le pronom sa s'applique au pré- 
cieux remède du gaokerena. 

23. paiti perenê yaçkahê paiti perenê mahrkahê paiti 
perenê dâiu paiti perenê taphnu 

24. paiti perenê aghisysô pûityâô âhityâô yâ afirô 
mainyus phrâkerentat avi imam tanûm yàm masyâkâm 

25. paiti perenê vîçpem yaçkemca mahrkemàa vîçpê 
yâtavô pairikwçca vîçpâô janayô yâô drvaitis. 

« Impugno morbum, impugno mortem, impugno ma- 
lum, impugno aestum, impugno vilium, putredinem, 



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— 436 — 

tabem,'quae Anrus mainyus creavit adversum corpus mor- 
talium. Impugno omnem morbum morteinqùe, omnes 
Yatus et Pairikas, omnes Janes irruentes- >. 

Les Yâtus (nominatif singalier yâtu^, pluriel yâtavô) 
sont de mauvais génies du sexe masculin. Par contre, les 
Pairikas (nomin. sing. pairika, plur. pairiksô) sont des 
démons féminins, ainsi que les Janis (nomin. sing. jainis, 
ace. plur. janayô), les Djinns. 

Les derniers versets du chapitre reproduisent la prière 
airyêmâ isyô, qui forme le cinquante-troisième chapitre 
du Yaçna. Quelque idée que Ton se forme de la per- 
sonnalité d' Airyaman isya^ qu'on le regarde comme un 
individu véritable, identique à l'Aryaman hindou, ou 
qu'on ne le considère, comme le fait aujourd'hui M. Spiegel 
(traduct. de \Av., t. III, p. 34, en note), que comme 
une hypostase de la prière qui porte ce nom ; en d'autres 
termes, qu'il ait eu une origine individuelle parfaitement 
ancienne, ou qu'il ne soit que la personnification de la 
soumission à la loi sainte, Airyaman a ici une existence 
bien nette. On le prie de venir pour la joie des disciples 
du zoroastrisme et de combattre les maladies, la mort et 
tous les démons. 

Voici maintenant la traduction française de l'ensemble 
du morceau : 

« Zarathustra interrogea Ahura Mazdà : Ahura 
Mazdâ, esprit très-saint, créateur des mondes corporels, 
pur ! Qui fut le premier des mortels secourables, resplen- 
dissants, puissants, doués d'un merveilleux pouvoir, illus- 
tres, forts, ayant eu les premiers la loi, qui retint la maladie 

à la maladie, qui retint la mort à la mort, qui retint , 

qui retint les ardeurs de la fièvre loin du corps darhomme? 



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- 137 - 

€ Ahura Mazdâ Jit alors .: .0 très-saint Zarathusira, 
Thrila fut le premier des mortels secourables, resplendis- 
sants, puissants, doués d'un merveilleux pouvoir, illustres, 
forts, ayant eu les premiers la loi, qui retint la maladie 
à la maladie, qui retint la mort à la mort, qui retint 

, qui retint les ardeurs de la fièvre loin du corps de 

l'homme. Il demanda un remède, par la grâce de (?) Khça- 
thra vairya, pour lutter contre la maladie, pour lutter 
contre la mort, pour lutter contre le mal, pour lutter 

contre la fièvre, pour lutter contre , pour lutter contre 

le mal (?), l'infection, l'impureté qu'Anra mainyu créa à 
l'égard du corps humain. Alors, moi Ahura Mazdâ, je 
produisis les plantes médicinales par centaines, par mil- 
liers, par dizaines de mille ; parmi elles le Gaokerena. 

€ Nous chérissons tout cela, nous demandons instam- 
ment tout cela, nous honorons tout cela à l'égard du 
corps humain. 

f Je te maudis, ô maladie ; je te maudis, ô mort ; je 
te maudis, ô mal; je te maudis, ô fièvre; mauvais état(?), 
je te maudis ! 

« Par sa force puissions-nous vaincre la Druje, puis- 
sions-nous vainqre les Drujes ! A moi, ô Ahura Ma^dâ, sa 
force puissante ! 

a Je combats la maladie, je combats la mort, je com- 
bats le mal, je combats la fièvre, je combats le mal, 
l'infection, l'impureté, qu'Anra mainyu créa à l'égard du 
corps humain. Je combats toute maladie et [toute] mort, 
je combats tous les Yâtus et Pairikas, tous les Djanis qui 
se précipitent à l'attaque ». 

Ce chapitre enseigne purement et simplement tout ce 
qu'enseigne le reste de l'Avesta : l'origine de toutes choses 



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— 438 — 

est divine, celle des biens comme celle des maux. 
Toutefois le mal et le bien n'ont pas un seul et même 
auteur, ainsi qu'il arrive chez les juifs et chez les ohréliens, 
mais, tous les biens proviennent d'Ormuzd, et tous les 
maux proviennent d'Ahriman. Ce dernier a créé toutes les 
maladies ; le premier a créé tous les remèdes. 

11. — Fragment du septième chapitre du Vendidad. 

Nous venons de voir, par l'étude du vingtième cha- 
pitre du Vendidad, que la médecine est d'origine divine. 
Un fragment du septième chapitre du même livre (versets 
94 à 121) va nous apprendre comment s'acquiert le 
pouvoir de pratiquer la oiédecine, quels sont les hono- 
raires dus à un médecin, et enfin quels sont parmi tous 
les médecins ceux qui méritent la plus grande confiance. 
Tout le fragment est un dialogue entre Zoroastre et 
Ormuzd. Zoroastre interroge, et Ormuzd révèle. 

Première partie du morceau : Comment l'on acquiert le 
droit de se livrer à la médecine. 

94., dâtare gaêthanàm açtvaitinàm asâum yat aêtê yô 
mazdayaçna baésazâi phravazâôntê 

95. katâro paourvô âmaydônti mazdayaçiiaêihyè va 
daêvayaçnaêibyô va, 

« Créateur des mondes corporels, ô [toi qui es] pur ! 
Quand [ceux-ci qui sont] des mazdéens s'adonnent à la 
médecine, qui les premiers doivent-ils traiter, ou des 
mazdéens, ou des sectateurs des démons »? 

96. âat mraot ahurô mazdëô daêvayaçnaêibyô paourvô 
âmaySnti yatha mazdayaçnaêibyaçcit. 



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— 139 — 

c TuQc dixit Âhurus roazda ; in primis in daernonicolis 
experiendum est, poslhac in mazdaeis ». 

97. yai paotrim daêvayaçnô kerentât ava hô mairyâiiê 
yat bitîm daêvayaçnô kerentât ava hô mairyâité yat 
thritim daêvayaçnô kerentât ava hô mairyâiiê 

98. anâmàtô zi acsô yavaêca yavatâtaêca. 

€ Si, en premier lieu, il opère un sectateur des démons 
et si celui-ci trépasse ; si, en second lieu, il opère un 
sectateur des démons et si celui-ci trépasse ; si, en Iroi- 
sième lieu, il opère un sectateur des démons et si celui-ci 
trépasse, H est inhabile [à opérer] pour toujours >. 

99. mâéa paçcaéta mazdayaçna vimâdhaçcit vîmâ" 
dhayanta mâca kerentu mazdayaçna mâéa kereritu irisyât. 

Ce verset offre certaines difficultés. A la vérité, le sens 
général n'est pas douteux : « celui qui a manqué trois 
opérations pratiquées sur des individus non mazdéens 
n'a pas le droit d'en pratiquer sur des mazdéens, de 
peur de les blesser n. Mais la construction grammaticale 
est tout à fait obscure. M. Spiegel traduit ainsi : Nicht 
soUeii hemach die mazdayaçnas es versuchen, nicht soll er 
an (fen mazdayaçnas schneiden\ nicht soll er durch schnei- 
dm verwunden {op. cit., t. I, p. 131). De la sorte, vîmâ- 
dhayanta aurait pour sujet mazdayaçna, et le sujet des 
verbes kerentu et irisyat serait le pronom singulier aêsô 
« il » du précédent verset ; kerentu serait pour kerentatu. 
Le second kerentu serait un substantif au cas instru- 
mental: par coupure, par l'action de couper. Tout cela 
est bien problématique. Peut-être faut-il traduire le pre- 
mier membre de la phrase par non jam medicetur maz- 
dœos, le second par non resecet.,., le troisième par ne 
vulneret. En somme, nous ne pouvons proposer ici 



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- 140 - 
qu'une traduction très-large, tout en pensant qu'Jt n'y a 
pas lieu de se tromper sur le sens. 

100. yêzi paçcaêla mazdayaçna vîmadhaçcit vimâ- 
dhayanti yêzi kereiu mazdayaçna yêzi keretu irisyât. 

Nous retrouvons ici foutes les incertitudes du verset 
précédent. Nous ne pouvons traduire, ici également, que 
d'une façon approximative : « Si, après avoir manqué 
trois opérations sur des non mazdéens, il traite un 
mazdéen, et si ce dernier devient victime du traite- 
ment .. >. Le verset suivant nous apprend quel est le 
châtiment. 

101. para hê irisentô raêsem éikayât bacdhôvarstahê 
éithaya, 

« Qu'il paie la blessure du blessé par la peme du 
baodhôvarsta ». Cette peine ne s'applique qu'à l'auteur 
d'un acte commis en toute conscience, ainsi que l'indique 
l'étymologie du mot. La tradition moderne des Parses 
veut que ce châtiment ait consisté en une mutilation des 
membres, particulièrement en la résection de six doigts. 
Hâtons-nous d'ajouter que cette opinion n'est appuyée 
d'aucune preuve. 

Nous arrivons à l'hypothèse contraire, au cas où le 
médecin a réussi dans son traitement préalable d'un non 
mazdéen, ou plutôt de trois non mazdéens. 

102. yat paourûm daêvayaçnô kerentât apa hê jaçâf 
yat bilîm daêvayaçnô kerentât apa hê jaçâf yat thritim 
daêvayaçnô kerentât apa hê jaçâf 

103. amâtô zi aêsô yavaêca yavatâtaêca, 

€ Si, une première fois, il opère un sectateur des 
démons et si celui-ci guérit ; si, une seconde fois, il 
opère un sectateur des démons et si celui-ci guérit ; si, 



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— 441 — 

une troisième fois, il opère un sectateur des démons et si 
celui-ci guérit, il est. apte pour toujours [à opérer] ». 

104. vaçô paçcaêta mazdayaçna vîmâdhaçéit vimâ- 
dhayanta vaçô kerentu mazdaya^a vaçô kerentu baésazyat, 
. Les obscurités des versets 99 et 100 se retrouvent ici. 
Quelle est la forme grammaticale de mazdayaçna et de 
hereniu? l\. Spiegel traduit ainsi : Nach wunsch sollen es 
hemach die Mazdayaçnas mit ihm versuchen, nach belieben 
schneide er an den Mazdayaçnas, nach belieben. heile er 
durch schneiden. C'est considérer le premier mazdayaçna 
comme un sujet, le second comme un régime : « les 
Mazdéens peuvent dès lors avoir recours à lui, et il peut, 
à sonore, opérer les Mazdéens... ». M. de Harlez sim- 
plifie: m 11 peut- exercer la médecine à son gré, il peut 
pratiquer des incisions et traiter par des opérations chirur- 
gicales ». Peiit-être M. de Harlez a-t-il raison de regarder 
les deux mazdayaçna comme deux accusatifs du pluriel. 
Le sens général est alors celui-ci : t Que dès lors il 
soigne à son gré les Mazdéens, qu'il les opère à son 
gré ». Dans ce dernier membre de phrase (qu'il les opère 
à son gré), nous réunissons les deux derniers membres de 
phrase du texte. 

ici finit la première partie du fragment, le passage 
dans lequel il est parlé des preuves qu'un individu doit 
fournir de sa capacité pour être admis à pratiquer la 
médecine. Dans la seconde partie, qui comprend les 
versets 105 à 117, il est question de la rémunération due 
aux médecins. Cette rémunération, comme on va le 
voir, n'est point en proportion des mérites de l'homme 
(le l'art ; elle est proportionnelle à la condition du patient. 

105. âihravanmi baèsazyât dahm^yâf para âphritôif. 



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— 142 — 

€ Qu'il soigne un prêtre pour une prière de bénédic- 
tion 1. 

M. Spiegel traduit simplement (comme nous le faisons 
nous-même) : Einen priester heile er fur einen frommen 
segenssprmh. Mais il ne s'agit point de telle ou telle 
bénédiction banale : le prêtre est tenu ici à une certaine 
formule. Haug a raison de dire que dahma âphriti est le 
nom technique d'une oraison du Yaçna (Ueber dm gegenw. 
stand der zendphiloL, p. 34). M. de Harlez a adopté 
cette opinion en traduisant ainsi : e Que le médecin 
mazdéen traite un prêtre sans demander d'autre salaire 
que les prières liturgiques de bénédiction ». 

106. nmânahê nmânô paiiim baésazyât nitemem çtao- 
rem arejô 

107. vîçô vîçpaitîm baésazyât madhemem çtaorem arejo 

108. zantèus zanlii paitîm baésazyât aghrim çtaorem 
arejô 

109. daûhèus danhu paitim baésazyât vâkhsem cathru 
sukhtem arejô. 

€ Qu'il soigne un chef de maison pour une bête de 
trait de petite espèce ; qu'il soigne un maître de hameau 
pour une bête de trait de l'espèce moyenne ; qu'il soigne 
un maître de clan pour une bête de trait de la grande 
espèce ; qu'il soigne un maître de district pour un qua- 
drige ». 

110. yat paoirlm nmânahê , nmânô paitim nâirikàm 
baêsayât kathwa daênô arejô 

111. vîçô vîçpaitîm nâirikàm baésazyât gava daàiô 
arejô . 

112. zantèus zantu paitîm nâirikàm baésazyât açpa 
daénô arejô 



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— 143 — 

113. daûhèus daiïhu .pailim nâirikàm baêsazyâp ustra 
daênô arejô - 

114. vîçô puthrem baésazyât aghrim çtaorem arejô. 

€ Que d'abord il soigne la femme d'un chef de maison 
pour une ânesse; qu'il soigne la femme d'un chef de' 
hameau pour une vache ; qu'il soigne la femme d'un chef 
de clan pour une jument ; qu'il soigne la femme d'un 
chef de district pour une chamelle ; qu'il soigne un fils 
du hameau pour une bête de trait de la grande espèce i>. 
M. Spiegel traduit le premier mot de ces versets, yaf^ 
. par wenn (wenn er zuerst die fraii.,.)^ et M. de Harlez 
dit de même : « S'il soigne en premier lieu la femme 
d'un chef de nmâna, son salaire sera de la valeur d'une 
ânesse. Qu'il traite... ». La forme même du verbe, 
haésazyât, et l'ensemble du texte s'opposent à cette tra- 
duction. La formule est évidemment la même pour les 
cinq hypothèses ici énumérées. Par ces mots.j/a^ paoirîm, 
l'auteur veut dire : « et tout d'abord ». 

115. aghrîm çtaorem baésazyât madliemem çtaorem 
arejô 

116. madhemem çtaorem baésazyât nitemem çtaorem 
arejô 

117. nitemem çtaorem baésazyât amimaém arejô anu- 
maém baésazyât gèus qarethahé arejô. 

€ Qu'il soigne une bête de trait de - la grande espèce 
pour une bête de trait de l'espèce moyenne ; qu'il soigne 
une bête de trait de l'espèce moyenne pour une bête de 
trait de la petite espèce ; qu'il soigne une bêle de trait 
de la petite espèce pour un animal appartenant au petit 
bétail ; qu'il soigne un animal appartenant au petit bétail 
pour la nourriture d'un bœuf ». 



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— 144 — 
Les trois derniers Versets du fragment (118 à 120) sup- 
posent le cas où Ton a mandé pour le malade un certain 
nombre de médecins. C'est celui de Sganarelle : t Vite, 
qu'on m'aille quérir des médecins, et en quantité ! » 
(L'ilmowr médecin, acte premier, scène septième). 

118. yaf pôufu baêsaza henjaçâônti çpitama zara- 
thustra. 

€ Et lorsque . de nombreux médecins sont assemblés, 
ô très-saint Zara thustra ! > Le verbe zend répond au latin 
convenirey œncurrere: « Et lorsqu'on a fait venir plu- 
sieurs médecins... >. L'interpellation « ô très-saint Zara- 
thustra l > nous montre que celte phrase n'est point une 
interrogation de Zarathuslra ; c'est toujours Ahura Mazdâ 
qui parle. 

119. keretô baêsazèçca urvarô baêsazèçca màthrô baê- 
sazèçca. 

a Médecins traitant par des opérations, médecins trai- 
tant par des plantés, médecins traitant par le texte saint >. 

120. aèsôzX açti baêsazanâm baêmzyôtemô yatmàthrem 
çpentem baêsazyô. 

La construction grammaticale des derniers mots est 
certainement obscure, mais le sens du verset n'est point 
douteux : « Celui-là est le plus efficace des médecins (le 
plus remédiant des remédiants), qui traite au moyen du 
texte saint », c'est-à-dire par le récit de telles ou telles 
parties du texte, par des oraisons conjuratoires, par des 
incantations. 

11 nous reste maintenant à donner la version de tout 
ce fragment. Nous avons vu, dans l'analyse ci-dessus, 
que plusieurs versets ne peuvent être traduits que d'une 
façon vague et seulement approximative; nous avons 



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— 445 — 

soin de les signaler au lecteur en les mettant entre 
parenthèses. On voudra bien, dans ce cas, ne pas attacher 
à notre version plus de valeur que nous ne lui en donnons 
nous-même. 

« Créateur des mondes corporels, ô pur ! Lorsque des 
Hazdéens s'adonnent à la médecine, qui doivent-ils traiter 
tout d'abord, des Mazdéens ou des sectateurs des démons? 

« Àhura Mazdâ dit alors : Qu'ils expérimentent d'abord 
sur des sectateurs des démons, ensuite sur des Mazdéens. 
Si, pour la première fois, il opère un sectateur des 
démons et si celui-ci vient à mourir ; si, pour la seconde 
fois, il opère un sectateur des démons et si celui-ci vient 
à mourir ; si, pour la troisième fois, il opère un sectateur 
des démons et si celui-ci vient à mourir, il est inapte à 
tout jamais. (Qu'après cda, il ne soigne pas de Mazdéens, 
il n'opère pas de Mazdéens, de peur de [les] blesser. Si, 
après cela, il soigne des Mazdéens, s'il opère des Maz- 
déens, s'il Pes] blesse), qu'il paie la blessure du blessé 
par la peine du baodhôvarsta. Si, une première fois, il 
opère un sectateur des démons et si celui-ci guérit; si, 
une seconde fois, il opère un sectateur des démons et si 
celui-ci guérit; si, une troisième fois, il opère un secta- 
teur des démons et si celui ci guérit, il est apte pour 
toujours. (Que, dès lors, il soigne à son gré les Mazdéens, 
qu'il opère à son gré les Mazdéens !) 

« Qu'il soigne un prêtre pour la prière [déterminée] 
de bénédiction. Qu'il soigne un chef de maison pour une 
bête de trait de la petite espèce ; qu'il soigne un maître 
de hameau pour une bête de trait de l'espèce moyenne ; 
qu'il soigne un maître de clan pour une bêle de trait 
de la grande espèce ; qu'il soigne un maître de district 

10 



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— 146 — 
pour un quadrige. Qu'il soigne, d'abord, la femme d'un 
chef de maison pour une ânesse ; qu'il soigne la femme 
d'un chef de hameau pour une vache Jqu'il soigne la 
femme d'un chef de clan pour une jument ; qu'il soigne 
la femme d'un chef de district pour une chamelle ; qu'il 
soigne un fils du hameau pour une bête de trait de la 
grande espèce. Qu'il soigne une bête de trait de la grande 
espèce pour une bête de trait de l'espèce moyenne ; qu'il 
soigne une bêle de trait de l'espèce moyenne pour une 
bête de trait de la petite espèce ; qu'il soigne une bête 
de trait de la petite espèce pour un animal appartenant 
au petit bétail ; qu'il soigne un animal appartenant au 
petit bétail pour la nourriture d'un bœuf. 

a Et lorsque sont réunis nombre de médecins, ô très- 
saint Zarathustra ! médecins opérateurs, médecins traitant 
par les simples, médecins traitant^ par le texte saint ; 
celui-là est le meilleur des médecins qui traite par le texte 
saint >.. 



III. 



Il est à peine utile d'ajouter que si tous les biens da ce 
monde ont été créés par Ahura Mazdâ, c'est à Aura 
mainyu que l'on doit par contre tous les maux, y compris 
les maladies. Dans le vingt-deuxième chapitre du Venr- 
didad, en trois passages très- explicites (versets 6, 24, 39), 
Ahura Mazdâ révèle à Zarathustra cette origine des mala- 
dies ; il dit en termes formels qu'Aura mainyu est leur 
auteur et les a lancés sur la terre. 

Nous avons vu dans un précédent article (t. IX, p. 475- 



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— 14? — 

189), qu'au contraire du judaïsme, et plus tard du chris- 
tianisme, la religion éranienne se refusait à voir dans 
un seul et même principe la source des maux en même 
temps que celle des biens. La théorie cosmogonique des 
Eraniens était sans doute une théorie purement métaphy- 
sique; mais dans cette conception daalistique des choses 
de l'univers; elle, avait au moins ce mérite de sauver 
jusqu'à un certain point les droits de la logique et du bon 
sens. 

A. HOVELACQUE. 



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— 148 



BIBLIOGRAPHIE. 



Los aborigènes ibéricos 6 los Beréberes en la peninsula^ 
por Fr.-M. Tubino (extrait de la Revue espagnole d'an- 
thropologie). Madrid, 4876. — In-S de 426 p. 

L'aoteur de celte très-remarquable brochure n'est point 
un inconnu pour nos lecteurs : il a été rendu compte 
précédemment d'un travail de M. Tubino sur une in- 
téressante question de mythologie comparée. Le savant 
secrétaire général de la Société d'anthropologie de Madrid 
a fourni d'ailleurs d'excellentes contributions aux di- 
verses sessions du 0)ngrès français pour l'avancement 
des sciences. Aussi eussions-nous désiré pouvoir rendre 
un compte minutieux de sa nouvelle publication, et 
en analyser soigneusement toutes les parties; mais 
l'espace étroit dont nous pouvons seulement disposer 
aujourd'hui nous oblige, à notre grand regret, à ramener 
notre étude à des proportions beaucoup trop restreintes. 
Nous aurons évidemment, au surplus, bien des occa- 
sions de revenir sur le très-important mémoire dont nous 
allons esquisser à grands traits les principaux arguments. 

Le but que s'est proposé M. Tubino, le problème qu'il 
cherche à résoudre est, ainsi qu'il l'indique dans une 
introduction précise^ de retrouver c les commencements 
de la population de l'Espagne par les Ibères d, car, avant 



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— 449 ^ 

eux, on ne saurait supposer qu'il y ait eu en Espagne 
autre chose que des tribus errantes, isolées, sans lien et 
sans relations les unes avec les autres ;.en tous cas, anté- 
rieurement aux Ibères, il n'y a pas eu de peuples dont 
on puisse historiquement établir la présence sur le sol de 
la Péninsule ou quijaient laissé des| traces matérielles de 
leur passage. Pour M. Tubino, le mot c Ibère > est donc 
simplement une appellation qui désigne les premiers 
habitants historiques de l'Espagne. L'introduction s'ouvre 
par une série de considérations excellentes sur l'archéo- 
logie et l'ethnologie et leurs relations avec l'histoire 
primitive des peuples ; M. Tubino démontre fort bien la 
haute valeur, au point de vue national du pays, de l'étude - 
des monuments mégalithiques et des objets d'usage, 
commun conservés à la surface du sol depuis les époques 
les plus reculées. 

Le texte du mémoire se divise naturellement en deux 
sections, dont la première, à son tour, se subdivise en 
deux parties. Celle-ci traite des monuments mégalithiques 
et des autres débris laissés par les peuplades antérieures 
à l'histoire proprement dite, à l'histoire écrite ; M. Tubino 
parle en premier lieu des monuments de cette espèce 
qu'on trouve en Andalousie^ en Estramadure et en Por- 
tugal ; il rappelle ensuite les doctrines constantes de la 
science sur Torigine, la signification et l'époque des 
constructions mégalithiques, et cherche quelle lumière 
ces constructions sont capables de jeter sur les ques- 
tions ethogéniques. Il discute à cette occasion les opinions 
de Bonstetten, de Fergusson, de MM. Desor, Worsae, 
Vogt, Mortillet, Bertrand, etc., et montre que les cons- 
tructions mégalithiques ne sont point l'œuvre d'un seul et 



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— 450 — 

même peuple, d'une seule et même race; il essaie de 
classer chronologiquement à ce point de vue les monu- 
ments des âges successifs découverts en Espagne, caver- 
nes, dolmens, galeries de mine, etc. Quant à la filiation 
des divers peuples qui ont construit ces monuments, 
M. Tubino, s'aidant des découvertes de l'archéologie 
égyptienne et des affirmations des historiens classiques, 
établit la domination ancienne des Égyptiens sur toute 
l'Afrique septenlrionale (XVI® et XV« siècles avant J.-C), 
et notamment sur les Lebu et Tamahu (blancs à chevelure 
blonde) ; ces derniers ont ensuite acquis la prépondé- 
rance (XIV« et XIII« siècles) et étendent leurs incursions 
jusqu'au delta du Nil ; au X1I« siècle, les Tyriens se 
répandent sur les rives de la Méditerranée et arrivent 
en Bétique ; au V« siècle, les Phocéens fondent des 
colonies d'Emporia à Menake ; au IV« siècle, les Cartha- 
ginois sont les maîtres incontestés du bassin de la Médi- 
terranée occidentale, et c'est seulement deux siècles plus 
tard que commence la domination romaine. On peut con- 
clure de là qu'antérieurement à l'invasion celtique, 
l'Espagne avait subi l'influence de migrations africaines et 
sémitiques, influence confirmée par de nombreuses res- 
semblances dans les constructions mégalithiques. C'est au 
XII® siècle que M. Tubino place la venue des peuplades 
celtiques, arrivées du Nord en sens contraire des immi- 
grants africains et phéniciens qui les avaient précédés. 
M. Tubino cherche à se rendre compte ici de ce qui s'est 
produit lors de l'invasion des Celtes (bruns et de petite 
taille), de ce qu'ont pu être les races mixtes des Celli- 
bères, problème difficile entre tous, mais qui s'appuie 
nécessairement sur un postulatum évident, la pluralité des 



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— 451 — • 

races qui occupaient le sol de la Péninsule à Tépoque de 
la conquête romaine. 

Il est donc véritablement absurde de croire encore à 
l'unité ibérique ; il n'existait pas de race ibérienne ; il 
n'y avait point de langue ibérienne, et la théorie de 
Humboldt, en contradiction d'ailleurs avec le témoignage 
de Slrabon, n'est pas soutenable. M. Tubino n'a pas de 
peine â démontrer, après M. Van Eys et d'autres criti- 
ques, l'insuffisance des connaissances basques de Humboldt 
et la faiblesse de beaucoup de ses étymologies soi-disant 
ibériennes (i). On sait que mon opinion est en général 
conforme à celle de M. Van Eys. 

Mais, parmi ces races contemporaines, quelle était la 
plus ancienne, la plus originale, la plus autochthone ? 
M. Tubino examine ici les types espagnols et signale 
l'originalité du type dolichocéphalique basque, identique 
à celui de Cromagnon et à celui des Berbères modernes ; 
et il opine pour la primitivité en Espagne des Africains, 
des Lebu ou Tamahu, ancêtres des Berbères. L'objection 
linguistique ne l'arrête pas, mais c'est là le point faible 
de son raisonnement. Est-il bien vrai d'abord que les 
idiomes dits khamitiques (dont le berbère) dérivent d*une 

(I) Il ne faut pourtant pas exagérer l'insuffisance de ces explications. 
Ainsi, je ne nierai point aussi vivement que M. Van Eys la possibilité 
de mutation de aitza^ aitcha, atcha en asta. Ainsi encore iri = ili 
n^est point inexact. Ce qui est vicieux dans la théojcie de Humboldt, 
c'est l'extension extrême qu'il donne au territoire de la langue basque, 
c'est sa prétention d'en faire le langage universel et général de la 
nationalité ibérienne ; mais, eu fait, il est très-probable que ce 
curieux idiome a pu être parlé sur une région plus étendue qu'aujour- 
d'hui, et il n'est point impossible que des noms topographiques 
basques se retrouvent en dehors des limites actuelles de la langue 
euscarienne. 



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— 152 - 

même source que les langues sémitiques ? Il est encore 
flus douteux que le basque se rattache à cette même 
source ; je ne voudrais point cependant opposer à Vhypo- 
Ihèse de M. Tubino la question préalable, en présence de 
certaines allures de la langue- basque empreintes d'un 
caractère vague de sémitismes ; les anjateurs de solutions 
affirmatives pensent, en désespoir de cause, se rattacher à 
l'origine africaine de la langue basque, qu'on ne peut 
à priori déclarer invraisemblable ou impossible. Mais la 
démonstration directe de cette parenté n'est point faite et 
ne saurait l'être encore. 

On voit combien le mémoire de M. Tubino est digne 
d'être lu par ceux qui se préoccupent des grands pro- 
blèmes ethnologiques ; il convient de faire remarquer 
que la lecture en est éminemment agréable. En parcou- 
rant les écrits de M. Tubino, on éprouve quelque chose 
d'analogue à ce qu'on ressent en lisant les ouvrages de 
Schleicher ; c'est bien écrit en espagnol, e\ en bon espa- 
gnol, mais il ne semble pas que ce soit de l'espagnol, 
tant le style y est sobre, simple,- scientifique, tant les 
allures générales sont claires, précises, méthodiques. 

Avec des travaux de ce genre, la question ibérienne 
entre dans une nouvelle phase. La période des systèmes 
est désormais close, et le problème ne saurait plus être 
attaqué que de la seule façon réellement capable 
d'aboutir à une solution indiscutable. On ne raisonnera 
plus que par les faits, et là, comme partout, la lumière ne 
saurait être attendue que de l'étude méthodique, de 
l'observation et de l'expérience. 

Julien ViNSON. 



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153 - 



L'ethnologie préhistorique de la péninsule des Balkans, par 
Fligier (Zur prœhistorischen ethnologie der Balkanhal- 
binsel). — ln-8, p. 111-66. Vienne, Hœlder, édit., 1877. 

L'ancienne ethnologie de l'Europe occidentale est, à 
celte heure encore, pleine d'obscurité ; celle de l'est et 
du sud-est du même continent est peut-être moins 
connue encore. Nombre de points spéciaux ont été 
étudiés ; quelques-uns sans doute ont été éclaircis, mais 
l'écrit de M. Fligier a ce premier mérite de traiter la 
question d'une façon générale. Ce n'est plus une mono- 
graphie; c'est un travail d'ensemble. 

L'auteur a beaucoup lu, beaucoup recherché, et il faut 
reconnaître qu'il essaie en toute occasion d^ppuyer ses 
opinions sur des faits. Ces faits, les interprète-t-il tou- 
jours delà bonne façon... cela est une autre question. On 
peut toutefois ne pas partager, en maintes circonstances, 
les avis qu'il émet, sans amoindrir la valeur de son essai, et 
cette valeur est réelle. 

M. Fligier avance tout d'abord cette proposition que la 
péninsule des Balkans était habitée aux temps préhisto- 
riques par des populations non aryennes. Entendons-nous 
par ce terme de « populations non aryennes (vœlker 
nichtarischen ursprungs) des peuples dont la langue 
n'appartenait pas à la famille linguistique^ indo-euro- 
péenne, cela est parfait. Quant à la race, je demande à 
distinguer. Rien ne me dit que le sang des indigènes 
c pré-aryens ]» de la péninsule balkanique ne coule pas 
aujourd'hui encore — pour partie du moins — dans les 



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— 454 — 

veines de telles ou telles populations de la contrée dont il 
s'agit. Nous trouvons très-certainement encore, dans 
certaines parties de la France, des représentants des 
races préhistoriques (par exemple dans l'Aquitaine). 
L'ostéôlogie nous l'enseigne clairement. Pourquoi le fait 
ne se présenterait-il pas aussi dans l'Europe orientale ? 

Pour M. Fligier, ce sont les Ibères qui ont occupé, 
aux temps néolithiques (à l'âge de la pierre polie), l'Europe 
sud-occidentale... Il s'agit ici de s'entendre sur l'extension 
du 4not Ibère. Je suis porté à penser, pour ma part, qu'il 
a existé aux âges préhistoriques une race s'étendant sur 
l'Aquitaine, sur une grande partie de l'Espagne, sur le 
nord de l'Afrique, sur des îles telles que les Canaries et 
la Corse, race dolichocéphale (dont les Basques espagnols 
sont d'assez bons représentants). J'appelle^ cette race, 
faute de meilteur terme, race méditerranéenne occidentale. 
Les anciens Ibères en faisaient partie ; aussi ne puis-je 
blâmer que d'une façon relative le terme un peu trop 
généralisé dont se sert M. Fligier. Mais lorsqu'il veut 
voir également des Ibères dans l'Europe sud-orientale, 
je suis e^ droit de lui demander où sont ses preuves 
anthropologiques. De fait, il n'en donne aucune, et je ne 
pense pas qu'il en existe. M. Fligier fournit bien, page 2, 
un certain nombre de rapprochements étymologiques, 
mais ce ne sont que des conjectures dénuées de preuves. 
Une phrase de cette même page doit être absolument 
biffée. C'est la suivante : « De ce que les poèmes homé- 
riques connaissaient que de nombreux idiomes étaient 
parlés dans l'île de Crète, il est très-vraisemblable qu'à 
côté des populations phrygienne, carienne, phénicienne 
et grecque, les Ibères' y ont formé la population primi- 



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— 455— 

live > : la déduction ne me semblç basée sur aucun 
fait. 

L'auteur regarde les lUyriens et les Thraces comme 
ayant formé la population primitive de la péninsule ; les 
premiers ont été refoulés par les Thraces, et une partie 
^d'entre eux ont même dû gagner Tltalie, où ils se sont 
établis sous le nom de lapiges ou de Messapiens. D'ail- 
leurs c'est par terre, et non par mer, qu'ils ont pénétré 
dans celte nouvelle patrie. Les* lUyriens auraient été la 
première population aryenne qui aurait mis le pied en 
Italie. Leur demeure primitive aurait été (en commun 
avec les Grecs) la plaine qui, plus tard^ reçut le nom de 
Pannonie. 

Cela amène M. Fligier à se prononcer sur le séjour 
des Indo-Européens primitifs. Il réfute sans peine l'opi- 
nion des auteurs qui ont voulu le placer dans la Ger- 
manie, s' appuyant sur ce fait (!!!) que les Aryens primitifs 
étaient blonds (?) et avaient les yeux bleus (!). Pour lui, 
cette ancienne patrie est la Russie du sud. La branche 
hindoue se serait détachée la première et aurait gagné 
l'Asie; en second lieu, la branche éranienne se serait 
détachée, après avoir été longtemps voisine des Slavo- 
Leltes. Puis vint la migration des peuples de Thrace et 
d'Asie-Mineure. Beaucoup plus tard, les Italo-Celtes 
gagnèrent l'Europe occidentale. Les lUyriens, ainsi qu'il 
a été dit ci-dessus, avaient paru les premiers en Italie. 
Les Germains, les Slaves, les Lettes, se dirigèrent vers le 
nord. 

On comprend sans peine combien est importante l'eth- 
nologie préhistorique des Balkans, du moment qu'il est 
établi que la souche (linguistique) indo-européenne avait 



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— 456 — 

pied dans la Russie méridionale. Je suis loin, très-loin de 
partager cette opinion : je pense que les Hindous et les 
Eraniens sont encore les plus rapprochés du- pays où 
fut parlée la langue commune indo-européenne, mais je 
n'estime pas moins très-importante la question de l'ancienne 
ethnologie de la péninsule balkanique, des pays où sont 
établis aujourd'hui les Bulgares. 

L'auteur cherche à démojitrer ensuite que les Ciramé- 
riens et les Taurîens sont d'origine thrace, puis qu'il faut 
distinguer les lUyriens des Thraces. Ces derniers se lient 
aux Phrygiens, et les lUyriens aux Grecs. De même que 
les Macédo-Roumains sont des Thraces latinisés, de même 
les Grecs d'Asie-Mineure ne sont point d'origine hellé- 
nique. Les Lydiens, Cariens, Lyciens, Phrygiens, Cappa- 
dociens, Arméniens, appartiennent au rameau thraco- 
phrygien ; lès Thraco-Phrygiens ont la même religion et 
se donnent le nom d'Aryens. 

M. Fh'gier examine ici ce que les Daces (rangés par lui 
au nombre des Thraces) possèdent dans leur langue se 
rapportant au slave. Il ne s'agit ici que d'emprunts faits 
par les Thraces à leurs voisins slaves. En fait, il rapproche 
tout à fait le thraco -phrygien de l'arménien, et, en géné- 
ral, des langues éraniennes. 

Ici arrive l'examen de la question des Pélasges. Je 
dirai en somme que, pour l'auteur, les Pélasges, qui 
n'ont rien de commun avec les Grecs, sont des Thraces 
aussi bien que des lUyriens, habitants primitifs de la 
Grèce. M. Fligier passe en revue les différents noms 
géographiques de toutes les parties de la Grèce (p. 28 
à 51) et arrive à cette conclusion que ces noms ne sont 
pas d'origine hellénique : il les explique presque tous par 



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— 157 -^ 

rillyrien, le^ thrace, les langues de TAsie-Mineure, et en 
déduit que la population primitive de la Grèce se rappro- 
chait des peuples illyriens et des peuples thraco -phry- 
giens. Il insiste ensuite sur le haut degré de civilisation 
auquel était arrivée la population pré-hellénique de la 
Grèce et sur la part qui leur revient dans Fart auquel on 
donne le nom d'art grec. A leur arrivée en Grèce, les 
Hellènes n'auraient été que des barbares. 

Pour terminer, M. Fligier cherche à démontrer comment 
les Thraces ont été mélangés, dans l'antiquité et sous le 
rapport de la race, avec des éléments éraniens, celtiques^ 
illyriens et germaniques. L'influence des colons romains 
fut moins importante qu'on ne l'a supposé. Aujourd'hui 
les Macédo-Roumains (les Valaques du Pinde) sont les 
Thraces les plus purs: les Daco-Roumains le sont beau- 
coup moins. Ces derniers ont eu à souffrir, entre autres 
contacts, celui des Bulgares qui sont d'origine finnoise. 

J'ai donné, me semble-t-il, un résumé fidèle de l'écrit 
de M. Fligier. La thèse qu'il soutient repose en somme 
sur ce fait que les noms géographiques de la péninsule 
balkanique et de la Grèce s' expliquant presque tous par 
les langues de la Thrace et de l'Asie-Mineure, la popula- 
tion qui avait donné ces noms devait être alliée à celles 
de ces pays, et que les Grecs ont reçu de ce peuple les 
éléments de leur haute civilisation. 

Combien ce travail aurait-il été simplifié si nous 
possédions le secret de la place véritable qu'occupent 
l'albanais et l'ancien dace dans la famille linguistique 
indo-européenne ! A vrai dire, nous l'ignorons encore. 

A. HOVELAGQUË. 



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- 158 — 



Geiger W. Die pehleviversion des ersten capitels des 
Vendîdâd. — In-8, p. vi-68. Erlangen, 1877. 

Tandis qu'Eugène Buraouf, et après lui toute une école 
d'éranisles^ dont M. Spiegel est le plus illustre représen- 
tant, placent la tradition ancienne (c'est-à-dire la version 
de l'Avesla en langue pehlvie ou huzvârèche, et la version 
sanskrite de Nériosengh) au premier rang de tous les 
moyens d'interprétation des vieuï textes mazdéens, d'autres 
auteurs veulent éclaircir ces derniers au moyen de l'éty- 
mologie et par la comparaison avec différents morceaux 
des Yédas hindous. La tradition ancienne n'a pour cette 
seconde école aucune espèce de valeur. M. Geiger fait 
très-justement remarquer, dans son opuscule, qu'on a 
précisément rejeté la tradition ancienne, sans avoir pris 
soin, avant tout, de la^ soumettre à une critiqne suffi- 
sante. Ce travail préparatoire est de toute nécessité. Si 
l'on admet que la version pehlvie offre, au moins çà et là, 
quelque chose de valable et d'utile, il importe à tout 
auteur sérieux de l'examiner de près et de chercher à 
faire la part de ce qu'elle contient de bon et de ce qu'elle 
contient de mauvais. 

M. Geiger donne ici le commencement d'une traduction 
par lui entreprise de la version huzvârèche de l'Avesta. 
Après le texte, transcrit en caractères hébraïques, vient 
une traduction, puis enfln un commentaire. Ce dernier 
est un travail très-minutieux. Bien que l'auteur n'ait pas 
cru devoir ajouter de conclusion à son écrit, nous voyons 
clairement qu'il doit attribuer une importante valeur à 



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— 159 — 

a version huzvârèche, et nous partageons pleinement 
cette opinion. " 

A. HOVBLACQUB. 



The Vedârthayatna or an attempt to interpret the Vedas. 
— Plusieurs fascicules in-S^. — Bomha%^ 1876. 

Cette publication se compose des textes samhitâ et padd, 
d'hymnes choisis du Rig-Véda, avec une iraduction mah- 
ratte et une traduction anglaise. Le but de l'auteur a 
été de donner à ses compatriotes (c'est un Hindou, 
M. Shankar Pandurang Pandit) une idée aussi exacte que 
possible de ce qu'il y a réellement dans le Rig-Véda. Les 
Hindous s'imaginent que toutes leurs superstitions ont 
leur base dans le Véda et que celui-ci sanctionne toutes 
les exagérations du culte populaire. M. Shankar Pandu- 
rang Pandit a voulu les éclairer, et pour cela faire il a 
traduit les plus importants hymnes du Rig-Véda dans le 
dialecte osuel de la région de l'Inde qu'il habite, c'ést-à- 
dire en mahratte. Sa traduction, dont nous avons égale- 
ment une version en anglais, diffère fréquemment de 
l'interprétation classique, ou pour mieux dire orthodoxe 
de Sâyaija ; c'est qu'elle s'appuie sur les découvertes plus 
sûres de la philologie . et de la critique européenne et 
moderne. En agissant ainsi, M. Shankar Pandurang Pandit 
rend un véritable service à ses concitoyens, chez lesquels 
il fait entrer des idées justes, et qu'il met ainsi en com^ 
munication plus directe avec la société occidentale. L'Inde 
actuelle, en sortant de l'inertie où elle est depuis trop 



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— 160 — 
longtemps plongée, en se développant suivant son carac- 
tère propre et son tempérament spécial, a besoin néan- 
moins, si elle veut réussir dans son évolution, d'entrer 
dans lé courant européen et d'adopter, les méthodes 
intellectuelles si rigoureuses et si justes de la science 
moderne. Aussi l'effort de l'auteur du Vedârthayatna^ 
dans ce sens, est-il des plus louables, et nous l'en félici- 
tons sincèrement. Nous approuvons également l'idée qu'il 
a eue de joindre à sa traduction mahratte des notés 
explicatives pour la plupart fort bien conçues. Chaque 
fois, par exemple, qu'une divinité du polythéisme védique 
apparaît pour la première fois, M. Shankar Pandurang 
Pandit ne manque pas d'expliquer ses attributs, ses fonc- 
tions, son culte, avec textes à l'appui ; il la suit dans 
ses développements ultérieurs à travers les diverses 
périodes religieuses du brahmanisme. Cet essai de mytho- 
logie comparée dans l'Inde même est tout à fait remar- 
quable, et nous faisons des vœux pour que les savants et 
les critiques hindous n'en restent pas là. 

Girard de Rialle. 



Clavis humaniorum litterarum sublimions tamulici idio- 
matis, auctore R. P. C.-J. Beschio, soc. Jesu. — 
Tranquébar, évang. miss, press., 1876. — In-8 de 
viij-171 p. 

L'élégant volume dont nous venons de transcrire le 
titre est encore dû à M. Â. Burnell, le savant indianiste 



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- 4M — 

auquel les études dravidiénnes ont déjà tant d'obligations. 
Elle a été faite, par les soins de M. E. Ihlefeld, d'après 
un manuscrit corrigé de la propre main de Beschi. Ce 
manuscrit provenait de la bibliothèque de B.-G. Babing- 
ton, tamuliste bien conni^, qui le tenait lui-même de 
rinfortuné F.-W. EUis, auquel on doit la découverte de 
plusieurs ouvrages du célèbre jésuite italien. Par une 
attention délicate, M. Burnell a voulu que cette édition 
du dernier ouvrage d'enseignement de Beschi sortît des 
mêmes presses qui avaient publié, en 1738, sa grammaire 
du dialecte vulgaire. 

Beschi a composé en effet, à l'usage des Européens, 
trois grammaires. La première, et la plus connue, dont 
l'avant-propos est daté du 4 des calendes de janvier 1728, 
imprimée- en 1738 à Tranquebar, typis missionis da- 
nicœ (1), est intitulée : A. M. D. 6?. Grammatica latino- 
tamulica, ubi de vulgari TamuUcœ linguœ idiomate ; c'est 
un in-8<> de 175 p. Cette première édition se trouve 
rarement seule ; on y a joint d'ordinaire les excellentes 
Observationes de Chr.-Th. Walther (Tranquebar, 1739, 
in-8<> de 58-(ij) p.); la Bibliothèque nationale possède un 

(1) C'est à la fin de 1711 que fut installée cette imprimerie. Le 
matériel nécessaire avait été acheté en Angleterre du produit d'une 
souscription publique (1,194 livres sterlings) ouverte par l'archevêque 
de Cantorbery et lord Chamherlayne. Le vaisseau qui l'apporta de 
Poitsmouth à Tranquebar éprouva toutes sortes de mésaventures : i\ 
fat notamment pris par Duguay-Trouin au Brésil et dut êUce racheté 
par le gouverneur anglais de Madras, passager à bord. L'imprimeur 
mourut pendant la traversée. C'est seulement en décembre 1712 que 
les missionnaires reçurent des caractères tamouls que leur appor* 
tarent trois ouvriers allemands. (Lacrozb, Histoire du christianisme 
4es Indesy La Haye, 1724, chap. Vil, p. 557-559.) 

11 



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— 162 — 

exemplaire de ces deux ouvrages réunis. Une seconde 
édition a été publiée à Madras, eiî 1813, par les direc- 
teurs du collège (in-A® de vj-151-(vij) p.) ; et une troisième, 
à Pondichéry, en 1843 (in-8o de (iv)-viij-214-28 p.), par 
la mission catholique. Il a été fait deux traductions 
anglaises de ce livre : la première, par Horst, a paru à 
Madras en 1831 ; la seconde, par G.-W. Mahon, publiée 
également à Madras en 1848 (in-8o de vij-147 p.). 

La seconde grammaire de Beschi, Grammatica latino- 
tamulica ubi de superiori tamulicœ linguœ dialecto trcw- 
tatur, n'a jamais été imprimée. Un abrégé, fait par 
M. Vabbé Dupuis, a été joint à l'édition de 1843 de la 
grammaire du dialecte vulgaire. La Bibliothèque natio- 
nale possède une copie manuscrite de cet ouvrage, prove- 
nant de la collection Ariel. — Une traduction en anglais, 
par B.-G. Babington, a été imprimée à Madras en 1822 
(petit in-fo de (ij)-xii-117-5 p.). 

Le troisième et dernier traité, la clavis, voit le jour 
pour la première fois, grâce à M. Burnell. J'en possède 
une copie manuscrite assez incorrecte. C'est le résumé 
ou plutôt l'adaptation au latin du livre didactique écrit 
en tamoul par Beschi sous le titre de Ton'n'ûlvilakkam, 
a expUcation des vieux traités (1) », et qui embrasse les 
cinq parties de la science grammaticale, suivant Técole 
tamoule : la phonétique, la morphologie, le style (2), la 
prosodie, la rhétorique. 

(1) Nul signifie proprement c fil >, de là c direction, conduite, 
guide, traité, livre théorique ». 

(2) C'est le mot qui me paraît rendre le mieux le tamoul porul que 
Beschi traduit materia, c'est-à-dire c sujets à traiter ». Les grammai- 
riens indigènes n'en connaissent que deux principaux : Tamour (agap' 



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— 163 - 

La publication de M. Barnell n'a pas été mise dans 
le commerce. L'ouvrage, en effet, tout en demeurant 
très-intéressant et très-curieux, a perdu beaucoup de son 
intérêt pratique. L'exécution matérielle est excellente. 

Bayonne, le 29 décembre 1876. 

Julien ViNSON. 



Vergleichendes Wœrterbuch der Finnisch-Ugrischm Spra- 
chen, von Dr. 0. Donner. — II. — HelsingforSy Fren- 
ckell et fils, 1876. — In-8o de (iv)-160 p. 

Au tome VU de cette Revu^ (p. 177-179), j'ai rendu 
compte de ce travail. Je n'ai rien à modifier à mes 
appréciations et me* borne à signaler la publication de la 
seconde partie, digne en tous points de la première. Elle 
va du n® 682 au n» 852 et comprend les racines en 
s initial. Chaque article est l'objet d'un examen minutieux, 
et les dissertations qui l'enrichissent sont plus soignées, 
s'il est possible, que celles de la première livraison, si 
bonnes pourtant déjà. On ne s^aurait trop recommander cet 
excellent ouvrage. 

J. V. 

porui, materia interior), et la guerre (pur'apporuly materia exterior) ; 
c'est un ensemble de règles et de recommandations minutieuses ne 
nous offrant que très-peu d'intérêt. 



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— 464 — 



Légendes et- récits populaires du pays basque, par M. Cer- 
QUAND, 2* série. — Pau, L. Ribaut, 1876. — 97 p. 
in-8o. 

M. Webster, qui vient de puWier lui-même un recueil 
de contes basques dont il sera rendu compte, a con- 
sacré à la première série de la collection publiée par 
M. Cerquand dans cette Revue (t. VIII» p. 112-128) un 
article intéressant, après lequel il ne reste rien à dire. 
Ce second fascicule est exactement semblable au premier, 
mais les textes basques y sont manifestement plus corrects; 
il m'est revenu cependant qu'il avait été trouvé moins 
intéressant. Je ne suis pas de cet avis, et la nouvelle 
plaquette me plaît autant, sinon plus, que la précédente, 
précisément parce qu'elle ne contient que deux espèces 
de récils. Il n'y est guère question, en effet, que d'idiots 
et de laminak ; j'y remarque de très-curieux détails sur 
les croyances populaires. Ainsi, dans l'amusante histoire 
des Dev^ Bossus^ nous apprenons qu'en entrant au sabbat 
les initiés devaient réciter la liste des jours de la 
semaine, sans nommer le dimanche : pour ne pas s'être 
conformé à l'usage, le premier bossu voit sa bosse enlevée, 
et le second,, au contraire, reçoit sur la sienne celle qu'on 
avait ôtée à l'autre. 

Il faut signaler aussi, dans la présente série, la substi- 
tution dans les diverses versions d'un même conte de 
divers personnages mythologiques [lamina, hasa-yaun, et 
même un animal doué de la parole), l'un à l'autre. 

M. Cerquand a donné aussi une liste de papaitac, 



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— 165 — 

énigmes populaires^ où, comme d'habitude, l'esprit tait 
presque toujours défaut. 

Quoi qu'il en soit, nous attendons avec impatience la 
troisième série, qui nous est promise prochainement. 

J. V. 



Basqtce Legends, coUected, chiefly in the Labourd, by 
Rev. Wentworth Webster. — 1 vol. in-8<>, vii-233 p. 
— Londres y Griffith et Farran, édit. 1777. 

Ce bel ouvrage se recommande à première vue par le 
luxe typographique dont il est revêtu. C'est un véritable 
ouvrage de prix. Quant au contenu, il est de tout point 
digne de l'enveloppe. L'auteur est bien connu des lec- 
teurs de la Reviie de Linguistique^ à laquelle il a déjà 
communiqué quelques-uns des résultats de ses recher- 
ches. C'était une entreprise intéressante que celle de 
recueillir ainsi une série de légendes populaires, notam- 
ment dans un pays aussi curieux, aussi particulier que 
le pays basque. La race euskarienne, isolée au milieu du 
monde latin et celtique qu'elle a précédé, est depuis 
longtemps devenue chrétienne et catholique avec ferveur, 
et il semblait peu probable qu'on pût jamais rétablir son 
ancienne mythologie nationale. Toutefois les travaux de 
M. Webster, comme ceux de M. ^Cerquand, contribueront 
grandement à mettre en lumière les vestiges des anciennes 
croyances des Basques. Maintenant, celles-ci se distin- 
guent-elles beaucoup des contes et des mythes des peuples 
environnants ? C'est ce qu'il ne nous paraît point assuré. 



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- 106 — 

La mythologie n'établit point entre les Basques et leurs 
voisins indo-européens la différence profonde, radicale, 
infranchissable, que Ton constate dans le domaine linguis- 
tique. M. Webster a tenu compte de ce fait important à 
propos des contes de fée, les uns pareils à des conles 
celtiques, les autres provenant d'une source^ française. 
Mais ce défaut d'originalité profonde ou plutôt cette 
extension considérable des mêmes légendes, des mêmes 
personnalités surnaturelles se présente dans tout ce qui 
concerne la sorcellerie, les génies ou démons {Basa-Jaun, 
basa- André, Laminak, Tartaro et le serpent à sept têtes). 
A quoi tient ce phénomène singulier? Les Basques n'ont- 
ils rien en propre en matière mythologique, et ont-ils 
emprunté toutes leurs croyances aux races venues après 
eux sur le sol de la Gaule et de 4'Espagne? Ou bien 
au contraire un vaste ensemble de contes et de mythes, 
véritable substratum théologique, ne s'étend-il point sur 
toute l'Europe occidentale, souvenir de la foi antique des 
races préhistoriques qui, tout en acceptant la langue et 
la civilisation de certains envahisseurs, tout en s' absorbant 
ou se dissolvant dans les races nouvelles et conquérantes, 
n'ont pas laissé périr complètement le vieux bagage de 
leurs croyances et de leurs superstitions, et les ont 
transmises de siècle en siècle en en altérant légèremenl 
la physionomie suivant les régions? Nous ne saurions 
décider entre ces deux hypothèses, bien que la seconde 
nous paraisse bien séduisante. Ce qu'il y a de positif 
néanmoins, c'est que, dans les légendes basques recueiUies 
par M. Webster, il en est un assez grand nombre que 
nous retrouvons dans les contes populaires du peuple 
russe, dans les mœrchen allemandes, ainsi que dans des 



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— 167 — 

récits d'origine plus ou moins celtiques en Angleterre, en 
France et en Espagne. 

Ajoutons que notre collaborateur et ami, Julien Vinson, 
a donné à M. Webster une notice sur la langue basque, 
dont les lecteurs de la Revite n'ont pas besoin qu'on leur 
signale toute la valeur. 

Girard de Rulle. 



RiBARY. Essai sur la langue hasque, traduit du hongrois 
avec des notes complémentaires et suivi d'une notice 
bibliographique par J. Vinson. — In-8, p. xxviii-158, 
Paris, 1877. 

L'écrit de >L Ribâry méritait certainement la traduction 
qui vient d'en être faite. L'analyse \ grammaticale est 
minutieuse ; la méthode me semble bon&e. Ces temps 
derniers, on a beaucoup écrit sur le basque ; en général, 
les travaux que l'on publie sur cette langue ne souffrent 
guère la médiocrité. Ils sont méthodiques ou pleins de 
théories métaphysiques. M. Ribâry est du bon côté. Son 
livre est à consulter, même après les publications de 
MM. Van Eys et Vinson. 

Il y a peut-être à redire çà et là. Ainsi la transcription 
n'est pas toujours heureuse, et il y a des remarques 
hasardées sur l'accentuation ; mais, en somme, le livre 
est recommandable. 

M. Vinson l'a gratifié d'uûe excellente préface sur le 
caractère général de la langue basque et d'une très-utile 



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— 468 - 

notice bibliographique partant de 1607 pour aboutir en 
1876. 

Pour cette notice, M. Vinson me signale une importante 
correction, se rapportant à la p. 145, lignes 14-15. Voici 
le texte même de sa rectification : 

« Je n'avais pu trouver à Bayonne la collection des 
Annales de philosophie chrétienne, et je m'en étais rap- 
porté à M. Bladé, qui semble avoir vu le travail de sir 
Williams Betharn {Origine des Basques, 1769, p. 393). 
Ayant eu occasion depuis de voir la collection des 
Annales, j'ai constaté qu'à la p. 315 du tome XVII il n'y 
a pas d'article de sir W. Betharn, et il n'est pas question 
du basque. Il est seulement rendu compte en quelques 
lignes, au milieu d'autres Nouvelles et mélanges, de la 
séance de l'Académie irlandaise de Dublin du 22 jan- 
vier 1838, où sir W. Betharn a communiqué un travail 
sur l'explication des tables eugubines par Vancien irlan- 
dais. » 

A. HOVELACQUE. 



Notice sur les Basques, par V. Derrécagaix, chef d'esca- 
dron d'état-major. — Paris, 1876 (extrait du Bulletin 
de la Société de géographie), 40 p. in-8<>. 

Travail intéressant et plein de bonne volonté, mais 
tout à fait insuffisant : telle est l'opinion qui se dégage de 
la lecture de cette plaquette, dont l'auteur n'est pas au 
courant des derniers travaux sur la question euscarienne. 
Il y à pourtant-de bonnes remarques, celles notamment 



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— 169 — 
où il met ces lecteurs en garde contre les théories fantai- 
sistes de Chaho et contre les étymologies bizarres de 
cet écrivain (1). Mais il y a bien des lacunes ; la partie 
bibliographique est notamment fort maltraitée. Les Pro- 
verbes d'Oihenart sont de 1657 et non de 1638; le 
Dictionnaire de Larramendi est de 1745 et non de 1728 ; 
celui d'Ordonnez de Lloris est un guide de la conversation 
que M. Derrécagaix rajeunit de cent ans (il est de 1642); 
enfin, erreur moins excusable, le Mithridates d'Adelung 
n'est point un dictionnaire polyglotte, et l'article qu'y a 
fait annexer W. von Humboldt n'est en aucune laçdn un 
dictionnaire de la langue basque. Je ne relève pas les 
autres erreurs. 

J. V. 



Ch. de Tourtoulon et 0. Bringuier. Étude sur la limite 
géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl. 
— Paris, 1876. 

C'est un travail auquel nous ne saurions donner trop 
d'éloges. Il a été conduit avec grande méthode. M. de 

(ij Par exemple, Chaho rapproch^ le sanscrit &ouryen (sic) et le 
basque souriena, qui out l*un et Tautre, suivant lui, le sens de 
c soleil ». Or, churiena, en basque, est simplement c le plus blanc », 
et quant au prétendu sanscrit Souryen, c'est tout au plus la transcrip- 
tion tamoule vulgaire de Sûrya. Les autres analogies ne valent pas 
mieux que celles-là. G*est toujours de la manie étymologique. L'une 
des plus jolies fantaisies de ce genre est la suivante, que j'ai relevée 
dans le livre du colonel Marshall sur les Tudas. 11 y est question (p. 83) 
des chiens c marrons », sauvages, que les Indiens appellent c chiens 
rouges », chen naù A ce mot est jointe la note suivante : c may 
not the french chien be derived from chen = the red (one)? ». 



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— 170 — 

Tourtoulon a fait précéder cette carte intéressante d'un 
écrit très-clair et très-scientifique sur la comparaison des 
deux grandes langues de la France. En ce qui concerne 
la carte elle-même, les auteurs ont procédé avec tout le 
soin désirable. 

Elle comprend les départements de la Gironde, de 
la Dordogne, de la Charente, de la Vienne, de l'Indre, de 
la Creuse. 

*• Les localités frontières (un peu importantes) de la 
langue d'oïl sont : Le Verdon (pointe de Grave), Blaye, 
Lussac, Chalais, Montmoreau, Augoulême, Mansle, Ruffec, 
Charroux,' L'Isle-Jourdain, Monlmorillon, La Trimoille, 
Argenton, Eguzon, Aigurande. 

• Celles de la langue d'oc : Saint-Vivien, Lesparre, 
Libourne, Saint-Aulaye, La Valette, La Rochefoucauld, 
Champagne, Availles, Le Dorât, Saint-Benoît, Bonnat. 

Puissions-nous recevoir bientôt la fin de cet utile 
travail. 

A. HOVELACQUE. 



Grundzûge der physiologie und systematik der sprach- 
laute. — 2e édit.; in-8\ p. 172. — Vienne, 1876. 

L'écrit de M. Briicke — dont la première édition date 
de 1856 — est un ouvrage à peu près classique. Nous 
n'avons guère qu'à signaler le fait de l'apparition de 
cette édition nouvelle. — Rappelons seulement que l'auteur, 
après quelques mots d'introduction sur l'historique du 
sujet dont il s'occupe (Pedro Ponce, 1584; J,-P. Bonet, 



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— 171 — 

1620; J. Wallis, 1653; WilUs, 1828, etc.), donne la 
description physiologique des diverses gutturales, puis 
traite ensuite des voyelles simples (p. 15 à 33). Le système 
de transcription de M. Brùcke est connu. On lui a 
reproché, non sans raison, sa] complexité. Ainsi o de 
encore est rendu par o*; ê par a«; è de lèvre, sèche, par 
e» ; u de pur^ tu, par uK De fait, cette notation est pure- 
ment théorique, et il ne faut pas lui attribuer une autre 
valeur. Les diphthongues sont traitées de la p. 33 à la 
p. 36. Les consonnes (p. 40 et suiv.) : d'abord les con- 
sonnes simples (40-81), puis les composées, enfin les sons 
mouillés. Dans le chapitre septième, où il est traité des 
points de contact entre les voyelles et les consonnes (du 
m; et du y anglais, par exemple), l'auteur aurait pu 
s'occuper du son français qui se fait entendre devant Vi 
des mots cuit, nuit, mots essentiellement monosyllabiques. 
La dernière partie du livre est consacrée à la systé» 
matique des sons chez les Hindous, les Grecs, les Arabes 

et chez les modernes. 

Z. 



H. Huss. Lehre vont accent der deutschen sprache. — In-8® 
de 72 p. — Altmburg, 1877. 

L'auteur a écrit particulièrement ce petit livre en vue 
de faciliter aux étrangers l'étude de l'accent allemand, 
qui, sans être aussi difficile que l'accent de plusieurs 
langues slaves (russe, serbe), n'en offre pas moins certains 
écueils. 



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— 172 — 



Frédéric Mueller. Ueber die stellung des armenischen im 
kreise^ der indogermanischen sprachen. — In-S® de 
24 p. — Vienne, 1877. 

Importante contribution à l'étude de la place qu'occupe 
l'arménien dans la famille linguistique indo-européenne. 
M. Fréd. MùUer démontre que l'on ne peut détacher 
l'arménien du zend et du perse, et qu'il est réellement 
un idiome éranien. 



Revue historique de Vancienne langue française. Recueil 
mensuel publié sous la direction de L. Favre. Première 
livraison, janvier 1877. 

Cette revue spéciale se recommande par son premier 
fascicule. Elle doit publier des textes intéressants à côté 
des articles de première main. La composition de ce 
fascicule est variée ; les matières sont bien traitées, claire- 
ment, simplement. 



Le Zénaga des tribus sénégalaises. — Contribution à 
l'élude de la langue berbère, par le général Faidherbe. 
— In-8, pp. 97. — Lille, imp. Danel, 1877. 

Les lecteurs de la Revus connaissent tous les beaux i 
travaux du général Faidherbe ; ils ont lu notamnaent dans 



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— 173 — 

nos fascicules son étude si remarquable sur la langue des 
Pouls. Aujourd'hui, c'est à un dialecte berbère que 
s'attaque le savant ancien gouverneur du Sénégal. Tout le 
nord deH' Afrique est le domaine particulier d'une famille 
linguistiquie qui a été appelée la famille khami tique. A 
cette famille appartiennent non seulenient les dialectes 
nubiens et gallas, ainsi que l'ancien égyptien, mais encore 
tous les idiomes de l'ancienne Libye, c'est-à-dire, à notre 
époque, ceux des Kabyles, des Touaregs et des Zénagas, 
dont le nom a donné naissance à celui du grand fleuve le 
Sénégal. Lorsqu'il était gouverneur de la colonie de ce 
nom, en 1854, M. Faidherbe avait réuni une foule de 
renseignements très -curieux sur le parler des tribus 
maures de race berbère qui errent dans les déserts situés 
à l'ouest du Sahara, entre le Maroc au nord et le Sénégal 
au sud. Bien que fortement mélangés d'éléments nigri- 
tiques avec quelque peu de sang arabe, ces Maures, 
TrarzaSy Braknas et Douaïch, ont fidèlement gardé le 
parler de leurs ancêtres, d'où sortit, au XI« siècle, la 
. puissante dynastie des Almoravides. Leur dialecte, le 
%énaga, est incontestablement le représentant le plus méri- 
dional du groupe berbère, et c'est un grand service que 
rend le général Faidherbe en fournissant sur son compte 
des données précises et en le comparant aux autres dia- 
lectes connus, tels que le kabyle et le touareg, dont nous 
devons de bonnes grammaires aulgénéral Hanotteau, et le 
dialecte de Ghât, auquel M. Freeman a consacré un 
travail estimable. C'est ainsi que peu à peu s'accumulent 
les matériaux d'une connaissance scientifique de la famille 
khamitique, au moins dans son rameau occidental, et que 
l'on peut espérer constituer un jour une bonne histoire 



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— 174 — 

naturelle du berbère. En ce qui concerne le zénaga, son 
caractère libyen est incontestable ; est-ce une langue pro- 
prement dite? Bien qu'il n'ait pas de littératuire, bien 
qu'on ne l'écrive guère, il a cependant uçe o|iginalité 
assez grande pour qu'on le distingue du kabjle ou du 
touareg. Ce qui nous a frappé, c'est, par exemple, la 
transformation systématique et constante des sifflantes de 
ce dernier en chuintantes dans le zénaga, qui, d'ailleurs, 
est, suivant M. Faidherbe, une langue dure et gutturale. 
Nous le répétons en terminant, c'est une œuvre utile 
qu'a faite là le savant général, et qui sera véritablement 
une contribution importante à l'étude de la langue berbère. 

G. R. 



Grammaire théorique et raisonnée de la langue allemande, 
par E. Drouin. — 1 beau vol. in-8, xix-324 pp. — 
Parisy 1876, Ch. Delagrave, édit. 

On a déjà signalé dans ce recueil un très-estimable 
travail de M. Drouin sur la langue anglaise. Ce linguiste 
^consciencieux a voulu traiter la langue allemande de même, 
et il a composé une grammaire fort bien faite et rédigée 
conformément aux données scientifiques actuelles de la 
science du langage. C'était une entreprise très-louable, mais 
non dépourvue de réelles difficultés. M. Drouin les a sur- 
montées pour la plupart. Nous approuvons tout à fait la 
division de son livre, qui commence par la phonétique et 
se termine par la morphologie. C'est absolument scienti- 
fique, et si cette grammaire allemande n'est pas précisé- 



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— 175- 

ment à la portée des écoliers, elle est digne de tout point 
des hommes sérieux qui voudront apprendre l'allemand 
suwant une méthode sérieuse et non purement méca- 
nique. M. DrQuin a d'ailleurs puisé aux meilleures sources 
et montré qu'il connaît à merveille la littérature de son 
sujet. 

1... 



Philologie topographiqtie. — Légende territoriale de la 
France pour servir à la lecture des cartes topographiques, 
par M. Peiffer, chef d'escadron au 32© régiment 
d'artillerie. — Paris, Gh. Delagrave, 2« édition. 

La philologie topographique est une science jeune 
encore, qui a beaucoup d'avenir. En France et dans les 
pays celtiques, elle sera une des clés les plus puissantes 
pour ouvrir l'idiome gaulois. Un officier d'un savoir 
distingué aura beaucoup contribué à sa conquête. En 
apprenant à lire notre carte nationale, il s'est fait philo- 
logue, eh s' entourant des principaux ouvrages topogra- 
phiques. Il a fait un bon livre, très-utile et très-curieux à 
la fois. Mais comme il n'a pas la prétention d'être un 
philologue érudit, M. Peiffer ne s'étonnera pas si, dans la 
multitude de bonnes choses qu'il a dites, il n'y ait un 
certain nombre d'erreurs à relever ; c'est ce que nous 
ferons dans le pur intérêt de la philologie. 

€ Si on demandait, dit l'auteur, à cent personnes qui 
ne connaissent pas les Pyrénées ce que peut être Saint- 
Jean-Pied-de-Port, quelques-unes répondraient : « C'est 



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— 476 — 

f une petite ville bâtie sur TOcéan b, et elles auraient 
l'apparence de la raison d. Mais pour qu'elles comprissent, 
il aurait fallu changer Torlbographe et prendre celle qui 
dominait au moyen âge, por, et on aurait un congénère 
du grec itopoç, passage. M. Littré s'est trompé, je crois, 
en voyant dans ce mot une forme du latin portare. Si 
l'histoire se charge quelquefois d'éviter la confusion entre 
les villes du même nom, il ne faut donc pas dire Vitry- 
le-Français, il faut mettre Vitry-le-François : c'est une 
fondation du roi de France, François I*"^. 

Parmi les noms d'auberge et de halte, il faut en intro- 
duire un qui est peu usité dans la Manche, DelassCj et 
qui donne clairement sa signification. Le terme forestier 
de triage, que M. Littré tire du verbe trier, est ramené 
plus justement par M. Peilïer à une autre famille : 
( c'était le tiers d'un bois concédé en jouissance aux 
usagers >. Les excavations, les creux entre les dunes, 
sont appelés en Gascogne lède; c'est peut-être le vieux 
français lède € large », le 1. latus ; c'est aussi l'étymologie 
de laye < large chemin dans une forêt », un mot qui 
entre dans Saint-6ermain-en-Laye : c'est le v. fr. lèz 
€ large ». La causse, dans le Midi de la France, désigne 
des plateaux où l'on arrive par des pentes douces : c'est 
le V. fr. caus « col, colline » ; c'est cols, allongé, et son 
étymologie est transparente, quoique M. Littré tire ce 
mot du bas-latin succus, d'après du Gange. Le v. fr. calx 
« chaux », se conserve dans le patois de l'Auvergne. 
Dans celui des Vosges se conserve le v. fr. chem « som- 
met », en prenant la forme chaume et en conservant le 
genre féminin de sa racine, qui est le 1. cyma, comme 
dans Hautes-Chaumes ; ce mot n'est donc pas celtique. 



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- 177 ^ 

comme le croit M. Peiffer. Au mot combe, il aurait pu 
ajouter les variantes cambe et chambe. Pour cluse « pas- 
sage au fond duquel il y â toujours un cours d'eau », 
c'est Tabrégé de écluse, conservé dans le fort de l'Écluse, 
situé sur la cluse de Nanlua. Les creuttes du voisinage 
de Laon offrent une variante de « grotte ». On rapporte 
généralement le mot si commun de puy, en prov. puig, 
pueg, au 1. podium ; je croirais plulôt, avec M. Peiflfer, à 
une origine celtique, pusch, dont le fr. « pic » est une 
variante. De même les avens des monts de Vaucluse 
« crevassements où s'engouffrent les torrents», pourraient 
bien être le celt. avon c rivière ». M. Peiffer va chercher 
bien loin l'explication du terme topographique cMz ; par 
exemple : chez Garreau, c'est-à-dire avec un nom d'homme, 
c'est l'habitation de Garreau, le 1. casa, qui a donné au 
français la préposition « chez ». Voici une bonne expli- 
cation du nom d'un de nos départements : « Lorsque, 
parmi ces débris, on trouva le tableau qui, suivant l'usage, 
portait le nom du navire, ce nom était défiguré : l'initiale 
s apparut sous la forme d'un c », et au lieu de Salvador 
on lut Galvador, dont la prononciation normande ûi.Cal- 
vadô. L'auteur retrouve heureusement le gou^r celtique 
€ ruisseau », dans le nom des cours d'eau le Gers, le 
Ger (Haute-Garonne), le Gier (Loire), le Guier (Isère), la 
localité des Entre-deux-Giers, à la jonction du Giers-Vif et 
du Giers-Mort (Isère), etc. L'auteur tire du celtique le 
terme topographique très-commun poul « marais » ; il est 
vrai qu'on dît poul en armoricain, mais on dit aussi pol 
en allemand ; il rappelle la syllabe forte du 1. palus : 
c'est un de ces mots d'origine lointaine qui nous font 
assister à de vastes émigrations. Mais l'auteur a eu raison 

J2 



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— 478 — - 

de rattacher à ce radical les nombreux Bouille, Bouillon, 
Bouille, etc. Il a heureusement interprété par c tête » un 
terme de la Champagne, comme Somme-Biorne, Somme- 
Tourbe, Somme -Vesle ; c'est le 1. summum, et ces termes 
signifient c source de la Biorne >, etc., comme on dit 
Chef'Boutonne, Pen-Aven, à la source de TAven ; Capa- 
dour, à Tune des sources de TAdour. 

On regarde en général le kirke t église », qui se trouve 
dans Dankerque, Brouckerque, comme un élément ger- 
manique, Tall. kirche, Tangl. ehurch ; mais je me rangerai 
volontiers à Tëtymolegie qui le tire du grec xuptmt € église- 
maîtresse ». Mais je ne crois pas que Camières, Gamin, 
rentrent dans la classe des charmes, arbres, dérivés du 
1. carpinus : c'est le mot celtique très- répandu Carrij 
qu'on trouve dans Garnac en Bretagne, dans Cameville en 
Normandie. Les teil n'ont non plus rien à faire avec les 
€ tilleuls » ; c'est le germ. deal « partie, portion de terre >, 
très-commun pour désigner les fermes des environs de 
Bayeux, appelées les Délies. Les nécmfles n'ont rien de 
commun avec les c nèfles » : ce terme, autrefois nealfa, 
ne se trouve guère qu'en Normandie, et renferme un 
élément Scandinave, elf <c rivière », sans doute combiné 
avec noe « marais de la rivière ». Quant à Romieu et 
Romiguère, il n'est nullement de la famille de ronce : il 
signifie € pèlerin à Rome », comme Michelet est le pèlerin 
du mont Saint-Michel, Jacquet celui de Saint-Jacques, le 
Paulmier celui de la Terre Sainte, d'où l'on rapportait la 
palme d'Idumée. Sans doute les nombreux Nogent (Novi- 
gentum) renferment le celtique noe, nove « terrain 
mouillé x> ; .mais cela ne rend pas compte du mot tout 
entier, dont la finale représente un autre élément celtique. 



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- 479 — 

gm a hauteur » ; Nogenl est donc la hauteur sur la noe 
ou le marais. Malgré Tautorité de M. Quicherat, les Chan- 
teloup, les Chantepie^ sont bien les lieux où hurle le loup, 
où chante la pie, et M. Peiffer en donne une bonne raison : 
c'est qu'on ne dit pas Chantelièvre, Chantelapin, parce que 
le lièvre et le lapin n'ont pas de voix. M. Peiffer donne une 
étrange 'étymologie de Stamboul : c'est une question de 
prononciation surtout; de Constantinopoul (polis), les Turcs 
n'ont gardé que les deux syllabes fortes, la deuxième et 
la dernière : Stan-PçuL Pour Malmaison, ce mot semble 
signifier c hôpital, maladrerie ». 

Le terme provincial chaille «t caillou », que M. Houzé 
tire de l'armoricain caill € bois », M. Littré le tire beau- 
coup mieux du 1. calculus. Il est un mot très-répandu 
dans le Midi de la France, en Espagne, pour désigner une 
pierre plate. M. Littré, voyant que cette pierre a signifié 
€ pierre tumulaire », le rattache à laudare : c'est un 
rapport bien vague ; c'est le mot Lauze, d'où M. Peiffer 
a tiré Lauzun, Lauzès, Lauserville, Montlosier. 

M. Peiffer a dressé une curieuse liste de noms de saints 
localisés, fivec les extraordinaires (au premier aspect) trans- 
formations qu'ils ont subies ; mais elle est très-loin d'être 
complète. Par exemple, on n'y trouve pas des saints dont 
les noms sont les plus répandus et les plus altérés ; 
Stephanus € Etienne », Egidim i Gilles », etc. Mais il 
explique d'une manière frappante comment saint Eligius 
(il ne fallait pas écrire Eloi) est devenu saint Ghely ; saint 
Amand, saint Ghaman ; saint Inian, saint Ghinian. On a dit 
saint Eiy, saint Amand, saint Inian j et, par l'opération 
commune du chuintement, on a obtenu les formes der- 
nières et actuelles. De même saint Teafre (Theofridus) 



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— 180 — 

arrive à Saint-Cbaffre (Haute-Loire). Il y a en Normandie 
un nom de saint profondément modifié : c'est samt Pan- 
crace, devenu saint Planchers, patron de la paroisse de 
ce nom. La liquide a été introduite comme elle l'a été 
dans € trésor »^ du 1. thésaurus; dans « enclume », du 
1. incudis. La syllabe finale a été métathésée : Pancèrs, et 
puis chuintée : Planchers. 

Il est étonnant que ladère, selon M. Peiffer, signifie au 
pays charlrain un c dolmen », alors que, selon M. Littré, 
f ladere, dans le parler de Genève, est un courant lacustre 
accidentel ». « Dans le midi de la France, dit M. Peiffer, 
on fait usage de mourgue pour désigner les religieuses 
vêtues de noir » ; le mot semble donc bien signifier 
« noir », et il se rattache sans doute à la famille du 
morCy et surtout à la formé du v. fr. moriely devenant 
facilement morjel < noirâtre ». N'aurions-nous pas ici 
l'étymologie de notre^ français morgue « lieu de dépôt 
pour les morts », un mot sur lequel M. Litlré ne se pro- 
nonce pas? La Morgue aurait été dans l'origine une 
chambre noire, tendue de noir, obscure de plusieurs 
façons, où l'on exposait les morts. Il y a dans M. Littiré 
une étymologie aussi indécise : c'est celle de morgue dans 
le sens « d'orgueil ». On disait autrefois « morguer 
quelqu'un », c'est-à-dire « le rabrouer, lô braver », c'est- 
à-dire, lui dire: Morgue {moxi de Dieu), le recevoir avec 
un juron. 

Le terme topographique grunne « îlot de sable à demi 
submergé », n'appartient pas à la famille de grave 
€ sable, caillou » ; grunna est celtique ou germanique, et 
Du Gange le définit locus paludosus. 

Dire que nul écart ou nulle commune ne rappelle une 



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— 481 — 

bastille, c'est ne pas connaître dans la Manche Técart 
La Bastille, dans la commune 'des Pas et la commune de 
Beuzeville-la-Bastille, près du pont du Vey (Vadum). Je 
connais des champs appelés clos-reus^ c'est-à-dire « rasés, 
défrichés >, du v. fr. rere « raser >. Il n'est donc pas 
besoin de chercher dans l'allemand l'étymologie des Neu- 
reus des Alpes et du Jura : Neu-reus signifie « champs 
récemment rasés, essartés ». Sur les Robines ou Rapides, 
il y a quelques observations à faire. D'abord ce n'est 
pas qu'en Provence qu'on emploie ce terme pour désigner 
un canal. Il y a une Rabine à Dol de Bretagne, une 
Rabine à Vannes, promenade le long du canal. C'est le 
V. fr. rabinCy du l. rapina ,dans le sens de « rapidité » : 
c la rabine des chevaux », lit-on dans un poème de 
Benoît de Sainte-More. Le fr. ravine est une de ses 
formes. Puisque robine signifie « canal », ce mot conduit 
directement à « robinet », un rapport qui a échappé à 
M. Littré. Les grau des bords de la Méditerranée sont des 
canaux entre^ des sables et des galets i, c'est le v. fr. 
grave € gravier ». Les bordigues\o^vQn\. un mot qui se 
comprend dès qu'on l'écrit avec l'orthographe : Bords- 
d' Aiguës, littéralement c bords des eaux » ; ce sont des 
c espaces aménagés sur les bords de la Méditerranée pour 
la pèche ». Pour galuche c pierre tendre », en Poitou, 
c'est la forme péjorative du v. fr. gai c cailloux », d'où 
nous est resté « galet ». Quant à couse, appliqué en 
Auvergne aux « petits cours d'eau », M. Peiflfer n'en 
donne pas l'étymologie : ce pourrait être le 1. cursus, 
comme. on dit « cours d'eau ». La langue topographique 
des Pyrénées a le terme rek^ pour dire c ruisseau, canal 
d'irrigation, bief de moulin ». M. Peiffer traduit ce mot 



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— 482 - 

par € droit > (reclus), CTest platôt le v fr, reke t vivier », 
qui est dans Du Gange à Tarticle reketz, et le terme des 
mêmes locaUtés, œrrecy en est un composé. 

Il y a une étymologie topographique qui est l'objet de 
deux interprétations ; c'est le golfe de Lion ou du Lion : 
l'une, métaphorique, tirée des € sévices de la tempête » ; 
l'autre des Ligures, >«7w«v ; j'en proposerai une autre, plus 
topographique encore. Le nom antique du port de Mar- 
seille est LycidoUy et on a trois monnaies massaliotes à 
l'empreinte de XyxuSwv ; le golfe de Lion serait le golfe de 
Lycidon, amené à Lion par quelques réductions. 

L'assertion [suivante de M. Peiflfer n'est pas exacte : 
« Puech a fini par arriver à pié, et comme les Normands 
sont restés étrangers à cette dénomination de pié, si fami- 
lière à nos départements du Midi, ils ont appelé les 
Pieux une localité près de Cherbourg, alors que le vrai 
nom serait les Pies (les monts) >. Si l'on a dit les Pieuûo, 
c'est par une prononciation locale, car pié (qu'importe le 
d?) se rencontre plusieurs fois dans la Manche, dans la 
commune de Taillepied, dans celle de Tirepied, et dans le 
Haut-Taillepied, dans la commune de Sacey. Je trouve à 
Ceaux (Manche) le diminutif puignot, où apparaît la forme 
pyrénéenne puig. 

Si l'Auvergne a sesjftwron^, la Normandie n'en est pas 
dépourvue; maïs ce mot n'a rien de commun avec 
€ beurre >; c'est l'ancien allemand bur « maison ». 
Puisque, dans le midi de la France, une jasserie est un 
« ensemble de loges >, il eût*peut-ôtre été bon de donner 
de ce mot son étymologie ; c'est sans doute le v. fr. jas 
« lit », du 1. jacere ; c'est le lieu où l'on couche par 
opposition aux abris où l'on ne passe que la journée. 



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- 183 — 
C*est ainsi qu'aux Pyrénées le terrain sur lequel couche 
le bétail est appelée la ja$se..L2L hutte du pâtre s'y nomme 
ori: c'est peut-être le v. fr. ore c jardin 9, Quant à son 
synonyme cayola, c'est le v. fr. gaiole « cage, enceinte >, 
le 1. caveola. 

Un article très-intéressant du livre de M. Peififer, inti- 
tulé : Tautologie, contient un bon nombre de ces expres- 
sions bilingues, où une langue qui vient se greffe sur une 
langue qui s'en va et qu'on n'entend plus ; telles sont, en 
celtique, la grotte de la balme^ qui dit c la grotte de la 
grotte » ; le mont de Mené (mené « mont », en breton) ; 
en Scandinave, la haie de la forêt, c'est-àrdire 1 1^ bois du 
bois » ; en latin, Montjoufjugum), littéralement « le mont 
du mont », etc. M. Peiffer, qui a dû habiter l'Algérie et 
avoir étudié sa topographie, cite la porte bab-Azoun^ au 
lieu de « la porte Azoun » ; le pont d'Alcantara, al 
kantra signifiant « le pont » en arabe. 

Il faut citer cette note pleine de vérité : € L'on peut 
sans crainte affirmer que les trois quarts des cent Neuville 
inscrits au dictionnaire des communes sont des altérations 
de Nouevîlle, Noeville (ville de la me ou terre mouillée), 
plutôt que des abréviations de Neuveville ». 

Je crois que c'est Daniel Huet, assez faible élymolo- 
giste, qui a traduit le mot bray par € terre fangeuse » ; 
mais c'est le celtique bré, qui signifie « hauteur ») et 
Montbray en Normandie est un exemple de tautologie ; les 
brie, brion, brienne, sont des variantes ; le brion, près 
d'Avranches, est une butte s«ir la baie dn mont Saint- 
Michel. Quant aux brow du Nord, c'est sans doute une 
métathèse de Mrc, une des formes du burg germanique, 
et Brou, Brouenne, Brouay en seraient des variantes. 



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- 484 — 
Pour les larris c terrains vagues et incultes », j'y verrais 
une variante des jarriges ou garigues. Il y a près d'Avran- 
ches le mont Jarri, un sol pierreux ; mais les lauresy 
Laur, Lauras, Monthur, c'est un autre mot d'origine 
grecque ; c'est le v. fr. laure « hameau, habitation 
isolée ». Les parées du littoral vendéen rappellent le v. fr. 
parée c marée », dans Du Gange, parata, littéralement 
lais de marée. La choignole ou soignole n'a rien à faire 
avec la « cigogne » ; c'est la chainole ou c petite chaîne 
d'un puits » . Ensuite les différentes localités de la Soigne, 
Sogne, SoignoUes, SognoUes désignent « des terres sou- 
mises aij droit seigneurial », dit en v. fr. soignée. Pour 
turcie, c'est un mot français ; il n'est donc pas propre aux 
habitants du centre de la France. 

Si j'ai relevé des erreurs dans ce livre arrivé à sa 
seconde édition, c'est pour aider à en préparer une autre 
encore, et c'est parce que ces taches étaient peu nom- 
breuses en comparaison de la grande quantité de choses 
justes qu'il contient. J'exprimerai toutefois un regret, 
comme Normand et comme l'auteur d'un ouvrage que 
M. Peiffer veut bien citer, la Philologie topographique de 
la Normandie : c'^est qu'il ne l'ait pas mise davantage à 
contribution et qu'il n'ait pas pris à notre province, si 
remarquable sous ce rapport,^ une multitude de noms 
topographiques. Je regrette qu'il n'ait pas connu nos 
Scandinaves en Normandie^ où cette veine a été plus 
étudiée et qui forment un mémoire dans le Recueil de la 
Société des antiquaires normands. Où sont nos boels (enclos), 
nos coites et cotins, nos diepes (vallées), nos ey (îles), nos 
fieuvs (représentant les fiords Scandinaves), nos gattes 
(portes et passages étroits), nos ham (d'où hameau), nos 



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•-185 — 

innombrables hogues^ hougues^ hoguelles (hauteurs au bord 
des eaux), nos houles (creux, cavités à la surface du sol), 
nos holm (îles et presqu'îles de rivières), nos thorp (village) 
et thourp, nos vie, \es vîks Scandinaves (criques et baies); 
nos tuit, risl. thwaitte (pièce de terre isolée) ; nos si 
nombreux diks, d'où le français a tiré « digue, > fossé, 
retranchement^ etc.? 

Le livre de M. Peififer est à la fois un ouvrage dé 
savant et un œuvre de militaire. Il fait honneur à l'armée, 
qui compte un grand nombre d'hommes instruits. Il 
apprend à lire les cartes avec intérêt, avec profit pour les 
conducteurs de troupe. Il montre les nombreux rapports 
qui existent entre la philologie et l'art militaire. Les 
noms topographiques ont une valeur qu'on ne peut 
méconnaître. Quand le chef de troupe lit sur la carte les 
noms de hogue, de menès^ de suc, de jou, il sait qu'il y a 
là des points naturellement fortifiés et des postes d'obser- 
vation. Quand un chef de cavalerie y trouve les termes 
garrigue et noe, il comprend que le premier n'offre qu'une 
faible nourriture pour les cîievaux, et que le second lui 
en promet une abondante. 

Edouard Le Hérigher. 



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— 186 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 



CléaéralHé» Indo-ewropéeme** 

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Sievers. GruDdzûge der laut physiologie zur einfûbruDg in das stu- 
dium der lautlehre der indogerm. sprachen. In-8, x-143 p. Leipzig, 
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Delbxiick. Âltindische tempusiehre. ln-8, 136 p. Halle, 1877. 

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Ctrovpe éranleo. 

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Kosso'wicz. Inscriptiones Palseo-PersicsB Achœmenidarum, quot hu- 
cusque repertœ ad sunt apographa viatorum criticasque Lassenii, 
Th. Benfeyi, J. Oppertii necnon Fr. Spiegelii, editiones arcbetjr- 
porum typis, primus éd. et explicayit, comment, criticos adjecit 



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d'un vocabulaire basque-français et français basque. In-8. 

Lespy. Proverbes du pays de Béam, énigmes et contes populaires. 
In-8, lis p. Paris, 1876. 

Pott. Ueber baskische familiennamen. Gr. in-8, v-41 p. Detmold, 
1875. 

Ribary. Essai sur la langue basque, traduit du magyar, avec des notes 
complémentaires par J. Vinson. In-8, xxviH-158. Paris, 1877. 



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— 191 — 

Vinson. Spécimens de variétés dialectales basques. (Rit. de li$ig., 
t. IX, p. 74.) Paris, 1876. 

Went'worth "Webster. The Basque and the Kelt. An examination 
of Mr. W. Boyd Dawkins* paper, c The northem range of the 
Basques >, in the FortnighUy Review, 1875. 



Lasgoes «mériealaes* 

Barber (Ed'vtrin A.). Rock-inscriptions of the c ancients Pueblos >, 
of Colorado, Utah, New-Mexico, and Arizona. {American naturaliste 
p. 716 à 725.) Boston, 1876. 

Bericht ûber die sprache, welche die Ghamies, Angàguedas, Murin- 
does^ Ganasgordas, Rioverdes, Necodaes, Garamentas, Tadodtos, 
Patoes und Gurasambas-Indianer sprachen. {Zeitschrifl fur ethno- 
logie, p. 359 à 377.) Berlin, 1876. 

Matthe^vs (W.). Grammar and of the' languages of the Hidasta. 
In-4. NewYork, 1873. 

Montoya (Luis de). Obras. Tome II, Tesoro guarani (o Tupi). Es- 
panol. In-4, 187S. 



Aymonier.Gours de cambodgien. In-folio, lithographie à Safgonpour 
le collège des administrateurs stagiaires. 1875. 

Aymonier (E). Vocabulaire cambodgien-français. In^^folio, lithogra- 
phie à Saigon. 1875. 



diinois* 

Edkins. The state of the chinese language at the time of the inven- 
tion of writing. (Second intem, congress of Orientaliste, p. 98-119.) 
Londres, 1876. 

Rosny (L. de.). Sur la reconstitution de la langue chinoise archaïque. 
{Second intem. congress of Orientalisis, p. 120-131 .) Londres, 1876. 



Blake (John F.). Astronomical myths. Bazed on Flammarion's his- 
tory of the heavens. In-8. Londres, Macmillan et G», 1877. 



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— 192 -* 

Glarke (Hyde). Note on serpent and Siva wonhip and mythology 
in central America, Âfrica, and Asia (Journal of the anthropolo- 
gical institut, p. 247 à 258.) Londres, janvier 1877. 

Dates and data relating to religions, mythology and biblicaJ archaeo- 
logy. In-8. Londres, Trubner et C®, 1876. 

LudvTig (Alf.). Der Rig-Veda zum ersten maie voUstaendig ins 
deutscne flbersetzt, mit commentar und einleitung. T. I, vm-^iTô p. 
Prague, 1876. 

Roscher. Studien zur vergleichenden mythologie der Grîechen und 
Rœmer. IL Juno und Hera. Gr. in-8, x-106 p. Leipzig, 1875. 



. A. DURBAU. 



•>»*«<- 



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REVUE 



DE 



LINGUISTIQUE 



PHILOLOGIE COMPARÉE 

RECUEIL TRIMESTRIEL 

PUBLIÉ PAR 

M. GIRARD DE RIALLE 

'AVBG LE CONCOURS DB 

MM. EMILE PICOT ET JULIEN VINSON 

ET LA COLLABORATION DE DIVERS SAVANTS FRANÇAIS ET ÉTRANGERS 



TOME DIXIÈME 

Fascicules 3 et 4 — Novembre et Décembre 1877 



PARIS 

MAISONNEUVE ET Ci«, LIBRAIRES - ÉDITEURS 

25, QUAI VOLTAIRE 

1878 



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ORLÉANS, IMP. DE 0. JACOB» CLOITRE SAINT-ÉTIENNE, 4. 



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SPÉCIMENS 



»■ 



VARIÉTÉS DIALECTALES BASQUES 



III 



Le prince L.-L. Bonaparte a bien voulu, dans sa bro- 
chure Sur le basque de Fontarabie, (Tlrun, etc, (Paris, 
E. Leroux, 1877^ 47 p. in-S®), examiner les deux spéci- 
mens que j^ai déjà publiés dans cette Revue, Celui du 
basque d'Ustarîtz lui semble à peu près irréprochable, 
mais celui du basque de Fontarabîe a donné lieu de sa 
pari à de nombreuses observations et corrections. Je ne 
puis que m'inclîner avec reconnaissance devant ces obser- 
vations : en matière de fait linguistique basque, Tauto- 
rite du prince Bonaparte est, sans contredit, générale- 
ment indiscutable, et autant je me permets de discuter et 
de critiquer ses théories ou de défendre les miennes 
contre ses appréciations, autant j*accepte volontiers ses 
décisions quand il s'agit de faits matériels. 

Les principales erreurs relevées par le prince Bonaparte 
à la charge de mon traducteur fontarabiais sont les sui- 
vantes : 1® omission de l'indication des changements 
euphoniques amenés par la suffixation déclînative (il aurait 
fallu, par exemple, zubela et non zuela, arestiyan et non 
arestiariy tiyoten et non zioten, biar et non bear, aldian 
et non aldean^ asmuakin et non asmoakin^ abatik et non 



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— 196 - 

auaiiky etc.) ; 2® emploi de mots ou de formes impropres 
(il aurait fallu, par exemple, iguzkiya et non eguskiya, 
ejiptotik et non ejiptokoa{v. 15), ontako et non onen(y. 16), 
Raman et non Ramaanen (v, 18), erri et non uri (v. 23) ; 
de plus, au verset 10, poz aurait mieux valu que atsegin) ; 
3® confusion de formes verbales (il aurait fallu ziyen « il 
l'avait à eux > et non zilien « il les avait à eux », au 
verset 4; etzara et non etzera au verset 6; zitzayen € il 
était à eux 5 et non zitzazkiym € ils étaient à eux >, au 
verset 7 ; duzute et non ckztite au verset 8 ; enfin aux 
versets 9 et 16 on a mis à tort baitzen et baitzuen: les 
formes causatives ne sont pas employées à Irun et à 
Fontarabie). Pour plus de détails, le lecteur voudra bien 
se reporter à la brochure même du prince Bonaparte. 

Le dialecte d'Ustaritz est le bas-navarrais occidental, 
mais le spécimen qu'on va lire appartient à la variété 
de Bardos du bas-navarrais oriental. Ce dialecte com- 
prend, suivant le prince L.-L. Bonaparte, les variétés : 
I. CizO'Mixaine, subdivisée en cizain, mixain, bardosien, 
arberouan ; II. De VAdouVy dont les deux sous-^variétés 
sont parlées à Urcuit et àBriscous; III. Salazaraise, dans 
la vallée espagnole de Salazar. Le bardosien, d'après les 
cartes linguistiques du même savant, est usité, à la limite 
d'ailleurs du basque vers Bidache, dans le petit triangle 
compris entre la commune de Bardos et les points connus 
sous les noms de Lassarrade et Bargain. 

La grande caractéristique du bas-navarrais oriental est 
l'emploi général, dans le langage courant, du traitement 
respectueux correspondant à l'indéfini des autres dia- 
lectes. On sait que cette forme est dérivée par Tinter- 
calation de zu « vous > ; par exemple diakozu « il l'a à 



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— 497 — 
lui, ô vous >, pour dako c il l'a à lui >. Elle est connt^e 
aussi en souletin, mais son emploi y est beaucoup plus res- 
treint. Elle ne sert d'ailleurs ni dans les phrases interroga- 
tives, ni dans les phrases relatives, ni dans les incidentes, 
et n'est pas dérivée de l'impératif ou du fconjonctif. 

Le spécimen ci-après représente la variété cizo-mixaine 
de Bardos. C'est encore une traduction du chapitre II de 
l'évangile de Mathieu ; elle a été faite à ma prière, d'après 
le texte latin de la Vulgate, le 7 juin 1871, par M. B. 
Celhabe, notaire à Bardos. L'orthographe est la même que 
dans les spécimens précédents ; j'ai donné en note, comme 
pour le spécimen d'Ustaritz, le corrigé pour ainsi dire, la 
forme littéraire pure de toute abréviation, contraction ou 
modification euphonique. 

1. Beaz sorthû unduen Yesus Betheleme Yûdeakueny 
Heodes erregiam eunetariy hunà Mauak yinak ekhi-soral- 
detik Yeûsalemeaty 

€ Donc, après né Jésus dans Bethléem de Juda, dans 
les jours du roi Hérode, voici les Mages venus du côté où 
naît le soleil à Jérusalem, 

2. Erranez: « Nun da sorthû den Yudiuen erregia? 
Ezik ham izarra ikhusi diûzû argi-aldien eta yin gilûlzû 
haen adoatzeat ». 

€ En disant : € Où est le roi des Juifs qui est né ? .car 
« nous avons vu son étoile du côté de la lumière, et nous 
« sommes venus l'adorer ». 

1 . Beraz sorthû ondoan Yesûs Betheleme Yudeakuen, Herodes erre- 
gearen egunetan, huna Magoak yinak ekhi-sor-aldetik Yerûsalemerat, 

2. Erranez: < Nun da sorthû den Yûdioen erregôa? Ezik haren 
izarra ikhusi digûzû (dûgû) argi-aldean eta yin gitûtzû (gire) haren 
adoratzerat >. 



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— 198 — 

3. Bana fwi entzûtien, Heodes erregia trublatû zuzùn, 
eta YeûsaUme oro hadiin. 

a Mais, ea entendant cela, le roi Uérode s'était troublé 
et tout Jérusalem avec lui. 

A. Eta elgarreatuU bildûz aphez handiak oo eta poptc- 
lûko iskiibanlaky galdein ziakozim heyer zer*idohien zaolaik, 
nun sorthû behar-tzai Kristo. 

€ Et réunissant vers Tun et l'autre les grands prêtres 
tous et les écrivains du peuple, il l'avait demandé à eux dans 
quel endroit il demeurait où était besoin de naître Christ. 

5. Alla bada^ hek erran ziakozim : « Betheleme Yud^- 
kuen, ezik kunla izkiibatû beiiû Profetak: 

u Mais alors, ceux*li lui avaient dit : c A Bethléem de 
« Judée, puisque ainsi l'a écrit le Prophète : 

6. « Eta hi, Betheleme, Yûdeako herria, ehiz seurrik 
nihuntikee Yûdeako herri printzipaletan tcharrenay ezik 
hitaik yalgiko 'uk eue Iseraeleko popûlia goomatù behar 
dien aitzindaria >. 

f Et toi, Bethléem, pays de Judée, tu n'es pas sûrement 
« de nulle part même le plus médiocre parmi les pays de 
« Judée, car de loi tu as pour sortir le chef qui a besoin 
« de gouverner mon peuple d'Israël ». 

3. Bana hori entzûtean Herodes erregea trublalû zûzûn (zen) eta 
Yerûsaleme oro hare kin. 

4. Ëla elgarren-ganat bildûs aphez handiak oro eta popûlûko iskiri- 
banlak, gaidegin ziakozien (zakoten) heyer zer-idokien zagolarik nun 
sorlhû behar zen Kristo. 

5. Alla bada, hek erran ziakozien (zakoten) : c Betheleme Yûdea- 
koan, ezik hunia izkiribalû beiiû Profetak : 

6. c Eta hi Betheleme, Yûdeako herria, ehiz segûrrik nihuntik-ere 
Yûdeako herri piintzif)aletan charrena, ezik hitarik yalgiko duk ene 
Iseraeleko popûlia gobornatû behar duen aitzindaria >. 



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— 199 — 

7. Ordien Heodesek segeetien bereanat deithûik errege- 
mauaky artha handiekin hetaïk athamendatû zùzùn zer 
demboètan an agertû zakoteii izarra. 

([ Alors Hérode, ayant appelé en secret vers soi les rois 
mages, leur avait demandé aveo grand soin à quel temps 
leur avait apparu l'étoile. 

8. Eta igorten zitielaik Bethelemeat^ erran ziàkozien: 
« Zuaztôy eta untsa athamenda ziezte haurraz, eta edieni 
duJœzienien yakin-eeZ'Zaazielf amookatik ni ee yuan nain 
haen adoatzeat ». 

€ Et les envoyant à Bethléem^ il leur avait dit : « Allez 
(n et informez-vous bien de l'enfant, et quand vous l'aurez 
<c trouvé, faite8-4e-moi savoir^ pour que moi aussi j'aille 
« l'adorer. » 

9. Mauak erregeen hitzaen ganen abiaiû zûttûn, 
eta hif,na ekhi-aldimi ikhusi zûlen izarra aitzinien 
duakotela^ gelditû arte arribatzien haurra zen lekhiaan 
ganen. 

€ Les Mages s'éloignaient £ur la parole du roi, et voioi 
que l'étoile qu'ils avaient vue du côté du soleil leur va 
devant, jusqu'à s'arrêter en arrivant sur le lieu où était 
l'enfknt >. 

7. Orduan Herodesek segeretûan bereganat deithûrik errege-maguak 
artha handirekin athameadatû zûzûq (zeo) zer demboretan agerlû 
zakoteD izarra. 

8 Eta igorten zitielarik Bethelemer^t, erran ziàkozien (zakoten) : 
c Zoazte, eta untsa athamenda zitezte haurraz, eta ediren dukezie* 
nean yakin-erez zadaziet, amorukalik ni ère yuan nadin haren adora- 
tzerat ». 

9. Magoak erregeren hilzaren ganean abiatû zûtzûa (zireD)^ eta huna 
ekhi-alde;)n ikhusi zûien izarra aiiziuerat duakotela, gelditû arte arri- 
batzean haurra zen lekkuaren ganean. 



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— 200 — 

10. Bada, ikhusiz izarra^ bozkariatû zûtzûn eta sarthû 
laria handienien. 

f Mais, en voyant Vèloile, ils s'étaient réjouis et entrés 
dans un plaisir des plus grands. 

11 . Eta atharbien sartziaekin, hatzeman zizien haurra 
Maria bee amaekin eta ahuspez yarriz adoatûy eta idokiik 
bee tresoraky présent ein ziazkotzien ûrhia, insentsia eta 
mirrha. 

€ Et, avec l'entrer dans la grotte, ils avaient trouvé 
l'eïifant avec sa mère Marie, et l'avaient adoré se mettant 
la face en bas, et, ouvrant leurs trésors, ils lui offirirent 
l'or, l'encens et la rairrhe. 

12. Eta lotan abertitiak etziten berriz Heodeseanat yuan, 
beze bide batetik ûtzûli zûtzûn bee herrietaat. 

€ Et avertis en sommeil qu'ils n'allassent pas de nouveau 
chez Hérode, ils étaient revenus à leurs pays par un autre 
chemin ». 

13. Mauak erretiatû zienien, Yaunaen aingûria agertû 
ziakozûn lotan Yosepi erranez : « Yeki zite, eta har zuekin 
haurra eta haen ama eta laster eizû Ejiptoat eta zaude 

10. Bada, ikhusiz izarra, bozkariatû zûtzûn (ziren) eta sarthû loria 
handienean. 

11. Eta atharhean sartzearekiii, hatzeman zizien (zuten) haurra 
Maria hère amarekin eta ahuspez yarriz 'adoratû, eta idokirik bere 
tresorak présent e|;in ziazkotzien (zazkoten) ûrhea, insentsia eta 
mirrha. 

12. Eta lotan abertituak etziten berriz Herodesen ganat yuan, beze 
bide batetik ûtzûli zûtzûn (ziren) bere herrietarat. 

13. Nagoak erretiratû zirenean, Yaunaren aingurûa agertû zia- 
kozûn (zakon) lotan Yosepi erranez : c Yeki zite, eta har zurekin 
haurra eta haren am'a eta laster egizû Ejiptorat eta zaude han hik 
erran arte, zeren Herodesek chekhatûko beitû haurra haren gai- 
erezteko. 



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— 201 — 

han nik erran arte; zeen Heodesek chekhatûko beitû haurra 
haen galeézteko ». 

« Quand les Mages s'étaient retirés, Tange du Seigneur 
avait apparu en sommeil à Joseph en disant : c Levez- 
€ vous, et prenez avec vous l'enfant et sa mère, et faites 
€ vite vers l'Egypte, et demeurez là jusqu'à ce que je 
€ dise ; parce que Hérode cherchera l'enfant pour le faire 
€ perdre ». 

14. Yosep, yekiik gau-minien^ havtûik haurra età ama, 
yuan zûzûn Ejiptua behera, 

« Joseph, s'étant levé dans la nuit profonde, ayant pris 
l'enfant et la mère, alla en bas vers l'Egypte, 

15. Eta eun Heodes ftil artino, bethe zaïntzat Yaunak 
errana bee Profetaz : « Ejiptotik yin-eezi Hzii eue semia ». 

€ Et demeura jusqu'à ce qu'Hérode mourût, pour que 
s'accomplît ce qu'a dit le Seigneur par çon prophète : 
f J'ai fait venir mon fils d'Egypte ». 

16. Heodesek, ikhusiz Mauek trumpatû zûtela, samûrtia 
koleran hiUeezi zttzin Bethelemen eta hango ûngurietan zien 
bi urthetaïk beheiti Mauak intorroatû zitien demboraadioko 
haurrak oo. 

€ Hérode, voyant que les Mages l'avaient trompé, fâché 
en colère, avait fait mourir tous les enfants qui étaient à 
Bethléem et dans les environs de là, au-dessous de. deux 

14. Yosep, yekiik gau-mineao, hartûrik haurra eta ama, yuan 
zûzûn (zen) Ejiptora behera, 

15. Eta egon Herodes hil artino, bethe zadintzat Yaunak errana bere 
Profetaz : c Ejiptotik yin-erezi dizit (duf) ene semea ». 

16. Herodesek, ikhusiz Magoek trumpatû zûtela, samûrlûa koleran 
hil-erezi zitzin (zitûen) Bethelemen eta hango ûnguruetan ziren bi 
urthetarik beheiti Magoak intorrogatû zilûen demboraradinoko haur- 
rak oro. 



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— 202 — 

ans» suivant la durée du temps où il avait interrogé les 

Mages ». 
47. Ordien kumplitû %ûzûn Yeremiaz Profetak zioiia: 
€ Alors s'était accompli ce qu'avait dit le prophète 

Jérémie : 

18. « Oikû herable 'al entzûn zûziin Ruman, nigar 
marraska eta leyhader anhitz : Racket dolamenetan bere 
haurrem dolûz eta ezin kunsàla gehiao eztielakuen >. 

4L Un cri effroyable a été entendu dans Rama, des 
a pleurs sanglotants et des gémissements beaucoup : 
< Rachel (est) dans les désolations par le deuil de seâ 
« enfants, et elle ne peut se consoler parce qu'ils ne sont 
« plus »* 

19. Bana hil zenien HeodeSj Yaunaen aingùria agertû 
ziakozun Yosepi Ejiptuen loiàik, erranez : 

€ Mais quand était mort Hérode, l'ange du Seigneur 
avait apparu à Joseph en Egypte par sommeil, en 
disant : 

20. f Yeki zite, eta har hatirra eta haen ama, eta zuaze 
Iseraeleko herriaty hil beitie hawn^ai Bizia kheiidû nahi 
zakotenak ». . 

f Levez- vous, et prenez l'enfant et sa mère, et allez 
f vers le pays d'Israël, parce que sont morts ceux qui 
« voulaient ôter la vie à l'enfant ». 

17. Orduan kumplitû zmûa (zen) YeremiaB Profetak ziona : 

18. e Oihii herable bat eutzûQ zûzûq liamaD, nigar marraska eta 
leyhadar anhiiz : Rachel dulatnenelun bere haurren doiûz eta ezia 
kuusola gehiago eztireiakoaa ». 

19. Baua iiii zenean llerodes, Yaunaren aingùria ager(û ziakozûa 
(zakou) Yusepi Ëjipiuaa loturik, errau^z : 

"i^. t Yfki ziie, eta har haurrâ eta haren ama, eta zoaze Iseraeleko 
henirat, hil beiiire haurrari bizia kheudû nahi zakoienak » . 



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— 203 ^ 

21. Yûsepek béez yeki eta, hartû zitzin haurra eia haen 
ama ; eta yin zùzûn Iseraeleko alderdiaL 

c< Joseph donc, après s'être levé, avait pris l'enfant et 
sa mère, et était arrivé au côté d'Israël. 

22. Bana yakinik Arkelaûs errege zela Yûdean bee aita 
Heodesen olde, haat yuaitiaz lotsatû zûzûn^ eta lotan aber^ 
titia czkartatû Galile aldeal. 

a Mais ayant su qu'Archélaûs était roi en Judée à la 
place de son père Hérode, il avait craint d'aller là et 
en sommeil averti s'était écarté du côté de Galilée. 

23. Eta arribatû zenien Nazarethe deithia den hiriat, 
han gelditû zûzûn amookatik eta bethe zaïn Profetak 
errana: « zeen Nazaretharra deithia izaen beita ». 

a Et quand il était arrivé à la ville qui est appelée 
Nazareth, il s'y était arrêté afin que fût accompli ce 
qu'avait dit le Prophète : « Parce qu'il sera appelé Naza- 
€ réen ». 

VARUNTES. 

4. Nun sorthûko zen, où serait né. 
i 1 . Kkausitû zizieti Itaurra, ils avaient rencontré l'en- 
fant.* 

21. Yosepek beraz yeki eta, hariû zitzin (zitûen) haurra eta haren 
ama, eta yic zùzûn (zen) Israeleko alderdirat. 

22. Baoa yakiuik Arkelaûs errege zela Yûdean bere aita Herodesen 
olde, harai yoaiteaz lotsaiû zûzûo, eta lotan aberlilua ezkartaiûx Galile 
aiderai. 

23. Eta arribatû zeoeaa Nazarethe deithia den hirirat, han gelditû 
zûzûo (zen), amorokatik eta, bethe zadin Profetak erraua, Nazaretharra 
deithua izaoeu beita. 

4. Nun sorihûko zen. 

11. Khausitû zizien (zuten) haurra. 



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— 204 — 

iO. Alegeatû zûtzûn eta sarthû bozkalentzian, ils étaient 
réjouis et (étaient) entrés dans l'allégresse. 
18. Gehiao eztielakotZy parce qu'ils ne sont plus. 

NOTES ET OBSERVATIONS. 

ï. Euphonie. — Passim : suppression de r doux, 
g y d, b, entre deux voyelles ; hei des causatifs verbaux 
(lab. hai). 

Versets 1, xmàuen ; % ?mn; 6, nihuntik ; 18, kxinsola: 
u pour 0, sous l'influence du n. 

\, undxxen; 5, yùdeakuen ; 19, ejiptuen et 2, aldien; 
3, entzûtien ; 9, 17, ordien ; 9, segeret'ien , 13, zienien ; 
14, gfaw-mmien; 19, zmien ; 22j lekhien : um pour oan, 
t'en pour ^an^ ien pour iian. H y a eu ici un double 
changement causé par l'influence réciproque des voyelles : 
0, e, ûy sont devenues naturellement w, i, i devant a; 
puis agissant à leur tour sur cet a, elles l'ont affaibli en 
e. Dans la variété de Bardos, toutefois, le second phé- 
nomène a été manifestement déterminé par la présence 
du n terminal, car les nominatifs sont en ia et ua^ les 
génitifs en iareUj imren, etc. Aux génitifs, le r tombe, 
mais l'a et e de aren^ mis en contact, persistent et ne 
donnent pas ain comme à Sare. On a pourtant aussi 
comme à Ustaritz aan pour aen^ par exemple amaan haiirra 
« l'enfant de la mère » . 

5, hunla : contact de n et l, sans voyelle épenthétique 
de liaison. 

10. Alegeratû zûtzûn (ziren) eta sarthû bozkalentzean. 
18. Gehiago eztirelakotz. 



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— 205 — 

6^ ehiz, de ez c non > et hiz c tu es » : chute de z 
devant l'aspiration initiale. 

6, nihuntik: persistance de l'explosive dure après la 
nasale, sans intercalation d'une voyelle euphonique. 

6, goomalû pour gobeniatu; 8, amookatik pour amo- 
rekatik; 16, intorroatu pour inierrogatu. — Dans ces 
trois mots empruntés aux langues latines, Yo s'est assimilé 
Ye qui le suit ou le précède. 

9, gaflen pour ganean. Ici l'influence du n final a été 
augmentée de celle du n ; on a eu successivement ganian, 
puis ganim, puis ganm, par l'absorption de Tt dans le 
mouillement du n palatal. 

20, zuaze c alle5> », impératif (zoaz)y avec e final 
adventice. 

IL Varuntes dialectiques. — 9, idoki c ouvert » 
= lab. ideki;^ 10, ûtzûli; 16, ùngûrû; 19, aingûrû 
= lab. i^zwfo* € tourner », inguru < entour, environ », 
aingeru « ange > (des dialectes ont aingiru, latin angf^- 
/w-m). 

13, yeki « levé » = lab. yeiki, etc. (Chute du second 
élément de la diphtongue.) 

18, leihadar = lab. deihadar « cri d'alarme ». La per- 
mutation de d en 2 est à remarquer. 

20, ziie; 12, etziten; 2, gitûtzû = lab. zaite, eizaiien, 
gaitutzu. Voyelles non gunées. 

22, bana « mais y> = lab. hainan^ gip. banmiy bise. 
bano, souL 6^na, etc. 

o/(fe = orde « rang, place » (roman), avec / pr. r. 

III. Grammaire. — 2, ezik diûzû ; 3, mft ...dw/û « car 
nous l'avons, ô vous; car tu l'as, ô m. » ; 5, ezik ...beitû 
f puisque il Ta » ; 13, zeren .,,beitû « parce que il l'a >; 



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— 206 — 

20, beitie « parce qu'ils sont ». — Le causatif seul rend 
e parce que >, spécialement exprimé par zerm ; ezik traduit 
« car 1 avec la forme simple et « puisque » avec le causatif. 

4, heyer €k eux ». Les datife pluriels en er caracté- 
risent te bas-navarrais et le souletîn (1). La forme pleine 
en en, gizoneri c aux hommes », est employée, par 
exemple, à Saint-Jean-de-Luz ; en labourdin général, on dit 
gizoneif en supprimant 1er; en souletin, on a au contraire 
gardé le r euphonique; mais Viy signe du datif, est tombé. 

4, var. non sorthûko «en « où naîtrait», litt. «où était 
pour naître », conditionnel futur périphraslique.' 

13, lotaUf locatif indéfini, a en sommeil » ; 49, lotarik 
€ par sommeil », autre forme indéfinie ; les définis cor- 
respondants sont loan (à Bardos luen), lolik. 

13, arte et 15, artino « jusqu'à ce que > : arte est 
proprement < intervalle » ; artino, c'est arte + no € jus- 
qu'à », avec changement de e en i devant n; la seconde 
expression est donc périphrastique. 

15, zaintzat; 23, zain « pour qu'il fût » (avec un verbe 
neutre). Le tzat « pour » est généralement iniisilé, et le 
conjonctif s'emploie seul. 

18, eztielahuen (eztiretakoan) ou eztielakotz (eztirelakotz) : 
formes composées de eztire « ils ne sont pas » avec la 

(1) Dans le petit vocabulaire comparatif labMirdiBO-soiileti», tpgâ e^ 
joinl (aimexes, f. d iv) à sa tradactioa du Nouveau-îesidineBi (La 
Rochelle, 1571, in-S»), Liçarrague constate que les (Jalifs pluriels eu 
er sont spéciaux à la Soûle et aux régions qui y confinent. 11 a lui- 
même employé ces datifs en er dans Téditioii petit format des prières 
et dîi catéchisme de Calvin, datée aussi de 1571, et doot il n'a sur- 
vécu que deux exemplaires : Fun, qui faisait partie de la collection 
Burgaud des Marêts, a élé vendu 900 fr. le 16 mail873; le second 
est conservé & la bibKothèque de l'Arsenal, à Paris, sous le n<> 6216 T. 



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_ 207 — 

€ que » + Ao c< pour » + an « dans » ou avec la c que > 
+ ko € pour » + z « par i. La première a le sens de 
a en raison de ce que » ; la seconde signifie « pour la 
raison que ^. 

AS y erranez « disant » ; 14, hartûik « ayant pris i^. Les 
suffixes z et ik, joints au participe passé, fojrmeat les 
gérondifs présent et passé. 

IV. Formes verbales. — Voici la liste complète, par 
ordre alphabétique, de ces formes : 

VERBES AUXILIAIRES. 



beiiie, c'^parce qu'ils sont {dire) ». 
beitu^ f parce qu'il Ta ji, 
da, c il est ». 
den^ c qui est ». 

diûzû {diguzu), c nous l'avons, Ô 

¥ous respectable >. 
dien (dtien), c qui l'a ». 

dizit, € je l'ai, 6 vous respec- 
table ». 

duke^ien^ c vous, pluriel Tavez ». 

^Ai^> € tu n'es pas ». 

elziten, c pour qu'ils ue... pas ». 
(Subj. passé inlr.) 

ffiiûtzû, € TOUS respectable avez 
nous », c'est-à-dire c nous 
sommes ». 

navn (nadin), c que je... b. ». 
(Sub. prés, intr.) 

'uk{duk)y € tu l'as, A h. ». 

zaaziet, « ...le à moi, vous pi. ». 

(Impér. tr.) 
zatn (zadin), « qu'il »... (Subj. 

pas. intr.) 
zakoten, « il était à eux ». 
zakoten, « ils l'avaient à lui ». 



ze^kozieiHj a il l'avait à eux, ô vous 
resp. ». 

zakozieHy « ils l'avaient à lui, ô 
vous resp. ». 

zazkotzie», < ils les avaient à lui, 

6 vous resp. ». 
zela, € qu'il était ». 
zen, « il était ». 
zen, c qui était ». 
ziakozûUy c il était h lui, ô vous 

resp. ». 
zien, € qui étaient ». 
ziezte, c ... vous pi. ». (Impér. 

intr.) 
zite, € ...vous ». (Tmpér. intr.) 
zittelaik, c pendant qn'il les avait ». 
zUiei^ « (les), ...qu'il avait ». 
zitzin, € il les avait, 6 vous resp. »* 

(zitien.) 
zizien^ih l'avaient, ô vous resp.» . 
zûten f (le), ... qu'ils avaiwit ». 
zuziin, € vous l'aviez, ô vous 

resp. », c'est-à-dire c il était ». 
ziUzûn , € vous les aviez , ô 

vous resp. », c'est-à-dire c ils 

étaient ». 



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^08 



VERBES DIVERS. 



duakofela, c qu'il va à eux. » 

eizû (egizû)j t faites-le, vous 
resp. * 

zaozun (zagoziin), c il demeu- 
rait, 6 vous resp. » 



zaude (zagodé), c demeurez, vous 

pi.» 
ziona^ c ce qu'il disait. * 
zoaze, c allez. > 
zuazte, < allez, vous pi. > 



VI. Mots a signaler. — 4, yin « venu », spécial aux 
dialectes navarrais. 
Ekhi « soleil », bas-nav. et*soul. 
3, 4, 16, oro « tout », bas-nav., souL, gip. 

7, 8, athamenda, dérivé de demandare. 

8, erfiren « trouvé », bas-nav., soûl. (Liçarrague, en 
1571, écrivait erideti,) 

9, ahuspez = lab. ahuzpez = gip. auzpez, de aho-z-pe-z 
« bouche-par-en-bas, dessous-par », proprement « la face 
inclinée ». 

ib^ me € de moi », génitif irrégulier de, ni, propre 
aux dialectes français. (Le datif eni est soûl, et bas-nav.) 

11, atharbe = lab. aterpe = dial. atherpe^ atherbe^ 
dérivé par pe « dessous », de ateri, atheri a temps sec et 
beau », selon Van Eys. Ne serait-ce pas plutôt de atal, 
athal « porte », avec r pour If Le sens est c abri, 
refuge ». Liçarrague dit atharbe pean m sous l'abri » (1). 

(1) Cf. Luc, VII, 6-7 : c lesus bada ioan cedin hequin. Bada ia 
etchetic urrun handi etzela, Centenerac igor citzan adisquideac haren- 
gaua, ciotsala, launa, ezadila neka : ecen eznauc digne eue atharbe 
pean sar adin. — Halacotz. neure buruâ-ere eztiat digue estimatu 
hiregana ethorteco : baina errac bitza, eta sendaturen baita. ene 
muthilla. 



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— 209 — 

20, alderdiy de aide « côté » et erdi « moitié ». 
22, lotsatû est plutôt c avoir iionte » ; izitu c avoir 
peur » ; beldurtu « craindre », etc. 

Bayonne, le 4 septembre 1877. 

Julien ViNsoN. 



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LES ÉTUDES BASQUES 

ET LA CRITIQUE 

Depuis quelques années, la langue basque a été l'objet 
d'un assez grand nombre de publications, sinon excel- 
lentes, du moins généralement méthodiques, inspirées 
par un esprit scientifique véritable, œuvres en tout cas 
de bonne foi, comme dirait Montaigne. Je ne rappellerai 
point les tilres de ces livres, de ces brochures, de ces 
articles ; je ne voudrais m' occuper que des études cri- 
tiques publiées à l'occasion de ces écrits, principalement 
par le prince Louis-Lucieji Bonaparte, dans le journal 
VAcademy de Londres, dans la Revue de philologie et 
'd'ethnographie, dans les Actes de la Société philologique 
de Paris, dans les Annales de la Corse, ou sous forme de 
brochures séparées. Il me parait même suffisant de 
restreindre cet examen à deux brochures dont voici les 
titres : 

Remarques sur plusieurs assertions de M. Abel Hove- 
lacquCy concernant la langue basque, accompagnées d'ob- 
servations grammaticales et bibliographiques, par le prince 
L.-L. Bonaparte. — Londres, 1876, 23 p. in-S®; 

Remarquas sur certaines notes, certaines observations et 
certaines corrections dont M* J. Vinson a accompagné 
l'essai sur la langue basque par F. Ribâry, par le prince 
L.-L. Bonaparte. — Londres, 1877, 65 p. ih-8<>. 

Ces deux brochures sont extrêmement intéressantes^ et^ 



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— 211 — 

comme dans toutes les publications du prince Bonaparte, 
le lecteur, Tétudiant basque, si j'ose m' exprimer ainsi, y 
trouvera un grand nombre de détails et de faits nouveaux. 
Dans) la première^ on remarquera surtout les passages 
relatifs à la déclinaison basque primitive et à la conju- 
gaison du verbe basque au XVI» siècle. Dans la seconde, 
on lira avec intérêt une note (p. 25) établissant la pro- 
nonciation dure du c et du ^ latin, à l'époque où les 
Basques ont emprunté aux Romains un grand nombre de 
mots. Ils ont transcrit c et gr par les explosives dures : 
pake (pacem), pike (picem), lege (legem), errege (regem), etc. 
J'avais déjà signalé ce fait, il y a neuf ans> dans la Revm 
de linguistique {L II, 1868, p. 49). 

Quant à leur partie purement critique, ces deux bro- 
chures se confondent et me concernent presque exclusi- 
vement, car M. Hovelacque, dans sa Linguistique) n'a 
pas émis beaucoup d'opinions, beaucoup d'appréciations 
qui ne soient miennes ou que je ne partage entièrement. 

il pourra paraître singulier que je rende compte d'une 
brochure qui m'intéresse directement; mais ceux qui 
l'auront sous les yeux n^en seront point surpris, je l'espère. 
Le ton général de cette brochure facilite beaucoup ma 
tâche, car je ne puis suivre mon savant adversaire sur le 
terrain où il lui a plu de se placer. Que puis-je répondre 
au reproche « d'orgueil et d'envie î>, et que veut-on que 
je dise alors qu'on vient avec fracas «r châtier le manque 
de modestie, le ton dogmatique et certaines insinuations 
qu'un simple amateur s'est trop souvent permises en par- 
lant d'auteurs très-respectables par leurs connaissances 
linguistiques »? Je dois seulement expliquer ce qu'est la 
brochure du prince Bonaparte, montrer comment peuvent 



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— 212 — 

se classer ses griefs ou ses objections, faire voir enfin 
que la plus grande partie de ces remarques portent à 
faux ou sont tout à fait inadmissibles, le dissenti- 
ment signalé provenant principalement d'une question de 
méthode. 

J'ai fait paraître à la librairie Franck, vers la fin de 
Tannée dernière, une traduction en français d'un travail 
sur la langue basque publié en 1866 dans un journal 
scientifique hongrois et dont l'auteur était M. Fr. Ribâry, 
professeur à l'Université de Pest. J'ai accompagné cette 
publication d'un avant-propos, de notes complémentaires 
et d'une notice bibliographique ; c'est sur ces diverses 
parties du volume que portent les remarques du prince 
Bonaparte. Elles se répartissent en quatre catégories, 
celles qui ont rapport à des sujets étrangers à la linguis- 
tique et celles au contraire qui traitent de questions inté- 
ressant cette science ; ces dernières sont relatives, soit au 
prince Bonaparte lui-même et à ses ouvrages, soit à des 
erreurs de fait, soit à des erreurs d'appréciation commises 
par moi. 

Les points étrangers à la linguistique ne sont pas très- 
nombreux. Le prince Bonaparte m'accuse (p. 4) de refuser 
à M. Ribâry le titre de linguiste, tout en donnant à son 
ouvrage les plus grands éloges. Ce reproche est-il bien 
sérieux? Si j'ai dit que le livre dont il s'agit n'est pas 
l'œuvre d'un linguiste, c'est que M. Ribâry lui-même 
m'avait écrit qu'il ne prétendait point à ce titre et qu'il 
s'occupait seulement et principalement d'histoire ; je ren- 
voie du reste le lecteur à la p. vij de mon avant-propos. 
— Le prince Bonaparte me fait un grief énorme de ce 
que j'ai employé des mots t inconvenants » (p. 56) ou 



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— 213 — 

€ malhonnêtes % (p. 60) dans une traduction biblique (1); 
il me blâme même (p. 58) d'avoir remplacé par un c etc. » 
un passage répété dans un texte biblique. Je laisse le 
public juge de la valeur et de la portée de ces critiqués. 
— Je suis appelé (p. 41-13) « ennemi » des Basques, 
parce que j'ai constaté l'ignorance relative de ces popula- 
tions, au milieu desquelles j'habite depuis plus de dix 
années et dont je n'ai jamais méconnu les qualités natives. 
Mais les faits sont là. M. Soulice, bibliothécaire de la ville 
de Pau, a publié, en 1873, une Statistique de l'ignorance 
dans le département des Basses-Pyrénées (Pau, imp. Vero- 
nèse, 15 p. et une carte teintée). Ce travail, établi avec 
le plus grand soin sur les données du recensement de 
1872, montre que les cantons basques du département 
sont ceux où se rencontrent le plus d'illettrés ; le nombre 
varie de 72,01 à 52,80 p. 0/0 pour les hommes, et de 
76,72 à 64,06 pour les femmes. La moyenne générale du 
département est bien de 39 p. 0/0, mais ce chiffre est dû 
à la partie béarnaise» où la proportion est inverse à 
celle du pays basque. Sur les cartes teintées qui accom- 
pagnent le mémoire de M. Soulice, le pays basque pré- 
sente aux yeux des lecteurs un massif obscur au milieu 
duquel se détachent les doux cantons de Bayonne. Et 
quand on vient parler à ce propos de c certaines idées », 
que conclure de là? Seulement que ces] idées se répan- 
dent là où l'ignorance est la moins grande ; il me suffit de 
constater ce fait. 
Les griefs personnels au prince Bonaparte nécessitent 

(1) Il s'agit des v. 15 et 30 du chap. XV de saint Luc, où se trouvent 
les mots xo'po* et nôpvat. Liçarrague les a rendus par urdec et putac, 
que j'ai traduits c cochons » et c putains ». 



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— 214 — 

quelques eiplicâtions de ma part. Ces griefs son! de trois 
sortes : j'ai implicitemenl ou indireclement compris ses 
ouvrages parmi ceux que je traite de mauvais ou de défec- 
tueux (p. 3-4, 47) ; je l'ai cité inexactement ou du moins 
en rendant impossible la distinction entre ses opinions et 
les miennes (p. 13) ; enfin je lui ai emprunté quelques- 
unes de ses découvertes sans le nommer (p. 45). Le pre- 
mier reproche n'est pas fondé ; il n'est pas exact que la 
brochure du prince Bonaparte sur le basque et le finnois 
soit citée par M. Ribâry comme un des livres dont il s'est 
le plus servi : cette brochure ne traite d'ailleurs que de 
quatre points particuliers dans la grammaire basque ; j'ai 
eu surtout en vue les grammaires de Larramendi et de 
Lardizabal, qui ont presque partout servi de guide aa 
savant hongrois ; ces deux livres sont évidemment, au 
point de vue méthodique et au point de vue de la science 
moderne, des ouvrages insuffisants. J'ai eu assez d'occa- 
sions de parler des écrits du prince Bonaparte pour que 
mes appréciations ne puissent faire doute. Je crois avoir 
toujours r^ndu au prince Bonaparte la justice qui lui est 
due. Je n'ai jamais çié la haute valeur et l'importance 
capitale de ses publications ; j'ai même écrit quelque part, 
ce qui est mon opinion sincère, que l'étude scientifique 
du basque me paraît sans elles presque absolument impos- 
sible, si l'on veut arriver à de bons résultats. Le prince 
Btmaparte m'oppose, à propos de son Verbe, le jugement 
de M. Sayce : « Ilis magnificent work on the basque verb 
bas, it may be said, created the scientiflc philology of ihe 
language » ; je n'y contredis point ; j'ai moi-même, avant 
M. Sayce, donné aux ouvrages du prince Bonaparte les 
épithètes parfaitement méritées de « beaux, admirables, 



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— 215 — 

magnifiques i, et, si j'ai dit que le livre de M. Ribàry 
contenait Fessai d'analyse le plus méthodique dont le 
verbe basque ait encore été l'objet, j'étais loin de m'attendra 
à ce que cette phrase pût paraître au prince Bonaparte 
une offense personnelle. Au surplus, je prétends avoir le 
droit de discuter les théories du prince Bonaparte et d'en 
édifier d'autres en partant de faits établis par lui. A 
propos de ces faits, est-ce sérieusement qu'il me reproche 
de m'approprier ses découvertes ? Je lui rappellerai que 
j'ai cité textuellement le^passage de son Verbe relatif au 
radical de t être >, à la p. 308 du t. Y de la Reouê de 
linguistiqucy dans un article de trente pages consacré pré* 
cisément à ses dernières grandes pubhcations. Le reproche 
de citations inexactes ne me parait pas mieux fondé ; je 
m'en rapporte à l'appréciation des lecteurs ; mais, de tous 
les auteurs qu'il m'arrive journellement de citer, le prince 
Bonaparte est le seul qui ait jamais soulevé un pareil grief. 
Quant aux erreurs de fait relevées par le prince Bona- 
parte, je ne puis que m'incliner avec reconnaissance. Je 
n'ai jamais retusé de convenir de mes erreurs, et j'accorde, 
toute autorité à ce point de vue au prince Bonaparte, 
ainsi qu'aux grammairiens et aux travailleurs indigènes. 
Je n'ai aucune prétention à la connaissance parfaite des 
particularités linguistiques de Yesctiorà, et je n'ai jamais 
nié la haute compétence du prince Bonaparte. C'est pour- 
quoi je déplore qu'il ne multiplie pas davantage ses pré- 
cieuses publications, et qu'au lieu de se dépenser en 
polémiques ardentes, il ne termine pas son Verbe^ cet 
incomparable monument, cette riche mine de faits pré- 
cieux, ou qu'il ne nous donne pas plus souvent de ces 
intéressantes monographies qu'il excelle à faire et pour 



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— 216 — 
lesquelles il a réuni des documents uniques et incompa* 
râbles. Je compte, à la première occasion, publier un 
erratum qui comprendra les rectifications signalées par le 
prince Bonaparte, sans oublier la coquille eo pour ei, qui 
a échappé à M. Ribâry comme à moi. — J'ai expliqué 
pour quelles raisons les publications du prince Bonaparte 
ne figurent pas dans ma notice bibliographique ; si les 
Dialogos vasco-castellanos y sont mentionnés, c'est que je 
n'avais pas vu cet ouvrage et que je m'en suis rapporté 
à ce qu'on m'en avait dit. Quant à Poça, c'est un oubli 
tout à fait involontaire et que je ne m'explique pas. 

Mais si j'admets les corrections d'erreurs matérielles, il 
n'en est point de même pour ce que le prince Bonaparte 
appelle mes erreurs d'appréciation. Presque toutes ses 
observations à cet égard me semblent inadmissibles ; il ne 
me parait point qu'il ait démontré l'inexactitude de ma 
théorie verbale, par exemple, ni qu'il ait» prouvé la primi- 
tivité dès pronoms relatifs en basque, ni qu'il ait fait 
voir irréfutablement que le conjonctif n'est pas essentiel- 
lement caractérisé par n final, ni qu'il ait confirmé la 
théorie étymologique de G. de Humboldt sur la parenté 
des Basques et des Ibères (1), etc. Le prince Bonaparte, 

(1) La théorie de Humboldt, qui regarde les Basques comme les 
habitants primitifs de toute la Péoinsule et de la Gaule méridionale, 
est-elle compatible avec l'hypothèse admise par le prince Bonaparte, 
qui fait de tous les Basques français actuels des descendants d'immi- 
grants espagnols? Pour prouver à M. Luchaire le bien fondé de cette 
hypothèse, le prince Bonaparte cite un passage de Bouillet, au mot 
Gascogne, où il es^ dit que cette province tire son nom des Vascons on 
Basques, c peuple d'Espagne qui, refoulé par les Goths, franchit les 
Pyrénées vers l'an 542 ». {Notes sur certaines remarques de M* A. 
Luchaire. Londres, 1877, 7 p. in-8.) 



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— 217 — 

par exemple, croit-il bien décisive la preuve de l'existence 
ancienne des Basques en Italie, tirée de l'emploi dans 
les dialectes lombards du mot bâita « cabane, maison /, 
qu'il rapproche à la fois de l'hébreu HO et de la parti- 
cule basque (déclinative locative des noms de personnes) 
baitha ? Croit-il suffisante l'affirmation que lo ga basque, 
synonyme de hailha, est identique à ca pour casa ita- 
lien ? Je ne discute aucun de ces divers points ; il me 
serait facile de faire voir combien est peu solide l'opinion 
de mon savant adversaire sur les pronoms relatifs, par 
exemple : des phrases où ces pronoms sont, suivant lui, 
essentiels, les unes contiennent de véritables pronoms 
interrogatifs, les autres... les autres étaient inconnues au 
basque primitif. Et ce cas n'est pas spécial à Yescuara; 
est-ce que l'indo-européen prototype, VIndo germanische 
Vrsprache, avait des pronoms relatifs? L'emploi de ces 
pronoms suppose une syntaxe déjà compliquée, une cul- 
ture morale relativement supérieure, une éducation en 
quelque sorte littéraire, ce qui n'est point le cas des 
peuples primitifs. 

Le prince Bonaparte, qui trouvait étrange que je 
m'appuie sur les langues dravidiennes à propos du basque, 
se récriera vraisemblablement en me voyant invoquer 
l'indo-européen primitif. C'est que là gît la différence 
entre son système de travail et le mien. J'ai la prétention 
de ne point étudier la langue basque dans un intérêt 
pratique, et je n'ai pas à m'attacher scrupuleusement aux 
finesses, aux menus détails, à toutes les variétés de la 
langue usuelle. Le but que je me propose, c'est l'applica- 
tion à l'escuara de la méthode comparative, de la méthode 
positive ; c'est d'arriver, par le rapprochement des formes 



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— S18 — 

dialectales, à reconstituer l'état ancien de la langue anté- 
rieur à la formation des dialectes, à retrouver la loi de 
la dérivalion, la signification propre et la forme sonore 
des suffixes, les lois de la phonétique générale, etc. 11 est 
évident qu'à ce point de vue tous les faits de la langue 
contemporaine n'ont pas la même valeur, bien qu'il soit 
souvent fort délicat de décider si tel phénomène est une 
dégradation récente ou un reste des habitudes antiques. 
Quant aux idiomes étrangers, l'aide que leur étude peut 
apporter est considérable au point de vue morphologique. 
Les langues n'étant à mes yeux que des produits spon*- 
tanés de l'organisme humain se comportent toutes de la 
même façon quant à leurs faits primordiaux, leur devenir^ 
leurs allures générales ; elles diffèrent seulement par la 
valeur des sons significatifs et par le degré de développe-* 
ment auquel elles ont été arrêtées. 

La méthode du prince Bonaparte est tout autre ; aussi 
n'est-il pas surprenant qu'entre nous règne sur beaucoup 
de points un profond désaccord. Et je ne puis admettre 
ses rectifications tant qu'elles ne portent pas sur des faits 
matériels d'où je tire mes conclusions théoriques. Il me 
reproche de l'accuser, sans bien me rendre compte de 
la valeur des mots, d'être un métaphysicien : à quelle 
école philosophique se rattache donc un linguiste qui 
donne pour épigraphe à un livre sur le verbe basque la 
phrase bien connue : In prindpio erat Verbum f 

Au surplus, pour bien montrer que la question est sur- 
tout méthodique, je vais reprendre quelques-uns des points 
traités par le prince Bonaparte. 

Il conteste (p. 7-9) mon assertion sur l'analogie en 
basque des noms et des verbes au point de vue morpbo- 



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— 249 - 

logique. 11 me fftit observer que les noms restent toujours 
inaltérés, mais que, dans les verbes, le thème est au 
contraire variable. D'accord ; mais quelle est Timportance 
de ce phénomène, et que prouve-t-il? Simplement que, 
dans les formes des verbes auxiliaires, d'un usage si 
fréquent, l'agglutination a été assez forte, l'usure assez 
grande, pour produire des contractions, des fusions, des 
altérations euphoniques (et non pas organiques) ; ces 
altérations sont beaucoup moins sensibles dans tout autre 
verbe que dans les deux auxiliaires [« avoir » et « être ». 
Mais, puisque je parle du verbe, pourquoi le prince 
Bonaparte veut-il que dans les formes attributives, à 
régime indirect, les éléments personnels soient au datif? 
Pourquoi veut-il que t représente niri dans dit « il l'a à 
moi » et que o soit un reste de oiii « à lui t> dans, par 
exemple, dio <« il Ta à lui » ? Il faudrait en tout cas le 
démontrer. n'est pas un suffixe de aw, sans doute, mais 
il peut en être considéré comme une permutation. Si 
dans det « je l'ai » et degu <!c nous l'avons ity t ei gu 
sont « je » et « nous >, pourquoi dans dit et digu 
seraient-ils morphologiquement a à moi, à nous »? Qui 
démontrera jamais la réduction de niri à tf 

Il est vrai que mon savant adversaire me reproche (p. 29) 
de ne pas comprendra la véritable nature du 'verbe 
basque. Je la comprends autrement que lui ; je raisonne 
mon sentiment, et je ne crois point que le prince Bona- 
parte ait prouvé que mon raisonnement est erroné. Je 
persiste à regarder comme très-contestable son opinion 
sur le [Ȏriphrastisme primitif du verbe basque et sur ce 
prétendu verbe unique à sens de « avoir, » composé uni- 
quement .de pronoms agglutinés. 



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De la différence de méthode viennent naturellement de 
grandes divergences dans l'exposé de la conjugaison. Ainsi, 
le prince Bonaparte trouve puérile (p. 80) l'importance 
que j'attache à conjuguer : 

Ire personne sing. d-aki-t, je le sais. 

2« — d-aki-k, tu le sais. 

3« — d-aki^ il le sait. 

Ire personne plur. d-aki-gu, nous le savons. 

am ( d-aki-zu, )' , 

2« — \ j 1' i vous le saver. 

i d-aki-zuey) 

3« — d-aki'te, ils le savent. 

Ce procédé est si peu puéril, qu'il montre nettement 
l'analogie persistante des formes en gu et de celle en zu, 
qu'il révèle clairement le sens primitivement pluriel de 
zu et le caractère de dérivation secondaire, pléonastique, 
de zuek. Zu aujourd'hui est singulier par le sens, mais 
c'était incontestablement jadis le seul pluriel qui est 
devenu un singulier honorifique ; c'est pourquoi je crois 
devoir traduire zu par « vous d et zuek par « vous pi. ». 
C'est également pour bien faire saisir la formation et le 
sens des allocutives que je rends diat (gip. dikat) par 
« je l'ai, ô homme », ce que le prince Bonaparte trouve 
ce choquant d (p. 57). Il m'accuse à ce propos de contra- 
diction (p. 26), parce qu'après avoir dit, dans l'avant- 
propos, qu'en basque notes (gu) et vous (zu) ne sont pas 
les pluriels de je (ni) et tu (ht), j'ai affirmé dans une 
note que gu et zu sont les véritables pluriels de ni et hi. 
On pouvait comprendre, à la lecture des passages cités, 
que dans le premier je parlais de la forme, et dans le 
second du sens. Je m'explique : zu est le pluriel de hi 
comme vous l'est de toi, et non comme livres l'est de 



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— 221 — 

livre. Quant au pluriel allocutif irek, fragmentairement 
usité à Arratia en Biscaye, son existence, fût-elle géné- 
rale, ne prouverait rien contre ma thèse, c'est-à-dire 
contre la prinlitivité de zu « vous », et la formation 
secondaire de zuek, par l'addition à zu du suffixe ordinaire 
de pluralité. 

C'est à la p. 75 de ma traduction que se trouve le 
passage où M. Ribâry a confondu ki avec le ke aoristique. 
A ce propos, le prince Bonaparte dit (p. 43) que je ne 
parais pas avoir une idée bien claire de l'aoriste, temps 
essentiellement passé. L'aoriste grec est bien un passé, 
mais quel est le sens propre du mot aoriste? Évidem- 
ment, il signifie « illimité, indéterminé ». C'est dans ce 
sens que tous les grammairiens dravidiens ont' appelé 
aoristes les futurs vagues, conjecturaux, exprimant à 
l'occasion le présent ou le passé, qu'on retrouve dans 
toutes les langues du sud de l'Inde. C'est dans ce sen& 
que M. J. Menant appelle aoriste le temps assyrien dont 
la forme est celle du futur, et qui se traduit généralement 
par notre passé. C'est dans ce sens que bien d'autres 
linguistes ont employé le mot aoriste. 

Le prince Bonaparte veut que f soit primitif en basque ; 
les exemples qu'il cite sont des. mots d'emprunt, même 
alfer € paresseux j>j qui paraît venir de l'arabe frah 
« oisiveté, temps libre, désœuvrement, vacance », avec 
l'article al. Je ne nie pas, du reste, que f ne puisse se 
rencontrer dans des mots purement euscariens, mais je 
crois qu'il n'y représente que l'altération phonétique 
d'une autre consonne, vraisemblablement l'explosive la- 
biale dure. 

Les explications qui précèdent suffiront, je l'espère, 



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pour faire saittf la nature da désaccord qui s'est élevé 
entre le prince Bonaparte et moi, et les raisons qui 
m'autorisent à persister dans mes opinions. Je serais 
désolé d'ailleurs qu'on attribuât à ces observations une 
autre portée ; j'ai simplement voulu montrer que j'avais 
le droit de conserver , sur certains points importants de 
la grammaire basque, une manière de voir différente de 
celle du prince Bonaparte, quelque précieuses que soient 
ses découvertes, quelque profondes que soient ses connais- 
sances linguistiques. La vraie science ne reconnaît point 
d'autorité iofaillible, et elle n'admet aucune théorie qui 
ne résulte de l'observation ou de l'expérience, ou qui 
n'ait été vérifiée et démontrée. Nous n'en sommes plus 
heureusement aux temps où l'on acceptait sans examen 
la parole des maîtres, et, pour nous, le respect n'est en 
aucune façon incompatible avec la critique. 

Bayonm, le i septembre 1877* 

Julien ViNsoN. 



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ESQUISSE 

d'une 

GRAMMAIRE DE LA LANGUE INNOK <*> 

ÉTUDIÉS DANS LE DIALECTE DES TGHI6UT DU MAGKENZIE, D*APRiS LA 
GRAMMAIRE ET LE VOCABULAIRE TCHIGUT DU R. P. PETITOT (2) 

Quelque témérité qu'il puisse y avoir à aborder l'étude 
méthodique de la phonétique et de la morphologie d'une 
langue d'après l'inspection grammaticale d'un seul des 
nombreux dialectes qu'elle a pu former, ce travail devait 
être tôt ou tard entrepris pour la langue innok. Il se 
passera bien du temps, en effet, jusqu'à ce que nous 
possédions, pour chacun des dialectes qui en sont issus, 
une grammaire et un vocabulaire semblables à ceux que 
le R. P. Petitot a consacrés à Tidiome des Tchiglit du 
Mackenzie. J'ai donc pensé qu'il y avait quelque intérêt à 
soumettre à l'analyse linguistique, à essayer de présenter 
dans un ordre scientifique les précieux documents que 
son zèle éclairé nous a procurés. Cette étude nous per- 
mettra peut-être de saisir, sinon avec une certitude 

(1) Le nom d^Eskiman ti'étant que la corruption d'une appellation 
impropre appliquée aux Innoit par les. Algonquins, je crois qu'il est 
expédient de lenr rendre le nom par lequeâ ils se désignent eux- 
mêmes : Innoit, hommes, au singulier innok. 

(2) R. P. Petitot, Vocabulaire français-esquimau^ précédé d'une 
notice et d'une' grammaire. (Bibliothèque américaine de M. A. Pinard.) 
Paris et San-Francisco, 1876. 



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— 224 — 
absolue, du moins avec une probabilité satisfaisante, les 
linéaments généraux de la langue mère, sans toutefois 
nous autoriser dès à présent à la ranger dans aucune des 
familles dont la science du langage a reconnu l'existence. 

C'est là un point sur lequel j'insiste dès le début. Si • 
disposé que je sois, à rencontre de l'opinion émise par le 
P. Petitot, à faire des langues hyperboréennes une classe 
à part, sans lien avec les familles ouralo-altaïque et 
maléo-polynésienne, je me garderai de formuler aucune 
conclusion à cet égard, ne pensant pas qu'en l'état pré- 
sent de la science une pareille question puisse être utile- 
ment disculée. Je me bornerai à signaler, aussi impar- 
tialement qu'il me sera possible, chacune des particularités 
linguistiques qui seraient de nature à confirmer ou à 
infirmer la thèse soutenue par l'auteur à qui j'emprunte les 
éléments de ce travail. 

'' Section I^e. — Phonétique. 

Le matériel phonique de l'innok peut évidemment 
différer beaucoup d'un dialecte à l'autre. Je dois donc me 
borner ici à étudier les principaux éléments de la phoné- 
tique des Tchiglit, indispensable pour la complète intelli- 
gence de la morphologie. 

§ 1er. _ Voyelles. 

Les voyelles de Tinnok sont au nombre de dix, savoir ; 
sept simples et trois nasales. 
Les sept voyelles simples sont : 
1« aj, a pur ; 



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— 225 — 

^^ é, é fermé, très-fréquent ; 

3<> è, è ouvert ; 

4® i, i pur, permutant avec les deux précédents (1); 

r.Q ., , I permutant très-aisément ensemble (2). 

7o û, ô allemand, assez rare. 

Les trois nasales, an, en, on, seront transcrites respec- 
tivement d, è, ô. La deuxième est fort rare ; les deux autres 
assez fréquentes. " 

Les nasales sont nécessairement toujours longues ; cha- 
cune des voyelles simples peut être prononcée longue ou 
brève : la longueur sera indiquée, s'il y a lieu, par un 
accent circonflexe. 

Les permutations indiquées plus haut sont absolument 
les seules qu'on rencontre en innok ; elles s'effectuent, 
on le remarquera, entre des sons très-voisins les uns des 
autres, aisés à confondre, et ne paraissent soumises à 
aucune règle. De distinction entre deux ordres de voyelles 
fortes et faibles, lourdes et légères, de substitution régu- 
lière d'un son faible à un son fort, ou réciproquement, 
l'innok n'en connaît point, et jamais on n'y voit la 
voyelle d'un suffixe s'adoucir ou se renforcer pour se 
mettre en harmonie avec le ton du thème auquel il 
s'agglutine. 

On voit où tend cette remarque : l'innok, langue d'ail- 



(i) V. g. amè-rk, peau, plur. ami-t; mais celte forme pourrait être 
la contraction d'un pluriel régulier amè-it. Une pareille permutation 
se rencontre parfois dans les radicaux : èrklo, boyau, plur. irklot. 

(2) V. g. iglu, maison, iglo-rpôk, grande maison ; innok, homme, 
innU'lik, spectre. Mais c'est surtout, comme on le verra, devant les 
afiîxes de conjugaison que o et w permutent avec une extrême facilité. 

45 



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leurs singulièrement euphonique» ne possède aucun élé- 
ment d'harmonie vocalique; et si» comme je le crois avec 
M. L. Adam (1), l'harmonie vocalique doit être consi- 
dérée comme le caractère typique et distinctif de la famille 
ouralo-altaïque, une première présomption bien grave 
s'élèverait contre l'hypothèse qui rattache l'innok à cette 
famille. Il est vrai que le vocalisme n'est pas, dans tous 
les idiomes qui la composent, parvenu à un égal degré 
de développement, et que plusieurs n'en offrent que des 
vestiges rudimentaires ; mais, en supposant même que 
l'innok se fût détaché du tronc ouralo-altaïque à l'époque 
très-ancienne où l'harmonie vocalique n'existait pas encore, 
il serait vraiment étrange qu'il n'accusât son origine par 
aucune tendance à l'adoption de ce procédé grammatical, 
que la plupart de ses prétendus congénères ont amené à 
une si riche floraison. 

§ 2. — Consonnes, 





MOMBNTANÉBS. 




CONTINUES. 


', 


MON ASPIREES. 


ASPlRftBS. 


SPIRANTBS. 


NASALBS 


VIBRANTBsJ 


Gutturales... 


Sourdes. 


Sonores. 


Sourdes. 


Sonores 


Sourdes. 


Sonores. 


Sonores. 


Sonores. 


k 


9 




gh 


h 


X 


h 


r 


Palatales. . . . 


6 


S 




» 


» 


y 


> 


Ih j 


Linguales . . . 


» 


> 




> 


s 


9 


> 


> 


DenUles.... 


t 


d 




> 


s 


z 


n 


l 


Labiales .... 


P 


b 




> 


> 


Vy W 


fit 


> 



(1) L. Adam, Uharmonie vocalique. Paris, Maisonneuve, 1874. 



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— 227 — 

Le matériel consonnantique de Finnok ti*est pas à 
beaucoup près aussi riche que ce tableau le ferait sup- 
poser au premier abord; plusieurs des articulations qui 
y sont indiquées, notamment la plupart des spirantes, se 
présentent si rarement qu'on pourrait les négliger sans 
cesser d'être exact. 

Mais ce qui frappe dans ce tableau, au moins autant 
que l'abondance des consonnes, c'est leur inégale réparti- 
tion entre les divers ordres : défaut de momentanées 
aspirées, richesse de la classe des gutturales et de celle 
des dentales, étonnante indigence de celle des linguales, 
enfin bizarre classification des vibrantes, où manque Yr 
lingual et ofi Yr guttural et Yl palatal constituent une 
singularité caractéristique du langage innok. Abordons les 
détails. 

A. Momentanées. — Les non-aspirées n'offrent aucune 
difficulté, sauf les palatales : c est le â croate ou c italien 
devant les voyelles faibles; § est le j anglais ou djim arabe. 
Le P. Petitol nous avertit « qu'il faut prononcer ces deux 
consonnes les dents serrées, comme sons mixtes entre 
tch et tSy dj ei dz >, en sorte qu'elles rentreraient peut- 
être aussi bien dans la classe des linguales que dans celle 
des palatales. 

11 n'existe qu'une seule momentanée aspirée, une 
sonore, gh {g' du P. Petitot), et encore cette transcrip- 
tion n'est-elle peut-être pas fort exacte pour désigner 
le g accompagné d'une aspiration laryngale qui, lors- 
qu'elle est isolée, est rendue par x et dont il va être 
question. 

B. Spirantes. — La gutturale sourde h est fortement 
aspirée, mais très-rare. Plus rare encor.e est la sonore x, 



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^228 — 

qui semble n'avoir d'autre fonction que de s'unir au g ou 
à Vr pour les transformer en gutluralisations profondes. 
Cette double affinité permet, je crois, de rapprocher le x 
innok du ayn arabe, qui est aussi une laryngale sonore, et 
qui, par renforcement, a engendré le rhayriy sorte de gh 
ou rh fortement grasseyé. Je reviendrai plus loin sur cette 
assimilation. 

11 n'y a rien à dire des autres spiranles : la palatale y 
est le ; allemand ; la linguale s, le s croate ; elle est 
très-rare, ainsi que les deux dentales, surtout la sonore ; 
enfin v et w, rares aussi, ont respectivement la même 
valeur qu'en anglais. 

C. Nasales. — La seule nasale qui requière quelque 
développement est la gutturale ^, ng allemand, saghyr 
noun des Ottomans ; elle ne se présente jamais qu'après 
une voyelle nasale et paraît, dans la plupart des cas, 
comme le saghyr nouUy provenir d'un k primitif adouci. 
C'est du moins ce qu'on pourrait induire de nombreux 
exemples, tels que celui-ci : nuna, terre, nuna-k, deux 
terres, avec Taffixe locatif mé, devrait faire nnua-k-mé, 
dans les deux terres, tandis que la forme usuelle est 
nunà'fb-mé. Cette hypothèse est d'autant plus plausible 
qu'il est constant que k final s'adoucit en g devant 
l'affixe possessif (v. g. cikHk, marmotte ; éikclg-a, sa 
marmotte) : il n'y aurait dès lors rien d'étonnant à ce qu'il 
subît, dans certaines circonstances, un second degré 
d'affaiblissement en ^ guttural nasalisant la voyelle précé- 
dente. L'analogie de l'ottoman montre que ce processus 
phonétique n'a rien d'anormal. 

D. Vibrantes. — Cet ordre comprend un r et deux L 
Vl dental est le nôtre. Le palatal doit, si je comprends 



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— 229 — 
bien la description qu'en donne Fauteur, présenter une 
certaine analogie avec 17 dur des langues slaves, l barré 
"des Polonais, l russe devant les voyelles fortes ; il s'obtient 
de même, en contournant la langue dans la bouche ; il est 
d'ailleurs fort rare. 

L'r lingual manque. L'r guttural, semblable au rhayn 
des Arabes, tient sa place. Il est très-fréquent ; on le 
rencontre souvent isolé, plus souvent encore lié avec le k, 
qu'il précède ou qu'il suit. Cette circonstance, jointe à la 
possibilité de renforcer cette gutturale par l'adjonction de 
l'aspiration sonore représentée par x (assemblage qui 
sera transcrit rA), est de nature à faire supposer que cet 
r n'est autre chose qu'une variation dialectale, un simple 
renforcement que l'idiome des Tchiglit fait subir à un k 
primitif. Cette hypothèse, que je hasarde avec réserve, se 
corrobore de divers faits aisément observables, savoir : 

4« L'extrême facilité avec laquelle les deux consonnes k 
et r, accolées l'une à l'autre, soit dans les affixes, soit 
même dans le thème, se fondent en une seule sans raison 
apparente, par un simple adoucissement de prononcia- 
tion : V. g. (disparition de l'r) tupè-rkr, tente, plur. tup- 
kréit ; (disparition du k) nérkrèy viande ; nérrè'yoark, il 
mange. 

2^ L'attraction qu'exercent au contraire l'une sur l'autre 
ces deux gutturales, de telle manière que parfois la pré- 
sence du k dans une désinence y appelle Yr, alors que 
grammaticalement ce dernier est épenthétique : uyarak, 
pierre, plur. uyarkrrat, au lieu de uyark-at. 

S^ L'identité de fonction des quatre gutturales, dont 
l'une ou l'autre, à l'exclusion de toute autre consonne, 
est caractéristique de l'affixe possessif de la première per* 



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— 230 — 

sonne du singulier. Ainsi : omâriy cœur, omat-iga^ mon 
cœur; umity barbe, umit-ka; awky sang, awk-àna; amè, 
femme, ama-ra. 

/k^ Comme le k s'adoucit en gr, ainsi IV peut par- 
fois subir ce même affaiblissement, même dans les 
thèmes : a§ira-rk, main, plur. a^iga-it. Le renforcement 
inverse se rencontre également : kigut, dent, plur. kirut-it. 

5« La phonétique comparée des divers dialectes achè- 
verait sans doute d'établir le caractère non primitif de 
Yr des Tchiglit : c'est ainsi que leur mot « lampe », kro- 
lèrk, est, chez les Innoit du Grônland, kotluk^ et chez 
ceux de la baie d'Hudson, kullek. Si ces trois mots pro- 
viennent d'une forme commune, ce qui est fort probable, 
on voit que celui des Tchiglit contient deux vibrantes 
gutturales qui lui sont exclusivement propres. Mais je ne 
dois pas insister sur ce dernier argument, dont je ne suis 
pas en mesure de contrôler la valeur. 

Chez les Arabes, qui possèdent aussi Yr guttural, arti- 
culation très-rare dans les diverses langues des hommes, 
cet r n'est pas non plus primitif. Le ayin sémitique, aspi- 
ration sonore comme Yx des Innoit, a engendré en se 
renforçant une sorte de gh qu'une nouvelle évolution 
phonétique a transformé en rh guttural et grasseyé. 
D'autre part, le kheth sémitique, hhé arabe, s'est adjoint en 
se renforçant une sorte d*r, de manière que le khé des 
Arabes de l'Afrique se prononce presque comme khr. 
Preuves manifestes de la tendance des gutturales pro- 
fondes à se renforcer par un r épenthétique et de la 
possibilité d'une semblable évolution chez les Innoit, 

De ces considérations, il résulterait : i^ que l'innok, 
analogue en ce point au chinois et à plusieurs langues 



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— 231 — 

polynésiennes, ne posséderait point dV ; 2» que révolu- 
tion de ses deux gutturales primitives pourrait, jusqu'à 
plus ample informé, être représentée par le tableau suivant, 
dont les recherches postérieures éclairciront les points 
douteux : 

Piimithes. Affaibli^somento. Renfo rcem ents. 

r rh^kr 

g ti(?) ? gh r * 

De ce court aperçu de la phonétique de Finnok, il ne 
me parait se dégager aucun caractère particulier d'affinité 
avec la famille ouralo-altaïque. 

Section II. — Morphologie. 

Dans l'impossibilité absolue où nous nous trouvons de 
remonter aux éléments radicaux d'une langue à peine 
connue, nous devons nous borner à prendre pour points de 
départ les thèmes les plus simples, dits par hypothèse 
thèmes primaires, et à descendre d'agglutinations en agglu- 
tinations jusqu'aux formes les plus compliquées. 

§ 1«^. — Thèmes primaires. 

Les thèmes primaires, rarement monosyllabiques, comme 
awk, sang; kûrk, rivière, sont ordinairement dissylla- 
biques et terminés, soit par une voyelle, soit par l'une 
des gutturalisations r, rk, k, kr{i). Ils ont tous un sens 

(1) Il y a d'autres désinences, mais fort rares, et l'on peut poser en 
règle générale que jamais un de ces thèmes simples ne se termine par 
une momentanée sonore, ni par une spiranle, ni par une vibrante 
autre que r. 



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— 232 — 

nominal : nuna, terre ; iglu, maison ; imioft, homme ; 
talèrkf bras, etc. 

Mais si Ton examine de plus près cette gutturalisation 
finale, on s'aperçoit de l'étonnante facilité avec laquelle 
elle disparaît dans bien des cas en présence des affixes. 
Quand, de l'r et du k ainsi accolés, l'un vient à tomber 
et l'autre demeure, ce peut n'être qu'un phénomène 
purement phonique, qu'on a tenté d'expliquer plus haut ; 
mais que dire quand la gutturalisation tout entière s'efface 
sans laisser de trace? Et ici les exemples abondent : inno-k^ 
homme, plur. inno-it; kraléyua-rky livre, plur. hraléyua-t; 
uhlu-rky jour, plur. ublu-t. 

L'hypothèse la plus simple qui se présente immédiate- 
ment à l'esprit, c'est que les thèmes de ces noms sont 
respectivement innOy kraléyua^ ublu, et que le k ou rk 
qui les affecte au nominatif singulier n'est qu'un thème 
démonstratif affixé, destiné à leur donner un sens nomi- 
nal. Ainsi, 1'^ final indo-européen transforme en noms 
des thèmes qui, autrement', ne sauraient jouer aucun rôle 
dans la phrase. La seule différence entre les deux 
langues, c'est que l'indo-européen use toujours et obli- 
gatoirement de ce procédé, tandis que l'innok emploie 
parfois le thème brut et sans affixe comme sujet de la 
phrase. 

Il est toutefois des cas où l'une au moins des deux 
gutturales persiste au pluriel ou devant les affixes de 
relation ; alors la gutturalisation finale semble bien faire 
partie du thème : v. g. ikargork, falaise ; plur. ikar- 
goruty thèmeitorgfor-(?). D'autres fois la désinence guttu- 
rale disparaît devant certains affixes et persiste devant 
d'autres : innoky plur. innoity mais innok-ta^ son homme. 



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— 233 — 

Ces cas sont embarrassants et feraient supposer que, 
dans cette langue insensiblement corrompue, faute de 
grammaire et de littérature, Taftixe nominal soudé au 
thème a fini par être confondu avec lui et pris pour une 
partie intégrante du nom (1). Mais lorsqu'on voit la guttu- 
rale finale tomber régulièrement devant presque tous les 
affixes, tandis que les autres consonnes finales subsistent, 
on ne peut s'empêcher de songer à une formation ana- 
logue à celle de l'indo-européen : akva-y cheval, akva-s, 
le cheval ) ublu-, jour, ublu-rky le jour. La ressemblance 
de ce thème démonstratif rh de l'innok avec celui du 
nahuatl tl est encore plus frappante : tous deux se 
retranchent devant les affixes ; comme l'un est entièrement 
guttural, ainsi l'autre est entièrement dental, et enfin tous 
deux se composent d'une momentanée et d'une vibrante, 
mais différemment disposées. 

Pénétrons plus avant dans la morphologie de l'innok : 
nous y verrons que, dans la conjugaison des verbes, cette 
même gutturalisation rk est l'indice régulier de la troi- 
sième personne du singulier. C'est donc bien là un thème 
démonstratif comparable à celui de l'indo-européen sa ou 
ta, qui sert à la fois à la formation du nominatif des 
noms et à la conjugaison des verbes : akva-sa (à' oix akvas), 
le cheval ; bhar-arsa (d'où bharasi), tu portes ; bhar-a-ta 
(d'où bharati)y il porte, etc. Bien plus, pour rendre ce 
fait plus palpable, il ne manque pas en innok de forma- 

(1) On sait que notre langue cultivée et lettrée présente des ano- 
malies du même genre, le thème démonstratif (article) qui précède le 
nom finissant par faire corps avec lui : le lierre pour Vhierre, le len- 
demain pour l'en dewiin; et les patois nous en fourniraient bien 
d'autres. 



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— 234 — 
lions secondaires en rk^ qui remplissent à volonté la 
fonction de substantif et de troisième personne du singu- 
lier du verbe : caviliortoark, forgeron, il forge ; itkralèr^ 
kréyoark^ pêcheur, il pêche, etc. Une donnée aussi hypo- 
thétique ne saurait comporter un plus long développement, 
mais rétude morphologique qui va suivre tendra peut-être 
à la corroborer. ^ 

§ 2. — Affiûoes numéraux. 

L'indice invariable du duel est k ; celui du pluriel est 
/. On observera, comme un exemple curieux de logique 
du langage, que la désinence du nom du nombre i est 
celle d'un nominatif singulier (alaotirkr), que celle du 
nomt)re 2 est k (aypak\ mallùrok), et que tous les autres 
noms de nombre se terminent en t. 

Le terme qui signifie « plusieurs, un grand nombre », 
est uwit. Le t plural provient-il d'une agglutination con- 
tractée du thème singulier avec ce mot (1) ? ou celui-ci 
n'est-il lui-même que la forme plurielle d'un thème sin- 
gulier disparu? C'est ce que, pour cause, je m'abstiendrai 
de décider. 

Si les affixes k et t sont absolument invariables comme 
indices des nombres, il n'en est pas ainsi de la manière 
dont ils s'agglutinent au thème : les pluriels et les duels 
revêtent les formes les plus diverses et les plus désespé- 
rantes pour qui chercherait à les ramener à un type 
unique. Tantôt les indices se suflixent purement et simple- 
ment au thème du nom : nuna, terre, nunor-k, nuna-t ; 

(1) En sorte que, par exemple, ublu-t, les jours, serait une compo- 
sition emboîtante pour ublfUrumi^ 



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— 235 — 
érrè-rk, montagne, érrè-k, érrè-t. Tantôt ils empruntent 
le secours d'une voyelle euphonique, devant laquelle la 
voyelle finale du thème peut subsister, se modifier ou 
même disparaître : arnè, femme, arné-iky arné-it ; éiglè- 
rk (nom de leur tribu), plur. cigl-it. Parfois la gutturali- 
salion rk, qui nous a semblé être l'indice du nominatif 
singulier, se maintient au pluriel en tout ou en partie, et 
tout une syllabe épenthétique vient se placer entre elle 
et l'affixe du nombre : iglè-rky lit, iglè-rk-li-k. Enfin, 
quand le thème singulier se termine par une gutturale, 
celle-ci peut s'affaiblir ou se renforcer suivant le cycle de 
permutations qui a été établi dans la phonétique. On se 
perd dans un labyrinthe d'anomalies. 

Pourtant, lorsqu'on sera parvenu, par la comparaison 
du tchiglerk avec les autres dialectes innoit, à isoler avec 
certitude les thèmes primaires de leurs affixes nominaux, 
on découvrira probablement que ces nombreuses irrégula- 
rités sont dues à des intercala tions euphoniques, dont il 
sera dès lors possible de trouver la loi. 

§ 3. — Affixes de relation. 

L'innok est une langue puissamment agglutinante, et 
toutes les relations qui affectent le nom y sont exprimées 
par des postpositions, dont l'énumération serait inutile et 
fastidieuse. Il suffira de faire connaître ici les plus usuelles, 
c'est-à-dire celles qui correspondent aux relations casuelles 
des langues flexives. 

1° La relation active (cas nominatif) a pour indice, on 
l'a vu, une désinence gutturale; mais cette règle n'est pas 
absolue, puisque nombre de thèmes bruts jouent le rôle 



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— 236 — 

de noms. En ce cas, le sujet de la proposition se distingue 
par un procédé qui ne relève que de la syntaxe : il précède 
toujours le verbe. 

2« La relation passive (accusatif) a pour caractéristique 
la syllabe mik^ mnik^ suffixée au thème, soit directe- 
ment, soit par Fintermédiaire de voyelles ou consonnes 
euphoniques. V. g. sing. nuna, terre, nuna-mik ; duel 
nuna-k, nunâr-n-mik, par affaiblissement du k en iï; 
plur. nunu'ty nuna-g-miky forme où la permutation de la 
dentale en gutturale me paraît inexplicable. Au reste, les 
formes plurielles sont presque toutes fort irrégulières ; les 
formes duelles s'expliquent au contraire très-aisément par 
la permutation de k en n, qui se produit à tous les cas, sauf 
au génitif. 

30 La relation possessive (génitif) s'exprime par une 
double suffixation : l'une au nom du possesseur, l'autre à 
celui de l'objet possédé. C'est un procédé fort simple, 
que connaissent aussi les langues ouralo-altaïques ; par 
exemple : le lard de renne, tuktu-h orkâor-a^ littérale- 
ment tuktu, renne, b (afiixe), orkéor-k, graisse, a (afûxe), 
a renne de lard sien » , comme diraient aussi les Basques. 

Nous retrouverons l'aftîxe de l'objet possédé parmi les 
possessifs proprement dits. Celui du possesseur, qui 
correspond au génitif des langues flexives, est au singu- 
lier une des quatre labiales m, h, p, v, qui s'agglutine au 
thème pur : nuna, nuna-m ; inno-k, inixo-m. Au duel, le 
k du nominatif se renforce en r ou s'affaiblit en g, peut- 
être en se fondant avec la labiale dure ou douce qui 
vient s'y affixer : ainsi mma-g serait pour fiuna-k-m; 
nuna-r pour nmia-k-p (?). Quant au génitif pluriel, il 
présente tant d'anomalies qu'il faut renoncer à l'analyser. 



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— 237 — 

^^ La relation locative a pour indice une nasale suivie 
de é ou i, ^> '^h w^> w^- Ces affixes se substituent les 
uns aux autres suivant des règles assez arbitraires et sans 
doute purement euphoniques. 

Le propre de Tinnok, comme de toutes les langues 
dénuées de précision, enfantines et grossières, c'est de 
posséder un grand nombre d'aflixes pour désigner la 
même relation. Il en est ainsi du locatif et des cas sui- 
vants, dont je me borne à indiquer les désinences les plus 
communes. 

50 Illatif: nuriy nut, nulu, 

6® Ablatif: min, nm, ménnun. 

7^ Instrumental : nik, minik. 

On remarquera le rôle important que jouent les nasales 
dans les affixes de relation. 

Je donne maintenant, à titre d'exemple, Tune des 
déclinaisons citées par le P. Petitot. Je me plais à croi^e 
qu'elle est une des plus irrégulières de la langue ; 
autrement il faudrait désespérer d'y jamais rien com- 
prendre. 

Duel. Pluriel. 

tuparkr. lupkréit. 

tupânmik. turkit. 

iupar. turket. 

tupânné. turkimni. 

tupànnun, tupèrmun, 

tupânnin, tupèrmin, 

tupânnik, turkimnik. 

Je ne chercherai pas à expliquer cette série 
dont le disparate déconcerte toute analyse et qui 
se rapporter successivement à des thèmes tupèr- 
iurkr. Mais, jusque dans ces permutations capri 





Singulier. 


Nom. 


tupèrkr. 


Ace. 


tupèrmik. 


GéQ. 


turkib. 


Loc. 


tupèrtné. 


m. 


tupèrmun. 


Abl. 


tupèrmin. 


Instr. 


tupèrminik. 



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— 238 — 
y a une ombre de régqlaipité, et peut-être parviendrions- 
nous à la dégager si nous possédions un nombre suffisant 
de paradigmes de déclinaisons que nous pussions comparer 
entre eux. 

§ 4. — Pronoms et affixes possessifs. 

Il ne faut qu*énumérer les pronoms personnels, dont 
l'emploi est nécessairement bien restreint dans une langue 
riche comme Tinnok en conjugaisons objectives, mais dont 
la connaissance est nécessaire à l'analyse de ces conjugai- 
sons elles-mêmes. 



SiDfulier. 


Duel. 


Pluriel. 


iw personne. t<t?âa. 


uvaruk. 


uvarut 


2« personne. illuiU 


illiptik. 


iUipH. 


3'P~ iSma. 


okicoak. 


okkoa. 


tapkoak. 


iapkoa. 



Toutefois ces deux derniers mots, employés pour dési- 
gner, l'un une personne présente, l'autre un absent, ne 
paraissent pas être des pronoms proprement dits, mais 
des noms usités pronominalement. Tandis, en effet, que 
les pronoms de la première et de la deuxième personne 
s'agglutinent en forme abrégée au thème verbal et sont 
presque toujours parfaitement reconnaissables dans la 
conjugaison, la caractéristique de la troisième personne 
est la finale rk, qui provient sans doute d'un thème 
démonstratif disparu, sans rapport possible avec orna. 

Le duel et le pluriel des deux premiers pronoms, sans 
être parfaitement réguliers, n'offrent point d'anomalie cho- 
quante. Quant aux affixes de relation, ils sont les mêmes 
que pour les noms. 



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- 239 — 

Le pronom personnel devient aflixe possessif en s'agglu- 
linant en forme très-abrégée, parfois même méconnais- 
sable, au nom de l'objet possédé. Les noms ainsi pourvus 
d'affixes possessifs peuvent d'ailleurs être affectés d'une 
double relation duelle ou plurielle, suivant que, soit le 
possesseur, soit l'objet possédé, est unique, double ou 
multiple. C'est ce que le schème suivant représentera par 
les lettres S, D ou P pour l'objet possédé, S', D' ou P 
pour le possesseur. 

nuna S S* ma terre, nuna-ra. 

s D' la terre de nous deux, nuna-rwuk. 

S F' la terre de nous plusieurs, nuna-rwuL 

ntma-k D S' mes deux terres, Huna-g-a. 

D D' les deux terres de nous deux, nuna-r'iwuk. 

D P' les deux terres de nous plusieurs, nuna-r-iwut. 

nuna-t P S' mes terres, nuna-i-ka. 

P D' les terres de nous deux, nuna-t-iwuk. 

P P' les terres de nous plusieurs, nuna-t-iwut. 

L'affixe possessif de la première personne du singulier 
est, comme on le voit, un a précédé ordinairement d'une 
gutturale. Cela posé, l'analyse des formes qui précèdent 
n'offre pas de difficulté sérieuse. On peut en dire autant 
des suivantes : 



8* personne (indice n). 


3« personne (indice a). 


S S' 


nuna-an (nunân)y 


ntina-â. 


SD' 


nma-rt'k^ 


nuna-ak. 


S F 


nunarHy 


tiuna-at. 


DS* 


riuna-k-tin. 


nuna-âk. 


DD' 


nuna-r-igtikj 


nuria-g-ak. 


DP' 


nuna-r-Ué, 


rinna-g-aU 


PS' 


nuna-Uin, 


nuna-ât. 


Pir 


nuna-UHk, 


nuna-ik. 


PF 


Huna-t-ikH, 


nuna-it. 



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-240 — 

La forme D S* de la troisième personne devrait être 
fiuna-g-a; mais elle se confondrait ainsi avec la forme 
D S' de la première personne. Faut-il voir là un phénor 
mène de dissimilation ? Quant aux trois dernières formes, 
qui devraient être respectivement riuna-t-a, -t-ak, -t-at, 
je les considère comme inexplicables. A part ces excep- 
tions, il règne dans les combinaisons possessives une 
remarquable régularité. Toutefois il s'en faut de beau- 
coup qu'elles présentent toujours la clarté de ce para- 
digme ; les mêmes lois, euphoniques ou autres, qui 
régissent la déclinaison, se rencontrent ici et engendrent 
des complications dans le détail desquelles je dois m'abs- 
tenir d'entrer. 

Il va sans dire que les affixes de relation qui s'agglu- 
tinent au thème nominal affectent également le nom 
pourvu du suffixe possessif, et qu'on peut dire en un 
seul mot, en innok comme dans les langues ouralo-altaï- 
ques, comme dans les idiomes agglutinants en général: 
« dans ma maison, sous les deux tentes de vous deux, 
avec les nombreuses barques d'eux plusieurs (1) », etc. Des 
constructions bien plus complexes encore nous attendent 
à la fin de cette étude. 

§ 5. — Thèmes verbaux. 

Tout thème primaire peut jouer le rôle de thème 
verbal en s'adjoignant les suffixes de conjugaison, qui 
sont de trois sortes : temporaux, modaux et personnels. 
Ainsi le mot nérkrèy chair, est le thème du verbe « man- 

(1) Théoriquement : iglo-ra-mi, tupâ-n-igtik-atân, umia-t'it^minik. 



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- 241 ~ 

ger » : impératif nérrè-rij mange ; présent de l'indicatif 
nérrè^yoark, il mange, décomposable, comme on va le 
voir, en nérrè, thème ; y, indice du présent ; o, indice de 
l'indicatif, et rft, ark, thème démonstratif, indice de la 
troisième personne du singulier. De même immè- est à la 
fois le thème du nom immè-rk, eau, et du verbe immè- 
rtoarky il boit. On pourrait multiplier les exemples de ce 
procédé morphologique, qui d'ailleurs n'a rien que de 
parfaitement normal. 

Plus nombreux encore sont les thèmes verbaux dérivés 
au moyen d'affixes de diverse nature, qui s'ajoutent au 
thème primaire : apâ, père ; apa-ri-y thème du verbe 
fit être père » {apariyoark, il est père) ; — iglu, maison ; 
iglu'li', bâtir (iglulitoark) ; — '■ immè'rky eau ; immè-rko-, 
couler (immèrkoktoark) ; — innu-lik, spectre ; innu-lik- 
ci§', évoquer des spectres, etc. Ce n'est pas ici le lieu 
d'examiner la valeur fonctionnelle de ces affixes, qui, 
pour quelques-uns du moins, est fort obscure. Il suffit de 
constater que tout thème primaire, ou même toute forma- 
tion secondaire, comme innu4ik, dérivé de inno-k, peut, 
en se les agglutinant, se tranformer en verbe et recevoir 
les suffixes de conjugaison. 

Étant donné maintenant un thème verbal, soit primaire 
comme nérrè^y soit secondaire comme igluli-, soit tertiaire 
comme innulikâi^-, examinons les diverses modalités qui 
peuvent l'affecter. 

§ 6. — Modes et temps. 

L'affixe temporal se joint immédiatement au thème 
du verbe, puis vient l'indice modal que suit la désinence 

16 



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— 242 — 

personnelle. Mais comme Taffixe propre à chaque temps 
éprouve des variations suivant le mode auquel on l'em- 
ploie, il est nécessaire de bien se fixer sur la nature 
de rindice modal avant d'entreprendre toute autre déter- 
mination. 

Le verbe innok possède sept modes. 

I. Indicatif (1). — A tous les temps de l'indicatif, sauf 
un, l'analyse phonétique permet de reconnaître l'exis- 
tence d'un précédant la désinence personnelle ou se 
fondant avec elle. En aucun autre mode, sauf en un temps 
de l'interrogatif, cet o ne se retrouve. Y a-t-il là une 
présomption suffisante pour considérer cette voyelle comme 
rindice modal de l'indicatif? Je le crois, et j'espère que 
ceux qui liront les explications qui vont suivre partageront 
ma conviction. 

Je me hâte d'ajouter, pour n'être point taxé d'inexacti- 
tude, que cet o n'est point constant. A la première per- 
sonne du singulier il se nasalise en ô, permutation qui 
s'explique aisément par l'agglutination abrégée du pronom 
nasal uvàa. A d'autres personnes il permute souvent en u, 
changement purement phonique et tout à fait insignifiant 
pour qui a observé l'étroite parenté, j'allais dire l'identité 
de ces deux sons en innok. 

L'indicatif comprend six temps : un présent, trois passés 
et deux futurs. 

\^ Présent. Je mange, nérrè-y-ô-a ; je bâtis, igluli- 
Ud-a, etc. L'indice du présent est ordinairement la con- 
sonne y ou tj placée entre le thème et l'indice modal. 

(1) Il ne sera question ici que des verbes les plus communs, dits 
réguliers. Je traite des autres dans le § 7. 



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- 243- 

Parfois le t se complique d'une gutturalisalîon qui le lie 
au thème kt, rt, rkt. Parfois l'indice temporal semble 
manquer, par exemple dans les verbes formés au moyen 
de l'affixe éi§ : innulikci§'ô-a ; mais ici il est facile 
de restituer la palatale y qui s'est fondue dans la pala- 
talisation précédente §. Somme toute, on peut considérer 
y|ou t comme l'indice invariable du présent dans les 
verbes réguliers. 

2o Passé immédiat. Je viens de manger, nérrè-manikt- 
(ha. La caractéristique est le suffixe manikt- suivi de 
l'indice modal. 

3^ Passé défini. Je mangeai, nérrè-yot-ka. Ici manque 
l'indice o ; mais aussi cette forme n'appartient-elle pas à 
proprement parler au mode indicatif, comme le prouve 
bien le suffixe personnel fca, qui s'y agglutine et qui 
n'est pas un affixe de conjugaison, mais un affixe possessif. 
On retrouvera ce nérrè-yot- parmi les gérondifs et parti- 
cipes; il signifie « ayant mangé », et c'est par extension 
de sens que, de l'acception « moi ayant mangé », le mot 
nérrèyotka a pu passer à celle de l'indicatif « je mangeai ». 

40 Passé indéfini. J'ai mangé, nérrè-luarUô-a. Caracté- 
ristique : luarU; indice modal 0. 

5® Futur imtnédiat. Je vais manger, nérrè-yéarkt-ô-a. 
Indice du temps yéarkt-. 

6<> Futur indéfini. Je mangerai, nérrè-^art-ô-a. Indice 
temporal néart- ; indice modal 0. 

Ainsi, à tous les temps de l'indicatif, sauf une exception 
qui n'est qu'apparente, on trouve cette voyelle précé- 
dant l'affixe personnel; nulle part ailleurs, sauf en un temps 
de l'interrogatif, on ne la rencontrera. Dès lors ce doit 
être là l'indice du mode. 



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- 244- 

Quoi qu'il en soit des autres modes, on observera sur 
celui-ci, le moins rebelle à l'analyse, que les afBxes de 
conjugaison suivent le thème dans l'ordre que voici : 
temporal, modal, personnel ; autrement dit, que le schème 
de la conjugaison innok est T + t + m + p. C'est aussi 
celui de la conjugaison indo-européenne : thar-a-ja-mi 
(optatif), grec yi/)oefAe, donne à l'analyse bhar, thème verbal; 
a, signe du présent ; ja, signe de l'optatif ; wit, affixe de 
la première personne du singulier. Tel ne me paraît pas 
être l'ordre dans lequel se présentent les alïixes de con- 
jugaison des langues ouralo-allaïques : soit, par exemple, 
en ottoman, le nécessitalif du verbe baq-maqy voir; présent 
baq-maloû-My passé baq-maloû-idrim. Le schème de cette 
dernière agglutination est T + m + t + p. Ces différences 
syntactiques me semblent d'une haute valeur quand on 
discute la question de savoir si deux idiomes remontent à 
une origine commune. 

II. Interrogatif. — Ce mode n'a point de présent, 
mais trois passés et un futur. Aucun de ces temps n'a 
de première personne. Bien que les indices de conju- 
gaison ne s'y présentent pas avec la même netteté que 
dans rindicatif, on peut considérer comme caractéristique 
modale la consonne labiale p on v suivie d'une voyelle. 
C'est du moins ce qui résulterait de l'analyse de toutes les 
formes du mode, moins la première. 

i^ Passé iminédiat. As-tu Uni de manger? ixérrè-lèraU 
u-tm. Cette forme, par analogie de celles de l'indicatif, 
indiquerait une forme thématique -léral-o- ; indice tem- 
poral léraU (comparer l'indice du passé indéfini de l'indi- 
catif luarl") ; indice modal o. Pourquoi ce temps est 
pourvu de l'indice de l'indicatif et manque de celui de 



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— 245 — . 

rinterrogatif, c'est ce que je ne saurais même tenter d'ex- 
pliquer. L'anomalie est grave sans doute, et de nature à 
jeter quelque incertitude sur le résultat de nos analyses. 

2o Passé indéfini. As-tu mangé? nérrè-vé-it ; avez -vous 
mangé? nérrè-v-ici ; a-t-il mangé? nérrè-pè-rka ; ont-ils 
mangé? nérrè-pè-rkei. Formation probable : thème + syl- 
labe labiale indice du mode + affixe personnel. Point 
d'indice temporal. 

3® Passé défini. Mangeas-tu? nérrè-laor-vé-it. Même 
composition, avec insertion après le thème de l'indice 
temporal laor-j le même peut-être que celui du passé de 
l'indicatif luarl-. 

4® Futur. Veux-tu manger ? nérrè-yualoar-pa-tin ; \e\xi' 
i\ maingerl nérrè-yitaloar-pak. Décomposable en : thème 
4- yualoar (Cpr. à l'indicatif yéarkt), indice du temps 
+ pa, syllabe labiale indice du mode -h affixe personnel. 

III. Négatif, — L'indice de ce mode consiste dans 
l'insertion d'une négation cuit, uikt, entre l'indice tem- 
poral et l'indice modal des formes de l'indicatif. Ainsi, de 
la forme thématique nérrè-y-o, on tire le thème négatif 
nérrè-y-nikt^o-, en conjugaison mrrèyuiktôa; je ne mange 
pas, nérrèyuiktutin, etc. 

Le P. Petitot rapproche cet infixe^négatif de la négation 
usitée en innok, cuitor, non. Ce rapprochement me parait 
aussi parfaitement légitime. 

Le négatif a probablement les mêmes temps que l'indica- 
tif, temps dont l'analyse, à supposer que nous en possédions 
les formes, ne nous apprendrait sans doute rien de nouveau. 

IV. Impératif. — Un seul temps. Exemples : nérrè-ny 
mange ; nérrè-g-itik^ nérrè-g-ici, mangez. Cette forme est 
la plus commune, maip non la seule usitée. 



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— 246 — 

V. Prohibitif, — Ce mode est à Fimpératif ce que le 
négatif est à Findicatif ; il se forme donc au moyen de 
rinfîxe uikt, mais il a des désinences peu régulières. 
Parfois il est le résultat d'une agglutination tout à fait 
indécomposable, comme nérrèvânùret, ne mange pas, 
que le P. Petitot traduit analytiquement par € je ne veux 
pas que tu manges », en admettant que vâmr- est mis 
pour pinnâa, je ne veux pas (?). 

VI. Participes. — Présent. En mangeant, nérrè-klunè. 
Ce klunè est une postposition locative : inarky côté ; 
inarklunè, sur le côté. Nérrè-klunè signifie donc « dans le 
manger >, et peut jouer dans la phrase le rôle d'adjectif 
ou d'adverbe. C'est ainsi, en effet, que les Innoit forment 
leurs adverbes ; l'adjectif innok n'est autre chose que la 
troisième personne du singulier du présent de l'indicatif 
d'un verbe ; nakoyork, bon, signifie aussi « il est bon », 
et de ce thème secondaire dérive l'adverbe nakoyorklunè, 
bien, analytiquement « dans le être bon ». 

Passé. Ayant mangé, nérrè-yot-ka. On a vu la double 
fonction, adjective ou verbale, que peut remplir ce temps : 
je mangeai, nérrè-yot-ka ; moi qui ai mangé, nérrè-yot-ka ; 
de moi qui ai mangé, nérrè-yot-ka-my forme semblable à 
celles que présente parfois le vieux dravidien, sârndaykku, 
à toi qui t'es approché. 

VII. Nom verbal. — Le manger, l'action de manger, 
nérrè-nèrky se déclinant comme les participes. 

§ 7. — Conjugaisons ordinaires. 

Je donne d'abord le paradigme de la conjugaison régu- 
lière, c'est-à-dire de la conjugaison des temps dont le 
thème finit en o permutant avec u. 



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— 247 


— 


ANALYSE. 




FORMB APOCOPES. 


1. nérrè-y- 


o-uvàa. 


nérrèy-ôa. 


2. - 


'Uluit. 


- 'UUn. 


3. - 


-? rk. 


— -oark. 


i, - 


'Uvaruk, 


— 'Ovuk. 


2. - 


'illiptik. 


— -o^A:. 


3. - 


.? k. 


uk. 


1. — 


'Uvarut. 


— -on?M^ 


2. - 


-iWpH. 


— 'OrH. 


3. - 


-? t 


— -tif. 



Le parallélisme entre les formes des pronoms per- 
sonnels et les désinences verbales est frappant, sauf pour 
les troisièmes personnes, où nous ne restituons que, par 
hypothèse, les thèmes démonstratifs rh, k, t. On remar- 
quera en même temps que les afifixes de conjugaison régu- 
lière diffèrent sensiblement des affixes possessifs, lesquels 
sont pourtant aussi dérivés des pronoms personnels. 

Soumettons maintenant à l'analyse les formes ir 
Hères, c'est-à-dire celles qui n'ont pas la troisième pan 
du singulier en oark, uark, et qu'on ne peut par c 
quent faire rentrer à première vue dans le cadn 
verbes qui ont le thème de l'indicatif en o. 



10 kapiyork. 


2o mlugapéarklunè. 


3<> aypariluQi 


Il perce. 


11 agit 


sans réflexion. 


Il accompagn 


S. i. kajny-ôa. 


nalugapèarklôa. 


aypariîôa. 


2. — 'Utin, 


— 


Mutin. 


— lutin 


3. ork. 


— 


klunè. 


— lugo. 


D. 1. — 'Ovuk, 


— 


klunuk. 


— lunu^ 


2. otik. 


— 


klunik. 


— lunil 


3. uk. 


— 


klutik. 


- lutik 


P. 1. ovut. 


— 


kluta. 


— luta. 


2. - -oH. 


— 


kluta. 


- luta. 


3. - -tt^ 


— 


kluUt. 


- lutit. 



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— 248 — 

Le premier paradigme montre que les verbes dits en 
ork ne diffèrent pas en réalité des verbes en oark et ont par 
conséquent le même thème de conjugaison. 

Le deuxième paradigme (verbes en klunè) ne nous 
embarrassera guère. Cette terminaison klunè nous indique 
que nous avons affaire à un participe présent conjugué au 
moyen d'affixes personnels, autrement dit à une conju- 
gaison périphrastique : nalugapéarklôa, par exemple, 
équivaut à nalugapéarklum uvâay je (suis) dans le agir 
inconsidérément, et ainsi des autres personnes, Taflixe 
personnel ne manquant qu'à la troisième personne du 
singulier. Ce n'est pas autrement que se conjugue le 
verbe basque, et c'est de même que les Anglais disent 
/ am a-falling, je suis dans le tomber, je tombe. D'après 
cela, le thème de ce verbe est nalugapàar, et le thème 
restitué du présent de l'indicalif non périphrastique serait 
nalugapcar-t-o. Nous voici encore en présence d'un thème 
indicatif en o. 

La forme en lugo, ugo, n'est pas aussi claire que la 
précédente. Toutefois la parfaite ressemblance de ses dési- 
nences avec celles de l'autre doit nous amener à penser 
que lugo est, comme klunè, une sorte de postposition 
transformant le verbe en gérondif ou participe, et que cette 
conjugaison est également périphrastique. 

La curieuse irrégularité des deux premières personnes 
du pluriel, dans ces deux paradigmes, fait tache en pré- 
sence de la parfaite régularité de toutes les autres : elle ne 
peut guère s'expliquer que par une dégradation des formes 
primitives. 

Mais d'autres irrégularités nous attendent. 



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- 249- 




!«• nalugark. 


2o nalôiiffiia. 


3o ai^ltlr. 


Il jette du feu. 


Il le devine. 


Il repose ta tête 


S. 1. naluga-ra. 


nalôngit-ara. 


akUil'igné, 


2. — ^ran. 


— -ar^. 


— 'irkin. 


3. - -rk. 


— -a. 


ik. 


D. 1. — -rpti*. 


— -arpuk. 


- -â^. 


2. - ^riik. 


— -ardjfc. 


— 'ègné. 


3. - -it. 


- -arJt. 


- -ta*. 


P. 1. — -rput. 


— -arpw/. 


-- -agné. 


2. — -rat. 


— -ar«i. 


- -li^n^'. 


3. - .«. 


— -at. 


— -ta^ 



Ce qui frappe dans le premiir paradigme, c'est que ses 
affixes personnels tendent à se rapprocher de la forme 
des affixes possessifs. Cet air de famille devient une 
ressemblance entière dans le deuxième paradigme, qui est 
un genre de combinaison objective. Il y aurait donc en 
innok deux séries de verbes : les uns en o, se conjuguant 
à l'aide des affixes personnels propreùient dits ; les autres 
à désinence thématique arbitraire, se suffixant purement 
et simplement les désinences possessives. Allant plus loin, 
on serait tenté d'admettre que les verbes en o sont les 
seuls véritables, et que les autres sont de simples thèmes 
nominaux augmentés des affixes possessifs et prenant acci- 
dentellement un sens verbal. Si, en effet, par exemple, 
ka^unara signifie « ma pensée », il est bien aisé de lui 
faire signifier « je pense », ne fût-ce qu'au moyen d'un 
toiir elliptique que l'esprit imagine spontanément, c ma 
pensée (est que) », et alors ce nom affectera l'apparence 
d'un verbe conjugué à l'aide des affixes possessifs. C'est un 
procédé linguistique commun à beaucoup de langues ag- 
glutinantes ; plusieurs n'en connaissent pas d'autre, les 
affixes de conjugaison s'y confondant avec les possessifs, 
et il serait étonnant qu'il manquât à l'innok. 



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— 250 — 

Quant à la conjugaison akitilik, je dois, dans Tétat pré- 
sent de nos connaissances morphologiques, renoncer à 
l'analyser, tant elle paraît anormale. 

Tel est le tableau de la conjugaison innok. S'il fortifie 
ou s'il infirme mon hypothèse, que tout véritable thème 
indicatif de verbe a pour caractéristique la voyelle o (uj, 
je le laisse au lecteur à juger. Quant aux afûxes person- 
nels de l'interrogatif et de l'impératif, on les a vus dans 
le paragraphe précédent, et ils n'offrent point de difficulté 
sérieuse. 

§ 8. — Conjugaisons objectives. 

La conjugaison objective a atteint en innok un incom- 
parable degré de développement ; elle y est plus riche 
qu'en aucune langue ouralo-altaïque à ma connaissance ; 
car toutes les relations personnelles de sujet à objet peu- 
vent s'incorporer au verbe, je te..., je le...^ tu me.., tu 
le..., il me..., il te...^ en tout six formes objectives, indé- 
pendamment de la conjugaison réfléchie, dont il sera 
question plus loin. Et comme dans chaque forme, soit le 
pronom-sujet, soit le pronom-objet, peut se présenter au 
singulier, au duel ou au pluriel, ce serait un total formi- 
dable de cinquante-quatre combinaisons objectives. Toute- 
fois, il faut croire que les formes duales du pronom- 
objet qui, sans aucun doute, devaient exister primitive- 
ment, sont tombées en désuétude ou se sont confondues 
avec les formes corrélatives du pluriel, car le P. Petitot 
n'en donne aucune ; et, bien qu'il m'eût été aisé de 
les suppléer par l'analyse, je n'ai pas cru pouvoir m'en 
arroger le droit ; autrement dit, représentant par S, D, 



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— 251 — 

P le nombre du pronom-sujet, par S', D', P' le nombre 
du pronom-objet, les trois combinaisons S D', D D', P D' 
manqueront dans la nomenclature qui va suivre. 



!• Je te pare. 
S S' ëavarkré-yugin. 
S P' — -yauié. 
D S' — -yarvugin» 
DP' — -yotïkcé. 

PS' — -yavugin. 
P P' — -yo^nhé, 

40 Tu le pares. 
S S' èavarlcré-yarkin. 



S F 
DS' 
DP' 

PS' 
pp. 



-yatm. 

-yaigné. 

-yatiéik. 
i -yainé. 
\ -yarci, 

-yatiH. 



2« Je le pare. 
iavarlcré-yagara. 

— -yagarat. 

— -yaagné. 

— -yativulc. 
^ i -yaâné. 

\ -yfirput. 

— -yativut, 

50 11 me pare. 
éavarJcré-yàna. 

— -yarut. 

— -yaka. 

— -yoakput, 

— -yata, 

~ 'yoatiguL 



3» Tu me pares. 
èavarkré-yarma. 

— -yarkut. 

— -yartëa. 

— -yortigtU. 

— yarièa, 

— yorUput, 

6° Il te pare. 
iavarkré-yatin. 

— 'yaèê. 

— -yakin, 

— -yakàé. 

— 'yaâtin. 

— -yoaéé. 



Le procédé morphologique est aisément saisissable, 
surtout dans les deux derniers paradigmes. L'indice du 
temps y demeure dans toutes les combinaisons ; l'indice 
modal, au contraire, disparaît la plupart du temps, se 
fondant dans la désinence personnelle ; celle-ci se com- 
pose, en premier lieu, du pronom-sujet, affecté, s'il y a 
lieu, de l'indice dual ou plural, puis du pronom-objet ; 
cete agglutination des deux pronoms ne s'effectue pas 
d'ailleurs sans un certain emboîtement, qui les d^^'^'^"^'^ 
plus ou moins, surtout le premier. V. g. : il..., yo 
me..., yâr-na, il te..., ya-tin; eux deux..., yoar 
deux me..., yak-a; eux deux te..., yak-in. Il n'j 
un article de ces paradigmes, sauf les quelques 
irrégulières en né, qui ne puisse, en tenant com 



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- 252 — 
remboitement, et peut-être aussi parfois de l'insertion 
d'une gutturale épenthétique, s'analyser de cette manière : 
thème + indice temporal + sujet + objet. 

Dans la conjugaison réfléchie le phénomène d'emboîte- 
ment est encore bien plus accentué : le pronom-sujet et 
le pronom-objet, étant identiques, se fondent l'un dans 
l'autre jusqu'à ne former qu'un seul affîxe, en sorte 
que la forme réfléchie diffère très-peu de la forme non 
réfléchie et doit même, dans certains cas, se confondre 
entièrement avec elle. Il est facile d'établir la compa- 
raison. 

S. 1. éavarkré-yôa, je pare, lavarkré-yoa-mé^ je me pare. 



2. 


— -yntin. 


— -yotin. 


3. 


— -yuark. 


-^ -yoark 


D. 1. 


— -yuvuk. 


— -yovuk 


2. 


- -yutik. 


— -yotik. 


3. 


— -yuak. 


— -yoak. 


P. 1. 


— -yuvut. 


— -yovuL 


2. 


- -yutU, 


— -yotii. 


3. 


— -yuat. 


— -yoat. 



On voit que, dans la forme réfléchie, l'indice modal 
est toujours o, tandis que dans l'autre il peut permuter en 
u ; mais si le verbe davarkré- se conjuguait comme nérrè-, 
il ferait, par exemple, à la troisième personne du singu- 
lier ëavarkréyoark, et alors les deux formes seraient 
absolument identiques. 

L'innok n'a pas de conjugaison objective double, c'est- 
à-dire englobant à la fois dans le verbe le régime direct 
et le régime indirect, disant, par exemple, en un seul 
mot : « je te le demande, il te Ta donné », comme cer- 
taines langues ouralo-altaïques. Il ne possède pas non plus 
de voix passive. 



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— 253- 

SectionJIL — Lexiologie élémentaire. 

Je donne sous ce litre, non pas un exposé complet et 
méthodique des procédés lexiologiques de Finnok, les 
documents m'ayant complètement fait défaut pour une 
semblable étude, mais une simple et rapide énumération 
des principales formations nominales et verbales de cette 
langue, encore trop peu connue pour qu'il soit possible 
de se prononcer sur son véritable caractère. 

l. Dérivation. — A. TJièmes nominaux, — 4 <> Augmen- 
tatifs : pâk, yik, pôk, par, vâk, suffixes caractérisés par 
une labiale initiale et une gutturale finale, avec parfois 
une gutturale épenthétique servant de ligature : iglo-r-pôky 
grande maison ; tuktu, renne ; tuktu-vâk, renne des bois, 
grand renne. 

2o Diminutifs : aluk, iark, ark : umia-rk, barque, 
umia-r-aluk, canot ; Ukralu-ky poisson, itkralo-ark, fretin. 

30 Contenance, usage, instrument : vik : krork, urine, 
kror-viky \Sise de nuit; irha, cuisine, irha-viky four de 
cuisine ; uyigia-rky il pèse (thème u^ig-), o§èr-vik, ba- 
lance. Ce dernier exemple offre la triple permutation A'u 
en 0, i en è, g eri r. 

¥ Nom d'action (nom verbal) : nèrk^ ainsi qu'on Ta vu 
dans la conjugaison du verbe. 

50 Communauté, ressemblance : kat, rkat : nuna-rkaty 
compatriote. 

6<> Appropriation, destination : en, on : nérrény couteau 
de table ; kraléyU'ark-to-rky il écrit, kraléyu-on^ crayon, 
plume. 

B. Thèmes nomino-verbaux, — Nous nommons ainsi 



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— 254 — 

eeux qui peuvent à volonté se conjuguer et se décliner, ceux 
qui jouent indifféremment dans la phrase le rôle de nom, 
d'adjectif ou de verbe. 

i^ Nom d'agent : semblable, on Ta vu, à la troisième 
personne du singulier du présent de l'indicatif du verbe : 
éavilior'lO'arky forgeron, il forge. 

2<> Qualité, propriété, possession : ark, iark : inno- 
r-iark, humain ; nunorr-iark, terrestre. Ces mots se 
conjuguent d'après le paradigme des verbes en ark, 
qu'on a vu : imwriaruy je suis humain ; innoriaran, imio- 
riark, etc. 

30 Habitation, demeure : méork : immè-rky eau, immè- 
rméorky aquatique ; de même iglo-rméorky casanier. 
Conjugaison : iglorméôa, je suis casanier ; iglorméutiny 
iglorméorky etc. 

Puisque la troisième personne du verbe peut k l'occasion 
reiitplir la fonction que dans nos langues nous assignons à 
l'adjectif, elle est, comme lui, susceptible de degi'és de 
comparaison. On a donc : 

4<> Comparatif : ilùra. V. g. âéyork, grand, troisième 
personne du singulier du verbe ôéyo-, thème ôe-, d'où 
àé'ilùray par emboîtement âiluray plus grand, et proba- 
blement âilùra-rk, il est plus grand. De même èuina^rk, 
mauvais ; Éuina-ilùra (sans emboîtement), pire. 

5» Superlatif : otkréya. V. g. àé-otkréya, et par emboî- 
tement âotkréyay gigantesque. De même, sans emboîte- 
ment, tuina-otkréyay détestable. 

C. Thèmes verbaux, — La transformation des thèmes 
quelconques en thèmes verbaux, par la simple adjonction 
des affixes de conjugaison, a déjà été étudiée. Mais ce ne 
sont pas seulement les thèmes primaires ou dérivés qui 



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— 255 — 

peuvent par ce procédé recevoir un sens verbal et se 
conjuguer ; des formations grammaticales complexes, des 
mots tout faits, pourvus de suffixes de relation ou de 
possession, jouissent de la même propriété. Ainsi, comme 
on dit inno-ri-yo-, être homme ; apa-ri-yda, je suis père, . 
on dit également iglu-mi-to-ark (maison + dans + affixe 
du présent de Tindicatif + thème démonstratif), maison 
dans êtrQ lui, il est dans la maison. Et Ton doit par 
analogie pouvoir dire aussi : amama-put'iyo-arky elle est 
notre mère ; nuna'rkat'a-ri'yda, je suis son compatriote. 
Poussant plus loin la puissance agglutinative de Tinnok 
et ne tenant pas compte des emboîtements multiples qui 
se produisent probablement dans d'aussi longues forma- 
tions, nous voyons que Ton doit théoriquement pouvoir 
dire, en un seul verbe, qui se conjugue à tous les temps, 
modes et personnes : iglo-r-avut-mi-to-ark, il est dans 
les deux maisons de nous plusieurs. Comme d'ailleurs 
les particules que nous nommons conjonctions sont en 
innok des poslpositions qui s'affixent au verbe, on pourra, 
toujours théoriquement, former des mots tels que celui- 
ci : iglo-r-avut'mi'luarl'ôa'pân, lorsque je fus dans les 
deux maisons de nous plusieurs. Mais il existe encore 
des formations verbales plus compliquées, obtenues au 
moyen d'infixés insérés entre le thème et la désinence de 
conjugaison : • 

4® Impersonnel : da, âa : torkroyarky il meurt ; tor- 
krôayak, on meurt. On remarquera TafTaiblissement du 
thème démonstratif rk, indiquant sans doute que l'action 
exprimée par le verbe ne s'applique plus à un sujet 
déterminé. 

2» Négatif : ngilak, ngitar. Cet infixe, qui appartient 



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-- 266,— 
incontestablement à la langue innok, est en tchiglerk très- 
rare et tout à fait exceptionnel : tuécuhtnayerput, sensé ; 
luiaornàTigitarput, sot. 

S^ Causatif : ëi§ : nérrèyoark, il mange ; nérrèCi^oark, 
il fait manger. 

40 Intensif : twi, miyar, nasalisant la voyelle, soit radi- 
cale, soit euphonique, qui le précède : immèrtoark, il boit; 
immèrômiyoark, ivrogne. 

5<> Simulatif : toyar : nérrèloyartuarky il feint de manger. 

Que Ton combine ces divers infixes, les seuls dont la 
fonction me paraisse hors de doute, avec les aggluti- 
nations reconnues jusqu'à présent, et Ton se convaincra 
que la langue innok est une des plus puissamment agglu- 
tinantes qu'il soit donné au linguiste d'étudier. 

II. Composition. — C'est sur ce dernier point que les 
documents me manquent le plus, par la raison que le 
vocabulaire du P. Pelilot n'est pas et ne pouvait pas 
être, d'après les intentions mêmes de Taùteur, un dic- 
tionnaire étymologique. Or, ce n'est pas seulement quel- 
ques données étymologiques, c'est la connaissance des 
racines mêmes de la langue, au moins des plus usuelles, 
qu'il faudrait posséder, pour reconnaître les éléments 
des compositions probablement emboîtantes qui pourraient 
exister dans la langue innok. La lexiologie comparée de 
deux de ses dialectes jetterait quelque lumière sur bien 
des points obscurs ; mais celui des Tchiglit pris isolément 
ne nous- révélera pas le secret de sa structure. Je n'ai 
donc pu déterminer si l'innok est ou non caractérisé par 
le procédé lexiologique de la composition. Ce qui est 
certain, c'est que les Innoit expriment volontiers par des 
procédés purement grammaticaux les rapports d'idées et 



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. - 257 - 

de mots qui, dans d'autres langues, se rendraient par la 
composition : le lard de renne, tuktub orkôora, et non 
iuktorkôork. Ce qui n'est pas moins incontestable, c'est, 
en sens inverse, que certains mots, par leur longueur, par 
la multiplicité des idées qu'ils expriment en les associant, 
paraissent formés à l'aide d'un procédé de composition 
fortement emboîtante. Mais dans ces mots le thème 
initial sejil est reconnaissable ; tous les autres, si tant est 
qu'ils existent, sont tellement fondus ensemble, contractés 
ou dégradés, que l'analyse la plus minutieuse ne saurait 
les retrouver, en sorte qu'il est impossible de décider 
si l'on a affaire à une vérilable formation synthétique 
ou à une simple dérivation verbale à l'aide d'affixes. 
C'est ce que fera voir un exemple, où j'accumule 
quelques-unes des principales modifications de l'action 
d' « aller ». 

Il va aulao-rk, 

— à la chasse tuktU'léa-rk, 

— à la mer unudéar-to-ark. 

— chercher le gibier tué. . nérkrè'éar-to-ark. 

— à la voile . tingùlar-autar-to-ark, 

— ramasser des fruits. . . aôi^ar-to-ark. 

— au large (à pied). . . . iénk-a-yo-ark. 

— au large (en canot). . . iôuk-âi-to-ark. 

^ Séparant de ces mots les thèmes initiaux tuktu, renne ; 
unu (?); nérkrèy viande; tingùlara, voile; aéiyark^ fruit; 
iikra^ haute mer, existe-t-il ensuite, en dehors des affixes 
de conjugaison, un élément commun à toutes ces forma- 
tions, une seule consonne que l'on puisse rapporter, soit 
au thème aulaork, soit à un autre quelconque exprimant 

17 



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— 868 — 

la même idée ? Evidemment noo, sauf peut-être cet affix6 
léa^ léar^ commun aux deux premiers verbes. Ce n'est 
pas sur ce faible indice que nous pouvons nous guider.* 
Bien plus, dans les deux derniers verbes de celte liste, 
exprimant tous deux la même action, il est impossible de 
découvrir, non seulement pourquoi l'idée de mouvement, 
de déplacement, s'y trouve «enfermée, mais encore pour- 
quoi l'un signifie que le déplacement s'effectue à l'aide 
d'un canot, tandis que l'autre renferme le sens d' c aller 
à pied ». 

Voici maintenant quelques-unes des modifications de 
l'idée d' c eau » : 

Eau immèrk, imark. 

— bouillante yoratoark, 

— froide kigerôimâitoark. 

— courante èarvartoark. 

— stagnante. orkôoartoark. 

Dans aucun de ces quatre mots on ne retrouve le 
thème immè, ima (1) ; ce ne sont pas là des noms com- 
posés, mais de simples formations verbales dérivées. La 
première est la troisième personne du singulier du pré- 
sent de l'indicatif du verbe yorato-, bouillir ; l'analogie 
doit nous faire penser qu'il en est de même des deux 
suivantes, bien que nous n'en connaissions pas le thème 
primaire. Quant au verbe orktoarto-, il dérive de orkèork, 
graisse, et signifie par conséquent « être graisseux, vis- 
queux, stagnant». On pourrait multiplier les exemples de 
ce genre. Ceux-ci suffiront pour faire voir que la dériva- 

(1) Sauf peut-être dans kiSerê-imâ-itoark. 



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— 2B» — 

tion explique aussi bien et mieux que la composition les 
formes les plus compliquées de la langue innok. 

Ce n'est pas que le vocabulaire du P. Petitot ne ren- 
ferme quelques formes qui paraîtraient dues à un procédé 
de composition, mais ce sont des cas isolés et douteux. 
On lit, par exemple : c algues, èrkloyaluit (intestins de 
Teau) ». Le mot « intestins » (èrklo) se retrouve très- 
bien dans cette prétendue comj^osition, mais non point le 
mot « eau », et cette forme n'est que dérivée. En effet, 
èrkloyalu-it est évidemment un pluriel dont le singulier 
serait èrkloyalu-k, et cette désinence aluk nous indique 
un diminutif: ce mot. signifie donc « petits boyaux », nom 
qui convient à merveille à Taspect tubulaire et enchevêtré 
des algues marines. 

Ailleurs nous trouvons korèork, résine, que l'auteur 
nous donne comme composé de kréyuk, arbre, et orkôork^ 
graisse ; c graisse d'arbre d, c'est pour la résine une 
appellation très-convenable. Voilà donc une formation 
composée, caractérisée de plus par un fort emboîtement ; 
mais rien ne nous répond de l'exactitude de cette analyse, 
et il faudrait évidemment plusieurs étymologies semblables 
pour la corroborer. 

Maintenant, lorsqu'on se trouve en présence d'un mot 
tel que amarkrènùroyark, renne tué par les loups, bien 
qu'on n'y puisse découvrir que l'élément amarorkvy loup, 
et que les mots « renne, tuer, proie », etc., y soient 
absolument invisibles, il est difficile, je l'avoue, de ne 
pas songer à une polycomposition assez compliquée. Mais 
cette conclusion est entièrement conjecturale, tant que l'on 
n'est point parvenu à reconnaître et à isoler avec certitude 
chacun des éléments significatifs de cette formation. 



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— 260 — 

En résumé, la langue innok, telle qu'elle nous apparaît 
étudiée dans le dialecte des TchigUt, me semble être très- 
puissamment agglutinante et user largement du procédé 
d'emboîtement entre le thème et les suffixes. Mais rien, je 
crois, n'autorise jusqu'à présent à la ranger parmi les 
langues polycomposantes. 

V. Henry. 



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DE L'ORIGINE DU SON ARTICULÉ. 



Nous mangeons, nous buvons, nous respirons et nous 
expulsons les matières contenues dans les premières voies 
à l'aide des mêmes organes dont nous nous servons en 
parlant. Serait-ce accidentel? Je ne le pense pas. Ces 
deux ordres de fonctions si différents Tun de Tautre sont 
unis par un lien caché dont la détermination fera Tobjet 
de ce travail. 

L'analyse du langage normal ou anormal des adultes, 
de nombreuses observations faites sur des nouveau-nés et. 
des enfants en bas âge de nationalité différente, des 
renseignements recueillis sur la manière d'articuler des 
sauvages, certains cas pathologiques enfin m'ont mis sur 
la voie d'une solution qui permet de rattacher le voca- 
bulaire des langues les mieux explorées à des bruits 
naissant dans le canal buccal et nasal de tous les animaux 
supérieurs. 

Étabhssons avant tout que la production du langage 
sonore dépend de deux appareils : 1<> le larynx ; S^ les 
orifices de la bouche et du nez. Le jeu simultané ou 
alternatif de ces organes donne lieu à des sons, tantôt 
vocalises, tantôt chuchotes. La voix renforce par exemple 
les V, les 2, les j, tandis qu'elle fait défaut aux f, aux s, 
aux ch (s). Les maladies du larynx la font souvent dispa- 
raître, tout en laissant intacte la faculté d'articuler. 
D'autre part, les maladies de la bouche et du nez peu- 



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à 



— ser- 
vent anéantir des séries entières de sons articulés, sans 
empêcher les manilestalions sonores de la glotte. La 
première enfance exerce séparément les deux éléments 
constitutifs du langage, et ce n'est qu'à partir du troi- 
sième mois que j'ai pu constater des efforts nettement 
accusés pour unir la voix et le bruit articulé. Notons 
encore que la voix suit l'épanouissement des instincts 
sexuels, tandis que l'évolution du son articulé est lié au 
développement des voies buccale et nasale. En vue de 
ces faits, on me permettra de réserver le nom de son 
articulé exclusivement à la parole chuchotée, quoique 
celle-ci ne soit pas plus indépendante de la voix que le 
langage lui-même ne l'est du geste. 

Le son articulé naît quand le courant respiratoire qui 
s'échappe par la bouche ou par le [nez est momentané- 
ment arrêté, soit partiellement, soit complètement, dans 
un endroit quelconque du canal buccal. Il y a un nombre 
très-considérable de ces lieux d'arrêt. Toutefois, il est 
possible de les classer dans deux circonscriptions nette- 
ment séparées l'une de l'autre par les dents : celle des 
lèvres et celle du palais. Dans la première de ces régions, 
c'est la lèvre inférieure ; dans la seconde, c'est la langue, 
qui fonctionnent comme organes mobiles, dont l'applica- 
tion contre certains points de la voûte buccale produit les 
interruptions propres à l'articulation. Le son prend un 
timbre buccal, nasal ou bucco-nasal, suivant que l'haleine 
articulée s'écoule par la bouche, par le nez ou par les 
deux à la fois. Voici, pour un point déterminé de la région 
labiale, le relevé de tous les sons qui peuvent s'y former 
pendant l'expiration : 

Première série. — La cavité nasale est fermée par le 



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— 263 — 

voile du palais ; Tair s'échappe par la bouche, qui fonc- 
tionne comme résonnateur et donne aux sons de celte série 
le timbre buccal. 

Expiration forte. Expiration faible. 

Occlusion initiale des lèvres p b 

Rapprochement fissurai des lèvres. . f v 

Rapprochement circulaire des lèvres, u u 

Deuxième série, — La cavité nasale n'est pas fermée 
par le voile du palais'; l'air s'échappe à la fois par la 
bouche et le nez, ce qui transforme ces deux cavités en 
résonnateurs et donne aux sons de cette série le timbre 
bucco-nasal. 

Expiration forte. Expiration faible , 

Occlusion initiale des lèvres p b 

Rapprochement fissurai des lèvres. . f v 

Rapprochement circulaire des lèvres. u u 

Troisième série. — Le canal nasal est ouvert, la bouche 
est fermée, l'air passe par le nez. La cavité nasale 
augmentée .de la cavité buccale forme le résonnateur et 
donne aux sons de cet ordre le timbre nasal. 

Expiration forte. Expiration faible. 

Occlusion initiale du nez accompagnée 

de la fermeture des lèvres . . .- . p b 

Le canal nasal est ouvert, les lèvres 

sont fermées m m 

Ces p et ces b^ diversement nuancés, donnent avec les 
continues correspondantes, c'est-à-dire les f et les v, les 
deux espèces d'w et les deux espèces d'm des syllabes 
physiologiques déterminées par la forme de la cavité 
buccale. La région particulière dont il est question ici 



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— 264 - 

compterait donc dix de ces unités distribuées sur trois 
séries : 



i. 


pf ht pu 


bu 


timbre buccal. 


2. 


pf bv pu 


bu 


timbre bucco-nasal 


3. 


pm bm 




timbre nasal. 



L'écriture latine ne possède point de lettres simples 
pour désigner ces éléments phoniques ; elle n'en marque 
que les parties constituantes ; encore les marque-t-elle 
incomplètement. Les sons de la deuxième série, ainsi que 
les p et les b de la troisième, n'ont point de représentants 
graphiques. Mais aussi pourquoi les auraient-ils, puis- 
qu'ils ne figurent dans la prononciation normale d'aucun 
peuple connu? Observation très-juste dans la bouche du 
policier grammatical chargé du maintien des normes 
établies, mais souverainement fausse dans celle de l'inves- 
tigateur qui prétend nous renseigner sur le parler tel 
qu'il est et non pas tel qu'il devrait être. Or les articula- 
tions anormales signalées dans nos deuxième et troisième 
séries se trouvent chez de nombreux individus auxquels 
on reproche des vices de prononciation. Libre aux exclu- 
sivistes de ranger ces faits dans la pathologie du langage ; 
ils n'en existent pas moins. Notons encore que la parole 
rapide simulée ou sanglotante réalise souvent durant 
l'inspiration ce que l'énoncé habituel émet par expiration. 
Menlionnons enfin les claquements ou bruits de succion 
dont nous nous servons dans le parler interjectionnel, et que 
d'après Bleek les Bochimans emploieraient dans le discours 
continu. 

Notre domaine labial présenterait donc trois espèces de 
phonations : les expirées, les inspirées et les claquements, 



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— 265 — 

dont les premières, de beaucoup les plus employées, peu- 
vent avoir une prononciation vibrée rappelant celle de IV. 
Ces trois espèces se retrouvent dans les autres domaines 
de l'articulation, les conditions de production y étant 
essentiellement de même nature. 

Les distinctions que je viens d'établir se fondent en 
partie sur des faits isolés, j'en conviens ; mais qui peut 
nous certifier que les phonations actuellement anormales 
n'aient jamais été normales et vice versa ? 

Les labiales de nos trois séries chuchotées durant 
l'expiration ressemblent à des bruits d'expulsion, tandis 
qu'une impression contraire est éveillée par les mêmes 
sons dus au mécanisme de l'inspiration et de la succion. 
Cette remarque, faite à propos des labiales, s'adresse 
également aux dentales et aux gutturales, à cette réserve 
près que les bruits de mastication et de déglutition y figurent 
à la place des bruits de succion. 

Ainsi considérés, les mouvements d'articulation dans 
toutes leurs nuances si variées se présentent sous la 
forme d'activités présidant à l'entrée ou à la sor**'^ -^^"^ 
substances alimentaires ou sécrétées. La voix vier 
forcer ces bruits d'entrée et de sortie, mais elle les 
de se conformer au mode de production qui 
propre. Son concours est à ce prix. Or la voix ne 
jour que durant l'expiration, et elle exige que la 
buccale soit ouverte. Si les bruits d'expulsion r< 
sent ces conditions, il n'en est pas ainsi de ceux 
forment lorsque nous aspirons, et que nous avalo 
substances liquides ou gazeuses. Aussi la voix exig 
des sons d'entrée qu'elle doit renforcer un chanj 
qui les assimile aux sons de sortie. Cette circonstai 



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— 266 — 
suggéra l'idée que, parmi les phonations centrifuges du 
langage transmis, il pourrait s'en trouver qui auraient 
eu un jour la valeur de phonations centripètes, de 
sorte qu'un seul et même son pourrait jouer deux rôles 
distincts, suivant qu'il aurait été centrifuge ou centripète 
dans le principe. 

Appliquons cette hypothèse à l'explication du vocabu- 
laire indo-européen. Mais n'oublions pas que si la voix 
ne s'unissait qu'avec difficulté aux bruits d'entrée, et 
seulement après leur avoir imposé des modifications con- 
sidérables, il n'en devait pas être de même quand elle 
avait à se combiner avec les sons de sortie. Les deux se 
produisant durant la même période respiratoire, ils 
devaient s'amalgamer avec une facilité relative et donner 
lieu ainsi à la naissance des voyelles. 

Des enfants français et allemands bien portants et 
constamment entourés mettent, selon mes observations, 
environ trois mois avant de former un son qui soit à la 
fois vocalisé et articulé. Des enfants négligés n'y réussis- 
sent souvent qu'après le neuvième mois, et nos ancêtres 
indo-européens paraissent n'y être arrivés que bien plus 
tard encore. Du moins les nombreuses aspirées qui carac- 
térisent les spécimens les plus anciens du parler indo- 
européen semblent-ils montrer que nos devanciers souf- 
fraient, même à l'âge adulte, de ce défaut de coordination 
entre les deux appareils phonateurs qui embarrasse encore 
la première enfance de tout homme civilisé. Nos ancêtres 
bégayaient donc toute leur vie, mais que bégayaient-ils? 
Élaient-ce des aggrégations de monosyllabes finement dé- 
coupés qu'on appelle racines? Certainement, répond le 
linguiste orthodoxe, avant d'être polysyllabe, la parole de 



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- 267 — 

rhomme était monosyllabe. Mais comment se fait-il, s'il 
en est ainsi, que l'enfant, durant les premiers temps de 
sa vie, ne s'exprime pas en monosyllabes, et que, dans 
le langage humain en général, les mots polysyllabes se 
changent en monosyllabes, tandis que le contraire n'arrive 
jamais (1)? Ces scrupules m'ont engagé à mettre la 
théorie usitée à l'envers et à affirmer qu'un polysylla- 
bisme spasmodique a précédé le monosyllabisme qui, 
loin d'être un fait primitif, ne serait dû, comme tout 
mouvement limité, qu'à une éducation soutenue. Ainsi la 
Iriplication contenue dans Ss8t5«xa dénote un état plus 
ancien de la langue que le redoublement de 8t8à(Txw ou le 
radical isolé 5« dans Setxvup. 

Au lieu de dire que le mot oculus en latin, son syno- 
nyme akis en lithuanien, et le mot allemand achten « faire 
attention >, cachent la racine ak, je dirai plutôt : Dans 
ces mots se trouve la phrase primitive ak ak ak ak... 
réduite en latin à ocu, en lithuanien à aki, et en alle- 

(1) Les langues dites analytiques semblent donner un démenti à 
cette assertion. Ces lanj^ues cependant ne sont analytiques que dans 
leur orthographe. On emploie deux divisions graphiques pour écrire 
il aime, tandis que son équivalent latin amat n'en occupe qu'une 
seule. Est-ce à dire qu'en se décomposant le mot latin aurait produit 
trois mots français? Personne ne Poserait affirmer. En somme, il aime 
n'est qu'un seul mot comme amai, le mot parlé n'étant, 
que la plus petite partie du discours échangé entre deux in 
quelconques. // aime comptant deux parties, dont chac 
fonctionner en latin comme mot indépendant, tout le 
viendra que le mot latin est dû à une synthèse. Un n 
semblable s'applique au vocabulaire de toutes les langues 
il serait donc urgent de leur retirer le nom de langues an 
moins que l'on ne tienne à la gracieuse image qui assimil 
des idiomes modernes à la décomposition d'un corps orgai 



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— 268 — 

mand à a4)h. Â la même phras^ qui peut encore se 
figurer par ka ka ka ka... remontent les mots pour 
lesquels on revendique la racine ka. Un petit nombre de 
motifs, résultant eux-mêmes de la combinaison de la 
voix avec les sons d'entrée et de sortie, me paraît avoir 
donné naissance à l'immense vocabulaire des langues 
indo-européennes, et si je réussis à démontrer cette filia- 
tion pour les idiomes les mieux explorés, peut-être 
l'avenir se chargera-t-il de ramener à la même source 
d'autres systèmes de langues encore peu connues à l'heure 
qu'il est. 

En toussant légèrement, nous produisons des guttu- 
rales qui ressemblent plus ou moins aux syllabes ka, kha, 
ha. Ces sons perdent quelque peu leur cachet primitif si 
l'articulation avance vers la partie médiane du palais, 
comme cela a dû arriver un jour pour la majeure partie 
des langues indo-européennes. Il est cependant possible 
de les reconnaître encore dans les mots où il est question 
d'expulsion et d'excrétion. Que Ton prononce en chucho- 
tant les sons pu et tiy on aura également l'air de souffler 
et de cracher. Or ces sons se trouvent être l'élément 
caractéristique des mots indo-européens signifiant : tousser, 
cracher, vomir, éternuer, se moucher. Ce qui est curieux, 
c'est que ces activités expulsives aient servi de modèle à 
la dénomination de toute espèce d'excrétion, et qu'en se 
généralisant ces noms d'excrétion se soient étendus à des 
domaines qui paraissent leur être complètement étran- 
gers. La meilleure idée que nous puissions nous faire de 
cette conquête, qui a dû s'accomplir dans les ténèbres 
du développement préhistorique, nous sera fournie par 



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quelques groupes de mots dans lesquels se réalisent les 
motifs d'excrétion figurés par.ita... pu... H... Il est vrai 
que souvent nous ne possédons de ces motifs nue des 
restes défigurés ; aussi les marquerai-je, pou] 
en relief, par des caractères italiques. 



cfearkatj, 


tousser pour cracher. 


Russe. 


Àrrêpat, 


id. 


Leite. 


sfcreploli. 


cracher. 


Lithuanien. 


cAremma, 


crachat, salive. 


Grec. 


kd^ei. 


toux. 


Sanscrit. 


chird'x, 


voiniss«»ment. 


Id. • 


s/:aiedû, 


dégiiûtant (poussant au vo- 
misseuieul). 


Vieux slave 


kapûà. 


je respire. 


Grec. 


kaptiOSf 


vapeur, fumée. 


Id. 


sX:<audau, 


j'éternue. 


Lithuanien. 


^orûza, 


coryza. 


Grec. 


feroz. 


morve. 


Vieux haut- 


kûsi\s. 


vessie. 


Grec. 


cyiiidLy 


podex. 


Sanscrit. 


kakkaà, 


caco. 


Grec. 


chezày 


id. 


Id. 


Aadate, 


cacat. 


Sanscrit. 


gamo, 


caca. 


Vieux slave 


spuo. 


je crache. 


Latin. 


pûiizô, 


id. 


Grec. 


spucke, 


id. 


Nouveau h( 


imlys, 


souffleur. 


Lette. 


pilos. 


pus. 


Grec. 


pus, 


id. 


Latin. 


ptile. 


id. 


Lithuanien 


ptiya. 


id. 


Sanscrit. 



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— 270 — 



apomiissô, 


je moaehe. 


Grec. 


fiiukos, 


mucus. 


Id. 


muxa. 


id. 


Id. 


muchmos, 


souffle, gémissement. 


Id. 


muDgere, 


moucher. 


Latin. 


fnunkati, 


il crache. 


Sanscrit. 


tnt/nkati, 


mingit. 


Id. 


mûirny 


urine. 


Id. 


mmgere, 


id. 


Latin. 


puta, 


fesses. 


Sanscrit. 


/udh, 


id. 


Vieux norse. 


/îÉêdeli, 


id. 


Allemanique 


6tili, 


podex. 


Sanscrit. 


«ikati, 


mingere. 


Vieux slave. 


siéi, 


urine. 


Id. 


«ralj, 


cacare. 


Russe. 



Dans tous ces mots, Tattenlion de l'auditeur est appelée 
à se diriger sur des activités et des produits d'excrétion, et 
sur les parties de notre corps qui y sont intéressées. Ici, 
ce n'est pas seulement la bouche qui crache, mais encore 
le nez, la peau en suppuration et d'autres organes chargés 
de la police sanitaire. 

Les exemples suivants peuvent montrer comment nos 
ancêtres indo-européens procédaient pour enrichir leur 
vocabulaire primitivement si pauvre : 



kakkhaiiy 


il rit. 


Sanscrit. 


kakhazà, 


je ris. 


Grec. 


cachinnns^ 


rire. 


Latin. 


^dikar, 


se rire de. 


Sanscrit. 


^dlthate, 


il insulte. 


Id. 


^dtiiinti, 


bavarder. 


Lithuanien 


^dtillô, 


je bavarde. 


Grec. 


calumniare, 


id. 


Latin. 



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— 271 — 

Le rire faisait évidemment à l'homme primitif le 
même effet que la toux. Du rire il glissa facilement 
à la moquerie, à Tinsulte, à la calomnie et au bavardage. 

L'expectoration sert de point de départ à une autre 
suite de notions qui, bien que fort primitive, sera 
accueillie favorablement par bon nombre de maîtresses de 
maison : 





Celui qui crache tache. 




• 


Celui qui tache gâte. 
Celui qui gâte tourmente 




fealana. 


tache. 


Sanscrit. 


jt^iis, 


id. 


Grec. 


fc&rszas, 


tacheté. 


Lithuanien. 


kenkin. 


j'endommage. 


Id. 


^ankinti, 


tourmenter. 


Id. 



Ce qui est taché est sombre, ténébreux ; et le ténébreux 
domine dans le nuage, dans le brouillard, dans la nuit et 
dans le péché : 



fc^las, 


nuage orageux; 


Grec. 


caligo, 


ténèbres. 


Latin. 


âgas. 


faute, péché. 


Sanscrit. 


agos. 


id. 


Grec. 


rajas, 


brouillard, obscurité. 


Sanscrit. 


rajanî. 


nuit. 


Id. 



* erehos, ténèbres. Grec. 

N, B. — Dans les mots marqués d'un astérisque, IV 
me semble avoir été dans le principe profondément guttu- 
rale. 

L'image de l'homme expulsant, excrétant, lançant, pous- 
sant, donne lieu à un nombre infini de significations, dont 
voici quelques exemples : 



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^- ^/a — 




ago. 


je pousse. 


LatiD. 


ago%; 


chasseur. 


Grec. 


agm. 


chasse. 


Id. 


ajâ, 


chèvre. 


Sanscrit. 


aja, 


bouc. 


Id. 


flpna, 


pierfte. 


Id. 


kamenï, 


id. 


Russe. 


acQS, 


aiguille. 


Latin. 


^8 ta, 


lance. 


Id. 


^raddr. 


aiguillon. 


Vieux norse. 


6tikkà, 


chèvre. 


Sanscrit. 


6ukka, 


bouc. 


Id. 


ftAuyali, 


il pousse de côié. 


^ Id. 


^tigaos, 


pliant. 


Gothique. 


6tigti, 


effrayt^r. 


Liihuauien. 


budu'Xy 


réveiller. 


Vieux slave. 


6uddha, 


réveillé. 


Sanscrit. 


piénthanomai, 


je veille, je remarque. 


Grec. 


Sivyali, 


il coud. 


Sanscrit. 


stula, 


aiguille. 


Vieux haut-allemand 


Itti. 


coudre. 


Vieux slave. 



Celui qui se débarrasse de ses excrétions se purifie. Un 
semblable résultat est obtenu par celui qui se lave ou se 
baigne. Ce raisonnement a évidemment présidé à la for- 
mation des mots suivants : 



punâti, 


il purifie. 


Sanscrit. 


ptitus, 


pur. 


Latin. 


ptilare, 


nettoyer. 


Id. 


pwrus, 


pur. 


Id. 


jpwrgare, 


purger. 


Id. 


jmr, 


feu. 


Grec. 


6ukhti, 


purification. 


Zend. 


ukshati, 


il mouille. 


Sanscrit. 


tidra, 


animal aquatique. 


Id. 



Les recherches étymologiques nous font souvent assister 



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-^ 273 — 
au spectacle d'un glorieux passé aboutissant à un triste 
présent, du pessimisme gagnant sur l'optimisme. Heu- 
reusement que le contraire arrive également, et peut-être 
devons-nous des noms de dieux à une origine assez 
injpure. 



d/ghda, 


oint. 


Sanscrit 


éUdhyaiie, 


il reluit. 


]d. 


dyaush. 


ciel, jour, dieu. 


Id. 



La logique primiliye semble rattacher le brillant, 
l'illustre, le divin, au lustre du à la salive ou à un corps 
graisseux quelconque. 

Arrivé à la notion la plus élevée que les motifs d'excré- 
tion ont pu fournir, il me sera permis de' poursuivre la 
destinée des motifs issus des sons d'entrée. Nous y 
verrons se répéter un fait que nous avons déjà pu cons- 
tater. L'homme primitif, se prenant lui-même comme 
point de départ de toute chose, transporte les noms de 
certaines activités à lui appartenant, à d'autres activités 
exercées par lui ou par d'autres agents, prêtant aux mots 
transmis une portée d'autant plus générale qiie son 
cercle d'idées grandit, et qu'il attire tout dans le domaine 
de sa nomenclature. Chez des centaines de peuples, les 
noms des personnes qui subviennent aux premiers besoins 
de l'enfance offrent les ressemblances les plus frappantes. 
Ainsi l'enfant européen, né au sein d'une civilisation 
raffinée, appelle sa mère du même nom que l'enfant du 
nègre, de l'Esquimau ou du Malais. Serait-ce là un 
hasard? Impossible. Comment tant de langues seraient- 
elles d'accord sur ce point sans qu'il y eût en jeu une 
nécessité naturelle? 

18 



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— 274 — 

Langage des besoins de nutrition, pa, ma, fa, ha, ga, 
tUy da, na, le plus souvent plusieurs fois répétés et par- 
fois différemment vocalises, forment partout les raéraes 
motifs articulés. Dans le principe, bruits de succion et de 
déglutition, ils ne perdirent leur cachet primitif qu'en se 
réunissant à la voix. 

En faisant le relevé du vocabulaire de quinze enfants 
âgés de douze à dix-huit mois, de nationalités différentes, 
je remarquai que des phonations gutturales vibrantes, 
que Ton pourrait désigner aussi bien par r que par kh, 
étaient les premiers sons articulés qui se manifestaient. 
La voix venant s'y ajouter produisait fatalement un a, et 
je suppose que l'approbation obtenue par les enfants à 
l'apparition de cette première voyelle les engageait à la 
combiner également avec les phonations dentales et 
labiales, rognant ainsi le domaine naturel des voyelles u 
et i. Si ce fait avait une portée générale, il expliquerait 
pourquoi la voyelle a joue parmi ses semblables, dans les 
premières phases historiques de notre idiome indo-euro- 
péen, un rôle si prépondérant. Il pourrait également 
contribuer à écarter l'étonnement auquel l'apparition de 
la voyelle a donne lieu, quand nous la rencontrons là où 
la nature des choses nous aurait fait attendre soit un u, 
soit un i. 

Pour être admis à téter, l'enfant exécute souvent des 
mouvements de succion ; qu'à ces sollicitations s'associe 
l'image du sein maternel, et nous nous voyons en face des 
premiers germes d'un langage où domine l'amour, tandis 
que les motifs d'ordre expulsif servent surtout à exprimer 
le dégoût et la répulsion : 



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S75-^ 



manma. 


nourriture. 


Grec. 


Id. 


sein maternel. 


Latin, grec. 


Id. 


mère. 


Id. 


marna. 


id. 


Lithuanien. 


Id. 


id. 


Vieux slave. 


muomâ, 


id. 


Vieux haut-allemand 


ma, 


id. 


Zend^ sanscrit. 


mâUr, 


id. 


Id. 


mater, 


id. 


Latin. 


Ululer, 


id. 


Grec. 


mddar, 


id. 


Vieux saxon. 


kuca. 


sein maternel. 


Sanscrit. 


akka. 


id. 


Id. 


Akkô, 


nourrice de Demeter. 


Grec. 


Acca, 


mère des Lares. 


Latin. 


papa. 


nourriture. 


Latin. 


Id. 


mamelle, tetin. 


Lette. 


papilla, 


id. 


Latin. 


pippalak?^. 


id. 


Sanscrit. 



Pappa me paraît avoir été primitivement un nom de 
mère. La légitimité de cette supposition me semble être 
garantie par les faits que voici : la suite d'idées qui 
découle du mot papa est parfaitement semblable à celle 
que produit le mot marna ; il a même gardé sa signifi- 
cation première dans le mot grec pappos « grand-père du 
côté maternel >, c'est-à-dire « le maternel ». Du reste, 
dans quelques langues qui n'appartiennent pas à la 
souche indo-européenne, le mot mama est également 
devenu un nom de père ; et dans nos langues indo-euro- 
péennes elles-mêmes, le motif ma... a donné plusieurs 
noms de père : 



ilfanu, père des hommes. 



Sanscrit. 



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_ 276 — 

JtfaDês, aDcétre des Phrygiens. Grec. 

Jlfannus, ancêtre des Germains selon Tacite. 

Jlfanna, homme (signification primitive = père, et 
non pas penseur, comme ou dit habituel- 
lement). Gothique. 

On ne s'étonnera pas qae le père porte le nom de la 
mère si on rapproche ce phénomène de celui que Tethno- 
graphie désigne sous le nom de € couvade ». Dans les 
deux cas, le père simule la maternité pour reconnaître 
comme siens les enfants de sa femme. Cette manière de 
voir reçoit une nouvelle confirmation par les phases du 
développement du nom de mère tata ou atta : 



dadhan. 


lait. 


Sanscrit. 


dhay&iï, 


elle allaite. 


Id. 


dhâirt, 


nourrice. 


Id. 


d^drana, 


mamelles. 


Id. 


tutâ, 


mamelle, teton. 


Vieux haut-allemand. 


tiuhos. 


teton. 


Grec. 


titinê, 


nourrice. 


Id. 


totâ, 


mère. 


Vieux haut-allemand. 


attâ, 


id. 


Sanscrit. 


tetà, 


taote. 


Lithuanien. 


dède. 


id. 


Id. 


têthis. 


id. 


Grec. 


nanna, 


id. 


Id. 


dède, 


grand*mère. 


Lithuanien. 


têthê, 


id. 


Grec. 


atta, 


père. 


Id. 


tata. 


id. 


Id. 


atta. 


id. 


Latin. 


tata. 


id. 


Id. 


tata, 


id. 


Sanscrit. 


tat. 


id. 


Gornish. 


toto. 


id. 


Vieux haut-allemand. 


tèta, 


id. 


Lithuanien. 


nannas, 


onple. 


Grec. 



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— 277 — 

Il résulte de ce tableau que le nom de la mère n*a pas 
seulement donné naissance aux nomâ des parents fémi- 
nins, mais encore à celui du père et à ceux des parents 
mâles. Ces mots devinrent à leur tour la source vive d'où 
jaillirent d'innombrables termes rappelant les faits et gestes 
de l'homme en général. 

Le trésor de mots que l'on s'est approprié dans le sein 
de la famille suffit à la plupart des hommes pour exprimer 
les expériences qu'ils feront à l'état adulte; Entrés dans 
Tàge viril, ils n'apprennent plus de mots nouveaux ; en 
revanche, les anciens gagnent en portée, profondeur et 
précision. Les choses se passèrent de la même façon chez 
nos ancêtres. L'idylle des clameurs enfantines leur four- 
nissait le texte pour le drame de l'amour sexuel ; ils 
empruntaient à la vie conjugale des termes pour une 
foule d'activités, de manipulations et d'outils, identifiant 
de cette façon les faits nouveaux à ceux qu'ils connais- 
saient d'ancienne date. 

Une fatalité organique associait dans leur esprit les 
bruits de succion à trois images : 

io Le sein maternel et le nourrisson ; 

2° Le père, protecteur et dominateur de la famille ; 

30 Les époux. 

Ces images types, empruntées à la vie de famille 
naturelle, sont dans la plus étroite connexion les unes 
avec les autres. Voici les significations provenant du pre- 
mier type : 

1 . Sein maternel, lait, boisson, nourriture, nourrir. 

2. Sein maternel, gonfler, enflé, rempli, pustule, vési- 
cule. 

3. Boire, manger, mâcher, ronger. 



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-Î78 - 

4. Désirer, se souvenir. 

5. Bégayer, dire. 

6. Sein maternel, courbure, voussure, bosse, mont, tas, 
écuelle, tète, sommet. 

7. Absorber, désirer, demander, aimer. 

Exemples : 



d^rana, 


les deux mamelles de la femme. 


Sanscrit. 


dadhan. 


lait. 


Id. 


dhenêi, 


boisson, Dourriture. 


Id. 


tutto, 


poitrine, teton. 


Vieux haut-allemand 


Utlhos, 


id. 


Grec. 


torpati, 


il nourrit, fortifie. 


Sanscrit. 


tetrophe, 


il a nourri. 

2. 
sein maternel. 


Grec. 


mamma. 


Latin. 


papas. 


teton. 


lithuanien. 


mathy 


nourriture. 


Gothique. 


payas, 


lait des femmes. 


Sanscrit, 


panis, 


pain. 


Latin. 


penû. 


je nourris. 


Lithuanien. 


payate. 


il est gonflé. 


Sanscrit. 


pampalas, 


enflé. 


Lithuanien. 


piparti, 


il remplit, nourrit. ^ 


Sanscrit. 


pilnas. 


plein. 


Lithuanien. 


polûs, 


beaucoup. 


Grec. 


pompAos, 


bulle. 


Id. 


papa. 


pustule. 


Lithuanien. 


papwla, 


vésicule. 

3. 
j'ai bu. 


Latin. 


pepdka, 


Grec. 


p^pasmai, 


je me nourris. 


Id. 



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— 279 — 



b^r6ati, 


U dévore. 


Sanscrit. 


drayara» 


rongeur. 


Zend. 


WênMCLy 


4. 

j'aspire, je désire. 


Grec. 


meumiôy 


je suis avide de. 


Id. 


memim^ 


je me souviens. 


Utin. * 


babaz6. 


5. 

je balbutie. 


Grec. 


bubaiï^ 


je bégaie. 


Vieux slave. 


6aj9, 


je dis. 

6. 
sein. 


Id. 


kuca. 


Sanscrit. 


kuku. 


sinueux, courbe. 


Vieux slave. 


Xrtimpis, 


courbe. 


Lithuanien. 


cdpa, 


arc. 


Sanscrit. 


^amptô. 


je courbe. 


Grec. 


^aofa. 


mont, bosse. 


Zend. 


Icaufa, 


mont. 


Vieux persan. 


Arupstas, 


colline. 


Lithuanien. 


kupù. 


tas. 


Vieux slave. 


Atife, 


id. 


Vieux haut-allemand. 


kamara, 


voûte. 


Zend. 


Araoïeredha, 


tête. 


Id. 


kakuhh^, 


éminent. 


Sanscrit. 


ctuîurbila, 


courge. 


Latin. 


itûmbè. 


tête. 


Grec. 


ibimbha, 


pot. 


Sanscrit. 


tômbos, 


vase. 


Grec. 


camati, 


7. 
il absorbe en aspirant. 


Sanscrit. 


achèn. 


désireux. 


Grec. 


egeo, 


j'ai besoin. 


LaHn. 


^ayamâoa. 


aimant. 


Sanscrit. 



LmUc_. 



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/ 



— 28a — 



A la seconde image corFespondent les images suivantes : 
4. Dominer, trôner, diriger. 

2. Père, possesseur, prolecteur, berger, troupeau, pâtu- 
rage, paître ; propriété, bétail, attacher, lier, attraper, 
prendre, prendre terre (tomber, voler, frapper, sol = ce 
qui est saisi, pied = ce qui saisit). 

3. Homme avisé, sage, héros, homme. 

4. Nourrir, donner, distribuer, disposer, enseigner, 
dompter. 

Exemples : 



1. 



rdjan, 


roi. 


Sanscrit. 


rdjati, 


il domioe, trône. 


Id. 


reXf 


chef. 


Latin. 


r^gil, 


il dirige. 


Id. 


papas, 


2. 
père. 


Grec. 


flepamai, 


je garde. 


Id. 


papa. 


protecteur. 


Zend. 


payu, 


berger, pasteur. 


Sanscrit. 


pô% 


troupeau. 


Grec. 


paya, 


pâturage. 


Zend. 


poa, 


herbe. 


Grec. 


pasco. 


je mèue paître. 


Latin. 


pecns. 


bétail. 


Id. 


p^gnùmi, 


j'attache. 


Grec. 


paciscor, 


je m'arrange. 


Latin. 


/ohan, 


attraper. 


Gothique. 


fez\\. 


fers. 


Vieux haut-allemand 


/assen, 


prendre, saisir. 


Allemand. 


popada, 


je saisirai. 


Vieux slave. 


popadu, 


je tomberai. 


Russe. 



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— 281 — 



pad^ 


je tombe. 




Vieux slave. 


peûi. 


il atteint. 




Latin. 


patati, 


il atteint, vole. 




Sanscrit. 


p^don, 


sol. 




Grec. 


pada. 


pied. 




Sanscrit. 


bhâyei. 


homme avisé. 


3. 


Sanscrit. 


ntantis, 


homme sage. 




Grec. 


phôs 


homme brave, 


héros. 


Id. 


)nanna, 


homme. 




Gothique. 


dainûmi. 


4. 

je nourris, je distribue. 


Grec. 


didômi. 


je donne. 




Id. 


UDgatassa, 


• désordonné. 




Gothique. 


dedae. 


il enseigna. 




Grec. 


dominus, 


maître. 




Latin. 


({omitor, 


qui maîtrise. 




^ Id. 



Voci enfin les unités significatives qui rérao 
troisième type : 

1. Engendrer, produire, créer, vivifier, gu 

2. Utérus gravidus, ventre, enflure, creux, 

3. Coït, volupté, amour, repos. 
4.. Coire, percer, labourer. 

5. Gros, grossesse, plénitude, semence. 

6. Être enceinte, porter. 

7. Mentula, remuer. 

8. Utérus, contenir, mesurer, considérer, 

9. Être tendu, rigide, dressé, se dresser, h 
10. Percer, frotter, agiter, toucher au but, 
H. Semence, jet, source, couler, courir, fo 



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1 



Exemples , 



i. 



^enitor, 

c^rus, 

Xrara, 

/ayaiti. 


père, 
créateur, 
feisant. 

salutaire, nvifiant. 
U vivifie. 


Latita. 
Vieux latin. 
Zend. 

Lithuanien. 
Zend. 




utérus. 

utérus, ventre, 
amas (enflure), 
créas. 


z. 
3. 


Sanscrit. 
Grec. 
Utin. 
Id. 


raU, 

eramai, 

ramate. 


coït, volupté. 
j*aime. 
il repose. 


4. 

5. 

nce. 
6. 
elle porte. 


Sanscrit 

Grec. 

Sanscrit. 


ptsti, 

pasas, 

barenâiti, 

p^raô, 

/brat, 


eoire. 
pénis, 
il perce, 
il laboure, 
il perfore. 


Lithuanien. 

Sanscrit. 

Zend. 

Grec. 

Latin. 


p^lêsthai, 
ptlnas, 
polno, 
plésma, ' 


être enceinte, 
enceinte, gonflé, 
plein, 
conception, semé 


Grec. 

Lithuanien. 
Russe. 
Grec. 


bhardiû, 
dairan. 


elle est enceinte, 
porter. 


Sanscrit. 
Gothique. 



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m^ntola. 






Latin. 


m^ta, 


bâton, pour remuer. 


Vieux f 


tnotiti se 


bouger. 




Id. 


mathnôte (i). 


il remue. 




Sanscrj 


motbos, 


tumulte. 




Grec. 


m^tra. 


utérus. 


8. 


Grec. 


mêTBy 


mesure de capacité^ mesure. 


Russe. 


mêiioTf 


je mesure. 




Latin. 


médomai. 


je considère. 




Grec. 


tàtos. 


tendu. 


9. 


Grec. 


/orpet, 


il est rigide. 




Latin. 


s/oras. 


gros, épais. 




Lithua 


stokati, 


il se dresse. 




Sanscr 


stot. 


il est dressé. 




Latin. 


stobis, 


bâton. 




Golhiq 


stochos, 


pieu. 


10. 


Grec. 


f^ebrum^ 


perçoir. 




Latin. 


fmt, 


il frotte. 




Id. 


torassei, 


il agite. 




Grec. 


tarati, 


il touche au but. 




Sansci 


^aras, 


bat. 




Id. 


^minus, 


terme. 


11. 


Latin. 


dhârsL, 


semence, jet. 




Sansci 


thOTOS, 


id. 




Grec. 


/ons. 


source. 




Utin. 


dhavsiti. 


il coule. 




Sansc 


theeuï. 


courir. 




Grec. 


toj9. 


je dégèle. 




Vieux 


thalpà. 


je fonds. 




Grec. 



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- 284 — 

Dans les exemples cités jusqu'à présent» il n'a été 
question que de la partie significative des mots. Les 
éléments déterminatirs et désinentiels seraient-ils de nature J 
différente? Nullement; leur origine est la même. Ce qui 
les distingue, c'est leur rôle de subalternes et la perte 
de leur primitive individualité. Vm caractérisant la pre- 
mière personne, le nominatif passif et l'accusatif, naquit 
de ce même motif ma, qui, lorsqu'il se trouve placé en 
relief, désigne les parents, les adultes, les hommes pen- 
sants et sentants en général. Réduit à l'état de pâle 
appendice, il ne réveilla plus dans l'esprit de l'auditeur 
que les rapports de cause et de lieu les plus généraux. 
Désinence personnelle ou casuelle, il indique ce qui est 
intérieur et passif, tandis que les désinences de la seconde 
et de la troisième personne du nominatif actif, de l'ablatif 
et du génitif marquent ce qui est extérieur et actif. Cette 
différence d'emploi s'explique du moment que Ton fait 
remonter les désinences du premier groupe à des motifs 
d'ordre centripète et ceux du second à des motifs d'ordre 
centrifuge. Devenues des formations rudimentaires, les 
terminaisons des mots rendirent de plus grands services 
que si elles avaient persisté dans Téclat de leur jeunesse. 
Leur effacement permit au mot indo-européen d'arriver à 
l'unité complète et d'éveiller dans l'esprit les nuances de 
rapports les plus délicates. 

Mais ce point de perfection ne fut pas atteint du pre- 
mier coup. Le mot n'avait-il pas été un jour une forma- 
tion aussi indistincte, aussi uniforme que mamama... ou 
amama,.. insensible aux additions comme aux retranche- 
ments et possédant dans chacune de ses parties la même 
vie que dans le tout? 



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-2Ô5 — 

Grâce à la multiplication des expériences et des pensées, 
la variété et la précision rompent la vague monotonie 
de la parole naissante. Les motifs s'amalgament, produi- 
sent de nouvelles unités et permettent d'émettre plusieurs 
idées dans le^ême temps qu'il avait d'abord fallu pour 
en exprimer une seule. Voici maga = grand, madha = salu- 
taire, mara = nuisible. Ces nouvelles formations présen- 
tent malgré leur brièveté un sens plus riche et mieux 
déterminé que mamama... Ici, plus d'addition ou de 
retranchement sans altération de sens; à une lâche collec- 
tion s'est substituée une véritable unité. 

Mais la condensation des motifs continue ; les sens se 
spécifient, et la solidarité la plus intime s'établit désormais 
entre les parties du mot. La première partie servira à 
la signification la plus générale, la dernièc^ au rapport le 
plus général, et les parties du milieu modifieront, soit la 
signification, soit le rapport. Le corps du mot se diffé- 
rencie si bien qu'on a de la peine ^ concevoir qu'un seul 
et même élément puisse recevoir des sens si différents, 
suivant qu il fonctionne à l'un ou à l'autre bout du mot. 
Le ma de nos exemples maga, m^dha, mara, signifie 
c homme adulte ». La syllabe mu, originairement iden- 
tique à mxi, que nous trouvons dans le mot latin 
animum « âme = être respirant », désipfne un être vivant 
en général, tandis que Vm de l'accusatif est la marque de 
l'être sentant et passif, et remonte en dernière analyse 
également à ma. Nous voyons ici très-bien que la diffé- 
rence fonctionnelle de m^, mu, m, ne dépend point d'une 
différence originelle, mais bien de 4a place qui leur est 
tombée en partage dans le mot. La place elle-même n'est 
importante que parce qu'elle détermine l'accentuation pri- 



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-â«6 — 

mordiale qui paraît avoir produit les nuances de sens qu'un 
seul et même élément subit, soit au commencement, soit 
au milieu, soit à la fin du mot. 

La formation de pronoms indépendants me semble 
remonter à des temps relativement récents. Le sens d'un 
élément modificateur devait-il être mis en relief, on ne 
faisait probablement pas autre chose que le répéter en 
lui prêtant une accentuation plus forte. De cette façon-là, 
nous serions arrivés à nos pronoms personnels et démons- 
tratifs ; ces derniers, à leur tour, se seraient scindés 
en démonstratifs déterminés à base dentale et en démons- 
tratifs indéterminés à base gutturale convenant également 
à rinterrogation. 

Nous venons d'ébaucher les phases préhistoriques de 
l'épanouissement verbal des peuples indo-européens, et 
nous avons essayé de briser le mur derrière lequel on 
cache la période durant laquelle les types sonores dits 
radicaux sont censés avoir été créés. On prétend que le 
souffle glacial de la corruption phonétique aurait détruit 
ce bon vieux temps dans le sombre crépuscule des âges 
préhistoriques. Depuis, dit-on, il n'a plus poussé une 
seule racine dans le jardin indo-européen. Cependant^ si 
l'on veut entendre par racine une formation monosyllabe 
et significative, les peuples de l'Europe moderne, et 
notamment les Anglais, ne pourraient-ils pas faire valoir 
la part active qu'ils prennent à l'élaboration de types 
semblables? De plus, il me paraît que la corruption 
phonétique ne passe pour un caractère du développement 
historique de la langue que parce que nous n'en connais- 
sons pas les évolutions préhistoriques. Selon moi, la 



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— 287 — 

tendance à la concision et à la brièveté, que l'on appelle 
corruption phonétique, a toujours existé. Dès le temps où 
les phonations centripètes et centrifuges se sont mariées 
à la voix pour produire des motifs sonores, le rude 
labeur de la vie a dû pousser l'homme à dire beaucoup 
de choses en peu de temps. Aussi les peuples qui ont le 
plus lutté ont-ils créé le langage le plus bref et le plus 
riche en idées. 

Alexandre Maurer. 



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LA THÉORIE DE rÉYOLBTION 



LA SCIENCE DU LANGAGE 



De tontes les théories mises en avant pour expliquer le 
mode de formation de Tunivers, au moins de la partie 
qui est le plus directement accessible à notre observation, 
la théorie dite de l'évolution est celle qui se trouve le 
plus en faveur dans le monde scientifique. Il faut recon- 
naître, en effet, que c'est la théorie la plus naturelle, 
et que les faits constatés expérimentalement semblent la 
confirmer entièrement. On sait que, suivant ce système, 
dont les champions les plus éminents sont en histoire 
naturelle les Darwin^ les Wallace, les Haeckel, les phéno- 
mènes sont les manifestations légitimes d'un développe- 
ment continu chez les êtres animés, et que rien n'existe 
qui n'ait eu un précédent et qui ne soit né de quelque 
chose d'antérieur. Rien ne se crée, mais tout se trans- 
forme dans la nature, et le langage, cette faculté distinc- 
tive de ce genre dans Tordre des primates qu'on appelle 
le genre humain, échappe moins que tout autre à la loi 
de l'évolution. 

L'application de la théorie de Darwin à l'étude de la 
linguistique et la confirmation de cette théorie par les 
résultats de cette science furent pour la première fois 
tentées, et cela avec un rare bonheur, par Auguste 



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— 289 — 

Schleicher. Professeur à l'Université d'Iéna, ce savant 
illustre, bien connu des lecteurs de cette Revue, qu'une 
mort prématurée enleva à ses disciples et à ses amis en 
4868, avait en quelque sorte aperçu les lois du transfor- 
misme dans la glottique (comme il disait) dès 4860, où 
il les exposait dans son livre : Die deutsche Sprache (Stutt- 
gard, Cotta édit.). Or, il faut remarquer que ce livre, 
daté de 4860, fut réellement fait en 4859, ainsi que 
l'indique la préface terminée et signée le 40 décembre de 
cette dernière année ; si l'on rapproche de ce fait cet 
autre fait que l'ouvrage de Darwin panit en Angleterre 
en novembre 4859, l'esprit le plus soupçonneux ne pourra 
révoquer en doute l'assertion de Schleicher affirmant qu'il 
ne connaissait rien de la doctrine darwinienne quand il 
publia son livre sur la langue allemande (voy. Die Dar- 
wiiische Théorie und die Sprackwissenschaft, p. 4 ; 4 broch. 
in-8o, Weiraar, H. Bôhlau édit., 4863). Dans ce livre, et 
notamment pp. 43 et 44, Schleicher s'explique sur t la 
lutte pour l'exigence », sur la disparition des formes 
anciennes, sur la grande extension et la grande diffé- 
renciation d'une espèce unique, dans le domaine de la 
glottique, d'une manière qui concorde, en faisant la 
part des expressions, étonnamment avec les vues de 
Darwin. 

Aussi, lorsque Schleicher eut lu le livre du grand natu- 
raliste anglais, s'empressa-t-il d'adhérer à ses doctrines, 
et de leur apporter l'appui et l'aide de ses profondes con- 
naissances linguistiques aussi bien que de sa méthode si 
précise, si scientifique, si positive ; et la brochure dont 
nous venons de donner le titre fut son acte d'adhésion au 
transformisme. 

19 



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— 290 - 

On se demandera comment et pourquoi le linguiste 
Schleicber s'occupait tant de la théorie de Darwin et 
rappliquait à la science du langage. Nous répondrons 
avec lui que c les langues sont des organismes naturels 
qui, sans être dépendants de la volonté de l'homme, 
naissent, croissent, se développent, puis vieillissent et 
meurent selon des lois déterminées ; à elles aussi est donc 
propre cette série de phénomènes que Ton a coutume de 
comprendre sous le nom de c vie ». La glottique, la 
science du langage, est par conséquent une science natu- 
relle ; sa méthode est en tout et pour tout la même que 
celle des autres sciences naturelles. — 1) n'est naturelle- 
ment pas question ici de la philologie, qui est une science 
historique i> {Die Darwinsche Théorie, etc., pp. 6-7). Du 
reste, Schleicher aimait ^ répéter une boutade empruntée 
à ses études favorites en dehors de la] linguistique : c Le 
linguiste, disait-il, est un botaniste, tandis que le philologue 
n'est qu'un horticulteur ». 

Cette façon de considérer la linguistique comme une 
branche de l'histoire naturelle a fait naturellement accuser 
Schleicher de matérialisme par ces métaphysiciens qui ne 
peuvent se décider à considérer l'homme autrement qu'en 
dehors de l'univers, dont il est cependant, quoi qu'on dise 
.,ou qu'on fasse, une partie intégrante. 

En reconnaissant avec les naturalistes les plus éminents 
de notre époque « qu'il n'y a ni malière sans esprit (sans 
la nécessité qui la détermine), mais pas davantage aussi 
d'esprit sans matière », il proclame bien haut que ce point 
de vue est aussi éloigné à ses yeux du matérialisme que 
du spiritualisme {loc cit., p. 8). 

M. Max Millier combat énergiquement cet ordre de 



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— 291 — 

conceptions. Dans une série de leçons traduites et publiées 
en 1874 par la Revue politique et littéraire (2« série, 
3® année, n»* 41, 43, 45, 49 et 24), il s'élève avec force 
contre la théorie de Darwin, particulièrement dans la 
philosophie du langage. Nous ne sommes pas surpris de 
l'intervention de M. Max Mûller, et surtout dans un sens 
rétrograde ; l'homme qui écrivît un jour que la science 
du langage commença le jour de la t^entecôte ne peut pas 
admettre, au moins publiquement, qu'une doctrine exclu- 
sivement scientifique soit une doctrine fondée sur des 
bases sérieuses. Aussi invoque-t-il tous les maîtres de la 
métaphysique allemande contre une théorie aussi hétéro- 
doxe ; il nous affirme que c le langage sans la pensée est 
aussi impossible que la pensée sans le langage », oubliant 
que les animaux ne parlent pas et pensent pourtant, puis- 
qu'ils jugent et comparent ; il s'attaque particulièrement 
^ € une nouvelle école de philosophie qui a surgi en 
Angleterre, qui conteste énergiquement la justesse de 
l'analyse de Kant et revient à la position occupée autre- 
fois par Locke et Hume... qui traite la loi de causalité, 
sur laquelle repose, à vrai dire, toute la question des 
conditions a priori de la connaissance, comme elle l'a été 
par Hume, de pure illusion, produite par une répétition 
de phénomènes ; et l'analyse psychologique, fortifiée par 
les recherches physiologiques, est invoquée à son tour, 
pour prouver que l'esprit n'est que le produit passager et 
fortuit de la matière, que le cerveau sécrète la pensée 
comme le foie sécrète la bile. Sans physique, point de 
pensée ! tel est le cri de guerre triomphant de cette 
école *, ajoute M. Max Mûller avec ironie. Cette même 
ironie, il l'emploie encore lorsque, essayant d'écarter du 



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débat rintelligence des animaux, point fort gênant pour 
les gens de son parti philosophique, il nous dit : « Que 
savons-nous de la vie intérieure du mollusque? Nous 
pouvons admettre qu'il vit dans des ténèbres épaisses, 
que ce n'est qu'une masse de pulpe; mais nous pouvons 
admettre aussi qu'étant à l'abri de tous les désordres 
causés par les impressions des sens, à l'abri de toutes les 
causes d'erreur auxquelles l'homme est en proie, il 
pénètre peut-être d'un regard plus sûr et plus profond 
dans l'essence de l'absolu, il arrive à une possession plus 
entière des vérités éternelles que l'intelligence humaine». 
On ne peut être moins grave, et ce n'est pas avec de 
semblables plaisanteries tudesques que l'on combat une 
doctrine sérieuse et sérieusement exposée par ceux qui la 
suivent. 

Ces joyeusetés, d'un goût douteux, ont du reste été 
relevées comme elles le méritent par un linguiste aussi 
éminent que M. Max Mûller, par l'Américain M. Whitney, 
qui cependant est loin d'appartenir à l'école transfor- 
miste. Dans un article récent {Darwinism and langmge, 
publié par la North american Jleview), à la prétention, 
par exemple, d'écarter l'étude des phénomènes intellec- 
tuels chez les animaux, sous prétexte tantôt qu'ils ne 
possèdent pas le moindre germe des facultés d'abstrac- 
tion ou de généralisation, tantôt que leur esprit est une 
terra incognita fermée absolument à toute science positive, 
M. Whitney répond très-sensément que l'esprit des autres 
hommes est aussi bien une terra incognita pour nous 
que celui des bêtes, que nous ne sommes pas complète- 
ment sûrs que notre voisin voit l'herbe verte et le ciel 
bleu de la même façon que nous, et que nous avons tout 



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— 293 — 

lieu de croire qu'un cheval a la perception du vert, jouit 
du goût de Veau ou du pain et en a la connaissance abso- 
lument comme les hommes peuvent le faire. Il est vrai 
que chez l'homme le langage est une preuve concluante 
de ce fait ; mais il serait téméraire d'affirmer que c'est la 
seule. Le savant hnguiste américain accorde également 
aux animaux la faculté d'abstraction et de généralisation : 
« Un chien connaît parfaitement ce qu'est un homme, ne 
le confond jamais avec une autre créature, sait ce qu'il 
a à en craindre ou à en espérer, etc. d. Il admet seule- 
ment, et cela est tout à fait exact à notre sens, que cette 
faculté ne diffère de la nôtre que par son degré de déve- 
loppement. 

M. Max MûUer ne peut ou ne veut pas se figurer des 
concepts sans une forme ou un corps extérieur ; partant, 
point de pensée sans langage : l'un est aussi indispensable 
à l'autre que l'écorce à l'orange. Mais nous ferons observer 
que, suivant cette théorie, on ne pourrait concevoir un 
objet inconnu jusqu'ici et qui n'aurait point de nom pour 
le désigner. Pour M. Whitney, au contraire, ce ne sont 
que les pensées complexes qui ont besoin de symboles, 
et M. George Darwin, fils du célèbre naturaliste, ajoute 
(On the origin of language, dans la Contemporary 
Review) à ce sujet que les chiens doutent, hésitent, et en 
définitive prennent une détermination quelconque, sans 
que souvent il y ait une circonstance extérieure détermi- 
nante. 

Bien que M. Whitney soit d'accord avec Darwin sur ce 
fait que l'homme ne doit pas son existence, œmme homme, 
au langage, mais que le langage lui a permis d'atteindre 
un plus haut degré dans l'échelle de l'humanité, il ne' 



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1 



— 294 — 

pense pas qu'on paisse jamais découvrir les intermé- 
diaires entre c Texpressioa toute instinctive des animaux > 
et c l'expression toute conventionnelle de rhomme >, 
parce qu'elles sont essentiellement différentes. Et pour- 
tant une phrase du savant professeur de Yale Collège fait 
pressentir qu'il ne peut échapper à l'inéluctable nécessité 
d'accepter, peut-être sans le vouloir, la théorie transfor- 
miste ; il dit : c II n'y a point de sallus, parce que le 
langage humain est un développement historique de com- 
mencements infinitésimaux qui peuvent avoir été même 
de moindre importance que le langage instinctif d'une 
bête >. N'y a-t-il pas là, sur le domaine linguistique, un 
aperçu analogue à celui de certains zoologistes qui, 
devant les différences constatées entre les singes anthro- 
pomorphes et l'homme, leur donnent à tous un ancêtre 
commun placé à un degré inférieur parmi les mammi- 
fères? Nous avouons que rien ne «nous choque dans cette 
manière de voir, et que, tout en la laissant à l'état hypo- 
thétique, elle ne nous parait pas indémontrable scientifi- 
quement. 

C'est cette démonstration que M. Whitney ne croit pas 
possible de faire jamais. M. George Darwin estime pour- 
tant qu'il n'est pas sage de dire que la science n'atteindra 
point quelque objet, c Je ne saisis point, dit-il, les 
motifs pour lesquels M. Whitney nie qu'un état de transi- 
tion soit possible dans la formation du langage. Il n'ima- 
gine pas qu'une langue, bien qu'incomplète, naquit toute 
caparaçonnée d'une seule génération de singes anthro- 
poïdes. Il est certainement probable que bien des généra- 
tions de quasi-hommes passèrent, qui se servaient d'un, 
petit vocabulaire de cris conventionnels, et que ces cris 



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— 295 ^ 

devinrent de plus en plus conventionnels en s'éloîgnant 
de plus en plus des sons ou des exclamations d'où ils 
avaient tiré leur origine. Bien des racines se seront multi- 
pliées par scission et auront donné naissance h de nou- 
veaux radicaux, qui devaient être plus lard graduellement 
séparés de leurs onomatopées originelles. J'imaginerais 
que l'origine initiative des quasi-mots (employés comme 
verbes, adjectifs et substantifs) a été dans les temps pri- 
mitifs une sorte de mnémotechnie de leurs significations. 
Il est évident qu'un système de signes verbaux fera une 
bieh plus profonde impression sur la mémoire, lorsque 
ces signes auront une relation même faible avec les objets 
qu'ils représentent. Un enfant 'apprend et se rappelle le 
mot bè-mouton, et nomme une vache mou longtemps 
avant de pouvoir conserver dans sa mémoire les simples 
signes mouton et vache; il commence fréquemment par 
appeler les chiens et les vaches oua-oua et mou, et con- 
tinue à employer ces mots même après qu'il prononce ces 
syllabes d'une façon toute conventionnelle. N'est-il pas arrivé 
à coup sûr quelque chose de ce genre dans l'enfance des races 
humaines? » Cela nous semble plus que probable, car 
(le même que les phénomènes d'embryogénie apportent 
de solides arguments à la théorie transformiste, de même 
l'étude de l'enfance de l'individu-homme jette des clartés 
intenses sur l'enfance aujourd'hui si lointaine de l'humanité. 
Du reste, l'étude physiologique de la faculté du langage 
tend à confirmer cette manière de voir. Dans un travail 
intéressant sur cette matière, M. le docteur Onimus [Jour- 
nal d'anatomie et de philosophie, 1873) s'exprime dans des 
termes qui sont loin de contredire la théorie darwinienne 
en linguistique : 



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— 296 — 

c Quant au langage, où nous croyons que l'on retrouve 
tous les caractères des actes réflexes d'éducation, les 
mouvements d'ensemble ne se forment que peu à peu et 
par une éducation longue et difficile ; mais c'est absolu- 
ment le même procédé que pour des mouvements d'en- 
semble moins compliqués, tel que la marche. 

a Les premiers actes sont limités, simples, mais encore 
incoordonnés ; puis, peu à peu les mouvements qui ont 
lieu le plus souvent deviennent plus réguliers et plus 
étendus, et ce n'est que lorsque chaque mouvement simple 
est devenu bien net que les mouvements d'ensemble se 
font, d'abord indécis, puis coordonnés ». 

Or, de ces actes réflexes d'éducation, M. Onimus donne 
un peu plus haut, dans le même mémoire, de curieux 
exemples : « Tel est, dit-ilj^^ pour les pigeons, l'action 
de placer la tête sous l'aile lorsqu'ils dorment, ainsi que 
celle de se lisser les plumes. Jamais nous n'avons observé 
ces faits chez les jeunes pigeons, auxquels nous avons 
enlevé le cerveau, tandis que chez les pigeons âgés cet 
acte d'habitude subsiste après cette opération d. 

Il semble donc que le langage articulé n'est point une 
faculté innée et complète chez l'homme, mais quelque 
chose d'acquis à l'aide du temps et d'évolutions nom- 
breuses. C'est ce qu'expose très-brillamment un rédacteur 
de la Westminster Review (octobre 1874), et dont nous nous 
plaisons à reproduire le passage si. spirituel et si sensé à 
la fois que voici : 

€ L'acquisition du langage rationnel a donné sans aucun 
doute à l'esprit humain une supériorité gigantesque sur 
celui de tout autre animal, mais cette même supériorité 
a été acquise graduellement, aidée considérablement par 



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— 297 — 

d'autres acquisitions faites plus ou moins dans la partie 
connue de notre histoire. Tels sont les arts d'écrire et 
d'imprimer, l'emploi de la vapeur et de l'électricité, et 
même l'algèbre et la construction des routes, puisque tout 
cela a contribué à rendre la sagacité exceptionnelle de 
certaines individualités la propriété commune de toute la 
race et son héritage durable. 

€ On se demande souvent pourquoi, si l'homme était à 
l'origine un animal muet, d'autres créatures sont restées 
aussi longtemps muettes, notamment les chiens, les singes 
et les éléphants, puisqu'on leur attribue les rudiments de 
raison comme à l'ancêtre supposé et sans langage de 
l'humanité. Pour répondre, il faut se rappeler que, en 
comparaison de toute la carrière de l'homme sur la 
terre, le temps pendant lequel il a possédé un langage 
articulé peut n'être qu'une courte période, et que les 
autres animaux peuvent être à une période relativement 
moindre derrière nous que nous ne sommes capables de 
la supposer. Dans vingt mille ans d'ici, quand les chiens 
auront appris à parler, mais non pas encore à imprimer, 
les philosophes orthodoxes d'alors soutiendront que la 
forteresse de la presse « reste inexpugnable et inébranlée 
sur la frontière qui sépare.le règne animal de l'homme », et 
« ils en appelleront à un fait palpable : c'est que, quoique 
les bêtes puissent faire ou ne pas faire, aucune n'a encore 
imprimé >. 

c Dans la privation du pouvoir généralisateur, les lan- 
gues des sauvages, comme le docteur Farrar (Chapters on 
languagej p. 177) le montre très-bien d'après de nom- 
breux auteurs, présentent justement cette particularité 
sur laquelle M. le professeur Max MûUer s'appuie tant à 



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l'égard des facultés mentales des animaux inférieurs. Entre 
la tribu qui la première acquit quelque faible forme de 
langage humain et les tribus d'anthropoïdes ses voisines, 
il n'y a pas de raison d'admettre qu'une différence bien 
, grande ait existé dès le principe. Mais cette différence 
telle qu'elle était s'est rapidement accrue de deux façons : 
d'abord l'être humain a dû perfectionner et appUquer à 
des usages variés sa nouvelle faculté, tandis que le simien, 
n'ayant pas le pouvoir de commencer, ne dut faire aucun 
progrès. Ensuite la tribu humaine, avec ses moyens 
perfectionnés de combinaison, fut à peu près sûre d'éli- 
miner ses inférieurs immédiats, qui étaient ses plus puis- 
sants adversaires dans la lutte pour l'existence. Ce fut dans 
son pouvoir, ce fut son intérêt d'agir ainsi. Peut-on douter 
de ce résultat à une période primitive de civilisation 
quand on voit de nos jours des races humaines moins 
cultivées tomber continuellement devant la marée anglo- 
saxonne, et rendre ainsi de plus en plus large la distance 
entre les hommes et les animaux 3> ? Telles sont les vues 
pleines à'humour d'un écrivain qui n'a point pour les vues 
du professeur d'Oxford cette admiration béate qu'on ren- 
contre chez les gens qui ne veulent point s'écaiter de 
l'orthodoxie. 

Mais, pour cesser cette longue digression, et quoi qu'il 
en soit, constatons que M. Whitney ^considère les obser- 
vations de Darwin sur le langage comme parfaitement 
sérieuses et scientifiques, tandis que M. Max Mûller ne 
veut bien reconnaître à celui-ci que le mérite et l'hon- 
neur « d'avoir nettoyé les écuries d'Augias de l'infinité 
des espèces, d'avoir expliqué par l'action lente de causes 
naturelles maints phénomènes qui paraissaient d'abord 



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— 299 — 

exiger une intervention créatrice, directe et spéciale 
(p. 293) ». Mais, en ce qui concerne Tapplication de la 
théorie transformiste à la science du langage, il s'y refuse 
absolument. Il nous faut remarquer que, dans ces leçons 
fort récentes, il n'est point fait mention des ouvrages de 
Schleicher. Son nom n'est cité que deux fois, et toujours 
à propos d'une boutade de celui-ci concernant l'impor- 
tance de la faculté du langage articulé comme caractéris- 
tique humaine. M. Max xMùller reconnaît avec tout le 
monde que cette faculté constitue « une barrière qu'aucun 
animal n'a jamais passée », et invoque le nom de Schlei- 
cher pour appuyer cette vérité incontestée. « Si un pour- 
ceau, disait un jour en riant le grand Unguiste, me disait 
jamais : Je suis un pourceau, il cesserait ipso faoto d'en 
être un ». Voilà tout le rôle qu'un savant à qui, parmi les 
linguistes, on ne peut comparer que le seul et célèbre Bopp, 
joue dans l'argumentation du trop vanté professeur d'Ox- 
ford. C'est aussi que ses brochures, ses livres, gênaient 
fort M. Max Miiller ; et celui-ci a trouvé plus facile de les 
passer sous silence que d'en réfuter les puissantes et 
inébranlables conclusions. 

Il est en effet impossible de révoquer en doute cette 
définition de Schleicher : « Le langage est la manifesta- 
tion constatable par l'oreille de l'activité d'un ensemble 
. de conditions matérielles dans la conformation du cerveau 
et des organes de la parole avec leurs nerfs, leurs os, 
leurs muscles, etc. Le principe matériel du langage et de 
ses variétés n'est sans doute pas encore démontré; mais 
aussi, à ma connaissance, un examen comparatif des 
organes de la parole chez les peuples de divers idiomes 
n'a pas non plus encore été entrepris. Il est possible, 



■^_. 



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— 300 — 

peut-être même vraisemblable, qu'une telle recherche ne 
conduirait par hasard à aucun résultat satisfaisant ; néan- 
moins^ la conviction de l'existence des conditions corpo- 
relles et matérielles du langage ne saurait en aucune 
façon être ébranlée i. (Ueber die Bedeutung der Sprache 
fur die Naturgeschichte des Menschen, p. 8 ; 1 broch. in-12, 
Weimar, H. Bôhlau édit., 1865.) « ... Je crois pouvoir 
me dispenser de réfuter la théorie par laquelle le langage 
serait l'invention d'un individu, ou bien par laquelle il 
aurait été communiqué du dehors à l'homme. Le lan- 
gage, que, dans la courte période de la vie historique 
actuelle de l'homme^ nous voyons livré à une modification 
incessante, n'est donc pour nous que le produit d'un 
devenir continuel suivant certaines lois vitales que nous 
sommes en état d'exposer dans leurs traits essentiels. A la 
conception du principe matériel du langage dans la cons- 
titution du corps humain se lie celle de la naissance et du 
développement du langage, concurremment avec le dévelop- 
pement du cerveau et des organes de la parole ». {Op. cit., 
pp. 20, 21.) 

Ces dernières paroles sont formelles en ce qui regarde 
rinlroduction de la glottique dans les sciences naturelles. 
Aussi bien Schleicher n'ignorait pas les travaux de M. le 
professeur Broca sur la troisième circonvolution frontale de 
l'hémisphère gauche du cerveau considérée comme le 
siège de la faculté du langage articulé. Par ce fait, voilà 
donc les linguistes obligés d'en référer à l'anatomie com- 
parée et à l'anthropologie. Nous n'ignorons pas que sur 
ce terrain il a été fait peu de progrès sensibles. Cepen- 
dant, nous citerons le passage d'une lettre de M. Charles 
Vogt, qui est loin d'être sans importance pour notre sujet : 



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- 304 -^ 

« Le cerveau' de Thomme et celui des singes, spéciale- 
ment des singes anthropomorphes (orangs, chimpanzés, 
gorilles), sont construits absolument sur le même type, 
type sui generis, et qui est caractérisé, entre autres 
choses, par la scissure de Sylvius et par la manière dont 
l'île de Keil est formée et recouverte ; ainsi, chez l'homme, 
la troisième circonvolution frontale est extraordinairement 
développée, tandis que les circonvolutions transversales et 
centrales sont d'une beaucoup moins grande importance. 
Chez le singe, d'autre part, la troisième circonvolution 
frontale n'est que légèrement développée, tandis que les 
circonvolutions transversales et centrales sont très-consi- 
dérables. Pour démontrer l'influence que tout cela a sur 
le siège de l'organe du langage, je m'en référerai aux 
microcéphales, qui ne parlent point; ils apprennent à 
répéter certains mots comme les perroquets, mais ils 
n'ont pas de langage articulé. Or, les microcéphales ont 
la même conformation de la troisième circonvolution 
frontale que les singes ; ils sont donc singes autant que 
le comporte la partie antérieure de leur cerveau. Ainsi, 
l'homme parle ; les singes et les microcéphales ne parlent 
pas. Certaines observations ont été signalées qui semblent 
placer le langage dans la partie qui est développée chez 
l'homme, et restreinte chez les microcéphales et le singe; 
l'anatomie comparée vient donc à l'appui de la doctrine 
de M. Broca. ». 

Certains polémistes, en cherchant dans la glottique des 
arguments à opposer à la théorie de l'évolution, croient 
l'avoir réfutée en proclamant que le langage établit entre 
l'homme et les animaux une barrière considérable, une 
difierence non seulement de degré, mais à'espèce. En 



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^302 — 

réservant la définition du mot espèce, non? ferons observer 
que c'est là ce qu'on appelle vulgairement enfoncer une 
porte ouverte; car actuellement la plupart des linguistes 
et des antbropologistes, à quelque école qu'ils appar- 
tiennent, reconnaissent dans la faculté du langage articulé 
la seule ou la principale caractéristique humaine. 

Nous insistons sur le mot articulé, parce que, selon 
nous, il est indubitable que les animaux ont un langage^ 
si par langage on entend une série de sons et d'assem- 
blages de sons plus ou moins réguliers, correspondant 
à des sensations diverses et définies, et servant de moyen 
de communication entre des individus de même race ou 
de même espèce, comme on voudra ; bien des exemples 
peuvent être donnés à l'appui de cette assertion. Nous 
n'en citerons pas d'autre que celui emprunté toujours à 
l'article de la Westminster Review signalé plus haut^ et qui 
concerne les babouins : c Les chefs ont une manière particu- 
lière de communiquer leurs commandements à leurs subor- 
donnés, et ceux-ci à leurs inférieurs, qui consiste en un 
langage d'intonations curieusement varié. Des aboiements 
brefs et aigus, des hurlements prolongés, des cris subits, 
un baragouin précipité et même des gestes et attitudes du 
corps sont employés avec une singulière rapidité et 
répétés de l'un à l'autre >. Qu'on vienne dire après cela 
que les animaux ne possèdent point, même virtuellement 
ou rudimentairement, la faculté du langage. . 

En outre, il y a une supposition d'ordre tout scienti- 
fique, qui a (ait l'objet d'une communication de M. de 
Morlillet au congrès de V Association française pour l'avan- 
cement des sciences, à Lyon, en 1873, et qui consiste à 
considérer l'être qui fit éclater des silex à l'aide du feu 



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- 303 - 

pendant Tépoque tertiaire, non comme un homme, mais 
comme le précurseur de l'homme, Têtre de transition entre 
le pilhécoïde ancêtre de l'homme et des anthropomorphes. 
M. Hovelacque est venu, au nom de la linguistique et en 
rappelant les vues de Schleicher sur ce point, confirmer 
la probabihté de cet aperçu lumineux, et,-dit-il, t si Ton 
ne peut admettre que la faculté du langage ait été 
acquise à l'homme un beau jour, sans cause, sans origine, 
ex nihilo, il nous faut bien croire alors qu'elle est le 
fruit d'un développement progressif, le produit d'un per- 
fectionnement organique ». C'est bien là la théorie trans- 
formiste, et nous pouvons supposer que l'être qui se 
servait des silex éclatés de Thenay, . s'il n'avait point 
encore de langage articulé, communiquait ses impres- 
sions, ses sentiments, ses pensées, disons le mot hardi- 
ment, à l'aide d'un système glottique imparfait, mais 
supérieur à celui des animaux les plus élevés de la faune 
de nos jours. * 

Ce qui n'a jamais été détruit par personne, ce sont les 
lois absolument darwiniennes qui président à la vie des 
diverses langues de l'humanité. S'il est impossible de 
ramener toutes les langues mères que nous connaissons à 
une langue primitive, si même pareille hypothèse est 
invraisemblable, indémontrable et combattue par des faits 
positifs, si au contraire il est plus que probable que dans 
la période antéhistorique et vieille de plusieurs millions 
d'années le nombre des langues primitives fut considé- 
rable et ne diminua dans une proportion énorme que 
par suite d'une action incontestable de la sélection natu- 
relle (comme cela arrive encore de nos jours pour les 
innombrables dialectes des tribus américaines), les langues 



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— 304 — 

qui ont subsisté ont passé par différents degrés de trans- 
formation parfaitement connus et étudiés. Un linguiste 
sérieux et véritablement digne de ce nom ne peut s'empê- 
cher de reconnaître que le premier état du langage arti- 
culé que nous constatons est l'état dit monosyllabique 
(celui du chinois, de Tannamite, du siamois, du birman), 
où chaque mot est un radical invariable, et où il n'y a, 
phonétiquement différenciés, nî conjugaison, ni décli- 
naison ; cet état se transforma par une progression natu- 
relle en ce qu'on appelle le système agglutinatif ou poly- 
synthétique (celui de la plus grande partie des langues de 
l'univers, des langues ouralo-altaïques, dravidiennes, 
caucasiennes, du basque, des idiomes africains, des dia- 
lectes américains, etc.), où aux racines invariables se 
joignent des suffixes, des préfixes, des infixes qui en 
varient le sens ; vient enfin le troisième et dernier état, 
celui des langues dites à flexion (telles que les langues 
aryennes et les langues sémitiques), où les radicaux et les 
suffixes et préfixes s'incorporent, se modifient phonéti- 
quement et forment ainsi des mots. Pareille transformation 
n'est-elle pas conforme à la doctrine de Darwin ? et les 
physiologistes du langage qui, dans un idiome à flexion, 
découvrent les traces de polysynthétisme antique et de 
monosyllabisme plus ancien encore, apportent à cette 
doctrine une puissante et magistrale confirmation. 

L'histoire plus récente des diverses familles de lan- 
gues vient encore à l'appui de ce point de vue. De chaque 
langue mère, de chaque souche de langues, comme dit 
Schleicher (Sprachsippe), sortent de nombreuses branches 
qui donnent chacune naissance à leur tour à de nou- 
veaux rameaux, formant ainsi, au moins pour les langues 



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— sos- 
ies mieux étudiées jusqu'ici (le groupe aryen et le 
groupe sémitique), de véritables arbres généalogiques 
parfaitement réels et tout à fait concordants à ceux que les 
darwiniens essaient de restituer pour les espèces animales. 
C'est, du reste, ce qu'a surabondamment démontré 
notre ami et collaborateur, M. Abel Hovelacque, dans son 
remarquable ouvrage : La Linguistique (1), arrivé en un 
an à sa deuxième édition. D'après lui, et à juste titre, la 
faculté du langage articulé n'est pas apparue tout d'un 
coup et à un état de développement appréciable chez 
l'être que par elle-même elle allait' faire homme. L'art de 
parler est un art difficile qui s'est lentement perfectionné; 
de la période si reculée dans les âges, où la parole a 
dépassé dans son expression la limite des exclamations 
et des onomatopées, à l'époque actuelle, de longues séries 
de siècles se sont écoulées, durant lesquelles le langage a 
traversé des phases diverses dont nous retrouvons quel- 
ques témoins, non des plus antiques, dans les idiomes de 
tous les peuples du globe. Nous en avons d'ailleurs la 
preuve dans l'éducation de l'enfant, ainsi que nous 
l'avons vu plus haut. Mais si cette faculté du langage 
articulé n'est arrivée que lentement à son complet déve- 
loppement, c'est que l'humanité qui la possédait peut- 
être virtuellement n'en a été pourvue d'une façon sen- 
sible qu'à un moment donné de son éyolution. Cela est si 
évident, qu'un éminent linguiste, M. Whitney, bien connu 
dç nos lecteurs, n'a fait que répéter cela dans son livre 
sur la Yie du langage (2). c Chaque individu, dit-il, 

(1) Un fort vol. în-lS. Paris, Reinwald et Ci», éditeurs. 

(2) Un vol. ia-8 de la Bibliothèque scientifique internationale^ 2e édit. 
Paris, Germer-Baillère, éditeur. 



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— 306 — 
recommence pour son compte le chemin qu'a fait la race 
tout entière. Seulement, il marche avec la rapidité de 
réclair comparé à l'humanité, parce qu'il est conduit par 
la main sur un terrain uni et battu ^. Le langage envi- 
sagé de la sorte est donc comme une institution qui 
s'est transmise d'âge en âge, de génération en génération, 
en subissant des changements incessants, en évoluant. 
Aussi varie-t-il aussi bien suivant les peuples que suivant 
les individus ; il se prête, s'emprunte, se modifie, revêt 
des apparences diverses suivant les circonstances exté- 
rieures, et ne demeure point affecté exclusivement à la 
race qui l'a créé. Que de races ont adopté des idiomes 
étrangers à peu près complètement en n'y introduisant 
presque aucun des éléments de leurs parlers propres! 
Tel a été le cas pour le latin des Gaules, qui est devenu 
le français et qui ne contient qu'un nombre infiniment 
petit de mots provenant de l'idiome ou des idiomes que 
parlaient les vaincus de César. 

Cette évolution perpétuelle du langage est donc une 
démonstration concluante en faveur des doctrines trans- 
formistes ; elle se manifeste surtout d'une façon frap- 
pante dans les trois modes successifs de formation que 
subit le langage et dont nous avons parlé plus haut en 
peu de mots. Il ne nous paraît pas inutile de revenir sur 
celle question, qui est d'une importance de premier ordre 
dans la science du langage, en prenant pour guide 
M. Abel Hovelacque. La première forme est le monosylla- 
bisme ou système des langues dites isolantes. Les repré- 
sentants actuels de cette forme, par laquelle toutes les 
autres familles linguistiques ont dû passer, sont le chinois, 
l'annamite, le siamois, le birman, le thibétain et quelques 



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— 307 — 

autres idiomes isolés de la péninsule indo-chinoise. Nous 
ajouterons que certaines langues de l'Amérique centrale 
seraient, dit-on, monosyllabiques. Tous ces idiomes, bien 
que jouissant d'un procédé de formation identique, sont 
absolument indépendants les uns des autres, et leurs maté- 
riaux constitutifs, c'est-à-dire leurs racines, sont entière- 
ment différents. 

Dans l'état monosyllabique, le mot, c'est la racine telle 
quelle, la racine invariable. « La langue, dit M. Hove- 
lacque, dans cette première étape, n'est formée que d'élé- 
ments dont le sens est éminemment général >. On n'y 
trouve, en effet, ni suffixes, ni préfixes, qui modifient en 
quoi que ce soit le radical et qui constituent une relation 
quelconque. La phrase est formée d'une série de mots 
racines placés l'un à côté de l'autre. Prenons, par exemple, 
le signe R pour représenter le mot, la phrase prend 
ainsi l'apparence de cette espèce de formule algébrique 
R + R + R, etc. Dans ce groupe de langues, il n'y a 
point, à proprement parler, de grammaire; mais en 
revanche ce système exige une syntaxe rigoureuse qui 
détermine la place du mot-racine dans la phrase, suivant 
la valeur qu'il doit avoir, suivant la qualité qu'il doit 
prendre, sujet ou régime, épithète ou substantif, verbe 
ou nom, etc. Pour bien faire sentir toute l'économie de 
ce système, M. Hovelacque a consacré au chinois une 
monographie fort bien faite, très-complète, malgré sa 
brièveté, et qui donne des idées très-précises sur une 
langue si célèbre et si importante dans l'extrême Orient. 
Le chinois, en possession d'une httérature considérable, 
organe d'une civilisation particulière, mais relativement 
très-avancée, divisé en trois dialectes principaux (la langue 



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— 308 - 

mandarine, le dialecte de Canton et de celui du Fo-Kien) 
assez distincts pour que ceux qui les parlent se com- 
prennent malaisément entre eux, le chinois n'a pas un 
matériel phonétique très-compliqué, sans qu'il soit cepen- 
dant des plus simples. Dans lé dialecte mandarin, les 
consonnes g, d et b font défaut ; le d seul manque au 
dialecte du Fo-Kien ; les y sont moins variées ; enfin Yr 
est inconnu à la famille chinoise ; les voyelles sont sou- 
vent diphthonguées et nasalisées. A une exception près, 
le mot monosyllabique chinois commence par une con- 
sonne et se termine par une voyelle ; car les terminaisons 
en n ou en ng ne sont que des transcriptions euro- 
péennes pour exprimer des voyelles nasales. L'exception 
unique est le mot eul c deux > et c oreille >. 

Mais un écueil redoutable pour une langue chargée 
d'exprimer les pensées complexes d'un peuple tel que 
celui de l'immense empire chinois était la multiplicité 
des sens d'un même monosyllabe. On s'en est tiré par un 
procédé fort ingénieux, qu'un exemple emprunté au livre 
de M. Hovelacque fera très-bien saisir. Le mot tao veut 
dire entre autres choses « chemin » ; isolé dans la phrase, 
on ne peut savoir s'il ne signifie pas cette fois « ravir >, 
« mener », c drapeau », « froment >; aussi le juxtapose- 
t-on à un autre mot lu, qui cpmpte aussi parmi ses sens 
nombreux celui de € chemin », et tao-lu ne peut ainsi 
avoir d'autre signification que celle-ci. Ce n'est point là 
une composition, puisqu'il n'y a pas de relation, mais 
seulement accumulation de synonymes. 

Nous avons dit que la position dans la phrase déter- 
minait la valeur et la nature du mot. En chinois, cepen- 
dant, certains termes viennent aider à ces détermina- 



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-- 309 — 

lions ; ainsi le genre^ se marque par un terme additionnel, 
nan « mâle >, et nin « femelle >, de là nan-tse c enfant 
mâle, fils B, et nin-tse « enfant femelle, fille >. Le plu- 
riel est aussi indiqué parfois à l'aide du tepme to a mul- 
titude ». De même des racines accessoires concourent à 
former une sorte de déclinaison. Ce n'est plus là déjà du 
monosyllabisme pur, et le chinois s'élève ainsi vers une 
forme glottique supérieure. Aussi ce qu'on appelle gram- 
maire en Chine distingue-t-elle des mots pleins et des 
mots vides : les premiers sont les racines dont le sens a 
conservé toute 3a plénitude ; les seconds sont celles dont 
la valeur s'est un peu obscurcie et qui servent à déter- 
miner, à préciser le sens des mots pleins. 

La deuxième forme linguistique s'appelle l'agglutina- 
tion. C'est à cette classe qu'appartient le plus grand 
nombre des idiomes parlés sur le globe. Les mots n'y 
sont plus composés d'une seule racine monosyllabique ; 
mais autour d'une racine principale qui garde sa valeur 
réelle, son sens propre et initial, viennent se juxtaposer, 
s'agglutiner une ou plusieurs racines dont la signification 
individuelle s'amoindrit, et qui ne servent plus qu'à pré- 
ciser le mode d'être ou d'action de la racine principale 
dont le sens primitif a persisté. Le mot, dans ce système 
glottique, est donc devenu complexe. C'est un degré supé- 
rieur au monosyllabisme dans le procès évolutionnel du 
langage. 

Si nous avons recours à la formule que nous avons 
déjà employée, et si nous désignons par R le radical 
principal et par r ceux dont la valeur a été modifiée, nous 
avons des mots qui présentent les formes suivantes : rR 
avec un préfixe, Rr avec un suffixe, rRr, rRrr, etc. « La 



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— 310 — 

racine principale, dit M. Hovelacque, maintenue dans sa 
forme primitive, les racines accessoires (si nous pouvons 
employer ce terme), perdant leur indépendance et se 
juxtaposant à la racine principale, voilà ce qui constitue 
l'agglutination >. 

On a vu tout à l'heure que le plus grand nombre des 
langues du globe appartient au système agglutinant. Mais 
il ne s'en suit pas de là qu'elles soient toutes parentes, au 
contraire ; nous reviendrons sous peu à cette question, et 
nous allons passer en revue cette longue série linguistique, 
dont quelques-uns des termes ont joué dans l'univers un 
rôle très-considérable. 

Le japonais est une langue agglutinante bien supérieure 
au chinois monosyllabique dont l'influence littéraire et 
graphique a nui énormément à sa clarté. C'est un idiome 
tout à fait isolé : en vain on a voulu le faire rentrer 
dans le giron des langues ouralo-altaïques, on n'a rien pu 
établir. 11 est cependant hors de doute que le japonais est 
d'origine étrangère àM' archipel où il est parlé aujour- 
d'hui. M. Hovelacque cite le continent asiatique comme 
le pays d'où il serait venu ; le fait est possible, mais les 
traditions japonaises font venir ce peuple de régions 
méridionales, ce qui nous reporterait plutôt vers l'archipel 
indien. Bref, il y a là un profond mystère que l'étude et 
le temps seuls peuvent pénétrer. La phonétique japonaise 
est assez simple ; les cas s'expriment distinctement par 
des racines secondaires se suffixant à la racine principale : 
hitono « de l'homme », hitode « avec l'homme ». Le 
genre s'exprime A l'aide des préfixes o, masculin, et me, 
féminin: o neko « matou », meneko « chatte ». Pour 
marquer le pluriel, on insère le suffixe tatsi entre le 



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-- 311 — 

radical principal et le suffixe du cas : hitotatsino € des 
hommes i». Enfm le verbe japonais, comme celui de 
toutes les langues agglutinantes, présente des séries d'élé- 
ments juxtaposés les uns aux autres : éléments négatif, 
optatif, causatif, etc. On a voulu rattacher aussi le 
coréen, idiome agglutinant, au japonais; mais les rapports 
n'ont pu être démontrés ; c'est, du reste, une langue encore 
mal connue. 

Au point de vue ethnographique, les langues maléo- 
polynésiennes jouent un rôle excessivement important. 
Leur domaine s'étend sur une aire immense, depuis 
Madagascar jusqu'à Formose, dans la mer de Chine et 
jusqu'aux archipels Hawaïï, des Marquises, et Pomotou à 
l'orient de l'océan Pacifique. M. Frédéric MûUer, le lin- 
guistique et l'ethnographe éminent de l'expédition autri- 
chienne de circumnavigation sur la frégate la Novara, 
divise cette famille en trois groupes : le groupe mélané- 
sien qui comprend tous les dialectes parlés aux îles Fidji, 
arx Nouvelles-Hébrides, à la Nouvelle-Calédonie, etc.; le 
groupe polynésien composé des langues de la Nouvelle- 
Zélande (Maori), de Tonga, de Tahiti, des Samoa, des 
Marquises, d'Hawaïï ; le groupe malais où l'on rencontre 
à la fois le fagal et le malgache, les dialectes des Ma- 
riannes et celui de Formose d'une part, et d'autre part 
le malais, le javanais et les langues de Sumatra, de 
Bornéo, des Célèbes, des Moluques et des autres iles du 
grand archipel Indien. L'espace nous manque pour décrire 
les caractères de cette grande famille linguistique ; qu'il 
nous suffise de dire qu'elle forme un tout à part, sans 
aucune relation avec d'autres familles, même voisines, 
comme les idiomes papous encore peu connus, il est vrai. 



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— 312 — 

mais qui paraisse^ bien distincts, et les langues austra- 
liennes qui, peut-être, sont elles-mêmes divisées en plu- 
sieurs familles bien tranchées. 

Les langues des nègres de l'Afrique font également 
partie du système agglutinant, mais on les connaît juste 
assez pour leur assigner ce caractère ; cependant on a de 
sérieux motifs pour affirmer qu'elles constituent plusieurs 
familles foncièrement diverses et sans aucune relation de 
parenté entre elles. On connaît mieux, par exemple, les 
langues des Cafres, qui forment ce qu'on appelle la famille 
bantou, dont le domaine est considérable, puisqu'il s'étend 
de l'équateur au cap de Bonne-Espérance et qu'on ren- 
contre de ses dialectes, non seulement sur la côte orien- 
tale d'Afrique, mais aussi sur la côte occidentale, le 
herero et le mpongoué, par exemple ; la préfixation presque 
systématique est, dans la formation des mots, un caractère 
particulier à la famille bantou. Sans avoir rien de commun 
entre elles, en dehors de leur situation géographique à 
l'extrémité méridionale du continent africain, les langues 
des Hottentots et celles des Bochimans sont agglutinantes 
aussi. 

Avant de quitter l'Afrique, signalons encore le poul, 
dont nous devons une intéressante grammaire à M. le 
général Faidherbe, et qui présente cette singulière parti- 
cularité de ne point connaître de féminin ni de masculin, 
mais qui divise tous les êtres et tous les objets en deux 
classes : d'un côté, tout ce qui appartient à l'humanité ; 
de l'autre, tout ce qui ne leur appartient pas, animaux et 
choses inanimées ; M. Faidherbe désigne ces deux genres 
par les noms de : genre hominin et getire brute. Les 
langues nubiennes parlées dans la vallée du Nil au sud 



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- 343 — 

de rÉgypte et de la première cataracte sont aussi des 
idiomes agglutinants, mais n'ont pas encore été ramenées 
à une origine commune. Ainsi tous les peuples d'Afrique, 
à l'exception d'une étroite bande au nord et au nord- 
est, malgré leur état de civilisation inférieure et parfois 
tout à fait sauvage, sont, linguistiquement parlant, à un 
degré plus relevé que les Chinois si industrieux et policés. 
C'est là un fait qui ne laisse pas d'avoir une grande portée 
dans l'histoire générale de l'humanité. 

Le Caucase présente, sur une étendue relativement 
étroite, une véritable mosaïque d'idiomes agglutinants, 
pour la plupart sans rapports aucuns entre eux ; seul le 
groupe méridional, composé du géorgien, du sicane, du 
mingrélien et du laze, semble former une véritable famille; 
mais celle-ci est absolument distincte des autres dialectes 
lesghimsy kistes et tcherkesses^ qui forment à leur tour 
peut-être autant de familles indépendantes. 

Les langues dravidiennes, qui forment un autre groupe 
agglutinant, sont parlées par trente-cinq millions d'hommes 
dans cette partie de la péninsule indienne qui s'appelle 
le Dekhan ; avec six ou sept dialectes sans importance, 
elles sont au nombre de cinq, à savoir : le tamoul, le 
télinga, le kanara, le malayâla et le toulou. Plusieurs de 
ces idiomes présentent un intérêt tout spécial pour la 
France, puisque quatre de nos colonies de l'Inde sont en 
pays dravidien : à Pondichéry et à Karikal, on ne parle 
que tamoul; à Mahé, malayâla, et à Yanaon, télinga. On 
s'étonne à bon droit que ces langues ne soient pas 
chez nous l'objet d'un enseignement spécial, et qu'à notre 
école des langues orientales il n'y ait pas une chaire de 
langues dravidiennes où les employés que le gouverne- 



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1 



— 314 — 

ment envoie dans Tlnde française puissent étudier ie 
parler des populations avec lesquelles ils doivent être en 
rapport. La grammaire des langues dravidiennes est d'une 
remarquable simplicité, et son matériel phonétique peu 
considérable ; de celui-ci faut- il citer cependant une série 
de consonnes qui paraissent constituer un caractère parti- 
culièrement distinctif de cette famille glottique : ce sont 
les consonnes linguales, désignées ordinairement, mais à 
tort, sous le nom de consonnes cérébrales, c VI des 
finales anglaises en ble, dit M. Hovelacque, donne une 
idée approximative de ce que sont ces consonnes lin- 
guales ; les langues drayidiennes en connaissent cinq : 
un t, un d, un n, un j, un r >. Dans cette famille, le 
monosyllabisme primitif se fait encore sentir, et elle occupe 
une place peu élevée dans la série des langues aggluti- 
nantes ; les idiomes dravidiens ont été en quelque sorte 
arrêtés dans leur développement, et cela très-probable- 
ment par rinvasion aryenne dans l'Inde. Le singhalais ou 
élou de l'île de Ceylan et le braouhi des montagnes du 
Beloutchistan sont des langues agglutinantes qu'on n'a pu, 
malgré quelques ressemblances, rattacher encore avec certi- 
tude au groupe dravidien. 

En Europe, la langue basque forme un îlot agglutinant 
et sui generis au milieu des langues aryo-latines de l'Eu- 
rope occidentale. C'est, en effet, un cas singulier que 
celui que présente ce dernier vestige des langues parlées 
dans notre pays à des époques préhistoriques. On a dit 
un nombre infini de sottises sur le basque, sur son ori- 
gine, sur sa parenté. En réalité, le basque est le basque, 
et ne se rattache à aucun autre idiome. M. Hovelacque 
en trace dans son livre très-soigneusement le domaine 



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— 315 — 
géographique à l'aide de plusieurs travaux, notamment 
de la carte dressée par M. Broca {Revue d'anthropologie, 
t. IV, Paris, 1875). Les travaux de nos collaborateurs, 
MM. Van Eys et Julien Vinson, sur la question, nous dis* 
pensent d'en dire davantage sur ce sujet. 

Â. rexception de quelques idiomes monosyllabiques de 

la partie centrale du nouveau continent, les langues amé* 

ricaines sont agglutinantes. Bien qu'on puisse les diviser 

en un grand nombre de familles foncièrement diverses, 

— on en a compté jusqu'à vingt-six, — elles présentent 

cependant une physionomie toute spéciale, qui a poussé 

quelques linguistes à constituer une quatrième classe. 

C'est là une erreur, et ces caractères si frappants des 

langues américaines ne sont pas assez importants pour les 

enlever au système agglutinant. Ces caractères sont le 

polysynthétisme et Y incorporation, sur lesquels, dans son 

Ethnographie générale^ M. Frédéric Mùller s'exprime en 

ces termes : 

« Les langues américaines reposent, dans leur ensemble, 
sur le principe du polysynthétisme ou de l'incorporation. 
En eCTet, tandis que dans nos langues les conceptions 
isolées que la phrase relie entre elles se présentent sous la 
forme de mots détachés, elles se trouvent réunies, au 
contraire, dans les langues américaines en une indivisible 
unité. Par conséquent, mot et phrase s'y confondent tout 
à fait », 

L'incorporation n'est cependant pas uniquement propre 
aux langues américaines ; ainsi la conjugaison nominale 
possessive dont on fait une des manifestations de ce 
phénomène se retrouve dans d'autres familles, et à côté 
de l'algonquin nindawema € ma sœur », composé du 



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— 316 — 

substantif et du pronom possessif, se placent non seule- 
ment le magyar atyank t mon père >, et même Thébreu 
eli € mon dieu >. Les variations du verbe, afin de 
nuancer l'action, se retrouvent dans la plupart des grandes 
familles du système agglutinant ; il en est de même de 
la réunh)» des régimes au verbe, et Valgonquin nadho^ 
lineen c amenez-nous le canot >, formé de naten « ame* 
ner », amochol c canot », t euphonique, et neen c à nous 9, 
n'est pas sans analogie avec le portandovelo c vous le por- 
tant >, des Italiens. 

Mais il en est autrement pour le polysynthétisme qui 
paraît exclusivement américain : c'est la composition 
indéfinie des mots par [syncope et par ellipse, qui réunit 
ainsi un grand nombre d'idées sous la forme d'un seul 
et même mut. Celui-ci est en général fort long, car il 
n'est en réalité que l'agglomération intime de mots divers, 
qui souvent sont réduits à de simples lettres que l'on 
intercale. Nous voulons, avant d'en finir avec les langues 
américaines, en donner deux exemples vraiment curieux. 
Ainsi le groënlandais aulisariartorasuarpok « il s'est hâté 
d'aller à la pêche », est composé de aulisar c pêcher », 
peartor a: être à faire quelque chose », pinnasuarpok « il 
se hâte » ; ainsi encore le mexicain notlazomahuiztœpixca' 
tâtzin € ô mon père, divin protecteur estimé et vénéré », 
est formé de no c mon », tlazontli c estimé », ma- 
huiztic « vénéré », teopiocqui c Dieu protecteur », et tatzi 
« père ». 

Nous entrerions volontiers dans des détails circonstan- 
ciés sur les langues ouralo-altaïques, qui ont joué un 
rôle considérable dans l'histoire et qui constituent le 
degré le plus élevé du système agglutinant. Malheureuse- 



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-317 ^ 

ment, il nous faut abréger, car, à mesure que nous arri- 
vons à des sujets plus complexes, notre bref examen 
risque de prendre des dimensions incompatibles avec 
rétendue raisonnable d'un article de Revm, Ces langues 
se divisent en cinq groupes : le groupe samoyède^ dont il 
y a peu de chose à dire ; le groupe finnois, qui se divise 
en cinq sous-groupes : finnois occidental (suomi, karé- 
lien, tchoude, courlandais ou krevin, esthonien), lapon, 
finno-permien (syriène, permien, votiaque), finnois du 
, Volga (mordvin, tcheremisse), ougrien (magyar, vogoul, 
ostiaque) ; te groupe tuak ou tatar^ qui comprend cinq 
familles, qui sont : le yakout, le kirghiz, Touïgour, le ' 
nogaïque et le turk proprement dit ; le groupe tongouse^ 
composé seulement du mandchou, dulamouteetdu tongouse 
proprement dit ; enfin le groupe mongol avec ses trois 
dialectes : le mongol oriental, le kalmouk, qui a pénétré 
jusqu'en Europe, et le bouriate des rives du lac Baïkal. 
Nous voilà enfin arrivés à la troisième forme du lan- 
gage articulé, aux langues à flexion, aux langues dont le 
développement supérieur a coïncidé généralement avec 
celui de la civilisation. Mais qu'est-ce que la flexion? 

€ C'est, répond M. Hovelacque, la possibilité pour la 
racine d'exprimer par une modification de sa propre 
forme les rapports qu'elle affecte avec telle ou telle autre 
racine. Dans tous les mots d'une langue à flexion, la 
racine n'est pas nécessairement modifiée; elle demeure 
parfois telle quelle, comme dans la période de l'aggluti- 
nation, mais elle peut être modifiée. Les langues dans 
lesquelles les relations que les mots affectent entre eux 
peuvent ainsi être exprimées, non seulement par l'annexe 
de suffixes et de préfixes, mais encore par une variation 



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— 318 — 

de la forme même de la racine, sont des langues à 
flexion, des langues inflectives. Si nous représentons par 
un exposant ' cette puissance de la racine, la formule Rr 
de Tagglutination peut devenir R'r dans la période de la 
flexion ». 

Mais cette dernière formule n'est pas la seule ; la racine 
secondaire peut être à son tour modifiée, et nous pouvons 
rencontrer aussi cette autre formule R'r*, ainsi qu'une série 
très-variée d'autres combinaisons. 

Les langues à flexion se divisent en deux groupes qui 
ont fait bien du bruit dans le monde : le groupe sémitique 
et le groupe indo-européen ou aryen. Les langues de ces 
deux groupes sont trop connues de nos lecteurs et ont 
été trop souvent l'objet ici même de travaux sérieux pour 
que nous entrions à leur endroit dans de plus amples 
détails. Il nous suffit de montrer les divers degrés que 
le langage sous ses formes les plus complètes a gravis, et 
d'établir ainsi que les lois de la théorie de l'évolution se 
vérifient à ce point de vue. Là, comme en histoire natu- 
relle, nous voyons se superposer des organismes dont les 
inférieurs sont, comme dirait un géologue, les témoins 
d'états anciens par lesquels ont passé les organismes 
supérieurs. 11 ne s'en suit pas de là que toutes les langues 
aient eu une origine commune, et que le turk vienne du 
chinois, parce qu'il a été originairement monosyllabique, 
ni que le sanskrit ou l'hébreu soient issus du turk ou 
d'un idiome dravidien, parce qu'ils ont traversé la phase 
de l'agglutination. L'identité de procédés de formation n'a 
jamais impliqué l'identité d'origine. 

M. Max MûUer, disons-le avant de finir, n'a pas voulu 
laisser sans réponse la critique de M. Georges Darwin sur 



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- 319 - 

ses théories, et la Contemporary Review contenait dans 
son numéro de janvier 1875 une apologie complète de ce 
linguiste. Celle-ci est-elle concluante et victorieuse ? Nous 
ne le trouvons pas. Les points principaux sur lesquels 
roule l'argumentation du professeur d'Oxford sont que 
M. Whitney n'est point transformiste, ce que personne 
n'ignore, et qu'il emploie, surtout à l'égard de son col- 
lègue germano-anglais, un ton acerbe et peu parlemen- 
taire, ce qui est affaire à débattre entre eux. Mais quand 
M. Max Millier entre dans le vif de la question, il arrive 
à présenter des arguments de cette force : c Si M. Darwin 
Junior estime que l'esprit de l'homme n'est point iden- 
tique en substance avec celui de l'animal, s'il admet une 
lacune quelque part dans l'échelle ascendante qui va du 
protogène au premier homme, nous serons amenés alors 
à la vieille conclusion, c'est-à-dire que l'homme fut formé 
de la poussière du sol, mais que Dieu lui insuffla dans les 
narines le souffle de vie, et que l'homme devint une 
créature vivante ». Des considérations aussi extra-scienti- 
fiques, mais aussi] orthodoxes, sont bien dignes de celui 
qui ne craignit pas d'écrire que la science du langage fut 
constituée lorsque des langues de feu descendirent sur les 
apôtres assemblés I 

Et plus loin : ^ Voici ma réponse : J'estime que les 
animaux n'acquièrent leurs connaissances que par les 
sens, parce que je puis leur appliquer un double critérium 
et montrer que si je leur ferme les yeux, ils ne peuvent 
voir. J'estime qu'ils ne possèdent point la faculté d'abs- 
traction et de généralisation, parce que je ne connais point 
de preuve suffisante pour démontrer qu'ils peuvent abstraire 
et généraliser ». 



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-320 — 

En vérité, on est étonné qu'un homme auquel on ne 
peut refuser une intelligence remarquable eniploie de 
pareils raisonnements ; la forme en est quelque peu 
empruntée à celle des dictons du La Palisse de la chanson. 
Nous voudrions bien savoir également comment fait 
rhomme pour acquérir des connaissances autrement que 
par les sens ; et quant à ce qui regarde la faculté d'abs- 
traire et de généraliser dédiée aux animaux, il faut n'avoir 
jamais observé un peu ceux-ci pour oser émettre pareille 
énormité. Que jde fois un chien qui a reçu des coups de 
bâton de son maître évite tout individu porteur du moindre 
bâton ! il généralise donc ; le vieux proverbe qui veut que 
le chat échaudé craigne jusqu'à l'eau froide est né d'une 
observation séculaire qui implique chez le chat la faculté 
de généralisation, puisqu'il redoute l'eau en général, froide 
ou chaude. 

Pour revenir à la grande question de doctrine qui 
nous occupe, un fait subsiste et la domine jusqu'à pré- 
sent : c'est que dans les controverses transformistes, dans 
celle qui a trait à la science du langage en particulier, 
les remarques et les observations de Schleicher n'ont 
pas été victorieusement combattues du tout. M. Max 
Mùller a préféré se porter sur le terrain de la philoso- 
phie générale que de se placer en face de Schleicher 
sur le domaine absolument scientifique ; en conséquence, 
tout l'appui que le grand linguiste d'Iéna a apporté à la thèse 
transformiste n'a pas jusqu'ici été diminué ; et, pour notre 
part, nous estimons qu'il n'est pas possible que cela arrive. 

Girard de Rialle. 



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GRAMMAIRE FUTUNIENNE 



INTRODUCTION. 

Le groupe des îles Futuna (îles de Horn) est situé au nord- 
est et à moins de cent lieues de Tarchipel des Viti, qui vient 
d'être placé dernièrement sous la domination de l'Angleterre. 

Il a été découvert en 4616 par Lemaire et Schouten, et 
depuis le commencement de ce siècle visité par plusieurs 
navires de notre marine de guerre. 

Les officiers de V Allier, en 1841, ont fait un croquis de ce 
groupe qui se compose des deux îles Futuna et Alofi, et ils 
ont pris quelques vues de côte. 

De ces dessins on peut conclure à une identité d'origine 
avec les îles Viti et avec beaucoup d'autres archipels de 
rOcéanie. Futuna est évidemment le produit d'une poussée vol- 
canique. 

L'île Futuna proprement dite a quarante kilomètres de tour ; 
elle est dominée par une montagne haute de huit cents mètres 
qui, sur les cartes, est appelée mont Schouten ; les naturels le 
nomment mont Puke. 

La deuxième île, Alofî, dont les dimensions sont plus de 

2J 



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— 322 - 

moitié de Futuna, en est séparée par un canal étroit dont la 
profondeur est considérable. 

Ce sont là les renseignements géographiques pris par les 
navigateurs, on peut dire en passant, ces îles n'ayant pas de 
port et aucun navire de guerre n'étant resté mouillé quelques 
jours dans Tanse de Sigave, ouverte à la houle du sud- est. 

Mais, heureusement pour l'histoire de l'Océanie et aussi 
pour le bonheur des Futuniens, la charité ayant conduit vers 
eux quelques Français, ce petit coin du monde peut montrer 
aujourd'hui, non seulement ce que deviennent des anthropo- 
phages entre les mains de missionnaires catholiques, mais aussi 
comment un travail de savant, j'allais dire de bénédictin, 
comme celui que nous présentons aujourd'hui, peut être mené 
de front avec la conversion d'indigènes. 

A partir de 1837, date de l'arrivée du R. P. Chanel, mariste, 
à Futuna, il y a peu de volumes des Annales de la Propagation 
de la Foi qui ne donnent quelques détails sur les mœurs, le 
caractère ou l'histoire des indigènes, et je ne saurais mieux 
faire, pour servir d'introduction à l'œuvre si complète du 
missionnaire auquel nous devons ce volume, que de résumer 
brièvement ce qui est contenu dans les lettres de ses col- 
lègues. 

Les îles Futuna ont une origine volcanique ; leur squelette, 
formé de roches basaltiques, est entouré comme à Tahiti d'une 
ceinture de corail; mais elle est ici simple, c'est-à-dire qu'il 
n'y a pas de lagons en forme de couronne autour des îles. 

La végétation, sous une latitude de 14o sud, a la même exu- 
bérance qu'à Tahiti. Pendant la saison des pluies, on voit en 
réalité pousser les feuilles des bananiers. 

Le sol est assez arrosé ; des brouillards se forment souvent 
autour des sommets et mouillent abondamment la végétation qui 
les couvre; on compte douze ruisseaux dans la partie S.-E.-O. 
de Futuna. § 

La terre est cultivée dans les vallées, où les indigènes font 
pousser les légumes océaniens : le taro, la patate, l'igname, 
l'ufiléi (espèce d'igname), l'arbre à pain (mei); ils sèment aussi 



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— 323 — 

quelques plantes européennes apportées par les missionnaires : 
ananas, melons, cannes à sucre, etc. 
Le bord de la mer présente une ceinture de cocotiers. 
La faune de File est assez pauvre ; les chiens et les cochons 
sont les animaux domestiques trouvés dans Tîle par les 
premiers navigateurs ; les uns et les autres servaient à Talimen- 
tation. 

Les oiseaux sont ceux des îles Wallis : perruches vertes et 
rouges, pigeons et canards sauvages, moineaux noirs (miti uli), 
rossignols (jniti tokiko)^ etc. On trouve dans les bois un serpent 
python de taille énorme, non venimeux. Ajoutons, pour le 
revers de la médaille, que Tîle est visitée de temps à autre, aux 
mois de décembre, janvier, février et mars, par des cyclones 
qui renversent les cases des naturels, détruisent leurs récoltes 
et brisent les cocotiers. 

Les tremblements de terre sont également fréquents, mais 
ils font plus de bruit que de mal, des cases en bois n'ayant 
pas grand chose à redouter d'une secousse, quelque violente 
qu'elle soit. 

Les naturels croient alors que le dieu Mafuikefulu, qui 
dort près d'un bon feu à une grande profondeur sous l'île, se 
retourne dans son lit. 

Ces naturels appartiennent à la pure race polynésienne, race 
douée de qualités guerrières remarquables et d'instincts nau- 
tiques plus sérieux que ceux des anciens Grecs. Si l'on en croit 
la tradition, elle a pour çk)int de départ les îles Samoa, et de là 
se répandant à l'est et au sud ; elle a écrasé ou assujetti dans 
toute rOcéanie centrale et jusqu'en Nouvelle-Zélande cette 
autre race noire à cheveux crépus, qui, venue antérieurement 
^ l'ouest, l'avait précédée dans tous les archipels. 

On rencontre encore des familles à cheveux laineux jusque 
fens les îles Tuamotu, à l'est de Tahiti. On sait d'ailleurs 
que les indigènes d,e l'île de Pâques appartenaient à cette même 
Tace noire. 

Les affinités de la langue des Futuniens avec celle des habi- 
^ts d'Uvea, de Samoa, de Tonga, de Tahiti et avec les Maoris 



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— 324- 

sont très-grandes. C'est un des dialectes d'une vieille langue, 
dont il est d'autant plus intéressant de fixer la grammaire et ' 
le sens propre des mots que, sous Tinfluence des étrangers, 3 
se fera probablement sous peu d'années un langage barbare, 
\m petit sabir emprunté à trois ou quatre idiomes, qui masquera 
à jamais la trace la plus nette de la parenté des Futuniens avec 
d'autres peuplades. 

Je ne parle point ici de la disparition même des Futuniens 
sous l'influence de la dvilisaiion ou, si l'on veut, des maladies 
apportées par les Européens. Je pense que l'île échappera à 
tous les dangers résultant du contact avec les commerçants, par 
le seul fait que sa population est catholique. 

Les missionnaires qui ont sauvé les indigènes de la dépopu- 
lation causée par la guerre et par l'anthropophagie, suite de la 
guerre et de la famine, ont su élever ici, comme dans les co- 
lonies espagnoles, comme au Canada, le moral des habitants 
assez haut pour que ces grands enfants deviennent des hommes 
et ne soient pas la dupe de leurs passions et des commerçants 
bien peu scrupuleux qui les exploitent. 

Avant de croire au Christ, les Futuniens avaient une religion 
polythéiste agrémentée de fétichisme. Ils croyaient à quelques 
divinités bonnes et à beaucoup d'autres mauvaises. Les pre- 
mières présidaient aux actes heureux de la vie ; les autres, et 
c'étaient celles-là auxquelles on faisait le plus d'offrandes, 
apportaient dans leurs mains toutes les calamités. Les plus 
grands chefe étaient habités par la divinité suprême Fakaveli" 
kelCj double motif pour lui apporter des présents; après la 
mort du chef, le dieu n'hésitait point à loger chez son succes- 
seur. 

Les guerres auxquelles ont assisté les missionnaires montrent 
les Futuniens sous un jour absolument inédit pour celui qui 
les voit aujourd'hui assister le dimanche à la messe et ne plus 
savoir ce que c'est que prendre le bien d'autrjd. 

Leur courage, comme celui des Maoris, était au mode 
héroïque. Ils chantaient en combattant ; les jeunes gens seuls 
avaient le droit de se sauver dans les montagnes après une 



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-^ 325 — 

défaite. Les vieillards devaient attendre la mort impassibles ; 
elle leur venait après des tortures inouïes. Il étiait temps, du 
reste, au dire des indigènes, que le catholicisme leur fût apporté; 
l'état de guerre était devenu permanent, et les cultures aban- 
données entraînaient la mort successive des plus faibles. 

Si les Maristes ont payé leur bienvenue dans ce pays par le 
martyre de leur premier missionnaire, le R. P. Chanel, son 
sang a été une semence féconde, car, en quelques années, la 
famille reconstituée donnait un nombre de naissances double de 
celui des décès. 

Nous espérons que ces progrès ne s'arrêteront pas, et que la 
petite île de Futuna, dans laquelle le missionnaire auquel nous 
devrons ce travail a passé vingt ans, saura conserver le sou- 
venir de celui qui en a fixé la langue par un travail des plus 
consciencieux (1). 

(i) .Pour plus amples renseignements sur Futuna, voir : Vie du 
vénérable P. M, L. Chanel, par le P. Bourdin, chez Lecoffre, 90, rue 
Bonaparte, à Paris. 



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-326- 



NOTES GRAMMATICALES. 



La langue de Futuna admet cinq voyelles : a, e, i, o, 
u, et dix consonnes : f, jr, k, l, m, n, p, 5, U v. 

i® Les voyelles sont longues ou brèves, et peuvent être 
prononcées de deux manières : la première est simple et 
coulante, et ressemble à la langue française : v. g. mau^ 
abondance en général ; fale, maison ; nofoagaj résidence. 
La seconde, qu'un étranger a de la peine à distinguer de 
la première, est pourtant très-distincte parmi les natu- 
rels. Elle consiste à prononcer légèrement du gosier, en 
coupant le son nettement, sans le lier à un son précédent 
ou suivant : v. g. too, prendre ; mati, fixe, ferme ; aï, 
placer, mettre. Ces voyelles, que nous appelons guttu- 
rales, sont généralement indiquées dans le dictionnaire 
par un accent grave au-dessus d'elles. Elles se trouvent 
tantôt au commencement, tantôt à la fin, tantôt dans l'in- 
térieur des mots. 

2° E est toujours fermé et quelquefois ouvert, mais 
assez rarement. 



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— 327 — 

S^ U se prononce toujours comme la diphthongue fran- 
çaise « ou ». 

40 6r a toujours le son dur, même avec e et i ; ainsi 
ge, gi, se prononce comme si c'était écrit guCj gui. De 
plus, le g se prononce toujours nasalement, comme s'il 
était précédé d'un n, ce qui a lieu même lorsque le g 
est initial. Ainsi aga, agi, ga, se prononcent comme si 
c'était écrit anga, angui, nga. Cependant il ne faut pas 
prononcer séparément n et g, mais confondre les deux 
lettres par un certain son nasal que la pratique seule peut 
apprendre. 

5® L, dans le dictionnaire et les imprimés, remplit 
quelquefois la fonction de r, outre sa signification propre. 
Dans la conversation des naturels on entend souvent le 
son de r bien distinctement, mais on peut le remplacer par 
le son de Ij et être également compris ; ce qui a fait 
que, pour plus de simplicité, on n'a admis qu'un seul 
caractère dans l'alphabet futunien, savoir l, auquel l'ha- 
bitude apprendra à donner le son de r lorsqu'il faudra. 

6<> S a toujours le son dur, même entre deux voyelles; 
jamais elle n'a celui de z. C'est par s qu'on remplace le j ; 
ainsi Jesu se prononce Sestt. 

7<> Le ^ placé devant i, a une prononciation sifflante ; 
on le prononce comme s'il était écrit tsi. 

8° Jamais on n'emploie deux voyelles pour former un 
seul son, mais chaque son est figuré par une voyelle 
seule, ou par une consonne et une voyelle. Ainsi le mo 
mai se prononce presque comme s'il y avait un tréma 
sur ï, 

90 II n'y a jamais deux consonnes de suite dans le 
même mot, et tous les mots finissent toujours par une 



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— 3ti8 — 

voyelle ; c'est pour cela que les naturels intercalent tou- 
jours des voyelles dans les mots étrangers quand ils essaient 
de les prononcer. 

iO<> Il faut avoir soin en parlant de bien faire ressortir 
les syllabes longues, brèves et gutturales, afin d'être bien 
compris des Futuniens, car il y a des mots qui sont 
écrits de la même manière, et dont la signification propre 
ne se connaît que par la prononciation. Ainsi mâtaga^ 
voir une curiosité ; mâtdga, décollé, désuni. Mâlo^ vain- 
queur ; malô, sec, sèche. Fau, hibiscus ; faù, lier. Lau, 
feuille ; laù, semence d'ignames. Kâkâ, trompeur, hâ- 
bleur ; kdkd, tissu de cocotier. Oa, pourquoi ; ôa, les 
deux planches les plus élevées de chaque, côté d'une 
pirogue. Pôpô, attraper, saisir ; pôpô, gâté, usé. Sâia, 
frapper, battre ; sàiày avoir le dessous. Mânogi, folâtrer, 
s'amuser ; mànogi, odoriférant. Pàkiy palette de danse ; 
pâkiy imprimé. Fipi, nom d'un arbre, d'un coquillage ; 
piplj bouillir. 

Ho La langue polynésienne est un assemblage d'un 
assez petit nombre de mots radicaux qui, pour rendre les 
idées dans la conversation, se combinent avec certaines 
particules qui déterminent le vrai sens des mots, et font 
du même mot tantôt un verbe, tantôt un adjectif, tantôt 
un nom... Malgré cela, on peut dans l'analyse des phrases 
y reconnaître les différentes espèces de mots qu'on ren- 
contre dans les langues d'Europe. C'est pour cela que, 
pour plus de clarté, nous suivrons dans ces notes la 
division et l'ordre ordinaire, et nous parlerons successi- 
vement de l'article, de l'adjectif, du nom, du pronom, du 
verbe, de l'adverbe, de la conjonction, de la préposition et 
de l'interjection. 



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329 — 



DE L'ARTICLE. 



La langue futunienne a deux articles : le défini et l'indé- 
fini. 

1. Article défini. — C'est le pour le singulier et pour 
tous les genres; v. g.: le tagata, Thomme ;, le fa fine, la 
femme ; le laà, le soleil. Au pluriel, il n'y a pas d'article 
défini, puisque c'est son retranchement qui indique le 
pluriel, à moins que le pluriel ne soit exprimé par un 
collectif, comme u, kau, potoi ; alors on joint un de ces 
collectifs à l'article le; \, g.: le u tagata, les hommes; 
le kau tagata, le potoi iagata, les hommes. — Dans ce 
cas-ci et autres semblables, la phrase est singulière, 
quoique exprimant un pluriel, ou plutôt un ensemble, une 
collection de personnes. 

De l'article définie le se compose l'adjectif possessif 
loku, laku, et le pronom possessif looku, laakUy le mien, 
la mienne, ou a le de moi, la de moi >. Voir ci-après, 
aux Adjectifs et Pronoms possessifs, 

2. Article indéfini. — L'article indéfini < un, une, de, 
du, des », se rend par se pour le singulier, et par niiki 
pour le pluriel. Exemple : mai se fatu, apporte une 
pierre ; mai niiki fatu, apporte des pierres. 

Niiki veut proprement dire « quelques ]f> ; il se décom- 
pose quelquefois devant un adjectif possessif; il ne prend 
que la première syllabe. Ex. : m^ï ni aku fatu^ apporte- 
moi des pierres. Autrement on met tantôt niiki tout 
entier, tantôt iki seulement : m^i iki fatu, donne-moi des 
pierres. 



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— 330 — 
De Tarticle indéfini comme du défini se forme une 
espèce d'adjectif et de pronom possessif très-usités dans 
la langue : soku, sakuy et sooku, saaku, pour se okUy 
se aku; ni oku^ ni aku pour le pluriel, « quelque de moi, 
pour moi ». 



DU NOM. 

Il y a deux espèces de noms : le nom commun et le 
nom propre. 

I. Du NOM COMMUN. — Il n'a pas de genre, mais il a 
les deux nombres, et il se décline par le moyen de parti- 
cules comme il suit : 



SINGULIER. 

N. E, ko (a), le tagata, rhomme. 
G. 0, a, le tagata, de rhomme. 
D. ki le tagata, à Thomme. 
Ace. le tagata, Thomme. 
V. ei, ko, tagata, 6 homme. 
Abl. t le tagata, de Thomme. 



PLURIEL. 

N. E, ko, a, tagata, les hommes. 

G. 0, a, tagata, des hommes. 

D. ki tagata, aux hommes. 

Ace. a tagata ou tagata, les 
hommes. 

V. ei, ko, tagata, d hommes. 

Abl. i tagata, des hpmmes. 



Pour le pluriel, on retranche Variicle le dans tous les 
cas. On a alors une sorte de pluriel, car il y a une autre 
manière de l'exprimer : c'est de conserver l'article le et y 
joindre les particules u, kau, poioi, et autres qui renfer- 
ment une idée de collection, de troupe ou toute autre qui 
indique le pluriel. Ex.: le u tagata^ le kau tagata^ le potoi 
tagata, les hommes. Les mots c tous, plusieurs, quel- 
ques >, dispensent des signe§ du pluriel. 



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— 331 — 

Déclinaison des noms communs au pluriel par le moyen des mots 
collecHfs. 

N. E leu tagata, e le kau tagaia, e le potoi tagata, les hommes. 
G. Oj aie u tagata, le kau tagata, le potoi tagata, des hommes. 
l^. kile u tagata, le kau tagata, le potoi tagata, aux hommes. 
Àc. le u tagata, le kau tagata, le potoi tagata, les hommes. 
\. ei,ko u tagata, kau tagata, potoi tagata, 6 hommes. 
Ab. i le u tagata, le kau tagata, le potoi tagata, des hommes. 

U faut observer que le pluriel obtenu de ces deux 
manières, c'est-à-dire eu retranchant l'article le, ou en y 
ajoutant un mot collectif, ne désigne qu'une pluralité 
déterminée; ainsi fakapuli a manUj le u manu, le kau 
manu t détruire les animaux », s'entend de certains ani- 
maux dont il est question par le contenu de la conver- 
sation, mais non pas des animaux en général. Pour 
exprimer la totalité ou la généralité indéterminée, on 
est obligé d'ajouter les mots tous, divers ou autres sem- 
blables. 

Remarques sur chaque cas de la déclinaison des noms communs. 

1® Nominatif. — Les signes du nominatif ou sujet sont 
ordinairement e et quelquefois ko et a. Ils ne s'emploient 
pas indifféremment. 

E se met devant les sujets des verbes actifs, et quelque- 
fois devant les sujets de certains verbes passifs ou autres 
qui suivent la voix active. Ex. : kua ave le pusa e le 
tagata, l'homme a emporté la caisse ; kua tukuna au e 
le maiuay\Q vieux m'a mis de côté. 

4 et ^ se placent devant les sujets de$ verbes non 



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— 332 — 

actifs : kua fano a iagata, les hommes sont partis. Qaand 
la particule ko accompagne le sujet du verbe, ce sujet se 
place toujours avant le verbe. Ex.: A;o te tagata kua ano ; 
le sens de cette phrase est : a il est parti un homme » ; 
c'est l'homme, un homme qui est parti. 

La particule a, dans la langue futunienne, a à peu près 
le même sens que le ia de Wallis ; seulement son usage 
est plus restreint. Pour les noms, on ne l'eipploierait : 
\^ qu'au nominatif singulier des noms 'propres principale- 
ment ; 2» au nominatif des noms œmmuns de deux syl- 
labes seulement ; 3® au nominatif et à l'accusatif pluriels 
des noms communs, mais jamais à l'accusatif singulier. 

Pour les pronoms, ce monosyllabe ne se placerait que 
devant celui de la deuxième et troisième personne, 
comme on le verra en son lieu. 

Exemples sur remploi de la particule a : Na mauli 
fefeaki a Noe i le lomaki ? Comment Noé a-t-il été sauvé 
du déluge? — E mamae loku a lima^ ma main me fait 
mal, ou : je souffre de la main. — Ke koutou ulufaki 
matou, ke motou ionu i le aso o lomatou a mate, vous 
autres, priez pour nous, afin que nous soyons justes au 
jour de notre mort. — E to a ua, la pluie tombe (en 
parlant de plusieurs grains qui se succèdent continuel- 
lement) ; mais s'il n'y avait qu'un nuagç, il faudrait dire : 
e to le ua. — Na fefeaki a tagata o le kutuga-na i le sili 
lolatou kauga, qu'ont fait les hommes de cette parenté 
après leurs travaux? — Kofea a fatu, où sont les pierres? 
— Fatu a (quœ), quelles pierres? — A fatu na kau 
tae i leia^ les pierres que j'avais réunies là. — Na ave 
e tagata e eti à i gakola, les hommes qui font le mur là- 
bas les ont emportées. — Na tuku i le aleka a fatu o 



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- 333 - . 

folafola tapu, on plaça dans Tarche les tables de la loi 
divine. — Kua ave a tagata mei leava e le kau-vaka, ke 
fakafolau, les matelots ont conduit des hommes du port à 
bord pour les emmener, les faire voyager. 

Nota. — Les susdites particules se retranchent souvent 
dans la conversation, surtout a et fto, signes des sujets 
des verbes non actifs. Ainsi on dit très-bien : kua ano le 
tagata^ l'homme est parti. — Quant à la particule e, signe 
des verbes actifs, elle ne peut se retrancher qu'autant 
qu'il n'y a pas de danger de confondre le régime avec 
le sujet. Elle sert à éviter toute amphibologie. Dans cette 
phrase : kua tamate le fafine e le tagata^ l'homme a 
frappé la femme ; sans la particule e, on ne saurait 
quel est celui qui a frappé, si c'est l'homme ou la femme, 
et par conséquent on ne pourrait distinguer le sujet du 
régime. 

2» Génitif. — Les vrais signes du génitif sont o et a. 
Je dis les vrais signes, car il y a quelque autre manière 
de rendre certains génitifs qui n'expriment pas propre- 
ment une idée de génitif, mais plutôt un ablatif pris 
dans un sens indéterminé. On dit : le fua i laakau, le 
fruit de l'arbre (fructus ex arbore) ; le fulu i manu^ le 
poil de bête ; kili i pusi, peau de chat, etc., sans pour- 
tant qu'il faille dire que la particule i soit signe du 
génitif. Les mots arbre, bête, chat, ne sont pas déter- 
minés. Il est assez difficile de préciser le cas où il 
faille mettre o ou a, signe du génitif ; c'est pourtant assez 
important. Voici quelques règles que l'on peut établir à ce 
sujet : 

Première règle. — La particule a désigne une pro- 
priété d'action, d'opération extérieure ; elle désigne que 



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— 334- 

le sujet fait rtction marquée par le verbe : le tu a Patdo, 
Paul qui frappe; le manatu a Joanne, le souvenir de 
Jean^ ou : Jean qui se souvient ; tandis que la particule o 
indique une propriété personnelle inhérente ; elle désigne 
que le sujet reçoit l'action déterminée par le verbe de la 
phrase : le leo o Petelo, la surveillance de Pierre, ou : 
Pierre surveillé ; le ta o PaulOy le coup de Paul, ou : Paul 
frappé. En d'autres termes, a indique l'agent et o le 
patient. Ex,: na tamate au e loku tinana ko loku ahonakij 
ma mère m'a frappé, c'est ma correction (que je reçois) ; 
on met hku, parce que l'enfant est le patient. — E tagi a 
ta, ko laku akotiaki (kiate ia), il pleure parce que je lui 
ai fait ma correction. 

De là tous les verbes actifs et neutres qui indiquent 
une opération extérieure, en dehors de son sujet, sont 
des mots en a, quand ils sont employés comme subs- 
tantifs. Ainsi on dit : le leo a Soane, la surveillance de 
Jean, ou : qui est faite par Jean ; le moe a Petelo^ le som- 
meil de Pierre ; le nofo, le saele a Paulo, le séjour, la 
marche de Paul. Au contraire, tous les mots qui indiquent 
une idée passive sont des mots en o, c'est à-dire que 
quand on veut exprimer une idée passive, inhérente à la 
personne dont on parle, il faut se servir de la parti- 
cule pour exprimer le génitif. Ex. : le kini o le tama^ 
la fustigation de l'enfant, ou : l'enfant étant fustigé. 

Deuxième règle. — Tous les membres du corps, les 
mots qui expriment les facultés intérieures, les passions, 
les sensations, sont des mots en o, pourvu que ces mots 
ne puissent pas être employés comme verbes actifs. 
Ainsi on dit: le lima o, la main de...; le finegalo o le 
Atm, la volonté de Dieu ; le fiafia o le fenua, l'allégresse 



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- 335 ^ 

des gens ; le fifita o le kakai, la fatigue du peuple. Les 
mois qui, tout en désignant une opération intérieure, 
peuvent être employés activement, sont des mots en a, à 
moins qu'ils n'indiquent une idée passive. 

Ainsi manatu^ tokaga^ etc., sont ordinairement des mots 
en a ; mais ils sont aussi en o, lorsqu'ils expriment l'idée 
passive : ko lou masalosalo veli ai kia Paulo, c'est ton 
soupçon sur Paul. 

Troisième règle. — Sont en o les mots qui expriment 
les lieux où l'on est, où l'on fait quelque chose. Ex. : le 
nofoaga o le malua^ la demeure du vieux ; le gaoiaga o le 
tufuga, l'atelier du maître ouvrier ; le kôkaga o le fafine, 
le lieu où la femme fait le koka ; le èkeèkeaga o le lama, 
le siège de l'enfant. Ainsi de tous les mots terminés 
en aga ou ga et qui indiquent l'endroit où se trouve 
une chose, où une personne est, où l'on fait quelque 
chose. 

De même les choses que quelqu'un a faites, mais qu'il ne 
possède pas, sont des mots en o. Ex.: ko le vaka o ai 
e ke faùsia, de qui est cette barque que tu construis ? — 
Ko le vaka o PaïUo, c'est la barque de Paul. — Le fale o 
Soane, la maison de Jean. — Le paopao o le matuay la 
baleinière du vieux. 

De même les choses que l'on possède, surtout celles 
dont on s'habille, dont on se couvre, etc., sont générale'- 
ment des mots en o. Ainsi on dit : le lava o le tama, le 
vêtement de Tenfant ; le kofu o le fafine^ la robe de la 
femme ; le nonoa o le tagata^ la ceinture de l'homme. 

J'ai dit généralement, car parmi les meubles, les outils 
et ustensiles, il y en a un certain nombre qui sont en a, 
quoique étant un objet de propriété, et parmi ces mots 



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--336- 

en a on classe tous 'les animaux domestiques. Ainsi on 
dit : le fana a^ le fusil de... ; le pusa a, la caisse de...; 
le Tpuaka a, le cochon de...; le asino a, Tâne de...; le sele 
a, le couteau de... ; mais on dira : le toki o, la hache de... 

Dans cette catégorie des mots (exprimant propriété 
extérieure), c'est Tusage plutôt qu'aucune règle qui apprend 
ceux qui sont en a et ceux qui sont en o. 

30 Datif. — Kl est toujours signe du datif pour les 
noms communs tant au singulier qu'au pluriel, et pour 
les noms propres de lieu. On emploie Ma pour le nom 
propre personnel et pour tous les pronoms personnels 
mis au pluriel. On met kiate devant les pronoms de la 
première, deuxième et troisième personne du singulier, 
et kiato ou kiate devant le pronom de la deuxième per- 
sonne du singulier seulement. Les naturels emploient l'un 
ou l'autre dans la conversation, et lorsqu'elle est animée, 
on entend surtout et plus souvent kiato koe que kiate 
koe. — Kiato koe est le vrai style futunien ; ce n'est que 
depuis quelques années qu'on a adopté la locution kiate koe, 
par suite des relations des Futuniens avec les Wallisiens. 

40 Accusatif. — On trouve quelquefois la particule a 
devant l'accusatif pluriel des noms communs, mais on la 
retranche le plus souvent. 

5° Vocatif. — Le signe du vocatif est ei ou ko ; mais 
il est peu usité pour les noms communs. Les hommes 
font usage entre eux seulement du mot aloa pour le sin- 
gulier et faoa pour le pluriel. Ces mots répondent à l'idée 
de « monsieur, messieurs ». Quand les hommes adres- 
sent W parole aux femmes, ils ajoutent la particule ei au 
mot fafi^ie, et disent : ei fafine, si c'est une femme mariée 
ou une vieille fille ; ei taine, si c'est une jeune fille ou 



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— 337 — 

une enfant; ou bien ils disent simplement fafine^ ô 
femme ; taine, ô fille. Les femmes font usage entre elles 
du mot gaalikiy mademoiselle, madame. Si elles parlent à 
un petit garçon ou à un homme, elles diront : ei tama, ô 
enfant ; ei lagata, 6 homme ; mais jamais [aloa ni faoa^ 
à moins qu'elles ne soient prises par une passion mau- 
vaise, — Pour les substantifs des noms propres, le signe 
et du vocatif est fort en usage : ei PaulOy ô Paul ; et 
Soane, ô Jean, etc. 

Le mot koe se place souvent après un nom propre, 
surtout de la part des femmes, quand elles appellent quel- 
qu'un, Soane koe, Malia koe. La particule lo joue aussi 
le même rôle, mais c'est de la part des hommes, quand 
ils appellent, etc. 

6® Ablatif. — Le signe de l'ablatif est i toutes les fois 
que le datif est exprimé par ki^ et il se rend par ia 
ou tate, iato, lorsque le datif est exprimé par kia ou kiate, 
kiato. Cette règle s'appli(Jue aux pronoms comme aux noms. 

Remarqua. — Quand le nom commun est dans un sens 
indéfini, on se sert de se au lieu de le pour le singulier, 
en conservant les mêmes signes de la déclinaison. (Voyez 
plus haut l'article défini et indéfini.) 

IL Du NOM PROPRE. — Le nom propre n'admet point 
d'article devant lui ; il n'a aucun sens général ou particu- 
lier auquel on puisse se méprendre. Il se décline aussi par 
le moyen des particules. 



N. ko, e, a Paulo, Paul. 
G. a, Pmlo, de Paul. 
D. kia Paulo, à Paul. 



Ace. PaulOf Paul. 

V. ei, ko PaïUo, 6 Paul. 

Abl. ia PaulOy de Paul. 



Remarque. — On peut supprimer les signes du vocatif 



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-338 - 

et ne rien placer devant le nom si Ton veut. Ainsi ei 
Paulo on bien Paulo, ô Paul. 

Les noms propres de lien se déclinent comme les noms 
propres de personnes, à l'exception que le signe du datif 
est ki pour les noms propres de lieu, et kia pour les per- 
sonnes ; celui de Tablatif est i pour les noms propres de 
lieuy et ia pour celui des personnes. 

Noms de nombres. 



Les noms de nombres cardinaux s'expriment ainsi à 
Futuna : 



I, tasi^ ou bien tokatasi. 
% lua, — tokalua. 

3, tolu, — « tokatolu. 

4, fa, — tokafa. 

5, lima, — tokalima. 

6, ono, — tokaono. 

7, /î<ii, — tokafUu. 

8, valu, — tokamlu. 

9, ttHi, — tokaiva. 
10, kavragafulu. 

II, kau'Ogafulu tupu tasi. 

12, — tupu lua. 

13, — tupu tolu. 

14, — tupu fa. 

15, — tupu lima. 

20, kau-lua. 

21, kau-lua tupu tasi, etc. 

30, kau-tolu. 

31, kau-tolu tupu tasi, etc. 

40, kavrfa. 

41, kau'fa tupu taxi. 



50, kaurlima, 

51, ^au-^tma tupu tasi. 

60, A:ati-ono. 

61, kau-ono tupu tasi. 

70, kau-fltu. 

71, kau'fitu tupu tasi. 

80, ^ati-vajtt. 

81, Ârau-va^u <upu ton. 

90, kau-iva. 

91, A:ati-tra <upu tasi. 

100, kaulelau. 

101, Arau/etou <upu to^t^ etc. 
200, kaulelau e lua. 

300, kaulelau e tolu. 
400, ^auZtflau e /id. 
500, kaulelau e lima. 
600, kaulelau e ono. 
700, kaulelau e fitu. 
800, Arau^^tou e valu. 
900, A:aul«latt e tva. 
1000, afe. 



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bytoogle 



- 33Ô- 

Première remarque. — La particule toka^ joînte à un 
nom de nombre, n'est que pour les substantifs des êtres 
animés; son emploi ne dépasse pas le nombre neuf, 
comme on vient de le voir. 

Deuxième remarque, — On peut retrancher l'article le 
dans l'énuméralion des centaines, et dire simplement kau- 
lau, 100, au lieu de kaulelau; kau-lau e lua^ 200; kau- 
lau e tolUj 300, etc. 

Troisième remarque. — Outre le mot kau^ dont se 
servent les Futuniens pour exprimer leurs dizaines, ils 
en emploient encore trois autres, selon les objets, les 
personnes ou les choses qu'ils veulent énumérer et pré- 
ciser. Ils ne les emploient jamais indistinctement. Ces 
mots sont thio, mata, fua. Voici quelques remarques à ce 
sujet : 

lo Le mot kau, joint à agafulu pour exprimer une 
dizaine, est celui qui a le sens le plus général et qui 
joue le plus grand rôle dans Ténumération des choses, 
des biens, richesses, meubles, immeubles, ustensiles 
quelconques, outils, animaux domestiques, ignames, ufilei, 
cocos, talos, bananes, etc. Ainsi on dit : ko puaka kau- 
agafulu, ou bien : le kau-agafulu puaka, 10 cochons ; ko le 
kau-agafulu puaka, mo puaka e lim^i, 15 cochons ; kau- 
lua puaka, 20 cochons. Kau-tolu mA)a, ou bien : ko vma 
kau-tolu, 30 poules. — Dans l'ancienne énumération futu- 
nienne des ignames, kauJufi e tasi désignait 20 ignames ; 
kau ufi e lua, 40 ignames, etc. Quand il y avait dix kau 
ufi (ou 200), on les nommait un vusi; mais depuis que 
le commerce s'est établi entre les naturels et les étran- 
gers, soit Européens, soit autres, on a mis de côté cette 
manière de compter pour les ignames seulement. Ainsi 



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^ 340 - 
quand on dit: ko le kau ufi e tasij on veut désigner 
iO ignames ; kau ufi e lua, 20 ignames. Un vusi désigne 
iOO ignames. Dix vusi font un kau-lau ufi ou 1,000 igna- 
mes ; dix kau-lau ufi font un afe ou 10,000 ignames. 

En sus de ce nombre, le calcul futunien est à bout ; 
on n'en sait pas davantage ; c'est alors le lau vale, 
€ compter en imbécile ». 

Les ufilei se comptent absolument comme les ignames. 

On se sert aussi de kau pour désigner les centaines de 
cocos. On dit : ko le kau niu e tasi^ 100 cocos ; ko kau 
niu e tolu^ 300 cocos ; ko kau niu e valu^ 800 cocos. 
Lorsqu'il y a dix kau niu, c'est un vusi ou 1,000 cocos. 
Vingt kau niu font deux vusi ou 2,000 cocos. Quand il y 
a dix vusi, c'est un kau-lau niu ou 10,000 cocos. Lors- 
qu'il y a dix kau4au niUy c'est un afe ou 100,000 cocos. 
(Là se termine le calcul futunien.) 

Pour les bananes, on compte par bouquet. Un bou- 
quet de bananes se nomme kau futi e tasi. Dix kau futi 
ou dix bouquets de bananes font un vusi. Dix vusi font 
un kaU'lau futi ou 100 bouquets de bananes. Dix kau- 
lau futi font un afe ou 1,000 bouquets de bananes. En 
sus, on ne sait plus rien. 

Taros. — L'énumération des taros est la plus compli- 
quée. Les Futuniens lient les taros par la tige en petits 
paquets de quatre taros chacun. Cela fait, ils prennent 
deux de ces paquets ensemble, et disent tasi^ un ; 
puis deux autres, et disent lua, deux; ensuite deux 
autres, etc. Ainsi de suite jusqu'à dix. A la dizaine, ils 
énoncent ko le kau taro e tasi, ou 80 taros. Quand ils ont 
dix kau taro, c'est un vusi, ou bien 800 taros. Lorsqu'ils 
ont réuni dix vusi, ou 8,000 taros, c'est un kau-lau e 



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*— 341 — 

tad de taros. Quand il y a dix kau-lau taros réunis, ils 
disent que c'est un afe e tasi de taros, ou 80,000 taros. 
En sus de ce nombre, c'est le lau vale. 

2» Le mot tino se joint à agafulu pour désigner les 
dizaines, les centaines et milliers de personnes seulement. 
Ainsi on dit : ko le tino agafulu e tasi, 10 hommes, ou 
bien ko tagata tino agafulu. Pour 20 hommes et en sus, 
on retranche le mot agafulu, et on dit tout simplement : 
tino lua, 20 hommes ; tino tolu, 30 hommes ; tino valu, 
80 hommes; tino iva, 90 hommes; tino le tau, 100 hom- 
mes ; tino le lau e lua, 200 hommes ; tino le lau e lima^ 
500 hommes; tino afe, 1,000 hommes. En sus de tino 
afe, tout devient obscur pour le futunien. 

ïiemarque. — On ne peut pas dire ko le tino e tasi 
pour désigner 10 hommes, mais il faut absolument 
ajouter le mot agafulu à la première dizaine, et dire 
ko le tino agafulu e tasi, 10 hommes. Cette observation 
s'applique aussi aux autres mots kau, mata^ fua, lors- 
qu'ils sont employés pour énoncer la première dizaine. 

3® Le mot mata se joint à agafulu pour énumérer les 
dizaines de poissons pris à une pêche, les dizaines 
d'oiseaux tués à une chasse. Ainsi on dira, en parlant de 
poissons : ko le mata agafulu, 10 poissons ; ko ika mata 
lua, 20 poissons ; ko le mata tolu, 30 poissons ; ko le 
mata limxi mo ika e lua, 52 poissons ; ko mata le lau 
e tasi, 100 poissons ; — ko lupe mata agafulu, 10 pi- 
geons ; ko mata le lau e fa, mo lupe e lima, 405 pigeons. 
Dix mata le lau font un afe (1,000). Là se termine la 
science futunienne. 

4f<> Le mot fua se joint à agafulu pour compter les 
dizaines de certains vivres qu'ils cuisent en petits paquets^ 



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— 342 — 

comme kanàka^ faikaiy etc. Ainsi on dit : ko le fua aga- 
fulu i kanaka pour désigner 10 petits paquets de kanaka 
ou une dizaine. Puis on dit : ko le fua lua, fua tolUy fua 
fa, 20, 30, 40. Dix dizaines, ou dix fua de kanaka^ font 
un fua le lau ou 100 paquets. Dix fua le lau font un afe 
ou 4,000 paquets. Là se termine la science énuméralive 
du futunien. 

On se sert aussi des mots /wa, pulupulu, pour compter 
les dizaines de cocos. Ainsi on dit : fua agafulu niu e 
tasi pour désigner iO cocos, ou bien : ko le pupulu niu e 
tasiy 40 cocos ; ko le fua tolu, 30 cocos ; ko le fua lima, 
50 cocos ; ko le fua iva^ ou bien: ko lepulupulu niu e iva, 
90 cocos. Pour désigner 400 cocos, on dit: ko le kau niu 
e tasi. (Voyez plus haut, au mot kau, p. 340.) 

Remarque. — Pour compter les poissons que les indi- 
gènes appellent atu « bonites », on en prend deux à la 
fois, comme on faisait autrefois pour les ignames, et on 
les énumère comme s'il n'y en avait qu'une, en disant : 
tasi, lua, tolu, etc. A la dizaine, on annonce : ko le 
lekau e tasi ou 20 bonites. Mais si on les compte une à 
une jusqu'à la dizaine, alors cette sorte de dizaine prend 
le nom de mata agafulu ou 40 bonites. Deux m^ta aga- 
fulu font un lekau ou 20 bonites; 30 bonites font un 
lekau et un m^ita agafulu ; 40 bonites font deux lekau ; 
50 bonites font deux lekau et un mata agafulu ; 60 bo- 
nites font trois lekau ; 80 bonites donnent quatre lekau; 
400 bonites font cinq lekau. Voilà deux manières d'énu- 
mérer ces poissons-là. — Quand il y a dix lekau ou 
200 bonites, alors ce nombre prend le nom de vusi ; un 
vusi ou 200 bonites sont une même chose. Quand il y a 
dix nusi de atu, ou 2,000 bonites, on dit: ko le kavr-lcm e 



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— 343 — 
tasi. Quand il y a dix kau-lau de bonites (20,000), on lui 
donne le nom de afe. Là se termine cette sorte d'énumé- 
ration pour le futunien. 

Siapo. — Pour compter leurs siapos € étoffe fabriquée 
avec l'écorce du papyrus », les Futuniens se servent des 
mots sala, fuataga, lap,. Ces mots tirent leur origine du 
dessin que les femmes tracent avec le jus de certaines 
écorces d'abres sur la tapa préparée pour cela. De Tunité 
à la dizaine de ces dessins, on emploie les mots sala ou 
fuataga, joints au nom de nombre un, deux, trois, etc. 
Arrivés, au nombre iO, les naturels se servent du mot 
lau, qu'on joint à agafulu, et on dit : ko le lau agafulu. 
Quand il y a deux dizaines, on retranche le mot agafulu, 
et on dit : ko le lau lua. Ensuite lau tolu^ 30 ; puis ko le 
lau fa, AO; ko le lau valu, 80; ko le lau iva, 90. 
Arrivé à 100, les naturels emploient le mot tefui, et disent: 
ko le lau tefui, 100 ; ko le lau tefui elua, 200. Ce mot 
tefui est de la langue wallis. Les Futuniens ne faisaient 
autrefois que de petits siapos ; c'est pourquoi ils n'avaient 
pas de terme pour exprimer les grands siapos qu'ils ont 
fabriqués plus tard. Aussi leur calcul sur cette partie est 
le plus borné de tous ; jamais on n'avait vu de pièce? de 
tapa dépasser cent dessins. 

Palâ € couronne :&. — Il y a à Futuna certains oiseaux 
habitant les gorges des montagnes dans l'intérieur des 
terres, lesquels oiseaux ont à la queue deux longues 
plumes entre autres, dont les naturels se servent pour 
fabriquer des couronnes (palâ) qu'ils adaptent à leur 
tête dans des fêtes publiques, dans des jeux, des danses 
guerrières, etc. Ces oiseaux sont le tavake à plumes 
blanches, le namik plumes rouges, le lafulafu à plumes 



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— 344 — 
grises ou cendrées. Dix plumes de ces animaux réunies 
ensemble se nomment un tuulaga e tasi t une rangée >. 
Dix dizaines de ces plumes réunies complètent la cou- 
ronne (kiia tuu le pald). Quand ils arrangent avec 
symétrie quarante de ces plumes sur une même ligne, à 
prendre d'une oreille à l'autre, lorsque la couronne 
est placée sur le front, alors ils les appellent fakalauntu. 

Première remarque. — On emploie aussi le mot ulu 
pour compter les dizaines en général seulement. On 
connaît le nombre des dizaines par l'unité qui accom- 
pagne le mot ulu. Ainsi ko ulu e tolu, c'est trois dizaines ; 
ko ulu e valu, c'est huit dizaines. On n'emploie ja- 
mais le mot ulu pour énumérer les centaines et au- 
dessus. 

Deuxième remarque. — Lorsque les naturels comptent, 
à chaque dizaine ils reprennent à l'unité, et à la fin ils 
énoncent toutes les dizaines qu'ils «ont comptées. S'ils n'ont 
pas les objets sous leurs yeux, ils se servent ordinairement 
de leurs doigts. 

Les noms de nombres ordinaux se forment en mettant 
devant les noms de nombres cardinaux l'article le ou 
l'adjectif possessif lona de la troisième personne du sin- 
gulier ; V., g. : lona uluaki, le premier ; lona lua, le 
deuxième ; hrux ono, le sixième. On dit aussi le uluakiy 
le lua, etc. ; ko le lua o aso^ c'est le second des jours. 
Lorsque le nom de la chose comptée est énoncé, on le 
met entre l'adjectif possessif et le nom de nombre ; v. g.: 
lona aso fitu, le septième jour ; on dit encore : lona lima 
aso, ou bien : le lima o aso^ le cinquième jour. Ko le lua 
aliki'Sau talu le fai o le lotUj c'est le deuxième roi 
depuis qu'on pratique la religion. Vae-lua, la moitié ; 



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-- 345 — 

vae-tohiy le tiers ; vae-fa, le quart ; vae-limaj le cin- 
quième; vœ-onoy le sixième, etc. Ainsi de suite pour 
exprimer les différentes parties de l'unité divisée. 



DE L'ADJECTIF. 

Les mots qui sont le plus souvent employés comme 
adjectifs ne diffèrent pas de leurs substantifs. Ainsi leSj 
mots qui signifient « bon, méchant, beau >, etc., signi- 
fient aussi « bonté, méchanceté, beauté ». Ce sont sou- 
vent les adjuncta de la phrase qui font connaître s'ils 
sont employés comme adjectifs ou comme substantifs. 

Quant aux mots qui sont le plus souvent employés 
comme substantifs, on leur ajoute souvent les finales a, 
ia, pour les employer comme adjectifs. Ex.: vaOj bois, 
brousse ; vàoa, couvert de broussailles, de bois. Koloa. 
richesses ; koloata, riches. Fatu^ pierre ; fatua, pierreux. 
Ou bien on fait longue leur dernière syllabe ; ex. : ika, 
poisson ; ikà, poissonneux. C'est l'usage seul qui apprend 
quelles sont les finales que veulent les mots pour devenir 
adjectifs. Quelques-uns n'en admettent qu'une ; la plupart 
en admettent plusieurs. Ex. : talo, taloia, taloa, où il y a 
beaucoup de taros ; w/î, ufia, plein d'ignames ; niu, 
niîuiy beaucoup de cocos. Ce n'est pourtant pas tout à fait 
indifférent d'employer l'une ou l'autre finale ; cela dépend 
de certaines circonstances, par exemple de proximité ou 
d'éloignement de l'objet. 

Quant aux adjectifs qui sont formés des verbes et qui 
pourraient aussi s'appeler participes passés passifs, ils 
diffèrent toujours du verbe par une finale, comme a, ea, 



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— 346 — 

inuy na^ lina^ fia^ lia, mia, sia^ fakiy fakia^ fakiia, 
fakina. 

Une auti'e manière de former ces sortes d'adjectifs ou 
de participes passés passifs, c'est d'ajouter devant le 
verbe la particule ma. Ex. : sikiy lever ; masiki^ levé. 
Mais cette particule exprime plutôt le pouvoir d'être fait 
que l'étant fait ; aussi est-elle le plus souvent employée 
dans les phrases négatives qui indiquent l'impuissance de 
faire une chose. Ex.: e leaise ma fui, cela ne peut pas se 
faire ; e leaise m^ folo, on ne peut l'avaler. 

Comparatif. — Les Futuniens expriment leur compa- 
ratif de supériorité par le mot ake, qui veut dire « au- 
dessus Hj et celui d'égalité par le mot tatau, tataufuai^ 
qui veut dire « également », ou bien ils se servent de 
périphrases. Ex.: je suis plus grand que Paul, e lasi ake 
au ia PaulOj ou bien : e lasi au^ kae ikiiki PatilOj ce qui 
revient à dire « je suis grand, Paul est petit ». — E 
malie le laakau-neiy kae veli lena, cet arbre-ci est plus 
beau que celui-là. — Je suis aussi grand que Jean, e ma 
lasi tataufuai ma Joane. — Je suis moins grand que 
Pierre, e ikiiki au, kae lasi a Petelo^ c'est-à-dire « je 
suis petit, Pierre est grand j), ou bien e taulalo au, kae 
taualuga Petelo. 

Superlatif. — Il s'exprime par le mot aê, qui veut 
dire « tout à fait, entièrement i>, et quelquefois par le 
mot kese dans le sens de « extraordinairement » . Ex. : e 
agatonu ai le tagata-nei, cet hon5me-ci est très-sage ; 
e savili kese le moana, la mer est extraordinairement 
agitée. Ou bien on dira, en employant quelquefois le mot 
ake € davantage i> : e lasi ake ai a Petelo i tam^aliki fuli, 
Pierre est le plus grand de tous les enfants. 



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— 347 — 

Quelquefois le spperlalif s'exprime par un redouble- 
ment de syllabes. Ex. : masaè^ déchiré ; masaèsaèy très- 
déchiré ; — lasi, grand ; lalasi, très-grand. D'autres fois 
par des particules ou autres mots équivalents : VaUy 
imbécile ; vale uka, comblé de folie ; vaU uka kafaugay 
archibêle. On se sert de périphrase pour exprimer cer- 
taines locutions. Ex. : il n'est ni grand, ni petit, mais 
d'une taille médiocre, e leaise lad, leaise ikiiki, kae lasilasi 
malie, 

ADJECTIFS POSSESSIFS. 

Les adjectifs possessifs sont ceux qui déterminent la 
signification du nom, en y ajoutant une idée de posses- 
sion. Us se forment des génitifs des pronoms personnels, 
auxquels on ajoute l'article défini ou indéfini, en faisant 
l'élision de la voyelle e. Ainsi lokUy laku est pour le oku, 
le aku ; soku, saku, pour se okUj se aku. De là deux sortes 
d'adjectifs possessifs : le défini et l'indéfini. 

ADJECTIFS POSSESSIFS DÉFINIS. 

SINGULIER. 

Loku, laku, mon, ma. 

Lokitaj lakita, ou lotà, latâ (de kita). 

Lou, lau, ton, ta. 

Lona, lana, son, sa. 

DUEL. 

Lotaua, lotàj lataua, latâ, le tien et le mien (nôtre). 
Lomaua, lomà; lamaua, lama, le sien et le mien (nôtre). 
Lokoultia, lokulu; lakoulua, lakulu, le tien et le sien (le vôtre). 
Lolaua, lolà; lalaua, lalâ^ le d'eux deux (le leur). 



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— 348 — 



SINGULIER-PLURIEL. 



Lotatou, lotau; latatou, latou, le vôtre et le mien (le nôtre). 
Lomatou, lomotou; lamatou, lamotou, le leur et le mien (le nôtre). 
Lokoutou, lokotou; lakoutou, lakoiou, le vôtre. 
Lolatou^ lolotou; kUatou, kUotou, le leur. 

PLURIEL. 

Ohi, aku, mes, miens. 

Okita, akita, ou otà, atà, mes, miens (conversation familière). 

Ou, au, tes, tiens. 

Ona, ana, ses, siens. 

DUEL. 

Otaua, otâ; atana, atà, miens et tiens (nos). 
Omaua, omâ; amaua, amâ, siens et miens (nos). 
Okoulua, okulu; akoulua, akulu, tiens et siens (vos). 
Olaua, olà; diaua, alà, les d'eux deux. 
Otatou, otou; atatou, atou, les vôtres et les miens (nos). 
Omatou, omotou; amotou, amotouy les leurs et les miens (nos). 
Okoutou, okotou; akoutou, akotou, vos, les vôtres. 
Olatou, olotou; alatou, alotou, les leurs. 

Première remarque. — Pour avoir le pluriel des adjec- 
tifs possessifs dans la langue futunienne, on n'a qu'à 
retrancher la lettre initiale l du singulier. 

Deuxième remarque. — 11 y a deux mots pour exprimer 
« mon, ma », savoir : loku^ laku, qui est formé de au, 
et lotd, latd, qui semble formé de kita, et qui est pour 
lokitaj lakita. Le dernier indique une plus grande préci- 
sion et voudrait dire c mon propre de moi-même, de 
moi en particulier ». Il se forme de o kita, a kita, génitif 
de kita. Il semblerait encore avoir le sens de c on, son, 
chacun », et donnerait à ces mots la même précision que 



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— 349 — 

c de moi propre >• Cette locution s'emploie plus rarement 
et dans la conversation familière. 

Troisième remarque. — La différence entre lotd, mon, 
ma, et lotâ, nôtre, de nous deux, consiste en ce que la 
finale de ce dernier est longue, tandis que la finale du 
premier est brève. 

ADJECTIFS POSSESSIFS INDÉFINIS. 

Ce sont ceux qui sont combinés avec l'article indéfini 
se et les génitifs des pronoms personnels oku, aku ; o% 
au; ma, ana^ en faisant l'élision de la voyelle e. Même 
règle pour les adjectifs définis. 

SINGULIER. 

SokUy saku, mon, ma. 

Sokita, saMia, sotà, satà, mon, ma. 

Sou, sau, ton, ta. 

Sona, sana, son, sa. 

DUEL. 

Sotaua, sotâ; satatm, saiâ, le tien et le mien (nôtre). 
Somaua, somâ; samaua, samâ, le sien et le mien (nôtre). 
Sokoulua, sokulu; sakoulua, sakulu, le tien et le sien (le vôtre). 
Solaua, $olâ; salaua, sald, le d'eux deux (le leur). 

SINGULIER-PLURIEL. 

Sotatou, sotou; satatou, satou, le vôtre et le mien (le nôtre). 
Somatou, somotou; samatou, samotou, le leur et le mien (le nôtre). 
Sokoutou, sokotou; sakoutou, sakotou, le vôtre. 
Solatou, solotoû; salatou, salotou, le leur. 

PLURIEL. 

Ni oku, ni aku; ni okita, ni akUa, ni ota, ni atà, des choses pour moi. 
Ni ou, ni au, des choses pour toi. 
Ni ona, ni ana, des choses pour lui. 



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— 350 — 

DUIL. 

Ni otaua, ni oià; ni aUma, m atà, des choses pour toi et moi. 

Ni omaua, ni omà ; ni amaua, ni amâ, des choses pour lui et moi. 

Ni okoulua, ni okulu; ni akoulua, ni akulu, des choses pour vous deux. 

Ni olaua, ni olà; ni alàua, ni alâ, des choses pour eux deux. 

Ni otatou, ni otou; ni atatou, ni atou, des choses pour vous autres 
et moi. 

Ni omatou, m omotou; ni amatou, ni amotou, des choses pour eux 
et moi. 

Ni okoutou, ni okoiou; ni akotUou, ni akotou, des choses pour vous 
autres. 

Ni olatoUf ni oloiou; m àlatou, ni alotou, des choses pour eux. 

Remarque. — On trouve encore, dans la langue futu- 
nienne, une sorte d*adjectif indéfini négatif qui veut 
toujours être précédé de la négation Uai ; aussi on ne 
l'emploie que dans ce sens. Ex. : leai noku pulapuUiy je 
n'ai pas de semence ; leai naku sele, je n'ai pas de cou- 
teau ; leai noku kofu, je n'ai pas de blouse ou chemise. 
Ces adjectifs sont les précédents qui se forment des géni- 
tifs oku, aku; ou, au; ona, ana, et de la particule ni 
avec élision de la voyelle i. Quoi qu'il en soit, pour avoir 
ces adjectifs, on n'a qu'à substituer la lettre n à la 
lettre s dans les adjectifs soku^ saku. On n'en voit 
d'exemples que pour le singulier, et encore assez rare- 
ment: nomma, nolàua, nolâ^ etc., pour ni omana^ ni 
olau^y ni ola. 

Grézel. 
(A continuer.) 



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- 35i — 



BIBLIOGRAPHIE. 



Osnove srpskoga ili hrvatskoga Jezika. — Napisao 6j. Da- 
Niôié. — U Biogradu, 1876, in-8 de vi et 463 pp. — 
Korijeni s rijeéima od njih postalijem u hrvatskom ili 
srpskom Jeziku. — Napisao Gj. DANiéié. — U Zagrebu, 
4877, in-8 de iv et 369 pp. 

Les deux grands ouvrages que M. Daniôié vient de 
faire paraître, et dans lesquels il a pris pour base le 
Vergleichendes WSrterbuch de Fick, se complètent Tun 
l'autre et ne sauraient être séparés. Dans le premier, 
l'auteur a classé tous les mots de la langue serbe ou 
croate d'après leur terminaison, et en tenant compte de 
leur formation*et de leur dérivation ; dans le second, au 
contraire, il les a groupés autour des racines aryaques 
auxquelles ils se rattachent. C'était là une tâche des plus 
ardues, et que la méthode rigoureuse, la sûreté de 
critique de M. Daniôié, aussi bien qu'une patience pro- 
digieuse, pouvaient seules lui permettre de mener à bonne 
fin. On ne peut qu'admirer la manière dont il a suivi le 
plan qu'il s'était tracé. Grâce à ces deux répertoires, 
que terminent des tables alphabétiques générales, le lin- 
guiste possède un arsenal inépuisable, d'où il peut tirer 
à son gré des exemples de tous les phénomènes particu- 
liers qui rendent si intéressante l'étude du groupe yougo- 
slave. Au lieu d'en être réduit à l'indication d'un petit 



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— 352 — 

nombre de faits que citent les grammairiens, on voit se 
dérouler devant soi la série complète des mots et des formes 
de la langue. 

De semblables travaux font le plus grand honneur à 
récole linguistique serbo-croate si bien représentée aujour- 
d'hui par MM. Daniôié, Jagié et Novakovié, Depuis que 
Vuk Stefanovié Karadiié a frayé la voie, qu'il a débar- 
rassé l'idiome national des emprunts faits aux livres 
liturgiques et l'a ravivé en recueillant les chants, les 
contes, les jeux, les proverbes, en un mot toutes les 
parcelles de la langue populaire, Serbes et Croates ont su 
dignement continuer l'œuvre du maître; on peut dire 
que leurs écrits occupent aujourd'hui le premier rang 
dans la linguistique slave. Nul n'a plus contribué que 
M. Daniôié au développement et à la gloire de cette 
école. Sa Morphologie* serbe {Oblici srpskoga Jezika, 6, 
zdanje, u Zagrebu, 4871, in-8) ; sa Syntaxe serbe {Srbska 
Siniaksa, deo I, u Beogradu, 1858, in-8) ; son Diction- 
naire de l'ancien serbe {Rjecnik iz knjzevnih starina 
srpskih, u Biogradu, 4 863-1864', 3 vol. in-8) ; ses Pro- 
verbes (Poslovice, u Zagrebu, 1871, in-8), sans parler 
d'une foule d'éditions critiques de textes anciens, sont au 
nombre des productions les plus importantes de la lin- 
guistique moderne. Les deux volumes que nous annon- 
çons aujourd'hui couronnent cette série de travaux. Nous 
en saluons l'apparition avec d'autant plus de joie que 
nous y voyons comme l'annonce du grand dictionnaire 
serbo-croate que l'académie yongo-slave de Zagreb nous 
fait espérer depuis longtemps et dont M. Daniôié est le 
plus actif collaborateur. E. P. ♦ 



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— 353 — 

Évangile selon saint Matthieu, traduit par Liça^rrague, 
i57i, réédité par W.-J. Van Eys. — Paris ^ Maison- 
neuve et G", 1877. — In-8 de (iv)-ij p. et 61 feuillets. 

Cette publication splendide, au point de vue de l'exécu- 
tion typographique, fait en quelque sorte suite à celle 
que j'ai commencée il y aura bientôt quatre ans sous le 
titre de Documents pour servir à Vétude historique de la 
langue, basque, et dont le premier fascicule contient une 
réimpression de l'évangile de saint Marc de Liçarrague. 
On sait que Liçarrague était un pasteur protestant envoyé 
par Jeanne d'Albret dans la Basse-Navarre ; on trouvera, 
du reste, quelques détails sur cet homme remarquable et 
sur son œuvre dans Tavant-propos de la publication que 
je viens de rappeler. 

Inutile d'insister sur l'importance de ces réimpressions 
et sur la haute valeur de ces textes linguistiques d'il y 
a trois siècles. En rééditant l'évangile de saint Mathieu, 
plus considérable que celui de saint Marc, M. Van Eys 
nous a donc rendu un très-grand service, et le nouveau 
livre qui porte son nom est aussi bon que beau, ce qui 
n'est pas peu dire. 

Il est seulement très-fâcheux que la correction de ce 
livre ait été faite d'une façon assez irrégulière pour qu'il 
y soit resté, comme M. Van Eys s'en excuse modestement 
lui-même, des fautes typographiques toujours trop nom- 
breuses. Je ne vois qu'un moyen d'y remédier : que 
M. Van Eys publie aussitôt que possible une autre partie 
du Testament de 1571 j il aura là une occasion toute 
naturelle de nous donner Y erratum que réclame son saint 
Mathieu. Julien Vinson. 

^ 23 



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— 354 — 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 



«énériaités. 



▲scoli (G. J.). Siudj critici, t II. — Saggi e appunti, Saggi italici, 
indiani, greci. ln-8, viii-528 p. Turin, 1877. 

Bréal (Michel). Mélanges de mythologie et de linguistique. In-8, 
vu-416 p. Paris, Hachette et C^, 1877. 

Hofiory. Phonetische streitfragen. (Zeitschr. f. vgU spr<wkf., 
t. XXiiî, p. 525-558.) Berlin, 1877. 

Holden (Ed. S.). The vocabularies of children under two years of 
âge. (Proceed. of the americ, philol, assoc, p. 23.) Hartford, 1877. 

Hovelacque (Abel). Langues, races et nationalités. 2e édition. 
In.8. Paris, 1874. 

Huxnboldt (W.). Ueber die Verschiedenheit des menschlichen 
Sprachbaues. (Nouvelle édition publiée par D. F. Pott.) 2 vol. petit 
in-8. Berlin, 1876. 

Julien (Félix). Voyage au pays de Babel. In-12. Paris, 1876. 

Klotz. Philosophorum grsBcorum de lingues natura sententias. In-4, 
U p. Stettin, 1876. 

Kraeuter. Zur Lautverschiebung. In-8, 154 p. Strasbourg, 1877. 

Kuhl. Darwin und die Sprachwissenschaft. In-8, 72 p. Leipzig, 1877. 

Liscomb (W. S.). Forms of assimilation. (Proceed. of the americ. 
philol. assoc, p. 28.) Hartford, 1877. 

Picot. Tableaux phonétiques des principales langues usuelles. (Revue 
de linguistique^ i. VI, n» 4.) Pans, 1877. 

Saussure (F. de). Remarques de grammaire et de phonétique. 
In-8, 23 p. (Extrait des Mémoires de la Société de lingvàstique.) 
Nogent-le-Rotrou, Daupeley, 1877. 

Withney. Surd and sonant. (Proceed. of the americ. philoU assoc, 
p. 8.) liartford, 1877. 



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— 355 — 

— The principle of economy as a phonetic force. {Proceed. of the amer^ 
phil. assoc., p. 14.) Hartford, 1878. 



Généralités indo-eiuropéeime». 



Aufrecht. Zur Accentlehre* (Ztschrf. f. val. sprachf., t. XXIII, 
p. 599-601.) Berlin, 1877. 

Beohtel. Ueber gegenseitige Âsdimiiatioii und Dissimilatloa der bei- 
den zitterlaute in den seltesten phasen des indogermanischen. In-8, 
68 p. Gottingue, 1877. 

Benfey (Théodore). Das Indogermanische Thema des Zahlworts 
zwefist Du. (Abhandlungen der K. Gesellschaft der Wissenschaften 
zu Gottingue, t. XXI, 1876.) 

— Die zwei tœnenden zischiaute der arischen période und des œltes- 
ten sanskrits. Gottingue, 1877. 

Bezzenberger. Beitrsege zur knnde der indogerm. sprachen. T. 1. 
ln-8, 356 p. Gottingue, 1877. 

Brugmann. Zur geschîchte der nominalsuffixe as, jas et vas, 
(Ztschr. f. vgl. sprachf,, t. XXIV, p. 1-99.) Berlin, 1877. 

Douse (Le Marchant, T.). Grimm's law, a studv or hints 
towards an explanation of tiie socalled c LautversciiieDung. > To 
which are added some remarks on the primitive indoeùropean K 
and several appendices. In-8. Londres, Trûbner, 1876. 

Faust (Ad.). Zur indogermanischen augmentbildung. In-8, 42 p. 
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Grassmann. Ursprung der praBpositionen im indogermanischen. 
{Ztschr, f, vgl. sprachf., t. XXIII, p. 559^79.) Berlin, 1877. 

Ostho£f (Hxu.). Das Yerbum in der Nominalcomposition im Deutschen, 
Griechisehen, Slavischen und Bomanischen. In-8, xvi-372 p. léna, 
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Papillon. A Manual of comparative Philology as applied to the il- 
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Penka. Die nominalflexion der indogermanischen sprachen. In-8, 
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Kœmer. Deutsche goetter nnd goettersaj^en, soweit sie sich in dich- 
tung, sprichwort und brauch lebendig erhaiten haben. In-8, 
p. iv-4là. Leipzig, 1876. 

Ledrain (l'abbé E.). La stèle du coUier d'or. Un grand sei^eur 
antérieur à Moïse, décoré du collier. La vie future dans Tanciemie 
Egypte, ln-8. Paris, Maisonneuve, 1876. 

Miller. Esquisse de mythologie aryenne. T. I : Les Âçvins, les Dios- 
cures. (En russe.) Moscou, 1876. 

M3n:ianiheu8. Die Açvins oder arischen Dioscuren. In-8, 186 p. 
Munich, 1876. 

Neustadt (Helm:ioh von). Âppolonius von Cotes zukunft. Im 
auszuge mit einleitung anmerkungen und gtossar herausgegeben 
von Jos. Strobl. 1q-8, xxxvii-298 p. Vienne, BraumûUer, 1875. 

Péris. Altdeutsche goetterlehre. Leipzig, 1876. 

WestaU. Taies and Legends of Saxony and Lusatia. Londres, 1877. 

Zimmer. Parjania Fiœrgyn, vâto wôdan. (Ztschr. {. deutsch. aUerth., 
t. XIX, p. 164-181.) 



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TABLE ANALYTIQUE 



DES TOMES I A X. 



I. — TABLE DES LANGUES ÉTUDIÉES. 



Linguistique générale, I, 304, 
43a ; II, 133, 285,428; III, 
122, 240, 327 ; IV, 76, 182, 
183, 308 ; V, 120 ; VII, 54, 
57; VIII, 246; X, 170. 

LANGUES ISOLANTES. 

Chinois, IV, 349 ; VII, 16. 
Stieng (Moi), VII, 356, 370. 
Tiam (Gham), VII, 348, 359. 
Annamite, III, 36. 
Loutze (Thibet), VIII, 333. 
Pagni (Thibet), VIII, 333. 

LANGUES AGGLUTINANTES. 
§ler. 

Africaines (Langues) du Soudan, 
VII, 195, 291 ; — des nègres 
et du groupe Bantou, IX, 26; 
— du Rio-Nunez, X, 75. 

Hadendoa, III, 175. 

Poul, VII, 195, 291. 

Sérère,VII, 195, 291. 

Wolof, VII, 195, 291. 

Zénaga (Dialecte berbère), X, 
172. 



§ II. 

Dravidiennes (Langues), II, 40; 

III, 294, 306 ; IV, 399, 403 ; 

VI, 120; IX, 90, 282, 375; 
X, 98, 160. 

Tamoul, II, 40 ; III, 294, 306 : 

IV, 399,403; VI, 120; VII 
44, 286; VIII, 52, 340; X, 
160. 

gm. 

Langues ougriennes, IV, 29, 
127, 229; V, 303 ; VI, 296 ; 

VII, 177, 179; X, 163. 
Finnois, VIII, 152. 
Lapon, VIII, 339. 
Vogoul, V, 307. 
Mandchou, V, 415. 
Tongouse, VI, 129, 217. 

§IV. 

Basque, I, 381 ; II, 282 ; III, 
5, 208, 236, 294, 366, 423 ; 
IV, 43, 55, 73, 75, 118, 289, 
293,295; V, 5,10, 190, 220, 
221, 276, 389, 434; VI, 183, 
197, 204, 238, 337 ; VII, 3, 



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59, 70, 99, 209, 282, 322, 
378 ; VIII, 70, 73, 112, 153, 
310, 241 ; IX, 74 ; X, 148, 
164, 165, 167, 168, 195, 210, 
353. 

Ibère, VII, 3. 

§V. 

Américaines (Langues), IX, 404. 

Chibcha, IX, 99. 

Dakota, IX, 3. 

Innok, X, 223. 

Kéchua, IX, 345. 

Mame-huastèque (Langues de 
famille), V, 129. 

Maya, VI, 42; VIII, 320; X, 
61. 

Nahuatl, IX,231. 

Quiche, X, 34. 

Tupi, IX, 255. 

§VL 

Gaucaso-transgangéliques (Lan- 
gues), II, 375. 

LANGUES A FLEXIONS. 

A. — Sémitisme, 

Sémitiques (Langues), V, 186. 

Hébreu, VI, 120. 

Phénicien, III, 411. 

Arabe, III, 135 ; IV, 321 ; VII, 
380. 

Assyrien, VI, 291. 

B. — Indo-européisme, 

Indo-européennes (Langues), I, 
1, 51, 125, 128, 138, 166, 
204,254, 282; 11,5, 55, 171, 
184, 267, 276, 316, 449, 
465, 469; III, 23, 25, 235, 



355; IV, 101, 159, 173, 18TJ 
285, 313; V, 83, 85, IC 
115, 168, 181, 267, 311, 312 
328, 395, 429, 431 ; VI, IC^ 
189; VII, 110, 169 ; VIII, r 
129. 

§1. 

Sanskrit, I, 67, 215, 328, 422 ;1 
II, 104, 223, 457 ; III, 49, ! 
81, 243, 245; IV, 173; V, 
17, 84, 333 ; VI, 110 ; VIJI, 
6, 99, 340; IX, 46; X, 159. 

§11. 

Eraniennes (Langues), III, 113, 
248. 

Zend, m, 156, 219, 245 ; VII, 
54, 242, 268; VIII, 248, 187, 
343 ; IX, 115, 300 ; X, 127, 
158. 

Perse, I, 106; III, 61, 459; 

IV, 204; VI, 365; VII, 242; 
VIII, 3. 

§111. 

Celtiques (Langues), IV, 81 ; V, 
436. 

§IV. 

Italiques (Dialectes), VI, 266; 
VII, 279. 

Latin, I, 410; II, 447, 462; V, 
314, 404. 

Ombrien, VII, 279. 

§V. 

Grec, II, 40, 51, 314; IV, 5, 
281, 232; V, 124, 306; VI, 
284, 291 ; VII, 58. 

§VL 

Slaves (Langues), IV, 40, 401 ; 

V, 295; VIII, 140, 351. 



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— 369 ^ 



X.etto-slaves (Langues), IV, 264 ; 
V, 124. 

Bulgai e, V, 423 ; VI, 200. 

Serbe-croate, V, 263 ; VI, 104, 
128,191,201; VU, 57; IX, 88. 
Polabe, V, 101. 

§ VII. 

Germaniques (Langues), I, 84 
II, 199, 294 ; IV, 298, 338 
V,127; VI, 1,101, 102, 298 
VIII, 140. 

Gotique, II, 308. 

Nordique (Vieux), V, 325. 

Allemand, VIII, 160; X, 171, 
175. 

Anglais, VII, 382. 



§ VIII. 



Romanes (Langues), IV, 71 ; V, 
427 ; VI, 266, 286. 

Français, I, 36, 223, 349, 354, 
456; VIII, 263; IX, 144, 
190, 195 ;X, 169, 172, 175. 

Patois français, I, 456 ; IX, 88. 

Roumain, II, 78, 327 ; IV, 
268; V, 225 ; )VI, 61 ; VIII, 
467. 

§IX. 
Albanais, IV, 97. 
Arménien, X, 172. 
Kurde, VI, 89, 363. 



II. - TABLE DES SUJETS. 



A « sicut ». -— Hovelacque. — 
IV, 284. 

Aditi, adityas, — Voyez Védi- 
ques (Etudes). 

Adjectif et génitif. — Voyez 
Syntaxe. 

Agni, petit-fils des eaux dans 
le Véda et FAvesta. — Girard 
de Rialle. — III, 49. — Voyez 
Védiqiœs (Etudes). 

An. — Hovelacque. — IV, 282. 

Av>îû. — Hovelacque. — IV, 

281. 
Aoriste composé. — Voyez 

Verhe, 

Arabe (Notes sur la gram- 
maire). — H. Derenbourg. — 
m, 135; IV, 321. 

Ari. — Hovelacque. — IV, 282. 

Aryaque et sanskrit. — M. Bréal. 
- I, 125. . 



Aspirées organiques. ^ Hove- 
lacque. — I, 282. 

Asséner (étymologie française). 

— A. Scheler. — 1, 349. 

Assiette (étymologie française). 

— A. Scheler. — I, 354. 

Athênê. — Voyez Afa. 

Augures. De la science augu- 
rale dans le Véda et l'Avesta. 

— Girard de Rialle. — VUI, 

7. 

Avesta (Études sur V). — A. 
Hovelacque. — Moi-ale, VI, 
253 ; — le chien, VIII, 187 ; 

— les deux principes, IX, 
175, 300 ; — les médecins et 
la médecine, X, 127. 

Bantou (Les langues du groupe) . 

— Hovelacque. — IX, 37. 

Basque (Coup d'œil sur Tétude 
de la langue). — J. Vinson. 

24 



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I 



- 3TO — 



— I, 381. = Les études 
basques et la critique. — J. 
Vinson. — X, 210. 

Bibliographie. Les premiers 
livres basques. — J. Vinson. 

— VIII, 70. 

Bibliographique (Bulletin). — 
A. Bureau. — V, 337, 416 ; 
VL 205, 302 ; VII, 82, 185 ; 
VIII, 89, 161, 249; IX, 302, 
411 ; X, 186, 354. 

Caecus, — A. Joamion. — IV, 
395. 

Cas (Principes de l'étude com- 
parative des). — B. Del- 
brueck. — 11, 469. = Formes 
des cas des radicaux ea a en 
ancien indien. — Fr. Muellen 

— VII, 6. 
CaucasO'transgangétiques (Re- 
cherches sur les laagueft.) — 
H. de Gharencey. — II, 375. 

Celtiques (Les études). — V, 

m. 

Centaures (Le nom des). — 

HoiFdacque. — ïï, 465. = 

Ghiron. — J. Balseac. — VIII, 

13. 
Cerveom (Action réflexe du). — 

H. Ghavée. — II, 184. 
Cheval (Introduction du) en 

€hine. — Piètrement. — ÏV, 

349. 
Chibcha (La langue). — L. 

Adam. - IX, 99. 

Chien (Le) dans l'Avesta. — 
Hovelacque. — VIU, 187. 

Chinois (L'origine des). — Piè- 
trement. — IV, 349. = Exa- 
men critique des jugements 
portés «ur la valeur des mo- 
numents philosophiques^ lit- 
téraires et scientifiques des 
C^ois ; structure de leur 
langue envisagée «ous le rap- 



port de sa capacité scienti- 
fique. — E. Martin. — VII, 
16. 
Chiron (Le Centaure), — J. 
Baissac. -■ VIH, 13. 

Concours de poésie basque à 
Sare. -— J. Vinson. — EIn 
1869, 111,366; — en 1871, 
V,5. 

Ckmgrèê de» orientalistes à 
Samt-Pétersbourg. — VIII, 
351. 

Conjugaison (La) dans les lan- 
gues dravidieniies. — I. Vi»- 
son. ^ IX, 375 ; X, 98. 

Cûnsotmes {Les attraits sexuels 
des) et l'action réflexe du 
cerveau. — H. Ghavée. — II, 
184. 

Conversations loutze et pagni. 

— A. Desgodins. — VIII, 333. 
Cours de langue roumaine à 

l'école des langues orientales 
vivantes. — Em. Picot. — 
VIII, 167. 
Critùpjte de notre dictionnaire 
basque -français. — W.-J. 
Van Eys. — VII, 269. 

Culte. Observations sur im pas- 
sage d'Hérodote concernant 
certaines institutions perses. 

— IJovelacque. -- Vil, 242. 

Cunéiformes (Inscriptions). — 
H. Ghavée. — 1, 106. = Sur 
l'origine de quel(^ues carac- 
tères des inscriptions aryen- 
nes des Achéménides. — I. 
Menant. — III, 61. = Sur 
le signe perse de L. — J. 
Opperl. — III, 459. = Essais 
sur l'explication des inscrip- 
tions perses. — Fr. Mudler. 

— VIII, 3. 

Ç sanskrit. — Hovelacque. — 
11,^7; 111,243; — L Via- 
son. — III, 81. 



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371 — 



Daktyles (Les). — J. Baissac. 

— vm, 13. 

Darva. — Hordacque. — FV, 
283. 

Déclinaison basque (Notes sur 
la). - J. Vinson. — III, 5. 
= Note sur les prétendus 
génitifs et datifs pluriels de 
la langue basque. — L.-L. 
Bonaparte. — II, 2^. 

Déclinaieon indo-européenne, 

— A. de fcaix de Saint-Ay- 
mour. — 1,51,204; 11,316. 
== Formation du nominatif 
singulier. — IIJ^ 235. 

Déclinaison ouralo - altaïqiLe. 
L. Adam, - ÏV, 127, 2^. 

Dérivation (Les éléments de 
la). — Havelacque. — î, 466. 

Dérivation verbale spécifique 
en dakota. — L. Adam. — 
IX, 3. 

Dialectes de l'Italie septentrio- 
nale. — Era. Picot: — Yi, 
266. = Roumains (Documents 
pour seiwi r^tude des). ^ 
E. Picot. — V, 225 ; ¥ï, 62. 
= Basques (Spécimens de 
variétés dialectales). — J. Vin- 
son. - Vliï, 310 ; IX, 74; X, 
195. 

Dieu (Le mot) en basque et 
dans les langues dravidiemies. 

— J. Vinson. — III, 294. 

Pis (Le préfixe roman) en jolba- 
nais. — Fr. MiklosicU. — IV, 
97. 

Dravidiennes (Étude des lan- 
gues). — J. Vinson. — IX, 
282. 

Durus. — Hovelacque. — II, 
447. 

Ea/). — IV, 282. 

PmboltemeifU. rr- Voyez Poly- 
synihèimne. 



Emprunts, Mots étrangers en 
kurde. — Justi. — VI, 89. 

Eran. De la place occupée par 
les langues éraniennei^ dans 
famille linguistique indo-ger- 
manique. — Fr. Spiegel. — 
m, 113. = Examen d'une 
suite de publications sur les 
idiomes et les littératures de 
l'éran. — Hovelacque* — III, 
24S. 

flrrata, - II, 245, m>\ HI, 
244, 382 ; ÏV, 127, 413 ; V, 
128, 445; VI, 103, 216,312; 
VH, 384; VIII, 164. 

Esthétique du vers allemand. 
— Gh. Wiener. — VI, 1. 

Etymologie. -- Voyez 4, An, 
Avwp, An, Asséner, Ariette, 
AthênêyCaecus, Darva, Dieu, 
Durus, E(Kp9 Fraêsta, Ganva, 
Geben, Ghr, Gotiques, Grâv, 
Hic, Homo, Kwyoj, Ma, Mar, 
Mars, Mercurius, Minerve, 
Mithridate, Napât, Regret, 
Regretter, Théophile, Théo- 
phobe, Thukiyvm, Tiridate, 
Tout, Vab, Weben, 

Étymologies basques (Les). — 
J. Vinson. — V, 10. 

Euphonie sanskrite. — Hove- 
lacque. — V, 17. 

Évolution (Théorie de T) dans 
la science du langage. — 
Girard de Riall. — X, 288. 

H grec (Valeur de T) au 
Xle siècle. — E. Picot, .^-r II, 
51, 314. 

Faust. — J. Baissac. — VIII, 
13. 

FraêHa. — Fr. Mu^ler. — 
VU, 268. 

Française {LdOkgae). Son ensei- 
gnemeat par Jla «aéthode his- 
torico-CQ^ipiMraiive. — Hove- 



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372 ^ 



lacque. — I, 36. = Voyez 

FmAwt, — Voyez Fer6e. 
Garwa, — Hovelacque. — IV, 

283. 
Gehen, — Hovelaccjue. — VI, 

KM. 
Génitif et adjectif. — Voyez 

Syntaxe, 
Germaniques (Langues). Étude 

et enseignement. — M. Fueh- 

rer. — I, 84. = Essai de 

grammaire comparée. — L. 

de Baecker. — IV, 338. 
fjrermaniquea (Études). — Ho- 
velacque. — II, 294. 
Gotiques (Examen de quelques 

vocables). — Hovelacque. — 

11,308. 
Ghr (Les huit) de Faryaque. — 

H. Ghavée. — V, 267. 
Grammaire arabe (Notes sur 

la). — H. Derenbourg. — III, 

135. 
Grammaire tongouse. — L. 

Adam. — VI, 429. 
Grammaire innok (Esquisse 

d'une). — V. Henry. — X, 

223. 
Grammaire zend. — Voyez 

Zend, 
Grâv, grav (Teari). — F.-W. 

Pasanisi. — IV, 159. 
H basque est-il primitif? — J. 

Vinson. — V, 221. 
H serbo-croate. -^ Hovelacque. 
• — VI, 128. 
Hadendoa (Études sur les idio- 
mes de l'Afrique : de la place 

de la langue hadendoa). — J. 

Halévy. — HI, 175. 
Hérodote (Observations sur un 

passage d*) concernant cer- 



taines institutions perses. — 
Hovelacque. — VII, 242. 

HiCf hœc, hoc. — Hovelacque. 

— II, 462. 

Hiéroglyphes des saisons égyp- 
tiennes. — G. Rodier. — III, 
122. 

Homo. — Hovelacque. — I, 
410; IV, 285. 

Hugo (Victor) et la langue bas- 
que. — J. Vinson. — V, 

Ihérienne (La langue) et la 
langue basque. — Van Eys. 

— vn, 3. 

Idiomes (Répartition par) des 
enfants allant dans les écoles 
publiques de Prusse. — IV, 

Images dans la parole indo- 
européenne. — H, Ghavée. 
-« II, 55 ; V, 85. 

Incorporation. — Voyez Poly- 
synthétisme. 

Indo ' européennes (Langues), 
Leur étude positive. — H. 
Ghavée. — I, 1. = Leur 
subdivision. — A. Hovelac- 
que. — Vm, 129. 

Indra. — Hovelacque. — VII, 
111. = Voyez Védiques (Étu- 
des). 

Instruction publique en Rus- 
sie. — IV, 95. = En Prusse. 

— IV, 96. 

Intonations (Notice sur les) du 
discours chez les Annamites. 

— A. des Michels. — III, 
36. 

Juif 'Errant (La légende du). 

— Gh.SchœbeL — IX, 307; 
X, 3. 

Jfâina (La reUgion des). — J. 
Vinson. — III, 306. 



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— 373 — 



Kwù6ç. — A. Joannon. — V, 
395. 

L perse (Sur le). — J. Oppert. 
— III, 459. 

L védique, — J. Vinson. — 
11,81. 

Langage (La science du) et 
M. Taine. — H. Chavée. — 
Y, 120. 

Langues anciennes et langues 
modernes (extrait du Journal 
des Débats), — III, 240. 

Lautverschiebung , Essai d'in- 
terprétation. — L. Gaussin. 

— II, 199. = Gritiaue. — 
Hovelacque. — II, 294. 

Léry {Jean de) et la langue 

tupi. — Paul Gaffarel. — IX, 

255. 
Ma (La racine). — Gh.Ploix.— 

IV, 101, 173. 
Manouantaras (Date initiale 

des). — G. Rodier. — III, 

327. 

Mar (La racine). — Ch. Ploix. 

— V, 168. 

Mars, — Ch. Ploix. — V, 168. 

Médecins (Les) et la médecine 
dans l'Avesta. — Hovelacque. 

— X, 127. 

Mercurius. — Gh. Ploix. — V, 

168. 
Méthode (De la) en mythologie. 

— Girard de Rialle. — II, 285, 
428; IV, 14, 161. 

Minerve. — Voyez Ma. 

Mithridates. — Girard de 
Rialle. - IV, 223. 

Morale de TAvesta. — Hove- 
lacque. — VI, 253. = Les 
deux principes dans l'Avesta. 

— Hovelacque. — IX, 175. 

Morphologie des langues letto- 



slaves. — Fr. Moeller. — IV, 
261- 
Musique, Air basque. — III, 



Mytholoaie. De la méthode en 
mythologie et des divers sys- 
tèmes de critique mytholo- 
gique. — Girard de Risdle. — 
II, 285, 428; IV, 14,161. = 
Lettere critiche, — G. As- 
coli. - VI, 105. 

Mythologie basque. — J. Vin- 
son et W. Webster. — VIII, 
112 ; = Le Petit-Poucet et la 
Grande-Ourse, légendes bas- 
ques. — J. Vinson. — VIII, 
241. 

Napât^, naptr, — Hovelacque. 

— V, 83. 

Nègres d'Afrique (Langues des) . 

— Hovelacque. — IX, 26. 

Notes grammaticales sur la 
langue futunienne. — Is. 
Grézel. — X, 321. 

Orthographe de la langue rou- 
maine. — Em. Picot. — II, 
78, 327 ; = du bas-allemand. 

— V, 127. 

Ourse (Le Petit-Poucet et la 
Grande-), légendes basques. — 
J. Vinson. — VHI, 241. 

Parjanya sous ses formes sla- 
ves et germaniques. — Gi- 
rard de Rialle. - VIII, 140. 
= Voyez Védiques (Etudes). 

Patois français (Projet d'en- 
quête sur les). — Girard de 
Rialle. - I, 456. 

Perse. Sur le L perse. — J. 
Oppert. — III, 459. = Mé- 
langes perses. — J. Oppert. 

— IV, 204. 

Poucet (Le petit) et la Grande- 
Ourse, légendes basques. — 
J. Vinson. — VIH, 241. 



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- 374-« 



Phénieien. Lu Iflrtgne phétA- 
cienne. — H. Ghavée. — lïl, 
411. 

Philologues contemporains. **- 
Ed. Le Héricher. — VIIL 
263 ; IX^ 144, 195. 

Phonologie (La) de Volney. — 
A. Horrelacqtie. — II, 171. = 
Phonologie basque. — J. Vîn- 
«on. - m, 423 { lY, 413; 
V, 276. = Tableau phoné- 
tique des principales langues 
usuelles. — E. Piccrt. — Yï, 
S62. = Lois phonétiques en 
mame-huastèque. -^ De Gha- 
rencey. — V, 129* 

Poésie basque (Concours de) à 
Sare. — J. Vinson. — En 
1869, 111,366; - éft 1871, 
V, 5. 

Poésie tàmoule (Le Tassé dans 
la). — J. Vinson. — YIII, 
S2. 

Uoyio, - Fr.Mueller. -VII,110. 

Polysynthétisme, emboîtement 
et incorporation en dakota. — 
L. Adam. — IX, 3 ; — en 
nahuatl, IX, 230 ; — en ke- 
chua, IX, 345 ; — en quiche 
et en tnaya, X, 34. 

Poul (Essai sur la langue) et 
comparaison de cette langue 
â\ec le wolof, les idiomes 
sérères et les autres langues 
du Soudan occidental. — Gé- 
néral L. Faidherbe. — VII, 
195, 291. 

Présent. — Voyez Verbe, 

Prix Gobert en 1872. — V, 

125. 
Programme de la Eevue,— I, v. 
Prométhée, — Voyez Ma. 

Pronom de la première per- 
sonne (Thème du) en ougrien. 
— L. Adam. — IV, 29. 



Pronom déménstrcdif basque. 

— W.-J. Van Eys. — VI, 183. 

Prononciation du grec ancien. 

— J. Vinson. — II, 40. = 
Valeni' de l'if grec au XI« siè- 
cle. — E. Picot. — II, 51, 
314. 

Prononciation et transcription 
de deux sifflantes sanskrites. 

— A. Hovelacque. — II, 457. 
== Sur le Ç sanscrit. — Hove- 
lacque.— lîï, 243. = Pronon- 
ciation de/*, s, ç, #, t vé(hque. 

— J. Vinson. -^ III, 81. sis f 
Tocal. — Hovelacque, V, 84; 
J. Vinson, VI, 3âO. == Sif- 
flante linguale du sanskrit, #. 

— Hovelacque. — V, 84. 

Prophétie (Une ancienne) en 
langue maya. — H. de Cha- 
rencey. — V, 389 ; VIII, 320* 

Prosodie. Esthétique du vei^ 
allemand* -^ Gh* Wiener. — 

VI, i. 

Races humaines (Pluralité ori- 
ginelle des). — H. Ghavée. — 
I, 432. 

I{a>cines indiennes (Sur les). 
Discussion. — L. Adam, Ho- 
velacque. — m, 23, 25. 

Racines verbales en basque. — 
H. de Gharencey. — V, 389. 

Rectifications. — VI, 38â ; VIÏ, 
81, 384. 

Redoublement de cinq formes 
grecques. — V, 124. 

Regret, regretter. — H. Gha- 
vée. - I, 223. 

Rio-Nunez (Idiomes du), côte 
occidentale d'Afrique. — Doc- 
teur A. Gofre. — X, 75. 

Roumaine (Langue). Son ortho- 
graphe. La** Société littéraire 
de Ëucharest. -=- Em. Picot. 
-■ II, 78, 827 ; IV, 368. 



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— 375 - 



jR vocal sanskrit. — ' 1. Vinson. 
— III, 81 ; VI, 336 ; = Ho- 
velacque. — V, 84; VIII, 
99. 

Sanskrit et aryaque. — M. 
Bréal. - I, 125. 

Satan ou le Diable. — J. Bais- 
sac. - IX, 55, 134. 

Schleicher (August). Notice. — 
Hovelacque. — II, 261, = 
Portrait. — ni, frontispice. 

Son articulé (Origine du). — 
A. Maurer. — X, 261. 

Stiengs (Les) et les Tiams. — 
A. Morice. — VII, 347. 

Syntaxe comparée. Adjectif et 

génitif. — L. Feer, — II, 138. 
iS sanscrit. — Hovelacque. — 

II, 457;- J. Vinson. — m, 

81. 
Tahle des tomes I à III, III, 

487 ; — des tomes IV à VI, 

VI, 375. 

Tame (M.) et la science du lan- 
gage. — H. Gbavée. — V, 120. 

Tamoul (Le mot). — J. Vinson. 

VII, 44. 

Tasse (Le) dans la poésie ta- 
moule. — J. Vinson. — VIII, 
52. 

Thèmes (De la désignation des). 

— Hovelacque. — II, 449; 
= grecs en art (Prétendus). 

— Hovelacque. — IV, 5. = 
Temi grâv, grav. — Pasa- 
nisi. — IV, 159. 

Théophile, Théophohe, — Gh. 
SchœbeL- V, 181. 

Thuki'im (Paons). Origine de 
ce mot hébreu. — J. Vinson. 

— VI, 120. 

Thwâhha, dieu de l'espace cé- 
leste. — Fr. Spiegel. — IV, 
20. 



Tiams (Les) et les Stiengs. — 
A. Morice. — VII, 347. 

Tiridates. — Girard de Rialle. 

— IV, 223. 

Tongouse (Grammaire)* — L. 
Adam. — VI, 129. 

Tout, — H. Ghavée. — IV, 
187. 

TranscHption du serbe. — S. 
Novakovic. — V, 263; = 
Hovelacque. — V, 282 ; VI, 
99. 

Transcription et prononciation 
de deux sifflantes sanskrites. 

— Hovelacque. — II, 457. 

V aryaque. Ses variations. — 
J. Oppert. — I, 128. 

Vab, vabh (Les racines). — 
Hovelacque. — VI, 101. 

VaHa. - m, 235, 366; IV, 
76, 81, 82, 95, 96; VÏII, 
351. 

Vâyu et Vâta, les dieux du 
vent dans le Rig-Véda et dans 
l'Avesta. — Girard de Rialle. 

— VI, 352. 

Védique (Époque). — G. Ro- 
dier. — Commencement, III, 
327;-fin, 1,304. 

Védiques (Études). — Girard 
de Rialle. — Introduction, 
Agni, I, 67; — Indra, I, 
215, 325; — Parjanya, I, 
432 ; - Aditi, II, 104 ; — 
Adityas, Visnu, II, 223; — 
la déesse des bois, jV, 273 ; 

— Vâyu et Vâta, VI, 352 j — 
les déesses des eaux, IX, 46. 

Vendidad (Observations criti- 
ques sur le xvin« fargard du). 

— A. Hovelacque. — VI, 313. 

Verbe. Formation de l'aoriste 
composé. — Hovelacque. — 
II, 276. = Formation du 



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\ 



376 — 







présent. — Hovelacque, — II, 
D. = Formation des futurs. 

— Joh. Schmidt. — III, 355, 
383. = Trois prétendus ver- 
bes simples (os, ad, an), — 
Hovelacque. — II, 267. = 
Famille naturelle des idées 
verbales dans la parole indo» 
européenne. — H. Chavée. 

— 1, 133, 254. = Le verbe 
basque. — J. Vinson. — VI, 
238 ; — De Gharencey. — VI, 
337 ; — J. Vinson. — VII, 
99, 322 : — De Gharencey. — 
VIII, 73. = La conjugaison 
dans les langues dravidiennes. 



- J. Vinson. - IX, 375 ; X, 
98. 

Vienna civitas sancta, — J. 
Baissac. — VII, 412. 

Visnu, — Voyez Védiques 
(Etudes). 

Voyelles (Notes musicales ca- 
ractéristiques des). — J. We- 
ber. — IV, KM. 

Wehen, — Hovelacque. — VI, 
101. 

Zend. Questions de grammaire 
zende. — Hovelacque. — III, 
156; V, 74,291. 



III. - TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES 
BIBLIOGRAPHIQUES. 



Adam (L.). — Grammaire de la , 
langue mandchou. — J. Vin- 
son. — V, 415. 

Adam(L.). — De Tharmonie des 
voyelles dans les langues ou- 
ralo-altaïques. — J. Vinson. 

— VII, 179. 

Alexandre. — Oracles sibyllins. 
Larocque. — III, 214. 

Arbois de Jubainville (H. d'). — 
La décUnaison latine en 
Gaule à Tépoque mérovin- 
gienne. — A. Prost. — V, 314. 

Ascoli (G.). — Di un gruppo di 
desinenze indo-europee. — 
Hovelacque. — II, 340. 

Ascoli. — Corsi di glottologia. 

— Hovelacque. — IV, 308. 

Attwell. — A table of the 
aryan laiiguages. — S. Nova- 
koviô.— V, 431. 

Autenrieth (D' G.). — Terminus 
in quem. — Hovelacque. — 
n, 362. 



Autenrieth (G.). — WÔrter- 
buch zu den homerischen 
gedichten. — VI, 291. 

B. E. — La légende de Mélu- 
sine. — Girard de Rialle. — 
V, 189. 

Bailly (A.). —Manuel pour l'étu- 
de des racines grecques et lati- 
nes. — Hovelacque. — III, 
475. 

Baissac (J.). — Origine des dé- 
nominations ethniques dans la 
race aryane. — Girard de 
Rialle. — I, 231. 

Bancroft. — Native races of 
the pacifie states of North 
America. — G. Maspero. — 
IX, 404. 

Barbe (P.) 
langue d'O. — A. 
que. — VI, 286. 

Bartsch (K.). — Sancta Agnes, 
provençalisches geistliches 
schauspiel. — E. Picot. — 
ÏV, 71. 



La vérité sur la 
Hovelac- 



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— 377 - 



Baudry (Fr.).— Grammaire com- 
parée des langues classiques. 

— H. Ghavée. — I, 468. 

Baudry et Delérot. — Les dieux 
et les héros (traduit de l'an- 
glais de Gox). — Ghavée. — 
I, 362. 

Beaufils (G.). — Phonétique la- 
tine. — Hovelacque. — V, 
404. 

Beaujean. — Petit dictionnaire 
universel (abrégé de Littré). 

— J. Roche. — IX, 190. 

Benfey (Th.). — Sur quelques 
formations du pluriel dans le 
verbe indo-germanique. — 
Hovelacque — I, 238. 

Beschi (C.-J.). — Clavis huma- 
niorum litterarum sublimions 
tamuhci idiomatis. — J. Vin- 
son. — X, 160. 

Blackley(W.-L).— Word gossip. 

— H. Ghavée. — III, 210. 

Bladé. — Études sur Torigine 
des Basques. — H. de Gharen- 
cey, J. Vinson. — IV, 43, 55. 

Bonaparte (L.-L.). — Le verbe 
basque, les dialectes d'Aes- 
coa, de Salazar et de Roncal, 
et autres pubUcations bas- 
ques. — J. Vinson. — V, 189. 

Brachet (A.). — Dictionnaire des 
doublets de la langue fran- 
çaise. — Hovelacque. — II, 
350. 

Brasseur de Bourbourg. — 
Quatre lettres sur le Mexique. 

— Girard de Rialle. — III, 
485. 

Brucke. — Grundzûge der phi- 
lologie und systematik der 
sprache. — X, 170. 

Budenz(J.). — Ugrische sprach- 
studien. — J. Vinson. — V, 
303. 



Budenz (J.). — Finn nyelvtan. — 
J. Vinson. — Vin, 152. 

Burgaud des Marêts. — Notes 
d'Oihenart sur Pouvreau. — 

— J. Vinson. — IV, 293. 
Burnell. — Aindra school of 

sanskrit grammarians. — J. 
Vinson. — Vni, 340. 

Bumouf (Ém.). — La science 
des religions. — H. Ghavée. 

— V, 328. 

Caix de Saint-Aymour. — La 
langue latine étudiée dans 
l'unité indo-européenne. — 
M. Fuehrer. — I, 358. 

Galdwell (R.). — Gomparative 
grammar of the Dravidian 
languages. — J. Vinson. — 
IX, 90. 

Cerquand. — Légendes et ré- 
cits populaires du pays bas- 
que. — Webster, VHI, 112; 

— J. Vinson, X, 164. 

Ghabas (F.). — Les pasteurs en 
Egypte. — Girard de Rialle. 
-11,248. 

Ghabas (F.). — Le calendrier des 
jours fastes et néfastes de 
l'année égyptienne. — Qirard 
de Rialle. — V, 104. 

Charencey (H. de). — Recher- 
ches sur les noms d'ani- 
\ maux, etc., chez les Basques. 

— J. Vinson, Girard de 
Rialle. - III, 107 ; IV, 73. 

Gharencey (H. de). — Le mythe 
de Votan. — Girard de Rialle. 

— V, 187. 

Gharencey (H. de). — Les ani- 
maux de la vision d'Ezéchiel 
et la symbolique chaldéenne. 

— J. Vinson. - Vm, 88. 

Gharencey (H. de). — De quel- 
ques idées symboliques se 
rattachant au nom des douze 



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i 



— 378 — 



flUi de Jaeob. — J. Vinson. — 
VII, 78. 
Ghassang. — Nouveaux exer- 
cices grecs élémentaires. — 
HoTelacque. — VII, 58. 

Chavée (H.). — Enseignement 
sdentifiqae de la lecture. — 
V, 447. 

Ghertzl (V.). — Sravnitelnaia 
grammatika slaTîanskikh, etc. 
— S. Novakovié. — V, 295. 

C&odzko (Al.). — Grammaire pa- 
léo-slave. — Hovelacque. — 

III, 465. 

Coelho (F.-Ad.).— Bibïiographia 
critica de historia e littera- 
tura. — V, 422. 

Coignet et Delon (MMm««). — 
Rapport sur la réforme de 
rinstruction primaire. — H. 
Chavée. — IV, 297. 

Collection philologique, premier 
fascicule. — Hovelacque. — 
II, 476. 

Gorssen (W.). — Aussprache, 
vokalismus und betonung der 
lateinischen sprache (2» édi- 
tion). — Hovelacque. — HI, 
89. 

Cox. — Voyez Baudry etDelérot. 

Culmartn(F.-W.).— DieNamen 
der raubthiere in verschiede- 
nen sprachen. - E. Picot. — 

IV, 72, 

Culmann (F.-W.). — Aspira- 
ten; dslh, Zahhvorler der 
indo-germanischen* — V, 
341. 

Culmann (F.-W.). — Geheim- 
niss des spiritus asper. — VI, 
199, 

Curtius ((j.). — Grundzûge 
der griechischen etymologie. 
^ Hovelacque. — I, 98. 

Curtius (G.). — Studien zur 



Griech. und Latein. gramma- 
tik. — Hovelacque. — ÎI, 
358 ; m, 84. 

Daniôic. . — Dictionnaires my- 
thologiques serbes. — È. 
Picot. — X, 351. 

Daremberg et Saglio. — Dic- 
tionnaire des antiquités grec- 
ques et romaines. — Girard 
de Rialle. - VH, 79. 

Darraesteter. — Haurvatât et 
Am^retât. — Hovelacque. — 
Vm, 248. 

Dasconaguerre. — Atheka gait- 
zeko oihartzunak, — * J. Vin- 
son, — IV, 75. 

Dechepare (B.). — Poésies bas- 
ques (15^), nouvelle édition. 
— W.-J. Van Eys —VH, 70. 

Delbrueck (B.) — Syntaxe indo- 
germanique ; ablatif, locatif 
et instrumental. — H, Cha- 
vée. - I, 476. 

Derrécagaix (V.). — Notice sur 
les Basques. — J. Vinson. — 
X, 168. 

Didot (A.-F.). — Orthographe 
française. — H. Chavée. — 
II, 251. 

Donner (0.). — Finsk-Ugriska 
sprakforkningens historia, — 
J. Vinson. — VI, 296. 

Donner (0.). — Vergleichendes 
WÔrterbuch der Finnisch- 
Ugrischen Sprachen. — J. 
Vinson. —VII, 177; X, 163. 

Donner (0.). — Lieder der 
Lappen. — J. Vinson. — 
VIIl^ 339. 

Drouin (E.). — Recherches his- 
toriques et étymologiques sur 
la langue anglaise. — Girard 
de Rialle. — VH, 382. 

Drouin (E.). — Grammaire 
théorise et raisonnée de la 
langue allemande. — X, 175. 



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— 379 



Edmôïistott. <*• Là parabole du 
Semeuf erî écossais des She- 
tlands. ■»- J. Vinson. — VI, 
298.. 

Eguren (J.-M. de). — Metodo 
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tiUano en las escuelas vas- 
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m, 208. 

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rale indo-européenne, ^ Ho- 
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Esquer (A.). — Les castes dans 
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^-'-'— lis. — J. Vifison. — 



m, 59. * 

Eys (Vaii). — Étude sur l'ori- 
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basque. ^ J. Vinson. — IV, 
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Faidherbe (Le général). --- Le 
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X, 172. 

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du Mahâbhâratà. — Girard 
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Festschrift Herm Prof. Fleis- 
cher zu seinem funfzigjaeh- 
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Hovelacque. — VIII, 87. 

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1^« et 2<* éditions. ^ H. Cha- 



vée, A. Hofvelaccrae, — I, 
368; V^105. 

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VIÏ, 71. 

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H. Ghavée. — II, 480. 

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Geiger (L ). — Ursprung und 
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H. Chavée- — III, 85. 

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tion of tiie tenth century. 

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de grammaire franco-serbe. 

- J. Vinson. — IX, 88. 

Hecquet-Boucrand. — Diction- 
naire étymologique des homs 



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— 380 — 



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Chavée. - I, 481. 

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vieille langue française. — 
E. Le Héricher, — VIII, 263 ; 
IX, 144. 

Hœpfner et Zacher. — Zeits- 
cnrift fuer deutsche philolo- 
gie. — Hoveiacque. — II, 
419. 

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la langue zende. — E. Picot. 

- III, 2-19. 

Hovelacque. — La linguistique. 

- J. Vinson. —VIII, 2&. 

Hûbscbmann (H.). — Ein zo- 
roastrisches lied. — V, 324. 

Hûbschmann (H.). — Avesta 
studien. — \1, 187. 

Humbert. — Clé de la langue 
allemande. — YIII, 160. 

Hunfalvy (P.). — A kondai 
vogul nyelv. — E. Picot. — 
V, 307. 

Hunter (W.-W.). — A compa- 
rative dictionary of the non 
aryan languages of India and 
high Asia. — H. Chavée. — 
II, 364. 

Huss (H.). — Lehre vom accent 
der deutschen sprache. — X, 
171. 

Husson (H.) — Mythes et mo- 
numents comparés. — H. 
Chavée. — II, 136. 

Indo-germanische chrestoma- 
thie. — Hovelacque. — III, 
227. 

Inman (Th.). — Ancien! faiths 
embodied in ancient names. 

- H. Chavée. — I, 479. 

JacoUiot (L.). — La Bible dans 
rinde. Voyage au pays des 
Bayadères. — J. Vinson. — 
VII, 285. 



Jireéek. — Bibliographie de la 
littérature bulgare moderne. 

- E. Picot. — V, 423. 

JoUy (G.). — Vergleichende 
syntax. — V, 336. 

Justi (F.). — Traduction du 
Bundehesh. — Hovelacque. 
~ H, 247. 

Koch (C.-Fr.). — Historische 
grammatik der englischen 
sprache. — Hovelacque. — 
II, 352 ; ni, 84. 

Kossowicz. — Sarat'ustricae Ga- 
t'ae posteriores très. — A. 
Hovelacque. — IV, 316. 

Kraushaar (L.). — De radicum 
quarundam indo-germanica- 
rum variatione. — Hovelac- 
que. — ni, 377. 

Kurelac (F.). — Chants popu- 
laires croates. — J.-G. Ji- 
reôek. — VI, 202. 

Lancereau (Ed.). — Panéatan- 
tra, traduction française. — 
Chavée. — V, 333. 

Laude. — Dupleix, le siège de 
Pondichéry en 1748. — J. 
Vinson. — IV, 403. 

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217; -IX, 3, 99, 231,345; 

- X, 34. 
Ascoli(G.-I.). —VI, 105. 
Baecker (L. de). — IV, 338. 

Baissac (J.). — VII, 112 ; — 
VIII, 13 ; - IX, 55, 134, 

Bonaparte (L.-L.). — II, 282. 

Bréal (M.). - 1, 125. 

Gaix de SaintrAymour (A. de). 

- I, 51,204;-II, 31§. 

Gbarencey (H. de). — II, 375 ; 
_ IV, 43 ; - V, 129, 220, 
389; —VI, 42, 337; -^ VII, 
81 ; - VIII, 73, 320. 

Gbavée (H.). - 1, 1, 106, 138, 
223, 234, 242, 254, 262, 368, 
406, 432,468, 474, 476, 479, 
4S1,483;-II, 55,114, 119, 
124,126,184,251,361,364, 
480 ; — III, 85, 210, 411 ; 

- IV, 187, 297, 298 : ^ V, 
85, 120, 267, 328, 333. 

Gorre (Dr A.>. — X, 75. 

Delbrueck(B.). -11,469. 



Derenbourg (H.). — IIÏ, 135 

— iV, 321 ; - VII, 380. 
Besgodins (A.). — Vill, 333. 
Bureau (A.). - V, 337, 446 ; 

— VI, 205, 302 ; - VIÎ, 82, 
185 ; — Vm, 89, 161, 249 ; 

— IX, 302, 411 ; - X, 186, 
354. 

Eys (W.-J. Van). — VI, 183, 
383 ; - VII, 3, 70, 269. 

Faidherbe (Général L.). — VII, 
195, 291. 

Feer(L.) —Il, 133. 

Fuehrer (M.). — I, 84, 358. 

Gàffarel (Paul). - IX, 255. 

Gaussin (L.). — II, 199. 

Girard de Rialle. — I, 67, 215, 
231, 328, 422, 456, 490; — 
II, 104, 223, 248, 285, 428 ; 

— III, 49, 484 ; - IV, 14, 
73, 161, 223; — V, 102, 
104, 186, 187, 188, 189, 273, 
425 ; - VI, 188, 189, 352 ; 

— VII, 71, 75, 79,81,382; 

— VIII, 7, 81, 140, 349 ; — 
IX, 46; — X, 159, 165, 
172, 288. 



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— 384 -- 



Gréxel (Is.), — X, 321. 

Halévy (J.). — IH, 175. 

Henry (V.). - X, 223. 

Hovelacque (A.). — I, 36, 98, 
166, 228, 238, 242, 282, 440, 
488; — 11,5,171,247,261, 
267, 276, 294, 340, 350, 352, 
358, 362, 447, 449, 457, 462, 
465, 476 ; — UI, 25, 84, 89, 
102, 156, 227, 248, 377, 465; 

- IV,5, 281, 285,308, 316; 

- V, 17, 74, 83, 84, 101, 
105, 115, 202, 291, 311, 312, 
323, 324, 325, 328, 335, 336, 
404, 414; - VI, 99, 101, 
102, 128,187,191,199,253, 
284, 286, 299, 313 ; — VII, 
54, 57,58,111, 169, 242; — 
VIII, 99, 129, 343, 187, 248; 

— IX, 26, 175, 300 ; — X, 
127, 153, 158, 167, 169. 

Jireëek (J.-G.). — VI, 200, 

202. 
Joannon. — V, 395. 
JusU (F.). - VI, 89. 
Larocque. — III, 214. 
Léger (L.). — IV, 40. 
Le Héricher (Ed.). - VIII, 263 ; 

— IX, 144, 195; — X, 175. 
Martin (E.). — VII, 16. 
Maurer (A.). — X, 261. 
Maspéro (G.). — IX, 404. 
Menant (J.). —111,61. 
Michels (Des). — III, 36. 
Miklosich. — IV, 97. 
Morice (A.). — VII, 347. 
Mueller (Fr.). - IV, 261 ; — 

VII, 110, 268; - VIII, 3, 
6. 
Novakoviô (Stojan). — V, 263, 
295, 370 ; — VII, 53. 



Oppert (J.). — 1, 128 ; — III, 

Pasanisi. — IV, 459. 

Picot (Ém.). — II, 51, 78, 314, 
327, 346 ; — III, 219, 381, 
483; - IV, 71, 72, 268, 
313, 401, 402; - V, 225, 
307, 423, 427 ; — VI, 61, 
266, 362 ; — VII, 279 ; - 
VIII, 167; — X, 351. 

Piètrement. — V, 349. 

Ploix. — IV, 101, 173 ; — V, 
168. 

Prost. — V, 314. 

Rédaction (La). — I, v ; — III, 
235, 245. 

Roche (J.). — IX, 190. 

Rodier (G ). — I, 304 ; — lU, 
122, 327. 

Scheler (A.), w J, 349,354. 

Schmidt (J.): - III, 355, 383. 

Schœbel. — V, 101 ; — IX, 
307 ; — X, 3. 

Spiegel (Fr.). — III, 113: — 
IV, 20. 

Vinson (J.). - 1, 381 ; — H, 
40,236; - m, 5, 81, 107, 
208, 294, 306, 366, 423 ; — 
IV, 55, 75, 118. 289, 293, 
295,403; — V,'5, 10, 190, 
221, 276, 303, 306, 398, 415, 
434; - VI, 120, 197, 204, 
238, 291, 296, 298; — VII, 
44, 59, 78, 99, 177, 179, 
282, 285, 322, 378, 384 ; — 
VIII, 52, 70, 88, 112, 152, 
153, 310, 339, 340, 241, 246; 

— IX, 74, 88, 90, 282, 375 ; 

— X, 98, 148, 160, 163, 164, 
168, 195, 210, 353. 

Webster (W.) — VIII, 117. 
Wiener (Gh.). — VI, 1. 



/ — ^ïfciair^^p^— . 



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