PER BR 140 .R42 v. 27-28
Revue de l'Orient chr etien
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REVUE
DE
L'ORIENT CHRÉTIEN
DIRIGEE
Par R. GRAFFIN
TROISIÈJVrK SÉRIE
Tome VII (XXVII)
27' volume. — 1929-1930
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS
DE SÉVÈRE D'ÀNTIOCHE, À rOCCASION DTNE
RÉCENTE PUBLICATION
HOMÉLIES DONT LA VERSION SYRIAQUE VIENT d'ÊTRE ÉDITÉE.
M. l'abbé Maurice Brière vient d'éditer et traduire, avec sa
maîtrise accoutumée (1), un nouveau fascicule des Homiliae
cathédrales de Sévère d'Antioche (2) : Homélies 78 à83 : sur les
martyrs Tarachos, Probos et Andronicos (prononcée le 6 sep-
tembre 515), sur Matth. xv, 5-11, sur Tanniversaire de la
consécration de Sévère, sur Matth. xvii, 23-2G, sur Matth. xviii,
1-9, sur la Nativité oU l'Epiphanie.
Le fascicule se termine par les tables des homélies 77 à 83 :
Table des noms propres syriaques. Table des mots syriaques
étrangers ou remarquables. Table des mots grecs cités dans les
manuscrits. Tabe des citations de la Bible. Citation des Pères
de l'Église (il s'agit ici d'une citation de saint Ignace aux
Romains; le grec de Sévère figure avec quelques fautes,
PiG., CXV, col. 1080, 1. 12 à 15; il a plusieurs traits communs
avec la rédaction plus longue, éditée par M. Cureton, Corpus
Ignatianum, Londres, 1849, p. 47, et s'ajoutera aux fragments
d'Ignace compilés d'après Sévère, ibid. p. 212 à 219) (3).
Nous avons ajouté à ce fascicule six fragments grecs déjà
édités par Cramer, Mai ou Ghislerius, qui correspondaient à
trente lignes du syriaque; nous avons pu depuis lors étudier
(1) Voir les éditions précédentes d'homélies de Sévère par M. Brière, P. 0.,
t. VIII, fasc. 2; t. XII, fasc. I.
(2) P. 0., t. XX, fasc. 2, p. 271 à 434, Paris, Firmin-Didot, 1928. — Prix 28 fr.
(3) Ed. J. B. Lightfoot, The aposloUc Fathers, Londres, 1889, II, 214-5, cf. I,
183-8 et 324. V
[1]
4 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
de nouveau cette question et avons trouvé des fragments
grecs inédits des homélies 81 à 82 qui correspondent encore
à 90 lignes du syriaque. Nous avons reconnu de plus (1)
que Thomélie 78 sur les martyrs a été insérée, souveiit mot
pour mot, par le Métaphraste dans sa compilation, ce qui nous
rend encore le texte grec de la moitié au moins de cette homélie.
La parenté littérale des deux textes ne peut pas être expliquée
autrement : il n'est pas vraisemblable en effet qu'un rhéteur
comme Sévère ait étudié et récité mot pour mot dans son sermon
un texte grec préexistant, tandis qu'on comprend très bien
qu'un compilateur comme le Métaphraste ait inséré mot pour
mot le texte de Sévère dans sa compilation, en le modifiant
lorsqu'il le jugeait bon, surtout au début (2).
Ces martyrs Tarachos, Probes et Andronicos sont connus par
une rédaction dialoguée plus ancienne, éditée par Ruynard dans
les Acta sincera, cf. Acta SS., octobre, V, 566 à 584, et dont
la version syriaque a été éditée par le R. P. Bedjan, Acta
Sanctorum, Paris, 1896, t. VI, p. 171 à 209. Ici le martyre a
lieu dans trois villes successives, Tarse, Mopsuesteét Anazarbe.
Sévère mentionne cette trilocation lorsqu'il écrit, p. 278-9, que
« Maxime rendait la justice d'abord à Tarse de Cilicie et en
dernier lieu à Anazarbe », mais il ne localise pas davantage les
trois phi' s^s du martyre et il abandonne la forme dialoguée qui
ne se prêi^ pas au genre oratoire, il ajoute un court exorde :
« la constan ^ de ces martyrs doit nous enseigner cette vertu et
nous portera aettre d'accord nos actions et nos paroles »; on
peut ensuite rec; istituer facilement le schéma qu'il a emprunté
aux actes préexistants, connus sans doute de beaucoup de ses
auditeurs, et qui ce nfiprenait les tourments caractéristiques de
chaque martyr dans ciiacune des trois phases. A la fin aussi (3)
(1) Nous l'avons déjà annoncé ilans une note du Bulletin de V Institut catholique
du 25 avril 1928, p. 129 (y lire : ja-obite et 515 au lieu de : jacobiste et 575).
(2) On peut d'ailleurs confirmer ceci par des remarques intrinsèques en mon-
trant que le syriaque (S) l'emporte sur le grec métaphrastique (M) p. 278i5-279,
S mentionne Tarse et Anazarbe comme ies Acta sincera; Mies omet ;p. 2808-«s, S
met mieux en relief ce qui est « loi des pères» ou « loi étrangère »; p. 280i3- S
porte avec raison : frappé « de nombreux coups » tandis que M donne à tort :
frappé « pendant beaucoup d'heures », etc.
(3) p. 291-294. ^
[21
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES- GRECS DE SEVERE D ANTIOCHE. 5\
il mentionne, dams Tordre des-^ Acta sincera, l'envoi des bêtes
en général, puis d'une ourse, d'une lionne et des gladiateurs.
Il brode sur cette trame en écourtant l'original et ajoutant
cependant quelques jeux de mots.
Nous donnons ici trois fragments grecs de T homélie 78
d'après le Métaphraste, pour que l'on puisse constater l'identité
du grec et du syriaque. Nous ajoutons ensuite des textes,
inédits jusqu'ici, des homélies 81 à 82 tirés en particulier du
manuscrit Coislin n" 24, pour rendre service à l'helléniste qui
compilera les textes grecs de Sévère lorsque les versions
syriaques seront éditées. Nous renvoyons chaque fois à la
traduction de M. Brière à laquelle il n'y a rien d'important à
changer, même lorsqu'il n'a pas connu le texte grec.
HOMÉLIE LXXVIII SUR LES SAINTS MARTYRS TARACHOS, PROBOS
ET ANDRONICOS.
Syriaque, p. 279, 1. 2-10; Grec, Migne, P.G., t. CXV, 1069,
1. 13-22. Tarachus comparait devant le juge Maxime :
riapsAÔtov ûq p.;ffcv, èpwTYjOst? ôaTiç %aXst-o, -/piJTiavsv àajTbv îù'^.o-
AOYT;a£v, [ji.ovovoUy(t Ae^wv -pb? tsv à'otxsv oixaîTVjv, w;'"Oz£p au $iwx,£iç
o>^ è'vxA'/jpia, TCJTO xijfj.;; ï\j.z\ 7,y). svo[j.a y.jpiov. 'E-eiî-/; Bè y.aî ib èx
Twv Yov£a)v i-t/.Xï;Oàv y.aTa/p-/;7ri/.bv [/.aôstv y.al xouxo çiAsvî'.y.sîç,
Tocpa-/iç ôvc;aâÇ;;j.ai, TTpxTiwty;^ lï wv, •^pvY]jâ;j.-^v to y.aTO) stpatsu-
eaôai, àzsÎTuep TaoTCÀoc-ràiv -/piTitavoiv •/jjj.wv sj ïapy.iy.i, àX/vi cjvaTa tw
0£w y.axà OauXôc ?r;t7i ■jîpb; y.aOx'psjiv tcu àv:r/.£i;jL£vcu.
Syriaque 280, 1. 5-10; Grec, ibid., 1069, 1. 23-28. Suite de la
réponse de Tarachus :
IIpaTT£ 5UV PojA£t* "EffO[xai vip ffot Sii -rbv Iv Èjxîi 0£bv y.Évipov xa't
lâpayoç, X3tl [^.•r,T£ tou yv^pw; £[Ji.£ y.al x^? irsAia? 6-s;ji;j.vr;jy.î t'^ irpo-
Ouixia v£â!^ovTa, ^.r^■zt ty;v aAoviav twv «jwv ^aatAf'wv, -axpwsv àTcoxâÀEt
vc[xov. Eiç Yàp-^ixcov xai àAïjOr;? naxrjp , cBeo;, cç -/.càtlq xb £Îvan:apV)-
7aY£v.
Syriaque 280, 1. 13 à 281, 1. 6; Grec, ibid., 1, 34-41,
is.
[3]
Tourments infligés à Tarachus. Sa constance
6 ■ REVUE DE l'orient CHRÉTIEN
Kaxa Toy aù^évoç Ixi "KoWcilç Todq wpaiç £tut:t£TO, ou [J-Y;3è ty;v
6éav jAOVYjv 0'. irapsaTÔ-sç f^Sovavxo xaptepsiv, oib y,ai vouxeôeiv k-Keyj.'.-
pouv, ïva T^ç {j-(i)poAOYiaç wç aùxoTç èâôxsi [xeTâ6Y;xai, zpbç o'ùç è [xàp-ru;
y,ai (jçoopa "^e sjçuwç" 'Ev é^-^KOVta oXoiç Irsat ty;v [j-wptav xaÛTYjv
<5?i)vOtc6v(ji)(; àTAriaoLq, èv wpa [Jii5 to ypovibiç XTY;Oèv, cuToi paSîwç àT:wŒG[;.ai.
Syr. 281, 1. 9 à 282, 1. 8. Grec, ibid.,.lOm, chap. iv.
Interrogatoire de Probus. Tourments qui lui sont infligés :
Elxa y.al c xxô' YjXu.tav Ssùxspoç -Koip-qyji-q tô jâ-^jj-ati, à|Ji.£AYjTl y.a'i
auv/jY[j,=voç T:avTa s'.tuwv l'va [ji.y; xaî jSpaSùvv; xaGsîv, sçy] ^àp tï;v aèv ôsiav
y.ai e^atpîxcv TrpcurîYoptav xaXou[ji.ai ^picTiavoç, tyjv àvôpwrriviQv oè, ITpo-
êoç, 0pa^ £l[J!.v TO Y£Voç, iSiwr^ç tov ^icv, xàç twv ^otaiAlo^v y,ai Taç aàç, w
SixauTa, xaxà tyj; zliatSeiaq otaTuxûwv Ti[;.iç, 0'!»x vj^W"» Bè xa't ty;v Û[j.£Xc-
pav çi)a'av, wç âuatwaav 0£OÛ, tuoaXou yàp £TCpia[;.Y;v to £Îvai )(pi(TTtavbç,
iravTwv Ttov ûirapy^ivTwv oùy. ôXi'ywv cvto)v ywaTa(ppovifi!7aç, Sià ty;v toU
nv£U[xaTOç âvToXrjV. Kal xauxa elxwv, oia!^a)(7G£t; t£ y.ai £XTa6£iç, v£upo>v
j3oei(i)v [^.affTtyaç xa6a-£p viçâBaç àOpoiç y.al •KoXXàç £.Sé^£TO, y.ai tw
ai\).iXTi xaTapSo[ji,£VY;ç t^? y^ÇjXal TÔivKcptsiTTWTwy £xxXr(TTOiJi.£Vwv xai ^owv-
T(i)v aijTw' p^£X£ TO ©o8£p(i)Ta'iOV TCUTO ^£U[;wc, y.oà if£îaai aauxou, 6 ixâp-
Tuç àxiSwv xpbç aijToiç* ru;j,vaa-Tixbv £lx£v IXaiov xb at;ji,a toutI XoY(J^ojj.ai*
âib xal [^.aXXov xpbç tcùç àyâvcz; xX£Ov àXsiçCjaat.
Toute cette liomélie est donc à éditer parmi les œuvres de
Sévère. On emploiera un caractère plus petit pour les passages
ou les mots qui ne figurent pas dans la version syriaque.
HOMÉLIE LXXIX.
p. 318 fl52], 1. 8-13. Grec édité, tbid., p, 422 [256].
Homélie lxxx.
p. -332 [1661,1. 6-8, i6««f.
p. 341 [175], 1. 13 à 342 [176J, 1. 8, ibid.
14]
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'ANTIOCHE. 7
HOMÉLIE LXXXI (1).
Elle est intitulée : « Sur ce qui est écrit dans l'Évangile de
Matthieu : Quand les disciples arrivèrent à Capharnaiim, ceux
qui perçoivent le didrachme s'approchèrent de Pierre et (lui)
dirent : Votre maître ne donne-t-il pas le didrachme? et le
reste », Matth. xvii, 21-27. Les fragments grecs retrouvés se
rapportent tous trois au verset 27 : « Pour ne pas les scanda-
liser, va à la mer, jette l'hameçon et tire le premier poisson
qui viendra, ouvre-lui la bouche et tu trouveras un statère.
Prends-le, et donne- le-leur pour moi et pour toi. »
p. 363 [197], 1. 7-10 :
Kat TGV àva6âvTa 7:p(ï)tcv î)^6ùv apcv, ■irapîa-TYjci.v aÙTCv xal GocXâjsr,;
xaî Twv £v ix\j~ri -/.ai Travtbç (jzziy^tiou SyjjJMCupyov sivai Tov Kûpiov, ù>q uibv
ïSiGv Toy 0£cij y.ai IlaTÉpcç.
p. 364 [198], 1. 3 à 7 :
b yàp l'/J)\jç oZ-cq TJTJCV tr^s.v/e -f,q èx-/.Ay;cj(aç ~f,q tSkoli, tï) xrj^ à-i-
aiiaç àXti-r; xai 5£',aioai;xov(aç y.at ^aOÉo)? èv ^uOw x£y.aAu;j,jX£Vifjç, y.ai -capa-
^yjç y.al ^ôCkr^q twv Pia)Tiy.à)V fjSovwv y.o[Ta6î6aT:-i(Tjx£vY);. 'AvayGsiV^ç Se
Tt5 àYi<.!^7Tp(j) Twv â-CŒTÔXwv, là) Si5a(7'/,aXty.6) xal àXtsuTiy.w /.ai 6y;pûvu
aÔyw -pbç ty;v tcu ©îoj yvcoaiv xotî i/. ay.ÔTOuç Y;[JLa? xaXéaavTOç sic to
p. 364(198], 1. 12à367[201],l. 1 :
Atà TCu-0 yicp tcv àvacâvTa TrpwTOV '.yôijv sl-sv* îva cù [^.£V -o\) ava-
6âvTa" gy;Xu)(7y; xb î3a6cç t^ç -irXavYjç oôsv àvY)-/6Y;iA£V, cià ce xou -pwxoV
xb £uy,oXov xy;ç oiSaay.aXtaç y.al azcvcv. 'Q? a[j,a xb "/aXaG-ôvjvat xb Xs^t-
xbv à'Yxiaxpcv, àxcXGu6£Îv xy;v 6-(^pav ajxô;xaxov, sxi ^ip j;.ujx-^picv t^v
Kat X'jTcou TïX-^puxri? if; xoU r/Oûcç aypa xal oj Gay[xa [aovov, oùx £l'r:£v'
(1) Il y a des chaînes qui reproduisent Sévère avec assez peu de fidélité. Nous
les donnons en note. Voici par exemple un texte édité par Cramer, I, 142, qui
. ressemble à 358 [192], 1. 6-9 :
Tivo; £vex£v ol ta SiôpaxiJia XafiSàvovxeç, otOTw |Jièv oùx èT6X(xiri(7av upous/Ôiïv, àX).à
Tû néxpti), xai o06è TOÛT(p (Aexà TtoXXfîî T?i« (TfoSpÔTTixoç', àW èmeixéaTEpov ; oùSè yàp
éyxaXoûvTEc, à).X' èpa>TwvT£Ç eXeyo''' « ô ôiSâaxaXoç ùjxwv ou teXei ta ôt'Spaxf.a ; «La
suite est de S. Jean Chrysostome.
[5] .
8' RETUE DE l'orient CHRÉTIENv
Eûpr^aetç ev tw lyôui ataTvjpa y-aTaTioôévTav^âYj y.ac £tç y^'^'^^P''' '^^P'^^^l^"
f6évTa, âXX' àvot^aç xb axojxa aùxou, Beixvùç <l)ç tw aTÔ(ji,aTi TcapaxaTsi^^
Tov - ffTatTJpa, ôstoc' xe^euast 5iay,ovouiJi.£VOç (1), xàvxa Y^P ^^'^ lovaxâ'
xat.xà-xfjç âtSaay^Xia^ âûpov èiJiipatvwV oiuep è'fjLeXXov ètcI axâi^axoç çs-
p£iv> ot xw à^p^roxpco xô Xo^iy-w xwv àTCOaxôXwv àYp£u6T;(j6}ji.îvot. Tbv âè
(jxax^pa* vo[A£a[xaTOç etâoç voYjxéov, .Yj'XpoaoQvî^ àp^upouv, xb ÛTcèpjaùxoû.
xéXoç /.at xou Iléxpou xXvjpouV oxt, Se i^ xwv ôeiwv XoYtwv y.al y.pi[ji,axa)V
BiîauxaXia XP'^'^^^ xaiàpY^pw Tcapsi^wcaxat, âïjXotxàôsôzvsuffxa Ypâ{A[JLaxa.
x^ [xàv XeY^vxa* Ta y.ptjxaxa xoO Kupiou àXyjôivà, âsSaatwjxeva èici-
xoauxb, èxtOyjjLYjxà ûzèp -/putriov xoti XtOcv xi'[j't2v woXiJVi 0.^ Se* "Apyupoç
TcexupwixÉvoç ^fkîùcacK, Sixaiou, xai xà XoYia Kupîou XÔYta ^yvà, àpYÛptov
7U£Tiupa),a£vov §oxt[;.iov x^ Yyj.
Tb §£ £tpY);ji.£VOV 'Ex£Tvov Xaêwv obç aùxoïç àvxi àixoi) xat aou, ffY3[j.a(-
>£t xbv riéxpov £lvai xpwxoxoxov, y.ai xw XiX£i xwv otopi)([/.u)V àxoXoû-
ôwç ÙTC£ii6uvov. 'Eauxw 3è auv£xa^£V 5 StSatyy.aXoç, xi[j(.(ov wç xopuçaiov
y.al xpwxoTxâxYjv xà)v [jLaôïjxûv. Abç aùxoi; âvxl èpiou y.ai aou, 8ià xou
xûxou Powv, xaxaêaXXÉaGo) xb cçXY)[Aaxv3ç à[;-apxbç, àvxt £ixou4>.£v olxovo-
[jLixôJç, XYJ âè àXYj6£(a' àvtî aoi, y.al 7râïY;ç àvOpiOTCÔx'/jxoç.
HOMELIE LXXXII.
Sur Màtth., xvni, 1 : « Les disciples s'approchèrent de Jésus
en disant : Qui donc est le plus grand dans le royaume des
cieux », etc.
Les premiers fragments commentent Matth., xviii, 3, d'abord
le mot Amen et ensuite l'obligation de se convertir et de
devenir comme de petits enfants.
376[210j,l. 12à377[211],L3:
xb 'A[XYiv £y. xr^ç 'Eôpatwv s'.ç xr;v 'EXXâBa yXwxxav ;j,£xa6aXXô;j.£-
vov- aYj[/.a(v£i xb y^'^'cito" xcuxo cuv i3oùX£xat. xb àj^-'/jv Xi^***' ûs^-î'^' tix^^^vEi
(Ij Da^ns Symbolorum in MaUhaeum, interprète Dalt. Corderio. s. j., Toalduse,
1647, t. II, p. 248, sur Matth. xvii, 27, on trouve un texte qui correspond «à 365
[199], 1. 4 à 7, mais qui est un remaniement :
^'ijffîv ô IwTTlp TÔ Il£Tp(p' âvolÇa; tè o-rofia toù t/^ôyoç eôpr;oetî dTax^pa' oùx tlm ôè
xatanoôfvTa tbv oxaTîJpa ûtto tïjî lyôyoc* ÔEtxvùç w; èv x^ (TTÔixari xacTtï/sv aÙTÔv ô
I-/6ÙC, iticf xiXtûaei Staxovovfievo;.
[6r
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCHE. 9^
XÔYOïç TO Yi'vsffQai.
377 [211], 1. 5-11. Le grec est édité p. 423 [257].
378 [212], L 1 à8 :
To Bè* iiv ,aY; Ttpaj^TS (2), ty;v àpvY;atv y.ai tîAsuv àz5<JTp09Y;v toU
TCaXaisu y.ai sixraOcuç àvOp;Ô7:ou orjXct, r^q s', tx^ -ciç ■jravisXw; èziXâOstTO,
xxià Tb 7:at5i3v v^vÉaGai cj SJvaTai, xal y^p "^XOsv à-C7;ji.f;;ai Tbv TraXaibv
àvcpûvTa, y.aivî'av y;;j.wv à-sSsî^ai ty;v (pûaiv XpKJTS? [j//; ïyo^izxi axi'Xov
r^ puTica, 7^ Tt Twv TîicJTwv. Au TOUTO HauXc; è'XîYSv' Eï tk; iv Xpwtw
xaivïj y.Tiïtç, -à àpyjxîoi -ap^XGsv, îccj yivsvî xi TCOcvTa xatva (3). Tcuxo
CUV TO <7-pa^Y;va'., -o twv àp)ra(o)v y.al ij.279tjP(5v èîrtXaôÉdGai cruvY;Osio)v.
379 [213], 1. 13 à 381 [215], 1. 2 :
eux îîzîv* "0; iv (Txpxçf, y.al Y£vr,Tai w; xb zaïc'lcv tsuto, oStoç isTiv
6 [Asî^wv èv TT^ ^T'.Xîia Twv cùpavwv, àXX' èàv [x/; TTpaçvj-î, où [xy; e'.aéXT
0-/;-c cU Tv;v ^affiXîiav xwv sjpavwv. T^jlîî; 9r,at ::epî xwv TcpwTîîwv àjxçi-
a6Y3T£TT£, y.al -:ï;v ■TTpwTr^v.Ta^iv çav-âsîiiOs, 3'^£s£T£ 3è [aiq-w; û[;.îv -oX-
Xwv lâpwTiov âsî, Tîpbç Tb [^iXtç tf)? eIjsSou jjôvïjç t^ç £!ç -ïiv ^auiXsiav
Tu/civ. '0 [xèv CUV Ma-cGaîsc (4) £Î7r£V £cpa)rr,y.£vai t2jç ij-aGr^xà;, xb xi'ç
£Ïy; txîiÇwv* Acuxi; oè 3xi ciîXîyi'Çovxo" Mâpy^; âà bxi àXXrjXct; xpod-
oicXs'yovxo, /.ai Siâçopa [^iv xà î'.pY;[X£va irap' éy.àaxsu, xi xp-a cà àXrjOvJ,
xai £'.plJ^w y.ai xa;£i Y£vi[j.£va* zpwxcv [j.£v B'.£X;yi'<î3cvxc, oîûxcpov Se -irpbi;
àXXr;Xî'j; ola $•}; j'j^r3xojvx£; èXâXirjjav, xpixîv ïtÀ xb èpwx^jai Tupor,-
-/Oï;7av, xai Exaaxo; xwv auYTP^'î'^H--"'*^''» "^^ £v [xivov xwv ■::ap-^y.:Xou6'/;y.ô-
xwv îjxopr,ffaç i^Xt,6£uî£v. Où y^P' "'s âXXizw; îtrôiv 'btù^o'j; é'/zi xaxYJY^"
pi'av, f, xivc; îivai bXw? ivavxtaVjîu^c, âvavxiwji; y^P ^'^•-"■^'^ ^^^'^ "^^
(1) Dans lé même ouvrage, p. 250, sur Matth., xviii, 4, on trouve :
T"o 'AfAïlv Xsyw ûftïv, toûto oripiaîvei 67%, tô ytvfiièiiz^ot Trivrw; ^lyw Oiaïv. Cf. 377
[2111, L 1 à 2. Cf. Justin, Apol. i, 65.
(2) Ibid., p. 250 :
To ôè àv |jufi a-rpaçfîTE' tt^v na-TEXri àpvsaiv xal àTToatpofTiV itpô; Ta TtâOiîxai tôv na-
Xaiôv âvôpwirov, SriXoï. Cf. 378 [212], 1. 1 à2.
(3) Il Cor., V, 17.
(4) Ibid., p. 250 :
xac ô (iiv MaxÔato; toù; \ut.^r\xii çTjdtv é?a>tr,ff*i tôv XptffTbv Ttç et-ri [leiÇwV ô 5e
Aooxâ; Eiirev ott Ttpôç àÀXr.Àou; ôteXIyovTO' êv5éx£t«i Se xat àpiçôrepot à),iq6îi eîvaf xaî'
npÛTov jxèv TTpô; àXXi^Xoy; ôtaXg^ÔTivai" etta xai tôv .Xpiaxiv ènepwtî^<7at- irsçl wv'5tri)i-
Xeriffav. Cf. 380 [214], 1. 5 à 10.
10 . REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
TO etTusïv Tw èT£p(j) xapa)v£t(p6£V.
La fin explique le texte : « Il est nécessaire qu'il y ait des
scandales » 383 [217], 1. 4 12; grec édité /6/^., p. 423 [257].
393, [227], 1. 8 à 394, 1. 10 :
Et âvâvxYj Ta axâvcaXa èXOsiv, xwç 6 t^ àvà^xY; G'jvhi0où[).zvoq xal
uxavSaXicwv èo-T;v ÛTuaixioç ^ xb v^p ■/-ar/]vaYy.a(7[j,£vov o-UYYva)[j//)ç à^iov, où
xaTUYJYopia 67:£Ô6'jvoV èzsiOY) t-/;v àvâY'/.v;v xwv axavBâXwv, ol (jy.av5aA(-
ÇovT£ç £Y£wpY'';'Jav, xàç a'.xiaç xwv av.avoâXwv T:pcxaxa6aXXô[j.£voi xal
£iç xouxo ffUV£Xa6£vx£ç, w(T7i£p £1 xiç îaxpoç (1) ôpwv xov y.à[j.vovxa
voacTcoiaîç atxiaiç àçopixiç B£C(i)x,6xa xai AaSpw 7:up£xw (7uv£'/i[X£vov,
xat Trpbç çp£ViVr;v ào-6£V£iav â^cxEïXai [j.£XXovxa (p-^a-£t£v' Oùa: xw /,â[j.vovxi
«Tib ifiÇ çp£Vixi$oç" àviyy.ri -^ip £(7xtv IXOeîv xr,v (pp£vixiv, 7:Xr,v oùat xw
•/.a[Avcvxi àvGpo'jTuo) ci' oO y; 9p£vixi; è'pyîxau 'Evxauôa y^P ^ù x-/;v àvdtY-
•/.•^v xoS "/aX£7:ou voc7Y)[xaxo; a'.xiaxéov, àXXà xbv xàç àçopjAaç aux?) 0£C(»)-
xôxa, xaûxrjç y^P £V£y.a Tf,ç a'txiaç, ïva [i.-^ xt? £i'xY; x^ <pija£t xrj ■^[j.£X£pa,
auYX£"/-Xrjpà)76ai (3tato)ç xy;v xûv av.avoiXwv oc'^i'^v.r,^ , ohv. £Î7:£v ô Kjpioç'
O'jai xw Y^V£i xôv àv0pw-(i)v, âXX' oùai xw xôa;ji.(»). Kôajj-ov y^P <ruv'r,6£>;
x'^ 0£(a Ypaçyi, 'bv èv «[xapxtaiç ^l'ov, xal xoj; jj.îxiôvxaç xouxov à-oxxXîfv,
Bib xal xoiq [j.aOrjxai; £X£Y£V T[j.£tc eux àaxè èx xoj xôa[;-ou. Koi.i~ci-^s.
xat ajxoi [jipo? -^aav xwv èv xÔ7;j,w aovxojv àv6pwzo)v, àX).' èttîiBy; ;j/J; £v
à[/.apxiat^ ï^hi^, c'jx "^cjav èx xcu y.ô^\).c\i.
HOMÉLIE LXXXIII.
417 [251], 1. 4. Grec édité ibkl., p. 424 [258].
Le présent fascicule présente donc de nombreux sujets
d'études : l'homélie 78 sur les martyrs est à comparer au
Métaphraste et les fragments grecs précédents sont à rappro-
cher du syriaque : les homélies 79, 81, 82 intéressent l'exégèse
biblique et affirment en particulier quelques fois de plus la
primauté de saint Pierre, 366, 372-4, 388; l'homélie 83 para-
(1) Jbid., p. 251, sur Matth., xviii, 7 :
"fi(T7t£p yàp Éav Ttç laTpb; tôv vodoùvxa ôpà Xaupw i:up£Tw ffy.exôfiEvov, xai (xri tïïvOo-
[levov aÙTw, OpTiveT èirt toûtm w; àviàx^" oûtw xat 6 Xptaxb; iÀyeï, oy liiévov in\ toï;
ffxavSaXi'ÇouCTiv, à^à y.ai Toï; a;:jvavaaTpeço(i.£vot; a-JToC; 5ià TÔ àvtaTOv. Cf. 393 [227],
1 12, etc.
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCHE. Il
phrase les mots Gloria in excelsis Deo et montre aussi, une
fois de plus, que le texte dlsaïe : Ecce virgo concipiet,
désigne bien une Vierge, 413-418; les théologiens trouveront
de nombreuses digressions contre les deux natures 328, contre
Eutychès 329, en faveur des. locutions monophysites relatives
à l'incarnation 330, 331, 355, 359, 360, 404. à 408, etc., avec
les recommandations habituelles en faveur de l'aumône 368 à
370, ou contre le cirque et le théâtre 375, 391.
Il
FRAGMENTS GRECS d'hOMÉLIES DONT LA VERSION SYRIAQUE
VA ÊTRE ÉDITÉE.
(Homélies 89, 85, 81, 94.)
Cette fois nous ajouterons une traduction pour aider les
lecteurs qui ne disposent pas encore de celle de M. l'abbé Brière.
I. HOMÉLIE LXXXIX.
Nous avons pu compiler le texte grec de près de la moitié de
l'homélie LXXXIX sur « l'homme qui allait de Jérusalem à
Jéricho et qui est tombé entre les mains des voleurs ».
La première partie est conservée dans le manuscrit grec de
Paris n° 208, fol. 353'' (A) et dans un manuscrit édité par Mai
dans Classici auctores, X, 427-430 (M). La seconde partie
figure sous le nom de saint Cyrille dans Migne, P. G.,
t. LXXII, col. 681-4 (B). Le tout a d'ailleurs été résumé, sans
nom d'auteur, dans de nombreuses chaînes du Nouveau Testa-
ment; citons, à Paris, les manuscrits de Coislin 21, fol. 219^,
22, fol. 203' et 23 édité par J.-A. Cramer, Catenae, t. Il, p. 87 et
424, Oxford, 1841 (C)et Coislin 201, fol. 292^-293 (D). D'ailleurs
ces manuscrits ne sont pas identiques.
Ce texte de Sévère a d'ailleurs eu grand succès : On en
trouve quelques fragments sans nom d'auteur dans Migne,
P. G., t. CVI, col. 1196-7; nous en donnerons deux spécimens
en note. Théophylacte, archevêque d'Achrida en Bulgarie au
XI® siècle, suit Sévère de très près dans le commentaire de
L9]
12 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
cette parabole. Cf; Migne, P.6^., t. GXXIII, col. 848; nous en
donnerons deux spécimens en note pour montrer que cet!
anteur se borne à démarquer Sévère. Le commentaire de Théo-
phylacte a ensuite été découpé dans de nombreuses chaînes, en
particulier dans celle de Nicétas, évêque de Serres en Macé-
doine, puis métropolite d'Héraclée en Thrace vers la fin du
XI*" siècle, et est arrivé par là à la connaissance des Occiden-
taux. Des fragments de Sévère, véhiculés ainsi par les chaînes
et par Théophylacte, se trouvent dans la Catena aurea de
saint Thomas d'Aquin sur Luc, x, au fol. 170 de l'édition de
Venise, 1543. On les retrouve encore chez Maldonat, Commen-
tarii in quatuor evangelistas, Lyon, 1613, p. 1031-4, etc.
Saint Thomas cite Sévère sous le nom Graecus (texte grec).
On pourra utiliser aussi l'édition suivante : Exposition suivie
des quatre Évangiles par le docteur angélique saint
Thomas... appelée à juste titre la Chaîne d'or, éditée par le
Père J. Nicolaï et traduite en français par l'abbé Em. Castan,
Paris, 1854, t. V, p. 488-499. L'éditeur du latin a utilisé les
chaînes grecques, aussi il propose de rendre à Sévère ce qui
est de Sévère; après lé mot Graec. il ajoute entre parenthèses
vel Severus Antiochenus in catena graec. Patrum, mais le
traducteur français a remplacé deux fois Graec. par Grég, et
S. Grég. de sorte que Sévère d'Antioche devient >Sai/i^ Grégoire.
Nous donnerons en note quelques textes de saint Thomas
comme spécimens de sa traduction de Graec. (Sévère) et de
r/ieo (Théophylacte, qui est encore Sévère un peu remanié) (1).
Cette homélie prononcée par Sévère à Antioche, en l'année
516, a pour titre : « Sur la parabole rapportée dans le saint
Évangile de Luc, dont voici le début : Un homme descendait de
Jérusalem à Jéricho et tomba parmi des brigands (Luc, x, 25 à
37) et (il y a un reproche) à l'adresse de ceux qui, comme c'est
l'habitude au milieu du jeûne, ne donnèrent pas des morceaux
(1) Nous avons perdu un temps considérable sur les manuscrits grecs dô Paris
qui contiennent des chaînes sans y trouver ce que nous aurions voulu; comme
jadis la découverte de la vie grecque de Thaïs et des récits du moine Anastase
sur les Pères du Sinaï, avec, plue tard, celle de trois homélies de Xestorèus, nous
a fait feuilleter tous les manuscrits d'Apophlhegmala ou de sermons inédits de
Paris sans grand 'succès.
LIOJ
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCHE. 13
de étoile pour soigner ceux qui sont tourmentés par les ulcères
de la lèpre ou par quelque autre affection. »
Sévère introduit son sujet en rappelant qu'un docteur de la
loi avait demandé : Qui faut-il regarder comme le prochain?
et commente ensuite la parabole au point de vue littéral,
étymologique et surtout allégorique. Voici les parties retrouvées
en grec :
« KaT£6a'.vé -iç », àXÀi « à'v0p(i)-3^ (2) ti; »' Ilîpi y^P ^âffTj; b AÔys?
x%^ àv9pii)zÔTY)T0<; (3), r^zi; âù Tf,^ tcu 'ASifjL Ttapaêâaiuç, à-b -f^^ 6'|ï;*
Xrjç x,ai ixÊxstôpsu y.aî àjTaaiàaTOy y.at àzaôouç xjcLôeut? tou TcapaSeiaou
StatpiS^;, 'IepouaaAY)[x cjy.aCpw; cvo[ji.aa9£by;;, ÔTCîp £',py5vif;v ar^fAotivei
©îEOu, :rpc? TYjv lîpr/oj TTjV xsiXrjv y.ai yQa[xaXY]v, xal tw xayîxaxi zvtyy;-
pàv, xaxtoAwÔY;(7£.
Ayjaoî Se Tïjv ï\),^zaL^f^ tcù'Ss xoy xô(7[ji3t> sWyjv (4), -/wptlTouaav ©soy (5),
y.aî xâto) xaTaY^'JT^tv, y.al ty; çÀoy'' 'wv a'.TyîaTojv if;$avwv, ■::vïyo; (6)
ifji.'JCGisuffav y.al àzoxvatsuaav* zps^ r,v a-a^ -apaTpa-eio"»; xai xaÔsXy.o-
[/■évr,, xai xpbç xb xatavxs; xa'. zpavè? çepoixsvijjXaôirsp (7) £çr,v:T^ àv-
ôpwzÔTiQxr Xr,aT(ov cta Se aûjxr^fxa xb xwv «YP'.wv 3ai[X3vu)v axtçoç£7:£0£xo,
xaî xwv Tïji; àp'sxïj; '.[xaxi«.>v £;£$ujcv (8)' ojx àvîpîtaç, où awfpojtivy;?,
oj (ppovT^TEw; ï'/vo^' ojcs xt xwv -/apaxxr^pt^bvxwv xr;v ôai'av etxôva xaxaXi-
■TTÔvxe; ajxïj* xai ojxu) xaïç cjuvîyéai xoiv ■jcstxiXwv âjjLapxYJiAâxwv ^Xr^Y*^'?»
(1) M om. T^. D add. — Les sigles sont expliqués dans l'introduction.
(2) àX).' âvOpwTTo; A.
(3) C commence ici après une ligne d'introduction. Il abrège souvent.
(4) Voici un spécimen du commentaire de Théophylacte, Migne, P. G.,
t. CXXIII, col. 848.
Karéosive y*P ^ àvôpUTiîvr, î>û(ii; àitb 'IspoucraÀTifx, To-jxéffTi tt;; àota(Tii<7Tou y.ai
elpïjvaîa; ôiaYwy^c. 'Opaot; yàp cèpi^vTi; âp|ir]Vcj£Tai ^ 'lepo-j<7a)r,v. Iloy Se xaxéSsivev ;
Eîç TT^v 'lepi^w, tT)v xoi),T)v xai -/6a[jiaX9iv y.al tw xa-j(j.axt itviYiipàv, TouTéatt, triv èfXTCûi-
6t^ Çwt^v.
(5) C omet jusqu'à : XrjaTàc Se Xéy-' "^ô twv àyptwv Satixôvwv d-juTriiia.
(6) TTVTÎYO; A.
(7) A fol. 354.
(8) Sévère a été utilisé pour les scholies de P. G., t. CVI, col. 1196-7. En voici
un exemple :
Tb « 'AvôpwTto; xaTsêaivev àitô 'l£pou<7a),Yi[A et; 'lepf/w »» ôi'ïô T^iî èv napaSeiaci) Cnj/rj- .
Xtï; xaî eîprjvtxfiî ôiaYtoy*!; toûto yà? elpT,viriv (ïïi|iatvci. IIpô; 8è tt^v 'Uptj(w ttiv xoO.ïiv
xal x9«[J''2'XTiv xal xa-JixaTwSri xai TtvtYïlpàv xaTwXîffÔviffsv, fjouv Tr^v gpLTraOri îwi?iv' Xy)-
(Ttà; Se XsYïi twv Saïaôvœv là a-jaxt\^ct, rj -rà itâQvi, ariva twv à|i?îa(TjAd7(i)v ty;; àpSTviî
âxSûffavteî aùxov, t« tïjî àiiaptia; Tpau[j.aTa èitéôïixav.
mi .
14 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
xaTsa^a^av y.ai otVcîXsv (1) ôévieç f,[JM6avï5* xayjv (2) toîç âatixoai, tsîç
VOTfJTOÏÇ TvYjaTaïÇ, OJX £(JTIV £'J)(£peta TOU TcXlQTTeiV, tl [AY) TCp'DXa5ÔVTeç Ù7U0.-I
auXïjasuffi (3) xà toïv àpsxwv -îiepiScXaia' xat (4) \).ei:x touto,. TcXi^TTOuaiv
àopeiSwç, y.al iJ-é'/pt BavâroW où yàp '.[xaxtwv èpwjiv, àXXà xfjç if;[X£X£pa^
àTrwXElaç x£ vlolI <jfixyf;q' §.ià xo3xo ja^wç (5) eItcev à Kûpiaç, oxi IÇéSu-
KsijJLÉVYjv xoivuv xat t|^'j;(oppaYOjaav xy;v àvOpwzôxYjxa vô[xoç ètteTSev ô
ctà M(i)ua£(i)<; (6) ooÔeiç, xouxov ^àp o X£ lEpeùç xai ô X£uÎxy;ç i>7UO(7Y;iJ,at-
vcuut* xf)^ Y'^P XeuïT^iv^'î/Ç UpwaûvYjç, ô vÔ[jloç £ÎaY3YT'î'f"'î?* ^aX' IxeîBe [aIv,
r;xôvy;a£ §£, xal Trpbç xsXetav 0£pa7r£tav O'jx Y^pxr^asv, ouxe xsiixévYjv àv£-
(jxy;(J£* xal àxovr^tjaç àvaYX,aia); Û7iEywpY;(T£v àirpaxxo) tcoS(' 9uaixt y^P ^<''''
xpoaçopal Si' aùxou icpoffEçÉpovxo, xaOi IlaOXoç çrjuiv, où âuvdcixEvat xaxà
(7'jv£{5ï5aiv (7) TeXeuoGxi xoùç Xaxpsûovxaç, £;r£t xai àSûvaxov v^v etç xb
xavx£Xèç atjxa xaùpwv xat xpâ^wv àifatpEîv â[xapxiaç' xoûxou ^(âpiv oùx
£17C£V ô KûptOÇ W; 5 UpEÙç Y.(xl Ô XeuÎxy;; tS(i)V xbv T^iJAtOv^Xa Xaî X£t[JI.£VOV,
xapïjXôev, àXX' àvxixap^Xôev* où xapwBEuaE (5Y;ffi xaxaX£(t];a<; àôÉaxov,
àXX' £(r:Y] xai àôîiaaxo, v.a\ OEpaxîuaai âi£Vor,GY3 xal £<pY)i{;axo' xpbç Bè
xy;v ÔEpaïuîtav àouvax-r^Taç, xai x^ xwv xXy;yô5v r^xoi xa6wv £xiy.pax£ia
vty.r;0£iç, £Îç xcùxtao) xaXiv à-£5pa[ji.£" xouxo yi^P ''^ àvxixap^XOfi
SyjXcî (8)' Sa[ji.ap£ÎXY)V âè âauxbv èxi xou xapôvxoç, £x(xïîS£ç Èx^Xecev
b Xpiaxo;' ixEiSrj y^P "^poç xbv vojJMxbv -^v ô XÔyoç aùxw, xbv èxî
xw v6[jL(|) [A^Ya xo[j.xâ^ovxa, xapaaxyjtjai otà xwv Xeyci^évwv iaxoûSaaEV,
(i)ç oÙ5( tepeùç, oùy 6 AeuJxyjç, oùy àxXwç eIxeîv ol xaxà xàç èvxoXàç
Mo)U(7£u)ç (9) c'.ô[A£voi xoXtxEUsaOai, àXX' aùxbç xb j3ouXr;[ji,a xou v6(xou
xXYjpwawv "^XOeV EpYCtÇ "^^ aùxoîç £xiO£Î;wv xtç xè ô xXir;atov, xai xi xb
àYaxïjffai xouxov wç iauxbv, ov ù6pîCovx£ç eXeyov ol 'loucaîoi* ISap-apEi-
XTjç eI cù y.ai oaijxovbv s'/Etç ov w; xaxaXjovxa xbv v6[j.ov, i^xiwvxo au)^vo-
X£pOV (10).
(1) AD add. <r-/£5év. C : ànrjXôov ÔévTe; Yi|xi6av>i.
(2) Kal Ydcp C.
Ci) ŒuXriffwdi C : àTTOT'jX. A.
(4) 59£v C.
(5) Le traducteur syrien a lu <7oçw;.
(6) Mwfféw; A.
(7) foL 293" D.
(8) C ajoute èvSeîxvuxat avant ôrjXoï.
(9) Moxrlw; A.
(10) Nos fragments omettent ici les détails donnés par Sévère sur l'origine des
Samaritains, IV Rois, xvii, 24-28.
[12^
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE D'aNTIOCHE. 15
'O SajxapeiTY;; toivuv scs'Jwv, oç "^v 5 XptjTÔç, zlie xbv x$i[jlîvov (1) xal
vàp wSsuffEV àXr,6à)?, oJ zapwSeujev' ajxb touto TCpôçaaiv ô5ou TCOiY;aâ[i.£-
vcç To if;îx5l; è-iay.£'J/acrOai" Si' ouç y.ai v^aT^XÔsv è-î -^; vfj-, Ttap' olç (2)
y.al xatéXuffcV cù y^P w?6y; [xâvov, àXXà xai auvavsaTpctçY; TOtç àv6pw-
ircic, y.axà àXr,9£iav, xa». xwpî? Tpo-rjç y.al favTaaiaç Y'^'^jji.svo? avOpw-
::cç' TouTO y^P (3) '.aTpwv (4) Y^i'i'yîwv y.al çiXoaxôpYwv, xb uuvavs-
atpéçsiTÔat Tof? âp^waTOijai, xa'i [xr; àçtaTaaÔanupiv âv ÛYtaivwatv* oOsv y.ai
cîvov -zolç sAy-saiv èzavTXwv, -bv âiSajy.aXixbv Xiyov /.ai ètrtjTÛçovTa* Kat
Yap £-i-iff£v -^[xa; oivov xaTavû^swç wç ô tj^aXXwv xpo^i^Tr;^ (5) çrjî'v,
£7:£i-ep O'j-/ otot T£ ^[X£v axpaTOv aùtbv £V£YX£tv' où Y^tp ûttIjji.cVs xtjv
û::£p6âXXouîav orû'iiv ts twv Tpauixâxwv 5(aX£T:bv xal àvuTOv, èXaCw toïÏ-
Tcv kY.épa7t' Sià touto xai à[i.apT(«)Xofç xai xeXwvaiç (JuvavaxXiv£To (6).
"AXXwç Se (7), £r£t5r;, xa-rà xb y^YP^I^'!^-''^''' "Avôpwxoç èv Tt[A^ wv
où (juvyJxev, âXXà xapaauvaéXYJOr) xoîç y.Ti^,v£!7t tcî^ àvoiQTOt? xal a)[ji.ota)6r]
ajTOfç, xai Traaav [xèv £7:i6u(xi'av t3oi7><.''3H^a':a)$Yj xal àxôXaj-ov xa-uE^pw-
(7-:r,a£V àzap*/^ y^"'V-^-Ç "^ûu yé^o^q f,[AÔ>v ôXptaxbç, 5 [XTjelâwç âixapxtav,
£V Éauxw Tjpwxov £2£t;£ xoÛTtov xwv xxr;va)2à)v ■::aOwv ÛTC£pava6avxaç
•/;;a.aç' aùxb; y^P "^? à3-Ô£V£iag i?;;j.wv £Xao£, xai xàç vôaou? iôâjxàas.
Aià xojxo £Îz£V, bxi (8) xbv xu-/ôvxa xyJç ôcpaxEiaç (9) l-i xb t'èiov
ÛTTOsÛY^îv âv£êt6aT£V £v êa'JTco v^P i^il^-^; £9£p£V (10), bxi £ff[j.£v [xsXr;
xou awjxaxoç aùxoj.
'AXXà [ji.r;v xat £tç 7:avSo5(£ïov a-i^Y'^'Y-' '3'vBo-/£ïov Sa xy;v 'Exy.Xr;(Ttav
xaX£î, xy;v Tzâvxcov Y^vo(jLévr,v Sîxxixyjv xai x^piQft^'Qv (H). 0'JX£xi y*?
xaxà xb ffxsvbv -f,q vojjlixyJç axiaç xai xf,q h xû-oi; Xaxpsiac àxoj(70[j.£V'
ojx £'.cr£X£'J5£xai ' A\).i).Tnrr,q (l'2) xal M(i)a6ix-/;; £t^ âxxXYjtjtav Beoû (13)
(1) A fol. 354^.
(2) Si' o-j; C.
(3) C add. tSiov.
(4) AM add. xal (C om.).
(5) A om. TipoçïiTïi;. C om. plusieurs lignes.
(6) AM sarrètent ici. B commence après une lacune de deux lignes. C a une
lacune plus longue.
(7) Figure sous le nom de Cyrille dans le manuscrit Coislin iiOl, fol. 292' (D).
(8) wç D.
(9) C reprend ici.
(10) çÉpei C.
(11) Théophylacte écrit, Migne, P. G., t. CXXIII, col. 849 :
itavSoxeîov 8è t) 'Exx),r)<jîa tj nivxa. ÛTroSexop^^'^^' ô (ièv yàp vôjxo; oO Travrac èSéj^eto. —
Dans les scholies de P, G., t. CVI, col. 1197, on lit : IlavSoxeîov Se t-^v 'ExxXTjaCav
(12) 'A(1(iwvi'tyi; C.
(13) Kvpiou C.
[131
16 («EVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
àXXà (!)■ ricpîuôsvTÇç [jsaÔYjtsuaaTE -TwévTa m sôvr^, y.aVtà éçvjç (2). KaV
Ev TtavilsOvei. 5 -ço6o-u[xsvQç Tov Ktiptov (3) xai'èpYaÇôtAsvoç Sty.atsa6vYjv
âexxbç aÙTw èffTi. KalàxayaY'^'^» [t-Bi^o^aq ÏT:i\).sXiiixq r^^iiùuz. Km yàp
t^ç Exy.Xïi'Jiaç auXAçY£W'»lç èx. xwv tyj icoXuôda v£V£^pa)|j|.svwv sôvwV
aùtbç -^v .6 .Xp.tjTpç èv ûcÙty), y.atà .xb YSYpaîXfjisvov, olxtov xai. è|/.TC£pt-
Tiatûv, xai iraaav TCVîujJwtrixïjv 3tj>poij|X£Voç ^(apiv. ^O0£v xai xw Tîps-
effTWxrTOu icavSo^îiou (vov^ÔEtr^. 3' àv"OUTOç TÛTCOvèTCé^Etv xwv 'AxocxiÀwv
xaî xwv . ■[ji.et' aùxoùç xctjiévwv xai StSaaxâXwv) (^4):£lç ojpavoùç àviwv
IBwxE '"Siio âïjvapia, xpivoEÎv £irt[J.£Xîi)ç xou i^^pwaxijxâxoç. Kat rpoc-
ôeIç, (bç* Eiv XI rpoaSaxavK^ar^ç, è^w £v xû £xav£py_£ŒÔa( [X£ àTroSwao)
Aûo S-/)vapta, xà; âûo AtaO.i^xa; çYjat 'xaXatav xal:xaiVY;v (5), xt^v:t£
(^là xoy v6[jL0u Moilialox; xal xwv Trpoîor^xwv, X7]v x£ Bià xwv EùayYsXtwv
âoO£iaav xai xwv àTCoax&Xixwv oiaxâ^£wv' xal àfx^îxëpxç èvbç ouaa; 0£ou,
xai l^'av £tx6va xoD avw xal évbç ^^t^^^sw? çepoôaaç, wç xà 3Y)vapta, xa\
xbv aùxbv ,a£v ^xiikiy.ov (6) yapaxxY;pa xatç xapSiai; •f,|j.t5v oià xwv i£pwv
Àoyicav £vcr9paYiÇo[X£vaç xai Ivxu-oûcaç (7), è-Etxtp xal Iv aùxàç xai-xb
aùxb nv£tj[xa ÀEXâXïjxsv.
'Epp£xa) yàp Mâvïjç xal r^po aàxoîj Mapxîwv ol âÔEwxaxoi, âiaspôpoiç
ÔEstç xa;ixaç [X£puovx£ç* svbç Y«p ^aatXswç £jxl xi âtio o-/)vâpta:xalxaxà
xaùxbv xal 6[aoxi[ji.(«)ç SoOî'vxa xw xpOEJXwxi xoj zavBoxeiou icapà Xpt-
axoD* (8) a Sy; xal Xa8ivx£ç ot xwv aYtwxaxwv £XxXir)Œtwv t:gi[X£V4Ç xal
[j!.£xà xôvwv xal lopwxwv xaïç èi^ajxaXtaiç 7îXaxûvavx£ç, xal oixoôsv xpo^-
BaxavriaavXi^, xal 8ià x^ç caxavYjq (xàXXov aù^r,aavx£ç (xoiouxov yiip
67îâp5(£i(9) xb voïjxbv àpYÛpiovi^ wv Saxavàxat, [jir}) jJL£ioûtJ.£vov:àXX' aù^o-
[Xsvov, OTC£p b zf,q BiSaffxaXiaç Xoysç èaxiv), èxavspy^ojjLÉvw xw AêœzÔxy;,
xaxà XY)V xîXsuxaiav f^ixépaVjàpoiiaiv £xajxo;' Kûpu, 2ûo 5ï;vâpia Séâwxaç
}AOi' lâo'j TcpoaBaTcav^aaç oI'xsOev, £X£pa Sic X£X£pSY;xa, 2i' wvxb xoijxvigv
Y3u^Y;aa. Kal àzoxpiOElç kpzV Eu SsUXe ^YaOè xal nuxè, âxl ôXi'Ya i^ç
xidxbç, £xl zoXXwv a£ xaxaîxr^ao)' £Ïa£XÔ£ £lç xt;v y^oipk^ xoU Kupi'ou aou'
(1) C add. toOto àxoii(TO|j.£v.
(2) Sic C. B om. xai rà é?ïi;, mais cette suite figure dans le syriaque.
(3) aÙTÔv C.
(4) fol. 293 D.
(5) BD om. n. xat x. (C add.),
(6) B om. pao-. (C add.). — (7) èvrunoytiéva; C. Puis lacune dans C.
(8) C reprend ici.
(9) om. B (add. C).
[14]
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'ANTIOCHE. 17
{Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho) (1). (Le Christ) s'est servi
à propos de la dénomination du genre (humain) et il n'a pas dit « Quel-
qxi'un descendait ï,mais « Un homme descendait », car le passage concerne
toute l'humanité. Celle-ci, par suite de la prévarication d'Adam, (partie)
■du séjour haut, élevé, calme; sans souffrance et merveilleux du Paradis
nommé (à bon droit) Jérusalem — nom qui signifie la paix de Dieu — est
•descendue à Jéricho, (pays) creux et bas où la chaleur est étouffante.
Il a en vue (ici) la vie fiévreuse de ce monde qui sépare de Dieu, qui
entraine en bas et qui produit une chaleur étouffante (2) et épuisante par
la flamme des plaisirs les plus honteux. Une fois que l'humanité, comme
je l'ai dit, a été détournée du bon chemin vers cette (vie), qu'elle a été
traînée de haut en bas et emportée sur la pente et l'inclinaison, alors la
troupe des démons sauvages vient l'attaquer à la manière d'une bande de
brigands, la dépouille des vêtements de la perfection, ne lui laisse aucune
trace de la force d'âme, ni de la pureté, ni de la justice, ni de la pru-
dence, ni de rien de ce qui caractérise la divine image; ils la frappent
ainsi par les coups continuels des divers péchés, ils l'abattent et la
laissent à moitié morte.
Cependant les démons — ces brigands intellectuels — n'ont pas (toute)
facilité pour frapper s'ils ne commencent par arractier les vêtements des
vertus; après cela ils frappent sans ménagement et jusqu'à la mort, car
ce ne sont pas (nos) vêtements qu'ils cherchent, mais c'est notre propre
perte et notre mort. C'est pourquoi le Seigneur a dit clairement qu'ils le
dépouillèrent i d'abord) et ensuite qu'ils le frappèrent (3).
La loi donnée par Moïse a regardé l'humanité gisante et agonisante —
en effet le prêtre et le Lévite symbolisent la Loi, puisque c'est elle qui a
introduit le sacerdoce lévitique. — iMais si elle l'a regardée elle a d'autre
part manqué de force, elle n'a pas conduit l'humanité à une guérison
complète, elle n'a pas relevé celle qui gisait; comme elle manquait
d'énergie elle a dû nécessairement s'éloigner après une vaine démarche.
Car (la Loi) offrait des sacrifices et des offrandes, comme Paul l'a dit,
qui ne pouvaient rendre parfaits, sous le rapport de la eonscienee, ceux qui
pratiquaient ce culte (4), parce que le sang des taureaux et des boucs était
absolument impuissant à enlever les péchés (5).
A cause de cela, le Seigneur n'a pas dit que le prêtre — comme (plus
tard) le Lévite — voyant celui qui était à moitié mort et qui gisait
« le dépassa » mais qu'il « alla du côté opposé ». Il ne le dépassa pas, dit-il,
(1) Luc. X, 30. Voici la traduction de saint Thomas, Cale?ia aurea, édition de
Venise, fol. 170, éd. Castan, V, p. 489. Graecus. Bene est generis appellatio; non
enim ait : Descendit quidam, sed hoiiio quidam, nam sermo fit de tota huma-
nitate. — Traduire peut-être •■ la dénomination ^-c'rtera/c ».
(2) Trois parties qui' correspondent aux trois épithétes données à Jéricho.
(3) Luc, X, 30.
(4) Hébr., ix, 9.
(5) Hébr., x, 4.
■ [15]
ORIENT CHRÉTIEN. 2
18 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
(comme) s'il le laissait sans le regarder; mais il s'arrêta et regarda, et il
projeta de le guérir et il le toucha, mais, incapable d'arriver à la guérison
et effrayé de la gravité des blessures — c'est-à-dire des passions — il
se retira en arrière. C'est là ce qu'indique le mot àvTi;:apriX6e (1) :
Le Christ se donne à lui-même à dessein ici le nom de Samaritain,,
car puisqu'il s'adressait à un docteur de la Loi qui faisait le beau
parleur au sujet de la Loi, il s'appliquait à montrer par ses paroles que
ce ne fut ni le prêtre, ni le Lévite, ni, pour le dire en un mot, aucun
de ceux qui étaient censés se conduire d'après la loi de Moïse, mais que
ce fut lui-même qui vint, accomplissant le dessein de la Loi (2) et mon-
trant par les œuvres elles-mêmes qui est le prochain et qu'est-ce que l'aimer
comme soi même (3), lui ',dont les Juifs avaient dit, pour l'outrager : Tu es
nn Samaritain et tu as un démon (4); lui qu'ils accusaient fréquemment
de détruire la Loi (5). Le Samaritain voyageur qui était le Christ — car il
voyageait vraiment — vit celui qui gisait; il ne passa pas outre, car le but
propre qu'il avait donné à son voyage était de nous visiter (6), (nous) pour
qui il est descendu sur la terre (7) et près de qui il a logé, car il n'est pas
seulement apparu, mais il a conversé avec les hommes en vérité, devenu
homme sans c'iangement ni vaine apparence. C'est en effet le propre des
médecins véritables et charitables de converser avec les malades et de ne
pas les quitter avant qu'ils soient en bonne santé. C'est pourquoi il versait
sur les blessures le vin (qui est) le discours (plein) d'in.struction et de remon-
trance ; car // nous a abreuvés du vin de la componction, selon la parole
du prophète psalmiste (8). Comme nous n'étions pas capables de le sup-
porter sans mélange — car les blessures graves et dangereuses n'endurent
pas l'excessive force astringente (du vin pur) — il Ta mélangé avec de
l'huile. C'est pour cela qu'il s'est mis à table avec les pécheurs et les publi-
cains (9), (et qu'il disait : Je veux la miséricorde et non les sacrifices) (10).
(1) Voici comment saint Thomas traduit [loc. cil.) le remaniement de Sévère
fait par Théophylacte : Théo. Miserti ini|uam illiusfuerecum cogitaverunt, post-
modum vero tenacitate devicti abierunt retrorsum, hoc enim désignât quod
dicit praeteriit. *
(2) Voici la traduction de saint Thomas (loc. cil.) :
Graec. Vocat autem hic Christus se Samaritanum opportune; cum enim allo-
queret legisperitum superbientem in lege, vohiit e.xprimere quod nec sacerdos
nec levita et qui conversabantur in lege legis propositum implebant, sed ipse
venit consummaturus legis propositum.
(3) Cf. Luc, X, 29, 27.
(4) Jean, vui, 48.
(5) Cf. Matth., V, 17.
(6) Cf. Luc, 1, 68, 78.
(7) Voici la traduction de saint Tliomas, loc. cit., éd. Castan, p. 494.
Graecus. Vel secus viam venit, fuit enim vere viatoa* non deviator gratia
nostri descende ns ad terram.
(8) Ps. Lix, 5.
(9) Cf. Matth., IX, IL
(10) Matth., IX, 13; xii, 7.
. [16]
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCHE. 19
(Celui qui avait été l'objet d'une telle sollicitude, il le chargea encore
sur une béte de somme), parce que, selon ce qui est écrit : L'homme, lors-
qu'il était en honneur, ne l'a pas compris; il a été compui'é aux animaux
sans raison et leur est devenu semblable (1) et il a commencé à souffrir de
toute convoitise bestiale et dissolue ; le Christ, devenu les prémices de
notre race, nous a montrés, en lui d'abord, vainqueurs de ces cupidités
bestiales, car lui-même a pris nos souffrances et a supporté nos mala-
dies (2) ; c'est pourquoi il a dit qu'il a fait monter sur sa propre mon-
ture (3) celui qui devait être guéri ; car il nous portait en lui-même,
puisque nous sommes les membres de son corps (4;.
Mais il l'a conduit à l'hôtellerie (5). Il donne ce nom d'hôtellerie à
l'Église, devenue le réceptacle et le lieu d'habitation de tous. Nous n'en-
tendons pas dire en effet, au sens restreint de l'ombre légale et du culte
en figure : L'Ammonite et le Moahite n'entreront pas dans l'Église de
Dieu (6), mais bien : Aile:., «mseigne: toutes les nations (7), et encore : Dans
tout peuple, celui qui craint le Seigneur et qui opère la justice lui est
acceptable (8). 11 a emmené le malade et l'a gratifié encore d'une plus
grande sollicitude, car lorsque l'Église a été formée à l'aide des peuples
morts au polythéisme, le Christ lui-même était en elle, selon ce qui est
écrit: Habitant et demeurant (9) et distribuant toute grâce spirituelle. Aussi,
au chef de l'hôtellerie — et celui-ci sera censé être la figure des Apôtres,
comme des pasteurs et des docteurs qui leur ont succédé — en montant
au ciel il a donné deux deniers pour prendre grand soin du malade, en
ajoutant : 5i lu fais des dépenses en plus je te les rendrai quand Je revien-
drai (10).
Par les deux deniers, il entend les deux Testaments, l'Ancien et le
Nouveau, celui de la loi de Moïse et des prophètes, et celui qui a été donné
par les Évangiles et par les Constitutions Apostoliques. Tous les deux
sont du seul Dieu et portent la seule image de l'unique Dieu d'en haut,
(I) Ps. .\LVIU, 13.
(•2) Isaïe, LUI, 4.
(3) Cf. Luc, X, 34.
(4) Eph., V, 30.
(5) Luc, X, 34. Le mot grec signifie littéralement : « qui reçoit tout ».
(6) Deut., xxin, 3.
(7) Matth., xxvni, 19.
(8) Actes, X, 35. Voici comment saint Thomas traduit le remaniement de
Sévère fait par Theophylacte, toc. cit., éd. Castan, p. 496 .•
Théo. Vel imposuil in suum jumentum, id est : in corpus suum, membra
namque sua nos fecit, et participes corporis ejus. Et lex quidem non omnes sus-
cipiebat; Moabitae, inquit, et Ammonitae non intrabunt in Ecclesiam Dei, nunc
vero in omni gente qui timet doniinum, ab eo suscipitur volens credere et pars
Ecclcsiae fieri. Propter hoc dicil quod du.xit eum in stabulum. Cf. P. G.^
t. CXXIII, col. 849 D.
(9) Cf. II Cor., VI, 16.
(10) Luc, X, 35.
Ll7i
20 REVUE DE t'ORIENT CHRÉTIEN.
comme les deniers, et ils impriment et gra^rent dans nos cœurs le même
caractère royal par le moyen des saintes paroles, puisque c'est un seul
et même esprit qui les a prononcés.
Qae Manès s'enfuie, ainsi que (son) prédécesseur Marcion (hommes)
très irréligieux, qui ont attribué (les deux Testaments) à des dieux diffé-
rents. Ce sont les deux deniers d'un seul roi, donnés en même temps et
également par le Christ au chef de l'hôtellerie. Et après que les pasteurs
des saintes églises ont reçu (ces deux deniers) les ont augmentés au prix
■de travaux et de sueurs par (leurs) instructions, après qu'ils les ont
dépensés aussi pour leur compte, qu'ils les ont augmentés surtout par la
dépense (car l'argent spirituel, lorsqu'on le dépense, est tel qu'il ne
diminue pas mais augmente, lui qui est la parole de la doctrine), chacun
■d'eux dica., au dernier jour, au maître qui reviendra : Seigneur, tu m'as
donné deux deniers, voilà qu'en les dépensant à mon compte, j'en ai gagné
deux autres par lesquels j'ai augmenté le ^oupeau. Et le Seigneur)
répondant dira : « C'est bien, serviteur bon et fidèle, je te préposerai à beau-
coup; entre dans la félicité de ton Seigneur (1).
La partie exégétique de rhomélie se termine ici. Sévère se
plaint de ce qu'on a demandé inutilement des draps pour les
lépreux et les malades. C'est tout au plus, dit-il, si deux ou trois
braves femmes ont donné quelques vieux habits. Ces plaintes
ne sont pas encore retrouvées en grec, mais leur version syriaque
suffit à nous montrer qu'il y avait alors des lépreux à Antioche,
et surtout que les habitants d' Antioche, si assidus aux courses
de chevaux et aux théâtres, ne s'appliquaient guère aux bonnes
■œuvres que leur évêque leur suggérait.
II. — HOMÉLIE LXXXV.
Cette homélie est consacrée au baptême de Notre-Seigneur
dans le Jourdain. Elle suit Thomélie consacrée à saint Basile
et saint Grégoire que l'on fêtait au 1" janvier (2). Il s'agit
donc de la fête de l'Epiphanie du janvier, nommée chez
les Grecs kopx-q twv çwtwv. Le titre syriaque est donc : Sur les
lumières. Sévère rappelle le passage du livre des Rois (3) où
il est dit que le séjour de Jériclio était bon, mais que ses eaux
étaient mauvaises, Elisée dit : Prenez-moi donc un plat
(1) Matth., XXV, 22-23.
(2) Cf. P. 0., YIII, p. 321.
(3) IV Rois, II, 19-21.
L18J
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE D'aNTIOCIIE. 21
neuf et mettez -y du sel. Ils le prirent et Elisée sortit vers la
source des eaux, y jeta du sel et dit : Ainsi dit le Seigneur :
J'assainis ces eaux, et dorénavant il n'y aura plus ni mou-
rant ni femme stérile à cause délies.
Sévère commente ce passage en rapprochant les propriétés
des eaux baptismales de celles des eaux de Jéricho qui avaient
été ainsi assainies par Elisée. Les fragments grecs correspon-,
dants sont conservés dans le manuscrit Coislin n° 8, fol. 119"
et 120, comme commentaire au passage du livre des Rois.
Ta TCapaToîJ ©soîi Y^vôfAsva x.aXà xai xaXà XiaV Ttco oè tcu Oavaxcu xa-a-
îuva(jT£U0y.cVY3 cv IxAujcv Tt x'J.xp-ix, 7,od 7:)vYj[J.[xupeîv eTrcÎYjjsv •/) tou ûypou
^•ou otot^'JTiç* OIE oè r,'/J)vj X.piz'bq, r, i)OpiT/.r, i, v.xar, (1), o ix nvsûfJLa:-
Tcç âyioi) /,xi iy.zf,q àypâvTCU itapôevou -:b y.aivbv (2) <j(o;j.a )va8ô)V xat ty;^
•TraXaia; à;j.apTixç àvÉzascv k')^îv àv iajTÔi -o'j: xKxq, — Èv x\jtîô vàp r,zT/
TavTs^ 0'. fir,GX'jpz\ -f,ç jcî-îaç àriy.pj^si, xxOi y.ai n^tuAs; ç"^7i — cl
y.xl Tot? joajiv £ij.;j.r/Oî'vT£^ ctà tt;; ajTOU xaTacâ^îd).;, izajffats ;j.àv
c GâvaTC; y.al I'tty;* Tb §è jSwp or/. îâffîwç ;j.ovbv, àXXà y.xl Tôy.voYOvîaç
•jcwp Èy^vîto* Kai ^xp ci -âXat tw twv à[Ji,apTi(ov àXiJL'jpwv T:vtY-l^-^''-i'
y.Xûowvi xaî svtsç uloi Oavâioj -w ^wtixw toj 'lopBavou tsXsjOévts; JSaTt
ubi 0£o!j y'^^"''^*' '^T3 àvaY£vv(^(T£i -oj nv£Û(;.aTO?, sti «yy^^cv itJipiyi-
vov xb àvôptô-ivsv a(o!j.a, ixâpiuc rixyXsç Koptvôioiç y?^?'^''' 'Exo[jl£v oà
Tov O-zjcaupbv TCijTCV Èv CTTpay.îvoiç ffy.£'J£jiv.
"lx\ixi 9-r;at Ta {ioaTa TajTa, Èv Y^p ~Ç> 'Icpoâvr; 7'jvÉOXaTSV È[asj(.i-/0£v
Tb ijcwp Tb uûv Tr,v y.£ç;aXY;v To3 spây.cvTOÇ, ojç or^u', 6 Aaclo 'i^ (I)ç Haa-'a-
Tcu 0f£cç Tou (jy.cXioIi TOJ ç£tJY2VT0ç, Tsj cià ty;; à-aTYjXvj^ au[;.6ouX^ç Tbv
OavaTbv tw 'Aoà[jL Tpcr£vr,ffavTo;, xai Tcaaav y.aT£X'j7£V twv Ot:' aùtsu
oattii.ôva)v T-/;v ojva;j.iv.
FoiV/, dit-il, que le séjour de la ville est agréable (3). Il est agréable
parce que tout ee que Dieu a fait est bon et très bon (4). Mais (le séjour de
la terre) était dominé par la mort que le péché a déchaînée, et le cours
(1) Le ms. grec porte xeviî •• vide », mais le syriaque, qui porte «nouvelle », a
lu xaivr, et ceci répond mieux aux passages du X. T. : xaivr, xticiî; xaivbç,
âvepwTTo;, Gai., vi, 15; Éph., ii, 15, iv, 23, etc.
(2) Le ms. grec porte xevôv. Voir la note précédente.
(3) IV Rois, H, 19.
(4) Cf. Genèse, i, passim^
[19J
22 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
d'une vie efféminée l'a aussi fait déborder. Mais lorsque le Christ est
venu(l) — le plat nouveau — prenant du Saint-Esprit et de la Vierge pure
le corps nouveau exempt de l'ancien péché, ayant le sel en lui, — car en
lui étaient cachés toxis les trésors de la sagesse, comme l'a dit Paul (2) —
lesquels étant mélangés aux eaux par sa descente, la mort (ensuite) a
cessé et s'est arrêtée, et l'eau devenait une eau non seulement de gué-
rison mais aussi d'enfantement, car ceux qui étaient auparavant étouffés
par le flot des péchés amers et qui étaient fils de la mort, rendus parfaits
par l'eau vivifiante du Jourdain, deviennent fils de Dieu par la régéné-
ration de l'Esprit.
Que le corps de l'homme soit un vase d'argile, Paul en témoigne quand
il écrit aux Corinthiens : Nous avons ce trésor dans des vases d'argile (3)...
J'ai assaini les eaux, dit-il, car lorsque l'eau vivante a été mélangée au
Jourdain, elle a brisé la tête du dragon, comme dit David (4), ou, comme dit
Isaïe, (la tête) du serpent tortueux qui s'enfuit (5), lequel, par un conseil
perfide, a occasionné la mort à Adam, et (cette eau) a ruiné toute la puis-
sance des démons qui sont sous lui.
m. — HOMELIE LXXXIV.
Il reste aussi de l'homélie 84, avec de très courts fragments,
un passage sur le baptême que nous ajoutons ici d'après le
manuscrit grec de Paris n" 155, fol. 204"" (A) et Mai, Scrip-
torum vetermn nova collectio, ix, 737 (M).
nveujxa Kupi'ou cTc' k\>.k ou el'vevtîv 'iy^çtici^ \lz (6). Tauxa Sià xoXt Tcpc-
«i^TOu Xpiatbç, b Si' •^[Ji.aç aapxwOslç xaUvavÔpwïrr^uas (7) xou ©sou \b^oq
tpYjai'V oçTiç Oeoç o)v àÀYjôtvbç è^ àXiQÔivou ©£0u (8), toû Ilaipoç, xa'-
oùx â'jroXiŒÔ-^aaç ou "^v, x,al àTpéiTTWç y.aiâXY)6o)ç avQpojxoç ^(f^o^iùz^ [xsO
*û[xwv (9) X£)(pt(jTai Tw èXato) (10) ttJç àYaXXiâaswç* tou Wv=ù]}.ixzo^ aùtoi
Tcapà Tov 'lopââvrjv èTCiçoiT-^aavTOç, ev eïâst xspiuxspaç. IlàXai [J.èv èXat'w
•auixêoXixôç èxpîovxo 3a<3"iXeîç ts xa\ tepeîç, àYtaa[;.ou xivà [xexo'/Yjv ex tou-
tou xepoaivovTsç" b âè 3i' Tf)[Jt.aç èvavOpwr-^aaç (11), tw voyjtw Tfjç «YaXXià-
o-£(j)ç àXaio), xai aÙT'^ ttj èiriçoiTrjO-si toù lIvsû(i.aTOç èxp''<3'0''l* touto Y][i.ïv
(1) Cf. Rom., VI, 23.
(2) Col., II, 3.
<3) Il Cor., IV, 7.
<4) Ps. Lxxiii, 14.
(5) Isaïe XXVII, 1.
(6) M aj. xûpio; (A et le syriaque n'ont pas ce mot). — (7) — iï£<ia; A. — (8) A
•om ©eoû. — (9) A met la virgule après [teO' intJLwv et non avant. — (10) A aj. t/jî
Xptffstûî xal. — (11) — Ttîffa; A.
\ [20]
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCIIE. 23
Xa[ji,8âvwv oj*/ éau-ôî" y.al ^ip à-OTTiàvio; xoy nv£J[;.aTo; xa\ [/.■<) y.a-:3:[J.£{-
vavTCç (1) £V -^[Aîv otà xb sîvai "^dJi-à? aapxaç, 7rév6ouç v xX-f^pr^ç -r; ^f/
•xwç vip CJ7. v;[ji,£Xâ£v, èa-£p-/;;j.évr, (xsTOuaiaç 0£3u.
L'esprit du Seigneur est sur moi, c'est pour cela qu'il m'a oint (2). Le
Christ, le Verbe de Dieu, qui a pris la chair et qui s'est fait homme pour
nous, dit (tout) cela (par la bouche) du prophète. Lui, le vrai Pieu du vrai
Dieu le Père, sans déchoir de ce qu'il était, devenu homme sans change-
ment et en vérité, a été oint avec nous de l'huile d'allégresse (3), tandis
que l'Esprit lui venait près du Jourdain, sous la forme d'une colombe.
Les rois et les prêtres étaient oints jadis symboliquement avec l'huile
et en retiraient une certaine participation à la sainteté, mais Lui, qui
s'est fait homme pour nous, a été oint de l'huile intellectuelle d'allégresse
et de la participation même de l'Esprit.
Il a accepté cela pour nous et non pour lui, car après que l'Esprit s'était
éloigné et n'était pas demeuré en nous parce que nous étions chair (4), la
terre était pleine de tristesse — et comment n'en aurait-il pas été ainsi,
privée qu'elle était de la société de Dieu — (la venue du Christ a dissipé
cette tristesse et c'est avec raison que l'huile de son baptême a été
nommée huile d'allégresse).
IV. — HOMÉLIE XCIV.
Nous avons retrouvé le texte de près de la moitié de cette
homélie intitulée : « A ceux qui furent perplexes quand on lut
le chapitre de l'évangile de Matthieu sur la généalogie et la
venue dans la chair de Notre-Seigneur, Dieu et Sauveur
Jésus-Christ. »
Le premier chapitre de l'évangile selon saint Matthieu avait
été lu le dimanche précédent, durant Tété de l'an 516, c'est-à-
dire loin de Noël et « pas en son temps », comme le remarque
Sévère. Certains lui avaient posé des objections et il veut répé-
ter en public ce qu'il leur a dit en particulier.
Xpr, TOivuv (5) c'.Sévat aasû;' wç tcîç e'joi-^^eXiaxctîq^ [i.a\ko>f Se tw
XaXouvTi £v aÙTCïç nv£Û[ji.aTi, a-izouZr, xai Ip^ov' xo Sià twv Ypaçoixévwv
jXY) à7:i(JTr(6f;vai tbv XpiaT'ov, \irt~s oxt Oebç -^v xaxà çûaiv, [a-^x£ oxi xax'
(1) -xal [ATiTE (jLEÎvavTo; A.
(2) Isaïe, Lxi, l.
(3) Cf. Ps. .xLiv, 8.
(4) Gen., vi, 3.
(5) iMs. Coislin n" 24, fol. 3\
[21]
24 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
olxcvo[J-iav b a-jxzç avôpwTCOç Yeyovev àA'/;Ow;, âî^a xâff-/)ç tps-^ç xal àX^
Aotwaewç xai âoxrjffswç' Aià tcuto o [j,£v sXeysv* ev àpXTÎ "^^ ^ Aôyc? xx't 6
Aôyoç <J(xp^ è^évcTO /,ai £(7/.v^vo)ff£V âv if)tJLÏv' '0 Se -irpsurjy.ôvTtoç lypa-fc'
BiôXoç Y£V£ff£(i)ç r/]aoIi Xptinrou ulou Aa6i3 utoD A6pxà[ji.' îva xbv aÙTOv
^â9(i)[;,£V xai àY£V£aXiYY)Tov £rvau FéypaizTtxi yxp' Ty)v yEveàv aÙTOu ~iq
âi"/)YiQ3'£Tai I {/.«XXov §£ TCpoaiwviîv, y.al juvatoiov tw Ilaxpt, "/.aî. xaxà aapy.a
Y£V£aXoYOU[;.£VOV, etceiB"/; [j,£VO)v Ôeoç c xjxoq àipÉTCTcoç £■::' Èa^^âxou TOti
^povou '^éyove'/ àv6pa)7:oç* Toutou X^P^'^ "''•^'^ xpoyivwv [j^vr^p//;, xai y.aipcov
to-Topt'a xal IziTTipr^aiç, y.xl twv â'XAwv, àTtîp àvôpwirwv /.aOiaT-^y.Ev ïBia,
'o-(i)ç Bù TCavTWV evapyw? Tuapaarr^o"/], T^ç--^,[j.£i£p3:(; ajxbv y,£y,civ(i)vr,'/,£vai
Yîvsacwç T£ /.ai (pûff£0)ç. El yàp >^ai toùtwv Y£Ypa[j.;x£'vo)v* ccy.-/^aîi y.al ^av-
Taaia Ttvèç Eçaaav aÙTOv wcpôat ;;,aXXov ri yvnwf,(7()cii y.a-à àXr,0£iav àv-
6pa)TC0v' Ti où/, av lopaaav £; ;j.-^3£v toioDtov £Y£YP*7^'^0'
TolÙvCiÇ "(xp i'^zy^OL xf^q aîxtaç(l), àv xr^ yz,vzy.\o^^'iy. y.a'. ;j.(^£wv àGÉai^-wv
y.al TCapav6[xo)v £-{ tivwv TrpoaojTcwv o £jaYYî>'>t^'f"'lÇ âjAvr^ijO"/;, yp^4''^'= ^?^~
-irCxrjâeç (2) 'loûSaç oè £Y£Vvrja£ tov ^apèç y.a.' -bv Zapà £X t'^^ 0â[j.ap,
y.al Aaêiâ ô ^aaiXEÙç £YcVvr;(7£ xbv SoXc[;i.wvTa èx xyjç tsu Ojpiou, a\q rapa-
V3[xa)ç xal [xot^'''^^? auv£7uXâx'^(jav' hx ■::oir,Gr, y.axatpavà^ b-i r/]v è^oxEi-
Xaaav y.ai xapoiaxprjo-ao-av i?)[;.wv ^jj'.v y.al àz.y.uXiaOîfa'av £1^ àGî;ji-:ouç
•r;oovaÇy •^XOev îaip£U(jO)v Xpia-bç v.cà Taûx'^ç oi'j^{0ÙTr,q èziXaôiaôat, y.al
à'i:o'Bpa\ioÙGriq û>ç Txcppwxaxo), à-topâ^acOai y.a'i à'Yçai, xat ava^aix^aai,
xal £::ta7£Ïv x9\q £-1 xà y.âx{0 çspa;. Touxo Y^p ivoEixvuxat xb £tpr,iJ.£vov
x(o àxoaxoXw TTcpl aùxou. Où y^P o-z^TwOu àYY^''**'^'^ £TCtXa[;.6av£xa'-, àXXà
<7T.ip\).(XX0q 'A6paà;j. £7:tXa[j.6av£xa'.' 'c6£v wçpEiXa y.axà -àvxa xcî;;
ào£X<poîç ôjxoiwô'^vai.
Tzùxr]q (3) ouv 6 Xpiaxb; xv;; çj^eo); r,[;.(ov xr,v (jjyT^'^^'"^^ y.ax£0£çaxo
x"/;ç èx-opveujàarjÇ, ïva taxpsùaY; y.at àvaaxr,a-/; xy;v TïEJCuaav xal (juyv.jcxoc-
6axiy.coç [j,èv y.ai çtXavôpw-wç, xXy;v, xal oijxwç 6cS7:p£xwç, yjvwGy; y^P
aapy.i x^ r,\).i^ b\j.oouai^, 'l>^'/rt^ ïy^O'Jrr^ xy;v vo£pàv, àva'AapxrjXW?, xap6£-
vîa^ [j.sjixEuoûffr^ç, y.at £/, nv£Û[j.axo<; ct^^iz'j '^■j/Ckt^'Iziùç, xai y.ur,(j£ojç y.at
xôxou Y«P-ov r;YVOir5y.6xo<;, xal açpaYioi xapÔEvty.'^ç àYV£ta; àpp-r,xa)ç xapa-
XwpYjjavxoç.
Kat à [X£V z.li!X^(^eKif:xrtq vAr^o\).r:iùti xoX> -/jiJ.Exépcu y^'^cuç xà xaO-^, xa
èv£t§-/], xàç vûtjouç, xpbç a xaxÉSy; 5 xou 6£cu Aoyoç, ïva ccçào-Y], [j.àXXov
aijxou xb çtXavôpwxov a[j(,a xai u'V^Xôv. O'joa[;.w^ y^P C'OH'^'*'' ?-'pî^ tw
(1) fol. 4'.
(g) — TtSs; Ms.,
(3) Coislin 24, fol. 5.
|22|
QUELQUES NOUVEAIJX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCHE. 25
taTpw, tb a'JYxaOuvai (1) toïç 7.â[ji,vouai, y-ai OiOv î'.'jtcîv wç 6 Aa6tS
èY£vvY;ac tov SoXc;j.wvTa âx t^; Bspo-aosè, touto vàp îvojJLa x^ ^(ovaiv.1,
|ji,ovovo'j;(l aTYjXiTSÛwv tï;v [ji,cr/tav, èy. -:^;;tsj Oypicu cupp-^SrjV ^£6or;y.£v,
TcaptjTaç (ôç 6 Xpta-Toç èx toioûts'j y.aTaYop.£voç yévouç, xàç àaGsvsiaç
•^^ixwv £Aa6£ xai xà^ vsccu^ èSâtrxaas, '/.axà tïoû xiç (2) è'çr, xwv TjpoçrjXwv.
Ot $£ x-J;v Maviy_aiy.Y;v '::p£(j3c'Jovx£ç (3) a6£0v âiy.rî(Ttv [E'jxu-/(ouj (4)
y.ai 'A^oÀivapiou rapâvciav, èzEpyôpiwai x'^ aapy.wj£i y.ai âvavôpwzYjset
XcXsia, xy;v x).r,Qf, (7a)XY;p{av r(tj.(ov, wç è'stxîv, a\a'/uvi;a£vo'., y.al vsj/.i^cvx£ç
ajxr,v â;^.apxi'av xto ffwx^pi 7:p37xpi6£!T6a'., y.aî -.xj-x '/wpl^ à[^.apx{aç £'.ç
X0JX5 xaxaoavxi x£vwtî(jjç, xal XaSivxi ccjXi'j ;j.5poy;v, y.ai £-1 xw (jêfcrat.
xr,v x^; à;j.apx'!a; c'jvao-x£tav èvavOpw-TjîXvxi, -âvxo)? vip otcou ©£b; èx-
TCOOtov (5) 3:[j.apxîa, xa jx'^c sa àxcûar^;, xî xb [xiaiveiv xai pu-oîjv 7:£9ux6ç. —
KrjAtç Y^p 3'jC£v £X£p;v, -i^ 5 x'^ç àfJiapxtaç jzÏas; âîjxî. — Atà xcuxo oi
aùxi'irxai xat 'jTC-^p£xat y£yov6x£ç tcu Aôyou [ii.£xàf TîâïYjç TcappYj^ia; èxi^pu-
^av xy;v xaxà aâpxa Y^'^sa^^YÎav xcu 'lTr;jsu, [xy;o£v xwv coxoûvxtov £'::sv£',-
oÎ5X(i)v à7:oxpu'J>x[ji.£voi, xai èv xaùxô ■::ai5£'Jovx£^ ■'i[^5ç, [Ji.r,x£ £7cl ^zf^ x(ov
•/iixexÉpwv zpsYÔvwv £jX£À£ta xâxo) xj-x£iv xai £Yxa/.Jzx£a9ai, \).^^^-^ \).r,'t
èzl X'îj TC£pt9av£{a xîjvavxtiv â-atpcjOai.
■ r£vixwç (6), y.al s'jXXriSor^v àvax£ç;aXa'.(i)3-â;j.£vs; £'Ypa©£v" Atco A6pa-
h.\j. £(i)ç AaSts Y-'^-3;'. is xx; à-b Aacio k'wç -f,z [^.£x;ixv)a{aç Ba6uXwvoç
YsV£«l ta xat àîzb xyî^ç t;.£xstxr((jiaç BaouAwvcç lioç xcu Xpiaxou YîVîat i3,
l'va xàç Y-'^'^'Ç ^'Ç oixAaaia^o;jL£va>; ïîoo]}.y.oxc oi£Xà)v' — SituXy) Y^fp
£6âo|;<àç 5 X£o-(7ap£(7xai0£xaxsç àpiftj;i.b; — àva;j.vr(ar; (7) xwv Xsy^v xou
TCpoçTQXcu AavfTjX" s'.ç £6cû[xaâa? èxwv xoùç xaipoù^ oiaipsuvxîç (8), £'. xai
ouaxaxaX'(^T:x(j)ç, xa\ wç 0J0£ |j.Ôvo?, c àTCOxaXû'iaç xal à^i(»)0£iç ~f,q opâ-
o-£a)ç, xai 7:pcaYcp£Jovxc; xyjv zapcjaîav Xpuxcu, xa\ -âvxa xà ,a£XXcvxa
xat h^(z,r^ ctà x^r xwv X^y^'^''' î'jyY^'^-^^c; xat b;j.ctixï;xoç" \^.r^ (xk'Kz^ £tvat
Xpiffxbv cv ajxb^ £jaY7£X{i^£xat xitç àxiycjjtv, r, £X£îvcv cv ci TupcçYJxai
XpC£X£YCV.
B. Cordier, Symboloriim in Maihaeum, Toulouse, 1647,
(1) — Tiévai m s.
(2) xocôàrtou Ti'; Ms.
(3). fol. 5'.
(4) Ce nom figure dans le syriaque.
(5) — ôûv Ms.
(6) Coislin 24, fol. 8.
(7) fAVTiaei Ms.
(8) —te; Ms.
[231
26 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
1. 1, p. 15, donne ici sur Matlh. i, 20, un court passage un peu
remanié. Aussi nous traduirons le syriaque et non le grec(l).
Tb y.aX£tff6ai tôv 'Iwavif avipoc x^ç Mapiaq, y,at ty]V Motpiav Yuvar/.a
Tou l(j)ar;f , zapxyriq èaii [xso-tbv x,ai àTroptaç oj xvjç Tu^oûaY;ç. Touxwv
§£ TÔ5v pY;;ji,a-u(i)v {lege forsan âTropY][xâTwv) TY)v X'jfftv àicb -vjç ypaç^ç
£Ûpr((70iJi,£v' è'Goç kyoÙQ-qq àvopa xbv [j,v/;a-Tvjpa v,oikù-4 xacl ty]v [xvv3aT£U0[jL£-
VY)v YuvaCxa, touto Se ^(é-^pocizxai xat sv tw A£UT£povc[j,:fj).
Nous retrouvons ensuite le texte grec de Sévère (2) :
Kai où"/ £Yiva)(TX.£V aÙTr,v.
"Oxi Se où auv^X6£v aùxfj, Tirpbç y^I^S'J xoivwviav, tcwç y^P âv toutou [;.£-«
6£Îav aûXXyjdiiv (3) "/.aT£T0A[XY]a£v où Xévo) oixato; wv àXXà xai açôâpa -iq
Û7i:y5p)(£V â'6£a[j.0(; xal zapâvcpioç, çp''xY; y.al ày^vioc tcoXXy^ (tuv£)(Ô[X£voç £'.ç
TO âvvo^aai [i-ovoV [jlï] ti y^ or] xai àpYajaaOau MapTup£T ^(p<x<}^aq aaçwç (4)
Aouxaç* ^ùv Mapià[A ty) jX£;ji.vrjaT£y[X£Vir] aÙTw, -^ijwxiyl o'jo-y; £yx'j(.).
Kai xwç (?) e'Yv.uoç £(X£[ji.vYiaT£UTO ; Aià Tb jxy; è^ aÙTOu Tr;v xûsaiv, àXX' èx.
nv£'j[jLaTOç Û7ïap'/£tv àY^ou. r£Ypaç£ oè xâXiv ô auTOç £ÙaYY£^^'3'T-(^(;' Kaî
aÙTOç -^v ô 'I"/;jotj(; wç èxwv TpiâxovTa àpx3[i.£voç, (ov, wç £VC(x(^£to,
ulbi; 'l(i)iTr(<i>' 'AXX' oixo)? XP^^'^ "^^ toutou tou vosxiC£a'6ai, eI yi^P ^^ '^PX^?
l'YVo^cav ol çovwvT£ç louoaïoi xaTa xavTb;; al'iJiaToç £Ùa-£êouç ty]v xapÔEVtav
xat Tïjv £x nv£Û[j.aTO? àYi'ou ajXXïj'iitv, ttxvtox; av ty;v TcapGÉvov àvEiXcv,
y.al [jLupi'a £'.pY^o'avTO S£iva. Kal toutoiç ky^ltq y; àTroâEi^iç oti âià to)v
6au[ji,àTa)v, wç 6£0[i.â"/oi, [xaXXov TCpbç (xiati^ovtav ct£p£6iÇovTO (5)* Tbv y^?
AâÇapov, i7:ti7:tp ix vîxpwv ûirb tou 'Iyjœou TcapaSo^wç ÈYspGévTa eISov,
àTTOXTEÎVai BlEVOOUVTO...
Kal aÙTr,v âè ty)v 6£0t65(0V Ilapôcvov £Ûp((Txo[j.£v tyj o'.xovo[ji.(a auvSia-
Ti6£[X£VY)v xai TauTa Tuapi TravTaç àvGpwTcouç £xtjTa[;.£VYjv wç clov te —
TO £V aÙTTJ, T£X£a6£V X£YW Ii.UUT"(^plOV Y-Oll XÉYOUJaV TZphq TGV 'lY]aouv
£Ti VEaÇovTa xaTa aapxa' TéxvoV Ti kTzoiT^aaq if][xîv outwç, looù b izoLVr^p
cou xaYW oBuvw[ji,£Vot èÇif;TOu,aév (T£.
(1) Nous avons déjà vu dans les notes de la première partie, d'autres textes
de Sévère, tirés de cette même publication, qui étaient aussi des remaniements.
(2) Coislin 24, fol. 11'.
(3) B. Cordier, loc. cit., attribue encore à Sévère un long passage qui est un
remaniement du présent texte. Il semble donc qu'on ne doit utiliser qu'avec
précaution les o.xtraits de Sévère qui figurent dans cet ouvrage.
(4) fol. 11'.
(5) ôiT)— Ms.
r24]
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCHE. 27
Mr; TOi'vuv Gauixiffr,? xvîpa -y^ç OapOévou tov 'Iwarjip àxojwv, jjLaOwv
T^ç oly.ovo;ji.iaç t6 Jâaôoç, axo-bç y^P '0'' ^'^^ 'louîaicuç jjlÔvov Xa8cîv ty;v
irapôsvîav /.ai xb tou xixou zapâso^cv, àXXà xai xbv ira-épa to-jtwv Aidt-
60X0V, TOV |2aaxatvovTa [xèv ty] f(;j.£T£pa uwTYjpi'a, ty;v oï toÛtwv è'xSaaiv
àYVOY^cravTa, y.ai oxi aTCÉpixa -su zav-bç ûzi^p^s awTYjpia.
TouTO */.al 5 Osoçipoç hpiixioq 'Esîaiotç âTriîJTlXAwv £Ypaq?îV ou-w; (1 )'
Kai IXaQs xbv à'pyovta toî a'.ÔJvo^ tojtcu y; 7:ap6svia Mapu;;, /.ai 6
tÔ/.oç (2) aùxrjç ô[;.sta); /.ai 6 ftâvaxc; xouKuplîU' Tpîa [j.Udxrjpia y.pauY^?^
axiva £v T^jSU^i'a ©soù è-pâ-/9ï; (3).
TRADUCTION
Il faut donc savoir clairement que les Evangélistes — ou plutôt l'Esprit
qui parlait en eux — prenaient souci et peine pour que leurs écrits
n'empêchassent pas de croire soit que le Christ était Dieu par nature, soit
que, par l'action de la Providence, le même était devenu homme en vérité,
en dehors de tout changement ou modification ou simple apparence. C'est
pourquoi l'un a dit : Au commencement était le Verbe, et le Verbe x'est fait
chair et il a habité parmi nous (4), tandis que l'autre écrivait, comme il
convient ; Livre de la génération de Jésus-C/irist, fils de David, fils d'Abra-
ham (5), afin que nous apprenions que le même est d'une part sans
généalogie — car il est écrit : Qui racontera sa naissance (6) — ou plutôt a
précédé les siècles et se trouve coéternel au Père, et qu'il est d'autre part
muni d'une généalogie, puisque — demeurant Dieu — le même, à la fin
du temps, est devenu homme sans détour. C'est pour cela qu'on a placé la
mention des ancêtres, avec l'histoire et l'observation attentive soit des
temps soit des autres choses qui sont propres aux hommes, afin que par
tout cela il soit établi claicement qu'il a bien participé à notre naissance
et à notre nature.
Si, après que tout cela a été écrit, certains ont encore dit qu'il avait
paru en apparence et imagination plutôt que d'être devenu homme en
vérité, que n'auraient-ils pas osé (dire) si rien de tout cela n'avait été
écrit!
C'est pour la même raison que l'Évangéliste a fait mention aussi, dans
la généalogie, des unions sacrilèges et illicites, écrivant à dessein : Judas
a engendré Phares et Zara de Thamar, et : le roi David a engendré Salomon
(1) Cf. Cureton, Corpus ignaiianum, Londres, 1849, p. 35.
(2) Tous les textes grecs portent Toxeréi;.
(3) Ces derniers mots appartiennent à la recension courte. — Cette citation
n'a pas été relevée par M. Cureton, loc. cit., cf. p. 215, 247 et 356.
(4) Jean, i, 1 et 14.
{5j Matlh'., I, 1.
(6) Isaïe, LUI, 8.
125]
28 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
de la {femme) d'Uri (1), (femmes) avec lesquelles ils eurent un commerce
illégal et adultère, afin de rendre évident que le Christ est venu pour
guérir notre nature déviée, fiévreuse et précipitée vers les plaisirs
illicites, pour la saisir lorsqu'elle fuyait et s'éloignait très loin, pour s'en
emparer, Tétreindre, la ralentir et l'arrêter dans son penchant vers le
bas. C'est ce qu'indique la parole de l'apôtre à son sujet (Hébr., n, 16) :
ca)- assurément ce n'est pas aux anges qu'il vient en aide (2), mais c'est à
la postérité d'Abraham. En conséquence il a dû être rendu semblable en
toute chose à ses frères (3).
Le Christ a donc accepté la consanguinité de notre nature qui avait
commis l'adultère (en la personne de Thamar et de Bersabée) afin de
guérir et de relever celle qui était tombée, et cela avec condescendance
et philanthropie, mais aussi d'une manière digne de Dieu, car il s'est uni
à une chair qui nous était consubstantielle, qui avait l'âme intelligente
sans péché, par l'intermédiaire de la virginité et d'une conception et
d'une grossesse qui venaient du Saint-Esprit, et d'un enfantement qui ne
connaissait pas le mariage et qui a respecté de manière mystérieuse le
signe de la pureté virginale.
Et l'Evangéliste étale les passions, les opprobres, les maladies de notre
race vers lesquelles le Verbe de Dieu s'est incliné, peur glorifier surtout
son amour des hommes et sa grandeur. Car cela ne porte aucunement
dommage au médecin de s'abaisser jusqu'aux malades, et il convenait de
dire comment David a engendré Salomon de Bersabée — car c'est là le
nom de la femme — au point que, pour afficher l'adultère, il a crié en
termes précis : de celle d'Uri (4), démontrant ainsi comment le Christ, qui
descendait d'une telle race, a pris nos infirmités et a porté nos maladies,
comme un prophète l'a dit quelque part (b).
Ceux qui prônent la (simple) apparence, l'opinion manichéenne athée
(d'Eutychès) et le délire d'Apollinaire, rougiront de la prise complète de la
chair et de l'humanité — rougissant ainsi, à <ce qu'il semble, de notre
véritable salut — qui imputerait selon eux le péché au Sauveur, lorsqu'il
est (au contraire) descendu sans péché à une telle inanité et a pris la
forme du serviteur et s'est incarné (précisément) pour détruire la puis-
sance du péché, car partout où est Dieu, le péché est certainement loin,
et, si le péché est absent, d'où viendrait la tache et la souillure, car la
souillure n'est autre que la tache du péché. — C'est pourquoi ceux qui ont
vu et qui ont servi le Verbe ont annoncé en toute assurance la généalogie
de Jésus selon la chair, sans rien cacher de ce qui semblait répréhen-
sible. Ils nous enseignaient en même temps à ne pas baisser les yeux et à
(1) Matth., I, 3, 6.
(2) On peut aussi traduire, avec la Vulgate et le sj'riaque, « il n'a pas pris
les anges (la nature des anges) ».
(3) Hébr., n, 16-17.
(4) Matth., I, 6.
(5) Isaïe, Lin, 4; cf. Matth., vni, 17; I Pierre, n, 24.
[26j
QUELQUES NOUVEAUX TEXTES GRECS DE SÉVÈRE d'aNTIOCHE. 29
ne pas rougir du peu de renom de nos parents et inversement à ne pas
nous enorgueillir de leur célébrité
(Sévère continue à développer ce sujet; il ne faut pas dire :
mon grand-père était un martyr; mon père était un des premiers
de la ville, etc. C'est ainsi que les Juifs disaient : Ncms sommes
la race d'Abraham) (1)... •
Dans un résumé général et bref, Matthieu a écrit ; D'Abraham jusqu'à
David, il y a quatorze générations. De David Jusqu'à la captivité de
Babylone quatorze générations et de la captivité de Babylone jusqu'au
Christ quatorze générations (2), afin qu'en partageant les générations en
semaines doubles — le nombre quatorze est une semaine double — il
fasse songer aux paroles du prophète Daniel qui partageait les époques en
semaines d'années (3) — bien que ce soit difficile à saisir et comme le
"savent seulement Celui qui a révélé et celui qui a été gratifié de la
vision — et qui annonçait d'avance la venue du Christ et tout ce qui
devait avoir lieu, et afin aussi de montrer, par la parenté et la ressem-
blance des paroles, que le Christ qu'il évangélisait aux auditeurs n'était
pas différent de celui que les prophètes avaient prédii..
Mais quelqu'un dira : Cela me trouble d'entendre dire : « l'homme
de Mûrie » et aussi « Marie ta femme », car ces noms sont des indices de
mariage et de rapports conjugaux. — Recourons encore, pour répondre,
au livre divin qui a coutume d'appeler « homme » le fiancé et, de la
même manière, de nommer « femme » la fiancée. 11 est écrit dans le
Deutéronome.
(Sévère commente ensuite Deut. xxii, 23 à 26 où la jeune
fille vierge fiancée est aussi nommée femme).
(Avant qu'ils eussent habité ensemble, l'ange annonce à Joseph
que l'enfant conçu par Marie vient du Saint-Esprit; Joseph
n'était donc pas l'époux, mais il était le serviteur de l'ordre
providentiel et des mystères ineffables. Quand ils eurent vécu
ensemble tout le temps de l'enfantement, pour ne pas laisser
soupçonner que l'enfant venait du Saint-Esprit, on comprend
que Marie ait été nommée la femme de Joseph et celui-ci son
mari.)
Et il ne l'a pas connue (4). Car s'il n'avait eu jusque-là avec elle aucun
rapport conjugal, comment aurait-il osé le faire après la divine concep-
(1) Luc, m, 8.
(2) Matth., I, 17.
(3) Cf. IX, 24-27.
(4) 3Iatth., I, 25.
[27]
30 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
tion ! Non seulement un juste, mais même un homme très sacrilège et
méchant, serait saisi de frisson et de grand trouble, je ne dis pas de le
faire, mais rien que d'y penser. Luc en témoigne lorsqu'il dit claire-
ment : (// alla à Bethléem) avec sa fiancée, femme qui était enceinte (1).
Comment une femme enceinte était-elle fiancée? C'était pour montrer
que la conception ne venait pas de lui mais du Saint-Esprit. Le même
évaugéliste a encore écrit : Jésus avait environ trente ans lorsqu'il com-
mença son ministère étant, comme on le croyait, fils de Joseph (2).
11 était même nécessaire de le croire, car si les Juifs, qui versaient
tout sang pieux (3), avaient connu dès le commencement la virginité et
la conception due au Saint-Esprit, ils auraient certainement tué la Vierge
et commis de nombreuses cruautés. La démonstration en est facile,
puisque les prodiges excitaient encore davantage au meurtre ces enne-
mis de Dieu, au point que, lorsqu'ils eurent vu Lazare ressuscité extraor-
dinairement d'entre les morts par Jésus, ils cherchaient à le tuer (4).
Et nous trouvons que la Vierge mère de Dieu elle-même qui était
mêlée à l'action de la Providence et qui savait tout cela aussi bien que
possible, mieux que tous les hommes — je parle du mystère qui s'accom-
plissait en elle — disait à Jésus qui était encore jeune selon la chair :
Enfant, pourquoi as-tu ayi de la sorte avec nous. Voici que ton père et moi
nous te cherchions avec angoisse (5). Ne t'étonne donc pas en entendant,
que Joseph est l'époux de Marie, puisque tu connais la profondeur des
desseins de la Providence, car le but n'était pas seulement de cacher
aux Juifs la virginité et le mode extraordinaire de l'enfantement, mais
(de les cacher) aussi à leur père le diable, jaloux d'une part de notre
salut, mais qui ignorait d'autre part l'issue de ces choses et que ce germe
était le salut de l'univers.
C'est ce qu'Ignace, inspiré par Dieu, s'adressant aux Éphésiens, écri-
vait en ces termes : a La virginité de Marie n'a pas été connue du
prince de ce siècle, de même que son enfantement et aussi la mort du
Seigneur : trois mystères d'importance qui se sont déroulés dans le
silence de Dieu. »
F. Nau.
(1) Luc, II, 5.
(2) Luc, lu, 23.
(3) Cf. Matth., xxiii, 35.
(4) Jean, xii, 20.
(5) Luc, 11, 48.
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME
CHEZ LES TURKS ORIENTAUX
Au cours d'un article que j'ai publié en l'année 1925, dans
cette Revue, j'ai proposé de voir dans le nom d'un Turk, qui,
au milieu du viii" siècle, faillit renverser les Thang, An-lou-
shan, comme l'écrivent les Chinois, un mot persan, Roushan
« éclatant », lequel a été porté, à une date beaucoup plus
moderne, par un barde turkoman, partant de reconnaître dans
ce redoutable aventurier l'un de ces Nestoriens ou de ces Mani-
chéens qui pullulaient sur les frontières du Céleste Empire, et
dont la foi avait passé par l'Iran avant d'aboutir à la Chine.
Rien ne dit, d'ailleurs, que cet An-lou-shan, dont Houan
Tsoung fut assez stupide pour faire la fortune, n'était point
zoroastrien (I), car le Thang-shoii, aux années du moyen âge,
(1) A cotte date, ce n'étaient ni les Nestoriens, ni les Manichéens qui man-
quaient dans le Céleste Empire. Lorsque ce brigand se fut rendu maître de ce
qui est le Tchih-li actuel et du cours du fleuve Lao (Wieger, Textes historiques,
1679), il se trouva arrêté dans sa marche sur la capitale par le cours méridional
du fleuve Jaune; il fallut à toutes forces l'empêcher de tourner par la boucle,
ce à quoi s'employa Kouo Tzeu-i, qui occupa ces régions, et flatta les Nestoriens
qui y vivaient, sous les espèces connues d'adeptes de la Lumière céleste; Kouo
Tzeu-i et le célèbre eunuque Kao Li-shih, qui furent les grands hommes de ce
miHeu du vm'' siècle, pratiquèrent cette religion, autant que l'on peut le déduire
de la lecture du Thang-shou, le(iuel n'aime point àlparler de ces histoires, qui
sont un objet de scandale pour les lettrés ; au vu», au vm* siècle, des moines
nestoriens reçurent les plus grandes marques de faveur des empereurs Thang.
Persécuté par les Fils du Ciel, le Nestorianisme disparut rapidement de leurs
domaines, mais il se maintint hors de leurs frontières, chez les Altaïques,
principalement chez les Mongols, jusqu'à la fin du xiv* siècle (voir Revue de
l'Orient Chrétien, 1925, p. 60); encore ne fut-il proscrit qu'en 845, sans que
cette condamnation ait entraîné sa mort immédiate; quant au Manichéisme,
ce fut en 843 que Wou Tsoung le mit au ban de l'empire, et que soixante-dix
prêtresses de ce singulier mélange de Christianisme et de Zoroastrisme
furent mises à mort, alors que le clergé chrétien, aussi bien que celui des Maz-
déens, est fermé aux femmes.
[11
32 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
parle de ces Mazdéens d'Asie Centrale (1), qui s'en allaient cher-
cher la Loi dans l'Iran, ce qui, chez les Altaïques, était une
tradition lointaine, remontant à l'époque à laquelle certains de
leurs clans s'étaient convertis au culte du Feu.
L'hypothèse était assez hardie pour que j'aie longtemps
hésité à l'exprimer, bien qu'elle ne fût nullement révolution-
naire. L'objectif de tous ces Altaïques, quelle que fût leur con-
fession, sur les marches de la terre de Han, était la possession
de l'Empire; plusieurs de leurs clans y réussirent partielle-
ment, plus ou moins, tels les Huns du royaume de Tchao, tels
les Tonghouzes Topa de Weï, qui terminèrent l'existence des
Peut-être les Thaï-phing avaient-ils le souvenir très lointaia d'une origine hété-
rodoxe chrétienne, Manichéisme ou Nestorianisme, ou même des débris d'un
sj-ncrétisme confus entre les croyances de ces deux erreurs ; les Thaï-phing recon-
naissaient un seul dieu, et aucun autre que lui; ils condamnaient l'idolâtrie;
ils observaient les dix commandements de Moïse; ils croyaient que Jésus-Christ
est venu sur la terre pour sauver les hommes, pour conduire les bons au
paradis, tandis que les mauvais finissent en enfer; que le Saint-Esprit agit
sur le cœur des hommes; que le Christ est mort sur la croix, qu'il est ressus-
cité et monté au ciel; ils possédaient des parties de la Bible et des Évangiles
(Milne, la Vie réelle en Chine, Paris, 1858, pages 510, 511). Si la croyance à la
personnalité réelle du Christ qui est mort sur la Croix, et à un seul Esprit,
est contraire au Manichéisme, il ne faut pas oublier que le fondateur de cette
secte redoutable, Iloung Siou-tsuan, se disait le second fils de Dieu, assurant
qu'il avait des révélations directes de la Divinité, dans un esprit qui est abso-
lument celui des sectes des commencements du Christianisme, des pires hérésies,
de celles de Montanus, de Manès, son successeur, qui se disait le Paraclet.
Sans doute, cet illuminé fut au service d'un missionnaire de la Baptist Mission
de Canton, chez lequel il lut la Bible et les Évangiles, mais il ne s'y trouve
rien de pareil, et ce ne sont certainement pas les enseignements des mission-
naires protestants qui ont pu lui tourner la cervelle à ce point; il n'existe dans
le Taoïsme rien qui explique ces folies, d'où l'on est bien obligé, malgré
les difficultés évidentes du problème, d'admettre chez Iloung Siou-tsuan une
survivance très lointaine d'un Manichéisme tellement abâtardi, qu'il en avait
perdu ses caractéristiques e^isentielles, ce qui n'a rien d'extraordinaire.
(1) Le Zoroastrisme, comme le Nestorianisme, ne fut condamné qu'en 845,
toujours sous le règne de Wou Tsoung des Thang, en même temps que le
Bouddhisme, qui florissait à la Chine; encore convient-"il de remarquer que leur
condamnation fut simplement l'écho de la proscription du Bouddhisme, qui
était autrement dangereux, et contre lequel les Taoïstes ameutèrent l'empe-
reur; la lecture du Thang-shou montre qu'au vu* et au vni° siècles, le danger
bouddhiste était une réalité, qui menaçait l'empire de la ruine, alors que les
autres confessions n'y tenaient qu'une place des plus restreintes, et ne faisaient
courir aucun péril à la civilisation cliinoise; d'où il suit qu'on les aurait volon-
tiers laissées bien tranquilles, tout en se gaussant d'elles, et que ce furent les
extravagances des bonzes qui attirèrent sur elles la vindicte du Fils du Ciel.
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 33
Royaumes, au v* siècle, comme Tavaient t'ait les Tiisin avec
plus de maestria, et qui furent une très 'grande puissance dans
le Nord de la Chine, jusqu'au jour où les Mongols, puis les
Mandchous, réalisèrent le rêve qui avait hanté l'idée de tous
ces nomades, depuis l'aube du second millénaire avant le
Christ. Ce furent les Huns de Tchao qui répandirent le Boud-
dhisme dans l'empire chinois, à la grande fureur des lettrés;
le Bouddhisme, depuis l'an 65, végétait en Chine, sans grand
avenir, quand le Hun Sheu-hou lui donna un essor extraordi-
naire, qu'il devait conserver jusque sous les Thang, pour la
grande confusion des Confucianistes. An-lou-shan, s'il avait
réussi, et il s'en fallut d'une paille qu'il ne réussît, s'il était
monté sur le trône à Tchhang-gan, entouré de sa séquelle
de sauvages, An-lou-shan aurait donné au Nestorianisme, au
Manichéisme, au Mazdéisme, suivant le cas, le prestige apparent,
et bien temporaire, de la religion d'état chinoise, ou plutôt
la forme de la croyance du souverain, sans que cette circons-
tance leur eût conféré la moindre puissance dans les provinces
aux rives du fleuve Jaune ou du fleuve Bleu; des églises ou
des pyrées se seraient élevés au Tchih-li et au Ho-nan, pour
l'usage de quelques milliers de personnes, méprisées et hon-
nies des Chinois taoïstes, qui seraient aujourd'hui des ruines,
qui auraient disparu, comme les stoupas et les viharas boud-
dhiques, dont la piété des empereurs Thang couvrit la terre
chinoise, et ces religions y seraient, au xx® siècle, encore plus
complètement inconnues que la foi du Tathagata.
Mais le nom d' An-lou-shan n'est peut-être pas le seul élément
iranien que l'on puisse déceler dans l'onomastique des Turks,
quoique le passage des Altaïques aux différentes religions qui
se sont partagé leur conscience n'ait laissé aucune trace, au
moins dans ce que nous savons de ces barbares, par les auteurs
chinois ou persans, les seules sources de leur histoire,
jusqu'aux xiii*-xiv^ siècles, où l'on trouve chez les Mongols
quelques noms hindous, que les bonzes donnèrent aux princes
de la famille de Tchinkkiz, pour bien montrer qu'ils savaient
le sanskrit (1).
(1) Ananda, Bouddha-çrî, Dharma-çrî, Dharma-pâla, Kamala, Mangala, Nanda-
çrî, Ratna-çri, Ratna-dhara, Ratna-pâla, sont des noms de princes dans la
[3]
ORIENT CHRÉTIEN. 3
34 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Et ce fait provient évidemment de cette circonstance que
nous ne savons de ces clans que ce que les Ciiinois ont bien
voulu nous raconter, sans avoir le dessein de faire leur histoire,
mais uniquement dans l'intention de montrer dans quelle
mesure ils ont influé sur les destinées de leur empire. Il est
très possible que des noms perses ou chrétiens aient été en
usage chez eux, et c'est ce que tendent à prouver les noms des
fils deSaldjouk, -au x^ siècle (1), tels que les citent les historiens
persans. C'est peut-être le titre Shapour « fils du roi », pro-
noncé Shapol, ou quelque chose d'approchant, qui se dissimule
dans le nom d'un khaghan des Turks, qui paraît au vi' siècle,
dans l'histoire chinoise, sous la forme de la transcription Sha-
pal-lo(k) = Shapol (2), ou une forme de l'iranien oriental, à
famille de Tchaghataï, fils de Tchinkkiz, et dans la lignée de Khoubilaï; une
impératrice, femme de Témour Khaghan, se nomme Çrî-dharî, qui 'est une
forme féminine de Çrî-dhara, ce qui montre que les lamas tibétains connais-
saient les éléments de la grammaire sanskrite.
(1) Revue de l'Orient Chrétien, 1927, page 202; il est tout à fait vraisemblable
que les Khazars, chez lesquels le Judaïsme était la religion officielle, portaient
des noms hébreux, et il n'est pas impossible que les ancêtres de la famille
saldjoukide, comme beaucoup des Turks qui entrèrent au x" siècle sur les terres
des Ghaznawides, les Ghaznawides eux-mêmes, qui étaient aussi des Turks,
ne fussent convertis au Judaïsme; il y a plus de chances qu'ils aient été mani-
chéens, nestoriens et bouddhistes, comme le montrent les documents trouvés
en Asie Centrale, où l'on ne rencontre pas de documents hébraïques, mais
c'est un fait certain, comme le montre l'exemple des KJiazars, qu'il y eut des
Tuiks occidentaux qui professèrent la religion mosaïque.
(2) Sha-pal-lo(k), avec à long par position, tourne naturellement à Shapol; ce
Sha-pal-lo(k) n'a rien à voir avec le Istiimi Khaghan, fils (?) de Boumin Khaghan,
qui paraît, au vni" siècle, dans l'exorde. des inscriptions du Bilga Khaghan,
aux rives de l'Orkhon : '■ Quand le Ciel bleu en haut et la Terre noire en
bas eurent été créés, entre les deux furent créés les fils des hommes. Au-dessus
des fils des hommes s'élevèrent mon aïeul et mon grand oncle atchu-apa,
Boumin Khaghan et Istami Khaghan », ni avec un autre Istâmi, frère de
Toumen, qui fonda la monarchie des Turks, en 552. Il est certain que Istâmi
n'est point Mokan, fils de Toumen, auquel les Chinois donnent le titre de
seu-kin, ou sou-teou, lequel ne peut, sous aucun prétexte, recouvrir Istami,
que les Chinois transcrivent correctement Sheu-tian-mi. Sha-pal-Io(k) était le
fils du premier frère de Toumen, son neveu; donc il ne peut être son frère.
Le groupe Boumin Khaghan-Istami Khaglian des inscriptions de l'Orkhon est
purement mythique; il reporte à l'origine des âges; Boumin Khaghan, comme
je l'ai dit autre part, n'est pas, et ne peut être Toumen Khaghan; atchou-apa est
••'très gran I-père-très grand-oncle »; en turk-oriental, atcha signifie « mère »,
et apa « sœur .l'née »; le changement, l'inversion des sexes, n'ont rien qui doive
surprendre dan. i:i pensée de ces primitifs, dont la langue ne distingue pas les
r4]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 35
laquelle aboutit le complexe khshàyathiya-puthra, en Sogh-
diane, alors qu'il devenait dans l'Ouest Shàlipûhr, dans les
textes pehlvis, Shahpùhr, dans les inscriptions, puis Shcàpûr
en persan, Sàbôr en arabe.
Les Byzantins (1) nomment ce khaghan Ai!;â6o'jA:ç, avec
la variante AiX^icouXoç (2); l'édition de Tabari lui donne le
nom de [jr:^^^, que l'on a lu Sindjibou; cette forme de la chro-
nique arabe, rapprochée de AiXCiSouÀc;, que je considère comme
une leçon fautive, a permis aux Sinologues de donner de ce
nom une explication qui ne tient aucun compte des possi-
bilités linguistiques. A-A^iocjac; ^= Sindjibou serait le djabghou
Sil, Sin, Dil, ce monosyllabe étant le nom personnel du roi
des Turks, et le second élément -CiêouXoç = -djibou, le titre
de djabghou. Mais cette explication est impossible pour
plusieurs raisons : la présence de 1'-^ dans Airâ5ouX-c; et
AuÇi6ouA-sç, dans la forme chinoise Sha-pai-lo(k), montre que
le nom de ce khaghan, quelle que fût sa forme, à la fin du
vi* siècle, se terminait par un -/, de sorte que son second
élément ne saurait être le titre tchabghou, qui, à aucune
époque, ne s'est terminé par un -/, ou par une consonne
quelconque. Que si Ton vient à invoquer la forme de Tabari,
il est aisé de répondre qu'elle n'a aucune autorité, non tant
par suite de la date tardive (vers 880), à laquelle écrivait le
célèbre théologien, mais bien par suite de la confusion fré-
genres; ils ne sauraient empêcher que le premier de ces termes ne désigne l'être
qui donne la vie, le second, un collatéral. Il s'en suit que le Istilmi des inscrip-
tions de rOrkhon n'est point le fils de Boumin, l'ancêtre du Bilga Khaghan,
mais bien un oncle de ce prince de la steppe, un frère de Boumin. Il est
vraisemblable que le binôme Boumin-lstami des inscriptions de Mongolie a été
composé, au vu» ou au viir siècle, sur le groupe réel Toumen-Istami du vi%
par une modification du nom de Toumen, dont je ne saurais tenter l'expli-
cation; à cette dcite, les souvenirs des Turks n'allaient pas loin; le plus anciea
était celui d'Attila, dont ils ont fait Oughouz, en traduisant oughouz = eukuz^=
ochs par ot-ly « bovinus ».
(1) Ménandre, de Legalionlbus Romanorum ad génies, page 152, deux fois.
■(2) Ibid., page 1G2, deux fois également. Ai),ÇîgovXoç, en face du chinois Sha-
pal-lo(k), est une erreur des scribes; il est douteux que Ménandre, à quelques;
pages de distance, ait donné à ce nom des formes aussi divergentes; cet auteur,,
d'ailleurs, comme tout le monde, était faillible, puisqu'il a écrit, page 152, à propos
de ce roi des Turks : tva 6 xaï4''0î «ûtô; yjv èv ôptt xivi XeYOfit'vw 'ExTày w; àv
.ÉiTcoi xpyffoy^' ôpoç *E>,ÀY)v àvi^p; c'est Altaï, non Ektag, qui est la mbntagne d'or.
36 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
quente entre J / et 1 a, à la fin des mots, laquelle est bien
connue des personnes qui ont manié les manuscrits arabes, et
s'explique aisément par la forme de ces lettres. D'où il suit qu'il
est tout à fait légitime de corriger la forme de Tabari, tout
d'abord pour sa finale, en attendant mieux, en ^3-<f^ Sindjiboul,
ou plutôt J_j^3^ Sadjiboul(l), dont le second élément correspond
absolument aux formes grecques et chinoise, qui ont une autre
valeur traditionnelle qu'une misérable graphie arabe (2). Encore
faut-il ajouter "qu'à la fin du vi^ siècle le titre de tchabghou,
qui avait été celui des Huns, des Turks dans l'Antiquité, qui
avait été porté par les Sakas, était entièrement tombé en désué-
tude, pour être remplacé par celui de khaghan, que prit Toumen,
au milieu du vi^ siècle (3) ; que, partant, il ne saurait être ques-
tion, quelque quarante ans plus tard, de reconnaître cet élément
abandonné et désuet dans le titre d'un roi des Turks. Et cela
est d'autant plus impossible que Tabari donne à ce person-
nage le nom de Sindjibou Khaghan, et cela par deux fois, ce qui
signifie le khaghan Sindjibou, ce que l'on ne peut entendre
(1) L^-*", d'où JJ-^a^-', est aussi probable dans le texte de Tabari que
JLss-^, comme le montrent les variantes que l'on trouvera au tome II, pages
895 et 896 de l'édition de Goeje.
(2) C'est un fait malheureusement trop certain que les manuscrits grecs, pour
ne pas parler des manuscrits latins et français, malgré tout le mal qu'en pen-
sent ceux qui les utilisent, sont infiniment supérieurs aux livres dans lesquels
se sont conservées les littératures musulmanes, et cela vient en partie des
idiosyncrasies de la graphie arabe, qui est douée de tous les défauts et de tous
les vices, n'écrivant point les voyelles, n'étant point capable de noter d'une
manière palpable le vocalisme des phonèmes étrangers, le travestissant d'une
façon ridicule, et, ce qui est pis, marquant le consonnantisme par des points,
que la fantaisie des copistes promène dans tous les sens, en modifiant entière-
ment la valeur des mots, jusqu'à la rendre méconnaissable; tel ■j'»^ Bontos
« le pont Euxin », qui est devenu ^A^a^ • Nitash »; avec de semblables
prémisses, toutes les corrections graphiques sont permises, et la critique
verbale des textes musulmans, comme je l'ai montré dans l'édition du texte
d'une partie de l'Histoire des Mongols de Rashid ad-Din, devient de l'équi-
librisme; personne ne se donnerait la peine d'éditer un texte latin dans un
pareil état.
(3) D'autant plus qu'il y avait longtemps que les Tonghouzes avaient renoncé
à ce titre de tchabghou, pour prendre celui de khaghan, tout au début du
V» siècle, alors que le titre de khaghan-toun ■< reine », féminin de khaghan, fut
créé, en 520, pour une magicienne, qui sut se faire épouser par le chef de
ces barbares.
[61
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 37
OU comprendre le khaghan-tchabghou Sin (1), ce qui serait par-
faitement absurde.
L'interprétation de cette forme ne va pas sans quelques
difficultés; elles proviennent de ce fait que les idiosyncrasies
phonétiques de l'iranien oriental, auquel les Turks ont fait des
emprunts, différaient de celles de l'Ouest de la Perse, qui ont
créé le persan; * hlishâyathiija-puthra, qui a donné Shàhpûhr
(1) Je n'ai jamais rien trouvé dans l'onomastique des Turks qui ressemblât à
cet élément Sin, Sil, Dil, qui formerait la première composante de ce nom, sans
d'ailleurs que cela soit une raison péremptoire pour nier la possibilité d'une
telle forme; mais cette forme, à mon sens, est bien douteuse : sin, sen, en turk,
signifie •■ toi, croupe d'une montagne, corps, tombeau ", et, en ce dernier sens, ce
mot correspond au leyyin de l'osmanli; dit, til - la langue, la parole, la plume
qui l'exprime » ; lin « un objet sans valeur, un sou • às-'l ^J <^.' " deux sous »
(Ali Sina, p. 39, 1. 10); As-'l ^^'^ « un sol » {Kirk baghtché, p. 15, 1. iOj;
ce mot, primitivement, signifie une chose sans valeur intrinsèque, comme le
montre yj yjj\i « la plus petite chose », un morceau, un fragment de quel-
que chose, d'où le sens de monnaie divisionnaire. Ce mot altaïque s'est perdu
en turc osmanli ; mais le sémantisme a survécu à sa disparition, car les Turcs
l'ont remplacé dans leur lexique par son synonyme persan para « fragment »,
auquel ils ont attribué le sens de monnaie d'une valeur infime; lin signifie
également une bride, un licol, une longe, sans que ce mot ait le moindre rap-
port avec un autre vocable lin, lequel signifie la respiration, l'àme, d'où l'ad-
jectif lin-ik, lin-Uk, puis lin-dik, avec d = l - qui vit, qui respire ». Aucun de
ces mots ne saurait devenir le nom d'un personnage; seule, une forme laïn,
qui, en turk oriental, désigne l'écureuil ordinaire, par opposition à l'écureuil
rayé kuruk ,^jj^.^, pourrait remplir ce rôle, sans que jamais, à ma connais-
sance, on l'ait rencontrée dans l'onomastique des Turks, telle qu'elle est enregis-
trée par l'histoire du Céleste Empire; tout au plus, pourrait-on expliquer la
forme de Tabari, la forme inexacte de l'édition, Sindjibou, par tchabghou de Sin
- souverain du Turkestan », car Sin, comme je l'ai établi à plusieurs repri.ses,
désigne tout le Tarim, de Kashghar à Sha-tchéou, pour des raisons historiques
et géographiques sur lesquelles je ne reviendrai pas; mais cette interprétation
est parfaitement impossible; Sin = Tchin, dans le sens d'Asie Centrale, est un
nom qui a été donné à cette contrée par les Musulmans, lesquels, très loin du
Céleste Empire, ont confondu la Chine et l'Asie Centrale, qui était sa dépen-
dance; le fait était normal; mais les gens du pays ne pouvaient commettre
une semblable erreur, et ils le nommaient vraisemblablement Turk-yir, d'autant
plus que chez eux, la Chine était Tabghatch ; je sais bien qu'au xvi^ siècle,
Tchin Matchin j^t^'-* ^^rr^ est Khotan, même dans l'Ouest du Tarim; mais
c'est encore là une expression forgée par les Musulmans, qui ignoraient tout
du Céleste Empire, dans la partie extrême-occidentale du pays turk, sur les
marches du plus grand Iran, à une époque de décadence intellectuelle complète,
de la confusion des deux concepts du xiii« et du xiv^ siècle, qui discriminent
lès deux aspects divergents entre lesquels Rashid ad-Din, lequel savait soa
métier, a distingué la Chine du Sud et celle du Nord.
[7]
38 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
à Isfahan, a probablement abouti à Tchâhpùhl à Samarkand,
avec l'équivalence tch ^= A:, kh, qui est un phénomène de pho-
nétique générale, qui se retrouve dans le grec xCaîaap, dans le
russe tsar, dans le hongrois csaszar, dans le turc tchasar,
dérivant de y.0LiGap, dans le turk tchétrik « armée », d'une
forme hindoue kshatriya-ka. Puthra « fils », dans cet idiome
oriental, est devenu pûl, et non pur, comme en persan de
l'Ouest, mais ce fait n'a rien que de très naturel, car l'équiva-
lence l = r est connue; il suffira de citer ici le persan pûl,
pul « pont », en pehlvi pùhl, en parsi puhal, qui est le zend
peretu et pishu, avecW = s « passage », en ^di\\skv\iprthu, en
latin por-tus, en anglais for-d « gué », dont le dialecte du
Ouilan a gardé la forme originelle purd, dans le sens de
« pont », le persan ^> palm « terre », qu'il faut lire pal u m,
ce qui est peretum, à l'accusatif, ce qui est très rare, en
sanskrit ^jr^/rww? (1) « le large », d'où au féminin prthivlm.
(1) Il est inutile de revenir ici sur l'équivalence ri =i hl = l; elle explique le
doublet du nom du musicien de Khosrau Parwiz, A-J^ Bahlabad, en arabe,
Jo.u Barbud, en persan, qui est un *varta-pali « celui qui possède le privilège,
la fortune • ; Bahlabad et Bàrbad = Bàrbud, par suite de la confusion des
voyelles dans les lexiques, sont deux formes équivalentes; Bàrbad = Bahrbad =
Bahlbad ; var-ta, participe passif de var-, vr « choisir », signifie « ce qui est
■choisi, excellent, fortune, prééminence -, comme var-a, qui est le premier
dérivé de var-, a le sens d'- excellent » ; var-la, dans le lexique zend-pehlvi, est
traduit vas/il, que le dastour Hoshangi Jamaspji rend par « beau, bon •, en le
considérant comme le participe passif de var-, ce qui est possible, car le mot
pehlvi vasht, avec sh = r, peut parfaitement représenter ce même participe
perse var-la, évolué suivant les idiosyncrasies du moyen persan; ce que tend
à établir cette circonstance qu'à côté de ce mot var-la, traduit vashl, on lit
dans le lexique zend-pehlvi une forme varelala, traduite varl'm en pehlvi, et
« entourant •■, par le dastour Iloshang.ii Jamaspji; ce mot est varela-la, corres-
pondant à la forme sanskrite vrl-ta, participe passif de vrl- •• entourer •; en
pehlvi, vashl est généralement le participe passif de vashlan, persan gashtan,
de *var-lanaiy, et ne se rencontre pas dans les lexiques persans avec le sens
de « choisi, beau, excellent » ; mais, comme le zend varia ne peut être le parti-
cipe passif de vrl-, qui est vareta-ta, il faut que vasht dérive de var-ta, dans le
sens de • beau, choisi », de telle sorte qu'il est le doublet d'un mot persan gurd
= var-ta, qui a pris dans la langue moderne le sens de héros. C'est ainsi que
■pahlaw est dérivé de * parlhawa, et ainsi s'explique la forme •^ y^i qui se trouve
dans le Mo'^djam de Yakout, vocalisée Fahradj = Fahrag (III, 862; IV, 844),
Fihridj = Fihrig (III, 925), Fouhradj = Fouiirag (IV, 775), qui désigne deux
localités, le Farhag de Bassora, qui est un canton de cette ville, dépendant de
OubouUa, et une ville entre le Fars et Isfahan ; ces deux localités étant deux
[8]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 39
D'où il suit que * khshâyathiya-puthra a parfaitement pu
aboutir, dans TOrient de la Perse, à une forme tchapoul, ou,
comme on va le voir bientôt, à quelque chose d'approchant, que
les Célestes ont très correctement rendu Sha-pal-lo(k), avec la
transcription du tch altaïque par leur sh, ce dont on a de
nombreux exemples; cette forme a plus ou moins été entendue
tishapoid par les Byzantins, lesquels, ne possédant point le son
tch dans leur langue, furent embarrassés pour analyser ses
composantes, ou plutôt parce qu'ils y virent un phonème com
posé, par rapport à leur dz l, d'un 3 et de ce même :; (1). C'est
manifestement cette forme tishapoul qu'ils ont rendue A'.;â-
6ojX-oç, au VI* siècle (2); encore convient-il de remarquer que la
transcription T^ÉpêcuXcv du latin servuhis {'i), du nom du sandal
par T?,âv$ava, T^a^Ya, ■z'C.ai.-^-fio^) « botte », apporté à Constanti-
nople par les Varègues, qui est le suédois skank, l'anglais
shank, schenkel, en allemand, suffiraient amplement à expli-
quer comment une forme Shàhpùr-Shàhpûl du moyen-persan
a pu devenir Aii:â6:uXsç, sous la plume des Byzantins.
Sans entrer ici dans le détail de cette question, qui est fort
obscure et très complexe, il me suffira de dire que le son tcli
de l'Altaïsme, du turk ou du tonghouze, n'était point identique
*Partha-ka, deux « Parthiennes » ; les lexiques persans donnent de ce nom
*Partha-ka un aboutissement bien plus réduit que la forme pehivie Fahrag =
Pahrag, avec l = r, soit <iJ-^ Pahla, venant de * Pahlak = * Parlha-ka, Pahla
étant le nom de cinq villes ou pays qui avaient été des *Partha-ka, à savoir
Isfahan, Rayy, Hamadhan, Mah de Nihawand, l'Azarbaïdjan.
(1) La voyelle i était ultra-brève, et n'aurait pas dû être écrite; A!;à6&y).0(;
aurait parfaitement suffi; il y a des cas où même le pehlvi, comme le persan,
écrit des voyelles brèves, non pour présumer de leur quantité, mais unique-
ment pour marquer leur existence, de façon qu'on puisse lire le mot.
(2) Au vn" siècle, les Byzantins entendirent cette même forme avec une vocalisa-
tion altérée, l'a et ïou tournant à l'eu, comme cela est fréquent dans l'Altaïsme,
mais sans la dissimilation de Is- initial en lis-, et ils la rendirent par ZteêriX, ce
qui, dans Théophane (Chronographie, page 264), est le nom du chef des Khazars
qui fit alliance avec l'empereur Héraclius contre Khosrau Parwiz; il me semble
difficile de séparer Zieêr,Xde AiÇoiêou) o; ; les étymologies qu'on en pourrait tenter
par le turk sont à peu près inexistantes; ^.jJjSw tchoubouri « loup, chien
sauvage • est le seul mot dont le sens convienne aux idiosyncrasies sémantiques
de l'onomastique turke, mais les Byzantins l'auraient rendu par ZieêrMi ou
AtÇaêoûXric, l'i faisant partie intégrante du mot ; Ichoubour « foule », tchibir
- déchiré », Ichibin « mouche •, sont manifestement impossibles.
(3) Voir note 2, à la page suivante.
«
[9]
40 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
au tch indo-européen, qu'il était moins net, intermédiaire
entre tcha et ts, à peu près à la même distance du tch iranien
qie du C des Hellènes; d'où il résulte que les Perses, qui ont
été en rapport avec ce roi de la steppe, ont entendu son nom
sous cette même forme Tishapoul, par suite de la même dissimi-
lation, exactement comme les Persans, il y a vingt ans, parlaient
de leur ennemi, le tesar de Russie (1), parce que l'initiale de tsar
différait du tch persan. Tishâhpûhl, venant de la forme
iranienne *khshâyathiya-puthï^a, avec un déplacement de
deux aspirées, ce qui n'est pas sans exemple, ni sans probabi-
lité, Tishhâpûl, fut entendu par les sujets du roi sassanide Tit-
châpùUque le pehlvi écrivit t-i-tch-p-u-1 (2), ce que les Musul-
mans transcrivirent Jj^a^^ ; je me dispenserai d'expliquer aux
profanes comment =s^ est devenu as-*" dans J^-:^*^, que je propose
de substituer à la forme de l'éditeur Jj^^-^-, corrigée de Ij^-.
Ce fut par le canal du Nestorianisme (3) que s'introduisirent
(1) Cette prononciation tesar est formellement indiquée, sous la forme de la
transcription tisar, avec les voyelles marquées, dans la traduction en turc d'un
rescrit émanant du tsar de Moscou, Alexis Mikhaïlowitch, père de Pierre le
Grand (1645-1676), où l'on lit, sous une forme curieuse, le protocole du souverain
russe, au milieu du xvu' siècle : j^ij y^3 .llalw ^Jàt ijJi sJUjbau « *L)
_^yjLs^ ^j^v»~iJl y^ (man. turc 221, folio 149 verso).
^(2) L'équivalence ij = s = sA est coiirante en byzantin : ?àx»p " sucre », à
côté de ffixxap; ÇaxpÎKOv « échiquier », transcrivant le persan shalrang, ou mieux
shatra[n]g, avec la coloration de l'a en i, et non la forme pehlvie 'tchatrang, du
perse ' Ichatur-anga « qui a quatre côtés »; ta xilepgouXa, sorte de brodequins,
pluriel de to xÇepêouXov, doublet de dépêouXov, qui transcrit le latin servulus;
o^iov • laiteron », en face de ffÔYX<>ïî l'alternance sh = tch se rencontre fré-
quemment en turk, et je n'en citerai ici qu'un seul exemple, les mots tchalang,
shalang, qui désignent tous les deux une sorte d'aigrette.
(3) C'est probablement à l'iranien vara, qui désigne dans VAvesla le refuge
mystérieux dans lequel Djamshid abrita l'humanité aux jours du Cataclysme,
que les Altaïques ont emprunté leur mot var, dans le sens de « boulevard,
rempart »; Jornandès nous apprend que les Huns donnaient au cours inférieur
du Danube, qui séparait leurs terres des provinces romaines, le nom de Hunnivar,
ou boulevard des Huns, exactement dans le même sens où les Romains disaient
que ce fleuve était leur limes (Amédée Thierry, Histoire d'Attila, I, page 256,
note); ce mot var, dans le sens de citadelle, de réduit central d'une défense,
d'un camp retranché, qui est absolument celui du vocable perse, s'est conservé
tioj
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 41
dans le turk et dans le mongol les mots nom « livre », arkhégon
« prêtre », dont j'ai déjà parlé dans cette Revue, et le singulier
en hongrois {ibid., page 255, n.), dans Temeswar « citadelle sur la Témès •;
Hungwar « citadelle sur la rivière Hung », et le fait n'est pas plus étrange que la
présence, dans la langue des Hongrois, du mot perse hazar, sous la forme ezer,
pour désigner le nombre « mille ». La linguistique témoigne d'ailleurs que les
Altaïques furent assez mêlés aux Aryens pour leur emprunter des éléments de
leur vocabulaire; le turk ki)-k « 40» n'est pas une forme altaïque; ce que
prouvent les formes du groupe samoyède, le yourak tel-yu, l'ostiak ie-sarm,
ie-haru, sarm, faru, haru étant une formative ordinale des dizaines; de l'analo-
gie avec les ordinaux voisins, on attendrait *deurt-u3, de deurl •■ 4 • (ou deur-uz,
si le t de deurl est un affixe plural, comme peut le faire supposer le mongol
deur-hen « 4 ■•), comme ol-ouz « 30 », pluriel de ot = utch « 3 » ; ou deurl-mish
(ou deur-mish), comme alt-mish « 60 », forme participiale de allé •• G »; kirk n'a
rien à voir avec un iranien ' Ichatmvâra-dasa, ou ' Ichathwâra-dasa (ou -dalha),
comme en slave (non ' Ichaluwàra-çala, zend Ichalhware-çata, comme le dit
Darmesteter, Études Iraniennes, I, 146; puhl ne dérive pas du zend pereçu, mais
bien de la forme perse 'perelu; au contraire, sur le terrain hindou, il est tout
à fait régulier que l'hindoustani Ichàlis dérive du sanskrit catwârinçal), qui a
abouti en persan moderne à Ichahal <■ 40 » ; kirk est visiblement un mot emprunté
à une forme d'une langue arj'enne de l'Asie Centrale, dérivée de l'indo-européen
qetivor-k'ml-, sanskrit catwârinçal, de même que le russe copoki» « 40 », est
[TEaJoapaxovTi;, la forme slavonne étant * M€TZI(>HACATZ1H, la forme russe
MCTbipeaecflTb, le jserbe MeTupujecT, MeTpaecex. Il est certain que kirk n'est
pas emprunté au russe sorok, qui est une forme beaucoup trop moderne pour
que cela soit possible, puisque kirk se trouve déjà, au début du viu'' siècle, dans
les inscriptions du Bilgil Khaghan, à Karabalghasoun ; kirk en effet est un vocable
commun à tous les dialectes turks d'Asie, il est kerek en kobaïl, hirih en
karagassi, avec cette même alternance h = k, que l'on trouve dans le yakoute
iké, le tchou vache ikké, le kobaïl, le tchaghataï, l'osmanli iki « i ■•, et le
karagassi ihi, dans le yakoute luhus, le tchouwache luhur (cf. le hongrois
lenger » mer » et le turk lenguiz), le karagassi tohos, en face du kobaïl logos,
de l'ouïghour.Jet turk oriental loukouz, osmanli dokouz « 9 ». Le turk eukuz
« bœuf », le mongol iiker, le hongrois ôkor, par rhotacisme, le finnois hàrkO,
avec la chute de l'-r final et le retournement autour de l'-r- médial, sont certai-
nement le mot gothique auhs-a, le vieux-haut-allemand ohs-o, l'allemand ochs,
qui dérivent du sanskrit uksh-an • taureau » ; kâz • oie » avec l'équivalence
connue à =^ an, est le prégermanique ' ghans-, qui est le sanskrit hahs-a-s
• cygne », le grec -/Ji^, le latin ans-er = *hans-er, l'allemand gans; encore
n'est-il point absolument utile d'admettre que les Altaïques ont réduit le pré,
germanique 'ghans- à kâz, puisque la forme anglo-saxonne est gôs pour ' gôns-
d'où l'anglais goose ; le mongol boukha « taureau • ne peut guère se séparer du
nom indo-européen du bœuf, sanskrit gâus, grec poû; pour * pwj;, latin bôs, et est
visiblement emprunté à une forme iranisante *bava-ka, pour ' gava-ka, d'où le
russe ôuKi. bouik, avec l'équivalence régressive tv ^ g ^ gh'^ kh, inverse dé
celle qui a amené le turk lagh « montagne • à lao; le turk keupek et le hongrois
szuka ' chien » sont certainement empruntés à une forme iranienne déri-
vant du perse ' spaka, dont rexistcnce est attestée par le «inàxa d'Héfôdotè,
m
42 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
,_jèj^ aughour « augure, divination », que les lexiques turks
donnent sans plus de détails, et qui est le grec al^youp, trans-
et qui a passé en slave sous les espèces de coSana sobaka; le finnois lammas
« mouton » est le germanique tamb ; lylàr « fille » est tochter; sisàr « sœur •
est schwesler; sala » 100 » est une forme beaucoup plus ancienne; elle est
empruntée à un sala ou çata, tandis que tuhalta « 1000 » est en rapport avec
tausend; sans compter la ressemblance extraordinaire qui existe entre la flexion
turke et celle de l'indo-européen, comme si le turk était un idiome dont le
vocabulaire ropose pour une grande partie sur le chinois, qui lui a fourni
presque tous ses monosjUabes, et doué de la flexion indo-européenne, avec cette
particularité étrange que l'évolution, le développement des langues altaïques
est fonction de leur situation en longitude, comme si elles s'étaient perfec-
tionnées et enrichies au contact, dans la vicinité, des idiomes indo européens,
dans le centre du continent asiatique, alors que cette influence leur manqua
sur ses plages orientales, ce qui les laissa, comme le mongol et le mandchou,
presque sans flexion; ce qu'Abel Rémusat, qui eut de ces questions une intel-
ligence et une intuition supérieures à notre sentiment, n'était pas loin d'admet-
tre. J'ai montré autre part que Darius I"', dans ses inscriptions, au début du
v» siècle, nomme les Germaniques dans la vicinité des Sakas, des Turks d'Asie
Centrale, ses sujets, et j'ai fait remarquer, dans le tome XX de la Patrologia
Orienlalis, que des peuples qui vivent en Europe depuis de longs siècles, depuis
des millénaires, ont quelquefois conservé la tradition de tactiques, ou plutôt
de manœuvres, qui rappellent singulièrement celles que l'on peut supposer
aux Turks et aux Mongols. Les Germains d'Arioviste, au témoignage de César,
dans sa Guerre des Gaules (1, 48), avaient cent mille cavaliers auxquels était
attaché un pareil nombre de fantassins agiles et braves; ils combattaient en
liaison intime ; fallait-il se porter en avant, ou faire une prompte retraite, ces
fantassins avaient acquis par l'exercice une telle légèreté, qu'en s'accrochant
à la crinière d'un cheval, ils l'égalaient en vitesse (Amédée Thierry, Histoire
des Gaules, II, 110); César |nous apprend, dans un autre passage de sa Guerre
des Gaules (VIII, 36; ibid., II, 336), qu'au siège d'Alésia, Caninius marcha avec
une légion romaine contre le camp du chef gaulois Drapés, et qu'il prit le
soin de se faire éclairer par sa cavalerie et par cette infanterie germaine, habituée
à suivre les chevaux et à combattre au milieu d'eux.
Mais ces éléments indo-européens, germaniques ou iraniens, sont infiniment
plus rares dans le lexique du turk-oriental que les mots qu'il a empruntés à la
langue du Céleste Empire. Les Huns, au témoignage de Jornandès, termfnèrent
les cérémonies des funérailles d'Attila par un grand festin qu'ils célébrèrent
sur sa tombe, et au cours duquel ils burent et mangèrent avec excès : stravam
super tumulum ejns quam appellant ipsi ingenti coramessatione concélébrant
[Getica, éd. Mommsen, page 124); ce mot, que je sache, n'a jamais été expliqué,
car la forme crpaBa de Miklosisch est une pure invention, refaite sur le stravaàQ
Jornandès, et son interprétation est illusoire par les idiomes altaïques où l'on ne
trouve rien de semblable. Rashid ad-Din, dans son histoire des Mongols, quand
il décrit les grandes cérémonies de leur nation, termine son récit par cette
mention que les princes du sang et les généraux les terminaient par un festin,
auquel l'on buvait sec, et auquel il donne le nom de ^y^ loeï, ce qui est mani-
festement le chinois ^i_^ loeï, dans la prononciation des xn"-xni° siècles « réjouis-
1121
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 43
crivant augur, dans le sens de olwvs-ôXo;, xj^oûpiov, le latin
augurium, lequel mot paraît, au vi« siècle, dans les œuvres de
sance, réunion tenue pour se réjouir en l'honneur d'un événement important»;
ou, sil'on veut, f^ loy « régal, bombance » ; à des dates plus anciennes, à l'époque
à laquelle nous reporte l'histoire de Jornandès, et aux siècles antécédents, le
mot se prononçait Itvaï, laquelle valeur a été enregistrée par les dialectes turks,
puisqu'on la trouve dans la langue du Tchaghataï, sous la forme jb, en osmanli
sous les espèces de jUs, qui est rigoureusement équivalent, avec une tendance
à une prononciation daiv; ce mot, dans le tatar, a fini par dégénérer au
sens de toast, de santé portée à quelqu'un au cours d'une beuverie; c'est ainsi
que l'on dit à quelqu'un Jsu U— .'J» - à ta santé ! •, et que cette personne
répond .»j~'5^ v»„^w,' « ainsi soit-il! »; l'existence simultanée de ce mot iaio
dans le lexique du turc osmaali et dans celui du tchaghataï témoigne de
l'ancienneté de son emprunt par les langues altalques, puis que les Osmanlis,
qui l'ont apporté aux rives du Bosphore, avec quelques autres vocables chinois,
sont sortis de la steppe, pour entrer dans l'Iran avec les Saldjoukides, vers la fin
du x" siècle, puisque, depuis cette date, ils ont perdu tout contact avec les Turks
qui restèrent en Asie Centrale. C'est ce mot turk lao, taiv, emprunté à la
langue du Céleste Empire, qui, à mon sens, se cache sous les fspèces du slràva
de Jornandès, sans qu'il soit besoin d'y voir une forme corrompue par les
maléfices des copistes. J'ai cité, à plusieurs reprises, des exemples de la
préfixation d'une s à un vocable qui passe dans une langue étrangère, et même
dans l'intérieur d'un même idiome; (itxpoî à côté de Tfiîxpo:, le russe oiepT-b
à côté de mors, ce qui est un phénomène connu des langues slaves, Marakanda
devenu Samarkand, l'anglais square en face de quadralm, (S)pransiz, en
lithuanien, qui désigne les Français, et le hasard veut que l'un des plus caracté-
ristiques qui s'en puissent imaginer nous soit fourni par le nom d'un des oncles
d'Attila, dans la langue même des Huns; ce nom se trouve sous les formes
équivalentes Ouptar et Oktar, avec p = k, mais un auteur dalmate, nommé
Juvencus Coelius Calanus, lui donne celle de Subthar, avec ce même s-
paragogique (Amédée Thierry Histoire d'AUila, I, 46 n.). L'explication de
l'-r- adventice n'est pas plus difficile : le latin Ihesaurus est devenu trésor, funda
adonné /"ronrfe, l'arabe Aa^ift v^^'i, calibre, hominem, en espagnol, a évolué
en hombre, avec deux lettres paragogiques; Constantin Porphyrogénète
donne aux Serbes, aux Srp, les Servii, Serbi, Sorbi, Sorabi, le nom de
oi SÉpêXoi, avec un l qui ne s'explique pas davantage. J'ai montré, d'ailleurs,
autre part, que la prononciation des idiomes altaïques, dans certains mots,
semble se prolonger par des éléments consonnantiques inexplicables, qu'enre-
gistrent les transcriptions étrangères, et même quelquefois la graphie natio-
nale. On en trouve, dans l'histoire d'Attila, des exemples caractéristiques; un
prince des Turks Koutrigours est nommé par Procope lavSiX, SàvSiXxoç, SivSt-
X>oc, c'est-à-dire Sandil ou Sandilkh; un autre chef des mêmes Koutrigours est
XmaXo; et Xivi'aXxoç, soit Khinial ou Khinialkh; sans doute, l'on peut expliquer
ces doublets par une prononciation gutturale de V-l, analogue ou identique à
celle du phonème arménien ij_, qui est soit gh, soit l, à la valeur de Vï
russe devant les voyelles dures et les consonnes fortes, comme dans ôu.tb bil,
qui, en prononciation moderne, tend vers bouyo, avec quelque chose d'analogue
[13}
44 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Jean de Lydie. Ce mot aughour, dans ce sens, paraît à la fois
dans les lexiques du turk osmanli et dans ceux du turk-oriental,
à révolution gh'^ «f > o, de Vi du polonais, ce pour quoi le nom des Slaves
*Slav-àn-as= *Slov-ân-as « les Slovènes • est écrit Souoêrivoî, dans Ptolémée,
au lieu des formes plus courantes de Ix>.a6Yivoi, SxXaurivoi', SxXaStvoî, I8Xo6evot,
avec k =1, l'adjectif simple *slav-as se trouvant rendu en grec par SxXàfioi^
SeXotêoi, 'AffôXàêoi, avec k = t. Cela explique, il semble, que, dans un Rivayat
pehlvi qui se trouve en ma possession, le démon Ahriman soit nommé rc»ï):»*»
Ibgît, ou rC5> M> Ibgit, ce qui avec g- = i = r, est 'ifrlt, ou, avec g=^i, serait
Ibï-it, pour Iblis, avec une mutation difficilement explicable de s en l. Mais cette
explication ne vaut point pour le nom ToOp^avôoç d'un des chefs des huit clans
des Turks de l'Altaï, en Asie Centrale, qui est manifestement Turk'-ant,
dans une formation obscure, Turk-anda? « le fidèle Turk? », ni pour le nom
d'un des fils d'Attila, Denguizikh, dans lequel il faut voir le mot turk denguiz,
« la mer », avec le kh final paragogique, ni pour celui de son petit-fils, Mundo
ou Mundio, dans Jornandès, lequel évidemment est le nom même du père
d'Attila, Mundzuc, dans Jornandès, MouvStoOxoÇj dans Priscus ; toutes formes
dans lesquelles on rencontre le même élément adventice kh que dans Sandil-
Sandilkh. Il ne paraît point, d'ailleurs, qu'il y faille voir autre chose que la
notation très exacte d'une impression auditive, et non celle d'une formative
turke; cela, bien que la langue des tribus dont Attila fut le chef ait possédé des
idiosyncrasies différentes de celles du turk-oriental, la propriété, par exemple,
de pouvoir supporter un r- à l'initiale, comme dans le nom de l'oncle d'Attila,
qui se trouve sous les formes 'PouytXa;, 'Poùya;, 'Poùa;, avec, dans l'ultime, la
chute de la gutturale intervocalique, qui est caractéristique des langues turkes.
J'ajouterai, pour justifier le rapprochement du nom des Ouïghours du vhi° siècle,
sur les frontières de la Chine, avec celui des Outighours, qu'il est indis-
cutable que les noms des tribus altaiques, que ces clans eux-mêmes, n'étaient
point localisés en Asie, ni dans une partie de l'Asie, puisque, vers 560, au
témoignage de Ménandre, p. 100, les War-Khouni, les Pseudo-Avares, plus ou
moins au service de l'empereur de Constantinople, écrasèrent, sur les marches
du monde byzantin, les Sâbires, ïaêsCpoi, les Sien-pi des auteurs chinois, qui
ont donné leur nom, Sibir, à la Sibérie, après avoir anéanti les Outigours, qui
étaient en guerre avec les Coutrigours, sans s'inquiéter de savoir si les
Outigours étaient les alliés des Romains et faisaient la guerre à leurs adversaires.
Il faut remarquer, ce qui confirme ce que j'ai dit autre part de l'identité
d'Oughouz et d'Attila, que, dans la tradition hongroise (Amédée Thierry,
AUUa, II, 389), Attila, tout comme Oughouz, dans le récit de Rashid ad-Din,
conquiert tout l'Occident, y compris l'Espagne, l'Italie et l'Afrique; il n'y a
point de doute que la tradition nationale des Hongrois ne soit un très léger
remaniement de celle d'Oughouz, telle qu'elle se trouve exposée dans le récit de
Rashid, lequel ne fait que répéter la légende turke; les Magyars, pour conquérir
le monde {ibid , II, 382), lèvent une armée de huit corps de dix mille hommes,
conformément à la tradition militaire altaïque, qui obéissent à six généraux,
trois de la famille de Zémeïn, et trois de la famille de Erd; les trois chefs de
Zémeïn sont Bêla, Kerve et Kadisha; les trois généraux de Erd sont Attila,
Bléda, Réwa, qui n'est autre que Roughas, frère du conquérant, ce qui
ressemble étrangement à l'histoire des six fils d'Oughouz, trois de l'aile droite,
[14]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. ' 45
du tchagliataï; sa présence dans le vocabulaire des clans turks
d'Orient est la preuve évidente qu'il n'est pas entré dans la
langue turque, en Europe, par un emprunt, au xiii" ou au
XIV® siècle, au grec byzantin, comme, par exemple, iji.^î
orfana, du grec o^'^xtc^, avec le sens de « fille de joie », que l'on
chercherait naturellement en vain dans Babour ou dans Mir
Ali Shir; il est clair que les nombreux vocables turcs qui
appartiennent à cette catégorie, ne se retrouvent jamais, sous
aucun prétexte, à aucune occasion, dans la langue du pays de
Tchaghataï, de l'Asie Centrale, du Turkestan.
La présence d'un mot grec dans les idiomes altaïques orien-
taux qui furent parlés dans les steppes Centre le Kan-sou et le
Djaïhoun, ne peut s'expliquer, et ne s'explique en réalité, dans
le domaine religieux, que par un emprunt fait au grec, ou à un
idiome qui l'avait lui-même pris à la langue hellénique, à
l'époque à laquelle le Christianisme, sous la forme de ses deux
hérésies orientales du Manichéisme et du Nestorianisme, vivait
dans le Tarim, dans leTakla Makan, et au delà, à une date qui
peut varier beaucoup plus qu'on ne le croit généralement, du
III® au xiv" siècle, mais plus voisine dii iv® ou du vi* que de la
dynastie des Yuan. La présence dans le turc d'Europe de ce mot
aughour montre en effet qu'il est entré dans l'Altaïsme à une
date certainement antérieure au x' siècle, puis que c'est à cette
époque que les ancêtres des Turks Osmanlis sortirent de l'Asie
Centrale, pour entrer en Perse avec la famille de Saldjouk.
et trois de l'aile gauche, que j'ai exposée d'après Rashid, dans les Rendiconli
délia reale Accademia dei Lincei, 1925, avec cette complication ciue cette histoire
se trouve telle quelle dans ce qu'Hérodote raconte des Sc}thes. Les Hongrois,
fatalement, ont déplacé Attila, dans leur adaptation de cette légende, et c'est
un fait qui n'a rien de surprenant, quand l'on réfléchit au nationalisme de ces
peuples. En ce qui concerne les rapports des Altaïques avec les Germains, il
convient de remarquer qu'au w" siècle, tous les clans germaniques, la plupart
d'entre eux tout au moins, étaient les vassaux d'Attila; leurs chefs Ardaric,
Valamir, Théodémir, étaient beaucoup plus ses amis que ses sujets; c'est un fait
incroyable que le roi des Vandales, au iv siècle, Hunneric, ou Huneric, un
pur Germain, porte le nom de roi des Huns, et cela montre combien était intime
l'alliance des Germains et des Turks; encore à cette époque, les Huns étaient-ils
infiniment plus enragés contre Rome que les Germains; Attila ne rêvait que la
ruine de l'empire romain, de même que le khaghan des Avars, qui assiégea
Coustantinople, en 626, de connivence avec l'armée perse, délirait à l'idée de
s'emparer de la capitale byzantine.
[151
46 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Auyoup, aùyoûpiGv sont des mots à ce point rares et inusuels dans
le grec byzantin, qu'il est évident quece n'est pas aux rives du
Bosphore que aughour entra dans la langue turke, et que les
Turks l'ont apporté avec eux du Takla Makan.
Erken ^^t, en osmanli et en tchaghataï, « homme non
marié, célibataire », erké, en tchaghataï, dans le même sens,
avec la chute régulière de Y-n finale, appartiennent à cette
catégorie de mots grecs empruntés par la voie du Christianisme,
aux siècles du haut moyen âge ; ils représentent en effet l'abou-
tissement normal de erkéghon « prêtre chrétien » ; ils ne
sauraient en effet entrer dans la série bien connue er-kek,
osmanli ^jJ^j^, tchaghataï ^l^^J, er-guedj, osmanli ^j\,
tchaghataï -'■'(^J, avec le suffixe participial -guetch, de er
« homme », auxquels mots on comparera le mongol er-ké
« puissance »; c'est ce que montre suffisamment l'opposition
sémantique de leurs sens avec la signification de erghen ^j\
« vierge », qui est turk, et non persan, malgré les lexiques, ce
mot étant manifestement er[ké)ghon, dans le sens spécial de
moine du haut clergé, non marié; aucun de ces vocables, pas
plus que er « homme », qui est vraisemblablement le sanskrit
{n)ar[d], avec l'affaiblissement de Va en e, ne se rattache au
verbe ir-mek « être, exister », d'où ir-guen ^^', ir-al ^y\
« existant », avec i et non e. Éren, en turk osmanli, « homme
poli, courtois », est l'aboutissement de erkéghon, avec la chute
des deux gutturales : er[k)é{gho)n, et la réduction de la diph-
tongue, éréon > éren; tous faits qui sont absolument conformes
aux idiosyncrasies des idiomes altaïques et tonghouses; il est à
peine besoin de faire remarquer que ce mot éren ne saurait, en
aucun cas, être une forme de participe actif de ir-mek, qui serait
iren, ni d'un verbe *er-mek, lequel n'existe pas.
Erghat vO^^.'> Q^i ^^ trouve à la fois dans le turc d'Europe
et dans celui d'Asie, le grec ïç)^ÔLxr^z, en tchaghataï, peut être
un emprunt beaucoup plus récent, du temps des Timourides
de Hérat, jusqu'à la fin du xv'' siècle; car il est hors de doute
que ces princes faisaient venir de Syrie des techniciens chrétiens
pour exécuter dans leur capitale, aux pieds du Paropamise, de
délicates sculptures sur pierre, qui ne sont point dans les
[16]
CHRISTIANISME" ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 47
moyens des praticiens persans; il en va de même de Tosmanli
erghad :)U,I, qui semble bien, dans le vocabulaire turc d'Europe,
un emprunt qui date de l'époque à laquelle les Osmanlis se
trouvèrent en contact avec les Byzantins, au xiii'' siècle, et, très
probablement, dès qu'ils s'installèrent dans les provinces de
Roumélie; il y a peu de vraisemblance que l'emprunt de ce
vocable doive se placer au cours de la période en laquelle
les Altaïques vivaient en confédération entre la frontière du
Céleste Empire et le Khorasan.
Les Turks, dans l'Antiquité, au voisinage de l'Iran, ne pou-
vaient pas plus se soustraire au prosélytisme de la religion du
Feu qu'ils n'échappèrent à l'influence du Taoïsme, qui était la
religion ancienne du peuple dans le Céleste Empire, dont les
lettrés seuls pratiquaient les sévérités du Confucianisme. Les
clans altaïques erraient entre les frontières d'une Chine qui était
loin d'être aussi étendue que celle des Han ou des Thang, et
les marches de l'Iran, dont l'intluence s'étendait en Asie Cen-
trale, loin dans l'Est du Pamir, dans les plaines ou s'élèvent
Kashghar et Khotan; les Turks empruntèrent à leurs deux puis-
sants voisins tous les éléments de leur civilisation rudimentaire;
il est visible qu'ils prirent à la Chine le culte du Ciel bleu,
de la Terre noire (l), ainsi que des esprits, ce qui est l'essence
du Taoïsme, puis qu'ils connurent le Zoroastrisme, le Boud-
dhisme, le Manichéisme, le Nestorianisme, pour finir tardive-
vement par l'Islam. Que les Turks, au \f siècle, aient été
mazdéens, qu'ils aient pratiqué un Magisme sommaire, c'est
ce que prouvent les titres qu'au témoignage de Théophylacte
Simocatta (-2) prenait le souverain de leur nation, dans sa mon-
tagne de l'Altaï, qui se faisait nommer « le grand khaghan, roi
des s^t nations et des [sept] climats du monde habité : h [x^yaç
(1) Le commencement de l'inscription du Bilga Khaghan, sur l'Orkhon, au
viii* siècle : « Quand le Ciel bleu, en haut, quand la TeiVe noire, en bas, eurent
été créés, entre les deux furent créés les fils des hommes », reflète nettement
l'inspiration chinoise, dans un sens qui rappelle l'Orphisme : <• Phan-Icou fut le
premier souverain; en ce temps-là, le Ciel et la Terre se discriminèrent...;
l'homme naquit entre les deux » (Wieger, Textes historiques, 19).
(2) 190.
[171
48 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Seaiîixr;; éTCxà Ysvewv v.6pioq [kizToc] xXiixaxwv Tf^q o'.y.ou[j.£VY;g. Ce
concept de la division du monde en sept climats, répartis
autour d'un climat central, est caractéristique du Mazdéisme;
on le retrouve dans toute la littérature épique de l'Iran, qui
repose sur la tradition de ÏAvesta, plus ou moins altérée et
interpolée; l'un des plus jolis poèmes lyriques de Nizami
narre, dans une forme exquise, les amours du roi sassanide
Bahram Gour avec les filles des sept rois de la terre, et
porte en conséquence le titre « les sept Portraits ».
A cette même date, le célèbre Bayan, khaghan des War-Khouni,
se défendant de vouloir faire le moindre tort aux Byzantins, en
construisant un pont sur la Save, jura en ces termes, comme
nous l'apprend Ménandre, dans sa relation des ambassades à
lacour romaine, vraisemblablement en présence de ses sorciers:
« Si ... je commets un acte qui soit de nature à faire tort aux
Romains,... que le Ciel tombe sur mes sujets, que le Feu, qui
est le dieu du Ciel tombe sur eux (1) », ce qui ne saurait guère
être plus formel ; et ce Mazdéisme des Altaïques me parait ainsi
plus évident, ou tout au moins plus profond, que celui des
Slaves au vi" siècle, qui reconnaissaient deux principes, un dieu
blanc et un dieu noir zcerneboch [tcheniabogh), dont le second
seul avait des temples, puisqu'il n'était point urgent d'invoquer
le premier, qui était inoffensif.
Mais le Zoroastrisme de Bayan et de ses sujets, comme celui
des Indo-Scythes, n'était pas une entité si bien définie qu'elle
exclût les autres aspects des croyances humaines qui entouraient
l'Altaïsme; ce Mazdéisme élémentaire des Turks n'excluait pas
le Taoïsme, et pas plus le Bouddhisme, que le Christianisme,
puisqu'en cette période un souverain des Avars se nomme
Brahman, ce qui est une forme éminemment bouddhique. Le
culte des Altaïques était une formule complexe, en laquelle
venaient se mélanger des éléments empruntés aux ^rmes
religieuses des nations qui étaient leurs voisines, et il est
aussi difficile de xiire quelle était la véritable religion de
Bayan, que de préciser celle de Kanishka au premier siècle,
ou celle de Khoubilaï Khaghan, au xiii^; les Hindous regardent
(1) 128.
[181
CHRISTIANlSiME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 49
Kanishka comme l'un des fondateurs du Bouddhisme, et ils
le vénèrent presque au même titre que le Priyardarçin, ce
qui n'empêche qu'on ne lise sur ses monnaies plus de noms
de divinités zoroastriennes que d'onomastique bouddliique; je
ne répéterai point ici ce que j'ai dit, dans un numéro précé-
dent de cette Revue, sur le singulier éclectisme de Khoubilaï
et de ses successeurs, les empereurs Yuan.
('ette tradition fut de tous les temps, chez les Altaïques,
Turks ou Tonghouzes; ils n'avaient pas l'esprit assez délié
pour oser faire un choix dans la complexité des théories
humaines; ils syncrétisèrent un peu de chacune d'elles dans
une forme élémentaire, de manière à être bien sûrs de trouver
la vérité au moins sur un point, ce qui était pour eux un moyen
facile de se tenir l'esprit en repos, et ce qui est, en somme,
ce que tenta Akbar, en grand, au xvi" siècle. Aussi voit-on le
khaghan Bayan, immédiatement après ce serment solennel
au grand nom du Feu, jurer sur les Évangiles, qu'il reçut avec
les plus grands respects, et qu'il regardait même avec terreur :
« Je jure par le nom du Dieu qui a proféré les paroles contenues
dans ce saint Livre » (l). C'est manifestement ce Mazdéisme,
d'ailleurs fort incomplet, des Altaïques, qui explique une
assertion de la légende de VAvesta, suivant laquelle Afràsyàb,
le roi des Turks, Tennemi acharné de la,dynaslie des rois kéa-
nides, porta un instant la Gloire royale, le Hvarenô, de l'Iran,
dont il avait en vain cherché à se rendre maître, le jour où il
battit et tua le tyran arabe Zaînigàv, qui avait envahi la Perse.
Ces Turks, comme les Musulmans du Tarim, au xv" et au
xvi® siècles, ne rapportaient des villes de la Perse orientale que
des traités élémentaires, des recueils de prières, tout au plus,
pour le clergé de l'Asie Centrale, le Vasna, qui est le cœur, la
partie essentielle de la Loi zende, en délaissant ses commen-
taires, sa légende, qui ne les intéressaient point, sa jurispru-
dence, dont ils n'avaient que faire dans l'ambiance du Céleste
Empire.
C'est une doctrine courante que VAvesta, tel que nous le
(1) Théophylacte Simocatta. 1-28.
ORIENT CHRÉTIEN. ' 4
50 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
connaissons, est un recueil incohérent de fragments du texte
qui existait à l'époque sassanide, mis bout à bout, sans logique,,
ni métliode, quelque chose d'analogue aux fragments de Mané-
thon ou de Bérose, que l'on a péniblement coUigés en dépouil-
lant les auteurs de la décadence qui les avaient utilisés.
Cette théorie est inexacte; elle est née dans l'opinion de
srrammairiens, et non d'historiens; elle ne saurait tenir devant
un examen sérieux du Yasua et du Vendîdâd, du Rituel et du
Code de la purification, tels que nous les possédons, devant
l'analyse des livres qui constituèrent le grand Avesta, telle
qu'elle a été faite en Perse, au haut moyen âge, au ix" siècle,
en pleine époque musulmane, mais à une date à laquelle
l'Islam, malgré ses victoires, était encore loin d'avoir triomphé
du Mazdéisme qui le battait en brèche, et le tenait en échec;
il est surprenant que cette doctrine ait été émise après ce que
Darmesteter a écrit dans le troisième volume de sa traduction
du Zend-Avesta (1), à la lin du dernier siècle.
C'est un fait visible que les adorateurs du Feu, après le
déclin de l'Iransime, de 1030 environ à la fin du xiii*' siècle,
surtout après les persécutions de Ghazan Khan, car il ne faut
pas oublier que le manuscrit le plus ancien du Yasua est de
1323, ont su conserver intactes les parties essentielles de leur
Loi, en sacrifiant délibérément tout ce qui, dans cette collection,
n'était pas original, tout ce qui n'apprenait rien de plus que ce
qu'ils gardaient, ou les li^■res dejurisprudence, qui ne pouvaient
plus leur servir, puisqu'ils étaient passés sous la loi de
l'ennemi. Ils gardèrent les prières, en se débarrassant des
commentaires qu'en avaient écrit les hommes, le Veiid/dâd,
dans lequel se lisait la parole d'Auhrmazd, et ils renoncèrent
aux livres de chicane et d'administration, ce en quoi ils se
montrèrent sages et avisés. Ils préservèrent les textes autour
desquels pouvait se refaire le Mazdéisme, si telle était un jour
la volonté divine, ne doutant point un instant qu'il se trouverait
toujours des cuistres pour en écrire des gloses insipides, pour
submerger leur texte sous les flots d'une érudition vaine et
puérile. Plusieurs de ces livres, les traités de droit civil, de
(1) Pages? et sqq.
[20]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 51
jurisprudence, n'avaient pu vivre sans subir des remaniements
destinés à les tenir à jour, peut-être, probablement même, des
réfections totales, écrites à une date tardive, dans un idiome
plus que mort, comme le Vaètha zend, dont j'ai publié la
traduction, dans la Revue de Linguistique, par des gens
qui le savaient fort mal ; si bien que ces livres n'auraient pas
beaucoup plus d'autorité que les traités de scolastique écrits
en latin, au xiii" ou au xiv" siècle, par les étudiants en théologie,
sur les pentes de la montagne Sainte-Geneviève, lesquels ne
sauraient nous renseigner sur le latin de Scipion l'Africain, de
Plante, de Térence.
L'auteur du Ih'iikaii nous apprend qu'au ix" siècle, lesnasks
de l'Avesta étaient répartis en trois sections de sept livres,
suivant une division traditionnelle, qui rappelle la répartition
alexandrine des Ennrac/es de Plotin : les livres liturgiques;
les traités de jurisprudence; la légende et l'éthique. Cette
division est artificielle et incomplète; elle trahit un arrangement
tardif, au moins secondaire, de pièces anciennes autour d'un
nombre consacré; elle se retrouve dans les sept climats, dans
les sept Amsliaspands, dans le Yasna aux sept chapitres; encore
les auteurs de cette répartition ne se sont-ils pas astreints à
suivre un plan rigoureux, car l'on trouve de la légende, de
l'histoire, dans les trois sections, des parties liturgiques dans la
seconde, qui ne devait théoriquement comprendre que de la
jurisprudence. 11 est visible que les personnes qui se sont livrées
à ce travail se sont inspirées lieaucoup moins de la logique que
du désir de faire des sections rigoureusement égales; cette
artificialité révèle une basse époque, une période de décadence,
au cours de laquelle linspiration défunte, et même l'intelligence
des beautés plastiques, ont fait place à la stérilité de la critique
et au commentaire des œuvres qui ne sauraient plus naître.
Le premier livTe de la première section, le Stôt Yasht « les
prières de louange », ç?,i entièrement conservé dans le Vasna,
tant dans les (kltlias « les chants liturgiques », écrits en vers,
que dans les parties en prose, moins sacrées que les Gàthas,
qui sont le cœur de X Avesta, autour desquelles est née toute
la liturgie. Au ix'' siècle, comme à l'époque sassanide, et sous
les royautés antérieures, le Yasna, le Rituel, formait la partie
[21]
52 REVUE DE l'orient CHRÉTIExN.
■essentielle du Livre, et c'est en cette qualité qu'il a toujours
fig-uré en tête de VAvesta.
C'estun fait visible que les autres nasks de la première section
du grand Avesta sont des commentaires du Stôt Vasht, du
Rituel original, auquel, comme on va le voir bientôt, les Maz-
•déens des xi^-xiii^ siècles ont ajouté les recueils de prières qui
se trouvaient dans les autres nasks ; le Sùtkar « le bénéficiant »,
le second livre de la première section, était formé de légendes
relatives aux prières, qui sont des contes de bonnes femmes,
des histoires de nourrices en goguette, d'explications de leurs
•vertus; l'esprit de .ce livre, dont on retrouve quelques souvenirs
épars dans les Rivaiets, a passé dans les insipides explications
persanes des prières arabes; il est inutile d'insister sur leur
nullité; elle est suffisamment connue des personnes qui ont
étudié la littérature de l'Iran; la perte de ce fatras n'est point
^un événement irréparable dans l'histoire du monde.
Le troisième nas^k, le Varsht Mansar a la prière efficiente »,
était le commentaire des Gàthas, chapitre par chapitre; le
quatrième, le Bak « le divin », un commentaire des Gàthas, et
des textes y annexés ; trois chapitres du Bak ont été insérés dans
le Yasna (has 19-21); ils contiennent le commentaire des
trois prières essentielles du rite mazdéen, et c'esl, manifes-
tement à ce titre qu'ils ont été conservés par les Perses :
VAhuna vairya (1" fargard du Bak), YAshem vohu vahisli-
tem asti (2" (diVgdiYd du Bak), le Yèhhé hàtam (3* fargard du
Bak); cette interprétation des trois grandes mantras est très
ancienne, presque aussi archaïque que les prières elles-mêmes ;
la valeur littéraire de ces invocations est iniiniment supérieure
à celle des autres prières du Zoroastrisme; elle est égale à
celle des meilleures parties du Yasna; elles sont la partie
essentielle de l'oraison mazdéenne; c'est en ce sens que leur
commentaire paraissait en tète du Bak, et les adorateurs du
Feu divin ont témoigné de la sûreté de leur goût en nous
conservant l'harmonie de leur texte.
Le cinquième nask, le Vashtag, était perdu au ix*" siècle,
tant le texte zend de cette partie de VA vesta, que sa traduction
pehlvie; il consistait visiblement, comme le montre assez son
ambiance, en commentaires sur la partie en vers du Stôt Yaslit,
[221
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TLRKS ORIENTAUX, 53
puisque le Dinkart (VIII, 20, 162) dit que le Vashtag et le
Hàdhôkht permettent également d'acquérir toutes les connais-
sances qui sontrequises et nécessaires pour lacompréliension des
Gàthas, pour apprendre leur texte par cœur, et pour le réciter
suivant la règle établie par la liturgie. Ou le Vashtag faisait
absolument double emploi avec le Hàdhôkht, ou ces gloses
devaient être fort médiocres et n'avoir aucune sorte de valeur,
pour avoir disparu aussi rapidement après la chute de la
monarchie sassanide, à une époque à laquelle, comme je l'ai
montré autre part, le Mazdéisme était loin d'avoir perdu sa
puissance dans la terre iranienne ; les deux iiypothèses, d'ail-
leurs, se confondent, ou à peu près. C'est un fait certain que
l'auteur du Dinkart, au ix^ siècle, qui était fort bien renseigné,
fait le plus grand cas du Hàdhôkht, qu'il considère comme l'une
des armes les plus puissantes qui existent pour se défendre
contre les attaques du démon, tandis qu'il ne parle qu'en termes
vagues du Vashtag, ce qui prouve que la tradition zoroas-
trienne ne lui attribuait pas une très grande importance. Le
Varsht Mansar et le liak faisaient également double
emploi avec le HàdhôkJd; c'est parce que le Varslït Mansar
était, à tous les points de vue, fort inférieur au Hàdhôkht et
au Bak que les Mazdéens l'ont complètement négligé, alors
qu'ils choisissaient dans les deux autres nasks les parties qui
étaient le plus originales, qui avaient une valeur littéraire
évidente. Le sixième, le Ilàdhnhlit, faisait aussi de l'exégèse;
le Dinkart nous apprend en effet que ce nask était divisé en
trois livres d'étendue très diffi'rente; la première partie con-
tenait ce que le Dinkart nomme des détails de tout genre sur
YAhuna vairya, c'est-à-dire toutes les vertus de cette oraison,
suivant le rang et la dignité des personnes qui la récitent; ce
commentaire perpétuel était énorme par rapport à la longueur
de cette incantation; la seconde partie était extrêmement con-
sidérable; elle contenait tout ce qui a trait au gouvernement
des âmes, aux manières diverses d'acquérir la sainteté qui
conduit au Paradis, vraisemblablement une foule de prières
liturgiques employées comme des mantras, comme des formules
cabalistiques; la troisième partie en formait un appendice;
elle était formée d'un recueil de toutes sortes de prières efli-
[•23]
54 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
caces pour les hommes, ce qu'il faut entendre, je pense, de
prières réservées aux laïques, tandis que celles de la seconde
partie étaient spéciales aux clercs. Le fait que le Hàdhôkht
était presque uniquement composé de commentaires d'oraisons
est suffisamment établi par les parties que les Mazdéens en
ont conservées pour les ajouter au texte du Stôt Yasht : un
chapitre sur la puissance de la prière Ashem vohu (Vashtxxi);
un autre sur le sort des âmes après la mort {Vasht xxii); le
Srôsh i^asht Hàdhôkht {Vasht xi), qui consiste en une série
d'invocations au saint Sraosha; six passages, mélangés avec
un texte avestique beaucoup plus récent, de VAfrln-i Gàhcin-
bâr, qui se trouvent dans plusieurs manuscrits de VAfringân-i
Gâhânbâr (1); le Fsilsha Màthra [Yasna 58), qui consiste
en un chapitre consacré à l'éloge de la prière, et qui termine
les Gâthas, ce qui fait qu'on le considère comme gâthique.
Le septième nask, le Spand, « le Saint », suivant l'expression
même du Dhikart, était formé de textes que l'on a qualifiés de
gâthiques, sans qu'ils le soient réellement; il contenait l'his-
toire de Zoroastre, et son apocalypse, qui se retrouve dans le
Bahman Vasht; son esprit a passé dans l'Islam avec l'Apo-
calypse de Mahomet, que j'ai étudiée dans un autre mémoire;
il est visible que le Spand a été placé à la fin de cette section,
uniquement pour compléter le nombre de ses sept tomes, pour
des raisons de symétrie, dans une intention toute mécanique.
Si Ton fait abstraction du Spand, qui est un livre historique,
au moins dans le sens où l'entendent les Orientaux, la seule
partie véritablement originale de cette première section, celle
de la Liturgie, consistait tout uniment dans le Stôt Vasht,
dont les cinq autres n'étaient que des commentaires. Il faut
croire que les Mazdéens estimaient assez peu cette œuvre exégé-
tique, puisque, au ix^ siècle, ils avaient laissé perdre le Vashtag,
et puisqu'ils ne prirent que des extraits des autres nasks.
L'esprit de cette littérature de gloses et d'interprétations plus
ou moins heureuses se retrouve dans les commentaires du
Koran, qui furent écrits par des Persans, par Tabari, par Zama-
khshari, par Baïdhawi, caries Bédouins s'inquiétaient très peu
d'une œuvre semblable, et ils la laissaient aux sédentaires du
(1) West, Pahlawi texls, IV, 483.
[24]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 00
plateau iranien; ils forment des livres très savants; mais ils
n'éclairent guère les obscurités d'un texte qu'ils écrasent sous
le fatras grammatical, et sous un débordement d'érudition à
coups de fiches; leurs auteurs sont des philologues, et non des
artistes; Tesprit des livres leur échappe; ils ne voient point
leurs véritables obscurités; ils s'inquiètent beaucoup plus de
faire une œuvre volumineuse, énorme, ce qui est facile, que
d'interpréter la pensée fugitive du Livre, ce qui est autre-
mont difficile, et leur utilité souvent est des plus contingentes.
La seconde section était formée de quatre nasks juridiques :
le Vendidâd, qui traite de la purification, et se trouve conservé
dans son entier; le Nlkàtùm et le (hinbà-sar-nidjat, qui trai-
taient de la répression des délits, des lois de la guerre, et qui
formaient l'essence du code pénal; le Sakàtùm, de questions
rituelles voisines de celles qui se trouvent traitées dans le
Vendidâd, et de questions relatives à la propriété et au statut
financier des adeptes du Mazdéisme; ces trois livres sont perdus;
il ne reste que quelques citations du Xikàtùm dans le Vaètha,
dont le texte est dans un état pitoyable. Les Mazdéens, au
xi^ siècle, quand ils se rendirent compte que l'Islam avait
définitivement triomphé dans l'Iran, abandonnèrent ces trois
livres qui leur étaient inutiles, puisque la jurisprudence qu'ils
exposaient n'était valable que dans un état mazdéen, alors que,
désormais, ils se trouvaient soumis, dans leur patrie, à la loi
des princes musulmans, qui les jugeaient d'après la jurispru-
dence islamique; ils gardèrent intact le Vendidâd, le seul qui
leur importait, parce qu'il était un livre de droit canon, et non
de droit civil, parce qu'il contenait leur jurisprudence reli-
gieuse, qui serait toujours valable dans l'intérieur de leur
communauté, derrière les portes closes de leurs temples, dans
tous les pays où il plairait au destin de les conduire, sous
quelque loi civile qu'ils dussent vivre.
Trois livres complétaient cette série, sans avoir aucun rapport
avec les quatre premiers : le Hùspâram, rituel d'administra-
tion ecclésiastique, dont l'un des chapitres, le Nirangistân,
traite de l'enseignement du clergé, des règles du séminaire,
et nous a été conservé presque dans son intégralité; il va
sans dire que la rédaction de ce rituel était tardive, et le texte
t25]
56 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
du Nirangistân ne donne pas une haute idée de sa valeur ; les
Zoroastriens le gardèrent par suite de son utilité immédiate,
en sacrifiant les autres chapitres du Hûspàram; le Tchitradât
contenait la légende de l'Iran, telle qu'elle se lit dans le Boun-
dahishn et dans le Livre des Rois, dans l'esprit du Spand; le
septième nask, le Bakân Yashi « le sacrifice aux dieux »,
aurait dû prendre place dans la première section, immédiate-
ment après le Stôt Yaslit, puisqu'il contient des détails sur
l'adoration d'Aûhrmazd, le plus grand des esprits divins bakân,.
d'où le nom de ce nask, et de tous les anges de la cosmo-
gonie mazdéenne (1); une très grande partie de ce Bakàiv
Yashi se trouve conservée dans le long texte des YasJits i-xx,
lesquels, d'après le calcul de West, comptent 22.000 mots du
texte de VAvesta. D'où il suit que les Mazdéens, en fait, ont
gardé la partie la plus importante de cette troisième série, sa
partie liturgique, le Bakân Yasht, et la jurisprudence cano-
nique, le Vendidâd, dans laquelle on trouve, comme on va le
voir, des remaniements opérés à l'époque parthe. C'est dans le
même esprit qu'ils ont conservé la partie rituelle de la troisième
section, avec les Slrôza/is et les Gâ/ts, qui sont des prières
consacrées aux génies des jours et des i)arties en lesquelles
se divise la journée. Ils abandonnèrent le texte du iJâindât,.
qui était la cosmogonie et la genèse du Zoroastrisme, estimant
que les manuels et les épitomés qu'on en avait tirés étaient
très suffisants pour faire connaître la substance de ces légen-
des; on la retrouve dans le Boundainshn, et l'on referait
certainement des passages du Dâmdât, si l'on pouvait remettre
dans la langue dite zende les nombreuses citations de VA vesta,.
qui sont introduites par ces mots : pùn Din yamaUànlt algh
« il est dit dans la Loi que », Din' << Loi » n'ayant
pas d'autre sens que celui iVAvesta (2). Tout le reste de cette
section, qui traitait de discipline et d'éthique, s'est perdu, ainsi
que le dernier livre, lequel traitait de l'histoire merveilleuse
(1) West, Pahlawi texts, IV, 34.
(2) Ap-ash Din gavishn-i Aûhrmazd yahvnnal madam Zartùhasht ii l'ishldsp
malkû-i kashwarigân dâsht « Et la Loi est la parole d'Aûhrmazd (ju'il a
adressée à Zartùhasht (Zoroastre) et à Vîshtâsp (Goushtàsp), le roi des hommes
qui- habitent dans les climats (de la terre) ■■, dit un Rivàyat pehlvi.
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 57
deVishtàsp, sous une forme qu'il serait intéressant de connaître,
pour la comparer à l'étrange récit du Livre des Rois ; les,
Mazdéens savaient sans doute à quoi s'en tenir sur la valeur
de ces légendes, car ils n'ont conservé que la partie liturgi-
que de cette section, le Vishtdsp Yasht {Yashts 23-21).
Cette anahse du Dinkart montre qu'au ix* siècle, il n'exis-
tait plus trace, dans VAvesta, des textes occidentaux, que
Shàhpôuhr 1", fils d'Artaklishatr P'" (Ardashir) (l), avait fait
fondre dans le Canon mazdéen. Il n'en faut nullement conclure
que cette histoire, sous la forme où elle est racontée par le
Dinkart, soit une légende; l'élimination de ces documents
étrangers s'était déjà opérée sous le règne des Sassanides ce
qui n'a rien d'étonnant; ces éléments n'étaient point faits pour
l'intellect des Perses du iv" ou du v' siècle, et la xénophobie
des Mages s'exerça contre eux, de telle sorte que la tentative
de Shàhpoùhr P"" resta sans lendemain; leur perte était fatale;
il ne faut point croire que les Orientaux, à quelque nation qu'ils
appartiennent, soient capables de s'assimiler les résultats de
notre civilisation ; ils ne songent qu'à s'en débarrasser, et quand
ils s'en servent, c'est uniquement pour nous combattre; ce n'est
point là un fluide qui puisse entrer dans leur circulation. Les
Turcs, au cours de la guerre, menacèrent de faire sauter Sainte-
Sophie, si l'armée anglo-française forçait Constantinople :
« Après tout, disaient-ils, Sainte-Sophie ne nous importe pas;
ce n'est pas un monument turc; c'est une bâtisse grecque; ce
à quoi nous tenons, c'est à la mosquée d'Andrinople, ou à la
Solaïmaniyya, qui ont été bâties par nos sultans ».
Beaucoup de ces livres, tous les livres de droit, d'adminis-
tration, de jurisprudence, d'histoire, étaient loin d'être aussi
anciens que le Stôt Yasht, et leur texte avait été rajeuni, ou
interpolé; si Sairima transcrit bien 'Po)i;,y], ce mot a forcé
l'entrée du texte des Yashts, entre 54 avant J.-C, en laquelle
année Crassus fut écrasé par les Parthes, et l'an 116 de la
Rédemption, qui, avec Trajan, vit le triomphe des aigles
romaines, et leur victoire sur le Grand Roi, plus près de 116
que de la défaite de Crassus, comme danare, dans le sens
(1) Revue Archéolugu/ue, 1897, 1,5.5.
[27;
58 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
de clenarius (l). Tûra « Turk », ou mieux « Touranien »,
dans le Farvardin Yasht, signifie les Sakas, qui envahi-
rent la Perse en 128 avant J.-C, sans que, dans ce nom, l'on
puisse voir les Scythes, qui, sous Cyaxare, au viii" siècle, dévas-
tèrent l'Asie antérieure, par suite de cette raison péremp-
toire que ces Tùra sont les adversaires de Roustam = *Rao-
dhas-takhma, prince du Saïstân = Sakastàna; d'où il faut
entendre que les Sakas saccagèrent et conquirent la province
actuelle du Saïstan, ce qui est une caractéristique bien connue
de l'histoire orientale, laquelle se place vers la fin du ii^ siècle
avant J.-C, et ne peut se placer à une autre date; ce qui conduit
à admettre que la geste de Roustam et d'Afràsyàb, qui per-
sonnifie les Sakas (2), a été introduite dans VAvesta aux
environs de l'ère chrétienne. Ce qui ne veut point dire,
d'ailleurs, que l'histoire de flran n'a conservé aucun souvenir
de l'invasion des Scythes au viii'' et au vii^ siècle; il est plus
juste de reconnaître que les Perses ont confondu l'invasion
de l'Iran sous Cyaxare, et celle du Saïstan au ii" siècle, sous
des espèces uniques; l'erreur leur fut d'autant plus aisée que
les envahisseurs, à l'une et à l'autre de ces deux époques,
constituaient le même peuple, qu'ils portaient le même nom
de ëaka, Caka, ce que montre la forme sous laquelle ils sont
connus dans la Bible, Ashke-na-z, qui est le pluriel turk de
Çaka, Çaka-na-z, comme je l'ai expliqué dans la Patrologia
Orientalis. Mais il n'en reste pas moins certain que le souvenir
des Scythes du viii'^ siècle est tout ce qu'il y a de plus loin-
tain, de plus vague, que VAvesta n'a aucune notion que
l'invasion scythe a déferlé sur toute l'Asie antérieure, presque
jusqu'au Nil, tandis que la guerre avec Tûra se déroule tout
entière sur l'Oxus, ce qui force à conclure que, lorsque VAvesta
parle des aventures d'Afràsyàb avec Roustam, il faut com-
prendre l'invasion Saka du ii" siècle, et rien d'autre. Il est
visible qu'au viii' siècle, ou au vii^, l'écriture était inconnue
dans l'Iran, et que la Perse n'avait gardé aucun souvenir
(1) Revue de l'Orient Chrétien, 1925, page 4o0, note; 1928, page 49.
(2) Il est bien évident que les Y'ashts n'offrent pas les mêmes garanties
d'ancienneté que le Yasna ou le Vendidâd; il faut bien admettre que ce sont
des textes à tiroir, où l'on peut introduire tout ce que l'on veut.
[28J
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURCS ORIENTAUX. 59
matériel et tangible de cette avalanche qui faillit la submerger.
De semblables interpolations se sont produites dans d'autres
textes qui font partie de VAvesia, notamment dans le Abàn
Vasht, dans le i'as/tf des Eaux, qui est spécialement dédié à la
grande nymphe Ardvisura Anahita; encore faut-il remarquer
que la rédaction du Vasht de Ardvisura Anahita ne peut remon-
ter à une date extivmeinent lointaine du Mazdéisme, puisque,
selon toutes les vraisemblances, le culte de cette ondine est une
innovation qui se place sous le règne d'Artaxerxès Mnémon
{405-362) ; ce que montre l'inscription que ce puissant monarque
fit graver, dans laquelle il invoque Ahura Mazda, Anahata {sic}
et Mithra, alors que Darius et son fils Xerxès adressent seule-
ment leurs prières à Abura Mazda et aux autres esprits divins ;
et cela est heureusement confirmé par ce que racontait Bérose,
<lans le troisième livre de ses Chalda'ùjues, dont un fragment,
par hasard, nous a été conservé par Clément d'Alexandrie, dans
ses Stromates; Bérose y affirme qu'Artaxerxès Mnémon fut le
premier qui enseigna aux Perses, manifestement pour imiter
les Grecs, les statues d'Harmodius, d'Aristogiton, et les autres
effigies que Xerxès avait enlevées à Atliènes (1), à vénérer
(1) Cette histoire des statiK^s grecques transportées dans l'Iran est l)ien connue.
Pausanias, dans sa Descrlplion de la Grèce, parle du temple de Mars, à Athènes,
dans le voisinage de l;i statue de Déinostliéne, prés duquel on voyait les statues
de Vénus, de Mars, par Alcanièno, tle Minerve, par Loci'us, d'iinyo, par les fils
de Praxitèle, puis celles (rUcrcule, de Thèsce. Apollon, Caladès et Pindare.
'■ Non loin de là, ajoute-t-il, se dressent Ilarniodius et Aristogiton, qui tuèrent
Hipparque;... de ces statues, il y en a qui sont l'ieuvre de Critias, mais c'est
Anténor qui a fait celles qui sont anciennes. Xerxès, lorsqu'il s'empara d'Athènes,
quand les habitants eurent évacué la citt-, emporta ces statues, en même temps
que le reste de son butin: Antiochus les renvoya par la suite aux Athéniens •> :
où nôppb) ôè éaTàotv 'Apaôoio; xal' 'A ptaToystrwv ol xieivavTcî "l7r7tap-/ov. TeJôv c
àvSpiàvTujv ot (Xî'v etCTi Kpiriou tÉxvri, xoù; ôè àpyaioy; iizoir^avi 'AvTriv(,)p. ZspÇou SE, w^
eîXev 'A6Y)va(:, âx).iJtôvTwv tô «cttu 'AOrivaîwv, àita^ayoïJiÉvou xal toutov; àt£ /âç'jpa,
xaT£7t£|x4i£v ûïT£pov 'AOr.vaîoi; 'Avtîoxo; (livre I, ? 8, 5; éd. Schubart, t. I, page 16).
Nous savons, dit cet auteur, dans un autre passage, que « Xerxès, fils de Darius,
roi des Perses, en plus de ce qu'il emporta de la ville des Athéniens, enleva de
Brauron la statue de l'Artémis Brauronia, et que, sous le prétexte que les Milé-
siens s'étaient mal conduits après le combat naval contre les Athéniens dans la
(jrèce, il prit l'Apollon de bronze qui était aux Branchides. Et par la suite du
temps Séleucus le renvoya aux Milésiens • : paTÙe'a t£ to)v Hepawv ïép^riv tôv AapEtou,
Xwp'tç ^ oaa È?£x6txiT£ to-j 'A6tiv3cÎwv à(TT£w:, ToOro p-èv Èx Bpauowvo? âva),[JLa tT(j.Ev Tri;
Bpaupwvia; Xaoovra 'ApTÉfxioo;. toùto Ô£ atTÎav è7i£v£Yxcjv MiÀriaioi; lOcÀoxaxrjffat a^àç,
èvavTia 'AOrivaitov sv Tf, 'EXXâSt vau|xa/T|(TavTai:, tov x'^\-/.rj\i'i iltxèt^ 'AtioXXcov a tôv
[291
60 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
leurs Izeds sous une forme plastique, et, en même temps,
que ce roi manifestait une très grande piété pour Aplirodite
Anahita, dont il plaça des statues dans toutes les capitales
de son empire, à Babylone, à Suse, à Ecbatane, à Persépolis^
à Bactres, à Damas et à Sardes (1); d'où l'on peut inférer que
èv Bpavx'Sx'.ç. Kal xov [ivi OuTEpov ifxeÀÀe XP<^^V -£>-wxoç xaTanéi^iJ/siv MO,r,aio:ç
(livre VIII, g 46, 3; éd. Schubart, t. II, p. 168). A son arrivée à Babylone, dit
Arrien, Alexandre reçut des députations des villes grecque.s, qu'il renvoya
comblées de présents et d'honneurs; il leur fit rendre les statues des dieux et
des héros que Xerxès avait enlevées de la Grèce, et qu'il avait transportées à
Pasargades, à Suse, à Babylone |et dans les autres villes de l'Orient. C'est ainsi,
dit-on, que les statues d'airain d'IIarmodius'et d'Aristogiton s'en revinrent à
Athènes, ainsi que la statue d'Artémis de Kelkéa : ôerw? ôè àvopidvTaç vi ô^a
àyiÀfjLaTa ?] si Sr, ti âX),o àvà6-/i[ia èx tï^; 'EXXàSoi; SÉp^r); àv£K6[jLi(T£v kç, BaÇuAWva f, è;
riatjapYaÔa; ri èc -outra -î^ ôtiv] âXXYj tïï; 'Aoiaç, -raûxa ôoOvai âyetv toï; TzçiéaoErn' xat tiç
'Ap(J.oStoy y.ai 'Aç.t(TTOY£tTovo; elxovxi; Ta; x*'xàî outw X£Y£f*' àTteveyÔïivai ÔTtiaw è;
'AÔTiva; xat xr;; 'ApTî'(iiôo; tr); KeÀxe'aç t6 Bo; (Flavius Arrianus, i4na6«A'e d'Alexan-
dre, livre VII, S 19, 2; éd. A. G. Roos, page 372). Arrien, dans VAnabase d'Alexan-
dre, nous apprend que ce prince arriva de Bab)'lone à Suse, où il s'empara des
trésors du roi de Perse; les sommes d'argent seules qui y étaient déposées
s'élevaient à cinquante mille talents. ■■ Parmi les trésors qu'il y trouva figuraient
plusieurs choses que Xerxès avait enlevées de Grèce, entre autres, les statues
d'airain d'Harmôdius et d'Aristogiton; Alexandre les renvoya au.x: Athéniens;
ces statues se dressent aujourd'hui à Athènes, dans le Céramique, du-^ùté où l'on
monte vers la ville, en face du temple de Cybèle, non loin de l'autel des
Eudanémiens ■> : à^iixero ôè è; ïoùaa 'AXiÇavôpoç Èx BaêuXû/oç èv rjfjiépai; eïxoai. Kal
jiapêXâwv Èî Tï)v Tiô/iv Ta xt 5(py;|iaTa 7tap£>,a6jv ôvTa àpyopiou TaXavTa è; 7t£VTaxi(T|iûpia
xai Trjv aXXrjv xara^xeui^v xViv paatXtxr|V. IloXXà ôè xal aXXa xaTeXrjpbY) aÙToO, oaa
EépÇriç àirb [t/j; 'EXXâôoç aywv y;X9ê, lù. xe dc'Xa -xal 'Ap|i.oôîo-j xai 'ApicrtoysiTOvo; yaXxaï
eIxÔveç. Kal xaûtaç 'A6rivaioi; ôni'aw ni\i.T,i\. 'AÀÉ^avopoc, xai vûv xecvrat 'A6vr,5iv èv
K£pa|j.£[X(ô ai eIxôve;, f^ âvi;i£v è; Triv TtoXiv, xaTavT'.xpO [jiàXiijTa toû M/iTpcooy, où (xaxpav
TMv EùôavEawv toû pwjioy (livre III, f, 16, 7 et 8; éd. A. G. Roos, page 144). Il fallut
que les Perses, sujets du Grand Roi, n'eussent aucune idée artistique, aucune
capacité esthétique, pour que rien, absolument rien, ne sortit de l'exemple de
ces merveilles; ils n'eurent même pas la velléité de les imiter, tant bien que mal;
Téléphanes, qui trahit la patrie grecque et la Liberté, pour allei- chercher une
fortune humiliante à la cour du Roi des Rois, qui fut un artiste de premier
ordre, plus qu'à la honte, a voué son nom à l'oubli le plus complet, en créant
pour des Barbares, qui ne comprirent pas son œuvre et la laissèrent périr. Les
Hindous eurent un tout autre tempérament artistique, et, jusqu'aux époques les
plus modernes, ils ont continué la tradition des écoles qui s'étaient formées en
Bactriane, dans le royaume indo-grec, de la copie du modèle hellénique;
Cambyse (Bouché-Leclercq, Lagides, I, 254) avait déjà emporté en Pense les
statues des dieux égyptiens, et Ptolémée Évergète les renvoya aux rives du Nil.
(I) Bripwffao; èv xpirvi XïXoaf/wv TtaptotYiat toùto 'ApTa?£p|o'j... EÎaYiyria'au.Evou o
TipôiTOç Trj; 'AçpoôixiQç 'Avai'Tiooç t6 âyaXfia àvastriTa; èv BaêuXwvt xai Souiroi; xai
'ExêaTav&t; [xai] nèperat; xal Baxxpac; (éd. Baxxptoii;) xai AafAadxw xat Zdcpoeaiv
ùTtéSEiSe oèoEiv (Didot, Fragmenta hisloricorum graecorum, II, 508).
[30]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TLRKS ORIENTAUX. 61
la partie liturgique de cette oraison, la plus ancienne, a été
écrite aux environs de l'année 400 avant J-C; encore est-il
urgent de bien remarquer qu'elle est fort courte, puisqu'elle se
compose seulement de quinze versets, au début du Vas/tt, où
se lit le panégyrique de la nymphe, et de quatorze, à sa fin, qui
contient, entre autres choses, une description lyrique et icono-
graphique de la déesse.
Ces deux parties manifestement se suffisent: elles constituent
la prière primitive, dans laquelle, plus tard, on a fait entrer
un résumé, réduit à ses Iraits essentiels, de l'histoire, ou mieux
de lalégende de l'Iran, sous lesespèces de la mention desacrifices
que les héros de la geste épique des Pishdadiens et des Kéa-
nides offrirent à Ardvisura Anahita pour se concilier ses faveurs.
La chronologie de ce morceau est aussi fantaisiste que celle
de la légende héroïque, telle qu'elle ser lit dans la chronique de
Tabari et dans le Livre des Rois de Firdausi, ce qui n'a rien
que de très naturel, puisqu'il répète les termes mêmes de la
geste iranienne, sous une forme très abrégée. C'est ainsi
qu'Afrâsyàb paraît 'au verset 11. offrant en vain à la nymphe
cent chevaux, mille bœufs, dix mille moutons, pour s'emparer
du Ilvarenô, de la Gloire royale de la Perse, «avant Zoroastre
dont la mission se place sous Goushtàsp; or, comme on le
verra, Goushtàsp, le X'îshtàspa de VAvesta, est le père de
Darius P'', confondu avec \'ishtàspa, lils de Darius P', satrape
de Bactriane, tandis qu'Afrâsyàb symbolise l'invasion des
Sakas dans l'Iran, au second siècle avant notre ère; mais cette
erreur est celle même [de toute la légende; l'on ne peut pas
ne pas la trouver dans le Yasht des Eaux, puisqu'elle est
l'élément essentiel de la trame du Livre des Rois. Le seul fait
que l'on doive retenir, c'est que l'on trouve dans ce Yasht,
composé vers 100, l'intercalation d'un fait historique, qui fut
capital danS/ l'histoire de l'Iran, mais qui ne se produisit pas à
une date antérieure à la fin du second siècle avant le Christ (l).
(1) Encore faut-il remarquer que cette invasion des Turks dans l'Iran toucha
assez peu les Parthes, souverains de la Perse, alors qu'elle anéantit la puissance
grecque en Asie Centrale, ce qui fut autrement grave : en 201, les clans altaïques
des Gotz, qui se nommèrent dans la suite les Indo-Scj'thes, furent écrasés par
les Huns, qui les refoulèrent dans l'Ouest, jusque dans la vallée de l'Ili. En 214
[31]
62 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
La capitale d'Afràsyâb, dans \e Livre- des Rois, est vjXS'Kang,
ou o v.jX^ Kagn-diz « la forteresse de Kang », dont le nom est
avant J.-C, le général du premier Empereur, Thsin-shi-hoang-ti, Mong-thian,
avait chassé les Huns de la boucle ascendante du Hoang-ho, dont ils s'étaient
emparés à la fin de la dynastie des Tchéou, et il les avait ainsi forcés à rentrer
dans la steppe mongole. Quand Mong-thian fut mort, lorsque la dynastie des
Thsin eut disparu, les Huns redescendirent vers le Sud, s'infiltrèrent dans l'anse
du Hoang-ho, et, pour se donner de l'air, chassèrent les Gotz, qui étaient établis
au Nord-Ouest de la boucle ascendante de ce fleuve, de manière à avoir les
mains libres pour pouvoir attaquer l'empereur Kao Ti des Han. Les Sakas, qui
habitaient dans ces contrées, prirent la fuite, et se jetèrent sur la province
persane du Nimrôz, laquelle, de leur nom, fut appelée Sakastàna « pays des
Sakas •', d'où le nom moderne Saïstàn. Peu s'en fallut d'ailleurs que l'avalanche
ne tombât sur les Séleucides, rois de la Syrie et de toute l'Asie antérieure; il
s'en fallut de deux ans. Les Séleucides venaient de perdre leurs possessions de
l'Iran oriental quand les Sakas l'envahirent, et, en 129, d'après la chronologie
adoptée par Bouché-Leclercq {Histoire des Séleucides, 1913, 384), en février,
Antiochus VII Évergète fut battu à plate couture par l'arsacide Phraate II, et
périt dans la débâcle; deux années plus tard, environ {ibid. 400-401) la monar-
chie des Séleucides avait raffermi sa puissance dans l'Occident, mais d'une
manière qui ne permit pas à Antiochus VIU Épiphane de profiter des terribles
embarras des Parthes en Orient, en les prenant à revers dans l'Ouest; les Sakas
venaient de pénétrer dans l'Iran, et Phraate II avait en vain essayé d'arrêter
leur marche; les contingents grecs ((u'il avait enrôlés dans son armée, après la
mort d'Antiochus VU, virent dans cet événement un effet de la vindicte divine,
et ils abandonnèrent la cause de Phraate II, qui fut écrasé par ces hordes et
périt dans le combat. Telle fut la réalité historique; elle est loin de ce que
raconte la légende iranienne. Pourchassés par les Huns, les Ousoun, à leur
tour, envahirent l'IIi; ils en firent sortir les Gotz, lesquels prirent le chemin
qu'avaient suivi les Sakas; ils s'arrêtèrent durant un certain temps dans le
pays qui s'étend entre l'Oxus et le Yaxartes, puis ils s'emparèrent de la haute
vallée de l'Oxus, qui appartenait au royaume gréco-bactrien, enfin de Bactres,
sa capitale, dont le dernier souverain, Hélioclès, fut battu par ces barbares,
qui fondèrent un empire scytho-bactrien sur les ruines de l'état hellénique
d'Asie Centrale. En fait, ce furent les Grecs, non les Iraniens, qui furent éci-asés
à Bactres par les Altaïques, et le roi Kaï-Lohràsp, qui périt à Balkh, sous les
ruines du grand temple, du Naubahàr, n'est autre, et ne i)eut être autre, malgré
la légende racontée dans \e K/iûlài )vimak et dans \q Livre des /îots, qu'IIélioclès.
Tout imprécise qu'elle soit, toute confuse qu'elle nous paraisse, la geste épique
de l'Iran n'en a pas moins conservé le souvenir très net des deux invasions
turkes, qui fondirent sur la Perse à quelques années d'intervalle; l'une,
celle des Sakas, qui s'emparèrent du Sakastàna, laquelle est personnifiée par
Afràsyàb, et par les luttes épiques que soutient contre les hordes altaïques le
prince du Saïstàn, le héros Roustam, qui finit par triompher des barbares, alors
que la réalité fut exactement inverse; l'autre, l'invasion des Gotz, des Indo-
Scythes, qui est personnifiée par Ardjàsp, par la prise de Balkh, par la mort
de Kaï-Lohràsp dans le sac de la ville; et cette circonstance montre suffisam-
ment que les faits historiques qui forment la trame de l'épopée iranienne, ne
[32]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 63
en zend, clans le texte de VAvesta, Kanha, lequel nom désigne
en fait la montagne sur laquelle se trouve construite la puis-
sante forteresse du Khshathro-suka, où, dans le Vas/t( des Eaux,
résident les a vaillants fils de Vaêsaka », l'oncle d'Afràsyàbfl).
La légende postérieure, représentée par le texte pehlvi du
Minôkhired, veut que cette place forte ait été construite par
Syâwoush (•2), le fils de Kaï-Kàoûs, quand il s'enfuit en Orient,
sauraient être autres que les épisodes des deux invasions altaïques du second
siècle avant notre ère dans les contrées de l'Iran oriental.
(1) James Darniesteter, Zend Avesla, 11. ;î80, 381.
(•2) Hamd Allah Mostaufi, dans le Xouzhal al-koidouh, vers 1330, dit, au
contraire, que Rang-diz l'ut londée, tout au commencement de l'histoire de
l'Iran, par l'usurpateur Zohak; il ne faut voir dans cette affirmation erronéi^
qu'une simple confusion avec la légende du tobba yéménite Shammir, qui s'(>n
alla fonder Samarkande, au delà de l'Oxus, au cours de la campagne qu'il
entreprit contre le Céleste Empire. Cette légende fantastique n'est, comme on
le verra dans le courant de cet article, qu'une interprétation exagérée de
l'expédition d'Alexandre le Grand jusqu'aux contins de la Soghdiane, où il
s'arrêta, sans pousser jilus avant en Asie Centrale, chez les Sakas, dont il aurait
pu revendiquer la suzeraineté, au même titre (luo les Achéménides; mais
les affaires de l'Occidi'ntne lui permettaient pas cette fantaisie, et c'est pourquoi
le raid d'Alexandre est resté complètement ignoré des Célestes, bien loin qu'il
ait jamais foulé un hectare de leurs domaines. Il n'en est pas moins certain
que les Iraniens, quand ils entendirent parler d(} la Grande Muraille, qui fut
commencée par Lou Pou-Weï, au début du règne de Tcheng de Tlisin, le futur
•• Premier Empereur ■• (vers 244 avant J.-C), l'attribuèrent, avec le nom de
muraille de Gog et Magog, à Alexandre. La situation géographique qui lui est
assignée dans lo septième climat, avec L 109° 30' X 73°, tandis que la muraille du
Darband est dans le cinquième climat avec L 89° 30' X 37° 30, prouve bien que
la muraille de Gog et Magog n'est pas la réplique de celle que Khosrau Anou-
shirwan fit élever dans le Caucase, la muraille de Bab el-ab\vab, également
comme le roi de Thsin, pour arrêter les Altaïques, les Khazars. Les Iraniens
l>lacent en effet cette muraille de Gog et Magog dans les régions les plus élevées
du globe, puisque, au témoignage de Hamd Allah Mostaufi, le Cathay ne s'étend
que sur les quatrième et cinquième climats, et puis<(ue les coordonnées de Pékin
sontL 124" X 37. Toutefois, il est visible que la légende iranienne a mélangé les deux
concepts de la muraille de Thsin-shi-hoang-ti etde celle de Khosrau Anoushirwan,
comme le montrent ce que Nizami, dans VIsknndar nama, dit du mur de Gog
et Magog, et l'assertion des géographes persans, qui affirment que cette
muraille est dans le mont Caucase. La mention du nom d'Alexandre reporte
bien au m" siècle avant notre ère; elle est absolument incompatible avec la date
du vi" siècle, à laquelle vécut Khosrau Anoushirwan; mais, comme de tout ce
qui regarde la Chine, les Iraniens n'ont eu de la Grande Muraille qu'une notion
très imprécise, et Hamd Allah se borne à dire que le pa^s de Gog et Magog est
dans le septième climat, entre la mer de Chine et celle de l'Occident; cet auteur
n'a-t-il pas écrit, vers 1330, alors que les Mongols de l'Iran étaient en relation avec
les Mongols de Chine, que la grande majorité des Chinois du Nord adoraient les
[33]
64 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
pour échapper à l'amour de sa belle-mère; la geste iranienne
la place dans la contrée de Bahâr .I^j, ce qui est une simple
transcription du mot sanskrit l'/Mm « monastère bouddhique »,
lequel, avec le durcissement de l'aspirée, est devenu, comme
l'on sait, Boukhâr, ce qui est le nom de la ville de Boukhàrâ,
sur les monnaies des Boukhàr-khoudàt, ou rois de ce pays (1).
Ce nom de Kahha, en zend, qui se prononçait, *Kangha, de
Kang en persan, est la transcription du chinois M (2), qui désigne
la capitale du Céleste E^mpire, et se prononçait, aux époques
anciennes, kang ou king, indifféremment (3).
idoles, et qu'ils suivaient les doctrines de Mani, le peintre, alors qu'on ne peut
réunir plus d'inexactitudes en moins de mots. Si l'on en croit ce médiocre auteur?
la ville fondée par Syâwoukhsh, Syàwoush est Syà« oushgard, et elle marquait
la limite enti-e Iran et Touran, ce qui reporte bien à une localité voisine de la
Transoxiane, plus voisine Qe la frontière de la Perse (lue du Céleste Empire,
comme l'est la situation de Kang-diz dans la légende iranienne.
(1) Khudàl paraît sous la forme si J^, pour ^j;_^)j^, dans les transcriptions
musulmanes de ce titre, isi-Xai..Lsr: ; ce mot est une forme de l'iranien moyen
d'Asie Centrale *khùd(H, kliudàl, avec la durcissement de la dentale finale,
dérivant d'un participe passif perse ' huiva-dhà-la-, en sanskrit swa-dhà-ta-
" créé par soi-même », lequel, dans l'iranien moyen de Perse, est devenu
* khùddd, * khudûd, en pelilvi k/iùlùî, par l'intermédiaire d'une forme khùlàd,
avec le durcissement du d en l; * khudàd est devenu successivement khudâi
^i_Và^, puis khudà \x6. « dieu ». D'une forme de l'iranien moyen * khùdâth,
khudàth, avec l'aspiration inattendue de la dentale finale du suffixe participial
ta, et une transformation vocalique fréquente sur ce terroir, à ce point qu'on
en trouve d'innombrables exemples dans la phonétique du turk et du mongol,
est dérivé un phonème * k/iùdàf, * khudà f,* khùdàw, khudà w, par l'application de
lois phonétiques sur lesquelles il serait trop long d'insister: cette forme,
avec l'évolution de a en i, et avec le changement de f en s, qui est un phé-
nomène constant (turc fercndjàm <• fin », du persan serendjam), est devenue
*khadis, qui s'est durcie en khadîsh, qui se lit dans les. lexiques persans sous
les espèces de ►i>J.:k, et khadîw jiJ-:^, dont nous avons fait khédive.
(2) Voir le BuUelbi de la Société fran'/aisc de reproduction de manuscrits à
peintures, 1926, 18, note.
(3) Comme le montrent les formes kiang et Ichiang de certains dialectes
modernes de la langue chinoise, le coréen kiomj et le japonais kio, kei, avec la
«hute de la nasale; d'ailleurs, la forme Anahata, que l'inscription perse d'Ar-
taxerxès iMnémon donne au nom de la déesse perse Anahita, montre que, dans
certaines conditions obscures, un -i- pouvait parfaitement devenir -a-, même
sur un terrain purement iranien; Kahha transcrit le chinois kang, king,
exactement comme le zend bahha, } asht xvi, 15, Vendiddd, xv, 14, perse *banga,
persan bang v^X-; et rnang ^JJ\-^ « drogue abrutissante, stupéfiant, narco-
tique », répond au sanslirit hhanga >• chanvre, » et cet exemple montre qu'un
[34j
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 65
Et ces interpolations dans le texte de VAvesta se sont con-
tinuées à une date bien postérieure à celle de la conquête de
l'Iran par les Arabes; le quatrième Vasht, \e Khordâd Yasht,
groupe -hh- du zend ireut, dans certains cas, provenir d'un groupe *-ng- de la
langue proetiininue; à plus forte raison, naturellement, quand il s'agit d'un em-
prunt à un idiome étranger; mais ce n'est là qu'une exception; si Kanha était
un legs de la période proethnique, il représenterait, comme l'on sait, une forme
indo-européenne * Kâsa-, avec cette particularité étrange, qui se retrouve dans
nombre d'autres mots, que le groupe proethnique -as- est devenu -ahh-, Y*s
indo-européen passant à A en perse, comme si cet 's primitif avait allongé par
position l'a bref par nature, ce groupe *-âs- devenant régulièrement -ành-, par
l'intercalation compensatrice d'une nasale. Mais il est inutile d'invoquer ici
cette équivalence phonétique, puisque Kanha transcrit tout simplement un
vocable kang ou A-m^;sans entrer sur ce point en des détails fastidieux, je me
contenterai de dire que le groupe -hh- de la langue de VAvesta développait
après lui une gutturale, un g, exactement dansla même proportion où la langue
d'Oc prolonge par ce même g les n finaux ; cette prononciation n'est point
manjuée dans les textes de VAvesta ordinaire, mais elle se trouve formellement
enregistrée dans les parties do VAvesta que l'on nomme , les Gâlhas, où le
groupe proethnique *-ans- devient -êngh- [è-n-g-h, et non ê-n-gli), le groupe
-nh-, issu de *-ns-, développant à son intérieur la gutturale g. Et cela est établi
par des exemples cf^rtains, dont les plus caractéristiques sont celui de Kanhaj,
qui est devenu Kang, en pehlvi et en persan; le nom du roi pishdadien Ilao-
shyanha,en pehlvi Hôshèng, en persan Hôshang, Ilaoshiangha, dans la traduction
sanskrite de la glose pelhvie de Xéryoseng; le nom de l'ized Nairyù-sanha, le
messager d'Ahura Mazda, en pehlvi Néryôsèng, en persan Néryôsang, Nairyo-
sangha, dans la traduction sanskrite; le mot aiwydohhàna, qui, dans VAvesta,
désigne la ceinture rituelle du Mazdéen, le kosti et le sadéré, et la Voie Lactée,
que la traduction sanskrite de Nèryôseng rend par alivianghanalra, et les
versions parsies par éwanghin, alors que la traduction pehlvie de ce vocable est
aipiydkgàn, aipiyakhin, comme si la gutturale paragogique avait fini par faire
disparaître la nasale qui lui a donné naissance; le nom de Vîvanhvant, le père
de Yima-Khshaèta, de Djamshid, qui est, dans la traduction sanskrite de
Nèryôseng, Vivanghàna, dans le pazand du Minôkhired, Vivanhànan, en persan
jL^jjj Vivangahàn, dans la chronique de Hamza d'Isfahan tl^sr^jjj, qui,
à son époque, se prononçait certainement Vivangahàn, et non Vivandjahàn,
comme aujourd'hui, alors que la traduction pehlvie de ce nom est Vîvgaliàn,
comme si la gutturale avait également fait tomber la nasale. Mais, comme dans
l'exemple précédent, il n'y a là qu'une illusion, ce qu'établit suffisamment la
concordance absolue des traductions sanskrite et persane; d'où il semble qu'il
faille admettre une particularité graphique du pehlvi, qui en possède déjà tant,
et de si fâcheuses, et il est visible que ces formes pehlvies se prononçaient
alpiyà{n)kgàn, aipiya{n)khin, Vîva[n]gahàn ; l'accord de cette graphie défective
dans des exemples également dispersés dans les livres de VAvesta prouve
bien qu'il ne faut pas voir dans ces formes défectives le résultat de fautes
de copistes, mais simplement la traduction de ce fait que l'on ne marquait point
spécifiquement devant la gutturale, une nasale, ou plutôt la prononciation
[3bl
ORIENT CHRÉTIEN.
66 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
qui chante les louanges de rAmshaspand Haurvatàt (1), a
visiblement été écrit en zend, à une date postérieure au
nasale à de la voyelle qui la précédait, alors que la glatturale avait été déve-
loppée parla présence de la nasale du zend; ce qui montre bien qu'il ne faut
pas voir dans l'intercalation du g après Vn un phénomène tout particulier,
essentiellement caractéristique d'un dialecte spécial, de la langue des GcUhas,
qui s'opposerait phonétiquement, dans l'espace et dans le temps, à l'idiome dans
lequel est écrit le texte de VAvesla non gàthique, c'est que ce même phénomène,
sous des espèces absolument identiques, se retrouve dans le passage du sanskrit
aux pzakrits, puisque sinha » lion » est devenu singh, i\^ dans tous les
dialectes de la Péninsule, depuis la contrée des Mahrattes jusqu'à Singapour,
dont le nom, Sinhapoura, signifie la ville des lions; et cela est d'autant moins
un signe d'antiquité, comme on le croit pour les Gàlhas, que ce y, sur le
terrain hindou, est un développement tardif, ou plutôt que la graphie ngh pour
hh, lequel sonnait déjà -h{g)li en sanskrit, est infiniment postérieure à l'époque
classique, pour se placer à celle des vernaculaires.
(1) Sur les vingt et un livres dont se composait l'Avesta, il n'y avait que le
TchUradàl qui contînt une trame qui ressemblât tant soit peu à celle de
l'histoire; encore ce fatras n'était-il pas une histoire; il ne constituait même pas
une chronique, pas même un recueil d'annales sèches et sans aucune valeur
littéraire; il ne contenait que des généalogies des grands personnages de l'Iran
sous une forme tout à fait analogue à celle des généalogies des Tatars, qui se
trouvaient dans les coffres des grandes familles mongoles, vers 1300, de VAllan-
debter^ (voir Vlntroduclion à l'histoire des Mongols, Leyde), lesquelles ont
servi à Rashid ad-Din pour la confection de sa chronique, mais sont d'un
intérêt restreint. Il n'y avait point d'histoire dans VAvesta, mais seulement des
généalogies et quelques légendes; le concept historique est aussi étranger à
l'esprit perse qu'à l'esprit hindou; la légende et l'histoire sont le roman écrit par
le génie populaire, et à son image, d'après ses idiosyncrasies; la forme seule
varie; l'intention y est la même, et l'esprit y poursuit le même but, dans ses
tendances contradictoires, la forme historique ou légendaire dépondant unique-
ment de la modalité intellectuelle des nations chez lesquelles elles naissent;
l'histoire n'est possible que là où il y a une chronologie; sans chronologie, il
n'existe que des contes bleus, qui flottent dans l'espace, et des listes de per-
sonnages, imprécises et vagues, ce qui est exactement ce qui se trouve dans la
littérature hindoue et dans celle de l'Iran. L'esprit historique, chez un peuple, est
en raison inverse de son goût pour le merveilleux, pour l'impossible, auprès
duquel disparaissent immédiatement toutes les réalités, qui sont bien plus
ternes; l'histoire ne peut exister qu'à la condition de considérer en elle-même
et pour elle-même, l'humanité gravitant autour du nom de quelques personnages,
qui sont les ceatres de son évolution, et auxquels on la rapporte, sans tenir
compte des interventions surnaturelles qui flattent l'imagination populaire
c'est-à-dire que l'histoire ne peut exister quand on y mêle les dieux, comme
dans les poèmes homériques, ou dans les rhapsodies de l'Inde, parce que, fatale-
ment, le merveilleux fait passer le réel au second plan, puis le fait disparaître.
Seules au monde, la Grèce et la Chine ont créé l'histoire; encore faut-il remarquer
que la certitude historique, en Grèce, ne remonte pas avant la création du
[361
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 67
ix*" siècle, en pleine période musulmane, puisque, comme l'a
judicieusement fait remarquer Darmesteter, dans son Zend-
Avestcf, II, 358), son nom ne parait pas dans la liste des Yashts
du Bakàn Yasht, telle qu'elle est écrite dans le Dlnkart; d'où
il faut nécessairement induire que cette fort médiocre invocation
à Haurvatât a été écrite, en zend, après le Dinkart, c'est-'i-dire
sous les princes sasanides, ou dans les états des Bou-
waïhides, peut-être à l'époque des Ghaznawides. Le Dinkart
est un ouvrage fort soigneusement fiiit, quoique d'une lecture
un peu aride, ce qu'explique et excuse la nature des sujets dont
il traite; il est inadmissible que son rédacteur ait omis dans sa
nomenclature un des Yashts du Canon; et cela se trouve^
confirmé par cette circonstance qu'il n'existe point de version
pehlvie de ce Kliordàd Yasht, les traductions pehlvies de
YAvesta étant très antérieures à cette date tardive, que l'on en
système des Olympiades, que, pour les époques antérieures, les dates d.'s
événements flottent dans une imprécision absolue, au milieu de laquelle ils se
sont rapidement déformés, pour devenir inintelligibles, à ce point d'extrémité
(|u'lIérodote et Platon connaissaient certainement moins que nous la réalité des
faits qui se sont déroulés dans l'Hellénisme, et dans le Pré-hellénisme, avant
l'invasion dorienne; que, dans le Céleste Empire, deux des meilleurs chroni-
queurs ne font dater la certitude que des guerres civiles qui éclatèrent entre les
royaumes chinois, au v siècle, sous le triste roi tchéou Weï-lié (425-402), et se
terminèrent par l'avènement de Thsin à la puissance suprême; d'autres consen-
tant à remonter jusqu'au roi tchéou FMiing-wang (770-720), avec lequel commença
la décadence de la monarchie, et qui fut le contemporain de liomulus; les plus
audacieux jusqu'à la régence des deux ducs de Chao et de Tchéou (841-828);
que tout le reste appartient au domaine de l'incertitude, malgré Sseu-ma Thsien>
Le Shou-king, sur lequel, en fait, repose l'histoire ancienne de la Chine, n'est
pas une histoire, ni même une chronique, quoiqu'il y soit parlé des souverains
du Céleste Empire depuis Yao et Shun (2357 et 2255) jusqu'à Mou-wang (1002)^
suivant la chronologie de Sseu-ma Thsien; c'est uniquement un livre dans
lequel se trouvent réunies des anecdotes édifiantes sur les très anciens sou-
verains de la Chine, avec des détails sur les particularités de leur gouvernement
des hommes; c'est assez dire, toutes ces origines des chroniques refaites sur
celles de Sseu-ma Thsien, étant dans une connexion immédiate et étroite avec
l'histoire de l'état de Thsin, que l'histoire chinoise, ainsi délimitée, est, comme
cela s'accorde parfaitement avec l'évolution des faits depuis la création dui
comté de Thsin, la version thsin de l'histoire du Céleste Empire. En Perse,,
l'histoire n'est que la déformation d'un fait historique, l'invasion des Sakas
dans l'Iran au n° siècle avant notre ère, multipliée et romancée autour de
la légende de Roustam, exactement dans le même esprit que les chansons de
geste françaises autour de celle de Charlemagne et de Roland, sans l'inter-
vention merveilleuse des dieux et des génies.
[37]
68 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
possède seulement une interprétation en un persan qui est
manifestement très moderne, plein de mots arabes, exactement
comme un texte écrit à l'époque des Saldjoukides; enfin, comme
Ta fait remarquer Darmesteter, le texte de ce morceau insigni-
fiant est infiniment plus corrompu que celui des autres Yashts,
ce qui est loin de militer en faveur de son ancienneté, ce à
quoi l'on peut encore ajouter que les quelques phrases dont il
se compose ne sont que des répétitions sans intérêt et des
redites d'une utilité contestable.
C'est à cette même conclusion qu'amène l'analyse du Far-
vardîn Yasht « la prière aux Esprits », qui constitue la com-
'mémoration de tous les personnages célèbres du Mazdéisme :
cette prière débute, après une longue invocation aux esprits
des dieux, de Zoroastre et de son premier disciple (1-23), par la
commémoration (25) des premiers fidèles, du roi Vîslitàspa,
qui accueillit la révélation du Prophète, des membres de sa
famille, et des personnages de la cour. C'est réellement une
circonstance extraordinaire qu'on y sacrifie aux mânes du saint
Pishyaothna, fils du roi Vîshtàspa, alors que Thucydide (1) et
Ctésias (2) parlent d'un IlijaoûÔvYîç, satrape de Sardes,- qui était
le fils d'Hystaspes = Vîshtàspa; sans doute, il est impossible
que le niacrojfJvY;; de Thucydide soit le fils du Vîshtàspa, père du
roi Darius, qui fut satrape de la Perside (3). Darius naquit vers
Tan 550 avant notre ère; il ne peut réellement être le frère
(Ij I, 115, 4; III, 31, 1 ; viii, 5, 5.
(2) 52.
(3) Hérodote, Histoires, i, 209; m, 70. Les Mazdéens n'ont aucune notion
précise de l'époque à laquelle vécut Vîshtàspa, et ils assignent à son règne
une date impossible; il est dit, en une langue étrange, dans un Rivâyat
qui m'appartient : zanâ-ic padlâk aîgh min pâlùkhshahih-i Vishlôsp-shâh ^ad
pâtôkhshahi-i Yaidagard-i Shatrôyûr pûn hamâk sût ôshmûrlak ast : amal
tisak sat {glosé J'-.oiJ) pandjâh shanat u talin birakh yahvûnt yakôyamûnlt
« Cela est patent que, depuis la souveraineté du roi Vishtàsp jusqu'à la
royauté de Yazdagard, fils de Shatrôyàr, il a été compté qu'il s'est écoulé
950 ans et deux mois »/ Yazdagard est monté sur le trône en 632, et il fut battu
à Kadésiya, en 636, par les mangeurs de serpents; suivant que l'on prend la
première où la seconde de ces dates, on trouve que Vishtàsp devint roi de
Perse dans le courant des années 318 ou 314, dates qui ne répondent absolu-
ment à aucune possibilité, puisque le dernier Darius fut assassiné en l'année
330 avant notre ère, puisque la date de 318 tombe après la mort d'Alexandre,
sous la régence d'Antipater et de Polysperchon.
[38]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 69'
d'un homme qui termina sa carrière en 414, cent trente-six
années plus tard. Mais, visiblement, les Achéménides véné-
raient ce nom de Vishtàspa, lequel avait été porté par le
père du premier Darius, et les Mages se plurent à célébrer
ses vertus, en Tinscrivant dans leurs listes funéraires, d'où
ils exclurent sans pitié tous les princes de la dynastie.
C'est d'ailleurs une habitude, une tradition courante chez les
Orientaux, que le petit-fils répète le nom de son grand-père, quel-
quefois de son arrière- grand-père, quand il s'est produit dans la
famille une mort prématurée : un Vishtàspa fut ainsi le fils du
roi Darius (1), un autre, le fils de Xerxès (2); d'où il est bien
tentant d'induire que le Pishyaothna de VAvesta, fils de
Vishtàspa, fut un prince achéménide, petit-fils du roi Darius,
qui naquit vers Tannée 490, et qui, comme plusieurs de
ses cousins royaux, exerça les très hautes fonctions militaires
de satrape, de gouverneur d'une des provinces de la monarchie.
Sans entrer dans le détail de la question, ce qui m'entraîne-
rait beaucoup trop loin, je me contenterai de souligner ce fait
que, visiblement, un fils de Xerxès (vers 520-472 av. J.-C.) ne
put guère, sans que cela soit matériellement impossible, être
satrape en Asie Mineure, en 440, au commencement de la
guerre du Péloponnèse, pour mourir beaucoup plus tard, en
414, au commencement de la souveraineté de Darius Ochus,
car il n'aurait guères eu qu'une vingtaine d'années en 440. Cette
raison, d'ailleurs, n'est p int absolument décisive, car si Pis-
southnès est le petit-fils de Darius, il faut, de toute nécessité,
admettre, ce qui n'est pas impossible non plus, qu'il était un
homme d'âge en 414; le fait d'ailleurs est indifférent; la seule
chose importante dans ce débat, c'est que Pissouthnès soit lé
fils d'un Vishtàspa (3). L'insurrection de Pissouthnès, en 414,
est intimement liée avec celle d'Arsitès, qui était le frère de
(1) Hérodote, vu, 6 t.
(2) Diodore de Sicile, xi, 69.
(3) Pissouthnès paraît dans le récit de Thucydide (i, 115) six années après la
date célèbre (445) à laquelle les Athéniens, commandés par Périclès, soumirent
'Eubée, et conclurent avec Sparte une trêve de trente années, en rétrocédant
les parties du Péloponnèse qu'ils occupaient; Pissouthnès lia partie avec des
Samiens qui avaient passé en Asie, lesquels livrèrent au satrape la garnison
athénienne, et se préparèrent à attaquer Milet.
[39]
70 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Darius II; la faiblesse, la puérilité du gouvernement du monar-
que qui avilissait le nom du premier Darius étaient inouïes;
elles soulevèrent l'indignation des princes que leur naissance
éloignait du trône ; elles leur inspirèrent l'idée coupable de s'em-
parer d'un sceptre qu'ils sauraient porter avec plus de majesté :
les Grecs ont su qu'Arsitès était le frère de Darius Ochus,
tandis qu'ils n'ont pas eu la notion que Pissouthnès était son
cousin. Ce serait une circonstance aussi extraordinaire qu'in-
vraisemblable qu'au groupe Vîshtâspa-Pishjaotlina de la
légende avestique, que les sémitisants qui se sont donné la
tâche impossible de faire l'exégèse de l'^res^^r placent volon-
tiers au xV" siècle avant J.-C, correspondît exactement, à
l'époque des guerres médiques, un groupe TffTâaTryjç-lIiïjoJ-
fjvr^;, dont l'existence est attestée par des circonstances histo-
riques évidentes. Et cette coïncidence nous reporte, pour la
première mention réelle qui se lise dans la commémoration
des défunts, au vi" siècle pour Vîshtâspa, au v^ pour Pishyaô-
thna, car toutes celles des esprits antérieurs à Zoroastre
s'adressent à des personnages purement imaginaires. Elle
se trouve, en quelque sorte, confirmée par ce fait que, dans
€e même paragraphe du FarvarcUn Yasht, l'on rencontre
le nom du saint Karsna, fils de Zbaurvant, lequel fut un
prince souverain, vraisemblablement, comme l'a reconnu Dar-
iiiesteter, l'ancêtre de la puissante famille des Kàren, qui,
sous le règne des Parthes et des descendants d'Ardashir, se
prétendaient les descendants d'un héros contemporain du roi
Vîshtâspa, au vi* siècle.
C'est encore à l'époque de Vîshtâspa que reportent les men-
tions des saintes du Mazdéisme, depuis l'épouse de Zoroastre
jusqu'aux mères des trois Messies, qui appartiennent au
monde imaginaire, avec Hutaosa "AioTaa, femme de Vîshtâspa,
laquelle portait le même nom que la fille de Cyrus le Grand,
épouse de Cambyse et du premier Darius, et avec Huma, fille
de Vîshtâspa. La commémoration du héros iranien Pourii-
dhàkhshti (26) rep*)rte| à une date plus basse; ce saint épousa
«ne certaine Asabana, de la tribu non iranienne des Dânu, qui
était mazdéenne, ou qui se convertit au Zoroastrisme. Ce nom
d'Asabana n'est point iranien; c'est une hypothèse séduisante
[40]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 71
d'y voir la transcription du grec 'l7;j.r,vY;, de la race des Aava:-;,
des Hellènes de Bactriane (1). Asabana, avec b = m, et les
voyelles rétablies au petit bonheur sur une graphie pehlvie
's-b-n, transcrit très exactement le grec 'Ij;i.r,vY;. Les Perses
confondirent les Aava;î, les Grecs de Bactriane, avec les Turks,
leurs voisins, qui, au ii^ siècle, détruisirent leur royaume;
ils firent des Aavasiet des Turks, qui s'étaient installés à leur
place, un seul peuple touranien, Dànu n'est pas une forme
altaïque, ni Asabana, qu'ils ont appliqué à deux Touraniens
de l'armée d'Afrâsyàb {Abân Yasht, 18) : l'un, Kara, porte un
nom connu dans l'Altaïsme, kaia « le noir », l'autre, \'ara, en
étant un doublet fantaisiste. La commémoration du touranien
Aredjanuhant qui, sans doute, combattit dans les rangs des
Iraniens contre les clans des Turks qui rêvaient la conquête
de la Perse, se trouve célébrée après celle de Pourudhàkhshti,
laquelle commence celte série; ce fait est conforme à la réalité,
puisque c'est au second siècle avant notre ère que les Sakas
détruisirent le royaume grec de Bactriane. Si Pourudhàkhshti
appartient à la fin du iv" siècle ou au 111% et Aredjanuhant
au II®, le saint Vohuraùcah « celui qui répand une vive
lumière », fils de Varakasa, le \'alkhasli des Parthes, le
\'ologèse des textes classiques (50-90), qui fit exécuter le pre-
mier [rassemblement du texte de VAvesta, après sa dispersion
■sous le règne d'Alexandre le Grand, les saints Erezwa, Srûta-
spàd, Zrayah, Spefitù-khratu furent des hommes du premier
siècle, puisque Voururaôcah vivait dans sa seconde moitié,
et ces quatre saints à Tépoque du Christ (2).
L'invocation récapitulative aux saints des pays iraniens,
touraniens, saïrimiens, saïnis, dahis (3) reporte à cette même
période qui s'étend de Vîshtàspa (vi' siècle avant J.-C.) au pre-
mier siècle de notre ère, exactement comme celles de Vîsh-
tàspa-Pishyaothna et des quatre saints des derniers âges; les
Touraniens de VAvesta étant les Sakas, la mention des pays
touraniens ne peut se trouver à une date antérieure à 128 avant
Jésus-Christ, celle des pays saïrimiens, c est-à-dire de Rome,
(1) Revue de l'Orient Chrétien, 1925, page 415.
• (2) Voir J. Darmesteter, Zend-Avesla, II, page 540.
(3) Voir la hevue de l'Orient Chrétien, 1927, page 432 n.
1411
72 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
à une date plus ancienne que le milieu du premier siècle de
notre ère; les pays saïnis tirant leur nom, qu'ils soient la
Chine ou l'Asie Centrale, de celui de l'état de Thsin, dans
l'Ouest de la monarchie féodale des Tchéou, cet état dut atten-
dre d'avoir affirmé sa puissance militaire et politique, vers 255
avant J.-C, pour être connu en Perse.
Les Uc-paêshata-Saêna, dont il est parlé dans cette com-
mémoration des défunts (27), sont des héros étrangers, c'est-à-
dire des hommes d'Extrême-Orient, qui pratiquaient les rites
du Mazdéisme, au delà des frontières de l'Iran; ils sont mani-
festement des Saênas, des Chinois, ou des Hindous, avec la
confusion constante de l'Inde et de la Chine (I), qualifiés par
l'épithète uç-paéshata, dans laquelle il ne faut point voir, je
pense, un participe passif de iiç-piç-, signifiant « qui a reçu
de l'instruction ». Si l'on prête attention à cette circonstance
qu'un personnage nommé Paêshata paraît dans le Farvardin
Yasht, on est assez tenté, du sens de la préposition uç-, uz-, de
comprendre, comme Ta fait Darmesteter, dans sa traduction
de ÏAvesta, uç-paêsha-ta, comme « descendants de Paêshata,
sortis de Paêshata »; d'autant plus que le fils de Paêshata
paraît dans ce Yasht sous le nom de Us-Mànara « celui qui
est sorti de Mànara », Mànara étant vraisemblablement le nom
du grand-père de ce personnage. L'interprétation de ces noms
est beaucoup plus ardue que celle de ceux qui précèdent;*
c'est avec peine que l'on se résout à en tenter une explication;
Paêshata porte le nom du naÇdéxaç, qui, dans Diogène Laërce,
tout au début de l'introduction à son histoire fantaisiste des
philosophes, est cité parmi les Mages qui auraient inventé la
science divine, sans avoir rien de commun avec lui. 11 est
(1) Voir cette Revue, 1925, page 10. Aux exemples de Tchin, Sin, dans le sens,
non de Chine, mais d'Asie Centrale, de pays compris entre les frontières de
l'Iran et les marches du Céleste Empire, que j'ai donnés à plusieurs reprises
j'ajouterai ce que dit Yakout {Mo'djam al-bouldàn, I, 250), dans sa notice sur la
ville d'Isfidjab, quand il parle des Tatars, c'est-à-dire des Mongols de Tchinkkiz,
qui sortirent de la terre de Sin j^»tr^^ lJ^J^^ ^® ^"' ^^^ ^^^ expression dans
laquelle il est manifestement impossible de voir autre chose que l'Asie Centrale^
à l'exclusion formelle de la Chine; le Bahman yasht (III, 17), à l'époque des
Croisades, parle de l'Inde et de la Chine, Hindû et Tchîni, dans des termes tels
qu'il y faut voir le Khorasan oriental, où se réfugia Yazdagard, le dernier
Sasanide, quand il s'enfuit devant les Arabes.
m
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 73
naturel que les Mazdéens, en dehors des marches de l'Iran, des
frontières de la Perse, aient porté des noms célèbres chez les Per-
sans absolument comme les Musulmans du Vun-nan ou du Kan-
sou s'appellent iMohammad ou Abou Bakr; toute étymologie de
cette forme est d'autant plus vaine qu elle ne conduirait à aucune
certitude sur l'époque k laquelle elle a passé dans les Vashts.
C'est à cette même date, tout au moins à une date très voisine,
que correspond dans VAvesta la mention des saints du pays
Ahhu, dont le nom, avec la confusion constante de Vu et de
Vi dans la graphie zende, est très vraisemblablement Anhi,
transcrivant le chinois ^ g5 An-si, An-shi, An-hsi, avec l'équi-
valence s-sA = h-kh, dont il serait aisé de donner des exemples
nombreux, tel Shrishéna transcrit Ashrikhen (1).
An-hsi « l'Occident pacifié » désigne sous les Soung (x*-
XII* siècles) une localité au Kan-sou(L 40°; X 95° 45'); àl'époque
des Thang (vji®-ix® siècles), un autre endroit, également au Kan-
sou, la province la plus occidentale du Céleste Empire. Ce nom
constitue un terme générique, qui, dans tous les siècles, s'ap-
pliqua à des endroits divers dans le Far West de la terre de
Han; il se retrouve dans Hsi-an « la Paix de l'Occident », Hsi-
an-fou, nom que prit, au xiii'' siècle, sous les Yuan, l'antique
Tchhang-an, la capitale des Thang; des localités nommées Hsi
« Occident » paraissent au Kan-sou, au Sseu-tchouan, auShen-si,
dans les chroniques des Han (m" siècle), des ïsin (m' siècle), et
ces dénominations géographiques de lieux-dits sont visiblement
des formes anciennes et traditionnelles, qui apparaissent dans
l'histoire après avoir longtemps vécu dans l'onomastique vul-
gaire. Ce n'est point, je pense, émettre une hypothèse insane
que de faire remonter la création de ces formes en Hsi « Occi-
dent » au m*' siècle avant notre ère, à partir des Thsin qui
fondèrent l'Empire (255-206 avant J.-C.) ; la Chine des Tchéou
était un empire théorique, et son Occident appartenait à un
royaume qui était plus puissant que le suzerain de cette féoda-
lité inv^ertébrée; que les Thsin, au v" ou au iv* siècle avant
l'ère chrétienne, alors qu'ils régnaient dans un petit royaume
du Far West, au Shen-si et au Kan-sou, aient baptisé du nom
(1) Revue de l'Orient Chrétien, 1925, p. 402.
74 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
d'Occident des localités de ces mêmes Shen-si et Kan-sou, c'est
un fait plus qu'improbable, une supposition sans aucune
vraisemblance. Ces dénominations, avec le facteur Hsi « Occi-
dent » (1), visiblement, ne purent naître que le jour où Thsin
mangea toute la Chine, et s'étendit du Kan sou aux grèves
de la mer de Corée; le Shen-si, le Kan-sou, Tchhang-an,
à cette date, au m" siècle, devinrent véritablement l'Occident,
le Far West de la Chine, alors que Tchhang-an et le Shen-si,
au iv% étaient le cœur de Thsin; d'où il faut conclure que cette
mention, dans le Farvardin Yasht, du pays de Afihu = An-
hsi reporte à une date postérieure à l'année 250 avant J.-C.
Bien que ces constatations, prises isolément, indépendam-
ment les unes des autres, soient loin chacune de créer et
d'imposer l'évidence, il est remarquai)le que la mention
des Dàhi dans le texte de YAvesta reporte à une époque assez
voisine de celle-ci, quoique un peu plus ancienne, très proche
d'elle si l'on considère l'antiquité qui les Parsis attribuent à leur
Avesta. Ces Dàhi, en effet, sont les Aaai des écrivains grecs, les
Ta-hia des auteurs chinois; ils vivaient en nomades entre la
Caspienne et l'Hyrcanie; ils paraissent dans les historiens de
l'Hellénisme, tout à la fin des Achéménides; Arrien, dans son
Anabase{i), parle des zlaat, qui combattirent dans l'armée du
dernier Darius, à Gaugamèle, aux côtés des Bactriens et des
Arachosiens; ces Aà^t. suivirent le misérable Bessus (3), et ils
figurent dans l'armée du Macédonien comme lTnroTo;sTai (4),
comme archers à cheval, ce qui caractérise suffisamment leur
origine turke, et ce qui se trouve confirmé par ce fait que Quinte-
Curce (5), dans son roman, parle d'eux en connexion avec les
Arachosiens et les Scythes, c'est-à-dire avec les Turks Sakas.
Polybe, dans ses Syriennes (6), les cite, au même titre que les
(1) Phing-wang, des Tchéou, en 770 avant J.-C, abandonna bien l'Occident
de la Chine aux Thsin, pour transférer sa capitale dans des provinces plus
orientales; cela est certain; mais il n'en est pas moins vrai que, pour les Thsin,
cet Occident ne devint rOccidenl que lorsqu'ils eurent conquis toute la Chine.
(2) ni, 11.
(3) ni, 28. .
(4) V, 12.
f5) IV, 12; vin, 14.
(6)v,79.
.144J
CHRISTIANISME ET MAZDEISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 75
Karmanieiis et les Ciliciens, comme faisant partie de l'armée
d'Antiochus, ce qui est tout naturel, puisque les Séleucides, en
fait, continuaient le statut des Achéménides. Ces Dâhi =
Ta-liia paraissent dans riiistoire jusqu'au second siècle de
notre ère, et Stéphane de Byzance les cite sous la forme
Aâcai, qui est régulière, avec l'équivalence de l'aspirée et de
la sifllante; ils ont donné leur nom, en Perse, à la province du
Dahistàn = "Dàhistâna. Ces Aaai n'ont rien à voir avec les
Aa3':y.at d'Hérodote, qui sont, comme je l'ai expliqué autre part,
des peuples de l'Inde (1), ni avec les Ai:i, A5:'. qu'Hérodote (2),
dans un passage m3stérieux de ses Histoires, cite parmi les
clans nomades des Perses de l'Ouest, au même titre que les
Mardes, les Dropiques, les Sagartiens, alors que les lla.OiaXaîst,
les lr,po'jzi:>iz'. et Ics rip;j.avf.:r. étaient des sédentaires qui se
livraient aux travaux des champs; sans qu'il faille voir dans ces
PepiaiMct d'autres éléments ethniques que les gens du Kirman,
et non les Germains FspiJ.avcr,, lesquels, à cette époque lointaine
ne vivaient certainemeiit pas mélangés aux peuplades ira-
niennes. 11 est d'ailleurs très difficile de dire dans quel rapport
se trouve le nom des Ixoi d'Hérodote avec le phrygien câ:;,
qui, au témoignage d'Hésychius, signifiait un loup, sans avoir
la moindre connexité avec le grec 2âc;, qui signifie « fiamme,
feu », 5a; = *daij-os, pour *dav-os, de la racine dev-.
Ni l'un ni l'autre des nomsr de ces peuplades n'a la moindre
relation avec ex-/.:-., qui, d'après Strabon, désignait les esclaves
à Athènes, alors que Davus, dans la comédie romaine, qui
transpose Ménandre, est le nom générique de l'esclave, identique
à Ai/oç, avec l'équivalence q (venant de k) = w, sur laquelle
je me suis assez longuement expliqué jadis, pour me dispenser
d'y revenir aujourd'hui.
Mais le nom desDàhi apparaît dans l'histoire du mondeà une
date un peu plus ancienne, puisque l'auteur du livre d'Esdras,
dans son quatrième chapitre, cite ces peuplades au nombre
des clans qui écrivirent à Artaxerxès I" (Artakhshashta),
pour lui dénoncer les agissements des Juifs qui rebâtissaient
(1) Recueil de travaux relatifs d l'archéologie égyptienne et assyrienne, 1924,
p. 157.
. (2) I, 125. ■
[451
76 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
le Temple; cet écrivain cite les Déhayé mn-r, correction d'une
erreur graphique r^^n"^, avec la confusion fréquente du i et du
1, qu'il faut lire, la vocalisation massorétique n'ayant pas
l'ombre d'autorité, Dahayé, les Dàhi, en même temps que
certains clans, dont plusieurs sont certainement iraniens, les
Aparsatka, les Parthes, les Tarpéla, les gens du Tabaristan, les
Aparsa, qui sont les gens de la Perse propre, les Sousanéka,
qui sont très manifestement les natifs de laSusiane, les 'Elma,
qui sont les Élamites, sur le flanc gauche de l'Iran; ces
clans avaient été transférés en Syrie par le roi Asnappar i2:ds,
c'est-à-dire par Assour-nazir-abal SsfiyJj[i]DN', et mieux par
Assourbanipal Se3[:i"i]dk, avec le S lamed cassé, pris pour un
rish 1, et une altération graphique analogue à celle quia créé
l'énigmatique forme Sd Phul, par l'intermédiaire d'une erreur
commise sur le nom de « Tiglatpalasar, roi d'Assyrie » Se (nSan)
[■nuTN* lïT iDx], dans lequel les parties mises entre crochets expli-
quent, plus clairement qu'une dissertation, la genèse de l'erreur.
L'histoire juive rapporte que ce fut Assour-akhé-iddin, Asarkha-
don "jTTniDî^, pour Asourakhédin ^nmos (681-667), qui trans-
féra des colons orientaux en Samarie; sans. chercher à éclairer
cette obscurité, il est parfaitement logique qu'au v* siècle, sous
le règne des Perses, la coterie Réhoum Béël-Téëm, Shimshaï et
consorts ait confondu des rois d'Assyrie dont les noms com-
portaient des éléments identiques, et ne se discriminaient net-
tement que dans l'esprit de personnes très au courant des
particularités de l'histoire d'Assyrie; et cela, joint à l'ambiance
perse d'Esdras et de Néhémie, suffit àétablir l'authenticité de
ces deux livres, tout comme le titre de tirshatâ, lire torsJiatâ
Nnuhn, lequel est vraisemblablement le nominatif perse d'un
"'torsha-tar, d'une racine *tuî-sh-, ou * tur-khsh-, dérivée, par
une formation connue, de * tur- « régner, être investi de l'au-
torité », laquelle se trouve en sanskrit sous cette forme, et sous
celle du doublet tvar- « courir, aller vite » ; la forme développée
avec la sifflante se retrouve dans le sk. tras- « aller très vite,
ne pas tenir en repos, s'agiter», d'où « trembler, avoir peur »,
en persan ^ars-îc?an; torshatâ « qui commande )),que Benfey
a très Justement rapproché du zend thwôreshtar « chef », est
une forme qu'aucun rédacteur de la Bible n'aurait pu inven'ter
r46i
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TLRKS ORIENTAUX. 77
après l'époque achéménide; ce mot prouve que le livre de
Néhémie, où on le trouve, est bien contemporain de la fin du
règne d'Artaxerxès Longue-Main.
Comme tous les clans altaïques qui vivaient entre les fron-
tières de l'Iran et celles du Céleste Empire, les Dâhi étaient
en relations intimes avec la Chine, et servaient d'intermé-
diaires entre la terre des Tchéou et la Perse, si bien que leur
nom est devenu en syriaque un adjectif qualificatif, une
épithète homérique, pour désigner une soie excellente jotoo^A^o
dahoyo, littéralement « du tissu dahéen », mais la mention
des Ta-hia au vu" siècle, sous Assour-akhé-iddin, est bien loin
de donner sur la date du Yaslit des Férouers un renseigne-
ment aussi précis que la mention du nom des Aiihu.
C'est à une conclusion absolument identique que conduit
l'examen critique de la lé^^ende historique de la Perse, telle
qu'elle nous est conservée par la chronique de Tabari, par le
Livre des Rois de Firdausi, lesquels répètent les épisodes
racontés par les livres perdus de VAvesta, le Spand, le Tclii-
tradât, l'histoire de Vishtàspa, et il est visible que l'histoire
de riran, dans le souvenir des Mages qui l'ont écrite, ne
remonte pas, sauf de très rares exceptions, avant Cyrus; encore
la réalité a-t-elleété découpée en fragments, qui ont été insérés
dans la trame de la légende d'une manière tout artificielle et
fantaisiste, avec des répétitions constantes, sous des espèces très
voisines, qui ne diffèrent que par les noms, avec une inversion
absolue de l'ordre dans lequel les faits se sont succédé. Je
commencement de l'histoire réelle étant rejeté à la fin de la
geste, alors que ses derniers épisodes sont placés au com-
mencement des âges; et cela pour dénaturer entièrement la
vérité, pour la noyer dans une trame mensongère, que les
Mages tissèrent dans l'intention de celer au monde le nom des
monarques de l'Iran, ce en quoi ils auraient pleinement réussi
sans Hérodote, sans Thucydide, sans Ctésias, sans les inscrip-
tions du premier Darius.
Les monarchies perses, depuis l'aube des temps historiques,
avaient vécu dans l'Ouest de l'Iran; les souverains élamites
1471
78 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
avaient régné à Suse, qui n'appartient déjà plus au plateau
iranien, sur les marches de la Mésopotamie; les descendants
d'Achéméaès, après Teïspès, à Anshan, dans la partie orientale
de l'Élam; les Arsacides, à Hékatompylos et à Ctésiphon, qui
n'est plus en Perse; aussi les Mages fonl-ils naître Tempire
perse dans les contrées les plus orientales de l'Iran, à Bactres,
sur les frontières de l'Asie Centrale. C'est à Bactres que règne
le premier souverain du monde, Gayomartli, lequel bat les
démons à l'aide d'une puissante armée; l'alliance des animaux
féroces, des lions, des singes, lui assure la victoire; elle lui
confère l'hégémonie des sept climats, dans un thème qui rap-
pelle celui du Râmâyana, l'alliance du divin singe Hanuman,
grâce auquel Ràma, vainc le démon Ràvana, en même temps
que le mythe d'Orphée charmant les fauves. La victoire du
premier roi sur les démons signifie son triomphe sur l'étran-
ger (1), et il y faut voir le syncrétisme de l'inversion de la
réalité des guerres médiques, de l'expédition d'Alexandre, des
luttes que Rome engagea contre les Parthes, lequel fut créé
pour démontrer l'invincibilité du Roi des Rois.
Hoshang, le successeur de Gayomarth, fonda Suse, qui, dans
la théorie des Mages, en tant que capitale des Achéménides, et
peut-être des Élamites, si leur souvenir remonte aussi loin,
ce qui est fort douteux, n'est qu'une colonie bactrienne. Tah-
mouras, qui régna après Hoshang, vainquit également les
démons, et il les força à lui apprendre, ce qu'ils firent avec
dépit, toutes les écritures usitées dans le monde, ce en quoi
il faut très nettement voir le souvenir des guerres médiques, et
celui de cette circonstance que, comme je l'ai expliqué autre
part, l'écriture cunéiforme perse recèle des particularités
curieuses qui montrent qu'elle a été créée par les Grecs, pour
les rois de l'Iran, par une remarquable modification du sylla-
baire de Babylone (2). Djamsbid succéda à son frère Tahmou-
(1) Revue de l'Orient Chre'lien, 1925, page 422.
(2) Les Enluminures des Manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale,
Paris, 1926, pages 32-33. C'est une adaptation toute semblable, par la transforma-
tion, plutôt par une simplification intensive de la complexité du S3'llabaire
babylonien, qui se trouve dans un système d'écriture cunéiforme, lequel sert
à écrire une langue inconnue, sous des espèces qui rappellent la graphie de
Persépolis; les tablettes qui sont couvertes de ces signes ont été trouvées
L48j
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 79
ras, et régna également, comme Salomon, le prophète des
Juifs, sur les démons, qu'il obligea de lui construire des palais
merveilleux; il fonda Persépolis, et la légende iranienne lui
attribue l'érection du « palais aux quarante colonnes », le
Tchahal soutoùn, qui n'est autre que l'Apadana, dont la tech-
nique de pierre est l'œuvre des Hellènes. L'épopée a dichotomé
ce souvenir de l'origine grecque des monuments du Sud-Ouest
de l'Iran, sous la domination des rois achéménides, et l'on
retrouvera bientôt, tout à la fin de l'histoire de la Perse, un
aspect de cette tradition appliqué à la reine Hoûmâî Tchî-
hràzàt.
Si Djamshid représente Darius construisant l'Apadana, son
successeur, le tyran Azhi Dahaka, le Zohak de la légende
persane, qui soumet Tlran pour un millénaire, est un person-
nage beaucoup plus complexe, puisqu'il ne représente pas
moins de quatre entités historiques différentes : Sargon P'-et
son fils Naramsin, rois d'Agadé en Mésopotamie (vers 3750),
qui subjuguèrent l'Élam; Assourbanipal, qui, en 640, attaqua
les Élamites et s'empara de Suse, en représailles de l'expédi-
tion de Koudournakhounté, qui, en 2280, était descendu de
l'Élam, pour s'emparer de Babel et de la Mésopotamie, d'où
il avait enlevé les statues des divinités chaldéennes qu'il avait
déposées dans ses temples. Ces expéditions n'effleurèrent même
pas riran; Suse et l'Élam ne sont pas l'Iran; Suse est en
dehors du plateau iranien, dans une contrée, le Khouzistan
actuel, qui n'est ni l'Iran, ni la Mésopotamie, qui est le Khou-
zistan, et rien d'autre. Les monarques chaldéens, à l'époque
de Naramsin, comme à celle, beaucoup plus récente, d'As-
sourbanipal, n'avaient pas perdu le sens pour aller s'aventurer
au delà des monts, dans des contrées sauvages, entièrement
inconnues, en s'éloignant indéfiniment de leurs bases, jus-
qu'à perdre complètement la notion du chemin par lequel il
leur serait possible de regagner leurs états. Ce qui n'empêche
l'existence, à l'époque des Achéménides, à la fin du v® siècle^
de la légende invraisemblable, suivant laquelle les Assyriens
près de Latakiyya, l'antique Laodicée, au milieu d'objets purement mycéniens;
elles remontent au xiv° siècle avant notre ère; il serait remarquable que
ce cunéiforme simplifié soit né sous l'influence des Achéens.
[49]
80 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
auraient traversé l'Iran de bout en bout, jusqu'à ses provinces
les plus orientales, comme le montre suffisamment ce que
raconte Glésias, dans son histoire de la prise de Bactres par
Sémiramis. Sans le témoignage de Ctésias, ou plutôt, sans la
fantaisie romanesque qu'il nous raconte, on serait en droit
d'inférer que ce conte bleu est une simple déformation de
l'histoire d'Alexandre le Grand; mais c'est ce que l'on ne peut
songer à faire, puisque ce célèbre chroniqueur vécut à la cour
d'Artaxerxès II (405-359), puisqu'il racontait une histoire
vivante dans la légende populaire, dont on retrouve, 1300 ans
plus tard, dans la trame du récit des historiens arabes, l'écho
dans le nom, Shammir = 1.e'^Âpx\).iq, du tobba yéménite qui
s'en alla attaquer la Chine lointaine, aux limites du monde.
Ce philosémitisme des Mages, qui attribue aux rois de Chaldée
une conquête de l'Iran qu'ils auraient été bien incapables de
faire, est d'ailleurs inexplicable; la sympathie que ressentaient
les Mazdéens pour les Juifs s'explique aisément, comme on le
verra plus loin; elle a provoqué le syncrétisme irano juif de la
légende musulmane, telle qu'elle est narrée par Tabari, qui le
codifia, le mélange intime, souvent extravagant, de la geste
épique de la Perse avec les annales d'Israël; mais cette sym-
pathie évidente des Mages et des Achéménides pour les Juifs
n'impliquait nullement qu'ils dussent faire de leurs ennemis,
les rois de Chaldée, les conquérants du monde jusqu'aux
marches de la terre chinoise.
S'il y a un fait certain,- c'est que les Chaldéens n'ont jamais
foulé le sol des provinces iraniennes de l'Est, et la fondation de
Samarkand, au delà du grand Fleuve, par un tobba du Yémen,
Shammir, que rapportent tous les historiens arabes, d'après
la geste persane, est l'impossibilité même. Cette légende
est née du syncrétisme d'Alexandre avec les souverains" de
Babylone, tout au moins avec la Sémiramis de Ctésias, et
avec les neuf rois arabes de la Chaldée, qui, d'après Bérose,
dominèrent avant la dynastie des quarante-cinq rois assyriens
qui précédèrent Phul (1).
Alexandre le Grand est la troisième entité qui se trouve
(1) Fragnients de Bérose [Fragmenta hisloricorum graecorum, II, 503, 509).
L50]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIExNTAUX. 81
syncrétisée dans le personnage d'Azlii Daliaka; Alexandre vint
de rOuest, et il traversa l'Iran, dans sa plus grande largeur,
jusqu'à Oush, en Soghdiane, où il rebroussa chemin, et où il
fonda Samarkand. Les écrivains perses ont confondu Alexan-
dre, qui régna à Babylone, comme roi de Clialdée, au même
litre que l'avaient fait les Achéménides, au même titre que
devaient le faire les princes arsacides, avec les rois de Chaldée
de l'Antiquité, dont les deux plus célèbres avaient conduit
contre les tribus élamites des expéditions vengeresses. C'est
l'intervalle de plus de trente siècles qui sépare les deux expé-
ditions de Naramsin et d'Assourbanipal, réduit, dans la pensée
des Mages, à un millénaire, ce qui est énorme dans une
chronologie aussi restreinte que la leur, qui a donné les mille
années du règne de Azhi Dahaka. Et cela était d'autant plus
indifférent que personne, dans l'Iran, à l'époque à laquelle fut
rédigé VA resta, ne savait, et ne s'inquiétait de savoir, qui
avait exercé la souveraineté en Perse entre ces deux razzias
des brigands sémitiques. Mais il est visible que le nom d'Azhi
Dahaka ne s'explique ni par ceux des rois de Chaldée, ni par
celui d'Alexandre, Ahiksatara, ou, à la rigueur, Adaksatara, et
il est certain qu'il faut voir dans Dahaka, dont l'étymologie
par le sémitique « le rieur », ne fournit qu'un sens très médio-
cre, une altération de celui de Dàhyavaka, \r,6y.r,q, qui fonda
Ecbatane à l'assyrienne; Dàh/avaka fit lourdement sentir le
joug royal aux clans indisciplinés des Mèdes, sous une discipline
écrasante, qui s'inspirait du caporalisme deNinive et de Babel,
lequel ne devait présenter aucun attrait pour les Iraniens, qui,
de plus, contrecarrait les ambitions démesurées des Mages, ce
qui valut un traitement injurieux au premier roi des Mèdes.
Azhi Dahaka est tué par Thraètaona =: Faridoun, qui divisa le
inonde entre ses trois fils, Airya « le Persan », Tùra « le Turk »,
Saïrima <^ le Romain », et on a vu plus haut que l'interpolation
du nom des Sakas et de 'Ptôy.r, dans le texte de ÏAvesta n'a
pu se produire la première, que postérieurement à l'année
128 avant J.-C, la seconde, qu'en une année du premier
siècle de l'ère chrétienne.
Avec Minoutchihr, petit-filsde Faridoun, la monarchie perse
cesse d'exercer la souveraineté sur les sept climats, comme
[51]
ORIENT CHRÉTIEN. 6
82 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
l'avaient fait ses rois, de Gayomarth à Zoliak, ce qui revient
à dire que la monarchie potentielle et imaginaire prend fin
à ce moment, pour revêtir un aspect réel, avec lequel com-
mence la réalité historique. Si Minoutchihr règne sur l'Iran, la
Syrie, le Yémen, l'Egypte, refusent d'obéir à ses ordres, ce qui
correspond exactement au statut de la monarchie achéménide
sous le règne d'Artaxerxès II, lequel avait perdu la vallée du
Nil (1). Mais c'est par une extension abusive que les Mages ont
reporté à cette date du iv'' siècle le commencement des guerres
entre Iran et Touran, lesquelles necommencent que deux siècles
et demi plus tard. C'est sous le règne de Minoutchihr que
paraît le premier Afrâsyàb, roi des Turks, qui régnait entre
Bactres et Marw, et qui s'empare de Bactres; la chute de
Bactres, vers 141, fut, en effet, l'épisode capital de l'invasion
des Sakas; elle marqua la fin de l'empire gréco-bactrien, qu'elle
ruina, et qui fut remplacé par les états indo-grecs; l'Hellé-
nisme était une entité trop puissante pour sombrer dans cette
catastrophe; il survécut durant trois siècles dans l'Iran oriental,
à Kaboul, le long de l'Indus; mais son 'essor fut entravé par
la victoire de la barbarie. L'histoire persane raconte que le
premier Afrâsyàb refoula Minoutchihr jusqu'à Nishapour, ce
qui est visiblement un écho fidèle de l'invasion des Sakas,
laquelle fut une répétition très atténuée de la terrible invasion
des Scythes, leurs ancêtres, aux viii" et vu' siècles, qui dévasta
l'Asie, et dont le souvenir se retrou\e dans la légende ira-
nienne, sous la forme d'un syncrétisme étrange de sa réalité
avec l'histoire assyrienne.
C'est à Ninive, ou à Babylone, qu'il faut aller chercher, non
l'origine d'un personnage secondaire de la légende avestique,
mais plutôt la manière dont les Iraniens se le représentaient;
il ne paraît point dans la geste épique du Livre des Rois, qui
n"a pas recueilli son souvenir, bien qu'il ait sauvé l'Iran en des
heures critiques; on trouve sur lui quelques détails dans les
livres pehlvis, dans le Boundahishn, dans \eDâtistân-i dinîky.
dans le Bahman Yasht, dans le Minôkhirad ; mais il n'y a
guères à douter que sa légende, au moins sous une forme
(1) La fermeture du Canon de l'Avcsla, dans la Revue d'Assyriologie, 1924^
pages 167 et sq.
[521
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 83
primitive et élémentaire, ne remonte à VAvesta. Ces livres
racontent qu'un certain Gôpat, Gôpat-shàh, Gôpat-malkà, en
huzwarishn, en perse *Gàupâti « le seigneur Taureau », *Gàu-
pati-khshàyathiya « le roi Gàupati », fut le fils d'Aghrêras,
frère d'Afràsyàb,roi des Touraniens, ou cet Aghrêras lui-même,
ce qui montre que sa légende était imprécise. Sa forme la plus
complète prétend qu'Aghrèras eut Gôpatshàh pour fils, en récom-
pense de sa vertu. Afràsyàb tua sans pitié cet Aghrêras, pour
le punir d'avoir sauvé d'une mort certaine le roi Minoulchihr
et les Iraniens, que ses attaques avaient réduit à une situation
désespérée, et son tombeau se trouve dans une localité nom-
mée Saukavastàn. Ce Gôpat, dont les prières furent le salut
des Iraniens, et les arrachèrent à la fureur des Turks, devient,
dans les livres des Mazdéens, l'un des apôtres du messie
Saoshyant, le dernier fils à naître de Zoroastre, l'une des trente
personnes, quinze héros et quinze héroïnes, qui reviendront à
la fin des temps, pour refaire un monde nouveau, dont le mal
et la mort seront à jamais bannis, et c'est en cette qualité qu'il
passe l'éternité à verser l'eau de la libation dans la mer,
c'est-à-dire dans la Caspienne. Le Muiôklùrad, qui est un
livre tardif, en a conclu, par la confusion qu'il commet entre
le \'ar de Djamshid et l'Iran V^èdj, l'Airyanem Vaêdjô, le Kara-
bagh, l'Atropatène septentrionale, au Nord de la Médie, auquel
appartient la mer Caspienne, qui est le berceau et la citadelle
du culte du Feu, que ce Gôpat, ou Gôpat-shàh, est le chef
religieux, le souverain spirituel, le ratu, de cette contrée
bénie. Mais c'est là une erreur qui s'explique assez facilement
par cette circonstance que l'auteur du Mlnôkhirad s'est imaginé
que la forteresse occulte dans laquelle Djamshid enferme l'hu-
manité, pour la soustraire aux maléfices du sorcier xMalkôsh,
ne peut être que la patrie de la religion mazdéenne.
Le sens du nom Gôpat n'a pas tardé à produire une première
déformation de son office, une modification de ses attributs,
que l'on trouve dans le Dâbistàn (I),où il est affirmé que Gôpat,
compris, ce qui est légitime, comme « le maître du Taureau »
est le gardien du taureau Hadliayàsh, sur lequel l'humanité
(\) J. Darmesteter, Zend-Avesta, II, page 437 n.
[53J
84 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
a passé de climat en climat, et que Saoshyaiît sacrifiera au
jour de la résurrection ; mais cette évolution n'a pas suffi aux
Mazdéens, et ils n'ont pas tardé à faire de Gôpat un person-
nage portant une tète d'homme sur un corps de taureau, la
réplique des taureaux ailés de Khorsabad, qui furent imités
àl'Apadana de Persépolis. L'identification ne fait aucun doute;
le personnage initial est un Turk de la nation d'Afrâsyàb,
un Boukha-beg, Boukha-téguin, Boukha-yinal, peut-être
même un Boukha-tchabghou, l'un ou l'autre, dans le turk
des Huns, qu'on a traduit assez exactement *Gàu-pati, qui
passa aux* Iraniens pour les défendre, parce qu'il professait le
Mazdéisme, ou tout au moins parce qu'il en avait des lueurs (1).
C'est uniquement l'interprétation de son nom qui l'a fait iden-
tifier aux kéroub sémitiques, qui veillaient à la porte des rois,
par un phénomène de ce sémantisme que Clerinont-Ganneau,
jadis, a qualifié de mythologie optique, auquel il faut adjoindre,
dans ce cas d'espèce, un fait non moins évident de mythologie
acoustique, car il n'existe réellement aucun rapport entre le
rôle historique de Gôpatshàh, lequel est certain, et les fonc-
tions, mystiques des kéroub. Mais il est tangible que cette
assimilation, une fois commise, n'a pas tardé à réagir de la
façon la plus singulière sur les fonctions mythiques de ce
personnage; de ce fait que certains taureaux assyriens portent
des vases sacrificiels, comme l'a très judicieusement fait remar-
quer Casartelli, dans sa Philosop/ne religieuse du Maz-
déisme (2), les Perses ont conclu, un peu vite, que le rôle rituel
de ce monstre hybride, du Gôpat-shàh, est de répandre, en
tous les temps, la libation sacrée; d'où la légende étrange
et incompréhensible dans l'Indo-iranisme de l'homme-taureau,
qui passe son éternité à verser l'eau de Xdi'zaotlirn dans la mer
Vourukasha, cette légende, manifestement, étant née d'une
interprétation abusive et complètement erronée d'un des sym-
boles des adorateurs des faux dieux. Il n'existe, il me semble,
dans la légende iranienne, qu'un seul événement historique
qui ait pu donner naissance à la légende de Gôpat-shah, et cet
(1) Sur ces Altaïques qui professaient le Mazdéisme, et qui, natui'ellement,
faisaient clans la steppe de l'ultramontanisme, voir pages 47 et ssq.
(2) J. Darmesteter, Zend-Avesia, II, page 437 n.
[54]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 85
épisode est intimement lié à la geste du roi de Touran, Afrà-
syàb; la question, d'ailleurs, est extrêmement obscure; elle ne
s'éclaire que par une seule circonstance, la localisation de la
légende de Gôpat shah dans la région de la Caspienne, dans
TAzarbaïdjan, en Médie; mais cette localisation est heureuse-
ment un fait certain. Sans qu'il faille attribuer aux termes du
grand Boundahishn d'autre valeur que celle d'une interpré-
tation étymologique malencontreuse et par trop primaire, cet
ouvrage fait de Gôpat-shàh le roi du pays de Gôpat. On com-
prend difficilement que des auteurs, si peu conscients qu'ils
l'aient été de la valeur philologique des éléments de leur langue,
aient pu écrire une pareille sottise, alors que, manifestement,
ils n'ont jamais pensé à expliquer pâtakhshâh « roi » par
shah de pâtakh « roi de Pàtakh >y, ou magù-pat « mage»,
par roi de Magù, ce qui serait des bévues du même ordre.
La seule excuse que l'on puisse invoquer en leur faveur, c'est
que, vers 880, date vers laquelle, certainement, comme l'a établi
West (1), fut terminée la reeension du grand Boundahishn,
les Persans, quelles que fussent leurs opinions religieuses,
étaient aussi ignorants les uns que les autres des stades anté-
rieurs de leur idiome. Mais, si le persan de cette époque avait
perdu le mot pat, bad, à l'état isolé, dans le sens de « maître,
chef », il est indiscutable que les mobeds, les destours, le
clergé, qui étudiaient le texte de ÏAvesta, auraient dû voir
et savoir que ce mot n'est autre chose que le zend paili, dont
l'emploi est courant dans les livres sacrés du Mazdéisme;
d'oîi il appert qu'au ix" siècle, en Perse, les clercs zoroastriens
savaient fort mal leurs éléments, plus mal que les desser-
vants des églises au fond des campagnes ne savent le latin.
Sans m'attarder plus longtemps à cette fantaisie du grand
Boundahishn, ce livre ajoute, ce qui est plus sérieux, que ce
pays de Gôpat, le pays sur lequel Gôpat domina, n'est autre
qu'une contrée comprise dans l'Airyanem Vaêdjô, un canton de
cet Airyanem Vaêdjô, qui est le Karabagh, comme l'a très
bien montré Darmesteter, puisqu'il se trouve situé sur les
rives de la rivière Vaiiuhi daîtya, l'Araxe ou le Kour, le fleuve
de l'Airyanem vaêdjô, lequel est limitrophe de l' Azarbaïdjan ;
(1) Pahlavi lexls, I, InlroducUon, page 43.
[55J
86 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
et cela, manifestement, revient à dire que le domaine de
Gôpat-shàh est bien voisin de cette contrée du Nord-Ouest de
l'Asie Mineure, où les hordes des Sakas vinrent, à la fin du
viii" siècle, se heurter aux armées du roi d'Assyrie.
C'est par suite d'une interprétation secondaire, faite à une
très basse époque, que \b petit Boundahishn, au contraire, écrit,
que le pays où repose ce héros de la geste iranienne, le Sauka-
vastân, est une contrée qui se trouve sur le chemin qui con-
duit du Tûrkîstân au Tchînistân, dans la direction du Nord; ce
qui reporte, approximativement, aux xii^-xiii^ siècles, peut-être
un peu plus tard, Tûrk et Tùrkîstàn étant des formes tardives,
les formes anciennes, que Ton trouve dans Firdausi, au x'' siècle,
à Ghazna, étant Tûr et Tûrân. Si l'on ajoutait foi au récit du
petit Boundahishn, cette contrée du Saukavastân serait ainsi
située entre le pays turk, Samarkand et Boukhara et l'Asie
Centrale, Kashghar et Khotan, non la Chine, naturellement,
vers Tashkent ou Khodjand. Tchinîstàn, dans le petit Boun-
dahishn, ne désigne certainement pas la Chine; il ne signifie
même pas l'Asie Centrale, comme l'arabe Sîn et le persan Tchîn,
dans les textes musulmans, mais bien les provinces de l'Iran
orientai, puisque, dit le Bundahishn, le mont de Tchîn est
voisin du mont Apàrsîn, du Paropamise, dans lequel le Haêtu-
mafit, le Hilmend, prend sa source, et le Bahman YashtG\Xe{\)
les Tchînî conjointement aux Kàvùli, aux gens de Kaboul, aux
Sôftî, gens du Soghd, avec gh-kh-f, aux Kalmaks (2). L'iden-
tification du Saukavastân avec cette contrée ne mérite aucune
créance; elle ne saurait infirmer celle de la grande recension
de ce traité pehlvi ; il y faut uniquement voir une interpolation
commise dans le texte du Boundahishn, sous l'empire de cette
idée préconçue, mais explicable, que Gôpat-shàh, frère ou neveu
d'Afrâsyàb, est l'un de ces Touraniens qui combattirent l'Iran,
et que, partant, il trouva la mort sur ces frontières orientales
de l'Iran, que les armées des Turks ont si souvent menacées
au cours des siècles. Les Persans, au xii^-xiii" siècle, qu'ils
fussent musulmans, ou qu'ils continuassent les pratiques
du Mazdéisme, avaient perdu toute notion de la possibilité de
(1) II, 49.
(2) Cette mention des Kalmaks est très moderne, du xiv ou du xv" siècle.
[561
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 87
conflits entre les Touraniens et le peuple d'Iran dans l'Ouest
de la Perse, tout concept de batailles livrées autre part que
dans l'Est, sur TOxus, pour la possession du Khorasan. Il est
fort douteux que les Guèbres, à la fin du ix'' siècle, aient eu de
ces événements lointains une vue plus exacte; mais c'est un
fait certain qu'à cette date, le triomphe de l'Islamisme, en
•Perse, était loin d'i'tre assuré, que le Mazdéisme le contrebattait
souvent à son avantage, que la tradition zoroastrienne, partant,
était beaucoup plus fraîche et vivace qu'après l'époque de Fir-
dausi (1), que l'on ne corrigeait pas au pied levé, dans les livres
pehlvis, les assertions qui y paraissaient obscures, parce qu'on
avait perdu le sens de leur interprétation, pour les remplacer
par des inepties. Cette identification s'est faite d'ailleurs en
dehors de toute considération philologique, ses auteurs étant
parfaitement incapables d'analyser, pour en tirer des conclu-
sions géographiques, la forme Saukav-astàn, ou Sôkav-astàn,
le pays de Saukav, ou de Sôkav; la tâche était au-dessus de leurs
moyens, comme elle a dépassé, et de beaucoup, les capacités
des exégètes européens des textes pehlvis. Si l'on remarque
que Ptolémée écrit Souo6ï;voi = *Siavénoi = Slovènes = ^Sla-
vclnas avec îr ^ gh 'y iv > ou ( 2), le mot qui est Sy.Aaêr^vot
dans le texte de Ménandre, il en faut conclure qu'il aurait
transcrit SxXâêoi de Strabonpar Sv.oû6st, avant d'arriver à ISoû6:'.;
mais l'on sait (3) que les Iraniens, au temps de Darius, ont
entendu le participe passif slave *slu-ta > * s^'lu-ta sous la
forme Skutla, qu'ils ont transcrite Skudra, pour obéir aux idio-
syncrasies de leur idiome, ce qui est le nom par lequel le fils
d'Hystaspe désigne les Slaves dans ses inscriptions; ce qui
montre que *siu-ta > ^sHu-ta s'était retourné, ou avait ten-
dance à se retourner, autour de son -/- médial, ce qui est un
phénomène dont les exemples ne manquent pas ; d'où l'on est en
droit de déduire que ^slav-a, nom générique des Slaves, devenu
*sHava, * sHaba, le Sakiab des Arabes (4), s'est retourné sous
(1) Voir les Peintures des Manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale^
1914-1920, pages 143, 144 n.
(2) Voir page 44.
(3) Revue de rOr'ient Chrétien, 1924. p. 433.
(4) Ibid., p. 431.
157]
88 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
une forme * slakaba, laquelle, avec la prononciation spéciale
de rt slave, deviendrait *Souoy.â8oi dans Ptolémée, ce qui est
justement la forme Saukap du grand Boundahishn, Saukap-
astân, comme l'on sait, signifiant « le lieu où demeurent les
Saukap », c'est-à-dire, si cette hypothèse se trouve vérifiée,
l'habitat des Slaves, des Slovènes, dont la présence dans
l'extrême Nord de l'Iran, au w" siècle, à l'époque sassanide,
à des dates antérieures même, est un fait historique; pour
étrange que soit le phénomène phonétique qui a conduit * slava
à * s^lava, sclavus, il est certain, et il s'explique, d'une façon
extrêmement simple, par le son accidentel de l'i slave, qui en
fait une sorte de gutturale "l''', de sorte que "sl'-'va est devenu
* s^lava (1), par suite de la métathèse du mot autour de la
labiale, ce dont je crois inutile de donner des exemples, tant
le fait est connu.
Afràsyàb, le roi de Touran, comme le raconte la légende
pehlvie(2), porta un instant la gloire royale de l'Iran, quand il
eut vaincu Zaînîgâv, le tyran^arabe, dont les yeux distillaient le
poison et donnaient la mort; Zaînîgâv voulait subjuguer l'Iran ;
il fut le grand-père de Zohak, qui réalisa ses projets, et régna
sur la Perse durant tout un millénaire. Tabari, dans son
histoire générale du monde, a recueilli une très ancienne tra-
dition, d'après laquelle le tobba du Yémen, Abou Kouroul), qui
rêvait d'envahir la Mésopotamie, alla se heurter aux Turks
dans l'Azarbaïdjan.
Cette légende est essentiellement différente de celle suivant
laquelle un autre souverain du Yémen, le tobba Shammir (3),
sortit des sables de la péninsule pour conquérir tout l'Iran,
pour envahir la Chine, et pour aller fonder la ville de Samar-
kand, par delà l'Oxus, aux marches de la terre aryenne. Que les
intentions de Shammir n'aient eu rien de commun avec les des-
seins d'Abou Kouroub, c'est ce que montre cette circonstance
que Abou Kouroub visait l'Euphrate, et vraisemblablement
l'Occident de la Perse, la Médie et l'Azarbaïdjan, alors que
l'autre, beaucoup plus ambitieux, rêvait la domination de
(1) Voir la Revue de VOrieni Chrétien, l'J24, p. 433.
(5) Voir page 9.
(3) Voir page 80.
[581
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 89
rExtrême-Orient. Que ce Shammir ne soit qu'une personni-
lieation extravagante d'Alexandre le Grand, roi de Babylone,
c'est-à-dire des Arabes (1), donc roi de l'Arabie, mélangée au
souvenir de la Sémiraniis légendaire, c'est ce que montre cette
affirmation que son but était la Chine, le troisième Alexandre
de Macédoine étant le seul conquérant que la légende orientale
accuse de ce projet, qui séduisit Témour le Boiteux, aux pre-
mières années du xv'' siècle. D"où il appert que Zaînîgâv n'est
point Alexandre, pas plus d'ailleurs qu'il n'est les Séleucides,
lesquels furent également rois de Babel, et comme les Aché-
ménides, dominèrent sur une partie de cette Inde, sur le Sapta
Sindhavas, que l'Iran confond assez volontiers avec la Chine.
Mais les Séleucides ne font que continuer assez médiocrement
le Macédonien; l'on ne voit point qu'ils aient eu affaire avec
les populations altaïques dans l'Ouest de l'Iran; avec Séleucus
Nicator, leur but fut bien plutôt l'Extrême-Orient; l'époque
tardive de leur souveraineté ne serait point un obstacle majeur
à leur identification, ou plutôt à l'identification de l'un d'eux,
avec Zaînîgâv, si les circonstances historiques s'y prêtaient,
I)uisqu'il est certain que des interpolations et des additions
de personnages secondaires ont pu se faire, et se sont faites,
dans les textes avestiques à des dates encore plus basses (2).
Mais, de celte circonstance que la légende de Gôpat-shàh, du
Taureau divin à tète humaine, se trouve dans un certain rapport
avec celle d'Abou Kouroub, il en résulte nécessairement qu'elle
ne peut se placer qu'à une date à laquelle ce type de monstre
apocalyptique gardait la porte du roi d'Assyrie, c'est-à-dire
avant la chute des empires de Chaldée, bien avant le règne
des Séleucides (3). D'où il suit qu'il faut chercher dans l'his-
toire de ITran un ensemble de circonstances historiques, avant
le VI'' siècle, qui mirent aux prises en Occident, Sem com-
battant Tour, non pour la possession chimérique de l'Extrême-
Orient, mais pour défendre la civilisation méditerranéenne
menacée par l'Altaïsme.
(1) Voir page. 80.
(2) Voir page 71.
(3) Et il ne peut naturellement être question, à propos de cette légende, des
taureaux à tête humaine de l'Apadana de Persépolis, qui sont d'une date bien
trop moderne pour avoir été syncrétisés avec un Scythe du vin" siècle.
[59]
90 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ce souvenir lointain d'un conflit entre les Sémites et les
Turks, dans l'Antiquité, évoque la sanglante défaite que les
généraux de Sargon, roi d'Assyrie, au viii*' siècle, infligèrent
aux Turks Sakas; ces barbares, par les défilés du Caucase,
tombaient en Arménie, et leurs hordes déferlaient au Sud des
monts, menaçant la Mésopotamie, qu'elles se préparaient à
dévaster, comme le reste de l'Asie antérieure. Cette invasion
des Sakas, des Scythes, comme les appellent les historiens
grecs, est, dans l'histoire, une répétition générale des invasions
d'Attila, et surtout de celle des Mongols, au xiii" siècle; les
descendants d'Along-Goa, à la fin du moyen âge, comme les
fils de la Louve, quelques siècles avant Platon, vinrent se
briser contre les empires occidentaux, qui furent la couverture
de la civilisation. L'effort des Mongols ne put prévaloir contre
les armées du roi d'Egypte, qui avait succédé à la Chaldée
dans l'hégémonie de l'Asie antérieure, et leurs légions furent
anéanties par les sultans du Caire dans des localités syriennes,
qui sont bien voisines des champs de bataille d'Arménie, où
l'armée de Sargon écrasa les Sakas au viii® siècle, en comparai-
son de l'immense distance qu'ils avaient franchie depuis l'Asie
Centrale, pour venir se faire hacher par les chars de guerre du
fils de Beltis. Les péripéties de cette lutte entre les Sémites et
les Turks resteront toujours inconnues; on ne sait ce qui la
précéda; si les troupes assyriennes, se portant au-devant de
l'envahisseur, n'occupèrent pas des régions du Nord-Ouest de
l'Iran, et n'y pesèrent point lourd; si les Scythes ne les bous-
culèrent point durement, et s'ils n'en débarrassèrent pas les
Iraniens, en attendant d'aller se faire anéantir un peu plus loin
par les armées ninivites, ce qui explique le rôle glorieux d'Afrâ-
syâb, l'un de leurs chefs; qui saura jamais si l'un des princes
sakas, plus ou moins frère d'un de leurs tchapghou, ne le
trahit pas en faveur des Iraniens, et n'en fut pas puni de mort?
L'alliance des Turks et des Iraniens est un fait historique,
autant que l'on connaisse l'histoire de ces périodes lointaines :
vers 580, un souverain des Scythes menaça fortement les
domaines du roi d'Assyrie; les textes cunéiformes le nomment
Ishpakaï, c'est-à-dire, en tenant compte des idiosyncrasies bien
connues de la langue assyrienne, Spakaï ou Spaka, mot dans
[60]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 91
lequel j'ai proposé, dans un article imprimé il y a vingt ans
dans cette Revue, de voir l'iranien spaka « chien »; le fait est
d'autant plus plausible et vraisemblable que nombre d'Al-
taïques se sont nommés « chien », Keupek en turk, Nokhaï
en mongol; un autre chef de hordes scythes, Kashtariti, en
mongol Ghatchar-taï « qui possède la terre », essaya de coaliser
les Mèdes, les Cimmériens, ainsi que d'autres clans, pour les
lancer contre le roi d'Assyrie, si bien qu'Assour-akhéiddin se
vit obligé de monter en Médie, pour mettre fin à ces mou-
vements; d"où il suit que la légende de Gôpat-shâh, ou
d'Aghrêras, peut parfaitement correspondre à des événements
historiques qui se sont passés à l'époque de l'invasion des
Scythes dans l'Asie antérieure, alors qu'il exista une collusion
certaine entre les*Touraniens et le peuple d'Iran.
Comme je lai dit autre part (1), c'est au récit de la conquête
de l'Iran oriental par les Sakas, indéfiniment dédoublé, que
se réduit, dans la chronique de Tabari et dans le Livre des
Rois, l'histoire de la Perse, jusqu'au moment où elle entre dans
la réalité avec les Achéménides; il serait oiseux d'énumérer
tous ses épisodes, de narrer toutes ses péripéties; on n'en trouve
en effet pas moins d'une douzaine de répétitions dans la geste
de l'Iran, lesquelles n'ont d'autre but que de glorifier la valeur
du paladin Roustam, qui sauva l'Iran, malgré ses rois; il me
suffira de rappeler le second épisode de cette lutte sans merci,
sous le règne de Minoutchihr, à cause de son importance : la
légende veut que Pashang, roi de Touran, soit venu attaquer
l'Iran pour venger son ancêtre Tour, en même temps que Salm
= Sairima, le Turk et le Romain (2), qui avaient assassiné
Iridj — Airiya, l'Iranien, et qui, en punition de ce forfait,
avaient été dépossédés de leur héritage et punis de mort.
Cette fantaisie ne laisse pas d'être inquiétante : transposée de
la pensée des Mages, elle signifie que les Romains et les Altaï-
ques avaient partie liée, et qu'ils marchaient ensemble contre
la Perse, ce qui, étant données les traditions militaires des
peuples, est loin d'être impossible, ou, tout au moins, que les
(1) Bulletin de la Société Française de Reproduction de manuscrits à pein-
tures, 1926, page 31.
(i) Sur ce sens de Sairima, voir la Revue de l'Orient latin, 192ô, page 430.
[611
92 REVUE DE l'orient CHRÉTIEx\.
Perses de Tépoque arsacide croyaient à une alliance offensive
des Romains, desToctiares et des Turks, contre leur monarchie.
L'aventure n'est JDoint si invraisemblable, ni si romanesque,
qu'elle le paraît à première vue, et des conjonctures politiques
analogues se répètent beaucoup plus tard, aux dernières
heures de l'Antiquité; l'empereur Justinien, en 562, profita très
habilement d'une ambassade plutôt hostile que lui envoya le
khaghan des Turks pour jeter les fondements d'une alliance
offensive et défensive avec ce puissant monarque contre le
Chosroès, dont leurs empires étaient voisins, et qu'ils pouvaient
prendre dans une tenaille. Les tractations se trouvèrent faci-
litées par ce fait que les Turks brûlaient du désir de s'emparer
de l'Iran; Attila, déjà au v'' siècle, comme on le voit par un
passage de Priscus, ne songeait qu'à entrer en Perse par les
montagnes de la Médie (1); il n'en fallut pas moins toute
l'astuce du slave Oupravda pour faire aboutir cette tentative
audacieuse, et aussi cette circonstance, que c'était offrir au roi
des Turks une aide inespérée pour s'emparer des provinces
orientales de l'Iran, qui, à la faveur d'une puissante diversion
romaine sur l'Euphrate, pouvaient être une proie plus facile
pour lui que les provinces occidentales de la Chine. Le kha-
ghan, en effet, envoyait l'un de ses officiers à l'empereur grec
pour lui faire les plus sévères admonestations au sujet de la
mystification ridicule des War-khouni, qui avaient complète-
ment dupé les Byzantins, sans que Justinieu en ait eu le moindre
soupçon ; les \N ar-khouni s'étaient fait passer pour des Avars,
alors qu'ils n'étaient que des Huns, c'est-à-dire des Turks, des
Pseudo-Avars, tandis qu'ils avaient été les sujets des véritables
Avars, des Tonghouzes, qui n'avaient pas bougé de l'Asie Cen-
trale, où les Turks les tenaient en subjection, après avoir détruit
leur empire. Quoi qu'il en fût de cette bévue fâcheuse, mais
explicable, les deux monarques comprirent qu'il leur était aisé
de se réconcilier et de s'entendre sur le dos du Roi des Rois;
très peu de temps après cette aventure, Justin II et Tibère con-
clurent une alliance formelle avec le khaghan des Turks de
l'Altaï contre le roi de Perse (2); les Turks, dans leurs nlon-
(1) Amédée Thierry, Histoire d'Attila, I, page 109.
ii) Ibid., pages 405 et 431. ' .
[621
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 93
tagnes de l'Asie Centrale, comme on le voit par le récit de
Ménandre, connaissaient admirablement la topographie de
l'empire romain, ses ressources militaires, et l'aide que les
deux peuples pouvaient se prêter mutuellement contre le
Chosroès de Ctésiphon. Et ce ne fut point la seule fois que les
Turks essayèrent de faire servir les Indo-Européens à la réali-
sation des buts qu'ils poursuivaient comme on le voit assez pav
l'histoire d'xA.ttila et des peuples turks : quand Héraclius conçut
le projet d'attaquer Kliosrau Parwiz, qui aboutit à la ruine
irrémédiable, à l'épuisement absolu de la monarchie perse et de
l'empire byzantin, il lança contre l'Iran la nation des Kha-
zars (1), les Khatzires, ou Acatzires du v^ siècle, qui sont
vraisemblablement les mêmes tribus que Rashid ad-Din nomme
Aghatchéri, dans son histoire des peuples turks, au commen-
cement du XI v" siècle. Ces Khazars appartenaient alors à la
confédération des Huns blancs; Attila les avait soumis à ses
lois, et il leur avait imposé comme souverain son fils EUak; il
ne fut pas difficile au basileus de les attirer dans son alliance
et de les faire marcher contre le roi de Perse, dont ils pillaient
les provinces septentrionales, que Khosrau Anoushirwan avait
essayé de couvrir de leurs attaques, en construisant la muraille
de Darband, pour arrêter leurs incursions dans les contrées
iraniennes.
La situation suivit les vicissitudes de la politique, lès hésita-
tions du destin, et elle se trouva inversée par une série de réac-
tions inéluctables : de l'aveu implicite des historiens grecs et
latins, à la fin de l'Antiquité, l'Empire se heurta sur toutes
ses frontières, en xAsie, en Afrique, en Europe, à une vaste coa-
lition des Barbares, dont le chef était le Roi des Rois, Arsace,
ou Chosroès, suivant les époques : « Il était rare que l'empire
romain, placé à ses deux extrémités entre les Parthes et les
Germains, n'eût qu'un seul de ces ennemis à combattre en
même temps. La guerre en Orient provoquait la guerre en
Occident. Du golfe Pecsique à l'Océan du Nord, les Barbares
semblaient s'entendre, et le départ de quelques troupes était le
signal ordinaire d'une irruption sur le point affaibli (2) ». Sous
(1) Ibid , tome II, pages 76 et 82.
(■i) Amédée Thierry, Histoire de la Gaule, II, 118.
[63]
94 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Valérien (1), les confédérations germaniques préparent une
offensive sur le Rhin, tandis que les Marcomans, les Hérules,
les Goths, menacent Flllyrie et la Thrace; une concentration de
tous les Barbares se manifestait, comme sous Marc-Aurèle, avec
cette circonstance particulièrement aggravante que les Barbares
de l'Orient entraient cette foi-s dans la lice, que Sapor, roi de
Perse, s'était fait le centre de la coalition; les Arabes du désert,
avec Odenath, prince de Palmyre, obéissaient naturellement à
ses ordres, comme leurs descendants, au xiV siècle, devaient
marcher aux ordres du prince mongol de l'Iran contre le sultan
des Mamlouks qui régnait en Syrie; les Nègres de l'Ethiopie, les
Maures de l'Afrique occidentale, soulevés par la prédication
de ses agents, menacèrent les frontières impériales ; l'orbe bar-
bare qui enserrait la Romanité accentua son étreinte, et com-
mença l'attaque contre la Ville Éternelle et la civilisation qu'elle
incarnait; les Francs eux-mêmes mirent à la mer leurs fragiles
navires, et attaquèrent le Nord-Ouest de la Gaule. Dans ses
extraits sur les ambassades des nations aux Romains, Ménan-
dre, en effet (2), nous révèle cette circonstance extraordinaire
qu'en l'année 565, lorsque les Avares et les Francs se furent
engagés mutuellement par les liens du serment, quand ils
eurent conclu un traité de paix perpétuelle, Bayan, le khaghan
des Avares, signifia à Sigisbert, roi des P^rancs, la détresse dans
laquelle se trouvait son armée, qui mourait de faim, et qu'à
peine Sigisbert eut reçu cette nouvelle, il se hâta d'envoyer
de la farine, des légumes, des œufs et des bœufs au khaghan.
Et cette situation ne fit que se prolonger jusqu'aux derniers
jours de la puissance du Mazdéisme dans la terre iranienne :
quand Héraclius eut ameuté le royaume des Khazars contre la
(1) Ibid., 3-28.
(2) "Oti 'AêàpoDv xat <ï>pâyza)v aTCeiffa[J.EVWv upo; à»,i^),o\;;, xaî tïj; sIpr.vT]? ÈfjiTtïSoj-
toLza. è/oijîyriç, È5:r,[jiriv£V ô Baïavb; lîyiffêépTw, tw twv 4>p(XYXwv ifjyEtiôvt, ola àijjlw ttie-
ÇofjiévYii; aÙTto Tyj; atpaxtâ; ...Ta-j-ra ÈTtEiS/] àTtTQyyeÀxo tw IiyiffgépTw, 7rapa)'_pf|[Jia o ye
àXsupà TE iaxcùt toïç 'Aêipoi; xai ôo-jtpia xai ôt; -/.al pôaç; page 110. C'était l'iiabitude
des Altaïques de se faire nourrir par leurs voisins, et l'on sait que les Turks,
quand ils crevaient la faim dans leur Asie Centrale, dépêchaient une ambassade
au Fils du Ciel, au « Ivhaghan chinois », qui se hâtait de leur envoyer une file
de chariots pleins de légumes secs.
[64]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 95
Perse, le khaghan des War-khouni, des Pseudo-Avars, qui
dévastaient l'Europe orientale, le céJèbre Bayan, offrit à Chos-
roès II de venir attaquer Constantinople, tandis que l'empereur
était occupé en Asie, pour opérer sur ses derrières une puis-
sante diversion; Bayan et Parwiz n'éprouvèrent aucune diffi-
culté à conclure une alliance qui amena les Perses et les Huns,
en l'année 626, devant la capitale byzantine.
D'où il semble qu'il faille conclure, à défaut de tout rensei-
gnement fourni par les textes, que les Perses répondaient à une
manœuvre romaine, dont l'objectif était de les encercler par
les légions sur l'Euphrate et en Arménie, par les Altaïques,
aux rives de l'Oxus et sur le front immense qui s'étend entre la
Caspienne et ie lac d'Aral, par une manœuvre identique, qui
leur jetait sur les bras toute la Barbarie, montant, comme une
seule brigade, à l'assaut de la Romanité et de la Civilisation.
Certes, ce n'est là qu'une simple hypothèse, et l'on serait bien
embarrassé d'en administrer le moindre commencement de
preuve; mais je crois qu'elle seule peut expliquer, au point de
vue stratégique, l'ensemble parfait avec lequel les nations bar-
bares se lancèrent à l'assaut de la « Forteresse Rome » ; elle n'est
qu'une possibilité, suggérée par l'induction historique; mais
il est bien difficile d'admettre que tous ces Barbares auraient
agi dans une coordination aussi absolue, s'ils n'eussent con-
couru à l'exécution d'un plan d'attaque soigneusement et lon-
guement élaboré. F.^ile est confirmée, jusqu'à un certain point,
par la plaque de ceinturon perse que l'on a découverte à Wolfs-
heim, sur les bords du Rhin, qui est aujourd'hui conservée au
Musée de Wiesbaden, sur laquelle se lit, en caractères pehlvis
du début du m" siècle, le nom Artakhshatr du premier Sassa-
nide. Si cette plaque a appartenu à un officier perse qui avait
été chargé d'une mission militaire chez les Francs, chez les
Germaniques, par la majesté du Roi des Rois, ce dignitaire
portait le nom de son souverain gravé sur l'insigne de son
grade, comme les officiers du Préobajenski portaient sur leur
hausse-col l'aigle au triple diadème d'Elisabeth et de. Cathe-
rine, ceux du dernier empereur de Russie un N couronné
sur leurs pattes d'épaule: car il est invraisemblable que les
soldats du roi de Ctésiphon, pas plus que ceux d'aucune armée,
[65]
96 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
aient jamais eu la licence de faire inscrire leur nom personnel
sur les pièces de leur équipement.
Sous le règne de Naudar, les grands vassaux des contrées
non-iraniennes, Asie Mineure, Syrie, Mésopotamie, se désinté-
ressèrent de cette lutte interminable contre les Touraniens, sur
les marches orientales de la monarchie, et les Égyptiens profi-
tèrent des difficultés qui assaillaient le Roi des Rois pour secouer
le joug sous lequel il les maintenait; il y faut voir le dédou-
blement delà révolte de l'Egypte, sous Artaxerxès II, syncrétisé
avec le souvenir de cette circonstance que la Mésopotamie, au
pouvoir des Arsacides, faillit leur échapper sous les coups des
Romains, comme quelques siècles plus tard à l'époque des
Sassanides.
L'histoire raconte que, sous Kaï-Kaous, Roustam écrasa les
Touraniens, en même temps qu'il soumettait les rois de Syrie,
d'Arabie, d'Asie Mineure et d'Egypte; ce qui est le syncrétisme
incohérent d'un fait réel, la soumission de l'Egypte, en 342,
sous Artaxerxès III, et de faits potentiels, ou plutôt d'événe-
ments réels, entièrement inversés, sous la forme où les Iraniens
eussent voulu qu'ils se produisissent, la conquête d'Alexandre,
la souveraineté des Séleucides, qui arrachèrent l'Asie antérieure
à la domination iranienne, l'invasion des Sakas, qui entama la
monarchie dans l'Est, et même, dans la pensée de ceux qui
recopièrent ces fables à la fin des Sassanides, la guerre avec les
Ephtalites, laquelle faillit anéantir la puissance des descendants
d'Ardashir. Qu'il y ait dans cette légende des luttes entre Iran
et Touran quelques faits réels, c'est l'évidence même; sous Kaï-
Kaous, le roi des Turks implore le secours du roi de Kliotan,
Pouladwand, dont le nom, visiblement, traduit une forme
altaïque Témourtou, ou Témoutchin, qui est bien connue, sous
l'une et l'autre de ses formes, par l'histoire des Mongols.
C'est à partir de cette époque relativement moderne de la geste
iranienne que se multiplient les souvenirs des périodes anté-
rieures à Darius : elle raconte que Kaï-Kaous fut battu dans un
combat qu'il engagea contre le roi du Mazandaran, au cours
duquel ses soldats furent brusquement frappés de cécité; il y a
longtemps que Malcolm, dans son Histoire de la Perse, a reconnu
dans cet épisode le souvenir de la bataille que Cyaxare, troi-
[66]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 97
sième roi de la Médie, fils de Phraortès, et petit-fils de Déjocès,
livra aux Lydiens, complices des Scythes, des Sakas, des 7:3u,\ss
qui avaient envahi l'Asie antérieure, pendant laquelle (620
ou 610) se produisit l'écHpse de soleil prédite par Thaïes.
C'est également à un souvenir ancien de l'histoire iranienne
que reporte la légende de Sohrab, fils du paladin Roustam et
de Tahmina, fille du roi des Turks; Sohrab fut élevé en cachette,
et sa mère lui déroba le secret de sa naissance; mais la valeur
n'attendit pas chez lui le nombre des années, si bien que son
histoire répète les termes de celle de Cyrus et de Mandane,
Tahmina étant une forme altérée de Mandane, par la contami-
nation du surnom de Roustam, Tahamtan, l'Hercule.
Cet épisode de l'enfant du miracle ne se retrouvée pas moins
de quatre fois, en termes id antiques, dans la légende iranienne;
les autres sont l'épisode de Syawoush, fils de Kaï-Kaous; de
Kaï-Khosrau, fils de Syawoush et de Firengis, fille du roi des
Turks, que Kaï-Kaous fait comparaître à sa cour avec la même
anxiété qu'Astyage, roi desMèdes, avait connue, quand il avait
m^ndé son petit-fils Cyrus en sa présence; de Barzou, fils de
Sohrab, qui fut élevé comme un paysan parmi les Turks, qui se
révéla grand guerrier, et devint le héros d'un cycle.
L'histoire, avec Lohrasp, successeur de Kaï-Khosrau, entre
dans la réalité : Lohrasp, père de Goushtàsp = Vîshtâspa =
ytjTxaizTiÇ, transfère sa capitale à Bactres, alors qu'Hérodote
(vu, 61) nous apprend qu'Hystaspes, fils de Darius 1, était
justement satrape de Bactriane. Les Mages ont confondu
Vîshtâspa, fils de Darius, et même Vîshtâspa, fils de Xerxès,
tous les deux satrapes de Bactriane, avec Vîshtâspa, père de
Darius; qu'ils aient fait un roi de ce personnage syncrétique,
alors qu'il ne l'était pas, uniquement même pour la raison
qu'il ne l'était point, et qu'il les protégea, c'est' un fait qui
correspond admirablement à leur esprit, une circonstance
qui leur permit de céler à la postérité le nom du roi Darius,
leur grand ennemi, l'auteur de la Magophonie, de la Saint-Bar-
thélémy du clergé mage, qui ne manquait pas d'ambition.
Vîshtàspa-Goushtâsp, par crainte de son père, s'enfuit
dans les états de l'empereur de Rouui; sous le nom de Far-
[67]
ORIENT CHRÉTIEN. 7
98 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
roukhzad, il épouse sa fille, et il conduit ses armées contre
riran. Lohrasp abdique, et se retire dans un monastère qu'il
avait fait construire auprès du grand temple du Feu, à Bactres,
lequel n'est autre que le Naubahàr, le temple bouddhique, que
les rois grecs élevèrent à Bactres, et dont la coupole gigan-
tesque se voyait, à ce que raconte Yakout al-Hamawi, dans son
Mo'djam al-bouldan, à une grande distance de la ville (1).
La magnificence de cet édifice somptueux frappa l'imagination
des Perses; ils répétèrent son souvenir sous le règne de Vîsh-
tàspa, lequel, lorsqu'il fut devenu roi de Perse, fit élever
à Bactres un temple immense, pour abriter la Flamme sacrée.
Quand Lohrasp eut abdiqué devant la menace des armées
grecques, commandées par son fils Vîshtàspa, celui-ci monta
sur le trône, ce qui est un arrangement fantaisiste de la
conquête par l'Hellénisme de la monarchie achéménide.
Vishtàspa-Goushtàsp abandonna le pouvoir royal à son petit-
fils, Bahman, fils d'Isfandyar, avec lequel la chanson de geste
devient de l'histoire, puisqu'il n'est autre qu'Artaxerxès I"
Longue-Main, comme l'affirme la légende sassanide, qui a été
recueillie par Hamza d'Isfahan et par les chroniqueurs persans,
lesquels nomment ce prince Ardashir-i Dirazdast, Ardashir à
la main longue. Mais, en fait, le règne de ce Bahman-Arta-
khshatr représente dans l'histoire légendaire de l'Iran, telle
que l'ont écrite les Mages, tous les souverains perses, de
Darius I à Artaxerxès III; le nom de cet Artaxerxès syncré-
tique ne figure dans les listes royales uniquement que par suite
de cette circonstance que le canon de VAvesta fut fermé sous
le règne de l'un de ses éléments, Artaxerxès II, qui a été con-
fondu avec les deux autres (2); encore faut-il remarquer
que les Mages, tout en le citant, ont poussé la malice jusqu'à
changer son nom réel pour lui attribuer celui, de pure inven-
tion, de Vohuman. Et cette fantaisie des Mages leur permit
d'escamoter d'une manière élégante les noms des deux plus
grands monarques de la dynastie achéménide, Darius P'etXer-
(1) Tous les stoupas du Kapiça répètent la forme gigantesque de la coupole
de cet ancêtre grec du Panthéon de Rome.
(2) La fermeture du canon de l'Avesla, dans la Revue d'Assyriolo-gie, 1924.
[68]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 99
xès, dont le souvenir ne se retrouve que sous une forme très
altérée dans le tissu de cette trame imaginaire, et de dissimuler
jusqu'au nom du prince, Artaxerxès H, qui fit exécuter la
première recension de VAvesta.
Et ce n'est pas la seule trace de leur infernal esprit d'in-
vention; Tabari r.iconte que ce fut Vîslitàspa-Goushtàsp qui
renvoya les Juifs en Palestine, et qui leur ordonna de recons-
truire le Temple du Seigneur; cette assertion montre que les
.Mages connaissaient très exactement les actes du roi Cyrus,
mais qu'ils les mirent au compte d'un personnage qui n'avait
pas, en fait, exercé le pouvoir souverain, et le développement de
la légende témoigne de cette circonstance que, volontairement,
les prêtres du Feu ont réduit les rois de Perse de la dynastie
achéménide au rôle de lieutenants de princes imaginaires.
Bokhtnasr = Nabucliodonosor, vécut trois cents années, dit
Tabari, au service de Lohrasp, de Goushtasp, de Bahmàn.
Lohrasp, excédé par les charges écrasantes de la souve-
raineté, confia à Bokhtnasr la vice-royauté de la Mésopotamie.
Bokhtnasr soumit l'Egypte à ses lois, ce qui est, une fois de plus,
le souvenir déplacé d'un lait qui s'est réellement passé sous
Artaxerxès III, en même temps qu'il réduisit Jérusalem. Un
autre aspect de la légende, également rapporté par Tabari,
prétend que Bokhtnasr fut le lieutenant de Bahman, c'est-à-dire
d'Artaxerxès P'; cette seconde forme de la geste, complètement
oubliée des livres pehlvis, témoigne de l'essence du système des
Mages, qui poussent la férocité jusqu'à ce point de faire du roi
Darius, qui leur ravit ]e pouvoir, un Babylonien, de Cyrus,
de Xerxès, des gouverneurs de Babylone.
Bahman, dit Tabari, nomma Bokhtnasr gouverneur de Baby-
lone, et il l'envoya contre les Juifs, parce que ceu.x-ci s'étaient
rebellés contre son autorité; il lui adjoignit Darius ^^^^^'J,'-, fils
de Maiiri (perse * Martiya « l'homme », ce qui est dans VAvesta,
avec l'alternance constante rt perse = sh zend = hr ou hl
pehlvi, Mashya, le nom du premier homme issu de Gaya Maretan
dans la cosmogonie iranienne). Ce Mahri était le descendant,
de Màdzî ^iU (le Mède, en hébreu na), fils de Japhet; Darius
était le neveu de Bokhtnasr. Bahman = Artaxerxès P"" adjoi-
gnit également à Bokhtnasr = Nabuchodonosor, Cyrus Kaï-
[691
100 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Kawân .l'XT 'y^ (lire Kaï-Kawâd :>\SS, avec la confusion
graphique de j et de -i, le roi légendaire Kaï-Kavvât étant con-
fondu avec Kaï-Khosrau, son arrière-petit-fils, dont l'histoire,
comme on Ta vu plus haut, présente certaines similitudes avec
ce que la légende raconte de Cyrus), descendant de Ghaïlaui
J^(lire rr^ Élam, en hébreu ^y)-, fils de Sem; Akhashvérosh,
.^^ji^isS, Assuérus, c'est-à-dire Xerxès, fils d'un autre Cyrus
^^, lequel était le fils de Djamasp «s^^-w-Ul^., surnommé le
savant; Bahram, fils d'un autre Cyrus, lequel était le fils de
Vîshtâspa-Goushtàsp. Après moult aventures, Bahman destitua
Bokhtnasr, et le remplaça par le premier Cyrus; ce personnage,
vice-roi de Babel, demanda à Bahman la permission de ren-
voyer les Juifs dans leur patrie, ce qui est un arrangement assez
curieux de la réalité historique, puisque c'est un fait universel-
lement connu qu'Artaxerxès I, Artaxerxès Longue- Main, le
Bafiman Diràzdast de la légende persane, permit aux Juifs de
rétablir à Jérusalem le culte de Jéhovah.
Après Cyrus, Akhashvérosh, fils de Cyrus, fils de Djamasp,
autrement dit Xerxès, exerça la vice-royauté à Babylone; Bah-
man l'envoya contre Ker Ardashir^^j^ ^ (lire Kai-Ardashir
y^'^)^ ^, Kai étant le titre de tous les rois kéanides de l'Anti-
quité préhistorique et de la légende héroïque de l'Iran), gou-
verneur de l'Inde, lequel s'était révolté; ce personnage avait
appris aux gens de la Péninsule à manger de la viande,
ainsi qu'à boire du vin, ce qui est un syncrétisme extravagant
de la légende du triomphe de Bacchus (1), du fait historique
de la conquête du Nord-Ouest de l'Hindoustan par les géné-
raux de Darius P^ puis par Alexandre, qui continua leur oeuvre,
son invasion des plaines du Djamboudvipa étant très visiblement
devenue le thème du Triomphe de Bacchus.
Cet Akhashvérosh habitait à Suse t^^^ et la meilleure preuve
qu'il n'est autre que Xerxès, c'est qu'il épousa, après avoir fait
tuer son épouse Washti ^^_5, une dame juive, Ashtarj-'^l, Esther,
fille d'Abou Djawil Jj^U-^^jI, qui avait été élevée par son oncle
Mardochée ^=--^y- Les Chrétiens racontent, dit Tabari, qu' Akha-
shvérosh eut d'Esther un fils, Cyrus iJ^)4'-> ce fut ce prince,
(1) Revue de VOrient chrétien, 1925, page 437.
[70]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 101
Cvrus, qui fit reconstruire Jérusalem (1), laquelle avait été
saccagée par Bokhtnasr.
(1) Ce que racontent les Paralipomènes, Esdras, Xéhémie, Haggaï; le récit
d'Esdras reprend la narration des Paralipomènes, en termes identiques, pour
bien spécifier qu'il ne fait que continuer leur récit (i, 2); la première année de
Cyrus, c'est-à-dire la première année de son règne comme souverain de toute
l'Asie antérieure, après la chute de Babylone devant les armes achéménides,
en 538, le Seigneur, pour accomplir la promesse qu'il avait faite à son peuple
par la bouche de Jérémie (24, 27, 29, 30, etc.), suscita l'esprit du Grand Roi,
monarque absolu dans l'Iran et on Chaldée, qui fit publier l'édit suivant : « Voici
ce que dit Cyrus, roi de Perse; le Seigneur, Dieu du Ciel, m'a conféré tous
les royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui élever un temple dans
Jérusalem..; (le Dieu) qui est à Jérusalem est le vrai Dieu. »
Que ces phrases traduisent littéralement l'édit du Roi des Rois, c'est ce que
montrent, non seulement la phrase initiale : •< Voici ce que dit Cyrus, du corps roi
de Perse » DIS Tî'^D ClIH "1"DX Hj, laquelle est celle même par laquelle Darius
I'"' commence toutes ses phrases à Béhishtoun et à Naksh-i Roustam : Thâtiij
Dnrayavush khshâyalhiya : « Ainsi parle le roi Darius », mais encore, et
beaucoup plus le parallélisme du protocole de Cyrus avec celui de Darius I*'', qui
proclame à la face du monde qu'Aliura Mazda l'a créé Roi, Roi sur les autres rois.
S'il est certain que l'édit de Cyrus, contenant l'ordre de la réédification du
Temple, fut promulgué en 538, l'histoire racontée par Esdras et Néhémie est
assez embrouillée pour que l'on ne puisse déterminer à leur première lecture
que le sanctuaire fut terminé sous Darius I" (521-485), et non sous Darius II
Xothus (425-405). Si l'on en croit le récit d'Esdras (I g 1, v. 1-2), l'édit de recons-
truction fut à peine promulgué par le Grand Roi, en 538, que les intrigues des
ennemis des Juifs firent interrompre les travaux, depuis la première année de
Cyrus, jusqu'en la seconde année de » Darius, roi de Perse », en laquelle ils
furent repris pour être conduits à leur achèvement. Les accusations lancées
contre les Juifs se répétèrent au commencement du règne de Xerxès (485-4G5)
et sous Artaxerxès l" (465-425), si bien que ce monarque leur interdit formelle-
ment de continuer les travaux de reconstruction de la ville sainte.
En cette seconde année de ■■ Darius, roi de Perse ■-, Ilaggaï et Zacharie, fils
d'Addo, furent envoyés aux Juifs, et l'œuvre, interrompue depuis les temps de
Cyrus, reprit son cours. Zoi'obabel, fils de Salathiel. et Josué, fils de Josédec, le
gi'and-prêtre, se mirent alors à bâtir le Temple de Dieu à Jérusalem, et comme
le dit le livre d'Esdras (iv, 24; v, 2), dans une allusion visible à la présence
des deux envoyés du roi de Perse, •■ les prophètes de Dieu étaient avec eux, et
les assistaient ».
Les Juifs, sans doute, quoique Esdras n'en dise pas un mol, s'autorisaient,
pour ce faire, de l'édit de Cyrus le Grand; les officiers perses, ayant porté ces
événements, dans lesquels ils voulaient voir une offensive de rébellion, à la
connaissance du trône, Darius se livra à une enquête, au cours de laquelle on
découvrit l'original de l'édit de Cyrus, dans la forteresse d'Ecbatane, en Médie;
cela détermina le monarque achéménide à laisser les Juifs continuer leurs
travaux, et même à les aider, si bien que le Temple fut terminé (Esdras, vi, 15)
on la sixième année du roi Darius, c'est-à-dire en cinq années, ou à peu près. Il
faut conclure de ce récit, semble-t-il, que le souverain dont il est question dans
Esdras est Darius II (425-405); mais on lit dans le texte de ce livre (vi, 14) que
[71]
102 REVLE DE l'orient CHRÉTIEN.
. D'api ès l'un des aspects de la légende, ce n'est pas Akhasli-
vérosh-Xerxès qui épousa Esther, mais bien Isfandyar, fils de
les Juifs '• travaillaient à la construction du Temple par les commandements
du Dieu d'Israël, et par l'ordre de Cyrus, de Darius, et d'Artaxerxès, rois de
Perse », ce qui ne laisse point d'étonner sous le kalam d'Esdras, qui vécut sous
Artaxerxès, et qui, semble-t-il, n'aurait pas dû commettre l'erreur inqualifiable
de faire régner Darius II, si c'est bien de lui dont il est parlé dans ce verset, et
non Darius P', avant Artaxerxès, et de rédiger assez mal son quatrième cha-
pitre (6, 7) pour que l'on puisse croire que la défense que firent Xerxès et
Artaxerxès de construire les fortifications de Jérusalem s'applique au Temple,
qui était terminé depuis longtemps: et cela complique singulièrement le pro-
blème.
Sans insister sur ce point que, si l'œuvre du Temple fut accomplie entre les
années 2-6 du Darius qui vécut avant Artaxerxès, c'est-à-dire de Darius I "",
les Juifs n'avaient aucunement besoin de l'agrément d'Artaxerxès pour mener à
bien une œuvre dont ils s'étaient acquittés; d'où il est visible qu'il y a dans
Esdras une confusion entre la construction du Temple, laquelle fut terminée
sous Darius I", prédécesseur d'Artaxerxès V% et une autre œuvre, pour l'accom-
plissement de -laquelle fut nécessaire la permission du roi Artaxerxès, très
postérieurement à l'achèvement du Temple. Cette hypothèse se trouve confirmée
par le récit de Hagga'i, lequel dit formellement qu'en ce'tte seconde année de
Darius, le Seigneur s'adressa à ce prophète pour qu'il allât porter sa parole à
Zorobabel, fils de Salathiel, seigneur de Juda, et à Josué, fils de Josédéc,
le grand-prêtre, lesquels, devant ses objurgations, commencèrent les travaux
du Temple, et les menèrent à leur fin; or, s'il est un fait impossible, c'est que
Haggaï, Zacharie, qui a prophétisé en même temps que Haggaï (Esdras, v, 1),
Zorobabel, fils de Salathiel, et Josué, fils de Josédec, aient vécu en la seconde
année de Darius II, qui régna après Artaxerxès, en 425, puisqu'il est formel-
lement dit dans Esdras (i, 2) et dans Néhémie (xn, 1) que Zorobabel et Josué,
fils de Josédec, s'en vinrent de Babylone à Jérusalem en la première année de
Çyrus, c'est-à-dire en 538. Si l'on remarque qu'en cette année 538 du règne
de Cyrus le Grand, l'autorité dont jouissaient ces deux personnages témoigne
formellement qu'ils avaient depuis longtemps dépassé l'âge de la jeunesse, il
en faudrait conclure qu'ils avaient plus de cent soixante ans au début de la
souveraineté de Darius II, en 424, ce sur quoi il est inutile d'insister.
De plus, il est certain qu'à l'époque à laquelle Haggaï prophétisa (ii, 3), il
existait encore des Juifs qui avaient vu l'ancien Temple, avant que Nabuzaradan
ne l'eût fait incendier, car le Dieu d'Israël, s'adressant au nabi, lui adresse ces
paroles : « Qui demeure parmi vous? Qui a vu ce Temple dans sa gloire, et
comment le voyez-vous aujourd'hui? Tel qu'il est, ne parait-il pas rien à vos
yeux? », et cela est confirmé par cette circonstance que les travaux de recons-
truction du Temple avaient été interrompus dès la première année de Cyrus,
roi de Babylone, de telle sorte qu'en l'an 2 de Darius, qu'il s'agisse d'ailleurs
de Darius, fils d'Hystaspe, ou de Darius Nothus, il devait y avoir très peu
de changement à l'état lamentable du Temple, tel que l'avait laissé le saccage
auquel l'avait livré l'armée du roi de Chaldée, ce qui arracha des larmes aux
vieillards qui revinrent de la captivité (Esdras, m, 12); or, plus de cent quatre-
vingts ans après l'incendie du Temple, sous Darius II, il ne pouvait manifeste-
ment se trouver des Juifs qui l'eussent vu dans sa gloire, sous le l'ègne de
[:2i
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TL'RKS ORIENTAUX. 103
Vishtaspa-Goushtàsp, père de Bahman-Artaxerxès P^ car elle
raconte que Bahman fut le fils d'Astoria ^jj^\ c'est-à-dire
Sédécias; d'où il faut conclure, comme l'a fait Josèphe, que cette seconde
année de Darius se place en 520, sous Darius, fils d'Hystaspe, et non en 424,
sous Darius II, en laquelle année 520, dix-huit ans après la prise de Babylone
par Cyrus, Zorobabel et Josué eurent un peu plus de soixante-dix ans, ce
qui correspond assez à la haute autorité dont ils jouissaient.
La question, comme on le voit, est extrêmement confuse, et la lecture de
Néhémie ne l'oclaircit guère, puisque Néhémie, visiblement, parle d'événe-
ments différents de ceux dont il est question dans le Livre d'Esdras; Néhémie
en effet, dans son chapitre ii, dit très clairement qu'en la vingtième année d
règne d'Artaxerxès, il demanda au monarque achéménide la permission d
s'en retourner à Jérusalem, pour rebâtir les maisons de la ville, sans qu'il soi
eti rien question du Temple, lequel, évidemment, était terminé, et, dans s
troisième chapitre, il énumèrc les noms des hommes, grâce à la munificence des-
quels les murailles de la ville sainte se relevèrent et ses maisons se reconstrui-
sirent. L'ambiance et la contexture de ce récit montrent assez que ces travaux
furent exclusivement consacrés au relèvement de la cité, entre les années 20
et 32 du règne d'Artaxerxès l""-, soit les années 446-434 avant l'ère chrétienne, ce
souverain achéménide ne pouvant être qu'Artaxerxès I, ou Artaxerxès 11,
qui ont régné assez longtemps pour connaître une trente-deuxième année,
alors qu'il n'avait fallu que cinq années, les années 2-G, 520-516 avant J.-C, de
Darius I", pour réédifier le sanctuaire; et il est visible que les difficultés aux-
quelles se heurta Néhémie, en cette vingtième année d'Artaxerxès, de la part de
Sanaballat et de l'Arabe Gossem, n'ont rien à voir avec ce que dit Esdras
(vu, 7, 8) qu'en la septième année d'Artaxerxès (459) ce monarque l'envoya à
Jérusalem avec des présents pour ■■ la maison de Dieu, qui est à Jérusalem •■
(VU, 16), et de riches offrandes qu'il consacrait » au Dieu d'Israël, dont le tabei"-
nacle est à Jérusalem » (vu, 15) ; d'où il est évident que le Temple fut terminé
avant Darius II (425), donc, puisqu'il fut terminé sous un Darius, sous
Darius I""', et qu'à sa reconstruction se bornait l'édit de Cyrus, lequel n'avait
pas entendu que l'on rebâtit Jérusalem, ce pour quoi il fallut un autre édit,
promulgué en 446, quatre-vingt-douze ans plus tard, par Artaxerxès. Qu'Esdras,
dans son Livre, ait commis certaines erreurs et des confusions entre ces
événements, c'est là une supposition qui n'a rien d'irrévérencieux pour la Bible;
si l'on en croit Daniel (ix), sept et soixante-deux semaines, c'est-à-dire
483 ans, se passent entre l'ordre de reconstruction de Jérusalem jusqu'au
Christ; les murailles sont rebâties, et après soixante-deux semaines,
434 ans, le Christ meurt; ces dates comme le fait est patent, et comme cela
est visible, ne correspondent à aucune réalité, puisque l'ordre de reconstruc-
tion du temple est de 538, la reprise des travaux sous Darius, fils d'Hystaspe
de 520, l'ordre de rebâtir les murailles de la ville sainte de 446; par une
coïncidence singulière, mais dans laquelle il faut voir l'effet d'un simple
hasard, l'année 434 est celle en laquelle l'enceinte de Jérusalem fut terminée;
mais cette date, loin de répondre à la mort du Sauveur, correspond à sa
naissance; de plus il est inutile, je pense, d'épiloguer sur la durée de
quarante-neuf années assignées à la vie terrestre du Fils de Dieu; le texte
de Daniel est très confus, et il faut attribuer à sa chronologie une valeur
[731
104 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
d'Esther la Juive; ces .Variantes sont indifférentes; elles n'ont
d'autre objet que d'expliquer d'une nrianière logique la protec-
tion extraordinaire que les rois achéménides accordèrent aux
Juifs; il en faut, je pense; rechercher l'origine et la cause
dans ce fait qu'Israël, comme les Mages, basait les réalités de
sa croyance sur la révélation d'un esprit illuminé par la Vérité
divine, que les Juifs, comme les Mèdes et les Perses, condam-
naient l'adoration absurde des monstrueuses idoles de Baby-
lone et de Memphis.
Bahman-Artaxerxès I eut pour successeur sa fille Khoumànî
^U^., « celle qui a une bonne pensée » (perse *Hu-màn-i, sk.
Su-niân-î, ce qui est un nom apparenté de très près à celui de
son père Vohu-manô, dans un sens identique, en sk. * Vasu-ma-
nas); le Boundahishn la nomme « HûmâîTchîhràzàt », Hou mai
(perse *Hu-mâ-ti,cf. sk. Sumà-tî «celle qui aune bonne pensée)
qui est d'origine royale ». Cette princesse, dans le récit de l'épo-
pée, épousa son père Bahman, dont elle eut un fils, qui fut le
premier Darius; sa personnalité est un exemple remarquable de
la méthode syncrétique des Mages, qui leur permit de dénaturer
complètement l'histoire de l'Iran; Khoumànî Tchîhràzàd n'est
en effet autre que la célèbre reine Parysatis, fille de Xerxès P%
et sœur d'Artaxerxès P"", qui la donna en mariage à son fils,
Ochus, lequel devait devenir Darius II, après avoir été satrape
d'IIyrcanie; elle fut donc, historiquement, la femme du fils de
son frère, et non l'épouse de son père; Darius II abandonna
la réalité du pouvoir à cette femme ambitieuse et cruelle, qui
gouverna avec l'aide des trois célèbres eunuques Artoxarès,
Artibarxanès, Athoos; son souvenir, en Perse, fit entièrement
oublier celui du prince dont elle partagea la couche; il avait été
tellement nul qu'on transféra son nom, Darius, à son lils, qui
lui succéda, et qui fut en réalité le roi Artaxerxès II, auquel
toute relative, comme le montre la durée de quarante-neuf années, attri-
buée à la vie du Christ; Balthazar (Bel-sar-utsur), fils de Nabuchodonosor, est
tué par Darius le Mède, que Daniel nomme autre part Darius, fils d'As-
suérus = Xerxès, de la race des Mèdes, ce qui est l'impossibilité même; ce
Darius-le-Mède, qui s'empare de Babylone à soixante-deux ans, est manifes-
tement Cjrus, qui mourut à soixante-dix ans, après avoir régné sept ans à
Babylone; il est un dédoublement de Cyrus, que Daniel connaît, et nomme
correctement roi des Perses.
[74 I
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. ICfô
VÈgyyte échappa; on perdit entièrement la notion que cette
femme avait épousé un prince, fils de Vohuman-Artaxerxès It
de l'annihilation, de l'inexistence de ce fils, on passa natu-
rellement à ce concept que Khoumânî s'était mariée à Vohuman-
Artaxerxès lui-même; et, puisque Vohuman-Artaxerxès était
son père, la légende perse en inféra qu'elle avait été la- femme
de son père; cette confusion fut visiblement facilitée par ce
fait que l'un des Artaxerxès, Artaxerxès II Mnémon, épousa
sa fille Atossa. Par une transposition encore plus auda-
cieuse, on attribua à Khoumânî, femme de Darius II, les
grands monuments qui avaient été construits dans l'Occident
de la Perse par Darius I, dont les Mages évitèrent ainsi de
prononcer le nom ; leur légende raconte, en effet, que Khoumânî
entreprit de grandes expéditions contre la Grèce, qu'elle battit
les Hellènes , et qu'elle ramena dans ses états un nombre
considérable de prisonniers, ce qui constitue une interpréta-
tion aussi fantaisiste de la réalité ties guerres médiques que
l'histoire de Roustam des péripéties de l'invasion des Sakas;
elle permit aux Mages de celer à leurs ouailles les noms exécrés
de Darius I et de Xerxès, en affirmant que ces prisonniers lui
construisirent, dans la technique grecque, d^s édifices merveil-
leux, dont les ruines se voyaient à l'époque du prince des
historiens musulmans, et se voient aujourd'hui encore, près
d'Istakhar, et sur le chemin de Darabgard, à un farsakh, et à
quatre farsakhs de cette ville ; c'est là, comme je l'ai fait remar-
quer autre part, le dédoublement du souvenir de l'origine grec
que des monuments de pierre des Achéménides, dont on a vu
plus haut l'un des aspects intercalé dans la légende du roi
pishdadien Djamshid.
C'est également à une époque relativement récente de la haute
Antiquité qui reporte le nom nask, zend naska, des tomes de
YAvesta; naska est dans un rapport visible avec l'arabe nasa-
kha « écrire » ; la racine sémitique " nasa-ka signifie primordia-
lement « tisser », arabe nasa-ba « rejoindre des objets par un
fil continu, par une trame », d'où « dresser une généalogie »,
nasa-dja « tisser », d'où « faire des vers », nasa-gha « dessi-
ner, tatouer », nasa-qa « mettre en ordre, composer », iiasa-
kha » composer », d'où «écrire»; hébreu t^cj nasliak « inci-
[75]
106 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
ser », -^d: nasak « tisser »; cette racine, par antiphrase, ce
qui est un phénomène sémantique connu, signifie également
« effacer », nasa-ra « racler, gratter, détruire », nasa-fa
« gratter, arracher », dans un sens péjoratif qui s'est gardé
dans l'assyrien MasAa-AViW « briser, arracher de son substra-
tum », le sens de « tisser, composer » ne se retrouvant que
sous la forme de mois isolés dans la langue chaldéenne :
naskit « prêt », litt. « qui a été arrangé », nashik, nasik « celui
qui crée, prince ». L'action d'écrire s'exprime en assyrien par
un autre verbe : sataru, sataru : ina diippani astiu « j'ai écrit
sur des plaques », duppu satru « plaque revêtue d'une inscrip-
tion», sitir, sUru « écriture », lequel répond à un conceptessen-
tiellement différent, et beaucoup plus matériel, celui de tracer
une ligue droite sur une surface plane, ce que montrent l'assy-
rien shidru « ligne de bataille », Tarabe sata-hu « étendre »,
sata-ra « étendre un voile ». Il en résulte que ce n'est pas
à l'assyrien que le perse a emprunté naska dans le sens de
« chose écrite », mais à l'hébreu, ce qui ne peut s'être produit
qu'après la captivité, quand les Israélites, avec Cyrus, Darius,
Xerxès, Artaxerxès I(vi''-v'' siècles), furent personaegratissimae
auprès du Roi des Rois, ou plus tard encore, ce qui ramène
aux conclusions ci-dessus exposées; et cela est entièrement
confirmé par ce fait que, visiblement, beaucoup plus sim-
plement, ce mot naska a été emprunté au chaldéen xpDJ, niska,
syp: niktsa, avec le retournement, qui, dans le Talmud, désigne
un tome d'un ouvrage. Ce mot a été emprunté par les Perses
bien après la série divan « recueil de pièces écrites », dibir
« scribe », dont les originaux perses ont été créés à l'époque
des Achéménides, sous Cyrus, tout au plus sous Déjocès et
Phraortès, de l'assyrien duppu, dippu « tablette de pierre
préparée pour recevoir l'écriture », que les Perses ont transporté
dans l'Inde, où lipi, avec /. := d, désigne toutes les graphies.
Octobre 1928.
1761
NOTES ÀDDITIONNELLKS
Page 34. Il faut remarquer que c'est à cette circonstance que l'on doit d'être
infiniment mieux renseigné sur le compte des Turks que sur les faits et gestes
des .Mongols, dont les Chinois ne font mention qu'à une époque très tardive, et
dont ils ne signalent l'apparition qu'à une date voisine du i.\' ou du \" siècle
après notre ère, sous les Thang (Introduction â rhiatoire des Mongols, 19l0,
179, 202); les Mongols, disent-ils, ne commencèrent à devenir dangereux
qu'en 1135: douze ans après, ils étaient capables da fonder un empire qui,
d'ailleurs, fut éphémère. Les Turks, pas plus que les Mongols, ou les Mandchous,
en Asie Centrale, n'ont jamais écrit leur histoire, et ils ne conservèrent que
des souvenirs extrêmement imprécis de leur vie dans la steppe; c'est ainsi
que les Ouïghours de Sha-tchéou et de Tourfan, qui ftirent certainement les
plus civilisés de tous les peuples turks, qui savaient écrire, au xiii" siècle,
avaient complètement oublié qu'ils avaient jadis pratiqué le Manichéisme, et
ils n'avaient pas gardé la moindre notion des événements qui les avaient obligés
à abandonner les rives de l'Orkhon pour venir se réfugiera Tourfan. Il est visible
que la conception historique n'entra jamais dans l'idée de ces peuples, qui
vivaient au jour le jour, sans plus s'inquiéter de la veille que du lendemain,
et qu'ils ne prirent conscience de la relativité du temps qu'au jour où ils
entrèrent dans la civilisation, par leur contact avec les Chinois dans l'Est, avec
la Perse, en Occident; l'hi.stoire, la chronique, chez les Turks osmanlis, est une
pui-e imitation, sous une forme très médiocre, de la chronique persane, laquelle,
déjà, n'est pas un chef-d'œuvre; à aucune époque de leur existence, dans
l'Islam, avec les Ghaznawides, les Saldjoukides, les Timourides, les Turks
orientaux qui régnèrent sur l'Iran, n'ont eu l'idée d'écrire en turk, en tcha-
ghataï, dans l'idiome de leur nation, une histoire du peuple turk ; ils la firent
écrire en persan. Ni Tamerlan, ni Shah Rokh Bahadour, ni Babour Mirza, qui
à des titres divers, dans des intentions divergentes, et même contradictoires,
protégèrent les lettres et les lettrés, ne tentèrent l'aventure, même pas Babour,
qui avait eu l'audace d'inventer une graphie destinée à remplacer l'écriture
arabe, même pour la copie du Koran. L'œuvre, manifestement, était impossible,
et elle excédait les moyens de leurs sujets, qui avaient conservé dans l'Islam
leurs idiosyncrasies anti-historiques.
Il existe dans la littérature chinoise un très petit livre, le Yuan-shao-pi-sheu,
ou histoire secrète de la dynastie mongole, lequel est la traduction d'un
opuscule en mongol, où se trouvaient contée les fastes du clan des Mongols jus-
qu'à l'époque de son accession au trône de Chine. Cette prétendue chronique
des ancêtres de Témoutchin a été forgée de toutes pièces, par ses oidres, quand
les Mongols, qui auparavant ne savaient pas écrire, eurent, de par sa volonté,
appris les lettres des Ouïghours; on n'y trouve qu'une pure légende, sans
aucune réalité; les prédécesseurs de Tchinkkiz dans la souveraineté du clan
sont des créations absolument imaginaires, et les origines des tribus, de simples
[Î71
108 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
inventions; les Mongols de Tchinkkiz, autlébut du xui" siècle, avaient complè-
tement oublié qu'en l'année 1147, un homme de leur nation, que les Chinois
nomment Ao-lo Pou-ki-lié, avait proclamé le grand empire des Mongols contre
le souverain des Kin, des Altan Khaghan, qui régnaient sur la partie sep-
tentrionale de la terre de Han [Introduction à Vhisloire des Mongols, 1910,
pages 179, 180); ou, s'ils s'en souvenaient, ils cachèrent le fait pour que l'on attri-
buât la fondation de la monarchie à leur maître d'alors. Ce tissu de légendes sans
fondement est à la base de la partie du } uan-sheu et de V Histoire des Mongols de
Rashid adjDin qui traitent des époques préhistoriques de la nation mongole,
lesquelles commencent dès le milieu du xii" siècle, avec Bartan Baghatour,
grand-père du Conquérant. Encore Rashid ad-Din, dans son histoire des clans
turks et mongols, donne-t-il sur ces tribus nomades infiniment plus de détails
que le Yuan-shao-pi-sheu, et des précisions beaucoup plus grandes, qu'il s'est
donné la peine d'aller chercher, comme il le raconte lui-même, avec plus ou
moins de collaboration, dans les histoires particulières des tribus des Mongols.
.Je suppose que le Yuan-shao-pi-sheu est l'abrégé du traité auquel Rashid ad-Din
se réfère constamment dans son histoire de l'Antiquité mongole, et qu'il
nomme Y Altan dcbler « le Livre d'or » {ibid., pages 97, 98), par suite de cette
circonstance, que, comme tous les manuscrits de luxe de cette époque chez les
Blongols, il était écrit en lettres d'or énormes sur du papiei' bleu foncé; le
Yuanrsliao-pi-sheu est beaucoup trop abrégé pour avoir mérité un tel honneur
de la part du célèbre historien persan, puisque son récit, pour les périodes
anciennes, de l'origine mj-thique des Mongols jusqu'à Témoutchin, se réduit à
quelques pages insignifiantes (ibid., pages 272-298). C'est à ce Yuan-shao-pi-
sheu que se réduisent toutes les sources, soi-disant inconnues, de l'histoire des
Mongols, tant dans le )'uan-sheu que dans Rashid ad-Din, que certaines personnes
se targuent d'avoir trouvées, alors que le Yuan-shao-pi-sheu est connu depuis
longtemps, alors que Pozneïef s'est amusé, à la fin du dernier siècle, -à remettre
en mongol le premier chapitre de cet ouvrage, dans un thème ardu et assez
inutile, mais que lui seul, ou les mongolisants russes de son époque, étaient
capables de perpétrer.
Page 47. Quelle que fût la forme de leur religion, les Altaïques croyaient
plutôt à la puissance de leurs .sorciers qu'à celle des prêtres bouddhistes ou chré-
tiens; la réputation de sorcellerie est générale pour les Turks. Grégoire de Tours
dit formellement que les Pseudo-Avars, les Iluns, les Turks, fascinèrent les Francs
austrasiens de Sigebert, mari de Brunehault, qu'ils les épouvantèrent par des
apparitions fantastiques, et les mirent en déroute par ce moyen. Zonaras, dans
son histoire, afOrme que ces manœuvres diaboliques constituaient la partie
essentielle de leur tactique, et Constantin Porphyrogénète, dans son traité sur
l'administration de l'empire b3-zantin, répète cette accusation en ajoutant qu'ils
faillirent ainsi s'emparer de Constantinople (Amédée Thierry, Attila, n. 11, 27,
158); la légende hongroise à conservé de ces Huns le plus terrible souvenir, et
elle en fait, en particulier, un peuple de sorciers et de fées, qui construisirent
les limes des khaghans; il faut reconnaître que la lutte entre les Altaïques et
les Romains revôtit un caractère d'àpreté épouvantable et dérangèrent les
esprits de ceux qui y prirent part; Damascius, cité par Photius, dans sa Biblio-
thèque (page 339 b), parle d'une bataille qui se livra sous les murs de Rome,
sous Valentinien, entre les troupes d'Attila et les Romains, au cours de laquelle
les blessés, à bout de forces, se relevèrent du champ de carnage, et luttèrent
durant trois jours avec une sauvagerie indescriptible.
[78]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TLRKS ORIENTAUX. 109
Mais ces Pseudo-Avars, qui étaient passés maîtres dans la magie noire, éprou-
vaient également des hallucinations terribles, qui provoquaient dans les rangs de
leurs armées des paniques que rien ne pouvait arrêter; un jour que le khaghan
des Pseudo-Avars examinait vers midi, en plein jour, les murailles de Drizipère,
qu'il assiégeait, il vit les portes de la ville s'ouvrir, des armées innombrables sortir
de son enceinte, leurs étendards claquant au vent, si bien qu'il leva son camp
précipitamment, et prit la fuite avec ses bataillons (Amédée Thierry, Attila,
II, -il). La Chronique Paschale (page 397; Amédée Thierry, Attila, II, 104) raconte,
dans le même esprit, qu'alors qu'il était occupé au siège de Constantinople, le
khaghan, qui s'était avancé vers les murailles de la ville pour les reconnaître,
s'écria tout à coup, en présence de son état-major : « J'aperçois là-bas une
femme qui marche sur les remparts; elle est seule, et elle est parée d'habits
splëndides », comme'si la Théotokos était descendue sur le mur de Théodose
pour défendre la nouvelle Rome. Les soldats n'avaient pas les nerfs beaucoup
plus solides que le khaghan, car Cédrénus, dans son Manuel historique (page
729), a raconté qu'au cours de ce même siège de Byzance, les Pseudo-Avars
aperçurent soudain une dame romaine, vêtue d'atours splëndides, comme une
impératrice, accompagnée d'une suite no'nbreuse, qui s'avançait vers eux; les
soldats turks pensèrent que cette dame était la femme d'Héraclius, et qu'elle
venait faire à leur khaghan des propositions de paix au nom du basileus; ils
se préparaient à l'aider à franchir les tranchées, quand, subitement, elle dis-
parut; les Avars, frappés d'une terreur soudaine, perdirent la tête, se précipi-
tèrent les uns sur les autres le sabre au poing et se massacrèrent jusqu'à la nuit.
Les Huns d'Attila, comme les War-khouni de Bayan, qui ne sont que des
Huns, et non des Avares, appartiennent au groupe des peuples turks, et non à
la famille finnoise ouralo-altaïque, ni aux clans tonghouzes, avec lesquels,
cependant, il est indiscutable qu'ils ont des affinités ethnographiques et lin-
guistiques; la langue des Huns et des War-khouni se rattache directement à la
famille des langues turkes, à l'Altaïsme occidental, au turk-oriental des inscrip-
tions de l'Orkhon, au vni" siècle, au turk-tchaghataï et à l'osmanli, dont le
lexique de la langue populaire, le kaba-turc, a conservé presque intact, aux
rives du Bosphore, le vocabulaire des clans ouïghours de Kai'a-balghasoun, aux
vi% et vii° siècles; la langue de ces Huns, de ces Ouïghours, quoi qu'on en ait dit,
est identique à celle des Sakas et des Ephtalites, qui sont des Turks, quoi que
l'on en pense, et tous ces idiomes possèdent les mêmes idiosyncrasies, comme
je l'ai établi dans un article inséré dans les Rendiconti délia Reale Accademia
dei Lincei, en 1925; j'ai montré dans la Patrologia OrienlaUs, tome XX, page 16,
que tous les mots de la langue des Huns, que nous ont heureusement conservés
les historiens du Céleste Empire, au début de la dynastie des Han, au commen-
cement du second siècle avant notre ère, sont du turk-orientai, sous la forme
où on le trouve dans les vocabulaires modernes, et qu'ils représentent un état
de la langue qui s'est conservé presque sans aucun changement jusqu'à nos
jours; les différences qui séparent le turk des inscriptions du Bilgâ Khaghan,
sur les bords de l'Orkhon, au vni* siècle, et l'osmanli, sont des plus minimes;
elles consistent dans la chute de quelques k ou kh, à la fm des mots, ou en
leur milieu, entre deux voyelles; il y a certainement beaucoup moins de
divergences entre le turk des stèles de l'Orkhon et la langue de Babour Padi-
shah, qu'entre le français que parlaient à Lutèce les sujets des Mérovingiens et
ceux de François I" ; le tchabghou des Huns, dans les premières années de
l'empereur Kao Ti des Han (201 av. J.-C.),se nommait Touman, exactement sous
110 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
la même forme qui fut le nom du khaghan des Turks qui, en 552, sept siècles
et demi plus tard, fonda la puissance de sa nation sur l'écrasement de celle des
Avares de l'Altaï, ces deux vocables étant le mot altaïque tounian, lumen, qui
signifie 10.000. Et c'est ce qui est confirmé d'une façon inattendue par le nom
■•JDU7X Ashkenaz, que la Bible donne aux Scythes qui, au viii" et au vii° siècle
avant notre ère, déferlèrent sur l'Asie antérieure, et l'engloutirent sous leurs
flots jusqu'au ruisseau d'Egypte; celte forme, comme je l'ai déjà dit, sous une
fonue très succincte, dans le même tome de la. Palrologia Orientalis {ibid.}, est,
avec un aleph prosthétique, pour * Shak-naz, dans lequel nom Shak est la trans-
cription très exacte du nom « les illustres », que se donnaient les Çakas
(Shakas), que Darius le Grand cite comme ses sujets, sous la forme Saka, alors
que les historiens de l'Inde ont très catégoriquement enregistré la forme Shaka,
que j'ai tenté d'exphquer dans cette Revue en 1925; quant à -?!,«:, il est certain
qu'il y faut voir une variante sans importance du suffixe -lar, qui, en turk, dans
tous les dialectes turks, forme le pluriel, avec l'équivalence n = ^ et le rhota-
cisme, dont on a vu, de l'une et de l'autre, des exemples dans ce mémoire; que
le suffixe plural de la langue des Scythes ait été -lar, ce que je crois, que les
.Juifs ont entendu ' -nar^^^ puis '-nash-, *nas, *naz (voir Rendiconll délia Reale
Accademia dei Lincei, 1925), ou qu'il ait été -nas, -naz, c'est là un point qui n'a
aucune sorte d'importance, puisque ce suffixe -lar, -nar, -nas. est formé de la
conjonction des deux formatives plurales de l'Altaïsme n, m, l et r, s, le pluriel
étant aujourd'hui -nar en mongol et -lar en turc; ce qui est important, c'est cer
fait que le suffixe plural, dans la langue des Sakas, au viii« siècle avant J.-C.,'
était -nas ou -lar, mais pas nasi ou laru, qu'il était en réalité identique au
pluriel turk, à Angora ou à Stamboul, 1929 ans après la Rédemption; mais je
reviendrai plus tard sur cette question. C'est de même qu'au vp siècle de notro
ère, un personnage que le khaghan des Avars, le célèbre Bayan, envoya en
ambassade à Justinien, est Tapytrio;, suivant la transcription que les historiens
grecs ont donnée de son nom, ce qui est manifestement le mongol moderne
lergué-tou ■■ l'homme qui combat sur un chariot », anciennement, largui-tou;
mais ce qui est à peine croyable, c'est que l'on retrouve ce nom dans Hérodote
(iv, 5), dix siècles plus tôt, sous la forme de Tapytraoç, l'ancêtre des Scythes,
dont le nom, aux vi" et vu" siècles, chez les historiens byzantins, désignait les
Pseudo-Avars.
Les invasions des Altaïques dans les contrées de l'Europe ont introduit des
mots turks dans le texte des historiens de l'Occident; Attila, affirment les
Hongrois, pour lesquels il est demeuré une sorte de dieu, avait pour armes
un épervier, auquel ils donnent le nom de tuy^ul : banerium quoque régis Ethelae
similitudinem avis habebat, quae hungarice turul dicebatur, in capite cumt
corona, dit Simon Kega. Turul est très exactement la forme turke tou{gh) roul„
avec la chute du -gh- intervocalique, dont on aVu de nombreux exemples au
cours de cet article, qui se trouve sous les graphies équivalentes Jjijh, Jj*-^y
et qui a été porté par plusieurs princes de la dynastie saldjoukide aux xi" et
xii" siècles. Ce rapace héraldique était couronné comme les aigles des empires
défunts d'Allemagne et de Russie, et il était brodé à la mode des Turks sur
l'étendard du prince; cet épervier, chez les Hongrois, symbolise le roi des
Huns, et son nom, Turul (Touroul), est synonyme de celui d'Attila, comme le
montre ce fait qu'ils parlent d'Almus, descendant de Turul, cet Almus n'étant
autre que l'arrière-petit-fils d'Attila; le mot est turk, et c'est en, vain qu'on le
chercherait dans le lexique hongrois.
[80]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TUKCS ORIENTAUX. 111
Dans son célèbre traité sur l'administration de l'empire byzantin au x° siècle,
Constantin Porphyrogénète (pages 167, 169; Amédée Tliierry. Attila, tome II
page -^08) affirme que les gens de la fameuse tribu altaïque des Pétchénègues,
dont le nom. au xni' siècle, est Kangli J-s^^, qui paraissent au commence-
mont de l'histoire de la Russie naissante, étaient couramment nommés Kankar,
Kangar, Kâyxap, Kàyyap, qui signifie <• fort, puissant » ; ce mot est le turk
oriental, avec les voyelles indécises de l'Altaïsme, kounghar, kungar iliJa?,
.L\j»3 .. fort, violent », dont des verbes dérivés se trouvent sous les formes
^*.'jUi3 kounghar-mak et^i»,ls.jj3 koungar-mak « enlever de force, vio-
lenter ■> ; il est assez naturel que le nom d'une tribu turke s'explique par un
mot qui appartient au lexique de l'Altaïsme.
Les Pseudo-Avars, les War-khouni, mélange d'Ouïghours et de Huns, qui
sont deux états successifs d'une même unité ethnique, deux clans des Turks,
ont apporté avec eux les noms de ces deux nations; au vn* siècle, Théophylacte
Simocatta, dans son Histoire (vu, 8, page 284; Amédée Thierry, Attila, ii, 9, 10),
dit formellement que l'on distinguait d'une manière absolue dans la nation des
War-khouni, les War OOâp, des Khounni Xouwi, qui sont les Huns, c'est-à-dire
les Ouïghours des Huns. War est notoirement Ouï(gh)our, Ou(gh)our, d'où
le mot ogre, comme bougre de Boulghar, avec la chute régulière de -gh- inter-
vocalique, et nullement, comme on serait tenté de le croire après un examen
superficiel, le nom des Avares, "Aoapoi, transcrivant une forme altaïque Abir,
dans lequel le b n'avait pas plus de raison de tomber que dans le nom des
Sibir, lequel est resté à la Sibérie. Mais ces Barbares apportèrent en Europe
le nom d'Ouïghour, sous la forme d'un doublet encore plus voisin de sa
forme originale, puisqu'il lui est identique; en effet, dans sa Vie de Charle-
magne (Pertz, Hanovre, 1826, pages 162, 163, 182, 221, 222, 349, 351; je ne sais
pourquoi l'auteur, dans son index, classe ces mots sous Vigurro, lugurro),
Éginhard affirme que le chef suprême de leur nation se nommait khaghan, ce
qui, comme on le sait, avec tchabghou, est le titre des souverains altaïques,
mais que le chef en second, le coadjuteur du khaghan, se nommait Vigurrus
ou lugurrus : Caganus et lugurrus, dit-il (page 163), principes Hunorum; et
c'est là une forme dans lequel il est manifeste qu'il faut reconnaître le nom de
la nation des Ouïghours.
Théophylacte Simocatta, dans ses œuvres historiques {Histoires, i,$ 8; Ambas-
sades des Romains aux Xalions, p. 177), parle d'un singulier personnage, qui
vécut chez les Pseudo-Avars, au vr siècle, le bocolabra, poxoXag.â, dans les
Histoires, le bolocolabra, po),oxo),àêpa, dans les Ambassades des Romains-, ce
qui était plutôt un titre qu'un nom propre, puisque la signification de ce
vocable est « prêtre-mage », avec l'indication bien nette qu'il se compose de
deux éléments distincts, qui ne peuvent être que boko ou boloco et labra.
C'est en vain que l'on chercherait ce doublet dans les lexiques altaïques, dont
il a disparu depuis longtemps, et où l'on ne trouve plus, en turk et en mongol,
que le mot bien connu qâm, yU, pour désigner les sorciers altaïques,
d'où l'on a tiré le verbe ^blUli, qui signifie à la fois « soigner un malade,
faire des enchantements, et se livrer à l'étude de la philosophie ». Mais ses deux
éléments boko et labra se sont conservés intacts dans la langue des Turks, et
même dans l'idionae des Turcs osmanlis, puisque boko n'est autre qu'un mot
bien connu de l'Altaïsme, le turk-oriental bugiié I5»j, ^y., j-y., " savant,
[811
112 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
sage », le turk-osmanli beugi, beugu c^) j^^i-, <ï"i ^ P'''^ dans ce dialecte
le sens abstrait d'enchantement, de magie, et que l'on rencontre quelquefois
sous la forme boughou ^y_, avec une tout autre harmonie vocalique, produite
pa.r la présence dansée mot du -gh- au lieu du -k-; ces mots sont manifeste-
ment identiques au mongol bugiié « enchanteur, magicien », lequel n'a rien de
commun avec un mot qui s'écrit exactement avec les mêmes caractères, mais
qui se lit bilké, avec la signification de « fort » ; il est encore facile d'y recon-
naître le hongrois bilwôs « enchanteur, sorcier », avec l'alternance w = g = gh,
qui est un phénomène assez courant dans l'Altaïsme pour que je me dispense
d'en produire des exemples.
L'interprétation du second élément de ^oxo/.aôpâ est beaucoup plus ardue; ce
mot me parait dans un rapport certain avec un lawras, qui, par hasard, se
trouve cité dans les vocabulaires turk-oriental-persans, sous les espèces de la
forme r'\ry ^^^^ ^^^ vocalisation lours, qui est évidemment possible, mais
sur la véracité de laquelle on aimerait à être renseigné d'une manière précise,
avec le sens de « dur, sévère ». Mais il est visible que cette signification n'est
point primitive, alors que le sens de savant pour ce mot ne fait aucun doute;
il ne paraît point dans l'abrégé du Sanguilakh de Mirza Mahdi Khan, le ''Adan;
il ne se trouve pas davantage dans tes dictionnaires du tuic d'Europe; on le
lit dans celui de Pavet de Courteille, avec la vocalisation /^mj', sous les
espèces de la transcription lours, dans le Vocabulaire tchaghataï-osmanli de
Shaïkh Solaïman Éfendi, que publia Kunos, en 1902, à Budapest, cette forme
lours représentant la lecture du mot suivant la vocalisation indiquée par Pavet
de Courteille. Ce vocable, dans le lexique de Shaïkh Solaïman Éfendi, est
tra luit kabar {sic, je pense qu'il faut lire kibàr .lo, pluriel de j.^ « grand »,
qui, comme plusieurs autres pluriels, est usité en turc au sens du singulier) et
badiyè-nishin, soit « doyen d'âge, chef », et « qui habite la plaine », sanS qu'il soit
facile de déterminer la corrélation sémantique qui peut relier ces deux sens;
la traduction geschwiilst « tumeur »,qui a été adoptée par Kuhos, est manifes-
tement inadmissible. Law-ras, avec w = b, se rattache au groupe des mots
mongols lab-laï « exact, précis », d'où, primitivement « solide, ferme »; lab-ta,
qui est l'adverbe de l'adjectif lab-laï « d'une manière précise, ferme • ; lab-lal
• action, état d'arriver à la certitude, de se convaincre de la vérité de quelque
chose »; il se peut que lawra-s soit un pluriel de lawra, comme bokhta-s,
dans le Vocabulaire ouïghour-.chinois, est le pluriel du participe iranien bokhla
« sauvé, saint », que les Manichéens persans ont apporté en Asie Centrale,
d'où il a passé en mongol sous les espèces du mot bien connu bogfido; ce que
j'ai expliqué, en 1915, dans le Journal Asiatique anglais. Les Turks, comme
je l'ai signalé dans cette note, mettaient au « pluriel de majesté » certains titres
qu'ils vénéraient spécialement : omra {oumara), pluriel de amir « général
d'armée », chez les princes timourides de Dehli; eioliya {auliya), pluriel de
ivali « saint », à la fois chez les Turcs osmanlis et en Asie Centrale; hazrel-ler,
littéralement « les présences », pluriel de hazret « présence, personne », dans le
sens de « majesté », et même de simple excellence; les Turks, en ce sens^ ne
disent jamais hazret, comme les Arabes et les Persans, mais toujours hazret-
ler : ^ d'J yXss^ \ià-S^ .Ualw Sultan Soleïman hazrétléri « Sa Majesté le
sultan Soleïman »; et c'est là une hypothèse qui se trouverait confirmée si
lawras est traduit par le pluriel arabe kibâr dans le Vocabulaire de Shaïkh
Solaïman Éfendi; >a6pà, je pense, est pour lab-ar, qui est une forme participiale
CHRISTIANIS.MK ET .MAZDÉISME CHEZ LES TLRKS ORIENTAUX. 113
de lab-mak, à moins qu'il ne soit une forme adjectivale en -H, transformée
•en -ri, les voyelles comptant assez peu dans l'Altaïsme, ce qui n'est point
une supposition insane, puisque, au x^ siècle, le nom de la tribu turke dos
Kangli fut entendu Kankar, Kangar par les Byzantins (voir page 111); d'ail-
leurs, le suffixe -lai, qui forme le mongol lab-lal, se retrouve dans d'autres
vocables sous les espèces de 'inal, ou de -mar, avec les équivalences m = I.
i = r, qui sont des faits de phonétique générale : dsoli « rançon », dsoli-mai
■* argent de la rançon ■> ; djisul-gne et djisu-mel « partie, morceau »; daghon-
da-mar « qui appelle », de daghouda-khou « appeler » ; d'où il appert qu \
dans certaines conditions, ce suffixe joue le rôle d'une formative de participe
actif, d'adjectif verbal à sens actif, dans dsoli-mal « l'argent qui paie la ran-
çon », dans daghouda-mar, laquelle formative a évolué au sens nominal, comme
en français, le sens du participe dit présent, dans tirant, clinquant, por-
tant, beuglant, et autres mots. Les équivalences mar = mal = lai = rai =
rar = ras s'expliquent sans qu'il soit nécessaire d'insister sur leur évidence,
en particulier, celle du rhotacisme; d'où il résulte que lab-ar signifie étymolo-
giquement en altaïque ancien « qui assure », lab-ri pour lab-li « en qui on peut
se fier, certain », laio-ras = ' lab-lar = lab-lal = "lab-mar, signifie « homme
possédant la certitude philosophique », d'où découle naturellement le sens
<1'« aîné », de ■■ chef », que donne à ce mot le Vocabulaire de Soiaïman Éfendi,
ainsi qiTe la signification de « sévère », qui se lit dans Pavet de Courteille, les
gens qui se croient parvenus à la science ne songeant qu'à brimer les autres,
pour les obliger à penser comme eux, et cela d'autant plus durement qu'ils
sont i)Uis éloignés de cette science qu'ils croient être leur apanage. La variante
[îoÀoxoAiopa de ce titre d'un personnage de la nation des War-khouni est mani-
festement une faute; il est inutile de dire qu'elle ne s'explique pas par le turk
buhik ^.î,d^, oXJ«j, qui est un mot bien connu signifiant • escadron », ce
qui ne donne aucun sens valable au composé [ÎQ/.ox'JÀàopa, dans lequel il ne
faut voir qu'une tautologie graphique.
Page U9. Cette fiction du syncrétisme irano-juif se retrouve sous plusieurs
aspects dans la légende persane, sous une forme aussi incohérente que dans la
narration du Père de l'histoire musulmane; si l'on en croit l'auteur inconnu d'un
Rivâyat persan qui appartint à James Darmesteter, et qui est aujourd'hui con-
servé à la Bibliothèque nationale, ce fut le ro iKaï-Lohrasp qui conquit Jérusalem
(man. supplément persan 1191, folio 117 verso); cette version de la destruction
de Jérusalem par l'un des dernrers Kéanides est conforme à la tradition qui se
trouve consignée dans le Minùkhirad pehlvi, où l'on lit ces lignes : u min Kaï-
L'i/tràsp sùl ^anâ yahvùnl aighatifj^khàlàyih k/iùp karl u din-i yazddn sipâsdâr
yahvùnl u Ur^halim-i Yahùlân barâ khafarûnt u Yahûtân vashùft v paragandak
karl {Fac-similé Andréas, page 32) : « Et de Ivaï-Lohrasp fut ce bienfait qu'il
exerça une bonne royauté, qu'il se montra obédient de la religion des Izeds,
qu'il détruisit la Jérusalem des Juifs, qu'il emmena les Juifs en captivité et les
•dispersa • ; ou mieux, elle représente la forme primitive de la tradition perse,
avant que n'ait été terminée l'œuvre du syncrétisme irano-juif, qui fit entrer
Nabuchodonosor, comme tant d'autres personnages de l'histoire sacrée, dans la
geste héroïque des Mazdéens. Mais elle ne satisfit pas longtemps leur esprit,
car Ivaï-Lohrasp n'est qu'un personnage secondaire de l'épopée persane, dont le
règne est écrasé entre ceux de Kaï-Khosrau, et de Kaï-Vishtasp, auquel Lohrasp
abandonne la couronne, pour aller vivre dans le grand temple de Balkh,
qui n'est autre que le Naùbahàr bouddhique de Bactres, dans l'obédience de la
ORIENT CHRETIEN.
114 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN. v
loi des Izeds, suivant l'expression du Minôkhirad pehlvi. Aussi ne tarda-t on
pas à transférer la destruction de Jérusalem, et les événements qui la suivirent,
à un souverain qui répondit à une réalité plus tangible, au fameux Bahman,
fils d'Isfandiàr, fils de Vîshtaspa-Goushtàsp, fils de Raï-Lohrasp, dont le long-
règne représente, comme on l'a vu, celui de tous les premiers rois de la dj^nastie
achéménide; aussi, ce même Rivàyat, sans s'in(|uiéter de troubler l'esprit de ses
lecteurs par des affirmations contradictoires, dit-il un peu plus loin (folio 120 •
verso), que ce fut ce Bahman au long bras qui attaqua Jérusalem, parce que les
Juifs ne voulaient pas adorer Ormazd, et refusaient d'obéir au roi de Perse;
Bahman, fils d'Isfandiàr, les fit tous prisonniers, et il emmena en captivité, mani-
festement sans compter les adultes, cent mille enfants qui n'avaient pas encore
atteint l'âge de la puberté; puis, quand les Juifs se furent soumis à ses lois, il
les renvoya à Jérusalem, qu'il reconstruisit à leur intention; le nom de Nabu-
chodonosor, comme on le voit, ne parait pas dans cette légende, laquelle réunit,,
dans un syncrétisme assez incohérent, le souvenir de Nabuchodonosor et de
Nabuzaradan qui incendia la ville sainte, ceux de Cyrus et de Darius qui la.
reconstruisirent.
Si l'on en croit le Fdrs nàma, qui fut écrit par Ibn ai-Balkhi, vers l'an 11(X>
(édité par Le Strange, 1921, pages 52 et suiv.), et où se lit une curieuse
description géographique de la province du Fàrs, précédée d'un abrégé de
l'histoire de l'Iran, ce fut bien Bahman qui envoya Bokht an-Nasr, soit Nabucho-
donosor, contre Jérusalem ; Bokht an-Nasr tua le chef des Juifs, et leur imposa
comme souverain un nommé Sina '-^i dont le surnom était Sidkia LiJ.^»-^,,
lequel n'est autre que l'infortuné Sédécias in''plï Tsidkyahou, roi d'Israël.
Bokht an-Nasr s'en retourna à Babel, qui était le siège de son gouvernement^
et il avait à peine tourné les talons que Sidkia se révolta; Bokht an-Nasr s'en
revint en toute hâte, captura Sidkia, et ravagea Jérusalem ; il aveugla le fils
de Sidkia, puis le mit à mort, après quoi il détruisit le Temple. Après Bokht
an-Nasr régna son fils Nemrod, et après Nemrod, son fils Baltan-Nasr
y^\ <l^.t qui n'est manifestement autre que le Balthazar du livre de Daniel,
le lïXUT'û^l Belléshatsar du texte hébreu, le Ba/Tâtrap des Septante, c'est-à-dire
Bel -shar-utsur, le fils de Nabonide, qui tenta de défendre Babel, et fut écrasé.
(La forme 13» NCCS- ponctuée à tort par les Massorètes Beltéshatsar, est née
d'une fausse lecture de la transci-iption normale lïNlUJ'll BeLsharutsur. où,
dans un manuscrit très abîmé, le groupe 1\27, dans une graphie ancienne de
l'écriture araméenne, s'est confondu avec ^"C ; il est évident qu'il ne faut pas
songer à expliquer cette forme par un complexe assyrien dans lequel entrerait
l'adjectif balalu « vivant », comme si "|j:xt*12S2, pour 1ÏN[1]UJî3Sn, était
Balalu-shar-utsur « le dieu [vivant] protège le roi », cette forme étant inexistante
en assyrien; quant à Mcù-iaaç, visiblement, ce nom transcrit IaNIDiS d'un
manuscrit dans lequel le k? médial était tombé). Mais Nemrod et Baltan-Nasr
firent preuve d'une telle incapacité, dans les états soumis à leur gouvernement
par la volonté de Bahman, que le prince les destitua de leur charge pour la
donner à Kirosh ^tyS \^à'^'^':> pour U?n3, avec un 1 pris pour un \ comme on
le verra dans le nom d'Akhashvérosh - Xerxès), c'est-à-dire à Cyrus-le-Grand;
Bahman ordonna à Cyrus de traiter les Juifs avec humanité, de les renvoyer
dans leur patrie, et de leur choisir un chef à sa guise; ce fut ainsi que Cyrus
leur donna comme souverain Daniel, qu'ils avaient proposé à ses suffrages.
Cyrus , X-'tS, dit le i^(û's «â»ia, était le fils de Akhashvérosh , ;;. ,laA^*, c'est-
[84 1
CHRISTIANISME ET .MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 115
à-dire, comme on l'a vu plus haut, de Xerxès (tthlVwrriN, pour ;r'mu?n, avec
l'aleph prosthétirjue, pour U?Ti\irn, transcrivant le perse Khshayàrshà, avec un
1 pour le \ ce qui est une faute graphique courante, et l'intercalalion abusive
d'un second 1 à la fin du mot), fils de Darius. Cet Akhashvérosh était le fils d'un
premier Cyrus ir'j^f, fils de Djàmàsp ,^_.,v~.l/» la. , lequel, si l'on en croit cette
généalogie ultra-iantaisiste, était, au même titre que Goushtasp, le fils de Kaï-
Lohrasp; la mère de ce Cyrus, qui rebâtit le Temple, était la fille de l'un des-
prophètes des Juifs, et se nommait ^.r^i, qu'il faut manifestement corriger en
jXwi, les lettres étant identiques, abstraction faite de leurs points, lequel nom
n'est autre que celui d'Esther IDDX, qui fut l'épouse d'Assuérus, c'est-à-dire de
Xerxès; le frère de cette femme ne fut autre, dans l'esprit de la tradition
iranienne, qu'Esdras, (jui gouverna la Judée sous Artaxerxès, jusqu'au moment où
arriva Néhémie, Esdras, qui lut et commenta à son peuple le texte des livres
saints, et qui resta pour les Juifs le type parfait du sofer, du docteur es-écriture^
sainte; ce que montre cette affirmation du Fnrs-nàma qu'il était très savant dans
la théologie juive, et que ce fut lui que Bahman, fils d'Isfandiàr, c'est-à-dire-
Artaxerxès Longue-Main, chargea de reconstruire la ville sainte.
Cette légende n'est pas plus insensée que celle qui naquit au ly" siècle, à
Constantinople, pour faire d"Akhashvérosh, soit Xerxès, pris pour le père de-
Cyrus le (irand, qu'lsaïe nomme le Messie de Jéhovah, le savetier de Jérusalem
qui insulta le Christ montant au Calvaire, et devint, pour sa punition éternelle,
le Juif Errant; c'est un fait visible que cette étrangeté est née d'une étymologie
primaire entre Akhashvérosh, le mari d'Eslhor, et /.n-ai-jui = xaTa-aû-w « faire,
ou rapetasser des chaussures », latin su-lor.
C'est un fait certain que la légende musulmane, par l'intermédiaire de la
celle de la Perse, a connu d'une manière assez précise ce que les Livres de
l'Ancien Testament racontent sur ces événements en lesquels se syncrétisa l'his-
toire de l'Iran et celle du peuple d'Israël, en particulier Isaïe, ce qui n'a rien de
bien étonnant : on lit, en effet, dans le Fârs nâma d'Ibn al-Balkhi, que
plusieurs historiens l'acontent que dans les livres prophétiques des Juifs, Dieu
s'adressa à Bahman, fils d'Isfandiàr, en lui disant : « Je t'ai choisi, et j'ai fait
de toi un Messie ; il faut que tu te fasses circoncire, et que tu observes la vraie
religion, que tu traites avec bonté les fils d'Israël, que tu les renvoies à Jéru-
salem, et (lue tu rebâtisses Jérusalem •> -> Xj ' ^ S -^srr;*"'° « .-'-^J h «-^ ' y^ ,.y^
ce qui est manifestement une glose ancienne, comme le moiiire le style de ces
périodes, une paraphrase de passages célèbres dû livre d'Isaïe (ch. xlv), sans-
qu"il soit besoin d'insister sur ce fait, qui est évident. Si l'on en crojait Ibrt
al-Balklii, le nom de ce livre prophétique ne serait autre que , i,, «5' Kourous/u
le nom même du roi Cyrus le Grand, tel qu'il paraît dans l'inscription cunéi-
forme de ce prince, Kurush, le 127113 de la Bible, que la Massore ponctue à tort.
Koresh, pour Kurush. suivant son habitude, qui trahit une ignorance complète
de la prononciation ancienne des noms étrangers qui paraissent dans les livres
saints. C'est là une singulière méprise, mais son origine n'est point difficile à
deviner; il est visible que cette forme de la légende iranienne a confondu Cvrus *■
qui a ordonné la reconstruction du Temple, et Bahman Diràzdast, ou plutôt qu'elle
m
116 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
a S3'ncrétisé dans le personnage de Baliman tous les souverains de la dynastie
achéménide, de Cyrus, qui est son origine, jusqu'à Artaxerxès III; mais
c'est par une^ extension tout à fait arbitraire que les Iraniens ont transféré
au livre d'Isaïe le nom de Cyrus, qui s'y trouve qualifié du titre de Messie dus
Dieu d'Israël, au chapitre xlv, et- ce n'est évidemment pas l'un des épisodes le
moins caractéristiques de ce syncrétisme étrange entre les histoires de deux
peuples essentiellement différents, dont la seule communauté est manifeste-
ment d'avoir été des ennemis achar«és de l'empire babylonien.
Et le messianisme d'Artaxerxès Longue-Main est amené et produit dans la
légende mazdéenne, identiquement par les mêmes causes et pour les mêmes
motifs que le Messianisme d'Emmanuel, fils de Miriam, puisque le puissant roi
des Perses est également un- descendant par les femmes, au même titre que le
Christ de Bethléhem, de la lignée royale qui donna ses souverains au peuple
juif; Bahman, fils d'Isfandiàr, dit Ibn al-Balkhi,dans le Fdrs nàma, descendait
de Thalout, c'est-à-dire de Saiil, et sa mère était de la race de Robo'am
*jurkl ,, fils de Salomon; elle se nommait Raheb ^^=s-li, ce qui, manifestement
€St une corruption de Rahel ^>^ij, l'hébreu iTTi, Pax^^ dans les Septante, et
ce qui, dans la légende islamique la plus ancienne, est devenu, par une série
d'avatars que je ne crois pas utile de détailler ici, le nom de Zoulaïkha l:sr::-'-
(l.srr:\ pour ->Lo^., avec métathcse autour de l'-r-), la femme du roi de Misr
[y,'jS' » le chéri », dans l'histoire musulmane, ce dans quoi il faut voir une
simple déformation de n!/"lD, <l>apaa), par les intermédiaires suivants ^Oi.j
Par'ao — j.Cj.5 — ►uc- — PV-) '''^'*^<^ '^"i*^ ponctuation qui n'a d'autre intention
que de donner à ce groupe de signes un sens quelconque en arabej. Aussi
Bahman, fils d'Isfandiàr, donna-t-il à son frère Zorobabel J-Aj. : Sl317 la
souveraineté de Canaan et d'Israël, si bien que ce personnage exerça le pouvoir
vice-royal jusqu'à l'époque de sa mort.
Cyrus le Grand, dans cette légende, devient le fils de Xerxès-Akhashvérosh,
<ïui fut en réalité le fils de Darius If, fils d'IIystaspe; mais les Mages qui étaient
les gardiens de la geste héroïque de l'Iran, qui écrivaient son histoire, avaient
voué à la mémoire de ce monarque une haine inassouvissable, et ils a^^ienl
juré de faire disparaître son nom de la mémoire des hommes, ce à quoi ils
n'aboutirent point, grâce aux historiens grecs et à l'inscription de Béhislitoun.
plutôt que grâce au souvenir confus des trois Dara, qui s'est conservé, malgré leurs
efforts, dans la légende parsie. Cette rage inextinguible les incita à faire de
Xerxès-Akhashvérosh le fils d'un personnage de pure invention, nommé Cyrus,
comme devait l'être son petit-fils, suivant une tradition qui se retrouve dans
tout l'Orient, lequel Cyrus aurait été le fils de Djàmàsp, fils du roi Kaï-Lohrasp,
de telle sorte qu'en définitive Cyrus le Grand, dans cette légende, est le cousin
issu de germain de Bahman, c'est-à-dire d'Artaxerxés-Longue-Main, ce qui
■constitue une audacieuse violation de la vérité historique, dans laquelle Djàmàspa
n'appartient point à la famille royale de l'Iran : le sage Djàmàspa, en effet, qui
fut le conseiller de Vîshtàspa-Goushtàsp, en même temps que l'un de ses
meilleurs guerriers, était le fils de Hvùgva, qui ne tire point son oi'igine des
Kéanides; il eut pour frère un personnage, à juste titre célèbre dans les fastes
du Mazdéisme, Frashaoshtra, qui fut l'un des premiers convertis, et qui donna
sa fille, Hvogvi, à Zoroastre; Djàmàspa épousa la fille qui naquit de cette union.
La Perse orientale, dans cette légende impossible, joue un rôle considérable,
[86]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 117
puisque c'est à Bactres que règne Kaï-Lohrasp, père du roi Gousiitàsp, qui
accepta la prédication de Zoroastre, c'est-à-dire, avec une méconnaissance
absolue de toute chronologie, le roi gréco-bactrien Hélioclès considéré comme
le père du Vishtàspa, satrape de Bactriane, qui eut pour fils Darius I""",
quel est en fait le fils de Darius ou de Xerxès. D'après la tradition parsie,
Zoroastre était originaire de l'Azarbaïdjan, de la Médie, de l'Ouest de l'Iran, et
non de Balkh, dan,s son Orient; c'est en particulier ce qui se trouve affirmé
dans le Rivàyat qui appartint à James Darmesteter (man. supplément persan
1191, folios Ufci recto et ssq.); et cela se trouve confirmé par cette évidence
historique que l'Iran oriental vécut sous l'influence de l'Hindouisme, d'abord
du Brahmanisme, puis sous celle du Bouddhisme, qui y fut tout-puissant, et
s'y perpétua jusqu'à la conquête musulmane. La légende qui s'y trouve narrée
ne présente pas la moindre authenticité, mais elle trahit d'une taçon étrange
une série de préoccupations religieuses et de vindictes qui hantèrent l'esprit
des Mazdéens en Perse et dans les Indes, aux diverses époques de leur
liistoire. Il y est raconté que Zoroastre commença sa prédication par Antioche
(lu pays de Roum ; après quoi, il s'en revint dans son pays natal de l'Azar-
Ijaïdjan, où il \éeut durant quinze années; cette mention est ancienne, c'est-à-
dire qu'elle reporte à l'époque sassanide, en laquelle Antioche, la capitale de
l'empire romain sur la terre orientale, était l'objet de la convoitise effrénée du
Roi des Rois dans son palais de Ctésiphon (les Peintures des Manuscrits orien-
taux de la Bibliothèque nationale, 1914-1020, pages 94, 05) ; les Mages se
consolèrent de sa splendeur, qu'ils ne pouvaient imiter, en inventant cette
fable qu'elle avait été la première convertie de Zoroastre, avant même que le
saint prophète ne fût allé prêcher sa Loi au roi de Perse, mais il est probable
que le 'monarque sassanide aurait préféré la tenir comme sa capitale de la
vaillance de ses armées. Quand ces quinze années se furent écoulées, Zoroastre
s'en alla porter la révélation à Ardabil, dont les habitants refuseront de
l'écouter, ce qui attira sur leurs tètes le courroux céleste, lequel les extermina;
aussi, le Prophète se mit en route pour Bactres-Balkh, où le roi Kaï-Goushtà-sp
accepta sa Loi, et la répandit dans son emjjire. Présentée sous cette forme, la
légende mazdéenne ne tend à rien moins qu'à fausser entièrement la vérité
historique, à inverser les réalités, en portant à déduire de sa trame qu'à
l'époque de Zoroastre, l'Iran occidental était irrémédiablement hostile à Pesprit
du Mazdéisme, alors qu'il est son berceau, et que le Prophète, désespérant du
sort de l'Ouest, s'il n'obtenait point l'appui du î\oi des Rois, partit pour l'Orient,
dans l'intention de se l'assurer, alors que les provinces orientales de l'Iran
étaient un foyer d'infidélité et d'idolâtrie hindoues. Cette illusion, cette
conVradiction s'évanouissent si l'on remarque que cette légende bizarre est une
addition très tardive, ce que justifie entièrement l'état du texte de ce Rivàyat,
une addition tendancieuse du xvi' siècle, peut-être même du commencement
du xvir, dirigée contre [les rois de Perse de la dynastie safavie, de Tauris,
de Kazwin, d'Ispahan, lesquels continuaient, ou plutôt prétendaient conti-
nuer, s'ils étaient de simples Turkomans, la progéniture de l'imam ahde Mousa
al-Kazim, descendant de Fatima, la fille chérie de Mahomet; c'est un fait
certain que les princes de cette dynastie, au moins les premiers, avec leur
rigorisme intransigeant, leur islamisme farouche, leur Shi'isme d'une intolérance
absolue, durent traiter les infortunés Mazdéens qui vivaient dans leurs états
avec la même cruauté que les Sunnites, pis encore peut-être ; ils firent
durement regretter à ceux qui ne pensaient pas comme eux le règne des
Timourides, qui étaient assez indifférents en matière de religion, et encore plus.
118 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
la souveraineté des Mongols de Tauris, qui, eux, s'en moquaient intégralement.
Tout au contraire des affirmations étranges et incohérentes du Rivàyat,
l'esprit de la légende zoroastrienne est la conversion de l'Iran oriental hin-
douïsé, indianisé, vichnouïsé, converti au Bouddhisme, par l'Iran occideijtal,
par l'Azarbaïdjan, par la Médie, où naquit le Mazdéisme, ou plutôt l'essai de
conversion de ces contrées lointaines, puisqu'il est patent, d'après le Vendîdàdj
dans son premier fargard, que l'erreur hindoue .y régnait en maîtresse; de
l'aveu même de la geste épique, le héros Roustam, prince du Nimrôz, du Saïstan,
qui fut l'âme de la résistance iranienne contre ll'invasion des Turks Sakas, au
II" siècle avant notre ère, était un infidèle, un Bouddhiste manifestement ; ce
sur quoi je me suis assez longuement expliqué dans les pages antécédentes
et autre part pour n'y point revenir ici.
La Loi de Zoroastre, dit le Rivàyat, se répandit dans tout l'Iran, ce qui est
au moins une exagération, ainsi que dans une partie du Turkestan, et dans
l'Irak arabe; mais le roi des Turks, Ardjasp envalîit la Perse, battit Kai-
Goushtàsp, et éteignit le feu sacré qui brûlait dans les pyrées." Ce fut alors
qu'Isfandiàr, fds de Goushtàsp, désespérant du sort du royaume, se déguisa en
marchand, et s'en alla, ainsi accoutré, dans le pays des Turks; il tua Ardjasp,
établit des pyrées dans le Turkestan, puis il partit pour Khotan w,2j.Uj ,.w;2^,
dont il s'empara, et qu'il convertit à la foi mazdéenne. Cette mention de Khotan,
sous son nom de Tchin-Matchin, est tardive; elle s'accorde très bien avec
l'allusion transparente à la tyrannie des Safavis d'Ardabil, que je viens de
signaler ; elle reporte aux environs du xvi° siècle (voir Revue de l'Orient Chré-
tien, 1925, page 21); cette identification de Tchin-Matchin, dans ce Rivàyat,
avec la ville lointaine de Khotan, au pied des monts Célestes, est certaine,
puisque son texte persan affirme que, partant de Tchin ,.^=s., Isfandiâr passa
dans la Chine du Nord liiàw, ce qui montre que Tchin est bien Khotan, puis
dans l'Hindoustan, qu'il soumit à ses armes, et où il construisit des pyrées; de
rinde, il se rendit au Maghreb, dans l'Occident du monde, auquel il imposa
également la foi mazdéenne; du Maghreb, il passa chez les Arabes, lesquels ne
voulurent point se convertir, ce qui porta le héros à les massacrer jusqu'au
dernier, après quoi, il fit des pyrées dans leur contrée. Il s'en revint ensuite
dans l'Iran, et il fonda aux rives du fleuve Rasa i>— o, une ville qu'il nomma
de son nom, Isfandiâr kouh ï^r.l) J.iiw!, qu'il faut manifestement corriger en
,>^jljJ^.Liw! Isfandiàr-kart <■ créée par Isfandiâr ■■ > cette ville, à l'époque à
laquelle écrivait l'auteur du Rivàyat, s'appelait .5»^-*--'!, ce qui est visiblement
une erreur pour v >Lsr:^-*-! Isfidjab, dans la Transoxiane, sur les frontières
du pays turk (Yakout, Mo'djam al-bouldàn, 1, 249). Il est inutile d'insister sur
ce fait évident que, dans cette légende, telle qu'elle est contée dans le Rivàyat»
le personnage d'Isfandiàr est une réplique de celui d'Alexandre, considéré à
juste titre comme l'ultime Achéménide, à cela près que le Macédonien n'eut
point le temps d'essayer la conquête du pays des Arabes, ce qui eût probable-
ment mis un terme à ses exploits; à moins qu'il ne syncrétise, ce qui est
également possible, Darius P% fils d'Hystaspe, dont la souveraineté s'étendit
dans l'Inde et dans les steppes de l'Asie Centrale, et ce même Alexandre.
La tradition hindoue a conservé, sous les espèces d'une forme de son voca-
bulaire, le souvenir très précis que c'est de Bactres, la métropole du royaume
indo-grec, tout au moins du Khorasan, des domaines de Kaï-Lohrasp-Ilélioclès,
qu'est originaire la graphie nommée kharoshthi ; ce nom paraît dans le Lalila-
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 119
vislara, qui est l'un de ces grands dharmas du Mahàyâna, dont la rédaction
ne peut guère remonter plus haut que le règne de l'Indo- Scythe Kanishka, au
!"'■ siècle (Revue de l'Orient Chrétien, 1U25, 406, 407 n.) ; le passage est bien
connu; il rappelle, avec l'amplilkation, l'inflation hindoues, celui du Livre
des Rois, dans lequel Firdausi parole des trente écritures dont Tahniouras
arracha la connaissance aux démons : ■■ Quelle est l'écriture que vous m'ensei-
gnez? » demande le Bodhisattva à son maître Visvàmitra (édition Lefmaun,
Halle, 1902, p. l'25) : bri'ihmi'kharushthi-pushkarasdrim; angalipim vahgalipim
magadhalipim Ichînidipim lùnalipim hùnalipim madhijùksharavistara'ipim
puslipalipim dévalipim ndr/alipim yakshalipim gandharioalipim... : « la bràhrai,
la, kharoshihi, le pushkarasdri (la graphie qui a l'essence du lotus); l'écriture
««^«.l'écriture ravïf/a, l'écriture du Magadha..., l'écriture de la Chine, récriture
des Lùna, l'écriture des Huns, l'écriture qui ne comprend qu'un développement
modéré du nombre de ses caractères, l'écriture des fleui'S ipushpaiipi), l'écriture
des dieux, l'écriture des dragons demi-dieux, l'écriture des Yakshas (des génies
qui obéissent à Kouvéra et gardent les trésors), l'écriture des Gandharwas
(musiciens des dieux) -.La liste de ces prétendues graphies courantes
dans l'Inde au temps du Bouddha est insipide et absurde comme tout le
Lalitavistara ; e\\Q occupe toute une page, dans une superfétatlon évidente, qui
ne correspond à aucune réalité. Cette énumération se divise manifestement en
deux parties bien distinctes, de rédaction et d'époques très différentes : les
trois premiers termes, qui forment un composé grammatical, un trinôme,
brùhmi-kharitsh I hi-pushkarasi'tri, employés absolument, la marque de l'accusatif
étant appliquée à son dernier membre, les autres restant invariables, sans la
qualification de lipi ■■ éci'iture », qui est appliquée aux suivants, ce qui montre
que ces trois noms, dans l'Inde, désignaient des graphies connues, sans qu'il
fût besoin de les spécifier. Tous les autres ternies constituent une énumération
de graphies de nations hindoues ou étrangères, ou de clans d'esprits divins,
sous la forme de composés de dépendance, du nom de ces pays ou d'une
classe d'êtres divins avec le mot lipi •> écriture -, avec des assonances
ridicules, uhya et vanga, Hùna « les Huns » et Lùna, qui constituent de simples
dichobomies destinées à multiplier les termes de la série, et à y introduire
des discriminations absolument arbitraires, comme je l'ai montré dans la
Revue de l'Orient Chrétien de 1925. 11 est à présumer que les trois premiers
termes de la série qui énumère la brâhmî, la kharoshthî et le pushkarasdri
appartient à la rédaction primitive du dharma, et que tous les autres sont
une addition postérieure, faite dans une grande confusion, puisque l'écriture du
Magadha ne se distinguait pas de la brdhmî, la kharoshthî étant la graphie du
Gandhàra, de l'Ouest: encore est-il permis de se demander si l'invention de
l'écriture ;;»s/;A.(r(/s«/-j n'a pas été provoquée par le désir d'établir la progression
harmonique du nombre des syllabes de ces graphies : i, 3, 5.
Et cette hypotlièse se trouve confirmée, au moins en (juelque façon, par la
liste de ces écritures, qui se lit dans le Ma/idvastu (éd. Senait, I, 135, lignes 5-9),
laquelle est infiniment plus courte, et commence tout différemment, par brdhmî
pushkarasdri kharosti {sic) ydvani brahmavdnh... où l'on retrouve les trois
premiers termes de l'énumération du Lalitavislara, mais dans un ordre
inharmonique, puisque, dans une énumération de termes équivalents, ces termes
doivent être rigoureusement classés et rangés d'après le nombre des syllabes
qui les composent, exactement comme dans celle du Lalitavislara. D'où l'on
peut penser que la liste primitive des écritures dont parle le Bouddha se
[89]
120 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
compose des trois premiers termes de l'énumération du LaHlavislara, qui a été
bouleversée par le Mahdvastii, autrement dit que le Mahânaslu est postérieur à
la rédaction primordiale du Laiilamslara, avant qu'on y ait ajouté les mentions
des écritures chinoises et hunnique, à une date qui doit être à peu près la
même que celle de la dernière rédaction des lois de Manou. Les Djaïnas, dont
la secte est aussi ancienne que le Bouddhisme, parlent dans leurs livres de
dix-huit écritures : bambhi djavanàliyù dosauriyà kharollhiyû khaïasdviyà
mahârdid..., dans un ordre dispersé, sans, semble-t-il, que ces sectaires les
i-egardent comme des entités équivalentes, comme le montre cette disposition,
où l'on reconnaît parfaitement la brahmi, sous la forme du prakrit bambhi, la
kharosht/tî, dont le nom est donné sous sa forme prakrite, l'écriture grecque^
yavanàni. en sanskrit classique, avec la mutation initiale du ya en dja, identique
à une transformation de cet adjectif que j'ai signalée dans cette Revue en 1925.
La kharasâviyâ est vraisemblablement une entité indépendante, s'il n'y faut
voir, ce qui est fort douteux, une altération graphique d'une forme prakrite-
[pok] kharasâriyâ, d'un adjectif sanskrit ' pus/ikarasàriyù, tiré de pushkarasùrl
La date exacte de ces trois formules est imprécise, sans que le fait ait une
grande importance; la mention de l'écriture grecque, dans la liste du Mahàvaslu,
et dans celle des Djaïnas, montre qu'elles ne peuvent remonter, au moins sous
la forme de la rédaction actuelle de ces légendes, à une date antérieure au
m" siècle avant J.-C. ; celle de la graphie des Tchina est beaucoup moins
décisive.; Thsin arrive à la dignité impériale en 222 avant J.-C, après avoir, de
255 à 222, écrasé tous ses compétiteurs, les royaumes chinois; mais, depuis des
siècles, l'état de Thsin vivait dans TOuest de la Chine, ayant en fait accédé à
la dignité suprême en 770, quand le comte de Thsin accepta de s'installer dans
la capitale des Tchéou, que Phing-wang abandonnait pour fuir les Altaïques; le
comte de Thsin le comprit si bien qu'il en profita pour faire le sacrifice impérial.
C'était par l'état de Thsin qu'on entrait dans les domaines des Tchéou, et beau-
coup d'étrangers n'allaient visiblement pas plus loin que sa capitale; ainsi s'ex-
])lique le fait que l'état de Thsin ait pu donner son nom à l'empire céleste, bien
avant l'époque à laquelle les rois de Thsin s'emparèrent du trône des Tchéou.
Les Tchéou, d'ailleurs, depuis Phing-wang, étaientdans une telle' décomposition
que leur nom n'était même pas connu en dehors de leurs frontières. Mais il est
évident que c'est en 316 que se précise le rôle que va jouer Thsin, et que, de
255 à 222, il joue, et serrée, la partie qui va lui donner l'empire, qu'iL ne
gardera pas longtemps. C'est M. Senart le premier, qui a reconnu les noms de la
kharoshtin et de l'écriture grecque yavanàni dans l'énumération du Mahàvaslu:
le fait est méritoire, car les scribes, n'entendant rien à ces noms barbares,
en ont complètement altéré les formes, si bien qu'on lit dans les manuscrits
de cet ouvrage : kharosUi yo nàr't brahmacdri (avec, pour ce dernier
nom, les variantes 6ra/i»irtrrm;' et bru hmardrâ); encore est-il vraisemblable que,
plutôt que yâvariî, dont la restitution est arbitraire, il faut lire, ce qui est
plus près de la forme, telle qu'elle se présente dans les manuscrits, yondni, de
yo ?i((rv. cette forme yonûnl étairt l'aboutissement normal du sanskrit yavanàni,
comme yaimd « Grec », en perse, qui est un prakrit du védique, transcrit le
grec Ttovia, qui est yavana en sanskrit; la correction est beaucoup moins
importante; elle respecte mieux, semble-t-il, la forme qu'un scribe négligent
avait sous les yeux ... ., kharostl yondni dont l'assonance imparfaite a
provoqué dans son esprit des pensées libidineuses, où apparurent s(ri=7idri
« femme ■■, et d'où naquit le monstre kharostrl yo nàri; (|ue la lecture
[90]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 121
brahinacàri <^^-^\(\ soit la vraie, ou que l'on choisisse avec M. Senart la
forme brahmavâni, ^ÇTqTTrft") il est visible qu'il s'est glissé dans la liste du
Mahàvaslu une tautologie analogue à celle qui est évidente dans le texte du
Laiitavislara, et que cette brahmacûri, ou, si Ton veut, brahmavûnu n'est qu'un
doublet de la bràlimi, exactement comme la graphie des Lùna est une réplique
imaginaire de celle, réelle, des Huns; ce qui montre, je pense, que l'auteur
du Mahàvaslu a bourré sa trame d'expressions imaginaires, comme celui du
Lalilavistara, et que, de cette multiplicité de noms, il l'aut seulement retenir
quelques termes qui sont réels, la brâhmi, la kharoshihi, l'écriture chinoise,
celle des Huns; que brahmaa'œi « qui est conforme à la règle fixée par
Brahma » soit une meilleure lecture que brahmavâani « brahmanique », c'est un
fait manifeste : il faudrait brahmdni, sur le modèle d'indrànî, yavanànî, V^aru-
nàni, le suffixe étant -ânî, féminin de -âna, et non -vânA.
Les Hindous, qui ne sont jamais embarrassés pour trouver l'étymologie d'un
mot quelconque, qu'il soit hindou ou étranger, expliquent le terme de
kharoshthi par khara-oshtha- « qui ressemble à la lèvre d'un àne »; cette
interprétation, sans compter que le sa?j(//irexigerait kharàushti, est une pure
fantaisie, appliquée arbitrairement à un mot qui est visiblement un vocable
étranger, et dont l'origine n'est point facile à déterminer. Je suppose que, sous
cette forme, avec ses variantes sanskrites kharoshilii et kharoslî, se dissimule
un adjectif perse, ou plutùt iranien, dérivant de la forme iranienne du nom de
la province du Khorasan, qui se présente sous deux formes dans les inscriptions
de Darius, [HJuvàrazmi ■• la terre du soleil levant », à Naksh-i Roustam,
[ILuvàrazmiya, à Béhishtoûn, ■■ qui est relatif au soleil levant »,qui est l'adjectif
du nom précédent, avec le suffixe -uja- du sanskrit, -ya- en zend, lequel a créé
toute une classe de dérivés secondaires, qui sont presque tous des adjectifs,
sans que l'on y remarque jamais, sur le terroir iranien, le renforcement du
thème par la vrUldhi. comme dans l'Inde. Ce nomade la province du Khorasan
est en zend Hvâ'rizem, qui a exactement le même sens que la forme pérsè
[lijuvàrazmi, et en grec XopaatJiî-/) ; c'est ce thème Huvàrazmi qui se trouvé dans
la forme moderne Khwàrizm >j,'adi., ou mieux Khowarizm, dans la pronôii-
ciation arabe des viii^^-ix'^ siècles, comme je l'ai expliqué autre part. Les formes
modernes du nom de cette lointaine province de l'Iran, Khorasan et Khorastàn,
ne peuvent s'expliquer par le mot Huvàrazmi qui parait dans l'épigraphe
de Darius 1"''; Khoràsàn est un * Iluvàraz-àna, et Khorastàn dérive d'un * Huvàra-
stàna; d'où l'on est obligé d'admettre que le mot Huvàrazmi a subi deux
abréviations considérables, lesquelles sont d'ailleurs endémiques dans ce nom
propre, puisque la forme Khowarizm, Khwàrizm, a Uni par aboutir à un nom
Kiiiva L^, dont l'étymologie serait mystérieuse, et que l'on ne saurait
interpréter, si l'on ne possédait toutes les formes du nom dfâ la Chorasmie
depuis le temps du règne de Darius I"; l'une de ces abréviations a créé une
forme *Huvàraza, la seconde, beaucoup plus considérable, celle de *Huvàra,
dans laquelle il ne subsiste plus, en fait, que le premier élément du nom du
Khorasan, le second -zm = * zma, en sanskrit védique djma, dans le sens de
"< chose sur laquelle on marche, chemin », d'un aspect de la racine gam-
" aller », en russe zemlia (par lequel s'explique le nom du village de Zamakhshar
y^sr'-^, près de la ville de Khwàrizm, qui est une ancienne forme perse
* zma-khshalhra),?i disparu entièrement, sans qu'il en subsiste la moindre trace.
Des exemples de phénomènes analogues se trouvent dans la langue de VAvesla;
[91]
122 REVUE DE l'orient CHKÉTIEN.
fsé-ratu est traduit en pehlvi sardârih-i ral-idin bùrlàrân « la maîtrise du clief
de ceux qui pratiquent la loi (d'Ormazd) », d'où il suit que fsé-ratu ne peut
guères être autre chose que * vasé-ratu, vase, suivant la règle de son ét)'môlogie,
signifiant « suivant son plaisir », puis « beaucoup ■•, et enfin « supérieur -i
le fsé-ratu, ou * vasé-ratu, étant en définitive le chef religieux qui agit suivant
son bon plaisir absolu, c'est-à-dire le dignitaire suprême du Mazdéisme.
Du premier de ces deux thèmes apocopes, '^ huvâraza-, l'iranien a tiré un
adjectif huvâraza-tî « originaire de la Khorasmie •>, lequel se trouve transd-it
en sanskrit sous les espèces des deux formes kharoshthî et kharosti; en fait
' h'ivûraia-ti signifie originaire de Balkh, capitale indo-grecque du Khorasau; le
suffixe -d, Ihi, en sanskrit, comme en zend, forme des noms,dont beaucoup ont un
sens adjectival (Jackson, Avesla Grammar, 222), tels pa-l'i « seigneur ■>, pal-li
« fantassin ■•; slip-ti, dans VAvesta, « mauvais, méchant », est un pur adjectif,
et c'est un fait assez connu pour qu'il soit inutile d'y insister que les nombres
de 60 à 90, sk. shash-ti, sapta-ti, açi-li, nava-li, zend khshioash-ti, hapta'-ti,
ashia^-ti, nava^-ti, sont des adjectifs en -ti des nombres de 6 à 9. C'est cotte
forme adjectivale * huvàraza-ti, qui, je suppose, a été transcrite par les
Hindous sous les formes kharoshthî. et kharosli, dans le Mahâvaslu, exactement
comme Huvàrazmi est devenu en persan moderne Khàrizm, en face du
Khwàrizm du xiv" siècle, et du Kho\^■àrizm du ix*, et ' hu-vàca-ka <■ celui qui a
une belle voix, qui parle bien », khàdja, avec la même réduction du groupe
khwâ à khâ, dans la prononciation très ancienne khowâdja. 11 est fort
tentant, dans la forme kharasâviyâ w(fllPJ4i d'une écriture dont parlent les
livres des Djainas, de voir, avec une correction minime, qui ne dépasse pas
les possibilités paléographiques, kharasâniyà ^\,k\\Ç\A\ , un adjectif iranien
* huvàra>ân-iya, dérivé très régulièrement de la, iovme "^ huvàraz-ana, dont il
vient d'être question. Kharasàn-iya dérive de '/iwyôras-flna, avec la réduction
du groupe khvà- à khù, dont il vient d'être question; c'est-à-dire que, dans la
liste des écritures, telles qu'elles se trouvent données par les livres djaïnas,
l'écriture du Khorasan serait désignée par deux mots différents, quoique de
même origine, ce qui n'a rien de surprenant, quand l'on connaît les idiosyn-
crasies de la pensée hindoue, et son besoin de complication; cette interpré-
tation, d'ailleurs, n'est valable qu'autant que kharasâviyâ est indépendant de
pushkarasârl, dont le sens est loin d'être satisfaisant, si bien que M. Jarl Char-
pentier (Journal of Ihe Royal Asiatic Society, 1928, pag. 339) a proposé d'>'
voir une variante graphique du nom Pushkarasàdi, " celui qui trône sur un
lotus », d'un granmiairien ou d'un juriste qui vécut dans le Dekkan aux temps
anciens; à moins que p 'shkarasâri n'ait été refait autour d'une' forme
* khârasâni, dans le même esprit qui a créé plus tard la graphie dite pushpalipi.
les Hindous étant capables de tout lorsqu'il s'agit d'indianiser un mot étranger
Quoi qu'il en soit, les Hindous, comme on le voit, dans une tradition parfaite,
avec une précision remarquable, distinguent formellement l'écriture grecque
yonânî, dans le Mahâvaslu, soit yavanâni du sanskrit classique, de l'écriture du
Khorasan kharoshthî, ce qui montre que les Indianistes du siècle dernier,
suivant leur habitude, avaient été bien inspirés quand ils avaient qualifié
cette graphie du nom d'indo-bactrien ou de gréco-bactrien.
C'est un fait visil)le que les Grecs, dans toute l'étendue des pays qu'ils ont
soumis à leurs lois, ou auxquels ils ont apporté leur civilisation, n'ont pas
essayé d'imposer aux peuples qui les habitaient l'écriture d'Homère et de
Pindare; mais que les Hellènes créèrent pour lès Asiatiques, ou que ceux-ci
formèrent sous leur direction, des graphies orientales, par une modification des
[921
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 123
anciennes écritures des alphabets, qui s'accordèrent avec les particularités des
langues qu'ils devaient transcrire ; les Grecs, je pense, bien qu'ils fussent des
phonétistes hors de pair, se souciaient peu des élégances d'un qoq-ngu, ou de
• la beauté des systèmes de transcription des idiomes asiatiques par les phi-
lologues du XIX" et du xx" siècle, laquelle se justifie par le besoin impérieux de
représenter, tant bien que mal, des articulations qui ne sont pas notées par
l'alphabet latin; ces systèmes sont inutilisables pour la graphie d'un texte
-continu; je défie bien n'importe qui d'écrire, de sa création propre, une lettre
de dix lignes en arabe, dans le système de transcription employé dans le
Journal Asiatique, dans la Revue de Linguistique, ou dans les travaux des
^rudits de Giessen ou de Marburg ; ces graphies exigent pour être exactes une
attention qui devient impossible quand on écrit currenie calamo; au septième
inot, on oublierait les neuf dixièmes des signes additionnels qui discriminent
les articulations orientales, et le texte deviendrait incompréhensible. Ces
raisons, je suppose, ont dû jouer en Orient ; les Grecs, d'ailleurs, ne considé-
raient probablement pas leur admirable graphie comme un article d'exportation;
ils en gardèrent pour eux, et pour l'Occident, l'élégante simplicité, et la
lucidité, lesquelles ne conviennent pas aux Orientaux, qui préférèrent des
systèmes plus complexes; c'est un fait évident que le dernier Athénien pouvait
lire n'importe quel livre, n'importe quelle inscription, n'importe quel édit,
comme il convient dans un état lil)éral: les Asiatiques n'ont jamais tenu à ce
que tout le monde put lire; cette faculté, manifestement, était réservée à un
groupe d'hiérophantes, qui passaient des années à apprendre à lire, et c'est
j)Our cela que l'on créa des graphies d'une excessive complication, que, seuls,
pouvaient arriver à connaître les membres du clergé ou leurs semblables; les
autres personnes, même instruites, ne le pouvaient; Osman Pacha, durant
la guerre russo-turque de 1N77, recevait du Sérail les ordres de son maître,
écrits dans la tradition impériale, sous la forme du rouleau chinois, dans
l'admirable diwani, qui n'est autre que le ta'Iik des Persans, fignolé et
compliqué, qu'il faut déchiffrer signe par signe; le généralissime et son état-
major, qui savaient lire le turc courant, ce qui n'est déjà pas si facile, restaient
bouche-bée devant ces grimoires, si bien qu'un jour Osman Pacha se vit obligé
de commettre l'énormité de transmettre à Sa Hautesse, l'ombre d'Allah sur la
terre, une requête par laquelle il Lui demandait de vouloir bien à l'avenir lui
adresser des ordres qu'il pût lire, ainsi que ses officiers.
C'est par le royaume gréco-bactrien que l'art est entré dans le Djamboudvipa;
le fait est tellement visible pour les œuvres de la sculpture qu'il convient de
laisser aux personnes qui le nient le ridicule de leur parti-pris, et plaindre
leur aveuglement; il est beaucoup moins évident en ce qui concerne la peinture,
ce qui se comprend aisément, puisque toute l'œuvre des Grecs est perdue,
puisque les fresques les plus anciennes de l'IIindoustan, remontent à la lin de
l'Antiquité, parce que .les spécimens de la peinture radjpoute ne remontent
guère plus haut que le moyen âge; je ne parlerai point de l'opinion des per-
sonnes qui ne veulent point qu'il y ait eu de peinture dans la péninsule avant
que les Persans ne la leur aient apprise, lorsque fiabour conquit le Pandjab:
elle ne peut se défendre; il y a des livres sanskrits enluminés au xi* siècle!
j'ai signalé, sans avoir le moindre espoir, ni le plus faible désir de convaincre
les Orientalistes, les rapports évidents qu'un technicien de la peinture, je
ne parle pas d'un historien de l'art, retrouve immédiatement entre les o.^uvres
de l'Hellénisme et les productions très modernes des ateliers du Radjasthana
[93]
124 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
(les Peintures des Manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale, 1914-1920,
page 156 et n. ; les Peintures des Manuscrits orientaux de la collection Marteau,
dans les Monuments Piot, 1919, page 195 et n.; les Enluminures des Manuscrits
orientaux, 1926, pages 36 et 37, 156 n., 178, 195 n.).
Quoi qu'en pensent les Indianistes, c'est un fait patent que l'écriture, et la
peinture sont dans la péninsule une impoi<ation étrangère; j'ai fait remarq-oer
dans cette Revue, en 1925, que toutes les fois qu'un peuple attribue aux démons,
ou aux anges, qui sont les mêmes entités retournées, une des caractéristiques
de leur civilisation, c'est qu'il l'a empruntée à une nation étrangère, qu'elle est
la création d'artistes supérieurs à leur mentalité; les deux formes de l'écriture
hindoue sont la bràhmi « la brahmanienne », et la dévanagàrî « l'écriture de la
ville des Dieux », exactement dans le même sens, mais inversé, où les démons
apprennent à Tahmouras les trente graphies; s'il y a une vérité historique,
c'est bien que les Iraniens ont emprunté tous leurs systèmes graphiques aux
diables étrangers, le cunéiforme de Darius aux gens de Babylone, le pehlvi aux
Araméens de la Syrie, l'écriture arabe aux mangeurs de serpents.
C'est celte même origine divine, partant étrangère, que la majorité dos
Hindous assignent à leur peinture, puisqu'ils affirment qu'elle fut l'invention
de Brahma; d'autres en attribuent la création à une demoiselle d'honneur de
la reine Ousha, nommée Tchilralékha, qui peignit avec une telle habileté \q.
portrait d'Anourouddha, petit-fils du dieu Krishna, que sa maîtresse en devint
follement amoureuse. Cette seconde forme de la légende est très postéi'ieure k
la première ; elle rappelle un type, un cliché insipide, qui sévit dans la litté-
rature orientale; que penser d'ailleurs de la réalité de cette peintresse,
dont le nom signifie ■■ portrait » ? Les livres pâlis parlent bien de fresques
qui décoraient le palais du roi Prasénadjit,de Kosala, dans sa ville de Sràvasti,
qui fut l'un des premiers convertis par Sakyamouni; mais ce témoignage de
textes qui ne peuvent guère remonter à une date antérieure à 2.50 avant l'ère
chrétienne, est infirmé par la légende d'après laquelle Adjatasatrou fit le portrait
du Bouddha en recevant la silhouette de son visage illuminé par les rayons du
soleil sur une pièce de toile et en la colorant; il est évident que si les palais
des rois avaient été ornés de savantes compositions, Adjatasatrou n'aurait pas
eu à recourir à ce procédé enfantin, dont l'invention se trouve aux origines
dé l'art grec, et l'histoire d'Adjatasatrou ne fait guère que répéter, en les copiant,
les termes de celle de Korè, fille de Dibutadès, le potier de Sicyone.
La tradition hindoue divise en trois périodes l'évolution de la peinture dans
le Djamboudvipa; la première, des origines à 300 avant notre ère, comprend les
œuvres qui furent l'œuvre des dieux; la seconde, de 300 avant Jésus-Christ à
l'année 300 de l'ère chrétienne, est l'école des yakshas, des demi-dieux, des
héros et des dragons divins, qu'inspirèi'ent les grandes divinités, après l'extinc-
tion de laquelle il fallut attendre jusqu'au vi^ siècle pour que l'art, tombé. vers
300 dans une décadence absolue, reprenne son essor, ce qui reporte l'invention
de la peinture dins l'Inde à un peuple étranger à ses races.
Page 108. Les Turks appelaient ces sorciers kâm, que les Musulmans ont
régulièrement transcrit par -.U, et les Mongols, comme beaucoup d'éléments
de leur idiome, leur ont emprunté ce mot. Ces sorciers ont existé, et ils existent
encore dans tous les clans altaïques qui ne sont pas formellement convertis
à l'Islamisme ou au Bouddhisme, comme on le voit par des photographies qui
ont été prises tout récemment par deux cinématographistes russes dans les hordes
à demi sauvages qui vivent dans les forêts, au confluent de l'Oussouri et de
[94]
CHRISTIANISME ET MAZDÉISME CHEZ LES TURKS ORIENTAUX. 125
l'Aniour; ces sorciers, ces magiciens, ces chamans sont identiquement les
nitMiies que ceux des Lapons, et ils pratiquent le même genre de sorcellerie, à
l'aide du même instrument, auquel on a donné d'une manière assez inexacte le
nom de tambour, alors qu'il est un bouclier. Ce qui est particulièrement curieux,
c'est que les chamans des clans tonghouzes qui, au xx'= siècle, vivent aux bords
de l'Amour, sont exactement attifés, à des milliers de lieues, comme les sorciers
tatars de Kazan, magiciens et magiciennes, dont les portraits sont donnés dans
la planche 2S du premier volume de VHisloire de la Russie, par Chopin, dans
l'Univers Pilloresque, F. Didot, 1838, en tenant compte naturellement de l'inter-
prétation du graveur français et de r« européanisation « qu'il s'est cru obligé
de faire subir à ses modèles orientaux. Ils sont, en fait, vêtus de très anciens
costumes et portent de très vieilles coiffures de la Chine, lesquels se retrouvent
au Japon, dont les modes ont été empruntées aux siècles du haut moyen âge au
Céleste Empire; les danses étranges de ces chamans, frappant sur leur cercle
de bois tendu de peau, et divisé en douze secteurs par des diamètres, sont
formées d'une suite de poses rythmées et déhanchées, qui sont celles mêmes
des guerriers des estampes japonaises, par l'imitation, ou plutôt, pour plus
d'exactitude, par l'évolution de l'imitation de la technique chinoise Le rôle
de ces sorciers relevait de la psychiatrie; ces hallucinés, ces iijstériques, à
force d'user leurs nerfs par les excès. Unissaient par croire de bonne foi qu'ils
avaient commerce matériel avec les démons, et qu'ils étaient ou succubes ou
incubes; ce que rapporte 'Ala ad-Din 'Ata Malik al-Djouwaïni, dans le*
Djihangoushaï (édition do Mirza Mohammed ibn 'Abd al-Wahhab al-Kaz\vini,,
t. I, p. 43), quand il raconte que, de son temps au milieu du xni» siècle, il y
avait parmi les Mongols des sorciers qui leur faisaient croire qu'ils étaient
arrivés à dompter les dénions, lesquels les avertissaient des événements qu
devaient se produire. « Et l'on fit, continue Djouwaïni, une enquête à ce sujet
auprès de quelques personnes, lesquelles racontèrent qu'elles avaient entendu
<lire que les démons descendaient vers eux par l'ouverture de leur tente (qui
sert à la fois de fenêtre et de trou pour laisser échapper la fumée), et parlaient
avec eux; il est possible, disaient ces gens, que les âmes des méchants aient
avec certains de ces sorciers un commerce intime, et que cela leur dérange
l'esprit; ils arrivent au paroxysme de leur puissance magique à ce moment
même où ils satisfont leur passion sexuelle par les voies contre nature. «
Page 57. Le- premier contact des Romains et des Parthes se produisit en
92 av. J.-C sans lendemain; les Asiatiques avaient senti en eux des adversaires
autrement redoutables que les Séleucides; en 66, Phraate III fait alliance
avec Pompée; à leur première agression, avec Crassus, les Romains sont
écrasés; battus par Pacorus, en 40, qui leur enlève la Syrie et l'Asie Mineure,
les Romains ne tardent pas à rétablir leur situation; à partir de l'ère chré-
tienne, ils sont en contestation perpétuelle avec les Parthes, au sujet de l'Ar-
ménie; en 116, Trajan renouvelle les exploits d'Alexandre.
Page 94. Le nom des Francs, comme je l'ai expliqué dans la Palrologia
Orienlalis, XX, 105, et le nom des Varègues sont identiques, et désignent un
même peuple, ce que montrent les noms de Varanguebec « ruisseau des
Normands » près Coutances, Varangeville près Dieppe, la ville des Normands,
Varangéville, près Nancy, la ville des Francs.
E. Blochet.
[95]
LA COSMOGRAPHIE DE JÉSUS FILS DE ISOVU
(ir SIÈCLE)
INTRODUCTION -
Le manuscrit, écrit en 1868, est conservé au Vatican.
M. Cersoy le cataloguait : Borgia, K. vi, 12; M^' Scher Ta
catalogué : Borgia, 88.
L'ouvrage y occupe les pages 381 à 385. M^*' Graffin a bien
voulu nous en donner une reproduction. Le même texte se
trouve dans les manuscrits 45 et 326 du couvent de Notre-
Dame des Semences (Catalogue J. V'osté, Paris, 1929). Le
manuscrit 15, de Tannée 1698, peut être la source des deux
autres.
Le titre porte : « Ensuite traité des astres; du Livre de
Jésus tils de Noun (Isô' bar Non), celui qui demeurait dans la
solitude. » C'est d'ailleurs non un extrait mais un résumé, car
l'écrit commence par : « // dit que la longueur de la terre
est ».
Le contenu est cosmographique : Mesure de la terre habitée
et des distances de la terre aux sphères célestes. Cause de la
pluie. Grosseur du soleil et de la lune. Toutes les étoiles ont
même grosseur, la différence de leur grandeur apparente tient
à leurs dislances à la terre qui ne sont pas les mêmes. Expli-
cation des étoiles filantes; de la pluie; du tonnerre; 'de la
création des astres. Tous les astres sont dirigés par des anges,
qui remplaçaient ainsi l'attraction universelle. Cette opinion,
d'après laquelle les anges dirigent les mouvements des astres,
a d'ailleurs de qui tenir, car saint Thomas — qui la partage
puisqu'il écrit : omnia corporaiia reguntur per Angeles,
... ad ordinem Virtutum pertinere videntur otnnes Angeliqui
[1]
LA COSMOGRAPHIE DE JÉSUS FILS DE NOUN (iX" SIÈCLE). 127
habent praesidentiain super res pure corporeas, — renvoie
à Aristote qui posuit quod corpora coelestia moventur a
substantiis spiritualibus, à saint Augustin : Unaqiiaeque res
visibilis in hoc mundo habet angelicam potestatem sibi
praepositam, à saint Grégoire : in hoc mundo visibili nihil
nisi per creaturam invisibilem disponi potest et, dans un&
certaine mesure, à Platon et à Avicenne, Somme théologique ^
pars prima, qu. CX, art. I.
Ce sont encore les anges qui produisent les phases de la
lune, les éclipses, les feux du ciel et l'arc-en-ciel. En particulier
Fauteur connaît la fable qui attribuait les éclipses au dragon
Atilià mentionné au vu' siècle par Sévère Sébokt.
La suite sur la création des astres et les caractères des
ordres des anges figure aussi dans Salomon de Bassora
(XIII' siècle), le Livre de l'Abeille, édité et traduit par
M. W. Budge {The Book of the Bee, Oxford, 1886). Salomon
résume Denys l'Aréopagite.
Si le petit opuscule que nous éditons ne formait qu'un tout,
l'auteur serait donc postérieur à Salomon de Bassora qu'il'
utilise, mais si Ton tient compte que nous n'avons même pas,
comme 'nous l'avons dit, un extrait textuel du traité de Jésus
lils de Noun, mais une adaptation faite par un inconnu (puis-
qu'il débute par : il dit); le plus probable nous semble qu'un
inconnu a adapté, sans nous en avertir, Salomon de Bassora
à la suite de Jésus fils de Xoun. Toute la fin du manuscrit le
plus ancien (N.-D. des Semences, n" 45) est d'ailleurs formée
de petits extraits.
Nous supposerons encore à la suite de M. Cersoy que l'au-
teur de la première partie est le patriarche nestorien Jésus,
fils de Noun, car, avant son court patriarcat (823 à 827), il
avait passé toute sa vie dans le monachisme, d'abord au grand
couvent du mont Izla et enfin, durant une trentaine d'années,
au couvent de Mar Elias à Mossoul. L'ouvrage de théologie
qu'on lui attribue pouvait porter et le titre et les matières du
début de notre présente publication. M. A. Baumstark, dans
Geschichte der sijrischen Literatur, Bonn, 1922, p. 220,
proposait d'attribuer notre petit traité au moine mentionné
ROC, III, 179-181, mais maintenant que le traité est édité, il
128 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
trouvera sans doute comme nous que ce moine était trop
ignorant pour l'écrire. En particulier il n'y a aucune chance
qu'il ait connu le dragon Atiliâ et Denys l'Aréopagite. Jusqu'à
nouvelle découverte, nous proposons donc, sous toute réserve,
de voir ici un court résumé d'un chapitre de la théologie du
patriarche (1).
Un autre motif d'intérêt pour ce petit texte vient de ce que
les Cosmographies d'origine nestorienne sont jusqu'ici peu
nombreuses. II est donc à placer à côté — nous devrions dire
bien en dessous — des nombreux textes cosmographiques
d'origine jacobite que nous connaissons.
F. Nau.
(1) On notera aussi que le traité entier en ses deux parties est très homogène
en ce qu'il explique tout par le moyen des anges. On devra donc se demander
encore s'il n'est pas tout entier du patriarche Jésus fils de Noun et si Salomon
n^en a pas transcrit mot à mot tes derniers paragraphes. — Il faudra d'abord
étudier le procédé littéraire de Salomon qui prétend (texte p. 4") faire des
coupures dans les livres saints, les Pères et les docteurs, d'où le nom (le Livre
de l'Abeille) de son ouvrage, et savoir s'il résume ou s'il copie. La présente
édition est donc surtout •■ une pierre d'attente ».
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(1) ^^«>v3o Ms. — (2) ^/ Ms.
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ORIENT CHRETIEN.
130 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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[51
LA COSMOGRAPHIE DE JÉSUS FILS DE NOUN (iX'' SIÈCLE). 131
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♦ )» 1 « I H\ jL,.^4^o ) .1.. \ l U^9 jlv^œo
(1) ^v^'ts^y Ms.
(•2) Cf. W.* Budge, The Book of thc Bee, Oxford, 1886, texte p. 18.
(3) L'un des trois manuscrits de M. Budge porte l^^^lv
I6J
132 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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)L^.^>^; .wV^/ ).ao ffnt\ « o>o .)LjpcL.3 '-'^!; W^^ )J!S^
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♦ )-30Vû )j^^^ ♦).i*K-*lo ♦)jLi.».iOO ♦)L^b» 'î'i^ÛjL^ JK^lo
s^^Q ([). 384) ^v^Kio l^^oaa ^^oio ♦)-sidioo ♦J^'^o
.ji-JLJ:.0 .jio'^:^ (.JL^OOO JoC^S; 01^^903 wUL»^^0 l^^od
^^>.i»^^» vQJ6( ^iOj ^^^^^ .^V^K-iO )Lj013 ^OiO .)Ljl^O^ QJlO
(1) B ajoute : s<^/ Useo-
(2) B : l;3j\,^3v
(3) B ajoute : • l**J»via Hwisoo Va^^aa vi»^LL/ Ij>>i*o aiûLL/ iAio;^^ o\^l l)V.-lo
(4) W. Budge, loc. cit., texte p. 12.
[7J
LA COSMOGRAPHIE DE JÉSUS FILS DE XOUN (iX' SIÈCLE). 133
•)la-K-^l,: U»»co ^^; (^)JL.^Î^ Jloj ^oioh^l ^
^-.^ ^oo|--^i. )Vio)K:ioj ^6jo .J^J^o vooul:oj jjso^^i:^
).-j>.j.io o^ooio ""^-v-a^ s-doK^/ ^^')-.2:kilo vooiiso; JL^t^o
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jij )lK. fn \^ )Li.oj ^oioK^l l^lcLio ♦^po» jiojJ/ ^,
.)L.^-j(-^ (..JL-^Ldo )nv>%>o )jK-V.i^ J^Oj ^oioj^/ jLxJ*
<*|b'^JJ )io t > '>;poo .j^'^XL^ jjL^C^ojL^ i^^^) oôu; a^ooio
♦) S'vt'^No lioim^o )tv>tV J^oix^ i-^t^
)..b«oj)0 JJ. \ N* :^;o JL^cu^'mo )^V^;o jJUL^'jo j'f^OOf .I...IS.X
(1) U-.::iâo B.
(2) B ajoute : spovsv
[8]
134 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
y^>'SÙ JLi.Sl^ I-^P'O V^-^ ^^ Jiojwi^ 0|»d J^/; ^OfJbOL^D^O
.d ^^
)KrfUU«09 )K.i*t-. (p. 385) oiS. K-./j J^i^oj «oioKw./ I^JiLio
yooi I » t v> joôi )bji^9 )-^^L^ ^^o( ^^ y^ ^^ ^'^oo
(1) B ajoute : oCs». t^t-^ov
TRADUCTION
Ensuite traité des astres, du Livre de Jésus fils de Noun (Isô' bar Non) (1),
celui qui demeurait dans la solitude.
Il dit que la longueur de la terre 6 4 de huit mille parasanges et, que sa
Inrgeur est de sept mille (2). De la terre au firmament supérieur il y a
cent cinquante parasanges et les astres se trouvent à cinquante para-
sanges en dessous du firmament. Les astres n'occupent pas un seul lieu,
mais ils en occupent trois (3). Le lieu d'eux tous est de cinquante para-
( i) Non, et pas Noun, parce que le vav a le point au-dessus dans le manuscrit.
(2) Les Grecs comptaient en stades, les Arabes en parasanyes. Ceu.x-ci don-
naient vingt parasanges au degré, c'est-à-dire 7.200 (et non 8.000) au pourtour
de la terre. Pour la latitude, il faudrait 3.000 parasanges (au lieu de 4.000,
à cause des parties inhabitées au nord et au sud). La parasange vulgaire valait
4.432 mètres. Cf. J.-A. Decourdemanche, dans Journal As., mars-avril 1913,
p. 430-1. — Pour avoir 7.000 parasanges en latitude, il faudrait qu'il y en ait
8.000 de l'est à l'ouest, ou pour la demi-circonférence.
(3) Peut-être les lieux de la lune, du soleil et des étoiles dont l'auteur par-
lera plus loin.
[9]
LA COSMOGRAPHIE DE JÉSUS FILS DE XOUN (iX*' SIÈCLE). 135
sanges. En dessous des astres, il y a cinquante parasanges; c'est le lieu
des nuages et de l'air.
Sur tous les astres, durant le jour et la nuit, hiver et été, il descend
constamment, des eaux qui sont au-dessus du firmament (1), une rosée
en forme de pluie, pour mitiger la chaleur des astres, afin qu'ils ne
fassent pas périr la terre habitée par la violence de leurs rayons. Le
soleil et la lune l'emportent sur tous les astres, et le soleil se tient au-
dessus de la lune. La circonférence de leur sphère est, pour le soleil,
de soixante coudées, et, pour la lune, de quarante-cinq coudées. La
circonférence de chique étoile est de dix coudées; toutes sont égales;
celles qui paraissent moins brillantes sont situées au-dessus des
autres (2).
Il est inexact que les étoiles quittent leur place, comme le disent cer-
tains, et tombent sur la terre, car les étoiles ne quittent pas leur place.
11 n'arrive qu'à celles qui occupent l'espace inférieur (3) de se mettre en
mouvement par l'ordre de Dieu et sous la direction des anges (4) pour
marquer les temps, les a'inées et les mois, comme il a plu à la sagesse
divine (5). Celles qui sont au-dessus (étoiles fixes) restent à leur place
nuit et jour, car elles ne marclient pas comme celles du lieu inférieur
(soleil, lune, planètes?!. C'est le soleil qui couvre leur lumière et elles ne
nous apparaissent plus.
Si des étoiles paraissent se déplacer dans l'air, cela a lieu sous la
direction de l'ange de la Providence. Et lorsque nous voyons une étoile
qui s'élo giie et s'éteint (é'.oile filante), une étoile ne s'éteint pas, mais de
même qu'un charbon de feu, frappé par un air violent, lui emprunte la
clarté sans que le charbon se déplace, la même chose a lieu pour les
étoiles par l'ordre de Dieu : quand un vent violent soutïïe en cet endroit,
il leur e nprunte la flamme et l'éclat (du vent) s'aperçoit dans l'air (6).
(1) Cf. Genèse, i, 7.
(2) La coudée était de 415 ou de 504 mm., cf. Decourdemanche, loc. cil. En
général pour la commodilé de l'explication du mouvement diurne qui a lieu
en bloc, on supposait que les étoiles fixes étaient toutes épinglées à la même
distance sur une même sphère. Notre auteur est dans le vrai quand il leur
attribue des distances inég.des à la terre. Quant à leur mouvement, il supposera
qu'il est réglé par des anges.
(3) Le soleil et la lune, car le compilateur du présent fragment ne mentionne
pas les planètes.
(4j Pour d'autres auteurs syriens, c'est une savante combinaison de divers
vents qui soutient et dirige le soled. On passe d'ailleurs facilement d'une
notion à l'autre, car le même mot sj-rianue signifie esprit et vent, et Denys
l'Aréopagite {Hier. céL, xv, 6) justifie le nom de vent donné aux anges. On
expliquait comme on le pouvait les effets de l'attraction universelle alors
inconnue.
(5) Cf. Gen. i. 14.
(Qf Le sillon enflammé serait donc causé par l'air et non par l'étoile qui ne
peut pas changer de place. Notre auteur sauve ainsi le système d'Arisiote
[10]
136 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ce n'est pas des eaux situées au-dessus du firmament que la p» aie tombe
sur la terre, mais elle est tirée des mers et des fleuves par ordre de
Dieu et sous la direction des anges (1). C'est de la terre aussi qi e la nuée
prend corps, puis elle est parforée (comme un arrosoir). Ce n'est pas sur
son dos seulement que la terre porte les eaux, mais (encore) au-dessus,
au-dessous et à l'intérieur. Ce n'est pas goutte à goutte que l'e ai tombe
de là (d'en haut) sur la terre, mais bien comme l'eau qui tombe d'un toit,
ainsi l'eau est conservée par les nuages et en tombe, puis, par l'ordre de
Dieu et sous la direction des anges, l'air reçoit ces eaux et elles sont
divisées en gouttes.
Le bruit du tonnerre qui a lieu provient aussi des nuages qui s'entre-
choquent. De même qu'une pierre, en frappant une autre (pierre), fait
du bruit et montre de la lumière, il en est ainsi des nuages : lorsque la
Volonté toute-puissante l'ordonne, un v^ent violent souffle sur eux et les
pousse devant eux ; ils sont pressés par l'ordre divin et ils courent où la
volonté de leur guide le veut. Dans leur grande impétuosité, ils se jettent
les uns sur les autres, produisent un son et laissent aussi du feu à cause
de leur violence. Ce n'est pas l'éclair qui a lieu d'abord et ensuite le
tonnerre, mais ils se choquent d'abord et ensuite le feu apparaît (2).
Comme leur lieu est éloigné de nous de cinquante parasanges, nous voyons
d'abord le feu parce qu'il nous est facile de le voir, ensuite le bruit du
choc descend aussi et il est perçu par nous. Chaque fois que nous voyons
un grand éclair, nous savons qu'il y a aussi un violent coup de tonnerre.
Qu'un coup de tonnerre soit plus violent que l'autre, cela provient de la
lourde charge que porte un nua^e : p'us un nuage est grand et lourd,
plus il fait entendre un bruit violent quand il touche son voisin.
La lune aussi nous paraît grandir et diminuer, mais il est de sa nature
que sa sphère n'augmente pas et ne diminue pas jusqu'à la fin de ce que
Dieu lui a donné (3); mais l'ange qui la conduit est celui qui cache scTn
cercle à nos yeux et elle nous paraît petite. Lorsque les hommes voient
qu'Atilià (le dragon céleste) — comme ils le nomment — dévore (la
lune) (4); c'est son ange conducteur qui nous la montre ainsi, afin que
nous craignions Dieu et que nous confessions son nom.
d'après lequel le ciel est immuable. On est arrivé au même résultat en supposant
que les étoiles filantes étaient des phénomènes atmosphériques, c'est-à-dire
qu'elles appartenaient au monde sublunaire qui est sujet à génération et à
corruption.
(1) Les anges expliquent encore l'évaporation des eaux, de cause alors mal
connue. Cependant notre auteur suppose plus haut que la rosée vient des
eaux supérieures. Cf.Gen. i, 6-7.
(2) C'est en somme à l'aide du briquet que notre auteur explique le tonnerre
et l'éclair. Il ne pouvait pas soupçonner les effets électriques.
(3) L'auteur suppose que la lune fait partie du ciel immuable d'Aristote.
(1) Les éclipses de lune s'expliquent par l'interposition d'un corps opaque
entre le soleil et la lune. Avant de savoir que ce corps était la terre, on a
imaginé un Dragon céleste qui aboutissait en deux points diamétraux de la
[11]
LA COSMOGRAPHIE DE JÉSUS FILS DE NOUN (iX^ SIÈCLE). 137
Le feu aussi qui apparaît parfois dans le ciel arrive par la disposition
de l'ange qui (le) montre dans l'air comme pour la gloire de Dieu.
L'arc qui se trouve dans les nuées arrive par la conduite de l'ange ; il
porte une annonce de paix et réjouit les hommes (1).
Sur la création des astres. Dieu créa le mercredi (2) le soleil, la lune et
les étoiles (à l'aide) de trois matières : l'air, la lumière et le feu. Il prit la
matière de l'air et il en forma des ustensiles comme des chandelles, puis
il leur mélangea le feu et la lumière [et les compléta]. Le feu (isolé)
n'avait pas de clarté, et la chaleur n'entrait pas non plus dans la nature
de la lumière. Le feu donna la chaleur à la lumière et la lumière donna
la clarté au feu. A l'aide des deux, le soleil, la lune et les étoiles furent
constitués. Certains disent que les astres furent constitués le [matin], que
le soleil fut placé à l'Orient et la lune à l'Occident, [d'autres disent qu'ils
furent constitués le soir et que le soleil fut placé à l'Occident et la lune à
l'Orient] (3), c'est pour cela que les juifs fêtent le quatorzième au soir (4).
D'autres disent que tous les astres, lorsqu'ils furent créés, furent placés
à rOrien», puis le soleil accomplit le temps du jour, et la lune attendit
jusqu'au soir, ensuite elle commença sa course.
Le chemin des astres est en dessous du firmament et ils ne sont pas
fixés (épingles sur une sphère), selon la vaine opinion de certains, mais
les anges les conduisent
Mar Isaac (5) dit que le soleil fait sa course de l'Orient à l'Occident,
puis passe derrière les montagnes élevées du nord durant toute la nuit»
jusqu'à ce qu'il se lève à l'Orient (6). Les philosophes disent que les
astres font leur course sous la terre durant la nuit.
De la création des auges. Les anges forment neuf ordres divisés eu
trois classes (7) : les supérieurs, les moyens et les inférieurs. L< s supé-
splière céleste, et qui était animé du mouvement même des nœuds de la lune.
Les éclipses avaient lieu lorsque la vue de la luae nous était interceptée, à son
passage dans l'écliptique, par la tète ou par la queue de ce dragon. Les Chinois,
persuadés que la lune courait alors le risque d'être dévorée, faisaient un bruit
épouvantable de tambours et de cymbales pour la secourir en effrayant le
dragon. Cf. Journal As., Sept.-oct. 1910, p. 219 à 221 où nous avons édité et
■traduit un texte de Sévère Sébokt démontrant que le dragon Ataliâ (notre
manuscrit ponctue Atilià) n'existe pas.
(1) Sur l'arc-en-ciel, cf. Gen. ix, 12-17. La suite se trouve dans le Livre de
r Abeille.
(2;i 11 faut lire « le quatrième jour », comme le porte un manuscrit de
M.W. Budge.
(3) Nous complétons à l'aide du texte de M. W. Budge.
(4) Cf. Exode, xii, 18.
(5) Les discours d'Isaac de Ninive déjà édités ne semblent pas comporter ce
sujet; c'est pur ascétisme.
(6) Cette explication était en faveur quand on supposait la terre plate.
(7) La suite est résumée de Denys l'Aréopagite. Elle se trouve aussi dans le
vre de l'Abeille.
[12]
138 R'ÎVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
rieurs sont les Chérubins, les Séraphins et les Trônes. Ceux-ci sont
appelés Pontifes et chefs pontifes et ils portent le trône de Dieu. Les
moyens sont nommés Puissances et Vertus et Dominations, et ceux-ci
sont appelés Prêtres, parce qu'ils reçoivent des révélations de ceux qui
sont au-dessus d'eux. Les inférieurs (sont nommés) Principautés, Archanges
et Anges, ce sont les serviteurs (diacres) qui servent les créatures.
Les Chérubins. C'est un mouvement rapide qui porte le trône de la
sainte Trinité. C'est le principe de tous les mouvements. Ils voient tou-
jours leurs ordres et ceux d'en de>isous. Quand on dit qu'ils ont beaucoup
d'yeux (1), les yeux figurent le mystère des révélations de la Trinité, et
leur chef, le premier de tous et le supérieur, est Gabriel, et il est l'inter-
médiaire entre Dieu et les créatures.
Les Séraphins. C'est un mouvement de feu, qui échauffe les mouve-
ments d'en dessous de lui du feu de l'amour de Dieu. Les six ailes (-')
que l'on attribue à chacun d'eux font allusion a x révélations quMs
reçoivent du Créateur et qu'ils trnnsmettent à l'humanité.
Les Trônes. C'est un mouvement stable qui n'es' pas touché par les
épreuves qui lui'arrivent.
Les Dominations. C'est un mouvement chargé de conduire les mouve-
ments qui sont au dess'^us de lui ; c'est lui qui empêche les démons de
nuire aux créatures.
Les Puissan'-es sont un mouvement puissant, serviteur de la volonté du
Seigneur; c'est lui qui donne la victoire aux chefs dans les combats et la
défaite aux autres.
Les Vertus. C'est un mouvement qui a puissance sur les trésors spiri-
tuels pour les distribuer à ses amis selon la volf^nté du Créateur. Cet
ordre conduit les astres (3), le soleil, la lune et les étoiles.
Les Principautés. C'est un mouvement déterminé qui a le gouverne-
ment drt l'éther supérieur, des pluies et des nuées, de-s éclairs et des
tonnerres, des tempêtes, des tremblements de terre, des vents et des
autres mouvements de l'éther.
Les Archanges. C'est un mouvement agile et laborieux aux soins duquel
est Confié le gouvernement des animaux, des bêtes de somme, des oiseaux
et des reptiles, et de tout ce qui a vie, depuis le moucheron jusqu'à
l'éléphanT, à l'exception des hommes.
Les Anges. C'est un mouvement qui a la connaissance inte.lectiielle de
tout CH qu'il y a dans le ciel et sur la terre Avec chacun de nous il y a
un ange de cet ordre, et il est nommé Ange de la Providence (gardien),
(1) Cf. Apoc. IV, 6, 8; Ezech. i, 18
(2) Cf. Is. VI, 2.
(3) Pour saint Thomas aussi ce sont les Vertus qui dirigent les astres :
« unde videtur quod ad hune ordinem pertineat motus coelestium corporum,
ex quibus sicut a quibusdara universahbus causis consequuntur particulares
effectus in natura et ileo virtutes coelorura vocantur, Luc, xxi, 26, ubi dicitur :
Virtutes coelorum movebuntur •-. Somme contre tes Gentils, ni, 80.
[13]
LA COSMOGRAPHIE DE JÉSUS FILS DE NOUN (iX^ SIÈCLE). 139
et il conduit l'homme depuis sa conception jusqu'à la résurrection
générale.
Le nombre de chacun de ces ordres des Anges est (égal) au nombre de
tous les hommes, depuis Adam jusqu'à la résurrection. Il s'ensuit donc
que les hommes qui viendront au monde seront en nombre (égal) à toutes
les troupes célestes (1).
(l) Denys écrit : •< L'Eternel a posé les limites des nations en raison du
nombre des anges {Hier, cél., ix, 2); il écrit plus loin qu'il est impossible
d'exprimer le nombre des anges (xiv).
F. N\u.
LA RECENSION COPTE DE LA VIE D'ABBA
MARTYRIANOS DE CÉSARÉE
Au temps de la grande efflorescence de la vie monastique en
Orient, les moines égyptiens disciples d'Antoine et de Facôme
n'oublièrent jamais la mémoire des syriens Hilarionet Épiphane
venus jadis dans la Vallée du Nil pour s'initier à la vie d'ana-
choi'ète et de cénobite. Les moines établis en Palestine, en Syrie
et dans toutes les régions de l'Asie Mineure, de leur côté, ne
perdirent jamais le souvenir de ce dont ils étaient redevables à
l'Egypte, et les relations les plus cordiales ne cessèrent dès lors
d'unir les grandes familles monacales de ces deux régions.
On lisait, chez les moines syriens de langue syriaque ou de
langue grecque, les vies des Pères de Scété et de la Thébaïde.
Certains d'entre eux venaient même de temps à autre visiter
les lieux de la ^'allée du Nil sanctifiés par les ascètes, et avec le
temps, l'affluence de ces moines pèlerins donna lieu à la fonda-
tion d'un couvent syrien à Scété. Le moine égyptien, aussi
sédentaire que son confrère d'Orient était d'humeur voyageuse
et d'esprit aventureux, ne se déplaça guère pour des visites ou
des pèlerinages, on ne le vit que très rarement en Palestine ou
en Syrie. Il ne s'intéressait pas moins cependant à l'œuvre de
perfection et de sanctification poursuivie par ses frères d'Orient
et lui aussi lisait les vies des saints ascètes et thaumaturges de
ce pays traduits en copte afin de se nourrir de leur doctrine et
de leurs exemples.
Les biographies des Pères d'Egypte rédigées en syriaque ou
en grec nous sont parvenues en grand nombre. On ne relève, au
contraire, jusqu'ici, dans les fonds coptes que nous possédons,
que quelques unités des biographies des Pères d'Orient. Le sort
fait à ces deux régions au cours de l'histoire, depuis les âges
monastiques, est la cause de ce contraste; le malheur des temps
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'ABBA MARTYRIANOS. 141
pour r Egypte, son isolement expliquent cette pénurie. D'autre
part, il y a lieu de tenir compte aussi de la différence qui
exista entre ces deux régions touchant la conception de la vie
monastique. Chez tous les moines égyptiens réunis dans la
même vallée, en un territoire à l'aspect uniforme, la vie était à
peu près identique : vie commune, cénobitisme, avec aspiration
à la vie solitaire : anachorétisme.
Dans les monastères d'Orient, cette conception fut des plus
diverses et elle offrit, suivant les régions, les physionomies les
plus variées. En face de cette diversité, les moines de la vallée
du Nil s'attachèrent seulement, on le conçoit, aux biographies
dont ceux qui en étaient l'objet leur apparaissaient des émules et
dont l'idéal de vie ressemblait au leur ou s'en rapprochait.
La vie du personnage désigné sous le nom de Martyrianos
que nous publions ici et celle de saint Simon le Stylite que nous
donnerons à sa suite nous sont un exemple de ce choix. Le
premier, né à Césarée de Palestine, avait opté dès son jeune
âge pour la vie érémitique; le second originaire de la Syrie du
Nord, après quelque temps de vie commune, se fit anachorète.
La vie d'Abba Martyrianos nous est déjà connue. On trouve
ses actes dans les Bollandistes du xvii'^ siècle sous le nom de
Martinien (1), et plus récemment, une nouvelle recension
grecque de sa vie a été publiée par Ral)bo\v (2). Son nom n'a
point de place au martyrologe romain mais il figure dans les
Menées des Grecs.
Le récit que nous donnons ici dérivé et traduit du grec est
acéphale. Le premier folio (page a et b) du cahier qui le
contient, a disparu; ce cahier appartient au manuscrit du
Vatican coté sous le numéro LXII suivant la notation de Zoega ;
il y occupe les folio 277'''-298''". La langue en est pure, le style
clair, la syntaxe correcte; à peine relève-t-on çà et là quelques
méprises de copistes. Ce texte semble avoir été revu ou colla-
tionné avec une autre copie; une main différente de celle du
scribe qui l'a transcrit y a fait quelques ajoutés ; nous les avons
indiqués en les mettant entre parenthèses.
(1) Cf. Février; t. II, p. 666.
(2) Die Légende des Marlinian dans Wiener Studien, 1895, t. XVII, pp. 253-
293.
VA
142 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
TEXTE
Le début manque dans le manuscrit.
... (Fol. 277 recto) — etoc ag epe niuAKApioc oeieparq
novezooT eqi^AHA a. niAiABOAoc ep ûc|)pHf" nonii^yi-
nApAK(oii A(|^6 cAnecHT nTeqpi AqnpeHTc n^tOKI
6(|OTUj^ e^yep^ympc JDApoq. niUAKApioc A6 eTAqa:toK
ûruiyMi.x eBO\ Aqa^or^T gboa 'jeu fii^ot^t nersAq
iiAq y.G neK2coB peu ne c|)ai icaigii ^opn eK^op^^ep
noiioT IIIB6II oneKKtoT eiiP2. eose ov eKl^oci G ri ai p ni"
tu niTAAGnOjpOC nGBIHIl AIIOK TAp I ieK<:|)AI ITACI A
iiA^yi'2o+ uni Ail eeBG a: g o'i'oii nrni uuav OiiAtrc
me n\c GqcpBoneni Gpoi- 'fiiA?^ :xg qnA+a^ou uni
^A+crpo GTGKXou Tupe oj iiiApAKiun iiAnoeTATne.
iiAi A6 eTAqeoeuoT nTOTtj un iatioo Aqepricjipu^
novKAunoe Aq(t)COT bboa eApo() e(|Aa) nuoc xg gk3:u>
niiAi uni co iiApTvpi eiinnn -hiinoi' iiak n\toAGij
i-iiAtoeK Ail eABOA ûuoK ^iiAini G^itoK noTiii^i- floprn
ec3fop GUA^oj nTAGijK enGciiT GBOA beii neKin^f"
ntooT — (fol. 277 verso) — Ae ovin AK-M)iei uni euA;!*!!».
MAI Ae 6TAq3:oTov iiAq AqepAGovtune gboa 2Apoq.
niuAKApioc Ae AquHiJ ei~npocGvxn iigu utcobz eq^ye-
neiioT nroTq ûncrc.
l^GII OVAI AG nniG200V ilApG eAliptOIII UO^I Z\
niua)iT GVCA3:i iigu iiovGpnov gobg innoAUTiA htg
(|)H GBQVAB AUA UApTUpiAIIOC GTI GVCA3CI IIGU IIOTG-
pnOT GGBG UAipCUUI flAlKGOC IJApG OVeeiUI GUOpili
CtOTGU GptOOT UG GTA'CD ÛnTAlO ClUIAnOC ACXCOUT
bGll OTAIBI RTG niAlABOAOC ACCAXI IIGUtOOT ^Gll
OVUGTHGpUOC GCXtl) UUOG XG KUII GptOTGII GpGTGII"
TAio DnAipajui A^ TG Txou Uovptoui Gq^Gii uiiyAqe
GqiiAV GC2IUI AU Gurnpq a^ tg TGquGTA'cupi eqbeii
n^AqG Cl(i)pH+ Oinenpiou qiiAT au Guieioui ovag
131
LA RECEXSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTYRL\N0S. 143
qC(OT6U AU (iTOVGLIH enTHpq. (})H riGOq 6T^On II6U
iiieiOLii eqiiAv eptoov numii nTequijyi iieutoov ovo?
nxeqtrpo novricveoc (|)ai ne ct)H gtg Cin"JcV ûnTAio-
TeTeiiccoovii \o xe ûnape nictuorBeii uoe Acriie
ni\p(ou AAAA e^ya)^ — (fol. 278 recto) — ni\pcuu «jATorq
niiAT iiiBeii qptoK2 ncA nictooTBeii c|)Ai 2coq ne
Oct)pHf QriAipcoiii. Ai^Aii?aj\ ^jApoq nTeqiiAV epoi
0T02 nTeq^roiiKiii 1)611 T6qc|)Tcic Aq^aAiiiiAV epoi
nTeq^T6uepcKAiiAAAiï.6cee beii fenieviiiA eborii
epoi le AAHOtoc oviii^t ne neqetoB aiiok ab fiiA-
TtOOVIl llTAeCOA ^ApO(| OVO? llTACA^:! lieilAq X6
eiiiAOM ûneqcuov. Aq^AiiiiAv enAeo OTe^yTeu iieqAo-
riCUOC ^JOOpTtJp C|6Uri^A HTAIO IIIB6I1 eTOTIIA.XOTOT
eoBHTq AIIOK 2to f iiA-f (OOT iiAq ^A neeoov niiAiiov.
MAI A6 beii iixiiiepecxoTov a iiipLuui ceuiii n^Aii-
CVIIOHKI II6UAC 6BB6 TAI^VnO+IA-
eTACTtoiic A6 noveeoov ac^^co^ riiiiKocuicic iieu
IHZeBCUO 6f)ll(iClOOV AC+ 2ICOTO neAIIKC^eBCOG ACtFI
novnvpA 1)611 iigoxia: Aceiovi ehpm epoc niieccKevoc
nilOVB II6II 2A'r MAI HOU62 flAnATH IIIB6II ACqAI
n-pnvpA aothk; riniutorr nuo^i eepHi ^i nircoov
6pAT(| nniAiKeoc eqo'i ikoit •)aa"(oc — (fol. 278 verso) —
nxe niAiABOAoo (|)icot haiiouia iiibrii (jqepnpocAOKAii
A'e qiiAptol)T riiiMuoK nre (|)'f ziTeii neqHi^yf neonAoïi
(3T6q(>'pHOVT nl)MTq. (;TAC6p ni6200T THpq ecuo^yi
nxn +021 ui A(ii ^A niuAfix'jconi flTe 4)H6eovAB uni mat
epe nipH iiAetoTn Aq^toni fixe oviii^t CiuovnecooT
eqo^ 1)611 niTtoov Qnieeoor eTeuuAT. acuj^ 6boa
n3k6 -fceiui Acfeo eniAnoc beii ovlll^'^ CiueTeBimi
epe iiecepiKoovi iaovo eA'eii iiecovo:xi ecA'to lilioc
A'e MAI J3Apoi nipcDui nre (^f fiTeK^yonr epoK eboTii
ereKpi ^a 2aiiatooti Dnepx^T nxAuov ûnAïuA eixeii
NieHpioii eese xe eTAictopeu (1) zi niutoiT au
(1) Ms. xeTAictopeu.
[4]
144 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
enAi^yAqe •fccDovii an xg aiiia2uj\ eetoii -f-feo (jpoK
ûnepon^K (1) epoi heu TAiiii^yf DAiiArKH to hactc
niujT CinepcriBo-f- Duoi anok |3a ninAAcuA fiTc (!>+.
+0x011 fiTAivovBi (2) O'I'TXH fiTAAencjupoc xexAC riTA-
OT3fAI eiTeil nillAI GTeKUAAiq IJ6UHI AIJAV enATZfiUKO
0T02 MAI NHI. -f-feo 6pOK ^OHT epOK AIIOK 1)A -f^OBI
GTGOpeU KeUI XU AIIOK OTCKeTOC n^k'OBI DnepxAT
fiTAuov beii nAiiii^+ n\iioc|)OG (3).
— (Fol. 279 recto) — haï xg ecxto nutoov riniArioo
Bopiui beij ovt|iA2ou A niAPioc epûKAe neHT n'ipui
n'iHTq eqccjoTeu 6iJiCAa:i eTec3:co Qutoor. eue a povei
PAp ^toni ne AcetoBC CimxApAKTnp fixe iieceo Cine-
cepx'Jtoii 6t:xoa2c nuoc ne:\:6 niAiKeoc xg ovoi iihi
CACA III Ben nf-ctooTii Ail X6 ov ne 'fiiAAiq htaob^t
n+enTOAn RTA^yTeu^onc epoi xg niiAiAKo exBHTc
fJTec^toni njjpeii nionpion nTe ovApiKi ^coni uni
jjATeii <\>f XG Aïon^T epoc heii recAiiArKH. Ai^yAii •
^onc epoi on -fepeo'f nue necxiin 2Apoi ^(uni uni
norin^y-f ntrpon. eiiiAep ov xg n-fccoovn au xg oai
riiiAipn1~ I CBOA oajii ovinx^jf" rAp rinipAcuoc ne
eqeujo'i* ne <J)ai cTAqTAeoi. ovoi uni xg 'fcajovn au
ri(|)n cfiiAAKj. iiAo^c iHC niiiAip(oui nArAOO(; Dnepx'AT
nctoK unnujc rtao-i ^ini l)eii TAueT^euuo ovAe
CinepxA iiA^^AXi pAjyi Duoi nooK eTccoorn ûnAenr
ei)OTii epoK -f'rcoBe ûuok finAO" inc nxc uatov^^oi
j)eij nAiinx'J'h nAiiArKn xg neoK quavatk neTAiep-
?eAnic epoK.
— (Fol. 279 verso) — iiai ac eTAqAOTov Aqovtoii rinipo
iiAc AC|^onc epoq AqxAC caboa AqeojA neoq ejjovii
e-fpi eTCA})ovn AqiiA^OAU Qnipo epajq. j^eii n3:ni-
(1) L'orthographe con^ pour cOBjy se rencontre maintes fois dans ce
récit.
(2) On trouve aussi cet adjectif sous la forme :X0BI, A'COB dans ce même
récit.
(3) xvlfttç.
LbJ
LA RECEXSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTVRIAXOS. 145
opeq^AHA A6 beii niextope kata TeqKA2G a iiinoiiepoc
€T2to()v Kiii eneqzHT aq^etoprep DneqAoncuoc
6|)ovu efceiiii. niarioc Ae iiAq.'iiAHA ne ni>:A:!k:i \e
2coq iiaq^eopTep Ouoq ne euA^tu cvqTtoiiq aqi gboa
Ae qovto"! eeiTG gboa cvqAeuc Acep^yopri epoq
eACBA^ niieG2B(OG CTTOI 2IU)TC Acf 2ltOTC niliebCOC
GTCOTH ACepKOCUICIC flUOC GUA^CO ItHH 2Aili6B nilOTB
nii(;C3:iA lieu iigcœaaava aocgbtujtc jjeii taou
THpc rmiAAAi eopecc3p2AA riniAiKeoc. eTAqiiAV Ae
epoc nAe hiai-ioc Aqep^y4>Mpl neAAq mac Ae TApeAiui
necuii Ohaicxhua haiaboaikoii ApeAOAe-f nuoq ntoc
Apei^iB-f nnecuoT iiAepAi. neoc Ae neAAC iKvq Ae cio-
T61I epOl flTATAUOK AIIOK TAp AIIOK OVCeiUI flevrilllHC
€BOA J3eil flIOAlC KeCApiA HTG -hruvAecTinM 6pe ptoiii
tJiBeii epenievmii eiiAv epoi eeBe TAueTCAie. —
(Fol. 280 recto) — eTAiccuTeu eeBMTK AiueiipiTK au
>yApc)K A IIA2HT piKi DeioK ,"JA HiiAV Ae eKe pii HCTeVI 1 1
riiiAipMl~ eK20A2eA nuoK ,beii iiAiiiix'jf n'jioi rniAipH-f
AKep HAicHov Tupq eK^orii hiiavatk nATceiui. Illl
<|)1- AN A(|OAuie e-fceiui icAeii ^yopri .evBOHOiA fini-
pLoui cl)HovT TAp A{i MAI le iiipioiii Ail nTeq.^yajni
iJIIAVATt| IIApeilOAIIIO IIAq nOVBOHOOC KATApoq
CTAq+ CiMirAiioc niiipu)Ui 0V02 A(|Giiov epoq eAqAoc
Ae A^yAi 0V02 Al Al nT(;TeiiuA2 mo ririiKA2i. niAHoe-
TOAO(; Ato fiiioG Ae nirALioe tovbhovt ovo? "f^yAipi
o'/AB- A iiinATpiApvnG (ri C2IUI iitoov Av^ytom iIkaii-
poiiouoc me 1"U(îT()vp() nre iii(|)hovi. uh eiito\
niiyovep^ci)Hpi Ciiioci ntoo Aq^riceiui nBoq lih
rineqA4>fi ^npi a (|)+ ueiipirq AqovooBeq eBOA j^eii
niGU)UA. ABpAAB riinATpiAp\nG UH rineq(riG?iui
Avuovf epoq Ae ii^(t)np ri(j)+ iakcob Ae ou iieu
ucovGUG un rinovo'iGeiiii- ritoG nooK kuog1~ niiieioui
un nooK GTGOTn eeoTe IIAI THpOV eKOVCO^ eo^iGi
ijiioK eeoTe iiGKio'h.
— (Fol. 280 verso) — mai Ae Tupov gtacaotov eeoi
[01
ORIENT CHRÉTIEN. 10
146 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
noprAiioii CiriiAiABOAoc eccojK ouoq eniecoB ercoq
ACTtOIIO ACALIOIII ClUOq ACCtUBI eJDOVIl e2pAq eccu)K
Ouoq eiJinAeoG ercoq flTe -fnopuiA. haï eoxto ûutooT
ACKiu eniiirproc eT:xop 6?ot6 iiineTpA Acep?HTc
ncoKq nKorxi kot3:i ebpHi en^aiK ûtako uGiieiicA
HAïuH^ npoLini eqberi hitovbo. ne^iAq iiag xe iiAiCA2i:i
MAI 2AlieBOAO«)ll IIG AIIIATAKO flTAKO flTA'l'TXH IIGU
OU) AIIOK ()T2HKI flAltOB ÛIIOIJ 2AI ^iOn UNI GBHA tîllAI
AovBiTov 6TTOI 2i(t)T. nea:AC iiAq ye otor CinA2HT
neOK jjeil C|)ll 6i~KtJU+ nCCnq nTOTK aiiok ivvp -flIA^A-
iiov^K ovoii fiTHi ouAV neAiiuii^ n\pnuA lieu
eAHBU>K II6U eAIIBa)KI IJGU 2AIIIIM^ ROTCIA CeptO^I
ûuoi iiGUAK evcon.
eTAqcojTeu e3iiAi nxc 'j)n gbovab n6:cA(| iiao xb
epo:^ nenT eniAii tap tgviimoia tg neAiiun^u npcoui
eHpOTI ^^ApOl riUHIII Zii)C eVilAO'ICUOV eBOAeiTOT
eeuci ne Ohaiuujit fitaiiav ao oroii pcuui uo^^ji —
(Fol. 281 recto) — epou .••jaii niioii uiincuc ncei nce^ce-
uTeii nipi HAietoB (;Tetot>v nT(; ovni^yf" n^'^jini ^loni
ÛUOII* MAI fJTAqXOTOV Aqi GBOA JJGII HipO AqCOUC
euAicA lieu (J)Ai.
(!>+ Ae niuAiptoui rine(|ovco;M eope iiijjici flTe (Jm
eeoTAB TAKo nT(](|2ei gboa j)eii hitovbo a(|ua2 HecjenT
GBOA beri TGqeO'h- A(|(|)AJ)Tq j)GII 'hoVIlOV ÛHtiUOO GBOA
ricl)^ 2i:XGII -flIGipA AqpiUI GIIA^U) Or02 UGHGHCA
OpeqKHH GqTCOB? Oil^-t AqTtOH(| AqO-l IIAC| n2AIIAGB,^y
AqOOVtOTOT g'jOVII AqTAAtOOV Gpo(| Aq(niov GH^ytoi
GAGH 'f'HGTpA AqtFI IIAq noV\ptOli A<|(FCpCOOV ,"JATG
OVIII^-f n\pCOU JMCOIH. Aqoei GpATq bGII OIIH-h
ûnixpaiu beii H:5:HjepG()ptoK2 gua^io J)gii iicq-
(FAAAV^: iiGu neqca)UA rupq etocAG HApA KeKOT:xi
flTG HiAptou ^Gpcrc epo(| flTGquov- Aqi (jboa j^gh
HIXpCOU lie A IIG()(rAAAV3: TAKO HG 2ITGH HAÏRAI flIIIX-
p(OU GOUOe. |3GII H:XHIOpGqi GBOA j)GII HLVptOU AtjCATq
GBOA — (Fol. 281 verso) — 2i:sgii uKAei aïica^li iiGUAq Ouiii
m
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTYRIANOS. 147
ûLioti 6C|:\:«) Quoc xe ov neTcvq^ujni Ciuok -f iiov to
LIApTVpi 2ApA AKCriCBCO 2ITeil niXptOU un A(|'fACO
epoK 20ACOO AK6UI +IIOV Ae iiH eeuAXcoK 6BOA nf-6-
niovLirA e'retoov ^AvpoKeov beii ni\p(ou nATtreiio.
iG3:t3 ûneK^qAi 'ja (Jjai ntoc o-i"oii ^3:ou qiiok nreKtiAi
,bA nixptou iTre IreeiiiiA ic en mie PAp to miccoiia
CriCB(0 IIAK -flIOV fiBOA 2IT6II TAnVAH (1) Qni\pa)U
GKiiAep ov XG AKiyAii:s:tOK BBOA n+eniovuiA nceeiTK
enivptoLi flATO-eiiio epe iiim iiai iiak flTeqfniK en^toi
n^HXq. TAKieiLII Ail 6TOI IleTIOC IIHI GnillOBI AAAA
niAiABOAoc ne eTA(|ep (|)ai uni eqoTUJ^ eKcoAii nriA-
A20 eeue? nAPABoii (2) ère hatotbo ne nreqcoB'f"
iiMi novKOAACio ^MA (311(3^- ovoi iiiii icxeii ûni^qAi (3)
•)A nAixpton (|)Ai C3pe ovovtoini njjiiTq ovoe ^Aqto^eu
2iTeii ovKovAi niict>ov mvpioii Ae nooq n re 'freeiiiiA
iiAqoi n\AKi Tiip(| iiiutoov eTJîeii T(J)e iieu un
eT2i>:eii iiKAei e(3iiA^J:xeii.\oii au eo^juov ct^Ai erce-
BTtoT e(|6pKOAAï.iii Rptoui iiiBeii — (Fol. 282 recto) —
npecjepnoBi- j)eii nAMnope3:e iiai Ae agi eBOA nxe
•foeiLii ACiiAV epo() Acepeot (3UA^^jco A(î,'yconi •)eii
oTiii>y"h neuKA2 n2nT.
j)eii nAniop(3 niArioe rrroii fnioq fiovKOVAi
AqTtoiiq en^ytoi ri<|)iiA2CoiiB ne^^Aq ^iiatakok fiKAKtoc
to nictouA neBiiiii eeore nreKTAKo riTA'l'v\ii cep-
iioqpi nui nxeKpttJKe eeore nTA^ye uni eiiTAKO-
AqqoAtj on enivptou enioe. +G2ini Ae etoG iiAG^eo
ept)t| ne etîpeqi gboa jieii ni\ptou t)vo2 meq^Ten-
uoT AGTtt)iiG AGAnt)ni rniot| Geiit| eBOA J3eii nijcptou
eAqptoK2 euA^yto iiApA ni^opii néon- AtjqAi nneqBAA
en^toi 2A ntre ef|oii+ eBOA 2i:xeii niKAei ovoe ne^Aq
xe nAtrc inc n\o \io uni eBOA ninnevi excrAbeu 6ta
(1) imù-f].
(2) Ms. IIAIIArABOII-
(3) Ms. nix'jqAi.
[8]
148 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
■rii:xA3:i eiTor ebpHi encvenr. kccoovij to hactc :^'6
GTcVif^ LinACtouA enAix'ptou X6 2IIIA nTAjyTeuep^euuo
epoK nuoii 2AI r\p npu)iii iia^uai QneKueo xe qxoT'
BHOVT 6IIOBI AU GBHA GIJH GTAKi" XOU IICOOT GBOA'
2ITOTK c|)toK ne nitooT ^a eue?.
MAI A6 6qa:a) Gutoov iiAq^3Leu3:ou au ne eoei
epAT(| — (Fol. 282 verso) — -fceiui ag zujc iiac26uci
ehpui l^ATOTq ecpiui ecto^y gboa ec2i:a) ûuoc xg otoi
uni AUOK j)A -fpeqepuoBi xe gta uai Tupov ^ojui
LIUOK 60BUT Al U AGpAUOAG riC06 Q(J)+ nAXynpU+ GBBG
\iH GTAIAIOV UAK TUpOV tOOV UIATK flOOK tO (J)U GTA"
qGpiJApTTpoc Ciuou Aicoruoc 2ia:toq lo c))U GTAq^p-
BAGAUinU DUOq flUiU rUJOCj nuoil AIKAGTUpiOII CUp
GBOA.
AC^euAC heu -fovuov AOBA^yc nuieBtoc gttoi îiujtg
lieu ui'l'GAiou ueu uiaggu nuo"i*B gttoi giiggctaaavx
II6U IIGCAI3: IIGU IIKOIII nilUI GTTOI GUGCUOVT ACGIIOV
3:6 GIIATIUTOV Gni\p«)U. UIIIAKApiOG AG A(|epKlOAIII (1)
nilOC :\G 0(t)lOp CO TAÎ^Gpi AAAA (riTOV nTGTHITOV
nillOp(|)AIIOC IIGU llieUKI j)A IKHO^h nTG'l*V\ll. IIAGpilll
U6 GGC(OAU nCA niqU)l DTG TGCA(|)G GCCl1~ ClUOq
GnixptoiJ. niArioG ag uAq+iioii'f iiag ug gciamju ûiioo
XG CinepGpnKA2 neuT u) lAiyGpi ninvproc utg :hiiG-
TAiioiA 2ceu3:ou 0V02 qcroci GUA^yoj. — (Fol. 283 recto) —
ApiUGTAIlOill TA^Gpi OVIIAUT npGqjyGlieUT UG UO'O.
2HUUG ApGIlAV hfiH UGBAA GUTAKO nUAGCOIIA j)GII
nptOK? GUIXptOU neO etOI "fAGO GTG'I"i'\U iigii ugccoua
ICAGII (JjOOV GBOA U)^JGU LlUVpCOU n+eilAOllU (2) DTG
niAlABOAOC GBOA JDGIJ UG2UT |)GII nA'IUOpG\lO ri())IIGVI
ouixptoii nATcreiio Gq^oii n,biii~. Api (^uevi hgoi'-
CAIIIJA GTACCrpO GlllUApAIIOUOC A i[)f +(UOV IIAG-
UIAriOG UAVAOG UIAIIOGTOAOC q+CBtO UpCOIII IIIBGIi
eqxto Ouoc xg ucuov Ontopq ug un gtgovoiitov
(1) Zw)>Û£tV.
(2) f.Sovi^.
L9]
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTYRL\N0S. 149
ceiLii nuAv iiApovfipri(|)pn+ niiH ère ouoii rjTcoov
,"jAt|3:oo OH 3:e +no|)iiiA rineiiepovA:e necpAii J36ii
eHiioT. ûuoii ïM TAiiiovT DneuBo ricj>+ rK|)pn+
rmiTOVBO. 6TA KOAIIIIIHC +CUUC Cl lieiICtUTH p . 6066
n6qT()VBO A(|6LlflX'JA l'Ap eop6qiiAV entoQV iTfopiAC-
nievArreAicTiic \e iiuaiiiiik^ AqQn^A npoGB6q e^eii
OU6CT6lieHT rK))+ fiOB6 n6qTOVBO. Ap6^AUCCOT6l I flCU)!
(i) TA"J6pi nreApe? 6iiaga3^'i tgjjaih ma — Fol. 283 verso)
— ^cjurii 116 660VAB nT6(ri TAio IIA2P6II (l)^- iieu iiiptniii
AIIOK l'Ap 'fllA\AT()'l" (;B().\ AU 6ITt(JB2 60p6 HOVA'AI
^coni me'hTXH reiiAV enifiKAe 6TAieiic| 6J)pm 6^toi
60611+ 1)611 M>;m r(3,"JtUlll noprAIIOII nillAlABOAOC-
Airioii a) TAiyepi iiApciii^'jeii euor nroTq Dn\c Xi'.
A()"IOVA()ll CiriB 6B()AeA lll.\()p-\6 6T2100V nT6 .\A3;i-
■fceiiii A6 j)(ïii ii.\iiiop6(:(xoi"6ii (îMAi fiTorq rmiArio(i
UApTVpiAIIOC A(;<|)AJ)T6 j)A M6() OAAAVA' ecpiUI 6C,\«)
nilOC 3:6 -h+eo 6pOK flAO'C flKDT \«) Il 111 6 BOA AIIOK
JJA +p6q6pilOBI 6T(rA})6ll TUJB2 CinCFC 62pill 63:COI
60p6t|X«> •"" t3BOA nilAIIOBI 6TO^. AIIOK A6 IGA'6II
-flIOV -flIATAGOOl 6I1AIII Ail XH OVA6 (illAV 6IIACIIIIOV
OTA6 IIAO'iM'r6llll6 OVA6 flIlAOVaiU j)6ll lll\<|)0 nT6
HAAIIOUIA ^iA ri62{)()'/ rillAllOV 60B6 IlIflKAe 6IAK((AI
jïAptOOV 6eBHT.
niAriOO A6 AC|CUOV 6p06 6(|,\tO ril.lOO A6 6p6 I KFO
"fxoii 116 2IIIA nT6ipi rin(;qovco,"j. nooc Ae neAAC iia(|
Xe IIAKOT 6eOVAB (ÎKOVCOyj nTA^6lll 60(0II 2IIIA
riTAOVXAI 16 IIILI 6TIIA(ri IKOIT IIMI 6J)OTII 6nitOI|l3
n6ii62 - — (Fol. 281 recto) — 6niAn 6taii 6ni^jcoi 103:611
TAU6TKov:vi j^eii ovBioc 6q<rA|36ii OnoiiHpoii. nooq
A6 nexAq ijac .\(î iiA:^y6 ne 6iahu ^iiii ncA -fnApoeuoc
600VAB iiAAATiA OH eTAC^yconi nov6pc|)6i ÛnCFC eOB6
II6GTOVBO TAUOC eil6BIOC THpq OVA2+ flCCOC T6pA-
OTXAI- AIIOK A6 2tO nTA6p2HBI 6pOI eOB6 IIIU6VI
6T2100V 6TAqi*JUJni 1)611 HA2HT KAH 16X6 HACtOHA.
[10]
150 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
OTAB 2iT6»i T3kOU Cinjcc AWA, nazHT AqcrajJDeii eiTeii
niueri e'retooT. ir^emuor fiTOTq On^c xe aqTorxoi
eBo\ J36II TeniBOAH (1) nniXAXi-
GTACCtoTeu iJAi AcoTco^T iiAq 212^611 riiKA2i ecfeo
epoq eopeqcn iicdit iiao 6niuu)iT exeiiA eiAnu.
AqTtoiiq 62PHI eq^ori J36ij oviii^"h nbirîi "gu oTûKAe
fiîHT eiTeii iiiRAurH riTe iieqctouA Aqi gboa iieuAC
AqcnutoiT ijAa^tiJC eniuuirr eTenA giahu- Aqi" nzAii-
KOV3:i ûBOiii iiAC XG ûuoij «JiK ^yoH NAq nexAq iiac
xn uA^e lie beii oreipHiiH. neoc Ae Acpiui neoro
Aqcuor epoc fixe niArioc Aq6pcc|)pAriï;iii Ouoc ac+
CinecoToi eniutoiT nuo^i nooq Ae eojq (J)ptoui LK^yf
AqKOTq ejjoTii — (Fol. 284 verso) — ereqpi AqeiTq e^feii
ne(|20 Aqovoj^T û<\)i- eqjyeneuoT flTOTq-
-fceiui Ae 2toc eTi ecuox'ii ?i niucoiT ûneciyxeu^'ou
n:i:ajK eBOA ûniAiACAHUA (2) nxe niumiT nuo^i
noreeoov nonuT ex a povei ^u«)ni Actri iiac niii^AHA
riTe <|)H eoovAB ac+îo n<\)i' AceiiKOT beii niDA
eTAC(|)02 epoq. eneqpAci" A6 ou iiAcuoi^Ji o'i'oe ecTtoB?
uricrc eopeqcriutoiT iiac jîeii niiuoiT eTcoTTtoii ovoz
CTACep A ÛUIAIOI ClUO^yi ACC|)02 CBHSAeeU LIC|)IIAV
npOT2l OTO? eBOA nUAV AC^eilAC eniUOIIACTHpiOll
nT6 "fAriA HAAATIA 0V02 GTACIIAV CpOC AC^OH epO(i
beii oviii^-f npA^i Ac^iiii nroTC nxe -fnApoeiioc
eeoTAB xn TApei ghaiua eoBe ov m TAca)iii le Ape-
^iiii ncA iiiLi nooc Ae iiexAc iiac xg eiiyi[iii] ncto-h
eieBi RTC niiii.'y'f ciuAneciDOT nTAthum -f+eo epo
eiiiA flTeo'i ucoiT iJHi 6cl)H eTcovTtoii 0V02 exepiioqpi
nTA'l'vxH. i-nApoeiJoc Ae haaatia cTACCtuTeu eiiAi
flTOTc Acep^y<|)Hpi eepm ea:eii Teccoc))iA iieu tgca-
noAoriA eeiiAiiec nxe TecueTAiiiA (3) — (Fol. 285 recto)
fl) èTitêou>,yi.
{2) ôiaffxrijxa.
(3j (lETavoia.
[111
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTYRLVNOS. 151
— ()V02 AOTAiioc enecBioc Tnp(| lieu iiipn'f HTAq-
^ytom CiLioc +uAKApiA Ae eTAcctoTeu en ai ac+coov
a<\)f lieu <\)n eoovAB aiia uAprvpi ac2QII26ii exoTc
eepecepiKOiiiy niiicviiHeiA eTetuov gtaci en^utoi
nl3HTov 0V02 IIAC+ fiuoc e?Aiiiii>y'f njiici fixe
iiiAGKHCiG eccroAK fi^ovo- GTAcepn poKoiiTi II beii
iiiApeTH THpoT eoTtoB2 ri<\)i' Onieeoov iieii nierstope
Xfi 2IIIA nT6{|(ru)pn ncoov gboa flTecueTAiioiA xg au
At^'f (riTo fiTOTo chi" Ae niATABoc ovoe nipeq>yeii2HT
(|)H GTtri noueTAiiiA niiipe(|epiioBi iiTOTt| AqepnAH-
po(|)opiii Liuoe Aqope 2aiiuh^ fiTAAtro ^ytoni gboa
2IT()TG.
AG^coni Ae noveeoov a oveeiui 6Giya>m niieGBAA i
^A -fuAKApiA riAAATIA eGHpGG^AHA eepHI ea:tOG. -fuA-
KApiA Ae flIlApoeilOG AGOTCtJ^ e pAOK I U Aï.l II Cini2U)B
XG AU A (|)f- (ri fiTecueTAiioiA riTOTG nexAc iiag xg
uA^e lie ApiG<|)pAri(fjii (1) niieiiBAA fiTAiGïiui eT^'Jtoiii.
neoG Ae riiieGATGtoTeii ugkjg aaaa AG2a)A jjeii
'foTIlOV AC^MAUA eepUI G.XtOG OU AGepGchpAIMï.l II ClUOG
— (Fol. 285 verso) — j)eii (|)iiiiiiii niiiGTAvpoG eeovAB.
))6ii fovilov GTA iieexi^: TAee iigubaa n+eeiui agiiav
riBOA 'Xiii ii3:iuepe tai Keovi iiav eniTAAcro exAq-
^toui CiuoG n\toAeu ago2i })AT()Tor j)eii iiiuoijag-
THpiou ^A iiiezoov fiTe ueGuov.
fceiUI Ae eTAGTAGOOG (2) 2A UtFG eiTGII f U6TAIIOIA
AGCoiib ûiB npouni l)eii iiiiioiiACTupioii j)eii ni\po-
iioc Tupq GTAGAiq ecepueTAUoiii CineGGe upu ovAe
nneGoveu aaoai ovag eAi neucopA (3) eoAcoG otA6
CinecoTtou noviiee ovAe rinecetozG Quoq enecGcuuA
TeGTpoc|)H Ae ovujiK ne iieu ov2uot. oai Te +3:111^011)3
nTe f UAKApiA neeiui exenuAv ovo2 iiai ne iieGAr(oii
(1) Ms. Apict)pAriirjii-
(2) Ms. oTAceAceoc.
(3) ônwsa.
-[12J
152 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
j)(3ii n(vc- Ao:\:(iK necApouoc gboa nKAAtoc AcriToii
Ciuoc tVcecjUA epATq nncro ovo? cvq^yonc epog eJDovn
eiieqLiA neuToii nenuipAiiioii (1) j^eii oveipniiii n-re
CJï'f ALIMII.
nAAiii OH iiApeiiKOTTeii nepm exeu cjjbioo finicvrioc
AHiV LIApTVpicVIIOC. OVAHArKH OH HB GOpeHTAI I tOT(3H
euequeTXUjpi gtaciaitot 6T2hov novoH hibgh t30HA-
CCOT6U epCOOT- (2) HGHfjHCA ï. A6 llABOT A(|riTOH fl
(Fol. 286 recto) — liocj (3) novKov^:i kboa |)gh hi^kohi
eTX'H eixtoq fiTe HinAHrn 6t1)6h ntjqctouA. Aqepeinc
e:xoc AoinoH nj)pHi ri|)HTq xg aahococ ai^tohtcoht
riTAepAHAVtOpiH HIH GBOA \)tHI TAipi rnA,"J(3 HHI
HKeucoiT rHKAKovproc iiAHH e?pHi 63:toi nKenipAoïioc
BtjeCOOV eeOT6 (J)AI. AI6UI yV. AIHAep OV f^HATCOIIT
riTA2cc)A eovuA n^Aqe eiAen (|)iou rnuA e-re rnion eAi
npcoui nJ3Hr(| niAtop(| hhi niiA'i". (3TA(|A'fi haï ag
AqTCOHq AqxtoB? nneuoo i~H\)f ecjAio ûuoc CinAipH-f
Ae HAtrC HIC H\C CtOTf3U (3pOI AHOK j)A H ITA ACsTUOpOO
^M(Oni HHI HAHHB ÛBOHOOC l^Gll HAI HHi(3H (3l~HA2COA
C3poq rHI(3p(3pn(OB,"J nTA'|-V\'H fleBIHH AAAA TAApOl
1)611 T(3KAI"AIIH (|)aJK HG IHCOOV H6II niT.AIO ll(;ll
HeKia)T nArAOoc neu hihda eeovAB ^Aenee amhh.
HAI A{3 eTAqAOTOT AqepC(hpAriï.ill rillO(| A(|l fiBOA
}^e\l ipi A(j1~ iineqovoi (3A6h c|)Ioii hiaiaboaoh Ae
Aqto^y 6BOA CA(|)A20V ric|)HeBOVAB eqA'oj rii.inc ah
ApiOVtO HIH tO IIApTVpi KIIA^c|)COT GBOA j^eil HAAIA
(3K?ilA eO(t)ll -flIOV UATAIIOI n(|)pH+ OTAUTOAI lie3IIAK
GBOA jjeil TGKpi -flIAO-OAi IIGUAK CBOA j)eil (Fol. 286
verso) — niiiA eTeKiiA2toA epoq oii. niArioc Ae neAAq
HACj A6 ea>U (4) np(OK (O niTAAf3ll(OpOC nOBIHII (|)H
(1) £7toupatvtov.
(2) Ms. epoq.
3) Ms. euoq.
H) Ms. OCOH-
[13]
LA RECKXSION COPTE DE LA VIE D'ABBA MARTYRL\N0S. 153
(ÎTOVCtOlil nU()(| flAK IIHHOOVAB TlipOV OVOI IIAK ^■ ;;
AKepyjeuuo eiiiuAn^toiii nxe iiiov(uiiii- akum htotix
CineKiii^f- n^on.voii eT6KepoApiii (1) Quoq aitmi(|
OriACCOTHp IHC AKOVtOpil >yApOI nOVCeiLII j)«ll OVCLIOT
nnopiiii tiKOVio^y eco.\i Ciiiatovbo otot CineK^OAq
AIOAC flTOTK AIAIC IIOV^6.\f:T eCTOVBHOTT CinXtî
HAOVpO. MAI A(î 6TA(|:!^()TOV HXG niAlKeOC ClRIAlA-
BOAOC AC|epAOOVCOII2 H BOA eApO(|.
niATIOC AT: AIIA UApTVpiAllOO IIA<|UO^I HG 6(|fip-
•hAAiii HqAto riLioc A(; iiAp(-(pn)ii(| nxo c|)'h IIApOV.\(Op
GBOA n3:c; iifi()^:AAi riipo'." iiApovcjîtoT oboa J)a reii
Lin6t|2C) nxti ovoii HIBOU eeuoch CineqpAii gbovab.
ovo? iiA(|ii()."ji ne x'JATCjqi e3:eii <|)ioii. a(|:\:iiii noviiAV-
KAiqjoc Aq+ fineqovoi t-poci ii(:.\a(| iiacj ,\(; Teipiiiiii
IIAK riACOII G»IIAII(3<| A(|epO'/U) H Xll H I IIA'i"K AH poO
6qxu3 nuoc :<k:e Teipiiiiii iiak (0(|)p(oiii n^'f inîxe
IIIAPIOG IIAq Xti t+eO npOK (O IIACOII (:()IIAIieq eepGKTA
— (Fol. 287 recto) — iioi t;(|)ii o+ma^mcjHk (;po(| j^eii oviia-
•rpeqaio'i" neirr Apiio'.* kcmoo'.miov e<|)iiA nt)VKovai:i nim-
coc j:>eii <|>i()ii niioii ptoiii njjirrc eiiiA riTA^toA «poc
flTA^aJin nbUTO- ACIC-pO'/tO n.\(; IIIIIAVKAiq>00 riG.\A<|
iiA(| xe eoBG ov n?tt)B iiakoi' ^;K<)^•(o^'l ecu)p(;ii ûiie-
KH)llj) GBOA j)6ll IIIKOOIIUC LIN CirKÎKAeil iiAn^ytoiii
j)6ll 'hoiKt)VUfillll TlipC ^yATeKetOA 6BOA flOOK (jïOll
c|)iou). Atjepovco riA'e riiAfioc a'g ûlioii nAcoii CiiiAipHi"
AM ne AAAA eiovto^y (Jtopq eBOAeA niKociioc xe eiuA
OTAcp eBOA?A iiipcoovyj flTe riAiBioc necJ)AHOT. nexe
miiAVKAiipoc iiA(| An ICA6 <|>^M ne (t>n eTOKovA^cj le
"fctjuoviiov novneTpA ecoi n?o+ euAjMcu J)6ii c|)iou
(|)H eeiiA^ytorii liiiiua ereiiuAv (|iianav eptoui ah
^A eiJ62. nillAKApiOC A6 RGAAq IIAtj Xfi ApA (2) (|)AI
ne e'^ovto^y nAooii eeiiAiiec| "h'feo epoK eiiiA fiTe-
KOAT en^yAqe eTeiiiiA'i' A'e nAiiiAiiA'i' eue? f\z\i
(1) Oappsïv.
[2) à'pa.
[14]
154 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
nptoui enTHpq UcVaicta iiAireiioc a:e cztui. nexe
IKIKWKAHpOC IIAq AKIJA3:6U CjOIK neUJII J36II niUA
eTeuuAT nT6KOTtou ■ — (Fol. 287 verso) — nea:e
marioc iiAq ye nooK hagoii eetiAqi (|)ptoov^ flTA-
KOV:SI n\piA 6eB6 cj)^- AIIOK 2tO -flIATCJUBe e?pHi
eAtoK nTeKOT2i:Ai oto2 -tiuvepetoii nxix ijak eieeuci
2IX6H -fneTpA. AMIOTI IIHI IleAlIKOV^SI nBHT -flIAepetJUIl
nreKioAi rinAetoB nxiy nT6KTHiq gboa nTeKiiii uni
flTAKOT^;! nTpO(j)ll 0V02 flTeKCFI n?AIIAAKOII flTeK-
UA20V Outoov IIHI 0V02 fiTeKipi LiniiiAi iieiiMi uni-
K6K()V3:i ntoiK iieîij iiiutoov kata ovArAnn nre ^f
AiiA-j-oci C3ni2U)B Ail AK^^Aiiqi nApcoov>y c|)ai iiA^toni
iiAK noTiii^yf n?HOT. mai Ati GTAqcoeuoT n3:e niiiAV-
KAiipoc Aqnui XG oTATioc iiG AqceuiiHTC iieuAq eipi
netOB IIIB6I1 eTeq:\:oTov iiAq nnAipui- AqrAAO Dni-
AiKeoc lieu TeqKOTXi n\piA ^a njyAv n fe' rabot.
Aq(3p2coT ii6UA(| epci OTGHOV 6iiAiioq iii(|i nccoov
eiTeii <|)OTaj^j ri(|)i- iieu TGqBoneiA avc|)02 e+nexpA
6TniiiiAv x'jA <|)iiAv npovei. nillAKApiOC Ae ABBA UAp-
TVpiAIJOC GTAqilAV (UIIUA .\R qep^AV ^1) IIA(| AqpAjyi
euA^yio heii T6q*hTXH Aqcuov ec|)i- ovoe Aq'ftoov UAq
0T02 A(|^G IIAq zi — Fol. 288 recto) — xeii -fneTpA eq,"ioii
beii oTiii^-f npA,"ji ri(|)piii- novAi 6A(|^iui noviiAA-
AATIOII novpo eqil[A^U)]l1i nj)IITC| OVOe Aq'l'AAIII
IcinAiJpH-f eqxco Ouoc ya j)6ii ov^ov^y-r aixo[V^t
gboa] |3at2H Oncro Aq-feoi^q epoi Aq]cajTei.i epoi
AqTA20 [nilA(rAAAV>:] epATOT 2ixeii ovnHT[pA o'i-oz
AqcoT]T6ii iiATATCi 0V02 ueiieiioA epeq[ep'l'A]Aiii
nexAq riniiiAv[KAHpoc] UA^e iiak 1)6ii or2ip[HNH
^ytuni] ncFc iieuAK 'f'f2o[epoK Cin]epnAU)B^ eeBe c|) —
nexe nipuiui iiAq xe epoK hactc flitoT nAUii
e^ycon \ovto^ 2aiikov^:i n^e a' noT-
KOTXi fJCKe nexpA eese ni katccoii
(I) Ms. qepi^A.
[15]
LA RECENSIOX COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTVRL\N0S. 155
iiciu (i)f (|>pu)i nooq Ae Orieciova) iic\q
eeeuci 2i:xeii 20ov iieu nieA:a)[pe
u6Ki6iic<v n>:toK Ae n K n [eijxeii fncTpcV epe
qi rin(H|pu)oviy e ueu utoov n r
npou[ni ii(-iiBiicA iiAi Ae ou fine njce
riiAiABOAOc A poq AqToviioc o — (Fol. 288
verso) — e^feii (|)i()u Aqiieeci iiixoa Avcrici euA^uj
(etocAe flTeKXo •. epiuuA ei ca n^coi riTeq)...
Aqcojy eBOA epotj iTab riiAi[ABOAo]c eqAito fiiioe riiiAi
vpi AKi ej)pni eiiAA:i:ï bbk jjoii iiietoiui
ilTe niAPioo Ae iie:xA(| iiAq cm ec|)AHov
CjUniTA[AenU)po]c lieK(|)AIITACIA II IIA^epriAAB-
Till (1) n AAAA |)6li (|>pAII ÛllACrC IIA+,"Jini
NAK A(|T(()iiq A(|(|)top>y eBOA encA n+A-
iiato[ah Atjepj'IwAAiM (3(j:?^«) n[uoG iiooK ne] iiAiiori"
eToi niiMB [enAUA2i D(|)io]u iikiu nre iieq[A'OA
^AKeplovp. 'feui IIa[o"c] OH nilOK j)eil ?COB
KOVtO^ IIApe(|^(o[ni (;]TA(j,\OIO'i" A(|26ll
ovT neirr j)eii e riiie(|iy(|Ai epoc| ii..--
oc AAAA A(|TOV ÛllipACIIOC Cepill OC
eqecuov iiApA m — Aq+eoiiq eov.. . oov epe
2Aiipu)iii po(| lieu eAiieioui — (Fol. ^289 recto) ^ —
0V02 Aq:^'joopTe|> riniA:oi '^iTeii ovcApAOUov eoiiA^JT
0V02 Aqo'topeu ncto(| j)eii c|)iou jyATe(jj)(oiiT ejiovii
efucTpA ^ATeii ovKovAi ueiieiiGcoc AqKto^y nnixoi
0V02 AqCOUC etOCAe flTe IIU CTTAAHOVT (;pO(| Tnpov
uov >yATeii OVC2IUI novcoT.
GAI A6 AC^Aeu3:ou iiAUAei rioTct)oxi n^ye acaahi
epoc iKvpe iiietoiui eeiiA^y-r ci'f nctoc ne >yATec-
ixjuiiT e-fuGTpA (ac3:ov^t acuav eniAr[ioc].) acauoiii
novtoiii nj)HTc Acto^y bboa ecA'co Ciuoc xg nAtrc
nitoT ApiBouoiii epoi. erAqcojTeu epoc ecto^ cboa
Aq^^ov^yr ejjpui eA:toc CTAquAV epoc Aq^yoopTep
(1) fiXâuTElV.
[ICI
156 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
euA>y(o ne^^Aq nbpiii nhurq xe naiKeetoB ^xai (t)Ani-
x>\y\ ne n+cajovii an :v6 ne'fiiAAiq CinAiKecon <|)ïi
e-fepeo-f- liAXOJtl At|TAeOI. OTOI IIHI AIIOK J3A rilGBIHII
XG TAlAIIArKH OAI 20p^ GîpHI e^COJI 620Te "t^OpH OH
IHïll 6T6UUAV ACheil HITtOOT ^eil HiX I HOpeC-MlICI
rniAuevi AI2ITC eiiOA 2Apoi oto2 Aieeiioi aiiok j)eii
TApi 0V02 AiiiAep ov noAi riHAicon AIIIAOVtOpnC
Reu)ii nuoii pi OVA6 BiiB — (Fol. 289 verso) — ova6
uAnovoe OVA6 ovcKeni eopi^toni njinTc oviii^i~
n>yiiii uni im ai^aii\ac 1)at()t nTecp nTecjiiAv epoc:
113:6 nii.iAiiiov+ eTfipAiAKoinn epoi (1) Ai>yAii\At; ve
on nTfîCiiov bon ineioini non inntoov nre (|)ioii
ovm^'^j'h n\piiiA (2) uni iiti 3^e Cini^enenT hApoo. riAnii
Aitiin yu ov iKj-hnAAKi 'f-iiA^Mtoni j)6ii iinuoov aiiok
flTAxto iiAo n-hiKîTpA nTAini iiiii O(t)nov nnAVAT l)tJII
c|)ioii. iTA A(|C|Ai nneqBAA en^coi eT(h6 a(|tiob2 niiAi-
piif tujAco Qnoc At3 HAtrc inc ii\'c TA2f;.\ni(; nnep\AT
nocoK riiiAiKecon o-i-o? hnepovGi caboa rinoi aaaa
nAjvoii nTA'l-v\ii rinepTAKO(î.
IIAI Ae eTA(|AOTOV A(|J (-IK-CIIT (iBOA 2iA:eii +neTpA
A(|Anoni nTO(;AIA flKOVAI nixOVAI A(|(ill(; (-BOA jjeii
ninujov nie; (hioii. ita j)(3ii nA'niop6(|eiic eii^toi
iiACC3p(|)opni 11(3 n^All^Bto(: nMtîpnn-ion (3) opo ovc|)ac-
KiA (4) moB nnovB toi eiairc ovoe nncctoc ouA^to
\)fin 110020 (;iiAq^+iiiAT(| niioo au no nxe niAPioc
0V02 OTAonron nnoo novKovAi nexe niArioo iiao —
(FoJ. 290 recto) — xg noo to PA^yopi eonoi no DnAniA
nnepop2t)'f ovoii toiK nnAïuA non iitoov o(|epAiA-
K(oinn opoii HAO ovpconi nro (|)f^ ovtoii no j)on ov^i
0V02 ocp no J30II ovyyi Ciinpn+ oiiAiipi nnoo. ovoii
K6ABOT B ClBOA ^ATOqi Jllll GnAniA HXB (|)n OTOp-
fl) Ms. Opoil.
(2) X9W^-
(4) çàaxia.
[17]
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTVIUANOS. 157
AIAKUJIJIII GpOl qilHOV lilll H T flCOIl n + pOIIMI (|(ri
Gna^iiJi ovoe qnii uni nTAxpiA rupc 2iTeii TecjArAnH
<;l30vii 6cJ)'f-. e^yton ovii Aq^Aiii i»JApo nTe(|,vMiiii gobht
TALIOq fillll GTAI^^OTOV 116 0V02 IIA+20 Hpoq qUACVIT-h
OBOA l3(;IJ IIAIIKOIT fl^tipiUOC AIIOK AG -flIAIIII IJHI
riffiLlOV CGBH'f.
6TACctoT6u Ae 6riAicA3i:i AcepfiKAe neiiT niiA,"j(()
nooci AB A{|i~ii()ii-h MAC xii rinepr;priKA? neiiT a)
TA^yCJpi IIAIIGC uni RTAUOV jjeil (|)IOU e2()T6 nTATAKO
rinAJ)if:i Tnp(| fîTAi'iyoïiq loxeii taubtrovai ,'yA c|)()ov.
nuOII p(OIII IIA,")2(-ll(il IKJIK; Ail (O TA^Opi nT6qil026U
nT()T(| rilllllOlllipOC KAII A<|^'^IAIIIIOe(;ll l)Oli T(K|CApS
(|liAII()e(3ll AU Ail ')(ill IKHjlieVI. trpo UNO ()V02 TAr^pO
neiiT AIIOK i-Ap -hiiATtoB? — (Fol. 290 verso) — oiiAfro me
ri\(: nT(:(|p«)ic npo ni>oA 2a ^yeopTep iiiBeii ovoe
flTGqf-Aoïi un onpfiqAi j)A iii.\a(| iieii niKAVotoii.
?Hiiii(: h: iicbaa (UiiiAV Afi riiitni ^Ai nnii\Ai jyon uni
(ÎBIIA CIIAICOIK (;l\ll JXJII IIAI^'IO^HO'/ ()'i"a)ll IH; RBOA
nJîHTOV heu OV^I OVO? cet) IN: ou 1)611 OV^'II OBOA
jjeii niutoov i\)i' iiAcp ii(3(ob."j au.
IIAI A6 (3"IA(|A()TO'r A{|,"JAIIA (:At06 A(|TIUC (ÎTOT(|
riU(r(J OCpilll j)6ll 0'/n,"JA,")l A(|l (;IM;6Ur GBOA 2IA6U
+uorpA nx<: <t)p(oiii ri(|)^ iiiptoiii nrtiAioc (|)Ani2U'r
HTAOp 0\(:A()ll eeOTC; l-nOTpA 6IIA(|VU 2IACOG. +621111
A6 iiA(;ov(:e n(;(()(| 66()iiu (itj+^o epoq cjcaco niioc
ilA(| A"6 AIIOK 6T6 fUI^A ri(|)llO'/ tO UAKOT AAIT AIIOK
nT6K6A 6(|)IOU eillA flTGKOVA'AI ÛOOK ROOq A6 IIAq^
nctf (1) IIA6 116 A(|(:p6(hpAriïJ" ÛUOO fl P UGOU 6(JACO
ÛUOC A6 UICtOllip UAI'AOOC 6(j6TAApO 1)611 T6(JArAnil-
AqctoAK nueqAix eu^toi 6Tc|)6 ovoe n6AAq a6 uAcrc
iHc nxc (|)u 6TAC)ptojc — (Fol. 291 recto) — 6 non a J3 6ii
eil6AI ÛniKUTOG pit)IG6pOI eCo|36ll TAlAIIArKH nT6(|)IIOT
Oc|)OOV XOViMT ejjpUI 6A6II nA06BI0 AIIOK JJA n6KBa)K
(l) ou;, ilnô^.
LIS!
158 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
OnepjcAT KicojK fiTATAKo jîeii iiAïuor nctopeu. iiAiiec
KIHI RTAUOT 13611 lllUtOOT HTG (|>IOU 620Te flTAepilOBI
DneKDoo KHii npoi eninipACUoc eiAqTAeoi n^yopn
ic (|)Ai 2UJOV iJHi ezoTe cJ)h eTeuuAV. iigkbaa ncrc
ceiJAT eniKiiiAHiioc (1) e1~^on nJDHTq AiepeeAnic epoK
ncrc nneKepioM^ini ovoe n6KOTaj^"j iiaijhb UApeq-
>yconi.
JDGii -foriioT Aqqoxq 6(|)iou gcgouc eiictoq nxfi'hceiui
eccju^ eBOA ecpiui ec:xto Ouoc yG ovoi iihi nAcrc nitoT
AK^ye IIAK AK\AT OVOI IJHI AIIOK jiA 'feBIHII- 1)611 ri^^lll-
BpeqOTGI nOTKOT2CI A HGlUrC IHG HXG (\)<\ IIIUGT-
^GIJ2HT GTO^ (|)ll Gr\Ct) HGCUq AH nilH (îTCpeGAIlIC
GpO(| AqopG TGAc|)lll()G (2) B qAI riUOt| ATCniG 2AI
rinGT2tOOT ^yATOVGATq GIl'ytXJI 6n6T^OV(t)OV. niUA-
KApiOG AG AriA II ApTVpi Al l()(; j)GII nXiliepGqi (ÎM^ytOi —
(Fol. 291 verso) — gfigtx'^jovcoov ovoe gta iiGqeirr i Gpoq
AqcovGii -fa^ou fiTG (|)+. A(|i-(oov fiiicvG Gq^GneuoT
flTOTq GqXUJ Ouoc ^:G -f^GneHOT riTOTK IIAO'G MIC
nXG MAGtOTIip nATABOG 2^'6 AKipi niilllAI IIGU TA'hvXH
nGBIHII AKIIA2IIGT 0T02 AKTOVA'Oi GBOA j)GII <huOV
niCOOV <|)tt)K IIG IIGU llITAiO ^MA GIIG? flTG lll(;ilG2 AIIHII-
UGIJGIICA IIAI A(- A(JGA:XI IIGIIA(| Cllioq (3) rniAVAT(|
XG OV nG+IIAAi(| IG»:GII IIAIIIAV ril^AAI \'t() ClUOi Ail
GOpiGGIIIII j)GII eAI ÛHCOIT OVAG J3GII IIITCOOV OVAG
|)GII IlillHGOG n+GtDQVII AU :v:6 AillAGp OV 0V02
llAqUO^Ji UG GpG IIGqGpilCOOVI ^OTO G3:GII IIGqOTOXI
0V02 UA(|(|)HT IIG ei:XGII iUTCOOV DUAVATq GXeAOll
ig»:gk GVGpAitOKiii ilGinq Quoii cjuik nrorq ovag 2Bcog
GBIIA G-f-AGBITOV ÛUAVATG 6TTOI 2KOTq. AqilAV AG
Gpoq ITAG C)Vpa)lll nAl'AOOG 2SG nilOII 2AI flTOTq AU
GHTIiptl ACI-f IIA(| eAIKUlK IIGU OT^yOllll IIGU OVUG-
(1) xtvôuvo;.
(2) ôsXcptvor.
(3) Ms. llUAq.
[191 •
LA RECENSION COPTE DE LA VIE D ABBA MARTYRIANOS. 159
picujUA ov(>2 |)tiii 2Aiiiii^y1~ n+20 AqoMiov fiTorq
nnipcuLii Atjcuov — (Fol. 292 recto) — epocj aqi 6bo\
eqcJ)HT f;(|UO^I Ocf^pHi" nOV6\UA.\COTOG 0T02 iiAquo^i
nti neeoov iiibhii ^a hilia e(|iiA(l)02 epoq finiiiAv epe
<^pH iiA?ioTn KAii ov+iii ne kaii oviioaig Te flTeq-
xojiAi eptoov. ^Aq^jiii fl^opn flCA ovpeqiyAUiaeiiovf-
npujui riTeqoei liATOTq eoBOxp'A DnictouA. ueiieuctoc
on ^Aqi eBOA nniiiAV eTeqovuj^^j fixe iiiAnoc nTec|i~
Qneqovoi kata utoiT (K|c|)ht eq(ro:xi nKAAttx; j)eii
nicAATinn (1) eniA nreqfri rini\Aou nre nct)ii*3 eTbeii
T<\)e o'i"oe iiA(|ipi riiiAipii+ nneqoHov THpq n(i)iij)
2i:xeii riKA2i ecjiiiiov 6boa j)eii ovua eviiA ."jATeq^toK
eBOA niietjApoiioe (;iie A{|uov;yT rAp ne n pge rnioAic
nen fin nnATetjA'toK (eBOA) ovoe ninA eTeqnA(|)02
epo(| fiiniin n<|)nAV npovei ^AqAtoiAi epoq ^a ^(opn
rninni- e^ton Ae innA epj'JAV nA(| kata c^-f >yAqo2i
neeoov B lei r ii(;n(3nea)o nret)! (3boa on nre(|no^i
— (Fol. 292 verso) — o-roz nAcpîp-KvAni e(|noiMi ecjj^jAnA
en^coi 2A ncro ben iie(|n(oiT rnpov nAqipi TniAipn^
nxe niAPioG npouni B-f et|(|)nT gboa h^m nA (• nA-
e(|on^ Ae eope(|nToii mon nnoq fiA'e inni.'yf
ri(|)a)CTnp 0V02 niAiio TAKAnioc ben ovneonni A(|^e
^iA(| e AonnAC- ineniGKonoe At; nTe innA ercinnAV
0TAIK60C ne nAi'AOoc ovoe nopooAogoe eAVcrtopn
nAq eBOA eiTen (|)+ eoBe <|>nov HAnA nAprvpiAnoc-
niuAKApioc Ae A(|yje nA(| ej)ovn eovi nineKKAnciA
J36n niUA eTenuAV |)en nAinopeqeni cboa eiTen no^c
XG AcjitonT ej)ovn n:ve reqj)An noviit)v ovo?
AqenKOT CniAVAT(| e,\eii oveKAiinin (2) n^e. rie^:A(|
nnipujni GTJiATOTq xe nAio+ ovoe nAcnnov Api
ninAi nenni nTeTeiniov+ enAitor nenicKonoc uni
fiTAXto novcA3;i nAq- noujov Ae iiAvuevi epoq ne a^e
(1) oTaSt&v.
('2) (jxa[jLV(ov.
[20]
160 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
OTCAA6C ne 0V02 fîHgiKOG (l). nea:ooT niiorepHOT
3;e neqeHT cuoirr an oto? Avepovto nexuiov iiAq l3eii
oT3:u)iiT xe or ne neK2a)B neoK iieu — (Fol. 293 recto) ■ —
nienicKonoc le e.pv, nieniCKonoc ijai ^ApoK neoK.
nooq Ae Aqoei e(|+2o eptoov xg ovetuB nAiiArneoii
ne +iiA^eiiq epoq. ovoe iiAipHi" AveuuA attalig nie-
nicKonoc eva^u) Ouoc xg otoii orptoui n^yeuuo
flKOT 63:611 niCKAUHIII nT6 +6KKAHCIA 2IT2H QniLIA
600VAr> T6ii:xto niioc epoq aiioii 3^6 neqenT cuoiit
AU AIIOII Ae Teiic(uovii riuo(| AH xe oreBOA etou ne
A(|02i eq+2o epoii 3:6 uovf enicKonoo uni fiTAXtu
noVCAA'i IIAq eOBR (i)AI Ain eTAUOK T6llf~20 epoK
OnepxtoiiT epoii aiioii J)a iieKeBiAiK- Aqepovço fixe
nienicKonoc ne3:A(| ikoov :xe <\)ii ereiiuAV q(roci
e20Te eptoTeii ovoe (|(ro(ii e^oxepoi ovep(|>ei fixe
i\)f ne niptoui eoovAB «rreuiiAV i\^i- ,'yon ri|>iiTq iieu
iie(jArr<:Aoc iiApoii nxojAeii nreinri fineqcuov xe
(^y-t iieTA(|OVopiic| iiaii.
AqiHonq fixa nienuîKonoc abba nuooeoe Aqi e+eK-
KAIieiA e(|pA,"JI IllUAKApiOO Ae AIIA UApTVpiAIIOC eTAq"
HAV epo(| — (Fol. 293 verso) — rineq^ya^euaLOu rnuiiiq
eoBe ni^utoin erieop^ erxH eiA'toq a(|covt(juii meq.Yi^:
eBOA A()+ iKvq iThnpocKViiHoïc j)eii iieqcc|)OTov Dua-
VATov 0V02 A iiienicKonoc ov(o,"jt niieqxi^: ec|(riciiov
6B0A eiTor(| iKMi lin eoovee nccoq Tupov ovo? ne^^e
nieinoKonoe 3:e 'f.'^eneuoT moTq Oiiao'c ihc n\c
3:e AtjAiT neinuyA finoK eopicri neKciiov aiiok J)a
ni(n>niii iKicjenoT ^nn Ae a(|\at j)eii niccoiiA x'JAi-iiAv
epoK iiAKOT eoovAB (o niptoui nreAioe eTAtjpAiiAq
û(|>+ j)eii iieqeBHOvi Tnpov nen iieqArreAoe eoovAB
COOV niAlK A(î AKUl^^l (iKAAtOO OVO? AKtrpO A n 0"C TAp
KHii eTAiioi eiieKArcoii eTAKtrpo nj)iiTov ovo?
AqTAUoi on Ae kiihov ^Apoi- ff■^o epoK (o nAiu)T
[21]
LA RECEXSIOX COPTE DE LA VIE D ABBA MARTYRLVNOS. 161
COOVAIi flLIAKApiOC e^tOII AK^^y AH ÛTOII ClUOK nT6K^6,
IIAK epATtJ niKrC A|)l (J)UHTI flTATAAP.n tOpOO n'H'AH
jXill -hlItîTOVpO flTti lll<J)H()VI OH GTCKETtOT HAK
eopHK^jioiH nj)HT(; ,"JA ^inn^ ovoe nreKci nniAi-AOOH
«eUHH 6BOA eOliB (Fol. 294 recto) HlblCIlHpOVfJTAK-
^OHOT (1) hen IHKOGUOC 2IT6H HeKAPCOH GTOI n^(J)Hpi.
HeA'tî HiArioc HAq .\e Ttoiie H^^toi hahot eoovAiieiHA fire
iurc fxnu HHi x'JA-hoeii haiha n:v(oiM riTAepnKun^A
rr^lHI nOVHAppHCIA ÛHBUGO niHBHHA flTe M\C-
A(|;'J.VH.\ ti:x(0(| n^iH HiBHioKOHoc Aqepccl)pAriï.i H riuo(|
A(|qAi nH(3(|iiAA en^ytoi nAfi nniAKApioc aha uAprv-
piAHOG (RIACO HHOC 3:e HAOC IHC ll\C HOOK HB
TAeeXHIC ++ HHAHnA fiH(iK\l.\ ()V()2 i[)Al eTA(|A()(| A(|"h
ûneqnnA gh^hai-v nrurc o'/o? a(|A(ok riHet|ApoHO(i
fiBOA flKAAtOC A(|(ri HHIVAOH flTe lltOOT GBOA 2ireH
(|)+ e(|(;p\(t)pe'/HI H6H HIAIT(3A()0 H(:H HH 600VAB
iiipo'i' (lieiH rivtopA nrc; un eTOH*)).
(JTACjriTOH A6 CHIO(| flCOV lA flHIABOT HA^OHC
AVOM nTe<|'l*VXH tîH;'J(()l (3HI(|)H()'.'I ,"JA H\'G ct)H eTA(J-
UBHpiTCJ AAHe(Ot;. AIXMAHUOvf 0(|)Hfi()()VAB A6 AHOG"
TOAOO +HA(:p (iABOA AH n4~H(3()HHI A I ;*J AH H()v1~ HpO(J
XG UAprvpOG AAIKKOG A(|:*ja)IH rHIApTVpOC OVO?
nr{3HH(300 flAtOpi AqTHiq t3IH\pCOII j)t3H HeqoTco^y. —
(Fol. 291 verso) — nuiii riuoq AeeiHA nTeciApeeenirovBo
•j6H nAiHepGqco;yc3H fni^Ae n^-nHievuiA erecoov. UApe
«VOH IHBGH (3TCtOrC3H (JHArtOH flHIAlKeOC nTt3qAOC
A'e (ri^yini hak to niApAKcon nAiiociATHC hiaiaboaoo
C3T2CJOOV. HGKOpi'AHOH THpOV GTAKCeBTUJTOV OVBG
HIAI-IOG (2) Aq+^MIHI HAK 2IT6H TA'OH HHGHCrC IHC n\G
AqoAov fiTOTK AqGHOv et)ovH nAtopoH OfieHovpo ll\G.
riAHH UApeilKOTTeil GA'GH HIGAAI GTAH HAH G^pHI
(1) iMs. GTAK^On.
(2) Ce membre de phrase doit être reporté après n\'G-
m]
ORIENT CHRÉTIEN. . 11
162 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
ovo? nTeiiTAiiioTeii hobg "fceiLii 6TA neiJiuiT eeovAB
«VBBA uApTTpiAiioc \\vc 2ia:eii +n6TpA nTeiiovtoiie
iioiTeii 6BOA nriecnoAHTiA iieu iieGiii'y+ nAPcoii.
2IT6II III^AHA fixe niATIOC AllA U ApTVpi AIKXi A
neiicrc inc ri\c Apee epoc ecTovBHovT ocoi nATetoAGB
ecoi Db(uki iiAq ovo? ecovAB ^a nieeoDV fixe necuov.
OAi Ati heu n3Liiiepe;G(;a):\:n Ciuavatc e^ieii 'fiie/rpA
ov()2 eTA niAiKeoc 'f Oneqoroi e(t>iou acîo?! jïApibApoc
ec."JAHA eepmeA luro rinioeooT iieii me — (Fol. 205 recto)
— xtope 1)611 eAimpuujoTi evo^ iieu ?aii(|ia2oli a:e ?iiia
nTecJfipBOHBlll epoc. IIACOTCDLI 116 j)6ll OV^yi KATA
CJjpH'f 6TAC|AOC IIAC nxe niArinO ara UApTTpiAllOO
(0V02 6CCIO UCOOV beil Ot[^|]). AO^ytOIll A6 j)6ll mCHOV
eTBH^ 60p6t|l OH nX(; nillAVKAMpOC A()llll niIKOlK II6II
nJUtOOT KATA '^(^/IIHelA. 6TA(|J)(0UT 6J)()VII G^^IKÎTpA
A(|l A"6 (|IIAU()III AtJAOVi'JT (Hli'JCOI A(|IIAV 6't(;emi
6ll6(;(t)(; j)6ll n6620 IJ6U ri60llll 6T6 rill6(|IIAV An
6nij)6AAC) ACjnpeO'f GLIA.'^ytO OVO? IIA(|OV(l)Xy 6(^(OT n6
+C2IUI A6 A(Ul)rJ 6BOA 6pO(| 66piUI 6CA:t() TlUOC ytî
'fTApKo niioK n+A'oii nr6 <])+ (t) niptoin Diiaiit ikhi
iii^yAHA nre riAKur 60()vab abba liap rvpiAiioo rin6p?(OA
nT6K\AT flTALlOV nilAIIIA- AIIOK -fnBinil j)tl)IIT 6J)OVII
6pni flTAOAAI IHÎUAK (O IIAOM: AIIOK IVVp AIIOK OVC2IIII
6p6 OVOII OVOApg TOI ?l(OT(; rin6p2(OA nr6K\AT
flTAIlOV eiT6ll llieKO IIOLI IIIIBI. jXOHr 6J)OVII (6p()l)
U) riACrC nTATAIIOK 6IIM 6TAV^tOni ÛIIOI III^AMA Nl^
niAïKGoc epoK- finnpecoA nT6K\AT — (Fol. 295 verso) —
ILIII'h niACAAI II6UAK- AIIOK OVC?iUI n\piGTIAIIH 6TA
OTXOI 2(OA j)ApOII j)6ll (|)IOU AI3:cOIAI 6nAIIIA <|)AI.
iiipa)iii A6 A(|(;6K niAoi ej^ovii okovai kova'i ac|\a
UA^^A (îpOC n6AAC IIA() A 6 AIIOK Ov(c2IUl) HAGOII
eOIIAII6C| 6TAI2tOA '3611 IllUtOOV nr6 4>'OLI AllieCOIIII
2ITT 6riX^JtOI 6IIAIUA A niAIK60C AMA UApTVptAIIOC
TO'i'AOI 6ct)UOV AqXA HIUA lllll AC|^6 IIAC) rine(|02i
JJGLIHI A6 AIIOK OVC2ILII +26UGI flIlAI UA CllIAVAT lO B
[231
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTVRL^.NO-î. 163
flABOT- TO're nea^cvq mac ye erAqeojA eeujii le liiii
ri6TA(|TA.\()q AqoA<| M(3UAq 0V02 nexAC iiAq xg erAq-
qoxq 6(|)iou AvqAi fiuoq nye ï.tooii b beii <{>iou-
ei3:ov^T nnu)(| erqAi Quoq Qnieui xe eTAVo\q eeiuii
nipiuui A(; GTAqccoTeu eiiAi AqepCiKAe nenT euA^to
ovo? A(|piui eeBe nipiuiii nre <\)i- ara iiApTvpiAiioo
0V02 riAipil^h A 'fc2IUI TAUOq 6IIH THpov eTAV^yioni
nilOC 11611 IIICa(xi) THpov 6TA niAflOC TAUOC epUiOT-
neoq A6 eTA(|oajT(îU eiiAi ototc ne^LAq ii<\c xe au m
enecHT fiTATA — (Fol. 296 recto) — \o nr^oxf eTGiio.vic
ne3:AC iiAq xe Quou nAtrc ncoii x^t eixeii TAiiieTpA
^A nieeoov riTe haucït niuA exA niAiKeoc \at njinrq
eGB6 TAUerpHCjfipilOBI TAp AqVOJ ncojq CinAlUA 0V02
Aq^ye riAq. -f-feo eTeKUfiTUAiiiovf -f-ArAiin ereKipi
niioc H6U riAitoT eoovAB ApiTC iieJUMi 2CO eese c|)+
UA,"J6 IIAK (7T(3Kn().\IC flTtiKCri noVBippOC II6U OVAeBI"
TOT nqioi fiTHKo.vov oniGnicKonoo fiTeq^aAHA extoov
nreKeiiov iihi iibu iiikov:xi ntiUK iieu niKovxi
riLHOOV KATA (|)pM'f 6TeKipi nilOC lieU HAItOT HBOVAB
(aIIA UApT[vpiAII()(;J) \IIA(VI nnoKBti\e eBOA eiTfill
iiTO. nneKxoc tu hacom xh aiiok ovcKnvoc n:xoBi
nr(;K^O^T OVO? nTGKOn^K epOl flTAIlOV 'iA^icoq
OnAGHOT. eBllA l-Ap XG A (\)f OTtO:^ eep6 TA'I-VXH
ov:XAi iiA(|iiAT(>v:xoi AN lin eBOA j)eii nAineAAroc (1)
niAïuAiH nreqeiiT en ai lia aaaa iiaiiiatako eco (2) ne
H6U OVOII IIIB6II 6TAVTAKO j)eil cf^lOU eiTAAHOVT
iieutoov ))6iJ riixoi. -fiiov xg rinepzi iieo nxAueT^^toB
— (Fol. 296 verso) — xg aiiok ovceiui cjm i-Ap exAqe-
piiAArjii ilAAAU nooq iieTAqepriAAï.i" nevA Teii^opiii
CiuAV. ++20 ovii epoK ?iiiA fiTeKiiii nrAcaiiii iieiiAK (jtc
TeKCeiUI T6 nT6C:h2iaJT CiniCXHUA flTe i~U6TUOVIIA\H
AK^AlKFITq nTOT(| Q II ICH ICKOROC • UApe TAOtOIII IIM
(1) Ms. ueAAroc
(2) Ms. ?a)ll.
[24]
164 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
IIHI neAIICOpT nTAOAUltOOV IJAC 2IIIA flTA^TeUOVUJU
noTU3iK nxiii3:H. epe ntrc ^toni iiguak ei iieKutoiT
THpov 0V02 nreqpcoïc epoK kboa za nexetooT iiiBeii
nTe(|AiK neun^A niiiArAenii rrre TequeTorpo. nipioui
Ae 6TAqCtOT6IJ eilAI Aq^CGII 2HOT 6UA>'J(0 GXGII
iiecAnoAoriA eouee nco(t)iA iiiiieii nexAq iiac xg u)
+Btt)Ki me ncrc rinepepeo'f 'fepouoAorm ne xa
'hiiA\A+ nctoi AN Ape'yAii iurc. ovco^j riTAcoiijj 'fiiAi
^ApO n\tO\6U OVO? A(|i~ MAC DlllLUIK lieU lllUtOOT.
A()2(OA enncjMi jxîii oveipiiiiii fiq-ftoov a(^f ovo?
AqTAijeTeqceiLii 62coi> iiiiioii noocAe AcpA^i euA^^Jco- —
(Fol. 297 recto) — ueiieiicA a rabot Aqrtoiiq nxe ni, >tjuui
Aqtri flTeqceiui iieu etOB 111B6I1 gta 'fuAKApiA nceiui
a:oTov iiAq ovo? AqTtoovii AqecoA ^Apoc gtaciiav ac
epoG fiyfi Teqoeiui A{;pA."ji euA^^Jcu oro? AvepAcriA-
ï.ficee niiovepiiov eAvipi ■ noviii^'j'f niiAV epc iiovep-
uoiovi yjovo H^:(3ii ii()vovo:\:i. -fuAKApiA Ae nceiui
ACBA^C niieCÎBtOC eTTOI eitOTC ACh ?KOTC novcxHUA
ne(OOVT eT6 ovBippoc ne lîo.u ovkoaobi nqtoi neu
()V(J)opK neu ovuoj) exen Tec+in a(;()?i (îpAïc; a(;."jaha
eepni eA iicro ecAto Ouoc DnAipn-h Ae iiAcrc inc n\(;
<|)Anini^'j'i~ niyc|)npi (|)n eeAq^yuini ikîu nn gootab Tnpov
eKe^yiuni neuHi zio nAi uni J)atgkb(oki nreK-fAou nni
2inA flTAipi nneKovto^ nnieeooT rnpov ovo? eKepcoïc
eTA'l'v\n nTAAentopoe gboa za nonnpoe ereujov
nTATAa:po nnAenT eliorn epoK iieneBiAiK ex^yeu^ye
nnoi eKef ntoov OnoTBexe — (Fol. 297 verso) — Ae
eeBnTK ncrc evipi CniinAi neuni AnoK J3A +TAAentt>poc
neBinn A6 nicoov <\)ioh. ne ^ua enee Aunn.
eTAcf nniAunn nexAC jTfceiui se TACconi QuAinoT'f
eese (1)+ ApecKiAi nuo Apei ^Apoi enAïuA Dnepon^y
I epoi AUOK J3A i-TAAentopoc. AHioTi nni norun^
ncopT nTAepecoB nbiiTov Ae av+cbid nAn e^yreu^toni
fJAproc enTnpq nA2BCjoc Ae eenectooT neu tac|)ackia
[25]
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'ABBA MARTYRIANOS. 165
nitili nilOVB lieu IIA6pxy«JII MAI 6TA licrc IIA2UOV llHi
jj<ni nineAAroc nre (|)iou (riTov ne eiiia nTeep<t)opiu
nutuov flTeepnAuevi. iiao-c ihc nxti eqepmic epujTeii
•36M 'req^kou niiovf- xe neoq ne nenorsAi iieu
Toiie'eAnic.
IIAI Ae eTACîXOTOV IKOOV AC\AV eBo.\ ijeii oveipHiiH
O'i'O? KATA r HABOT IIAV2H\ ^ApOC HG eVCOAl MAC
ilTHCXpiA mpc IIACeeAHA QUOO 116 J3GII nillDA 6«OVAB
tiACipi AG IMi n2AII^AHA flA^tOOV OniG200V IIGII
mG3:(op2 Gc\ii 2IAGII "hiiGTpA GCC|Ai ))A njjptoov n(|)IOII
iiGU nGqoooiBtoii iigli n>yo()pTGp — (Fol. 298 recto) —
niHAOA GVeiOVI (:j)t)VII l)GII tlIGTpA GGGpevnOUGII 111
QllAipil'f flAG -fuAKApiA nGeilll GTGULIAV GOBG nGOIII^-f
nilill IKMI TGGArAnil (j'jO'iMI GIKJIKVCÎ IIK^ n\C- |)6II
lIKieOO'i" AG GTAG2(l)A GAGII 'flIGTpA IIAC\H HG ^Gll
KGnpOIIIII KATA (|)pi|-h GTA(;AQG n(|)U GTGpAlAKOlllll
GpOG O'/Oe AGCOIlj) eiAGII +MGTpA f) ^. HpOLini- A IIGIICrC
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iioveo Avovio^yr ûcjif GpG iiovepuajovi >yovo gugght
0V02 AVqAI nilOG AVTAAOG Glli:\:OI AVGIIG GfllOAIG
KGGApiA OVO? AVTAIIG HIGniGKOllOG GHGGBIOG GOIIAIIG(|
GOIJ62 flApGTH i)GII -foVIlOV AqGpKGAGVIII GepOVK(OG
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[26]
166 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN,
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iiiBeii epnpeni G(t)Kt)T iieucvq iieu mnnA eeoTAB
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riTf} mené? THpov aumii-
TRADUCTION
(Fol. 277 recto) Tandis que le bienheureux se tenait un jour en prière,
le iJétnon prit la forme d'an grand dr.igon, descendit au bas de sa cellule,
commença à creuser, voulant la renverser sur lui. Mais lorsque le bien-
heureux eut achevé sa prière, il regarda par la fen-Hre et lui dit : « C est
Ion même travail depuis le début : lu détruis sans cesse, tu ne construis
jamais. Pourquoi le fatigjer ainsi, ô msérable infortuné, car pour moi
tes apparitions ne pourront pas me troubler parce que j'ai m -n Seigneur
Jé»u<-Christ pour me secourir. Je crois qu'il me foriifiera jusqu'à ce que
je terrasse toute ta puissance, ô dragon apostat. » Mais après avoir entendu
cela de la part du saint, le démon se transforma en fumée et s'éloigna,
disa-it : « Tandis ([ue tu me parles ainsi, ô Mtirtyrianos, voici que je
viens bientôt vers toi; je ne tarderai pas loin de toi, je veux déchaîner
contre toi une immense colère, extrêmement redoutable, pour te faire
déchoir de ta grande gloire, (Fol. 277 verso) car certes tu me fais grande-
ment souffrir! » Ayant dit ce'a, il s-; rendit invisible. Le bienheureux,
de son côié, demeura en orai-on et en prière, rendant grâces au
Seigneur.
Or, un certain jour, des hommes s'en allaient sur la route, s'entre-
tenant des pratiques de ce saint abba Martyrianos. Ils parlaient encore
entre eux de cet homme juste, lorsqu'une femme courtisane les
entendit racontant la gloire du saint. Elle en fut irritée d'une rage
diabolique. Elle conversa avec eux avec chaleur et leur dit : « Vous
avez assez glorifié cet homme. Quel est le courage d'un homme qui
est dans le désert, ne voyant pas de femmes absolument; quelle est
sa résistance tan lis qu'il est dans le désert comme les bêtes sauvages, ne
voyant pas d-i femmes, n'entendant jamais leur voix? Celui, au contraire,
qui est avec les femmes, les voyant chaque jour, luttant contre elles et
triomphant de la passion, celui-là est digne d*^ gloire. Vous savez que
l'herbe ne brûle point sans feu, mats si (Fol. 278 recto) le feu l'approche
en quelque moment que ce soit, il allume l'herbe. C'est cela même pour
LA HECENSIÛN COPTE DE LA VIE d'aBBA .MARTYRIANOS. 167
cet homme. Si je m-^ transporte vers lui, qu'il me voie sans être ému dans
sa nature, qu'il me voie sans être atteint par la passion à mon égard, alois
vraiment grande est son œuvre. Et moi je vus me lever pour aller auprès
de lui et lui parler pour recevoir sa bénédiction. S'il voit mon visage
sans que sa raison soit ébranlée; il est digne de toute la gloire qu'on
raconte à s )n sujet; moi aussi je lui rendrai gloire, jusqu'au jour de ma
mort. » Et comme ellQ parlait ainsi, les hommes firent un pacte avec elle
touchant cette proposition^
Un jour, après s'être levée, elle se dépouilla de ses parures et de ses
beaux habiis; elle mit d'autres vêtements, prit en main une besace et y
enferma s-s bijoux d'or et d'argent qui étaient remplis de toutes les
tr.)mperies Elle chargea sa besace, elle prir la route conduisant à la
montagne vers le juste. Marchant en ..vant d'elle, (Fol. 278 verso) le
démon, père de tout désor Ire, s'attendait à ce qu'elle mettrait hors de
combat le serviteur de Dieu, au moyen de l'arme puissante qui triom-
pherait de lui. Après q Telle eut passé un jour à cheminer, la femme
arriva à la demeure du saint, au moment où. le soleil allait se coucher.
Une forte pluie abondmie survint dans la montagne, ce jour-là. La
femme se mit à crier, priant le saint dans une grande détresse, les
larmes ru sselant sur )• es joues. Elle disait : « Aie pitié de moi, homme
de Dieu, reçois moi auprès de toi dans ta cellule jusqu'au matin. Ne
me laisse pas détruire en ce lieu par les bètes sauvages, car je me suis
égarée .^-ur la route : je suis venue dans ce désert, je ne sais où porter
mes pas. Je t'en pri-, ne m'aba idonna pas en cette granle épreuve,
ô moi seigneur père, ne me méprise point; je suis la créature de
Dieu, donne le repos à ma faible âme infortunée, afin que je sois guérie
par la miséricorde que tu me feras, vois mon affliction et aie pitié .le
moi. .le t'en pr e. accueille-moi vers toi, moi la faible égarée Tu sais
que je suis un vase fragde, ne me laisse pas mourir dans cette grande
obscurité ».
(Fol. 279 recto) Tandis qu'elle s'adressait ainsi au saint en pleur.mt
avec de grands trémissements, le saint fut contristé dans son cœur en
entendant ce qu'elle disait. Comme c'était le soir, elle cachait l'aspect
de son visage avec le manteau qui l'enveloppait. Et le saint de dire :
« Malheur à moi de toute part, je ne sais que faire. Faut-il que je l'ignore
selon le commandement? que le ne la reçoive pas auprès de moi afin de
ne pas me perdre à cause d'elle? qu'elle reste parmi les bêtes sauvages?
qu'il m'arrive un reproche de la part de Dieu parce que je l'ai oubliée dans
sa détresse? Si je la reçois auprès de moi, je crains que sa venue ne me
soit un grand scan laie. Qie ferai-je? car je ne sais pas d'oîi vient pareille
femme. C'est, en effet, une fori mauvaise épreuve que celle qui s'ai>at
sur moi. Malhear à moi d^ ne savoir que faire! Mon S-^igneur Jésus,
l'ami des hommes plein de bonté, ne m'abandonne pas, afin que je ne
sois pas confondu par cette hospitalité. Ne permets pas que mes ennemis
me tournent en dérision, toi qui connais mon cœur pour toi. Je te prie,
[281
168 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
mon Seigneur Jésus-Christ, en cette grande épreuve, fortifie-moi, car toi
seul es celUi en qui j'espère. »
(Fol. 279 ver-io). Après avoir dit cela, il lui ouvrit la porte, la reçut, la
plaça vers la sortie. Lui se retira dans le réduit qui était au fond, il ferma
la porte. Tandis qu'il priait pendant la nuit, suivant sa coutume, l'esprit
mauvais agita son cœur, troubla sa raison par rapport à la femme. Le
saint priait, mais l'ennemi, lui, le troublait grandement. Il se leva, sortit,
voulant la chasser. Il la trouva l'ayant prévenu : Elle s'était déjiouillée des
habits qu'elle avait et s"était revêtue d'habits de choix. Elle s'était com-
plètement parée avec des bijoux d'or à ses maius et à ses pieds, elle
s'était préparée avec toute la puissance do l'ennemi pour entraîner le
juste. Mais lorsque le saint la vit, rempli d'étonnement, il lui dit : « Où
as-tu trouvé ce vêtement diabo'ique dont tu t'es revêtue:' Comment l'as-
tu transformé chezmoi? » Elle lui répondit : « Ecoute-moi, je te rensei-
gnerai. Je suis une femme noble de Cé>arée de Palestine; tous les
hommes désirent me voir à cause de ma beauté. (Fol 280 recto). L rsque
j'ai entendu parler de toi, je t'ai aimé, je suis venue à toi, mo cœur s'est
tourné vers toi jusqu'à cette heurn, car jeûnant de cette manière, t'affli-
geant de ces grandes mortifications, tu passes tout ce temps seul s us
femme. Est-ce que Dieu n'a pas créé la femme dès le commencement pour
soutien de l'homme? Il est écrit en eff>t : » il n'est pas bon que 1 homme
.soit seul, créuns-lui une aide selon lui. » Et après que Dieu l'eut donnée
en mariage à l'homme, il bé it celui-ci en disan : « Croissez et multipliez,
coûterez la face de la lerri^ ( 1 ) » L'apôtre dit. « Le mariage est pur et la couche
est sainte (2). » Les patriarclies ont pris femme, ils ont été les héritiers
du royaume des cieux Est-ce que Enoch, qui mérite combien l'admiration,
est-ce qu'il n'a pas pris femme, lui? n'a-t-il pas engendré des enfants?
Dieu l'a aimé et l'a enlevé dans son corps. Abraham le patriarche n'a- -il
pas pris femme? On l'appelle l'ami de Dieu. Jicob aussi et Moïse n'ont-ils
pas pris femme? Comment toi hais-tu les femmes? Est-ce que tu es
meilleur que tous ceux-là? Vcux-tu t'élever plus que tes père»? s
(Fol. 280 verso) Après qu'en instrument du démon, elle eut dit tout cela
pour l'attirer vers la souillure, elle se leva, le saisit, le tourna en dérision
pour l'entraîner vers la passion impure de la luxure. Parlant ainsi, elle
ébranla la tour plus terme <jue le roc, elle commença peu à peu à l'en-
traîner vers l'abîme de la ruine après de nombreuses années de pureté.
Il lui dit : « D'où sont ces discours? je perdrai de perdition mon ilme avec la
tienne, moi, un pauvre abject. Je ne possède rien si ce n'est ce manteau
qui est sur moi. » Elle répo dit : « Console-moi, toi, par ce que je te
demande Moi je te nourrirai, j'ai d'abondantes richesses, des serviteurs
et des sei vantes et de nombreux biens qui sont suffisants pour toi et
moi ensemble. »
Après l'avoir écoutée, ce saint lui dit : « Prends patience, car il est de
(1) Genèse, i, 22.
(2) Cf. Épître aux Éphésiens, v, 32.
[291
LA RECENSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTVRLANOS. 169
coutume qu'une foule d'hommes vient à moi chaque jour pour recevoir
ma bénédiction, assieds-toi sur ce chemin pour que je voie si quelqu'un
a;rrive (Fol. 281 recto) vers nous ou non, de peur qu'on vienne et qu'on
nous trouve à faire cette chose mauvaise et que nous en recevions une
grande honte » Ayant parlé a nsi, il franchit la porte et regarda de çà de là.
Mais Dieu, l'ami de l'iiomme, ne voulait pa< que les souffrances de ce
saint fussent perdues, qu'il fût déchu de la pure é; il remplit son cœur de
crainte. Martyrianos se prosterna aussitôt devant Dieu, sur le rocher, il
pleura abondamment. Puis, après avoir achevé sa prière à Dieu, il se leva,
prit avec lui des brandies sèches, les assembla, les chargea sur lui, les
monta sur le rocher, y mit le feu, les attisa jusqu'à ce qu'il y eût une
grande tlamme. Au milieu de la flamme, a'ors qu'elle brûlait grande-
ment, il se t nt debout sur ses pie Is avec tout son corps, île sorte que
pour peu il était dominé par le feu et il allait mourir. 11 se retira du
brasier, ses p eds étaient détruits par la grande flamme brùlame. En
sortant du feu, il se jeta (Fol. 281 verso) à terre, et parlant à lui-même il
disait : « Que t'est-il arrivé maintenant, ô Martyrios, est-ce que tu as été
instruit par le feu"/ Rst-ce qu il fa épargné entièrement? Tu srIs mainte-
nant que ceux qui accomplissent le désir mauvais se consument dans le
feu inextinguible. Puisque tu ne peux pas suppor er celui-ci, comment
t'est-il possible de supporter le feu de la géhenne' Voici, en effet, ô
<orps. instruis-toi maintenant par la menace du feu. Que feras-tu si tu
satisfais ta passif 'ii, qu'on te jette dans le feu inextinguible? Qui aura pitié
<le toi pour t'en retirer? Cette femme n'est pas pour moi la cause du
péché, mais c'est le démon qui m'a feit cela, voulant me dép uiller 'le
mo I trésor rempli de bien qui est la pureté, pour me préparer un tour-
ment éternel. Malheur à moi, puisque je ne puis pas supp ^rter ce feu
qui a en lui la lumière et qui s'é e nt avec un peu d'eau. .Mais le feu de
la géhenne, lui, n'est que ténèbres, les eaux qui sont dans le ciel et celles
qui sont sur la terre ne sauraient avoir la puissance de l'éteindre, et c'esi
celui-là qui est préparé pour le châtiment df tous les pécheurs. » (Fol. 282
recto) Tandis qu'il parlait ainsi, la femme sor it et en le voyant elle fu^
saisie d'une jurande craine et plongée dans une extrême tristesse.
Après s'être reposé un peu, le saint se leva une secon le fois et dit : « Je
te r iinerai durement, ô misérable corps, pbitôt que de ruiner mon âme.
Il est m''illeur pour moi de te brûler plutôt que d'aller à la perdition. »
Il s'éloigna du feu ardent La femme, elle-mêiie, le s'ppliait de se retirer
du feu et de ne pas mourir. Elle se leva, le saisir, le mt-na hors du feu.
11 é ait brûlé beaucoup plus que la première fois. Il le\a les yeux au ciel
vers le Seigneur, se jeta à terre et dit : « Mon Seigneur Jésus-Christ, par-
donne-moi Ips pensées impures ijue l'ennemi a jetées dans mon cœur.
Tu sais, ô mon Seigneur, que j'ai mis mon corps au feu afin qu'il ne te
devienne pas étranger, car nul homme ne pourra être justifié devant to
s'il n'est pas purifié du péché, à l'exception de ceux à qui tu as donné
force contre lui, à toi la gloire jusque dans l'éternité. »
130]
170 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ayant dit cela, il ne pouvait plus se tenir debout. (Fol. 282 verso) La
femme, elle, s'était assise auprès de lui, pleurant, disant h grands cris :
« Malheur à moi la pécheresse, car tout ce qui t'est arrivé, c'est à cause de
moi. Comment rendrai-je compta à Dieu de luut ce que j'ai lait! Bienheu-
reux es-tu, ô toi qui as été martyr sans pe sécution, qui t'es torturé
toi-même sans qu'un tribunal ait prononcé. »
Elle s'en alla aussitôt, se dépouilla des vêtements qu'elle avait, des
parures, des anneaux d'or qui étaient à ses pieds et à ses mains, oes
pierres précieuses qui étaient à son cou; elle les porta pour les jeter au
feu. Mais le bienheureux l'en détourn i « Non, ma fille, dit-il, garde-les pour
les donner aux orphelins et aux pauvres pour le rachat de ton àme. » Elle
pleurait, arrachant les cheveux de sa tète, les jetant dans le feu. Le saint
l'encourageait en disant : « Ne t'afflige pas,- ma ri lie, la citadelle de la péni-
tence est puissante et fort élevée; (Fol. 283 recto) fais pénitence, ma
fille, le Seigneur clément est miséricordieux Voici, tu constates, de tes
yeux, la ruine de mon corps par les ardeurs de la flamme; toi aus-i aie
pitié de ton àme et de ton corps à partir de ce jour; éteins le feu du
plaisir diabolique dans ton coe'.ir en oubliant Ir- souvenir du feu inextin-
guible qui est en toi; souviens-toi de Suzanne qui triompha des prévari-
cateurs; Dieu l'a glorifiée. L'apôtre saint Paul instruit tous les hommes
en disant : « Le temps est court, que ceux qui ont une femme soient comme
ceux qui n'en ont pas (1). » Il dit aussi : « Que Vimpudicité ne soit p(i!<
nommée parmi vous (2). » Rien n'est glorieux devant Dieu comme la
pureté. A ca ise de sa pureté, Jean-Baptiste baptisa notre Sauveur, il
mérita de voir la gloire de la Trinité. L'évangéliste Jean, de son côté,
mérita de reposer sur le sein de Dieu à cause de sa pureté. Si tu m'écoutes,
ô ma fil e, si tu gardes mes paroles, ta fin (Fol. 283 verso) sera sainte; tu
obtiendras la gloire aup es de Diea et des hommes. Pour moi, je ne
t'oublierai pas; je prierai pour que ton âme soit sauvée. Tu vois l'afflic-
tion que j'éprjuve à cause de toi, tandis que tu es l'instrument du démon.
Ensuite, ô ma fille, rendons grâces au Christ de ce .^u'il nous a délivrés
tous deux des embûches mauvaises du démon. »
La femme, en entendant cela du saint Martyrios, se j' ta à ses pieds en
pleurant et disant : «Je te prie, mon seigneur père, pardonne-moi, moi la
pécheresse souillée. Prie le Seigneur pour moi, afin qu'il me pardonne
mes nombreux péchés. Moi, dès maintenant, je ne retournerai pas à ma
demeure, je ne verrai plus mes frères, ni mes parents, je ne mangerai
plus parmi les enfants de mon péché jusqu'au jour de ma mort, à cause
des souffrances que tu as endurées à cause de moi. »
Le saint la bénit, en disant : « Le Seigneur te donnera la f^rce de f ire
sa volonté. » Elle lui répondit : « Mon père saint, où veux-tu que j'aille ^.our
me sauver? Qui me montrera la voie vers la vie éternelle, (Fol. 284 recto)
puisque j'ai grandi depuis mon enfance dans une vie impure et mau-
(1) V" Épitre aux Corinthiens, vu, 29.
(i) Épître aux Éphésiens, v, 3.
131]
LA RECENSION COPTE DE LA VIE D ABBA MARTYRL^NOS. 171
vaise? » Et il lui répondit : « Va à Jérusalem, cherche la vierge sainte
Palat a, qui est devenue un lemple du Seigneur à cause de sa pureté.
Fais-lui connaître toute ta vie, joins-toi à elle, tu seras sauvée. Pour ma
part, je pleurerai sur moi, à cause de la pensée mauvaise qui est entrée
dans mon cœur. Bien que mon corps soit samtpar la puissance du Christ,
mon cœur a été souillé par la pensée maivaise. Je rends grâces au
Seigneur de ce qu'il m'a sauvé des desseins de l'ennemi. »
Après avoir entendu cela, elle s'agenouiila devant lui sur le sol, le
priant de la conduire sur la route qui mène à Jérusalem. 11 se leva avec
grande souffrance et tristesse à cause des plaies de son corps ; il sortit
avec elle, lui montra la route qui conduit à Jérusalem. 11 lui donna de
petites dattes, car il n'avait pas de pain, et lui dit : « Va en paix. » Elle
pleurait abondamment. Le saint la bénit, la signa, lui donna la direction
sur la route pour cheminer L'homme de Dieu se retira (Fol. 284 verso)
dans sa cellule, se prosterna, adora Dieu, lui rendant grâces.
La femme, qui se trouvait en chemin, sur la route, n'eut pas la for-ce
d'accomplir la distance en un même jour. Lorsque le soir arriva, elle
bénéficia des prières du Saint; elle pria Dieu et se reposa en un endroit
éloigné de lui. Mais le lendemain, elle se mettait en route, invo-
quant le Seigneur pour qu'il k conduisit sur le droit chemin. Après
qu'elle eut fait trente milles, elle se trouva proche de Bethléem, au
temps du soir. De là elle se dirigea vers le monastère d-i sainte Palat a,
qui, la voyant, la reçut avec une grande joie. La vierge sainte l'interrogea.
« Pourtjuoi viens-tu sur ce lieu, ô ma sœur, qui cherc'ies-tu"? » Et elle lui
répondit : Je suis à la recherche du salut, ô agneau du grand troupeau
véritablf. Je te prie de me montrer la route vers ce qui est droit et bon
puur mon âme. » Et la vierge Palatia, en entendant cela d'elle, fut émer
veillée de .sa sagesse et de la bonne justification de son repen'ir.
(Fol. 2S5 recto) Elle lui fit connaître toute sa vie et la manière dont elle
l'avait pnssée. La bienheureuse, en l'entendant, rendit gloire à Dieu et
au saint abha .Martyrianos. Elle lui commanda d'oublier les habitudi s
mauvaises dans les |uelles elle avait grandi, lui donna de grandes péni-
t.-nces d'ascè-îe en progressant de plus en plus Tandis qu'elle avançait
dans toutes les vertus, elle priait Dieu jour et nuit de glorifier ouverte-
ment sa pénitence, s'il l'acceptait d'elle. Le Dieu bon et miséri -ordieux,
celui qui accepte le repentir des pécheurs la combl i en accompli sant
par elle de nombreuses guérisons.
11 advint un j )ur qu'une femme malade des yeux vint vers la bienheu-
reuse Palatia pour qu'elle p-iàt pour elle. La vierge bienheureuse voulut
expérimenter le fait si Dieu acceptait le repentir de la convertie. Elle lui
dit : « Va et signe les yeux de cette femme malade. » La convertie ne
demeura point sourde à sa voix, miis à l'instant elle se hâta, tille pria
sur la malade, la signa (Fol. ^Sô ver.so) du signe de la croix sainte. Au
moment où ses mains touchèrent les yeux de la femme, celle-ci recouvra
la vue. Quand cette au-re vit la guérison qui s'était sub tement opérée
[3-21
172 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
en elle, elle demeura auprès de la communauté dans le monastère,
jusqu'au jour de sa mort.
La femme qui s'était convertie au Seigneur dans le repentir vécut
douze ans au monastère. Tout le temps qu'elle y passa, elle fit pénitence,
sans boire de vin, sans manger de raisin ni absolument aucun fruit. Elle
ne consomma point d'huile, ne s'oignit jamai» le corps, sa nourriture
était du pain et du sel. Telle est la vie de cette bienheureuse femme et
tels sont ses combats dans le Seigneur. Elle acheva parfaitement sa
course; elle s'endormit dans le Seigneur vers qui elle s'éleva et qui ia
reçut dans ses demeures de repo-: céleste, dans la paix de Dieu. Anien.
Retournons de nouveau a la vie du saint abba Martyrianos. Il est néces-
saire aussi que nous vous instrui-ions des pouvoirs dont il fut l'auteur,
utiles à quii-onque les entendra. Après sept mois il se trouva un peu
reposé (Fol 286 recto) de ia maladie qui lui étiit survenue des plaies de
son corps. Il co nmença à dire ensuite en lui-même « Vraiment, si je ne
me lève pas pour me retirer de ma cellule afin d'aller dans une autre
voie, le mauvais esprit va amener cout'^e moi une autre tentation pire que
celle-ci. Je sais ce i^ue je ferai. Je me lèverai et je me transporterai en
un lieu désert- dans la mer, endroit où il n'y a point d'homme, là je
mènerai une vie solitaire. » Ayant dit ainsi, il se leva, pria devant Dieu,
s'exprimant de cette manière : c Mon Seigneur Jésus-Christ, écoute-moi,
mui le malheureux, sois pour moi mon maitre secourable, partout où
j'irai n'oublie pas mon âme infortunée, mais purifie-moi dans ton amour;
à toi est la gloire et 1 honneur avec ton Père bon et le Saint-Esprit,
jusque d.iis l'éternité, Amen. »
Ap'ès avoir dit cela, il se signa, siT'it de sa cellule et dirigea sa
maiche vers la mer. Mais le démon cria de loin au saint, en disant :
« Rép >nds-moi, ô Martyrianos, vas-tu pouvoir t'échapper de mes mains? où
vas-tu, apprends-Ée-moi"^ Comme je t'ai f»erspcuté dans ta cellule, je te
persécuterai (Fol. 286 verso) au lieu où tu vas aussi. » Mais le saint lui
rr^pondit : « Ferme ta boucbe misérable infortuné, toi celui dont tous les
sains se rient. Mallieur à toi, car tu es étranger aux demeures de l.i
lumière. » Je t'ai enlevé ta grande armure en la |uelle m avais confiance,
je l'ai donnée à mon Sauveur Jésus. Tu as envoyé auprès de moi une
femme sous la forme d'une courtisane, voulant m'ôter ma pureté; tu
n'as pas pu me l'ôter; je t'ai enlevé cette femme, je l'ai faite une
épouse pure du Christ mon roi. » Après que le juste eut dit cela au démon,
il lui devint invi-ible.
Le saint abba Martyrianos cheminait, psilmodiant et disant : < Que
Dieu se lève, que tous ses ennemis se dispersent, que tous ceux qui hais -
sent son saint nom fuient devant sa face (1). » El d marcha jusju'àce
qu'il arrivât à la mer. Il trouva un batelier, il I aborda en disant : « La paix
soit avec toi, mon bon frère. » Le batelier répon lit : ? La paix soit avec toi,
homme d^ Dieu, » Le Saint répliq a : « Je te p' le, mon bi n frère, de me
(1) Psaume lvxii, 2, 3.
[33]
LA RKCENSIOX COPTK DE LA VIE d'aBBA MARTYRIANOS. 173
faire connaître (Fol. 287 recto) ce que je te demanderai, avec bienveil-
lance. Ne coniiais-tu pas l'endroit d'une peti'e île dans la mer, où il n'y a
point d'homme, afin que j"y aille pour y demeurer »? Le batelier lui répon-
dit, disant : « Pour quel ii.otif, mon père, veux-tu perdre ta vie loin du
monde; est-ce que tu ne trouves pas une demeure da .s toute la lerre
habitée, au lieu de "exiler sur la m^r »? Le Saint lui dit : « Ce n'est pas
ainsi, mon frère, mais je veux me retirer du monde afin de me soustra're
aux soucis de cette vie de vanit*^. » Le batelier lui répondit : « Puisque c'est
cela que tu cherches je connais un rocher extrêmement terrifiant dans
la mer, celui qui demeurera en cet endroit ne verra jamais un homme. »
Le bienheureux lui dit : « Certes c'est ce que je cherche, mon bon frère
Je te prie de mu transporter dans cette solitude afin que je ne voie
jamais personne absolumen*, surtout cette race de la femme. » Le batelier
lu' dit : « Où irouveras-tu du pain, en ce lieu, pour manger?» (Fol. 287
verso) Le saint lui dit : « C'est toi, mon frère, qui auras cure de mon
modeste besoin, pour Dieu. Moi, je prierai pour toi, pour ton salut, je
trava lierai des mains pour toi, tandis que je serai établi sur le rocher.
Apporte moi de petites tiges de palmier, je tfavaillerai, tu emporteras
mon ouvrage manuel, tu le vendras, tu m'apporteras ma modeste nour-
riture et tu prendras des récipients pour me 1 s remplir d'eau. Fai -moi
la grâce d'un peu de pain et d'eau pour l'amour de Dieu. Tu ne souf-
friras pas de dommages dans le travail si tu prends soin de moi, ce te
sera d'un grand avantage. » Le batelier, entendant cela, reconnut que
c"étai un saint. 11 convint avec lui de faire tout ce qu'il lui avait dit;
ainsi 11 transporta le juste avec son petit nécessaire pour les besoins de
six mois.
11 navigua avec lui, ui vent favorable soufflant à l'.rrière Par la
volonté de Dieu et son aide, ils atteignirent le rocher vers le temps du
matin. Le bienheureux abba Martyrianos, lorsqu'il vit cet endroit, combien
il lui convenait, se réjouit grandement, il bénit Dieu, lui rendit grâces
et il monta (Fol. 288 recto) sur le rocher avec le plus grand contentement,
comme quelqu'un qui a trouvé un palais de roi où il doit habiter, et il
chanta le psaume en disant : « J'ai regardé vers le Seigneur, il a tourné
sa face vers moi, il m'a entendu, il a dressé mes pieds sur le roc, il a dirigé
mes pas (1). » Puis après avoir chanté le psaume, il dit ai batelier : « Va
en paix; que le Seigneur soit avec toi. Je te prie, ne m'oublie pas. . »
l'homme lui dit : » Toi mon seigneur père... en outre, si tu veux... de
petites branches de bois... un petit... le locher, à cause de... la chaldur,
avec Dieu... » Mais lui s'asseoir sur... le jour et la nuit...
Après l'achèvement de six ... sur le rocher... soin de lui. . avec de l'eau •
trois ans... Après cela... le démon... il S' leva... (Fol. 288 ve^so) sur la
mer... il excita lesflots, ceux-ci se soulevèrent grandement (de sorte que...
au haut).., le démon cria en disant... « Tu es venu en mes mains... parmi
les flots de... » Le Saint lui dit... c En vain, ô misérable, tes apparitions...
(1) Psaume xxx, 2, 3.
[341
174 REVLE DE l'orient CHRÉTIEN.
ne pourra porter domnuge... mais au nom de mon Seigneur... te couvrir
de honte. . » Il «e Uva., s'étendit .. du côté de l'Orien-t, récitant le psaume,
disant : « Cest toi, mon Dieu, qui domines la puissance de la mer, qui
apaise le mouvement de ses flots (1). Je sais, mon Se.gneur... toi en .. tu
désires, qu'il soit... » Après avoir dit cela, il .. de cœur dans. . il ne peut
pas le porter. . mais, il . . la tentation contre... mauva's plus que ... il se
tourna vers .. des hommes... et d-s femmes... (Fol. 289 recto) et il ébranla
la bir,ue par un vent fort violent et l'.igita sur la mer jusqu'à l'appro-
cher de peu du rocher. Puis, il brisa la barque, la submergea, de sorte
que tous ceux qu'elle portait périrent, à l'exception d'une femme seule.
Celle-ci eut la force de s'emparer d'une pièce de bois; elle monta sur
elle, les flots agités la poussèrent jusqu'à ce qu'elle parvint au rocher.
(Elle approcha, elle vit le Saint), elle aborda sur un rocher, elle cria eu
di>ant : « Mon seigneur père, viens à mon secours » En l'entendant crier,
l'dbba Martyrianos regarda vers elle. Lorsqu'il la vit, il se mit à craindre
vivement. 11 se dit en lui-même : « Cette autre affaire est du démon. Je ne
sais pas ce que je ferai cette fois; celui que je crains me fortifie. Malheur à
moi, le misérable, cette épreuve est plus dangereuse pour moi, en effet,
que la première. Celle-là se trouvait sur la montagne quand elle blessa
ma pensée, je la jetai bors et je demeurai, moi, dans ma cellule. Mais
que ferai-je de celle-ci cette fois, où l'enverrai-je? il n'est point de
cellule ni de grotte (Fol. 289 verso) ni de refuge, ni d'abri pour que
j'y demeure. C'est un grand problème pour moi : si je l'admets près de
moi et si l'ami de Dieu qui me sert arrive et la voie ; si je l'abandonne
ainsi pour qu'elle périsse par les flots dans les eaux de la mer! C'est
une grave affaire pour moi, si je n'ai pas pitié d'elle. Mais, je Siis ce
que je ferai. Je me mettrai à l'eau, je la laisserai sur le rocher;
j'irai seul à la mort dans la mer. » Ensuite, il leva les yeux en haut, vers
le ciel, il pria en disant : « Mon Seigneur Jésus-Christ, mon espoir, ne
m'abandonne pas cette fois encore, ne t'éloigne pas de moi, mais donne
la force à mon àme ne la laisse pas périr. »
Après avoir dit cela, il descendit du rocher, saisit la main de la femme,
peu à peu, la tira des eaux de la mer. Puis, comme ii la conduisait au haut,
tandis qu'elle portait des vêtements resplendissants, ayant sur elle une
bande d'ornement d'or et étant extrêmement belle de visage, le saint ne
jeta point sur elle ses regards. Lorsqu'elle se fut un peu reposée, le saint
lui dit : (Fol. 290 recto) « Ma fille, demeure en ce lieu, sois sans crainte, il
y a ici du pain et de l'eau dont un homme de Dieu nous pourvoit, mange
avec mesure, bois avec modération, comme j'ai fait. Il y a encore deux
mois à passer jusqu'à ce que celui qui me sert vienne en ce lieu. 11 vient
à moi trois fois l'an me faire visite, il m'apporte tout ce dont j'ai besoin
pour l'amour de Dieu. Lorsqu'il viendra vers toi, il t'interrogera, r.iconte-
lui ce que je t'ai dit et, demande-le-lui, il te retirera de cet endroi
désert; pour moi, j'irai à la mort à cause de toi. »
,1) Psaume lx.xxviii, 10.
[35] '
LA RECEXSIOX COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTVKIAXOS. 175
Après qu'elle eut entendu ces paroles, elle s'attrista extrêmement. Mais
lui la rassura. i Ne t'attriste pas, mî sEur, il vaut mieux pour moi que je
meure dans la mer plutôt que de perdre toutes les fatigues que j'ai endu-
rées depuis mon enfance jusqu'à ce |our. Aucun homme ne saurait
de.neurer ave . toi, ô ma sœur, et se sauver du mauvais esprit. Et s'il se
sauve dans sa chair, il ne se sauvera pas dans sa pensée. Surmonte-toi.
aie confiance, car je prierai (Fol. '.290 verso) le Seigneur Jésus-Christ
pour qu"il te garde de tout trouble et te donne la force de supporter le
froid et la chaleur. Voici, tes yeux le constatent, je n'ai aucune denrée,
sauf ces pains placés dans cette larre. Mange avec mesure et bois de
Teau avec modération, Dieu ne t'oubliera pas. »
Ayant parlé ainsi, il pria sur elle, la confia au Seigneur. Tandis qu'elle
pleurait amèrement, l'homme de Dieu descendit du rocher, cet homme
accompli, dont le cour ige était presque plus fort que le roc sur lequel il
se trouvait. La femme l'accompagnait en pleurant et le suppliait en
disant : « C'est moi qui mérite la mort, o mon père, jette-moi dans la mer
à ta place afin que tu sois sauvé. » Mais comme il lui prétait l'oreille, il
la signa trois fois etdit : « Le Sauveur bon te fortifiera dans son amour. »
11 leva les mains au ciel ensuite en disant : « Mon Seigneur Jésus-Chriht,
toi qui as veillé (Fol. 291 recto) sur Jonas dans le ventre du monstre
marin, veille sur moi aussi en cette nécessité de la mort au ourd'hui.
Jette un regard sur ma misère, ne m'abandonne pa-i, moi ton serviteur,
de peur que je périsse dans ces eaux errantes. Il est meilleur pour moi
de mourir dans les eaux de la mer plutôt que de pécher en ta présence.
11 me suffit de la tentation qui m'a accablé jadis : voici que celle-ci est
pire pour moi que celle-là. Tes yeux, ô Seigneur, voient le danger dans
lequel je me trouve. J'ai confiance en toi, ô Seigneur^ que tu feras que je
ne sois pas confondu: que ta volonté, ô mon maître soit faite »
A l'instant il se jeta à la mer, et la femme le regardait, en criant et
disant tout en pleurs . « Malheur à moi, mon seigneur père, tu t'en vas,
tu m'abandonnes; malheur à moi infortunée. » Tandis qu'il s'éloignait un
peu, Aotre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent des miséricordes
nombreuses, celui qui n'abandonne point ceux qui espèrent en lui, le fit
porter par deux dauphins sans aucun mal jusqu'à ce qu'ils l'eussent déposé
sur la terre ferme. Et le bienheureux abba Martyrianos, en abordant
(Fol. 291 verso) à terre et après qu'il se fut recueilli, reconnut^ la puis-
sance de Dieu. 11 rendit gloire au Seigneur, le remejcia en disant : « Je
te rends grâces, mon Seigneur Jésus-Chr st, mon bon Sauveur, de ce qtie
tu as eu pitié 'le mon âme malheureuse, tu m'as sauvé et tu m'a.s préservé
de la mort, à toi la gloire et l'Iionneur jusque dans les siècles des
siècles. Amen, i
Après cela, se parlant a lui-même : « Que ferai-je, dit-il, dès ce moment ?
L'ennemi ne me laisse pas m'établir en quelque endroit, ni sur les mon-
tagnes, ni sur les îles. Je ne sais que faire. » Et il cheminait, tandis que les
larmes coulaient sur ses. joues. 11 se retirait seul dans les montagnes,
[36]
176 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
comme si on le poursuivait, sans pain, sans vêtement si ce n'est un
unique manteau sur ui. Un homme de bien, ayant vu qu'il ne posséda t
absolument rien, lui donna des pains, une tunique et un manteau. Il les reçut
avec grande crainte de cet homme qu'il bénit (Fol. 292 recto) et il partit,
fuyant et s'éloignant comme un captif. Il cheminait toute une journée
jusqu'à un endroit où il devait parvenir au moment où le soleil allait se
coucher, que ce fût un village ou une ville, pour y être hébergé. Il
cherchait avant tout un homme servant Dieu pour demeurer chez lui
pour le besoin du corps; ensuite, le saint partait au moment où il voulait,
prenant sa route suivant le lieu, s'en allant, en courant bravement dans
le stade afin d'obtenir la couronn ■ de vie céleste fl), et il passait ainsi
tout son temps sur la terre, allant de place en place jusqu'à ce qu'il eût
acbevé sa course. 11 avait parcouru cent soixante cinq villes et villages
avant de l'avoir terminée. Le lieu où il arrivait chaque jour au temps du
soir, il l'habitait chaque jour jusqu'au mat'n. Mais si le lieu lui conveniit
selon Dieu, il demeura. t deux ou trois jour.s, puis il partait pour cheminer
(Fol. 292 verso) et il chantait des psaumes en marchant, il priait le
Seigneur dans toutes ses marches. Le saint passa ainsi deux ans, allant de
place en place.
Mais le grand illuminateur et véritable ordonnateur ayant décile qu'il
se reposât, il alla à Athènes. .\ l'é^êque de ce lieu, homme juste, bon et
orthodoxe, il avait été fait révélation par Die i, touchant la mort de
l'abba Martyrianos. Le bienheureux alla dans une église, en cet endroit,
sachant du Seigneur que sa dernière heure approchait. Il se reposa sur
un siège de bois. II dit aux gens qui étaient près de lui : « Mes pères et
mes frères, faites-moi la grâce d'appeler mon père l'évéque pour que je
lui dise une parole. » Ceux-ci pensaient que c'était un fou et un banni. Ils
se dirent entre eux : « Son esprit n'est pas tranquille. » Et ils lui répondirent
en disant avec humeur : « Quelle est ton affaire à toi (Fol. 293 recto) avec
l'évéque? est-ce que l'évè.jue doit venir auprès de toi? » Mais lui persista à
les prier : « C'est une affaire nécessaire, je veux le consulter. » Et ainsi, ils
allèrent et informèrent l'évéque, en disant : « Il y a un homme étranger
couché sur le siège de l'église, en face du saint lieu; nous disons de lui
que son esprit n'est pas tranquille, nous ne savons pas d'où il est. Il a,
persisté à dire : Appelez-moi l'évéque pour que je lui di-e une parole.
Pour cela nous sommes venus fin former, nous t'en prions, ne te fâche
pas contre nous tes serviteurs. » L'évê(iue leur répondit en d sant : « Cet
homme-là est plus élevé que vous et il est plus élevé que moi. C'est un
temple de Dieu cet homme saint; Dieu est en lui avec ses anges Allons
vite recevoir sa bénédiction, car c'est Dieu qui nous l'envoie. »
L'évéque abba Timotheos se leva, il alla à l'église, se réjouissant Mais
le bienheureux abba Martyrianos, lorsqu'il le vit, (Fol. 293 verso) ne put
pas se soulever à cause de la maladie grave qui était en lui. Il étendit les
mains et lui donna le salut d'adoration des lèvres seules. L'évéque adora
(I) Cf. I" Épitre aux Corinthiens, ix, 34.
[37]
LA RECENSION COPTE DE LA ^7E d'aBBA MARTYRLWOS. 177
ses mains, le bénit avec tous ceux qui l'accompagnaient et dit : « Je rends
grâces à mon Seigneur Jésus-Christ de ce qu'il m'a fait digne de toi, pour
recevoir ton salut, moi l'indigne Grâces lui soient rendues de m"avoi>
laissé en mon corps jusqu'à ce que je te voie, ô mon père saint, ô homme
parfait, qui dans toutes tes oeuvres es agréable à Dieu et à ses saints
anges. Bienheureux es-tu d'avoir lutté bravement et d'avoir vaincu, car le
Seigneur m'a déjà appris tes luttes dans lesquelles tu as été victorieux et
il m'a informé aussi que tu venais vers moi. Je t'en prie, ô mon père
saint et bienheureux, lorsqife tu seras reposé et qne tu seras allé auprès du
Seigneur, souviens-toi de ma pauvre âme dans le royaume des cieux, celui
préparé pour toi, pour y habiter jusque dans l'éternité et pour y être comblé
de tous les biens sans fin à cause (Fol. 294 recto) de toutes les souffrances
que tu as endurées en ce monde par tes luttes admirables. » Le Saint lui
dit : « Prie pour moi, mon père samt, afin que le Seigneur me fortifie
jusqu'à ce que je parvienne au lieu de cette demeure, pour que je soi,s
fait digne de trouver la liberté de langage devant le tribunal du Christ. *
L'évêque pria sur lui, le signa. Le bienheureux abba Martyrianos porta
les yeux en haut et dit : « Mon Seigneur Jésus-Christ, tu es mon espérance,
je remets mon esprit entre tes mains. » Et après avoir prononcé ces
paroles il rendit l'esprit entre les mains du Seigneur. Il acheva sa course
magnifiquement, il reçut la couronne de gloire de la part de Dieu, chan-
tant avec le choeur des anges et tous les saints (dans le séjour des
vivants).
Après qu'il se fut endormi, le onze du mois de Pachons, son âme fut
transportée au haut des cieux vers le Christ, celui qu'il, avait véritable-
ment aimé. Si j'appelle ce saint un apô're, je ne vais pas au delà dé la
vérité; si je l'appel e un martyr, il fut vraiment un martyr et de forte race :
il se jeta au feu par sa volonté, (Fol. 294 verso) de lui-même afin de
garder la pureté, pour éteindre le feu de la passion mauvaise. Puisse tout
le monde entendre la lutte de ce juste et dire : Sois confondu, ô dragon
apostat, démon pervers, il t'a couvert de confusion par la puissance de
INotre-Seigneur Jésus Christ, et tous tes instruments que. tu avais pré-
parés contre ce saint, il te les a enlevés et les a portés en offrande à
notre roi le Christ. »
Mais revenons au réc.t qui nous est proposé et que nous vous appre-
nions ce qu'il advint de la femme que notre père saint abba Martyrianos
laissa sur le rocher et que nous vous fassions connaître ses pratiques, ses.,,
grandes luttes. ..... ^ ;.
Grâce aux prières dii saint abba Martyrianos, Notre-Seigneur Jés,\is->jQg è.,
Christ la conserva pure et sans tache à son service, sainte jusqu'au jou'r>^..- -f,
de sa mort. Restée seule sur le rocher après que le juste se fut jeté
à la mer, elle demeura priant d'elle-même le Seigneur jour (Fol. 295 ,
recto) et nuit avec des larmes abondantes et des gémissements, afin qu'il
la secourût. Elle mangeait avec mesure, comme lui avait dit le saint
abba Martyrianos, (et buvait de l'eau avec modération). Il advint qu'au
[38]
ORIENT CHRÉTIEN. 12
178 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
temps marqué, le batelier vint apporter des pains, et de l'eau selon
l'habitude. Après qu'il se fut approché du rocher, il vint pour accoster,
il regarda en haut, il vit la femme belle de visage et d'allure,. Comme il
ne vit pas le vieillard, il fut pris d'une grande frayeur et il voulait s'en
aller. Mais la femme, l'appelant avec des larmes, lui dit : «Je t'adjure par
la puissance de Dieu, ô homme secourable, et par les prières de mon
père saint l'abha Mariyrianos, ne t'en va pas pour me laisser mourir en
ce lifiu. Je suis une infortunée, appro -he de moi pour que je te parle,
ô mon seigneur. Je suis, en effet, une femme ayant chiir, net'éloigne p;)S
pour me laisser mourir de faim et de soif. Approche-toi (de moi), ô
mon seigneur, pour que je t'informe des prières qui m'ont été contiées
par le juste pour toi. Ne t'éluigne pas pour me laisser (Fol. 295 verso)
sans que je te parle Je suis une femme chrétienne, qui, aj)rès qu'une
barque nous eut abordés dans la mer, me suis réfug ée en ce lieu. »
Le batelier approcha sa barbue petit à petit, lu. prêta l'oreille Elle
lui dit : « Je suis une femme, mon bon frère, qui a été transportée par les
eaux de la mer. Les vagues m'ont jetée en ce lieu, le juste l'abba Marty-
rianos m'a sauvée de la mort, il m'a laissé la place pour moi, il s'en est
allé, il n'est pas resté, i-ar je suis une femme. J'habite en ce lieu seule
depuis deux moi^i. » Alors le bate.ier lui dit : « Où est-il allé? quel est
celui qui l'a pris et l'a emmené avec lui ? » Et elle répondit : « A rès s'être
jeté à la mer, deux animaux le portèrent sur les eaux : j'ai vu qu'ils le
portaient; je ne sais oîi ils l'ont conduit. » Le batelier, en entendant ce
récit, s'attrista grandement et il pleura sur l'homme .te Dieu l'abba Mir-
tyrianos. Ainsi, la femme l'instruisit de tout ce qui lui ét.iit arrivé et de
tout ce dont le saint l'avait informée.
Le batelier, après avoir écouté la femme, lui dit : « Descends pour que je
t'embarque, (Fol. 296 recto) que jeté porte à la ville. — Non, répondit la
femme, mon seigneur frère, laisse-moi sur ce rocher jusqu'au jour de ma
mort, en cet endroit où le juste m'a lais-ée à cause de ma naiure péche-
resse, car il m'a laissée ici et il est parti. Je prie ton amour de Dieu, a
charité que tu professes pour mon père saint, fais-la-moi aussi. Pour
Dieu, va à ta ville, prends une camisole et une tunique en poils, porte-les
à l'évêque, qu'il les bénisse, et apporte-les-moi avec les petits pains et
l'eau, comme tu le faisais avec inon père saint (ibba Martyrianos)^ tu
recevras ta récompense du Seigneur. Ne dis pas, ô mon frère, que je suis
un vase fragile, ne- me dédaigne pas et ne m'oublie pas afin que je
meure avant mon temps. Si Dieu en effet ne voulait pas que mon
âme soit sauvée, il ne m'aurait pas sauvée de l'océan de cette manière
pour me conduire en ce lieu, mais j'aurais péri, moi aussi, avec tous ceux
qui ont péri dans la mer, me trouvant avec eux sur la barque. Maintenant
donc ne te détourne pas de mon indigence (Fol. 296 verso) parce que je
suis une femme. Celui, en effet, qui a formé Adam, celui-là aussi a formé
Eve notre première mère. Je te prie donc d'amener avec toi ma sœur,
qui est ta femme, pour qu'elle me revête de l'habit de la vie monastique,
[39]
LA RECExXSION COPTE DE LA VIE d'aBBA MARTVRLWOS. 179
lorsque tu le recevras de l'évêque. Que ma sœur m'apporte de la laine
pour que je la lui travaille, afin queje ne mange pas le pain gratuitement.
Le Seigneur sera avec toi sur toutes tes routes, il te gardera de tout mal,
te fera digne des biens de son royaume. » Le ba'elier, entendant cela,
trouv.i grand profit dans cet exposé rempli de sagesse, et il lui dit : «
servante du Seigneur, ne crains rien; je e promets que je ne t'abandon-
nerai pas; si le Seigneur veut que je vive, je viendrai bientôt » Et il
lui donna les pains et l'eau.
11 retourna à sa maison en paix, rendant gloire à Dieu, et il instruisit
sa femme de toutes choses. Celle-ci s'en réjouit gran iement. (Fol. 297
recto) Après quatre mois, le batelier se leva, prit sa femme et tout ce
que la bienheureuse femme lui avait dit, puis il partit se dirigeant vers
la bienheureuse. Lorsque sa femme la vit, ce lui fut une grande joie;
elles s'embrassèrent l'une l'autre durant un long moment, tandis que des
larmes coulaient sur leurs jou'^s. La b>nheureus > se dé ouilla des vête-
ments qu'elle avait sur elle, revêtit un habit m mastique nusculin qui
comprend une camisole, une casaque en poils, un manteau et une ceinture
autour des reins Puis elle se leva et pria le Seigneur, disant ainsi : « Mon
Seigneur Jésus-Christ à qui appartienent les grands prodiges, toi qui es
avec tou-5 les saints, sois avec moi aussi, aie pitié de moi ta servante, donne-
moi la force de faire ta volonté tous les jours ot erarde mon âme misérable
contre le pervers mauvais afin q'ie mon cœur soit fortifié en toi. A tes ser-
viteurs qui m'ont sauvée, donne-leur la récompense, (Fol. 297 verso) car
à cau«e de toi, ils m'ont prise en pitié, moi la pauvre malheureuse; à toi
la gloire dans l'éternité. Amen »
Lorsqu'elle eut prononcé l'amen, elle dit à la femme. « Ma sœur aimée
de D'eu, pour Dieu tu es venue à moi en ce lieu, n'oublie pas de venir vers
moi la malheureuse. Apporte-moi beaucoup de laine pour que je travaille,
car on nous a enseigné à ne pas demeurer oisif absolument. Mes beaux
vêtements et mon bandeau d'ornement d'or, mon manteau, ce que le
Seigneur m'a conservé dans les flots de la mer, prends-les avec toi, afin
que tu t'en pares et ga des mon souvenir. Mon Seiu'neur Jésus-Christ
veillera sur vous par sa puissance divine, car il est notre salut et notre
espérance. »
Après leur avoir parlé ainsi, elle les renvoya en paix, et chaque trois
moisi' s venaient vers elle, lui portant tout ce dont elle avait besoin. Elle se
réiouissait dans le Saint Esprit, elle faisait de nombreuses prières le jour
et la nuit tandis qu'elle demeurait sur le rocher, supportant le bruit de
la mer, sa mauvaise odeur, le tumulte (Fol. 298 recto) des flots se jetant
contre le rocher. Cette benheureuse fe t me était ainsi endurante à cause
de son grand amour et de sa charité envers Notre-Seigneur Jésus-Chri-st.
Le jour oî; elle monta sur le rojcher elle avait vingt-cinq ans, comme elle
l'apprit à celui qui la servit, et elle vécut sur le rocher pendant six ans.
Nntre-Seigneur Jésus-Christ vit ses fatigues,. il ne la laissa pas prolonger
son temps de vie, mais il la prit rapidement au séjour de tous les vivants.
[40] ^
180 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN. »
Elle acheva sa vie angéliqiie, elle alla vers le Seigneur, se réjouissant de
sa présence, le Seigeur reçut son âme bienheureuse.
Lorsque ce fut le temps d'aller auprès d'elle pour le pourvoyeur et sb
femme, ceux ci trouvèrent qu'elle s'éta t endormie dans la mort. Elle était
dans une altitude toute de sainteté, la bouche et les yeux parfaitement
clos, de, sorte qu'ils ne les fermèrent pas. Son visage était lourné vers
'orient sa chair se trouvait sans mauvaise odeur par la puissance de
Notre Seigneur Jésus Christ qui glorifie ses serviteurs aussi dans leur mort.
Lorsqu'ils la virent ainsi, il se jetèrent (Fol. 298 verso) la face contre
terre se prosternant devant Dieu, versant d'abondantes larmes. Puis ils
la prirent, ils la transportèrent sur la barque et la conduisirent à la ville
de Césarée. Ils informèrent l'évèque de sa vie magnifique, remplie de
vertus. Aussitôt Févêque ordonna qu'on plaçât son corps dans des linceuls
de choix, qu'on 1 ensevelit avec dignité et qu'on l'inhumât en un lieu
honorable. Chantant des psaumes devai.t elle, les foules glorifiaient Notre-
Seigneur et notre Dieu et Sauveur Jésus-Chris', celui par qui est tou'e
gloire et tout honneur et toute adoration qui convient au Père avec lui et
au Sa^'nt-Esprit vivificateur, maintenant et toujours et dans les siècles dos
siècles. Amen.
M Chaîne.
41'
POLOGEiMA (STATUT)
RÈGLEMENTS SUPRÊMES POUR LE GOUVERNEMENT
DES AFFAIRES DE L'ÉGLISE ARMÉNIENNE
GRÉGORIENNE EN RUSSIE
Dans le texte original il est noté de la propre main de
Sa Majesté Impériale :
« Qne ce soit aiîïsi »
Saiut-Pétersbourg, le 11 mars 1836. • • '
Imprimé à la sainte Etchmiadsin, l'an de Notre-Seigneur 1836.
CHAPITRE I
DES DROITS GÊNÉR\U\ ET PRIVILÈGES DE L'ÉGLISE ARMÉNIENNE
GRÉGORIENNE.
Article !«'■. — L'église arménienne grégorienne dans l'empire des Riissies
se trouve, à l'égal des autres confessions étrangères, sous la protection
miséricordieuse de l'empereur.
Art. 2. — Dans tout l'empire des RuSsies est autorisée la profession de
fbi, selon le rite de l'église arménienne grégorienne, de manière à ce
que ses membres, en vertu des législttions générales impériales, s'abs-
tfennent absolument de manquer de respect à, l'égard des autres
cpofessions ç[ui ont la libre profession dans l'empire, et surtout défaire
du prosélytisme (l), ce qui est rigoureusement interdit, par les lois de
l'État.
(1) Prosélytisme est un mot latin; ce terme abstrait est employé en Riissie
et signifie : attirer les autres à sa profession de foi.
[1]
182 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Art. 3. — L'administration du culte divin et le gouvernement des affaires
spirituelles de l'église arménienne grégorienne sont confiés à son corps
ecclésiastique, en vertu des lois et des règlements de la même église.
Art. 4. — Les ecclésiastiques grégoriens arméniens, en tout ce qui
concerne généralement les simples obligations spirituelles, sont seu-
lement sous la direction de l'autorité spirituelle dont ils relèvent.
Art. 5. — Les affaires spirituelles de tous les ministres ecclésiastiques
de l'église arménienne grégorienne des Russies sont soumises à l'ins-
truction et à la décision des consistoires (<Çntffei-"/i lumfeiuîi) de cette église ;
quant aux litiges ou autres affaires civiles entre eux ou avec d'autres
personnes qui ne sont point des ecclésiastiques arméniens grégoriens,
ainsi que les affaires criminelles {Kréakan) (1) et toutes autres affaires
sont soumises à la direction supérieure des tribunaux civils, selon l'ordre
général; un député (2) étant désigné de la part de l'autorité spirituelle,
toutes les fois que la loi ordonne qu'il s'y trouve un député pour prendre
part à l'instruction de telles affaires.
Art. 6. — Les ecclésiastiques arméniens grégoriens des Russies sont
exempts de tout impôt et des réquisitions civiles
Art. 7. — Les ministres de l'église arménienne grégorienne, leur épouse
et leurs enfants, en aacun cas, ne sont soumis à des peines corporelles.
Art. 8. — Les membres ecclésiastiques arméniens grégoriens des Russies,
à l'égal de tous les fidèles sujets de Sa Majesté Impériale, ont le droit
d'obtenir des dons miséricordieux de Sa Majesté Impériale pour leur
piété et leurs actions méritoires.
Art. 9. — Les églises arméniennes grégoriennes des Russies ont le droit
de posséder des biens immeubles, mais elles ne peuvent en acquérir ou
s'en défaire autrement que par la bienveillance suprême de l'empereur,
laquelle est derflandée par l'intermédiaire du mini.stère de l'Intérieur
selon l'ordre établi.
(1) Par ce mot Kréakan, criminel, il faut entendre tout crime dépendant
du tribunal de sang : assassinat, vol, banditisme, contre la religion des lois
impériales et autres semblables, qui sont appelés en russe ougolvoni, ou en
latin criminal.
(2) Député est un mot latin, qui signifie élu pour conduire les affaires
entre civils et ecclésiastiques et militaires ou bien entre ceux-ci et les
ecclésiastiques, ou pour traiter les litiges au sujet des biens ecclésiastiques
avec le Palais; il est élu et nommé, de la part des ecclésiastiques ou des
militaires, pour lés tribunaux, pour, le cas échéant, se trouver présent aux
heures de l'instruction et de la décision de l'affaire, poiar laquelle il est
désigné. L'obligation du député est de prendre la défense des droits de la
personne ou du tribunal dont il est l'élu, d'obtenir la juste observation qu'il
n'y a pas eu de favoritisme en cours de l'instruction de l'affaire. Il a, en cours
de l'instruction, voix égale aux autres juges du tribunal.
[2]
POLOGEMA (statut). 183
CHAPITRE II
DU PATRIARCHE SUPRÊME D'ETCHMIADSIN.
Art. 10. — Le gouvernement principal de l'église arménienne gré-
gorienne et la direction suprême de ses ecclésiastiques, ainsi que la
stricte observance des règles et du rite de cette confession, appartiennent
au Patriarche d'Etchmiad<»in, avec lequel collabore en tout le Synode
arménien grégoriea d'Etchmiadsin; toutefois le Patriarche, en aucun
cas, ne peut transmettre ni au Synode, ni à aucun autre tribunal ou
à autre personne, les droits et Ihs privilèges exclusifs de son degré (dans
la hiérarchie).
Art. 11. — Le Patriarcne suprême d'Etchmiadsin est élu par foute la
nation arménieime grégorienne selon l'ordre établi à ce sujet.
Art. 12. — A la vacance du poste de suprême Patriarche Catholicos de
toutes les Arménies, le Synode grégorien d'Etchm adsin envoie des lettres
de faire-part à tous les diocèses arméniens grégoriens se trouvant soit
en Russie, soit au delà de ses frontières, en leur notifiant le la js de temps
d'une année pour l'élection du nouveau Patriarche.
Art. 13. — Chaque diocèse arménien grégorien désigne, pour l'élection
du pat'iarche, deux députés (1), l'un ecclésiastique et l'autre laïque.
Le délégué ecclésiast que doit être ou lui-même l'archevêque [aratchnovd)
chef du dicèse, ou un autre ecclésiastique nommé par lui ; quant au délégué
la'ique, il est élu parmi tous les notables, les officiers {lushachis), les
méliks, et autres membres honorables laïques de l'église arménienne
grégorienne qui ont droit d'élection selon l'ancien rite de cette église.
Art. 14. — Ces délégués élus, s'ils ne peuvent se présenter en personne
au monastère d'Etchmiadsin à l'époque convenue pour l'élection du
Patriarche, ont le droit de faire connaître, par écrit, leurs observations
et de les faire parvenir au Synode d'Etchmiadsin.
Art. 15. — En dehors des délégués (députés), prennent part à l'élection
du Patriarche tous les membres du Synode arménien grégorien d'Et-
chmiadsin et sept évêques, les plus âgés, qui se trouveraient à ce moment
à Etchmiadsin; dans le cas du nombre insuffisant de ces évêques les
vardapets, les plusâ es, combleront ce nombre.
Art. 16. — Cette élection a lieu à Etchmiadsin, dans l'église cathédrale
de saint Grégoire l'IUuminateur, selon la stricte observance des rites
établis à ce sujet dans l'église arménienne grégorienne.
Art. 17. — Après la collecte des voix de tous les membres de la réunion
et après avoir pris connaissance des observations par écrit parvenues au
Synode en vertu de l'article 14, les quatre premiers qu> ont obtenu le plus
grand nombre de voix données en leur faveur, sont reconnus comme
(1) Ge mot député n'a point la signification de celui de l'art. 5, mais signifie
délégué, représentant ou chargé d'afTaires.
[3]
184 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
ayant droit à être élus comme candidats (1) ; mais en cas d'égalité de
voix, c'est le tirage au sort qui décide lesquels d'entre eux doivent être
considérés comme premiers, et tous les congressistes procèdent alors
à l'élection des deux candidats aux fonctions de Patriarche suprême.
Art. 18. — A la suite de cette élection, le congrès envoie trois délégués
d'entre ses membres au principal gouverneur de la Géorgie du Caucase
et des provinces Transcaucasiennes, lequel, par l'intermédiaire du minis-
tère de l'Intérieur, présente ces deux candidats élus, à la bienveillance
de Sa Majesté Impériale.
Art. 19. — X'empereur-roi après avoir nommé le Patriarche suprême
d'Etchmiadsin, Catholicos des Arméniens, lui accorde, en toute misé-
ricorde, un décret spécial pour ce degré, et après avoir reçu de lui le
serment de fidélité au trône de toutes les Russies, ordonne d'accomplir son
sacre selon l'ancien rite et usage de l'église arménienne grégorienne.
Art. 20. - — Le' Patriarche d'Etchmiadsin porte le même titre qu'avaient?
dès les anciens temps, les suprêmes Patriarches Catholicos arméniens.
Art. 21. — Dans les offices divins des églises arméniennes grégoriennes
le nom du Patriarche Catholicos est mentionné aussitôt après celui de
l'empereur de toutes les Russies et de son auguste Maison.
Art. 22. — Conformément à l'usage ancien, le Catholicos à sa sortie-^tfâ'
catholicat ou des murs d'Etchmiadsin a le droit d'être escorté par des
gardes d'honneur arméniens appartenant au monastère d'Etchmiadsin ?
de quelques membres de la spiritualité et de deux ecclésiastiques gradés,
dont l'un porte la crosse du Catholicos et l'autre la croix.
Art. 23. — En vertu d'une loi ancienne de l'église arménienne gré-
gorienne, le Patriarche d'Etchmiadsin en tant que suprême Catholicos
des Arméniens a lui seul le droit de préparer et de bénir le saint chrême
pour toutes les églises de cette confession.
Xota. — La distribution du saint chrême par le patriarche et par les
délégués envoyr s par lui est absolument gratuite.
Art. 25. — Le Patriarche suivant les anciens règlements de l'église
arménienne grégorienne, après avoir, préalablement, pris l'avis du
Synode d'Etchmiadsin, donne très simplement la décision finale des
affaires spirituelles concernant les doctrines de la foi, les services de
l'église et autres semblables.
Art. 26. — Le Patriarche suprême d'Etchmiadsin a le droit, conformé-
ment aux règlements de l'église arménienne grégorienne, de récompenser
les membres vertueux et méritants du corps ecclésiastique arménien par
la croix pectorale, le chapeau appelé kamUavka.eiYarakhtchnok.
Art. 27. —Le Patriarche d'Etchmiadsin comme pasteur spirituel œcu-
ménique de tous les Arméniens, à l'exemple du Patriarche Nersés,
surnommé le Gracieux, envoie de temps à autre des bulles patriarcales
(1) Candidat est un mot latin et signi-fie concurrent à l'autorité, ou à une
fonction ou bien élu.
4]
POLOGEXIA (statut). 185
arec sa bénédiction aux Arméniens grégoriens de tous les lieux et régions,
en les exhortant à une vie paisible et vertueuse et à l'obéissance des
autorités légales conformément aux préceptes du saint évangile (1).
Art 28. — Lorsque les empereurs de toutes les Russies montent sur
le trône des ancêtres, le Patriarche d'Etchmiadsin envoie un des membres
les plus en honneur du corps ecclésiastique arménien grégorien pour
présenter à Sa Majesté Impériale ses très humbles hommages et pour
demander sa bienveillance miséricordieuse à se trouver présent à la
solennité de son sacre, et dans le cas d'impossibilité, par son député.
Art. 29. — Conformément aux règles de l'église arménienne grégo-
rienne, le suprême Patria che Caiholicos a sa résidence stable au monastère
d'Etchmiadsin. Lorsqu'il juge nécessaire de s'absenter du monastère
pour plus de quatre mois, il demande à ce sujet, par l'intermédiaire du
principal gouverneur de la Géorgie du Caucase et des provinces trans-
caucasiennes, par le canal du ministère de l'Intérieur, le suprême
agrément de Sa Majesté Impériale.
_Art. 30. — Le Patriarche d'Etchmiadsin a le droit d'accorder un congé
de quatre mois aux membres du Synode de l'église arménienne gré-
gorienne, ainsi qu'aux archevêques (aratchnord) chefs de diocèses et en
général à tous les .évèques de cette confession; pour des congés plus
prolongés et au d(;là des frontières de ce gouvernemen') le Patriarch-;
ne les lasse partir qu'avec la suprême autorisation de l'empereur. Des
membres du Synode pas pi is que deux à la fois peuvent partir en congé.
Art. 31. — Le Patriarche Catholicos en tant que supérieur immédiat
du monastère d'Etchmiadsin en administre les affaires selon ses propres
observations, en vertu stricte des règles ecclésiastiques.
Art. 32. — A la mort du Patriarche Cathalicos, le Synode arménien
grégorien d'Etchmiadsin est immédiatement convoqué pour mettre en
sûreté tous les papiers se trouvant chez lui et ayant trait aux affaires du
gouvernement et de l'église, ainsi que les biens ecclésiastiques se trou"
vant sous sa direction.
Nota. — Le Patriarche est maitre de disposer à son gré de ses propres
biens; s'il n'a point laissé de testament, ses biens passent à ses héritiers
légaux, et s'il n'a point d'héritiers, ces biens passent au compte des biens
de l'église arménienne grégorienne.
• (1) Le texte russe porte le mot miséricordieu.K (inilostivi) au lieu de gracieux
{chnorhali), mais comme notre catholicos >rersès, orné des grâces spirituelles,
s'appeiait gracieux et non miséricordieux, et comme nous croyons que ce
n'est qu'une erreur du traducteur qui a traduit ce mot arménien en russe
miséricordieux, j'ai, en toute assurance, mis ici le mot dans sa vraie signi-
fication, telle qu'elle est dans notre langue, et j'ai inséré cette note pour que
personne ne me blâme d'avoir incorrectement traduit le mot miloslivi par
gracieux; ce dernier mot se dit en russe plagadatni ou isnolnéhni plagodati.
[5]
Ï8G RKVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
CHAPITRE III
DU SYNODE ARMÉNIEN GRÉGORIEN d'eTCHMIADSIN.
Art. 33. — Le Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin, sous la
pré.sidence du suprême Patriarc je Catholicos, est composé de quatre arche-
vêques ou évêques et d'un nombre égal de vardapets, ayant leur rési-
dence stable à Etchmiadsin.
Art. 34. — A chaque remplacement des membres du Synode armé-
nien grégorien, le Patriarche, par l'entremise du principal gouverneur
de la Géorgie du Caucase et des provinces transcaucasiennes et par le
canal dii ministère de l'Intérieur, présente deux candidats à l'empereur
roi.
Art. 35 — Au nombre des opérations du Synode arménien grégorien
en tant que,gouvernement lui appartiennent :
1. — La surveillance des opérations de tous les tribunaux et personnes
employées soumises à ce Synode.
2. — La haute direction du bon fonctionnement des monastères, des
églises, des écoles et des institutions agréables à Dieu, qui lui sont soumis.
3. — La haute direction des règlements du gouvernement des biens
des églises arméniennes grégoriennes.
4. — L'étude préalable des affaires concernant la construction des
monastères, des églises et des écoles, et la demande, à ce sujet, de
la suprême autorisation de l'empereur, par l'entremise du principal
gouverneur de la Géorgie du Caucase et des provinces transcaucasiennes
et par le canal du ministère de l'Intérieur.
5. — L'autorisation aux Arméniens de l'église grégorienne, qui sont
à l'état libre, de recevoir les ordres ecclésiastiques et de se vouer à
l'état monacal.
6. — L'autorisation de relever de l'état monacal et en général de
l'ordre spirituel.
7. — La connaissance finale des affaires, d'après les demandes pro-
posées, pour contra' ter mariage.
8. — L'autorisation de recueillir dans les diocèses des dons volon-
taires au profit des monastères, des églises, des écoles et des insiitutions
agréables à Dieu pour d'autres diocèses.
9. — L'inspectioT de l'assistance aux orphelins et aux veuves des
ministres du haut {uppuitjjiuti^nph) et du bas clergé.
10. — Proposition d'avis, lorsque le Catholicos désigne préalable-
ment des ecclésiastiques pouf le grade d'évêque, mais sans les nommer,
en même temps, aux fonctions de chef de diocèse.
11. — Présenter au patriarche des observations au sujet des ecclésias-
tiques qu'il veut envoyer pour distribuer le saint chrême.
12. — Manifestation d'avis pour conclusion aux questions proposées
par le Patriarche"..
[6]
POLOGENIA (statut). 187
J3. — Conservation des listes exactes de toutes les églises, monastères,
écoles, institutions agréables à Dieu des Arméniens grégoriens, se
trouvant dans les limites de la Russie, séparément pour chaque diocèse.
14. - Conservation de listes semblables de tous les ecclésiastiques
mariés ou célibataires de l'église arménienne grégorienne en Russie et
d'autres personnes appartenant à la direction du Synode.
15. — Conserver ion des regis'res relatifs à tous les biens des monas-
tères et des églises arméniennes grégoriennes dans les limites de la
Russie.
16. — Présentation chaque année au ministère de l'Intérieur par
l'entremise du principal gouverneur de la Géorgie du Caucase et des
provinces transcaucasiennes des renseignements annuels c<mcernant
les objets indiqués dans les articles 13, 14 et 15; des renseignements
complets au sujet <ies naissances, des décès et des mariages de tous les
diocèses arméniens grégoriens de Russie et le compte général annuel.
Art. 30. — Quant à la partie judiciaire, à l'instruction et à la décision
du Synode armé ien grégorien dEtchuiiaJsin, lui appartiennent :
1 . — Les plaintes à l'égard des membres de ce même Synode.
2. — Les plaintes à l'égard d s archevêques (aratchnord), chefs de
diocèse et à l'égard des consistoires (<>fi^feLnp ujuitli^i^^ des diocèses.
3. — L'instruction des allaires irrégulières des membres de ce même
Synode et des archevêques (aratchnort) chefs de diocèse.
4. — Toutes les affaires instruites dans les (Consistoires (^nçfei-n/'
luinkaili) arméniens grégoriens et introduites, à la suite des plaintes,
au Synode d'Etchmiadsin au sujet des mariages des ministres du haut
clergé {upp.uiijînunnph] et du bas clergé, des déits ne concernant point
les tribunaux civils {Suip3huii.np], des litiges entre eux, etc.
Art. 37. - Le Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin sous la haute
direction immédiate du Patriarche suprême donne la décision finale à
toutes les affaires concernant les doctrines de la foi, le culte ecclésias-
tique, le rite et les mariages, et les délits des ecclésiastiques n'appartenant
point à l'instruction des tribunaux civils. Ce Synode se trouve quant aux
affaires de l'église arménienne grégorenne de Russie, sous la haute
direction du sénat gouverneur et du ministère de l'Intérieur, à l'égal des
autres Consistoires suprêmes de confession étrangère
Art. 38. — Les décisions, selon les affaires, au sujet des plaintes contre
les archevêques (aratihnor 1) chefs de diocèse et contre les membres
du Synode arménien grégorien, ainsi que contre leurs opérations irré-
gulières, si elles condamnent ces ecclésiastiques à quelque peine, celle-ci
ne sera point exécutée autrement qu'après que sera connu l'ordre
suprême de l'empereur à ce .sujet par l'entremise du ministère de
l'Intérieur.
Art. 39. — Le Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin présente au
ministère de l'Intérieur par l'entremise du principal gouverneur de la
Géorgie du Caucase et des provinces transcaucasiennes tous les cas pour
17] ■
188 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
lesquels est demandée la décision de Sa Majesté Impériale ou pour
lesquels sont nécessaires les ordonnances du ministère; de même, toutes
les affaires qui exigent la communication à d'autres ministères et à
d'autres principaux gouverneurs des régions, particulières du Gou-
vernement Impérial, ainsi que les litiges qui peuvent surgir entre le
Synode arménien et les autorités spirituelles des confessions étrangères;
finalement les doutes occasionnels si une telle a 'Taire incombe à sa
direction ou non. Quant aux affaires pour lesquelles sont nécessaires
les communications aux ostikans {gouverneurs généraux), aux gou-
verneurs des provinces et aux autres gouvernements locaux, le Synode
arménien grégorien les. présente au principal gouverneur de la Géorgie
du Caucase et des provinces transcaucasiennes.
Art. 40. — Le Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin fait usage
des droits des Collèges (1), cependant dans toute affaire simplement
spirituelle le Patriarche a voix décisive, quant aux autres affaires^ si les
voix des membres sont à égalité, sa voix en. tant que président est
prépondérante (hakamet) (2).
Art. 41. — Dans l'instruction des affaires, pour lesquelles le Patriarche
d'Etchmiadsin a voix décisive, il ne se trouve point en personne au
Synode, mais après avoir pris connaissance de la conclusion du Synode,
d'après le journal qui lui est présenté, il donne sa décision au sujet de
ces affaires.
Art. 42. — Lorsque le Patriarche d'Etchmiadsin ne se trouve point en
personne au Synode arménien grégorien, c'est, le plus âgé des arche-
vêques ou des évêques membres de ce Synode qui le remplace. Celui-ci
fait usage de tous les droits de président mais seulement dans le cas
où le Patriarche lui-même ne peut se trouver présent pour cause de
maladie ou d'absence d'Etchmiadsin. Quant aux aflfiires simplement
spirituelle», dans lesquelles le Patriarche a voix décisive, ils ne peuvent,
en aucun cas, décider sans le Patriarche. Pendant la vacance du siège
patriarc:il, la décision de ces sortes d'affaires est remise jusqu'à l'élection
du nouveau Patriarche.
Art. 43 — L'ordre des opérations du Synode arménien grégorien
(1) Collège est un mot latin et signifie réunion au tribunal. Dans les anciens
temps, en Russie, les Collèges étaient des tribunaux suprêmes de première
classe après le sénat gouverneur; il n'est plus ainsi maintenant, et à leur place
sont institué? les difïérents ministères, excepté le Collège Innostrane qui est
le tribunal suprême des nations allogènes. Ce mot est actuellement employé
pour signifier tout tribunal où se décident les afïairos sur l'ordre des lois.
(2) Ce mot hakamet, prépondérant, en russe béréusé, est en usage dans le style
judiciaire et signifie le penchement du poids de la balance d'un' côté; par
conséquent, là où les voix contraires des membres du Synode ou de tout autre
tribunal se trouvent à égalité, c'est-à-dire quand les quatre membres disent
que c'est ainsi et que les quatre autres disent autrement, alors la voix du
membre principal,- en taqt que président du tribunal, décide du jugement du
côté avec lequel il se trouve d'accord.
[8]
POLOGENIA (statut). 189
d'Etchmiadsin, les droits et les obligations des membres et des gradés de
ses archives sont réglementés d'après les organisations générales des
Collèges.
Art. 44. — Le Synode d'Etchmiadsin est convoqué trois fois ou tout
au moins deux fois par semaine selon les affaires qui y sont introduites.
Art 45. — 11 y a au Synode d'Etchmiadsin un pro ureur (1) spécial
nommé par le sénat gouverneur parmi les fonctionnaires gradés connais-
sant les langues russe et arménienne; des appointements lui sont assignés
par le trésor impérial en rapport avec ses fonctions.
Art. 46. — Le procureur du Synode arménien grégorien se sert, dans ses
opérations, des règlements généraux, des obligations du procureur. 11 a
une surveillance particulière sur les affaires judiciaires et réglementaires
proposées au Synode; il se trouve présent à l'élection du Patriarche
suprême d'Etchmiadsin; le procureur soumet les affaires judiciaires au
ministère de la Justice, et les autres affaires au ministère de l'Intérieur-
Lui aussi, selon les affaires du Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin,
s'adresse, avec des propositions, au principal gouverneur de la Géorgie
du Caucase et des proviices transcaucasiennes.
Art. 47. — Le Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin a un trésorier
spécial nommé par le Synode même parmi des personnes ecclésiastiques
ou civiles expertes dans la comptabilité, et reconnues pour leur moralité
et leur désintéressement. Ce trésorier a sous sa direction seulement
les sommes d'argent appartenant au Synode arménien grégorien d'Et-
chmiadsin, sans avoir à intervenir dans les sommes d'argent du monastère
d'Etchmiadsin.
Art. 48. — 11 est confié au trésorier du Synode arménien grégorien
le soin de recevoir et de garder toutes les sommes appartenant au
Synode, auquel il doit les présenter régulièrement dans l'ordre établi
conformément aux règlements du Synode arménien grégorien en
vertu de ses inscriptions dans son journal.
• Nuta. — Le Synode arménien grégo'ien d'Etchmiadsin fait chaque
mois une inspection en règle des sommes liquides et des notes de
compte se trouvant sous la garde du trésorier, et le résidtat en est inséré
dans le journal.
A t. 49. — jQ trésorier tient les regi>tres relatifs aux revenus et aux
dépenses, et à toutes les .sommes appartenant au Synode arménien
grégorien. Ces registres, selon l'ordre général, doivent être enrubannés
(1) Procureur est un mot latin, et signifie administrateur ou tuteur; c'est un
fonctionnaire gradé de la plus haute classe nommé dans chaque province de
l'État russe II a pour obligation d'observer que la loi et l'ordre établi par la loi
soient sincèrement exécutés dans les tribunaux, de prendre la défense des
orphelins et des veuves et en général de toutes les personnes condamnées qui
n'ont point de voix, mais principalement des propriétés du Palais Impérial,
et de presser les tribunaux à activer le cours des instructions judiciaires.
[9]
190 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
et fixés avec le sceau du Synode arménien grégorien et signé par deux de
ses membres et par le procureur.
Art. 50. — Toutes les sommes d'argent du Synode arménien grégorien,
les témoignages par écrit des biens ecclésiastiques se trouvant auprès du
trésorier, doivent être gardés dans un coffre et dans la même pièce
où a lieu la réunion du Synode. Ce coffre doit être fermé avec trois serrures
différentes et scellé du sceau du Synode arménien grégorien. Une de^
clefs des serrures est conservée par le trésorier, et les autres, chacune
par Tun des deux membres du Synode auxquels est confiée l'inspection
de ces affaires de compte : ces membres doivent être présents à chaque
ouverture du coffre.
Art. 51. — Le trésorier doit être attentif à ce que de grosses sommes
d'argent ne restent pas sans nécessité dans le coffre du Synode, il doit
proposer au Synode arménien grégorien de faire produire des intérêts
à ces sommes, selon Tordre établi par la loi. La direction de ces sommes
entre les mains de particuliers ne sera autorisée qu'autant que le Synode
l'aura reconnue avantageuse, et que la somme confiée à des particu-
liers aura été garantie par des gages effectifs.
Art. 52. — Les archives du Synode arménien grégorien se composent
d'un secrétaire avec deux aides, d'un interprète, d'un exécuteur, d'un
archiviste et d'un nombre suffisant d'employés aux écritures fonction-
naires. Ces gradés sont nommés d'après le choix du Synode d'Etchmia-
d>in et confirmés par le Patriarche.
.\rt. 53. — Le procureur du Synode arménien grégorien est de
sixième classe; le trésorier, si c'est un laïc, de septième (classe); le
secrétaire, de huitième; et l'archiviste, de neuvième; l'aide du secrétaire
et l'interprète, de dixième, tant qu'ils restent dans ces fonctions, et s'ils
n'ont point d'après leurs services antérieurs ou par ailleurs des grades
supérieurs.
Art. 54. — Les membres du Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin,
le procureur, le trésorier et les fonctionnaires gradés de ses archives,
en entrant en fonctions, font le serment, selon la règle générale, de
servir fidèlement Sa Majesté Impériale et d'accomplir en toute exactitude
leurs obligations.
CHAPITRE IV
DES ARCHEVÊQUES (.\RATC»N0RD) DE DIOCÈSE DANS L'ÉGLISE
ARMÉNŒNNE GRÉGORIENNE.
Art. 55. — Les églises arméniennes grégoriennes se divisent en
diocèses, gouvernés par des archevêques de cette confession.
Art. 56. — Dans les limites de la Russie il y a six diocèses de l'église
arménienne grégorienne. Le premier, celui de Nakhitchévan et de
Bessarabie; le deuxième, celui d'Astrakhan; le troisième, celui d'Eri-
[10]
POLOGE.NIA (sTATUT\ 191
van; le quatrième, celui de la Géorgie; le cinquième, celui de Karabagh;
et le sixième, celui de Chirvan.
Au diocèse de Nakhitchévan et de Bessarabie appartiennent les églises
arméniennes grégoriennes de Saint-Pétersbourg, de Moscou, celles des
provinces de la nouvelle Russie et de la région de Bessarabie. Au diocèse
d'Astrakhan (appartiennent) toutes les autres églises arméniennes
grégoriennes se trouvant en Russie, à l'exception de celles qui sont en
Géorgie et dans les provinces transcaucasiennes. Au diocèse d'Erivan,
les églises arméniennes grégoriennes dans les districts d'Erivan, de
Nakhitchévan, d'Ordou, de Paduu et de la province de Chirak; à ce
diocèse appartient, le métropolitain de Tathèv avec toutes ses ouailles,
du diocèse de Karabah.
L'archevêque de ce diocèse, d'après le règlement des anciens temps,
est le Patriarche lui-même, qui le gouverne par l'entremise de ses
suffragants qu'il a dans les villes d'Erivan et de Nakhitchévan d'Arménie,
de même que dans Chirak et dans Tathèv. Au diocèse de la Géorgie
appartiennent les églises arméniennes qui sont comprises dans la Géor
gie, dans la province de Gantzak (Elisabethapolis) et dans les provinces
de Bortchalou, de Kasakh, de Chamchatin et en pa,rtie de Gambakatsor,
dans le pays de Taïk, à Akhaltskha, dans l'iméréthie, et à Gouria. Dans
ce di.icèse les successeurs des archevêques chefs de diocèse, sont
nommés à Gantsak, en Taïk et en Iméréthie. Au diocèse d'Artsakh
Karabagh) appartiennent les églises arméniennes grégoriennes qui se
trouvent dans les provinces comprises dans le Karabagh, à l'excep-
tion du métropolitain de Tathèv avec ses ouailles, de Chakhi et de
Thaliche.
Dans ce diocèse le successeur de l'archevêque, chef du diocèse,
est nommé à Chakhi.
AU diocèse de Chirvan appartiennent les églises arméniennes gré-
goriennes qui se trouvent dans les districts de Chirvan, de Gouba, de
Bakou et de Darband. Dans ce dio -èse il n'y a point de représentant
spécial de l'archevêque chef du diocèse.
Note. — Les énigrés arméniens en Turquie "appartenant au pays
de Ta'ik et à la province de Chirak sont gouvernés, d'après l'ancien
usage des archevêques Karapet et Stéphannos qui avaient émigré avec
eux, indépendamment des archevêques chefs des diocèses et soumis
immédiatement au Patriarche.
En quittant ces lieux, le gouvernement des affaires spirituelles de
ces mêmes émigrés passe, à l'égal des populations indigènes arménien-
nes, à l'autorité des archevêques chefs des diocèses : les émigrés de
Chirak relèvent du diocèse d'Erivan, et les émigrés de Taïk du diocèse
de la Géorgie.
Art. 57. — Les archevêques chefs de diocèse de l'église arménienne
grégorienne en Russie sont nommés par l'empereur parmi les ecclésias-
tiques gradés de cette confession. Ils sont nommés ou relevés par décrets
[11]
192 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
suprêmes. A leur entrée en fonctions, il«! font le serment d'obéissance et
de fidélité de service.
Art. 58, — Les archevêques arméniens grégoriens en Russie sont
pleinement chefs spirituels de cette confession dans les diocèses qui
leur sont confiés par ordre suprême ; ils sont responsables de leur gou-
vernement devant le gouverne n.ent suprême et devant leur autorité
spirituelle. Collaborent avec eux, dans le gouvernement des affaires
arméniennes grégoriennes, les Consistoires de chaque diocèse.
Art. 59. — Les archevêques chefs de diocèses de l'église arménienne
grégorienne dans les limites de leur diocèse confèrent les ordres des
différenis degrés spirituels, selon les règlements de leurs églises et
en vertu des canons établis à ce sujet, mais ils doivent prendre en
considération que le nombre des ministres du hant [u fi p.iuijîi tu t^nph) el du
bas clergé ne dépasse point le nombre sans nécessité pressante ; les
ministres ne son' ordonnés paur l'enseignement de la doctrine pas autre-
ment que par ordre du Patriarche Catholicos d'Etchmiadsin.
Art. 60. — Les archevêques chefs de diocèse de l'église arménienne
grégorienne peuvent accorder des congés à leu''s ecclésiastiques subor-
donnés, mais pas plus que quatre mois ; pour un congé plus prolongé
ils demandent l'autorisa'ion de lear gouvernement spirituel suprême;
et pour ceux qui désirent sortir des frontières de l'État, ils s'adressent
au gouvernement suprême, selon la règlu générale.
Art. 6L — Les archevêques arméniens grégoriens chefs de diocèse
doivent donner eux-mêmes l'exemple de la piété et de toutes les vertus
chré iennes et civiques, et s'efforcer partons les moyens dont ils disr
po>ent de mettre le bon ordre dans les ouailles confiées à leurs soins.
Art. 62, — Ils observent avec vigilance toutes les opérations des
ecclésiastiques de leur diocèse en les engageant à une vie vertueuse
conformément à la doctrine du saint évangile.
Art. 6.3. — Les archevêques arméniens grégoriens chefs de diocèse
dans leurs effo ts })0ur affermir les règles .du saint évangile et pour
propager les bonnes mœurs parmi les Arméniens se trouvant dans les
diocèses qui leur sont confiés doivent mettre en œuvre, à ces fins, les
modes de conseil et d'exhortations, conformes à, l'esprit paisible et vrai du
christirtnisme. ils doivent, autant que possible, éviter tout ce qui peut
avoir l'apparence d'une sévérité superflue.
Art. 64. — Les archevêques (aratchnord), chefs de, diocèse, de l'église
arménienne grégorienne doivent, sinon chaque année, du moins dans
l'espace de trois années, faire une visite au diocèse qui leur e.st confié
par ordre, suprême. Cependant s'il leur est absolument impossible de
remplir personnellement cette obligation, ils confieront cette visite des
églises à l'un des spirituels gradés, qui relèvent d'eux, et qui donne
le plus d'espoir, en lui donnant le* conseils concernant leur ligne de
conduite.
Art, 65. — Durant la visite d^ns leur diocèse, ils , apporteront une
[12]
POLOGEXIA (statut). 193
attention particulière à la sitiation des ecclésiastiques, des monastères
et des églises, mettront un terme aux irrégularités constatées par eux-
mêmes et emploieront les moyens pour prévenir leur renouvellement.
Art. 66. — Les archevêques (aratchnord), chefs de diocèse, dans l'église
arménienne grégorienne apporteront également toute leur attention
sur la situation des écoles se trouvant sous la direction des monastères
et des églises en général mais plus spécialement durant leur visite
au diocèse, eu coopérant, selon les moyens dont ils disposent, à la
bonne conduite et au développement de ces établissements scolaires;
ils prendront toujours soin d'y introduire les méthodes régulières et
aisées de l'enseignement, et la conservation des bonnes mœurs en même
temps chez les enseignants et les élèves.
Art. 67. — Les archevêques (aratchnord) chefs de diocèse, dans l'église
arménienne grégorienne, durant leur visite au diocèse, s'informeront
de la totalité des biens des églises et des monastères qui relèvent de leur
autorité.
Art. 68. — Les archevêques (aratchnord) chefs de diocèse dans l'église
arménienne grégorienne, après la visite du diocèse qui leur est confié,
présenteront au Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin le compte
rendu détaillé de toutes leurs opérations.
Art. 69. — Finalement, les archevêques (aratchnord) chefs de diocèse
dans l'église arménienne grégorienne soumettront, au Synode arménien
grégorien d'Etchmia'isin, le compte rendu général des aff tires de leur
diocèse.
Art. 70. — Chaque archevêque (aratchnord) chef de diocèse dans
l'égl.se arménienne grégorienne soumettra au Synode d'Etchmiadsin,
à son entrée en fonctions, la liste exacte de tous les biens ecclésiastiques
du diocèse qui lui est confié
Art. 71. — A la mort de l'archevêque (aratchnord) chef de diocèse dans
l'égli-e arménienne grégorienne, s'il meurt intestat, et s'il n'a point
d'héritier légal, ses biens personnels sont dévolus au profit de l'église
arménienne de ce diocèse; ce soin est confié au consistoire (Hoghé-
vor ateanl du diocèse.
CHAPITRE V
A. DES CONSISTOIRES (HOGHEVOR .\TEANK) ARMÉNIENS
CtkéCtOrienset des gouvernements spirituels.
Art 72. — Dans chaque diocèse arménien grégorien il y a un consis-
toire de cette confession, composé de quatre membres ; d'un vardapet
et de trois archiprètres ou prêtres. L'archevêque, chef du diocèse, en
est le président.
Art. 73. — Les membres du consistoire arménien grégorien sont
nommés par les archevê ^ues (aratchnord) chefs de diocèse, qui portent
[13]
ORIENT CHRÉTIEN. 13
194 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
leur élection à la connaissance- du Synode arniénién grégorien d'Et-
chmiadsin'.
Art. 74. — Le-5 archives des consistoires d océsains des arméniens
grégoriens sont confiées : à un secrétaire, un interprète, un exécuteur qui
remplit en même temps les fonctions de trésorier, un archiviste et un
nombre suffisant d'employés aux écritures. Ces gradés sont nommés
par élection du consistoire et confirmés par l'archevêque (aratchnord)
chef du diocèse. Le secrétaire et l'exécuteur sont considérés de dixième
classe et l'interprète, de douzième, tant qu'ils restent dans ces fonctions,
et s'ds n'ont point dégrades supérieurs d'après leur service antérieur ou
d'après leurs fonctions.
Art. 76. — Les membres du consistoire diocésain arménien grégorien
et les gradés de leurs archives, en entrant dans leurs fonctions, selon
la règle générale, font serment de servir fidèlement Sa Majesté Impériale
et de remplir avec exactitude leurs obligations.
Art. 76. - Durant l'instruction et le cours des affaires des consistoires
arméniens grégoriens est conservé l'ordre établi pour le Synoae armé-
nien grégorien d'Eichmiadsin.
Art. 77. — Aux diverses opérations des consistoires de l'église armé-
nienne grégorienne, appartiennent :
1° L'observation directe des ministres du haut (ijppujijliuiijnp&) et du
bas clergé, mariés ou célibataires, qui relèvent d'eux.
2° Le soin du bon ordre des écoles, monastères, églises et institutions
agréables à Dieu, qui se trouvent dans le diocèse.
3° L'assistance aux veuves et aux orphelins des ministres ecclésiastiques.
4° Le gouvernement des biens de. tous les monastères et de toutes les
églises relevant d'eux.
5° L'instruction et la décision des affaires d'après les plaintes des églises
relevant d'eux et des litiges surgis entre elles.
6" L'instruction et la décision des affaires au sujet des mariages, avec
proposition seulement au Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin de
tous les cas douteux quant aux affaires de mariages pour qu'il en prenne
connaissance.
7° L'autorisation de recueillir des dons volontaires au profit des monas-
tères, églises, écoles et institutions agréables à Dieu, arméniens grégo-
riens qui relèvent d'eux, et ce seulement dans les limites du diocèse.
8° L'autorisation aux personnes étrangères qui en ont le droit de
résider dans les monastères selon l'art. 94, page 197.
9° La nomination des membres du gouvernement spirituel et de celui
des monastères.
10° La nomination des clercs dans les églises arméniennes grégo-
riennes.
11° Proposition au Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin d'autoriser
quelqu'un à recevoir les degrés spirituels, ou d'en être relevé.
12° L'autorisation de constructions des institutions agréables à Dieu,
[14]
POLOGEMA (statut). 195
et proposition au Synode arménien grégorien d'tCtchmiads n de cons-
tructions de nouveaux monastères, églises et écoles.
13° Avoir les listes exactes du nombre des monastères, églises,
écoles et institutions agréables à Dieu, du nombre des ecclésiastiques
mariés et célibataires, du nombre de la population de chaque église, des
maîtres enseignant dans les écoles, des élèves et des pupilles.
14° Soumettre au Synode arménien grégorien d'Etchmiidsin chaque
année le^ renseignements détaillés de l'état des monastères, églises,
écoles et institutions agréables à Dieu qui relèvent (des consistoires),
ainsi que la liste des services, en général, de tous les ministres du haut
clergé {upptutfhtunnfth) et du bas clergé du diocèse.
15*^ Vérification mensuelle de toutes les sommes liquides et des notes
de compte se trouvant dans les consistoires, et ins' ription dans le journal
du résultat de cette vérification.
B. DES GOUVERNEAIEVTS SPIRITUELS.
Art. 78. — Les gouvernements spirituels qui se trouvent dans certains
diocèses arméniens grégoriens des Russies sont composés de trois
membres : d'un vardapet ou d'un archiprêtre comme président et de
deux prêtres. Les opérations, par écrit, de ces gouvernements sont rédi-
gées par un employé aux écritures qui est considéré de douzième classe.
Art. 79. — Les membres des gouvernements spirituels arméniens
grégoriens sont nommés par l'archevêque (aratchnord) chef du diocèse.
Les employés aux écritures sont choisis et nommés par ces gouverne-
ments. Tous, en entrant en fonctions, font serment de fidélité au service.
Art. 80. — Les gouvernements spirituels de l'église grégorienne
arménienne sont soumis aux consistoires diocésains de cette confession
et ne peuvent rien entreprendre sans en être chargés spécialement par
les consistoires.
Art. 81. — Les gouvernements spirituels arméniens grégoriens
recueillent des localités qui leur sont soumises tous les renseignements
intéressant les consistoires de cette confession ; ils soumettent aux consis-
toires avec leurs conclusions les questions proposées par les particuliers
requérant l'instruction, l'étude des consistoires ; ils apportent leur
témoignage aux recueils des chiffres, c'est-à-dire du nombre des nais-
sances, des baptêmes, des mariages, etc.
Art. 82. — A la fin de l'année, les gouvernements spirituels arméniens
présentent aux consistoires de cette confession, auxquels ils sont soumis,
le compte rendu de leurs opérations, en y joignant les renseignements
au sujet des ecclésiastiques, du nombre des églises, des populations, des
naissances des décès, des mariages, ainsi que le compte de tous les biens
des églises dépendant de leur autorité.
[15]
296 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
CHAPITRE VI
DES MONASTÈRES.
Art. 83. — Tous les monastères de l'église arménienne grégorienne,
du sexe masculin comme du sexe féminin, en vertu des anciennes
Constitutions de cette église, suivent les règles du grand saint Basile.
Art. 84. — A l'acceptation dans l'état monacal précède l'épreuve d'au,
dition qui a lieu selon l'ordre établi à ce sujet par les règlements de la
sainte église grégorienne. Le nombre des auditeurs des deux sexes ne
doit pas dépasser le nombre établi pour les moines ou les religieuses du
même monastère.
Art. 85. — Personne ne peut se vouer à l'état monacal sans l'autorisation
du Synode arménien grégorien d'Etchmia Isin, sur la proposition de
l'archevêque (aratchnord) chef du diocèse.
Art. 86. — Ceux qui dAsirent se vouer à l'état monacal doivent être
âgés de trente ans et non moins. Des dérogatio is à ce sujet ne peuvent
être autorisées autrement que pour des raisons spéciales respectables,
en vertu des règles de l'égcise arménienne grégorienne. Toutefois lentrée
au monastère n'est pas interdite avant l'âge de trente ans pour l'épreuve
d'audition.
Art. 87. — Pour entrer au monastère et subir l'épre ive d'audition est
nécessaire d'abord le consentement des personnes ou des lieux dont
dépendent les aspirants à la vie monacale.
Les p' rsonnes qui payent impôt n3 peuvent entrer dans la vie mona-
cale que par l'autorisation du sénat gouverneur.
Art. 88. — Les personnes mariées. ne sont çiutorisées à entrer dans la
vie tnmacale [ue si elles n'ont point d'enfants en bas âge, et si les deux
conjoints désirent accepter l'état monacal.
Art. 89. — Ceux qui entrent dans la vie monacale renoncent en même
temps à la possession de leurs biens immobiliers. Après s'être voués (à la
vie monacale), ils ne p.^uvent posséder de nouvelles propriétés immo-
bilières mais il ne leur est pas interdit d'en acheter au profit des églises
et des monastères où ils se trouvent eux-mêmes. Si de semblables biens
reviennent à un moine par droits d'héritage, il est obligé de les donner ou
de les faire vendre dans l'espace de six mois.
Art. 90. — Est interdit aux moines le commerce de toutes mar-
chandises, excepté la vente de leurs propres ouvrages, et ceci pas autre-i
ment que par l'autorisation de leur gouvernement.
Art. 91. — Tous les biens mobiliers laissés par la mort d'un moine
appartiennent à son monastère, s'il n'a point laissé de testament et s'il
n'a point d'héritier légal.
Art. 93. — Les religieux auxquels, en vertu des règlements de l'église
arménienne grégorienne, il est permis de se défaire de la vocation, en
|16]
POLOGENIA (statut). 197
retournant à l'état civil, sont autorisés à jouir des droits convenant à
leur famille et à l'origine de leur état, sans qu'il leur soient restitués
les privilèges, les grades et les titres d'honneur que avaient acquis
avant d'entrer dans la vie monacale, ainsi que les biens, soit ceux qui
leur sont revenus par droit d'héritage, soit ceux qu'ils avaient acquis
par le travail de leurs mains avant d'entrer d ms la vie monacale.
Art. 93. — Dans chaque monastère il ne doit y avoir qu'un nombre
limité de personnes religieuses, et dans tous les cas pas moins de huit
personnes, moines ou religieuses. Quant aux monastères où ce nombre
n'est pas établi, le Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin, sur la
proposition de l'autorité diocésaine, établira, conformément à leurs
revenus, des règles exactes à ce sujet.
Art. 94. — Dans les monastères arméniens gfégoriens, en dehors du
nombre limité des religieux et des auditeurs du sexe masculin et fémi-
nin, peuvent résider, selon la décision de l'autorité diocésaine, dans les
monastères des hommes, les ministres ou vieillards sans ressources du
haut clergé (u^ipiuijfîiiu^np&) et du bas clergé pour y trouver la subsistance
et la tranquillité et les fils des ministres pauvres du haut et du bas clergé,
surtout leurs orphelins, qui sont exercés au service de l'église. Dans les
monastères de femmes, les veuves âgées sans ressources et les filles de
la vocation spirituelle [des ecclésiastiques] et les jeunes orphelines pour
éducation et apprentissage d'un art manuel.
Art. 9."^. — Les monastères arméniens grégoriens dépendent immédia-
tement et pleinement de l'autorité diocésaine de cette confession, et
doivent, en dernier lieu, lui rendre le compte détaillé de toutes leurs
opérations. Les plaintes au sujet de l'autorité conventuelle de l'église
arménienne grégorienne sont adressées à l'archevêque chef du diocèse
de cette confession.
Art. 96. — La collecte de dons volontaires au profit d'un monastère a
lieu dans le diocèse où se trouve le dit monastère, et pas autrement
qu'en requérant chaque fois l'autorisation spéciale de l'autorité diocésaine.
Pour les collectes dans d'autres diocèses arméniens grégoriens de Russie
autorisées par le Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin sur la propo-
sition de l'autorité diocésaine, ces collectes ne peuvent avoir lieu, en
tous cas, qu'avec l'autorisation de l'autorité civile des lieux.
Art. 97. — Les monastères arméniens grégoriens sont gouvernés, ceux
de, hommes, par des vardapets prieurs ou abbés: ceux des femmes, par
des religieuses ou abbesses; ceux-là comme celle --ci sont nommés par
l'autorité diocésaine et confirmés par le patriarche d'Etchmiadsin.
Art. 98. — Les abbés et les abbesses des monastères arméniens grégoriens
conduise it leurs affaires non autrement qu'avec la coopération des gou-
vernements des monastères de cette confession, qui sont composés, sous
la présidence des abbés et des abbesses, de deux relij,ieux ou religieuses
les plus en tionneur, et qui sont confirmés par l'autorité diocésaine sur
la proposition de l'abbé ou de l'abbesse.
[17]
198 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Art. 99. — Les abbés et les abbesses des monastères arméniens grégo-
riens, de concert avec les gouvernements généraux de cette confession,
veillent à ce que dans chaque monastère les règles ecclé>iastiques et
les règlements soient exactement observés. Ils sauvegardent, dans leur
totalité, les biens mobiliers et immobiliers du monastère, sont respon-
sables de l'emploi régulier des revenus, et, en général, du bon ordre du
monastère qui leur est confié.
Art. 100. — Les gouvernements des monastères arméniens grégoriens
surveillent les comptes exacts des revenus .et des dépens- s de chaque
monastère, qu'ils soumettent, en dernier lieu, avec les listes de tous les
biens mobiliers et immobiliers des monastères à la connaissance
supérieure de l'autorité diocésaine.
Art. 101 — A la mort ou au déplacemeat de l'abbé ou de l'abbesse, les
gouvernements des monastères arméniens grégoriens avec la coopération
des plus âgés et des plus en honneur des religieux et des religieuses
dressent la liste détaillée des biens des monastères et la soumeHent à
[autorité diocésaine; c'est d'après ce registre que le nouvel abbé ou la
nouvelle abbe>se reçoit, en entrant en fonctioiis, le monastère.
CHAPITRE Vil
DES ECCLÉSIASTIQUES MARIÉS.
Art. 102. — Les ecclési;isti jues mariés de ré..;lise arménienne grégo-
rienne sont d'abord les archiprètres, les prêtres, les archidiacres, les
diacres et les sous-diacres; ensuite les clercs ou les minisiies ecclésias-
tiques intérieurs.
Art. 103. —Dans la vocation des ecclésiastiques particuliers (mnsnavor)
de l'église arménienne grégorienne peivent entrer, avec l'autorisation du
Syn )de arménien grégorien d'Etchmiadsin, sur la proposition de l'autorité
diocésaine de cette confession, en général, les personnes de toute condi-
tion avec le consentement préalable des personnes et des lieux dont elles
dépendent. Les personnes qui payent impôt ne passent à la vocaion
spirituelle qu'avec l'autorisation du sénat gouverneur.
Art. 104. — Les ministres du haut clergé (nppiu^fiiu^n^iS) de l'église
arménienne grégorienne sont, d'après son antique règlement, nommés
par les archevé ^ues (aratchnord) chefs de diocèse de cette confession aux
fonctions et pour se vouer à l'ordre spirituel ; ils sont ordonnés par eux.
Les clercs ou les ministres ecclésiastiques inférieurs sont appelés aux
fonctions s°lon l'ordonnance de l'autorité diocésaine et y sont installés
avec la bénédiction du prêtre de l'église.
Art. 105. — Les ecclésiastiques particuliers (masnavor) de l'église
arménienne grégorienne auxquels est confiée principilement (la charge)
d'accomplir les rites divins dans les églises paroissiales et de pourvoir
aux besoins spirituels des laïcs, doivent, dans l'accomplii-sement de ces
[18]
POLOCiENIA (statut). 199
hautes obligations, avec le zèle et l'exactitude qu'il convient, s'efforcer
d'affermir leurs fidèles dans la vérité de la doctrine chrétienne, en leur
conseillant et en les engageant à une vie pieuse, modeste et honorable,
non seulement par exhortations, mais aussi par l'exemple de leur
personne ; ils s'efforceront d'éviter tout ce qui peut donner raison de
blâme, soit par leur oisiveté, soit par leur légèreté ou leur intempérance.
Art. 106. — Les ecclésiastiques particuliers arméniens grégoriens so t
autorisés à posséder des biens immeubles en vertu des règlements pour
les ecclésiastiques particulier.-;, mais acquérir des biens appartenant à la
noblesse ne le peuvent faire que ceux d'entre eux qui selon l'origine de
leur famille sont, par héritage, issus de la noblesse.
Art. 107. — Les maisons appirtenant aux ecclésiastiques mariés de
l'église arménienne grégorienne, dans Ie.squelles ils résident (habita-
tions des serviteurs du Palais), sont exemptes de l'impôt du terrain
(Bosh)) et d'autres taxes civiles, exe- pté de ia réparation du trottoir et de
la surveillance de la propreté des rues et des cours, à l'égal des autres
locataires.
Art. 108. — Les ecclé-ia-tiques particuliers de l'église arménienne
grégorienne par le canal du maria;;e légal communiquent les droits de
leur état et de leurs règlements, que ces mêmes droits sauvegardent,
après leur mort à leur épouse, si elle n"en est point })rivée par sentence
judiciaire, et si elle ne convole pas en s^^condes noces avec quelqu'un
d'un autre diocèse.
Art. 109. — Les fils des ministres du haut (uppuj^îiiu^np&) et du bas
clergé de l'église arménienne grégouienne appartiennent à l'autorité
ecclésiastique et ne do. vent point choisir un autre genre de vie Lorsque
les fils des ministres du haut clergé [up^uitjliiuiqnph) entrent au service
militaire, ils jouissent des droits des engagés volontaires (Valpnobrité
léuustchi), pourvu qu'ils aient terminé les études, au moins, dans la
classe moyenne des écoles, ou dans d'autres établi.-sements scolaires
égaux à celles-ci; cependant tous ces droits ne reviennent point aux fils
nés avant l'entrée des pères dans la vocation spirituelle, ceux-ci
demeurent dans leur p'-emier état, sont soumis aux i i pots et ne relèvent
point de l'autorité ecclésiastique.
Art. 110. — Les ecclésiastiques particuliers de l'église arménienne
grégorienne peuvent, sur leur désir, être relevés de l'autorité spirituelle,
mais non autrement que par or Ire du Synode arménien grégorien
d'Etchmiadsin, sur la proposition de l'autorité diocésaine; s'ils n'appar-
tiennent point à la noblesse, ils doivent, après être relevés, choisir pour
eux-mêmes un genre de vie, selon la loi gén Taie.
Art. 111. — Les ministres du haut clergé (uppiutfliuiçnpS^) de l'église
arménienne grégorienne dépendent immédiatement de 1 autorité diocé-
saine de cette confession. Quant aux ministres du bas clergé, ils dépendent
de l'ar hiprêtre ou du prêtre le plus âgé de l'église. Toutes les plaintes à
l'égard du haut et du bas clergé sont adressées aux autorités diocésaines.
[19]
200 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
CHAPITRE VIII
DES ÉCOLES SPIRITUELLES DE l'ÉGLISE ARMÉNIENNE GRÉGORIENNE.
Art. 112. — Il est établi au monastère d'Etchmiadsin et dans chaque
diocèse arménien grégorien de la Russie, des écoles spirituelles, pour
l'instruction, dans les sciences théologiques, des enfants de l'église
arménienne grégorienne.
Art. 113. — L'école spirituelle du monastère d'Etchmiadsin est sous la
direction immédiate du Patriarche Catholicos arméni-n grégorien; les
autres écoles dépendent des autorités diocésaines.
Art. 114. — Les autorités des écoles arméniennes grégoriennes aux-
quelles est confiée l'instruction religieuse et morale des enfants qui y
font leurs études, doivent, sous la haute direction et le gouvernement des
archevêques chefs de diocèses, selon les moyens à leur portée, préparer
les règlements détaillés des cours d'études et tous les règlements inté-
rieurs des écoles pour les présenter au Synode arménien grégorien
d'Etchmiadsin. Le Synode après en avoir pris connaissance et approuvé
ces règlements, les présente de sa part, en y joignant les règlements
établis pour l'école d'Etchmiadsin, au ministère de l'Intérieur par le
canal du principal gouverneur de la Géorgie du Caucase et des provinces
transcaucasiennes. Parmi les sujets qui entrent dans le nombre des études
des écoles arméniennes grégoriennes, en dehors des sciences communes
et de celles qui sont encore plus nécessaires à la vocation spirituelle,
doivent prendre place la langue russe, l'histoire et la géographie de
l'Empire russe.
Art. 115. — Dans toutes les églises et les monastères du diocèse oîi
il y a une école, ont lieu, selon la règle habituelle, des collectes d'argent
à son profit, et les sommes recueillies sont envoyées tous les trois mois
au consistoire du diocèse pour les faire parvenir à cette école. Outre
cela, les monastères, dans leur zèle pour le bien de l'église arménienne
grégorienne, offrent chaque année, sur le montant de leurs revenus, des
sommes à part, pour le gouvernement de leurs éco es diocésaines.
A^t. 116. — Les écoles spirituelles de l'église arménienne grégorienne
doivent, à la fin de chaque année, présenter à l'autorité diocésaine le
compte rendu détaillé de leurs o^jérations, les renseignements sur les
evenus et dépenses, et sur le solde des somm'^s d'argent.
CHAPITRE IX
DU GOUVERNEMENT DES BIENS DE L'ÉGLISE ARMÉNIENNE GRÉGORIENNE.
Art. 117. — Tout bien mobilier ou immobilier désigné à la garde de
monastère ou d'église arméniens grégoriens ou les établissements agréa-
bles à Dieu qui leur appartiennent, sont considérés comme propriété
générale de l'église arménienne grégorienne.
[20]
POLOGENIA (statut). 201
Art. 118. — Toute collecte d'argent et de dons autorisée jusqu'à présent,
selon les anciennes coutumes, au profit de l'église arménienne grégo-
rienne est autorisée dorénavant dans le diocèse où se trouvent ces
églises; les collectes, dans ce but, dans d'autres diocèses arméniens gré-
goriens sont autorisées non autrement que par ordre de l'autorité suprême
spirituelle de cette confession selon l'ordre établi dans l'article 96 au
sujet des collectes au profit des monastères; dans et s deux cas l'autorisa
tien du gouvernement civil de la localité est nécessaire.
Art. 119. — Les capitaux en argent ecclésiastiques sont donnés, en vue
d'augmentation par intérêts, au trésor im.érial ou au trésor public. La
direction de ces sommes entre les mains de personnes laïques n'est
autorisée que par ordre seulement de l'autorité diocésaine et se trouve
sous sa responsabilité de s'assurer qu'une telle direction est jugée conve-
nable et avantageuse pour l'églis-î, et que les sommes confiées de telle
sorte sont garanties par des gag-^s sûrs.
Art. 120. — Dans chaque église arménienne grégorienne doit se trouver
la liste exacte et détaillée d-; tous les biens immobiliers, des vases, et
d'autres objets de valeur, ainsi que de tous les revenus appartenant de
quelque droit que ce soit à cette église, et le registre enrubanné pour y
insérer tous les revenus et dépenses d'argent de léglise.
Art. 121. — Le gouvernement des biens de l'église arménienne grégo-
rienne dépend immédiatement des lerets okhan (remplaçants du
prè're) ou des lekélelspan (gardiens de l'église) se trouvant dans chaque
église.
Art. 122. — Le leretspokhan ou le lekelotspan de l'église est élu, pour
une durée de trois années, parmi les plus honorables de la population.
Au terme des trois années il peut être élu de nouveau à cette charge.
Art. 123. — Le nouvea'i lekeletspm ou leretspokiian en entrant en
fonctions doit avoir connaissance des la totalité des biei.s de l'église et les
recevoir de son prédécesseur en vertu de l'article 140.
Art 124. — Connaissance de la totaUté des biens, gouvernement des
revenus de l'église, allées et venues des affaires aux tribunaux compé-
tents à ce sujet, construction et réparatio:i des immeubles de l'église,
leur location et toutes choses semblables entrent dans les attributions obli-
gatoires du lekeletspan ou du leretspokhan; il accomplit ses fonctions,
en général, comme intendant plénipotentiaire de la part de la population,
et dans des affaires importantes il a le droit d'exiger de la communauté
(de la population^ une lettre de confiance en présence, autant que
possible, d'un nombreux public; cette lettre de confiance obtenue, il est
dégrigé de toute responsabilité devant la communauté, à l'égard des
opérations dont il a été no.nmément chargé par le conseil.
Art. 125. — A la fin de l'année, le lekeletspan ou le leretspokhan doit
donner, k la réunion générale de la communauté, le compte complet de
toutes ses o érations au .sujet du gouvernement économique de-; affaires,
de l'église et surtout au sujet du produit des troncs destiné à une caisse
1-21]
202 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
spéciale, puis il présente ce compte retilu au con-iistoire diocésain
arménien grégorien dont il relève.
Art. 126. — be lekeletspan ou le leretspokhan qui a augmenté avanta-
geusement le capital de l'église où il se trouve lui-même, ou qui a
accompli cette charge pendant neuf années sans interruption, donnant la
preuve de sa parfaite capacité de gouvernement, acquiert par là le droit
qu'une proposition de rétribution soit faite pour lui, .selon la règle
générale.
CHAPITRE X
DES REVENUS DES MINISTRES DU HAUT (iippuijfiui^ij^.&) ET DU BAS CLERGÉ
DE l'Église arménienne grégorienne, de l'assistance a leurs
VEUVES et orphelins.
Art. 1"27. — Les ministres du haut et du bas clergé de l'église armé-
nienne grégorienne sont maintenus par les dons de leurs populations.
Art. 128. — 11 peut y avoir trois sortes de revenus pour les ministres
du haut et du bas clergé :
Premièrement, ce qui est établi par la population pour eux en entrant
en fonctions;
Deuxièmement, les honoraires qu'ils reçoivent pour accomplir les
besoins spiriiuels ;
Troisièmement, les dons volontaires.
Art. 129. — Les honoraires pour accomplir les besoins spirituels sont
désignés comme suit : pour purifier la maison d'un nouveau-né, dix
kopek argent; pour le baptême d'un enfant, vingt kopek argent ; ^pour le
mariage, quarante kopek argent; pour l'enterrement des adultes, qua-
rante kopek argent; pour celui des enfants, vingt kopek argent. Pour
l'accomplissement des mystères de contrition, de confession et de com-
munion, il n'y a point d'honoraires établis. Il est rigoureu.seinent intepdit
aux ministres du haut et du bas clergé de l'église arménienne grégorienne
d'exiger, sous aucun prétexte, des honoraires supérieurs à ceux établis
dans cet article pour l'accomplissement des besoins spirituels.
Art. 130. — Les ministres du haut et du bas clergé de l'église armé-
nienne grégorienne n'ont point le droit, pour ne pas avoir reçu les hono-
raires qui leur sont dus en vertu de l'article I2y de ces règlements, de
refuser l'accomplissement des choses sacrées ou de les retarder; ils
peuvent seulement demander au consistoire de les exiger par l'entremise
de l'autorité civile.
Art. 131. — Les honoraires reçus pour l'accomplissement des besoins
spirituels sont partagés entre les ministres du l.aut et du bas clergé de
l'église arménienne grégorienne conformément à la règle qui existe
encore aujourd'hui.
Art. 132. — Pour l'assistance aux veuves et aux orphelins du haut et du
[•22]
POLOGENIA (statut). 203
bas clergé de 1 église arménienne grégorienne, il est établi des caisses
spéciales au monastère d'Etchtuiadsin et dans tous les diocèses arméniens
grégoriens se trouvant dans les limites de la Russie.
Art. 133. — Les caisses pour l'assistance aux veuves et aux orphelins
des ministres du haut et du bas clergé de l'église arménienne grégo-
rienne, en tant qu'établissement agréable à Dieu, reçoivent leurs princi-
paux revenus des dons volontaires des personnes bienfaitrices; en plus,
chaque autorité diocésaine arménienne grégorienne donne chaque année,
autant qu'elle peut, une partie des revejaus du diocèse à la caisse é ablie
pour l'assi-stance.
Art. 134. — La collecte des dons volontaires pour les caisses d'aséis-
lance des veuves et des orphelins des ministres du haut et du bas clergé
de 1 église arménienne grégorienne se fait, premièrement, par des troncs
posés dans chique église arménienne grégorienne du diocèse, pour
Ic'^uel la caisse est établie. Deuxièmement, par des souscriptions inscrites
dans un registre spécial établi à ce sujet.
Alt. 135. — Le gouvernement des caisses d ■ l'assistance aux veuves et
aux orphelins des minisires du haut et du bas clergé de l'église grégo-
rienne arménienne est confié à une administration sous la haute direction
imméJiate de l'autorité diocésaine. Cette admini>tratio i est composée "de
trois des plus honorables membres du corps ecclésiastique marié, choisis
par l'archevêque cher du diocèse, lesquels, acceptant l'obligation de coo-
pérer pour atte'ndre le_but bienfaisant de la sauvegarde de ces caisses,
ne rcçoiv nt aucune rétribution pour cela.
Art. 136. — L'administration reçoit toutes les sommes r. cueillies au
profit des caisses ainsi que ccdles des ironcs, ei en tient un compte exact
dans des registres.
Art. 137. — L'administration désigne, aux veuves et aux orphelins dt s
ministre^ du haut et du bas clergé de 1 église arménienne grégorienne,
des secours, selon ses obseivations, mais non autr> meni qi'ap es avoir
pris connaissance -de la nécessité réelle et ce sais intérêt personnel
ou parti pris.
Art 138. — Eii désignant les secours aux veuves et aux orphelins des
m nistres du haut, et du bas clergé de l'église arménienne grégorienne,
l'administration doit observer les règles sui^vantes :
1° S'elforcer d'établir des secours stables annuels, en évitant autant
que poss ble de donner en une seule fois les secours échelonnés en plu-
sieurs versements.
2^ De donner à la même personne en totalité les secours échelonnés
sur plusieurs versements p .s plus qu'une fois dans lé courant de l'année.
3° D'établir des subventions plus avantageuses, d'abord à celles des
veuves et à ceux des orphelins qui sont complètement dépourvus de
moyens propres à prendre soin de leur personne et qui n'ont point de
parents en situation de les entretenir bénévolement; en second lieu, à
celles des veuves qui en é'at de pauvreté f^ont chargées de nombreuse
[23]
204 REV^UE DE l'orient CHRÉTIEN.
famille ; troisièmement, à celles qui n'ont plus de parents, ni proches
parents ou alliés, et aux orphelins qui se trouvent dans la misère.
4° D'accorder des subventions aux veuves des ministres du haut et
du bas clergé jusqu'à ce qu'elles convolent en nouvelles noces; aux
orphelines jusqu'à leur mariage ; aux orphelins jusqu'à leur âge adulte
d'admission dans une école.
Art. 139. — L'administration répond, chaque mois, de la totalité du
contenu des caisses, en présence des membres du consistoire diocésain
arménien grégorien, ou en présence d'autre personne désignée à ce sujet
par le consistoire.
Art. 140. — Tous les quatre mois les administrations présentent aux
consistoires diocésains arméniens grégoriens les renseignemetits détaillés
des revenus, des dépenses, et du solde des sommes d'argent; et à la fin
de l'année le compte rendu de toutes leurs opérations.
Art. 141. — Les plaintes au sujet des opérations de l'administration
sont adressées pour instruction et décision au consistoire diocésain armé-
nien grégorien.
Signé :
Le président du Conseil Impérial
Comte NovosELTSûFF. *
Traduit par le secrétaire et interprète du
Synode arménien grégorien d'Etchmiadsin,
Mkertitch Garlacheants.
•
Xote i. — S'appellent engagés volontaires (Volnobritcleatsealtchi) ceux qui
volontairement entrent dans le service militaire; ils jouissent de privilèges
spéciaux pour l'obtention des grades militaires auxquels est établie la durée du
temps de service. Ces droits, les fils étrangers (otarakan) des ecclésiastiques
peuvent les obtenir, s'ils ne sont point de familles nobles, etc.
Noie 2. — L'exécuteur est un gradé établi dans tous les tribunaux russes
pour sauvegarder l'ordre dans les archives judiciaires et observer d'une façon
exacte les allées et les sorties des gradés au service du tribunal suivant le
temps fixé.
Le gouverneur de Vimorimerie
yARDAPET HOVHANNÈS D'EtCHMIADSIN.
Xole. En publiant de nouveau ce document déjà connu par ailleurs nous
croyons être agréable aux lecteurs de la Revue de l'Orient Chrétien qui veulent
bien s'intéresser à la réorganisation de l'Église Arménienne si cruellement
éprouvée.
G. Bavan.
[24]
MÉLANGES
I
SUR AARON DE SAROUG ET SES DEUX MONASTÈRES
Nous avons édité et traduit la curieuse légende syriaque
d'Aaron de Saroug, P. 0.^ tome V, p. 693 à 749. Elle comprend
en somme deux voyages, l'un à Jérusalem pour visiter les saints
lieux, l'autre à Constantinople pour guérir la fille de l'empereur
Constantin qui était possédée du démon, avec le récit des
prodiges accomplis en c'ours de route. Toute cette partie a pour
but de mettre en relief le saint que deux monastères, très
célèbres chez les Jacobites du x" au xiii'-' siècle, ont choisi pour
éponyme.
Nous avons écrit que ce qui donne une certaine unité à celte
vie c'est la lutte d'Aaron avec un chef de démons : Il le trouve
en Syrie près de Batnan de Saroug, il l'expulse. Il le retrouve
en Arménie près de Mélitène, installé dans une caverne, il
l'expulse encore. Le démon se rend à Constantinople et entre
dans la fille du roi Constantin; Aaron est mandé pour l'exor-
ciser. Le démon s'offre pour porter au monastère les présents
que l'empereur donnera, car il espère s'enfuir avec eux en
cours de route, mais Aaron, qui l'a reconnu, demande seule-
ment à l'empereur une grande auge « en pierre d'aimant (1) •>
pour abreuver les b.Hes de somme du monastère. Le démon se
fatigue bientôt de porter cette auge et le saint lui propose de
l'enterrer « pour que personne ne puisse. aller dire à l'empereur
(1) Pour les Syriens, la pierre d'aimant éteint le feu, les incantations n'opèrent
pas contre elle... Quand elle est dans un lieu, aucun démon et rien d'adverse
ne peut en approcher, cf. F. Nau, Révélaiions et légendes : Mélho dius. Clément,
Andronicus, Paris, 1917, p. 27 (Entrait du Journal As., Mai-.Juin 1917, p. 439).
[1]
206 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
qu'il a méprisé son présent ». Pen^lant que le démon mesure la
fosse, Je saint retourne l'auge sur lui et le rondamne à rester
dessous jusqu'à ce qu'il revienne, et Aaron n'est jamais revenu
en ce pays-là.
Nous avons déjà cité sur saint Épiphane un récit grec
analogue, où la fille du roi des Perses remplace la fille du roi
Constantin, P. 0-, V, p. 721; le Révérend Père Peeters a bien
voulu signaler des ressemblanci's avec un miracle arménien de
saint Grégoire le Thaumaturge et une historiette relative à
saint Barlaam du mont Casios, Anal BolL, t. XXX (1911),
p. 453; d'autres publications vont nous fournir de nouvelles
approximations.
1. — M. Michelangelo Guidi a édité et traduit une version
éthiopienne de la vie de Saint Aron de Syrie qui est notre
Aaron de Saroug : Contributo ail' Agiographia efiopica, dans
Rendiconti délia reale Accademia dei Lincei, classe philolo-
gique, 5^ série, t. XXV, p. 659 à 701. Quelques noms sont omis,
d'autres sont modifiés, les parents d' Aaron sont d'Amida (au
lieu de Saroug), sa mère se nomme Marie (au lieu d'Anastasie),
le voyage à Jérusalem est allongé, des incidents sont omis :
Il n'est pas question de Syméon; le démon va de Syrie à
Constantinople sans passer par l'Arménie. L'Arménie ou le
« mont Arménie », P. 0., V, p. 712, 707, etc., devient le mont
Hermon; le saint meurt le 24 de Genbot, 19 mai (au lieu du
jour de la Pentecôte, 28 mai). Cette histoire, traduite sans
doute de l'arabe en éthiopien, témoigne des libertés que
prenaient les traducteurs arabes, et montre du moins que le
culte d' Aaron de Saroug avait rayonné jusqu'en Egypte et en
Ethiopie.
IL — Ludolf nous l'avait déjà appris, car il a publié et
traduit quelques lignes d'éthiopien à la louange de saint Aaron
« qui a fait voler des pigeons cuits et prêts à être mangés ».
C'est un miracle de notre Aaron, P. 0., V, 731-2, qui veut
apprendre à un solitaire à ne plus manger de viande. Naturel-
lement Ludolf croit à un miracle d'invention éthiopienne,
Historia aethiopica, Francfort-sur-le-Main, 1681, p. 293. C'est
un miracle syrien, imitation peut-être des figurines d'argile
représentant des oiseaux, que Jésus anime et fait s'envoler,
[2]
MÉLANGES. 207
cf. Évangiles apocnjphes, Irad. Paul Peeters, I, p. 127; 11,
p. 41,200. — Signalons d'ailleurs qu'inversement Aaron a
changé de la viande en chou, un jour où il n'avait rien autre à
manger, P. 0., V, p. 733-4.
III. — L'édition des calendriers, P. 0., X (voir la table,
p. 13Ô), nous a montré aussi la popularité d'Aaron chez les
Syriens, car il tigure dans sept des calendriers que nous avons
édités et traduits, soit au lundi de la Pentecôte (lendemain de
sa mort), soit au 28 mai (jour de sa mort), il avait donc fête
mobile et fête fixe. Les manuscrits de ces calendriers vont du
XI' au xvii" siècle. Le manuscrit qui renferme la vie d'Aaron
éditée P. 0., V, est daté de 1197. Nous avons déjà renvoyé
au martyrologe de Rabban Sliba édité par le R. P. Peeters,
cf. P. 0., V, 697, 702.
IV. — Le lexicographe Bar Bahloul {milieu du X^ siècle)
avait lu la vie de notre Aaron, car il la cite à l'occasion de l'un
de ses noms propres, éd. Rubens Duval, p. 171; « ^c»s>., dit-il,
est un village du pays de Mélitène et il est nommé ^v^. ^±m-
(la forteresse du patrice), et il est cité clans la vie de Saint Mar
Aaron. Que sa prière soit avec nous». Ce village figure P. 0., V,
744-5; Abraham et les chefs de ce village prient Aaron de
guérir des démoniaques à son retour de Constantinople. Il faut
donc placer avant l'an 900 la rédaction de la vie syriaque
d'Aaron.
V. — Les monastères d'Aaron. Il en a fondé un à Batnan de
Saroug, son pays d'origine, P. 0., V, 712-3 ; nous n'en trouvons
pas mention ailleurs. Il se met ensuite en route, arrive au
fleuve Euphrate, le traverse dans le voisinage de Mélitène et
s'installe s;/r /« montagne bénie (Berika). Fidèles et disciples
y accourent, Ibid., 717--21. C'est la le monastère d'Aaron « dans
la montagne bénie ». — Comme Saroug est sur la rive gauche
de l'Euphrate, nous devons supposer que la « montagne bénie »
est sur la rive droite non loin de Mélitène (et non près d'Édesse,
comme on l'a écrit à tort) (1).
Plus tard, ennuyé par le concours du peuple, Aaron quitte en
secret « lamontagne bénie ». Un ange le guide, lui fait traverser
(1) Il devait même surplomber l'Euphrate, puisque l'eau qu'on }• buvait venait
du fleuve, P. 0., Y, 719.
[3J
208 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN'.
l'Euphrate, le conduit durant neuf heures et l'amènera une
caverne où s'étaient réfugiés les démons déjà chassés par lui
de Batnan de Saroug. C'est de là que le chef des démons se
rend à Conslantinople. Les malades et les disciples aftluent
bientôt et ce lieu devient-un second monastère, Ibid , p. 721-
725, 745-747. On devrait donc chercher ce monastère sur la
rive gauche de TEuphrate, à une dizaine de kilomètres du
fleuve en face de Mélltène. C'est ce monastère qui a été nommé
plus tard « le couvent de Segara de Mar Aharon », cf. Michel le
Syrien, C7?ro/i/(/we,trad. Chabot, 111, p. 131, 162, 164, 166, etc.
Il n'y a pas de doute pour cette attribution, car Bar Hébraeus
nous apprend, au xiii" siècle, qu'Aaron de Saroug a bâti en
Arménie (Mélitène) deux célèbres monastèr es, « C/iron. eccl.,l,
87; et Michel le Syrien ne donne que ces deux monastères :
celui du Mont Berika (montagne bénie) et cehii de Segara
(nous expliquerons ce mot plus bas), sous ce vocable. Voir les
tables de la chronique de Michel, p. 4. au mot Aharon; couvents
d'ailleurs très célèbres, puisque beaucoup d'évêques, dont les
noms sont donnés par Michel le Syrien, en sont sortis; le plus
ancien est peut-être Timothée, ordonné métropolitain d'Amid
par Jean VII, patriarche de 963 à 985, cf. Michel, Chronique,
t. III, p. 466; ceci nous permet encore de croire que le monas-
tère existait avant 900.
VI. — Le« couvent de Segara de Mar Aharon » de Michel le
Syrien est devenu dans Bar Hébraeus, par simple interversion,
« le couvent de Mar Aharon de Segara », et on a traduit :
In monasterio Mar Aaronis Sigarae, d'où un Aaron de èiga'
(ou Singar; montagne de Singar) auquel nous croyions encore,
P. 0., V, "02; — mais à tort; cela résulte assez de ce que Bar
Hébraeus ne fait que transcrire Michel (1). — Aaron « de
Singar » est donc à rayer ici. Cela fait un saint de moins mais
une synthèse de plus (2).
Nous pouvons encore établir que Segara signifie ici aqueduc,
(1) C'est surtout Assémani qui aconduit à cette confusion de Segara avec le
mont Singar, car il écrit : Coenobium S. Aaron in Sigara, D. 0., II, 519, cf.
351, 351, 355; puis, à la table, il écrit : Sigara, Vide Singara, II, 543, III, 703.
(•.i) Aaron de Saroug; Aaron de Syrie (éthiopien); Aaron de la Montagne bénie;
Aaron de Segara; Aaron de Sigar sont donc un seul et même personnage.
[4]
MÉLANGES. ■ 209
et qu'il laut donc traduire le « monastère de l'aqueduc de
Mar Aaron »ou, pour le texte de Bar Hébraeus : « le monastère
deMar Aaron, (celui) dq. Taqueduc ».
)i^ (Segara) signifie bien « canal, fossé pour conduire l'eau »,
Payne Smith, Thésaurus, 4057. La vie d'Aaron nous montre
d'ailleurs combien cette locution : « monastère de Vaqueduc »,
était justifiée : Il n'y avait que peu d'eau dans la caverne-
monastère, p. 726; après avoir guéri la fille de l'empereur,
Aaron lui dit : « Si tu veux me donner un présent, que ta
Majesté ordonne que Fon conduise un petit courant d'eau à
l'endroit oii J'/iahite, bàtis-moi un temple et un escalier de
pierre (pour montera la caverne) », p. 737; cf. (pour l'escalier),
p. 12'-). « L'empereur d)nna avec grand plaisir beaucoup d'or
à des ouvriers habiles... ei ils firent des conduites d'eau comme
le voulait le saint, jusqu'à l'entrée de la caverne ». Ibid ,
p. 737-8. Quand Aaron revient de Constantinople, la citerne
qui lui fournissait l'eau était desséchée, * il quitta le monas-
tère, marcha l'espace de trois milles et trouva de l'eau qu'il
conduisit à l'aide de son bâton jusqu'à l'entrée de la caverne
près de ses disciples... Les artisans et les ouvriers vinrent...
Ils tracèrent aussi une conduite d'eau jusqu'au monastère,
comme 1»; saint l'avait demandé et comme l'empereur victorieux
et fidèle l'avait commandé », Ibid., p. 746 11 devait donc y
avoir h un ouvrage d'art que l'on attribuait à l'empereur
Constantin et qui justifie amplement le nom de monastère « de
la conduite d'eau ou de l'aqueJuc (Segara) » donné à ce
COUVt'Ut ( 1).
Bar Bahlul qui avait lu, nous l'avons vu, la vie d'Aaron,
donne à Segara (li^) le sens de « source » plutôt que relui de
(l) Les solitaires s'établissaient loin dos lieux cultivés et sur des montagnes,
c'est-à-dire souvent dans des lieux privés d'eau. Dans son premier monastère
sur « la montagne bénie <>, Aaron n'en avait pas Un fidèle lui avait donné un
âne qui allait seul remplir deux cruches d'eui dans l'Euphrate. Un ours (éthio-
pien : un lion) dévora cet àne et fut condamné par le saint à prendre sa place et
à porter l'eau au monastère pendant les deux ans six mois que l'àne aurait
encore vécu. P. 0., V, 719-2(J. — Cette légende a été portée en Algérie : Au
xn" siècle, Abou Médian, pré 5 de Bougie, commande à un lion de remplacer un
àne qu'il avait tué. Le soir, le propriétaire de l'àne vient dire qu'en dépit de la
docilit» du lion cela ne peut pas durer, parce que le lion effrayait tout le monde.
Cf. Carra de Vaux, La doclrine de l'Islam, Paris, 1909, p. '.^37-238.
[5]
ORIENT CHRÉTIEN. l-l
210 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
canal; « Segara (ii^), c'est-à-dire fontaine d'eau. Monastère de
Segara (l'^s^), c'est-à-iire fontaine (ii^i) de montagne, à savoir
source d'eau dans la montagne », J'h^saurus, loc. cit. (1).
M. Payne Smith écrit, Ibid. : « Il n'existe pas, à ma connais-
sance, de monastère de Segara (de la source ou de l'aqueduc). »
Nous connaissons déjà celui d'Aaron pour lequel nous choisis-
sons le sens « aqueduc », à cause delà vie du saint, sans rejeter
absolument le sens « source de montagne » (le contenu pour
le contenant); mais il existe encore un autre monastère nommé
de Pesqin et aussi de « Segara de Pesqin » pour lequel nous
serions donc conduit à éci'ire : le monastère « de la piscine » ou
« de la source montagneuse de la piscine ». Cf. Michel le
Syrien, Clii onique, table, p. 57 et 66.
VII. — Enfin la légende d'Aaron se retrouve presque en
entier dans celle de Malkà (Malchus) de Clysma, éditée par le
R. P. Bedjan, Acta Martijrum, t. V, Paris, ISOrD, p. 421-469.
Malkà quitte l'Egypte en secret au moment où ses parents
voulaient le marier, d'où peine des parents (thème fréquent);
il veut aller en Mésopotamie pour y retrouver saint Eugène,
frère de sa mère. Il passe par Scété, par Jérusalem, et arrive à
Nisibe. Il est fait prêtre par Tévèque Jacques. Entre les villages
Anhal (>*o^i) et Arcah (^^î;) il délivre Saloinon, fils de Wahban
(,eo)o)> que le démon Stratàsîs (.m.u»i^;è-«/) avait entraîné dans une
caverne sous un figuier. Malkà ch.isse ce démon qui s'en va à
Constantinople, où il entre dans Làsànasîs (^-^j^œii), fille de
l'empereur Constantin. Les habitants d' Arcah et des alentours,
reconnaissants, construisent une église et un monastère. Malkà
est mandé à Constantinople. Comme Aaron, il dit au messager
(nommé Éphrem) de partir le premier et il lui pi'omet de le
rejoindre; il délivre la fUle de l'empereur et « lie » le démon
pour qu'il ne puisse s'en aller sans son consentement; il
demande à Constantin une urne (p;a^) qui ne servait à rien, et
il la fait porter par son démon jusqu'à son monastère; il maudit
alors le démon, qui ne pourra plus jamais nuire aux chrétiens,
et « il le chasse comme un chien impur ». Malkà retourne à
Jérusalem, revient par Damas, s'adjoint Eutîl (^lo/, Euthalius?)
(1) Nous ne savons pas si les mêmes consonnes signifient canal, quand on lit
Segara et source quand on lit Sagra.
[6]
MÉLANGES. 211
et meurt le -21 avril 315. Eutîl vit 14 ans de plus, et on fait
mémoire de tous deux le premier septembre (1).
VIII. — Il serait intéressant de pouvoir déterminer quelle est
la rédaction primitive, celle d'Aaron ou celle de Malkà.
Parmi nos calendriers, P. 0., t. X, il y en a encore six qui
mentionnent Malkà (2)(Aaron figurait dans sept, cf. supra III).
Les deux manuscrits qui contiennent la vie de Malkà sont datés
de 1191 et 1199. Michel le Syrien ne mentionne pas le monastère
de Malkà, ses listes épiscopales ne portent aucun évêque sorti
de ce monastère qui est cepen lant mentionné en 1214, 1305,
1397 dans le Catalogue de manuscrits syriaques du British
Muséum, p. 163-4 (3). Jusqu'ici la priorité serait donc assurée
au monastère d'Aaron.
Mais il existait, au vu" siècle, dans le Tour 'Abdin, un couvent
de « Beit Malkà » (chez Malkà) où Athanase de Balad, qui
devait devenir patriarche jacobite en 684, traduisait en 645 des
ouvrages grecs de philosophie (1). Si noire Malkà se rapporte
à ce couvent (5), sa légende aurait pu être écrite du vu" au
vuf siècle, et celle tlWaron en serait une imitation écrite du
vui^ au w" siècle. La connaissance de nouveaux textes nous
permettra peut-être plus tard une approximation plus grande.
F. Nau.
(1) Saint Eugène de Clysma, donné comme le propagateur du monachisme
oriental, est surtout fêté par les Nestoriens; cependant les Jacobites l'ont aussi
adopté, cf. P. 0., X, p. 140, au mot Eugène. Malkà, qui serait le neveu d'Eugène,
ne ligure pas parmi nos listes de ses disciples; la présente rédaction de sa vie
est d'ailleurs jacobite, puisqu'on y trouve, p. 468, la locution « Marie, Mère de
Dieu ».
(2) Il figure aussi dans le martyrologe de Rabban Sliba.
(3) Ce monastère est encore connu aujourd'hui, cf. H. Pognon, Inscriptions
sémitiques, I, p. 42.
(4) Catalogue des manuscrits syria(iues du British Muséum, p. 1161-2. Cf.
Assémani, B. 0., I, 493; II, 335.
(5) Ceci nous semble bien probable, car le monastère d'Athanase était aussi
dans le Tour 'Abdin, cf Rubens Duval, La liliéralure syriaque, 3° édition, p. '2bi
(et non dans la région d'Antioche, comme Assémani le croyait).
[7]
212 REVUK DK L'ORlEiNT CHBÉTIEN.
II
UNE DESCRIPTION ORIENTALE DE LA COMÈTE
DE NOVEMBRE 1077
Cette comète, dont Arago tloiine les caractéristiques (1), et
« qui a été découverte le 13 novembre par Tycho-Brahé,
de son observatoire de l'île d'Hween, dans le Suud, avant le
coucher du soleil (2) », a attiré l'attention à cause de son éclat,
de ses dimensions et de sa durée de visibilité. François lunctini,
« grand astrologue et mathématicien », écrivait le 13 novembre
à Monseigneur de la Mante, « gouverneur pour Sa Majesté e^
la citadelle de Lyon » :
Samedi dernier, qui fut le neuf de ce mois, fut vu au ciel un leu lequel,
après que le soleil s'en alla sous l'horizon occidental, se mon'ra en l'air
avec une grande queue (lui regardait vers Levant, lequel courant par le
chemin qu'avait fait lu Soleil, vint à se cacher sous la terre a()rès 45
minutes qu'il avait demeuré sur notre horizon.
Le dimanche et le lundi ensuivant ne fut vu autre chose, à l'occasion
de la pluie et mauvais temps qu'il faisait. Mais le mardi consécutif, que
le temps fut clair le soir, son commencement fut environ les cinq heures
après-midi au signe de Capricorne, laquelle, selon sa longueur, était con-
jointe à Saturne....
Les comètes ont toujours été messagères de famine, de pestilence. .. et
souventes fois de brùlements, voleries et de la mort des grands princes...*
La comète de la [uelle nous parlons à présent est celle qu'on nomine
Perlic'i, laïuelle fut conjointe avec Saturne, de laquelle écrivent les Arabes:
Quae, cuin appariteril cum Saturno, .sijnificnl quod erit )no7'talilas in
senibus et frafrihus relifjionis.... Si j'en voulais parler particulièrement,
j'estimerais que ce serait grande présomption, toutefois je dirai qu'un
prince ou bien une reine qui ont pour horoscope l'^ signe du Capricorne
en leur nativité sont menacés de telle comète (3).
L'opuscule de lunctini porte sur la couverture une représen-
tation de celte comète. avec trois couronnes autour du noyau
et une queue, dirigée vers le sud-esl, qui occupe toute la largeur
de la page.
(1) Astronomie populaire, t. H, Paris, 1858, p. SOL
(2) Ibid., p. 31G.
(3) Discours de ce que menace devoir advenir la comète apparue à L3'on,
Paris, 1577, 16 pages.
L8]
^ MÉLANGES. 213
Un manuscrit récemment acquis h Paris, Syr. 371, fol. 159,
donne, en prose rimée, une description de cette comète et de
la peste qui l'a suivie :
• .{.-OQu* y^^^o v£Doi» t rr>iî\jj ^^s^â/ Kjuud
•.^^«Jioaâ 900U^ oiiaJL*<o« iooi )o(.^m^o jJo
'.^ ^ / ^K^l jLsLiiCLâ jl; OI.J3J099 IK^ajt.^
•.^-^s.iCS. t-^ti^j ).iL:)Qji \Q-^ ^••/ oi.aJojj l-*^-^
.) 1 » iv> JJ; j m « 1 •> £swOoo >^f^) ^'^"^
.jj^^o/ "^^oo l-L'v-^ ^'^^.a^o ^,aioo ^.ibojLâo
.)JL»-S ).JLA ""^«^ >40i/o K^lo ^IVio )KjLJl
EN L'ANNÉE 1889 D'ALEXANDRE, ROI GREC (1577),
Apparut à l'Orient une étoile admirable avec queue (comèie).
Le jour du Vendredi, 8 du mois Tichri il (novemiire) (I),
Nous avons vu un prodige dont nous n'avions pas entendu parler depuis
[le commencement,
Sa chevelure n'était pas assimilable à la lumière des étoiles,
Comme les queues (des comètes) que les hommes ont vues de généra-
[tion en génération.
(l),Le 8 novembre tombait bien un vendredi. Chez les Syriens, le vendred
allait du jeudi 7 au soir au vendredi soir.
[9]
214 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Mais, prodige plein d'admiration et prodige des prodiges.
Elle demeura et resta la durée de cinquante jours.
La mesure de sa queue, sans doute possible, était de trente coudées
[(15 à 20 mètres).
Et sa largeur vraiment comme deux de nos empans (46 à 52 cm.).
Et la couleur de sa queue comme la couleur du soleil qui passe au-
[dessus de nos maisons (à midi).
De vos fenêtres (d'où vous voyez l'astre), louez le Seigneur dans les
[siècles des siècles.
En l'année 1890 (1579), il tomba une mortalité
Sur l'ile de Zabdai, et il mourut des liouimes sans nombre
Dans Amid, dans Mossoul, dan.s toute ville et dans toute province,
Un an et deux et Irois et quatre, d'année en année (1).
Notre texte syiiaque montre que la comète, dont Arago
attribue « la découverte » à Tyclio-Brahé le 13 novembre,
avait été observée en Orient le vendredi 8, sans doule avant le
coucher du soleil (2), et à Lyon le 12, nous pourrions même
dire le neuf au soir, car c'était sans doute le feu avec (|ueu3 vu
le neuf par lunctini.
L'écrivain orient;d mentionne aussi la peste qui a suivi (3);
po^l hoc, ergo proplcr hoc, el nous apprend que 1 i dui'ée tlo
visibilité a élé de 50 jours.
F. .\AL-.
III
LA RÈGLE DE SANTO-STEFANO-DEI-MOUI
C'est à M^'' Eug. Tisserant que revient le mériie d'avoir
signalé le texte éthiopien original, suivi de la traduction
latine, de la règle du monastère abyssin de Rome Santo-
Stefano-dei-Mori. Texte et traduction ont été trouvés en mai
1924, à la Bibliothèque Vaticane, dans Imprimés, Prima Rac-
(1) Veut dire sans doute que la peste dura en 1891 et jusqu'à 1894 (1580 à
1583).
(2) Car Tj'cho l'a vue aussi « avant le coucher du soleil », d'après Arago.
(3) De 1557-8, lunctini aurait pu mentionner la peste de Milan, l'incendie de
Venise, la mort d'un roi de Portugal tué en Afrique, les guerres de religion, etc.
[10]
MÉLANGES. 215
colta, IV, 2218. Nouveau service, ajouté à tant d'autres, que
rend à l'orientalisme le savant bibliothécaire.
Santo-Stefnno tut le point de départ et le premier centre des
études éthiopiennes en Europe. Sans cette institution, due à
la libéralité des papes, les orientalistes n'auraient pas connu
dès le début du \\f siècle la langue et la littérature éthio-
piennes.
Les manu?crils éihiopiens de la Bibliothèque Vaticane n"' 29
(tï. 52-55) tt 66 (ff. 55-58) contiennent deux copies de la règle
de Santo-Stelano. Dans son intéressante monographie Un
monastère éthiopien à Rome aux .VF" et XV I" siècles, San-
Stefano-dei-Mori, Mélanges de la Faculté Orientale de TUni-
veisit'i Saint- Joseph de Beyrouth, t. ^^ fjisc. 1, pp. 1-36,
.M. Chaîne a publié et traduit la oopie du manuscrit Vatican
éthiojtien n° 06.
^>'ous éditons ici la traduction latine (T) contenue dans
Imprimés, Prima Raccolta, IV, 2218.
Sylvain Giu'b.aut.
* \'oluntate Dei Trini iiu.s omnes peregrini, qui Homae suams * ^^
habitantes iu alrio sanctorum patrum nostroium apostoloi'um ,.» â '
Pelri et Pauli, simul congregati suraus in nomine Christi, Dei
nostri, in ecclesia sancti Stephani protomartyris, monasterio
patrum ac tVatrum nostrorum peregrinorum, et cum placito
Spiritus Sancti e Jstens Christus (s?ci inter nos, qui ait: Si con-
gregati fuerint duo aut très in nomine meo, ibi sum in medio
eoruin. Sic igitur nos omnes congregati, magnus et parvus,
sa<^erdos, levita ac laicus una cum nostro priori {sic) Joanne
et reverendo nostro spirituali pâtre IVatre Petro (1) Malheso,
fdii patris nostri Takla-Hâymâiiot, ctnstitutionem legemque
nol)is fecimus nunc stantibus et vc.neiililtus post nos hue in
locum istum peregrinorum Hiei'osolimorum .Elhiopum, qui
(1) Nom donné à Tasfâ-Seyon. Cl', colophon (écrit de la main même de Tasfâ-
Seyonj du ms. Vat. éth. n° 16, loi. 61 v° : ... ^,> : tft*}, : «-f-Tr : '^A'îH : fl>A
^ : hn-» : tYlA •■ V.e'^Ç*^ •■ WR.-m. • A,nV*<ft> : {sic) ^p^ : Hh.^'f.ftA.?" " (sw)
... Moi Tasfâ-Seyon Mâl/iezo. fils (spiriluel) de notre père Takla-HâyminhA.dt
babra-Libânos, pèlerin de Jérusalem...
[Il]
216 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
calcaverunt mare arenosum nimia tribulatione, famé, siti,
calore solis ac ejus combustione valdeqiie eos tribulaiiteslsmae-
* T, litae, filii Agar, ob Christi caritatem et amorem * civitatis
i-ojj^ ipsius sanctae Jérusalem, ubi passus est, crucifixus ac resur-
rexit a mortuis.
His enim talibus peregrinis, cum causa peregrinationis
venerunt hue ab Jérusalem ad hoc monasterium, praecepimus
et velut legem ordinavimus ut eos caritate Christi suscipiant,
lavantes eorum pedes, sicut nobis constituerunt primi patres
nostri peregrini, deinde autern usque ad triduum, minime eis
neganles victum atque hospitium, videant excessum operamque
eorum et diligenter inquirant conditionem ipsorum, si sacer-
dotes vel diaconi aut laici sint, et si intelligentes sunt (sic) ac
utiles ecclesiae et monasterio. Et si hic una simul voluerint
permanerp, maneant in praecepto prioris in omnibus obedientes
ei, sivein monasterio, sive extra tam lu tempore orationis atque
sacrificii. Si aut^'m noluerint ita permanere et obedire priori,
sint extra monasterium ac mittantur in pace. Item si sunt (sic)
* T, ebrii, aut percussores, * aut iracundi, aut inquirentes verba
y'o a " litigiosa, statim a monasterio ejiciantur et expellantur, ac ultra
neque in monasterio neque in peregrinorum congregatione
introducantur.
Item etiam praecepimus et constituimus pro illis qui in
captivitate fuerunt et dispersis nostratibus, qui non venerunt
et pertingerunt ad hune locum peregrinationis, calcantes
terram desertam sicut caeteri nostri peregrini, sed tantum
captivi fuerunt a Saracenis et gentilibus et deinde erepti et
liberati fuerunt amanibuseorum et hue veneruntad hune locum
sanctorum peregrinorum, pro ipsis et pro illis praecepimus et
ordinavimus ut taies caritative in monasterio suscipiantur,
porrigentes eis cibum,potum atque hospitium usque ad tertium
diem. Post tertium vero diem miitantur in pace. Si quis vero
ex ipsis captivis fuerit vir probus, humilis, mansuetus ac
diligit (sic) animam suani et voluerit manere in monasterio una
T, cum peregrinis, ut simul cum eis Dec serviat *et ut iustificet
animam ejus (sîc) ab hoc saeculo transeunti, suscipiant eum et
maneat ipse quoque in praecepto prioris sitque omnibus pere-
grinis humilis, quia ait Dominus noster : Omnis qui se
m
fol. 232
y b
fol. 233
r° a.
MÉLANGES. 217
humiliât exaltabitur et qui se exaltât humiliabitur. Postquam
autem susceperint eum peregrini in monasterio, si superbia
se exalta verit et inani gloria indutus fuerit, statim a mona-
sterio expeliatur et eo minime introeat.
Item rursum praecepimus ac ordinavimus pro ipsis praevari-
catoribus, qui noiuerunt stare in praecepto prioris cum cari-
tate simul cum peregrinis, quemadmodum superius ordina-
vimus ac praecepimus. Hi taies extrudantur a monasterio sive
peregrinus sit, sive qui fuerit cnptus ab infidelibus, qui non
est peregrinus, qui seditionem inter peregrinos fecerit et
nolueritobedire priori, et ideo malitia et iniquilate sua expulsus
est a monasterio et alienatus est a participatione peregrino-
rum. Tali ergo praecepimus ut expeliatur * etiam ab urbe. Et si * t
in hoc quoque praevaricatus est et noluerit expelli a civitate,
mittatur in carceres et ibi maneat quo usque contentus fuerit
exire de civitate.
Haec enim instituivimus voluntate Spiritus Sancti, congregati
in nomine Chrisli, redemptoris nostri, ut longe sit a raedio
noslri (sic) odium et seditio, et ut ne {sic} sit scandalum in
urbe et populo, quia scriptum est : Luceat lumen veslrum coram
hominibus, ut videant opéra vestra bona et glorificent Patrem
vestrum qui est in coelis. Nunc igitur patres et fratres nostri
peregrini, qui post nos, custodite haec quae ordinavimus exi-
stens <Chrisius> [sic) inter nos. Omnis autem qui non custo-
dierit haec praecepta, quae in libro hoc scripta sunt,
anathenia sit auctoritate Pétri et Pauli, etiam prior, si fuerit
acceptor personarum et non custodieril cuncta haec quae
instituivimus, et ipse sit anathema ex ore Christi, qui tradidit
claves 'suas potestatem habentes patri nostro Petro et dixit ei :
Tibi dalto claves regni coelorum et quodcumque * ligaveris t,
super terrani eril ligatum in coelis et quodcumque solveris in ^0 j,,
terra erit solutum in coelis. Praeterea similiter anathemati-
zavimus et excommunicavimus illum qui furaverit, aut abscon-
derit, aut deleverit, aut cremaverit hanc scripturam, ut sit
damnatus ac ligatus sicut Arius et Sabellius.
Hujusmodi autem exemplo et similitudine quatuor scripturas
scripsimus. Unam scilicet posuimus in bibliotheça Patris nostri
Summi Pontificis una cum quatuor Evangeliis impressionis {sicj
[m .
fol. 233
V a
218 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
scriptam in fine Evangeiiorum. Secundani vero t-adidimus in
maniim reverendi domini Vicarii Summi Pontificis. Tertiam
autem dedimus reverendo Magistro domus Summi Ponlificis.
Quartam quidem de(iiraus proteclori nostro et domino Pelro
Paulo Gualterio diligenti peregrinos, viro optimoDeiimtimenti,
qui etprat'cipue amat nos ex corde et propatrianostra /Etiiiopia
T, eius utilia in omnibus cogitans [sic). * Hanc etenim quintana
posuimus hic in inonasterio scriptam in Evangeliis. ut legant
eam otnnes peregriiii, qui venient post nos et servant (sic) quae
sunt scripta in ea, et ne cadant in gladium spii-itus, quod est
anatliema, quod anathematizavimus, quatuor sa<'erdoles, omni
^4i]thiopi, qui est Roinae et qui ven.turus est in liunc locuin
sanctum, ul faciat et custodiat quidquiii in bac scriptura con-
slituiinus concordes voiuntate Altissimi, ut iater nos sit caritas
et pax et gaudium, et ut mundo corde, fide et spe lauda-
mus (sic) Christum Deum nostruni, et misereatur nostri ac
retriluiat nobis regnum et hereditatem suam. et iongos in pace
faciat dies sanctissimi Summi Pontificis Patris nostri Julii III,
et ut det pacem regil»us cliristianis, et ponat inimicos régis
^tbiopiae timentis Deum, régis nostri Claudii sub pedibus
ejus, et mittat in cor omnium regum christianorum timorem
sancti nominis ejus et custodiam praeceptorum eju>;. Amen.
T, Fiat. Et Deus pacis sit cum omnibus * vobis et det vobis virtutem
ad serviendum ei et dilectionem, ut laidelis eum por interces-
sionem Mariae Virginis, matris Cliristi ejus, et per intercessio-
nem sanctorum Pétri et Pauli et omnium discipuloruin aposto-
lorum ejus, qui morti pro eo animain suam tra(h(lerunt. Amen.
Haec scripta fuit et corroborata in urbe saiicta Roma per
voluntatem Spiritus Sancti, in atrio sanctorum patrum nostro-
rum apostolorum Pétri et Pauli, in ecclesia saucii Stepiiani,
habitatione peregrinorum .Etbiopum, tertia die septembris,
numéro Francorum, 1551 anuo, ex quo nalus est Dominus ac
Salvator noster Jésus Christus ex Maria sancta Virgine, anno
secundo pontificatus sanctissimi et bonoratissimi Patris nostri
Summi Pontificis Julii tertii.
Suivent deux actes officiels. Par le premier J.-B. Galletti,
« magister domus » du Pape Jules III, approuve la règle de
Santo-Stefano.
. [14]
fol. -233
yo b
MÉLANGES. 219
Approbamus et decrevimus ut s(upra) sub poenis ut s(upra).
P. S. Vie.
J.t. Bap'\ Galletti, Mag''. domus suae S'^% gubernatorilloruiu.
Pat le second Faustus .Sabaeus, préfet de la Bibliothèque
Vaticane, enregistre le don d'un exemplaire delà règle à la
Bibliothèque.
' Ego FaustusSabaeus, custosBibliotliecae Apostolicae, recepi
liunc IdDrum a r''" Priore et fratiibus îndianis Rouiae commo- ,oi 23-1
rantibus in sancto Stephano, quem doiio dederunt et Biblio- 1° a.
Ihecae Apostolicae dedicaverunt die XXVIII mensis Jaiiuarii,
anno MDLII.
lia est, Fauslus Sab. q(ui) i^u\)''\
S. Ghi':i!AUT.
[15]
BIBLIOGRAPHIE
David Eugène Smith, Le Oomput manuel de Magi&ler Anianus. Par s,
Éditions Droz, 1928.
L'ouvrage que M. David Eugène Smith vient de faire paraître aux
Éditions Droz ans la collection des Documents scientifiques du xv siècle,
rappelle par son titre un nom célèbre entre tous les chronologues et
computistes qui ont illustré l'Orient. C'est à un moine alexandrin du
v*^ siècle, du nona d'Anianus, qu'est due, en effet, l'ère chrétienne du
Monde de 5500 devenue dans la suite, au ix^' siècle, celle de 5501, ainsi
que l'établissement du grand cycle lunaire et solaire de 532 ans qui
paracheva le grand oeuvre du comput al^^xandrin. Cette ère et ce cycle
sont encore en usage de nos jours: ils sont employés dans toute la
chrétienté du bassin du Nil par les écrivains ecclésiastiques en concur-
rence avec l'ère des Martyrs et l'ère chrétienne dite d'Egypte ou d'Ethio-
pie. L'Occident ne les a pas adoptés, il s'est rallié à l'ère de l'Incar-
nation fixée par Denys le Pe it. Mais celui-ci, on le sait, n'a établi sa
chronologie qu'en suivant celle dont Anianus avait le premier jeté les
bases, comme il )i"a dressé son comput que d'après les règles édictées par
les Alexandrins.
Toutefois, quoi qu'il en boit de ces titres du moine Anianus et de tout
ce dont nous sommes redevables à sa chronologie et au comput auquel
il a collaboré, ce n'est pas de lui qu'il s'agit dans ce manuel, il n'en est
point l'auteur; il est superflu de le démontrer. Son véritable auteur,
nous dit M. Smith, fut un ho iionyme du chronologue et computiste
égyptien; il vécut vers 1250-1300. L'époque de sa vie est déterminée au
moyen d'extraits relevés ç\ et là dans les manuscrits jusqu'au xui^ siècle,
mais l'établissement de son identité, la vérification de son nom offrent
plus de difficubés. Sur ce nouvel Anianus de la renaissance médié'-ale,
qui dut être au moins aussi célèbre de son temps que le moine du
v^ siècle, sur ce computiste fameux, dont le manuel vit jusqu'à cin-
quante-neuf éditions en moins d'un demi-siècle après sa première
impression en 1488, l'histoire est absolument muette, aucune chronique
n'en fait mention. Le fait est étrange, déconcertant presque. Aussi, pour
tout mettre à bien, M. Smith, qui n'a pu se résoudre à laisser ce problème
sans solution, en appelle aux nombreux travaux réalisés jadis par
Téradition traditionnelle des bénédictins et range notre manuel parmi
ces travaux. De là il conclut que l'auteur du manuel est un moine de
[1]
BIBLIOGRAPHIE. 221
Saint-Benoit, qu'il porte un nom patronymique et qu'il a vécu au couvent
d'Aniane près de Montpellier. Cette 'démonstration est aisée si non
pérempfoire. On songe, en la lisant, à cet humour que manient si bien les
gens d'outre-mer. Assurément, M. Smith n'a avancé cette solution que
pour ce qu'elle vaut; car il a, nous le pensons, une autre opinion de
l'his oire véritable.
Pour notre part, en face du silen«'e de l'histoire sur l'auteur de ce
manuel, nous inclinons à voir, dans son titre, le nom du moini-' égyp'ien.
Maintes fois, au moyen âge, pour patronner un travail, noter la méthode
d nt il s'in-ipire, on voit des ouvrages portant des titres cjui paraissent en
faire l'œuvre d'un auteur de l'antiquité. Les compositions de ce lemps
qui se prévalent d'Aristote ou de Galien ne son^ pas rares. Le nianuel
publié par M. Smith porte un titre de ce genre L'anonyme qui l'a
composé, en le mettant sous le nom d'Aniauus, a voulu indiquer que sa
computation était celle du sys ème orien'al, le nom d'Anianus rappelant
alors pour les occidentaux rachè"enient d't l'œuvre ré.lli.^ée par les
Alexandrins. Et nous retrouvons le mêmt; fait chez les chrétiens d Egypte.
Bien que le comput qu'ils suivent ait été imaginé par le mathématicien
Anatole de l'Ecole d Alexandrie, devenu plus tard évéque de Laodicée,
c'est sous le nom du patriarche Démétrius, qui conçut le premier l'or-
ganisation du comput, qu'est placé l'ouvrage correspondant à notre
manuel d'Anianus. Ce traité connu sous le nom de Bahr Ilasnb est
toujours dit du p.itriarche Démétrius.
Dans lédition du texte, qui e.st la re^ro luction de l'édition de 1488.
M. Smith a apporté le plus grand soin. Les variantes y sont nombreuses ;
les explications y sont abondantes, et des définitions succinctes des termes
techniques permetten au lecteur qui/ n'est pas familiarisé avec le comput
d'en suivre tous les calculs. Ajoutons que la typographie est des plus
soignées, et les reproductions phototypiques qui illustrent le volume
sont dignes de cette relique de la science médiévale.
M. CllAiNE.
M'i« Marie Gallaud. Sad de Vin le. Hindouisme. Un fascicule grand
in-io, (30 pages. 20 photogravures, 10 francs. Édiiions Pierre Koger.
Patis.
Nous avons annoncé le premi ^r travail di M'ie M. G. intitulé Ceylan,
Bonddhi-^me, couronné depuis lors pir l'Académie française. Celui-ci, sur
fiapier de luxi, avej photogravures inédiles, offre un égal intérêt. A
l'occasion d'un séj >ur dans les îles voisines de Ceylan où se localise la
légende de Ràma, parmi les descriptions des s inctuaires, des pèlerinages
et des rites hindous, no is trouvons, dans ce cadre évocateur, un clair
abrégé du Ràmàyana. Ce poème, dont on p'ace maintenant la composition
entre deux siècle.? avant Jésus-Christ et un siècle après, nous raconte
les luttes de Ràma pour reconquérir son épouse Sîtà. On y trouve chars
m
222 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
et armes magiques, intervention des dieux, luîtes avec des géants et des
animaux, massacres et combats particuliers longuement décrits. On
songe involontairement aux luttes homériques — vues avec des verres
très grossissant-;, — pour reconquérir une nouvelle Hélène, embellies
d'épisodes inspirés par les guerres des Titans et des géants avec les dieux :
Rama est cloué au sol par les flèches dont il est criblé. Mais le divin
serviteur de Vishnou, Garuda, mi-homme, mi-aigle gigantesque, vole à
son secours et, le toachant à peine, le guérit... On se bat à coups d'arbres
énormes, d'épieux «t de m issues... Hanumat décime les phalanges de
ses ennemis avec des troncs d'arbres et, détachint une crête de mon-
tagne, il se précipite contre leur chef, « il le frappe en pleme tête
de cette cime rocheuse qui lui fracasse, du choc, tous les membres » —
Hector et Ajax, fils de Télimon, ne faisaient pas mieux, cf. Iliade, xii,
445-460; xx, 745-6.
Ces luttes de Ràma avec les démons et les géants à vingt bras et à
dix têtes pour protéger Sitâ, n'ont peut-être pas été sans influence sur
Lamartine quand il a imaginé « la chute d'un ange ».
Dans ce nouveau travail de M''^ M. G. la documentation et la science
s'unissent donc aux notes de paysage et de rites vécus, pour le rendre
instructif en même temps qu'attrayant.
F. Nau.
Ignazio Guidi, Les Homiliae cathédrales de Sévère dAntioche, Homél es
XCIX à cm, gr. 8°, 112 pages, dans Patrologia Orientalis, t. XXII,
fasc. 2, pages 201 à 312, Paris, Firmin-Didot, 192J.
Al. Guidi, qui poursuit infatigablement ses travaux pour le p'.us ^r.md
bien des études orientales, vient d'éditer et de traduire en français
cinq homélies de bévère d'Antioche, dans la rédaction syriaque due à
Jacques d'Edesse. Ce travail forme le /début du dernier volume (Homélies
99 à 125) qui sera consacré aux homélies de Sévère. Ces cinq homélies,
prononcées du 6 novembre 516 au 5 novembre 517, traitent : 1° de l'anni-
versaire de la promotion de Sevéfe à l'épiscopat; 2° de la martyre Drosis ;
3"^ de la Nativité ou Epiphanie; 4° de Basile de Césarée et Grégoire de
Nazianze; 5° de l'Kpiphanie.
Nous avons déjà montré deux fois dans cette Revue l'importance des
Homélies de Sévère, patriarche d'Antioche de 512 à 518 et mort en 538,
nous nous bornerons donc cette fois, pour ne pas nous répéter, à nous
demander ce que les Grecs d'Antioche pouvaient penser de leur prédi-
cateur. Nous y arriverons, croyons-nous, en cherchant ce que le prédi-
cateur pensait de ses ouailles, car les sentiments, bons ou mauvais, sjnt
d'ordinaire réciproques. Nous allons constater que Sévère n'était pas
tendre pour les habitants d'Antioche ; il n'a guère que des reproches à la
bouche et chacun, comme on le dit parfois, en prend pour son grade :
D'abord ses clercs :
Le chantre devenu lecteur croit avoir trouvé la liberté, parce qu'il
[3]
BIBLIOGRAPHIE. 223
échappe ainsi à l'office de nuit et qu'il peut maintenant passer toute la
nuit « à ronfler » dans son lit, p. 215.
Le lecteur devenu diacre n'a recherché les fonction-! du diaconat que
pour être revêtu d'iuie splendide tunique et décoré d'un vêtement de lin
somptueux qu'il porte sur l'épaule.
Sévère connaît c beaucoup de sons-diacres » qui fuiraient comme un
déshonneur la char;^e d'allumer les lampes à l'église, si ce n'était la
nourriture qu'on leur distribue chaque jour. p. 216.
Les prêtres et évèques se contentent du no n et du tiône et onb'ient
totalement de vaquer à leur office, p. 217.
Les fidèles sont a ssi mal tiaités : Les hypocrites semblent nombreux,
p. 218-9; 22G-7, 294. Ils écrivent « un tel qui est revêtu du sac », « un tel
qui porte des chaînas de fer » : ils se nomment « persévérants » ; ils
s'enflent et se prévalent de cette dernière appellation et on ne les voit
jamais aux offices de nuit ni aux orato'res des martyrs. Ses paroissiens
sont tortueux, amers, durs, fourbes, calomniateurs; ils traînent devant
Ips tribunaux ceux qui ne leur doivent rien, p. 300. 11 y a des couplets
spéciaux contre les courses de chevaux, les théâtres, les cliansons licen-
cieuses, p. 301 ; contre les veuves qui voudraient se remarier une troisième
fois et auxquelles il ne le permet pas, mais surtout contre tous les liéré-
tiques. Sévère seul a compris tous les mystères, ou pluiôt il n'y a plus de
mystère pour lui, aussi il sait dire leur fait à M mes, Sabellius, Eutychès,
Nestor.us, p 227-8. Ce dernier est encore servi à part, avec les « petits
de ses corbeaux » et les diphy-ites, p. 269 : « Qu'ils soient déctiirés et
anéantis ceux qui divisent le Christ par la dualité des natures après
l'union... Comment serons-nous charitables envers ces hypocrites? »
p. 294-6. Or ces « hypocrites », comme il les appelle, avaient été les maîtres,
et allaient bientôt former l'universalité du monde grec uni au monde
latin. On comprend donc très bien que tout le monde grec ait abandonné
Sévère et en ait brûlé très volontiers les écrits. Les Syriens et les Coptes,
qui détestaient les Grecs leurs persécuteurs, se sont seuls délectés du
souvenir de Sévère et de*la lecture de ses traductions. Ses invectives
avaient dutaché de lui les habitants d'Antioche, qui étaient grecs presque
tous; et le pauvre homme ne s'en apercevait pas. L'accue 1 fait à ses
demandes d'argent aurait cependant dû lui ouvrir les yeux. L'église de
sainte Drosis avait une coupole au-dessus de l'autel (ciborium) (1; soute-
nue par des colonnes d'argent et Sévère s'était imaginé que la coupole
aussi devait être recouverte en argent. Ces monomanies nous expliquent
comment les Perses bientôt, en 540, et, plus tard, les Arabes, trouvaient
(1) M. Franz Cumont s'est demandé (Études Syriennes) si le ciborium au-dessus
de l'autel n'était pas une imitation des coupoles qui se trouvent si souvent en
Orient au-dessus des tombeaux. Sévère en donne une autre explication, p. 246 :
« Cette coupole représente la forme du ciel,... afin de montrer que nous, qui
accomplissons les fonctions sacerdotales sous cette coupole, nous nous tenons à
l'intérieur du ciel à l'exemple des armées incorporelles. »
[41
224 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
tant de richesses dans les villes qu'ils prenaient. Car si les particuliers
pouvaient cacher leurs biens, il restait toujours les piliers et les coupoles
d'argen. des églises. La requête de Sévère n'a pas eu de >uccès, car il
dit : « Personne n'a condescendu à apporter, pour une telle œuvre p'euse,
l'offrande d'une livre d'argent » et cela lui donne l'occasion d'inveciiver
les hommes qui mangent dans des plats d'argent et les femmes qui se
rendent au bain sur des chars resplendi-<sant d'arg<-nt, p. 247.
Ce n'était pas pjur lui concilier les riches, aussi le P'' janvit-r 517,
révenant sur le même sujet, il dit qu'il n'a pu convaincre ses auditeurs,
à qui il demandait » un peu d'argent ». Les uns, dit-il, ont applaudi sa
parole sans rien lui donner, il n'a reçu que « de pet.ts dons », et il trouve
encore moyen d'insulter ceux qui lui ont fait ces « petits dons » en disant
qu ils l'avaient fait « hijpocrilement » pour s'attirer son amitié, p. 286.
11 est remarquablt d'ailleurs qu'il se maltraite comme il a maltraité les
autres il s'est « enorgueilli de l'onctioa épiscopale, il est demeuré dans
les passioi.s cliarnelles, p. 208; il n'est pas pacifique, il >e laisse aller à
la colère, il incline vers les pass'on^î, p. 223, aussi il s'écrie : « Où est le
patriarche en cela? Où est l'archevêque? » Ce fascicule en et! et - si
Sévère n'avait l'excuse d'avoir voulu imitée tant d'amers prédicateurs
ne nous dénoterait pas ua patriarche, et nous ferait croire qu'il aurait (Jù
rester moine toute sa vie, occupé de sa seule conduite et perfection.
Nous renverrons aux généralités données sur les Homélies d-î Sévère,
t. XIX, p. 331 à 333; t. XXVI, p. 1 à 30, et, pour ne pas trop allonger la
présente notice, nous nous borner, ais cette fois à ce point de vue, peut-
être inattendu, qui nous a montré, d'après la lecture de quehpies homélies,
les sentiments sans (lou'e réciproques de Sévère et de ses diocésains.
F Nau.
Le dlrecleur gérant
K. Gkaifin.
Typographie Firmin-Didot et C". — Mesnil (Eurei. — 1030.
[5]
o
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES D'ÀNI,
DE BAGNAIR ET DE MARMACHÉN
{Fin.)
192
BAGNAIR. — Au-dessous de l'inscription précédente :
1. [ iJr'in\nw'biW9''bh8]'p.ùVÀ^imA,ui,n%'bnp
2. (inH-rhh'bbhbsnhMjP'nhMUSHmnttUi'i'nhirnhs
iMhhh''mjbKivin'bVM'H'^nrNm
3. anhWihiwvAdViiwnhsnriwbnikn...^briJsi''ht,n
'h'hbnsirhur-vxnhfihibrush'b
4. IWNIhPSU
Transcription :[.... Wm-pp] KuinnouÂiu^L^u, •jîifeq/' ^(/ukÇ-
Ltuliu a^nnli nn iL«iinu/iu, ai. binriL n unLnji riLluinUf ihniuuiiuL ^nnn(A
fiunli) : /• iL«n_/jûp auhin^uiliiuu luianu nn h iiujnni.u auiùiuuiuliiun
lULiniuniunhiui l^n, i,tihbnuipj ilbnuinniif ^luunhnA unuin.iuhuiL.pUf (bl.
uinLUip) uknuuinh n uni.nn ni-juuiu :
Traduction : « à cette [Sainte-]\Ière de Dieu, j'ai
acheté le terrain de Chahik qui est à Agral<;, et je (r)ai donné
à ce saint couvent, en souvenir de mon àme. Ma propriété de
vigne d'Aritchq, qui depuis longtemps était aux étrangers, moi
et mes confrères ["l'avons achetée] de nouveau (et) re(donnée) à ce
saint couvent. »
[184]
ORIENT CHRÉTIEN. 15
226 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
193
BAGNAIR. — A la suite de la précédente :
1. buunp'hM]bsnha]'iriw'hj'\jnnhirunirbSN»lbrnb
rnui»n
2. iœMhMU8iVbnh'i,hirn\snrnHhfU:%nhr
Transcription : bu^ JJutnaltUf fcmnL o/iiî uiia/iL np /i [/*ui fiiîfcin/i,
Il ubniuU] C7ni«u/utu(i), n iinLnii nLlvinu : liuiuniAi bu uiiumiunuinn
'Pnnuinnu 7* tuLn :
Traduction : « Moi, Sarguis, j'ai donné ma vigne de Marmet,
située sur TAraxe, à ce saint couvent. 3 jours en mon nom le
Christ sera immolé. »
194
BAGNAIR. — A la suite de la précédente :
i . buiinrhnhivhifbsnhpj^ ir2hfi-
Transcription : bu^ WuipLnLm^u, bmm. t^â AlipiuÇium ^i^ii Hij^îi
nn n 'luipnLn nniuliu : Ouiuni-h nii iijiuiniuniuan 'hnhuinnu /' lULn :
Traduction : « Moi, Sarkavag, j'ai donné la demi-meule de
mon huilerie qui se trouve à la porte de Kars. Le Christ sera
immolé 3 jours en mon nom. »
195
BAGNAIR. — Au-dessous de la précédente :
bU'hnt,nrhhVbsnhui'irs'bbrhvtin\rn\rh'ijV8n'bnKbhu
Transcription : bu^ 9'n<îiM^^^u, tuim. ijj^S m'bbp ^ Vnupp lium-
ni-iucfiuanhu : DuibniAi nu luiuiniunutan h utun :
Traduction : « Moi, Goharik, j'ai donné mes maisons à cette
ri85i
Li:S IXSCHIPTIOXS ARMÉNIENNES d'aNI. 227
Sainte-Mère de Dieu. 2jours de messes seront dites en mon nom. »
La forme vulgaii-e mîrfe^ pour mnJtu est à noter.
196
BAGNAIR. — Au-dessous de la précédente :
6'//^^///7/////^/;//7•'/•f'^^J^^S7//•i!^/AS7//•V^fr^t^'/ï^^^^l^
Transcription: hu' l'f'nfinunin U'iulipuip, bmnL a^â mndt'ii . /ïl
binntJj nu<\ /* lULn uiuiinuiniua :
Traduction : « Moi, Tiiorossontz Mkiiiliiar, j'ai donné ma
maison, et on m'u assuré 2 jours de messes. »
197
BAGNAIR. — A la suite de la précédente :
1. bJi(iii:,iVhhUf'fnHnii
2. hiir'h]'UbsnhUhuy.v/iA\r/hiirhn'i,hunri''h!i2nHvi,
iWbU\siihm^'i,Fh2n\si\rivh.h:
Transcription : //i/ f^iyuîj^u, t^iui^i^nuli nfiqliu^ bmtiL. iWiiî
Ciuniuah nn n ripAnnnli ntXiujutuniuttli : i^iuinriLalib nliA uiiuintupiua C7 ;
Traduction : « Moi, Holiannès, fils de Thadéos, j'ai donné
mon moulin qui se trouve à Glidzor, celui de gauche. On m'a
assuré 5 (jours) de messes. »
198
BAGNAIR. — A la suite de la précédente :
i. ijijsnuvb'i,
± huiirhhnthiifbLb^bsnh^hiriihvm'bmxnd^h'hi
Transcription : bu Sn^utyLI^Uf npt^ji Vin.tugbi^Ji, binm. aliâ ^^u
[186]
228 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
luLu piuiiuiali p ripiXnnhUf nn ijn^b ^utiniui-n^ubL : liuiliniJi bû
luuiuiuintuqn l^nnuinnu h (mi_nl :
Traduction : « Moi, Hohannès, fils d'Araqei, j'ai donné ma
demi-meule de moulin qui se trouve à Glidzor et qui s'appelle
« Hatorhnik ». Le Christ sera immolé 2 (jours) en mon nom. »
199
BAGNAIR. — A la suite de la précédente :
mb^ôbu-'ibnno^msiwv/hMut'Vmbr.n.
Transcription : bu IÎ/l/ilAu, binni. ajiS mniAi U unLnn pl/uuiu
nn niiiinçu T'tu'ÇiuuDun huhnhqnni : 'liuiniunuinn T'nnuinnu nuA
lULfi C :
Traduction : « Moi, Ariutz, j'ai donné à ce saint couvent ma
maison qui se trouve vis-à-vis de l'église dite Qaliaiientz. Le
Christ sera immolé 1 jour (pour) moi. »
200
BAGNAIR. — A la suite de la précédente :
MKnpnir;nt,imrrid\u-ôhbsnhui'irî,n3rb'bhn3'h]''b
hUP'nN»suUisnh8{sic!)hWMi\si\rm:
Transcription : L*u' »î.m^iijuj^m<Çu lî^îmi/^fci^^, hinm. t^S '^mi^plitlt
uiiqliîi 11 unLnn ni-luuiu : ^luinnuilnu) nuA h uiiuinuMniuq :
Traduction : « Moi, Vardachah d'Achnak, j'ai donné ma vigne
patrimoniale à ce saint couvent. On m'a assuré. 2 messes. »
201
BAGNAIR. — Au-dessous de la précédente :
1. bvnhbSN)bKmnr'hb%iJsnhn'F'anh%sn'id\sh'bti
2. ihnwhsiwh^.fhw-r.n.uhbsbô'b.nxmnnb'ih'b:
[1871
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'ANI. 229
Transcription : uu^ "i-tui/iu, fei. l^iuauinnanu, uinLuip atli-niniu-
uiuuinh Iji^uh n uni.nn nLJuuiu : LlnAiaU atuu n uiuinbli / * iui_n . il
l^LamliaUf Ci ^ujnu/rintn/iîi : llin/iîi (i^) h l"'iuann :
Traduction : « IMoi, Avétis et Hazardegh, nous avons donné
la moitié d'Oughtanat à ce saint couvent. On dira annuellement
2 jours d'offices : 1 pour Avétis, 1 pour Hazardegh. — La vigne
(se trouve) à Tliamir. »
202
BAGNAIR. — Au-dessous de la précédente :
1. biJU\sriuinn'i'mhVi(fn(ii'SnMi'jrt,n3rb'bhns'i'
2. (inhT^rb^ui'OVJhVJxnn'nhià-bU^iin bKns
Niri^nni'i'narhm/biniOmnmivx'h
Transcription : 6*u' 'îfcin^nu, npi^^i ''/uu.fjnun^, femm. ^lî ^ut^pyîiji
luianu n iMl^iuuuiUi uiului n ^i^iunnhiuhq, n Uni-np. i («uuinLiuatuCTnfiUy
n iiun-iupUnnnnLpkuiu ^win .....: Ul. ^lUintiLtinU h uiiunbh ^ uiLti
uiuimuinuia. . L\ PUtX^ L\ L*unLniuuinuihiuli]f li nu ^uilii II, Il i^iunlib-
Lnn/iu, il '/*ninLiuiiu, il tSiuiuuLiuuu :
Traduction : « Moi, Pétros, fils de Paughos, j'ai donné ma
vigne patrimoniale qui se trouve à Ochakan, près des Vardeanq,
à cette Sainte-Mère de Dieu, le supérieur étant le Père... Et
on a assuré jours de messes par an : 1 pour moi, 1 pour
Açourastan, 1 pour mon père, 1 pour Harkévor, 1 pour
Qouyrik, 1 pour Haïsmik. »
203
BAGNAIR. — Sur le mur extérieur de l'église de la Sainte-
Mère de Dieu, côté Ouest, dans le porche :
1. buUwiWjnvw^8h{sic!)nrn'hirH'fà'nrni:n-nMJh^
p^nn-'bUwLlh'bmnhh^bônei'UnhrKwnirh'biJbhen
[188]
230 REVUE DE l'orient CHRÉTIEX,
3. h'bi'Vfi3nhi«siJbhibriMrf^nbMjnn\Hii»nm,ui,
nsnhdh'bhsnmsnmmisiwnwnhP-nhP'bt.n
4. n'iN'irb%finhi%bh!ibrfinNj^hnsniAM\snnM
f^'hri'VUhrt.'biAMiBbhsiw'b'hiw'hnrr'nô
Transcription : bu^ i^iumui Umj^njitjli, n^i;^^ irjulipuiiiiui^ ^n_iu-
/ni/iî/, PnnJi ^uiJi^i/iL, tu ui m l/iL tu iiii /i l/j7i_nu iluinnLuiùuiùhUu Cl
luiii ii/iLnupu, /îL, liuiuîr i/in/jni_/Jfiiuîi <Çnann ùb^na^ binnu aùbn
nuiUxuinhlM <Çitiintîj/ip tîL/lîiîi tjlll^u niuhliU h utiunn iiii_/uuiu . fcl.
ibniuSiinli : C/l unpui Jinluiunl^liu ^luinnuanh h uiiunhh iniuuli uiiii-
miuniua. ntH-O tULnlt^ *^uiJ^i/i, /iiî fenniiiLiiîi, ti. nbninLuU '/iiiiniu^Ii :
'/uiinuin/up nnhu^ lULn^hnu il«uinnLOni cil nuukhuidi ununn :
Traduction : « Moi, Hassan de Kogiib, fds du chef AlJvliiiliar,
petit-fils de Hamei, j'ai eu recours à cette Sainte-Mère de Dieu
et aux autres saints, et, pour le salut de notre àme, j'ai donné
le demi-denier de notre propriété d'Akin et ses montagnes (?),
achetées de nos deniers, à ce sai nt couvent. Et les congréganistes
en récompense ont assuré dix messes par an : huit jours pour
Hamel, mon frère, et deux jours pour Kata. Ceux qui exécutent
cet écrit seront bénis de Dieu et de tous les saints. »
Ligne 1 : hnnn^gji pour hm^piutjji ou '/ii/^pfei^^.
204
BAGNAIR. — Sur le mur intérieur du porche de l'église de
la Sainte-Mère de Dieu, côté Sud :
ahw'hm,m'hi''bî,in.brhibnf^}^nsi''bhn
Transcription : bu Itiu^^bp 'i^pui^nu, tî^mpuiLt^Cui]^ /i /^i^lftc/»,
Traduction : « Moi, Chaher Kirakos, [je me] suis affilié à
[18!:)!
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'ANI. 231
Bagnaïr, j'ai donné mes terrains situés à..., au-dessous de...,
achetés de mes deniers. »
Cette inscription n'est pas achevée.
Ligne 1 : k^nn^. pour Lmnu ; V. à ce sujet le N" 9. ^nqbftl pour
<Çniju. — 2 : lnlz=ln^l? Je n'ai pas pu établir la signification
du mot ^t^liug-ljl ; à signaler l'expression vulgaire îr^^ig/i (pour
205
BAGNAÏR. — En dehors de la ville, sur le dos d'une grande
croix en pierre sans piédestal :
1. irA,WnhhVP'H'Jf
4. UJuii'bVi'bbdhuiir-nrbh'
6. inôMmozn'ihnurmvHixf'
7. vFhnrf'ibptiimvhi'f'
10. mvsruniisiiimiuius y
M. a\rir'bii6i'ir,bnthhiMi
il. ŒsU2lb^8hr,lbUdhl
Transcription : [(/lr]np<Ç/»LÎ' '/^(«/'"«nn"/», bu^ ilTn^i-ul^u giu<^iu'bui^,
[^ujn] Jtn/i uni_nM T/^iAiLCu . Lujîi]i^ïrtn^ uui puj^t^u[iui-u iu]n. '/"p^u-
innu' /lira L ÂLnn[ujo /iiîn]a : [fi'i^ /rp]j^pti^ui^ni^^ ['Pp^uinnu^i, np^]
bnLniuuitil^p [uni-nu ^/^Jujlf^u' ^[/ni-uC^u /l £jéîi]nijuîi ^iiî /l tjtijCpiu^-
nnu nuin] ^Jnnni /l nuin iî[uin^n^ !>t\^3^f^ t •^f/'""'"" * CliuuïnmiA
Traduction : « Par [la grjàce du Christ, moi, le prêtre
[Mojusès, j'ai [fait ce] saint Signe; j'ai [éri]gé celui-ci pour
être mon inter[cesseur] et (celui) [de me]s paren[ts] [aupjrès du
[190]
232 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Christ. [0 adorjateurs [du Christ! vous qui vous] prosternez
devant ce [saint Sigjne, [sou]venez-vous auprès du Christ de
Mous[ès, et de] mes [parjents, et de [mes frèresj spirit[uelsj et
c[orporeIs]. [Que Dieu se] sou[vienne de vo]us! »
Lignes 2 et 8-9 : Wn^ul^u pour l]'ni[ul^u, — 4 : /fuiL^Lt^^ pour
i^iiiïiijïifeg/i . — 5, 9 et 10 : L pour t/».
206
BAGNAIR. — Sur la chapelle de Saint-Grégoire, côté opposé
à l'inscription N° 149 :
1. Lbimnn^n3:i¥hi'rh'i'nnjjnr
2 inusnsnM,
Transcription : Lbu Âiun-iup f^iiliuinnuli^ 9'p^ijn^u, np
^ujuuiiuinnL.u :
Traduction : « [Moi, serviteur] du Christ, Grigor, qui (?)
ferme (?). »
207
BAGNAIR. — Au-dessus de l'inscription n" 165, sous
l'arcade :
Transcription : {.Shlp, niinfiShtu 3ni[wiïiliuli :
Traduction : « [Seign]eur! aie pitié de Hovanès. »
Ligne 1 : (Jm^mL^u^ pour (inil^ui'Lîini..
208
BAGNAIR. — Sur un des chapiteaux des deux piliers de la
porte occidentale, dans le porche, église de la Sainte-Mère de
Dieu :
1. -^mmsnnsij
I191J
o
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES DANI. 233
Transcription : ...um^^ m^u tfui^C^iu ^^L :
Traduction : a »
209
BAGNAIR. — Sur le chapiteau du pilier opposé à la pré-
cédente :
Transcription : l^ "pi"^ uiujiuip uilblÇ?) -.
Traduction : « »
III
LES INSCRIPTIONS DE MARMACHÈN
210*
MARMACHÈN. — Dans le cimetière arménien, sur une
ancienne pierre tombale :
4. sbnn-'bn'bUbhnôbivjirbirh'b^nu^nhrnwbh
5. iiMmhPblMMhlWSnhn\r4»ni»bônbhl<i'nih
6. mh^^l1JJh^rsrsnhlr.^^%mblr3hî;bmhfahu
7. bhnVSnhUlrilb^n'UWirbUôh.P'Xii'h :
Transcription : Ciu ^^uiit^jium l^ Umjiliuif^, tuf^iu^lrn^îj 'Vfiliuinnulif
'llinO H^iu^niuâiuli) '/uj<Çl""-ni.îinM, hnhiiuhuiq jinhiuilin^
Puinbn onqnuthiuif ^uiina ùiunauiiulinf
ot«un_L iMiÀlii-Uialiuia âb^hi H^iuuiunLniuLuiuji :
il92j
234 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
'ïnuaiLntiu(i) iujl (Auinnuiua ihnlubnutfn ai. Pnnp
.J^iuLiuLu nu mninni-U ; VinuiKaUf i/infcuO/ip apu,
UL. LiuinnmjCT Ana nnnnabuan : /""(tiLnU) (/'//•:
Traduction : « Ci-gît Sophia, servante du Christ, femme de
Vahram Pahlavide, prince des princes, fille de Tigran,
marzpan d'Arménie, seigneur du (district) d'Andzévatziq de la
grande (province) de Vaspourakan. J'ai rendu l'âme à Dieu
prématurément et j'ai laissé tristes mes enfants; je vous prie,
souvenez-vous de moi, et que Dieu ait pitié de vous! L'an
464. »
Je n'ai pas vu cette inscription; je la donne d'après Mkhi-
thariantz {Topographie de Marmadiën, p. 7). J'ai rétabli
moi-même les vers d'après les rimes.
La date 461 de l'ère arménienne correspond à l'année 1015
de notre ère.
211
MARMACHÈN. — Sur une croix en pierre encadrée dans le
mur extérieur et occidental de l'église de Saint-Étienne, à côté
de la porte :
1. +/9-/iK : u : bnirnsnfn-hiwh'hbô]'
Transcription : (^n^fil) "ht, -. bu ÎTuiuim^Jfc, ^uiLijîifci^^ :
Traduction : « En 470. Moi, Matathé, je l'ai érigé. »
La date 470 de l'ère arménienne correspond à l'année 1021
de notre ère.
212
MARMACHÈN. — Sur le mur extérieur de l'église de
Saint-Étienne, côté Sud :
1. r,^nrt,hh^mbiKni,nnirhGi«m,nôHi«n'bbhn'bià'h
msmsrhhnr'hh'hPh'hnrhhr;]«n\jh^nonôirb\rmh3b%h
2. mit.LUhnh^hbhhannirhôiJPNWvhrp'hnrht.mnôi
nhunhiirQhnrsnxn'hUhf^usnhuns'bt.hir'bn'hnbôh^ v n
[193]
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'ANI. 235
:^ . %nriwi'bhhfà'iihi\iii\^nu\ond^h^bhhnsnrbôw
nonn
6. ^'/•0^r.,^,s7'ïi/'^[//»?//.r-r,rf-/'îr'Uîwcïi7'(7/"K7/n5/'f7/"
7. U^oniunirPMVbbhWiVhnhh'hU^u'^L'nrfbn'mirb
i\rbuwr'in^rbhnrv^imm7rn(ibhurh2nhsnn-nsnh
9. tà'blu^r^bH\lrbu^6'bt^^wN^f'M/hrhnf^ilM\w%li
hWhi\r,hnr:,i'Ubha^niJsmniW^biibu-sbnô0h'bb8nf-
bhmL
10. t^mnhirbhbXbôMJbM^vxnrnsjjt^iwôusbnj'UVh
U'USbn'bJiirbiui6un'V,hb]:msnhn^lirb\Tn8nh8n'fibhU'
i\8nh8nf'
1 1 . iwbuwvNi3hhr'Lbriiirr'f'bhq.nf;snh'm hn'u'h
b8i\f'MJi\'hbVJbM\'f'i^PVMnn'bun'hi'y,iJâr^n n-arw, h'h
1-2. vji'hPj'ii'hNn.bhâ'^iwsm'h'i^unnnHh bhs,mnsn
hUbPhbhlbhnS'hhh^lthn'bnS'hhPirrb'bhnd'hhfhSn^jhS
'i.brbhiiXWhll
[194]
236 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
finsmsnhhSb^hdirbabhnn'hNmwbnndbhwr'hbônf^
Mbfh^ur^mhP
15. brbU'Hibbhnr^h^hsnstnr'hbônhiJiujP'b'i.hiJ'hnr
lA^nr^hMôbui. bH^m^iWb'bUisnbôuii'bi^hWibiMV'b
phj'nih^'hnhn
16. riwur-nhMPUsiWh^^nW'iwm^vr'm^i^mmj wh
\,u-hbuuMuni^Mru-in-n'N'jrbrnôhiwsnhsnrn8
nhmnmrbrasnhpuhvr-
17. nhMhmnhivJb3m,b'inirz,n3riwâU'bi\mmji»n
VMihnhbhirbSbvsiA.m'PiW'imsi'iJiinrf'
18. UwsnsimjWt.b^unhm'hiJU'brnhri^bnLbXhn
^^
Transcription : (/Irn^is/'LÎi l\umni.hn^, tu' 'Z.ui<î^nnî, ^i^^uixiLui^
nnhtmli au unilJjiiinuin luiuuinbL^ "Plr ''Prt^Pr h2r" r *^'"("9
U baïun^ h nonh /«ii<)l"ii-ni.Ln, fci. h aiunûnq Unnnni Ppbnnnb,
^uiinq l,ni_uniLnn</i, nn luinuiqu n 'Vnhumnu inLunni ^liahiunntiqn
qunLnn bL. qinnbqanniLiuli nLluinu 13 lunuiui^t^li : ULuauii n hL,b
PnLiuuuiuhli Z^uiintif luiLni-nu Uiiimiiniui^ nnni.ni li^nmni, Z,iuina
fffuiaiULnn/i, unUKUL n diuuuiutuuu linuuihnun ^ nnriLni l'uinUiui ^luina
nui^iulinui^Pf uitiAi nuiuuinunif npunnp cl jinunninuinuinn . ul. n
lanLiuLuihu ^uiinn (i^/,, ti. uiuiniiipkniup uaa puiufiL ht. aiuqnLU
auijiinL.Pf huf bl. uiuip pu GnLnpUf Z^uiintt mpuhiuq uipuphf ht.
hnpiupp pu 'f^iuuuiu, p^juiuhiuq p2luiuu^ np uut^utuiuilikquiL p l"'nLp —
puia ujuiuihpuiqupf bl. Ltpipiujppp, .^ujinn uiupauiunif ul uuiunLuh
Â^utilnÇf npp çuip uiuhuutni uiuiup ai. uin^upL. ^lULUiuiiuppup uikpiuun
uhpntif UL. Uut^tuuiuiLauii p dapuili) tniuîfu Z^uiinn, luofuuiuini-Pbuiupy
BL. uiphuiup uhp BL. npnLnq ubpnq, bl. auiuAnLa ujn_uimni-n7iïuiun,
fei. uiUBUuini ^uuippLPf rulinpt^iup qpiuinuinnLPpLUU lunjuutp^pUf bl.
q^utuuiuiuini-J0pL.uu BUBqkqBuiq : OpuBqiup bl. utn pujqnLU hqBqBqpu
bl. uutunpuiiUf Ptu/Q quiBqp ^uihtiuuiBuiuu ubpni uin-UiLBÊ iquiuiuLnu
uhaïuqnLquip bl ipuiqnLqujp uiuouuiiu ani/iL.p, lupuiupp bl quLn-
[.95]
LES LXSCRIPTIOXS ARMÉNIENNES d'ANI. 237
miut-p. lULiulinbauip h uut aunu ti_ fci. uiauinuimj, niiiîjAujn Aîiu .
i^/*iuijui^tuîi^ ^"7 "'- ib'-P mtiuinutljîi, a Pnnjiuli^ bi. d 'inninuiîiiiîf,
«i^^/»^ ^luijuii^. ti. /• 'Oiuniua /i Pnnu. h ili^"'"'^'"^//'^ "M^A*
U phup un^t^p^. h l^»"h inUhn bu LnuiiuLiuili : I/l aiunniunliauip
t^uiij uiùbliuiiu LuinSnLlJliuiilnf h ili2tuuiuiL iiuL.liinliïthn âba /tl
"P'l''"3 "°^f"3 • '''- ^^"Pl^iJ^U t ^^"-^ unupa Z,uji.n L'ntiî/iiuM/i, ti.
n^ '{^"/' {^iiipnpri^btjuiL Unupiililçui^hj^ innliïi nnnliuinliiuj : fri.
liin/uiijfi^îi ^niintiLnûiuli nuLiuibiui Sbn Jiunnu'bniULnniun unupa
nLtumnu uiiunbh J^ oui n.iu un LU p, tuUJuiumiuUj ùnh<bL. h aiuinLuinÎ!
l^njiumnun : l«n«, "/«V "P /» utnnn LtuiJ iiULUiiunuia uiLiua nn nâbn
ainriLiiu n unLnn nLluml^u uiiultiuubniuul^f buiû ^uiin nn nâbn àiuSu
niuiiniuUt;, LPujpu nnn2biui jpilLh /'J 'Pn/iuinnu^, fci. nuiuinn Itnnui
uiuiniuuuii ib^lhf "^ "/' tntunç lim niliuin-U L»uinnLOni. pulli nnp
^tuumuiinnL.u uiiu^bli qiuLiuUnu ubp lULp^Ubuti bnltapu :
Traduction : <> Par la grâce de Dieu, moi, Vahram, prince
des princes et proconsul patrice, fils de Grigor, prince de la
Grande Arménie, de la race des Pahlavides, et de la famille de
saint Grégoire, l'IUuminateur des Arméniens, qui, par espé-
rance en Christ, ai posé les fondements de ce saint et universel
couvent de Marmachên. Commencé en 437 de l'ère armé-
nienne (1), aux jours de Sembat, fils d'Acliot, roi d'Arménie,
(fut continué) jusqu'aux temps de Hovhannès, fils de Gaguik
le chahnchah d'Arménie, homme intelligent, constructeur et
pacificateur; et en l'année arménienne 478(2), nous l'avons
achevé avec beaucoup d'efforts et des dépenses considéral)les,
moi, ma mère Chouchik, dame des dames d'Arménie,
et mes frères : Vaçak, prince des princes, qui fut martyrisé
dans un combat (contre) les Turcs, et Ablkharib, marzpan
d'Arménie, et le jeune Hamzé. Nous, et toute n(Dtre maison
et notre race, nous étions dévoués à nos maîtres et luttions
pour la maison d'Arménie, en travaillant, et avec notre
sang, et celui de nos fils, et en (dépensant) beaucoup de
(1) C'est-à-dire en 988 de notre ère.
(2) En 1029 de l'ère chrétienne.
[196]
238 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
trésors, et nous faisions tous nos efforts pour obtenir la paci-
fication de notre pays et la conservation des églises. Nous avons
aussi construit plusieurs autres églises et couvents, mais
nous avons plus favorisé et plus honoré le lieu de notre repos,
et nous l'avons comblé de tous les biens, de montagnes et de
plaines; nous lui avons légué des villages et des fermes,
achetés de nos deniers; le village de Bagaran et sa ferme,
Godiq, Portang, Araguetch, Azata, Asmané et Eznka; des
vignes et trois moulins à Ochakan; deux moulins àToghq:
une vigne à Achtarak; une vigne dans la plaine de Karbi ; une
vigne à Serkevlé; une vigne à Vjan; des vignes àMrèn; des
maisons et des boutiques à Ani. Nous l'avons aussi embelli
avec tout le nécessaire, en souvenir éternel de nous et de
nos entants. El nous avons arrêté par l'entremise de saint
Père Érémia et puis par son successeur, Sosthénès, son fils
adoptif, que nous recevrons, en récompense, des membres du
clergé de ce saint couvent, 6 messes par an, sans opposition,
jusqu'à la venue du Christ. Donc, si quelqu'un des nôtres nu
un chef des étrangers diminue nos donations à ce saint
couvent, ou (si) un Père met obstacle à nos messes, [que lui-
mê]me so[it] exclu [du] Christ; que satan soit son juge, et
qu'il ne voie pas la gloire de Dieu; mais que ceux qui obseivent
nos dispositions soient bénis! »
Ligne 1 : iiiîr|3^u^ujin, du grec àvOu-âaToç = « proconsul ».
ui^uimplili est le mot latin patrîcius, passé d'aI)ord au grec sous
la forme de ■::x-p(-Aioq = « patrice », et puis à l'arménien. —
13 : Les formes vulgaires comme ml-bp et i^iju^uii^-uiî*^ sont ;ï
noter. — 16 : fept pour tpt^.
La date 478 de l'ère arménienne correspond à l'année 1029
de notre ère. — Figure n° 17.
213
MARMACHÈN. — Sur le mur extérieur de l'église de Saint-
Étienne, côté Sud :
% 'hnKh'hnhusnirbh'i'^jJb^hiikrhjrnbhià'nfh^nvh
[197]
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'aNI. 239
4. Pi^hiVbin^i'^suu'urirnùb^nn'nnnni^nhfhbnirr^î.n
5. uiwP'¥hhUh^^nm,nminhmmn3'birb%n8Mi
6. vihfH-ivi^^hhnsi\6b\,hutm,hn^'bbKmnNinh
7. ui,imrhQ'iM\a\i'iJrNidimijbm,'bbhb%b()h'i,s,
8. ur''HbsriWMwu\snnmuh^snrj''bniM'n
9. hnSl\3b'i/hirU^'i^hV:by,}rh^2bhh9'nUlhUS%'t^h :
1 . nn-bi't'bnf'h irbiru irbiruô tinirMnf^nM,8ht,miw
11. hiMrhifVMiirnou'hnnôifUiwn' [sic) unbhni^ir'hb
12. riIhUhiimiinNoShlJU^H'h'hf'^bLôbh^b^bnUB
13. bhnwsniin-bihôhnrbU'bhi^i'bhjrhSbUôia^vjhu
14. l'iJhiw^wsnsm^vmi.m.anMVh'hiJirbnnhri.'hbn
Lb%hS]'^
Transcription : (jlnp^iJi lîumni-Ân^, tu' y*ui^^uiiî, UiMuaiawa
bu ^luina ^ujanL^Ç/i, nriLumn Sb&ji'L Ubliliplinhâui(^i), bu PhiiL (sic)
/•ujijtujM Z^iuina lunnuiili, nn binnu aOiunnui h uiiLnn bi. /i uibbab-
nuiLuiu tiLtumu U lunûiunçUf utn.iu^unnnnL.MbuiSti Z^iULn Unulib'Lbubf
iluiult riunliiu{{\ nû luuiiundt (SIC) ubijiua PnnnLpbiui, bi. 'luimiuiliîi^
nu ^luuLuihu . iïL ^nitnnLnnL.uh uiunn nubuiiiuii] ji unannu qUbuiUh
bbbnbnhUf autiLnii 'IbmnnUf n l'nbuuinu uiiumiuntunuiL^ ninûtnjii
nnOnm^ Huimuiinu pu ^uiliLuthu^ unli^bL. p aujini-uuilf 'nppuuinuli :
llnn, bpb non ubhiuubhnia uiuu p ipnpnLliaf p i^iuina uuiu p ^L,piuaf
np uiiu apniu ^utlpun.(^uju] Luil(] cl upu abLnh aouipuLu p luiiu
nLlumi^u ^uiïrç, h"R" ll'y r f/^"""J" Mumni-oni, ti_ uiuipmuiLuiU
iptjp lupbuiUu "Vppumnupf bi. un uibuat^ aiputn-uU i^uuinLCfni. pub^
np ^uiuuiutuiniAi utui^bu nuiLutUnu ubp lULp^hbiui bnpapU ;
Traduction : « Par la grâce de Dieu, moi, Mariam, reine des
Apkliazes et des Arméniens, fille du grand Sénéchérim et
(arrière-)petite-fille de Gaguik, roi d'Arménie, j'ai donné
Tarouq à ce saint et universel couvent de Marmachên, sous la
[198!
240 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
supériorité du Père Sostliénès, pour la rémission des péchés
de mon (ari'ière-)grand-père, Gaguik, et de ma grand'mère,
Kata; et j'ai reçu de ces saints (religieux), comme bonne
récompense, une messe, toute l'année, pour ma grand'mère
Kata, en l'église de la Colonne, Saint-Pierre, jusqu'à la venue
du Christ. Donc, si quelqu'un des grands ou des petits, des
Arméniens ou des Géorgiens s'oppose à cet écrit, et détache
mon village Tarouq de ce couvent, qu'il soit lui-même détaché
de la vie de Dieu, qu'il soit coupable du sang du Christ, et qu'il
ne voie pas la gloire de Dieu; mais que ceux qui observent nos
dispositions soient bénis! »
Lignes 1-3 : Il s'agit de rarrière-petite-fille du roi de Vas-
pourakan, Khatchik-Cxaguik, et non pas de Gaguik I", roi des
Bagratides. comme le suppose Alishan {Chirak, p. 149).
huimiu (Kata) est la femme d'Apousahl-Haraazasp, fils de
Khatchik-Gaguik, par conséquent la « grand'mère » de
Mariam, comme le dit justement l'inscription; Alishan confond
ce nom avec celui de Katranidé. iMariam était mariée au roi de
Géorgie, Guiorgui II.
Ligne 2 : //tîi/i^/r^/nî pour WfcLt^t^^J. — 10 : t/Jt pour bph'
Sans date, mais elle est écrite en 1033 de notre ère.
214
MARMACHÈN. — Sur le mur extérieur de l'église de Saint-
Étienne, côté Nord :
dirbrnonfHimhhhn'bhh, bhwu'b'hnsnrià'nj^nhôhUôn
t.'b^nt.hi.rnirmjnhunôP'b^lbr
2. [:usp'b'bnrn9'nhlr'^,b%bKru(;mnthSl^2^^^rhlw, ir
nh{r)VinMin3JtrNh3iiiMi'n%hiibMJjrnrjrnGiA,n3, hUb
3. 'hrh'hnrn3nri,H''^i'iJiin^mjh, bKurmnsN'irns
hW4»n,, p'nfhi\'bô^npt,iMruhni»n'bUôhrii»mi''b, mrir
hôbhî;n(hUhb%hurfin3'b'hr
4. h^-nriK r;h'bn%hhî,hjrn'bô}rb\rnhSb'b2irnjrP'bh3n
[1991
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'aNI 241
bhblMnr'hhh'i,lt3nilhllJ,'hb%
5. VM'noime'hbusv^^uknhxnvivxi'bh^nxvMVbhii
rbNWhôvxhhhrnrumn'hpnv irhcusirN^b, bh4>nn
là-nirudnhôbniiMrb'b
6. ^^(iVhnsl'hnW']'lMlHbMW'l^hblJlhla%sl1hlWb
htwuahhrbivi.a, bhubiim, bNihurHnirmuvihr^Pb
NmuuiiUNWj'nhbr
7. biiLhrsmnhrh'hVM, bh^^m'NnbxnrnrbiMbh
^iintHiV'H'tii'brnvb irn'hnirrniinhoibiJMLhrbhih n s
rhmhnrNnuhiwiihi'h
8. birb,pj'UbrJMWb'U\-nn'nBhnirh'b2bhoi\hnhriJil
anoninii'ii -. + Nihhn^4i'iihVMrhNi:,mLhndnmbhn
nt,nhn'rd\rhi'in'snnhbumânsbwmKS%imn-sbhh
10. iMrnN'HM'i', Uwnhnvxbo,vMii\y)'i'nn'nNwn
hP'bn'iA,, u\'i^-nu\rsi\fU!i(^i'UVim,jj'h,bhb%bht^'bm
nrnuirhn3n\u\u\3Nibh
1 1 . hrnMjnhnrvjiUyù'novMbijmvM . ^ur'hnrbônmii
iib%bybhnr\rnià'bU'Vbh
[2. t,h't^-tA,fWiiSlVtlWlYbV,M^h^ib%bdlVinUlhf^ -. bh
i^^iinsbdivr'MJinvnnhhr, p.wbrt.vMPb'bhU'bnMmns
U, + bhnrhlVXhôUUVU'Il
13. ^lbriV3(;]A,b3lWbhl\'i,nhlVb]'ShrVXh'i^' bhl'OVMU
^lbrfihns'â:.nvbb
14. ^nrh^i>hv^i^r'n'bbnh'bhi''b, bhh'Pn%v,'i*i'Vâirbr
n\nA,ht,n6rb'bhf'h^ib%b8iAjavf^vsb4»n%nufin{inr)n
irb%m%d't)%iWh
[200]
ORIENT CHRÉTIEN. 16
242 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
15. bnirt^'b, bhbr^iiihv.s'hi'himrirbSMrh'iAWbbnô
Wbrndh ITbahf^l^yblM, bh JrhUhnnbôm^^lbrHJVirFA,
irb\r^liVbhSin'hriMrbuwcb)m
16. vJim^iwiihi^bhU'dh^num'bUhirNimn'm'hnr'h
h : uYhiii\n'i\6iJi>n4>w,siwbôi\i^, nthdJMrm'h'hbrba^
mb%b'iM\6i%]>ir]«nrM
1 7 . vmpJisrnnv'MhibiMjhdn wb'bUS'i.ibm-m irnr
shrnnvMnhhmsbrmirhnunhV'h'bnô, bhirhn-nir'h
mhbin'ryhnnb%hb]j'bhRrhbnU''hjrm,h.
18. a irnr y7•^,^///•ll/i/,•/•//H/./'^«^l•fm•fîK/^'^/•m,///•^i//
suni'f-in.htihi'U, v'bruiW''h(;i"iwua^nhnKhWbrn(i^LUP
l,nwiM'r.i»v:hh, bH»iii»nri/h:,i\snhuiib^m
f•5'/KM^/•'l^^w^c^(r^/"///•(a^7/9tl[SlîA»^v•]"//Slî^//^^
7/niKNii'i/''^f/'/''n/'0Ko'ir.,vr.r(;/.(îiî/7*t-7,iiS7;iî/»
20. /', Mihîir-iVhhSiwnirh irh^îibNmisnrnh insnr
21. bnj:dih;wnriir,biirthH>iwwj'hn(ibhurhbunhhWo
s'tM'UiiiiVhhbuWh. hnsi\rhU'M'rbinôimhrt,'bbiim'%
6n3bhi'Urr'iiiVbiirvMinhbhhjn\rin''h:
Transcription '. /' aiuùuihiuliu iîiunauiui2uilia bl. luuuinLiuoiu—
ujipiua uiiiiinniiuiifii uannn uildtuiiuili hLiubt^n (t«], ul. uiuuniumnnPtu
liinLqlçu iiiu^nui^n ((.»), ^nuiiUuliiuL. unnlili^ ilknhumnu unnnnnLuU
biiLi. Oiui^iui/iuifL uiuiûitin/i ItUUinLOni U iULln\u l^nnini iinnni
LiulUnnlilil^liu U uinùiunpuni, n ADiiAi nnriLna liuini_nuiun/i ((7^
Suinhuinnnun uiçn rnpnnnni lun^li çuinuLnuinup^ bi- ^luptunutuip
/iiîn/ /"iiiiu/i/iîi, /3nn.ujun *f,iuiî<ÇaiUui( i) [SIC) p2hiiuuiun hnhiuiUhu,
qiupupij liL. ouinLiui-tij/i upnndi hppnnppf 2b""nb P ^puuiliq abaiUL.
uiauiuiuiiu ti. inLunu nuiui, iluiuu puiniluia.nL.uujp p\_ui'^iujuiuipq, ht.
uiuipauLbuii uipnpLUu ininilu . aunuiLpuiiu^ uiiaauuiuiuUf LuLn-
uiuMiiuiup IJL Ouiiiu/naiîi/i, np cl iinLipulit^ pi-p ui p Aiuli ui qp pu un
puui upn'ft^. UL. ipiupPuiuiuunL.uhuii uiubliuini nni/iLp, iujl /i flim-i
[201]
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'aNI. 243
ti. iun_uji_tfni_i DUiÇinu Lutnaunnu 0111-111101110 ti. obbiutt . ti. nuLl^p
dLuiauijJiiul^ /'PC'''- "t "'"^""-"' lh uiLtnfemi ^^n iuiîr((ii.n/iîiu<a, ti.
l^uiU^u iJDij^ uipiu^hiui, bi. nbuiPnn^Ll^u^ nboniuLâiuli luâpuiqnLO-
Ltjiti^ Lvp» "Lj l^M'Jp [» hiuiLiunh un«ji_nnni_/tïtmu, anlibun iiuâb'biufib
1"!,t3' ^t^^^*- ^'"LnL^uu f^iuj^unulil^ : l'ut, /i //*, P Onmi/jiuïr/iu Z,uif-
[i-n^J, ^"ij? tt_ t"^/! nuiL£iui/i»uLîf 'Pfi/iumnufi' ii/infri/i bqjiiuipJi bS^
/"lupltiltu, /'""'/ ^/'"'îu'^^^ni.pfeuiiîp, junfi^nLnn nuinb b âbui lupbbiin
utijiuinb^^ quoi 11 [inipiînLin ti. /i qiua^p iî/3î*ainnuiÀni./3tî/i^îi,
^uiunLouiubi hiulubbili) ibiun.uiLnpnL.pbiuîi'L : ii^uiLiiiuf lupuiuinu
onputubiuuuh, fcL bobu nliniliuipuiU upnnq pui^uiLuiiAij ti. bpiuL-
Uuiunfiiua <^uianuuqbjoq LkuuinLOni : Hiupniupbqutp quui^ ouiuiuliLn
iJ^uiid(un.uini^tum/iL.p ti. unpni.pfciu(iî)up, nubbnl^'b bu uip^uiISbol^'û^
ti. ^nu hi. (^nn 'liniubiupiuliuti.n çbbqbqiubiuUuiLp, bi. pltAïuibatun
p uuiui îrnLÇn^ niîfcn «Juiiii^lr/i ntnL nL,quiuiiu(ij : Ul. np b Jiulibqu
^uinpu ijbpiui rt/futnujp, bL ujLni_uilr// o/inm^t^. ti- A iiuiu^niu
atîinniu CiuntuniiiLr/i, nii /ituu /i biupâp'bpl^'L b ifutip bt. ilbn .
qjunuif q'^nq^, ti_ i^n^ ^iLi ^ u/^i^ptuîi^ ntL^^îi . /ïl A niuqiunbu^
qubp uiiuiiit^Ub ^unpblibn t^bbqbqbu, ounupa. UuibibuiîinUf pnfjnp)
luubliiurb dnqnijpqbiuûpU . bc bpbnL. miqp h U lupùbmbf np b
hiiilulibiuq ubpnq b ukq çp ^uiubiui . 01. ubiuLnpbquin qijbpb
uuiupli uba JiuhbqUf liLp luubliunCU) utnuianLuiatui-p, cl i/iii/i ^piu-
uuihuiL "h"l uirLiu^hnpqb : t//iui uin_ uiiu<uiib biumiupbqiuLf
uirLaïuuuinj qbqbqbuiq.bq bqpiiiipli bu, Puipbib uuiqbuinpnuUf
anubiuiïi luiubliiuih ibqnLiuq^ uuipuibpnuiuquiL. b uituuibpuiqâb
uiu[uicjn/il/iun, cl u/ituiu dliiiin/i, tu l'pbqnp, bqbbj[i bi. qpbbuii
b uùiuhl^ : iiuuipûpU linpui ut^pbun Muiqbqiup uirt- npiuU upnnt
biulênqlibl^bu^ SbpA luo. L2luiupu [<J]u/LnLÎ/ ùbpni ^I,uip<^iu3ui(i]
bnbnuïib : Pl ibnluuipl^'L '^uimni-uqbli uiuuiuiui-npp unpiu plin âbpno
uipqbiu'bqu qnp lupuipiup, qbujPnq[ibl^bu qiuLiuq binpiuhbu iqui[_mui-
piuq^Jt iiubniJj Uui^uMUiuibbh 'l'pbuuinub Puipibbli buiuiiupbi
luiSbuium tuLii, Il u/iiiiiixjuç miupnnj itbhuiL qbuiuiiupnLifb iniupnAj^
iiuiuâ ^buil^ lî/ilfi b ènuani-Sh llpqnjji L«uinnLdn^ : //^ np /uuii/iiuîii^
biuâ 2^"pP^{ i'"'^"'(() liPj'tt.S ^k^1^3"i>"' npn2bugli ji ijiiun.uiq'b
lîiimnLÂni, bi- qpbbuqb b S^inuObUiul^iuh qbuiuqU : 'liuuiuipb<p
qpbinqu lULp^'ïibuqbïi itiuinnLé^n^ iîL ^ "{'p"3 ""("") ii"lt ^'- t ^"'P^h'b^
[202]
244 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Traduction : « Au temps de nos pieux maîtres, aimant Dieu,
l'atabek Ivané (I"'), et le mandatortha-khoutsès Chahnchah (I"),
par leur ordre, a eu lieu de nouveau la restauration de ce
glorieux temple de Dieu, Mè(r)e de Lumière, de cette sainte
cathédrale de Marmachên, par les soins des fils d'Apoughamr
(V) le magister : de l'archevêque dom Grigor, et de mon frère
Kharip, (arrière-)petits-fds de Vahram, prince des princes, de
"la famille et des enfants de saint Grégoire, (de ce Vahram,
qui est le) constructeur de cet édifice depuis le fondement,
avec un vif désir et un grand espoir, pour un grand nombre
de p[rèt]res, et qui lui avait fait de nombreuses donations : des
villages, des vignes, des boutiques et des moulins, comme
l'indique en détail son inscription; il l'avait enrichie de toute
sorte de biens, pour satisfaire et augmenter les besoins néces-
saires des prêtres et des hôtes; mais cette jouissance ne dura
pas longt[emJps, car (ce lieu) fut ruiné par les impies, qui
firent de ce couvent un village, et cette cathédrale [fut] con-
solidée comme une forteresse, [et] elle restait dans la tristesse
du deuil, privée de tous ses biens, jusqu'à nos jours. iMais en
674 [de] l'ère arménienne, le brave et valeureux soldat du
Christ, mon frère aimé, Kharip, d'accord avec moi, conçut le
projet excellent de (la) délivrer de l'obscurité [imjpure et
infâme, (la) ramenant dans son ancien(ne) splendeur. Ayant
fait sortir les paysans, elle devint la demeure des saints prêtres
et des religieux agréables à Dieu. Nous l'avons ornée (d')objets
saints et de vêtements splendides, en or et en argent,
d'Anciens et de Nouveaux Testaments ecclésiastiques, et lui
avons fait don de notre village patrimonial d'Azata; et, sur le
terrain de ce couvent, nous avons fait des constructions qui
s'appellent Tirachên; nous avons aussi construit, de ce côté-
ci de la rivière, des moulins qui sont situés en aval et en
amont du pont, des prairies, des terres, et tout ce que (les
congréganistes) possédaient auparavant. Nous avons donné
notre propriété ancestrale, l'église de Saint-Étienne, (qui est)
dans cette ville, avec toute la communauté, et deux vignes
à Marmet qui nous viennent de nos ancêtres; nous avons aussi
réuni le couvent supérieur à ce grand couvent, avec tou(s) ses
domaines, afin qu'il soit sous l'autorité d'un seul supérieur.
[203]
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'ANI. 245
Pendant que tout cela s'exécutait, à l'instant même, mon
charmant frère, le magister Kharip, loué par toutes les
langues, fut martyrisé dans un combat (contre) les im[p]ies,
et je suis resté seul, moi, Grigor, malheureux et privé de lui!
Ayant apporté son corps, nous (r)avons enterré à la porte de
cette sainte cathédrale, près des restes de notre [ajïeul, le
prince Vahrara. Et, en récompense des œuvres que nous avons
faites, la me[ssej qui sera, par les serviteurs de ce couvent,
célébrée au maître-autel de cette cathédrale, tous les jours,
depuis le commencement jusqu'à la fin de l'année et jusqu'à
l'apparition de Fils de Dieu, soit dite au nom de Kharip,
martyr du Christ. Quiconque y met obstacle ou tente de
dépouiller les biens de cette église, est exclu de la gloire de
Dieu et privé de la vie éternelle. Que ceux qui accomplissent
ce qui est écrit ici, soient bénis de Dieu et de ses saints, dans
leur âme et dans leur corps! »
Ligne 1 : miuinftni = « maître »; V. N" 56. — 3 : t"f/iu^n-
lunu pour hiunuljnuinu . U^iun^iuu pOUr H^w^piuu. 5 '. uriLnuiuiu-
tulft et ^uiijiutj-iu'Lji, formes vulgaires, avec une désinence -«ulr^
pour le pluriel. — 9-10 : lîpLui^^iuÀnL^^LÎi, je ne trouve pas
ce mot dans les dictionnaires arméniens, mais je suppose qu'il
signifie « obscurité ». — 12 : ^tijfc^ru^uiîi pour fc^tijftgm^mîi .
^Çiuip^L^ pour <îui^pfeïi^. ^""L pour ^ni^. — 13 : ^m^iînLL^ pour
LuiânLpÇ. — 14 : muiu^l^ili pour u^uiu^fcîr^. t^tijt^^ pour
bl^bijbgji. — 18 : ptft"'/_ pour pt^tm^. — 20-21 : kli^iikg"^"
pour t^tijiï^i-n^u ; V. pour la prononciation de t N" 9.
Il est curieux de voir dans cette inscription l'emploi de boiith
(pni.p, comme dans les lignes 5, 11, 13 et 17), sorte d'accent
grave, qui est employé chez les Arméniens pour indiquer une
pause d'une demi-virgule et qui se met à la fin du mot, sur le
haut des lettres, comme le pomt en haut des Grecs par
exemple. C'est la première fois qu'on rencontre ce signe dans
les inscriptions de cette époque. On doit signaler aussi l'emploi
de virgules dans cette inscription, comme dans celles du
N" 31 et du N° 39.
La date 674 de l'ère arménienne correspond à l'année 1225
de notre ère.
[2041
246 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
215
MARMACHÈN. — Sur une pierre déterrée en 1903 :
2. nrnonn'iwnf^nh%nirPhfà'nihFb^inrt,nir\.nsi'(;]«n
-bKnm
4. ôj' : ï\jr% (?) : mnyinirrbhbrr'nonhjrsrniw'hMi
5. lWSb%h3V,r^m3>SnVb : h : ndlJiUSPbhb'lbône
6. wbrnô-i,nntjnui^r,i»v:hh^hhV(}hrbn3à'nirn'bm
UH^IIHbdlM^^^}
7. snhsnrm^^^^snhnrbrh'mn'bbimbmihii'b
Transcription : (/ïinn<ÇfiLÎi UuinnLÂni, mm mpAuiL â^uiipliîiuMLn^
j^.... [*/'n/iii]nnni, "f"ï"( tl/inLnu/iîp/i ( p), ^nfL^îi ^f.tu^'ÇujuCuii
/jn/uuiîr/i : *,uiu]inuiinfciiii t /• uIj^ê^^umH^^ ij^l^^iupnrj^l^l^ bl^Lijbtjli ^/j^"»'
...ail. iu3h (?). lipnLniuiîn ti. hnauiin hù uil^n U uiiici.hu f uinu... uiq
ultn/i 11U...Î1 iniuîiîi r* "»// '^•"(n bLiinaani unpui .... ûu^na ^L,iup-
r^lfuiî /i^/uâuîi/iïj, /i/iuuiLntuii dmuuiuuiLiUL mnhitaauiL. uiu. liuin-
nLui : "Pt3 lUiLinuinujD Cnp] innLn lîtn /uiui/iiu/iai puiUut(^ijf
OtTL, (^(iJinoiuituiuin) uantuhuii ihtjh 'j
Traduction : « Par la grâce de Dieu, ceci est un monument
éternel de [Grig]or, fils d'Apougharar (IV), petit-fils [du prince]
Vahram. Il a été [fonjdé dès le commencement, l'église cathé-
drale... l'anTiée (?), Apoughamr et mon frère, dom Sq,rguis,...
du prince Vahram, (qui a) renfdu l'àme à Dieu] prématu-
rément. [Si quelqu'un] tente de mettre obstacle, [soit] mau[ditj
des 318 (Pères).
Lignes 2 et 6 : »Z.uip<ÇfiiJ pour »[.iu<îpujiî.
[205]
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'aNI. 247
Sans date, mais elle est écrite probablement vers 1225 de
notre ère.
216
MARMACHÈN. — Au-dessous de l'inscription précédente :
2. nsibsnhbMjmunhiir'm^nhMi'Vbsnh'bKbâ^^^
Transcription : ... uunLiJp^u Ln^fuj^ji 9'uiij^uj(^), 2^^t«;/i «w^îi
un Oiuniua ..... luii tuinL : Hjl. uuiiiiuuiLnnn uni.nii nutuinnu
binniAi hliA r*. (i. ntn/iî/ f/i ui3uilÎiA unupa Uiunnuli'L :
Hiuiniunn<n .....
Traduction : « ....fils de Gaguik, j'ai construit une meule de
moulin.... Et les serviteurs de ce saint couvent m'ont assuré....
à la fête de Saint-Serge; ceux qui observent »
Sans date, mais elle est probablement de 1225 de notre ère.
217*
MARMACHÈN. — Sur une pierre tombale :
mvh^n'b'hMJS%nLnH»iNinr'hhnemnhwirnb
Transcription : K^u 1^ ^lultj^^um %,uilfiliili2ftu, n^ijLn^ Ku^hl-
niuunb ((?) :
Traduction : « Ci-gît Gharip, fils d'Apoughamr » (V).
D'après Mkhithariantz {Topographie de Marmachên, p. 8),
car je n'ai pas vu cette inscription.
Sans date, mais elle est probablement de 1225 de notre ère. .
218*
MARMACHÊN. — Sur une autre pierre tombale :
mu^m'hhushii'^nhxnirrhnn'hhndjrmhijsrnvb
[206]
248 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
Transcription : K^u ^ÇujL^^uui I^ Ku^nLijfiuiî^^ (b), "f^Ln^ ITui-
anuirinnup :
Traduction : « Ci-gît Apoughamr (V), fils de Magistros. »
D'après Mkhitiiariantz {Topographie de Marmachên, p. 7),
car je n'ai pas vu cette inscription non plus.
Sans date, mais elle est probablement de 1262 de notre ère.
219*
MARMACHÊN. — Encore sur une pierre tombale :
Transcription : li^u ^'"î'^/»"'" h ''/"«- /uiu^m-îi^iL, numbp l<i'iu-
Traduction : « Ci-git Nil-khatoun, fille de Thala. En 791. »
D'après Alishan [Chirak, p. 149); je n'ai pas vu l'inscription.
La date 791 de l'ère arménienne correspond à la date 1342
de notre ère.
220*
MARMACHEN. — Au-dessus de la porte septentrionale de
l'église de Saint- Etienne :
t^^oi\^inwnhrNiN»suwnrwm]A,]KbH»iihiwvht,usn
rhf^'b, jrh^îibviib\/hnhhbir, sbuiKhimn-ui; bhSbShw
"b^iMMiM.MiK hifirmnsnrh2{f^)'hrn8'hnN%'bbaib
Transcription : feu' m^p ^-^i^^npu, ("/"j/») inhiunii Uiu^it^uji,
hinni- apu unLnn Unuiliu n uni.nu nLfuuiu C/ uinuuin/iL/i . ai. innniutnt^li
^luinnLauuih qH,tunnbL.nnh'L puin.iuuni.ïinh Ll. al'^uiipïi ni.putLnl^phf
[207]
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'aNI. 249
uhli^ bu LbUt^iuUb ba uibuirLb Utunnuli, la. ifcin /ii5 i/ui/uZJujïi/iîi^ liiX :
(7l, t/ffÇ np UKLtuOljnnrt nn l/iî*/»^ /uiut/uuîj^, ïrnnii/ïmi /rn^ii/i . A uiJui
tunniiin/i*(p) qnnin lULn^Ubuii bnlinhU :
Traduction : « Moi, dom Grigor, fils de dom Sarguis, j'ai
donné mon saint Signe à ce saint couvent de Marmaciiên, et,
en récompense, on a assuré la messe de la fête de la Trans-
figuration et celle de l'octave de la fête de la Sainte-Croix, pour
dom Sarguis pendant que je suis en vie, pour moi après ma
mort. Si quelqu'un, même le supérieur, s'y oppose, qu'il soit
maudit. Ceux qui exécutent cet écrit soient bénis! »
Je n'ai pas vu cette inscription; je la donne d'après Mkhi-
thariantz [Topographie de Mannachén, p. 16). Le P. Alishan
reproduisant cette inscription corrige, avec raison, les mots
^uimriLauiuu en ^ujinni.nn, et uanilauii anliah U uâiu Cil ïiantjhiui
hnfinh h m[ktunJtç\ .
Sans date.
221
MARMACHÈN. — Sur une autre pierre déterrée en 1903 :
2. MJbhhWnn'hUb'lMl'f • • • WT-]
3. iisb^m,invhmhivi{.m, . . . .]
4. sd'i\wv:[,vjm,nbU:Vbw^m
5. H^IJS^aWbhW^liUmhlWf'JJMm^i'^l^Sni
6. nii'houhn'hr'b WFhhswKbiWt^-^^.
8. ;iîOA' : iruu^jbhp-nfhPwnh'hnshuiMhôki
Transcription : 30111111 lîumnLÂn^, blu" IJjiâl^n'b ...]^u, bi. fiS
nnnpu l7/m[^n, uibutruif nWnLnuJ Umbinuihnu qniuLiuli[.iuh ....Jin
aiuâuiïiiuL uiliabj i;n, bu .... bi^u uiJiup. bi. uuiuiuuiLnnpu
hjn[.umiuquii uiiutnui^niun iiULiuq abubu b iniuLAib UnLnu. ...
... UbSl^nlib . il. Hmptipbui'b i ''4 9"*/" •••• ^*"ir> aiuuU bu uiua^li
qllLnuiibu [iun.n^ :]
2081
250 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Traduction : « Au nom de Dieu, m[oi Siméon...] et mon fils
Eghb[er]... [Saint-]Étienne, en hypotiièque... le temps était
échu, et... nous avons donné; et les serviteurs de (cette église)
[diront la mesjse devant le maître-autel, à la fête de Saint-....,...
pour Siméon, 1 pour Zarguirk. Quiconque.... [qu'il prenne] la
part de Judas. »
Les formes vulgaires, comme luL^t^ ^^ (1. 4), ini[u,^ (1. 5)
pour mnLiug, ttur^ui (1. 8) pour Sntijuj, sont à noter.
Sans date.
222
MARMACHÈN. — Encore sur une pierre déterrée en 1903 :
1-. ^^K•/'•/77î'/^/'^//^^^^
4. '^^^snô'bumwb'hiwuijrh-.i': nhrimsnrivk..i
Transcription : ... ui^ un^pp^ ^ui|3nij/i[^t] •••• ^^p ^ui^pîi. z^tft
nui\_^bLuthj luoti "OP anuiiuuint . bi. unLnii LmnWnn|iuç/iJ ....
muta Iiiii iiuùauuim luûn . P. lULn i_uiiuuiuiniua.J {.UjuiUntihU .
11. uiLpli bnnt^n hnhtini .... : ['• QJ umiuLu hiuiihuihç Uanilki
hnfiap OL"'i./»'î"J ... Qtç . ai. ^uiuiniumniAi uiiu^nn^ uMi.p'^upU
Llt-4uinnLOni :J
Traduction : « .... sainte cathédra[le] . . . notre père.
115 be[sants . . . .] le forfait, et de la sainte cathé[drale . . .]
chaque année 3 jours [de messes : . . . jour] pour [H]akob,
1 jour pour le prêtre Eghber . . . Celui qui met obstacle à mon
testament soit maudit des 3[18 Pères], et ceux qui l'observent
soient bénis [de Dieu] ! »
Ligne 3 : ijmu^ui£_ n'est pas un mot arménien ; c'est le turc
iJ^ qui signifie « prix à forfait ». — Sans date.
[209]
LES INSCRIPTIONS ARMÉNIENNES d'ANI.
251
223
MARMACHÈN. — Sur un fragment de pierre :
6.
(*m,
Traduction :«.... de la race . . . [mes] se au Christ .
Sans date.
K. J. Basmadjian.
21
INDEX ALPHABÉTIQUE
DES NOMS PROPRES ET DES MOTS AYANT
UN CARACTÈRE SPÉCIAL (1)
bi. phhnLMauiu lundiuutt uiun-na .
I. Index arménien.
(ar. = arabe; arm. = arménien; fr. = français; géor. =:
géorgien; gr. = grec; lat. = latin; n. p. = nom propre;
pers. = persan; pi. = pluriel; t. = turc; V. = voir.)
ihi-
V.
litiiuu, 157.
uiakn^n lunanuii^h^ 100.
KptL, 109.
tin/iunnnij uuinnuiuikm^ I.
Vkaiptiunnti uiunaïuiuh =
nuinnui uuinauium^ Zl'Z.
Cnni-nuiuii, "PIP '/.«i^nuiu nn-
tuiuîiuta noluuihn = t«iiinLniuun
fi, 10.
U uialiumnnu nnluutun zziz^ L»-
uinLntuun /', 215.
l\iinui^uiu^ 26.
f'ujïrtXui/jfeo/i, 41.
t,uji.n.fenn, '>"'(P /"«ut-
fi tu/., 152.
utupniuujbin ^ l/.J, 1 /D,
178, 180, 181, 183, 185.
Kijpm^, 192.
lîifUiJ, 9.
K,juiuiui, 212, 214.
lin/io , ""'(n ''Pr1"P"k' 1^^*
— m/.^/.îi, lus.
lul^UI = tULÇm, lUILÇUI, 40.
uipaipuii^ = t. .^Cbi =atabek,
53, 57, 01, 8/, '89, 214.
iu/J(iiuiuia, bo.
luIduiunuL uiPiuniuli^ 71.89.
luPnn. tlLi-ni, 66.
l\[i luiupn J, = t yU ^t 169.
l«içpu i/ujûuinLiuuuiU, 18o.
lu/unn-^lf/i, 40.
lutuunPuiuuin p 24.
ait^iïn? 65.
(1) Les chiffres indiquent les numéros des inscriptions.
1211]
INDEX ALPHABÉTIQUE.
•253
m^l, -203.
uilfi =: pierre de meule, 40, 78,
169, 173, 194, 198, 216.
uiqui = t. U' = agha = mon-
sieur, 24.
lunuia z= ptuniuap^ 197.
KijpnLijm lî, 66, 67, 74.
- ^81.
""ll^i"^ r= t. J.i;t (bergerie)
-h arm. <î«u^ (pour ^uipl^ =
impôt), SI.
lui^Siuii uîïiy^ = tracasser, 68.
K/Ji/n^, 108.
lUuiuniuUn = uiiIuiiiuiiLinf . 31.
uiJtL = iuSk^, 70, 141.
UMubuni =
«ualfiufu, /4.
luukhiunt. ll.J.
uiuçhium :
(uiî^^ r=r ar. j^''! =r émir, 93
luu/iiuunL/J/iLÎr^ 46, 87.
{uJ/ipui(ij/îLniii./J/ii.îj =r califat,
31.
I«i5/in (7 iH*Jiîni-m ,31.
uiu/irt uuituuiuiuip ar. t^^'
-h pers. =^,^Lw^.-;w = géné-
ralissime, 28, 33,35, 36, 38,
40,41,42,47,64,66,71,83.
uif^H^tup = vigneron, 70.
«"^[_ = iuif Lu, 69.
"'i'L = "'iL^ 31.
uiiuaU = uiiuâ, 59.
uiûutuiuiin rr= couvent, 25.
lUUuiLnt^Up =: luîionl^ïip^ 214.
tuit^uipjinli = gr. «YY^psta =
corvée, angarie, 23.
luuniunA uin.'ûbi =liuiuililii , 174.
.«îit^^, 13, 18, 153.
luLp^u^uii/i = gr. àvOJ::aTS^ =
proconsul, 212.
^u.11, (pi.), 14, 16, 40, 66,
68, 69, 70, 74, 79, 87, 107,
145, 171, 212, 214.
KL/., 14, 20, 23, 24, 40, 49,
66, 67, 68, 69, 72, 74, 81.
87, 107, 1.54, 160, 180, 212.
— , IMnu^ 180.
liJu/iAuiÂ, 87.
utl^piuL. z= inique, 72.
ItUiXbLuitjiiuiq ml^li^ Shaniaîi^ 210.
Liuinnu 80.
uiligul^ = lulianLauilil^^ IQ.
uilopl^lg = impies, 94.
l\u.li = Kfi^iii/;? 158.
iii^jfuuip^u'^u'lr luabniui = frère
lai. 160.
lll'»/uuin<Jiii«i^Zl, 24.
l\luA^, l\mi, n^hlinL, 15,162,
181.
(..^Liiii^tn/i 4.mniiai2iM<Ç. 200.
U^nm V-, 212.
— 7-, 8, 145, 146.
' n^/utul/iun /i^/umîîr, 7,
144.
Lt2nmnUa luiah 1.57.
l«^mixjniiiA 212.
ut^inji^iuU^yn^z^iuninU^uih^p^ 39.
uiu^ui^uiîig = hôtellerie, 15, 78.
Liu^/i^ujui, ^'"(f 'luinnhu K,
169.
[212]
254
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
UuJinuin/ïUJ, Siuft^in^Uili^ 13, 14,
15, 16, 17.
Uui ol/u ai lîn, "PIP H^w^nuiS
'liu^nuL.nLMn n2JuniUn
Ltuinuniuun h^ 11.
l\ujnLniuun (.«., i^W rtl^P
'îmOujLni.îifi jt^huiïihf 14, 16.
if. U uianuinnnUf '^P'jh
*Pnpn hnnannh U luanuuinnun^
49, 159, 166, 177, 179, 214,
217, 218.
(jtiunLnuiupbha Un. rnnnnn^ 161.
uju^ji^2iî(ui)ijnpÀ = mercier, 72.
uiiunlinLn = luuiiuniuhna , 28.
uin-ui^îinfiii = supérieur, 145.
165.167.
uirLUiOÎin^ijnL^^ïLÎi = SUpério-
rité,75,157,162,166,202,213.
Lkn-Uii-U ûiunnumnnu^ 20.
lin_uintfiui iliunniuiuhm^ 26.
(in-tup/ji ijuinnuiuihin? 171.
, ^"'(P ^n<^uiuui^uh 198.
Cn./.2Î^, 192.
K^*-*, 54, 199.
Kn.nL* = Kn_/,L*, 104.
uin.Ofei- = uin-UJ^p, 40.
Cu.îuiî.t, 212.
llunLnujuuimïj, 202.
liiutnnLUiCTuianA uiuiinainu, 31.
muinni-iiiÀiim/in i^iuip^m^Ç, 24.
whiuiuiuinhi. inçn, 8, 14, ol,
152, 157, 159.
uthliuiuiuuijiL^ Sjilili^ = rf'iuSiup
/Jtuiini-<î/i, 28.
tuÂfuui^^ = pieux, 53, 214.
Liaiuinni-n, ^jUJin l'^iuibnu.on ^ 172.
uiatuphuti ^ 154.
uiuinni.ujCTnuauif = UiUUinLUia-
^îri^ tu£_, 59.
iiiamluiutn hofuiuliuia /i^/utuli^ 24.
Lktjiua juiuPnLUf Lnli (jiuiuuinnun^
93.
Kf,ui.jt^, 212.
lî^t^t^^, 20, 23, 87.
ujn<Ç/iÇui//uunujnu lun^bkuinu-
linu^nu^ 49, 214.
ujnAuiu iunt\uihiuannt.phL.u =
inscription, 67, 74.
iiipAïuL = monument, tour, 8,
35, 36,38,41,42,46,47,53.
.upLtî, = ui,i.î/tî,, 97, 98, 99.
iii^Li^ = uin.îit (du verbe mn.-
LfeJ), 16, 126.
CfinLZÎ, 31,40.
lînnLU /iJUiOTni-U, /6.
lînOnL «J/ï/iï^, 88.
Llnuiiu^pp n.uii/iu, lo7.
LlnmiuLiun ^ ZS.
'"pg'"h '"r^'"i' ^-^•
n^^m^ni-P/iJi (n. p.), 152.
lunnunni-U r 112.
uinnuiint-un, 112.
uipprunLU ^= uinpuiLni-l# = tun-
^nt^îj = archonte 70.
K..u,.j(Stp— ?), 107.
— ' "n/" 5"'£"'f t •'• /*, 28,53.
tnfit/iîi, nni-uinp rnpi^-
Luih'îi^ 173.
93.
[213]
INDEX ALPHABÉTIQUE.
255
uiLUi^fe^i^^g = curé, 31, 166.
lULaUi^ = lULnûliiu^ 44.
Ki-tm/iu, IVbmbtj^ 201.
iihtk^ig, 167.
Pui.jnL<Ç/,, 28.
fV^ui^iuî,, 151, 157, 202, 212.
147.
Ltinlmunuin Miunni-^n U uinhiuU^
213.
lî./i/uiii,j^ = 'ï-te, -13.
ui./,î,u,^/,3, 204.
llpunLin, 70.
huiauinuih^ 212.
fim,jr..u,p, 144, 150, 190.
r*ui^î»tt/^p^ nt/uin, 150, 158, 165,
178, 183, 192, 193.
/iiu^^iuïr, 70,191.
huianuiuif "ptlh liiiipniuiui, 112.
(iuia/itiiniinu, 23.
r"£ii^ij£^innnn ( l'îiLni), 185
huit^jitjîinq z= j]y -|- î»na, 153.
autnuiuùan , / /
pmc/ r^ 1, péage. 2. impôt,
23, 68, 69.
piuJuililt = vin eucharistique,
15.
puic/puip = pers. .!.>jlj = doua-
nier, 88..
huilumbuin , 191.
piunhba =: nuinui'bbuia^ 40.
pujijîr^^ r= lîuinuiîi/ip, 40.
pmîi = i^npA = œuvre, 67,87.
piiipi^ r:= botte, 181.
puipÇ^iuiLu/fUi =^ aiunbkioubiu^
120.
83, 93, 165.
puip^ui^p = puiptui^p, 154.
huipubij^ ll^iupnn^Lnu^ 26.31.
aiULiuliniuL^ 20.
htuuii;^ 72.
/•^ïrai^p 3z= l'iut^ui[jfi ^ 145, 176.
178.
ht^iuyft^ tluiig, 145.
ht^hb^ = t'uiB^iui^fi^ 183.
/i.jLtp = ^-""fHP' 181,204.
f'Llublrj^ 31.
i^uiïrp, 40.
/'•fcîi/„uJ/,îi ,jp/,^, 8.9.
/•t^^t^'fi^uiii^, 40.
ptpfefWL = ^^c^^l_i 214.
f*nLjiiUfiuig %uil^ ^p/»^, 90, 91.
pni-PO. "^^v^ll.
t^Hunuiiu, hojuui'Uiua hnluaili^ 66.
pnLp^ =: t. jr^rJ := tour. 26,46.
unLnil^'b^lin^ 51.
pnLp^^îr^u, .52,55.
9-«,«j/,^ n, 8, 14, 15, 18, 212.
— fi, 145, 146.
[214]
256
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Piuaiui.nn Z,uiinn =
l^iuipu^l'iuiinli Miu-
aiiiLnn H^utuiunLiiiu-
/fu,î,/,, 213.
9-u,.j/,if, -216.
Piuniniu^ 144.
huinin fifiLH. (LUiLni)^ 168.
Pujiîujn/itl iliunniuiuhm^ 1/1.
V'ui^^ui fL^iii, 159.
aniïihiunli'ii := aiuL<\iuij/iîi, 178.
auiîr<\(uaiuii/iîi = ijujîjtXiiiij^lr ,
180.
ijiuîmuiij^îi = acheté de ses
deniers, 18, 31, 39, 70, 78,
98, 117, 118, 145, 152,157,
161,166, 167, 179,181, 183,
191, 203, 204, 212.
riuuAuiLann Liunui<Çuju, 11.
— umuniiuLbiun^ [■).
— Wl^l^p^ufflJ, 11.
riuni^an(h ^= hiunluili'L^ 117.
tftg, 180.
.jui./? 90.
nMiLuin. = canton, 49.
/•lUL/Ln/unuDup^ 10.
9-fc.£(?)uiî,, 55.
ab^bliuilinq uiuinuthn^ 87.
,(„L, 21 1.
nfenfe = ^friji^, 177.
riinnn aph\ = rçnnn ii., lo.
nbnbnûiuhiua bltknaah 1/2.
abnni.pbi.ïi^ 168.
.jfci..L, 213.
/•ç^» "PIP lutiubiuu^ 67.
Hnfïij, 99.
— , ^*"if ï/tupiju^, 36, 44.
T*ÇLnnn iuLUia bnça (inûni =
Hnff "i. fc- K. 31.
nfilbLnft = marchand devin"?
23.
a/inujiiimrtinnii_u = annbniu-
iiiiii^tn«ii.Ii, 166.
n/ifltniuujiu^inmt.u, 13.
/•/i^nLU, "PIP 'phl^P"-! l'*l'
V-^.^np,40, 197, 198.
riptXnnh nni-n., 40.
«jLtLt/-, 10, 93.
— tp, 181.
/'îiinnu/i, 15 / .
hnqnn^ 56.
V.n,j/^, 221.
V-n^uif/.^, 195.
hnnn = rJ^nnij, 103.
— (lniLuiinnu ), 7*.
liiunituiuitin, lo5.
V-nfttj/./^, 58, 173.
riniubiinnnli juuihuiuiiuii ^ 9o.
an lu LUI Lui 11^ 15o, 221.
Lhuia = nniuLuiuuiuuici^ 40.
'htl"C^ 23.
U — ), 40.
/•n/innn, 34.
— (à Bagnaïr), 206.
— , âu^p i^ui\,l^p 178.
, utnpbuipubnuinu (ii/Lni,
l'nbqnn
[•215]
INDEX ALPHABÉTIQUE.
'lZ>J
15, 18, 49, 159,
160, 162, 214.
— ('l-ïrh, 109.
- tft5, i:3.
3, 4, 14, 15, 16,
212.
^»nL^^u, 74.
- iTiuqtli, 145.
- , -Ç.«^f. 11./.P76.
, /•/i^nL^/i. 151.
, l^nLunmh 4b.
- , — «/.u,»^,, 89.
U luanuuinnu (*rnpn).
166, 215.
, n^ii^/i l\t^t^, 1 17.
, L»nni-U nniiwnLun^
76.
, '/.uj^jnmu uuiui—
nuiuiLuin^ 1().
uyiiiuinnu, 24.
(^tf ), n^ij/i iS'tfi
//.iifiiju/,, 220.
pui^uilruii ^«'in Utunnliu
uiLuin bnhanL^ 166.
anni(p utnAïuUuiannLpiiuihaV 9,
13, 16, 47, 56(?), 69, 70,71
(?), 81, 87,90, 91, 109,155,
160, 173, 174,177, 178,179,
180, 181, 183, 186.
i^jifti. = setier, 19.
ntu^ab = niuiLiuL 71.
fJUi<Ç^luïl ^= besant, 22, 23,
186, 222.
/JliirjflîlM := i^iuSt^lU =: t. IxJs OU
^^' = timbre, droit de
douane, 24. V. mmâiiu,,
t. <9-Usi5 ou _2^'jUsJ =
douanier, 72.
t- ^^.xjJs ou ^^J^sJ' =
douanier, 67, 72,^^3.
tiuiStil^ = t. UJa ou U.0 =
timbre, droit de douane,
67, 74.
i^uiL^ - niull^^ 40.
ff».L^ :: denier, 33, 40, 70, 203.
hiuiumuii liiiuPnL.i^ 70.
ij^iurLÎi éuiStu'iiiuli^ 168.
ftl»/., 78.
i^iiiuiuui^iii^mLii|^, 9, 18, 109.
niuuiuiiiiiunui/if , 87.
r^iuinuii^njrt == ntumiuLnn^ 72.
i^iuin^^, 87.
— , ^*"^ ^.'n-npi^îr^, 78.
/^iiL^uiin = ducat? 116.
hjii-iu^, Çiif^ji ITjulipuMiili^ 150.
'hl,'ûu,^\,ll^ 152.
hnnn, 212.
hriLint-U l"ui<uiuinLn^ 181.
nnLtf ^= inni-îi^ 65.
PhlI^ =:= PhlI^uiu {^Inuinniïinliïi
-), 23.
nrLiuu = nnuilt^ 40.
i^fLUiliti nUStua l;^ 93.
[316]
OKIENT CUKÉTIEN.
258
nnAïutann
24, 87.
Puuui /inL/L, 40.
qpuiS = drachme, 5, 23
nniuutn ^= aniuuui, /.C.
nrinLup lllit.ni.
REVUE DE l'orient CHRÉTIEN
permis d'entrée.
t'iunui rint-fL.
/'i/iAnn/i iinLO.
hniJiiui ijnLn.
tfnuLutuiui nriLrL.
l'aniAnnn nni
'liunni-a nnt-n-.
<si.nnnnLrL.
o/iaitiuuiiff nnLn_.
nnriLa (/i ) = uininmpnLuin,
07.
-iuup (pi.), 14.
^^u,^, 212.
i^pt .z= fcpt, 13, 15, 16, 18,
133, 1.59,160, 171, 212, 213.
tptpt, 18.
hLbnlialiiuain ■== bl^liijbfjbuigi^^
18.
ijLhnliabpm = bl^bijbtjjtgij^^ 18.
hilinliani =; fe^fcijt^Ln^, 9, 13,
14, 15, 70.
//.jpu.^p/./f, 53.
iïijpui^pni.p/ii.îi^^ confrérie, 153,
160.
irnnwiinpu = fcijpiup^u, 178, 180.
^ptpfcfta, 221,222.
hnituii =: tnmi 189.
6*n/iuiuu/i0 = C7n/iumiii^/J, 111.
tJ .jp^L, 40.
iîii^^ui^nu^nu^ 24, 25, 75.
buipuunuinunLpni.u Ulii-ni, 24.
uinn : cfuinL, 1 /O.
- fcp (pi.), 18, 40, 87, 93, 160,
168, 195, 204, 212.
l/niuu/u, 193.
uphumu Umnntuuibin^ 212.
Dnbm = Lui, 168.
l7ntnnL.p, 28.
l/ntiLiiiu, 40.
^r^^ = ^t«<îuiïiui^, 31.
bnLniuiualiunu ^-= bnbniuui-
ant-iuau ^ loi.
''Pr"r'ï"'-P/""^' 130, 163.
L = fcL, 21, 205.
"lun iuiiunnu ), 74.
Htunui (uiiunnli ), 0/ .
îlu,^f,iu^ 22.
niuTaui/fiuIrfiu ^ nuiîiijuii^u, 79.
lUiini
ini-îi. 79.
101.
iliumutb^ //nini-i^, 72.
^uim/.^, 127.
^,«p.j/.ri, 221.
Huinniu? Uuipriui^^i^^ 112.
ntui-nuiliuMU •*/', 214.
Hiupiun = !itugui]iltiu r, 83.
luiini
[217]
INDEX ALPHABP'TIQUE.
259
Mu.gu,f,[,ut fi, 29, 33, 34, 35, 36,
38, 40, 42, 66, 81,89, 154.
.iiupiunhui r, 56.
— '^, 87, 88.
50.
167.
qSl^a ~— aSba , 42.
t^nL^ui/^ = ar. ^[i: = rue, 10,
1 50.
Unu')u$i^ ^^ufnfh, 58.
HiiLU t/numini-p|jîjn, 79. V . U juh-
Muin.
79.
I^anhiuunu^ 18,).
t,j^ = .u^ij/,, 40, ISl.
kiliu,i^ = bqbiu^^ 49, 109.
hqt = ht^ 39.
tpt = fcpt, 9, U, 40, 88,
174, 180, 182.
^^ijuiîr = t. .,UrV.! ^ il-khaii,
68, 69, 72^73, 75, 81.
J^uknhqiuLuiu = huhnDnuiuiuu ,
211.
109.
tï. = u,/,, 74.
bnpili? 71.
hu^ftulj^niqnu = LuihuLniunu^ 19,
214.
t^U := Ui^u, 127.
tu = tu, 96.
çutuf^ji =z huiuih, 58.
^uini- =^ feinnL, 28, 33, 58, 1 17,
176, 185, 186, 204.
ç^fein = hnbin :==. feui, 83.
4'piîi.iuliJFq^ =:= [/n/ïLiuîitoA, 1.56.
tft^ = '•f^^^ 1^3.
k[>hfi -- tpt,7, 162, 180.
4*
jUiqnbiui =z nhuin
15.
nUauibiuq
nhaïuhquip
nUauiiDUMq^ 1.5.
70.
ruiàuinqu = iiLAuji/idu, 7().
nhaamih = nlr^uii^iniL, 23
fiUu,, 89, 93.
nhc\wkqh ^=: nu a tu lit q h 151
^îi^ui^, 40, 165, 186.
jiliAïuibi^ 214.
nuAuiIi = ^i^iuïi^ 181.
nn-iunu z^= n.uinu ^=^ n-onhu 203.
I,n.nal;^ =r IhnLpl^îi^ 78.
^u<\wi, nbduii 181.
mutquiLnn^ 8, 23, 212.
Piuquit-nnnLpjtLL^ 8, 14, 15, 18,
20,24,26, 145, 146.
P'iuqiip = (à-iulihp? 185.
Butqni-^hiuq lauiqnt.^n^ 28.
[218]
260
REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
PmijnL^/., 8, 9, 20, 213.
170.
Piu^nL<Çnj = ^ui^nL^Ln^, 9.
fà-iuf^i^nu, -Çui^ji dn^tuïii^ujt, 197.
frf-uiPnLL, 190.
l^'iuliL PiuanL^li, fjnLUUi^ Oui-
nuitji^UM^h^ 171, 1/8.
/»-.u^ui, 219.
piuijmp = t. ^liis = sac pour
mesurer les denrées, 24.
173, 180.
l'f'uiiliuS^ 185.
l'f'iuSutn, A/iÎj CnpnL/jui L*. ^, Go
/i^.uJ/,p (lieu), 201.
Muiiiinuiu = .f^ ~0.
IKulf,k<t, 12(3.
^uipi^ = duit, 40.
pfe, 18.
/»-t,jfeîi/,^, 176.
/'^tî'/', 83.
A^t^nt^, 185.
'""nnnuliîiPf l"'nnnunua^ 16/ .
l^n^aunl,^ W^j^Puip ^ 196.
Pni. = pni./iîi, 169.
/'^^.f.^^, 59, 212.
P»/ = Pal/iu, UnLuiLuiUnu^
40,62,69,71,77,81,83,85,
86, 87, 88, 89, 92, 93, 94,
95, 96, 147.
P^ = P^l = pn^/iï,, 72,
148, 149.
Pilfiu =- Pni.nu^ Pni-UiLiuunu^
51,58,61,90.
p^l = pni./,L, 25, 63.
Pl -=^ PriLnli, PaLiuLuiunu^ 26^
36, 39, 41, 42, 52, 53, 145.
Pl/iu = Phl/iu, 164, 166.
(hn,inil{Up, — ), 168, 171, 180.
l'iuamO, 2o.
/iiufL^fe^ = tatare i.-'^p = ordre
impérial, ordonnance du mo-
narque, décret, 69.
/.pt ^ fept, 70.
l ^bm t, 176.
[.Sk = /..î/ît, 16.
/,î„jfep./nf, =?69.
t^t "^ quand, lorsque, 181.
^îi^nL^ii^ = iS^ïr^ti. = jusqu'à,.
40.
/,î,i.//, = J/iîi^t.., 10.
filigluil^iui^ =z autocrate, 20,
23.
/,2/uu,ï., 4, 14, 16, 109, 165,
177,212, 214.
hnjuiuhiua jtnjuuiU^ 7, 10, 11, '.-4,.
28,66, 144,210,212,214.
liAkiiu'bnupbiuâ^in = ^^^luLnL-
p/ïujuun, 82.
20.
>I9]
INDEX ALPHABETIQUE.
261
huiiuinnu = ^hi.uiuiinnu :== gV.
j-oL-zç = consul, 23.
nuipuLuiuinu = hiunuLnuinu^ 2.).
Puniu [Dë tinh< 183.
hupui^l;!^ Hplil, 40, 68.
te = tr, "2.
nnblia r= nLnbuilia^ 83-
68, 69, 107.
180.
KuiLt K, 29, 53, 57, 87, 214.
— r-, 81,89.
7.
ttuuiiumutu^ 23.
^lufiuiftuip = cordier, 97.
ntu.
[.uiLA./., 52, 152.
^ïrij = baratte? 40.
f.nui (^UÊUinnU ), 87.
I^mfi = litre, 20, 175.
/.nniunnilr, 11.
inLUUJLnnni ^,uiina, 212.
/.ni-unui, 111.
, nfin/i 7*n/innnn, 46.
y,ni.ug^ng, 28.
^
/" =: puin-iuuni-îip = messe,
13,31,160.
huiau/Llii = /umiiiiiiïJtjL, 40, 78.
juiuaiulin'L = /uuiiiimucru, 1.3o.
juuiaiuLi^ == /uiui/nultç^ 40, 6 / .
/uiunuiL/i = jvutdiuMun^ 121.
h>tupnJ, = t. ^^.iU OU ,y^
= dame, 52, 70, 76, 93, 165,
219.
165.
^uf£ui = ar. bîd. = endroit
désert, 15.
/uufnuinni.0/ii-li(n =r jutunuinni.-
P/.LL.J, 115.
Uiutninbi = juuilutnai = juiuju-
inaïui ^ 83.
^uâuiJpnL^ = discrètement? 22.
P*utSniniuL.i , ^"*(/' U luhqmiU^
^l^nl^^ 186.
^uAiuM^iup = marché, 40.
juuihiuiu = tuutuuiiutun ^ 70.
juui'biuii^uMft = marché, 40.
jutuUuiuiuin^ hiiuuiuujnnh^ 93.
/"Ui^, 169.
— (fête), 220.
r'iuiuiuinLtt^ 98.
/*ni.fnL.u, 181.
r*uiKaijp.uiin , nnnn (iauiinrini
172.
/"ui^tfitu, 159.
[•2-20]
262
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN
152, 153.
/.lULn-tn/i, iu[n Out-
LnL^^, 51, 52, 153.
^l^uiftijjt^ 168.
•/,.up.j/., 168.
Mii^/unn., 70.
Ki^H, 31.
/•'luinii lutu^aa , 93.
/"iiiinin, ^uiin Uuinaun^ 161, 175.
r*UM^nnliiuu^ 40.
/"lUiuinLn^ 1/6.
^uiu^lt^nL. = ar. jvaU. =r Foyal,
■4- djaghataï j^f^:*.^ = do-
maine, 24.
^uim^hp = ar. Jri. = ligne,
raie, 40.
/"iiinniii U luapuinnnUf r^uinipp^
"Plt t*"/"*-nujun P.n, 214.
juiunjuuiiauii , 39.
K.ii.pfcïi^, 57. {hfiuLpblg iriu[i-
/"lUi.n.iua ( U aa) = r'tui.n.uiu
n^ptutu^ 181.
r'ulLn-Uia (VnpnV Mnivu P*iul-
iLiiiu nnhiiulin^ 181.
l^iuLn-utu nofuuiUf r*uiLturLuiu ^
/"uiLn-UJu/i, 165.
r'Miin.ufu (*Pnpn\ OnnAt l'^iuLn.iuu
li2^luuMLIt^ 183.
fcife< = lîtnA, utn.phpbn^ 168.
^ninui^tui^L = prairie, 15.
junniuanu = junnuiun^h^ 59-
Kfitï., 158.
[Kf/i^ui^, 87.
^»n^^iuijfeij_, 159.
, iJuiin Ciçpun ? 185,
- (un autre), 185.
83, 87.
[Hn^p^L (?) 165.
junLup = puifLuiunLup, 14.
/"nL^ni.^, fençoL/ilf, 31.
Kl^P, ^/.L ^mpu/. Jn/. .? 154.
/"nt-nfiu (T*n/innn), 74.
ÎJ- = ? 79,89.
iTuiillng, 99.
Àui/utL tZ-ï*, 182.
^uii||.i^ (*/-p/'«jnp), 145.
owL/ïf =^ ùuiuuisuê , 59.
aiun-iuaiuÊ = auin.uiiaiui , lo»
ouin-OUi/i = ouin-Uiin^ 141.
aiun-uini-PnLU = diun-iuinLpnLU,.
28.
iruin-quinniun^ 126.
OTiifeug f/ujnnnu, 88.
hjipuilbi^ltl = porphyrogé-
nète, 20.
lr.îui/j, 40, 166.
vâuiLaan Unuman^ 182.
Uiunabu uiLiua bnl^a^
166.
[221]
INDEX ALPHABETIQUE.
•263
Lui =r fuil, \ci\ .
^liuhl = 'lui^ti*, 10, 87.
'tuiqan^ nnnh Uai-nun^ 59.
Ijui^l = 'lui^tî*, 153.
Liuwuin/iD^ =LuiWnn/iL^, 8, 137.
uiuPuinfiLnu = LuilannpLnu ^ 8,
18.
huipnij^ ^nij_, 40.
LtuBnnfiLuiiu muM/iinpLç/iu,
78.
i;.«pn,j/./jt tlî"-n^, 39, 58, 76, 86.
— iru,pSu.2hll^, 214,
215, 222.
— Xf^n^qui^u,^, 28.
LuiBnnpLnu , 1 I, 15, 31.
i^uj^^fep, 93.
hiunnni.p^ 40, 177, 179.
Liui = au'i, 98.
'im^tï*, '/"'ifeï'/», 69, 74.
, 'ïui^tîr^, 45.
liiuiun (ttnLUiua)^ !•_>.
Liulinban LuiUaUhan^ 101-
^uiLLL/fo/i ^ LiuhaLbalt , 205.
Luiutuii = t. JLï = prix à
forfait, concession, 24.
^uiu^t»/ = établir? 68.
liminlii& =z chénice, 23, 31.
'luirLunLUi, 10.
aiuuuin^ 213.
hiumuM (à Bagnaïr), 203.
— (un autre), 159.
^uiu7«iiu^ujîi = catapan, 23.
liuiiniunçi Luiiniunki , 09.
iituinuinçap :r^ uiumuinban^ l09.
'/uiintnuno^ 39.
^liumnuiUnnç^ 8.
'impp/i, 212.
Liunnt;p = Liunnuiip^ 55, 108.
Huinnab /^ni-^uii ), \ . ^nL<Çuj| .
Luinnb = Ltunt^h^ o9.
'luinùnn ûuinn^ 33.
LuinSni.1ip = LiuSnLnO, 40, 214.
'Itunnua iini.n., 194.
'luipu, 40, 58.
ïïuiLpt/_, 169.
LiiUiîiniuhnLpiiujh = LbunutlinL-
ptuiL, 49.
^/ïIiuiiL/ia z=: LbliuiLna^ 71.
LbliniuiinLphL ^=zLbuniuhnLpktuh ,
87.
h^^'"!>kt3 = 4^^"' toi ^3-
/jtf =?66.
/|^î/, ijLn^ == ^î/n£, 181.
'ibniubnu Oui^fen, 204.
uiunnuiuibin^ .' 1.
'i/,.p/,iit, 169.
Lniuuib^iuïilt = LnLnuiiuLu ^
212.
Hnnnaan Z^iuumu^ 203.
LnntuiuL ^r unLnujiiiU, 1 /O.
'in^, 40.
^nn. = corvée, 23.
^uihlil^u pui^uiutujh^ lo9.
Unuinuihnhh hnL.l^(uiu^, 23.
[2221
264
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Wnuinmîrit/iïinLiiini/iu, 13.
knuinlin 0*i?iu^fcn/i, 182.
Lnii^iîn. ni r= ^ni^ni.^, 87.
ïjnL(?)pui*, 31.
Lni-nuiiuL = LnuiiuL, 4, 5, 1 1 ,
39, 40, 93, 1.53, 107, 170,
171,185.
Lm-nuiutli-utiih = ^ni-iju^uil^u,
14,40, 70, 145, 171,214.
LnLniutuLh = Lni.nuiiuLu^ .).
linuâ^bp == «jJptp, 89.
hnupui^ 23.
^,/«,f,^î,./«.lit=? 101.
^.nui/j, 174, 222.
'/nLîinmiiiin/it = '/ptlrmijujin^^,
1.59.
excommunié, 87.
linubnni.pni-Uj 16.
Zfiuauinnifn , t/iïi tiLtui^u^ ? 201 .
<;ui^iiiL ar. J^ = légitime,
14, 26, 39, 40, 42, 50, 52,
55, 71, 78,79.
^luLuin. — : ^tuuiun-iult^ 9/, 9o.
^luLtun-iu = <ÇuiLuiii-Uii|, /O.
^tuLuiti. Lui =^ <Çmi^uin.uil^ ^""i'
213.
.^uf JuiJnïi ? 154.
^utSanitil^ïi = ^JuiiSfifei^îi, 87.
<îujiînn^ij^L = ^lijiîp/îil^îj, 81.
Z^iuâal^f nnnh •^ph'{"P ■ Iub^iuil-
olL/, /.^«.Îi/., 16, 212.
ZiUjU^i, ^Ui in (//u/iOiun nn-ui/iu/i^
203.
Z, uiiJçi , nnnli 1/ fu/i0uin nn.ui/iu/i,
203.
S"'^, o/.
4^iiiinn JoiuanL^n Utuinniuunni^^ 8.
- — tTuifi/iuiJ, 213.
ini.uuiLnn/i« /•n/iann, 212.
CL Hniun fliu^uiîr^ui^^ 8,
15.
^Uiinuiiuiti/ip ^uiiniuuihinp^
69, 74.
^tuinuiuihtn^ 27.
'Çuij^uiu^tuini.p^i.îr ;= pOIltiflCat,
18, 26, 145, 146, 162.
<Çiij^puju^fein^= Pères de l'église,
11, 13, 14, 16,68,69.
^uiinfcîri^ini^np = <^ui(ptLuiuiJ^p^
= propriétaires, 40.
^ui^fiyii[ig = propriété, 18, 31,
10, 70, 179, 203, 214.
^ui^ptî'/' = ^'«iftL/i, 173, 214,
^Jui^fitîr/»^ = ^"'ipt^fe, 166,
178.
^,uji..i.na, 214.
^ui^^, 8, 9, 14, 15, 16, 210,
l,«i^^ ïTfeÀ, 212.
^luiiniumnir Ol •
^iumi, 213.
<^ujLLnuuituiIf = <Jmljijuuifcuiîi,
88.
^«ing = t,iu^g, ^ui^ng, 16.
^uiuuiL^ ^ut{^fi '9uipu/iiîn/i, 154-
[•223]
INDEX ALPHABETIQUE.
265
^L^
31.
, npiP U juhpiun nti.iu-
/•u/», 203.
, "Pi\h Oiunuiip2Ui^b? 169.
- (t%-),93.
'ïnijnpg/i, 203.
■^uiumiuuit;i = ^utumiutna
-^uimuiLn<Çu/ii^, 198. .
i^utuihanup, 40.
<Çu,p^ = impôt, 24, 66, 81.
iusf,\b,.nf,, 202.
^utnnL = 4iunuji.ni., 70.
■ÇijLu,g^/,ï,, 201
^fcÂfeui^ = cavalier, 24.
^fcnj^iiçuiçnp = 4 uj I n tir UiLnçnp
= propriétaires, 40.
4^.uLp, 1.3, 40, 89.
^niuLnlf i^ujpuin/iui (/*), 89.
<Çi^^t^tn = ^uiinblibuia^ 181.
4/.5i,t = <î/.Juiî,t, 40.
<;/,H = <;/.L.j, 78.
;/,..ï.(«U), 124.
^ifiLpui'Lng = liôtellerie, 17.
^liupiuinnuii = hospice, 182.
^3hutl^ltg = mitoyen? copro
priété? 167.
Z,u#jni.<iu/u, 72.
^jL^uiîj = <;Lauiï., 162.
^ni^uit^^ntj^ = ^ni^ujgnn^ 40.
<Çn^fci.np uïi^p = seigneur spi-
rituel, 8, 14, 31, 159, 162,
^"lt i^P')f ^"^i^ 11-
^"ll'f ^«"Jf ''«"fï^u^, 70.
^nijiiiufi = ^nqu, 14.
^nt^^ fep =: <îni|u, 204.
•ÇnintLnn =^ ^naifLnn, 8.
inLfcï,^, 40,
Snn^âbiulja '/nuinujLn, 159.
Z|nn.ni? inA^/ilr, 50.
4i,nn.nup, 8.
^nilp^P^ialg, 93.
<>u(nuiuini.lf =r 4uiuuTUiuini.ïi, 69.
^nuiSiui uiumlih 107.
SpuiLni.^, 152.
^pni^UiptnutL^ 13.
ii
i7.p.u.j/,, 110.
ApPui^Umq UinnuJLn[i piuii =:
Uii^îi? 175.
AÙbpui'Ln = Xâliniurbni, 'A[.
JnnnnLn-h^ 1.56.
l.uMtnup, ^luj^ft K^tp"/», 185.
"uiunnu pui^iu-
liui^/i, 162.
/.uit^iu^tni. (uinni./?^Llr, 154.
'.«"»[_ l'nLpiupuÊo. y. nnLatunuip
quiu^uii^ =rz t. Jli = prix à for-
fait, concession, 222.
217.
quiji^ = ar. ^jU:? -f- 1. -=».=
boucher, 24.
12241
266
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Aiiiuuiujui^ r=
hinLin^ 170.
^Uillf
ir
lUtiin^Ç, 31.
â = /., 22.
iiujanu(nn.nu ^= uiuiinuinnnu^ 23.
iliut^jtumfinu = magister, 20,
23, 166, 214.
U luanutnpnu ■ Vnpn Pphnnn
U uianuuipnUf 1 /9,
218.
1/ uianuinnnu.
(/W|ii^^^). V. I^iupltifi
U uiahuuinnu.
Uuiqnin, 40.
utuanninu = . 59.
î/*u,pt, 83.
iluiuiuntum =^ atuniunuip, 180.
lîiu^iînLÎrij = terrain? 40.
//"ui^Ç^nLU, (0%), 31.
iru.â luu.pnJ,^ 52, 153.
u tuSni.q , nnnn l"*uiqnL.^i.ni? 1 /O.
U luânuihf niiLumn *Piun.uiuqnu?
167.
l/uja/iui/innu/i, 1/9.
Wm^ Z.nLun^, 28, 166, 167, 168,
214.
uuiinuiautnuip iMin^ 14, 23, 24,
154, 160, 180.
/rH.L.j/,4 fc^-tg, 180.
ùuiltqnLpitLli = âiultlini.piiLit^ zj.
U luUqmtutjuttif "Plh /"luiîfi—
inuiLi^L, 186.
uuiuiiuiuinnHiu /unLnJ^u r;= géOF.
05Gçp.^(^c':iôSor) T)^ggl)o =chef
des adjudants, 35, 36, 38,
41,42,47,214.
uiuunuimnnpui nLJunLtil^u ==:
=: chef des adjudants, 28.
uujunuiuinLnlt/ni. jutiLal^u = âiui—
niumnpPuM junLql^u^ 40.
ÏTuilii^/.^ fe^t^, 180.
"lUunLiÇ-, 31.
«îuiuL ^ /«ui^L, 13, 40.
(/luuiiuMEr = u uiinuiPpui^ 211.
uiuiniun lurLu/ïi , 166.
SiuintuLli =: bulle, 20.
ùuiinun^li Onuniu^ 16.
uuiuinLqç = uiuinnuuqç^ 79.
U uitnrLuiu (iauio/iL r= U uiui~
puil... 10.
ùiuptuqSlin
40.
ptua^un uiupiuqu^
U uipquipt^f iph^? 160.
uuipnLuiph = uiupnuuiipu^ 45,
U uipau U uippuiUf Lph Pui—
panbU fcnhnnL, 180.
SuMp^iquili = marzpan, 13, 14,
15, 16, 210, 212.
u lupttiuUf Lkthjuutqiuq ul. Z^uiino-
P«i,jnL<;/,, 213.
UuipLnu^ 83.
(rmniîui^tîj/i nt-jum^ 212, 213,,
220.
[225]
INDEX ALPHABETIQUE.
•267
Waipâbui, 132, 193, 214.
U uipmnnnu, 96.
uiuninnnnutuhiui , 214.
âiupmftLfinu = (juste comme le
g're(? : ) y.âpTJps; = âuinmhnnu,
martyr, 10.
U uipnuuinnu =^= H*npn l'nhnnn
U luanumnnu, 177.
//•a i.u^^, 212.
.îfc* ./.uîi^ {lru,pSlu^k^), 211.
ubaïunan uit^n ^ 154.
iitrauii/iiun. /JiiiiiiiiLnnnLpni.u, 8,
15, 20.
— limpn^lik. 39, 78.
JfeÀï, 5.u^.uf,/.«i (fi), 66, 81, 89.
ntutituLnn L*nannL.uhiua^
213.
'/.UJUUiÙ, 1 14.
ITb^ftiiLiul^ 181.
Ubuniif ^uiin "luinfcnA 59.
mosquée, 152.
Œhl^i-l == tf*, /», 124.
lîi^LlUUinUiU rzz= llDUUiUUlUiU, 28.
J^pn^ = ^^P"3^ 49.
Spiuitinut&ni-PI>i.l = obscurité,
214.
SktuiauiHiatu = âjttupiuubquii
186.
ânuiniuiubauia == uniuutuhbaïup,
190.
Shiuniuilipu = Sbutauiupu^ 186
U nBuip àuiùuMi^uip = U jupPuip
aiuùtu^iup 77.
lî^^ ::== stèle, ar. J-^, 11, 10,
ifUi^Ufl, 13.
iJ^ïi r= lîj'i = un, 58, 155,.
172, 173.
âjtpiui-pb = lî/iOofit, 70.
U puiuinLoblip, 79. V . ^OLU.
%tu, 31.
11'lgbp, lijil ]»ui^bpbu[i, 168.
â^uiptfphl^l =r géor. 6b5coo
■^)ro(l;)ç^->o = épaule longue
= Longuemain, 28.
W]u/,pui(, (1199-1212), 34.
- (1231), .56.
buipubnujnu obnbpçnhf
75.
203.
fi'npnunlg^ 196.
/"uiL^feL^, 57.
, ^uiin Oni/ujîiîitu/i, 102.
H,ui<Çniîui /ïL npip
WL.iiUibiuqb^ 167.
^jiLiuuimnu, 2o.
74.
— npnb /*nLUiip, loO.
_ _ SnLu/,, 79.
ITjufPujp/i^, 56.
riuuXuiLbap^ II.
géor. chef des secrétaires, 83-
[226]
■268
REVUE DE l'orient CHRÉTIEN,
ir^hgt = ^Zht^ 186.
J^inun ÇbuuiL.nn
â2tn{n)'Lph-
uuiLnn^ 15.
Wnijn^^, 165.
iJni^ = lat. modius = bois-
seaux, 23.
^nqiu'b = ar. pers. jj^J^.^ =
place publiq\ie, 10.
irn,[uku, tf,iL^, 22.
Jnppt^^ = bête à abattre, 23.
JoL^u^p = ar. v_^,.~x:sr' = Con-
trôleur, inspecteur des mar-
chés, 20.
l/nLini-p, 176.
U nLUiuBi, hnaïuin ^phl"phi
115.
U nt-nuiiinç^ 67.
j$ni.u = iî/ii-u^l86.
jJnLuuij^u^ = (n'est pas l'ar.
S'-rr***^ = négligent, mais
c'est le même mot que :)
lînL^u^p r=z ,_^..^^sr*, 24.
U nL.ui^u pui^iulrui, 20.5.
iînLpi^^/|fep = contrôleur"? 72.
lîuuj^np =r boucher, 23.
y}.tL, 40, 212.
ITr
iiîr, 4, 5.
, iinuiouflf,
155.
■Ouiunu, 222.
itunuinuiauf lUiijiuau, 16.
lujfiuipu =^ fiunuinu^ 87.
Oiiiiuu/iL, OuiiuJ^iuIi, 202.
luiliAuiup
i'"^5'"^^i 22.
luiuiomiuLi^ = lUit/i^tnujLç^ 18,
145.
uuinnL0/iLli L,iuauMnnL^ 154.
St"".. (?) ijf,/,^, 81.
Sï/'/î (<Çuiyimu^ifUip), 4, 11, 13,
14, 16, 18, 31, 68, 69, 74,
97, 98, 107, 181, 215,222.
ih'^i = ih^»^' ih%t^^ 92.
i^W^LM' 181.
lun'-uiuiu/îujn^ 98.
On^iuL, dn^lriu = OniKujuuçu,
^uiin PuiLO/i, 78.
îJn^JuiLtu (1231) = 5n./<;uiïiï,tu,
56.
On^utiii;u^ nnnh l"*iunl^nuli^ 197.
, On^uiîr/iu/i 11=: On^uju-
l/ç^u pui^uiuuii, 1j9.
Sn^uiUtru (1199-1212) = 3n./-
^JuiUt", 34.
kuinuLniunu liuLni,24.
pui^uiuuii, "Pip tnu-
muilinn^ l.j9.
- , nnnh L»n.uipfei/i, 19o.
8n^L^, 13.
DnJuiîr, nnnh UnninuiuubLh^ 101.
Onilut'H^Uf OnJiuli/iu/i = Onii-
^luHii^u-Uâaïuin = U unmm
'/•, 212.
Onijuiîii^u, Oniliuiliuli (à Ba-
gnaïr), 207.
[2271
INDEX ALPHABETIQUE.
26^
ifnuiuul^u ^ ttnJiuhhuh ^ Z'2..
* c
, ^fUtnt •^nn.nù
ui^^îin£,50.
Oni/uiLçu, Oni/uiu/iu/i, ^<u(/' dui-
luiuqji'Lli^ 93.
unijuiul^u, unuutbhuhf "P1P ^*""
UJiun/iLA, 93.
îlni/uililfçif -tr; Oni/^^iulflrçu, f^PiJP
Untinânll,, -22.
, npij/i ï/*/u/.puif.^, 102.
111 lu i/in nu, 21.
oniiuçiii iph^i 174.
_ îi/(«^p/'^, 187, 188.
îinL/^u,, IG, lu, 45, 69, 74, 153.
OnLUUiUifcup, DO.
finLubip muiLuiliiui = Onijui^in
./.., 180.
îJni-U^i/i iltiuLuiLuii =^ Oniiuçi/i
f, 181.
hiuiuiununtf = .X^^ -(- ""Q,
171.
Î..u<;.uu7«./;, 59, 94, 212, 214.
lianUiuniun , / .
hanuau puinuLiuiiinu^ 2o.
'blinpbi-f ubnpuDL. = utnnnnin ,
152.
Loni^, 50, 154.
Lqni/ui^, 3, 08, 09.
L^ni^feui^, 11, 13, 14, 15, 10,
18, 31, 40, 45, 65, 74, 88,
97, 98, 107, 145, 168, 171,
180, 215, 220, 222.
î„jn«g,, 87, 1.59.
lin^Sh, 204.
-î'/' (pi.), 40.
■(//.L /uuiPuLÎ,, 219.
îjtujn/î< = iiCTnn , 18/, 188.
ll^h^hintj =^ Lïr^fe^t^ng, 49.
u^uili ini-uni^ 13.
JinliiuLiub^ 40.
îi„îi= Ln^î,? 201.
UnnuinanmliL =^ Unpuiiyi^ii-p^^
n/iLn , loO.
(/nnp, I/O.
-Ln^ ^ endroit, 153, 171.
UnLtuinnu l'nna^ /2.
'ifnupiu^Hl.l f-np/.p, 09.
îujftf. = î^ni-tc, 185.
ïi^fer
190.
^lunuLiuLnp = portefaix, 23.
^Ui^JuilU^tU'^ nzir AUi^ÇuiU^lU^, 1.).
(/tU<Ç«««9 Cui^ll^Ui^ /', 83.
Oui<Juiu2ui<Ç r*, 83.
2ui^iuli2iu^ = pars. «U-^'-^ ^^
roi des rois, 8, 13, 1 1, 18,
145, 212.
^uj^Juiu^ = maire, 70.
Oiu^bn '^tbnuiLnu^ 201-
Jiunniuiubm ^ 110.
2Ui<Çnî'9'"^, 154.
C.u<;/,^, 21, 192.
(/ui<Ç/iîr£Ui<Ç H = (/ui<Çîi^ui<Ç t.^
71.
[2281
270
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
2iuÇi2ui^ = pers. ïUjjsU. =
roi des rois, 28, 35, 36, 38,
11, 12,57, 110.
diu^l^.""^ K, 28, 34, 40, 47, 53,
50, 61, 66, 181.214.
rnu^u^u,^ ^, SI, 87, 88.
— , uiuiuniuiuhui ^ 1(3.
(iiiiil^uin/ili llui^piu hni-iuU^ h I ■
(/uiLni_^, Lnh l'^ui^anbun^ 51.
III JU m n nu, "PIP Onu^uiuui^up ^
93.
2uin.uiLhn , '214.
(/uiniuiumii^ = itiunutthnui^^ 178.
inupiuinniu^f npnh Lkuippiuuip^
169, 170, 171.
^uipé = tremblement de terre,
75.
(/çpiuu = itppuia ? 79.
«/lïiiuÂ, 168.
2bUi_ t/., 10.
(7/ipm^, 19.
(/jipiul^nLuih = (ihpiuliuiLiuh^ 169,
170.
<î/^4, 31.
("Wiuïi^^, 166.
^^nppbj^ ^It = inpph^ kj^"^ -, 93.
(/iiL^uiL inkLliiua mhLIt'ii =: (/ni.-
2^^ m. m., 4, 5, 6, 16.
imi-^h^i uiliL'ïiiua uihLIt'b = (jni.-
fliuîi m. ui, 212.
^p^iuri. =: 2"Lp2utn. = chasuble,
58.
nt^bpuiéji'b = rançon de Tàme,
11.
nt^ji, 145.
nanmaniuL nabOnnuiu ran-
çon de l'âme, 109.
nnnpubun nnnpuuiu^ 128.
//^luuuili U^uiuttih, 40.
Ilnuiuiubbha Unuibuiubup^ 11.
npi^hf npf^ni^ 11, 40, l.)2, 157,
159, 165, 166, 214.
"("î"3 "^ "["l'-"3i 8, 40.
nnnnt. = nniiLni, 83, 86.
l/nUlULUI, 11.
nL, 40, 69, 72,83, 152, 181.
IlLniu =: OnLiiiij, 67, 87, 221.
riLol;! —= nLofei , 68.
nLptuLpl;g = octave, 220.
HLO nn iiinuia = ni«/ çn iuiliuo =
était encouragé, 72.
hlJuui = couvent, 33, 141, 145,
150, 151, 153, 154, 156, 158,
159, 160, 165, 168, 173, 174,
175,177, 178, 179, 183, 192,
193, 199,200, 201, 203,212,
213,220.
liLnuiiuliuiin, 201.
Il LU bu f ^uiip ^l^utpnutun^ 86.
«Luti/. = r^ni/ut./., 129.
lli-unLip. Y . i^uiuiuipu llt-unLtp,
ni.p = liLp^ 77, 102.
nLppuiP^utUp, nLnniuMiuunf — :
nLppuiMp, ULpaiuMuLn^ 16.
L2-291
INDEX ALPHABETIQUE.
m-nanai = nnn^tuil , 40.
//lPiuu l'uinhâuinbu^ lO-
^lunnulv^ 1 II).
^.t .:= ^t, ÎO.
Ui^^liuiîitj IÎl/jUi/ip, 167
i>n^uii/.ul,/./^, 101.
"/ ^= cliarfre? 72.
*7u«i<iini.nLÎifi = f/uiOuiLni-ïi/i, 13.
ujuj/uui ^ pers. w^sr, sort, 20.
ji^ui^fj^ = ar. ,lio, bœuf, race
bovine, 23.
uiiuLiuuaaiuuç = uiiuLuiUDanL-
gu.lk, 212.
uiiu^iulIup =: iuiu^uit.np = luiu-
u^uj-^t^ = jardin potager, 93.
u^Mi-Çt'L ^^ jardin potager, 10,
1S:5.
210.
'/iuOuii.nLu/i qiîn , 212.
^Ï^Uftîi^, 10.
«jiiiujj^u/i — v= luiuuikhh 211.
"/luui^^, ^"i^p ^k^b, 67.
"liuiuptuU *tjiiluniunnU^ /O.
Jijuiuiiiiniup = uiiiiinujniiin, /«S,
uiiumuinn
70.
tL
"i
luiniunui
r'1
il.
271
uiiumàui/Liu-
ujuiinÛufn.uiuuiL
UlULD, l.j.
u^uiinp^^ =3 patrice, 31, 56,
212.
u^ium^nîr = fr. patron, maître,
21, 48, 49, 68, 76, 87, 88,
89, 138, 174, 180, 214.
luiuuinnLçn uyuitnni-Çn, 28.
u^jup^uu^ = muraille, ;i5.
*9ui^nî,, 127.
muipnl =: fr. baron, 24, r)6,
66, 67, 71,83,87.
uiuinnu uiuinnuni.^/i ^:= la
baronne, 66, 87.
miupnlt =. maître, seigneur,
71, 15."), 181.
ufui^inu =^ sieur, 72.
u^uipnî/ntp^i.îf = baronnie, 71.
'liii/iu/iUn, "PIP ^uiuiuuui^ l.)4-
'ItULtinu, ^uiin 'lliinnnuli, 202.
— tftg, l<i2.
'liuLnnu/i OL 'lauinnun uiuilU,
11.5.
u^binnupinJi = dominatiott,
gouvernement, 42, 57.
'■ffeiniinu, nnn/i 'luiLnnuni, 202.
l^iupntj^linu^ 14, 15, 18,
115, 146.
'/tiiinnu/i te 'imLnnu/i tniuLU,
145.
'Ilmunhlia <J/ii.niiiinnL.u, 18t..
uinbnaiu =^ lunhnnuiuiui, 16.
'Inuinplt, 31 .
♦InpmiuLij, 212.
[2301
272
REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
u^iiiu^/i <Çniuiîujîi, 107.
'ImnLn ^p/»^, 87.
tnmn.nij_ = griffonneur, 181.
Omnuin^ 212.
^uitiiug-uthlt^ 28, 21 1.
^luijiiio^î/A 74.
r*::-'! —
^^■O
n-uiliu ^= n^uiihu = ar.
chef, 1.54.
^^'"iM icti.^ 1.5.5.
fLIUJ^U, 157.
Ihium, <Çiu^p //t^np^, 156.
(/
Uiui^n'U^ 153.
72.
Uui^iul^piu^iu'iiuii 109.
^- ^ 29.
Ihw^jiuj^ 9'^Liijîj, (38, 87.
IJn,^Su„l, 68.
//u.<îJ/,, 130.
lliuSnis^i^ ^itiin llninnuh 42.
«iiui, 214.
Uu,lu.^u.^ (?), ^/.li Wlul,pu,pl,^
7)1.
Utun.na thnnna (liîii.ni), 170.
Uiuuuiu, i^pnh r'uiLn.uiu nnjuuilili ^
165, 181, 183.
r'iuLn.iua\t^ 181.
uuitnufî/^ 87.
uiuinujfiuii, 212.
uiupiuL.nj^p = terrasse, 172.
uutpuiLniPnil uiiilIi^ 98.
Uuiiit^liu (à Ani), 116.
- (à Bagnaïr), 193.
- (1316), 84.
C, utnpbiuhuLnujnu uh-
f,u,liu.j^ (1209-1211),
152, 154, 157.
/•., lunpbuinuUniunu (fli—
^..lii^u,^, (1245-1276).
75, 180, 181.
L».f unuuintuiniunnLL
28, 42.
- R, ^«"^îî'^ui^;, 41, 57.
- , fcfc? r)6, 71.
, LiuMniiliLnu^ 8, 9.
rphann U nnnumnnuhf
215.
— (tVtf» — ), ^'"if ^'4^/»
7.f./„jnf/,, 220.
, pUi^Uf IfUII. 40.
, nnnh Llninutuiuauii^ 2iî.
A^np^uj^, 36, 42,
43, 44.
l^iu^ninh^ 175.
^"^"i» ^■*-
_ _ UuiSnL^kib, ^2.
lunpiuniAi^ /(l.
[2311
INDEX ALPHABETIQUE.
273
106.
jiuniuniun ^
97,
Uhùki-nu Juinniuiubin -^ Uli—
Skn{t,i[.^ i:)l, 152, 157, 158,
165, 172.
Uj^âkHl, 2-21.
- .ffi/.^, 47, 177, 178, 179.
uj^mn.nr^(^z^ tj^jili^^ 181.
i^iu^fjiuu^/iin, 162, 166,
167, 168, 173.
ISD.
W/iJt'-oïi = W/.Jtn./î', 1U5.
Il[iii (nom de personne), 157.
j/nuiïuii), LhU /"ii/itnuofi^ 172.
IJ liuijiunii 159.
/;/,l4p, s.
uy,, Kil, 181, 185.
uLiinuiui^ = umimulrç, 69.
uiJdii, 211.
/Mpiiin /î, 212.
— '/•, 14, 15, 18.
(/(luminiuLnfeup, 40.
Uuiuium = Uùuium r", 2, 8.
_ _ V-, 8, 13, 14.
UnnnUnUf ^tuin îinUiuUulçun, 22.
(/lunnu/iitiu, 31.
Unulabui^u iliunniuiiiain ^ 212,
.213.
UnuMl^ut^u nui'^iuUuiif "Plh ''h~
nnniui ol .
uni/, 168.
uniLKTuiunLU ^= unLuiuiunLU, 82.
UliubnU bnba = Uhât^nilL t. UnLjiiuiïi == l'kl unLiPuii^ ''*t(
19U. unLiiniuIi, ol.
t^iu^/^uiu^fetn , 169, 171 . I //nLifeiî, 40.
- ?>7iftîi5, 88.
U(U<)IUUIII|A .59.
iiiiuiniulicruiu, 8>).
'/uinnu/i/j, nn#i/i Unnnânih 31-
(/uj^j^uiLiii^ (à Bagnaïr), 194.
• , li Ul II niU (Il GTUI ? /8.
U auiu uLanban z=z Un. 'itinnim,
213.
l/feiiui, iiiiLiiinn l'nlinnn 'liii'^-
iiui.nL.un Ii2liiui'ïili^ 16.
Ubtiuif nnLumn 'liunu/uîn/i ? 1 .5 1 .
'l.lUUIIl/l '/ UlO 111-
i_ii lL/i /'^/u ««îi/i ,
111.
iifcLtm^ irr chapelle, 16.
//tîr/i^tp/iJ = //feLfe^fep/iJ, /Ju,-
auiLnn l.nÂnni-îrfeiiin^ 213.
UbpllbLif;^ 212.
Wtnniî, "P'ï/' ll'uimlili^ 156.
(i[ii_tri cru, 87.
llbi-gpblg^ 167.
//çi^iu = Uanut, nnniuin i'nhnnn
'Itu^luiLnLUli hnjuuiiih o.
Ui^pn^ = Ubpna^ 156.
i/nuiti/miuunu, 16.
"M^L ~ '^^- sigillum -- acte,
181.
[232]
OKIEXT CHRETIEN.
18
274
REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
iinLp = Lnuinniua^ Ibb.
_ Kn.a.^t.uf^, 10, 93, 98, 108.
_ ÏÛ«,Â/.Î. (llîiLn^), -ii, 50, 58,
()5, 80, UT, 118,119, 121,
123.
- [UmÀ/,î; l-H^iu^pli, 1 15, 151,
152, i53, 154, 157,
158,159, 161,165,
169, 172, 173, 176,
177,178,180,181,
182, 183, 185, 186,
190,191,192,195,
202, 203.
//p. ÏÛtiiÀ/iïi (invocation), 131.
(lÀuiiJiuip /'ijîim^p^, 179.
'/'n/ionn ( l.u^ni-ipuJplîîi^), 1 ,
5, 11. 97, 161.
— '^'r/"ï"r ( ^»c^"L luiiiSnj^ 88.
_ — feifti^/', 110.
147.
. /,ni.umi-nn/i<, 28,21'^,
214.
L,ni-uuiLnnh< bLanhanf
39, 40.
_ — (moL/.—), 79, 110.
- l'nh'tnp"}. H^'"Ri ^0, 112.
IJiuaiuLnn Unuintuhnnh^ 2o.
/,ni-UUiLnn/i^, 1,5.
_ y.uip -F/. C^, 1-^0.
t^feiiiuïr^u, uti^iuL/iu/i =
3n./^iXiLLt", 10 i.
— ■ Onuiiiïiçu, Oniiuiîinun =
3n./S*u.UiLu, 103.
Oniliuliul^u =-- Unu^uiuhçu ^
102.
- Y/^uiî», 79, 114, 181, 188,
205, 220.
'l/ïinnnu, uLunanli U lun-
Jui^tîi/», 213.
- Wuipij/iu, 41, 106.
Uiunnun miULU^ l80, 216.
- W/inL, 165.
Uuiatniulihnu^ 16.
U inbiniuhnu ^ 93.
• ^ Lliunanli U lun-
J..,2tî'/',214.
221.
_ '/'pi,/.., 13, 14, 15, 17, 18,
21.31,89.
- «/'p/^^m = //. '/'ci/^7, 18.
7'p/iuinnu/inp, 16.
Unilifiiu, Ljih 't.iu<JpiiiU uiuiuniu-
u,tm/i, 210.
uuiuiPiun LniuLnmiuin =. uuiiu—
liiun Liuhnliniuin = gT.
7-3cf)ap:-/.avBf.$aT:ç = écuyer,
23.
i/tiiuitifi/iiiip, 9^.
uu^ifiuiiuli) = aspre, 93, 182.
M uiti/iuiulrnu tliupntuuikin , 145.
uinnpuiLl^in (,), .j 1 , 3.', "-1 1.
unuiuiuhkiui = uppiiiulita/i , 82.
[233]
INDEX ALPHABÉTIQUE.
275
H^iujuniunhu i 'liuujpiuh) ^ iO.
£Uii.ni.îi/., 10, 11, 11,
111, 179, 210, 212.
, uiiuuinnli (.«liLni 18.
luunniu, 16.
luiuuinnL, 34.
, ^l^iu^npuuii, bnpiuin
, 4.111 «ÇnUui ^= */,iun^uiu,
167.
H^tunuin^ 31.
JmiiiurLiuLiuU ^ 18').
iliuùiun. n Jiiinnau^ 7.J.
(Jiiiâiiin./iu^ (57.
i^uiïi^n/ip — — i/mL/înfip iz= i/u«îfiu-
/^«uL^, 182.
H^uiuiuLf PuiniuLnn UhL.ltliuia^ 8.
, n^/uuiuaiii /irt/uuiîr "liu^-
ItULtlLith 11, 111,
212.
^.luuji^^ 1 15.
, n^#^/i *?•/»/» Jfn^/i, 89.
V^u/uujnLfiiiiLuiu, 210.
»l.iii^ij, 21.
— , <Çui^p hiu^y^buf,^ 168.
'I.iii^/^iuÎj, niifi/i //i.iytAA 86.
U^iupr^iu^ut^ L»2jiuibbaji^ 200.
i^iu^/jmu^fcjn =2 vardapet, archi-
mandrite, 1,26,94, 110, 151,
174, 182, 185, 186.
^i,iunnuin.ni}i, 158.
H,uipnuiijutn.^ 89.
H^uipij^uiLuiji = 'ï.iunnuii/iijfL, 9.
H^uipr^builig, %tunnbtu'bn^ 202.
'i..
'Cï
tî„
Y^, 158.
%utpi^b'L(^iu^g "l/nfig, 154.
H^uipr^bil^Uin. = ^.uifti^uiij^iun.^ 1 1.
*M"f"jfc'/'"C = 'l.ui^/juii^iun., 118.
*f.fu^i^tLnp = ^t.iupi^iu^u»n.^ 220.
*/.iii^f^i^ uibbhli^ 185.
**."'{'7t'/'"f = "^uifJijmi^iu/i., 99.
iluinouiilbiui (?j, 37.
U,iup^uiâ = ^l,ui^fiuiâ^ '/.ui*Ç^/îiti,
167.
■ = '/.Ui<Çnuiiî luOiu-
/i./., 89.
rftjitj^nn U uiabumnn-
uji^ 177.
— /"^/"'"^ *-*'-' h^hui'biutl
li2Juiu'ii = '/,iii<Çnuiiî
/../.., 179,214, 215.
muMinpIib^ nnnli
'l*npp hnbnnn IJ tu-
anuuinnub^ .j6.
ilbniuiinbuii , /2.
i^fe^iii»j^tnnr|_=évèque, 15 1,180.
i^tpui^ij^innij i^ ilbnuinbmnii ,
160.
./£ptî,?66.
•/.fcp/i i/uiL^ {U'iupâiu^hlli)^ 214.
'/.t/mL, 212.
•276
REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
%^, 8, 15, 21, 213.
'/./"H, 23.
i^n^ z=z n^, 68.
^Inuia uiojuiun^^ 24-
'^{""3/», 87.
S = :r, 178, 179, 180.
Suii^Pliiu mlililil^ 1.59.
miunùiuah = niuuniu^pp =
t. -a^UJs OU ^s^U^' =:
douanier, 68, 71.
inuiûuin, 1.), 1/2.
Siu^i^ 87.
miuSniu, iniuiîn/i = OCtl'Oi ; CGSt
le mot t. Ijusi» ou 'jwo = tim-
bre, droit de douane. V. aussi
niunuut^ 69.
inuilinLuil^ft =z échevin, 23.
muiuni.in(çjnni_Mr/ii-ti, 23.
inmn/i, iniunnO^ 1 10.
uiiunh, iniupni 214.
OiuniiLo^ 213.
Ouii/i/jfc/jn minfi, 191.
Si^L/,u, 181.
otntiii^n/i = ocrncrntnri, /5.
intn/i, uitnni, 106, 167, 180.
inanfi ^uiliauinkiiih 'lui<j»iiiLnt-
Uui^, 212.
uitnnLHfiLÏr • uiçnnLmhL.u^ 21,
11, 47, 53, 75.
uiJLp =: dom, 9, 15, 18, 24, 26,
40, 45,49,75, 107,145,146,
1.52, 1.54, 157, 160, 174,180,
181,214, 215, 220.
uii^^nL^^iLÎ/, 36, 166.
5/.^puiî, (^nîifeî,^), 39, 40, 53,
78, 83.
, uiunauiiult Z^iuina^ 210
SfiupuiUlg^ 177.
inhbnliniuLiui . 15, 40.
innbaaniuutuu nt-juin U iunaiU2çlili^
212, 213.
«n/ij^^ï, = la dame, 31, 50, 108,
159, 173, 185.
S[,lil,l, Sl^lfbn^^ (n. p.), 100.
_ , S^l^ln^ (n. p.), lith
^nL^Çuim, 58.
, Lh'b ]"m^innLnh? 176.
tn[Ailiu = mlilfln^^ 50, 173, 185.
mj^l^iur^ "'/''//'^, 1, 5, 144.
x^hniuùiitin ^ 1.59.
o/ifimlrij, /|/ïu 'liuLnnu piu^iuuiuin^
162.
mlinba = innnauia^ 40.
mîi^hn z= inni-up, innLUu, 40,.
166, 168, 195, 212.
inuai
'U
inh^bn^ni^n^ lo.
tnu^tn.i_ni~ u, 18.
«nnLÇi ^= mni-fci =
71.
uinLlf 4,iiiinii, 212.
_ 5fcuin.ï., 22.
uinL<ni.p^îiç = uinLsnLWtLç, 45.
inuujn innLUip, /2, 116, lo8,
221.
inutïuii — • uinLaïui , 183.
m./t£_ == uinLtaiL. 10, 69, 181-
[2351
INDEX ALPHABETIQUE.
277
uiuji = inuLp^ cuinL^ 93, 118,
181.
ptî't"/., 31.
uiLUi r uint-h ? O'J.
iiiLuip inriLuin^ 190.
5
aiuuuipa^nu^ 40.
4^7Ui|r?2Ui<Ç = t. 5Ll.51j ^ roi,
monarque, 24, 69, 72.
V^mjunuinhUf Sillet p^ 75.
VuiuAuihÙDA = ^rutn-iuliq^ Vui-
n.u,UU^ 167.
*^iultini.li (Hi-tf,), 28.
Viun.iu'ba^ 167.
ipiun-np := iniun-iuLOf Jiiun.op^ 3.
Vuimini-îi, PuiniULnn^ 26.
i^tfjuipuj^ ^ perS. i-vôJ^J =
prophète, 87.
inçuui i/i0uuii, 71.
j^Iff^ni-i^ ^ ar. ^-5^ = fon-
dique, entrepôt, 40, 145.
i/in/uuintL =r i/in/uuin^L, 70, 169,
170, 171.
t/innnap liuLni 65, /5, 150,
153, 170, 185.
i^nijng^mtp = impassB? 153,
167.
f-
pui^ujLuij =r t^tg = prêtre, 11,
13, 16, 18, 31, 40, 109, 159,
205, 214.
f^iu^iuUlg tiftijfeg/,, 199.
guiij^ng (mois), 82.
'Viun.iuuuna inoli, 180.
puin-UMundi = mCSSe, 9.
giun.uiunJtg = messe, 11, 13
(/u), 14 (fTnJ.^), 212.
piuuiuhnu = ? O / .
'f^uin^qtiî, 166.
'Pmn/iUmnnlf, 68.
— (/'l^'"Î'), ^0.
(•/îti) Wn..^.juiî,, 31.
•finp/.p ('ï/nLp.u^.j/.îi), 69.
f-n^p/i/f, f-n^f^uiL (n. p.), 202.
'Pnnuiniuiiinn, LS.
uiunniuuikin ^ 1/4.
"PnnumnuinnLp^ 67.
1236!
II. INDEX FRANÇAIS
Abas, 15r.
— 5 fils de Gaguik I, S.
Abel. 109.
Abiçoghom vardapet, 1.
Ablkharib ^^ Aplgharip marzpan.
212.
Abraham, 26.
— de Gandzak, 41.
— de Lori, père de Khatchérès.
152.
— (Père—), 175, 176, 178, 180, 181,
183, 185.
Acliak = Archak? 158.
Achnak, 15, 162, 181, 200.
Achot iif, 212.
— IV, 8, 145, 146.
— , prince des princes, 7, 144.
Achotontz vigne, 157.
Achtarak, 212.
Açourastan, 202.
Adam, 9.
agapes (faire des — ), IG6.
agha = joijiu = sieur, 24.
Aghbougha I, 66,67,74.
— II, 81.
Aghvor, 108.
Agrak, 192.
Ai-khatoun, 169.
Akliourian = Arpa-tcliaï, 27.
akhsrihamar =? 24.
Akin, 203.
Aie.x, négociant, 185.
Amir Mahmoud, 31.
amir spaçalar = généralissime, 28, 33,
35, 36. 38, 40. 41, 42, 47, 66, 71, 83.
anathème, 13, 87, 98, 1.53, 168, 174,
10.
Andzévatziq, 210.
angarie = luLtiiunlinL, 23.
Ani, la ville, 14, 15, 20, 23, 24. 40, 49,
66, 67, \m, 69, 72, 71, 81,
87, 107, 154, 160, 180, 212.
Ani, le village turc, 59, 94.
Anton, 80.
A{)irat, père de l'archevêque Sarguis I,
152, 157, 169.
Apkhazes, 213.
Aplgharip, marzpan, 13, 14, 15, 16, 17.
Apoughamr I, père de Grigor Pah-
lavide, 14, 16.
— II, fils de Vahram, 10, 11.
— IV, père de Grigor Magister
le Jeune, 215.
— V, fils de Grigor Magister le
Jeune, 49, 159, 166, 177, 179,
214, 217, 218.
Apoughamriens (famille des — ), 3, IGL
Aqsout, 70.
Araguetch, 212.
Araqel (Père -?), 171.
— , père de Ilohannès, 198.
Araqial vardapet, 26.
Araxe, 193.
archevêque, 40, 214.
archonte, 70, 112.
Ardjo-aritch, 88.
Aritchq, 192.
Ariutz, 54, 199.
Arménie, 8, 210, 212, 213.
— (la Grande -), 212.
Arménien, 87.
Arméniens, 8, 9, 15, 212, V13.
Aron magistère, 20.
Arous-khatoun, 76.
Aioutch, 31, 40.
Aroutz =:= Ariutz, 104.
Arpa-tcliaï = Akhourian, 27.
Arqaïoutliioun, 152.
[237]
INDEX ALPHABETIQUE.
279
Artachir, 157.
Artavaz, 23.
Asmaiié, 212.
aspre = uu^^iuiiu/f, 93, 182.
Astouatzatour, père de Khatclieghbaïr,
172.
atabek = uipuipiu/^, 53, 57, 64, 71, 83,
87, 89, 214.
auguste majesté, 20.
autocrate, 20, 23.
Avag (dom — ?■, I(i7.
— (la dame — ), 173.
— , fils de Zacharia II, 28. 53.
Avag-khatoun, épouse deChapadin. 93.
Avétis, 201.
— Tchetchkantz, 167.
Azata, 212, 214.
Aziz, mère de Grigor, 147.
— (la dame — ). 108.
Bagaran, 212.
Bagnaïr, 144, 145, 150, 158, 165, 176,
178, 181, 183, 190, 204.
Bagran, 70, 191.
Bagrat, fils de Zaropaï, 112.
— de Vkhek, 23.
Bakhtiar, 191.
Baron (n. p.), 127.
baron — uiiupnîi, 21, 56, 66, 67, 74, 83.
87.
baronne = uitupn'ii (pour u^iu^nTi.
ni.<;/i), 06, 87.
baronnie = uiiunnîinLW/iLλ, 71.
Barsegh catholicos, 26, 31.
Baulé, 72.
Bécliqénakap, 40.
Békhentz, couvent, 25. 31, 10, 88, 92,
113.
Benjamin, écrivain, 8, 9.
Benjamin, 8, 9.
Berger (église du — ), 114.
besant = ,juisfc/juil., 22, 23, 186, 222.
bête à abattre = Snppb^p, 23.
Bibil, 71.
boisseau = Sntf. = modius, 23.
bonnetiers (marché dos — ), 93.
botte z=. ntunnf 181.
Boubarèq Ghagh, écrivain, 90, 91.
boucher ■.:= Suuianno, 23.
— = ijui/i^/i, 24.
Boughta, prince des princes, 66.
bouth ('), 214.
brocante := i7uj2{ujn.|iij, 6<.
bulle d'or, 20.
Caïn, 40, 45, 69, 74, 87, 15:3.
califat, 31.
canton. 49.
Carnout, 10.
catapan, 23.
Cathédrale d'Ani, 2, 8, 9, 12, 20, 'Si, 32,
39, 58, 76, 78, 86, 99, KX», 136,
137.
— de Marmachên, 214, 215, 2-'2.
— de Qiz-qalé, 28.
catholicos, 14, 15, 18, 31.
cavalier = ^bhbiui^, 24.
Chaher Kirakos, 204.
— vardapet, 110.
Chaliik, 21, 192.
chahncliah, 8, 13, 14, 15, 18, 28, 35, 36,
38. 41, 42, .57, 145, 146, 154,
212.
— d'Arménie et do Géorgie, 15.
Chahnchah 1, 28, 31, 40, 47, 53, .5»'.,
64,66. 71, 181,214.
— II, 81, 83, 87, 88.
— , généralissime, 46.
Ciiamchadin Sahip-L»ivan, 87.
("hanouch, épouse do Khatchérôs, 51.
Chapadin, fils de llovhannès, 93.
chapelle à coupole (à Ani), 92, 113.
Charapchah, fils d'Apirat, 169, 170,
171, 178.
Chendjanik. 166.
Chénice = ^uiuf|iZ{, 23, 31.
Chirak, 49.
Chirakavan, 169, 170.
Chiraz? 79.
Chlik, 31.
Chouchan = Chouchik. 4, 5, 6, 16.
Chouchik = Chouchan, 212.
Christaphor, 18.
[238]
280
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
— (Père — ), 174.
Christostour, 67.
commerce, 75.
concession = l^uiuitui, niuuiiui, 24,
222.
Conciles (Saints —), 168, 174, 180.
condamné, 9, 18, 109.
confrérie — fer^pujjnjii_p/ii_T», 160.
conquérant, 15, 40.
Constant Hormiantz, 159.
Constantin Diicas, 23.
Constantinoj3le, 13.
consul, 23.
contrôleur = «înt^u^ip, iîfiLi/iuj|uj|, 20.
24.
— V = lîiiL^t^^fep, 72.
COlxlier = luinuinuin, 97.
corvée = //"«-, lu'îii^uinlint, 23.
couvent = nujum, 33, 141, 145, 151,
l.j4, 160, 165, 168, 173, 174, 177,
178, 179, 183, 192, 199, 200,
201, 203, 212, 213, 220.
couvent de Bagnaïr, 150, 165, 183, 192.
— de Marmachèn, 212, 220
— universel de Marmachôn, 212,
213.
curé = lULiun feiitn, 31. 106.
dame = m/i/^/iî/, 31, 50, 108, 159, 173,
185.
— = juiuPniïi, 52.
— des dames, 4, 5, 144, 212.
Dapta-khatoun, 70.
David (?) l'écrivain, 186.
— , père de Rubèn, 78.
denier = r^iuTi^, 33, 40, 70, 203.
Deval, père de Mkhithar, 150.
Dinarik, 152.
Djrdzorik, 183.
dom, 9, 15, 18, 24, 26, 40, 45. 49, 75,
107, 145, 146, 152, IM, 157, 159,
160, 174, 180, 181, 214, 215, 220.
douane? = ui, 72.
douanier = puMépuip, 88.
— = niunduii/i OU niunSut'Sti, 67,
68, 72, 74.
drachme, 5, 23.
Ducas (Constantin — ), 23.
Dzithagui, 110.
Dzordour = Porte de la vallée, 150.
E
Ebrianos, 185.
échevin := ututinLml^n, 23.
écritures gravées à Vaide d'un couteau,
25, 77, 84, 86, 92, 113.
écrivains (d'inscriptions), 9, 13, 16, 47,
69, 70, 81, 87, 90, 91, 109,
155, 160, 173, 174, 177, 178,
179. 180,181, 183. 186.
écuyer =^ uiuuipuin /iiuîi/i/iifiuiin, 23.
édit, 13.
Eghbaïrik, 53.
Egliber, prêtre, 221, 222.
église de la Colonne = Saint-Pierre,
213.
— géorgienne, 48.
Elisabeth, 111.
émir =: uiShn, 93.
empereur, 13, 23.
Éordi? 71.
Érémia (Père —), 212.
Érérouq, 28.
Érivan, 10, 156.
esclavage, 168.
évêclié d'Ani, 24, 180.
évêque, 24, 160.
excommunié = '/P"'-i_' ^"'
Eznka, 212.
lamine, 168.
1er = massacre, 168.
fondique = i^iTii^ni-ff, 40. 145.
forfait = niuuiuii, 222.
frère lai :=: lu^/uiun^"'^'"^ lupfeijuij,
16u.
G
(laghta, 144.
Gaguik I, 8, 14, 15, 18, 212.
— 11, 145, 146.
[2391
INDEX ALPHABETIQUE.
281
Gaguik, roi d'Arménie = Khatchilv-
Gaguik, roi de Vaspourakan,
■213.
Gaguik, 216.
Gaïlaritch, 159.
Oamaghiel vardapet, 174.
Gandzak, 41, 45.
Garégouyn, prêtre, 180.
Garéguin, 117.
gdrik =? 72.
géhenne, 87.
Géorgie, 8, 15.
Géorgien, 87.
Géorgiens, 24, 213.
Gharip, fils d'Apoughamr V, 217.
Ghazar, père d'Alex, 185.
— — de Paughos, 102.
Glidzor, 40, 52, 197, 198.
Gntout, 157.
Godiq, 212.
Gogor, 56.
Goharik, 195.
Oorg de Nouât, 72.
— vardapet, 185.
Gorguik, 58, 173.
Gorokhonenq, 40.
gouvernante = niu^iiU (pour i^mj-
T
buili), 74
grand Sénéchérim = Sénéchérim, roi
des Artzrouniens, 213.
— Vaçak, 144.
— Zacharia = Zacharia II, 66,81.
89.
Grande Arménie, 212.
Grecs, 8, 13.
^riffonneur = écrivain, 181.
Grigor (1199-1:^12), 34.
— (à Bagnaïr), 206.
— Khoutsis, 74.
— Magistère, le Jeune, 166, 215.
— Tzaghik, 145.
— , agha ou baron, 24.
— , archevêque d'Ani, 45, 48, 49)
159, 160, 162, 214.
— (dom — ), fils de dom Sarguis,
202.
— (?) l'écrivain, 109.
— , écuj'er, 23.
— , fils d'Arous-khatoun, 76.
— . — d'Aziz. 147.
— , — de Vahram. 10.
— , mari de Tliaïk? 178.
— , père de Guichouk, 151.
— — de Loussot, 46.
_ _ de Vassil, 89.
— - de X. (1280?), 76.
— . prince Pahlavide, 3, 4, 14. 15,
16,212.
— , prêtre, 13.
— — , père du curé Sarguis,
166.
Guècli, fils de Papik, 67.
Guéorg, 103.
— , fils de X, 99.
— , curé d'Aroutch, 31.
— , écrivain, 13, 16.
— , père de Sarguis, :>6, 44.
Guozan?55.
Guichouk, fils de Grigor, 151.
H
Haïrapet, 27.
Haïsmik, 202.
Ilakob, 222.
llamamon? 154.
llamel, fils du chct' Mkhithar, 2(t3.
— , père — — —
Hamzé, fils de Grigor Pahlavide, 16,
212.
Ilarkévor, 202.
Hassan l'émir, 93.
— . fils de Charapchah? 169.
— , — du chef Mkhithar, 203.
— , père de Parsimo, 154.
Hatétzonq, 40.
Ilatorhnik, 198.
Hazardegh, 201.
llindoutchakh, 72.
llogui, père de Sarguis, 70.
Hohan, père de David, 78.
Ilohannès, fils d'Araqel, 198.
— — de Thadéos, 197.
Honentz, 40.
honoré de Dieu, 8, 14, 28, 31, 152, 157,
159.
Hormiantz Constant, 159.
Horom (la dame — ), 50.
hospice = '^jn.piumniii, 182.
hôtellerie, 15, 17, 78.
[240]
282
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Ilounapenq, 65.
Houssop, postier, 180, 181.
Ilovanès, 207.
Hovhan, fils de Tchortvanik, 101.
Ilovhannès =: Hovhannès-Sembat =
Sembat III, 212.
Hovhannès, 22.
— (1199-1212). 34.
— (1231), 56.
— (baron — ), 24.
— , évoque d'Ani, 24.
— , fils de Chapadin. 93.
— — Mkhithar, 102.
— , père de Cliapadin, 93.
— — Horom, 50.
— , prêtre, fils de Constant, 159.
llovsep l'écrivain, 174.
Hovtiiethvanq, 93.
llranouch, 152.
hypothèque, 153, 221.
lagadj, 28.
Igadzor, 41, 57.
il-khan, 6S, 69,72, 73, 75, 81.
illuminateur des Arméniens, 212.
impasse = i^ni^n^i^uitp ? 153, 167.
impératrice, 20.
impies =: luTiontSp, 94, 214.
impôt ■=: (1) ^uipli, (2) puté, 24. 66,
m, 69, 81.
inique ^ iuTi^^iul, 72.
inspecteur des marcliés. V^. contrôleur,
Israël l'écrivain, 40, 68. 183.
Ivanél, 29,53,57,87, 214.
— II, 81, 89.
Josué (?) l'écrivain, 81.
Judas, 16, 40, 45, 67, 69, 74, 87, 157.
221.
juge, 72, 73.
K
Kaghghouq, 40, 177, 179.
Karbi, 212.
Karmir-marg, 33.
Karmir-vanq, 27,33,70, 141, 142.
Kars, 40, 58.
Kata, 159.
— (à Bagnaïr), 2ti3:
— , épouse d'Apousahl-llamazasp,.
roi des Artzrouniens, 213.
Katliogh (terre de — ), 40.
Katranidè, 8.
Kattnotz, 39.
Kavthel, 169.
Kazer, fils de Mévon, 59.
(Key) Sultan, 31.
Khamrtol, 186.
Kharip le magistère, fils d'Apou-
ghamr V, 214,
Khatch, 169.
Khatchatour, 98.
— Doulous, 181.
Khatcheghbaïr, fils d'Astouatzatour,.
172.
Khatchérès (1215), 159.
— , fils d'Abraham, 152, 153.
— — de Vard, 168.
— de Lori, mari de Chanoucli, 51,.
52.
Khatchik, 31.
Khatchikhor, 70.
Kiiatchorkan, 40.
Khatchot, père de Sarguis, 161, 175.
Kiiatchov (dépôt — ), 93.
Khatchtour, 176.
khatoun, 52, 70, 76, 219.
Khatoun, épouse du prince Khavras,,
165.
Khavras (prince — ), 165.
— le Jeune, petit-fils du prince
Khavras, 183.
Khavraz le Grand s= le prince Kha-
vras, 181.
— le Jeune = petit-fils du prince
Khavras, 181.
Khorèn, 158.
[Khorichah], 87.
Khoths (les — ), 57.
Khotzadégh (1215), 159.
— , mère d'Alex?, 185.
— (une autre), 185.
Khouand'zé, 83, 87.
Khouchouch, épouse du prêtre Tiri-
date, 31.
Kiiourth, épouse de Parsimo? 154.
241]
INDEX ALPHABETIQUE.
283
[Kli]outhlou (?), 165.
Kirakos vardapet, 94.
Koch, 40.
Koghb, 203.
Koster de Tzmak, 182.
Kourt, 23.
Kou("?)ratz. 31.
Kuriké, 169.
kvarlinvane =:? 101.
I.apaatak, 23.
lieu (le repos des Paidavides, 212.
Lip (baron — ), 87.
litre = ^uip, 20.
Loragouyn, 11.
Lori. 52, l.ô2.
Loussot, 114.
— fils de Grigor, 46.
Loustzrotz, 28.
M
M. U., 124.
inagistfr, 20, 23, 166, 214.
Maguislros = Grigor Magister le
Jeune, 177, 179, 218.
Mahmoud (Amir), 31.
maire = ntu^uiut, 70.
maison à terrasse, 98.
— d'Arménie (la — ), 212.
— du Seigneur, 22.
maître = ii|uiinpnTi, '^^- -i^, ^<). 68, 76,
87, 89, 138, 174, 180. 214.
maître = uiwpni, 74, 155.
majestueux règne, 8, 1.5.
malédiction, 18.
Mam-khatoun, 52, 153.
Maniouz, 170.
Mamqan, épouse de Grigor Magistor
le Jeune, 179.
— , fille de Pharantz? 167.
Manassé l'écrivain, 09, 173.
mandatortha-khoutsès = chef des
adjudants, 35, 36, 38, 40, 41,
42, 47, 214.
mandatortha-oukhoutsès = chef des
adjudants, 28.
Mangtavag, 186.
3Ianguik,Mankik (prêtre—), 180.
Manoutché, 31.
marchand de vin = nhLkLnp, 23.
Maréchaux ferrants, quartier à .\ni,
171.
Margaré, écrivain? 1(30.
mariage (permission de — ), 107.
Mariam, reine des Apkhazes ot de>i
Arméniens. 213.
— , épouse de Garégouyn, 180.
Mark os, 83.
Marmachèn, 212, 213.
Marmet, 1.52, 193, 214.
Marti ros, 96.
martyr, 94, 212, 214.
marzpan, 13, 14, 15, 16, 21ii, 212.
Matathé, 211.
Mathé, 83.
maudire, 3, U, 13, 14, 15. 16, 18,40,
45, 49, 50, 65, 08, 69, 87, 97,
107, 145, IW, 159, 215, 220, 222.
mazorln =? 59.
Mazot, 40.
Mchakounenq, 40.
méchants = >wpgt ~^-
Méhrévan, 181.
Melqer, épouse de Khatchérés, 168.
mercier = uiuinlt2S[ui]annh, 72.
Mère de Lumière. 28, 166, 167, 168,
214.
métropole d'Ani. 14, 23, 21, 160, IHI.
Mévon, père de Kazer, .59.
Michel, 159.
— , empereur d'Orient, 13.
Miqès, 31.
Missalouqs (les — ), 79.
mitoyen = ^Sîiutl^^itj? 167.
mkhai-grtzel = longucmain, 28.
Mkhithar (119;j-1212), 34.
— (1231), 56.
— , consul, 23.
— , évèque, 75.
— , fils de Deval, 150.
— , — de Grigor Khoutsis, 74.
— , — Zous, 79.
— , père de Hassan, 203.
— , — Hovhannès, 102.
— , — Vahram, 16^.
— Thorossentz, 196.
242]
284
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
— des Khoths, 57.
— , le sonneur, 77.
JVIkhitharitch, 56.
— l'écrivain, 10.
— de Gandzak, 41.
îïiodius = lînij = iioisseau, 23.
Mogouyq, 165.
moine = utabnuii, 160.
Mongol, 87.
mosquée, 60, lâi.
Mouch, 186.
JMoughalté, 67.
Moukathl, 145.
Moulouq, 176.
Mousés, prêtre, 205.
Movsès. prêtre, 22.
Mrén, 40, 212.
Mrouan, 45.
— , congréganiste, 155.
mtziknavbarth-oukhoutzès := chef des
secrétaires, 83.
muraille d'Ani, 7.
N
(négociant, 185.
Nerscs, évèque de Békhentz, 25.
Nil-khatoun, 219.
J^oragiiburik, village, 180.
Norq, 178.
Notre-Dame de la Chapelle, 40.
^"oureddin Qothith, 69.
Ochakan. 4(), 151, 157, 202, 212.
'Ochakaniens, 11.
octave ^ nL^ujLptgf 220.
octroi, 69, 74.
Oughtanat, 201.
ointe (dame — ), 28.
Orient, 20, 23, 87.
Orsaut, 11.
Oumèk, père de Vardan, 86.
Ouqan Qarimadin, 70.
•Oussep, 129.
Oussoup de Zata, 72.
padichah = Jiuj^^iu^, 24, 69, 72.
Pahlavide, 15, 212.
Palais des Bagratides, 127.
Panghouk (Ruine), 28.
Papenq, 40.
Papik, père de Guêch, 67.
Papqan Yakhradin, 70.
Pâques, 126.
parcelle de la Sainte Croi.x, 13, 40.
Parsimo, fils de Hassan, 1.54.
patrice = u^iumn/i/i, 34, 56, 212.
patron = u^ujin^nti, 24.
Paughos, prêtre, 162.
— , père de Pétros, 202.
péage = piue/, 23, 24.
Peghpeghik, 31.
Pères (de l'église).. 4, 11, 13, 14, 16, 18,
31, 68, *69, 74, 97, 98, 107,
181, 215, 222.
permis d'entrée =r nn-tiuiflip, 24, 87.
— de mariage, 107.
Pétros catholicos, 14, 15, 18, 145, 146.
— , fils de Paughos, 202.
Phadloun, roi. 26.
Phakhradin (mélik — ), 75.
Pharantz, 107.
Pierre et Paul (fête do — ), 145.
pieux = ûjhiuul^n, 53.
Pitcharentz, 182.
pont d'Ani, 112.
— de Marmacliên, 214.
pontificat, 18, 26, 145, 140, 162.
porphyrogénète, 20.
Poi-tang, 212.
Portes d'Atii :
Porte de Dowin, 40, 42, 43,44,51, 131.
— d'Érivan, 88, 112.
— de Glidzor, 40, 46, 54.
— d'igadzor, 71.
— de Kars, 7, 36, 115, 194.
— murée, 38.
— principale, 7, 24, 32, 47, 51, 62,
94, 115.
— secrète, 168.
— deTigran, 112.
— de la vallée, 156.
portefai.x = ^luiiu/iiuLnn, 23.
[243]
INDEX ALPHABETIQUE.
•285>
prêtre, II, 13, 16, 18, 31, 40, (36,68,69,
109, 160, 190, 205.
prince, 4, 14, 16, 109, 212, 214.
— des princes, 7, 10, 11, 24, 28, 66,
144, 210, 212. 214.
proconsul = wIj^^u^iuui; 212.
prophètes. 87.
Ptough l'écrivain, 87.
puissant, 15, 40.
qaçanik, 67.
Qahanentz (église — ), 199.
Qargzèni, 166.
QarimadiD, 68.
Qiz-qalé. 28, 29, 30, 77. 82, 84, 95, 'M',
102, 103, 104, 105, 106. 131. 135.
Qouyrik (n. p.), 202.
quartier des maréchaux ferrants (à Ani)
^=^ Uiuiiulinlinn, lil.
quartier des tisseurs = P'uinni^ny,
153.
Quasiniodo, 159.
R
race des Pahiavides, 212.
Raïbik l'écrivain, 155.
Rameaux, 126.
règne, 8, 14, 15, 18, 36, 145, 146.
reine, 8, 9.
— des reines. 28.
Résurrection de Lazare, 154.
roi, 8, 212.
— des rois, 24.
royauté, 24, 26.
— des Géorgiens. 24.
Rubèn, 78.
rue des Bazaz, 185.
— des Saints-Apôtres, 150.
— Saradj, 170.
Ruine Panghouk, 28.
Sagon, 153.
Sahak, prêtre, 109.
Sahakdoukht, mère de Zacharia II, 39.
Sahip-Divan, 68, 87.
Sahmad, 68.
Sahmi, 130.
Saïp-Divan = Sahib-Divan, 72.
Saint-Christophe, 16.
— Élie, 37, 109.
— Etienne, 16, 93.
— — de Marmachon. 211, 212,.
213, 214, 220. 221.
— Grégoire des Apoughamrions, 3,
4, 5, 11, 16, 97, 161.
— — l'illuminateur. 28,212, 214.
— — — (église de — ), 39,,
40, 64,83, loi.
— — (couvent de —), 40, 112.
— — (église de — ), 110.
— — (chapelle de —, à Bagnaïr),.
144. 147, 148, 149, 165, 181, 183.
206, 207.
— — (la fête de—), 110.
— Grigor d'Ardjo-aritch, SS.
— — (fête de — ), 79.
— lUuminateur, 15.
— Jean, 21, 28, 29, 30, 77, 82, 84,
95, 96, 102, 103, 104, 105, 106,
134, 135.
— Pierre, église à Marmachèn, 213.
— Sauveur, 13, 14, 15, 17, 18, 21^
31, 79, 89, 90, 91.
— Sarguis, 44, 106.
— Serges (fête de — ), 186, 216.
— Signe, 79, 114, 184, 188,205. 220.
— Sion, 165.
saint empereur Constantin. 2:'..
Sainte Croix, 13.
— — (fêle de la -), 220.
— Famille, 132. -
— Mère de Dieu, 131.
— — — — (église de — , à
Ani), 19, 22, 50, 58, 61, 65,
80, 116, 117, 118. 119, 120,
121, 122, 123, 124, 125. 126,
139, 140.
— Mère de Dieu (église de —, à
Bagnaïr), 145, 146, 150, 151,.
152, 153, 154, 155, 156, 157,
158, 159, 160, 161, 162. 165, 166,
167, 168, 169, 170, 171, 172, 173^
174, 175, 176, 177, 178, 179, 180,
181, 182, 183, 185, 186, 190, 191,
[244]
286
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
192, 193, 194, 195, 196, 197, 198,
199, 200, 201, 202, 203, 204, 208,
209.
— Trinité, 130.
Saints-Apôtres, 10, 45, 49, 66, 67, 68,
72, 73, 74, 75, 81, 85, 87, 93,
98, 107, 108, 133, 138.
Samuel, père de Sarguis, 42.
Sanachah (?), épouse de Mkhithar,
57.
Saradj (rue — ), 170.
Sarguis, 116.
— (1310), 84.
— (à Bagnaïr), 193.
— I, archevêque de Chirak (1209-
1211), 152, 154, 157.
— II. archevêque de Chirak (1245-
1276), 75, 180, 181.
— , catholicos, 8, 9.
— II, chahnchah, 41, 57. "
— (dom — ), frère de Grigor Ma-
gistère le Jeune, 215.
— (dom — ). père de dom Grigor,
220.
— (Père — ), 70.
— de Guézan? 55.
— I, mkhargrtzel, 28, 42.
— Tzilentz, 88.
— , cordier, 97.
— , curé de Tzmak, 166.
— , écrivain? 56, 57.
— , le martyr, 59.
— , fils d'Artavaz, 23.
— , — de Guéorg, 36, 42, 43, 44.
— — — Hogui, 70.
— — — Khatchot, 175.
— — — Samuel, 42.
— — — Soghomon, 31.
— (le jeune — ), 85.
— , prêtre, 40.
Sarkavag (à Bagnaïr), 194.
— , vardapet? 78.
Sasna, fils de Khavras le Jeune, 181.
— — du prince Khavras, 165, 181
183.
satan. 87, 212.
Séda, fille de Grigor le Pahlavide, 5,
16.
— , — de Parsimo, 154.
— , — de Vaçak le Pahlavide, 144.
seigneur spirituel = ^"f'^'-n^ «"tp,
8, 14, 31. 159, 162.
Sembat II, 28,212.
— III, 8, 13. 14, 15, 18.
Sembatorentz, 40.
Scnéchérim, roi des .\rtzrouniens, 213.
Serkevlé, 212.
Sérob, fils de Rad, 156. ■
setier = ipl'^f '^^■
Sevqthenq, 167.
siège d'Ani, 66.
sieur = uiuinnîi, 72.
Signe de Lumière, 13.
— — Salut, 40.
Siméon (à Ani), 105.
— (à Marmachên), 221.
— l'écrivain, 47. 177, 178, 179, 180,
181.
— (le Père — ), 151, 152, 157, 158,
162, 165, 166, 167, 168, 169,
171, 172, 173.
— , prêtre, 190.
Sis (nom de personne), 157.
Sismam, épouse de Khatcheghbaïr,
172.
Sisvard, 159.
Siuniq, 8.
Soghomon, père de Hovhannès. 22.
— — — Sargsik, 31.
soldat du Christ, 214.
Sophia, épouse du prince Vahram, 210.
Sosthénès (le Père — ),212, 213.
Sosthénès, prêtre, 31.
Soulem, 40.
spaçalar, 64.
Spandiar, 92.
Stépannos (le Père — ), 145.
Sultan = Key — , 31.
T .
Tabriz, 126.
Talithia (la dame — ), 159.
Tapkentz, 191.
Tarouq, 213.
Tcharoukh, 113.
Tchlout, 170.
Tchortvanik, 101.
Téghér, 75.
[24>1
INDEX ALPHABETIQUE.
•287
teinturier, 67.
temple, 13.
temps cruel, 168.
testament, 174, 2'22.
Thadéos, père de Hohannès, 197.
Thaguer, 185.
Tliagouhi, fille de Charapchah, 170.
Thaïk-Thafe'ouhi, 171, 178.
Thaia, 219.
Thamam, 185.
Thamar, épouse d'Aghbougha 1, 66.
Thaniir, 201.
thaslah; 20.
Thatcher, fille de la dame .\vag? 173,
180.
Thathoul, 190.
Théghéniq, 176.
Théni, 83.
Thétetz, 185.
Thorossenq, 167.
Thorossenlz Mkhithar, 196.
Tignis, 181.
Tigran, Ilonen'z, 39, 40, 53, 78, 83.
— le marzpan, 210.
Tigranenq, 177.
Tikin, épouse de Zouhal, 58, 100.
— — — Kliatchtour? 176.
timbre :=: niunniu, iiiunùui, 21.
Tirachén, 21 1.
Tiramaïr, 1.59.
Tirantz, épni<e do l'aughos, l62.
Tiridate, prên'e, 31.
Toghq, 212.
tour, = pnLp£, 26, 46, 51. 52, 55.
Tour démolie. 32.
traître .Judas, lii.
Transfiguration (Côte d(! la — ). 9, 11,
89, 99, 118, 220.
tremblement de lei-n», 75.
Très .Sainl-.Sauveur, 79.
Tsadnotz, 99.
Tsaghkadzor, 6, 5j.
Tsmak, 40, 182.
Turcs, 59, 212.
Yaçak, prince Pahiavide, 14, 144, 212.
— , roi de Siuniq, 8.
Vacil, 145.
.làhnt
— , fils de Grigor, 89.
Vaghar, 31.
A'ahram, gouverneur (:
d'Ani, 46.
— , maître (= ufiuinpnîîj d'Ani, 48.
— , patrice, 34, 56.
— , prince, fils de Grigor Magistère
le Jeune, 177.
— , prince des princes Pahiavide,
10, 11, 14, 144, 179, 210, 212,
214, 215.
— , frère de Zouhal, .58.
— l'atabek, fils d'Ivané II. 89.
— . fils de Mkhithar, 167.
Vard, 21.
— , père de Khatchérès, 168.
Vardachah d'Achnak, 200.
Vardan, fils d'Ounièk, 86.
vardapet = ij^uipntuuibut, r- aichi-
niandrite, 1, 26, 94, 110, 151,
174, 182, 185, 186.
Vardarioutz, 158.
Vardé (la dame — ], 185.
Vardeanq. 202.
Vardénatz Norq. 158.
Vardentz Noi'q, 154.
vase r= puii^iufi. 24.
Vaspourakan, 210.
vigoureux Zacharia (II), 89.
vin eucharistique = piuJuiliji, 15,
virgule {,), 31, 39, 214.
Vjan, 212.
viviiek, 23.
Zacharia 11, 28, 2^ 33. 31, 35,36,38,
40, 42,66, 81. 89, 154.
— III, 56.
— IV, 83, 87, 88.
Zarguirk, 221.
Zalira. 22
Zarop? 112.
Zaz (baron — ), 74.
Zaza (baron — ), 67.
Zénichah, fils de Horom, 50.
Zouhal de Kars, 58.
Zous dos Missalouqs, 79.
[246]
LA PENSÉE GRECQUE
DANS LE MYSTICISME ORIENTAL
L'esprit philosophique est né de l'angoisse de Thomme devant
les secrets de la nature, de son désir d'en pénétrer les mystères
et de se les expliquer pour se rassurer sur ses desseins, pour
se concilier les grâces des génies qui l'animent. En ce sens, les
Anciens ont pu parler de la philosophie des peuples que les
Hellènes nommaient les Barbares, des Perses, des ïhraces,
d'une philosophie qui se rejoignait aux dogmes d'une
religion élémentaire, dont les plus deshérités eurent chacun
une formule qui répondait aux idiosyncrasies de leur pensée, en
satisfaisant ses besoins intellectuels et moraux. Elle n'avait
aucune prétention de résoudre les problèmes de logique ou de
psychologie qui émurent l'esprit de Pythagore, de Platon,
d'Aristote.
Cette philosophie rudimentaire se contentait d'une méta-
physique et d'une ontologie grossières, succédant à une physique
ridicule, dans laquelle l'ordre des interprétations était inversé,
où la cause était prise pour l'effet, l'effet pour la cause; ou
plutôt, il n'existait point de limite entre la physique et la
métaphysique, tout, dans l'esprit des primitifs, ressortissant au
domaine du merveilleux, tout étant métaphysique, mieux
encore paraphysique, rien ne pouvant, ne devant s'expliquer
par des causes simples, sans miracle, sans l'intervention des
démons qui régissent l'ordre du monde; car l'esprit ne peut
atteindre à la conscience de la simplicité, au concept de
l'inexistence du miracle dans le domaine physique, sans une
longue évolution, qui l'amène aux limites de la Science
et des sciences.
C'est ainsi que le problème des destinées humaines s'est posé
à Baghdad, comme il s'était posé à Athènes, dans l'école de
[11
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 289
Socrate, comme avaient tenté de le résoudre les Hellènes,
quand les clans des Doriens descendaient vers les plages de la
mer Egée, comme il a hanté, comme il hantera, jusqu'à la fin
de ce monde, l'esprit des philosoplies modernes, sans que
Ja science soit jamais capable de le résoudre, d'entrevoir même
la forme d'une solution, qu'elle est obligée d'abandonner à la
métaphysique, en laissant à chaque école la liberté ou la licence
de la revêtir de la forme de sa pensée.
La recherche de cette solution a naturellement conduit à
l'Astrologie et à l'Astrolalrie, dont naquit, après de longs
siècles, l'Astronomie, tout comme la chimie sortit des rêveries
alchimiques de l'Antiquité et du moyen âge; celte résolution
simpliste de l'énigme la plus redoutable que le Sphinx h it jamais
proposée à l'esprit des hommes suffit en Orient aux peuples
-asiatiques, alors que les Hellènes n'avaient pas tardé à se
convaincre de la futilité, de la vanité., de cette prétendue science;
elle a conduit les peuples de l'Orient au déterminisme le plus
absolu : puisque l'avenir est écrit dans le cours des planètes,
qui pourrait modifier le sort sans faire varier la course des
sept astres qui errent au firmament sur leurs orbites? Toute
la science humaine ne consiste-t elle pas à interroger la marche
■des étoiles pour leur arracher leurs secrets?
L'étrange théorie de la Table gardée i^jis-*-! X" est l'une
des plus importantes de l'Ésotérisme (1); faute de la connaître,
(l)Les Soutis ont fait de l'Ascétisme chrétien leurs deux Règles: la Règle exoté-
riLiue, qui est rensemble des moyens matériels d'arriver à Dieu, la Règle
ésotérique, la somme des intentions morales qui conduisent à lui, qui amènent
à la Vérité, sous la forme d'une discipline douloureuse, qui est essentiellement
différente de toutes les tendances du Sémitisme, du Parsisme, qui ne se retrouve
que chez les sectateurs de Sakyamouni. La différence essentielle qui sépare ces
deux monachismes est que les Chrétiens ont exclusivement appliqué les efforts
<les deux Règles à l'obtention des affres de la Passion du Christ, alors que les
-Musulmins les ont exclusivement adaptées au thèm-j de l'Ascension de leur
prophète, dans une forme qui bannit l'image, comme leur tradition religieuse;
les Mystiques chrétiens veulent que leur ascétisme leur cause les souffrances qui
furent celles du Sauveur sur le Golgotha, pour l'amour du Christ, et non de la
souffrance pour elle-même, sans quoi ils seraient des sadiques, alors que les Soufis
[2]
OHIENT CIIKF.TIEX. lî*
290 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
il est impossible de comprendre les relations de Thomiiie avec
l'ensemble du y.6criJ.oç dont il fait partie, le rapport de ses facultés-
regardent chacun de leurs progrès dans la voie idéale comme l'un des stades-
(le l'Ascension qui conduisit Mahomet au pied du trône d'Allah, et qui les
amène, eux, à l'absorption en la Divinité, ce qui est un concept étranger au
Sémitisme. C'est là tout ce que l'on peut exprimer sur l'idiosyncrasie de ces
deux Mysticismes, puisqu'il est absolument impossible de traduire dans notre
langage, lequel est exclusivement adapté à la connaissance par nos sens exoté-
riques, des sensations, des perceptions, que nous recevons, que nous subissons,
par l'intermédiaire de sens ésotériques, lesquels ne possèdent point de langage
qui puisse les exprimer d'une façon matérielle. Il faut qu'un auteur n'ait aucune
idée de ce qu'est la sensation mystique pour cherchera l'expliquer à ses con-
temporains, pour tenter de l'interpréter à une autre personne qu'à lui-même;
exposer les théories du Mysticisme, dans l'orthodoxie, quelle que soit cette
orthodoxie, sans être mystique soi-même, ne peut conduire qu'à leur réfutation;
les exposer, quand on les comprend, ou, du moins, quand on croit les compren-
dre, amène d'une manière fatale à les défigurer abominablement, faute d'un
instrument pour le faire, à montrer les 'Mystiques, et soi-même, sous les espèces
d'érotomanes, de fous, de sadiques, en s'évertuant à translater dans la mat('ria-
lité de nos sens, et de notre langage, qui en est l'outil, des états d'àme infini-
ment au-dessus de la compréhension des gens, lesquels n'y voient que des
ridicules ou des turpitudes. Cette raison, et nulle autre, m'a fait détruire un
article sur la Règle ésotérique, qui devait suivre celui que j'ai publié, il y a une
vingtaine d'années, dans le Museon, pour décrire l'ensemble des ascétismes
spirituels qui mènent à l'union, à l'identilication, avec la Divinité, la nature de
cet anéantissement dans l'ipséité du Un primordial, ou du moins, ce que les
Mystiques musulmans pensent sur ces questions, et ce que l'on en peut
comprendre à travers les descriptions très imparfaites des dogmatiques. Sans
compter qu'il est impossible de décrire littérairement ce qu'est une perception
de nos sens ou une impression de l'esprit. Comment expliquer aux gens qui
vivent <■ de bonne .soijpe et non de beau langage » ce qu'a entendu dire
sainte Hildegarde, la plus matérielle des femmes, au xn« siècle, qui a consigné
sur des feuillets de parchemin des recettes de confitures et des formules de
cataplasmes, des puérilités sur l'économie domestique, quand elle a écrit que
la Lumière vivante lui a tout enseigné, qu'elle n'a jamais cessé, durant toute
sa vie, qui fut longue, d'être baignée dans cette luminosité d'omniscience, qui
lui faisait tout percevoir dans le plus intime détail, en dehors des sens, en
dehors de la pensée, mais directement, sans extase, à l'état de veille, dans la
splendeur d'une éblouissante clarté. Quant à analyser rangoi.s.se mystique, c'est
là une chose tellement au-dessus de nos moyens matériels qu'aucun Ésotériste
digne de ce nom, Mohyi ad-Din ibn al-'Arabi, Farid ad-Din Attar, Djalal ad-Din
Roumi, Hafiz, ne s'est abaissé à cette tentative ridicule; tous, ils ont laissé aux
dogmatiques, aux cuistres, aux professeurs de Mysticisme, la tâche inutile et vaine
d'analyser et de décrire des sensations et des impressions qu'ils n'ont jamais
ressenties, sans quoi ils ne se seraient pas infligé la peine d'essayer de les traduire
par des formes qui relèvent de la matérialité; autant vaudrait enseigner à un
enfant qui connaît juste ses quatre règles les propriétés des intégrales elliptiques^
ou la théorie de la courbure des surfaces. Les Mystiques sont des symbolistes.
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 291
entre elles, et l'on s'expose à attribuer aux Musulmans, sur la
justice divine et le destin, des idéesqu'ils n'ont jamais professées.
comme les romanticiues, lorsqu'ils tenUMitde décrire dans leurs vers la détresse
humaine, et ils ne peuvent faire plus, surtout Attar et Hafiz, qui n'eurent point
de maître, et s'instruisirent seuls, ce qui leur valut de leurs compatriotes l'épitliète,
injurieuse aussi en Perse, d'autodidactes, d'Owaïsis, par allusion à ce personnage,
nommé Owaïs, qui, au commencement de l'Islam, fut considéré comme un
compagnon du Prophète, bien qu'il ne l'ait pas connu ; comme si l'on pouvait
savoir réellement quelque chose sans l'avoir, au moins en partie, trouvé
soi-même, ou retrouvé! Ce vice leur permit de ne point raconter ce que d'autres
avaient déjà raconté de leurs extases, et de faire une œuvre originale, tandis
que Djalal ad-Din Roumi est déjà un didactique, malgré son immense valeur.
Il va de soi, sans qu'il soit utile d'insister beaucoup sur ce fait, que les
dogmatiques, analysant les deux Règles, ne peuvent donner qu'une inter-
prétation exotérique de la partie ésotérique de la docti'ine, c'est-à-dire
moins que rien; en ce sens, les didactiques ne donnent que l'apparence de la
doctrine; les doctrinaires ne peuvent exposer la doctrine, car la langue leur
manque pour le làire; ce langage qu'il leur faudrait posséder, c'est justement
ce qu'ils nomment le J^ rj • " comme Khayyaui, dans ses quatrains, ce qui
ne signifie point la langue appropriée à l'état des interlocuteurs, ce qui n'a
aucun sens, mais bien la langue de l'extase, c'est-à-dire la comnmnication
t'sotérique qui s'établit, par dessus les sens exotériques, par l'intermédiaire du
sens ou des sens ésotériques, dans la Transcendance, entre deux entités mys-
tiques, entre le Mystique, les saints. Dieu, sans tenir aucun compte des concepts
de temps et d'espace; aussi leur est-il impossible d'exprimer ce qu'ils veulent
dire, autant qu'à ceux qui comprennent leur symbolisme de l'exposer aux
profanes, puisque le vocabulaire mystique n'est qu'une transposition grossière,
une représentation sans aucune réalité, de concepts, d'impressions, de per-
ceptions, qui ne tombent pas sous les sens matériels, et ne relèvent pas de leur
juridiction, sans qu'aucune explication humainement tangible puisse donner
une idée, même approximative, de la grossièreté de cette transposition. Cette com-
munication mystique est un phénomène télépathique entre deux personnes étran-
gères, qui ne parlent pas la même langue, une communication d'esprit à esprit,
directe, dans un espace différent du notre, une inhibition, une superposition,
une pénétration de deux pensées, qui s'expriment sans expression, sans l'inter-
médiaire d'un milieu et de moyens matériels, dans le silence absolu des âmes,
comme si elles n'en formaient qu'une seule.
Le profane ne peut pas plus la surprendre qu'un sourd ne peut pénétrer le
secret de deux hommes qui s'expriment sur leui's doigts, dans le système des
muets, derrière une porte de bi-onze. La perception des vérités ésotériques est
un phénomène d'un ordre très supérieur, mais en quelque sorte comparable à
celui de la lecture musicale d'une page de musique gravée, de la figuration
iumiédiate dans l'esprit des formules géométriques, de la traduction des fonc-
tions en formes tangible^i, tel xy ^ 4 en hyperbole , équilatère d'une forme
.plastique définie, avec cette différence essentielle qu'elle se i)roduit par une
révélation instantanée, sans la longue étude que suppose cette virtuosiié dans
les domaines de la musique ou de la géométrie analytique.
Que ces interpré'tatious cabbalistiques de la Transcendance soient de simples
[-IJ
292 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Il est plus exact de nommer cette table, malgré la forme
de son nom, la Table qui garde le (destin), avec la translationdu
sens du participe passif à la signification active, ce dont on ne
manque pas d'exemples, car c'est sur elle que l'Être unique,
au principe des temps, écrivit les destinées universelles du
monde, avec le Kalam, qui fut l'Existence primordiale, de telle
sorte qu'elle est pour le -/iaij.cç un livre de prédictions, de pré-
visions, dont les arrêts sont inéluctables.
Cette théorie est extrêmement compliquée chez les divers
auteurs qui l'ont exposée, et assez obscure ; elle varie sensible-
ment d'un théologien à un autre, sans qu'il soit facile de
discerner les raisons de ces divergences : ce fait montre que sf^s
multiples aspects sont des déformations successives d'une
théorie primitive, développée et interprétée de façons diver-
gentes, suivant les tendances philosophiques des écrivains, et
leurs tendances à la complication.
La forme la plus simple de cette doctrine se lit dans
un passage du Madjma al-baliraïn (1), du mohtasib d'Abar-
kouh. D'après cet Ésotériste, la Table gardienne du destin
<est double, ou plutôt se présente sous deux aspects : la
Table gardienne intégrale JjJ! Jijisr*^! ^J^\, qui est la Table
A\i Macrocosme, l'autre, la Table gardienne particulière,
dilïérentielle^Wl iisois-oJ! ^j^\, qui existe dans le microcosme,
•ou, pour être plus exact, qui est le microcosme lui-même,
l'homme, la Table gardée générale, intégrale, étant le système
de l'univers (2).
fantaisies qui ne répondent à rien, c'est là un fait bien évident; elles n'ont point
/l'autre int(M'ét que de monti'cr la direction îles tendances cérébrales de ceux
qui les ont imaginées pour expliquer le mystère de l'inexplicable; mais il n'y
faut voir que l'exagération d'une tendance mystique, dont Platon a le premier
donné l'exemple, comme l'ont fort bien remarqué l'roclus, ou mieux les mathé-
ïiiaticieiis dont il reproduisit les théories, dans son Commentaire sur le premier
iivre d'Euclide ; et celte intention est demeurée secrètement celle de toutes les
personnes qui ont étudié la Science, et les sciences, quelles qu'elles soient,
autrement, à un autre point de vue, qu'à celui de leur utilité immédiate, qui
«n ont cherché l'esprit au lieu du mécanisme, les mathématiciens et les
physiciens cherchant à savoir commciit le monde est bâti, les historiens et les
sociologues, comment il est habité, couiment ses habitants l'ont organisé.
(l) Man. supp. persan I"<J2, pages 18:1-189.
{2) La Table gardienne générale se trouve danx lo 51ac:oco&nic w, i JU,
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 203
L'Être unique a écrit sur la Table gardée intégrale, pour
l'élernité, les entités .^UyC» totalisées, l'intégrale des exis-
tences du /.iaixcç, sans entrer dans leurs différentielles, et, quand
il eut terminé sa tâche, l'encre du Kalam primordial (1), qui
l'avait tracée en lettres indélébiles, se trouva épuisée, de telle
sorte que l'Esprit éternel n'aurait pu la recommencer, si bien
qu'il lui fut à lui-même défendu et interdit de modifier le
premier aspect de sa rédaction de l'existence cle l'univers.
L'Être suprême ne reprit point d'encre, de telle sorte que le
monde, tel qu'il se trouve constitué dans son intégrale, dans sa
somme mathématique, est définitif, qu'il ne subira ni addition,
ni diminution (2); mais, sur la Table gardienne particulière,
qui correspond au microcosme, qui contient les entités sous
leur forme différentielle et résolue, l'Être unique continuera à
écrire jusqu'à la consommation des siècles, et l'encre de son
Kalam ne séchera jamais; c'est-à-dire que la création est
écrite dans la potentialité de son intégrale sur la Table du
Macrocosme, qui contient la multiplicité des entités, comme
une fonction de degré n contient toutes les différentielles de
degré n-l, n-i ... 3, 2, 1, 0, comme une équation de degré n
contient toutes les courbes de degré n, n-\ ..., leurs tangentes,
asymptotes, diamètres, mais que la création continue à se faire
indéfiniment par la dérivation et la résolution de ces intégrales
et de ces équations de la Table gardienne du Macrocosme.
L'humanité est écrite d'un bloc sur la Table générale, mais
les races, les peuples, les nations, les familles, les hommes,
ne seront écrits sur la Table particulière qu'au fur et à mesure
qu'ils descendront le cours infini du temps sans bornes, qu'ils
apparaîtront dans la vie des mondes, dans l'histoire du y.ic;;;.^;.
Cette théorie n'a point sulfi à l'esprit de complication des
la Table gardée particulière, diflérentielle, dans le microcosme j^-^ J^,
page 183.
(1) D'après certains Ésotéristes, le Kalam d'Allah était fait de rubis ou do
perles; un cavalier courant de toute la vitesse de sa monture mettrait cinq
cent soixante annies à le parcourir; Tencre d'Allah est de lumière.
(,') Ce qui est, en somme, une manière de dire, ce qui est conforme aux
concepts de la Physique moderne, que la somme de la matière du xùit|ao;, et la
somme de son énergie, sont des coastiiuios.
294 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN,
auteurs mystiques, et le mohtasib d'Abarkouh en expose immé-
diatement une autre, beaucoup moins simple (1), qui constitue
simplement une dichotomie, un dédoublement, de la précédente;
d'après cette variante de la doctrine mystique, la Table gar-
dienne est quadruple, et chacun de ses aspects porte un nom
particulier: r la Tablegardienne très générale "^c'iîi Jb^isr*^! -^j^^,
laquelle est l'Essence ^h même de l'Être unique, que lesSoufis
nomment la « Véridicité transcendantale » jpU^M iïJbw (2);
toute existence, sous un aspect quelconque, peut être, d'une
manière absolue, considérée comme ayant été, étant, ou devant
être, sur celte table à laquelle on donne également le nom de
Table gardienne primordiale; 2" la Table gardienne générale
^IjJî Jbysr^! ^^13! ; toute idiosyncrasie, toute qualité, tout attribut
qui a existé, existe ou existera dans le ■/.ôai^.oç, d'une manière
absolue, est écrit sur cette table, sur laquelle ne sont gravées
que les directions morales des existences, alors que la somme
de leurs modalités est écrite sur la première; on la nomme le
monde de la Toute-Puissance o^^wo^, et c'est sur elle qu'est
gravé le Décret divin Ua3; 3** la Table gardienne très particu-
lière J^i^^l Jpjiaj-^' -^y, que l'on nomme le Ciel des cieux, et
le Trône ^Aj^î '^ trône 'arsh est le siège, et le koursi est l'es-
trade qui le supporte; les lexiques arabes disent en effet que le
'msh d'Allah n'est pas une entité qui se puisse définir, mais
que le koursi est la place des pieds de celui qui est assis sur le
'arsh, dont le sens primordial est « endroit où l'on demeure », si
bien que la Mecque porte le nom de al-'Oursh, ou même de
al-'Arsh; le trône d'Allah est une entité incommensurable; il
est dit, dans les Moufradât d'ar-Raghib, qu'il est une existence
que les hommes ne peuvent arriver à concevoir dans son
ipséité, et dont, en fait, ils ne connaissent rien que le nom, sans
quil corresponde en rien à l'idée qu'ils s'en font; de mêuje
que, suivant la parole du Prophète, les sept cieux et les sept
terres, tout autour de l'estrade du Trône, sont exactement
(1) Page 209.
■ [i) Litt. la vérité des vérités, la réalité des réalités, ce qui existe d'une façon
transcendantalement absolue.
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MVSTICISIME ORIENTAL. 295
■comme une piste qui l'encercle, de même l'estrade entoure le
Trône de toutes parts; toute entité qui a existé, ou qui sera, dans
le monde du Royaume ^^X-U! JU, dans le monde tangible, se
trouve gravé sui- cette table, et c'est, venant de cette table,
qu'elle se manifeste dans le monde matériel ; la Table gardienne
très particulière entoure tout le monde tangible; elle a pour
correspondant dans le microcosme, la semence humaine, car
tout ce qui existe dans le microcosme, dans l'homme, tire son
origine de cette semence; 4° la Table gardienne particulière
^'i^'î Js»isr'^î T'^^'' ^'^^ partie des essences et des perfections,
des idiosyncrasies des entités, est gravée sur cette table, qui
est le monde de la Souveraineté ^^.SÎU' JU, lequel, comme le
monde de la Toute-Puissance, est un aspect du monde de l'in-
tangibilité. Les Tables gardiennes très générale et très particu-
lière comprennent les entités dans la somme intégrale de leurs
essences, la première, dans leur destination au monde intan-
gible et au monde tangilile, la seconde, dans leur destination
au monde tangible; les Tables gardées générale et particulière
comprennent seulement les idiosyncrasies desdites entités, la
première dans leur destination au monde intangible et au monde
tangible, la seconde dans leur avenir pour le monde matériel,
au moins dans le principe de la théorie.
C'est sur la Table gardienne particulière que l'Être unique a
écrit l'Arrêt divin ^' j-^": le régissant de ce monde de la
Souveraineté est l'Intelligence primordiale, qui domine sur
toutes choses, et qui est onmisciente; dans le microcosme,
dans l'homme, elle a pour correspondant l'Esprit de sainteté
^^.ji ~j,, qui est l'esprit de la mission mohammédienne
^J^^-" wo>!a ^,. lequel est le régissant du microcosme.
Tout ce qui se trouve écrit sur la Table gardée particulière,
■dans l'aspect du monde intangible auquel les Ésotéristes
donnent le nom de monde de la Souveraineté, est inéluctable (1),
et doit fatalement se manifester dans le corps humain, dans le
« Feuillet développé » (2) ,^^;^ j . c'est-à-dire dans le micro-
(1) Page 189.
(■l) Cliaquo entité humaiuo est considérée comme un feuillet de ce quatrième
[8]
296 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
cosme, lequel, comme on va le voir, est un simple aspect de la
Table gardienne particulière.
Cette dichotomie des deux Tables gardiennes du destin en deux
séries de deux tables, en quatre tables, est née assez simple-
ment du désir de faire paraître sur l'une d'elles l'existence
intégrale des entités, dans leur future matérialité et leur
future intellectualité, et de spécifier sur une autre les idiosyn-
crasies de ces mêmes entités, ce qui est une première différeii-
tiation dont on ne trouve point l'esprit dans le système pri-
mitif des deux tables.
L'auteur du Madjma al-bahraln (\) nous apprend que la
montagne de Thour ,^1, dont il est parlé dans le Koran : « Far
la montagne du Sinai ! par un Livre écrit sur un feuillet déve-
loppé! par la Maison prospère! par la voûte élevée des cieuxî
par la mer aux flots en courroux ! » (-2), n'est autre que la Table
gardienne très générale, qui est la Vérité transcendantale,
rp]ssence même de l'Être unique. On la nomme ainsi parce
qu'on l'entend émaner (3), produire, la parole de la Divinité.
C'est là une allusion transparente au sens géographique de ce
mot Thour, qui, dans la langue du Koran, dans la terminologie
religieuse, désigne le mont Sinai, sur lequel Moïse s'entretint
aspect de la Table gardienne, comme une surface infiniment mince détachée
d'elle; partant, la somme de tout ce qui se trouve écrit sur la Table gardienne-
particulière doit se retrouver dans la somme des êtres humains, des débuts de
l'humanité à sa lin; chaque existence humaine n'est, en effet, qu'une différen-
tielle de cette intégrale; cette interprétation est complètement abusive; il va
de soi, dans l'idée mohammédienne, ou plutôt des premiers exégètes, car il est
bien certain que le Prophète n'a jamais pensé à ces complications, que ce
" Feuillet développé » n'est autre qu'un des feuillets du ■• Livre caché •■, du
Koian ésotérique, qui est dans la Transcendance, et dont notre Koran n'est
qu'un feuillet; il n'a pu signifier l'homme microcosme que par une extension
qui se comprend logiquement, mais qui ne s'est jamais trouvée dans la
pensée du Prophète.
(1) Page 210.
2) ^1 J^^',^^J! ^^^3J^^ Jj ^J^--' wl4j>^
.^jjsT'****-') ^s-rL, soui'ate 5-2, dite sourate ath-Thohi-, versets 1-6.
' (3) Au sens actif.
[91
l.A PKNSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 297
avec Dieu, et où il l'enlendit promulguer ses instruction&
au pniple qu'il avait délivré de Teschwage du Pharaon; le
mohtasib d'Abarkouh, continuant cette assimilation dans le
sens allégorique qui lui est familier, ne craint pas d'ajouter que
le Mystique peut arriver, sous certaines conditions de sainteté,
à voir l'Être suprême se manifester exotériquement sur cette
table, exactement comme Jéhovah s'est manifesté au prophète
Moïse sur les sommets arides du mont Sinaï.
La Table gardienne générale, qui vient immédiatement après
la Table gardienne très générale, dans cette analyse de la
Transcendance, est l'entité métaphysique à laquelle le Koran
donne le nom de ,j.li-.* ^_^l::5', « le Livre écrit », dont il est parlé
au début de la cinquante-deuxième sourate du Koran, en
même temps que des autres entités de l'Eschatologie, sur l'inter-
prétation desquelles les exégètes du Livre sont loin d'être d'ac-
cord. Elle a reçu cette qualification de « Livre écrit » par cette
raison que tout ce qui a été, tout ce qui existe, tout ce qui sera,
se trouve gravé sur elle; mais les Ésotéristes (T) l'ont identifiée
avec bien d'autres existences du monde nouménal, comme le
dit cet auteur, dans un autre passage de son traité, puisqu'elle
est simultanément le monde de la Toute-Puissance (2) ^;>.»^. le
monde de l'Ordre (3) ^^-''J! JU, le « Livre caché » ,y^S* ^.-S,
ou plutôt, aveu la même variation, avec le même passage du
passif à l'actif qui se remarque dans le nom des tables, le *» Livie
qui dissimule son écriture », le « Livre dont le texte est invi-,
sible »; ce nom, dit le mohtasib d'Abarkouh, tire son origine
de cette circonstance que toutes les entités, toutes les existences,
sont dissimulées sur ce second aspect dos tables, sans posséder de
vie déterminée, puisque seules, en effet, y sont inscrites leurs-
idiosyncrasies; elle possède les attributs de l'Essence ^:^ (3).
(1) Page 193.
(2) Au sens de commandement, d'autorité, «-e qui lait de ce terme le synonyme
de djabarôut.
(3) En fait, ce n'est pas la Table gardienne générale, mais seulement la Table
gar(Jienne très générale, qui possède les attributs de l'Essence, puisqu'elle est
l'Esisence même de l'Être unique; d'où il suit que ce ne devrait pas être le
• Livre qui cache son texte » qui soit gratilié de ces idiosyncrasies, mais liien le
Thour, le mont Sinaï du Koran; mais, d'une part, il est visible que j"aspoct
(lu Koran csotérique et transcendantal nommé le ■• Livre écrit » est aussi
[10]
298 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
La Table gardienne très particulière est nomméela « Maison
prospère » (1) ,y>*J\ ^lu-Jl; elle contient tous les anges, et sur
elles sont écrites les destinées de toutes les entités qui doivent
vivre dans le monde tangible, dans le monde du Royaume JU
^tCU', lequel est le même que le « Livre dont les pages sont
•couvertes de l'écriture » ,_»k^* >_^l^, dont le Koran est la répli-
que tangible (2).
La Table gardienne particulière (3), qui est le second aspect
du dédoublement des tables de la doctrine primitive, est
nommée le « Feuillet déployé » .yui* ^j,, dont il est parlé dans le
Koran (1); elle est le monde de la Souveraineté «ji^ylUî JW,
auguste que le Sinaï sur lequel Allah le révéla; d'autre part, la seule diffé-
rence entre la Table très générale et la Table générale est que lu seconde contient
seulement les idiosyncrasies, ot non les essences; ces deux aspects de la table
peuvent parfaitement [)0sséder les mêmes attributs, dans une modalité différente,
essentiellement dilTérente de celle des idiosyncrasies des Tables particulières ;
malgré tout, il est assez antinomique de voir une entité ne contenant que des
idiosyncrasies qui possède les attributs de l'Essence et soit qualifiée par eux.
(1) Page 210. Littéralement ■■ la Maison (l)ien) construite », ou « la Maison
fréquentée (par les dévots qui s'y rendent en pèlerinage)», ce dernier sens, je
pense, étant préférable au premier, car î. >„>*/» ,]i signifie « une maison hantée,
visitée par un génie • ; la « Maison pi'ospère » est la réplique dans la Tran.scendance
<le la Kaaba; elle est, suivant l'autorité des divers exégètes, dans le troisième,
dans le quatrième, dans le sixième, ou le septième ciel; elle est située juste
au-dessus de la Kaaba, et lui corresitond absolument; chaque jour, des légions
-d'esprits divins, d'anges, la viennent visiter, soixante-dix mille, suivant les
modéi'és, soixante-dix mille corps d'armée de soixante-dix mille anges, suivant
les autres, qui en font le tour, prient, et jamais ne reviennent.
(2) 11 y a trois aspects du Livre : <• le Livre caché, ou qui cache .\jS^' « ; « le
Livre dont les lignes sont tracées ■■ ^j3»-* ; ■< le Livre dont les lignes sont
écrites ■■ , aii.»^/= ; l'auteur, page 193, dit formellement que ce troisième aspect
•du Livre, l'aspect inférieur du Koran ésotérique, est le monde du Royaume
vJ:X.U'' ^!U, qui est au stade de l'existence J.ai.4, en ce sens que les corps
I ' ^ • ^'
matéiiels des existences sont écrits en acte JaÀJm sui- lui; il n'empêche
■qu'il est gênant de voir un aspect de la Transcendance identifié avec une
section de la tangibilité, ce que l'on ne peut expliquer que par cette hypothèse
que l'une de ses faces appartient à l'Ésotérisme, l'autre à l'Exotérisme.
(3) Pages 193 et 210.
(4) Quant aux deux dernières entités dont il est parlé au début de la cin-
quante-deuxième sourate, la voûte du firmament, qu'il vaudrait mieux com-
prendre le toit du firmament, car les théosophes se la représentent comme
formée de lames supei-posées, est l'e.sprit humain ^jLJ* ~.,, et la « mer
[111
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAI.. 299
«qui est identique au « Livre aux lignes tracées » .» Jy w»^, au
Koran ésotérique, qui est au stade des attributs o'i-^, toutes
les entités étant écrites sur lui avec les attributs et les idiosyn-
■crasies existentielles, tandis que l'aspect supérieur du Livre,
« le Livre caché » ,.,<.-C ^^'^xT, qui est le monde de la Toute-
Puissance vOjjj^' JU, est à celui infiniment supérieur de
l'Essence o^!i, dont il possède les attributs, car toutes les
■entités sont dissimulées en lui, sans posséder d'existence déter-
minée, ni de nombre fixé.
C'est à un tout autre point de vue, essentiellement divergent,
puisqu'il transporte dans le monde tangible, que le « Feuillet
•déployé », le ,ji-x* (j ., qui est la Table gardienne particulière,
•désigne l'homme, c'est-à-dire le microcosme.
Toutefois, dans un autre passage du Madj ma al-bahrani {\),
le mohtasib d'Abarkouh, d'une manière implicite, ne cite
que trois des aspects de ces tables, et ne parle point de ce
quatrième aspect, puisqu'il fait du « Livre dont les pages sont
couvertes de l'écriture d'Allah -) ,^k^ ^J^, le « Confluent des
•deux océans « v^vW' s^>.^^, c'est-à-dire le microcosme lui-
même, le « Feuillet déployé », qui est intermédiaire entre le
inonde intangible ^*^' JU et le monde de la création tangible
, ^LsJ^ J'^, et les réunit en son ipséité (2).
Ces variations dans l'exposé de la doctrine sont importantes;
elles confondent des entités qui appartiennent à des créations
divergentes, à des mondes différents et contradictoires, d'es-
sence et d'attributs absolument opposés, puisque le « Livre
dont les pages sont couvertes de l'écriture d'Allah » .^^k»-* ^^ }^^
appartient au monde transcendantal ; s'il est certain que
l'homme, le microcosme, est l»ien l'intermédiaire, le médium
qui fait communiquer le monde de l'au-delà avec le monde des
aux flots tumultueux • est le corps de rhoninie. toutes identificatious dont le
sens n'est point évident.
(1) Page 193.
(2) Dans cette théorie, le « Livre qui cache son te.xte • est le « monde de
.l'Ordre » S^^ JU : le •• Livre aux Ijoncs tracées ■', le monde de la Création
, ^Is-'l JU: le • Livre aux lignes écrites ••, le Confluent des deux océans.
[liil
300 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
sens, il n'en demeure pas moins vrai que le « Livre dont les-
pages sont couvertes de l'écriture d'Allah » appartient exclusi-
vement à la Transcendance, et c'est une grave erreur de
l'assimiler au médium qui fait communiquer les deux aspects
du •Aoa'^.oq, l'intangibilité et la tangibilité.
Ce fait suffit à montrer que ni la théorie des trois Tables gar-
diennes du destin, ni celle des quatre Tables, ne sont primi-
tives, mais qu'elles sont une évolution, une simple complication
du système des deux Tables. C'est, en effet, la théorie des deux
Tables gardiennes du destin, et sous une forme encore plus
primitive, qui se trouve exposée, au début du xrv^ siècle de notre
ère, par le célèbre philosophe Abd ar-Hazzak, qui se trouva
ainsi, en Perse, le contemporain du mohtasib d'Abarkouh. Le
système d'Abd ar-Razzak ne comprend que deux tables, comme-
la première version du mohtasib d'Abarkouh, ce qui est évi-
demment la forme originale de cette doctrine, la Table de la
Raison universelle, qui correspond au Décret divin, au Mandat
céleste Laa, et celle de l'Ame universelle, qui garde l'Arrêt jOi,
ce second aspect de la Table du destin étant le seul qui, dans la
terminologie d'Abd ar-Razzak, soit qualifié de Table gardienne.
Au-dessus, en dehors de tout le -AÔiy-cq, dit Abd ar-Razzak
d'après les doctrines des Gnostiques (1), en empruntant toutes
ses idées à la théorie des hypostases des néo-platoniciens, existe
lÈtre unique (2), qui connaît directement toute chose, sans
l'intermédiaire d'une idée, avec tous ses attributs, qui éma-
nent de son ipséité; le plus important est la Science suprême
is^' J*3', qui est la Raison universelle (3), l'Intelligence pri-
mordiale (4); c'est en elle, sur elle, que sont écrits les types
(1) (iuyai'd, Abd nr Ra^zak et son traité de la prédestination et du libre
arbitre. Journal Asiatique^ 1873, i, p. 150, 151, 162, 163; 168.
(2) Dieu, chez Abd ar-Razzak, comme chez les néo-platoniciens, est en
dehors du x6(T(io;, absolument séparé de lui ; il connaît tout directement, sans
l'intermédiaire d'une idée, par la même communication immédiate qui s'établit
entre le Mystique et la Transcendance, sans' même que les sens transcendantaux
entrent en jeu; c'est là une sensation intraduisible dans et par la matérialité
d'une langue, une communication en dehors de tout concept, de toute limi-
tation de temps et d'espace.
(3) J,-i! ^jj\.
L13]
LA PEXSKE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 301
de toutes les existences, de toutes les entités; les anges, les
•esprits divins, sont des raisons différentielles, partielles, des
dérivées successives,'éinanées de la Raison universelle, qui est
l'Intégrale; les anges, en cette qualité, peuvent agir sur les
■créatures, comme le fait l'Être unique lui-même, quoique à
un moindre degré, avec moins de puissance, et c'est cette
raison qui leur a fait donner le nom de « ceux qui se trouvent
rapprochés (de Dieu par leurs attributs) » .^jCi--.
De cet Esprit primordial émanent l'Entité psychique et la Spi-
ritualité; l'Entité psychique pL^, la àùyr, des philosophes
grecs, est l'Ame universelle, et les tliéosophes de l'Islam lui
donnent également le nom d'Ame raisonnable iiLUl v-iJî.
L'Ame universelle est dans un rapport immédiat et intime avec
tous les corps célestes- répartis dans les sept sphères ; c'est elle
qui donne naissance aux âmes particulières et différentielles
des sphères et des planètes qui leur appartiennent; elle ne
•connaît point directement par son essence, ce qui est l'attribut
exceptionnel de l'Esprit primordial, dont elle est une émanation,
mais elle peut, dans certains cas, être douée de la connaissance;
quant à la Spiritualité ïlila^^., elle est l'Esprit du y.ijy.o;, et elle
est directement perçue par l'Être Unique, cette perception étant,
en fait, la Prescience divine.
A la Raison universelle correspond le Décret, le Mandat
•céleste l-^,qui embrasse et contient toutes les entités, toutes les
modalités de leur existence, dans leur généralité, ou plutôt dans
leur intégralité.
D'après le mohtasib d'Abarkouh, dans son Madjma al-
bahraïn, le Décret signifierinvariabilité desidées, desformes(l)
(1) Pages "iOâ, •2t»6, 210, iVi. Ces formes éternelles vivent clans l'invariabilité
absolue dans le monde transcendantal; quand les âmes qui ont animé les
hommes, dit le mohtasibd'Abarkouh, dans son Madjma al-bahraïa, page 254, s'en
vont dans le monde supérieur, elles délaissent les complexes ,jy}^ y> dont sont
formés les corps, et elles revêtent pour l'éternité les formes spirituelles
jUs.j. i_»-^; aussi les sensations éprouvées dans le monde métaphysique sont-
•elles plus intenses que celles du monde tangible, dit al-Djili, dans Val-Insan al-
kamU,el les plaisirs y sont plus vifs, ainsi que les souffrances. Cela provient de
■ce fait que. dans le monde do l'au-deli, rien ne vient s'intei-poser entre l'esprit
ilJl
302 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
,j^ o^L?^' dans le monde des contingences, des possibilités;
sous un autre aspect de la pensée humaine, le Décret est 1&
Kalam primordial J^^l Jj^!, qui aécrit l'intégrale du -AbaiJ.oq sur
la Table gardienne, lequel, en fait, n'est que l'instrument qui a
permis d'en tracer sur la table la forme invariable et indéfor-
mable. Tout ce qui se trouve écrit dans les cieux, ou, pour plus
d'exactitude, dans le monde transcendantal, est le Décret, le
Mandat divin; tous les phénomènes qui se produisent dans le
monde tangible sont causés par l'intluence des astres et des
cieux, et forment l'ensemble de l'Arrêt divin sj:^..X5. Cette
influence des sphères et de leurs planètes s'exerce par l'inter-
médiaire, par le moyen, de leurs àines particulières, qui sont
des différentielles de l'Ame universelle, laquelle est une dérivée
de l'Intelligence primordiale; c'est assez dire que le Décret
relève de l'Intelligence primordiale, et l'Arrêt divin, le Destin,
de l'Entité psychique, de l'Ame universelle.
Cette théorie aboutit fatalement aux systèmes astrologiques
et cabbalistiques, qui forment la partie la plus secrète et la plus
abstruse de-l'Ésotérisme; les docteurs soufis, en général les
Musulmans, qu'ils soient shiïtes, ou qu'ils appartiennent au
Sunnisme, sont intimement persuadés de la valeur des théories
cabbalistiques et astrologiques, par cette raison qu'il faut aller
chercher la cause de tout ce qui se produit dans l'univers
tangible dans les mouvements des corps célestes.
A l'Ame universelle correspond l'Arrêt .Ji (I), qui ne con-
cerne les entités et leur existence que dans leurs particu-
larités; l'Ame universelle, à ce point de vue, est le lieu de
l'Arrêt, la Table de l'Arrêt, du Destin ,X!i)\ ~ J, le monde de la
Souveraineté s0^n_U; comme on l'a vu un peu plus haut, cette
Ame universelle, qui est la Table de l'Arrêt, est le monde des
âmes célestes différentielles, et c'est de lui que descendent les
— j i et ce qui lui est envo\'é par Allah. Au contraire, dans le monde tangible,
le corps, par suite de sa matérialité, à cause des complexes ,j^[S y- d'éléments
dont il est formé, empêche cette communication directe entre la Divinité et
l'esprit de l'homme, et il masque à la fois le plaisir et la douleur, au moins
jusqu'à un certain degré.
(1) Guyard, Abd ar-Razzak, page 168.
[151
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 303
êtres qui viennent exister dans le monde tangible io'^M JU.
Le mohtasib d'Abarkouh, dans son Madjma al-bahrain (1),
réfute longuement les théories des philosophes qui nient l'exis-
tence de TArrêt divin, dans lequel il voit le « Livre qui explique
clairement », le ^^ w^UT, c'est-à-dire l'un des aspects du Koran
ésotérique, qui, dans le Koran, dans la diction de Mahomet, est
devenu le nom du Livre. A un autre point de vue (2), TArrêt
signifie l'hypostase des formes, des concepts des entités
LlI ^y^ Jr^^, dans le monde de l'existence matérielle, dans
leurs différentielles; mais il signifie également la production
des formes, des concepts des entités Lu' , ^^ o-a^., dans les
âmes célestes particulières du Macrocosme, et, par consé-
quent, dans les facultés Imaginatives du microcosme, qui sont
les correspondantes de ces âmes célestes.
Mais la théorie des deux Tables n'est point généralement
admise par les philosophes musulmans (3), puisque Djourdjani
en distingue formellement quatre : r la Table du Décret
l^, sur laquelle la volonté divine efface ou garde, après avoir
écrit la création; 2° la Table gardienne du Destin, sous son
nom habituel Jb^i^! ~Jl3!, ou Table de l'Arrêt ,jJi)! ~J, qui
est la Table de l'Ame raisonnable universelle, sur laquelle sont
répartis, en classes générales, les universaux de la première
table, ces types généraux restant étroitement soumis à l'in-
fluence des causes qui font partie intégrante de leurs idiosyn-
crasies, et auxquelles elles ne peuvent se soustraire; 3" la
Table de l'Ame céleste différentielle, qui est une réplique
imaginaire, l'image virtuelle, de l'Ame raisonnable, dont il
fait une troisième table, dans le même esprit qui a inspiré
l'une des théories exposées à une date un peu postérieure
dans le Madjma al-bahrain; c'est sur cette troisième table
de Djourdjani que viennent se dessiner, se peindre, toutes
les existences qui vivent dans le monde tangible, avec leurs
formes, leurs dimensions, leur volume; on la nomme le ciel le
plus proclie, et ce ciel est, en fait, comme le prototype imma-
(1) Pages 214 et 249.
(2) Madjma al-bahraïn, page 206.
(o) Guyard, Abd ar-Ra<zak, page
.H 1*1..., l'^^^ ^\JK,.
ar-Razzak, page 169, note.
304 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
tériel et imaginaire du monde, de même que la première Table
-est en Tesprit, et la seconde, le cœur; 4'' quant à la quatrième
Table de Djourdjani, elle est celle de la matière primordiale,
•qui peut recevoir les formes dans le monde sensible, suivant
une théorie qui présente évidemment des rapports étroits avec
les doctrines du mohtasib d'Abarkouh, dans un espi-it sensible-
ment différent.
Le Décret et l'Arrêt, suivant Abd ar-Razzak (1), sont tous les
deux compris dans la Prescience primordiale J^^i h^*-^^, dont
ils ne sont visiblement que deux aspects, de la même façon que
le Décret et TArrêt contiennent toutes les réalités, tout ce qui
■esi en acte. La Prescience primordiale, dit Shams ad-Din
d'Abarkouh, dans le Madjma al-baliraïn (2 , signifie la volonté
créatrice des idiosyncrasies c^lI»U et des essences si-»^^i des
entités; de même que la Prescience primordiale comprend dans
son ipséité le Décret et l'Arrêt, le Décret, qui est dans le passé,
comprend l'Arrêt, qui est dans le futur, et l'Arrêt comprend ce
qui aura une existence dans le monde tangible - ,W! J, '^^
toute idée, toute forme ^j:^,^-» du monde transcendantal corres-
pondant à une matérialité déterminée, qui se trouve manifestée
dans ce moode tangible, à S3n heure inéluctable, d'après ses
idiosyncrasies.
(1) IbkL, page 101; par le Décret Lsâ, Dieu décrète, détermine, décide;
par l'Arrêt , Ji. il exécute; c'est en ce sens, mais sous une forme plus précise,
que l'auteur du Madjma al-bahraïn, p. 206, a écrit que le Décret est l'existence
potentielle des idées des entités dans le monde de la possibilité, d'une façon
intégrale; l'Arrêt, l'hypostase des idées des entités dans le monde existentiel,
sous leur forme différentielle; la distinction est essentielle : le Décret est dans
l'éternité passée; l'Arrêt, dans l'éternité future; Joui est la Prescience, la Provi-
dence. A un autre point de vue, et d'une manière qui est plus claire, les idées, les
prototypes de toutes les entités sont écrits dans la Raison universelle; c'est le
Décret, lequel, partant, embrasse les entités dans leur intégralité ; puis, ces idées,
ces formes, provenant de la Raison universelle, viennent se peindre, en se
différenciant absolument, sur la Table de l'Ame universelle, ce qui forme l'Arrêt;
l'Arrêt, par conséquent ne peut embrasser les entités que dans leurs particu-
larités ; en ce sens, la chiromancie est fondée sur cette théorie des deux Tables;
la main droite représente, disent les spécialistes, le destin, tel qu'il a été défini
pour chacun, dans son intégralité ; la gauche, au contraire, ses particularités, ou,
•comme le disent les bohémiennes, ce que chacun a fait de sa vie, avec l'intro-
duction, dans ce S}'stème, du concept du libre arbitre; le rapprochement est
«urieux; il est inutile d'y insister plus longtemps.
(i) Page 20G.
[17]
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 305
Cette Prescience primordiale, cette Providence, ajoute l'au-
teur, est une manière de parler de la Science éternelle J,! *ic
qui contient toutes les idiosyncrasies, d'une façon intégrale,
mais qui n'est pas elle-même douée d'Essence «ji^'i, parce
qu'elle est, en réalité, l'essentialité même dé l'Essence, l'idiosyn-
crasie même de cette Essence oli) ^rr-
La Science éternelle, qui enveloppe tout, dit l'auteur du
Madjma al-bahra'in, de par le destin inéluctable qui lui
impose la production des entités déterminées par la volonté
transcendantale c^LIx:;^, se vit contrainte et obligée de pro-
duire une Essence ^^»j=-, qui est connue sous les divers
noms d'Essence primordiale, d'Intelligence primordiale, de
Lumière primordiale, de Matière primordiale, de Protoplasme,
^^\ ^^^, y; jX-r; y; ~pM-r, des Alexandrins, de Kalam sublime,
de Table gardienne intégrale. Elle produisit ensuite, par le
moyen de cette Essence, considérée dans ses différentes
modalités, les corps célestes et les éléments qui entrent dans la
composition des corps matériels, lesquels constituent les
véhicules des facultés physiques. Considérée dans sa fonction
de Table gardienne du destin, cette Essence primordiale est
devenue les essences des existences -.Ij 10 Xj^\- toutes les
formes, toutes les idées, tous les concepts des entités, sont
compris dans cette Essence, d'une manière intégrale; par suite,
et à cause de sa science éternelle, l'Être unique est présent dans
toutes ces formes; il préside à leur existence, et les connaît
toutes. Cette présence et cette science d'Allah sont une façon de
parler de la Prescience primordiale, et l'auteur du Madjma al-
bahrain^ tout comme Abd ar-Razzak, insiste sur ce fait qu'elle
n'a point d'essence .^':i.
Le lieu du Décret, qui est le monde de la Raison universelle ( 1 ) ,
le monde spirituel, avec sa substance immatérielle, les essences
sans matière (2), dit Abd ar-Razzak, a reçu des philosophes le
(1) Guyard, Abd ar-Razzak, pa^es 164, 170, 195.
(2) Madmia al-bahraïn, page 210.
[18]
ORIENT CHRÉTIEN. 20
306 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
nom de Table du Décret 1^1 ^^, ce qui est une variante de
celui de Table gardienne; c'est sur cette table que sont écrites en
bloc, dans leur somme intégrale, les entités par le Kalam
d'Allah; elle est le monde de la Toute-Puissance, le premier
aspect du monde transcendantal, le vIj-jj.^^! JU, qui est égale-
ment désigné, dans la terminologie des métaphysiciens et des
ontologistes de l'Islam, sous les noms de «. aspect primordial du
monde de la Souveraineté» y^\ >o^'CU! JU (1), etde « monde
supérieur de la Souveraineté » X^\ ci^-STiJ! JU ; on le nomme
encore la « Mère du Livre » ,^_^UCM À^ c'est-à-dire le prototype
essentiel du Koran ésotérique, et le « Mémorial qui juge les
hommes » *Ss:^\ j^-^,)!, dont le sens est absolument le même
que celui de « Mère du Livre », puisque, dans la terminologie
habituelle des théologiens, le Mémorial, le^i, n'est autre que
le Koran.
Si Ton en croit le témoignage de certains métaphysiciens,
tel Abdal-Karim al-Djili, dans son al-lnsan al-kamil., ce terme
de « Mère du Livre », et, par conséquent, celui de « Mémorial
qui juge », signifient l'idiosyncrasie de la nature de l'Essence,
qui se produit, sous des aspects variés, par l'idiosyncrasie de
ses valeurs transcendantales (^jU^^, qui ne sont pas susceptibles
de recevoir un nom, ni un attribut, ni une qualification quel-
conque, et qui ne peuvent davantage posséder une existence, ni
une non-existence; quant au Livre '^d>, qui est le prototype du
Koran, il est, par contre, l'Existence absolue, qui ne peut, en
(1) Le monde de la Toute-Puissance, dit Sliams ad-Din d'Abarkouh, Madjma
al-ba/iraïn, page 745, pour Abou Talib al-Makki, est le « monde de la Majesté du
Tout-Puissant » vj^^^ylis a^^I pour le plus grand nombre des Soufis, c'est le
" monde du centre (du xô(7(j.oi;) » Lu-.j *^'-^J pour ceux qui sont parvenus à
l'apogée de la science, il n'est autre, au contraire, que la matière primordiale,
la ]J ïSU. dans sa relation, dans la connexité qu'elle possède, avec toute entité
déterminée et décrétée par la Volonté transcendantale .^-xx,»; le monde de
la Souveraineté, d'après le même auteur, signifie le monde intangible, invisible,
le monde intelligible jUiix/»» s^^^ -^^'^î c'est-à-dire le xoaixo; des intelligibles;
quant au monde du Royaume, il est très nettement, comme on l'a vu à plu-
sieurs reprises, dans le texte de ces pages, le monde tangible.
[19]
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 307
aucun cas, connaître le néant; en ce sens, en réalité, la
<f Mère du Livre » n'est autre, et ne saurait être autre que la
Divinité elle-même (1).
Le lieu de l'Arrêt, au témoignage des ontologistes musulmans,
aussi bien d'après Abd ar-Razzak que suivant le mohtasib
d'Abarkouh (2), est le monde de l'Ame universelle, lequel est
composé des essences j.»*=^ , unies à la matière sSU, c'est-à-dire
du monde animique ^^ij JU, avec les corps célestes.
En effet, ajoute l'auteur du Madjma al-bahrabi, les idées
intégrales }< L^._j^, grâce à leur extrême pureté qui les
rend immatérielles, et à leur luminosité, ne possèdent pas les
idiosyncrasies requises pour atteindre le stade de l'intelligibilité
C^l^^lx^, c'est-à-dire pour être perçues dans le monde de la
Toute-Puissance ,^j^>^' JU, bien que, cependant, elles n'y
restent point au stade de l'incognoscibilité vji^l'^sr^, bien
qu'elles n'y soient pas totalement et absolument inconnues. Et
le mohtasib d'Abarkouh compare ce fait à ce qui se passe pour
les rayons solaires, lesquels ne demeurent pas imprimés sur la
rétine, et, cependant, sont perçus par le sens optique.
Ces formes sont tracées par le Kalam primordial, avec lequel
la Divinité écrivit la création, qui est le Décret Usa, sur la Table
de l'Ame universelle IÇ ^âi ~J, qui est le cœur du /.ôcru-cç;
cette table est celle qui, dans le second système exposé par
Shams ad-Din d'Abarkouh, est nommée la Table gardienne
intégrale "iU ^bJi^ _J. parce qu'elle conserve en elle les
concepts totaux, les formes, les idées intégrales 15' l^,_j^, qui
sont soumises à la loi de causalité, mais au point de vue
intéi;-ral et g-énéral.
Cette table a pour correspondant dans le microcosme le cœur,
qui est le lieu des idées intégrales }^ l^, ^-^ dans l'homme;
c'est pour cette raison que l'on nomme le''cœur la Table gar-
dienne du microcosme, car c'est lui qui garde les idées inté-
grales de subir une altération quelconque.
(1) Man. arabe 1357, folio 64 verso.
(2) Madjma al-bahraïn, page 210.
[20]
308 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Les formes jt-j^ qui se trouvent écrites sur la Table gardienne
intégrale s'impriment dans les âmes célestes différentielles et
particulières qui correspondent, dans le microcosme, dans
l'homme, aux facultés O de l'àme raisonnable iiislj (j-iJ, et
ces formes différentielles, ces idées particulières, peuvent ainsi
prendre une tangibilité, et revêtir des formes matérielles
susceptibles de localisation dans le temps et dans l'espace ; en
ce qui concerne le monde phénoménal 5.>U^iJ! JU, les quintes-
sences de ces idées ^! . partielles sont les causes qui incitent
d'une manière invincible l'être vers l'acte.
Ce monde de l'Ame universelle, (jui est le lieu de l'Arrêt, porte
toutes sortes de noms dans la terminologie des théologiens, au
même titre que le monde de la Raison universelle, qui est le
lieu du Décret; on le trouve nommé Table de l'Arrêt, ce qui
est le plus explicable, image virtuelle, réplique imaginaire du
monde JU JL^, que l'on oserait presque traduire par « plan
astral », ciel le plus proche Li:» jU~.î; c'est dans ce monde que
se produit l'hypostase des existences, des entités vjijbJlS', qui
descendent du monde transcendantal, du suprême invisible,
de l'invisible de l'invisible w-^-i'' v^^^. et de là s'hypostasient
dans le monde tangible .oL^! JU, sous une forme actuelle,
pour passer de l'état potentiel à celui de l'acte (1).
Ces idées, ces formes ^^y^, sont avec les âmes raisonnables
^b ; w^ij exactement dans le même rapport que la faculté
Imaginative JL:i^ ^^y se trouve avec les « âmes humaines »
jI^! ■r'j^ (2) : chacune d'elles constitue un « Livre qui expli-
que les mystères » ,._* ■^[S, exactement comme le Koran
(1) C'est de là, dit Abd ar-Razzak, ou mieux traduit Guyard, page 168, que
descendent tout d'abord les êtres, à leur sortie du Mystère des mystères, pour
apparaître ensuite dans le monde sensoriel.
(2) C'est-à-dire avec les âmes que chacun de nous porte en lui. De la
Table gardée, dit Abd ar-Razzak, p. 1(38, les concepts, les idées, viennent
s'imprimer dans les âmes célestes partielles, qui sont les facultés des âmes
raisonnables partielles, en tj'pes spéciaux, tout comme s'impriment dans nos
facultés des notions particulières; les facultés Imaginatives des âmes raison-
nables partielles, dérivées de l'Ame universelle, sont les âmes des sphères et des
planètes.
[21]
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 309
exotérique de Mahomet n'est que la réplique tangible d'une
idée, d'une forme, qui vit dans le monde transcendantal, d'une
idée, au sens de Platon, dont toute cette théorie n'est qu'une
hypostase, un avatar du Koran ésotérique, dont les livres de
tous les prophètes de l'Islam sont la matérialisation d'un
feuillet qui existe dans l'Astral.
Pour résumer cet exposé confus autant que diffus, le monde
de la Souveraineté vji^yCl.* JU est le lieu de l'Arrêt ,jJ ; le monde
de la Toute-Puissance vOjj^ JU, le lieu du Décret ^^i (1), ces
deux mondes n'étant que des aspects de la Transcendance,
nés du besoin byzantin de complication et de complexité,
qui constitue l'esprit de l'Asie antérieure, contrairement aux
tendances helléniques de la Chine des lettrés.
Cette théorie aboutit à une doctrine monstrueuse, puis-
qu'elle suppose, d'une manière inéluctable, que l'Être unique a
écrit simultanément les contraires et les divergences sur la
table unique; elle eût révolté l'esprit des Mazdéens, et elle est
incompatible avec l'idée chrétienne, qui attribuent la totahté
du mal qui désole le monde à l'invention diabolique et perverse
d'un esprit de ténèbres qui s'est rebellé à l'origine des temps;
elle n'eût point choqué l'intellect judaïque, qui admet explicite-
ment que Jéhovah est l'auteur du mal comme du bien, puis-
qu'il règne seul dans la Transcendance, puisque toute la
création est son œuvre, puisqu'elle n'a subi de l'esprit démo-
niaque aucune de ces contradictions qui, d'après l'Avesta et le
dogme chrétien, sont l'origine et le principe du mal.
Encore faut-il remarquer que cette doctrine des philosophes,
ou mieux des ontologistes musulmans, est encore plus inad-
missible chez les Mazdéens que dans le Christianisme; que la
somme du mal dans ce monde l'emporte sur celle du bien,
c'est un fait qui n'est que trop évident, mais il n'est point
étranger aux prévisions de l'Omniscience.
Ces prémisses ont nécessairement conduit les ontologistes
de l'Islam à la négation absolue de la puissance de l'homme
à se conduire d'après sa volonté, à la négation du libre arbitre,
à la doctrine de la prédestination et de la grâce, dans un esprit
(1) Pages 122, 212.
[22]
310 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
aussi intransigeant que celui de saint Augustin, de Calvin, des
dfsciples de Jansénius; puisque le Kalam d'Allah, l'Existence
primordiale, a écrit simultanément les contraires, à la fois sur
la Table gardienne et dans la semence humaine, qui est son
correspondant dans le microcosme, la destinée est inéluctable,
et l'homme n'a aucun moyen de lui échapper. « La semence,
dit le mohtasib d'Abarkouh, dans le Madjma al-bahrcun (1),
puisqu'elle est la Table gardienne du microcosme, contient en
potentiel, comme la Table gardienne du Macrocosme, toutes les
idiosyncrasiesqui sont perceptibles par l'intellect >^_^"^^iix/=', ainsi
que toutes celles qui ne sont perceptibles que par les sens
sjl^Lj..*^^, d'une façon générale, tous les contraires ^'j-^!, le
bonheur et le malheur, la science et l'ignorance, la richesse et
la pauvreté. Ce sont ces modalités de l'existence que l'on
nomme état JU. et stade M^ (2) ; elles ont été tracées et écrites
dans la semence par le Kalam primordial, qui est à la fois le
Décret Ui et l'Ordre de la Divinité !j>^ *Sk » (3).
Ce fait explique pourquoi l'on ne peut empêcher le malheur,
ni même le retarder, et comment l'homme est étroitement déter-
miné ,j-:-=s-''. Ces binômes, ces complexes de contraires, comme
le bonheur et le malheur, évoluent j-uT ^ .^^^ avant de
parvenir au monde tangible; puisqu'ils font partie intégrante
de la semence, ils tombent avec elle dans la matrice de la
mère, laquelle appartient encore au monde de l'intangibilité
v,_^.jLJ! JU, à la Transcendance, et en forme le dernier stade,
avant le monde sensible, que franchissent les existences, avant
d'entrer dans le monde de la matérialité C-j^'h^I JU, d'où
(1) Pages 186, 189, 207, £20, 221.
(2) Il faut entendre ici hàl et niakàm au sens ordinaire, et non au sens mys-
tique que ces mots prennent dans l'Ésotérisme, le premier signiliant cliez les
Soufis l'extase, le second, le degré où l'extase conduit le Mj'Stique, la place à
laquelle elle l'élève dans la Voie; en fait, si tout a été écrit au commencement
du monde par le Kalam d'Allah, il va de soi que toutes les extases des Mystiques
sont prévues sur la Table gardienne du destin, ainsi que leurs stades, et le
degré qu'ils ne pourront dépasser; mais ici, il est visible qu'il faut prendre ces
termes dans un sens plus général.
(3) *^, dans la langue ordinaire, est synonyme do UiiS ; *X2>.. dans ce sens,
comme Ua3, est complètement opposé à .Ji.
[23]
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 311
elles ne sortent que par la porte de la mort, pour rentrer dans
l'intangible. C'est en ce sens que le Prophète a dit : « l'homme
heureux est celui qui jouit du bonheur dès le ventre de sa mère,
l'infortuné, celui qui souffre dès ses entrailles » (1).
Malgré sa logique, sa rigueur mathématique, cette théorie
décevante et démoralisante était loin d'être celle de tous les
philosophes musulmans, et surtout de l'universalité des Mj'S-
tiques; les Soufis, comme je l'ai expliqué autre part, ont souvent
corrigé, avec une habileté surprenante, en jouant des moyens
divers d'une casuistique raffinée, ce que l'Islam primitif avait
d'intransigeance et d'inflexibilité; c'est grâce à leurs efforts
qu'il a pu se transformer en une loi anodine qui a fait son
succès; réduit aux prescriptions de Mahomet, l'Islam eût rebuté
tout le monde par sa brutalité, au lieu de se répandre dans
l'univers aux dépens de formes religieuses qui lui sont très
supérieures.
Les auteurs mêmes qui admettent dans toute sa rigueur le
principe du déterminisme absolu se sont heurtés à l'impossibilité
de s'imaginer un dieu qui a créé simultanément le bien et le
mal, et le châtiment du mal, sans but visible, et ils ont cherché
à expliquer les malheurs, les vicissitudes de la vie humaine,
par des influences mystérieuses, qui échappent à tout contrôle, à
toute mesure, à toute prévision, même à ceux de l'Être unique.
Le bonheur et le malheur, les contrastes, d'une façon géné-
rale, dit le mohtasib d'Abarkouh (2), ne sont produits ni par
la satisfaction, ni par le mécontentement de l'Être unique; car
ils sont un présent, un cadeau, qui est fait suivant les capacités
de celui qui le reçoit, parce que les entités du monde supérieur
agissent en donnant, parce que leur idiosyncrasie est de
donner, alors que l'essence de celles du monde inférieur consiste
à recevoir, les premières étant actives, les secondes, passives
et soumises au bon vouloir et au caprice des autres; ce qui
revient à dire, en termes plus clairs, que tout ce qui est produit
dans le monde tangible est déterminé par les formes et les
moments du monde intangible.
(2) Madjma al-bahraïn, page 187.
[24]
312 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Les corps célestes c-^LCIi (1) font parvenir dans le monde
de la matérialité >>Lij, ^^ JU la grâce des attributs v^i^U..^,
des actes et des paroles, et c'est ainsi que chacun des êtres qui
vivent sur cette terre reçoit sa part, suivant ses prédispositions
et ses idiosyncrasies : « Ne vois-tu pas, dit le mohtasib d'Abar-
kouh, que les cieux et les étoiles se meuvent, et qu'ils influent
profondément sur la marche de ce monde; que, parmi leurs
influences, se trouvent la détermination, la spécialisation
^.v^sr^' du temps, et celle des occurrences qui se produisent
pour les humains (2); ainsi, il se trouve un temps, tel que, par
exemple, on s'y met en voyage, il survient un événement
qui oblige à l'interrompre, alors que si le moment est autre,
(les circonstances demeurant en apparence identiques),, une
telle éventualité ne se produit point ».
Le mohtasib d'Abarkouh considère que l'influence du moment
est déterminante dans cette question du bonheur et du malheur,
en général, de la réalisation des groupes de contrastes qui sont
écrits sur la Table gardienne, et que l'on n'en tient pas suffisam-
ment compte dans cette enquête sur les vicissitudes de l'existence
humaine. Les inventeurs de cette explication n'étaient point
sans se rendre compte de son extrême faiblesse, de sa puéri-
lité, ce qui ne les a pas empêchés d'insister sur ses détails;
si encore, continue l'auteur, il n'existait dans le monde que deux
catégories bien distinctes d'êtres, les uns, toujours heureux,
les autres, voués à un malheur constant, depuis leur enfance
la plus lointaine jusqu'au jour de leur mort, il y aurait, au
moins, une certaine logique dans les desseins de l'Être unique,
ou plutôt l'apparence évidente d'une continuité; et l'on serait
quitte de la résolution de ce problème angoissant, en disant
que la vie de ceux qui ont été constamment malheureux, et
inlassablement voués à l'infortune, a été écrite avec le mauvais
bec du Kalam, pour des raisons qui ne relèvent pas de la raison
humaine, qu'Allah seul connaît, dont les hommes n'ont pas à
lui demander compte.
(1) Madjma al-bahrain, page 187.
(2) ■jai\j3, qui signifie littéralement les « grâces accordées aux hommes »;
■^JjS signifierait les <■ utilités des hommes ».
[251
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 313
Mais, ce qui est plus décevant encore, plus inexplicable, que
cette continuité de la vie, ce sont les variations de la fortune, les
vicissitudes sans nombre qui se produisent dans l'existence des
êtres, sans la moindre cause apparente, qui les font passer
brusquement de la félicité la plus complète à l'infortune absolue,
à la détresse la plus profonde : « Les attributs, les qualités
,j^U^ (1), étant inséparables de l'essence c^li qu'elles déter-
minent, pourquoi, comment, de quelle manière, les états des
êtres animés, depuis l'Orient du soleil de la vie, qui est cons-
titué par les vers et par les insectes, jusqu'à son Occident le
plus lointain, qui est l'homme parfait, le J^»!^ .Ljt, changent-
ils constamment, inlassablement, de telle sorte que, pendant
un long temps, ils jouissent d'un bonheur sans mélange, puis
qu'ensuite, le malheur s'acharne sur les mêmes entités, sans
l'apparence d'une cause. »
Il en faut chercher l'explication au triple aspect sous lequel
peut se présenter la constante du temps, que l'on peut consi-
dérer sous deux points de vue différents, lesquels correspon-
dent à deux terminologies divergentes: certaines personnes
divisent le temps en passé, présent, avenir; d'autres, au con-
traire, donnent à ces stades les noms de « chute » LiLw», « sus-
pension » (2) i^Uj', « naissance » (3) s-^is., ce qui constitue uni-
quement une spécialisation des moments du temps par rapport
au concept de la génération des êtres vivants; car ces termes
énigmatiques désignent simplement le moment de la chute de
la semence dans la matrice, l'instant de la conception, le
moment où Tàme vient s'attacher au corps de l'embryon, le
moment où il apparaît au monde tangible, l'accouchement, la
naissance.
Si l'on en croit le même auteur, ces trois instants détermi-
nants de la vie transcendantale de l'homme se produisent, les
(1) Madjrna al-bahraïn, page 187.
.(2) Avec le sens d'attacliement, de conjonction, ce qui serait physiologique-
ment exact, s'il s'agissait, non du moment où l'àme s'attache à l'embryon
mais de celui où le spermatozoïde tombe sur l'ovule, et s'y attache.
(3) Littéralement « action de déposer » ; une femme a.^" « dépose » son
voile; c'est, comme on va le voir, le moment précis où la femme ■■ dépose --
son fardeau.
[26]
314 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN. ..
deux premiers dans le monde intangible, le troisième se
termine dans le monde sensible; le molitasib d'Abarkouh nous
apprend, en effet, dans son Madjriia al-baliraïn (1), que chaque
entité vivante, avant d'apparaître dans le monde tangible, passe
par trois matrices successives, ou, sous un autre aspect, qu'il a
ses trois nuits prédestinées jô1]\ lU, dont la nuit prédestinée
du mois de Ramadhan, durant laquelle s'opèrent de nombreux
prodiges, au cours de laquelle les prières acquièrent une valeur
immense, n'est qu'une pâle réplique, à l'usage du monde
matériel. La première de ces nuits prédestinées se passe, pour
l'être en voie de descente vers la tangibilité, dans cet, aspect du
monde métaphysique que l'on nomme, dans l'eschatologie
musulmane, le monde de la Toute-Puissance O^^^^-; la seconde,
dans son second aspect, dans le monde de la Souveraineté
vjL^jiCU; la troisième, qui est celle de la naissance, dans le
monde physique ^^tSAfi-, dans ces trois stades, le bonheur et le
malheur, d'une façon générale, tous les attributs contradictoires
qui peuvent être l'apanage de l'être humain, ses constantes
idiosyncrasiques, sont inéluctablement écrits sur son front.
Ces trois moments représentent, en effet, les trois principaux
instants du passage de l'entité vivante du monde intangible
^^_^jS\ JU dans le monde tangible ï^L^M JU; si ces trois
moments, qui ont une importance capitale dans la vie de
l'être, tomlient à des époques favorables, l'être créé est parfait,
aussi bien dans sa forme matérielle que dans son intellect, dans
sa vie, aussi bien que dans sa mort; il est appelé à la réussite
parfaite durant son existence terrestre, et il jouira après sa
mort de la félicité des élus. Mais, si le contraire se produit, si
ces trois moments déterminants du passage de l'être de la
Transcendance dans le monde des formes matérielles arrivent
à des heures funestes, l'entité qui naîtra sous ces fâcheux
auspices sera toujours le jouet du malheur, et ne réussira
à rien dans sa vie.
L'accord absolu des modalités, dans un même sens, de ces
trois moments est extrêmement rare ; dans la plupart des cas,
ils se produisent sous des influences diverses, et cela suffit à
(1) Page 288.
[27] ■
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 315
expliquer les vicissitudes que traversent les êtres liumains.
Lorsque deux de ces instants de l'existence d'avant la vie
matérielle se sont produits sous des influences heureuses, le
premier et le second, par exemple, quand le troisième, au con-
traire, s'est trouvé sous une mauvaise influence, l'être sera
heureux durant sa jeunesse et son âge mûr, malheureux dans
sa vieillesse. Il est évident que si ces trois instants sont mar^
qués du signe d'influences néfastes, sa vie sera malheureuse,
depuis le jour de sa naissance jusqu'à celui de sa mort, sans
rémission, sans que la destinée puisse apporter le moindre
palliatif à ce sort infortuné.
De ces trois instants, continue l'auteur du Madjma al-
bahrain (1), le plus important, celui qui impartit le plus de
bonheur ou de malheur, est le moment précis où la semence est
projetée dans la matrice; c'est en eflet là l'instant absolu où
commencent à s'exercer les influences sidérales des positions
des corps astraux qui gravitent dans le y.ijp.cç de l'Ame univer-
selle (2), sur cette matière différentielle ^'^ et composée des
éléments ^^r^^' Qui va devenir l'homme. C'est en ce moment
que la matière reçoit sa forme, ou tout au moins, Ja majeure
partie de sa forme ; si cet instant est connu avec une très
grande certitude, d'une manière rigoureuse et absolue, si l'on
connaît précisément ses coordonnées astrologiques JIL, on
calculera, sans aucune possibilité d'erreur, si l'être qui verra
le jour sera heureux ou malheureux.
Cette théorie des ontologistes musulmans est enfantine; elle
ne résout nullement le problème des destinées humaines; elle
ne saurait expliquer les vicissitudes de la vie sur cette terre;
ou plutôt, elle recule cette solution par un artifice sophistique,
en recourant aux fantaisies de l'Astrologie, à une interpré-
tation de l'avenir, du destin, dont il faut aller chercher l'origine
immédiate dans les très médiocres traités qui furent composés
par des Grecs d'Asie, par des Syriens ou des Égyptiens hellé-
nisés, dans les provinces orientales de l'empire byzantin, à
(1) Page 223.
(2) Les âmes des planètes, àines raisonnables partielles, sont en efiet dérivées
de l'Ame raisonnable universelle.
[28]
316 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
l'époque chrétienne. Que ces livres stupides ne soient que le
dernier écho d'une doctrine qui était née des efforts des astro-
nomes de la haute antiquité, dans les plaines assyriennes et
dans Ja vallée du Nil, c'est là un fait certain; mais cette cir-
constance ne saurait empêcher, ce qui est capital dans l'histoire
de la science et de sa transmission, que ce soit par les traduc-
tions arabes de ces traités écrits en grec que les Musulmans
ont connu les fallacieuses théories de l'Astrologie, qu'il n'y a
pas eu passage de l'Astrologie chaldéenne à celle des peuples
de langue arabe, ou aux Iraniens islamisés, ce que montre
surabondamment la forme, la technique, l'onomastique, la
géographie, le vocabulaire, de ces médiocres ouvrages arabes
et persans.
Jamais les auteurs chrétiens n'auraient eu l'idée, ou la
tentation, d'introduire de semblables rêveries dans le pro-
blème de la destinée; d'ailleurs, pour qui admet la prédes-
tination, cette solution est inexistante et vaine : si ce sont
les trois moments de l'existence fœtale qui déterminent
absolument la vie terrestre de l'homme, ces moments ne
sont-ils pas eux-mêmes strictement déterminés, d'une ma-
nière inéluctable, par l'acte de la Divinité? Si la rotation
des sphères, comme l'enseignent les Musulmans, détermine
les modalités, toutes les modalités, de l'existence, jusqu'aux
moindres, leur mouvement appartient au monde de l'Ame
universelle, qui est l'un des aspects de la Table gardienne, et
Içur rotation n'est-elle pas écrite depuis l'origine du monde,
depuis son principe, parmi les intégrales qui couvrent la Table
du destin? Puisque la Prescience éternelle a tout prévu,
puisqu'elle a tout écrit du bout du Kalam, de l'Existence
primordiale, elle a déterminé inéluctablement les influences
astrales qui régiront le moment, l'instant de la conception de
tous les êtres dans ce monde subluiiaire, au centre du '/.bG\).oq,
aussi bien que les conjonctions stellaires sous lesquelles leur
âme descendra en leur corps matériel, et sous lesquelles ils
naîtront.
Comment ce qui a été écrit de tout temps sur la Table gar-
dienne des différentielles, qui est la semence des êtres vivants,
pourrait-il être modifié par ce qui a été écrit sur la Table des
[29]
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 317
intégraiss, par les modalités du temps (1)? Cette difficulté n'a
point échappé aux théosophes de l'Islam; elle naquit, d'une
façon inévitable, du syncrétisme maladroit de deux théories
essentiellement différentes, celle du Destin absolu, celle de la
destinée astrologique, qui expliquent chacune, à peu près, en
y mettant beaucoup de bonne volonté, le mystère de la vie
humaine, mais qui n'expliquent plus rien quand on les addi-
tionne, dans l'espoir d'en faire un système unique.
Dans un autre passage du Madjma al-baJiraïn, le mohtasib
d'Abarkouh répète cette théorie de l'influence astrale sur
les destinées humaines, en apportant à son exposé des modifi-
cations très importantes, qui, cette fois, la rendent un peu plus
compréhensible, en faisant une certaine place au libre arbitre,
qui se trouvait absolument évincé de la théorie précédente.
Puisque, dit-il, tous les accidents du monde inférieur sont
rigoureusement déterminés par ceux qui se produisent dans le
monde supérieur, tout ce qui se trouve écrit dans le second,
dans le monde de la Transcendance, doit fatalement se produire
dans le premier, dans le monde sensible; cependant, dans le
monde intangible, dans le monde de la Souveraineté JU
O^vU', les accidents sont écrits d'une façon totale, intégrale,
en bloc, tandis que dans la semence, qui est le monde tangible,
ils sont écrits sous une forme particulière, dans leur détail,
dans leurs différentielles. C'est pourquoi l'homme peut réagir
contre ces accidents conçus sous des espèces différentielles,
alors qu'il est complètement inutile d'essayer d'agir contre les
premiers.
La félicité de l'homme heureux, l'infortune de l'homme
malheureux, dans le monde tangible o^CU! JU, ne dépendent
pas d'un acte de volition du monde transcendantal ; en effet,
l'action des cieux, celle des astres qui leur sont attacliés, con-
sistent essentiellement à produire et à propager des attributs
,j_}l^\ cette propagation s'opère d'une manière générale et
synthétique, intégrale, non d'une manière particulière et ana-
lytique, différentielle, laquelle déterminerait d'une façon iné-
(1) Puisque toute entité est écrite sur la Table très générale; puisque les
astres sont dans un rapport étroit avec la Table de l'Ame universelle.
[301
318 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
luctable le sort de chacun; ce qui revient à dire, comme on le
voit, que le monde de la Transcendance émet des séries de
contraires, sans les diriger absolument sur tel ou tel être, et
que les entités du monde inférieur, du monde sensible, ont la
faculté et la possibilité d'y choisir ce qui leur plaît, jusqu'à un
certain point.
L'application de ces séries de contraires aux êtres humains
est soumise à de multiples influences, à de nombreuses moda-
lités de temps, d'espace, d'ipséité, et à bien d'autres éléments
de variation. La semence humaine, qui est l'aspect tangible,
dans le monde matériel, de la Table gardienne très particulière
du Destin intégral, contient les répliques de toutes les séries
de binômes de contraires qui ont été écrites en bloc par l'Être
unique; si ces séries de contraires viennent à tomber dans la
matrice de la mère à un moment favorable, l'être qui naîtra
plus tard connaîtra le bonheur; au contraire, il vivra dans
l'infortune, si la conception se fait en un instant que les astres
indiquent comme néfaste.
L'introduction des théories astrologiques dans cette doctrine
la rend illusoire comme la précédente, et au même titre; les
ontologistes musulmans n'avaient qu'à se tenir à cette opinion
que l'Être unique, dans sa prescience infinie, a déterminé
que les créatures ont le droit et jouissent du pouvoir de
discriminer, dans la somme des complexes qu'il a écrits à leur
intention, les éléments qui leur conviennent, en laissant les
autres de côté. La principale objection que l'on peut faire à la
singulière théorie qu'il vient d'exposer ne lui a pas longtemps
échappé : « Si le bonheur, ou le malheur, d'une façon générale,
l'un des deux contrastes écrits sur la Table gardienne qui est
constituée par la semence, dépendent des conditions dans les-
quelles s'opère la conception, pourquoi et comment existe-t-il
des variations dans l'état de chacun des êtres? »
Les partisans de cette théorie répondent à cette objection, ou
plutôt pensent y répondre, en chsant que les modalités de la
vie de l'être humain ne sont point réglées et déterminées uni-
quement par les conditions astrologiques sous lesquelles se
fait la conception, puisqu'il y faut ajouter deux autres moments
de la vie dans le monde delà Transcendance, qui n'ont pas une
[31]
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 319
moindre importance, d'après les conditions astrologiques qui
les régissent, l'instant où l'àme vient s'attacher au corps en
formation, et celui de la naissance, auquel l'être quitte le
monde de l'invisible pour entrer dans celui de la tangibilité.
Encore cette tliéorie serait-elle jusqu'à un certain point
recevable, si les accidents de la vie se produisaient en une
série composée de trois termes, nettement discriminés par leur
qualité, faits entièrement de bonheur ou de malheur, composés
uniquement de fortune ou d'infortune. L'expérience montre
qu'il n'en va point ainsi, que, pour les hommes les plus
favorisés par le destin aveugle, les événements heureux
et ceux qui les plongent dans l'affliction s'intercroisent au
même instant, dans la même période, en un lacis inextricable,
comme si deux influences de signe contraire s'étaient mani-
festées simultanément lors de chacun des trois moments astrolo-
giques qui, d'après la doctrine des ontologistes, déterminent
les modalités de la vie ; les Grecs furent plus avisés quand ils
expliquèrent les vicissitudes répétées du sort en disant que
les dieux vendent cher aux hommes le peu qu'ils leur donnent,
qu'à toute apparence fallacieuse de bonheur qu'ils leur
accordent répond immédiatement une calamité qui rejette dans
le néant cette félicité passagère. Il faudrait admettre, pour que
la thèse des ontologistes musulmans ait quelques chances d'être
acceptable et de satisfaire la raison, soit que la personnalité des
êtres est double, ou même multiple, et choisit simultanément
les contraires dans les binômes de contrastes qui ont été écrits
par la Divinité sur la Table gardée, soit que les intluences
astrologiques qui s'exercent aux trois instants essentiels de la
vie d'avant la naissance sont elles-mêmes multiples et de sens
contraires, toutes suppositions qui dépassent de beaucoup les
prémisses du problème, et qui ne sont point admissililes; sans
compter ce fait, qui a son importance, que la courbelS^ la vie
humaine, ou plutôt de sa destinée, n'est point si simple qu'elle
ne comporte que trois maxima et minima, trois points d'in-
flexion ou de rebroussement, trois points singuliers, et que le
nombre des variations majeures qui se produisent dans la
fortune humaine, durant toute une vie, de la naissance à la
mort, est autrement considérable.
320 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Telles sont les causes qui ont incité les docteurs musulmans
à chercher et à exposer une explication de ces phénomènes
mystérieux qui soit plus satisfaisante pour la raison; certains
affirment en effet (1) que le Destin qui se trouve écrit dans les
cieux est le Décret divin !j.^ ^'-^3, que tous les phénomènes
qui, dans le monde matériel, naissent sous l'influence astrolo-
gique des astres et des cieux dans lesquels ils roulent, forment
l'Arrêt divin Lv:^ v-l-»,--'; l'on ne peut empêcher ce que veut le
Décret, parce que les destins qui se trouvent écrits dans le ciel
eu vj:^U,x,C sont des intégrales '■jl-^; mais Ton peut empê-
cher une partie de l'Arrêt, parce qu'il est composé de différen-
tielles c^Lh.=.; c'est-à-dire que, si l'on est dans l'impossibilité
absolue de contrecarrer le Destin pour tout ce qui a trait au
Macrocosme,^^-^ JU, il est possible de le tenter dans le domaine
du microcosme j-^À-s^ JU, qui est la vie matérielle et morale de
l'homme. Il est évident que l'être humain n'aura jamais la
puissance de bouleverser les mouvements des astres sur leurs
orbites, alors qu'il peut refréner ses passions, dans le domaine
moral, ou abîmer sa santé, dans le domaine de la matérialité.
Ces docteurs estiment que l'on peut détourner une partie des
effets de l'Arrêt, celle qui est la moins impérative, par le
moyen de la raison J.Hs, une autre, par les pratiques de la
religion, par la prière, par l'aumône, d'une manière générale,
par les œuvres pies qui sont prescrites par la loi mohammé-
dienne, ainsi que par les pratiques surérogatoires.
On voit que les Mystiques ont très bien perçu les ditTi(;ultés
auxquelles ils venaient se heurter, et que, ne pouvant passer
outre, dans une résolution impossible, ils ont essayé de les
tourner; mais tous leurs efforts dans cette voie ont été stériles,
et malgré toutes les ressources de leur casuistique, ils n'ont pu
apporter une solution nouvelle, ni même une solution qui
satisfasse tant soit peu l'esprit, au problème des destinées
humaines.
Si l'on veut admettre que le sort de l'homme, même quand
il a été écrit sur les Tables gardiennes, puisse être soumis à, de
(1) Madjma al-bahraïn, page 215.
[331
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 321
brusques variations par l'entrée en jeu des forces astrales et
des puissances sidérales, le problème du déterminisme n'en
demeure pas moins entier, et l'homme n'en reste pas moins
privé absolument de son libre arbitre, da contrôle de ses actes.
D'où proviennent en effet ces puissances mystérieuses qui
rayonnent du monde intangible? Les « Versets du Trône »
répondent qu'« Allah est tout-puissant sur toute entité », tandis
que les kabljalisles musulmans professent cette théorie que
l'incalculable énergie des systèmes stellaires a sa source dans
la combinaison des valeurs mystiques des lettres, telles qu'elles
ont été créées par l'Être unique.
Ce n'est donc pas une solution de faire entrer comme facteur
dans la vie de l'homme les puissances astrales, puisque c'est la
volonté de la Divinité qui les a créées, dans la forme précise,
avec la puissance exacte qu'il a voulu leur donner, puisqu'elles
sont déterminées avec autant de rigueur que les destinées du
microcosme, du moment où leur intégrale a été écrite sur la
Table gardienne.
Tout au plus, peut-on admettre, et encore jusqu'à un certain
point, la dernière partie de cette th(\se, que l'homme possède
quelque pouvoir d'empêchei', par les œuvres d'obédience et de
surérogation, et aussi en faisant appel aux ressources de sa
raison, d'empêcher, de contrecarrer une partie des différen-
tielles des intégrales écrites sur la Table. Il est défendu à la
créature de faire plus; c'est seulement dans le cas où l'homme
pourrait régir à sa guise, sans que l'Être unique soit en mesure
de l'en empêcher, les énergies sidérales, qu'il lui serait pos-
sible de modifier, dans une certaine mesure, le schéma de sa
vie, tel qu'il est inscrit sur la Table gardienne du Macrocosme,
si tant est que les influences astrales puissent apporter des
variations au Décret d'Allah.
C'est ce résultat que les kabbalistes, les nécromants, les
magiciens, ont cherché à atteindre par la combinaison, dans
toutes les manières imaginables, des valeurs mystiques des
lettres de l'alphabet. Encore faut-il remarquer que, même dans
la théorie de ces insensés, l'Être unique qui a créé ces lettres,
avec toutes leurs valeurs ésotériques ^^jU^^, a déjà écrit, sous
leur forme intégrale, toutes les combinaisons que les hommes
[341
ORIENT CHRÉTIEN. 21
322 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
peuvent en faire, et leurs résultats, ou, s'il ne l'a point fait, que
ces combinaisons et leur valeur potentielle existent du moment
où les lettres ont été créées par Dieu avec leur puissance ésoté-
rique; de telle sorte, qu'en définitive, la solution du problème
recule de plus en plus, et s'ajourne indéfiniment, que le cycle
se ferme sur ce concept précis, évident, que seule la Divinité
peut modifier le Destin, que c'est uniquement en agissant sur
sa volonté, en implorant sa grâce, que les hommes peuvent
conserver quelque espoir de modifier les constantes de leur vie.
Les pratiques religieuses, comme le disent les Mystiques,
émeuvent la miséricorde de Dieu, qui, dans sa toute-puissance,
est toujours libre d'apporter des variations au Destin, si tant
est que sa prescience éternelle et infinie ne lui ait pas appris,
au principe des temps, les modalités de toutes les variations
qu'il ferait subir à son œuvre; mais c'est manifestement com-
mettre le péché d'orgueil, et le pire, que d'enseigner, comme le
font les théologiens et les ontologistes persans, que la raison
Jic et la science Js peuvent modifier tant soit peu le Décret
éternel. Les facultés humaines ne pourraient choisir dans les
binômes de contraires qui forment la trame de la destinée,
qu'à la condition stricte que l'Être unique ait accordé à l'homme
le pouvoir de le faire, autrement dit que la créature jouisse du
libre arbitre; si l'homme possède le libre arbitre, sa destinée
n'est point écrite d'avance sur les Tables du Destin; puisqu'elle
y est écrite, l'homme n'a pas, et ne peut avoir le libre arbitre,
au moins le libre arbitre absolu. Les théologiens persans, dans
leur désir de briser ce cercle vicieux, et sans voir les contra-
dictions auxquelles leur fantaisie les entraînait, ont continué
ce raisonnement, et l'ont poussé, comme on va le voir, à ses
extrêmes limites, où il aboutit à l'impossibilité et à l'illogisme;
cette œuvre est essentiellement persane; pas un seul de ses
éléments n'appartient aux théologiens de langue arabe; il
serait peut-être plus exact de dire qu'elle est shi'ite, et non
sunnite, parce que les Slii'ites, dans leur jurisprudence, attri-
buent à la raison, comme je l'ai expliqué autre part, un rôle
que les Sunnites lui dénient; mais, sous cette forme spéciale de
Tinfluence de la raison et de l'effort humain sur l'intégrale de
la destinée, bien qu'il y ait, et qu'il y ait toujours eu des
[35]
LA pensp:e grecque dans le mysticisme oriental. 323
Shi'ites de langue arabe, je crois que cette audacieuse théorie
est née en Perse, dans Tesprit des Soufis, des Mystiques, qui
démolissent pièce à pièce tout l'édifice de l'Islamisme, pour
aboutir à cette doctrine que l'homme, tout en étant déterminé
et prédestiné, jouit incontestablement du libre arbitre.
En ce sens, dit le mohtasib d'Abarkouh, dans un autre
passage du Madjma al-bahraln (1), l'homme possède deux
moyens de changer en bien le mal dont il est menacé ; le premier
est la science, le second, l'action, dont les prédispositions
sont également écrites dans la semence humaine (2 ; l'homme
est déterminé au point de vue de la science; il a le libre arbitre
pour son activité, c'est-à-dire qu'il est absolument libre d'agir
comme bon lui semble; si la science et l'action se trouvent et
existent dans la destinée de tout homme sous des espèces équi-
valentes, il est certain que chacun a le pouvoir d'en tirer parti,
de les utiliser à sa mesure, ou à sa volonté; car, comme le dit
fort bien l'auteur du Madjma al-bahrain. l'apparition de la
science, ou de l'acte, dans la vie des êtres humains, est étroi-
tement subordonnée à leurs efforts; la différence évidente qui
sépare les individus provient de ce fait que l'acquisition de la
science et des vérités philosophiques, par exemple, est aisée
pour l'un, très difficile pour l'autre; que Zaïd est beaucoup plus
habile à gagner de l'argent et à attraper des places que ne
l'est Omar.
Certains docteurs musulmans, d'un esprit plus indépendant,
ont été frappés des difficultés et des impossibilités auxquelles
conduit la thèse du déterminisme absolu, qui aboutit à l'erreur
astrologique; ils ont inventé une autre théorie, plus satisfai-
sante, qui, tout en laissant ^intacte la doctrine esseiilielle de
la prescience divine, permet à l'homme de se considérer
autrement qu'un esclave, dont la vie est enclose dans des
limites immuables.
Après avoir exposé les thèses suivant lisquelles le libre
arbitre est incompatible avec la prescience divine, et que, seule,
la miséricorde de Dieu peut apporter quelque tempérament à
(1) Page 191.
(2) Ihid., page 190.
[36]
324 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
la rig^ueur du destin, Fauteur du Madjma al-hahraln (1) dit
qu'il est possible de combattre l'Arrêt .Ji par l'Arrêt, de même
que l'on travaille le fer par le fer, alors qu'il est naturellement
impossible de combattre le Décret d'Allah. Ainsi, le froid est
une entité qui est écrite dans le ciel et dans les astres^, et, en cela,
il est le Décret U:i> d'Allah, mais sa production dans le monde
tangible dépend de l'Arrêt .^vi; or, tout le monde s'accordera
pour dire que Ton peut combattre le froid par la chaleur, en
allumant du feu, ou en se couvrant de vêtements, ce qui n'a
jamais été défendu par la loi musulmane, ni par aucune loi ; si,
de même, une maison vient à prendre feu, il n'y a rien de plus
légitime que de chercher à éteindre l'incendie en y jetant
de l'eau, et il faudrait être un théologien d'une intransigeance
qui toucherait à la folie pour excommunier les gens qui
agissent de la sorte.
Il est inutile d'insister sur la puérilité de cette argumentation,
puisque l'entrée en jeu de l'acte humain, d'après les conseils
de la science et les enseignements de la raison, présuppose
que la créature est libre de ses actions, qu'elle possède le
libre arbitre, ou que la Divinité a annulé ses ordres, en même
temps qu'elle les écrivait sur les Tables gardiennes du sort.
Aussi les Mystiques ont-ils modifié profondément les théories
primitives du Destin, en les compliquant d'une manière qui
les défigure, pour expliquer l'inexplicable, comment le Destin
inéluctable peut subir des variations qui font qu'il n'est plus
le Destin; cette doctrine est secondaire, et très postérieure aux
dogmes, qui viennent d'être exposés, du Destin absolu et du
Destin astrologique; elle est née dans la pensée d'auteurs qui
voulurent à toute force doter la créature du libre arbitre, tout
en laissant le Créateur maître absolu du destin.
Ces dogmatiques enseignent que, si tous les éléments qui se
trouvent sur la Table gardée du Macrocosme sont absolument
déterminés, et si, par conséquent, l'Être Unique lui-même n'y
peut apporter aucune modification, il en va tout autrement de
la Table gardée du microcosme. L'Être Unique a écrit en une
seule fois, et en bloc, tous les éléments de la création sur la
(1) Page 215.
1371
LA PENSÉE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 3^
première de ces tables, et il s'arrêta quand le Kalam n'eut plus
d'encre, pour ne jamais rien ajouter à ce qu'il venait d'écrire,
mais il continuera à écrire sur la seconde table gardée jusqu'à
la consommation des siècles; autrement dit, la création qui
correspond à ces lignes tracées par le Kalam d'Allah, celle du
monde matériel et tangible, se renouvelle sans cesse, et se
continue indéfiniment, tandis que la création du monde
intangible, du monde des formes éternelles, du monde trans-
cendantal, qui enveloppe le monde sensible de toutes parts,
est invariablement fixée.
Cette théorie est, sans contredit. Tune des plus heureuses,
dans son étrangeté, qui ait été émise pour résoudre le problème
des destinées humaines, et elle satisfait la raison; le monde
transcendantal, celui qui est formé des êtres géométriques et
des nombres, est, ou peut être considéré comme invariable et
définitivement fixé; tous les progrès de l'esprit humain dans
ce domaine redoutable sont des découvertes, ils ne sont pas
des inventions; les formes mathématiques sont l'essence même
du monde, et la Science a découvert quelques-unes de leurs
propriétés par la Géométrie et par l'Analyse, sans toujours se
rendre compte de leur signification, sans même pouvoir prouver
que tous les points de l'espace déterminés par une équation à
trois inconnues forment autre chose qu'une série de points,
et non une surface continue. Quant au monde des corps, c'est
un fait évident qu'il est en perpétuelle transmutation, ce que
les docteurs mystiques ne pouvaient exprimer sous une forme
différente de celle de la création continue, se perpétuant jusqu'à
la fin des siècles.
On voit que les théologiens musulmans ont été assez mal
inspirés en compliquant à l'extrême la doctrine primitive de la
Table gardienne, qui se présentait sous la forme très simple
d'un aspect double, dans la théorie d'Abd ar-Razzak et dans
la première version qui est exposée par l'auteur du Madjma
al-baJira'in; c'est uniquement pour satisfaire leur manie delà
complexité, leur besoin de complication, qu'ils ont dédoublé
ces deux tables primitives, pour porter leur nombre à quatre.
Cette opération était parfaitement inutile; elle n'a rien expliqué;
elle a obscurci une théorie bizarre, mais qui a le mérite
[381
326 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
d'expliquer le mystère de la vie humaine, si Ton admet que
l'Être unique continue à écrire la création sur la Table gardienne
du microcosme, c'est-à-dire qu'il crée le monde des corps à
tous les instants du Temps.
Encore cette subtilité n'était-elle pas absolument nécessaire:
il suffisait de dire que l'Être unique a écrit la création sur la
première table dans la forme d'intégrales, sur la seconde table,
sous les espèces de différentielles, de complexes dissociés, de
polynômes décomposés, de probabilités et de possibilités, dont
la Prescience divine ne recherche pas la combinaison pour en
former des complexes déterminés. En d'autres termes, que ce
qui se trouve écrit sur la Table gardienne générale est un arsenal
de tout ce dont la Divinité a besoin pour faire vivre le v.oG\j.oq,
que tout ce qui y est entassé ne vise pas telle entité déterminée,
mais l'intégralité de toutes les entités qui vivront au cours
des âges, et tout ce que la Prescience éternelle distribuera aux
créatures, au fur et à mesure que la création se développera.
{A suivi^e.)
E. Blochet.
[39j
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS
ÉCRIT, EN 661, PAR SÉVÈRE SÉBOKT
ÉVÉQUE DE QENNESRIN
INTRODUCTION
Sévère Sébokt était surtout connu comme vulgarisateur, chez
les Syriens, de la philosophie grecque, cf. E. Renan, De p/iilo-
sophia peripatetica apud Syros; nous savons maintenant,
grâce à un manuscrit apporté par M^'' Addaï Scher et analysé
ROC, t. XV (1910), p. 2-25 à 254, qu'il a aussi joué un rôle
important dans la transmission de la science grecque. Ce
manuscrit (Paris, syriaque 31G, daté de 1309) ne renferme
guère que sa correspondance, durant les dernières années de
sa vie, avec un certain Basile, prêtre et visiteur dans Tîle de
Chypre, nous pouvons donc en conclure que s'il a écrit 27 cha-
pitres en quelques années à un seul correspondant, son activité
scientifique a dû être considérable.
Les dix-huit premiers chapitres (ms. 346, fol. 78 à 121 v)
forment un traité à part, qui a son incipit et son desinit, et
auquel Sévère renvoie dans un écrit postérieur. C'est ce traité,
consacré surtout aux constellations, que nous traduisons ici.
Les cinq premiers chapitres sont dirigés contre les astrologues.
Ceux-ci attribuaient aux constellations des effets en rapport
avec leur nom. Sévère montre longuement que ces noms ont
été donnés arbitrairement et sont donc, comme il le dit, de
pures conventions qui n'ont aucune relation avec la nature des
astres. Nous donnerons le texte du chapitre iv parce qu'il ren-
ferme de longues citations d'Aratus qui manquent la plupart
du temps dans les Phénomènes, conservés au grec, de cet auteur.
[1]
328 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Nous donnerons aussi le texte du chapitre V, parce qu'il ren-
ferme tout le vocabulaire astrologique utilisé déjà par Bar-
desane dans le Livre des lois du pays, ainsi que le texte
renfermant les noms des constellations et des principales étoiles
parce que ces noms sont d'un usage constant par tout le traité.
Sévère quitte ensuite les astrologues pour faire de la cosmo-
graphie qui devait être alors très en vogue parce qu'elle était
la base de l'astrologie :
Nombre des constellations, leurs noms, étoiles remarquables.
Levers et couchers simultanés des signes du zodiaque et des
autres constellations. Cercles remarquables de la sphère céleste;
leur position, constellations qu'ils coupent. Pour lui (chap. xi),
comme d'ailleurs pour Manilius {Astronomiques, 1, vers
661 sqq.), la voie lactée est un grand cercle. La position de ces
cercles relative aux divers climats le conduit à donner les noms
des climats (d'après Ptolémée), la grandeur de leurs jours, leur
latitude. Il termine par la grandeur de la terre habitée et
inhabitée et met en relief l'existence des antipodes. Il annonce
aussi « la mesure du ciel » mais ne donne rien qui corresponde
vraiment à ce titre.
Deux courts fragments des chapitres xvii et xviii ont été
édités sans traduction par M. E. Sachau, d'après un manuscrit
du British Muséum add. 14538 du x" siècle, dans Inedita
Syriaca, Vienne, 1870, p. 127 à 134. Le reste est inédit.
Dans les divers manuscrits (Paris, British Muséum, Cam-
bridge, Berlin, Notre-Dame des Semences), qui nous ont con-
servé des fragments des œuvres de Sévère, cet auteur est nommé
|..ol2l.*o de Nisibe (ou Nisibite), Abbas, et évèque de Qennes-
rin, il était donc de Nisibe. En dépit de son surnom Sébokt qui
est perse, il se proclame syrien (1), il a dû être supérieur de
monastère (abbas) puis évéque de Qennesrin, sans doute Chalcis
au sud d'Alep. Comme l'a fort bien fait remarquer M. A. Baums-
tark. Sévère n'a jamais été « évêque de Nisibe », cf. Geschichte
(1) Il aurait cependant possédé la langue perse, puisqu'on lui attribue la
traduction du perse en syriaque, d'un commentaire sur le nzpX êp[j.iriveîaç composé
par Paul le Perse, cf. Journal As., juillet-août 1900, p. 73.
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS ». 329
der syr. Literatur, Bonn, 1922, p. 246-7 (1). En juin 638, il
écrivait sur les ouvrages d'Aristote (2); en 659, il assistait le
patriarclie jacobite Théodore dans une discussion avec les
Maronites devant Moawiah, cf. ROC, t. IV (1899), p. 323; avant
661 il a écrit le traité sur l'astrolabe que nous avons édité et
traduit, Paris, 1899, car il y renvoie par deux fois dans le traité
sur les constellations, écrit en 661, que nous traduisons aujour-
d'hui; en 662, il écrivait une lettre sur l'époque de la naissance
du Christ; un chapitre sur les climats (ms. 346, fol. 134) est
sans doute de cette époque, car on y trouve un renvoi au traité
sur les constellations écrit en 661. Enfin un traité sur le jour
où il fallait célébrer la Pâques l'an 665, qui est peut-être de
lui, nous fait espérer que Sévère a pu vivre jusque-là. M.
A. Baumstark (/oc cit.) place sa mort. en 666/7.
Les soiu'ces de Sévère. Un trouvera des renvois à Théon, à
Aratus, mais surtout à Ptolémée. Sévère Sébokt a connu la
plupart des ouvrages de Ptolémée : la Géographie, la Compo-
sition mathématique (Almageste), les Tables manuelles et les
ouvrages d'astrologie : le Qiiadripartitum et son résumé : « le
livre du Fruit ». Il nous l'apprend dans le texte suivant, ms.
syr. 316, fol. 59" : après avoir écrit que le dragon Atalia
n'existe pas, mais que les éclipses ne dépendent que des nœuds
ascendant ou descendant de la lune (voir Journal As., sept.-
oct. 1910, p. 219-224), il ajoute :
(1) Il n'est cependant pas impossible que les fragments sur Grégoire de
Nazianze du ms. add. 14547, fol. 2o6-:240, catalogue Wright, p. 432, soient aussi
de Sévère Sébokt, car ils sont attribués à « Sévère 1-*^=^' (sic) laûaa^B/ >,, ce qui
ne veut pas dire : évêque ■■ de Nisibe >■ (car il faudrait r^=»^?), mais évéque
« Nisibite >• ou « né à Nisibe », ce qui est précisément le cas de Sébokt.
(2) En cette année, dit le Catalogue des mss. syriaques de Cambridge, p. 886,
Héraclius vint à Amid et, d'Amid, descendit à Babel. On sait du moins qu'en
cette année-là, les Arabes achevaient la conquête de la Syrie.
[3]
330 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
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♦) > I ^«o J^Dt>^flO
Les calculs à l'aide desquels on trouve exactement ces nœuds (ascen-
dant et descendant) avec leurs causes, sont dans le livre qui est nommé
Règle (canon) des calculs, fait par l'astronome Ptolémée sur la course et
le mouvement de tous les astres. Bien que de nombreux hommes l'aient
précédé et l'aient suivi, il a brillé à lui seul, dans l'arl de l'astronomie,
plus que tous les anciens et les modernes (ensemô/e). C'est d'après sa pensée
que nous venons de placer les causes exactes et véritables des éclipses,
car nous avons pu puiser une petite goutte de la grande tuer de sublime
science gui est dans ses écrits, pour adresser un rappel, c'est-à-dire u»
stimulant, aux amis du travail (cptXdnovot) pour qu'ils s'appliquent encore
et ne se relâchent pas de l'amour de la sagesse (otÀoaooîa), bien que les
adversaires ouvrent fortement la bouche et aiguisent la langue {contre
eux).
Nous arrêterons ici notre discours, en adressant avec admiration au
[4]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS «. 331
Créateur de l'univers les paroles du prophète divin sage en tout : Que tes
œuvres sont grandes, ô Seigneur, et que tes pensées sont profondes.
L'homme stupide n'y commit rien et V insensé n'y prend point garde.
Fin du traité sur : Quelle est la cause des éclipses des astres (Soleil et
Lune) et qu'il n'y a pas à.'Ataliâ (dragon céleste) et d'où la lune est
éclairée. Fait par le saint évêque Sévère qui est nommé Séboukt de Nisibe.
Les ennemis, auxquels Sévère Sébokt vient de faire allusion,
en l'an 661, ne sont ni les Arabes (qui n'écrivent pas encore)
ni les Arméniens, ce sont les Grecs, car il revient sur ce sujet
l'année suivante (662) et attaque ceux qui se croient arrivés
seuls à la limite de la science parce qu'ils parlent grec; il
charge ensuite le prêtre Basile de poser certaines questions
aux Grecs (de l'île de Chypre) : Comme un syrien et un igno-
rant, je transmets ces petites questions par tes mains à ceux
qui c7'oient que toute la science se trouve dans la langue
grecque, je les prie de me répondre à tout cela avec soin, cf.
ROC, t. XV, 1910, p. 250 et 252.
Nous venons de rappeler cependant qu'en 659, Sévère Sébokt,
adjoint au patriarche monophysite Théodore, avait eu le dessous
dans une discussion publique avec « ceux de Beit-Maron ».
Et cette discussion avait eu une suite pénible : « les Jacobites
furent vaincus et Moawiah les condamna à payer vingt mille
dinars, puis il leur ordonna de se tenir tranquilles; et les
évêques Jacobites continuèrent à payer tous les ans la même
somme d'argent à Moawiah afin qu'il ne cessât pas de les
protéger et que les fils de l'Église ne les persécutassent
pas » (1). Il semble possible que ce soit cet échec de l'an 659
qui ait laissé tant de rancœur à Sévère en 661 et 662.
Dans ce cas ses ennemis auraient donc été des Grecs, il
aurait été adjoint au patriarche monophysite à cause de sa
connaissance du grec, et ceux qu'on nomma alors « les gens
de Beit Maron » seraient des Grecs. De fait l'hérésie mono-
thélite a été propagée et soutenue par les empereurs de Cons-
tantinople, c'est donc une hérésie melkite, puisqu'on donne le
nom de « melkites » aux partisans des empereurs successifs.
(1) R.O.C., t. IV, 1899, p. 323. Nous avons donné la litliographie du texte
syriaque dans Opuscules Muronites, première partie, Paris, 1899, p. 36.
[5]
332 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Il est possible qu'au milieu du vii^ siècle, après l'époque où tant
de moines avaient été dépossédés de leurs couvents (1), celui
de Beit Maron lui-même ait été pour un temps en la possession
des melkites monotliélites; nous ne savons pas à quelle époque
les orthodoxes ont pu en être chassés ou y revenir, nous savons
moins encore quelles pouvaient être les relations du monastère
avec les montagnards du Liban.
Voici encore un texte de Sévère contre les Grecs pour montrer
que ce sont les Babyloniens, c'est-à-dire les Syriens, qui ont
appris aux Égyptiens d'abord et aux Grecs ensuite tout ce qui
concerne l'astronomie (ms. 346, fol. lôS^'-lôQ) :
>o^ v^t^ )»«w^Vai»9 yueo )»*Oo JJ9 ^v^/9 youot ^f.^
jLoofLû j.j,aSs v>o p..'^iiv> 0001 |..i^Va.fiD v^-*?! ^^ «'^^ y^lt
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)K^d)KjlO )^9aJl sâ/9 JjOt t.*»d >^9 ^.^^Jl fSi )^9t-iLmJL^9
.jL>fcL* ^^ q\o .'w».aLjL |.J1^.2Lâ ^^ ^■*>,\9 vQ.j6i jLJL.aLiau««9
(1) Cf. Michel le Syrien, Chronique, II, p. 412.
[6]
LE TRAITÉ SUR LES « COxNSTELLATIONS ». 333
Que les Babyloniens aient été des Syriens, je crois que personne ne le
niera. Par suite, ils se trompent grandement ceux qui disent qu'il n'est
pas possible que les Syriens sachent quelque chose de tel (que l'astro-
nomie), puisque ces Syriens ont été les inventeurs et les premiers maîtres
en ces matières. Ptolémée encore en rend témoignage dans la Syntaxe
(TAlmageste), car lorsqu'il choisit une origine pour le comput du Soleil,
de la Lune et des cinq planètes, il ne commence pas aux années des rois
Grecs, mais à celles des rois de Babylone, je veux dire à Nebocudneçar,
roi des Assysiens. J'ai dit Nebocadneçar, non pas celui dont le prophète
Daniel était le contemporain, mais un autre plus ancien, Ptolémée a donc
mis dans la Syntaxe que les années écoulées depuis ce premier Nebo-
cadneçar — à savoir des rois babyloniens et perses — jusqu'à Philippe
(Arrhidée) le macédonien, successeur d'Alexandre fondateur d'Alexandrie,
(sont au nombre de) quatre cent vingt-quatre années (I). Il montre bien
par là qu'il a trouvé chez les Babyloniens, et non chez les Grecs, le
début et le fondement des calculs qu'il a faits. C'est donc sur ce fonde-
ment qu'il a construit et qu'il a entassé les nombreux calculs qu'il a faits.
Détails biographiques sur Sévère Sébokt, fournis par le
manuscrit 34-6 .
Nous avons relevé tous les titres qui lui sont donnés et
les détails qu'il nous donne sur ses infirmités vers 661 à 662 :
1° Le titre du traité sur les constellations (ms. 346, fol. 78 r,
cf. infra) (2) porte :
lS^^Q.aLfiD )^JbO09 .^V-^^-^? \^^^^aX^'^l y'io\.£Ù jLlL^t-^
•^
(1) Le canon des Rois de Ptolémée débute à Nabonassar en 747 av. .J.-C, men-
tionne les rois assyriens et perses et place Philippe Arrhidée en c!24. La diffé-
rence est de 4:?3 ans.
(2) De 661 à 1306, il s'est introduit des fautes de copie, des lettres manquent,
d'autres sont permutées, on le reconnaît en comparant certaines transcriptions
du grec soit à l'original, soit à la manière dont le même mot est transcrit en
d'autres endroits du manuscrit. Une faute intéressante est celle qui remplace
la montagne de Crète Aiy.Tov par Riqlon, parce que cette faute figure aussi dans
Bar Ilébraeus, Cours d'astronomie, trad., p. 91, et nous montre que le savant
primat utilisait, en 1279, un manuscrit de Sévère analogue au nôtre.
E71
334 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Saint Sévère, évêque de Qennesrin (Chalcis), qui est nommé Sébôkt, le
Nisibite.
2" La fin du traité (fol. 121 v) porte :
(Traité) qui a été fait par le saint (révoque) abbas Mar Sévère Sébôkt.
11 a été écrit en Tannée 971 des Grecs (661) en la troisième année de
l'indiclion. 11 a été écrit comme solution de questions et de certaines
demandes, provenant d'hommes qui aimaient l'enseignement, comme
(adressé) à l'ami de Dieu, le prêtre et visiteur Basile.
3" Le traité sur l'astrolabe est plus ancien que le traité sur
les constellations qui le cite deux fois (xv, 1 ; xvi, 5). 11 a donc
été écrit avant l'année 661. Il se termine par :
.(ms. 346, fol. 51 v) .Kba^^ K.*^©/ )-«.JL.c.au. o )v-.o)..ûo ^po
Est terminé le Scholion sur l'astrolabe qui a été fait par abbas Mar
Sévère le Nisibite, c'est-à-dire Séboukht.
Ici Sévère n'a pas le titre d'évêque mais seulement (Yabbas
(supérieur du couvent).
4° Le chapitre xix, qui suit le traité sur les constellations
et traite des conjonctions des planètes, est adressé au même
Basile et se termine par :
.^K*/ )i).^,^ )lciîS.-.--wiO.J> Jj/o .-Jia.»* \SL^^£D \l-»-'^
[8]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS ^>. 335
Jj/ Ijliwkio ^.^j/ K^K.D ))— ^» ).JvS.o).i .JLjlOI k^Ko;
Quand ces planètes se réuniront-elles encore une autre fois ensemble,
je n'ai pas pu l'écrire maintenant, parce que cette chose exige beaucoup
de travail, et je suis dans une grande faiblesse à cause de la maladie et
aussi de la vieillesse. Je suis couché au lit à cause de la douleur de mes
pieds et, peu s'en faut, de tous mes membres. Je ne puis pas mainte-
nant m'appliquer à un calcul comme ceux-là et è. des calculs très minu-
tieux, car mon âme défaille en vérité, et même ce que j'ai écrit mainte-
nant, je l'ai écrit dans une grande détresse, très pressé que j'étais par
l'amour de ta Fraternité spirituelle.
5° A la fin du chapitre xx sur la prévision des éclipses de
Soleil et de Lune, Sévère écrit encore :
oôi vQ^2S>Tiinn •> .oi-d ^901.^.1/9 oit yojK^ oi!bs. K^j^^o
ot..*f^'|Lâo \.tl )Ls* ^lo.^l ^lU .^ûoov..w0ovâ ^^io ^^-i^J
)i|^^jQD )iQL^^.*.^:)eLd9 ..o).:iajLioj (fol. 127v) JV)l— t-^ 001 »â/
Ka^o/ JLjioj K,sKoj ^^010 .-uJ^ 9Ô<.i» )iv* ootj y^l ^^l
^^^JLâo :|jg>v\:s )j/ ^CQ-^^ v^o ^^"^^ J1.:^cl:^^^ '.^^?{
vfiQjif s^v^ ^^CLJi jLâiaj va/ 9 j-JL^Lo/o .jLdjJs ^.^ '-^'^' ^^
w>K^/ ^9â.^y^^ Jj/9 ^^ )t.w^ .<w301 ^^9 ^^^ ).JL^Q^ )j{
^^ 9Pv^9 ^y-^l vAj/o ..^o« Nk^f; ^^oi.:d ).j/ JjJ; ooi
L9]
336 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
)^--.V )joi ).jl:5j^ "^j/; Ul ^-^^î ^? Uv-*) J-û^*^
.K-.)^ )o! ^l ^ y^ti^l sjo .);oi va/ t^x^.*/? ^Z ^2^-^^
•:*)Va^) )l^cu»^ op ^^ )o(
Pour la dernière question posée par l'homme noble qui aime le Christ
dont il est question (Etienne, illuslrius et chartulaire de toute la Méso-
potamie) que nous lui donnions un exemple (-apaûEÎYiJ-a) de l'éclipsé de
soleil et de celle de Lune, ceci a déjà été fait par beaucoup, en particulier
par Théon, que nous avons mentionné, dans le commentaire (cr/6Xiov)
qu'il a fait sur les tables manuelles {r.oôyupoi) (de Ptolémée) (2), (et) je
veux que ta Fraternité (Basile) — et par son intermédiaire l'homme
noble mentionné — sache que je suis dans une grande faiblesse, comme
la vérité m'en rend témoignage, et ce que j'ai écrit, c'est-à-dire rédigé
maintenant, (je l'ai fait) avec beaucoup de peine et couché dans le lit,
avec les pieds étendus à cause de la maladie^ comme son diacre chaste,
Mar Athanase (3), c|ui m'a vu de ses yeux, pourra le lui raconter, je ne
(1) Lo^ûi.o Ms.
(2) Voir sur ces tables une note ci-dessous, xiv, 10.
(3) Peut-être Athanase de Balad, qui est donné comme élève de Sévère à
Qennesrin, qui a vécu ensuite au couvent de Beit Malka dans le Tour 'Abdin
et qui a été nommé patriarche en 995 (684). Cf. Michel, Chronique, II, 471; Bar
llébraeus, Chron. eccL, I, 287-9.
[10]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS ». 337
puis donc aujourd'hui rien faire de ce genre, d'abord parce que je suis seul
à pouvoir prendre peine à de telles choses et il n'y a personne autre pour
m'aider en cela, et cette recherche demande beaucoup de travail et des
loisirs considérables, bien que vous pensiez peut-être que c'est aussi
facile que le reste, enfin parce que je suis disposé en ce moment à aller
à l'une des sources chaudes qui sont ici (1) à cause de la douleur de mes
pieds, ou, pour mieux dire ([j.aXXov U), de tout mon corps, qui a vieilli, a
langui et s'est affaibli tout d'un coup et contre toute attente. Cependant
si le Seigneur, par tes prières, me donne la santé, je suis disposé à faire
cela encore; si tu es (alors) de ce (monde) (tout sera) pour le mieux,
sinon, si tu es mort, avertis l'hmme susdit, et je lui enverrai cet exemple
au sujet des éclipses que je ferai plus tard si le Seigneur le veut, je me
le propose pour tranquilliser ta Fraternité, mais, pour l'instant, c'est
suffisant, je crois, et plus que suffisant, à cause de ma grande faiblesse et
de l'épuisement d'esprit qui m'est arrivé en ce moment, comme je l'ai
déjà dit plusieurs fois auparavant.
6" On trouve encore une allusion à la maladie de Sévère à la
fin du chapitre sur les climats, fol. 129 v.
o-^ ^^o -.lia^^o^ ycL^s. (.j/ ^jaii. ooi );oi!^ vâ/o
.Vio).ia^; y.*l )lw^Jlj/ JLJj^ai. ^^o ^ Ul t— QJuioo (fol. 131 r)
)^Q^ ^ Ul )^K.io p ^ )^ .)Lj/ ^Iji^ ^^dch );oio
yex^ )a-l; :Ki3û.-.s/ )^j/ ^/j U-^l Ul )^^-=> if x'I l^i—/
Je fais encore cette (lettre) avec ardeur, bien que je sois d'une grande
faiblesse, comme cela a déjà été dit; j'écris cela couché sur un lit à cause
(1) Sévère semble dire qu'il y a des eaux thermales non loin d'Alep. En effet
dans Rahmani, Clironicon civile et ecclesiasticum, Scharfé, 1904, p. 128, Magnus,
curateur et général, se rend d'Édesse aux eaux chaudes qui sont dans un village
non loin d'Émèse. — Le Père F.-M. Abel a signalé ceUes qui existent près de la
mer Morte, cf. Une croisière autour de la mer Morte, Paris, 1911, p. 22, 27, 42,
66. .
[111
ORIENT CHRETIEN.
338 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
de la douleur de mes pieds et privé de tout secours humain, pour ainsi
dire. Et je fais cela, d'abord parce que je suis poussé par la charité
spirituelle qui supporte tout (1), qui endure tout, pour parler comme
l'apôtre (I Cor., xiii, 7), et ensuite parce que je demande, comme aussi tu
l'as suggéré, que 1u montres à ces Grecs qui se glorifient d'être savants
en ces choses, qu'il y avait aussi des hommes parmi les Syriens qui
étaient versés dans ces matières.
7° En l'an 662, Sévère revient encore sur ce dernier sujet
(fol. 170) et dit que les Grecs ont appris l'astronomie des Chal-
déens qui sont des Syriens. Il en conclut que la science appar-
tient à tous et donne en exemple les Hindous qui ont trouvé le
moyen d'exprimer tous les chiffres avec neuf signes. C'est ici
la plus ancienne mention orientale des chiffres indiens, nous
avons édité ce texte Journal As., sept.-oct. 1910, p. 225-7.
On trouvera sans doute étrange que Sévère de Qennesrin, au
sud d'Alep, et Basile de Chypre ne fassent aucune allusion,
autour de l'année 661, à la conquête de la Syrie et de l'île de
Chypre par les Arabes (2). La raison en est peut-être dans
l'hostilité des Jacobites contre les Grecs leurs persécuteurs;
pour eux les Arabes étaient des lil»érateurs qui les ont ménagés
aussi longtemps qu'ils ont eu besoin d'eux (3). C'est ce qui
explique que le vu" siècle a encore été un siècle de repos relatif
et de grande activité littéraire pour l'église monophysite.
F. Nau.
(1) La Pechitto porte ^=^«^^0 omnia sperat.
(2) Moawiah avait conquis Chypre dès 648.
(;j) Peut-être faut-il voir un effet des ravages causés en Syrie par les Perses
et les Arabes lorsque Sévère « évêque de Qennesrin » écrit : « Je suis mal... il
n'y a personne autre pour m'aidei- en cela... privé de tout secours humain
pour ainsi dire. »
[12]
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES PRINCIPALES MATIÈRES
Abaissements des planètes V, 1, 3.
Acliôs (Achille Tatius?) IV, 14.
Ages d'or, d'argent, d'airain IV, 7.
Aigle IX, 4.
Alexandrie, différence de longitude
avec Ctésiphon XV, 8.
Andromède IV, 14; VI, 3, 5.
Antarctique IX, 1, 6. — Le cercle
antarctique coupe doux constella-
tions, X, 6. La définition XII, 7. Sa
.position XIII, 4; XIV; XV.
Antarès VI, 5; IX, 4.
Antipodes XVIII, 4, 5, 6.
Apogée du soleil XIV, 12.
Araignée, principale pièce de la face
de l'astrolabe XVI, 5.
Aratus III, 2, 4; IV.
Arctique zone IX, 1, 6. — Le cercle
arctique coupe six constellations X,
2. — Sa définition XII, 3. — Sa
position pour Cnide XIII, 2; XIV;
XV.
Arcturus II, 2; VI, 5; VIL II; VIII,
11; IX, 3.
'ApYw, voir Navire.
Ariadne (Couronne boréale ou d') IV,
11; VI, 3, 5.
Artémis IV, 8, 9 (Diane).
Ascensions des signes du zodiaque.
Voir Levers.
Astrolabe I, 7; XV, 1, 2, 3, 4, 8; XVI,
1, 5; XVII, 3.
Scholion sur l'astrolabe XV, 1 ; XVI, 5.
Astrologie supprime le libre arbitre
V, 2.
Astrologues, leur réputation V.
Astronomes et astrologues III, 7.
Axial (cercle) un cercle de déclinaison
défini XII, 10.
Baalchemaïn (le maître du ciel), pour
Jupiter IV, 10, 14.
Balance n'existait pas III, 2. — V, 3-
signes qui se lèvent avec elle VII, 8;
signes visibles quand elle est au
méridien VIII, 11. — XIII, 4.
Baleine, xy,To;, X, 4, 5.
Bardesane le Syrien cité XV, 7.
Bélier IV, 4; V, 3; signes qui se
couchent avec lui VII, 9; signes
visibles quand il est au méridien VIII,
5. — Position de la voie lactée à son
lever XI, 4. — XIII, 4.
Béotie IV, 9.
Bérénice, sa chevelure IV, 12.
Borysthènes, septième climat, XIV, I.
Bouvier (Powin,-) VI, 3, o; IX, I.
Cancer III, 4; signes qui se lèvent
avec lui. Vil, 2; signes visibles
quand il est au méridien VIII, 8.
— Position de la voie lactée au lever
du cancer XI, 4.
Canopus VI, 5; Vît, 6; IX, 3, 6.
Capricorne IV, 10; V, 3; signes qui se
couchent avec lui VII, 3; signes
visibles quand il est au méridien
VIII, 2. — X, 8.
[13]
340
REVUE DE L ORIENT CHRETIExN.
Cassiopée IV, 14; VI, 2.
- IX, 1, 4; X, 2.
Centaure VI, 4, 5; IX, 3, 6; X, 6.
Centre (pivot, cardo) de vie, des noces,
des honneurs, des parents V, 2.
Cépliée IV, 14.
— VIII, 9, 10, 11; IX, 1.
Cercles arctique, antarctique, équa-
teur, tropiques, constellations qu'ils
coupent X. — Le mot cercle désigne
parfois des zones XII, 1. — Sur dix
cercles utiles à connaître, (les précé-
dents et le zodiaque zone, le cercle
par le milieu du zodiaque, l'axial,
le méridien, l'horizon), XI, 3. — 12.
— Position des cinq premiers cercles
(pour la latitude de Cnide) XIII, I.
— 6. Lorsque le pôle nord est au
zénith (sphère parallèle) XIII, 7. —
Position de ces cercles pour les
divers climats XIV; leur détermina-
tion XV. Position de ces cercles,
en tenant compte des minutes XVI,
3.
Chariot II, 3; VI, 5. Voir Ourse.
Chemin de paille II, 2. Voir Voie
lactée. •
Cheval VI, 3,5; IX, 4.
Chèvre, étoile du Cocher VI, 5; IX, 4,
5. (Capricorne) IV, 10, écurie de la
chèvre ou couronne boréale IV, 11,
Chien IV, 16; VI,4, 5;XI, 2;
Climats. Nombre et noms, latitude,
grandeur des jours XIV, 1. Position
des cercles remarqual)les successive-
ment pour chaque climat XIV, 3 à 9,
puis pour d'autres latitudes comme
Thulé et Taprobane XIV, 10 à 13.
— Détermination de la latitude des
climats XV, 6, 7; XVI, 2. — Levers
(ou ascensions) des divers signes du
zodiaque dans chacun des climats
XVI, 6.
Cocher VI, 3, 5; IX, 2, G.
Cœur du lion (Régulus) VI, 5; IX, 3.
Colures I, 7.
Conon de Samos, astrologue IV, 12,
Constellations n'existent au ciel que
par convention et en parole, I à V.
— Leur énumération (46 en tout) VI,
1 _ 4: Leurs levers et couchers avec
les signes correspondants VIL —
Celles qu'on voit lorsque les Çwôia
ont leur premier degré au méridien
VIII; coupées par le cercle arctique
X, 2; par le tropique d'été X, 3;
par l'équateur X, 4 ; par le tropique
d'hiver X, 5; par le cercle antarc-
tique X, 6; par le cercle du milieu
(du zodiaque) X, 8. — Neuf ne sont
pas coupées par ces cercles X, 9. —
Treize sont coupées par la voie
lactée XI, 2.
Constellations que l'on voit lorsque
chacun des léoix a son premier
degré au méridien VIII. — Qui ne
se couchent pas IX, 1. — Qui se
lèvent plus tôt et se couchent plus
tard IX, 5, 6.
Corbeau VIII, 10; IX, 3; X, 9.
Corybantos IV, 3.
Coupe X, 9.
Couronne australe Vlll, 12, 13; X, 9.
Couronne boréale IV, 11 ; VI, 3, 5; VIII,
12, 13; IX, 3, 5.
Ctésiphon, différence de longitude avec
Alexandrie XV, 8.
Cumont Fr. Catalogus codicum astro'^
logorum graecorum, mss. de Paris,
t. VIII, cité XIV, 10.
Cvgne (ô-.viç) IV, 13; VI, 3, 5, IX, 4:
XI, .j. ■
Danaé IV, 14.
Dauphin X, 4, 9
Delambre, Histoire de l'astronomie
ancienne, Paris 1817, cité XIV, 10.
AïXtwiôv (triangle) VIII, 5 ; X, 3.
Destin ou fortune V, 1.
Diane IV, 8, 9.
Dicton, montagne de Crète (écrit à tort
Kiqton) IV, 3.
AiâjiEffov cercle qui passe au milieu de
la zone du zodiaque X, 7. Cons-
tellations coupées par lui X, 8.
Dioptre de l'astrolabe XV, 2, 3, 6.
AwSExatriiiôptov IV, 10.
Dominateurs (les planètes) V, 1.
Dragon Vil, 8; VIII, 8; IX, 1, 6.
Dj'onisos IV, II (Bacchus).
[14]
TABLE ALPHABETIQUE DES PRINCIPALES MATIERES.
341
E
Eclipses utilisées pour déterminer la
longitude XV, 8.
Encensoir VIII, 12, 13; X, 6, 9.
Epi de la Vierge YI, 5.
Equateur coupe quatorze constellations
X, 4. Sa définition, XII, 5: XIV;
XV. — Equateur terrestre. Cause de
sa désolation XVIII, 1, 2.
Eridan IV, 15; VI, 5; VII, 12; IX, 2.
Étoiles, voir constellations; signes.
— Étoiles remarquables VI, 5. —
Principales étoiles qui se lèvent et
se couclient les unes en face des
autres IX, 2, 3, 4.
Exaltations des planètes V, 1, 2, 3.
G
Géant. Voir Orion.
Gémeaux III, 6; signes qui se lèvent
avec eux VII, 12; signes visibles
quand les gémeaux sont au méridien
VIII, 7. — Position de la voie lactée
quand les gémeaux se couclient XI,
3, 6.
Géographie de Ptoléméc XIV, 10,
11. — Division de la terre II, 7.
Voir clijnats.
Gorgone IV, 14; VI, 5.
Gorgone IX, 2, 3, (3.
Grues V, 4.
H
Hauteur du pôle (êEapfia) XIII: XIV,
2, 4, 6, 10; XVI, 3.
Héliades, sœurs de Phaéton IV, 15.
Hellade IV, 5.
Hellé IV7 4.
Hellespont IV, 4. — Cinquième climat
XIV, 1.
Hercule IV, 6, 16.
— VII, 8; VIII, 12, 13.
Horizon défini XII, 12. Horizon de
Cnide XIII, 3, 5. Cas où l'horizon se
confond avec l'équateur (sphère
parallèle) XIII, 7, 8, ou passe par
l'axe du monde (sphère droite) XIII, 9.
ou est incliné sur l'équateur (sphère
oblique) XIII, 10-12. - XV, 8.
Hyade VI, 5; IX, 2, 5.
Hydre VI, 4, 5; VIII, 9: X, 5.
Inclinaison du pôle de l'horizon. Voir
Latitude.
Indiction (cycle) 11,5: XVIII, 9.
Instruments d'astronomie. Voir Astro-
labe, Sphère d'airain : cf. XVI, 1 ;
XVII, 3.
Junon IV, 13.
Jupiter IV, 3, 9, 10, 13, 14; V, 3.
Justice (Vierge) IV, 7.
K
Kimà IV, 12. Voir Pléiades.
Latitude ou inclinaison du pôle de
l'horizon sur l'équateur; de 90" XIII,
7, 8: de 0" XIII, 9; de 3° XIII, 10,
II. — Détermination de la latitude
des climats XV, 6, 8; XVI, 2, 3.
Léda IV, 13.
Levers (àva^opaî) des signes du zodiaque
XVI, 4. L'abbé Ilalma (Almageste II,
7) traduit le mot grec par « ascen-
sions ». — Leur valeur pour chaque
signe du zodiaque dans cliaque
climat XVI, 6.
Lièvre IV, 2; IX, 5; X. 5.
Lion III, 4; V, 3; VI, 2, 5; VII, 2;
signes qui se lèvent avec lui VU, 4;
signes visibles quand il est au
méridien, VIH, 9; — X, 8.
Lion de Némée IV, 6.
Longitude commence aux iles de
Bienheureux XV, 7.
Loup (le) VII, 8, 9; VIII, 11, 12; IX,
5;X, 5.
Lune V, 3. Voir éclipses.
Lyre (la) VI, 3, 5; IX, 4.
[15]
342
REVUE DE L ORIENT CHRÉTIEN.
M
Maisons des planètes V, 1.
Mars V, 3.
Mercure IV, 14 ; V, 3.
Méridien défini XII, H; XV, 8.
Mesure du ciel et de la terre XVII. —
Sous-divisions du stade XVII, G.
Diamètre de la terre XVII, 2. Rayon
de la terre XVII, 6.
Méroé premier climat XIV, 1.
Mille, un mille vaut sept stades et demi
XV, 9. Cf. XVII, 6.
Minos IV, 11.
Minotaure IV, 5.
Minutes, « soixantième » de degré XVI,
1.
Mois, leurs noms, II, 4.
N
Navire ('Apyo)) IV, 16; VI, 4, 5; Vil, 4;
VIII, 8, 9; X, 5,
Némée IV, 6. Voir Lion.
Némésis et Jupiter IV, 13.
Neptune IV, 5.
Notation des fractions XIII. 9.
Obliquité de l'écliptique, d'abord 24°
XIV, 1; ensuite 23° 51', XVI, 2, 3.
Omont, H : Inventaire sommaire des
manuscrits grecs de la Bibliothèque
Nationale de Paris cité XIV, 10.
Ophiucus VII, 11; VIII, 12.
Orion (géant) II, 3; IV, 8; VI, 5; VII,
12; IX, 2;X, 4.
Gros, roi de Béotie IV, 9.
Ourion IV, 9. Voir Orion.
Ourse (Grande et Petite) IV, I, 3; VI,
3,5; VIII, 8; IX, 1 ; X, 9.
Pégase X, 4.
Périgée du soleil XIV, 12.
Persée IV, 14: VI, 5.
Perses, noms de leurs mois II, 4.
Phaéton IV, 15.
Philosophe (le) I, 5, 7.
Philosophe astronome (le) I, 4; V, 4.
Philosophe éloquent (le) I, 2.
Philosophes géographes (les) II, 7.
Philosophie. Définition de ce qui est
naturel ou conventionnel I, 2; des
noms communs et noms propres
1,3.
Phrixos IV, 4.
Pléiades IV, 12; VI, 5 IX, 5.
Poètes, leurs fables IV; V.
Poisson (le grand) ou Poisson austral
VI, 4, 5; IX, 2, 6; X, 9.
Poissons III, 3; signes qui se couchent
avec eux VII, 7; signes visibles
quand ils soni au méridien VIII, 4;
- X, 8.
Polydectes IV, 14.
Pqôs, nEzoî? (peau ou écorce) IV, IG.
ïlpôy^zi-.o; Voir Tables manuelles.
Procyon VI, 4, 5; VII, 2; VIII, 8; IX,
5; X, 9.
irpoT&uyTiTyip IX, 2, 3.
Ptolémée, III, 2. — Géographie et
tables manuelles XIV, 10; — XV, 8;
XVI, 1.
Ptolémée Evcrgéte IV, 12.
R
Regards des planètes V, 1, 2.
Rhodes, quatrième climat XIV, 1.
Romains, leur calendrier II, 4.
Sagittaire 111, 3; signes qui se couchent
avec lui VII, 13; signes visibles
quand il est au méridien, Vlll, 13.
— Position de la voie lactée au lever
du sagittaire XI, 3, G.
Saturne IV, 3; V, 3.
Scorpion 111, 2; IV, 8; V, 3; VI, 2, 5;
signes qui se couchent avec lui VII,
II. Signes visibles quand il est au
méridien, VIII, 12. — Position de la
voie lactée au lever du scorpion XI,
G.
Signes du zodiaque (Zû8ia), constella-
tions que l'on voit quand chacun des
Zwôia a son premier degré au
méridien VIII. Les levers (ou ascen
[16]
TABLE ALPHABETIQUE DES PRINCIPALES MATIERES.
343
sions) de chaque signe dans chacun
des climats XVI, 6. — Les signes
n'étaient à l'origine que des sections
de la sphère céleste III, 1.
Sirius VI, 5; VII, 2; IX, 2, 4. - Sirius
syrienne VI, 5.
Soleil V, 3, etc. Voir éclipses.
Sphère d'airain I, 7; III, 2. Astrolabe
sphérique ou représentation des
constellations (sphère d'Aratus) XVI,
1.
Sphère parallèle, XIII, 7, 8; — droite
XIII, 9; — oblique XIII, 10-12.
Stade. Sept stades et demi l'ont un mille
XV,' 9. — XVII, 2, 3, 4. — Ses
sous-divisions XVII, 6.
Syène deuxième climat XIV, 1.
Tables manuelles (npôxe'po:) de Ptolé-
mée XIV, 10, 11; XV, 8: XVI, I,
3,6.
Taprobane (Ceyian), sa latitude. Posi-
tions relatives des principaux cercles
de la sphère XIV, 11 à 13.
Taureau IV, 5, 9, 12; V, 3; VI, 2, 5;
Vil, 10; signes qui se lèvent avec lui
VII, 10; signes visibles quand il est
au méridien VIII, 6.
Terre. Ses divisions II, 6; son pourtour
(252.0(k:» stades)- XVII, 2. — Zones de
la terre qui correspondent à celles
du ciel au nord et au sud de l'équa-
teur XVII, 4, 5; XVIII, 1. — Dia-
mètre de la terre XVII, 2, 6. —
Terre habitée et inhabitée. Anti-
podes XVIII. — Voir climats.
Tétragones V, 1. — Tétragones de la
terre (pivots ou cardines) V, 2.
TeTpâTT-Xïupo; (quadrilatère) VII, 2, 3, 7,
8, 13; VIII, 13.
Thésée IV, 5, G, 11.1
Thulé, sa latitude. Positions relatives
des principaux cercles XIV, 10.
Trigones V, 1, 2. — de jour et de
nuit V, 3.
TpiuXsypo; (triangle) VII, 2, 4, 9, 12;
VIII, 9.
Trîtrônis lac IV, 14.
Tropique d'été coupe douze constella-
tions X, 3. Sa définition, XII, 4. Sa
position XIII, 2; XIV; XV.
Tropique d'hiver coupe treize cons-
tellations X, 5. Sa définition XII, 6.
Sa position XIII, 3, XIV, XV.
TOxvi V, 1.
Vénus V, 3.
Venseau 111, 4, 6; signes qui se
couchent avec lui VII. 5; signes
visibles quand il est au méridien
VIII, 3. — Position de la voie lactée
à son lever XI, 3.
Vierge III, 2, 4; IV, 7; V, 3; VI, 2, 5;
signes qui se lèvent avec elle VII,
6; signes visibles quand elle est
au méridien VIII, 10. — Position de
la voie lactée au lever de la Vierge
XI, f..
Villes; leurs éponymes II, 6.
Voie lactée (galacsis) II, 2; X, 2, 3, 4,
5, 8. — Constellations qu'elle coupe.
Comment ses parties se lèvent ou se
couchent avec chacun du ZaiSia XI.
— Elle coupe treize constellations,
XI, 2.
Vulcain IV, 14.
IV
Wéga VI, 5.
ZwSta Désigne les douze signes du
zodiaque.
Zodiaque, sa définition comme zone XI,
8 et comme cercle mené par le milieu
de la zone XII, 9.
[17]
344 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
(Ms. syriaque de Paris, n° 346)
Titre de l'ouvrage.
)iju^t^9 oC^^j ^ <H^^9 JLi^m/ JV^).^ ool (fol. 78 r.)
.)..OL^^vJ K-OQ-SLi» )*^K^9 .^yf.JULÛ9 ).2aiX£a^â/ jïOJLtt
.^oCS.^9 l^^'t^o jL^wJ; K.*^^ ^^^o .).V) >fnf>^ ô/ .^^oi^K^/
)..^V)~£a-3/o .|v-'i.2lûd/9 oi.2S.^9 ^£û.!1ioj K^iOo/ jV^a^M ^^^o
Ensuite autre écrit du même saint Sévère, évèque de Qennesrin, ou
EST NOMMÉ SÉBOKT DE NlSIBE, SUR CES FIGURES (,)UE l'ON DIT VOIR DANS
LE CIEL, Y SONT-ELLES PAR NATURE OU PAR CONVENTION ; SDR LEUR LEVER
ET LEUR COUCHER. SOR LES CERCLES, C'EST-A-DIRE LES ZONES DE LA
SPHÈRE, ET LES HAUTEURS (l^apaa) DES PÔLES ET LA LATITUDE DES CLIMATS.
Sur LA MESURE DU CIEL ET DE LA TERRE, DE LA PARTIE HABITÉE ET
INHABITÉE QUI S'y TROUVE. Il Y' A 18 CHAPITRES (1).
(1) Sévère montre toujours beaucoup do méthode. Il le doit sans doute à ses
nombreux travaux sur les philosophes grecs. 11 indique toujours en tête du
livre ou des chapitres ce qu'il va dire, et il résume, à la fin des chapitres, ce
qu'il a dit. Ses phrases, souvent bien longues, trahissent aussi l'influence
grecque.
[18]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », I. 345
TRADUCTION DU TRAITÉ
CHAPITRE PREMIER
Que les figures (constellations) que l'on voit bans le ciel n'y sont
PAS PAR nature, mais SEULEMENT PAR CONVENTION (1).
1. Puisque tu veux savoir, ô ami de la science, si les figures (constellations)
que l'on prône sur la sphère du ciel — je veux dire celles qui sont sur la
zone ou sur le cercle nommé zodiaque, et celles qui sont au nord ou au
sud de ce cercle, comme ces quatre autres zones, que l'on dit être placées
parmi elles (2) — y sont vraiment par nature telles qu'on les nomme, ou
si elles n'y sont que par convention et en paroles, comme aussi ces zones
ou cercles — car ce ne sont pas seulement quelques hommes ou des
ignorants, ni un peuple ou une langue, qui leur donnent des noms et des
appellations, mais beaucoup de gens, et des hommes très renommés en
philosophie, et même, pour ainsi dire, tous les peuples et toutes les
langues — je vais te dire à ce sujet, ô ami de la vérité, en peu de mots,
ce qui me parait bon et vrai.
2. Avant tout, il nous faut faire connaître à l'auditeur docile que tout ce
que nous voulons enseigner — c'est-à-dire faire connaître à d'autres par
la parole — nous ne pouvons pas l'enseigner sans (employer) des noms et
des paroles, qu'il s'agisse d'enseigner des choses qui existent par nature
ou de celles qui existent par convention. Aussi le philosophe éloquent
plaçait quatre choses que l'on dit tout d'abord être simples, qui doivent
être exprimées (fol. 7Sv) ou qui seront à exprimer, je veux dire : les
événements, les pensées, les paroles et les écrits; les unes (existent) pour
tous, à savoir les événements et les pensées et les autres non, à savoir les
paroles et les écrits. On voit d'ici que les (deux) premières doivent être
exprimées et que les deux dernières serviront à exprimer; par exemple
le ciel et la terre et les autres éléments (cjroi/;Tov) qui en résultent sont des
premiers et doivent être exprimés, ils sont les mêmes pour tout le monde,
car ils existent par nature, mais les noms, les paroles et les écrits sont
des derniers et servent à s'exprimer; ils ne sont pas les mêmes pour tout
(1) Pour les astrologues, le signe du zodiaque qui se lève au moment d'une
naissance imprime au nouveau-né des caractères en rapport avec le nom de ce
signe. Par exemple Heniochus (le cocher) fait naître des cochers, Mani-
Ilus, V, 69 sqq.; les chevreaux font naître des cœurs lascifs, ardents au jeu, et
des bergers, ibid., v, 103 sqq.; le Lièvre fait naître des coureurs agiles, v, 159 sqq.
La Flèche fait naître des archers; c'est sous ce signe, dit Manîlius, v, -298, que
Teucer a dû naître. Cf. Iliade, vui, 273-334; xn, 387, 400. Sévère sape donc
l'astrologie par la base en montrant que les noms donnés aux constellations
sont purement conventionnels.
(2) Peut-être les zones arctiques, antarctiques, et tropiques.
[19]
346 R'îvuE DE l'orient chrétien.
homme, car ils sont affaire de convention. Il n'y a ni moyen ni possibilité
d'enseigner ou d'apprendre quelque chose au sujet de ce qui existe par
nature sans employer des noms et des dénominations qui sont des conven-
tions et des fictions, comme je l'ai dit.
3. Comme les choses enseignées sont les unes communes et les autres
particulières, il a fallu créer aussi des noms communs et des noms propres.
Lorsqu'il y a de nombreux êtres, qui ont une même nature à laquelle
(on donne) un nom commun, nous ne pouvons pas désigner chacun d'eux
par ce nom commun (par exemple) homme, car il ne nous donne pas une
expressien déterminée ou connue, mais le nom propre de chacun, par
exemple Pierre et Paul, détermine l'expression et il est plus connu. On
fera la même remarque pour toutes les autres choses qui ont entre elles
une partie commune.
4. Au sujet de ces figures (constellations) que l'on dit être dans la
sphère du ciel, voici donc ce que nous avons à dire . Lorsque le philo-
sophe astronome a voulu nous instruire au sujet de ces étoiles qui appa-
raissent dans cette sphère des fixes, combien et quelles sont celles qui sont
fixes dans le cercle (zone) où circulent le soleil, la lune et les cinq autres
étoiles que l'on nomme planètes, lesquelles (fol. 79 r) appartiennent au
zodiaque quand elles circulent à certains moments en longitude et en
latitude dans ce cercle (zone) du zodiaque; et encore combien et quelles
sont celles qui se trouvent en dehors du zodiaque, au nord et au sud; et
quelles sont celles qui ne se couchent pas — je veux dire celles qui sont
dans la zone nord qui ne se couche pas; c'est-à-dire autour du pôle nord
— et quelles sont celles qui tantôt se lèvent (sans qu'on voie leur coucher)
et tantôt se couchent (sans qu'on voie leur lever); et, en face de celles qui
se lèvent, quelles sont celles qui se couchent, et en face de celles qui se
couchent, quelles sont celles qui se lèvent, et quelles sont celles qui
avancent pour le lever et qui retardent pour se coucher et inversement
qui tardent à se lever et précèdent (les autres) pour se coucher, et
lesquelles dira-t-on (être) dans la zone du zodiaque ou au nord ou au sud?
etparce que les étoiles qui sont tixes sur la sphère du ciel sont nombreuses
et sans nombre, il n'était pas possible qu'en les nommant par leur nom
commun, qui est celui d'étoile, on put donner aux auditeurs une impres-
sion définie et connue; et il n'était même pas possible de donner un nom
propre à chacune d'elles, car les étoiles sont innombrables et insaisis-
sables, parce qu'elles sont nombreuses et serrées et le plus grand nombre
d'entre elles est invisible, ou à cause de leur petitesse, comme nous le
croyons, ou à cause de leur élévation, ce qui est vrai aussi, il n'était donc
pas possible qu'un homme imaginât des noms différents qui pussent
suffire à leur nombre, car II est unique Celui qui a compté le nombre des
étoiles et leur a donné des noms à toutes, comme (le dit) le psalmiste
sacré (1), car rien ne Lui échappe de tout ce qui est, qui existe, qui est
passé ou qui sera, comme (étant) le Créateur et la cause de tout.
(1) Ps. CXLVI, 4.
[20]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS ^\ l. 347
5. Pour aboutir à quelque chose, le philosophe s'appliqua sagement et
très ingénieusement et à l'aide d'un autre artifice très sage (fol. 89 v),
c'est-à-dire plus intelligent : il fit la trouvaille, ou l'adaptation, de distri-
buer les étoiles à la sphère, d'abord certes aux trois parties, je veux dire
au cercle (zone) qui est nommé zodiaque dont on a parlé, et à la partie qui
en est au nord, et à celle du sud, et il partagea chacune de ces zones en
d'autres parties différentes, le cercle, c'est-à-dire la région, du milieu en
douze parties (constellations zodiacales), celui du nord en dix-neuf (cons-
tellations) et celui du sud en quinze (1) et dans chacune de ces parties,
il détermina un groupe et une figure (comprenant) de nombreuses étoiles
et il lui donna un nom à la ressemblance de n'importe quel animal, ou
parce que la disposition, c'est-à-dire l'ordre, pourrais-je dire, ou la place
ou la forme des étoiles qui étaient fixées ensemble dans ceite partie du
ciel lui apparut ainsi, ou parce qu'il trouva que la plupart des hommes
les nommaient ainsi d'après un usage quelconque, ou parce qu'il a entendu
les poètes imaginer des noms et assembler des formes (constellations)
selon un prtifice poétique qui assemble et compose des corps et des
animaux qui ne sont pas dans la nature et qui crée des noms qui ne sont
pas d'usage commun, mais (résultent) d'hypothèse et d'analogie,
6. Par exemple ce qu'on nomme scorpion, soit lui, soit son dard,
apparaîtra ainsi même à l'ignorant (tôio)Tr,;). Et comme la Couronne boréale,
que certains syriens nomment Élahle de chèvre et les poètes Couronne
d'.Ariadnc: comme VHydre qui parait sous la forme de (cet) animal, et le
Dragon qui a bien cette forme, tortueux et contourné. — (D'autres sont
nommées) d'après l'usage d'un grand nombre d'hommes, comme la
(constellation) nommée Aigle, ou la Chèvre, ou le Chien du géant (Sirius),
noms que l'on trouve même chez les barbares. — D'autres sont (nommées)
d'après l'invention des poètes, comme les deux (fol. 80 r) Ourses, et comme
Céphée, et comme Cassiopée sa femme, et comme Andromède leur fille,
et comme Persée mari de celle-ci, etc.
7. (Le philosophe) a négligé la plupart des étoiles parce qu'elles ne
pouvaient pas êiro comptées à cause de leur multitude ou ne pouvaient
être vues à cause de leur hauteur, comme il est dit plus haut, il n'a
mentionné que les plus brillantes et les plus grandes, parce qu'il lui a
semblé qu'il suffisait de désigner celles-ci, comme il le trouvait dans les
noms de telle ou telle forme (constellation), pour arriver à son but, qui
était d'enseigner leurs levers et leurs couchers, et de dire près desquelles,
à chaque époque, marchaient le sept, je veux dire le soleil, la lune et les
cinq planètes. Dès maintenant déjà, d'après ce qui vient d'être dit, on peut
conclure qu'il e.st déjà démontré que ces (constellations) n'existent ([ue
par convention et en parole et non par nature et en vérité, comme l'ont
imaginé à tort les astrologues et certains d'entre les païens.
8. Qu'il en soit comme je l'ai dit, tu en as encore une démonstration
(I) Voir au chap, vi, les noms donnés ensuite à ces 46 sections.
[211
348 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
obvie en ce iiue le Philosophe a omis, comme je l'ai dit, le plus grasd
nombre des étoiles, sans leur consacrer ni indication ni mention. Voici
que parmi les étoiles de la zone boréale nommée arctique, après avoir
partagé cette zone en quatre à l'aide des cercles qui passent par les
points tropicaux et que l'on nomme colures, c'est-à-dire (passant) par les
pôles (1), dans trois seulement de ces régions, il a placé des constellations,
telles qu'elles lui étaient fournies par les fables poétiques: quant à la
quatrième partie, il Ta laissée sans aucune mention, sans doute à cause
du nombre et de l'invisibilité des étoiles qui s'y trouvent. Qu'il l'ait fait
ainsi, tu peux le voir de tes propres yeux, en regardant la sphère d'airain
(en marge : Vastrolabe) (2) — (fol. 80 v) sur cette (sphère) les étoiles sont
marquées avec grande exactitude, autant qu'il est donné aux hommes de
le faire, avec leur position, leur ordre et leur éloignement (respectif),
toutes celles qui sont dans les constellations qu'on place sur la sphère du
ciel ; avec la fixité déterminée des deux pôles, celui du nord et celui du
sud ; et les zones tropicales ; et celles des pôles : et le cercle nommé
zodiaque qui coupe obliquement les zones tropicales, et qui est partagé
également et de manière fixe par (les grands cercles qui passent) aux
deux pôles, choses que nous développerons plus loin — tu verras là que
dans cette quatrième partie du nord dont nous avons parlé, celle qui est
imitée par deux (demi) — cercles menés par les pôles et dont l'un passe
par le commencement du bélier et l'autre par celui du cancer, (le philo-
sophe) n'a indiqué aucune constellation et n'a donné le nom d'aucune
étoile (3).
CHAPITRE II
Sur le même sujet, que les constellations gui sont sur la sphère n'y
SONT pas par nature, A L'AUIE DE DÉMONSTRATIONS PLUS CONVAINCANTES.
1. Comme nous l'avons dit plus haut, les constellations ont reçu leur nom
d'après leur apparence, ou d'après la coutume qui existait chez beaucoup,
ou d'après une fable poétique et non comme si vraiment et par nature
elles étaient ainsi, mais seulement par convention et en parole, et afin
qu'on put, par certains noms et (certaines) appellations, compter les étoiles
dans sa (propre) connaissance et les faire connaître aux autres. Car il
n'est pas possible qu'un homme témoigne, c'est-à-dire parle de quelque
chose, sans des noms et des paroles, comme je l'ai déjà montré plus haut.
(1) KôXo-jpo; signifie « qui a la queue coupée ■• parce que, au contraire du
cercle arctique, le colure est toujours coupé pai' l'horizon.
(2) Ce serait ici l'astrolabe sphérique, car l'astrable plaii ne porte qu'un très
petit nombre d'étoiles.
(3) 11 y a là en effet une région sans aucune figure sur laquelle, pour remplir
la carte, on a écrit depuis les mots « la Girafe » et « le Linz ..
[22]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS ^S II. 349
2. Cela nous est encore montré par ce cercle chargé d'étoiles qui est
blanc, c'est-à-dire obscur, lequel d'après une coutume commune chez
tous les (fol. 81 r) syriens est nommé chemin de ceux qui jjortent de In
paille, c'est-à-dire chemin de paille (Caebil-tebnà ;= voie lactée) et chez
les grecs Galacsis (5 toj YàÀa/.-ro;', c'est-à-dire de lait. Quel est l'homme
doué de quelque intelligence — quand bien même il forgerait ou imagi-
nerait ces choses qui ne sont aucunement perçues — qui oserait dire ou
penser qu'il y a dans le ciel des hommes qui portent de la paille ou qu'il
y a de la paille dans cette région de l'intersphère (des étoiles fixes), ou
que du lait est répandu ou ver-é en cet endroit! Puisqu'il n'y a rien de
cela, c'est par suite d'une habitude que tous les hommes, et aussi les
astronomes et les poètes, ont donné ces noms au cercle garni d'étoiles à
cause de la blancheur, c'est-à-dire de la tainte obscure que l'on y voit, à
cau^e de l'amas des étoiles qui y sont, c'est-à-dire leur rapprochement les
unes des autres.
3. Le géant (Orion) et le Chariot (grande Ourse) et les Pléiades et
l'Hyade en témoignent aussi, car chacune a reçu son nom à cause d'une
certaine ressemblance. Le Livre divin lui-même (1) n'a pas hésité à les
nommer selon la coutume des hommes, car il dit : Qui a fait le char et
les Pléiades et les Ht/ades et le géant (2), et qui a entouré le sud, et il ne
mentionne pas seulement ceux-là, mais encore Arcturus imaginé par les
fables païennes des poètes — du moins dans la version grecque de la
Bible (3).
4. Pourquoi nous étonner qu'on ait imaginé des noms pour les étoiles
qui apparaissent avec un certain être, puisque les hommes ont donné
aussi des noms et des dénominations aux choses qui n'existent pas. Il en
est ainsi des jours et des mois de l'année qui n'ont pas d'e7?r, c'est-à-dire
de substance, mais sont certains intervalles et certains espaces de temps,.
Les hommes de tels et tels peuples ont donné aussi des dénominations
différentes et qui ne se ressemblent pas aux levers et aux couchers du
Soleil et aux phases de la Lune (fol. 81 v). Ils ont réuni et additionné les
365 jours et six heures de l'année en douze mois, et ils ont altribué
trente jours à chaque mois. Quant aux cinq jours qui restaient, les uns
les ont ajoutés au nombre des mois et ont fait des mois de 31 jours, les
autres les ont portés à la fin de tous les mois de l'année, les Perses les
ont mis entre le 8^ et 9*= mois. Et chez tous les peuples et dans tous les
pays on a donné aux mois les noms qu'on a voulu, les uns ont donné aux
mois les noms de leurs dieux, d'autres les noms de leurs rois, d'autres
les ont nommés d'après les choses qui leur arrivaient avec les périodes
de l'année, d'autres leur ont donné divers noms qui ne signifiaient rien,
d'après une fable quelconque. Les Perses ont donné les noms de leurs
(1) Cf. Job, IX, 9; xxxviii, 31.
(2) Homère mentionae aussi les Pléiades, les Hyades, Orion et l'Ourse que
Vulcaiu avait gravés sur le bouclier d'Achille, Iliade, xvur, 48G-7.
(3) Job, IX, 9.
[23]
350 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
dieux, non seulement à tous les mois, mais encore à tous les jours des mois
et même aux cinq jours qui étaient en dehors des mois de l'année (1).
Les Romains, contre l'usage de tous, comptaient les jours de leurs mois
du haut en bas, ils partagèrent chaque mois en trois parties qu'ils nom-
mèrent calendes, nones et ides. Ils donnèrent le nom de calendes au
début de chaque mois, celui de nones au cinquième ou au septième jour,
et celui d'Ides au treizième ou au quatorzième jour. Après les calendes,
c'est-à-dire le début du mois, ils nommaient le deuxième jour. —
Supposons un mois où les nones tombaient le sept. — « Six jours avant
les nones », et le troisième « cinq jours avant les nones » et ainsi de
suite jusqu'aux nones. Ils agissaient ainsi pour les ides et les calendes en
comptant les jours du haut en bas, comme nous l'avons dit plus longue-
ment en un autre endroit.
5. Comme il fallait distinguer les temps entre eux et aussi leurs parties
(fol. 82r) l'une de l'autre afin qu'il n'y eût pas de confusion entre ceux
qui parlent et ceux qui écoutent, ou entre ceux qui donnent et ceux qui
reçoivent l'un de l'autre, pour que les choses passées, présentes ou à venir
nous soient connues, en quel temps, à quelle heure, en quelles parties de
l'année, et en quel jour elles ont eu lieu: toutes ces choses ne pouvaient
pas être connues sans dénominations et noms pour désigner les temps,
comme on l'a déjà dit de nombreuses fois, il fallait donc ici encore,
nécessairement, imposer des noms. Comme il était difficile qu'un homme
donnât des noms aux 3G5 jours de l'année, surtout paYce que cela aurait
introduit du trouble dans l'esprit, à cause de leur nombre et de leur
abondance — ce procédé n'était même pas commode pour l'enseignement.
— Ils réunirent donc sagement en un mois ces trente jours durant
lesquels, suivant leurs calculs, la lune accomplit sa révolution autour du
soleil (2) et redevient visible, et ils réunirent en une année les douze mois
durant lesquels la lune, comme le .soleil, accomplit sa révolution et donne
les quatre saisons : le printemps, l'automne, l'été et l'hiver. Avec quinze
années ils firent une indiction. C'est ainsi qu'ils se fixèrent des noms pour
les mois et les années, chacun évidemment dans son pays et dans sa
langue, comme il le voulut. Ainsi il n'y avait plus de confusion au sujet
des temps, tout devenait facile à trouver et à comprendre ; ainsi que les
événements eux-mêmes, qui ont eu lieu ou «lui avaient lieu (fol. 82 v)
(en ces temps), et toutes les choses analogues. Il est évident que tout
(1) Dans son commentaire sur Alt'ergani, Amsterdam, 1669, p. 20, J. Golius
écrit d'après Cazwini que les noms des mois, ceux des trente jours et ceux des
cinq èïtayopiÉvwv, sont pris des dieux ou des démons et anges que l'ancienne
religion des Perses et des mages croyait leur être préposés. C'est ce que dit
Sévère qui a pu l'apprendre à Nisibe dont il était originaire.
(2) La révolution synodique de la Lune est de 29J 12'' 44'". — Sur les mois et
années solaires et lunaires, voir Bar Ilebraeus, Cours d'aslrunomie, Paris, 1900
(121*^ fascicule de la Bibliothèque de l'école des Hautes-Études), p. 167 à 171 de
notre traduction.
[24]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS r> , II. 351
cela a eu lieu par convention et non par nature, car la connaissance de
toutes ces choses n'est pas (la même) pour tout homme.
6. On peut voir qu'on en a encore fait autant pour la mesure, c'est-à-
dire la grandeur, de la terre. Bien que la terre fût une et l'un des quatre
éléments habituels, il était difficile de saisir son ensemble; on la partagea
d'abord toute entière en trois parties, puis chacune des parties en des
pays nombreux et divers ; chaque pays en villes diverses avec leurs
éparchies; et les éparchies en bourgs avec leurs territoires. Ici vinrent
encore des noms pour toutes les divisions, je veux diro pour les parties,
les pays, les villes et les bourgs, soit les noms des rois qui ont pris les
pays ou bâti les villes comme VEgypte, la Syrie et la Cilicie qui sont
nommées d'Egyptos, de Soros et de Qilikos, et comme Rome, Alexandrie ,
Antioche et Constaniinople qui ont les noms des rois Romulus, Alexandre,
Antiochus et Constantin; d'autres ont imaginé des noms quelconques qui
ne signifient rien ; comme Mabboug et Alep et Qennesrin et Emèse etc.
D'autres pays ont pris les noms des fleuves qui les entouraient comme
la Mésopotamie. Et s'il y a autre chose qui a été nommé de cette manière,
c'est par le même procédé que l'on a partagé et nommé, évidemment
par convention et non par nature.
7. Pour que ces pays avec leurs villes et leurs bourgs fussent plus faciles
à saisir, les philosophes géographes, pour le dire en peu de mots,
donnèrent des noms aux trois parties (fol. 83r) dont nous avons parlé
pour toute la terre habitée : ÏEurope, la Libye et la Grande Asie Ils
fixèrent que dans VEurope il y avait dix tables (nt'vaÇ), vingt-deux pays,
cent dix-huit grandes villes ; dans la Libye quatre tables, dix-sept pays,
quarante-deux villes; dans la Grande Asie, douze tables, quarante-quatre
pays et cent quatre-vingt-dix villes; en tout 2i3 tables, <S3 pays et
350 villes, etc. (1).
8. Pour le rappeler encore, les hommes n'hésitèrent pas à donner des
noms humains même aux animaux sans intelligence pour les préciser
davantage, il leur arriva aussi de donner ces noms à des choses usuelles
et à des oiseaux; bien plus, il leur arriva au contraire de donner aux
hommes des noms d'animaux ou d'oiseaux ou de choses inanimées ou
d'autres affaires. Il leur arriva aussi de sculpter et de peindre sur les
murs de leurs maisons et dans les palais des rois, sous forme de femmes,
l'Amour et la haine, la justice et l'avidité et toutes les choses analogues;
c'est à-dire les vertus et les vices qui ne sont cependant que des mœurs,
c'est-à-dire des opérations. Il en est de même de ceux qui sont nommés
vi'/aî, c'est-à-dire victoires, lorsqu'ils portent les couronnes des victoires
et qu'ils couronnent les tètes de ceux qui ont brillé dans l'athlétisme,
lisent encore représenté par des statues d'hommes et de femmes, l'année
et les mois, la terre et la mer, et les quatre vents, ils ont peint chacun
(1) Ptolémée, Géogr., vin, donne les mêmes nombres de tables et de villes,
mais il porte 34 (ou 35], 12 et 47 pays, donc en tout 93 ou 94 pays.
L25]
352 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
et chacune sous certaine ressemblance, portant par exemple des fruits
ou d'autres choses qui conviennent aux temps, c'est-à-dire aux saisons de
l'année. Il est donc évident (fol. 83 v) ici encore qu'on en usait ici et dans
tous les cas analogues, par convention seulement et en parole, et non
comme si ces choses étaient ainsi dans la nature.
CHAPITRE TROISIEiME
Que ce sont les sections qui ont été nommées signes du zodiaque,
PARCE qu'il n'y avait AUCUNEMENT SUR LA ZONE DU ZODIAQUE LES FIGURES
QUE l'on ATTRIIîUE A CES SIGNES.
1. En sus de ce que j'ai dit, les géomètres et les astronomes viennent
témoigner en faveur de ma thèse — je veux dire que les constellations
qu'on dit être dans le ciel n'y sont pas par nature mais par convention
seulement et en paroles — parce qu'ils nomment tmîmê, c'est-à-dire
sections, les douze parties du cercle nommé zodiaque, ils ont fixé chacune
d'elles à trente [joïpa, c'est-à-dire degré. On trouve aussi le nom owos/.a-
-Yjadoiov, c'est-à-dire un de douze, pour désigner chacun des douze î^tiSta
(signes du zodiaque) sans qu'ils se servent jamais des inventions et des
fables des poètes et des astrologues pour désigner les douze lieux du
cercle dont nous avons parlé. Ils jugèrent bon en effet — avec sagesse et
amour de la vérité — de dire ce qui convenait à la nature des choses, et
non ce qui provenait d'une imagination quelconque de l'esprit, laquelle
n'aurait aucune base solide qui puisse la recommander à un philosophe
intelligent. C'est 'la nature des choses qui impose un choix solide, ou
d'après les pensées communes soit à tous les hommes soit au plus grand
nombre d'entre eux, ou d'après ce qui est témoigné par les hommes les
plus sages et les plus choisis.
2. Voici, comme tu le verras encore, ô ami de la vérité, que les poètes et
les astrologues ne se sont pas attachés ici à la nature des choses : Dans la
septième partie du zodiaque, qu'ils nomment la Balance, il n'y a rien de
tel qui y soit figuré ou marqué. Celui qui a fait la sphère d'airain (I) n'a
pas trouvé ici (fol. 84 r), je veux dire sur la sphère céleste, d'étoiles qui
aient une telle forme, aussi il a laissé cette partie (de la sphère) sans
représentation et sans nom. Ptolémée ne donne pas le nom de Balance à
cette septième partie, mais il la nomme le plus souvent plante du pied ou
ongles (-/TiXat), à savoir la plante des pieds de celle qu'on nomme Vierge, ou
ongles des bras du scorpion (2), parce que la mesure de cette septième
section, comme .4ra/us la figure (3), va des genoux de la Vierge aux coudes
(1) On a ajouté en marge ailleurs « c'est l'astrolabe ». Cette mention a été
portée ici, en caractères rouges, dans le texte.
(2) Les >' serres >• du Scorpion.
(3) Sur la « sphère d'Aratus ».
L26J
LE TRAITK SUR LES « CONSTELLATIONS ^>, III. 353
du scorpion. Ce lieu, c'est-à-dire cette place, n'a pas été nommée Balance
par eux sans motif, mais parce que (la Vierge) était nommé juste,
comme aimant la justice et le jugement, puisque la justice était symbolisée
parla Balance, c'est pour marquer la justice de la Vierge qu'ils donnèrent
le nom de Balance à cette portion, aussi par endroits on représente
(la Vierge) avec une Balance à la main. Quant au Scorpion qui est figuré
dans la huitième partie du cercle (zodiaque), à l'exception de ses bras et
d'une petite partie de son ventre, tout son aiguillon et ses autres parties
sont en dehors de cette partie au sud de tout le zodiaque.
3. De même le Sagittaire (I) qui est dans la neuvième partie (du
zodiaque) n'a dans cette zone que la partie qui est comme un homme,
mais tout le reste et toute cette forme de cheval qu'il traîne après lui est
au sud de cette zone. Les Poisso7is aussi qui sont censés être dans la
douzième partie sont tous deux au nord du zodiaque, surtout celui qui f st
le plus à l'Orient; il n'a même aucune partie dans cette zone (fol. 84v),
mais il est très éloigné non seulement de la ligne diamétrale, c'est-à-
dire de la ligne du milieu décrite par le soleil, mais même du zodiaque.
De plus, ces deux poissons sont très éloignés l'un de l'autre, et surtout
leurs tèles, la tète du premier, c'est-à-dire de l'occidental, qui est un pe i
plus prés du zodiaque, regarde à l'Occident, et la tète de l'autre, c'est-
à-dire de l'Oriental, regarde au nord, et l'espace qui les sépare est de
34 degrés en longitude et d'autant en latitude. Toute cette partie de la
dodécatomérie, c'est-à-dire de la ligne diamétrale du milieu du zodiaque,
manque de toute constellation et même d'étoiles, en sorte que tout cet
espace est vide, je veux dire depuis le milieu du onzième (signe) jusqu'au
premier, depuis le signe nommé Verseau jus|u'au signe nommé Bélier
c'est à-dire Brebis, sur 45 degrés. 11 en est de même pour d'autres signes.
Si tu regardes attentivement, tu trouveras un espace vide, moindre
cependant que celui-ci.
4. Tu trouveras aussi l'inverse, à savoir que ces animaux, c'est-à-dire
constellations, empiètent sur les divisions des autres. Ainsi le Lwn. qui
est placé dans la cinquième division, bien que tout son corps soit plutôt
jiu nord du zodiaque, a sa tète au nord de la quatrième partie, c'est-à-dire
de la division où l'on figure le Cancer, on le représente avec la tète
tournée vers l'occident quand il se lève. La queue du Capricorne, qui
est dans la dixième division, entre dans la onzième, (jui est celle du
Verseau. Le Verseau lui-même, c'est-à-dire celui qui verse l'eau, a tout
son bras gauche avec la peau, c"est-à dire le manteau qui le couvre
(fol. 85 r), étendu au-dessus du dos du Capricorne, au-dessus du dixième
lieu. Nous avons déjà parlé de la Vierge et du ScoYpion et dit que les
pieds de l'une et les bras (les serres) de l'autre entraient dans la septième
division qui est nommée Balance, et il n'y a là aucune représentalion do
balance.
(1) En marge : « c'est-à-dire la grande figure ».
[27]
ORIENT CHRÉTIEN. 23
354 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
5. On voit donc que par endroits des constellations dépassent la mesure
de leur propre dodécatomérie, qui est, comme nous l'avons dit, de
30 de"rés, et, par endroits, elles sont plus resserrées. Ainsi dans la cons-
tellation du Cancer, de ses deux côtés, à l'Orient et à l'Occident, on trouve
un espace vide dans sa dodécatomérie, parce que sa figure est plus
resserrée et plus pet. te.
0. Ainsi, de ces douze figures qu'on place dans le zodiaque, les unes
entrent par endroits dans les autres, — c'est-à-dire dans la dodécatomérie
des autres, — et d'autres, par endroits, sont séparées et on trouve un
vide entre elles. Certaines sont plus au nord, en totalité ou en partie. Il
y a aussi des constellations dont une partie est au nord du zodiaque, une
autre au sud, et une autre au milieu, par exemple les Gémeaux et le
Verseau dont les têtes sont au nord, les pieds au sud et la partie moyenne
de chacun d'eux dans le zodiaque.
7. Les géomètres et certains astronomes, considérant tout cela avec
sagesse, nommèrent ces douze parties du cercle des sections ou des
dodécatoméries, comme nous l'avons dit, et s'écartèrent (fol. 86v) de la
fabrication des noms, c'est-à-dire de l'ineptie des dénominations imaginées
par les poètes et les astrologues, loin de ce qui résultait de la nature des
choses, mais évidemment pour l'agrément, c'est-à-dire pour amuser et
réjouir des auditeurs lascifs, les plus impudiques et les plus luxurieux,
ou, ce qui est plus vrai à dire, ceux qui n'avaient pas d'intelligence.
8. Pour que cela soit encore plus connu de ceux qui jugent toutes ces
choses avec raison et esprit droit, il n'est pas inconvenant, ô ami de la
vérité, «jue nous donnions ici une petite partie de leurs insanités. Nous
blâmerons donc leurs inepties en peu de mots et rapidement, bien qu'ils
aient déjà été moqué.s, humiliés, condamnés par tous ceux qui ont de
l'intelligence et qui savent, en hommes sages, sépai-er le pur de V impur
et Je saint du profane, pour parler comme le livre sacerdotal (1), c'est-à-
dire entre la vérité et le mensonge, le juste et la fable. Donnons donc
occasion à tous ceux qui nous trouveront et qui nous prêteront attention
à s'en moquer davantage et à les tourner en ridicule. Donne occasion au
sage pour qu'il s'instruise, enseigne le juste et il augmentera sa connais-
sance, pour employer la parole sacerdotale :
Nous donnons ici le texte du chapitre quatrième, à cause
des longs extraits d'Aratus (2) qu'il traduit :
(1) Lévil., X, 10.
(2) Les Phénomènes d'Aratus, édités et traduits souvent, sont résumés p;ir
Delambre, Histoire de l'astronomie ancienne, Paris, 1817, t. I, p. 61-74, qui résume
aussi le commentaire qu'en a fait Hipparque, ihid., p. 106-189. — Sur Aratus
voir Fabricius, Bibl. graeca (Harles), IV, 88-117.
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LE TrtAITli SUR LES « CO.VSTELLATIONS », IV. 355
TEXTE
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356 REVUE DE L ORIENT CHRÉTIEN.
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[30]
LE TRAITK SUR LES a COXSTELLATIOXS », IV. 337
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[31]
358 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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(\) De »?/ plutôt que de «*>«»•
(2) Lire : l^^L.
[32
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS «, IV. 359
♦ |>V>».S) )^^^
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ôi-^ îi ..ôiJVûo^o K-.J ôtt-a-.JJ .IK^io y^>o .ôi.^eL^ )ooio
)jO| ^o .jlv^^-âLjL ^^ )oo( J^dK.^9 oôi v.fiDaJboJL^Vâ9
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133]
360 REVUE DE l'orient CHRÉTIEX.
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(■2) Prima manu ,^«i^*io».
(3) Lire TpiTwvi; comme plus iiaut.
(5) "t*w Ms.
((',) ^o^^3> Ms. ((^a£6(ov).
[341
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS «, IV, 301
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362 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN,
CHAPITRE QUATRIEME
Sur lv fiction (qui attribue) une figure aux constf:ll.\tions
el les fables ineptes (imaginées) a leur sujet par les poètes.
1. Voyons d'abord leur fiction au sujet de la figure des (étoiles)
nommées les Ourses. Dans la zone du nord, qui est nommée 'Ap/.T;/.ô,-.
savoir celle qui ne se couche pas — je veux dire celle qui est autour
du pôle nord — Aralns (1) a supposé — comme il l'a figuré sur la sphère
d'airain et comme il l'a transmis par écrit (2) — qu'il y a deux Ourses,
l'une grande et l'autre petite, (fol. S6 r) et, entre les deux, le Dragon.
Il nomme grande (Ourse) celle qui a les sept étoiles brillantes que nous-
autres, (et) aussi le Livre divin, nommons If char d'après sa forme.
(Il nomme) petite (Ourse) celle (pii a sept petites étoiles, qui sont plus
proches du p()le nord (et) ressemblent, à savoir d'après l'ordre de leur
disposition (a/Tjaa , aux sept autres susdites. Quant à ces trois (étoiles)
qui font partie des sept dans chacune des 'Ourses) et 'qui semblent
traîner longuement dans leur disposition à la suite des TeTpâ-Àrjio-.
(quadrilatères), c'est-à-dire des quatre étoiles qui sont sur chacune
d'elles, il a figuré qu'elles étaient la queue de chacune des (ourses), ce cjui
n'a aucune ressemblance dans la nature, car toutes les Ourses qui sont
dans la nature — comme le sens de la vue le montre — ont une queue
petite et (même) très petite, qui n'est presque pas visible et n'est pas
perçue sans attention (.3).
2. (Aratus) en a encore fait autant pour le Lièvre qu'il a figuré sous les
pieds du Géant (Orioni, car il lui donne une longue queue, qu'il recourbe
au-dessus de son dos, comme celle d'un chien, ce qui n'a pas lieu dans la
nature pour les lièvres qui sont près de nous. \'oilà pour la sottise de
leur configuration. Quant à certaine fable (liée) à cette ineptie, qu'il a
composée au sujet de ces Ourses, la voici en peu de mots :
3. C'étaient deux femmes qui avaient caché le maître des dieux dans
(1) On lit en marge : " c'est-à-dire illustre ». Le scribe a sans doute rapproché-
le nom propre Aralus du mot grec àptaTo:.
(2) Il faut donc distinguer la sphère d'Aratus qui est sans doute « la sphère-
d'airain » dont parle Sévère sur laquelle les constellations sont figurées, et la
description de cette sphère.
(3) Ce passage est résumé par Bar Ilobraeus : •• le remarquable saint Sévère
SéboUt, dans le livre où il lait ressortir l'inconvenance de ces ligures (des
constellations), dit : On a donné une longue queue à l'Ourse qui est au ciel et
on s'est trompé, car l'ourse de nos pa3's n'a pas une longue queue », cf. Le
livre de V Ascension de VEspril, Cours d'Astronomie rédigé en i27'.K traduction
F. Nau, Paris, 1899, p. 1»! (Bibliothèque de l'école des Hautes Études, lasc.
VU).
[36]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS ^>, IV. 363
la montagne de Ri'ilon (1), dans Tile de Crète, au moment où le fils de
Saturne fuyait les Corybantes (2). C'est pour les honorer ([u'elles furent
placées au ciel sous cette figure (3^
4. Au sujet du Bélier, qu'ils placent (,fol. 86 v) dans la première partie
du cercle, dans le zodiaque, il dit qu'il enleva jadis Hélià (4) et Phris-
cos (5) et. comme il volait au-dessus de la mer, la jeune Hélià fut saisie
de crainte, et elle tomba dans la m^r. et cette mer fut nommée, de son
ij->m : Hélis Pontos CHellespont). Phriscos, quand il prit une femme, tua
ce bélier, et on lui en fit un lit nuptial (6); et, en son honneur, cette
figure de bélier fut (placée dans le ciel.
5. Au sujet du Taureau, qui est dans la seconde partie du môme cercle
(zodiaque), ils disent que le Taureau monta jadis de cliez Poséidon
(Neptune) dans l'Hellade; comme il dévastait le pays, Thésée vint contre
lui et le tua. Comme les dieux le pleuraient, pour montrer que l'action
de Thésée était grande et. en même temps, pour apaiser Poséidon, ils
fixèrent cette image de taureau dans le ciel, celle qui est la première
partie du taureau, c'est-à-dire sa première moitié (7), sa tète regardant à
l'Orient: c'est ainsi qu'ils le représentent.
0. Au sujet du Linn qu'ils placent dans la cinquième partie du zodiaque,
(ils disent) qu'il était à Nérnée, pays du Péloponè(s)e et qu'il dévastait ce
pays; Thésée, ayant un grief contre Hercule, l'envoya pour le tuer, et
quand il vint, il le tua (8l Les dieux, qui voulaient montrer ([U^^ le combat
d'Hercule était remarrpiable. dessinèrent le lion dans le ciel à l'aide d'étoiles.
7. Au sujet de la Vierge, Aralus dit que c'était une déesse et son nom
était Aî/.r, (la justice) (9) et. au premier temp«. lorsque la race des hommes
(Il Bar llébraeus, loc. cil., a repris ce nom propre. Il faut Diqton (oivitri ôpo;
ou l'Ida (bien que Strabon n'admette pas cette identitication).
(2) Ces mots sont encore corrompus. Le texte porte : •• quand fuyait Qori-
bitiôs bar Qôriôs ■•. Pour Aratus, les Corybantes sont les auxiliaires de Jupiter
et empêchent Saturne d'entendre ses cris : Salurnum /'allant dum Diciaci
CorybaïUes, •• tandis que les Corybantes de l'Ida (Dicté) trompent Saturne ■■.
(:'.) Voir aussi Eratosthènes, Calastcricms, et Ovide, Métamorphoses, II,
V. li»5-5ol.
(4) Hellé; "Ë/.Xri.
(.0) 4>p;|o;.
(Gj Sans doute avec la toison (d'or) du béUer. Nous n'avons pas trouvé ces
détails dans Aratus.
(7) Nous n'avons pas trouvé ceci dans Aratus. Il s'agit du taureau envoyé-
par Neptune pour séduire Pasiphaë. femme de Minos. De cette union naquit le
Minotaure, moitié taureau et moitié homme. C'est le Minotaure qui fut tué-
par Persée, et la première moitié de l'animal fut placée au ciel. Le plus sou-
vent, le Taureau est i-attaché à .lupiter qui s'en sert pour séduire Europe.
(8) Manque encore dans Aratus. Un ne semble pas rattacher le lion de Némée
à Thésée, mais plotùt à .Junon.
(9) Cf. Eratosthènes, Cataslérismes, 0. — Figure cette fois dans Aratus, vers.
97 à 136.
[37]
:364 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
était d'or, elle se mêlait aux hommes et aux femmes, et elle les réunissait
■chaque jour (fol. 87 r) et e'ie par'ait avec eux de la justice. Ensuite
quand la race des hommes fut d'argent, elle commença à détourner son
pied des hommes, elle venait le soir de la montagne et n'avait plus rap-
port avec aucun d'eux, mais lorsqu'il i^leur) arrivait de se réunir, elle
les menaçait de ne plus venir près d'eux. Ensuite lorsqu'il y eut des
guerres et que la race des hommes fut d'airain, au temps oîi ils firent des
glaives, elle prit en haine toute la race des hommes et elle s'envola au
ciel
8. Au sujet du Scorpion (ju'ils placent dans la huitième section, c'est-
à-dire signe, du cercle (du zodiaque), c'est-à-dire dans le liuit ème o'oo:-/.a-
-:r];jLdciov (dans la huitième des douze divisions du cercle), il compile une
fable analogue (que voici) :
Au sujet de celui qui est nommé d'ordinaire par tout le monde le Géant,
d'après la forme de la disposition, c'est-à-dire de la figure, des étoiles, et
que les poètes (nomment) Orion. (il dit) ([ue c'était un chasseur et que cet
homme mécontenta Diane (1), celle qui verse le sang des cerfs (2),
parce ([u'il lui dit qu'il n'y avait pas d'animal qui put s'enfuir ou s'échap-
per de ses mains, cela mit Artémis (Diane) en colère ; elle envoya contre
lui un replile, le scorpion, et il le piqua et le tua; aussi tous deux furent
placés dans le ciel, à savoir le géant et le scorpion, l'un en face de l'autre,
pour apprendre aux hommes à ne pas se glorifier et, depuis lors, chaque
fois que le Scorpion se lèvr-, le Géant s'enfuit devant lui.
9. D'autres imaginent une autre fable à leur sujet. Les dieux (.3), voulant
éprouver l'amour des hommes pour les étrangers, descendirent près d'un
certain Ourôs, roi de Béotie (4), ensuite ({uand il les eut reçus, qu'il eut tué
pour eux un taureau et qu'il les eut restaurés, en sortant de chez lui ils
virent, jetée en dessous (5), la peau de ce taureau qui avait été tué, et
qua id les dieux urinèrent sur elle, à l'aide de leur urine (fol. 87 v) et de
la peau du taureau ils firent Orion (G). Celui-ci, (juand il exista, aima
Ar.émis (Diane), celle-ci se fâcha et fit monter le scorpion contre lui et,
pi(| lé au talon, il mourut (7). Les dieux, ayant pitié de lui, le figurèrent
dans le ciel à l'aide d'étoiles, avec le scorpion.
10. Au sujet de la Chèvre, c'est-à-dire du Capricorne (ju'ils placent
(1) Aratus, vers 636 à 616, diffère de Sévère : Fama est... Orion maiiibus
violasse Diaaam. La morale de la fin manque aussi dans Aratus.
(i) Semble correspondre à << Diane chasseresse ».
(3) Jupiter, Neptune et Mercure (ou Apollon).
(1) Tptsvç, roi de Tanagra, en Béotie.
(5) Signifie peut-être <■ enterrée ■-, car après que àTC£r7itep!j.r|vav et; aùxiiv, elle
resta enterrée durant dix mois.
(6) En marge : « le géant ». — On l'aurait il'abord nommé Ourion « parce
•qu'il provenait de l'urine ».
(7) D'après Horace. Orion l'ut percé parles flèches de Diane qu'il avait offensée
Odes, m, 4, vers 71.
L38]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », IV. 365
dans le dixième ocuôr/.arr,;j.ôpiov, Aratus il) dit encore qu'elle donnait les
mamelles à Baalchemaïn (2), mais comme (celui-ci) n'avait pas de bouclier,
il la tua et fit un bouclier avec sa peau, lorsqu'il combattait avec les fils
de la terre. Pour la récompenser de ce qu'elle l'avait élevé, il plaça, en
mémoire d'elle, le Capricorne dans le ciel (3).
11. Au sujet de la Couronne boréale, qui est nommée chez les Syriens
« 1 écurie de la chèvre ». d'après sa forme, il dit que c'est la couronne
d'Ariadne. Celle-ci était la fille de Minos, roi des Cretois, et elle aima
alors Thésée, roi des Athéniens, mais Dyonisos (Bacchus) la lui prit, et il
fut avec elle (4). Quand elle mourut, pour l'honorer et en faire mémoire,
Dyonisos lui figura, à l'aide d'étoiles, une couronne dans le ciel.
12. Au sujet des Pléiades qu'ils placent dans le Taureau, ils disent que
c'est la chevelure de Bérénice. Celle-ci était une femme de Ptolémée (jui
était nommé « faisant des belles choses (5) ». Comme celui-ci était en
guerre, elle fit voeu que s'il revenait sans mal, elle couperait ses cheveux
et les mettrait, (comme) chose consacrée (6), dans le temple, ce qui eut
lieu. Et un certain astrologue (7) se leva et il dit, pour la flatter, que les
dieux avaient placé cette chevelure dans le ciel. De là vient la forme de
grappe de raisin de cette étoile que nous nommons Kîmâ (Pléiades) (8).
13. Encore pour celle qui est nommée Kjx.vo; (Cygne), c'est-à-dire "Opvt;
(poule), (fol. 88r) il a imaginé une sottise plus obscène : Il dit que Zvj;
(Jupiter) voulant avoir rapport avec Némésîs (9), ou, comme d'autres
(1) En marge, comme plus haut, « c'est-à-dire illustre ».
(2) En marge : ■- un dieu des premiers ». C'est Jupiter, qui aura encore ce
nom un peu plus loin : <■ le maître du ciel •>. Manilius dit, I, 3G2, que la chèvre
a nourri « ce maître du monde », mais ne renferme pas la suite, bien qu'il
connaisse la lutte de Jupiter avec les fils de la terre, I, 414-424.
(3j Aratus se borne aussi à dire que laChèvrea nourri Jupiter. — La Chèvre
est d'ailleurs une étoile du Cocher. — Ératosthène (n" 27) dit que la Chèvre,
mère du Capricorne, a nourri Jupiter en même temps que son petit; plus tard
le Capricorne, nommé aussi Pan et ,£gipan, a aidé Jupiter dans sa lutte contre
les géants et trouvé le cri nommé « panique >■ qui a mis les géants en fuite.
Jupiter, par reconnaissance, a mis le Capricorne (Pan) et sa mère (la Chèvre)
dans le ciel. — C'est après la mort de la Chèvre qu'il aurait fait de sa peau un
bouclier.
(4) C'est Ariadne qui apprit à Thésée comment il pourrait sortir du laby-
rinthe.
(5) Traduction deEJ£pyit»î;. Bar Hébraeus, loc. cil., p. 91, reprend ce passage,
(6) En marge : ■■ vœu •• .
(7| C'est Conon de Samos, d'après Hygin, cf. Ératosthènes, Catastérismes, éd.
lo. C. Schaubach, Gjttingue, 1795, p. 87 (note au chap. 12).
(8) C'est un amas de six (ou sept) étoiles de -cinquième grandeur, cf. Bar
Hébraeus, loc. cil , p. 109. Le télescope montre un grand nombre d'étoiles. —
Ara'us, vers 254 à 2fî7, donne les noms des sept étoiles des Pléiades mais ne-
mentionne pas Bérénice.
(9) Fille delà Nuit et de l'Océan. Elle se changea en oie et Jupiter en cygne..
[39]
:366 REVUE DE l'orient chrétien.
disent, avec Léda (1). et ne pas être vu par "Hpa (Jitnon), il prit la forme
■d'un cygne, et il fut avec celle qu'il aimait, et, comme pour l'honneur de
l'association de Jupiter, il fut dessiné dans le ciel.
14. Au sujet de celui (jui est nommé Persée, il dit <[u'il était fils du
maître des dieux, gendre de Céphée. et mari d'Andromède. Celle-ci était
fille de Cassiopée. femme de Céphée; Persée lui-même était né de Danaé,
lorsque le Maître du ciel (2) (Jupiter) eut rapport avec elle sous forme
d'or (3). Le roi Polydectes envoya certaine fois ce Persée pour qu'il lui
apportât la tête de Gorgone (4). Mercure lui donna un casque et des
souliers volants (des ailes aux pieds). "H^atcxoc (Vulcain) lui donna un
glaive distinct de sa lame, comme une faux (5). Comme le dit Aciiôs
(Achille?) (6). l'un des poètes, les trois Gorgones n'avaient (ju'un œil (7)
pour elles trois, à l'aide du(|uel elles voyaient, et elles se le prêtaient
d'une à l'autre, et au jour oh l'une d'elles le prêtait à sa compagne, (Persée)
courut, s'en empara et le jeta dans le lac Tritônis (TptTwv;;) (8). Il alla
alors et tua (la Gorgone) et la jeta dans le lac, et Mrousâ (?) avec elle.
Il fut heureux (piand il eut pris la tête et l'eut placée à son côté
(Jupiter) (9) liouora Persée et le plaça dans le ciel, tenant la tête de
'Gorgone.
15. 11 dit encore au sujet de 'Hptôavd; ([ue c'était un fleuve et qu'il fut
placé dins le ciel, (fol SHv) Et il dit (pi'il avait beaucoup de prunelles,
c'est-à dire beaucoup d'yeux. Les sœurs de Phaéton, ([uand il tomba du
'Ciel. pleuraient sur lui près de l'Eridan. près ducjuel elles se tenaient,
et elles devinrent des arbres (10), et à cause de cela il fut nommé
Eridan (II).
10. Ensuite pour 'ApyoS, c'est-à-dire le Navire, dont ils disent (^u'il est
(I) On trouve Léda dans Manilius, I, o:}?, mais pas dans .\ratus.
ci) Baalchemaïn.
(3) Horace, Odes, m, 11(16), développe ceci pour montrer la puissance de l'or.
(4) D'après les poètes, Polydectes voulait faire périr Persée, afin de pouvoir
jirendre Danaé, mère de Persce.
(j) D'après d'autres, le casque, qui le renla't invis bis, lui fut donné par
Plu ton.
(G) Esi-co Achille Tatius qui a écrit une inti'oduction à Aratus? Cf. Fabricius,
BihL Graera (Ilarles), iv, 4-2.
(7) « Un œil et une dent ■•. dit Eschyle dans Promélhée, mais il ne s'agit que
des sœurs des Gorgones. Persée s'empare de leur o^il unique Pt le leur rend
■quand elles lui ont indiqué où sont les Nyaiphes qui ont des souliers ailés.
(5) Lac de Libye.
(0) 11 manque ici quelques mots. On lit en marge : « c'était coupé dans
-Pexemplaire ".
(10) Ses trois sœurs, les Héliades, furent changées en peupliers. Ovide com-
mente très longuement l'histoire de Phaéton, Métamorphoses, II.
(II) On dit qu'Éridan était l'ancien nom de Phaéton. — Le grec d'Aratus ne
mentionne pas FMiaéton. Cicéron, dan? sa traduction d'Ai-atus, introduit Phaéton
•et ses sœurs à l'occasion de l'Eridan, vers 390-3.
[10]
LE TRAITPÎ SUR LES « CONSTELLATIONS », IV. 367
■dans 11 série nommée le Chien du Géant (1). Il dit qu'Hercule le fit
avec l'arbre nommé Pqôs (2).
17. ils déblatèrent encore beaucoup d'autres choses analogues qui sont
plus indécentes et plus folles, mais j'ai placé ici comme en peu de mots
•et pour mémoire seulement cette fable des poètes et des astrologues au
sujet de telle ou telle de ces constellations qui sont dites par eux être
dans le ciel, en en laissant la plus grande partie, parce que j'ai craint de
■causer (3) de l'ennui à ceux c^ui lisent ou entendent (et) afin qu'à l'aide
de ce qui a été dit en peu (de lignes), il te soit connu, ô ami de la vérité,
-ainsi qu'à tous ceux qui rencontreront (cet écrit), que c'est avec raison
(jue nous avons dit (jue ces constellations, c'est-à-dire ces animaux qui
sont dits être dans le ciel, n'y sont pas par nature. Des hommes, conduits
à l'esprit de mépris et très trompeur, faute d'une longue expérience de la
piété, l'ont imaginé, ils seront donc repris en même temps parce qu'ils
semblent coml)attre contre les natures des choses par ces insanités et ces
fictions (lu'ils ont forgées, et (de plus) parce qu'ils luttent contre eux-
mêmes, lors(iu'ils détruisent ce qu'ils disent et croient, et qu'ils croient
et disent ce (ju'ils détruisent (4), ce (lui est en vérité de la dernière folie
•et d'un esprit qui est vraiment privé de sens, parce qu'il ne connaît ni les
choses dont il parle ni celles qu'il accuse, à savoir ni les siennes ni celles
des adversaires. Qu'ya-t-il déplus inintelligent (jue cela, c'est à l'auditeur
de bon sens (ju'il appartient de le décider.
yOOtloXo K..O o ^Ny ^s,flo/ lo^ )icL^9 9 ^Oti^^v^^^O
).,J^aao K~o ) n\ »» ^^» ^ô« vOoC^ )t~*t^ ♦"''^ V^
^tV'nl^s.^ ^'t-^/ v5»-iôi; y^l )-AcC^L^ o..*90 Jt^ou )\»^t»
(1) Les deux Chiens (Sirius et Procyon) seraient les sœurs de Canopus, étoile
■du Navire, cf. Bar Hébraeus, toc. cil., p. 104-5.
(2) Le Thésaurus Payne-Smith poi'te w»<iû3, c'est-à-dire lia^U, et ce dernier
•hiot signifie concombre ou melon. — Ce sens ne convient donc pas. Le navire
•était peut-être fait de tt-V-oç, qui signifie peau ou écorce, et Sévère aura cru voir
Jà le nom d'un aroie. — Le uiàt était un chêne de Dodone.
(3) « Que je ne ferai pas » Ms.
(4) Par l'astrologie, ils détruisent le libie aroitre qu'ils prônent, et ils osent
prôner le libre arbitre lorsqu'ils le détruisent.
(b) Nous donnons encore ie texte de ce chapitre à cause des expressions
4istrologiques qu'il renferme.
[41]
368 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
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> o i^ ^ . y» t^K-*; |.^oJLâ.^|.â© K.AJ3 )KjL3o^ sooi^ ^^KjlJd
(1) Le sci'ibe met en général, sur ces participes, un point qui ferait croire à
un riboui lorsqu'il est rapproché d'un «•
(2) U^ê''^ en marge.
(3j U>^ en marge.
[4-2]
LE TRAITÉ SUR LES (( CONSTELLATIONS », V. 369
^)aAio jlo .vOOUt-.j ^-ioj ^/ K-/ jJ^is^? Ui^Vaa JJ ^
(3) Ji^ll^oo K.O )LjL-* vQ^tJ^J .JLL^bOO Ji )jL--o ).^1qJL-^
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(1) p^o;*o/ Ms.
(2) iaw-.» Ms.
(3) U^!^ Ms.
(4) Uovoo en marge.
(5) v^*io.3N Ms.
[43]
ORIE.NT CHRÉTIEN. 24
370 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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[44]
LE traitp: sur les (c constellations », V. 371
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CHAPITRE CINQUIEME
Rl'FUTATiaN SOMMAIRE DES ASTROLOGUES ET DES POETES AU SUJET
DES CONSTELLATIONS.
1. Ils tlenneut que les choses d'ici sont déterminées d'après le destin {2}
et la répartition des sept astres et des douze signes du zodiaque, comme
ils le disent, et les ims (les planètes) sont nommés dominateurs, et les
autres (les signes) sont leurs maisons (3), avec des exaltations et des
(1) Le ms. porte deux fois j^a^o.
(2) C'est le sens général de l^^w^ mais ce mot est souvent synonyme de
In%^ ou tù^tj (fortune). La position de la « fortune » s'obtient en ajoutant à
l'horoscope (degré du zodiaque qui se lève sur l'horizon à la naissance de
l'enfant) les degrés compris entre les positions du soleil et de la lune, cf.
Ptolémée, Télrabiblos, iv, 2.
(3) Ou domiciles, oïxw, par exemple : le Lion, signe masculin, est la maison
du Soleil, le Cancer, signe féminin, est la maison de la Lune^ etc. Ptolémée,
loc. cil., I, 20.
|45]
372 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
abaissements (1), des triyones (2) et des trlragones de leur regard (3) et
de leurs figures. D'après leurs regards, leurs témoignages et les figures
correspondantes, la vie et la mort sont données aux hommes, ainsi que
la santé et la maladie, la richesse et la pauvreté, la domination et la
servitude et tout ce qui arrive dans l'habitation des hommes.
2. Car ils disent que si leurs bonnes étoiles se tiennent dans leurs
exaltations, dans leurs trigones, et dans les lieux du tétragone de la
splière, à savoir au centre de vie (Orient) ou en celui des noees (Occident)
comme ils disent, ou au milieu du ciel (des honneurs), ou en celui qui
est sous la terre qui est nommé des Parents (4), et que des étoiles de
même influence les regardent, ou d'autres influences si elles sont parmi
les bonnes, elles procurent des biens à ceux qui sont nés à cette heure,
ceux qui naissent seront riches et puissants, maîtres et dominateurs et
d'heureuse vie. Mais quand les mauvaises se tiennent en ces lieux, aux
(lieux) d'exaltation, disent-ils, et en leurs trigones et que les bonnes s'en
écartent et sont dans des lieux plus humbles, alors naissent des faibles
et des malades, des pauvres et des sujets et de mauvaise vie. Ils disent
beaucoup de choses de ce genre, pleines d'inepties et de bavardage sans
fin, en entremêlant et en imaginant des figures, des situations et des
sorts, (fol. 89 v") des regards et des témoignages dans les signes du
zodiaque qui leur conviennent le plus, dans les lieux et les figures les
plus appropriés, selon Vastrologie qu'ils ont créée, en voulant par là
supprimer chez eux la liberté et le libre arbitre que Dieu a donnés aux
hommes, en sorte qu'ils détruisent la recherche de la perfection et le
penchant volontaire de cliacun pour faire le mal, puisqu'il n'y a pas chez
eux de récompense pour les bonnes actions ni' de punition pour les
mauvaises, de sorte que la vie intellectuelle et loute la conduite qui
résulte du libre arbitre des hommes — lesquels, d'après les paroles
saintes et véritables, ont été créés à l'image de Dieu (5) Tout- Puissant —
(1) Par exemple le Soleil produit son maximum d'efl'et quand il est dans le
Bélier, parce que c'est là son lieu d'exaltation, iji]>w,aa. Son lieu d'abaissement
Ta7ietvwij.a est dans la Balance.
(2) Des signes sont en trigone (Tpîyfova), lorsqu'ils forment les sommets d'un
triangle équilatéral inscrit, par exemple, le Bélier, le Lion et la Sagittaire. Cette
figure (a/iïiJia, CTy_ri(jLaTi(T(iô;) est favorable.
(3) On dit que deux signes se regardent (raùra pXéjtciv «XXïjXa ÀÉYeTai) lorsqu'ils
sont équidistants d'un tropique, Ptolémée, toc. cit., I, 18, ainsi les Gémeaux
regardent le Lion. Ils ont même puissance.
(4) Le tétragone (ou quadrat aspect) mentionné plus haut est analogue au
trigone : ainsi le Bélier, le Cancer, la Balance et le Capricorne forment un
tétragone (régulier) ; mais le « tétragone de la sphère » mentionne ici est tout
différent, il est foi-mé, si l'on veut, par les points cardinaux (Ywvtat, cardines,
pivots ou gonds), le levant (iioroscope), le couchant, le méridien supérieur (midi)
et le méridien inférieur (sous la terre).
(5) Genèse, i, 26, 27.
[46]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS «, V. 373
n'ont plus d'espoir et sont réduits aux opérations animales et à la vie
inintelligente.
3. S'il en est ainsi pour eux, et si les choses qu'ils prônent sont
certaines pour eux comme ils le disent, (qu'arrivait-il aux hommes)
lorsqu'il n'y avait encore ni le signe tropique du Bélier royaume (1) du
soleil et maison de Mars (2); ni le Taureau rcïdXson. de Vénus et son trigone
du jour (3), exaltation de la lune et son trigone de nuit; et le Lion
maison du soleil et son trigone de jour mais de Jupiter durant la nuit-,
ni la Vierge maison et exaltation de Mercure et trigone, de jour de
Vénus et, de nuit, de la Lune; ni la Balance, signe tropical et maison de
Vénus exaltation de Saturne et abaissement du Soleil, trigone de Saturne
de jour et de Mercure de nuit; ni le Scorpion, maison de Mars et abaisse-
ment de la Lune: ni le Capricorne, signe tropique lui aussi, maison
de Saturne, exaltation de Mars, abaissement de Jupiter, trigone
(fol. 90 ri de Vénus le jour et de la Lune la nuit. Tout cela n'eut lieu
qu'après de nombreuses générations d'hommes, comme les fables des
poètes le disent, comment donc, comme on l'a déjà montré, y avait-il
naissance, vie, mort, richesse, pauvreté etc. pour les hommes avant
l'existence et le tracé de ces (signes) qui leur donnent la vie, la mort et
le reste, à ce que disent (les poètes). Si donc tout cela arrivait auparavant
aux hommes, en dehors (des noms) des signes du zodiaque et de leurs
figures, c'est-à-dire des exaltations, des abaissements et de tout ce qu'on
raconte en astrologie à leur sujet, il s'ensuit que les fables des
astrologues sont des mensonges, lorsqu'ils disent que ce qui arrive aux
hommes est déterminé par les sept (planètes) et par les douze (signes).
Même si c'était véritable comme ils le disent, ce qui est dit (plus tard) par
les poètes sur l'être de chacun (des signes) serait mensonger, et tout récit
à leur sujet ne serait qu'une fable, ainsi que les noms qu'ils leur ont
donnés, comme nous lavons dit plus haut, et les deux (astrologues et
poètes) ont même racine, ou plutôt mentent tous les deux, comme c'est
véritable. Ces figures, c'est-à-dire ces animaux, qu'on place dans le ciel
n'y sont donc pas par nature et en vérité, mais par convention et en
parole seulement, comme il a déjà été dit souvent.
4. D'ailleurs le philosophe astronome les nomme seulement des
« figures », et il n'y a pas autre chose, car il est évident que la « figure »
appartient à un autre qui a cette figure par nature et excellemment, et
(1) Ou « exaltation ». Voir plus haut.
(2) Voir plus haut. Le Cap.'icorne et le Verseau sont la maison de Saturne;
le Sagittaire et les Poissons celle de Jupiter; le Bélier et le Scorpion celle de
Mars; la Balance et le Taureau celle de Vénus; les Gémeaux et la Vierge celle
de Mercure; Ptolémée, Télrabiblos, i, 20.
(3) Le second trigone (triangle équilatéral) est formé du Taureau, delà Vierge
et du Capricorne, qui sont trois signes féminins, aussi on les attribue à la
Lune et à Vénus. La Lune y domine la nuit et Vénus le jour. Ibid., i, 21. Toute
la suite figure aussi dans Ptolémée.
1471
374 RETUE DE l'orient CHRÉTIEN.
non a elie. C'esi donc en prenant la figure des animaux qui sont près
de nous, et qui ont (telle figure) par nature comme je l'ai dit, qu'ils lui
ont assimilé et nommé aussi la disposition et l'ordre et l'apparence des
étoiles en parole, et non parce qu'il en est ainsi en réalité. Lorsque les
grues -volent, (fol. W v) si un homme voyait qu'en volant elles forment
l'une des dispositions que l'on a écrites, il dirait certainement; que c'est
Ja disposition qui est écrite (et non une figure dans le ciel). De même si
les étoiles sont assimilées et ressemblent par leur apparence et leur ordre
aux animaux naturels qui sont près de nous, nous ne dirons jamais
qu'elles sont ainsi en vérité et par nature. — Je pense avoir suffisam-
ment démontré par tout cela que toutes les formes que l'on place dans
le ciel n'y sont pas en vérité et par nature, mais par convention seule-
ment et en paroles.
CHAPITRE SIXIEME
Combien et quelles sont ces formes (constellations) dont on parle,
ET SUR LES Étoiles remarquables qu'elles contiennent.
1. Pour savoir comment, dans une certaine position (du ciel), un homme
connaîtra les levers et les couchers des étoiles, et quelles sont celles qui
se lèvent ou se couchent en face d'autres, quelles sont celles qui tournent
constamment autour du pôle et qui ne se couchent pas, quelles sont
celles qui se lèvent plus vite et qui se couchent plus lentement ou inver-
sement, nous avons dit, dès le début, que c'est là une cause qui a con-
traint à donner tels ou tels noms et dénominations aux positions et figures
des étoiles qui sont dans le ciel. Comme nous voulons plus loin, ô ami
du travail, parler et démontrer, comme nous le pourrons, sur tous ces
sujets, nous dirons donc avant tout, qu'il nous faut séparer et indiquer
les formes (constellations) combien et quelles elles sont; combien et
quelles sont celles qui se trouvent dans le cercle (zone) du zodiaque, ou
bien au nord et au sud (de cette zone).
j^ous donnons ici le texte syriaque qui renferme ces noms
propres, parce qu'il nous montrera comment Sévère, en sciences
— comme il l'avait déjà fait en philosophie — enrichissait la
langue syriaque par une simple transcription des mots grecs.
Hors les noms des signes du zodiaque, qui étaient déjà fixés du
temps de Bardesane, la plupart des autres ont été créés par
Sévère; d'ailleurs ils sont d'un usage constant dans tout le
présent traité et il est bon que l'on connaisse leur forme
syriaque :
1^3
LE TRAITÉ SDR LES « CONSTELLATIOKS », VI. 375
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.^.A^/9 ^'^\'^«=> 1 ^ -o - -t 90 .. N "> «XDVcL^ ^ 001 ^/9 :Ôli^J09
Ki^a ^..w^o *â/9 oô! vûDoîa^ûî/ :^*9 ^fiaDjlaâQ.^û9)L3
(1) On a ajouté un lomad : U^. sans doute pour rapprocher ce mot de
[49]
376 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
oij:jo9 ^^>^; oô( ^9 ^.m » >»oj^ .yOOUL^ ^..«^aud ^^w^^^oô
)Lsu»f»39 f~»où V-*^! oôi *.w9 srf>,«> eo\^ •> .^.«^^i»^ m^;
..^j vfnn i . », t o<..a J^^K^ ^cûjgl^îq.^ sâ/j o6t )jl^q-^j
|-»>:^P»i^ oôi ^^ ^_A« yOogL^9 .'^v^ôiJ V-*^-*! ^-«Vi yo-jot
oi^Mj jLioû/ ^^j ).«.^j^.^ o6i ^-9 )-JV—/ .oiV2tiwiè ^^wi.9
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i-.K-9 Ô^JU.» ^i.» o6| '.^9 ),-«wi0O9^)-S JjA )v^Ki09 V-*^®/?
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V-»^^-.9 sfi0Q_i)j)_O )t^Ki09 ).JLOCL»9 Ô|!^^»^V^9 o6| •.^î
(1) Lire ;'ôs^o;^o;3.
(2) Lire ^cu;.m> comme on le trouve plus loin.
[50]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », VI. 377
Oi^OOâLd) o6t *.)Ld9 o6| w^9 jjQJLd J « 1V> il (Il yQ^90JJ s2l^V^
2. Celles qui sont dans le zodiaque sont au nombre de douze (2) : Le
Bélier ,'3): le Taureau: les Gémeaux; le Cancer; le Lion; l'Épi (Vierge),
la Balance: le Scorpion; le Sagittaire; le Capricorne: le \'erseau; les
Poissons.
3. Il y en a dix-neuf au nord du zodiaque : (fol. 91 r) La grande Ourse;
la petite Ourse; le Dragon, Céphée; Cassiopée; Andromède; AîXTwTo'vt
c'est-à-dire le triangle; Persée; 'Hvîoyo; (le Cocher); Bow-cr,? (le Bouvier)
qui est 'Ap/.-oçjXa? ; la Couronne boréale; 'Evydvajtv (l'Agenouillé = Her-
cule); celui qui tient un serpent (Ophiucbus): la Lyre; "Oov.ç (Le Cygne
ou laCroix du Nord); l'Aigle; 'Oigtoç, c'est-à-dire la P'ièche ; le Dauphin;
le Cheval, c'est-à-dire Pégase.
4. II. y en a quinze au sud du zodiaque : Procyon; l'Hydre; Kpairjp, c'est-
à-dire la Coupe; le Corbeau; le Centaure: 6r,piov (le Loup); OjTrJptov
(l'Encensoir) ; la Couronne australe ; le grand Poisson (le poisson austral) ;
Ktîtoî (la Baleine); le Fleuve, c'est-à-dire 'Hptoavd; ; Orion, c'est-à-dire le
Géant: le Lièvre; le Chien; 'Apyt,') (le Navire) (4). — Il y en a en tout,
tant simples que composées, 4G.
5. Etoiles f/randes et les plus connues, c'est-à-dire les plus brillantes qui
sont dans les signes dont nous venons de parler : (C'est) dans la grande
Ourse, les sept plus brillantes, qui sont nommées, suivant la coutume :
le Chariot; dans la petite Ourse, les sept dont deux sur ses épaules,
l'une de celles-ci, celle du norJ, est à dix degrés seulement du pôle nord,
celle du sud est à quinze degrés, une autre, à l'extrémité de la queue,
n'est aussi qu'à une distance de dix degrés du pôle susdit; danSi4rc/o-
phulax (le Bouvier), Arcturus qui est placé entre ses fémurs (o); dans la
Couronne boréale .et dans la Lyre les plus brillantes de chacune
d'elles (6): dans "Opvi; (Cygne), celle qui est sur sa queue, qui est la plus
(1) Lire vpj-ioU comme plus bas.
(2) Eu marge : •< Ce sont les a-.o\/tX(x ou malwoschè (signes du zodiaque) ».
(3) En marge : « c'est-à-dire Brebis ». En général le syriaque porte Brebis.
(4) Le syriaque porte « Argos ».
(5) 'Avâ(jL£(7ov TMv (TzeXwv, dit Géminus, tandis qu'Aratus écrit : <- sous la cein-
ture » et Manilius : mediosub pectore.
(6) C'est-à-dire « chacune d'elles a une étoile plus brillante (la Perle et Wéga) »
mais Sévère ne leur connaît pas de nom.
[51]
378 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
brillante; dans Persée, celle qui est la plus claire, qui est sur la tête de
Gorgone et qui est aussi nommée Gorgone; dans 'Hvt'o/o; (le Cocher), les
deux plus brillantes, dont l'une, l'occidentale, est sur son manteau, l'autre,
l'orientale, est sur le coude (ày-z-wv) de son bras droit, celui qui lient le
fouet; celle qui est en dessous de celle qui est sur le manteau dont on a
parlé, et qu'on nomme la Chèvre: dans Andromède, celle qui est sur sa
tête, qui brille le plus; dans Pégase (le Cheval), deux étoiles, Tune qui
est sur son épaule (Schéat = épaule) et l'autre sur son u7:oto;j.7], c'est-à-dire
sur sa section, (fol. 91 v) qui a la latitude même de celle qui est sur son
côté (1): dans le Taureau, les Pléiades et VHyade (Aldébaran); dans le
Lion, celle qui est nommée le Cœur du lion (Régulus) et la brillante qui
est à l'extrémité de sa queue que l'on nomme :rpoTpuyr|Tr;p ; dans la Vierge,
celle qui est nommée aià/^u;, c'est-à-dire YEpi ; dans le Scorpion, Anta-
rès (2), qui est celle du milieu, la plus brillante des trois ; dans Procyon,
celle qui est la plus remarquable et qui est sur son ventre (3); dans
l'Hydre, la plus brillante qui est sur sa queue ; dans Orion, quatre étoiles,
deux sont ses épaules (4), des deux autres, la première est sur le talon
de son premier pied (5), l'autre est sous le genou de son autre pied; dans
'Dptoavdç, la plus brillante qui est à l'extrémité du fleuve; dans le Chien,
celle qui est sur sa tête, la plus brillante et remarquable, qui est nommée
Sirius; dans 'Apyti, celle qui est sur son pied droit qui est nommée
KâvwSoç, qui est plus proche de l'horizon sud (G); dans le Grand Poisson,
celle qui est dans sa bouche (7) (|ui est la plus grande et la plus
brillante; dans le Centaure, celles qui sont dans les derniers sabots qui
sont placées sur l'horizon sud.
En voilà assez sur le nombre des constellations, leur nom, et les étoiles
remarquables qui s'y trouvent.
(1) Sans doute Algénib (l'aile) et Markab (la selle) qui sont sur le même
parallèle.
(2) 'AvTâpyi;, étoile qui est rouge « comme IMar.s ». On la nomme ■■ le cœur du
Scorpion >•.
(3) Nommée « Sirius syrienne », cf. Bar Hébraeus, Cours d'aslronomie, trad.
p. 104.
(4) Bellatrix et Bételgeuse.
(5) Rigel (le pied).
(6) Sur le gouvernail, ou sur la rame de droite servant de gouvernail.
Cf. Bar lîébraeus, Astronomie, p. 104-5 : « A Maraga, Canopus ne monte au-
dessus de l'horizon sud que de un degré deux minutes.
(7) Famalhaut — la Bouche du Poisson.
[52]
LE TRAITÉ SUR LES <( CONSTELLATIONS », VII. 379
CHAPITRE SEPTIÈME
Sue les leteks lt les couchers des constellations avec chacun
DES DOUZE Zo)S;a, C'EST-A-DIRE DES SIGNES DU ZODIAQUE
VUI SONT SUR CE CERCLE (DU ZODIAQUE) (1).
1. Revenons à ce que nous avons promis auparavant, je veux dire à
faire connaître les levers et les couchers et, de proche en proche, nous
parlerons de chacun des signes. Nous commencerons du haut, c'est-à-dire
du signe tropique et nord qui est nommé Cancer (2), et qui tourne aussi
à l'extrémité nord du cercle du zodiaque.
2. Du Cancer et de ceux qui se lèvent avec lui. Quand le Cancer se lève,
voici ceux qui se lèvent avec lui : Du nord (fol. 92 r) la dent (pince)
nord du Cancer, c'est-à-dire son hras. où une étoile apparaît sur sa pince.
Et le Tpf::À£upo; (3), c'est-à-dire trois étoiles, qui apparaissent comme un
triangle (4) entre la tète du Cancer dont on parlait et le pied de derrière
de gauche de la grande Ourse, et le pied de derrière de gauche de
l'Ourse, parce qu'il sort de la zone du nord (5) ; sur chacun des pieds on
voit deux étoiles qui forment (deux i couples. Et la tête du Z/o«, parce
qu elle sort de la dodécatoraérie (Gj (des 30 degrés) du Lion, à savoir au
nord et à l'occident. Du côté du midi, la dernière partie la plus méridio-
nale du fleuve 'Hpi8avoç, et l'étoile la plus brillante qui est à l'extrémité
du fleuve. Et le Lièvre et tout le dernier pied du géant depuis le fémur et
.au-dessous. Et Procyon (7). Et la moitié du Chien, à savoir la tête sur
laquelle se voit l'étoile brillante nommée Sirius (8), et ses deux pattes
de devant et celui de derrière de droite et le iz-rArXiMOQ-, (9) (quadrila-
tère) qui est sur son ventre, et cha([ue étoile qui est vue devant 'ApYoi, et
la tête de V Hydre et les griff'es des pieds de devant du Lion, parce que
celui de droite est au sud du zodiaque et que celui de gauche en est aussi
un peu au sud.
3. I)u Capricorne gui est diamélralement opposé au Cancer et des signes
qxii se couchent avec lui.
Voici ceux qui se couchent en face du Cancer : Dans le zodiaque, le
Capricorne; au nord, le coude du bras droit de Bowttiç qui est étendu vers
(1) Ce sujet figure clans tous les traités d'Astrologie. Aratus explique que des
obstacles naturels peuvent empêcher.
(2) On lit en marge : « changement, début des trois (mois) d'été, juin etc. » ;
« au nord le Cancer, le Lion et la Vierge ».
(3) ^oia^a.;^ (I pour 't).
(5) Il lait partie de la zone zodiacale.
(6) sOi^ûsoL^û^o».
(g) uaea>;A^o.
(9) .^la^sSI;^^, ih pour »).
380 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
la queue de la grande Ourse; et la tête de BorÔTrj;, et le lien de la Cow-
ronne boréale; et tout 'Evycivaaiv (Hercule) à l'exception du pied gauche
qui est sur la tête du Dragon, depuis le genou et en dessous, à l'excep-
tion du genou de son pied droit, c[ui est au-dessus du (fol. 92 v) bâton que
tient Boo'nri; sur lequel on voit une étoile, il se lève à rebours et il plie
sur ses genoux, c'est pour cela qu'on l'a nommé 'Evydvaaiv (I); et la tète
de celui qui tient un serpent (Ophiucus), car sa tête est près de celle de
r'Evyovaatv; et ce Ttxoiiiktxtçioz (2) qui est derrière l'épaule de celui qui
tient un serpent; et la queue du serpent ; et une petite partie du manteau
du Sagittaire qui est dans la dodécatomérie du Capricorne, où l'on voit
trois étoiles en forme de triangle et les pointes des cornes du Capricorne,
car elles sont un peu au nord du zodiaque, et quatre étoiles rangées l'une
après l'autre de l'Occident à l'Orient au-dessus des ailes de Y Aigle; et
l'y! i^/e elle-même; et la moitié occidentale de 'Oïctto; (la Flèche); et le bras
gauche, enveloppé du manteau, du Verseau, qui est au-dessous du
Capricorne ; et du sud (du zodia(|ue) tout le Grand Poisson et le (poisson)
austral .
4. Du Lion et des (signes) qui se lurent avec lui. Lorsque le Lion se lève,
voici ceux qui se lèvent avec lui : Du nord (du zodiaque) le pied de
derrière de droite de la grande Ourse, sur les griffes de laquelle on voit
deux étoiles formant un couple; et le xpfcXsupoç (3), c'est-à-dire trois étoiles
après le pied de derrière de droite de l'Ourse; et une partie du bras
d'Arctophulax (4) jusqu'à son coude, je veux dire celui qui est à côté de la
queue de la grande Ourse; du sud (du zodiatjue) le bas du Géant, les
Chiens et le haut d"Ap-iw (Navire) et tout son à'p;j.£vov (5) (voile) et la
moitié supérieure de VHydre.
5. De celui qui verse Veau (G), c'est-à-dire Amphore [Verseau), diamé-
tralement opposé au Lion, et des (signes) qui se couchent avec lui.
Voici ceux qui se couchent en face dn Lion. Dans le zodiafjue, l'Am-
phore; au nord (du zodiaque), la main droite du Verseau, celle (|ui tient
le vase, et la tète du Verseau et son côté, car (tout cela) est au nord du
zodiaque; et le bas oriental de 'O'.aioç (la Flèche); et le Dauphin:
(fol. 93 r) et la première tête de Pégase (le petit cheval); et la Lyre, et le
genou droit de r'Evyova^iv (Hercule) qui est au-dessus du bâton (7) de
Bofôxri;, et tout son pied gauche, celui dont la plante est sur la tête du
Dragon, et la première partie (le haut) de "Opvi;; et la seconde tête de
Pégase ; et toute sa tête et son pied de devant de gauche et la tête du
(1) ^^ll^tt^W.
(2) s^oia^BlV^^.
(3) sp^û}^;^.
(4) uaoasWoaQ^»/.
(5) ^vîW.
(6j Dans la marge du bas, de seconde main: « au sud, le Capricorne, le Ver-
seau et les Poissons ».
(7) >^M, BâxXov.
[54]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », VII. 381
poisson occidental qui est plus près du zodiaque; du sud (du zodia(iue).
les pieds du Verseau, le droit depuis le genou et en dessous, le gauche
depuis le fémur et en dessous, car ils sont au sud du zodiaque ; et les eaux
qui coulent du vase du verseau; la bouche du poisson grand et austral.
6. De la Vierge et des isir/nes) qui se lèvent avec elle.
Quand la Vierge se lève, voici ceux qui se lèvent avec elle : Du nord
(du zodiaque) tout Tarctophulax à l'exception de la paume de sa main
droite qui lient le bâton et de son pied gauche; Arcturus et le premier
pied de T'EvYovaaiv qui est au-dessus du bâton du Bomzt^; jusciu'à son
genou ; du sud (du zodiaque) tout 'Apyo) avec ses rames, et l'étoile
Canopus qui apparaît au bas du gouvernail et qui est proche de l'horizon
sud; et la Coupe; et le Corbeou et le milieu de V Hydre.
7. Des Poissons, diamétralement opposés â la Vierge, et des signes qui
se couchent avec eux.
Voici ceux qui se couchent en face de la Vierge : Dans le zodiaque la
dodécatomérie des Poissons; au nord (du zodiaque) le crâne du Dragon,
à savoir deux étoiles qui sont sur lui; et la fin de "Opvt?; et tout le corps
de Pégase: et la tête d'Andromède : <it tout le Poisson occidenlal qui est à
côté du zodiaque ; au sud (du zodia(|ue) le TstpânXsupo; qui est au sud du
(cercle) diamétral de la dodécatomérie et tout le corps, c'est-à-dire le
derrière, de KtIttoç (la Baleine), (fol. 93 V) à l'exception du devant; et
l'extrémité de 'Hptoav6ç, c'est-à-dire une petite partie, à l'extrémité de
laquelle parait une étoile grande et australe.
8. De la Balance et des (signes) qui se lèvent avec elle.
Lorsque la dodécatomérie de la Balance — c'est-à-dire les jambes de la
Vierge ou les bras (serres) du' scorpion — se lèvent, voici les. (signes) qui
se lèvent avec elle : au nord, le pied gauche de Bowtti; et le TSTpâ-Xsupo;
qui est sur la paume de sa main gauche ([m tient le bâton; et la Couronne
boréale: et le crâne du Dragon, sur lequel on voit deux étoiles plus
brillantes qui appartiennent au ztxpir.lc-jpoi qui est sur la tète du Dragon,
dont l'une, qui est entre ses yeus, est fixée à la limite de la zone nord; et
tout le derrière, c'est-à-dire le bas, de r'Evyàvaotv (Hercule) avec son bras
droit (|ui tient le bâton sur la tête du serpent, à l'exception du genou de
son pied gauche qui est sur la tête du Dragon, et à l'exception de son
bras gauche enveloppé dans le manteau qui est sur son genou gauche et
à l'exception de sa tète parce qu'il monte à rebours; et la première partie
du serpent; du sud (du zodiaque), la dernière partie de l'Hydre, c'est-à-dire
sa queue qui apparaît au-dessus de la tête du y.r\i:o; ; et le Centaure jusqu'au
coude de sa main qui tient 0ripiov (le Loup), à l'exception de ses pieds de
derrière et de devant, parce ([ue lui aussi se lève à rebours.
9. Du Bélier (1), diamétralement opposé à la Balance, et des (signes) qui
se couchent avec lui.
(I) Le mot « Bélier » est ajouté de seconde main. Son absence semble avoir
brouillé le début de cette section... On lit aussi au bas de la page, de seconde
main : « à l'occident, la Balance, le Scorpion et le Sagittaire ».
[55]
382. REVUE DE l'ORIEXT CHRÉTIEN.
Voici les signes qui se couchent en face du Bélier (sic) : dans le zodiaque
la dodécatomérie delà Balance, c'est-à-dire les jambes de la Vierge ou les;
serres du scorpion; au nord (du zodiaque) les deux pieds de derrière de
la grande Ourse, sur chacun d'eux il y a un couple (fol. 94 r), de deux
étoiles; et aussi le Tpf-Xsupoç, c'est-à-dire les trois étoiles (jui forment
comme un triangle entre le pied de derrière de gauche de la Grande Ourse
et le pied droit à! Arctophulax qui se voient au-dessus des trois étoiles ; et
l'extrémité de l'aile nord de la Vierge et son pied gauche, car c'est au nord
du zodiaque; au sud (du zodiaque) la première partie du ©ripîov et
l'aiguillon du scorpion à l'exception des incurvations (pinces?) ([ui sont à
sa tête, je veux dire son xÉvxpov (1), c'est-à-dire son aiguillon; et la
dernière partie du 0uT7]'ptov (encensoir), c'est-à-dire sa base.
10. Dn Taureau et des (signes) qui se lèvent avec lui.
Lorsque le taureau se lève, voici ceux qui se lèvent avec lui : Au nord
(du zodiaque) les deux pieds du Cocher avec leurs fémurs et en dessous
et sa main droite qui tient le fouet, depuis le coude et en dessus, et les
pieds de devant de la grande Ourse, parce que ses jambes, sur lesquelles
sont vues deux étoiles accouplées, sont en dehors de la zone boréale ; du sud
(du zodiaque) les étoiles qui sont rangées du sud au nord dans l'àTOxoaTJ (2)
(la section) du taureau, qui sort un peu du zodiaque vers le sud; et les
deux pieds de devant du taureau — à l'exception de son premier sabot —
parce qu'ils sont au sud du zodiaque; et tout le xrjTo;, à l'exception de ses
pieds de devant; et la partie moyenne du fleuve Eridan.
11. Du Scorpion, diamétralement opposé au Taureau, et des {signes)
qui se couchent avec lui.
Voici ceux qui se couchent en face du Taureau : dans le zodiaque : le
scorpion; au nord (du zodia(iue) les pieds de Poojty];, c'est-à-dire Arcto-
phulax; et l'étoile Arctunis; et une partie (fol. 94 v) du serpent en dessous
de sa tête jusqu'à la main gauche de celui qui tient le serpent (Ophiucus)
et jusqu'au genou de son pied droit qui est dans la région de la dodéca-
tomérie du scorpion et du sagittaire, sur son pied, c'est-à-dire son bras
droit, dans la même région, on voit trois étoiles, ordonnées de l'est à l'ouest,
et, devant cela, le pied gauche de celui qui tient le serpent, celui qui
s'appuie sur le scorpion, c'est-à-dire sur son ventre; du sud (du zodiaque),
le reste de l'aiguillon du scorpion, c'est-à-dire son xsvxpov; et les pieds de
devant du sagittaire; et la couronne australe, qui est entre les deux ; et ses
deux autres pieds (du sagittaire), car ils sont au sud du zodiaque.
12. Des Gémeaux et des {signes) qui se lèvent avec eux.
Lorsque les Gémeaux se lèvent, voici les (signes) qui se lèvent avec eux :
du nord (du zodiaque), la main droite du premier des gémeaux et tout son
côté; et les deux tètes des gémeaux, car elles sont au nord du zodiaque, et
la partie nord de la jambe, c'est-à-dire de la plante du pied de derrière de
(1) ,^o;friû
(2) usoagv^S^a.
[56]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », MIL 383
l'ourse, celui qui est le premier et à gauche; et une étoile du TpÉTcXsuco;
qui est au milieu du pied de Vourse et de la plante du pied du Cancer; du
sud (du zodiaque), la plante du premier pied du Taureau; et la peau qui
est sur la main gauche du géant; et les pieds de devant de x^xo;; et tout
le fleuve ^ndrt/f, à l'exception de sa dernière partie; et tout Orion, c'est-à-
dire le géant, à l'exception de son dernier pied depuis le fémur et en
dessous; et les deux pieds du second des Gémeaux du milieu de ses cuisses
et en dessous, car ils passent au sud du zodiaque.
13. Du Sagittaire ( 1), diamétralement opposé aux gémeaux, et des (signes)
qui (fol. 95 r) se couchent arec lui.
Voici les (signes) qui se couchent à l'opposé des gémeaux : dans le
zodiaipie, le sagittaire : du nord, tout le Pocirriç jusqu'à son épaule et sa tète •
et la Couronne boréale jusqu'à son lien, c'est-à-dire au nœud ; et la tête du
serpent avec son cou allongé; et la main droite de 'Evyovaaiv, celle qui
tient le bâton, et son crâne sur lequel on voit une étoile, et deux étoiles du
■:£ipa;:X£upo; qui est derrière les épaules de celui qui tient le serpent, et la
dernière partie de ce serpent, à l'exception du commencement de sa queue;
au sud la Flèche: et la partie inférieure de la jambe du sagittaire et toute
la partie postérieure du même sagittaire qui a la forme d'un cheval qui
est tiré après lui, avec le tétraplouroun qui est sur sa queue et descend au
sud du zodiaque ; et l'intervalle entre les dodécatoméries du Sagittaire et
du Capricorne. — Voilà pour les étoiles qui se lèvent ou qui se couchent
en face les unes des autres.
CHAPITRE VIII
Sur les constellations qui apparaissent au milieu du ciel (au-dessus
DE l'horizon) avec chacun des Zaio^a (SIGNES DU ZODIAQUE).
1. Nous parlerons maintenant de ceux qu'on voit au milieu du ciel en
commençant par le Capricorne qui est diamétralement opposé au Cancer
et qui est aussi un Zcioiov tropique, situé dans la zone d'été, c'est-à-dire à
la partie sud du zodiaque.
2. Du Capricorne (2) et des (signes) qui apparaissent avec lui au milieu
du ciel.
Lorsque le Capricorne est au milieu du ciel dans (son) premier degré,
le Bélier se lève et la Balance se couche, chacun d'eux étant dans (son)
premier degré. Sous la terre le Cancer, cimme le Capricorne (en son
(1) Ce titre est répété en marge et on lit au bas : « à l'Orient, le Bélier, le
Taureau, les Gémeaux ».
(2) Ce titre est répété en marge, avec la note : « il est féminin ., qui se rapporte
sans doute au Capricorne. Les signes masculins et féminins alternent. Les
masculins sont le Bélier, les Gémeaux, le Lion, la Balance, le Sagittaire, le
Verseau ; les autres sont féminins. Cf. Jlanilius, U, vei-s 147, 151 (édition Pingre).
[57]
384 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
premier degré). Les constellations qui apparaissent en dehors du zodiaque
avec lui (fol. 95 v) au milieu du ciel sont : au nord, la tête de la Grande
Ourse et la Petite Ourse; la tête et le cou du Dragon; la Lyre; la Flèche;
VAiqle: au sud, la dernière partie du sagittaire, celle qui a la forme d'un
cheval, à l'est de la tête du Dragon, Cépliée; (à l'est) de la Lyre. "Opviç,
et de l'Aigle, le Dauphin et Pégase. Au couchant de la tête du Dragon, les
pieds de 'Evyo'v/aTiv, (au couchant) de la Lyre, r'EvyovaTtv et la queue du
serpent et celui qui tient le serpent.
.3. Du Verseau (l) et des signes qui apparaissent avec lui au milieu du ciel.
Lorsque le Verseau est au milieu du ciel, en (son) premier degré, le
Taureau se lève et le Scorpion se couclie chacun dans (son) degré dix-neuf.
Sous la terre est le Lion, comme le Verseau (en son premier degré}. Les
constellations qui apparaissent avec lui au milieu du ciel sont : au nord, la
tête et les pieds de la Grande Ourse; les pieds de derrière et la queue de la
Petite Ourse; la tête du Dragon ; Céphée ; le derrière de "Opvt?; la première
tête de Pégase (le petit cheval); au sud, le grand Poisson et l'austral (?).
4. Des Poissons (2) et des [signes) qui apparaissent avec eux au milieu du
ciel.
Lorsque la dodécatomérie des Poissons est au milieu du ciel dans (son)
premier degré, les Gémeaux se lèvent et le Sagittaire se couche, chacun
d'eux dans (son) degré vingt-trois; la Vierge est sous la terre comme les
Poissons (dans son premier degré). Les constellations qui apparaissent
avec elle au milieu du ciel sont : au nord, le derrière de la Grande Ourse;
la queue de la Petite Ourse, Céphée et toute ràTcoxoii-rj (section) de Pégase
et le Poisson occidental «lui est près du zodiaque; au sud, les eaux qui
coulent du vase du Verseau et le derrière du -/.tIto; ; à l'est de Céphée (on a)
Cassiopée ; (à l'est) de Pégase (fol. 96 r) on a Andromède et le Poisson
oriental.
5. Du Bélier (3) et des [signes] qui apparaissent avec lui au milieu du ciel.
Lorsque le Bélier est au milieu du ciel en (son) premier degré, le Cancer
se lève et le Capricorne se couche, chacun d'eux dans (son) degré dix-
sept; sous la terre, la Balance est, comme le Bélier (en soa premier degré)-
Les constellations qui apparaissent avec lui au milieu du ciel sont : au
nord, la queue de la Grande Ourse et la queue du Dragon, et Cassiopée et
Andromède et le Poisson oriental; au sud /.vJto;; à l'est de Cassiopée (est)
Persée, (à l'est) d'Andromède (est) AîXtwtov (le triangle); (à l'est) de xriro;
est le fleuve Eridan.
6. Du Taureau (4) et des [signes) qui apparaissent avec luiaumilieu du
ciel.
Lorsque le Taureau est au milieu du ciel dans (son) premier degré, le
(1) On lit en marge : - et il est masculin ».
(2) En marge : « et ils sont féminins ■■.
(3) En marge : « il est masculin ». Le syriaque porte en général « la Brebis
(4) En marge : « il est féminin ».
[58]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », VIII. 385
Lion se lève et le Verseau se couche, chacun d'eux dans son dixième degré ;
sous la terre le Scorpion, comme le Taureau (dans son premier degré).
Voici les signes qui apparaissent avec lui au milieu du ciel : au nord la
paume de la main droite de pookr);, et la queue du Dragon, et Persée. Au
sud. VEridan; à l'est le Persëe, le Cocher; (à l'est) de VEridan, le Géan/
et le Lièvre.
7. Des Gémeaux (l) et des (signes) qui apparaissent avec eux au milieu du
ciel.
Lorsque les Gémeaux sont au milieu du ciel dans (leur) premier degré,
la Vierge se lève et les Poisso7is se couchent, chacun d'eux dans son
quatrième degré; sous la terre le Sagittaire, comme les Gémeaux (dans
son premier degré). — Les signes qui apparaissent avec eux au milieu du
ciel sont : Au nord, la tête et le milieu du Dragon, et la Petite Ourse, et le
Cocher. Au sud, le Géant et le Lièvre.
8. Du Cancer (2) et des (signes) gui apparaissent avec lui au milieu du
ciel.
Lorsque le (fol. 96 v) Cancer est au milieu du ciel dans (son) premier
degré, la Balance se lève et le Bélier se couche, chacun d'eux dans (son)
premier degré ; sous la terre le Capricorne comme le Cancer (dans son
premier degré). — Les signes qui apparaissent avec lui au milieu du ciel
sont : au nord, la tète et le milieu du Dragon, et la Petite Ourse, et la tête
et les pieds de devant de la Grande Ourse. Au sud, Procyon; et le chien du
Géant, à l'est de Procyon. V Hydre: (à l'est) du Chien, 'Aoyo).
9. Du Lion (3) et des (signes) (jui apparaissent avec lui au v^ilieu du ciel.
Lorsque le Lion est au milieu du ciel dans (son) premier degré, la
Balance se lève et le Bélier se couche, chacun dans son vingt-septième
degré: sous la terre le Verseau comme le Zj'on (dans son premier degré).
Les constellations qui apparaissent avec lui au milieu du ciel sont : au
nord, Céphéc; la nuque et la tête du Dragon, la(iueue de la Grande Ourse;
le milieu de la Petite Ourse ; le Tp;-Xeupoç, c'est-à-dire trois étoiles; au sud,
le milieu de l'Hydre et le début d"ApYw ; à l'est de la Grande Ourse, Powttiç;
(à l'est) de l'Hydre sa Coupe et le Corbeau; (à l'est) d"ApYw, le Centaure.
10. De la Vierge (4) et des (signes) qui apparaissent avec elle au milieu du
ciel.
Lorsque la Vierge est au milieu du ciel dans (son) premier degré, le
Scorpion se lève et le Taureau se couche, chacun dans son vingt-deuxième
degré; sous la terre les Poissons comme la Vierge (dans leur premier
degré). — Les constellations qui apparaissent avec elle au milieu du ciel
sont : Au nord, Céphée et la Petite Ourse, à l'est du pôle, et la queue du
Dragon et le derrière de la Grande Ourse ; au sud, le Corbeau, et la queue
de V Hydre et le Centaure.
(1) En marge : « ils sont masculins •>.
(2) En marge : « il est teminin ■•.
(3) En marge : « masculin -.
(4) En marge : « féminin ».
[59]
ORIENT CHKÉTIEN. 25
386 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
11. De la Balance (1) et des signes qui apparaissent avec elle au milieu du
ciel.
(fol. 97 r) Quand la Balance est au milieu du ciel dans (son) premier
deo-ré. le Sagittaire se lève et les Gémeaux se couchent, chacun d'eux dans
(leur) vingt-septième degré ; sous la terre, le Bélier, comme la Balance
(dans son premier degré). — Voici les signes qui apparaissent avec elle au
milieu du ciel : au nord, les pieds de Cassiopée, et Céphée et la Petite Ourse
à Test du pôle, et la queue du Dragon, et la queue de la Grande Ourse, et
poojTTiç et l'étoile Arcturus; au sud, le Centaure; à l'est de la Petite Ourse,
tout le corps du Dragon et sa tête; (à l'est) de Powttiç, la Couronne boréale
et la tête du serpent; (à l'est) du Centaure, le ©ripiov (le Loup) quil tient.
12. Du Scorpion (2) et de ceux gui apparaissent avec lui au milieu du ciel.
Lorsque le Scorpion est au milieu du ciel dans (son) premier degré, le
Capricorne se lève et le Cancer se couclie. chacun d'eux dans (son)
neuvième degré; sous la terre, le Taureau, comme le Scorpion (dans son
premier degré). Voici les constellations qui apparaissent avec lui au milieu
du ciel : Au nord, la tète de la Petite Ourse, et le milieu du Dragon, et
jiowxriç et la Couronne boréale et la tête du serpent; au sud. 0r]p(ov et 0uT7]piov
(l'Encensoir); à Test de la Petite Ourse, tout le milieu du Dragon et sa
tête; (à l'est) de la Couronne boréale T'Evyovaatv (Hercule); (à l'est) de la
tête du serpent, celui qui tient le serpent (Ophiucus) ; à l'est du ©ripîov
(Loup), l'aiguillon du Scorpion; (à l'est) de l'Encensoir, la Couronne
australe.
13. Du Sagittaire (3) et des (signes) qui apparaissent avec lui au milieu
du ciel.
Lorsque le Sagittaire est au milieu du ciel dans son premier degré, le
Verseau se lève et le Lion se couche, chacun d'eux dans son treizième degré ;
sous la terre, les Gémeaux comme le Sagittaire (dans leur premier degré).
— Les constellations qui apparaissent avec lui au milieu du ciel sont : au
nord, la Petite Ourse, (fol. 97 v) la nuc^ue et la tète du Dragon et r'Evydvaatv
et celui qui tient le serpent; au sud, l'aiguillon du Scorpion eXV Encensoir
et la Couronne australe; à l'est de la tète du Dragon, Céphée; (à l'est) de
r'Evydvastv, la Lyre; (à l'est) de celui qui tient le serpent, ce T£Tpa7:X£upoç
(jui est derrière ses épaules eXV Aigle ei Va. Flèche; (à l'est) delà Couronne
australe le derrière du Sagittaire qui a la forme d'un cheval. — En voilà
assez sur ce qui apparaît au milieu du ciel avec chacun des douze ZaiSia,
c'est-à-dire signes du zodiaque.
(1) En marge : « masculin ».
(2) En marge : " féminin ".
(3) En marge : « masculin ».
60]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », IX. 387
CHAPITRE IX
Sur les constellations qui ne se couchent pas; sur les principales
ÉTOILES des constellations QUI SE LÈVENT ET SE COUCHENT EN FACE
les unes DES AUPRES: SUR LES CONSTELLATIONS ET LES ÉTOILES QUI SE
LÈVENT PLUS TÔT ET SE COUCHENT PLUS TARD, OU INVERSEMENT.
1. Parlons maintenant des étoiles, c'est-à-dire des constellations, qui ne
se couchent pas, ce sont toutes celles qui tournent au voisinage du pôle
nord, je veux dire à l'intérieur de la zone du nord, qui est nommée
arctique. Ce sont : la Petite Ourse, la Grande Ourse, le Dragon qui est
entre les deux; Céphée jusqu'à sa tète, la paume de la main droite de
BooiiT];. c'est-à-dire jusque vers son coude; les pieds de Cassiopée, c'est-
à-dire depuis le talon et en dessous. — Les parties de la sphère qui ne
se lèvent pas, sont toutes celles qui tournent dans le voisinage du pôle
sud, je veux dire à l'intérieur de le zone du sud qui est nommée antarc-
tique, parce qu'elle est au-dessous de la terre et n'est pas vue, mais en
voilà assez là-dessus.
2. Parlons brièvement des levers et des couchers de chacune des étoiles en
face les unes des autres, (du moins) des plus connues et des plus brillantes
parmi (fol. 98 r) les constellations dont on a parlé : quand celle de
Gitrcjone se lève et avec elle, du sud, l'étoile qui est dans la bouche du
grand Poisson (1), alors l'étoile qui est au bout de la queue du Lion, et
({ue l'on nomme IIpoTpu-^/jTiiîp (2), se couche en face d'elle et ensuite,
aussitôt, celle qu'on nomme Sxâ/u; (3), (l'épi) de la Vierge. Lorsque les
étoiles du Cocher se lèvent, parmi lesquelles sont celles qu'on nomme
chèvre et chevreau et avec elles les Pléiades qui sont sur le dos du géant,
alors se couche déjà Antarès (4) qui est sous le ventre du Scorpion.
Lorsque l'Hyade, qui est entre les yeux du Taureau, se lève, alors Arctu-
rus se couche. Lorsque l'étoile qui est sur l'épaule droite du Géant se lève,
après laquelle se lève aussitôt celle qui est sur le premier pied du Géant,
alors la brillante qui est dans la Couronne boréale se couche. Lorsque
l'éioile brillante qui est à l'extrémité du fleuve Eridan se lève, et, peu
après, se lève Procyon. alors la brillante qui est dans VAiyle se couche
peu après. Quand la plus brillante qui est sur la tête du Chien et qu'on
nomme Sirius se lève, la plus brillante qui est dans l'Aigle s'est déjà
couchée et peu après celle-là (se couche) celle qui est dans la bouche du
grand Poisson.
3. Quand l'étoile la plus brillance du Lion, que l'on nomme le cœur du
(1) CL VI, 5.
(•2) v^ô*>s5^*i®»^- La Vendangeuse ou Dénébola — la queue du Lion.
(4) >ca*-^>l.
[61]
3^8 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
Lion (Régulus), se lève, et après elle se lève aussitôt celle qui est sur la
tète de V Hydre, alors la plus brillante de la Lyre se couche. Quand celle
qui est à l'extrémité de la queue du Lion et qu'on nomme npoTpuY/ixrÎp
se lève, alors celle qui est sur les épaules (ailes) du Cheval se couche
et après elle aussitôt celle qui est la plus brillante sur la queue
d"'0pvi5 (1) (Cygne). Lorsque Canopus qui est fixé (fol. 98 v) sur le pied
(o-ouvernail) droit d"ApYo:), qui est aussi la plus proche de l'horizon sud,
se lève, alors commence déjà à se coucher celle qui est à l'extrémité du
fleuve, qui est proche elle aussi de l'horizon sud. Lorsque Arcturus
se lève et avec lui,, en même temps, le corbeau (2) du sud de la
Vierge, alors celle qui est sur la tète d' A^idromèdë se couche. Lorsque
toute la Couronne boréale se lève, alors celle qu'on nomme Canopus se
couche. Lorsque les deux étoiles qui sont sur les pieds de derrière du
Centaure, je veux dire celles qui sont sur l'horizon sud, se lèvent, alors
Gorgone se couche, ainsi que l'étoile qui est sur le premier piedd'Orion,
c'est-à-dire du Géant, et aussitôt après lui la plus brillante des Hyadcs
(Aldébaran).
4. Lorsque l'étoile brillante de la Lyre (3) se lève et, avec elle, Antarès
qui est dans le Scorpion, alors celle (lui est sur la première épaule
d'Orion se couche, et avec elle aussi celle qui est sur le second pied,
alors la plus brillante qui est sur la tête du Chien du géant, et que l'on
nomme Sirius, se couche peu après. Lorsque l'étoile brillante qui est
sur la queue (4) d"'Opvi; se lève, alors la plus brillante qui est sur le
manteau du Cocher se couche déjà et, avec elle aussi celle qu'on nomme
Chèvre avec le Chevreau. Lorsque la brillante de l'Aigle (5) se lève, alors
se coTichent les deux étoiles qui sont sur la plante des pieds de derrière
du Centaure et celle qu'on nomme Procyon, et la plus brillante sur le
coude du Cocher. Lorsque la plus brillante qui est sur la tète de Cassiopée
se lève, celle qui est sur le dos de VHydre se couche. Lorsque celle
qui est à l'extrémité des ailes, c'est-à-dire des épaules, du Cheval se lève,
aussitôt après elle se lève celle qui est sur la tête d'Andromède, (fol. 99 r)
celle qui est nommée le cœur du Lion se couche. — En voilà assez sur
les levers et les couchers des étoiles remarquables qiii sont dans les
constellations dont nous avons parlé.
5. Parlons maintenant des étoiles, c'est-à-dire des constellations qui se
lèvent plus tôt et qui se couchent plus tard, ou inversement.
Toutes les étoiles qui sont au nord de l'équateur jusqu'au cercle arctique
dont on a parlé se lèvent plus tôt que les étoiles situées au sud de l'équa-
teur, et elles se couchent plus tard, et d'autant plus tard qu'elles sont
(1) Elle est nommée Denab = Queue.
(2) vooftS|;Oj Kôpaxoç.
(3) Cf. VI, 5.
(4) Nommée, d'après son nom arabe, Z'enaô (queue) ; cf. Bar Ilébraeus, Cours
d'astronomie, trad., p. 97.
(5) Nommée, d'après le nom arabe, Altaïr; cf. Bar Ilébraeus, toc. cit., p. 98.
[62]
LE TRAITE SUR LES « CONSTELLATIONS », IX. 389
pins proches du cercle arctique (1). Celles qui sont au sud de l'équateur
se lèvent plus tard après celles du nord et se couchent plus tôt avant
elles, elles les précèdent d'autant plus qu'elles sont plus proches du
cercle antarctique dont on a parlé, par exemple Procyon se lève avant
Sirius ou le chien du géant et se couche après, parce qu'il est au nord
de l'équateur et l'autre au sud. De même l'étoile arctique et la Couronne
boréale et la Lyre et le Cygne et Gorgone, les Pléiades, l'Hyade, tout le
Taureau, le Cocher, qui est surtout boréal, la Chèvre qui est sur lui, la
tête des Gémeaux, les Gémeaux eux-mêmes, le Cancer et le Lion, les
pieds de la grande Ourse et toutes les étoiles boréales se lèvent plus tôt
que les australes : le Centaure, le Loup, l'Encensoir, la Couronne australe,
le Scorpion, le Sagittaire, le Verseau; le Poisson grand et austral, le-
Centaure, le Fleuve, le Lièvre et les pieds du Géant et le Chien et le
Navire, (fol. 99 v) et toutes les analogues, et se couchent plus tard après
elles, à l'inverse des australes que nous venons de nommer qui se lèvent
plus tard (2) que les boréales et se couchent plus tôt avant elles. — Plus
les étoiles, c'est-à-dire lés constellations, sont proches du cercle arctique
parce qu'elles sont plus boréales, plus elles se lèvent tôt (3) avant les
australes, et se couchent tard après elles; et plus les étoiles, c'est-à-dire
les constellations, sont proches du cercle antarctique parce qu'elles sont
plus australes, plus elles se lèvent tard après les boréales, et se couchent
tôt avant elles, car les parties boréales de la sphère, parce qu'elles sont
du côté du pôle boréal, qui est très élevé au-dessus de la terre (4), se.
couchent plus tard et se lèvent plus vite, car l'espace (l'arc) boréal du.
cercle de la sphère qui est au-<lessus de la terre est grand, il peut être
deux fois celui qui est en dessous de la terre, et celui qui est au-dessous
de la terre ne sera donc que le tiers du cercle. Les étoiles se lèvent au-
dessus de la terre du nord-est dans le voisinage du cercle arctique et
elles se couchent sous la terre au nord-ouest dans le voisinage du même
cercle, de sorte que les parties de la sphère les plus boréales ne passent
pas seulement au-dessus de notre tête, mais encore au nord par rapport
à nous (5). Voici en effet l'étoile nommée Chèvre (6) qui parait au-dessus
de la terre deux parties du jour, c'est-à-dire seize heures, et n'est sous la
terre qu'un tiers de jour, c'est-à-dire huit heures.
6. On trouvera le contraire dans les parties méridionales de la sphère,
celles-ci parce qu'elles sont (fol. 100 r) vers le pôle sud qui est bien en
(1) Pour ua horizon obliq;iie, en un point de l'hémisphère nord, la portion de
pai-allèle d'une étoile qui est au-dessus de l'horizon est d'autant plus graade
que l'étoile est plus près du nord, on peut donc dire qu'elle se lève « plus tôt ».
(2) Parce qu'elles sont plus longtemps sous l'horizon.
(3) Parce qu'elles sont moins longtemps sous l'horizon : leur nuit est plus
courte.
(4) Très élevé au-dessus de Phorizon sud.
(5) Au nord du zénith.
(6) a du Cocher.
[63]
390 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
dessous de la terre se lèvent tard et se couchent tôt, car l'espace sud
(l'arc) de ce cercle de la sphère est grand en dessous de la terre; il peut
être deux fois celui qui est au-dessus de la terre, et celui qui est au-
dessus de la terre est plus petit que celui qui est en dessous, au point
de n'en être qu'un tiers, par exemple l'astre qui est dans la bouche
du poisson grand et austral, qui se lève avec celui de Gorgone, ne
brille au-dessus de la terre qu'un tiers de jour, c'est-à-dire huit heures
à peu près, il est donc deux parties du jour, c'est-à-dire seize
heures à peu près, en dessous de la terre; et si tu regardes l'étoile la plus
brillante qui est à l'extrémité postérieure du Fleuve, tu trouveras que le
temps qu'elle brille au-dessus de la terre est encore plus petit et que
le temps qu'elle passe sous la terre est encore plus grand. 11 en est de
même de Canopus, qui est sur le pied (gouvernail) droit d"ApYoi, son
apparition au-dessus de la terre est plus petite et son occultation sous la
terre est plus grande. Plus petite encore est l'appariiion au-dessus de la
terre et plus grande l'occultation sous la terre des deux étoiles qui sont
sur les pieds de derrière du Centam-e. Ainsi au nord c'est l'inverse
pour (les étoiles) qui sont sur la lète du Dragon on sur celle du Cocher;
leur temps sous la terre est moindre et il est plus grand au-dessus, car
celles-ci qui sont à l'ànverse comiiie nous l'avons dit et diamétralement
opposées les unes aux autres se lèvent et se couchent dans les mêmes
(fol. 100 v) durées. On en verra autant pour le reste des étoiles, c'est-à-
dire des constellations qui sont entre les deux cercles dont nous avons
parlé : l'Arctique et l'Antarctique, je veux dire celles qui s'étendent
de l'équateur au nord et celles qui s'étendent au sud et qui se lèvent et
se couchent toutes en ordre inverse. — Nous avons assez parlé de celles
qui se lèvent plus tôt et se couchent plus tard, ou inversement.
CHAPITRE DIXIÈME
Sur les figures (constellations) qui sont coupées par les cercles et
QUI LES coupent, ET SUR CELLES QUI NE SONT PAS COUPÉES ET NE COU-
PENT PAS.
1. Parlons maintenant des constellations qui coupent les cercles et qui
sont coupées par eux (I), je veux dire maintenant, en sus des trois
cercles déjà nommés, les deux autres qu'on nomme Tropiques : celui
d'été qui est entre l'équateur et le cercle arctique, et celui d'hiver qui est
entre l'équateur et le cercle antarctique. Nous parlerons bientôt de tous
les cercles ensemble et de leur distance les uns des autres; pour l'ins-
tant nous parlerons de ces cinq qui coupent les constellations ou qui en
sont coupés.
2. Le cercle arctique coupe six constellations : la nuque du Dragon,
(1) Le même sujet est traité de manière différente par Manilius et Aratus.
[64]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS )), X. 391
Céphée, le pied de Cassiopée, où se trouve l'extrémité nord de la voie
lactée, la voie lactée qui les couvre, la couronne du Cocher, les pieds de
devant de la Grande Ourse, la main droite de Bowtriç.
3. Le tropique d'été (foi. 101 r) en coupe douze : les pieds de Bowxriç,
la tète du serpent, le coude de la main gauche, qui tient le bâton de
r'Evyàvaatv, l'épaule, le COU, la tête et l'aile du haut d"'Opviç (le Cygne);
la voie lactée qui est au milieu, le sabot du pied droit du cheval, l'épaule
et le côté d'7\ndroméde, le A=X-wxov (triangle), le pied droit de Persée, en
dessous de son talon, l'extrémité de la corne nord du Taureau, la plante
du pied droit du Cocher, la voie lactée, le milieu ses Gémeaux, le milieu
du Cancer, en dessous de la nuque du Lion, avec son dos et sa queue.
4. Uéqualeur en coupe quatorze : le fémur droit de la Vierge, la pince
droite du Scorpion, le milieu du serpent (1), la paume de la main gauche
de celui qui tient le serpent ainsi que sa main droite, la queue du ser-
pent, la voie lactée, un peu de l'extrémité de la queue du Dauphin, les
deux têtes de Pégase et son cou largement, un peu de l'extrémité de la
queue nord du poisson occidental qui est à côté. du Zodiaque, le lien du
poisson oriental, un peu du bout des oreilles de /tîto; et ses narines, la
plante du pied droit du taureau, la peau qui est sous la main qui porte
la peau du géant, le côté du géant (Orion), la voie lactée, le cou de
l'Hydre, où est l'étoile très brillante (2), un peu de l'oreille (anse) nord
de la coupe.
5. Le tropique d'hiver en coupe treize : le manteau et le crâne du Cen-
taure, les pieds de devant du 0r,pidv, le milieu du scorpion, l'arc et la tête
du sagittaire, la voie lactée sur laquelle est (fol. 101 v) son nez, le milieu
du Capricorne, les pieds du Verseau, les eaux qui coulent du vase du
Verseau, la queue et le ventre du /.fjto; et l'épaule de sa main droite, le
milieu de l'Éridan, les ongles et les pieds du Lièvre, à savoir ceux de
devant et ceux de derrière, le derrière du Chien, le pied droit et le
fémur du Cheval, la dernière tête d"ApYco, la voie laciée qui est sur lui,
raptxEvov (voile) et le mât (3) d"ApYoj, le derrière et le ventre de l'Hydre.
6. Le cercle antarctique en coupe deux : toutes les plantes des pieds
du Centaure où se trouve aussi la fin australe de la voie lactée et une
petite partie méridionale qui est du côté de la tête de l'Encensoir.
7. Disons encore quels signes (Çoiota) coupe le cercle qui est nommé
Atot[j.Eaov (4) (par le milieu), à savoir la ligne qui est au milieu du Zodiaque
sur lequel le soleil marche en longitude constamment sans le quitter ni
au nord ni au sud. C'est ce qui a encore toujours lieu de la part de ces
cinq étoiles errantes (planètes) parce qu'elles se meuvent toujours en
longitude et en latitude dans le Zodiaque, dans six signes au nord et
(1) Lire Khéwîô, non Khawoîô.
(2) a ou le Cœur de l'Hydre.
(3) ^♦•^Uô'û sans doute xaxâpTtov.
(4) NÛ«ûioUv
1651
392 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
dans six au sud, les seuls qui se trouvent (dans le Zodiaque); je veux
dire qu'elles sont dans le Aiâ|j.saov quand elles le coupent rapidement, et
passent en l'un des vents (côtés) qu'on a dit : à savoir du nord au sud ou
du sud au nord,
8. Ce cercle Atà[x.£CTov susdit coupe le milieu du Bélier et du Taureau
et le premier genou du premier Gémeau et le dos du dernier avec son
autre bras, et le milieu du Cancer, et sous le côté du Lion et sous son
ventre et ses fémurs, et l'épaule droite de la Vierge et son pied (fol. 102 r)
droit, et le bras gauche du Scorpion et entre ses yeux et la partie supé-
rieure de son ventre, où se trouve aussi le pied droit de celui qui tient
le serpent, il coupe aussi sa plante du pied, et l'arc du Sagittaire et sa
tête, la tête du Capricorne et son cou et au-dessus de son dos et le
milieu de sa queue, au-dessus des hanclies du Verseau et son fémur
droit et l'ouverture de son vase qui verse l'eau, le milieu de la dodéca-
tomérie des Poissons, les deux liens des Poissons. En voilà assez là-
dessus.
9. Disons combien et quelles {constellations) ne sont pas coupées par
l'un ou l'autre (des cercles) et n'en coupent pas.
Il y en a neuf : Procyon, le Corbeau, la Couronne australe, le Poisson
grand et austral (1), et, si tu veux, et l'occidental, aussi le Dauphin,
aussi la Coupe, aussi l'Encensoir, car une petite partie seulement et sans
importance, comme on l'a dit plus haut, semble coupée (par le cercle
antarctique). La petite Ourse seule n'est pas coupée, parce qu'elle est
très proche du pôle nord, de sorte que toutes les (constellations) qui ne
sont pas coupées sont au nombre de quatorze. En voilà assez.
CHAPITRE ONZIÈME
Du CERCLE yaÀaÇia; (2) (VOIE LACTÉE) (3); QUELLES SONT LES CONSTELLA-
TIONS qu'il COUPE, COMMENT SES PARTIES SE LEVENT-ELLES ET SE COU-
CHENT-ELLES AVEC CHACUN DES i^wota QUI SONT SUR LE CERCLE (ZODIAQUE).
1. Après cela, il nous convient de mentionner quelque chose sur ce
cercle yaXaÇîa;, c'est-à-dire lacté, qui est nommé chez les Syriens (4)
« chemin de ceux qui portent de la paille ». Quelles sont les constella-
tions (fol. 102 v) qu'il coupe, et comment ses parties se lèvent et se cou-
chent.
2. Ce cercle lacté coupe treize (constellations) : Cassiopée, Persée, le
Cocher, les pieds des Gémeaux, l'oreille du chien du géant, à savoir le
poil qui est au-dessus de sa tête, 'Apyw, les pieds du Centaure et aussi
(1) Dans l'interligne et encore en marge : « le poisson oriental ».
(2) « Jo . ms UI.^ et uiÉUAttsU^.
(3) Comparer à Manilius, 1, 661-779.
[66]
LE TRAITÉ SLR LES « CONSTELLATIONS ^), XI. 393
l'aiguillon du Scorpion, l'arc, le trait et la main du Sagittaire, l'Aigle et
T'Oiarô; (la Flèche), "Opvtç (le Cygne) et le devant de Céphée.
3. Ses parties se lèvent et se couchent ainsi : Lorsque le Sagittaire se
lève et les Gémeaux se couchent, chacun dans son dixième degré, tout
le cercle du « chemin de paille » (1) (voie lactée) se trouve également sur
le cercle qui est nommé horizon (2) sans être visible, mais lorsque le
Verseau commence à monter, la voie lactée se lève et apparaît inclinée
de l'est-nord à i'ouest-sud, à savoir depuis Cassiopée jusqu'aux pieds de
devant du Centaure; au milieu, du côté de l'est, apparaissent le Cygne,
la Flèche et l'Aigle.
4. Lorsque «le Bélier commence à monter, la voie lactée apparaît au
milieu du ci(d, étendue et inclinée du nord-est au sud-ouest, à savoir de
Persée jusqu'à l'aiguillon du Scorpion; au milieu du ciel, les mêmes
apparaissent dans la voie lactée, à savoir l'Aigle, la Flèche et le Cygne,
Lorsque le Cancer commence à monter, la voie lactée apparaît, un peu
au nord au-des.sus de notre tête et comme étendue, à savoir directement,
de l'est à l'ouest, jusqu'en dessous de l'Aigle. Au milieu du ciel, on voit
en elle Cassiopée et aussi Persée déjà.
5. (fol. 103 r) Quand la Vierge commence à monter, la voie lactée
apparaît inclinée de l'est-sud à l'ouest-nord, c'est-à-dire depuis 'Apyoj
jusqu'au Cygne ; au milieu du ciel on voit le Cocher et aussi les Gémeaux
déjà.
6. Lorsque le Scorpion commence à monter, la voie lactée apparaît
inclinée du sud-est au nord-ouest, c'est-à-dire des pieds du Centaure
jusqu'à Cassiopée; au milieu du ciel du côté du couchant, on voit le
Cocher et les pieds des Gémeaux.
Lorsque le Sagittaire se lève de nouveau, et que les Gémeaux se cou-
chent, chacun d'eux dans le dixième degré, toute la voie lactée se cache
de nouveau sur le même cercle dont nous avons parlé, qui est l'Horizon.
En voilà assez sur ce cercle.
APPENDICE AU CHAPITRE XI
Le même ms. syr. 346, fol. 75 v, rapporte les opinions des
philosophes sur la nature de la voie lactée. Ce passage n'est pas
de Sévère, mais sans doute de Grégoire Bar Hébraeus.
(1) Vial.» U*a*» lija--
(2) >^>-i'or
394 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
^pè/ ,--^,a^V^ )9^.:£^o ^4-^^ ^? )Vq^J ).ixDaa» yo^
yooC^s^ ^-:^ f^h^ sflQ.^^a^m.^9 / ^Ot-^oÙ^^aiâ t-so .^..oioK^J;
ji; )joi ^/j (.^ujI )t-^^9 )>laaj ^6i..s .oiK^i^U )^>^Km
.001 ).ii>f>..oiK.^ JJ l^-*-^ ^-«^oi ^Z; juLdj .).-2ub^^aA.
Ij^K.^ K^)L2ÙS.wu^Jl^ Ql^ ^2u{ )-I<>I 001 )oO( 9)1^ Ool Ol^O
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jjLàCLA. )oO| )99 ^-^i-:» )^»o/ ^)CUX )90»^9 O^o/ ^ob. )j^--/o
De la voie lactée. Aristote (dit) que c'est une vapeur fumeuse qui
existe dans l'air. Il la définit comme la chevelure d'un cercle très
grand (1). Dèmocrite et Anaxagore disent que c'est une lumière d'étoiles
petites, très nombreuses, et rapprochées les unes des autres (2), et,
bien (\\\' Arislote ait brillé en tout plus que tous les autres, en cette seule
chose son opinion ne semble pas très puissante, parce que la persistance
d'une vapeur fumeuse comme celle-ci sans changement durant des temps
si longs n'est pas croyable et, de plus, si cela existait dans l'air (3),
comment n'apparaîtrait-il pas de manières diverses dans des pays divers
puisque la Lune, qui serait plus élevée que (la voie lactée) apparaît de
diverses manières (4).
(1) Météorologie, I, 8. Aristote rapproche la voie lactée des comètes : Une
comète, c'est une chevelure pour un astre; la voie lactée, c'est une chevelure
pour un cercle.
(2) C'est bien ce que les télescopes ont montré. Bar Hébraeus résume Aristote,
toc. cit. : çû; elvat xo yàXa léyo-jai^ àaTpwv Ttvwv, ■■ ils disent que le lait est la
lumière de certains astres «.
(3) Aristote tenait que tous les phénomènes se produisaient en dessous de la
zone de la Lune.
(4) Cette remarque est très juste : Si la Voie lactée appartenait comme les
[68]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », XII. 395
Les Pf/thaf/oriciens disent (1) que c'est le chemin de l'une des étoiles
qui tombèrent dans l'incendie qui est raconté au sujet de Phacton.
D'autres disent que le Soleil suivait jadis ce chemin; c'est pour cela que
cet endroit s'est enflammé. 11 est évident que ces paroles ressemblent
plus à une fable qu'à la vérité.
CHAPITRE DOUZIÈME
Combien sont les cercles de la sphère dont la connaissance
NOUS EST nécessaire ET QUELS ILS SONT.
1. Arrivons maintenant aux cercles (2), c'est-à-(lire ^ojva; (3), et disons
combien sont les cercles sur lesquels roule notre travail et quels ils
sont, de combien ils sont séparés l'un de l'autre et de combien chacun
d'eux est rapproché ou éloigné de l'horizon sud en latitude, dans chacun
des climats de la terre, car on sait que la variation des climats dépend
seulement de la latitude du monde.
2. Les cercles de la sphère sont nombreux, sans limite et innombrables,
parce que les étoiles qui tournent sur la sphère fixe sont aussi sans limite,
mais ceux dont nous voulons parler maintenant, (fol. 103 y) sans lesquels
on ne pourrait pas faire de calcul pour le soleil et pour la lune et pour
les cinq planètes, ni mesurer le ciel et la terre et l'espace qui est entre
eux ou les climats et les villes qu'ils contiennent, sont au nombre de
dix.
3. Le premier est celui du nord qui est nommé (4) arctique, c'est-à-dire
« de l'ours »; il entoure le pôle nord, c'est-à-dire : le pôle nord est son
centre, toutes les parties qui sont à son intérieur ne se couchent pas du
tout, je veux dire dans le quatrième climat (5), comme nous le mon-
trerons plus loin.
4. Le deuxième est nommé Ospivô; Tpo;:t>'.6; (6), c'est-à-dire : changement
d'été, où le jour est le plus grand et la nuit diminue en chacun des climats
qui est au sud du cercle arctique susdit.
5. Le troisième est celui qui est nommé ii/jijLsptvoç (7), c'est-à-dire du
jour égal (équateur), qui est tracé avec mesure égale au milieu (équidis-
météores et les comètes au monde infra-lunaire de la génération et de la corrup-
tion, elle aurait une parallaxe, aussi bien que la Lune.
(1) C'est encore résumé d'Aristote, loc. cil.
(2) iViû-.
(3) imirjoi.
(5) C'est-à-dire pour la latitude de Cnide (patrie d'Eudoxe), qui était de 36°,
comme on le dira plus bas. Manilius, i, 546, donne également six parties ou 36° à
la zone boréale.
(6) >nr>0.^o;.^ iXoAi^iL.
(7) 'JBoa±tljia.tea*l.
[691
396 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
tant) des deux pôles, celui du nord et celui du sud, sur lequel il y a
égalité du jour et de la nuit, d'où il a pris son nom.
6. Le quatrième est le yeiaïptvbi; xçor.'.-AÔi (1), c'est-à-dire : changement
d'hiver, sur lequel le jour diminue le plus et la nuit augmente, à l'inverse
de ce qu'on a vu pour celui d'été, il est donc au sud de l'équateur.
7. Le cinquième, qui est le plus au sud, est nommé àviap/Tixo; (2), c'est-
à-dire qui est situé à l'opposé de celui de l'ours ou boréal, il est tracé aussi
autour du pôle austral, c'est-à-dire : le pôle austral est son centre, aussi
toutes les parties situées à son intérieur ne se lèvent pas, évidemment dans
ce même (fol. 104 r) quatrième climat, comme nous le montrerons par
la suite.
8. Le sixième est celui qui est nommé Çwotaxrjç, c'est-à-dire animal,
qui est tracé obliquement entre les deux pôles sur les trois cercles du
milieu dont nous avons parlé : celui d'été, l'équateur et celui d'hiver,
de sorte que son extrémité nord, c'est-à-dire le début du i^tôStov qui est
nommé Cancer, ou le ariiiEiov (3) (point) que l'on imagine entre lui (le
Cancer) et les Gémeaux, tombera sur le Osptvbç zoot.ivMç, c'est-à-dire d'été,
et que son extrémité sud, c'est-à-dire le commencement du ÇoiSiov qui
est nommé le Capricorne, c'est-à-dire le aY);jL£rov (point) que l'on imagine
entre lui et le Sagittaire tombera sur le 7_et[A£ptvàç Tpo-c/.(S;, c'est-à-dire
d'hiver, diamétralement opposé à celui d'été. Son milieu est en deux
endroits diamétralement opposés, je veux dire le commencement du
Bélier et de la Balance, c'est-à-dire les points que l'on imagine entre le
Bélier et les Poissons et entre la Balance et la Vierge qui tombent en
mesure égale sur l'équateur.
9. Le septième, otâ[j.£aov (4) du zodiaque, c'est-à-dire la ligne qui est en
son milieu, qui est la voie droite de la marche du soleil en longitude,
sans qu'il s'en éloigne à droite ou à gauche, pas même d'une seconde qui
est le soixantième de soixante après soixante (5).
10. Le huitième est nommé à^wvio; (6), c'est-à-dire axial (7). Toute la
sphère des fixes tourne ensemble sur lui obliquement (8) de l'orient à
l'occident, avec tous les cercles dont nous avons parlé, dirigé obliquement
(fol. 104 v) par l'axe du nord au sud, je veux dire du haut au bas (9), et
(2) aioû£u^;^^
(3) .^cu-^^j».
(4) vûattboU».
(5) Le soixantième des soixante secondes qui existent dans chacune des
soixante parties (minutes) du degré.
(7) \^-^.
(8) Il semble s'agir d'un cercle quelconque de déclinaison, oblique par rap-
port au zodiaque. C'est le quatrième cercle de Bar Hébraeus, loc. cit., p. 16, qui
le nomme cercle P^»-
(9) On lit en note, au haut de la page : « c'est-à-dire du pôle nord au pôle
sud ».
[70]
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », XIII. 397
qui passe droit, étant incliné (1), au milieu de la terre, c'est-à-dire au
(jYljAsîov (point) que l'on conçoit être son centre, de sorte que les pôles dont
nous avons parlé senties points que l'on conçoit à chacune des extrémités
de cet axe, à savoir le nord et le sud.
11. Le neuvième est celui qui est nommé ix£aT|a6p'.vo; (2) (méridien), qui
est tracé directement par les pôles, du nord au sud, par les deux moitiés
de sphère, à savoir du haut en même temps et du bas (3) et qui coupe
en même temps tous les cercles dont nous avons parlé (4), c'est-à-dire
qu'il est coupé par eux, mais il ne tourne pas avec l'ensemble des cercles
de la sphère, mais il reste immobile par le /.svTpov (centre) du milieu du
ciel, à savoir celui du dessus et celui du dessous de la terre (zénith et
nadir), et il partage exactement en chaque lieu autre la sixième et la
septième heure, c'est de là qu'il est nommé (xear]ui6ptv6;, c'est-à-dire milieu
du midi.
12. Le dixième (5) (cercle) est celui qui est nommé 'O^i'Çai'^, c'est-à-dire
qui limite, parce qu'il limite entre la moitié supérieure de la sphère et
l'inférieure, c'est-à-dire entre ce qui se lève et ce qui se couche, que ce
soit une étoile, ou une constellation, ou un degré, ou une seconde.
13. Tels sont les dix cercles, à l'aide desquels on fait les calculs sur les
astres et les mesures du ciel et de la terre et des climats et des villes
qu'ils contiennent. Nous aussi nous voulons rappeler ces choses autant
que possible brièvement.
CHAPITRE TREIZIÈME
Sur la grandeur de l'éloignement des cercles les uns des autres
SUIVANT LA VARLVTION DES èÇaptjLata (6) DES PÔLES.
1. 11 nous faut d'abord, comme conséquence, rappeler la grandeur de
l'éloignement les uns des autres de ces (fol. 105 r) cinq premiers cercles;
à savoir : l'arctique, (le tropique) d'été, l'équateur, (le tropique) d'hiver
et l'antarctique; ce sont ceux dont nous avons besoin pour la connais-
sance de la variation des climats, le moindre éloignement du soleil jusqu'à
nous dans chacun des climats ou son éloignement; ensuite pour la
variation des climats en tant qu'elle est tirée de la latitude, ensuite,
comme conséquence de ce qu'on aura dit, pour parler des mesures du ciel
et de la terre et de l'espace qui est entre eux.
(1) Sur le zodiaque.
(3) C'est-à-dire : qui partage en deux parties égales la partie du ciel qui est
visible et celle qui est cachée.
(4) Hors le cercle axial (ou de déclinaison). Celui-ci tourne avec la sphère
céleste, tandis que le méridien est fixe en un lieu de la terre.
(5) >5>v*»o/.
(6) l.ô»oVW3r On lit en marge : « C'est-à-dire de l'inclinaison l^-a^^» .•
[71:]
398 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
2. Le cercle arctique est donc éloigné du pôle nord de tout côté de
36° (1), de sorte quedepuis l'horizon nord jusqu'au pôle nord, il y a 36° (2),
et du pôle nord jusqu'à la limite du cercle arctique du côté du sud sur
le cercle méridien dont on a parlé, il y a 36°. Du cercle arctique jus-
qu'au (tropique) d'été il y a 30°. Du (tropique) d'été jusqu'à l'équateur il y
a 24°.
3. Du méridien jusqu'au (tropique) d'hiver il y a encore 24°. Du tro-
pique d'hiver jusqu'au cercle antarctique, c'est-à-dire à l'horizon sud
(de Cnide), il y a encore 30°, de sorte que toute la demi-sphère supérieure
fait 180o. Ensuite du cercle antarctique, c'est-à-dire de l'horizon sud
(de Cnide) jusqu'au pôle sud, il y a encore 36°.
4. Du pôle sud jusqu'à la limite du cercle antarctique (3) en dessous de
la terre vers le nord sur le cercle méridien dont on a parlé il y a 36°.
De celui-là jusqu'au (tropique) d'hiver sous la terre il y a 30°. De celui-là
jusqu'à l'équateur 24°. De celui-là jusqu'au (tropique) d'été 24°. De celui-là
(fol. 105 V) sous la terre jusqu'au cercle arctique, c'est-à-dire à l'horizon
nord (de Cnide) 30°. Toute la sphère inférieure est donc encore de 180».
La sphère avec ses cercles et ses mesures est donc identique soit du
haut, soit du bas. Si tu mesures du pôle nord jusqu'au cercle équateur,
il y aura 90°, car 36 -+- 30 + 24 = 90. Et si tu mesures depuis l'équateur
jusqu'au pôle sud, il y aura encore 90°, car 24 -|- 30 -f 36 = 90^', afin de
trouver le commencement de la Brebis, c'est-à-dire du Bélier, et le com-
mencement de la Balance où il y a égalité du jour et de la nuit, placés
sur l'équateur au milieu des deux pôles dans la mesure droite, comme
nous l'avons dit plus haut.
5. Si tu mesures encore depuis l'horizon nord (de Cnide) jusqu'à
(l'horizon) sud, tu trouveras 180°, car 36 -|- 36 -{- 30 -f 24 + 24 -f 30 =
180.
Ensuite la moitié de 180 est 90; si donc tu mesures, depuis l'horizon
nord, le point (zénith de Cnide) qui est à 18° entre le cercle arctique et
le (tropique) d'été (4), tu trouveras 90° (5), ce point est au-dessus de notre
tête, si lu mesures, à partir de l'horizon, les deux parties qui sont entre
les deux cercles dont on a parlé (6). Il est absolument nécessaire que
partout où il y a 90° au sud, il y en ait aussi 90 au nord, comme depuis
notre orient jusqu'à notre occident, car la sphère est égale (a même
mesure partout).
(1) C'est un chiffre rond, On trouve plus loin (xvi, 3) 36° 9".
(2) Ces définitions ont été données par Eudoxe à Cnide et ont été répétées
depuis. A Cnide la hauteur du pôle était de 36% et le cercle arctique limitait
exactement les étoiles qui étaient toujours visibles en cet endroit. Cf. Manilius,
1, 545 sqq.
(3j Répétition de ce qui précède en l'appliquant à l'autre moitié du méridien.
(4; AZ = 18" (figure Ij.
(5) 36 -h 36 -h 18. (Arc H 'PAZ).
(6) H'P -h PA^ 36-t- 36.
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS «, XIII.
399
6. Si tu veux encore mesurer depuis l'équateur qui est au-dessus de la
terre jusqu'à celui qui est en dessous de la terre, que tu le fasses vers le
nord (1) ou que tu le fasses vers le sud (2), il y aura 180°. De l'équateur à
chacun des pôles il y a 90'^, comme il a été montré aussi.
7. Il résulte de là que si tu veux tracer (fol. 106 r) dans ta pensée Taxe
du haut en bas de sorte que le pôle nord soit au-dessus de notre tête (3)
et le pôle sud sous nos pieds,
comme il y a 90° depuis chacun
des pôles, de chaque côté, jusqu'à
l'équateur. comme il a été mon-
tré, tu trouves que l'équateur joue
le rôle d'horizon pour les pôles,
puisque chacun de ceux-ci en est
à 90°, celui du nord parce qu'il
e.st au-dessus de nous, celui du
sud parce qu'il est en dessous de
nous; tu trouveras de là que la
moitié supérieure de la sphère
avec la moitié du cercle du zo-
diaque, je veux dire du commen-
cement du Bélier au commen-
cement de la Balance, tournent
constamment au-dessus de nous
— c'est-à-dire au-dessus de la
terre — sans jamais se coucher, tandis que la moitié inférieure de la
.sphère avec l'autre moitié du zodiaque, je veux dire (lu commencement
de la Balance jus([u'au commencement du Bélier, tournent en dessous de
la terre constamment, sans se lever; de sorte que le jour sera de six
Ço>8ta — c'est à-dire de six mois — au-dessus de la terre, et la nuit de six.
8. Il est évident que le cercle de l'équateur accomplit son cercle sur
l'horizon en 24 heures selon la coutume, je veux dire depuis le point
oriental jusqu'au retour au même point, mais les deux autres cercles, le
(tropique) d'été et celui d'hiver, l'un au-dessus de la terre et l'autre au-
dessous de la terre, chacun d'eux (4) également en 17 heures et demie et
un dixième.
Figure 1
P'P axe du monde; Z zénith de Cnide; EZ latitude de Cnide ou 36"; HH' liorizon de
Cnide; HA aeicle arctique; TT tropique du Cancer ou d'été. ET = 24" ; TZ = 12"; ZA
= 18"; AP = 36" (figure 1).
(1) Arc EH'E'-
(2) ArcEHE'.
(3) Pôle nord au zénith définit « la sphère parallèle » (tous les parallèles à
l'équateur sont paralhMes à l'horizon) cf. Manilius, lii, 352-80. Bar Hébraeus,
Cours d'asironomie, trad. p. 143, dit que le mouvement a lieu ici « en forme de
roue ".
(4) On retrouve ce chiffre un peu plus loin (\iu, 9). En rapprochant ces deux
[73]
400 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
9. Inversement si tu veux mener par la pensée l'axe polaire de l'hori-
zon sud à l'horizon nord en ligne droite (si tu supposes que l'horizon d'un
lieu passe par l'axe polaire) (1), comme il y a 90° de l'équateur à chacun
des pôles, tu trouveras que l'équateur est au-dessus de notre tête en ce
degré 90, et que les pôles de cet axe (du monde) se trouvent sur ces
horizons (fol. 106 v) dont on a parlé, le nord et le sud. D'ici tu trouveras
pour toute la sphère du ciel, que toutes ses parties se lèvent et se
couchent de la même manière, celles du haut et celles du bas, celles du
nord et celles du sud, et il n'y a pas de différence entre le cercle arctique
et le cercle antarctique, comme si l'un était visible et l'autre non, ainsi
qu'il arrive lorsqu'il y a ïÇap;-».», c'est-à-dire inclinaison, des pôles sur le
cercle horizon, comme nous le montrerons, mais ils se lèvent et se
couchent de la même manière ; le cercle équateur passe au-dessus de nos
têtes et le soleil ne fait pas d'ombre quand il s'y trouve, je veux dire
quand il est au commencement du Bélier ou au commencement de la
Balance et qu'il y a aussi égalité du jour et de la nuit; quant aux cercles
tropiques, celui d'été et celui d'hiver qui sont identiques l'un au-dessus,
l'autre au-dessous (de l'équateur) et aussi l'un au-dessus de la terre l'autre
au-dessous, sans que le jour grandisse ou diminue par rapport à la
nuit, mais le jour sera en chacun d'eux huit heures et demie p vj. (2)
et il en est de même de la nuit, de sorte que la nuit et le jour font
3 11
17 heures - (3) et qu'il manque G lieures ^ jr pour faire un jour com-
plet de l'équateur qui est de 24 heures.
10. Si tu veux incliner les pôles de ce cercle horizon (4) (qui passait par
l'axe du monde) au nord d'au-dessus de la terre et au sud d'en dessous
passages, il semble que Sévère prend le jour le plus court du quatrième climat
qu'il fait ici de 8 heures et demie -g jj^ (xin, 9) et qu'il fera plus loin en chiffre
rond de 9 lieures (xiv, let 6). Il semble porter ce résultat du quatrième climat
(latitude 36") à la latitude 0°. Il applique ensuite le principe de la sphère droite
(latitude J") que les nuits sont égales aux jours, d'où 17 heures ^ ^ pour
le nychtémére.
(1) Le zénith est en un point de l'équateur (sphère droite, ainsi nommée
parce que l'équateur et tous les cercles qui lui sont parallèles coupent l'horizon
à angle droit). Cf. Bar Hébraeus, loc. cit., p. 132.
(2) La notation, en lettres, est expliquée en marge : « la moitié et un de cinq
et de même pour la suite ». — Sévère a adopté la notation de Ptolémée. Pour
Ptolémée (Géographie) e' = ^ tfi' — p ce que Sévère rend par w' et ta*'.
(3) Cette fraction est incertaine, d'ailleurs elle n'est pas écrite en rouge comme
les autres. Nous la rétablissons d'après le contexte. Cela fait d'ailleurs les
17 heures et demie et un dixième trouvées plus haut (xui, 8).
(4) L'horizon coupe ainsi obliquement l'équateur et les cercles qui lui sont
parallèles, il divise ceux-ci en deux parties inégales (sphère obUque).
[74] ■
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », XIV. 401
la terre, autant tu les inclineras, autant l'équateur s'écartera de ce degré
'90 qui est au-dessus de notre tête et s'approchera de l'horizon, au-dessus
de la terre du sud, et au-dessous de la terre du nord, et semblablement
avec lui ces deux autres cercles (du tropique) d'été et d'hiver. Par exemple
si tu inclines ces pôlei de 3'^ sur l'horizon seulement par exemple (1),
-et que tu retranches ces trois (fol. 107 v) de 90, tu trouveras que l'équateur
est à 87" de l'horizon iud, et si tu ajoutes, à ces 87», les 24° dont le tro-
pique d'été s'écarte de l'équateur, tu trouves que le (tropique) d'été est à
111" de l'horizon (sud); et si tu en retranches 90, tu trouveras que le
Tingt et unième degré est (parcouru) par le soleil quand il est au com-
Uiencement du Cancer pour ceux qui habitent là, et leurs ombres sont au
sud.
11. SidPs87o de l'équateur tu diminues les 24'' dont le (tropique) d'hiver
•en est éloigné, tu trouves que le tropique d'hiver est à 63° de l'iiorizon sud,
et SI tu les retranches de 90, tu trouves que le vingt-septième de.ïré
•est (parcouru au sud) par le soleil pour ceux qui habitent là lorsque le
•soleil est au commencement du Capricorne, et leurs ombres seront au
■nord.
12. D'après ces quelques mots, autant tu inclineras dans ton esprit,
petit à petit, les pôles du monde sur l'horizon et les éloigneras de la
terre, autant les cercles dont nous avons parlé s'inclineront. Et il en
arrivera autant aux cercles extérieurs, à savoir l'arctique et l'antarctique,
■qui seront vus ou ne seront pas vus, partiellement ou entièrement. —
Pour que cela soit plus clair, ô ami, nous le montrerons par les varia-
tions des climats habitables, c'est-à-dire de la terre habitable elle-même.
CHAPITRE QUATORZIÈME
Combien il v a de climats, sur la latitude (2) de chacun d'eux et la
grandeur ou la petitesse de leurs jours. comment trouverons-nous,
DANS CHACUN D'EU.X, LA DISTANCE DES CERCLES (PRÉCÉDENTS) A l'hORIZON
SUD. DE LA LATITUDE DE ThULÉ ET DR TÂPÔRBÎ (TaPROBANE), ÎLES DE
L'OCÉA.V, et du MOUVEMENT INEGAL DU SOLEIL.
1. Il y a sept climnts. — Le premier, qui est le plus méridional, est
nommé (fol. 107 v) « par Méroè » (3) : sa latitude, c'est-à-dire la hauteur
de ses pôles, est de 17°. Son plus grand jour est de 13 heures; le plus
petit est de 11 heures.
(1) Voir la figure 3 (infra, xiv, 11) qui suppose précisément que II'P ou EZ
mesure 3°.
(•2) La latitude est donnée plus exactement plus loin (xvi, 2). L'auteur néglige
ici les minutes.
(3) iaft*lo;ioU* = 5tà Mipôr,;, cf. Ptolémée, Géographie, VII, 6, 8 (éd. Nobbe,
Leipzig, 1843). "
[751
ORIENT CURKTIEX. '?■(')
402 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Le deuxième « par Syène » (1) : sa latitude est de 24o (2). Son plus-
grand jour est de 13 heures 1/2, le plus petit est de 10 heures.
Le troifiiètne 5ià t% /.(£tw y^wpa; (3). Sa latitude est de 31«. Son plus-
grand jour est de 14 heures, le plus petit est de 10 heures.
Le quatrième « par Rhodes » (4). Sa latitude est de 36°. Son plus grand
jour est de 14 heures 1/2, le plus petit est de 9 heures.
Le cinquième « l'Hellespont » (5). Sa latitude est de 41°. Son plus grand
jour est de 15 heures, le plus petit est de 9 heures.
Le sixième oià \iiwj Hovio-j (6). Sa latitude est de 45°. Son plus grand
jour est de 15 heures 1/2, le plus petit est de 8 heures.
Le septième qui est le plus au nord, « par le Borysthènes » (7). Sa latitude
est de 49°. Son plus grand jour est de 16 heures, le plus petit est de
8 heures.
2. Voilà les sept climats avec la latitude de chacun d'eux. Je dirai
quelle est l'inclinaison du cercle en chacun d'eux diversement, je veux
dire de la variation de leur latitude qui est T'ÉÇapaa, c'est-à-dire l'incli-
naison des pôles dans chacun des climats susdits, en commençant par le
premier et en passant de proche en proche par les autres (8).
3. Du premier climat. Si nous retranchons (9) la laiitude du premier
climat (EZ) qui est de 17°, du quart de toute la sphère, c'est-à-dire des
90" qui sont depuis nous (du zénith) jusqu'à l'horizon sud, il reste 7.3"^
(HE), nous obtenons le cercle équateur (EE') et nous disons que l'équateur
dans le premier climat est à cette distance de l'horizon sud (H), quand
à cela (à 73) (on ajoute) 24° (fol. 108) on trouve 90 (lire 97°) et on voit
que le (tropique) d'été (TT') est à cette distance de l'horizon sud (H) dans
ce climat. Si (à ces 97°) nous en retranchons 90, que nous trouvons
que le commencement dû Cancer (T) se tient 7° (ZT) au nord (au delà
du zénith) pour ceux qui habitent dans le climat. Lorsque le soleil se
(Ij iai^wa»V., = ô'.à I-j^vr);. Ibid., VIL o, Kl; VII, 7, 1.
(2) Sous le tropique d'été. L'obliquité de l'écliptique qui est de 23''27' est
prise ici de 24°, et, plus loin (XVI, 2), de 23"5r.
(3) i«.o;Sûi,l^^^t^?- C'est le Delta du Nil. Cf. Ibid., IV, 5, 55. « Par le bas
pays (de l'Egypte) ».
(4) ojoiV.» =. Êiàt 'Pôûj-j. Ibid., I, 20, 7.
(r,) a^uakov*, = ô. 'E>,Ay)cr;i6vTo-j. Ibid., V, 2, 3.
(li) Q^a9a^iû*^.v Nous restituons •< par le milieu du Pont (Euxin) ■■ parce
(|ue ce milieu est bien à la latitude de 45°. Ce climat est souvent nommé « du
Pont Euxin ».
(7) a>DajIXi»o;ûaV., = ç,)^ BopvoôÉ-.ou;. Cf. Ptolémée, lac. cit., III, 5, 28. Tous
ces noms llgurent dans l'Almageste, II, 6.
(8) Sévère énumère encore les sept climats au fol. 128, avec seulement
quelques différences orthographiques :
— -o^oiU» .4 — .icoiaa4,^xxûi.^^o .3 _ ..rû^icoco^, o _ ..ûi^licnvsU, .1
■ '■^'^^^Ci'it^Uy .7 — .(ôtà (Aso-ou) ûg•»û3û^y^^.^ .G— ■ciQ'e^t^^v^*t. ..'>
En général il rend e par w et -ri par ". ' '
(9) vA*^a.io »3.
[76J
LE TRAITÉ SUR LES k CONSTELLATIONS ^), XIV.
403
trouve en cet endroit, et au milieu du jour, cest-à-dire sur le cercle
méridien (PZ), les ombres passent au sud et le plus grand jour est de
13 heures. — Si, à partir du cercle équateur (E), c'est-à-dire de l'i° (HE),
nous retranchons 24" (1); il reste 49° (HC) et nous obtenons le cercle
d'hiver (CC) et nous disons que tel est l'éloignement du (tropique)
d'hiver (CC) à l'horizon sui (H}. C'est là que le jour sera le plus court,
de 11 heures. — Si de ces 49^^ (HC) nous retranchons 30 (aC) (2), il reste
19° (Ha), nous dirons que les degrés correspondants (Hx) du cercle (de la
zone) antarctique, c'est-à-dire austral, qui est sous la terre, seront vus
dans le premier climat; il y en aura autant de cachés (A'H') sur le cercle
(zone) arctique, c'est-à-dire boréal qui est au-dessus de la terre et ils ne
seront pas vus. — Si des 36° de ce cercle (zone antarctique) nous retran-
chons ces 19, il reste 17° (distance du pôle sud à l'horizon) (H'H) comme
la latitude de ce climat donnée plus haut; nous dirons qu'il y a autant
de degrés qui sont cachés sous la terre et qui ne sont pas vus. Il y en a
(1) Valeur prise ici pour l'obliquité de l'écliptique. Les arcs depuis l'équateur
E jusqu'au, tropique d'été (ET) ou jusqu'au tropique d'hiver (EC) sont donc
(le"-24°.
{2) Sévère conserve les définitions données pour Cnide par Eudoxe. II place
les cercles arctique et antarctique à 36° du pôle correspondant et à 30° des
tropiques.
[77]
404 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
autant (H'P) qui sont vus (du cercle arctique) qui est au-dessus de la
terre. — Comme est la latitude de chaque climat (EZ), ainsi est encore
l'e^opjjia, c'est-à-dire l'inclinaison des pôles (PH' ou P'H) dans chaum des
climats, et les cercles supérieur et inférieur sont divisés de la même
manière (I).
4. Sur le deuxième climat. Si nous retranchons la latitude du second
climat, qui est de 24", des 90» austraux dont nous avons parlé, il en
reste 66 et nous obtenons ici l'équateur qui est à cette distance de
l'horizon sud; si nous ajoutons 24, ce qui fait 90, (fol. 108 v) nous obtenons
le tropique d'été qui est à cette distance de l'horizon sud dans ce climat,
et nous disons qu'au moment où le soleil est au commencement du Cancer
au méridien, il est au-dessus de la tête de ceux qui sont là et il les fait
sans ombre. Le plus grand jour est de 13 heures. Si nous retranchons
24 aux degrés de l'équateur, c'est-à-dire 66, il reste 42 et nous obtenons
le cercle (tropique) d'été qui est à cette distance de l'horizon sud et le
jour le plus petit est de 11 heures. Si nous en retranchons 30, il reste 12
et nous dirons que ceux du deuxième climat voient autant de degrés du
cercle qui est sous la terre (antarctique) et il y en a autant de cachés et
d'invisibles du boréal (arctique) qui est au-dessus de la terre. — Si des
36° (zone antarctique) nous retranchons ces 12, il reste 24°, comme la
latitude de ce climat susdit, nous dirons qu'il y a autant de degrés du
cercle (arctique) qui est sous la terre qui sont cachés et ne sont pas vus.
Il y en a autant qui sont vus (du cercle arctique) qui est au-dessus de
nous. — Car selon la latitude d'un climat, aussi nous dirons qu'est 'é^3.p[j.x
des pôles (2).
5. Du troisième climat. Si nous retranchons encore la latitude du troi-
sième climat, qui est de 31°, des 90° dont on a parlé, il reste 59, nous
obtenons l'équateur qui est à cette distance de l'horizon sud. Si nous
leur ajoutons 24, d'où 83, nous obtenons le (tropique) d'été qui est à cette
distance de l'horizon sud dans ce climat, et n )us disons qu'au moment
où le soleil est au commencement du Cancer, au méridien, il est au sud
de ceux qui se trouvent là, et il donne leurs ombres au nord et le plus
grand jour est de 14 heures. Si de l'équateur, c'est-à-dire de 59°, nous
retranchons 24, il reste 35, et nous obtenons (fol. 109 r) le ('ropique)
d'hiver, qui est à cette distance de l'horizon sud, et le jour le plus court
est de dix heures. Si nous en retranchons encore 30, il reste cinq, nous
dirons qu'autant de degrés du cercle austral (antarctique) qui est sous
la terre seront visibles pour ceux qui sont dans le troisième climat, et
il y en aura autant qui leur seront invisibles du cercle nord (arctque)
qui est au-dessus de la terre. — Si, de 36, nous retranchons encore cinq,
il reste 31° selon la latitude de ce climat. Nous dirons qu'il y a autant de
(1) Les calculs sont analogues pour les sLx climats qui suivent. Il suffit donc
de bien comprendre ce qui concerne le premier.
(•2j «ii-3, .^ov^*, ^.ioU'^^s/.
L7SJ
LE TRAITÉ SUR LES « CONSTELLATIONS », XIV. 405
degrés du ( ercle antarctique) qui est sous la terre qui ne sont pas vus,
et (ja'il y en a autant de celui qui est au-dessus de la terre qui sont vus,
cir la hauteur des pôles dans un climat est égale à l'ï^apaa, comme nous
r,ivons dit plus haut.
6. Du quatrième climat. Si nous retranchons encore la latitude du
quatrième climat, qui est de 36°, des 90 dont on a parlé qui sont le quart
de toute la sphère, il reste 54; nous obtenons l'équateur qui est à cette
distance de Thorizon sud. Si nous leur ajoutons 24, d'où 78, nous obtenons
(le t'opique) d'été qui est à cette distance de l'horizon sud, et nous disons
qu'au moment où le soleil est au commencement du Cancer, au méridien,
ici encore il est au sud par rapport à nous qui sommes dans le quatrième
climat, et il envoie nos ombres au nord, et le plus grand jour est de
11 heures (lire : 14-', comme plus liaut). Si de l'équateur, c'est à-dire de
54", nais retranchons 21°, il reste 30 et nous obtenons le (tropique)
d'hiver qui est à cette distance de l'horizon sud, et le jour le plus court est
de y heures. — Si de 30 nous retranchons 30, il ne rest rien et nous disons
qu'on ne voit rien du cercle sud qui est sous la terre (antarctique), mais il
est tout entier (fol. 109 v) caché pour nous. De la même manière, rien
n'est caché de celui qui est au nord au-dessus de la terre (arctique), mais
nous le voyons en entier. — Comme nous ne retranchons rien de 36, ces
36 restent ici, car tel est no^apjxa (1) des pôles, telle est aussi la latitude
du climat, ils sont égaux entre eux, comme il a été dit souvent.
7. Du cinquième climat : Si des 90" qui sont au sud de nous, nous
retranchons les 41° de la latitude du cinquième climat, il reste 49; nous
obtenons l'équateur qui est à cette distance de Thorizon sud. Si nous
ajoutons 24, nous trouvons 73, nous obtenons le (tropi»iue) d'été qui est à
celte distance de l'horizon sud, nous dirons que, ici encore, lorsque le
soleil est au commencement du Cancer, au méridien, il est au sud de ceux
qui habitent là, il envoie leurs ombres au nord et le plus grand jour est
de 15 heures. — Si de l'équateur, c'est-à-dire de 49", nous retranchons
24, il reste 25, nous obtenons ainsi le (tropique) d'hiver qui est à cette
distance de l'horizon sud, et le jour le plus court est là de 9 heures et
parce qu'en les retranchant de 30 il reste 5, nous dirons (pi'autant de
degrés avec les 36 de celui de dessous la terre (zone antarctique), ce qui
fait 41 , sont cachés et invisibles pour ceux qui habitent le cinquième climat,
autant il y en a, c'est-à-dire 41, qui se lèvent et apparaissent du (cercle)
qui est au-dessus de la terre (arctique). On voit aussi que la latitude
du climat lui est égale, car elle est égale aux £Çàvj.a-:a, c'est-à-dire aux
inclinaisons des pôles.
8. Sur le sixième climat. Ici encore, si nous retranchons (fol. 110 r) des
90° dont on a parlé la latitude du sixième climat, qui e.^t que 45'^, il reste
encore 45'^; et nous trouvons que léquateur est à cette distance de l'hori-
zon sud. Si nous ajoutons 24, ce qui fait 69, nous obtenons le (tropique)
(1) U'^Ulû^^
406 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
d'été qui est à cette distance de l'horizon sud, et nous disons qu'ici encore
le soleil se trouve à leur midi quand il est au commencement du C;incer
au méridien et les ombres sont au nord, et leur plus grand jour est de
15 h. 1/2. — Quand nous retranchons 24 à ré(iuateur, c'est-à-dire aux
45", il reste 21, et nous obtenons ici encore le (tropique) d'hiver, qui est à
cette distance de l'horizon sud et il y a là un petit jour de 8 heures.
Comme en retranchant (ces 21) de 30, il reste 9, nous dirons que ces degrés
avec les 30 du (cercle) du sud qui est sous la terre (zone antarctique), ce
qui fait 45, sont cachés et invisibles pour ceux qui demeurent dans ce
sixième climat. 11 y en a autant, à savoir 45, qui leur apparaissent de la
zone du nord qui est au-dessus de la terre (arctique) , on le voit d'après la
mesure de la latitude du sixième climat, car cette latitude comme on Ta
dit est égale aux i^âpaara des pôles.
9. Du septième clunat. Si des 90" vers le sud nous retranchons, comme
on l'a dit plus haut, la latitude du septième climat qui eat de 49", il reste
41°, et nous obtenons l'équateur, qui est à cette distance de l'horizon sud,
et quand, suivant la coutume, nous leur ajoutons, ici encore, 24, ce qui
fait 05, nous obtenons encore le (tropique) d'été qui est ici à cette distance
de l'horizon sud, et nous disons qu'ici encore, lorsque le soleil est au
commencement du Cancer dans le méridien, (fol. 110 v) c'est-à-dire au
milieu du ciel, au sud de ceux qui sont là, leurs ombres passent aussi au
nord et sont plus allongées et il y a un grand jour de 10 heures. Mais si de
l'équateur, c'est-à-dire de 41", nous retranchons encore 24, il reste 17 et
nous obtenons, ici encore, le (tropique) d'hiver qui est à cette distance de
l'horizon sud et il y a un petit jour de 8 heures. Si nous retranchons ces
(17) de 30, il nous reste 13 et nous disons encore qu'il y a autant de degrés,
a/ec les 36 du (cercle) sud qui est sous la terre (zone antarctique) — ce
qui fait en tout 49" — qui sont cachés et invisibles pour ceux à qui il
arrive d'habiter dans ce septième climat. Il y en a autant, à savoir 49, qui
s'élèvent et sont vus par eux de ce (cercle) du nord qui est au-dessus de
la tête (zone arctique), d'une mesure égale à celle du climat, car c'est la
même pour les hauteurs des pôles (1), comme il a été dit plusieurs fois.
10. Ce (qu'on a dit) pour ces (latitudes), il arrive que ce sont aussi les
variations des sept climats en particulier pour toute la terre habitée, je v