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Full text of "Revue de l'Orient chrétien"

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PER  BR  140  .R42  v. 29-30 
Revue  de  l'Orient  chr  etien 


REVUE 


DE 


L'ORIEM  CHRÉTIEN 


DIRIGEE 


Par   R.    GRAFFIN 


TROISIEME    SERIE 
Tome  X  (XXX: 


30e  volume.  —  1935-1936 


FRAGMENTS  SYRIAQUES  ET  SYROTURCS 
DE  HARA-HOTO  ET  DE  TOURFAN 


I.   FRAGMENTS  DE  HARA-HOTO 

C'est  le  19  mars  1908  que  les  ruines  de  l'ancienne  «  ville  îles 
Tangoutes  »  Hara-Hoto  ont  été  visitées  pour  la  première  fois  par 
l'expédition  de  la  Société  Géographique  Russe,  dont  la  mission 
était  de  pénétrer  dans  la  .Mongolie.  Cette  ville  privée  d'eau 
n'avait  aucun  habitant  humain  et  était  morte,  et  seuls  les 
sables  du  désert,  poussés  par  les  vents,  travaillaient  à  son 
enterrement  depuis  des  siècles.  Jusqu'à  cette  époque  les  ruines, 
quoique  connues  par  nombre  de  récits  légendaires,  n'avaient 
été  que  rarement  visitées  par  les  gens  du  pays.  Une  sorte  de 
superstition  craintive  éloignait  de  la  ville  déserte  les  plus 
hardis  et  rendait  ainsi  le  champ  libre  à  des  fouilles  scienti- 
fiques. Sur  la  demande  de  la  Société,  l'expédition  y  retourna 
le  -2  mai  1909,  et  cette  fois-ci  Kozloff  et  ses  compagnons  "lit 
passé  plus  de  deux  mois  à  fouiller  la  ville,  ce  qui  fut  possible 
grâce  à  l'eau  fournie  chaque  jour  par  une  caravane  spéciale. 

Hara-Hoto  est  situé  à  41"  de  latitude  et  101°  de  longitude 
(Greenwiehi.  Cette  ville  de  la  province  de  Gan-Su,  à  la  frontière 
occidentale  de  la  Chine,  Marco  Polo  l'avait  mentionnée  comme 
«  située  au  commencement  .lu  désert  des  sables,  dans  la 
région  des  Tangoutes  •>  (1).  S'étendant  sur  une  terrasse  basse, 
Hara-Hoto  et  son  suburbium  onl  une  disposition  géométrique, 
et  les  murs  île  la  ville  forment  un  carré. 

L'ancien  lit  de  la  rivière  Edsina  (Idsinai  en  tangoute,  Hei- 


(1)  Marco  Polo,  Traduction  russe,  rédaction  de  Barthold,  1902,  p.  81.  >'-<J.  Yuli- 
1903,  p.  102. 

[1] 


1  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

tchoui  en  chinois,  «  la  rivière  noire  »)  et  son  bras  passaient 
au  nord  et  au  sud  de  la  ville  et  se  réunissaient  ensuite  (1).  Un 
récit  légendaire  prétend  que  les  eaux  du  fleuve  ont  été 
détournées'  par  une  digue  de  la  ville.  C'est  de  cette  façon  que 
l'armée  ennemie  avait  forcé  les  habitants,  privés  d'eau,  à 
leur  livrer  Hara-Hoto(2).  Dans  les  environs  de  la  ville  et  le  long 
de  la  route  ancienne,  qui  va  de  Torai-Oncé  à  Hara-Hoto,  on 
trouve  des  traces  d'un  système  d'irrigation  et  des  restes  de 
meules  —  qui  sont  les  témoins  d'une  ancienne  civilisation 
d'agriculteurs.  On  y  découvre  des  débris  de  grands  pots  de 
terre  cuite,  destinés  à  conserver  l'eau  (3).  Dans  la  ville,  les 
grandes  maisons  sont  rares,  et  la  plupart  sont  des  chaumières 
d'argile  avec  des  toits  faits  de  chaume  et  de  terre  glaise. 

La  plus  grande  partie  des  objets  d'art,  les  peintures  et  les 
livres  bouddhiques  ont  été  trouvés  dans  une  grande  tombe, 
située  au  dehors  des  murs  de  la  ville.  Cette  tombe  —  «  subur- 
o-ane  »  —  avait  été  surnommée  par  l'expédition  «  le  grand  », 
«  le  célèbre  suburgane  »  (4).  Les  livres  persans,  parmi  lesquels 
se  trouvait  «  le  Livre  des  sept  sages  »  ont  été  trouvés  dans  les 
ruines  n"  3,  dans  la  ville  même,  à  l'angle  situé  au  sud-ouest, 
dans  le  quartier  habité  parles  Musulmans.  L'angle  n'est  pas 
une  expression  métaphorique,  car  la  ville  a  la  forme  d'un  carré. 
La  mosquée  était  située  hors  de  la  ville,  dans  la  direction  du 
sud-est  (•">). 

L'Institut  des  Études  Orientales  de  l'Académie  des  Sciences 
de  l'URSS  possède  trois  fragments  écrits  en  caractères  syriaques, 
provenant  de  Haro-Hoto.  Le  lieu  de  la  ville  où  ces  fragments  ont 
été  trouvés  n'est  pas  indiqué  d'une  façon  précise  par  l'expédi- 
tion. Il  est  fort  probable  qu'ils  ont  été  découverts  dans  la  ville 
même.  Il  devait  y  avoir  des  habitants  syriens  et  d'autres 
nestoriens,  à  qui  un  quartier  était  réservé. 


(1)  Kozloff,    Mongolie,   Amdo   et  la  ville   morte  Hara-Holo,  Leningrad,    1'.''.'::, 
p.  100-103  (russe). 

(2)  Oldenbourg,  Matériaux  d'iconographie  bouddhique  de  ffara-Holo,  p.  9-10, 
S'-Pétersbourg,  191 1  mi^se). 

(3)  Kozloff,  Mongolie,  Amdo,  \>.  103. 
1 1)  Kozloff,  Ibid.,  p.  -"w6. 

lo)  Oldenbourg,  Matériaux  d'iconographie  bouddhique,  p.  27. 

[2] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  D 

L'expansion  nestorienne  dans  les  villes  de  l'Asie  Centrale  et 
en  Chine  est  connue  par  les  récits  de  Marco  Polo,  les  monu- 
ments de  Singafu  et  de  Karabalgasoun  et  par  des  sources 
occidentales  et  orientales.  Un  témoignage  de  grande  valeur 
nous  est  conservé  par  une  source  syriaque.  L'existence  d'une 
colonie  nestorienne  au  xn te  siècle  à  Hei-tchoui  est  prouvée  par 
le  récit  qui  contient  le  voyage  de'Mar  Jabalalia  et  Çauma  de 
Péking  (Chan-Balik)  à  Bagdad.  Ces  deux  moines  nestoriens. 
de  nation  ouïgoure,  partirent  de  la  Chine  pour  visiter  les 
lieux  saints.  Jabalalia.  élu  patriarche  nestorien  en  1281,  ne 
connaissait  pas  même  la  langue  syriaque,  niais  il  s'expliquait 
à  merveille  en  mongol.  En  partant  de  Rochang,  Jabalalia  et 
Çauma    arrivèrent  dans    la    «   ville  des   Tangoutes    »,  où  les 

habitants  leur   tirent    bon   accueil   :  « les   hommes,    les 

femmes,  les  jeunes  gens,  les  adolescents  et  les  tout  petits 
entants  sortirent  au-devant  d'eux,  car  la  foi  des  habitants  de 
Tangout  était  très  ardente  et  leur  pensée  pure.  »  Cette  dernière 
affirmation  de  l'auteur  est  un  témoignage  qu'on  y  professait 
le  christianisme  nestorien.  Les  présents  offerts  aux  moines 
démontrent  un  accord  commun. 

M.  Chabot  1 1 1  avait  reconnu  que  cette  «  ville  des  Tangoutes  » 
—  &cv_^lài;\  T^éuj%_^3  —  est  Hia-tchéou,  Hei-tchoui, 
c'est-à-dire  Hara-Hoto.  L'identité  de  Hei-tchoui  =  Hara-Hoto 
=  Edsina  est  prouvée  par  les  recherches  de  M.  Ivanoff  (2). 
Les  assignats,  trouvés  à  Hara-Hoto,  se  rapportent  à  la  période 
de  la  tin  du  xiiiH  siècle  (1287-1388).  Jabalalia  et  Çauma  pas- 
saient à  Hei-tchoui  dans  les  années  70  du  xine  siècle.  La  coïn- 
cidence de  ces  dates  chronologiques,  ainsi  que  le  témoignage 
précis  en  faveur  de  l'existence  d'une  colonie  nestorienne  à 
Hei-tchoui,  n'ont  pas  attire  l'attention  jusqu'à  ce  jour.  Plus 
tard  je  reviendrai  sur  ce  sujet,  car  l'accord  des  sources  histo- 
riques et  des  fouilles  archéologiques  est  d'une  grande  valeur. 
L'analyse  des  feuillets  syriaques  rapportés  par  l'expédition  de 
Kozloff  en  donne  la  preuve. 


(1)  Chabot,  Histoire  de  Mar  Jabalaha  11 I  et  de  Rabban  Çauma,  Paris,  1895,  p.  21. 
(2     Ivanoff,   Documents  de  ta   ville    Hara-Hoto,   dans   les    Comptes  rendus    de 
VAcadémie  des  Scier/ces.  1913,   p.  813. 

[31 


b  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 

L'enveloppe,  contenant  les  trois  fragments  de  Hara-Hoto, 
porte  une  inscription  russe  «  Trois  fragments  de  Hara-Hoto  » 
faite  de  la  main  de  feu  M.  Rosenberg,  ancien-  directeur  du 
Musée  Asiatique  (=  Institut  des  Études  Orientales  de  l'Aca- 
démie des  Sciences).  Deux  de  ces  fragments  sont  en  syriaque: 
le  troisième  fragment,  quoique  écrit  en  caractères  syriaques, 
est  particulièrement  intéressant,  car  il  est  syro-turc. 

Les  premier  et  deuxième  fragments  de  Hara-Hoto. 

Les  deux  premiers  fragments  ont  une  grande  ressemblance 
dans  la  dimension  et  l'espèce  du  papier,  le  type  de  l'écriture, 
la  disposition  des  lignes  et  d'autres  traits  communs.  Quelques 
différences  dans  le  nombre  des  lignes  et  le  vermillon,  humble 
décor  du  deuxième  fragment,  le  font  distinguer  du  premier.  Le 
texte  des  fragments  ne  se  suit  pas,  mais  la  similitude  de 
l'aspect  est  telle  qu'il  est  fort  probable  qu'ils  proviennent  du 
même  manuscrit. 

Pour  le  premier  fragment,  on  a  les  caractéristiques  sui- 
vantes : 

Dimensions  :  22,5  x  13,5  centimètres. 

Papier,  espèce  de  bombycien  (papier  de  coton).  Encre  noire 
foncée. 

Écriture  nestorienne  du  xme  siècle,  vocalisation  rare  avec 
des  points  diacritiques. 

Recto  :  10  lignes  horizontales,  et  13  lignes  verticales.  Le  texte 
vertical  n'est  pas  la  suite  du  texte  horizontal.  Texte  horizontal  : 
prière  à  l'occasion  de  la  sécheresse.  Texte  vertical  :  défec- 
tueux. 

Verso  :  resté  blanc. 

Et  pour  le  second  fragment,  on  a  de  même  : 

Dimensions  :  22,  5  x  13,  5  centimètres. 

Papier,  espèce  de  bombycien  (papier  de  coton).  Encre  noire 
foncée.  Points  en  vermillon,  d'un  rouge  vif. 

Écriture  nestorienne  du  xin°  siècle,  vocalisation  rare  avec 
des  points  diacritiques. 

Recto  :  14  lignes  horizontales,  et  10  lignes  verticales.  Le  texte 
vertical  n'est  pas  la  suite  du  texte  horizontal.  Texte  horizontal  : 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    KT    SYHO-'ITRCS. 

prière    montrant  le  sacrifice   du    Seigneur.    Texte   vertical    : 
défectueux. 

Verso  :   resté  blanc. 

Cette  brève  description  des  fragments  est  donnée  pour  fournir 
une  idée  sommaire,  mais  elle  demande  une  explication  plus 
détaillée. 

Papier. 

Un  livre  < jui  mesure  -2-2,5  X  13,5  centimètres  est  d'un  formai 
un  peu  allongé.  Communément  les  livres  syriaques  sont  des 
«  in-quarto  »  ordinaires.  La  forme  des  livres  de  l'Extrême 
Orienl  —  chinois  et  tibétain  —  a  pu  amener  cette  forme 
allongée.  Les  deux  feuillets  sont  tous  deux  écrits  sur  une  espèce 
de  papier,  fabriqué  avec  une  plante,  avec  du  coton  sûrement. 
Les  fibres  de  la  plante  se  distinguent  nettement;  le  papier  est 
préparé  d'une  manière  fort  primitive,  il  est  ligamenteux,  inégal, 
poudreux,  peu  propre  à  l'écriture.  C'est  une  sorte  de  papier 
botubycien,  île  couleur  jaunâtre,  fabriqué  avec  moins  de  soin 
et  d'adresse  que  le  papier  bombycien  du  Iectionnaire  d'Ourmia 
du  xiii1'  siècle,  qui  appartient  à  l'Institut  '  iriental  et  dont  j'ai  fait 
un  examen  dans  l'article  «  Les  filigranes  »  (1).  Le  bombycien, 
ou  papier  de  coton,  résiste  fort  mal  au  temps  :  c'est  pourquoi 
les  manuscrits  sur  cette  sorte  de  papier  sont  exceptionnellement 
rares.  Le  Iectionnaire  d'Ourmia  en  donne  la  preuve  —  les  bouts 
de  ses  pages  sont  détruits  ou  endommagés.  Quant  à  l'état  des 
fragments  de  Hara-Hoto,  il  est  lamentable.  Les  feuillets  ont  été 
déchirés,  et  il  leur  manque  des  morceaux. 

Lepapierdes  premier  et  deuxième  feuillets  n'a  pas  de  marque, 
mais  il  peut  être  comparé  à  une  espèce  semblable  qui  a  été 
trouvée  dans  une  contrée  voisine.  Le  «  Cha-tchou  papier  »  avait 
servi  pour  des  livres  ouïgoures  en  forme  de  rouleaux  [Buchrol- 
len)  qu'on  avait  découverts  à  Tourfan.  Ce  papier  grossier  et 
ligamenteux  (grobfaseriges  Papier)  dans  le  manuscrit  étudié 
par  Bang  et  Gabain  porte  une  inscription,  qui  l'apparente  à 

(1)  l'igoulewsky,  Les  filigranes  des  manuscrits  syriaques,  dans  le  Bulletin  de 
l'Institut  d'histoire  de  l'Académie  des  Sciences  d'URSS,  Leningrad,  1937,  p.  122 
et  suivantes. 

[ô] 


8  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN-. 

la  fabrication  Cha-tchou  (1).  Pour  les  manuscrits  chinois  de 
Tourfan,  il  a  été  employé  une  autre  sorte  de  papier,  d'une 
fabrication  beaucoup  plus  line.  Cha-tchou  était  situé -à  Kansu, 
près  de  Tun-huang,  au  sud-est  de  Tourfan. 

Cette  sorte  de  papier  grossier,  qui  est  une  espèce  de  bomby- 
cien  fabriqué  avec  du  coton,  qu'on  trouve  à  Tourfan  et  à  Hara- 
Hoto,  prouve  qu'il  était  confectionné  malgré  la  connaissance  du 
papier  de  Chine.  La  présence  de  diverses  sortes  de  papier  à 
Hara-Hoto  est  naturelle,  car  les  grandes  routes  de  commerce 
de  l'Extrême  orient  passaient  au  Moyen  Age  par  la  «  ville  des 
Tangoutes  ». 

Les  aspérités  du  papier  et  ses  étoupes  le  rendent  peu  commode 
pour  écrire.  Une  plume  n'est  pas  en  état  de  remplir  cette  tâche, 
qui  ne  peut  être  accomplie  qu'avec  un  roseau  pointu,  un  calame, 
ou  surtout  avec  un  pinceau.  L'aspérité  de  cette  fabrication 
primitive  forçait  le  scribe  à  renoncer  à  se  servir  du  verso,  qu'il 
a  dû  laisser  intact.  L'encre  est  d'une  nuance  noire  foncée,  une 
sorte  de  touche  (encre  de  Chine),  très  bien  conservée  malgré 
la  qualité  du  papier. 

Disposition  des  lignes. 

La  manière  dont  le  texte  est  disposé  dans  les  premier  et 
deuxième  fragments  de  Hara-Hoto  est  bien  remarquable.  Une 
partie  des  lignes  qui  occupent  à  peu  près  la  moitié  de  la  page 
est  horizontale,  et  une  autre  partie  est  disposée  verticalement. 
Dans  la  longueur  de  la  page  du  premier  fragment,  le  texte 
horizontal  occupe  9  centimètres,  et  le  texte  vertical  10, 5  cen- 
timètres. Dans  la  longueur  de  la  page  du  deuxième  fragment, 
le  texte  horizontal  occupe  11,5  centimètres,  et  le  texte  vertical 
8,5  centimètres.  Les  mots  «  vertical  »  et  «  horizontal  »  indi- 
quent la  disposition  des  (ignés:  quant  à  la  manière  d'écrire 
des  Syriens,  cette  question  a  exigé  une  recherche  à  part,  comme 
il  est  indiqué  dans  la  suite. 

Le  texte  des  lignes  horizontales  n'est  pas  la  suite  de  celui 
des  lignes  verticales  et  ce  dernier  est  indépendant,  quoiqu'il 

(li  Bang  und  Sabain,    Turkische  Turfan-Texle,  dans  les  Sitzungsberichte  der 
Preuss.  Akademie  der  Wissenschaflen,  Berlin,  1931,  B.  XIII,  XIV.  p.  323. 

[6] 


FRAGMENTS    SÏRIAQUES    ET   SYRO-TURCS.  9 

ait  été  écrit  par  le  même  scribe  que  le  texte  horizontal.  Il  en 
est  ainsi  pour  les  deux  fragments.  Cette  disposition  des  lignes 
dans  un  manuscrit  syriaque  est  unique,  et  nos  fragments  seuls 
donnent  la  certitude  que  le  texte  syriaque  s'écrivait  dans  la 
direction  verticale  et  se  lisait  ensuite  dans  la  même  direction. 
Le  fait  est  bien  remarquable,  parce  qu'il  résout  d'une  façon 
définitive  le  problème  de  l'influence  et  de  L'emprunt  de 
l'alphabet  et  delà  manière  d'écrire  des  Syriens  par  les  Sogdes, 
lés  Ouïgoures  et  les  Mongols.  Nos  fragments  prouvent  que  non 
seulement  les  Syriens  ont  écrit  dans  la  direction  verticale,  ce 
qui  était  connu  par  le  témoignage  de  Theseus  Ambrosiusi  1539), 
mais  qu'ils  ont  lu  dans  la  même  direction,  comme  le  l'ont 
les  Ouïgoures  et  les  Mongols. 

Le  livre,  dont  proviennent  nos  fragments,  fut  écrit  de  la 
manière  suivante.  Le  scribe  écrivait  les  lignes  qu'on  lisait  dans 
la  direction  horizontale,  ensuite  il  passait  à  la  partie  du  texte 
qui  se  lisait  dans  la  direction  verticale.  Il  écrivait  toujours 
verticalement,  ce  qui  ressort,  de  la  similitude  paléographique  des 
lettres  des  textes  des  deux  directions.  En  écrivant  la  partie  qui 
se  lisait  horizontalement,  il  tournait  le  papier  dans  la  largeur: 
et  en  passant  à  la  partie  qu'on  lisait  dans  la  direction  verticale, 
il  le  teûait  dans  la  longueur.  Entre  les  deux  parties,  on  avait 
laissé  soigneusement  de  l'espace.  Lorsque  le  texte  vertical 
avait  besoin  d'une  place  supplémentaire,  le  scribe  inscrivait 
quelques  mots  dans  cet  espace,  en  tournant  la  feuille  encore 
une  fois.  Il  est  bien  invraisemblable  de  supposer  qu'on  écrivait 
un  livre  clans  deux  directions,  en  obligeant  le  lecteur  ;ï  le 
tourner  pour  le  lire.  Le  texte,  étant  écrit  dans  deux  directions, 
n'imposait  aucune  difficulté  au  lecteur  syrien,  parce  qu'il  lisait 
dans  la  direction  verticale  aussi  facilement  que  dans  la  direc- 
tion horizontale.  Les  lignes  verticales  du  fragment  se  lisent  suc- 
cessivement de  gauche  à  droite  1.  2.  :>.   1.  5.  C'est  la  manière 

M    I    I    I 
d  écrire  des  Sogdes,  des  Ouïgoures  et  des  Mongols,  qui  a  été 

empruntée   aux   Syriens   et  qui    se    distingue  de  la   manière 

chinoise.  Les  Chinois,  en  écrivant  verticalement,  placent  les 

lignes  de  droite  à  gauche  5.  1.  :J.  J.  1. 


[7] 


10  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Nos  fragments  constituent  un  document  qui  prouve  péremp- 
toirement la  manière  de  lire  et  d'écrire  des  Syriens,  et  qui  résout 
d'une  façon  définitive  le  problème  de  la  dépendance  de  l'écri- 
ture de  ces  nations  de  l'écriture  du  syriaque.  Ces  feuillets  de 
Hara-IIoto,  qui  présenlent  l'unique  texte  syriaque  manuscrit 
avec  la  disposition  verticale  des  lignes,  forment  cette  maille, 
qui  permet  d'achever  la  chaîne  des  conclusions  au  sujet  de 
l'origine  de  la  manière  d'écrire  des  Ouïgoures  et  des  Mongols. 

Mais  quelle  nécessité  avait  forcé  le  scribe  à  écrire  dans  deux 
directions  sur  un  seul  morceau  de  papier?  Le  texte  horizontal 
n'est  pas  lié  étroitement  avec  celui  dont  les  lignes  sont  disposées 
dans  la  direction  verticale.  11  est  fort  probable,  que  ce  dernier 
représentait  une  sorte  de  commentaire,  qui  exigeait  d'être 
séparé  de  la  partie  fondamentale.  L'état  endommagé  de  la 
partie  verticale  des  fragments  ne  permet  pas  d'en  être  sûr.  Les 
scribes  profitaient  de  la  liberté  et  de  la  facilité  avec  lesquelles 
on  lisait  en  syriaque  dans  la  direction  verticale.  Le  lecteur 
pouvait  sans  difficulté  passer  du  texte  au  commentaire,  par- 
courant l'un  horizontalement  et  l'autre  verticalement.  Cette 
double  manière  de  lire  des  Syriens  leur  avait  permis  d'écrire 
deux  textes  sur  la  même  feuille  de  papier. 

Écriture. 

Il  est  très  difficile  de  définir  d'une  manière  précise  les 
écritures  syriaques,  étant  donne  le  sens  vague  et  indéfini  des 
désignations  des  écritures  «  estrangélo  »,  «  nestorienne  », 
«  melkite  »,  «  jacobite  ».  Il  est  bien  naturel,  puisqu'on  sait 
que  les  Syriens  nestoriens  ont  pénétré  dans  l'Asie  Centrale  et 
en  Chine  au  Moyen  Age,  de  donner  à  l'écriture  des  fragments 
syriaques  l'appellation  de  «  nestorienne  »  ;  qu'elle  ait  été  écrite 
par  un  chrétien  «  nestorien  »,  la  chose  est  sûre;  mais  il  n'est 
pas  vrai  que  cette  écriture  soit  «  nestorienne  »  à  proprement 
parler,  qu'elle  ait  le  «  ductus  »,  ou  les  traits  caractéristiques 
de  cette  manière  d'écrire.  Et  après  une  inspection  détaillée 
des  lettres,  on  pourra  émettre  une  opinion  et  une  analyse 
comparée  sur  le  type  de  cette  écriture. 

Au  point  de  vue  paléographique,  les  deux  fragments  ont  une 

L8] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES    ET   SYRO-TURCS.  Il 

grande  ressemblance,  mais  les  lettres  du  premier  fragment 
sont  plus  grandes  que  celles  du  second,  dont  l'écriture  est  plus 
fine.  Le  texte  vertical  et  le  texte  horizontal  de  chaque  fragment 
sont  écrits  par  le   même  scril  >e. 

Les  lettres  du  premier  fragment  appellent  les  remarques 
suivantes.  \£  est  écrit  de  deux  manières;  le  plus  souvent  c'est 
l'ancienne  forme  onciale  d'estrangélo  peu  modéré.  La  ligne 
supérieure  est  longue,  les  deux  autres  sont  petites  et  grasses 
surtout  (voir  la  i"  ligne,  dans  quatre  mots  consécutifs).  La 
tonne  cursive,  qui  s'écrit  d'un  seul  trait,  est  aussi  connue,  mais 
le  scribe  l'emploie  rarement.  Elle  se  présente  à  la  fin  du  mot 
x£àJ\x£  dans  la  première  ligne  du  fragment.  On  rencontrera 
en  combinaison  avec  oV,  en  formant  la  ligature  Tv  oV  fréquente 
dans  les  manuscrits  syriaques  (voir  Tv  avVt3  à  la  6e  ligne). 

«3,  aux  formes  angulaires,  ne  dépasse  pas  en  hauteur  les 
autres  lettres,  et  sa  ligne  supérieure  est  courbée. 

^\  et  T  ont  l'aspect  de  grandes  virgules,  qui  se  distinguent 
par  les  points  au-dessus  et  au-dessous  de  la  lettre.  Le  point  est 
fort  et  net. 

»^  a  la  ligne  courte,  avec  tendance  à  prendre  la  direction 
verticale. 

on  est  de  forme  cursive. 

a  est  un  triangle  arrondi  (voir  la  2e  ligne). 

4J  est  très  petit,  notablement  plus  court  que  1  (8e  ligne, 
dernier  mot). 
<lp  présente  la  ligne  verticale  et  droite. 

CA    final  présente  une  forme  cursive. 

u  a  la  ligne  supérieure  qui  tend  à  être  verticale,   et    son 
extrémité  est  parfois  inclinée. 
*p  présente  une  forme  cursive. 

Qo  est  dressé  sur  la  boucle  droite,  tandis  que  la  boucle  gauche 
est  soulevée  vers  le  haut.  Lié  à  la  lettre  suivante,  09  s'unit  par 

19] 


12  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

une   ligne  qui   passe   entre  les   deux  boucles.  Cette  manière 
d'écrire  est  caractéristique  en  faveur  de  l'écriture  verticale. 
«3  est  très  haut  avec  un  grand  nœud  qui  dépasse  la  ligne. 

JC  a  la  ligne  supérieure  épaisse  et  courbée. 

è\.  présente  une  forme  cursive,  un  triangle,  dont  la  ligne 
inférieure  est  un  demi-cercle.  Il  se  trouve  dans  le  texte  verti- 
cal un  ffl  cursif  sans  ligne  supplémentaire  (voir  13e  ligne 
du  texte  vertical). 

Les  points  diacritiques  sont  rares.  Les  »  seiàmè  »,  ou  les  deux 
points  qui  indiquent  le  pluriel,  sont  disposés  systématiquement. 
La  voyelle  «  i  »  ou  h"vàsà  est  parfois  marquée  par  un  point 

sous  la  ligne  (t^^X»..ûo);  on  trouve  «  a  »  ou  p'tàhà  .  et  «  à  •> 

ou  zeqàpâ  ♦  *.  Mais  ces  signes  sont  rares,  et  la  plus  grande  partie 
des  mots  ne  présente  aucune  vocalisation.  Le  texte  est  divisé 
en  parties  par  des  points  ou  par  des  groupes  de  points  du  même 
type  que  ceux  qui  divisent  les  zehâhê  de  certains  manuscrits 
nestoriens  de  l'Évangile.  Il  existe  des  ensembles  de  deux  . .  et 

de  quatre  points  ♦  pour  marquer  un  nouvel  alinéa  du  texte  (1)  : 
Le  second  fragment  appartient  au  même  type  paléogra- 
phique que  le  premier;  i!  ne  demande  donc  que  quelques 
remarques  supplémentaires  sur  ses  traits  particuliers.  Son 
écriture  est  plus  fine,  et  les  lettres  sont  petites.  La  forme  cursive 
de  x£ ,  faite  d'un  seul  trait,  est  plus  fréquente   que  dans  le 

premier  fragment.  C\  est  écrit  des  deux  façons  cursives,  comme 

un  triangle  C\  et   sans  ligne   supplémentaire  C\;  la  ligature 

TvaV  s'y  rencontre  également.  Les  points  diacritiques  sont 
aussi  rares  que  dans  le  fragment  précédent.  Les  signes  de  ponc- 
tuation sont  en  partie  en  vermillon. 

Les  deux  dernières  lignes  du  texte  horizontal  sont  écrites 
avec  un  instrument  plus  fin  que  la  partie  précédente.  Le  scribe, 
semble-t-il,  a  changé  le  calame  dont  il  se  servait. 

ili  Manuscrit  nestorien  sur  parchemin  de  la  Bibliothèque  Publique  de  Lenin. 
grad,  Syr.,  Nouvelle  Série,  X"  ô.  Mac-Lean,  Tetraeoangelium  s.anclum,  1903. 
Brockelmann,  Syrische  Grammatik,  Interpunktio'n,  Accente. 

[10] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  13 

Les  traits  caractéristiques  de  l'écriture  et  la  ponctuation  des 
fragments  sont  nestoriens.  Le  système  de  vocalisation  à  l'aide 
de  points  diacritiques  est  aussi  celui  des  Syriens  orientaux. 
Sa  cursive  peut  être  rapprochée  de  la  cursive  des  manuscrits 
nestoriens  assez  nombreux,  dont  le  type  se  distingue  avec 
précision  du  type  accompli  et  expressif  des  manuscrits  nes- 
toriens des  xiv°-xviie  siècles.  C'est  une  écriture,  dont  les  nom- 
breux traits  hérités  de  l'estrangélo  s'ajoutent  à  ceux  qui  se 
sont  développés  sous  la  tendance  d'une  écriture  courante, 
mais  qui  n'a  pas  encore  le  sceau  de  la  manière  compliquée  et 
recherchée  de  l'écriture  nestorienne  postérieure  au  xiv  siècle. 

Il  serait  bien  naturel  de  trouver  l'écriture  des  manuscrits 
de  Hara-IIoto  semblable  à  celle  des  manuscrits  syriaques  de 
Tourf'an,  qui  est  une  région  voisine  de  la  «  ville  des  Tangoutes  »; 
mais  ce  n'est  pas  le  cas.  L'aspect  de  l'écriture  a  une  ressem- 
blance frappante  avec  celle  des  pierres  tombales  provenant 
de Semiretchie —  Pichpek,  Tokrnak,  Aimai ik.  Les  lettres «^«9 

QO  a\  ont  surtout  beaucoup  de  ressemblance  avec  les  caractères 
de  ces  documents  épigraphiques.  Ce  type  d'écriture,  sur- 
nommé «  écriture  syro-semiretchie  »,  doit  être  distingué  de 
l'écriture  syro-tourfaue  des  manuscrits  syriaques  et  iraniens 
écrits  en  caractère  syriaques.  L'écriture  syro-tourfane  est 
présentée  par  les  manuscrits  de  Tourfan,  indépendamment 
de  l'ancien  type  d'écriture  sogde  et  ouïgoure.  Le  fragment  de 
Tourfan,  publié  ci-après,  est  écrit  dans  cette  écriture  syro- 
tourfane,  plus  compliquée  et  moins  simple  que  l'écriture 
de  Semiretchie.  Ainsi,  l'écriture  des  fragments  de  Hara-Hoto 
est  nestorienne,  du  type  déjà  connu  qui  est  celui  de  l'écriture 
syro-semiretchie.  Nos  fragments  permettent  d'étendre  consi- 
dérablement la  limite  de  l'extension  de  ce  type  paléographique, 
à  partir  des  bords  du  lac  Issik-kul  jusqu'aux  rivages  de  Hei- 
tchoui  à  la  frontière  chinoise. 

La  date  du  xme  siècle  pour  les  fragments  est  fournie  par 
les  arguments  suivants. 

Le  papier  bombycien,  dont  on  s'est  servi  pour  les  fragments, 
est  très  rare.  Je  l'ai  compare  au  »  Cha-tchou  papier  »  d'un 
manuscrit  de  Tourfan,    qu'on    date   des  xii°-xine  siècles.    Le 

[il] 


1  1  REVUE    DR    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

lectionnaire  provenant  d'Ourmia,  écrit  sur  du  papier  de  coton, 
était  terminé  en  l'année  1263. 

Le  type  de  l'écriture  est  identique  à  celui  des  pierres  tombales 
syro-nestoriennes,  qui  ont  des  dates  précises  et  se  rapportent  aux 
xm'-xiv6  siècles.  Les  manuscrits  syriaques  de  Mésopotamie  et  de 
l'Asie  Mineure,  semblables  au  point  de  vue  paléographique  à 
l'écriture  cursive  des  fragments,  ne  dépassent  pas  le  xive  siècle. 

Les  divers  documents  trouvés  à  Hara-Hoto,  ainsi  que  les 
assignats,  se  rapportent  à  la  période  du  xne  au  xiv°  siècle;  c'est 
l'époque  de  l'existence  de  la  «  ville  des  Tangoutes  ».  En  ce  qui 
concerne  la  fin  du  xnie  siècle,  une  colonie  chrétienne  de  tradi- 
tion syriaque  y  est  attestée  par  la  vie  de  Mar  Jabalaha  et  Mar 
Çauma. 

Ainsi,  par  l'espèce  du  papier,  parle  type  de  l'écriture,  par  les 
renseignements  archéologiques  sur  Hara-Hoto,  on  peut  adopter 
pour  nos  fragments  une  dateantérieureauxiv"  siècle.  L'époque 
du  xnc-xiiie  siècle  leur  convient  pour  toutes  ces  raisons.  Cette 
date  répond  à  merveille  aux  faits  historiques,  parce  que 
«  l'expansion  nestorienne  »  parmi  les  Turcs,  Ouïgoures,  Tan- 
goutes, Mongols,  Chinois  est  attestée  par  une  quantité  de  sources 
orientales  et  occidentales.  La  nationalité  de  ces  chrétiens  nesto- 
riens  était  variable.  Les  uns  se  servaient  de  la  langue  syriaque, 
qui  était  la  langue  de  la  mission  et  du  culte,  ce  qui  est  prouvé 
par  les  inscriptions  de  Singafu,  Karabalgasoun,  les  pierres 
sépulcrales  de  Semiretchie,  les  manuscrits  de  Tourfan  et  de 
Hara-Hoto.  Les  autres  restaient  fidèles  à  leurs  langues  mater- 
nelles; les  échantillons  de  la  littérature  sogde  et  de  la  littérature 
ouïgoure,  avec  leurs  alphabets  dérivés  du  syriaque,  en  donnent 
la  preuve. 

Texte  du  premier  fragment  de  Hara-Hoto. 

Texte  horizontal. 

y*^.  taxa-  rdxnrcf  ^jwn  :ua  J  ja  J  jà  .1 
vyr^a  n:\x.  r£nu  »cujc\  ^jjojj  ^ucuj  di,Hjia  .2 

[12] 


FRAGMENTS    SYRIAijfES    ET    S VRi .i-TUKCS.  I  7> 

oJ^z-rsT   rd^ûor^*..*rdxnrdnc\    rC^nrsfa  .3 

*  «  *  *  ^>SJ 

.♦cnmil 
A*.   %ax^  rsli'njacvS   T^âxms   v\^H    vdïïn  .9 

co^oni^-i    ô^5_  r^3^»   %i^-nrsfa  v...ia  .10 

Texte  vertical. 

.♦.^ nrsf^  Jwiaai.  .  «s  i>3  rsfiiiT>3  .2 

,.J3  <^a*jûon   ,.,.Hai  ..  r^7\  ..iLlcud   cnljajc-  .  i 

....ojjt\  ,.j.Î^  rsTncul  .>cn_iHjL.a  cCto  .5 

....rdiLcvai  rslxinx*  ^>i  t-i  ....ija  rs^Tcocu   G 

^^  ...a  ^-nja  ..3L,...  v^\..n  _xnJ  rd^-lài  ^a    : 

[13] 


16  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

rs^cn...î:\   r^...l  . , .  ^uim-tna  .8 
...rdn  ,,.  cnlja   ^.^ajcn  .9 

...H>i3    j-\l73    .10 

rS^cu*  rduA  .11 

, , .  j.craaH.1.,  v^l  .12 

TVoVj"^  ....   .13 


irê-U*^3c\ 


11 


Traduction  du  premier  fragment  de  Hara-Hoto. 
Texte  horizontal. 

Malheur  à  nous,  malheur  à  nous,  par  nos  péchés  la  terre  s'est 
desséchée  avec  tous  ses  fruits;  sois  miséricordieux,  sois  miséri- 
cordieux pour  nous  et  montre-nous  (la)  miséricorde;  envoie  ta 
pluie  sur  la  terre  et  sur  la  terre.  «  Lave-moi  complètement 
de  ....  »  (Ps.  51,  A).  .Seigneur,  lave  complètement  le  peuple  de 
toute  son  impiété,  (envoie)  à  la  terre  la  pluie  miséricordieuse  des 
miséricordes.  Entends  notre  prière,  Seigneur,  espoir  des  créa- 
tures. Incline  nos  âmes.  Les  champs  ont  soif  de  tes  rosées;  voici 
ils  sont  finis,  les  laboureurs  sont  avides  d'eau  et  les  taureaux 
mugissent  sur  le  pâturage;  ils  trompent  sa  douceur.  Les  eaux, 
ton  symbole,  par  ton  ordonnance  verse-les  sur  nos  champs, 
nos  ...  et  notre  terre;  choisis  notre  désert  par  sa  grâce  et  aie 
pitié  de  nous. 

Texte  vertical. 

1.  Heau  dans le  Seigneur,  le  roi, 

2.  le  Christ,  notre  roi,  notre  gloire,  qui  qua(rante)  j(ours) 
.'!.  jeûna,  le  désert (l'ennemi) Notre-Sei- 

gneur 

1.  accepta  le  pouvoir qui  est  placé. 

5 le  feu  ....  s'est  levé. 

6.  la  lumière du  soleil,  les  habits 

7.  de  neige  il  a  revêtu ils  se  réjouissent 


8.  et  ils  glorifient 


[14] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  1? 

9.  ceux  qui  entendent  sa  voix 

10.  le  Seigneur  entre  les  Sei(gneurs) 

1 1.  la  substance  du  feu 

12.  à  toi  ses  enfants.  .  . 
13 

1  1.  et  ils  se  réjouissent. 

La  partie  horizontale  du  texte  est  un  fragment  d'un  office 
d'abord  à  l'occasion  de  la  sécheresse.  Les  prières  présentent  une 
description,  et  elles  ont  pour  objet  de  raconter  et  de  faire  savoir 
les  misères  de  la  sécheresse,  et  la  destinée  lamentable  des 
lionnnes,  des  bétes  et  des  plantes,  lorsqu'ils  sont  privés  d'eau 
sur  une  terre  aride.  Elles  demandent  ensuite  de  la  pluie,  de  la 
rosée  vivifiante,  qui  rendra  à  la  terre  sa  fécondité.  Le  feuillet 
contient  la  fin  d'une  prière,  qui  commence  par  une  citation  du 
psaume  51,  1  «  Lave-moi  complètement  de...  «.C'est  le  thème 
développé  dans  la  prière  qui  suit.  Il  est  fort  probable  que  cette 
citation  exigeait  la  récitation  du  psaume  tout  entier,  qui  est  l'un 
des  plus  usités  de  l'office  chrétien.  Bien  connu,  il  pouvait  être 
récité  par  cœur.  Une  objection  est  qu'il  commence  par  le  qua- 
trième verset.  L'objet  de  la  prière  qui  suit  est  clair  :  le  peuple 
(r£_^3A.)  doit  se  repentir  et  se  laver  de  ses  crimes,  car  ses  péchés 
ont  été  la  cause  de  la  sécheresse.  C'est  un  pragmatisme  primitif 
qu'on  rencontre  bien  souvent  dans  les  prières,  dans  les  homé- 
lies et  même  dans  des  ouvrages  historiques,  comme  par  exemple 
dans  l'introduction  à  la  chronique  de  Josué  le  Stylite. 

Des  prières  et  des  offices  à  l'occasion  de  la  sécheresse  sont 
connus  par  les  bréviaires  syriaques.  Pour  les  jardins  et  les 
vignes  de  Mésopotamie,  la  pluie  était  un  bienfait  toujours 
attendu  avec  impatience.  Hara-Hoto  est  une  ville  privée  d'étangs 
et  de  puits,  et  perdue  au  milieu  des  déserts,  dont  les  sables 
menaçaient  d'engloutir  les  eaux  de  la  «  rivière  noire  ».  Pour 
cette  ville  et  ses  environs,  les  prières  qui  ont.  pour  objet,  la 
rosée  et  la  pluie  sont  provoquées  par  la  nécessité  la  plus  dure. 
Les  champs  et  les  pâturages,  dont  parle  le  fragment,  se  trouvent 
autour  de  la  ville.  Le  chemin,  qui  conduit  à  Hara-Hoto,  suit  la 
vallée  de  la  rivière  Edsina,  et  les  collines  qui  s'élèvent  au  nord 
ont  été  dans  le  passé  des  terres  cultivées. 

[15] 

ORIENT    CHRÉTIEN.  2 


18  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

L'étal  fragmentaire  de  la  partie  verticale  ne  permet  pas  de 
donner  une  traduction  précise  du  texte.  Ce  dernier  ne  présente 
pas  la  suite  du  texte  horizontal,  qui  es  terminé;  mais  on  peut 
croire  que  c'est  une  sorte  de  commentaire  de  la  partie  horizon- 
tale, que  l'on  doit  regarder  comme  la  partie  principale  du  livre. 

La  citation  du  psaume  51,  et  les  noms  du  Seigneur  (jT^j) 

et  du  Christ  (t^JJj.X^O)  prouvent  que  le  texte  est  d'origine 
chrétienne.  Certaines  expressions  du  texte  vertical  rappellent 
des  idées  manichéennes,  comme  «  l'essence  du  feu  »  (r^laA 

r^ncu-n),  «  les  habits  de  neige  »  rS^lfo  ^73  r£x.<xnA), 

ou  de  lumière  (n^cncu).  Mais  toutes  les  lignes  sont  incom- 
plètes et  il  est  impossible  d'apporter  des  conclusions  précises. 

Texte  du  deuxième  fragment  de  Hara-Hoto. 
Texte  horizontal. 

cniiexjJ>ajj,\_in^3,n    a'cn   \rd-lil->jc\    rsi.H.3  .1 
.  ua3  jcojVWT\  a'cn  \^jja:\  cniLcvil  *pajar^  .2 

cn_>ijj3rsfa   ca>xx  cu^xûoa    caxnl  èvlusa  .3 

,n:\  d'en  '',Q3^Qnil,i 

\caa-n  jja-Haâa   %èOixj3  ^1   .*ajj  auifiour^  .4 

m.1  rdl  rdlavn  a'cn 

«aJLan  rC^&n*  c'en  SrdiLiJ  *p\±.\  .Sjamrsfa  .5 

■*r  }in     èv_x^^     c'en    SttfaJtoi     t^M-iox  .6 

rd-tna^a-a    a'cn    \^sjat\    caijancv&l    cn^-xx-a  .7 

cn"\Lûî  ^73  nP.9jt\  rd*^3 

[16] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    >\  RO-TURCS.  19 

c\cn  \%é\x3j,n  r^&Hzajj 
rd.jj_3-\-n    jcoAjl.  ^1a   A  \.n    rsls-.i   ■Hv^ln  .9 

rdma  acn  \cu!73cuj3:\ 
rdincvL  cxu^cnn  rdiox.  Ax  cn&:wn  rdLun  .10 

CarSf  Al.    Vfv»«in^q 

rdilx  ^73  *ursi\i>3  rd^nxn^  a 'en  SrsfcaAr^   il 

'pjûo'n   r&ixiîn    \r£\\3L,a   rdjaa-iS.   rti,èvij£i  .12 

J3c\j"\3  L^jl^  iSIm  cutSj 
T^aJj    Vy-1'^  3  1    ^C\    rdHaJ    ^73    v^àu^A^ai  .13 

ïaè\r£a   tA&*wn  rdicvia 

rsf r^A^-ûo    rsf  ca_L_wn    rS?"\_j3cu    oyna  ^  «y>  .  1 1 

7*eatfe  vertical. 

...aL..  i 

û    ^^ÇUT^  .2 

tllrdjJ  rsfcn  .3 

...JTOlX'n  .4 

...^n  cnà^S  .5 

..*\S  r^éucm  .0 

..a  ^c»3^ %jv»o.nx.&  7. 

r^t  ....nar^-a  cnéicm ojrd  ^3r^  .8 

rdiTial  (^)   r^an^n   cn&a..  ..>3  ^aSr^  .9 
.eue   cal   vtiql*\n   rcf...."^  cuA  ca-xn -n  .10 

17 


•20  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

Traduction  du  deuxième  fragment  de  Hara-Hoto. 
Texte  horizontal. 

1.  ...  créés  et  doués  de  la  parole;  celui  qui  dans  sa  miséri- 
corde débordante  a  préposé  les  (saints)  anges 

•2.  à  la  garde  de  notre  nature;  celui  qui  a  vu  notre  nature 
chanceler  et  tomber, 

3.  qui  est  descendu,  s'en  est  revêtu,  l'a  soutenue  avec  lui  et 
l'a  relevée  par  sa  grâce: 

4.  celui  qui  nous  a  montré  dans  Isaac  notre  résurrection  et 
notre  salut,  qui  est  en  lui;  celui  qui  n'a  pas  l'ait  l'iniquité 

5.  et  a  été  crucifié  avec  les  pécheurs;  celui  qui  a  été  frappé  sur 
la  joue,  (et)  a  délivré  noire  condition  d'esclave 

6.  de  la  sujétion  aux  démons;  celui  qui  a  sué,  a  souffert,  a 
été  fortifié  par  le  saint  ange 

7.  et  a  affermi  le  salut  de  notre  nature;  celui  par  le  sang  de 
qui  (et)  par  l'eau  qui  est  sortie  de  son  côté 

8.  ont  été  lavées  les  taches  de  nos  corps  et  ont  été  guéries 
les  blessures  de  nos  âmes  ; 

9.  celui  qui  a  détruit  la  sentence  (portée)  contre  nous  tous 
par  le  sacrifice  de  son  hypostase; 

10.  relui    qui    a  bâti    l'édifice   de    son  Église  sur  le  nom, 
auquel  a  cru  le  bienheureux  Pierre, 

11.  sur  Dieu  le  Père;  celui  qui  est  glorifié  dans  les  cieux  par 
les  créatures  supérieures  et  est  adoré  sur  la  terre 

12.  par  les  créatures  inférieures  ;  le  sauveur,  la  vérité,  le  Christ, 
qui  a  donné  son  âme  pour  nous  tous,  (sauve) 

13.  ton   troupeau  des  perfides,  et  tes   serviteurs  montre-les 
connue  des  fils  de  ton  Église  et  .... 

14.  tes  adorateurs  le  poids  de  nombreux  péchés  et  aie  pitié  de 
nous. 


Texte  vertical. 


1. 

9 


eux 


:!.  cette  vie  .  . 
4.  du  baptême 


IN 


FRAGMENTS    SYRIAQUES  ET   SYRO-TURCS.  21 

5.  son  corps  

6.  splendide 

7.  notre  gloire  .... 
s 

'.».  nous  tournons au  Seigneur 

10 à  lui  .  .  .  .  de  tous  les  côtés,  A  lui  la  gloire! 

Le  second  fragment  de  Hara-Hoto  contient  dans  la  partie  hori- 
zontale une  sorte  de  prière,  dont  les  première  lignes  développent 
la  grandeur  du  rôle  du  Rédempteur,  ses  souffrances,  sa  mort  et 
sa  résurrection.  Ensuite  elle  fait  mention  de  la  fondation  de 
l'Église  et  de  la  gloire  du  Sauveur,  qu'on  chante  sur  la  terre  et 
dans  lescieux.  La  prière  n'a  plus  son  début  qui  devait  se  trouver 
sur  un  autre  feuillet,  et  elle  se  termine  par  une  supplication  au 
Christ  pour  qu'il  nous  sauve  et  nous  aide.  Des  expressions,  comme 
celle-ci  :  «  Le  Christ  s'est  revêtu  de  mitre  nature  »,  dénon- 
cent le  nestorianisme  de  ce  fragment  qui  ne  reconnaissait  pas 
l'union  des  deux  natures  divine  et  humaine  dans  la  seule  per- 
sonne du  Christ.  Les  noms  propres  sont  transcrits  comme  en 
syriaque  vPJJ.Cû.*r£    «   'Ishàq  »,    Qoc\"\l_9  «  Petros  ». 

La  partie  verticale  est  tout  à  fait  fragmentaire,  ce  qui  ne 
permet  pas  de  conclure  au  contenu  du  texte.  C'est  un  fragment 
d'un  hymme  ou  d'une  prière  adressée  au  Christ.  Elle  se  termine 
au  milieu  de  la  page,  en  laissant  en  blanc  une  partie  du  papier. 
Le  feuillet  représente  donc  la  fin  d'un  livre,  ou  d'une  partie  d'un 
livre,  parce  que  la  partie  horizontale  et  la  partie  verticale  nous 
présentent  la  fin  des  deux  textes. 

Le  troisième  fragment  de  Hara-Hoto, 

Le  troisième  fragment  de  Hara-Hoto  est  bien  intéressant  au 
point  de  vue  de  la  paléographie  et  du  lexique.  C'est  un  feuillet 
dont  le  texte  turc  est  écrit  en  caractères  syriaques. 

Description. 

Le  feuillet  mesure  15,5  x  10,8  centimètres,  mais  il  n'a  plus  la 
grandeur  qu'il  avait  à  l'origine,  parce  qu'une  partie  manque  au 

19; 


22  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

boul  cl  le  long  de  la  page.  Le  papier  est  d'une  autre  sorte  que 
celui  des  deux  premiers  fragments.  Il  est  de  couleur  jaune, 
avec  des  taches  brunes,  et  est  déchiré  en  partie.  Quelques 
petits  trous  sont  le  fait  d'un  insecte  qui  a  rongé  ce  papier.  Il  est 
formé  de  deux  couches  qui  sont  collées  ensemble  et  se  distin- 
guent nettement,  et  il  n'a  ni  vergeures  ni  pontuseaux.  Fabriqué 
d'une  manière  assez  soignée,  ce  papier  se  prête  beaucoup  mieux 
à  l'écriture  que  le  bombycien  des  fragments  précédents. 

L'étal  déplorable  de  ce  feuillet  en  rend  la  lecture  continue 
absolument  impossible.  C'est  le  commencement  d'un  livre  ou 
d'une  partie  de  livre,  dont  le  texte  était  écrit  sur  le  verso.  Le 
recto  était  resté  en  blanc,  et  on  en  a  fait  usage  pour  écrire  un 
texte  syriaque,  qui  n'a  pas  de  rapport  avec  la  partie  du  verso. 

Les  treize  lignes  horizontales  du  verso  du  feuillet  sont  écrites 
d'une  main  soignée  et  bien  calligraphiées.  Les  six  premières 
lignes  et  la  moitié  de  la  septième  sont  en  vermillon,  d'une 
couleur  rouge  vif,  quia  pâli  maintenant.  Les  autres  lignes  sont 
écrites  avec  une  encre  noire,  de  nuance  foncée,  une  espèce 
de  touche  (encre  de  Chine).  L'instrument,  dont  le  scribe  se 
servait,  pouvait  être  un  calame  ou  un  pinceau.  La  manière 
d'écrire  du  scribe  est  soignée,  et  les  caractères  sont  nets.  Il 
les  écrit  de  façon  serrée,  sans  interruption,  si  le  type  des  lettres 
le  permet.  Il  ne  se  sert  pas  d'une  ligne  pour  disposer  les  lettres 
au-dessus  d'elle,  comme  il  est  fréquent  clans  certains  manus- 
crits; il  les  écrit  l'une  après  l'autre,  successivement.  C'est  une 
sorte  d'écriture  cursive  du  type  nestorien,  qui  a  beaucoup  de 
ressemblance  avec  le  melkite,  mais  qu'on  rencontre  dans  les 
manuscrits,  dont  1  origine  nestorienne  est  certaine,  par  exemple 
dans  le  manuscrit  île  la  Bibliothèque  de  Berlin  coté  Petermann 
n"  9.  cf.  Sachau,  Verzeichniss  der  syrischen  Handschriften, 
I.  Band,  col.  334,  et  II.  Band,  planche  n°  VII,  qui  en  donne  une 
reproduction.  Au  point  de  vue  paléographique,  le  troisième 
fragment  a  moins  de  ressemblance  avec  l'écriture  des  pierres 
tombales  que  les  deux  premiers  fragments.  Le  type  de  l'écriture 
néanmoins  est  le  même.  Son  lexique  rappelle  surtout  celui  des 
monuments  syro-turcs.  Les  caractères  ont  le  type  habituel  des 
xne  et  xme  siècles. 


[20] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURl  5.  23 

TV  s'écrit  de  deux  manières.  Dans  la  forme  ancienne,  l'on- 
ciale,  la  ligne  verticale  et  la  ligne  inférieure  sont  épaisses  et 
courtes,  tandis  que  la  ligne  supérieure  est  longueet  s'élève  très 
haut.  La  forme  cursive  s'écril  d'un  seul  trait. 

Les  lettres  7\,  "1  et  \  ont  la  forme  de  grandes  virgules,  el 
ne  se  distinguent  que  par  la  ponctuation. 

a  a  la  forme  d'un  triangle. 

La  forme  de  «^  est  variable;  à  la  cinquième  ligne  elle  com- 
porte un  seul  trait  incline,  et  à  la  deuxième  ligne  elle  a  la 
forme  ordinaire,  et  elle  a  une  forme  courbée  à  la  septième  ligne. 

La  boucle  du  »1_  est  triangulaire. 

La  ligne  d'en  haut  du  *^0  est  courbée. 

La  ligne  inférieure  du  o  est  longue  et  courbée. 

La  boucle  du  «S  forme  un  triangle,  qui  dépasse  la  ligne  supé- 
rieure des  autres  lettres. 

La  ligne  supérieure  du  iX  a  la  forme  d'un  petit  arc,  dont  les 
pointes  sont  dressées  en  haut. 

&V  se  trouve  deux  fois  dans  hynême  mot.  Au  commencement 
il  a  la  forme  onciale,  un  peu  modifiée;  et  à  la  fin  il  présente  la 
ligature  T^GV  de  la  façon  cursive. 

Les  lettres  on  et  vJ3  ne  se  trouvent  pas  dans  le  texte. 

è\  se  rencontre  dans  le  mot  syriaque  rCTtfV.i^»2C-ffl,  mais 
elle  est  absente  dans  les  mots  turcs,  nu  on  ne  trouve  que  ^. 

Un  trait  particulier  de  l'écriture  est  l'élargissemenl  des 
bouts  des  lettres,  et  cette  partie  élargie  est  coupée  en  travers 
pour  devenir  pointue. 

Deux  lettres  de  forme  particulière  ont  de  l'importance. 

L'une  a  la  forme  d'un  «  aïn  »  (<*)  avec  une  ligne  supplémen- 
taire au-dessus,  à  savoir  *.  Le  scribe  l'a  tracée  après  avoir 
formé  le  triangle  du  «  aïn  ».  La  ligne  parvient  jusqu'à  la  lettre 
et  la  croise  parfois,  comme  à  la  quatrième  ligne.  On  la  traçait 
à  partir  du  haut,  où  elle  est  plus  épaisse,  jusqu'en  bas.  où  elle 
est  plus  fine. 

[21] 


24  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Cette  lettre  2£  est  connue  par  les  textes  des  monuments 
épigraphiqueg  syro-turcs  édités  par  MM.  Chwolson  et  Kokow- 
zoff  (1),  et  elle  se  rencontre  également  dans  les  fragments 
sogdes  écrits  en  lettres  syriaques,  qui  proviennent  de  Tour- 
fan  (2).  M.  Kokowzoff,  de  l'Académie  des  Sciences  de  l'URSS, 
dans  son  article  sur  l'épigraphie  syro-turque(3),  a  émis  son 
opinion  sur  l'origine  de  cette  lettre.  C'est  le  «  kaf  »  syriaque  tA 
avec  un  point  diacritique  placé  au-dessus,  qui  joue  le  rôle  du 
roukkâkà  de  la  ponctuation  nestorienne.  Au  lieu  du  «  kaf  » 
V\,  on  mettait  souvent  le  «  aïn  »  à.»  Dans  l'écriture  sogde 
(tourfano-manicliéenne  et  tourfano-syriaque),  cette  lettre  est 
fréquente,  et  elle  correspond  à  la  spirante  h,  j-,  de  l'alphabet 

ara  lie.  Cette  lettre  «  aï  n  »  ou  «  kaf  »  avec  une  ligne  supplémen- 
taire a  été  empruntée  par  les  Syro-turcs  aux  textes  sogdes 
(iraniens)  écrits  en  lettres  syriaques  pour  rendre  le  son  vélaire 
explosif  «  q  »  dans  le  turc  (4).  C'est  ainsi  que  le  signe  de  la 
consonne  spirante  «  h  »  dans  l'idiome  iranien  fut  employé  dans 
le  turc  pour  rendre  la  consonne  explosive.  Ce  signe  pourrait 
avantageusement  être  remplacé  par  le  «qof»  vJ3  de  l'alphabet 
syriaque. 

11  faut  remarquer  que  la  lettre  «  qof  »  sJ3  se  rencontre  dans 
les  textes  sogdes  de  Tourfan,  tandis  qu'elle  est  absente  dans 
les  texles  syro-turcs.  II  n'y  en  a  pas  dans  le  fragment  de 
Haro-IIoto,  et  elle  est.  employée  une  seule  fois  dans  les  ins- 
criptions des  pierres  tombales  (5).  Le  syro-turc  a  préféré  rendre 

(1)  Chwolson,  Syrisch-Nestorianische   Inschriften    nus   Semiretchie,  dans  les 
Mémoires  <lr  l'Académie  des  Sciences,  St-Pétersbourg,  1890,  VIIe  série,  t.  37,  n°  8 

Chwolson,  Syrisch-Nestorianische  Grabinschriflen.  N'eue  Folge,  St-Pétersbourg 
1897.  Kokowzoff,  ChrisUich-syrische  Grabinschriflen  aus  Almalik,  dans  les 
Mémoires  </<•  lu  Société  archéol.,  section  orientale,  t.  XVI,  St-Pétersbourg-,  1905, 
p.  197  (russe).  Kokowzoff,  Quelques  nouvelles  pierres  tombales  île  l'Asie  Centrale, 
dans  le  HiUtelin  de  l'Académie  des  Sciences,  1907,  p.  427  (russe). 

(2)  Sachau,  Lileratur-Bruchslùcke  ans  Chinesisch  Turkestan,  dans  les  Silzungs- 
berichle  der  Preuss.  Akad.,  1905,  li.  II,  p,  935,  table. 

(3)  Kokowzoff,  Sur  l'épigraphie  syro-turque,  dans  le  Bulletin    de  l'Académie 
des  Sciences,  1909,  p.  777,  remarque. 

(  li  Kokowzoff,  Ibidem. 

(5)  Radloff,  Das  lûrkische  Sprachmalerial  u.  s.  m.,  p.  154,  dans  les  Mémoires 
de  l'Académie  des  Sciences,  St-Pétersbourg,  t.  XXXVII,  n"  8. 

[22] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  25 

le  son  vélaire  explosif  par  un  signe  spécial.  Assurément  il  \ 
avait  quelque  particularité  clans  la  prononciation  de  ces  carac- 
tères pour  qu'on  ait  employé  2É  et  non  pas  vJ3.  Le  «  kaf  »  syria- 
que </"y^  se  trouve  clans  les  textes  syro-turcs  des  pierres  tom- 
bales et  de  notre  fragment  de  Haro-Hoto,  où  il  correspond  au  kaf 
turc  S  de  l'alphabet  arabe.  La  forme  de  la  lettre  2é  est  variable 
dans  les  fragments  sogdes  de  Tourfan  (Sachau,  Millier),  le  rouk- 
kàkâ  a  pris  la  forme  d'un  croissant,  d'une  petite  virguld 
d'un  demi-cercle;  et  clans  le  fragment  de  Hara-Hoto,  c'est  une 
ligne  supplémentaire,  assez  longue,  ce  qui  est  aussi  le  cas 
le  plus  fréquent  dans  les  inscriptions  sépulcrales.  C'est  à  tort 
que  M.  Cowley  avait  cru  que,  dans  un  document  sogde  pro- 
venant de  Tunhuan,  le  «  aïn  »  X  correspondait  à  l'«  aleph  »  (1  ). 

11  y  a  encore  une  lettre  du  fragment  qui  présente  un  intérêt 
particulier.  On  la  distingue  à  l'aide  d'une  loupe  dans  la 
première  ligne  du  feuillet.  C'est  la  lettre  «  lamed  »  1  avec  une 
ligne  supplémentaire,  une  virgule  diacritique,  ainsi  que  dans 
la  lettre  X. 

L'attention  de  M.  Foy  (2)  lut  attirée  par  une  lettre  semblable 
dans  des  manuscrits  manichéens,  où  il  a  constaté  que  le  son 
«  cl  »  est  rendu  par  un  «  1  »  araméen,  écrit  d'une  manière 
ordinaire,  quelquefois  avec  une  ligne  double.  .M.  Andréas  (3) 
a  ensuite  exposé  la  question  de  l'échange  de  «  cl  »  et  de  >•  1  o 
clans  les  dialectes  iraniens.  Il  est  fort  compréhensible  que 
les  Turcs  manichéens  aient  rendu  le  î  parle  1.  Le  son  «  d  » 

turc  ne  pouvait  pas  être  rendu  par  un  «  cl  »  manichéen,  auquel 
il  ne  correspondait  pas  dans  la  prononciation. 

Quelle  est  la  signification  du  «  lamed  »  1  avec  une  ligne  sup- 
plémentaire dans  le  fragment  de  Hara-Hoto,  et  à  quel  son  cor- 


(1)  Cowley,  Anolher  unknown  language  from  easlern  Turkislan,  dan-,  le  ./'mi- 
nai of  the  Asialic  Society,  1911,  p.  lô'.C 

(2)  Foy,  Die  Sprache  der  tiirkischen  Turf  an- Fragmente,  dans  le^  Silzungs- 
berichte  der  Preuss.  A  kademie,  1904,  p.  1390. 

(3)  Gauthiot.  Essai  de  grammaire  sogdienne,  Paris.  191  1-1923, S  '■'■  I1-  "•  Andréas, 
Ein  Blall  m  lùrkischer  Runenschrifl,  dans  les  Silzungsberichte  der  Preuss. 
Akad.,  1910,  B.  I,  p.  295. 

'■m 


26  REVUE    DE"  L'ORIENT   CHRETIEN. 

respond-il"?  Ce  sont  des  questions  auxquelles  on  ne  peut  répon- 
dre actuellement.  Ce  «  lamed  »  avait  une  autre  prononciation 
que  Le  «  lamed  »  sans  virgule.  Le  texte  contient  îles  mots  turcs 
avec  un  «  lamed  »  qui  correspond  exactement  au  son  «  1  » 
du  turc  de  l'alphabet  arabe. 

La  grosse  difficulté  de  rendre  le  turc  par  les  lettres  syriaques 
est  évidente.  De  l'alphabet  arabe  le  turc  s'est  créé  31  lettres 
pour  exprimer  tous  les  sons  de  son  idiome.  En  faisant  usage  de 
l'alphabet  syriaque,  il  a  dû  se  contenter  de  22  lettres.  C'est 
pourquoi  il  est  compréhensible  qu'on  ait  l'ait  des  emprunts 
supplémentaires  aux  signes  connus  dans  les  textes  iraniens. 

Idiome  du  verso  du  fragment. 

Le  troisième  fragment  de  Hara-IIoto  est  syro-turc.  Écrit 
avec  une  écriture  nestorienne,  il  contient  quelques  mots 
syriaques,  tels  que  «  tasiàtâ  »,  «  evangelistà  »,  «  ze'orà  »  et 
aussi  des  noms  propres  "  Iso  ».  «  M'sihà  »,  «  Johanân  »  dans 
leur  aspect  syriaque.  Les  flexions  de  la  déclinaison  turque  sont 
simplement  ajoutées  aux  mots  syriaques.  Exemples  :  «  Mesihà- 
ning  ».  du  Christ,  au  génitif  (deuxième  ligne):  «  z°'orà-ka  », 
au  petit,  au  datif  (neuvième  ligne).  C'est  le  même  procédé 
qui  est  employé  dans  les  inscriptions  de  l'Asie  Centrale  (1)  et 
dans  les  fragments  turcs  de  Tourfan  (2).  Le  génitif  se  forme 
avec  la  flexion  -ning,  comme  deuxième  ligne  «  M'sihà-ning  », 
huitième  ligne  «  ozi-ning  »  —  ou  ing,  comme  septième  ligne 
«  biz-ing  »  (3).  Le  datif  est  formé  par  la  flexion  -ka  =  Tu, 
voir  première  et  neuvième  ligne  (1).  Une  forme  d'adjectif  se 
termine  en  -ly-,-  «  kilinç-ly-,-  ».  Ces  formes  sont  connues  par 
les  fragments  turco-manichéens  (5)  et  par  l'ancien  ouïgoure  de 

il)  Chwolson,  Syrîsch  nestorianische lnschriflen,  II.  p.  '.'1.  n"  70,  ligne  10-11. 

(2)  Foy,  Sprache  der  tilrkischen  Turf  an- Fragmente,  dans  les  Silzungsberichle 
der Preussischen  Akademie,  1904,  p.  1395. 

(3)  Kokowzoff,  Sut  l'épigraphie  syro-nestorienne,  dans  le  Bulletin  de  l 'Académie 
des  Si  iences,  1909,  p.  "s.  Inscription  X"  28.  Chwolson,  Grabinschriflen,  1897,  B. 
11.  p.   15.  Inscription  X"  213. 

1  Chwolson,  Grabinschriflen,  1890.  RadlofT,  Uns  lUrkische  Sprachmalerial 
p.  139.  Inscription  de  l'année  1310,  ligne  2,  remarque  1. 

(5)  Foy,  Manichàisch-turkische  Turfan-Fragmente,  dans  les  Silzungsberichle  der 
Preuss.  Akad.,  1904,  Ls.  II.  p.  1401. 

[24j 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  2  i 

Tourfan  (1),  qui  sont  liés  étroitement  les  uns  aux  autres,  et 
elles  se  rencontrent  dans  d'autres  dialectes  turcs. 

Quelques  mois  qui  sont  lisibles  dans  ce  fragment  se  retrou- 
vent dans  les  textes  turcs  de  Tourfan  et  des  pierres  tombales  de 
Semiretchie,  comme  ___,1Ltv    »  atliv  »,  nommé,  surnommé; 

«-cHrÉ    «  an-,-  »,  pur,  saint;  «-_-!  uni»  lia,   cv^'nr-f  «  âdgu 

kilinç  lv-,-  »,  vertueux  :  ^liltUaR.  «  ozining  »,  de  lui-même: 

♦^ijV^â   «  bizing    »-,  notre:  Vi.i73.l_    «  tâmiz   ».    immaculé, 

vertueux. 

Apparenté  à  l'ouïgoure,  cet  idiome  a  eu  certainement  des 
limites  plus  étendues  que  celles  qui  peuvent  être  indiquées  avec 
précision.  La  dizaine  de  mots  turcs  que  fournit  le  fragment  de 
Hara-Hoto  est  une  quantité  par  trop  petite  pour  qu'on  puisse 
en  tirer  des  conclusions  précises. 

Les  liens  qui  unissent  notre  fragment  aux  inscriptions  des 
pierres  tombales  de  l'Asie  Centrale  résultent  de  leur  parente 
paléographique,  et  de  leur  manière  d'ajouter  aux  mots  syriaques 
les  flexions  turques  et  de  mêler  les  mots  turcs  aux  mots 
syriaques,  etc.  Notre  fragment  prouve  encore  un  fait,  à  savoir 
l'existence  d'une  littérature  syro-turque,  dont  il  est  un  lamen- 

I  al  île  débris.  Jusqu'à  présent  on  ne  connaissait  que  les  pierres 
tombales  syro-turques  —  où  un  texte  turc  est  écrit  à  l'aide  de 
lettres  syriaques.  Les  fragments  turcs  de  Tourfan  sont  écrits 
avec    toutes    sortes    d'alphabets    à    l'exception   du     syriaque. 

II  s'y  rencontre  les  anciennes  runes,  l'écriture  manichéenne, 
l'écriture  ouïgoure,  l'écriture  brahmi.  Mais  pour  le  turc  écrit 
avec  des  lettres  syriaques,  notre  fragment  est  l'unique 
manuscrit  connu,  car  les  inscriptions  d'Issik-kul  sont  des 
monuments  épigraphiques.  C'est  un  fait  digne  de  remarque 
que  les  Iraniens  à  Tourfan  ont  semblablement  fait  appel  à 
l'alphabet  syriaque.  C'est  le  feuillet,  publié  par  M.  Sachau  (2) 

(1)  Nachrichlen  ùber  die  Furfan-Expedilion,  St-Pétersbourg,  181.  Radloff, 
Altuigurische  Sprachproben,  p.  70,  71.  Bang  und  Gabain,  Analyliseher  Index  zu 
den  fûnf  erslen  SIScken  der  liirkischen  Turfan-Texle,  dans  les  Silzungsberichle 
der  Preuss.  Akademie,  1931,  B.  XVI1-XX.  p.  461  et  suiv. 

(2)  Sachau,  Lileralur-Bruchslùcke  aus  Chinesisch  Turkeslan,  dans  les  Silzungs- 
berichle der  Preuss.  Akademie,  1905,  p.  964  978.  Millier.  Neuleslamenlliche.  Bruch- 

[25] 


28  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

dans  un  «  dialekt  des  iranischen  Mittelalters  »,  à  savoir  en 
sogde,  qu'on  n'avait  pas  encore  déchiffré  en  1905.  Ce  texte  est 
écrit  avec  des  lettres  syriaques,  que  M.  Sachau  désigne,  comme 
«  Estrangelo-Schrift  »,  en  réalité  avec  l'écriture  syro-nes- 
torienne  caractéristique  pour  Tourfan  (voir  notre  fragment 
syriaque,  provenant  de  Tourfan,  du  môme  type  d'écriture). 
L'Iranien  se  servait  de  l'écriture  syriaque,  quoiqu'il  eût  à  sa 
disposition  l'écriture  dite  manichéenne,  ou  sogde,  comme  clic 
est  nommée  à  présent. 

Le  Turc  en  faisait  autant.  Ne  se  contentant  ni  de  ses  runes 
anciennes,  ni  de  l'écriture  ouïgoure,  il  cherchait  d'autres 
formes.  Les  divers  caractères  employés  dans  les  textes  turcs  de 
Tourfan  produisent  l'impression  que,  chaque  fois  que  les  Turcs 
étaient  en  contact  avec  une  civilisation  ou  avec  une  religion,  ils 
empruntaient  son  écriture  et  s'en  servaient  pour  transcrire  leur 
langue.  Il  en  est  ainsi  pour  le  bouddhisme,  le  manichéisme,  le 
christianisme  nestorien.  (Quelle  cause  avait  déterminé  les  Turcs 
chrétiens,  dont  la  langue  est  apparentée  à  la  langue  ouïgoure,  à 
préférer  les  caractères  syriaques  à  l'écriture  ouïgoure'?  —  Un 
certain  nombre  d'Ouïgoures  pratiquaient  le  christianisme  nes- 
torien (  1).  —  Quel  fait  invitait  à  revenir  au  syriaque,  au  lieu  de 
mettre  à  profit  l'ouïgoure  qu'on  avait  accommodé  à  la  transcrip- 
tion de  l'idiome  turc?  C'est  une  réaction,  un  retour  à  une  forme 
étrangère,  qui  pouvait  être  la  conséquence  de  la  conversion 
au  nestorianisme  d'une  couche  sociale,  liée  avec  les  nestoriens 
par  le  commerce.  La  paléographie  et  la  langue  prouvent  que 
ce  milieu  était  influencé  par  la  culture  syriaque.  Les  pierres 
tombales  avec  leur  mélange  de  syriaque  et  de  turc  ont  cette 
grande  valeur  historique  d'être  datées.  Le  fragment  de  Hara- 
Hoto  du  même  type  syro-turc  est  le  débris  d'un  livre  manus- 
crit. Le  grand  nombre  de  mots  syriaques  ne  laisse  aucun  doute 
que  ce  livre  soit  une  traduction  du  syriaque. 

sUicke  in  sogdischer  Sprache,  clans  les  Sitzungsberichle  der  Preuss.  ikademie, 
1937,  |'.  260-270.  Texte?  sogdes  écrits  en  lettres  syriaques. 

(1)  I.e  Coq,  Ein  chrislUches  uni  ein  manichâisches  Manuscriplfragmenl  in 
tiirkischer  Sprache  aus  Tourfan,  dans  les  Sitzungsberichle  der  Preuss.  Akademie, 
1009,  I'..  XXXIII,  p.   121M218.  Texte  chrétien  écrit  avec  clés  lettres  ouïgoures. 


[26] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURI  S.  29 

Le  recto  du  fragment. 

Le  recto  du  troisième  fragment  est  écrit  avec  une  écriture 

différente  de  celle  du  verso.  Cette  main  écrivait  avec  beaucoup 
de  vitesse,  mais  avec  peu  de  soin;  cependant  le  texte  se  lit  avec 
facilité.  Une  semblable  cursive  —  fine,  négligée,  rapide,  pas 
du  tout  calligraphiée,  n'est  pas  usuelle  pour  la  copie  des  livres. 
Elle  n'a  pas  les  traits  caractéristiques  de  l'écriture  nestorienne. 
Quelques  lettres  ont  une  ressemblance  avec  la  manière  d'écrire 
des  Jacobites  et  des  Melkites.  C'est  une  cursive  qui  n'a  pas  les 
traits  particuliers  des  écritures  syriaques  ecclésiastiques,  et 
elle  peut  être  appelée  une  cursive  «  profane  ».  La  cursive, 
comme  telle,  adoucissait  et  supprimait  cette  différence 
particulière. 
Le  texte  n'a  pas  de  ponctuation,  à  l'exception  d'un  seul  cas 

* 

à  la  sixième  ligne,  où  la  lettre  *^  a  deux  points.    Est-ce  un 

«  p'tàhà  »  ? 

Il  est  bien  digne  de  remarque  que  la  ponctuation  est  peu  ré- 
pandue dans  ces  manuscrits  syriaques  de  l'Extrême  Orient. 

Le  fragment  contient    douze  lignes,  auxquelles  il  manque 

le  commencement.  La  première  ligne  est  peu  lisibe,  et  elle  est 
turque;  quant  à  ce  qui  suit,  c'est  du  pur  syriaque.  Le  mot  ^.1^. 
contient  la  lettre  X  avec  une  ligne  supplémentaire,  à  savoir 
2£.  comme  elle  est  écrite  dans  les  textes  turcs  pour  rendre  «  k  ». 
On  peut  supposer  que  le  scribe,  en  écrivant  ^.IX.  s'est  trompé, 
el  a  fait  une  ligne  de  plus,  par  suite  de  l'habitude  qu'il  avait 
d'écrire  en  syro-turc.  Le  texte  gagne  en  sens  si  nous  lisons 
Ja   «  nous  tous  «.Dans  ce  cas,  il  est  fort  probable  que  le 

scribe,  accoutumé  au  «  k  »  syro-turc  transcrit  par  2C,  l'a  écrit 
par  erreur  à  la  place  du  «  kaf  »  syriaque.  La  présence  de  cette 
lettre  —  comme  aussi  les  mots  turcs  de  la  première  ligne 
qu'on  peut  déchiffrer,  quoiqu'elle  soit  peu  lisible  —  démontre 
que  le  syro-turc  était  connu  de  celui  qui  écrivait  le  texte 
syriaque. 

Le  texte  est  fragmentaire,  mais  son  sens  est  clair.  Il  s'agit 

27 


30  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN 

de  la  passion  du  Christ,  qui  avait  son  prototype  en  Jonas  dans 
le  ventre  de  la  baleine  et  en  Daniel  dans  la  fosse  aux  lions.  La 
comparaison  est  bien  connue,  car  on  la  trouve  dès  l'origine  du 
christianisme  dans  les  prières,  les  commentaires,  les  textes, 
les  peintures. 

Texte  du  troisième  fragment  de  Hara-Hoto.  Verso. 

...u5  .L..A  r£â  uci&  rd*  ^...Irsf   1 

...«9   ^oa  «^-îjjrslu-kXln  a.ojo  u.>iL  .2 

....rtllx*  rdS  rsfuar^  oâ  rdin-iail  .:; 

oaxl^iar^  r^Scv^  ^ijjcv..  .5 

....>.Ti*73  \i...2k   cu1a3  -XilL rf  .6 

....L...  «^jjj.*uc\r£?  a.^  ^kL  rdw..x>i  .8 

oûu>3  r^r^na.xi  j.jja*  .9 

....9  jc....^,r^....  .10 

rtlap .il 

....rdjjj .12 

•••^«V 13 

Texte  du  troisième  fragment  de  Ilara-Hoto.  Recto. 

nrdfrî  r^nci  %c\nc\Aalr...rdl   ^ci*  .1 
v£ixiz?n  *xu  rdijj  ...!73  a..a...  .2 

•HuAla  r^èu>3  ...  u.3 3 

Jjfdjr^^a  r^icu  cv^  ^zs  ^ î 

r^icu  n  rdj  ..£»  ..t*T  ....  r^...  oj 5 

[28] 


FHAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  :il 

.r^j^.l3..^"\a  v^lx  cnjûoà-i  ^n  ..  dx  ...  .6 
rcf^cva-ia  T^-\x>jJa  A2nx>3..!....    : 

r^JJoi^  J-^3  ...jacvSJ s 

rSj^rsflln  %a^   9 

...«UCtt .lo 

....cri .11 

...  è\ ..  ,3 .12 

Traduction  du  troisième  fragment  de  Ha'ra-Hoto.  Recto. 

1. 

2 le  Christ  souffrit. 

3 une  partie  et  Lazare 

1 de  l'intérieur  du  poisson  et  Daniel 

5 le  feu 

6 de  son  ventre  nous  tous.  La  fdle 

7 pour  entendre  et  pour  libérer  dans  la  grandeur 

8 la  puissance car  le  Christ.  . . . 

9 l'ange 

10 

11 

12 

II.   FRAGMENT  DE  TOURFAN 

Ce  feuillet  sur  papier  a  été  trouvé  par  M.  Krotkoff  en  l'.il  1 
dans  le  village  d'Astana  de  Tourfan.  Le  village  est  situé  près 
des  ruines  de  l'ancienne  ville  d'Idykut-Schari,  qui  a  fourni 
à  la  science  une  quantité  de  livres  et  de  fragments  de  grande 
valeur  au  point  de  vue  du  lexique  et  de  l'histoire.  L'enveloppe, 
qui  contient  ce  fragment,  porte  la  suscription  «  De  la  collection 
de  Krotkoff,  iv.  1911.  à)  Syr.  »  De  la  main  de  feu  M.  Rosen- 
berg,  il  a  été  ajouté  «  Du  carton  Manichâica  (fragm.  Krotkow  . 
Trouvé  à  A-tana  (Tourfan  1    ■. 

[29 


32  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Description. 

Le  fragment  mesure  19,2  x  14,5  centimètres;  le  verso  occupe 
1 5, 5  x  1 1  centimètres  et  le  recto  est  écrit  sans  marge.  Le  papier, 
de  couleur  jaunâtre,  de  nuance  de  sable,  est  d'origine  orientale, 
il  ne  présente  ni  vergeures  ni  pontuseaux.  L'encre  est  noire, 
d'une  nuance  foncée,  et  le  vermillon,  qu'on  trouve  au  recto, 
d'un  rouge  vif.  L'encre  du  recto  est  noire,  d'une  nuance  grise. 
A  la  fin  de  la  page  il  y  a  un  trou. 

Les  écritures  du  recto  et  du  verso  sont  différentes.  Le  feuillet 
provient  d'un  manuscrit,  dans  lequel  il  commençait  au  verso 
une  partie  nouvelle  du  livre.  Le  recto,  resté  blanc,  a  été  utilisé 
ensuite  pour  une  écriture  postérieure,  peu  soignée. 

1.  Le  verso  comprend  dix-neuf  lignes,  soigneusement  écrites 
au  point  de  vue  calligraphique.  Les  caractères  sont  tracés  avec 
un  pinceau,  et  tous  ont  des  traits  fins  au  bout  des  lettres.  Pour 
«3,  «3,  J3,  «j,  le  scribe  les  traçait  en  deux  fois  et  la  ligne 
verticale  dépasse  la  ligne  horizontale,  en  formant  de  fines 
inégalités. 

vC  est  écrit  de  deux  manières,  l'ancienne  forme  onciale 
avec  une  ligne  horizontale  allongée,  et  la  forme  cursive  avec 
une  ligne  verticale  plus  épaissi'  en  haut  et  plus  fine  en  bas. 

»\  est  incliné,  tout  en  se  rapprochant  de  la  direction  verti- 
cale, ainsi  que  le  trait  des  lettres  u,  o_. 

09  est,  dressé  sur  sa  boucle  droite,  la  boucle  gauche  étant  au- 
dessus  de  la  précédente.  C'est  par  une  ligne  qui  passe  entre  les 
deux  boucles  que  00  est  lié  avec  la  lettre  suivante.  Cette  forme 
est  caractéristique  en  faveur  de  la  manière  d'écrire  du  scribe 
qui  écrivait  le  texte  dans  la  direction  verticale. 

Des  points  marquent  les  lettres  "\  et  T\  ;  les  «  s'iàmè  » 
indiquent  le  pluriel.  La  vocalisation  fort  rare  appartient  au 
système  nestorien  ;  on  trouve  le  «  p'tàhà  »,  le  «  z'kàpà  », 
le  «  r'vàsà  ». 

L'écriture  est  du  même  type  que  les  autres  manuscrits  de 
Tourfan,  écrits  avec  l'alphabet  syriaque  comme  les  fragments 

30 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  33 

syro-sogdes,  publiés  par  MM.  Sacliau  et  Miiller(l).  C'est  un 
type  particulier  d'écriture  nestorienne  à  laquelle  on  peut 
donner  le  nom  d'écriture  «  tourfano-nestorienne  ».  Le  titre  et 
les  rubriques  sont  écrits  en  vermillon. 

Le  texte  représente  une  feuille  de  l'office  des  martyrs  du 
premier  dimanche,  comme  l'annonce  le  titre  : 

Les  vers  des  quatre  strophes  contiennent  des  louanges  en 
l'honneur  de  la  Croix,  Ces  vers  se  trouvent  dans  la  collection 
nestorienne  dite  le  «  Gaza  »  ou  «  Trésor  des  chants  des  jours 
de  fête  de  toute  l'année  ». 

L'Institut  des  Études  Orientales  de  l'Académie  des  Sciences 
de  l'URSS  possède  un  manuscrit  écrit  en  1659  dans  la  ville 
d'Alqos,  qui  contient  ce  «  trésor  ».  L'office  en  l'honneur  de  la 
Croix  y  est  intitulé  au  fol.  163* ,  col.  II  : 

Les  vers  du  fragment  de  Tourfan  s'y  retrouvent,  mais 
dans  un  autre  ordre.  En  numérotant  les  chants  du  fragment, 
on  trouve  dans  le  «  trésor  »  au  fol.  103b  col.  I  les  chants  n°  1  et 
n°5  et  col.  II  les  chants  n°  2  et  n"6,  n"  7  et  n°  3.  Il  manque  le 
chant  n°4.  Le  texte  des  vers  est  identique  dans  le  fragment 
et  dans  le  «  gaza  ».  Des  fragments  de  «  IJudra  »  ont  été  trouvés 
par  M.  Sachau  parmi  les  manuscrits  du  Turkestan  (2),  ce  qui 
montre  que  les  livres  nestoriens  y  étaient  répandus. 

Le  recto  contient  vingt-cinq  lignes  horizontales  et  deux  lignes 
verticales  écrites  dans  la  marge  droite  de  la  page.  L'écriture, 
qui  est  une  écriture  cursive,  rapide,  peu  soignée,  difficile  à 
lire,  ne  présente  pas    un  caractère  nestorien    prononcé.  Les 

(1)  Sachau.  titeratur-Bruchstucke  aus  Chinesisch  Turkestan,  dans  les  Sitzungs- 
herkhle,  Berlin..  1905,  p.  964-978.  Millier.  Neuleslamentliche  Bruchsliicke  in 
togdischer  Sprache,  p.  266  267,  Tafel  1.  -'.  dans  I  s  Sitzungsberichte  der  Preuss. 
Akademie,  Februar  1907. 

(2)  Sachau,  Silzungsberichte  der  Preuss.  Académie  der  Wissenschaften.  1905: 
p.  9o4-9i8.  Baumstark,  Oriens  Christianus,  11.  p.  o29. 

[31] 

ORIENT   CHRÉTIEN.  3 


34  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

rares  signes  de  ponctuation  appartiennent  au  système  nestorien. 

Les  lignes  verticales  ont  été  écrites  par  le  scribe  dans  la 
marge,  parce  qu'il  n'y  avait  plus  de  place.  Il  les  a  marquées 
par  les  nombres  T^  =  1  et  3  —  2  ;  la  première  est  la  ligne 
placée  adroite,  et  la  seconde  la  ligne  placée  à  gauche,  car  il 
s'était  trompé  en  les  écrivant.  La  disposition  usuelle  est  celle 
des  fragments  de  Haro-Hoto,  dont  le  texte  vertical  se  lit  de 
gauche  à  droite. 

Cette  page  C'>ntLntdes  vers  répartis  en  groupes  et  les  let- 
tres qui  commencent  les  groupes  reproduisent  l'alphabet.  Il 
y  a  beaucoup  de  poésies  de  ce  genre  dans  les  livres  ecclésias- 
tiques syriaques;  c'est  une  forme  qui  a  été  employée  par  Giwar- 
gis  Warda  avec  beaucoup  de  succès.  Le  fragment  commence 
au  milieu  du  quatrième  groupe  et  se  termine  par  les  premiers 
mots  du  dernier  groupe  qui  débute  par  la  lettre  o>,  La  poésie 
raconte  la  passion  du  Christ,  la  prédication  de  la  religion  chré- 
tienne par  les  Apôtres,  la  fondation  de  l'Église. 

Texte  du  fragment  de  Tourfan.  Verso. 

rdnxaow^  t^^coûj^  vftn^\,  ,_iA3<ka,  aaè\  .1 
t/\Ainr^  v^DoAo  Ircfcolrsf  v\lînv£  Ittli^aTVP  .2 

>Ha  cr\p.*2oc\  rdvHrda  v^linrsf  oyixî^ci  .3 
(1)  diua  rdâojN-n  r^ci^;!  &amrsfc\  tS^iLjmlI 

(1)    Gaza  (Manuscrit  de  l'Inst.  Orient.)  j"XJJO    j>CnCV3CVJ  kj>7l  . 

[32] 


.  I 


.8 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  35 

rcfl*\n  cnèùLs<j  ^73  ^.oâ&rsf  j-\!73  *a-w^  .9 
rd!i-cv3>3   «façon  rfStio    trdxcvnln   AL>j  .10 

rsliLûal  jcnoniiu  VyLjj  rcf&cu^nl  n^xjj  .11 

rdrul^  :rdL.-i!73  ,»cui  .yOilaja  ^2n.i.  «riTji^n  .12 

r^njjnn  al^&r^a  r£*>\m  ..ujàir^  .13 

r^liT,    r  m  i.^-.l   ''"^o-tom    a  en    rsfixHrdi  .14 

CO>3JQ0   all.Cl 

r^ncocv_ï:\  i^iJu  Ir^icncu  ojjt\  .rdLt>\Tn  .15 

rdLjj  arw  t/yrsf  rdk>xx3  oocni^^mcual  .16 

rdri-\jx=i  cniiAx^a  jctti  rsfacn  J\r£f  .17 

a^jj^rcTn   Ô^_  vy=uAo  ;rs±73acn&  ^âr^  .18 

r" 

jcaajiai\  cuinB  r£l9cvj3\:i  [yqjcn&oTi-i  .19 

Texte  du  fragment  de  Tourfan.  Recto. 

.r^èwuyiVaq  rcféuii  T^èvl^iA  coi  ^>\*>x3l.t\(1) 
rd!ài  cuen  r£Wx*  cucnci  (2)  r^nencu  cuen  .en 

.rdlisa  (3)  rsfévlial  %^n^r£scicn  car»  ^iOr\ 
can   rOainA.    ^ocnJcvAn    ^cvvném   rdlc\   .a 
^Tca^u  %oco:!a:\  cuncirsfa  cuS>Xicn   n  ^-ijaàBiOa 

[33] 


36  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

rcfèvl^a  .^.cnu  rsfxnr  «âlu*  ^s^<\^  (5)  rd^ani  »i 

.èniknl  (0)  Jcnci.!73,\j3  conja  r^évxnrcf  ifllu 
.»or3c\àv.rsf  rdinjjHa  nfujj  rdacvLa  rsllu  .oj 

r^ivJL^xJ    rdiiia    rdoil    r^'rnjto    (7)  call2n>3 

♦ 

.  cnJ.j3  jcnaauTi 
Tj^na  ca.3  ^a-ca^a-n  rdl»rdi  (8)  jcncoaJL  ..L, 

,caàicil^fiaia 
.rsf&rsf  n^alaJ  (îoir^aalr^t  rsf-ira  rd*x»jA*  ..» 

.(il)  TSfèUaàvra 

•pojaa    rd-kuo    év^73a    r^*\x.   r^icv^nîa   xjiSr^ 

.vjaloo  rslkiaxla 
•paajja  jcna-xi^rilii  Jx  nax.    12)  r£jjcrd  ♦  J 
.«cur^  nax*  (13)  aàn.aainl  ^joS  .xrinrslla  ^c^r^ 
rtlJLu  ^fl-lcua  rcTx»^tAci   rsfncvni  v\^p   .^o 

^aaa^xx  ^."H&a  ,^nr,  (I5)avi»^al  cijiSj  ,^i 
rdiaSixl   (16)  axi9rsf   r^ci^L    ^3^    "lûaiAii 

,-Hfyinn  cvsJcraa 
■  t\l  (17)  r^è\aixïni\a  rcf&a&re?  otajûo   ,qo 
%aaal_^    vf  *\  \J5n   cuT\c\r£fc\    a-i^ajoo    .rdL* 

rd&lln   r^àujTvin   rdlncnn   cv^l  (18)  alx  .a. 


[34] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES    ET  SYRO-TURCS.  :!7 

CLà.nia  %cv>um^  (19)  cuiSjba  oocdaiîa  tocruLa 

,(20)  oocv^ûo-  ^^aAcu  cncv^a 

.  rsf ^aô^taS-n  r£f£djj:\  (21)  cnjia.  àursMnj^ 
^in  (22)r^xi*ia^  rsT:vi'o  aaca  rdsaj  r^^o  .0 

t^IaaLjxLi   ^ocn&cnca 

*?ax    éurdjWajj   (23)  r^iev^rda    cvinja   [t%jy] 
24)  a  t  "mo    rsf....a :vxrsfa    r^nr^n 

«am^x*..ài.  ...3  ....  ^jj  rC*»ry>«\  rdijo-i   .n 

Les  lignes  verticales. 

.  ^oeoucv^rda  cuvxlTil  cuûi^ajj  ocnsa  .r^(2) 

rdxjrcH  cucuj  rsf^'n^  rsHxniL  .cl. 

cu-ln-iOD'n    y  1  \  ,r£    ^ocni\a>aT_a-_3    ,a  (l) 

.%^ocn^...rdl  ^acnèv3ji^.na 

Traduction  du  fragment  de  Tourfan.  Verso. 

Nous  écrivons  ensuite  l'office  des  martyrs  du  premier 
dimanche. 

Dieu  a  régné.  Ta  croix  a  régné  dans  les  cieux,  ta  croix  :i 
régné  sur  la  terre,  ta  croix  a  couronné  les  martyrs,  qui  ont 
confessé  ta  croix.  Dieu  est  assis.  La  croix  a  vaincu,  la  croix  a 
relâché,  la  croix  a  condamné  Satan,  a  rempli  de  confusion  les 
troupes  de  ceux  qui  l'ont  crucifié  et  a  fortifié  les  foules  de 
ses  adorateurs.  //  a  gardé  mon  âme  de...  Par  ta  croix  tous 
nous  avons  bu,  par  ta  croix  tout  a  été  renouvelé,  par  ta  croix, 
Seigneur,  nous  avons  été  délivrés   des  artifices  de  la   ruse. 

[35] 


38  REVUE  DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

A  cause  de  la  source.  Croix,  qui  est  devenue  une  source  et  a 
dispensé  la  vie  aux  mortels,  ta  force  condamnera  Satan  qui 
combat  avec  nous  toujours.  Le  Seigneur  a  montré.  La  croix 
qui  est" apparue  dans  les  cieux  et  s'est  révélée  miséricordieuse- 
ment  aux  habitants  de  la  terre,  c'est  elle  qui  a  relevé  notre  race 
méprisée,  l'a  élevée  et  placée  dans  les  cieux.  La  lumière  s'est 
levée.  La  croix  de  lumière,  qui  s'est  montrée  à  Constantin  dans 
les  cieux,  marchait  comme  un  général  à  la  tête  de  ses  troupes 
dans  le  combat.  Et  fie  l'abîme.  Quant  à  ta  croix,  Notre-Seigneur, 
qui  a  été  cachée  par  la  méchanceté  de  ceux  qui  t'ont  crucifié, 
ses  rayons  se  sont  envolés. . . . 

Traduction  du  fragment  de  Tourfan.  Recto. 

qui  entendent  la  parole  vivante  et  vivifiante. 

5.  11  est  la  lumière,  il  est  la  vérité,  il  est  la  vie,  par  qui 
l'intelligence  est  instruite  ;  il  juge  les  morts  et  les  vivants. 

6.  Il  faut  que  vous  sachiez  que  tous  les  peuples  sont  sauvés 
en  lui,  ils  ont  cru  et  ils  ont  confessé  que  tous  les  péchés  sont 
pardonnes  en  lui. 

7.  Le  semeur  est  sorti  pour  semer  la  parole  à  la  place  de  la 
semence;  à  la  place  des  terres,  ce  sont  les  cœurs  qui  se  sont 
approchés  devant  lui. 

8.  La  vie  et  le  bonheur,  la  miséricorde  et  l'amour,  c'est  son 
langage;  l'espérance  pour  les  vivants  et  la  vie  pour  les  morts, 
c'est  sa  voix. 

9.  Bienheureux  est  celui  qui  croit  en  lui  et  confirme  sa 
parole;  s'il  est  mort,  il  vivra  et,  s'il  est  vivant,  il  ne  mourra 
pas  dans  sa  faute. 

10.  Le  Fils  unique  de  Dieu  est  venu  dans  le  monde  ;  au-dessus 
de  la  nature,  en  dehors  de  l'usage,  il  s'est  levé  de  la  Vierge. 

11.  Il  a  guéri  les  malades,  il  a  fait  revivre  les  morts,  il  a  fait 
sortir  les  démons,  il  a  brisé  la  mort;  il  est  mort,  il  a  vécu,  il 
est  ressuscité  et  il  est  monté  aux  cieux. 

12.  Il  a  envoyé  l'Esprit  sur  ses  disciples  et  il  les  a  rendus 
sages,  et  il  les  a  envoyés  prêcher  l'Évangile  aux  quatre  coins 
(du  monde). 

13.  Il  a  assaisonné  les  ignorants  et  les  pécheurs  avec  une 

[36] 


FRAGMENTS  SYRIAQUES    ET   SYRO-TURCS.  39 

doctrine  de  vie;  ils  ont  vaincu  par  (leurs)  paroles  les  philo- 
sophes de  la  Grèce. 

1 1.  Les  soixante-douze  sont  sortis  pour  prêcher,  (et)  avec 
eux  les  douze;  ils  ont  ramené  les  nations  de  l'erreur  et  ils  ont 
marché  selon  la  chair. 

15.  Ils  ont  l'ait  des  prodiges  et  des  miracles  devant  les  ju*?es  ; 
tous  les  rois  et  tous  les  gouverneurs  ont  cru  et  ont  confessé. 

lii.  Pierre  et  Paul  sont  entrés  dans  Rome,  la  ville  impériale; 
ils  oui  réfuté  Simon,  et  ils  ont  semé  au-dedans  d'elle  la 
doctrine  du  Juste. 

17.  Ils  ont  partagé  les  nations  et  les  villes  en  vue  de  la  pré- 
dication;  vaillamment  ils  ont  déraciné  les  religions  de 
l'idolâtrie. 

18.  Les  pécheurs  de  poissons  sont  devenus  des  pêcheurs 
d'hommes;  à  partir  de  leur  ignorance  (ils  sont  devenus)  des 
dialecticiens... 

19.  Ils  se  sont  dressés  fortement  dans  le  combat  avec  l'ad- 
versaire       ils   ont    enfermé    à    l'intérieur    de.... 

20.  Grand  est  le  secret 

Les  lignes  verticales. 

C'est  en  celui-là  qu'ils  se  sont  confiés  pour  être  forts  dans 
leurs  combats. 

21.  Ils  ont  montré  des  sentiers  droits  aux  hommes  par  leur 
prédication;  ceux  qui  ont  cru  et...  sur  leurs  traces  ne  ...  pas... 

•2-2.  Ils  ont  enseigné  l'univers... 

III.    REMARQUES   ET   CONCLUSIONS   PALÉOGRAPHIQUES 

Le  caractère  de  la  paléographie  syriaque  de  l'Asie  Centrale 
et  de  l'Extrême  Orient  est  intéressant  pour  l'histoire  île  la 
paléographie  syriaque  en  général  et  de  la  paléographie  de  ces 
régions  en  particulier.  L'influence  de  la  culture  littéraire  syriaque 
sur  les  peuples  turcs  et  iraniens  a  été  considérable,  et  elle 
s'est  exercée  à  plusieurs  reprises  au  cours  des  siècles. 

La  dépendance  de  l'écriture  ouïgoure  de  l'alphabet  syriaque 
est  prouvée  depuis  longtemps.  Mais  elle  n'est  pas  directe,  et 
a  eu  pour  intermédiaire  l'écriture  sogde.  Lorsque  Lenormant 

[37] 


10  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRETIEN. 

écrivait  son  «  Essai  sur  la  propagation  de  l'alphabet  phénicien  », 
aucun  échantillon  de  l'écriture  sogde  n'était  connu.  Cependant 
la  parenté  des  «  alphabets  tartares  »  et  de  l'alphabet  syriaque 
était  évidente  pour  le  célèbre  savant.  Il  avait  affirmé  l'emprunt 
de  l'écriture  semiminuscule  des  Syriens  parles  Ouïgoures(l). 
M.  Mùller  en  1891,  à  propos  de  l'alphabet  ouïgoure,  avait  conclu 
que  l'aspect  de  l'écriture  syro-nestorienne,  qui  lui  avait  servi 
de  prototype,  n'était  pas  encore  retrouvé  (2).  Les  fouilles,  qu'on 
a  eu  la  chance  de  faire  à  Tourfan,  ont  fourni  une  grande 
quantité  de  manuscrits  sogdes  et  turcs.  L'ancienne  écriture 
sogde  et  ouïgoure  est  semblable  au  syriaque.  M.  Millier  avait 
donné  à  ces  manuscrits  manichéens  le  nom  de  «  Handschriften- 
Ueste  in  Estrangelo-Schrift  ausTurfan  »  (3).  M.  Kokowzoff  avait 
proposé  de  modifier  ce  litre  en  corrigeant  les  mots  «  Estran- 
gelo-Schrift  »  en  «  Aramaische  Schrift  »  (4).  Ses  motifs  sont 
suivants.  Les  Sogdiens  ont  emprunté  leur  alphabet  aux  Syriens 
manichéens,  lesquels  se  servaient  de  l'écriture  araméenne  du 
Nord,  qu'on  peut  appeler  la  cursive  palmyrénienne  (5).  La 
lettre  «  sin  »  en  donne  la  preuve,  car  elle  a  la  forme  de  l'oméga 
grec,  comme  dans  le  paltnyrénien,  etc.  Ce  point  de  vue  avait 
été  soutenu  par  M.  Gauthiot,  qui  affirmait  la  dépendance  de 
l'alphabet  ouïgoure  du  sogde.  Il  constate  que  chaque  fois  que  le 
sogde  et  l'ouïgoure  diffèrent  l'un  de  l'autre,  c'est  le  sogde  qui 
suit  l'estrangélo  syriaque  et  la  cursive  palmyrénienne  des 
«  graffiti  »  (6).  Les  deux  types  de  l'écriture  sogdienne  provien- 
nent du  syriaque.  Le  type  postérieur  s'est  modifié  pour  devenir 
une  cursive  liée.  On  écrivait  les  mots  sans  détacher  la  main, 
«  d'un  seul  trait  de  calame  ».  M.  Gauthiot  montre  la  difficulté 
de  distinguer  le  type  d'écriture  sogdienne  de  celui   de  l'ouï- 

(1)  Lenormant,  Fssai  sur  la  propagation  de  l'alphabet  phénicien,  1872,  t.  11, 
chap.  vu.  Les  alphabets  tartares,   p.  55,  ~>~ . 

(2)  Muller,  Zur  Fraye  iiber  den  Ursprung  der  uigurisch-mongolisch-mandzuri- 
schen  Schrift  (Wiener  Zeilschrifl  fur  die  Kunde  des  Morgenlands,  1891,  Bancl 
V,  v.  184). 

(3j  Millier,  Handschriflen-Reste  (Sitzungsberichte  der  Preuss.  Akademie,  l'.KH). 
(  1)  Kukuuznff,  Sur  l'èpigraphie  syro-turque  île  Semiretchie,  dans  le  Bulletin  de 
l'Académie  des  Sciences,  St-Pétersbourg,  1909,  p.  779-781. 

(5)  Knting,  Table  de  paléographie  sémitique,  dan-,  les  Mémoires  de  l'Académie 
des  Sciences,  Si  Pétersbourg,  1890,  VIIe  série,  t.  37,  X°  8. 

(6)  Gauthiot,  De  l'alphabet  sogdien,  dans  le  Journal  asiaslique,  1913,  t.  XVII, 
D.  81  et  suiv. 

[38] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET  SYKO-TURCS.  Il 

goure,  car  un  type  se  développait  successivement  de  l'autre  1 1  ■ 

Les  manuscrits  anciens  des  Sogdes  se  lisent  dans  la  direction 
horizontale.  Les  Ouïgoures  lisent  et.  écrivent  dans  la  direction 
verticale.  Néanmoins  il  existe  des  manuscrits  ouïgoures  anciens 
qui  se  lisent  dans  la  direction  horizontale.  C'est  encore 
M.  Lenormant  qui  a  porté  son  attention  sur  un  manuscrit  ouï- 
goure  de  ce  type  appartenant  à  la  Bibliothèque  Nationale  (2). 

Feu  M.  Bartolj,  de  l'Académie  de  l'URSS,  soutenant  la 
thèse  de  Gauthiot  sur  la  dépendance  de  l'alphabet  ouïgoure  du 
sogde,  a  l'ait  état  aussi  du  témoignage  de  Suan-Zsan  (en  630), 
que  déjà  au  pays  deSu-li  on  lisait  et  on  écrivait  dans  la  direction 
verticale  (3),  de  haut  en  bas,  comme  ce  fut  ensuite  la  manière 
des  Ouïgoures  et  des  Mongols. 

L'écriture  ouïgoure  est  l'écriture  d'un  dialecte  iranien, 
qui  fut  adoptée  pour  écrire  une  langue  turque.  L'emprunt  de 
l'alphabet  sogde  par  les  Turcs  ouïgoures  s'explique  par  les  rela- 
tions mutuelles.  Au  xie  siècle,  comme  l'affirme  Mahmud  de 
Kachgar,  les  Sogdes  de  Semiretchie  parlaient  aussi  bien  le 
sogde  que  le  turc)  1). 

C'est  encore  M.  Lenormant  qui  a  rassemblé  les  témoignages 
des  écrivains  sur  la  manière  d'écrire  des  Syriens  (5).  Comme  le 
dit  Theseus  Ambrosius  (en  1539),  quoique  les  Syriens  lisent  le 
texte  de  droite  à  gauche,  ils  l'écrivent  dans  la  direction  verti- 
cale «  e  eoelo  ad  stoinachum  ».  Il  a  vu  un  manuscrit  du  prophète 
Isaïe  qu'il  affirme  avoir  été  écrit  de  cette  manière.  Les  auteurs 
postérieurs  confirment  la  même  observation,  par  exemple 
Thevet,  Iletzel,  etc. 

La  disposition  des  voyelles  grecques  dans  le  système  de  voca- 
lisation des  Syriens  occidentaux  dans  les  manuscrits  jacobites 
prouve  le  même  fait.  Dans  les  marges  des  manuscrits  syriaques, 
il  se  trouve  des  mots  grecs  écrits  dans  une  direction  qui  ne 
s'explique  que  par  ce  fait  que  le  scribe  tenait  son  manuscrit  de 

(1)  Gauthiot,  ■  Essai  de  Grammaire  Sogdienne,  Paris,  1914-1923,  p.  3.    1. 
(i)  Lenormant,  Essai,  t.  11,  55.  Rémusat,  Recherches  sur  les  langues  tarlares, 
p.  61. 

(3)  Barthold,  Sur  la  qu  slion  des  langu  s  sogde  et  tohare.  Iran,  1926,  Leningrad 
1.  1.  p.  :i7  (  russe). 

(4)  barthold.  Ibidem,  p.  33. 

(0)  Lenormant,  Essai,  t.  II.  p.  50-56. 

39 


I  2  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

travers  en  écrivant.  Sans  cloute  le  texte  syriaque  du  monument 
de  Sinçafu  est  é'.rit  dans  la  direction  verticale,  mais  il  n'y  a 
pas  là  une  preuve  décisive,  parce  que  cette  direction  pouvait 
être  imposée  parla  direction  de  l'inscription  chinoise. 

La  découverte  de  pierres  tombales  en  Asie  Centrale,  posté- 
rieure aux  recherches  de  Lenormant,  a  fourni  des  preuves  sup- 
plémentaires. Ces  monuments  épigraphiques  syro-nestoriens  et 
syro-turcs,  publiés  par  M VI.  Chwolson  et  Kokowzoff  se  rappor- 
tent aux  xme-xive  siècles.  La  plus  grande  partie  des  inscriptions 
sont  écrites,  autour  des  croix,  dans  les  deux  directions  horizon- 
tale et  verticale,  et  pour  les  autres  les  lignes  n'ont  qu'une  seule 
direction,  ou  horizontale  ou  verticale.  M.  Sluzky  a  classé  les 
inscriptions  de  ces  pierres  d'après  le  caractère  de  la  disposition 
des  lignes  (1).  La  plus  grande  partie  des  inscriptions  sont  celles 
qui  sont  écrites  dans  les  deux  directions  et  dont  les  lignes  verti- 
cales sont  en  plus  grand  nombre  que  les  lignes  horizontales. 
Les  inscriptions  dont  les  lignes  n'ont  que  la  seule  direction 
verticale  dépassent. en  quantité  celles  qui  n'ont  que  l'unique 
direction  horizontale.  Cette  tendance  des  inscriptions  à 
présenter  la  direction  verticale  est  en  relation  avec  la  recherche 
de  la  symétrie.  Le  plus  souvent  l'inscription  commence  par 
deux  lignes  horizontales  et  est  disposée  ensuite  dans  la  direction 
verticale  des  deux  côtés  de  la  croix.  De  plus,  les  inscriptions 
sont  faites  sur  des  pierres  de  petites  dimensions  qui  laissent  à 
peine  l'espace  nécessaire  pour  graver  la  croix  et  l'inscription. 
Les  pierres  tombales  fournissent  ainsi  une  nouvelle  preuve  à 
l'hypothèse  que  les  Syriens  écrivaient  dans  la  direction  verti- 
cale ;  mais  cette  preuve  n'est  pas  décisive,  car  le  système 
d'écrire  des  monuments  épigraphiques  a  des  règles  propres, 
qui  ne  ressemblent  pas  à  celles  des  manuscrits. 

Ce  qui  atteste  péremptoirementque  les  Syriens  ont  écrit  dans 
la  direction  verticale  etqu'ils  ont  lu  dans  la  même  direction,  ce 
sont  les  fragments  de  Hara-Hoto.  Jusqu'à  présent  on  ne  dispo- 
sait d'aucun  manuscrit  écrit  de  cette  manière,  qui  fournit  la 
preuve  absolue  que  le  Syrien  écrivait  toujours  verticalement  et 
qu'il  pouvait  lire  dans  la  direction  verticale  aussi  bien  que  dans 

(1)  Sluzky,  Les  inscriptions  nestoriennes  de  Semirelchie,  p.  3-8.  Antiquités  orien- 
tales, t.  I,  Moscou,  18811  (russe). 

[40] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    ET    SYRO-TURCS.  13 

la  direction  horizontale.  Ce  fait  montre  de  façon  définitive  la 
dépendance  des  Ouïgoures  par  rapport  au  syriaque  non  seule- 
ment pour  l'écriture,  mais  encore  pour  la  manière  de  disposer  le 
texte.  Les  feuillets  de  Hara-Hoto  avec  le  texte  vertical  donnent 
la  certitude  qu'en  Extrême  Orient  le  Syrien  écrivait  et  lisait 
verticalement.  C'est  à  cette  manière  que  Iesogde  était  resté  Adèle, 
et  c'est  cette  manière  qui  était  suivie  par  les  Ouïgoures  et  les 
Mongols.  Les  Syriens  occidentaux  de  l'Asie  antérieure  —  de  la 
Syrie  et  de  la  Mésopotamie  — écrivaient  dans  la  direction  verti- 
cale et  ensuite  tournaient  le  texte  pour  le  lire  horizontalement. 
Le  Syrien  de  l'Extrême  Orient  écrivait  verticalement  et  usait 
de  sou  pouvoir  de  lire  dans  la  même  direction  sans  tourner  le 
papier.  Il  disposait  ses  textes  dans  la  direction  horizontale  ainsi 
que  dans  la  direction  verticale,  comme  dans  le  cas  des  inscrip- 
tions des  pierres  tombales  et  du  livre  de  Hara-Hoto. 

Les  anciens  manuscrits  sogdes  ont  tous  les  traits  de  l'est  ran- 
gelo,  récriture  onciale  des  Syriens,  ainsi  que  d'autres  qui 
présentent  une  ressemblance  avec  la  cursive  palmyrénienne. 
C'est  un  argument  pour  affirmer  la  pénétration  des  Syriens  en 
Asie  Centrale  à  une  époque  lointaine.  Le  développement  suc- 
cessif de  cette  écriture,  comme  l'a  prouvé  M.  Gauthiot,  est  sous 
l'influence  du  syriaque. 

Au  Moyen  Age,  l'écriture  syriaque  de  l'Asie  est  représentée 
par  les  types  de  l'écriture  cursive,  dite  nestorienne. 

Le  développement  précoce  de  la  cursive  syrienne  fut  précédé 
dans  l'araméen  par  la  transformation  de  l'écriture  sémitique 
onciale  de  Palmyre  en  une  forme  cursive  (1).  Habituelle-menton 
désigne  l'ancienne  écriture  syriaque  sous  le  nom  d'«  estrangélo  », 
qui  est  la  manière  onciale  avec  laquelle  on  écrivait  les  livres 
pour  l'usage  ecclésiastique,  en  gros  caractères.  Un  document 
syriaque  privé  de  l'an  213  A.  D.,  écrit  à  Édesse  et  envoyé  à 
Doura-Europus,  a  été  découvert  dans  cette  dernière  localité  en 
1933  (2).  L'écriture  de  ce  titre  de  possession  est  cursive,  on  la 
devine  vive  et  rapide.  Elle  a  tous  les  éléments  de  l'estrangélo, 

(1)  Lenormint,  Essai  sur  la  propag  lli  m  ""'■  Paris,  1875, 
t.  I.  p.  246-347,  pi.  XIII. 

(2)  Torrey,  A  syrïae  parchem-nl  from  Blessa  of  the  year  H3,  dans  la  Zeit 
schrift  fiir  Semitislik,  1935,  Baml  X,  p.  33-45. 

[41] 


11  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

mais  d'un  estrangélo  accommodé  à  la  nécessité  des  relations 
privées  —  lettres,  contrats,  titres  etc.,  qu'on  était  pressé 
d'écrire  et  pour  lesquels  la  manière  lente  et  soignée  de  l'onciale 
était  superflue.  Pour  ces  deux  types  d'écriture  onciale  et  cursive, 
on  a  conservé  jusqu'à  présent  la  même  dénomination  d'estran- 
gélo.  Le  faitest  qu'au  me  siècle  il  a  existé  une  cursive  «profane  », 
«  laïque  »,  qui  clans  la  suite  a  certainement  influencé  le  dévelop- 
pement de  l'écriture  syriaque.  Avant  le  xive  siècle,  il  est  bien 
difficile  de  tracer  une  délimitation  entre  «  l'estrangélo  »  et  le 
«  nestorien  ».  Les  termes  «  écriture  melkite  »,  «  écriture  jaco- 
bite  »,  «  écriture  nestorienne  »  ne  valent  que  pour  les  types 
accomplis.  Les  livres  pour  l'usage  ecclésiastique,  dans  le  sens 
précédemment  entendu,  présentent  ces  traits  cai  actéristiques  qui 
les  distinguent  nettement  par  leur  paléographie  confessionnelle. 

A  côté  de  ce  caractère  des  écritures  syriaques,  qui  dépendait 
de  la  confession  que  professait  le  scribe,  dès  les  temps  les  plus 
reculés  il  y  a  eu  une  cursive  profane.  C'était  une  écriture  pour 
les  lettres  et  les  documenls  privés,  qui  se  développait  continuel- 
lement durant  des  siècles,  adaptée  qu'elle  était  à  la  correspon- 
dance et  aux  actes.  Elle  représentait  la  manière  d'écrire  de  ceux 
dont  ce  n'était  pas  le  métier  de  copier.  La  cursive  est  fréquente 
dans  les  inscriptions  de  différents  siècles  et  de  diverses  origines, 
—  nestorienne  ou  jacobite  —  dans  lesquelles  des  propriétaires 
fortuits  revendiquent  la  possession  de  leurs  livres.  Le  carac- 
tère négligé  et  rapide  de  lacursive  adoucissait  les  traits  particu- 
liers de  l'écriture  confessionnelle. 

L'expansion  des  Syriens  nestoriens  dépassa  Semiretchie 
et  les  déserts  de  l'Asie  Centrale  pour  venir  s'abriter  sous  les 
murs  de  la  capitale  chinoise  Singafu.  Ils  étaient  devenus  une 
force  considérable  à  l'époque  de  la  dynastie  mongole,  lorsque 
Péking  fut  surnommé  Chan-Balik.  Les  intérêts  commerciaux 
occupaient  la  première  place  dans  les  relations  des  Syriens 
avec  les  Iraniens,  Turcs,  Chinois,  Hindous.  Le  négoce  exigeait 
toute  une  chancellerie  —  des  assurances,  des  contrats,  des 
titres  de  possession,  toute  une  quantité  décomptes  et  de  cal- 
culs. C'est  ainsi  que  l'écriture  syriaque  cursive,  «  la  cursive 
profane  »,  jouissait  d'une  large  propagation  en  Asie.  L'écri- 
ture du  recto  du  troisième  fragment  de  Haro-Hoto  et  du  recto  du 

[-12] 


FRAGMENTS    SYRIAQJ   ES    ET    SYRO-TURCS.      '  15 

fragment  de  Tourfan  en  donne  la  preuve.  L'écriture  syriaque 
de  l'Asie  en  somme  est  fort  influencée  par  la  cursive  et  la 
tendance  à  écrire  couramment.  Elle  est  moins  compliquée  que 
l'écriture    nestorienne  de  Mésopotamie  de    la  même  époque. 

Deux  types  d'écriture  syriaque  en  Asie  ont  un  caractère 
précis.  Le  type  de  l'écriture  de  Tourfan  avec  ses  lettres  épaisses 
et  les  fines  inégalités  au  bout  des  lettres  se  retrouve  dans  les 
manuscrits  syriaques  et  dans  les  manuscrits  écrits  en  lettres 
syriaques  de  dialectes  iraniens.  On  le  trouve  dans  notre  frag- 
ment de  Tourfan.  L'autre  type,  surnommé  le  type  de  Semi- 
retchie  d'après  les  inscriptions  des  pierres  tombales,  est  celui 
qui  se  rencontre  aussi  dans  les  fragments  de  Haro-Hoto  syriaques 
et  turcs.  Jusqu'à  présent  les  fouilles  n'ont  pas  fourni  à  Tourfan 
de  textes  turcs,  écrits  en  lettres  syriaques.  Le  nom  d'es- 
trangélo,  donné  quelquefois  aux  textes  turcs  de  Tourfan,  n'est 
pas  correct,  parce  que  ce  type  d'écriture  est  le  type  modifié  de 
l'ancien  syriaque,  c'est-à-dire  l'écriture  ouïgoure.  Ce  sont  les 
dialectes  iraniens  qui  ont  fait  usage  de  l'écriture  syriaque  pos- 
térieure, comme  le  montrent  les  textes  publiés  par  MM.  Sachau 
et  Miiller. 

Il  est  remarquable  que  l'écriture  de  Haro-Hoto  est  semblable 
au  «  ductus  »  des  inscriptions  de  Semiretchie  dont  elle  est  plus 
éloignée  que  de  Tourfan.  Les  environs  du  lac  Issik-kul  et  la 
ville  de  la  frontière  chinoise  de  la  province  de  Gan-Su  ont  dû 
avoir  des  relations  réciproques.  Almalik  dont  les  pierres  tom- 
bales ont  été  publiées  par  M.  Kokowzoff  jouissait  d'une  position 
considérable  aux  xme  et  xive  siècles.  Après  avoir  été  le  centre 
d'un  royaume  turc,  il  perdit  son  indépendance  à  l'époque  de 
Cliingis-Chan  et  il  fut  ensuite  la  capitale  des  Chans  Djagataï 
pendant  deux  siècles.  Les  relations  commerciales  avec  Haro- 
Hoto  sont  fort  probables. 

L'écriture  ouïgoure,  quoique  influencée  par  le  syriaque,  a 
eu  le  sogde  pour  intermédiaire.  Mais  les  Syriens  exercèrent 
une  influence  directe  sur  les  Turcs.,  comme  il  ressort  de  l'exis- 
tence des  sources  littéraires  syro-turques.  Le  lien  étroit  qui 
unisait  le  syriaque  et  le  turc  est  clair  dans  cette  épigraphie 
mixte  syro-turque  et  turque,  écrite  avec  l'alphabet  syriaque, 
qu'on  a  trouvé  à  Pichpek,   Tokmak,  Almalik.   La  découverte 

[43] 


46  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

du  fragment  syro-turc  de  Haro-Hoto  élargit  considérablement 
la  région  de  propagation  de  ce  type  mixte,  né  du  rappro- 
chement le  plus  étroit  de  ces  deux  langues.  La  feuille  manus- 
crite prouve  l'existence  d'une  littérature  syro-turque,  qui  par 
son  idiome  était  dans  la  parenté  la  plus  proche  avec  la  langue 
turque  des  textes  de  Tourfan. 

Ainsi,  l'alphabet  syriaque  dans  les  divers  stades  de  son 
développement  a  influencé  l'écriture  des  nations  qui  peuplaient 
l'Asie  Centrale  et  l'Extrême  Orient.  C'est  seulement  à  l'époque 
de  la  propagation  de  l'Islam  et  de  l'alphabet  arabe  que  le  nes- 
torianisme  avec  son  alphabet  syriaque  céda  la  place  dans  le 
milieu  turc.  L'expansion  triomphale  du  nestorianisme  en  Asie 
ne  survécut  pas  au  xive  siècle,  qui  en  marque  la  fin.  Les 
siècles  suivants  ont  été  des  témoins  de  sa  diminution  rapide, 
qui  est  en  rapport  direct  avec  la  réduction  du  commerce  des 
Syriens  en  Extrême  Orient. 

N.  Pigoulewskv. 

Leningrad.  Août  1935. 


[44] 


LA  TRADUCTION  ARMENIENNE  DE 
L'«  ADVERSES  H^RKSES  »  DE  SAINT  IRÉNÉE 

(Suite.)  (1) 


XXIII 


1.  [Mass.  xii,  3]  Donc,  comme  dans  la  loi  et  l'évangile  le 
premier  et  grand  commandement  est  celui-ci  :  aimer  le  Sei- 
gneur Dieu  de  toute  sa  force,  et  le  second  semblablement  : 
aimer  le  prochain  comme  soi-même,  un  seul  et  même  légis- 
lateur se  montre  (2),  car  les  commandements  essentiels  (3) 
de  vie,  qui  sont  les  mêmes  dans  les  deux  [Testaments]  (4), 
montrent  [que  c'est]  un  même  Seigneur  [qui]  a  ordonné  des 
commandements  particuliers  appropriés  à  chacun  d'eux,  mais 
adonné  le  même  conseil  dans  les  deux,  les  , commandements] 
les  plus  universels  et  les  plus  éminents  sans  lesquels  il  n'est 
pas  [possible]  de  se  sauver  (5). 

[Mass.  xii,  1]  Qui  donc  (6)  le  Seigneur  [58  v]  confondra  et 
effrayera-t-il  en  disant  que  la  loi  n'est  pas  d'un  autre  Dieu? 
De  même  il  dit  à  ceux  qui  étaient  instruits  par  lui,  foule  et 
disciples  :  «  Dans  la  chaire  de  Moïse  se  sont  assis  les  scril.es 
et  les  pharisiens;  tout  ce  qu'ils  vous  ont  dit  (7),  gardez-le  et 

(1)  Cf.  ROC,  1933-1934,  pp.  315-377. 

(2)  i)'/i/i1iii|'ii  quLniuîilt  nu  ii/i'Iiiimi/iii,  liit.  unus  et  idem  ostendilur  legislalur. 
Le  latin  écrit  unus  et  idem  ostendilur  legis  et  evangelii  conditor. 

(3)  nuinniAnubuiiiniln,  cf.  p.  G2  n.  5;  le  latin  écrit  à  la  place  consummatx 
qui  se  rapporte  à  vilœ;  l'arménien  suggère  laleçon  consummala  qui  se  rapporte 
à  prsecepta  et  s'oppose  à partitrularia  de  la  ligne  suivante. 

l -Il  Le  mot  Teslamtmlo  du  latin  manque  dan-  l'arménien. 
loi  L'arménien  suit  le  latin  sed  eminenliora  et  summa  sine  quitus  satvari  non 
est  in  ulroque  eadem  suasil. 

(6)  Le  texte  porte  nn  na  qui  rapporte  sous  une  forme  interrogative  la  même 
idée  que  le  latin  sous  la  forme  négative  quem  non. 

(7)  Mat.  xxiii,  2-4;  pour  traduire  icivTa  âaa.  omnia  quseeumque,  la  Vulgate  écrit 

64 


18  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

faites-le;  mais  n'agissez  pas  selon  leurs  œuvres,  car  ils  disent 
et  ils  ne  l'ont  pas,  mais  (1)  ils  lient  des  fardeaux  pesants  et  les 
mettent  sur  les  épaules  des  hommes,  et  pour  eux-mêmes  ils 
ne  veulent  pas  même  du  doigt  les  pousser  ».  Donc  il  ne 
blâmait  pas  la  loi  de  Moïse  qu'il  donnait  d'abord  le  conseil 
[d'exister]  avant  que  Jérusalem  fût  établie  (2),  mais  il  répri- 
mandait ceux  qui  publiaient  au  dehors  les  paroles  de  la  loi 
en  les  interprétant,  mais  qui  en  étaient  vides  et  vains  (3); 
c'est  pourquoi  ils  violaient  la  loi  envers  Dieu  et  le  prochain, 
ainsi  que  dit  Isaïe  :  «  Ce  peuple  m'honore  des  lèvres,  mais 
leur  cœur  est  loin  de  moi;  [c'est]-  en  vain  [qu']ils  m'ado- 
rent en  enseignant  des  doctrines  [et]  des  commandements 
d'hommes  »(4).  [Ce  n'était]  pas  cette  loi  qu'il  avait  donnée  par 
Moïse  [qu'Jil  appelait  des  commandements  d'hommes,  mais  la 
tradition  reçue  de  leurs  anciens  (5),  faussement  fabriquée,  [celle 
pour  laquelle],  en  s'en  faisant  les  zélateurs,  ils  [59r]  dédai- 
gnaient et  méprisaient  la  loi  de  Dieu  et  à  cause  de  laquelle  ils 
n'obéissaient  même  pas  à  son  Verbe.  [C'est]  ce  [qui]  a  été  dit  par 
Paul  à  leur  sujet  :  «  Parce  qu'ils  ne  connaissent  pas  la  justifica- 
tion de  Dieu  et  veulentétablir  leur  propre  justification,  ils  n'ont 
pas  obéi  à  la  justification  de  Dieu,  car  l'achèvement  de  la  loi 
[c'jest  le  Christ  pour  la  justification  de  quiconque  croit  »  (6). 
Et  comment  le  Christ  est-il  l'achèvement  de  la  lui  si  lui- 
même  n'en  a  pas  été  le  commencement?  Car  celui  qui  apporte 
l'achèvement,  celui-là  a  opéré  aussi  le  commencement,  et 
[c'est]  lui-[mème!  qui  disait  à  Moïse  :  «  J'ai  vu  les  souffrances 
de    mon    peuple    en    Egypte  et  je  suis    descendu    les  arra- 

seulement  niuiîtliiu(îi    At»  :  notre  traducteur  ajoute  ici  nn  jth^  if/uuijniui)    que 

nous  retrouvons  souvent,  correspondant  toujours  au  latin  qusecumque. 

(1]  pujid,  qui  traduit  peut-être  le  Si  de  l'Évangile;  c'est  pmlni/i  qui  corres- 
pondrait à  Venim  du  latin. 

(2)  Tel  est  le  sens  mot  à  mot  de  l'arménien;  pour  retrouver  la  latin  quam 
adhuc  salvis  Hierosolymis  suadebai  fier).,  il  suffit  de  lire  SjtifL.  tant  que,  au 
lieu  île  iïMi%  Al,  avant  que.  —  (3)  Lat.  sine  dileclione. 

(4)  Isaïe,  xxix,  13;  texte  cité  dans  I  Clementis,  xv,  2;  II  Clemenlis,  m,  5; 
Tryphon  (plusieurs  fois). 

(5)  hplitjiulini,  exact,  le  latin  presbylerorum 

(6)  Rom.  x,  3-1.  Le  mot  iunniunm./3/iLÏi  employé  ici  est  mieux  traduit  par 
justificatio  que  par  justilia. 

[60] 


SAINT    IRÉNÉE    1      AD\  ERSUS  H/ERESES.  l'.l 

cher  »  (1).  Dès  le  commencement,  le  Verbe  de  Dieu  est  habi- 
tué et  accoutumé  à  monter  et  à  descendre  pour  le  salut  des 
affligés. 

2.  [Mass.  xii,  5[  Et,  que  la  loi  conseillait  à  l'avance  à  l'homme 
de  suivre  le  Christ  (2),  lui-même  le  rendit  manifeste  à  celui 
qui  lui  demandait  ce  qu'il  devait  faire  pour  hériter  de  la  vie 
éternelle  (3),  en  donnant  cette  réponse  :  «  Si  tu  veux  entrer 
dans  la  vie,  garde  les  commandements  »;  et,  comme  il  lui 
demandait  lesquels,  le  Seigneur  lui  dit"  derechef  :  «  Tu  ne 
commettras  pas  l'adultère,  tu  ne  tueras  pas,  tu  ne  déroberas 
pas  et  tu  ne  témoigneras  pas  faussement;  honore  [ton]  père  et 
rta  mère,  aime  le  prochain  [59v]  comme  toi-  même  ».  propo- 
sant les  commandements  de  la  loi  comme  des  degrés  et  des 
pas  de  la  voie  vers  la  vie  pour  ceux  qui  voudraient  le  suivre, 
car,  en  le]  disant  à  un  seul,  il  [le]  disait  à  tous.  Mais,  lui  ayant 
dit  :  «  J'ai  fait  tout  cela  »  —  peut-être  (4)  ne  l'avait-il  pas 
fait,  sans  quoi  il  ne  lui  aurait  pas  dit  :  Garde  les  commande- 
ments —  le  Seigneur,  blâmant  sa  convoitise  :  «  Si  tu  veux. 
dit-il,  être  parfait,  va,  vends  tes  biens  et  distribue-les  aux 
pauvres,  et  viens,  suis-moi  »  (5),  promettant  la  part  des  apôtres 
à  ceux  qui  auront  agi  ainsi.  Ce  n'est  [donc  pas  qu'il 
annonçât  quelque  autre  Dieu  Père  à  ceux  qui  le  suivaient, 
un  Dieu  en  dehors  de  celui  qui,  dès  le  début,  avait  été 
prêché  par  la  loi,   ni    un  autre    Fils,  ni    une   mère,  la  pen- 


1 1  Ex.  m,  7-8:  cf.  Uémonslr.  46. 

(2)  Légère  différence  avec  le  latin   :  Quoniam  aulem  lex  prœdocuii 
sequi  njmrtere  Chrislum. 

(3)  Dan-;  ce   second  membre   de  la   même   phrase,  le  latin  et  l'arménien  se 
recouvrent  au  contraire  exactement  :  ipse  aulem  fecit  manifeslum  ci  qui  int 
gavit  quid  faciens  vilam  selernam  hseredilaret. 

1   L'arménien  at"*  nb  ""  appuie  plutôt  la  leçon  et  forte  si  non  du  Claromonl. 
négligée  par  tous  les  éditeurs. 

(5  Mat.  mx.  17-22,  parallèle  à  Marc,  x,  17-21  et  à  Luc,  xvui.  18-22.  L'exégèse  que 
donne  ici  saint  Irénée  de  l'infidélité  ou  au  moins  de  la  fidélité  relative  du  jeune 
homme  riche  est  possible  avec  les  textes  de  saint  Matthieu  ou  de  saint  Luc, 
non  avec  celui  de  saint  Marc  où  nous  lisons  expressément  que  .l-sus  -  aima  » 
le  jeune  homme  riche,  ce  qui  suppose  l'entière  vérité  de  la  réponse  :  «  J'ai 
observé  tout  cela  depuis  ma  jeunesse  »  (Stieren).  Saint  Irénée  continue  ici  la 
tradition  des  plus  anciens  écrivains  chrétiens  auprès  desquels  le  premier 
Évangile  a  toujours  joui  d'i'n  traitement  privilégié. 

ORIENT    CHKLTIEN.  4 


50  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

sée  (1)  d'un  Éon  qui  aurait  été  vicieux  et  à  la  fin  coupable,  ni  le 
Plérôme  des  trente  Éons  dont  on  a  montré  la  vanité,  l'inanité  et 
la  fragilité,  ni  cette  fable  qui  a  été  faussement  forgée  par  les  autres 
hérétiques,  mais  [il enseignait]  àpratiquer  les  commandements 
que,  dès  le  début,  Dieu  avait  commandés  (2),  à  supprimer  par 
des  bonnes  œuvres  la  cupidité  première  de  l'avarice  et  à  suivre 
le  Christ.  Et  que  la  [60 rj  distribution  des  biens  aux  pauvres 
est  la  suppression  de  la  première  cupidité  d'avarice,  Zacbée 
le  manifeste  quand  il  dit  :  «  Je  donnerai  aux  pauvres  la  moitié 
de  [mes]  biens  et,  si  j'ai  fait  quelque  tort  à  quelqu'un,  je  le 
restitue  au  quadruple  »  (3). 

XXIV 

1.  [Mass.  xiii,  1]  Et  que  le  Seigneur  [n'a  pas  supprimé]  les 
choses  naturelles  de  la  loi,  [celles]  par  lesquelles  l'homme  est 
justifié  [et]  que,  avant  le  don  de  la  loi,  gardaient  ceux  qui 
étaient  justifiés  par  la  foi  -  -  et  ceux-ci  étaient  agréables 
à  Dieu  —  [qu'il]  ne  [les]  a  pas  supprimées,  mais  fortifiées  et 
accrues  et  accomplies  [4)  :  [c'est  ce]  que  montrent  ces  paroles 
de  lui  :  «  Car  il  a  été  dit,  dit-il,  aux  anciens  :  Tu  ne  com- 
mettras pas  l'adultère,  mais  moi  je  vous  dis  :  Quiconque 
regarde  une  femme  pour  la  désirer  l'a  déjà  induite  en  adultère 
dans  son  cœur  (5).  El  encore  il  a  été  dit  :  Tu  ne  tueras  pas, 
mais  moi  je  vous  dis  :  Quiconque  se  sera  emporté  vainement 
contre  son  frère  sera  justiciable  du  jugement  (G).  Et  il  a  été 
dit  :  Tu  ne  jureras  pas  faussement,   mais  moi  je  vous  dis  de 

(1)  lîiiiuiàm  0/ilÎi,  pensée,  qui  traduit  le  grec  'Ev8û|ir;<7i;  (latin)  signifierait 
plutôt  "Ewoca;  'Ev6û|U)<nç,  traduit  ailleurs  par  inlenlio,  en  réalité  ici  concupis- 
cence^, 2,  4  Massuet  =  1,  1,  3  Harvev). 

(2)  Exactement  le  latin  ut  faccrenl  prœccpln  quse  ab  inilio  prsecepit  Deus.  Le 
latin  docebat  est  omis  par  l'arménien,  sans  doute  par  distraction. 

(3)  Luc,  xix,  8. 

(4)  fcifin,  implevil,  ènV/|pwae,  cf.  p.  1!»  a.  2  et  Rom.,  xin.  S;  dans  tout  ce  passage, 
l'arménien  coïncide  exactement  avec  le  latin. 

(ô)  Matt..  v,  27,28;  lire  évidemment  •fiiuhnh,  enim,  et  non  •fiiuLU  qui  n'a  pas 
de  sens;  sur  iimi/iiu/,  vulg.  quifjjjuifiuiini,  ad  concupiscendum,  cf.  p.  17,  n.  2; 
jliuinuiL  ntiu  traduit   exactement   èn'jï'/euaev   airiiv   du   texte;   la  Vulgate   écrit 

nîimnuiL  nhn  îiiîuz,   è|J.oixe,JITev  "V*  *vrq. 

(6)  Matt.,  v.  21,  22. 

[67] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSaS  HjERESES  ;j\ 

ne  pas  jurer  du  tout;  niais  ce  sera  (1)  oui,  oui  et  non,  non  », 
et  toutes  autres  f paroles!  qui  sont  semblables.  Car  toutes  ces 
[recommandations]  ne  contiennent  pas  la  contradiction  ni 
la  suppression  des  précédentes  que  les  séides  de  Marcion  (2) 
tournent  en  chansons  et  en  00  v]  dérisions,  mais  (elles  en  sont] 
la  plénitude  et  l'intensité  de  l'extension,  comme  lui-[mème] 
le  dit  :  «  Si  votre  justice  ne  surpasse  pas  [celle]  des  scribes 
et  des  pharisiens,  vous  n'entrerez  pas  dans  le  royaume  des 
cieux  ».  (3)  Et  qu'y  avait-il  de  plus?  Tout  d'abord  croire  I  , 
non  seulement  au  Père,  mais  à  son  Fils  alors  manifesté,  car 
c'est  celui-ci  qui  conduit  l'homme  à  la  communauté  d'accord 
et  à  l'union  (5)  à  Dieu;  puis  non  seulement  dire,  mais  encore 


il  Matt..  v.  33,  34,37.  Rien  ne  correspond  ici  au  oobis  sermo  du  latin,  Vulg. 
Àt/i  auiîi,  qui  supposent  le  même  grec  sous-jacent  ù[j.îv  6  Xôyo;. 

(?)  SjtiuhniuS  li  H'uin/i/mSlit,  exactement  le  latin  qui]cumque  a  Marcione 
«uni  . 

(3)  Matt.,  v,  20.  Cf.  Justin,  Dialogue,  rv.  6. 

(4)  Lire  évidemment  {uiluiuiuii    et  non  ÇuiLuimuig. 

(5)  It  *,<mnii[uii!iin  Llln  'u   iî/mjfîiulifiL0tiiiU   II  iWiiii.M/ilÎi. 

•yiiiiii/iim//iii  /<)/n  îi  qui  parait  inconnu  à  la  Vulgate  est  généralement  employé 
dans  notre  texte  pour  traduire  xoivuma  (Ado.  Hier,  iv,  31,4;  v,  2.  1  citant  1  Cor. 
x.   16;    v.    27,  2);    en   ce  sens   la    Vulgate    emploie  toujours   ^uiiiiinmiiO/iLÏi 
(Act.,  n.  42:  Rom-,  \v,   26;   I  Cor.,  i.  9;   x,  11):   11  Cor.,  vi.   14;  vin,  4;   ix,   13; 
xiii.   13;   Eph.,    m,9;    Phi!.,   i,  5:   u,   1;    in,    10;    Philémon,  6;   Hébr.,   xm,   16; 
I  Jean.  i.  3,  6,  7)  qui  parait  absent  d'Irénée. 

ii/iiiin.iiîini_/Jfcujfi,  génitif  de  SInupuihnLJêjiii  [i-i'j-.r^;  Eph.,  iv,  3  et  13),  est 
employé  aussi  absolument  (Rom.,  xv.  6),  ainsi  l'adverbe  primitif  SfituauA, 
pour  traduire  ô(jlo6u|iii8ov  (Act.,  i.  14:  il,  1;  v,  12;  vin,  6;  xv,  25;  xvm.  12); 
dans  le  même  sens  la  Vulgate  emploie  aussi  mn.  ^umiuniuli  (Act.,  xn,  20; 
\i\.  J.M.  Ces  deux  mots,  <Juiuuijiiu/jnLp^iLÎi  ityuif.iiiiinLpfciuS,  forment  pléonasme 
et  traduisent  certainement  le  grec  xotvuvfav  (latin  communionem). 

iïlinLpiiLÏi  ne  parait  pas  figurer  dans  la  Vulgate  où  il  est  remplace  par 
if/inipiuîiiiLH/iLÎi  dans  la  traduction  de  êv<kY|;;  St  Ignace  d'Antioche  et  Athé- 
nagore  emploient  concurremment  évorr,;  et  ivbxri;  (voir  les  Indices  de  Goodspeed)  ; 
ce  dernier  seul  est  gardé  par  Irénée  au  moins  dans  les  fragments  grecs  qui 
nous  restent,  et  il  est  traduit  soit  par  Shm-Plu-ïi  (Adv.  Hier,  iv,  31,  4;  iv,  53.  1; 
iv,  55,  2).  soit  par  iî^iuiLnj7ntj3/iLïi  (Adv.  Hœr.  iv,  65).  Le  grec  sous-jacent  est 
donc  ici  ëvoxjtv  (latin  unitalem). 

L'arménien  l\uwnL.bni,  à  la  fois  génitif  et  datif,  ne  permet  pas  de  choisir 
entre  les  deux  leçons  Dci  et  Deo  des  éditeurs;  mais  l'alliance  du  Claromonlanus 
et  de  l'A  rundelianus  fait  nettement  préférer  la  seconde. 

[68] 


52  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

agir  (1),  car  eux  disaient  et  ne  faisaient  pas;  et  s'abstenir  non 
seulement  des  mauvaises  œuvres,  mais  encore  des  mauvaises] 
pensées;  donc  il  enseignait  cela  [qui  n'était]  pas  opposé  à  la 
loi,  mais  il  accomplissait  la  loi  et  il  établissait  la  justice  de  la 
loi  en  nous  (2).  Mais  cela  eût  été  contraire  à  la  loi  s'il  eût 
donné  à  ses  disciples  l'ordre  de  faire  quoi  que  ce  soit  que  la 
loi  eût  interdit  (3);  mais  [les]  écarter,  non  seulement  des 
[choses]  interdites  par  la  loi,  mais  encore  de  leurs  désirs, 
n'était  pas  opposé  [à  la  loi],  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  et  n'est  pas  de  celui  qui  détruit  la  loi.  mais  qui  la  remplit 
et  l'amplifie  grandement. 

•2.  Mass,  xiii,  21.  Caria  loi,  comme  elle  était  imposée  à  des 
esclaves,  formait  l'âme  par  le  moyen  des  choses  extérieures  et 
corporelles,  [la]  soumettant  comme  par  des  chaînes  et  [la]  con- 
duisant au  service  du  culte  (4)  des  [61  r]  préceptes  afin  que 
l'homme  apprît  à  adhérer  à  Dieu  ;  mais  le  Verbe  (5)  ayant  libéré 
l'âme  (6)  enseignait  à  purifier  par  elle  volontairement  le  corps; 
cela  étant  fait,  il  était  nécessaire  (7)  de  tirer  [les  hommes]  de 
la  servitude  des  chaînes,  car  l'homme  était  habitué  et  accou- 
tumé à  elle,  et,  sans  chaînes,  [de  les  faire]  suivre  Dieu;  mais 
[aussi]  d'amplifier  considérablement  la  loi  de  liberté  en  aug- 
mentant l'obéissance  envers  le  roi,  pour  que  personne,  en 
se  retournant  en  arrière  [et]  en  rebroussant  chemin,  ne  se 
manifestât  indigne  de  son  libérateur;    vis-à-vis    du   père  de 


(1)  ■MP.i.V.i  ,  exact,  opérer;  nnnhp  qui  vient  un  peu  plus  bas  traduit 
généralement  le  grec  Ipya  (N.  T.  passim)  et  correspond  au  latin  opéra. 

(2)  Exact,  le  latin  :  sed  adimplens,  ■xXrfiùna.;.  Legem  el  infigens  jnslification.es 
Legis  in  nobis. 

(3)  L'arménien  suit  encore  ici  le  latin  à  une  légère  variante  près  :  lllud  aulem 
fuisset  Legi  conlrarium  si,  quodeumque  lex  velasset  fieri,  idipsum  discipulis  suis 
jussisset  facere. 

(Il  iimiiimi  uiiuninuiSuii)  pléonasme;  cf.  p.  39,  n.  9. 

(5)  Le  texte  porte  /'ufinpinïiL  qui  n'a  pas  de  sens  ici;  il  faut  lire  avec  le  latin 
/ni/i  Puiiï,  Verbum  aulem.  Cf.  Rom.,  vm,  15;  II  Cor.,  m.  17. 

(6)  Le  texte  porte  iiyinfi)i,  Spiritum;  c'est  plutôt  nna/iïi  qu'il  faut  lire  avec 
a  m  mu  m  :  grec  probable  <lnj/r,v;  cf.  p.   II.  n.  6. 

(7)  La  traduction  latine  necesse  fuit  auferri  et  la  suite  de  la  phrase  armé- 
nienne font  supposer  que,  au  lieu  de  h   <Ju'/''/t  /■  pu'g  puin_iiuj£,    il   faut  lire 

yuii/i   t;  (OU    mieux   i^n)   n  [l'Un  BiunAïuiÊ. 

[69] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  BjERESES.  53 

famille  la  confiance  et  la  docilité  de  l'obéissance  est  la  même 
et  chez  les  esclaves  et  chez  les  hommes  libres;  mais  les  hommes 
libres  ont  plus  de  hardiesse  courageuse  parce  que  le  service 
intelligent  de  la  liberté  est  plus  grand  et  plus  glorieux  que 
celui  qui  était  le  service  de  la  servitude. 

Mass.  xiii,  3]  Et,  à  cause  de  cela,  le  Seigneur,  au  lieu  du  : 
«  Tu  ne  commettras  pas  l'adultère  »,  nous  a  commandé  sous 
sa  garantie  de  ne  pas  désirer:  et,  au  lieu  du  :  «  Tu  ne  tueras 
pas  »,  de  ne  pas  nous  irriter  (1),  et,  au  lieu  de  payer  la  dime, 
de  distribuer  tous  nos  biens  aux  pauvres  (2)  et  d'aimer,  non 
seulement  notre  prochain,  mais  aussi  ^nos^  ennemis  (3),  et 
non  seulement  d'être  généreux  et  prompts  à  communiquer  6 1  v 
et  charitables,  mais  encore,  envers  ceux  qui  nous  enlèvent 
quelque  chose,  d'être  des  donateurs  gracieux  «  car,  à  celui  qui 
enlève  ta  robe,  dit-il,  laisse  aussi  ton  habit,  et  à  celui  qui  prend 
ton  bien,  ne  le  réclame  pas,  et,  comme  vous  voulez  que  les 
hommes  vous  fassent,  faites-leur  »  (4),  afin  que  nous  ne  soyons 
pas  attristés  (5)  comme  des  hommes  dépouillés  et  privés 
contre  leur  volonté,  mais  que  nous  nous  réjouissions^  comme 
si  nous  avions  donné  ces  choses  gratuitement  à  la  manière  de 
cadeaux,  que  nous  nous  réjouissions  d'une  joie  plus  grande 
par  le  don  fait  au  prochain  que  si  nous  l'avions  servi  par 
nécessité.  «  Et  si  quelqu'un  vous  contraint,  dit-il,  à  un  chemin 
d'une  lieue,  va  avec  lui  ^pendant  deux  autres  »  G  pour  que 
tu  ne  marches  pas  derrière  lui  comme  un  esclave,  mais  avec 
lui  comme  un  homme  libre  qui  est  en  toutes  choses  utile  et 
prolitable    à    son    prochain,    n'ayant    point    dans   l'esprit     sa 

I)  Matt.,  v.  21,  22,  28. 

(21  Matt..  xix,  21. 

(3)  Matt..  v,  43-44. 
li  Lu,-,  m.  29,  31. 

(5    i/im/iii'feunnLn.  " 'ut ristemur,  comme  le  portent  la  plupart  des  manuscrits 
latins,  et  non  comtrislemini  des  Ctarom.,  \~oss.  et  Arundel.;  la  première  di   i 
deux  leçons  est  évidemment  bien  plus  facile.  'Inné  très  inférieure  à  la  s. 
qui  prolonge  les  paroles  attribuées  au  Christau  delà  delà  citation:      recenlioris 
cujuspiam   emendalioncm   suint  •  dit  Massuet  :  les  copistes  arméniens  oui  céd 
à  la  même  tendance  que  les  latins. 

161  Matt.,  v,  11.  alia  duo,  qui  suppose  le  grec  SXXa  c-'j:  itoa  manque  dans 
presque  tous  les  manuscrits  grecs  existant  du  X.  T.  et  dans  la  Vulgate  Armé- 
nienne, mais  ligure  dans  la  Vulgate  Latine  et  la  Syriaque  Sinaïtique. 

70 


.")  1  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

méchanceté,  mais  mettant  le  comble  à  ta  bonté,  te  configurant 
à  ton  Père,  lui  «  qui  fait  lover  son  soleil  sur  les  méchants  et 
les  bons  et  fait  pleuvoir  sur  les  justes  et  les  injustes  (1)  ». 

:!.  Toutes  (2)  ces  [choses],  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
ne  [sont]  pas  [le  fait]  de  [quelqu'un]  qui  détruit  la  loi,  mais 
qui  la  remplit  (3)  et  l'amplifie  considérablement  en  nous  : 
comme  si  quelqu'un  (4)  disait  que  la  plus  grande  liberté  a 
augmenté  pour  nous  la  bonne  exécution  du  [62r]  service  et 
[que]  plus  grande  jest]  l'obéissance  et  l'intimité  à  l'égard  du 
libérateur.  Car  [  ce  n'est]  pas  dans  ce  but  qu']il  nous  a  libérés, 
que  nous  nous  écartions  de  lui  —  car  personne  d'étranger  à 
sa  domination  ne  [peut]  (5)  par  lui-même  gagner  et  trouver 
la  nourriture  du  salut  —  mais  pour  que,  ayant  reçu  plus  de 
grâces  de  lui,  nous  l'aimions  davantage,  et  [pouj  que],  selon 
cet  [amour],  nous  recevions  de  lui  plus  de  gloire  quand  nous 
serons  [pour]  toujours  devant  la  face  du  Père. 

.Mass.  xiii,  4]  Donc,  parce  qu'ils  sont  naturels,  tous  ces 
commandements  sont  communs  à  nous  et  à  eux;  car  en  (6) 
eux,  ils  reçoivent  le  commencement  et  l'origine,  mais  en  nous 
ils  reçoivent  l'augmentation  et  l'amplification  et  le  développe- 
ment, car  adhérer  à  Dieu  et  suivre  son  Verbe  (7)  et  l'aimer 

(lj  Matt.,  v,  45. 

(2)  iinV(,)if,i>/i)i  uiiiinp/i/i,  hrec  omnia;  omnia  manque  dans  le  Claromontanus. 

(3)  ->.r,paJ(javTo;  cf.  p.  67  n.  1:  certains  manuscrits  latins,  les  mêmes  qui 
portent  hsec  omnia,  Arundel.  en  particulier,  ajoutent  ici  et  diiatantis  qui 
correspond  peut-être  à  l'adverbe  arménien  i, „,,,,,, If, u,,,l.n 

(4)  Lire  ici  np  et  non  n<  qui  n'a  pas  de  sens. 

(5)  L'arménien  ne  porte  aucun  verba  qui  correspond  au  latin  polest;  mais  les 
infinitifs  jui^ti  et  amtuhhi  nous  invitent  à  le  supposer. 

(B)  Le  texte  porte  pmiiri/i  înmiu  ;  il  faut  probablement  lire  ouiiaji  U  Lnutu, 
correspondant,  à  la  fin  de  la  ligne,  à  Imli  I,  Sbn. 

(7)  Le  texte  porte  les  participes  <Çiui_wîifciui  et  l.itl.ll.t,,,  qu'il  faut  évidem- 
ment remplacer  par  les  infinitifs  <Jmi_nif<fei  et  fen/3ui..  Le  latin  écrit  sequi  ejus 
I  erbum  et  super  omnia  diligerè  eum  qui  est  clair.  L'arménien  :  hnlilmi  /p'/.m 

linniu   nuihjtL.    IL     111/1  liiïiniinn    (et    UOn   utnriiifuijp)    Plllïi     «luilfeîiiuiîi    n/i/i/.lïi     Ijîiiu, 

sequi  ejus  verbo  et  operibus  quam  omnia  diligerè  eum.  Tout  s'arrange  cependant 
et  on  retrouve  le  sens  du  latin  si  au  lieu  de  hwÎi/il  /i_  uimif.n/iVpp,  verbo  et 
operibus,  expression  toute  faite  et  venue  naturellement  sous  la  plume  d'un 
copiste,  on  lit  fimli/n.  II  mu  mi  f.i  [sequi  ejus]  Verbum  et  mugis  [quam  omnia 
diligerè  eum].  La  correction  s'impose  donc. 

71 


SAINT    IRE.NEE    :    ADVERSUS  HjERESES.  .)■> 

effectivement  plus  que  toute  [chose]  et  son  prochain  comme 
soi-même  —  et  [l'homme]  est  à  l'homme  le  prochain  (1)  — 
et  s'abstenir  de  toute  œuvre  (2)  mauvaise  et  tous  autres  [pré- 
ceptes] du  même  ordre  (3)  sont  communs  aux  deux  et  montrent 
un  seul  et  même  Seigneur.  Et  c'est  notre  (4)  Seigneur,  le  Verbe 
de  Dieu,  qui  a  tout  d'abord  conduit  à  Dieu  [ceux  qui  étaient] 
dans  la  servitude,  et  ensuite  a  libéré  ceux  qui  lui  sont  soumis 
et  obéissants,  selon  que  lui-même  dit  à  ses  disciples  :  «  Je 
ne  vous  appelle  plus  esclaves,  car  l'esclave  ne  sait  pas  ce  que 
fait  son  maître,  mais  je  vous  ai  dits  [mes]  amis,  car  tout  62v] 
ce  que  j'ai  appris  du  Père,  je  vous  l'ai  l'ait  connaître  »  (5). 
Car  en  disant  :  Je  ne  vous  appelle  plus  esclaves,  il  a  signifié 
très  manifestement  que  c'est  lui-[même]  qui  a  d'abord  donné 
aux  hommes  la  loi  de  la  servitude  envers  Dieu,  et  ensuite  leur 
a  donné  la  grâce  de  la  liberté  (6).  En  disant  que  l'esclave 
ne  sait  pas  ce  que  fait  le  maître,  il  a  montré  l'ignorance 
servile  de  la  foule  sur  la  venue  du  Christ  (7).  Mais  en  établis- 
sant les  disciples  de  Dieu   ses    amis  et  en    les  y    préparant, 


1 1  )  Latin  :  homo  aulem  homini  proximui  :  il  faudrait  en  arménien  Suipif  Suinnni 
t  lïbnàuiLnn  :  notre  manuscrit  omet  le  sujet  Swpn  et  orthographie  mille  com- 
plément iÏnijpmiii 

(2)  ynpbng,  Voir  p.   09,  n.   1. 

(3)  un  /iii»  S  h  luLamS  mil  /lin  correspond  au  latin  qu.secum.que  lalia. 

(Il  Une  traduction  littérale  donnerait  :  El  noire  Seigneur  a  dit,  te  Verbe  de 
Dieu  etc.,  mais  au  lieu  de  L  iuut  St;n  iJfcn,  il  faut  lire  probablement  L.  um  h; 
S^ii  iJfen,  qui  offre  un  sens  meilleur  et  correspond  au   latin  Hic  est  Dominus 

nostcr  Verbum  Dei.  Noter  que,  a  la  lin  de  la  phrase  pré lente,  l'arm  inien  porte 

Sfcn,  Dominum.  là  où  le  latin  porte  Deum:  les  négligences  de  copiste  sont 
nombreuses  dans  cette  page.  Cf.  Rom  ,  vm.  1"'. 

(ô|  Io..  xv,  15  :  omnia  qux:umqu3  aui'wi  a  Pali\'  nota  feci  vobis  qui  appuie  la 
leçon  des  meilleurs  manuscrit  latins,  Claromonl.  el  Arundel.  omnia  quae  audivi 
a  Paire  manifeslavi,  contre  l'unanimité  des  manuscrits  grecs  du  Nouveau 
Testament  :  TïivTi  ï  fyivmx  ncui  TO'J  TtiTpo;  u.iu  if/ùpc /■  ûfiïv;  il  n'esl  pas 
impossible  que  (io-j  soit  une  addition  postérieure. 

(6)  «tinn^tim/,  exact,  le  latin  donaverit;  on  a  voulu  indiquer  dans  la  traduc- 
tion l'idée  de  don  gracieux,  de  grâce  même  au  sens  théologique  que  comp  irte 
le  verbe  .in,nl,j  (cf.  p.  20,  n.  ô). 

(?)  Exact,  ignoranliam  servilem  populi  Christi  aduentus  (génitif,  ou  mieu\  de 
Chriili  advenlu,  nniuiumfcujîiS  au  lieu  de  nuiiumfeiuuïi  ;  manifestavit  plutôt  que 
la  traduction  latine  ignoranliam  servilis  populi  manifestât  per  suum  advenlum. 

« 


56  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

il  [montre]  de  façon  très  convaincante  qu'il  est  lui-même 
le  Verbe  qu'Abraham  avait  suivi  volontairement  et  sans 
chaîne  à  cause  de  la  liberté  de  sa  foi  —  [et]  il  était  devenu 
ami  de  Dieu  (1).  Mais  [cette]  amitié  d'Abraham,  [ce  n'est]  pas 
à  cause  d'un  besoin  que  [l']acquit  le  Verbe  (2)  de  Dieu,  car 
il  était,  dès  le  commencement,  parfait,  «  car,  dit-il,  avant 
qu'Abraham  fût  [né]  (.3),  moi,  je  suis  »,  mais  [c'était]  pour 
faire  lui-même  à  cet  Abraham  (4)  le  don  gracieux  de  la  vie 
éternelle,  car  il  est  bon,  et  parce  que  l'amitié  de  Dieu  rend 
incorruptibles  ceux  qui  la  pratiquent  et  le  suivent  (5). 


XXV 


1.  [Mass.  xiv,  1].  Et  [ce  n'est]  pas  parce  que  Dieu  avait 
besoin  de  l'homme  [que],  au  commencement,  il  forma  Adam, 
mais  pour  qu'il  eût  quelqu'un  sur  qui  répandre  ses  bienfaits  (6). 
Car  [ce  n'est]  pas  seulement  avant  Abraham  (7),  mais  encore 
avant  tout  [63r]  le  monde  (8)  que  le  Verbe  glorifiait  le  Père, 
('■tant  en  lui,  et  il  était  glorifié  (9)  par  le  Père  selon  qu'il  dit 
lui-même  :  «  Père,  glorifie-moi  de  la  gloire  que  j'avais,  avant 


(1)  lac,  ii,  23. 

(2)  Le  mot  à  mot  donnerait  propler  indigenliam  Del  assumpsil;  nam  Verbum  etc., 
le  sujet  île  uinuiquiL,  assumpsil,  étant  sous-éntendu,  Stp,  Dominus,  on  Pmïili, 
Verbum;  mais  dans  cette  page  pleine  de  fautes,  il  parait  meilleur  de  déplacer 
la  conjonction  pujîin/i  et  de  la  lire  après  fiwLïi,  ce  qui  donne  le  sens  non 
propler  indigenliam  Dci  assumpsit  Verbum,  nam  eral  ah  inilio  perfectum, 
meilleur  et  conforme  an  latin. 

(3i  lo..  vm.  08;  i/iîifeiîi,  exact,  le  Ti'/é<j9at  de  nos  manuscrits  grecs,  bien  meilleur 
que  Yesset  du  latin  ou  le  fierel  de  la  Vulgate. 

(4)  l.itt.  sed  eodem  ipse  Abrahse  ni  donaret  xternam  oilam. 

(5)  Litt.  qui  faciunt  eam  et  sequuntur  et;  dans  ces  dernières  phrases,  les  deux 
traductions  s'écartent  sensiblement. 

(6)  Il  faut  évidemment  remplacer  nauiïiuL,  verba,  par  npuinliuïi,  bénéficia  : 
on  retrouve  ainsi  la  traduction  latine. 

(7)  Lat.  Adam. 

(8)  wfhitunÇj  lat.  eonditionern,  grec  xt'.Vrn  (cf.  Adv.  User.  v.  1'-'.  2). 

(9)  i|iinii  mi  nii/m  m,  forme  [passive  postclassique;  le  texte  arménien  porte  ici 
constamment  le  verbe  i/mm  un  nnfei,  glorifier,  alors  que  la  traduction  latine 
alterne,  dans  ses  meilleurs  témoins,  glorificari  et  clarificari. 

;:: 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  ll.ERESES.  57 

que  le  monde  fût,  auprès  de  toi  »  il).  Et,  en  nous  donnant 
l'ordre  de  le  suivre,  il  n'était  nullement  perfectionné  (2)  par 
nous  dans  le"  service  du  culte,  mais  il  nous  faisait  acquérir 
à  nous-mêmes  le  salut.  Car  suivre  le  Sauveur,  [c']est  rece- 
voir (3)  le  salut,  et  celui  qui  suit  la  lumière  participera  à  la 
réception  de  la  lumière  (4);  car  ceux  qui  sont  dans  la  lumière, 
ce  ne  sont  pas  eux  [qui  illuminent  la  lumière  et  [la]  font 
resplendir,  mais  eux-mêmes  sont  illuminés  et  rendus  res- 
plendissants par  elle;  ils  ne  lui  offrent  rien,  mais  subissent 
le  bien  et  sont  illuminés  par  la  lumière.  De  même  la  servitude 
envers  Dieu  n'offre  rien  à  Dieu,  car  Dieu  n'a  pas  besoin  de 
culte  de  la  part  de  l'homme;  mais  à  ceux  qui  le  servent  et  le 
suivent,  il  fait  acquérir  la  vie  et  l'incorruptibilité  et  la  gloire 
éternelle  :  Dieu  fait  du  bien  à  ceux  qui  le  servent  parce  qu'ils 
le  servent,  et  il  fait  du  bien  à  ceux  qui  le  suivent  parce  qu'ils 
le  suivent,  mais  [lui-même]  ne  subit  d'eux  aucun  bien,  car 
il  est  parfait  [63v]  et  sans  besoin  .">).  mais  c'est]  pour  eux 
"que]  Dieu  a  besoin  du  service  des  hommes,  selon  qu'il  est 
bon  et  miséricordieux,  [pour]  leur  faire  du  bien,  il  veut  qu'ils 
persévèrent  en  son  service.  Car,  comme  Dieu  est  sans  besoin, 
de  même  l'homme  a  besoin  de  la  communion  de  Dieu,  car 
ceci  est  la  gloire  de  l'homme  de  servir  et  de  persévérer  en 
Dieu.    Et  c'est  pourquoi  le  Seigneur  a   dit  à  ses  disciples  : 

il)  lo.,  xvii.  5;  la  place  de  mn_  pfen  (vulg.  wn_  /i  piyu  ,  r.%'^1  col.  n'est  pas 
la  même  dans  la  traduction  latine  et  dans  la  traduction  arménienne;  cette 
dernière  est  conforme  à  l'unanimité  des  témoins  du  Nouveau  Testament. 

.  Traduction  littérale;  mais  il  faut  évidemm  nt  remplacer  Ltuinuinluu^, 
perfeclum,  par  JfmnuiLinfcuii.  indigens:  on  peut  traduire  alors  :  nec  nobis  ul 
,inii  sequeremur  jussit  a  nobis  dali  indigent  ministerio  cuUus,  nui  est  à  peu 
près  le  -eus  de  la  traduction  latine. 

(3)  Lire  pïinnLÎife^  et  non  nLiiiiLÎifc^i  :  le  verbe  pîinnLu/nf,  employé  ici,  traduil 
parfois  le  grec  (aïté/m  et  correspond  alors  au  latin  participare  (Adv.  User., 
v.  3,  :!:  v.  28,  1)  ou  même  percipere    Ibid.,  iv.  7.  ■.':  i\.  9,  •.';  iv,  31.  1:  iv,  34,  6  . 

(4)  LannanLBhii  traduit  ailleurs  le  grec  \n~.',/r,  [Adv.  Hœr.,  IV,  Ml.  6),  el 
bgnnnnL.0fit.1i  rAinniiiUS,  'J-STî/to  (Adv.  Hœr.,  V,  '■'•.  3);  de  un  me  pïiniiLufefiiL^ii  u 
uin-LhS  traduit  aussi  [ii---/i,>:  il  est  dune  probable  que  l'expression  ici  employée 
fjniinnnL^iiJi    pu ijhlÎi t julO fc mïi    mn.Lt,  traduit   encore   simplement   \isxifju. 

(5)  iiiu/fiupiiiLiii,  àjcpoffSe^;;  cf.  I  Clément,  lu.  1;  Athénagore,  xm.  1:  Actes  de 
Paul.  xvu.  éd.  Vouaux,  Paris.  1913,  p.  I T  t  ",  ;  ou  ivevSsij;,  cl.  Justin.  Apologie,  xm, 
1  et  Dialogue,  xxin,  2. 

"1 


58  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

«  [ce  n'est]  pas  vous  [qui]  m'avez  choisi,  mais  moi  [qui]  vous 
ai  choisis  »  (1),  signifiant  [par  làj  que  [ce  n'était]  pas  eux 
[qui]  le  glorifiaient  en  le  suivant,  mais  [que],  de  ce  qu'ils 
suivaient  le  Fils  de  Dieu,  ils  étaient  glorifiés  par  lui.  Et  de- 
rechef :  «  Je  veux  que  là  où  je  suis  moi-même,  ceux-là  soient 
aussi,  afin  qu'ils  voient  ma  gloiiv  »  (2).  11  ne  se  vantait  pas 
vainement  de  vanteries  en  cela,  mais  il  voulait  [que]  ses 
disciples  [devinssent!  participants  de  sa  gloire.  Et  à  ce  sujet 
le  prophète  Isaïe  [lui]  aussi  dit  :  «  D'Orient  j'amènerai  ta 
race,  et  d'Occident  je  te  rassemblerai;  je  dirai  à  l'Aquilon  : 
amène,  et  à  l'autan  :  ne  mets  pas  obstacle.  Amène  mes  fils 
du  [pays]  lointain  et  mes  filles  des  extrémités  de  la  terre, 
tous  ceux  qui  sont  appelés  en  mon  nom,  car  je  l'ai  établi 
par  ma  gloire  »  (3).  [Et]  ceci  :  «  Là  où  est  le  cadavre,  les 
aigles  se  rassembleront  »  (4),  recevant  la  gloire  du  Seigneur 
qui  les  [64r]  a  formés  et  établis  pour  ce  [but]  que,  étant 
avec  lui,  ils  reçoivent  sa  gloire  (5). 

2.  [Mass.  xiv,  2].  Ainsi  Dieu,  dès  le  commencement,  a  créé 
l'homme  en  vue  de  ses  dons;  les  patriarches,  il  [lesj  a  choisis 
en  vue  de  leur  salut;  le  peuple,  il  [T]a  formé  d'avance  (6) 
apprenant  à  ces  ignorants  à  suivre  Dieu;  les  prophètes,  il 
[les]  adaptait  et  les  dressait,  habituant  l'homme  à  recevoir 
sur  la  terre  son  esprit  et  à  avoir  la  communion  avec  Dieu, 
tandis  que  lui-même  n'a  besoin  de  rien;  à  ceux  de  qui  il  était 
connu  (7),  il  a  donné  sa  communion;  à  ceux  qui  lui  étaient 
agréables,  il   a  été    l'architecte  de  la   construction  du  salut; 


(1)  Io.,  xv.  16. 

(2)  In.,  xvn,  24. 

(3)  Is.,  xi.vi.  :>',.  A  la  lin  de  la  cilation,  l'arménien  abrège  par  rapport  au  latin 
prssparavi  et  formani  et  feci  eum. 

(4)  Matt..  xiv,  28. 

(5)  Le  latin  écrit  à  la  première  personne  :  prseparavit  nos  ut  dum  sumus 
m,,,  eo  parlicipemus  glorise.  ejus:  l'arménien  nLnm  ii/.i  i,,i,iiu,  ,A,  employé  ici 
ilenx  fois  est  plutôt  percipere  gloriarn  que  parlicipare  glorise  (traduction  latine)  : 
l'un  et  l'autre  traduisent  [aî:éxîiv  tt,;  SoIhq. 

(6)  iiiiiimi  niil, ii,  exact,  prsefurmabat,  comme  dans  les  Claromonl.  et  Arund. 

(7)  uiiLnijjili  nnna  nUm^nL  ;  le  latin  écrit  kis  qui  indigent  ejus;  il  semble  qu'une 
si  grande  différence  des  deux  traductions  soit  imputable  à  une  variante  du  texte 
grec;  l;i  graphie  a  pu  confondre  un  dérivé  de  oiooc  avec  un  dérivé  de  Béonai. 

[75] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUS  II&RESES.  59 

à  ceux  qui,  d'Egypte,  ne  le  voyaient  point,  il  a  donné  sa 
propre  conduite  il);  à  ceux  qui  furent  insubordonnés  et  indisci- 
plinés dans  le  désert,  il  a  donné  une  loi  convenable  et  égale- 
ment appropriée;  à  ceux  qui  entraient  dans  la  bonne  terre, 
il  a  montré  un  héritage  approprié:  pour]  ceux  qui  revenaient 
vers  le  Père,  il  a  immolé  le  veau  gras  et  donné  la  plus  beJle 
robe  (2);  [c'est]  par  beaucoup  de  paroles  (3)  qu'il  a  donc 
préparé  et  adapte  (1)  le  genre  humain  à  l'harmonie  des  can- 
tiques du  salut.  C'est  pourquoi  Jean  dit  dans  l'Apocalypse  : 
«  Sa  voix  était  rumine  la  voix  des  eaux  nombreuses  »  (.">  . 
car  elles  sont  en  vérité  nombreuses,  les  [64v  eaux  de  l'Esprit 
de  Dieu,  parce  que  le  l'ère  est  grand  et  multiple  et  copieux; 
et  le  Verbe  qui  pénètre  toutes  ces  choses  ((3)  parle  sans  jalousie 
[et]  abondamment  avec  ceux  qui  [lui]  sont  soumis,  faisant  à  toute 
la  création  une  législation  convenable  et  également  appropriée. 
3.  [Mass.  xiv,  3].  De  même  il  a  légiféré  (7)  aussi  pour  le 
peuple  sur  la  conformation  du  tabernacle,  la  construction  du 
temple,  lechoix  des  lévites,  les  libéralités,  les  victimes,  les  purifi- 
cations, [et  donné]  d'autres  [lois]  encore  (8)  sur  tous  les  services 
du  culte;  lui-même   n'avait  besoin  de   rien  de  tout  cela    !h, 

(1)  m  h  •  1 1  o  )i  ni.  .,(ii  pi,,  '/,'/,,  exact,  le  ducallonem  du  latin. 

(2)  Luc,  *xv.  22-23. 

(3)  Lat.  modis:  les  mots  nuinfuiiLn  qu'on  lit  ici  et  unupiuuinLpjtLii  qu'or 
trouve  un  peu  plus  bas  sont  à  peu  près  synonymes  et  signifient  surtoul  moyen 
de  persuasion. 

(4)  fujpijuipbpiij  et  luipSiupbntij  -.  ces  deux  verbes  si  proches  l'un  de  l'autre 
sont  presque  synonymes;  on  les  trouve  réunis  ici  et  correspondent  au  seul  latin 
coitipoitens. 

(5)  Apoc,  i,  15. 

(M  piuipuihgiuin  signifie  pénétrant;  le  transiens  de  la  traduction  latine  ne  lui 
correspond  pas  bien;  le  sens  précis  est  difficile  a  déterminer. 

(7)  L'arménien  répond  assez  exactement  au  latin  à  condition  qu'on  lise  à  la 
troisième  ligne  auiiiii  Lu  au  lieu  de  awiiuïi  Lu;  sic  et  populo  tabernaculi 
factionem  et  sedificationem  templi  el  Levitarum  electionem  sacrificia  quoque  et 
oblationes  et  monitiones  et  reUquam  omnem  lege  slaluebal  deservilionem. 
iiiLpp1niinph,p  de  l'arménien  correspond  au  lege  slaluebal  des  Claromonl.  el 
l'osiian.  contre  les  autres  manuscrits  suivis  par  Harvey  (legis  au  lieu  île  lege). 

(8)  Tel  est  le  sens  du  texte  arménien,  rendu  difficile  par  l'importance  du  sous 
entendu;  le  sens  latin  est  bien  meilleur  et  on  le  rejoint  facilement  par  la  correc- 
tion indiquée  dans  la  note  précédente. 

((J)  L'arménien  place  ici  un  point  final  que  le  sens  de  la  phrase  rend  impossible. 

[76] 


60  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

car  il  est  toujours  plein  de  toutes  sortes  de  biens,  ayant  en  lui 
toute  odeur  de  suavité,  les  odeurs  de  toutes  les  douces  vapeurs, 
avant  que  Moïse  fût.  Quant  à  ce  peuple  qui  retournait  facile- 
ment et  rapidement  aux  idoles  (1),  il  le  conseillait  par  de 
nombreux  appels  (2),  le  préparant  et  l'adaptant  à  persévérer  et 
à  porter  le  service  du  culte  de  Dieu;  par  les  choses  secondaires, 
il  les  engageait  et  les  exhortait  aux  principales,  c'est-à-dire 
par  des  figures  à  la  vérité,  par  les  choses  temporelles  aux 
éternelles,  par  les  choses  corporelles  aux  spirituelles,  par  les 
choses  terrestres  aux  célestes,  ainsi  qu'il  a  été  dit  à  Moïse  :  «  Fais 
selon  le  modèle  [65r]  que  tu  as  vu  sur  la  montagne  »  (3),  car 
i  pendant]  quarante  jours,  il  apprenait  à  recevoir  en  lui  le  Verbe 
de  Dieu  et  les  empreintes  (4)  célestes  et  les  images  spirituelles, 
et  la  préfiguration  des  choses  futures  comme  dit  Paul  :  «  Car 
ils  buvaient  au  rocher  qui  les  suivait,  et  ce  rocher  était  le 
Christ  »  (5),  et  derechef,  après  avoir  raconté  un  à  un  tout 
ce  qui  était  porté  dans  la  loi,  il  a  ajouté  :  «  Toutes  ces  choses 
étaient  pour  eux  des  types  et  des  exemplaires;  mais  elles  ont 
été  écrites  en  vue  de  notre  attention,  [à.  nous]  en  qui  est  arrivée 
la  perfection  des  siècles  »  (6).  Donc  par  le  moyen  des  choses 
typiques,  ils  apprenaient  à  craindre  Dieu  et  à  persévérer  dans 
le  service  de  son  culte  [Mass.  xv,  1|,  jusqu'à  ce  que  fût  [réalisée] 
la  prophétie  des  choses  futures,  et  la  loi  [était]  leur  norme  (7); 
car    Dieu    a    tout  d'abord  donné  aux   hommes  des  préceptes 

(1)  Exact,  eum  qui  facile  et  celeriler  erat  rcvertens  ad  idola  populum  :  plus 
voisin  du  Claromont.  suivi  par  Massuet  :  facile...  revertentem  que  îles  autres 
manuscrits  suivis  par  Harvey  :  facilem...  reverti. 

(2)  Voir  p.  76,  n.  3  et  l;  le  moi  uimiinmiiu  jJln  L  est  ici,  comme  tout  à  l'heure, 
1  •  mot  iimniiiiiiLi, ,  associé  aux  deux  synonymes  ininnuinliinil  L.  ^uintiiiintiinil. 

(3)  Exode,  xxv,  40;  cf.  Démonstration,  9. 

i  h  I!  imarquer  iei  l'emploi  du  mot  iL.  déjà  étudié  \\>.  40,  n  5);  il  correspond 
ici  in  latin  rimmel,)-  et  associé  à  hknuitupuifi ;  voir  Démonstration,  11,  où  ces 
deux  termes  sont  presque  synonymes. 

(5)  I  Cor.,  x.  1;  l'arménien,  pas  plus  que  le  latin,  ne  traduit  le  qualificatif 
itveu(jiaTix7)ç  attribué  par  saint  Paul  au  rocher. 

(6)  I  Cor.,  \,  11.  L'arménien  traduit  (et  glose)  le  grec  laùta  Sa  tjtcoi  <ruvé6aivsv 
Èxôivo!;,  attesté  par  un  grand  nombre  de  manuscrits;  le  traducteur  latin  lit 
TUTtixûç  qu'on  trouve  aussi  dans  les  Vulgates  latine  et  arménienne. 

(7)  Texte  ] clair  et  qui  ne  correspond  guère  au  latin  ilague  lex  et  disciplina 

erat  ittis  et  prophelia  fulùrorum. 

[77] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  HsERESES.  lil 

naturels  dès  le  début  dans  leur  nature;  [il  les]  leur  a  remis  en 
mémoire  :  ce  sont  les  dix  oracles  :  si  quelqu'un  ne  les  accomplit 
pas,  il  ne  peut  avoir  nullement  par  lui-fmême]  le  salut;  et  il 
ne  leur  a  rien  demandé  d'autre  en  plus,  ainsi  que  Moïse  dit 
dans  le  Deutéronome  :  «  ces  paroles,  Dieu  [les]  a  dites  à  toute 
l'assemblée  des  fils  d'Israél  sur  la  montagne,  et  il  n'ajouta 
[plus]  rien.  Il  les  écrivit  sur  deux  tables  de  pierre  et  il  me  [les) 
donna  »  (1).  C'est  pourquoi  le  Seigneur  donna  le  conseil  de 
garder  ces  préceptes  à  ceux  qui  [65v]  voulaient  le  suivre. 

XXVI 

1.  Ensuite,  lorsqu'ils  retournèrent  à  la  fabrication  du  veau 
[d'or]  et  retournèrent  dans  leurs  esprits  vers  l'Egypte,  désirant 
devenir  esclaves  au  lieu  de  libres  [qu'ils  étaient],  ils  reçurent 
encore  un  autre  service  de  culte  conforme  et  égal  à  leur  désir, 
qui  ne  les  détachait  ni  ne  les  séparait  de  Dieu,  mais  qui  les 
écrasait  et  poussait  et  soumettait  sous  le  joug  du  témoi- 
gnage |  -2  ),  comme  dit  le  prophète  Ézéchiel  expliquant  les  causes 
d'une  telle  législation  :  «  Leurs  yeux  suivaient  les  désirs  de 
leurs  cœurs,  et  moi,  je  leur  ai  donné  des  préceptes  [qui  n'étaient 
pas  lions  et  des  justifications  telles  qu'ils  ne  pouvaient  pas 
vivre  en  elles  »  (3).  Et,  Luc  l'écrit  (4),  Etienne  qui,  le  premier, 
fut  choisi  par  les  apôtres  [mur  le  diaconat,  et,  le  tout  pre- 
mier, fut  tué  à  cause  du  témoignage  du  Christ,  dit  au  sujet 
de  Moïse  :  «  [C'est]  lui  [qui]  a  reçu  les  oracles  du  Dieu  vivant 
[pour]  vous  les  donner.  Et  comme  nos  pères  n'ont  pas  voulu 
être  soumis  et  obéissants,  mais  le  chassèrent  et  retournèrent 
dans  leurs  cœurs  en  Egypte,  ils  dirent  à  Aaron  :  Fais-nous  des 
dieux  qui  marchent  devant  nous,  car  ce  Moïse  qui  nous  a  tirés 

(1|  Dent.,  v.  ;:?.  La  tournure  L.  n<  /iîi>  (iul/ti.  et  il  n'ajouta  rien  de  plus, 
correspond  au  latin  eLnih.il  adjecil  (nihil  est  d'ailleurs  omis  par  les  manuscrits). 
Une  glose  ajoute  mil  entre  n<  et  /lïi*  :  on  obtient  alors  :  et  rien  d'autre  en  plus. 

(2)  i//,m,iii  Hfeii/îi  :  a  la  place  île  ce  mot.  il  faut  lire  probablement  &iun.nijciL- 
/,)/.mîi  équivalent  du  latin  servilulis.  Grabe,  et.  après  lui.  Harvey  rapprochent 
ce  texte  de  celui  de  Justin,  Dialogue,  xix,  5-6,  qui  se  réfère  à  un  verse!  voisin 
d'Ézéchiel,  xx.  20. 

(3)  Ézéch.,  xx,  24. 

(4)  Lire   anhuin  au  lieu  de    ankuilllj. 

> 


62  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

de  la  terre  d'Egypte,  nous  ne  savons  pas  ce  qui  lui  est 
advenu.  Et  ils  firent  un  veau  en  ces  jours  et  offrirent  des 
sacrifices  à  l'idole  et  se  réjouirent  des  œuvres  de  leurs  mains. 
Et  Dieu  les  [66r]  détourna  et  les  livra  à  donner  un  culte  à 
l'armée  du  ciel  comme  il  est  écrit  au  livre  des  prophètes  : 
«  Est-ce  que  vous  m'avez  offert  des  sacrifices  et  des  présents 
[pendant]  quarante  ans  dans  le  désert,  maison  d'Israël?  Et  vous 
avez  reçu  latente  de  Moloch  et  l'astre  du  Dieu  Rempha,  ligures 
que  vous  avez  faites  [pour]  les  adorer  »  (1).  Il  indique  très 
manifestement  qu'une  telle  législation  ne  [venait]  pas  d'un 
autre  Dieu  et  qu'il  l'avait  appropriée  à  eux  en  les  soumettant 
à  la  servitude.  C'est  pourquoi,  dans  l'Exode,  Moïse  dit  :  «  Le 
Seigneur  a  dit  :  J'enverrai  avec  toi  devant  toi  mon  ange,  car  je 
ne  monterai  pas  avec  toi  parce  que  tu  es  un  peuple  au  cou 
raide  »  (2). 

2.  [.Mass.  xv,  2]  Et  non  seulement  cela,  mais  encore  [que] 
quelques  préceptes  leur  [furent|  donnés  par  Moïse  à  cause  de 
leur  dureté  et  de  leur  désobéissance,  [c'est  ce  que]  le  Seigneur 
fit  connaître  à  ceux  qui  lui  disaient  :  «  Pourquoi  donc  Moïse 
a-t-il  prescrit  de  donner  un  acte  de  divorce  et  de  renvoyer  sa 
femme?  »  en  leur  disant  [en  réponse|  :  «  Cela,  Moïse  vous  l'a 
ordonné  à  cause  de  votre  dureté  de  cœur  :  au  commencement 
il  n'en  était  pas  ainsi  »  (3).  Il  se  sépare  (4)  ainsi  de  Moïse,  comme 

(1)  Act  .  vu.  :'.x-43.  Ce  texte  est  la  traduction  assez  fidèle  de  ce  que  nous  lisons 
dans  les  manuscrits  grecs  du  Nouveau  Testament.  Au  v.  38,  il  faut  lire  avec  la 
traduction  latine  dare  vobis  (les  manuscrits  grecs  sont  partagés  entre  Ofûv  et 
T|fûv);  de  même  Dei  vivi,  contre  le  grec  loyix  Çwvtoc;  au  v.  39,  on  lit  encore 
paires  veslri  contre  le  grec  7catip:;  ï|(iûm;  au  v.  -12,  le  latin  et  probablement 
l'arménien  écrivent  au  pluriel  obtulerunt  sacrificiel  idoln  contre  le  grec  âv^yavov 
Buoriav;  au  v.  42,  l'arménien  est  au  singulier  avec  le  grec  tij  urarrià  toC  oùpavoû 
contre  le  latin  exercilibus  cœli.  La  citation  de  l'Ancien  Testament  est  empruntée 
a  Aiuos,  v,  25-27;  l'arménien  traduit  t-Jtiou;  par  nuijiuiiAi,  ztipsn. 

(2)  Deut.,  xxxiii.  2-3. 

(3)  Matt.,  xi\.  7-8.  Le  Oat-nB  uiiuui^uinniufih  de  notre  traduction  arménienne 
correspond  exactement  au  latin  libellum  repudii;  la  Vulgate  [,l„t  ifj.1  iï/./iii/.^n| 
correspond  mieux  au  grec  moins  précis  (3i6iiov  i-Koazaaio-j.  Au  latin  permisit  du 
v.  8  correspond  ici,  comme  dans  la  Vulgate,  le  verbe  ÇntuSwikS  beaucoup  plus 
fort  (Cf.  ÇnuiSuiïi,  ordre,  plus  bas  dans  la  citation  de  I  Cor.,  vu,  6).  Le  grec 
ÈTi'.TpÉTiw  parait  avoir  le  premier  sens  dans  le  Nouveau  Testament  et  le  second 
dans  la  littérature  classique. 

(4)  Le  verbe  ÇnuiJuinhi  peut  signifier  soit  se  séparer  de  quand  il  est  construit 

[79] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  HjERESES.  63 

d'un  serviteur  fidèle,  mais  il  proclame  unique  ce  Dieu  qui,  au 
commencement,  a  fait  le  mâle  et  la  femelle;  il  les  réprimande 
comme  durs  et  désobéissants,  et  c'est  pourquoi  ils  ont  reçu  de 
Moïse  ce  précepte,  approprié  à  leur  [66vJ  dureté,  de  renvoyer 
[leurs  femmes].  Et  pourquoi  disons-nous  cela  de  l'Ancien  Testa- 
ment? Cela  même  se  trouve  être  fait  dans  le  Nouveau  (1)  pour 
la  raison  indiquée  plus  haut  :  dès  lors  Paul  dit  :  «  Cela,  [c'est] 
moi  [qui  le]  dis,  non  le  Seigneur  »,  et  encore  :  «Je  dis  cela 
en  donnant  une  permission,  non  par  ordre  »  (2),  et  encore  : 
«  Au  sujet  des  vierges,  je  n'ai  pas  de  précepte  du  Seigneur, 
mais  je  donne  conseil  [comme]  ayant  trouvé  miséricorde  du 
Seigneur,  [pour]  être  fidèle  »  (3).  Et  encore  en  un  autre 
[endroit]  :  «  De  peur  que  Satan,  dit-il,  ne  vous  tente  à  cause  de 
votre  incontinence  »  (4).  Donc  si  dans  le  Nouveau  Testament 
les  apôtres  se  trouvent  avoir  fait  [des]  concession^]  (5)  [pour) 
certains  commandements  selon  le  relâchement  (i  ,  à  cause  de 
l'incontinence  de  quelques-uns  (7),  de  peur  que  de  telles  gens, 
arrêtés,  effrayés  et  complètement  désespérés  de  leur  salut,  ne 
se  révoltent  contre  Dieu  (S),  il  ne  faut  pas  (9)  s'étonner  si  dans 


avec  h  et  l'ablatif  —  c'est  le  cas  ici  -  soit  excuser  quand  il  est  construit  avec 
l'accusatif.  —  Cf.  Luc,  xiv,  18  au  passif.  Dans  les  deux  cas,  il  peu!  traduire 
7tapaixoCu.ott  qui  figurait  probablement  ici  dans  le  texte  grec  penlu.  Cf.  Nombr. 
xn.  7  et  Hebr.  ni.  "2-5  cites  par  Justin,  Dialogue,  xi.vi.  3:  i.vi.  1:  i.xxix.  4; 
cxxx.  1. 

(1)  Tel  est  le  sens  du  texte  arménien;  il  serait  bien  meilleur  si  on  conjectu- 
rait l'omission  du  mot  imimnluni  :  on  retrouverait  ainsi  le  latin  :  Et  in  novo 
Aposloli  hoc  idem  /'orientes  inveniuntur. 

(2)  I  Cor.,  vu,  12  et  6. 

(3)  I  Cor.,  vu,  25. 

(4)  I  Cor.,  vu,  5;  remarquer  le  ternie  uiîiuinnfeinL^?/itîi. 

(5)  piinniM/iLÎi,  le  même  mot  que  tout  à  l'heure,  dans  la  citation  de  1  Cor., 
vu,  il,  nous  avons  traduit  par  permission;  grec  <tuyyvw|xy). 

(il)  BnLinL/Sfeuifj,  correspond  mal  au  latin  ignoscenliam. 

(7)  (iiiÏim/hj.  exactement  le  latin  quorumdam. 

(Si  h  puiu  lÊiuinbV  ujujuuiu/iîptuim  i/'.innnL&nj  ;  la  traduction  latine  apostalee 
fiant  a  Deo  est  aussi  très  admissible,  uiuiumuiSpli^  a  le  sens  de  se  révolter,  mai- 
son participe  m  uj  u  m  m  S phiui  est  souvent  dans  notre  texte  employé  au  sens  par- 
ticulier d'apostat. 

(9l   Toujours  le   doublet  wuinui  L.  uipjmïi  i;  pour  traduire  àtî. 

m 


64  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

l'Ancien  Testament  Dieu  a  voulu  qu'il  en  fût  ainsi  (1)  en  vue 
de  l'utilité  du  peuple,  pour  [leur]  donner  du  zèle  et  les  assu- 
jettir par  les  dites  observances,  pour  que  ayant  par  elles  avalé 
l'hameçon  des  dix  commandements  sauveurs  (2)  et  accrochés 
par  lui,  ils  ne  [67r]  retournent  pas  en  arrière  à  l'idolâtrie 
ni  ne  se  mettent  en  révolte  contre  Dieu,  mais  apprennent  à 
l'aimer  de  tout  [leur]  cœur.  Mais  si  quelqu'un,  à  cause  de  l'in- 
docilité des  Israélites,  déclare  cette  législation  (3)  faible,  il 
trouvera,  dans  [cette]  vocation  [qui  est]  pour  nous,  beaucoup 
d'appelés  et  peu  d'élus  (4);  [il  est]  des  loups  au  dedans  [qui]  se 
couvrent  eux-mêmes  au  dehors  de  peaux  de  brebis  (5);  Dieu 
garde  toujours  de  l'homme  [ce  qui  est]  autonome  et  [aussi]  le 
conseil  qu'il  a  en  lui-[mêinej,  afin  que  par  lui-fmême]  soient 
justement  jugés  ceux  qui  lui  ont  été  indociles  parce  qu'ils  ont 
été  indociles,  mais  ceux  [qui  ont  été]  dociles  et  qui  ont  cru 
seront  couronnés  d'incorruptibilité. 

XXVII 

1.  [Mass.  xvi,  1J  Que  Dieu  n'a  pas  donné  la  circoncision 
comme  consommant  (6)  la  justice,  mais  en  un  signe  par  lequel 
la  race  d'Abraham  demeurât  connue  et  facile  à  distinguer,  cela 
est  enseigné  par  les  Écritures  elles-mêmes:  car  il  a  dit  :  «  Dieu 
dit  à  Abraham  :  Tout  mâle  votre  sera  circoncis,  et  vous  circon- 

(1)  Lai.  iilem  Deus  taie  aliquid  voluit  fieri;  l'arménien  correspond  exactement 
au  latin,  à  part  l'omission  du  premier  mot  idem. 

(2)  Le  latin  s'exprime  ici  de  façon  bien  différente  ut  per  cas  salutem  Decalogi 
observantes  et  delentiab  eo;  peut-être  un  copiste  aura-t-il  lu  lui,, .m..,  ayant  avalé 
[l'hameçon]  au  lieu  de  infemin,  ayant  rempli,  souvent  employé  dans  notre  texte 
au  sens  de  ayant  observé  [les  commandements).  Presque  tous  les  manuscrits  latins 
et  Harvey  ajoutent  ici  mimera  dent  ei  que  Massuet  supprime  en  se  fondant  sur 
le  Claromont.,  le  Voss.  et  aussi  sur  là  sens  :  une  fois  de  plus  l'arménien  lui 
donne  raison;  par  contre,  le  mol  11  il,,,  lit, ni,  m),,  en  appuyant  la  leçon  salutem 
des  manuscrits,  détruit  la  conjecture  sallem  du  même  Massuet. 

(3)  niiiifitîiiimiiniM/iLfi  exact,  legisdationem,  leçon  préférable  au  legis  doclore 
des  manuscrits  latins. 

(4)  Matt.,  xx,  11'.. 
(."ii  Matt..  vu.  15. 

(6)  i(iiiiiiiuffiiiiiii<i:iiiifiiii)i  :  ce  mot  n'existe  pas  ailleurs,  semble-t-il,  (le  préfixe 
i/iuin  signifie  totalement,  complètement)  opérant  la  consommation,  la  perfection 
(de  In  justice),  exactement  le  latin  consummatricem  justilise. 

[81] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSl  S  HjERBSES.  65 

cirez  la  chair  de  votre  prépuce  et  ce  sera  le  signe  d'alliance 
entre  moi  et  vous  »  (1).  Cela  même,  le  prophète  Ézéchiel  [le  dit 
aussi  au  sujet  des  sabbats    :   «  Je   leur  ai   donné  aussi  mes 
sabbats  pour  que  ce  soit  un  sigae  entre  moi  et  entre  eux, 
[pour]  qu'ils  sachent  que  je   suis,   moi,    le  Seigneur  qui  les 
sanctifie  »  (2).  Et,  dans  l'Exode,  Dieu  dit  à  Moïse  :   «  Gardez 
[67v    mes  sabbats  car  c'est  un  signe  de  moi  et  vous  pour  vos 
générations  »    3).  Donc  c'est]  en  signe  [que]  ces  choses  ont  été 
données,  mais  ce  signe  n'était  ni  sans  signification  ni  vain, 
puisqu'  il  était   donné  par  un  artisan  sage;  mais  ce  qui  était 
relatif  à  la  circoncision  de  la  chair  était  à  l'avance  le  type  de  la 
[circoncision]  spirituelle  <  1)  <•  car,  nous  dit  l'Apôtre,  nous  avons 
été  circoncis  d'une  circoncision  non  faite  avec  la  main  »    5).  Et 
le  prophète  dit  aussi  :  «  Circoncisez  donc  la  dureté  de  votre 
cœur  »  (6).  Le  sabbat  [enseignait]  le  don  de  la  persévérance, 
de  demeurer  au  service  [de  Dieuj  tout  le  jour;    nous  avons  été 
considérés,  dit  l'Apôtre  Paul,  tout  le  jour  comme  les  brebis 
du  sacrifice  (7),  c'est-à-dire  vouées  et  toujours  données  pendant 
le  temps  au  service  de  notre  foi  et  demeurant  et  persévérant  en 
lui.  nous  abstenant  de  toute  avariée  de  gain,  n'acquérant  aucun 
bénéfice  ni  aucune  augmentation  de  trésor  sur  la  terre.  Et  ii 
révélait  aussi  ce  repos  tranquille  de  Dieu  sur  ce  qui  avait  été 
l'ait,  c'est-à-dire  le  royaume  où  se  repose  l'homme  qui  persévère 
au  service  de  Dieu,  et  où    il  participera  à  la  table  de  Dieu. 

(1)  Gea.,  xvu,  9-11.  Le-  manuscrits  Claromonl.  el  l'oss.  portent  in  signo 
leslamenli,  comme  le  Codex  biblique  A Iexandrinus  ;  la  traduction  arménienne 
.■-t  d'accord  avec  le  Codex  Valicanus;  vulgate  latine  ni  sit.  Ce  texte  est  cité  et 
commenté  presque  dans  les  mêmes  terni  s  par  .ïn-tin .  Dialogue,  xxm,  4. 

,'  Ézéch.,  xx,  12.  L'arménien  traduit  litteraleinem  le  roù  yvûvai  iïtoùs  Ecôti 
iln  Grec;  latin  :   ni  sciant  quoniam.  Cl.  Justin,  Dialogue,  xix.  6. 

:    Ex.,  xxxi,  13;  l'arménien  correspond  exactement  au  mo'  È(ioi  /.ai  6(iïv  du 
Codei     [Iexandrinus;    le   mot  mon   employé   ici  traduit   à  la   lois  ys'voç,    ge% 
(Act.,  xvn.  28-29;  I  Ptri,  u,  'J    et  ysvsdt,  generatio  (Matt.,  i.  17:  Luc,  i,  43,  50). 

(  1)  lujiLuiCuiamïi  uiuiuiLniitji  ijviij/liijiiii/(hiÎi)i  :  peut-être  faut-il  préférer  la 
leçon  prsefigurabal  de  VArund.  >i  de  Harvey  à  la  Ii  l  du  Claromonl- 

et  de  Massuet;  en  tout  cas.  il  faut  supprimer  ■  u  i  umcisionem. 
5)  '  ■■'..,  u.     1.  i  i'.  Justin,  Dialogue,  \t.in.  -J. 
6    lient..  \.  16   Cf.  .lu-tin.  Dialogue,  xvi,  1. 

:  Rom.,  vin.  36.  Les  mots  en  italiques  pi  ic  :s  entre  crochets  manquent  dans 
ie  texte  arménien  :  c'est  une  omission  évidente  el  qu'il  est  facile  de  combler 
grâce  a  la  traduction  latine. 

32 

ORIENT   CHUÉTIEN.  5 


66  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

2.  [Mass.  xvi,  2]  Que  [ce  n'est]  pas  par  ces  choses  [que 
l'homme  a  été  justifié,  niais  qu'elles  ont  été  données  en  signe 
au  peuple,  [c'est  ce  que  montre]  Abraham  lui-même  sans 
circoncision  et  sans  observance  des  sabbats  :  «  Il  crut  à  Dieu  et 
[cela]  lui  fut  imputé  [68r]  à  justification  et  il  fut  appelé  ami  de 
Dieu  »  (1).  Lot  non  circoncis  fut  tiré  hors  des  Sodomites,  ayant 
obtenu  le  salut  de  Dieu  (2).  De  même  Noé,  étant  agréable  à  Dieu 
alors  qu'il  était  incirconcis,  reçut  les  mesures  du  monde  (3). 
A  la  seconde  génération  (4),  Enoch  sans  circoncision  fut  agréa- 
ble à  Dieu  [et],  bien  qu'il  fut  homme,  fut  jugé  digne  des  honneurs 
des  Anges  (5)  et  fut  transporté  [au  ciel],  gardé  indemne  jusqu'à 
ce  jour  témoin  du  juste  jugement  de 'Dieu,  car  les  anges 
transgresseurs  tombèrent  pour  le  jugement  (6),  mais  l'homme 
qui  était  agréable  [à  Dieu]  fut  transporté  [au  ciel]  pour  le  salut. 
Et  encore  l'autre  multitude  de  ceux  qui  [furent]  justes  avant 
Abraham  et  les  patriarches  [qui],  avant  Moïse,  sans  les  choses 
dites  plus  haut  et  sans  la  loi  donnée  à  Moïse,  furent  justifiés, 
comme  Moïse  lui-même  le  dit  au  peuple  au  second  [livre]  de  la 
loi  :  «  Le  Seigneur,  Dieu  d'Israël,  vous  a  donné  l'alliance  du 
Testament  sur  l'Horeb,  et  l'alliance  de  ce  testament  n'[est]  pas 
avec  [vos  pères],  mais  avec  vous  »  (7). 

(1)  lac,  n,  -.'3. 

(2)  Gen.,  xix,  17. 

(3)  Gen  .  ix,  27;  Hebr.,  xi.  7.  Déjà  Irénée  (iv,  20)  nous  a  parlé  des  mesures 
du  monde  données  par  Dieu  à  Moïse;  on  ne  trouve  rien  de  semblable  dans 
l'Écriture  Sainte,  ni  chez  Justin  qui  parle  souvent  de  Noé,  ni  chez  aucun  autre 
Père  apologiste  ou  apostolique  (voir  les  Indices  de  Goodspeed,  Leipzig,  1907 
el  1912). 

(4)  Ces  mots,  rattachés  par  le  traducteur  latin  à  la  phrase  précédente,  en  sont 
séparés  par  un  point  final  dans  le  texte  arménien. 

[Tu  Tel  est  le  sens  probable  de  l'arménien  malgré  l'emploi  singulier  du  mot 
iluinlikuii  (il  faudrait  mnéuitifi  i/iLn^tiu^);  le  latin  écrit  avec  un  sens  beaucoup 
plus  précis  legatione  ad  Angélus  fungt  balur  (allusion  au  livre  d'IIénoch,  xu  etxv); 
ces  mots,  où  on  reconnaît  sans  peine  le  grec  kngkaèzMi  (cf.  II  Cor.,  v.  20;  Éph., 
vi.  20  et  p.  145.  n.  5  in  fine),  pouvait  correspondre  à  un  arménien  uitumnut- 
iVnii  Mii/.mi  Çnhninuiliiiin ;  un  copiste  postérieur  ne  comprenant  pas  le  texte 
aura    lu   ni lu  u    iliunlthtui  au  lieu  de  uiiuuinuiitunnniiiui. 

6  Deciderunt  in  judicium,  disent  les  manuscrits  latins  d'accord  avec  l'armé- 
nien; le  Claromont.  seul  ajoute  in  terram;  nous  ne  lisons  rien  de  pareil  ici. 

(7)  Deut.,  v.  2.3;  le  sens,  la  traduction  latine,  la  ligne  suivante  et  le  texte  cité 
nous  obligent  à  supposer  l'omission   de  yuimli  après   njm- 

[83] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  HjERESBS.  67 

3.  Mass.  xvi,  3]  Or  donc,  pourquoi  justement  [n'est-ce]  point 
à  |leurs]  pères  [que]  Dieu  a  donné  l'alliance  de  son  Testament? 
«  Parce  que  ce  n'est  pas  pour  les  justes  que  la  loi  est  établie  »  1 1, 
et  leurs]  pères  étaient  justes,  possédant  et  ayant  reçu  la  vertu 
des  dix  oracles  dans  leur  âme  (2),  ils  la  reçurent  en  aimant 
[(ÎSv]  Dieu  qui  les  a  créés  et  s'abstenant  de  l'injustice  envers  le 
prochain.  C'est  pourquoi  ils  n'étaient  nullement  dans  le  besoin 
et  la  nécessité  qu'on  leur  donnât  des  conseil  s  (3)  et  [qu'on 
les]  mit  dans  leurs,  esprits  par  l'écriture,  car  ils  possédaient 
en  eux-mêmes  la  justice  de  la  loi.  Mais  lorsque  cette  justice  et 
l'amour  envers  Dieu  lurent  oubliés  et  éteints  en  Étrypte, 
nécessairement  Dieu,  à  cause  de  son  grand  amour  des  hommes, 
se  montrait  lui-même  par  sa  voix  et  tirait  rson]  peuple  d'Egypte 
par  sa  puissance,  pour  que  l'homme  devint  à  nouveau  disciple 
et  sectateur  (4)  de  Dieu,  et  il  frappait  et  pourchassait  les 
infidèles  (5)  pour  qu'il  ne  méprisât  point  son]  créateur,  et  il  le 
nourrit  de  la  manne  pour  qu'il  reçut  une  nourriture  intellec- 
tuelle (G,  selon  que  Moise  dit  dans  le  deuxième  livre]  delà  Loi  : 
«  Et  il  t'a  nourri  de  la  manne  que  ne  connaissaient  pas  tes 
pères,  afin  que  tu  saches  que  ce  n'est]  pas  de  pain  que1  vivra 
l'homme,  mais,  de  toute  parole  qui  sort  de  la  bouche  de  Dieu, 
l'homme  vivra  »  (7). 

(1)  I  Tim..  i.  9. 

(2|  juiun.li  tiLuhinil  nuiinLubinil  nïni  milni'l.  il  semble  qu'il  faille  li le  à  la 
place    nnbull    nLuhini^    nhn    u^tiunii);    b.    nliq    nabub,    qui    Correspond    beaucoup 

mieux  au  lati a conscriplam  habenles  in  cordibus  et  animabus  suis.  En  effel  :  ljuuin.u. 
mélange,  accouplement,  n'a  aucun  sens  ici;  ankuitu.  dont  la  graphie  n'est  passi 
différente,  s'accorde  parfaitement  avec  le  laun  conscriplam.  i"  Venant  aussitôt 
après  nLubinil,  nlinnLukiiiil  esi  très  suspect; la  conjecture  iAin  ubninu  II  corres- 
pond parfaitement  au  latin  in  cordibus  et  comme  nïin  naUuii  à  animabus  ■ 

(3)  Littér.  :  ils  n'étaient  en  rien  dans  le  besoin  qu'il  leur  fût  nécessaire  [qu'il  y 
•  ût  quelqu'un]  qui  leur  donnât   des,  conseils  etc. 

(4)  <ÇfcmtnWiiL,  littér.  suiveur,  terme  non  classique  et  très  rare. 

(5)  uiuÇuiLwhuu,  infidèles,  qui  traduit  le  grec ànt<rro-jç  ou  à;n<jToûvTcc;,  est  l/ieu 
meilleur  que  le  latin  audienles  qui  correspond  sans  doute  à  la  lecture àxoâovta;. 

itil  nm)iujLiiiiuj/iui!i.  qui  avec  le  latin  ralionalis  traduit  le  grec  /cr-./.o;.  Justin 
[Dialog.,  lui.  2)  explique  que  la  manne  esi  le  pain  des  Anges  dans  le  ciel 
(Ps.  Lxxvit,  23)  et  qu'ils  la  mangent  au  ^en^  où  nous  disons  que  ie  feu  mange 
toul  et  en  tout  cas  sans  l'aide  des  dents  et  des  màchi 

(7)  Deut.,  vin.  3.  Le  latin  écrit  viiil. 

84 


68  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 


XXVIII 

El  envers  Dieu  il  commandait  l'amour  et  envers  le  prochain  il 
entraînait  (1)  la  justice,  afin  que  [l'homme]  ne  fût  pas  injuste 
ni  indigne  de  Dieu  :  par  le  moyen  des  dix  oracles,  il  adaptait  et 
préparait  l'homme  à  son  amitié,  et  envers  le  prochain  à  la 
concorde  de  l'unanimité  (2),  choses  qui  étaient  utiles  à  cet 
homme,  mais  [il]  n'avait  nullement  besoin  de  lui   69r  . 

.Mass.  xvi,  4]  C'est  pourquoi  l'Écriture  dit  :  «  Ces  paroles, 
le  Seigneur  [les]  a  dites  à  toute  l'assemblée  des  fils  d'Israël 
dans  le  désert  et  il  n'ajouta  rien  »  (3),  car,  comme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  il  n'avait  besoin  d'eux  en  rien.  Et  Moise 
leur  dit  encore  :  «  Et  maintenant,  Israël,  qu'est-ce  que  le 
Seigneur  ton  Dieu  demande  de  toi,  sinon,  [pour  toi,  [de] 
craindre  le  Seigneur  ton  Dieu,  [pour]  toi,  [de]  marcher  dans 
ses  voies  et  l'aimer  et,  [pour]  toi,  [de]  servir  le  Seigneur  ton 
Dieu  de  tout  ton  cœur  et  de  toute  ton  àme  »  (4),  car  toutes  ces 
[•choses]  rendaient  l'homme  glorieux  en  faisant  ce  qui  man- 
quait en  lui,  l'amour  de  Dieu  (5);  mais  [lui]  n'offrait  rien  à 
Dieu,  car  Dieu  ne  manquait  en  rien  d'amour,  mais  l'homme 
manquait  de  la  gloire  de  Dieu  (6)  qu'il  n'était  [pour  lui]  aucun 
moyen  d'obtenir  sinon  le  service  envers  lui.  Et  c'est  pourquoi 
.Moïse  leur  dit  encore  :  «  Choisis  ta  vie  afin  que  tu  vives,  toi 

h  Le  texte  porte  Ànhr  M"'  n'existe  pas;  c'est  probablement  ànkn  qu'il 
faut  lire. 

(2)  y:/iiiiiiViiiiii  W/n  li  if/iiiiMniîiiii.p/îiiiîi  :  ces  deux  termes  sont  à  peu  prés 
synonymes  :  ÇuiSuiShinp  traduit  ôjiôçpovsç  il  Pétri,  m,  S)  et  lî/uupuiSniH/iuiîi 
6[io8u!ia56v  (Rom.,  xv.  6);  le  grec  sous-jacent  est  probablement  ônôvoia,  absent 
■lu  N.  T.,  mais  fréquemment  employé  dans  l'Épitre  de  .Saint  Clément  aux 
Corinthiens;  lat.  concordia,  p.  68,  n.  5. 

(3)  lient.,  v.  ;!'..'',  iujLuiuiuiin/iS,  in  deserlo  est  nue  faute  évidente;  lat.  in  monte. 
i    Dent.,  \.  li. 

"n  iintpk  UuuinL&ni;  lat.  amiciliam  Dei;  dans  le  N.  T.  uk,n  traduit  régulière- 
ment àya^ri,  mais  aussi  ;i/iot  dans  l'unique  exemple  qu'on  en  trouve  (lac,  iv,  4); 
c'est  cependant  puiiildjiuS  qui  correspond  toujours  à  p£).o;  et  même  tlmuh 
pun/î/iiiii>n<-H/ïuiii  traduit  la  périphrase  o;à  -o  àvai  siXov  oOtoû  (Luc,  xi.  8);  ici 
il  faut  supposer  le  grec  yiXiav  8eoû  (cf.  Adv.  Hser.,  i\.  65)  au  sens  ■■  amitié  de 
l'homme  pour  Dieu  ■  (cf.  iyânti  9so0  II  Thess.,  tu,  5;  Io..  v,  -lit  I  [o.,  u.  15). 
'(6)  Rom.,  m,  23. 

85 


SAINT    IRÉNÉE    :     ADVERSOS  HjERESES.  69 

et  ta  postérité,  [à]  aimer  le  Seigneur  Dieu,  écouter  sa  voix  et 
t'attaclirr  fortement  à  lui,  car  cela,  c'  est  la  vie  et  la  longueur 
de  tes  jours  »  (1);  ayant  adapté  et  formé  l'homme,  il  prononça 
les  dix  oracles,  paroles  [adressée  par  lui-même  à  tous  :  c'est 
pourquoi  semblablement  ils  demeurent  chez  nous,  ayant  reçu 
la  plénitude  de  leur  force  et  l'extension,  non  la  destruction 
et  l'abolissement,    du  fait    de  sa  venue  lG9v]  corporelle. 

[Mass.  xvi,  5]  Mais  les  préceptes  de  la  servitude,  il  les]  a 
ordonnés  spécialement  et  en  particulier  par  Moïse  au  peuple, 
"préceptes  appropriés  a  leur  éducation  (2),  selon  que  dit  Moïse 
lui-même  :  «  Le  Seigneur  me  commanda  en  ce  temps-là  de  vous 
enseigner  les  justifications  et  les  jugements  »  (3);  c'est  pourquoi 
ce  qui  est  relatif  à  leur  servitude  et  a  été  donné  en  signe,  il  l'a 
contenu  dans  le  testament  de  sa  puissance  (11,  mais  toutes  les 
choses  naturelles  et  libérales  et  communes  à  tous,  il  les  a  éten- 
dues, accordant  gracieusement  aux  hommes,  sans  jalousie  et 
généreusement,  de  connaître  par  T]  adoption  le  Père  Dieu  et  de 
l'aimer  de  tout  cœur,  et  celui-ci  a  donné  en  retour  (5)  de  suivre 
son  Verbe,  en  s'abstenant  non  seulement  des  mauvaises  actions, 
mais  encore  de  leurs  pensées  (6).  Il  a  augmenté  la  crainte,  car 

I    l'fnt..  \x\.  L9-20. 

.'    funuiui,  lat.   erudilio,  traduisent  probablement  le  grec  r.->.-Z-i<.%  si  fréquent 
chez  Clément  et  Justin. 
(3l  Deut..  iv.  14. 

(4)  uitiiiiiiiiiiiLiiiii  ïinnui  iiim  nm  Uimh'ii  liuiiutiiuniuh .  lut.  circumscripsit  novo 
libertalis  leslamenlo;  uiiumunnki  et  circumscribere  traduisent  évidemment  le 
grec  ïrepiypioEiv  qui  a  le  sens  de  délimiter,  bot  1er.  mais  aussi  celui  de  exclure. 
supprim  lir,  bannir  ntprypi^ETs  u=  èx  t-?,;  îtoXitsi'i;,  Eschine,  83,  <'it<'  par 
Harvej  :  Massuel  donne  la  même  exégèse  pour  circumscribere.  I.e  traducteur 
arménien   n'a    vu    dans    Treptypiçsiv  qu'un    composé   de    -eç,:   et    ypiÇE'v  et    il   l'a 

traduit  par   un   pomposé    de  nnfei  :  c'est    | rquoi   il   a   écrit    uiuiniutfnbmg    et 

probablement  les  mots  innni  uinuji/inL^?fciuliîi  LiniuLuiniuf§  qui  correspondent 
:i  bo»o  libertalis  Testament»;  mais  alors  la  phrase  '--t  en  contradiction  ave.-  le 
contexte  et  un  copiée  aura  remplacé  ces  derniers  mots  par  Lnnuj  i|«n  nm  [JLui'li'i, 
Ii  m  m  li  m  nuili  dont  la  graphie  n'est  pas  bien  différente  et  que  nous  lisons  aujourd'hui. 

(5)  lu  iu(li  tui  nui  niuncX.  lat.  et  tin  ilione;  malgré  la  différence  des 
sens,  les  textes  grecs  sur  lesquels  onl  travaillé  les  Jeux  traducteurs  semblent 
avoir  été  voisins  :  l'un  et  l'autre  portent  i''i  un  composé  d'àvri,  peut-être  le 
verlie  àvr'.TÎOnjiu  qui  offre  précisément  les  deux  sens  apposer  et  donner  >u  > 

6    luntt^nnnn'L,  lat.  concupiscenliis. 

se 


70  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

les  enfants  doivent  et  craindre  plus  que  les  serviteurs,  et  aimer 
davantage  [leur]  Père;  c'est  pourquoi  le  Seigneur  dit  :  «  Toute 
parole  vaine  que  les  hommes  auront  dite,  ils  rendront  compte 
à  son  sujet  au  jour  du  jugement  »  (1),  et  :  «  Celui  qui  regarde 
une  femme  pour  la  désirer,  déjà,  il  l'a  induite  en  adultère  dans 
son  cœur  »  (2),  et  :  «  Celui  qui  se  sera  emporté  contre  son  frère 
en  vain  sera  justiciable  du  tribunal  »  (3),  pour  que  nous  sachions 
que  [ce  n'estj  pas  seulement  des  actions  [que]  nous  rendrons 
compte  à  Dieu  comme  des  [70r]  serviteurs,  mais  des  paroles 
et  des  pensées,  comme  [des  êtres]  ayant  reçu  le  pouvoir  de  la 
liberté  :  [c'est]  en  cela  surtout  [que]  l'homme  fait  la  preuve  qu'il 
craint  (4)  et  aime  le  Seigneur.  Et  c'est  pourquoi  Paul  (5)  dit  : 
«  Nous  n'avons  pas  la  liberté  pour  enveloppe  [et|  voile  de  la 
méchanceté  »  (6),  mais  pour  preuve  et  manifestation  révélatrice 
de  notre  foi. 

XXIX 

1.  [Mass.  xvii,  1J  Que  Dieu  leur  ordonna  le  service  du  culte 
de  la  loi  sans  avoir  besoin  de  leur  culte,  | c'est  ce  que]  les 
prophètes  annoncent  pleinement  (7).  Et  que,  en  échange,  Dieu  ait 
besoin  des  prémices  des  hommes  pour  cet  homme  qui  [les  lui] 
offre  (S),  le  Seigneur  [l']a  enseigné  manifestement  [et  j  évidem- 
ment, selon  que  nous  [l'Javons  montré;  car  lorsqu'il  les  voyait 
nonchalants  et  paresseux  pour  la  justification  et  exclus  de 
l'amour  de  Dieu,  mais  «'imaginant  concilier   Dieu  au  moyen 

(1)  Matt.,  xii,  36. 

(2)  Matt.,  v,  28. 

(3)  Matt..  v,  22. 

(4)  iijmiiii/jiiiii  /. .  lat.  reverealur  et  timeat. 

(5)  Lat.  Pc/rus;  le  texte  arménien  semble  primitif. 

(6)  1  Ptri,  ii,  16.  Confusion  probable  avec  II  Cor.,  m,  15-18. 

(7)  Sauf  une  omission,  d'ailleurs  importante,  l'arménien  recouvre  exactement 
le  latin  :  Quoniam  autem  non  indigens  Deus  servitule  eorurn  [sed  propicr  ipsos, 
quasdam]  observantias  in  lei/e  prsecepit  ou  praeceperil,  plenissime  prophétie 
indicanl. 

(8)  Même  remarque;  l'arménien  écrit  :  Et  ruraux,  quoniam  indiget  Deus 
oblatione  hominum,  propler  ipsum  </ui  offerat  hominem...;  la  leçon  de  l'arménien 
paraît  primitive;  celle  du  latin  (quoniam  non  indiget  Deux...,  sed  propicr 
ipsum  etc.)  semble  résulter  de  la  correction  d'un  lecteur  scrupuleux;  au  lieu 
de  hominum,  le  Glarom.  écrit  eorum. 

[87] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSVS  H&RESES.  71 

d'oblations  et  autres  cultes  donnés  par  figure,  Samuel  parla 
d'abord  ainsi  :  «  Est-ce  que  le  Seigneur  veut  des  holocaustes  et 
des  oblations  autant  que  d'écouter  sa  voix?  L'obéissance  (1) 
[est  meilleure  que  l'oblation  des  sacrifices  et  le  don  de  l'oreille 
que  la  graisse  des  béliers  ».  Et  David  «lit  :  «  D'oblations  et  de 
sacrifices  tu  n'as  pas  désirés;  mais  des  oreilles  tu  m'as  adaptées; 
et  des  holocaustes  et  des  victimes  pour  le  péché,  tu  n'en  as 
pas  demandé  »  (2).  Et  il  leur  enseignait  que  Dieu  veut  plutôt 
l'pbéissance  "70v]  de  la  docilité  qui  les  sauve,  que  les  oblations  de 
sacrifices  et  les  holocaustes  qui  n'offrent  aucun  profit  (3)  pour 
la  justification  (1)  en  même  temps  qu  il  prophétise  le  Nouveau 
Testament.  Encore  plus  manifestement,  il  dit  au  Psaume  cin- 
quantième au  sujet  de  ces  choses^  :  «  Si  tu  voulais  des  oblations 
de  sacrifices,  je  t'en  aurais  offert,  certes;  aux  holocaustes  tu  ne 
te  complais  pas  :  l'oblation  du  Seigneur,  c'est  un  esprit  préparé  : 
un  cœur  préparé  et  humilié,  Dieu  ne  [le    méprisera  pas  »  (5). 


fli  1  Reg..  xv,  22.  mui  littéralement  audition;  latin  auditus. 

(2  Ps.  xxxix,  7.  Cette  citation  est  faite,  non  d'après  les  Sept  mte  ou  l'Épitre 
aux  Hébreux,  x.  r>.  qui  écrivent  «iii  3:  v.z-r^-inu)  fioi,  mais  d'après  l'original 
hébreu  ou  une  version  grecque  littérale  :  Aquila  écrit  w-iz  Zï  ïiv.xli;  (toi.  Les 
mots  nn*J  et  uiuiinuinuin  qui  tigurent  ici  et  traduisent  O-j^ix  et  npocrpopâ  sont 
employés  également  par  la  Vulgate  (Hein.,  x.  5  et  8);  nous  traduisons  ijn-,"  par 
oblation  et  uiuiuimpuin  par  sacrifice;  car  l'expression  nn^  uiuiinuipuiqunj 
revient  plusieurs  fois  dans  le  texte:  mais  ces  deux  mots  sont  sensiblement  syno- 
n\  mes  :  dans  la  Vulgate  O-jsc'oc  est  traduit  régulièrement  par  h|/iiiimij/ihmj  (Hebr., 
passim.  et  Act.,  vu,  42).  mais  aussi  par  nn^  (Act.,  vu,  41)  et  même  rjfcïnn  Uh 
(Epli.,  v,  2);  de  même  nfausopi  est  toujours  traduit  par  uj  m  m  m  p  tu  11  (Act.,  xxi, 
26;  xxiv,  17:  Rom.,  xv,  16;  Eph..  v.  2;  Hebr..  x.  In,  1  I  et   18  . 

(3)  Le  texte  porte  np  hu*  mi  nm  m  iiiuiiiiii  ijin'hl.'ii .  gui  offrent  quelque  profit, 
ce  qui  n'a  pas  de  sens  vu  le  contexte;  il  faut  donc  ajouter  une  négation  et  lire 

np   n\   nh\   OU    nn  plu   n\    un  tint  m  .  .  .    OU    nn    ni    m i  an i  tu  .  .  . 

(4)  Lire  uinnuinnL/3/ii.S  au  lieu  de  iuipStupnLpjtii  :  cf.  p.  76  n.  4. 

(5)  Ps.  l,  18-19;  cette  citation  ligure  déjà  dans  la  I  démentis,  xvni.  16-17  en 
un  texte  semblable  à  celui  des  Septante,  auquel  est  conforme  la  traduction 
latine  d'Irénée;  les  deux  formes  /^n  au  début  de  la  citation  sont  des  distractions 
évidentes  :  la  première  doit  être  remplacée  par  kfrp-  ll  s<^'"nde  par  fc^i  ;  8-„Tioc 
est  traduit  ici  par  nns)  Njnmnnmiimun  voir  note  2.:  noter  surtout  ^mpniupliui^ 
qui  correspond,  non  au  grec  au/T£Tp:(j.nivov,  mais  plutôt  à  xa-nipTiofiévov  (Cf. 
Luc.  vi,    10  et  Ado.    Haer.,    iv,  21,  3,  citation  de  Matt..  xxi.   16  et  Ps.  vm.  3  . 


72  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 

Et  que  Dieu  soit  sans  besoin  (1),  il  le  dit  dans  le  Psaume 
qui  est  avant  celui-là  :  «  Je  ne  recevrai  point  de  veaux 
[venus]  de  ta  maison,  ni  de  boucs  [venus]  de  tes  troupeaux, 
car  à  moi  sont  tous  les  animaux  des  forêts,  toutes  les  bêtes  des 
montagnes  et  les  bœufs  ;  je  connais  (2)  tous  les  oiseaux  du  ciel, 
toute  la  beauté  des  champs  est  avec  moi  ;  si  j'avais  faim  (3),  je 
ne  te  le  dirais  pas,  car  à  moi  est  le  monde  et  toute  sa  plénitude. 
Est-ce  que  je  mange  la  viande  des  petits  taureaux  ou  que  je 
bois  le  sang  des  boucs"?  »  Puis,  pour  que  personne  ne  s'imagine 
que  [c'est]  parce  qu'il  est  hors  [de  lui  qu']il  refuse  ainsi  ces 
choses,  il  ajoute,  donnant  ce  conseil:  «  Immole  à  Dieu  une 
oblation  d'action  de  grâces  et  acquitte  tes  prières  envers  le  Très- 
Ilaut  et  appelle-moi  au  jour  de  la  tribulation  et  je  te  sauverai 
I71r]  et  tu  me  glorifieras  »  (4).  En  refusant  ces  choses  par 
lesquelles  les  pécheurs  comptaient  se  concilier  Dieu,  il  se 
trouve  avoir  montré  son  absence  de  besoin  (5),  mais  il  leur 
conseille  et  rappelle  celles  par  lesquelles  l'homme  est  justifié  et 
s'approche  de  Dieu. 

2.  La  même  chose,  Isaïe  [la]  fait  aussi,  car  il  a  dit  :  «  Qu'est 
pour  moi  la  multidude  de  vos  oblations  ?  dit  le  Seigneur,  je 
suis  plein  »  (6);  et  ayant  renoncé  aux  holocaustes  et  aux  oblations 
et  aux  sacrifices  et  aux  néoménies.  et  aux  sabbats  et  aux  fériés  et 
aussi  à  toute  autre  chose  qui  était  après  celles-ci  le  service 
régulier  du  culte,  il  ajoute,  leur  conseillant  le[s]  ehose[s] 
salutairels]  :  «  Lavez-vous,  devenez  purs,  chassez  le  mal  de 
vus  âmes  (?),  apprenez  à  faire  les  [choses]  bonnes,  recherchez 
les  [choses]   droites,   sauvez  [celui   qui   est]  maltraité,   faites 

(Il  luiifiiiiitiiiLiii,  probabl.  grec  cbrpoTÔsr,;  ou  àvsvSsfa  (Gf.  p.  74  n.  5). 

(i)  Ps.  xlix,  '.1-13,  lire  SujCfeuii  au  lieu  de  o. ,<)./,,..,,  ;  cf.  Justin,  Dialogue,  xxn,  8. 

(3)  Lire   piijrin/iilifn   âU    lil'U    (le   ntunijhtutj. 

(4)  Ihid.,  Ps.  \i. ix.  14  15  cité  dans  la  I  démentis,  lu,  3. 

(ô)  L'arménien  donne  ici  raison  à  VArundel.  contre  le  Claromont.  et  le  l'os- 
sianus;  il  fuit  maintenir  contre  Massuet  et  avec  Harvey  :  oslendens  quod  ipse 
nullius  rei  Indigel. 

(fi)  Isaïe,  i,  11.  Celte  citation  ligure  déjà  dans  Barnabe,  u. 

(7)  Isaïe,  i,  16-18;  ce  texte  est.  cité  par  Justin,  Apol.,  xi.iv,  3  et  lxi.  ?  et  par- 
tiellement Dialogue,  xvui,  2.  Ce-;  citations  et.  noire  texte  arménien  lisent  ^vyjbv 
(le  traducteur  latin  d'Irénée  écrit  cordions)  et  omettent  les  mots  àr.Evr.-n  tûï 
0!p8aX[Jiûv  |iou  qu'on  lit  dans  notre  texte  actuel  des  Septante  et  dans  la  traduction 
latine  d'Irénée   ai  oculis  meis). 

891 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUS  H^ERESES.  T!', 

droil  à  l'orphelin,  et  justifiez  la   veuve,  et  venez,  soyons  en 
face  l'un  de  l'autre],  dit  le  Seigneur  ». 

Mass.  xvii,  2  [Ce  n'était]  pas  poussé  à  la  manière  d'un 
homme,  comme  certains  ont  pu  oser  le  dire,  qu'il  supprimait 
(1)  leurs  oblations,  mais  il  avait  pitié  d'eux  comme  d'aveugles 
(2),  et  il  leur  faisait  offrir  la  véritable  (3)  oblation  du  sacrifice, 
celui  par  lequel,  en  l'offrant,  ils  se  conciliaient  Dieu  et  obtien- 
draient de  lui  (4)  la  vie. 

3.  De  même  ailleurs  encore:  «  C'est,  dit-il,  une  oblation  à 
Dieu  qu  un  cœur  bien  préparé  Tlv ',  une  odeur  de  suavité  à 
Dieu  qu'  un  cœur  qui  glorifie  son  créateur  »  (5)  ;  car,  si  c'eût 
et'  en  sa  colère  qu'  il  renonçait  aux  oblations,  comme  à  ces 
ractes  indignes  de  trouver  miséricorde  de  sa  part,  il  ne  leur 
eût  point  conseillé  les  choses  par  le  moyen  desquelles  ils  se 
sauveraient.  Et,  comme  Dieu  est  miséricordieux,  il  ne  les  a  pas 
privés  et  retranchés  du  bon  conseil,  selon  qu'il  dit  par  Jérémie  : 
«  Pourquoi  me  portes-tu  (6)  l'encens  de  Saba  et  la  cinnamome 
de  la  terre  lointaine?  Les  holocaustes  et  les  oblations  de  vos 
sacrifices  ne  me  sont  pas  agréables  »  ;  puis  il  ajoute  :  «  Écoutez 
la  parole  (7i  du  Seigneur,  toute  la]  Judée  ;  voici  [ce  que  dit  le 
Seigneur  Dieu  d'Israël  :  Redressez  vos  voies  et  l'usage  de  vos 
volontés  (8)  et  je  vous  ferai  habiter  en  ce  lieu;  n'espérez  pas 
en  de  fausses  paroles  qui  ne  vous  feront  aucun  profit  en  rien,  en 
disant  :  Le  temple  du  Seigneur,  c'  est  le  temple  du  Seigneur  ». 
Mass.  xvii,  :!  Et  il  signifie  encore  de  nouveau  que  ce  n'est 
pas  à  cause  de  ces  choses  qu'  il  les  a  tirés  d'Egypte,  pour  qu'ils 
lui  offrissent  des  oblations  de  sacrifices,  mais  pour  que,  ayant 
oublié  l'idolâtrie  des  Égyptiens,  ils  puissent  écouter  la  voix  de 

il)  Lat.  divertit,  armén.   ununmnnhS,  sur  ce  mot  v.  p.  SU.  n.  4. 

(2)  Lat.  miseï  ens  i  orum  cmi  itali. 

(3)  a&nSuinuiniM]iLÏAi\  il  semble  qu'il  faudrait  lire  nùiiîuipmiiLphuii'h. 
1    LSl^b;  lire  évidemment  'luim'hl,'!, . 

Tu  Citation  impossible  à  identifier  dan-  n   -  textes  actuels  d'Écriture  saint.». 
mais  qu'on  reH-otne  dm-  Glé  neat  d'Alexandrie.  P^lajogw,  ni.   12  <['.  G.  VIII, 
669  :  .Mas-ne:  la  rapproche  de  Eccles  .  \\\ix,  11  (lxx). 
lérjm.,  vi,  î"i;  I1  traduction  latine  écrit  :  A/fei 

'    Jérém.,  vu.   2-3.    Le  texte  arménien  porte  pir   erreur  évidemment  ijf-iuîi 
avec  une  majuscule,  qu'il  faudrait  tra  luire  par   Ve>  '■ 

8     Lit.  sludia  resli  a:   LXX  :   ti  £ictTr,Ss-j(i.xr3  ûjjlûv. 

[90] 


7  1  ÇEVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Dieu,  qui  était  leur  salut  et  leur  gloire;  le  Soigneur  le  dit 
par  Jérémie  :  «  Vous  avez  amassé  les  holocaustes  après  vos 
oblations,  et  vous  [en]  avez  mangé  la  chair,  [comme]  si  je 
n'avais  pas  parlé  à  vos  pères  et  ne  leur  avais  pas  donné  de 
préceptes  [72r],  au  jour  où  je  les  ai  tirés  d'Egypte,  au  sujet  des 
holocaustes  et  des  oblations;  mais,  cette  parole,  je  [l']ai  com- 
mandée en  leur  disant  :  Écoutez  ma  voix,  et  je  serai  votre 
Dieu  et  vous  serez  mon  peuple,  et  vous  marcherez  dans  toutes 
mes  voies  que  je  vous  ai  commandées  (1)  afin  que  bien  soit  à 
vous.  Et  ils  n'ont  point  écouté,  et  ils  n'ont  point  prêté  attention, 
mais  ils  ont  marché  derrière  les  pensées  de  leurs  cœurs 
méchants,  et  ils  ont  été  en  arrière  et  non  en  avant  ».  Et  dere- 
chef, il  dit  par  le  même  :  «  Mais  il  ne  se  vantera  pas  faus- 
sement (2)  celui  qui  se  vante  de  recevoir  dans  sa  pensée  et  de 
connaître  que  moi,  je  suis  le  Seigneur  qui  lais  la  miséricorde 
et  la  justification  et  le  jugement  »  (3),  et  il  ajoute  :  «  car 
[c'jest  en  ces  choses-là  [qu'jest  ma  volonté,  dit  le  Seigneur  », 
et  non  dans  les  oblations,  ni  dans  les  holocaustes,  ni  dans  les 
sacrifices,  car  [ce  n'étaient]  point  principalement  ces  choses-là, 
mais  selon  les  conséquences,  pour  la  cause  précédemment  dite, 
[que]  le  peuple  [les]  avait  reçues,  selon  qu'Isaie  dit  encore  : 
«  Les  brebis  de  tes  holocaustes  (4)  ne  sont  rien  du  tout  et  [ce 
n'est]  point  par  tes  sacrifices  [que]  tu  m'as  glorifié,  tu  n'as 
pas  servi  dans  les  sacrifices  et  je  ne  t'ai  point  fait  de  fatigue  (5) 
pour  de  l'encens,  et  tu  ne  m'as  point  acheté  à  prix  d'argent  des 
aromates,  et  je  n'ai  point  désiré  la  graisse   de  tes    oblations, 


(1)  Jérém..  vu,  21-25;  ,,,,,, mm  Iwbnli  praecepi;  il  faut  probablement  lire 
itiiuuiiiLJinhnlin  équivalent  du  latin  prsecepero.  Cf.  Justin,  Dialogue,  xxn.  6. 

(2)  Jérém.,  tx,  24.  Le  texte  porte  ici  Uii  ml  uni_m  uiiun&tuq/i  nn...\  il  faut 
lire  évidemment  :  fîii  n<  uni_in  uiuin&kun/i  nn... 

(3j  nniiriniWïL0/ii_îi  II  nm (nitn uni  Uln '/i  II  àntuuiuiu ututïtu .  latin  (d'accord  avec 
les  Septante)  misericorliam  cl  justitiam  el  judicium  in  terra.  L'arménien  omet 
ces  deux  derniers  mots  qu'il  traduisait  A  i/fe/iuii  fen/in/i,  omission  presque  fatale 
puisque  la  citation  est  suivie  aussitôt  de  la  formule  U  Jbnm  fenfen,  intulil,  dont 
la  graphie  est  très  voisine. 

I  li  Isaïe,  xliii,  23-24.  Le  latin  ajoute  ici  mihi  qu'omet  l'arménien,  ici  encore 
tout  naturellement  (/iïm  après  nthit). 

(5)  Lat.  luhorioxe  jecisli. 

[91] 


SAINT    [RENEE    :    ADVERSUS  BAiRESES.  75 

mais  toi,  [c'est]  dans  tes  péchés  et  tes  iniquités  [que]  tu  t'es 
tenu  debout  devant  moi  ».  <■  Mais  qui,  dit-il,  regarderai-je, 
sinon  ["i2v  sur  le  petit  et  l'humble  et  le  doux  et  celui  qui 
tremble  à  mes  paroles?  «  (1)  «  Car  [ce  ne  sont  pas  les  vœux  et 
la  chair  saints  (2)  [qui]  enlèveront  de  dessus  toi  tes  injustices  ». 
«  Car  ceci  est  le  jeûne  (3)  que  j'ai  choisi,  «lit  le  Seigneur  :  délie 
tout  lien  d'iniquité,  et  délie  et  détache  la  fourberie  des  négoces 
forcés  ;  renvoie  ceux  qui  sont  brisés  avec  rémission,  et,  tout 
contrat  ou  écrit  inique,  déchire-[Ie],  Romps,  à  ceux  qui  ont  faim, 
ton  pain  dans  le  cœur  de  ta  pensée  (1);  l'étranger  et  le  sans 
logis,  conduis-[le]  dans  ta  maison;  si  tu  vois  un  homme]  nu, 
couvre-de  ,  et  en  ceux  de  ta  maison  tu  ne  négligeras  pas  ta  rare. 
Ainsi  ta  lumière  resplendira  de  bonne  heure  et  ta  guérison  5) 
resplendira  promptement,  et  ta  justification  marchera  en  avant 
devant  toi  et  la  gloire  de  Dieu  te  fera  resplendir,  et,  lorsque 
tu  parleras,  je  dirai  :  Me  voici  ». 

1.  EtZacharie,  d'un]  des  douze  prophètes,  pour  leur  signifier 
la  volonté  de  Dieu  (6):  «  Voici  [ce  que]  dit  le  Seigneur  Tout- 
Puissant  :  jugez  [d']un  jugement  juste  :  la  miséricorde  et  la 
piété,  faites-[les]  chacun  envers  son  frère  ;  la  veuve  et  l'orphelin 
et  l'étranger  et  le  pauvre,  ne  les]  contraignez  pas  et  ne  gardez 
pas  rigueur  chacun  de  la  méchanceté  de  son  frère  dans  votre 
pensée  »  (7).  Et  derechef:  «  Celles-ci  sont,  dit-il,  les  paroles  T3r 
que  vous  accomplirez  :  chacun  [accomplira]  la  vérité  et  l'équité 
envers  son  prochain  (8)  :  jugez  pacifiquement  à  vos  portes  et  ne 


(1)  Isaïe,  lxvi,  '-'.  déjà  citi'-  dans  la  I  démentis,  xm,  4. 

(2)  Jorém.,  xi,  lô;  latin  :  aaipes  et  carnes  pingues;  l'arménien  m.[uing  L  iîfm 
nnLiipn  traduit  exactement  notre  texte  actuel  des  .Septante  eû^ai  x«<  xps*  *Yta- 

(3)  Isaïe,  i.vin,  6-9;  cette  citation  figure  déjà  dans  Barnabe,  m,  et  Justin. 
Dialogue,  xv,  2-6;  elle  s'ouvre  ici  par  •fiiuïinj,.  enim,  avec  Arundel.  contre 
Clarornont.  et  Vossian.;a,u  lieu  île  uiiupti  qui  n'a  pas  de  sens,  il  faut  lire  évidem- 
ment uiiuÇpL,  jeûne. 

(4)  Ces  derniers  mots  uinn/i  iÎiiiuili;,  ex  anima,  ne  figurent  ni  dans  notre 
texte  actuel  des  Septante,  ni  dans  les  citations  de  Barnabe  et  de  Justin. 

(5)  Barnabe  et  Justin  portent  ici,  par  erreur  évidemment,  cu.ii;a  au  lieu  de 
iànaTi  des  Septante  et  d'Irénée. 

(6)  Exactement  le  latin  Significans  eis  volantalem    Dei. 
M  Zachar..  vu,  9-10. 

(S)   Zachar.,  vin.   16  17;  au  liea   de  cette  dernière  phrase  on  dit  dans  la  tra- 

[92] 


76  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

pensez  pas  chacun  dans  votre  cœur  de  méchanceté  pour  votre 
frère  (1);  ne  jurez  pas  un  serment  faux  (2)  parce  que  tout 
cela  je  [le]  hais,  dit  le  Seigneur  Tout-Puissant  ».  Et  David 
semblablement  :  «  Qui  est,  dit-il,  l'homme  qui  veut  la  vie  et 
aime  voir  un  bon  jour  (3)  ?  Arrête  ta  langue  du  mal  et  tes  lèvres 
de  dire  la  fourberie;  détourne-toi  du  mal  et  fais  le  bien; 
cherche  la  paix  et  suis-la  ». 

5.  [Mass.  xvn,  4]  De  toutes  ces  [choses]  il  est  manifeste  que 
[ce  ne  sont]  pas  les  oblations  et  les  holncaustes  [que":  Dieu  leur 
demande  (4),  mais  la  foi,  l'obéissance  et  Injustice  pour  leur  salut. 
Ainsi  dans  Osée  le  prophète,  pour  leur  enseigner  sa  volonté  (5), 
Dieu  dit  :  «  Je  veux  la  miséricorde  au  lieu  des  oblations  (6)  et 
la  connaissance  de  Dieu  au  lieu  des  holocaustes  ».  Et  Notre- 
Seigneur  leur  rappelait  ces  choses-là  en  disant  :  «  Car  si  vous 
saviez  ce  que  c'est  que  :  Je  veux  la  miséricorde  et  non  les 
oblations(7),  vous  ne  condamneriez  pas (8)  des  innocents  », 
rendant  témoignage  aux  prophètes,  qu'ils  ont  prêché  la  vérité, 
e1  confondant  et  rendant  honteux  ceux  qui  sont  présomptueux 
en  eux-mêmes  (9)  [73v].  Et  à  ses  disciples  il  donna  le  conseil 

duction  latine  :  loquimini  vcrilalem  unusquisque  ad  proximum  suum,  beau- 
coup pins  proche  du  texte  des  Septante. 

il)  Tel  est  le  sons  de  l'arménien  ^hijuil^uJi  tijpmLjr  /lumj  l)p  funjtÇjig  /i 
li/iriiiiu  «î/ïii  ;  le  latin  écrit  unusquique  malitiam  fratris  sui  non  recogitet  in  corde 
suo;  cette  dernière  leçon  est  plus  proche  de  celle  de  nos  manuscrits  îles  Sep- 
tante: mais  l'arménien  est  plus  voisin  de  la  citation  de  ce  verset  qu'on  lit  dans 
Barnabe,  II,  S  :  'ly/aaioç  -jp-^v  xaxà  toC  7Û.r,<7iov  £v  tfl  xapoia  aùxoû  xaxc'av  jj.r(  \i*/r\- 
rjr/.axetTto. 

(2)  i.,i,,„,:lii  iinLin  iÎ/i  fcii/iJniL»,  leçon  pins  facile  et  moins  bonne  que  celle 
du  latin  juralionem  falsam  ne  dilexeritis,  conforme,  aux  Septante  ci  à  Barnabe. 

(3)  l's.  xxxiii,  13-15.  Cette  citation  figure  partiellement  dans  1  démentis,  xxn; 
au  lieu  de  quiup...  p.mnh,  ''  faut  lire  dies  bonos,  conforme  aux  Septante  et  à 
Clément. 

(-4)  luîinnt;  on  peut-être  [utinnl^n,  demandait  (Cf.  le  latin quserebat),  la  dernière 
lettre  étant  tombée  par  dittographie  devant  U  Îi.,.,,ii1i/.. 

(5)  Exactement  le  latin  doeens  eos  Deus  suam  volunlalem. 

(6)  Osée,   vi,  li;   tous  les  manuscrits   latins  portent  quam  sacrificium  sauf   le 
•■  mont:  et  non  sacrificium, auquel  l'arménien  donne  plutôt  raison. 

(7)  Mat.,  xii,  7.  Toujours  le  latin  sacrificium  conforme  aux  manuscrits  grecs 
du  Nouveau  Testament. 

l8)  Le  latin  écrit,  non  pas  simplement  non  comme  l'arménien,  mais  nunquum 
Cf.  Vulgate). 
(9)  Le  traducteur  arménien  semble  influencé  par  Luc  i,  51  :  dispersil  superbos 

[931 


SAINT    [RENEE    :    ADVERSUS  BjERESES.  ',  1 

d'offrir  à  Dieu  les  prémices  de  ses  créatures,  non  comme 
à  quelqu'un  qui  en  a  besoin   l),  mais  afin  qu'eux-mêmes  ne 

soient  pas  infructueux  et  ingrats.  Le  pain  qui  était  (2)  du 
monde,  il  le  bénit  et  dit  :  «  Ceci  est  mon  corps  »  (3).  Et  le 
calice  semblablement,  celui  qui  est  de  ce  monde  qui  tj-t  selon 
nous,  il  le  déclara  I  son  sang  et  enseigna  le  nouveau  testa- 
ment du  nouveau  sacrifice  (5).  Celui-ci,  l'Église,  V  ayant  reçu 
des  apôtres,  l'offre  dans  le  inonde  entier  à  Dieu,  à  celui  qui  nous 
offre  [en]  nourriture  les  prémices  de  ses  présents  dans  le 
nouveau  Testament  A  ce  sujet  l'Ange  (6  des  douze  prophètes 
a  signifié  d'avance  ainsi  :  «  Ma  volonté  pour  moi  (7  n'esl  pas 
en  vous,  dit  le  Seigneur  Tout-Puissant,  et  je  ne  recevrai  pas 
de  sacrifices  de  vos  mains,  parce  que,  depuis  le  lever  du  soleil 
jusqu'au  couchant,  mon  nom  est  glorifié  parmi  les  nations  et 
en  tout  lieu  l'encens  est  offert  à  mon  nom  et  un  sacrifice  pur. 
parer  que  mon  nom  est  grand  parmi  les  nations,  dit  le  Seigneur 


'mente  cordissui;  le  traducteur  latiu  [sua  culpa  insipientes)  indique  une  idée  bien 
différente. 

1    Exactement  le  latin  non  quasi  indigenli. 
(2)  tji,  était;  latin  est. 

Exactement  le  latin  de  la  traduction   :  //"<■  est   meum  corpus;  il  faudrait 
donc  supposer  en  greCToùxô  Ittiv  tô  uou  trusta  ou  toutô  è<mv  rî»  iuov  crcôpa. 

1    funuinntliuïibuia,  lai.  confessus  est.  grec  probable  è|<i)(«,oXôyticte,  \.  plus  haut 
p.  12  n.  ô.  p.  i3  n.  5,  el  p.  lô  n.  8. 

5  II  îmn  limiuliuinuiti  Lnpni  uiiiiinuiiminfiii  nuinn,  novum  lestametUwn  nom 
cii  docuil;  le  traducteur  latin  écrit  :  Xovi  lestamenli  novam  docuit  obla- 
lionem;  le  sens  du  latin  est  meilleur  :  l'interversion  qu'on  observe  en  arménien 
s'explique  par  la  confusion  assez  facile  entre  lutuuiuinuin  et  buuuLiuntufi  ; 
ajoutons  que  ujminuinuin  et  sacrificium  traduisent  probablement  le  grec  Bu<ts<x- 
I  i    p.  ss  n.  2. 

(6)  Il  s'agit  du  prophète  Malachie,  Malachias  dans  l'ensemble  des  témoins 
latins,  Malachi  I  dans  les  Ctarom.  et  I  ossian.;  il  n'est  pas  impossible  que  cette 
dernière  leçon  soit  transcrite  directement  de  l'original  grec  et  le  traducteui 
ai  in  mien  aura  pu  croire  que  le  nom  s'appliquait  à  un  Ange  comme  ceux  de 
Gabriel,  Raguel,  Raphaël,  Michel,  etc..  cf.  p.  to'a  n.  4.  Lire  tknhmnuiuuA  et  non 

inrr/iiqifliiilJiuu. 

(7  Malach.,  i,  10-11.  Ce  texte  est  d  ij  i  appliqué  à  l'Eucharistie  et  cité  sommai- 
rement dans  DiSaché,  xiv,  3,  plus  complètement  par  Justin,  Dialogue,  xxvm,  5; 
xi.i.  2;   cxvii,  1.  Les  textes  des   Sep  Justin  écrivent  :  Oùx  ïn-i.  HXi^à. 

no-j  Èv  Cjj.;<  :  l'arménien  et  le  latin  supposent  dans  Irénée  la  leçon  poi ;  par  contre 
[renée  (les  deux  traductions!  et  les  Septante  sont  d'accord  pour  écrire  les 
deux  fois  ).éyei  ô  K-Jpio:  nav;oxpàtwp  (Justin  :   'i -.;-.:  /.. 

[94] 


7!S  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Tout-Puissant  ».  Il  avertit  de  façon  manifeste  par  ces  [paroles] 
que  le  peuple  cessera  d'offrir  à  Dieu  le  premier  [sacrifice]  (1), 
mais  que,  en  tout  lieu,  un  sacrifice  lui  sera  offert,  et  celui-ci 
pur,  et  son  [74r]  nom  sera  glorifié  parmi  les  nations. 

XXX 

[Mass.  xvii,  6]  Et  quel  est  ce  nom  qui  est  glorifié  parmi 
toutes  les  nations  (-2),  sinon  [celui]  de  Notre-Seigneur  par  lequel 
le  Père  est  glorifié  et  est  glorifié  l'homme"?  Et  parce  que  c'est 
celui  de  son  Fils  et  qu'il  a  été  [fait]  par  lui  (3),  il  l'a  proclamé 
sien  propre  ;  de  même  qu'un  roi  qui  aurait  écrit  et  peint  l'image 
de  son  Fils  dirait  justement  sienne  l'image  selon  ces  deux 
choses,  parce  que  c'est  [l'image]  de  son  Fils  et  que  [c'est]  lui- 
même  [qui]  l'a  faite,  de  même  le  nom  de  Jésus-Christ  [qui  est] 
glorifié  à  travers  tout  le  monde  dans  l'Église,  le  Père  [F]a 
proclamé  sien,  parce  que  [c'jest  [le  nomj  de  son  Fils  et  que  lui- 
même  l'ayant  peint  et  écrit  l'a  donné  pour  le  salut  de  l'huma- 
nité. Donc  le  nom  de  son  Fils  lui  est  propre  et  particulier  à 


(1)  Telle  est  la  traduction  qu'impose  le  mot  n imn  un1,,,,,,,,),  ;  il  suffit  cepen- 
dant de  supprimer  le  n  initial  pour  retrouver  le  sens  latin  prior...  populus 
cessabit  offerre  Den. 

(i'I  Le  latin  est  légèrement  différent  :  Quod  est  aulem  alind  nomen  quod  in 
genlibus  glorificalur. 

(3)  L  (i  Liïnili/;  hnhuii  t;  le  latin  écrit  cl  ab  eo  fadas  est  homo.  11  est  pro- 
bable qu'ici  l'arménien  a  raison  contre  le  latin;  le  contexte  ne  parle  nullement 
de  l'incarnation  en  tant  que  telle,  ni  du  Prologue  de  saint  Jean;  d'autre  part  si 
Filius  fœtus  est  homo,  il  n'est  dit  nulle  part  que  ce  soit  a  Paire;  enfin  on  conçoit 
que  l'expression  ab  eo  foetus  est  appliquée  au  Fils  ait  étonne  un  lecteur  alors 
<|iie  toute  la  tradition  représente  celui-ci  connue  infectas.  Cependant  le  latin  et 
l'arménien  sont  d'accord  pour  attester  ici  la  présence  d'un  compose  de  yi'yvoiiae. 
probablement  yîv6[j.evoi;,  foetus,  que  le  copiste  aura  transcrit  sans  doute  à  la 
place  de  yevvfcmévoç  de  yEvïù,  engendrer.  La  confusion  est  inverse  de  celle,  si 
fréquente,  qui  consiste  à  écrire  iyiv/r.To;  au  lieu  de  à^iv^-co;  (Voir  Lebreton, 
Origines  du  Dogme  de  la  Trinité,  t.  II,  Paris.  1928,  p.  315  et  635).  Irénée  lui- 
même  indiquera  un  peu  plus  bas,  au  début  lïune  description  du  mystère 
trinitaiie.  que  Pieu  est  solus  infeclus,  iÏLjuJi  t;  tuïihn  (Adv.  Hscr.,  iv,  03,2 
Harvey]  =  iv.  38.  3  [Massuet]),  mais  le  texte  grec  porte  u.6voç  àYéwïixo;,  alors 
que  le  sens  voudrait  iyàvriToc.  La  confusion  inverse  s'est  produite  ici  :  il  faut 
probablement  lire  en  grec  ysvvwjisvo;,  et  par  conséquent  substituer  au  latin  des 
manuscrits,  ab  eo  factus  est  homo,  les  mots  ab  eo  genilus  est. 

[95] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUS  HJERESES.  79 

lui-même  le  Père,  et  au  Dieu  Tout-Puissant  l'Église  offre  par 
Jésus-Christ  :  le  prophète  dit  bien  selon  ces  deux  choses  :  «  Et 
en  tout  lieu  un  encens  est  offert  à  mon  nom  et  un  sacrilice 
pur  »  (1).  Et  cet  encens,  Jean  dans  l'Apocalypse  dit  que  [ce] 
sont  les  prières  des  saints  (2). 

XXXI 

[Mass.  xviii,  1]  Ainsi  donc  le  sacrifice  de  l'Église  (3)  que 
le  Seigneur  a  enseigné  à  offrir  sur  toute  la  terre,  est  considéré 
par  Dieu  [comme]  une  oblation  pure  et  bien  acceptée  et  [il]  lui 
est  (1)  agréable;  car  il  n'y  a  pas  de  défaut  dans  [ces]  obla- 
tions  (5),  mais  celui  qui  offre  [74v]  est  glorifié  lui-même  par 
ce  qu'il  offre  si  son  présent  est  reçu.  Car  [c'est]  par  le  présent 
[qu']on  montre  (6)  envers  le  roi  respect  et  affection  [et  c'est] 
en  toute  simplicité  et  innocence  rquej  le  Seigneur  veut  nous 
le  [voir]  offrir  :  «  Lorsque,  dit-il,  tu  offriras  ton  présent  à  l'autel 
et  que  tu  te  seras  souvenu  que  ton  frère  a  quelque  chose  contre 
toi,  laisse  ton  présent  devant  (7)  l'autel  et  va  d'abord,  récon- 
cilie-toi avec  ton  frère,  et  alors,  étant  [rejvenu,  offre  ton 
présent  ».  Il  faut  donc  offrira  Dieu  les  prémices  de  ses  créa- 
tures, comme  dit  Moïse  :  «  Tu  ne  paraîtras  pas  devant  ton 
Dieu  [les  mains]  vide[s]   »  (8),  pour  que,  de  ce  dont  il  a  été 


(1)  Malach.,  i,  11. 

(2)  Apoc,  v,  8. 

(3)  L'arménien  ajoute  ici  tl>.  eral  qui  n'a  aucun  sens.  Nous  continuons  de 
traduire  nn<Ç  par  ablation  et  uiuiuiiumun  par  sacrifice  (cl.  p.  8S  n.  2);  le  latin  va 
constamment  nous  contredire,  mais  les  deux  termes  sont  à  peu  près  synonymes. 

(-1)  L'arménien  écrit   encore  tn,  erat,  alors  que  le  sens,  confirmé  par  le  latin, 

est  t,  esL 

(5)  Littéral,  il  n'y  a  pas  de  défaut  au  milieu  de  ces  oblalions  .  le  latin  êctitnon 
quod  indigeal  a  nobis  sacrifii  ium  qui  est  meilleur;  il  semble  en  effet  que  au  lieu 
de  /i  tffc?)  ""  milieu  de  qui  n'a  pas  grand  sens,  il  l'aille  lire  /i  rf^îiO,  a  nobis; 
j,U, nui piu'li  traduit  probablement  le  grec  oir.m;  besoin,  qui  aurait  donné'  le 
latin  indigeat. 

(6)  Exactement  le  latin  Per  munus  enim  erga  regem  el  honos  et  affectio  osten- 
dilur. 

CI)  Matt.,  v,  23-24;  uniu,o/i.  ante  (Cf.  Claromont.)  plutôt  que  ad  (Cf.  Arundel   . 
(8)  Deut.,  xvi,  16. 

;96; 


gO  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

gratifié,  l'homme  lui  paraisse  reconnaissant  (1)  [et1,  obtienne 
l'honneur    qui  vient    de  lui. 

[Mass.  .nviii,  2]  [Ce  n'est]  pas  que  le  genre  du  sacrifice  soit 
méprisé  et  dédaigné,  car  [il  y  a]  sacrifices  ici  et  sacrifice  là  (-2), 
ohlations  dans  le  peuple  [juif]  et  oblations  dans  l'Eglise,  mais 
l'aspect  seul  est  changé  puisqu'ils  ne  sont  plus  offerts  par 
des  serviteurs,  mais  par  des  [hommes]  libres;  carie  Seigneur 
est  seul  et  même,  [mais  il  y  a]  un  caractère  (3)  propre  poul- 
ie sacrifice  servile  et  un  [caractère]  propre  [pour  le  sacrifice 
des  hommes]  libres,  afin  que  par  les  sacrifices  soit  montre 
le  signe  de  la  liberté,  car  il  n'est  rien  [75r]  de  vain  et  d'in- 
signifiant auprès  de  lui.  C'est  pourquoi  ceux-ci  avaient  leurs 
dîmes  consacrées,  mais  ceux  qui  ont  acquis  (4)  une  participation 
à  la  liberté  affectent  tous  leurs  biens  pour  les  besoins  du  Seigneur 
etavecjoie  et  librement  donnent  les  [choses]  moindres  (5),  parce 
qu'ils  ont  l'espoir  des  plus  grandes  (6),  [comme]  cette  veuve 
pauvre  [qui]  jeta  toute  sa  subsistance  dans  le  tronc  de  Dieu. 

•J.  Mass.  xviii,  3]  Car,  dès  le  commencement,  [Dieu]  vit  et 
regarda  les  présents  d'Abel  parce  qu'il  [les]  offrait  avec  sim- 
plicité et  justice,  mais  en  Caïn  et  en  son  oblation  il  ue  se  plaisait 
point  (7)  parce  que  [celui-ci],  plein  d'envie  méchante  vis-à-vis 
de  son  frère,  faisait  une  division  dans  son  cœur,  selon  que 
Dieu  lui  reprocha  ses  secrets  :  «  Si  tu  offres  droitement,  dit-il,  et 
si  tu  ne  partages  pas  droitement,  tu  as  péché  »  (8),  cela  parce  que 

(1)  Phrase  assez  obscure  en  latin  comme  en  arménien;  le  a/.  du  début  attest" 
le  ut  oinis  par  le  Claromont.;  M...  justifie  la  conjecture  ci  de  Crabe  et  Stieren 
contre  les  manuscrits,  Massuet  et  Harvey  qui  écrivent  en;  Çiuiîuipfcu^  appuie 
le  grec  voiuÇeiv  supposé  par  Stieren  et  traduit  en  latin  par  depulatus. 

(-2)  NJoter  l'opposition  du  singulier  ufiuinuipuiif  et  du  pluiieliijiii.iiuiji.nijp. 

(3)  àItl  qui  correspond  au  latin  character.  Cf.  1  Cor  ,  vin,  K>. 
l  (,g„rrLp/,Li,î./[a.iu.ï;,lat.perc^erun«,probablementjA6TÉXOUŒlv;cf.p.74n.3. 

,i,  Le  latin  écrit  au  contraire  non  quse  sunt  minora. 

6    ShbmSkhiug   atteste    le    latin   majorum   des   Claromont.    et    Voss.   contre 
majorent  des  autres  témoins.  Allusion  à  Luc,  xxt,  4. 
,  :    v„tS/„/...L:  peutêtre  fa  it-i      lire  yu|VL  1ui  corresPond  exactement  au 

latin  respei  il. 

s,  <;.„,.  iv,  :  ■.  l'histoire  de  Caïn  et  Abel  et  ce  texte  en  particulier  sont  cites 
dans  i  [,  m,  ,n.  Corinthiens,  n  :  ici  l'arménien  omet  le  quiesce  final  de  la  citatiion 
telle  que  la  donne  le  traducteur  latin;  il  le  reprendra  tout  à  l'heure. 

;97 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUS  HjBRBSBS.  81 

les  oblations  ne  concilient  pas  Dieu;  car  si  quelqu'un  essayait 
d'offrir  selon  une  apparence  pure,   droite  et    légitime,   mais 
si,  dans  son  âme,  il  divisait  sans  droiture  la  communion  avec 
le  prochain  et  n'avait  pas  la   crainte  de  Dieu,   il  ferait  une 
injure  à  Dieu,  non  par  son  sacrifice  offert  extérieurement  avec 
rectitude  (1),  mais    parce  que    ayant  au  dedans  de  lui-même 
le  péché.  Et  un  pareil  sacrifice  ne  lui  profitera  en  rien    75v  . 
mais  la  cessation  et  la  fin  en  lui  du  mal  qui  est  conçu  au  dedans 
de  lui-même,  afin  que,  par  cette  opération  simulée  (-2),  le  péché 
ne  rende    pas  l'homme  assassin.   C'est  pourquoi  le  Seigneur 
dit  :  «  Malheur  à  vous,  scribes  et  pharisiens  hypocrites,  pane 
que  vous  êtes  semblables  à  des  sépulcres  blanchis;  au  dehors  la 
paroi   du  sépulcre  apparaît  jolie,   et  au  dedans    celui-ci    est 
plein  d'ossements  de  morts  et  de  toutes    sortes  d'  immondices. 
Ainsi  vous,  au  dehors,  vous  apparaissez  aux  hommes  comme 
des  justes,  et  au  dedans,  vous  êtes  pleins  de  méchanceté  et 
d'hypocrisie   »   (3j.    Paraissant    du   dehors  offrir    droitement 
ils  ont  en  leur  àme  une  jalousie  semblable  à    celle  de   Gain; 
c'est  pourquoi  ils  ont  tué  le  juste,  repoussant  le  conseil  donné  par 
le  Verbe,  ainsi  que  Caïn,  car  il  lui  dit  :  «  Arrête-toi,  sois  silen- 
cieux »  (  1).  Et  il  n'y  consentit  point;  "mais  faire  silence  et  s'ar- 
rêter, qu'est-ce  d'autre  que  de   s'abstenir  d'une  attaque  pro- 
chaine"? 5)  Et  semolablement  à  ces  choses  :  «  Pharisien,  dit-il, 
aveugle,  purifie  l'intérieur  de  la  coupe  afin  que  l'extérieur  ainsi 
soit  pur  »  (6).  Et  ils  n'entendirent  pas.  Car  «  Voici,  dit  Jérémie, 
tes  yeux  et  ton  cœur  ne  sont  pas  bons,  mais,  dans  ta  cupidité 
insatiable,    "tournés    vers  le  sang  pur  "pour    le  verser,   vers 


(1)  La  négation  nt  porte,  à  tort  semble-t-il,  le  signe  de  l'interrogation.  Il  a 
fallu,  pour  la  clarté,  modifier  profondément  Tordre  des  mots  qui  est  analogue 
dan-  le-  deux  traductions  latine  et  arménienne. 

(2)  L'arménien  est  i._-i  plus  clair  que  le  latin  ne  per  assimulatam  et  non 
assimilation  de  quelque-  manuscrits  auquel  l'arménien  donne  torl  operalionem, 
magis  autem  peccalum,  ipsum  sibi  aomicidam  fa         ■  i     nem. 

(3  Matt..  xxm.  27-23;  une  allusion  à  ce  texte  ligure  déjà  dan-  le  Dialogue  de 
saint  .lustin.  cxu.   1. 

I)  Gen.,  tv,  7;  grec  des  Septante  et  île  Clément  [Corinthiens,  iv,  5)  :  r\aû-/a.dov. 

5  L'arménien  omet  ici  le  signe  d'inl  a  que  porte  le  latin  etqu'impose 
le  seu-. 

6  Matt.,  xxhi,  26. 


ORIENT    CHRETIEN. 


tiZ  REVUE    DE    L  OKIENT    CHRETIEN. 

l'injustice  et  le  meurtre  [pour  les]  accomplir  »(l)[76r].  Et  dere- 
chef Isaïe  :  «  Vous  avez  tenu,  dit-il,  un  conseil,  mais  pasavec  (2) 
moi;  vous  avez  conclu  un  traité,  mais  pas  par  mon  esprit  ». 
Donc,  pour  que  leur  volonté  (3)  et  leurs  passions  qui  sont 
à  l'intérieur,  étant  manifestées  au  dehors,  montrent  [que]  Dieu 
[n'est]  pas  responsable,  [lui]  qui  manifeste  les  secrets,  mais 
n'opère  pas  le  mal,  comme  Caïn  ne  s'arrêtait  pas,  il  lui  dit  : 
«  Vers  toi  [sera]  son  retour,  et  toi,  tu  le  domineras  »  (4).  Et  à 
Pilate  il  fut  dit  semblablement  :  «  Tu  n'aurais  pas  de  pouvoir, 
aucun,  sur  moi,  s'il  ne  t'avait  été  donné  d'en  haut  »  (3).  Dieu 
abandonne  toujours  le  juste  afin  que  celui-ci,  qui  a  du  dehors 
souffert  et  supporté  les  tourments,  s'élève  après  avoir  été 
éprouvé,  mais  [que]  celui  qui  a  opéré  le  mal  et  fait  des  choses 
déshonorantes  soit  condamné  et  expulsé.  Donc  [ce  ne  sont]  pas  les 
oblations  [qui]  sanctifient  l'homme,  car  Dieu  n'a  pas  besoin  des 
oblations  et  des  sacrifices,  mais  [c'est]  la  conduite  (6)  de  celui 
qui  offre,  [qui |  sanctifie  l'oblation  ;  [celle  qui  est]  simple  et 
intime  et  du  fond  du  cœur  (7)  oblige  Dieu  à  la  recevoir  comme 
d'un  ami;  «  mais  l'f homme]  inique,  dit-il,  qui  m'immole  un 
veau  [est]  comme  celui  qui  aurait  tué  un  chien  »  (8). 

3.  [Mass.  xvm,  4]  Donc,  parce  que  l'Église  offre  avec  sim- 
plicité, [c'est]  justement  [et]  équitablement  [que]  son  présent 
est  considéré  auprès  de  Dieu  [comme]  une  oblation  pure,  selon 
que  Paul  [dit]  aux  Philippiens  :  «  Je  suis  comblé  de  ce  que  j'ai 
reçu  d'Épaphrodite  de  votre  part,  odeur  de  suavité,  odeur  (9) 

(1)  Jérém.,  xxn,  17. 

(2)  Isaïe,  x\\,  1,  déjà  cité  par  Justin,  Dialogue,  lxxix,  2;  le  latin  écrit  ici  non 
perme(grec  8e'  èiioû);  lire  évidemment  hinnÇntnn. 

(3)  Le  texte  porte  a/>ni>,  écritures,  qui  évidemment  n'a  pas  de  sens  et  est  dû 
au  voisinage  de  /i/inp,  passions;  le   latin  voluntas  l'ait  supposer  la  leçon  l^tuSg. 

i  Ii  I.e  latin  et  l'arménien  traduisent  littéralement  le  grec  :  Ttpb;  aè  ri  àrtocipoçr) 
ocùto-j,  /ai  <j\i  apïsiç  aÙToù  (Gen.,  iv,  7). 

(5)  le,  xix,  11. 

(6)  Le  traducteur  latin  écrit  co'nscienlia;  l'arménien  pou,  employé  ici, 
signifie,  comme  TpoTto;,  en  grec,  la  conduite  tant  extérieure  qu'intérieure;  tout 
à  l'heure,  il  traduira  le  grec  ^ù>\rr\.  Cf.  p.  100  n.  1  et  p.  101  n.  6. 

(7j  h  iiiimt  lïinwn,  litt.  du  cœur  de  l'esprit.  Cf.  p.  92  n.  4  et  p.  149  n.  3. 

(8)  Isaïe,  i.xu.  3. 

(9)  Phil.,  îv,   18;    au  lieu  du   deuxième    $nw,  odeur,  il  faut  lire  évidemment 

L991 


SAINT    [RENÉE    :    ADVVRSUS  H&RESES.  83 

[76v|  agréable,  plaisante  à  Dieu  ».  Donc  il  faut  offrir  à  Dieu  et 
en  tout  se  trouver  reconnaissant  au  Créateur,  par  une  con- 
duite (1)  pure,  une  foi  sincère,  une  espérance  ferme,  un  amour 
dévot,  pour  lui  offrir]  les  prémices  de  toutes  ces  créatures.  Et, 
ce  sacrifice,  l'Église  seule  [l'joffre  à  l'ordonnateur  (2),  [sa- 
crifice] pur,  [lui]  offrant  avec  action  de  grâce  sa  création.  Mais 
il  n '[en  est]  plus  [ainsi]  des  Juifs,  car  leurs  mains  sont  pleines 
de  sang  (3),  [eux]  qui  n'ont  pas  reçu  le  Verbe  par  lequel  on 
offre  à  Dieu  (4).  Mais  il  n'[en  est]  pas  [ainsi]  non  plus  de  toutes 
les  assemblées  des  hérétiques;  car  quelques-uns  parlent  d'un 
père  en  dehors  du  créateur;  celui-là,  auquel  ils  offrent (5)  ce 
qui  est  selon  nous  de  la  création,  ils  [le]  présentent  [comme  (6) 
cupide  et  avare  et  convoitant  les  biens  d'autrui;  quant  à  ceux 
qui  disent  qu'est  issu  (7)  d'une  faiblesse,  d'une  ignorance,  d'un 
vice,  ce  qui  est  selon  nous  le  fruit  de  l'ignorance,  du  vice  et 
de  la  faiblesse,  [ceux-là]  pèchent  contre  leur  propre  père, 
l'outrageant  plutôt  que  lui  rendant  grâces.  Mais  comment 
serait-il  assuré  pour  eux  que  le  pain  eucharistie  (8)  est  le 
corps  (9)  de  Notre-Seigneur  [et]  le  calice  son  sang,  s'ils  ne  disent 


mais 


nnÇ,  ablation,   qui  traduit  ici    le  grec  6uui'a  (la  Vulgate  écrit,   non  misj, 
uiii/ifiiunuin,  signe  nouveau  de  la  synonymie  dé   ces  deux  ternies.  L'arménien 
■un-  /i  Àkjiin  correspond  bien  au  latin  a  vobis  [laissa]  (Vulgate  :  guse  misistis 
I    Latin  senlentia,  arménien  i>iunni_n. 

(?)  iiuimiiiiujn/ilf,  latin  fabricalorl,  peut-être  le  grec  Aïinio-jpyoç  (cf.  p.  9,  n.  4). 

(3)  lsaïe,  r,  15,  texte  cité  par  Justin,  Dialogue,  xxvu,  2. 

i  11  nfiuAiL  li  Àtn-ïi  nnni  Suimm-guiùHù  /'i/miii  1V11  ;  exactement  le  Verbum 
per  quod  o/ferwit  Deo;  en  tous  cas  h  À/.n  ).  nnni  appuie  la  leçon  per  quod 
(Arundel,  et  Harvey)  contre  la  leçon  quod  (Claromonl.  et  Massuet);  l'un  et  l'autre 
supposent  le  grec  Si'  o-j. 

(5)  La  phrase  aiménienne  n'est  pas  claire,  non  plus  que  la  phrase  latine: 
au  lieu  de  l'infinitif  SuimnLtfiuhk^  on  a  supposé  le  participe  iÏujihiii  nf-mj  qui 
correspond  bien  au  latin  ufferentes. 

(6)  gm  ijmiil.'i,.  exact,  le  latin  ostendunt. 

(7)  l.iiuih!,:  et  le  latin  fada  font  supposer  le  grec  Y^vôfieva  ou  yiyvsaOcu:. 

(8)  Le  latin  écrit  ici  eum  panem  in  quo  gralise  aclse  sunt;  l'arménien 
anyunbuii  v<"/''  P'us  énergique  traduit  exactement  l'expression  eOxaçtcrôeic  àpTo; 
de  Justin,  Apolog.,  lw.  .",. 

(9)  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  noté,  p.  11,  n.  ti.  SiunSjtïi  employé  ici  traduit 
tantôt  <jû|jia.  tantôt  <rip;;  le  latin  nous  invite  à  choisir  le  premier  sens.  wnUtAi 
pmJuiLïi,  exact,  sanguis  calix  (le  traducteur  latin  écrit  calix  sanguinis). 

[100] 


84  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

pas  qu'il  est  le  fils  du  Créateur,  c'est-à-dire  son  Verbe,  par 
lequel  (1)  le  bois  porte  du  fruit,  les  sources  jaillissent  et  la 
terre  donne  l'herbe,  puis  l'épi,  puis  le  froment  plein  [77rl 
parfait  dans  l'épi  (2). 

4.  [Mass.  xvm,  5]  (3)  Et  comment  encore  disent-ils  que  la 
chair  tourne  (4)  à  la  corruption  et  ne  reçoit  pas  cette  vie  qui  est 
nourrie  par  le  corps  (5)  du  Seigneur  et  par  son  sang?  Donc, 
ou  ils  changeront  leur  conduite  (6),  ou  ils  refuseront  et 
cesseront (7)  d'offrir  ce  que  nous  disions  plus  haut.  Mais  [pour 
nous],  notre  conduite  est  en  accord  et  consonnance  (8)  avec 
l'eucharistie,  et  en  retour  confirme  [notre]  volonté  (9),  car 
nous  lui  offrons  [ce  qui  est]  de  lui  (10)  en  prêchant  (11)  de  façon 
apte  et  harmonieuse  la  communion  et  l'union  de  la  chair  et  de 


(1)  /i    ,;/,.i  )i   nnni,  per  quod,  grec  8i'  où. 

(2)  Allusion  à  Mare,  îv,  28.  /iiuuiuintwi  traduit  i;i  il  le  grec  ■kIt^-k  (latin 
plénum;  Yulgate  mninn  . 

(3)  Le  texte  grec  de  tout  ce  paragraphe  a  été  conservé  par  saint  Jean 
Damascène  (voir  Holl.  Fragmente  Vornicanischer  Klrclienvuter  aus  den  Sacra 
Parallela,  Texte  »«</  Unlersuchungen,  xx.  2,  Leipzig,  189* ».  n.  147).  Dans  la  préface 
de  son  livre.  IIoll  distingue  deux  recensions  des  Sacra  Parallela.  l'une  qu'il 
appelle  Vaticane,  dont  les  témoins  sont  ici  le  Coislinus  270  du  xc  siècle  (C)  et  le 
Hierosolymitanus  S.  Sep.  du  x-xi°  siècle  (H),  et  l'autre  qu'il  nomme  Rupefucal- 
dienne  dont  l'unique  témoin,  le  Rupefucaldihus  1450.  après  avoir  passé  a  la 
bibliothèque  du  Collège  de  Clermont  r?  Comparez  ce  que  dit  Massuet  n,  2G 
n.  a  et  in  hoc  locv)  est  aujourd'hui  à  Rerlin  (R).  C'est  d'après  ce  dernier; 
manuscrit  que  les  citations  de  saint  Irénée  sont  transcrites  par  les  éditeurs 
malheureusemenl  les  deux  traductions  arménienne  et  latine  sont  presque 
toujours  d'accord  entre  elles  ri  avec  la  recension  Vaticane  contre  la  recension 
Ftupefucaldienne  :  nous  en  trouvons  ici  même  un  exemple. 

i -li  Lire  imiiii):iii(  et  non  niun-ïiui. 

(5)  Dans  cette  phrase  caro  qui  traduit  nxol  et  corpus  qui  traduit  <tû(j.x  sont 
rendus  tous  deux  par  l'arménien  iimnSjih.  Cf.  p.  11  n.  6. 

(6)  uuinp  et  sentenlia  traduisent  probablement  le  grec  -[■vtàjj.r,  (cf.  Adv.  Hier., 
v,  26,  3). 

(7)  Noter  le  pléonasme   sjjiuiàujpfcu/f  /■  fjg  Pn'ig^'  P001'   traduire  le    grec 

-aS3!TT)aào6w(jav  (IL  et  C.  contre  JîatpaiTEiffÔtjUTOcy    R). 

(8)  Encore  le  pléonasme  iTJiuicuiL  L.  nu;>iiiiài<i|li  pour  traduire  <rJn?u)vo;. 

(9)  Lite  évidemment  Çwuinwuit;  au  lieu  de  ^uiummin  k-  Cf.  le  grec  tf[iïv  8s 
iropswvo;  -r,  y/io^r,  'h  E'j'/aPlt7t:a  xccl  *|  £'Jy_api<j7i'ï  fUëaioï  Tr,v  yvtop^v,  bien  différent 
et  confirmé  par  la  traduction  latine. 

(10)  iJiuoinLniuî/fciîp  ïiifm  q/|Lii.  exactement  le  grec  Ttpoasépoixev  a\m»  za  ESioe. 

(11)  uiuimiStinJ  au  lieu  de  ujiui/it^ni^. 

[101] 


SAINT    [RENÉE    :     IDVBRSUS  HjURESBS.  85 

l'esprit  (  1),  car,  comme  ce  pain  qui  est  de  la  terre,  en  recevant 
l'épiclèse  (2)  de  Dieu,  n'est  plus  du  pain  commun,  mais  eu- 
charistie constituée  de  deux  choses,  la  terrestre  et  la  céleste, 
de  même  nos  corps,  en  recevant  l'eucharistie,  ne  sont  plus 
corruptibles,  ayant  l'espérance  de  la  résurrection  (3). 

5.  [Mass.  xviii,  6]  Ainsi  nous  le  lui  offrons,  non  comme 
à  quelqu'un^  qui  en  a  besoin  (  1),  mais  en  lui  rendant  grâces 
pour  son  bienfait  (5)  et  en  sanctifiant  le  monde  (6).  Car,  comme 
Dieu  n'a  pas  besoin  de  [ce  qui  est;  de  nous,  de  même  nous,  nous 
avons  besoin  d'offrir  quelque  chose  à  Dieu,  comme  Salomon 
dit  :  «  Celui  qui  a  pitié  du  pauvre  prête  à  Dieu  »  (7),  car  lui- 
même  reçoit  notre  bonne  œuvre,  [ce]  Dieu  qui  est]  sans  besoin, 
afin  que,  en  échange  d'elle,  nous  recevions  [77v]  la  récompense, 
comme  le  Seigneur  dit  :  «  Venez,  les  bénis  de  mon  Père, 
héritez  du  royaume  préparé  pour  vous  (8),  car  j'ai  eu  faim  (9) 
et  vous  m'avez  donné  à  manger,  j'ai  eu  soif  et  vous  m'avez 
abreuvé,  j'étais  étranger  et  vous  m'avez  accueilli,  j'étais  nu  et 

li  Les  manuscrits  H  et  C.  témoins  de  la  recension  dite  Vaticane,  écrivent  ici 
È|1|ie)iiû;  xmvesvtxoi;  xai  bÏvectiv  ■/.aTxy'fé/.ovTs;  crapxbc  xii  BVEÛp-atoç.  R  écrit  sp.|iz).û; 
X0tvci)yËa*J  xai  i'vEfjc-/  à^ayyO.ovts;  xai  ôjjloXoyovvtes  aapxbç  y.x:  r\-jvj\j.y.~o;  ïyeçavi. 
Les  deux  traductions  arménienne  et  latine,  congruenler  communicationem  et 
unitalem,  ^umuipiu^ni  j,lfc,  £  L  Sfini.pfci.ii,  prsedicantes  carnis  cl  tpirilus, 
donnent  nettement  tort  à  ce  dernier;  les  deux  légères  différences  qui  les 
séparent  de  la  recension  Vaticane  xotvwviav  et  ;vo>7>v  au  lieu  de  xoiveavixoïi;  et 
a;.v£7iv  s'expliquent  facilement  et    sont  tout  à  l'avantage  des  traductions. 

(2)  Jhntulin-nuSu.  exactement  le  grec  Èiuxlr.dtç.  OOxétt  xoivbç  ïpraç  èœtîv  rappelle 
singulièrement  Justin,  Apologie,  iwi,  2. 

(3)  Le  grec  ajoute  eïç  aidna  (C,  II;  ii<iva:  Ki  que  ne  transcrivent  ni  le  latin  ni 
l'arménien.  Noter  la  traduction  de  eûxapiuria  par  ijnynL^iLÎ;.  Cf.  p.  100,  n.  8. 

ili  Ces  mots  /iuimui_ui.  iuifiuituifeaij.  iuî//(uijiiutin.  qui  reviennent  constam- 
ment dansée  paragraphe  correspondent  au  latin  indigel,  indigens,  nihil  indigel. 
Clément,  dans  sa  /  Corinthiens,  écrivait  que  le  lia-noir,;  t<Sv  àitôvTwv  est  ànpo^ôeriç 
—  nihil  eget  Deus  cuiusquam  écrit  l'ancienne  traduction  latine  de  cette  lettre 
découverte  par  1).  Germain  Morin  (Analecta  Waredsoliana,  vol.  u,  Maredsous, 
1891).  Sur  uiii  li  m  nui  Lin,  ankarawt,  ànpo<r5sr,ç,  àvevS-Âç,  voir  p.  74,  n.  5. 

(5)  nuiiunnL^L  qui  appuie  la  leçon  donalioni  de  VArundel.  contre  dotnina- 
tioni  du  Clarom. 

t'.i  nuiifciiiin^,  lat.  creaturam. 

!     l'iov..  xix,  17. 

s  Matth.,  xw.  31-36.  Le  texte  évangélique  ajoute  âitb  xaTccëoXifc  xocaou  qui 
manque  ici  tant  dans  le  latin  que  dan>  l'armi  nien. 

(9)  Lire  évidemment  gwnabuii  au  lieu  de  gwn^nhiu. 

102 


S6  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

vous  m'avez  donné  un  vêtement,  j'étais  malade  et,  m'ayant 
visité  (1),  vous  m'avez  transformé,  j'étais  en  prison  et  vous 
êtes  venus  vers  moi  ».  Donc,  de  même  que,  sans  avoir  besoin 
de  rien  de  cela,  il  a  [cependant]  besoin  à  cause  de  nous  pour  que 
nous  ne  soyons  pas  infructueux,  de  même,  au  peuple  [juif],  le 
Verbe  lui-même,  qui  n'avait  besoin  de  rien  [en  fait]  de  sacri- 
fices, donna  l'ordre  d'en  faire  de  tels  qu'il  apprît  (2)  à  rendre 
un  service  de  culte  à  Dieu,  comme,  nous-mêmes,  il  veut  que 
nous  offrions  sur  l'autel  le  sacrifice  quotidien  (3).  Il  y  a  donc  un 
autel  d'immolation  (1)  dans  les  deux,  car  nos  prières  et  nos 
sacrifices  sont  envoyés  sur  [lui],  et  [il  y  a]  un  temple,  selon 
que  Jean  dans  l'Apocalypse  dit  :  «  Et  le  temple  de  Dieu  était 
ouvert  »  (5),  et  [il  y  a]  un  tabernacle,  car  :  «  Voici,  dit-il.  le 
tabernacle  de  Dieu  qu'il  installera  (6)  au  milieu  des  hommes  ». 

XXXI 1 

[Mass.  xix,  1]  Les  présentsetles  sacrifices  et  lesoblations  dont 
le  peuple  [juif]  a  reçu  le  type  (7)  selon  qu'il  a  été  montré  à  Moise 

(1)  Lire  lutin    Jîlfcuifp    OU   lieu    lie    tut  n    I.  il, min 

(2)  L'arménien  nmnliîi  appuie  plutôt,  mais  non  certainement,  la  leçon 
discercnl  des  Clarom.  et  Vossian. 

(3)  «Çiuliujuiuiiinnn.  quotidien  (Matt.,  vi,  11;  Lue,  \i.  3  È7C[oûjno5),  mais  aussi 
continuel;  lat.  .sine  intermissionc. 

(4)  iiiMiiiliMiuli,  spandan,  mot  inusité  dans  le  N.  T..  évidemment  dérivé  de 
uuiuiîin,  spand,  n^yr,,  occisio  (Aet.,  vin,  32  ;  Koin.,  vin,  36);  il  signifie  donc 
niitei  '/»  sacrifice,  d'immolation  (le  traducteur  latin  écrit  simplement  allare). 
,,l. ,,,,,'!,,  selan,  dans  la  Vulgate,  traduit  régulièrement  Bunaffrijptov,  allare;  quant 
à  <rxr)v?|,  (tabernaculum  (sauf  Hébr.,  xi,  9  :  casula),  il  est  traduit,  au  sens  de  lente, 
par  niMiiMin  mu  (Matt.,  xvii,  1:  Marc,  ix,  0).  et,  au  sens  religieux,  par  i^.mli 
(Art.,  vu.  -13).  ihip'i  (Luc,  xvi,  9;  Aet.,  xv,  16),  ihim'li  J  uni  m.  (Hébr.,  vin,  5)  et 
surtout  /un  m  m  )i,  .rormi  (Aet.,  vu,  47;  Hébr.,  vin,  2;  ix,  2,  3,  6,  8.  11,  21;  xi,  9; 
xin,  10;  Apoc,  xiii,  6;  xv,  5;  xxi,  3);  on  écrit  ici  tabernacle. 

(Di  Apoc.,  xi,  19. 

(6j  Apoc,  xxi,  3.  ici  niiuiLnnniunk-  littér.  fera  habiter,  latin  habilabil;  ailleurs 
on  trouvera  piiuilibunk  v,  30,  2. 

(7)  Ce  chapitre  et  plus  encore  le  suivant  contiennent  de  nombreuses  fautes  de 
copiste  allant  jusqu'au  non-sens  et  à  l'absurdité;  c'est  pourquoi,  d'une  manière 
générale,  le  latin  est  ici  nettement  préférable.  Cette  phrase  est  exprimée  autre- 
ment et  mieux  par  le  traducteur  latin  :  Munera  aulem  et  oblaliones  et  sacrificia 
omnia  in  lypo  populus  accepil. 

[103] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVBRSUS  HjERESES.  87 

sur  la  montagne,  sont  venus  du  seul  et  même  (1)  Dieu  dont 
le  nom  est  aujourd'hui  glorifié  dans  l'Église  parmi  toutes  les 
nations.  Mais  pourtant  les  choses  terrestres  et  la  nature  de  la 
construction  du  monde  qui  est  pour  78r  nous  (2),  il  est 
convenable  qu'elles  soient  les  types  des  choses  célestes,  qui  (3) 
pourtant  ont  été  faites  par  le  même  Dieu,  car  autrement  aucune 
n'aurait  pu  recevoir  l'image  des  choses  paternelles  (  I  .  Mais  les 
choses  célestes  et  spirituelles,  comme  elles  sont  pour  nous 
invisibles  (5)  et  ineffables,  dire  qu'elles  sont  de  nouveau  les 
types  d'autres  choses  célestes  et  d'un  aulre  plérome  et  que 
Dieu  est  l'image  d'un  autre  Père,  i  c'est  le  fait]  de  gens  égarés 
hors  de  la  vérité,  complètement  fous  et  insensés  (6).  Car  de 
telles  gens  seront  obligés,  comme  nous  l'avons  plusieurs  fois 
montré,  d'imaginer  toujours  faussement  des  figures  de  figures 
et  des  images  d'images  et  de  ne  jamais  les  affermir  et  les 
appuyer  les  unes  les  autres  (  7)  sur  un  Dieu.  Car  leurs  pensées  se 
sont  élevées  par-dessus  le  divin  et  ils  ont  élevé  leurs  cœurs 
au-dessus  du  maître,  jusqu'à  se  vanter  de  passer  au-dessus  et 
de  se  dégager  des  choses  inaccessibles,  mais  ils  se  sont 
égarés  en  vérité  hors  de  celui  qui  est,  de  Dieu. 


iliïiiîtîi,  irrégularité  pour  I1SIA1,  ablatif  de  Luit,  construite  sur  LSuiLI;, 
ablatif  de  JuJiu. 

(2)  Le  latin  esl  plus  simple  :  Sed  terrena  guidem  quse  sunt  erga  nos  disposila. 

(3)  Notre  texte  met  un  point  après  célestes,  et  ajoute  mais  pourtant  elles  ont 
été  faites  par  le  même  (voir  n.  li  Dieu,  ee  qui  n'a  pas  grand  sens;  en  lisant  !■• 
relatif  np,  qui,  au  lieu  de  la  conjonction  d'opposition  assez  forte  uwm,  mais, 
on  obtient  un  sens  voisin  de  celui  de  la  traduction  latine  :  congruii  lypos  esse 
cseleslium  qux  ab  eodem  lamen  Deo  facla  sunl.  Lire  évidemment  mjiuiu  au  lieu 
de  «i/iu,£. 

ifi  yn  ii;l ilini'im i.f'h  hayrakanaçn;  il  faut  évidemment  remplacer  ce  mol  par 
vui/.i  iiiiiii/iiii1iiiii|)/.  hogeworakanaçn,  exactement  le  latin  spiritualium. 

(5)  m/Mii/,uin!i/,i/ii;.  ce  ternir  est  imposé  par  U  sens  et  la  traduction  latine 
invisibilia;  c'est  donc  par  étourderie  qu  •  notre  texte  porte  uihuuiih^g.  visibilia. 
i)  Le  texte  porte  /uni./,  sourds;  mais  une  note  corrige  /uiui_{,  insensés, 
conforme  au  latin  hebetum. 

{'}  nif/iu'fcuiïiu,  qui  n'a  pas  ici  grau  I  sens  e  provient  peut-être  de  la  corrup- 
tion iMi'/iiiMi'ff  animas  suos  (lat.  animum  suum  . 


I104] 


88  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 

XXXIII 

[Mass.  xix,  2]  A  eux  quelqu'un  dira  justement  (1)  :  Parce  que 
vous  avez  tendu  vos  esprits  (2)  plus  haut  que  Dieu,  les  élevant 
inconsidérément  entendez-vous  avoir  mesuré  les  cieux  à 
l'empan?  (3)  Dites-moi  la  mesure  et  annoncez  la  quantité  sans 
nombre  des  aunes;  donnez-moi  en  main  l'épaisseur  dans 
l'épaisseur  [78v]  et  la  longueur  dans  la  longueur,  au  sujet  de 
la  mesure  le  commencement  et  la  fin,  [toute  chose]  que  le  cœur 
de  l'homme  ne  pourra  pas  comprendre  et  recevoir  en  l'esprit,  et 
à  elle  le  juste  n'atteindra  pas  (  1).  Grandes  [sont]  les  [choses]  (5) 
célestes  et  insondable  est  le  sens  des  mystères  du  cœur  de  Dieu 
et  incompréhensible  [celui]  qui  saisit  le  continent  dans  son 
poing  (6).  Qui  a  connu  [sa]  mesure?  Le  doigt  de  sa  droite, 
qui  [le]  connaîtra?  (7)  Ou  la  main  du  Seigneur,  qui  [la]  pourra 
comprendre,  elle  qui  mesure  l'immense,  qui  tend  et  serre  en  sa 
propre  mesure  particulière  la  mesure  des  cieux,  et  qui  serre  et 

(1)  Le  latin  ajoute  ici  :  Quemadmodum  ipsc  sermo  suggeret. 

(2)  aSfimu,  esprit,e\  non  junnÇnLnnu  qui  correspondrait  au  latin  cogitaliones; 
il  est  probable  que  le  choix  du  traducteur  arménien  a  été  dicté  par  le  souci 
d'éviter  la  répétition  de  ce  dernier  terme  qui  apparaît  aussitôt  par  son  composé 
uiifunn^nniuamn,  latin  inconsiderat e. 

(3)  ïsaïe,  xu  12;  la  ponctuation  de  la  phrase  n'est  pas  la  même  dans  les 
deux  traductions.  La  suite  du  texte  semble  inspirée  de  Job.  xxxvni. 

(4)  Ces  derniers  mots  sont  absents  du  latin. 

(5)  Lat.  Vcre  enim  sunl  thesaurophylacia  cselestia;  il  est  possible  qu'un  copiste 
arménien  ait  omis  un  tenue  comme  utuli&p  ou  umliàii/ïniifi  (cf.  plus  haut, 
xxxi,  1  in  fine).  Nous  arrivons  d'ailleurs  à  l'endroit  où  le  texte  est  le  plus 
corrompu. 

(6)  Outre   ses  erreurs   évidentes   (^Jiui/uiiJiiufiijiiiii^   pour   .■■'/^.//ii^im/.^ciiiii) 
nSuinAiktun  pour   nSnnSihiun).  le   ti'\te  arménien  n'offre  aucun   sens.   Le   plus 
simple  pour  lui  en  donner  un  est  de  déplacer  ^miii^ufui;  et  de  lire   uAipmi^- 

uihniuun  n/iou  iiiiinswiiinn  iiinii/i  I  «iiiiinLOnf  il.  iiiiLutliii  !'*"!  ohm  nioni/i  t;  nn 
nSpaJibiiin  etc..  Tel  est  le  sens  qu'on  propose  ici  dans  le  texte;  malheureuse- 
ment il  n'est  pas  tout  à  t'ait  celui  du  latin  :  immensurabilis  est  in  corde  Deus  cl 
incomprehensibilis  est  anima  etc    suc  p^iUiuiiiiiulig,  \.  p.  76,  n.  6. 

(7)  L'arménien  semble  ici  plutôt  donner  raison  à  l'interprétation  île  VArundel.  : 
Qui  perspiciat  mensuram  et  dextra  ejus  digilum  guis  cognoscil?  contre  le 
Clarornont.  que  préfèrent  les  éditeurs:  Quis  respicit  mensuram  dextrse  ejus? 
Digilum  quis  cognoscil?  La  ponctuation  arménienne  elle-même  est  loin  d'être 
satisfaisante  el  de  correspondre  au  jeu  des  conjonctions. 

[105] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  ll.l.hESES.  S'.l 

saisit  dans  son  poing  (1)  la  terre  avec  [ses:  abîmes,  qui  a  en  soi 
la  longueur,  la  largeur  et  la  profondeur  de  tout  ce  qui  apparaît 
et  s'entend  et  est  incompréhensible  et  invisible  (2)  à  la 
créature"?  Et  c'est  pourquoi,  il  est  par-dessus  toute  principauté 
et  autorité  et  domination  et  tout  nom  de  ce  qui  est  nommé  de 
toutes  les  choses  qui  ont  été]  faites  et  fondées,  "par-dessus  tout 
cela  est  ]  le  Père  (3).  [C'est]  lui  qui |  remplit  les  cieux,  qui  voit 
et  scrute  les  abîmes  et  est  avec  uu  chacun  d'entre  nous,  car  il 
dit  :  «  Je  suis  un  Dieu  prochain  et  non  un  Dieu  lointain;  est-ce 
que  l'homme  se  cachera  dans  une  cachette  et  que  je  ne  le 
verrai  pas?  »  (4)  Car  sa  main  enveloppe  toute  chose  Et  il  est 
aussi  la  lumière  qui  illumine  les  rieux  et  illumine  ~9r]  celui 
qui  est  au-dessous  du  ciel  et  scrute  les  reins  et  les  cœurs  et 
pénètre  en  entrant  dans  nos  magasins  secrets  (5)  et  manifes- 
tement nous  nourrit  et  rnous]  conserve. 

2.  Mass.  xix,  3]  Mais,  si  l'homme  ne  saisit  pas  la  plénitude 
et  la  grandeur  de  sa  main,  comment  quelqu'un  pourrait-il 
connaître  et  comprendre  en  son  cœur  cet  être  si  grand  qu'  est  | 
Dieu?  |Celui  qu'ils  ont  comme  mesuré  et  vu  par  récit  et  qu'ils 
ont  pénétré  tout  entier,  au-dessus  de  lui  ils  inventent  la  fable  de 
quelque  autre  plérôme  d'éons  et  un  autre  Père,  ne  pouvant  pas 
regarder  les  [choses  célestes,  mais  vraiment  descendus  qu'ils 
sont  dans  l'abîme  (6)  de  la.  démence,  disant  que  leur  Père 
s'achève  à  ce  qui  est  en  dehors  du  plérôme,  mais  que  le 
créateur  (7)  en  échange  n'atteint  pas  jusqu'au  plérôme.  Et  ainsi, 
aucun  des  deux  n'est  parfait  ni  n'embrasse  toute  chose,  car  il 

li  Lire  évidemment  an.unîn  au  lieu  de  biliuS. 

(2)  Même   faute  qu'au  chapitre  pi- 'dent  :  le  texte  porte  uikuiulkini,  visible, 

alors  que  le  sens  et  la  traduction  latine  exigent  uiiiuifinmiitim.  nuisible. 

(3)  Allusion  à  Eph..  i,  21.  Au  lieu  île  l'arménien  «min.  Hayr,  Pater,  le  latin 
écrit  existens  Deus. 

(4)  Jérém.,  xxm,  23. 

(5)  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  ahuihimP  ^uikSuinuiLiih  ;  le  latin  écrit 
et  m  absronsis  inest  et  in  secrelis  noslris. 

(6)  Lat.  et  in  profundum  Bythum;  Bythus  est  un  des  éons  du  Plérôme;  le 
copiste  arménien,  qui  traduit  ce  nom  propre  et  l'écrit  avec  une  minuscule, 
l'ignore  sans  doute:  notre  texte  en  tout  cas  donne  raison  à  Massuet  :  l'ro- 
fundum,  hrec  vox  glossema  sapit. 

(71  ujfiujn/»,  lat.  Démiurge,  grec  Ar,(ito-jpvi;. 

106] 


90  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

manque  à  l'un  tout  ce  qui  est  en  dehors  du  plérôme.  la  création 
du  inonde,  et  à  l'autre  la  formation  de  ce  qui  est  à  l'intérieur 
du  plérôme,  et  aucun  d'eux  ne  sera  [le 'Seigneur  de  toutes  choses. 
Et,  quant  à  la  grandeur  de  Dieu,  que  personne  ne  puisse 
l'annoncer  comme  s'il  l'avait  vue  à  travers  les  êtres  créés  (  1  ),  cela 
est  évident  par  tout  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  ;  mais  que 
sa  grandeur  ne  faille  pas,  mais  soit  stable  et  maintienne 
fortement  toutes  choses  (vis-à-vis)  les  unes  des  autres  (2)  [79 v] 
et  pénètre  jusqu'à  nous  et  soit  avec  nous,  quiconque  pense  (3) 
dignement  au  sujet  de  Dieu,  le  proclamera  (  1). 

XXXI V 

1.  [Mass.  xx,  1]  Donc,  selon  la  grandeur,  il  n'est  pas  [pos- 
sible de]  connaître  Dieu,  car  il  est  impossible  (5)  de  mesurer  le 
Père  ;  mais,  selon  l'amour  —  car  il  [nous]  aime,  celui  qui  [en] 
nous  portant  nous  présente  à  Dieu  par  le  moyen  de  son  Verbe  — 
ceux  qui  l'écoutent  apprennent  (6)  toujours  qu'il  est  tel  Dieu  et 
[qu'il]  est  celui  qui  de  sa  main  (?)  a  construit  et  établi  et  fait 
et  orne  (8)  toute  chose  :  et  parmi  toutes  ces  choses,  nous  sommes 
aussi  (9)  et  le  monde  qui  est  pour  nous,  donc  nous  aussi  avec 

(1)  tntuiiuu,  lai.  quir  farta  sunt,  leçon  du  Claromonlanus  et  de  Massuet  contre 
A rundelianus  et  Harvey  :  '/use  ab  eo  farta  sunt. 

(2)  Ces  derniers  mois  manquent  dans  le  latin;  au  lieu  de  uim*Jt,  pahè, 
garde,  maintient,  le  latin  écrit  conlinel. 

(3)  nLii  if/un  iuS/;.  hit.  sapil,  grec  probable  ypoveï;  le  Nouveau  Testament 
semble  ignorer  l'expression  ici  employée  et  écrit  à  la  place  /unii^t. 

(4)  ^iifiiiiiiiii/iuT/feiui/j,  lat.  confilebilur,  grec  ili\i.a\Qfi\rsn  (cf.  p.  13,  n.  5). 

(5)  Au  latin  impossibile  esl,  correspond  le  pléonasme  ...'/.•,:. m^  L.  inl/fyiuji  t. 
anhnar  ew  ankar  ë,  conforme  aux  habitudes  du  traducteur  arménien. 

(6)  Lat.  obœdientes  et  semper  discimus. 

(7)  /i  atii.ii  /ilii  i  j'efn  iwr,  auquel  correspond  le  latin  per  semetipsum.  Sur 
cette  expression  arménienne,  voir  R.O.C.,  1931-1932,  p.  442. 

(8)  L'énumération  est  un  peu  différente  dans  le  latin  constitua  et  fecil  esl 
adornavil  et  conlinel  omnia:  la  leçon  ela/it  au  lieu  de  feiil,  préférée  par  Massuel 
sur  le  témoignage  du  Claromont.  semble  devoir  être  rejetée,  car  elle  supposerait 
le  grec  ÈÇeXsÇato  et  l'arménien  nliuiiihiuu  (Luc,  vi,  13  et  x,  42;  Act..  xm,  17: 
1  Cor.,  i,  27-28;  Eph.,  i,  4). 

{'.))  L'arménien  donne  raison  à  VAruadel.  reproduit  par  Harvey  :  in  omnibus 
mu,  ni  et  nos  et  hum  mundum  etc..  contre  le  Claromont.  et  Massuet  qui  omettent 

•  '/    uns. 

L107] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUS  H.ERBSES.  91 

ce  qui  est  contenu  il.  en  lui,  nous  avons  été  laits.  El  c'est  ce 
dont  l'Ecriture  dit  :  «  El  le  Seigneur  Dieu  a  formé  l'homme 
limon  de  la  terre  (2)  et  il  souffla  sur  sa  l'ace  le  souffle  de  vie  ». 
Donc  [ce]  ne  |sont]  pas  les  anges  [qui]  l'ont  fait  ni  formé,  car 
les  anges  ne  pouvaient  faire  l'image  de  Dieu,  ni  personne  en 
dehors  du  vrai  Dieu  (3),  ni  aucune  puissance  qui  se  tiendrait 
très  loin  du  Père  de  toutes  choses,  car  Dieu  n'avait  besoin  de 
personne  d'entre  eux  pour  faire  ce  qu'il  a,  une  fois  [pour  toutes  , 
lui-même  en  lui-même  d'avance  défini  d'être  (4),  comme  si  lui- 
même  n'avait  pas  ses  mains,  car  est  toujours  avec  lui  le  Verbe 
et  la  Sagesse,  le  Fils  et  l'Esprit,  par  le  moyen  desquels  et  par 
qui  il  a  fait  toutes  choses  librement  et  spontanément  80r  et 
auxquels  le  Père  a  parlé  :  «  Faisons,  dit-il,  l'homme  selon 
notre  image  et  selon  [notre  ressemblance  »  (5).  Il  a  reçu  de 
lui-même  la  substance  (6)  des  choses  [qu'il  a]  établies,  le 
modèle  (?)  des  [choses  qu'il  a]  faites  et  les  figures  des  [choses 
ornantes. 


(1)  Lire  probablement  avec  le  latin  uiuinnûLmlihin^i,  contenu,  au  lieu  de  la 
leçon  du  texte  ujuifini  ),,i//^,^/.î, .  contenant. 

(2)  Gen.,  n,  7.  Le  latin  ajoute  ici  accipiens  i\ue  ne  comportent  ni  le  texte  des 
Septante  ni  l'arménien. 

i  il  uinwuinni  pmîi  iiiSiiVinii/imli  l\umnLiuh,  zcsmariln  Astowac,  en  latin 
prseter  verum  Detan;  les  manuscrits  latins  portent  prxler  Verbum  Domini.  [ci 
l'arminien  a  évidemment  raison:  Verbum  Domini  est  le  résultat  d'une  erreur 
dans  la  lecture  des  abréviations  usuelles;  cette  expression  est  d'ailleurs  bien  rare 
—  si  elle  est  attestée  —  sous  la  plume  des  pliiN  anciens  Pères  on  écrivains 
ecclésiastiques,  le  mot  Dominus  se  rapportant  g  moralement  chez  eux  à  la 
deuxième  Personne  de  la  Trinité. 

(4)  (iiiii  iii0iiimii(1i    nnnpfcuin,     plutôt    pf.riljni  nTiit     ClaromOM.,     MaSSUet)    '|U6 

praefinierat  (Arundel.,  Harvey). 

(5)  Gen..  i,  26;  voir  plus  haut  iv,  1,  3.  p.  12,  n.  I;  l'arménien  suit  parfaite- 
ment le  texte  grec  des  Septante  :  Uoirj<rwfjuv  avfipwnov  xit'  ety.âv*  r,[ieTc'pav  %a\ 
xa6'  6|ioiu)div.  Le  latin  prend  quelque  liberté  :  Faviamus  hominem  ad  imaginem 
et  similitudinem  nostram;  dans  son  Épilre  aux  Corinthiens  (xxxm,  5),  Clément 
de  Rouie  cite  ainsi  le  texte  :  (Ioiri<T<i>[i.;v  Svôjhjjtcjv  y.it'  eîxdva  xa't  v.%V  ipoiianv  r^zi- 
pav.  conforme  à  notrd  traduction  latine. 

(6)  nniiunnL|J/ii_li,  employé  ici.  traduit  en  langage  philosophique  le  terme 
ÛTtootï^i;  d'Aristote.  Latin  substanlia;  cf.  p.  -1T,  n.  1. 

(7)  Au  lieu  de  la  leçon  du  texte /i  nnin,  selon  le  modèle,  expression  fréquente, 
1  faut  lire  '/•/nin.  assez  rare  il  est  vrai  dans  ce  sens,  niais  que  réclame  la  tra- 
duction latine  exemplum. 

[108] 


92  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

2.  [Mass.  xx,  2]  Donc  [c'est|  bien  [à  juste  titre  quel  l'Ecri- 
ture (1)  dit  :  «  D'abord  avant  toute  chose,  crois  que  Dieu  est 
un  qui  a  établi  toute  chose  et  [l'J  a  préparée  (2)  et  a  fait  de 
rien  être  toute  chose.  Il  contient  toute  chose,  mais  lui-même 
ne  peut  être  contenu  (3).  Donc  c'est  bien  [à  juste  titre]  que 
dit  l'Ange  (4)  parmi  les  prophètes  :  «  [N'est-ce]  pas  un  Dieu 
|qui]nous  a  établis?  (5)  [N'est-il]  pas  un  [seul.  Père  de  nous 
tous?  »  et  l'Apôtre  en  conséquence  :  «  Un  [seul]  Dieu, 
dit-il,  et  Père  par-dessus  toutes  choses  et  par  toutes  choses 
et  en  nous  tous  »  (6).  Semblablement  le  Seigneur  :  «  Toute 
chose  m'a  été  remise,  dit-il,  par  mon  Père  »  (7),  [et]  il  est 
clair  que  [c'est]  par  celui  qui  a  fait  toute  [chose,  Dieu  par  le 
Verbe  et   l'a  ornée  par  la  Sagesse]  (8),  car  [ce  ne  sont]  pas 

(1)  Ces  lignes  sont  citées  par  Eusèbe,  Histoire  Ecclésiastique,  v,  S;  Irénée  lui- 
mème  cite  le  premier  commandement  (Mandalum)  d'Hermas  qui  sera  ensuite 
invoqué  ilans  Démonst.,  4,  et  souvent  par  les  écrivains  postérieurs,  en  particulier 
Origène  (voir  Dibelius,  Der  Ilirt  des  Hermas,  Tiibingen,  1923).   Est-il  bien  sûr, 

comm i    l'affirme  généralement,  que  le   mol  ypaçvi  qui  désigne  Hermas  est 

employé  ici  au  sens  technique  d'Écriture  inspirée?  Irénée  donne  ailleurs 
(Adv.  Hier.,  m,  3,  3)  le  nom  d'îxavutâTT)  Ypa?>i  à  l'Épitre  de  Clément  aux  Corin- 
thiens et  le  sens  est  tout  simplement  polentissimee  lilteras  (traduction  latine) 
on  tuculenlissima  Epislola  (Massuet),  mais  nullement  Scriptura  Sucra.  Il  est 
fort  possible  qu'il  en  soit  de  même  ici  et.  la  supposition  est  d'autant  plus  vrai- 
semblable  qu'Hermas  esl  écarté  systématiquement  du  Canon  dans  le  fragment 
dit  de  Muratori,  document  un  peu  postérieur  à  Irénée  et  qui  reflète  l'opinion  de 
l'Eglise  Romaine. 

(2)  Ici  s'arrête  la  citation  d'Eusèbe;  la  lin  de  la  phrase  figure  dans  Athanase, 
De  decrelis  Nicxni  .s'y»"'//.  P.G.,  XXV,  456;  De  lnruritutm.tr  Verbi,  id.,  102. 
Epis/ola  ad  Afros  Episcopos,  P. G.,  XXVI,  1038;  établi,  ^uiuuiuiuifeuiq  traduit  le 
grec  y.-riaa;  d'Hermas;  ,,n i<  ('"/■  ''■  ""/  traduit  xaTapûaa:. 

(3)  uiiiinuiïifei/i,  probablement  à;/wpT,To;  (Cf.  p.  111,  n.  6). 

(4)  Malachie;  cf.  p.  '.H  n.  f>. 

(5)  Malach.,  n,   10;  note  encore   la  traduction  de  ëxtioô  par  (Çuiuuiuimtuiu. 

(6)  Epli..  iv.  6.  Le  même  t. 'xte  sera  cité  plus  loin  iv.  49,  2  (cf.  p.  177  n.  b"); 
la  traduction  arménienne  suppose  ici  le  texte  grec  suivant  :  Eîç  Osoç  xai  jiarfjp 
ïràviMV  6  èjii  îtivwv  xoi  ôià  7tâ»Twv  xai  ev  Trâcriv  r,(j.'"v  ;  de  part  et  d'autre  le  texte 
latin  (Claromontanus)  écrit  :  Unus  Deus  [et)  Pater  qui  esl  Super  omnes  et  in 
omnibus  nobis. 

i7i  Matt.,  xi,  i7.  mIi.ï/./i /.iiini  .  littér.  u  été  donné  en  main;  Vulg.  :  uinmii. 
donné. 

(8  C'est  probablement  ici  qu'il  faut  insérer  cette  phrase  que  le  latin  et 
l'arménien  placent  un  peu  plus  bas  en  un   contexte  impossible;  on  lira  donc  : 

iltliilt       ^,       hl'll^      liuiutiiuîik;       1111       auiilhhtuili      Jih\       huAipL       lltniun      I  luiflfli  mo 

L  /iiîuiuinnLflfcuiiîp  ijuiin|uiiituiq.  pmiiii/i  n<  etc.  en  latin  :  ab  eodem  qui  omnia 

[îoo; 


SAINT    1RÉNÉE    :    ADVERSCS  H.ERFSES.  93 

les  choses^  de  quelque  autre,  mais  les  siennes  propres  qu'  il 
lui  a  données,  et  de  toutes  choses  rien  n'a  été  soustrait. 
C'est  pourquoi  fil  dit],  lui,  le  juge  des  vivants  et  des  morts, 
ayant  la  clef  de  David  qui  ouvre  et  personne  ne  fermera, 
qui  fermera  et  personne  n'ouvrira  (1);  car  personne  ne  pou- 
vait ni  dans  le  ciel  ni  sur  la  terre  ni  dans  le  fond  de  la 
terre  (2)  ouvrir  le  livre  du  Père  ni  le  voir  (3),  sinon  80v 
l'agneau  immolé  et  le  sang  de  celui  qui  nous  sauve  (1),  ayant 
reçu  la  puissance  de  toutes  choses  lorsque  le  Verbe  s'est  fait 
chair  (5).  De  même  qu'au  ciel  il  était  le  premier  parce  qu'il 
est  le  Verbe  de  Dieu,  de  même  aussi  sur  terre  il  sera  le  pre- 
mier parce  qu'il  est  homme  juste  qui  n'a  pas  fait  le  péché 
et  il  ne  s'est  pas  trouvé  de  fausseté  en  sa  bouche  (6  .  et  il 
sera  le  premier  de  ceux  qui  sont  sous  la  terre,  étant  le  premier- 
né  des  morts  (7),  pour  que  toute  chose,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  voie  son  roi  et  que  la  lumière  du  Père  vienne 

Verbo  fecit  et  Sapienlia  adornavit.  La  faute  e~t  antérieure  aux  deux  traductions. 

(1)  Apoc,  m.  7. 

(2i  L'arménien  £  umnpL  fcp'/[>/'  'tonne   raison  à  la  leçon   du   Claromont.  et 
de  Massuet  subi"*  terrain;  le  sub  de  Harvey  est  en  tous  cas  insuffisant. 

(3)  Apoc..  v.  3;  lire  ,,,,,•,  'i,h.  l'agneau,  et  non  l'accusatif  nniun.ll. 

(4)  Ici  se  place  dans  les  deux  traductions  la  phrase  que  nous  avons  insérée 

plU^    liant  ÊtuiUitiulit^    nn     nuiànhiuiu     nu%     huiuliL    uinnjn    Luflflffl-Ulo    II   liu'tuu- 

inm  IiU.uhU'  nnjnntunliiun.  ab  eodem  <y"'  omnia  Verbo  fecit  et  Sapienlia  adornavit 
Deus  ajoute  l'arménien),  phrase  qui  rompt  le  développement  en  confondant) 
l'action  créatrice  du  Père  et  le  rôle  rédempteur  de  l'Agneau,  alors  que  le 
contexte  indique  leur  distinction:  les  mots  trouvent  quelques  Hunes  plus  liant 
leur  place  naturelle  et  le  texte  devient  parfaitement  clair:  voici  l'ensemble  de 
la  phrase  telle  qu'on  peut  ainsi  le  restituer  :  Omnia  mihi,  inquil,  Iradila  sunl 
h  Paire meo  :  manifeste  ab  eodem  </<c  omnia  I  erbo  fecitet  Sapienlia  adornavit; 
non  enim  aliéna,  sed  sua  tradidil  ei;  in  omnibus  unir,,,  nihil  sublraclum  est, 
et  propler  hoc  aulem  idem  est  Judea  oivenlium  <t  mortuorum,  habens 
David  :  aperiet  et  nemo  claudel;  ■/mulet  et  nemo  aperiet.  Nemo  enim  aliuspoleral 
nec  in  cselo  nec  in  terra  née  sub  lus  terram  aperire  palernum  librum  aut  videre 
eu/,:,  /(/x/  Agnus  qui  occisus  est  ri  sanguine  suo  redem.il  m, s.  accipiens  m,,,,,,',,, 
polestalem  quando   Verbum  earo  /lu  in,,,  est 

(5)  lu.,  i,  14. 

(6)  I  Pétri,  n,  23,  texte  rit.'  par  saint  Polycarpe,  Épitre  aux  Philippiens,  vin. 

'  Col.,  i,  1*  le  :.'.a  yiv'r.-n...  noiiriiw/  du  texte  de  saint  Paul  est  traduit  eh 
latin  par  prineipatum  habeat  (Vulg.  ut  s'il...  primalum  lenens  et  en  arménien 
par  le  futur  imn_uiOuiua/i.  voisin  du  subjonctif  nj,  hnj,uli...  fum.uiOuiqtufi 
(Vulgate). 

[110] 


94  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

sur  la  chair  (1)  de  Notre- (2)Seigneur  el  de  sa  chair  par 
répercussion  vienne  briller  sur  nous,  et  ainsi  l'homme  sera 
pris  et  saisi  dans  l'incorruptibilité  de  la  lumière  du  Père  (3). 
3.  [Mass.  xx,  3]  Et  que  le  Verbe,  c'est-à-dire  le  Fils,  soit  (4) 
toujours  avec  le  Père,  nous  l'avons  montré  par  beaucoup 
de  preuves];  et  que  la  Sagesse,  qui  est  l'Esprit,  [fût]  avec 
lui  avant  toute  la  création  (5),  il  le  dit  ainsi  par  Salomon  : 
«  Dieu  par  la  Sagesse  a  fondé  et  établi  la  terre  et  il  a  pré- 
paré les  cieux  par  la  Sagesse;  par  son  sens  (6)  les  abîmes 
ont  été  ouverts  et  les  nuages  ont  fait  descendre  la  rosée  ». 
Et  encore  :  «  Dieu  m'a  établie  (7)  comme  principe  de  ses 
voies  sur  ses  œuvres,  avant  les  [Sir]  siècles,  il  m'a  fondée 
et  établie  (8)  au  commencement,  avant  de  faire  le  ciel  et 
avant  de  faire  les  abîmes,  avant  que  soient  les  sources  des  eaux, 
avant  que  les  montagnes  soient  affermies,  avant  toutes  les  col- 
lines, il  m'a  engendrée  ».  Et  encore  :  «  Lorsqu'il  préparait 
le  ciel,  avec  lui  (9)  j'étais  et  comme  il  rendait]  stables  les 
sources  des  abîmes,  quand  il  faisait  puissamment  les  fon- 
dements de  la  terre,  moi  j'étais  avec  lui  harmonisant  et 
adaptant;  moi,  j'étais,  avec  qui  il  se  réjouissait  et  chaque 
jour  j'étais  heureuse  en  présence  de   sa  face  en  tous  temps, 


(1)  (i  SuinSfii,  lat.  in  carnem,  plutôt  que  incarne  leçon  fautive  du  Claromonl. 
adoptée  par  Massuet. 

(2)  Skuini  Sbnni,  Domini  nostri,  appuie  la  leçon  du  Claromonl.  et  de  Massuet. 

(3)  Le  latin  écrit  et  sic  liorno  deveniatin  incorrupielam,  circumdatus  palerno 
lumine. 

(4)  ,/i'/i/,iin/.  participe  sans  indication  temporelle;  lat.  eral. 

(5)  Lat.  eral  apud  eum  anle  omnem  conslilulionem ;  conslitulio  et  iu»jmun^ 
traduisent  probablement  le  grec  xtsoi;;  <■(.  p.  7:!  n.  8. 

(il)  Prov.,  m,  19-iO.  Lire  onminL0timîp  (et  non  qauim.BhuiSa)  qui  traduit 
bien  le  h  %\a%r{on  du  texte;  lat.  sensu. 

(?)  Pl'OV.,  VIII,  ".'^'-'J.j,  déjà  cile  par  Justin.  I liulogue,  i.xi  ;  ÇuiuuiuitnkS, 
haslatem,  a  généralement  le  sens  d'établir;  il  n'en  traduit  pas  moins  ici  le  grec 
•/.tiXja  ainsi  qu'il  a  fait  aux  deux  citations  d'Hermas  et  de  Malachie  au  para- 
graphe '.'  du  même  chapitre  (voir  p.  109  n.  "2  et  5).  .Sur  l'exactitude  de  ce  mot 
v.tJ;m  pour  traduire  l'hébreu  qanani,  voir  Lebreton,  Origines  du  Dogme  de  la 
Trinité,  t.  I,  0°  éd.,  Paris,  1927,  y.  125-126. 

(8)  •^ic'fiiujfi/ffcmj  Çuiumuimhtwg,  ici,  comme  dans  la  citation  de  Prov..  m.  20, 
traduit  £fJE[icXiw<7£ ;  lat.  fundavit. 

(9    Prov.,  vui.  27-31,  cité  aussi  par  Justin,  Dialogue,  lxi. 

[111] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  HjERESES.  95 

quand  il  était    heureux   de  parfaire  le    monde  et  était  heu- 
reux parmi  les   Fils  des  hommes  ». 

1.  Mass.  xx,  1  Donc  Dieu  est  un  qui  par  le  Verbe  et  la 
Sagesse  a  fait  et  adapté  toute  chose  et  c'est,  lui  [qui]  est  le 
Créateur  (1)  qui  a  construit  ce  monde  et  l'a  donné  à  l'homme. 
Celui  qui,  selon  la  grandeur,  est  inconnaissable  (2)  à  tous  les 
[êtres  faits  par  lui  —  car  [il  n'est]  personne  qui  ait  scruté 
sa  hauteur  ni  parmi  les  anciens,  ni  parmi  les  modernes  — ■ 
celui-là]  cependant,  selon  l'amour,  est  toujours  connu  par 
le  moyen  de  celui  par  lequel  (3)  il  a  fait  être  et  établi 
toute  chose.  Et  celui-ci  est  son  Verbe,  Xotre-Seigneur  Jésus- 
Christ,  qui,  à  la  fin  des  temps,  s'est  l'ait  homme  parmi  les 
hommes,  afin  de  joindre  la  fin  avec  le  commencement,  c'est- 
à-dire  l'homme  avec  Dieu.  Et  c'est  [81v]  pourquoi  les  pro- 
phètes, ayant  de  lui-même,  le  Verbe,  reçu  la  grâce  prophétique, 
prêchèrent  à  l'avance  sa  venue  (  1)  par  laquelle  le  mélange 
et  la  communion  d'unanimité  de  Dieu  |et|  de  l'homme  a 
été  fait  selon  l'agrément  du  Père,  le  Verbe  ayant  fait  con- 
naître à  l'avance  dès  le  début  que  Dieu  apparaîtrait  aux 
hommes  et  circulerait  avec  eux  sur  la  terre  (5)  et  leur  par- 
lerait et  les  rassemblerait  (6)  et  serait  avec  sa  créature  pour 
la  sauver  et  être  saisi  7  par  elle  et  nous  sauver  des  mains 
de  tout  ce  qui  nous  hait  (S),  c'est-à-dire  de  tout  souffle  de 
révolte  et  d'opposition,  et  [nous]  donner  d'être  saisi  dans  le 
service  de  son  culte,  dans  la  sainteté  (9)  et  la  justice  tous 
nos  jours,  afin  que,  enveloppé  et  mêlé  avec  l'Esprit  de  Dieu, 
[l'homme]  soit  conduit  dans  la  gloire  du  Père  (10). 

(1)  r.iiuin/n.  lat.  Demiurgus,  grec  Ar,tuo-jpY<S;  (Cf.  p.  31  n.  4). 

(2)  miin/iiiif.i/i.  traduit  exactement  le  grec  âfiaiaxa; ;  lat.  ignolus  (Cf.  p. 33,  n.  1  . 

(3)  /i  i5fen.li  unnui  li  ÀhnAi  nnni,  litt.  par  la  main  de  celui  pur  la  main  duquel, 
lat.  per  eam  per  quem  constitua  omnia,  grec  certainement  Et'  otùtoO  Bi'  ou,  pro 
bablement  xi  -ivxi  È-otîjae. 

(4)  Le  latin  écrit  secundum  carnem  advenlum. 

(5)  Baruch,  m,  37;  texte  cité  longuement  dans  Démonstration,  97. 

(6)  Jnnniluililin   feii/iu/i    littér.  serait  leur  rassembleur,  idée   absente  du  latin. 
?    iiiiiilifeyin/,  de  uiuMhhS,  tanim,  ym-Aw,  cf.  p.    114,  n.  G;  le  latin  perceplibilis 

est  plus  clair. 

(8)  Luc,  i.  71-7Û:  lire  u>uifeifeu>n  et  non  mink^mg. 

(9)  Liie    liniimBfcuilîn  et   non    Ufloni  lltmlli 

(10)  Latin   :  uti  complexus  homo  Spiritum  Dei,  in  gloriam  cedat  Palris. 

[112 


96  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

5.  [Mass.  xx,  5]  Ces  choses-là  les  prophètes  [les]  signifiaient 
prophétiquement,  mais  [ce  n'était]  pas,  comme  le  disent  quel- 
ques-uns, à  savoir  que  le  Père  [serait]  invisible  à  toutes 
[choses]  créées  et  qu'autre  (1)  serait  celui  qui  a  été  vu  par 
les  prophètes  :  disent  cela  (2)  ceux  qui  ignorent  entièrement 
et  totalement  ce  que  c'est  qu'une  prophétie.  Car  une  pro- 
phétie est  une  parole  prononcée  d'avance  (3)  des  [choses]  qui 
sont  dans  le  futur,  c'est-à-dire  une  annonce  faite  d'avance  (4) 
des  [choses]  qui  seront  après  [82r].  Donc,  d'avance  les  pro- 
phètes avertissaient  que  Dieu  serait  visible  aux  hommes, 
comme  dit  le  Seigneur  :  «  Heureux  les  purs  de  cœur  parce 
qu'ils  verront  Dieu  »  (5),  cependant  quant  à  sa  grandeur  et 
à  sa  gloire  inénarrable,  «  personne  ne  verra  Dieu  et  vivra 
[ensuite]  »  (G),  car  le  Père  est  insaisissable,  mais,  selon 
son  amour  et  son  amour  des  hommes,  et  selon  qu'il  peut 
toute  chose,  il  donne  ceci  à  ceux  qui  l'aiment  de  voir  Dieu 
lui-même  :  [c'est  ce]  que  les  prophètes  ont  prophétisé,  car 
«  ce  qui  est  impossible  aux  hommes,  cela  est  possibilité  à 
Dieu  »  (7).  Car  l'homme,  par  sa  propre  puissance,  ne  pourra 
jamais  voir  Dieu,  mais  Dieu,  qui  a  voulu  être  visible  aux 
hommes,  sera  vu  de  ceux  qu'il  veut  et  quanti  il  veut  et 
comme  il  veut.  Car  Dieu  est  puissant  en  toutes  choses; 
[s'étant]  fait  visible  alors  par  l'Esprit  prophétiquement,  [il 
s'est]  fait   voir  par  son  Fils,  pour  [nous]    faire  [ses]  fils,  et 


(Il  Le  texte  est  à  peu  près  inintelligible  :  uiLuitinutitin^  £,iui_nfi  pninnknniii 

fenfellim    niil(ll    m'fil    nu.    niujil   etC...    Oïl    a    traduit    COIIUlie    s'il    V    avait     fcnfein(  ou 

hnhinci  faclis  au  lieu  de  hnhtuip  facta  et  amii,  altcrurn  au  lieu  de  </'"i",  eum; 
la  deuxième  correction  est  certaine,  mais  non  la  première;  en  tous  cas,  il 
parait  difficile  de  retrouver  le  latin  invisibili  Pâtre  omnium  exislenle,  l.iA.mi 
traduisant  régulièrement  le  grec  YevôjiEvoç. 

(2)  (i_  i/uiin  uiubL,  exactement   les  mots  latins   Hoc  dicunt  de   la  majorité  des 
manuscrits,  omis  daiiv  le  Claromonlanus  suivi  par  Massuet. 

(3)  |uin_iiiv1ui^iJ!i;LiiiiL/<J/ii_îir  exact,  le  latin  prœ-dicatio. 

(4i  LiulunkLni.phLÏi ,  plutôt  prse-annuntialio  que  prae-significalio. 
■  'i  Matt.,  v.  8;  la  formule  arménienne  qui  se  rapproche  d'ailleurs  de  celle  de 
la  Vulgate  de  cette  langue  supposerait  un  texte  grec  pxxâpioi  oi  xafJipoi  xar;  xapSîxiç. 
(6)  Exode,  xxxiu.  20. 


7)  Luc,  wiii.  27. 


[113] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  II.LKESES.  97 

il  sera  visible  dans  le  royaume  des  cieux  paternellement  (1). 
L'Esprit  a  préparé  d'avance  et  adapté  l'homme  au  Fils  de 
Dieu  et  le  P'ils  saisit  et  conduit  vers  le  Père,  et  le  Père 
donne  l'incorruptibilité  et  la  vie  éternelle  qui  est  acquise 
par   ceux  qui  voient  Dieu  par  la  vue  [qu'ils  en  ont]. 

G.  (2)  Car,  de  même  que  ceux  qui  voient  la  lumière  sont  à 
l'intérieur  de  (3)  la  lumière  et  perçoivent  sa  clarté,  de  même 
ceux  qui  voient  Dieu  sont  à  l'intérieur  de  Dieu,  recevant  son 
illumination;  et  vivifiante  est  l'illumination  de  Dieu  :  donc  ils 
recevront  la  vie,  ceux  qui  voient  Dieu  (4);  et  c'est  pourquoi 
l'invisible  (5)  et  incompréhensible  et  insaisissable  s'otïre  lui- 
même  aux  hommes  visible  et  compréhensible  et  saisissable,  afin 
de  rendre  vivants  ceux  qui  le  saisissent  et  le  voient  (6).  Car,  de 

il)  Le  latin  écrit  :  Potens  est  in  omnibus  Deus  :  visas  quidem  tune  per  Spiri 
tu, h  prophetice,  visus  autem  et  per  Filium  adoptive,  videbitur  autem  et  in  regno 
aelorum  paternaliter.  L'arménien  :  Potensest  in  omnibus  l>  us;  visibilis  foetus  per 
Spirilum  prophetice,  et  visas  foetus  per  Filium  filium  (ou  filios?)  faciens,  et  visibilis 
erit  in  regno  ccelorum  paternaliter;  le  sens  obtenu  est  assez  voisin  de  celui  de  la 
traduction  latine,  d'autant  qu'il  est  naturel  de  suppléer  à  nnnfi  uinihinil, 
ordi  arnelov,  filium  faciens.  qui  n'a  pas  de  sens,  le  mot  très  voisin  nnnbnnhiml, 
ordegrelov.  adoptons,  qui  offre  un  sens  excellent. 

(2)  Tout  cet  alinéa  ligure  en  grec  dans  les  Sacra  Parallela,  mais  dans  le 
seul  manuscrit  Rupefucaldinus  (Holl,  Fragmente  Vornicanischer  Kirchenvàler  aus 
den  Sacra  Parallela.  Texte  und  Unlersuchungen,  n.  148,  Leipzig,  1899;  voir  aussi 
plus  haut  p.  lui.  n.  3).  Le  niufin/i  qui  ouvre  ici  la  phrase  arménienne  con- 
firme Yenim  du  ClaromonCanus  reproduit  par  Massuel  et  rejeté  par  Harveysurla 
foi  du  texte  grec. 

i'Ii  /i  îifcnnu.  èvto:,  inlra;  au  lieu  de  /i  fcfeiip  qui  n'existe  pas.  Cf.  II  Cor.  iv.  6. 

i  li  Latin  :  uivificat  autem  eus  clarilas  :  percipiunt  ergo  vilam  qui  vident  li  utn; 
ces  mots  qu'omet  à  tort  le  seul  Claromontanus  sont  adoptés  par  le  texte  grec 
et  la  traduction  arménienne.  Dans  tout  ce  passage,  comme  plus  haut  au  pai  l. 
percipio  el  mIhiulÏi/iiÎ,  recevoir,  traduisent  le  grec  [iîir/w,  traduction  assez 
médiocre;  par  contre,  à  li  lin  du  même  paragraphe,  \>.z-oyn  est  rendu  exacte- 
ment par  parlicipalio  et  tniinnnLfl|iLÎi.  Cf.  p.  7  1  n.  A. 

(5)  Tel  est  l'ordre  des  mots  en  arménien;  celui  du  grec  est  différent.  Le  texte 
grec  écrit  toi;    tcigtoïç    Ttxpéayvi  \    le    lllin    et  l'arménien     hominibus   prseslat, 

l)  III  n  il  II  III  II     :  '  III 1/1  lit  i]  tu  li!, 

(6)  Ici  encore  le  grec  ajoute  ôià  hiutem;,  modification  qui,  ainsi  que  la  précé 
dente,  témoigne  de  préoccupations  théologiques.  Il  est  probable  que  nous 
sommes  en  l'ace  d'une  leçon  particulière  à  la  Recension  Rupefucaldienne  des 
Sa\  ra  Parallela  et  que  la  Rec  nsion  Vali  an  i  nous  la  possédions  ici.  appuierait 
les  deux  traductions.  Noter  la  traduction  de  iyûpnzoï,  y_wpoù(i.£vo;,  yiopoûvroç  par 
iiilmi.ii'!i/.,|i,  inmîifei/i  et  uiuinnnu,  incapabilis,  capacerr,  ipi  »tes(cf.  p.  23, 

111 

ORIENT   CHRÉTIEN. 


98  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

même  que  sa  grandeur  est  inscrutable,  de  môme  aussi  sa  bonté 
est  inénarrable,  par  laquelle,  s'étant  rendu  visible,  il  donne 
la  vie  <à  ceux  qui  le  voient;  car  vivre  sans  vie  est  une  impos- 
sibilité; mais  la  substance  de  la  vie  en  Dieu  s'acquiert  par  la 
participation,  et  la  participation  de  Dieu  est  de  voir  Dieu  et  de 
jouir  de  sa  grâce  (1). 

[Mass.  xx,  6]  Donc  les  hommes  voient  Dieu  afin  que  les 
hommes  (2)  vivent  par  la  vue  de  son  visage,  devenus  immortels 
et  conduits  à  Dieu.  [C'est],  comme  j'ai  dit  plus  haut,  ce  qui  a  été 
annoncé  (3)  en  signe  par  les  prophètes,  [à  savoir]  que  Dieu 
serait  visible  par  les  hommes,  à  ceux  qui  porteraient  en  soi  son 
Esprit  et  attendraient  toujours  sa  venue,  comme  dans  le 
deuxième  Livre  de  la  Loi  Moïse  dit  :  «  En  ces  jours-là,  nous 
verrons  si  Dieu  parlera  avec  l'homme  [83r]  et  s'il  vivra  »  (4). 
Car,  d'aucuns  d'entre  eux  ont  vu  l'Esprit  prophétique  et  son 
service  de  ministère  en  tous  genres  de  grâces  répandues  (5)  ; 
d'aucuns  ont  vu  la  venue  du  Seigneur  et  le  ministère  de 
l'économie  [venue]  d'en  haut  (G)  par  lequel  il  a  accompli  par- 
faitement (7)  la  volonté  du  Père  et.  pour  les  choses  du  ciel  et 
pour  les  choses  de  la  terre,  d'aucuns  [ont  vu]  la  gloire  du  Père 
adaptée  selon  le  temps  à  ceux  qui  voyaient  et  à  ceux  qui  enten- 

n.  1):  noter  aussi  celle  de  dvsÇiyviaTov,  invesligabilis  par  wiipLîifei/i,  dérivé  du 
verbe  pSfifci  (on  complétera  par  là  les  indications  de  la  p.  54,  n.  2);  cf.  Rom.,  xi, 
'.'•■'••.  F.pli..  m,  8. 

(1)  Lire  évidemment  i/imfcifci  et  non  i/iuifeitmi  ;  nhnnÇp  employé  ici  traduit 
généralement  le  grec  -/ipi:  (cf.  p.  27.  n.  1):  il  traduit  ici  y$i\a-cm-i\i,  benignilas, 
auquel  correspond  toujours  dujiimiiiii_/3/il1i  dans  la  Vulgate  du  Nouveau  Testa- 
ment. 

(2)  ifu>iiii/i/i  répète  ici  deux  fois  dans  la  même  ligne,  par  erreur  évidemment. 

(3)  iib/iuLiju/ii/iin,  impartait  passif  de  forme  postclassique  en  ~/ilii,  -iivr. 

(  1)  Deut.,  v,  24,  par  opposition  avec  le  texte  cité  au  par.  5  :  nemo  oidebit  Deum 
et  vivel  (Exode,  xxxm,  20). 

D'après  l'arménien  :  operaliones  ejus  in  omnia  gênera  charismatum  effusa 
(et  non  e/fusas,  Massuet). 

(6)  |i  il l.ii m  mu.  desursum;  la  traduction  latine  écrit  ab  initio;  le  grec  portait 
probablement  Svuâeu  généralement  traduit  par  ce  mot  arménien  (Matth..  xxvn, 
51;  Marc,  xv.  38;  Io..  m,  31;  xix,  4;  xix,  23;  lac,  i,  17;  m;  15),  mais  qui  a 
parfois  aussi  le  sens  de  dès  le  début  (Luc,  i.  M;  Act.,  xxvi,  5). 

(7)  /jiiiin/iifi/,,  plutôt  l'imparfait  huunuint^n,  probablement  hù.tas.  ou  un  de 
ses  composés,  qui  appuie  le  latin  perfecil  du  Claromontanus. 

[115] 


SAINT    [RENÉE  :    ADVERSUS  HjBRESES.  99 

daient  alors,  et  aux  hommes  (1)  qui  devaient  entendre  apiï- 
ceux-là.  Donc  ainsi  Dieu  se  manifestait,  car,  par  toutes  ces 
choses,  Dieu  le  Père  se  montre,  l'Esprit  aidant  et  le  Fils  étant 
ministre,  et  le  Père  se  complaisant,  et  les  hommes  préparant 
Leur  salut  (2),  comme  il  dit  par  le  prophète  Osée  :  <>  J'ai 
multiplié  les  visions  et  j'ai  ressemblé (3)  par  les  prophètes  ». 
Et  l'Apôtre,  pour  annoncer  la  même  chose,  dit  :  «  Il  y  a  des  paris 
de  grâces,  mais  un  même  Esprit;  et  des  parts  de  ministère 
et  un  (  I  )  même  Seigneur  ;  et  des  parts  d'opérations  actives,  mais 
un  même  Dieu  qui  opère  activement  tout  en  tous;  mais  à  chacun 
la  manifestation  de  l'Esprit  est  donnée  pour  l'utilité  ».  Cepen- 
dant [ce  Dieu]  qui  opère  [83v]  toute  chose  en  tout,  qui  il  est  et 
quelle  est  sa  grandeur,  est  invisible  et  inénarrable  à  tous  ceux 
qui  ont  été;  faits  par  lui,  mais  inconnu,  il  ne  l'est  en  rien,  car 
tous(5)  apprennent  par  le  Verbe  qu'il  est  un  seul  Dieu  Père  qui 
contient  toutes  choses  et  donne  à  tous  l'être,  selon  que  le  Sei- 
gneur dit (6)  :  «  Personne  n'a  jamais  vu  Dieu;  le  Fils  unique, 

(1)  L'arménien  Suinntili  appuie  La  leçon  hominibus  du  Claromonlanus  et  de 
Massuet  contre  omnibus  (A  rundelianus,  Harvey).  L'arménien  peu:  encore  signifier 
et  le  [Père   préparant  le  salut  des  limâmes. 

(2)  SuinnanL  et  non  Suinni-nnu',  tel  qu'il  est,  le  texte  confirmerait  plutôt  la 
[eçon  consummante  salutem  de  VArundelianus;  mais  le  léger  changement  de 
iji/im/i/ilH/ilÎi  eu  «/ '/'/''i " ■  /■"""''  ou  mieux  rii/in/im  !,ll.<nhi,  confirmerai!  la  leçon 
consummalo  ad  salutem  du  Claromonlanus. 

(o)  Osée,  xii,  10;  lire  évidemment  iSiufikniui. 

(4)  I  Cor.,  xii.  4-7:  II  ÎmiiÎi  Ski'<  et  idem  Dominus,  leçon  conforme  au  '  'laromon- 
tanus  et  d'ailleurs  au  texte  grec  des  manuscrits  -/.ai  6  a-jià;  x-jpio;;  les  Vulgates 
latine  et  arménienne  portent  idem  autem  Dominus. 

(5)  Le    texte   arménien   porte   ici   les  tiares  évidentes   de  corruption  :    luili 

in'tiiijiinLiji    II    n\    ù II  tu!  lu  lin  ni   P'»''    iiuiîitshiuiu   /i/jt   up    II  hiullt;h    m  itmlili   ijji    . 

il  faut  évidemment  supprimer  le  second  n<  et  lire  Uuli  niîin/>mfc//i  II  nt  Sluul 
/il/ii)  qui  correspond  bien  à  incognitus  autem  nequaquam;  au  lieu  de  piuîi 
iiiiiiV.'.lniiili,  il  faut  lire  nuiîin/j  luiîfeîiuiiîi  :  maison  ne  saurait  maintenir  à  la  fois 
/iL»  et  nn,  iinV!.îiiii(îi  /iîi.  signifiant  omnia,  et  tuShim^i  np  signifiant  nnincs:  le 
latin  nous  indique  que  c'est  np  qu'il  faut  supprimer  et  on  lira  piutinjt  ,uShïiuiiu 
/iJi»  /i  Pm1ii;h  nLuuihh  qui  correspond  bien  a  omnia  per  Verbum  [ejus]  discunl...; 
np  est  la  correction  d'un  lecteur  qui  aura  jugé  omnia  obscur  et  lui  aura 
substitué  tînmes. 

1 1 ; i  La  traduction  latine  écrit  y  madmodum  in  Evangelio  scriptum  est,  leçon 
bien    préférable;  en  arménien,  on  peut  substituer  avec   vraisemblance  à  SL^t, 

[110] 


& 


100  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Dieu,  [qui  est]  dans  le  sein  du  Père,  lui,  [l'Ja  raconté  »  (1). 
7.  [Mass.  xx,  7]  Donc  celui  qui  raconte  dès  le  commence- 
ment, le  Fils  du  Père,  comme  il  était  dès  le  début  avec  le  Père, 
lui,  a  exécuté  harmonieusement  (2)  les  apparitions  prophétiques 
et  les  parts  des  grâces  et  ses  ministères  et  la  glorification  du 
Père,  de  façon  juste  et  convenable  et  harmonieuse,  au  temps 
adapté  à  l'humanité  et  au  temps  on  vue  du  salut (3).  Car,  là 
où  il  y  a  accord,  il  y  a  harmonie,  et  là  où  il  y  a  harmonie,  il  y  a 
convenance  aux  générations  M),  et  là  où  est  [convenance]  aux 
générations,  là  est  l'utilité.  C'est  pourquoi  le  Verbe  a  été  fait 
intendant  (5)  des  grâces  du  Père  en  vue  de  l'utilité  de  ceux 
à  cause  desquels  il  a  fait  de  telles  économies,  [les  hommes], 

Ter,  Seigneur,  le  mot  iim /.mm/imii,  yawelaran,  in  Evangelio,  écrit  sans  doute 
au  moyen  d'une  abréviation  dont  la  lecture  a  causé  une  méprise. 

(1)  Io.,  i,  18.  Exact:  Qivi  oJSei;  é(o(sa*Ev  msmaze  '()  [lovoyev^;  0sb;  [6  wv]  ei;  t'ov 
xo)orov  to-j  ria-rpor,  èxecvo;  è?f,yr|(jaro-,  les  mots  6  wv  n'ont  pas  leur  équivalent  en 
arménien;  cette  citation  se  retrouve  sous  la  même  l'orme  un  peu  plus  loin  au 
par.  lu.  I.e  latin  ajoute  nisi  (cf.  m.   11,  9  Harvey;  m,  11.  5  Massuet). 

(2)  Tel  est  le  sens  des  mots  Hni-tiinii  k^utn;  le  latin  écrit  ostenderil;  le  texte 
arménien  es!  ici  très  embrouillé;  un  peu  plus  bas,  il  deviendra  illisible;  toutes 
ctv  lignes  sont  dominées  par  la  notion  d'harmonie  musicale  «pii  est  à  peu  près 
absente  du  latin. 

(3)  I.e  latin  écrit,  simplement  apto  tempore  ad  ulililatem;  peut-être  faut-il  en 
arménien  rattacher  U  SuinnhniJBhmfiu,  humano  generi,  au  verbe  précédent  et 
lire  il  a  exécuté  harmonieusement  dans  l'humanité;  en  ce  cas  il  faut  probable- 
ment supprimer  le  second  Jt  JuiSmiiuLh  et  lire  simplement  iiunSuinbinuS 
</iniïiii)mi/j|i  /•{!("><-  »"l  i/iji/jinpfciiiîi,  uplo  tempore  ad  salulem;  il  est  assez 
difficile  de  choisir  entre  les  deux  leçons  salutem  ei  ulililatem;  la  première 
cependant  semble  meilleure. 

(4i  Les  éditeurs  ont  lu  min  L  ui imt/i  (i  iitoïi  L  ninnLuili,  en  ajoutant  par  un 
point  d'interrogation  que  ces  mots  n'ont  aucun  sens;  uiuui/i  n'a  pas  de  sens  ici 
et  provient  simplement  de  la  répétition  de  17i  ;  l'expression  iuÏiii  II.  uium 
ici  et  là,  que  nous  lisons  alors  est  fréquente  et  sera  venue  naturellement  sous 
la  plume  du  copiste  au  lieu  de  uïlin,  illic,  qu'impose  l'ensemble  de  la  période; 
iiniiiLiiit  est  un  datif  rare  postclassique  de  maa,  generalio,  ye/eâ.  ou  genus,  yc'vo; 
(voir  ci-dessus  p.  82,  n.  3);  quanta  n^nli,  ce  mot  n'existant  pas,  il  faut  lire 
probablement  nh"i  k  convenable,  apte  à  (ri.  Adv.  Hser.,  iv,  G  et  v,  30,  1);  là 
donc  où  le  latin  écril  pro  tempore,  l'arménien  écrit  pr<>  generalione.  Nous 
proposons  en  définitive  la  lecture  wîin  II  /.  'ihui  k  mooi-nit. 

(5)  Exactement  le  latin  dispensalor  palernss  gratis  faclus  est;  intendant,  exact. 
gardien  du  grenier;  économie,  uiLujlii^!iiilA)/il1i.  exact.  olxovo|i£a;  le  latin  écrit 
disposilio;  cf.  p.  IV  n.   1. 

[117] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSDS  HjERESES.  101 

montrant  Dieu  aux  hommes  et  | uvsentant  à  Dieu  (1)  l'homme, 
gardant  l'invisibilité  du  Père  afin  que  l'homme  ne  devint  (2)  pas 
méprisant  et  hautain  à  l'égard  de  Dieu,  et  pour  qu'il  ait  toujours 
de  quoi  progresser,  [8  Ir J  et,  réciproquement,  présentant  à 
l'homme  Dieu  rendu  visible  par  beaucoup  d'économies,  afin  que 
l'homme  ne  tut  pas]  complètement  privé  de  Dieu  [et]  ne  cessât 
pas  d'être,  caria  gloire  de  Dieu  [c'est j  l'homme  vivant,  et  la  vie 
de  l'homme  est  la  vision  de  Dieu  ;  car  l'ostension  de  Dieu  par 
le  monde  donne  la  vie  à  tous  les  vivants  de  la  terre  [et]  bien  plus 
encore  que  celle-ci,  la  manifestation  du  Père  par  le  Verbe  est 
ce  qui  donne  la  vie  à  ceux  qui  voient  Dieu. 

8.  Mass.  xx,  8  Donc,  parce  que  l'Esprit  de  Dieu  signifiait 
par  les  prophètes  les  choses  futures,  nous  (3)  préformant  et 
adaptant  d'avance  à  l'obéissance  à  Dieu,  et  [parce  que]  l'homme 
devait  dans  l'avenir  par  la  complaisance  du  Père (4)  voir  Dieu, 
forcément,  il  était  nécessaire  et  digne  que  ceux  par  qui  les 
choses  futures  étaient  prédites  vissent  Dieu  par  eux-mêmes 
pour]  annoncer  aux  hommes  qu'ils  verraient  Dieu,  afin  que 
Dieu  et  l'enfant  de  Dieu,  le  Fils  et  le  Père,  ne  soit  pas  seule- 
ment dit  (5)  par  prophétie,  mais  encore  qu'ii  soit  vu  par  tous  les 
membres  saints  et  instruits  dans  les  choses  de  Dieu  figurées 
d  avance  (6)  et  que  l'homme  soit  formé  à  arriver  et  à  entrer 
dans  la  gloire  future  qui  sera  révélée  à  ceux  qui  aiment  Dieu. 

■li  iiuîiii/iiîuilj  /iimj/n  i.iii'fi/.iin/,  exact,  mettant  l'homme  en  présence  de  Dieu 
(cf.  p.  119  n.  6);  le  texte  arménien   appuie  la  le<;on  Deu  des  C  im   el 

Arundelianus  contre  le  Deum  des  autres  t>'iiiuiiis, 

(2)  L'arménien  écrit  ici  hpLhuijp,  parut;  il  semble  meilleur  rie  lire  fc'j/i;;/' 
devint,  exact,  le  perrt  des  manuscrits  latins. 

'.'!'  L'arménien  confirme  la  présence  du  latin  nos,  attesté  par  le  Claromonlanus 
el  V Arundelianus,  et  absent  des  autres  témoins. 

i  d  /i  i\fcn_f>  i,uMLpi  ^uiûfii/Jfciul»,  per  Patris  beneplacilum  :  le  traducteur  latin 
écrit  per  S.mcti  Spiritus  beneplacilum,  par  erreur  sans  doute,  car  l'expression 
plat  itum  ou  beneplacilum  Patris  revient  parfois  dans  notre  texte  (p.  ex.,  iv.  11,  2; 
iv,  13;  iv.  19.2;  tv,34,2);  beneplacilum  Soirilui  San  '<  semble  inconnu.  Noter 
que  l'arménien  écrit  ici  uidere  Deum;  ce  dernier  mot  manque  dans  im-  manus- 
crits de  la  traduction  latine. 

(5)  Le  singulier  uiutuunp,  dicalur,  commun  aux  deux  traductions  ne  laisse  pas 
de  doute  sur  le  singulier  du  grec. 

1     Le  texte  nécessite  des  corrections:  on  a  lu  ici  mûi^uiSnij  uppng  L.  nmnL- 

iibinn    (et     non     nLuLijhini         ii/.'iii/ini_ui<\n(uli       iiun-UiOuiljnjL       mu^uiLnphgk^ng 

(et   non  muiuiLnnkgliin,    L  Lppb[ml  ùuiprfL   etc.;  il   semble  cependant  pu- 
lls 


1()'2  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Car  les  prophètes  ne  prophétisaient  pas  seulement  avec  la 
langue,  [8-lv]  mais  encore  par  la  vue  et  la  conduite  (1)  et  les 
actions  qu'ils  faisaient  selon  le  conseil  de  l'Esprit.  Donc,  selon 
ce  Verbe  (2),  ils  voyaient  le  Dieu  invisible,  comme  dit  Isaïe  : 
<>  Le  roi,  le  Seigneur  Sabaoth,  je  l'ai  vu  de  mes  yeux  »  (3), 
signifiant  que  l'homme  verrait,  de  ses  yeux  Dieu  et  entendrait 
sa  voix.  Donc,  selon  ce  Verbe,  ils  voyaient  aussi  le  Fils  de  Dieu 
homme  allant  et  venant  avec  les  hommes  (4);  les  choses  de 
l'avenir  qui  étaient  pour  arriver  (5),  ils  les  prophétisaient 
d'avance;  celles  qui  n'étaient  pas  encore  dans  [l'êtrej  et  pré- 
sentes, ils  les  disaient  être  en  leur  présence  (G)  et  ils  prêchaient 
l'impassible  "devenu!  passible  (7),  et  ils  disaient  que  celui 
qui  est  au  ciel  descendrait  dans  la  poussière  de  la  mort  (8)  et 
encore  les  autres  choses  contenues  dans  son  économie  (9);  il  y  a 
celles  qu'ils  voyaient  par  vision,  et  il  y  avait  celles  qu'ils  prê- 
chaient par  la  parole  (10),  et  il  y  avait  celles  qu'ils  signifiaient  en 
image  par  des  actes:  ils  voyaient  visiblement  les  choses 
invisibles  (  11);  celles  qui  étaient  à  entendre,  ils  les  prêchaient 

férable  de  lire  luminnuiuintini/ au  lieu  de  uiujuiLnntatini,  car  on  retrouve  ainsi 
exactement  le  latin  sanclificalis  et  edoclis  ea  quw  sunt  Dei  ut  prse/ormarelur  cl 
nrsemedilaretur  etc. 

(I)  i/iiiiim  ■>,  exact,  le  latin  conversalione;  grec  àvautpo^r,  (cf.  Adv.  User., 
v,  9,  3): 

(Si)  Hmli/i,  secundum  hoc  Verbum  le  latin  écrit  secundum  hanc  igitur  rationem, 
le  même  mot  "/ôyov  étant  sous-jacent  aux  deux  traductions. 
(3l  Isiïe,  VI,  5. 

(4)  Exactement  le  latin  Filium  Dei  hominem  videbaut  conversation  eum  hominibus. 

(5)  Noter  l'expression  nn  AAïkinn  t,n  pour  désigner  les  choses  futures. 

(6)  luiLnhSuih,  exact,  en  présence  de  (cf.   p.  118  n.   1). 

(7)  Exactement  impassibilem  passibilem  prsedicanles  (trad.   lat.  annunlianles). 
(S)  Ps.  xxi,  16.  Cf.  Justin,  Dialogue,  civ,  1. 

(9)  Dans  tout  ce  passage,  on  a  modifié  complètement  la  ponctuation  du  texte 
'•n  s'appuyant  non  seulement  sur  le  sens  du  latin,  mais  encore  sur  la  répétition 
des  mots  t  ou  tri  /iï(.  <inn,  il  y  a  ou  il  y  avait  les  choses  que,  qui  commandent 
le  sens  de  la  période  arménienne. 

(10)  ^i  à /.m),  nuiîi/i,  per  verbum,  et  non  fiiuhji.   Verbum, 

(II)  Tel  est  le  sens  certain  de  l'arménien;  le  latin  écrit  bien  mieux  :  quae 
quidam  videnda  erant  visibiliter  videnles  ;  le  suffixe  _ih/iuiÎi  (akan)  qu'il  aurait 
fallu  employer  pour  rendre  le  latin  videnda  (cf.  inuufauifî,  audienda)  sera 
devenu  par  erreur  le  préfixe  -ujÏi  (-an),  privatif  que  nous  trouvons  ici  au  mot 
suivant  iii)iiii/,iinili/ii/i.  invisibles. 

[119] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  H^ERESES.  103 

par  la  parole;  celle  Y  qui  étai  en  t  à  l'aire,  ils  1  es]  accomplis- 
saient par  l'action  (1),  mais  ils  accomplissaient  2)  toutes  ces] 
choses  prophétiquement.  Etc'est  pourquoi  Moïse  disail  au  peuple 
transgresseur  (3)  que  Dieu  était  feu  i  l),  les  menaçant  du  jour 
de  l'eu  de  Dieu  qui  allait  venir  sur  eux  ;  mais  ceux  qui  avaient  la 
crainte  envers  lui  (5)  :  «  Le  Seigneur  Dieu  est  sensible  et  miséri- 
cordieux, disaient-ils,  magnanime  (G)  et  de  grande  miséricorde  et 
véridique,  gardant  entièrement  la  justice  85r]  et  la  miséricorde 
jusqu'à  mille  [fois];  il  chasse  les  illégalités  et  les  iniquités  ». 
9.  ^Mass.  xx,  9]  Et  le  Verbe  parlait  avec  Moïse  face  à  face 
comme  si  quelqu'un  parlait;  avec  son  ami  (7);  mais  Moïse 
désira  voir  manifestement  celui  qui  parlait  avec  lui  et  il  lui 
fut  dit  :  «  Tiens-toi  sur  le  faîte  du  rocher  et  je  te  cacherai  par 
ma  main  :  posée  sur  toi,  mais  lorsque  ma  gloire  passera,  alors 
tu  verras  ce  qui  [est  derrière  moi;  mais  ma  figure  ne  t'appa- 
raitia  pas,  car  aucun I  homme  ne  verra  mon  visage  et  vivra 
Lensuite  »  (8),  signifiant  ,par  là]  ces  deux  choses,  que  l'homme 
est  incapable  (9)  de  voir  Dieu,  et  que,  par  la  Sagesse  de  Dieu, 
l'homme  le  (10)  verra  à  la  fin  [des  temps]  sur  le  faite  du  rocher, 
c'est-à-dire  par  sa  venue  selon  l'humanité.  C'est  pourquoi  il  a 
parlé  face  à  face  avec  Élie  sur  la  montagne  ainsi  que  l'Évangile 
le  rapporte  (11),  établissant  à  nouveau  à  la  fin  Vies  temps]  la 
première,  l'antique  promesse. 

(1)  Exact,  quod  agebalur  operalione  perficiebant ;  remarquer  l'emploi  de  l'im- 
parfait passif  postclassique  nnnhjiLn1§. 

(2)  Le  latin  écrit  annuntianles ;  après  liiumuin^jih,  il  faut  lire  probablement 
L.  guijiiint/iïi  (cf.  p.   119,  II.  7). 

(M)  Lat.  Iransgressori  qaidem  Legis  populo. 

(4)  Deut.,  iv.  21. 

(5)  Exact,  hi  veto  qui  erga  eum  timorem  habebanl;  nos  témoins  latins 
écrivent  Deum  et   l'Arundelianus  Dominum;  le  latin  écrit  bis  vero  etc.. 

(6)  Exode,  xxxiv,  6-7.  le  mot  est  omis  par  le  Claromontanus;  le  latin  écni  </<<'■ 
bat,  l'arménien  dicebanl. 

(7)  Nombr.,  xn,  8;  Exode,  xxxm.  11. 

(8)  Exode,  xxxm,  20-22. 

(9)  uiiiLuin  t,  traduit  le  grec  àSvvcmfc  i<rr;,  latin  impossibilis  est  homo,  comme 
écrivent  les  Claromonl.,  Vossian.  et  Arundel.  et  non  impossible  est  homini  des 
autres  témoins. 

(10)  /i  ij„ij,n\m'iil,  mbunh,  Suiiui  iiîim,  exact,  in  novissimo  videbit  homo  eum;  la 
leçon  eum  est  soutenue  par  les  mêmes  manuscrits  latins;  les  autres  écrivent  Deum. 

(11)  Le  latin  écrit  plus  exactement  :  Etpropler  hoc  facie  adfaciem  confabulalus 

120 


104  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

[Mass.  xx,  10]  [Ce  n'est]  donc  point  la  vue  personnelle  de 
Dieu  manifestée  à  découvert  [que]  voyaient  les  prophètes,  mais 
les  économies  et  le  mystère  (1)  par  lesquels  [l'homme]  devait  dans 
l'avenir  voir  Dieu  (2),  ainsi  qu'il  a  été  dit  à  Élie  :  «  Tu  sortiras 
demain  et  tu  te  tiendras  devant  le  Seigneur  et,  voici,  le  Seigneur 

est  cutn  eo  in  allitudine  moniis,  adsislente  etiam  He/ia  quemadmodum  Evangelium 
relulit...  (Matt.,  xvii,  3). 

(1)  ninïiuiL(itfinLp/iLliH  L  ij/iuifi*,'nLjTij  auquel  correspond  le  latin  disposi- 
liones  et  myslerium;  le  premier  de  ces  mots  est,  soit  un  accusatif  singulier  suivi 
de  l'article  u,  soit  plutôt  l'accusatif  pluriel  (cf.  disposilioncs). 

Ce  mot  inïiuiLiitJiniM/iuîi.  tnawrénowthiwn,  qui  traduit  étymologiquement 
le  grec  olxovojMa  ne  semble  pas  exister  dans  la  Vulgate  arménienne  où  il  est 
remplacé  par  i,i1h,i/îi.im  M/m  1<  (Luc,  xvi,  2,  3,  4  :  lat.  villicalio;  I  Cor.,  ix,  17; 
Eph..  i,  10;  m,  2;  Col.  i.  25;  lat.  dispensalio;  I  Tim..  i,  4);  dans  saint  Irénée, 
il  traduit  régulièrement  oixovo|tia  (Adv.  User.,  iv,  48,  1;  iv.  53,  1;  v,  2,  "2; 
v.  3.  2:  v.  13,  2)  et  correspond  toujours  au  latin  disposilio;  celte  économie  est 
due  à  l'initiative  du  Père  iDémonstr.,  6),  mais  elle  affecte  l'incarnation  du  Fils 
(Démonslr.,  1U0);  ce  mot  incarnation,  ce  mot  arm.  iîmn3Liui_nnni.0/ii_ïi,  est 
tics  rare  dans  l'Adoersus  ffsereses  (cependant  v.  17.  2  où  il  traduit  le  grec 
càp/toTic)  et  plus  fréquent  dans  la  Démonstration  (32,53,  100). 

Le  mot  /uniisJniMii.  xorhowrd,  est  susceptible  de  deux  sens;  dans  le  Nouveau 
Testament,  il  traduit  '-ôrpx  (II  Cor.,  n,  11),  8iavôr]|jta  (Luc,  xt,  17),  èiuvoea  (Act., 
vin.  12),  lv6y(ni(Ti(  (Matt.,  ix,  4;  xii,  25;  Hébr.,  iv.  12)  et  surtout  BisAoyiirtiôç 
(Matt.,  xv.  19;  Luc,  u,  35;  vi,  8;  ix,  47;  xxiv,  38;  Rom.,  i,  21;  I  Cor.,  m.  20; 
Jac  .  u,  4).  mots  que  la  Vulgate  latine  rend  par  cogitatio;  mais  il  y  traduit 
aussi  le  mot  |u>utifaeov  (Matt.,  xm,  11;  Mare.  iv.  11;  Luc.  vm.  10;  Rom.,  \i.  25; 
I  Cor.,  u.  7;  iv.  1:  xm,  2;  xiv,  2;  xv.  51;  Eph..  i, '.I;  m.  3.  4,  9;  v,  32;  vi,  19: 
Col.,  i.  25,  27;  u.  2;  iv,  3;  Il  Thess..  n,  7;  I  Tim.,  m,  9,  16;  Apoc.  i.  20;  x.  7; 
xvii,  5,  7).  Dans  saint  Irénée,  le  premier  sens  apparait  quelquefois,  mais  le 
second  est  de  beaucoup  le  plus  fréquent;  c'est  lui  qu'on  rencontre  ici  et  le 
contexte  montre  ^a  valeur  exacte  :  il  s';igit  du  secret  de  Dieu  relatif  au  plan 
rédempteur,  secret  qui  ;i  été  caché  au  cours  des  siècles  et  est  maintenant  révélé 
au  monde  (Prat,  Théologie  de  si mil  Paul,  ('>•  éd..  Paris.  192:1,  p.  50  et  Lebreton, 
Origines  du  Dogme  <!>■  I<i  Trinité,  t.  I.  6e  éd.,  Paris,  1927,  p.  111  note):  c'est  ainsi 
que  saint  Paul  avait  déjà  employé  ce  mot,  particulièrement  dans  les  Epitres 
Pastorales  où  il  lui  avait  même  associé  celui  d'cïxovo|i!a  (Eph.,  i,  9-10;  m.  2-3; 
Col.,  i.  25-26)  comme  fait  ici  saint  Irénée.  Pas  plus  ici  que  chez  saint  Paul,  il 
ne  s'agit  d'un  emprunt  fait  aux  idées  religieuses  païennes;  au  temps  où  saint 
[renée  écrivait,  on  célébrait  a  Lyon  des  cultes  orientaux;  une  inscription  du 
Musée  des  Terreaux  nous  apprend  que,  dans  le  ■  Taurobole  delà  Grande  Mère 
des  Dieux  du  mont  Ida  ■•  célébré  pour  le  salut  d'Antonin  et  de  ses  enfants  dans 
cette  ville  le  9  décembre  160,  les  attributs  de  la  victime  avaient  été  apportés 
du  Vatican,  peut-être  celui  de  Rome,  en  tous  cas  un  des  centres  du  culte  de  cette 
divimie  (voir  sur  ce  monument  Jullian,  Gallia,  Paris,  1892,  p.  222).  La  fin  du 
second  siècle  est  l'époque  où  le  cube  de  Mithra  commence  à  régner  en  maître 
dans  le  monde  occidental.  Pourtant  Irénée  ne  doit  rien  au  langage  théologique 

[121] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  HyERESES.  105 

passe  (1).  Et  voici,  un  vent (2)  grand  [et]  puissant  qui  dissout 
les  montagnes  et  qui  brise  les  collines  devant  le  Seigneur,  mais 
le  Seigneur  n'jetait]  pas  dans  lèvent:  85v  et,  après  le  vent, 
un  tremblement  ^de  terre]  répété,  et,  ilans  ce  tremblement  [de 
terre]  répété,  le  Seigneur  n'[était  pas;  et,  après  le  tremblement 
^de  terre  répété,  un  feu,  et,  dans  le  feu,  le  Seigneur  n'  était 
pas;  et,  après  le  feu,  une  voix  subtile,  subtile,  de  l'air  ».  Car 
'c'estj  par  ces  choses  que  le  prophète  très  fortement  irrité  contre 
les  transgressions  du  peuple  et  contre  le  meurtre  des  prophètes 
était  instruit  à  se  garder  dans  la  mesure;  mais  la  venue  de 
Notre-Seigneur  selon  la  chair  était  signifiée  (3)  "en  ce  qu'elle 
devait  être,  après  la  législation  donnée  par  Moïse,  douce  et 
tranquille,  la  venue  de  celui  qui  n'a  pas  cassé  le  roseau  brisé 
et  n'a  pas  éteint  la  mèche  expirante  (4);  et  son  royaume  sera 
un  repos  doux  et  pacifique,  car,  après  le  vent  qui  brise  les  mon- 
tagnes, après  le  tremblement  [de  terre  répété  et  après  le  feu, 
suivront  les  temps  doux  et  pacifiques  de  son  royaume  auxquels 
tranquillement  et  doucement  l'Esprit  de  Dieu  ranimera, 
renouvellera  et  fera  croître  l'homme.  Mais  il  a  été  fait  plus  assuré 
encore  par  Ézéchiel  que  les  prophètes  voyaient  les  économies 
charnelles  loi  de  Dieu,  mais  non  lui-même,   Dieu  tout  entier, 

du   paganisme;  il  se  contente  de  suivre  saint  Paul,  et,  connue  lui.  ne  connaît 
au  mot  |i'jsnr,ptov  que  le  sens  indiqué  plus  haut. 

2  Per  iptx  inciperet  homo  viiere  Deum;  noter  l'emploi  du  mot  incip  re  au 
sens  de  d  voir  dans  l'avenir,  sens  que  confirme  l'arménien  ^mltiiknikuiA.  Xoter 
le  postclassique  uiu/itn. 

(I  Exode,  xxxiii,  ^'0,  22,  uilinmlit,  :  le  latin  écrit  mieux  transie!:  peut-être 
faut-il  supposer  uiton^. 

(2)  111  Rois,  xix,  11.    12.  L'arménien  écrit   ici  v>q/'  et  ensuite,  par  deux  fois 
Vnjiî:  ynWi,   qui  signifie  généralement  nvi^uj*,  n'est   pas  impossible,  mais 
beaucoup  plutôt   ^nnS  qu'il  faut  lire  partout. 

(3)  ïinuiLuiMiLn,  forme  postclassique  d'imparfait  passif. 

(1)  Mat  t.,  xii.  20,  citant  Isaïe.  xlii,  :!.   Cf.  Justin,  Dialogue,  cxxm,  8. 
5    liuififfinutnn.  marmnawor,   charnel  ou    cor}  SiunS^iL  qui  traduit 

à  la  foi-,  cap;  et  s»m  (voir  p.  11.  n.  6);  l'expression  économie  charnelle  ou 
elle  ne  se  rencontre  pas  ailleurs  dans  saint  Frénée  et  sonne  mal;  le  latin 
écrivant  ca  pat  le  à  la  place  de  Swn3LuiLnn  nous  "invite  à  lire  SiuuîtuiLnp 
masnawor,  partiel,  (de  Soiuit.  masn,  \Upoç,  pars;  Cf.  Adv.  Hier.,  v  13.  2  .  11  y 
a  probablement  allusion  à  1  Cor.,  xm,  9-13  où  on  lit  plusieurs  fois  l'expression 
Êx  (lépo-j;,  ex  parle,   en   particulier  ix    ii:;.o-j;  npo?r,T£Ûo|iEv;    ce  passage  est  cite 

122 


106  REVUE    DE    L'ORIENT     CHRÉTIEN. 

car,  ayant  vu  une  vision  de  Dieu,  il  raconta  les  chérubins  et 
leurs  roues  et  le  mystère  de  toutes  leurs  marches,  et  il  vit  la 
ressemblance  (1)  d'un  trône  sur  eux,  et  sur  [86r]  celui-ci,  la 
ressemblance  comme  la  vision  (2)  d'un  homme,  et,  sur  ses  reins, 
comme  la  vision  d'une  figure  de  soleil  (3),  mais,  au-dessous, 
comme  la  vision  d'un  l'eu;  et  il  raconta  avec  assurance  tout  le 
reste  de  la  vision  du  trône,  et  pour  que  personne  ne  pensât  que, 
dans  ces  choses,  il  avait  vu  Dieu  complètement  jet]  parfaite- 
ment, il  ajouta  :  «  Cette  vision  [est  la]  ressemblance  de  la  gloire 
de  Dieu  »  (  1). 

10.  Mass.  x\,  ii]  Donc,  si  Moïse  n'a  pas  vu  Dieu,  ni  Élie,  ni 
Ezéchiel  qui  a  vu  bien  des  choses  célestes,  mais  si  les  choses 
Vues  par  eux  étaient  la  ressemblance  de  la  gloire  du  Seigneur 
et  la  prophétie  des  choses  futures,  il  est  manifeste  que  le  Père 
est  invisible  au  sujet  duquel  le  Seigneur  dit  :  «  Dieu,  personne 
ne  il' la  jamais  vu  »  (5),  mais  son  Verbe,  ainsi  que  lui-même  [le] 
veut  (G)  et  pour  l'utilité  des  voyants,  montrait  la  lumière  (7) 
du  Père  et  racontait  ses  économies  selon  ce  qu'a  dit  le  Seigneur  : 
«  Le  [Fils]  unique,  Dieu,  [qui  est]  dans  le  sein  du  Père, 
lui,  [l'Ja  raconté  »  (8)  et  lui-même  [est]  le  narrateur  du  Père, 

ailleurs  par  saint  Irénée  (Adv.  Haer.,  iv,  19,  1:  v,  s.  2)  avec  emploi  de  l'expres- 
sion équivalente  U  iVmuîit,  i  masnê,  plus  littérale  que  celle  de  la  Vulgate 
7"7T  /'  ?""«k.  Noter  enlin,  jpour  appuyer  notre  conjecture,  l'opposition, 
manifeste  dans  la  traduction  arménienne,  de  i>iiiiiÎ/iik  mm  nmiiiui  jr/,'/..n  [,l[u  lui 
Cumin  iSmi.  les  économies  partielles  de  Dieu,  que  voyaient  les  prophètes,  et  de 
p:  iii)miiii/i  r.iimmunV  Dieu  tout  entier ,  qu'ils  ne  voyaient  pas  (le  latin  écrit 
simplement  proprie  Deum). 

(1)  ïnfui)inL0/ii.If,  lat.  similitude),  voir  p.  12,  n.  1. 

(2)  m/.u/i/ ;  le  latin  écrit  figura  et  dans  l'Arundel.  figurant. 

(3)  iii|i/,i|r/i/(iniiÀ/,i  :  noter  ici  l'emploi  du  mot  <îfci_,  forme,  figure,  qui  appa- 
raît synonyme  du  mot  uikulii  vision;  le  latin  écrit  figurant  electri. 

(4)  Ezéch.,  i,  1. 

(5)  Io.,  i.  18. 

(6)  /|.inV/i    le  latin  écrit  volebat,  qui  correspondrait  à  l'arménien  fyiuiîtji. 

(7)  Le  texte  écrit  ici  qJwfim-gfi,  au  temps  (du  Père),  qui  est  évidemment  une 
distraction  de  copiste;  il  vaut  mieux  lire  avec  le  latin  ^ijmin  u  la  gloire,  ou 
q/niu,  la  lumière  (du  Père). 

(8)  Exact,  le  latin  Unigenitus  Deus  qui  est  in  sinu  Palris  ipse  enarravil;  nous 
avons  déjà  rencontré  ce  texte,  voir  p.  117  n.  1. 

[123J 


SAINT    IKKMJF.    :     ADVERSUS  HyERBSES.  1  «  » T 

lui,  le  Verbe  :  il  raconta  comme  il  est  grand  et  complet  [en  lui- 
même  et  t'ait  progresser  les  autres  :  ce  n'est]  pas  en  une 
vision  ni  en  une  ligure  1 1  qu'il  était  vu  par  ceux  qui  le  vivaient. 
mais  selon  la  compréhension  de  ses  économies  2),  selon  q  l'il 
est  écrit  dans  Daniel  quand  il  fut  vu  par  Ananias,  Azarias  el 
Misaël,  alors  qu'ils  étaient  dans  la  fournaise  et  qu'il  les  sauvaii 
du  feu  (3)  :  <■  Et  la  vision  du  quatrième  est  semblable  au  Fils  de 
Dieu,  et  jadis  une  pierre  détachée  de  la  montagne  86v  sans 
mains  humaines  frappa  les  royaumes  temporels  »(  1)  et  les 
renversa  et  elle-même  remplissait  tuute  la  terre:  et  voici  à 
nouveau  :  elle-même  était  vue  comme  un  Fils  d'homme 
venant  sur  les  nuages  du  ciel  et  s'approchant  de  l'Ancien  des 
jours,  et  recevant  de  lui  toute  puissance  et  gloire  et  royaume  : 
«  Et  sa  puissance,  dit-il,  est  une  puissance  éternelle  et  son 
royaume  ne  se  corrompra  pas  »  (5). 

li.  Et  que  Jean,  le  disciple  du  Seigneur,  dans  l'Apocalypse 
ait  vu  la  venue  de  son  royaume  pontifical  et  glorieux,  il  dit  à 
son   tour  voir  sa  voix  (6  :  «   Il  parlait  avec  moi,  et  m'étanl 

(I)  n»  ShnJ  uikuuiLiuL  L  n»  ShnJihjtd]  lat.  non  in  l'ua  figura  nec  in  uno 
charactere;  le  mot  ÀL.  parait  bien  synonyme  de  inbuuiL  comme  il  l'était  tout  à 
l'heure  de  mhuli^. 

(i)  num  inîiiuLiit)i>iL|3feiuîiijî;  /'Lfing  {uîpnJuîuiLijli,  liltér.  :  Selon  les  com- 
préhensions, les  s  listes  de  ses  économies;  le  latin  écrit  secundum  dispensalio- 
num  ejus  causas  sive  efficaciam;  le  mot  LnLmLpt,ïinLpLiu\iau  nous  invite  à  lire 
disposilionum  plutôt  que dispensalionum ;  quant  à  nSan.linL.3Li  bien  que  son  sens 
le  plus  fréquent  soit  celui  de  saisie,  compréhension,  il  n'est  pas  impossible  qu'il 
soit  pris  ici  dans  son  sens  étymologique  violence,  force,  ce  qui  nous  rapproche- 
rait du  sens  du  latin. 

(3)  Daniel,  m.  26. 
I    Daniel,  n,  34,  35;  lire  ici  ,p„„  ./hmiuiIiiu/j/.iii,.  Cf.  Justin,  Dialogue,  lxxvi,  1. 

(ô)  Daniel,  vu,  13,  14.  Justin,    ibid. 

fi)  Apoc,  i.  li-17.  Tel  est  le  sens  de  l'arménien;  le  latin  écrit  :  Sed  cl  Johannes 
Domini  discipulus  in  Apocalypsi  sacerdolalem  et  gloriosum  regni  ejus  oidens 
adventum  :  Conversus   sum,   inquil,  oider e   oocem    q%  alur   mecum,  etc. 

Il  est  très  possible  que  ce  sens  ait  été  d'abord  celui  de  la  traduction 
arménienne:  le  mot  niup&Luii  en  effet  peut  être  employé  soit  comme  participe 
soit  comme  adverbe.  Comme  participe,  il  signifie  se  retournant  ou  retourné, 
conversus  de  notre  texte  latin  (voir  note  suivante);  comme  adverbe  —  et  cette 
acception  est  beaucoup  plus  fréquente  —  il  signifie  de  nouveau,  à  son  tour, 
avec  un  sens  très  général  de  réciprocité  ou  de  répétition  :  c'est  ce  second  sens 
de  nuinihuii  que  nous  trouvons  dans  l'état  actuel  du  texte  arménien;  mais  si 

UT 


108  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

retourné,  je  vis  sept  chandeliers  d'or,  et,  au  milieu  des 
chandeliers,  la  ressemblance  d'un  Fils  d'homme,  il  était  vêtu 
d'une  tunique  [descendant]  jusqu'aux  pieds  et  portait  sur 
l'estomac  une  ceinture  d'or  et  sa  tète  et  ses  cheveux  [étaient] 
blancs  comme  la  laine  et  comme  la  neige,  et  ses  yeux  comme 
une  flamme  de  feu,  et  ses  pieds  semblables  à  l'airain  du  Liban  (1) 
quand  il  est  chauffé  dans  la  fournaise,  et  sa  voix  [est]  comme  la 
voix  des  eaux  nombreuses  et  il  a  dans  sa  main  droite  sept 
étoiles,  et  de  sa  bouche  sort  une  épée  à  deux  tranchants,  et  son 
visage  brille  comme  le  soleil  dans  sa  force  ».  Car,  en  ces  choses, 
il  y  a  ce  qui  signifie  la  lumière  [venue]  de  son  Père  [87r],  comme 
la  tète  ;  et  il  y  a  ce  qui  [signifie]  le  pontificat  comme  la  tunique 
— ■  et  pour  cette  raison  Moïse  aussi  revêtit  le  pontife  selon  ce 
modèle  (2)  —  et  il  y  a  ce  qui  [signifie]  la  fin,  ainsi  l'airain  du 
Liban  comme  chauffé  dans  la  fournaise,  qui  est  la  stabilité  de 
la  foi  et  la  résurrection  éternelle  de  ceux  qui  ont  persévéré 
dans  les  prières  (3)  en  vue  de  l'incendie  qui  suivra  la  fin.  Or 
Jean  ne  put  supporter  cette  vision,  car  :  «  Je  tombai,  dit-il,  à 
ses  pieds  comme  mort  »  (4)  pour  qu'arrivât  [ce  qui  est]  écrit: 
i  Personne  ne  verra  Dieu  et  vivra  ensuite]  »  (5).  Et  le  Verbe  le 
ranima  et  le  vivifia  et  lui  rappela  qu'il  était  celui  même  sur  le 
sein  duquel  Jean  s'était  abandonné  à  la  Cène  demandant  :  «Qui 


nous  prenons  ce   mot  au   premier  sens,  nous  sommes  amenés  a  corriger  et  à 

lire  lui!  ti_  ïîlllKillïiïi/^ii,  StiUltlJl  itltuilihnuui .  U  ï/iiillllliiil /rt/ll  Iill/l  nnill^lll- 
ihiiiiijiii hmiuliiulilî  II.  iii/niifi  mi  nii  tiniliptiiliii  hlt.iii'li'h  Iinniu  ififtiifiifiniiii/  1111111- 
f  tf  L  u  ni  If .     iiiiiii.w.iiii     iiin/t      iii/fiiiuIi/ïi     fii\uiili     un     /imii  u/, 11     ri  Îj  i  ■     /ni,     etO...;     Ces 

changements  insignifiants  (suppression  du  n/i  initial  qui  vient  justement  aus- 
sitôt après  le  mot  uiuiwLiuïikuijh  et  changement  de  Lnnui  en  nn)  nous  ramènent 
exactement  au  sens  du  latin  et  s'imposent  donc. 

(Il  i>:ii^^/iiiii/ii'iii)iiii)iiii  .  un  peu  plus  lias.  puiii/iuii/ininiiiiLu,  lat.  chalcoLibano  ; 
ces  mots  sont  la  simple  transcription  du  grec  xaXxoXiëàvw,  mot  inconnu  ailleurs 
et  que  le-.  Vulgates  traduisent  avec  le  même  sens  uimIiÀhi  hhibini  et  aurichalco, 
a  [Mai  près  bronze  :  en  tous  cas.  U  s'agit  d'un  métal  en  fusion  d'une  grande 
valeur,  peut-être  légendaire. 

i-'i  Exod.,  xxviu.   1;  Lévitiq.,  vm,  7. 

(3)  Moi  a  mot  de  In  persévérance  dans  les  prières;  lat.  perseverabile  ornlhi- 
num;  le  i^muL  arménien  et  le  propler  latin  se  correspondent  exactement. 

i  L  Apoc,  i,  1  '. 

(5)  Exode,  xxxiii.  20. 

125 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUS  HjERESES.  109 

est  celui  qui  doit  te  trahir?  »  1  il  dit:  «  Je  suis  le  dernier  et  le 
premier  et  le  vivant;  et  j'étais  mort,  et  voici:  je  suis  vivant 
pour  les  siècles  des  siècles  et  j'ai  les  clefs  de  la  mort  et  des 
enfers  »  (2).  Et,  après  ces  choses,  il  vit  le  même  Seigneur 
dans  une  deuxième  vision;  «je  vis,  dit-il,  au  milieu  du  trône 
et  des  quatre  animaux  et  au  milieu  des  animaux  (3  un  agneau 
qui  gisait  comme  armé  4  et  il  avait  sept  cornes  et  sept  yeux 
qui  sont  les  esprits  envoyés  par  Dieu  sur  toute  la  terre  ». 
Et  encore,  au  sujet  de  ce  même  agneau,  il  dit:  «  Et  voici  un 
cheval  blanc,  et  celui  qui  [87v]  était  monté  sur  lui  s'appelait  5 
fidèle  et  véritable,  et  avec  justice  il  juge  et  livre  bataille,  et  ses 
yeux  étaient  de  la  flamme  de  feu  et  sur  sa  tète  des  couronnes 
nombreuses  ;  et  il  avait  un  nom  écrit  que  personne  ne  savait 
que  lui,  et  le  vêtement  porté  par  lui  était  aspergé  de  sang,  et 
son  nom  s'appelle  le  Verbe  de  Dieu.  Et  les  armées  du  ciel 
marchaient  derrière  lui,  montées  sur  des  chevaux  blancs,  vêtues 
de  mousseline  blanche  pure  :  et  de  sa  bouche  sortait  un  glaive 
aigu  par  lequel  il  frappera  les  nations  et  il  les  conduira  par  une 
verge  de  fer,  et  lui,  foulera  le  pressoir  du  vin  dans  l'emportement 
de  la  colère  du  Tout-Puissant  ;  et  il  a  sur  son  vêtement  et  sur  sa 
jambe  son  nom  écrit:  Roi  des  Rois  et  Seigneur  des  Seigneurs  ». 
Ainsi  toujours  le  Verbe  de  Dieu  montrait  aux  hommes  les 
formes  (6)  des  choses  futures  et  les  aspects  des  économies  du 
Père,  nous  enseignant  les  choses  de  Dieu. 

P2.    Mass.  xx,  12"  Et   ce  n'est]  pas  seulement  par  les  visions 


(1)  Io.,  xiii.  2">:  remarquer  ici  encore  l'emploi  de  cm  ipere  pour  désigner  un 
futur  arménien  ^luLnhnÀhiui,  Cf.  p.   121,   u.  2. 

(2)  Apoc,  i.  17-18. 

(3)  Apoc,  v,  6.  La  traduction  latine  écrit  :  in  medio  throni  el  quatuor  anima- 
Uum  et  in  medio  presbylerorum;  traduction  correcte  du  texte  grec  de  l'Apo- 
calypse  '■    ï'f  US1U)  TO*J   tlpÔvOU    XXÎ    T(Ï)V    TÎ^Tâpwv    Ctoui'J    /.xi    SV    tléfftp    TWV    ~?i<70J-zép(i>'i  ; 

un   copiste   arménien   aura   par   erreur  répété   le    mot   tiDniin'lih tugii,  Çtiwv,  là 
où  il  fallait  mettre  avec  la  Vulgate  hnliiuu'linh.   npeoëuTÉpaw. 

i  li  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  n/ititmi,  qu'il  faut  certainement  corriger  en 
nttibiui.  (Cf.  Vulgate),  ècrçaYiiivov,  occisum.  Erreur  aussi  sans  doute  que 
l'omission  du  nombre  sept  des  esprits. 

i    Apoc,  xix,  11-17  :  tn,/iLn.  forme  postclassique  d'imparfait  passif  qui,  avec 
le  latin  vocabalur,  traduit  le  grec  xaXoûiievo;  omis  dans  la  Vulgate  arménienne. 

(6)  aiLu  qui  correspond  ici  au  latin  lineamenta;  cf.  p.  124,  n.  1. 

;126] 


110  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ifju'ils  ont]  vues  et  par  les  paroles  [qu'ils  ont]  prêchées,  mais 
encore  par  (1)  des  actes  [qu'lil  s'est  servi  et  a  usé  (2)  des  pro- 
phètes [pour]  préformer  et  exposer  par  eux  les  choses  à  venir. 
C'est  pourquoi  le  prophète  Osée  épousa  une  femme  de  prostitu- 
tion, prophétisant  par  des  actes  que  la  terre  se  prostituerait, 
prostituée  [88r]  [loin]  du  Seigneur  (3)  —  [la  terre],  c'est-à-dire 
les  hommes  qui  sont  sur  la  terre;  et,  de  tels  hommes,  Dieu  se 
plairait  à  former  l'Église  sanctifiée  par  la  communion  [et]  la 
concorde  de  son  Fils,  comme  elle-même  était  sanctifiée  par  la 
communion  de  la  concorde  du  prophète  (4).  Et  c'est  pourquoi 
Paul  dit  qu'est  sanctifiée  la  femme  infidèle  d'un  mari  fidèle  (5).  Et 
encore,  les  fils  de  cette  [prostituée],  le  prophète  les  a  nommés  : 
N'ayant  pas  obtenu  miséricorde  et  :  Aon  peuple  (6),  de  même 
que  l'Apôtre  dit  :  Le  Aon  peuple  deviendra  Peuple  et  le  N'ayant 
pus  obtenu  miséricorde  [deviendra  Y]Ayant  obtenu  miséri- 
corde et  au  lieu  (7)  où  était  appelé  Non  peuple,  là  seront  appelés 


(1)  Comme  le  latin  écrit  per  visiones...,  per  sermones...,  in  operationes,  l'ar- 
ménien   porte    Ji    Afen.ii...    iiifeuffeiuiin...,  [i    Àknii...    p.tuLligi...,    /<  niinàuS.   Le 

grec  portait  probablement  àiâ...,  8ià...,  iv.  . 

(2)  Tel  est  le  sens  île  l'arménien  fe  Lfin  uiiituii  JuinhgaiL,  juxtaposition 
formant  pléonasme  de  deux  synonymes  fe  fefen  mufemi  et  iIiuiiUiul,  tradui- 
sant probablement  le  grée  èxpYiaiTo  (cf.  I  Cor.,  vu,  31);  il  faut  donc  lire  en  latin 
non  oisus  est,  mais  usus  est. 

(3)  Osée,  i,  12;  exactement  le  latin  fornicando  fornicabitur  terra  a  Domjno. 

(4)  Lire  évidemment  ynnm.im/iiii  IJ/.mA'i.  .t'/imi.mîmi  [,li.u,'h  SlunnuintïJiL.  Il 
est  difficile  de  choisir  entre  les  deux  leçons  communione  (Massuet)  et  communi- 
catione  (Harvey);  il  est  probable  que  le  grec  portait  xoiviavi'a.  Cf.  p.  ds.  n.  5. 

(5)  I  Cor.,  vu.  11.  Exact,  sanctificari,  ail,  infidelem  mulierem  vin  fidelis; 
la  traduction  latine  sanclificatam,  ait,  infidelem  mulierem  in  viro  fideli;  (Vulg. 
latine  :  per  virum  fidelem  :  Vulg.  armén.  ainuiSpL,  h  ir,i  àvBpî).  Peut-être  dans 
notre  texte  arménien  faut-il  lire  imnjit;  au  lieu  de  mu  Ui  :  en  ce  cas,  la  coïn- 
cidence est  parfaite  et  le  grec  sousjacenl  est  èv  àvfipi  tin  tustùi;  ou  bien  faut-il 
lire  l'actif  u/iuti  au  lieu  du  passif  <>/>p/>i  el  la  phrase  signifierait  alors  sanclifi- 
care  infidelem  mulierem  virum  fidelem;  en  tous  cas  avant  d'affirmer  la  présence 
du  mot  mi-roc  dans  le  texte  grec  d'Irénée,  il  faudrait  savoir  a  quel  point  la  cita- 
iicni  prétend  à  la  littéralité. 

6)  Osée,  i,  6-9,  allusion  à  ce  texte  dans  Justin,  Dialogue,  xix,  5;  cf.  Demi  m  sir.  93. 

(?)  Rom.,  i\,  25-26  de  Osée,  i,  lu  el  n.  23;  les  manuscrits  latins  portent  ici  le 
mot  eliberala  (Clarom.  liberala),  généralement  considéré  comme  interpolé  soit 
qu'il  ait  été  ajouté'  comme  glose  à  misericordiam  consecula  (Grabe),  soit  qu'il 
traduise  ippùsôv-,  faussement  lu  pour  ifâfftri;  en  tous  cas,  le  mot  est  absent  de 
l'arménien,  ce  qui  appuie  la  conjecture  de  l'interpolation. 

[127 


SAINT    [RENÉE   :    ADVBRSUS  BjERESES.  \\\ 

les  fils  du  Dieu  vivant  ».  Ce  qui  avait  été  accompli  typiquement 
par  le  prophète  au  moyen  d'actes,  TApôtre   l>  mo'ntré  aS 

en  vente  dans  «Eglise  par  le  Christ.  Ainsi  encore  Moïse  épousa 
une  femme  éthiopienne  que  lui-même  fit  Israélite  1  signifiant 
par  avance  qu'un  olivier  sauvage  serait  greffé  sur  un  olivier 
et  deviendrait  compagnon  et  participant  de  sa  sève  2).  Car  le 
Christ  ne  selon  la  chair  devait  être  recherché  dans  le  peuple 
pour  être  tue,  mais  devait  être  sauvé  et  gardé  sain  et  sauf  en 
Egypte,  c  est-à-dire  chez  les  Gentils,  et  sanctifier  les  enfants  de 
la-bas  ou  ,1  forma  son  Eglise (3),  car  l'Egypte  était  au  début  [un 
peuple]  des  Gentils  comme  l'Ethiopie.  (-1)  Par  les  noces  de  Moïse 
était  montre  le  mariage  ;8Sv  du  Verbe,  et  par  la  femme  éthio- 
pienne était  annoncée  la  vocation  des  Gentils  (5);  ceux  qui  le 
blâment  et  le  détractent  et  le  blasphèment  et  le  tournent  en 
nd.cule  ne  seront  pas  purs,  car  ils  deviendront  lépreux  et 
seront  expulsés  du  camp  des  justes  (6).  Ainsi  encore  Rahab  la 
ourtisane  7)  se  blâmait  elle-même  de  ce  que  sa  race  était 
coupable    de    toutes   sortes   de   péchés  (8)  et  elle    reçut   les 

1 1  Exode,  ii,  21.  -  (2)  Allusion  à  Rom.,  x,    17 

(oi  ^appuie  plutôt  la  leçon  ,,n  contre  celle  que  préfèrent  .es  éditeurs  M- 
ijmf/iji/li  (la-bas)  est  une  forme  très  rare. 

(4>  Ici  commence  un  fragment  grec  publié  pour  la  première  fois  par  Comheûk 
et  repris  par  Massuet  d'après  trois  manuscrits  grecs' de  l,  BibnXqueRo™ 

-^i^srs^^^--1-^ «k 2 

(5)  Le  grec  écrit  ,  l;  |flvSv  k^i%  appuyé  ,e  

m  ecces       ,       é  ien  ^^  ^  ^  ,  » 

XI,  2.1;  I  Cor.,  i.  26;   vu,  20;   Eph.,  i.    18;   iv    I    4-  Phi]     ,„.   n     ,,  T 

IITim..  ,,  9;  Hebr..  m,  l;  n  Pc!tI,,  ,,  ,„,.  '         ''  '"'  M;  "  rhess-  ''  lli 

(6)  Ici  (initia  citation  grecque.  Cf.  Nombr.,  m,  10-14 

(T)   L'arménien  écrit  *„,„,„,„£  Haabbov.  à   iWrum  «tel,  avec  deux  P    b 
qui  est   donc    doublement    impossible;  ii    faut    lire  simplement  fhu.u,p *'' 

Joté  r^Tn  Wa"n  R"hab  f("'niCan"-  L'hiSt0i' e  W *  rJKï 

Ulmu  l*latt.,   i.  o):  son  acte  est  cite  comme  modèle  i.-ir  lie     n   •<-.    .,  .„  ,■  ■ 
par    lie,,,,  x,  31    Clément  de  Rome  lui  reconnaît  e/outr ïe \tn  £"p£ 
Pheue  a  propos  du  symbolisme  du  fll  de  pourpre  (/  démentis,  x„,  s, 
™   ?ruf,Justln  prendra  et  développera  (Dialogue,  ex,.   I, 
8)   Telle    est   la  traduction   littérale    de   l'arménien;  le    latin    écrit    „,i,ux 

■'"~  ^  genlUl '"'"  Veocatorum  rea;  peut-être  au  lieu  de™,    ,,,  ' 

faut-il  lire  ju,^,  ex  génie.  ,?'  9       ' 

[128] 


112  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

trois  (1)  espions  qui  observaient  tout  le  monde  et  cacha  chez 
elle-même  le  Père  et  le  Fils  avec  l' Esprit-Saint.  Toute  la  cité  (2)  où 
elle  habitait  fut  renversée  par  les  sept  dernières  trompettes  (3), 
mais  elle  fut  sauvée  par  la  foi  d'un  signe  rouge  avec  toute  sa 
maison.  Ainsi  disait  le  Seigneur  à  [ceux]  qui  ne  recevaient  pas 
sa  venue,  [c'est-à-dire]  aux  pharisiens  (4)  et  [qui]  méprisaient 
le  signe  écarlate  qui  était  la  Pàque,  le  salut  et  la  sortie  du 
peuple  [hors]  d'Egypte  :  «  Les  publicains  et  les  courtisanes  vous 
précéderont  dans  le  royaume  des  deux  »  (5). 

XXXV 

I.  [Mass.  xxi,  1]  Et  que  notre  loi  ait  été  figurée  à  l'avance 
en  Abraham  et  que  [celui-ci]  ait  été  de  notre  foi  comme  un 
prophète  patriarche,  [c'est]  ce  que  l'Apôtre  a  montré  pleine- 
ment en  disant  aux  Galates  :  «  Celui  qui  vous  offre  complet  (6) 
l'Esprit  et  opère  des  miracles  parmi  vous,  [est-ce]  par  les  œuvres 
de  la  loi  ou  par  la  foi  ?  Ainsi  Abraham  a  cru  à  Dieu  et  [ce]  lui 
fut  imputé  à  [89r]  justification.  Savez-vous  donc  (7)  que  ceux 
de  la  foi  sont  [les  fils]  d'Abraham?  Car  l'Écriture  voyant  d'avance 
que  [c'estj  par  la  foi  [que]  Dieu  justifie  les  Gentils,  donna 
d'avance  à  Abraham  cette  bonne  nouvelle  :  en  toi  seront  bénies 
toutes  les  nations  :  donc  ceux  qui  sont  de  la  foi  sont  bénis  (8) 

(1)  L'arménien  atteste  le  mot  très,  présent  dans  les  Claromonl.  et  Vossian., 
mais  absent  de  i'Arundel. 

(2)  Lire  puit^wnii  et  non  puinuipfifi. 

(3)  Exact,  seplem  tibicirtis  utlimis  concidit  [in  ruinant];  la  traduction  latine 
écrit  concidisset  in  ruinant,  canenlibus  aulem  septem  libicinis,  in  uUimis  fîahab 
f'ornicaria  conservala  est...  Il  y  a  donc  incertitude  sur  la  place  précise  de  ullimis. 

(4)  n  ili  m  n  h  h  h  ni_mili,  pliai  isseis  Ci 'iiroiiiont..  Vossianus,  Massuet)  et  non  jilm- 
risa-i  (Harveyj. 

(•"'i  Matt-,  xxi,  31.  Pour  traduire  Ttôpvai,  merelriccs,  notre  texte  emploie  le  même 
mot  nnn  qu'on  vient   de   lire  (Vulgate  uinnAililip,  pornikkh). 

(6)  Gai.,  ni,  5-9;  le  mot  hujliuIiiuu,  complet,  qui  ne  figure  ni  dans  la  traduc- 
tion latine,  ni  dans  le  texte  cité,  est  probablement  la  répétition  du  mot  uuiluiIiui- 
iiimiifjii.  plenissime,  qu'on  a  lu  à  la  ligne  précédente  :  il  est  donc  à  supprimer. 

(7)  Le  point  d'interrogation  placé  ici  dans  le  texte  n'est  pas  sur;  il  ne  figure 
d'ailleurs  ni  dans  la  traduction  latine  ni  dans  le  texte  de  l'Épitre  aux  Galates. 

(8)  iuLfi-i'li/iii,  benedicuntur  ;  ce  mot,  qu'on  lit  aussi  dans  la  Vulgate,  traduit  bien 
le  présent  eùXo-yo-jvTai  (la  traduction  latine  et  la  Vulgate  écrivent  benedicenlur). 

129] 


I 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  HjERESES  113 

avec  le  fidèle  Abraham  ».  Par  1  ces  [paroles,  l'Écriture]  l'a 
appelé,  non  seulement  prophète  de  la  foi,  mais  encore  père  des 
Gentils  qui  ont  cru  au  Christ  parce  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  et 
même  foi  pour  lui  et  pour  nous  :  il  a  cru  les  choses  qui  étaient 
pour  être  (2)  comme  étant  déjà  arrivées  (3)  à  cause  de  la 
promesse  de  Dieu  ;  quant  à  nous,  sernblablement,  par  la  foi,  nous 
voyons  avec  un  miroir  l'héritage  du  royaume,  à  cause  de  la 
promesse  du  même  Dieu  (4). 

2.  [Mass.  xxi,  2]  Et  ce  qui  concerne  Isaac  n'est  pas  sans  signi- 
fication, car  aux  Romains  (5)  l'Apôtre  dit  :  «  Rébecca,  qui  a 
conçu  du  seul  Isaac  notre  père  »,  a  reçu  du  Verbe  la  réponse 
que,  selon  le  choix  [qu'il  en  avait  fait],  le  dessein  (6)  de  Dieu 
demeurerait,  non  [du  fait]  des  œuvres,  mais  de  celui  qui  nous 
appelle  (7)  ainsi  :  «  Deux  peuples  [sont]  dans  ton  sein  et  deux 
races  dans  tes  entrailles,  et  un  peuple  l'emportera  sur  un  peuple, 
et  le  grand  sera  abaissé  par  le  petit  »  (S).  D'où  il  est  manifeste 
que  non  seulement  d'autres  actes  (9)  des  patriarches,  mais  encore 
la  délivrance  [89v]  de  Rébecca  fut  la  prophétie  des  deux  peuples, 
et  que  l'un  serait  grand  et  l'autre  serait  petit,  et  l'un  pour  la 
servitude  et  l'autre  libre,  alors  qu'ils  étaient  d'un  seul  et  même 
Père.  Car  un  seul  et  même  Dieu  est  pour  eux  et  pour  nous, 
sachant  les  choses  cachées  [et]  qui  sait  toutes  choses  avant 
qu'elles  arrivent,  et  c'est  pourquoi  il  dit:  «  J'ai  aimé  Jacob  et 
j'ai  haï  Ésau  »  (10). 

(1)  /i  à/.n)i  nnng  qui  correspondrait  au  latin  perqux;  le  latin  écrit  par  excep- 
tion obquœ;  de  même,  au  lieu  du  latin  credunl,  l'arménien  écrit  yuLiuinuiii/iij, 
crediderunt. 

(2)  Noter  la  forme  WiLtinq  qui  correspond  au  latin  fuluris. 

(3)  hnking,  datif  pluriel  de  fenfemi,  exactement  le  latin  faclis. 

(4i  Les  derniers  mots  qui  figurent  dans  le  texte  arménien,  sont  supprimés  dans 
le  Claromonl.  et  rétablis  dans  VArundel. 

(5)  Lat.  in  ea  enim  epistola  quœ  est  ad  Romanos;  dans  le  texte  latin  supprimer 
le  mot  concubitu. 

(6)  Rom.,  ix,  10-13;  l'arménien  écrit  à  lort  uin.ui0Îinnnni_^/ii_L  conduite,  dû  ■  < 
lion:  en  réalité,  il  faut  lire,  conformément  à  la  Vulgate,  iuin_mi>iurinnL/3/n_îi  qui 
traduit  bien  le  grec  nrpoSsai;  (lat.  propos  it  a  m). 

(?)  £  /fiMfiijtk  i^bn;  au  latin  ex  vocante,  l'arménien  ajoute  nos. 
{S)  Gen.,  xxv,  23,  cité  dans  Barnabe,  xm,  2. 

(9)  annbng,  aclus ;  le  latin  écrit  prophelaliones. 

(10)  Rom.,  îx,  13. 

U30| 

ORIENT    CHRÉTIEN.  8 


114  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

3.  [Mass.  xxi,  3]  Mais,  s'il  est  quelqu'un  qui  étudie  les  actes 
de  Jacob,  il  trouvera  qu'ils  ne  sont  pas  vains,  mais  pleins 
d'économie;  et  d'abord,  en  premier  lieu,  dans  sa  naissance,  com- 
ment, ayant  saisi  le  talon  de  son  frère,  il  fut  appelé  Jacob, 
c'est-à-dire  celui  qui  tient  le  talon  (1),  [celui  qui]  saisit  et 
n'est  pas  saisi  (2),  lié  et  n'est  pas  lié,  combat  et  remporte  la 
victoire,  tient  dans  sa  main  le  talon  de  l'adversaire,  c'est-à-dire 
la  victoire,  car  pour  cela  est  né  le  Seigneur  dont  il  montrait 
le  modèle  de  la  naissance;  à  son  sujet  Jean  dit  dans  l'Apo- 
calypse :  «  Il  sortit  vainqueur  et  pour  qu'il  vainquit  »  (3).  Après 
cela  il  reçut  les  droits  d'aînesse  lorsque  son  frère  les  dédaigna 
et  méprisa  (4),  comme  le  peuple  cadet  reçut  l'ainé  de  tous, 
le  Christ  (5),  quand  le  peuple  ancien  l'expulsa  en  disant  :  «  Nous 
n'avons  pas  de  roi,  sinon  César  »  (6).  Or  dans  le  Christ  [est] 
toute  bénédiction,  et  c'est  pourquoi  les  bénédictions  du  premier 
peuple  [90r]  [issues]  du  Père  lui-même,  le  peuple  cadet  les  a 
usurpées  comme  Jacob  celles  d'Ésaii  :  c'est  pourquoi  il  fut  trahi 
par  son  frère,  et  aussi  l'Église  supporte  le  même  [sort]  de  la  part 
des  compatriotes  (7).  [C'est]  à  l'étranger  [que]  naquirent  les 
douze  tribus,  la  race  d'Israël,  parce  que  le  Christ  devait  dans 
l'avenir  (8),  à   l'étranger,    faire   naître  le  groupe    des   douze 


(1)  Gen.,  xxv,  26.  L'arminien  ne  peut  pas  faire  le  même  jeu  de  mots  que  le 
latin  [planta  pedis...  supplantalor). 

(2)  niïjinji/ïjiii^  L  n>  piîj-n-îifcfiii^  ;  en  langue  classique  fii?pii_ïifej  signifie  à  la 
fois  saisir  et  être  saisi:  mais  nous  avons  si  souvent  rencontré  l'infinitif  passif 
en  -/ii  que  nous  pouvons  lire  ici  nSpn-Lhinil  L.  n,  nSpnijtinil  qui  répond  bien 
au  sens  du  latin  lenens  et  gui  non  tenelur  et  est  d'ailleurs  suggéré  par  La  suite 
/imiii/.im/  /l  n*  /imui/iini/.  tigans  (le  latin  ajoute  pedes)  sed  non  ligalus. 

(3)  Apoc,  vi,  2. 
(A)  Gen.,  xxv,  32. 

(5)  mli mi mîi Mi,  lat. primogenilum,  grec npottôtoxoç  (Rom.,  vni,  29;  Col.,i,  15,18; 
Hebr.,  i,  6);  en  ajoutant  le  mot  uiShîibnni.'h,  omnium,  qui  manque  au  latin,  le 
traducteur  arménien  accentue  l'allusion  aux  textes  de  saint  Paul  concernant  la 
primauté  du  Christ,  surtout  Col.,  i,  15  et  Hebr.,  i,  6. 

r,i  l,,..  \ix,  15.  Les  deux  traductions  de  saint  Irénée,  latine  et  arménienne, 
sont  rigoureusement  calquées  sur  le  grec  de  saint  Jean,  à  l'inverse  des  Vulgates. 

(7)  ÇiuSuinbkiunîi,  lire  ÇuiSwnnlnugL,  ceux  de  la  même  race;  le  latin  écrit 
Judseis.  Cf.  Justin,  Dialogue,  cxxxiv. 

(8)  Telle  est  la  traduction  certaine  de  l'arménien  v,,),,,/,,,^/,,,,,  £„ ;  le  latin 
écrit  incipiebal.  Cf.  p.  126,  n.  1. 

[131] 


SAINT    [RÉNÊE    :    ADVERSUS  BJZRESES.  115 

colonnes  de  l'assemblée  de  l'Église.  Les  brebis  bigarrées  furent 
la  récompense  de  Jacob(l),  car  la  récompense  du  Christ  fut  les 
hommes  qui,  des  nations  diverses,  vinrent  dans  le  bercail  un (2) 
de  la  foi,  selon  que  le  Père  lui  avait  promis  en  disant  : 
«  Demande-moi  et  je  te  donnerai  les  nations  pour  ton  héritage 
et  pour  ta  possession  l'universalité  de  la  terre  »  (3).  Et  parce 
que  Jacob  fut  prophète  du  Seigneur  par  le  nombre  de  ses  fils  1 1, 
il  était  nécessaire  et  de  toute  justice  qu'il  suscitât  des  fils  des 
deux  sœurs  (5),  comme  le  Christ  [fit]  des  deux  peuples  6) 
issus,  d'un  seul  et  même  Père,  et  semblablement  des  deux 
servantes,  signifiant  [par  là]  que,  des  libres  et  des  esclaves 
selon  la  chair,  le  Christ  apportera  et  présentera  des  fils  de  Dieu, 
accordant  sur  (7)  tous  semblablement  le  don  de  l'Esprit  qui 
nous  vivifie.  Et  tout  cela,  il  le  faisait  à  cause  de  la  jeune 
Rachel  aux  beaux  yeux,  qui  était  à  l'avance  le  type  de  l'Église 
pour  laquelle  le  Christ  a  supporté  toute  [90v]  la  passion  (8), 
[le  Christ]  qui  alors  figurait  d'avance  par  ses  patriarches 
prophètes  et  prêchait  d'avance  les  choses  à  venir,  s'  exerçant 
[à]  sa  part  dans  les  économies  (9)  de  Dieu,  et  accoutumant 
ses  héritiers  (10)  à  servir  Dieu  et  à  lui  rendre  un  culte  et  à  vivre 

(li  lien.,  xxx,  32  iltuaÀpL,  lat.  merces  traduisent  le  grec  \i.:nho-,  des  Septante; 
cf.  Justin,  Dialogue,  cxxxiv,  5. 

(2)  i/iiiimiii|ii,  mot  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  Nouveau  Testament;  ile>t  très 
probable  que  nous  sommes  en  présence  d'une  allusion  à  Io..  x.  lij;  Jjmpuilu, 
et  le   latin  cohors  peuvent  très  bien  traduire  itoî|ii»i- 

(3)  Ps.  h,  8,  cité  dans  le  même  sens  Dëmonstr.  4')  et  par  Justin,  Dialogue, 
ixxii,  6. 

i4)  Exact,  prophela  fiebat  Jacob  Domini  mulliludine  filiorum,  leçon  bien  pré- 
férable à  celles  des  manuscrits  latins. 

(5)  L'arménien  écrit  par  erreur  frères,  il  faudrait  gfei'i/. 

(6i  c/iiriiii/rm/inîi  qui  suppose  le  grée  sous-jacent  ëOvîoi;  le  latin  écrit  à  la 
place  leyibus,  probablement  êGeac. 

7i  Tel  est  le  sens  exact  de  l'arménien  /i  Jhntu\  mSaLhnni  h  Onn/iu/i.  peu 
atisfaisant,  p,inni.S  traduisant  d'ordinaire  içîïitu  ;  peut-être  au  lieu  de  pnnbuii, 
tholeal,  faut-il  lire  mni_fcmi,  loweal,  qui  correspond  exactement  au  latin  dans 
(munus  Spirilus  mvipcanlis  nos). 

(8)  (mptutnuAu,  le  latin  écrit  simplement  propler  quam  iuslinuit  Chrislus. 

l'.»i  Le  texte  porte  utLuiLiit,Lni.pi.uiî)n'li  qui  est  impossible;  il  faut  uiLuit_uh;- 
î» n LJilkiuS a  pL  disposilionibus  (cf.  latin). 

(10)  Jiun.ui1iani.piti.1iL,  exactement  le  latin  hseredilalem   suam).  Cf.  p.  12,  n.  9. 

[132; 


116  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN'. 

comme  [desj  étrangers]  dans  le  monde  (1)  et  à  indiquer  en 
signe  (2)  les  choses  à  venir;  car  (3)  il  n'est  rien  de  vide  et  d'in- 
signifiant en  lui  (4). 

XXXVI 

1.  [Mass.  xxii,  1]  Mais,  dans  les  derniers  temps,  lorsque 
vint  [la  plénitude]  du  temps  de  la  liberté  (5),  le  Verbe  lui-même 
[et]  par  lui-même  lava  la  souillure  des  filles  (6)  de  Sion,  [en] 
lavant  de  ses  propres  mains  les  pieds  de  ses  disciples  ;  ceci 
est  la  fin  de  ceux  du  genre  humain  qui  héritent  de  Dieu. 
Comme,  au  début,  par  les  premiers  [hommes],  nous  avons  tous 
été  réduits  en  esclavage  par  le  tribut  de  la  mort,  de  même, 
à  la  lin,  par  les  derniers,  tous  ceux  qui  ont  été  au  commence- 
ment ses  disciples,  purifiés  et  lavés  de  la  mort,  viendront  à  la 
vie  de  Dieu,  car  (7)  il  a  lavé  les  pieds  de  ses  disciples,  il  a 
sanctifié  tout  [leur]  corps  et  [l']a  amené  à  la  purification,  c'est 
pourquoi  à  ceux  [qui  étaient]  étendus  et  assis  il  servait  la  nour- 
riture, signifiant  [ceux  qui  sont]  étendus  sous  la  terre  [et]  aux- 
quels il  est  venu  apporter  la  vie  :  «  Car,  dit  Jérémie,  le  Seigneur, 
le  saint  d'Israël  s'est  souvenu  de  ses  morts  qui  ont  dormi 
d'abord  dans  le  sol  de  la  terre  et  il  est  descendu  vers  eux  [91  r] 
[leur  annoncer!  la  bonne  nouvelle  de  son  salut,  les  sauver  »  (8). 
C'est  pourquoi  aussi  les  yeux  des  disciples  étaient  alourdis  quand 

(1)  l.e  latin  ajoute  ici  et  sequi  Verbum  cjus. 

(i)  t.iiii)niifif.i  appuie  la  leçon  prsesigni/ieare  des  principaux  manuscrits. 

(3)  Lire   ptulaji  au  lieu  de  /,"•"//' 

(4)  Apud  eut»  et  non  a/iud  Deum,  connue  portent  les  manuscrits  latins. 

(5)  Le  latin  écrit  :  cum  venit  pleniludo  temporis  liberlatis,  et  l'arménien 
iiifiJun)  /./i'/i  auiùuiuuihnïi  iifniiiifiiit krkuç  ;  Tablant  uni  wtnm  lilLïil.  doit  être 
évidemment  remplacé  par  le  génitif  iimun/iM.^Jfciuîj.  liberlatis:  le  génitif 
éuiSuihmbfiL,  lemporis,  ne  s'explique  que  par  l'omission  d'un  sujet  au  nominatif  : 
le  latin,  en  écrivant  pleniludo,   nous  invite  à  supposer  nim  îfii  (cf.  Gai.,  iv,  -1; 

Epi]..   I,    10);    il  faut  donc   lire  mnjujiï  fc/iS   nim  Hit   </ihiÏi;i)iiiiMi)i   luiiiiiiiiiu  /i//,iu)i. 

(6)  iffiiiiiif.iiinijli.  qui  appuie  la  leçon  filiarum  de  l'ensemble  des  manuscrits 
latins  contre  filiorum  (  Vossianus);  cf.  Isaïe,  iv.  4  et  Io.,  xni,  5. 

(?)  Lire  évidemment  niuTia/i,  enim;  le  latin  le  fait  précéder  de  la  conjonction 
qui  qui  manque  en  arménien. 

(8)  Texte  apocryphe  cité  exactement  sous  la  même  forme,  avec  la  même 
attribution  et  en  un  contexte   analogue,  dans  Démonstration,  78,  on   le  trouve 

[133] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  HAiRESES.  117 

le  Christ  vint  à  sa  Passion,  et  le  Seigneur,  les  trouvant  en  som- 
meil, s'en  retourna  la  première  ibis  et  les  laissa  pour  signifier 
la  patience  de  Dieu(l);  mais  étant  venu  une  seconde  fois,  il  les 
éveilla  du  sommeil  et  les  fit  lever  debout,  signifiant,  que  sa 
Passion  est  le  lever  du  sommeil  des  disciples  endormis;  pour 
eux  (2)  encore  il  descendit  dans  les  sols  inférieurs  de  la 
terre,  (3)  pour  voir  de  ses  yeux  les  choses  non  faites  de  la 
création  1  au  sujet  desquelles  il  disait  à  ses  disciples  :  «  Beau- 
coup de  prophètes  et  de  justes  ont  désiré  voir  et  entendre  ce  que 
vous  entendez '5)  et  avez  entendu  ». 

2.  Mass.  xxii,  2  Car  [ce  n'est  pas  pour  ceux  seuls  qui,  aux 
temps  de  Tibère  César,  ont  cru  à  lui  [que;  le  Christ  est  venu, 
et  ce  n'est  pas  seulement  aux  hommes  du  temps  présent  que 
le  Père  a  donné  ses  soins,  mais  ce  sont  tous  les  hommes  quels 
qu'ils  soient  qui  dès  le  commencement,  selon  (6)  leurs  forces 
et  en  leur  siècle,  ont  craint  et  aimé  Dieu  et  se  sont  com- 
portés équitablement  et  avec  sainteté  vis-à-vis  du  prochain, 
qui  ont  désiré  voir  le  Christ  et  entendre  sa  voix.  C'est  pourquoi, 
tous  [les  hommes]  de  cette  espèce,  à  sa  deuxième  venue,  il  [les] 
éveillera  d'abord  et  les  dressera  sur  les  autres  qui  sont  pour 
subir  le  jugement  (7)  et  il  [les]  établira  et  [les]  conduira  dans 

encore  dans  Adv.  Hser.,  m.  20,  4  (Massuet)  =  m,  22  (Harvey)  où  il  est  attribué 
à  Isaïe,  et.  sous  une  forme  un  peu  différente,  dans  Adv.  Hier.,  v,  31  où  on 
parle  simplement  du  ••  prophète  »;  lrénée  parait  l'avoir  extrait  de  Justin. 
Dialogue,  lxxii,  4  où  l'auteur  se  plaint  que.  •<  des  paroles  du  même  Jérémie  ■•, 
les  Juifs  ont  retranché  ceci  :  -  'E\i.-iri'îbri  îà  xvpto;  6  8eo;  âyto;  (plutôt  que  àizh 
qu'on  lit.  dans  le  manuscrit  et  dont  la  graphie  est  très  voisine)  'la^xr).  «5v  vexpffiv 
ocuTou,  7D>v  xEy.Qqxrjiisvtov  et;  yr(v  -^lofxaTo;,  xai  xaTéëïi  irpô;  dcutov;  eOayyîK'îaaôai 
avioC:  to  <rwTf,oiov  aJTOÛ  ■   (cf.   1  Pétri,  m,  19  et  iv,  6). 

(1)  Le  latin  ajoute  ici  in  dormilione  hominum. 

(2)  I.e  mot  eux,  îingm,  est  omis  dans  notre  texte. 
<:'.i  Eph.,  iv,  9. 

Ii  La  pensée   n'est  pas   sans    obscurité;   néanmoins  l'arménien   correspond 
exactement  au  latin  inoperala  crealionis  visurus  oculis. 

(5)  Matt.,  xiii.  17:  Luc.  x.  24:  l'arménien  pfcp.  lêékh,  signifie  entendez;  il 
y  faut  évidemment  substituer  wkuk;n,  tesêkh,  ave:  vu;  l'arménien  écrit  donc  au 
p;i">'  infeotp    inLiuip  ce  que  le  latin  met  au  présent  videtis  et  audilis. 

(6)  L'arménien  écrit  simplement  ici  un  génitif  datif  ablatif;  on  a  l'impression 
qu'il  manque  une  préposition:  le  texte  latin  lui-même  n'est  pas  sur,  le  Claromonl. 
et  le  Vossian.  écrivant  propler,  les  autres  manuscrits  secundum. 

(7)  Exact,  et  eriget  in  reliquis  qui  judicaluri  sunl,  la  traduction  latine  écrit  en 
un  sens  différent  et  erigel  tain  eus  quant  retiquos  qui  judicabuntur. 

[134] 


118  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

son  royaume.  Car  «  un  est  le  Dieu  qui  »  a  guidé  les  patriarches 
91  v]  dans  ses  économies  et  «  a  justifié  la  circoncision  dans  la 
foi  et  l'incirconcision  par  la  loi  »  (1),  car,  comme  par  les 
premiers  nous  avons  été  figurés  d'avance  et  annoncés  d'avance, 
ainsi,  réciproquement,  eux  sont  formés  (2)  en  nous,  c'est-à- 
dire  dans  l'Église,  et  ils  reçoivent  la  récompense  pour  laquelle 
ils  ont  travaillé  (3). 

XXXVII 

I.  .Mass.  xxui,  1]  Comme  dit  le  Seigneur  à  ses  disciples  : 
«  Voici,  je  vous  dis  :  Levez  vos  yeux  et  voyez  les  champs  qui 
sont  blancs  pour  la  moisson  mûre (4);  celui  qui  moissonne 
reçoit  une  récompense  et  rassemble  du  fruit  pour  la  vie  éternelle, 
afin  que,  ensemble,  se  réjouissefnt]  et  [celui]  qui  a  semé  et  [celui] 
qui  moissonne;  car,  en  ceci,  la  parole  est  vraie  que  autre  est 
celui  qui  sème  et  autre  celui  qui  moissonne  (5).  Moi,  je  vous  ai 
envoyés  moissonner  jce  que]  (0)  vous  n'avez  pas  travaillé;  d'au- 
tres ont  travaillé  et  vous  êtes  entrés  dans  leur  travail  ».  Donc 
qui  sont  ceux  qui  ont  travaillé,  qui  ont  servi  dans  les  économies 
de  Dieu?  Il  est  évident  que  rce  sont]  les  patriarches  et  les 
prophètes,  qui  à  l'avance  ont  figuré  notre  foi  et  ont  semé  sur 
la  terre  la  venue  du  Fils  de  Dieu,  qui  et  quel  il  sera  (7),  [en 

(I)  Kohi.,  m,  30.  Noter  ici  la  traduction  de  8ii.  per,  au  moyen  de  l'instru- 
mental, alors  que  d'ordinaire  ou  trouve  /i  Àbni  et  le  génitif  (littér.  par  lu  main 
de);  la  Vulgate  arménienne  fait  précéder  le  seeoni  hîttîw;  du  pronom  îim//di. 
a-jzfn,  absent  ici  et  dans  les  meilleurs  manuscrits  grecs. 

(.')  Deformanlur ;  l'arménien  écrit  ÀL-n/im/ii,  ce  qui  fait  supposer  ici  un 
composé  de  |xop?/i  ou  de  rj/.ïj[j.a  plutôt  que  de  xùito;  (Harvey). 

i.'li  Exact,  mercedem  pro  gua  laboravurunl  ;  la  traduction  latine  écrit  mercedem 
pro  lus  quse  laboraverunt. 

I  I)  lo.,  iv.  35-38;  ce  dernier  mot  yiui/.mi  mure,  ne  ligure  pas  dans  la 
traduction  latine  de  saint  [renée;  il  a  été  ajouté  sans  doute  sous  l'influence  de 
la  Vulg  ite  arménienne  où  on  le  trouve;  il  est  d'ailleurs  absent,  des  plus  anciens 
manuscrits  grecs  et  des  plus  anciennes  traductions  de  l'Évangile  de  saint  Jean. 

(5)  Mi, -b.,  iv,  15.  . 

6  Dans  le  texte  et  les  traductions  du  Nouveau  Testament,  y  compris  la 
Vulgate  arménienne,  les  deux  propositions  sont  liées  par  le  pronom  relatif  ô, 
quo  l,  n/iii,  présent  dans  le  texte  latin,  omis  par  le  copiste  arménien  et  qu'il 
faut  très  probablement  rétablir. 

(?)  On  a  changé  ici  complètement  la  ponctuation  de  l'arménien  et  on  a  suivi 
celle  du  latin;  le  latin  lie  cette  proposition  et  la  suivante  par  la  conjonction  de 

[135] 


SAINT    [RENEE    :    ADVERSUS  II.ERESES.  l|!l 

sorte  que'  ceux  des  hommes  qui  sont  venus  après  eux,  ayant 
la  piété  envers  Dieu,  ont  reçu  facilement  la  venue  du  Christ, 
formes  qu'ils  étaient  par  les  écritures  (  1 1.  C'est  pourquoi  à 
Joseph  qui  avait  connu  d'abord  la  grossesse  de  Marie  92r  et  vou- 
lait la  renvoyer  secrètement,  l'ange  dit  en  songe  :  «  \'e  crains 
pas  de  recevoir  chez  toi  Marie,  ta  femme,  car  ce  qu'elle  a  en 
son  sein  est  de  l'Esprit-Saint  et  elle  enfantera  un  fils  et  tu  l'ap- 
pelleras du  nom  de  Jésus  (2)  car  il  sauvera  son  peuple  de  leurs 
péchés  »  ;  il  ajouta  pour  le  persuader  :  «■  Tout  cela  est  arrivé  3 
afin  que  lut  accompli  ce  qui  a  été  .lit  par  le  Seigneur  par  le 
moyen  du  prophète  disant  :  Voici  que  la  Vierge  concevra  et  elle 
enfantera  un  (ils  et  on  lui  donnera  son  nom  Emmanuel  ■  4);  par 
la  parole  du  prophète,  il  le  persuadait  el  le"  consolait  (5),  lui 
montrant  que  Marie  était  celle  qui  avait  été  prêchée  d'avance 
par  le  prophète  Isaïe,  la  Vierge  [qui  enfanterait  l'Emmanuel. 
C'est  pourquoi  Joseph,  ayant  consenti  sans  douter,  reçut  chez 
lui  Marie  et  dans  la  suite  et  dans  tout  l'entretien  du  Christ,  il 
se  réjouissait  de  remplir  son  service,  jusqu'à  souffrir  d'aller 
sur  les  routes  d'Egypte  et,  au  retour  [de  ce  pays  ,  de  se  trans- 
porter à  Nazareth,  au  point  que  0).  par  ceux  qui  étaient 
ignorants  des  écritures  et  de  la  promesse  de  Dieu  et  de  l'écono- 
mie du  Christ,  il  était  considéré  comme  le  père  de  l'enfant  7). 
C'est   pourquoi,  lui-même,  le  Seigneur,  à  Capharnaiim,  lisait 


finalité  idi :  le  aji  arménien  «[ui  lui  correspondrait  a  disparu  du  texte,  probable- 
ment à  cause  du  voisinage  de  LU  ;  mais  on  trouve  sa  trace  dans  le  con- 
jonctif  ji5i//uirij/iîi  qui  correspond  bien  au  latin  suscip  rent. 

li  iifiniii/jNiii /.  Hjji.    évidemment  uiaimlihnhuiig,  formés,   de  luiutnlibnuiimS 
exactement   le   synonyme    de   SlIliuLuiS   relevé  p.   135,   n.   ,'  ;  I,   anntj.  pa 
Ecritures  :  le  latin  écrit  a  prophelis. 

2    Mat  t.,  i.  20-21  :  contre  le  Claromont.  et  v  >cab  lur  no 

'■'.    Matt.,  i.  22;  hnL,  faclum  est,  grec  yî'yovev. 

(4)  Is.,  vu.  11:  ce  texte  a  '-té  longuement  étudié  par  Justin.  Dialogue,  lxxi,  '■'• 
et  lxxxiy;  [renée  en  résume  les  conclusions  A  du.  User,  ml  25  Harvey)  =  m,  21,  4 
(Massuet)  et  Démonslrat.  03. 

iôi  Matt..  n  24,  le  latin  porte  e.rcmans  Mariant;  l'arménien  lî/u/iOuinfeiî  et  le 
latin  excusa  peuvent  traduire  le  grec  jusaxi/iu. 

(6)  Matt.,  n.  14.  il.  23;  le  latin  écrit  denique. 

(7)  Luc,  m.  23:  UiuiihUt,  i.'lre  considéré  comme;  sauf  l'Arundel,  presque  tous 
les  manuscrits  latins  écrivent  vocabant. 

136 


120  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

la  prophétie  d'Isaïe  :  «  L'Esprit  du  Seigneur  est  sur  moi  : 
c'est  pourquoi  il  m'a  oint  ;  il  m'a  envoyé  annoncer  la  bonne 
nouvelle  aux  pauvres,  guérir  [ceux  qui  sont]  brisés  dans  leurs 
cœurs,  prêcher  [92v]  la  rémission  aux  captifs  et  [faire]  voir 
les  aveugles  »  (1),  montrant  que  lui-même  avait  été  prêché 
d'avance  par  les  prophètes,  il  leur 'dit  :  «  Aujourd'hui,  cette 
éi  rit ure  a  été  accomplie  devant  vos  yeux  et  vos  oreilles  »  (-2). 

2.  [Mass.  xxiii.  2]  C'est  pourquoi  aussi  l'apôtre  Philippe  (3), 
ayant  trouvé  (  l)  l'eunuque  de  la  reine  d'Ethiopie  qui  lisait 
les  paroles  d'Isaïe  :  «  Comme  une  brebis,  il  a  été  conduit  à 
la  mort  et  comme  une  brebis  (5),  devant  celui  qui  la  tond, 
sans  voix,  ainsi  il  n'a  pas  ouvert  sa  bouche  dans  [son]  hu- 
milité »  (6),  et  autres  choses  qui,  toutes,  [sont  dites]  au 
sujet  de  sa  passion  et  de  sa  venue  corporelle,  et  comment  il 
fut  méprisé  par  ceux  qui  ne  croyaient  pas  à  lui  — ■  l'une 
après  l'autre  le  prophète  a  annoncé  [ces  choses]  (7)  —  il  [lui] 
persuada  facilement  de  croire  que  celui-là  est  Jésus-Christ, 
[qui  a  été]  crucifié  sous  Ponce  Pilate  et  [a]  subi  la  Passion, 
tout  ce  que  le  prophète  a  [préjdit,  au  sujet  du  (S)  Fils  de 
Dieu,   qui   a  fait  aux  hommes  le  don  delà  vie  éternelle;  et 

(1)  Luc.  iv,  18.  citant  Isaïe.  lxi,  1. 

(2)  Luc.  iv,  21;  la  traduction  latine,  ainsi  que  les  Vulgates  latine  et  armé- 
nienne écrivent  simplement  avec  le  texte  grec  :  ffodie  adimplela  est  scripCura 
hxc  m  auribus  veslris. 

(3)  Act..  vin,  27.  0/ii/iuiuinu  uiiLiuptiui,  Philippus  aposlolus;  le  latin  écrit 
Philippus  tout  court;  en  réalité  il  s'agit  de  Philippe  le  diacre  ainsi  que  le 
montre  le  contexte  des  Actes,  vin,  1  et  14  (Jacquier,  Les  Actes  des  Apôtres, 
Paris.  1926,  p.  251). 

(4)  C'est  ici  qu'il  faut  placer  le  mot  ambuii,  cum  invertisse!,  et  non  comme  le 
fait  maladroitement  le  copiste  au  milieu  de  la  proposition  suivante. 

(5)  Isaïe,  lui,  7;  le  texte  que  nous  lisons  ici  est  assez  différent  de  celui  de  la 
Vulgate;  le  mot  uiSuinnL,  amaroiv,  employé  par  notre  traducteur,  est  d'origine 
syriaque  et  très  rare;  il  signifie  brebis  comme  nsjuuin;  la  Vulgate  écrit  à  la 
place  plus  exactement  nnnO,  agints. 

(6)  Le  latin  écrit  sic  non  aperuil  os  suurn.  In  humililale  judicium  ejus  ablation 
est.  Les  quatre  derniers  mots  manquent  dans  le  texte  arménien  et  in  humililale 
a  été  rattaché  à  la  proposition  précédente;  on  pourrait  compléter  au  moyen  de 
la  Vulgate  et  ajouter  les  mots  omis  niuiiuuuiniuJi  finnui  piun<\iui_. 

(7)  Le  latin  écrit  simplement  perlransivit  propheta. 

(8)  Le  latin   écrit  eumque  esse  Filium  Dei;  il  faudrait  lire  alors  en  arménien 

Wlihi   flnnh    "uuinLOni   (?]. 

[137] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSl  -  HsERBSES.  121 

alors,  aussitôt  qu'il  l'eut  baptisé,  il  se  sépara  de  lui.  Car  il 
ne  manquait  rien  plus  à  celui  qui  avait  été  instruit  il 
à  l'avance  par  les  prophètes,  ni  Dieu  le  Père,  ni  la  structure 
de  sa  vie,  mais  il  ne  connaissait  pas  la  venue  du  Fils  de 
Dieu  qu'il  apprit  vite,  et  ilj  allait  son  chemin  dans  la  joie  2  . 
devenu  (3)  le  prédicateur  en  Ethiopie  de  la  venue  du  Christ. 
C'est  pourquoi  Philippe  ne  prit  pas  beaucoup  de  peine  pour  lui 
parce  qu'il  était  craignant  Dieu  93r  .  adapté  d'avance  et 
formé  par  les  prophètes.  Et  c'est  pourquoi  les  apôtres,  pour 
rassembler  les  brebis  perdues  de  la  maison  d'Israël  i  I  ,  mon- 
traient, parles  écritures  qui  parlent  de  lui,  le  Christ  (5)  crucifié, 
montraient  que  celui-ci  est  le  Christ,  Fils  du  Dieu  vivant,  et 
ils  persuadaient  une  grande  multitude  [d'hommes]  qui  avaient 
la  crainte  envers  Dieu,  et,  en  un  seul  jour,  ils  baptisèrent  [des 
milliers  d'hommes,  trois  et  quatre  et  cinq  (6 

XXXVI II 

1.  [Mass.  xxiv,  lj  C'est  pourquoi  Paul,  étant  l'apôtre  dos 
gentils,  dit  :  «  Plus  qu'eux  tous,  j'ai  travaillé  »  (7).  Car  àceux- 
là  l'enseignement  était  facile  puisqu'ils  avaient  les  preuves 
par  les  écritures,  et  ceux  qui  écoutaient  Moïse  et  les  pro- 
phètes recevaient  facilement  le  premier  né  des  morts  (8  et 
le  prince  de  la  vie  de  Dieu  (9),  qui,  par  l'extension  de  ses 
mains,  arrêta  et  vainquit  Amalek  (10)  et  fait  vivre  l'homme 
par  la  foi  en  lui-même,  le  guérissant]  des  atteintes  du 
serpent  (11).  Mais  [ce  sontj   les  gentils    que     l'Apôtre  ensei- 

(1)  Lire  évidemment  /unuiuifeijfein(Ti. 

(2)  Act.,  vm.  39. 

(3)  l,i,l. ,ni,  exactement  fâcha;  le  latin  écrit  fulurus. 

(4)  Matt.,  x,  6. 

(5)  Le  latin  écrit  ici  Jesum. 

(6)  Act.,  n,  Il  et  iv.  4. 

(7)  I  Cor.,  xv,  10.  Cf.  II  Cor.,  xi,  23. 

(8)  IIpiuTÔtoxo;  £•/.  t<7>v  vexsùv,  Col.,  i,  18.  Cf.  p.   131  a.  •>■ 

(9)  ujiLunvfinnn,  arajnord,  qui,  dans  la  Vulgate,  traduit  àpx»rf°;  (Act.,  m,  16  : 
iy/rr-',-  xr,:;  Çwii;;  Act.,   v.  :il  :   Hebr.,   n.  10  :   on  trouve  encore   au    même  sens 

nuiLfiiunjni_^u  (Heljr.,   XII.  2). 

(10)  Exode,  xvn,  10.  Cf.  Justin,  Dialogue,  \\\\.  7-8  et  l\x\i.  4-5. 

(11)  Nomb.,  xxi.  8-9.  Cf.  Justin.  Dialogue,      w  ■■  Apologie,  lx,  2  et  plus  haut 
p.  20,  n.  3. 

- 


122  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

gnait  d'abord;  [il  leur!  apprenait,  ainsi  que  nous  l'avons 
l'ait  voir  au  livre  précédent,  à  s'écarter  de  la  crainte  et  du 
culte  des  dénions  (1)  et  à  adorer  le  seul  Dieu,  le  Créateur 
du  ciel  et  de  la  terre  et  l'Ordonnateur  du  momie  entier  (2); 
[il  leur  apprenait]  que  son  Fils  est  son  Verbe  par  lequel  il 
a  formé'  toute  chose,  et  que  celui-ci,  dans  le  dernier  temps, 
lait  homme  parmi  les  hommes  [93vJ,  a  combattu  et  lutlé 
pour  l'humanité,  a  défait  et  vaincu  l'ennemi  des  hommes  et 
donné  à  sa  créature  la  victoire  sur  son  adversaire.  Et  encore 
ceux  de  la  circoncision,  même  s'ils  n'accomplissaient  pas  la 
parole  de  Dieu,  dédaigneux  et  hautains  [qu'ils  étaient]  deve- 
nus, cependant  avaient  été  instruits  précédemment  (3)  à  ne  com- 
mettre ni  adultère  ni  fornication  ni  vol  ni  injustice  [et  savaient] 
que  tout  ce  qui  est  dommageable  au  prochain  est  vicieux  et 
haï  de  Dieu.  C'est  pourquoi  ils  consentaient  facilement  à  s'abs- 
tenir de  ces  choses,  instruits  [qu'ils  étaient]  sur  elles. 

2.[Ma.ss.  xxiv.2]  Mais  aux  gentils  aussi  il  fallait  enseigner 
cette  même  [chose,  à  savoir]  que  de  telles  œuvres  sont  mauvaises 
et  viles  et  inutiles  et  dommageables  à  ceux  qui  les  accom- 
plissent et  on  usent.  C'est  pourquoi  [il]  travaillait  davantage, 
celui  qui  avait  reçu  l'apostolat  pour  les  gentils,  [il  travaillait, 
plus  que  ceux  qui  prêchaient  le  Fils  de  Dieu  dans  la  cir- 
concision. Car  les  écritures  aidaient  ceux-là,  [les  écritures] 
que  le  Seigneur  confirma  et  accomplit,  étant  venu  tel  qu'il 
avait  été  prêché  (4)  d'avance  [par  elles]  ;  mais  ici,  [c'était] 
quelque  science  étrangère  et  nouvelle,  cette  doctrine  que  les 
dieux  des  gentils  non  seulement  ne  sont  pas  des  dieux, 
mais  des  fantômes  de  démons,  tan  lis  qu'il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu 


(1)  nfiLiunii  (le  n/i_,  Saiixf.v  iMatt.,  vm,  31;  Marc,  v,  12;  Luc,  vin.  29;  Apoc, 
xvi,  14;  xviii,  2);  le  latin  écrit  idolorum,  dont  l'équivalent  serait  en  arménien, 
le  mot  ii/in,  de  la  graphie  assez  voisine  :  c'est  cette  dernière  leçon  qu'il  faut 
préférer. 

(2)  Le  latin  écrit  simplement  faclor  et  fabricalor;  le  traducteur  arménien 
répète  ici  les  termes  qui  lui  sont  chers  l\nwnU\,  créateur,  et  'huiuuipwn, 
ordonnateur.  Cf.  p.  9,  a.  4. 

(3)  fuiiLuipuinniIi  ni_ufciui,  plutôt  prseinstructi  {Arundel.  et  Harvey)  que  prse- 
slrucli  (Claromont.  et  Massuet). 

(4)  Miuniiri/iLn,  forme  passive  postclassique. 

[139] 


SAINT    [RENÉE   :    ADVERSl  -   IIERESES  123 

«  au  delà  et  par-dessus  toute  principauté  et  puissance  et 
domination  et  tout  nom  nommé  »  (1);  et  son  Verbe,  pat- 
nature  invisible  [94rJ,  fait  saisissable  et  visible  aux  hommes 
jusqu'à  descendre  à  la  mort  et  à  la  mort  de  la  croix  i2) 
pour  que  ceux  qui  croient  en  lui  [soient]  faits  incorruptibles 
et  impérissables  et  impassibles  [pour|  atteindre  le  royaume 
des  cieux.  Et  cela  était  prêché  par  la  parole  aux  gentils 
sans  écritures  :  c'est  pourquoi  ont  travaille  davantage  ceux 
qui  prêchaient  pour  les  gentils;  mais  plus  libre  en  retour  se 
montre  la  foi  des  gentils  qui  ont  suivi  le  Verbe  (3)  de  Dieu 
et    y     ont  adhéré   sans  la  démonstration  des  écritures. 

XXXIX 

1.  [Mass.  xxv,  1]  Ainsi  à  Abraham  Dieu  suscita  de  pierres 
et  présenta  ses]  fils  à  Abraham  (  1)  fait  prince  et  patriarche  et 
premier  annonciateur  de  notre  foi,  [lui  qui  reçut  le  testament 
de  la  circoncision  après  la  justification  de  la  foi  dans  l'incir- 
concision  —  "ainsi  devaient  être  préfigurés  (5)  en  lui  les 
deux  testaments  —  afin  qu'il  devînt  le  père  de  tous  ceux  qui 
suivraient  le  Verbe  de  Dieu  et  supporteraient  la  peine  d'être 
étrangers  à  ce  monde,  c'est-à-dire  de  ceux  qui  croiraient, 
[venus]  de  la  circoncision  [et  de  ceux  qui  croiraient,  venus  de 
l'incirconcision'  (6).  De  lui  est  le  Christ,  la  pierre  angulaire   Ti 

(1)  Eph.,  i.  21.  Cf.  Justin.  Dialogue,  rxx,  6. 

(2)  Philip.,  u,  8  et  Ignace,  ail  Holycarp.,  in.  2:  cf.  Justin.  Dialogue,  cx.xxiv,  .'>. 
(3    L'arménien   écrit    l'uililili  Duinni_&ni,  Verbwm   Dei,  au  sens  personnel;  le 

latin  sermonem  Dei,  la  parole  de  Dieu  au  sens  impersonnel. 

(■4)  Cf.  Matt.,  m,  9.  Les  éditions  de  Massuet  et  de  Harvey  présentent  ici  des 
ponctuations  très  différentes;  l'examen  du  seul  latin  donne  raison  à  Massuet  — 
en  particulier  il  est  difficile  de  séparer  comme  l'ait  Harvey  les  deux  proposi- 
tions omnia  sustinens  et  et  in  imam  fi<lem  Abrahse  cotligens  —  et.  le  jeu  des  con- 
jonctions arméniennes  confirme  cette  impression:  notons  cependant  que,  dans 
tout  ce  pissage,  les  deux  traductions  se  séparent  plus  qu'elles  ne  font  générale- 
ment; par  exemple,  au  début,  l'arménien  omet  Voporluerat  du  latin,  et.  un  peu 
plus  loin,  plusieurs  mots. 

(5)  Rom.,  iv,  11-16;  ii.ufutunuiniuihuinhnkinijïi,  participe  futur  indéclinable-, 
lat.  ut  prsefigurarenlar. 

(6)  Ces  derniers  mots  manquent  dans  l'arménien;  cependant  ils  figurent  dans 
le  latin  et  la  suite  leur  donne  une  grande  probabilité. 

(7)  Eph.,  ii.  20;  I  Pétri,  n,  6;  Isaïe.  xxvm,  Iti:  Matt..  xxt,  12;  cf.  Justin.  Dialogue, 
cxiv,  -1. 

[■140] 


124  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

qui  souffrit  [et]  supporta  toul  le  poids  [de  la  passion]  et 
rassembla  dans  la  seule  foi  d'Abraham  ceux  [qui]  des  deux 
testaments  [étaient]  aptes  à  l'édification  de  Dieu  (1);  mais  la 
foi  qui  est  dans  l'incirconcision,  comme  elle  reliait  la  fin  avec 
le  commencement,  est  la  première  et  [94v]  la  dernière,  car 
elle  était  antérieure  à  la  circoncision  en  Abraham,  ainsi  que 
nous  l'avons  montré,  et  dans  les  autres  justes  qui  furent  agréa- 
bles à  Dieu;  et  à  nouveau,  à  la  fin  des  temps,  elle  parut  dans 
l'humanité  par  (2)  la  venue  du  Seigneur,  tandis  que  la  circon- 
cision et  la  loi  des  œuvres  reçurent  les  temps  intermédiaires. 
[Mass.  xxv,  2]  '  Cela  est  montré  en  avertissement  par 
beaucoup  d'autres  passages,  mais  surtout  par  Thamar  [belle- 
fille]  de  Juda  (3),  car  lorsqu'elle  conçut  deux  jjumeaux], 
l'un  d'eux  sortit  le  premier  sa  main,  et  la  sage-femme, 
pensant  qu'il  était  l'aîné,  attacha  un  signe  cramoisi  à  sa 
main;  cela  fait,  il  retira  [sa  main]  à  l'intérieur,  et  son  frère 
Phares  sortit,  et  ensuite  son  cadet  sur  lequel  était  le  signe 
cramoisi,  Ara  (4).  Ainsi  est  clairement  indiqué  dans  l'écriture 
le  peuple  qui  avait  le  signe  cramoisi,  c'est-à-dire  la  foi  qui 
était  d'abord  dans  l'incirconcision,  et  est  montré  d'abord 
dans  les  patriarches,  puis  (5)  s'est  retiré  à  l'intérieur,  afin 
que  naquît  son  frère  et  ainsi  le  second  fût  rangé  |et]  compté 
le  premier  par  rapport  à  celui  sur  lequel  était  attaché  le 
fil  écarlate,  c'est-à-dire  la  passion  du  juste  (G)  préfigurée  dès 
le  début  en  Abel,  peinte  et  décrite  par  les  prophètes  et  rendue 
parfaite  auxderniers  temps  dans  le  Fils  de  Dieu. 


(1)  Les  manuscrits  latins  en  général  portent  la  leçon  apti  sunl  insedificalionem 
Dei,  conforme  à  l'arménien  (Cf.  I  Cor.,  m,  9);  seul  le  Vossiun.  :  apparati  sunt  in 
regno  Dei. 

(2)  /i  àknJi  <Sknin_li  niuiumbiutili,  lat.  per  Domini  adventum,  grec  cii  Kupîou 
nctpoWav;  toutes  ces  idées  sont  le  développement  du  chap.  m  de  l'Epitre  aux 
Galates. 

(3)  Gen.,  xxxvm,  28  et  sqq.;  l'arménien  omet  le  mot  ynmi/iMi,  nurum.  Justin, 
Dialogue,  lxxxvi,  6,  parle  du  »  grand  mystère  -  de  cette  naissance,  mais  en 
interprète  un  autre  épisode. 

li  Ara,  ancêtre  du  peuple  arménien;  lire  évidemment  9.mnmi.   Zaray. 

(5)  uiiîi^ini^fii  —  le  texte  porte  par  erreur  mm/un/i/ii  —  infinitif  passif  post- 
classique sans  genre;  le  latin  écrit  au  féminin  po%l  deinie  subttractam. 

(6)  Hffiijiiifini^i.  justorum;  lire  évidemment  avec  le  latin  wnnijiiinj)/,  jusli. 

[141] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  H/ERESES.  125 

Mass.  xxv,  3J  Car  il  était  juste  et  digne  qu'il  y  eut  des 
choses  qui  fussent  annoncées  à  l'avance  paternellement  95r 
par  les  Pères,  qu'il  y  eût  des  choses  qui  fussent  figurées  à 
l'avance  légalement  par  les  prophètes,  qu'il  y  eût  des  choses 
qui  fussent,  conformées  selon  la  forme  du  Christ  par  ceux 
qui  ont  reçu  l'adoption  :  mais  tout  cela  est  montré  en  un 
Dieu  unique:  car  comme  Abraham  est  un,  en  lui-[même]  il 
préfigurait  les  deux  testaments  pour  lesquels  les  uns  ont 
semé  et  les  autres  ont  récolté,  car  en  cela,  dit-il,  la  parole 
est  vraie  que  autre  est  celui  qui  sème,  le  peuple  juif,  et 
autre  celui  qui  récolte  (1),  mais  unique  est  Dieu  qui  procure 
à  chacun  des  deux  "ce  qui  lui  est]  adapté,  la  semence  au  semeur 
et  le  pain  à  celui  qui  récolte  la  nourriture:  de  même,  autre 
est  celui  qui  plante  et  autre  celui  qui  arrose,  mais  unique  est 
celui  qui  fait  croître,  Dieu  (2).  Car  [ceux  qui[  ont  semé  la 
paiole  au  sujet  du  Christ,  [ce  sont]  les  patriarches  et  les 
prophètes,  et  [celle  qui  a  récolté,  |c'esf  l'Église,  c'est-à-dire 
qui  a  recueilli  les  fruits  dans  [ses]  granges;  c'est  pourquoi 
ceux-là  dans  leurs  prières  demandent  à  avoir  [leur]  demeure 
en  celle-ci,  "ainsi  qu'  a  dit  Jérémie  :  «  Qui  me  donnera  dans 
le  désert  ma  dernière  maison"?  »  3)  afin  que  celui  qui  aura 
semé  et  celui  qui  aura  récolté  se  réjouissent  ensemble  dans 
le  royaume  du  Christ,  qui  est  toujours  auprès  de  tous  ceux 
pour  lesquels  dès  le  commencement  Dieu  a  trouvé  bon  que 
son  Verbe  fût  avec  eux.  Car  si  quelqu'un  lit  au  hasard  l'écri- 
ture, il  trouvera  en  elle  des  paroles  (4)  concernant  le  Christ 
et  le  protopype  de  la  nouvelle  vocation. 

XL 

1.     .Mass.  xxvi,  1    (5)  Car  ceci    est  le    trésor  [95v]    caché 
dans  le  champ,  c'est-à-dire  dans  le  monde  —  car  le  champ 

i  li  Io.,  iv.  37. 

(2)  lsaïe,  lv,  10;  II  Cor.,  ix.  10;  I  Cor.,  m.  7 

(3)  Jérém..  ix,  2;  Io..  iv,  36. 

(4)  Le  texte  répète,  par  erreur  évidemment,  /iu/jiyiuitai,  ab  ini'.io  qu'on  vient 
de  lire;  il  faut  seulement  nauiVu,  sermonem  (Cf.  latin). 

(ôj  Ici  commence  un  fragment  grec  extrait  de  ileux  chaînes  différentes  et  que 
publient  les  éditeurs:  le  début  d'ailleurs  ne  coïneiie  pas  parfaitement  avec  les 
traductions  latine  et  arménienne  de  saint  Irenée. 

[142] 


126  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

[c'|est  le  monde  (1)  —  [et]  caché  (2)  parce  qu'il  était  signi- 
fié par  les  figures  et  les  paraboles  et  il  ne  pouvait  (3),  selon 
l'humanité,  être  compris  avant  la  réalisation  des  choses 
dont  la  venue  était  prophétisée,  c'est-à-dire  la  venue  du 
Seigneur  (4).  Et  c'est  pourquoi  il  a  été  dit  au  prophète  Daniel  : 
«  Cache  ces  paroles  et  scelle  ce  livre  jusqu'au  temps  de  la  fin, 
jusqu'à  ce  que  beaucoup  apprennent  et  [que]  la  connaissance 
[soit]  complète,  car  à  l'achèvement,  dit-il,  de  la  dispersion, 
ils  comprendront  cela  »  (5).  EtJérémie  dit  ainsi  :  «  Au  dernier 
jour  ils  comprendront  ces  choses  »  (G).  Car  toute  prophétie, 
avant  sa  réalisation,  contient  des  énigmes  et  des  ambiguïtés 
pour  les  hommes;  mais  lorsque  sera  venu  le  temps  et  ar- 
rivé l'[événement]  prophétisé,  alors  le  récit  deviendra  plus 
certain  du  fait  de  sa  réalisation  (7);  et.  c'est  pourquoi  la  loi 
[quand  elle]  est  lue  (8)  aux  Juifs  au  temps  présent  ressem- 
ble à  une  fable,  car  ils  n'ont  pas  l'explication  du  récit  (9) 
de  tout  ce  qui  concerne  la  venue  en  chair  du  Fils  de  Dieu  ; 
mais,  lue  chez  les  chrétiens,  elle  est  le  trésor  caché  dans 
le  champ,  mais  révélé  et  étalé  par  la  croix  du  Christ,  magnifiant 
la  Sagesse  de  Dieu  et  montrant  de  façon  certaine  ses  écono- 
mies vis-à-vis  des  hommes  et  figurant  d'avance  le  royaume 
du  Christ  et  évangélisant  d'avance  l'héritage  saint  de  Jéru- 
salem  [96r]    et  annonçant  d'avance  que  tout  homme  aimant 


(lj  Matt.J  xiii,  38-44.  Ces  mois  qui  figurent  dans  le  texie  latin  sont  en  note 
marginale  dans  le  manuscrit  arménien. 

(•.')  11  faut  omettre  ici  avec  le  grec,  l'arménien  et  VArundel.  les  mots  thésaurus 
Chrislusqui  figurent  dans  tous  les  autres  manuscrits  latins  et  toutes  les  éditions. 

(3)  ii,  (iiiininiifiiiii,  non  poterat;  l'arménien  est  d'accord  avec  le  grec  et  avec 
Massuet  contre  les  manuscrits  latins  qui,  par  erreur,  omettent  tous  le  non. 

(4)  Exact,  le  grec  rcpb  toû  tr,v  j'xëociriv  tcùv  Trf.c^r,T£'jij.év(ov  éMïïv  finç  ècmv  f\  Tiapcrj- 
oaa  toû  K'jpîou. 

(5)  Dan.,  xn,  4-7. 

(6)  Jer.,  xxin,  20. 

(7)  Le  latin  écrit  simplement  lune  prophéties  habenl  liquidam,  et  certàm  expo- 
sitionem. 

(8)  C'est  évidemment  par  erreur  que  l'arménien  écrit  dans  la  proposition 
subordonnée  les  doux  passés  i^îi^/iî',  îiiïmîifeijiui.,  était,  ressemblait,  pour  mettre 
aussitôt  après  la  principale  au  présent  »lU)i,  hdbent  :  toute  la  phrase  doit 
évidemment  être  au  présent  (Cf.  latin). 

l'.h  iinnu, uni  plut,  lît/iï/nL^feiuTi,  liit.  le  récit  de  l'explication. 

143 


SAINT    fRÉNÉE    :    ADVKRSIS  B.ERESES.  127 

Dieu  progresserait  (1)  jusqu'à  voir  Dieu  et  entendre  sa  parole 
et  serait  glorifié  sans  cesse  par  sa  parole  au  point  que  les 
autres]  ne  pourraient  regarder  en  face  sa  gloire  (2)  comme 
il  fut  dit  à  Daniel  :  «  Tous  ceux  qui  auront  été  intelli- 
gents (3)  resplendiront  de  lumière  comme  le  resplendissement 
de  la  lumière  du  firmament,  et  par  de  nombreux  justes  comme 
les  étoiles  dans  les  siècles  et  encore  plus  »,  ainsi  que  nous  l'avons 
montré  par  l'exemple,  si  quelqu'un  lit  au  hasard  les  écritures. 
Car  comme  le  Seigneur  [l')a  ainsi  annoncé  aux  disciples, 
après  sa  résurrection  des  morts,  leur  montrant  manifestement 
par  elles  (1)  qu'«  il  faut  que  le  Christ  souffre  la  passion  et  entre 
dans  sa  gloire  et  que,  en  son  nom,  la  rémission  des  péchés 
soit  prêchée(5)  dans  le  monde  entier  »,  le  disciple  sera  confirmé 
et  adapté  semblablement  à  un  père  de  famille  qui  tire  de 
son  trésor  les  [choses]  nouvelles  et  les  anciennes  (6). 

2.  Mass.  xxvi,  2]  C'est  pourquoi  il  est  nécessaire  et  digne 
d'écouter  ceux  qui  sont  les  anciens  dans  l'Église,  ceux  qui 
ont  reçu  la  succession  des  apùtres,  ainsi  que  nous  l'avons 
montré,  ceux  qui,  avec  la  succession  de  l'épiscopat.  ont  reçu 
de  la  complaisance  du  Père  |le  don  du  vrai  mot  selon  la 
vérité  (7);  quant  à  tous  les  autres  qui  se  sont  écartés  [96v] 

(1)  Lire  évidemment  avec  le  latin  imituicLinl;,  proficiel,  et  non  iiun-wpw- 
iii/.iiii/;,  verrait  d'tn-ancc,  comme  le  texte  porte  par  erreur. 

(2)  Le    texte   est   ici    incompréhensible   :    il    faut    lire    probablement   ij/i   n< 

lllIinulilijLli     Ulljnll      liulinjllitull      *,uif/.r     11     fll;uu     inuin  m  rill      linntu,     C\U  et  eillCHt    le 

latin  nli  rcliqui  non  possint  intendere  in  faciem  glorise  ejus. 

(3)  Dan.,  xn,  o.  L'arménien  porte,  par  erreur  encore,  nn  U  SiuuWiïL,  litt. 
qui  ex  parle;  il  faut  lire  hSuiuuini-îipL,  oï  ou.ièvteç,  lat.  intelligentes. 

(1)  Le  manuscrit  porte  jiuîi/^iifiuîi  IfuigitLabuii,  locution  courante  qui  signifie 
présentant;  il  vaut  mieux  lire  avec  le  latin  fiuii^Suii  nnutuii,  manifeste 
ost  ii'/ens. 

(5)  Luc,  xxiv,  26-47;  puinnn^i,  infinitif  passif  postclassique.   Cf.   Justin,   Dia- 
logue, lui.  5;  evi,  1. 
'•   Matt.,  xiii.  bi. 

(7)   irntfift    ù'ïiJdiiiinnLW/jiii»»     iijiuri  nuitiuilint  lil!,i>i'li    û^nninriLn3/ïiiiîi,   litt.     selmi 

In  vérité  'In  lirai  m>>/  de  In  certitude;  les  deux  derniers  mots  sont  synonymes  et 
l'ensemble  n'a  pas  grand  sens;  le  latin  écrit  charisma  veritatis  certum  :  il  est 
possible  qu'il  faille  lire  en  arménien  mium  &oSuinuini.t3liuiïiii  ^">l<^  umntr 
finii'iiiiiiii  Ofciuïi  qui  a  le  même  sens  (?). 

III 


128  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

de  la  succession  des  primitifs  (1),  de  quelque  sorte  et  ma- 
nière qu'ils  tiennent  leurs  fausses  assemblées,  [il  faut]  les 
tenir  avec  soupçon  et  défiance  comme  des  dissidents  et  des 
méchants,  ou  comme  des  schismatiques  et  des  orgueilleux 
et  des  vaniteux,  ou  encore  comme  des  hypocrites  qui  agissent 
ainsi  à  cause  du  lucre  et  de  la  vaine  gloire,  mais  tous  ceux- 
là  sont  égarés  [hors]  de  la  vérité,  car  les  dissidents  qui 
portent  sur  l'autel  de  Dieu  un  l'eu  étranger,  c'est-à-dire  des 
doctrines  étrangères,  seront  consumés  par  le  feu  céleste 
comme  Nadab  et  Abiud  (2).  Quant  à  ceux  qui  se  dressent 
brutalement  contre  la  vérité,  ils  enveniment  et  excitent  les 
autres  contre  l'Église  de  Dieu,  ils  tombent  et  restent  dans  les 
enfers,  engloutis  dans  l'abîme  né  de  la  terre  comme  les  gens 
deCoré,  de  Dathan  et  d'Abiron  (3).  Quanta  ceux  qui  déchirent 
et  séparent  l'unité  de  l'Église,  ils  obtiendront  de  Dieu  le 
châtiment  de  Jéroboam  (  1). 

XLI 

1.  [Mass.  xxvi,  3]  Quant  à  ceux  qui  sont  crus  par  beaucoup 
être    presbytres  (5)  et    qui    servent    leurs    propres  concupis- 

(li  (i  îuufu'iitïuiij'ïi  itin^uui'iinnnnLlilhht;:  le  latin  écrit  a  principali  successione ; 
on  peut  conjecturer  que  les  mots  iiin^i../i,  primitif,  et  principalis  traduisent 
tous  les  deux  le  grec  àp-/ïiYÔ:;  le  latin  aurait  donc,  lu  àrtô  t?,;  ipyr^m  Staco-/?,.  et 
l'arménien  àito  Trjç  àf.-/yiywv  81080^5.  liui[uhli,  na.vni.  semble  absent  du  Nouveau 
Testament  où  àp-/aîo;  est  régulièrement  traduit  par  mu  mo/i'ii  et  naXeuô;  par  Oifi 
(en   II  Cor.,  v.  17  ^IA,  traduit  àp^aîo;)  ;  sur  àp-/r)v<5.,  cf.  p.  138,  n.  9. 

(2)  Lev.,  x,  1-2. 

(3)  Nombr.,  xvi,  33;  allusion  à  cette  histoire  dans  Jude,  11  et  I  démentis,  u,  4. 

(4)  III  Reg.,  xiv,  10. 

(5)  hnlinnLJiljiLiip,  sacerdoces  /c'est  évidemment  fen/inni.îip  qu'il  faut  lire,  lat. 
presbyleri;  le  grec  sous-jacent  est  évidemment  xpE(TëiltEpo:,  mot  susceptible  de 
deux  sens  principaux.  vieiUards  et  prêtres:  ce  dernier  s'impose  ici.  Il  ne  sera 
cependant  pas  inutile  d'examiner  les  diverses  acceptions  de  .rp.aë'JTepo;  dans  le 
Nouveau  Testament,  avec  les  traductions  correspondantes  de  la  Vulgate. 

1"  Iians  l'Évangile,  npcirfrJTîpo.  est  toujours,  saut  une  exception,  employé  au 
pluriel  et  traduit  dans  la  Vulgate  latine  par  senior;  ses  différents  sens  sont  les 
suivants  : 

A  :  faine'  de  deux  frères  lau  singulier;  Luc,  xv,  25);  arm.  fentn,  erëc. 

B  :  les  vieillards  (probablement  :  lo.,  vm,  9);  arm.  mn-iu  V»/iîin,  pluriel  de 
iun_.il  o/iJi  .  arajin. 

[145] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  HjERESES.  l'J'.t 

C  :  les  anciens,  auteurs  de  la  tradition  d'Israël  i  Matt..  xv,  2;  Marc,  vu,  3  et  5); 
ann.  hknn,  pluriel  de  bkp,  cer. 

D  :  les  anciens  (du  peuple),  Juifs  influents  de  Capharnaiim  (Lue,  vu,  3);  arm. 
bkpg. 

E   :   les  anciens   fdu  peuple)  de  Jérusalem,  unis  aux  scribes   et  aux  grands 
prêtres  pour  constituer  le  sanhédrin   (Matt.,  xm,  21;    xxi,  23;   xxvi,   4?  et  57; 
xxvii,  :!.  12,  20  et  41;  xxviu.  12:  Marc,  vin,  31;  xiv.  43  et  53;  xv,  1;  Luc,  s\.  1 
xxii,  52);  l'arménien  écrit  encore  partout  bhnp,  sauf  Marc  vm,   31  :  fcii/imiLfip, 
pluriel  de  feptg.  erêc. 

:    Dans  les  Actes  et  les  Épitres.  -pEog-jtepo;  est  employé  aux  sens  : 
B  :   vieillard  (Act.,  u.   17;  I  Tini.,  v,  1;  probabl.  1  Pétri,  v,  5);  les   Vulgates 
écrivent  senior  et  bbn,  cer  (cf.  sens  C,  D,  E). 

£  :  les  anciens  (du  peuple)  de  Jérusalem  (Act..  v.  8.  23:  vi,  12;  xxm,  11; 
xxv,  15):  la  Vulgate  latine  écrit  partout  seniores,  la  Vulgate  arménienne 
fcnjMjniJip  (cf.  Mare.  \ ni,  31)  sauf  Act.,  xxv,  15:  q^juuit_nnn,  chefs. 

F  :  dignilain  -le  l'Église,  soit  de  Jérusalem  (Act..  xi,  30;  xv.  2.  4.  6.  22,  23; 
xvi.  1:  xxi,  18),  soit  de>  autres  Églises  (Act.,  xiv.  23;  vx.  17:  I  Tiin..  v.  17-19; 
Tite,  i,  5;  lac.  v,  14:  I  Pétri,  v,  1);  que  ce  ne  sont  pas  de  simples  anciens, 
mais  de^  prêtres  consacrés  par  l'imposition  des  mains,  c'est  ce  qu'il  n'y  a  pas 
lien  de  montrer  ici  (voir  par  ex.  Prat,  La  théologie  de  saint  Paul,  Paris,  t.  I, 
1920,  t.  II.  1923);  la  Vulgate  latine  écrit  presbyler  (Act.,  xv.  2;  I  Tiin.,  v.  17.  19; 
Tite.  i,  5;  lac.  v.  14),  partout  ailleurs  s.  a  "ires  et  même  Act.,  xx.  17:  majores 
nui  a:  l'arménien  porte  toujours  fcntg(  erêc. 
G  :  les  grands  ancêtres  (d'Israël;  Hebr.,  xi.  2)  :  lat.  senes;  arm.  uin-ujv/iîip. 
H  :  combinaison  des  sens  B  et  F  :  /•■  oieua  prêtre  i  II  lo..  1;  m  lo.,  1);  lat. 
senior,  arm.  tntg,  erêc;  de  même  1  Pétri,  v,  1  :  a\i\L-n.ç,ir:ê-J-tpo:,  lat.  consenior, 
arm.  tn/iqui/Wiq,  ericakic,  ces  deux  termes  ■xpEerj-j-npo;,  auy.-Kç.t'jol-czç.rj-  servent 
aux  Apôtres,  saint  Jean  et  saint  Pierre,  à  se  désigner  eux-mêmes. 

3°  Dans  l'Apocalypse  de  saint  Jean,  les  Trpssë-JTspoi  (iv,  4;  v,  5,  6,  8,  11  et  14; 
vu,  11  et  13:  xiv,  3:  xix.  4)  sont  des  personnages  d'un  ordre  à  part;  ce  sont  des 
vieillards  :  la  Vulgate  latine  écrit  seniores;  mais  ils  ont  un  caractère  trans- 
cendant: ils  sont  assis,  couronne  d'or  en  tète,  sur  vingt-quatre  trônes,  et  ils 
constituent  la  cour  de  «  Celui  qui  est  assis  sur  le  trône  •  et  de  l'Agneau;  il 
n'est  donc  pas  étonnant  que  l'arménien  écrive  'hpfignt.lin,  pluriel  de  erêc,  sauf 
vu,  11  :  puiyuLui/p  khahanaykh,  on  ne  sait  pourquoi. 

En  résumé,  dans  la  Vulgate,  fcptjr  êrêç,  appliqué  à  des  personnages  terrestres 
signifie  une  fois  l'ainé  de  deux,  cinq  fois  les  Anciens  du  peuple  Juif,  quinze  fois 
les  Prêtres  de  l'Église  et  trois  fois  un  Apôtre  qui  s'intitule  Prêtre;  ce  sens  de 
Prêtre  est  donc  le  principal:  le  simple  vieillard  ou  ancien  est  désigné  par 
bhp,  cer  isens  E  dans  les  Évangiles;  sens  B  dans  les  Actes),  et  l'usage  même 
de  l'Apocalypse  vérifie  cette  distinction. 

L'étude  des  mots  jtp=a6y-r,;  et  irpE<j6jTépiov  apporte  des  résultats  concordants; 
irpEa€'jTTi;  est  employé  trois  fois  dans  le  .Nouveau  Testament,  et  traduit  exacte- 
ment par  senci;  l'arménien  écrit  Sfcji,  cer  (Luc,  i,  18:  Tite,  u;  2)  et  le  participe 
composé  àfcjiuijfcuij  il'liil.,  '.I.  exact,  yripacxuv).  7tp£(r6uT6ptov  est  aussi  employé 
trois  fois,  mais  en  deux  sens  différents  :  a)  la  réunion  des  Anciens;  la  Vulgate 
écrit  seniores  (Luc,  xxu,  66)  et  majores  natu  (Act.,  xxn,  5),  l'arménien  bhnujLniin, 

[146. 

ORIENT   CHRÉTIEN.  0 


130  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

cences(lï  et  ne  placent  point  d'abord  la  crainte  de  Dieu  dans 
leurs  cœurs,  mais  attaquent  et  méprisent  les  autres  et  se  sont 
élevés  enflés  par  l'orgueil  de  la  première  place  (2)  et  opèrent 
le  mal  [97r]  en  cachette  et  disent  :  Personne  ne  nous  voit  (3), 
[ceux-là]  seront  repris  par  le  Verbe  qui  juge,  mais  non  selon 
la  gloire  (4),  et  [qui]  ne  regarde  pas  au  visage,  mais  au  cœur,  et 
ils  entendront  ces  paroles  prophétisées  par  Daniel  :  «  Race  de 
Canaan  et  non  de  Juda,  la  beauté  t'a  séduit  et  la  concupiscence 
a  détourné  ton  cœur;  invétéré  des  mauvais  jours,  ils  sont 
maintenant  venus  et  arrivés  (5),  tes  péchés  que  tu  as  commis 
précédemment  en  jugeant  des  jugements  injustes,  en  con- 
damnant des  innocents  et  des  justes  (6)  et  renvoyant  libres 
des  coupables,  tandis  que  le  Seigneur  dit  :  L'innocent  et  le  juste  , 
tu  ne  [les]  tueras  pas  (7)  ».  Au  sujet  de  ces  [mauvais  presbytres], 
le  Seigneur  dit  aussi  :  «  Si  un  méchant  esclave  dit  dans  son 
cœur  (8)  :  Mon  maître  tarde,  et  commence  à  battre  les  esclaves 
et  les  servantes,  à  manger,  à  boire  et  à  s'enivrer  (9),  le  maître 

composé  de  hhn,  cer;  fil  la  réunion  des  presbytres  de  l'Église:  la  Vulgate  écri 
presbylerii,  l'arménien  (jii/iniiiW/iLÎi,  composé  de  bpk'ji  erêç.  (I  Tim.,  iv,  14) 
Sa  vérification  est  complète. 

Mentionnons  pour  mémoire  npsaôû-riç  vieille  femme,  anus  et  uiuiiliul,  (T  ite,  h,  3 
et  npj(76ci%  que  la  Vulgate  latine  traduit  exactement  par  legatio  et  l'arménien 
<Çiife<>n!iu/inL/t?/!LÎi  (Luc.  xiv.  32)  et  ijil.  -.iimi/ju  (Luc,  xix.  14;  exact,  legalos  du 
au  Xe'tovtî;  suivant):  dans  le  même  sens  hpeuoîûu,  legaliune  fungor  du  latin  est 
traduit  par  ujuunijiuiîtuLfipfciî  (Il  Cor.,  v,  20;  Eph.,  vi,  20).  Cf.  p.  83  n.  5. 

(1)  .Niimi  in(/.iui/.ii.  qui  serviront;  il  faudrait  le  présent,  soit  de  l'indicatif 
SuiiLiuifcïi  comme  le  feiifcîi  précédent,  soit  du  conjonctif  comme  les  verbes  sui- 
vants nfiijkîi  etc.;  exact,  le  latin  serviunl.  Sur  ^"/.-.in  gaiiiLaLBhiii,  cf.  p.  17, 
n.  2. 

(2)  Lire  sans  doute  iuiluiuliuinni-RhaAi,  terme  rare  et  qui  ne  figure  pas  dans 
le  Nouveau  Testament. 

(3)  Dan.,  xm,  20. 

(1)  i|iui/mu,|V  lat.  gloriam,  grec  certain  ôofov,  cf.  Ado.  Hier.,  v,  2,  3;  or  5o£a 
signifie  aussi  opinion. 

(5)  Dan.,  xm,  51,  52,  53;  feWiïi  yuuH,,  deux  verbes  sensiblement  synonymes 
auxquels  correspond  le  seul  advenerunt,  grec  rj/aciv. 

((■)  wfihnuiLu  L  nuiliiWiJiiiîi,  même  remarque,  grec  ifJwou;,  lat.  innocentes. 

(?)  Ex.,  x nui,  7. 

(8)  Mntt  ,  xxiv,  4S.  u/inui,  lat.  cm'  traduisant  le  irrec  xapSia. 

(9)  Exact,  avec  le  latin  manducare  et  bibere  el  inebriari,  différent  du  texte  des 
manuscrits  grecs. 

[147J 


SAINT    IRÉNÉE    :    ÂDVERSVS  H.ERESES.  131 

de  ce  serviteur  viendra  au  jour  qu'il  n'attend  pas  et  à  l'heure 
qu'il  ne  sait  pas,  et  il  le  retranchera,  et  il  placera  sa  part  avec 
les  infidèles  ». 

[Mass.  xxvi,  4]  Car,  de  tous  [les  gens]  de  cette  sorte,  il  est 
juste  et  digne  de  se  séparer  (l)et[au  contraire]  de  s'approcher, 
de  s'attacher  (2)  à  ceux  qui,  comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  gardent  la  succession  (3)  des  Apôtres,  [et],  avec  l'ordre 
sacerdotal,  offrent  la  parole  saine  [et]  les  mœurs  irréprochables 
pour  le  modèle  et  le  redressement  (4)  des  autres. 

2.  Ainsi  [97v]  Moïse,  [à  qui]  (5)  avait  été  confiée  une  telle 
souveraineté,  sans  remords  de  conscience,  suppliait  (fi)  vers 
Dieu  en  disant  :  «  Je  n'ai  rien  désiré  d'aucun  d'eux  et  je  n'ai 
fait  de  mal  à  aucun  d'eux»  (7).  Ainsi  Samuel  qui  avait  jugé 
le  peuple  [pendant]  tant  d'années  et,  sans  orgueil,  avait  été 
potentat  d'Israël,  à  la  fin  suppliait  vers  eux  en  disant  :  «  Je  suis 
allé  et  venu  devant  vous  depuis  mon  enfance  jusqu'à  main- 
tenant; donnez  une  réponse  contre  moi  devant  le  Seigneur  et 
devant  son  Christ,  que  je  n'ai  reçu  [le  bœuf]  (8)  de  personne  ou 
que  je  n'ai  reçu  l'àne  de  personne  ou  que  je  n'ai  opprimé  personne 
ou  que  je  n'ai  pressuré  personne  ou  que  je  n'ai,  delà  main  de  per- 
sonne, reçu  aucune  rançon  ou  chaussure;  dites  contre  moi  et 
je  vous  restituerai  ».  Et  le  peuple  dit  :  «  Tu  ne  nous  as  pas  op- 
primés, tu  ne  nous  as  pas  pressurés,  et  tu  n'as  reçu  quoi  que 


(1)  <Çpujj</nififc{.  lire  évidemment  ^piuJwph^:  uiiupm  L  wpjiuli  k,,  lat.  oporlet, 
pléonasme  habituel  pour  signifier  le  grec  ôeî. 

(2)  "îujfcj  II  iui ii h [,  encore  un  pléonasme,  lat.  adliserere. 

(3)  JtnjuiuttnniutLBIiLÎil  le  latin  écrit  doclrinam;  il  semble  qu'il  y  ait  eu 
confusion  entre  SiaSo/r,  et  Si&ay/;. 

(4)  ^i  Iiiii/iiiiiijin/fiifi^iiifiiii  ^ii  ii  II  inLijni./3/iLTi;  il  faudrait  inLnniiLW/iLÎi,  qui 
traduit  ailleurs  xix6pîlw(;i;  (.4 dr.  Uœr.,  iv,  53);  î.in/in./r^iii,^.- ./""f" ■  /■'/"  ''  traduit 
irpoTÛmoffiç  (I  Idv.  ll:n\.  v.  29,  2);  notre  traduction  est  donc  d'accord  avec  le 
latin  ad  conformalionem  el  correplionem  reliquorum. 

(c)  Ajouter  npiinl,  oui,  omis  par  erreur. 

(6)  uiqbpul^p,  le  latin  écrit  purgabal  se,  probablement,  comme  plus  bas, 
àn:>Ey£ïco,  pris,  soit  dans  le  sens  de  plaider  pour  soi  (arménien),  soit  dans  le 
sens  de  se  purger  d'une  aci  usalion  (latin). 

(7)  Nornbr.,  xvi,  5:  au  lieu  de  nuiTi/imi/i,  lire  évidemment  guiLLiuguii. 

(8)  I  Reg.,  xii,  2-4;  l'arménien  omei  évidemment  par  erreur  v-ooyov,  vitulum 

haï,. 

[148] 


132  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ce  soit  de  la  main  de  personne  »  ;  prenant  le  Seigneur  [à]  témoin, 
il  dit  :  «  Le  Seigneur  est  témoin  à  nous  et  son  Christ  en  ce  jour, 
que  vous  ne  trouvez  rien  dans  ma  main  »;  et  ils  lui  dirent  : 
«  Témoin  »  (1).  Selon  cet  [exemple]  Paul  l'apôtre,  comme  il  était 
sans  remords,  suppliait  (2)  les  Corinthiens  :  «  Car  nous  ne 
sommes  pas  comme  beaucoup,  disait-il,  qui  trafiquent  (3)  la 
parole  de  Dieu,  mais  dans  le  cœur  de  l'esprit  [et  la]  sincérité, 
mais  comme  en  présence  de  Dieu,  devant  la  face  de  Dieu, 
nous  parlons  par  le  Christ;  nous  n'avons  fait  tort  à  personne, 
nous  n'avons  corrompu  personne,  nous  n'avons  abusé  de  la 
confiance  de  personne  »  (4). 

[Mass.  xxvi,  5]  Ce  [sont]  de  tels  prêtres  que  l'Église  nourrit 
et  élève,  au  sujet  desquels  [98r]  le  prophète  dit  :  «  Et  j'ai 
donné  tes  princes  dans  la  paix  et  tes  évoques  dans  la 
justice  »(5).  Au  sujet  desquels  le  Seigneur  disait  :  «  Quel  sera 
certes  le  fidèle  intendant  bon  [et]  sage  que  le  Seigneur 
établira  (6)  surses  serviteurs  [pour  leur]  donner  la  nourriture  (7) 
en  son  temps?  Heureux  ce  serviteur  que  le  Maître  en  venant 
trouvera  agissant  [ainsi]  !  » 

XLII 

1.  Où  donc  quelqu'un  trouvera  de  tels  [presbytres],  Paul 
l'enseigne  en  disant  :  «  Dieu  a  placé  dans  l'Église  [en]  premier 
[lieuj  les  apôtres,  [en]  second  [lieu]  les  prophètes,  [en] 
troisième  [lieu]  les  docteurs  »  (8),  car  là  où  les  grâces  de  Dieu 

(h  Ici  commence  une  citation  grecque  résumée,  d'après  un  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  Nationale,  publié  par  Combefils  et  collationné  à  nouveau  parMassuet. 

('.')  'ATtsXeyeÏTo,  voir  p.  148,  n.  6. 

i:i)  Il  Cor.,  n,  17  iluiùuin-hinil,  traduit  beaucoup  mieux  xa7tri)c-Jovt6ç  que 
1" adultérantes  latin,  /i  unmt,  Smiug  traduit  ici  I?  éUixpiveïaî,  ex  sinceritate. 
Cf.  p.  99,  n.  7. 

i  li  II  Cor.,  vu,  2;  le  dernier  verbe  nimijuin  correspond  mal  au  grec  sTcktovex- 
Tr^au-Êv  (plutôt  àpvstaôat). 

(5)  ls.,  lx,  17;  texte  déjà  cité  au  sujet  des  presbytres,  mais  d'une  manière 
fautive  dans  I  démentis,  xlii,  5.  Ici  s'arrête  la  citation  grecque. 

iGi  Matt.,  xxiv,  45-46.'  tous  les  verbes  de  l'arménien  sont  au  futur,  /njt, 
êffTai   au   lieu  de   êcttiv,  /iimifu  mil,,  xot?atjTr,c7£i  au  lieu  de  xatea-Y)<jev. 

(7)  ui/iÇ,  terme  rare;  la  Vulgate  écrit  ici  UkntulinLn. 

(8)  I  Cor.,  xii,  28. 

[149] 


SAINT    [RENÉE   :    ADVERSVS  HA1RESÊS.  133 

ont  été  placées  et  accumulées,  là  il  esl  nécessaire  et  digne!  1) 
d'apprendre  la  vérité,  chez  ceux  où  est  établie  la  succession 
dans  l'Église  depuis  les  apôtres,  la  santé  et  l'irrépréhensibilité 
des  mœurs,  ledésintéressementetl'incorrupUbilité  du  Verbe  {2), 
car,  ceux-là  garderont  toujours  notre  foi  au  Dieu  unique  qui 
a  tout  fait  et  :  ilsi  feront  croître  l'amour  envers  le  Fils  de  Dieu, 
[envers]  celui  qui  a  fait  de  telles  économies  pour  nous,  et  il  s 
nous  expose  nt  les  Écritures  sans  danger,  (3)  sans  blasphémer 
contre  Dieu,  sans  attaquer  sévèrement  les  patriarches  et  sans 
mépriser  les  prophètes. 

2.    Mass.  xxvii,  2].  Ainsi  j'ai  entendu  [dire]  par  un  certain 
presbytre  (1)  qui  [l']avait  entendu  [dire]  par  les  apôtres  e!  qui 


(1)  luiunin  11  lunJiuTi  t,  lat.  oporlet,  grec  cv.-.  cf.  p.  118  o.  1. 

(•.')  I'mIiIiIi,  Verbi;  le  latin  écrit  sermonis. 

{'S)  L'arménien  il, m,'),  lîfen  mpuin  L  muimShmg  Shn,  propler  nos  fecit  et  nobis 
exposuil  neque  Deum  blasphemans  etc..  n'a  pas  de  sens;  il  faut  certainement 
compléter  et  lire  avec  le   latin  i/iuhÎi  fihn  uinuin  L  luWuiuifin  (sine  periculo) 

iituiiut)  Ltjhh    ilfcn,    ni   il  '  .utiitit  imN    etc.. 

(4)  àfennLlini  et  le  latin  presbytero,  traduisent  évidemment  Trpeaê-jTÉpcu,  pris 
en  son  sens  liturgique  (Cf.  p.  145  n.  5|.  Dans  l'ensemble  de  la  phrase  nos  deux 
traductions  ne  sont  pas  équivalentes  et  il  est  difficile  de  reconstituer  avec 
quelque  probabilité  le  grec  sous-jacent.  L'arménien  écrit  :  Quemadmodum  audivi 
a  quodam  presbytero  qui  ab  Apostolis  audierat  et  rus,  nlmutu,  quidem  viderai 
et  ab  [his]  qui  ab  eis.  îinniuîit,  didicerant,  à;tb  nctp1  aOtwv  psjj.xffyiXOTcov  (f).  Le 
latin  a  :  Quemadmodum  audivi  "  quodam  presbytero  qui  audierat  ab  his  qui  Apos- 
lolos  videront  et  ab  his  qui  didicerant,  àno  tû>v  n£(ia6r,xotMv  (?). 

L'arménien  indique  donc  deux  sources  où  Irénée  aurait  puisé  ses  renseigne- 
ments : 

1°  un  presbytre  qui  a  entendu  et  vu  les  Apôtres. 

2°  d'autres  chrétiens  disciples  des  Apôtres. 

Le  latin  n'indique  qu'une  source  :  un  presbytre  qui  tient  ses  renseignements 
non  des  Apôtres  eux-mêmes,  mais  des  disciples  de  ces  derniers. 

Reconnaissons  que  le  texte  arménien  n'est  pas  clair-,  le  traducteur,  ou  mieux 
un  copiste  grec  antérieur,  s'est  embarrassé  dans  le  jeu  des  prépositions  àxo, 
napà  etc..  Le  latin  cependant  a  des  faiblesses  plus  grandes  encore  : 

1"  on  ne  voit  pas  pourquoi  il  faut  distinguer,  comme  il  le  fait,  «6  his  qui 
Apostolos  videront  et  ab  his  qui  didicerant  ;  ceux  qui  ont  été  instruits  par  les 
Apôtres  n'ont  pas  manqué  de  les  voir;  on  sVtonne  de  ne  pas  lire  simplement 
ab  lus  qui  Apostolos  videront  et  ab  eis  didicerant. 

','"  surtout,  quelle  autorité  un  presbytie  formé  par  les  disciples  peut-il  avoir 
par  rapport  à  Irénée  qui  appartient,  en  somme,  à  la  même  génération?  Clément 
(Ado.  User.,  ni,  3,  3)  el  Polycarpe  (Lettre  d  Florinus)  n'ont  pas  connu  eux- 
mêmes    le  Seigneur,  mais    ils  ont  connu  des  Apôtres  et  des  hommes  qui  ont 

[150] 


134  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

les  avait  même  vus,  et  par  ceux  qui  avaient  été  formés  par  eux, 
qu'avaient  été  suffisantes  pour  les  anciens,  au  sujet  de  ce  qu'ils 
ont  fait  sans  je  conseil  de  l'esprit  (1)  [98v],  les  menaces  de 
châtiments  [contenues]  dans  les  Ecritures,  car  Dieu  est 
impartial,  car  ceux  qui  n'étaient  pas  selon  sa  complaisance, 
il  envoyait  sur  eux  un  châtiment  mérité.  Ainsi,  sur  David,  quand 
il  était  persécuté  pour  la  justice  par  Saul  et  ne  tirait  pas 
vengeance  de  son  ennemi,  il  chantait  la  venue  du  Christ  et 
enseignait  la  sagesse  aux  nations  et  faisait  toute  chose  selon 
le  conseil  de  l'esprit;  il  était  agréable  à  Dieu.  Mais  lorsque,  à 
cause  de  sa  concupiscence,  il  prit  lui-même  pour  lui  Bersabée, 
[femme]  (2)  d'Uri,  l'Écriture  dit  à  son  sujet  :  «  Et  mauvaise 
apparut  la  chose  (3)  qu'avait  faite  David  aux  yeux  du  Sei- 
gneur. Et  est  envoyé  vers  lui  Nathan  le  prophète  pour  lui  montrer 
son  péché  afin  que,  ayant  lui-même  donné  sa  propre  sentence 
et  s'étant  lui-même  condamné,  il  obtint  la  miséricorde  et  la 
rémission  du  Christ  :  «  Car  le  Seigneur,  dit  [l'Écriture],  a  envoyé 
Nathan  vers  David  (4),  et  il  lui  dit  :  Deux  hommes  étaient  dans 
une  [même]  ville,  l'un  riche  et  l'autre  pauvre  ;  au  riche  étaient 
des  troupeaux  de  petit  et  de  gros  bétail  (5)  très  nombreux,  et 

connu  If  Seigneur.  De  même,  Irénée  n'a  pas  connu  lui-même  saint  Jean,  mais, 
tout  jeune,  il  a  connu  Polycarpe  qui  a  été  le  familier  de  saint  Jean,  établi  par 
lui  sur  le  siège  «le  Smyrne  {Adv.  Hser.,  m,  3.  I)  et  bien  d'autres  presbytres  sans 
doute  de  sa .  génération  ;  c'est  de  l'un  d'entre  eux  qu'il  allègue  naturellement 
l'autorité  (Cf.  u\  irpô  -r^cov  7rps-7o-JT£poE.  oî  xal  toT;  àttoaToXoi;  a-jfxpoiTiî'îavTs;  de  la 
Lettre  à  F/or, nus;  de  même  Ado.  Hier.,  v,  36,  2;  Dêmonslr.  3). 

Pour  ces  deux  raisons  et  maigre  son  obscurité,  le  texte  arménien  parait 
préférable;  vu  l'insuffisance  commune  des  deux  traductions,  c'est  du  grecque 
provient  sans  doute  l'altération  :  nous  avons  déjà  relevé  l'extrême  proximité 
des  manuscrits  sur  lesquels  ont  travaillé  les  traducteurs:  ils  ne  sont  pourtant 
pas  parfaitement  semblables. 

(1)  {nu.ni,  spiritus,  ici  et  quelques  lignes  plus  bas;  le  latin  écrit  mieux 
Spiritus. 

(2)  Bersabée  (et  non  Betsabée)  comme  dans  certains  manuscrits  latins  et 
Massuet;  uxorem  manque  dans  l'arménien  comme  dans  les  meilleurs  témoins 
latins. 

(3)  Il  Reg..  xi,  27;  puiïi,  Àôyo;  traduit  le  grec  pf,[ia;  qui  n'a  ici  d'autre  sens 
que  chose;  cf.  Luc,  i,  37. 

(Il  Ces  mots  misit  en'tnt  Dont  i  nus  Nathan  ad  Daiuti  (II  Reg.,  xn,  1)  figurent  dans 
VArundelianus,  mais  manquent  dans  le  Claromontanus,  et  pour  cette  raison, 
sont  omis  par  les  éditeurs  :  l'arménien  invite  à  les  rétablir. 

(.r.i  II  lieg.,  xn,  1  etsqq.;  exact.  ;roi[j.viaxai  fiouxiXia  noXXà  u^oêpa;  lire  évidemment 

luhnnuiin. 

[151] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  1I.ERESF.S.  135 

au  pauvre  rien  qu'une  petite  brebis  qu'il  avait  acquise  (1),  et  qu'il 
élevait  et  qui  grandissait  chez  lui  avec  ses  enfants  ensemble  (2), 
et  elle  mangeait  de  son  pain  et  elle  buvait  de  sa  coupe  (3)  et 
elle  était  pour  lui  comme  une  fille  i  1).  Vint  un  voyageur  chez 
le  riche,  et  il  refusa  de  prendre  [une  tête]  de  ses  troupeaux 
de  pelit  et  de  gros  bétail  pour  faire  [un  repas  à  l'étranger,  et 
il  prit  [99r]  la  brebis  (5)  de  l'homme  pauvre  et  la  plaça  devant 
l'homme  qui  était  venu  chez  lui.  Et  David  entra  G  dans  une 
grande  colère  contre  cet  homme  et  dit  à  Nathan  :  Le  Seigneur 
est  vivant  :  "c']est  un  fils  de  la  mort  ^que]  l'homme  qui  a  fait 
cela  (7),  et  il  rendra  la  brebis  au  quadruple  (8  en  retour  de 
rette  chose  (9)  qu'il  a  faite  et  parie  qu'il  n'a  pas  épargné  le 
pauvre.  Et  Nathan  lui  dit  :  Tu  es  l'hommequi  a  fait  cela  ».  Et  une 
à  une  il  lui  raconta  les  autres  choses,  [les]  exposant  et  lui 
faisant  des  reproches  (10)  et  énumérant  les  bienfaits  de  Dieu  sur 
lui  et  lui  montrant'  qu'il  avait  irrité  Dieu  en  faisant  cela,  que 
Dieu  ne  se  complaisait  pas  en  de  telles  œuvres,  mais  qu'une 
colère  viendra  sur  sa  maison,  une  grande  [colère].  David  se 
repentit  de  ces  "choses]  et  dit  :  J'ai  péché  contre  le  Seigneur, 


(1)  ann  umiunuiL,  le  latin  écrit  quim  habebal;  noter  la  traduction  de  xTiojioi 
par  iiiiiiii'fiiui).  Cf.  p.  56,  n.  3. 

(2)  Exactement  le  grec  scaî  -r.ZyWir,  lier'  xuto-j  xai  jjieri  tûv  ulcâv  xy-o3  êki  ri 
bcjtô;  »)Spûï8Y]  manque  dans  le  latin. 

(3)  Nos  deux  traductions  omettent  x*i  èv  i/h  /.ii™  iOto-j  èxâScuÔE. 
i  li  nninii,  porte,  qui  n'a  aucun  sen>;  lire  nni_uuin. 

(5)  Lire  évidemment  ^npnV. 

(6)  L'arménien  ajoute  ici,  par  transposition  évidemment,  mut,  dit-il. 

(7)  Exactement  le  grec  lfÊ  x-jpto;  ôti  ufiç  Qocvicou  6  àvr,ç,  6  noi^<ra;  roùvo. 

(8  >iiii/.i;iiiiiiiii/i/|,  équivalent  du  latin  quadruply.m;  le  grec  écrit  ÉjrT<xit>.a(riova] 
septuplum. 

(9)  Voir  p.  151  n.  3;  U  uAhuLLIi,  et  son  équivalent  latin  pauperi  ne  figurent 
pas  dans  le  texte  d^s  Septante.  Sauf  pour  un  mot  n.  2,  nos  deux  traduc- 
tions coïncident  parfaitement,  le  texte  grec  qu'elles  représentent  offre  avec  celui 
des  Septante  une  iientif'  absolue,  sauf  une  omission  n.  :j.  une  variante  n.  8  et 
une  addition  n.  9;  de  ces  divergences,  Massuet  conclut,  qu'Irénée  a  probable- 
ment cité  de  mémoire;  on  pourrait  supposer  aussi  qu'il  utilisait  une  recension 
des  Ssptante  différente  de  la  nôtre,  et  l'emploi  du  nom  propre,  Bersabée, 
semblerait  plutùt  en  faveur  de  cette  conjecture. 

(10)  La  graphie  est,  comme  dans  toute  cette  page,  très  négligée  :  uiunafe^ni/ 
n'a  pas  de  sens:  il  faut  lire  uiunkinJ  blâmant,  réprouvant. 

[102; 


136  REVUE   DE  L'ORIENT    CHRÉTIEN'. 

et  il  chanta  le  psaume  de  la  pénitence  pour  la  venue  du  Sei- 
gneur, demeurant  et  attendant  sa  venue  (1)  qui  lave  et  purifie 
l'homme  saisi  par  le  péché. 

3.  [Il  en  a  été]  de  même  aussi  de  Salomon  qui,  quand  il 
jugeait  droitement  et  cherchait  la  sagesse  (2)  et  bâtissait  le 
type  du  vrai  temple  (3)  et  racontait  les  gloires  de  Dieu  et 
prêchait  la  paix  qui  devait  venir  (4)  aux  nations  et  figurait  à 
l'avance  le  royaume  du  Christ  et  prononçait  trois  mille 
paraboles  pour  la  venue  du  Christ  (3)  et  en  cinq  mille  cantiques 
louait  Dieu  (6)  et  racontait  cette  sagesse  de  Dieu  qui  est  dans 
la  création,  scrutant  la  nature  et  [99v]  parlant  au  sujet  de  tout 
arbre  et  au  sujet  de  tout  légume  et  de  tous  les  oiseaux,  qua- 
drupèdes, reptiles  et  poissons,  et  il  disait  que  vraiment  et 
justement  «  ce  Dieu  qui  n'était  pas  contenu  dans  les  cieux 
habiterait  la  terre  avec  les  hommes  »  (7)  [quand  il  faisait  tout 
cela],  il  était  agréable  à  Dieu  et  il  était  admiré  des  hommes,  et 
tous  les  rois  de  la  terre  cherchaient  sa  face  pour  entendre  la 
sagesse  que  Dieu  lui  avait  donnée;  et  la  reine  du  midi  vint 
des  extrémités  de  la  terre  vers  lui,  désirant  voir  la  sagesse  qui 
[était]  en  lui  (S),  elle  [dont]  le  Seigneur  dit  [qu'jelle  ressuscitera 
au  jugement  avec  le  peuple  [de  ceux]  qui  auront  écouté  sa 
parole  et  n'auront  pas  cru  en  lui  et  qu'elle  les  condamnera  parce 

(1)  Telle  est  la  traduction  littérale  du  texte  arménien;  il  est  probable  qu'il  y 
a  eu  répétition  du  mot  aminLum,  venue,  et  déplacement  du  mot  Skwn-li, 
Seigneur;  il  vaut  mieux  lire  avec  le  latin  :  Psalmtim  eshomologeo»  psa/lebat, 
adventum  Domini  sustinens.  Remarquer  l'équivalence  de  liii«iu«Jniliiii(llnl  et 
de  exhomologesis.. 

(2)  III  Reg.,  m.  28  et  v;  exact,  cum  judicaret  recle  et  sapienliam  qusreret;  le 
latin  est  incertain;  VA rundelianus  écrit  :  cum  judicaret  recle  et  sapienliam  Dei 
enarrarcl,  le  Clarumunlanus  :  cum  perscveraret  reric  judieare  et  sapirntiam  Ih'i 
enarrare;  peut-être  y  a-t-il  eu  des  confusions  entre  y-zipi-io  it  Etôîtrato,  entre 
perseveraret  et  enarraret. 

(3)  mn/iuin  ûnStupUm  mm&uinhli,  plutôt  lypum  veri  templi  (Massuet)  que 
typum  verilatis  templi  (Harvey). 

(-4)  Au  lieu  de  nuiiinh  un  qui  n'a  pas  de  sens,  lire  probablement  nou^nn 
advenlw  am  ;  la  phrase  arménienne  est  alors  adven  lu  ru  m  in  gentespacemprsedicans 

(5)  111  Reg.,  iv,  32-33. 

(6)  Littér.  et  in  quinque  mi/libus  canlicorum  laudans  Deum. 

(?)  III  Reg.,  vin,  27;  noter  l'équivalence  de  miuliliS  et  capio  pour  traduire  le 
grec  àpxs'w,  comme  ailleurs  -/woeu)  (iv,  G3,  1),  voir  p.  114.  n.  6. 
(8)  III  Reg.,  iv,  34  et  x,  1  ;  le  latin  écrit  Sapienliam  qurr  m  eo  erat  satura. 

[1W] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSVS  EXERESES.  137 

qu'elle  1 1  )  s'est  soumise  à  la  sagesse  prêchée  par  les  esclaves  (2) 
de  Dieu,  mais  eux  ont  rejeté  (3)  et  méprisé  la  sagesse  donnée 
par  le  Fils  de  Dieu,  car  Salomon  était  esclave,  mais  le  Christ 
était  Fils  de  Dieu  et  Seigneur  de  Salomon;  car,  lorsque,  sans 
scandale  et  sans  crainte,  il  servait  Dieu  et  donnait  son 
ministère  i;l>  à  ses  économies  (5),  alors  il  était  aussi  glorifié; 
mais,  lorsqu'il  prenait  des  femmes  de  toutes  les  nations  et  leur 
permettait  d'élever  (6)  des  idoles  en  Israël,  l'Écriture  dit  à  son 
sujet  :  «  Ft  le  roi  Salomon  était  amateur  de  femmes,  et  il  prit 
des  femmes  étrangères,  et  il  arriva  au  temps  de  la  vieillesse 
[  lOOr]  de  Salomon  :  son  cœur  n'était  pas  parfait  avec  le  Seigneur 
son  Dieu:  et  les  femmes  étrangères  détournèrent  son  cœur 
après  elles;  et  Salomon  fit  [ce  qui  est  mal  devant  le  Seigneur 
et  il  ne  suivait  pas  le  Seigneur  comme  [avait  fait;  (7)  son  père. 
Ft  le  Seigneur  s'irrita  contre  Salomon  parce  que  son  cœur  n'était 
pas  avec  le  Seigneur  selon  le  cœur  de  David  son  père  ».  L'Écri- 
ture lui  a  fait  assez  de  reproches  et  de  répri mandes,  comme 
dit  le  presbytre(N),  pour  que  toute  chair  ne  se  glorifie  pas 
devant  le  Seigneur. 

4.  [Mass.  xxvii,  2]  Et  c'est  pourquoi  le  Seigneur  (9)  est 
descendu  dans  les  lieu.v  inférieurs  de  la  terre  leur"  apporter, 
à  eux  aussi,  la  bonne  nouvelle  de  sa  venue  qui  est  la  rémission 
des  péchés  (10)  [pour]  ceux  qui  croient  en  lui.  Et  ont  cru  en 
lui  tous  ceux  qui  avaient  à  l'avance  espéré  en  lui,  c'est-à-dire 
ceux  qui  avaient  raconté  à  l'avance  sa  venue  et  avaient  servi 

il)  Lire  évidemment  Lm.  Cf.  Matt.,  xu,  42. 
-i  ^i  à/. n  h  iuin.iu^igîi  :  lire  plutôt  àiun_iu//iîi  avec  le  latin  per  servum. 

(3)  Lire  évidemment  u>uanuutn/iîi. 

(4)  uttjtuii  utuiiutuiiiiuh ,  cf.  p.  39,  n.  0. 

(5)  inî/uiLfitîinLptiuîinîi,  cf.  p.  12,  IL.  1  et  p.  121   n.  1. 

(6)  Lire  évidemment  lim'lin'lil.,. 

i  T  »  III  Reg.,  xi,  1  et  ssq.;  le  latin  écrit  David  pater  ejus:  allusion  à  cette 
histoire  dans  Justin,  Dialogue,  xxxiv,  7-8. 

(Si  SLuni'liji'h    >>  rcpEoéÛTEpo;,  cf.  p.  150  n.  4. 

'■'  iji>'t{i,  exactement  le  latin  Dominum;  de  même  liÇuAihi,  uubmiunuilihi 
traduisent  descendisse,  evangelizare.  Cf.  I  Pétri,  m,  19. 

1"  L'arménien  supposa  le  grec  rcapouiîav  aix-Jû  t,  ïi-.\i  'if eaiç  tô>v  âpaoTtûv 
ou  i^Esiv  !j.-.%  rai/  itiapriàSv;  on  préférera  donc  dans  la  traduction  latine  la 
leçon  reinissioiiem. 

154 


138  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ses  économies,  les  justes,  les  prophètes  et  les  patriarches 
auxquels,  ainsi  qu'à  nous,  il  a  remis  les  péchés  que  nous  ne 
devons  ni  leur  reprocher  ni  blâmer,  mais,  si  nous  les  méprisons, 
nous  méprisons  aussi  la  grâce  de  Dieu;  car,  comme  eux  ne  nous 
reprochent  pas  [nos]  débauches  que  nous  avons  faites  avant 
que  le  Christ  apparût  parmi  nous,  de  même  nous  n'avons  pas  le 
droitd'être  [les]  accusateurs]  de  ces  chutes  coupables  [qui  furent] 
avant  layenuedu  Christ  (1)  car  «  tout  homme  est[100v]  appauvri 
et  privé  de  la  gloire  de  Dieu  »  (2),  et  sont  justifiés,  non  par  eux- 
mêmes,  mais  par  la  venue  du  Seigneur,  ceux  qui  ont  regardé 
vers  sa  lumière.  Mais  [c'est]  à  l'intention  de  notre  discipline  (3) 
[que]  leurs  actes  ont  été  écrits,  afin  que  nous  voyions,  tout 
d'abord,  que  Dieu  est  un,  [lej  nôtre  et  [le]  leur,  qui  ne  se  plaît 
pas  avec  les  péchés,  même  s'ils  ont  été  [commis]  par  des 
[personnages]  glorieux  ;  et  ensuite,  afin  que  nous  nous  abstenions 
des  mauvaises  actions.  Car,  [si]  ceux  des  anciens  qui  [nous]  ont 
précédés  dans  la  grâce  [et]  pour  lesquels  le  Fils  de  Dieu  n'avait 
jamais  souffert  sa  passion,  s'étant  trompés,  étant  tombés,  et  ayant 
servi  la  concupiscence  de  la  chair,  ont  encouru  de  te's  reproches, 
quelles  souffrances  souffriront  ceux  qui  maintenant  dédaignent 
et  méprisent  la  venue  du  Seigneur  et  servent  leur  concupis- 
cence? [Pour  ceux-là|,  la  mort  du  Seigneur  fut  la  rémission  de 
leurs  péchés;  mais  pour  les  contemporains  qui  pèchent,  le 
Christ  ne  meurt  plus  et  la  mort  n'a  plus  sur  lui  de  domina- 
tion (1),  mais  il  viendra  (5)  dans  la  gloire  du  Père,  exigeant  des 
économes  l'argent  [qu'il]  leur  [a]  confié,  avec  les  intérêts, 
et  de  ceux  à  qui  il  a  plus  donné,  il  exigera  davantage  (6).  Donc, 
nous  ne  devons  pas  penser  hautement  [de  nous-mêmes],  dit  le 
presbytre  (7),  ni  fouler  aux  pieds  les  anciens,  mais  craindre 


(1)  Le  latin  écrit  un  peu  différemment  :  unie  adventumChristi  his  quipeccaverunt. 

(2)  Rom.,  m,   23;  noter  encore  la  traduction  du  grec  Outcpoùvrai  par  les  deux 
mots  "fini  ,m./.ni(  U.  iifiu/jiiiuf.iiij   feu;  la  Vulgate  écrit  seulement  uni  ■■■uf.uif  tu. 

(3)  .ïimmf!iifiin^ii)i  [upuimitL,  lat.  correplionem,  grec  vou8ecrt<xn  ;  cf.  p.  157,  n.  3. 

(4)  Rom.,  vi.  9. 

(5)  nui  :  le  mot  est  certainement  inachevé;  il  faut  lire  soit  ijuij,  venit,  Ifystat, 
soit  fe/jfeunt,  véniel,  Ètaûoetai. 

(6)  Jlatt..,  xxv,   19;  Luc,  xix,  15. 

(?)  Toujours  efcnrn.li/iu,  6  7ipesëij«po; ;  le  latin  Me  senior. 

[155] 


SAINT    iRÉNÉE   :    ADVERSUS  Il.ERESES.  139 

pour  nous-mêmes  que,  si  peut-être,  après  la  connaissance  [que 
nous  avons'  du  Christ,  nous  faisions  (1)  quelque  chose  qui  ne 
fût  pas  agréable  à  Dieu,  nous  ne  recevions  plus  la  rémission  des 
péchés,  mais  soyons  chassés  dehors  f  101 1-  et  exclus  de  son 
royaume.  C'est  pourquoi  Paul  dit  :  «  S'il  n'a  pas  épargné  les 
branches  [qui  le  sont]  par  nature,  peut-être  ne  t 'épargner a-t-il 
pas  toi  non  plus  qui,  comme  tu  étais  d'un  olivier  sauvage,  as 
été  greffé  sur  un  olivier  [cultivé  et  as  été  fait  participant  (2) 
de  sa  sève  ». 

Mass.  xxvii,  3J  Semblablement  les  transgressions  (3)  du 
peuple  juif  ont  été  écrites,  non  pour  ceux  qui,  alors,  trans- 
gressaient, mais  pour  notre  redressement  et]  relèvement,  et 
afin  que  nous  voyions  qu'  il  est  un  seul  et  même  Dieu  contre 
lequel  ceux-là  ont  transgressé  et  contre  lequel  certains  trans- 
gressent, de  ceux  qui  maintenant  disent  croire. 

5.  Et  ces  choses,  l'Apôtre  les  montre  très  clairement  aux 
Corinthiens  en  disant:  «  Je  ne  veux  pas  i  1  que  vous  soyez 
dans  l'ignorance,  frères,  [de  ce]  que  nos  pères,  tous,  étaient 
sous  la  nuée,  et  tous  en  Moïse  ont  été  baptisés  dans  la  nuée  et 
dans  la  mer,  et  tous  ont  mangé  la  même  nourriture  spirituelle, 
et  tous  ont  bu  le  même  breuvage  spirituel,  car  ils  buvaient  à  la 
pierre  spirituelle  qui  les  suivait,  et  cette]  pierre  était  le 
Christ  (5).  Cependant,  avec  la  plupart  d'entre  eux,  Dieu  ne  se 
plaisait  point,  car  ils  furent  couchés  à  terre  dans  le  désert.  Et 
ces  choses  étaient  des  types  exemplaires  pour  nous,  afin  que  nous 

(1)  Lire  évidemment  tfnphkugm.D. 

(2)  Rom.,  xi,  17;  noter  la  traduction  de  g-jyxoivojvo;  par  ^uiLuimujinpn  (Vulg. 
nuijuiiinnn  ;  il  avait  été  traduit  plus  haut  par  ÇtuLiuuiiinnnn  n.  l{gn["i 
[c(.   p.  127,  n.  4). 

i3l  muiîinujlin,  sujet  à  l'accusatif:  par  contre  le  verbe  est  à  un  mode  person- 
nel fiii/.mi  L,,  scriplse  sunt:  le  latin,  prsevariealiones  vide»  deseriplas  esse,  l'ait 
supposer  dans  le  grec  sous-jacent  l'existence  d'un  ïôe  mku  lit'.  Rom.,  xi.  22), 
que  l'arménien  aura  omis  par  la  suite  :  le  copiste  a  mis  le  verbe  au  parfait 
périphrastique,  mais  non  le  sujet  au  nominatif. 

(4)  1  Cor.,  x,  1-13.  La  traduction  arménienne  de  ce  long  passage  de  saint  Paul 
semble  vouloir  serrer  le  grec  de  plus  près  que  la  Vulgate  :  ce  sont  générale- 
ment les  mêmes  mots,  mais  employés  dans  un  ordre  différent. 

(5)  La  Vulgate  ajoute  ici  fihgfi  ipse,  absent  des  grands  manuscrits  grecs  et 
de  notre  traduction. 

[156]. 


1-10  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ne  soyons  pas  désireux  des  [choses]  mauvaises,  selon  qu'eux  les 
désirèrent,  ni  ne  soyons  idolâtres  comme  plusieurs  d'entre  eux 
comme  il  est  écrit:  «  Le  peuple  s'assit  [lOlv]  pour  manger  et 
[pour]  boire  et  il  se  leva  [pour]  se  divertir  (1)  ».  Et  ne  forniquons 
pas  comme  certains  d'entre  eux  forniquèrent,  et  ils  tombèrent  en 
un  seul  jour  vingt-quatre  mille  (2).  Et  ne  tentons  point  le  Christ 
comme  certains  d'entre  eux  le  tentèrent,  et  [ils]  périrent  par  les 
serpents.  Et  ne  murmurez  point  selon  que  certains  d'entre  eux 
murmurèrent,  et  [ils]  périrent  par  l'exterminateur.  Cependant 
toutes  ces  choses  se  passèrent  chez  eux,  types  exemplaires, 
mais  elles  ont  été  écrites  dans  l'intention  de  notre  discipline  (3) 
à  nous  pour  qui  la  lin  des  siècles  est  arrivée  ;  ainsi  donc 
que  celui  qui  pense  être  debout  prenne  garde  que  peut-être 
il  ne  tombe  »  (  1). 

XL1II 

[Mass.  xxvii,  -4|  Donc,  sans  hésitation  ni  doute  ni  contradic- 
tion [possible],  l'Apôtre  montre  que  seul  et  même  est  le  Dieu  qui 
a  jugé  ces  [choFes|-là  (5)  et  réclame  celles  d'aujourd'hui  et  [il 


(1)  Exode,  xxxii,  6. 

(2)  Les  meilleurs  témoins  du  texte  de  saint  Paul  et  la  traduction  latine  de 
saint  Irénée  attestent  eIxoctitpeîç  -/iXiâôeç;  le  traducteur  arménien  corrige  d'après 
Nombr.,  xxv,  '■>  en  eïxoui  xat  ijoa^pEç  yi/iiS=;. 

(3)  tun.  lîfin   ifimtin/ii  nui  jitlu'li   luniutnni  .    (Cl*.    ]).    Iô5.    II.  3),    Vulg.    iluiult   tlhnnl 

/miimmii  ,  saint  Irénée  latin  et  Vulg.  ad  correplionem  nostram,  grec  npo;  vovitaiuv 
<pv;  encore  un  exemple  du  besoin  de  traduire  un  seul  mot  par  deux  syno- 
nymes; dans  la  Vulgate  vo-jOeoia  est  traduit  simplement  par  ^inuun  (ici  et 
Eph.,  vi,  1)  ou  l'infinitif  /untumki  (Tite,  m.  10),  comme  ivjbziiw  est  traduit 
par  ftipuimbS  (Act.,  xn,  31;  Rom.,  xv,  M;  I  Cor.,  iv,  14;  Col  .  i,  28;  m,  10; 
I  Thess,,  v.  12,  1  1;  Il  Tliess..  m.  15). 

(4)  un  finifiii  /fii/j  iiifciijt  •>['  1"Lgh  u'"'/g/»i  1"'  /"''"'  store  videat  ne  furie 
cadat;  la  Vulgate  écrit  de  façon  plus  élégante  nii  ymiiun/in/i  Cuiuuiuiuini.Ii  ^uij 
nnni4  i/iu/i  tfi'Lnt,  uîiihiuîihnh,  <?"<  putat  /limiter  stare  vigilal  ne  forte  cadat; 
la  première  est  beaucoup  plus  servile  vis-à-vis  du  grec  6  8-<xûv  ioiàvai  rf/.tnhu> 
lir,  Ttéo^i;  autant  qu'on  en  peut  juger,  notre  traducteur  utilise  la  Vulgate,  mais 
la  corrige  dans  le  sens  de  la  servilité. 

(b)  Les  faits  relates  dans  la  citation  de  I  Cor.,  x.  1-13  qu'on  vient  de  lire.  La 
phrase  latine  comporte  une  proposition  participe  :  Sine  dubitalione...  ostendenle 
AposloCo...   et   demonslranle,    indocli   cl   audaces   adhuc   etiam    et    imprudentes. 

[loi] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  HJERESES.  141 

donne"  les  causes  delà  mise  par  écrit  des  premières  (1);   par  là 
il  prouve  que  sont  ignorants  et  audacieux  et  hardis  et  vains  (2) 
et  effrontés  et  sans  pudeur  tous  ceux  qui,  à  cause  des  transgres- 
sions des  anciens  et  à  cause  de  la  désobéissance  d'un  grand 
nombre,  disent  que  leur  [dieu]  est  un  autre  Dieu,  que  celui-là 
est  le  créateur  du  monde,  qu'il  est  [issu]  d'un  manque  [et]  d'un 
amoindrissement  (3)  et  que  autre  est  celui  qui  a  été  transmis  et 
confié  par  le  Christ,  le  Père,  et  que  celui-là  est  celui  qui  a  été 
faussement)  conçu  par  un  chacun  d'entre  eux;  [ils]  ne  com- 
prennent (4)  pas  que,  de  même  que,  là,  Dieu  ne  se  complaisait 
pas  en  la  plupart  d'entre  eux  [qui  étaient   pécheurs  [102r  ,  de 
même,  ici,  beaucoup  [sont]  appelés  et  peu  élus  (5),  et,  comme,  là, 
les  iniques  et  les  idolâtres  et  les  fornicateurs  perdirent  la  vie,  de 
même,  ici,  le  Seigneur  a  dit  que  de  telles  "gens]  sont  destinés  à 
être  envoyés  au  feu  éternel  (G)  :  cependant  l'Apôtre  dit  :  «  Ne  savez- 
vous  pas  que  les  iniques  n'hériteront  pas  du  royaume  de  Dieu  ? 
Ne  vous  égarez  point!  Ni  les  fornicateurs,  ni  les  idolâtres,  ni  les 
adultères,  ni  les  superbes,  ni  les  pédérastes,  ni  les  voleurs,  ni 
les  avares,  ni  les  cupides,  ni  les  ivrognes,  ni  les  médisants,  ni 
les  ravisseurs  n'hériteront  (  7  )  du  royaume  de  Dieu  ».  Et  comme 
[ce  n'est  pas1  (8)  à  ceux  de  l'extérieur  "qu'il  dit  ces  choses,  mais  à 

inveniUnlur  omnes  <i>n.  ttc.;  le  verbe  principal  inveniuntur,  aiinuti/ili,  manque 
clans  l'arménien;  en  conséquence  les  adjectifs  indocli,  audaces,  impi  udentes,  etc., 
sont  tous  à  l'accusatif  et  dépendent  de  dèmonstrante,  nblinLnbuii. 

(1)  ijlmijuiiii'li  correspond  bien  au  latin  eorum,  d'elles,  c'est-à-dire  des  événe- 
ments de  l'histoire  d'Israël  dont  on  vient  de  parler. 

(2)  «un.  uiiunnfi/f  n'a  ici  aucun  sens;  peut-être  faut-il  lire  ici  m 'Uu,(i,„,  vides, 
mot  assez  fréquent  chez  Irénée  pour  caractériser  les  hérétiques  icf.  début  du 
livre  V  et  p.  159  n.  6)  e1  qu'un  scribe  aura  pu  confondre  avec  miîi     '  . 

3  Outre  la  faute  évidente  ntinuui  pour  nutu  ,  l'arménien  avec  son  pléonasme 
n'est  pas  ici  beaucoup  plus  clair  que  le  latin  et  esse  in  diminutione. 

1  niàfcf  pïin  Sjim,  mot  à  mot  conduire  dans  l'esprit,  traduit  ailleurs  èwoéw 
(Adv.  //,(/..  v.  5.  -.',.  et  ppové»  (cf.  p.  107.  n.  '■'■  . 

(5)  M  m.,  xx,  16. 

(6    Matt..  x\v.  -11. 

i  I  Cor.,  vi,  9-10  </uin_iuî/nfeiiD/îïi,  futur,  plus  exact,  que  le  présent  </iun_uili- 
ijfeli  de  laVulgate:  texte  oit''  par  saint  Ignace  (Ephésiens,  xvi,  1;  Philadelphiens, 
in,  3)  et  saint  Polycarpe  (Philippiens,  v,  3). 

(8)  Latin  quoniam  non  ad  eos;  le  non  n<  n'existe  pas  dans  le  texte  arménien; 
mais  il  est  postulé  par  le  mn,  sed  qui  suit  immédiatement. 

[158J 


142  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRETIEN. 

nous,  afin  que  nous  ne  soyons  pas  rejetés  hors  du  royaume, 
ayant  fait  de  semblables  [actes],  il  ajoute:  «Cela,  vous  aussi 
l'avez  été,  mais  vous  avez  été  purifiés,  mais  vous  avez  été  sanc- 
lifiés.mais  vous  avez  été  justifiés  dans  le  nom  du  Seigneur  Jésus- 
Christ   et  dans  l'Esprit  de  notre  Dieu  »  (1). 

2.  Et  comme,  là,  ont  été  rejetés  [ceux]  qui  opéraient  le  mal  et 
pervertissaient  les  autres  par  des  supercheries  trompeuses  (2), 
de  même,  ici,  l'œil  est  arraché  et  périt  qui  scandalise,  et  [aussi] 
le  pied  et  la  main  pour  que  le  reste  du  corps  ne  soit  pas  aussi 
perdu  avec  lui  (3);  et  nous  avons  l'ordre  [de  nous  mettre]  en 
garde  (4).  «  S'fil  est]  [102v]  quelqu'un,  nommé  frère  [qui  soit] 
fornicateur  ou  avare  ou  idolâtre  ou  médisant  ou  ivrogne  ou 
ravisseur,  avec  un  pareil  [homme]  ne  pas  manger  de  pain  »  (5).  Et 
encore  l'Apôtre  dit  :  «  Que  personne  ne  vous  abuse  par  des  paroles 
vides(6),  car  à  cause  d'elles  la  colère  de  Dieu  vient  sur  les  fils  d'in- 
fidélité (7)  :  donc  n'ayez  pas  part  (8)  avec  eux  ».  Et  comme,  là, 
d'autres  aussi  reçurent  le  châtiment  [et]  la  peine  des  pécheurs  (9) 
parce  que  [ceux-ci  leur]  plaisaient  et  qu'ils  étaient  consentants  et 
qu'ils  conversaient  avec  eux,  de  même,  ici  encore,  <•  un  peu  de 
levain  corrompt  toute  la  pâte  »  (10).  Et  comme,  là,  sur  les  injustes, 

(1)1  Cor.,  vi,  11. 

(2)  Assez  grande  différence  avec  la  traduction  latine  :  condemnabanlur  et  pro- 
jiciebantur  qui  mute  operabantur  et  reliquos  exterminabant.  Lire  évidemment 
ii(im  J.hÏi.  maie,  au  lieu  de  ann-luili  qui  n'a  pas  de  sens. 

(3)  Matt.,  xvni,  8-9,  texte  cité  par  Justin,  Apologie,  xv,  2. 

i  li  nnm»>riiMfcuiiÎB,  avec  attention  en  garde,  ne  figure  pas  dans  la  traduction 
latine  et  n'a  pas  de  raison  d'être  ici  :  ce  n'est  probablement  pas  autre  chose  qu'un 
commandement  (attention!)  donné  au  scribe  et  reproduit  par  celui-ci  dans  le  texte. 

(5)  I  Cor.,  v,  11. 

(6)  Eph.,  v,  0-7  niTiiuifi,  mot  lréquent  dans  Irénée  pour  désigner  les  hérétiques 
qui  traduit  le  grec  -/evo^. 

(7)  m,'i,Vm i  iiili.n  [.Ijn  î,  et  le  latin  diffidentia  traduisent  ici  le  grec  àit£i8sîee; 
pour  ce  dernier  mot  la  Vulgate  écrit  „,"h^,ni  ml,,,,  j.ljn'i,  (Rom.,  xi,  32  et  ici), 
uiÎi^ujluiuiiil/3/ilÏi  (Rom.,  xi.  20;  Hebr.,  iv,  G  et  11)  et  mémo  umiiun  m  S  fin  j.lj,,  ï, 
(Eph.,  il,  2);  par  contre  ittiT.ix  est  régulièrement  traduit  par  miiyiii  mimn  |.I/ti}i 
saut  I  Tiin.,  î.  13  où  on  lit  in'fiy„L,i,'/,„,  Jd/i,),    Cf   sur  <ÇuinuJini-0/ii_îj  p.  31,  n.  2. 

(8)  Noter  la  traduction  de  o-j(j.[iétox<>;  par  linnnn,  mot  inusité  dans  la  Vulgate, 
ainsi  que  ses  composés;  celle-ci  écrit  nmèiuiinnn  (cf.  p.  156,  n.  2). 

(9)  Lire  évidemment  a&bnnLgbinaii. 

(10)  I  Cor.,  v.  6. 

I.V.l' 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  BJERESES.  .  143 

descendait  la  colère  de  Dieu,  de  même,  ici,  l'Apotre  dit:  «  Car  la 
colère  de  Dieu  se  révèle  (l)[du  haut]  du  ciel  sur  toute  impiété  et 
injustice  des  hommes  qui  tiennent  la  vérité  dans  l'injustice  ». 
Et  comme,  là,  sur  les  Égyptiens  qui  maltraitaient  injustement 
et  frappaient  les  Israélites,  fut  la  vengeance  de  Dieu  (2),  de 
même,  ici,  le  Seigneur  dit  :  «  Dieu  n'exercerait  donc  pas  la  ven- 
geance de  ces  élus  qui  appellent  vers  lui  jour  et  nuit"?  Oui,  je  vous 
[le]  dis,  il  exercera  leur  vengeance  bientôt  »  (3).  Et  l'Apotre  de 
même  [dit]  aux  Thessaloniciens  :  «  Qu'il  est  juste,  dit-il,  auprès 
de  Dieu,  de  rendre  [103r]  en  échange  à  ceux  qui  vous  affligent 
l'affliction,  et  à  vous  "qui  êtes]  affligés  le  repos  avec  nous,  dans 
la  révélation  du  Seigneur  Jésus  [du  haut]  du  ciel  avec  les 
anges  de  sa  puissance  et  la  flamme  du  feu,  donnant  [le  châ- 
timent de  sa]  vengeance  à  ceux  qui  n'ont  pas  connu  Dieu  et 
n'ont  pas  écouté  l'Evangile  du  Seigneur  Jésus,  qui  payeront  le 
jugement  [de]  la  mort  éternelle  [hors]  de  la  face  du  Seigneur  et 
de  la  p'Ioire  de  sa  puissance  (4),  lorsqu'il  viendra  pour  être 
magnifié  parmi  ses  saints  et  reconnu  admirable  par  tous  ceux  qui 
ont  cru  »  (5). 

XLIV 

1.  [Mass.  xxvjii.  1]  Car,  comme  l'équitable  justice  (6)  de  Dieu 
est  la  même  et  ici  et  là,  là  typique  et  temporaire  et  modérée, 
ici  en  vérité  et  éternelle  et  supprimant  (7)  d'un  seul  coup,  — 
car  [ce]  feu  est  éternel  et  la  colère  de  Dieu,  se  révélant  du  [haut 

(1)  Rom.,  i.  18.  luifutîi^i,  revelalur,  plus  exact  que  le  latin  revelabitur  ou  que 
la  Vulgate  luiiiniihina  t,  revelanda  est. 

(2)  Exode,  xiv.  28. 

(3)  Luc,  xviii,  7-s. 

(4)  II  Thess.,  i,  0-10;  lire  évidemment  n,,n  mu  Ul.m'l, 

loi  Le  latin  ajoute  in  eum  qui  est  probablement  une  glose  et,  en  tous  cas, 
ne  figure  pas  dans  le  texte  arménien. 

(6)  L'arménien  écrit  assez  exactement  in  judicando  juslilia  Dei  et  semble 
devoir  être  préféré  au  latin  in  oindicando  Deo  juslilia  Dei,  facile  à  expliquer 
par  une  confusion  graphique. 

(7)  Le  latin  écrit  austerius  qui  correspond  à  mediocrius;  peut-être  faut-il  lire 
seulement  auslerus,  car  l'arménien  ne  porte  aucun  comparatif;  auslerus 
traduit  aOirf/ipô;  et  le  /,  cuin  ^uitnhtui  arménien  à-Koattpûiv ;  entre  ces  deux 
tenu. s  la  confusion  est  facile. 

[160! 


144  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

duj  ciel  par  la  face  de  Notre -Seigneur  selon  que  David  dit:  (1) 
«  La  face  du  Seigneur  est  sur  ceux  qui  accomplissent  le  mal  pour 
détruire  de  la  terre  leur  mémoire  »,  réservera  (2)  une  peine  plus 
grande  de  châtiments  à  ceux  qui  sont  tombés  en  elle  —  bien 
fous,  le  presbytre  [l'ja  montré  (3),  sont  ceux  qui,  [par  suite]  des 
épreuves  arrivées  aux  anciens  qui  n'adhéraient  pas  (4)  à  Dieu, 
ont  tenté  (5)  d'introduire  un  autre  Père,  opposant  et  mettant 
en  avant  contre  [lui]  tout  ce  que  le  Seigneur  [103v],  étant  venu, 
a  accompli  pour  sauver  ceux  qui  le  recevraient  dans  sa  pitié  à 
leur  égard  (6)  ;  ils  passaient  sous  silence  et  ne  rappelaient  point 
son  jugement  ni  tout  ce  qui  arrivera  à  ceux  qui  ont  entendu  sa 
parole  et  ne  l'ont  point  accomplie,  et  qu'il  eût  été  meilleur  pour 
ceux-ci  qu'ils  ne  fussent  pas  nés  (7),  et  que  [le  sorti  sera  plus 
tolérable  pour  Sodomites  et  Gomorrhéens  au  jour  du  jugement 
que  pour  cette  ville  qui  n'a  pas  recula  parole  de  ses  disciples  (8). 
2.  [Mass.  xxviii,  2]  Car,  de  même  que  dans  le  Nouveau 
Testament,  la  foi  envers  Dieu  a  augmenté  de  la  part  de 
l'homme  (9),  ayant    reçu    un  supplément   envers  le  Fils  de 

(1)  l's.  xxxiii,  17. 

(2)  lîmiiiniiinti  prseslabit,  meilleur  que  le  prseslat  de  la  traduction  latine; 
dans  tous  ces  chapitres,  Irénée  se  réfère  constamment  au  jour  du  jugement  qui 
viendra  à  la  lin  des  temps. 

(3)  fcnfci  L'i'ii'i  àkiiiiLÎWiîi  au  singulier  et  non  oslendebant  presbyteri  comme 
porte  la  traduction  latine;  l'arménien  confirme  la  vieille  conjecture  d'Érasme 
reprise  par  Ilarnack.  Cf.  p.  167  n.  2. 

{■il  mfi<JiiiL!uMi  fcnfef/  :  mot  à  mot  àTteiOeï;  rçaav  ;  l'adjectif  uiïiÇiuLuiti  traduit 
régulièrement  ànsiQ^-  dans  le  Nouveau  Testament  (Lue,  i,  17;  Art.,  xxvi,  19; 
Il  Tim.,  m,  2;  Tite,  i.  16;  m,  3);  le  verbe  uiiÇuiLuiitiS  traduit  parfois  àrceiôû 
(Act...  xtv.  2;  Rom.,  x,  21  ;  I  Pétri,  tv.  17).  Cf.  p.  159,  n.  7. 

(5)  ijmplhgkuim,  participe  signifiant  plutôt  ont  tenté  que  tentent. 

(6)  Exactement  le  latin  qusecumque  (plutôt  que  quanta)  Dominus  ad  salvandos 
eos  qui  receperunt  eurn  veniens  fecisset  miserons  eorum. 

(7)  iMatt.,  xxvi,  74. 

(8)  Matt.,  x.  15;  Luc,  x.  12. 

(9)  ijf)iiifi;jffin7i1i  pourrait  à  la  rigueur  signifier  t»  tùv  àvfjp»o7rwv;  il  parait  pn- 
férable  de  lire  simplement  le  génitif  Suinnhuîïîfi,  [piles)  hominum.  Dans  tout  ce 

ige,  1rs  deux  traductions  diffèrent  et  ni  l'une  ni  l'autre  ne  semble  exempte 
de  faute.  La  phrase  arménienne  est  construite  assez  clairement,  et,  en  négligeant 
les  incidentes,  se  ramène  à  deux  propositions  parallèles  1°  nnuit»  /i  îmnnLÎfiiete., 
quemadmodum  enim  in  noi'O  Teslamento...  (ne  pas  tenir  compte  de  Vila  de  la  troi- 
sième ligne);  2°  uijuujtu  L.  etc.  sie  et  psena  eorum  qui  non  credunt  Verbo  Dei. 

[161] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  H&RESES.  145 

Dieu(l),  afin  que  l'homme  devint  le  supplément  (2)  de  Dieu  (3) 
et  [que  la  vérité  (4)  certaine  des  mœurs  fût  étendue  et  aug- 
mentée —  car  [ce  n'était  pas  seulement  des  mauvaises  actions 
[que;  nous  recevions  l'ordre  de  nous  abstenir,  mais  encore  des 
vilaines  (5)  pensées,  des  paroles  oiseuses  et  des  bouffonneries  — 
de  même  le  châtiment  de  ceux  qui  n'adhèrent  (6)  pas  au  Verbe 
de  Dieu  et  méprisent  sa  venue  et  retournent  en  arrière  a  été 
augmenté,  étant  devenu,  non  plus  temporaire,  mais  éternel,  car 
le  Seigneur  leur  dira  :  «  Allez-vous-en  de  moi,  maudits,  au  feu 
éternel  »  (?)  :  ceux-là  seront  [pourj  toujours  condamnés;  et  ceux 
à  qui  il  dira  :  «  Venez,  bénis,  héritez  du  royaume  préparé  pour 
vous  »  (8),  ceux-ci  [pour  toujours  recevronl(9)  le  royaume  et 
progresseront  en  lui  104r],  car  il  y  a  un  seul  Dieu  Père  et  son 
Verbe  est  toujours  avec  l'humanité,  bien  que  varié  dans  ses 
économies  et  multiple  selon  [ce]  qu'il  opère,  et  fait  vivre  et 
sauve  des  le  commencement  ceux  qui  veulent  [se]  sauver  (10). 
Et  ce  sont  ceux-là  qui  aiment  Dieu  et  qui,  selon  leur  siècle, 
suivent  son  Verbe  et  qui  jugent  ceux  qui  sont  dignes  de  jugement, 
c'est-à-dire  ceux  qui  ont  oublié  Dieu  et  ont  blasphémé  et  trans- 
gressé sa  parole  (11). 

1  flIpqlt'L  est  exactement  parallèle  à  l\i,mmu,Sîi  de  la  ligne  précédente; 
il  faut  lire  en  latin  in  Filium  Dei. 

(2)  ituLhtnLuih,  faute  évidente:  ce  mot,  addilamenlum,  aù?rj(rt;  a  été  transcrit 
de  la  ligne  précédente;  c'est  <('/"/";  qu'il  faut  lire  avec  le  latin  particeps , 
[ieTOXoç. 

(3  L'arménien  n'a  rien  qui  corresponde  à  l'ila  latin  que  Grabe  voulait  déjà 
supprimer:  on  lira  donc  simplement  et  diligentis. 

(4i  inSuinmatShiSi,  vérité,  est  suspect:  le  latin  cuni-ersalio  invite  à  lire 
iun_ujn/iîini.^iL}i  PbiL,  ni,  20,  Vulgate)  ou  puirpupun^mpnLppi.^,  [ibid.,  cité  dans 
Adv.  Heer.,  v,  13,  ■'•  . 

5    Juiui,  malis  et  non  ipsin  comme  écrivent  les  manuscrits  latine 

(6)  Hebr.,  x,  26,  31  w'ii^uiLui'Lh^ngb,  sur  le  verbe  uih^uiuiuipS,  voir  p.  161,  n.  4. 

(7>  M;ttt..  xxv,  41  :  allusion  à  ce  texte  dans  Justin,  Apologie,  xxvm.  1. 

(8)  Matt.,  xxv.  ::!4:  le  latin  écrit  tout  au  long  :  \enile,  benedicti  Patris  mei, 
percipile  hsereditalem  regni  quod prseparatum  est  vobis  in  sempilernum  ;  l'arménien 
traduit  un  texte  beaucoup  plus  court  ôeùis,  EÛXr'Yi)(iévot,  x).r,foyo,u.r,naTe  tt,v  y,toi- 
[iao(iévr)v  ùjj.rv  ftaoïXerèv. 

(9)  Percipienl,  profitaient,  meilleur  que  percipiunt,  profiriunt. 

(10)  nnp  luujnfci  LuiSn'L;  lat.  qui  salvantur. 

(11)  L'arménien  écrit  [simplement  apuAiliL,  sa  parole,  avec  une  minuscule; 
de  même  Massuet;  Harvev  écrit  transgressores  l'erbi. 

162; 

ORIENT    CHRÉTIEN.  10 


1-J6  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

3.  [Mass.  xxviii,  3]  Et  ils  ne  connaissent  pas  (1)  leurs  propres 
[opinions]  que  nous  avons  dites  plus  haut  et  ils  se  font  accusa- 
teurs contre  le  Seigneur  en  qui  ils  disent  croire;  car  ce  qu'ils 
blâment  et  censurent  [en  Dieu],  sur  ce  qu'alors  il  jugea  tem- 
porairement par  sa  parole  les  incrédules  (2)  et  châtia  les 
Égyptiens  et  sauva  ceux  qui  [lui]  obéissaient,  [tout  cela]  n'en 
remonte  pas  moins  au  Seigneur  qui  juge  pour  l'éternité  ceux 
qu'il  condamne  et  perd  pour  l'éternité  ceux  qu'il  perd  (3),  et  il 
s'est  trouvé,  selon  leur  parole,  la  cause  du  plus  grand  péché, 
[du  péché]  de  ceux  qui  mirent  la  main  sur  lui  et  le  bles- 
sèrent, car  s'il  n'était  pas  venu  ainsi,  eux  non  plus  n'au- 
raient pas  été  déicides  (4),  et  s'il  n'avait  pas  envoyé  des  pro- 
phètes vers  eux,  ils  ne  les  auraient  pas  tués,  et  de  même  les 
apôtres.  Donc  à  ceux  qui  nous  blâment  [104v]  et  [nous]  critiquent 
et  disent  :  «  Si  les  Égyptiens  n'avaient  pas  subi  le  châtiment 
des  plaies,  et,  dans  leur  poursuite  des  Israélites,  n'avaient  pas 
été  noyés  dans  la  mer,  Dieu  n'aurait  pu  sauver  son  peuple [?]  », 
[ceci]  s'opposera,  [â  savoir]  que  :  «  S'il  n'était  pas  arrivé  que  les 
Juifs  fussent  déicides  (ce  qui  leur  retira  la  vie  éternelle)  et 
eussent  tué  les  apôtres  et  persécuté  l'Église,  et  fussent  tombés 
dans  l'abîme  de  la  colère,  nous  ne  pourrions  pas  être  sauvés  ». 
Car,  comme  eux  par  [celui]  des  Égyptiens,  de  même  nous  avons 
reçu  le  salut  de  l'aveuglement  des  Juifs;  car,  si  la  mort  du 
Seigneur  est  la  condamnation  de  ceux  qui  l'ont  crucifié  et  n'ont 


(1)  m  n/iiiuiiii/i1i,  oc  gitacin,  ils  ne  connaissaient  /«/s;  le  latin  écrit,  avec  un 
ordre  de  nuits  différent,  exciderunt  sibi;  peut-être  faut-il  lire  en  arménien 
/iiiAmiif.iWili,  koeopecin.  de  LnSnuikS,  rare,  qui  traduit  èxx<Î7it<i>  dans  Rom., 
m.  22? 

(2)  uiiiÇuiLiuLuïi,  littér.  ceux  qui  n'adhéraient  pas;  cf.  p.  161,  n.  I;  lat.  incredulos. 

(3)  (mi  |iiiit1uiifiiu)i  /iii/i/iLiiinïit  i/nnii  /jiijiiiLiuiiîit  ;  le  latin  écrit  in  sempi- 
(ernum  dimillenlem  eus  '/uns  dimiUil;  l'un  et  l'autre  l'ont  écho  au  ■KopvJtiyfts. 
dm'  =[jlo-j  (Matt.,  xxv,  11)  que  nous  venons  de  lire;  mais  le  latin  semble  avoir  lu 
àitoXO^avTot  ou;  àitoX-jet  (cf.  Matt..  xv,  32  et  Act.,  xix.  -lu  où,  dans  la  Vulgatè  latine, 
iliimltere  traduit  àiroXûuat,  congédier  la  foule),  tandis  que  l'arménien  traduit 
iTio'/îaavTa  où:  àjiôXXviri  ( cf .  .Matt..  xxi,  11  où  le  futur  àitoXéuEi  est  traduit  dans  la 
Vulgate  arménienne  par  /in/nu  mi/,,  futur  du  même  verbe  bnnnLuuiïikS  employé 
ici).  Cette  seconde  lecture  est  la  plus  probable;  en  ce  cas  il  faudrait,  en  latin, 
substituer  »»  sempilernum  perdenlem  eos  quos  perdit 

(1)  uifimiiiiiiiiiiV  exact,  le  latin  ûomini  interfeclores. 

[1631 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVBRSUS  HjERESBS.  117 

pas  cru  en  sa  venue,  elle  est  aussi  le  salut  de  ceux  qui  ont  cru 
en  lui.  Mais  l'Apôtre  dit  dans  sa  deuxième  aux  Corinthiens  : 
«  Nous  sommes  à  Dieu  l'odeur  de  suavité  du  Christ  en  ceux 
qui  sont  sauvés  eten  ceux  qui  périssent  :  aux  uns  une  odeur  de  la 
mort  pour  la  mort,  aux  autres  uneodeur  de  la  vie  pour  la  vie  »  (1), 
Mais  à  qui  est  V  odeur  de  mort  pour  la  mort?  A  ceux  qui  ne 
croient  pas  et  ne  sont  pas  soumis  au  Verbe  de  Dieu,  car  certains 
alors  (2)  se  livraient  eux-mêmes  à  la  mort  qui  de  même  ne 
croyaient  pas  et  n'obéissaient  pas  à  Dieu  (3).  Et  qui  étaient  au 
contraire  ceux  qui  étaient  sauvés  et  recevaient  l'héritage?  Ceux 
qui  croyaient  en  Dieu  et  gardaient  intact  leur  amour  pour  lui, 
comme  I05r]  Caleb,  [filsj  de  Jéphoné,  et  Jésus,  [fds]  de  Navé(4), 
et  les  enfants  innocents  qui  ne  disaient  ^rien  de]  contraire  à 
Dieu  et  ne  recevaient  pas  de  sentiment  (5)  de  malice.  Et  qui 
sont  ceux  qui  ici  se  sauvent  et  reçoivent  la  vie  (0)"?  [Ne  sontj-ce 
pas  ceux  qui  aiment  Dieu  et  croient  en  sa  promesse  et  sont 
enfants  par  la  malice'?  7  . 


li  II  Cor.,  ii,  15-16.  Le  verset  Iô  est  le  même  dans  le  latin  et  l'arménien 
<r.:  XptTroû  îOwoia  îr7[xèv  tù  Oîoj  êv  toi;  <7ct>*ou;V9!;  xai  èv  toî;  a7ro).>uaivoi;  (noter  la 
traduction  de  ce  dernier  mot  par  LnnnLubtuiu).  l.e  ver.-et  1(1  diffère  dans  les 
deux  textes;  l'arménien  suppose  ol;  (/.£•/  6-|r/)  èx  8avâto-j  tU  Sâvatov,  ol;  S:  ospi  I» 
Çorij;  ;';  W,v  avec  les  gran  Is  manuscrits  grecs  et  des  cita! ions  anciennes  de 
Clément  d'Alexandrie  et  Origène;  le  latin  supprime  les  deux  èx,  comme  le  font 
d'ailleurs  tmis  1rs  témoins  latins  du  Nouveau  Testament  :  quibusdam  quidem  odor 
mortis  in  morlem,  quibusdam  vero  odor  vilse  in  oilam.  Etant  donnée  l'extrême 
proximité  des  manuscrits  grecs  de  saint  Irénée  utilisés  parles  deux  traducteurs, 
il  est  probable  que  1»'  traducteur  latin  a  introduit  cette  variante  sous  l'inlluence 
d'un  texte  déjà  existant. 

(2)  iiuiliéiuS,  en  latin  lum:,  et  le  verbe  au  passé  nou^  ramènent  à  l'Ancien 
Tesl  unent  :  ceux  qui  alors  n'obéissaient  pas  à  Dieu  et  ont  péri  étaient  le  type 
de  ceux  qui  aujourd'hui  ne  sont  pas  soumis  au  Verbe  de  Dieu  :  comme  eux, 
ils  périront. 

3  La  phrase  est  un  peu  différente  dans  le  1  ttin  et  l'arménien;  le  latin  a  lu 
l'interrogatif -.{•/;;  avec  le  verbe  au  présent;  l'arménien  a  lu  l'indéfini  tiv£;  avec 
le  verbe  au  passé;  cette  seconde  lecture  est  plus  logique  él  mt  donné  le  lune  du 
début  de  la  phrase:  en  outre  elle  amorce  la  comparaison  que  les  phrases 
suivantes  vont  développer. 

(4)  Nombr.,  xiv,  30. 

(5    SmuihnLBhiii,   ÈvBûiiiQCTiç  OU  =v.o:a  (cf.  p.  67,  n.  1)? 

(6)  Supprimer  le  latin  xternam  avec  VArundt  lianus. 

(7)  1  Coi.,  xiv,  20. 

164 


1  1S  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

XLV 

1.  [Mass.  xxix,  1]  Mais  Dieu  a  endurci,  disent-ils  (1),  le  cœur 
de  Pharaon  et  de  ses  serviteurs;  mais  pourquoi  ne  lisent-ils 
pas,  ceux  qui  font  de  ces  choses  une  accusation,  [pourquoi  ne 
lisent-ils  pas]  l'Évangile  où,  aux  disciples  qui  disent  au 
Seigneur  :  «  Pourquoi  [est-ce]  en  paraboles  [que]  tu  leur 
parles  »?  (2)  le  Seigneur  répondit  :  «  Parce  que,  à  vous,  il  a  été 
donné  de  connaître  les  mystères  (3)  du  royaume  des  cieux  ; 
mais,  avec  eux,  il  leur  est  (4)  parlé  en  paraboles,  [afin]  que, 
voyant,  ils  ne  voient  pas,  et,  entendant,  ils  n'entendent  pas, 
[afin]  que  soit  accomplie  sur  eux  la  prophétie  d'Isaie  disant  : 
[II]  a  épaissi  (5)  le  cœur  de  ce  peuple,  et  ses  oreilles,  il  [les]  a 
bouchées,  et  leurs  yeux,  il  les  a  appesantis.  Mais  heureux  vos 
yeux  parce  qu'ils  voient  ce  que  vous  voyez  et  vos  oreilles  parce 
qu'elles  entendent  ce  que  vous  entendez  ».  Seul  et  même  est  le 
Seigneur  qui,  à  ceux  qui  ne  croient  pas,  mais  le  renient  et  mé- 
prisent, a  donné  l'aveuglement  (6)  —  comme  le  soleil,  sa  créa- 
ture, àceux  qui,  àcausede  la  faiblesse  maladive  de  leurs  yeux,  ne 
peuvent  pas  regarder  sa  lumière  —  mais,  à  ceux  qui  croient  [en 
lui]  et  le  suivent,  donne  plus  pleine  et  plus  grande  l'illumina- 
tion de  l'esprit  (7)  [105v].  Et,  selon  cette  parole  (S),  l'Apôtre  dit 
dans  sa  deuxième  aux  Corinthiens  :  «  En  eux  Dieu  a  enténébré 
l'intelligence  (9)  des  infidèles  afin  que  ne  brille  point  pour  eux 


(1)  Lire  évidemment  uiutiL  ïmgiu  au  lieu  de  mut  nfmuw  qui  n'a  pas  de  sens, 

(2)  Malt.,  xm,  10  et  sqq. 

(3)  tunnÇnLnnu,  mysleria  plutôt  que  mysterium. 

(1)  fuuiLubuii  i/iîi/i,  il  est  parlé  ou  il  sera  parlé;  cette  leçon  ne  figure  ni  dans 
nos  manuscrits  grecs  ni  dans  les  traductions  du  Nouveau  Testament,  ni  dans  la 
traduction  latine  d'Irénée;  il  faut  probablement  lire  iuiuiuiuii  i/it/iù",  formule 
périphrastique  pour  jim,,  ufciî,  loquor,  XaXû. 

(5)  Incrassavil,  ubturavit,  excœcavil;  la  citation  est  extraite  d'Isaïe,  vi,  9  et  sqq. 

(6)  Lire  évidemment,  comme  plus  haut  /(„i  ,,„,  il/n  u  :  le  mot  sera  correctement 
orthographié  un  peu  plus  bas. 

(7)  SUtng,  mens,  voùç  ou  êwoia;  cf.  p.  52,  n.  7  et  plus  bas  n.  9. 

(8)  Il  faut  évidemment  lire  puîi/i  avec  une  minuscule;  lat.  secundum  hune 
igilur  sermonem. 

(9)  II  Cor.,  iv,    1  (mÏuj.ji/!   traduit  ici   v6ï)(ia;  le  latin  écrit  encore   mens.  La 

[165J 


SAINT    [RENÉE   :    ADVERSVS  HJERESES.  119 

la  lumière  de  l'Évangile  de  la  gloire  du  Christ  »'.  Et  derechef 
aux  Romains  :  «  Et  selon  qu'ils  n'ont  pas  tenté  de  posséder 
Dieu  par  la  connaissance.  Dieu  les  a  livrés  à  leurs  sens(l) 
pervers  [pour]  faire  ce  qui  n'est  pas  digne  ».  Et  dans  la 
deuxième  aux  Thessaloniciens,  au  sujet  de  l'Antéchrist (2  .  il 
dit  :  «  .Manifestement,  dit-il,  et  à  cause  de  cela,  Dieu  leur  envoie 
une  puissance  (3)  d'erreur,  pour  les  faire]  croire  aux  men- 
songes, [afin]  que  soient  condamnés  tous  ceux  qui  n'ont  pas  cru 
à  la  vérité,  mais  se  complaisent  avec  l'injustice  ». 

•2.  Mass.  xxix,  i  Si  donc  maintenant,  [Dieu]  connaît  aussi 
tous  ceux  qui  ne  doivent  pas  croire,  Dieu  qui  sait  toutes  choses 
à  l'avance,  et  [s'il]  les  livre  à  leur  incrédulité  et  détourne  sa  face 
de  telles  gens,  les  abandonnant  à  la  ténèbre  qu'ils  ont  désirée, 
qu'y-a-il  d'étonnant  qu'alors,  ceux  qui  ne  devaient  pas  croire, 
Pharaon  avec  ceux  qui  étaient  avec  lui,  il  lésait  livrés  à  la  main 
de  leur  propre  incrédulité,  selon  que  le  Verbe  dit  du  buisson  à 
Moïse  :  «  Moi,  je  sais  que  [106r]  Pharaon,  roi  d'Egypte,  ne  vous 
laissera  pas  aller,  sinon  [contraint;  par  une  main  puissante (  1)  ». 
Et,  pour  cette  raison,  le  Seigneur  parlait  en  paraboles  et  opérait 
l'aveuglement  d'Israël:  pour  cette  même  raison,  il  endurcissait 
Pharaon,  afin  que,  voyant  que  c'était  le  doigt  de  Dieu  qui  tirait 
le  peuple  [d'Egypte ]  (5),  il  ne  crût  pas,  mais  fut  enseveli  dans 
la  mer  de  l'incrédulité,  s'étant  imaginé  que  leur  sortie  avait  eu 


Vulgate  arménienne  traduit  généralement  vor,iia  par  SUmo  (II  Cor.,  m,  14;  x,  5; 
xi,  3:  PhiL,  iv.  7);  on  trouve  aussi  ufcu,  (II.  Cor.,  îv,  4).  L'arménien  omet  ici 
les  mots  toO  atûvoç  to-Jtou.  sœculi  hujas,  qui  figurent  dans  notre  texte  latin. 

(1)  Kom.,  i,  28;  noter  ici  encore,  tant  dans  notre  texte  que  dans  la  Vulgate.  la 
traduction  de  vo-j;  par  iV/un,, 

(2)  î/kn_ïi,  nern,  traduit  àv-ri/pi-r-ro;  dans  le  Nouveau  Testament  il  Io.,  n,  18.25; 
iv,  :!:  II  Io..  7). 

(31  II  Thess.,  n,  10-11.  Le  grec  écrit  ici  Èvéoyeia  que  la  Vulgate  et  notre  texte 
latin  traduisent  par  operatlo;  la  Vulgate  arménienne  le  traduit  par  ju^nijnL/S/iLf. 
(Eph.,  i,  19:  m,  7:  Col.,  i,  29),  par  ui^tgni./3/,Lï,  (Eph.,  iv,  16;  Col.,  n,  12: 
II  Thess.,  n,  9,  11)  et  aussi  ijiuLf.nL/?/iLÏi  (PhiL.  m,  7);  c'est  ce  dernier  mot 
qu'emploie  le  traducteur  de  saint  Iivnée. 

i  li  Ex.,  ni.  19. 

(5)  Le  mot  à  mot  est  rigoureusement  conforme  au  latin  quoniam  digilus  Dei 
est  qui  educit  populum,  alors  que  tous  les  autres  verbes  sont  au  passé. 

[166 


150  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

lieu  au  moyen  d'influences  magiques  et  que  la  mer  Rouge 
n'avait  pas  offert  son  passage  au  peuple  [juif]  par  la  puissance 
de  Dieu,  mais  que  ces  choses  s'étaient  passées  ainsi  naturel- 
lement. 

XL  VI 

1.  [Mass.  xxx,  1]  Ceux  qui  blâment  et  accusent  de  ce  que, 
à  sa  sortie  (1),  le  peuple,  selon  l'ordre  de  Dieu,  ayant  pris 
aux  Égyptiens  des  vases  en  grand  nombre  et  des  vêtements, 
s'en  alla,  [les]  emportant  [hors  du  pays  pour]  en  orner  le 
tabernacle  dans  le  désert,  ceux-là  ne  savent  pas  la  justice 
de  Dieu  et  ses  économies,  et  ils  se  font  leurs  propres  accu- 
sateurs, disait  le  presbytre  (2);  car  si,  dans  une  sortie  typique, 
Dieu  [n'javait  [pas]  (3)  consenti  que  ces  choses  fussent,  dans 
notre  vraie  sortie  de  la  terre  qui  est  la  foi  par  laquelle  nous 
sommes  sortis  des  gentils  en  une  [unité]  (  1),  personne  ne 
pourrait  être  sauvé.  Car  nous  tous,  soit  grande,  soit  petite, 
[notre]  fortune  [nous]  suit,  que  nous  avons  acquise  par  le 
Mammon  d'iniquité  (5);  car,  d'où  viennent  les  maisons  où 
nous  habitons  [106  v]  et  les  vêtements  que  nous  portons  et  les 
vases  dont  nous  usons  pour  notre  utilité  et  tout  ce  service 
[qui  répond]  aux  besoins  quotidiens  de  notre  vie,  sinon  de  ces 
choses  que,  quand  nous  étions  païens,  nous  avons  acquises 
par  notre  avarice  et  cupidité  ou  que  nous  avons  acquises  de 
gentils,  père  et  mère  ou  parents  ou  amis,  par  leur  cupidité"? 
—  [c'est]  d'eux  [que]  nous  [les]  avons  reçues,  afin  que  nous  ne 
[puissions]  pas  dire   que  nous  les  acquérons  maintenant  que 


(1)  ifriuii,  ii  sa  sortie,  ou  peut-être  dans  l'Exode,  le  latin  écrit  profeclurus; 
allusion  à  Exode,  xi.  2  et  xn,  35-36. 

(2)  .,,,,!,,  bhnnililt)i  ;  le  latin  écrit  sicul  et presbyter  dicebal,  ce  qui  confirme  la 
leçon  lue  plus  haut,  p.  161   n.  3. 

(3)  Le  texie  arménien  est  incompréhensible  si  on  n'ajoute  pas  ici,  avec  le 
latin,  la  négation  m. 

(1)  Le  latin  et  l'arménien  ne  sont  pas  d'accord;  le  latin  écrit  liodie  in  vent 
noslra  profeclione,  "I  est  in  fi.de  in  </""  sumus  conslituli,  per  quam  de  numéro 
gentilium  exempli  sumus,  nemo  paierai  salvari;  l'arménien  supprime  hodie  et 
in  qua  sumus  conslituti;  mais  il  ajoute  in  uniim. 

(5)  Lue.  xvi,  9. 

[167] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVBRSUS  HjERESES.  151 

nous  sommes  dans  la  foi;  car  qui,  en  vendant,  ne  veut 
tirer  profit  de  l'acheteur?  Et  qui,  en  achetant,  ne  veut  pro- 
fiter du  marchand?  Qui  donc,  étant  commerçant,  ne  fait  pas 
le  commerce  (1)  sinon  dans  le  but  de  s'en  nourrir"?  Et 
même  les  fidèles  qui  sont  dans  les  palais  royaux,  ne  tiennent- 
ils  pas  des  gens  de  César  [ce  qui  est  nécessaire]  pour  leur 
usage"?  Et,  à  ceux  qui  n'ont  pas  (2),  chacun  d'entre  eux 
offre  selon  ses  moyens.  Car  les  Égyptiens  étaient,  vis-à-vis 
du  peuple  [juif,  débiteurs,  non  seulement  de  leurs  biens 
de  fortune,  mais  encore  de  leurs  vies,  à  cause  de  la  bonté 
qui  jadis  fut  à  leur  égard  dans  le  patriarche  Joseph;  mais, 
pour  nous,  de  quoi  nous  sont  débiteurs  les  païens  de  qui 
nous  recevons  le  profit  et  l'utile?  Ex  tout  ce  qu'eux  ac- 
quièrent par  la  tempête  (3)  des  maux  en  supportant  les 
souffrances  107  r],  de  ces  choses-là,  nous  qui  sommes  dans 
la  foi,  nous  usons  sans   fatigue  ni    peine. 

•2.  [Mass.  xxx,  2]  Et  le  peuple  servait  (4),  d'une  servitude 
très  dure,  les  Égyptiens,  ainsi  que  dit  l'Écriture  :  «  Et  les 
Égyptiens  opprimèrent  les  enfants  d'Israël  et  firent  souffrir 
leurs  vies  dans  des  ouvrages  pénibles  d'argile  et  de  briques 
et  tous  ouvrages  qu'ils  "accomplissaient]  à  la  campagne,  en 
tous  [ces]  ouvrages  par  lesiuels  ils  les  servaient  (5)  par 
violence  ».  Et  ils  leur  construisirent  des  villes  fortifiées  en 
travaillant  beaucoup  et  ils  accrurent  leur  fortune  pendant 
de  nombreuses  années  par  une  servitude  multiple.  Et  eux 
non  seulement  étaient  ingrats  (6)  à  leur  égard,  mais  encore 
ils    voulaient    les    détruire    et    massacrer  tous.   Qu'y    a-t-il 


(l.l  Le   traducteur  joue  sur  les  sens   de  ce  mot  tluiSunnuliuAi,   employé    ici 
et  qui  signifie  à  la  fois  marchand  et  vendant. 

(2)  Lire  évidemment  uifiinnUli. 

(3)  Lire  évidemment  JinjSnnliSuiSn. 

1  Lire  évidemment  biun.uijl;n,  rien  en  arménien  ne  correspond  aux  mots 
adhuc  ou  ad  hoc  placés  en  tête  de  la  phrase  par  les  manuscrits  et  les  éditeurs 
latins. 

(5)  Ex.,  i,   13-14  àujn_uijfegfiîi  linjm,  seroiebant   eis  (sujet   :  les  fils  d'Israël);  le 
latin  écrit  eos  deprimebanl  (sujet  :  les  Égyptiens):  peut-être  faut-il  lire  en  ai  un  - 

nien  du/rLUiitanLnnli   nlinuul   OU   àtulinuirtuiu    tnuun  . 

(6)  Encore  un  pléonasme  iuuimilinn*Jp...  L.  wuib  nui  lump  pour  ingrali. 

[168] 


152  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

d'injuste  si,  de  ces  nombreux  travaux,  ils  prirent  peu  et  si,  eux 
qui  devaient  avoir  pour  eux-mêmes  une  grande  fortune  —  s'ils 
ne  les  avaient  pas  servis,  ils  seraient  partis  riches  (1)  —  ils 
prirent  une  petite  récompense  pour  de  grands  services  et  s'en 
allèrent  pauvres?  [C'est  tout]  comme  si  un  homme  libre, 
contraint  par  un  autre  par  la  force  et  l'ayant  servi  pendant 
de  nombreuses  années  et  ayant  augmenté  sa  fortune,  obte- 
nait ensuite  une  aide  pour  avoir  un  petit  quelque  chose  de 
[ce  qui  est]  sien  [107  y];  mais  en  vérité,  pour  ses  nombreux 
travaux  et  son  grand  gain,  il  partirait  emportant  peu  de 
chose,  et  [celui]  qui  le  blâmerait  en  cela  de  ne  pas  avoir 
agi  de  façon  droite  serait  lui-même  un  injuste  juge  de  celui 
qui,  ayant  servi  par  contrainte,  a  été  pauvre.  Ainsi  sont 
ces  gens-là;  car,  contre  le  peuple  [juif],  de  ce  que,  pour 
tant  d'efforts  et  de  peines,  il  a  pris  un  peu  pour  lui,  ils 
portent  une  accusation,  mais  ils  n'accusent  pas  contre  eux- 
mêmes  les  dons  faits  par  les  parents  infidèles,  et,  ne  les 
ayant  pas  servis  par  force  (2),  ils  reçoivent  d'eux  la  plus 
grande  aide;  et  ils  traitent  d'injustes  ceux  qui  ont  reçu  d'eux 
quelques  vases  non  marqués  d'or  et  d'argent,  pour  leurs 
propres  travaux  (3),  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  mais, 
que  eux-mêmes  —  car  ils  trouveront  (4)  la  vérité  bien  que 
[cela]  paraisse  faire  rire  quelques-uns  —  pour  les  travaux 
des  autres,  portent  dans  leur  ceinture  de  l'or,  de  l'argent  et 
du  cuivre  marqué  et  frappé  de  l'image  et  effigie  de  César, 
ils  pensent  que  c'est  agir  justement. 

3.  [Mass.  xxx,  3J  S'il  y  avait  pourtant  une  comparaison 
entre  eux  et  nous,  qui  paraîtraient  les  plus  justes?  le  peuple 
Ijuif]   qui   avait  pris    (5)    aux    Égyptiens   lesquels  étaient  en 

(1)  La  ponctuation  du  texte  imprimé  n'a  pas  de  sens;  il  faut  mettre  la  vir- 
gule après,  et  non  avant  h  nwn  nLi. 

(2)  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  n«  nnJinLpbujSp  btun-uijhm^  ïinijiu,  meilleur 
que  le  latin  in  gravissimam  servilulem  redigenles. 

(3)  /iLntiulin  i/iuiiinui/inoL  confirme  la  leçon  de  suis  laboribus  de  VArunde- 
lianus,  tandis  que  ces  mots  sont  omis  par  le Ctaromonl.,  Massuet  et  Stieren. 

(4)  nunytTi  qui  suppose  t<ifi)ixa\,  ou,  si  on  lit  nui/iTi,  eipifaavio,  tandis  que  le 
latin  écrit  dicelur,  primerai  un  mot  analogue;  c'est  à  une  confusion  de  ce 
genre  que  nous  avons  à  faire  encore  qu'il  soit  difficile  de  préciser. 

(5)  Telle  est  la  ponctuation  du  texte  imprimé   et  elle  n'est  pas  impossible; 

[169] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  BjERESES.  153 

tout  leurs  débiteurs  [108 r]  ou  nous  [qui  avons  pris]  aux 
Romains  et  encore  à  d'autres  peuples  sur  lesquels  il  n'y  a 
pour  nous  aucune  dette  semblable?  Et  le  monde  demeure  en 
paix  grâce  à  eux  [afin]  que  (1)  nous  puissions  sans  crainte 
suivre  les  routes  et  naviguer  partout,  car  [c'est]  à  de  telles 
[gens]  que  convient,  [c'est  eux]  que  fera  rougir  la  parole  (2) 
du  Seigneur  :  «  Hypocrite,  ôte  d'abord  la  poutre  de  ton  œil 
et  alors  tu  verras  à  ôter  le  fétu  (3)  de  l'œil  de  ton  frère  ». 
Car  celui  qui  parle  contre  toi  et  se  vante  de  la  Gnose  et, 
faisant  le  fier,  se  sépare  de  la  compagnie  des  gentils,  s'il  ne 
[garde]  pour  lui  rien  [qui  soit]  aux  autres  et  marche  dans 
les  montagnes  nu,  sans  chaussures,  sans  maison  comme 
quelque  bête  sauvage  herbivore,  peut-être  sera-t-il  digne  de 
pardon  parce  qu'il  ne  connaît  pas  les  nécessités  de  notre 
vie.  Mais  si,  de  toutes  ces  [choses]  qu'il  disait  être  à  des 
étrangers  (4),  il  reçoit  et  accuse  leur  ligure,  il  se  présente 
lui-même  de  nouveau  [comme]  très  injuste,  l'accusation  se 
retourne  contre  lui,  car  il  se  trouvera  porter  sur  lui-même  les 
choses  des  autres  et  désirer  ce  qui  n'est  pas  à  lui;  et  c'est 
pourquoi  le  Seigneur  dit  :  «  Ne  jugez  pas  afin  que  vous  ne 
soyez  pas  jugés  vous-[mèmes]  »  (.">).  Non  que  nous  ne  discer- 
nerons pas  les  pécheurs  ni  que  nous  serons  complaisants  à  ceux 
qui  sont  mauvais,  mais  nous  ne  jugerons  (6)  pas  injustement 
les  économies  de  Dieu  [lOSvj;  car  celui-ci  a  prévu  (7)  toutes 


mais  il  suffit  de  placer  après  luubtu,  la  virgule  qui  précède  ce  mot  pour 
retrouver  exactement  le  latin  qui  justius  apparebunt  accepisse?  ulrumne  popu- 
lus,  etc.). 

(1)  Exact,  per  eos  (£  <Jfen_fc  "Lngui)  ut  (nf,  ;  la  traduction  latine  écrit  et)  nos  sine 
timoré  etc. 

(2)  j.m'/i'/i  avec  une   minuscule  dat.  sermo)  et  non  une  majuscule  comme  le 
porte,  évidemment  à  tort,  le  texte  imprimé. 

(3)  Matt.,  vm,  5. 

(4)  Litt.  omnibus  (Arundel.  et   non  hominibus  comme  les  autres  manuscrits  et 
les  éditeurs)  qux  dicebat  alienorum  esse  participalur. 

(5)  Matt.,  vu,    I;  la  suite  de  la  citation  in  quo  enim  judicio  ju licabitis  judica 
bilur  île  vobis  est  rapportée  par  le  texte  latin,  non  par  le  texte  arménien. 

(6)  Lire  évidemment  avec  le  latin  nminkaanLo,  judici  mus,  et  non  nfiuiuiuqntn' 
cognoscemus  qui  n'a  pas  de  sens  ici. 

(/  )  juin_mCuji|njîi  mu^uiLnpbiui  hj,  exact,  posé  à  l'avance  le  type  de  toutes  choses, 

[170] 


154  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

choses  en  équité.  Parce  qu'il  savait  que  nous  devions,  avec 
notre  fortune  que  nous  possédons,  l'ayant  reçue  des  autres, 
faire  le  bien,  car  «  qui  a,  dit-il,  deux  tuniques,  donnera  à 
celui  qui  n'[en]  a  pas,  et  qui  a  de  la  nourriture  fera  de 
même  »  (1)  et  «  j'avais  faim  et  vous  m'avez  donné  [à]  manger, 
et  [j'étais]  nu  et  vous  m'avez  habillé  »  (2)  et  «lorsque  tu  feras  (3) 
miséricorde,  que  ta  main  gauche  ne  sache  pas  ce  que  fait 
ta  [main]  droite,  »  et  en  faisant  d'autres  choses  encore  —  tout 
ce  qui  [est]   bien  nous    sommes   justifiés,    donnant  nos 

[biens]  comme  par  des  biens  étrangers  [et  d'autres]. 

[Mass.  xxx,  4]  D'autres,  [dis-je],  non  que  ce  monde 
soit  étranger  à  Dieu,  mais  que  nous  possédons  de  tels  ac- 
croissements (4)  [pour]  les  avoir  reçus  d'étrangers  qui,  comme 
les  Égyptiens,  ne  connaissent  pas  Dieu;  et,  par  eux,  nous 
dressons  et  érigeons  (5)  en  nous-mêmes  le  tabernacle  de  Dieu, 
car,  en  ceux  qui  font  le  bien,  Dieu  habite,  comme  le 
Seigneur  dit  :  «  Faites-vous  des  amis  avec  le  Mammon 
d'iniquité  pour  que,  quand  vous  serez  trépassés,  (6),  ils 
vous  reçoivent  dans  les  tentes  éternelles  ».  Car  [nous]  tous 
qui  avons  éié  païens  et  avons  profité  de  l'iniquité,  [maintenant] 
que  nous  avons  cru,  en  réglant  et  dépensant  ces  [biens] 
pour  les  besoins  du  Seigneur,  nous  sommes  justifiés.  Donc 
nécessairement,  ces  choses  étaient  exercées  et  accoutumées  en 
figure  [109  r]  et  le  tabernacle  de  Dieu  était  fait  (7)  d'elles  ;  [c'est] 
à  juste  titre  qu'[ilsj   les  avaient  prises,  selon  que  nous  avons 

plus  l'or!  que  le  latin  profulura  providerit  :  peut-être  t'aut-il  lire  profiguraveril 
qui  correspond  bien  à  l'arménien. 

(1)  Luc.  m,  11. 

(2)  .Malt.,  xxv.  35-36. 

(3)  Matt  ,  vi,  3;  l'arménien  écrit  ici  faciès  (lat.  facis). 

(I)  uiASni.hu,  acmowns,  assez  difficiles  à  expliquer;  le  latin  écrit  mieux 
dationes,  56<r£i;;  peut-être  le  traducteur  arménien  aura-t-il  lu  eùSoxioç  qui  se 
traduil  ÇuiÛulBUluu,  hacowliwns  (Cf.  p.  3'2.  n.  4  et  p.  39,  n.  8),  exactement 
homonyme  du  texte  sauf  le  <J,  h,  initial. 

(5)  Lire  évidemment  UuAitAikSn;  junpuiîi,  labernaculum,  grec  ou.vvi;  cf.  p.  103, 
n.  4  et  note  suivante. 

6)  Luc,  xvi,  '.i:  iiin/ufciiO/ip,  phoxesjikh,  vous  serez  trépassés;  le  latin  écrit 
fugali  fuerilis;  le  grec  sous-jacent  est-il  èxàiotitê?  Sur  hinnuAi,  n/.-qi-n.  voir  n.  ô. 

(?)  jiiijiigiuîi/^  /jiiniiî/ii_n,  ix  /lis  fabricabalur  (lat.  fabricatur). 

[171] 


SAINT    IRÉNKE    :    ADYERSUS  H.ERESES,  155 

montré,  et   nous  avons  été  révélés  d'avance    en  eux,    Tnous] 
qui.  avec  des  biens  étrangers,  devions  rendre  un  culte  à  Dieu. 

XLVII 

Car  tout  ce  que  sa  sortie  d'Egypte  [fut]  pour  le  peuple 
juif]  a]  été  Tait  par  Dieu  [comme"  type  et  image  de  la 
sortie  [du  monde]  des  Gentils  par  l'Église,  c'est  pourquoi,  à 
la  fin,  il  sort  (1)  de  là  et  va  à  son  héritage  que,  non 
pas  Moïse,  serviteur  (2)  de  Dieu,  mais  Jésus,  fils  de  Dieu, 
désignait  et  donnait  (3)  en  héritage.  Si  quelqu'un  examine 
soigneusement  ce  qui  est  dit  dans  les  prophètes  au  sujet 
de  la  fin  et  tout  ce  que  Jean,  le  disciple  du  Seigneur  (4), 
voyait  dans  l'Apocalypse,  il  trouvera  que  ces  plaies,  les 
Gentils  les  y  reçoivent  dans  leur  universalité,  qu'alors  en 
particulier  l'Egypte  avait    reçues. 

Mass.  xxxi,  1  Racontant  de  telles  choses  au  sujet  des 
anciens,  le  presbytre  nous  réjouissait  et  disait  :  Au  sujet 
de  ces  choses  que  les  Écritures  elles-mêmes  réprimandent 
et  frappent  |chez]  les  patriarches  et  les  prophètes,  chutes 
par  prévarications  (5),  nous  ne  devons  pas,  nous  (6),  railler 
et  plaisanter  et  devenir   semblables  à  Cham  qui  railla  l'in- 

1 1  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  kituLbini,  elaneloy;  le  latin  écrit  ici  educens 
qui  correspondrait  à  l'arménien  yuU,in(,  haneloy;  on  peut  conjecturer  que  cette 
leçon  est  primitive  et  celle  que  nous  lisons  maintenant  s'y  est  facilement  subs- 
tituée :  le  sens  de  l'arménien  est  alors  identique  à  celui  du  latin  :  educens  eam 
hinr  in  suam  hœredilalem. 

.'  iNuin_ui(ïi  signifie  à  la  fois  servus  et  famulus  :  c'est  ce  dernier  mot  que  le 
latin  emploie  ici. 

(3)  </uin-uiîiofenntDuj}itn,  in  hseredilalem  dabat,  est  un  imparfait;  il  est  mal- 
heureusement le  seul  verbe  de  la  phrase  arménienne  qui  soit  employé  à  un 
mode  temporel,  les  autres  étant  des  participes.  Le  dabit  des  manuscrits  luins 
semble  correspondre  à  une  interprétation  eschatologique  de  la  pensée  d'Irénée, 
interprétation  nullement  nécessaire. 

(4)  iwiiulihninîi  Skuin.1t,  discipulus  Domini,  c'est  de  cette  manière  que  saint 
[renée  qualifie  généralement  l'Apôtre  saint  Jean. 

(5)  nuiipSuiun  U  iiuunnLuihng  '.  peut-être  faut-il  substituer  à  la  préposition  /i 
par  la  conjonction  II,  et  :  nous  aurions  alors  ici  sur  simple  pléonasme  c/iutes 
et  prévarications  correspondant  au  latin  deliclis. 

(6)  ii£  t  ujiuiiui  L  uinjuiïi,  mot  à  mot  il  n'est  pus  nécessaire  ni  digne,  grec  Sîï, 
expression  fréquente  dans  notre  texte. 

[172] 


156  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN.. 

décence  de  son  père  et  tomba  sous  l'anathème,  mais  inous 
devons j  remercier  Dieu  pour  elles  parce  que,  par  [109 v]  la 
venue  de  Notre-Seigneur,  les  péchés  leur  ont  été  remis,  car 
il  disait  qu'ils  rendaient  grâces  et  se  réjouissaient  (l)de  notre 
salut.  Quant  aux  [fautes]  que  les  Écritures  ne  réprimandent 
pas,  mais  [qui]  sont  simplement  |ex] posées,  nous  [ne  devons] 
pas  être  des  ennemis  ou  des  accusateurs,  car  nous  ne  sommes 
pas  plus  attentifs  ni  zélés  que  Dieu  ni  ne  pouvons  être 
plus  que  le  maître,  mais  [nous  devons]  chercher  la  figure  (2), 
car  il  n'est  rien  de  vain  en  toutes  ces  choses  qui  sont  [ex]- 
posées   sans  accusation   dans  l'Écriture. 

XL  VIII 

Ainsi  [en  est-il]  au  sujet  de  Lot  qui  tira  ses  filles  de  Sodome 
et  elles  conçurent  des  fils  de  leur  père  (3),  et  qui  abandonna 
en  plein  champ  sa  femme  [devenue]  statue  de  sel  jusqu'à  ce  jour. 
Ce  n'est  pas  selon  son  désir  ni  selon  sa  volonté  ni  selon  la 
concupiscence  charnelle  (4)  ni  en  recevant  la  sensation  (5)  ni 
la  pensée  (G)  d'une  [telle]  œuvre,  [mais  Lot]  accomplissait  la 
figure  (7)  ainsi  que  dit  l'Ecriture  :  «  Et  l'aînée  entra  et  coucha 
avec  son  père  cette  nuit-là  et  Lot  ne  savait  rien  de  [son]  coucher 


(1)  nnyiiîmil    u_    ijfi&wi  ;    niiyiilmii  traduit  eûxaptOTSÎV   (Cf.   p.   100,   II.  8);  qîibiuiS 

traduit  iyiX>.iiw  (Matt.,  v,  12;  Lin-,  1,  17;  x,  21;  lo.,  v,  35;  Act..  h,  26;  Apoc. 
xix,  7)  en  concurrence  avec  mi/mu/ii  i/iîi/nï  (lo.,  vm,  56;  Act.,  xvi.  34;  I  Pétri,  i, 
6-8;  iv,  13);  de  même  iyaMuiK  est  traduit  par  iiÏi&iilO/ilÏi  (Luc.  i,  14:  Jude, 
il),  l'infinitif  nli&wj  (Luc,  i,  44)  et  in.nw/iinLf)/iLu  (Act.,  u.  46;  Hébr.,  i,9). 

(2)  muniui/uun,  typus,  probabl.  grec  tùtioc,  traduit  souvent  par  ui/iuj. 
Cf.  p.  70  n.  1;  Matt.,  x,  24;  Luc,  vi,  40. 

(3)  Gen.,  xix,  14  et  sqq. 

(4)  muu //hl/J/ilÏ/  et  concupiscenlia  traduisent  probablement  Èiri6u|i:a.  Cf.  p.  17, 
n.  2  et  p.  171,  n.  3. 

(5)  Lire  ijfjiniiiiiiii  j,)j,i'ii  ou  plutôt  nnuiim  J,(/n Ï,  qui,  avec  le  latin  sensus,  tra- 
duit Ta  l'.nbr.-zrfM  (Ailv.  Hxr.,  iv,  63,  1:  en  Hébr.,  v,  14  1e  même  mot  est  traduit 
par  Winiiii/iki/i»)   ou  aï<r8ï)oriç,  cf.  p.  111.  n.  6. 

(6)  ■  t-. -nVn  j,lj,,  'i,,  cogilalio,  Iwoiot  ou  èv9-J|jl»)!k;.  Cf.  p.  67,  n.  1. 

(7)  >/'/""f >"•/••<■/•>  lat.  typus,  grec  probable  tùho;,  cf.  n.  2;  le  latin  rcrit  con- 
summavit  lypum,  l'arménien  consummabalur  lypus;  rien  ne  correspond  dans 
l'arménien  au  sed  de  VA rundelianus  qui  semble  une  addition. 

[173] 


SAINT    [RENÉE   :    ADVERSï/S  H&RESES.  157 

ni  de  son]  lever  »:  et  ainsi  de  la  endette  :  «  il  ne  savait  rien 
de  son  coucher  ni  de  [son]  lever  »  (1).  Mais  (2)  par  l'homme 
qui  ne  savait  rien  el  n'agissait  pas  au  service  de  sa  concu- 
piscence (3),  l'économie  s'était  accomplie  par  laquelle  les  deux 
filles,  c'est-à-dire  les  deux  assemblées,  concevant  des  fils  (4)  d'un 
seul  fllOr]  et  même  père,  étaient  signifiées  (5)  sans  concu- 
piscence charnelle;  car  il  n'était  aucun  autre  ni  personne  qui 
pût  leur  donner  la  semence  vitale  et  la  fructification  de 
fils(6),  ainsi  qu'il  est  écrit  :  «  Et  l'aînée  dit  à  la  cadette:  Notre 
père  est  vieux  et  il  n'est  personne  sur  terre  qui  vienne  vers 
nous  comme  c'est  l'habitude  (7)  sur  toute  la  terre.  Viens  et  taisons 
boire  à  notre  père  du  vin  et  dormons  avec  lui  et  suscitons  à 
notre  père  une  postérité  ». 

[Mass.  xxix,  2].  Car  elles,  dans  leur  naïve  simplicité,  s'ima- 
ginaient tous  les  hommes  en  général  livrés  à  la  perdition 
comme  les  Sodomites  [etj  la  colère  de  Dieu  venue  sur  toute 
la  terre,  et  [elles]  disaient  ces  choses  :  c'est  pourquoi  elles 
étaient  faciles  à  excuser,  s'imaginant  demeurer  seules  avec 
leur  père  pour  la  conservation  de  la  vie  du  genre  humain, 
et  c'est  pourquoi  elles  conçurent  [ce]  dessein  sur  leur  père  : 
leurs  paroles  signifiaient  qu'il  n'était  personne  autre  qui  pût 
donner  naissance  à  l'aînée  et  à  la  cadette  [des  deux]  assem- 
blées, sinon  notre  père  (8). 

2  Et  le  père  du  genre  humain  est  le  Verbe  de  Dieu,  comme 
Moïse  le  dit  clairement  à  son  sujet  :  «  Celui-ci  n'est-il  pas  lui- 
même  ton  Père'?  Il  t'a  acquis  (9)  [HOvJ  et  t'a  fait  et  t'a  établi  ». 


(1)  Gen.,  xix,  33-35. 

(2)  Ici  commence  un  fragment  grec  public  par  Halloix  et  Massuet  d'après  une 
chaîne  manuscrite  de  la  Bibliothèque  Nationale. 

(3)  Çbnin  qui1ilinLpfn.il  traduit  par  deux  fois  7)5ovtj.  latin  libido. 

i  li  Le  grec  Texvoj:oiri(jâ(jiïvai  est  sobolem  générantes,  traduit  à  tort  dans  le  latin 
par  in  sobolem  adoptalse  et  correctement  rendu  par  l'arménien  np^u  uipuinkui^. 

(5)  Noter  la  traduction  de  iu.rp\iovco  par  uian  fciu/p  i/iîit/iîi,  l&t.  significabanlur. 

(6)  Ici  s'arrête  le  texte  grec. 

(7)  Gen..  xix,   31-32;  noter  la  traduction   du  grec  sous-jacent  à>;  xaôrv/.ei  par 
nnuit^u  liititLit, 

(H)  Ces   derniers   mots  sont  omis  dans   le  Claromonlanus  et  le  Vossianus  et 
figurent  dans  YArundelianus. 
(9)  beut.,  xxxii,  6;  noter  la  traduction  de  y.Tào(i.ai  par  umuihuiS;  cf.  p.  152,  n.  1. 

[174] 


158  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Mais  quand  donc,  cette  semence  vitale,  c'est-à-dire  l'Esprit  de 
la  rémission  des  péchés  par  lequel  nous  sommes  vivifiés, 
[quand]  l'a  t-il  répandu  sur  le  genre  humain?  N'est-ce  pas 
lorsqu'il  se  réjouissait  avec  les  hommes  et  buvait  du  vin  sur 
la  terre"?  Car  [il]  «  est  venu,  dit-il,  le  Fils  d'homme  mangeant 
et  buvant,  (1)  et,  lorsque  il  s'étendit,  il  dormil  et  reposa, 
comme  David  lui-même  (2)  dit  :  «  Et  j'ai  dormi  et  j'ai  pris  mon 
sommeil  »:  et  comme  [c'était]  en  communion^)  d'intimité  et 
de  vie  avec  nous  [qu']il  faisait  cela,  il  ajoute  :  «  Et  mon 
sommeil  m'a  été  doux  »  (4). 

[Mass.  xxxi,  3].  Et  toutes  ces  choses  étaient  signifiées  par 
Lot,  [à  savoir]  que  la  postérité  (5)  du  Père  de  toutes  choses, 
c'est-à-dire  l'Espritde  Dieu  par  lequel  toute  chose  a  été  faite(6), 
a  été  mêlé  (7)  et  uni  avec  la  chair,  c'est-à-dire  avec  sa  créature  ; 
par  ce  mélange  et  union  les  deux  assemblées  porteront  fruit  (8) 
[du  fait]  de  leur  père,  des  fils  vivants  du  Dieu  vivant.  Et  tandis 
que  ces  choses  se  passaient,  la  femme  fut  abandonnée  sur  la 
terre  de  Sodome,  et  sa  chair  ne  se  corrompt  plus,  mais  elle 
demeure  toujours  statue  de  sel,  et,  par  les  choses  naturelles  qui 
sont  dans  les  mœurs  des  hommes,  elle  montre  que  l'Église, 
qui  est  le  sel  de  la  terre,  est  laissée  sur  la  surface  de  ce  monde, 
souffrant  les  vicissitudes  humaines;  chaque  jour  [11  lr]  des 


(1)  Matt.,  xi,  19. 

(2)  IV.  m.  6  lihgli  'Kni_/ijM  imifc,  ipse  David  dicit;  le  latin  ipse  in  David  dicit 
esi  meilleur:  il  est  probable  qu'il  faut  lire  en  arménien  hupii  /■  '/•uu.fipji  mut,. 

Sur  ce  texte,  cf.  Justin,  Dialogue,  xcvn,  et  Irénée,  Démonstr.  73. 

(3)  ^uiiniiiiiii/iriL^iLÎi,  xoivuvîa.  Cf.  p.  68,  n.  5. 
(1)  Jérem..   \\\i.  26. 

(5)  iiim.li//,  semen,  trjtépfjia,  cf.  p.  28,  n.  8  et  p.  42.  n.  8. 

(6)  /i  S.knii  njnij  fcij/i.  uiiJfcîmjjîi,  pcr  qucui   facla  sunl  omnia,  Bi'  ou  TrévTa  èyé- 

VETO    (Cf.    IO.,    I,  3). 

(7)  Sur  le  sens  précis  de  juiun-libui^  cf.  p.  11,  n.  6  et  p.  61,  n.  6  ;  on  doit,  de 
ce  texte,  rapprocher  Démonslr.  17  :  Jean-Baptiste  ,i  déclaré  que  le  Christ  était 
celui  même  sur  lequel  l'Esprit  de  Dieu  reposa,  mélangé  avec  su  chair  juutnJibut^ 
nîiii  iVmi.i7iiii(  îmiim  ;  l'idée  est  on  somme  celle  des  noces  de  la  nature  divine  et  de 
l,i    nature    humaine    d'où    naissenl    l'Église   et    la    Synagogue    (cf.    plus   haut 

xxiv,  12). 
iSi  Duo  populi  fruclum  porlaverunt  ex  paire  suo  ftlios  vivos  vivo  Dca. 

[17b] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  H/ERESES.  159 

membres  lui  sont  enlevés;  la  statue  de  sel  demeure  iutacte(l) 
qui  est  le  fondement  de  la  foi,  affermissant  et  envoyant  d'avance 
ses  fils  à  leur  père. 

XLIX 

1.  [Mass.  xxxii,  1]  De  cette  manière,  au  sujet  des  deux 
testaments,  le  presbytre  causait  avec  les  disciples  (2)  des 
Apôtres,  montrant  qu'ils  sont  tous  deux  d'un  seul  et  même 
Dieu;  car  il  n'est  pas  d'autre  Dieu  en  dehors  de  celui  qui  nous 
a  faits  et  créés,  et  la  parole  n'a  pas  de  fondement  de  ceux  qui 
disent  que  le  monde  a  élé  fait  pour  nous  par  le  (3)  moyen  de 
certains  anges  ou  parle  moyen  de  quelque  autre  puissance  ou  par 
un  autre  'Dieu].  Car  si  une  [seule]  fois  quelqu'un  s'est  écarté  du 
Créateur  de  toutes  choses  et  a  concédé  que  le  monde  a  été  fait 
pour  nous  par  quelque  autre  ou  par  le  moyen  de  (4)  quelque 
autre,  un  tel  personnage  tombera  nécessairement  dans  beaucoup 
d'absurdités  et  de  folies  auxquelles  il  ne  pourra  pas  alléguer 
de  raisons  (5),  ni  selon  la  vraisemblance,  ni  selon  la  venté. 
Et  c'est  pourquoi  ceux  qui  apportent  et  introduisent  d'autres 

(1)  Du  m  ssspe  auferunlur  ab  en  membra,  intégra  persévérât  statua  salis.  Les 
éditions  latines  placent  la  virgule  après  intégra;  mai-;  la  ponctuation  armé- 
nienne parait  meilleure  si  on  rapproche  de  ce  texte  un  passage  du  cliap.  liv; 
Ecclesia..  ssepe  debililala...  et  intégra  fiens,  quemadmodum  et  lypus  ejus  </ua;  fuit 
illius  Lot,  salis  figmenlum. 

(2)  X/j,,„L},/,},  tun-tuahinali  lu'mi/i/.iiiniiiiyîi  ^iiniLii ti!,  presbyler  apostolorum 
discipulis  dispulabal;  latin  senior  apostolorum  discipulus  dispulaba'.  Le  sujet 
grec  est  évidemment  irpsaSitEpo;,  le  verbe,  6[jn)ia>  (Act..  xx.  11  et  xxiv,  26)  ou 
mieux  son  synonyme  Sia)iyo(j.a'.  (Act..  xx.  19  ei  sxiv,  25).  Reste  a  déterminer 
s'il  faut  lire  jnaîiifiTr,;  avec  le  latin  ou  (ia5T,Tai;  avec  l'arménien.  Sans  doute  on 
peut  donner  tort  au  latin  :  on  trouve  dans  notre  texte  des  faute-  de  copistes 
plus  graves  que  celle  qui  consiste  à  changer  discipulis  en  discipulus  ;  néanmoins 
cette  solution  parait  bien  improbable  quand  on  se  rappelle  ce  que  l'auteur  a 
dit  plus  haut  du  presbytre  (iv,  12,  2);  l'expression  presbyterx  apostolorum  disci- 
puli,  hhnnLlilir,  uirLiupfïini;  uiflui/ifenujpîi  revient  plusieurs  fois  dans  notre 
texte  (Adv.  Hser.,  v.  ■'>r>.  ;.';  Démonslr.  '■';  expressions  analogues  :  Ado.  Haer.,  m, 
3,  3  et  A:  I. élire  ù  Florinus).  Nous  concluons  donc  que  le  latin  a  ici  raison  el 
que  c'est  jj.afjr.Tr,;  plutôt  que  ua6r,ioiî;  qu'il  faut  supposer  dans  le  grec. 

(3)  /i  ,'\'/.ii  /i,  per,  Sii.  Cf.  Io..  i,  :l  et  Eph.,  tv,  ô  cités  au  paragr.  2. 

(4)  iimiiît  nLiifcnt  k  /iiuiV  /i  ÀbnAi  iiinni  nLnnLg,  suit  exactement  le  latin 
ab  aliquo  allero  aut  per  (Sia)  alium... 

(5)  iiiiiiiniMii/i/.iiij,  mot  à  mot  s'excusanl. 

[176] 


160  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

opinions  nous  cachent  la  notion  (1)  qu'ils  ont  au  sujet  de  Dieu 
parce  ^qu'ils  savent  le  pourri  et  le  futile  (2)  de  leur  doctrine  et 
craignent  que  vaincus  ils  ne  se  sauvent  et  s'exposent  au  péril 
[lllv]. 

2.  Mais  si  quelqu'un  s'attache  fortement  à  Dieu  (3)  qui  a  fait 
toutes  choses  par  son  Verbe,  comme  dit  Moïse  :  «  Et  Dieu  a 
dit  :  Que  la  lumière  soit,  et  la  lumière  fut»  (4),  et  [comme  dit] 
l'Évangile  :  «  Et  tout  a  été  fait  par  lui,  et  rien  n'a  été  fait  sans 
lui  »  (7>),  et  semblablement  l'Apôtre  Paul  :  «  Un  seul  Seigneur, 
une  seule  foi,  un  seul  baptême,  un  seul  Dieu  Père  de  toutes 
choses  et  à  travers  toutes  choses  et  en  nous  tous  »  (6)  ;  [c'est] 
lui  [qui]  est  le  premier  «  tenant  la  tête  de  laquelle  tout  le  corps 
adapté  et  coordonné  et  articulé  par  toutes  les  articulations  et 
organes  de  distribution,  à  la  mesure  de  la  grâce  de  chacune  des 
parties,  reçoit  l'accroissement  du  corps  par  son  édification  dans 
la  charité  »  (7).  Et  ensuite  toute  parole  de  lui  (8)  tiendra  [bien] 
fondée  s'il  lit  les  Ecritures  avec  soin  chez  les  presbytres  qui 
sont  dans  l'Église,  chez  qui  est  la  doctrine  des  Apôtres  comme 
nous  [l'javons  montré  (9). 

[Mass.  x.xxi,  2]  Et  tous  les  Apôtres  ont  enseigné  qu'il  y  a 
deux  testaments  Lfaits]  pour  deux  peuples,  mais  qu'il  y  a  un 
seul  et  même  Dieu  qui  les  a  [tous]  deux  faits  |et]  adaptés  à 
l'utilité  des  hommes  en  ces  jours  où  les  testaments  ont  été 
donnés  à  ceux  qui  devaient  croire  à  Dieu,  nous  l'avons  montré 


(1)  piunn  juntuuinL,  senlenlia,  en  grec  -pûiivi  (Cf.  p.  101,  n.  6). 

(2)  Supprimer  nnJnni0/iLÎi  qui  n'a  aucun  sens. 

(3)  nm-n-fi  yniif.iii i  (iiuinft,  fi'a  laty  ;  le  latin  credat  suppose  7«<tts0ï],  bien 
meilleur. 

(4)  lien.,  i.  3. 

(5)  Io.,  i,  3  li  .ï/.n  '/.  iiiiymi  traduit  8i'  «ùtoC. 

(6)  Eph.,  iv,  o;  l'arménien  suppose  le  texte  sous-jacent  :  si;  xûptoc,  jju'a  hitti;, 
é'v  pâ7txii3|ia,  tt;  Oti:  xai  itatrio  itàvTuv  (ce  dernier  mot  supprimé  par  le  latin; 
l'arménien  supprime  par  contre  6  êiti  ticWtmv  que  nous  lisons  dans  notre  texte 
latin  gui  est  super  omnes  et  ailleurs  dans  Irém  e  ainsi  que  dans  les  manuscrits 
grecs  du  Nouveau  Testament)  xai  Sià  nàv^uv  xai  £v  Ttâotv  ijjtïv  ;  cf.  iv,  34,  2  (p.  109, 
n.  6),  v,  18,  1  et  Démonslr,  5. 

(7)  Col.,  u,  19  et  Eph.,  iv,  1G. 

(8)  Imniu,  ejus,  meilleur  que  le  ei  latin. 

(9)  Cf.  iv,  42,  1. 

[177] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  HjERESES.  101 

parla  doctrine  même  des  Apôtres  dans  le  deuxième (1)  livre, 
et  nous  avons  montré  aussi]  que  ce  n'est  pas  en  vain  [112r 
ni  inutilement  ni  comme  par  hasard  que  le  premier  testament 
a  été  donné,  mais  pour  ceux  auxquels  il  a  été  donné,  pour  les 
courber  tous(2)  au  service  de  Dieu  pour  leur  utilité  —  car 
Dieu  n'a  pas  besoin  du  service  de  l'homme  —  et  il  montrait 
le  type  des  choses  célestes  parce  que  l'homme  ne  pouvait  pas 
encore  de  sa  propre  vision  voir  les  choses  de  Dieu,  et  il 
figurait  à  l'avance  les  images  des  choses  qui  sont  dans  l'Église 
de  sorte  que  notre  foi  fût  ferme  —  en  contenant  la  prophétie  des 
choses  futures  afin  que  l'homme  sût  que  Dieu  a  la  prescience 
de  toutes  choses  (3). 


Mass.  xxxiii,  1  Un  tel  disciple  juste  et  spirituel  (4),  ayant 
reçu  l'Esprit  de  Dieu  tel  que,  dès  le  commencement,  dans  toutes 
les  économies  de  Dieu,  il  était  avec  l'homme  et  annonçait  à 
l'avance  les  choses  futures  et  montrait  les  choses  présentes  et 
relatait  celles  qui  s'étaient  antérieurement  passées,  [un  tel 
disciple  interroge  et  examine  toutes  choses  lui-même,  mais 
lui-même  n'est  jugé  par  personne  (5).  Car  il  châtie  les  Gentils 
qui  servent  le  monde  au  lieu  du  Créateur  (6)  et  dans  un  esprit 
réprouvé  (Ti  et  désagréable  à  Dieu]  dissipent  toute  leur  opéra- 
tion. Et  il  interroge  et  éprouve  les  Juifs  qui  n'ont  point  reçu 
la  parole  de  liberté,  qui  n'ont  point  voulu  aller  dans  la  liberté 
du  pardon  qui  |112v  approchait  (8),  mais  en  vain,  intempes- 
tivement  [et]  en  dehors  de  la  loi,  prétendaient  servir  Dieu  qui 

li  (fcn/fjinnijriLi»,  secundo;  il  faut  lire  avec  le  latin  (fcnimnnnLiî,  lerlio. 

(2)  bujhljhinij,   qui    suppose    dy^xpûirnov  ou   ou'jaaXiJirciûv,  lu    à    la    place    de 
s-jyy.iuuTwv,  latin  concurvans   conjecture  de  Massuet  . 

(3)  Exact,  ut  fivma  noslra  fides  fiât  et  propheliam  futurorum  continens  ut  dis- 
ceret  homo  prœscium  esse  omnium  Deum. 

ili  iiiiminii   h.  ^nnh-nniuliw'ii,  ou,  en  supprimant   le  h.,  vere   spirilalis  réci- 
pient, etc..  :  cette  leçon  est  celle  de  VArundelianus. 

(5)  I  Cor.,  ii,  15. 

(6)  Rom.,  i,  21. 

iTi  Rom.,  i.  28,  imûdinnÀ  Slimuh,  reprobttbili  mente,  et;  àZiv.uim  voCv. 
(8)  La  traduction  latine  a  un  sens  un  peu  différent  :  neque  volentes  abirc  libéras 
cum  habeanl  prsesenlem  liberatorem .  Cf.  11  Cor.,  m,  17. 

[178] 

ORIENT   CHRÉTIEN.  1  1 


162  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

n'avait  pas  besoin  [d'eux]  (1),  ne  connaissant  pas  la  venue  du 
Christ  qu'il  opéra  pour  le  salut  de  l'humanité  et  ne  voulant 
pas  comprendre  (2)  que  tous  les  prophètes  avaient  prêché  ses 
deux  venues.  L'une  dans  laquelle  l'homme  fut  dans  les  plaies, 
sachant  porter  les  souffrances  (3),  assis  sur  le  petit  d'une 
ànesse  (4),  [pierre]  méprisée  par  les  constructeurs  (5),  comme 
un  agneau  conduit  à  la  mort  (6),  et  par  l'extension  de  ses  mains 
entravant  et  détruisant  Amalech  (7),  et  rassemblant  ses  enfants 
dispersés  aux  extrémités  de  la  terre  (S)  dans  le  bercail  du  Père, 
et  se  souvenant  de  ses  morts  qui  s'étaient  endormis  auparavant 
et  descendant  vers  eux  pour  les  tirer  et  les  sauver  (9).  Et  la 
seconde  venue  dans  laquelle  il  viendra  sur  les  nuées  (10), 
revêtant  le  jour  qui  brûle  comme  une  fournaise,  frapper  la  terre 
par  la  parole  de  sa  bouche  (11),  et  par  l'esprit,  au  moyen  de  ses 
lèvres,  massacrant  les  impies  (12),  et  ayant  en  main  le  van, 
purifiant  son  aire  et  rassemblant  le  froment  dans  ses  greniers 
et  brûlant  la  paille  dans  le  feu  inextinguible  (13). 

LI 
1.    [Mass.  xxxm,  2]  Il  juge  (11)  aussi  l'école  de   Marcion; 

(I)  luiiLwnuiLin,  nihil  indigenti,  àitpouSs^ç,  ou  àvevSs^;  cf.  p.  74,  n.  5. 

(2j   /i    Shin   iun-ïmLl,  irlleUiget'e:    Cf.    nïm    lîfiin    uibh^.   p.     107,   n.    3   et  p.    158, 

n.  4;  toute  la  fin  du  chapitre  est  le  développement  de  Justin,  Dialogue,  ex,  2. 

(3)  Is.,  lui,  3.  texte  cité  dans  I  démentis,  xvi,  3  et  plusieurs  fois  dans  le 
Dialogue  de  Justin. 

(4)  Zach.,  ix,  licite  dans  Démonslr.  05  et  Justin,  Dialogue,  lui,  3. 

(5)  Ps.  cwii,  22  cité  par  Matt.,  xxi,  il,  .Marc,  xn,  10,  Luc,  xx,  17.  Art.,  îv,  11 
et  I  Pétri,  u.  7. 

(6)  Is.,  lui,  7.  cité  dans  Démonslr.  69,  I  Clementis,  xvi,  3  et  plusieurs  fois  par 
Justin,  Dialogue  (p.  ex.  exiv,  2). 

(7)  Ex.,  xvn.  11  cité  par  Justin,  Dialogue,  cxxxi,  4-5. 
(S)  Is.,  xi,  12. 

(9)  L  iinii/rf.iiiii  niiii./.i  i.limiiii,  et  salvare  eos;  les  mots  et  salvarcl  eos  de  VArun- 
delianui  sont  donc  attestés  par  l'arménien  et  doivent  être  maintenus. 

(10)  Dan.,  vu,  13,  cité  par  Justin,  Tryphon,  cxx,  4. 

(II)  Mal.,  n.  I. 

(12)  Is.,  xi.  4,  cité  dans  Démonslr.  59. 

(13)  Matt.,  m.  12  et  Luc.  m,  17. 

(11)  nuiiii/i  ;  dcvaxpîvsi;  le  latin  écrit  examinabit,  àvaxpiVEÏ;  cf.  les  fragments  grecs 
parallèles  des  chap.  52  et  53.  '/,iupijujuffc»iiiiiing  employé  ici  est  exactement 
synonyme  de  ,j, unijuiufii imi.jnuïi  que  nous  avons  déjà  rencontré;  cf.  p.  9,  n.   1. 

[179] 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSUS  H.ERFSES.  163 

comment  et  de  quelle  manière  et  pour  quelle  convenance 
accepte-t-elle  qu'il  y  ait  [1 13r]  deux  dieux  séparés  l'un  de 
l'autre  par  une  distance  infinie"?  Et  comment  sera  bon  celui  qui 
arrachera  [etj  enlèvera  les  hommes  à  l'autre,  [leur]  créateur, 
et  les  invite  et  les  convie  dans  leur  (1)  royaume?  Et  pourquoi 
sa  bonté  manque-t-elle  en  ne  [les]  sauvant  pas  tous?  Et  pourquoi 
à  l'égard  des  hommes  semble-t-il  bon,  mais,  à  l'égard  de  ce 
créateur  des  hommes,  très  injuste  [puisqu'il  le  dépouille  des 
siens  (2)?  Et  comment,  ajuste  titre,  le  Seigneur,  s'il  était  de 
l'autre  Père,  proclamait-il  [quej  le  pain  qui  est  de  ce  monde 
[créé]  pour  nous  (3)  était  son  corps,  et  comment  instituait  et 
affirmait-[il]  que  le  mélange  [4)  de  la  coupe  [était]  son  sang? 
Et  pourquoi  se  proclamait-il  lui-même  fils  d'homme  s'il  n'avait 
pas  subi  la  naissance  de  l'homme  [du  sein]  de  la  femme? 
Et  comment  pouvait-il  (5)  nous  remettre  les  péchés  dont  nous 
étions  débiteurs  à  notre  créateur  et  Dieu?  Et  comment, 
alors  qu'il  n'était  pas  chair  (6),  mais  paraissait  [seulement] 
homme,  fut-il  cloué  à  la  croix,  et  [comment],  de  son  côté  percé, 
sortirent  du  sang  et  de  l'eau  (7)?  Et  quel  corps  les  embaumeurs 
enveloppèrent-ils?  Et  lequel  était  [celui]  qui  ressuscita  des 
morts? 

2.  [Mass.  xxxiii,  3]  Il  juge  (8)  aussi  tous  [les  partisans] 
de  Valentin  parce  qu'ils  confessent  (9)  de  la  langue  [qu'il  v 
a]  un  seul  Dieu  Père  et  [que]  par  lui  tout  [a  été  fait]  (10),  mais 


(  1 1  l/itiifcuiîin  ;  le  latin  écrit  avec  un  meilleur  .sens  swim:  il  vaudrait  mieux 
lire  jjUj,. 

(2)  i/iiiiiiiiÎi,  des  siens,  et  aussi  des  choses  gui  sont  sir, mes,  qux  sunt  ejus. 

(3)  Le  texte  est  altéré  :  il  faut  lire  probablement  nn  num  Sbn  u>/>/uiun<Çu  t 
avec  le  latin  hujus  condilionis  quse  est  secundum  mis. 

il)  luiunAinLuib,  lemperamenlum,  probabl.  xpS[ta;  cf.  Justin,  Apologie,  i\\.  :'.. 
voir  au--si  p.  11,  n.  b'  et  Démonstr.  11  inote  du  P.  Barthoulot). 
(5)  Lire  évidemment  btup^n. 
(lil  SuinSliïi  traduit  à  la  t'ois  om|j.a  et  <râp5,  cf.  p.   11,  n.  b'  et  p.  101,  n.  5. 

(7)  Io.,  xix,  34. 

(8)  Cf.  p.  171.1.  n.   14. 

(9)  Ils  confessaient,  funuinniluiil^fiii  :   il  faudrait  lire    l,,,:,nnmj,,,'iij,'i,    avec  le 
latin  confilenlur  [cf.  cinq  lignes  plus  bas). 

i  lui  I  Cor.,  vin,  7. 

[180] 


164  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

celui  (1)  qui  a  fait  toutes  choses  est  le  fruit  d'une  faiblesse; 
et  ils  confessent  semblablement  de  la  langue  un  seul  Sei- 
gneur Jésus-Christ  Fils  de  Dieu  [1 13v ;,  mais  leur  opinion 
accorde  une  émission  particulière  au  Monogène  (2)  et  une 
particulière  (3)  au  Verbe  et  une  autre  au  Christ  et  une  autre 
au  Sauveur  au  point  que  selon  leur  parole  un  seul  être  est 
dit  pour  toutes  choses  (4)  et  chacune  de  celles-ci  est  pensée  en 
particulier  et  a  son  émission  particulière  selon  sa  conjugaison. 
):!.  Il  arrive  donc  que  les  langues  de  telles  gens  seules  se 
rendent  à  l'unité,  mais  leur  opinion  et  leur  esprit  (5)  qui 
fouillent  et  scrutent  les  profondeurs  des  abîmes  se  trompent 
et  se  privent  de  l'unité,  destinés  à  la  torture  de  la  condam- 
nation multiple  de  Dieu,  au  sujet  de  ce  qu'ils  ont  faussement 
trouvé  et  pensé,  [ils  seront  interrogés  (6)]  par  le  Christ  :  [ils 
disent  qu'il  est]  plus  jeune  que  le  plérôme  des  trente  éons; 
son  émission,  disent-ils,  est  conséquente  à  une  faiblesse; 
cette  passion  qui  est  arrivée  à  Sophia,  ils  affirment  en  dis- 
cutant qu'ils  l'ont  eux-mêmes  fouillée  et  scrutée;  (celui  qui] 
sera  leur  accusateur,  [ce  sera]  leur  prophète  dont  ils  ont  acquis 
la  sagesse  par  laquelle  ils  ont  trouvé  de  telles  choses,  Homère 
qui  di1  :  «  L'ennemi,  celui  qui  est  haï  de  moi  comme  les  deux- 
lois  (7)  de  l'enfer,  [c'est  celui]   qui  cache  en  son  esprit  une 

1 1 1  It  nîiui  niuiiii/niinii  nuit>fiïiiiii)i,  et  ému  injiui  signifie  L'uni  et  non  ijisuin) 
qui  fecil  omnia,  tout  ce  pass^ge  est  difficile  du  fait  de  l'obscurité  des  spécula- 
tions gnostiques  citées  par  l'auteur  :  le  traducteur  arménien  ne  l'a  pas  compris 
ou  les  copistes  l'ont  défiguré  :  il  faut  à  chaque  pas  recourir  au  latin. 

(2)  Exact,  le  latin  nam  (le)  est  le  sens  de  puilin/i(!);  il  vaudrait  mieux 
umiii)  propriam  emissionem  senlcnlia,  nuiiinli,  sua  Unigenito  dantem. 

(3)  Lire  lunmJià^iliîi  et  non  mn.  uin_iuti<ÀMiL. 

I  L'arménien  cent  iiuiîtîifegnLÎi  U  imuiuLt,  toutes  ces  choses;  /i  îinijmîit 
ipsorum,  ex  ipsis  figure  à  la  ligne  suivante  et  a  été  ajouté  ici  par  erreur,  sans 
doute  pour  corriger  la  phrase  dans  le  sens  de  l'orthodoxie. 

(5)  oiiuifin,  sentenliam,  fvtô|iïiv,  cf.  p.  101.  n.  5;  mf/miuL,  sensum,  vo-jv,  cf. 
p.  52,  n.  7. 

((i)  Ce  dernier  mot  ne  figure  pas  dans  notre  texte  arménien;  le  latin  écrit  : 
<iii,i  ./<■  his  quse  sibimetipsi  adinvenerunt  inlerrogabuntur  a  Chrislo;  d'autre 
part  fi  ■/îfi^iiiuinut,  "  Christo  suppose  un  passif  dont  il  est  l'agent  :  c'est 
pourquoi  on  a  conjecturé  ici  inlerrogabvntur. 

(7)  Homère, Iliade,  ix,  v.  312;  l'arménien  écrit  bnlim.  uiLnjilwa,  les  deux  lois-, 
il  faut  lire  sans  doute  tn/inL  nnuiîin,  les  deux  portes,  nûÀ^siv. 

[181] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVEIWUS  BJSRESES.  lli."» 

chose  et  en  dit  une  autre  ».  Et  il  juge  et  réprouve  les  paroles 
abondantes  de  mauvais  conseil  (1)  des  Gnostiques,  montrant 
que  ceux-ci  sont  disciples  de  Simon  le  Mage  [114r]. 

lu 

1.  |  Mass.  xxxin,  -1]  Et  il  réprouve  (-2)  et  juge  aussi  les  Ébio- 
nites.  Comment  peuvent-ils  être  sauvés  (3)  si  Dieu  n'était  pas 
qui  a  opéré  leur  salut  sur  la  terre?  Et  comment  l'homme 
contiendrait-il  Dieu  en  lui  (1),  si  Dieu  n'était  contenu  dans 
l'homme?  (5).  Et  comment  les  hommes  abandonneraient-ils 
la  génération  de  mort,  si,  par  la  foi  en  la  génération  donnée 
merveilleusement  par  Dieu  en  signe  de  salut  à  la  Vierge,  ils 
ne  naissaient  tic  nouveau  (6)?  Ou  comment  recevront-ils 
l'adoption  [qui  vient]  de  Dieu  sur  ce  monde  (7)  s'ils  demeurent 
hommes  dans  leur  génération"?  Comment  avait-il  plus  que 
Salomon  et  plus  que  Jonas  et  était-il  le  Seigneur  [de  David  8), 
lui]  qui  était  de  la  même  essence  (9)  qu'eux"?  Et  comment  le 
puissant  qui  était  sur  l'homme,  qui  non  seulement  avait 
vaincu  l'homme,  mais  le  tenait  sous  sa  puissance,  [comment] 
eut-il  le  dessous"?  Et  [comment]  vainquit-il  le  vainqueur  et 

(1)  Vaniloquia  /iraea  Gnoslicorum,  plutôt  que  le  latin  vaniloquia  pravorum 
Gnosticorum. 

(2)  Avec  ce  chapitre  commence  une  citation  de  Théodoret,  Dialogue,  II. 
'AiùyyjToç  [P.G.,  LXXXIII,  172)  pour  àva/.piv-ï,  cf.  p.  179,  n.  11. 

(3)  uiuinfei,  salvari,  cw8i;vac;  la  forme  classique  muinki  est  ici  peu  probable; 
il  vaudrait  mieux  lire  luuinfii  que  nous  avons  rencontré  plusieurs  fois. 

(4)  Xwpéw  traduit  par  muiLfiS;  cf.  p.  1Ô3.  n.  "  et  p.  111,  n.  6;  le  latin  écrit 
Iransiel  in  Deum:  appuyé  par  le  grec  -/wprjTsi  ïi;  Oeciv  ;  l'arménien  muifijtLn 
ij/'.iiiiiiii  Mi,\  parait  traduire  éyiosiiTato  8e6v,  contiendrait  Dieu  en  lui;  ywoéto  est 
en  effet  susceptible  des  deux  sens  Iranseo  et  capio  et  c'est  le  second  seul  qu'a 
envisagé  le  traducteur  arménien. 

(5)  Ou  peut-être  n'était  allé  vers  l'homme  (?).  Ici  finit  la  citation  grecque  de 
Théodoret. 

(6)  Io.,  m,  3;  allusion  à  Is.,  vu,  14. 

(7)  juijuiî  iii^miiji-,'|ni,  in  hoc  mundo;  c'est  évidemment  par  erreur  que  ces 
mots  sont  à  cette  place  dans  le  texte  arménien  :  il  vaut  mieux  lire  comment 
rccevronl-ils  l'adoption  [qui  vient]  de  Dieu  s'ils  demeurent  hommes  dans  leur 
génération  de  ce  monde,  miun  uioiuiupÇUu . 

(8)  Ce  mot  est  omis  dans  l'arménien. 

(9)  ^njuijnL^iLÎi,  lat.  substanlia,  grec  ovo-ia  ou  6itô(ruao-i«(?)  ;  cf.  p.  108,  n.  6  et 
p.  47,  n.  1. 

[182] 


166  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

libéra-t-il  l'homme  vaincu,  sinon  parce  qu'il  était  plus  fort 
et,  plus  puissant  que  l'homme  vaincu  (1),  et  meilleur  que 
l'homme  qui  avait  été  fait  selon  la  ressemblance  de  Dieu,  et 
plus  noble  [que  luij?  Mais  qui  donc  serait-il  sinon  le  Fils  de 
Dieu  selon  la  ressemblance  duquel  l'homme  a  été  fait"?  Et 
c'est  pourquoi,  à  la  tin,  lui-même  montra  la  ressemblance, 
Fils  de  Dieu  fait  homme,  prenant  en  lui-même  la  première 
créature,  comme  nous  l'avons  montré   au    livre  précédent. 

2.  [Mass.  xxxiii,  51  Et  il  juge  et  (''prouve  ceux  |114v]  qui 
introduisent  des  imaginations  et  des  apparences  pour  les 
yeux.  Comment  disent-ils  parler  en  vérité  alors  que  le  maître 

n  était  [qu'limaginations  et  apparence  pour  les  yeux'?  Et 
comment  peuvent-ils  avoir  un  fondement  en  lui  (2)  s'il  était 
imaginations  et  non  vérité?  Et  comment  peuvent-ils  vraiment 
recevoir  le  salut  si  lui  en  qui  ils  disent  croire  [ne]  se  mon- 
trait lui-même  [que]  par  des  imaginations?  Mais  tout  est 
chez  eux  imaginations  et  non  vérité:  et  on  cherchera  si  par 
hasard  eux-mêmes  ne  sont  pas,  non  des  hommes,  mais  [des 
animaux  muets]  (3),  insignifiants,  animant  des  imaginations 
d'hommes  chez  un  grand  nombre. 

3.  [Mass.  xxxiii,  6]  Et  il  juge  et  réprouve  aussi  les  faux 
prophètes  qui  n'ont  pas  reçu  de  Dieu  la  grâce  de  la  prophé- 
tie et  ne  craignent  pas  Dieu,  mais  qui  par  vanité  et  pour 
un  gain  quelconque  ou  quelque  autre  dessein,  selon  l'in- 
fluence du  méchant  (4),  feignent  de  prophétiser  et  mentent 
envers  Dieu. 

lui 

1.  [Mass.  xxxiii,  7]    Et   (5)  il  juge  aussi  ceux  qui  font  les 

il)  Noter  les  grandes  différences  de  ponctuation  entre  le  latin  et  l'arménien. 

(2)  /i  îfifuiîit,  exactement  le  latin  ab  eo. 

(3)  L'arménien  présente  ici  trois  mots  incompréhensibles  :  on  a  recouru  au 
latin  qui  écrit  muta  animalia;  sur  tout  ce  passage,  cl".  Ignace,  Smyrn.,  m.  1 
cité  par  Harvey. 

il)  Secundum  operalionem  mali;  le  latin  écrit  mali  spiritus.  Ce  tableau 
désigne  très  probablement  les  Mareosiens  et  les  Montanistes  (Massuett  et  non 
le^  .Mareosiens  seuls  comme  prétend  Harvey  sous  ce  prétexte  qu'Irénée  ne  fait 
aucune  autre  allusion  au  Montanisme. 

(Tii  Ici  commencent  deux  fragments   grecs  cités  dans  les  Sacra  Parallela  de 

[1831 


SAINT    IRÉNÉE   :    AWBRSOS  HjERESES.  167 

schismes,  comme  ils  sont  dépourvus  d'amour  envers  Dieu  et 
connaissent  (1)  seulement  le  profit  de  leur  propre  utilité, 
mais  non  l'unité  de  l'Église,  et,  pour  une  cause  petite  et 
insignifiante,  divisent  et  mettent  en  pièces  le  corps  grand  et 
glorieux  du  Christ,  et,  autant  qu'il  leur  appartient,  [le]  dé- 
truisent, disant  la  paix  [115r  et  taisant  la  guerre,  justement 
en  vérité  filtrant  le  moustique  et  avalant  le  chameau  (2); 
car  aucune  correction  suffisante  ne  peut  venir  d'eux,  tant  est 
grand  le  dommage  du  schisme  (3).  Et  il  juge  tous  ceux  qui 
sont  en  dehors  de  la  vérité,  c'est-à-dire  tous  ceux  qui  sont 
en  dehors  de  l'Église.  Lui  au  contraire  n'est  examiné  par 
personne,  car  toutes  choses  pour  lui  sont  fermes  en  un 
seul  Dieu  le  Tout-Puissant  de  qui  toute  chose  est  —  Coi  inté- 
grale —  et  en  le  Fils  de  Dieu,  Jésus-Christ  Notre-Seianeur. 
par  qui  toute  chose  est,  et  en  ses  économies  par  lesquelles  le 
Fils  de  Dieu  s'est  fait  homme  unissant  (4)  les  économies  du 
Père  et  la  venue  du  Fils  en  chair  comme  dans  un  tabernacle 
selon  la  race  humaine  d'un  chacun,  ainsi  que  veut  le  Père. 
2.  [Mass.  xxxiii,  8]  La  vraie  Gnose,  [c']est  la  doctrine  des 
Apôtres  et  l'origine  primitive  de  l'Église,  ensemble  (5)  [ré- 
saint Jean  Damascéne;  voir  le  texte  grec  dans  Hou.,  Fragments  Vornicànischer 
Kirchenvâler  aus  den  Sacra  Parallela,  Texte  und  Unlersuchung  n,  xx,  2,  Leipzig, 
1899.  n°  149  et  150;  sur  ovaxpws':,  cf.  p.  179,  n.  14. 

(1)  aUmhicognoscu.nl,  traduit  mal  le  moTtoOvTa;  grec,  mieux  rendu  par  le 
latin  considérantes. 

(2)  Matt.,  xxhi,  24.  cité  par  Justin,  Dialogue,  cxn,   I. 

:;  Difficile  à  traduire;  correspond  exactement  au  latin  Nulla  enim  (yip, 
nuiinjt  ab  eis  i,ii,i.i  polest  fieri  correclio  (attesté  par  les  seuls  Claromonlan.  et 
Vossian.;  traduit  xazôpBwaiç,  iiLnnm./3/iLÏi,  beaucoup  plus  exactement  que 
correplio  des  autres  manuscrits  latins)  quanta  e  I  schismalis  pernicies.  Lire 
évidemment  nnpmîi  <Çtn<îni.ui&m  t,  ij;,,,,,, 

ili  hinnuiïiuiliu  hiuin-hkinil,  mêlant  comme  *,,u$  une  tente,  atteste  ay-r^oêr-mi 
plutôt  qu'il  ne  le  traduit,  (sur  l'équivalence  de  hinnuiL  et  de  mr^rt,  voir  p.  103, 
n.  4  et  p.  171,  n.  6);  vis-à-vis  du  latin  et  même  grec  des  Sacra  Parallela  l'arménien 
présente  plusieurs  omissions  :  on  pourrait  reconstituer  ainsi  le  texte  grec  sous- 
jacent  :  xxl  Tct:  o'./.O'Olux:  a-jrvj  o:'  wv  i'v'jpcoTo;  ifivexo  h  V'.ô;  roù  QïO'j.  otxovotux; 
llaTV,;  xe  zai  Vivj  ivrrxo/i  sX9o<to;  axTqvoëaroOv  xxfj"  \*.ânvrei  yevsàv  |v  roîç  àv9p«7:o:; 
xiOw:  ftoûXerat  6  Hav7Jp.  L'omission  principale,  celle  qui  concerne  la  mention 
de  l'Esprit  Saint,  n'est  probablement  pas  l'effet  d'un  hasard  ou  d'une  négligence 
de  copiste  :  elle  pourrait  correspondre  a  un  état  plus  ancien  de  notre  texte. 

(5)  Jnnnil  traduit  mieux  le  grec  <rj<roina  que  le  latin  status  vague. 

[1841 


168  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

pandues]  dans  le  monde  universel  (1),  le  caractère  (2)  du  corps 
du  Christ  selon  la  succession  des  évêques  auxquels,  selon  les 
lieux,  ils  (3)  confièrent  et  remirent  en  main  les  Eglises;  [sa] 
conservation  (4)  est  venue  et  arrivée  jusqu'à  nous,  intacte; 
[restée]  sans  changement  et  intacte,  l'explication  des  Écritures 
n'a  subi  ni  addition  ni  soustraction,  et  sa  leclure  n'est  pas 
falsifiée;  n'est  pas  altérée  [non  plus]  (5)  l'explication  sur  les 
Écritures,  [115v]  normale  et  harmonieuse  et  sans  danger  ni 
blasphème  :  don  particulier  (6)  et  admirable  de  l'amour  qui 
est  plus  précieux  que  la  gnose:  plus  glorieux  que  la  prophétie 
et  meilleur  que  toutes  les   autres  grâces  (7). 

LIV 

[Mass.  xxxiii,  9]  C'est  pourquoi  l'Église  de  toutes  façons  (8), 
à  cause  de  son  amour  envers  Dieu,  envoie  un  grand  nombre 
de  témoins  en  tous  temps  vers  le  Père,  tandis  que  tous  les 
autres  non  seulement  n'ont  pas  de  tels  spectacles  à  montrer 
chez  eux,  mais  disent  encore  qu'un  tel  témoignage  est  indi- 
gent (9)  et  que  le  vrai  témoignage  est  leur  opinion,  [ils 
n'ont  pas  de  martyrs]  si  ce  n'est  qu'un  ou  deux  peut-être 
quelquefois,  dans  tout  le  temps  [qui  s'est  écoulé]  depuis  que 
le  Christ  a  paru  sur  la  terre,  ayant  obtenu  (10)  la  miséricorde 

(1)  Ici  s'arrête  la  citation  grecque. 

("2)  Àh.  qui  correspond  au  latin  characler;  cf.  p.  97,  n.  3. 

(3)  Les  Apôtres;  la  suite  du  t'xte  est  altérée;,  ainsi,  au  lieu  de  /./j/.ij/.m/.ui», 
Ecclesiaram,  il  faut  lire  l.ij/vn/.n/iu,  Ecclesias. 

(4)  L'arménien  uiiii^uiiuÎhicW/ilIi  semble  attester  la  leçon  custodilio  du  Claro- 
monlanus,  de  même  que,  à  la  ligne  suivante,  <Çfcui/i-iupiiiïim_p|iLÎi  atteste 
traclalio;  néanmoins  le  texte  est  obscur  et  la  ponctuation  incompréhensible. 

(5)  L'arménien  ajoute  ici  n/ii_n<ui_,  facilement,  qui  n'a  aucun  sens  et  semble 
une  altération  de  o/>(<"  qui  vient  aussitôt. 

(6)  .Mauvaise  ponctuation  en  arménien  :  il  faut  placer  la  virgule  avant 
mu  hi)iÀMj1i,  particulier,  et  non  après. 

(7)  II  Cor.,  vin,  1;  I  Cor.,  xm. 

(8)  miui  iuu'/,nni(li  luiii/iiiiii/f/i  :  latin  un  peu  différent  omni  in  loco. 

(9)  probablement  -/peiav  è^aiv  toùco  to  ".aprjpiov;  le  latin  neque  guident 
necessariitm  esse  dicenlibus  laie  marlyrium  semble  avoir  lu  où  XPE'av  ^Zelv  **ûto-j 
xov  [xap-ruçio-j. 

(10)  L'arménien  écrit  ///■ '.■»;;,  il  "  souffert;  il  semble  qu'il  faille  lire  le  participe 
nîiLuiihiui  avec  le  latin  conseculus. 

[185] 


SAINT    [RENÉE   :    ADVERSUS  HjERESES  169 

au  milieu  de  nos  martyrs  et  porto  l'opprobre  (1)  du  nom, 
a  été  conduit  rau  supplice]  avec  [eux]  comme  s'il  avait  été 
donné  et  accordé  en  supplément.  Mais  l'opprobre  de  ceux 
qui  sont  persécutés  pour  la  justice  (2)  et  qui  supportent  toutes 
sortes  de  tourments  et  sont  mis  à  mort  pour  l'amour  de 
Dieu  et  la  confession  de  son  Fils,  seule  l'Éslise  [le]  supporte 
purement;  chaque  jour  réduite  et  amputée,  sur  le  champ 
elle  accroît  ses  membres  et  est  intacte  comme  son  image 
[116r],  la  femme  de  Lot  devenue1  statue  de  sel  (3);  comme  les 
anciens  prophètes,  elle  est  persécutée,  ainsi  que  dit  le  Seigneur: 
«  Car  ainsi  ils  ont  persécuté  les  prophètes  qui  étaient  avant 
vous  »  (4),  parce  que  c'est,  il  est  vrai"  de  façon  nouvelle, 
mais  c'est"  toujours  le  même  Esprit  qui  repose  sur  eux  5) 
ret  c'estl  par  ceux  qui  ne  recevaient  pas  le  Verbe  de  Dieu 
[qu']ils  étaient  persécutés. 

Mass,  xxxiii.  10]  Ces  prophètes,  et,  aussi  les  autres,  ont, 
prophétisé  ceci  que  ceux  sur  qui  (6)  reposerait  l'Esprit  de 
Dieu  et  qui  écouteraient  le  Verbe  (7)  du  Père  et  qui  le 
serviraient  selon  leur  force,  [ceux-là]  seraient  persécutés  et 
lapidés  et  tués,  car  en  eux-mêmes,  toutes  ces  choses,  les 
prophètes  les  figuraient  (8)  d'avance  à  cause  de  leur  amour 
de  Dieu  et  à  cause  de  son  Verbe. 
(A  suivre.) 

G.  Bavas  et  Léon  Froidevalx. 

(1)  L'arménien  écrit  iiuÇiumiuLu,  athlètes;  il  faut  lire  évidemment  ),,„^„, „,„,„),„ 
avec  le  latin  opprobrium;  même  remarque  à  la  ligne  suivante. 

f2)  Matt.,  v,  10. 

(31  Gen.,  six.  26. 

|  li  Ma».,  v.  12. 

(5)  1  Pétri,  îv,  14. 

(6i  Lire  npng  et  non  nflnj. 

i?i  Harvey  et  l'arménien  écrivent  verbum,  nuiL  avec  des  minuscules  :  il 
semble  préférable  de  prendre  avec  Massuet  le  mot  Verbe  au  sens  personnel. 

(8)  niiiiiiiii/iujnt/iïi,  //rsefïgurabanl,  de  auinuuAiun.  Cf.  p.  173,  n.  2  et  7. 


[186] 


LA  MESSE  ETHIOPIENNE 

{Suite)  (1) 


CHAPITRE  II.  —  ORDRE   DE  LA  MESSE. 

L'ordre  de  la  messe  se  divise  ainsi  :  1°  la  prière  d'action  de 
grâces  suivie  des  prières  de  l'offrande  et  de  l'oblation,  2°  la 
prière  de  l'absolution,  3"  prières  diverses,  1°  encens,  5°  lec- 
ture des  Saintes  Écritures  :  saint  Paul,  épitres  catholiques  et 
les  Actes,  6°  Kidàn,  7°  évangile,  8°  prières  diverses,  9°  ftA"'h  s 
"/JP.Tf'l"  ■'  (Credo).  Cet  ordre  des  prières  ne  se  dit  pas  seule- 
ment pendant  la  messe,  mais  pour  d'autres  fonctions  litur- 
giques. 

l' ri  Ores  d'action  de  grâces  |&A*"1*  :  Kh»'/,"1"  ■")• 

Selon  la  liturgie  actuelle,  on  appelle  cette  prière  i/HftA 
V'h  •■  de  Basile.  Mais  elle  ne  s'accorde  pas  avec  celle  de  saint 
Marc,  parce  que  la  prière  HOftAP'ft  :  contient  l'action  de  grâces 
pour  le  passé  et  la  demande  pour  le  présent  et  l'avenir,  afin 
que  tous  soient  en  paix,  que  soit  chassé  tout  mal  de  ceux 
qui  prient,  et  que  les  suppliants  soient  délivrés  de  la  tentation, 
tandis  que  celle  de  saint  Marc  ajoute  à  cela  la  mention  de  la 
présence  de  ceux  qui  sont  dans  l'église  et  la  demande  de 
rémission  des  péchés  par  paroles,  par  actions  et  par  pensées. 
La  prière  de  saint  Marc  contient  donc  la  prière  de  l'absolution. 
Nous  croyons,  en  conséquence,  que  la  prière  de  saint  Basile 
n'est  pas  dans  la  liturgie  primitive. 

(1)  Cf.  RUC,  1933-1934,  [>.  187  sqq.  et  p.  42j  sqq. 

L21J 


LA    MKSSE    ÉTHIOPIENNE.  171 

Prière  de  l'offrande. 
Dans  les  missels  récents,  il  y  a  trois  prières  de  l'offrande  : 

i°  i-nhc  •■  hiu.ï*  •  hh  ■  hïtn-  ■■  Ah  ■  »n-h  -■  <\rcM  ■■ 

Souviens-toi,  ô  Seigneur,  de  ceux  qui  t'ont  offert  cette 
offrande.  Cette  prière,  tout  à  fait  récente,  ne  se  trouve  pas  dans 
les  missels  anciens,  ni  dans  les  missels  intermédiaires.  Elle 
est  dite  par  les  Coptes  à  la  place  de  }i1\\.h-ttth,C.  ■■  H-J'fflh'î-Jl  : 
ÇHin1/  ■'  hlLA  ••  Seigneur,  toi  nui  us  reçu  Voffrande  d'Abel... 

-"  hllLh-ttiluC.  •■  nl'mhVl)  •  Elle  concorde  avec  celle  des 
Syriens.  Elle  est  ancienne,  car  elle  se  trouve  dans  tous  nos 
missels. 

3°  La  prière  appelée  «  des  Apôtres  ».  Elle  se  trouve  dans  le 
Sênodos;  elle  est  placée  avant  la  prière  de  l'anaphore;  elle  ne  se 
trouve  pas  chez  les  Coptes  à  cet  endroit. 

Ces  prières  de  l'offrande  et  de  l'oblation  ne  se  disent  pas 
quand  l'ordre  de  la  messe  est  fait  pour  des  fonctions  liturgiques, 
mais  seulement  dans  la  messe  ordinaire. 

C'est  pourquoi  il  n'est  pas  nécessaire  de  répéter  ce  qui  a  été 
•dit  plus  haut. 

L'absolution. 

L'absolution  pendant  la  messe  provient  de  la  tradition  apos- 
tolique. 

En  effet,  dans  toutes  les  liturgies,  soit  de  Jacques  l'apôtre, 
soit  de  Marc,  soit  de  Basile,  le  prêtre  commence  par  les  paroles 
de  l'absolution.  Bien  que  cet  usage  soit  ancien,  les  prières  sont 
diverses  dans  l'Eglise. 

Chez  nous,  il  y  a  trois  prières  de  l'absolution.  La  première 
est  la  suivante  :  Xotre-Seigneur  Jésus-Christ,  prince  des 
prêtres.  Elle  est  la  plus  ancienne  (1). 

La  deuxième  est  celle-ci  :  hltt.ïx  '  h*7H.Ji  •■  Hfl'Hl  :  Sei- 
gneur, 6  Seigneur,  toi  qui  as  brisé.  Elle  est  appelée  «  absolu- 
tion du  Fils  ». 

(1)  Cf.  Abba    Takla-Maryam.    />■    Sacramenlh  tecundum    rilum   .-Ethiopicum, 
p.  67. 

[22] 


ilZ  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 

La  troisième  est  la  prière  de  la  pénitence  adressée  au  Père. 
Cette  prière  a  déjà  été  dite  avant  toutes  les  prières  dans  la 
préparation.  Elle  est  répétée  avant,  le  tyg.'ii:ï  •■  hty-Wî  • 
Sancta  sanctis. 

La  première  est  suffisante,  parce  qu'elle  est  la  plus  usitée  et 
qu'elle  est  dite  immanquablement.  Bien  qu'elle  ne  soit  pas 
mentionnée  dans  le  missel,  elle  est  prescrite  ici. 

Prières  diverses. 

Cette  série  de  prières  était  faite  autrefois  au  commencement 
de  la  messe  en  manière  de  h' (oit.  Ultérieurement  nous  voyons 
ces  prières  réparties  en  deux  ou  trois  endroits.  Les  unes  sont 
dites  en  manière  de  liton;  les  autres  en  manière  de  prières 
déprécatoires  \ao{\-\'.ç[^fi  :),  selon  les  diverses  églises.  Nos 
prières  sont  réparties  en  trois  endroits  selon  la  coutume  de 
l'Église  d'Alexandrie  :  d'abord  ici,  puis  après  la  lecture  de 
l'évangile,  enfin  au  cours  de  l'anaphore  de  l'oblation. 

La  liturgie  de  Marc  a  introduit  ici  les  prières  pour  le  roi, 
puis  pour  le  patriarche  et,  dans  celle  du  patriarche,  les  prières 
pour  les  évêques,  les  prêtres,  les  diacres,  les  sous-diacres,  les 
lecteurs,  les  chantres,  les  moines,  les  vierges,  les  fidèles,  enfin 
les  prières  pour  l'offrande. 

Mais  le  missel  actuel  met  ici  le  [Xh'i'l'  '  ■frJWfl"  •"  (un  titon) 
tiré  tout  entier  du  Mashafa  Kidàn.  Cette  introduction  suit 
l'ancien  usage  de  saint  Marc,  alors  que  dans  le  Mashafa  Kidàn 
elle  est  mise  après  l'homélie  qui  suit  l'évangile. 

L'encensement. 

Dans  l'église  d'Alexandrie,  l'autel  est  encensé  au  commen- 
cement de  la  messe.  Chez  nous,  dans  la  liturgie  de  saint  Marc, 
l'encensement  se  fait  après  les  prières  que  nous  avons  mention- 
nées plus  haut. 

Dans  la  liturgie  actuelle,  l'encensement  se  fait  après  le 
tth'i'l'  •"  tyR'tl't'  '  et  chez  les  Coptes  après  la  prière  de  l'abso- 
lution, tandis  que  dans  l'usage  alexandrin  on  dit  d'abord  les 
prières  diverses  (1). 

Il  Cf.  Rahmani,  Les  Liturgies  orientâtes  et  occidentales,  p.  42(  >. 

m] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  173 

L'encensement  prescrit  ici  est  le  premier  dans  l'ordre  de  la 
mes^e.  Chez  les  Coptes,  on  l'appelle  «  encensement  de  l'épitre  ». 

Chez  les  Éthiopiens,  sont  encensés  l'autel  dont  on  fait  le  tour 
et  qu'on  encense  de  face,  puis  l'image  de  Notre-Dame,  le 
clergé,  le  peuple  et  toute  l'église.  Le  pain  et  le  vin  sont 
encensés  dès  l'entrée  de  Bethléem  au  sanctuaire.  En  effet,  les 
ministres  sont  retournés  de  nouveau  à  Bethléem  où  ils  ont  pris 
l'encensoir  avec  les  charbons  allumés.  Pour  cette  rubrique 
voir  infra. 

L'ordre  de  l'encensement  dans  la  messe  éthiopienne  est  con- 
fus, parce  qu'il  contient  en  même  temps  l'encensement  du  soir 
et  l'encensement  du  matin.  Aussi  les  missels  diffèrent-ils 
beaucoup  sur  ce  point.  En  outre,  ici  sont  ajoutées  les  rubriques 
coptes  de  l'encensement.  Il  est  donc  très  difficile  de  distinguer 
les  prières  et  les  rubriques  qui  doivent  être  chacune  à  sa  place. 
En  comparant  les  missels  anciens  aux  missels  récents,  nous 
tâcherons  de  mettre  de  l'ordre  dans  cette  question  de  l'encen- 
sement. 

Dans  les  missels  éthiopiens  l'encensement  est  prescrit  quatre 
fois  : 

1"  au  commencement  de  la  messe; 

•2°  avant  la  prière  qui  suit  la  lecture  des  Actes  des  Apôtres; 

3°  à  l'évangile; 

4°  à  la  mémoire  de   la  Passion,  quand   le  célébrant  dit   : 

iVî'Wi  •'  h?.1ilh  '•  Il  a  étendu  ses  mains. 

Il  y  a  aussi  l'encensement  qui  se  fait  selon  l'usage  avant  le 
"MlM"  ••  1-ttC  :  "  l'entrée  de  l'offrande  ».  Cela  fait  cinq  encen- 
sements. 

Encensement  au  cours  du  "MUi-h  .■  "MIC  •'  Cf.  supra. 

Au  commencement  de  la  messe. 

L'ordre  de  cet  encensement  s'accorde  avec  l'encensement  du 
soir  et  du  matin.  Voir  cet  ordre. 

On  indique  d'abord  la  date  du  jour  et  de  la  nuit.  Le  prêtre 
dit  à  ce  propos  :  AffUthC  ■'  Parquai  nous  nous  souviendrons; 
puis  il  bénit  l'encens;  ensuite  il  met  l'encens  sur  les  charbons, 
il  fait  la  prière  de  l'encens  et  il  fait  la  procession  avec  l'encen- 
soir autour  de  l'autel. 

;24; 


17  I  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Le  célébrant  bénit  l'encens  dans  la  navette  avec  le  signe  de  la 
croix,  comme  il  a  été  dit  déjà  dans  le  "Ml^t-f-  :  "l-ftC  •  Cf.  Renau- 
dot,  t.  I,  p.  200. 

Selon  la  coutume  éthiopienne,  sont  ici  bénits  cinq  grains 
d'encens  qui  sont  déposés  devant  le  prêtre.  Parmi  ces  cinq 
grains,  trois  sont  mis  ici,  le  quatrième  à  l'évangile  et  le  cin- 
quième à  la  commémoration  de  la  Passion. 

La  mise  des  grains  d'encens  a  lieu  selon  la  manière  ancienne, 
avec  ces  paroles  :  -f-flihV  :  h1\l.h  '  Ï\9°W  •■  Wï-f-  :  <*")>  j 
Reçois,  6  Seigneur,  de  moi,  cet  encens,  parce  que  cette  prière 
est  prescrite  dans  notre  liturgie  de  saint  Marc  et  dans  Tasfà- 
Seyon  à  la  prière  de  l'encens.  On  trouve  aussi  cette  prière  dans 
tous  les  autres  missels,  parfois  parmi  les  autres  prières  de 
l'encens,  parfois  après  ces  prières. 

Voici  maintenant  l'ordre  qui  vient  immédiatement  après 
l'ancien  pour  la  manière  de  mettre  l'encens  :  le  célébrant  le 
met  en  disant  :  "hlll.h-ttth.C  '  h-tt  '•  h1\l.ht\th.C  '■  fl>A£-  ■ 

Cette  prière  dans  le  missel  le  plus  exact  (ou  ancien  ou  inter- 
médiaire) est  ainsi  mentionnée  :  h1U.h'ttth.C  •■  h-tt  •■  'l'(D\\<r~  ■■ 
ll'i'l'  •■  "hlà,  •'  (OWi'l'  ••  ô"JV  •■  Seigneur  Père,  reçois  ce 
signe  (signe  de  la  main)  et  cet  encens.  Il  y  a  aussi  des  mis- 
sels intermédiaires  qui  ajoutent  :  tDUTr't'  •■  •Îl-M*  •■  et  cette 
lampe. 

Tous  les  missels  récents  font  cette  dernière  addition,  tandis 
que  dans  l'encensement  du  matin  et  du  soir  on  dit  :  'l'tDixQ  •■ 
H'H'  •  b"Yi  '•  (Oll'i'l'  ■'  ftA*"f"  s  Reçois  cet  encens  et  cette 
prière;  dans  la  messe  :  H'H'  •  ù")}  •  flWH"  •■  tyH'M  •■  •■•  i 
cet  encens  et  cette  offrande;  dans  la  vigile  :  H'H*  ••  à")1!  : 
mWi't  ••  fl7'î-f-'l"  ■'  cet  encens  et  cette  lampe. 

Voici  maintenant  l'ordre  récent.  Dans  l'ordre  récent,  le  célé- 
brant met  l'encens  en  disant  :  fl"<-h  :  h1\\.h-(lfh.C  '•  fl'4-ï)  j 

Prières  de  l'encens. 

Les  prières  de  l'encens  sont  très  variées  :  1°  'it\ï\M\  «  flh«n  ■" 
0>obq\\  -.  Nous  te  /a-ions,  se/on  que  tu  as  agréé.  -2°  hlUti-'h  : 

[25] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  175 

Ah  ••  Je  t'offre.  },h9°/\Yl  ■■  HA°/A9°  «  0  Pieu  éternel.  Il  y  a 
aussi  d'autres  prières  pour  la  prière  ordinaire  de  l'encens.  La 
deuxième  prière  ïiDin-'h  s  Ah  •■  concorde  avec  le  temps  de  la 
messe.  Puis  on  fait  l'encensement  autour  de  l'autel  en  disant  : 
A'flrh;J"f"  '■  <7DAhh'"l",  c'est-à-dire  les  glorifications  des  anges  : 
Gloire  au  Père,  gloire  au  Fils...  .Vous  adorons  le  Père,  car 
il  y  a  des  missels  qui  prescrivent  cet  encensement  lors  de  la 
procession  autour  de  l'autel,  comme  nous  le  verrons  plus  loin. 
Nous  avons  trouvé  dans  un  missel  éthiopien,  à  la  prière  du 
matin,  un  passage  où  ii  est  dit  :  A-fUrTh  .-  Mh1\l.h'ft{h,C  '• 
flrt°7J?»  ■•  Gloire  au  Seigneur  dans  le  ciel.  Mais  ce  passage  est 
emprunté  à  un  livre  copte.  Chacun  reste  à  sa  place  pour  le 
reste  de  l'encensement. 

Encensement  de  l'autel. 

Chez  les  Coptes,  après  la  prière  de  l'encens  et  après  la  3e  pro- 
cession, le  prêtre  descend  et  encense  l'autel  en  disant  : 
1°  JUIF  »  Ah  :  bCtl-f-h  ■  Nous  f adorons,  Christ;  2°  n*£- 
OD  ;  oDtihYi'ify  :  ?iA°?£"  .-  Ah  ••  Devant  tes  anges  je  t'adore; 
3"  (Dh'itl  ••  n-fllfi  :  9'VTfi^ir'h  ••  P'>ur  moi,  dans  la  multitude 
de  ta  miséricorde.  Puis  il  encense  l'image  de  Notre-Dame 
trois  fois  en  disant  :  1°  ^^/"Wi.  ■■  MflAhAtU  :  Réjouis-toi, 
ô  toi  que  nous  prions;  -2°  flrhh.  ■•  >i£,'J'7A  ■■  Saint  à  toi, 
Vierge;  3°  "JflhAh.  :  h»»  :  ^'HhO  '•  ^'ous  te  prions  afin  que 
tu  te  souviennes  de  nous. 

La  coutume  est  la  même  chez  les  Éthiopiens,  car,  après  la 
prière  de  l'encens  et  la  procession  autour  de  l'autel  avec  l'en- 
censoir, le  prêtre  encense  l'autel  de  face  en  se  tenant  debout  et 
en  disant  trois  fois  :  ">îVï£"  '•  AMl  •■  fflfl»A£"  :  fflwj^ft 
4»-Ç-A  :  En  encensant  limage  de  la  Vierge,  il  dit  :  1°  rtA9° 
Ah,  !  Salut  à  toi;  2°  AftA,  -'  M  ••  Prie  pour  nous;  3°  h'H; 
G^M-  ■  a*làrt\'i:l'  '•  Tu  es  l'encensoir. 

objection.  Si  l'on  demande  :  Pourquoi  le  peuple  répond-il 
4,^'A;|-  :  fl»+  ■■  InCtl'kjfi  '•  Sainte  Église  à  la  première  parole 

26 


176  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

du  prêtre  qui  est  fif[9°  :  Atl«  '•  Salut  à  toi,  nous  répondrons 
que  cette  réponse  du  peuple  doit  provenir  d'une  inattention  : 
ou  a  transféré  telle  quelle  la  prière  du  matin  à  celle  de  la 
messe  (1).  II  conviendrait  de  dire  ainsi  :  1°  (\i\'J°  :  Ail.  ••  4»JÇ" 
ft-1"  ••  °1C.^1F  •  atl"i?.£  ■•  <w>Ali;|-  .-  Salut  à  loi,  sainte  Marie, 
demeure  de  la  divinité;  2°  AfcA.  ••  Aï  •■  £''}°JA  ••  alC.^9°  •• 
(W\\'\'  •■  h99tÙ\  :  Demande  pour  nous,  Vierge  Marie,  géné- 
ratrice de  Dieu;  3°  h'Hl  ■  (D-h'U  •  IfiaYY-lr  •  Tu  es  l'en- 
censoir. 

De  plus  l'Église  éthiopienne  donne  fréquemment  ce  nom 
"7'ïft<C  •"  ""Aïi'l*  :  à  la  Vierge  Marie,  parce  qu'il  se  trouve 
souvent  dans  le  Degguâ  et  dans  les  autres  livres  de  chant. 

Les  Rubriques  que  le  prêtre  dit  pour  les  jours  ordinaires  sont  : 
h'i'll  •'  <D'}\'U  ■"  wîài\Yï:\~  '•  parce  qu'il  ne  contient  aucun  nom 
précis  (2). 

Ordre  ancien  de  l'encensement. 

Le  célébrant  prend  les  grains  de  l'encens  de  sa  main  droite 
et  l'encensoir  de  sa  main  gauche.  S'il  y  a  un  métropolite  ou 
un  évêque,  il  va  vers  lui  afin  de  le  lui  faire  bénir;  sinon 
il  le  bénit  lui-même  après  avoir  placé  l'encens  devant  lui  à 
sa  place.  En  le  bénissant  il  dit  :  flft"»  ••  j\-(\  :  II  le  met  sur 
les  charbons  de  l'encensoir  en  disant  :  -J'flïhV  ••  'hlWJ*  •  h.9°ï. 
f  •  H7+  ••  hli,  ••  à«\'i  ■  iKih  ■•  AftCf-l^  ■  •îm.fc-ïP  •■  fflAHtf- 
A*  •  iHili'flh  :  Reçois,  <;  Seigneur,  de  moi  pêcheur  et  criminel 
cet  encens  pur  pour  le  pardon  de  mes  péchés  et  pour  ceux 
de  tout  ton  peuple.  Puis  :  hl\ai*ï\  :  Ah  •■  ji^HV  ■•  Je  t'offre 
l'encens. 

Ensuite,  il  encense  l'autel  en  faisant  la  procession  et  en 
disant  :  '/A.  :  A*JP  '•  Ah'fl  =  Alléluia  au  Père  ou  bien  ft'flrhïf*  : 
fflh'flC  :  Gloire  et  honneur. 

(li  Cf.  Ms.  éth.  de  Paris  n"  si  (<«>}V/fi<C  :  rt^;j->  .-)  et  mss.  analogues. 

(2)  Nous  croyons  que  la  séparation  entre  le  "iC\1K  '•  dit  par  le  prêtre  et 
le  ftMl  =  dit  par  le  peuple  a  été  faite  tardivement,  et  que  la  prière  devait  être 
dite  tout  entière  par  le  prêtre. 

[27] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  177 

A  la  fin  de  la  procession,  le  diacre  dit  :  "ïfl"?.?:  ••  {\t\9°  •■  A 
h.  :    Adorons,   salut    à    foi,   et   le  prêtre   dit    :  »f*'J'/*'h«    • 

Levez-vous.  Le  reste  comme  il  est  noté  plus  haut. 

Puis  il  encense  les  membres  du  clergé,  chacun  selon  son 
rang,  le  peuple  et  toute  l'église. 

Avant  que  les  additions  récentes  n'aient  été  faites,  on  taisait 
la  procession  en  disant  Alléluia.  En  effet,  le  missel  de  Tasfâ- 
Seyon  dit  :  mh9°H  •  £<>T'}  »  hVl  •  h"itt  •-  Ê-flA  :  '/A.  *  A-J»  « 
Ensuite  que  le  prêtre  encense  (l'autel  en  disant)  :  Alléluia. 

Dans  un  missel  du  temps  de  Takla-Ghiyorgis  (Couvent  des 
Abyssins  orthodoxes  de  Jérusalem),  après  la  mise  de  l'encens, 
il  dit  :  |ftA~>  :l  AM  '■  9°f*,fPù  •  {Prière)  sur  l'autel.  Si  nous 
ne  tenons  pas  compte  du  fl-<.]n  :  nous  trouvons  dans  les  missels 
intermédiaires  et  actuels  le  )\(\a*-'h  ••  Ah  suivi  des  gloriiira- 
tions  des  anges. 

Cela  est  vraiment  l'ordre  de  l'encensement  de  l'église  éthio- 
pienne, car  tous  les  missels  s'accordent  à  mettre  £"flA  •  ■ÇJM* 
'i  •  'l"'}/*'h«  •  Le  diacre  dit  :  Levez-vous,  avant  de  dire  "itil 
£"  ••  hh'fl  '•  Adorons   le  Père,  et    non  pas  avant  }ih9°/[Yl  : 

HA'JA?0 'l'iihi'  ••  h.1tt.h  •  0  Dieu  éternel,...  souviens-toi 

d'elle,  ô  Seigneur,  selon  l'ordre  des  Coptes. 

Il  ne  manque  donc  rien  au  rite  de  l'encensement. 

Addition. 

Une  bénédiction  et  une  mise  de  l'encens  avec  ces  paroles  : 
(K-h  :  'hIM.h'ttth.C  '•  h"tt  ••  Béni  soit  le  Seigneur  Père,  se 
sont  introduites  ultérieurement. 

Les  missels  éthiopiens  ne  s'accordent  pas  sur  cette  rubrique. 
Ce  même  désaccord  se  retrouve  dans  les  missels  pour  les  prières 
de  l'encens  qui  sont  mises  sans  ordre. 

Le  'Hlh<5-  ■■  "h1\\J\  •■  Souviens-toi  d'elle,  6  Seigneur,  qui 
doit  être  dit  dans  la  procession  autour  de  l'autel,  est  aussi  une 
addition,  parce  qu'il  t'ait  partie  des  prières  diverses,  lesquelles 
doivent  êtres  dites  trois  lois  pendant  la  messe.  Cf.  infra. 


[28] 

ORIENT   CHRÉTIEN.  13 


178  REVUE    DE    LORIENT    CHRÉTIEN. 

Lecture  des  Saintes  Écritures,  S.  Paul, 
Épitres  catholiques,  Actes. 

Nous  avons  appris  par  des  témoins  que  dans  les  églises  des 
villages  le  diacre  lit  I  Cor.  xi,  23  sqq.  Les  autres  ministres 
ne  lisent  rien.  Ensuite  le  prêtre  célébrant  lit  l'Évangile.  C'était 
peut-être  l'usage  ancien. 

Aujourd'hui,  dans  les  monastères  et  dans  les  autres  églises 
célèbres  d'Ethiopie,  le  diacre  lit  les  épitres  de  Paul,  le  sous- 
diacre  les  épitres  catholiques,  le  prêtre-assistant  les  Actes 
des  Apôtres;  en  disant  au  commencement  leur  titre  et  en 
terminant  par  une  brève  conclusion. 

A  chaque  fin  de  lecture,  le  peuple  dit  les  antiennes.  Il  suffit, 
pour  s'en  convaincre,  de  voir  les  missels  éthiopiens.  Mais  il 
faut  savoir  que  les  ordres  des  péricopes  et  de  leurs  propres 
prières  ont  été  déplacés  clans  les  missels  actuels.  Nous  ne 
savons  ni  quan  I  ni  par  qui.  Il  est  évident  que  l'ordre  est  dévié 
et  ne  s'accorde  pas  avec  l'ordre  des  Coptes  d'où  dérive  le 
missel  actuel  (1).  Ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'actuellement  dans 
les  missels  récents,  les  prières  qui  doivent  suivre  les  lectures 
sont  mises  en  avant,  parce  que  le  prêtre  dit  :  hlÏÏ.h  '■  hh9° 
(?  :  Seigneur  de  lu  science.  Puis  le  diacre  lit  Saint  Paul. 
Le  reste  suit  ainsi  :  lectures  et  prières.  Le  désaccord  avec  les 
Coptes  porte  non  seulement  sur  ce  déplacement  de  prières, 
mais  aussi  sur  l'ail  lition  de  la  prière  :  y,h9nfÙl  '•  Wt\?iMa  '• 
0  Seigneur  éternel,  qui  ne  se  trouve  pas  à  cette  place  chez 
les  Coptes.  Nous  voulons  prouver  que  la  lecture  de  Saint  Paul 
doit  être  faite  avant  la  prière  hllLh  '•  hh9°(?  •■  par  les  paroles 
qui  se  trouvent  dans  la  même  prière  :  h.'i'i'  '•  'l'ïfl'l"  •"  ?>}\\i.'/.  : 
J,9"-^n,ij.  :  Qui  (épître)  vient  d'être  lue  de  lui  (de  Saint  Paul). 
Nous  avons  encore  un  autre  document  pour  prouver  qu'on 
doit  lire  Saint  Paul  d'abord  :  dans  les  anciens  missels  éthio- 
piens, la  lecture  de  Saint  Paul  est  placée  auparavant;  vient 
ensuite  la  prière  ?»*7II.J»  :  Kh9°C  ••  Cf.  Bibl.  Nat.  de  Paris, 
ms.  éth.  n"  67;  Monastère  éthiopien  de  Jérusalem  (Dèr-Sultan). 

(I)  Cf.  Rahmani,  Les  Liturgies  orientales  et  occidentales,' p.  1T.j. 

29 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  179 

missel  ins.  du  temps  du  roi  Ghigàr;  Bibl.  Nat.  de  Paris,  ms. 
n"  72;  Borgia,  ms.  éth.  n°  17;  Britisli  Muséum,  ms.  éth.  n°  547 
(catalogue  de  Wright). 

Dans  le  missel  éthiopien,  le  hh'^^Yl  •  Mt\.atM°  :  est  mis 
avant  la  lecture  des  épitres  catholiques,  mais  il  ne  correspond 
pas  a  cette  lecture,  parce  que  le  sens  de  cette  prière  ne  s'accorde 
pas  avec  la  péricope  des  épîtres  catholiques,  tandis  que  s'ac- 
corde avec  cette  péricope  l'autre  prière  "hlW.h^  '•  ffl^i^Ah'/  : 
Notre-Seigneur  et  noire  Dieu,  laquelle,  selon  l'ordre  des 
Coptes,  suit  les  épîtres  catholiques.  Conclusion  :  A  notre  avis 
ce  déplacement  a  été  l'ait  par  manque  d'attention.  Ce  déplace- 
ment n'est  pas  très  ancien. 

Nous  signalons  qu'il  y  a  deux  sortes  de  ^9°^  '•  HA^AîT*  •• 
1°  l'un  qui  doit  être  dit  avant  toutes  les  fonctions  spirituelles; 
-2"  l'autre  qui  doit  être  dit  à  l'encensement. 

Le  hh^^lf]  ••  HA^A?"  ■•  qui  est  dans  la  prière  de  l'encens 
dans  un  missel  ancien  où  ne  se  trouve  pas  le  titre  :  Prière 
de  l'encens  (1),  est  dans  les  missels  récents;  il  doit  être  dit 
à  toutes  les  fonctions  spirituelles,  bien  qu'il  soit  assigné  aux 
prières  de  l'encensement  dans  les  missels  récents.  Ces  paroles 
le  prouvent  :  wn>  :  *it»ô  ■  Jl^^^h  ■•  tmf»<Pdt*  :  >nfl.'f"  • 
(DaD/i'tpfy-i-  .-  fl^h-V  :  Accorde-nous  de  sacrifier  devant  toi 
un  sacrifice  rationnel  et  un  sacrifice  de  bénédiction,  puisque 
ces  paroles  indiquent  ici  une  œuvre  spirituelle,  une  œuvre 
qu'on   offre    à    Dieu,    comme  dit  Saint  Jean   Chrysostoine   : 

tmrwY  -.  wa/r  ■■  hit-  ■■  ?.h-t  ■  r°znc :  «oi^aç*  •■  (2). 

Cela  est  confirmé  par  l'usage  des  docteurs  éthiopiens  qui,  à 
l'école,  récitent  d'abord  celte  prière. 

Le  deuxième  hhTtÙl  ••  ttti°ihf°  ••  qui  se  trouve  après  le  h°l 
ll.h  ■•  hh9°C  ••  appartient  à  l'encensement. 

Encensement  au  moment  de  la  lecture  des  Actes  des 
Apôtres.  Que  le  prêtre  mette  l'encens  en  disant  :  ti-ttih^  ••  (Dt\ 

•ne  ■  A/*'A-n  :  4"Jn  :  ha  •■  mmA.?.-  -.  œrwu.{i  ■■  ^Sn  •• 

(1)  Cf.  Missel  éth.  de  l'époque  du  roi  Takla-Ghiyorgis  (Monastère  Dêr-Sultan 
de  Jérusalem). 

(2)  Cf.  S.  Jean  Chrysostome,  Tractatus  paraenelicus,  p.  11  (t°l"tff  :). 

[30] 


180  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Gloire  et  honneur  à  la  Trinité  sainte.  Père,  Fils  et  Saint- 
Esprit. 

Se  tenant  debout  devant  l'autel,  le  prêtre  dira  la  prière  de 
l'encens  :  fc<7H.talrfi.C  ■  h9°Khî  ■  lfl*a>hçh  »  <w/»'<PAh  :  h 
fl->  -■  h-ttCV'/"  '  Seigneur,  notre  Dieu,  qui  as  agréé  le  sacrifice 
de  notre  père  Abraham.  Puis  il  fera  trois  fois  la  procession 
autour  de  l'autel  en  disant  :  "JfthAh  ••  hlti.h  '•  (DÇfti*IW,,, 
Oh  ■•  \\o°  •■  îhHh/J.  •■  Nous  te  prions,  ô  Seigneur,  et  nous  te 
supplions,  souviens-toi  d'elle.  Ensuite  -f- <{./*• ,h.  :  hlTitihtÛX.  « 
Réjouis-toi,  ô  toi  que  nous  prions. 

Ici  l'introduction  de  'f-£/*Vh.  ■■  après  *>AhAh  :  Mit*  •'  h 
o°  •  :\'XlX\ù*  «  est  prise  pour  l'encensement  de  l'image  de  Marie. 

Cet  ordre  de  l'encensement  s'accorde  avec  celui  des  Coptes. 
Cependant  cette  mise  de  l'encens  avec  tout  son  ordre  et  toutes 
ses  prières  a  été  ajoutée  ultérieurement,  parce  qu'il  n'est  pas 
mentionné  ici  de  mettre  une  partie  des  cinq  grains  d'encens. 
De  plus,  dans  le  missel  éthiopien  seulement  (et  non  pas  dans 
les  missels  coptes)  il  y  a  des  prières  d'encensement  nommées 
11  •"  (D-"h'U  •  7.H.  •'  flGli'ï  ■  C'est  le  moment  de  bénir,  qu'on 
dit  en  chantant  et  que  les  docteurs  éthiopiens  attribuent  à  Yàrèd. 

11  y  a  aussi  un  missel  ancien  dans  lequel  il  n'y  a  pas  cet 
encensement  au  moment  de  la  lecture  des  Actes  des  Apôtres, 
ni  les  prières  qui  l'accompagnent,  tandis  qu'on  trouve  le 
Il  ••  fl^h*!:  ■•  T.H.  •'  OCÎi^  ••  Cf.  Bibl.Nat.,  ms.  n°72.  Après  cela, 
au  lieu  de  il  :  tO'h'l'  '  7. H.  :  flCJi'l"  •"  on  dit  au  temps  de 
Pâques  :  YlCtl-f-h  ••  ■[•IF'h  •  hf'-p'}  :  Le  Christ  est  ressus- 
cité des  morts,  en  faisant  trois  fois  la  procession  autour  de 
l'autel.  Nous  avons  trouvé  cette  mention  dans  un  missel.  A  la 

fête  de  la  Nativité,  que  le  prêtre  dise  :  ft-flrh'l*  s  hhlli.h'nth, 

C  '  Art^jP'!"  ■"  Gloire  au  Seigneur  dans  les  deux,  ce  que  nous 
avons  déjà  vu  plus  haut. 

Le  Kidàn. 

Le  Trisagion  est  :  4-Ç.ft  :  h"m.h-f\<h,C.  >  4"J.f)  •  *VA  «  4» 
fi-il  s  thjfah  ••   HÀ.J&tf'jflH- .-  'l"*tUM  :  Saint  est  le  Seigneur, 

[31] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  181 

saint  est  le  fort,  saint  est  le  riront...  Il  est  très  ancien;  il  a 
été  établi  dans  toutes  les  liturgies  orientales.  Sa  place  se  trouve 
dans  la  liturgie  d'Alexandrie  après  la  lecture  de  Paul,  des 
Épitres  catholiques  et  des  Actes  des  Apôtres.  C'est  la  même 
chose  chez  les  Éthiopiens,  si  on  ne  tient  pas  compte  des 
additions  ultérieures. 

Le-  prières  du  kidân  qui  ne  sont  prescrites  que  dans  les 
missels  récents  ont  été  ajoutées,  pensons-nous,  parce  qu'on 
croyait  qu'elles  étaient  toujours  obligatoires  après  le  Trisagion. 

Après  le  kidân,  l'Église  éthiopienne  dit  la  salutation  angé- 
lique  à  la  Vierge  et  se  recommande  à  elle  en  disanl  :  ■l'd./^th.  •• 
'!'£/*' rh«  :  '!"<£/*' rh.  •"  Réjouis-toi,  réjouis-toi,  réjouis-toi. 

L'évangile. 

Il  est  d'usage  de  faire  précéder  la  lecture  de  l'évangile  de 
versets  de  psaumes.  Des  prières  sont  aussi  récitées  par  le 
célébrant  immédiatement  avant  et  après  l'évangile. 

L'ordre  des  prières  et  des  rubriques  est  varié. 

Voici  l'usage  adopté  aujourd'hui. 

Le  prêtre  dit  la  prière  de  l'évangile  :  hlW.h-ttih.C  :  hlU.h  •• 

h,?(btl  ■•  YlCtl-f-tl  •■  H->n»A"tn>-  ■■  Seigneur,  6  Seigneur  Jésus- 
Christ,  toi  qui  leur  as  dit. 

Le  diacre  dit  :  &AÊ  :  tWO-  •  WJÏÀ  ■■  ^S-ft  •*  Priez  pour 
l'évangile  saint. 

Le  peuple  dit  selon  l'usage  :  hA'flfl'V  •'...  Fais-nous  com- 
prendre. 

Le  diacre  ici,  selon  l'usage,  mais  non  selon  la  rubrique,  dit 
à  haute  voix,  mais  avant  leur  place  véritable,  les  versets 
des  psaumes  qu'il  fait  suivre  immédiatement  de  VA»  •  A*^  '  «fe 
a°-  •■  fl»JiX*i>*,h«  ■■  Alléluia,  tenez- vous  debout  et  écoutez. 

Le  prêtre  dit  :  -rUhC  ••  hAfl  '•  Souviens-toi  de  nouveau. 

Le  diacre,  selon  la  rubrique,  doit  dire  ici  à  haute  voix  les 
versets  des  psaumes. 

Le  prêtre  bénit  les  quatre  points  cardinaux  en  disant  : 
hlM.h'ttih.C  ••  A0-A  •■  Le  Seigneur  Très-Haut.  Il  dit  la  prière 
de  l'évangile  :  ?i«,»H.fc-n,h,C  :  ndJat-frav-  ■■  Seigneur,  toi  qui 
les  as  envoyés. 

[32] 


182  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Mise  de  l'encens  et  encensement  à  l'évangile. 

Après  l'encensement  de  l'évangile,  le  diacre  dit  :  '/A,  .■  A-JP  •• 
«Jjflo-  :  Wh?\9°h'  '•  d'après  la  rubrique. 

Il  faut  I lien  noter  ici  :  1°  l'introduction  des  prières  pour  les 
défunts  dans  1rs  rubriques  de  l'évangile;  2°  que  la  prière  de 
l'évangile:  h"l\l.h'(\<h.i:  i  l/l-JUl-tf»-  ••  Seigneur,  toi  qui  téni- 
as dit  et  ■f'HhG  :  Mfl  •"  Souviens-toi  de  nouveau,  ne  se  trouve 
pas  dans  la  liturgie  de  Marc.  C'est  pourquoi  nous  pensons 
qu'elle  a  été  ajoutée  ici;  elle  est  tirée  des  heures  canoniales. 

Versets   des  psaumes   précédant   la   lecture  de    l'évangile. 

Le  fait  qui'  dans  l'Église  éthiopienne  les  versets  des  psaumes 
précèdent  la  lecture  de  l'évangile  est  certifié  par  les  rubriques 
énoncées  dans  les  livres  de  prières  et  dans  le  missel. 

1"  Dans  le  î>"A/.-fi-  •"  les  versets  des  psaumes  précèdent  tou- 
jours l'évangile.  Immédiatement  après  les  versets  des  psaumes 
le  diacre  dit  :  «J»<n>-  :  (nhft9°i\'  '•  Tenez-vous  debout  et 
écoutez.  Tout  de  suite  après,  le  prêtre  dit  :  fl)'}"2,A  :  ^-S-fl  " 

■1"  L'usage  ancien  et  actuel  de  l'Église  éthiopienne  montre 
que  les  versets  des  psaumes  précèdent  la  lecture  de  l'évangile, 
parce  qu'aux  vêpres  et  aux  matines, le  diacre  dit  d'abord  les 
versets  des  psaumes,  puis  le  prêtre  dit  la  prière  de  l'évangile, 
quoiqu'on  la  récitant  au  lieu  de  la  chanter. 

3"  Dans  certains  de  nos  missels  nous  avons  trouvé  avant  la 
prière  de  l'évangile  un  passage  où  il  est  dit  :  Ufit\  •  JP.flGïi  • 
lîlU'J  :)  A-S.jP'P'J  •"  De  nouveau  le  prêtre  bénit  le  diacre. 
Cf.  missel  de  Dêr-Sultan  de  Jérusalem  du  temps  du  roi  Ghiorgis. 
Dans  un  autre  missel  (1),  après  avoir  dit  :  (l}\  :  «uAjiîfï  ••  '\ 
fl,*/  .•  L'ange  est  entré  auprès  d'elle  et  avant  la  prière  de 
l'évangile,  le  prêtre  dit  sur, les  diacres  :  ft^h'J"  •"  AflWl-A  : 
la  bénédiction  de  Paul,  avant  de  réciter  les  psaumes;  de 
même  avant  la  lecture  de    Paul,   le   prêtre   bénit  le  diacre, 

(Il  Ms.  éth.  ii'  67,  Bibl.  Nat.,  Paris. 

[33] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  183 

parce  que  dans  le  missel  il  est  dit  :  tD'h'itt  '•  .P«fflX"?t  '•  {UlVi  ••) 
n-ttC  •  fc&u-  s  3.(1  •■  Chù  •■  *.?#!  •■  m^llA  ■  fUh-f-  :  *<»• 
A-ft  ■■  p.')?:C  ■■  AAA>h  ■■  Tandis  que  le  prêtre  s'éloigne  (de 
l'autel),  qu'il  mette  sa  main  sur  la  tête  du  diacre  et  nu' il 
dise  :  Que  la  bénédiction  de  l'uul  demeure  sur  toi,  ce  qui 
explique  les  paroles  des  liturgistes  éthiopiens  :  fî.PV'fl  :  "i 
©•V  •■  fl^h-l"  :  Afl»*A-ft  ■•  hti  •  Le  prêtre  dit  ta  bénédiction  de 
Paul,  parce  que  le  diacre  va  lire  Paul. 

Ordre  de  l'évangile. 

Le  diacre  dit  avant  l'évangile  le  répons  tiré  des  versets  des 
Psaumes  de  David.  Puis  le  prêtre  bénit  les  quatre  coins  du 
monde  en  disant  :  }\1U.h'ttih,C  •  A0-A  ■■  Seigneur  Très-Haut. 

Cette  prière  de  la  bénédiction  s'accorde  avec  celle  des  Grecs 
pour  le  sens  et  pour  les  rubriques  concernant  la  bénédiction 
que  le  prêtre  grec  donne  en  tournant  sa  l'ace  vers  l'Orient  au 
moment  de  l'introduction  de  l'évangile. 

Le  piètre  dit  h1\l.h'(l<h.C  ■  H^flHio»-  :  AftCî/i.ïl  • 
Seigneur,  toi  qui  as  envoyé  tes  Apôtres,  comme  dans  les 
missels  récents. 

Puis  il  met  le  quatrième  grain  d'encens  en  disant  :  tl'ttth^  '• 
(Dti'Ml  •  A/^'A-A  ••  4*-S-ft  '■  Gloire  et  honneur  à  la  sainte  Trinité. 
Puis  se  fait  la  procession  autour  de  l'autel  avec  l'évangile  pré- 
cédé des  cierges  allumés. 

N.-B.  —  Dans  le  missel  figurent  bien  les  rubriques  de  la  pro- 
cession autour  de  l'autel  avec  l'évangile,  mais  il  n'y  a  pas  les 
prières  que  l'on  doit  dire.  Si.  à  la  procession,  le  prêtre  dit  : 
ï\1]\.h-ttih.C  •■  Ttlii  •  W-Aho»-  •■  Le  Seigneur  soit  avec  vous 
tous,  puis  flOiA  •'  4*-S>A  •■  Évangile  saint,  ces  paroles  ne  sont 
pas  dites  au  moment  voulu. 

Puis  le  prêtre  encense  l'évangile  en  disant  :  fl-{.în  :  hlH.h'tt 
(h,C  '  fflflS-h  :  fflA£"  ••  Béni  est  le  Seigneur,  béni  est  le  Fils. 

Puis  le  diacre  dit  :  '/A.  :  A-JP  :  fya°'  ■  flJj»ÎV0"h.  :  Alléluia, 
tenez-vous  debout  et  écoutez.  Le  prêtre  dit  :  hlM.h'flth.C  '  9° 
AA  •■  tf-Aho»-  :  et  à  haute  voix  :  ffl'JlA  ■•  4»-Ç.ft  ■•  Le  peuple 

[31] 


184  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

répond  les  jours  ordinaires  :  ft-fUh'Th  •'  Ah  :  Yll'.M'tl  •■ 
Gloire  à  toi,  Christ;  les  jours  de  fêle  :  ■Y&.^fc.  :  ttlhlW.h 
•fl*h,C  ■"  tt£R'M  '•  Réjouissez-vous  dans  le  Seigneur  qui 
nous  a  aidés;  les  jours  de  jeûne  :  flffl'JIA  ■"  a°/.*îl\X\,i  '•... 
Tu  nous  as  conduits  par  l'évangile. 

Dans  quatre  missels  récents  nous  avons  trouvé  un  passage 
où  il  est  dit  :  h'ill  »  ,e."V.m-  «  ©"HA  '■  AtV*  '•  hWi  •  £M  '■ 
W  -.  wTLh  «  aot<qt»Hr  "  at-f-aomjp  -.  -}q:«|.  .-  UV'i  ■■  Ihïti  ■■ 
JP^T-P-  «  M.Wi  ■■  JVflA  ■  ffo'iir'-f'  ■■  a>K£4>  ■■  UhaidSï.  » 
hatdjfoh  "  ffl-Ç..e*>  ■  l<n>m.p  ■■  .e.-fiA  •  MA-  •■  <n>»«»V-  ■ 

■ht\tm  :  «J.Cd-1-  :  tfn-}«7/-J-  :  rt"7JP>  «  (Cf.  (mft  :  &%  :  1* 
9°  •■  M.tl  s  Mil  :  ï  ••  IX  a)  Le  prêtre  célébrant,  en  remettant 
l'évangile  au  prêtre  assistant,  dit  :  Voici  l'évangile  du 
royaume.  L'ayant  reçu,  le  prêtre  assistant,  en  le  remettant 
au  diacre,  dit  :  Son  royaume  et  sa  justice  qu'il  m'a  donnés, 
je  te  les  remets.  L'ayant  reçu,  le  diacre  dit  :  Faites  pénitence 
et  croyez,  car  le  royaume  des  deux  approche.  Mais  les  savants 
abyssins  déclarent  que  cet  usage  a  été  introduit  récemment  et 
n'était  pratiqué  que  dans  quelques  églises  principales. 

S'il  y  a  un  métropolite  ou  un  évéque,  le  prêtre  étant  allé 
vers  lui  avec  l'évangile  dit  :  'Awlogéson,  Kyrie  :  ha*'(i°ïfi7r  •■ 
h.C^  s:  Ayant  été'  béni,  il  fait  la  lecture.  Cette  demande  de 
bénédiction  par  le  prêtre  à  l'évêque  doit  avoir  lieu  avant  la 
procession  et  avant  la  mise  de  l'encens,  parce  que  c'est  l'évêque 
qui  doit  mettre  lui-même  l'encens  et  le  bénir. 

En  terminant,  l'évangile  et  en  le  baisant,  le  prêtre  doit  dire 
ce  qui  convient  à  chaque  évangile,  par  ex.  à  Matthieu  :  Le  ciel 
et  la  terre  passeront:  à  Marc  :  Que  celui  qui  a  des  oreilles; 
à  Luc  :  Ll  est  plus  facile  que  passent  le  ciel  et  la  terre;  à  Jean  : 
Celui  qui  croit  au  Fils  aura  la  vie  éternelle.  Après  cela, 
le  prêtre  dit  à  voix  basse  :  Cth-'t'  ■•  aoQ-V  •  Éloigné  de  la 
colère,  ou  lien  ftfMil-  ■  Ah  ■  h1\\.h-t\th.C.  :  fcrWi  •  H/. 
A.P-hV  :  £*A*P>  ••  Gloire  à  toi,  Seigneur  notre  Dieu,  qui  nous 
as  faits  dignes.  Après  la  lecture  de  l'évangile,  le  peuple  dit, 
pour  l'évangile  de  Matthieu  :  ïh'J1"}  :  ftfl  :  Nous  croyons  au 

135] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  185 

Père;  pour  celui  de  Marc  :  t\t\r  •  h.<-fl.A  ■•  Les  Chérubins;  pour 
celui  de  Luc  :  ao^.  :  ^,aof\(\\\  :  Qui  est  semblable  à  toi;  pour 
celui  de  Jean  :  4»^î**7.i>-  ■■  «J*A  •  Au  commencement  était  te 
l 'erbe. 

Dans  les  trois  premières  réponses  du  peuple,  ni  les  paroles, 
ni  le  sens  ne  sont  empruntés  à  l'évangile,  comme  cela  a  lieu 
pour  saint  Jean.  Nous  n'avons  rien  trouvé  de  semblable  dans 
les  autres  liturgies  orientales  que  nous  avons  consultées. 

Mais  dans  le  Mashafa  Genzat  nous  avons  trouvé  le  répons 
de  saint  Luc  :  «w>>.  :  (V/<>ftAîJ  ■"  après  le  Grh-4*  •"  o»0'Th  •• 
Éloigné  de  la  colère,  à  la  fin  des  prières  diverses,  avec  la  men- 
tion   :    tD'V'flA    ■•    lf*}-f*   :   ftA— J"    :    A#A    :    0»\'J"'J   :  Et  tu   (tiras 

cette  prière  sur  les  morts.  Nous  croyons  que  les  autres  répons 
ont  été  empruntés  à  d'autres  ouvrages.  Ensuite  le  prêtre,  les 
diacres  et  tout  le  peuple  baisent  l'évangile  en  disant  :  'ih'P"i  '■ 
fl*A  ••  dJ'J"ÏA  •'  Nous  croyons  aux  paroles  de  l'Evangile. 

Le  Cdv4*  :  aog-'i-  ■  qui  est  avant  le  'J-HîlC  '•  et  le  ft-flr/i'l"-' 
Ah  !  qui  est  à  la  fin  sont  deux  prières  qui  doivent  êtres  dites, 
l'une  ou  l'autre,  par  le  célébrant  après  la  lecture  de  l'évangile. 

Addition. 

Nous  croyons  que  la  prière  de  l'évangile  :  hltt.h'ttih.C  •  H'1' 
j^rt-tm-  :  Seigneur,  toi  qui  leur  as  dit,  ainsi  que  la  suite  :  -fH 
hC  '■  Uàl\  •  Souviens-toi  aussi,  a  été  ajoutée  ultérieurement  et 
qu'elle  provient  de  la  liturgie  copte  de  saint  Basile.  La  rubrique 
qui  dit  :  h9°ll  '■  J^-flA  :  iWi  •  'tlù  '  \Ù\9°(Ont%h  :  ?i7A.  : 
Puis  le  prêtre  dit  les  paroles  de  l'évangile  de  N.  jusqu'à 
fl,hiJ0£"î^  ••  Â">Iin  ■*  Après  qu'il  a  lu,  est  très  récente,  comme 
on  le  voit  par  la  place  où  elle  se  trouve.  De  plus,  elle  est  une 
répétition. 

Prières  diverses. 

Après  la  lecture  de  l'évangile  et  de  ce  qui  suit  l'évangile,  sont 
récitées  des  prières  diverses  commençant  par  :  «HlllC  :  Sou- 

[36] 


186  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

viens-toi  et  finissant  par  :  ttht'l'  •■  "7'îllC  •■  Pour  /'assemblée. 
Ces  prières  sont  dites  pour  la  deuxième  fois  selon  la  liturgie 
alexandrine.  Elles  ne  diffèrent  pas  pour  le  sens  des  prières 
correspondantes  de  la  liturgie  de  saint  .Marc.  Quand  les  prières 
diverses  sont  terminées,  le  diacre  dit  :  î^h-  :  'ih'fl  ■■  TnCM'.P'i  • 
Sortez,  catéchumènes. 

Prière  de  Basile  (Prière  du  voile). 

Cette  prière  ne  se  trouve  pas  dans  le  missel  de  Tasfà-Seyon, 
ni  dans  les  missels  éthiopiens  du  British  Muséum  (1),  ni  dans 
celui  de  Paris  (ms.  n"  72  de  la  Bibliothèque  Nationale),  ni  dans 
celui  de  Dêr-Sultan  à  Jérusalem  où  se  trouve  le  nom  du  métro- 
polite Joseph  et  le  nom  de  l'évèque  Salàmà.  Dans  les  missels 
où  elle  se  trouve,  les  uns  la  mettent  une  seule  fois  avant  la 
prière  de  l'absolution  (2),  les  autres  la  mettent  deux  fois  : 
d'abord  avant  la  prière  de  l'absolution,  puis  avant  les  trois 
grandes  prières  (pour  la  paix,  pour  le  patriarche  et  pour  l'as- 
semblée) (3).  Dans  les  missels  récents,  elle  se  trouve  toujours 
avant  ces  trois  grandes  prières.  Elle  est  la  deuxième  prière  de 
l'anaphore.  Elle  a  été  récemment  tirée  de  la  liturgie  copte  et  a 
été  insérée  ici,  tandis  que  la  prière  de  l'anaphore  doit  être 
mise  après  le  "l-nh'l'  •.  "MIC  ■•  qui,  anciennement,  se  taisait 
après  les  prières  des  fidèles  pour  l'offertoire. 

De  plus,  nous  trouvons  quelquefois  cette  prière  au  nom  de 
Jacques  (4)  et  quelquefois  au  nom  de  Basile  (5).  Mais  en  réalité, 
elle  fait  partie  de  la  liturgie  de  saint  Jacques  (G).  Sa  place, 
avant  la  prière  de  l'absolution,  dans  les  missels  que  nous  avons 
vus  prouve  qu'elle  a  été  insérée  pour  la  prière  de  'l'offrande. 

Nous  n'avons  pas  trouvé,  dans  tous  les  missels  que  nous 
avons  consultés,  cette  prière  sous  le  nom  de  XA-'J"  :  <w'}fn/\h 


(Il  Ms.  éth.  iv  132. 

(2)  Cf.    le  petit  Missel   manuscrit  de  la   Bibliothèque  cath.  de  Chéren    et  le 
ms.  ii°  67  de  la  Bibl.  Nat.  de  Paris. 

(3)  Cf.  missel  éth.  manuscrit  de  Dêr-Sultan  (Jérusalem). 

(4)  Cf.  Rahmani,  Op.  cil.,  p.  488. 

(5)  Cf.  les  missels  récents. 

(6)  Cf.  Rahmani.  Op.  cit.,  p.  437. 

[37] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  187 

»1-  :  Prière  sur  le  voile;  elle  est  mentionnée  dans  les  liturgies 
orientales  (1),  mais  elle  figure  sous  le  nom  de  ftA—f1  •"  OrtAP'rt  : 
«  prière  de  Basile  »,  ou  sous  la  rubrique  :  JVflA  :  'il)"}  :  flA-<i* 
Art  ■•  M-ï  •  ftA-l-  i  #¥.1°  :  -W  •■  ;i*0->  •■  Le  prêtre  dit  à 
voix  basse  cette  prière  en  se  tenant  debout  près  du  tâbot,  ou 
sous  la  rubrique  {\*P.h  '•  "lifl  •'  ^"fl-V  ■"  Entrant  vers  le  tâbot. 
Ces  rubriques  montrent  qu'elle  était  la  prière  de  l'offertoire. 

Conclusion.  Cette  prière  selon  la  liturgie  de  saint  Marc  et 
de  saint  Cyrille  doit  être  dite  après  la  deuxième  partie  des 
prières  diverses  et  non  avant  les  trois  grandes  prières  qui 
proviennent  de  Basile,  ce  qui  explique  les  paroles  du  concile 
de  Laodicée  :  «  Après  la  sortie  des  catéchumènes,  il  faut  dire 
trois  prières  qui  se  trouvent  dans  la  liturgie  grecque  et 
syrienne  »  (2). 

Dans  la  liturgie  d'Alexandrie,  il  y  a  seulement  deux  prières  : 
ftA-'J'  •■  «"•jfnAîi'l*  •■  et  ftA*"J'  :  Y\9°'^  •  Prière  du  voile  el 
prière  de  la  salutation. 

La  prière  ftA*"l"  :  «wjfnA?»'!"  ■'  dont  nous  parlons  'doit  être 
récitée  avant  la  prière  ftA—f*  :  h9°î>  '•  (3).  Nous  avons  trouvé 
enfin  la  prière  des  offrandes  placée  après  la  prière  pour  la 
paix  (4).  La  récitation  à  cette  place  est  nécessaire  pour  ceux 
qui  ne  sont  pas  venus  au  début  de  la  messe. 

Grandes  prières. 

Dans  nos  missels  récents  et  dans  quelques  missels  inter- 
médiaires, à  la  fin  de  la  prière  pour  l'assemblée,  on  lit  :  JV}"/ 
h  ■•  UWi  ■•  (i*Y,A  i)  «lôml-t-  ■■  h9°tV*  •  Um  ■■  o>JP0-£-  : 
•pf.(l  :  Chfl  •  9°r"Pà  •'  /"Art  :  in,  ■•  Que  le  prêtre  officiant 
reçoive  l'encensoir  du  -prêtre  assistant  et  qu'il  encense  trois 
fois  les  offrandes  d'une  manière  circulaire.  Quant  aux  litur- 
gistes  éthiopiens,  voici  leurs  prescriptions  à  ce  moment  : 
i*>/..\a*>  •■  «Èft  :  M'é-tiKa*'  !  tërt  '  '"l/imt-Fi  •■  -f*#-nA»  : 

(1)  Ibid. 

(2)  Cf.  Concile  de  Laodicée,  canon  VI. 

(3)  Cf.  Renaudot,  Op.  cil.,  pp.  38-39,  93,  95-96;  Rahmani.  Op.  cil.,  p.  6.7. 
(A)  Cf.  Missel  de  Tuki  édité  à  Rome  en  173(3. 

[38] 


188  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

n^-nti-U1,'  ■  na-'pfl»-  :  ajp.  •  hv  -•  tvo>-  •■  ■/'fi-ï  ■■  %».  •■  h?ut  •■£ 

aYi  ••  V'"'  /''  célébrant,  en  prenant  l'encensoir  du  prêtre  assis- 
tant, encense  tes  offrandes  trois  fois  d'une  manière  circulaire 
sur  l'hostie  et  sur  le  calice.  Cependant  cette  rubrique  ne  se 
trouve  pas  dans  la  liturgie  de  Mare,  ni  dans  nos  missels 
anciens.  Il  n'y  a  pas  de  rubrique  indiquant  qui  doit  mettre 
l'encens  et  quand  on  doit  le  mettre.  Sur  ce  point  les  prescrip- 
tions liturgiques  ne  s'accordent  pas  entre  elles,  comme  nous  le 
dirons  plus  loin. 

Prière  de  ta  foi. 

Ici  est  insérée,  dans  la  plupart  de  nos  missels,  la  prière  de 
la  foi  qui  est  appelée  hf/ofr}?-  et  encore  «  des  Apôtres  ». 

Cette  prière  est  empruntée  à  la  Didascalie.  Elle  a  été  mise 
ici  par  les  Ethiopiens,  afin  que  la  ftA*"f"  :  ,/,P,'»7',o;]h  :  soit  dite 
dans  l'anaphore  des  Apôtres.  Les  liturgistes  éthiopiens  disent  : 

s^vi9n  •  nï?,ti,  ••  rh*pc.e'i-  ■  aï™,  :  ïxi\\.h  ■•  n^rt,  ••  ic 

?9°    •    ll4"irt.    :    WAP.    :   Vl"£:î£"    :    Vih'iD    :    ÊfcT^A   =    flA. 

.+<d-i*>  «  u-A-  •  4"irt,  ••  Ti  •■  ra-+  ••  y£"7',o;l-  ••  Hfc4\e  : 

Vfl>*  :  Cette  prière  de  la  foi  doit  être  dite  aussi  dans  la  litur- 
gie des  Apôtres,  dans  la  liturgie  de  Notre-Seigneur,  dans 
la  liturgie  de  Notre-Dame  et  dans  celle  de  saint  Jean  l'Évan- 
géliste,  et  la  prière  de  la  foi  de  Nicée  (le  grand  Credo)  doit 
être  dite  dans  toutes  les  anaphores  des  Pères. 

Ce  qui  précède  l'anaphore.  Le  lavement  des  mains. 

Au  moment  de  la  récitation  de  la  prière  de  la  foi,  le  prêtre 
enlève  le  voile  de  la  patène  et  du  calice  et  accomplit  toutes  les 
cérémonies  prescrites  Le  missel  copte  prescrit  ici  le  lavement 
des  mains.  Comme  au  premier  lavement  des  mains,  le  prêtre 
dit  :  •'M'U"ï5'.  ?  HMi'il  •"  Tu  m'aspergeras  d'hysope.  Puis  le 
missel  ajoute  :  (Dp,:t'emÇ<r  :  tm-y\h  ■'  rhlMI  :  WÇWi  '•  >i£ 
*Pjh  •   ttïRao   •   tf-A-   •■  <Vlin   •  h'Tli  •  &0°'tt9o'tt  ■  7x^.0-  •■ 

aaoao-nr"n  ■  'W-fo  ••  aih.p-'iic  ■■  hau.1/  ••  .tvnA  :  hvi  - 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  1S9 

Cf.  Tuki,  missel  copte.  Qu'il  se  tourne  vers  le  peuple,  qu'il 
se  lave  les  mains  devant  tout  le  peuple  et  qu'il  les  essuie 
urée  un  manuterge propre.  Mais  il  ne  dit  pas  ce  que  le  prêtre 
doit  réciter  alors. 

Dans  les  missels  éthiopiens,  soit  dans  quelques  anciens  et 
dans  quelques  intermédiaires,  on  trouve  la  rubrique  :  tDh^H  ■' 

°1V   :   fflCrtVfl  s  >i£,U-   "   n»«>f-.m   :  Ift.  :  tmîlA  ■  9°ÔA-l\  '•  H 

JiV  •■  "iffth  «  f-'i't'h  ■"  (1)  Puis,  que  le  prêtre  se  lave.  Apres 
qu'il  s'est  lavé,  qu'il  dise  en  répandant  l'eau,  ses  mains  étant 
humides,  et  en  tournant  sa  face  vers  l'occident  :  Que  celui 
qui  est  pur  reçoive. 

Un  autre  de  ces  missels  dit  :  flllf  :  h9aV'  '■  J&'ïW»0-n  :  h  II 
1  ■  h'iti  :  £-flA  s  nh<w  •  IllJA-  ••  AA.Afnft  ■  7JWh  ■■  M  i  >i 

IV  ■  flCTfl+  :  ri&Vjh  :  aoV:(f\  :  7*  :  WJlA  :  ÎPW*  s  (2) 

/cj  <7«e  te  prêtre  lave  ses  mains  en  disant,  selon  les  paroles 
de  Pilote  :  Je  suis  pur  du  sang  de  vous  tous...  Après  qu'il 
s'est  lavé  les  mains,  qu'il  répande  l'eau  avec  des  mains, 
humides  en  se  tournant  vers  l'orient.  Certains  missels  portent, 
avant  cette  rubrique  :  fflAfl  :  ï\ÏWi  •  m  :  AhCA-FA  : 
Çm*>  ••  M  '•  /"Plh  •  fy-t-tl  •■  Lorsque  nous  avons  offert  notre 
corps  au  Christ,  spontanément  (s'est  offert)  à  nous  son  corps 
saint,  puis  HJiîr  s  If^th  ■  (3)  Que  celui  qui  est  pur. 

Les  missels  récents  divisent  ces  paroles  :  les  unes  sont  dites 
avant  le  lavement,  les  autres  après  le  lavement.  Ces  rubriques 
ne  sont  pas  pour  le  moment  du  lavement,  mais  toutes  sont  des 
exhortations  prises  dans  le  symbolisme  du  lavement,  comme 
il  apparaît  clairement  dans  les  missels  anciens  et  dans  ceux  des 
Coptes  et,  par  ailleurs,  dans  cette  explication  :  ffl^WiôO^  ■*  h 
ft,tf-  •  A»lin  •■  h9°flti  :  AfllW-  :  hfJh  '  AÂ.A^A  :  Le  lave- 
ment des  mains  du  prêtre  ressemble  au  lavement  des  mains 

il  Cf.  le  missel  manuscrit  de  Dër-Sultan  (Jérusalem)  où  il  est  fait  mention  du 
roi  Takla-Ghiyorgis  et  le  petit  missel  de  Chéren. 

(2)  Cf.  le  missel  de  Dër-Sultan  où  il  est  fait  mention  du  roi  Ghigàr. 

(3)  Cf.  iris  .  éth.  n°  67  de  la  Bibl.  Nat.  de  Paris. 

10 


190  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

de  Pilote,  et  encore  dans  les  paroles  des  diacres  :  J\ao  ;  p  s 
Ithtl'Pth'l't.  '•  Si  quelqu'un  méprise... 

Il  convient  alors  de  dire  quelques  versets  des  psaumes  au 
moment  du  lavement,  comme  il  est  d'usage  dans  toute  l'Église. 

Il  semble  que  cette  rubrique  du  lavement  ne  remonte  pas 
aux  temps  anciens,  parce  que  nous  ne  la  trouvons  pas,  à 
quelques  exceptions  près,  dans  les  missels  anciens.  Quant  à  la 
division,  on  ne  la  trouve  que  dans  les  missels  récents. 

Le  baiser  de  paix.     - 

Quand  tout  est  préparé  sur  l'autel,  d'après  l'usage  ancien, 
le  diacre  dit  :  fh?"'!-  «   IMÊÇ-tho»'   «  l\h9°:''   '•  tyRMr  ' 

Baisez-vous  entre  vous  du  baiser  saint.  Le  peuple  d'abord 
prie  Jésus-Christ  pour  être  digne  de  la  paix  en  disant  :  YlC 
tl-ïtl  ■  M>uAhV  ■■  S.Wi  ••  £A<P>  ■■  Christ,  notre  Dieu,  rends- 
nous  dignes.  Immédiatement  se  fait  le  baiser  de  paix.  Les 
prières  du  baiser  de  paix  sont  variées.  Quelques-unes  sont 
adressées  au  Père,  d'autres  au  Fils,  d'autres  sont  appelées 
prières  de  Jacques,  de  Basile  et  d'autres  Pères.  On  ajoute  alors  : 

.e.-flA  :  -^.e*7  =  RAP  ■  tth'i'l'  '■  {\*\9°  ■  (D<£$C.  -  Le  diacre 
dit  :  Prie:  pour  ta  paix  et  la  charité. 

Dans  un  autre  missel  on  trouve  :  1"  hhlW.hf  '■  mY\9ntÙ\ 
p  :...  ffl'/fl,  :  ft19°  :  fflÇ'4*C  :  0  ">n"  Seigneur  et  mon 
Dieu...  donateur  de  la  paix  et  de  la  charité. 

2°  ?\a\\\.ht\th,C.  ■  0(1..*'.  ■  Hi\°i/i9°  -  Seigneur,  grand,  éter- 
nel. 

Cette  seconde  prière  est  dite  «  prière  de  saint  Basile  ». 

La  rubrique  dit  ensuite  :  £■*}.  ::  -hh9°'l'  '•  Le  diacre  dit  : 
Donnez-vous  le  baiser. 

Le  peuple,  en  se  donnant  le  baiser  de  paix,  dit  le  hCrt-f-ft  '•  h 

S^AÏIV  ■  tltlthï  •■  hhm.hftth.i'.  ■  nrt"7jP-7"  •■  Le  Christ  est 
notre  Dieu...  Gloire  au  Seigneur  dans  les  deux,  qui  se 
trouve  dans  la  deuxième   prière  "h"l\\.h-(lih,C.  •  Ott.?>  ■  Mh°i 

Air  : 

Nous   croyons    que    ces  rubriques  ont  été  ajoutées  par  les 

[41] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  191 

Éthiopiens  pour  faire  suite  aux  paroles  du  prêtre  :  ft">H  '  £«fl 
A*  •*  ti'ttih'l'  •  En  disant  :  Gloire. 

La  rubrique  flllf  :  JP.'l-Ji9°'ï-  ■•  +AflWl'ï  :  9°hi\  •  +A<»-rt-l-  • 

\ii  les  prêtres  se  donnent  le  baiser  est  empruntée  au  Mashafa 
Kidân. 

Conclusion.  L'ordre  des  Apôtres  suit  absolument  l'ordre  de 
saint  Marc  dans  la  prière  de  l'action  de  grâces  :  Vhtf-f-  :  ATI 
i  •'  WTJP'l"  :  Rendons  grâces  à  l'auteur  des  bienfaits, 
jusqu'à  l'anaphore,  et  les  rubriques  s'accordent  quant  à  l'ordre 
de  succession,  saut'  en  ce  qui  concerne  les  prières  et  les 
rubriques  ajoutées  ultérieurement  ainsi  que  les  prières  et 
rubriques  qui  n'étaient  pas  écrites,  parce  qu'elles  étaient  très 
usitées,  par  exemple  :  ft.*îV  ■'  h9°'ï»  '■  Alliance  du  baiser. 


II.  —  PARTIE  EUCHARISTIQUE 

CHAPITRE  I 

A  partir  de  là  notre  liturgie  ne  s'accorde  pas  avec  celle  du 
copte,  si  ce  n'est  dans  ce  qui  a  été  ajouté  par  la  suite  dans  la 
liturgie  des  Coptes.  La  raison  en  est  celle-ci  :  en  laissant  l'Ana- 
pliore  de  saint  Marc  et  de  saint  Cyrille,  ils  prirent  celle  de 
saint  Basile,  dont  l'ordre  est  syrien  (1),  comme  Anaphore 
principale,  tandis  que  nous  avons  suivi  l'ordre  de  saint  Marc  ou 
de  saint  Cyrille,  pour  l'Anaphore  des  Apôtres,  en  mettant  à 
part  ce  qui  a  été  ajouté  dans  le  Mashafa  Kidân. 

Xe  sont  pas  indiquées  dans  le  Sênodos  ni  dans  le  manuscrit 
de  Vérone  la  fraction,  la  consignation  et  la  communion,  car 
elles  sont  connues  par  la  pratique  comme  choses  essentielles 
de  la  liturgie.  Comme  nous  le  verrons  ci-dessous,  tout  ce  qu'on 
trouve  en  plus  dans  le  Sênodos  est  ajouté  postérieurement. 

(li  Cf.  Duchesne,  Origine»  du  culte  chrétien,  p.  (il. 


[-12] 


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[43] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  193 

Prières  diverses. 

Selon  l'usage  de  l'Église  Alexandrine,  on  dit,  au  milieu  de 
l'Anaphore,  les  prières  diverses  ou  la  commémoration  des 
vivants,  des  saints  et  des  morts.  Alors  le  diacre  lit  le  dip- 
tyque qui,  chez  nous,  s'appelle  ■Ç.'fl-S.^'},  parce  que  dans 
l'ancienne  Anaphore  de  la  Sainte  Vierge,  on  trouve  :  (DJfMlA  ■■ 
Alf&î  '•  -S/fl  ■*?.#>  !  (1)>  ce  Q«i  veut  dire  :  Le  diacre  dit  le 
diptyque,  et  dans  un  livre  tbéologique,  le  aoRfhé.  :  9°f*'m.C  •• 
on  lit  :  \\m>  :  Ji.jr*,£9°rtft  :  haofché.  '•  ^.'tt^'i  '•  Afin  quene 
soit  pas  effacé  (ton  nom)  du  livre  du  diptyque.  On  trouve  ce 
texte  à  la  tin  de  la  lecture  de  la  semaine  pascale  (2). 

Cette  prière  s'appelle  chez  nous  le  flh'H*  •'  *flft-ô  ■'  ffiXA""!*  : 
ft'/..\h  :  /'"///■  le  bienheureux  et  prière  de  bénédiction.  Une 
partie  de  cette  prière  diverse  est  aujourd'hui  récitée  par  le 
diacre,  une  autre  partie  par  l'assistant;  le  sous-diacre  récite 
également  une  courte  partie  de  cette  prière,  alors  que  le  prêtre 
célébrant,  à  ce  moment  de  la  prière  principale,  se  tient  la  face 
tournée  vers  l'orient  pour  prier  Dieu  pour  tous,  mais  reste  silen- 
cieux. 

Il  faut  cependant  savoir  que  le  Rh^'h  '•  ■flR-i>  ■•  fl>Xrt*"f*  : 
fl*<5'ÏL  '•  ne  se  trouve  pas  dans  le  Sènodos,  mais  que  cette  prière 
est  mise  ici  pour  suivre  l'ordre  de  la  liturgie  de  saint  Marc. 

Sur  te  fl^-f*  ■  t\K.ô  •■ 

C'est  pourquoi  nous  pensons  que  l'usage  actuel  défaire  réciter 
par  le  diacre  le  -ttihll  •  tf-rt-o»-  ■■  A,*ï  :  Wi'ï  '•  Souviens- 
lui,  Seigneur),  de  tous  (es  patriarches  et  par  le  sous-diacre  : 
Seigneur,  aie  pitié  d'eux  a  pénétré  par  une  faute  de  copiste. 
Pour  le  prouver,  il  suffit  : 

1°  de  confronter  notre  liturgie  de  saint  Marc  et  celle  des 
Grecs  avec  celle  de  saint  Cyrille  en  copte; 

il)  Bibl.  Nationale  de  Pari*,  ms.  éthiop.  n°  T:i.  —  (î)  Bibl.  Nat.  de  Paris 
ms.  éth.  n"  113. 

Il 

ORIENT    CHRÉTIEN.  13 


194  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

2°  de  connaître  ce  qu'en  disent  les  liturgistes  éthiopiens; 

3°  d'examiner  la  constitution  de  cette  prière. 

1.  Notre  liturgie  de  saint  .Marc,  au  milieu  de  l'Anaphore,  dit  : 
Jf.hH.fc  :   "JftîiAïl  ■"   Maintenant  aussi  nous  te  prions...  (1). 

C'est  encore  la  même  liturgie  que  celle  des  Grecs,  mais  ce 
que  doit  dire  le  diacre  n'est  pas  noté,  parce  que  peut-être  c'était 
écrit  dans  un  autre  livre  diaconal. 

Dans  celle  de  saint  Cyrille,  au  milieu  de  l'Anaphore,  après  : 
Le  prêtre  dit  :  Souviens-toi,  Seigneur,  de  la  paix  de 
l'Église,  etc.,  on  trouve  :  Le  diacre  dit  :  Priez  pour  lapaix  de 
l'Église,  etc.  Car,  pour  toutes  les  parties  des  prières  du  prêtre, 
le  diacre  avise  le  peuple  de  cette  manière.  Ce  même  usage 
se  retrouve  dans  la  liturgie  de  saint  Basile  qui  est  dans  le 
missel  éthiopien;  de  même,  au  moment  de  l'encensement, 
tandis  que  le  prêtre  fait  trois  l'ois  le  tour  de  l'autel  en  disant  : 
Nous  te  prions,  Seigneur,  afin  que  tu  te  souviennes  de 
l'Église,  et  que  le  diacre,  à  son  tour,  dit  :  Priez  pour  la  paix 
de  l'Église,  etc.  Même  usage  se  rencontrait  encore  en  quelques 
églises,  où,  avant  chacune  des  commémorations,  le  diacre,  à 
haute  voix,  invitait  à  prier  pour  une  intention  déterminée. 
Cf.  Rahmani,  Les  Liturgies  orientales  et  occidentales,  p.  225. 

2.  Les  liturgistes  éthiopiens  étant  bien  persuadés  de  l'erreur 
de  cette  commémoration  se  sont  appliqués  à  corriger  de  la 
façon  suivante  :  fth'i'ï  ■  -tlft-fi  '•  toty^lt  •■  Pour  le  bienheureux 
et  saint  (patriarche),  etc.  Les  liturgistes  disent  :  //  faut  con- 
server te  tth'i'l'  '•  "fin  qu'il  soit  uni  avec  le  Stephanos  qui 
vient  ensuite  (2).  C'est  évidemment  préférable,  car  le  a* 
copulatif,  qui  se  trouve  joint  au  flh'H"  :  tf-rt»<n>-  ■•  4*-9-A'}  ■'  (O 
i\alà'\'  •  Pour  tous  les  saints  cl  martyrs,  réunit,  ce  dernier 
tth'i-t-  •■  avec  le  premier  nhl-t  ••  se  rapportant  à  htimj-Vh  •• 

Les  liturgistes  ajoutent  encore  à  cette  prière  en  ce  passage  : 

fl»+HhC  •  hll'  s  MA  •  tfA-  ■  n.1-  ••  YiCMl.n  !  HAVC?*  •■... 
-t-tthC  •■  tf-A""1»-   :  A..*>  ••  MA">  ••  en  disant  :  -\-\\\\C  •■  ôffl 


(1)  Cf.    Abba    Takla-Maryam    Semharay    Selim,     Texlus    aeth.    Anaphorae 
.  Marci,  p.  5. 

(2)  Cf.  Ms.  d'interprétation  liturgique,  p.  56. 

[4b] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  195 

Le  premier  Souviens-toi  et  le  second  Souviens-toi  s'accordent 
entre  eux  et  les  deux  mentions  A.4'  :  ftfcft  et  A.*>  •■  A&«Vh  ■■ 
s'accordent  aussi  avec  eux.  Par  cette  façon  dont  les  litur- 
gistes ajustent  les  mots,  on  peut  aisément  faire  la  distinction 
entre  la  commémoration  des  vivants  et  celle  des  saints  (1). 

3.  L'examen  attentif  de  cette  prière  montre  l'erreur,  car,  en 
unissant  d'après  les  liturgistes  éthiopiens  les  deux  -|-lfïlC  ! 
Souviens-toi,  l'un  se  trouvant  avec  'ht't'  :  AôA  ■  W"A-  -■  (M"  •• 
ÏHlMljfi  •',  l'autre  avec  Vf-A-tf"'  '•  A..+Ï  :  Mfà  •  on  voit 
clairement  l'absence  du  premier  -MfhC  :  qui  doit  être  ajouté 
au  premier  A.+  ■■  fcfcA'l*  :  Patriarche.  Farce  que  cette  union 
de  A.4*  •'  Wi'T"  :  fl>A..*>  '  $&tvY  •  Patriarche  et  patriarches, 
qui  a  été  faite  par  les  liturgistes,  exige  un  autre  'J-fjhC  '•  Sou- 
viens-toi pour  le  patriarche  qui  est  le  premier  mentionné.  On 
le  prouve  aussi  par  le  (D  copulatif  qui  se  trouve  avec  le  »f"HhC  '• 
Mi'  '•  AAA  •■  ïi""A*  "...  Souviens-toi  de  la  catholique,  (apos- 
tolique) Église,  que  l'on  trouve  après  le  rhO>*ft*  ••  Surveille, 
lequel  doit  être  uni  au  +HhC  ■"  qui  fait  défaut  et  non  pas  au 
précédent,  parce  que  celui  qui  précède  se  rapporte  aux  saints. 
On  a  donc  fautivement  mêlé  dans  cette  prière  la  partie  qui  doit 
être  dite  par  le  célébrant,  à  celle  du  diacre,  tandis  qu'elle  est 
écrite  isolément  dans  les  liturgies  que  nous  avons  vues  ci-dessus. 

On  peut  alors  la  placer  conformément  à  l'ancienne  liturgie 
de  saint  Marc  ou  conformément  à  celle  de  saint  Cyrille.  Lors- 
qu'on la  place  selon  saint  Marc,  on  doit  ajouter  :  Prêtre  : 
Souviens-toi,  (Seigneur) ,  du  bienheureux  et  saint  pa- 
triarche N.  etc.,  puis  le  diacre  doit  aller  prendre  les  diptyques 

(1)  Le  missel  édité  à  AdJis-Abéba  n'est  pas  conforme  ici  aux  règles  des 
liturgistes  éthiopiens,  parce  qu'il  ne  conserve  pas  le  I1V>'I-  ••  qui  se  trouve  avec 
■flH.il  :  <0'>.S.fi  :  ft/l'  :  AAt-l-  :  Bienheureux  ■■/  saint  patriarche,  mais  ajoute  un 
autre  <d(IWI-  »  à  propos  de  ~h{\nwi.',"l)  :  De  cette  façon  il  confond  les  vivants 
et  les  suints.  Plu-  loin,  il  fait  le  contraire,  en  séparant  le  an°1-  ••  Vr,A»m>-  :  fiil 
?\A\i  •■  Oratio  eorum  omnium  nobis  obveniat  pour  les  saints  du  ai'/™ li foirai*  : 
Xupï  '  iiia>-R  s  Et  (iimul)  cum  eh  nos  oisila  pour  les  vivants.  Ainsi,  il  renvers  ii1 
les  phrase.-.  (Cf.  pp.  112,  1 15). 

[46] 


196  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

et  lire  les  noms,  en  disant  :  Le  bienheureux  et  saint  patriarche 
N-,  etc.  Mais  si  on  la  place  selon  la  liturgie  de  saint  Cyrille, 
qui  est  conforme  à  la  liturgie  actuelle  de  l'Église  éthiopienne, 
on  doit  commencer  ainsi  :  Prêtre  :  Souviens-toi,  (Seigneur), 
du  bienheureux  et  saint  patriarche  N..,  etc.  ;  ensuite  le  diacre 
dit  :  Prie:  pour  le  bienheureux  et  saint  patriarche  Àr.,  etc. 
ainsi  que  dans  toutes  les  commémorations. 

Prière  bénédiction  nette. 

Le  missel  d'Abba  Tasfà-Seyon  et  les  autres  missels  mettent 
ici  cette  prière  intégralement  (1);  mais  le  missel  actuel  la 
divise  en  deux  parties  :  la  première  est  mise  ici  ainsi  que  la 
dernière  après  l'imposition  finale  des  mains  qui  suit  la  com- 
munion comme  prière  bénédictionnelle.  Nous  devons  toutefois 
noter  qu'il  y  a  des  missels  éthiopiens  où  se  trouve  la  prière 
intégrale,  sous  le  nom  de  prière  bénédictionnelle,  tandis  que 
chez  les  Coptes  seule  la  dernière  partie  s'appelle  prière  béné- 
dictionnelle (2). 

Que  dire  de  cette  sorte  de  prière"?  Est-elle  prière  diverse  ou 
vraiment  bénédictionnelle?  Nous  répondons  qu'elle  est  une 
prière  diverse,  parce  que  les  prières  diverses  se  reconnaissent 
à  ceci  qu'on  y  trouve  les  commémorations  des  vivants,  des 
défunts  et  des  saints  et  des  demandes  variées;  de  plus,  cette 
prière  s'accorde  pour  le  sens  avec  les  prières  diverses  de  saint 
Marc,  et  de  saint  Cyrille  jusqu'au  moment,  où  l'on  dit  :  Sou- 
viens-toi de  moi  pécheur,  ton  serviteur,  quoiqu'elle  en  diffère 
un  peu  quant  à  l'ordre  des  prières;  elle  se  rapproche  aussi  de 
celle  de  saint  Basile  qui  se  trouve  après  l'épiclèse.  Ceci  se 
prouve  par  la  place  où  elle  est  mise  dans  les  missels  d'Abba 
Tasfà-Seyon  et  les  autres,  car  on  la  trouve  immédiatement 
après  les  prières  :  Souviens-toi  de  l'Eglise  et  du  patriarche, 
lesquelles  se  trouvent  dans  les  liturgies  de  saint  Marc,  de  saint 
Cyrille  et  de  saint  Basile;  elle  occupe  cette  même  place  dans 
la  liturgie  alexandrine.  Cet  argument  est  encore  renforcé  par 
les  cinq  missels  éthiopiens  cités  plus  haut,  qui,  en  omettant 

(1)  Bibl.  Nat.,  ms.  éth.   n"  h"  el   Abbadie  n"  72.  —  (2)  Missel  ms.   de  Jéru- 
salem, Dèr-Sultan,  au  temps  de  (Jhigàret  le  petit  missel  de  Chéren. 

[47] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  197 

le  Souviens-toi,  Seigneur,  de  l'Église  (1)  qu'on  trouve  dans 
le  missel  de  Tasfà-Seyon,  font  suivre  à  cet  endroit  le  seul  /^/M 
A*ft  •■  4,-l/-ft  :  0  trois  fois  saint  i  prière  bénédictionnelle)  et 
(Dfifflav-  :  Garde-les  (2).  Cet  argument  est  encore  renforcé 
par  le  fait  que  la  lre  moitié  de  la  prière  dont  il  est  ici  question 
est  mise,  dans  le  missel  actuel,  à  la  place  qu'elle  doit  occuper 
d'après  la  liturgie  alexandrine,  et  cela  pour  ne  pas  répéter  une 
même  chose,  :  la  commémoration  des  saints  déjà  dite  dans 

le  Oh**'!'  :  -fliU  •■ 

Tout  ceci  démontre  que  les  prières  diverses  dans  les  missels 
éthiopiens  sont  doubles  :  1°  dans  le  fl^'J-t'  s  'flfi-fl  '•  on  trouve 
la  commémoration  des  vivants,  des  saints  et  des  défunts; 
•2°  dans  le  Ji/"/Y*fl  ■■  «M-ft  -•  on  trouve  aussi  les  mêmes  prières 
et,  en  plus,  les  autres  prières  déprécatoires. 

S'il  en  est  ainsi,  nous  pouvons  arriver  à  cette  conclusion  : 
1°  la  première  prière  est  l'ancienne  prière  qui  doit  être  remise 
en  ordre;  2°  la  seconde  a  été  ajoutée  après  coup  et  prise  dans 
la  liturgie  de  saint  Basile;  3°  ces  prières  bénédictionnelles 
doivent  être  récitées  par  le  célébrant,  comme  cela  se  fait  dans 
toutes  les  églises. 

Après  les  prières  diverses  le  célébrant  revient  à  l'Incarnation 
du  Verbe  :  H<£/fh  :  Lequel  (Verbe)  tu  as  envoyé. 

Ensuite,  on  fait  l'interruption  par  le  Trisagion.  Le  Trisa- 
gion  commence  par  le  Ah  :  AH£»'f,fl>*tfI,"  •"  0  toi  devant  qui  se 
tiennent  debout  et  finit  par  le  «J'-S-ft  s  4*-S-fl  :  ^-S-fl  ■'  Suint, 
saint,  saint.  .Mais  il  n'est  pas  régulier  d'interrompre  la  phrase 
concernant  l'Incarnation,  en  metiant  au  milieu  de  celle-ci 
le  passage  commençant  ainsi  :  jrVflA  ••  f$.?4,'i  •  ?iA  •"  -T'i'fK-  •". . . 
'f"'}/*7i-  '•  Le  diacre  dit  :  Vous  <jui  êtes  assis,  levez-vous, 
jusqu'à  :  4*-«/-ft  •  fflA.Ç'h  :  a°?Ch  •  Ton  saint  Fils  est  venu. 
L'ordre  devrait  être  le  suivant  :  (DA£"h  •■  H<f.Tll  :  h^û0!^  •"•.. 


(l)Renaudot,  Liiurg.  orient.,  t.  I,  p.  25. 
2    Les  liturgistes   ont  peut-être  pensé  que  cette  prière  était  déjà  dite  dans  le 

nwi-  ■■  -nx.*  : 

[48] 


198  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

A«£-  :  Ton  Fils  que  tu  as  envoyé  du  ciel...  Ton  Fils  a  été 
manifesté,  étant  né  par  l'Esprit-Saint  de  la  Vierge,  con- 
formément à  celui  du  Sênpdos  et  de  l'Anaphore  de  Notre- 
Seigneur. 

L'interprétation  des  liturgistes  éthiopiens  le  prouve  encore, 
car  ils  l'interprètent  ainsi  :  h£*'}1A  :  IM"fflA.e.  ■■  '/.H.  "  i\o° 
1&À\  •  tyH-tl  •■  h'i&m  ■■  ;I"<D+  •■  1 1  )  Quand  il  fut  ne  de  la 
Vierge,  il  fut  reconnu  que  c'était  par  le  Saint- Esprit '.  Il  semble 
donc  que  les  liturgistes  postérieurs,  en  apercevant  le  défaut, 
ajoutèrent  :  Ton  saint  Fils  est  venu,  et  l'unirent  à  :  Fia"  né  de 
la  Vierge.  Il  serait  donc  préférable  île  le  remettre  à  sa  place. 

Encensement.  Ici  le  prêtre  assistant  met  le  dernier  grain 
d'encens  dans  l'encensoir  et  le  présente  au  célébrant  qui  tient 
ses  deux  mains  jointes  quelque  temps  au-dessus  de  la  fumée, 
puis  au-dessus  de  l'hostie,  ensuite  sur  le  calice  et  enfin  sur  les 
deux  espèces,  en  répétant  la  même  rubrique.  Il  dit  ensuite  : 
(Vt-rh  *  (Jésus)  étendit  ses  mains.  Le  peuple  dit  :  *|"Hh<iV  • 
Souviens-loi  de  nous. 

CHAPITRE  II 

Sur  la  consécration  et  les  paroles  consécratoires,  voir  Abba 
Takla-Maryam,  De  Indumentis,  p.  11.  Pour  le  reste  de  la 
consécration,  cf.  infra. 

1.  Anamnèse.  Le  prêtre  dit  :  En  nous  souvenant  de  sa 
mort  et  de  sa  résurrection. 

Offrande  :  Nous  t'offrons  de  ce  pain  et  de  ce  calice. 

2.  Épiclèse.  L'épiclèse  dans  les  missels  éthiopiens  actuels  se 
divise  en  deux  parties  :  la  partie  ancienne  ou  synodale  et  la 
partie  postérieure  ou  copte.  Partie  ancienne  :  f»'/ft/»Ail  ■•  h 
ao  :  ï&;.  :  «D-}£rtîi  :  4»«Srt  «  3.H  '  ^COÇ  '  AH'/:  «  n,-f-  ■■  In 
CM:?"}  •  m?s"UM  ••  lOPao-  -.  Atf-A-o»-  .•  ?,a  :  .e.V'h.  •• 
h9°lU-  •■  .fcïh'ro»-  ■•  A*£"A1-  :  a>MnAhl*  ■  at>-}é.t\  ••  4"JA  i 

(Il  onjv'    :  li..S'V  :  de  Dèr-Sultan,  Jérusalem. 

[49] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  199 

o»-ïjp.A  •■  nfrjwi*  ••  n»+  ■•  hcft-t^i  :  ?.}xU.t  ••  wha^j-.  «  <ba 

«JA»"  •'  ^AîT"  «  h"^  «  /Vous  te  supplions  d'envoyer  ton 
Esprit-Suint  sur  l'offrande  de  cette  église,  en  unissant  tous 
ceux  nui  a  participent .  afin  que  cela  suit  a  ta  sainteté,  à  la 
plénitude  et  à  la  confirmation  de  la  foi  véritable  ri  afin  di- 
te sanctifier  et  de  te  louer  par  ton  Fils  Jésus-Christ,  par 
(ju i  est  ii  lui  gloire  et  puissance  dans  la  sainte  Église 
maintenant  et  toujours....  etc:   (1).  La  partie  postérieure  est 

OJ-WA    :    -«}.n    :    1IH--    :    Iflft-'l"   :    ©MA    •■   11    ■■    X*?à    :    jf.dh 

Â.?A-A  :  YtCtl-f'îï  ••  A°/A<7»  :  °/Ma  •  (Nous  te  supplions  d'en- 
voyer ton  Esprit-Saint)  et  la  force  sur  ce  pain  et  sur  ce 
calice,  afin  qu'il  fasse  de  ce  pain  le  corps  et  de  ce  calice  le 
sang  de  Notre-Seigneur  Dieu  et  Rédempteur  J.-C.  pour  les 
siècles  des  siècles. 

On  a  donc  introduit  postérieurement  ce  mot  fl)*^,ftA  •"  Et  la 
force  jusqu'à  la  rubrique  :  En  immergeant  le  doigt.  De  plus, 
on  remarque  que  la  prière  de  l'épiclèse  est  divisée  en  deux  et 
qu'ainsi  l'une  est  adoptée  pour  l'épiclèse  et  l'autre  pour  la 
consignation,  mais,  comme  on  le  voit  très  clairement.  la 
dernière  a  été  séparée  de  sa  proposition  '  principale.  Nous 
pensons  donc  que,  lorsqu'on  voulut  suivre  l'usage  des  Coptes 
sur  l'épiclèse,  on  a  ajouté  cette  formule  :  Et  la  force  sur  ce 
pain,  etc.  avec  la  rubrique  :  h*7ll.^  ■■  a°A\d  '•  Seigneur,  aie 
pitié  de  nous,  que  doit  dire  trois  fois  le  peuple  dans  les  prières 
diverses  selon  la  liturgie  en  langue  copte  de  saint  Basile.  Un  a 
encore  ajouté  la  rubrique  de  la  consignation  du  corps  par  le 
sang  avec  le  doigt  et  la  prière  ft^^h  :  Et  foi  (les)  unissant, 
qui  était  séparée  de  l'épiclèse  et  adoptée  pour  la  consignation, 
parce  que  le  mot  fL°y,S.\\  ■•  En  unissant  ou  en  mélangeant 
s'accorde  avec  l'acte  de  consignation  du  corps  et  du  sang, 
tandis  que  le  sens  de  ce  mot  est  maintenant  :  En  les  unissant 
tous,  et  non  pas  :  En  mélangeant  (le  corps  avec  le  sang). 

Cette  méthode  de  faire  la  consignation  avec  la  prière  ¥L.°1. 

(1)  Cf.  Sênodos. 

50 


200  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

£l\  :  n'est  pas  seulement  dans  l'anaphore  des  Apôtres,  mais 
aussi  dans  les  autres  anaphores  avec  peu  de  différences.  L'usage 
général  est  le  suivant  :  il  y  a  des  anaphores  où  l'on  trouve 
l'épiclèse,  et  des  anaphores  où  l'épiclèse  n'existe  pas.  Dans 
l'anaphore  où  l'épiclèse  existe,  la  consignation  se  fait  par  une 
prière  se  trouvant  à  la  suite  de  l'épiclèse  et  dans  laquelle  on 
rencontre  le  mot  £-"7£  :  Mélange,  ou  p.&tmc  .-  (1)  Que  soit 
mélangé;  mais  si  l'on  ne  rencontre  pas  ces  mots  dans  la 
prière,  on  fait  la  consignation,  en  récitant  la  prière  de  l'ana- 
phore des  Apôtres.  Dans  les  anaphores  où  n'existe  pas  l'épi- 
clèse,  on  fait   la  consignation   là  où  se  trouve  le  mot  &"l 

£h  :  (2).  Si  on  ne  trouve  pas  le  £"7.<Cïl  ••  on  se  reporte  à  celui 
des  Apôtres. 

Pour  vérifier  tout  cela,  il  suffit  d'observer  que  dans  l'ana- 
phore de  Notre-Seigneur  on  trouve  l'épiclèse  des  Apôtres,  alors 
que  l'épiclèse  propre  existe;  la  consignation  est  faite  par  les 
mots  i/fl>  ■■  h^lW.h  •  £"°7<J>  ■'  Donne-nous,  6  Seigneur,  l'union, 
parce  qu'on  y  trouve  le  mot  £*"7<{,  :  Union. 

3.  Sur  les  répons  du  peuple  pendant  la  consécration.  Ne  sont 
pas  exacts  les  répons  du  peuple  depuis  la  consécration  jusqu'à 
l'épiclèse  :  1°  à  cause  des  sources  diverses  d'où  proviennent 
les  missels  éthiopiens;  2°  à  cause  de  l'inexactitude  des  litur- 
gistes  éthiopiens. 

Afin  de  montrer  l'inexactitude  des  missels,  nous  mention- 
nons ici  d'abord  les  missels  éthiopiens,  puis  les  sources  prin- 
cipales. 

Usage  actuel  de  l'Église  éthiopienne. 

Après  les  paroles  du  prêtre  V/^K  :  'VflfH*  •  Il  «  pris  le  pain 
jusqu'à  JiA  ••  ÏTH1A  :  VflKI  •■  Ceux  qui  sont  sans  tache,  le 
peuple  dit  :  îhF"}  '•  htm  :  m-p  ■•  tD-hU  •■  llfcTJ  ■  ît\9°'}  ■ 
Nous  croyons  qui'  ceci  est  véritable,  nous  croyons.  Après  la 
consécration  de  l'hostie,  le  peuple  dit  trois  fois  :  Amen,  puis  : 
Vfc9°'J  ••  m'iH'hoo'i  -■   ih,-f\ih\\  ■■  >.h°HU>  •  mhrtà'i  «  h 

(1)  Cf.  l'anaphore  de  saint  Jean  Chrysostome. 
(il  Cf.  l'anaphore  des  318  Orthodoxes. 

[51] 


LA    MESSE    ETHIOPIENNE. 


■201 


m  .■  it'i'fc  •■  fl>-h'fc  ••  nh°Ti  s  'ihVi  ••  Nous  croyons  et  nous 
confessons;  nous  te  glorifions,  ô  Notre-Seigneur  et  notre 
Dieu;  /mus  croyons  que  ceci  est  véritable.  Après  la  consécra- 
tion du  calice  le  peuple  dit  les  mêmes  paroles. 

Les  sources  principales. 
Mm  c.  Missel  grec. 

Répons  depuis  la  consécration  jusqu'à  l'épiclèse  : 

Après  Hoc  est  corpus...  etc.,  le  peuple  répond  Amen. 

Après  hic  est  cpilix...  etc.,      «       «  «        « 

Après  l'anamnèse  «       «  «         « 

Après  l'épiclèse  «       «  Sicut  erat,   etc. 

(Cf.  Renaudot,  t.  I,  pp.  155-157). 

Le  missel  éthiopien    de  saint  Marc  après   l'épiclèse   a  mis 

trois  fois  Amen  et  n'a  pas  mis  Sicut  erat.  (Cf.  Abba  Takla- 

Maryam  Semharay  Selim  :  Textns  aeth.  Anaphorae  S.  Marri, 

praef,  p.  V,  anaph.,  p.  8). 

Cyrille. 

Après  les  mots  :  Gratias  egit,  benedixit,  sanctificavit,  le 
peuple  dit  trois  fois  Amen. 

Après  la  consécration  du  calice,  le  peuple  dit  trois  fois^-b»*'». 

Après  l'anamnèse,  le  peuple  dit  :  Secundum  misericor- 
diam,  etc. 

Après  l'épiclèse,  le  peuple  dit  :  Sicut  erat,  etc. 

Alexandrin.  Basile. 

Après  les  mots  :  Gratias  egit,  benedixit,  sanctificavit,  le 
peuple  dit  Amen. 

Après  la  consécration  du  calice,  le  peuple  dit  trois  fois 
Amen. 

Après  l'anamnèse,  le  peuple  dit  :  Te  laudamus,  tibi  bene- 
dicimus. 

Après  l'épiclèse,  le  peuple  dit  trois  fois  Amen,  puis  trois  fois 
Kyrie  eleison.  (Cf.  Renaudot,  t.  I,  pp.  67-69). 

[Si] 


202  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Copie.  Basile. 

Avant.  YAccepil  panem,  le  peuple  dit  :  Credimus  in  rei 
veritatem. 

Après  Aspexitin  cœlum,  le  peuple  dit  Amen. 

Après  les  trois  mois  :  Gralias  egit,  benedixit  et  sanctifi- 
cavit,  le  peuple  dit  Amen  trois  fois. 

Mêmes  répons  pour  la  consécration  du  calice. 

Après  la  consécration  du  calice,  le  peuple  dit  une  fois  Amen, 
puis  ajoute  :  il  -•  h"?!»-  :  (D-'M*  ■"  C'est  ainsi. 

Après  l'épiclèse.  le  peuple  dit  trois  fois  Amen.  (Cf.  Ren.au- 
do.t,  t.  I.  pp.  14-16). 

Copte.  Grégoire. 

Après  YAccepit  panem,  le  peuple  dit  :  "thT"}  •  h»»  -"  fl>*K 
•Jî  :  \\fif\\  :  Credimus  il  a  esse. 

Après  les  trois  mots  :  Gratias  egit,  etc.,  le  peuple  dit  trois 
fois  Amen. 

A  la  lin  de  la  consécration  du  pain,  le  peuple  dit  :  Tno°ll  ■  fl>* 
h'U  '•  tth^'i  ■•  h°ï"i  •  C'est  véritablement  ainsi.  Amen. 

Après  les  trois  mots  pour  le  calice,  le  peuple  dit  trois  fois 
Amen. 

Après   le  Quotiescumque,  le  peuple  dit  :  <p'Mi  :  hlW.y»  '• 

h  ■  mÇhïM-h  ■■  (D-itihMi  ••  Mx1]l.hî  •■  athrilnl  ■  0  Seigneur, 

nous  annonçons  ta  mort  et  ta  sainte  résurrection;  nous 
confessons  ton  ascension;  nous  te  glorifions,  nous  te  remer- 
cions et  nous  te  prions,  6  notre  Seigneur  et  notre  Dieu. 

Après  l'épiclèse,  le  peuple  dit  Amen.  (Cf.  Renaudot,  Op. 
cit.,  p.  30). 

Observons  les  répons  ci-dessus  et  les  inexactitudes  de  ces 
répons  dans  notre  missel.  La  phrase  l\tm  :  1J^'|:  :  fl»*h'M  •• 
t\haYi  ■■  >^9*"}  ■■  Que  ceci  est  vraiment  nous  croyons,  est 
étrange.  Dans  le  Basile  copte  on  lit  :  ^hy0"}  :  flh°7'}  :  h"»  : 
0>*?»'fc  :  Irwif  :  Nous  croyons  que  ceci  est  vraiment  ainsi. 

[53] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  'JUi! 

Dans  le  Grégoire  copte  on  lit  :  1")  ïhyy  -.  \\ao  •.  wh'U  '•  il 
ao'W  :  Mous  croyons  que  c'est  ainsi;  2°)  \\ao  •.  i|"j'J;  s  at-h 
■fr  ■'  fth"Y}  '•  h°^-'i  ■'  Que  ceci  est  vraiment  ;  A  men,  texte  avec 
lequel  s'accorde  l'éthiopien. 

Il  y  a  des  liturgistes  éthiopiens  qui  interprètent  ce  texte  : 
\\im  :  -)|'}-f:  .-  at'h'l'  '•  H^TJ  •■  ^h9°'i  •  en  disant  que  c'est  le 
sang  >'t  la  chair  divine  (Cf.  Interprétation  liturgique  manus- 
crite, p.  59);  d'autres  interprètent  :  f,\)  •  f*'Ph  •  KiWi  •• 
j&U  •  ?.9°l\  ■■  M&m  •■  M9°ÇA"i  •■  Cf.  missel  édité  à  Addis- 
Abéba,  p.  124).  Dans  le  missel  édité  à  Asmara  on  a  ajouté 
par  manière  d'interprétation,  semble-t-il,  les  mots  /".ih  ••..• 
toF.Vln  •■  (Nous  croyons  que  c'est)  ta  chair  et  que  ceci  est  ton 
s/an/  (cf.  p.  34),  tandis  qu'on  ne  trouve  pas  ces  mots  dans 
tous. les  missels  éthiopiens. 

Mais,  si  nous  observons  bien  le  sens  de  ce  \\au  .•  U'J-|:  : 
(D-'h'U  •"  C'est  ainsi ,  nous  croyons  que  IrwH  •  se  rapporte  aux 
paroles  prononcées  par  le  prêtre.  Ce  qui  le  prouve  c'est  que 
le  prêtre  doit  le  dire  parfois  avant  le  V/*"A»  :  Accepit...  et  quel- 
quefois après  le  >/**Ji  s  Cependant,  ce  qui  est  pis,  dans  le 
missel  éthiopien  on  a  mis  h°%'}  .-  tx^ïlr  ■'  Jt"X'>  '  h<?»  ••  Tf> 
■j:  j  a>'h'U  '•  Amen,  Amen,  Amen,  que  c'est  ainsi,  entre  cette 
phrase  :  Credimus,  laudamus  te  Dominum  nostrum,  parce 
qu'elle  doit  être  après  le  Quotiescumque  id  feceritis,  et  non 
pas  entre  le  t\aï'i  '•  e<  le  \\tm  :  TTH:  •"  fl>-?i'fî  : 

De  plus,  il  y  a  dans  les  anciens  missels,  après  le  fL°%^M  •• 
En  unissant,  les  additions  suivantes  :  fltf-A*  ••  A'fl  •■  Toto 
corde,  Sac.  :  ui\'i  ••  TîflC  :  Da  nobis  uniamur.  (Cf.  missel 
de  Tasfà-Seyon  édité  à  Rome,  et  missel  de  la  Bibl.  Nat.  de  Paris, 
n°  71). 

Cette  addition  a  été  prise  du  tmR,h&  •.  \\,P,'i  .-  et  prise  ici 
pour  la  fraction,  ainsi  que  nous  allons  le  montrer  ci-dessous. 

A  ces  additions  a  encore  été  ajouté  dans  les  missels  inter- 
médiaires et  récents  ce  qui  suit  :  Peuple  :  (Ul'">  ••  Uti"  ••  Sicut 
erat,  qui  se  trouve  après  l'épiclèse  dans  la  liturgie  de  Marc  et 

[54] 


204  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

dans  la  liturgie  de  Cyrille.  Le  Sicut  erat  dans  les  missels 
éthiopiens  intermédiaires  et  récents  suit  l'ordre  de  Marc,  en  se 
mettant  après  l'épiclèse,  tandis  que  dans  la  liturgie  de  Basile 
on  le  trouve  à  la  fin  des  prières  diverses.  Mais  il  est  mal  placé 
et  interpolé,  ainsi  que  nous  allons  le  voir.  A  la  fin  de  l'épiclèse 
le  diacre  dit  :  fltf"/V"  •"  A"fl  '  Toto  corde;  le  peuple  répond  flh 
ao  :  (M»  :  Sicut  erat.  Le  prêtre  dit  fL°%d.ln  •■  En  unissant,  et 
yflfr  :  Da  nobis  (uniamur). 

Fraction  et  consignation. 

Les  Orientaux  varient  sur  le  rite  de  la  fraction  et  de  la  con- 
signation, soit  quant  à  la  manière  de  les  faire,  soit  quanta  la 
place  qu'ils  leur  assignent,  parce  qu'ils  veulent  de  cette 
manière  établir  les  vérités  chrétiennes  sur  lesquelles  eurent 
lieu  des  controverses  à  diverses  époques.  (Sur  ce  sujet  voir 
missel  édité  à  Addis-Abéba,  p.  127).  C'est  bien  par  ces  varia- 
tions qu'on  voit  la  différence  entre  les  anciens  et  les  récents 
missels  éthiopiens. 

Les  Coptes  rompent  l'hostie,  en  disant  :  iOé.'l"i'  '•  Fregit.  On 
ne  trouve  pas  cette  rubrique  dans  les  anciens  missels  que  nous 
avons  vus,  sauf  dans  deux  anciens  missels.  L'un  de  ceux-ci 
mentionne  :  Que  te  prêtre  rompe  l'hostie  aux  quatre  extré- 
mités lft*T£  s),  et  l'autre  :  Aux  quatre  coins  (atf}'W}  :).  Par 
cette  rupture  on  signifiait  la  bénédiction  et  on  faisait  en  même 
temps  la  mémoire  de  la  fraction  faite  par  Notre-Seigneur 
Jésus-Christ. 

Dans  les  missels  récents  on  lit  :  Ici,  que  te  prêtre  rompe 
l'hostie  en  cinq  parties  légèrement,  sans  la  séparer. 

Mais  dans  la  pratique  le  prêtre  éthiopien  imprime  avec  son 
doigt  en  cinq  endroits  :  en  haut,  en  bas,  à  droite,  à  gauche  et 
au  milieu  (1). 

De  plus  les  Coptes  font  la  fraction,  en  récitant  la  prière  de 


(li  Ce  chiffre  ne  correspond  pas  à  celui  des  Coptes  qui  est  3.  (Renaudot.  i.  I, 
p.  259).  Dans  Tuki  on  trouve  :  en  i  el  en  3.  c'est-à-dire  2  pour  la  rupture  et  3 
pour  les  parties.  Parce  que  les  chiffres  5  et  3  se  ressemblent,  on  croit  qu'il  y  a 
eu  permutation  entre  eux. 

[55] 


LA   MESSE    ÉTHIOPIENNE.  205 

la  fraction,  tandis  que  les  prêtres  éthiopiens  affirment  que  la 
fraction  doit  être  faite,  en  récitant  le  i/flV  :  'J'îflC  :  Da  nobis 
uniamur,  et  non  seulement  ils  l'affirment,  mais  ils  le  mettent 
en  pratique.  Ainsi  s'accorde  le  sens  de  (jfl>  :  Da  nobis,  avec 
la  prière  qui  accompagne  la  fraction,  parce  qu'anciennement 
son  sens  s'appliquait  à  l'union  et  à  l'amour  entre  tous  les 
chrétiens  (cf.  R.  P.  Carpole,  p.  31 1).  Il  est  donc  évident  que 
les  liturgistes  ont  ajouté  récemment  la  rubrique.  En  expli- 
quant la  rubrique  Xrt«"f-  •'  éJY-f-  •  prise  aux  Coptes,  ils  ont  dit  : 

>i?  •  é.i"P  •  ttdiï*  •■  VU  ■  e"?.nA  ■  fcrt-l-  •  ?,\)  ■■  îah  : 

C'est  cette  prière  qu'on  récite,  en  faisant  la  fraction,  ou  au 
temps  de  la  fraction.  Elle  n'est  apparue  que  plus  tard  dans 
notre  liturgie,  en  désignant  la  prière  qui  se  récite  avant  le 
Pater  noster. 

L'usage  de  faire  la  fraction,  en  récitant  :  U(ti  :  Da  nobis  (unia- 
mur ,  provient  du  «Dftvhrf.  :  XlJ\'i  •.  Testamentum  Domini, 
et  a  été  introduit  dans  l'anaphore  des  Apôtres.  Avant  cette 
addition,  d'après  le  rite  éthiopien  ancien,  il  n'y  avait  d'autre 
place  pour  la  fraction  qu'entre  le  San'cta  sanctis  et  la  con- 
fession, comme  dans  la  liturgie  grecque  de  saint  Marc.  (Cf. 
Renaudot,  t.  I,  pp.  101  et  162).  On  ne  trouve  pas  cette  rubrique 
dans  l'anaphore  des  Apôtres,  parce  qu'elle  était  connue  par 
l'usage.  Dans  l'anaphore  des  Apôtres,  avant  l'addition  de 
Basile,  selon  l'usage  du  <n>JVrh<£.  ■■  \\J\1  •  Testamentum 
Domini,  on  faisait  la  fraction  avec  le  tffl>  :  Da  nobis  {unia- 
mur), et  la  communion  suivait  immédiatement.  En  effet,  dans 
l'anaphore  du  <7i>ftvh<J.  :  X\.P,'}  :  on  ne  trouve  après  le  i;fl>  .■ 
d'autre  prière  que  la  prière  de  l'action  de  grâces. 

La  consignation  unit  le  corps  et  le  sang,  lorsque  le  célébrant 
fait,  avec  une  espèce,  le  signe  de  la  croix  sur  l'autre  espèce. 
Mais  il  faut  connaître  le  double  sens  de  cette  consignation  : 
d'abord  elle  désigne  que  les  deux  espèces  sont  un  seul  et  même 
«hrist;  puis  elle  indique  que  les  communiants,  en  recevant  le 
corps  mêlé  au  sang,  reçoivent  bien  les  deux  espèces,  comme 
on  le  voit  faire  chez  les  Syriens. 

Nous  ne  nous  occuperons  ici  que  du  premier  sens  et  non 

[56] 


206  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

du  second,  car  dans  l'Église  éthiopienne  les  communiants 
reçoivent  séparément  l'une  et  l'autre  espèce. 

Dans  la  pratique  cette  consignation  se  fait  de  deux  manières 
et  par  deux  fois.  Certains  la  font  avec  le  doigt  après  le  ?»*7ll.Ji  : 
»°Wi^i  ■"  Seigneur,  aie  pitié  de  nous,  et  une  seconde  fois  par 
Aspadicon,  en  récitant  la  confession.  C'est  ce  qui  se  fait  encore 
aujourd'hui  chez  les  anciens  prêtres  de  village. 

D'autres  la  font  pendant  le  fL"iy.h  ■■  En  unissant,  avec  le 
doigt,  puis  pendant  la  confession  par  Aspadicon  ;  mais  ceci 
fut  introduit  ultérieurement. 

Dans  certains  missels  on  ne  trouve  pas  la  rubrique  de  cette 
consignation  (cf.  Bibl.  Nat.,  mss.  éth.  de  Paris  nos  72  et  74),  parce 
qu'ils  se  conforment  à  ceux  de  saint  Marc,  des  Apôtres  et  de 
Notre-Seigneur,  lre  catégorie  parmi  les  mss.  anciens.  II  y  a,  par 
ailleurs,  des  missels  où  cette  rubrique  se  trouve  une  seule  fois, 
ou  par  le  doigt  (1)  après  le  hlll.ji  :  0Dthtf  s  Seigneur,  aie 
pitié  de  nous,  ou  pendant  la  confession  par  Aspadicon  (cf. 
Bibl.  Vat.,  Borgia  éth.  n°  17),  missels  qui  sont  de  2mc  catégorie 
parmi  les  anciens.  Puis  il  y  a  des  missels  où  la  rubrique  de  la 
consignation  se  trouve  deux  fois  et  dans  deux  parties  diverses  : 
1")  a)  après  le  h^ll.Jt  !  o°A\Ct  '•  Seigneur,  aie  pitié  de  nous; 
consignation  par  le  doigt;  b)  après  la  confession  par  Aspadicon 
(cf.  ms.  n"  I  éth.  du  temps  de  l'évêque  Salàmà,  Dèr-Sultan); 
2°)  a)  après  le  h^lW.h  •  t">ih/A  -.  Seigneur,  aie  pitié  de  nous; 
consignation  par  le  doigt;  h)  après  la  prière  «,'«•  :  fl)A£"h  : 
Voici  ton  Fils;  consignation  par  le  doigt  (cf.  Bibl.  Nat.,  mss. 
éth.,  Paris  n°  67  et  Abbadie  n"  72),  missels  appartenant  à  la 
3""'  catégorie  des  missels  anciens.  Enfin  il  y  a  des  missels  où 
la  consignation  est  prescrite  trois  fois  :  1"  quand  le  prêtre  dit 
£"1^11  '•  En  unissant;  2°  après  le  hltt.h  ••  aoiUCi  s  Seigneur, 
aii'  pitié  de  mais;  (deux  fois  avec  le  doigt);  3°  après  la 
confession  par  Aspadicon  (2).  Ces  missels  appartiennent  à  la 
catégorie  des  missels  intermédiaires.  Il  ne  faut  pas  oublier  que 
la  fraction  précède  immédiatement  la  consignation. 

Ii  Missel  de  Dèr-Sultan,  Jérusalem,  à  l'époque  du  roi  Takla-Ghiyorgis. 
(2)  Ms.  éthiop.  à  l'époque  deGhiyorgis,  et  un  autre  (en  papier)  à  l'époque  du 
patriarche  Yohannès,  Dèr-Sultan,  Jérusalem. 

157] 


LA    MESSE  ÉTHIOPIENNE.  207 

Les  missels  récents  prescrivent  la  consignation  deux  fois  : 
d'abord  pendant  le  £"l<Jh  •■  En  unissant,  consignation  par  le 
doigt:  ensuite  après  la  confession,  par  Aspadicon. 

Là  est  donc  la  grande  différence  entre  la  pratique  ancienne 
et  la  pratique  récente,  entre  l'usage  et  la  prescription  des 
missels  et  entre  les  missels  divers. 

Nous  indiquerons  plus  bas  où  et  quand  doit  être  faite  la 
consignation  selon  l'anapbore  des  Apôtres. 

Noire  Père. 

La  récitation  du  Notre  Père  pendant  la  messe  est  primitive. 
D'après  le  témoignage  des  Pères  de  l'Église,  ce  fait  est  évi- 
dent. 

Le  Pater  était  précédé  par  une  brève  prière  qui,  par  la  suite, 
s'est  faite  plus  longue  et  un  peu  différente  selon  les  églises, 
mais  l'essentiel  est  le  même. 

Dans  l'anapbore  éthiopienne  de  Marc,  après  l'épiclèse  suit  la 
prière  qui  précède  le  Pater  dit  par  le  peuple  (cf.  Abba  Takla- 
Maryam  Semharay  Selim,  Textus  aethiopicus  Anaph.S.  Marci, 
p.  10),  alors  que  dans  les  autres  liturgies,  après  le  Pater,  suit 
une  autre  prière  composée  d'après  le  sens  des  derniers  mots  du 
Pater,  c'est-à-dire  :  Et  ne  nos  inducas  in  tentationern.  Mais 
cette  dernière  ne  se  trouve  pas  dans  la  liturgie  éthiopienne  de 
Marc,  en  laquelle  suit  immédiatement  le  h'i'ftt?  •  hR:  •  Im- 
position des  mains.  Les  missels  anciens  et  quelques  missels 
intermédiaires  aussi,  en  mettant  la  prière  qui  précède  le  Pater. 
c'est-à-dire  ft7Jr  :  Ah  :...  H'I'i'flC  !  Confiteor  tibi  qui  sedes, 
ne  mettent  pas  la  dernière  qui  suit  le  Pater  ;  ils  mettent  seule- 
ment le  hTrttC  •■  ?»£"  :  Imposition  'les  mains  ;  hlH.h'ttth.C  •■ 
H'I'V'fUI  '•  Domine,  qui  sedes  (super  C/ierubim...  benedic 
famulos  tuos...);  puis  Exercitus  angelorum.  (Cf.  missels  éth:  : 
mss.  de  Dêr-Sultan,  Jérusalem,  du  temps  du  roi  Takla-Ghiyor- 
gis  et  du  roi  Ghigàr,  et  d'autres  missels  sur  papier  de  Jéru- 
salem). 

Mais  dans  les  missels  récents  il  y  a  une  autre  prière  dite 
fl'hdn:h»D  ••  ^OlVi  '•  Iterum  (supplieamus)...  utconcedas  nobis 

58 


208  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

(cum  benedictione),  sous  forme  déprécatoire.  Après  la  pre- 
mière partie  de  cette  prière,  le  diacre  dit  :  Priez-,  et  le  peuple 
récite  le  Pater.  A  la  fin  de  cette  prière,  on  dit  YExercitus 
angelorum,  puis  la  prière  de  l'imposition  des  mains  :  hlll. 
Ml*fi.C  :  HA  °tt\9°  •  -Sterne  Deus. 

Dans  l'anaphore  des  Apôtres  du  Sènodos,  dans  celle  de 
Notre-Seigneur  du  otJVWké.  ■■  \\.f\Tr  •■  on  ne  trouve  ni  la  prière 
qui  précède  le  Pater,  ni  celle  qui  le  suit. 

On  voit  ainsi  que  la  prière  précédant  le  Pater  :  Jt73:  ■■  A 
h  •■■■•  H'I'WIC  •  Confiteor  tibi  qui  sedes,  a  précédé  toutes  les 
autres;  mais  on  ne  sait  quelle  est  son  origine.  Il  y  a  des  phrases 
semblables  à  celles  de  Jacques  et  de  Basile;  cependant  elle  ne 
se  termine  pas  par  les  derniers  mots  de  ceux-ci. 

Les  liturgistes  éthiopiens,  peut-être  en  voyant  la  différence 
entre  les  missels  intermédiaires  et  les  missels  récents,  ont  voulu 
attribuer  le  hlfc  •'  Ah  :  Confiteor  tibi  à  l'anaphore  de  Notre- 
Seigneur,  le  œUfitï  ■■  X\a°  •  -VinVi  ••  Iterum  (supplicamus)  ut 
nobis  concédas  à  l'anaphore  des  Apôtres.  Quelques-uns  de  ces 
liturgistes,  pour  le  prouver,  disent  :  La  raison  pour  laquelle  les 
liturgistes  d'opinion  opposée  veulent  attribuer  la  lrt"  prière  à 
l'anaphore  des  Apôtres,  c'est  qu'ils  y  trouvent  les  mots  : 
rh'PdjP'b  •  Apôtres.  Mais,  en  réalité,  ce  n'est  pas  la  vraie 
raison,  car.  selon  l'ordre  des  missels  anciens,  le  Yili.  '•  Ah  :  se 
trouvait  placé  avant  les  prières  prescrites  dans  les  missels 
récents,  avant  le  Pater  dans  l'anaphore  des  Apôtres,  avant 
que  l'anaphore  de  Notre-Seigneur  fût  admise  dans  l'Eglise 
éthiopienne. 

En  effet,  le  othftil  ••  ï\0°  •  'VlHXi  '•  Iterum  {supplicamus)  ut 
concédas  nobis,  qui  se  trouve  dans  le  Sènodos,  n'est  pas  la 
prière  qui  précède  ni  celle  qui  suit  le  Pater,  mais  c'est  plutôt 
une  prière  de  l'imposition  des  mains  sur  les  communiants, 
comme  il  est  évident  d'après  le  sens  même  de  la  prière. 

Il  semble  donc  que,  lorsqu'on  a  voulu  admettre  l'anaphore 
de  Notre-Seigneur,  n'y  trouvant  pas  la  prière  qui  précède  le 
Pater,  on  y  mit  la  prière  des  Apôtres.  Puis  il  semble  que  les 
derniers  liturgistes  éthiopiens  voulurent  remettre  la  prière  des 

[59] 


LA    MESSE    ETHIOPIENNE.  209 

Apôtres  à  sa  place  à  l'exemple  du  Sènodos.  Le  h"lfc  •"  Ah  •'  qui 
était  mis  avant  toutes  les  autres,  dans  la  liturgie  des  Apôtres, 
fut  donne  aussi  à  l'anaphore  de  Notre-Seigneur. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  supposition,  en  divisant  en  deux 
la  prière  de  l'imposition,  c'est-à-dire  le  (i>Uô\\  ■■  \\o°  ■■  'tU 
fl>  :  faite  comme  les  prières  déprécatoires,  et  en  ajoutant  celle 
qu'on  trouve  dans  le  Sènodos  :  hlW.h'ttih.C  •■  tttla/t\9°  '■  al}\ 
9°C  ■■  H'îfl-?»  :  .Eterne  Deics,  cognitor  seçretorum  (1),  les 
liturgistes  éthiopiens  comptent  aujourd'hui  trois  prières  de  la 
fraction.  C'est  ainsi  que  sont  énumérées  dans  l'anaphore  des 
Apôtres  des  missels  récents  les  prières  dites  de  la  fraction  chez 
les  liturgistes  éthiopiens,  car  ils  disent  :  XA°i*  :  é.'l'-f-  •"  'S'il 
1'  :  'lOh  :  H^r-V"  :  h?.U  •  'ttib.i-  *  ATA-fl  •  I1A  :  fflfl  :  If^-fl 
A   :   XA-+    :    éJfJf-   •    V   ■   "KO-  -  fU°£"A  :  h$?,Ù,  ■  ,h<PC?ï  « 

hWi  ■■  "79°«J->  *  a*$.9°  •  MA*  ■■  A(1*JA-  •'  fW?"?©-"*  : 

hf'-t-  •■  Kî&  '  11.4»  ••  "îlfl'ï  •■  "i(B'  ••  Les  prières  de  lu  fraction 

sont  trois;  si  l'une  des  trois  manque,  on  doit  la  remplacer 
par  :  Sapientia  vero  ubi  invenitur,  etc.  Il  y  a  aussi  des 
liturgistes  qui  disent  :  Les  prières  de  la  fraction  sont  trois; 
s'il  en  manquait  une,  il  faudrait  la  remplacer  par  une  de 
ce/les  de  l'anaphore  des  Apôtres;  ou  bien,  il  est  nécessaire  de 
suppléer  par  une  prière  à  la  manière  d'une  péricope  cor- 
respondant à  la  saison  et  à  la  fête.  Cf.  ms.  d'interprétation 
liturgique,  p.  61,  et  le  1er  cahier,  p.  39. 

Dans  le  missel  publié  à  Addis-Abéba,  on  trouve  ce  qui  suit: 
Les  prières  de  la  fraction  sont  trois...  Si  on  ne  trouve  pas 
la  troisième,  ou  doit  la  remplacer  par  :  Sapientia  vero...  etc. 
Cf.  p.  127. 

Ainsi  donc,  de  ce  qui  est  dit  jusqu'ici  on  peut  conclure  que 
le  nombre  de  trois  et  l'appellation  de  prières  de  la  fraction 
sont  choses  admises,  mais  pas  depuis  fort  longtemps.  De  plus, 

(1)  II  faut  savoir  que  le  flïiao  :  vtf  ••  Sicut  cral.  el  la  prière  dSlerne  Deux, 
cognitor  teerelorum,  lurent  ajoutés  dans  le  Sènodos,  parce  que  au  lieu  île  Sicul 
eral  il  y  a.  Amen,  l'ancien  répons  du  peuple  (cf.  Rahmani,  Teslamenlum  Domini, 

p.  90)  et  la  prière  susdite.  Or  celle-ci  n'est  pas  la  prière  pour  les  communiants. 
Cette  prière  ne  se  trouve  pas  dans  le  manuscrit  de  Vérone.  Cf.  l'anaphore 
du  P.  Cagin.  p.  1  10. 

l«0] 

ORIENT   CHRÉTIEN.  14 


210  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRETIEN. 

cette  sorte  d'appellation  nous  empêchera  de  connaître  jamais 
le  sens  de  ces  trois  prières,  dont  la  première  est  l'introduction 
au  Pater,  la  deuxième  rembolistique,  et  la  troisième  la  prière 
de  l'imposition  des  mains. 

Prière  de  l'imposition  des  mains. 

La  prière  de  l'imposition  des  mains  est  la  prière  par  laquelle 
le  célébrant  prie,  selon  l'intention  de  l'Église  Orientale,  afin 
que  les  communiants  soient  dignes  et  obtiennent  profit  pour 
leurs  âmes,  comme  celle  de  la  liturgie  de  saint  Marc. 

Dans  plusieurs  missels  anciens  et  intermédiaires  celte  prière 
est  ainsi  consignée  :  "hlH.h-ath.C  •■  t\9°Mnî  :  H-H'flC  : 
Domine  Deus  noster,  qui  habitas  {super  Cherubim). 

Dans  les  missels  récents  on  trouve  cette  autre  prière  : 
tnhdtt  :...  h»»  ••  'HJflV  ••  Iterum  (supplicamus)  ut  nobis  con- 
cédas, etc.  Comme  nous  l'avons  dit,  la  prière  du  Sênodos,  qui 
se  trouve  dans  les  missels  récents  après  le  o>&*'P.'\*  ••  oofÙ^Ù'li 
ih  ••  Exercitus  angelorum,  n'est  pas  la  prière  qui  doit  être  dite 
pour  les  communiants. 

Exercitus  angelorum. 

Les  liturgistes  éthiopiens  déclarent  que  l'auteur  du  iv/,.fP. 
•\'  :  f/o/\hXi'inh  :  Exercitus  angelorum  est  Yàrêd.  La  place 
de  cette  hymne  dans  les  missels  anciens  est  après  la  prière  de 
l'imposition  des  mains.  Dans  les  autres  missels  où  se  trouve  le 
(ohttft  '•  X\"°  '•  'VVlXï  •  Iterum  [supplicamus),  etc.,  on  la  ren- 
contre après  la  deuxième  partie  de  la  même  prière,  mais  celle- 
ci  est  aussi  une  prière  de  1  imposition  des  mains,  c'est-à-dire 
qu'on  la  trouve  encore  après  le  h'i'ttt?  '•  KK:  :  Ln  pratique 
cette  prière  ne  précède  pas  V Exercitus  angelorum.  Eu  effet, 
l'avis  du  diacre  :  h£"">ï"  «■  hfâitl'IlYia0'  '•  (Quistatis)  humiliate 
capita  vestra  doit  être  suivi  immédiatement  de  la  prière  de 
l'imposition  des  mains,  et  cette  dernière  doit  être  suivie  de 
YExercitus  angelorum. 


[611 


LA   MESSE    ÉTHIOPIENNE.  -11 


Prière  de  la  pénitence. 

Dans  cette  prière  de  la  pénitence  on  trouve  quatre  espèces 
Heprières,  à  savoir  :  l'absolution,  la  commémoration  des  vivants, 
la  commémoration  des  défunts  et  la  conclusion  de  l'absolution. 

Cette  prière,  dans  les  missels  coptes,  suit  la  prière  de  l'im- 
position des  mains;  cependant  elle  est  une  addition  faite 
postérieurement  (cf.  Renaudot,  Op.  cit.,  p.  ml\-2). 

Mais  selon  l'Église  éthiopienne,  il  y  a,  à  la  place  de  cette 
prière,  cette  autre  prière  :  Domine  noster  dite  par  l'assistant. 

La  commémoration  des  vivants  et  des  morts  n'est  pas  ici  à 
sa  place,  selon  l'usage  alexandrin,  parce  que,  comme  nous 
l'avons  dit  déjà,  on  la  récite  au  milieu  de  l'anaphore.  On  ne  la 
trouve  pas  en  cet  endroit  dans  les  missels  de  saint  Marc  et  de 
saint  Cyrille. 

Sancta  sanctis  à  l'élévation. 

Pour  mieux  connaître  l'usage  du  Sancta  sanctis,  il  faut  avant 
tout  considérer,  en  abrégé,  les  sources  de  notre  missel. 

1"  Dans  le  Sênodos  le  diacre  dit  :  "îVft'C  ■"  Aitendamus; 
l'évèque  dit  :  Sancta  sanctis;  le  peuple  :  Unus  Pater  sanc- 
tus ,  etc.;  puis  de  nouveau  l'évêque  dit  :  Dominas  vobiscum 
omnibus,  et  le  peuple  :  Et  cum  spiritu  tuo. 

2"  Dans  l'anaphore  grecque  de  saint  Marc  le  diacre  dit  : 
Cum  timoré  Dei;  le  prêtre  dit:  Sancte,  sa  m  me,  tremende,  etc.; 
le  peuple  dit  :  Unus  Pater  sanctus,  etc.  (cf.  Renaudot,  t.  1, 
p.  1(11). 

3"  Dans  la  liturgie  alexandrine,  en  langue  grecque,  de 
saint  Basile  le  diacre  dit  :  Attendamus;  le  prélre  dit  :  Sancta 
sanctis;  le  peuple  dit  :  Kyrie  eleison  trois  fuis  et  Unus  Pater 
sanctus,  etc.;  le  prêtre  dit  :  Dominas  vobiscum,  et  le  peuple  : 
/•.'/  riaii  spiritu  tuo. 

1"  Dans  la  liturgie  alexandrine.  en  langue  grecque,  de 
saint  Grégoire  le  diacre  dit  :  Attendamus;  le  prêtre  dit,  en 
élevant  l'Aspadicon  :  Sancta  sarictis;   le  peuple  dit  :  Kyrie 

•      [62 


212  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

eleison,  trois  fois  et  Unus  Pater  sanctus,  etc.  ;  puis  le  prêtre  dit  : 
Dominus  vobiscum  omnibus;  le  peuple  dit  :  Et  cum  spiritù 
ti/o. 

5°  Dans  la  liturgie  copte  de  saint  Basile  le  diacre  dit  :  Atten 
damus;  le  peuple  :  Kyrie  eleison  trois  fois;  le  prêtre  prend 
l'Aspadicon,  et,  en  élevant  les  mains  et  en  inclinant  la  tête, 
il  dit  à  haute  voix  :  Sancta  sanctis,  et  tout  le  peuple  adore,  en 
inclinant  la  face. 

Voilà  donc  quelques  anaphores  sans  les  rubriqnes  de  l'éléva- 
tion de  l'hostie,  et  d'autres  avec  les  rubriques  qui  prescrivent 
d'élever  l'hostie,  en  disant  :  Sancta  sanctis.  Ce  n'est  pas  parce 
que  les  rubriques  ont  été  faites  postérieurement,  mais  c'est 
parce  que,  dans  la  pratique,  on  faisait  ainsi  jadis  que  ces 
rubriques  ont  été  consignées. 

Ainsi  il  est  évident  que  la  rubrique  :  Le  prêtre  élève 
l'hostie  entière  avec  ses  mains,  se  trouve  dans  les  missels 
éthiopiens  à  une  place  plus  reculée  que  celle  à  laquelle  elle 
devrait  être.  Il  faut  savoir  que  les  copistes  ont  mis  fautive- 
ment cetle  rubrique  après  le  Dominus  vobiscum  omnibus, 
au  lieu  de  la  mettre  avant  le  Sancta  sanctis. 

On  peut  voir  aussi  ailleurs  de  semblables  bouleversements, 
ainsi  que  nous  l'avons  constaté  dans  les  anaphores  susnom- 
mées et  surtout  dans  le  Sênodos  et  dans  le  missel  de  Tasfà- 
Seyon  et  dans  un  autre  (cf.  nos.  éthiop.  Vatic.  n"  17)  où  le 
diacre  doit  dire  :  7WC  :  Attendamus,  en  s'adressant  au 
peuple,  qui  doit  alors  adorer  au  moment  du  Sancta  sanctis, 
mais  ne  doit  pas  dire  :  VJtn  '•  Aspice  (1),  en  s'adressant  au 
prêtre,  comme  le  prétendent  les  liturgistes  modernes. 

La  formule  hlU.h  ■■  at>t\\tf  ■  Seigneur,  aie  pitié  de  nous, 
ne  se  trouve  pas  dans  le  Sênodos,  tandis  qu'on  la  trouve  dans 
les  missels  alexandrins,  où  on  la  répète  trois  fois  seulement, 
quoiqu'on  ne  la  trouve  pas  à  la  même  place.  D'où  provient 
ce  hlM.h  ••  tmthtf  :  Seigneur,  aie  pitié  de  nous  (41  fois) 
avec  une  autre  prière  de  la  pénitence?  C'est  dans  les  prières 
de  l'encens  aux  vêpres  et  aux  matines,  chez  les  Coptes,  qu'on 
la  trouve,  mais  jamais  pendant  la  messe.  Chez  eux  cette  prière 

(1)  Il  s'agit  ici  du  manque  de  la  lettre  •>,  préformante  indiquant  la  l"  pers.  plur. 

[631 


LA    MESSE    ETHIOPIENNE. 


•213 


est  appelée  grande  ou  petite  selon  la  façon  dont  elle  est  chantée, 
comme  il  est  indiqué  dans  les  missels  éthiopiens.  Au  lieu  de  la 
prière  de  saint  Grégoire  (prière  de  la  pénitence)  on  finit  aussi, 
dans  le  missel  éthiopien,  par  la  prière  pour  les  pénitents  :  f>,t]  s 
ïx1H.hn,h,C  '....  ï#C  ■  3.(1  :  ?iA  •  uWH-  ■■  'iii'h  •  un  m.-. 
Sac.  :  Deus  ...  adspice  super  eos  qui  pssnitentiam  agunt,  etc., 
laquelle  se  trouve,  dans  la  prière  de  l'encens,  à  la  partie  du 
h'i'ttCÏ  •  h?'  •  Ui'  '•  A*H"  •■  Imposition  des  mains  à  trois  heures. 

Fraction  et  consignation. 

D'abord  il  faut  parler  de  l'étymologie  du  verbe  d.mi"lm  « 
Fregit,  de  la  place  de  la  fraction  et  de  la  consignation,  et 
savoir  combien  de  fois  on  doit  la  faire  dans  l'anaphore  des 
Apôtres.  En  langue  ge'ez  le  verbe  é.'l"i'  '  Fregit  s'interprète  : 
1°  mettre  le  pain  en  deux  parts;  2°  mettre  l'une  de  ces  parts 
en  plusieurs  parties;  3°  mettre  l'une  de  ces  parties  en  bouchées, 
c'est-à-dire  en  petits  morceaux. 

Donc,  en  disant  (DAA^'Y  ■  Et  fregit,  selon  les  Coptes,  on 
rompt  l'hostie  en  deux  parties  sans  la  séparer;  mais  selon  les 
Éthiopiens,  à  ce  moment,  on  fait  cinq  pressions  dans  cinq 
endroits  de  l'hostie,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  (p.  37). 
Au  moment  de  la  fraction,  selon  les  Coptes,  on  sépare  la 
pliure  de  l'hostie,  tandis  que.  selon  les  missels  très  anciens, 
le  prêtre  éthiopien  ne  doit  rien  faire  alors,  et,  selon  l'usage 
ancien  et  général,  le  prêtre  éthiopien  doit  faire  la  fraction,  en 
disant  :  vWi  ■  TîttC  '•  Da  nobis  uniamur,  etc.  On  trouverait 
peut-être  quelques  prêtres  qui,  exceptionnellement,  suivent 
aujourd'hui  les  missels  récents.  Enfin,  selon  l'usage  éthiopien, 
on  fait  la  fraction  en  bouchées  pour  les  communiants  pendant 
le  petit  h^lM.h  •  a°,U£i  :  Seigneur,  nie  pitié  de  nous.  C'est 
la  dernière  fraction. 

Fraction  dans  /es  autres  rites. 

Chez  les  Syriens  (Chaldéens,  Maronites)  la  fraction  précède 
le  Sancta  sanctis  et  se  fait  une  seule  fois.  Toutelois  les  Maro- 

[641 


"211  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

nites  font  la  consignation  une  seconde  fois  (cf.  Rahmani,  Les 
Liturgies...,  p.  238).  Les  Grecs  et  les  Arméniens  (les  Latins) 
font  la  fraction  après  le  Sancta  sanctis,  ou,  selon  les  Latins, 
avant  la  communion.  Les  Copies,  comme  il  a  été  dit,  font  la 
fraction  deux  fois;  ils  l'ont  encore  la  consignation  deux  fois, 
d'abord  avec  le  doigt,  avant  la  prière  de  la  fraction  (cf.  Renau- 
dot,  t.  1.  p.  29),  puis  avec  l'Aspadicon  (cf.  Renaudut.,  op.  cil., 
p.  23;  Rahmani,  Les  Liturgies...,  p.  238).  Chez  les  Coptes  il  y 
a  changement  de  place.  De  plus  ce  changement  de  place  ainsi 
que  la  deuxième  fraction  sont  empruntés  à  l'anaphore  de 
saint  Basile.  Mais  les  Ethiopiens,  selon  l'ancien  rite  dans  l'ana- 
phore des  Apôtres,  faisaient  la  fraction  une  seule  fois,  et  de 
même  pour  la  consignation  après  le  Sancta  sanctis,  comme 
nous  l'assurent  les  anciens  missels  (cf.  supra,  pp.  37-40).  Cela 
est  évident  : 

1"  parce  que  le  but  de  la  fraction  est  seulement  de  pouvoir 
distribuer  la  communion  aux  fidèles,  et  c'est  pourquoi  on  doit 
la  faire  immédiatement  avant  la  communion. 

2"  parce  que  l'anaphore  des  Apôtres,  comme  nous  l'avons 
vu,  est  conforme  à  la  liturgie  de  saint  Marc,  comme  on  le  voit 
dans  l'anaphore  grecque  de  saint  Marc.  La  fraction  se  fait  après 
le  Sancta  sanctis  (Renaudot,  t.  I,  p.  162),  quoiqu'elle  ne  soit 
pas  notée  dans  l'anaphore  éthiopienne  de  saint  Marc,  ainsi  que 
tout  ce  qui  suit  le  Pater  jusqu'à  la  prière  d'action  de  grâces 
après  la  communion,  parce  que  cela  est  très  connu  par  l'usage. 
S'il  n'en  était  pas  ainsi,  comment  pourrait-on  distribuer  la 
communion  aux  fidèles? 

3°  Parce  que  l'interprétation  des  liturgistes  éthiopiens  de  la 
rubrique  :  .e'//"?»  ••  UVi  •  "i-ttM'  •  T-ft.»»  '  11>i£,iJ-  :  Le  prêtre 
élève  l'hostie  entière  avec  les  {deux)  mains,  en  disant  :  imi\ah 
"i  :  'Ml/l'T*  •■  h '}/*'•?•  ••  .P'JPli  •■  Élevant  l'hostie  entière,  il  la 
tient  (avec  les  mains),  prouve  que  la  fraction  doit  être  faite 
après  le  Sancta  sanctis.  Comment,  autrement,  pourrait-on 
élever  une  hostie  rompue  en  plusieurs  parties? 

1°  Enfin,  parce  que,  selon  l'usage  actuel,  le  prêtre  met  les 
parties  en  petits  morceaux  après  le  Sancta  sanctis  et  pendant  le 
hllKh  •  "Ofhtf  :  Seigneur,  aie  pitié  de  nous.  Cette  fraction 

[65] 


LA   MESSE    ÉTHIOPIENNE.  "21.") 

en  petits  morceaux  montre  que  la  fraction   doit  être  faite  ici. 

Objection.  Suivant  l'usage  actuel  en  Ethiopie,  la  fraction 
se  l'ait  pendant  le  0(Vi  ••  TïflC  '•  I'"  nobis  uniamur,  etc., 
lequel  se  dit  actuellement  avant  le  Sancta  sanctis.  La  fraction 
doit  donc  se  faire,  selon  l'usage  éthiopien,  avant  le  Sancta 
sanctis. 

Réponse.  D'abord  il  faut  savoir  que  le  Uftï  ■■  Oa  nobis 
n'appartient  pas  à  l'anaphore  des  Apôtres,  laquelle  suit  l'ordre 
de  saint  Marc,  mais  plutôt  à  l'anaphore  de  Notre-Seigneur,  qui 
se  trouve  dans  le  Testamentum  Domini  Y.  ./.  ('.,  comme 
nous  l'avons  dit.  Après  cela,  quoique  le  prêtre  fasse  la  fraction 
en  disant  u(Vi  •  Da  nabis,  etc.,  notre  argument  ne  peut  être 
détruit,  parce  que  dans  l'anaphore  même  de  Xotre-Seigneur 
Jésus-Christ  il  n'y  a  pas  d'autre  prière  à  dire  après  le  ViYi  '• 
lia  nobis,  etc.  jusqu'à  la  communion,  et,  par  conséquent,  cela 
ne  prouve  pas  que  la  fraction  doit  précéder  le  Sancta  sanctis. 

Si  l'on  soutient,  le  contraire,  on  dit  :  Dans  l'édition  de 
l'anaphore  de  saint  Marc  la  prière  précédant  le  Pater  s'appelle 
prière  de  la  fraction  (cf.  Abba  Takia-Maryam  Semharay  Selim. 
Textus  œthiopicus  Anaphorœ  s.  Marti).  La  fraction  est  donc 
faite  avant  le  Sancta  sanctis. 

On  peut  répondre  :  Cette  rubrique  «  prière  de  la  fraction  » 
est  une  addition  récente  prise  aux  missels  actuels  comme  les 
autres  additions,  par  exemple  celle  où  le  diacre  dit  :  Toto 
corde,  etc. 

Conclusion.  Dans  l'anaphore  des  Apôtres  la  fraction  avec  la 
consignation  se  place  après  le  4\R"fl1"  :  h$%Al  '  Sancta 
sanctis  et  avant  la  communion.  Il  est  donc  évident  qu'alors 
fut  ajoutée  la  liturgie  de  saint  Basile  à  l'anaphore.  des  Apôtres, 
et  les  actes  de  la  fraction  et  de  la  consignation  ont  été  doublés 
dans  le  missel  éthiopien. 

(A  suivre.) 

Abba  Takla-Marvam  Semharay  Selim. 


66 


L'INSCRIPTION  DÉPIPHANE, 
CÀTHOLICOS  DE  GÉORGIE 


Celte  importante  inscription  a  été  découverte,  au  cours  de 
l'été  1910,  par  l'académicien  N.  Marr,  qui  l'a  publiée  avec  une 
analyse  scientifique  très  détaillée  dans  le  Bulletin  de  l'Aca- 
démk 'Impériale  des  Sciences  de  St-Pétersbourg,  1910,  n"  17, 
p.  1433-1442  (HsB'fecTifl  II.MiiepaTopcKOH  Ana/reMiu  HayKTb, 
1910).  Ce  qui  suit  est  une  traduction  de  cet  article  avec 
l'omission  de  quelques  détails  (1). 

L'inscription  d'Lpiphane  se  trouvait  à  l'extérieur  du  mur 
méridional  d'une  église  géorgienne  à  bas-reliefs,  sur  laquelle  il 
existe  encore  une  autre  inscription  malheureusement  mutilée, 
connue  souslenom  d'inscription  de  Sahmadin,de  128S(-2).  Celle 
du  catholicos  Épiphane  est  disposée  à  l'ouest  de  l'inscription 
de  Sahmadin(3).  Elle  s'étendait  sur  quarante-neuf  pierres  dont 
quarante-quatre  ont  été  retrouvées;  il  en  maoque  donc  cinq. 
Les  pierres  qui  existent  encore  maintenant  ont  été  disposées 
en  cinq  rangées  au  musée  d'Ani  et  photographiées  par  groupes; 
car  il  a  été  impossible  de  mettre,  dans  l'ordre  de  l'inscription, 
l'ensemble  des  cinq  rangées  (voir  la  photographie  n"  1  du  texte 
en  lettres  capitales  sacerdotales).  La  première  a  été  photogra- 
phiée à  part,  les  n6  et  ni0  ensemble  et  les  ive  et  v"  à  part.  Il  a 
fallu  reproduire  chacun  des  groupes  avec  des  éclairages  diffé- 
rents, ce  qui  a  donné  des  nuances  dans  les  reproductions  pho- 
tographiques. De  plus,  quelques  fragments  ont  été  décou- 
verts après  qu'on  eut  photographié  les  rangées  ainsi  disposées, 
et  ils  ne  figurent  donc  pas  sur  les  photographies;    mais  les 

(1)  Le  texte  géorgien  en  lettres  capitales  sacerdotales  et  en  lettres  civiles  avait 
été  gracieusement  écrit  pour  notre  édition  par  N.  Marr  lui-même  (R.  Grailin). 

(2)  .Monument  n°  26  sur  le  nouveau  plan  d'Ani,  qui  n'a  encore  été  édité  que  sous 
un  petil  format  dans  le  n°  4  de  ia  série  d'Ani.  voir  J.  Orbéli,  KpaTKifc  nyTe- 
BOjuiTe.il.  no   ropo/rumy  Aun,  (.'.-Un,  1910  (Marri. 

(3)  Suivant  X.  Marr,  J.  A.  Djavakhov  s'était  chargé  de  l'édition  de  cette  inscrip- 
tion; mai--,  d'après  ce  que  nous  savons,  elle  n'a  pas  encore  été  éditée  (Traducteur). 

[1] 


l'inscription   d'épiphane,   C.XTHOLICOS  DE  GÉORGIE.       217 

mots  et  les  lettres  qui  s'y  lisent  se  trouvent  dans  le  texte, 
ainsi  que  sur  la  photographie  11°  2  de  ce  même  texte  en  lettres 
civiles. 

Les  pierres  qui  portent  l'inscription,  ainsi  qu'il  a  été  dit, 
forment  cinq  rangées;  elles  contiennent  vingt  lignes,  dont  la 
dernière  est  en  arménien,  tandis  que  toutes  les  autres  sont  en 
géorgien. 

La  partie  arménienne  du  texte  ne  présente  aucune  particula- 
rité; on  pourrait  peut-être  attirer  l'attention  sur  le  vulgarisme 
i^iujLÏij)  (20,  12)  au  lieu  de  i^iu^tiîg  et  sur  la  forme  l^uipun^nu 
(20,  11)  qui  est  une  transcription  manifeste  du  géorgien 
^co^çnojcîb-o  au  lieu  de  /jiu/(?nij/i/jnii.  (Jn  certain  intérêt  pour- 
rait encore  être  attribué  à  /ifi/igumjkm  (20,  6),  qui  est  une  tra- 
duction littérale  de  àp^ispeûç,  si  notre  conjecture  est  exacte. 

Les  particularités  soit  orthographiques  soit  stylistiques  de 
la  partie  géorgienne  rapprochent  ce  monument  des  sigilla 
(actes)  écrits  avec  l'écriture  civile;  l'original  du  texte  fut  peut- 
être  écrit  aussi  sur  parchemin  avec  l'écriture  civile.  Avant  tout, 
à  la  place  de  5  il  apparaît  3  dans  les  mots  :  oftygb  (1,  1); 
gg^ggBcnb  (6,  5);  8335066^  (10,  5);  0)36036(12,  7);  0130x0, 
(18,  3)  (1).  Nous  rencontrons  aussi  ces  particularités  dans 
d'autres  documents  géorgiens,  par  exemple,  dans  l'apostille  de 
Mourvan  Gharibadzé,  remontant,  selon  Th.  Jordania,  au 
xivc  siècle,  sur  les  statues  du  monastère  des  grottes  de  Vahan  : 
'liriyw»  au  lieu  de  8355060  (2).  On  dirait  que  les  signes  dif- 
fèrent pour  «  et  3,  3  présentant  un  cercle  avec  une  dent  droite, 
et  «'ï  une  dent  un  peu  courbe;  mais  on  ne  peut  pas  parler 
d'une  régularité  complète,  et,  tout  en  tenant  compte  de  cette 
différence,  il  importe  d'indiquer  qu'il  est  écrit  dans  l'original: 
cdbyoço3çnb:>  (3,  4);  c^coo  (3,  5),  bcieabBai  (4,  S),  GQçoob;»  (5,  7), 
c^;)boî  (5,  12),  Srçfoo  (9,  1),  6.03  (11,  lu;  11,  4),  i)V)OOOK.ÏCna- 
Ôooi  (12,   5,    10),    ôogoç^cîroo    (16,    10),    aiy<3>5eot>    (13,    3), 

(1)  Pourtant,  la  lettre  3  est  connue  de  l'auteur  et  du  graveur,  mais  ils  ne 
t'admettent  que  pour  écrire  la  date:  c'est  pourquoi  dans  le  déchiffrement  des 
mots  mis  avec  les  signes  d'abréviation  je  reconstitue  cngli  (Marr). 

(21  Th.  Jordania.  nl,(y9.coogRoo  bàôgoogôo  9oe}-3fogo0ob  (ko.6,>b(yoob.> 
g)à   «  dggcpo  »  goîTiùRob  jgoôu)^,   Tiflis,  1800,  p.  4-1  (Marr). 

[2] 


218  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

bcQonoQfoBo  (13,  10;  11,  2),  cooîœg  (18,  3),  mais  non  engonces  ou 
m^cnex.  Nous  avons  aussi  dans  d'autres  actes  des  parallèles  de 
pareils  cas;  mais  on  peut  supposer  que,  dans  le  document  dont 
il  s'agit,  nous  avons  affaire  à  une  autre  orthographe  dans 
laquelle  la  lettre  g  évince  la  lettre  «,.  L'apparition  de  g  à  la  place 
de  pî  est  assez  courante  dans  les  actes  géorgiens,  par  exemple, 
dans  le  fragment  du  sigillum  du  catholicos  Arsène  (1218- 
1227)  :  ^■MVvnM •">:>,  17),  OTb3b8îr>gÔg3oo>5  (55,  19),  93335?° 
(56,  4),  bgçgçmobào  (56,  5),  ygb  (56,  6)  et  passim  (1).  Il  n'est 
pas  établi  jusqu'à  présent  dans  quelle  mesure  l'influence  dialec- 
tale se  mêle  à  la  particularité  orthographique.  Il  est  possible 
qu'il  faille  porter  sur  le  compte  du  dia^cte  également  l'omis- 
sion de  g  de  la  base  j-irp"  dans  gygàrôb  (13,  3),  ôoa3^«R36 
(13,  7),  gyfprorooto  (13,  13),  boygieogçmo  (i5)  i).  |e  manque  de 
la  voyelle  g  apparaît  trop  systématiquement  pour  en  expliquer 
l'absence  par  un  défaut  de  copiste.  Il  faut  avoir  en  vue  que  le 
texte  appartient  à  la  plume  du  catholicos  de  Géorgie  lui-même 
et  que  la  gravure  ne  pouvait  être  exécutée  sans  une  certaine 
surveillance.  D'ailleurs  on  doit  imputer  au  graveur  quelques 

fautes  évidentes,  par  exemple  g^oio  (3,  5)  au  lieu  de  go°>g  !  •"''' 
(3,  13)  au  lieu  de  ->wb  ;  8oboà  (8,  3)  au  lieu  de  3obobi  ;  3ob5g8gç»o 
(9,  9)  au  lieu  de  6obbgg8gî«>o  ;  -J^fe^Jobob^Goî  (10,  7)  au  lieu  de 
^C?^ob^6c^.  (ioçym  (2,  l'2)  au  lieu  de  8ooç5go>  s'explique  par 
un  procédé  habituel  des  graveurs;  lorsque  deux  sons  se  repro- 
duisent l'un  à  côté  de  l'autre,  on  se  contente  de  les  représenter 
une  fois,  c'est-à-dire  par  une  seule  lettre  (2).  Il  est  diflicile  de 
dire  s'il  faut  attribuer  à  une  omission  BgSoî  (4,  6)  à  la  place  de 
Dg86o3  ou  si  c'est  un  vulgarisme  qui  permettait  qu'il  n'y  eût  pas 
accord  en  nombre  dans  les  mots.  L'omission  de  -86-  de  la 
base  cpOgmono  dans  bàççoDCio  (i,  3)  s'explique  par  l'absence  de 
signe  d'abréviation  en  usage  dans  de  pareils  cas  (3).  La  présence 

il)  lbid.,  p.  5J. 

(2)  On  observe  la  même  chose  dans  l'inscription  arménienne;  par  exemple, 
N.  Marr,  KaMein,  ci,  apMHHCKOK)  iihjiiiici.io  ii3T>  Ami  bt>  A:iiaTCi;oMi.  Mv.iek, 
dans  II3U.  IImh.  Aitaj.  Haym,  1910,  p.    1151  (Mari). 

(3)  Pour  la  première  ligne  de  la  rangée  supérieure,  il  faudrait  chercher  les 
signes  d'abréviation  mentionnés  plus  haut  sur  des  pierres  qui  manquent  (Marr). 

[3] 


L'INSCRIPTION    D'ÉPIPHANE,    CATHOL1COS    DE    GÉORGIE.         219 

du  signe  d'abréviation  dans  foàço  (18,  10)  est  superflue,  à  moins 
que  le  signe  ne  corresponde  au  point  d'interrogation,  comme 
en  arménien.  C'est  comme  une  innovation  que  la  dernière  syl- 
lâbe  est  retranchée  dans  quelques  mots  avec  ou  sans  le  signe 
d'abréviation,  par  exemple  :  nô3  (2,  2)  >  3335^3°,  9:>  (3,  1  )  ^ 
3içaeol)5,:^o  :  j%  (16,  2)  >  ,y><».^.„ -(.vijb.,,  ^6036  (19,  11)> 
^c'îfoc^Gi^-oîGb.v  H  faut  dire  la  même  chose  de  bàbfooî  (15,  8)  à 
la  place  de  b^bg^c}. 

Le  vulgarisme  du  style  apparaît,  en  dehors  des  particularités 
orthographiques  déjà  indiquées,  dans  la  forme  purement  géor- 
gienne du  nom  même  du  catholicos  avec  un  /  à  la  place  de 
pli  ■  JIÔ1".'!^',')  (15,  13)  etiyane.  A  cet  égard,  il  faut  relever 
aussi  :  3335^30  (2,  2)  au  heu  de  33350^30,  \™  au  lieu  de  Ç^eo 
dans  ÇàçogÔàQ  (9,  5)  et  ^>ô°C?0,i  (17,  12)  et  o^BgÔocn  (4,  10)  au 
lieu  de  0^863900).  C'est  encore  au  langage  populaire  qu'est 
emprunté  le  terme  Ocqç^o  (18,  4)  cholt-i  «  bande  de  peau 
longitudinale  »  d'après  le  dictionnaire  d'Orbélian  (1),  «  lanière  » 
dans  le  langage  courant,  «  verge  flexible  »,  «  fouet  »  d'après 
le  dictionnaire  d'Élie  Tchkonia.  De  notre  cholt-i  se  rapproche 
aussi  le  mot  phchave  Scctc^à  cholt-a  «  outre  de  peau  brute  ». 

Au  point  de  vue  paléographique,  il  y  a  un  certain  intérêt 
dans  la  lettre  S  qui  a  pris  la  forme  de  la  lettre  arménienne  S 
dans  les  inscriptions  et  les  vieux  manuscrits. 

On  se  trouve  un  peu  embarrassé  quant  à  la  désignation  de  la 
date  géorgienne.  En  ce  qui  concerne  les  unités  on  trouve  la 
:!7r  lettre  %  au  lieu  de  la8°K(2);  il  est  impossible  de  la  prendre 
pour  la  lettre  similaire  t;  dans  ce  cas  nous  aurions  la  date  de 
437  (l'217),  non  conforme  à  la  date  arménienne  de  667  (1218 
après  Jésus-Christ).  Il  faut  supposer  qu'une  école  géorgienne 
grammaticale  quelconque  attribuait  dans  l'alphabet  la  8°  place 
à  la  lettre  %  et  non  pas  à  la  lettre  H, 

(1)  Des  vieillards  me  racontaient  en  Gourie  que  jadis  on  mesurait  cholt-i  aux 
prêtres  de  la  largeur  de  deux  mains  étendues  sur  la  partie  la  plus  longue  de  la 
peau.  Si  les  paroissiens  égorgeaient  une  brebis  aux  repas  dits  •■  agap-i  »,  on 
donnait  aux  prêtres  toute  la  peau  ainsi  que  la  tête  et  les  pieds  (Marri. 

[4] 


TRADUCTION 

La  voix  divine  dit  :  «  Vous  avez  reçu  gratuitement,  don- 
nez gratuitement  »(l),  c'est-à-dire  le  Dieu  immortel  vous  dit  : 
Est-ce  que  vous  m'avez  donné  quelque  chose  pour  la  grâce  que 
vous  avez  reçue  de  Moi?  Et  vous  vendriez  encore  la  grande 
grâce,  quand  elle  n'a  pas  été  vendue  par  Moi!  Si  elle  est  donnée 
par  Moi  gratuitement,  il  ne  vous  sied  pas  non  plus  de  vendre 
les  prières  au  peuple.  Ainsi,  prêtres  d'Ani,  j'ai  espoir  en  vous; 
ne  soyez  pas  réfractaires  aux  paroles  (île  Dieu)  et  ne  transgres- 
sez pas  le  précepte  apostolique  pour  ce  qui  est  vain  et  fugitif. 
C'est  de  votre  part  une  entière  violation  des  règles  que  de 
prendre  cent  «  drams  »  (2)  pour  la  bénédiction  nuptiale...  il 
faut  en  prendre  cinquante;  que  celui  qui  en  a  le  moyen 
donne  (encore)  à  manger!  De  même  relativement  aux  morts, 
s'il  y  a  besoin  de  quelque  chose...,  il  est  encore  plus  nécessaire 
d'avoir  soin  de  (son)  âme;  qu'il  soit  donné  autant  de  cents  de 
ceux  (drams)  de  Tillis;  et,  s'il  en  a  le  moyen,  qu'il  donne  encore 
à  manger!  En  outre,  les  prêtres  peuvent  emporter  encore  [une 
ration]  selon  les  moyens.  Tout  don  aux  prêtres  [n'est  pas 
défendu];  qu'il  soit  donné  à  vous  (les  prêtres)!  Géorgiens, 
qui  habitez  cette  ville,  [il  faut  vous  rappeler)  combien  vous  les 
honoriez  avant.  Les  prêtres  vous  doivent  la  prière  et  le  service 
divin;  ne  regrettez  pas  de  leur  donner  selon  vos  moyens. 
Surtout  donnez  avec  plaisir,  sans  contrainte,  car  Dieu  aime  le 
don  joyeux  (3).  Aimez-les  comme  vos  pères  spirituels  et  qu'ils 
vous  aiment  comme  leurs  fils  spirituels!  Ne  manquez  pas  les 

(1)  Matth.,  x.  8. 

(2)  Draina  a  été  depuis  une  certaine  époque  (xn°  siècle)  une  monnaie  de 
cuivre  et  avant  une  monnaie  d'argent  (voir  Langlois,  Essai  de  classification  des 
suites  monétaires  de  la  Géorgie,  Paris,  1860,  p.  49).  Le  rapport  qui  existait 
en  général  cil  Géorgie  entre  drama  el  une  autre  unité  monétaire,  danga-i, 
mentionnée  plus  lias,  est  connu,  mais  leur  valeur  réelle  n'est  pas  suffisamment 
établi*...  Selon  un  renseignement  personnel  de  J.  A.  Djavakhov  qui  travaille  à 
l'histoire  économique  de  l'ancienne  Géorgie,  dangu-i  équivalait  au  xn"  siècle  à 
7,05  kopeks  russes. 

(3)  Il  Cor.,  i\.  7. 

[51 


TEXTE  EN  LETTRES  CAPITALES  SACERDOTALES 


i.  tçhcu  ¥£>  benoît»  cuîXMsm^  à.ivin'nb  abCbMWbo^  ^bcn^-ia*  %q  yu  Ctw,  vr% 

2.  na*i_av^  b&vz  (h^^^T  •viciàiib  ^bhK  s^b  (Fi  d^  kf,  ,\r  wma>  (pTrcv:.  ^ai^^io»  ami; 

3.  ^  h&i  \r  cbbMwcvbbc  o^o*i  jht  abSbYrams  ^o^ïcià™  Schcs  (r+ïï  n^  ^qj,  cb  bM^t»  mo, 

4.  T^crc  nchib^àii^cho-  cp  bCbOuna  h&Ta  CRTbRO^  i;a,G.%RQ,  Ra  i+rtoo»  ^îcbc^thha'bnM.Tb 

5.  bicMo»  sk  RG.C  ^rdM^TOTOO»  àOuaï+o/bfr  àCRirnî:  ca^ii*  sk  RCch^T-c-bibc  (Fi  to  o,p% 

6.  [a*]  Cchb  î;mH,i:o  (h+R^R^&î:  mdAaR(K  ^acha^iT-ibc  (fi  sbuc  ^chc^ibc  [zri  njACbïbî:  a»ii 

7.  |ch]  K<hb  o-a  A^Tîi  ts^îx  "uachi  csc&.o.b  T^na^n  s^a^thibî:  (Fi  d-vi  sithb ... 

s.  .„  aTcho,  aibSid^iTib  ^bic  barbet»  t^iri-m  cbibbc  eTi^a^ibc  ^incib  <rc  |(hx  j,™  to-km 

9.  -uouchi  csc^Cbb  ^c  b^act)  P^rm^  j^uc  n^tKs  YbYM  ^ib^c^Tb-i  wi[sTb(K  an.d^a'bi 

10.  qH.Tb'i  -imct-r  a-+R^k  jhO.bccn^'bî:^  àMXStMïa  cs/ib  -K'bc+'ibuçRa  +Cch(hT.nibRa  <h...  o.c  |wi| 

11.  w  ^i^c^.  TjcçiT-G.n^^ich.  àifi^n^a-î:  \r  \ivaib.  mcT^d  <rc  Pichet»  ro,  ^nRHiRiTib  wFa^I  jiki'bïi 

12.  bk  n^chi.  àibCG.'KhTbi  aTchabc^ .^i^chaTîn^ch . .^uG»n^^i(h . a-aRindv . ^s'ichn^bk.  JTàWtM 

13.  (lt^-io*  vaxQitOi*Fb\  (bM^chb  ôx  se  fr+ïï  "viM^ch^nR.  *bz  ùz&zr'i  ba'binchRi.  se  5^>  o/ic<hsia\  «Fpq 

14.  a^iTjRi  bcwincMn  mcrcy:  Race  o>+r  ^^t^i  via.  sz  Ract:  a*+R  Mbc  ^.  aTthaw: s  bîm<ha>o,t>  1 ïvi  1 

15.  blMCchaTjl  HchO-^CR  IthO-lbCt)  ^O/i^fr  VZ  Cài'lCh  S/nCKh  bSbcfrOi  LZ{\&th(b(h(bZ  à.O.Kn^O'Ct»  HbT  à,T  1ÇÏY 

16.  kRIb.  Vbl.  Vb  ■.  h1hl(N:  VTbTfrk  ^àilPHfhlî:  0/5%  CRU  IVblblCR'i  'Khacha^nR  ÇVimchï  Cbï  "SchK^K 

17.  i\-i  IMOub   (TCRVi  Ichfrl  \  àïnClb  SK  \<h(h^b  ÇMCT-l  J^b  HchfrQ^  P^liliC  C+C^^U  CP  b^PId-CT'î:^ 

i8  t«t  ^ibGin&.^ich  a^a,(ha  ao.tçbî:  sk  "Fr  bcnh'bnbiathî:  p%o-î:  <r  (Kt?  am>iG1T-î:rbn\i(h  m-irg.î:  %t  FàTi  v:|vi| 
i9.  i^ati  anchC'bab  Cth...  H^chîTRinj;^  nô»uî:  ^r  ^c  àiibo^k  pcch;  <r  +SUR  ^'b'b 


TEXTE  EN  LETTRES  CIVILES  (1). 


1.  o&jgb  ^q  bùtoafocnpîa  :  «  gbibyoçoçnpKp  3oôo{oogb,   gb:>byoçpc™co.ap  8obQg8rçoo>  »,  gbg  ogo  i(ob,  ôgftygb 

2.  toa36mo  333Q?33o    :   ft38çç5  6;>a8g  003g3ogb  Siçççnobi  Sobmgb,   coco.8gçmo  fig3ô;>6   3oosgg<r>?  œ^gg6Qi  Igo^cia)  u>o<pb.> 

:j.  aiçççobb  p>aaô56  gbao^aff;,b5.  g^ggmg  aa  g^a^c?^  3o}3o6g3ogb,  >>&&  œ^ar>ô^6  &g6  ,xr,b  bao^o  ^0.3 

4.  yàoDi  g6ob;>  8085600.  àÇ,  bjbco.6co.   ngSco.  i6g<m6cT.  bg3gb6oj,  6g    oj6gôooo  çoàb.->ôfo^Pîç^gôgç" 

5.  bo^ygoco  035   6gQ5  g56fp50gpgÔoo)  So^ojgçnco   aQ6gÔob;>  3go?ob.ï  <po  ^coa^oçnobimgb.  ycT^çr.^  gÇgb 

6.  [d]  à6b  5C?gÔ5n  0DJgg6gi6^Q.>  &£)(oft£)bmA  jgfoaibgsobàmgb  bbobb  gçfo;>8ob;>,   [àP5;>8gft>  gpSgàbob.l  ^g] 

7.  [6]  !>fob,   01g   do<™o   g"33ob,  3gcoo  5^8 cqb.  gô"gœ3g  a^gçpcoobàOTgb,   6tT!ag<™o  Jotob... 

8.  ...   303603  agbjofotpgôob  3obobi>  bgç^obào.   g0<pg6o3g  ibobb^  r^ojoçmgroob;*   8ogggb  coi,  [oig   a.^çmo  gîps^b,] 

9.  3g6o  ij^acib  <j>o  bbg^o  ÇipigÔàQ  ctaç^ob5  gôoi^cp.  yco.3g<™o3g  aob;>3g9goT>o  8cj[ççg{mo)i  gôfojnç^] 

10.  gôgç^o  0^536  o^Jgg6çnà  9p}b;>3ga<m;>çp.   a^grofoGco.  580b  ^ç"5Job^6c3  j5(oœ3gçm6cî,  6....  30  [050] 

11.  5o($3gçnbçg  çpoçoiop  3^5o33ga«joOT.  apiyjgçnco^6   go^b  çmp^àa  g>o  ^06300.  6g  3gÇgo6gÔob  aimaigb  difçno] 

12.  bi  gÔ6o   3ob;>3g3gcroo.  gttjpHO.b;>oj  8bo.'>fogç^gÔooi   3ob3g8toooi   oogGogfo  «jjjofogoob^,    ô).->3goig  3Vioà[6j 

13.  gç^gÔooD  8obiQg8gçmo  gy<g>à6b  gopçmb;*.  sçi  œjgg6  ôoy<g>5<oçagG  sombfoQb  8^8560  bgçmog66o  «m  8iœ  ga<g>i(oîçom  ;i[(ki..mo(^] 

14.  830^60  bgor>ogfo6o.  £"0333.^5  6g0ù  cojgg6  çp^\j<™çogôocr>  ççi  6gQ5  oijggB.  ytnsgç^b.s  T>g«>;>  gçgfocqbàçç  b5cg8<5OTKio  [030] 

15.  boy<;g^>ifogçmo  gfoo>3;>6  gôoiobia   3oîo0goi    <gb  i'docn    aoggoon  bàbgfisco.  b.*>(ç36aH'30).,>   8@Ggô.Mn.Mi.  gbg  3g  g5°$ 
16  i6gb  3^0135^0303^5    ng3oco^>  ogc^ooD.^  çp.*>3oÇg6o.>,   (Qçpgb  i6ob  g^cj>gboi6o   363360)1^6.   ôff}0<mg6o  à^°  ÎP™^ 

17.  030  oyoîb  :  ©5650  gfôoio  3  Sogggb.  a>;>  t>6(Tibob  ôy^>30,  6cn3gçr>  g6oocT.Ô  Çàgoejoi  .v).->3<,pob,  5Ç  b.->Ço6.->3^a> 

18.  3g  SobggSçpoai  ongojcti  3cîç^ôbi.   ro.^  figg6  bùgjçpgbocîœ^  Çgbtno0.>6  ômço  3g30Q35çngÔom ?  3063.1  gbg  Bg8o  0ù[gg] 

19.  Ôgçmo  3g835çnpîb,  56...  ô6d^6gÔiQ  coa6cnob.igi6  çp5  8obcr>5  Ç3oft)5oo53.>6.  Jo}6('î6o(5(>}6bj  ^l 

20.  ^**i/.  ///(t-    tu   mt/i    T'fi/lijnn    ^iji[^niuiijtui    /.ii^i]u[/(ii]ii(nu.  tu    'ï.uj'jnuJiî  iu J^inuij  ^iuijiu^u   ^/jmj/,)/|..    nu    /|i.i^.n^/r/(,u^ii.  <Çfiuii5mu^  t^    ... 

(I)  Dans  la  photographie  n°  2,  les  signes  F  1  incliquent  les  parties  endommagées,  []  celles  qui  font  défaut  et  qui  n'ont  été  reconstituées  que  par  supposition,  et  <  >  les  omissions  de 
l'original  lui-même. 


l'inscription  d'épiphane,   CATHOLICOS  DE  GÉORGIE.       221 

services  divins  dans  les  églises,  ni  vous  les  prêtres),  ni  vous 
(les  laïques):  mais  surtout  gagnez  l'amour  divin  les  uns  des 
autres,  et  de  celle  manière  suivez  le  plus  désirable  des  comman- 
dements divins.  Cela  a  été  écrit  par  moi,  catholicos  Épiphane, 
de  ma  propre  main,  quand  j'ai  béni  les  églises  d'Ani.  Que  les 
cent  «  drams  »  de  Titlis  [pour  le  sacrifice;  restent,  mais  avec 
le  paiement  d'un  «  danguî  »  pour  trois!  Quant  à  la  peau  de 
vaclie,  jusqu'à  présent  vous,  prêtres,  prenez-la  en  entier:  désor- 
mais vous  (les  laïques),  donnez-la-leur  en  une  longue  bande, 
afin  qu'ils  vous  servent.  Et  à  quoi  bon  cbangerions-nous  les 
règles  ecclésiastiques?  Celui  qui  changera  ce  règlement  par 
moi  établi,  ne  (changera)  pas  l'ordre  de  Dieu  et  de  ses  saints. 
Qronicon  438  (=  1218). 

De  l'ère  (arménienne)  667  (=  1218),  moi,  Monseigneur 
Grégoire,  évèque,  chef  des  prêtres,  (et)  moi,  Vahram,  émir  de 
cette  ville,  nous  témoignons  que  c'est  le  règlement  du  catholicos 
(de  Géorgie). 

REMARQUES 

La  dernière  ligne  de  l'inscription  arménienne  a  un  grand 
intérêt  pour  l'histoire  de  la  ville  d'Ani.  Le  texte  géorgien  repré- 
sente un  appel  du  catholicos  de  Géorgie  à  ses  ouailles  orthodoxes 
d'Ani,  à  l'époque  de  la  puissance  de  l'État  géorgien,  lorsqu'Ani 
en  faisait  partie;  et  pourtant  l'acte  du  chef  de  l'église  officielle 
est  muni  d'un  témoignage  des  pouvoirs  locaux  de  la  ville  armé- 
nienne autonome,  lequel  est  rédigé  en  arménien  :  c'est  Mon- 
seigneur Grégoire,  l'évèque  arménien  d'Ani,  et  l'émir  de  la 
ville,  Vahram,  arménien  également,  qui  témoignent  (1).  Les 

(1)  Bore  a  vu  cette  validation  au  lias  de  l'inscription  à  Ani  sur  cette  même 
église  (Les  ruines  d'Ani,  Mémoire  présenté  à  l'Académie  îles  Inscriptions  et  lielles 
Lettres  dans  Le  Correspondant,  revue  mensuelle,  t  I,  Paris.  1843,  p.  322;  comp. 
Alichan,  fïUnuili,  p.  4!)).  Bore  écrit  :  «  Non  loin  de  ce  second  palais  est  une 
chapelle  anciennement  consacrée  au  culte  géorgien.  Une  longue  inscription  est 
tracée  sur  la  façade  méridionale.  Les  caractères  sont  ceux  des  livres  sacrés 
et  liturgiques.  Au-dessous  est  une  autre  inscription  arménienne  ainsi  conçue  : 
L'an  121ii.  moi.  Grégoire,  évèque.  et  Vahram,  émir  de  la  ville,  nous  attestons 
ce  que  le  Catholique  ordonne.  ■•  Bore  n'a  pas  compris  que  c'est  une  validation 
de  l'inscription  géorgienne;  il  croyait  que  ce  témoignage  de  l'évèque  Grégoire 

[6] 


222  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

recherches  postérieures  des  matériaux  d'Ani  devront  établir  si 
L'évêque  Grégoire  et  l'émir  Vahram  figurent  ici  en  qualité  de 
simples  témoins  certifiant  que  l'acte  provient  du  catholicos  de 
Géorgie,  ou,  si  ces  pouvoirs  supérieurs  de  la  ville  arménienne 
établissent  par  leurs  signatures  le  caractère  obligatoire  de 
l'ordre  du  catholicos  géorgien  clans  les  limites  d'Ani. 

Une  autre  importance  locale  de  l'inscription  réside  dans  le 
problème  même  qu'elle  traite.  Les  redevances  que  les  laïques 
payaient  au  clergé  pesaient  d'une  lourde  charge  sur  la  popula- 
tion, provoquant  des  mécontentements  populaires.  Un  an  avant 
(1217),  L'évêque  Grégoire  d'Ani,  chef  de  l'église  nationale  armé- 
nienne, avait  supprimé,  en  outre,  une  redevance  sous  forme 
de  la  peau  de  la  bête  immolée  dans  un  sacrifice,  que  les  habi- 
tants de  la  ville  d'Ani  donnaient  à  la  chaire  de  l'archevêque 
pour  les  Pâques  (1). 

Cette  survivance  des  temps  païens  — l'immolation  de  la  bête 
dans  un  sacrifice  aux  jours  de  fête  ou  pour  d'autres  cas  —  s'était 
conservée  aussi  en  Géorgie.  La  communauté  géorgienne  d'Ani 
considérait,  parait-il,  comme  une  charge  superflue  la  redevance 
sur  ce  sacrifice  en  faveur  de  l'église;  et  devant  le  nouvel  ordre 
de  l'église  arménienne,  établi  par  son  chef,  elle  avait  décidé  de 
faire  défaut  aux  anciennes  coutumes,  ou,  comme  il  est  dit  dans 
l'inscription,  aux  «  règles  de  l'Église  »  et  de  ne  plus  donner  à 
ses  prêtres  ni  peau  ni,  semble-il,  aucune  rémunération  pour  les 
services.  Un  différend  s'était  élevé  entre  le  clergé  et  les  laïques 
dans  les  milieux  géorgiens.  Le  catholicos  Épiphane  ne  prend 
parti  pour  aucun  d'eux,  et  il  tient  un  discours  de  réconciliation, 
ce  qui  constitue  la  teneur  de  l'inscription. 

Un  autre  fait  qui  n'est  pas  dépourvu  d'intérêt,  c'est  que  le 
catholicos  de  Géorgie  venait  à  Ani,  comme  il  s'avère,  pour  la 
bénédiction  des  «  églises  géorgiennes  ».  Un  intérêt  archéologique 
purement  local  de  cette  indication  consiste  en  ce  que,  en  dehors 
de  l'église  à  bas-reliefs,  on  ne  peut  considérer  comme  église  géor- 
gienne, c'est-à-dire  église  chalcédonienne  (d'après  ce  qu'on  sait 

validait   un  ordre  du  catholicos  Jean  VII.  qui  résidait  à  Sis,  en  Cilicie.  Bore  ne 
pou\  lit  pas,  par  manque  de  savoir,  lire  l'inscription  géorgienne,  mais  il   faut 
supposer  qu'en  1840  elle  se  trouvait  bien  conservée  à  sa  place  (Marr). 
(Il  Alichan.  ib.,  p.  63-64. 

[7] 


l'inscription   d'épiphane,   CATIIOLICOS   DE  GÉORGIE.       US 

jusqu'à  nos  jours),  qu'une  seule  église,  celle  de  saint  Grégoire 
rilluminateur,  la  construction  la  plus  magnifique  de  Tigrane 
Onentse;  la  date,  contenue  dans  l'inscription  (1215)au  sujet  de 
sa  construction,  indiquerait,  dans  ce  cas,  l'an  de  la  pose  de  ses 
fondements.  De  toute  façon,  le  mot  «  géorgiens  »  dans  notre  texte 
a,  sans  aucun  doute,  la  signification  d'un  terme  confessionnel  : 
on  y  entend  par  «  géorgiens  »  non  seulement  des  géorgiens 
d'origine,  mais  aussi  des  arméniens-chalcédoniens.  Acetétranl, 
le  monument  représente  un  apport  précieux  pour  l'histoire  des 
arméniens  chalcédoniens  dont  le  problème,  bien  que  déjà  posé, 
est  loin  d'être  étudié  à  fond  (1  ). 

L'inscription  présentera  certainement  un  vif  intérêt  pour  les 
historiens  de  l'église  géorgienne  concernant  la  question  de  ses 
réformes  intérieures.  Ici  encore  on  n'a  apporté  que  récemment 
une  attention  spéciale  à  la  question  (2). 

Il  est  curieux  de  noter  qu'un  des  an icles  de  redevances,  ayant 
provoqué  le  mécontentement  des  laïques  au  début  du  xme  siècle, 
a  été  utilisé,  au  début  du  xxe  siècle,  par  le  mouvement  révolu- 
tionnaire (de  1905)  en  Gourie  et  dans  la  Géorgie  en  général; 
c'est  la  rétribution  des  prêtres  en  espèces,  connue  de  nos  jours 
encore  sous  le  terme  ancien  de  <pw>0ob  çggç^o  dramis-ouli  (3). 

Les  indications  sur  les  personnages  historiques  mentionnés 
dans  le  monument  sont  égnlement  précieuses  La  mention  île 
Grégoire  n'offreen  elle-même  rien  de  nouveau.  De  l'émir  Vahram 
à  Ani,  nous  ne  savions  jusqu'à  présent  que  ce  qui  est  dit  dans 
une  inscription  d'Ani  sur  la  tour  (n°  53)  de  Lusot,  mais  la  date 
en  était  effacée  (1).  En  ce  qui  concerne  Épiphane,  le  catholicos 

1  X.  Mail-,  Api;avi[T>,  MOHro.ibCKOe  na.sBanie  xpucTiaiit  bt>  cbh3h  on, 
BoapoooMT»  oût>  ap.iiflnax"b-xa.ii;ejoiniTaxi,,  dans  Bii3anT.  Bpe.MenniiKT),  xu 
(Marr). 

(2)  .1.  A.  Djavakhov,  Kt>  iicTopin  nepicoimi.ix'i,  pe^opirb  bi  jpeBiieii 
I' I iy.!i ii  reoprifi  AirioncKiii),  dans  ili.  M.  II.  Qp.,  1904,  tfeBpa.it>,  p.  35S-37'.? 
(Marr). 

'■'  actuellement  dramis-ouli  n'est  pas  li''  avec  les  honoraires  pour  les  services; 
en  plus,  ce  som  les  paysans  seuls  qui  paient  ■//■  nms  puli  .  Marr). 

I  I  Sin-  le  rang  qu'occupait  l'émir  dans  l'organisation  municipale  en  Géorgie, 
v.  J.  Djavakhov,  l>.>.|.ur>m-:>g^(3l,  gyofir  .,1. .  )  ~>,j  (ilif')(o.iT)'>.>.  Tiflis,  1907,  |>.  23, 
■■?:-.  concernant  l'émir  a  Ani,  v.  X.  Marr,  HoBwe  Maiepia.iti  no  àpMîiHCKOii 
aiiui  j>;ii-ii  i:  i.,  dans  3an  Boct.  Ots.  Hsinep.  Pvcck.  Apx.  Oôuj..  VIII,  C.-IIB, 
1893,  p.  90  (Marr  . 


22  1  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

de  la  Géorgie,  son  nom  figure  dans  rénumération  des  catholicos 
géorgiens,  composée  au  xiiic  siècle  et  éditée  par  Th.  Jordania 
en  1893  (1).  L'éditeur  faisait  alors  accompagner  le  nom  du 
catholicos  du  commentaire  suivant  :  «  Épiphane  n'est  pas 
connu  »  (2).  Et  tout  ce  que  nous  savons  jusqu'à  présent  de  ce 
pasteur  de  l'église  géorgienne  se  réduit  au  texte  de  l'inscription 
d'Ani  nouvellement  découverte,  qui  est  de  sa  propre  composi- 
tion. Et  cette  inscription,  gravée  sur  les  pierres,  fait  de  sa  part 
ressortir,  avec  beaucoup  de  netteté,  qu'alors  aussi,  aux  années 
meilleures  de  l'État  géorgien,  lorsque  les  conflits  y  éclataient 
entre  le  clergé  et  les  laïques  sur  le  terrain  des  intérêts  maté- 
riels, les  pasteurs  de  l'Église  aUtocéphale  ne  cherchaient,  poul- 
ie triomphe,  d'autre  moyen  qu'un  appel  à  l'amour  évangélique 
et  qu'une  attention  aux  besoins  quotidiens  de  leurs  ouailles. 

(1)  •]it><tî6o<3;)(5o  çno  t>T5Q5,  I,  p.  80. 

(2)  Ibid.,  p.  81,  note  174. 

E.  Takhaichvjli. 


Le  Directeur-Gérant  : 
R.  Graffin. 


Imprimé  on  France 


IM'UURAPIUE    F1RM1N-DIDOT    ET    Cle.    —    MESN1L   (EURE).    —   1938. 


UN  GRAND  ÉDITEUR  ORIENTALISTE 

MONSEIGNEUR  RENÉ  GRAFFIN 

(1858-1941) 


Le  présent  fascicule  fait  suite  au  N°  «  1  et  2  »  1935-1936  de 
la  3e  série,  tome  X  (tome  XXX  )  de  la  Revue  de  l'Orient 
Chrétien,  qui  avait  paru  en  1938. 

Depuis  cette  date,  aucun  autre  fascicule  n'a  été  publié 
en  raison  de  la  maladie,  puis  de  la  mort  de  son  Directeur, 
Monseigneur  René  Graffiti,  rappelé  à  Dieu,  le  3  janvier  1941, 
à  Sainte-Radegonde-en-Touraine. 

Depuis  plus  de  quarante  ans,  il  dirigeait  cette  revue.  C'est 
en  effet  en  1896  que,  fut  fondé,  à  côté  du  bulletin  de  l'Œuvre 
d'Orient,  un  supplément  trimestriel  réservé  aux  travaux  scienti- 
fiques concernant  les  Églises  Orientales.  Fidèle  à  ces  débuis, 
Monseigneur  Graffin  resta  toute  sa  vie  très  attaché  aux  direc- 
teurs de  l'Œuvre  d'Orient,  spécialement  à  Mgr  Lagier  auprès 
duquel  il  trouva  toujours  le  concours  le  plus  actif,  le  plus  éclairé 
el  le  plus  généreux. 

Pour  rendre  hommage  à  la  mémoire  de  celui  qui  fut  si  long- 
temps l'animateur  de  cette  revue,  nous  sommes  heureux  de 
publier  l'arlicle  suivant,  composé  par  l'un  de  ses  amis  et  collabo- 
rateurs les  plus  fidèles.  Cet  article  avait  été  préparé  dès  avril 
1941  pour  le  Rulletin  de  l'Institut  Catholique  de  Paris,  mais  il 
n'avait  jamais  paru  à  cause  de  l'occupation  allemande. 

La  seule  notice,  à  notre  connaissance,  qui  avait  pu  alors  être 
publiée  en  France  est  celle  du  R.  P.  Louis  Mariés,  «  Monsei- 
gneur René    Graffin  »,  Construire,  3e  série,  1941,  pp.  216-227. 

F.  G. 


228  REVUB    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

et  incommode.  Il  eut  alors  l'idée  d'adapter  à  l'objectif  un 
prisme  à  réflexion  totale  redressant  l'image  et  donnant  une 
épreuve  directe  sur  papier.  Sans  doute  le  procédé  n'était  pas 
inconnu,  mais  il  fut  le  premier  à  l'appliquer  à  la  reproduction 
des  manuscrits. 

Autre  difficulté  matérielle  :  les  imprimeurs  spécialisés  ou 
ne  pouvaient  disposer  de  tous  les  caractères  orientaux  néces- 
saires à  cette  vaste  entreprise,  ou  n'avaient  que  des  carac- 
tères de  facture  trop  ancienne  qu'il  fallait  renouveler.  Au  fur 
et  à  mesure  des  besoins  de  la  Patrologie,  Monseigneur  Graffin 
fit  dessiner  et  fondre  toute  la  série  des  caractères  :  les  lettres 
et  signes  arabes,  coptes,  éthiopiens,  arméniens,  géorgiens  et 
slavons. 

Puis  il  fallut  un  imprimeur  assez  hardi  pour  entreprendre 
ce  travail  difficile.  Monseigneur  Graffin  le  trouva.  Il  fit  mieux, 
lui-même  s'en  alla  former  des  compositeurs  aux  ateliers  de  la 
typographie  Firmin-Didot,  au  Mesnil-sur-1'Estrée. 
■  Enfin  et  surtout,  il  fallut,  si  l'on  peut  dire,  des  hommes 
d'équipe,  de  sûrs  et  savants  collaborateurs.  Monseigneur  Graffin 
les  trouva. 

Je  ne  veux  que  donner  ici  un  aperçu  des  activités  du  chef 
pour  l'œuvre  collective. 

Telle  a  été  cette  œuvre.  Ce  que  fut  l'homme  qui  l'accomplit, 
cet  exposé  trop  bref  l'a  laissé  deviner.  Peut-on  jamais,  d'ail- 
leurs, séparer  l'homme  de  l'œuvre  ?  Monseigneur  Graffin 
s'identifia  à  la  Patrologie  et  aux  littératures  d'Orient  à  ce 
point  qu'il  leur  subordonna  et,  bien  souvent,  leur  sacrifia 
toutes  choses. 

Fils  de  forte  race,  aîné  d'une  belle  famille  terrienne  de  pure 
et  vivante  tradition  chrétienne,  simple,  droite,  bienfaisante 
et  fortunée,  il  dut  apprendre  des  siens  les  vertus  de  son  rang. 
Tout  naturellement  il  fit  de  sa  vie  un  acte  de  désintéressement 
sans  cesse  renouvelé.  Sa  situation,  ses  hautes  amitiés  romaines 
pouvaient  lui  valoir  avantages  et  honneurs.  Il  ne  les  aimait 
pas.  Il  aurait  pu,  ecclésiastique  indépendant,  vivre  sur  ses 
terres  dans  sa  chère  province  qui  le  tenait  si  profondément 
enraciné.  Pour  l'œuvre  entrevue,  il  renonça.  Il  voyagea, 
étudia,  chercha,  organisa  et,  pendant  50  ans,  vécut,  Parisien 

[4] 


MONSEIGNEUR  RENÉ  GRAPPIN.  229 

par  occasion,  une  vie  de  simplicité  dans  un  antique  appar- 
tement et  dans  un  bureau  plus  antique  encore,  tout  encombré 
d'épreuves  d'imprimerie,  d'innombrables  photographies  et 
dont  l'aspect  vraiment  pauvre  scandalisait  certains,  mais  le 
réjouissait,  lui.  Il  abhorrait  le  luxe.  D'instinct,  comme  ceux 
qui  sont  «  de  l'esprit  »,  cet  orientaliste  avait  senti  le  dérisoire 
de  notre  confort  moderne.  Il  n'avait  aucun  besoin  sinon  de 
faire  le  bien  et  de  parfaire  son  œuvre.  Ses  dilections  dans 
l'ordre  des  choses  de  ce  monde,  c'était  de  s'entretenir  avec 
les  Orientaux  de  tout  rite  et  les  Orientalistes  de  tout  pays  qui,' 
venant  en  France,  avaient  à  cœur  de  le  remercier  de  sa  bien- 
faisante action  ;  c'était  de  discuter  avec  l'imprimeur  ou  des 
collaborateurs,  d'examiner  un  caractère  typographique  réalisé 
par  le  fondeur,  de  montrer  à  un  visiteur  compétent  ces  «petits 
corps»  dont  il  était  si  fier  ;  c'était  de  manipuler,  revêtu  de  la 
blouse  du  photographe,  appareils  et  clichés  dans  cette  pièce 
sombre,  son  «laboratoire»,  où  il  fut  l'inlassable  chercheur  du 
mieux;  c'était  de  partir  pour  l'atelier  du  MesniJ  où  il  savait 
trouver  une  paternelle  façon  de  témoigner  sa  gratitude  à 
l'étonnante  équipe  de  sourdes-muettes  qui  composaient  avec 
une  plus  étonnante  sûreté  en  sept  langues  différentes. 

Nous,  ses  collaborateurs  directs,  gardons  pieusement,  avec 
tous  ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  de  l'approcher  et  de  le  bien 
connaître,  l'image  de  ce  haut  gentilhomme  que  penchèrent  à 
peine  les  ans,  du  maître  au  masque  de  force  et  de  bonté  avec 
je  ne  sais  quelle  lueur  très  pure  dans  ses  yeux  clairs,  du 
prêtre  qui  dégageait  à  la  fois  tant  d'autorité  et  de  simpli- 
cité. 

Puissamment  et  délicieusement  original,  ce  seigneur  touran- 
geau avait  la  parole  savoureuse  de  son  pays  heureux.  Et  il 
était  viriL  II  savait  commander  et  il  savait  se  défendre.  Lut- 
teur incomparable  des  justes  combats,  l'obstacle  le  redressait 
pour  de  nouveaux  départs.  11  savait  aussi  obéir,  —  ce  dut  lui 
être  quelquefois  méritoire  — ,  car  il  fut  avant  tout  loyal  et  digne. 
Son  attachement  au  Saint-Siège,  son  culte  des  pontifes  qui 
l'avaient  compris  et  aidé,  spécialement  du  grand  bibliothécaire 
et  humaniste  Pie  XI  qui,  de  vieille  date,  le  connaissait  et 
l'aimait,  témoignent  de  ce  naturel  loyalisme. 


230  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

Mais  si  Monseigneur  Graffin  décelait  chez  quiconque  un 
sentiment,  mesquin,  —  avec  le  flair  du  chasseur,  directement,  il 
appréhendait  la  valeur  exacte  des  individus  — ,  alors  il  devenait 
intraitable.  On  a  dit  avec  une  sympathique  familiarité  qu'il 
«rugissait».  Oui,  certaines  vulgarités  ou  petitesses  humaines 
le  faisaient  véritablement  rugir.  Son  essentielle  noblesse  ne 
s'accommodait  pas  de  procédés  ou  d'intentions  mêlées. 

Et  cet  intransigeant  était  au  même  degré,  peut-être  plus 
encore,  humain,  sensible  et  secourable,  toujours. 

Il  se  penchait  naturellement  vers  les  humbles.  Avec  l'abbé 
Pierre  Gaspard,  alors  son  collègue  à  l'Institut  Catholique,  il 
se  plaisait  à  exercer  un  ministère  de  charité  auprès  des 
travailleurs  italiens  à  Paris.  Le  futur  cardinal  et  secrétaire 
d'Etat,  si  simple,  si  près  du  peuple,  et  ce  Français  de  généreuse 
lignée  se  comprirent  :  une  évidente  parenté  de  sentiments  les 
unit  toute  une  vie. 

Certes,  Monseigneur  Graflin  eut  la  légitime  fierté  de  son 
œuvre  et  de  ses  publications.  Comment  ne  les  aurait-il  pas 
aimées?  Mais  je  ne  sais  s'il  y  eut  beaucoup  d'hommes  plus 
dépouillés  de  l'ombre  d'une  vanité.  L'âme  de  ce  prélat  français 
était  très  haute. 

Monseigneur  René  Gradin  était  grand. 

Sylvain  Grébaut. 

4  avril  1941. 


•;: 


QUELQUES  FRAGMENTS  SYRIAQUES 
DE  DIODORE,  ÉVÈQUE  DE  TARSE  (378-394?) 


Les  fragments  syriaques  de  Diodore  qui  ont  été  édités  par 
P.  de  Lagarde  dans  ses  Analecta  syriaca  forment  l'objet 
principal  de  cet  article.  Mais  nous  les  faisons  précéder  d'un 
aperçu  sur  la  traduction  du  grec  en  syriaque  de  l'ensemble  de 
ses  écrits,  et  nous  signalons  ensuite  des  citations  de  plusieurs 
de  ses  ouvrages  faites  par  des  auteurs  syriens. 

I.  —  La  traduction  syriaque  des  écrits  de  Diodore. 

Nous  commençons  par  reproduire  les  témoignages  de  quel- 
ques écrivains  syriens  et  arabes  sur  les  ouvrages  de  Diodore 
traduits  du  grec  en  syriaque. 

1°  Barhadbeàabba  'Arbaïa,  auteur  syrien  nestorien  de  la  fin 
du  vie  siècle,  a  consacré  à  Diodore  de  Tarse  le  chapitre  xvne 
de  son  Histoire  ecclésiastique  ou  «  Histoire  des  saints  Pères 
qui  ont  été  persécutés  pour  la  vérité  »  ;  il  y  dit  :  «  (Diodore) 
a  composé  trois  livres  contre  les  Manichéens,  trois  contre  les 
partisans  d'Arius,  un  sur  le  Saint-Esprit  contre  les  partisans 
deMacédonius,  trois  contre  Apollinaire,  sept  discours  contre 
les  partisans  de  Photin,  de  Marcel,  de  Sabellius  et  de  Paul  de 
Samosate  et  deux  livres  contre  les  Juifs,  avec  le  reste  des 
autres  (livres),  en  dehors  de  l'interprétation  des  deux  Testa- 
ments; car,  jusqu'à  Rut  h,  il  ne  laissa  pas  (l'Ancien  Testament 
sans  interprétation.  Quant  à  sa  science  et  à  sa  connaissance 
des  Livres,  tu  l'apprendras  du  (livre)  des  Anoméens,  du  livre 
de  la  Providence,  de  celui  contre  les  Chaldéens  et  de  celui  contre 


[i] 


•232  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Mi'ini ;  bien  qu'il  eut  l'ait  quatre-vingts  volumes  de  controverse 
et  d'interprétation  (1),  nous  n'avons  cependant  que  ces 
quatre  (2).  » 

2°  L'Histoire  nestorierine,  ou  Chronique  de  Séert,  écrite  en 
arabe  dans  la  première  moitié  du  xie  siècle,  rapporte,  au  cha- 
pitre xlix0  de  la  première  partie  intitulé  :  «  Histoire  deFlavien 
(Flavianous)  et  de  son  disciple  Diodore  (Diodourous)  »,  que 
«  (celui-ci)  composa  trois  livres  contre  le  manichéisme,  trois 
livres  contre  l'arianisme  et  un  livre  contre  Macédonius  pour 
prouver  que  le  Saint-Esprit  est  consubstantiel  au  l'ère  et  au 
Fils.  Le  meilleur  de  ses  ouvrages  est  la  réfutation  d'Apolli- 
naire. Il  composa  sept  livres  dans  lesquels  il  réfute  Photin 
(Phoutinous),  Marcelle (J/w/^//o(/s)  (3),  et  Paul  de  Samosate,  et 
prouve  la  divinité  de  Notre-Seigneur  contre  ces  hérésiarques 
qui  prétendaient  qu'il  était  dépourvu,  comme  tous  les  autres 
justes,  de  la  divinité...  Il  composa  près  de  80  livres  dans 
lesquels  il  dévoile  la  perversité  des  innovateurs  et  réfute  la 
doctrine  des  faussaires  (4)  ». 

3°  Ébedjésu  (5)  de  Nisibe,  le  dernier  écrivain  syrien  de 
l'Église  nestorienne,  a  composé  après  1315/1310  un  «  précieux 
catalogue  qui  nous  a  transmis  le  titre  de  maints  ouvrages 
nestoriens  aujourd'hui  disparus  (G)  ».  Abraham  Ecchellensis  a 
édite  pour  la  première  fois  et  traduit  en  latin  cet  écrit,  qui  est 
en  fait  un  poème  en  vers  de  sept  syllabes,  avec  la  suscription  : 
«  Ope  Domirii  Nostri  1ESY  CHRISTI  Incipimus  scribere 
Tractation  Continentem  Catalogum  Librorum  Chaldaeo- 
rum,  tam  Ecclesiasticorum,  uttàm  Profanorum,  Auctore 
Hebediesu  Metropolita  Sobensi  »,  Romae,    1053.  .(.-S.  Assé- 

(1)  Il  s'agit  vraisemblablement  des  commentaires  de  Diodore  perdus  ru  grande 
partie.  Cf.  L.  Mariés,  Le  commentaire  de  Diodore  de  Tarse  sur  les  Psaumes, 
dans  H.  0.  C,  t.  XXIV  (1924),  pp.  r.S-18'J.  et  Éludes  préliminaires  à  l'édition  '!,■ 
Diodore  de  Tarse  sur  les  Psaumes,  Paris,  1933. 

(i)  La  première  partie  de  l'Histoire  de  Barhadbesabba  'Arbaïa,  texte  syriaque 
édité  el  traduit  par  F.  Nau.  /'.  0.,  t.  XXIII,*  Paris,  1932,  pp.  315-316  [139-140]. 

(3)  Lire  :    «   Marcel    -. 

(4)  Histoire  nestorienne  (Chronique  de  Séert),  Première  partie  ;II).  publiée 
pu-  M*'  Aidai  Sclier  et  traduite  par  M.  l'abbé  Pierre  Dib,  P.  0-,  t.  V,  Paris,  1910, 
p.   2îii   [164], 

(5)  Encore  nommé  «  'Ab(b)disô<  bar  B"rik(h)à  »  et  •■  Ahd  Yeslma  ». 

16)  R.  Duval,  La  littérature  syriaque,  troisième  édition,   Paris,    1907,   p.    101. 

m 


FRAGMENTS  SYRIAQUES    DE   DIODORE.  làà 

mani  l'a  réédité  avec  une  nouvelle  traduction  latine  et  de  nom- 
breuses notes  sous  le  litre:  Carmen  Ebedjesu  Metropolitae 
Sobaeet  Ànneniae  continens  Catalogum  Librorum  omnium 
Ecclesiasticorum,  dans  la  Bibliotheca  Orientalis,  t.  III,  I, 
Romae,  17-25,  pp.  3-:î(52.  Enfin  le  Rév.  George  Percy  Badger 
en  a  donné  une  traduction  anglaise  d'après  un  autre  manus- 
crit (1)  dans  The Xestorians  and  their  Bituals,  vol.  II,  London. 
MDCCCLII,  pp.  361-379.  Nous  reproduisons  ci-dessous,  en  ce 
qui  concerne  Diodore  de  Tarse,  le  texte  syriaque  d'après  Assé- 
mani,  ainsi  que  les  trois  traductions  susdites,  et  cela  afin  de 
montrer  par  leurs  divergences  mêmes  la  nécessité  ou  au  moins 
l'utilité  de  remonter  jusqu'à  l'original. 

Et  voici  le  texte  syriaque  avec  la  traduction  latine  d'Assé- 
mani  : 

Caput  XVIII  :  Diodorus  Tarsensis  : 

Diodorus  Tarsensis  >m<uo^i  ooi  ^ooioto-; 

Composuit     libres     numéro     sexa-  1 1 .  i ,vi 3   vnj  pto  ^oj» 

ginta, 

Ouos  Ariani  combusserunt.  :  voj;  o^o/'  2    m_;|o 

Remanserunt  verô  ex  illis  qui  se-  .ui   ;otJ^o>  ^o,  a^o 

quuntur  (3). 

Liber  de  dispensatione  :  .|ioiin;ivi;  u>i^> 

Et  liber  solutionis  Astrologiae  :  .Ilo^^  ^^,   00,0 

Et  liber  adversùs  Eunomianos  :  .\.i.ia->oi  -Viooi..o 

Et  alter  adversùs  haereticos.  •Ij;oj-s  ^^^i  vV-l° 

Et  quem  scripsit  adversùs  Judaeos  :  .l-ibov.  Vuxù  je-co,  00,0 

Et  adversùs  Manichaeos:  .i»i.-.-i-»  "«^>o^;  w 

Et  adversùs  Apollinarium  :  .^ea^^^asi  x^xudso 

Et  expositio  in  partem  Matthaei  (4).  *„coc  x^o  \^±^o  juoso 

Abraham  Ecchellensis  en  avait  donné  la  traduction  latine 
suivante  :  «  Diodorus  Tarsensis  composuit  libros  numéro  sexa- 
ginta,  quos  combusserunt  Ariani,  remanserunt  verô  ex  illis, 
quos  su  m  commemoraturus.  Liber  Politicorum,  liber  destruc- 
tionis   Astrologiae,  et  quem    composuit  contra   Eunomianos, 

(1)  K.  Duval,  op.  cil.,  p.  101,  note  6. 

(2)  11  faut  lire  :  ko|. 

(3)  Litt.  :  ■  Quorum  mentionem  facio  ». 
1    fi.  0.,   t.   III,    1,  pp.    28-29. 

[3] 


■2?A  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

item  illum  alium  aduersùs  contentiosum,  et  quem  composuit 
aduersùs  Iudaeos,  et  quem  aduersùs  Manichaeos,  et  aduersùs 
Apollinarium,  et  expositionem  in  partem  Matthaei  (1).  » 

Badger,  traduisant  le  même  chapitre  en  anglais,  dit  :  «  Dio- 
dorus  of  Tarsus  wrote  sixty  books,  most  of  which  were  burnt 
by  the  Arians;  arnong  those  remaining  are  the  book  entitled 
the  Division  of  Food,  one  written  against  Chaldeanism,  onr 
against  the  Eunoinians,  another  against  the  Manicheans,  ano- 
ther  against  Apollinaris,  and  an  exposition  of  a  portion  of 
S.  Matthew's  Gospel  (2).  »  Il  y  a  ici  omission  des  deux  ou- 
vrages «  Contre  les  hérétiques  »  et  «  Contre  les  Juifs  »,  ce  qui 
peut  provenir  du  fait  qu'Assémani  et  Badger  disposaient  de 
manuscrits  différents,  comme  la  remarque  en  a  été  faite  pré- 
cédemment. 

Nous  pouvons  ajouter  que  J.-W.  Etheridge,  qui  s'est  servi  du 
Catalogue  d'Ébedjésn  tel  qu'il  est  donné  par  Assémani  pour 
présenter  un  Conspectus  of  Syrian  Authors,  dit  seulement  : 
«  Diodorus  of  Tarsus  :  On  the  Incarnation  ;  on  Astrology  (3)  ». 

P.  Batiffol  (  1),  V.  Ermoni  (5),  J.  Tixeront  (0)  et  0.  Barden- 
hewer  (7)  ont  dressé  une  liste  des  oeuvres  de  Diodore  à  l'aide 
des  sources  grecques,  notamment  de  Suidas,  Lexicon,  qui  lui- 
même  a  emprunté  ses  renseignements  à  Y  Histoire  ecclésiastique 
de  Théodore  le  lecteur,  et  de  Photius,  Bibliotheca,  et  aussi 
avec  les  données  du  Catalogue  d'Ébedjésu.  Cependant  Batiffol. 
qui  a  suivi  Aligne  (S),  en  réalité  Fabricius  (9),  et  à  son  tour  a 


(1)  Abraham  Eccliellonsis.  op.  cit.,  pp.  23,  25. 

(2)  Badger,  op.  cit.,  p.  365. 

(3)  J.-VV.  Etheridge,  The  Syrian  Churches  :  Their  carly  Historg,  Liturgies, 
and  Literalure,  I.ondon,  MDCCCXLVI.  p.  264. 

(-1)  La  littérature  grecque,  troisième  édition,  Paris,  l!i01,*pp.  301-304. 

(5)  Diodore  de  Tarse  et  son  rôle  doctrinal,  dans  Le  Muséon,  nouvelle  série, 
vol.    11,   1901,  p.  430. 

(6)  Précis  de  Palrologie,  troisième  édition,  Paris,  1020,  pp.  257-209. 

(')  Geschichle der  allkirchlichen  Lileralur,  3.  Band,  2.,  unveranderte  Auflage, 
Freiburgim  Breisgau,  1923,  pp.  304-311. 

(S)  P.  G.,  t.  XXXIII,  col.  1550. 

(9)  .1.  A.  Fabricii  Bibliotheca  graeca  (édition  Harles),  vol.  IX,  Hamburgi, 
MDCCC1V,  p.  281  :  "  Aduersùs  Contentiosum  nescio  quem,  liber,  quem  apud 
Syros  exstare,  Hebed  Iesu  auctor  est.  • 

[4] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES   DE  DIODORE.  235 

été  suivi  par  Ermoni.dit  :  «  Ébedjésu  signale  un  livre  «  Adver- 
sus  contentiosum  »  et  un  livre  «  Politicorum  »,  dont  le  sujet 
reste  à  deviner  1).  »  Et,  à  la  suite  des  écrits  dogmatiques  de 
Diodore,  Tixeront  ajoute  pareillement  :  «  Ébedjésu  parle  d'un 
livre  sur  /'incarnation  (2).  »  Il  nous  faudra  revenir  sur  cette 
question  pour  montrer  qu'il  s'agit  là  d'ouvrages  déjà  mention- 
nés  par   Théodoret,  Léonce  de  Byzance,   Photius  et  Suidas. 

Le  Dr.  A.  Baumstark,  dans  la  Geschichte  der  si/rischen 
Lileratur,  Bonn,  1022,  pp.  105-106,  traitant  de  Ma'nà,  auteur 
nestorien  du  ve  siècle,  donne  l'état  de  la  tradition  syrienne 
sur  les  œuvres  de  Diodore  traduites  du  grec  en  syriaque,  en 
utilisant  les  données  de  Y  Histoire  nestorienne  et  du  Catalogue 
d'Ébedjésu.  11  est  bien  certain,  en  effet,  que  l'auteur,  qui 
commença  sa  magistrale  histoire  littéraire  des  Églises  de  lan- 
gue syriaque  à  l'été  I91S  et  y  mit  la  dernière  main  en  octobre 
1921,  était  dans  l'impossibilité  absolue  de  se  servir  de  La 
première  partie  âe  l'Histoire  de  Barhadbesabba  'Arbaia, 
laquelle  ne  fut  éditée  dans  la  Patrologia  Orientalis  qu'en 
1932.  Néanmoins  il  était  dans  les  choses  possibles  —  et  c'est 
la  guerre  mondiale  qui  a  empêché  celle-ci  entre  beaucoup 
d'autres  —  que,  au  temps  où  le  Dr.  A.  Baumstark  composa 
son  ouvrage,  on  connût  déjà  ce  que  Barhadbesabba  'Arbaia  a 
écrit  sur  Diodore.  Car  le  prêtre  Nicolas  Fétisov,  de  l'Académie 
ecclésiastique  de  Kiev,  avait  fait  paraître  dans  cette  ville,  en 
1915.  un  livre  écrit  en  russe  et  intitulé  Diodore  de  Tarse,  Essai 
de  recherche  d'histoire  ecclésiastique  sur  sa  vie  et  sur  son 
activité,  et  dans  la  préface  if  dit  :  «  Nous  avons  reçu  de  l'abbé  et 
professeur  Nau.  en  traduction  française  avec  l'original  syriaque, 
le  chapitre  xvne  encore  inédit,  spécialement  consacré  à  Diodore 
de  Tarse,  de  l'Histoire  ecclésiastique  de  l'écrivain  nestorien 
syrien  du  vie-vne  siècle  Barhadbesabba,  et  nous  nous  servons 
de  ses  indications  dans  notre  travail  (3).  » 

Par  contre,  le  R.  P.  Mariés,  dans  son  Étude  préliminaire 
à  l'édition  de  Diodore  de  Tarse  sur  les  Psaumes  :  La  tradi- 
tion manuscrite,  deux  manuscrits  nouveaux,  le  caractère 

(1)  Batiiïol,  op.  cit.,  p.  302,  note  1. 

(2)  Tixeront,  op.  cit.,  p.  259. 

(3)  Fétisov,   op.  cit.,  pp.   IV- V. 

[5] 


236        .  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

diodorien  du  commentaire.  Paris,  1983,  pp.  144-151,  s'est 
servi  de  toutes  Ps  sources  précédemment  indiquées  et  notam- 
ment de  Barhadbesabba  'Arbaïa  pour  établir  une  liste  des 
ouvrages  de  Diodore.  En  particulier  il  s'est  appliqué  à  montrer 
que  l'auteur  du  commentaire  sur  les  Psaumes  qu'il  tient  pour 
l'évéque  de  Tarse  combat  les  mêmes  hérétiques  contre  lesquels 
ce  dernier  a  écrit  des  traités  de  polémique,  à  savoir  Manichéens, 
Ariens,  Eunomiens,  Juifs  —  à  l'exception  d'Apollinaire  —  et 
à  ce  problème  particulier  il  a  donné  lui-même  une  double  solu- 
tion, l'une  historique,  à  savoir  que  le  commentaire  sur  les 
Psaumes  est  antérieur  de  quinze  à  vingt  ans  à  l'ouvrage  contre 
les  Apollinaristes,  et  l'autre  hypothétique,  à  savoir  que  ce 
dernier  écrit  ne  serait  pas  de  Diodore,  selon  la  pensée  «te 
Le  Nain  de  Tillemont  {Mémoires,  2U  édition,  t.  VIII,  p.  568). 

Il  ressorl  des  témoignages  que  nous  venons  de  rapporter  que, 
parmi  les  quatre-vingts  (Barhadbesabba,  Histoire  nestorienne) 
ou  soixante  (Ébedjésu)  livres  de  Diodore,  la  tradition  syrienne 
connaît  : 

1°  Un  ouvrage  contre  les  Manichéens  :  trois  livres  contre  les 
Manichéensou  le  livre  contre  Màni  (Barhadbesabba),  trois  livres 
contre  le  manichéisme  (Histoire  nestorienne),, (liber)  adversus 
Manichaeos(  Ebedjésu),  vingt-cinq  livres  •/.aTiMavr/a;a)v(Photius, 
cod.  85); 

2"  Un  ouvrage  contre  les  Ariens  :  trois  livres  contre  les  par- 
tisans d'Arius  (Barhadbesabba),  trois  livres  contre  l'ariatiisme 
( Histoire  nestorienne) ; 

3°  Un  ouvrage  contre  Macédonius  :  un  livre  sur  le  Saint- 
Esprit  contre  les  partisans  de  Macédonius  (Barhadbesabba), 
un  livre  contre  Macédonius  pour  prouver  que  le  Saint-Esprit 
est  consubstantiel  au  Père  et  au  Fils  (Histoire  nestorienne), 
-■pi-o~j  àytou  llv£j;j.aTîç  (Photius,  cod.  102,  et  non  pas  cod.  202 
selon  Batitïol)  (  1)  ; 

1"  Un  ouvrage  contre  Apollinaire  :  trois  livres  contre  Apol- 
linaire (Barhadbesabba),  la  réfutation  d'Apollinaire,  le  meilleur 
des  ouvrages  de  Diodore  (Histoire  nestorienne),  (liber)  adver- 
sus Apollinarium  (Ébedjésu),   7.3:7a    Suvou^aa-wv   (Léonce  de 

(I)  Batiffol,   op.  oit.,   |>.  303. 

[6] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE   DIODORE.  Zôi 

Byzance,  Contra  Nestorianos  et  Eutychianos,  lib.  III,  sub 
finem)  1  ; 

5°  Un  ouvrage  contre  les  hérétiques  :  sept  discours  contre 
1rs  partisans  de  Pliotin,  de  Marcel,  de  Sabellius  et  de  Paul  de 
Samosate  (Barhadbesabba),  sept  livres  dans  lesquels  il  réfute 
Photin,  Marcel  el  Paul  de  Samosate,  et  prouve  la  divinité  de 
Notre-Seigneur  contre  ces  hérésiarques...  [Histoire  nesto- 
rienne  ,  alter  (liber  aclversus  haereticos  (Ebedjésu)  ou  ille  alius 
(liber)  adversus  contentiosuni  Abraham  Ecchellensis,  dont  le 
texte  syriaque  porte  u°^=  «  scrutator  »  au  singulier,  au  lieu  de 
Iïoj^  «  scrutatores  »  au  jduriel  selon  Assémani);  cf.  Théodoret, 
ffaereticarum  fabularum  compendium,  lib.  II,  11  (2),  où  les 
hérétiques  en  question  sont  Photin,  Paul  de  Samosate. 
Sabellius  et  Marcel  d'Ancyre; 

6°  Un  ouvrage  contre  les  Juifs  :  deux  livres  contre  les  Juif- 
(Barhadbesabba),  (liber)  quem  scripsit adversus  Judaeos (Ebed- 
jésu), /.y.-.'y.  'louSaÎMv  (Suidas) ; 

7°  Un  commentaire  de  la  Bible  :  l'interprétation  des  deux 
Testaments  |  Barhadbesabba),  expositio  in  partem  Matthaei 
(Ebedjésu),  sîç  -y.  -.iz-xzy.  EùavvgXia  (Suidas); 

8°  Un  ouvrage  contre  les  Eunomiens  :  le  livre  des  Anoméens 
[um**  (j  Barhadbesabba  l,  liber  adversus  Eunomianos  (Ebed- 
jésu); 

0°  Un  ouvrage  sur  l'Incarnation  (le  Dr.  A.  Baùmstark  et 
Bardenhewer  supposent  qu'il  avait  pour  titre  -iy.  oïxovonÊaç)  (3): 
le  livre  de  la  Providence  (Barhadbesabba),  liber  de  dispensa- 
tione  (Ebedjésu  traduit  par  Assémani),  ou  liber  Politicorum 
(Abraham  Ecchellensis),  ou  the  book  entitled  the  Division  of 
Food  (Badger),  ou  On  thé  Incarnation  (Etheridge),  %ep\  wpovoîaç 
(Suidas);  nous  en  avons  quelques  citations  dans  les  auteurs 
syriens  ; 

10°  Un  ouvrage  contre  le  Destin:  le  livre  contre  les  Chaldéens 
(Barhadbesabba,  liber  solutionis  Astrologiae  (Ebedjésu),  liber 
destructionis  Astrologiae  (Abraham  Ecchellensis),  one  (book» 
written  against  Chaldeanism  (Badger),   on  Astrology   (Ethe- 

(1)  P.  G.,  t.  LXXXVI,  1.  col.  1385  et  ss. 

(2)  P.  G.,  t.  LXXXin,  col.  397. 

(3)  Baum^tark,  op.  cit.,  p.  105;  Bardenhewer,  op.  cit.,  p.  30». 

[7J 


238  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

ridge),  y.atà  v.\>.a.ç)\>.ivrlî  (Photius,  cod.  223),  huit  livres  xa^i 
àaxpsviij.wv  y.al  àuTpcXÔYwv  y.ai  t:\j.zp[>.évrlz  (Suidas)  ;  nous  en  trou- 
vons une  citation  dans  un  manuscrit. 

Les  ouvrages  de  Diodore  ci-dessus  énumérés  d'après  des 
témoignages  d'écrivains,  qui  tous  sont  des  Nestoriens,  étaient 
des  traductions  syriaques  faites  au  \e  siècle  pour  l'Église  de 
Perse.  En  effet,  cette  Église,  dont  l'organisation  date  du  com- 
mencement du  m'  siècle,  tint  en  très  haute  estime  Diodore, 
Théodore  de  Mopsueste  —  nommé  tout  simplement  «  l'Inter- 
prète »  —  et  Nestorius,  à  tel  point  qu'elle  fait  depuis  long- 
temps la  commémoraison  des  «  docteurs  grecs  »  le  quatrième 
vendredi  de  l'Epiphanie  (1)  et  que  Narsès,  mort  peu  après  500. 
leur  consacrait  déjà  une  de  ses  homélies  (2).  C'est  aux  fron- 
tières de  l'empire  romain,  à  Edesse,  dans  la  célèbre  École  des 
Perses  où  saint  Ephrem,  le  docteur  de  l'Église  syrienne,  avait 
peut-être  professé,  que  nous  allons  trouver  des  traducteurs, 
soit  parmi  les  professeurs,  soit  parmi  les  élèves,  qui  y  affluaien 
de  l'empire  perse  pour  s'initier  à  toute  la  culture  grecque  et  en 
étudier  les  chefs-d'œuvre  tant  profanes  que  sacrés  :  aussi 
a-t-on  pu  dire  que  l'École  d'Édesse  a  été  «  la  porte  de  com- 
munication entre  l'Orient  et  l'Occident  (3)  »;  ce  qui  est  vrai 
en  particulier  pour  les  écrivains  de  la  «  nouvelle  École  » 
d'Antioche,  à  savoir  Diodore,  Théodore  et  Nestorius,  et  à 
leurs  côtés  on  pourrait  mettre  Théodoret  à  cause  de  l'atta- 
chement qu'il  a  montré  à  ses  maîtres  devenus  les  évêques  de 
Tarse  et  de  Mopsueste  et  à  son  condisciple  monté  sur  le  siège 
de  Constantinople.  C'est  ainsi  qu'au  point  de  vue  théologique 
l'Église  de  Perse  parut  et  fut  foncièrement  nestorienne. 

La  plupart  des  textes  que  nous  allons  produire  s'appliquent 
à  la  fois  à  Diodore  et  à  Théodore  de  Mopsueste,  et  pour  cette 
raison  il  n'est  pas  facile  —  et  il  semble  même  n'être  pas 
possible  —  de  traiter  à  part  la  traduction  des  ouvrages  de  ces 

(1)  B.  0.,  t.  III,  2,   p.  73;  Arthur  John  Maclean,  East  Syrian  Daily  Office, 
London,    1894,  p.  266. 

(2)  F.    Martin,  Homélie   de  Narsès  sur  les   trois  docteurs  nestoriens,   dans  le 
Journal  asiatique,  9' série,  t.  XV  (1899),  pp.  -146-492,  et  t.  XV  (1900),  pp.  469-02Ô. 

(3)  E.  Cardinal  Tisserant,  L'Église  nestorienne,  dans  le  Dictionnaire  de  Théo- 
logie catholique,  t.  XI,  col.  169. 

1*1 


FRAGMENTS   SYRIAQUES    HE    DIODORE.  239 

deux  écrivains.  On  sait  que  Habulas  (Rabboula),  qui  fut  évoque 
d'Édesse  de  H2  à  435,  se  déclara  ouvertement  contre  le  nes- 
torianisme  et  qu'il  fit  brûler  des  exemplaires  d'écrits  de 
Diodore  et  de  Théodore  déjà  traduits  du  grec  en  syriaque.  En 
effet,  nous  lisons  dans  Barhebraeus  :  «  Libros  vero  omnes 
Theodori  et  Diodori  qui  ibi  (Edessae)  reperiebantur,  Rabulas 
Ede'ssae  episcopus  combussit  igné  (1).  »  Et  en  vérité,  Mar 
Barhadbsabba  Arbaya,  évêque  de  Halwan  au  vi°  siècle  —  à 
distinguer  de  Barhadbesabbâ  'Arbaïa  (2),  auteur  de  l'Histoire 
ecclésiastique,  dont  il  a  été  question  ci-dessus  —  dit  dans  la 
Cause  de  la  fondation  des  écoles  :  «  Les  commentaires  de 
Théodore  ayant  été  traduits  en  syriaque  et  ayant  passé  à  ' 
l'assemblée  d'Édesse,  Cyoré  jouit  du  repos  avec  tous  ses  ' 
disciples  (3).  »  Ainsi,  comme  la  mort  de  Cyoré  (Qijôré),  directeur 
de  l'École  d'Édesse,  arriva  en  137,  des  exemplaires  des  tra- 
ductions syriaques  d'ouvrages  —  de  Diodore  —  et  de  Théodore 
pouvaient  circuler  à  Édesse  avant  435. 

Ibâs  (Hibha),  qui  succéda  à  Rabulas  —  avec  quelques  inter- 
ruptions —  de  435  à  457,  se  montra,  au  contraire,  un  partisan 
résolu  de  la  doctrine  de  Xestorius.  Avant  son  é'piscopat.  au 
temps  où  il  était  professeur  à  l'École  des  Perses,  il  dirigeait 
les  traductions  qui  s'y  faisaient  en  grand,  et  pour  ce  motif  il 
a  été  appelé  le  «  traducteur  »  par  Ébedjésu,  qui  dit  dans  son 
Catalogue  :  «  Hibas,  et  Cumas  et  Probus  E  Graeco  in  Syiïa- 
cum  Transtulerunt  libros  Commentatoris  Atque  Aristotelis 
Scripta  li  s  c'est  ce  qu'Abraham  Ecchellensis  a  traduit  : 
«  Hibas,  Curai,  et  Pharuba  ex  Graeco  idiomate  in  Syria- 
cum  transtulerunt  libros  Commentatoris.  Atque  Aristotelis 
Scripta(5)  ».  Cependant  il  n'existe  dans  les  manuscrits  syriaques 
rien  qui  puisse  être  regardé  spécialement  comme  la  traduction 

1 1 1  Gregorii  Bn-hebraei  Chronicon ecclesiasticum,  sectioll,  19  (édition  Abbeloos 
et  Larny),  t.  III,  Parisiis-Lovanïi,  1877,  col.  56. 

(i)  -  BarhadbSabba  »  et  »  Barhadb'.sabba  »  sont  deux  transcriptions  du  même 
mot  syriaque,  la  première  particulière  aux  Orientaux  et  la  seconde  conforme 
aux  règles  de  la  grammaire.  De  même,  «  M'xall'yoné  »,  d'où  est  venu  «  Messa- 
liens  ».  nous  semble  préférable  à  ■  Mtalyanê  »,•  cf.  R.  0.  C,  t.  XI  (1908),  p.  14. 

(3)  Mar  B  irhadbsabba  'Arbaya,  Cause  de  la  fondation  des  écoles,  texte  syriaque 
publié  et  traduit  par  JIsr  Addai  Sclier.  P.  0.,  t.  IV.  Paris,  1!hi7,  p.  383  [69], 

U)  B.  0..  t.  III.  I.  pp.  85,86. 

(5)  Abraham  EceheHensis,  op.  cil.,  p,  55. 

[9 

ORIENT   CHRETIEN.  O 


•240  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

d'Ibas,  tandis  qu'il  y  a  des  ouvrages  de  Théodore  traduits 
par  Koumî  et  des  écrits  d'Aristote  traduits  par  Probus  (1).  Il 
est  très  vraisemblable  que  les  exemplaires  des  traductions  de 
Diodore  et  de  Théodore  qu'a  fait  brûler  Rabulas  avaient  été 
publiés  sous  la  direction  d'Ibas  avant  qu'il  fut  élevé  à 
l'épiscopat. 

D'ailleurs,  l'œuvre  littéraire  des  deux  évêques  de  Tarse  et  de 
Mopsueste  est  si  considérable  que  sa  traduction  complète  a  dû 
s'étendre  sur  une  assez  longue  période  d'années  et  demander 
le  concours  d'un  certain  nombre  d'auteurs.  En  plus  de  ceux 
à  qui  nous  venons  de  faire  allusion,  qu'ils  nous  soient  connus 
ou  non,  nous  devons  en  mentionner  un  autre  qui  s'appelle 
Ma'nâ  (ou  Ma 'né)  et  qui  peut  être  regardé  comme  le  principal 
traducteur  des  écrits  de  Diodore.  En  effet,  l'Histoire  nesto- 
rienne  nous  rapporte,  à  la  fin  du  chapitre  ix°  de  la  seconde 
partie  consacré  à  Narsès  qui  succéda  à  Cyoré  dans  la  direction 
de  l'École  des  Perses,  ce  qui  suit  :  «  Ma'na,  qui  a  été  nomme 
métropolitain  de  Perse,  était  lui  aussi  avec  Narsaï,  Bar  Sàuma 
et  Acace  dans  l'Ecole  d'Édesse;  il  était  originaire  de  Siraz; 
quand  il  fut  nommé  métropolitain,  il  traduisit  du  grec  en 
syriaque  les  livres  de  Diodore  et  de  Théodore.  Màna  et  Ma'na, 
métropolitains  de  Perse,  qui  furent  presque  les  contemporains 
de  l'Interprète,  ne  les  avaient  point  traduits.  Après  Alâna, 
Ma'na  et  Mari,  métropolitains  de  Perse,  ce  fut  ce  saint  qui 
proclama  la  foi  orthodoxe  dans  le  pays  de  Perse...  Ma'na 
rédigea  aussi  en  persan  des  odes  religieuses,  des  poésies  et  des 
hymnes  pour  être  chantées*  à  l'église...  Il  s'opposa  d'abord  à 
Baboï  et  soutint  Bar  Sauma;  mais  ayant  assisté  au  Synode 
d' Acace,  il  annula  ses  premières  démarches  (2).  » 

Il  a  donc  existé  deux  Ma'nâ,  métropolitains  de  Perse,  que 
dans  la  suite  nous  nommerons  Ma'nâ  I  et  Ma'nâ  II.  La  première 
partie  de  l'Histoire  nestorienne  a,  sur  Ma'nâ  I  qui  vivait  au 
temps  de  Théodore  de  Mopsueste  mort  en  428,  le  chapitre  rxxu' 

(1)  Baumstark,  op.  cil.,  pp.  101-102;  D'.  A.  Baumstark,  Aristoleles  bei  den 
Syrcrn  vom  V.-VIII.  Jahrtiunderl,  Syrische  Texte  herausgegeben,  iibersetz) 
und  imtersucht,  I.  Band,  Leipzig,  1900,  pp.  139-145;  G.  Hoffmann,  De  hermeneu- 
in-is  apud  Syros  Aristoteleis,  Lips'me,  MDCCCLXIX,  pp.  1  ll-i48. 

(2)  Histoire  nestorienne  (Chronique  de  Séerl).  seconde  partie  (I),  publiée  et 
traduite  par  Me'  Addai  Sclier,  P.  0..1.  VII,  Paris,  1909,  pp.  116-117  [24-25]. 

[10] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES   DE   DIODORE.  241 

intitulé  :  «  Histoire  de  Ma'na,  le  dix-septième  catholicos,  qui 
fut  dépose  (1)  ».  Cette  notice  nous  apprend  que  «  Ma'na,  métro- 
politain de  Perse,  savait  le  persan  et  le  syriaque.  Il  avait  fait 
ses  études  à  Édesse  et  traduit  plusieurs  livres  du  syriaque  en 
persan  »,  et  qu'il  fut  élu  catholicos  en  120,  grâce  à  une  inter- 
vention du  roi  Jazdgerd  qui  ordonna  la  même  année  «  de  ne 
plus  l'appeler  de  ce  nom  (de  catholicos)  ni  publiquement,  ni 
même  dans  l'intimité  ».  Far  conséquent,  Ma'nà  I  n'a  rien  à 
voir  avec  la  traduction  des  ouvrages  de  Diodore, 

Quant  à  Ma'nà  II,  Mar  Barhadbsabba  Arbaya,  dans  la  Cause 
de  la  fondation  des  écoles,  dit  aussi  :  «  Lorsque  Mar  Narsaï, 
Barsauma  et  Ma 'né  —  qui  furent  ensuite  consacrés  évèques, 
le  second  pour  Nisibe  et  le  dernier  pour  Réwardaschir  — 
entendirent  la  renommée  de  cette  école  (d'Édesse),...  ils  y 
allèrent  aussitôt  avec  les  autres  »...  «  Barsauma  vint  à  Nisibe 
et  fut  élu  évèque.  Ma'né  partit  pour  la  Perse  et  y  reçut  le  joug 
du  sacerdoce  (2).  »  Tandis  que,  d'après  ce  texte,  c'est  à  la  fin 
de  ses  études  que  Ma'nà  II  quitta  Édesse  pour  rentrer  dans  sa 
patrie,  selon  la  lettre  de  Siméon  de  Beit-Arscham  sur  la  pro- 
pagation du  nestorianisme  en  Perse,  ce  même  Ma'nà  II,  sur- 
nomme «  le  buveur  de  cendre  »,  fut  chassé  d'Édesse  avec  les 
Nestoriens  de  l'Ecole  des  Perses  après  la  mort  d'Ibas  en  157, 
revint  en  Perse,  où  il  fut  élu  plus  tard  évèque  de  Réwardasir 
et  métropolitain  de  Perse  (3),  et  en  cette  qualité  il  assista  au 
synode  d'Acace  en  186  (4). 

Il  ressort  de  ces  divers  textes  que  Ma'nà  I  et  Ma'nà  II  —  tous 
deux  —  étaient  originaires  de  la  Perse,  furent  élèves  à  l'École 
des  Perses  à  Édesse,  traduisirent  du  syriaque  en  persan  et 
devinrent  évèques  de  Réwardasir  l'un  avant  120  et  l'autre  après 
457  —  ce  qui  est  une  raison  suffisante  pour  qu'ils  n'aient  pas 
été  contemporains  —  et  métropolitains  de  Perse.  Il  devait  donc 
être  facile  de  confondre  les  deux  Ma'nà,  et  Barhebraeus  lui- 
même,  qui  pendant  longtemps  a  été  la  seule  source  de  rensei- 

(1)  P.  0.,  t.  V,  pp.  328-330  [216-218]. 

2)  P.  0.,t.  IV,  pp.  381  [67],  384  [70  . 

(3)  B.  0..  t.  I,  pp.  352,  ::.".::. 

(4)  P.  0.,  t.  VII,  p.  U7  [25]  ;  J.-B.  Chabot,  Synodicon  urienlale,  Paris,  MDCCCC1I, 
p.    300. 

[11] 


242 


REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 


gnements  à  laquelle  ont  puisé  tous  les  historiens,  les  a  confon- 
dus dans  son  Histoire  ecclésiastique  et  dans  une  lettre  au 
catholicos  Denha  Ier  (1). 

En  effet,  dans  la  section  II  du  Chfonicon  ecclesiasticum,  la- 
quelle est  l'histoire  des  catholicos,  c'est-à-dire  des  patriarches 
de  l'Église  nestorienne,  Barhebraeus,  qui  en  la  circonstance 
est  historien,  dit  d'un  seul  Ma'nà  ce  que  les  écrivains  précé- 
demment cités  rapportent  de  Ma'nà  I  et  de  Ma'nà  II,  comme  il 
ressort  du  double  tableau  suivant. 


«  Post  Jaballaham,  MAGNES. 

ÏYomen  persicum  est. 

Hic  cum  Barsuma,  ftarsete  et  Acacio 
Edessae  in  schola  Persarum  adfuerat,  atque 
ipse  Tlieodori  eommentarios  ex  graeco 
sy'riacos  fecit. 

Isti  autem  Edessa   expulsi    fuere    opéra 
Philoxeni    seu   Xenaiae    Mabugensis,    qui 
pariter    génère   Persa    erat,    quique    cum 
comperisset  collegas  suos  Tlieodori  et  Dio 
dori  sententia  infectas  esse  eos  impugnavit 
itaque  illinc  expulsi  profecti  sunt  Nisibin, 

atque  oortim  schola  Edessae  subversa 
fuit... 

Porro  crebescente  (sic)  fama  doctrinae  Ma- 
gnetis,  quod  scilicet  libros  e  graeca  lingua 
in  syriacam  verteret,  persicae  regionis 
episcopus      electus      fuit     et     ordinatus  ; 

dein,  post  mortem  Jabàllahae  catholicus 
proclamatus  et  ordinatus, 

ac  paulo  post  doctrinam  suam  eructavit. 
Verumtamen  Orientales,  cum  tunctemporis 
adhuc  non  essent  divisi  ab  Occidentalibus, 
a  Magnete,  quem  videbant  dogmata  Nestor» 
tradere   et  conrirmare, 


Il  s'agit  de  Ma'nà  I. 

Ma'nà.  1  et  Ma'nà  II. 

Ma'nà  II,  d'après  Mar  Bar- 
hadbsabba  et  l'Histoire  nesto- 
rienne. 

Ma'nà  II,   d'après  Siméon 

de  Beit-Arscham.  Il  est  ques- 
tion ici  de  l'expulsion  des 
Perses  après  la  mort  d'Ibas 
en  457. 

Peut-être  faut-il  voir  là  la 
fermeture  définitive  de  l'É- 
cole en  48(J. 

Ma'nà  II,  qui  seul  tra- 
duisit du  grec  en   syriaque. 


Cela  n'est  vrai  que  de  Ma- 
'nà 1. 

Il  ne  peut  pas  s'agir  de  Ma- 
'nà I,  puisque  IVestorius 
n'avait  pas  encore  pris  la 
parole  à  Constantinople.  Mais 
c'est  une  allusion  au  prosély- 
tisme de  Ma'nà  II,  qui  est 
relaté  par  l'Histoire  nesto- 
rienne. 


(1)  Cf.  Une  lettre  de  Bar  Itébréus  au  catholicos  Denha  I",  par  M.  J.-B.  Chabot 
(Extrait  du  Journal  asiatique,  janvier-février  1898),  Paris,  MDCCCXCVIII, 
pp.  48,  49,  52  (du  tirage  à  part). 


[12] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  243 


scsc  averterunt  eumque  deposucrunt.  in 
eus  oirïnes  anatliema  pronunciantes  qui 
ipsum  aut  in  vita  aut  post  mortem  ejus 
catholicum  appellarent  1 1).  » 


Ma'nà  I,  déposé  par  Jazd 
?erd. 


Cette  confusion  des  deux  Ma'nà  par  Barhebraeus  surprend 
d'autant  plus  que,  pour  l'histoire  de  l'Eglise  nestorienne,  il 
dépend  de  Mari  ibn  Soleiman  et  de  ses  commentateurs  Saliba 
ibn  Yohanna  et  Amr  ibn  Matta,  lesquels  ne  parlent  que  du 
catholicos  Ma'na  ou  Ma'anes,  c'est-à-dire  de  Ma'nà  I  (2),  et 
que  ces  derniers  dépendent  à  leur  tour  de  l'Histoire  nesto- 
rienne, laquelle  distingue  parfaitement  les  deux  Ma'nà,  en 
traitant  de  Ma'nà  I  dans  la  première  partie,  chapitre  lxxii,  et 
de  Ma'nà  II  dans  la  deuxième  partie,  chapitre  ix.  La  même 
confusion  se  retrouve  chez  la  plupart  des  historiens  postérieurs 
qui  ont  utilisé  le  texte  de  Barhebraeus  et  qui  ont  multiplié  les 
notes  pour  expliquer  les  contradictions  qu'il  entraînait  avec  ce 
qu'ils  savaient  par  ailleurs.  Tels  sont  Assémani  (3),  les  éditeurs 
et  traducteurs  du  Chronicon  ecclesiasticum  (4),  R.  Duval  (5), 
W.  Wright(G).  A.Mingana(7).Par  contre,  0.  Braun(8),  M.  J.  La- 
bourt  (9),  M.  J.-B.  Chabot  (10)  —  qui  fait  remarquer  que  le 
nom  du  catholicos  s'écrit  tantôt  p^°  Ma'nâ,  tantùt  u^°  Magna, 
ce  qu'a  pris  Barhebraeus  et  ce  que  les  traducteurs  ont  rendu 


(1)  Gregorii  Barhebraei  Chronicon  ecclesiasticum,  sectioll,  19  (édition  Abbeloos 
et  Lamy),"t.    III,  col.   54,  56,  58. 

(2)  Maris  Atari  et  Slibae  de  patriarchis  NestorianoTum  commenlaria  (édition 
II.  Gismondi),  pars  prior,  Romae,  MDCCCXCIX,  pp.  28-29,  et  pars  altéra 
Romae,  MDCCCXCVII,  p.  16;  cf.  B.  0..  t.  III,  1,  pp.  376-377. 

(3)  B.  0.,  t.  II,  pp.  101-403;  ib.,  t.  III,  1,  pp.  37G  :  «  Porro  Barhebraeus  hallu- 
einains  fuisse  mihi  videtur  »,  et  381. 

(1)  Gregorii  Barhebraei  Chronicon  ecclesiasticum,  t.  III,  col.  Ô5-Û6,  note  1,  et 
col.  57-58,  note  1. 

(5)  R.  Duval,  Histoire  politique,  religieuse  et  littéraire  d'Édesse  jusqu'à  la 
première  croisade,  Paris,  MDCCCXÇII,  p.  178;  La  littérature  syriaque,  troisième 
édition,  p.   345. 

(6)  A  short  ffistory  of  Syriac  Literalure,  I.ondon.  18!>4,  pp.  62-63. 

(7)  Narsai  Docloris  Syri  horniliae  et  carmina,  vol.  1,  Mausilii,  MCMV, 
p.  !». 

(8)  Das  Buch  der  Synhados,  Stuttgart  und  Wien,  liKIO,  p.  82,  note  3. 

(0)  Le  christianisme  dam  l'empire  perse  sous  la  dynastie  sassanide  {224-632), 
deuxième  édition.  Paris,   1004,  p.   110,  note  2. 
(10)  Synodicon  orientale,  p.  300,  note  4. 

[13] 


214  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

par  Magnes  —  Addaï  Scher  (1),  le  Dr.  A.  Baumstark  (2),  le 
P.  J.-M.  Vosté(3)  ont  bien  vu  deux  Ma'nâ.  Il  nous  reste  encore  à 
corriger  ce  qu'a  dit  R.  Duval(4)  :  «  Barhebraeus,  Chron.  eccl., 
I,  55,  attribue  la  traduction  des  commentaires  de  Théodore  à 
Mana,  qu'il  appelle  Magna,  à  Narsès  et  à  Acacius.  »  Nous  avons 
reproduit  le  texte  de  Barhebraeus  d'après  la  traduction  latine 
de  ses  éditeurs,  lequel  se  lit  dans  le  Chron.  eccl.,  sect.  II,  19, 
c'est-à-dire  au  tome  III,  col.  53-56,  et  se  traduit  facilement  en 
français  de  la  façon  suivante  :  «  Celui-ci  (Magna)  était  avec 
Barsauma,  Narsès  et  Acace  à  Édesse,  à  l'École  des  Perses,  et 
c'est  lui-même  qui  traduisit  les  commentaires  de  Théodore  du 
grec  en  syriaque.  »  Cette  remarque  a  été  faite  déjà  par  Min- 
gana(5). 

De  plus,  il  est  possible  de  citer,  en  faveur  du  fait  de  la  tra- 
duction des  œuvres  de  Diodore  à  Édesse  au  cours  du  Ve  siècle, 
le  témoignage  d'un  écrivain  syrien  monophysite.  En  effet, 
Jacques  de  Saroug,  mort  en  521,  dans  une  de  ses  lettres  aux 
moines  du  Couvent  de  Mar  Bassus,  écrit  :  «  Il  y  a  quarante- 
cinq  ans  révolus  que  je  me  trouvais  à  Édesse  pour  y  étudier 
les  Livres  saints,  à  l'époque  même  où  on  traduisait  du  grec 
en  syriaque  les  livres  de  l'impie  Diodore.  »  Et  encore  :  «  Or  à 
l'époque  où  on  traduisait  ces  livres  du  grec  en  syriaque  et  où 
encore  enfant  j'avais  besoin  d'apprendre,  je  suis  tombé,  par 
hasard,  sur  un  des  écrits  de  Diodore  :  j'y  ai  trouvé  une  multi- 
tude d'opinions  et  d'idées  contraires  à  la  vérité...  Au  lieu  d'un 
seul  Christ  il  en  reconnaissait  deux  (6).  »  Comme,  d'après  son 
éditeur,  «  cette  correspondance  entre  Jacques  et  les  moines  de 
Mar-Bassus  doit  être  placée  entre  l'an  514  et  l'an  518  »,  si  on 
retranche  45  de  ces  deux  nombres,  on  obtient  les  années  469  à 

(1)  Elude  supplémentaire  sur  les  écrivains  syriens  orientaux,  dans  la  /?.  0.  C, 
t.  XI  (1906),  p.  7;  cf.  P.  0.,  t.  IV,  p.  384  [70],  note  2. 

(2)  Geschichte  der  syrischen  Literatur,  p.  105. 

(M)  Le  commentaire  de  Théodore  de  Mopsuesle  sur  saint  Jean,  d'après  la  version 
syriaque,  dans  la  Revue  Biblique,  32e  année  (1023),  p.  532,  note  2. 

(4)  La  littérature  syriaque,  troisième  édition,  p.  314,  note  1. 

(5)  Narsai...  homiliae  et  carmina.  vol.  I,  p.  17,  note  3,  où  il  faut  lire 
»   Littérature  Syriaque  •■  (p.  314)  au  lieu  de  «   Littérature  Syriaque  -  (p.  310). 

(6)  Lettres  de  Jacques  de  Saroug  aux  moines  du  Couvent  de  Mar  fiassus,  et  " 
Paul  d'Édesse,  relevées  et  traduites  par  M.  l'abbé  (Paulin)  Martin,  dans  la 
Z.  I).  M.  G.,  XXX.  Band.  Leipzig,  1870,  pp.  224,  225. 

[14] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  -1-' 

173  comme  date  approximative  du  séjour  de  Jacques  de  Saroug 
à  Édesse,  alors  que,  âgé  de  vingt  ans  environ,  il  y  étudiait, 
et.  par  conséquent,  comme  date  approchée  de  la  traduction 
des  ouvrages  de  Diodore.  Il  est  bien  certain,  en  effet,  que, 
entre  l'expulsion  des  éléments  nestoriens  d'Édesse  qui 
eut  lieu  en  157  et  la  fermeture  définitive  de  l'École  des 
Perses  qui  fut  décrétée  en  489,  il  se  produisit  une  recrudescence 
de  l'activité  des  Nestoriens  qui  détermina  la  mesure  radicale 
de  la  suppression  de  cette  École,  et  c'est  dans  cet  intervalle  que 
Jacques  de  Saroug  fut  témoin  des  faits  qu'il  rapporte,  soit  que 
la  traduction  de  Diodore  ait  été  faite  à  Édesse  même,  soit 
qu'elle  ait  été  importée  de  Perse. 

Pour  coni dure  cette  question,  nous  dirons  que  la  traduction 
des  écrits  de  Diodore  du  grec  en  syriaque  était  commencée 
à  Édesse  avant  la  mort  de  Rabulas  (435)  et  qu'elle  fut  continuée 
en  Perse  après  celle  d'Ibas  (  157),  et  qu'elle  fut  l'œuvre  surtout 
de  Ma'nà  II,  soit  pendant  son  séjour  à  l'École  d'Édesse,  soit 
après  son  retour  en  Perse,  l'Histoire  nesiorienne  portant  qu'il 
traduisit  après  son  élévation  à  l'épiscopat,  et  Barhebraeus  affir- 
mant que  ses  qualités  de  traducteur  le  firent  nommer  évêque  : 
et  nous  répéterons  que,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances, 
la  traduction  do.  Diodore  paraît  être  historiquement  insépa- 
rable de  celle  de  Théodore  de  Mopsueste. 

Quant  à  Nestorius  qui  a  donné  son  nom  à  l'Eglise  de.Perse, 
ses  écrits  ne  furent  traduits  du  grec  en  syriaque  que  plus  tard, 
«au  temps  de  Paul  »,  dit  Ébedjésu  dans  son  Catalogue  (1), 
c'est-à-dire  au  temps  du  catholicos  Paul  Ie',  qui  ne  resta  en 
charge  que  deux  mois  en  l'année  535/536.  Et  cette  traduction 
fut  faite  à  l'École  de  Nisibe,  où  Narsès  avait  transféré  l'École 
d'Édesse  après  457. 

Ces  traductions  syriaques  des  œuvres  de  Diodore,  de  Théo- 
dore et  de  Nestorius,  qui  avaient  été  faites  par  des  Nestoriens 
et  pour  leurs  coreligionnaires  de  langue  syriaque,  ne  nous  sont 
pas  parvenues.  Au  vie  siècle  déjà,  Barhadbesabba  'Arbaïa  écri- 
vait :  «  Bien  que  (Diodore)  eût  fait  quatre-vingts  volumes  de 
controverse  et  d'interprétation,  nous  n'avons  cependant  que  ces 

(l)  B.  0.,  t.  III,  1?  p.  3G. 

[15] 


2  10  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

quatre  (livres)  (1)...  »  Au  xiv6  siècle,  Ébedjésu  de  Nisibe,  dres- 
sant le  Catalogue  des  ouvrages  nestoriens  qui  existaient  de  son 
temps,  s'exprimait  ainsi  :  «  (Diodorus  Tarsensis)  composuit 
libres  numéro  sexaginta,  quos  Ariani  combusserunt.  Reman- 
serunt  vero  ex  illis  qui  sequuntur  [2)..-,  »  et  il  donne  les  titres 
de  huit  livres  qui  se  trouvaient  alors  en  syriaque.  Aujourd'hui 
il  ne  reste  plus  rien  de  ces  versions  d'origine  nestorienne, 
puisque,  comme  nous  allons  le  dire  plus  loin,  les  fragments 
syriaques  de  Diodore  dont  nous  nous  occupons  font  partie  inté- 
grante d'une  compilation  monophysite  mise  sous  le  nom  de 
Timothée  Aelure  dans  un  manuscritjacobite  et  n'ont  rien  à  voir 
avec  la  traduction  nestorienne  dont  il  a  été  question  dans  les 
pages  précédentes.  Il  est  vrai  que  J.  Tixeront  nous  laisse  en- 
core un  léger  espoir,  lorsqu'il  écrit  :  «...  les  œuvres  de 
Diodore  ayant  été  de  bonne  heure  traduites  en  syriaque  par  les 
Nestoriens,  il  se  peut  que  l'on  fasse  en  cette  langue  de  nou- 
velles découvertes  (3)  ». 

II.  —  Les  fragments  syriaques  de  Diodore  édités 
dans  les  Analecta  syriaca  de  Lagarde. 

Parmi  les  ouvrages  de  Diodore  traduits  du  grec  en  syriaque, 
«  le  meilleur  »  est.  la  réfutation  d'Apollinaire,  d'après  YHistoire 
nestorienne  ;  et  c'est  aussi  l'opinion  des  historiens  et  des  .théo- 
logiens. Ainsi  Guilielmus  Cave  (William  Cave)  a  écrit  :  «  Ex 
Diodori  opusculis  prae  aliis  insigne  fuit  -l  -foc,  toùç  ^uvouaiatrrài; 
sive  adversus  Apollinaristas;  ex  quo  excerpta  selegit  Proclus 
Constantinopolitanus,  quae  et  ipse  in  epistola  ad  Armenos  et 
Cyrillus  tribus  libris  jam  deperditis  data  operà  refutarunt. 
Praeter  ea,  quae  Proclus  dicto  loco  habet,  fragmenta  alia  a  se 
versa  suppeditabit  Marius  Mercator,  edit.  Garn.  par.  2,  p.  317- 
318,  quaedam  Leontius  /.  3  contra  Eutychianos,  plurima 
Facundus  Hermianensis,  alia  tacito  Diodori  nomine  Acta 
Synodi  V,  collât.  5.  Saepe  etiam  alii  scriptores  veteres  opus 


(1)  /'.  ().,  t..  XXIII,  p.  31  ti  [140]. 

(2)  /.'.  (>..  t.  III.  1.  pp.  28-29. 

(:!)  Précis  de  Palrologie,  troisième  édition,  p.  259. 

[16] 


FRAGMENTS  SYRIAQUES    DE   DIODORE.  '-2  17 

istud  <ub  Theodori  Mops.  nomiae  maie  citant  (1).  »  Et  le 
P.  Martin  Jugie  dit  de  même  :  «  Multa  scripsitDiodorus,  ex  qui- 
bus  admodum  pauca  ad  nos  usque  pervenerunt.  Deperiere  duo 
praeeipua  ejus  opéra  christologica  :  Contra  Synusiqstas  seu 
Apollinaristas,  et  Liber  de  oeconomia  seu  de  incamatione... 
Unde  ad  dijudicandum  de  ejus  doctrina,-..  ea  tantum  habemus 
excerpta  pauca  ex  libris  contra  Synusiastas,  quae  refert  Leon- 
tius  Byzantinus,  duo  alia  in  Philàlethe  Severi  Antiocbeni 
citata,  et  aliud  in  Eutherii  Tyanensis  Epistola  ad  A lexandrum 
Hierapolitanum  (2).  » 

Les  fragments  syriaques,  qui  vont  suivre,  sont  aussi 
empruntés  à  l'ouvrage  de  Diodore  contre  les  Apollinaristes  — 
du  moins  nous  l'admettrons  jusqu'à  preuve  du  contraire  —  et 
ils  en  constituent  de  larges  extraits  dont  l'importance  dépasse 
de  beaucoup  celle  des  citations  connues  jusqu'ici.  Ils  sont  con- 
servés au  British  Muséum  de  Londres  dans  le  manuscrit 
jacobite  Syr.  729  ou  Add.  12  156,  du  vï  siècle  —  antérieur  à 
l'année  561/562  —  et,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  déjà,  ils  font 
partie  d'une  compilation  théologique  mise  sous  le  nom  de 
Timothée  Aelure.  Cette  compilation  comprend  des  documents 
contre  le  concile  de  Chalcédoine  (fol.  1-62)  et  un  recueil  de 
textes  patristiques  dirigés  contre  Nestorius  (fol.  63-80)  (3); 
vient  ensuite  une  sorte  de  florilège  de  caractère  nestorien,  qui 
est  formé  d'extraits  de  Diodore  (fol.  80-83),  de  Théodore  de 
Mopsueste  (fol.  83-86)  et  de  Nestorius  (fol.  S6-89),  et,  pour  cette 
raison,  le  copiste  a  pu  donner  à  cette  section  du  manuscrit  le 
titre  qui  se  lit  dans  la  marge  supérieure  du  fol.  82  v°,  à  savoir  : 
1^^»;  jn.iojjiuo  .œio.iLo  u»o;or;,  Ms.à^,  c'est-à-dire  :  "  Blasphèmes  de 
Diodore,  de  Théodore  et  de  l'impie  Nestorius  •>.  Les  fragments 
syriaques  des  trois  «  docteurs  grecs  »  de  l'Église  nestorienne, 
conservés  dans  un  manuscrit  jacobite  au  milieu  d'une  compila- 
it Scriptorum  ecclesiaslicorum historia  lilteraria,  Coloniae  Allobrogum,  1720, 
y.  170. 

(2)  Theologia    dogmaii  "    chrisiianorum    Orientalium    ab    Eeclesia   catholica 
dissidentium,  t.  V.  Parisiis,  1935,  pp.  85-86. 

(3)  I.  Ruckei',  Florilegium  Edessenum  anonymum  (syriaeeante  502).  Sitzungs - 
berichte  (1er  Bayerischen  Akademie  der  \Vissenseh;tften,  Philosophischhisto- 
rische  Abteilung-,  .Jalirgang  1933,  llel't  5,  Mïinchen,  1933.  Cf.  pp.  IV.  X,  sur 
les  fragments  de  Pioilorc. 

[17] 


248  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN'. 

tion  de  provenance  monophysite,  ne  sont  en  aucune  façon  des 
restes  des  traductions  syriaques  des  écrits  de  Diodore,  de 
Théodore  et  de  Nestorius,  qui  écaient  l'œuvre  de  Nestoriens;  et. 
en  ce  qui  concerne  Diodore  en  particulier,  nous  n'avons  pas  ici 
affaire  avec  la  traduction  de  Ma'nà,  évoque  de  Réwardaschir, 
métropolitain  de  Perse,  dont  nous  avons  traité  longuement  au 
paragraphe  premier. 

Le  manuscrit  Add.  12  156  a  été  analysé  par  W.  Wright  dans 
le  catalogue  général  des-  manuscrits  syriaques  du  Britisli 
Muséum  (1).  Déplus,  comme  il  abonde  en  textes  d'Ignace,  de 
Méliton,  d'Apollinaire,  de  Théodore  de  Mopsuesle,  de  Nestorius, 
de  Cyrille  d'Alexandrie  et  même  d'Irénée,  il  a  été  décrit  aussi 
dans  les  travaux  particuliers  consacrés  à  ces  écrivains  (2). 

Les  fragments  syriaques  de  Diodore  ont  été  édités  dans 
P.  Laganlii,  Analecta  syriaca,  Lipsiae,  MDCCCLVIIt,  où  ils  se 
trouvent  de  la  page  91,  ligne  13,  à  la  page  100,  ligue  18.  Le 
titre  du  livre  porte  à  sa  partie  inférieure  la  mention  : 
«  Exemplaria  facta  CXV  »;  par  conséquent,  il  n'est  pas  très 
étonnant  que  ce  volume,  comme  aussi  beaucoup  d'autres  édi- 
tions du  même  savant,  ne  se  rencontre  que  rarement  de  nos 
jours  dans  le  commerce.  C'est  pourquoi  nous  nous  laisserons 
aller  à  donner  quelques  détails  sur  cette  édition.  On  sait  avec 
quelle  exactitude,  ou  plus  justement  avec  quelle  acribie.  Paul 
de  Lagarde  livrait  au  public  les  ouvrages  encore  inconnus  qu'il 
tirait  des  grandes  bibliothèques  d'Europe.  En  ce  qui  concerne 
les  Analecta  syriaca,  il  en  avait  copié  les  textes  sur  les  manus- 
crits à  Londres  cinq  ans  auparavant,  et  il  les  a  encore  colla- 
tionnés  sur  les  originaux  au  cours  de  l'impression.  De  l'ait, 
dans  la  préface,  il  a  présenté  quatorze  pages  de  corrections, 
dont  le  plus  grand  nombre  n'affecte  pas  la  substance  même 
des  textes;  et  en  particulier  il  a  reproduit  les  points  diacritiques 
employés  dans  l'écriture  syriaque  à  la  place  où  ils  se  trouvent 
dans  les  manuscrits,  quoique  les  règles  formulées  par  les 
grammairiens  précisent  qu'ils  doivent  avoir  une  autre  position  ; 

(1)  Catalogue  of  Ihe  Syriac  Manuscrlpls  in  Ihe  Brilish  Muséum  acquired 
since  Ihe  year  4S38,  Part  II,  London,  1871,  pp.  03 :i-01S. 

(il  Cf.  surtout  Joseph  Lebon,  Le  Honuphysismc  sevérien,  Louvain,  1909. 
pp.   93-107. 

[18] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES   DE    DIODORE.  249 

du  reste,  il  a  lui-même  écrit  quelque  part  à  ce  sujet  :  «  puncta... 
plane  ad  codicis  fidem,  non  ad  grammaticorum  praecepta  a  me 
posita  (1)  ».  Aussi  est-ce  en  toute  vérité  qu'il  apu  dire  ici  :  «  Qui 
leguntur  accentuum  apices  plane  ad  codicum  fidem  expressi 
sunt  (p.  iv).  »  Après  avoir  signalé  qu'à  la  page  95,  ligne  18,  »  a 
été  effacé  avant  h.  et  qu'à  la  même  page,  ligne  28,  i;-**  a  été 
changé  en  m^m  par  une  main  plus  récente  (p.  xni),  il  a  indiqué 
des  »  peccata  graviora  »,  où  en  deux  endroits  il  y  a  divergence 
entre  le  texte  imprimé  et  le  manuscrit,  à  savoir,  à  la  page  93, 
ligne  6,  où  il  faut  lire  **»  00,^0..  au  lieu  de  **»  «o-:,  et  à  la  page 
95,  ligne  8,  où  il  faut  lire  i^i  au  lieu  de  u**i  (p.  xvm).  Il  est 
même  allé  jusqu'à  conseiller  au  futur  lecteur  des  Analeeta 
syriaca  de  ne  pas  faire  sur  le  livre  lui-même  les  corrections 
qu'il  avait  précédemment  indiquées  :  «  Sed  si  quis  sordes  non 
amat  suadeo  ne  haec  iu  ipso  libro  corrigat.  Charta  enim  ad 
haec  Analeeta  edenda  adhibita  me  invito  saeculo  undevicesimo 
medio  comparata  est  :  multum  erit  si  viginti  annos  duraverit. 
atramentum  non  patitur,  venta  ne  citius  etiam  pereat.  Et  nos, 
ut  sumus  ingeniosi,  ei  nomen  nostrum  ad  posteros  perferendum 
commisimus  (p.  xvin).  » 

Parce  que  les  Analeeta  syriaca  de  P.  de  Lagarde  sont  main- 
tenant un  livre  rare,  nous  avons  cru  utile  de  rééditer  les 
fragments  syriaques  de  Diodore.  Mais,  au  préalable,  nous  les 
avons  collationnés  avec  soin  sur  une  photographie  du  manuscrit 
de  Londres  Add.  12  156,  que  le  regretté  Mgr  Graffin  nous  avait 
procurée  en  mars  1939,  alors  que  nous  nous  proposions  déjà  de 
faire  la  présente  traduction.  Le  résultat  de  cette  collation  du 
texte  imprimé  des  Analeeta  syriaca  avec  la  photographie  se 
traduit  par  le  fait  que  nous  avons  relevé  quelques  fautes,  dont 
les  plus  importantes  sont  : 

p.  93,  ligne  29,  où  il  faut  suppléer  o»  devant  -^*; 

p.  94,  ligne  4,  où  il  faut  lire  ^1°  au  lieu  de  ^/°; 

p.  98,  ligne  3,  où  il  faut  lire  m-°>'  au  lieu  de  u~°'>\ 

p.  99,  ligne  21,  où  il  faut  lire  nss.mi-.;  au  lieu  de  \t^^**<. 

Après  avoir  lu  ce  que  nous  avons  dit  du  soin  que  P.  de  La- 
garde   apportait    à    éditer   des    textes    nouveaux,    quelqu'un 

il)  Didascalia  Aposlolorum  syriace,  Lipsiae,  185-4,  p.  v. 

[19] 


•250  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

pourrait  se  demander  comment  il  se  fait  que  des  fautes  lui  aient 
échappé  dans  les  Analeçta  syriaca.  A  celui-là  nous  répondrons 
d'abord  que  d'une  manière  générale  il  est  bien  difficile  d'éviter 
toutes  les  fautes  d'impression;  et  ensuite  nous  ferons  remar- 
quer qu'éditer  un  texte  purement  et  simplement  sans  l'avoir 
auparavant  traduit  nonobstant  toutes  ses  obscurités,  c'est 
renoncerai!  moyen  le  plus  efficace  de  se  prémunir  contre  de 
telles  fautes.  Car  celui  qui  éprouve  une  difficulté  à  traduire  un 
passage  d'un  texte  et  qui  a  la  possibilité  de  recourir  au 
manuscrit  sur  lequel  il  a  été  copié  —  ou  à  sa  photographie  - 
s'empresse  avant  tout  de  revoir  l'original  avec  la  plus  grande 
attention,  et  bien  souvent  il  constate  qu'il  y  avait  désaccord 
entre  la  copie  et  le  manuscrit  —  ou  sa  photographie.  —  Aussi 
nous  dirons  avec  Lagarde  lui-même  :  «  Codices  syriacos  descri- 
bere,  descriptos  edere  magnum  non  est,  quamquam  molestum 
negotium  et  sumptus  vesane  grandes  esse  fateor  (1).  » 

Dans  la  préface  des  Analeçta  syriàca,  pp.  xvm-xix,  P.  de 
Lagarde  a  expliqué  pourquoi  il  a  publié  ce  recueil  sans  la 
traduction  qu'il  s'était  proposé  de  donner  en  même  temps  : 
«  Totum  hoc  volumen  ipse  latino  vel  germanico  sermone  expli- 
caturus  multa  per  hos  quinque  annos  collegi,  quae  ad  lias 
reliquias  illustrandas  facerent.  Sed  quum  multis  negotiis 
distinear  (2),  librum  versione  et  commentario  non  instructum 
exire  quam  viros  doctos  eo  diutius  carere  malui.  »  Il  a  déclaré 
de  plus  qu'il  se  réservait  ce  qu'il  croyait  être  «  les  paroles 
choisies  de  Mai*  Xystus,  évêque  de  Rome  »,  et  ce  qui  se  trouve 
en  réalité  être  «  les  sentences  du  philosophe  Sextus  »;  et  il  a 
annoncé  encore  son  projet  de  faire  paraître  les  textes  originaux 
des  traités  et  des  lettres  qu'on  attribue  au  pape  Jules  Ier  —  et  en 
fait  des  écrits  d'Apollinaire  —  ainsi  que  tout  ce  qui  reste  des 
œuvres  de  Diodore  :  «  Graece  edentur  in  Spicilegio  Patruin  anti- 

(1)  T'ai  Boslreni  contra  Manichaeos  libri  quatuor  syriace,  Paulus  Antonius 
de  Lagarde  edidit,  Berolini,  185!»,  proface. 

(2)  Cf.  Ludwig  Schemann,  Paul  de  Lagarde.  Ein  Lebens-  und  Erinnerum/sbilil. 
Leipzig  und  Hartenstein,  1919,  p.  48,  où  sont  énumérées  différentes  écoles 
dans  lesquelles  P.  de  Lagarde  fut  professeur:  «  ...  me  toto  die  pueris  puellisque 
instituendis  et  quae  illi  élaborassent  emendandis  vacantem  sudore  scholastico 
\ix  absterso  noctu  quos  operae  labyrinthos  struxissent  peranibulasse...  ». 
Didascalia  Apostoiorum  syriace,  p.  v. 

20 


FRAGMENTS   SYRIAQUES    DE    DIODORE.  251 

quissimorum  Lagardiano,  quo  et  Diodori  Tarsensis  quae  super- 
sunt  omnia  edere  animus  est  (p.  xix)  (I).  »  Peut-être  faut-il  voir 
dans  cette  intention  explicitement  déclarée  par  P.  de  Lagarde  la 
raison  pour  laquelle,  des  deux  cent  huit  pages  des  Analecla 
syriaca  qui,  en  dehors  d'une  lettre  de  Georges,  évèque  des 
•  Arabes,  ne  contiennent  que  des  fragments  de  traductions 
syriaques  d'auteurs  grecs  soit  sacrés,  soit  profanes,  les  dix  pages 
qui  nous  présentent  les  restes  d'une  version  syriaque  d'un  ou- 
vrage théologique  de  l'évèque  de  Tarse  n'ont  pas  trouvé  —  ou 
du  moins  passent  pour  n'avoir  pas  trouvé  —  jusqu'à  ce  jour  leur 
traducteur.  Ainsi  Bardenhewer  a  dit  en  1910  et  redit  en  1923  : 
«  Auffallenderw  eise  haben  dièse  Fragmente  noch  immer  keine 
Uebersetzung  und  Bearbeitung  gefunden  (2).  »  Cette  remarque 
juste  une  première  fois  ne  l'était  plus  la  seconde  fois.  En  effet, 
comme  nous  l'avons  fait  remarquer  à  propos  du  chapitre  xvn'' 
de  Y  Histoire  ecclésiastique  de  Barhadbesabba  'Arbaïa,  le  prêtre 
Nicolas  Fétisov,  de  l'Académie  ecclésiastique  de  Kiev,  a  con- 
sacré à  Diodore  une  étude  qui  forme  un  volume  in-8°  de 
160  pages,  paru  en  1915  à  Kiev  et  intitulé  Diodore  de  Tarse, 
Essai  de  recherche  d'histoire  ecclésiastique  sur  sa  vie  et  sur 
son  activité.  Cet  ouvrage,  écrit  en  russe  et  publié  en  Russie 
pendant  la  guerre  de  191 1-1918,  semble  être  passé  inaperçu  dans 
l'Europe  occidentale.  Il  a  été  annoncé  dans  la.Revue  de  l'Orient 
chrétien,  t.  XX  (1915-1917),  pp.  219-220,  dans  les  deux  lignes 
suivantes  :  «  La  première  partie  est  consacrée  à  l'histoire  de 
Diodore  (p.  1-283)  et  la  seconde  à  ses  œuvres  (p.  28 1-1 15).  Une 
table  des  noms  propres  termine  l'ouvrage  (p.  417-456).  »  A 
cette  occasion,  semble-t-il,  le  P.  Aurelio  Palmieri  a  écrit  un 
article  ayant  pour  titre:  Diodoro  di  Taiso  :  Sua  vita  e  sue 
gesta,  dont  le  début  seul  a  paru  dans  le  Bessarione,  fasc.  137- 
138,  XXe  année  (luglio-dicembre  1916),  pp.  188-197,  et  où  ildit 
du  livre  de  Fétisov  :  La  sua  monografia  è  realmente  una  délia 
migliori  che  abbia  prodotte  la  teologia  russa  contemporanea 


(1)  Cf.  J.  Flemming  und  II.   Lietzuiann,  Apollinarislische  Schriflen  syrisch, 

Abhandlungen  der  koniglichen  Ges 'llschaft  der  Wissenschaften  zu  Gottingen, 
I'hilologisch-historische  Klas.se,  neue  Fol'ge,  Band  VII.  Nr.  4,  Berlin,  1904,  p.  v. 

(2)  0.  Bardenhewer,  Geschichle  der  aUkirchlichen  Literalw,  3.  Band,  édition:- 
de  1910  et  de  1923,  p.  309. 


252  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRETIEN. 

(p.  189).  »  Le  R.  P.  Mariés  déclare  la  monographie  de  Fétisov 
«  la  plus  complète  et  la  plus  récente  sur  Diodore  »,et  il  juge  que 
l'auteur  «  a  rassemblé  là  à  peu  près  tout  ce  qui  a  été  dit  ou  écrit 
sur  Diodore  »,  et  que  «  ses  références  bibliographiques  sont 
nombreuses  et  précieuses  (1)  ».  11  estfait  mention  de  cet  ouvrage 
dans  Berthold  Altaner,  Précis  de  Pàtrologie  (traduction  fran- 
çaise de  Marcel  Grandclaudon),  Mulhouse,  1941,  p.  272,  mais 
pas  dans  Bardenhewer  et  dans  le  P.  F.  Cayré  (2).  Or  l'auteur 
de  l'étude  la  plus  importante  qui  ait  eu  Diodore  pour  objet 
s'exprime  ainsi  dans  la  préface  :  «  Déjà  dans  les  années  70  du 
xix°  siècle,  le  docte  Lagarde,  dans  son  recueil  Analecta  syrïaca 
a  publié  quelques  fragments  dogmatiques  des  œuvres  de  Diodore 
de  Tarse  en  langue  syriaque.  Jusqu'à  présent  ces  fragments 
sont  restés  sans  avoir  été  examinés.  Après  avoir  fait  connais- 
sance avec  une  traduction  exacte  de  ces  fragments  par  l'in- 
termédiaire d'un  spécialiste,  le  philologue  A.  P.  Alyavdin, 
«  magistrant  »  de  l'Université  de  Saint-Pétersbourg,  sous  la 
direction  du  professeur  P.  K.  Kokovsev,  académicien,  nous 
nous  sommes  servi  de  ces  fragments  pour  exposer  et  caracté- 
riser l'enseignement  dogmatique  de  Diodore  de  Tarse  (p.  v).  » 
Et  de  fait,  dans  le  chapitre  n  de  la  seconde  partie  de  ce  livre,  où 
il  est  question  des  ouvrages  dogmatiques  et  polémiques  de 
Diodore,  N.  Fétisov  cite  —  en  russe  —  environ  la  moitié  des 
fragments  syriaques  édités  par  P.  de  Lagarde  dans  ses  Ana- 
lecta  syriaca.  Peu  s'en  est  fallu  que  pour  une  partie  de  ce 
recueil  ne  se  réalisassent  quelques-unes  des  craintes  qu'avait 
exprimées  quelques  années  auparavant  l'éditeur  de  la  Didas- 
calie  des  Apôtres  :  «  Vereor...  ne  nomini  vesaniae  orimen 
inuratur  quod  homo  egestate  oppressus  aeris  alieni  magnum 
pondus  contraxi  quo  ederem  quae  per  Europam  vix  homines 
quinque  intelligunt,  nemo  accuratius  lecturus  est,  omnes 
judicabunt  (3).  » 

(1)  !..  Mariés,  Le  commentaire  de  Diodore  de  Tarse  sur  les  Psaumes.  Examen 
sommaire  cl  classement  provisoire  îles  éléments  de  la  tradition  manuscrite,  clans 
/.'.  0.  C,  t.  XXIV  (1921),  p.  59.  Nous  sommes  particulièrement  reconnaissant 
au  R.  P.  Mariés  d'avoir  mis  à  notre  disposition  son  exemplaire  de  l'ouvrage 
de   Fétisov. 

(2)  F.  Cayrc,  Précis  de  Pàtrologie  cl  d'Histoire  de  la  Théologie,  t.  I,  Tournai, 
1931,   pp.   441-443. 

(3)  Didascalia  Apostolorum  syriace,  p.  Vil. 

[22] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  "i.Jo 

C'est  afin  que  «  tous  puissent  juger  »  ce  qui  nous  est 
conservé  en  syriaque  du  livre  de  Diodore  «  Contre  les 
Synousiastes  »  que  nous  rééditons  les  textes  publiés  par  P.  de 
Lagarde  il  y  a  bientôt  cent  ans  et  que  nous  les  accompagnons 
d'une  traduction  française  qui  les  mettra  à  la  portée  de  tous 
les  théologiens.  Pour  plus  de  commodité,  les  fragments  ont 
été  numérotés  de  1  à  33. 


TEXTE  SYRIAQUE. 


|^f     ^o   CS..p.V^:»oEoo    p    J-ïciV*  ysya  0e!0  '•  v*-Jf    °^  v!0-*0   1°^   **  :  t-"-*--*3    "•»•«-»-•  v*-mX 
^^O-V^    p    :  ^1)  J-io/    Looi    ys^'r^o    II^j^q^,»   ooj»     :  Jî^O-o    ^^>  pi-»f»   |Lî-~-3»    on-CSs^.    ^o    :  j^-L| 

[.]    JN-uï-    îN-so    (2) 

.piopso  |o£\  ^iûo  .j-»oj»  p.»j  ^o  V-icio.  y>^>  ^ioa  .)Lo_oo  ^;  Iv^Jo  .'jLa-^io  p  -ojo\-/  ^ao 
.!('■,   Viû  p»o  ^iû»j/   p»o  ^~;   ^,k^  (loi.   80   r°  C)    .l^yioo  l^-jsj  ^.o  ^.o;  "Uao 

.^j^o/  xiiû^û  "^oà.  ^ao;  p.*l  .J^ojJ»  ,..A  p/  .(jj-Ao  p;— P  |oot  Po  .^-joj  o>\  *o  o£.  .|Loov\Jj  r*î 
.|;-.jj  ,-t  pov>>  .-JjXxio  ^*d  oc>t\  ,<-.»  JoDt  p  .|tCs*io  |o£.po  It^^3,  *>p3V'VN-a  LxjcXjljc  J;j  ,— \ 
^io  oôiN  -^o'/  v»L  lo;>1  ^°  I*-3  r"  -P^V3^  P>*-i»  ^^  .(LOLi*^-3  r*ï  M°*^  •'  I-L^a  x?^o  o&iA  Po 
,..»  |_»a_i—   -l-iû^i    ^o^  r^°;   °&i   ■*lî-3  v30  °°i  k*3-*—   P*   H3/  .D*— CA.   ^io   ^.»   po£>    .•  ^>à.  ^io 

^io  r*^-/o  .-o,oc^.f  ^-joij  ,â(  ^ova^f»  -oi\  ^  ov\  p/  .|l^*3»  (Lagarde,  p.  92)  oc* 

•l-^LàO    OH.JL5.L/»     Tiû'pa\   yOOV\    IS.*\0    v,°°A    k-'/    P-*-*»     P°1    *•  J-L3.\Qj     ut^Ou.V     ^OOV.N-1»    ^O0l_3     P^->/» 

[.]  (CouV-f  '^O  (3) 

1^3    ©£-»     |^A      -"t^-L/      Ôp.iûO     ^è^-51-/     ^ï    -^     ^     P   ^/      >3-V^O     ^Û      |OOl      P     -.  ^O»      )»Oj    ^iû 

oi\  Jjoio  -.ÎJ-   kioi^.  ys.o  (fol.    80  V°  a)     ^oi   Pj^— ;  :  Iji-.  Lo>.o    |^i-/    Loi.   ^   p/    .)po 

^*X/  «^c  H-o.--'^oo  |fbv£D  .3/»  i-L^c-i  . j .. >. ' x ïn  ;m  -.  -.«  _cno  .£)/  *-"°îï  i-"-^  v^0  00t  °>*-^°  -K^3 
v^io  .|LqaV^o  ^.j  ^«\ov^  f21  ^JEw  |.Q-fciil  ^io  yQjôjAf  ^./  •.^A.xio  ov^-3  pO]  :  vqj|  oAo/; 
jj  p;  .^ûij  ^.*   p/  V»'/   .O)^  -oiol^,/   ^  ^3  .^o;  ,.*>    ^\vy  (3)   U^*»  ^io;  j*W    |ooi  p  v» 

(I)  Lagarde  \*>l  corrige  (p.  \vj.  —  (2)  Lagarde  -t^ûM-    —    (3)   Sic   dans   Ms. 
Lire  U**i- 

[23 


231  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

JLk-»   pjsoN.:»  p/  :  p^-a»    pca^au    |oot  p   :  "Va^Ll   |LasLo_i.  rio   i^coo   |ooi    |fCxio    |o<3\  »    px.oj 

•:•  h*o»j  ^jOjoN../  Jj.3o  \Po>3\ 
[.]   |tt*Jï~f    JNoo    (4) 

-.p*-X*  wcoa\o3  -3f  .k>0)OOT^-  ^»o  }J>a>.\  *-û^3;  ^.i.  .^ih°L{  ^.Cooj  oo"i  \oJi.  ^v  n^QJl- 
\Oî    "^a30]    OO)    )~.0^    .N^0   OJh-h3*     P^JL^O    v.a.1.     \-t'r>0     OO)    »-.0    .JhI^Û   \s.QJï    01-L30»    |oyi\    OOl     r- ,' 

itS-iio  *o  Vàa\*»  ^*»  ^.Joo  . o en  m 7^0^  ^ikjûb.to  ^a^io  ^oovioo-CD»  ^ao  001  p/  nn'h-o  *.pup> 
.•|PÏ-*o  ^t^aij  pCC^j—  oi\a  poi*  .^Xt^  ^fiu  |Laj^im>o»  J\Vs.  (fol.  80  V°  b)  :  p>Ku 
*io»  ooj  V-^sn.  \/  ,px>'»-£u  PJ3»  [Inim^yi, -a  po»\  ^3/»  )t^./  .|»h»^  l-.pûjo  p^^ào  wOjoN^f»  ^ào>3 
.001  M*-*»-3  0^  .ooj  ^Aoi  yo+a  ^.j  ^/  .wOjo^../  |A»fo  U^ai  vj^û  P^/  \oot  |jlj^>  ts^(^^»  y^'r^o 
^iûjjs  \^  <ç*>»  ^-.V./  vo£oo  .p.»/  ^Oj-û  pa_/  p.»/  ^io  v/  .^oo^f  ^Oj-o  pLi./  .^ooi^l  ^so  vf 
PL3t  ^-i-P  ^£>*1  Q-Litt*01^û\  OOMf  -"^1»  PopiO  v-OI»  Oi»Q_2.>.  »-,0ï*  °°i  °ï»^  V^^l  •^h*'/  <J— 
.^..0— -H.io  po  ^(—IS^io  p»  oP^J  py^oxo»  ■■  )LqjL^Q-oi  p/  .yOov^-;*''  II)—  oiai.»  .^oj/  p_.o_=> 
.|C^-QjLiû.\  t^-i.»  |Lo_»oV3  po  .Pioa^  p/  o\.N-/  |lo_Licu.O)  |ooi  p  -.^a^^oo  v>-»-_Dooj  ,-.;  t^W; 
uO|Otu|j  -.JtsXio    ^*»    |oV^P    .«.Û.0Û.-3  P  ,t-o»ï  P^J  v^°;    ooj  :  ^s*    «ojois^./    )»o.^i.»  *. p©t.2\  I-jEoo 

[•:■]  iiaio  \so»  (Lagarde,  p.  93)  pop> 

[.]  )^Ju■p.  ;t^.o  (5) 

•:-)ooi    JLh«-=>  •~*-sxCD    ■'  )p^^,co  t-a.i.^.ï.3    *N-2>  ^io;   oo*j   v^ot  oot  Po^s  ^.»  P-^--/ 

[.]  |Amjt-I  ïc^o  (fol.  80  V°  C)  (6) 

^*^  )V^   .|tOi-iO    |ovi-P    lî"^^»    ^-oio    Nj/    ovvmv)    po   JNXio   )ov^P  >s^û   pj'ds   ^.»    oA    IS-/ 
^3.  sV^o    oot    P^/»    ^oo    «i-ot*    )Vj    P    -^/    .ooj    p.mvi    ^^    )ooi   p    .JlSXio    )o^p    Kj/   v^o'/   P 
•■-•^L/   p./   ^io   piôX^    vs^o   (1)  ^iû»   oôj   mOJI    ^2oJto    |pj;    .*p^a    ovjlSij 

[.]  ooLo  (7) 
^ïèa..  )IS^.L  p  s>l  +3  .yo.£>  ^i-L(  po  ;*^ji  Ni.*^  ^  :  v^o;  &'î-'^9  lÎISjLj:  Ps^  )Or^ 
J.-^.\    ov^a     ilS.3    *-30     .V^oL/      |lS^so^3       p.i<x*      p^    ^j'^x3o_i    .,iusNjif     |^û     0.^3    t.i2o.V*.ac 

P    Ibft,     OjVCÛ-S     wjOJ     ^0.0     .^OX)    ^.Zi^.3^^.3     ^.QJL-      ^Jl    ll-S|-S     y>^û     •.^3»N-3»      PN^O      ^ij    ^SOl       :    jt^iAO 

JiaioKio    ^io   —  K.t  •.^*.'iot  r^oj  ^ûj.oa\    v^    ^cdov^*9    1*°)   ^^^ûo    .|oo)     ppi   V)^     Pf     .(»-- 

[•:■]   pjQ*    |j_m  p   oj^oo-a»    .Uojovro 
[.]  Ifi^J*^.    ÎCs^o     (8) 
Oî\    |»OVCO     |»OjO     .Xlûi  ^Ol|  «;'.-'0)    .*)^a.o^s    poL|o    N-*.bûO    .-vSlûijÎj    v^o./    ^>Po    »^  P3-/    ^'1— 

|.iûi^a.\  ©iA   ^ojLaio  v»    jj  .-p^i-    |j.~j»    ^^q.-^.   >\ll   P;  .^^0./;   »-oA  (fol.    81    1*°  a)  |po 

Cv*JI    .pû.l    >-Q-*-3Lao    ^3    ^GODi-è1-3    l*0»"^    ÔO.    ^â|»    ^-./     .))—.    P-3u*    P/     .^a£>    PO    ÎCO    ^.iû»     ^3    J-.OM     .^o./ 

I).—  P  ©vba*o|»    ^.^^û    .Jl.^—    (j-—   P   ^o.*o/    lor^;    ^.»    oôj   .wOioIS.,/    vLo^    pioo^.    (-iOjJw    OjÏojvo 

■:■  ; joVia^  jup  f^l    IH'^mo  .ppi  ^*;  qjo]    .^- 

[.]  (e^j-p./  ji^o  (9) 

JO|3   *. ooo]    ^*f.«  Pio'ôi.*.â    |.»Lî    >^.^3ri.;    :  ^oot»^'!    (.tS-Vso    ^ua\j    )N-ia«\    »j    ^.^    (.II-^Va 

•  llJ  ^3|0.t»  s*&I  vf  \ll  '.mPI  JOr^O  ;*.^  pO  .wWaJOÛ3.U  ^--^.L/  ^J  /-  /  *.  OOOj  ^«.V>».-»  Ol\Q3 
N05V*^P>    P»L   v!    t"*5    «P-03P-   Las.    ^Q.-J-.CO    J.J-^3  x»    ^a3.    |^-^3   ^/»    OOO)   ^^j-iO    '.  OOOf    ^UtXiû 

LOO)     k\a^a     P^cag03     v9|     ^*JL3|     pa3     |LP».^Q3     JCCiv-»     ,.3     .OOOi     ^TO^SNiO     pL^OCÙ.     -.OOO)     Oh- ï* 

(1)  Lagarde  ^°»  ,»*0?'  corrige  (p    xvm). 

[24] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODQRE.  SOO 

^\jt  (i)   ^io   JlâJ    .Ja.tlVo  JLH.J  p    -.VQJ/    ri*/      fol.   81    r°    b)   voowM»    y-^ova   *a    y»  s^o 

l»ït  ^.^-fc-/    »a   p/    .va~à.»r\j    K-[_olo  -.ôv-N-./»   ^.;  imy   l^jf^mao;    wo»   Jf^*_»-a    ,_3    1-^-!!    •— P^3 

*o^m|j  (Lagarde,  p.  94)  y*\  n^ 

.^>oLo    (10) 
N^O^D»     |fN-V-,»      "^.£vao      :   O— E^3Lf    tS^JjjL^OO     |a.ÏL    ^3     :    ^Q^J      C^.pUO    vi-iÛ»      y_3.     "'VfcSCM    ^io    v| 

:  p»o»v  ^ao  ;-aà±/  \^*'5CD  ****]  L4-  T3!"0!  *^  ^J'J>'  .laol^oà.-  |;-tV*  ^^o  ^':i  P  '-tpo|l| 
p  :  c-îiVs   0001   y©*»»    v*^"''  M-**  ^ao     «j    *^ofo  :  lv-\ao   p  ^  ypOiN-L^a  ;jia.  ov^->;    l*'U>    -9/ 

3)     -P-3     ^0)-»*J;      |N-UL-0      Ovàw.t      |^^wia\      .•  |^*iû.\L»      |.JL^a\     v3/      J-L30J      '.  |N-«^VAVi>-3      vqj/      J-*ao 

|po  P  .oî;lV.»f  ^ootm\;  y.VJ  p»p.ao  ^.f  ,aa.j  yJOj  o  y-J°i!  o/  V^»/  ^Liû,^»  *_.oi  JCàa.  ^£œ 
O  .oooj  ^*-i±iû  po  .yOJÔf  l_^VL  ^a\:  oooj  ^optooo  .0-*a^,/  v-*0-!  t-*-*-"?  J l- j— OS.»  yà^f  .|ooj 
.yOva  oooj  y-aVco  -.oooj  v  ;  -■  m  .V)  yj/  |aïL*  |N.*j»  pib/  N^a  ,a  p/  .^oov.lV-.f  yOOv-JL-a  >a-ja 
|Laa.j    y^z>   )-*^.j  y»    *cmi*i\    .0001  y)—  p  :  |aïL  ^oot-.N-.f   is^iv*^»      toi.  81  r°  C|  y»   ^*x.p 

^l  ^Oi  .0001  OL/  Or^-|^tt\»  .v^>ûj.\  U^\.3à.  vajf  >^a|o  .,_aa>  N-pL-J  ^J— J  P»  UL^oo*/»  t-i^aà. 
o^.NâL/  ^>  "v.a.xj  v;*r*  .*  loi^aoL  ^i^wffl  ai.  L±ac»  .oa,-./  )ly*A  .  a  .  £1j  X\  -  ;  ■•v  ■ ,'  -  -'■'  ^»  |ï-Jj  *a 
^fc^a.a.  p*  vooul3u  ^â/»  "^^aoo     4i  -.|-.»obv';   |C^— ;  ^^.ioo  .^o;  im  i    pLsOAà.*  ^,»     |^-oâà.L  .|a.ït 

■*-•  .  nrtrr.^11      tS.  i  \^  .rv, 

[.]  iBoJ'f-/    ïE^o    (11) 
.|,~aa.»    v;    i'ajc-       L.*a-i.    ^io    |_»o^S.    .„x,    (^>/    ^»o  |C^.io    |o£\  ^^    ^o   |.iàV^     ya^  ^o 

L*J   |-*;o_û*  (— oî  ^ao  oot  Vxj^a  1-'^*/    ^jj   |Njl>^o  )Na.oNjs»  )A- 

[.]|B«JÏ-(  ÎC^o  (12) 
P/  .|oou  ^û-Vio  ^io  pals.  .-^a^tS-io  00  |ooj  |;itia  ^3  |E^\.io  |oia\t  .-|a^3  vCDaà.oâ  v^x  P-^f 
p/  .oiàw»   |^a\  |oi^  i»ji    ^-^J»  w^  I001   P    .^-»  pjîiaâà.    »»Nji/;   -po  /  ^3-.iao  ^ao    j^-t/»  Mu;a 

[Jiix-jï-I  ît^o  (fol.  SI  v°  a)  (13) 

^»      (JLJO      .1  I^N^O     — a^D»      V^'î         °  °^      «OlO^-/      ^»^^*     ^*^OV-3     OOI      ^3      O-OOJ    ^         ■  |     ■  -\  «\ 

.Lœiiij    N^^L    I0010     |USj/     ,jo    |ooio    .oji-;   |^a^    |oiS>    >.-»     '.Pl3)>    l-Aoio    |L  (     v;     ,3    .^o'( 

^.o,  .si  o'i  -.^^  ^io;  (6)  u-i/  ^  loo,  v  .-jU|  m.c»w    (Lagarde.  p.  95)  oop 

[.]  IEv^jv— (    iC^>=>    (14) 
_3%j/   kiiiajbî    Ip^  '°°'  "^  '°1?'  ^  •lJ-ca.J  li  >.';  liaio  'Ijo^i   |La*:^3  „o,ot^/   ^^s-     ^ 
^v^  Ij-^  -lf^!  H<"o!   ■•"".'»   °»i  Joi-^!  |lq-»;-3;  001  .Mu^a  j«/  |J(  .l-up»  |ooi  (J  .pu^^-| 
•:-^aj^  j^l    |o_too;  ooi  ^oo  .tcoJ>  v!  0,»l  ■)-»•-' I  W  |l.->  ^30 

[.J  Ifi^-JV-/  »Nao  (15) 
(7)  \±*t  ^o  ^^^  (fol.  81  V"  b)  ^0  :  U*"  %io  IS^j  )ju/;  o,^;  ^i-  ^^o  jM  j_^  pp/ 
v^o(   |L/  \>^^    ^o    ^001^3/t  oi>>;>  :  vi . s l  Pûa;   o,lo-^ij  ji  |ooi  ).  :  ^-►jj  ^so  |ooi   „«dL1< 

(I)  Lagarde  om.  ,*>•  —  (2)  Lagarde  i-»lo-  —  (3)  Lagarde  -.ILs  corrigé  (p.  xv  i. 
—  (4)  Lagarde  U»oov>»  corrigé  (p.  xv).  —  (0)  Lagarde  -«a  corrigé  (p.  xv).  — 
(6)  Lagarde  Mj=-  —  (7)  Lagarde  U^l  corrigé  (p.  xvm). 

OIllENT    CHRÉTIEN.  •• 


256  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

■-P-»)  ooi  -.pa^  puj;  oii-a^a;  wôj  ^^oo  :  ^i—  r*caAio  ©v^ûC^*/  U->r-*  JCOoo  JovSs.»  Pi  :  ^i— j( 
)  ^  s^,ftv\  ^3  -.vm*  p  |o>^  ov^"»  |p>  ^ajo  -'.aûj)!  JlS^a^»L»  |^o*  (1)  .-po*/  Pcniis  p>to  *d  *3/ 
p/   ,vilh   [IS^oc    Ict.^.»     'QJLaeuotaa&>     ^^N^o   JM^ào    ^o    )oot    p     -^i-  ^aj^K^o   P>Nj»    (laoafti 

^.t  ooi  sio    .uifikA/  ^l^c  P;oov-    x^?   ■)Cv^~j0    |o\^.<  pj-»Q)   ...ûiVi/   |lQ|jù>>   oo'i    .-5CLJ;ic   ^oi  pu;^» 

[.]  }touï-/  ic^>o  (16) 

|ooi    pO     r-SuaL/    îs^scj    r-*^  oc^    -"!ot^/    pxi,  ;  ;_£l_3    Jooyj     t  fQ*^    ovJjo^î     ^AD);    prXst  oci    ÛUO 

[.*-    ^-fo   .  i~ic!\j     |rs^oo   *w{    (2j     tâ/>    P*ajtAo   p    ,&iilS-3i     o6t_2   p    -3|    p/      .>o-û    ^ooo    wo 

»^m*^\  ^>ij   po..;;a.\ 

[.]    OOiO     (17) 
•,^CCoJN.ÙO-fc^i,    (3)  ^atsJb    f3    .U»oiCL3    jLp    |»OJJD    '.l»^»   p/    .  ^*J  /     Ica.»0»    |N\^o    |ooi      p  ^Aojio 

Lai.»  vi.»aiû  yi  ••-•0!ï   !■**)    *^°   . JNilio   iS^*-»  ^ào  (loi.  ol    V°  C]  y-Q*   |^*AJLao    ^"»-\   P*W» 

.Lia^Cva  t-L3j  l^_.J_io— j  v»  LL3/  .pi^yu»  p)<ÎAi.  Lxi.Co  ^>00)  *â.jf  p  :  p—  Joot  P^Jt-s 
■  -.m  >^>  ou.»  ^-.i  l^op  .  \;.Ljljo  wâ.a;j/  [^aatL;  |  ^iût  ooi  v|  .  <mti  pooxo»  ~.»  cylaû^rû., 
PV    -t-o*;  ov*»l  v^°*    oc^    ^^  °7    '•^fi^*  ^o»j>  ^io»   )ISvVio    |ovS\  \>^    Jif    .|Nj-a3.*Lj  \'y^o  wOioPv-/» 

.,o'i    |, ^o     »-*^s   -a^!/     .  |  IN.-qjl^ol\    ;  V\t    LvJiot   Loi.    ^oL^ai.    )ot^   ^'»J    p     •.  |Em.aor.o  .-oV   ooi   V,F 

^.©j   ^-»     y(    .N-cx- 1/     IS...|-û3.£D    .po)L/    ^o*lû  NXi.\  ^io»     ^-\..'    jLpC^co    ,^_a  ^/»   «©*?   .(4)    It-*3l»» 

v/  (Lagarde,  p.  9(3)  (5)  .juopol  j^roo  po  .iloviNi  ^j^  ^l*,  ,3/  v©&ii.  ,^/  -.^lvl» 

[Oj  |OOj  ,-—  l  pQJL~Q  ^OOif  ^0)aii*i.|  1-iaQl  Li"l./  \-£Xoi|f*  00*1  ^r^of  )0O|  -.-OioN-l  U-Cûj 
-ï>;  .  ■  ^ioL^oi.  yOo>i  N<|  '^ci|  Ljl^o  .00O)  ^*fi  (ÎS^ioo  .OOO]  ^*t^  {-^°  V^clao  .Laojo  OvVd  Ln'[I 
|Cooq_  p'  ■.^i.L  pL»  )ooj  p  (fol.  82  I'°  a)  (7)  .^a^o  ..,onft.-3  |ooi  v*j_iûj»  0&1  Lno»..  \o. 
.yQJVo  V.OJU    »-_=»»  ^a^/o    .-bu]  Uo-^o  ^*-3j  ,-i-/    .(N^j^-/    ^*i.oj    )LVi°»L    ^"^  -$l  vï  M^0   'I^L 

^«0]CLiO'^    ^i.O     .ï^S.O)     C-i»&*ii.     1  I  *~>    ^iO     V-^     ■-(-«-Ûf-A.     LiS.iO     ^*>iOQ-»^i»     OOJ     .N3_»-o/      LuaajÇn     OO) 

^gs^oo  :  ^oô*r  L9l*o|»  p,Xï)  x*^-*/  ^.o-U^o  :  ijlu  |ixVio  |©>ix>  i-^x  v'  •y**r>l  |î^-*-^>o»  N»«JUki\» 
^*X-/o    .wOOj^oOiVo/»    1-cû.JU^    N!^Oo   .-JjiCiio    wL^odxj|    v^-*/   ^l    '.^oovi    v^'0'ï    <r*"^>     P  J-»-»*"3 

■:-|ov^;   fLa^oj  ^è^o    ^a-*£>(*  p^^o»  v1^"'  N-«|;-P^.  -~^l    -l1-'0-^0»^^ 

[.]|B^*JV-    '>^>o    (18) 

P»ooi-.*  Jicl—  ;.->ai.j  ;  |  ,^  \\-j'/»  [Lan  .)♦  pio£L^.o  :  |f\^,aii  \-i-no  :  pj/  ■.■»iS\  p^iioâ  Joot 
V-^  (loi.  82  r°  b)  wj&i  .ojpo/  p  ;*».cn^a\  ^ô/  p»oov*t  Jj»  ooj  ■.  J;^*imvi  p  Jjl..u^o\o  :  pnaae 
«.^1  U^3'*  vï  ^  kD'  ^'  ■  |[\Xio  Jo^t  oi.v./  p  >aAa  Jooi  P  ■  i^jfiuxaj  J  taaV  ^.ovïn  ..ov'i  * 
P  .^-^^io  -n^'l;  ocJi  ^./  V*^  p-^o  ^a^oo  -Pt*  t-flataj;  ^>^io»  oô)  j^,\*  ,p{  |^-IN»io  p/ 
:  oA  yo-aLQjo  pLj/t  oi^  Nai.Na.aot  'i.yn;  .œo^a^  |ooi  p  ■■  o^mOjl*1o  Q|ft«aeuja  II—  |ooi  ^or>i.o 
.-oi,^  p^-co  »o  |p  N^|^>^  :  u^o  vi.  .  wft..t  .  |ccn  i-^3./  »ajof;  »-f  ,Jo1a^>  ov\  N^l^^  ^t 
|^-^-   v»   OJOi    .p^OJ    P*    Ov^w>    IJf-û'    JûOi    plû    .JL— J    P»     ,.Oi    H*-^>    °°'l    '■  l°°1    -'OO^-I     *-*^   P^co 

Lcqjl^,   prj    ovV.*    Lio^t    .vx^v^o  ^o   pu^o   ^V-L/  |Ni.oN^   ^o   |»Oi    N\^oo»    Jooi    >».'*.*  p   .|LaJoo 


(1)  Lagarde  ■¥-»•{•  —  (2)  Ms  add.  U  effacé  ensuite  (p.  xm).  —  (3)  Lagarde 
.°^  corrigé  (p.  xv).  —  (4)  Ms.  l^a*  (?)  (p.  xm).  —  (5)  Lagarde  Uo&^J..  — 
((l)  Ms  (?).  Lagarde  -loov  —  (7)  Lagarde  l**-»  corrigé  (p.  xv). 

[26] 


FRAGMENTS  SYRIAQUES  DE  DIODORE.  ZOt 

[.]pk*jf~|  »d^>o  (19) 

I^ÀOfC    :   ,_.o»»o  ^o©jp>f»    |oO)    —  ojoCv../    pij     :  P~i/  ©viioo    ^-»L/     ^^ûj;    ooi  ^— jx>)    po>» 
Pc»a  JPo-  ooi   p  ooio   .— oioN-f  ©i\   At^o*  ©<>i    P°  (1)   *.  A-Coo»   001»  v-oj  p-,-   '.sOi({  oip^*« 

ipp*>  jo£.p  (fol.  82  r°  c)  jp-o,  ôy^o*  (Lagarde.  p.  97)  -o,  .jl,/  ^o-po  injl-pp 

oi^pj  -ci  .|Nju^a  |Pvw^Ju.»o  jNN.o.a^  .U*J|  U~^>'  P!  .oOs-;  (i^t\  -paj;  |oot  P  .LP- 
,p"pc  oi-aAo  Jpo  -£\-p_)/  ^9ojLf  -.^o-po  po  A-.L/»  pOjO  .^^J  [LOAQ^O  ^£*p>  |&«*£-Ao 
^t    OOf    .«OjOSO-OJ     Q-^S   ^O    «OjQJpOO    4*^°0     P°*     °!»°    .^»LL[     OfJLâfO     .^3-01)(0    .wOl jO    T£SOO 

|laao  c;'  p—  '^:oo  p;  .oA  \-|  po'ùo  U1^-5!  .— oio,_«jicPtP  oliîu  wo—  ^oû  po  .pLûL/o  \jOo 
lu.N-io  p  ■l11'-  ^  .  fl\\a)j'o  .w&tOtJPÔM.  ya.±  |NPo  |0Oj  Nio  '/  ^aaP»  /  (tooa_.o  -v*\  tnM 
«Jbiu  P6v3\  p^lïo  pco  .^.[.aaoa  p—  ^po/  ^A  o  -.-oPlS-cof»  p3_.f  JL'/  poofio  .^oio,_»jitPPP 
po  :  p~  o  J  ^a^>  | <V\  .,ai  ^  Po  :  A-L/  2)  |j"/  po  |Sn\\  ysra  po»  |Ni^o  |ov$s.  ^;  ^3/; 
:  )i.my  p  pW^  p  ilSJ  P/  :  |p  Po  :  «Na/  po  ^.  J  Po  :  t^io  po  waûtj|  po  :  ^sojL/  Ji^s^ 
P^lv-ov  po£S  [ab£   poo  )j_ïL     3j    [lO'L   82    V°  a)    |-»ta..  po  \_»JLa   p  |N-ovaf   |Lo^e»    po  p 

•:•  p_»j  /   ^iCu 

[Jlft-jç-  ïc^o  (20) 

V*oi  p^  ^sf  .v^potoo  Iî-^sls   P  |ooi   p  •v^v^  °A   U**oi  P   \^o-.po   "^   1°*^?  U—  »^l 

./  .Joct  ooi»  1  *  -  "»«  oiiio  ]ooi  p  .p^oj  -c-of^.;  ^^^  ^  .(j^ajoo  p~o_P  ^cn-P-ic  p^o^; 
wOl  J_  p<ï  p-*/;  0|p>  ^^  "^*^ï  0<*-\»  -pof  \P°  M-3-*/  '•  l»-3  pv»oo  Jt^io  po  pA»  fr^l000  **  ! 
l»op»  \kO^Oa  .LpoJI./  Ds^c^d»  -oi  loo)  ^-joo  p  pija^ï»  \^oi  ^*»  ^.j  oôtA  .'\in  boa  |oou» 
|N^io  |o>^i  |jla3Q  t-A  jg^o  ooi  ♦— »  ooj  v|  .^o^-USj  vooiXé»  (4)  ^"^j;  wOj  pV^o  .vv-^^o 
.^£>,^_ic  piian»  P-o»  \>o,j  ocJO.  (V*^.»  oci   .-|  igaai   &^.  D—/   P^j.^o  N\i.  ^^oû»  oôj  pJ>-,|  •.  |^9;o 

^iO   wÇfjO    -.ij^A-lO»    QÔi     ^Û     i^UJO»     OOI    \|-UiL    (5)     PNj^.L     ^O    -.P-OJ    ^iO    w^.     pO#/     |p>   OO)    ^.j-3 

^.;  woj  .ôv*\~|   (loi.   82  V°  bj  œajo^j-ua  p»  o^^^a^.    :  -^pot/  (^^  pai.»    (Evi^o  )cn^  ,^i* 

OO)  rJ  /  .»-\ij  pâXxj)  p  va/  p»o-  p  (6)  -OU-jD  OplX^  Cv_P>  uOl  )Nju>o  -.ptcxo*  I— O»  N^i> 
U3-.c_i  Pop*  |CP^a  lov'ip)  *->*  oôj  .^opo  1  in  sni  o>\  |o&i  ,  7]  ^o-.poi  cnP-  p-ip  ^  3^P^! 
(Lag"arde,  p.  98     -.oasi^oo  ^a-L^^-o»  :  P»ais;  p.opo  p-pi  \\*..\   po'/o  :  Ppo  1^9 

■:■  o\Xie  cP|ES.A-^o.\  N^Pt  op  ^- f  }  ^  -1  *' 
[.]  |I^-UV-/  »E^>o  (21) 
a_.»o(  |j9->-oj  ^--3»  |lQ-XP  po^i.  :  ^a-;io  po»  )V>^^  pQJL-o  |_P-a—  Dv.io»  o^ias/  p  ^.j  v/ 
P  p-P-i;  y*.\  op  i  ^P^/  po.£);  P-^qjP»  l^nmv)  i£^>  po  O  /  ^*i  |^p  :  [8]  U—  ci  pj  / 
:  vpCw  OOO}  X*A^  1*\  ■■l-fesCQ'Si^iOf  vpO»  ^-1  >-OiOrJPcPL  ~£>l  .^.ppo  P*P-1»  j  pû\  .  r*\  m-i^ 
|00l  P  *.  (9)—  P»/  t-OJ»  ^PO|  P*OOV  LQ-V  |»Oi  ^i.O  '-U>'i  (P>CvJ»  ;cQ.3l^  »dOM  |p  ^»*1.V>  |ll 
|opp     OOO)     ^h     t-.|t\-t<-    p/     .OOOl   ^^^O    pï-Po    .-OOO)   ^>*0^0   vOJÛ1    )OOipfjO    j-OM    OOl      |^31 

■>t_.oif  cn-Lio   (IOl.    82  V°  C)   l»oLIPo  |p>»   |ooj  po   t-o**  001   Jpoj   -.)CPvio 

[.]|b«jï-/  »i^>o  (22) 

U)  Lagaraè  *»^»û^o»-  —  (2)  Lagarde  1=^  corrigé  (p.  xv).  —  (3)  A  la  partie 
supérieure  tlu  fol.  82  v°  il  y  a  le  titre  :  *«*iû^mio  ^o^o  i«o»o.*ij  13»a^^ 
U-*v  -  Blasphèmes  de  Diodore,  de  Théodore  et  de  l'impie  Nestonus  ». 
—  {4) Sic  dans  Ms.  Lire  1^2 a^v  —  (5)  Lagarde  ^^^L.  —  (0)  Lagarde  .-on-» 
rorrigé  (p.  \v).  —  (7)  Lagarde    »*!■»)•  —    (8)  Lagarde    U~ov   —    (0)    Lagarde 

[27] 


'258  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

^s^    |LOOO   .î-stvmj   JlSXio    |oiS-    |^3   ^o-fio;     p    -.|Ni^o    ^/;    „Njo(    |«ï.i     IA<"o    '•^    .*>/ 
•*>r&  ,-*>  j—  .Vi^jop   |NiJo    |ov*v  vA<"o   ^ïto   (1)   .o£.   p*>';A  l^^o  .M'>">  A<"°  |ln..yi\ 
|-£Op  ^  r^.11  ^a-po  ^»;    ooiA  ^.;    pjuoi  .,-^-(  tv*)ju^    ^io  (j|    ^io  p/   .|LV— J   ^.;    pV-  ,|Sn\\ 

[.]—  (23) 

■"io.  |ow    |l  .Mu^    |V*>Nj   .|o£\    .3/    -.^i.    p-jN^o    INVio    |l^jL*_io    lloj^s^o    ^o.;    v;    ..Kx,[ 

[«]|e|St   |J.Jloo    (2)   '.^mj   |;Oi;  ^t  p/    •Joot  "|fO|i 

[.|  vaoLo   (24) 
yzya   ^oi  oô%A    p/    t-ot»    ov*»|    ^so»  oôvi.    p    -.poajt    ^io    t^~-J    |-»-»/*   Oj^st   ^i—    v»,>.  y>i   ^9/o 

[»]|;oj  p>|  ^»  (_io5>.i 
[.]  joLo  (25) 
^io»  oô]  vioiV^I  -jo^iito    :  |  «  vi  t  ^io  K^j    |.*_i/»  ojv^io  :  rs^^oo  ^ni)|  |]N_„ci_ii!.>  U;io-   v^ol^J 

<-wJl£CUL/    (3)      vO%i^O    ^    PO    ^.J    |_L30]    '.  ^OO]^/ 

[.]^oio  (20) 

V&^s  ^■tnyï;  ^^.po  .^\->nv)  p  ^jaio»  ^-X-/    .^.bv^  J-alSiLs  ^aî^o  ^o  (loi.  83    I""   S 
Nb^i^tl  |-.v~/    |-ï^>-3»   .^oojî-a/jo  t-«o»»   001    p.»j   twlv^v*     >°-*î-io  *->o»    |^^S    ooj»    ^*t  ^;cuc   ,vui. 
^o*~o   -.ao»    .  —  j-^ao   voi-o   ^a^oi    -_ao  \  ]t\aoo    |o*a\»o    .  ;~>.«.rr>  JV-^»   ,-nà.ojo  (4)    .|Nà.oC\__>;   ^;i^ 

^iO  ^O    OÔl»    V^J    VÎ     P    .OVL-.X3    wOjOt^l     f-L30)   ^"/jo     .h\<.at    Pj     itoo     -A-L/    J__>/    ^ao    pJà-Vi. 

.otà.    t^  oA    P/  .|otà\»    (^3  v»  poj  .t-o»»    ooi  li-s   ^lio  oô;;    po  .vaojtu    k—N-V  ^ao  ^-»   poi   ,^x\ 

vî  ro»*  .)Loo^.p>  «:-*>  lov^i  .py-i  (Lagarde,  p.  99)  tXs*a  ro»»o  .isônv  ^o^  i©v^»o 

^aùsj  cn\  ^  oA  .;auj  ^>(  | toi  ■  —  o^>  ^ao  (o)  -01»  .^oj—o  l_>a_»—  \i  .où-  p  ov\  .|Lcuup> 
;^pl^y»  -l—  L^û;o  L|^ot  .ov^  f3  en;.  .Ti^^-^  ^i  |»Oi  —  o;^  ^ao  —o'i  ..*P-  p»o  -a|.^i  .psttooto 
.Nj/  po"/  |ov^*  |ooi  P©  -t-0îî  lî-3  ^°  oov^  t-3  .vA^L  jûX  p  .ôu^vPoû  H»o  jla^IS^o»  .  Na.^.Q.ao;o 
,^0  Jju/  ^s»  ^*^  Mp/  .voov-ïL  r-ojjo  |cni\»  p/  .^-o»;  (iOl.  8.3  V°  I.i)  |oo»  po  JorSt^»  ^.j  poA 
Vjuj—  too  ^.ojoN-/»  oo)  ^aoo  .■ILLQj.iû  po  !^*JL.j_».too  p  oV-N-/»  "Oi  ^^o  :  >g»fiao  )V^°  ^aj 
(_ilSu  v*^  p  :  p.ao\iLao  1^3  <^"0  ^v^û^x  J-ioaJ-o  ,^*  yOO)_ïL  »^  .p.JVJ  vï  "^J-31-/  (Oj  .)Lo^aoo 
(j^a;  ^.i  ^*.\ov»  -.^--cl— »  p.^i-=.  vi  .^oov-VL  )».*o/  p/  .lt-,^9  po  .Aoao»  oôj;  |pû|too  J^s  N_.|»o-^. 
"^a  |  (7)  o/  -  *  -y'\  o/  .ojpL/  o'I  .P^^ao  ^3j  l*^^î  ^oo^ao  ^io  V^^  v^0  •v^â-*-OJ  ^^ 
^*j/  |3j3lj»  oV^w»  ^.Xoi  ^v^,  ,ji  :  ^3^v o  Csj^s/o  :  Ltoa-L/  ^Q;  oit^Lj»  .po/  ^»°L  vî  ^^  •*^i0./ 
.|ls.Vao  |oVSs  &l  J-ooj  .viA^nia  vooyiao  v-  ^oj»  )JS^_l*3  |^*>-»  '|o^  ovb.  p/  -1^3^  v-JOio 
lrji  |ISXao  v*3  ]o>S\  N^dij  |0O]  po  .l^ociiù  f-Ao  ^^.3»L/  |;js  ^j  ^^  ..  -acn-J  |_iOJ  ^^o  ^o  I  i-^3 
(8)   .Jp.  r-  voovïL  P/  .p  IP»  v»  IoïSm  .p.»)  j-oji  ^ao  Ik^so  .Jv^ô  •&{  v;   |ooi  p  .•IJ-oNj*  |o^. 

-r-^j^ic/  ^i-*j^  r^r0*  v^*î  ^.oCsoo  ,|ov&t  v/o  (toi.  83  r°  c)  j-.o»  v/ 

Ul   l»o_io   .JJJOj  ovj  t^./    pio-a  ^oi-si    ,(9J  INn^mqLji   ^-/   V-sp   .L^-  ^^Oj;   ooj»  ^3/  ^»*   tv-i»/ 
looi   po  |-jjaa\j>-ao  J;j  ^-  — ojoN-/»o   .|N\oNj  ^a-po  ^ao  |^oo  --ami  p  .|oc>i  J-u/»  oj^i   |o»a\»  J^d» 
)0^.»0    .|^TO_S»0   |NXac»    JL^^CO    )^-mO    ^30J  '+&    y-~0  \.ÏOZl±£>    +~    .|-u/»   Oi^>  OOlO   |oC^i'oip»    OOl    .^iVl 


(I)  Lagarde  cnV  —  (2)  Lagarde  .****■/  —  (3)  Lagarde  .rf0^0  corrigé  (p.  xv). 
—  (4)  Lagarde  IkNoka*.  —  (5)  Lagarde  **c*i.  —  (G)  Lagarde  :  Rû*»o.  —  (7) 
Lagarde  oi  —  (8)  Lagarde  !>•  —  (9)  Lagarde  l^«^>- 


FRAGMENTS   SYRIAQUES   DE   DIODORE.  259 

^ojo,  vot\î  ^»\o,  .Its^ju/    Ij-o  -. |IS_ov-SS.   I».   rrii    |C^\r..ln  Hj^coo  .v^io(  V>L;  ^,p  p| 

[.]|B-UÏ-|   JB^o(27) 

|oi*v;  [Li.0,    ^.^00    -.otyin    ^o>»    oip>    |&.\*>    |oAp    |ov^;    o.;^.  vâ|    J^P-.|jl>      l-='j    -*->(    vl 

iLo.i*^  i»v^;    Lagarde,  [>.  100)  |jj  ro.;  j*«i  ^o>  od^o  .-0,0.0^^0^  ro>  ,*>>  iis^^o 

.^owv  000,   fol.  83  v°  ai  p  lowl  v'10  -l^-s9  ^1  -i-^^0  l^^^*1  l°^  1^°-*°  ^ÏL  1°?"  I1 

•:-,i~U  ui  ■**>  l-10^  ^°r°  lov*-!  ^ — -I  \?l  If!  ••' 

[.]^oio  (29 

|;^     .^t/     M>l     **>    l-ioVi  ^O^û    r20.      ~.0|     ^iO      .|^*>     lOlSv     00|    |^i     I  I  .  1  i;     ^;J    J^|     ^/     ^° 

vLïl.  ^.o,    .^.L(    ,_o;;    pii|    ^10;   il)    o'I    .|^>|     |oCS^»    ooj   |-l-o    ^so;    |i|     .^a-po    **>»    l-U^O    ^.i 

[.]|N*JÏ-  >C^»o  (30) 
jo-ao  ^io;  ^.i  001  .|&Xio  |oi\p  |i.-<->  |oCi>-!  Ira  v!  •—  -^i^0!  V  1-=/  >~ !  ^-001  v'1 
P;  -01  INi-^o^o   .sqj(    |;j  ,—  vooi*ïLi  ..01  -3|   v»  ^.(o    .|ovS\;  v;   |Lm.fto     2     .j-o;;   ^=  >■■'>•' 

[.])C^JÏ-  îISjo   (31) 
loot    Po    -->    ILO-3.-.1,*    v;    ..<>i    .|N.\io    lov^    ^f    j  i  .1  ^    .scl-.;_30    ^iot    Muv^    |J-o    OOj    |LO  t .  fc^o 

.■■^■'■'-  ^.ïL  |ooi   p    .ILoji*;,;    |ooi    po  —oi  p-o;  -.010    .Ia-j; 
[.]  |t^uv-  >\jio   (32) 
|l  :  |»o  ^o;t  l^oCo;  v;  |^9  .  |po  P(  |oau  ^oi;  |JJ>  .'UJ  ov^aj  ^  |IXiJo  loi*,  ooi  ^;  pa( 

[»]|.L|  |;oi  <^oo  .3/   p/     fol.  83  V°  b)   -.^œl  p  ;n..\3   |ooi 

[.]  IN^u-^.  îNjo  (33) 
P/   ,)Loi^  ^û-^e  ^c*   oôi  ônmi;   ^^cj    )Lo -i  •,fc^>»    *^- [    .^(-^f   \^  I001    P  v'1'"1  ^»»lo 

•:-rr-^o/  |Lni.^j  |ooi  po  .|vj  |  i.i->  poii.  *3(;  ^i-l 


TRADUCTION   FRANÇAISE. 


Blasphèmes  (extraits)  des  livres  de  Diodore.    ■ 

1 1  ;  Du  livre  dont  voici  le  commencement  : 

Lorsqu'ils  confessent  (3)  (que)  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  (est)  Dieu 
et  qu'il  est  né  du  Père  avant  les  siècles  d'une  manière  ineffable  et  qu'ils 
ne  rejettent  pas  (3),  comme  ils  disent  eux-mêmes,  la  manifestation  qui 
(a  eu  lieu)  par  la  chair  à  la  fin  des  temps  de  celui  dont  la  bienheureuse 

(1)  Lagarde  ol-  —  (2)  Lagarde  ►■o^v 

(3-3)  Ou  :  «  Tout  en  confessant...  et  tout  en  ne  rejetant  pas...  ». 

129] 


260  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Marie  a  été  la  mère,  quelques-uns  osent  troubler  la  parole  de  vérité  par 
des  expressions  nouvelles  qui  ne  sont  pas  justes  (1). 

(2)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Et  que  conseillent-ils  "?  —  De  reconnaître  le  même  (Notre-Seigneur)  et 
des  cieux  et  de  la  terre,  selon  qu'il  est  aussi  un  seul  homme;  il  est 
immortel  par  l'âme,  et  mortel  par  le  corps;  et  avant  les  siècles  et  de  la 
semence  de  David:  et  de  Dieu  et  dans  la  crèche  ;  et  en  tout  lieu  et  sur 
la  croix  et  dans  les  cieux;  (fol.  80  r°  c)  le  même  qui  a  souffert  et  qui  n'a 
pas  été  crucifié  et  qui  n'a  pas  subi  les  clous;  et  avant  Abraham  et  après 
Abraham;  créateur  de  la  terre  et  créature;  qui  est  mort  et  qui  est 
ressuscité;  mais  cela  selon  la  chair,  et  ceci  selon  la  divinité;  (de  recon- 
naître) donc  le  même,  et  non  pas  un  autre  et  un  autre,  mais  un  seul 
(qui  est)  composé,  ainsi  que  nous  avons  dit  auparavant,  plus  haut;  un 
seul  Fils  parfait  dans  les  deux;  le  corps  et  Dieu  le  Verbe;  non  pas  celui-ci 
supérieur,  et  celui-là  inférieur  ;  et  non  pas  celui-ci  selon  la  nature, 
et  celui-là  selon  la  grâce,  parce  que  le  Livre  divin  dit  un  seul  Fils  et 
non  pas  deux;  celui-ci  d'en  haut,  et  celui-là  d'en  bas;  ni  que  le  Fils  qui 
(est)  avant  les  siècles  est  impassible,  et  (que)  celui  (Lagarde,  p.  92) 
qui  (est)  à  la  fin  est  passible  ;  mais  le  même  qui  est  et  en  ceci  et  en  cela. 
Et  ceux  d'entre  eux  qui  aiment  à  s'instruire  (çiXoaaOr)';)  ont  cette  opinion, 
et  ils  ne  peuvent  pas  dire  que  nous  les  avons  calomniés. 

(3)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

C'est  pourquoi  ce  n'est  ni  à  cause  de  Marie  ni  parce  que  (Notre-Sei- 
gneur) a  été  conçu  en  elle  et  est  né  d'elle  que  David  a  appelé  son  propre 
fils  Seigneur;  mais  c'est  en  ayant  égard  à  la  gloire  et  à  la  naissance  du 
(Fils)  unique  qui  (fol.  80  v°  a)  (est)  avant  les  siècles  qu'il  le  confesse 
Seigneur.  En  effet,  d'une  part,  il  est  le  Seigneur  de  David  aussi  en  ce 
que  selon  la  chair  (il  est)  le  Christ  (2),  de  même  que  beaucoup  de 
martyrs  également  sont  tellement  supérieurs  à  ceux  qui  leur  ont  donné 
naissance  que  le  tourment  est  réservé  aux  uns  et  le  royaume  (des  cieux) 
aux  autres.  D'autre  part,  ce  n'est  pas  par  un  don  que  Notre-Seigneur 
est  supérieur  à  David,  tout  en  étant  son  fils,  je  veux  dire  selon  la  chair; 
mais  c'est  lorsqu'il  est  devenu  le  temple  de  Dieu  le  Verbe  et  qu'il  a 
été  formé  sans  commerce  charnel,  non  pas  d'après  la  loi  (vojioç)  de  la 
nature,  mais  par  une  disposition  de  la  puissance  divine,  qu'il  est  le  Sei- 
gneur de  David  (3). 

(1)  Traduit  entièrement  dans  Fétisov,  Diodore  de  Tarse,  etc.,  p.  327;  cité 
par  Timothée  Aelure,  dans  Karapet  Ter-Mëkërttschian  und  Envand  Ter-Mlnas- 
siintz,  Timolheus  Aelurus'  des  Palriarchen  von  Alexandrien  Widerlegung  der 
auf  der  Synode  zu  Chalcedon  feslgeselzlen  Lehre.  Armenischer  Toxt.,  etc., 
Leipzig,  1908,  p.  115;  cl'.  Eduard  Schwartz,  Codex  Yalicanus  gr.  143i,  eine 
anlichalkedonische  Sammlung  nus  der  Zeil  Kaiser  Zcnos,  Abhandlungen  der 
Bayerischen  Akademie  der  Wissenschaften,  Philosophisch-philologische  und 
historische  Kl  isse.  XXXII.  Band,  0.  Abhandlung.  Munchen,  1927,  p.  108,  n"  210. 

(2)  Ou  :  «  En  ce  que  le  Christ  (est)  selon  la  chair  ». 

(3)  Traduit  presque  entièrement  dans  Fétisov,  pp.  334,  336,  337,  340,  341. 

[30] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  261 

4i  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Pour  moi,  je  les  ai  entendus  dire  que  celui  qui  a  été  conçu  en  Marie 
et  est  né  d'elle  est  aussi  le  créateur  de  l'univers.  «  Celui  qui  nait.  en  effet, 
i  été  appelé  Jésus  parce  qu'il  a  sauvé  le  peuple  de  ses  péchés  (1).  » 
L'Apôtre  Paul  également  prêche  qu'il  y  a  un  seul  Dieu  de  qui  (vient,  tout 
et  un  seul  Seigneur,  Jésus-Christ,  par  qui  (est)  tout  (2).  11  est  donc  le 
créateur  de  tout  homme.  Et  je  sais,  d'une  part,  que  leur  opinion 
est  faible  et  facile  à  réfuter;  d'autre  part,  parce  que  peut-être,  en 
restant  en  silence,  nous  donnerions  aux  simples  (fol.  80  v°  b)  une  raison 
de  croire  qu'elle  passe  pour  être  aussi  forte  et  vraie  qu'elle  est  faible  et 
étrangère  à  la  vérité,  j'ajouterai  que  nous  dévoilerons  également  cette 
«opinion)  par  une  réfutation  convenable.  Si  celui  qui  (est)  de  Marie,  en 
effet,  est  vraiment  homme,  comment  est-il  avant  les  deux  et  la  terre? 
Que  s'il  est  avant  ceux-ci.  il  n'est  pas  homme.  S'il  (est)  d'Abraham, 
comment  (est-il)  avant  Abraham?  S'il  (est)  de  la  terre,  comment  (est-il) 
avant  la  terre?  Et  (ainsi)  tout  ce  que  nous  avons  dit  auparavant  plus 
haut.  Comment  l'auteur  de  David  et  le  créateur  de  l'univers  est-il  fils  de 
David,  s'il  faut  croire  ceux  qui  sont  sans  intelligence  parce  qu'ils  ont 
aveuglé  la  vue  de  leurs  esprits?  Mais  la  foi  s'occupe  des  réalités  qui 
ne  se  voient  pas  et  ne  se  montrent  pas:  et  ce  n'est  pas  la  foi  qui  s'occupe 
de  ce  qui  se  voit  et  crie,  mais  c'est  l'audace  et  un  manque  de  jugement 
qui  dépasse  la  mesure.  Et  le  Livre  divin  n'a  pas  décrété  que  celui  qui 
(est)  de  la  semence  de  David  est  l'auteur  de  l'univers:  et  il  confesse 
que  Dieu  le  Verbe  est  le  créateur  (Lagarde.  p.  03l  de  l'univers  (3). 

(5)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Comment  est-il  le  créateur  de  l'univers,  celui  qui.  après  beaucoup 
d'hommes,  a  été  tout  à  fait  à  la  fin  ? 

l6)  (fol.  80  v°  c)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Dieu  le  Verbe  a  diverses  désignations,  et  tu  ne  nommes  pas  Dieu 
le  Verbe  par  ce  qui  appartient  au  corps.  En  effet,  tu  ne  dis  Dieu  le 
Verbe  ni  corps  —  car  il  n'est  pas  limité  —  ni  fils  de  David  —  parce  que 
.\otre-Seigneur  ne  demande  pas  non  plus  pour  lui-même  que  celui  qui 
est  né  du  Père  avant  les  siècles  soit  dit  fils  de  David  (4t. 

(7)  Et  encore  : 

En  effet,  c'est  avant  que  le  corps  de  Notre-Seigneur  soit  détruit,  alors 
qu'il  était  intact  jusque-là  et  qu'il  n'était  pas  corrompu,  qu'il  est  ressus- 
cité, après  n'avoir  pas  été  laissé  dans  le  tombeau  trois  jours  pleins.  Car 
•il  a  été  mis  dans  le  tombeau  le  vendredi,  au  coucher  du  soleil  ;  et  c'est 
après  être  resté  toute  la  nuit  et  le  samedi  et  encore  la  nuit  suivante 
qu'il    est    ressuscité    le   dimanche   de   grand  matin,    alors   qu'il  faisait 

(1)  Cf.  Matth.,   I.  21. 
(■2)  Cf.  I  Cor.,  VIII,  6. 

(3)  Traduit  presque  entièrement  dans  Fétisov.  pp.  333,  333  note  2.  311  note  •„'. 
::  13-344. 

(4)  Traduit  partiellement  dans  Fétisov,  p.  337. 

[31] 


262  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

sombre.  Et  c'est,  pourquoi  sa  chair  n'a  pas  vu  la  corruption  ;  mais  elle 
était  intacte  jusque-là.  Et  à  cause  de  cela,  Pierre,  après  avoir  dit  aupa- 
ravant qu'il  était  mort,  a  tiré  du  psaume  le  témoignage  que  sa  chair 
n'a  lias  vu  la.  corruption  (1). 

(8)  Et  après  d'autres  (.paroles)  : 

Vois  comment,  après  avoir  dit  auparavant  que  (iVotre-Seigneur)  a  été 
crucifié,  est  mort  et  a  été  mis  dans  le  tombeau,  (Paul)  répondit  alors  qu'il 
est  ressuscité;  et  à  ce  sujet,  comme  témoin  il  se  cita  (fol.  81  r"  a)  David, 
qui  a  dit  :  Tu  ne  permettras  pas  que  Ion  saint  voie  la  corruption  (2).  En 
expliquant  la  réponse  même,  il  a  dit  :  David,  après  être  mort,  est  resté 
sans  ressusciter,  mais  il  a  vu  la  corruption  —  de  même  que  Pierre,  en 
expliquant  aussi  ce  mémo  (fait),  a  dit  :  Son  tombeau  est  chez  nous 
jusqu'à  ce  jour  (3)  —  et  celui  que  Dieu  a  ressuscité  n'a  pas  vu  la  corrup- 
tion i-4).  C'est  parce  que  (Dieu)  l'a  ressuscité  que  (Notre-Seigneur)  n'a 
pas  vu  la  corruption,  c'est-à-dire  la  destruction.  Et  on  peut  (encore) 
dire  beaucoup  de  choses. 

(9)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

En  effet,  lorsque  les  Apôtres  voyaient  que  la  fureur  contre  leur 
Maître  bouillonnait  jusqu'à  ce  point  parmi  les  Juifs  et  lorsqu'ils  étaient 
tellement  effrayés  que,  après  son  arrestation,  ils  l'abandonnèrent  —  car 
ils  ne  songaient  à  rien  d'autre  qu'à  ceci  :  «  Sauve-toi  toi-même  »  —  ils 
demandaient  en  grâce  de  se  servir  même  d'ailes,  contrairement  à  la 
nature,  pour  fuir.  Après  leur  avoir  fermé  les  portes  au  nez,  ils  cher- 
chaient à  se  cacher,  tandis  qu'une  grande  crainte  faisait  très  souvent 
naître  en  eux-mêmes  des  imaginations  (5)  (çav-aa(a),  comme  si  les 
Juifs  enquêtaient  sur  eux,  les  arrêtaient,  les  emmenaient,  les  torturaient 
et  les  mettaient  à  mort.  Notre-Seigneur,  après  (fol.  81  r°  b)  les  avoir 
atteints  dans  les  (demeures)  où  ils  étaient,  ni  ne  frappa  à  la  porte,  ni 
n'ouvrit  subitement,  de  peur  que,  en  croyant  que  c'était  l'odieux 
malheur,  ils  ne  fussent  terriblement  troublés:  mais  c'est  les  portes 
fermées  qu'il  entra  (6),  à  ce  (Lagarde,  p.  04)  qu'ils  crurent. 

(10)  Et  encore  : 

S'ils  veulent  donc  que  Notre-Seigneur  entre  naturellement,  après  que 
les  portes  ont  été  ouvertes  en  secret  à  cause  de  la  crainte  qui  a  été  dite 
auparavant,  il  ne  faut  rien  dire  de  plus.  En  effet,  de  même  que,  avant  la 
passion,  il  a  été  très  souvent  arrêté  par  les  Juifs,  que  même  dans  sa 
propre  localité  il  a  passé  au  milieu  d'eux  sans  être  vu  et  qu'il  a  échappé 
aux  yeux  de  ceux  qui  le  poursuivaient,  après  les  avoir  frappés  d'halluci- 

(1)  Cf.  Ps.  XV,  H);  cf.  Act,,  II,  27,  31.  Cité  par  Timothée  Aelure,  dans  Ter- 
Mëkërttsehian  et  Ter-Minassiantz,  op.  cit.,  p.  128;  cf.  Schwartz,  op.  cit.,  p.  109. 
n°  234. 

(2)  Ps.  XV,  lu. 
(3;  Act.,  II.  29. 

(■•()  Cl'.  Act.,  XIII,  2S-37. 

(ôi  I.itt.  :  »  Une  imagination  ». 

(R)  Cf.  Jean,  XX,  19,  26. 

[32] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  '263 

nations,  de  même  il  a  aussi  empêché  les  yeux  des  disciples  de  voir  son 
entrée  naturelle  pour  la  raison  que  nous  avons  dite  auparavant.  Est-ce 
qu'il  ne  pouvait  pas  faire  la  même  chose  i|iie  les  anges  envoyés  à  Sodome, 
qui  trompèrent  la  vue  des  impies  d'alors?  (Ceux-ci)  allaient  et  venaient  à 
la  recherche  des  portes,  sans  les  trouver,  alors  qu'elles  étaient  devant 
leurs  yeux  ;  mais,  en  croyant  que  les  murs  de  la  maison  étaient  les  portes, 
ils  montaient  par  là  sans  voir  ce  qui  (fol.  81  r°  c)  était  vraiment  les 
portes  (1).  De  son  coté,  le  prophète  Elisée  fit  par  (sa)  prière  que  les  .yeux 
des  Édomites  ne  vissent  pas  naturellement  et  il  introduisit  dans  Samarie 
(leurs!  soldats  venus  pour  le  saisr:  c'est  après  être  tombés  dans  les  mains 
des  enfants  d'Israël  qu'ils  (le)  surent  à  la  fin  (2).  Ainsi  il  n'est  pas  très 
étonnant  que  Notre-Seigneur  entre  après  que  les  portes  ont  été  ouvertes 
et  que  les  disciples  croient  le  contraire,  et  (cela)  à  cause  de  la  crainte  des 
Juifs  et  parce  que  leur  àme  aussi  avait  encouru  le  reproche  de  n'avoir 
pas  cru  jusque-là  (3). 

(11)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Avant  les  siècles,  en  effet,  Dieu  le  Verbe  est  né  du  Père,  le  seul  (est 
né)  du  seul;  et  la  forme  de  serviteur,  lVnfant  (4)  de  la  sainte  Vierge, 
dans  les  derniers  temps,  est  homme  (conçu)  d-  l'Esprit-Saint  (5). 

(12)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Paul,  en  effet,  ne  demanda  pas  non  plus  que  Dieu  le  Verbe,  lorsqu'il  se 
fait  chair  et  qu'il  est  formé,  soit  le  petit  enfant  (né)  de  Marie.  Mais  il  dit 
que  l'homme  qui  est  né  de  Marie  a  été  envoyé  pour  notre  salut  (6)  ;  car  ce 
n'est  pas  pour  qu'il  naisse  que  Dieu  a  envoyé  son  propre  Fils;  mais,  celui 
qui  est  né,  il  l'a  envoyé  pour  le  salut.  Pour  Paul,  il  est  question  de  celui 
qui  est  né  de  Marie  (7). 

(13)  (fol.  81  v°  a)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Mais  peut-être  quelqu'un  désire-t-il  franchement  apprendre  si  c'est 
vraiment  de  l'homme  qui  (est)  de  Marie  que  l'Apôtre  a  dit  cela,  bien  que 
dans  ce  qui  suit  il  ait  le  même  (Paul)  pour  maître  de  ce  qu'il  désire 
(apprendre).  Que  dit-il?  —  Mais,  lorsqu'esl  venue  la  plénitude  des  temps. 
Dieu  a  envoyé  son  propre  Fils,  et  (celui-cii  a  été  d'une  femme,  et  il  a  été 
sous  la  Loi  (rôpos)  pour  racheter  ceux  qui  étaient  sous  la  Loi  (ropoç)  (8). 
Qui  est  donc  celui  qui  a  été  sous  la  Loi  (vôjjioî)?  Qui  est  celui  qui  a  été 
circoncis?  Qui  est  celui  (Lagarde,  p.  95)  qui  a  été  élevé  judaïquement? 
N'est-ce  pas  l'homme  qui  (est)  de  Marie,  ou  appliquent-ils  aussi  cela  à  Dieu 
le  Verbe  (9)1 

(1)  Cf.  Gen.,  XIX.  9-11. 

(2)  Cf.  IV  Rois,  VI.  18-20. 

(3)  Cf.  Me,  XVI,  11. 

(4)  «  Partus  ». 

(5)  Traduit  entièrement  dans  Fétisov,  p.  338. 

(6)  Cf.  Gai.,  IV.  1-0. 

(/)  Traduit  presque  entièrement  dans  Fétisov,  p.  334,  335. 

(8)  Gai.,  IV,  4-0. 

(il)  Traduit  partiellement  dans  Fétisov,  p.  334. 

[33] 


•261  REVUE   DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

(14)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

En  effet,  bien  que  (Jësus-Cftrist)  soit  dans  la  forme  de  Dieu,  il  a  pris  la 
forme  d'esclave  —  lui-même,  il  ne  s'est  pas  fait  esclave  —  et  en  apparence 
(«Xï»  il  a  été  trouvé  comme  homme  (1)  —  non  pas  homme,  mais  comme 
homme  —  lui  qui  (est)  dans  la  forme  de  Dieu,  lui  qui  a  pris  la  forme 
d'esclave;  car  l'esclave  est  une  nature  humaine;  et  celui  qui  est  caché, 
c'est  à  cause  de  celui  qui  est  montré  qu'(il  est)  comme  homme  (2). 

(15)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

En  effet,  de  même  que,  lorsque  nous  lisons  que  le  Fils  de  l'homme  est 
descendu  des  deux  (3),  d'en  (fol.  81  v°  b)  haut,  d'où  il  était  autrefois,  sans 
nous  tromper  par  suite  du  sens  extérieur  du  mot,  nous  disons  que  la 
semence  d'Abraham  est  venue  d'en  haut,  mais  que  nous  savons  bien  que 
Dieu  le  Verbe  a  été  nommé  homme,  parce  qu'il  a  habité  dans  le  Fils  de 
l'homme,  de  même,  également  lorsque  le  Livre  divin  dit  que  le  Seigneur 
de  la  gloire  lui-même  a  été  crucifié  (4)  et  que  Dieu  n'a  pas  épargné  son 
propre  Fils  (5),  en  nous  attachant  à  la  profondeur  de  la  pensée  du  Livre, 
nous  ne  sommes  pas  amenés  par  l'expression  à  croire  que  c'est  Dieu  le 
Verbe  qui  a  souffert,  mais  que  (c'est)  l'homme  qui  (est)  de  Marie,  lequel  a 
obtenu  l'appellation  de  Fils,  le  temple  de  Dieu  le  Verbe  qui  a  été  détruit 
par  les  Juifs  et  s'est  relevé  (6)  à  cause  de  celui  qui  y  habite. 

(16)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Qui  est  celui  qui,  au  temps  du  crucifiement,  a  promis  que  le  larron 
serait  avec  lui  dans  le  paradis  (7)'?  En  effet,  celui  qui  est  mort  a  été  mis 
dans  le  tombeau  ;  et  ce  n'est  pas  le  même  jour  qu'il  est  ressuscité,  et  pas 
davantage  le  (jour)  suivant.  Il  est  impossible  que  et  comme  mort  il  soit 
mis  dans  le  tombeau  et  comme  vivant  il  fasse  entrer  le  larron  dans  le 
paradis. 

(17)  Et  encore  : 

Que  cela  n'est  pas  une  parole  spécieuse  (r.iOzvoXoyia),  mais  que  (c'est» 
la  vérité,  que  Paul  vienne  en  témoin,  lorsqu'il  écrit  à  Timothée  :  Souviens- 
toi  que  Jésus-Christ  (issu)  de  la  semence  de  [)avid  est  ressuscité  (fol.  81  v°c) 
d'entre  les  mo?-ts  (8),  en  faisant  savoir  que  c'est  chez  l'homme  que  la 
souffrance  a  existé!  Qu'on  ne  s'adonne  donc  pas  à  des  questions  oiseuses 
et  qu'on  ne  réponde  pas  d'une  façon  vulgaire,  (mais)  qu'on  blâme  le  vide 
de  (cette)  opinion!  Si  l'on  pose  la  question  :  Le  Seigneur  de  la  gloirca-t-il 
été  crucifié?  qu'on  dise  de  qui  on  croit  qu'il  est  le  Seigneur  de  la  gloire! 
Est-ce  (apa)  de  Dieu  le  Verbe  qui  (est)  avant  les  siècles,  ou  bien  de  celui 


(1)  Philipp.,  II,  6-7. 

(2)  Traduit  partiellement  dans  Fétisov,  p. 

(3)  Cl'.  Jean,  III,  13. 

(4)  Cf.  I  Cor..  II,  S. 

(5)  Rom.,  VIII,  32. 

(6)  Cf.  Jean,  II,  19. 

(7)  Cf.  Luc,  XXIII,  43. 

(8)  II  Tim..  11,8. 

[34] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES  DE  DIODORE.  263 

qui  (est)  de  la  semence  de  David?  Mais,  si  c'est  la  première  (.hypothèse i. 
il  ne  faut  rien  dire  aune  impiété  qui  dépasse  la  mesure:  car  (Paul)  a 
crié  aussitôt  ce  qui  est  bien  (1 1,  comme  il  a  été  suffisamment  montré 
aussi  par  beaucoup  île  (paroles)  qui  ont  été  dites  auparavant  plus  haut. 
Que  si  c'est  la  seconde  (hypothèse),  nous  sommes,  nous  aussi,  d'accord 
avec  eux,  et  il  n'y  a  nul  besoin  de  débat  (Lagarde,  p.  96i.  Si  c'était  la 
chair,  disent-ils,  qui  a  été  crucifiée,  comment  le  soleil  a-t-il  détourné  ses 
rayons?  Et  (comment)  les  ténèbres  et  le  tremblement  s'emparaient-ils  de 
toute  la  terre?  Et  (comment)  les  rochers  se  fendaient-ils.'  Et  (comment) 
les  morts  ressuscitaient-ils  (21?  Que  peuvent-ils  donc  dire  aussi  des 
ténèbres  qui  en  Egypte  eurent  lieu  aux  jours  de  Moïse,  ifol.  82  r°  a)  non 
pas  trois  heures,  mais  trois  jours  (3>?  Que  (peuvent-ils  dire;  également  de 
ces  autres  miracles  qui  eurent  lieu  par  l'intermédiaire  de  Moïse  et  qui 
.'eurent  lieu)  par  l'intermédiaire  de  Josué  fils  de  Noun,  lequel  arrêta  le 
soleil  (4),  qui  aux  jours  du  roi  Ézéchias  rétrograda  contrairement  à  la 
nature  (5)?  Et  que  (peuvent-ils  dire)  des  os  d'Elisée,  qui  ressuscita  un 
mort  (6)?  En  effet,  si  ce  qui  a  eu  lieu  au  moment  du  crucitiement  montre 
que  Dieu  le  Verbe  a  souffert  et  (s'  (ils  ne  concèdent  pas  que  cela  a  eu  lieu 
à  cause  de  l'homme,  ce  qui  (arriva)  aux  jours  de  Moïse  n'a  pas  eu  lieu 
non  plus  à  cause  de  la  race  (y=vo?)  d'Abraham,  (ni)  ce  qui  (arriva)  aux 
jours  de  Josué  fils  de  Noun  et  aux  jours  du  roi  Ezéchias.  Que  si  c'est  à 
cause  du  peuple  des  Juifs  que  cela  s'est  produit  miraculeusement,  à  plus 
forle  raison  ce  qui  (a  eu  lieu)  au  moment  du  crucifiement  (s'est-il  produit  i 
à  cause  du  temple  de  Dieu  (7). 

(11  D'après  la  variante  (?)  :  ■■  Ce  qui  est  absurde  -, 

(2)  Cf.  Matth.,  XXVII,  45,  51-52. 

(3)  Ex.,  X,  22. 

(4)  Josué,  X,  13. 

(5)  IV  Rois,  XX,  ll;Isaïe,  XXXVIII,  8;  Eccli..  XL VIII,  26. 

(6)  IV  Rois,  XIII,  21. 

(7)  Traduit  presque  entièrement  dans  Fétisov,  pp.  333  note  1.  331,  335,  3  5 
note  2.  Cité  par  saint  Cyrille  d'Alexandrie  dans  les  Actes  du  V  concile  œcu- 
ménique de  55:!.  ou  deuxième  concile  de  Constantinople",  voir  Mansi.  Sacrorvnt 
Conciliorum  nova,  et  amplissima  colleciio,  e.litio  novissima,  Florentiae. 
MDCCLXIII.  t.  IX,  col.  232,  et  reproduit  dans  P.-E.  Pusey,  Sancli  Palris  nostri 
C>/ri/li  archiepiscopi  AUxandrini  in  D.  Joannis  Evangeliurn.  Accedunt  frag- 
menta varia...  vol.  III,  Oxonii,  MDCCCLXXII,  \i.  520  :  Theodori  ex  eodem  libro. 
-  Sed  si  caro,  dicil,  eral  quae  crucifixa  est,  quomodo  sol  radios  avt  )  lil.  cl  icnebrae 
occupa  vervM  tolarn  terrant,  et  terraemolvs,  et  pclrac  dirumpebantur,  ri  morlui 
resurrjcbanl?  Quid  igitw  dicunt  et  de  lenebris  in  Aegyplo  faclis  sub  lempori 
Mosis  :  non  in  tribus  horit,  sed  in  tribus  diebus9  Quid  vero  de  aliis  per  Mosen 
factis  miraculis,  et  per  Jesum  Nave.  qui  sot  m  starc  fccil,  qui  sol  sub  rege 
E'.echia  cl  praater  naturam  relroversus  est?  El  de  Helisaei  reliquiis,  quae 
morluum  resuscitaverunt  ?  Si  enim  Deum  Verbum  pa&sum  esse  ostendunt,  qvae  in 
tempore  crucis  fada  sunt,  cl  propter  hominem  non  concédant  ea  facla  esse  : 
et  quac  sub  l  mnore  Mosis  propter  genm  Abrahae  et  quae  sub  tempore  Jesu  Wave 
et  Exeehiae  régis  non  erunl.  Si  vero  Ma  propter  Judaeorum  populum  miracvla 

;3ôj 


266  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

(18)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Alors  la  terre  a  tremblé,  le  soleil  aussi  s'est  retourné,  à  cause  de  celui 
qui  (est)  de  Marie,  (à  cause)  du  temple  de  Dieu  le  Verbe,  par  qui  ont  eu 
lieu  le  salut  pour  les  hommes,  l'annulation  de  la  malédiction  et  la  ruine 
du  pouvoir  du  Calomniateur,  (pouvoir)  qui  reprend  l'insolence  des  Juifs  et 
qui  ne  supporte  pas  le  nombre,  ce  que  les  Juifs  n'ont  pas  craint  non  plus 
de  faire.  En  effet,  ce  (fol.  82  r°  b)  (cri)  :  Mon  Dieu!  mon  Dieu!  pourquoi 
m'as-tu  abandonné  (l)?non  seulement  n'appartient  pas  à  Dieu  le  Verbe, 
mais  encore,  moi,  je  ne  conteste  pas  qu'il  appartienne  au  corps,  ainsi 
qu'à  celui  qui  a  crié  parce  qu'il  avait  été  abandonné.  Pourquoi,  en  effet, 
(Notre-Seigneur)  se  plaint-il  comme  celui  qui  a  été  abandonné?  Ne  pré- 
voyait-il  pas  sa  résurrection  et  sa  gloire?  Pierre  qui  avait  entendu  dire  : 
Le  Fils  de  l'homme  sera  livré  et  on  le  crucifiera  (2),  (Pierre)  qui,  plein  de 
sollicitude  pour  lui,  avait  dit  comme  il  avait  cru  :  Loin  de  toi,  Seigneur! 
(Notre-Seigneun  ne  l'a-t-il  pas  réprimandé  énergiquement,  lorsqu'il  l'a 
appelé  Satan  (3)?  Car  ce  serait  Satan  qui,  parce  que  (Notre-Seigneur)  ne 
souffrirait  pas,  posséderait  sans  préjudice  son  empire,  c'est-à-dire  le 
péché  et  la  mort.  (Notre-Seigneur)  ne  savait-il  pas  que  c'est  pour  ceci 
qu'est  né  de  la  Vierge  l'homme  (qui  est)  de  Marie,  (à  savoir)  pour  purifier 
le  genre  (yh/oç)  humain  par  son  sang  (4)? 

(1.9)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Donc  le  petit  enfant  qui  a  été  conçu  en  Marie  et  est  né  d'elle  était  la 
semence  d'Abraham  et  de  David  et  la  fleur  de  la  racine  de  Jessé.  Il  est 
certain  que  celui  qui  nait  fait  partie  de  celui  qui  lui  donne  naissance  et 
que  la  même  descendance  est  venue  jusqu'à  sainte  Marie  qui  (Lagarde, 
p.  97;  d'elle-même  a  enfanté  (fol.  82  r°  c)  pour  Dieu  le  Verbe  le  temple, 
lequel  n'est  pas  étranger  à  sa  propre  nature,  mais  appartient  à  la  nature 
humaine,  (comme)  formation  (5)  et  saintes  prémices,  par  lesquelles  et  il  a 
tué  le  péché  et  il  a  détruit  la  mort.  Et  celui  qui  est  né  de  Marie  s'est 
comporté  en  homme;  il  s'est  fatigué,  il  a  porté  des  vêtements,  il  a  eu 
faim,  il  a  eu  soif,  il  a  été  crucifié,  son  côté  a  été  percé,  il  (en)  a  cou'é  du 
sang  et  de  l'eau,  ceux  qui  l'ont  crucifié  ont  partagé  ses  vêtements,  lui- 
même  il  est  mort,  il  a  été  mis  dans  le  tombeau,  et,  après  être  ressuscité, 
il  s'est  montré  à  ses  disciples,  alors  qu'il  avait  une  chair  et  des  os  qui 
n'admettent  plus  la  souffrance  ou  la  mort,  pendant  quarante  jours  il 
mangeait  et  buvait  avec  ses  disciples,  il  s'est  élevé  sur  un  nuage  à  la 
vue  de  sas  disciples,  et  nous  avons  suffisamment  dit  auparavant  et  montré 
par  les  Livres  divins  qu'il  viendra  de  la  manière  qu'il  s'est  élevé. 

facla  xunt,  mullo  tnagis  quae  in  cruce  propter  Dci    Vcrbi  templum.  ■   Cf.  le  • 
rouvres  de  Diodore,  P.  G.,  t.  XXXIII,  col.  1561  A-1562  A. 

(1)  Matlh.,  XXVII.  40;  Me.  XV.  34. 

(2)  Cf.  Matth.,  XVI,  21  -,  XXVI,  2. 

(3)  Cf.  Matth.,  XVI,  22,  23. 

(4)  Traduit  partiellement  dans  Fétisov,  p.  3:::.. 

(5)  •  Pigment u ni.  • 

136] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    D'IODORE.  ,'l>7 

Que  Dieu  le  Verbe  aussi  qui  est  né  du  Père  avant  les  siècles  n'a  pas 
non  plus  éprouvé  de  changement  ou  de  souffrance,  qu'il  n'a  pas  été  con- 
verti en  corps,  qu'il  n'a  pas  été  crucifié,  qu'il  n'est  pas  mort,  qu'il  n'a  pas 
mangé,  qu'il  n'a  pas  bu,  qu'il  n'a  pas  été  fatigué,  mais  que  l'infini  est 
resté  incorporel,  sans  s'être  éloigné  de  là  forme  du  Père,  nous  l'avons 
clairement  montré  par  des  raisonnements  (fol.  82  v°  ai  justes  et  par  les 
Livres  divins  (1). 

(20)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

La  puissance  de  Dieu  a  couvert  Marie  de  son  ombre  |2),  quand  elle 
s'est  formé  un  temple,  sans  se  mélanger  à  (son)  corps.  En  effet,  l'Esprit 
saint  aussi  a  rempli  Jean-Baptiste  (3),  alors  qu'il  était  encore  au  cours  de 
la  conception:  et  (Jean-Baptiste)  n'a  pas  fait  partie  de  la  nature  de  crlui- 
là.  Que  si  le  Fils  a  subi  un  mélange  qui  (esti  en  dehors  de  (toutei  parole, 
comment  Notre-Seigneur  a-t-il  dit  :  Pour  celui  qui  a  blasphémé  contre  le 
Fils  de  l'homme,  il  est  possible  qu'il  y  ait  un  pardon;  mais  pour  celui  qui 
{a  blasphème)  contre  l'Esprit  saint,  il  n'y  en  a  plus  (4),  comme  il  a  été  dit 
auparavant.  Parce  qu'ils  contestent  cela,  il  est  bien  juste  qu'ils  soient  pris 
par  leurs  propres  ailes  (5).  Si  un  est  le  mélange,  ainsi  que  la  nature,  de 
Dieu  le  Verbe  et  du  corps,  comment  celui  qui  blasphème  contre  le  Christ 
a-t-il  un  pardon  que  n'a  pas  celui  qui  blasphème  contre  l'Esprit  saint?  Le 
Fils,  dis- moi,  est-il  inférieur  à  l'Esprit  (saint) ?  Le  deuxième  au  troisième.' 
Celui  qui  envoie  à  celui  qui  est  envoyé"?  Et  blasphémer  contre  Dieu  le 
Verbe  qui  a  été  mélangé  avec  le  corps  (fol.  82  v°  b)  est  sans  danger 
(xt'vSuvo;);  mais  (blasphémer)  contre  l'Esprit  saint  est  un  malheur  auquel 
on  ne  peut  pas  échapper  ni  ici  ni  dans  le  siècle  à  venir.  Mais  celui  qui 
blasphème  contre  l'homme,  l'enfant  (6)  de  Marie,  a  un  pardon;  mais  celui 
qui  insulte  Dieu  le  Verbe  qui  a  habité  dans  le  temple,  (dans)  le  corps,  et 
dit  à  la  puissance  sainte  et  à  l'Esprit  saint  :  Esprit  impur  (7),  et  :  Be'el- 
zébub  (8),  (Lagarde,  p.  98)  a  un  tourment  qui  ne  peut  pas  être  évité  (9). 

(21)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Que  s'il  n'y  a  pas  eu  de  faute  de  la  part  de  quelques  hommes  remplis 
de  l'Esprit  (-vEu^a-uo^opoç)  qui  ont  confessé  que  jusqu'à  la  mort  qui  (a  eu 
lieu)  par  la  croix  le  corps  qui  (est)  de  Marie  est  corruptible  et  passible  et 
qu'il  lest)  une  chose  créée  même  après  l'ascension  au  ciel  de  notre 
Sauveur,  ceux  qui  n'admettent  pas  les  (paroles)  des  Apôtres  font  injure 
au  Seigneur  des  Apôtres.  Si  les  disciples  de  Nôtre-Seigneur,  (à  savoir)  les 

(1)  Traduit  entièrement  dans  Fétisov,  pp.  333,  334,  337. 

(2)  Cf.  Luc,  I,  35. 

(3)  Cf.  Luc, .1,  4L 

(4)  Cf.  Luc,  XII,  10. 

(5)  D'après  la  variante  :  »  Par  leurs  propres  filets  ». 

(6)  -  Partus  ». 

(7)  Ci.  Me,  III,  30. 

(8)  Cf.  Me,  III,  22. 

(9)  Traduit  presque  entièrement  dans  Fétisov,  pp.  325,  334,  338,  339,  340. 

[37] 


268  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

I-Xingélistes,  savaient  que  Notre-Seigneur  ne  voulait  plus  désormais  être 
appelé  fils  de  David  selon  la  chair  et  qu'à  cause  de  cela  il  avait  cité  aux 
Juifs  les  (paroles)  de  David  (1),  ils  ne  confesseraient  pas  non  plus  eux- 
mêmes  et  ils  n'enseigneraient  pas  aux  autres  qu'il  est  fils  de  David  et 
d'Abraham,  mais  ils  sauraient  exactement  que  Dieu  le  Verbe  est  le 
Seigneur  de  David  et  non  pas  qu'il  est  confessé  fils  (fol.  82  v°  c)  (issu)  de 
David. 

(22)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Quand  il  est  question  également  des  naissances  naturelles,  que  Dieu  le 
Verbe  ne  passe  pas  pour  fils  de  Marie  !  Car  le  mortel  donne  naissance  au 
mortel  naturellement,  et  le  corps  à  ce  qui  lui  ressemble.  Et  Dieu  le  Verbe 
n'a  pas  subi  deux  naissances,  l'une  avant  les  siècles,  et  l'autre  à  la  fin. 
Mais  il  est  né  du  Père  naturellement;  et,  celui  qui  est  né  de  Marie,  il  se 
l'est  disposé  comme  temple  dès  (son)  sein  (2). 

(23)  Et  encore  : 

Quand  nous  agitons  la  question  de  l'économie  du  salut,  que  Dieu  aussi 
soit  appelé  homme,  non  pas  parce  qu'il  s'est  fait  cela,  mais  parce  qu'il  a 
pris  cela,  et  que  l'homme  (soit  appelé)  Dieu  (3)! 

(24)  Et  encore  : 

Et  même  si  nous  entendons  dire  que  le  Fils  de  l'homme  est  descendu 
des  deux  (4),  ne  confessons  pas  celui  qui  (est)  de  la  semence  de  David, 
mais  celui  qui  (est)  du  Père  avant  les  siècles. 

(25)  Et  encore  : 

Qu'on  dise  que  le  Seigneur  de  la  gloire  a  été  crucifié  (5)  et  est  mort,  que 
le  Fils   de   Vhomme   est   descendu  des  deux   (6)    et  que    celui   qui  (est) 

il)  Cf.  Matth.,  XXII.   12,43,  15;  cf.  Me,  XII,  35-37;  cf.  Luc,  XX,  41-44. 

'  (2)  Traduit  partiellement  clans  Fétisov,  pp.  :;:!5-:',:!iï.  Cité  par  saint  Cyrille 
dans  les  Actes  du  Ve  concile  œcuménique,  voir  Mansi,  SS.  Conc.  Coll.,  t.  IX, 
col.  231,  et  Pusey,  op.  cit.,  p.  519  :  Ex  eodem  libro  Theodori.  «  Et  cum  de  nalu- 
ralibus  nativitatibus  sil  ratio,  neque  Mariae  filius  Deus  esse  Verbum  exislimetur. 
Morlali.1  eni.m  iiuuiali'in  (jcneral  secundum  naturam,  cl  corpus,  qitod  sibi  simile 
est.  Duos  nativilales  Deus  Verbum  non  sustinuit,  unam  quidem  ante  saecula, 
alleram  aulem  in  xdtimis  temporibus  :  sed  ex  Paire  quidem  natura  genitus  esl. 
lemplum  vero  quod  ea  Mario  nalum  est,  ex  ipso  ulero  sibi  fabricavil.  »  Cité 
encore  par  Léonce  de  Byzance,  P.  G.,  t.  LXXXVI,  1,  col.  L!88  B  :  Ku\  fied'  freça. 
"  Kai  u£pt  tûv  xaTà  ç-jciv  yevv^ffEwv  ôt'  àv  -q  X6yoç,  y.r\  r/]ç  Mapta;  ulbç  6  0eô; 
Aôyoç  'j7;&7IT£U£ct6w  ôvoxrjç  yàp  6vï]Tfjv  y£v\a  7-otTa  cpûaiv,  xai  aw(j.a  tg  6hoo"j<tigv. 
Kat  oûo  yevvr,o£t;  ô  0eôc  Ariyo;  gù^  {ms^EiVc,  tt,v  (xsv  upô  aiwvwv,  tt)v  oï  èv  OtTrépoiç 
xatpoï;.  »  Cf.  les  œuvres  de  Diodore,  P.  G.,  t.  XXXIII,  col.  1500  C-1561  A. 

(3)  Traduit  entièrement  dans  Fétisov,  p.  :!.!(i.  Cité  par  saint  Cyrille  dans  les 
Anes  du  V  concile  œcuménique,  voir  Mansi,  SS.  Conc.  Coll.,  t.  IX,  col.  232, 
et  Pusey,  op.  cit..  p.  519  :  Theodori.  -  Cum  vero  de  salulari  dispensatione  ratio 
movelur,  et  Drus  oocelur  horao  :  non  quod  hoc  factus  esl,  sed  quod  hoc  assumptit  : 
et  homo  Deus...  ■■  Cf.  les  œuvres  de  Diodore.  P.  G-,  t.  XXXIII,  eol.  1561  A-1562  A. 

1-1)  Cf.  Jean,  III,  1::. 

(5)  Cf.  I  Cor.,  II,  8. 

(6)  Cf.  Jean,  III.  13. 

[38] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  269 

d'Abraham  (e*t)  avant  Abraham  (1)!  Et  aucune  de  ces  (paroles)  n'a  été 
entendue  ainsi. 

(20)  Et  encore  : 

Il  y  en  a  chez  eux  quelques-uns  qu'ils  honorent  particulièrement, 
qu'ils  croient  même  être  plus  savants  qu'eux  (fol.  83  r°  a)  et  (qui  sont)très 
versés  dans  les  Livres  divins.  (Ceux-là)  n'admettent  pas  le  mélange  et 
regardent  comme  insensés  ceux  qui  l'admettent.  Ils  confessent  que  ce 
corps  qui  (est)  de  Marie  est  vraiment  la  semence  de  David  et  d'Abraham, 
qu'il  a  été  formé  dans  le  sein  de  la  Vierge  dans  les  derniers  temps  et 
qu'il  a  subi  ce  qui  (appartient)  au  corps,  et  que  Dieu  le  Verbe  est 
étranger  à  tout  cela,  qu'il  est  né  du  Père  avant  les  siècles,  qu'il  est 
resté  sans  changement  et  qu'il  est  tel  dans  sa  nature.  Ils  ne  veulent  pas 
que  celui-là  soit  dit  d'en  haut,  et  celui-ci  d'en  bas;  ni  que  celui-ci  (soit 
dit)  fils  de  David,  et  celui-là  Fils  de  Dieu.  Mais  (ils  confessent)  que  le 
même  est  et  ( Fils;  de  Dieu  avant  les  siècles,  et  (fils)  de  David  dans  les 
derniers  (Lagarde,  p.  99;  temps;  (Fils)  de  Dieu  selon  la  divinité,  et  (fils) 
de  David  selon  l'humanité;  que  le  môme  est  impassible  et  passible. 
cela  selon  l'esprit,  et  ceci  selon  la  chair;  que  le  même  a  faim  et  qu'il 
nourrit;  qu'il  souffre  et  qu'il  ne  souffre  pas,  ceci  selon  l'esprit,  et  cela 
selon  la  chair;  que  le  même  meurt  et  qu'il  donne  la  vie;  qu'il  est  mis 
dans  le  tombeau  et  qu'il  ressuscite;  qu'il  est  touché  et  qu'il  n'est  pas 
touché.  »  Ne  sépare  pas  en  disant  celui-ci  fils  de  David  et  non  pas  (Fils) 
de  Dieu,  et  celui-là  (Fils)  de  Dieu  et  non  pas  (fol.  83  r°  b)  (fils)  de  David; 
mais  les  deux  (sont  Fils)  de  Dieu  et  (fils)  de  David.  »  De  même,  en 
effet,  que  l'homme  se  compose  de  l'âme  et  du  corps,  de  celle-là  qui  est 
invisible  et  immortelle  et  de  celui-ci  qui  est  visible  et  mortel,  et  qu'il  a 
été  appelé  homme,  alors  que  les  deux  forment  une  seule  hypostase  et 
un  seul  tils  parfait  —  car  ce  n'est  ni  l'àme  à  part  ni  le  corps  (à  part)  qui 
est  dit  le  fils  de  celui  qui  engendre,  mais  les  deux  ensemble,  alors  qu'ils 
sont  éloignés  selon  la  nature  et  voisins  selon  tout  le  reste;  qui,  en  effet, 
a  jamais  dit  :  Le  corps  d'un  tel  est  mort,  ou  il  a  été  malade,  ou  il 
s'habille,  ou  il  mange?  qui  dit  encore  :  L'àme  d'un  tel  s'est  mise  en 
colère,  et  elle  a  mal  fait,  et  elle  a  blasphémé  '!  quoique  ceci  appartienne 
à  l'âme,  et  cela  au  corps;  mais  nous  attribuons  à  (l'homme)  pris  en 
général  ce  qui  est  le  propre  de  la  nature  de  chacun  d'eux  —  de  même 
aussi  Dieu  le  Verbe  a  pris  le  corps  à  David  et  il  a  été  composé  pour 
(faire)  un  seul  fils  et  pour  (faire)  une  seule  hypostase  ;  Dieu  le  Verbe 
n'est  pas  appelé  justement  Fils  de  Dieu,  ni  le  corps  non  plus;  et  le 
corps  est  la  semence  de  David,  et  il  n'est  pas  Fils  de  Dieu  ;  mais  les 
deux  sont  un  seul  fils,  soit  (fils} de  David,  (fol.  83  r°  c)  soit  (Fils)  de  Dieu. 
Et  (ainsi)  tout  ce  que  nous  avons  dit  auparavant. 

J'ai  trouvé  aussi  que  celui  qui  a  lancé  ces  nouveautés  —  cette  affaire, 
en  un  mot  —  l'a  fait  ainsi  en  propres  termes  :  «  Je  confesse  que  le  Fils 
de  Dieu  s'est  fait  le  fils  de  l'homme,   en    prenant  la   chair   à   la    Vierge 

(1)  Cf.  Jean.  VIII,  58. 

[39] 


270  REVUE    DE     i/ORIENT    CHRÉTIEN. 

Marie,  et  qu'il  est  un  seul  fils  parfait,  et  non  pas  deux,  le  Fils  de  Dieu  et 
le  fils  de  l'homme,  une  seule  hypostase,  une  seule  personne  (r.piaww/) 
et  une  seule  adoration  du  Verbe  et  de  la  chair;  et  j'anathématise  ceux 
qui  disent  deux  et  font  des  adorations  différentes,  l'une  divine  et  l'autre 
humaine.  »  Et  eux,  ils  disent  tout  cela  en  contestant,  et  en  écrivant  ils 
cèdent  à  ceux  qui  désirent  être  d'accord  avec  eux  (1). 

(27)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Si  quelqu'un  veut  d'une  manière  abusive  nommer  aussi  le  Fils  de 
Dieu,  Dieu  le  Verbe,  fils  de  David,  qu'il  le  nomme  à  cause  du  temple 
de  Dieu  le  Verbe,  lequel  (temple  est)  de  David!  Et  celui  qui  (est)  de  la 
semence  de  David,  qu'il  l'appelle  Fils  (Lagarde,  p.  100)  de  Dieu  par 
grâce  et  non  pas  par  nature  (2). 

(28)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Dieu  le  Verbe  n'a  pas  subi  deux  naissances,  et  le  corps  non  plus,  et 
(fol.  83  v°  a)  ils  n'ont  pas  eu  deux  pères;  mais  c'est  une  seule  fois  que 
l'unique  (Fils)  de  Dieu  est  né  du  Père  avant  les  siècles  (3). 

(29)  Et  encore  : 

D'où  saura-ton  que  c'est  par  nature  que  Dieu  le  Verbe  est  Fils?  — 
Parce  qu'il  est  né  du  Père  avant  les  siècles.  —  Mais  le  corps  et  l'homme 

(1)  Traduit  presque  entièrement  dans  Fétisov,  pp.  330-331.  Ainsi  qu'il  nous 
a  été  signalé  par  M.  M.  Richard,  professeur  de  Patrologie  à  l'Institut  catho- 
lique  de  Lille,  le  dernier  paragraphe  de  ce  fragment  est  emprunté  à  une  pro- 
fession de  foi  d'Apollinaire  qui  est  parvenue  sous  le  nom  de  saint  Grégoire 
le  Thaumaturge  et  qui  est  connue  comme  yj  xaxà  jiipoc  r.ia-ziz.  Nous  donnons 
le  texte  grec  d'après  l'Iemming  et  Lieizmann,  ApoUinarislische  Schriften 
syrisch,  p.  '■'  :  "...  ôjioXoYoûtiEv  xbv  Vlbv  xoù  0eou  ■jibv  àvôptono'j  Yeyevii<r6at,  ..., 
TtpoaAaêcwi  aàpxa  èx  -rfi  âyii;  llxpOévou,  xai  eîvai  xéXetov  ajtov  Viov  0£qù  xai  aùxov 
■jlbv  àv'Jptoxoj,  £v  upoTWTTov  xai  \l\x >  tt]v  7ipo t/.û v o-riv  xoù  AiSyou  xai  xvj;  <>apxb;..-  xa  : 
àva')£|J.axiÇo|iîv  tous  ô'.afopou;  7iposx-j /ïi<te'.;  jt'jioù/ta;,  p.îav  6s!X/jv  xai  (liav  àv6pw- 
iuvr)v...  ». 

r-')  Cité  par  saint  Cyrille  dans  les  Actes  du  Ve  concile  œcuménique,  voir 
Jlansi,  ,ÇS'.  Conc.  Coll.,  t.  IX,  col.  230-231,  et  Pusey,  op.  cil.,  p.  518  :  Sanctae 
memoriae  Cyrilli  ex  primo  libro  eorum  quae  contra  Theodorum  scripsit. 
Theodori.  •■  Si  quis  Délit  abusive  et  Filium  Dei  D-inn  Verbum  filium  David 
nominare,  propler  D:i  Ycrbi  lemplum  quod  ex  David  est,  nominet  et  illum  qui  est 
ex  semine  D  ivid,  filium  Dei,  gralia  non  nalura  appel/et...  »  Cité  encore  par 
Léonce  de  Byzance,  P.  G.,  t.  LXXXVI,  1,  col.  1388  C  :  Ttjj  aOxoù  dioowpoii  èx  toû 
olOtotj  Àbyo'j.  «  Kï  u;  poûXoiro  xaTa^pr,Tttxài;,  xai  xôv  Vibv  xoù  HeoO  xbv  0£ov  Aôyov. 
utov  Aa^tô  ovo[iâ^£iv,  ôià  xbv  èx  AaCiô  xoù  Bioy  Aoyou  vabv,  ôvou.aÇéxa)  •  xai  xôv  èx 
aTtépiiato;  Aa6i8  Vibv  xoù  (-)eoû  X*Pm  xa'1  °û  tp'j<re'  npoo-a-)opiuéxw...  ••  Cf.  les  œuvres 
de  Diodore,  P.  G.,  t.  XXXIII,  col.  15G0  B.  Cité  aussi  par  Sévère  d'Antioche, 
sous  le  nom  de  Théodoret,  dans  Severi  Philalelhes  quem...  edidit  et  latine 
interpretatus  est  Dr  A.  Sanda,  Beryti  Phoeniciorum,  1928,  texte,  p.  12,  et 
traduction,  p.  20  :  Eiusdem.  «  Si  quis  quasi  usu  loquendi  et  ipsum  Filium  Dei, 
Verbum  Dei,  filium  David  appellare  velit,  propter  Verbi  templum,  quod  est  ex 
David,  appellet,  et  eum,  qui  est  ex  semine  David,  filium  Dei  per  gratiam  et  non 
per  naturam  nominet.  - 

(3)  Traduit  entièrement  dans  Fétisov,  pp.  335,  33(1  noie  1. 

[40] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES    DE   D10D0RE.  271 

qui  (est)  do  Marie,  est-ce  (Spa)  qu'il  fait  partie  de  la  nature  de  Dieu  le 
Père,  ou  bien  est-il  né  de  la  semence  de  David?  -  Ils  disent  la 
deuxième  (proposition)  (1). 

(30)  Et  après  d'autres  |  paroles)  : 

Nous  ne  disons  donc  pas  deux  (fils)  d'un  seul  Père;  mais  (nous  disons 
ijue  Dieu  le  Verbe  e'st  un  seul  Fils  de  Dieu  par  nature,  et  que  celui  qui 
(est)  de  Marie  est  par  nature  (fils)  de  David  et   par  grâce  (Fils)  de  Dieu. 
Accordons  encore  ceci  :  Les  deux  sont  un  seul    fils,  et  laissons  en  parole 
ce  qui  est  impossible  (2). 

(31)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

C'est  par  grâce  que  l'homme  qui  (est)  de  Marie  est  fils,  et  c'est  par 
nature  que  Dieu  le  Verbe  (est  Fils).  Cela  appartient  à  la  grâce  et  non  à 
la  nature;  et  ceci  appartient  à  la  nature,  et  non  pas  à  la  grâce.  11  n'y  a 
pas  deux  fils  (3). 

(32)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Dieu  le  Verbe  ne  demande  pas  non  plus  pour  lui-même  d'être  fils  de 
David,  mais  (son)  Seigneur;  que  le  corps  soit  appelé  fils  de  David,  non 
seulement  il  ne  l'envie  pas,  (fol.  83  v°  b)  mais  c'est  pour  cela  même  qu'il 
est  venu  (4).  , 

(1)  Traduit  entièrement  clans  Fétisov,  p.  339  note  1. 

(2)  Traduit  entièrement  dans  Fétisov,  p.  339  note  1.  Cité  par  Timothée 
Aelure,  dans  Ter-Mëkërttschian  et  Ter-Minassiantz,  op.  cit.,  p.  128;  cf.  Schwartz, 
op.  cil.,  p.  109,  n°  233.  où  le  fragment  est  donné  comme  venant  ix  toû  Xdyoy 
•roO  TCEpi  êvavBfiwïrr^sw;. 

(3)  Cité  par  saint  Cyrille  dans  les  Actes  du  V"  concile  œcuménique,  voir 
Mansi,  55.  Conc.  Coll.,  t.  IX,  eob  233,  et  Pusey,  op.  cit.,  p.  521  :  Theodori 
ex  eodem  libro.  •  Gralia  Filins  qui  ex  Maria  est  homo,  nalura  vero  Deus  Verbum. 
Quodvern  est  gratis,  non  nalura  est  :  et  quod  est  natitra,  non  gralia,  non  duo 
tilii...  •  Cité  encore  par  Léonce  de  Byzance,  P.  G-,  t.  I. XXXVI.  1.  col.  1388  A  : 
Toi  aùroj  ii.  toù  aÙTOÛ  Xoyo-j.  «  Xapiri  Ylô;  ô  Èx  MapCa:  àv8pwno;,  oùaei  6è  6  fleo; 
Aôyo;-  -b  p.sv  -/âpi-u  xai  où  tfjesii,  t'o  8è  ç-Jcjei  xii  où  fjkpm...  Cf.  les  œuvres  de 
Diodore,  P.  G.,  t.  XXXIII,  col.  1560  C.  Cité  également  par  Sévère  d'Antioche, 
sous  le  nom  de  Théodoret,  dans  Severi  Philalelhes  (édition  Sanda),  texte, 
p.  11,  et  traduction,  p.  19  :  Thcodoreti  haerelici,  qui  dir.it  non  debere  duos  veros 
fiiios  appcllari,  te  l  unum  per  naluram,  qui  est  ex  Deo  Pâtre,  et  unum  per 
adoptionem,  qui  est  ex  semine  David  :  -  Per  gratiam  est  filius  homo  ille,  qui  est 
ex  Maria,  per  naturam  vero  Deus  Verbum.  Ille  autem,  qui  est  per  gratiam 
et  non  per  naturam,  et  ille  qui  est  per  naturam  et  non  per  gratiam,  non  duo 
filii...  •  Cité  enfin  par  Timothée  Aelure,  dans  "Ter-Mëkërttschian  et  Ter-^\Iina^- 
siantz,  op.  cit.,  p.  115;  cf.  Schwartz,  op.  cit.,  p.  108,  n°  211. 

(4)  Cité  par  saint  Cyrille  dans  les  Actes  du  V°  concile  œcuménique,  voir 
Mansi,  55.  Conc.  Coll.,  t.  IX,  col.  233,  et  Pusey,  op.  cit.,  p.  521  :  «...  Neque  i/>s,- 
Deus  Verbum  vult  seipsum,  filium  David  essê,  sed  dominum  :  corpus  vero 
vocari  filium  David,  non  solum  non  invidil,  sed  cliam  proplcr  hoc  pervertit  ». 
Cité  encore  par  Léonce  de  Byzance,  P.  G.,  t.  LXXXVI,  I,  col.  1388  B  : 
■...  où2à  aùib;  o  0£q;  Aôyo;  poùXeTai  éaejTOv  toû  AaëiS  ecvai  -jtov,  à).).à  KÙpcov. 
To  Si  ffifia  xa)eî(79ai    toù    AaêiS  Ylov,  où  (iùvov   oùx    tçMmjaEv,    àXl.à  xal  Sià  toùto 

[41] 

OniZNT  CUnÉTIEN.  4 


272  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

(33)  Et  après  d'autres  (paroles)  : 

Ce  n'est  pas  nous  qui  disons  deux  fils,  nous  qui  disons  que  c'est  par 
grâce  que  celui  qui  (est)  de  Marie  a  reçu  l'appellation  de  fils;  mais  ce 
sont  ceux  qui  disent  (que)  celui-ci  aussi  (est)  Fils  par  nature,  et  non  pas 
par  grâce  (1). 

Nous  avons  indiqua  dans  les  notes  que  quelques-uns  des 
fragments  syriaques  de  Diodore  édités  dans  les  Analecta 
syriaca  de  P.  de  Lagarde  nous  sont  connus  aussi  par  ailleurs. 
Ainsi  saint  Cyrille  d'Alexandrie,  dans  son  premier  livre  Contra 
Theodorum,  cite  les  fragments  17,  22,  23, '27,  31  et  32,  comme 
en  font  foi  les  Actes  du  Ve  concile  œcuménique  en  553,  ou 
II"  concile  de  Constantinople,  qui  nous  les  ont  rapportés. 
Timothée  Aelure,  dans  son  ouvrage  contre  le  concile  de  Chalcé- 
doine  dont  il  existe  une  version  syriaque  fragmentaire  et  une 
version  arménienne  complète  cite  les  fragments  1,  7,  30,  31  el 
32.  Sévère  d'Anti'oche,  clans  le  Philalethes  conservé  dans  une 
traduction  syriaque,  cite  les  fragments  27,  31  et  32.  Léonce  de 
Byzance,  dans  le  Contra  Nestorianos  et  Eutychianos,  lib.  III, 
sub  finem,  donne  dans  l'original  grec  les  fragments  22,  27,  31 
et  32.  Mais  les  fragments  cités  par  ces  différents  écrivains  ne 
représentent  en  étendue  que  le  sixième  des  fragments  syriaques 
que  nous  avons  réédités  et  traduits  en  français  pour  la  première 
fois. 

Il  nous  faut  encore  rappeler  d'une  part  que  Timothée  Aelure 
et  Léonce  de  Byzance  attribuent  à  Diodore  tous  les  fragments 
qu'ils  citent,  et  d'autre  part  que  saint  Cyrille  d'Alexandrie  et 
Sévère  d'Antioche  mettent  respectivement  sous  le  nom  de 
Théodore  et  de  Théodoret  les  fragments  qui  servent  à  leurs 
discussions.  Or  s'il  est  aisé  d'imaginer  une  confusion  entre  les 
noms  de  Théodore  et  de  Théodoret  (2),   il  est  plus  difficile 

jtapaYéfovEv.  »  Cf.  les  œuvres  de  Diodore,  P.  G.,  t.  XXXIII,  col.  1500  C.  Cite'' 
également  par  Sévère  d'Antioche,  sous  le  nom  de  Théodoret,  dans  Seoeri 
Philalethes  (édition  Sanda),  texte,  p.  12,  et  traduction,  p.  20  :  «...  Neque  enini 
De  us  Verbum  cupit,  ut  lilius  David  sit  ipse,  sed  dominus  eius.  Ut  vero  corpus 
appelletur  filins  David,  non  solum  non  invidet,  sed  propter  hoc  etiam  venit  -. 
Cité  enfin  par  Timothée  Aelure,  dans  Ter-Mëkërttschian  et  Ter-Minassiantz, 
op.  cit.,  p.  115;  cf.  Schwartz,  op.  cit.,  p.  108,  n°  211. 

(1)  Traduit  entièrement  dans  Fétisov,  pp.  338-339. 

(2)  Cf.  plus  loin,  p.  47,  note  2. 

[-12] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES    DE   DIODORE.  273 

d'expliquer  l'attribution  des  mêmes  extraits  à  Diodore  et  à 
Théodore  (1).  En  outre,  Timothée  Aelure  qui  n'indique  la 
source  que  du  fragment  30  fait  de  celui-ci  un  passage  de  l'écrit 
de  Diodore  sur  l'Incarnation;  mais  Léonce  de  Byzance  affirme 
que  les  quatre  fragments  qu'il  a  rapportés  sont  empruntés  au 
premier  livre  de  l'ouvrage  de  Diodore  contre  les  Synousiastes, 
qui  d'après  Barhadbesabba  'Arbaïa  comprenait  trois  livres,  et 
de  fait,  lorsque  dans  le  fragment  26  il  veut  faire  connaître 
l'auteur  des  nouveautés  qu'il  a  entrepris  de  combattre,  il  cite 
six  à  sept  lignes  de  l'écrit  d'Apollinaire  de  Laodicée  connu  sous 
le  nom  r,  y.y.-.y.  [Jtépoç  jsitraç,  de  telle  sorte  que  nous  avons  peut-être 
dans  le  fragment  1  le  titre  du  premier  livre  ■/.%-.*  Suvoucmkitôv. 

Il  y  a  là  des  problèmes  qu'il  ne  nous  appartient  pas  de 
résoudre,  d'autant  plus  que  nous  savons  bien  qu'ils  sont 
présentement  à  l'étude  (2);  et  d'ailleurs  nous  nous  étions 
seulement  proposé  de  faire  connaître  des  textes  édités  depuis 
longtemps  et  restés  inaccessibles  aux  historiens  et  aux  théo- 
logiens par  manque  de  traduction,  en  les  regardant  pour 
l'instant  comme  la  propriété  de  Diodore  de  Tarse  à  l'exemple 
de  W.  Cave,  de  Nicolas  Fétisov,  du  P.  Martin  Jugie,  et  de 
beaucoup  d'autres. 

III.  —  Quelques  citations  d'écrits  de  Diodore 
dans  des  auteurs  syriens. 

Nous  joignons  aux  fragments  syriaques  du  livre  de  Diodore 
contre  les  Synousiastes  des  citations  de  quelques-uns  de  ses 
autres  ouvrages  que  nous  avons  relevées  dans  les  auteurs 
syriens,  soit  que  les  œuvres  de  ces  derniers  aient  été  déjà 
éditées,  soit  qu'elles  soient  demeurées  inédites  jusqu'à  ce  joui', 
et  dans  ce  cas  ces  citations  nous  sont  connues  par  les  catalogues 
des  manuscrits  des  grandes  bibliothèques  d'Europe. 

Nous  avons  fait  remarquer  plus   haut  qu'au  jugement  du 

(1)  Fabricius.  Bibliolheca  grseca (editio  Harles),  vol.  IX,  Hamburgi,  MDCCCIV. 
p.  277,  dit  :  •  DIODORUS,  sive  THEODORUS  »  ;  et  ib.,  note  e  :  »  Theodoruni 
pro  Diodoro  vocat  Pholius  cod.  CCXXII1  ». 

(2)  M.  M.  Richard  a  étudié  cette  question  dans  un  article  qui  doit  paraître 
prochainement. 

[43] 


274  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

P.  Martin  Jugie  (I),  les  écrits  de  Diodore  qui  avaient  le  plus 
d'importance  au  point  de  vue  de  sa  christologie  étaient  le  livre 
contre  les  Synousiastes  ou  Apollinaristes  et  le  livre  de 
l'économie  ou  de  l'incarnation.  Nous  avons  exposé  la  tradition 
syrienne  sur  les  traductions  syriaques  des  œuvres  de  l'évêque 
de  Tarse,  en  rapportant  en  particulier  les  témoignages  de 
Barhadbesabba  'Arbaïa  et  d'Ébedjésu  de  Nisibe  sur  le  livre  de 
l'incarnation;  nous  en  avons  énuméré  les  différents  titres,  à 
savoir  d'après  Barhadbesabba  «  le  livre  de  la  Providence  »,  et 
selon  les  traducteurs  d'Ébedjésu,  ci  liber  de  dispensatione  » 
selon  Assémani,  «  liber  Politicorum  »  selon  Abraham 
Ecchellensis,  «  the  book  entitled  the  Division  of  Food  »  selon 
Badger,  «  On  the  Incarnation  »  selon  Etheridge  (2);  et  nous  y 
avons  vu  le  uepî  ■rcpovotaç  de  Suidas,  à  côté  duquel  nous  espérons 
montrer  qu'il  n'y  a  pas  de  place  pour  un  livre  «  Politico- 
rum  (3)  »  —  contre  P.  Batiffol  (4)  —  ni  pour  un  autre  livre 
Sur  l'incarnation  —  contre  Tixeront  (5)  —  parce  qu'il  s'agit 
bien  là  d'un  seul  et  même  livre  sur  l'incarnation. 

Parmi  les  écrits  de  l'évêque  de  Tarse,  en  effet,  Suidas  d'une 
part  cite  un  livre  rcep't  wpovofaç,  c'est-à-dire  «  de  la  Providence  »  ; 
et  Barhadbesabba  et  Ébedjésu  d'autre  part  mentionnent  un 
livre  intitulé  ifnimi;qy;  p,La  (ketboblio  dham'pharn'sonutho).  Or 
ce  mot  itnimr.qvi  (m°pharn<'soiiutho)  est  le  nom  d'action  dérivé 
du  participe  ^iA*>  (mepharnes)  du  verbe  ^^  (parnes).  Le 
P.  J.  Brun  (6)  considère  -^i^  (parnes)  comme  un  verbe  déno- 
minatif venant  de  i^-'iâ  (parnoso),  ou  du  grec  t:?5vîsç,  «  pro- 
vidus  »,  d'où  en  syriaque  «  provisor,  œconomus,  adminis- 
trator  »;  et  M.  Cari  Brockelmann  (7)   fait  venir  »«ùvs  (parnes) 

(1)  Cf.  plus  haut,  p.  17. 

(2)  Cf.  plus  haut,  p.  7. 

(3)  Fabricius,  op.  cit.,  p.  279,  arrivé  au  n°  13  des  ouvrages  de  Diodore, 
dit  déjà  :  ■  Ilepi  itoovoia;.  De  prouidenlia.  Hic  est,  quem  syriace  adhuc  superesse 
llebed  Iesu  scripsit,  Diodori  liber,  quem  vocat  puliticorum.  • 

(4)  Batiffol,  La  littérature  grecque,  p.  302,  note  1. 

(5)  Tixeront,  Précis  de  Patroloyie,  p.  25  '. 

(6)  Diclionarium  syriaco-lalinum,  editio  altéra,  Beryti  Phœniciorum,  1911, 
p.  510. 

(7)  Lexicon  syriacum,  editio  secunda,  Halis  Saxoinim,  1928,  p.  599;  cf. 
C.  Brockelmann,  Grundriss  der  vergleichenden  Grammatik  der  semitischen 
Spraohen,  I.  Band,  Berlin,  1908,  pp.  661,  665. 

[44] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  275 

du  verbe  -=U>  (p"ras),  dont  il  est  une  forme  dérivée,  à  savoir 
le  pa'el,  avec  une  dissimilation  de  «  rr  »  en  «  rn  »,  de 
telle  sorte  que  ^'^  (paires)  a  abouti  à  -^^  (parnes). 
G.  Hoffmann  (1),  à  qui  M.  C.  Brockelmann  s'est  référé,  donne 
pour  -*°;9  (p'ras)  les  sens  suivants  :  «  frègit,  dirwpit,  scil. 
panem  ad  distribuenduni;  ...inde  distribuendi....,  dimetiendi 
notio,...  doin  sustentandi  »  ;  et  pour  ^=J^  (parnes)  :  «  ...  a 
dispertiendo  ad  administrandi  significationem  Aramaei 
devenerunt,  ut  Graeci  in  vlfxsiv  ».  Ainsi  sont  justifiés  les  sens 
donnés  par  R.  Payne  Smith  (2)  d'une  part  à  \jxùh&  (purnoso)  : 
«  Yirtus,  eommeatus,  alimentum;  administratio,  gubernatio; 
providentia; provincia,.dioecesis  »,  et  d'autre  pari  à  nàj^^ 
(nVpharn'sonutho)  :  «  Administratio,  gubernatio,  dispensatio, 
alKovapta;  providentia  ». 

Dès  lors,  il  nous  est  facile  de  saisir  comment  on  a  pu  donner 
à  un  seul  et  même  livre  les  diverses  appellations  qui  ont 
été  énumérées  plus  haut.  D'abord  nous  trouvons  tout  natu- 
rel que  le  titre  transmis  par  Suidas,  à  savoir  r.zp'.  ^povciaç, 
soit  devenu  dans  Barhadbesabba  et  Ébedjésu  ifoi^;^;  ^L> 
(k'thobho  dhamcpharnesonutho),  ce  qui  a  éié  traduit  «  ie  livre 
de  la  Providence  »  par  F.  Nau  (3)  et  «  liber  de  dispimsatione  » 
par  Assémani,  qui  précise  dans  une  note  (4)  :  «  Liber  de  dis- 
pensatione,  seù  Oeconomia,  hoc  est,  de  Incarnatione  Verbi  ».  ; 
ajoutons  que  deux  traducteurs  d'Assémani,  Etheridge  et  August 
Friederich  Pfeiffer  (5),  portent  l'un  «  On  the  Incarnation  »  et 
l'autre  «  Von  der  Menschwerdung  ».  Puis  nous  comprenons 
également  pourquoi  Abraham  Ecchellensis  a  rendu  par  «  liber 
Politicorum  »  le  titre  qui  se  trouve  dans  Ébedjésu.  Enfin  nous 
arrivons  même  à  concevoir  comment  Badger  a  pu  le  traduire 
par  «  the  book  entitled  the  Division  of  Food  »,  ce  qui  à  première 
vue  ne  peut  que  paraître  fort  mystérieux  et  ce  qui  cependant  a 
un  étroit  rapport  avec  la  signification  primitive  de  la  racine  : 

(1)  De  hermeneulicis  apwl  Syros  Aristole'eis,  Lipsiae,  MDCCCLXIX,  p.  200. 

(2)  Thésaurus  syrlacus,  t.  II,  Oxonii.  MDCCCCI,  col.  3270-3271. 
:    Cf.  P.  0.,  t.  XXIII,  p.  315  [1  •!»],  ligne  16  de  la  traduction. 

(4)  B.  0.,  t.  III,  1,  p.  29,  note  2;  cf.  R.  Payne  Smith,  Thésaurus syriacus. 
t.  II,  col.  3271. 

(o)  Joseph  Simonius  Assemanns  oricnlalische  Bibliothek  oder  Nachrichlen  von 
syrischen  Schriftslellern,  Zweyter  Banl,  Erlangen,  1777,  p.  33(5. 

[4ôj 


276  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

«  frogit,  dirupit  scil.  panem  ad  distribuendum  »,  ainsi  qu'il  a 
été  indiqué  ci-dessus.  Par  suite,  il  devient  inutile  de  supposer 
avec  le  Dr.  A.  Baumstark  (1)  et  0.  Bardenhewer  (2)  que  cet 
ouvrage  de  Diodore  était  intitulé  r.îp).  o'.v.ovoy.ia:  —  quoique  au 
point  de  vue  de  son  contenu  ce  ne  soit  pas  contestable  ■ — 
puisque  Suidas  nous  en  a  conservé  le  vrai  titre  dans  l'expression 
-îp't  irpîvsîaç. 

Et,  ce  que  nous  venons  de  dire  de  Diodore,  nous  pourrions  à 
l'occasion  le  répéter  deTliéodoret  dontÉbedjésu  mentionne  dans 
son  Catalogue  un  ouvrage  pareillement  intitulé  ifoimi;^;  g>i^ 
(k'thobho  dham'pharn'!sonutho),  ce  qui  est  traduit  «  de  Politia.  » 
par  Abraham  Ecchellensis  (3),  «  alium  (librum)  etiam  de  dis- 
pensatione  »  par  Assémani  (4)  et  «  (Buch)  der  Venvaltung  » 
par  le  Dr.  A.  Baumstark,  qui  de  nouveau  suppose  à  l'origine 
le  titre  rcepî  c!y.0V2|j.aç  (5). 

L'ouvrage  de  Diodore  de  Tarse  sur  l'Incarnation  est  perdu, 
qu'il  s'agisse  du  texte  grec  ou  de  sa  traduction  syriaque  que 
possédait  Barhadbesabba  et  que  connaissait  encore  Ébedjésu. 
Cependant  deux  auteurs  syriens,  Jean  de  Dara  et  Salomon  de 
Bassora,  y  renvoient  dans  leurs  écrits. 

Joseph-Simon  Assémani,  dans  la  Bibliotlieca  Orientalis  qui 
est  bien  la  première  histoire  littéraire  de  la  Syrie,  au  cha- 
pitre xvin0  consacré  à  Jean  de  Dara,  évèque  jacobite  de  la 
fin  du  vin0  siècle  et  du  commencement  du  ix'!  siècle,  dit  : 
«...  De  Résurrections  corporum  libri  IV...  (Joannes)  citai... 
Lib.  1,...  cap.  21  ,  Dioclorum  Tarsensem  in  libro  de  œcono- 
mia  i£ix<iiJiii*>:  i^ii  :  ubi  eum  asserit,  Paradiso  et  Gehennae 
finem  imponere  (G).  » 

Et  dans  le  Catalogue  des  manuscrits  syriaques  de  la  Biblio- 
thèque Vaticane  (7)  Etienne-Évode  Assémani  et  Joseph-Simon 

(1)  Geschichte  der  syrisclien  Lileratur,  p.  105. 

(2)  Geschichte  der  allkirchlichen  Lileratur,  '■'<.  Band,  p.  309. 

(3)  Traclalus  continens  Calalogum,  p.  35. 
(!)  H.  0..  t.   III,  1.  p.   in.  note  3. 

(5)  Op.  cil-,  p.  100,  note  8. 

(G)  B.  0.,  t.  II,  Romie,  MDCCXXI,  p.  119-120. 

(7)  Bibliolhecse  aposlolkne  Valicanœ  codicum  manuscriplorum  Calalogus  m 
très  parles  dislributus,  Partis  primas,  tomus  secuudus,  Rom»,  MDCCI.VIII, 
pp.  537-538. 

[46] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  'J  i  i 

Assémani,  décrivant  le  manuscrit  G  qui  contient  uniquement 
les  œuvres  de  Jean  de  Dara,  donnent  l'analyse  détaillée  de  son 
ouvrage   intitulé  De  Resurrectione  humanorum  corporum, 

Libri  Quatuor,  et,  arrivés  au  chapitre  xxi  du  livre  IV  :  «  Quod 
non  erit  finis  beatitudini  Sanctorum,  neque  tormentis  impio- 
runa  »,  signalent  que,  parmi  les  anciens  dont  Jean  de  Dara 
expose  les  opinions  sur  ce  sujet,  il  cite  Diodore  de  Tarse  qui 
traite  de  cette  question  in  Libro  de  Œconomia. 

Cet  ouvrage  de  Jean  de  Dara  sur  la  résurrection  est  encore 
inédit.  Mais  le  passage  qui  nous  intéresse  peut  se  lire  dans  le 
texte  syriaque  et  dans  une  traduction  anglaise  de  A.  L.  Frothin- 
gham (1).  Nous  reproduisons  fidèlement  la  version  de 
Frothingham  :  «  Diodoros  of  Tarsos  in  the  book  which  lie 
wrote  on  the  QEconomy,  and  Théodore  (2)  his  disciple  and  the 
master  of  Nestorios,  say  in  many  places  that  there  is  an  end  to 
condemnation.  The  same  course  is  also  taken  b*y  the  work 
called  the  Book  of  Hierotheos,  which  is  in  reality  not  by  him 
but  was  skilfully  written  by  another  in  his  name,  that  is  by 
Stephen  bar  Sudaili.  Gregory  of  Nyssaalso,  in  his  liook  hjl;*>(3) 
and  in  that  to  his  sister  Makrina  (4),  and  in  other  compositions, 
teaches  the  dogma  of  apokatastasis,  that  is.  the  return  into  the 
lirst  principle,  and  says  that  there  will  be  an  end  to  future 
torraents.  However,  ail  the  doctors  of  the  church,  Greeks  as 
well  as  Syrians,  with  the  sole  exception  of  tins  saint,  say  una- 
nimously  that  there  will  be  no  end  to  the  torments  of  hell.  » 
Nous  n'avons  donc  là  qu'un  renvoi  à  l'opinion  de  Diodore  qui 
professait  \'z-:v.y.-.i;-.xs'.z  i-iv-wv,  ou  la  restauration  universelle, 
d'Origène,  tout  comme  Théodore  de  Mopsueste,  Stephen  bar 

ilj  Stephen  Bar  Sudaili,  the  Syrian  mysLic,  and  the  book  of  Hierolltcos, 
Leyden,  188  i,  p.  66. 

(2)  Le  texte  syriaque  porte  :  ntt*ia§j»j»  w=io  l->w*  oirtciM.  vrc^.io^oUo. 
c'est-à-dire  :  «  Et  Théodoret,  le  disciple  de  celui-ci  (Diodorei  et  le  maître  de 
Xestorius  -.  11  est  clair  qu'il  faut  lire  :  -  Théodore  -,  au  lieu  de  ••  Théodoret  »  ; 
mais  on  voudrait  que  Frothingham  avertisse  qu'il  fait  sciemment  cette  correc- 
tion, d'autant  plus  que  les  Assémani  ont  bien  osé  donner  la  traduction 
suivante  :  •  Theodorelm  ejusdem  disciputus  .k  Nexlorii  magisier  •.  Par  là_ 
du  moins,  il  apparaît  combien  il  est  facile  de  confondre  les  deux  noms  de 
■  Théodore  -  et  de  ■  Théodoret  ». 

(3)  Aoyo;  xaTr/^Tixb;  à  u-éfa;. 

(1)  Ta  Maxfivia  itepi  <)/v/_r,;  xai  àvaTtàTEw;- 

[47] 


278  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Sudaili,  Grégoire  de  Nysse;  et  nous  ne  possédons  pas  en  réalité 
le  texte  du  livre  de  l'incarnation  où  l'évèque  de  Tarse  exposait 
sa  pensée. 

Par  contre,  c'est  une  vraie  citation  du  livre  de  Diodore  sur 
l'incarnation  qui  se  lit  dans  le  Livre  de  V Abeille  de  Salomon, 
évèque  métropolitain  de  Bassora  en  1223,  lequel  appartient  à 
la  confession  nestorienne  (1).  Cet  ouvrage  écrit  en  syriaque,  et 
dont  il  existe  également  une  version  arabe,  est  une  compilation 
historique,  où  sont  rapportées  aussi  beaucoup  de  légendes;  et 
de  plus  il  se  termine  par  plusieurs  chapitres  de  théologie  qui 
sont  sans  rapport  avec  l'histoire.  La  citation  que  nous  allons 
reproduire  se  trouve  au  chapitre  lx  du  texte  syriaque  —  au 
chapitre  i.xi  de  la  version  arabe  —  où  Salomon  de  Bassora, 
traitant  aussi  de  râ-07.aiâŒ-a!7.;,  rapporte  les  opinions  de  Théo- 
dore de  Mopsuestc  et  de  Diodore  de  Tarse  sur  ce  sujet.  A  la  fin 
de  la  longue'analyse  du  Livre  de  l'Abeille,  B.  0.,  t.  III,  1, 
pp.  309-321,  Assémani  donne  en  syri.ique  eten  latin  le  passage 
du  livre  de  l'incarnation  où  Diodore  s'exprimait  en  ces  termes  : 
«  Diodori  |I&i«utâio[  ^l»s  in  libro  de  Oeconomia  :  Perpétua 
merces  bonis  pro  ipsorum  laboribus  paratur,  digna  Remune- 
ratoris  justitià  etaequilate;  poena  vero  iniquis,  non  tamen 
perpétua,  ne  immortalitas  ipsis  praeparata  eisdem  inutilis  fiât, 
sed  ut  aliquo  exiguo  tempore  juxta  ineritum  et  mensuram 
delicti  et  impietalis  eorum,  et  secundum  quantitatem  malitiae 
opeium  ipsorum  torqueantur.  Tormentum  itaque  et  poenam 
ad  exiguum  tempus  patientur  :  beatitudo  autem  immortalitatis, 
nullum  habitura  finem,  illos  manet.  Enimvero  si  bonorum 
operum  praemia  tantum  excedunt,  quantum  aeternitatis  ipsis 
paratae  spatium,  certarninum  praesentis  aevi  curriculo 
circumscriptorum  spatia  superat;  poenae  profecto  pro  gravibus 
multisque  criminibus  intligendae  multo  magis  a  magnitudine 
misericordiae  superantur.  Non  itaque  pro  bonis  dumtaxat 
Resurreçtionis  gratia  computatur,  sed  etiam  pro  malis.  Gratia 


(1)  Sur  Salomon  de  Bassora,  voir  R.  Duval,  La  littérature  syriaque,  troisième 
édition,  p.  402,  et  en  particulier  sur  le  Livre  de  l'Abeille,  pp.  82-83;  Baumstark, 
Geschichte  (1er  syrischen  Lilcratur,  p.  309. 

[48] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  279 

enim  Dci  bonos  quidem  magnifiée  copioseque  honorât;  miseri- 
cdrditer  vero  et  clementer  malis  supplicia  decernit  (1).  » 

Comme  il  nous  semble  que  le  texte  et  la  traduction  de  cette 
citation  de  Diodoresont  incomplets  dans  Assémani  et  dans  ceux 
qui  l'ont  répétée  après  lui,  nous  donnons  ci-dessous  la  tra- 
duction française  de  ce  qui  nous  parait  emprunté  à  Diodore 
d'après  le  texte  syriaque  et  la  version  arabe  de  l'édition  de 
Budge  (2)  :  «  Et  le  bienheureux  Diodore,  son  maître  :!)  île 
Théodore),  dit  également  dans  le  livre  de  l'Incarnation  :  Une 
récnmpense  durable  est  réservée  aux  bons  pour  leurs  travaux  - 
elle  est  digne  de  la  justice  de  celui  qui  (la)  donne  —  et  un 
tourment  (est  réservé)  aux  méchants,  mais  pas  à  perpétuité, 
en  sorte  que  l'immortalité  qui  leur  est  préparée  ne  soit  pas 
inutile  pour  eux,  mais  en  sorte  qu'ils  soient  tourmentés-  peu  de 
temps  comme  ils  méritent  d'après  le  degré  de  leur  iniquité  et 
de  leur  impiété,  selon  la  grandeur  de  la  malice  de  leurs 
actions  ;  car,  d'une  part,  ils  endurent  la  souffrance  peu  de 
temps;  d'autre  part,  le  bonheur  immortel  et  sans  fin  est  préparé 
pour  eux.  Si  donc  les  récompenses  des  bons  travaux  sont  aussi 
grandes  que  les  temps  de  l'immortalité  préparée  pour  eux 
l'emportent  en  longueur  sur  les  temps  des  combats  (ày<iv) 
modérés  qui  (ont  lieu)  dans  ce  monde,  et  (si)  les  tourments 
qui  (sont  endurés)  pour  les  péchés  graves  et  nombreux  sont 
beaucoup  plus  petits  que  la  grandeur  de  la  miséricorde, 
comment,  par  conséquent,  la  grâce  delà  résurrection  d'entre  les 
morts  entrerait-elle  en  ligne  de  compte  non  seulement  à  cause 
des  bons,  mais  encore  à  cause  des  méchants?  Car  la  grâce 
de  Dieu  glorifie  les  bons  magnifiquement,  et  c'est  miséricor- 
dieusement  qu'elle  punit  les  méchants.  —  Et  il  dit  encore  (4)  : 

1 1  B.  0..  t.  III.  1,  p.  324;  cf.  la  reproduction  de  ce  passage  d'après  Assémani 
dans  J.  M.  Schônfelder,  SaComonis  episcopi  Bassorensis  liber  Apis,  Bambergae, 
1866,  p.  99,  ei  dans  le  P.  Martin  Jugie,  Thcologia  dogmalica  /■  rislianorum 
Orientalium...,  t.  V,  pp.  344-345. 

(2)  Ernest  A.  Wallis  Budge,  The  book  of  Ihe  Bee,  Oxford,  18SG,  texte  syriaque 
p  ofloo;  ligne  3,  à  p.  v^°,  ligne  7,  et  traduction,  pp.  140-111.  Nous  exprimons 
ici  notre  reconnaissance  au  R.  P.  Fleisch  qui  a  bien  voulu  nous  traduire 
le  chapitre  LXI  de  la  version  arabe,  p.  |\  \,  ligne  11.  a  p.   (V  î,  ligne  13. 

T  r  T 

(3)  Nous  lisons  ow=>*  avec  un  manuscrit  de  Paris,  au  lieu  de  w  avec  Budge. 

(4)  Ici  commence  une  autre  citation  de  Diodore,  qui  ne  se  trouve  pas  dans 
Assémani. 


280  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

Dieu  fait  déborder  le  paiement  de  la  récompense  au  delà 
de  la  mesure  des  travaux  (1),  et  dans  l'excès  de  sa  bonté  il 
amoindrit  et  diminue  la  peine  de  ceux  qui  sont  tourmentés, 
et  dans  sa  miséricorde  il  réduit  et  abrège  la  durée  de  l'espace 
de  temps.  Mais  ce  n'est  pas  ainsi  que  tout  le  temps  il  tourmente 
quelque  grand  que  soit  le  temps  de  la  faute,  bien  qu'il  punisse 
les  méchants  beaucoup  moins  que  ce  qu'ils  méritaient,  de  même 
qu'(il  récompense)  les  bons  aussi  au  delà  de  la  mesure  et  du 
temps;  car  la  récompenseest  à  perpétuité.  —  En  effet,  (Diodore"?) 
n'a  pas  manifesté  si  la  bonté  de  Dieu  veut  tourmenter  sans  cesse 
les  accusés  qui  se  sont  rendus  coupables  de  méchanceté,  ainsi 
que  nous  l'avons  déjà  montré.  »  Nous  avouons  cependant  ne  pas 
savoir  si  la  citation  de  Diodore  se  termine  là  où  nous  l'avons 
indiqué  et  si  la  dernière  phrase  exprime  une  réflexion  de 
Salomon  de  Bassora  sur  ce  qui  précède. 

L'ouvrage  de  Diodore  qui  est  le  mieux  connu  parce  qu'il  en 
reste  le  plus  grand  nombre  de  fragments  grecs  est  le  livre 
«  Contre  le  Destin  »,  et  nous  avons  dit  plus  haut  qu'il  était  l'un 
de  ceux  qui  avaient  été  traduits  du  grec  en  syriaque  (2).  En 
effet,  Barhadbesabba  'Arbaïa  le  nomme  u^  ^^<^;  =><>,,  c'est-à- 
dire  «  le  (livre)  contre  les  Chaldéens  »,  et  Ébedjésu  le  désigne  par 
l'expression  fi.o-.A3-;*>  «i,  ce  qui  a  été  traduit  «  Liber  solutionis 
Astrologiae  »  par  Assémani,  «  Liber  destructionis  Astrologiae  » 
par  Abraham  Ecchellensis,  «  One  (book)  written  againstChal- 
deanism  »  par  Badger  et  «  on  Astrology  »  par  Etheridge.  Il  s'agit 
là  de  l'ouvrage  de  l'évèque  de  Tarse  dont  Suidas  a  développé  le 
titre  dans  la  longue  expression  y.y-'y.  àerTpovô^uv  y.«ï  àa-polb-ftov  y.a.1 
EÎ[ji.aps/ivr,ç,  tandis  que  Photius  en  a  réduit  l'appellation  à  un 
seul  terme  -/.ati  EÏ[/.apjjiivv];  (cod.  223).  De  cet  écrit,  où  Diodore 
combat  le  fatalisme  astrologique,  comme  le  fait  également  le 
Livre  des  lois  des  pays  de  Bardesane,  l'une  des  premières 
productions  de  la  littérature  syriaque,  Suidas  dit  qu'il  était 
divisé  en  huit  livres  et  cinquante-cinq  chapitres  et  «  Photius 
en  donne  une  analyse  étendue  et  soignée  qui  permet  déjuger 
de  la  logique  et  de  l'érudition  de  Diodore  (3)  ».  Les  fragments 

(1)  Cf.  :  •  mensuram...  superelïluentem  »,  Luc,  VI,  38. 

(2)  Voir  plus  haut,  pp.  7-8. 

(3)  Batiffol,  La  littérature  grecque,  troisième  édition,  p.  302. 

[50] 


FRAGMENTS   SYRIAQUES   DE    DIODORE.  281 

grecs  du  livre  «  Contre  le  Destin   »  sont  réunis  dans  P.  G., 
t.  CIII,  col.  829-877. 

Or  Emmanuel  as-Sahhar  (1),  qui  est  le  nom  arabe 
d'Emmanuel  bar  Schahharé,  encore  un  auteur  nestorien  du 
\e  siècle,  a  composé  un  Hexaméron,  sous  forme  d'un  long 
poème  en  vingt-huit  chants.  Au  chant  xxvn  qui  a  pour  objet 
l'àme  et  sa  nature,  il  cite  un  écrit  de  Diodore  dirigé  contre 
Bardesane  (2).  Parmi  les  ouvrages  de  l'évèque  de  Tarse,  et  plus 
spécialement  parmi  ceux  qui  ont  été  traduits  du  grec  en 
syriaque,  celui  auquel  puisse  être  emprunté  un  texte  qui 
combatte  les  opinions  de  Bardesane  est  à  coup  sûr  le  traité 
«  Contre  le  Destin  ».  Comme  YHexaméron  d'Emmanuel 
as-Sahhar  n'a  pas  encore  été  édité  en  entier  et  n'est  connu  que 
par  un  petit  nombre  d'extraits,  force  nous  est  de  renvoyer  soit 
au  manuscrit  de  Berlin  n°  61  (Sacliau  170.  169),  fol.  199  b  (3), 
soit  au  manuscrit  de  Borne  Vat.  182,  fol.  253  a,  fol.  254.a  (4), 
dont  0.  Braun  donne  un  résumé  dans  l'édition  du  Livre  de 
l'âme  de  Moïse  bar  Képba  (5),  et  par  là  nous  savons  qu'Emma- 
nuel bar  Schahharé  enseigne  que  «  les  âmes  des  justes  se 
trouvent  au  Paradis  dans  un  état  de  repos  et  de  silence  comme 
dans  un  sommeil,  semblable  à  l'état  des  enfants  dans  le  sein 
maternel  »,  et  que  «  les  âmes  des  impies,  au  contraire,  dorment 
en  dehors  du  Paradis  »  ;  mais  il  ajoute  que  «  cette  opinion  est 
contestée  par  beaucoup  d'hommes  éminents,  comme  Diodore 
dans  l'écrit  contre  Bardesane,  Théodore  (de  Mopsueste)  dans  le 
commentaire  de  Luc,  les  deux  Grégoire,  etc.  ».  Et  ainsi  nous 
sommes  ramenés  de  nouveau  à  la  question  «  De  novissimis  » 
et     plus    spécialement     à    la    doctrine     de     l'hvpnopsychie 


(1)  Sur  Emmanuel  as-Sahhar.  voir  R.  Uuval,  £a  littérature  syriaque,  troisième 
édition,  pp.  280,  3!>3;  Baumstark,  Geschichle  dersyriseken  Lileralur,  pp.  238-23!». 

(2)  Cf.  Baumstark,  op.  cil.,  p.  100,  note  3. 

•  il  Eduard  Sachau,  Verzeichniss  der  syrischen  Handsçhriften  der  kôniglicken 
BiUiolhek  zu  Berlin,  Erste  Abtheilung,  Berlin,  1889,  p.  212. 

(4)  Bibliolhecx  aposlolicse  Yalican.se  codicum  manuscriplorwn  Calaiogus  in 
Ires  partes  dislribulus,  Partis  primae,  tomus  tertiu^.  ltouiae,  MDCCLIX. 
p.  382. 

(oj  Oskar  Braun,  Muses  bar  Kepha  und  sein  Bach  von  der  Seele,  Freiburg 
iin  Brei^gau,  1891.  p.  146. 

[51] 


282  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

qu'Aphraate  développait  dans  ses  homélies  entre  337  et  345  et 
que  plusieurs  auteurs  nestoriens  ont  également  enseignée  (1). 

Et,  en  terminant  cet  article,  nous  signalerons  que  nous 
rencontrons  chez  un  écrivain  nestorien  du  xie  siècle  la  mention 
d'un  ouvrage  de  Diodore  qui  n'a  pas  été  traduit  en  syriaque  et 
qui,  par  conséquent,  n'a  pas  eu  à  trouver  place  dans  le  Catalogue 
d'Ébedjésu.  Il  s'agit  du  Xpovntbv  8wp9sâi/.svo\>  ts  afakpa  EioefJÉou 
toO  naixçîXou  Tcîpl  twv  -/pivwv,  c'est-à-dire  de  la  «  Chronique  qui 
corrige  l'erreur  d'Eusèbe  Pamphile  sur  les  temps  »,  dont  parle 
Suidas  au  milieu  des  écrits  exégétiques  de  l'évèque  de  Tarse. 
Cette  Chronique  est  aujourd'hui  perdue;  et  les  auteurs 
d'histoire  de  la  littérature  grecque  chrétienne  doivent  se  borner 
à  reproduire  le  titre  transmis  par  Suidas  (2).  0.  Bardenhewer 
ajoute  la  remarque  :  «  ...  welche  chronologischen  Fragen  in 
dem  «  Chronicon  »  erôrtert  oder  welche  Ansatze  Eusebs 
bekâmpft  wurden,  muss  dabingestellt  bleiben  (3)  ». 

Or  il  est  fait  mention  de  cette  Chronique  de  Diodore  dans  la 
Chronographie  d'Élie  bar  Sinaya,  métropolitain  de  Nisibe, 
dont  la  composition  se  place  en  1018  ou  en  1019  (1).  «  Cette 
chronique  est  surtout  précieuse  parce  qu'elle  indique,  sous 
chaque  paragraphe,  les  sources  où  Elias  a  puisé  ses  notices; 
elle  nous  fait  connaître  les  titres  d'un  certain  nombre  d'oeuvres 
historiques  aujourd'hui  perdues  (5).  »  Et  dans  deux  passages 
de  la  Chronographie  d'Élie  bar  Sinaya,  il  est  question  de  la 
Chronique  de  Diodore.  Dans  le  premier  il  est  dit  :  «  Après  le 
temps  d'Eusèbe,  Mar  Diodore,  évêque  de  Tarse,  a  composé  un 
livre  de  Chronique  dans  lequel  il  corrige  les  erreurs  de  la 
Chronique  d'Eusèbe.  Il  y  explique  que  le  nombre  et  la  compu- 
tation  des  années  qu'il  (Eusèbe)  a  posés  ne  sont  pas  exacts  (6).  » 

(1)  Aphraalis  Sapieniis  Persse  demonslrationes  (édition  J.  Parisotr),  Palrologia 
Syriaca,  t.  I,  Paris,  1894,  p.  I.VII. 

(2)  Batilïol,  op.  cit.,  p.  303;  'fixeront,  op.  cit.,  p.  258. 

(3)  Bardenhewer,  Geschichle  der  altkirchlichen  Lileralûr,  III.  Band,  p.  307. 

(4)  Baumstark,  Geschichle  der  syrischen  Lileralûr,  p.  287. 

(5)  R.  Duval,  La  littérature  syriaque,  troisième  édition,  p.  202. 

(6)  L.  J.  Delaporte,  La  Chronographie  d'Élie  Bar-Sinaya,  métropolitain 
de  Nisibe,  Paris,  l'.tlO,  p.  9;  Elise  melropolitse  Nisibeni  opus  chronoloyicum, 
pars  prior,  edidit  E.  W.  Brooks,  Pansiis,  MDCCCCX,  p.  14;  id.,  interprétatif 
est  E.  W.  Brooks,  Roinse,  MDCCCCX,  p.  6. 

[02] 


FRAGMENTS    SYRIAQUES    DE    DIODORE.  283 

Et  dans  le  deuxième  on  lit  :  «  Au  temps  de  Théodose  le 
Grand,  qui  régna  Fan  690  d'Alexandre,  Mar  Diôdore,  évêque  de 
Tarse,  composa  une  Chronique  dans  laquelle  il  corrige  les 
erreurs  de  la  Chronique  d'Eusèbe  de  Césarée.  Il  y  explique 
qu'Eusèbe  s'est  trompé  dans  la  Chronique  qu'il  a  composée.  Cet 
ouvrage  n'a  pas  encore  été  traduit  en  syriaque,  mais  il  est 
mentionné  dans  la  table  des  livres  de  Diodore  (1).  »  Ces  deux 
citations,  nous  devons  le  reconnaître,  n'apportent  que  de 
vagues  données  sur  le  contenu  de  l'ouvrage  de  Diodore;  du 
moins  nous  fournissent-elles  une  nouvelle  preuve  de  son 
existence.  Et  par  là  nous  constatons  l'exactitude  des  renseigne- 
ments que  Suidas  nous  a  fait  parvenir,  non  moins  que  la  véracité 
d'Ébedjésu  qui,  dans  son  Catalogue  des  livres  qui  de  son  temps 
existaient  en  syriaque,  n'avait  pas  à  mentionner  et  qui  de  fait 
n'a  pas  mentionné  la  Chronique  d'Eusèbe,  puisque  d'après  Élie 
bar  Sinaya  elle  n'avait  pas  encore  été  traduite  en  syriaque  — 
ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'elle  l'ait  été  dans  la  suite. 

(1)  Delaporte,  op.  cit.,  p.  304;  Elix  métropolites  Nisibcni  opus  chronologie  h  m. 
pars  posterior,  edidit  I.-B.  Chabot,  Parisiis,  MDCCCCIX,  p.  99;  id.,  interprétants 
estl.-B.  Chabot,  Romae,  MDCCCCX,  p.  111. 

Maurice  Brikre. 

Montargis,  janvier  1914. 


[53] 


LA  TRADUCTION  ARMÉNIENNE  DE 

I>  AD  VERSUS  H^RESES  »  DE  SAINT  IRÉNÉE 

{Livre  IV,  suite)  (1). 


LV 

Car.  puisqu'ils  étaient,  eux  aussi,  membres  du  Christ, 
chacun  d'entre  eux,  en  tant  que  son  membre,  par  là,  mani- 
festait clairement  la  prophétie  :  tous  et  nombreux  [qu'ils  étaient], 
ils  étaient  à  l'avance  le  type  (2)  d'un  [seul],  et  ils  annonçaient  à 
l'avance  un  [seul  personnage].  De  même  que  par  nos  membres  se 
montre  l'activité  de  tout  notre  corps  —  car  l'aspect  de  tout 
le  corps  ne  se  montre  pas  par  un  seul  membre,  mais  par  tous 
—  ainsi  tous  les  prophètes  figuraient  (3)  un  [seul  personnage], 
mais  un  chacun  [116  v]  d'entre  eux,  en  tant  qu'il  était  membre, 
par  là  accomplissait  l'économie  (4)  et  prophétisait  (5)  l'œuvre  du 
Christ  qui  était  selon  ce  membre.  [Mass.  xxxiii,  10]  Car  ceux  qui 
le  voyaient  glorieux  voyaient  son  ascension  vers  le  Père  [et 
sa  place  à  la  droite;  [d'autres  voyaient]  que,  comme  fils 
d'homme,  il  viendrait  sur  les  nuées,  et  disaient  à  son  sujet  : 
«  Ils  regarderont  et  verront  celui  qu'ils  auront  percé  »  (G). 

(1)  Cf.  HOC,  1933-1934,  p.  315-377  et  1933-1930,  p.  17-169.  Nous  renvoyons 
toujours  à  la  pagination  mise  entre  crochets  au  bas  des  pages. 

(2)  iiiimiiii  niil.lih.  «le  iiuijiMi  nj,/,j.  Ipatoorel,  dérivé  de  ,,,/,,,(.  tip,  t-jtco;  (Cf. 
Adv.  Hier.,  p.  79,  n.  1). 

(3)  .;/, .. ,i(n, , (in'/i/. Jili,  de  .v/i ,,,,(,,, ,(,,,'/,/,(.  jewaçowçanel,  dérivé  de  IL,  jew, 
ijui  correspond  probabIement.au  grec  fiyf^x  (cf.  p.  49,  n.  1  et  5);  lat.  prsefigwa- 
baal;  le  grec  parait  être  éfr^rjuiTiÇov  et  Èa)(iii.âTc<jav. 

(4)  Lat.  disposilionem  adimplebal;  grec  probable  x^v  oixovoiiîav  £jt).r,pouv. 

(5)  Lat.  prophetabal,  contre  les  Claromonlanus  et  \'ossiamis  :  prseformabat, 
leçon  préférée  par  Massuet  et  Ilarvey. 

(6)  Io.,  xix,  37  (citant  Zacli.,  xn,  10)  :  ôtpovTai  et;  8v  Igexévtiiffav;  notre  traduc- 
tion arménienne  diffère  de  la  Vulgate  en  ce  qu'elle  traduit  Sijjovtai  par  le  doublet 
vn(/.iifffi),  L  mbughi,  ils  regarderont  et  verront.  Irénée  reprend  ici  l'exégèse  de 
Justin  (Dialogue,  xiv.  8)  qui  attribue  la  prophétie  à  Osée. 

[187] 


286  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

Ils  disaient  sa  venue  au  sujet  de  laquelle  lui-même  dit  : 
«  Est-ce  que  le  Fils  de  l'Homme,  quand  il  viendra,  trouvera 
la  foi  sur  la  terre?  »  (1);  à  ce  sujet,  Paul  dit  :  «  N'est-il  pas 
juste  à  Dieu  de  rendre  à  ceux  qui  vous  maltraitent  les  mauvais 
traitements,  et  à  vous  qui  êtes  maltraités  le  repos  paisible  (2) 
dans  la  révélation  du  Seigneur  Jésus  du  ciel  avec  les  Anges 
de  sa  puissance  et  dans  une  flamme  de  feu?  »  Mais  ceux  (3) 
qui  disent  [qu'|  il  [est]  juge  et  [que]  le  jour  du  Seigneur  [est 
comme  une  fournaise  ardente,  lui  qui  ramasse  le  grain  dans 
la  grange  et  brûlera  la  paille  dans  un  feu  inextinguible  (1), 
[ceux-là]  menaçaient  les  incrédules  au  sujet  desquels  le  Sei- 
gneur lui-même  dit  (5)  :  «  Allez  loin  de  moi,  maudits,  au  feu 
éternel  que  mon  Père  a  préparé  à  Satan  et  à  ses  anges  »  (6). 
Et  l'Apôtre  dit  de  même  :  «  Ceux  qui  mériteront  un  jugement 
de  perdition  éternelle  (7)  [117  r]  hors  de  la  l'ace  du  Seigneur 
et  de  la  gloire  de  sa  puissance,  lorsqu'il  viendra  [pour]  être 
glorifié  parmi  ses  saints  et  [pour]  être  admirable  parmi  ceux 
qui  auront  cru  (8).  »  Et  ceux  qui  disent  :  «  Il  est  charmant 
par  sa  beauté  [plus]  que  les  fils  des  hommes  »  (9),  et  :  «  [II  t'a 

(1)  Luc,  xvw,  8  :  l'arménien  traduit  le  grec  plus  exactement  que  la  traduction 
latine. 

(2)  II  Thess.,  i,  G-8;  l'arménien  omet  ici  les  mots  y.z<i'  tjjxmv  que  traduit  le 
latin  nobiscum. 

(3)  Latin  :  alii  vero;  il  s'agit  effectivement  d'autres  prophéties;  tout  ce  passage 
est  destiné  à  établir  la  concordance  du  Nouveau  Testament  qui  nous  fait 
connaître  le  Christ  tout  entier  avec  l'Ancien  Testament  dont  chaque  prophétie 
en  annonce  un  aspect  partiel. 

(1)  Malt.,  m,  12  et  Luc,  m,  17. 

(.">)  L'arménien  ajoute  ici  niin  nmimuuutwis  uiiu^uitiptuijkti  iuumui/|iîiuL, 
ceux  qui  mériteront  un  jugement  de  perdition,  ces  mots  ne  figurent  pas  dans  le 
latin;  ils  copient  le  début  de  la  citation  II  Thess.,  i,  9-10  qu'on  trouve  un  peu 
plus  lias  et  doivent  donc  être  supprimés. 

(6)  Matt.,  xxv.  41. 

(7)  II  Tness.,  i,  9-10;  uiiuÇwïipkuuUi,  exigeront,  réclameront,  plus  proche  du 
grec  Tiaoyaiv.que  le  dabunt  de  notre  traduction  latine  et  des  vulgates  latine  et 
arménienne  (uiuiiqkL);  quant  aux  mots  nmmujui/iujîi  ..  uiiii/iiu^ii'inîi  (un  |un/.)i...- 
UtuL,  Utt.  pœnam...  interilus  œternam,  ils  attestent  la  même  leçon  §txr|v... 
àXéflpou  aiûviov  que  le  latin  psenas...  interilus  œlernas. 

(8)  La  leçon  des  manuscrits  du  Nouveau  Testament  est  de  èv  toïsiv  tôt;  ji«m\i- 
oaoïv,  dont  l'arménien  est  beaucoup  plus  proche  que  le  latin;  l'un  et  l'autre 
omettent  cependant  Ji5<nv. 

(9)  Ts.  xliv,  3. 

[188] 


SAINT    [RENÉE   :    ADVERSUS  HjERESES.  287 

oint]  d'huile  d'allégresse  plus  que  tes  compagnons  »  (1),  et  : 
a  Ceins  [ton]  épée  sur  ta  cuisse  dans  ta  force  et  ta  beauté,  et 
tends  [ton  arc]  et  dirige  et  règne  à  cause  de  la  vérité,  de  la  dou- 
ceur et  de  la  justice  »  ("2),  et  tout  ce  qui  a  été  dit  de  semblable  au 
sujet  de  son  règne  signifiaient  sa  beauté,  sa  noblesse  et  sa  joie 
[qui]  brillent  par-dessus  et  dépassent  ceux  qui  attendaient  (3) 
son  règne,  afin  que  ceux  qui  entendaient  désirassent  s'y  trou- 
ver et  fissent  le  plaisir  de  Dieu. 

2.  Et  encore  ceux  qui  disent  :  «  Et  il  est  homme  et  qui  le 
connaîtra?  »  (4)  et  :  «  Je  m'approchai  de  la  femme-prophète 
et  elle  conçut  un  fils  et  il  s'appelle  [de]  son  nom  Merveilleux 
Conseiller,  Dieu  Fort  »  (5),  et  en  prêchant  l'Emmanuel  [né[ 
de  la  Vierge,  ils  révélaient  (6)  l'union  du  Verbe  de  Dieu  avec 
sa  créature  (7),  que  le  Verbe  se  ferait  chair  et  le  Fils  de 
Dieu  fils  d'homme  —  le  pur  ouvrant  en  [toute]  pureté  le  sein 
pur,  celui  qui  fait  naître  à  nouveau  les  hommes  en  Dieu  [et] 
que  lui-même  a  fait  saint  r117  v]  —  se  faisant  ce  que  nous 
sommes,  [lui]  le  Dieu  fort,  et  il  a  une  race  inénarrable  (8).  Et 
ceux  qui  disaient  :  «■  Le  Seigneur  a  parlé  de  Sion  et  de  Jé- 
rusalem il  a  donné  sa  voix  »  (9)  et  «  Il  est  su  et  connu  dans 


(1)  Ps.    XL1V.    8. 

(2)  Ps.  xi. iv,  1,  5.  Cf.  Justin,  Dialogue,  xxxvm,  3-5. 

(3)  uj/iÎi  niL^lili  attendaient;  le  Ctaromontanus  écrit  qui  regnanlur  sitb  ipso, 
beaucoup  plus  vraisemblable;  lire  probablement  n1inni.L^jtfi  participeraient, 
leçon  qu'appuie  le  datif  Mmnmi  mm.  Ul.mh.  à  son  règne. 

(4)  Jér.,  xvii,  9. 

(5)  Isaïe,  vin,  3  et  ix,  6;  ce  dernier  verset  est  cité  ici  conformément  à  l'hébreu  : 
Justin  l'avait  cité  d'après  les  Septante  pcyâXiic  fiouWj;  aYye).o;  '{Dialogue,  lxxvi,  3) 
et  Irénée  fera  de  même  dans  Démonstration,  56  :  iîfcS/i  /unnCinni  ^nhnmuili. 
Les  deux  lignes  suivantes  nous  ont  été  conservées  en  grec  par  Théodoret, 
Dialogue  'At-Jy/uto;,  PG.  i.xxxiii,  171. 

(6)  Tel  e>t  le  sens  le  plus  naturel  de  l'arménien  ;  mais  il  n'exclut  pas  la  phrase 
grecque  ot...  xr,pûïT<mc;,..  ISqXouv  de   Théodoret  et   de  notre  traduction  latine. 

(?)  Ici  s'arrête  la  citation  de  Théodoret;  uuihnhnrmS.  créature,  employé  ici 
traduit  toujours  le  grec  nkio^x  attesté  par  Théodoret  et  le  latin  plasma;  ce 
mot  est  à  peu  près  l'équivalent  de  erâpE,  ainsi  que  nous  le  verrons  p.  2  11. 
texte  correspondant  à  la  n.  6. 

(8)  Isaïe,  lui,  8;  Texte  cité  par  Justin  (Dialogue,  xliii,  3:  lxiii,  2;  lxviii,  4 
lxxvi,  2  et  i.xxxix,  3)  et  Démonstration,  70. 

(9)  Amos,  i,  ï  et  Joël,  m,  16. 

[189] 

OI1IEST  CHRÉTIEN.  5 


Ogg  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

la  Judée,  Dieu  »  (1),  [c'est]  celui  dont  la  venue  est  en  Judée, 
fqu'l  ils  signifiaient.  Quant  à  ceux  qui  disaient  jadis  (-)  : 
«Du  midi  est  Dieu  et  de  la  montagne  de  Pharan  (3)  sa  venue  „, 
ils  disaient  qu'il  était  de  Bethléem,  ainsi  que  nous  l'avons 
montré  au  livre  précédent  :  [c'est]  de  là  Iqu']  est  venu  le  pa- 
triarche (4)  qui  paissait  le  peuple  de  Dieu.  Quant  à  ceux  qui 
disaient  de  sa  venue  :  «  Bondira  le  boiteux  comme  un  cerf  et 
sera  nette  la  langue  des  bègues,  et  s'ouvriront  les  yeux  des 
aveugles,  et  les  oreilles  des  sourds  entendront  »  (5)  et  «  Les 
mains  défaillantes  et  les  genoux  affaiblis  seront  fortifiés  »  (6)  et 
«  Se  lèveront  (7)  dans  les  tombeaux  les  morts  »  et  «  Lui  nos 
infirmités,  il  [les]  a  prises  [sur  lui],  et  nos  maladies  il  [les 
a  portées  »  (S),  [ceux-là]  prêchaient  les  guérisons  [qui  devaient 

être]  faites  autour  de  lui  (9). 
3  [Mass   xxxm,  12.]  Mais  quelques-uns  [prophétisaient  qu  il 

serait]  méprisé,  déshonoré,  sans  gloire,    sachant   porter    les 

douleurs  (10)  et  [que],  assissur  le  petit  d'une  ànesse,  il  viendrait 

à  Jérusalem  (11),  qu'il  donnerait  son  dos  aux  fouets  et  sa  joue 

aux  soufflets  (12),  [que],  comme  un  agneau,  [il  serait]  conduit 

au  sacrifice(13)  et  abreuvé  de  vinaigre  et  de  fiel (14),  qu  .1  sera.. 

abandonné  par  ses  proches  amis  (15)  et  qu'il  allongerait  et 

(1)  PS.   LXXV,    2. 

(2)  JiuiA;  le  latin  écrit  rursus  ivsu.nl. 

(3)  Habacuc,  m,  :  latin  :  Monte  umbroso  et  condense*. 

(4)  lu.^hml,  que  traduit  aussi  le  latin  il  qui  prxesl. 

S  ÏSe,  xxx";  ?;«  texte  et  le  précédent  se  trouvent  dans  Justin  (Dialogue, 
lxix,  5)  et  Démonstration,  67. 

(71  Isaïe   xxvi,  19;  cf.  Démonstration,  67. 

(8)  Isaïe!  un,  4;  texte  cité  par  Clément  xv,.  4,  Justin  {Dialogue,  xxxn,  2)  et 
Irénée  {Démonstration,  67). 

(9)  u,n.  f.m/u.L  ;  le  latin  écrit  mieux  «6  eo. 

(10)  Isaïe,  un,  3.  texte  souvent  cité  dans  le  Dialogue  de  Justin. 
IniSarie,  .x,  9;  texte  cité  et  commenté  dans  le  Dtalogue,  un,  3;  cf. 

°'a^:":  t  texte  cité  par  Justin,  Apologie,  xxxv,„,2;cf.  Démonstration. 

:!4(13Hsaïe,  un,  7,  texte  souvent  cité  dans  ie  Dialogue  de  Justin;  cf.  Démons- 

Ira  lion,  69. 
lUWs  lxvih.  22;  cf.  Démonstration,  82. 
ÏÏ  Lut    aproxLis  amicit;   il   semble  donc  qu'il  faille  adopter  la  leçon  de 

[190] 


SAINT    [RENÉE   :    AUVERSCS  H.HRESES.  289 

étendrait  les  mains  [118  r]  tout  le  jour  (1)  et  serait  objet  de 
risée  et  de  moqueries  pour  les  spectateurs,  et  livré  à  leurs 
insultes,  et  [que]  ses  vêtements  seraient  partagés  et  [que]  sur  sa 
tunique  le  sort  serait  jeté  et  qu'il  descendrait  dans  le  champ 
de  la  mort  (2);  en  disant  toutes  [les  clioses]  de  ce  genre,  ils  pro- 
phétisaient que  sa  venue  serait  selon  la  chair,  qu'il  entrerait  à 
Jérusalem  où  il  souffrirait  sa  passion,  crucifié,  et  endurerait 
toutes  les  autres  choses  dites  plus  haut.  Mais  d'autres  disaient  : 
«  Le  Seigneur  Saint  d'Israël  s'est  souvenu  de  ses  morts  qui 
dormaient  d'avance  dans  la  terre  du  tombeau  et  il  est  des- 
cendu vers  eux  pour  les  [en]  tirer  et  les  sauver  »  (3);  [ceux- 
là]  définissaient  la  cause  pour  laquelle  il  souffrait  tout  cela. 
Quanta  ceux  qui  disaient  :  «  En  ce  jour-là,  dit  le  Seigneur,  le 
soleil  se  couchera  à  midi,  et  les  ténèbres  seront  sur  la  terre  au 
jour  de  lumière,  et  je  changerai  vos  fêtes  en  deuils  et  toutes  vos 
hymnes  en  lamentations  »  (4),  [ceux-là]  ont  annoncé  clairement 
ce  coucher  de  soleil  qui  aurait  lieu  à  la  sixième  heure  de  son 
crucifiement.  Et  [ils  annoncèrent]  ceci  que,  après  ces  événe- 
ments, ce  qui  selon  la  Loi  était  fêtes  et  hymne[s]  deviendrait 
deuil  et  lamentations,  parce  qu'ils  étaient  livrés  aux  gentils: 
et  cela  encore,  Jérémie  l'annonça  clairement,  quand  il 
s'exprima  ainsi  au  sujet  de  Jérusalem  :  «  Elle  est  devenue 
vide,  [celle]  qui  enfantait  (5)  [118  v];  son  esprit  (6)  s'est  lassé, 

l'Arundelianus  :  ab  amicis  qui  proximi  sunt  contre  le  Claromonlanws  et  les 
éditeurs  :  Ab  amicis  el  ab  his  qui  proximi  sunl;  ce  texte  est  emprunté  à 
Ps.  xxxvii,  12. 

(1)  Isaïe,  lxv,  2;  texte  cité  et  commenté  par  Justin,  Dialogue,  cxiv,  2  et 
surtout  xcvn,  2;  cf.  Démonstration,  79. 

(2)  Ps.  xxi,  8,  16  et  19,'  textes  cites  et  commentés  par  Justin,  Apologie, 
xxxv,  5;  xxxvni,  4  et  6  et  Dialogue,  xcvu,  3;  xcvm,  2-5;  civ,  1;  cf.  Démons 
tralion,  80. 

(3)  Nous  avons  déjà  rencontré  ce  texte  probablement  apocryphe;  Irénée 
l'attribue    à  Jérémie  (Adv.  User.,   p.    133,  n.  8  et  Démonstration,  78)    et  Isaïe 

.  (Adv.  Hser.,  m,  22;  Mass.   m,  20,   4);  il   est  déjà  cité  par  Justin,  Dialogue, 
lxxii,  4. 

(4)  Amos,  vin,  9-10. 

(5)  Jérémie,  xv,  9;  le  texte  des  Septante  ajoute  ici  conformément  à  l'hébreu 
iirrâ,  septem,  que  reproduit  la  Vulgate  latine,  mais  qu'ignore  sans  doute  le  grec 
de  saint  Irénée  puisqu'il  est  omis  dans  les  deux  traductions. 

(ti)  Esprit,  yiu/i,  hogi;  il  faut  lire  probablement  aaU,  ogi,  avec  le  latin  anima 
(confusion  fréquente;  cf.  p.  11.  n.  6). 

[191] 


290  REVUE    DE    LiORIENT    CHRÉTIEN. 

le  soleil  s'est  couché  pour  elle,  alors  que  n'était  pas  encore  la 
moitié  du  jour;  elle  a  été  couverte  de  honte  et  d'opprobres; 
ce  qui  restera  d'elle,  je  le  livrerai  au  glaive  à  la  face  de 
leurs  ennemis  ». 

4.  |Mass.  xxxiii,  13.]  Mais  ceux  qui  disaient  qu'il  dormait, 
et  qu'il  était  plongé  dans  le  sommeil  et  qu'il  se  réveillait, 
parce  que  le  Seigneur  était  son  soutien  (1)  et  a  donné  L'ordre 
aux  princes  des  cieux  d'ouvrir  les  portes  éternelles  pour 
qu'entrât  le  roi  de  gloire  (2),  prêchaient  sa  résurrection  des 
morts  par  le  Père  et  son. ascension  (3)  dans  les  cieux.  Dans 
la  parole  :  «  Des  extrémités  du  ciel  est  son  départ  et  le  repos 
de  sa  course  à  l'[autre]  extrémité  du  ciel  et  personne  ne  se 
cachera  de  son  ardeur  »,  (4)  ils  exposaient  que,  là  où  il  est 
monté,  de  là  aussi  est  [sa]  descente  et  personne  ne  pourra  se 
soustraire  à  son  juste  jugement.  Et  ceux  qui  disaient  :  «  Le 
Seigneur  a  régné,  les  peuples  se  sont  irrités,  celui  qui  est  assis 
sur  les  chérubins  (5)  remuera  la  terre  »  prophétisaient  la- 
colère  qui,  après  son  ascension,  fut  contre  tous  ceux  qui  ont  cru 
en  lui  dans  tous  les  peuples  et  le  mouvement  de  toute  la  terre 
contre  l'Eglise.  Et  [ils  prédisaient  encore]  ceci  que,  lorsqu'il 
viendrait  des  cieux  avec  les  anges  de  la  puissance,  toute  la 
terre  remuerait  comme  lui-même  dit  :  «  Il  y  aura  un  mouve- 
ment (6)  grand  comme  il  n'y  en  a  pas  eu  depuis  le  commence- 
ment »,  et  encore  [119  rj  dans  cette  parole  :  «  Qui  est  celui 

(1)  .P.s.  m,  6,  cité  et  commenté  par  Justin,  Apologie,  xxxvm,  5  et  Dialogue, 
xcvn,  1  ;  cf.  Démonstration,  73. 

(2)  l's.  xxni,  7-9;  cité  et  commenté  par  Justin  Apologie,  li,  7  et  Dialogue  lxxxv; 
Cf.  Démonstration,  81. 

(3)  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  tlbniiAuui,  veranal,  qu'on  lit  plusieurs  fois 
dans  ce  passage  et  auquel  correspond  toujours  le  latin  assumplio  :  c'est  sans 
doute  ce  dernier  mot  qu'il  faut  lire  ici  au  lieu  de  receplio  que  portent  les  manus- 
crits et  les  éditions. 

(  1)  l's.  xviii,  7;  cf.  Démonstration,  8ô;  .plusieurs  versets  de  ce  même  psaume 
sont  utilisés  par  Justin  dans  le  même  sens  (Apologie,  xl  et  liv,  9;  Dialogue, 
lxiv,  8). 

(5)  Ps.  xcvm,  1;  ce  sens  est  celui  qu'impose  la  traduction  brutale  de  l'arménien, 
mais  une  virgule  placée  ici  même  ramènerait  à  notre  texte  latin  qui  sedet  super 
Cherubim,  moveatur  terra  conforme  au  grec  des  Septante  et  de  Justin.  Ce  dernier, 
comme  [renée,  cite  ce  Psaume  {Dialogue  lxiv,  4)  non  loin  du  Psaume  xvm. 

(6)  Matt.,  xxiv,  21;  la  traduction  latine  écrit  lerrse  motus:  les  manuscrits  du 
Nouveau  Testament  portent  6Xî<j/cc,  tribulatio. 

[192] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  QJERBSBS  291 

qui  juge"?  qu'il  se  tienne  contre  [moi];  et  qui  est  celui  qui 
justifie-?  qu'il  s'approche  du  fils  (1)  du  Seigneur  »  et  «  Malheur 
;ï  vous,  parce  que  tous  vous  vieillissez  comme  des  vêtements  et 
le  ver  vous  mange!  »  (2),  et  :  «  Toute  chair  sera  humiliée  et 
le  Seigneur  seul  sera  élevé  aux  plus  élevés  [des  cieux]  »  (3), 
parce  que,  après  sa  passion  et  son  ascension  (1),  Dieu  placera  tous 
ses  adversaires  sous  ses  pieds;  et  il  sera  exalté  plus  que  tous 
et  il  ne  sera  personne  qui  soit  justifié  ou  comparé  [avec  lui  . 
5.  [Mass.  xxxiii.  14.]  Et  ceux  qui  disaient  (5)  que  Dieu 
établirait  une  alliance  de  Testament  (6)  [avec]  les  hommes, 
mais]  non  comme  il  l'établit  jadis]  avec  les  pères  sur  la 
montagne  de  l'Horeb  (7),  et  qu'il  donnerait  aux  hommes  un 
cœur  nouveau  et  un  esprit  (8)  nouveau;  et  encore  :  «  Ne  vous 
sou  venez  pas  des  [choses]  passées,  et  celles  du  commencement, 
ne  [les1  contemplez  pas;  voici  que  je  fais  une  [chose]  nouvelle 
qui  débute  maintenant  et  [que]  vous  connaîtrez;  et  je  ferai 
dans  le  désert  une  voie  et  dans  la  [terre]  aride  un  fleuve  pour 
abreuver  la  race  élue  de  moi,  mon  peuple  que  j'ai  acquis, 
pour  qu'il  raconte  (9)  mes  vertus  »,  [ceux-là]  annonçaient 
manifestement  le  nouveau  Testament  de  liberté,  et  le  vin 
nouveau,  celui  qui  était  confié  (10)  à  de  nouvelles  outres,  cette 


(1)  Isaïe,  i.  8-9;  l'arménien  écrit  ici  in^Ti,  yogin,  Orne  {du  Seigneur),  qui  n'a 
pas  'ie  sens:  le  latin  puero  invite  à  lire  inmi/iïi,  yordin,  fils;  c'est  sous  cette 
forme  d'ailleurs  que  le  texte  est  cité  dans  Démonstration.  89. 

(2)  Ibid. 

(3)  Isaïe,  h,  17. 

(41  El  assumptionem  omnes  :  ce-  mots  figurent  dans  tous  les  manuscrits  latins 
suuf  le  Claro monta  nus  et  le  Vossianus;  la  traduction  arménienne  invite  à  les 
maintenir  (contre  Massiiet). 

(5)  i.in/,/i/iîi,  les  manuscrits  latins  écrivent  dicunl. 
1     Le  latin  écrit  testamenium  novuui  hominibus. 

(7)  Jérémie,  xxxi,  31,  texte  souvent  exploité  dans  le  Dialogue  de  Justin,  p.  ex. 
xi  o  etc.;  cf.  Démonstration.  90. 

(8)  yia/i,  hogi,  spirilum-,  le  texte  porte,  par  erreur  évidemment,  nijfi,  agi. 
âme;  confusion  fréquente;  cf.  p.   11,  n.  6,  et  p.  191.  n.  5. 

(9)  Isaïe,  xi.ni,  19-24,  le  texte  porte  ici.  par  erreur  évidemment,  u{iu<Çt{, 
pahel,  garder,  contre  la  traduction  latine,  enarret;  il  faut  lire  unuutSk^  patmel. 
raconter;  c'est  sous  cette  forme  que  ce  texte  revient  à  la  fin  du  même  para- 
graphe et  Démonstration,  89. 

(10)  yiii.mintufifetui,  hawalaceal :  le  latin  écrit  mittitur;  dans  le  texte  de  Matt., 

[193: 


292  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

foi  qui  [est]  par  le  Christ;  la  voie  de  la  justification  était 
ouverte  dans  le  désert,  et  dans  la  [terre]  aride  était  le  fleuve  de 
l'Esprit-Saint  [pour]  abreuver  la  race  élue  de  Dieu  (1),  [celle! 
qu'il  a  faite  pour  raconter  ses  vertus  [119  v],  mais  non  pour 
qu'ils  blasphèment  le  Dieu  qui  a  fait  ces  [choses]. 

6.  [Mass.  xxxiii,  15.]  Et  toutes  les  autres  choses  encore  dont 
nous  avons  montré  par  tant  de  preuves  (2)  que  les  prophètes 
les  ont  dites,  l'homme  spirituel  en  vérité  racontera  chacun 
des  dits  où  est  dit  le  caractère  des  images  (3)  de  l'économie 
du  Seigneur  et  montré  parfait  le  corps  (4)  des  œuvres 
accomplies  par  le  Fils  de  Dieu,  toujours  (3)  connaissant  le 
même  Dieu,  toujours  pensant  le  même  Verbe  de  Dieu,  bien 
qu'il  se  soit  récemment  manifesté  à  nous,  toujours  faisant 
connaître  le  même  Esprit  de  Dieu,  bien  qu'il  se  soit  dans 
les  derniers  temps  répandu  de  façon  nouvelle  sur  nous, 
et,  depuis  la  naissance  du  monde  jusqu'à  la  fin,  la  même 
humanité  dont  ceux  qui  croient  en  Dieu  et  suivent  son  Verbe 
obtiennent  de  lui  le  salut,  tandis  que  ceux  qui  s'éloignent  de 
Dieu  et  méprisent  ses  préceptes  et  par  leurs  œuvres  déshono- 
rent leur  créateur  et  blasphèment  celui  qui  les  nourrit  et  entre- 
tient avec  bonne  volonté,  (6)  [ceux-là]  justement  amoncelleront 

ix,  1?  auquel  se  réfère  Irénée,  on  trouve  aussi  lunliiulibh,  arkanen,   mittilw; 

peut-être  la  mention  de  la  foi  ymnimli,  hawaln)  qui  vient  aussitôt  après 
a-t-elle  causé  ici  une  erreur  de  copie. 

(1)  1  Petr.,  ii,  9. 

("2)  uiiupiuïifciuiiu,  ayskhaneaçs,  en  si  grand  nombre;  le  latin  précise  per 
ta/ttam  seriem  Scripturse. 

:  IL  fff.fiiijuifiiM lirnij  les  deux  mots  &L,  jew,  (voir  p.  40,  n.  1  et  5)  et 
U, nuituniuli,  kerparan,  sont  très  voisins  l'un  de  l'autre;  vu  l'abondance  des 
pléonasmes  dans  notre  texte,  il  n'y  a  pas  lieu  de  chercher  ici  une  nuance  de 
sens-,  le  grec  portait  probablement  axw01  *fl!  oïxovo|iî«;  toô  xvpio-j. 

(4)  L'arménien  porte  ici  h  piutifi,  i  bann,  in  verbum,  qui  n'a  visiblement  pas 
de  sens;  lire  hnuiîii  iran».  avec  le  latin  corpus. 

(5)  L'arménien  porte  ici  h,  i,  dans  qui  n'a  pas  de  sens;  nous  proposons  de  lire 
ici  lï/i-in,  ini'.t,  toujours,  suggéré  par  le  latin  semper  et  la  suite  du  texte  relative 
au  Fils  et  à  l'Esprit-Saint;  lire  de  même  qîmiîi  plutôt  que  linfi. 

(6)  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  si  on  maintient  les  mots  pnju  nj:  L^uiSiutj, 
bonne  volonté;  le  latin  écrit  en  un  sens  différent  sentenlia  sua  blasphémant  eum 
oui  se  alil;  on  peut  alors  se  demander  si  au  lieu  de  pum  ni.,  barwokh,  bonne, 

[194] 


•SAINT    IRÊNÉE    :    ADVERSUS  Il^RESES.  293 

et  accumuleront  contre  eux-mêmes  les  condamnations  (1).  Ainsi 
cet  [homme]  juge  tous  [les  hommes]  et  lui-même  n'est  jugé  par 
personne;  car  il  ne  blaphème  pas  son  Père  et  ne  méprise  pas 
ses  économies  et  n'est  point  accusateur  de  ses  pères  et  ne  désho- 
nore pas  les  prophètes  en  disant  ou  [qu'ils  sont]  d'un  autre  Dieu 
ou  encore  que  les  prophéties  sont  d'une  autre  [120  r]  essence  (2). 
Mass.  xxxiv,  1].  Nous  dirons  donc  contre  tous  les  hérétiques, 
et  tout  d'abord  contre  les  Marcionites  et  ceux  qui  comme  eux 
disent  que  les  prophéties  sont  d'un  autre  Dieu  :  Lisez  avec 
soin  l'Évangile  qui  nous  a  été  donné  par  les  Apôtres  et  lisez 
avec  soin  les  prophéties,  et  vous  trouverez  que  toute  l'œuvre, 
et  toute  la  doctrine,  et  toute  la  Passion  de  notre  Seigneur  ont 
été  dites  d'avance  par  celles-ci. 

LVI 

l.Si  cependant  il  vous  vient(3)à  l'esprit  cette  pensée  :  «Quelle 
chose]  nouvelle  (4)  le  Seigneur  en  venant  a-t-il  apportée?  », 
sachez  que  [c'est]  toute  rénovation  (5)  qu'il  a  apportée  en  s'ap- 
portant  lui-même,  [lui  qui  avait  été]  prêché  d'avance  :  Car  ceci  a 
été  prêché  d'avance  que  la  rénovation  viendrait  faire  de  nouveau 
et  animer  de  nouveau  l'homme.  Car  la  venue  du  roi  est  racontée 
à  l'avance  par  les  serviteurs  .envoyés  en  vue  de  la  préparation 
de  ceux  qui  doivent  (0)  recevoir  leur  Seigneur;  mais,  lorsque 
le  roi  est  arrivé,  les  serviteurs  (7)  sont  pleins  de  la  joie  de  ce 
qui  leur  a  été  annoncé  d'avance;  et  ils  obtiennent  de  lui  la 

il  ne  faut  pas  lire  piujmLp,  barowkh  mœurs,  l'expression  [••••pi>  LuiSuiu. 
traduisant  le  grec  yv"H1  (c>-  P-  233,  n.  1)  comme  le  latin  scntcnlia  ;  le  texte 
arménien  aurait  alors  exactement  le  même  sens  que  le  latin. 

(1)  Rom.,  n,  5. 

(2)  i|.i|.mjm^|n  ),,  ijoyaçowthiwn;  il  est  assez  difficile  de  définir  le  grec  sous- 
jacent,  oCaia  ou  {mianiai;;  cf    p.  47,  n.  1. 

(3)  uiiiagh,  mis  évidemment  pour  muLnli. 

(4)  Quid  igitur  novi;  ce  dernier  est  donc  attesté  par  la  traduction  arménienne 
contre  le  Ctaromonlanus  et  Massuet. 

(5)  '/iiijimyiu  ^m  li,  norogotothiwn;  sur  ce  mot,  voir  p.  4S,  n.  7. 

(6)  Noter  le  latin  qui  inciperenl  suscipcre  pour  désigner  ceux  qui  recevront  le 
roi  quand  il  passera;  cf.  p.  29,  n.  1;  p.   121  n.  2;  p.  126,  n.  1;  p.   131,  n.  8. 

(7)  i m n-iiiiligii,  carayiçn,  serviteurs;  ce  mot  désigne  plutôt  les  sujets  du  roi 
lat.  qui  sunl  subjecti. 

195] 


294  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

liberté  et  reçoivent  sa  vision  dans  leur  visage  et  entendent 
sa  parole  et  jouissent  de  ses  présents  et  on  ne  demandera 
plus  ce  que  le  roi  a  apporté  de  nouveau  en  plus  de  ce[ux]  (1) 
[120  v]  qui  annonçaient  à  l'avance  sa  venue  —  [on  ne  se  le 
demandera  plus,  dis-je]  chez  ceux  qui  ont  en  partage  l'intel- 
ligence, car  il  s'est  apporté  lui-même,  et,  les  biens  annoncés 
d'avance  que  les  Anges  désiraient  obtenir  (2),  il  les  a  donnés 
aux  hommes. 

[Mass.  xxxiv,  2.]  Car  [ces']  serviteurs  auraient  alors  été 
des  menteurs  et  non  des  envoyés  du  vrai  maître  (3),  si  le  Christ 
[n'était]  pas  venu  tel  qu'il  avait  été  annoncé  (1)  d'avance  [et] 
n'avait  accompli  jet]  consommé  leurs  paroles;  c'est  pourquoi  il 
disait  :  «  Ne  pensez  pas  que  je  sois  venu  abroger  la  loi  et 
les  prophètes;  je  ne  suis  pas  venu  les  dissoudre,  mais  [les, 
accomplir,  car,  en  vérité,  je  vous  le  dis,  jusqu'à  ce  que  passent 
le  ciel  et  la  terre,  pas  un  iod  ni  un  trait  ne  passera  de  la 
loi  (5)  jusqu'à  ce  que  tout  soit  fait.  »  Car  il  a  accompli  tout 
par  sa  venue  et  il  accomplit  dans  l'Église  jusqu'à  la  fin  [ce 
qui  avait  été]  annoncé  à  l'avance  par  la  loi,  le  Nouveau  Testa- 
ment. Selon  ce  que  son  Apôtre  Paul  dit  dans  [l'Épitre]  aux  Ro- 
mains :  «  Maintenant,  sans  la  Loi,  la  justification  de  Dieu  est 
manifestée,  témoignée  [qu'elle  est]  par  la  loi  et  les  prophètes, 
carie  juste  vivra  de  la  foi  »  (6);  et  cela  même  que  le  juste 
vivra  de  la  foi  a  été  dit  à  l'avance  par  les  prophètes. 

2.  [Mass.  xxxiv,    3.j  Or,    d'où    les  prophètes  pouvaient-ils 

prédire  la  venue  du  roi  et  annoncer  à  l'avance  (7)  la  bonne 

nouvelle  de  cette  liberté  qui  devait  être  donnée  par  lui  [121  r], 

annoncer]  tout  ce  qui  serait  fait  par  le  Christ  en  parole  et 

(1)  riui()i  ;  plutôt  peut  être  nuiiïm  avec  le  latin  eos. 

(2)  I  Pétri,  i,  k\ 

(•!)  fini  uiii/.ti,  yawagên,  littéral,  du  grand. 

(4)  iDiiii/u  m,  azdiivr,  remarquer  l'imparfait  passif  post-classique  en  -/n-p,  -twr 

lô)  Matt..  v,  17-18:  la  traduction  latine  ajoute  ici  les  mots  et  prophetis  qui 
manquent  dans  presque  tous  les  manuscrits  grecs  et  dans  notre  texte  arménien, 
mais  qui  tigureut  d  uis  la  Vulgate  arménienne  -,  il  est  donc  probable  que  l'original 
grec  d'Irénée  les  ome.tait  et  que  le  traducteur  latin  ou  une  glose  postérieure  les 
a  ajoutés  par  un  souci  de  p-irallélism;  facile  à  comprendre. 

(6j  Rom.,  m,  21  et  i.  1?  citant  llabacue,  n,   1. 

(7)  lire  un-but lunut'iibi. 

[196] 


SAINT    IKKNÉE    :    ADVERSUS  H.ERESES.  295 

en  œuvre,  [d'où  auraient-ils  pu]  prêcher  d'avance  sa  Passion 
et  annoncer  d'avance  le  Nouveau  Testament  s'ils  avaient  reçu 
l'inspiration  prophétique  d'un  autre  Dieu  ignorant  le  Père,  [qui 
estj  sans  nom  ainsi  que  vous  dites  (1),  et  son  règne  et  ses 
économies  que  le  Fils  de  Dieu,  venu  en  ces  derniers  jours,  a 
accomplies  sur  la  terre?  Car  on  ne  peut  pas  dire  que  de  telles 
choses  aient  eu  lieu  selon  une  concorde  de  rencontre  (2) 
comme  si  ce  qui  a  été  dit  par  les  prophètes  au  sujet  d'un  autre 
[était]  aussi  semblablement  arrivé  au  Seigneur.  Car  tous  les 
prophètes  ont  prophétisé  cette  même  chose  (3).  Donc,  si  ces 
choses  ne  sont  arrivées  et  n'ont  été  réalisées  pour  aucun  des 
anciens  ni  encore  pour  ceux  qui  ont  suivi,  [c'est  qu']  elles 
étaient  prophétisées  [comme]  devant  [l'jêtre  à  la  fin  des  temps. 
De  plus,  il  n'est  aucun  ni  des  patriarches,  ni  des  prophètes,  ni 
des  anciens  rois  à  qui  vraiment  quelqu'une  de  ces  choses  soit 
arrivée,  mais  tous  étaient  ceux  qui  prophétisaient  d'avance  la 
Passion  du  Christ,  mais  eux-mêmes  étaient  [bien]  éloignés  de 
souffrir  d'une  manière  semblable  à  ce  qu'ils  prêchaient  d'avance 
dans  leurs  paroles.  Et  les  signes  qui  ont  été  prédits  au  sujet  de 
la  Passion  difSeigneur  [121  v]  n'ont -eu  lieu  sur  aucun  autre. 
Car  le  soleil  ne  s'est  couché  à  midi  pour  la  mort  d'aucun 
ancien,  ni  le  voile  [du  Temple]  ne  s'est  déchiré,  ni  la  terre 
n'a  remué,  ni  les  pierres  ne  se  sont  fendues,  ni  les  morts  n'ont 
ressuscité  (4),  ni  au  troisième  jour  aucun  d'entre  eux  n'est 
ressuscité,  ni,  ;ï  aucun  qui  aurait  été  élevé  en  hairt,  les  cieux 
ne  se  sont  ouverts,  ni  au  nom  d'aucun  autre  les  gentils  n'ont 
cru,  ni  aucun  d'entre  eux,  mort  et  ressuscité,  n'a  ouvert  le 
Nouveau  Testament  de  la  liberté.  Donc  [ce  n'est]  au  sujet 
d'aucun  autre,  mais  [seulement]  du  Seigneur  sur  lequel  sont 
venus  tous  les  signes  dits  plus  haut,  [que]  parlaient  les  pro- 
phètes. 


(1;  fium  à/.jiiiii)'  f-iiiii/tii,  mot  à  mot  selon  voire  parole,  latin  secundum  vos. 

(2)  fiutn  yu);ij|mjm  [,)l,, „ii  SUiuausûm  [J /.mli ,  exactement  le  latin  casu,  le  reste 
de  la  phrase  diffère  légèrement  dans  les  deux  traductions. 

'3)  Le  latin  écrit  au  pluriel  hsec  eadem,  ces  mêmes  choses  et  il  ajoute  ces  mot.-. 
qui  ne  figurent  pas  dans  l'arménien  et  sont  peut-être  une  glose  :  Sed  neque 
qlicui  eu:  veteribus  événement. 

(1)  Matt..  xxvii.  51-53. 

Il!>7] 


296  REVUE   DR   L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

3.  [Mass.  xxxiv,  3.]  Mais  si  quelqu'un,  se  faisant  le  défenseur 
des  Juifs,  disait  que  la  construction  du  temple  qui,  après  la 
transmigration  de  Babylone,  eut  lieu  sous  Zorobabel,  et  le 
retour  du  peuple  après  soixante-dix  ans  sont  le  Nouveau  Testa- 
ment, que  celui-là  sache  que  le  temple  de  pierre  fut  de  nouveau 
construit  alors,  car  les  lois  données  sur  les  tables  de  pierre  (1) 
y  étaient  encore  conservées;  de  nouveau  Testament,  aucun  ne 
fut  donné  [alors],  mais  de  cette  [seule]  législation  donnée  par 
Moïse  ils  usèrent  jusqu'à  la  venue  du  Seigneur.  Mais,  par  la 
venue  du  Seigneur,  un  Nouveau  Testament  qui  racontait  les 
choses  [préjdites  [122  r]  et  [les]  confirmait  (2)  et  offrait,  et  la 
loi  vivifiante  sortirent  sur  toute  la  terre  comme  l'avaient  dit  les 
prophètes  :  «  De  Sion  sortira  la  loi  et  la  parole  du  Seigneur 
[sortira]  de  Jérusalem,  et  il  fera  des  reproches  à  un  peuple 
nombreux  et  ils  tailleront  leurs  épées  en  socs  [de  charrues]  (3) 
et  leurs  lances  en  faucilles  et  on  n'apprendra  plus  à  faire  la 
guerre.  »  Donc,  si  quelque  autre  loi  et  parole  sortie  de  Jérusa- 
lem a  valu  autant  de  paix  aux  Gentils  qui  l'ont  reçue,  et,  par 
eux,  reproche  sa  folie  et  son  indifférence  à  ce  peuple,  il  est 
nécessaire  que  les  prophètes  aient  parlé  de  cette  autre  (4). 

4.  Si  donc  la  loi  de  liberté,  [qui]  est  la  Parole  de  Dieu  prêchée 
sur  toute  la  terre  par  les  Apôtres  sortis  de  Jérusalem,  a  fait 
une  telle  transformation  qu'elle  a  arrangé  et  retourné  les 
épées  et  les  lances  guerrières  en  socs  de  charrues  et  en  faux 
qu'il  a  données  pour  moissonner  le    froment,   qu'on    [les]  a 

(1)  Au  lieu  de  mmiiunuli,  lacarsn,  le  temple,  lire  évidemment  unu|uuiui^ul>, 
(axtaksn,  les  tables  (Cf.  II  Cor.,  m.  3);  l'exégèse  présentée  ici  par  le  ■  défenseur 
des  Juifs  »  ne  ligure  pas  dans  le  Dialogue  de  Justin. 

(2)  Tel  est  le  sens  probable  de  i/.iuh-i/u/./i,  de  finiui,  garantie;  le  latin  écril 
en  un  sens  différent  ad  pacem  réconcilions. 

(3)  Is.,  h,  3,  4  et  Mien.,  iv,  2,  3  cités  par  Justin,  Dialogue,  xxxix,  1;  au  lieu  de 
funjiii,  xobs,  qu'écrit  ici  l'arménien,  lire  [unihu,  xophs,  socs,  mot  qu'on  retrouvera 
un  peu  plus  bas. 

(4)  L'arménien  écrit  juinuinu  uiiim  mimin,  de.  quodam  alio;  le  latin  meilleur 
écrit  de  attero  qui  supposerait  itunuiqu  uinai  ;  mais  ces  trois  mots  iiuifuiijii 
imiini  m  Mm  ■.  se  retrouvent  à  la  ligne  23  de  la  même  page  où  ils  sont  bien  à 
leur  place;  on  peut  supposer  alors  qu'un  copiste  distrait  ait  ajouté  aux  deux 
premiers  mots  iiunuiau  wtini,  de  alio  ou  de  altero,  le  troisième  mniu^, 
guodam  qui  brouille  le  sens. 

[1981 


SAINT    IRÉNÉE   :    ADVERSOS  BjERBSES.  297 

converties  en  instruments  pacifiques  et  qu'on  ne  sait  plus  taire 
la  guerre,  mais  que  celui  qui  supporte  les  tourments"  offre 
encore  au  même  l'autre  joue  (1),  ce  n'est  d'aucun  autre  que 
les  prophètes  ont  parlé,  mais  de  celui  qui  a  fait  de  telles 
choses,  et  celui-ci  est  Notre-Seigneur;  et  en  lui  est  la  parole 
vraie,  car  c'est  lui  qui  a  fait  la  charrue  [122  v],  et  il  a  ajouté 
la  faux,  c'est-à-dire  la  première  semence  de  l'homme  qui  est 
la  créature  selon  Adam,  et  la  fructification  rassemblée  à  la  fin 
des  temps  par  le  Verbe.  Et  par  cela  qu'il  unissait  le  commen- 
cement et  la  fin,  comme  il  était  le  Seigneur  des  deux  (2), 
il  a  montré  à  la  fin  la  charrue,  unissant  le  bois  avec  le  fer  et 
ainsi  purifiant  la  terre,  car  le  Verbe  ferme  et  stable,  uni  à  la 
chair  et  fixé  à  elle  par  cette  forme  (3),  a  purifié  la  terre  maté- 
rielle (4).  Au  commencement,  il  a  figuré  (5)  d'avance  la  faux 
par  Abel,  signifiant  la  juste  réunion  du  genre  humain,  car 
«  Voilà,  dit-il,  comme  le  juste  a  péri  et  personne  ne  regarde 
[pour  le]  voir,  et  les  hommes  justes  sont  tués  et  personne 
ne  [les]  attend  dans  son  coeur  »  (6).  Et  ces  choses  étaient,  en 
Abel,  exercées  d'avance  et  mises  en  pratique,  puis  dans  les 
prophètes  prèchées  à  nouveau,  et  prêcbées  (7)  par  le  Seigneur, 
et  pour  nous,  [il  en  est  de]  même,  qui  le  suivons  [comme]  le 
corps  [suit]  la  tête. 

[Mass.  xxxiv,  5.]  Et  vis-à-vis  de  ceux  qui  disent  que  les 
prophètes  sont  d'un  autre  Dieu  et  Xotre-Seigneur  d'un  autre 
Père,  ces  choses  conviendront,  si  toutefois  ils  s'arrêtent  dans 
une  telle  ignorance  déraisonnable;  car  c'est  pour  cela  que  nous 

(1)  Matt.,  v,  39;  cf.  Justin,  Apologie,  xvi,  1. 

(2)  Le  texte  arménien  n'étant  pas   clair,  il  faut  déplacer  un  mot  et  lire   avec 

le  latin    L^mn.    jtpnnt.  qjt   St^n   /,n    i.nlnu  yn  h  . 

(3)  lh-nilu  miunLJtb  correspond  au  grec  ayj^an:  to-jtw  et  confirme  la  leçon 
tali  du  Vossianus  et  de  Massuet  contre  laleis  de  la  plupart  des  manuscrits,  de 
Grabe  et  de  Harvey;  peut-être  le  traducteur  latin  a-t-il  lu  iqivJt^.  Allusion  à 
Phil.,  h,  8. 

(4)  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  nl//nWui//u/li  bnfjfinu;  le  latin  traduit 
sylvestrem  terram;  l'un  et  l'autre  supposent  le  grec  ùXafav  ytjv,  ûlr,  possédant 
effectivement  les  deux  sens  forêt  (lac,  va,  5)  et  matière. 

(5)  quinuilhiunl^n  ;   cf.  p.  186,  n.  8. 

(6)  ls.,  lvii,  1;  cf.  Démonstration,  72,  et  Justin,  Dialogue,  xvi,  0. 

(7)  guinnnbguii.,  kharozeçaw,  qu'on  vient  juste  de  lire;  c'est  évidemment 
liwinuiiil.ijiui ,  kalarcçaw,  qu'il  faut  lire  avec  le  latin  perficiebantur. 

[199] 


'298  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

travaillons  encore  et  nous  donnons  de  la  peine  laborieuse 
[123  fj  sur  la  preuve  des  Écritures,  afin  que,  par  ces  discours 
nous  les  confondions  autant  qu'il  dépend  de  nous  et  les  arrêtions 
dans  leur  multiple  blasphème,  dans  la  fabrication  folle  de 
deux  (1)  dieux. 

LVII 

1.  [Mass.  xxxv,  l.j  Mais,  contre  ceux  encore  qui  sont  de 
Valentin  et  aussi  [contre]  les  autres  faussement  nommés 
gnostiques,  [ces  gens]  qui  disent  que,  parfois,  certaines  cboses 
qui  sont  dans  les  Écritures  sont  dites  par  la  Toute  Sommité  à 
cause  de  la  semence  de  race  qui  vient  d'en  haut,  que  parfois, 
certaines  sont  dites  de  l'intervalle  par  la  mère  Prunica  (2J  mais 
que  la  plupart  [viennent]  du  démiurge  par  qui  s'ont  envoyés  [les 
Prophètes,  à  ceux-là]  nous  dirons  qu'il  est  très  brutal  et  fou 
de  supposer  le  père  de  toutes  choses  à  ce  point  indigent  (3) 
qu'il  n'ait  point  ses  instruments  personnels  par  lesquels  pure- 
ment les  choses  [qui  sont]  dans  le  Plérôme  seraient  révélées; 
car,  qui  craignait-il  pour  ne  pas  [faire  connaître]  librement 
et  sans  mélange  de  cet  esprit  —  qui  est  fait  de  diminution  et 
d'ignorance  —  [pour  ne  pas]  faire  connaître  personnellement 
sa  volonté"?  Ou  craignait-il  et  se  défiait-il  que  beaucoup  fussent 
sauvés,  beaucoup  ayant  entendu  purement  la  vérité?  Ou 
encore  ne  pouvait-il  pas  (4)  préparer  pour  lui-même  ceux  qui 
annonceraient  à  l'avance  la  venue  du  Sauveur? 

2.  [Mass.  xxxv,  2.']  Mais  si  le  Sauveur,  [quand  il  fut]  venu 
i<i,  répandit  ses  propres  Apôtres  dans  le  monde,  qui  annonce- 
raient purement  [et]  clairement  sa  venue  [123  v]  et  enseigne- 


il)  lin  iiiiiiifiX»!  /.)/.!./, ?i,  litt.  :  de  cette  confection  d'idoles.  knlim_tf  WumnLiuhmj, 
duorum  [Deorum);  le  latin  écrit  multorum;  ici  l'arménien  est  bien 
meilleur. 

(2)  Plusieurs  manuscrits  latins  et  Harvey  ajoutent  ici  audacem,  traduction 
plus  ou  moins  exacte  de  npoûvtxa. 

(3)  L'arménien  écrit  ici  inwntubni-uiuïiu,  tarakowsans,  douteux  ;  il  faut  lire 
évidemment  avec  le  latin  uibwn,  tkar,  indigent  ou  son  composé,  in/fi/.piiipfcuiî., 
tkarowlhean,  litt.  d'indigence. 

(4)  Le  manuscrit  arménien  semble  omettre  la  négation,  pourtant  nécessaire 
au  sens  et  que  l'éditeur  ajoute  entre  parenthèses. 

[•200] 


SAINT    IRKXKE   :    ADTERSVS  H&RB8ES.  •><)'.) 

raient  la  volonté  du  Père  et  ne  communiqueraient  en  rien 
avec  la  doctrine  des  Gentils  ni  des  Juifs,  combien  davantage 
celui  qui  serait  du  Plérôme  aurait  répandu  ses  propres  prédi- 
cateurs, lesquels  auraient  annoncé  dans  le  monde  sa  venue  (1) 
et  n'auraient  eu  aucun  accord  avec  l'Ordonnateur  Créateur  [et 
sa]  prophétie.  Mais  si,  quand'  il  était  à  l'intérieur  du  Plérôme, 
il  faisait  usage  des  prophètes  qui  étaient  selon  la  loi  et  donnait 
ses  enseignements  par  eux,  combien  plus  il  aurait  cherché, 
étant  venu  ici-bas,  à  user  d'eux  [comme  de]  Docteurs,  et  [c'est] 
par  eux  Iqu']  il  nous  aurait  prêché  [son;  Évangile.  Donc 
ni  Pierre,  ni  Paul,  ni  aucun  autre  Apôtre  n'aurait,  diront-ils, 
prêché  la  vérité,  mais  les  Scribes,  les  Pharisiens  et  les  autres 
par  lesquels  la  Loi  a  été  annoncée.  Donc  si  quelqu'un,  à  sa 
propre  venue,  a  répandu  ses  propres  Apôtres  en  un  esprit  de 
vérité  et  non  en  un  esprit  d'erreur,  il  a  fait  la  même  chose 
dans  les  prophètes,  car  il  est  toujours  le  même,  le  Verbe  de 
Dieu.  Et  si  quelque  esprit  était  [issu1  de  la  Toute-Puissance, 
[il  serait]  selon  leur  règle  (2)  esprit  de  lumière  et  esprit  de 
vérité  et  esprit  de  perfection  et  esprit  de  science;  mais  celui 
qui  serait  [issu]  de  l'ordonnateur  créateur  i  serait]  esprit 
d'ignorance  et  de  déficience  et  d'erreur  (3). 

LVIII 

1.  [Mass.  xxxvi,  l.J  [Le  Seigneur  ne  le  contredit  pas  et  il  ne 
contredit  pas  non  plus  ceci  que  les  prophètes  ne  sont  d'aucun 
autre  Dieu]  (4)  [124  r]  que  son  Père,  ni  d'autre  et  d'autre  (5) 
substance,  mais  d'un  seul  et  même  Père;  et,  qu'il  n'y  a  aucun 
autre  qui  ait  créé  le  monde  sinon  son  Père,  il  l'a  enseigné  en  ces 

(1)  Certains  manuscrits  latins  ajoutent  futurum. 

(i)  L'arménien  écrit  nnni;iicini_0/iLÎij  ordêgrowlkiwn,  adoption,  il  faut  lire 
évidemment  un_n/iîiui/irini_W/iLÎi,  awrinadrowfhiwn,  avec  le  latin  rcgulam. 

(3)  Les  deux  feuillets  suivants  manquent  au  manuscrit  arménien,  ils  con- 
tenaient la  lin  du  chap.  lvii  et  les  premiers  mots  du  chap.  lviii. 

(4)  C'est  seulement  avec  le  nouveau  feuillet  que  reprend  le  manuscrit 
arménien;  les  mots  entre  crochets  ont  été  traduits  du  latin. 

(5)  (iu{£iïJ»  L.  juijjiît  qnjuinni.pfeîit,  exactement  le  latin  du  Claromonlanus, 
du  VossUmus  et  de  Massuet  ab  atia  et  alla  substantiel  (Harvey  écrit  ab  ahqua 
alla  substantia).  , 

[2011 


300  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

termes  :  «  II  était  un  père  de  famille  qui  planta  une  vigne  et 
l'entoura  d'une  haie  et  creusa  sur  elle  un  puits  (1)  et  construisit 
une  tour  et  la  confia  à  des  cultivateurs,  et,  partant,  s'en  alla. 
Et  lorsque  approcha  le  temps  des  fruits,  il  envoya  ses  serviteurs 
aux  .cultivateurs  pour  recevoir  son  fruit,  et  les  cultivateurs, 
ayant  pris  les  serviteurs,  [en]  torturèrent  (2)  uu,  [en]  tuèrent 
un  [autre],  [en]  lapidèrent  un  [troisième].  Alors  de  nouveau  il 
envoya  d'autres  serviteurs  plus  nombreux  que  les  premiers  et 
[les  cultivateurs]  agirent  de  même  envers  eux  (3).  Enfin  il 
leur  envoya  son  fils  (4)  disant  :  «  Peut-être  craindront-ils  mon 
fils  ».  Mais  les  cultivateurs,  ayant  vu  le  fils,  se  dirent  : 
«  Celui-ci  est  l'héritier;  venez,  tuons-le  et  nous  aurons  son 
héritage  ».  Et,  l'ayant  pris,  ils  le  tuèrent  et  le  jetèrent  hors  de 
la  vigne  (5).  Donc,  quand  viendra  le  maître  de  là  vigne,  que 
ïera-t-il  à  ces  cultivateurs"?  Les  Juifs  (G)  répondirent  : 
«  Ces  méchants,  il  les  perdra  méchamment,  et  sa  vigne, 
il  la  donnera  à  d'autres  cultivateurs  qui  lui  donneront  les 
fruits  en  leur  temps  ».  Et  encore,  le  Seigneur  dit  :  «  N'avez- 
vous  jamais  lu  :  la  pierre  que  les  constructeurs  ont  réprouvée, 
celle-là  a  été  faite  tête  d'angle?  [c'est]  par  le  Seigneur  [qu']  elle 
a  été  faite,  car  elle  est  admirable  [124  v]  à  nos  yeux  (7). 
C'est  pourquoi  je  vous  dis  que  le  royaume  des  deux  sera 
enlevé  du  milieu  de  vous  et  donné  à  un  peuple  qui  fait  sa 
justice  (8).  Par  là  il  montrait  clairement  à  des  disciples  que 

(1)  Les  manuscrits  latins  et  la  Vulgate  arménienne  écrivent  torcular,  pressoir. 

(2)  Notre  texte  suit  l'ordre  indiqué  dans  Matt.,  xxi,  35  que  le  latin  intervertit  : 
ceciderunt,  ...lapidaverunt,  ...occiderunt. 

(3)  Exactement  le  latin  des  manuscrits  :  Et  fecerwit  eis  simililer. 

(4)  L'arménien  suit  ici  Matt.,  xxi,  37;  le  latin,  en  ajoutant  unicum,  se  conforme 
à  Marc,  xu.  Il  et  Luc,  xx,  13  qui  écrivent  ulov  àyaitriTÔv,  filium  charissimum. 
filium  dileclum. 

(5)  Ici  l'arménien  suit  Marc,  xu,  8,  tandis  que  le  latin  et  apprehentum  eum 
ejecerunt  extra  vineam  et  occiderunt  suit  Matt.,  xxi,  39  et  Luc,  xx,  15. 

(6)  Le  latin  écrit  simplement  et  dixerunt  illi;  Matt.,  xxi,  41  :  Xéyodtiv  au™. 

(7)  Ps.  cxvu,  22-23.  Le  latin  écrit  de  même  :  A  Domino  factas  est  et  est 
mirabilis  in  oculis  noslris  :  de  part  et  d'autre,  foetus  est  et  mirabilis  sont 
rapportés  à  lapis. 

(8)  Matt.,  xxi,  33-41.  nujniiiunnLpiuiu,  zardarowthiwits;  il  faut  lire  évidem- 
ment ijujiniii .(!/,  zptowls,  fructus,  avec  la  Vulgate  ou  mieux  nuimntui  nnm  U',<,  î/, 
zptlavjorowlhiwn,  fructification. 

Sauf  les  exceptions  signalées  en  note,  le  récit  commun  aux  deux  traductions 

[202] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSLS  H.ERESES.  301 

[il  y  a]  un  seul  et  même  père  de  famille,  c'est-à-dire  un 
seul  Dieu  Père  qui  a  fait  toute  chose  par  lui,  et  des  cultivateurs 
divers  et  différents,  les  uns  querelleurs,  orgueilleux,  sans 
fruit  et  meurtriers  de  leur  maître,  et  les  autres  qui,  en 
toute  obéissance  et  docilité,  donneraient  les  fruits  en  leur 
temps.  Et  c'est  le  même  père  de  famille  qui  a  envoyé  tantôt 
ses  serviteurs  et  tantôt  son  fils;  donc  par  ce  Père  par  qui 
le  Fils  a  été  envoyé  vers  ces  cultivateurs  qui  le  tueraient,  par 
lui  aussi  [ont  été  envoyés]  les  serviteurs;  mais  le  Fils  est  venu 
du  Père  dans  la  puissance  du  prince  et  c'est  pourquoi  il  dit  : 
«  Moi,  je  vous  dis  »  ;  tandis  que  les  serviteurs,  comme  [ils 
venaient]  du  Seigneur  en  qualité  de  serviteurs,  à  cause  de 
cela  disaient  :  «  Voici  [ce  que]  dit  le  Seigneur  ». 

2.  [Mass.  xxwi,  2.]  Donc  celui  qu'ils  ont  prêché  [comme] 
Seigneur  aux  incrédules,  celui-là,  le  Christ  [F]  a  donné  [pour] 
Père  (1)  et  l'a  annoncé  à  ceux  qui  l'écoutaient  et  lui  obéis- 
saient; précédemment,  [c'était]  par  la  législation  serviie  [que] 
Dieu  appelait;  ensuite,  [c'était]  par  l'adoption  [qu']  il  accueil- 
lait chez  lui.  Car  Dieu  planta  (2)  la  vigne  de  l'humanité 
d'abord  par  la  formation  d'Adam  et  le  choix  [125  r]  des  pa- 

est  celui  ilesaint  .Matthieu  :  .selon  le  premier  Évangile,  le  maitre  de  la  vigne  envoie 
chaque  fois  plusieurs  serviteurs  (un  seul,  disent  Marc  et  Luc)  et  c'est  aux  Juifs 
que  Notre-Seigneur  fait  tirer  la  moralité  du  récit  (c'est  Notre-Seigneur  lui-même 
qui  la  tire  selon  les  deux  autres  synoptiques);  la  transition  avec  le  texte  du 
l'saume  est  celle  de  saint  Matthieu  ainsi  que  la  conclusion  finale.  Il  parait  donc 
que,  dans  son  ensemble,  Irénée  reproduit  le  texte  de  saint  Matthieu.  Il  existe 
cependant  une  variante  notable,  celle  qui  concerne  la  mort  du  fils  et  où 
l'arménien  suit  Marc,  tandis  que  le  latin  suit  Matthieu  et  Luc.  Cette  dernière 
leçon  où  Jésus  prédit  sa  propre  mort  «  hors  de  la  porte  <  s'est  vite  imposée 
dans  la  littérature  chrétienne,  surtout  sous  l'influence  de  Hébr.,  xin,  12;  ce  n'est 
pas  cependant  celle  d'Irénée  :  au  paragraphe  2  du  même  chapitre,  il  nous  dira 
à  deux  reprises  différentes  que  les  vignerons,  après  avoir  tué  le  fils,  le  jetèrent 
hors  de  la  vigne;  cf.  p.  204,  n.  7  et  p.  205,  n.  2.  Comme  il  semble  plus  naturel 
que  saint  Irénée  ait  suivi,  d'un  bout  à  l'autre,  le  même  Évangile  —  le  premier, 
'  le  plus  cité  de  son  temps  —  nous  pouvons  nous  demander  si  cette  traduction 
arménienne  ne  nous  apporterait  pas  la  trace  d'une  leçon  primitive  de  saint  Matthieu 
conforme  au  texte  de  saint  Marc,  et  négligée  dans  la  suite  sous  l'influence  de 
saint  Luc.  On  en  conclurait  aussi  que  cette  traduction  arménienne  corres- 
pondrait à  un  état  du  texte  d'Irénée  plus  ancien  que  la  traduction  latine. 

(I)  vmji.  hayr,  Pnlrem,  est  omis  dans  la  traduction  latine;  ce  n'est  peut  être 
ici  qu'une  glose. 
i2)  Lire  évidemment  m'/./(/,|.,  Inkër  au  lieu  de  miiL^ii,  tengér. 

[203] 


r!02  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

triarches,  et  il  [la]  conlia  à  des  cultivateurs  par  la  législation 
deMoïse,  et  il  jT]  entoura  d'une  haie,  c'est-à-dire  qu'il  enveloppa 
tout  autour  leur  culture;  et  il  construisit  une  tour,  Jérusalem  (  1), 
et  il  creusa  un  puits  (2),  il  prépara  le  réceptacle  à  l'esprit  pro- 
phétique; et  ainsi  il  envoya  des  prophètes  avant  la  déportation 
de  Babylone,  et,  après  la  transmigration,  il  [en  envoya] 
d'autres,  plus  nombreux  que  les  précédents,  pour  réclamer 
les  fruits;  et  ils  leur  disaient  :  «  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur 
Tout-Puissant  (3)  :  redressez  votre  voie  et  les  inclinations  de 
vos  volontés;  rendez  unejustejustice;  faites-vous  la  miséricorde 
et  l'aumône  les  uns  aux  autres  chacun  à  son  frère;  la  veuve, 
l'orphelin,  l'étranger,  le  pauvre,  ne  [les]  opprimez  pas.  Chacun 
à  chacun,  pour  la  malice  de  son  frère,  ne  vous  vengez  pas  par 
le  mal  dans  vos  cœurs  et  n'aimez  pas  le  faux  serment.  Purifiez 
vous  et  soyez  purs,  chassez  la  malice  de  vos  cœurs  (1)  [et]  de 
la  face  de  mes  yeux;  arrêtez-vous  de  vos  fautes-  contre  la 
loi  (5);  apprenez  à  bien  faire,  rendez  justice  à  l'orphelin,  faites 
droit  àla  veuve,  et  venez,  discutons,  dit  le  Seigneur.  »  «  Arrête 
ta  langue  du  mal  et  [que]  tes  lèvres  ne  disent'  pas  la  fraude: 
détourne-loi  du  mal  et  fais  le  bien;  cherche  la  paix  et  entre 
derrière  elle  (6).  »  Prêchant  ces  choses  [125  v],  les  prophètes 
cherchaient  le  fruit  de  la  justification;  mais,  eux,  ne  croyant 
pas,  il  envoya  enfin  son  fils,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  que 
ces  mauvais  cultivateurs  tuèrent  et  jetèrent  hors  de  la  vigne  (7). 
C'est  pourquoi  Dieu  la  livra  alors  qu'elle  n'était  plus  entourée, 


(1)  Le  latin  écrit  Hierusalem  clegil. 

(2)  Le  latin  écrit  toujours  torcular;  cf.  p.  202,  n.  1. 

(3)  Hsec  dicit  Dominus  omnipolons ;  ces  quatre  mots  manquent  dans  le 
Claromonlaniis,  le  l'ossiamis  et  Massuet;  omnipotens  manque  dans  VArundelia- 
nus  et  Harvey. 

(4)  Jérémie,  vu,  3;  Zacharie,  vu,  9-10  et  vin,  17;  Isaïe,  i,  16;  les  quelques  mots 
qui  suivent  ne  figurent  pas  dans  le  texte  latin. 

(5)  luitmiLn/it/iLAJfeiuîig,  yanawrinowtheanf,  littér.  de  vus  illégalités,  grec 
itovYipiûv;  le  texte  latin  reprend  maintenant. 

(6)  Ps.  xxxin,  14,  15. 

(7)  Exactement  le  latin  des  manuscrits  quem  cutn  occidissenl  mali  coloni 
projecerunl  extra  vineam,  ces  mots  où  l'arménien  et  le  latin  se  recouvrent  exacte- 
ment font  préférer,  au  paragraphe  1  du  même  chapitre,  le  texte  arménien 
(correspondant  à  Marc)  au  texte  latin  (correspondant  à  Matthieu,  au  moins  sous 
sa  forme  actuelle);  cf.  p.  202,  n.  5  et  8. 

[204] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUS  H.ERESES.  303 

mais  disséminée  [et]  répandue  dans  tout  le  monde,  il  la 
livra]  à  d'autres  cultivateurs  qui  donneraient  les  fruits  en  leur 
temps,  (tandis  que]  la  tour  de  l'Église  (1)  lest]  élevée  en  tout- 
lieu  [et]  éclaire  d'une  très  belle  lumière,  car,  en  tout  lieu, 
l'Église  apparaît  [et]  est  célèbre;  et,  en  tout  lieu,  un  puits  est 
creusé  et  foré,  car.  en  tout  lieu,  il  en  est  qui  reçoivent  l'Esprit 
de  Dieu.  Parce  que  ceux-ci.  ont  repoussé  le  Fils  de  Dieu  et 
l'ont  rejeté  [pour  lei  tuer  (2)  hors  de  la  vigne,  en  [toute 
justice  Dieu  les  a  rejetés  et  a  donné  aux  Gentils  étrangers  à 
la  vigne  les  fruits  (3)  de  la  culture,  ainsi  que  le  prophète 
Jérémie  dit  :  «  Le  Seigneur  a  repoussé  et  rejeté  ce  peuple  qui 
avait  fait  cela,  car  les  fils  de  Juda  ont  fait  le  mal  devant  moi, 
dit  le  Seigneur  »  (4);  et  de  même  Ézéchiel  (5)  :  «  De  nouveau, 
j'ai  établi  sur  vous  des  surveillants  (6);  écoutez  la  voix  de  la 
trompette;  et  ils  ont  dit  :  Nous  n'écouterons  pas;  c'est  pourquoi 
les. Gentils  ont  entendu  et  ceux  qui  paissaient  leurs  troupeaux 
sur  eux.  »  Donc  c'est  (7)  un  seul  et  même  Dieu  Père  qui  a 
planté  la  vigne  [126 rj,  qui  a  tiré  le  peuple  [d'Egypte],  qui  a 
envoyé  les  prophètes,  qui  a  adressé  son  Fils,  qui  a  donné  sa 
vigne  à  d'autres  cultivateurs  lesquels  donneront  des  fruits  en 
leurs  temps. 

3.  [Mass.  xxxvi,  3.]  Et  [c'est]  pourquoi  le  Seigneur  «lit.  (8)  à 
ses  disciples  pour  préparer  et  adapter  [enj  nous  de  bons  culti- 
vateurs. :  s  Faites  attention  à  vous-mêmes  et  veillez  en  tout  (9), 

(1)  fe/jfc<jfciji_iijïi,  ekelepwoyn,  Eeclesiœ;  le  latin  écrit  eleclionis;  il  est  probable 
qu'il  y  a  eu  confusion  entre  xMj<riç  et  èxxlriaia  (cf.  p.  128,  n.  5);  le  sens  de  là 
phrase  donne  raison  à  l'arménien. 

(2)  Tel  est  le  sens  de  l'infinitif  ■,. ,(,,,>,, ,,/,/,(.  spanancl,  sens  contradictoire  de 
ce  qu'on  vient  de  lire  (cf.  p.  204,  n.  5);  le  latin  écrit  bien  mieux  et  projecerunt 
eum,  eumcumoccidissent,  extra  vineam;  il  est  probable  qu'il  faut,  dans  l'arménien, 
substituera  l'infinitif  le  participe  uu^tuLbuii,  spaneal,  occisum  qui  nous  ramène 
aussitôt  au  sens  du  latin. 

(3)  ijUjuii£iufkfini^JjiLÎi,  zpltaberowlhiwn,  exactement  le  latin  fruclificalioiiem. 

(4)  Jérémie,  vu,  29-30. 

(5)  Jérémie,  vt,  17-18;  c'est  par  erreur  que  l'arménien  écrit  Ézéchiel. 
(lj)  t^mu,  dêls,  observateur,  grec  <sxokq-jz  ou  peut-être  xctTaoxoTio'J;. 

(7)  L'arménien  écrit  /'/'/"'•   n£,  littér.  :  puisque. 

(8)  uiut,  osé,  dicil;  peut-être  faut -il  lire  wu^p,  atêr,  avec  le  latin  dicebal. 

(9)  I.uc,  xxi,  34-35;  juiiîtîiuijTi^,  yamenayni,  in  omni;  le  latin  écrit  semper  in 
<>mni  tempore,  ajoutant  d'ailleurs  ces  mots  au  texte  du  Nouveau  Testament. 

[205] 

ORIF.KT   CHRÉTIEN.  fi 


301  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

de  peur  que  vos  cœurs  ne  s'alourdissent  par  l'ivresse  dans  la 
crapule  et  la  boisson  et  les  esprits  du  monde  (1)  et  que  ce  jour- 
là  ne  tombe  inopinément  sur  vous;  car  il  viendra  et  tombera 
comme  un  filet  sur  tous  ceux  qui  sont  assis  sur  la  face  de  la 
terre  ».  Donc  que  vos  reins  soient  ceints  et  vos  flambeaux  allu- 
més (2)  et  vous  semblables  à  des  hommes  qui  attendent  de 
recevoir  leur  Seigneur  (3),  car,  comme  il  advint  aux  jours  de 
Noé,  [les  hommes]  mangeaient,  buvaient,  achetaient»  ven- 
daient, prenaient  femme  —  et  [les  femmes]  prenaient  mari  — 
et  ils  ne  savaient  rien  jusqu'à  ce  que  (4)  vint  le  déluge  et  il  les 
perdit  tous;  et  comme  il  en  fut  aux  jours  de  Lot,  [les  hommes] 
mangeaient,  buvaient,  achetaient,  ventaient,  plantaient,  cons- 
truisaient jusqu'au  jour  où,  Lot  sortant  de  Sodome,  le  feu  plut 
du  ciel  et.  les  perdit  tous,  ainsi  en  sera-t-il  à  la  venue  du  Fils 
de  l'homme.  Donc  veillez,  parce  que  vous  ne  savez  pas  en  quel 
jour  votre  Seigneur  vient  (5).  »  Il  annonce  par  là  un  seul  et 
même  Seigneur,  celuif  [126  v]  qui,  au  temps  de  Noé,  à  cause  de 
la  désobéissance  des  hommes,  lança  sur  eux  le  déluge, 
et,  au  temps  de  Lot,  à  cause  de  la  multitude  des  crimes  des 
Sodomites,  fit  pleuvoir  le  feu  [du  haut]  du  ciel  (6),  et,  à  la  fin,  à 
cause  de  la  même  désobéissance  et  de  [péchés]  semblables, 
lancera  sur  l'homme  le  jour  du  jugement  dont  il  dit  que  plus 
tolérable  et  moins  rigoureux  (7)  sera  le  sort  des  Sodomites  et 
des  Gomorrhéens  que  [celui  de  cette]  ville  et  de  cette  maison 
qui  n'a  pas  reçu  la  parole  de  ses  Apofres  :  «  Et  toi,  Caphar- 
naûm,  dit-il,  seras-tu  élevée  jusqu'au  ciel  [?]  (8).  Jusqu'aux 

(1)  iiii/imiiiviifiiiili  S"t'-"4R'  "ârarAaftan  hogwovkh,  spirilus  [hit jus]  mundi; 
le  latin  écrit  vogitationibus  sœcularibus ;  le  grec  iteptuvai;  fSiionxait;. 

(2)  Luc,  xii,  35-36;  lire  évidemment  fiun/iimp  au  lien  (le  £nt.gnt.l<p. 

(3)  Les  manuscrits  latins  et  arménien  sont  d'accord  ici  pour  omettre  le 
quando  reveiiatur  a  nuptiis  que  Harvey  ajoute  cependant  d'après  la  citation  de 
Adversws  Hsereses,  IV,  60,  1. 

(4)  Luc,  xvn,  26-31;  le  latin  écrit  ici  avec  le  Nouveau  Testament  quondusquc 
inlravit  Noe  in  arcam  et  venit  diluvium,  etc.. 

(5)  Cette  dernière  phrase  est  de  Matt.,  xxiv,  42,  nuti,  gay,  venit;  le  latin  écrit 
véniel. 

(6)  ifen/iut,  yerknê,  exactement  le  latin  a  cœlo. 

I?)  iiliriiii>K\ii>/iiiiiiii(li,  cndarjakagoyn  litt.  plu»  aisé. 

(8)  Matt.,   xi,  23-24;   l'arménien   et  le    latin  sont    d'accord    pour  lire  p.T|  ëw; 

[206'; 


SAINT    [RENÉE    :    ADVEIÎSUS  H.ERESES.  3(X> 

enfers  tu  descendras;  car  si,  chez  les  Sodomites,  eussent  été 
faits  les  [actes  de]  puissance  qui  ont  été  chez  toi,  ils  seraient 
demeurés  jusqu'à  ce  jour;  au  reste,  je  vous  le  dis,  [le  sort 
des  Sodomites  sera  moins  rigoureux  au  jour  du  jugement  que 
le  vôtre  ». 

4.  [Mass.  xxxvi,  l.J  Le  Verbe  de  Dieu  demeure  le  même  (1), 
lui  qui  a  donné  à  ceux  qui  ont  cru  en  lui  une  source  d'eau 
pour  la  vie  éternelle  (2),  mais  qui  a  desséché  sur  le  champ  le 
figuier  stérile  (3),  lui  qui,  au  temps  de  Noé,  a  justement 
lancé  le  déluge  pour  éteindre  la  race  mauvaise  et  exécrable 
des  hommes  d'alors  —  elle  ne  pouvait  pas  porter  de  fruit  à 
Dieu,  des  anges  rebelles  s'étant  mêlés  (4)  à  eux  — ,  mais  pour 
faire  cesser  leurs  péchés  et  garder  le  type  primitif  (5),  la 
création  d'Adam  [127  r],  lui  qui,  au  temps  de  Lot,  en  faisant 
pleuvoir  sur  Sodome  et  Gommorhe  le  feu  et  le  soufre  [du  haut 
du  ciel  (6),  a  montré  le  juste  jugement  de  Dieu  (7)  pour  faire 
connaître  à  tous  que  tout  arbre  qui  ne  fait  pas  de  fruit  (8)  [sera] 
retranché  et  jeté  au  feu  et  que,  dans  le  jugement  universel,  il 
fera  souffrir  de  façon  moins  rigoureuse  et  plus  supportable  les 
Sodomites  que  (9)  ceux  qui  ont  vu  les  [actes  de]  puissance 


oùpavoO  vtytaSfar,  ;  qu'on  trouve  d'ailleurs  aussi  dans  les  deux   Vulgates  latine  et 
arménienne. 

(1)  Litt.  égal  et  même  reste  toujours  le  Verbe  de  Dieu;  le  latin  écrit  unum 
et  idem  cum  semper  sil  Verbum  Dei;  lire  évidemment  le  relatif  nn,  or  el 
non  nnit,  :or. 

(2)  Io.,  iv,  14. 

(3)  Matt.,  xxi,  19. 

(4)  Gen.,  vi,  2. 

(5)  ii|iu^f.iiijf.  fj/iiiffi^'inli  iii^uifli,  pahesçê  ziskzban  tipit,  litt.  servaret  itlum 
[qui]  ab  initia  [est]  typurn;  les  manuscrits  latins  et  Harvey  écrivent  arese  typum 
auquel  Massuet  propose  de  substituer  archetypum,  àp/etunov;  une  fois  de  plus 
l'arménien  lui  donne  pleinement  raison;  cf.  1  Pétri,  m,  20. 

(6)  Gen.,  xix,  24. 

(7)  Il  Thess.,  i,  5;  Iud.,  7. 

(8)  Matt.,  m,  10;  Luc,  m,  9.  Quelques  manuscrits  latins  et  les  éditeurs  écrivent 
avec  le  Nouveau  Testament  fruclum  bonum;  mais  le  Claromonlanus,  VArunde- 
lianus  et  l'arménien  omettent  ce  dernier  mot. 

(9)  Matt.,  xi,  24;  Luc,  x,  12;  l'arménien  met  ici  un  point  et  commence  une 
nouvelle  phrase  avec  piui<ij/i,  khanzi,  car,  il  est  certain  qu'il  faut  lire  avec  le 
latin  et  les  nécessités  du  contexte  pmî»  muiïiu,  khanzayns,  quam  /lis  (le  Claromon- 
lanus a  lu  quamvis). 

[207; 


306  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

qu'il  a  accomplis  et  n'ont  pas  cru  en  lui  et  n'ont  pas  accueilli 
sa  doctrine.  Car,  comme  il  a  donné  des  faveurs  plus  grandes 
par  sa  venue  à  ceux  qui  croyaient  en  lui  et  qui  faisaient  sa 
volonté,  de  même,  au  jugement,  auront  de  plus  grands 
supplices  ceux  qui  n'auront  pas  cru  en  lui  —  il  [l'J  a  montré, 
[lui]  le  juste  [constitué]  sur  tous  également  —  et,  ceux  à  qui 
il  a  donné  davantage,  il  exigera  davantage  d'eux,  davantage, 
non  parce  qu'il  leur  aura  procuré  la  connaissance  de  quel- 
que autre  Père,  ainsi  que  nous  l'avons  montré  par  tant  [d'argu- 
ments], mais  parce  que,  par  sa  venue,  il  a  répandu  sur  l'hu- 
manité le  don  plus  grand  de  la  grâce  paternelle. 

5.  [Mass.  xxxvi,  5.]  Mais  si,  pour  quelqu'un,  était  insuffisant 
ce  que  nous  avons  dit  plus  haut,  [à  savoir]  (1)  que  [c'est)  par 
un  seul  et  même  Père  [que]  les  prophètes  ont  été  envoyés  (2) 
et  par  lui  [aussi]  Notre-Seigneur,  que  celui-là  ouvre  les  oreilles 
de  son  cœur  et  appelle  le  Christ  Jésus,  le  Seigneur  [et]  docteur, 
[et]  il  l'entendra;  car  il  a  dit  :  «  Le  royaume  des  cieux  est 
semblable  [127  v]  à  un  roi  qui  célèbre  (3)  les  noces  de  son  fils 
et  envoie  ses  serviteurs  pour  appeler  [ceux  qui  ont  été)  invités 
aux  noces,  et,  comme  ceux  ci  ne  consentaient  pas  à  les  écouter, 
à  nouveau,  dit-il,  il  envoya  d'autres  serviteurs,  disant  :  Dites 
aux  appelés  :  Voici  que  j'ai  préparé  mon  festin  ;  mes  bœufs  et 
mes  veaux  gras  [sont]  tués  et  tout  est  prêt;  venez  aux  noces. 
Mais  ceux-ci  s'en  allèrent  sans  prendre  souci  de  lui,  les  uns  à 
leur  ferme,  les  autres  à  leur  négoce;  d'autres  môme,  ayant  saisi 
les  serviteurs,  les  outragèrent  et  en  tuèrent  quelques-uns.  Le 
roi,  ayant  appris  cela,  dit-il,  fut  irrité,  et,  envoyant  ses  armées, 
perdit  ces  meurtriers  et  mit  le  feu  à  leur  ville.  Et  il  dit  à  ses 


(1)  Le  latin  écrit  ici  beaucoup  mieux  ad  credendum  que  l'arménien  omet  a 
ton,  semble-t-il. 

(2)  iun_uip/ii,  afakhil,  forme  passive  postclassique  de  l'infinitif  que  nous 
avons  déjà  souvent  relevée. 

(3)  Matt.,  xxii.  1-15.  iun_£t,  afin';  mot  à  mot  fait.  Cette  parabole  figùre'sous 
deux  formes  différentes  chez  saint  Matthieu  où  les  invités  sont  homicides  et 
chez  saint  Luc  où  ils  sont  simplement  discourtois  (voir  Buzy,  les  Paraboles, 
collection  Verbum  Salutis,  Paris,  1932).  Irénée  suit  ici  encore  le  te*te  de 
Matthieu  où  d'ailleurs  elle  fait  suite  à  la  parabole  des  vignerons  homicides  dont 
nous  venons  de  lire  le  commentaire,  et  est  suivi  immédiatement  par  celle  de 
la  robe  nuptiale.  •    ; 

[208] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVÈRSUS  HjERESES.  ill'T 

serviteurs  :  Les  noces  sont  prêtes  ;  mais  les  invités  n'étaient 
pas  dignes  :  donc  allez  aux  issues  des  chemins-,  et  tous  ceux 
que  vous  trouverez,  vous  les  appellerez  aux  noces.  Et  ses 
serviteurs,  étant  sortis,  rassemblèrent  tous  ceux  qu'ils  trou- 
vèrent, les  mauvais  et  les  bons,  et  les  noces  étaient  pleines 
de  convives.  Et  la  roi.  étant  entré  voir  ses  convives,  y  vit  un 
homme  non  revêtu  de  la  robe  de  noces:  et  il  lui  dit  :  Toi, 
homme  (1).  comment  es-tu  venu  ici  sans  avoir  la  robe  de 
noces"?  [128 r.]  Et,  comme  il  se  taisait,  le  roi  dit  à  ses 
serviteurs  :  Prenez-le  par  les  mains  et  les  pieds  et  jetez-fiel 
dans  la  ténèbre  extérieure  où  sera  le  pleur  et  le  grincement 
des  dents,  car  beaucoup  sont  appelés  et  peu  sont  élus.  » 

6.  Car  clairement  et  par  ces  paroles  le  Seigneur  a  montré 
que]  toutes  choses  [sont  à  lui]  (2)  et  qu'il  est  un  seul  roi  et 
Seigneur  et  Père  de  tous,  au  sujet  duquel  il  avait  dit  précé- 
demment :  «  Ne  jurez  pas  sur  Jérusalem,  parce  qu'elle  est  la 
ville  du  grand  roi  »  (3).  Et  parce  que,  dès  le  début,  il  prépara 
des  noces  à  son  fils,  et  que,  dans  son  excessive  bonté,  il  appela 
par  ses  serviteurs  les  premiers  invités]  à  la  jouissance  du 
festin  des  noces,  et  ceux-ci  ne  voulant  pas  entendre,  à  nouveau, 
il  envoya  d'autres  serviteurs  les  appeler,  et  ils  n'écoutèrent 
pas  non  plus;  mais,  ceux  qui  leur  prêchaient  l'appel,  ils  [les] 
lapidèrent  et  [les]  tuèrent.  Ceux-là,  il  les  perdit  en  envoyant 
ses  armées  et  il  mit  le  feu  à  leur  ville,  et,  sur  tous  les  chemins, 
c'est-à-dire  dans  toutes  les  nations,  il  réunit  et  appela  [des 
invités  pour  le  festin  des  noces  de  son  fds,  ainsi  qu'il  dit 
par  Jérémie  :  «  Et  j'ai  envoyé  vers  vous  mes  serviteurs  les 
prophètes  pour  dire  :  Détournez-vous,  chacun  [d'entre  vous], 
de  votre  voie  mauvaise  et  rendez  bonnes  vos  œuvres  »  (4) 
[128  v],  et  encore  par  le  même  :  «  Et  j'ai  envoyé  vers  vous, 
i lit-il,  tous  mes    serviteurs,   les    prophètes,    de    jour    et   au 


(1)  Étaï>e  que  les  vulgates  latine  et  arménienne  et  notre  traduction  latine 
traduisent  par  amice. 

(~)  ft  .\/.ii  ii  paiiligu  luiunglib  tnnjn  $kl'  QuiShiuifi  /iîi£,  per  verba  hœc  enten- 
dit Dominus  omnia,  par  ces  paroles  le  Seigneur  a  montré  toutes  choses;  le  latin 
écrit  beaucoup  mieux  per  verba  hsec  sua  oslen'lil  Dominus  omniu. 

(3)  Mat  t.,  v.  35. 

(4)  Jérémie,  xx.w,  15. 


308  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

matin,  et  ils  ne  m'ont  pas  écouté,  et  ils  n'ont  pas  prêté  l'oreille, 
et  tu  leur  diras  ces  paroles  :  Cette  race  qui  n'a  pas  écouté 
la  voix  du  Seigneur  et  qui  n'a  pas  reçu  son  conseil  (1),  la  foi  a 
manqué  de  leur  bouche.  »  Donc  celui  qui  vous  (2)  a  appelés 
tous  de  partout  par  ses  Apôtres,  Dieu  [lui-même],  il  avait  appelé 
les  premiers  par  les  prophètes  comme  il  est  montré  par  les 
paroles  du  Seigneur.  Et  ce  n'est  point  d'un  autre  qu'étaient  les 
prophètes  et  d'un  autre  les  Apôtres,  bien  qu'ils  prêchassent  à 
des  nations  diverses,  mais  [de  la  part]  d'un  seul  et  même,  les 
uns  annonçaient  le  Seigneur,  d'autres  donnaient  la  bonne  nou- 
velle du  Père  (3),  d'autres  faisaient  connaître  à  l'avance  la 
venue  du  Fils  de  Dieu,  d'autres  prêchaient  au  loin  (qu'il  était i 
venu  [et]  présent. 

7.  [Mass.  xxxvi,  6.]  Mais  il  indique  encore  qu'il  est  nécessaire 
et  digne  (4)  que,  avec  l'appel  (5),  nous  soyons  ornés  des  œuvres 
de  justice  afin  que  repose  sur  nous  l'Esprit  de  Dieu;  car  c'est 
cela  le  vêtement  des  noces  au  sujet  duquel  l'Apôtre  dit  :  «  Je 
ne  veux  pas  me  dépouiller,  mais  [le]  revêtir  par-dessus,  afin 
que  le  mortel  soit  absorbé  par  l'immortalité  (6).  »  Mais  certains 
invités  du  repas  de  Dieu,  à  cause  de  leur  vie  [et  de  leuri 
conduite  mauvaises  sont  privés  et  exclus  de  [toute]  part  à 
l'Esprit-Saint  [et]  seront  jetés  dehors  [129  ri,  dit-il,  dans  la 
ténèbre  extérieure,  indiquant  clairement  que  ce  même  roi  qui 
a  appelé  tous,  quels  qu'ils  soient,  de  partout,  aux  noces  de 
son  fils  et  donné  un  festin  d'incorruptibilité,  [ce  même  roi]  a 
commandé  de  jeter  dans  la  ténèbre  extérieure  celui  qui  n'avait 
pas  le  vêtement  de  noces  (7),  c'est-à-dire  celui  qui  méprise  et 
dédaigne  [ce  vêtement].  Car,  comme  dans  le  premier  Testa- 
ment, il  ne  mettait  pas  sa  complaisance  dans  la  plupart  d'entre 


(1)  Jéréniie,  vu,  25-20 ;  noter  la  traduction  de  natSeiot  par  jupuiin. 

(2)  Ihn,  jer,  û|xâç;  le  latin  nos  lit  T)[i5ç. 

(3)  niîujîip  iKwyt  iuLfcuiu»{iiuljfc/iS,  exact,  le  latin  des  manuscrits  alii  Palrem 
evang elizabant . 

(4)  nf nijHji  L  uipjmli  qn[,  latin  oporlere,  grec  probable  Séov. 

(5)  Ii,<m,,'Ju,  vocatio,  x).r)<n;;  cf.  p.  128,  n.  5  et  p.  205.  n.  I. 
(ti)  11  Cor.,  v,  4. 

(7)  Matt.,  xxu,  13. 

[210] 


SAINT    IRÉNEE    :    ADVERSUS  H.VRESES.  309 

eux  (1),  ainsi,  maintenant  encore,  [il  y  a]  beaucoup  d'appelés  et 
peu  sont  élus  (2).  Donc,  ce  n'est  pas  un  autre  Dieu  qui  juge  et 
un  autre  Père  qui  a  appelé  quiconque  au  salut;  ce  n'est  pas  un 
autre  qui  donne  la  vie  éternelle  et  un  autre  qui  commande 
île  jeter  dans  la  ténèbre  extérieure  ceux  qui  n'ont  pas  la  robe 
des  noces;  mais  seul  et  même  [est]  le  Père  de  Notre-Seigneur 
par  qui  les  prophètes  ont  été  envoyés,  qui  appelle  les  indignes 
à  cause  de  son  excessive  bonté  et  qui  examine  les  appelés  et 
voit  s'ils  ont  le  vêtement  convenable  et  adapté  aux  noces  de 
son  fds,  parce  que  rien  d'inconvenant  et  de  mauvais  ne  lui  est 
agréable.  Ainsi  que  le  Seigneur  dit  à  celui  qui  avait  été  guéri  : 
«  Voici,  tu  es  devenu  sain;  mais  ne  pèche  plus  afin  qu'il  ne 
t'arrive  pas  pire  »  (3).  Car  [il  est]  bon  et  pur  et  sans  tache  : 
rien  de  mauvais  ni  d'indigne  ni  d'abominable  [129 v],  il  ne 
i  le]  supportera  dans  sa  propre  chambre  et  sur  sa  couche  nup- 
tiale. 

8.  Et  [c'est]  lui  [qui]  est  le  Père  de  Notre-Seigneur;  par  les 
soins  de  sa  Providence  (4),  tout  est  formé  et  conservé  intact 
et  par  son  commandement  toutes  choses  sont  administrées; 
et  il  donne  gratuitement  à  ceux  à  qui  il  est  digne  [de  donner |. 
et  selon  [ce  qui  est]  digne  (5),  il  rétribue  les  ingrats  et  [ceux  qui 
sont]  insensibles  à  sa  bonté  (6).  Et  c'est  pourquoi  il  dit  : 
«  Il  envoya  ses  armées  et  perdit  ces  meurtriers  et  mit  le  feu  à 
leur  ville  »  (7).  Et  il  dit  ses  armées,  parce  que  toute  l'humanité 
est  de  Dieu;  «  Car  du  Seigneur  est  la  terre  et  sa  plénitude, 
le  monde  et  tous  ceux  qui  habitent  sur  lui  »  (8).  Et  c'est 
pourquoi  l'Apôtre  dit  aussi  dans  json  Épitre]  aux  Romains  : 


(1)  I  Cor.,  x,  5;  le  verbe  ejôoxti'Jcv  est  traduit  par  le  latin  bene  saisit  médiocre. 
l'arménien  et  les  vulgates  écrivent  mieux  beneplacilum  est  (Deo), 

(2)  Matt.,  xxii,  14. 

(3)  lo.,  v,  14. 

(4)  ïjLu^inii^uîmitîmpjiLÎi,  providentiel. 

(5)  Tel  est  le  sens  littéral  de  l'arménien;  le  latin  écrit  gratuito  guident  donnt 
m  quos  oportet;  secundum  aulem  meritum  dignissime  distribua,  etc.;  il  y  a 
probablement  dans  le  texte  arménien  omission  et  confusion. 

(6)  Le  latin  ajoute  ici  justissimus  retributor. 

(7)  Matt.,  xxii,  7. 

(8)  Ps.  xxiii,  1,  cité  par  Justin,  Dialogue,  xxxvi,  3. 

[211] 


:!10  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN". 

«  Car  il  n'est  pas  de  pouvoir  (1)  sinon  ceux  qui  ont  été  fondés 
par  Dieu  (2);  donc  celui  qui  se  pose  [enj  contradicteur  du 
pouvoir  s'est  posé  [en]  contradicteur  du  commandement  de 
Dieu,  et  ceux  qui  se  posent  [en]  contradicteurs  prennent  (3) 
pour  eux-mêmes  leur  condamnation;  car  les  princes  ne,  sont 
pas  pour  la  crainte  de  la  bonne  œuvre,  mais  de  la  mauvaise; 
veux-tu  ne  pas  craindre  [de  la  part]  du  pouvoir?  Fais  le  bien 
et  tu  recevras  de  lui  la  louange  (4);  car  il  est  le  ministre  de 
Dieu  pour  toi  en  vue  du  bien.  Et  si  tu  as  fait  le  mal,  crains; 
car  ce  n'est  pas  en  vain  qu'il  porte  le  glaive,  parce  qu'il  est 
le  ministre  de  Dieu,  [le]  vengeur  pour  [sa]  colère  contre  celui 
qui  a  fait  le  mal;  c'est  pourquoi  il  faut  être  obéissant  non 
seulement  à  cause  [130  r]  de  la  colère,  mais  encore  à  cause 
de  la  conscience  (5);  c'est  pourquoi  encore,  vous  payez  les 
impôts,  car  ils  sont  les  ministres  de  Dieu  assidus  et  occupés 
à  cela  même.  »  Donc  et  le  Seigneur  et  l'Apôtre  annonçaient  un 
seul  Dieu  Père  qui  a  fait  la  législation  [ancienne],  qui  a 
envoyé  les  prophètes,  Créateur  de  toutes  choses,  et  c'est 
pourquoi  il  dit  qu'il  a  envoyé  ses  armées,  parce  que  tout 
[homme],  du  fait  qu'il  est  homme,  est  sa  créature,  quand 
même  il  ne  connaîtrait  pas  son  Seigneur,  car  à  tous  il  donne 
d'être,  «  faisant  lever  son  soleil  sur  les  méchants  et  sur  les 
bons,  et  faisant  pleuvoir  sur  les  justes  et  sur  les  injustes  »  (6). 
9.  [Mass.    xxxvi,   7.]  Et   non  seulement   par  ce    que  nous 


(1)  Rom.  xiiij  1-7:  /i^iiiii)iiii/<)/ii)i,  isxanowthivm,  latin  pôles  tas,  traduisent  le 
grec  ÈIjoucis. 

(2)  Le  latin  ajoute  ici  avec  la  Vulgate  :  Qux  aulem  sunt.  a  Duo  ordinales  sont. 

(3)  nîiiiuLfi/iîi,  endownin,  litt.  reçoivent;  la  Vulgate  latine  écrit  aussi  acquirunl, 
le  texte  d'Irénée  écrit  acquirunl  (Massuet),  sauf  quelques  manuscrits  acquirent 
(Harvey);  le  grec  des  manuscrits  actuels  du  Nouveau  Testament  X»|u)iovTat. 

(1)  nnyiL/eJ/iLÎ/,  qohowthiwn,  ici  et  dans  la  Vulgate;  latin  lamlcm:  grec  Inawov. 
Cf.  p.  102,  u.  3  et  p    219,  n.  7. 

(5)  h'Iioii  lîiniiiii,  xile  mtae,  ici  et  dans  la  Vulgate;  latin  conscientia,  grec 
o-jvîiÔTi'j'.ç;  dans  la  Vulgate,  ce  dernier  mot  est  traduit  par  SUmn  (Act.,  xxni,  1 
et  xxiv.  16;  Rom.,  n,  17>  el  ix,  I;  II  Cor.,  i,  12:  iv,  2  et  v,  11;  I  Tim..  i,  5  et  19; 

n.  9;  Hébr.,  ix,  9  et  11  et  xiu.  18;  I  Pétri,  u,  19;  m,  21),  parjura,  (Hebr.,  x,  22), 
par  /u/inZv  Stnmn  (Rom.,  ni,  5;  I  Cor.,  vin,  7,  10,  12;  x,  25,  28,  2'.»;  1  Tim.,  iv,2i. 
par  piunp  (I  Pétri,  m.  IOi  et  par  /""/'/:  fiinwn  T  Pétri,  m,  21). 

(6)  Matt.,  v,   15. 

[212; 


SAINT    IRKNKE    :    ADVERSUS  HjERBSBS.  311 

venons  de  dire,  mais  encore  par  la  parabole  des  deux  fils 
dont  le  plus  jeune  dissipa  ses  biens  dans  la  débauche  en 
vivant  avec  des  courtisanes,  il  enseigna  le  seul  et  même 
Père;  car,  à  l'aîné  (1)  des  fils,  il  ne  donnait  pas  volontiers  un 
chevreau;  mais,  pour  son  fils  cadet,  qui  avait  été  perdu,  il 
commanda  qu'on  tuât  le  veau  gras  et  [lui]  donna  sa  première 
robe  (2).  De  même  par  la  parabole  des  cultivateurs  qui,  à  des 
temps  différents,  furent  envoyés  à  la  vigne,  un  seul  et  même 
Père  de  famille  (3)  est  montré;  il  y  appelle  les  uns  au  début 
de  la  fondation  du  monde,  d'autres  après  ceux-ci,  d'autres 
vers  le  milieu  du  temps  (4),  d'autres  quand  les  temps  étaient 
déjà  avancés  [130  v],  et  encore  d'autres  à  la  fin,  en  sorte 
qu'il  y  eut  beaucoup  de  cultivateurs,  [chacun]  en  son  siècle, 
mais  ce  seul  (5)  Père  de  famille  qui  les  avait  tous  appelés; 
car  il  n'y  a  qu'une  vigne,  parce  qu'il  n'y  a  qu'une  justifica- 
tion; et  un  [seul;  intendant,  car  un  est  l'Esprit  de  Dieu  qui 
administre  toutes  choses;  de  même  encore,  [il  y  a]  un  seul 
salaire  (6);  car  tous  ont  reçu  un  seul  et  unique  denier,  image 
et  inscription  du  roi,  la  connaissance  du  Fils  de  Dieu  qui 
est  incorruptibilité;  c'est  pourquoi  il  l'a  donné  en  commen- 
çant par  les  derniers,  car,  à  la  fin  des  temps,  manifestement,  il 
se  donna  lui-même  [en  payement]  (7)  tout  entier  définitivement. 
10.  [Mass.  xxxvi,  8.]  Et  le  publicain  qui  dépassa  le  pharisien 


(1)    -|i/.i(.ir  .  de  '■/''.'/■  7:o:aé0tEpoç",  cf.  p.   145,  n.  4. 

{2  Luc,  xv.  11  et  sqi|.  :  ici  commence  un  texte  grec  cité  par  Xicetas,  Catena 
in  Matlhiei  xx. 

13)  Mait..  xx.  1  iimitiiii  m/,n,  lanowtér,  exactement  oIxoSeg-sôcti;  plutôt  que  le 
Dominus  latin    mt,n,  1er). 

arménien  écrit  mn  mo/ili  êiuSiuïiiulinïtu,  afajin  zamanakovn,  au  premiei 
temps;  avec  le  latin  circa  medielaïem  lemporum  et  le  grec  [isià  tïjv  ixEtroxpoviav, 
il  faut  lire  uni.  Sli^lili  JuiSuAÈiuLntjh,  ar  mijin  zamanakovn. 

(5)  11  faut  lire  évidemment  auifi  L  SU,  zayn  ew  mi.  ce  seul  (ëva  8é  dit  le  grec) 
et  non  pas  seulement  nuifii,  ce  comme  écrit  le  texte:  le  iS/i  a  disparu  du  t'ait  de 
l'usage,  aussitôt  après,  du  mot  ShiuiintuS. 

16)  i/iuji.x,  latin  merces,  grec  \i:af)6;;  cf.  p.  132,  n.  1. 

(7)  viMiiuM/.  hatoyç,  a  paye,  acquitté,  traduit  probablement  le  grec  ëoïï)s:v 
dont  un  copiste  grec  a  fait  àïroy.aT£<7tr,T£v;  le  latin  écrit  reprxsenlavil ;  sur  ce 
>ens  de  in^r^vi.  cf.  Matt..  xxvi,  15.  Avec  le  paragraphe  se  termine  la  citation 
grecque. 

[213] 


312  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

dans  sa  prière,  [ce  n'est]  point  parce  qu'il  adressait  sa  prière 
à  un  autre  Père  [qu']  il  reçut  ce  témoignage  qu'il  était 
justifié  davantage  par  le  Seigneur,  mais  parce  que,  avec 
beaucoup  d'humilité,  sans  orgueil  [et]  sans  fierté,  il  rendait 
gloire  (1)  à  Dieu.  Et  la  parabole  des  deux  frères  envoyés  à 
la  vigne  —  l'un  s'opposa  à  son  père  et  ensuite  se  repentit  alors 
qu'aucun  profit  ne  résultait  pour  lui  de  son  repentir,  et 
l'autre  s'engagea  à  y  aller,  sur-le-champ  il  s'engagea  devant 
son  père,  mais  il  n'y  alla  pas  (2),  car  tout  homme  est  menteur  : 
il  pose  d'abord  à  vouloir,  mais  ne  trouve  pas  à  achever  [131  rj 
l'œuvre  (3)  —  [cette  parabole]  montre  aussi  le  même  Père.  Mais 
encore  la  parabole  du  liguier  au  sujet  duquel  le  Seigneur 
dit  :  «  Voilà  trois  ans  que  je  viens  chercher  du  fruit  sur  ce 
figuier,  et  je  n'en  trouve  pas  »  (4),  [signifiait]  sa  venue  qui 
se  faisait  par  les  prophètes  par  lesquels  il  vint  nombre  de 
fois  chercher  sur  eux  du  fruit  de  justification,  et  il  n'en 
trouva  pas,  [et]  signifiait  clairement  aussi  que  le  figuier  sérail 
coupé  pour  la  raison  dite  plus  haut.  Et  encore,  sans  parabole, 
le  Seigneur  disait  à  Jérusalem  :  «  Jérusalem  qui  tues  les 
prophètes  et  lapides  ceux  qui  ont  été  envoyés  vers  toi,  combien 
de  fois  j'ai  voulu  grouper  tes  enfants  ainsi  que  la  poule  qui 
rassemble  ses  petits  sous  ses  ailes,  et  vous  n'avez  pas 
voulu  (5)!  Maintenant  votre  maison  est  abandonnée  pour 
vous.  »  Car  ce  qui  est  dit  dans  la  parabole  :  «  Voici  trois  ans 
que  je  viens  chercher  du  fruit  »,  et  encore  en  [langage|  clair 
«  combien  de  fois  j'ai  voulu  rassembler  tes  enfants  »,  si  nous 
ne  comprenions  pas  [là]  sa  venue  par  les  prophètes,  serait  un 
mensonge,  car  une  seule  fois  et  cette  première  fois  il  serait 
venu  à  eux.  Mais  que  celui  qui  a  choisi  les  patriarches  soil 
le   même  Verbe  de  Dieu   qui   bien  des  fois    leur    a  rendu 


(1)  Luc,  xviii,  10  hniuiiiiiiliulil,,),,  -xoslovanêrn,  exhomologesin  facitbai,  grec. 
èSw[ioX<SYi)<je;  cl.  p.  94,  n.  4. 

(2)  Matt.,  xxi,  28. 

(3)Ps.  cxv,  2;  Rom.,  vu,  18. 

(4)  Luc,  xiii,  6. 

(5)  Luc,  xiii,  34;  Matt.,  xxm,  37;  LuiShauiip,  kameçaykh,  noluislis;  la  traduc- 
tion latine  écrit  noluisti. 

[214] 


SAINT   FRÉNÉE    :    ADVERSUS  HjERESES.  313 

visite  (1)  par  l'Esprit  Prophétique  et  tous  vous  (2)  a  appelés 
de  partout  [131  v]  par  sa  propre  venue,  après  tout  ce  qui  a 
été  dit  en  vérité,  il  disait  encore  ceci  :  «  Beaucoup  viendront 
du  levant  et  du  couchant  et  s'assiéront  avec  Abraham  el 
avec  Isaac  et  avec  Jacob  dans  le  royaume  des  cieux;  mais  les 
fils  du  royaume  sortiront  dans  la  ténèbre  extérieure,  là  où 
seront  le  pleur  et  le  grincement  des  dents  »  (3).  Donc,  si 
ceux  qui,  par  la  prédication  de  ses  Apôtres,  venus  d'Orient 
et  d'Occident,  ont  cru  en  lui,  doivent  s'asseoir  avec  Abraham, 
et  avec  Isaac  et  avec  Jacob,  dans  le  royaume  des  cieux,  par- 
tageant,avec  eux  le  même  festin  de  réjouissance,  [s'il  en  est 
ainsi],  un  seul  et  même  Dieu  est  montré  qui  a  élu  les  patriarches 
et  a  visité  son  peuple  et  a  appelé  à  lui  les  Gentils. 

LIX 

[Mass.  xxxvn,  l.j  Mais  [cette  parole]  :  «  Combien  de  fois  j'ai 
voulu  rassembler  tes  enfants  et  vous  n'avez  pas  voulu!  »  (4) 
manifestait  la  loi  originelle  et  primitive  de  la  liberté  de 
l'homme,  [manifestait]  que  Dieu  le  fit  libre,  dès  le  début  pos- 
sédant son  propre  pouvoir  (5)  et  son  propre  esprit  (6)  pour  se 
servir  humainement  (7)  de  la  pensée  (8)  de  Dieu  sans  être  vio- 
lenté par  lui;  car  la  violence  n'est  pas  de  Dieu,  mais  la  bonne 

(1)  ftu:g  fcrjkmj;  lire  évidemment  fejfcmj. 

(2)  àka,  jcz,  vos;  le  latin  écrit  beaucoup  mieux  nos. 

(3)  Matt.,  vin,  11. 

(4)  Matt.,  xxm,  37  LuiSbauiip,  voluistis;  le  latin  écrit  encore  voluisli;  cf.  p.  214, 
n.  5. 

(5)  nL.LkinJ  inn-iijli.\Mili  [l'IiHuïmt  kllti )i,  oionclov  aranjinn  iïxanowthiwn, 
exactement  le  latin  habenlem  suam  propriom  poleslatem  ;  |ip/uml/ni  M/iiL  traduit 
régulièrement  ip/rj  (au  sens  de  pouvoir;  cf.  Adv.  Hser.,  v,  30,  3)  et  èiouaU;  dans 
le  Nouveau  Testament  àp/ai  -/.ai  iio-jalai  se  traduit,  soit  par  WuiuLni.0fii.iiu  L 
.uf.»i..i  W/..Lu  (I  Cor.,  xv,  24;  Éph.,  i,  21;  m,  10;  vi,  12;  Col.,  Il,  40,  15;  Tite, 
m,  I  i,-"il  p.ir  uflimnMfii.liij  L  ^/iiii,),iiiM^,)iii  (Luc,  XII,  11;  XX, 20;  Col.,  I,  16); 
peut-être  faut-il  ici  oOteÇoûoto;  ;  cf.  Adv.  Hier.,  iv,  60,  1,  p.  218,  n.  9. 

(6)  V"f/'>  hogi,  spirilum;  le  latin  écrit  animam,  ogi,  naU  ;  cf.  p.  193,  n.  8. 

(7)  u'iij^tiji  ujli,  mardwoyn,  litt.  de  l'homme,  s'il  faut  conserver  ce  mot  qui 
manque  dans  le  latin. 

(8)  /{iuu£  signifie  plutôt  volonté;  ici,  avec  sentenlia,  il  traduit  yvù(ui;  voir 
note  suivant*. 

[215] 


314  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

pensée  en  tous  temps  est  avec  lui  (1).  C'est  pourquoi  il  a  donné 
à  tous  bonnes  mœurs  et  [bonnes]  pensées  et  a  mis  dans  l'homme 
le  pouvoir  du  choix  [132 r]  comme  il  l'avait  donné  aussi  aux 
anges  —  ceux-ci  en  effet  sont  raisonnables  —  afin  que  ceux 
qui  auront  écouté  et  obéi  deviennent  équitablement  possesseurs 
du  bien  donné  par  Dieu,  [mais]  conservé  en  eux-mêmes  (2); 
quant  à  ceux  qui  n'obéissent  ni  n'écoutent,  équitablement  [ils] 
ne  se  trouveront  plus  avec  le  bien,  et  arriveront  au" châtiment 
«onvenable,  car  Dieu  a  donné  avec  bonté  le  bien,  mais  eux 
ne  l'ont  pas  gardé  soigneusement  ni  considéré  comme  précieux, 
mais  ils  n'ont  fait  aucun  cas 'de  sa  (3)  bonté  transcendante: 
loin  d'eux  ils  ont  rejeté  le  bien  comme  s'ils  le  crachaient, 
ils  sont  tombés  sous  la  condamnation  méritée  de  Dieu;  comme 
l'Apôtre  Paul  a  témoigné  et  protesté  dans  [son  Épitre]  aux 
Romains,  lorsqu'il  disait  :  «  [Toi]  qui  méprises  la  grandeur 
de  sa  bonté  et  sa  miséricorde  indulgente  et  sa  magnanimité, 
ne  sais-tu  pas  que  la  douceur  de  Dieu  te  pousse  à  la 
pénitence  (4)?  Mais  selon  ta  dureté  et  l'impénitence  de  ton 
cœur  tu  amasses  sur  toi  la  colère  pour  le  jour  de  colère  et 
du  juste  jugement  de  Dieu;  gloire  et  honneur,  dit-il,  à  qui- 
conque opère  le  bien.  »  Donc  Dieu  a  donné  le  bien  comme 
[en]  témoigne  l'Apôtre  (5),  et  ceux  qui  l'opèrent  arriveront  à 
la  gloire  et  à  l'honneur  parce  qu'ils  auront  opéré  le  bien 
tandis    qu'ils  pouvaient  ne    pas  l'opérer;   mais  ceux  qui   ne 


(1)  Ces  derniers  mots  ont  été  conservés  par  les  Sacra  Parallela  :  Dia  0;<r>  où 
-ggoeotw  àyaôr]  5:  -yvcopi  Ttivrois  avuitàpsirrr/  aurai  (Holl.  Fragmenté  vorninnii- 
scher  Kirchenvàter  ans  <lcn  Sacra  Parallela,  Texle  uni  Unlersuchungen,  \\.  -'. 
Leipzig,  1899,  n.  loi):  remarquer  la  traduction  de  yvwnv)  Par  IffSp,  kaink/t 
(cf.  Philem.,  14;  Apoc,  xvii,  13,  17:  Adv.  User.,  îv.  31,  4;  iv,  64,  3?  v,  -.'li,  3) 
yw|iï)  est  aussi  traduit  par  funwm  (I  Cor.,  vu,  25,  411;  II  Cor.,  vin,  10;  Adv.  Hœr.. 
iv,  r.ii,  t),  [unnÇnLnn  (Act.,  \.\.  S)  et  yuUi»|i  (I  Cor.,  i,  10).  IjinXp  traduit 
régulièrement  iïél-i)ii<x,  parfois  ^o-A-q  (Act.,  iv,  2S;  xiu,  36;  xx,  27)  et  poùlii(ia 
(Rom.,  ix.   19);  partout  ailleurs  (îouXVj  et  flovÀrma  sont  traduits  par  ^unii^nLnn. 

(2)  uin_  lilinhinïi,  sens  local;  le  latin  écrit  un  peu  différemment  ab  ipsis. 

loi  liiiiim,  iwra  qui  manque  dans  le  latin  et  se  rapporte  évidemment  à  Dieu. 

<4)  Rom.,  n.  I,  5,  7:  ce  texte  se  retrouve  partiellement  dans  Démonstration. 
7-  8;  noter  la  traduction  de  |/.:ràvoi»  par  le  terme  évangélique  iuuiiu?/utunnL0/iiJi, 
apa'xarowlhiirn. 

(51  Le  latin  ajoute  in  eadem  epistola  omis  par  l'arménien. 

[216] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVER8US  HjBRESES.  315 

l'auront  [I32v]  pas  opéré,  la  justice  de  Dieu  [les]  atteindra, 
parce  qu'ils  n'auront  pas  opéré  le  bien  tandis  qu'ils  pouvaient 
l'opérer. 

LX 

1.  [Mass.  xxxvn,  2]  (l).  Si  donc,  par  nature  (2),  d'aucuns 
avaient  été  faits  bons,  d'aucuns  mauvais,  ceux-ci  ne  seraient 
pas  louables  (3)  parce  qu'ils  auraient  été  créés  tels  et  ceux-là 
ne  seraient  pas  blâmables,  ayant  été  ainsi  laits.  Mais  parce 
que  tous  sont  de  la  même  nature,  [parce  qu']  ils  peuvent 
recevoir  en  eux-mêmes  et  opérer  le  bien,  et  peuvent,  au  c  m- 
traire,  le  rejeter,  le  refuser  et  ne  pas  le  faire,  équitàblement, 
auprès  des  hommes  qui  usent  des  bonnes  lois  de  la  paix  i  I). 
et  beaucoup  plus  encore  auprès  de  Dieu,  les  uns  sont  loués  et 
obtiennent  un  digne  témoignage  de  leur  bon  (5)  choix  et  [de 
leur]  persévérance  (6);  les  autres  reçoivent  le  blâme  de  leur 
accusation  et  obtiennent  un  équitable  préjudice,  ayant  rejeté  le 
bon  et  l'honnête.  Et  c'est  pourquoi  aussi  les  prophètes  don- 
naient aux  hommes  le  conseil  d'opérer  la  justice  (7)  et  d'user 
du  bien,  comme  nous  l'avons  montré  par  beaucoup  [de  textes  . 
comme  cela  était  en  notre  pouvoir  et  à  cause  de  notre  grande 
paresse  nonchalante  et  négligente,  nous  [V]  avons  fait  tomber 
dans  l'oubli  et  nous  en  sommes  détournés  en  l'abandonnant. 


(1)  Ici  commence  un  nouveau  fragment  transcrit  dans  les  Sacra  Parallela;  le 
texte  qu'en  donne  Holl  (Fragmente  Vornicânizcher  Kirchenviilcr  nus  den  Sacra 
Parallela,  Texte  und  Unlersaehunqen.  xx.  2,  Leipzig,  1899,  n°  152),  d'après  le 
•-eul  manuscrit  l'alicanus  1553,  modifie  sur  certains  points  ce  qu'on  lit  dans  \e^ 
éditions  de  .Massuet  et  de  Harvey. 

(2)  |.};m^,i  îi  traduit  toujours  le  grec  o-J<ri;:  remarquer  aussi  que  bntuii  t/iii 
et  hnhwin  traduisent  yE^âvatriv  et  YeyovotE;. 

(3)  Le  grec  ajoute  ici  ôvtï;  zyaBoi,  le  latin  qui  boni  sunt,  qu'omet  l'arménien. 

(4)  Bien  qu'ajoutant  juiuj^uinnLpbu/îi,  de  la  paix,  l'arménien  dit,  d'accord 
avec  le  texte  grec,  eOvo|t?-j[iévoK,  contre  le  latin  sensalos.  EÙvooufiivot;. 

(5)  Le  grec  ajoute  ici  x»6'  ô/.ou  qu'omettent  le  latin  et  l'arménien  et  qui 
semble  un  doublet  de  xccàoj. 

(6)  uiL-nr^nLJ3jtLh,   tewolowthiivn,  traduit  ÈîILH'jvii. 

(7)  Les  manuscrits  latins  ajoutent  ici  bonum  que  raye  Massuet  sur  la  loi  du 
texte  grec  Harvey,  au  contraire,  ajoute  à  ce  dernier  -o  y.aiôv:  l'arménien  donne 
raison  à  Massuet. 

[217] 


M1G  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN 

ayant  besoin  de  la  bonne  volonté  et  des  bons  conseils  (1)  que 
le  bon  Dieu  nous  a  donnés,  bonne  règle  (2),  par  les  prophètes. 
[Mass.  xxxvii,  3.]  Et  c'est  pourquoi  le  Seigneur  dit  :  «  Que 
votre  lumière  brille  devant  les  hommes  [133 rj,  de  manière 
qu'ils  voient  vos  bonnes  œuvres  et  glorifient  votre  Père  des 
cieux  »  (3).  Et  :  «  Veillez,  soyez  atlenlifs  (1),  de  peur  que 
vos  cœurs  ne  s'alourdissent  dans  l'ivresse  et  la  boisson  et  les 
soucis  du  monde.  »  «  Que  vos  reins  soient  ceints  (5)  et  [vosj 
lampes  allumées,  et  vous,  [soyez]  semblables  à  des  hommes 
qui  se  tiennent  [prêts]  et  attendent  de  recevoir  leur  Seigneur 
lorsqu'il  reviendra  des  noces,  pour  que,  quand  il  reviendra  et 
frappera,  il  lui  soit  ouvert;  heureux  le  serviteur  que  le 
Seigneur  à  son  retour  trouvera  agissant  ainsi  »;  et  encore  : 
«  Le  serviteur  qui  sait  la  volonté  de  son  Seigneur  et  ne  l'aura 
pas  faite  recevra  beaucoup  de  coups  de  bâton  »  (6);  et  : 
«  Pourquoi  me  dites-vous  :  Seigneur,  Seigneur!  et  ne  failes- 
vous  pas  ce  que  je  dis?  »  (7);  et  encore  :  «  Si  un  serviteur  dit 
dans  son  cœur  :  Mon  Seigneur  tarde,  et  commence  à  frapper 
les  autres  serviteurs,  à  manger  et  à  boire  et  à  s'enivrer,  son 
Seigneur  viendra  au  jour  où  il  ne  l'attendra  pas,  il  le  retran- 
chera (8)  et  mettra  sa  part  avec  les  hypocrites.  »  Tous  les 
[textes]  de  ce  genre  montrent  le  pouvoir  de  l'homme  sur  lui- 
même  (9)  et  les  conseils  de  Dieu  [donnés]  par  l'Évangile  (10) 
pour  nous  exhorter  à  l'obéissance  à  Dieu,  nous  détournant  de 
lui  être    infidèles,  mais  ne  nous  forçant  pas  par  la  violence. 

(1)  fiiiiiïmii  L.  /iiiiiiimiii  ij  traduisent  le  grec  yvtiixri;;  le  latin  écrit  consilio. 

(2)  funmtnli,  cons'dium,  traduisent  encore  ftùi\uri  ;  il  faut  lire  avec  Iloll  napîî/e> 
fv<i|j.Yiv  (ou  même  mieux  àyaBViv  yvùjjiriv)  au  lieu  de  7tapé«xs  yivwaxstv. 

(3)  Matt.,  v,  16;  texte  utilisé  par  Justin,  Apologie,  xvi,  2. 

(4)  Luc  xxi,  34;  lî/im  n/ip  wîi.i.wl.tj  ihnng,  mil  dikh  anjanç  jeroç,  litt.  mette: 
cotre  esprit  à  vos  cimes;  la  Vulgate  écrit  simplement  <i'/»p  ifcnnLg  uililuilio. 

(5)  Luc,  xii,  35-36. 

(6)  Luc,  xii,  47. 

(7)  Luc,  vi,  46. 

(8)  Luc,  xii,  45-46  et  Matt.,  xxin,  48-51;  nhn  Sl;9  <J"«">gt  <fiiui,  mot  à  mot,  il 
te  coupera  au  milieu,  grec  ôi-^otoutitei. 

(0)  iii1i.\)j/ii/ihii)jIi,  anjniîzxann,  latin  liberum  et  sucs  potestalis,  grec  xo  aûxcÇoùaiov 

TOÛ    àv6ptt)7TOU. 

(10)  Ce  dernier  mot,  qui  manque  dans  le  grec  et  le  latin,  est  probablement  une 
glose  de  l'arménien. 

[218] 


SAINT    I RENÉE    :      ADVERSUS  H.ERESES.  317 

2.  ["Mass.  xxxvii,  4.1  Car,  l'Évangile  [Iui]-même,  si  quelqu'un 
ne  veut  pas  [le]  suivre,  [la  chosej  lui  est  possible  et  loisible 
;  133  v],  mais  non  profitable,  car  ne  pas  écouter  Dieu  et  rejeter 
Je  bien  est  au  [pouvoir  de]  l'homme  (1),  mais  aussi  comporte 
un  dommage  et  un  tort  et  un  malheur  non  négligeable;  et  c'est 
pourquoi  Paul  dit  :  «  Toute  chose  (2)  est  possible,  mais  toute 
ihose  ne  porte  pas  profit  »  ;  il  mentionne  (3)  la  liberté  de 
l'homme  selon  laquelle  tout  est  possible,  Dieu  ne  la  contrai- 
gnant pas,  [mais]  montre  aussi  l'absence  de  profit  afin  que, 
pour  [en  faire  un]  voile  de  la  malice,  nous  n'[ab]usions  pas 
de  notre  liberté  (  l),  car  cela  est  sans  profit  (5).  Et  encore  il 
dit  :  ■<  Dites-vous  la  vérité  les  uns  aux  autres  chacun  à  son 
prochain  »  (6).  Et  encore  :  «  Qu'aucune  parole  impure  ne 
sorte  de  votre  bouche,  ou  [parole]  honteuse,  ou  sotte  folie, 
ou  bouffonnerie,  [choses]  qui  ne  sont  pas  convenables,  mais 
plutôt  tout  ce  qui  est  digne  d'actions  de  grâces  »  (7).  Et  : 
«  Parce  que  vous  étiez  autrefois  ténèbre,  mais  maintenant 
lumière  dans  le  Seigneur,  allez  somptueusement  (S)  comme 
des  enfants  de  lumière  :  pas  de  bouffonnerie,  ni  d'ivresse, 
ni  de  fornication,  ni  d'impureté,  pas  de  haine  ni  d'envie:  et 
tels,  dit-il,  vous  étiez,  mais  vous  avez  été  purifiés,  mais  vous 
avez  été  sanctifiés,  mais  vous  avez  été  justifiés  au  nom  de 
Notre  Seigneur  »  (9).  Donc,  s'il  n'était  pas  en  nos  moyens  (10) 


(1)  /i  Stunnh,  litt.  t-fi  l'homme:  grec  i<  -ù>  ivipiâicia;  latin  in  hominis  poleslate. 

(2)  Arménien  et  latin  :  omnia  licent  sed  non  omnia  expediunl  (I  Cor.,  x,  23); 
grec  :  Tiivta  |Xo:  ëJejtiv  «XV  oO  nivn  a-jpyépi:  (I  Cor.,  VI,  12). 

(3)  Noter  la  traduction  de  èfïrroùjiai  par  muimSkS. 

(4)  I  Pétri,  ii,  16. 

(5)  Ici  s'arrête  la  citation  grecque  des  Sacra  Parallela. 

(6)  Eph.,  iv,  25. 

(7)  Eph.,  iv,  2!»  et  v,  3-4;  i>.Xà  jùXXov  £J/_«pisTia  dit  le  texte  du  Nouveau 
Testament  que  suit  la  traduction  latine  et  la  Vulgate  arménienne;  notre  texte 
arménien  écrit  magis  quodcumque  graliarum  aclione  dignum.  Noter  la  traduc- 
tion de  £Ûxap"T"!»  par  nnyn.j9/u.fi  :  cf.  p.  212,  n.  4. 

(8)  Eph.,  v,  8;  ipinni  OhuiSp  et  le  latin  kuneste  traduisent  l'adverbe  riixiM-âvw; 
ajouté  ici  d'après  Rom.,  xm,  13. 

(9)  Ces  derniers  mois  sont  empruntés  à  I  Cor.,  vi,  11,  texte  déjà  cité; 
ef.  p.  159,  n.  1.     " 

(10)  /i  lîfen  XL  nu,  i  mer  j  ers,   litt.  dans   nos  mains:    le   latin   écrit   !/!   nobis . 

[219] 


318  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN". 

de  faire  ces  choses  et  de  ne  les  pas  faire,  quelle  raison»  avait 
l'Apôtre,  [134  r]  et  bien  avant  [lui]  le  Seigneur,  de  nous 
donner  le  conseil  de  faire  les  unes  et  de  nous  écarter  des  autres"? 
Mais,  parce  que  l'homme  était  libre  de  sa  manière  d'agir  (1) 
dès  le  début,  et  que  Dieu  est  libre  de  sa  volonté  —  [Dieu] 
suivant  la  ressemblance  de  qui  il  a  été  fait  —  toujours  le 
conseil  lui  est  donné  de  garder  le  bien  [qui  est]  en  lui  [et] 
qui  s'acquiert  (2)  par  l'obéissance  envers  Dieu. 

[Mass.  xxxvii,  3.1  Ce  n'est  pas  seulement  au  sujet  des 
œuvres,  mais  au  sujet  de  la  foi  que  le  Seigneur  a  maintenu  la 
liberté  et  le  pouvoir  de  l'homme  sur  lui-même.  (3)  disant  : 
«  Selon  la  foi  qu'il  t'advienne  »  (4),  proclamant  que  la  foi 
est  personnelle  à  l'homme  parce  qu'il  a  à  lui  sa  volonté  person- 
nelle. Et  «  toute  chose  est  possible  à  celui  qui  croit»  (5);  et  : 
«  Va,  et,  comme  tu  as  cru,  qu'il  t'advienne!  »  (6).  Et  tous  ces 
textes]  montrent  que  l'homme  est  maître  de  lui-même  en  ce 
qui  regarde  la  foi.  Et  c'est  pourquoi  «  Celui  qui  croit  en  lui 
possède  la  vie  éternelle;  mais  celui  qui  n'est  pas  fidèle  (7) 
au  Fils,  [celui-là]  ne  verra  pas  (8)  la  vie,  mais  la.  colère  de 
Dieu  demeure  sur  lui  ».  Ainsi,  selon  cette  parole,  le  Seigneur 
montre  son  propre  bienfait,  et,  montrant  le  pouvoir  de  l'homme 
sur  lui-même,  il  disait  à  Jérusalem  :  «  Combien  de  fois  j'ai 
voulu  serrer  (9)  autour  de  moi  tes  enfants  à  la  manière  d'une 
poule  [qui  serre|  ses   poussins  sous  son  aile,  et  vous  n'avez 

(1)  piunnip  de  p'unp  qui  traduit  probablement  yv(i[iï)  t>u  TpÔTto;  (voir  p.  99, 
n.  4,  p.  101,  n.  5  et  p.  212,  n.  5). 

(2)  Le  latin  écrit  simplement  continere  bonum  quod  perfteilur  ex  ca  qux  est 
ud  Deutn  obœdientia,  perficilur  semble  traduire  TeUioûrat;  sur  umiuniuii/i, 
s'acquérir,  cf.  p.  174,  n.  9. 

(3)  uifmJi/i^uuif/iiL^iLÏi,  anjnuxanowlhiwn,  latin  suœ  poleslalis  arbitrium, 
grec  évidemment  to  ccùtoÇoÛoiov  toî  àv6p<Ô7;ou;  un  peu  plus  bas  tb  éXeûSepov  est 
traduit,  par  libertas  et  imiwiM/n  M/nJ.,  azatovolhiton. 

(4)  Matt.,  ix.  29. 

(5)  Marc,  ix,  23. 

(6)  Matt ,  vin,  13. 

(?)  Io.,  m,  36;  noter  la  traduction  excellente  de  cMtâiôwv  par  ihÎi<J«m  i«l<  : 
laVulgate  écrit  „,  s.ÏmhiichIim/i,  qui  n'obéit  pas. 

(8)  mkagl;,  tesçé,  verra,  d'accord  avec  le  grec  (fysTai;  le  latin  écrit  habcl: 

(9)  Matt.,  xxiii,  37;  comparer  cette  citation  avec  celle  du  chap.  mu,  10,  p.  214, 
n.  5. 

[220] 


SAINT    tRÉNÉE    :    ADVSRSUS  H.ERESKS.  319 

pas  voulu!  C'est  pourquoi  votre  maison  sera  [134  v    abandon- 
née. » 

LXI 

1.  Mass.  xxxvii,  6.]  Quant  à  ceux  qui  contredisent  ces 
choses,  ils  prêchent  (1  un  Seigneur  sans  pouvoir  ni  puis- 
sance, comme  s'il  n'avait  pu  faire  ce  qu'il  aurait  voulu  ou 
encore  ne  connaissait  pas  par  nature  les  choses  terrestres, 
celles-ci  n'étant  pas  capables  de  recevoir  son  incorruptibilité; 
mais  il  lui  fallait,  dit-il  (2),  ne  pas  faire  les  Anges  tels  qu'ils 
ne  pussent  pas  (3)  transgresser  ni  manquer,  ni  les  hommes 
qui,  dès  lors,  sont  par  eux-mêmes  ingrats  et  mécontents  envers 
lui  parce  que  raisonnables  et  curieux  et  chercheurs  et  fouilleurs, 
et  non  ainsi  que  des  bêtes  brutes  ou  comme  des  êtres  inanimés 
qui  ne  peuvent  rien  faire  par  leur  volonté  personnelle,  mais 
sont  traînés  au  bien  par  la  contrainte  et  la  force,  ayant  tous 
les  mêmes  sens  et  la  même  volonté,  inflexibles,  intransfor- 
mables et  sans  pensée,  ne  pouvant  rien  être  d'autre  en  plus  de 
ce  qu'ils  ont  été  faits.  Car  ainsi  la  beauté  ne  serait  donc  pas 
à  leur  volonté,  ni  précieux  l'accord  avec  les  paroles  de 
Dieu  (4),  ni  digne  d'empressement  le  bien  qui  serait  aequjs 
-ans  aucun  mouvement  personnel  ni  désir  ni  hâte,  mais  qui 
de  lui-même  et  sans  effort  serait]  naturel  en  l'homme  au  point 
que  seraient  efféminés  et  insignifiants  les  bons  qui  seraient 
tels  plus  par  nature  [135 r]  que  par  progrès  et  désirs  et  qui 
posséderaient  le  bien  par  nature  et  non  par  choix;  à  cause  de 
cela,  ils  ne  comprendraient  pas  ceci  que  le  bien  est  beau,  et 

(1)  iijiiinii)/.lj,  palmen,  de  inujutShS  qui  traduit  généralement  r.ï-cxyyiWoi 
(Adv.  Hœr.,  îv,  II,  2;  iv,  31,  4:  v,  16,  2)  ou  plutôt  éfr)Yo-j(jia;  (ibid..  iv,  60,  2; 
p.  219,  n.  3);  le  latin  écrit  inlroducunt. 

(2)  utut,.  asc,  exactement  le  latin  inquit. 

(3)  Tel  est  le  sens  littéral  de  l'arménien  <Ltunhi,  ckarel;  tout  le  passage  est 
d'ailleurs  difficile,  et  le  traducteur  l'a  compliqué  en  accumulant  les  pléonasmes 
à  sa  manière  habituelle;  le  latin  écrit  mieux  ut  passent  Iransgredi;  il  est 
probable  qu'il  faut,  en  arménien,  supprimer  la  négation  <,  et  lire  simplement 
(jujfifcj    karct,  car  ainsi  on  retrouve  exactement  le  sens  latin. 

(4)  S[i,ii['i,i),ui  [J[,l),  [ii  lu  lu  /i  ijii  liuuini_Sni  ;  le  latin  écrit  simplement  commu- 
nicalio  Dei. 

[221J 

ORIENT  CBRÉTIEN.  7 


320  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRETIEN. 

ils  ne  jouiraient  pas  de  lui;  car  quelle  jouissance  est  du  bien 
pour  ceux  qui  ne  le  connaissent  pas"?  Ou  quelle  gloire  [pour 
ceux  qui  ne  s'y  exercent  ni  ne  s'y  entraînent  (1)?  Ou  quelle 
hardiesse  [pour]  ceux  qui  ne  l'ont  pas  servi  avec  persévé- 
rance (2)?  Ou  quelle  couronne  pour  ceux  qui  ne  l'ont  pas  acquise 
dans  une  action  de  combat  (3)? 

[Mass.  xxxvii,  7.]  Et  c'est  pourquoi  le  Seigneur  a  dit  que 
le  royaume  des  cieux  est  violent:  et  «  les  violents,  dit-il,  s'en 
emparent  »  (4);  [les  violents],  c'est-à-dire  ceux  qui,  par  la 
violence  et  dans  un  combat,  avec  vigilance  et  vivement  s'en 
emparent  pour  eux-mêmes.  Et  c'est  pourquoi  l'Apôtre  dit 
dans  [sa  lettre]  aux  Corinthiens  :  «  Ne  savez-vous  pas  que, 
[dej  ceux  qui  courent  dans  un  stade,  tous  courent,  mais  un 
seul  reçoit  le  prix?  De  même  courez  afin  que  vous  arriviez: 
car  quiconque  combat,  de  toutes  façons,  [il]  s'entraîne  et 
s'exerce  (">),  eux  afin  qu'ils  reçoivent  une  couronne  corrup- 
tible, mais  nous  une  incorruptible.  Donc  je  cours  ainsi,  [mais] 
non  indistinctement;  ainsi  je  combats  ne  frappant  pas  l'air, 
mais  je  pressure  (6)  mon  corps  et  le  réduis  en  esclavage  [135  vj 
de  peur  que,  ayant  prêché  aux  autres,  je  sois  trouvé  mépri- 
sable. »  Le  bon  athlète  [nous]  exhorte  et  nous  invite  au  combat 
dé*  l'incorruptibilité,  afin  que  nous  soyons  couronnés  et  que 
nous  estimions  précieuse  la  couronne  parce  qu'elle  a  été 
acquise  dans  notre  combat  (7),  mais  non  parce  que  d'elle-même 
elle  nous  serait  naturelle;  et,  de  ce  qu'elle  a  été  acquise  dans 
un  combat  solennel,  elle  nous  est  plus  précieuse;  de  ce 
qu'elle  est  plus    précieuse,   nous  l'aimerons  toujours  clavan- 


(1)  Jiunjhîi  h.  /.il/.//.),    varzih  eio  krt/tin;  le  latin  écrit  simplement  sluduerunl. 

(2)  Cette  dernière  phrase  manque  dans  le  latin. 

(3)  l.e  latin  écrit  his  nui  non  eam  ut  victores  in  cerlamine  consecuti  sunl. 
(-1)  Matt.,  xi,  12;  cf.  Justin,  Dialogue,  li,  r>. 

(5)  1  Cor.,  ix,  24-27  '//'/3/ifi  '"-  i/mnJ/it,  krthin  eiv  varzin;  cf.  n.  1  ;  le  latin 
écrit  conlinens  est;  l'un  et  l'autre  correspondent  à  deux  interprélations  diffé- 
rentes du  grec  è-yxpaTeOsTat. 

(0)  zSïirtfciî,  cn'ic/n.  ici  et  dans  la  Vulgate  traduit  ■jmûr.t.iz.w ;  le  latin  écrit. 
Uvidum  f'acio:  pour  traduire  So-Ai^iayiï>  notre  traducteur  écrit  &uin-iuitniiLniuliti> 
je  le  réduis  à  l'esclavage  et  la  Vulgate  ^hiuaiuiinbnnLtjui'iibS,  je  le  fais  obéir. 

Ci)  II  Tim.,  iv,  7. 

[222] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVERSUSHJERBSBS.  321 

tage  (1);  carne  sont  pas  également  aimés  les  biens  tenus  de 
la  nature  des  choses  et  ce  qui  a  été  acquis  par  la  fatigue 
diligente.  Et  qu'il  était  de  nous  (2)  d'aimer  davantage  Dieu  [et] 
que  cela  devait  se  faire  dans  une  épreuve  solennelle,  le  Seigneur 
l'a  enseigné  et  l'Apôtre  confié  [en]  tradition;  s'il  en  était  autre- 
ment pour  nous,  ce  serait  un  bien  sans  raison  et  sot,  sans 
effort  ni  exercice;  mais  aussi,  voir  ne  serait  pas  pour  nous 
aussi  désirable  si  nous  ne  savions  quel  grand  mal  c'est  que  de 
ne  pas  voir;  et  la  connaissance  de  la  mauvaise  santé  rend  plus 
précieux  de  se  bien  porter;  et  le  contraste  des  ténèbres  fait 
estimer  précieuse  la  lumière  et  la  mort  la  vie.  Ainsi  le  royaume 
des  cieux  est  plus  précieux  [136  r]  à  ceux  qui  connaissent  les 
choses  de  la  terre;  et  de  ce  qu'il  est  plus  précieux, nous  1'  [en] 
aimerons  davantage;  et  de  ce  que  nous  l'aimerons  davantage, 
nous  serons  plus  glorieux  auprès  de  Dieu. 

2.  Donc,  à  cause  de  nous,  Dieu  a  accepté  tout  cela  en  lui- 
même,  afin  que,  éduqués  par  le  moyen  de  toutes  choses  et 
instruits  sur  toutes  choses,  nous  soyons  pour  l'avenir  attentifs 
et  stables  et  que  nous  persévérions  dans  son  amour  sachant 
rationnellement  aimer  Dieu;  car  Dieu  est  magnanime  à  l'égard 
de  l'apostasie  et  l'homme  est  éduqué  par  ces  choses  selon  ce 
que  dit  le  prophète  :  «  Ton  apostasie  fera  ton  éducation  »  (3). 
Dieu  a  décidé  d'avance  et  distingué  toutes  choses  en  vue  de 
l'achèvement  de  l'homme  et  de  l'accomplissement  et  de  la 
manifestation  de  ses  économies,  afin  aussi  que  soit  montrée  sa 
bonté  et  achevée  sa  justice,  et  que  l'Église  soit  formée  à 
l'image  conforme  de  son  Fils,  et  que,  à  un  certain  moment 


(1)  Suivent  quelques  mots  grecs  conservés  dans  les  Sacra  Parallela  :  ù-/'  ipuStu; 
àYŒTTiTai  Ta  V/.  toû  aÙTo|iâTO'j  «pooytvôpie^a  toîç  ixexà  <T7iO'jôr;ç  sOptfjxijAÉvoLç.  (Karl 
Holl,  Fragmente  Vornicanischer  Kirchenvàter  aus  den  Sacra  Parallela,  Texte  und 
Untcrsuckunyen,  xx,  2,  Leipzig,  1890,  n°  153).  Ex  toû  a-JtofiiTO-j  est  traduit  en 
arménien    par  i/ifipïiiiiOfcli/;   et  en  latin  par  ultro:  (ttcou8tJ  par  solliciludo  et 

i/nifM    uinruiutnm  Ltl.tiiîi 

(2)  Sbn  de  nous,  c'est-à-dire  de  notre  pouvoir;  le  latin  écrit  pro  nobis,  que 
les  éditeurs  interprètent  par  piV  v,ul,v. 

(3)  Jérém.,  II,  19  :  UaiSeOoEi  <rs  t)  ànoaTaota  oo-j;  Tcaiôeûw  est  ici  traduit  par 
JiifMiiinf.i).  .iraient,  mot  susceptible  de  sens  différents  (cf.  p.  157,  n.  3);  on  a 
supposé  ici,  tout  le  long  de  ce  paragraphe  que  fupiumhS  traduisait  ratioevco. 

[2231 


322  REVUE    DE    I.'ORIENT   CHRÉTIEN. 

l'homme  soit  arrivé  et   mûri  pour   voir  et  comprendre   (1) 
Dieu. 

LXIJ 

[Mass.  xxxviii,  1]  (2).  Si  quelqu'un  disait  ici  :  «  Qu'est-ce? 
Est-ce  que  Dieu  ne  pouvait  pas  dès  le  commencement  faire 
l'homme  parfait?  »  que  [celui-là]  sache  que  l'être  Dieu  [est] 
toujours  selon  lui-même  et  son  essence  (3)  [qui  n'est]  pas  née, 
comme  en  lui  tout  [136  v]  pouvoir  est;  quant  aux  êtres  | qui  ont 
été  faits  (1),  de  ce  qu'ils  recevaient  en  suite  de  [leur]  nais- 
sance une  origine,  un  commencement  propre,  par  là  il  leur 
était  nécessaire  et  digne  (5)  d'être  plus  faibles  et  plus  petits  que 
[leur]  Créateur;  car  ne  pouvaient  être  incréés  (6)  les  êtres  nou- 
vellement faits  (7),  mais,  selon  qu'ils  ne  sont  pas  incréés  ri 
innés,  par  là,  ils  sont  plus  petits  et  plus  faibles  que  ce  qui 
est  parfait;  car,  selon  qu'ils  sont  plus  jeunes,  par  là  ils  sont 
enfants:  et,  selon  qu'ils  sont  enfants,  par  là  ils  ne  sont  accou- 
tumés ni  familiarisés  ni  instruits  de  la  conduite  (8)  parfaite. 
Car,  comme  la  mère  peut  fournir  une  nourriture  d'alimenta- 
tion parfaite  [à  son  enfant  (9)],  mais  lui  ne  peut  [tas  encore 

(1)  Le  texte  écrit  nA.iuu'lihi  L  inbuiuLhi,  lesanel  ew  tesanel,  voir  cl  voir:  il  faut 
lire  uifeiiiiiLti  L.  utmfiki,  tesanel  ew  lanel,  voir  el  saisir,  comprendre;  muilhi 
traduit  souvent  -/wpiw  (cf.  p.  18-?,  n.  -1  et  p.  226,  n.  6). 

(2)  loi  commence  un  long  fragment  grec  transcrit  dans  les  Sacra  Parallela 
et  publié  par  Holl  (.Fragmente  vorniciinischcr  Kirchcnviiler  aus  den  .Sacra 
Parallela,  Texte  und  Untersuchungen,  xx,  2,  Leipzig,  1!S99,  n"  154)  d'après  trois 
manuscrits  appartenant  aux  deux -recensions  déjà  indiquées  p.  31,  n.  2,  et  p.  101, 
n.  3);  jusqu'à  Harvey  on  ne  connaissait  que  la  recension  la  plus  récente,  dite 
Rupefucaldienne,  la  recension  Vaticane  introduite  par  IIoll  est  plus  ancienne 
et  meilleure;  et  c'est  pourquoi  partout  où  les  éditeurs  imprimaient  àytiir^iz, 
il  faut  lire  àylvriTo;  avec  les  manuscrits  de  la  recension  Vaticane  qu'appuient  les 
deux  traductions  latine  et  arménienne. 

(3)  /. ni. un  ;/ii.  elelowmn;  ce  mot  n'a  de  correspondant  ni  dans  le  grec  ni  dans 
le  latin;  ,.-.'/hV/./i.    inné,  correspond  ici  à  àywq-m,  latin  innalus,  non  ne. 

(4)  /./i/.mi,,.  elealkh.  correspond  à  i^o-tâxa;  le  latin  écrit  quœ  facla  sont  oh  en. 

(5)  uiiufiui  II  uipJu/ii  fcji,  grec  8eî. 

(6)  ii.i./. h.  anel,  correspond  ici  exactement  à  àyévïita;  latin  infecta. 
(?)  bnfeiuip,  elealkh,  correspond  ici  à  ifEYEVy)(iéva. 

(8)  i/uinn,  varkh.  latin  disciplina,  correspond  ici  au  grec  ài'toyr).  Cf.  p.  22ti,  n.  2- 

(9)  t;ô  ppzyît,  infanli;ce  mot  manque  dans  l'arménien;  on  peut  supposer  ici 
uifjiiiini,  tlayoy,  qu'on  trouve  dans  la  suite  du  texte. 

[224] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVBRSUS  BjERBSES.  323 

recevoir  une  nourriture  trop  âgée  pour  lui,  de  même  Dieu 
lui-même  avait  le  pouvoir  d'offrir  à  l'homme  dès  le  début  [ce 
qui  est]  parfait,  mais  l'homme  était  incapable  de  le  recevoir 
parce  qu'il  était  enfant.  Et  c'est  pourquoi  Notre-Seigneur,  à  la 
fin  des  temps,  récapitulant  (1)  et  achevant  toutes  choses,  est 
venu  vers  nous,  non  selon  qu'il  pouvait  lui-même,  mais  selon 
que  nous,  [nous]  étions  capables  de  le  voir;  car  lui-même, 
c'est]  dans  sa  gloire  inscru table  et|  inénarrable  (2)  [qu']  il 
aurait  pu  venir  vers  nous,  mais  nous,  nous  n'aurions  pas 
encore  pu  supporter  la  grandeur  de  cette  gloire;  et  c'est 
pourquoi,  comme  aux  enfants,  le  pain  (3)  [137  r]  parfait  du 
Père  (4),  s'est  présenté  lui-même  à  nous  [comme  du]  lait,  ce 
qui  fut  sa  venue  selon  l'humanité,  afin  que,  comme  nourris  de 
la  mamelle  de  sa  chair,  et,  par  une  telle  lactation,  habitués  à 
manger  et  à  boire  le  Verbe  de  Dieu,  nous  puissions  posséder 
au  dedans  de  nous-mêmes  le  pain  de  l'immortalité  qui  est 
l'Esprit  du  Père. 

LXIII 

1.  [Mass.  xxxviii,  2.]  Et  c'est  pourquoi  Paul  dit  aux  Corin- 
thiens :  «  Je  vous  ai  nourris  (5)  de  lait,  non  de  nourriture 
[solide|,  car  vous  n'auriez  pu  encore  la  supporter  »,  c'est-à-dire  : 
la  venue  du  Seigneur  selon  l'homme,  vous  [en]  avez  été  instruits 
at  vous  [la]  connaissez;  mais  l'Esprit  du  Père  ne  repose  pas 
encore  sur  vous  à  cause  de  cette  même  faiblesse  [qui  est] 
vôtre  :  «  Car  là  où  [sont]  encore  l'envie  et  la  discorde,  dit-il, 
chez  vous,  et  les  hostilités,  n'êtes-vous  pas  hommes  (6)  et  ne 

I    àvaxepaXatwcijiEvo;,  latin  récapitulons,  arménien  iii/mm  1111/.1»;  glxaworeal. 

(2)  lufituiuuiiiLi?,  anpatowm,  latin  inenarrabili;  le  grec  de  la  reeension  Vati- 
eane  écrit  àf^â^tw,  celui  de  la  reeension  Rupefucaldienne  à:ç6âpT(.>. 

(3)  An  lieu  iiiijiu|  v"(>;;.  ""V  harç  qui  n'a  pas  de  sens,  lire  mniuimj  <ÇUJ3, 
llayoç  hcCç. 

(4)  Le  mot  Palris  manque  dans  le  Claromonlamis ;  mais  il  doit  être  conservé, 
étant  attesté  par  le  grec,  l'arménien  et  tous  les  autres  manuscrits  latins. 

(5)  I  Cor.,  m,  2  CuiSpbqh,  jamberà  (ici  et  Vulgate);  le  grec  écrit  énoïiTa;  le 
latin  dedi. 

(6)  I  Cor.,  m,  3.  Suinnhli,  mardikh,  des  hommes,  alors  que  le  grec  écrit 
(tapxixoî  et  le  latin  cornâtes;  i!  faut  lire  sans  doute  avec  la  Vulgate  SuinULuiLnn, 
m  armvawov. 

[225] 


324  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

marchez- vous  pas  selon  l'humanité"?  »  Mais  (1)  l'Esprit  du 
Père  n'était  pas  encore  avec  eux  à  cause  de  l'insuffisance  de 
leur  adaptation  et  de  la  faiblesse  de  leur  conduite  (2);  car, 
de  même  que  l'Apôtre  avait  le  pouvoir  de  donner  la  nourriture 
[solide]  —  car  celui  à  qui  les  Apôtres  ont  imposé  les  mains 
a  reçu  l'Esprit  Saint  (3)  qui  est  la  nourriture  de  vie  —  mais 
qu'eux  ne  pouvaient  pas  la  recevoir  parce  qu'ils  avaient  encore 
un  sens  (4)  faible  et  infirme  et  malade  et  indiscipliné  pour  toute 
la  discipline  envers  Dieu  [137  v],  de  même  dès  le  commence- 
ment, Dieu  avait  le  pouvoir  de  donner  [ce  qui  est]  parfait  à 
l'homme;  mais  celui-ci,  comme  il  avait  été  récemment  fait, 
n'avait  pas  encore  le  pouvoir  de  le  recevoir,  ou  l'ayant  reçu  de  le 
saisir,  ou  l'ayant  saisi  de  le  contenir  en  lui.  Et  c'est  pourquoi 
le  Verbe  de  Dieu  se  fit  comme  un  enfant  avec  les  hommes  alors 
qu'il  était  parfait  (5),  non  à  cause  de  lui-même,  mais  à  cause 
de  l'enfance  de  l'homme  afin  qu'il  fût  contenu  comme 
l'homme  pouvait  le  contenir  (6).  [Ce  n'est]  donc  pas  de  la 
part  de  Dieu  [qu']  est  l'impuissance,  l'indigence  (7)  et  le 
défaut,  mais  de  la  part  de  l'homme  nouvellement  et  récem- 
ment créé  parce  qu'il  n'était  pas  incréé  (8). 

[Mass.  xxxviii,  3]  (9).  Donc,  du  côté  de  Dieu,  toute  puis- 
sance et  sagesse  et  bonté  se  montre;  [sa]  puissance  et  sa 
bonté  pour  avoir  établi  et  créé  par  [sa]  volonté  ce  qui  n'était 
pas  encore;  sa  sagesse  pour  avoir  fait  ces  choses  créées  avec 

(1)  «uii  ;  le  grec  écrit  mieux  touiéttiv,  suivi  par  le  latin  hoc  est. 

(2)  >/">/>|;,  varkh,  ici  itoXitEÎa;  cf.  p.  224,  n.  8.  —  (3)  Act.,  vin,  17. 

(4)  ta  at<r6ï)TrÉpi»,  latin  sensus,  arménien  iiniii(ni^)/n)i,  zgayowlhivm.  Noter  lu 
traduction  de  Yunvtzsîa  par  UUim  pin  î«  et  convcrsalio 

(5)  t'o  xéXeiov,  latin  perfcclionem  ;  l'arménien  écrit  simplement  l'adjectif 
/luimuinbuii,  katareal. 

\%)  Dans  tout  ce  passage  mmUit  traduit  yuipéio;  cf.  p.  182,  n.   1. 

(7)  èvSeéc,  indigens,  limi miiiillnli,  karawlowlhiwn,  cf.  p.  74,  n.  5. 

(8)  yeyovû;  est  traduit  comme  toujours  par  bnhmi,  eleal  (cf.  224,  n.  1  et 
7);  àfvrrpa*;  par  cnli/,/i<\.  anerc,  incorruptible;  il  faut  lire  sans  doute  m)itij. 
anel,  infeclus;  cf.  p.  224,  n'.  G  et  p.  228,  n.  4. 

(9)  Ici  commence  un  nouveau  fragment  cité  par  les  mêmes  manuscrits  et 
publié  par  IIolI  sous  !e  numéro  155;  se  reporter  à  ce  qui  a  été  dit  p.  221,  n.  2  ; 
remarquer  le  doublet  xOÇsiv  te  xat  rcotsïv  traduit  en  arménien  par  yuuiniiiuif^ 
Il  uiniiki,  hastniel  cw  afnet  et  en  latin  constituera  et  feccrit.  Cf.  p.  234,  n.  6. 

[226] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  H/ERESES.  325 

harmonie  et  convenance  et  accord  et  perfection;  celles]  qui,  à 
cause  de  sa  grande  bonté,  ont  reçu  un  accroissement  et  qui 
demeurent  plus  longtemps  conduisent  à  l'idée  (1)  de  l'incréé, 
Dieu  donnant  abondamment  [et]  sans  jalousie  ni  convoitise 
:  ce  qui  est]  bon  (2)  ;  selon  qu'elles  sont  faites,  elles  ne  sont 
pas  incréées  (3)  ;  mais,  selon  qu'elles  se  perpétuent  et  demeurent 
constamment  durant  de  longs  siècles,  elles  reçoivent  la  puis- 
sance de  l'incréé  r  138  r],  de  Dieu  qui  leur  donne  gratuitement 
sa  pérennité  éternelle. 

2.  Et  ainsi  Dieu  aura  la  primauté  en  toutes  choses  parce 
que,  seul,  il  est  incréé  (1)  et  [que],  le  premier  de  toutes  choses, 
il  est,  quant  à  l'être  (5),  cause  de  toutes;  toutes  les  autres  sont 
établies  dans  la  soumission  (6)  à  Dieu;  et  la  soumission  à  Dieu 
est  l'incorruptibilité  et  la  résurrection,  et  l'éternité  de  l'incor- 
ruptibilité donne  l'idée  de  l'incréé  (7).  Donc  par  cet  ordre  et 
par  de  telles  convenances  (8)  et  par  de  tels  exercices,  l'homme 
fait  et  créé  devient  selon  l'image  et  la  ressemblance  du  Dieu 
incréé,  le  Père  se  complaisant  et  acquiesçant  (9),  le  Fils  était 
ministre  et  formant,  l'Esprit  nourrissant  et  accroissant,  el 
l'homme,  peu  à  peu,  petit  à  petit,  progressant  et  s'élevant 
vers  [ce  qui  est]  parfait,  c'est-à-dire  devenant  proche  de 
l'incréé,  car  [ce  qui  est]  parfait  est  incréé,  et  c'est  Dieu.  Mais  il 
était  nécessaire  (10)  à  l'homme  d'abord  d'être  fait  (11),  et  ayant 

(1)  S6fiv  en  grec,  que  traduisent  le  latin  gloriarn  et  l'arménien  Luinblm. 
karcis,  idée,  opinion,  connaissance. 

(2)  La  fin  du  paragraphe  manque  dans  les  Sacra  Parallela. 

(3)  L'arménien  traduit  exactement  le  truisme  qu'on  lit  dans  le  latin  :  Secwidum 
id  quod  fada  sunl,  non  suni  infecta. 

(4)  àyévr.-o;  ici,  comme  deux  lignes  plus  haut  et  p.  226,  n.  s,  traduit  par  uAihn, 
tinel  et  infectas;  cf.  p.  05,  n.  3. 

(o)  qninJfi,  golovn ,  latin  ut  sint. 

(G)  ùttotœyt,,  subjectio,  s])i<miiii?ifini  A//n  )■ ,  hnazandowt hiirn . 
(i)  jiuiiiirii  «mil/, ,  montre,  donne,  présente  est  absent  du  grec  et  du  latin;  c'est 
sans  doute  une  glose  â  supprimer;  encore  àfévritoç  traduit  par  les  mêmes  mots. 

(8)  £u6|i6;  traduit  par  convenienlia  et  iuinnuinm.3h,  yardarowmn. 

(9)  xsXeÙw  signifie  ordonner,  commander,  jubente  dit  le  latin;  y»i  mUinj 
hawancat  est  peut-être  une  mauvaise  lecture  pour  Çuiumuimbiui,  haslaleal,  fixant, 
établiasant  ou  mieux  ■Çnuiiîuiifeuii,  hramayeal,  commandant. 

(10)  ijfiiinui  L.  lupétub  tji,  toujours  iôei. 

(11)  yêvéoBju.  ficri  bnuilihi,  elanel ;  cf.  p.  226,  n.  8. 

[227] 


'.'y2()  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

été  fait  de  croître,  et  ayant  crû  d'être  adulte,  et  étant  adulte 
de  se  multiplier,  et  s'étant  multiplié  de  porter  la  puissance, 
et  étant  puissant  d'être  glorifié,  et  étant  glorifié,  de  voir  son 
Seigneur,  car  Dieu  est  celui  qui  doit  [138  vj  être  vu  et  la  vision 
de  Dieu  est  opératrice  d'incorruptibilité,  et  l'incorruptibilité 
est  d'être  (1)  proche  de  Dieu. 

3.  [xxxvin,  4.]  Donc,  ils  sont  fous  et  insensés  en  tout,  ceux 
qui  n'admettent  (2)  pas  un  temps  de  croissance  et  reprochent 
à  Dieu  la  faiblesse  de  la  nature.  Ils  [ne  connaissent  pas]  Dieu, 
ils  ne  se  connaissent  pas  eux-mêmes,  insatiables,  inassouvis, 
ingrats,  ne  voulant  pas  que  soient  tout  d'abord  ceux  qui  sont 
créés  dans  l'humanité,  hommes  sujets  aux  passions;  mais  ils 
transcendent  le  rang  de  l'humanité,  et,  avant  qu'ils  aient  été 
faits  hommes,  voici  qu'ils  veulent  être  semblables  au  Dieu 
Créateur  sans  qu'il  y  ait  aucune  différence  entre  le  Dieu  non 
fait  et  les  hommes  qui  sont  faits  encore  maintenant  :  ils  sont 
plus  insensés  que  des  bêtes  sans  raison;  car  celles-ci  ne  mur- 
murent ni  ne  s'élèvent  contre  Dieu  parce  qu'ils  ne  les  a  pas  faites 
hommes,  mais  chacune  rend  grâces  parce  qu'elle  a  été  faite 
de  ce  qu'elle  a  été  faite.  Mais  nous,  nous  nous  élevons  contre 
lui  parce  que,  dès  le  commencement,  nous  n'| avons]  pas 
[été]  faits  dieux,  mais  tout  d'abord  hommes,  et  ensuite  [nous 
serons]  comme  des  Dieux  (3);  et  cependant  Dieu,  selon  la 
simplicité  de  l'explication  de  sa  bonté,  a  fait  [ces]  choses  de 
manière  que  personne  ne  puisse  penser  qu'il  est  envieux, 
méchant  ou  avare  (1).  «  Car,  dit-il,  j'ai  dit  :  Vous  êtes  des 


(li  Sap.  vi,  20,  tel  est  le  sens  de  l'arménien  Sknà  nni  k  illutnnLiuh;  mais  le 
grec  écrit  êyyù?  e'tvai  notet  8so0  conforme  au  texte  de  l'Ancien  Testament  et  suivi 
par  le  latin  proximum  facil  esse  Deo:  au  lieu  de  «ni  t,  'J°l  ';.-  "  faut  probable- 
ment lire  annht;,  gorcè,  tcoieï,  et  on  retrouve  ainsi  le  sens  précédent.  Avec  ce 
paragraphe  s'achève  la  citation  grecque. 

(i)  nîiiifiLÎi/ifi,  endownin;  il  faut  lire  probablement  iu/iïi  ni_ii/iïi,  akn  owtfnavec 
le  latin  expeelant. 

(3)    >ii(iniif,ii  ('.muni  im\i>,  ainsi  que  des  Dieux;  le  latin  écrit  simplement  PU. 

(-1)  viifiiiu.Nf.MiiM  /ii li mli m»,  haygacealkh  xnakot;  le  premier  mot  est  incom- 
préhensible; le  second  semble  devoir  être  lu  luhuiinn,  xnayol,  avare,  regardant 
parcimonieux. 

[338] 


SAINT    [RENÉE    :    AD  VERSUS  BjERBSES.  327 

Dieux,  et  tous,  vous  êtes  les  Fils  du  Très-Haut  »  (1);  mais. 
comme  dans  notre  impuissance  nous  ne  pourrions  [139r 
porter  la  divinité  :  «  et  vous,  dit-il,  comme  des  hommes  vous 
mourez  »;  il  annonce  ces  deux  choses,  la  simplicité  dans 
l'explication  de  son  don,  et  notre  faiblesse  et  notre  pouvoir 
sur  nous-mêmes  (2)  car,  selon  sa  bienfaisance,  il  [nous]  a  donné 
bonnement  le  bien,  et  pareillement  à  lui,  il  nous  a  fait  maîtres 
de  nous-  mêmes];  mais  selon  sa  prescience,  il  a  connu  la 
faiblesse  de  l'humanité,  et  tout  ce  qui  devait  lui  advenir  d'elle: 
mais,  selon  son  amour  et  sa  puissance,  il  triomphe  de  la  subs- 
tance de  la  nature  créée  (3).  Cependant  il  était  nécessaire  que 
cette  nature  apparût  tout  d'abord  et  ainsi  que  le  mortel  fût 
vaincu  et  plongé  dans  l'immortalité  et  le  corruptible  dans  l'in- 
corruptibilité (4)  et  que  l'homme  devînt  selon  l'image  et  la  res- 
semblance de  Dieu,  ayant  reçu  la  connaissance  du  bien  et  du  mal. 

LXIV 

1.  [Mass.  xxxix,  l.J  [L'homme,  en  effet,  a  reçu  la  connaissance 
du  bien  et  du  mal]  (5).  Et  il  est  bon  d'écouter  (6)  Dieu  et  de 
lui  obéir  et  d'adhérer  (7)  à  lui,  de  garder  son  commandement; 
et  cela  est  la  vie  de  l'homme;  comme  ne  pas  écouter  (S)  Dieu 
est  mauvais  et  cela  est  sa  mort.  Donc  Dieu  est  indulgent  et 
patient;  l'homme  a  su  et  connu  le  bien  de  l'obéissance 
docile  et  l'horreur  du  mal  de  l'indocilité,  afin  que  l'œil  de 
l'esprit,  ayant  fait  l'essai  des  deux,  fasse  choix  des  bonnes 
choses  [139  vj  par  un  choix  expérimenté  et  ne  soit  ni  pares- 

(I)  Ps.  lxxxi,  6-7;  cf.  Justin.  Dialogue,  cxxiv,  i;  Sbn-uiïiUp,  vous  mourez,  le 
latin  écrit  au  futur  moriemini. 

i-'j  niîiÀliJi-ifiiiii'/iMi  ^J/ii'/i,  anjnuzanowlkiwn,  a-j?ei;o-.i<nov  ;  cf.  p.  218j  n.  9. 

(3)  Lire  évidemment  hnuAih^,  eianeli,  en  un  seul  mot. 

(-1)  II  Cor.,  v,  4;  I  Cor.,  xv,  53. 

(5)  Cette  phrase  figure  dans  la  traduction  latine;  mais  est  omise  dans  le  texte 
arménien. 

[G)  Le  texte  écrit  ijiiikjji,  Hurla,  être;  c'est  wbiîij  Iseln,  écouler  qu'il  faut  lire; 
,cf.  n.  S. 

(?)  ^uiLiufifci,  hawanel,  est  plutôt  se  credere  que  credere;  il  faut  peut-être  lire 
VuLiuiniui,  hawalal  avec  le  latin. 

8)  in/*/,  &fJ.  employé  ici  appuie  la  conjecture  de  la  n.  G. 

[2*9] 


328  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

seux  ni  nonchalant  ni  négligent  ni  insouciant  envers  Dieu; 
mais  ce  qui  rejette  la  vie  de  lui,  c'est-à-dire  ne  pas  écouter  Dieu, 
celui  qui  sait  par  expérience  en  quoi  c'est  mauvais,  [celui-là) 
ne  l'entreprendra  plus  jamais;  mais  ce  qui  garde  la  vie  intacte, 
c'est-à-dire  écouter  Dieu,  celui  qui  sait  que  cela  est  bon  le  garde 
avec  un  empressement  attentif  et  soigneux;  c'est  pourquoi  il  a 
reçu  les  deux  sens  (1)  qui  ont  la  connaissance  des  deux  choses, 
afin  qu'il  fasse  le  choix  en  connaissance  de  conseil  (2);  et  [cette] 
connaissance  de  conseil  du  bien,  comment  pourrait  l'avoir  celui 
qui  ne  posséderait  pas  [son]  contraire?  Car  plus  établie  et 
indubitable  est  la  compréhension  des  substances  (3)  que  cette 
rencontre  accidentelle  qui  vient  de  la  divination  magique; 
car,  comme  la  langue  reçoit  par  le  goût  l'information  d'expé- 
rience et  d'essai  du  doux  et  de  l'amer,  et  [comme]  l'œil  par 
la  vue  discerne  le  noir  du  blanc,  et  [comme]  l'oreille  par 
l'audition  connaît  la  différence  des  sons,  ainsi  l'esprit  (4) 
qui,  par  l'expérience  de  chacun,  possède  l'intelligence  du 
conseil  de  la  sagesse  du  bien,  devient  plus  attentif  dans  sa 
garde  en  devenant  docile  (5)  à  Dieu;  tout  d'abord  j'l40r],  il 
vomit  par  la  pénitence  tout  ce  qui  est  amer  et  mal,  et  ensuite, 
sachant  par  la  maturité  de  la  connaissance  [ce  qui  est]  contraire 
au  bien  et  au  suave,  il  n'entreprendra  plus  jamais  de  goûter  de 
l'indocilité  désobéissante  à  Dieu.  Si  à  la  connaissance  de  ces 
deux  choses  et  à  ce  double  sentiment  et  à  la  considération  de 
cette  pensée,  tu  [venais]  à  te  dérober,  sans  le  savoir,  tu  tuerais 
l'homme  [que]  tu  [es]  (6). 

2.   [Mass.    xxxix,  2.]  Et   comment  aurais-tu  été  fait  Dieu. 
[toi]  qui   n'as  pas  encore  été  fait  homme?  comment  parfait, 

(1)  iiiiiu|iu  AI/h  li,  zgayowlhiwn,  scnsus,  aityôïi-rripta;  cf.  p.  ".i"-2<>,  n.    1. 
(?)    Le   latin   écrit    ut  electionem  meliorum   cum    disciplina   facial,    {luiiàmii 
/i./mi/iiiiii  :  hancar  xra'ow  et  disciplina  semblent  correspondre  à  iraièisi'i. 

(3)  /,'(,/./,,. /,,!/,,  abrégé  d  tL^lui/j lujm  Ifydi,  enthakayowlhiwn  oOuict?  cf.   p.   17, 
n.  8  et  p.  47,  n.  4. 

(4)  iV/uiii,,  milkh) latin  mens,  voû;;  cf.  p.  5"2,  n.  7  et  p.  105,  n.  7. 

(5)  Lire  <j/ni_,  hluxv,  docile  au  lieu  de  son  contraire  wïiÇinL,  an/ilow,  que  le 
texte  écrit  par  une  distraction  évidente. 

(6)  Sens   assez  douteux;  le  latin  écrit  lalcnlcr  semilipsum  occidit  hominem: 
Supprimer  évidemment  la  virgule  entre  <7/;'"/  et  uwmml^k^ni^. 

[230] 


SAINT    IRÉNLT.    :    ADVERS0S  ll.ERESES.  329 

[toi]  qui  as  été  récemment  formé?  Et  comment  immortel, 
toi]  qui,  mortel  par  nature,  n'as  pas  écouté  le  Créateur?  (1) 
Car  il  est  juste  et  nécessaire  (2)  tout  d'abord  que,  toi,  tu  gardes 
l'ordre  de  la  place  de  l'homme,  et  puis  ainsi  tu  participeras  (3) 
à  la  gloire  de  Dieu;  car  [ce  n'est]  pas  toi  [qui]  fais  Dieu,  mais 
Dieu  [qui]  te  fait.  Donc,  si  tu  es  l'œuvre  de  Dieu,  tiens-toi 
dans  la  main  de  (1)  ton  artisan  et  écoute  celui  qui,  à  l'heure 
convenable,  fait  droitement  toutes  choses,  fait  à  l'heure 
convenable  ce  qui  te  concerne,  ce  qui  concerne  la  créature 
ique]  tu  [es]  (">).  Mais  livre-lui  ton  cœur  simple  et  facile  à 
exercer  et  facile  à  porter  et  garde  l'aspect  selon  lequel  l'artisan 
t'adapte  par  l'image,  ayant  dans  ton  âme  ce  [principe  d'j 
humidité  [qui  est]  de  lui,  de  peur  que,  endurci  et  rejeté  [140  v], 
tu  ne  perdes  la  trace  de  sa  chair  (6);  mais,  gardant  l'arrange- 
ment de  la  convenance  (7),  tu  iras  et  monteras  vers  [ce  qui 
est]  parfait;  car,  par  l'art  de  Dieu,  l'argile  qui  est  en  toi  est 
cachée  et  voilée;  il  tire  de  la  terre  comme  d'une  mine  la 
substance  (8),  de  sa  [propre]  main,  il  te  oindra  au-dedans  et 
au-dehors   avec  de  l'or  pur  (9)  et,  ainsi  préparé,  il  t'embel- 


(1)  Tontes  ces  interrogations,  comme  la  dernière  phrase  du  précédent  para- 
graphe, le  latin  les  écrit  à  la  troisième  personne  :  defagiat,  occidit,  eril,  foetus 
est,  obcdivil. 

(2)  uimnw  L.  lupJwh  t,  Ssî;  toute  cette  phrase  arménienne  correspond 
rigoureusement  à  la  phrase   latine    :    Oporlet  enim  te  primo  guident   ordinem 

ii/i m ii  limnnlAi,  tîSiv?  cf.  p.  45,  n.  7)  hominis  cuslodire,  lune  deinde  participait' 
gtorix  Dei. 

(3)  nfinm  Lfcjni  pj,,),  uin_Lti,  infinitif  périphrastique  de  iiînim  Uni,  endownim 
i|ui  traduit  ailleurs  \j.ïiï/y>\  cf.  p.  114,  n.  4. 

(4)  On  a  suivi  ici  la  phrase  latine,  la  ponctuation  enlevant  tout  sens  au  texte 
arménien. 

(5)  L'arménien  semble  corrompu:  le  latin  écrit  quantum  ad  le  allinet  gui 
efficeris. 

(6)  Tel  est  le  sens  de  l'arménien  SiunUhni,  raarmnoy:  il  faut  lire  probable- 
ment, avec  le  latin,  SuimuAig,  matanç,  digilorum. 

(7)  iuiniiiunnL.3L  iiunSiunnLBbuiïi,  yardaroiumn  yarmarowthean,  des  moN 
voisins  presque  synonymes;  le  latin  écrit  compaginationem. 

(8)  iiniuujiit  jêjuli,  goyaçowthiwn,  o-joia  ou  peut-être  plutôt  ÙTzétruLatç  à  cause 
du  latin  subslantia;  cf.  p.  47,  n.  1;  p.  108,  n.  G;  la  phrase  latine  est  d'ailleur* 
assez  différente  :  fabricavit  subslanliam  in  te  manus  ejus. 

(9)  Le  latin  ajoute  et  argenlo. 

[231] 


330  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

lira  jusqu'à  ce  que  le  roi  lui-même  soit  épris  de  ta  beauté  (1). 
Mais  si,  l'endurcissant,  tu  rejettes  avec  mépris  son  art,  [si 
tu  es  mécontent  [et]  ingrat  envers  lui  parce  que  tu  as  été 
l'ait  homme,  ayant  été  ingrat  envers  Dieu,  tout  ensemble,  tu 
rejetteras  son  art  et  la  vie,  car  faire  est  le  propre  de  la  seule 
bonté  de  Dieu,  mais  être  [fait]  le  propre  de  la  nature  humaine; 
mais  si,  volontairement,  tu  [lui]  offres  [ce  qui  est]  de  toi,  c'est- 
à-dire  la  foi  et  l'obéissance  envers  lui,  tu  recevras  son  art  et 
deviendras  parfaite  œuvre  de  Dieu. 

[Mass.  xxxix,  3.]  Mais  si  tu  [as]  peu  de  foi  (2)  en  lui  et  fuis  de 
ses  mains,  tu  seras  cause  d'inaction  (3)  en  toi  qui  n'as  ni 
écouté  ni  obéi,  mais  non  vers  lui  qui  t'a  appelé;  car  lui,  il  a 
envoyé  appeler  aux  noces,  mais  ceux  qui  ne  l'ont  pas  écouté 
ont  été  prives  (4)  [111  r]  du  festin  du  royaume. 

3.  L'art  de  Dieu  n'est  donc  pas  déficient,  puisqu'il  peut,  des 
pierres,  faire  suigir  des  fils  à  Abraham  (5);  mais  celui  qui 
ne  le  suivrait  pas  deviendrait  cause  de  sa  propre  imperfec- 
tion (6);  car  la  lumière  n'est  pas  déficienle  à  cause  de  ceux 
qui  s'aveuglent  eux-mêmes  :  mais  elle  est  comme  elle  était; 
quant  aux  aveugles  [qui  le  sont  devenus]  par  leur  cause,  [ils! 
sont  dans  l'absence  de  vision  [et]  l'aveuglement;  [car]  la 
lumière  n'asservit  personne  de  force,  ni  Dieu  ne  contraint  par 
violence  personne  s'il  ne  veut  pas  avoir  en  lui-même  son 
art;  donc  ceux  qui  se  sont  tenus  en  dehors  de  l'espérance  (7) 


ili  Ps.  xliv,  12;  cf.  .Insiiii,  Dialogue,  lxiii,  5. 

(2)  /.If.iimviii  iinii/.m//.i/,  Iherahaioalesçes,  de  ObnuiÇuiLutinkS,  therahawatem 
qui  vient  de  l'adjectif  llUiiymiom,  Iherahawal,  bXtyomu-o;  (Matt.  ,vi,  30;  xiv,  31  : 
xvi,  8;  en  vin.  20  on  lit  dans  le  même  sens  uiulituLuiÇuiLiuin)  ;  le  latin  écrit  non 
<  redideris  ei. 

i3)  mi  an  n}>  n  lI3  li  il    angorcowlhiwn;  il  faut  probablement,  avec  le  latin  imper- 

feclio,  lire  luîinuinniiLJJbuiu,  amardouithean  qu'on  trouve  un  peu  plus  bas. 

(4)  Matt.,  xxu,  3;  le  latin  écrit  semetipsos  privaverunt. 

lo)  Matt.,  m,  8;  Luc,  in,  8. 

(6)  Ici  commence  un  texte  grec  cité  dans  les  Sacra  Parallela  et  publié  par 
Massuet  d'après  un  manuscrit  CoisHnus;  c'est  d'après  ce  manuscrit  unique  qiif 
lloll  l'a  public  a  nouveau  (Fragmente  vnrnicânischer  Kirchenviïler  «us  rien 
Sacra  Parallela.  Texte  und  UntersuchungeA,  xx,  2,  Leipzig,  18!iï),  n°  157). 

i7i  inLiini,  yowsoy ;  lire  évidemment  im««|,  lowtoy  avec  le  latin   luminc  et 

le  gv^C  ;t.)TO;. 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  IIJERESES.  3;{1 

du  Père  et  ont  transgressé  la  loi  de  liberté  sont,  de  par  leur 
propre  cause,  rejetés  [comme'  apostats,  ayant  été  faits  libres 
et  maîtres  d'eux-mêmes  dans  leurs  mœurs  (1). 

[Mass.  xxxix,  1.]  Mais  Dieu,  comme  il  sait  toutes  choses 
d'avance,  a  construit  d'avance  des  demeures  adaptées  aux  uns 
et  aux  autres.  A  ceux  qui  recherchent  la  lumière  d'incorrup- 
tibilité et  courent  vers  elle,  Dieu,  dans  sa  bonté,  donne  gra- 
cieusement cette  lumière  qu'ils  désirent.  Quant  à  ceux  qui 
la  dévastent,  [la]  méprisent,  [la]  considèrent  comme  néant,  et. 
se  détournant,  s'enfuient  loin  d'elle  et  [sont]  comme  s'ils 
s'étaient  aveuglés  eux-mêmes,  [à  ceux-là  il  a  préparé  la  ténèbre 
appropriée  à  ceux  qui  se  sont  détournés  de  la  lumière  [Ml  vj. 
Et  à  ceux  qui  s'enfuient  de  son  obéissance,  il  a  préparé 
d'avance  un  châtiment  de  peine  adapté,  mais  l'obéissance  à 
Dieu  est  un  repos  éternel;  en  sorte  que  ceux  qui  s'enfuient  de 
la  lumière  aient  un  lieu  digne  de  leur  fuite,  et  ceux  qui  s'en- 
fuient de  l'éternel  repos  aient  aussi  une  demeure  pareille  et  ap- 
propriée à  leur  fuite.  Car  comme,  auprès  de  Dieu,  toutes  choses 
sont  bonnes,  ceux  qui,  par  leur  volonté  (2)  ,  fuient  loin  de 
Dieu  dépouillent  leurs  âmes  des  biens  (3);  dépouillés  des  biens 
qui  sont  auprès  de  Dieu,  en  justice  et  en  équité,  ils  tomberont 
dans  le  juste  jugement  de  Dieu;  car  ceux  qui  s'enfuient  du 
repos  tomberont  dans  un  juste  châtiment  de  peine,  et  ceux 
qui  se  sont  enfuis  hors  de  la  lumière  habitent  dans  de  justes 
ténèbres.  De  même  que,  [pour]  cette  lumière  temporelle, 
ceux  qui  s'enfuient  loin  d'elle  (1)  sont  à  eux-mêmes  cause  de 
ce  qu'ils  privent  leurs  âmes  de  la  lumière  et  habitent  dans  la 
ténèbre  —  et  ce  n'est  pas  la  lumière  qui  est  cause  pour  eux 
d'une  telle  demeure  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut  — 
de  même  ceux  qui  ont  fui  la  lumière  éternelle  de  Dieu  qui 
enveloppe  tous  les  biens  sont  cause  envers  eux-mêmes  [de  ce 

(1)  Ici  finit  le  texte  grec;  remarquer  la  correspondance  des  mots  nui.,. m  et 
éXeufepoç,  nAnxhli  «luut)i  et  KVTeÇouffto;,  ijnbiui  et  yeyova);,  niunn  liiuStuq  et  yvw[aï; 
tcf.  p.  -il,  n.  8;  p.  218,  n.  9;  p.  221,  n.  4  et  7;  p.  LOI,  n.  5  et  p.  212,  n.  5). 

(2)  l^uiSutLg  et  le  latin  sententia  traduisent  probablement  le  grec  yv^^; 
cf.  n.  2. 

(3)  Le  latin  écrit  ab  omnibus  bonis. 

(A)  Le  latin  ajoute  :  Ipsos  se  Cenebris  mancipianl. 

[233] 


332  REVUE  DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

qu']  ils  habiteront  dans  la  ténèbre  éternelle,  privés  de  tous 
[142  r]  les  biens,  s'étant  faits  à  eux-mêmes  causes  d'une  telle 
demeure. 

LXV 

[Mass.  xl,  1]  (1).  Donc  il  est  un  seul  et  même  Dieu  Père 
lequel,  à  ceux  qui  désirent  sa  seule  demeure  (2)  et  persévèrent 
dans  son  obéissance  (3),  prépare  les  biens  [qui  sont]  auprès 
de  lui;  quant  au  chef  (4)  de  l'apostasie,  le  diable  Satan,  et  aux 
anges  sortis  avec  lui,  il  a  préparé  pour  eux  le  feu  éternel 
auquel  seront  envoyés,  dit  le  Seigneur,  ceux  qui  ont  été  séparés 
[et]  placés  à  son  côté  gauche  (5).  Et  c'est  ce  qui  a  été  dit  par  le 
prophète  :  «  Je  [suis  un]  Dieu  jaloux;  je  fais  la  paix  et 
j'établis  (6)  le  mal.  »  A  ceux  qui  font  pénitence  (7)  et  se 
tournent  vers  lui,  il  fait  la  paix  et  l'amour  et  il  établit  l'unité 
avec  lui-même;  quant  à  ceux  qui  ne  font  pas  pénitence  mais 
s'enfuient  de  sa  lumière,  il  a  préparé  [pour  eux]  un  feu  éternel 
et  une  ténèbre  extérieure  qui  sont  le  malheur  de  ceux  qui 
tombent  en  eux. 

(1)  Ici  commence  un  nouveau  texte  grec  publié  par  Massuet  et  Holl  (n°  158) 
dans  les  mêmes  conditions  qui  ont  été  indiquées  plus  haut  p.  41,  n.  2. 

(2)  f/iiii/iiii /iff.iii)!,  bnakowthean;  le  grec  écrit  xoivomctc  suivi  par  le  latin 
commvnicalionem;  il  faut  lire  probablement  pfiui/innL/3/n.fi.  bnakçowthivm. 

(3)  fciuïi  î/iiiuî.,  kan  mnan  traduit  jtpo<r[iévou<7iv  et  Çfciiiniuïimit.fl/ii.îi,  hnazan- 
dowthiwn  •JTroTotY'l-  Cf.  p.  227,  n.  6. 

(4)  m. i  iiiv'liii/iijniiiif.ifi,  afajnordapel  traduit  ici  àp'/nryoç  auquel  correspond 
d'ordinaire  uin-uiOfinnn,  arajnord;  cf.  p.  138,  n.  9;  àitoa-cixaia  est  traduit  par 
iiiiiiiiiiniiiVi-Mi  J.//n  '/■    apslambowlhiivn,  qui  a  aussi  le  sens  général  de  révolte. 

(5)  Matt.,  xxv,  41. 

(6)  lsaie,  xlv,  7  :  IIoiûv  e?p^vy)v  xai  xtiÇwv  xaxi;  noiwv  et  xuÇmv  semblent 
synonymes;  cf.  Adv.  User.,  iv,  6)3,  1  (p.  226,  n.  9)  :  xtîÇeiv  ts  xod  iroteïv;  dans  les 
deux  passages  xTiÇw  est  traduit  par  ÇtuumiuwbS,  haslatem,  établir,  affermir, 
fonder  (cf.  Adv,  Ifser.,  iv,  34,  2)  et  itoiew  par  1un.J1f.1f,  arnem,  faire,  créer. 

(7)  çi)(ot  est  traduit  par  uh;n  sèr  (cf.  p.  85,  n.  5)  et  âvwffiç  par  lînmi  nnm  pli,  L, 
uiiaworowthiwn  (cf.  p.  68,  n.  5)  jj.sTavoÉco  par  uiuitu^hitunhS,  apaîxarem,  comme 
toujours  dans  la  Vulgale  du  Nouveau  Testament,  sauf  Matt.  xn,  12  (anpuiS) 
et  Act.  vin,  22  et  Apoc.  11,  5  (inuiiu*im_fciî).  Avec  ce  chapitre  finit  la  citation 
grecque. 

[234J 


SAINT    HEBETEE    :    «0KBRSO5  ITjBRBSES.  333 


LXVI 

1.  [Mass.  xl,  2.j  Mais  si  c'était  un  autre  [personnage]  qui 
donnât  le  repos,  le  Père,  et  un  autre  qui  préparât  le  feu,  Dieu, 
leurs  fils  aussi  auraient  été  faits  différents;  il  y  aurait  [celui] 
qui  enverrait  dans  le  royaume  du  Père  et  (celuij  qui  |enverrait| 
au  feu  éternel.  Mais  parce  que  le  seul  et  même  Seigneur  qui 
choisit,  sépare  et  distingue,  a  prévenu  toute  la  race  humaine 
du  jugement  [142  v],  à  la  manière  d'un  pasteur  qui  sépare 
et  divise  les  brebis  des  boucs  (1),  disant  à  certains  d'[entre] 
eux  :  «  Venez  les  bénis  de  mon  Père,  prenez  possession  (2) 
du  royaume  préparé  pour  vous  »,  et  à  d'autres  :  «  Allez  loin 
de  moi,  maudits,  au  feu  éternel  que  mon  Père  a  préparé  à 
•Satan  et  à  ses  anges  »,  le  Père  même  (3)  est  montré,  avec 
évidence  «  faisant  la  paix  et  établissant  le  mal  »  (4),  pré- 
parant d'avance  ce  qui  sera  adapté  aux  deux  côtés,  comme 
un  juge  unique  envoie  deux  [plaideurs  chacun]  au  lieu  conve- 
nable, ainsi  que,  dans  la  parabole  de  l'ivraie  et  du  froment,  le 
Seigneur  l'a  manifesté  :  •<  car,  comme  l'ivraie  est  réunie  et 
bride  dans  le  feu,  ainsi  en  sera-t-il  à  la  fin  du  siècle;  le  Fils 
de  l'homme  enverra  ses  anges  et  ils  rassembleront  de  son 
royaume  tous  ceux  qui  font  des  scandales  et  des  illégalités  (5), 
et  ils  les  jetteront  dans  la  fournaise  du  feu;  là  seront  le  pleur 
et  le  grincer  des  dents;  alors  les  justes  brilleront  de  lumière 
comme  le  soleil  dans  le  royaume  de  leur  Père  ».  Donc  notre 

il)  Matt,  x\v,  32. 

(2)  Matt.,  xxv,  35;  Juin.iu1iakgl;o  de  ./mii.Miîiii/.ii  jarangem  qui  traduit  régu- 
lièrement xXtipovo|ieïv  dans  le  Nouveau  Testament  et  dans  VAdversus  Hœreses; 
cf.  p.  42,  n.  9. 

(3)  L.  fiLeii  /iu/j  «»i((i'/i,  ew  inkhn  isk  Bayrn;  le  latin  meilleur  unus  et  idem 
Pater  correspondrait  à  l'arménien  Sh  L  hnit  v»(m,  mi  ew  noyn  Hayr  et  au 
grec  ei;  xal  aÛTO;  6  nariip;  le  traducteur  arménien  semble  avoir  omis  si;. 

(4)  Isaïe,  xi.v,  7;  cf.  p   234,  n.  6. 

(5)  iMatt.,  xiii,  40  :  onmes  qui  scandala  el  iniquilales  faciunt:  notre  texte  latin 
écrit,  d'accord  avec  nos  manuscrits  du  Nouveau  Testament  et  les  Vulgates  : 
'tnaiia  scandala  et  eus  qui  faciunt  iniquitatern;  a,uil)nil,nni_l)\iLl,,  gaythaklow- 
Ihitvn  ou  ijiii(I<7iiiijr,i!i^!i  )/,  gaythaglowlhiwn  traduit  régulièrement  ixàvSaXoM 
dans  le  Nouveau  Testament:  de  même  .,,'/,,  m  ^, /,'/,„,  phii,  anawrénowlhiwn 
traduit  àvo|i:a. 

235 


334  REVUE  oe  l'orient  chrétien. 

Père  a  préparé  d'avance  un  royaume  pour  les  justes  auquel 
le  Fils  a  élevé  ceux  qui  sont  dignes  de  lui  (1),  et  il  a  préparé 
une  fournaise  de  feu  [143  r]  où  les  Anges  qui  auront  été  envoyés 
par  le  Fils  (2)  [jetteront  ceux  qui  en  seront]  dignes  selon  le 
commandement  du  Seigneur  (3). 

2.  [Mass.  xl,  3J  (4).  Car  celui-ci  dans  son  champ  avait 
semé  la  bonne  semence  et  «  le  champ  est,  dit-il,  le  monde  (5)  ; 
mais  au  [temps  duj  sommeil  des  hommes,  vint  l'ennemi  et 
sema  l'ivraie  au  milieu  du  froment  et  s'en  alla  »  ;  car,  depuis 
que  cet  ange  est  apostat  (6)  et  ennemi,  depuis  lors  il  porte  envie 
à  la  créature  de  Dieu  et  s'efforce  de  la  rendre  ennemie  de  Dieu. 
C'est  pourquoi  Dieu  [a  rejeté]  celui  qui  avait  semé  l'ivraie  sur 
le  blé]  en  se  cachant  de  lui,  c'est-à-dire  qui  a  introduit  la 
transgression  (7)  dans  [le  monde],  il  l'a  séparé  et  retranché 
de  la  participation  de  son  essence  (8).  Quant  à  celui  (9)  qui. 
avec  paresse  et  abus,  et  pourtant  sans  méchanceté,  reçoil 
la  désobéissance  (10)  coupable,  de  cet  homme  Dieu  a  pitié, 
et  il  a  tourné  ailleurs    sou    inimitié  vers  celui  qui   a  voulu 

(1)  Ou  peut-être  auquel  son  Fils  a  élevé  ceux  qui  sont  dignes:  l'arménien 
recouvre  exactement  le  latin  in  quod  assiimpsil  Films  ejus  dignos,  rjus  pouvant 
signifier  soit  regni  (aJxri;),  soit  Palris  (aùxo-j). 

(2)  Le  latin  écrit  a  Filio  Hominis. 

(3)  Stiun-L,  Tearn,  Domini;  le  latin  écrit  Dei. 

il)  Ici  commence  un  texte  grec  emprunté  par  les  éditeurs  à  deux  chaînes 
sur  saint  Matthieu. 

(5)  Matt.,  xm,  25  wnUiuipÇu,  aJxaths,  qui,  dans  tout  ce  passage,  traduit 
régulièrement  6  xo<j[j.6;;  le  latin  écrit  sasculum;  ailleurs  il  traduit  /.tIii-, 
cf.  p.  73,  n.  8. 

—  (6)  i-noitiiri^  est  traduit  par  liiuiMiiimiïi-,  apslamb,  comme  xTtoaximoi  par 
luuiuiiiiuifniiL^/iiJi,  apslambowlhiwn;  cf.  p.  1>'M,  n.  1. 

(?)  (iiiTiijuii_iiiuilP^ilÎi,  yançatoorowlhiwn  correspond  au  grec  7rapâ6asi;  (cf. 
llébr.,  n,  2);  7tapiêaji;  est  encore  traduit  par  iiulnuiLuih,  ycmçowac (Rom.,  v,  1  I  : 
Gai.,  m,  l'J)  et  iui\iatuîip,  yançankh  (Rom.,  iv,  45)  qu'on  trouvera  à  la  fin  du 
présent  paragraphe. 

(8)  Tel  est  exactement  le  sens  de  l'arménien  nLiini_fctinL^n_îi  qniwqnLphuth, 
endownelowthiwn  goyaçowthean;  le  grec  écrit  (ieTO-jaia,  le  latin  conversalio. 

(9)  Le  texte  écrit  le  pluriel  nnn,  orkh;  c'est  évidemment  «n,  or  qu'il  faut  lire, 
tout  le  reste  de  la  phrase  étant  au  singulier. 

(10)  L'arménien  écrit  aLui  <Çini0/ii_îi,  zna  hlowlliiwn,  celte  obéissance,  qui  n'a 
pas  de  sens;  il  faut  lire  évidemment  imil^'iinlJI,,),,  zanhlowthiwn,  la  déso- 
béissance. 

[236] 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADVERSUS  H.ERESK*.  335 

en  faire  son  ennemi,  vers  cet  auteur  de  haine  (l),  [le]  reje- 
tant loin  de  lui,  mais  appelant  l'homme  une  seconde  fois, 
l'invitant  et  renvoyant,  son  hostilité  ailleurs  sur  le  serpent, 
comme  dit  l'Écriture  :  Dieu  dit  au  serpent  :  «  Et  j'ai  mis 
une  inimitié  entre  toi  et' entre  la  femme,  et  entre  ta  race  et  sa 
race;  elle  te  gardera  à  la  tête  et  toi  tu  garderas  (2)  [l  13  v  à 
son  talon.  »  Et  cette  inimitié,  le  Seigneur  lui-même  l'a  réca- 
pitulée et  contenue,  étant  fait  homme  d'une  femme  et  foulant 
aux  pieds  ça  tète  (3)  comme  nous  l'avons  montré  dans  le  livre 
précédant  celui-ci. 

[Mass.  xli,  L.]  Parce  qu'il  a  dit  qu'il  y  a  des  anges  de  Satan 
pour  lesquels  il  a  montré  que  le  feu  éternel  est  préparé,  --  et 
encore  au  sujet  de  l'ivraie  il  l'a  dit  :  «  L'ivraie,  ce  sont  les  fils 
du  malin  »  —  il  est  nécessaire  de  dire  qu'il  a  imputé  toutes 
les  révoltes  à  celui  qui  a  été  le  chef  et  le  maître  (4)  de  cette 
transgression,  mais  que  ce  n'est  pas  celui-là  qui  a  fait  dans 
leur  nature  les  anges  ou  les  hommes  —  car  il  est  clair  que 
Satan  n'a  rien  créé  du  tout,  puisque  lui-même  est  une  créa- 
ture établie  par  Dieu  ainsi  que  les  autres  anges,  car  Dieu  a  fait 
toutes  choses,  comme  dit  encore  David  au  sujet  de  tous  les 
êtres  de  ce  genre  :  «  Il  a  dit  et  c'a  été  fait;  lui-même  a  com- 
mandé et  c'a  été  établi»   (3). 

LXVII 

[Mass.  xli,  -2.]  Donc  tous  les  êtres  ayant  été  faits  (6),  Satan 
s'est  fait,  pour  lui-même  et  pour  les  autres,  cause  de  l'apos- 

(1)  j^^uiSwptup,  exactement  le  latin  inimiciliarum  auclor;  dans  toute  cette 
page,  l'arménien  est  très  compliqué  et  négligé;  la  préposition  «un.  est  répétée 
ici  plus  que  de  raison:  le  latin  et  le  grec  d'ailleurs  ne  sont  pas  d'accord. 

(2)  Gen.,  m,  15;  uuituukS,  spasem,  signifie  généralement  servir,  comme  son 
compose  iiuiu/iiiui  nrim  M/u  li,  spasaworowlhiwn,  traduit  >.£:ToJ[)Y!a,  Stxxovta  (cf. 
p.  39,  n.  9  et  p.  41,  n.  1);  il  traduit  ici  -r/joéu,  garder  (latin  observabis)  :  cf.  Marc. 
vi,  20;  Luc,  vi,  7  et  xx,  20. 

(3)  Ici  se  terminent  les  fragments  grecs. 

(4)  mu  uioïi  L.  i^uipifuiuibinliy  arajn  ew  vardapetn,  rappelle  singulièrement 
mu  iiio1hijiijiiiiij/.i;i,  arajnordapel,  qui  avec  princeps  traduit  àp/Tfâç  (cf.  p.  234, 
n.  4).  Sur  transgression,  voir  p.  236,  n.  7. 

(5)  Ps.  cxlviii,  5:  noter  la  traduction  de  èreW,8ï]<jav  par  knh.  et  de  Èxitafapav 
par  v, minium/, i|uii  .  cf.  p.  234,  n.  6;  de  même  uiuiiuni  j,nl.ii  traduit  èvtéXXo|uu. 

(G)  Le  latin  ajoute  a  Deo. 


[237] 


OICIEXT   CURE1  IE\. 


336 


REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 


(asie  :  avec  justice  l'Écriture  a  dit  que  ceux  qui  demeurent 
toujours  dans  l'apostasie  sont  fils  de  Satan  et  anges  du 
mauvais.  Car  fils,  comme  l'a  dit  un  de  ceux  qui  étaient  avant 
nous,  s'entend  de  deux  façons  :  [il  y  a  celui  qui  est  fils]  selon 
la  nature  au  sens  où  il  a  été  fait  [141  r]  fils  et  créature  du 
créateur,  bien  qu'il  y  ait  une  différence  entre  créature  et  fils, 
car  l'un  [a  été  fait]  par  lui,  l'autre  a  été  fait  en  lui;  et  il  y  a 
celui  qui  est  fils]  selon  la  parole  de  doctrine,  puisque  celui  nui 
est  instruit  par  la  parole  est  dit  fils  de  celui  par  lequel  il  a  été 
instruit,  et  celui-ci  père  de  celui-là  (1).  Donc  selon  la  nature,  pour 
ainsi  dire,  tous  nous  étions  (2)  fils  de  Dieu  parce  que  tous  nous 
avons  été  faits  par  lui  (3).  Mais  selon  la  docilité  et  la  doctrine, 
nous  ne  sommes  pas  tous  fils  de  Dieu,  mais  [seulement]  ceux  qui 
croient  en   lui  et  l'ont  sa  parole    (1)    :  quant  à  ceux   qui    ne 

(1)  Dans  tom  ce  passage  le  latin  et    l'arménien  diffèrent  assez  sensiblement. 


Traduction  latine 

Filius  enim  quemadmodum  et  qui- 
dam ante  nos  dixit  dupliciter  intelli- 
gitur  : 

alius  quidem  secundum  naturam  eo 
quod  natus  sit  filius 

alius  secundum  id  quod  l'actus  est 
reputatur  filius 

licet  sit  differentia  inter  natum   et 
f;i et  uni. 
Quoniam  ille  quidem  ex  eo  natus  est, 
ille  autem  ab  ipso  l'actus  est, 
sive  secundum  conditionem, 
sive  secundum  doetrime  magisterium. 
Qui  enim  ab  aliquo  edoctus  est  verbo 
lilius  illius  a  quo  edoctus  est  dicitur 
et  ille  ejus  pater4 


Traduction  arménienne. 

Nam  et  lilius,  quemadmodum  el 
quidam  ex  his  qui  ante  nos  fuerunt 
dixit,  dupliciter  intelligitur  : 

secundum  naturam  secundum  quod 
factus  est  lilius 

et  creatura  creatoris 

licet  diffêrentiam  habeat  creatura  a 
filio' 

quod  hic  ab  eo, 

hic  autem  ab  ipso  l'actus  est. 

Et  est  qui  secundum  verbum  doc- 
trinae; 

nam  qui  ab  aliquo  edoctus  est  verbo 

filius  docentis  dicitur, 

et  ille  pater  ejus. 


l.a  comparaison  des  deux  textes  est  tout  à  l'avantage  de  la  traduction  latine, 
et  la  traduction  arménienne  est  encore  obscurcie  par  une  ponctuation  absurde. 
Il  est  probable  qu'Irénée  joue  sur  les  mots  yhsan  et  yiwT\rstç,  yevôjjievoi;  et  yzmu'i- 
(jievo;,  èfEveto  et  èyEvvr,6-/).  Le  traducteur  latin  a  compris  ses  explications,  non  le 
traducteur  arménien  qui  travaillait  peut-être 'sur  un  manuscrit  déjà  mutilé. 

(•.')  tuip,  éakh;  le  latin  écrit  sumus;  peut-être  en  arménien  faut-il  lire  feiîg, 
emkh,  sommes. 

(3)  Io.,  .,  12. 

(4)  Matt.,  xn,  50;  l'arménien  écrit  ,,r„,),h  ïmnui,  ~bann  nora,  sa  parole;  il  vaut 


[238J 


SAINT    IRÉNÉE    :    ADrÊRS.US  ffjERESES.  337 

croient  pas  en  lui  et  ne  font  pas  sa  volonté,  ce  sont  les  fils  et 
les  anges  de  Satan  selon  qu'ils  font  les  œuvres  de  Satan  (1). 
Et  que  cela  est  bien  ainsi,  [cela  est]  dit  dans  Isaïe  :  «  J'ai 
engendré  des  fils  et  je  les  ai  multipliés,  et  eux  m'ont 
méprisé  »  (2).  Et  encore  il  dit  qu'ils  sont]  des  fils  étrangers  : 
«  Les  fils  étrangers  m'ont  menti  »  (3),  car,  selon  la  nature, 
ils  sont  ses  fils  puisqu'ils  ont  été  faits  par  lui,  mais,  selon  la 
foi  (-1),  ils  ne  sont  pas  ses  fils. 

LXVIII 

1.  [Mass.  xli,  3.]  Car,  ainsi  que,  chez  les  hommes,  les  fils 
indociles  et  insubordonnés  à  leurs  pères  sont  proscrits  et 
exclus  de  la  filiation  —  par  nature  fils,  mais  par  la  loi 
étrangers  —  donc  n'héritent  pas  de  leurs  pères  selon  la 
nature,  il  en  est]  de  même  aussi  auprès  de  Dieu  :  ceux 
qui  ne  lui  sont  pas  fidèles  sont  proscrits  et  exclus  de  la  filiation  ; 
[111  v|  ayant  été  créés  par  lui,  ils  ont  cessé  (5)  d'être  ses  fils,  ne 
pouvant  pas  hériter  de  lui,  comme  dit  David  :  «  Les  pécheurs 
se  sont  faits  étrangers  au  sein  [de  leur  mèrei;  leur  colère  (G) 
est  à  la  ressemblance  du  serpent.  »  Et  c'est  pourquoi  le 
Seigneur  a  dit  ce  qu'il  savait  être]  la  génération  de  l'humanité, 
génération  de  vipères  (7)  selon  la  ressemblance  de  ces  bêtes; 
car,  comme  elles,  ils  vont  avec  une  frauduleuse  tortuosité  et 
ils  font  du  mal  à  tous  les  autres;  car  «  prenez  garde,  dit-il, 
faites  attention  au  levain  des  Sadducéens  et  des  Phari- 
siens »  (8);  et  encore  il  dit  au  sujet  d'Hérode  :  «  Dites,  dit-il,  à  ce 

mieux  lire  avec  le  Nouveau  Testament  aLiuSufi,  zkamsn  nora,  sa  volonté,  que 
confirme  la  traduction  latine  ejus  vohmtalem.  • 

(1)  Io.,  vm.   14. 

(2)  Isaïe,  i,  2. 

(3)  Ps.  xvn,  40. 

(1)  vin  Hum"),  hawatoç;  le  latin  écrit  secundum  opéra,  qui  équivaudrait  à 
l'arménien  annhnn,  gorcoç. 

lô)  Litt.  :  Ont  perdu  d'être  ses  fils. 

16)  Ps.  lvii,  4-û;  &nqui,  noça,  traduit  le  génitif  eorum  et  le  datif  eis. 

(?)  Matt.,  xxm,  33;  remarquer  la  traduction  de  YîV.ïiua  par  MhhImi,  cnownd, 
i.i  et  dans  la  Vulgate  (cf.  p.  40,  n.  4). 

(8)  Malt.,  xvi,  0. 

[239] 


338  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

renard  »  (1),  signifiant  sa  ruse  et  sa  fourberie.  A  ce  sujel, 
Jérémie  le  prophète  (2)  dit  :  «  [L'1  homme  était  à  l'honneur;  il 
a  ressemblé  [et  a  été]  pareil  aux  bêtes  brutes.  »  Et  encore  (3)  : 
«  [Ils  sont]  devenus  des  chevaux  entiers  :  chacun  hennissait 
après  la  femme  de  son  compagnon.  »  Et  Isaïe,  prêchant  en 
Judée  et  discutant  avec  les  Israélites,  disait  [qu']  ils  [étaient  i 
princes  de  Sodome  [et]  peuple  de  Gomorrhe  (4)  ;  [par  là]  il 
signifiait  que  leurs  transgressions  étaient  semblables  à  [celles 
des]  Sodomites  el  que  les  mêmes  péchés  étaient  en  eux  :  à 
cause  des  mêmes  œuvres,  il  les  appelait  du  même  vocable. 
Et,  que  par  nature  ils  n'avaient  pas  été  ainsi  faits  par  Dieu, 
mais  |qu'J  ils  pouvaient  faire  la  justice,  il  [le]  leur  disait  à  eux- 
mêmes  [145r]en  leur  donnant  de  bons  conseils  (5)  :  «  Lavez- 
vous,  rendez-vous  purs,  rejetez  les  malices  de  vos  cœurs  (6), 
arrêtez-vous  dans  vos  malices.  »  [C'est]  comme  [dire]  à  eux- 
mêmes,  lorsqu'ils  veulent  et  transgressent  et  pèchent  :  ils  ob- 
tiendront le  même  châtiment  [que  les]  Sodomites,  mais  lorsque, 
changeant,  ils  se  détourneront  et  feront  pénitence  et  s'arrête- 
ront dans  leur  malice,  .ils  auront  le  pouvoir  d'être  fils  de  Dieu 
et  d'hériter  de  l'incorruptibilité  [qui  vient]  de  lui.  Donc,  selon 
cette  raison,  il  a  appelé  anges  du  malin  et  fils  de  Satan  [ceux 
qui  lui  sont]  semblables  et  adhèrent  [à  lui]  et  qui  travaillent 
dans  son  parti  (7).  Car,  aupommencement  (8),  tous  ont  été  faits 
par  un  seul  et  même  Dieu;  et,   lorsqu'ils  se  confieront  à  lui  et 


(1)  Luc,  xiii,  32. 

(2)  Ps.  xlviii,  21;  les  manuscrits  latins  corrigent  Jérémie  en  David;  le  plus 
•ancien,  le  Claromontanus,  et  le  Vossinnus  écrivent  David  el  Hieremias. 

(3)  Jérémie,  v,  8;  tout  à  l'heure  plusieurs  manuscrits  latins  ajoutaient  Jérémie 
à  David;  les  mêmes  continuent  maintenant  la  citation;  la  tradition  latine  actuelle 
est  confuse,  mais  porte  des  traces  d'un  état  primitif  que  représente  bien  le  texte 
arménien. 

(4)  Isaïe,  i,  10. 

(5)  les  mots  LmSu  II  auinu,  kanis  civ  bars,  volonté  et  mœurs,  traduisent  ici 
le  grec  Yvwjiriv  que  le  latin  rend  par  consilium  ;  cf.  Adv.  Hxr.,  iv,  63,  3,  où  yviôixyi 
est  traduit  par  l'expression  voisine   puine  liuiSiugS  (p.  233,  n.  1). 

(6)  Isaïe,  I,  16  cité  dans  Clément,  vm,  4  et  Dialogue  avec  Tryphon,  xvm,  2;  ici 
et  dans  Adv.  User.,  iv,  29,  2  (p.  89,  n.  7),  les  mots  ab  oculis  meis,  aille  ocvlos 
meos,  figurent  dans  le  latin  seul  et  sont  omis  dans  l'arménien. 

(7)  Mat.,  xxv,  41. 

(8)  Lire  évidemment  /,  nlini-m'lil,. 

1240] 


SAINT    [RENÉE    :    ADVBRSUS  H.ERESES  339 

persévéreront  dans  son  obéissance  et  garderont  sa  justice,  ils 
seront  appelés  fils  de  Dieu:  mais,  lorsqu'ils  [les]  rejetteront,  se 
révoltant  dans  la  transgression  du  péché,  ils  seront  avec  Satan. 
s 'étant  inscrits  eux-mêmes  avec  le  chef,  avec  celui  qui,  d'abord 
pour  lui-même  (1)  et  [ensuite]  pour  tous  les  autres,  s'est  fait 
cause  d'apostasie. 

■2.  [Mass.  xli,  4.]  Car  nombreuses  rsont|  les  paroles  du 
Seigneur,  mais  toutes  annoncent  un  seul  et  même  Père,  le 
Créateur  de  ce  monde:  à  ceux  qui  se  sont  égarés  dans  beau- 
coup d'erreurs],  il  est  nécessaire,  par  beaucoup  [d'arguments 
de  porter  (2)  la  confusion  de  la  honte  145  v],  afin  quç,  peut- 
être,  par  beaucoup  [d'arguments,  ces;  ignorants,  retournant  à 
l'a  vérité,  puissent  se  sauver.  .Mais  il  était  nécessaire,  dans 
l'œuvre  de  ces  paroles  et  [dans]  celle  qui  suit,  de  joindre  aux 
paroles  du  Seigneur  les  paroles  de  Paul  (3),  de  fouiller  et  de 
scruter  ses  paroles  et  d'expliquer  l'Apôtre  —  [de]  tout  ce  que 
les  hérétiques  n'ont  pu  en  rien  comprendre  de  ce  qui  a  été 
dit  par  Paul,  il  est  ('*)  une  autre  explication  —  de  simplifier 
et  d'expliquer  et  de  faire  connaître  l'égarement  de  leur  folie, 
mais,  par  le  même  Paul  sur  lequel  ils  nous  introduisent  des 
questions,  de  montrer  [qu']  eux  [sont  menteurs  et  [que]  l'Apôtre 
e-t  prédicateur  de  vérité,  qu'il  enseigne  dans  sa  prédication 
toutes  choses  en  concorde  harmonieuse  avec  la  vérité,  un 
seul  (5)  Père,  celui  [même  qui  a  parlé  avec  Abraham,  qui  a 
fait  le  don  de  la  loi,  qui  a  envoyé  d'avance  les  prophètes,  qui, 
à  la  fin  des  temps,  a  envoyé  son  Fils,  et  a  donné  le  salut  à  sa 
créature  qui  est  la  substance  (6)  de  la  chair.  Donc  les  autres 
paroles  du  Seigneur,  tout  ce  que,  non  par  paraboles,  mais  en 

1 1)  Lire  évidemment  avec  le  latin  muÀfth,  anjin,  à  lui-même  au  lieu  de  ,,.<  ,\p, 
atojin,  au  serpent,  que  l'arménien  écrit  par  distraction. 

3  Le  sens  de  l'arménien  diffère  nettement  de  celui  du  latin  :  Oporlebal  et 
nos  propter  eos  qui  in  mullis  erroribus  conlinealur  per  multa  confutare. 

(3)  11  faut  changer  la  ponctuation  et  lire  :  p.uiiiUaa  tuiunq/tJf  L.  nn  t^hui 
hpPiuj,  Shiun.1i  puuhgu  <Jui{i/juiJifcf  L  Ihui-Fjnufi  p iiifiufi,  conforme  au  latin  : 
Conscription'  huic  in  sequenli  post  Dommi  sermones  subjvnge)-e  Pauii  quoque 
doctrinatn. 

(4)  t>  ''  **'»  'e  lfitin  écrit  alias  acceprrunl  inlerprelationes. 

(5)  Le  latin  écrit  unura  Deum.  Patron, 

6    iinfuiijm  pin'li,  goyaçovjthiwn:  cf.  p.  231,  n.  8. 

[2411 


3J0  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

termes  propres,  il  a  dit  au  sujet  du  Père,  et  l'explication  des 
Épîtres  du  bienheureux  Apôtre  [116  r|,  nous  l'écrirons  dans 
un  autre  livre,  et  notre  œuvre,  intégrale  et  complète,  de  «  Ré- 
futation et  Destruction  de  la  Prétendue  Gnose  » ,  par  la  grâce 
de  Dieu,  nous  la  donnerons  et  l'offrirons  :  nous-mêmes  et  toi, 
c'est]  à  la  réfutation  et  à  la  confusion  de  toutes  les  hérésies 
[que],  dans  [ces]  cinq  livres,  nous  nous  serons  exercés. 

Léon  Froidevaux. 


FIN    DU    LIVRE    IV    DE    L  ADVERSUS    H.ERESES. 


[24a] 


L'INVENTION  DES  RELIQUES 
DE  SAINT  ETIENNE 

ÉDITION  ET  TRADUCTION   DE    LA   RECENSION 
ARMÉNIENNE  INÉDITE 


Les  recensions. 


Le  récit  de  l'Invention  des  Reliques  de  saint  Etienne,  dont 
nous  publions  pour  la  première  fois  la  traduction  arménienne, 
existe  aussi  en  grec,  en  latin  et  en  syriaque. 

La  recension  syriaque  a  été  publiée,  d'après  un  manuscrit 
du  vi-vne  s.,  par  Land  (1). 

La  recension  latine,  qui  se  présente  sous  deux  formes,  peut 
se  lire  parmi  les  œuvres  de  saint  Augustin  (2).  La  forme  courte, 
imprimée  en  caractères  ordinaires  par  Migne,  se  trouve,  à 
la  Ribliothèque  Nationale  seulement,  dans  seize  manuscrits  (3) . 
Dans  la  Bibliolheca  Hagiographica  Latina  (B.  H.  L.)  des 
Bollandistes,  elle  est  représentée  par  le  n°  7851.  La  forme 
longue,  imprimée  en  italiques  par  Migne,  se  trouve,  à  Paris 
toujours,  dans  seize  manuscrits  également,  mais  dans  l'en- 
semble moins  anciens  (4).  Dans  la  B.  H.  L.,  elle  se  trouve  sous 
le  n°  7853. 

La  recension  grecque  qui,  de  même  que  le  texte  syriaque, 
présente  la  forme  longue,  a  été  éditée  par  Papadopoulos-Kera- 
meus  (5).  Le  texte  de  base  est  le  manuscrit  224,  de  Saint-Sab- 
bas,  du  milieu  du  xive  siècle.  Dans  notre  apparat  critique, 
il  est  désigné  par  le  sigle  A.  Le  manuscrit  18  de  la  même 

(1)  Anecdola   sqriaca,   t.   III,   p.  70  s.   Cf.   Revue  de  iOrienl  Chrétien,  1907, 
p.  85;  1906,  p.  205. 

(2)  P.  L.,  XLI,  807  s. 

(3)  B.O.  C,  1907,  p.  441. 

(4)  Ibid. 

(5)  'AvàXezTa      iîpoooVjiitttxf;;    >rca-/uoXoTta;,    Saint-Pétersbourg,    1898,  t.  V, 
p.  30-40. 

[1] 


342  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

bibliothèque  (sigle  B  dans  notre  apparat),  de  la  deuxième 
moitié  du  Xe  siècle,  dont  le  texte  est  de  moins  bonne  qualité, 
garnit  l'apparat  critique  de  cette  édition  grecque.  L'abbé  Nau 
a  aussi  analysé  trois  manuscrits  grecs  de  la  Bibliothèque  Na- 
tionale qui  contiennent  cette  pièce  (1).  Ce  sont  les  numéros  881, 
1179,  tous  deux  du  xie  siècle,  qui  reproduisent  le  même  texte 
et  le  numéro  1176,  du  xne.  qui  est  un  remaniement  de  1179. 
Gomme  les  manuscrits  du  fond  grec  sont  actuellement  hors 
de  Paris,  nous  n'avons  utilisé  que  l'édition  de  Papadopoulos- 
Kerameus  et,  sur  un  point,  une  citation  de  1176  (sigle  D), 
donnée  par  l'abbé  Nau  (2).  D'après  cette  analyse,  il  semble 
bien  que  les  manuscrits  de  Paris  881  et  1179  reproduisent  le 
texte  de  Papadopoulos  et  que  1176  soit  proche  parent  du 
numéro  18  de  Saint-Sabbas., 

La  recension  arménienne  que  nous  publions  est  tirée  du 
manuscrit  2  de  la  Bibliothèque  des  Mékhitharistes  de  Vienne. 
C'est  un  codex  en  papier,  du  xve  siècle  au  moins,  écrit  sur 
deux  colonnes  de  trente-six  lignes (3).  Notre  texte  se  trouve  aux 
folios  256  r°b-260r°  a.  Grâce  à  l'obligeance  du  B.  P.  PaulPee- 
ters,  à  qui  nous  exprimons  notre  vive  reconnaissance,  nous 
avons  eu  en  communication  la  photographie  de  ce  passage, 
que  possèdent  les  Bollandistes. 

Valeur  du  texte. 

Dans  le  récit  de  l'Invention  des  reliques  de  saint  Etienne, 
le  prêtre  Lucien,  qui  exerçait  son  ministère  à  Caphargamala, 
en  Palestine,  raconte  les  trois  visions,  au  cours  desquelles 
Gamaliel  lui  révéla  l'emplacement  du  corps  de  saint  Etienne, 
en  le  chargeant  d'aller  trouver  l'évêque  de  Jérusalem,  Jean, 
pour  faire  la  translation  de  ces  saintes  reliques.  Les  visions, 
commencées  le  vendredi  3  décembre  415,  se  succédèrent  de 
semaine  en  semaine. 

Ce  récit  doit  sa  notoriété  principalement  à  la  con- 
troverse   qui   mit   aux    prises,  voici   bientôt   quarante    ans, 

(1)  H.  O.  C,  1906,  p.  199-216. 

(2)  Op.,  cil.,  p.  206,  n.  1.  Dans  cet  article,  le  manuscrit  1176  porte  le  sigle  B. 

(3)  Dashian,  Catalog  der  Armenischen  Handscliriflen  in  der  Mechitliaristen- 
lïibliothek  zu  Wicn,  Wien,  1895,  p.  3-6. 

m 


l'invention  des  reliques  de  saint  Etienne.  343 

les  RR.  PP.  Vailhé  et  Lagrange.  Il  s'agissait  d'établir 
si  saint  Etienne  avait  eu,  à  Jérusalem,  deux  églises;  l'une, 
la  plus  ancienne,  sur  les  pentes  du  Cédron;  l'autre,  au  nord 
de  la  ville,  due  à  la  piété  d'Eudocie  :  c'était  la  thèse  du 
P.  Vailhé;  ou  bien  si  ce  dernier  sanctuaire  était  le  seul  qui 
eût  jamais  été  consacré  au  premier  diacre  et  premier  martyr  : 
c'était  la  thèse  du  P.  Lagrange  (1). 

Parmi  les  pièces  du  dossier  notre  récit  tenait  la  première 
place.  Or.  dans  la  recension  latine,  il  se  présente  sous  deux 
formes,  l'une  plus  courte,  l'autre  plus  longue.  Et  dans  la 
forme  courte  seulement,  il  se  trouve  une  phrase,  capitale 
pour  le  débat  que  nous  venons  de  rappeler  :  c'est  celle  qui 
situe  la  lapidation  de  saint  Etienne  au  nord  de  la  ville  «  foris 
portam,  qaae  est  ad  aquilonem,  quae  ducit  ad  Cedar  ».  La 
lapidation  étant  localisée  au  nord  de  Jérusalem,  la  thèse 
d'une  église  dédiée  à  saint  Etienne  sur  les  pentes  du  Cédron 
est  bien  peu  vraisemblable. 

La  question  se  pose  donc  :  des  deux  formes,  quelle  est 
l'originale  :  la  courte  ou  la  longue? 

Après  avoir  comparé  les  deux  rédactions  latines  et  en  ar- 
guant du  fait  que  la  très  ancienne  version  syriaque,  ainsi 
que  le  texte  grec,  représentaient  la  forme  longue,  le  P.  Vailhé 
rejetait  la  forme  courte,  tout  en  reconnaissant  qu'elle  avait 
gardé  «  des  traits  qui  doivent  être  originaux  »  (2). 

Au  contraire,  le  P.  Lagrange  jugeait  le  récit  de  la  forme 
longue»  amplifié,  embelli,  jusqu'au  ridicule  »  (3).  Aussi  faisait- 
il  sienne  la  conclusion  du  P.  Peeters,  disant  de  la  forme  courte  : 
«  Donc,  jusqu'à  nouvel  ordre,  c'est  sa  [d'Avitus  de  Braga] 
traduction  latine  qui  représente  l'original  disparu,  réserve 
faite,  cela  va  de  soi,  de  certaines  phrases  qui  forment  comme 
des  parenthèses  du  traducteur  (4).  » 


(1)  fl.  O.  C,   1907,  p.  70-89;  p.  414-428;  1908,  p.  1-19. 
(•2)  Op.  cit.,   1907,  p.  85. 

(3)  Op.  cit.,   1907,  p.  425. 

(4)  Op.  cit.,  1907,  p.  428.  Parmi  ces  phrases,  le  P.  Peeters  range  celle  que  nous 
avons  citée  :  <>  foris  portam,  quae  est  ad  aquilonem...  »  Avitus  a  inséré  cette  pré- 
cision à  l'usage  de  son  lointain  correspondant.  Elle  n'a  que  plus  de  valeur  pour 
la  thèse  du  P.  Lagrange. 

[3] 


344  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

En  1908,  le  P.  Peeters  reprenait  la  question  (1).  Examinant 
la  lettre  où  Avitus  annonce  à  Palconius  de  Braga,  son  évêque, 
qu'il  lui  envoie,  traduit  en  latin,  le  texte  du  récit  de  l'inven- 
tion des  reliques  de  saint  Etienne,  que  lui  a  dicté  en  grec  le 
prêtre  «  cui  haec  revelata  sunt  »  (2),  il  la  rapprochait  des  pre- 
mières lignes  de  la  forme  courte,  où  le  prêtre  Lucien  déclare 
qu'il  a  rédigé  ce  récit  à  la  demande  d'Avitus.  La  conclusion 
s'imposait,  la  forme  courte  représente  l'original,  tandis  que 
la  forme  longue  est  une  recension  encyclique,  impersonnelle. 

La  recension  arménienne. 

Le  texte  arménien,  tout  comme  les  recensions  grecque  et 
syriaque,  est  un  représentant  de  la  forme  longue.  Il  n'apporte 
donc  rien  dans  le  débat  archéologique  que  nous  avons  évoqué. 

Comme  nous  n'avons  pas  pu  consulter  l'édition  syriaque, 
nous  ne  pouvons  faire  la  comparaison  qu'av;ec  le  grec  et  le 
latin.  . 

Nous  n'entendons  pas  rechercher  l'original  d'où  dérive 
notre  traduction  arménienne,  car  les  témoins  grecs  dont  nous 
avons  pu  disposer  sont  trop  peu  nombreux.  Tout  ce  que  nous 
pouvons  faire,  c'est  de  signaler,  parmi  ces  témoins,  celui 
dont  notre  texte  arménien  se  rapproche  le  plus. 

Entre  les  manuscrits  A  (Saint-Sabbas  224)  et  B  (Saint-Sab- 
bas  18).  utilisés  par  Papadopoulos,  l'on  constate  les  différences 
suivantes.  Au  cours  de  la  troisième  vision,  dans  B,  c'est 
saint  Etienne  qui  apparaît  et  non  plus  Gamaliel.  A  partir  de 
la  page  24,  quand  un  des  interlocuteurs  parle  à  Lucien,  le 
récit  est  au  style  direct  dans  A  :  «  Il  me  dit...  »,  mais  au  style 
indirect  dans  B  :  «  Il  lui  dit...  ».  Or,  notre  traduction  armé- 
nienne n'attribue  pas  la  troisième  vision  à  saint  Etienne  et, 
une  seule  fois,  elle  a  le  style  indirect  habituel  dans  B.  Elle 
serait  donc  plus  proche  de  A.  Mais,  en  d'autres  passages,  comme 
on  peut  le  voir  dans  l'apparat  critique,  elle  a  les  leçons  de  B  : 
p.  12,  14,  20,  22,  24,  26.  De  plus,  p.  14,  on  peut  se  demander 


(1)  Analecla  Bollandiana,  1908,  p.  359-372.' 

(2)  P.  L.,  XLI,  805-808. 


l'invention  des  reliques  de  SAINT  ETIENNE.  345 

si  notre  traduction  n'a  pas  conservé  un  vestige  d'une  rédac- 
tion où  les  apparitions  étaient  le  fait  de  saint  Etienne.  A 
cet  endroit,  en  effet,  en  parlant  de  Nicodème,  dans  la  recension 
arménienne,  Gamaliel  s'exprime  ainsi  :  «  Secundus  autem  qui 
in  eodem  sepulcro  jacet,  est  Nicodemus,  laboris  socius  qui  et 
cidem  consobrinus  »,  alors  qu'en  grec,  le  même  personnage 
dit  :  «  avalise  tf.iov  to3  Fa[*a"Uiq}.  ».  La  tournure  arménienne 
ne  se  comprend  bien  que  si  c'est  saint  Etienne  qui  parle; 
il  dira  tout  naturellement  de  Nicodème,  en  pensant  à  Gama- 
liel :  «  qui  et  cidem  consobrinus  ».  Or,  le  témoin  D  (Paris, 
graec.  1176),  brièvement  analysé  par  l'abbé  Nau,  attribue  les 
trois  visions  à  saint  Etienne  (1).  De  plus,  ce  dernier  témoin  est 
seul,  avec  notre  traduction  arménienne,  à  mettre  en  tête  de 
son  récit  la  liste  des  destinataires,  et  il  use  d'expressions  qui 
sont  visiblement  sous-jacentes  à  la  version  arménienne  (p.  10). 
Par  ailleurs,  D  n'a  pas  la  formule  de  datation  (p.  12).  Plus 
tard,  quand  les  manuscrits  du  fond  grec  de  la  Nationale 
seront  rentrés  à  Paris,  nous  pourrons  faire  une  comparaison 
plus  détaillée  entre  ce  témoin  grec  et  notre  traduction.  Il 
nous  est  impossible  de  tirer  une  conclusion  ferme,  d'autant 
plus  que,  sur  certains  points,  la  version  arménienne  se  sépare 
de  ces  trois  témoins  grecs,  non  pas,  semble-t-il,  par  la  fan- 
taisie du  traducteur,  mais  parce  que  l'original  grec  sur  lequel 
elle  fut  faite  avait  un  autre  texte.  Ainsi,  p.  1*2,  dans  l'arménien, 
nous  lisons  que  Gamaliel  signale  à  Lucien  que  leurs  reliques 
subissent  les  intempéries  des  saisons.  Or  Photius  (2),  dans  son 
résumé  de  ce  récit,  raconte  :  «  Gamalielem  praecepisse  Luciano 
ne  posthac  reliquias  illas  in  sole  et  pluvia  corrumpi  per 
negligentiam  sineret.  »  Il  nous  semble  que  Photius  lisait  un 
texte  grec  qui  contenait  le  détail  que  nous  venons  de  signaler 
en  arménien.  Quant  à  la  recension  latine  de  la  forme  longue, 
très  verbeuse,  elle  a  manifestement  subi  des  manipulation» 
de  la  part  du  traducteur. 

Dans  l'ensemble,  la  recension  arménienne  est  la  plus  sobre. 
Ainsi,  p.   16,  le  récit  du  transfert  du  corps  de  Nicodème  est 


(1)  H.  O.  C,  1906,  p.  206,  n.  1. 

(2)  P.  G.,  CIII, 501. 


[à] 


346  REVUE    DE    L'ORIE\'T    CHRETIEN. 

plus  bref;  p.  16,  après  avoir  dit  que  sa  femme  et  son  fils  aîné 
n'ont  pas  été  dignes  de  reposer,  après  leur  mort,  à  côté  de  lui, 
Gamaliel  ajoute,  dans  les  recensions  grecque  et  latine,  que, 
lorsqu'on  ouvrira  son  tombeau,  on  trouvera  leurs  deux  places 
vides  et  Lucien  fait  remarquer  que  ce  détail  a  été  vérifié; 
puis  Lucien  demande  déjà  à  Gamaliel  où  se  trouve  le  tombeau 
et  il  lui  est  répondu  d'avoir  â  le  chercher  à  Delagabria.  A  la 
même  page,  quand  Gamaliel  révèle  à  Lucien  ses  propres  hési- 
tations, le  texte  grec  est  plus  développé;  p.  28,  les  prodiges  qui 
suivent  la  découverte  du  corps  sont  racontés  plus  minutieu- 
sement en  grec.  Parfois,  la  brièveté  du  texte  arménien  est 
due  à  une   omission. 

A  un  endroit  cependant,  l'arménien  accentue  le  côté  mira- 
culeux des  événements.  Quand  Lucien,  p.  24,  va  trouver 
l'évêque,  il  ne  lui  raconte  tout  d'abord  que  les  deux  premières 
visions  et  la  moitié  de  la  troisième;  puis,  après  une  remarque 
du  pontife,  il  achève  son  récit;  tel  est  le  texte  grec,  où  Lucien 
continue,  en  disant  que  l'évêque,  constatant  que  lui,  Lucien, 
avait  eu  une  révélation  sur  l'avenir  (y.aôwv  tô;  ta  jjiéXXov-ca 
rfiq  ïïpoEji.ïivi58i;v),  se  réjouit  et  donne  des  ordres  en  consé- 
quence. Soit  que  le  traducteur  arménien  n'ait  pas  compris 
cette  phrase  grecque,  soit  qu'il  ait  eu  l'intention  d'ajouter 
un  miracle,  il  fait  achever  le  récit  de  la  troisième  vision  de 
Lucien  par  l'évêque  lui-même,  en  faisant  remarquer  que  le 
pontife  a  bénéficié,  lui  aussi,  d'une  révélation.  Modifiant  le 
texte  en  conséquence,  il  écrit  cette  phrase  assez  obscure  : 

«     n/ummiouii      fe/«ç   ^uihnhncxhiuj     ç    lb""l   i    <"'•)«'  liurLiiiVuinnui    nriL- 

fliu^fequii.  ».  Ce  détail  excepté,  la  recension  arménienne  est  cer- 
tainement un  des  bons  représentants  de  la  forme  longue. 

Par  endroit,  la  version  «  sent  »  l'original  et  présente  des 
expressions  heurtées.  Ainsi,  p.  10,  fci.  npg  i^ZVui^imi  fe/^feijfeij^, 
qui  est  certainement  la  traduction  du  grec  «  7ceiti<Ji:eox,ôihv 
■/cXïiptxoï;  »,  serait  presque  une  énigme  sans  le  grec.  On  trou- 
vera d'autres  exemples  p.  16,  20. 

Le  traducteur  se  laisse  influencer  par  des  souvenirs  bi- 
bliques. P.  14,  il  parle  d'un  deuil  de  30  jours,  alors  que  dans 
les  autres  recensions  il  est  de  40.  Ne  serait-ce  pas  l'influence 


[6] 


l'invention  des  reliques  de  saint  Etienne.  A17 

de  Nian.,  XX,  29;  DeuL,  XXXIV,  8,  où  Ton  fait  un  deuil 
de  30  jours  après  la  mort  d'Aaron  et  de  Moïse?  A  la  même 
page,  Gamaliel  dit  qu'il  fit  enterrer  saint  Etienne  dans  son 
tombeau  neuf;  l'arménien  ajoute  «  in  quo  nemo  quisquam 
positus  erat  »,  ce  qui  est  une  réminiscence  de  Luc,  XXIII,  53. 
P.  16,  dans  le  texte  grec,  il  est  dit  de  Nicodème  quiil  entendit 
du  Christ  les  paroles  de  vérité  et  qu'il  fut  régénéré  dans 
l'Esprit  et  l'eau  ;  l'arménien  cite  textuellement  les  paroles 
de  Notre-Seigneur. 

Les  deux  premières  visions  sont  datées  du  samedi,  alors 
qu'en  grec  et  en  latin  elles  sont  données  comme  ayant  lieu, 
ainsi  que  la  troisième,  et  à  juste  titre,  un  vendredi.  Peut-être 
un  copiste  aura-t-il  fait  une  faute  de  lecture  :  «  juiLni_n 
nLiium^nt.  »  devenant  «  ^tut-m.»  jiupui|3ni_  ?  »  (p.  12,  22).  Page  12, 
nous  traduisons  sans  hésitation  ^luptu^nt.  par  sabbaio.  Page  18, 
nous  croyons  qu'il  faut  rendre  encore  ce  mot  par  sabbato  et 
non  par  hebdomade,  car  nous  pensons  que  la  précision  eadem 
nocie,  qui  ne  se  trouve  ni  en  grec  ni  en  latin,  a  été  mise  par  un 
copiste  qui,  oubliant  que  p.  12  ^mpmfJnt.  désigne  le  samedi,  lui 
a  donné  le  sens  de  semaine  et  s'est  senti  obligé,  alors,  de 
préciser  le  jour,  en  ajoutant  eadem  rwcte.  P.  14,  Gamaliel  dit 
qu'il  espérait  avoir  part  avec  saint  Etienne  au  jour  de  la 
résurrection  :  «  \j.ipoq  y.i~'  ocùtsu  h  -ft  âvartâaei  »;  en  arménien, 
nous  avons  «  Jiu»L  ^iïu  [i  unnw  uinnuinm-BULI^L  :  partem  aliquam 
ejus  justitiae  ».  Ce  peut  être  une  modification  intentionnelle 
du  traducteur,  mais  ce  peut  être  aussi  une  faute  de  copiste 
qui  aura  lu  iunniunni_j3LLtu  pour  ^ujinuphiui  (écrit  en  abrégé 

jiufini.pt).  Le  nom  de  la  femme  de  Gamaliel,  p.  16,  est  "Eova 
en  grec,  Ethna  en  latin,  en  arménien  fenui»  ;  un  copiste  aura  pris 
ij  pour  n..  Le  nom  de  son  fils  aîné  est  'EXcSJÛaç  en  grec,  Selemias 
en  latin  et  uiut^uiShm  en  arménien.  L'abbé  Nau  explique  la 
leçon  latine  par  une  fausse  coupure.  Le  traducteur,  placé  de- 
vant les  mots  grecs  :  «  5  xpuzi-ov.z;  \j.zv  uq  èÀs^i'a;  »,  aura 
joint  a  final  de  o[w]<j  à  èXe».iaç  (1).  La  faute  peut  être  le  fait 
d'un  copiste  grec  ou,  séparément,  des  copistes  latin  et  ar- 

(1)  R.  O.C.,  1906;  p.  207,  n.  3. 

[7] 


.'J48  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ménien.  P.  26,  le  moine  à  qui  Gamaliel  apparaît  s'appelle 
Me-yéôioç  en  grec,  Migetius  en  latin,  mais  sœisija  en  syriaque 
et  iîfe<^pt"en  arménien.  L'abbé  Nau  (1)  signale,  d'après  Bedjan, 
qu'il  est  facile  de  changer  ^œi^x*.  en  aa-j^.  Mais  il  est  encore 
plus  facile,  dans  certaines  écritures  grecques,  de  lire  MeXIOic? 
pour  MsYiÔtoç. 

Nous  avons  rendu  les  armes  devant  les  toutes  dernières 
lignes,  particulières  au  texte  arménien.  II  s'y  trouve  une  série, 
vraisemblablement  de  noms  propres,  qui  ne  sont  pas  donnés 
par  le  dictionnaire  et  nous  ne  sommes  pas  sûr  de  la  lecture 
de  plusieurs  mots. 

Nous  avons  peu  à  dire  sur  la  langue  de  la  traduction.  Un 
seul  infinitif  passif  est  en  _^_.  Le  jeu  des  particules  prono- 
minales u,  ij,  ï,  est  à  peu  près  respecté.  On  trouve  plusieurs 
infinitifs  narratifs.  On  rencontre  une  fois  ^'■/'"'-^  pour 
itz^l'fî  '  on  trouve  aussi  le  néologisme  m^uiLti  pour  «iiijiiiînui  . 

Le  copiste  a  tendance  à  durcir  certaines  lettres  :  injtgtcu^ 

pour      iiiif.il/nni    ;    iiiuii   pour  «ion;    BuinpSuiuh   pour   /.fiiiiiiii)iii'///i 

A  plusieurs  reprises,  le  scribe  écrit  la  finale  _fci  pour  _tm^ 
et  deux  fois  _fcm^  pour  -fe^.  Pour  autant  qu'on  peut  distinguer 
b  de  t,  il  a  tendance  à  multiplier  les  £•  Deux  fois,  m  en  syllabe 
écrite  en  fin  de  ligne  est  indiqué  par  ~  au-dessus  de  la  ligne. 

Notes  sur  l'édition. 

Notre  intention  étant  de  donner  le  texte  arménien  et  non 
de  faire  une  confrontation  minutieuse  de  cette  version  avec  les 
autres  recensions,  on  ne  trouvera,  dans  l'apparat  critique, 
que  les  leçons  grecques  qui  expliquent  les  passages  arméniens 
obscurs,  certaines  fautes  de  lecture,  qui  supposent  des  omis- 
sions en  arménien,  du  fait  du  copiste,  enfin  celles  où  A  et  B 
divergent,  l'un  de  ces  deux  manuscrits  représentant  la  leçon 
arménienne.  Nous  avons  agi  de  même  avec  le  texte  latin. 

Dans  le  corps  du  texte,  nous  marquons  par  le  signe  '  '  les 
formes  restituées. 

(1)  II.  O.  C,  1906,  p.  208,  n.  G. 

[8] 


L  INVENTION    DES    UELIQUEb    DE   SAINT   ETIENNE. 


319 


Alors  que  notre  article  était  déjà  sous  presse,  nous  avons 
découvert  dans  la  Patrologie  Orientale,  t.  XIX,  fasc.  5, 
p.  657-670,  la  version  géorgienne  de  V Invention  des  Reliques 
de  saint  Etienne,  éditée  par  N.  Marr,  d'après  l'unique  manus- 
crit d'Iviron  qui  contienne  le  Synaxaire  géorgien.  Le  fait 
que  «  le  Synaxaire  en  son  ensemble  est  le  produit  de  l'union 
religieuse  des  Géorgiens  et  des  Arméniens  (1)  »  peut  faire 
supposer  que  le  modèle  du  traducteur  était  arménien.  Une 
confrontation  superficielle  des  deux  textes  semble  le  con- 
firmer. Plus  tard,  nous  avons  l'intention  de  faire  une  com- 
paraison détaillée  des  textes  arménien,  géorgien,  syriaque  et 
grec  tel  qu'il  est  représenté  par  les  manuscrits  de  la  Natio- 
nale. 

Sigles 


Arménien  : 

Latin  : 

Syriaque  : 

Grec  : 


M 

F    [P.  L.,  XLI,  808  s., 
texte  en  italiques]. 

S^    [citations  dans  R.  0.  C, 
1906,  p.  205  s.]. 

J  A  [Saint-Sabbas  224  (2)] 
\  B  [Saint-Sabbas  18  (3)] 

D      [Par.  gr.  1176(2)] 


(1)  Marr,  op.  cit.,  p.  637. 

{'i)    Édition   de     Papadopoulos-Kerameus,    'AiiXexxa    epo<roXu|»TiX7j;   rraj['Jo- 
'i.oyiaç,  Saint-Pétersbounr,  1898,  t.  V,  p.  30-40. 
(3)  Citations  dans  B.  O.  C,  1906,  p.  205  s. 


m 


15 


TEXTE 

256  r°  b   /"/ilui  /it'fiHiiiiiiiii  iinuniîi  i/iii/ii/iiiiiifiiii>/i 

llnnn        IIIIUI         miiiiiiimmi        fel_       IIIIII   llllllllll       <^....^>       fel_        11111111111   III  Al/I - 

luuipui/iii,  £7i_  nnp  nuin  mn  mii/i'lim  iWi.iuii  /.iii/iii/iiiniiimiiii  fci.  Lii/niiuliii 
ùniubaïuiliuili,  fci.  nnp  (//làllf/iliiiii  ii/if.iii.ii/ii>  Li_  bnntunn  l/7im)mmi!liiiiL 
n  nniAiniuunuç  nnnnilbint  bl  mniii  m  milu/imili  fiii/iiiiniiii  /i  inf^n 
/n/nimi 

l'uinbnntnu  ai_  ilmiimm/l  ii/i  tuuuini  m  A  uminiLi  ((  iiiuiiaiimi- 
iiuliiiiiiiI.i  iiiniH.nim  nfcn  Ofii_n  )>  bbbnbnLni  liLnni,  luiii/iîipL  opuifln- 
diilhIilL  hiiliiii  mi  /.  «Min inii/>/i/r ,  limiiLmiii  /'uni  iiiiimm  uifiinfim  fabuihu 
b  i/fenO/iu  tiiLiiLnu  iiniui/itîi  iiAnin  ni(ii/i  /"-n,  annnn  iiiubà  bub 
ubnbpbnmlibtniu  cl  iii/iiiih  mi  nnbiuih  nuiçnu  uinbibiuhunn  iiiiiiiluiO- 
'iiiiiiiiiim  nui  Ll  ii)iiii/iiiiii/|iiiii)i  iiii/iiiiiiiiii/i  bL  mii/mini  fen/iu-  256  V°  â 
nu  un  lunuinfpUf  fci.  uu/iunii/iiïnii  nn  (mi  l.mmmii/i/i  iiuinbnn  ibniuimnbb, 
fci.  iiiliiiiliini/i/,i  un  /i  iinnou  mu  iiiii/iiiiiiii  ntunbnp  Junn^nniuanL- 
lobiuuii  'miyuiil.iin  (  t/i_  niuiîhtiiuu  nnnb  hnntu  nn  b  nnbinn  n\  bh\ 
b  uçp  tibnbmj  ,  nnuiçn  iiuliiiiii  bùnt-ù  mmnm'iii/iiii  /i/iiiiiini  ubnbp- 
litin)iLm)i  imiiii/iiii  /iJ/n  )i,  ijnn  /iMnti.  nu  biui  ,  Iniiyuiniiiliiii/i/in  lit» 
oij/it)/ip  <^...,^>  Jiujn_uji_nnLini/  iimili  un  iimniiii/iii/.mii  à  uni  tu  lIiI  hl- 
liljii  li    nbnn^ç;  Siupnnn    ubnuiLnnuia,   muni    111111110/111)1   feu   tiî   : 

C7l    iiiLnbunib    imi  tuûlini    m/.i/m  IJbtn'l  1)1    lui  lu     mfmii/,11    :    ç/i   tu    nuin 


2-6  nnnn...    luLnuti      oui.    G    aliud    F.  —  2   mm  uintuubi     adil.   àycoTàTot;  D. — 
o  nnui    uin.tupjAinLpbui'L     :    ÈvapÉtoc;    D.    —     1    nnn     i//iSmlifeiui       fcfcfciifen/iij 
TOitco-TEUx6o-tv    xXl)plxotç    D    —  0   nnnnSb^nf  (1111.    D     —   iiiiïfcîiuiili    bplinuiia    Oui. 
D.   —    m^p    1    XpiaTw    D.     —    7-20    piuntniupîi...     /ïnfcL    iuiuuit;u    OUI      F.    - 

•s     fe/jtljtjl_nj    hl-pnj     !     TOÙ     XpiUTOÙ     aOtOÛ      G.    12        'lllllll/lllll  mil  '      :    DIS.        mnii - 

ipiiiniif.   —    12-13  bnlfliiuLnn  uiniun Jtt  i    Tijç  O'jpsvûv    potctXeîîi;  G.   —    15  'nil^ui- 
tjbiu^'   :    111S.    nuiÇwLnnhiui    ,     e\J/api(TTO\JLievov   G.    —   16-17    iinni/,11 ...    ( uiiintim  - 


[10] 


TRADUCTION 

Invenlio  Reliquiarum  Sandi  Slephani. 

<  Eis  >  qui  <  sunt  >  per  civitates  et  provincias  <  sanc. 
tissimis  >  et  Dei  cultoribus  et  in  virtute  stabilibus  episcopis 
una  cum  presbyteris;  et  <eis>  qui  clericatum  sortiti  sunt 
una  cum  fratribus,  a  Luciano  qui  misericordiam  consecutus 
est  et  ultimo  omnium  presbyterorum,  in  Domino  salus. 

Beneficus  hominumque  amans  Deus  magis  «  exaltare  voluit 
cornu  '  »  Ecclesiae  suae,  hoc  est,  praedicationem  sancti  Evange- 
lii  ;  voluit  ut  insuffîcientia  mea  ultimis  diebusrevelaret  servos 
suos,  de  quibus  cum  loquor,  illos  rêvera  dico  ter  beatum 
glorificatumque  dominum  Stephanum,  primum  diaconum 
etprimum  martyrem  Christiet  spectatorem  caelestiscreatoris-  ; 
et  Nicodemum  qui,  inEvangelio3,  bene  memoratur;  etGama- 
lielem  cui,  in  Actibus  Apostolorum  ',  pro  bono  consilio  gratias 
egerunt;  et  Abibas,  ejus  filium,  qui  scripturis  minime  in 
médium  est  prolatus,  sicut  ostentum  est  indignitati  meae 
per  ter  significatam  revelationem;  quam  cum  audiveritis 
adjutores  nostri  fiatis  <  in  vestris  sanctis  precibus  >,  glo- 
rificando  eum  qui  hujusmodi  rerum  cognitionem  gratificatur 
hominibus  peccatoribus,  quorum  primus  ego  sum. 

Et  exemplar  primae  visionis   fuit  hujusmodi.   Eram   ego 


1.   1  Reg.,  ii,   10.  —  2.   Cf.  Acl.    Ap.,  vu,  55.     —  3.  Cf.   Joan.,  m;  xix,  39. 
—  1.  cf.  Acl.  Ap.,  v,  34-39. 

B/tlÎ/   i   xa9ù>;  xoi  ^    SrjXuOeîoa  irj   ê(J."<j  àvaÇiÔTr,Ti  ôpao'.;  ex    Tpitou   èurj(j.ivev  G.    — 
s  L;./i\,/ip  add.  h  th«;  àfiatt  \iy.û>v  ■npoawyaïi  G.  —  21-22  A   miuû...  blihnhni.ni  •■ 

i\    ta)    içiep(i)(i-'vw    oïxu>    toû    çwTiair.pi'ou    ïvflï    ot    7iupYÎ<rxoi    Tûv    à^ttov  X£i(tti).îa)v 
onoxciviai  G. 

[Il] 
ORIENT   CHRÉTIEX.  9 


352  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ununpnt  LlLuilili    nitnt  i)    n     nmli    luihhnnuh,    h    uiusu    int  .uutpujUph    nui  — 
mm  nliuti   iiimiiiiin  11    buhnhaLnt,    nuLnLp    flui/'iii|«m    'njiniijliuj t      np    mi  m 
n    b;p    ptunnq    iiiuuni,    pun    JuiuuiUuibu     \npbpuiuiuuiu    'puijppuipnupu 
CL    <^....^>     p     ubnbpnpnp     jarçnnnup       uibpiuun     ubpnn     pupbutbiui 

■'  Llumiiii  npuin,  nbpbp  c/mu/iL  npohpnLU  :  upui  non.  uipuiniAi  cl  Çnui- 
nâuiu  bnbutl  ,  uibuuihl^b  uitp  ub  ilbèiuÇuiuiub,  npbnuinnLp,  uiiULnp, 
iiin/ifeini  n/iLnCL  luujtniînLUiuu  uiubutuib  nP"(  256  V°  0  '\npbnbli 
uiuiniAipu  ç/iu  nul/çutiuinp,  nuuti/inip  fci_  n  ubppni  ubtupuinu  Ufliuu 
pnbuumuiubuiu     luiit\[:ti    nulibnh/u,    'nnfcncuii        CL    <Jnnui/i/mi/iu    nufet- 

30  ihnhu  CL  quiLUfouilr  nubp  im'Oni  i\bn-pu  îinnui  :  fcliu  bbiun  iun_  nu 
cl  lupbwn  n/iu  nujLLuniXiuuiLU  bpbnu,  bnibuin  niuiniM  pu  bpbnu 
uiunujâ  cl  utubS.  ulî  fc/  uiçp  :  "*-  »"ut  'j/'"'  "/  ibpnLUuinÇU  cl 
mi  uni  uppni  /iiii/iii/iiniinii/i'fi  i)/iu*cl  icnc  -.lupnbibmi  |iui)p  cl  n< 
nuiuuiu     nâbn       cl   ni   puipnnbu    nuu>^u>inuilinL.u}hiAiu    ùbp,    cl    uuihui- 

35  LUilin  b  c/niiîmliiii/iii  pajÇiuuiuinLpbuiu  pn  uiuinin  fc,  ufen  imiuiuci  : 
iiujq  nâbn  ilmniluintubli,  n/i/i  i\tn_u  lîfen  nnLiLU  lîmniituu/innL/JcujïrL 
iiiiii/ïui  >\/i(  nuiou/l  lurt/uiun^/l,  puiunjl  <..••>  pwi£l)nL|<?fcufc,  Ul"""-Jl- 
ijunL/Sciuîin  bnbinn  b  unuiu  nuiLp^uihuiuiiut^  :  cl  n£  iuui\iuib,  iiiiil;, 
ipniB  i;  iluiuû  ZiiT   npsutib  tltuuu  unnui  np  pun  hub    bu,    npp  ui^diu/i^i 

40  feu  iimniiLiî  u/tuuinLni  cl  i/inin  uni  :  cl  infen/iu  Ucn  ç  uiuluuuiù,  cl 
uobiuipp  nubbpwn  âbpnn  bppb3h  b  êuiSiubuibu  tuuApbLU>puin,  cl 
/i  êuiSuiuuibu  tu  i/.i  m  «unfcauj/iuujfefcijj,  cl  tintât  utifiuiLuiàuifej  fcijfcu 
unhiuipp  Sbn"  b  'ûuiuu»UfUjp<Ç-  257  r°  a  "Pl^fJ  /■  ^"/""J  ^n 
tuuiupotuupq    : 

-45  l»L  feu    mimi  uiuibutiu    nniAihuiunu      uiuiuiuiupiuiub    Linin     feL    uiufei). 


22  mm  m  »  muntuOnL  i    Tiapoffxeuii;     G   sexta  feria  F.  —  'tujqiuinu^J  :     nis. 

uitauiubtnt  —  23-25  nînj  JtuStultuilpl . . .  puiifUiLnnuig  Oltl.  F.  —  i!  ^npbg- 
muiuuiu  :  ÔExàir)  G.  —  ' f^ii^ipin^nubu'  :  ms.  nîinhpinblin'tihîi  add.  év 
unareiif  'Ovufiiou  t'o  Séxarov  G.  —  27-",'8  '^npbnbi  uiuint-Iigu'  i  ms.  ^nphujth 
uiutnJiuli.  —  29  '^bghtu^'  i  lus.  unfegfeui/_.  —  33  uinnfeftuiL  |(u'^  M  F  :  om- 
G.  —  34  iSuilnumiîiij  MB:  add.  otc  A  cum  F.  —  37  ui^niuip^n  add.  xivôuveOovTt  Oitô 


[121 


l'invention  des  reliques  de  saint  Etienne.  353 

secundum  consuetudinem  meam  in  somno,  in  lecto,  in  domo 
baptisterii,  quae  est  consecrata  ad  usum  vasorum  ecclesiae, 
die  sabbato  elucescente,  qui  dies  tertius  erat  mensis  K'aloc, 
tempore  decimae  quartae  indictionis  et  <  anno  decimo  Honorii 
et  >  sexto  Theodosii,  dominorum  nostrorum  autocratorum 
regum,  circa  tertiam  horam  noctis.  Dum  sum  evigilatus  et 
in  exstasi,  videbam  virum  quemdam  procerae  staturae, 
venerabilem,  capillis  canis,  qui  sibi  circumdederat  vestem 
albam,  cujus  quattuor  laciniae  erant  aureo  fdo  acupictae, 
cuni  juncturis  aureis  et  sub  picturis  signum  Christi  crucis 
aureum;  calceatum  quoque  campagis  cum  aureis  corrigiis 
et  baculus  aureus  in  dextera  manu  ejus.  Venit,  stetit  juxta 
me  et  stimulavit  me  baculo  ter,  appellavit  me  nomine  ter 
et  dico  :  «  Quid  est,  domine?  »  Et  dicitmihi  :  «  Ascende  Hiero- 
solymam  et  die  sancto  episcopo  :  «  Quousque  inclusi  jacemus 
nec  nos  recludis  nec  praedicas  nostrum  certamen?  Et  eo 
maxime  quod  tempore  sacerdotii  tui  oportet  nos  revelemur. 

Reclude  nos  celeriter,  ut  per  nos  janua  Dei  amoris  in  homines 
aperiatur  mundo,  quia  <  periclitatur  >  propter  multitudinem 
iniquitatum  quae  factae  sunt  apud  eos  quotidie.  Nec  mihi, 
inquit,  tanta  est  festinatio  propter  me  quanta  propter  hos  qui 
mecum  sunt,  qui  digni  sunt  multo  honore  gloriaque.  Et  de 
loco  hoc  nostro  cura  nulla  et  reliquiae  ossium  nostrorum  dum 
decurrunt  anni  tempora  imbre  imbuuntur  et,  dum  decurrunt 
anni  tempora,  sole  uruntur  et  paene  omnino  consumptae 
fiunt  reliquiae  nostrae,  dum  viam  insistunt  super  nos  indigni .» 

Et  ego,  miser  hic  Lucianus,  respondi  dicens  :  «  Tu  vero, 


G  iastat  enim  tempus  ut  hic  mundus  intereat  prae  F.  —  40-14  ku  L/>/uuinn. 
luLtunêuthUn  i  om.  G  quia  hic  locus  in  quo  jacemus  vaide  despectus  est  F.  ■ 

43   'ùtuhutuiiunÇnpnbi    '  i    BDS.    -Çnnnhiui. 


[13] 


'.\'j\  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

puq  tint,  nq  tu  uiçn  ht-  nq  bu,  np  puq  pbq  bu,  buiî)  innni_u  mbqL.nO 
liuinhun  ijimulibi  :  fcr_  liai  uiuh,  '!/'"•  bu  au  quiuuinpt;!  np  qiqiut_qnu 
uunLnh,  bl  in  mu  n/i  iiiiii  phjuuu  Çuiuuituuihqp  ibpnLuiuqqu  :  piitiii 
nn  pun  nu  ç    ç    uiçnîr  uuibipuiuunu,    nn   puipqnabquiL.  iimiuiutnnmio 

.Ml  iPt/'^")  "L  anbL.  ui/il  il/i  Lr_  annap  lî/i  nuliLnhiui  utnmiupui  puiqui— 
ppu  h  'Lnnuh  hihqu  qhquipni.  :  «/m/uci  ni_nni_p  Kriunti  i,  imi/r 
ÇpLuuiuhp  LuuuiLphju  pui^Luhiuiuiinbuijinb,  uin.  p  qço  H1""/  quiqtuliiuq 
bpqpp  ul.  2'unniuhup  «Juiuilu  ouiluai  :  fei_  feu  qiiii)'niii/if,-i  'npinui— 
qbuij        qiun.uippunL.lopL.u     fci_     quuiuiÇuiqbuji       uirLUnLi      uiaiuu     /ili<     /i 

55  hnpiu  Lunqiupni.Ulhut,u,  'iiuitbuii  p  qpnbpp  au  liniuqp  qnp  buu  qpinhjp 
tupu  bpqliL.quiou  cl  ÇuiLuiiniiinLuiiit  /i  pppuuinu  :  cl  luiLawpbnnL.— 
nbiui  qunutu,  tuabuujiu  Çuiuiiini\iiiiin!-lJbtiu)!i  fît.  /riinit  n  jupuiui  binnL. 
lipmuii  uiunMuii  qùuipupu  hnpiu  hùnu  qiuutuLnpnL.-  257  I'°  b  [obiuîiii, 
au   uuuhhi      luiquinuiqu     np  qn\h   lutunLU  pu    buiuMuipqutàuiqnL.,    np    h, 

00  ^bn.iui\pq  iltuintuLp  p  pLunuipcu  pnnbt.  puiiih  *unnuuir_p  :  ci_  tvbn 
qiupaïuub  nuui  unqnpnL-lobujb  p  qbpuii  hniitti  (SIC)  hiumuiphniitp 
iut.nL.pu  i  ,  pum  un  nlitiitiiih t  cl.  qotujuu  uipuinipii  bnanqiuqu  vnm- 
iluiibqp  utuii  ipi)nq  pu\pn,  fci_  uiiuiql,i:  loiunLi  iihui  iIiÙull)  hnp 
qapbqîiuibp     innnLU   *çn  onp  nliittt.   bqbuit     : 

65  l'uu    bpbpnpqb    np  p   uilnu  nupuaûuju!t    quii,   b;  bpbnqpunu    u/i/ioiii- 

li/in      fin     fei.     hunu    <Çuimriunrui,     nn    inbqbquiqiuL    p      qipq\çh     i)hpLiç 


4G-47     tmiJ     innnLiî...     uutuiubi      hic  oui.  GF  sed    adest  p.   16.  —  4      fci_ 

lll.urri.ll/l     nurLrr^îruu   |add.  ^utuuiuitnbuU     M]    |/.nril  fiui;:/,(ï  MG  :    0111.    1'.    —   oO-Ol 

lunuiiiiiini...    lihiuiipiu.   :  eî;    Ta    ÉÇcoTcu'/a  tt,;     itoXecoç    ùç    ètù  tiiv     Kïlôàp   àre£(>xo- 
LiEÔa    G    in   exapeleo    jacuit    civitatis,    in     via    euntibus     Cedar    F.  51 

IjnnUh'    :     11IS.     LnnS  53     'q/iuiurrifeuii    '     :     BUS.    n/irnuinfci       54-50   iViiiuù 

Mii     /i     ïinnui    uinnuinnLpbub,li     ■   (iépo;    |ieï'  aùtoù   èv     Tfj    àvaitias!  GF.   —  55 
'ruiiifcuji'  :    11IS.    rnrri/iiii   /r  ql'fbnh   MB    :    0111.    AF.    —  58    qui  u  Ul  LU  n  nufilb  m  îi  Ll  i 

Ttîi      â]j.<!>     Kivôyvti)    G    OLU.     1".    —    59     buiuiuinnuiiîuinnL  add.    ëv6a    6    Aouxtavbç 
£y.).-ripw8ri  jtpîuSutEpo;   G    [cf.    p     10,  75-70.  —  60   rjuuit  :    e'ixom   Sûo   G   vicesimo 

Secundo     lapide    F.    —      'iSnnuuiLp'      :     UIS.      iliiurirun  l;      62         uii.nL.nu  l^    I 

èitl  fiiripa;   Tiuaapàïovti  G  per  quadraginia  dies  F. 


|14] 


l'invention  des  reliques  de  saint  Etienne.  35r> 

quis  es',  domine,  et  qui  surit  qui  tecum  sunt  vel  quo  in  loco 
invenire  possumus?  »  Et  is  dicit  mihi  :  «  Ego  sum  Gamaliel. 
qui  Paulum  alui'  ;  et  docui  Iegem,  fîrmavi,  Hierosolymis.  Qui 
vero  mecum  est,  dominus  est  Stephanus  qui  lapidatus  est 
ab  impiis  Judaeis3  et  fuit  diem  unum  et  noctem  unam  pro- 
jectus  extra  civitatem  ab  exitu  ad  Cedar  versus.  Nemo  sibi 
sumpsit  ut  <C  eum  >  sepeliret  propter  impiorum  principum 
sacerdotum  jussum    ut  praeda  ferarum  terrae  esset  et  aves 
carnivorae  <eum>  vorarent.  Et  ego,  Gamaliel,  cum  cognitam 
haberem  virtutem  confideremque  me  accepturum  esse  partem 
aliquam   ejus   justitiae,    surrexi   nocte   et   vocavi   quos   ego 
sciebam  esse  viros  timoratos  et  in  Christum  credentes.  Et  cum 
eos  adduxissem  ut  laeti  jussa  facesserent,  omni  libertate  in 
verbis  et  in  rébus  consilium  dedi  ut  irent,  tollerent  ejus  corpus 
mea   in  moderatione  et  adveherent  in  villam  quae  vocatur 
a  meo  nomine  Capargamalu,  quae  locorum  intervallo  distat 
ab   urbe  circiter  viginti   milia.   Et  illic,  quibus  digni  erant. 
secundum   consuetudinem    super  eos    perfuncti    sumus   dies 
triginta  secundum  legem3   et  pecuniam  erogandam  in  plan- 
gentes  jussi  de  bonis  meis  dari;  et  hoc  modo  eum   sepelivi 
in  meo  novo  sepulcro,  in  quo  nemo  quisquam  positus  erat'. 
Secundus  autem  qui  in  eodem  sepulcro  jacet  est  Nicodemus 
laboris  socius  qui  et  eidem  consobrinus,  qui  hoc  comperit 


l.  Cf.    Act.  Ap.,   xxii,  3.    —    2.    Cf.  Act.   Ap.,  vu,  58.  —   3.    Cf.  Act.  Ap., 
vin,  2;  Nvm.,  xx,  29;  Deut.,  xxxiv,  8.  —  4.  Cf.  Luc.,  xxm,  53;  Joan.,  xix,  41. 

64  ilinnLiî^P  1"B  pïiiuL  fenfciui      OEQ.   GF.  —  05   annhuiLlia  0111.  GF. 

66  nn  fci.  ÎiiÎ/iÎj   Çuiniuqium  t  àvstpto^  è[jLoû  toû  Ta^aXt^X  Ci  nepos  meus  F.  — 


[1!>] 


70 


80 


85 


90 


o56  REVUE    DE    E'ORIENT  CHRÉTIEN. 

«  np  fi£  p  2f>^  tt_  /»  <Ç"^L"(  oTliuLh,  n£  uibuuAil;  nwnpiiiini  U/u  i'.ïi  »  : 
"P  bp^btui,  ùl^puibniuL.  p  uibinpnul;  \n.  p  in^iuîiufit.  unpjiu  lunutli- 
bpununb  :  ht.  înubuii  ntuÇuihiuilinh  fei_  Lptupnubni  1111)1,  n  111 1  nuinbb  tu  1 
i"i  P  il""!  unpiu,  ti_  buiS^nu  uuiiuuuibbi  nu  m  npuiLyu  1/11111  iiitli 
uuibipiuubnu.  puio  i/uiuïr  /11Î  uiiuinni.ni  uuiu  n<  uuiiuhhh,  mil  linnilbi 
nlttu  ti_  tpuSbliiufii  hu\u  iiiiimi  iiuitjuiiuttn/iu  1111)1111)1  uiiuàiunji'li ,  ti_ 
P  £""7U'/ÏÇU  Çiupuàbqpb  tt_  uiuuinpb  i/t/iu  /<  tlbpuii  bnpîi  tuïi^uuin/iu 
257  V°  a  uiuiïr£iuïiiuL£,  pnijlih  l[puutâtuÇ  :  tu/i  tu  auiâiun{ih;i  '  'uitu- 
ptui  nlrtu  tiinijm  1/11Î  tuaiuiiiutu,  'nLp'  nni.  nni  liliiuhnii  Jpàiuttqiiin 
i   lt'3nLl  C '      '  hutpnbah   uiîiu    11  m nd  111)1    iliiïnn  p"sbn    :    |tui   uuiIilul. 

àtuaiuuiubp  hL.  but  ytiiiiitiui  ,  /1  pppuinnu  ym  iimiiiiim/.iiii  :  ^piuâujibnll 
puinbi     tun.  uppnib  umbiptublinup    t 

Pub  bppnpnb  np  pbn  pu  't/ff',  h  tupnpmu  npnbu  bâ  bpubp, 
puiubuiûbui,  uiL-pÇbunbp  uin.iUL.bj  />">"  ppu  tt.  <Çiîni_in  iijuuirtLuiiStnlyu 
"/'"»•  "f  P*"î  /'"  ytit-iuuiiuu  /1  pppuuinu,  np  II  âbnuS  uiLiiLn  inLUiULD- 
pbtiiup  unLjip  un  uiipiibiui  )i  p  bnib  uiniubbpiniunu  inbiuiiAi  :  finpbt. 
uillul.  bbbb  pu  'btibbuj'  tt.  tu/^u  npnbli  bâ  uutnutSbui,  uipuiâbniuï 
p  ilbputi  util  ti_  <utputnnibp  bnbb  pbn  lîtn  :  ilblilibi  /1  lîJ^ïtp,  nbuinhu 
p  ÛLUipbbn  iiti  i:/i  utn,  un  Iim/i  liuiiuiupuuinuiùbiui,  ti_  il  lu  ptctuibb  ut  ip 
p  bbbiun,  mliiilji  Miunbntub,  pppbt.  Jbnbiitjp  uipJmbp  futi  pbn 
utn     i/uJulu   nbpbuuiuhp  : 

Gl.  miiiiuçu  tu  nnL.bpiubnu  luinnuitiui  ,  nn<Çuinuji  nuiuinuLOni 
tL  luniusbnp  ijmçn  t  btlpb  "Y'?"/'/'  "L  iimtiî.  inl^p*  uiijn  iuiL.binbiibn 
tHç  /i  Uiunniuu/inni_/c/tuÇfi  pni_iîuç  257  V°  b  /"lt  mtu/iiti  tuiu,  Çptu- 
ULuibut     ij/i    bpbpb    tt.    hpbpbpb    wup    iiuimbbi      1    tt.    iuluiu    'ubutui 

67  nn  n<...  aiunnLuitiL.jëUiMu  1  wdte  àvayevvr^Tivat  éÇ  uûatoç  xai  îivsTJfia-ro;  âytou 
G  ut  verba  veritatis  agnosceret  et  renasceretur  per  aquaru  et  spiritum  sanctum 
F,  —  7.i  LuuiuinLni  add.  ElôdrEî  6ti  au-yY^?  ^oû  ècjti  G  et  rem  consanguinitatis 

F.  —  74  iuitunLui1  1  ms.  tniiinm.  —  75  nL.fl'  1  ItlS.  nn  nfiL  nfiL^/iujunu  1//1Û1U- 
/itiiuin  ifcn/ifjnL./3/ii.C  i  cf.  p.  Il,  51)  n.,  fv8a  6  Aouxtavb{  èxXTipwOr)  TtpEuë'JTïP'j; 
.3.  —  79.  'tuii'  1  ms  A  m.  —  83  'hnLbui'  :  ms.  baiibui  "E8va  G  Ethna  F.  — 
uiunuiSbui  1  'E>£(ua;  G  .^elemias  F.  —  85  ijutffiiTÏth  6IF  :  jiaTpixr.v  G.  — 
LuiuiuinuuinuiSbuii  1  K«TapxTa|i»iv  G  Capharselemia  F. 


[16] 


L  INVENTION    DES    RELIQUES    DE    SAINT    ETIENNE.  ...)/ 

e  Salvatore  nostro  :  «  Qui  ex  aqua  et  e  spiritu  non  nascitur, 
non  videt  regnura.'  »Qui,postquam<  eos>adivit,  baptizatus 
est  a  Petro  et  Joanne,  ejusdera  discipulis.  Et  cum  audissent 
sacerdotes  pharisaeique,  irati  sunt  in  eum  vehementer  et  vo- 
lebant  eum  occidere  sicut  sanctum  Stephanum;  mei  autem 
honoris  causa,  eum  non  occiderunt,  sed  eum  anathematiza- 
verunt  et  omnia  bona  ejus  rapuerunt  nomine  templi  et  e 
civitate  expulerunt  et  <  ei  >  graves  plagas  imposuerunt  tor- 
mentis  quae  nec  cogitari  possunt,  reliquerunt  semimortuum. 
Ego  autem,  Gamaliel,  advexi  eum  secreto  in  meam  villam, 
ubi  tu,  Luciane,  sortitus  es  sacerdotium  et  paravi  ei  remedium 
e  meis  bonis;  post  paulum  temporis,  is  quoque  requievit 
postquam  in  Ghristum  credidit.  Jussi  ut  sepeliretur  juxta 
sanctum  Stephanum. 

Tertius  autem  qui  mecum  jacet  est  Abibas,  fdius  meus 
minor,  viginti  annos  natus,  Iegum  lator  plus  quam  ego  et 
peritus  divinarum  scripturarum,  qui  mecum  credidit  in  Ghris- 
tum, qui  uno  die  illuminati  sumus  sacro  lavacro  ab  eisdem 
discipulis  Domini.  Ut  audivit  uxor  mea  Ednea  et  natu  major 
filius  meus  Salamea,  indoluerunt  super  nobis  et  pejore 
nobiscum  usi  sunt  consuetudine.  Secesserunt  a  nobis,  ierunt 
in  nostrum  vicum  maternum,  qui  vocatur  Caparsalamea  et, 
defuncti  vita,  ibimet  sepulti  sunt,  utpote  non  facti  digni  qui 
nobiscum  ponerentur  in  meo  sepulcro.  » 

Itaque,  ego,  Lucianus,  cum  surrexissem,  gratias  egi  Deo  et 
oravi  Dominum  eadem  nocte,  dicens  :  «  Domine,  Domine 
saeculorum,  siquidem  ex  tuo  amore  in  homines  esthaec  mea 
visio,  jubé  ut  bis  terque  fiât  revelatio.  »  Et  postea  cœpi  exer- 

1.  Joan.,  m,  5. 

91  iiuiwLhi    add.  ut  confisus  fiducialiter  annuntiem  revelationem  sanctoruru 
luorum  F  [cf.  p.  22,  1.  142-113]  —  'uJjuu/i'   i   ras.  ubuw. 

[17] 


Il  III 


105 


110 


358  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

cîni-iif  cl  iiiuiÇbi  ,  npuiçu  ;itu  ni  nu  oni_np  ptun-Uiuunpnuiau  :  cl  p 
lipLunLii  jiiupujWnL,  p  uùph  npnbpp,  p  lihpli  crmiinL,  c/iu  bbtua  tun. 
pu  unih  nimhmi/if.'  ,  tinupu  bbpupupujuiuLpu  cl  iuuç  n/,u-  P"nL^r 
luudinnJ  lupuiphp  cl  n<  "ibp  uiutuiùbnbp  huph  in^iuhunL.  biupubn- 
tiinup,  nnp  pùii  pbnh  '/uiiiLucniui  :  ui  m  m  tu  uni  uni  p  hinni.  cl  luuLt). 
hbpbiu  nùi\  uit;p,  ijuiuli  n/i  ilpnil  uibuibuiup  n\  buipçp  atuniuipup 
piu^uiuiuiutuibui  usumnLOni  'nuipuDi  ,  dl  n<  niuiliuipup  annnuni-pn 
pjn,nilbnni.auiubi  ,  Siuhiunuun  u/i  lukù  iiuuuinLuiouiiph  upnn  luùhhiuUi 
nLuuikp  uiuiutibui:  mt;  «  icn/iiiLii  cl  ibppn  uliuiipa  Çiuumuiuibunp 
uiùbuuiiis  puilr.  »  mil  niuiu  Juilnip  p  uibuinAiç  blah,  uibupiu  tuiu 
h  uuiu/.'f-  uin,uinbiui  ,  bplpibunp  cl  bpbpubunp  :  'upn  imunnÇcmCL 
uiçn  ut  piulu  lupuipbp  njiu  bpbliiubp  ntuiumbiuapn.  on.  cWç  bpbph. 
buqbu,  puipnnp  uinAibu  : 

l'u/j  /mi  uiiuuipup  pmppuin,  uipAuiubtuj  ,  iuuç  nnu  "2dS  I'°  cl  aiibriM 
'fuipobiuÊ  .  n.si/i  iL ii li n ii  bpbi.bi  pba  :  cl  pppbt.  uuitjbqujL  u/ilu- 
uiuuuiiï  phn  nuLii.uu  bpuubi  ,  nuipAtuL  i/iu  CL  uiuç.  upha  <"jf  pu* 
niAipù  uiubj  ni, ii  :  cl  uiubù.  /uiuluciuii  'nçp  :  cl  muç.  npuibi) 
qp  bphnuMibabp  p  upuip  PCliÎ  cl  iiiiicij  iip  Wç  ainutupabun  nlinuiu, 
tuupiinlji  ninpbupuu  uuimupnbSp  p  upnL.ù  uiuiuituup  :  bnbuii  *ciîp 
uiinuti^u  npuiçu  uplu  buipobu,  ijjii  /iLpujpuju\pLp  np  uin-iultiXphu 
p  uiiuiiiiuup  bnbuii  ituiuiup  :  cl  uiubâ.  nniuÇu  "îçp  :  "*-  uiuç. 
npp  p  upinp  nmi)  cl  ipiLiipii  ntn  :  CL  ''>'(''/  ij.\cn_u  /ilh  iuiiiui, 
ninmL  <C^....^>  linnntlu  }npu,  bppuh  nubbnqu  cl  ùpliu  uipbuiMp. 
ctuin    nubbnb/upu    i/i   Jj/iu   i/uinn/iL,    bpbnupu   tluipn    uuipuiujLj,    cl  J/iîili 

92-93  fc  iV/iLiinLi)'  «uisuiUiil  i  x^  ôà  â).).T)  itapacrxE'j?!  G  insequenti  vero  sexta  feriaF. 
—  93  Ji  luî/iîi    n/infen/i   :  om.  G  i  n  lpsa   noeti';    hora  F.  —  9.i  ■piuu.uhnu,i'   , 

DIS.      juuii  iii-iim . 

97-101     i/iiiiiïi    g/i...    ujiÎcjLiijiÎi    cluÎi    J1G  :    Om     F.  —  105  nutnnuin.  iun<i,uibbiui 

MG  :  cum  haec  audisset  F.  —  10*  >  'nuinèbuii'  ■.  ms.  ^tune/fei  add.  ouyyvwliïiv 
G  ignosco,  ignosco,  ignosco  F.  —  112  uuuupuîili  fenfeu/i  add.  xai  icw;  Sùvïaa: 
EÎcÉvai  iToïi  EtTiv  Ta  Xeii^ava  toû  àyiou  Sieyàvou-  où  taOïa,  çT]aiv,  àLt?iëàlXsi;  ; 
/.E'fto  aÙTw-  vaf,  xûpiE  G  quod  .si  ita  evenerit,  quemadmodum  potero   discernere 


[18] 


l'invention  des  reliques  de  saint  Etienne.  359 

citationes  facere  et  jejunare  ut  in  diebus  sacrae  quadragesimae. 
Et  sequenti  sabbato,  eadem  nocte,  eadem  hora,  venit,  stetit 
juxta  me  idem  Gamaliel,  eodem  aspectu,  dicens  mihi  :  «  Cur 
negligenter  egisti  neque  existi,  narravisti  ipsi  Joanni  episcopo 
quae  tecum  locutus  sum?  »  Respondi  dicens  :  «  Ignosce  mihi, 
domine,  quia  ex  una  sola  visione  non  poteram  illiusmodi 
pontificem  Dei  commovere  neque  illiusmodi  populum  con- 
turbare,  praesertim  cum  audirem  a  divinis  scripturis  undique 
dictum  esse:  «Duôbus  tribusque  testibus  stet  omne  verbum1.  » 
Hoc  vero  rogavi  a  Domino  si  haec  mea  visio  ab  eo  missa  essel, 
bis  terque  fieret.  Jam  vero  ab  hac  hora,  domine,  me  laetifi- 
casti  duplici  adventu  tuo;  si  tertia  vice  veneris,  bene  faciès.  » 
Is  autem,  hujusmodi  voce  emissa,  dicit  mihi,  manu  signi- 
ficans  :  «  Ecce  tibi  tertia  vice  apparebo.  »  Et  cum  vellet  iterum 
per  januam  exire,  se  ad  me  convertit  dicens  :  «  Presbyter, 
aliud  quid  habeo  quod  dicam  tibi.  »  Et  dico  :  «  Loquere,  do- 
mine. »  Et  dicit  :  «  Scio  te  dubitasse  in  corde  tuo  et  dicere  : 
«  Si  inveniemus  eos,  quattuor  certo  inveniemus  simul  in  uno 
sarcophago.  »  Positi  non  sumus  isto  modo  quo  tu  opinaris; 
sed  sua  quisque  singulus  in  arca  positus  apparet.  »  Et  dico  : 
a  Quomodo,  domine?  »  Et  dicit  :  «  Pone  in  corde  tuo 
et  ostendam  tibi.  »  Et  cum  extendisset  manum  suam  in 
aère,  inventus  est  <C  ferens  >  quattuor  canistra,  tria 
aurea  et  unum  argenteum;  aurea  vero  plena  erant  rosarum, 
duo  rosarum  albarum  et  unum  rosarum  rubrarum;  argenteum 

I.  Deut.,  xix,  15;  cf.  Joan.,  vin,  17. 

reliquias    singulorum?...     cui    ego    negare    non    potui    et   dixi    :    verura   e>t. 
domine...  omnia  nosti  et  nihil  te  latet  F.  —  114  nuiiui    add.  pota-riCwv  G. 


[10 


360  REVUE    DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

l/iunn  biupùbp  :  fin//  lllnrtuiW/iïi  ifi  £yj  muni  im-joui  pppSntl,  cl  ij/ln 
çn  P"",  ubnuu  imiffCii/iuuinu  nppfci.  nfen/ini_nn/i  /,11/iLL.iiii  puipApui- 
7nJ       i'"(/"7       !  7     alinnnJuu,    inpnLÙ    biupâbp     Juipnïi    h;p,    pun 

uiÇuç    nùilç,     niin    u/nCLCUJiu     tr«_    nithuiiu,    innnLiî    uiupiniub     ifuipnh, 

120       h    <,/iLu/iiin^    Lnnùuihç     'nuiaiunnrb'   bnpbi.  bpbp   buiuqutuLp   :    hi_  tuub; 
upu.    "_5o   I'°   D   uikuhp    nlinnnilun    niuinnupb    :    cl    luuuu.    iwin     inç/i 
fei-     uiuç    n/,u*     '/n'/"'/c7    ",(7nfi/,i     "?/uTft     nubbptun     ùbpnn     Lu     p 
uiuuuiuuuh      inpu     lliufip    :    cl    un     ubiupùpp     iluipnu     nLu//,     ç     uiçph 
uuihibiuhunu,  puiun/i  oui  iÎ/iujiL  Ij  /i  lîfcn     ilbiui,  cl  <^....]>  ubbnnbSnu 

125       hinuuinuuiunnu   npbuuinub.   riuu   nu    CL   npnph   pu,    np    abuipiiuniuuuin 
uibnbli    nLUpilp    :     cl     Iril    'iiuunnubujj   ,    ntupt\buii        uiubâ     nlitu.    M'U 
uiçii,    i)/i    bnnnJh    nubnnçjU    cl   uphli    lupSuiliip    Iîl    /iluu    ùphli   nppSnJ 
inutui     cl    upuu    ijujpnpL   :    cl   tuiil;    n/'"*     uipaïujjb    bnnnilu  ç;    npni.ni 
'puni      /iiii/iii/i     uitLnu     çn     Uwpubnuu     cl    uiuiiàuin.     Çnctunilu     nrmiçu 

130  ntunoiiiH,  uubuit  p  uiuiauipp  uibuinAi.  I/nli  uutpn  'uiufcucxfj/i  tçn 
uibubiui  ,  l'i'im  unutni  ouuiin  /"-/*)  Juiuh  ui{unppb  iiiwuiuipnLU  ç 
nppùntj  i/i    tuhili  .nuiÇnuim  hlLunlj'  : 

f?L  uiiuuiçu  bu  luipnuabuii  ,  'nnÇuiauii  'nunnniu  cl  niuuçlinnnp- 
uçh  uiumnt-ani  cl  //'"(/'  p  huplt  uiui^u,  tuliïi  nL.hbinu  bppnpn  iiiiji/ïu- 
iilkJcuiu  iiipauihb  inubi  :  iiiuitu  iiuiinLU  fit  nniunfiiL,  nuipAbiui  b 
ïiubu  tliuùni  ,  npuA;u  iiiun_iup/iulf,  fetlf  c/iiun  iuo.  nu  /uiili  iuuùui;Ail,i 
upiuhïbibu,  CL  im/iifM  iffiiii/iiiii  nuA  nanULbinil  "25S  V°  3.  muç.  'llilu 
uuuiuiL  'uioomi  ,  n<  Çnnuiu  iluiub  ùbp  cl  n«  c/cn  tuiuuiubnbp  hùph 
aujpubnuinub  :  "Çc-iuiniu'  otîi^  niJutnJuinujbb  binbu  cl  uituuiùbunbu, 


116  LwpSjip  add.  <bç  a'jia  G  tanquam  sanguinem  F.  —  lis  bnnnJuu  ■.  xà>i6v/ 
G   unus  F.  —  119-120  ntii  uipbi-huMiu...  biuïnAiuLp  om.  F. 

—  12't  ttiniiSurlil-  add.  toù;  oè  àX>ou;.,  w;  6i5û[j.ouc  TioiriTa;,  xpepLaffroùç  ccv^ôet^ev 
ÈTîâvuj    toO    popeivo-j    xaXâôou    G.    [cf.     1.    Il-]  —  'isiijnuinnfLi'    i   ms.    pminmnn{b. 

—  124  kl  hliliniiJiSnu  :  6  £è  àvTtxpu;  tûO  7Cpo»rw7ïQu  cou  ô  xûpto;  Nixô5r,u6;  Ëaxiv  G 
ille  veio  loculus  qui  ad  partes  boreae,  id  est,  aquilonis  positus  est  ipse  est 
sancti  Nicodemi  neophyti  F.  —  125-12G  nbuifuiuniuLuin  uiktAtL  i  tbv  xpe|ii<7Tov  toîiov 
G  loculus  qui...  eminentior  est  F.  —  126  Siutij^ttiui  nutp&kmi'  •.  ms. 
(uiÎji^U.i    nuiplki.  —  129  'bSm'  i    ms.  /nîn. 


[20] 


13 


L'INVENTION    DES    RELIQUES    DE    SAINT    ETIENNE.  :'.lil 

autem  plénum  erat  suavis  croci  et  junctum  erat  cum  uno  e 
<  canistris  >■  aureis,  ut  gemina  apparentia,  altius  aliis.  Et 
posuit  canistra,  in  quibus  rosae  rubrae  erant  a  dextera  mea 
ad  orientem  et  aliud,  in  quo  albae  rosae  <  erant  >  a  septentrio- 
nis  regione,  longius  circiter  très  cubitos.  Et  dicit  mihi  :  «  Vidist1 
canistra  ista?  »  Et  dico  :  «  Ita,  domine.  »  Et  dicit  mihi  :  «  Ca- 
nistra ista  sunt  reliquiae  ossium  nostrorum  in  arcis,  in  quibus 
jacemus.  Et  id  quod  rubras  rosas  continet  est  dominus 
Stephanus,  quia  is  solus  est  inter  nos  martyr;  et  <<  canistrum 
quod  est  adversus  faciem  tuam  >  est  Nicodemus,  confessor 
Christi  ;  ego  autem  et  fîlius  meus  <  ii  sumus  >  qui  locum  sus- 
pensum  tenemus.  »  Et  ego  ausus  sum,  rursus  dico  ei  :  «  Cur, 
domine,  unum  canistrum  aureum  et  aliud  argenteum,  vel 
unum  croco  repletum  et  aliud  rosis?  »  Et  dicit  mihi  :  «  Argen- 
teum canistrum  est  fîlii  mei,  quia  sanctus  erat  corpore  et 
fulgens  spiritu  ut  argentum,  nutritus  in  templo  Domini; 
mulierem  minime  viderat,  nisi  solam  matrem  suam,  prop- 
terea  <canistrum>-cumulatum  est  croci  pleni  suavis  odoris.  « 
Itaque,  cum  surrexissem,  gratias  egi  sancto  et  misericor- 
dissimo  Deo  et  stabam  in  eisdem  jejuniis,  sperans  fore  ut 
tertia  revelatione  dignus  essem.  Tune,  alia  feria  sexta,  rursus 
eadem  hora,  ut  primo,  venit,  stetit  juxta  me  idem  Gamaliei 
mirabilis;  et  cum  mihi  minatus  esset,  stomachans  dicit  :  «  Quid 
mente  agitans  non  curas  de  nobis  neque  existi,  narravisti  ipsi 
episcopo?  Crede  te,  si  celeriter  non  exieris  nec   narra veris, 


1   0  'lUiffcttL/iL'  i  ms.  ujiîtïrtL^iîi.  —  13!  'ijn^ujgiuj'  i  IUS.  ij/i yi/i/iu .  —  'l"l'~ 

(■jiiïi  *  i  ms.  nunanaLf  xô)  àyiu>  G  om.  F.  —  135  (mijjiu  i)  nLppiufJnL  M  G  :  in 
tertia  igitur  septimana  F.  —  136  Lnjii  i  6  aÙTo;  B  xOpto;  A  supradictus  F.  — 
138  'mbbuii  '  i  ms.   wbbi      —   139   S""1»»"»'  '    ms-  Çuitminuij.    —    139-140 


[21] 


nu 


150 


362  REVUE  DE    L'ORIENT  CHRÉTIEN. 

lipbunbu  \iupiuiputuu  npni_ii  m //Il  n<  niMpapu  :  fei_  bu:  uiiuit  iiiiuLiu 
nnLupiuunu  tuubu.  iiiiiLinOnintii/i  inuiunp,  iuanut^biu\  nuihjp,  uni  m  11/7/1 
bppnpn  nuiiutnbuih  pni_u,  np  iuiuluçu  Çuiutnuitnbiui  ,  uihuliÇkp 
giunnnbnpn  ni\bp  uuiuiuni-IJpLMn  :  /»i_  u/iui  nfcn.  intubuiLpli  but  U'uip 
cl.  .uiinuiiMuiin  pu<\,  inbup  luiipytniubbi  qjiu  n  piuiiuipïi,  £l  lîiuunliiijiu 
inbuhili  tuiuuiubi  bu  nu  tuifiiilimunufi  :  num  uu/i/i  uibuibuili  uiuç 
n/iti  biiipininujnuu.  bjdç  "'«(f  uibubp  uppbip,  t/Jç  ,u(7  fcpfci_fcnujL 
ptu  /i  aiuûuiuuibu  util,  utuiui  uiuxpm  h,  uinAinLi  tibn  uiuuib  iibitli 
uiùnsn^u  niinpannh  nuuiuji-ium\A(i/i  niiuiiiiui/ujtiuiiiiuu,  Ai_  Miimrii 
ptïii  nuiiuuptuliu  ^iiiniiApA  uiiniini/pu  nn  A  /juiu  :  Ai.  m^  'uitumuiu- 
juisilibuii  ,  uiubS  num  n  uibuibuihu.  inbi  Al  M'"  /"jt  ujnujpuibu, 
bloc  n\  niAipnpu  nbnh  annann  :  Al.  uiu  uni/,  nhu'  ullntllhu  S*- 
piuliiih  piuniupu  uiuii/u.'  uuiuiiiiu-  "258  V°  1)  ^mp/i/i  ,  Ai_  ui/iuiniç  uuitinu 
uAo/i  ul  Anu  àba,  Ai-  iiiufi  niupiluiupi  iuil  pAu  •  np  ppuiLniMp  bu 
, ■iiilmiLiulin  h  ntuninpjm  ntAibi  ii/nu,  Ai_  pAn  nuiLiubuiu  bu  mil  Ai_u 
bpbnL.  bnbupb  ÇiuunbpA  pu$nnuu  EL  uuinùnLuionil  ubap  Aii/iuli, 
uni.  h  niiin\iuLnnni_/J/iLU  luiiniinii/i/iii  'nni  :  ti_  nniiu  pppbt.  uiuiun 
buipubninnuu  h  inLlljLuilili,  iii/m/i  nuihjp  iimi/mil/if,  l  «lA  nui(n,  Al 
(iiii/ui  inUHLiuuç;  Ailuç;,  uiuipuiL.  n/iu  A  imi/i  nciuLii  Al  mu/,  q/iu. 
A/aç  AiuiiAun/iu  ninuihbi  ni) Ln  ,  julinpbuppp  luiniupiubpu  np  An<A 
uiunphph/b  bniuaiupiupnL,  np  la  tu  p  ni)  tuli  A     uimuun    iiiiimiii  lini  : 

(?l  himjiij/,'11  '/"'/'//  '■*'"/  tl'irPnP1  'uunujUu,  Çiuptin  Mfc;  tiLp 
/11117  lunuiruuAu,  bl  n*  ULilAp  'luûbubupu'  luiiuiubnp  nuibupili  :  tnauii 
iiin.iiiln\puut  hliiuuibtip  Al  wbuiuhbu  uniiiiuiiuiuiu  un  lïAo  ntuyuiiu- 
^uipld,  ifin  uipAtuabiiij  Al  '^il<uiAAuji  ,  Al  n  iî/ï (?/i  linpui  pinLn  uA 
il/iO    'juàbmi      pun     npnu     Çuifiiupbnuji      ninuiubi     nhnuiu    :    Di_  jiiiunL- 


yuLiuuiiu...  nt&hghu  om.  F.  —  141  'ujijuivfeiui  '  1  ms.  mmuifci  —  142-143  1W1 
iu;iiuitu...  (iii|.ii!iiii  ^.1^11  liij  MG  :  hic  om.  F  adest  p.  16,  91.  —  147  lîfco  : 
ju.î  G  me  F.  —  147-I4S  m/.ii/i  wSniniu..  .nuiunmiliuuutiulA  1  [3oûv  (léyav, 
tr,v  ipotfipo,  tov  à[iaJc-/ov,  tôv  èpfotTriv  G  bovem  illum  maximum  aratorem,  qui 
carro  et  aratro  aptus  est  F.  —  149  ' upuuium[uuiubiui  '  1  ms.  -puuuhi  —  152 
' iinpnuiii^inpl^p'  1  ms.  -^uin^iL.  —  156  pni'  ■  ms.  gnuti.  —  156-160  fiL 
ijuijii...  imiiiiiii  (\n|  om.  F.  —  15'.i  b0t  MB  :  om.  A. 


[22] 


l'invention  des  reliques  de  saint  Etienne.  36:! 

passurum  esse  tormenta  quae  tibi  necopinata  erunt.  »  Et  ego, 
miser  hic  Lucianus,  dico  :  «  Antea  dixi;  cum  Dominum  ora- 
vissem,  exspectabam  tertium  adventum  tuum  ut,  sic  firmatus, 
intrépide  revelationem  vestram  nuntiarem.  »  Et  dum  longius 
is  stat  et  raihi  minatur,  me  vidi  in  civitatem  rapi  et  omnem 
visionem  ipsi  episcopo  narrare.  In  eadem  visione  dicit  mihi 
episcopus  :  «  Si  istud  vidisti,  carissime,  si  istud  tibi  visum  est 
nostris  temporibus,  oportet  igitur  illinc  accipiamus  bovem 
jugatum,  eurn  qui  laboret,  sulcos  ducat,  currum  trahal  el 
tibi  villam  linquamus  cum  fructibus  qui  in  ea  <  sunt  >.  Et 
ego,  dum  respondeo,  ei  dico  in  visione  :  «  Domine,  et  adquid 
erit  villa,  si  non  habuero  bovem  labori  assuetum?  »  Et  is  mihi 
dicit  :  «  Isto  modo  res  se  habet  :  quia  urbs  haec  curribus 
ministratur,  et  opus  est  currui  magno  magno  quoque  bove, 
et  dicitur  <  ejusmodi  >  apud  te  nutriri  ;  nam  justum  est  hac  in 
urbe  potissimum  haberi  eum  et  tibi  duo  alii  reliqui  boves 
sufïiciunt  cum  vitulo  et  jugo  magni  bovis  ad  labores  in  villa 
tua.  »  Et  cum  hoc  dixisset  episcopus  in  visione,  dominum 
Gamalielem  venientem  vidi  et  me  manu  tenuit,  me  in  eumdem 
vicum  duxit,  mihi  dicens  :  «  Si  nos  invenire  volueris,  nos 
quaere  in  villa  quae  syriace  vocatur  Elagabaru,  quod  virorum 
Dei  interpretatur.  » 

Itaque,  expergefactus  tertia  vice,  ubi  villa  esset  rogavi 
et  nemini  cuiquam  visionem  revelavi.  Ipse  solus  ivi,  aspexi  et 
video  campum  aliquem  magnum,  ut  planitiem  planum,  viren- 
tem  famosumque  et  in  eo  medio  tumulum  aliquem  magnum, 
glareosum,  sub  quo  ratus  sum  me  eos  inventurum  esse.  Abii 

161-173  <1'iiiiirjfi...uj{iiiiiJ,u  h;  om-  P-  —  '62  'tuSDiLi  /iii '  i  ms,  tuSt^Lhi-hi.  — 
161  '^n^ml^huii  '  i  ms.  <Jn.£iutfci    —  165  'hjHhuij  i  ras.  juithw. 


[■X] 


364  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

•^LtnLi  bip  b  nmnuiplf,  juunpbap  <dp^>  ÇuiLUJuiuippu  cl  uunduiluui  un 
bppnuiutj,  n/i  hinuiin  uituinbu  Bl^  259  F0  3.  n/iu<  uttunin  /"jt  imihlii  : 
/ïuij  ttnnui  uiubh  nliiii.  uibuuihbu  quwkjui  utnbjui  nwneunt.hu  np  ibhpu 
iiliùLhuiih  auiuuihuiLp,  bu  auiuiuiih  L  piunwni  UjiL  lui  iiuhBuin  ui'hXp- 
liiiitn,  Ui  biuupu  viuobbi  niuiiinu/i  uibunin  uni.  p  uuipnuiuppnu— 
japtAt  ujnluiunÇnu.  Un  niin  îuiubini  :  cl  iuiiluiPci  /iiiiim,  Suiplt 
iiiiimii/i/i  pm^uiuiuiuiuibuipli  uuiuh  nu  :  cl  Lnfbiun  npu  n  ubhbiub 
pt-Pt  "«-  ^tupouiuçn    Ai;   U4inuih,u  lj  : 

'liuuiubnp     liùut     nuiu  ui^liih    cl     nbplipnpnh     Ll    nhh'1     bppnpnpb    : 

'"'  la  /"''/  phi  nuùiuuç  :  pub  hui  lUuniliurpulip  piupniun.  'uipAujbbiui  , 
uiuuia  mn_  no.  ujLpÇhbtui  uiçp  bfot;  '/'"('/  utbubp  uppbip,  bu  p 
Juiuuilniilui  ùbp  ^uiâtrniuL  oçi»  luiiinuci  nunupau  j'up,  uifiinin  h, 
ubnujnAinLi  nlii/mnnu  uppnni  uinbipuihunup  uuimuji/uuji/i  cl  iiun-iuf)- 
uuiplpui  uiith        nppuuinup,        iiluu^imnuiljh       ptupbuiutouinLJobiuu        cl 

180       'ahunuiuinbu     bpuhpn    ujpnujini-Mbiuuu    :    iiuibéuiu    unittin    cl  nbppnp- 
n/iîi       i/liinriiii  iLiiNu      uibuibiuhu,     nnuiuinbuii        ckjç      <ÇmunCni*cuji       ij 
i/ilici     :     'lu^'ni  mm  njOifinni/i    fi'ff  «m/i/iiiiiii.  :  cl  uuj  2.j9   1°    0  Juhnuiipn 
cnciiif      luniujluij;    lULCincujLp,    'Jniu Uiuibuiti    /lira   nÇutubi       bu    'ppci 
/'    Firl  tnpautu    uuiuihbuf    upu^buQpp    nuibnbh    pbn      nm  fnfi.\///.', 

18  '  cl  itunn  uin_ujup/in  /iïf.\  n  Xiuuli  nupnun  janïaujpbpp  :  cl  nu 
auiiuiupup  uiuimnLçp  umLiui  ,  nbubap  p  nbnh  bu  nuipnabnn  ibpbb- 
npbut      npuiÇu   np    uiiîcuopciuu    pun    iiin.iiiifii.Mnfi    upuiputb    biuihnnbh 

/'  lin/li  npobpp  bpbubniuu  puo.  uicjp  nuiJiunfiçi  ,  Ll  mur,    nnu.  "Phi 

190       Un    /lit*     iiio/ififitn    i/iîinii    n    Pippit    f>'uunp    >C"P     U,K'}F>    "*(/     F/nL/17    l 

i/oiuinL/ij/iLu     u/iuiiu    Lijiui  1     ijnutli     uilin     Lfiutniiincinf      itffff  it/,ff     unanj 

ubpnt   :    wf/   /i    fyuptuLuihnnuuju    minium    npnhbuVnp   aiicn    t    n    liinfnn- 


168  gînu  MB  :  Tcpb;  éiié  A.  —  71  iuin-uiÇbi  ïinpiu  i  xai  rcapa-^friLicf.  aOiov  (sic) 
npooXaëdvTEi;  Ci.  —  172  i/uiuL  /nî  MA  :  HEpi  aùioù  B.  —  174  [îl  '/'/'."  bppnnnbi 
om.  B  add.  ÉtpOXacrirov  yàp  tôv  SiàXoyov  toû  p^oc  G  et  cum  illi  omnia  quae  videram 
enavrassem  reïicui  de  visione  bovis  F.  —  175  'uinàtuLbuii'  i  ms.  tupduil^bi    —  178 

lîto     MA  :  (LE  B  me  F.  —  180  'n/tïfptftumfcu'   i   ms     nnfipLtuuiLTU.    —   uiutug  :     è£r,Yr,- 
otiliYiv  aùtii   A  om.   BF.  —  181-1  2  ifhuiiughtui     tpt  ^uAinbp&bm^b,  ^ib^  tuC,ui 

iimi  ifix'finififîi    nui  ■>tulil.uuu  '  |J.a8wv  ùc  Ta  [LÉXXovTa  i]Sri  7ipo6(ir)v06riv  G  0111.  F.  —  182 

[24] 


L'INVENTION    DES    RELIQUE9    DE    SAINT    ETIENNE.  365 

igitur  in  urbem,  <  a  >  fidelibus  dignisque  presbyteris  quaesivi 
ut  consilium  darent  quid  faciendum  esset.  Ii  vero  ei  dicunt  : 
«  Vides  frequentissimos  terrae  motus  qui  omni  tempore  fiunt 
imraensasque  siccitates,  ex  eo  quod  imbribus  non  madefiunt 
et  vis  abscondere  tibi  manifestatam  visionem  amoris  <Dei> 
causa  in  homines  hujus  mundi!  Noli,  silens,  cunctari  quin 
dicas!  »  Et  ei,  cum  mihi  anteiissent,  intraverunt,  pontificide 
me  dixerumt.  Et  me  in  conclave  suum  vocavit  et  rogabat 
istone  modo  res  se  haberet. 

Narraviei  <  visionem  >  primam  et  secundam  et  dimidiam 
<partem>  tertiae.  Et  ego  auscultare  quid  abeo  <C  dicatur> 
Is  autem,  vocem  subito  mittens,  mihi  dixit  :  «  Benedictus 
Dominus!  Si  istud  vidisti,  carissime,  et  tempore  nostro  Domino 
placuit  sanctos  suos  revelare,  oportet  nos  accipiamus  reliquias 
sancti  Stephani,  primi  martyris  et  primi  diaconi  Ghristi, 
pietatis  athletam  et  qui  regnum  caelorum  oculis  suisvidit.  »' 
Tune  dixit  reliqua  quoque  visionis  tertiae,  cum  novisset  ea 
in  eo  esse  ut  evenirent;  jam  <  ei>praedictum  erat!  Et  isT 
gaudio  plene  affectus  hujusmodi  bono  nuntio,  me  descendere 
jussit  et  in  tumulo  fodereet  «cum  inveneris  •<  inquit>,  serva 
locum  tibi  soli  et  de  re  certiorem  me  fac  per  aliquem  epis- 
tolarium.  »  Et  ego,  hujusmodi  jussum  cum  accepissem,  in 
vicum  accurri  et  vespere  praedicavi  ut  omnes  mane  unanimes 
exirent  ad  tumulum  fodiendum. 

Eadem  nocte,  visus  est  mihi  dominus  Gamaliel  et  dicit 
mihi  :  «  Presbyter,  ne  ullam  operam  consumpseris  in  isto 
tumulo,  quia  non  sumus  istic;  iste  autem  tumulus  in  testi- 
monium  tantum  positus  est,  propterea  quod  illic  legem  im- 

1.  Cf.  Act.  Ap.,  vu,  56. 

'uj^iu'  i  ms.  m-,»/! —  183 'nnfci  '  ms.  nnfeiui  —  184-185  fci_iniie/miî...  0n0iunfcn/i 
MB  :  xat,  Èiràv  ^'jpw,  çpoupfÉ(Tat  tôv  TÔTiovaÙTov  ô:'  lauToy,  ^rXûtaai  ôi  6iâ  ttvo^  — latoO 
Ypannatocsonju  A  om.  F.  —  185  'mon'  i  ms.  mun.  —  189-193  fenfeLfenu/j....  />pnfei_ 
ï^fe  om.  F. 

[25] 


366  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

iiiuiii^çÎi     Ll    p    lunhuinÇ     sunlibi      h     piphu    butbnnhu      /ipnfei_i_    >j°ufe    : 
uniu    iiiLnlihiuliuiL.    LpULhi     wpbnuiip,     'nnnLu     uitunauiùinn    iThiiftlJi^u 

i95  lin\l<t]biui,  h  LJ/iîr  >?/'?tp/»  ïiniïr  mJ^fi  niuiîujn/itl  .  fepP  fei.  '-tiuui' 
nnUihuilinup  bphnni..  /3jj  1Î/1  uuuiJiuuuiuili  l\<bpp  /unLtfki  /;iï/jn  /i 
cin/in,  puiliijfi  sbùp  unin,  iuii  fi  ^uipuiuuilinnù  uiununluippu  :  259  V°  a 
ianLnuiui  liuus  ntnbiipu  nnn  fet.  jiiini.u  lipuiubpnLlobiuliu  bnrttn  : 
innnLil      mbni.nO      nuipAbwi       bnnin     ùbo        bnjiu     uiu-j/iiu    nulibnçhu. 

200       fcn/ini-pjj    ç/io    1/nL.iuuui     fei.    anliu    piupdp    :    pwin   Upbh    Inuijih    LplinL. 
*iuppp  ,     uphu     nnbi_np    bt-    Opi  nli    utujtnujup    :    ti_     niiipnuipbiiii       hjpu 
auj^nipli    ujfL     luiuiuçn     piupApiunnui    fei.     uni_uiuinuinniZi   itui.pphbuji 
h    uuipmuib   ÇuiunbpApn,  nnmçu    n/ç  unpuibupp   np    p   lui  uni   Lnnuhhi 
/iiumtj,      cl      o/ii_uu     fci_u      'nubbÇnLn.       MuiniULnpiubmu      ^utlinbpApLp 

205       luiiiûm-ttcuii      : 

f/i  lUipnLnbuii  ilbp  pu/T  mpnmintuh  tun.ujLiULir,niMf  /luiî.feaixip 
h  pinLph  bpljiui  :  pull  uipbnutiù  lupnbj  '!'""/  )  "•-  "iuç  if//". 
ijuiiu  fci_  niuiu  uituuinLtçp  'inj-Ufi  /i  mbuibiubu  uiubi  tipao  :  liuu 
feu     pppbi.    im. mi,    npmuinp   fe/uç    Ûjuiunnuj    ç     uifeu/ii      ii/iiim     :    liuim 

210       nuibuim     riiuiLinO/iîiîi     p    pinLph     npilbniup,     fc«_     u/itufei.     nippa    auiûu 
unfenui/j,    auiiiip      tupXiuti     Up      mnni_J      nnfeiuf      Ç7l      bppujlbtlbpk/b,     fct 
bnfh    auiuiuiu     bn\bntup    'nbppiuibnp  1    np    fefeli    pulJbpuwL.    nnppu,    fci.  ' 
11111/7.     /■    D/'/,u    (tu(u    uiiuuihju    'iwi     259  V°  D  «Jç    ujiu  ç  iiiunuiuiniiiu 
fe/ia/11     ujpntupnn    :    fct.     f»"!/     uim-buii   ,     snnuip    p    m  (1 11/16       (in     iiuiuiJ 

215  npnbpp  anuiuiL  ufcn  ,  fei-  niifenuuia/in  Lnniu  umiup  'nnfemi  ujiutiiçu 
nhnbn[ih;t      uiuunJuiS     cuiiîuinpçi       utnhauju,     np    'Pujnnùiuïip      ufciifc- 


193  /i  lunluinÇ  1  om.  G  -/.iTwôev  D.  —  /i  piph^1  MB  :  ètt,Ç  '0"  Po^voû  A.  —  194 
'npnLiî'  :  lus.  n^ni-ffii  —  Sbiu^pk"  '  "ttt'^e  S  MeYÉ9io?  G  Migetio  F.  — 
19o  'iiiuiu'  1  111s.  uiuuii.  —  197  mil  /"  <Ç,0f"UI-u,'/n'l^  '  à^à  7tfô;  Poppàv  G  secl 
quaere  nos  in  alia  parte,  in  loco  qui  dicitur  lingua  syriaca  Debathalia,  quod 
interpretatur   in   graeco    Andragathon,   quod    nos  possumus   dicere    virorum 

Ijonoium    F     [Cf.     p.       22,     159-160].    —      198      nniotnir   '   :    DIS.    nnLijnLnbiui.    — 

201  'uin/ip'  i  ras.  nn/ip  âvSpa{  G  jacenles  F.  —  204  'nutjfc'J/iLii.'  :  ms.  nu/.yi;  a. 
-  208  'im_uii'  1    ms.  i/iLiu.  —  209-210  pu/m   uui/jmjL   :  ô|j.o:'w;A  oliwç  B.  —  212 
'qfcnpuiifco/i'  :   MIS.  nbn.nuiibubuuh. 


[261 


l'invention    des  reliques   DE  SAINT  ETIENNE.  367 

plevit  plangor  super  nos  datus.  Ad  meridiem  vero  campi 
conquire  nos,  a  via  et  deorsum  metire,  a  tumulo,  cubitus 
circiter  quadringentos  septuaginta  quinque.  »  Eodem  modo 
visus  est  monacho  simplici  mente,  quem  Melites  vocant, 
eadem  nocte,  idem  dominus  Gamaliel  :  «  I,  et  die  Luciano 
presbytero  :  ne  frustra  defessus  sis  nos  isto  in  tumulo 
inquirere,  quia  non  sumus  illic,  sed  ad  meridiem  campi.  »  Et 
locum  illi  ostendit,  quem  meae  quoque  infirmitati  ostenderat. 
Quo  in  loco  rursus  nobis  ostendit  très  aureas  lecticas;  duae 
inferiores  erant,  una  sola  alta.  In  una  sola  vero  illa  insis- 
tebant  duo  viri,  alter  vêtus  et  alter  juvenis.  Et  erant  adornatae 
lecticae  illae  hoc  modo  :  altior  et  inferior  decoratae  albis 
vestibus,  perinde  ac  si  ille  qui  in  iis  decumbebat  esset  recens 
baptizatus  et  alia  reliqua  textis  auro  regiis  vestibus  exquisite 
parata. 

Et  cum  surrexissemus  nos  diluculo  matutini  praenuntio, 
voluimus  ad  tumulum  ire.  Monachus  autem  nos  impedivit 
et  mihi  dicit  :  «  Hoc  et  hoc  m&ndatum  audivi  in  visione  quod 
tibi  dicam.  »  Ego  autem,  cum  audivissem,  comperi  veram  esse 
visionem  ejus.  Attamen,  primum  ad  tumulum  accurrimus  et 
per  très  horas  fodimus,  invenimus  columnam  aliquam,  in  qua 
erat  scriptum  hebraice,  et  extemplo  Hebraeum  vocavimus, 
qui  venit,  scriptum  legit  et  dicit  :  «  In  hoc  scripto  hoc  modo 
fert  Iittera  :  Hic  est  campus  plangoris  justorura.  »  Et  cum 
reliquissemus,  in  locum  ivimus  qui,  illa  nocte,  nobis  ostentus 
erat  et  eorum  inscriptionem  hoc  modo  scriptam  invenimus  : 
Geleliel,  Nasouam,  Gamaliel,  Abibas;  quod  transfertur  Ge- 

213-214  tuiu  t  uiunuiuuiwît  bnàni  tunnwnnn  i  TOÙTO  xi  /(Op(ov  [y.OTTEToO  Sixatov  (sic) 

A  xonetà;  StxaEuv  B]  G  ora.  F.  —  21ô  'ijpfcmi  '  i  ms.  <j/>t/_.  ~~  *'''  ' P—Pf^-^'b'  ' 
ms.  pmpgSwll,  —  ^fc^t^tjl,  ■  U^s  S  [apud  Nau,  R.  0.  C,  1906,  p.  2o3,  n.  3]. 


[27] 

ORIENT   CHRÉTIEN.  10 


368  REVUE    DE    1. 'ORIENT    CHRÉTIEN. 

rjfakp    ^""Ct   fil"Lk  /*   {"fi    "'"bibuiuunu,    nn    h,    ^luibpb/b     uiutuL, 
cl  umuniituUh    nn   ç  luinjann   uiuiiiJni  fJ/unlil/  : 

/*    Lu^iL    JwùnL    bnOL.  ouindnLdh   lîfcA,    npujt;ii    ab   nubbpuin   unpniïf 

220  uuibihuiuhnub  h  jfcn  btuitnn.bi  ,  fci_  iim  mnàiiilniii  ,  fci_  <Çnui  iuLiil- 
jnLpbuih  pnLnfci  /i  laî/iL  inuiuiuilitr;,  nn  o/s  nmùDil, ul,iu)i  iiiSLn  /i 
pni-li  An,bi  i  fci_  2"«-nO  Bumliuiinu  npuA;u  inuiuû  Snnuuti.  ^Lnuiu- 
inuài  wihnp  lAni-Huintiiii  ,  Çuiuiuub,nu'  npnn  utÇinnnLtu&p  ti_  pênbnL- 
UpiAtp    ùbàiuùbàp    iphçbu    p  hShu    ujLfiLn,    nn    munli    npuibnuju    :    ti_ 

225  uituuiçu  niiiiiu  niî  ujnn  uipuinbuii  builtulinuinupu,  bi  ÇuiTininÀ 
knlitiL  buihulinuinuiuLn  :  ht.  Çpuiùiuibnpïi  nunLppu  umbipuiïiunu 
<Juiîiti  fci_  nùbi  p  unLnp.li  uknilli  ibpnLuiunl^S  :  âpiupiulibt  uin_ 
r'ujiluiiu    nbubi     il  L  m  !  m  p  mil    iuipauiuuii.np  mbnbu    s 

H^tuuli  npni  uintufbâ  nuiSbubu-  260  1'°  3  feiuïi'  rfiniuwuib  tuniibi 
nuni  luiiljuiitlini.jill  nA-u  h  unLpa  bu  ipunnLUuib  imnujL/Ju  "Àfcn,  nn 
«in.  miu/iriLij.'(\,  ûhuiuniuiiiudi  bu  ^uinnpnnLlJliLU  punniibi  n  uiiphu 
ùuitnntuu  nJtunLiuàli  lii.puipuju-(hLp  puut  buipli,  Jiuuu  tib  luâbuuiunLpp 
bppnpnni-Ubuiuu  iliuibi  Ç  Jnan.ç  /i«/uu(Lni_0/ii_L  £x  nputnpL,  uiiêS 
UL.  ùpntn    : 

' huipbjvuiLUnLMbtuùp'  frt_  tunuiLJSpLp  unnnili  uuibtpui'L'Lnup  ïiiupi- 
uiuuipbuii  innhii  nnnptihiu  pppumnu  uiuinnLUio,  uitjp,  uiihunpL  cl 
ubnf  fhp  ■  UuihbmiuLuiiipu  ùphuiul'lbpph  bl  ùiiiùiutuiulonLUph 
ptuppùph  bu  hbpbuuiinph  liuipiiwnnnbu  fei_  ÇuiLiuuinil  iunn/iu<jm^> 
ni»  ujiiçïr. 

—  2t8  hwunJuitJh  i*^  '**®]J  S  (tdic2.  ).  — 224  nn  riiîinîj  nhuibniulit  Toi";  7ïapax'j'/ouac  G. 

—  235  'nuint7uLULuni_0fcjiii)<!'    :    n)S.   puint;-  —  236  legendum   uitniunun/ifl?  

237  legendum  lîtn^bnV  —  238  pmnjiïi? 


230 


[281 


l'invention  des  reliques  de  saint  Etienne.  :'>i'>9 

leliel,  e  syriaca  lingua  in  graecam  Stephannos,  quod  est  ar- 
menice  corona,  et  Nasouam,  quod  est  multitudinis  victor. 

Eadem  hora,  factus  est  terrae  motus  magnus,  ita  ut  sancti 
Stephani  ossa  concuterentur  et  recentia  apparerent  et  ex 
ipsa  arca  suavem  odorem^exhalarent,  qui  nos  omnes  in  sora- 
num  traheret.  Et  circumhabitatores  circiter  decem  milia 
distantes  illuc  festinantes  adveniebant,  •  quibus  successus 
rerum  prosperi  et  sanationes  maximae  fiebant  eodem  die,  qui 
illuc  accurrerant.  Itaque,  deinde  episcopum  certiorem  feci, 
exiit  cum  duobus  episcopis.  Et  jusserunt  sanctum  Stephanum 
extrahi  et  reponi  in  sanctam  Sion,  Hierosolymam.  Unani- 
miter  extemplo  consentire  ut  martyrium  dignis  in  locis  aedi- 
ficaretur. 

Quapropter,  omnes  oro  ut  meae  miseriae  memoriam  facia- 
tis  in  sanctis  acceptabilibusque  precibus  vestris  quae  ad 
Deum  <  fiunt  >  utque  simul  participes  fiatis  ejusdem  oratorii 
aedificationis,  unusquisque  pro  viribus,  quia  sanctissimam 
Trinitatem  decet  gloria,  potestas  et  honor,  nunc  et  semper. 

Intercessione  et  precibus  sancti  Stephani  primi  diaconi, 
miserere,  Christe,  Deus,  Domine... 

Dom  B.-Ch.  Mercier, 

Moine  d'Amay-Chèyelogne. 


[29] 


UNE  HOMÉLIE  DE  THÉOPHILE  D'ALEXANDRIE 

EN  L'HONNEUR  DE  ST  PIERRE  ET  DE  ST  PAUL 

Texte  arabe  publié  pour  la  première   fois 
et  traduit  par  H.  Fleisch. 


Le  texte  arabe  aujourd'hui  présenté  fait  partie  du  fonds 
arabe  de  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris.  Il  est  signalé 
par  E.  Blochet  dans  le  Catalogue  des  manuscrits  arabes  des 
nouvelles  acquisitions  (1884-1924),  Paris,  1925,  p.  14,  sous 
le  N°  4771.  Ce  manuscrit  4771  est  un  recueil  de  différents 
textes  chrétiens;  le  présent  texte  va  du  fol.  200  v°  au 
fol.  225  r°,  et  Blochet  s'est  contenté  de  la  mention  :  «  Homélie 
de  Théophile,  patriarche  d'Alexandrie  ».  Le  manuscrit  entier 
est  qualifié  de  :  «  Neskhi  égyptien  de  la  fin  du  xixe  s., 
295  feuillets,  18  sur  27  centimètres  ». 

Dans  son  Introduction,  p.  1,  Blochet  ajoute  des  préci- 
sions :  «  28  volumes,  contenant  pour  la  plupart  des  traités 
de  théologie  chrétienne  à  l'usage  des  Coptes,  composent 
une  petite  collection,  formée  en  Egypte  par  Amélineau. 
de  livres  qu'il  acheta  au  Caire  ou  de  copies  qu'il  fit  exécuter, 
de  traités  qu'il  avait  l'intention  d'étudier,  sans  qu'il  lui  fût 
possible  d'acquérir  les  originaux  (4770-4797)  ».  Le  N°  4771 
fait  donc  partie  de  la  collection  réunie  par  Amélineau.  Notre 
texte  arabe  représente  ainsi  une  copie  récente  d'un  original  qui 
existe  peut-être  encore,  mais  n'est  signalé  nulle  part.  Par 
ailleurs,  on  ne  connaît  pas  d'autre  manuscrit  arabe  de  ce 
texte  de  Théophile  d'Alexandrie,  ni  la  rédaction  grecque 
dont  il  doit  être  la  traduction.  Il  faut  donc  faire  l'édition 
avec    un    manuscrit   unique. 

L'écriture  est,  en  général,  assez  bonne,  mais  présente  assez 
souvent  des  difficultés  :  .>  assez  fréquemment  ne  se  dis- 
tingue pas  (1)  de  ;,  bien  que  le  copiste  ait,  en  général,  le  souci 

(1)   \i\  et  i]  en  particulier  sont  presque  toujours  écrits  U|  et  :|. 

[1] 


372  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

d'écrire  convenablement  le  i>,  de  même  3  et  ,  ;  on  peut  même 
parfois   confondre   i   ou  j   avec    ..  Le    j-  intérieur  a  sa    tête 

arrondie  (comme  fréquemment  cela  se  pratique  en  Proche- 
Orient)  et  ne  se  distingue  pas  du  ( ;  intérieur.  ^±j  est  habi- 
tuellement écrit  avec  ses  trois  points,  sauf  dans  quelques 
mots  usuels.  Des  points  diacritiques  ont  été  mal  placés;  par- 
fois il  n'y  en  a  qu'un  au  lieu  de  deux;  ou  bien  l'unique 
point  a  été  omis. 

Le  texte  arabe  se  présente  tout  entier  à  la  suite,  sans 
aucune  coupure  et  sans  un  signe  de  ponctuation.  Tous  les 
là  marbûta  sont  démunis  des  deux  points  diacritiques  et  ne 
se  distinguent  en  rien  du  ha,  sauf  lorsqu'il  y  a  eu  lieu  d'indi- 
quer un  cas  construit,  par  ex.  :  a~*j,  ^.^  (208  v")  (1),  «  la 
ville  de  Rome  »,  ce  qui  révèle  une  prononciation  dialectale. 
Quelquefois  au  lieu  du  ta  marbûta,  un  'alîf  a  été  écrit,  par 
ex.  :  [^»  «  nombreuses  »  au  lieu  de  ïj^  (206  r°).  Yâ'  final 
est  toujours  muni  de  deux  points,  qu'il  s'agisse  d'un  véri- 
table yâ'  ou  de  ce  yâ'  sans  points  que  les  grammairiens 
appellent  'alif  maqsùra.  Aucun  schadda  de  gemmation  n'est 

marqué.  Il  y  a  de  rares  indications  de  voyelles:  fatha  :  .^'^' 

(207  v°)  ;  j^i  (213  r°);    'le  (216  v°);  ^J!  (217  v°;  217  v°). 

Nous  avons  pensé  aider  utilement  le  lecteur  en  introdui- 
sant quelques  coupures  par  l'indication  de  paragraphes  et  de 
quelques  points  finaux  de  phrase.  Nous'  avons  rendu  ses 
deux  points  au  ta  marbûta,  distingué  ainsi  du  ha.  Nous  avons 
fait  la  distinction  du  ya  et  de  l'a///  maqsûra.  Nous  avons 
indiqué  un  bon  nombre  de  géminations  par  l'introduction 
du  shadda  et  marqué  quelques  voyelles  caractéristiques.  Le 
Immza  venant  après  un  'alif  en  fin  de  mot  (soit  'I)  a  été  écrit 
dans  les  mots  suivants  :  'Lkc  200  v°,  214  r°.  —  U  202  v°; 
203  r°;  207  v»;  210  v°;  213  r°.  —  ikil  204  v°.  —  c'.^  207  v°. 

-  -Iji  -213  v°  fin.  --  'L  211  r°;  217  r°;  217  r°;  217  v°.  - 
■UJ  218  r°.  —  %  202  r°.  —  *l;  j 3  220  v°.  --  "U,  220  v»;  224  r°. 
—  "L>|  224  r°.  Dans  les  autres  cas,  hamza  n'a  pas  été  écrit. 
Comme   il   constituait    un    élément   d'orthographe  très  utile 

(1)  Les  chiffres  indiquent  les  folios  du  manuscrit. 

[2] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D 'ALEXANDRIE.  373 

pour  le  lecteur,  cet  hamza  a  été  restitué.  Le  simple  hamza 
tinal  cpii  n'avait  pas  un  'alif  comme  kursi  es)  tombé  (1)  ou 
bien  s'est  assimilé,  nous  avons  cependant  les  mots  sans  chan- 
gement. A  l'intérieur  des  mots  quand  hamza  avait  un  kasra, 
il  est  devenu  yà'  que  nous  avons  laissé.  Quand  hamza  avait 
un  ^  comme  kursî  de  hamza.  souvent  il  devait  être  prononcé 
//'.  Lorsque  la  clarté  a  demandé  de  s'écarter  de  la  graphie, 
la  leçon  du   manuscrit    a   été  indiquée  en  note. 

Le  texte  comporte  beaucoup  de  fautes  de  grammaire  et 
d'incorrections.  Nous  les  avons  reproduites  telles  quelles, 
sauf  quelques-unes  qui  créaient  trop  d'obscurité.  Nous 
prévenons  simplement  d'avance  le  lecteur  et  lui  signalons 
les  principales.  Le  génitif  est  fréquemment  employé  au  lieu 

du  nominatif,  ainsi  :  Lub!   (=   Lj  U).,  au  lieu    de  blb'   «  nos 

pères  ».  L-;!  au  lieu  de  U»jl  «  notre  père  ».  ji~^  ^_ci    au   lieu 

de   .>— -^  «,î   "    celui  qui  a  un  corps  ».   i.^^  *^>'j  au  lieu  de 

.,  _»Jl»  .xi!,;  pour  le  duel  ,  .f^JàJ'  au  lieu  de    ,,LJàJ!. 

L'accusatif  indéterminé  est   souvent  omis,    par  exemple  : 

vSL*  .1     .1  ,s     -JG    y.  (223  v°):  ,\^JSà  "&~>  ^  l.S  o-ib 

^204  v°).  Par  contre,  on  trouve  assez  fréquemment  l'accusatif 

indéterminé  au   lieu  du  nominatif  indéterminé,   notamment 

avec  le  mot  -£.  «  chose  »,  écrit  Là,  par  ex.  :  201  v°,  214  r°, 
"218  r°,  ou  bien  °Li  *21S  v°.  224  r°.  Dans  ces  cas,  nous  avons 
rétabli  le  nominatif  indéterminé  pour  la  clarté. 

Il  y  a  mélange  des  pronoms  personnels  masculins,  duel 
et  pluriel  (à  la  3e  personne).  Le  pronom  relatif  ,_£JJ!  est 
assez  souvent  employé  invariable  pour  tous  les  genres, 
singulier  et  pluriel.  Ces  fautes  semblent  être  introduites  par 
l'emploi  invariable  du  pronom  relatif  en  dialecte.  Pour  la 
clarté,  nous  avons  restitué  la  forme  demandée  par  l'usage. 

Le  jussif  des  verbes  à  '2e  radicale  m  ou  y  peut  avoir  une 
voyelle  longue,  par  ex.  :  jjj'  ^  (221  r°)  au  lieu  de  Jjù^; 
^Ur>  "^  (215  r°)  au  lieu  de  ^J.ir-'  ^.  De  même  après  J,  par 
ex.  :  Jtwi  J  (204  v°).  Le  nûn  de  l'imparfait  est  quelquefois 
omis,  par  ex.  :  UTo  IJIT  (203  r°). 

(1)  Sauf  dans    =   *,  (209  v°;  -210  v°;  222  r°). 

[3] 


374  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

La  langue  de  ce  texte  arabe  est  vraiment  très  déficiente. 
On  perçoit  très  vivement  l'influence  du  dialecte.  Il  faut  même 
y  recourir  pour  expliquer  certains  passages.  La  pensée  est 
souvent  lâche;  souvent  on  ne  peut  y. voir  que  du  remplissage, 
parfois  môme  du  radotage. 

En  résumé,  voici  la  méthode  que  nous  avons  suivie  :  clari- 
fier l'orthographe,  corriger  les  fautes  d'orthographe  pour 
faciliter  la  lecture;  laisser  les  fautes  de  langue,  de  gram- 
maire, les  incorrections,  sauf  quelques-unes  qui  créaient 
trop  d'obscurité,  donner  un  sens  au  texte  et  donc  recourir 
aux  conjectures  plausibles.  Par  ailleurs,  dès  qu'il  y  avait 
lieu  de  s'écarter  du  texte,  donner  en  note  la  leçon  du 
manuscrit  ou  un  avertissement  général. 

La  question  d'authenticité  et  le  commentaire  patristique 
restent  à  être  traités  par  un  bon  connaisseur  de  Théophile 
d'Alexandrie.  Toutefois  on  peut  déjà  dire  ceci:  cette  «  prédic 
tion  »  par  saint  Pierre  du  naufrage  de  la  foi  en  son  Siège 
et  au  contraire  de  la  fidélité  de  l'Église  d'Alexandrie  (209  r°) 
est  très  vraisemblablement  une  allusion  au  concile  de  Chal- 
cédoine  (451).  Ceci  nous  donnerait  un  texte  d'inspiration 
monophysite.  D'ailleurs  cette  manière  de  combler  d'éloges 
saint  Pierre  et  saint  Paul,  tout  en  annonçant  la  défaillance 
totale  du  Siège  de  Rome,  ne  peut  s'expliquer  que  par  la 
position  doctrinale  des  Églises  orientales  séparées  qui  font, 
de  l'infaillibilité  de  Pierre,  seulement  une  prérogative  per- 
sonnelle de  l'Apôtre,  refusée  à   ses  successeurs. 

L'annonce  de  la  délivrance  du  joug  des  Byzantins  et  de 
la  venue  en  Egypte  d'  «  une  nation  forte  qui  aura  de  la  solli- 
citude pour  le  bien  des  Églises  du  Christ  »  ("209  r°)  désigne 
évidemment  la  venue  des  Arabes  en  Egypte.  Ceux-ci  étaient 
d'abord  apparus  comme  des  destructeurs  du  joug  byzantin, 
comme  des  libérateurs  (voir  Encyclopédie  de  l'Islam,  art. 
Egypte,  t.  II,  p.  8).  Les  Arabes  soutinrent  les  Jacobites 
contre  les  Melkites.  Les  Jacobites  arrivèrent  à  une  supré- 
matie absolue  (ibid.,  p.  7).  Voilà  de  la  sollicitude  pour  les 
Églises  du  Christ  au  point  de  vue  monophysite!  Comme 
on  ne  peut  voir  dans  cette  prédiction  qu'une  prophétie  après 


[-1] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  375 

coup,  ces  indications  abaisseraient  la  composition  du  texte 
jusque  dans  la  seconde  moitié  du  vne  siècle. 

Par  la  suite,  les  Arabes  traitèrent  de  la  même  manière 
Jacobites  et  Melkites.  Le  premier  soulèvement  copte,  très 
durement  réprimé,  eut  lieu  sous  al-Ma'mûn  (813-833), 
soulèvement  provoqué  par  l'aggravation  fiscale  (Encyclopédie 
de  l'Islam,  ibid.,  p.  8).  On  pourrait  y  voir  une  allusion  dans 
ces  mots  :  «  Dieu  punira  les  gens  du  pays  d'Egypte  par 
cette  nation,  à  cause  de  leurs  péchés  (209  r°).  Ceci  nous 
ramènerait  vers  le  milieu  du  IXe  siècle. 

Dans  ces  conditions  on  ne  voit  pas  comment  ce  texte 
pourrait  être  l'œuvre  de  Théophile  d'Alexandrie.  Il  semble 
qu'il  a  d'abord  été  composé  en  grec,  vu  la  présence  des  mots 
grecs  (1)  .^j'  (à'p-/wv),  ^,1  (spY«vov)  et  traduit,  postérieu- 
rement, en  arabe,  dans  cette  langue  déficiente  que  l'on 
trouve,  par  exemple,  dans  les  Synaxaires. 

Le  texte  contient,  par  ailleurs,  une  grosse  erreur  historique  : 
il  fait  venir  saint  Athanase  à  Rome  sous  le  pape  Libère 
(352-366).  Or  le  séjour  à  Rome  de  saint  Athanase  eut  lieu 
pendant  son  deuxième  exil  qui  va  du  16  avril  339  au  21  oc- 
tobre 346.  sous  le  pape  saint  Jules  I"  (337-352)  (Dict.  de 
Théol.  Cath.,  art.  Athanase,  col.  2147).  Ce  pape  saint  Jules  Ier 
prit  la  défense  de  saint  Athanase,  tandis  que  le  pape  Libère 
l'abandonna  et  rompit  sa  communion  avec  lui. 

L'apport  historique  de  ce  texte  sera  mince  et  c'est  bien  plu- 
tôt comme  témoignage  du  milieu  qu'il  mérite  considération  (2). 

Avant  de  terminer  je  veux  remercier  vivement  tous  ceux 
qui  m'ont  aidé  de  leurs  suggestions  ou  donné  des  rensei- 
gnements. 

(1)  Ces  mots  ne  se  trouvent  pas  dans  la  liste  des  mots  grecs  reçus  dans  la 
langue  copte,  établie  par  Spielgelberg  à  la  fin  de  son  Koplisches  Handwor- 
terbuch,  p.  333  à  338.  Par  ailleurs  on  ne  les  emploierait  pas  spontanément 
en  arabe,  surtout  le  premier    lfà..l  (âf/uv). 

Ci)  Des  noms  propres  vont  revenir  plusieurs  fois;  nous  les  donnons  dans  la 
traduction  sous  leur  forme  française,  sans  répéter  la  transcription  que  nous 
indiquons    ici    une    fois   pour    toutes  :      ^.Lj.b'  tawfilos,   Théophile;       ->JL> 

bulros,  Pierre;      ^, ,uj'|  'atanasiyùs ,  Athanase  ;      J^j  bûlos,  Paul;        y  .làj 

li/âriyûs,  Libère.  On  lira  une  fois  ->  »*0  Juj  niqûdimûs,  Nicodème  (202  v°). 
Un  mot  ajouté  a  été  mis  entre  crochets. 

[5] 


TRADUCTION 

Au  nom  du  Père  et  du  Fils  et  du  Saint-Esprit  le  Dieu 
Unique. 

Homélie  que  prononça  le  Père  honoré  de  toute  manière, 
notre  Père  Amba  Théophile,  patriarche  de  la  grande  ville 
d'Alexandrie,  au  sujet  des  deux  astres  brillants  Pierre  et 
Paul,  sur  la  pénitence  et  aussi  au  sujet  de  Amba  Athanase, 
revêtu  de  l'Esprit;  que  sa  bénédiction  et  ses  prières  soient 
avec   nous.   Amen. 

Venez,  ô  peuple  qui  aimez  le  Christ,  fils  du  Baptême  uni- 
ficateur, pur,  apostolique,  réunis  avec  moi  aujourd'hui  en 
la  grande  fête  des  deux  grands  astres  brillants  Pierre  et 
Paul,  grands  parmi  les  Apôtres  et  l'honneur  de  l'Eglise. 
Oui  mérite  croyance  et,  quand  bien  même  son  esprit  serait 
pur  comme  la  lumière,  [qui]  peut  décrire  la  lumière  qui  vient  (1) 
de  l'honneur  de  ces  deux  grands,  loués  pour  [leur]  splendeur 
et  [leur]  beauté,  ces  deux  grands  parmi  les  Apôtres,  l'hon- 
neur de  l'Église  du  Christ?  Par  leur  prédication  (2)  pure  ont 
été   sauvés   tous   les   Baptisés  (3). 

Pierre  est  le  rocher  ferme,  l'intendant  du  royaume  des 
cieux;  quiconque  veut  entrer,  il  le  fait  entrer  et  celui  qui 
veut  sortir,  il  le  t'ait  sortir.  O  Pierre,  toi,  le  Christ  t'a  donné 
la  puissance  de  délier  et  de  lier;  tu  juges  les  pécheurs,  comme 
vous  a  dit  Noire-Seigneur  Jésus-Christ  [à  vous]  et  à  tes 
amis  les  Apôtres  :  Ceux  à  qui  vous  pardonnerez  leurs  péchés, 
ils  leur  seront  pardonnes  cl  ceux  éi  qui    vous    les  retiendrez,  ils 

(1)  ^_™J!  à  comprendre  avec  J'  pronom  relatif .  En  Egypte,  le  pronom  relatif 
est  ellî.  Il  e--t  tout  :i  fait,  vraisemblable  que  la  voyelle  finale  i  s'est  fondue  avec 
l'initiale    de    isir    ou    yisir    pour    donner    ellisir,   qui  s'écrit  alors  ^~J  !•   - 
[1)  LAJ',lio  mot  à  mot  :  «  leur  annonce,  leur  évangile  ».  —  (3)  Mot  à  mot  : 
•  Fils  du  Baptême  ». 

[6] 


TEXTE 


.a> 


\Ji  i!Vl   ^-^J!    çjj\3  (jjVlj  ^Vl  ,—»  (fol.  200  v") 


S^fcUaJI      i«UJI      £j.i 


.  ç*3     7T    ■ . tl^A)     ^Pt^J!     *_^*««Jl     y  1     1  ajlju 


j£}\  jlc  .^Jà*!!  -uJ!    IJLa   ^   »_JI    ^« 


*J1  fcJ. 


I\*S     AjtJI     i_5^"-J      (J-»,^     fcL*Jâc-       _.!d_«      j-Ji        "^.iiJI     Aj°j:LJ| 

ja£_  jjXé  j&,  ^Z  <JUt  jl£  (fol.  201  r")  _Jj  jL-VI  ^ 


*A 


<J. 


À*    ^J^.2    l^-*    ^ 


J-J  ^ 


.LUI 


Jl 


ai-^1  a^-J 


j£j  (2)iljUJI  oyCu  ^  JL^jJIj  OUI  *>*J!  y>  ^J. 

LoJ  *£!  Jlï   l£  JslLid!   jji.-*îj  J^/j  J&°    j'   jQaJUI   ^_~~J1   dJlLtl 


,j-y  *J  O^àc-    il  liai-    <!   <ëjàè    , 


„L  Jl  (4)  dUM^Vj 


^-^L   L  ^-1;   ^JJl   (fol.  201  v")  ii  J*i   ^X_*  <ic  Ia^5C_1 


(1)  ce   „   ne  semble  pas  du   tout   justifié. 


CD 


,UJI 


—  (4) 


^.. 


(3)    ^ 


[7] 


378  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRETIEN. 

leur  seront  retenus  (1).  Oui  est  celui  qui  te  ressemble,  ô  Pierre, 
fondement  de  l'Église?  Quel  est  celui  à  qui  Dieu  a  donné 
l'honneur  comme  à  toi,  ô  familier  du  Fils  de  Dieu,  ô  toi  qui 
manges  et  bois  avec  lui  à  une  môme  table,  comme  il  vous 
l'a  promis  en  disant  :  Vous  mangerez  et  boirez  à  ma  table 
dans  mon  royaume  (2).  Il  vous  a  dit  aussi  :  Vous  vous  assiérez 
sur  douze  trônes  et  vous  jugerez  les  douze  tribus'  d'Israël  (3). 
O  honneur  qu'aucun  honneur  n'égale  dans  le  ciel  et  sur  la 
terre!  Qui  jamais,  parmi  'les  enfants  des  femmes,  ont  été 
ceux  que  Dieu  a  fait  ses  amis  et  frères,  héritiers  de  la  vie 
éternelle?  Les  Anges  se  tiennent  debout;  quant  aux  dis- 
ciples, ils  sont  assis  et  jugent  le  monde. 

Viens  à  nous,  au  milieu  de  ce  jour,  ô  Docteur  Paul,  que 
Dieu  a  rempli  d'intelligence  et  de  jugement,  comme  Moïse, 
chef  des  Prophètes.  Car  ce  Dieu  Unique  est  [le  même]  dans 
l'ancien  [temps]  et  dans  le  nouveau;  de  même  qu'il  a  dit  : 
Tu  m'as  satisfait  (4),  il  a  dit  aussi  de  Paul  :  Celui-ci  est  un  vase 
choisi  (5).  Car  Moïse  a  été  envoyé  au  peuple  d'Israël  et  Paul 
aussi  a  annoncé  parmi  toutes  les  nations.  Dieu  a  donné 
la  circoncision  aux  fils  d'Israël  par  l'entremise  de  Moïse  (6) 
afin  qu'ils  circoncisent  tout  enfant  mâle,  d'après  la  puri- 
fication de  la  Loi,  le  huitième  jour,  ainsi  qu'il  est  écrit  dans 
le  Saint  Évangile  :  Huit  jours  après,  ils  vinrent  pour  circon- 
cire l'Enfant  Jésus  (7).  A  la  place  de  la  circoncision,  il  nous 
a  donné  le  baptême  pour  le  pardon  des  péchés,  car  Jésus 
fut  baptisé  (8)  dans  le  fleuve  du  Jourdain  et  purifia  les  eaux. 
Elles  devinrent  ainsi  un  don  pour  le  pardon  des  péchés 
de  toutes  les  nations,  car  l'Apôtre  a  dit  :  Vous  qui  avez  été 
baptisés  dans  le  Christ,  vous  avez  revêtu  le  Christ,  car  il  n'y 
a  plus  de  Juif  ou  de  Gentil,  d'esclave  ou  d'homme  libre,  d'homme 


(1)  Jean,  xx.  23.  —  (2)  Luc,  xxn,  30  et  Matth.,  xix,  28.  —  (3)  Luc,  xxn, 

30.  —  (4)  Allusion  à  l'éloge  que  Dieu  fit  de  Moïse  devant  Marie  et  Aaron  lors 
des  murmures  de  ceux-ci:  Nombres,  xn,  6-8;  notamment  ceci:«  Il  est  reconnu 
fidèle  dans  toute  ma  maison  »  (Nombres,  xn,  7).  — ■  (5)  Act.,  ix,  15,  «  vas 
electionis  »,  comme  a  traduit  la  Vulgate.  —  (6)  La  circoncision  avait  été 
donnée  par  Dieu  à  Abraham  comme  signe  de  l'alliance,  voir  Genèse,  xvn, 
10-14.  Au  Lévitique,  xn,  1-3,  la  circoncision  est  imposée  comme  une  lui, 
imposée  par  Dieu  par  le  truchement  de  Moïse.  —  (7)  Luc,  n,  21.  —  (8)  Matth., 
m.   13;  Marc,  i,  9;  Luc,  m,  22. 

[S] 


UNE    HOMÉLIE   DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  379 

J«Jot   *^3    JiâJ   Acjl    lo   ïAs-lj   XA.L»    ^lc   Ajm    .-J^-^J   J^l      V*   L 

^ITI  le  jj_UtT  *>Ji  L^l  JI33  ^ ^>Sj>  ^  tj?-^}*  (_5^  j.JLr~'J 
V  ^\  **\j&\  i-\J  Li  JLoM^-1  Ja~w  ^-ifc  ^"1  l^LJLTj  ll-^p  ^-tî- 
Jaï  _jA   ^jaî    (jèjYI    (_5^J    SL»-J1   ^    ^1    i»i^!l    ^c    (1)  c.^    ^' il*. 

jjj3  (5)  Sji-lj  (-1)  5oU  4J!  JU.  (3)  ^ÀJI  (2)  ,UI  jJI^.  ^ 
^  (fol.  202  r°)  ^Àil  ^^  (JLJI  l^J  c^l  i»-j  ^  Ul  JU" 

^  _jA  A=JjJl  «OVI  l»  jV  'Lo'VI  (j— ?J  <j"j-«  J£«  lôCs-j  L^  A.UI 
iJlA  jl      _Jjj   0U-I   J^.  La,l   Jlsj   ^^Ilwijl   ^A-il    Jli   lo  iiJk^Jlj  il^JI 

I  v-»=J  l'i  3_jl>-  »l»l  4JU0   a».    \.«  ji     v-a£<JI  ^L^oVI  .g'  ^>  çS^m 

Ç-y~>    jV    lUaidl    X^àiL».'    4_o  «-»jl*Ji    lillaCl    jtitJI     (và'jÉJ   ^V     lS**"1" 

S^iiJ  i^  û-jLas  iLJ!  ^tj  j^jVI   (fol.  202  v°)'^  ^j  XU 

*- Jl>  (8)  j»tJuju"  ^ÀJI  *Sl  Jli   as  Jj— ^1   jV  |v«VI    *~«^  1-lLi- 

Vj  j>-  Vj  -u&  Vj  L£3-*--;  Yî  lS^Jî".  ij~^  *°y  /"*~*Jl  (w- J  aïs 
î^'jt  *J*jj»m}\  jV   ri.-. Jl   f-» j   As-lj  JlxJI  j"V   i\^*\  Vj  tjf*-j 

Jl    ,Jj— Vj_    A=>-l    j-\i      V     4-J.S  mjU    ^yjùj    ILLiJl     Ï^jLiLJ    ^!l*     i!>L<>J 

«U!  ^  jLJVI  a)jj_  J  jl  ^j^ojiJ  Jls  il  «JUI  Jjii  <UJ1  o_j-^.U 
^jL    Ju'^l   ^^i  Jkcjl  411   jV   4wOI    ojXl,   0U-a  V   ^jjlj 


(I)    U,.    —  (2)    ^jJlj    LJI.  —  (3)    Lire    ^.iJI.    --    (0   ïbkl.    --    (5) 

ï»i.l  sans  les  points  du  tâmarbûla  pour  le  cas  construit. —  (6)  t.lxdr^.  —  (7)  I1U».. 
—  (8)  »xJia)  ;  la  correction  proposée  restitue  le  texte  même  de  l'épitre. 

[9] 


380  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ou  de  femme,  car  tous  sont  un  dans  le  Christ  Jésus  (1).  Car  le- 
baptême  est  riche  [en  fruits]  et  une  seconde  naissance  pour 
la  rémission  des  péchés.  Sans  le  baptême,  personne  ne  peut 
entrer  dans  le  royaume  de  Dieu,  selon  la  parole  de  Dieu, 
quand  il  dit  à  Nicodème  :  Si  l'homme  ne  naît  de  l'eau  et  de 
l'Esprit,  il  n'entrera  pas  dans  le  royaume  de  Dieu  (2).  Car  Dieu 
a  promis  (3)  au  peuple  d'Israël  la  terre  de  promesse.  Il  les  y  fit 
parvenir.  Ensuite  il  promit  aux  Chrétiens  le  royaume  des 
Cieux  et  ses  biens  stables,  éternels.  Au  peuple  d'Israël,  il 
fit  pleuvoir  la  manne  (4)  dans  le  désert  ;  il  leur  donna  un  pain 
du  ciel;  il  fit  sortir  l'eau  du  dur  rocher  (5)  et  les  nourrit  dans 
le  désert  quarante  a?is  (6),  sans  travail  de  leurs  mains,  et  après 
tous  ces  bienfaits  qu'il  accomplit  à  leur  égard,  ils  firent 
un  veau  (7)  et  l'adorèrent  comme  un  dieu.  Ils  mangeaient 
de  Ses  biens  et  adoraient  l'œuvre  de  leurs  mains.  Voyez, 
mes  bien-aimés.  la  sottise  de  ce  peuple  insensé  :  de  Ses  biens, 
ils  mangeaient  la  manne  et  les  cailles  et  ils  demandaient  les 
oignons,  les  poireaux  et  l'ail  (8).  Ils  irritaient  Dieu  par  leurs 
pensées  et  leurs  œuvres  mauvaises.  II  leur  promit  le  don  de 
la  Loi  par  l'entremise  de  .Moïse,  à  savoir  qu'ils  n'adorent  pas 
un  dieu  étranger  (9).  Ils  firent  un  veau  et  l'adorèrent  comme 
un  dieu!  Après  cela  aussi  il  leur  suscita  des  prophètes  de 
parmi  eux. -Ils  leur  parlèrent  pour  [les]  exhorter  (10)  par  [leur] 
parole.  Ils  ne  se  convertirent  pas;  bien  plus,  ils  se  dressèrent 
même  contre  les  Prophètes. 

A  la  fin.  lorsque  Dieu  vit  que  le  monde  était  plongé  dans 
le  péché  (11),  il  visita  le  inonde  par  lui-même;  il  revêtit  l'abais- 
sement à  cause  de  nous;  il'  descendit  à  nous  et  prit  un  corps 
de  Marie  la  Vierge  pure  et  se  fit  homme  pour  rapprocher 
l'humanité  de  son  bon  Père  dans  lescieux.  Ensuite  il  regarda 
l'humanité  entière  et  [voilà  qu']elle  s'était  perdue.  Il  monta 


(1)  Galat.,  m,  27-28.  —  ('J)  Jean,  m,  3.  —  (3)  Genèse,  xi.vm,  1;  Exode, 
m,  17.  —  (1)  Exode,  xvi.  —  (5)  Exode,  xvn,  1-7.  -  (6)  Néhémie,  ix,  21. 
—  (7)  Exode,  xxxii.  —  (S)  Nombres,  xi,  1  et  5.  —  (9)  Exode,  xx,  3,  Deiitér., 
\.  7  et  aussi  Deutér.,  vi,  14;  vu,  16;  xi.  1G.  —  (10)  1  U*)  «  parole  inintelligible» 
ne  semble  pas  devoir  être  retenu.  Les  Israélites  se  dressent  contre  les  pro- 
phètes, ce  qui  semble  indiquer  que  les  Prophètes  avaient  bien  accompli 
leur   mission   d'exhortation.  —   (11)  A  proprement  parler  :  «  Il  prit  soin  de  ». 

[10] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  381 

J  jj\  ^  JaA  Ju'J^-1  (fol.  203  r°)  w*i  -^>V1  iJjdl  Vlr^-? 
(«jJlclj  «-L-Jl  \j>*à\  jV  'UJI  r^lî  *L~J!  /^  l^j-i-  jvfcLL^Ij  ij  j^J' 
^1  Lo  cJ\j^\  iÀA  A»  ^j  (V_"*t'  <-^"  -/**!  ^  iIe*!-^  *^.j^  es* 

_^J'    !a*  31^-  J!   (4)jlsJ  t  lîj*1   ■pf.^  (3)^-=)ljJ^..j 

  •.'  U„  ^ftj^jj  \,ij\  ~JLclj  jvfc^U-i  ^5  AjJI  |^ai>J  (5)  (»_^La 
jA»s»»j    }b&£    lixJ^    ^-o»£   <Ji     IjA^iu--      i    »J|     ,j»  «^   ^Ai    ^U-    ^J-oL'l 

pA^JKj  pf.  £U!   pjJ   rl?1   U»l   (fol.  203  v°)  lÂ*  -u.j    <3\   j£,  <J 
.'UV!  Je  L»J  1^.15  rr:l  J.  \ymyz  (Jj    r>L<!l  (6)  *U 
A4»-  oJ^!l  ^  (7)j>  aI  jJUI  jl  4)1  ^!j  U  ^V1  ^j 
y    Aisoj    U!     JjJj    U=>-1     ^y     *^1jJI       _.Jj    cIai     JIjJI     «di! 

jjui  «-y  ^  vji  ^^i  ljO  ^jij  ïvfciyi  (8)  Mjà,]!  ^ 

Jl    a^    ^iCu  aSj  ^  îryJI    J\  J&  J  (9)  oIjU-J!   J> 

JL»I    «.lis    ïybUaJl    'IjÀJI   j».^   ^   ^1  (10)<jLic.    iU^    ^J>\j    ^* 

jj\  y>  ^Àll  ^aIDI   j>jjJ1    Iji   ^,jj   ^*.  ijS  j*  (jLjVI  ibLc 

(1)      S^UjJi.    --     (O)     o'jJ'.     L"    (3)      ^x^:!      Ï*^J.     —     (4)       ^jUJ. 
5      .Jl.     O^1.     —(6)    Ikij.    -(7)    ^Jjz.    —  (S)    ^JuJ).  "--  (9) 

O.U-JI.  —(1°)  iii*9. 


en  Egypte,  porté  sur  un  chaste  nuage  (12)  qui  est  Marie  la  Vierge 
pure.  Il  extirpa  le  culte  des  idoles  du  pays  d'Egypte,  y  sema 
la  semence  pure  qui  est  la  justice  et  y  mit  sa  marque  jusqu'à 

(12)    Image   inspirée   par  le  récit  du   Ier  Livre  de-   Roi-,   xvin.  41-46.  La 
Tradition  a  vu,  dans  le  petit  nuage  qui  apparut,  un  symbole  de  la  Vierge  Marie. 

[H] 


382  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ce  jour.  C'est  le  premier  pays  que  Dieu  purifia  de  ses  péchés, 
parce  qu'il  sut  dans  sa  prescience  qu'il  donnerait  du  fruit 
et  [le]  garderait  pour  le  monde  plus  que  tous  les  pays  de  la 
terre.  Car  avant  la  venue  du  Christ,  le  pays  d'Egypte  était 
rempli  d'idoles  et  d'hypocrisie.  Le  diable  s'y  réjouissait 
plus  que  dans  les  pays  du  monde  entier.  En  vérité,  il  était 
comme  un  champ  durci,  rempli  d'épines  et  d'acacias;  un 
homme  l'avait  acheté;  il  le  travailla  à  fond,  l'améliora,  le 
nettoya  bien  et  y  planta  des  vignes  et  des  jardins.  Alors 
son  histoire  se  répandit,  si  bien  que  quiconque  le  voyait 
s'en  étonnait  et  disait  :  «  Voyez  cette  terre,  qui,  avant  ce 
jour,  était  une  forêt,  au  point  que  les  fauves  et  toutes  bêtes 
s'y  ébattaient,  regardez  d'où  elle  a  trouvé  cette  munificence; 
ce  sont  des  fruits  sans  tache  (1),  son  maître  en  sera  plus  content 
que  de  toutes  ses  plantations  et  de  tous  ses  jardins.  »  Ainsi 
le  pays  d'Egypte  était  autrefois  la  demeure  des  idoles;  les 
démons  y  habitaient  et  s'y  délectaient  plus  que  dans  tous 
les  pays  du  monde.  Actuellement  il  est  devenu  le  séjour 
de  Dieu  et  de  ses  Anges  et  s'est  rempli  de  tous  les  saints  plus 
que  les  pays  du  monde.  Quel  pays  est  rempli  de  couvents 
et  de  demeures  pour  les  saints  comme  le  pays  d'Egypte? 
Il  n'y  a  pas  eu  son  pareil  dans  le  monde  et  [ainsi]  jusqu'à 
la  fin  des  siècles.  Il  n'a  pas  cessé  de  donner  du  fruit,  de 
faire  grandir  la  foi  chrétienne,  orthodoxe,  authentique, 
jusqu'à  ce  que  le  Christ  vienne  pour  la  seconde  fois. 

Revenons  aussi  au  panégyrique  (2)  proposé  des  deux  grandes 
colonnes  brillantes  Pierre  et  Paul,  eux  dont  la    lumière  et. 


(1)  On  pourrait  songer  aussi  au  sens  dialectal  :  «  exquis,  délicieux  •.  —  (2) 
wi-^:Jt  U.  Il  est  très  difficile  de  donner  un  sens  à  ce  mot  i^aJI,  bien 
que  le  sens  général  de  la  phrase  soit  clair.  Il  faut  très  vraisemblablement  recourir 
à  la  prononciation  dialectale  que  cette  expression  peut  recouvrir.  ^_à^iJ!     U 

peut  se  lire  ainsi  'ila-n-nasif,  contraction  de  .    à,~i      \     L',  mais  le  scribe  enten- 

dant  ou  lisant  iinasif  a  écrit  l'article     M  conïme  s'il  s'agissait  d'un   substantif. 

v sL^J!     \\  est  ainsi  expliqué  par  une  faute  de  langue,  tenant  au  caractère 

même  de  l'ouvrage;  on  peut  ainsi  l'utiliser  pour  expliquer  la  même  expres- 
sion qui  revient  un  peu  plus  loin,  fol.  205  r°,  tandis  qu'il  est  beaucoup  plus 
difficile  de  supposer  que  deux  fois  le  mot  a  été  mal  écrit  et  de  proposer  par 
exemple      ^>J!     i\ 

[12] 


INE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  383 

\j^>       Jl     A>UI     Jjl     ^A    XAA      .»  Jl      l-Âjb     ^J!     L^S      AL.M&     J»f^J 

J^"   L;l    Jlc    a^U    JLU    ^s    jV   pALlki-   (fol.  204  r°)   ^y   *&] 

jU-^î   jlk„,lll   jl£j   tjUJIj    ^LôV!   J*  Sj-L-.  ^.«a*  iijj£  o!l£  ^-~~ J1 
IjCâ-    Iftlaj    IpJL»!}    îs-MftJl.     IjkjlJj    jL.1    Ubl^îl     A9j    Jal^j     C^î 

U  Jil  Jls«    ,Ul"  ji  Ll.  i_*s»o"  ,  j^-  l* -i-  $>Lti  ,>"L. >j  'jS  Lcjjj 

Ccljj  *^»  y.  jj>\  Ia-Ç-  (fol.  204  v")  Itf  q>.  1-Jil^ï  <£j>\  jLJI 
■y.JpLt!lj  JjVl   je*  ffcJ^i  ji—»  ^.~a-«  Jjj.3  ^o   IàsCaj  <ltLjj 

JUI    <J>    >    j£l    -^-.Jull    *~*^    >   oStu1?  <c<,}U  aD   l<~. 

~s  jN>  J  j**»  *jy>  J^«-5  iy_-AÎ.O  ^$1 — «j  sljijlo  Xj..U^  ïj^S  t£\ 

i-UVI    ^j    5>31   ^-T    J jT  rb    j>»aJI    *lâ»1    J\}  l^U  jJLÎl 

jLUu."  jo^i  J?-l  ^  pyi^i  (5)  .-i^-Ji  ji  u*J  *  _*«* 

Aï     (6)    LjtjL-i)     l^Jfcjj.;      j\JAJI       ^-*Jfc-    ^yJyjJ      jja>.      0*—^' 
yy   -J|   ^  ^J|   ^Ij  yb   ^-^L    jV  *té  ,JU]I  OU   (fol.  205  r") 

(1)    S-fri)!-.  —  (2)  ■_°h;'--.  —  (3)      _.-f=t  ;  le  mot      „, ,^.   est  connu  au>-i  en 

Ég>-pte  au  témoitrnaîre  d'un  Égyptien.  —  (4)  ^.!..i_\j'  le  vrai  pluriel  est  , ,'_.>. 

—  (5)  Voir  la  note  de  la  traduction.  —  (6)  1*ïL^;. 


l'éclat  ont  rempli  le  monde  entier,  car  Pierre  est  la  première 
pierre  de  la  bâtisse  dans  les  Églises;  il  est  celui  qui  se  tient 

[13j 

ORIENT    CHRÉTIEN.  1  1 


384  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ferme  sur  le  rocher  inébranlable  qui  est  le  Christ.  Paul  aussi 
est  la  perfection;  il  est  l'honneur  de  l'Église  quand  il  crie 
et  dit  :  J'ai  peiné  plus  qu'eux  (1).  Si  tu  as  peiné,  ô  Paul,  toi, 
tu  recevras  le  grand  honneur.  Car  tu  as  dit  :  Je  suis  devenu 
orphelin  parmi  eux  (2).  On  te  bénira,  car  il  est  écrit  que  la 
bénédiction  de  Dieu  convient  aux  riches  (3).  Car  il  y  a  un  temps 
où  les  cultivateurs  qui  transportent  les  récoltes  de  leurs 
champs  appellent  leurs  amis.  Ils  recueillent  ce  qui  reste 
de  leurs  récoltes,  et  les  pauvres,  les  orphelins,  ils  les  chassent 
au  loin.  Ils  ne  laissent  pas  les  pauvres  recueillir  quelque 
chose.  L'œil  du  Seigneur  les  regarde  et  s'attriste  de  ce  qu'ils 
font.  En  vérité,  malheur  à  ce  cultivateur,  car  Dieu  les  pri- 
vera de  leur  part  de  l'arbre  de  vie,  parce  que  le  Maître  des 
orphelins  et  le  Qàdî  des  veuves,  c'est  Dieu.  N'est-ce  pas 
à  cause  de  ces  péchés  et  autres  semblables  que  la  béné- 
diction de  Dieu  fuit  leurs  champs  et  que  les  fruits  de  ceux-ci 
sont  en  petite  quantité?  A  cause  de  cela  une  grande  colère 
s'amasse  sur  eux  en  tout  temps,  comme  il  est  écrit  :  A  cause 
de  vos  péchés,  j'ai  détourné  ma  face  de  vous;  je  n'aurai  pas 
pitié  de  vous   (4). 

Revenons  maintenant  au  panégyrique  (5)  à  nous  proposé, 
au  sujet  de  nos  Pères  les  Apôtres  purs  Pierre  et  Paul,  et  nous 
accomplirons  leur  désir,  car  je  veux  un  peu  de  ta  sagesse 
aujourd'hui,  ô  Docteur,  grand  parmi  les  Apôtres,  pour  que 
je  t'honore  de  l'honneur  qui  est  digne  de  toi,  car  tu  es  l'ins- 
trument (6)    du    Saint-Esprit. 

Voici  que  maintenant  je  vais  vi>us  raconter  et  vous  ex- 
poser une  histoire  de  notre  Père  Athanase.  Il  l'a  dite  à  tout 
son  clergé  dans  la  ville  d'Alexandrie  au  sujet  de  ces  deux 
LTandes    colonnes    Pierre    et    Paul.    Je    l'ai  entendue   de  sa 


(1)  I  Cor.,  xv,  10.  —  (2)  On  ne  trouve  pas  semblable  parole  de  saint  Paul. 
Peut-être  y  a-t-il  ici  une  citation  plus  que  libre  de  I  Cor.,  xv.  9  :  «  Après  eux 
tous,  il  m'est  aussi  apparu  à  moi,  comme  à  l'avorton.  Car  je  suis  le  moindre 
des  Apôtres...  »—  (3)  Prov.,  x,  22  :  «  Benedictio  Domini  divites  facit  »,  d'après  la 
Vulgate,  traduit  par  la  Bible  de  Crampon  (édition  de  1930)  :  «  C'est  la  béné- 
diction du  Seigneur  qui  procure  la  richesse  ».  —  (4)  Ezéch.,  xxxix,  24.  Pour 
la  deuxième  partie  du  texte  :  Ezéch.,  v,  11;  vu,  9;  vin,  18.  —  (ô)  Voir  plus 
haut  la  note  1  de  la  page  8.  —  (G)  il  traduit  le  grec  ôpyavov,  «  instrument 
de  musique  ». 

[14] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  385 

wlww  C~->  jlj  *jlo  ^J5I  c~ju  ^gil  Jj-iûj  r\j&r  il  *^J1  *-*/'-'  j-*3 
^   j»-i     Ç»^^»    <-^'l    C»A»    <-i^V    ^»J»JI    U^l    JL"    cJli    (-J^j    l* 

j«-C  <cli  Ui-Vl.  j^ir  «*JU\  o^>  jl  _)y,<C«  <c\  ci^jL  ^i^ 
jy;-^  dys-  (2)  >l»Mè  jj-L^_  <j>-^l  ^ys-^Ull  (1)  4j  jjX  jUj 
!x«     ft>_Ylj    (\S\ — Jlj    *jTMc     ,j"«    (^    L     IjJaA     JjYI     ^    «jjU^I 

^Jl  .U:r  _j^JI  /r^j  W  lî-2  jUaiLl  \oL_JI  j»£--V'  Yj  (»*»i_pa) 
OUJI   ôUJJ   iLi=J  L    Jb^Jlls  îs^Lju    U     le   (fol.  205  v°)  by^J 

A.U!  o^  j,i;  L-t.  L.jllLî=Jl  isÀ*  ,_U-I  ^  _J  .4JJI  j>  Julv«YI  ^j-^lij 
^  pjje  Ji«îl  Ja^Jl  jU  Ia*  j»-Yj  (4)  Li^r  Jij  JLUI  ^ 

•jX^-jl  Y  ^1 

Ju»JI    LU    J».î  j,  U  ^Jl  (5)  ^J!  Jt  jY!  a^di 

CtVXj-    /j*  l-r—J    -^J'    Lc'^    Ly  ALk  uL»>njJ      _J»j  j   ^^iai    jU=  V 

j-j^-Li  Loi  jU-l  ^  -^  p^l  Ul  jYI   liyy  (fol.  206  r°) 

*t.  ■>,.  ?-7«3l    Jfi   l^JVM    *  f  AA   (^=>-l    /».«    "CT-CN— ;  }  I    4jo.A_«j        y    »Jj>YI     *~»J>J   <*JL»- 

C"->j     r-ï*-    •— ""'   il        r-^i^"    "I   ***J     V0   U    ^-*-*— '   -^J      JvJ    j»  las 

(I)    Ufri.    -  C2)  ï%.  —  (31   "Li.    -  (4)    UïjJ      lij-  (5)   ^_i^JI      _U 
voir  la  note  2  de  la  page  18  (traduction). 

bouche,  moi  Théophile,  alors  que  j"étais  obscur,  que  j'étais 
secrétaire   à   son  service,   en   ce  temps-là.   Qu'elle   soit  dite 

[15] 


386  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

au  milieu  de  nous  en  ce  jour.  0  le  [bien]  méritant  du  sacer- 
doce en  toute  manière,  ô  Père  saint,  ô  toi  qui  pris  souvent  à 
témoin  les  fatigues  que  tu  supportas  pour  la  foi  orthodoxe 
el  qui  devins  un  fds  pour  les  Apôtres  à  cause  de  ton  combat! 
Et  combien  il  poursuivit  leur  doute  en  toute  chose  (1)  jusqu'à 
ce  qu'il  obtînt  cet  honneur  unique  avec  eux  [les  Apol  re- 
dans la  Jérusalem  Céleste,  comme  il  est  écrit  dans  le  Saint 
Evangile  :  Celui  que  le  Père  aime  est  mon  frère,  ma  sœur, 
ma  mère  (2).  Et,  maintenant,  quel  est  celui  que  le  Fils  aime 
comme  toi?  ou  bien,  quel  est  celui  qui  a  fait  la  volonté  de 
son  bon  Père  mieux  que  toi,  ô  toi  qui  devins  un  guide  vers 
la  vie  pour  de  nombreuses  âmes  par  tes  enseignements 
vivificateurs?  Car  tes  paroles  et  tes  douces  exhortations, 
pleines  de  salut,  relevèrent  de  nombreuses  âmes  après  leur 
chute  et  leur  naufrage  dans  les  abîmes  du  péché.  Bien- 
heureux es-tu,  ô  bon  Pasteur,  ô  toi  qui  te  préparas  souvent 
à  te  livrer  toi-même  pour  le  reste  du  troupeau  du  Christ 
qui  t'était  confié!  Béni  es-tu,  ô  [homme]  apostolique,  ô 
toi  qui  réprimandas  publiquement  en  clamant  la  crainte 
de  Dieu  et  combattis  toujours  pour  la  vérité!  Viens  au  mi- 
lieu de  nous  en  ce  jour,  nous  qui  sommes  réunis  dans  ton 
assemblée  sainte.  En  vérité,  ils  sont  ton  peuple  et  nous 
avons  été  raffermis  dans  la  foi  droite  que  tu  t'es  acquise, 
par  ta  peine  et  tes  beaux  enseignements  qui  débordaient  (3) 
de  ta  bouche  sainte.  Nous  nous  sommes  réunis  en  ce  joui-. 
demandant  tes  bénédictions,  pour  que  nous  obtenions  le 
pardon  de  nos  péchés  et  obtenions  miséricorde  par  tes  de- 
mandes <|ue  lu  fais  devant  Dieu,  pour  nous,  nuit  et  jour. 
Car  cette  ville  et  le  reste  du  pays  d'Égyple  est  ferme  dans 
la   foi   sainte  jusqu'à   la   frontière   du   pays   des   Éthiopiens, 


(1)  Il  faut  lire  U  avec  un  sens  actif,  c'est  le  sens  et  la  construction  de  , Ji 

«  Leur  doute  »  :  «  leur  »  désigne  tous  les  hésitants,  amis  ou  ennemi-,  que 
saint  Athanase  a  nbattus.  — (2)  Citation  très  libre  de  Mare,  m,  35  :  <•  Oui- 
conque  fait  la  volonté  de  Dieu,  celui-là  est  mon  frère  el  nia  sœur  ri  ma  mère.  • 
—  (3)  La>ls^t  t-e  verbe  &  là.  signifie  «  plonger,  s'enfoncer  dans  -  ;  le  contexte 
indique  on  sens  opposé  :  «  découler,  déborder  ».  celui  du  verbe  jjj.  Si  i^i  _ir>! 
est  .authentique,  ce  serait  le  cas  d'un  verbe  a  sens  opposés,  un  des  nombreux 
il  J-csl  ;  toutefois  il  na  pas  encore  été  signale  jusqu'ici. 

[10] 


UNE     HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    d'.\LEXANDRIE.  387 

^11    ^iIjuVI;    W  S^-^    lc_»SJ    Ajil».1    J^    L     ^AâJl    ^jVl    IjJ \    ?y    J^ 

JjL?.  JU  ^  JLJU  lil  jU  ^JUI  ÇjorjVI  5UV1  JU  (>^ 

»y«  S-V»-LJ1  ÂJ^xJI  bAA  JU  o-  *  ~5  Oo  ^3  *£>J~>  jli-  wi~3 
^aIJ1  (fol.  206  v")  Ju»VI  ^  ^_j^C.  y*  L<  iUL-Jl  JLSj^J  ^ 
Çs«    gSi\  y»    jj    j\j    ^Ij    ^Ij    ^1   y.  ^Vl    Ca»    (5-U1   jl 

>  L  vjl:.«  JLiil  TtlUJI  <ul  ïiljl  ^Ui  ,jS}\  y  ^y  jl  dilu  ^Vl 
.♦^Ja^iL.    a«     y  *_r"^   <S5^    c^lsl    yyl=-  is«X»_J'  x«Jj>J'   ^iliàc-l   »*j 

LUTj   ciLiti  y  (fol.  207  r")  Jp»    jJ-aLJi   ^i»^^.   ^à   y**^**.'! 

JL'  IwXl  dL'o^i  (j^Lt  y^j  r»jJl  L*^yl  as»  ^aâJI  liLi  y 
JUU1  J  li  4)1  rlAÎ  L^:  ^1  dLrUL  i*^j  JLj  ULlLi.  jlyi 

.l^Icj  Ij^j    ^-^^    C-^>-j  îj^S  [cjti    j~sj>  ij  S  ,0* 

par  tes  enseignements  vivificateurs.  La  connaissance  de  Dieu 
;i  été  terme  en  eux,  car  tu  as  parcouru  ce  pays  d'Egypte 
de  nombreuses  fois  et   ta  bénédiction  est  descendue   en  lui 

fl    >nr  lui. 

[17] 


388  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Écoutez  maintenant,  ô  peuple  qui  aime  le  Christ,  que  je 
vous  rapporte  quelque  chose  de  ce  vaillant,  ce  pur,  notre 
Père  Amba  Athanase,  qui  triompha  du  combat  caché  el 
ouvert  et  supporta  de  nombreuses  épreuves  des  loups  ravis- 
seurs, mauvais,- qui  voulaient  ravir  et  disperser  les  brebis  du 
Christ.  Mais  Dieu  les  a  avilis  et  abandonnés  par  la  main 
du  chef  des  combattants,  le  vaillant,  le  héros,  Amba  Atha- 
nase. Mais  sa  fuite  n'eut  pas  lieu  en  vain,  lui  dont  les  paroles 
sont  pleines  de  l'eau  de  la  source  de  vie.  O  Père,  tu  as  déra- 
ciné le  diable  du  pays  d'Egypte; -tu  as  démoli  le  reste  des 
temples  (1)   qui  étaient  dans  la  ville  de  'Akhmîm  qui  était 

(1)     _)|  f.i\  nom  donné  en  Egypte  aux  anciens  temples  païens.  Le  mot  vienl 

du  copte  ont  «  temple  ».  Avec  l'article  n  on  a  nEPTlE  (perpe),  passé  en  arabe 
sous  la  forme  b  .j  (birbe)  pour  le  singulier  (d'après  Spiegelberg  W.,  Koptisches 

Ilandworlerbuch,  Heidelberg,  1921,  p.  102).  Dozy  {Supplément...  i,  p.  63)  donne 
pour  le  singulier  b  t>  et       j  ,_>.  Dans  les  Monuments  pour  servir  à  l'histoire  de 

l'Égyple  chrétienne  aux  IVe  et  Ve  siècles,  publiés  par  E.  Amélineau  (Mémoires 
publiés  paï  les  membres  de  la  Mission  Archéologique  Française  au  Caire, 
tome  IV,  Paris,  1888),  on  lit,  p.  299-300,  le  récit  de  la  destruction  par  saint  Atha- 
nase à  Akhmîm  du  temple  appelé  Métros,  destruction  à  laquelle  notre  texte 
fait  une  allusion.  L'orthographe  du  mot  «  temple  »  y  varie  :  on  trouve  b  t; 
p.  299,  1.  G  ;  p.  300,  1.  1  et  p.  300,  1.  2  et  >o  ^  p.  299,  1.  4  ;  p.  299,  1.5  et  p.  299,1.9. 
C'est  le  singulier  de  ce  mot  «  temple  »  que  nous  voudrions  voir  dans  le  membre 
de  phrase  suivant  :  ^s  '[3  j       »      _xM  »~*d>.!  où  °b  j  ne  donne  aucun  sens: 

nous  proposerions  "u  y>  ce   qui   serait  une    quatrième   orthographe   du     mot 

«  temple  ».  probablement  erronée,  mais  qui  a  pu  être  entraînée  par  l'analogie  des 
mots  terminés  par  "|. 

11  reste  à  savoir  maintenant  comment  l'orateur  a  pu  dire  de  Akhmîm  qu'«  elle 
était  le  temple  de  l'Egypte  ».  Akhmîm  était  la  Schmîn  des  Coptes,  l'ancienne 
Panopolis  des  Grecs.  «  Cette  ville  est  l'une  des  plus  célèbres  de  l'Egypte  ancienne 
et  de  l'Egypte  moderne...  La  ville  d' Akhmîm  est  surtout  célèbre  dans  les  ma- 
nuscrits coptes  comme  le  centre  d'une  population  grecque  éclairée,  joyeuse, 
amie  des  plaisirs  et  ayant  tenu  très  longtemps  à  l'ancienne  religion  de  l'Egypte 
arrangée  à  la  mode  grecque.  »  (Amélineau,  La  Géographie  de  V Egypte  à  l'époque 
copte,  Paris,  1893,  p.  18).  Elle  lit  une  violente  opposition  à  Schenoudi  (qui 
était  né  dans  le  canton  de  cette  ville).  Schenoudi  fit  plusieurs  expéditions  à 
la  tête  de  ses  moines  pour  en  briser  les  idoles  et  détruire  les  temples  {ibid.). 
Nous  avons  cité  plus  haut  la  destruction,  accomplie  par  saint  Athanase,  de 
l'un  de  ces  temples  appelé  Métros.  De  plus,  Akhmîm  avait  une  école  de  magi- 
ciens célèbre  dans  tout  le  pays  d'Egypte  (Amélineau,  ibid.,  p.  21).  Les  géogra- 
phes arabes  sont  également  attentifs  à  mentionner  parmi  les  merveilles  de 
Akhmîm  les  \j|  j  :  Yàqût,  Mugam  al-buldan,  i,  p.  1G5;  le  Dictionnaire  de  géo- 
graphie arabe,  édité  par  Juynboll,  i,  p.  35.  Cette  ville  a  donc  été  un  grand  centre 

[18] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  389 

iw  jj-  ,4*.!  ljO  ^^u  ^_ji  ^i  y  jvi  |j~j 

(fol.  "207  v")  kyJlc  ^JJI  (j-^-Ll  L'1  L.I  ^gUI  pl^iJI  lÀ*  -y  jl£ 
<U1  jl   JL    »c_ — Jl   u>\j>-    jji-*->j    j^^H.   jj-H/-  ù*_       \^ 

C**&    ÎLsJI     Ç>_^    eU    SjJL*    •Ol^sl    (_P    ^Àil    1-Lfc    MLl    **JjA    ,j£om    J 

(2)  ^1  ^L^'  £■*  «^-^3  ^r^  A3  i>  J^.--N  J-^  w.'Vl  1^1 
Us    Ll!>    L.L*»I    Zjj~£>3   ^>    (^)  ^    (y>   ^1    *»*i-l    t>_-^ 

ly^ls  jJ»LîJ1    jjèjl  j»*  ^JJl  il^l^Jl  \>   ^y   <^-r~*^   £3   <js^ 

îbUaJl  ^J   *£-U»J  (fol.   208  r°)  *JjJ  jJaia-J   rjUl  dUJI   ^is 

(4)  JUl  Ij^.C;  Vj  s^-r-  |>— t  V  j>Jlï  ^Âfl  Jyté  Vj!  dJ^U' 

.(1)    ^IJ.  -   (2)    ^jJt.    -   (3)   '{,£.    -   (4)    ^Lil). 

le  temple  de  l'Egypte.  Tu  as  brisé  toutes  ses  idoles.  Quand 
le  diable  vit  que  le  culte  des  idoles  avait  cessé  au  pays 
d'Egypte,  il  suscita  de  nombreuses  insurrections  contre 
les  Églises  du  Christ  de  la  part  des  hérétiques  qui  sont  l'ins- 
trument (1)  du  diable.  Ils  circonvinrent  le  cœur  de  l'empereur 
simple  Constantin  pour  le  guider  et  l'entraîner  dans  une 
même  perte  avec  eux.  Celui-ci,  dans  ses  jours  [de  règne. 
chassa  notre  Père  Amba  Athanase  et  se  proposa  de  le  tuer, 
parce  qu'il  réprimanda  les  empereurs  (2).  d'après  la  parole 
qu'ils  dirent  :  Ne  louchez  pas  mes  Christs  et  ne  tramez  [rien] 

religieux  de  l'Egypte  païenne.  Dans  ces  conditions,  on  peut  comprendre  l'af- 
firmation hyperbolique  d'un  orateur,  à  savoir  qif  ■  elle  était-  le  temple  de 
l' Egypte  ». 

(1)  Voir  note  3,  p.  20.  —  (2)   _^JLJ|  •  les  rois  «  ou  «  les  empereur^ 

[19] 


390  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

contre  mes  prophètes  (1).  Après  cela  l'empereur  Constantin 
projeta  de  tuer  notre  Père  Athanase.  Mais  sa  fuite  n'eut 
pas  lieu  en  vain  et  sans  fruits.  Il  s'était  enfui  une  fois  et 
vint  à  Maghârat  alkounoûza  (2).  Il  fit  briller  sa  lumière  dans 
cette  ville  aux  lionceaux  de  la  foi  droite  et  les  amena  à  la 
connaissance  [de  Dieu].  Ensuite  il  alla  dans  l'île  de  Arfàtiya  (3). 
dette  île  étail  très  mauvaise.  Il  en  attira  les  gens,  par  ses 
enseignements  vivificateurs,  spirituels,  au  troupeau  du 
Christ.  Il  fit  disparaître  leur  grossièreté  et  les  amena  à  l'affa- 
bilité par  la  force  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  qui  était 
avec  lui  en  tout  temps. 

Lorsque  notre  Père  Amba  Athanase  s'en  alla  à  la  ville 
de  Rome,  il  voulut  obtenir  la  bénédiction  des  corps  de  nos 
Pères  les  Apôtres  Pierre  et  Paul;  lorsqu'il  s'avança  pour 
se  prosterner  et  vénérer  le  corps  de  Pierre  et  le  baiser,  aus- 
sitôt il  vit  la  face  de  l'Apôtre  réjouie,  comme  s'il  vivait  en 
[son]  corps.  Ses  yeux  brillaient  et  resplendissaient  de  lumière. 
Saint  Athanase  fut  rempli  d'une  grande  crainte  et  resta 
longtemps  tout  interdit  du  miracle  étonnant  qu'il  avait 
vu.  Tandis  qu'il  était  stupéfait,  étonné  en  lui-même  (4),  voilà 
qu'une  voix  [venant]  du  corps,  je  veux  dire  du  corps  de 
saint  Pierre,  lui  cria  et  elle  disait  :  «  Courage,  Athanase, 
Prêtre  véridique!    Voilà  que  Dieu  va    te    délivrer     du    reste 

(1]  Psaume  cv,  IT>  (d'après  la  Bible  de  Crampon).  —  (2)  Il  n'a  pas  été 
possible  <le  retrouver  l'indication  de  cette  ville  ni  ilaus  la  Géographie  de 
l'Egypte  à  l'époque  Copte  d'Amélineau,  sus-indiquée,  ni  dans  les  sources  arabes  : 
Le  lexicon  geographicûm  édité  par  Juynboll;  le  Mugam  albuldan  de  YâqÛt; 
lu  Description  de  l'Afrique  et  de  l'Espagne  de  Edrlsî,  publiée  par  Du/y  et  de 
Goeje;  les  Band  III  et  Y  de  la  Bibliolek  Arabischer  Historiken  nnd  Geographen, 
publiée  par  Hans  von  Mzik;  les  volumes  de  la  Bibliolheca  geographorum 
Arabicorum,  publiée  par  de  Goeje;  la  Relation  de  l'Egypte,  de  Abdallatif, 
traduite  par  S.  de  Sacy,  Paris,  1810.  —  (3)  Nos  recherches  dans  toutes  les 
sources  indiquées  dans  la  note  2  ci-dessûs  ne  nous  ont  donné  aucun  rensei- 
gnement sur  cette  île  d'Arfàtiya.  Peut-être  pourrait-on  voir  une  indication 
dans  l'addition  faite  par  M.  A.  Baudrant  au  Novum  Lexicon  geographicûm  de 
Ph.  Ferrarius,  Isenaci,  1677,  Tomus  secundus,  p.  70  :  «  Platiae,  insulae  parvae 
Creticae,  ante  Samnonicum  promontorium,  in  ora  orientali  Cretae,  nunc 
forsan  Diclassa  et  Cardes  dictae.  »  Par  ailleurs,  on  trouve  une  mention  de 
Arpad  dans  la  Topographie  historique  de  lu  Syrie  Antique  et  Médiévale, 
de  vu,  la  Haute-Syrie,  5°  Villes  et  routes  de  la  Cyrrhestique,  p.  168,  de 
R.  Dussaud,  Paris,  1927  :  ■■  Puis  venaient  a  l'Ouest  le  royaume  de  Khalman 
(Alep),  celui  de  Yakhan  avec  Arpad  (Tell  Arfad)  pour  capitale  et  Ame  comme 
ville  principale...  »  Mais  il  ne  s'agit  nullement  d'une  ile.  —  (■!)  Mot  à  mot  : 
son   ereur  ». 

[20] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    DALEXANDRIE.  391 

J  ïs^  ^U  (1)  Jbj  ^.fl:....Jl  i'LYI  JUJ  ôjuJ!  dUr  ^  »U.U 
.jJcp-li  (2)  IJU.  iaj  ^;^  ii^jW!  dU>j  UpIjjI  J^js-  Jl  (_rk. 
rrU}  (3)  -:*.  '^3  jç^JI  ,:kT  J1  CJU-j^l  ^Jl  *JU  LUI 
_~i   ^u    ^JUl    (fol.  208  v°)   7^— *J'    fj~ ■_    LlJj   Sji   ijljJI    ^11 

o  .>    JL    j'   iljlj  *~>}j  C-L»  ^11  ^j~-L~l  L'I   Loi  JA^I  LJj 

J a-        -Ifr    Aat— .J    Jr**'    r^*     Mi    lT*!>;J    ifj^    JL^'l    ^'    ^l— s»-l 

JU.*Jl  (4)^.  *!l£  1^.  Jj-JI  ^  J!  ^  oï^lj  *JL£j  o-J* 
l»  »=-  ^_jl=-  .*« — iUtI  _.AÏ'I  jj  j>-^  *-«A>j  ».*:.«.*."  iLx-  oiiS» 
Lij  L.9E»1!  tyi  j.  ïaaLî  l**  I0.1  û)_j.f~«  j.»j  ^^  t»j  r^b  LwJac- 

j»tL<!l    ^—.Li    L    ^jl:    J.ls    yt>3    ^^    ^juJ!    j^~    ^s\ 
fol.  209  r°)  jyC  vih-^j  dlUrl  ^L  j*  ^-^i  ^   ^y  J-sUl 

•>£j.»a)1  jU  Jl  JlJb  ^.i  -IwVI  ^U  y  (8)  a*!  ^k_.  y, 
(ÇÂH   LU    ijUj   a«j     v«    *.li    ,_j«—   *~«jj  OJj  ^s   lïl   <l~j£.  ^-0 

1      vJÏ.  —   (2)    slj^v.   —  (3)    .JiiÀ    >,,.    —  (4)   La..    -      5)    !j' <-....   - 

de  tes  fatigues.  Ton  siège  sera  toujours  ferme  dans  la  foi 
orthodoxe,  jusqu'à  la  consommation,  jusqu'à  la  fin  des 
siècles  et  des  temps.  Aucun  des  serviteurs  des  idoles  ne 
pourra  prévaloir  contre  toi.  pour  les  siècles  des  siècles.  Ce 
que  j'ai  planté,  moi.  dans  la  ville  de  Rome  devait  être  ar- 

[211 


392  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRETIEN. 

raché,  après  un  temps.  Quant  à  ce  que  Marc  a  planté  dans 
le  pays  d'Egypte,  cela  restera  toujours,  pour  tous  les  siècles 
à  venir  sur  la  terre.  Après  un  autre  temps,  Dieu  enlèvera 
le  joug  des  Byzantins  de  dessus  le  pays  d'Egypte,  à  cause 
de  la  foi  orthodoxe,  et  suscitera  une  nation  forte  qui  aura 
île  la  sollicitude  pour  le  bien  des  Églises  du  Christ  et  ne 
péchera  envers  la  foi  en  aucune  manière.  Dieu  punira  les 
gens  du  pays  d'Egypte,  par  cette  nation,  à  cause  de  leurs 
péchés.  Mais  peu  après,  il  aura  pitié  d'eux  et  ne  les  aban- 
donnera pas  [loin]  de  lui.  car  il  leur  fera  du  mal,  comme  un 
père  corrige  son  fils  et  ne  le  rejette  pas  [loin]  de  lui.  Ainsi 
en  est-il  des  gens  du  pays  d'Egypte,  car  Dieu  les  punira  à 
cause  de  leurs  péchés,  pendant  un  peu  de  temps,  et,  après 
cela,  il  aura  pitié  d'eux  à  jamais.  Celui  qui  persévérera  jus- 
qu'à la  fin  sera  sauvé  (1).  Maintenant,  après  ce  temps,  elle  est 
incomparable  la  gloire  à  venir  qui  nous  apparaîtra  un  jour 
dans  le  royaume  du  Christ  (2).  Je  vous  le  dis,  moi,  Athanase, 
rien  ne  monte  en  fait  d'offrandes  vers  Dieu  si  ce  n'est  les 
offrandes  des  gens  du  pays  d'Egypte  :  ils  servent  Dieu, 
fermes  dans  la  foi  droite,  car.  combien  il  y  a  de  voies  et 
d'oeuvres,  dont  les  hommes  pensent  qu'elles  sont  bonnes, 
tandis  qu'elles  sont  mauvaises  devant  Dieu  et  conduisent 
en  enfer!  Ces  œuvres  sont  sans  rectitude  et  mènent  à  la 
perte  ceux  qui  les  suivent.  Quant  à  nous,  disciples  du  Christ, 
nous  sommes  des'  migrateurs  [?]  :  ce  que  nous  avons  plante 
dans  les  Églises,  dans  le  monde  entier,  les  hérétiques  l'ont 
arraché;  à  cause  de  cela  nous  leur  abandonnons  leurs  mai- 
sons et  nous  nous  en  allons  au  lieu  de  notre  repos  éternel. 
Ensuite,  Dieu  patiente  avec  un  chacun,  jusqu'à  ce  qu'il 
vienne  en  sa  présence.  Quant  à  toi,  Athanase,  retourne, 
affermis  ta  communauté  et  tous  tes  enfants  avec  ces  pa- 
roles; apprends-leur  à  s'éloigner  du  péché,  car  voici  que 
le  royaume  des  cieux  est  préparé  pour  toi  et  pour  tous  les 
.sectateurs  de  ta   foi.   » 

Athanase  lui  répondit  et  dit  :  «  Mon  Seigneur,  Père,  Apôtre 
du  Christ  Jésus,  je  te  demande  de  me  faire  connaître,   au 

(I)  Mattli.,  x,  22;  xxiv,  1.3.  —  (2)  Citation  libre  de  Rom.,  vin,  18. 

[22]]         . 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D 'ALEXANDRIE.  393 

\s.  «LrYi  JLp-Vi  iS>  Jl  UjIj  JL>  _*ji  j*a*  ïjjS  ^  if3 y  4-w-r^ 

jui  «on  (iJ^sj.^  piyyi  j.  ^  iuvi  ji  i>k  Yj  ^-.J 

+ç+s>-j>    ^LAs   Jju    /»>-~    ^Alliai-    o^3"'    jV»   ^«Vl    ««iUT   l\»   ^/^*   ^  ■* 

«ce  Aj>^k  Vj  cl  _jYI  (~)  «_>SJ>_  U.£  *^a_y.  <>"V  •Ce  «•p^  Vj 
cillai»  J^Y  ^%    aIH   jii  ^«a,  jLa   Jj    1.L<a    (fol.  -209  v°) 

^  (2)  Uy  'U  ^^ji  jl   *« jJI  a^eJI  «.S  j|y_  V  j^>'^  '-*■*  ■*■:   jV 

(3)  jJ^JI    ^    *^  I    «Cl    ^^tl    Ul    pX1    JjSl     .rc-.— Jl    «XjL* 

^    J^l*    «UJ    J^-Cl.    j^j'l    j*aj>    jlo     Jjbl     ^J>     VI    <X)1     Jl     «A»* 

£jU  1^1  jUVI  ^  Jli   JLc'j  J,>  i4)J  jV  «w£~Jl  5L.V1 

«u-I: »  ^c  JL^-Yl  dUj  ~^>è\  Jl  «s^jir  ^aj  -UJl  Xs.  «ïoj  (e*« 

^^p^  ^—_JI  -L.M"  ^J  LU  Ja>VI  d>i,Jl  Jl  L^ô  j*  (5)^5^ 
s^ii  <ii  JU1  ^  (")  ^JUCl!  J  *L-j£  ^JJI  jY  (6)  ij^ 
b=Jj  «^  Jl  (^..^j  ^y*  ^  d^  (fol.  210  r°)  viJJ-Us  <lUl^JI 

ïÀjj    j»J5   coij'j   cAifrU-3-  cZ$5   7^*J&   ifj '^jI   l>    >^-ii   L«'    ^-^ 

(9)  ^IjLJl  ^<-U  lj_j»  jV  tJ-iJI  j,  Ij^Ll  jl  ^jcj  JlyVI 

^.-Jl  f-j-J  (JÀ)I  ôyj\  «__jV1  ,^-c  L   Jlsj  ^^^Url  «^U-U 

(1)  ^.Xj,   —  (2)    ,j.    —  (3)  ^1/51.    —  (4)    J.    -  (5)  JSjjà.    -  (6) 

U=-  ;  sp«  est  un  mot  peu  fréquent,  mais  il  répond  le  mieux  à  la  graphie 
lys.;  peut-être  faudrait-il  lire  .'^a.1,  mais  alors  on  entre  dans  le  domaine  des 
conjectures.  —  (7)      „)L£)t.  —'(S)  JoJj  répété.  —  (9)  ^J^Jl. 

[23] 


394  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

sujet  des  nations  qui  servent  Dieu  et  n'acceptent  pas  le 
Fils  ni  le  Saint-Esprit,  ne  sont  pas  baptisés  en  son  nom, 
ne  reçoivent  pas  les  saints  mystères  (1),  lorsqu'ils  sortent 
de  leur  corps,  s'ils  entreront  dans  le  royaume  des  cieux  ou 
non.  »  11  lui  dit  :  «  Non!  Car  celui  qui  ne  naît  pas  de  Veau 
et  de  l 'Esprit  n 'entrera  pas  dans  le  royaume  des  cieux  (2).  Oui- 
conque  n'a  pas  cru  au  Fils  de  Dieu  n'a  pas  la  vie  (3).  Je  te  le 
dis,  ô  Athanase,  quand  bien  même  ils  jeûneraient  tous  les 
deux  jours  ou  tous  les  ans  (4)  pendant  toute  leur  vie  et  prie- 
raient nuit  et  jour  sans  se  relâcher,  s'ils  n'ont  pas  reçu  des 
Saints  Mystères  le  Corps  du  Christ  et  son  Sang,  ils  n'auront 
absolument  aucune  part  au  royaume  des  cieux,  car  il  est 
écrii  :  Le  Père  ne  juge  personne,  mais  il  a  remis  au  Fils  le 
jugement  tout  entier  pour  une  tous  les  hommes  honorent  le 
Fils  comme  ils  honorent  le  Père  (5).  Celui  qui  n'honore  pas  le 
Fils  qu'il  a  envoyé...  (6).  Personne  n'entre  auprès  du  Père  si 
ce  n'est  parle  Fils,  car  il  est  la  Voie,  la  Vérité  cl  la  Fie  (7)  et 
il  a  remis  toute  chose  dans  la  main  du  Fils  (8).  La  gloire  du  Père 
est  le  Fils,  car  il  a  acheté  l'humanité  au  prix  de  son  sang 
comme  bien  propre  et  les  lui  a  offerts  en  présent.  S'il  n'était 
pas  venu  dans  le  monde,  personne  n'aurait  été  sauvé;  tous 
seraient  allés  à  la  perte  éternelle.  Car,  quiconque  serait 
mort  parmi  les  enfants  d'Adam,  justes  et  pécheurs,  on  les 
aurait  tous  emportés  au  fond  de  l'enfer,  parce  que  le  paradis 
était  fermé  depuis  le  temps  où  Adam  en  fut  chassé;  il  n'y 
avait  quiétude  ni  repos  si  ce  n'est  dans  le  royaume  des  cieux. 
Lorsque  le  Christ  Seigneur  vint  dans  le  monde,  il  porta 
les  péchés  du  monde  et  sema  la  justice.  Lorsqu'ils  le  cruci- 
fièrent, il  goûta  la  mort  pour  toute  l'humanité  et  fit  l'enfer 
prisonnier  (9).    Il    ressuscita  le  troisième  jour.  Il  monta  avec 

(Il  II  s'agit  de  la  Sainte  Communion.  Le  pluriel  indique  les  deux  espèces. 

—  (2)  Jean,  m,  5.  — ■  (3)  Jean.  m.  36.  —  1)  Sur  cette  expression  du  dis- 
tributif,  voir  Reckendorf,  Arabische    Syntax,  Heidelberg,      1921,   S    1573.    — 

—  (5)  Probablement  citation,  corrompue  par  le  copiste,  de  Jean,  v,  23:  Celui 
qui  n'honore  pas  le  Fils,  n'honore  pas  le  Père  qui  l'a  envoyé.  —  (G)  Jean,  v,22. 

-  (7)  Jean,   xiv,   6.   —   (S)  Jean,    m,    35.  —  (9)    ^..js-s-'t c'est-à-dire  : 

«  emmena  captifs  les  captifs   de  l'Enfer  ».   Il  monta   avec   ses   captifs  »,  lire 

_~^Jl>  J.»^;.  Dans  ce  passage,  il  y  ;i   une  réminiscence  du  texte  de  l'é.pître 

aux   Ephésiens,  en.    îv,    versets  7  et  S  :  //  est   monté   dans  les   hauteurs,  il  a 

[24] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    d' ALEXANDRIE.  395 

j*La>     V«    w>VI    <0I    rj.}-*-JU       V-*J1     ^Vl     J^      V     ,  e^    »*"    jl     ^uu 

_J  rJ  .11.  "LUI    >  -*Jy  V  ,v  jV  ffol.  210  v")  V  <0  Jli"  V  fl 
-0     _Ji  «A'I    v^    >v   J  (^)  \«  i_ps   (.  1  )  o^«L» — J1   .!>»&••  Jù>-a. 

^ -  C^,  •    ■       \_ .-   -^  .•      ^  ^  "     J  -•  - 

\«  UjLz»   1  *i  a.>^   J   o>   JJ*8     ****  .APls  u^l    j *-^'3   ^-^  -*JL<0 

jati  j:  (4)1j^i  j. a,  v  ^yi  uy£*éiy  (i)oljLJl  ^yCu 
v  ^  ^vi  j^X  ui  ^ui  ^*».  ^yi  fXJ  j>>]  ^  r5^-11 

V-  à»  VI  ^V!  J  (5)ju.1   J^ju  Vj  OJ  ^Âll  j.VI  fjSC 

'Âili-  (fol.  211    r°)  ^   C^iJI    ^jlil  ^V  Ji.yi  y»  ^"Vl   Aa-_,j 

IvD   Jb    A=-l    ^^     J    JUI       Jl    ^g^o     J_f5C.     J    jAJ       <>-A.A    <!   ^XîJ 

fil  aVjl  j*  oU  (7)  j,  J<  jV  JjuVI  ^1  Jl  pft*--  ^:. 
^^Jl   J^V   -«J1   JLL.I   J\    n~*A  ^aU   SMj  jl^VI 

0L^  ^U!  J  ^y-J\  jçJI  '^  L.li  (8)  iljUJl  oyCl,  ^  ^j- 

(1)    ^UJL    —  C2)  ^jJÏ.   -  (3)  \h=L.    -  (1)    J^l   -  (5)  Ij^!.  -  (6) 
4^1.  —  (7)     ,^]{.  —  (8)    <Zj\j*J[. 

[ses]  captifs,  alla  à  son  Père  et  ouvrit  le  paradis  et  les  lieux 
du  repos  et  de  la  quiétude  dans  le  royaume  des  deux.    Il 

emmené  d:s  captifs  (citation  du  Psaume  lxii,  19;  vulgate  :  caplivam  du.ril 
caplivilatem)...  Or  que  signifie  :  Il  est  monté,  sinon  qu'il  étuit  descendu 
[d'abord]  dans  les  régions  inférieures  de  la  terre?  (traduction  Crampon). 

[25] 


396  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

est  dans  la  gloire  du  Fils  celui  qui  est  dans  la  gloire  du  Père 
qui  l'a  envoyé.  Celui  qui  n'a  pas  le  Fils  a  le  Père  mais  sans 
le  Saint-Esprit  (1).   Celui  qui  a  le  Fils  a  la  vie  perpétuelle. 

Alors  Athanase  dit  :  «  Un  chrétien  qui  abandonne  son 
christianisme  et  va  se  mêler  aux  nations  dans  leur  croyance  (2) 
n'a  pas  de  part  avec  les  chrétiens,  parce  qu'il  a  été  baptisé 
lui  aussi.  »  L'Apôtre  saint  Paul  lui  répondit  et  dit  :  «  Malheur 
à  ceux-là!  Car  il  serait  meilleur  pour  eux  de  n'avoir  pas 
connu  le  Christ  que  de  le  connaître  et  de  le  renier;  à  cause 
de  cela,  leur  tourment  sera  grand,  plus  violent  que  le  tour- 
ment des  pécheurs.  Ces  deux  groupes  auront  un  unique 
châtiment  avec  tous  les  idolâtres  qui  ne  connaissent  pas 
le  Christ.  »  Alors  notre  Père  Athanase  lui  dit  :  «  Et  si,  euxr 
ils  confessent  le  Christ  dans  leur  cœur  mais  ne  le  confessent, 
pas  de  leur  bouche,  par  crainte  des  hommes,  leur  sera-t-il 
pardonné  ou  non?  »  L'Apôtre  lui  dit  :  «  Le  Seigneur  Jésus 
a  dit:  Criai  qui  m'aura  renié  devant  les  hommes,  je  le  renierai 
devant  mon  Père  qui  est  dans  les  cieux,  et  tous  ses  anges  (3). 
Il  y  aura,  ô  Athanase,  un  temps  sur  la  terre  où  beaucoup 
renieront  leur  foi  dans  le  Christ,  se  mêleront  aux  nations  et 
diront  :  «  Nous,  nous  servons  Dieu  le  Père.  »  Alors  ils  n'ont 
pas  le  Fils;  parce  qu'ils  cherchent  le  repos  de  leur  corps 
pour  un  temps  court,  leurs  âmes  ont  hérité  le  feu  éternel 
qui  ne  s'éteindra  jamais.  » 

Notre  Père  Athanase  lui  dit  :  «  Un  riche  chrétien  jeûne, 
prie,  reçoit  les  Saints  Mystères  (4)  mais  lui,  il  aime  l'argent 
et  n'aime  pas  faire  l'aumône;  lui  donc,  quand  il  mourra, 
est-ce  qu'on  le  prendra  dans  le  lieu  du  repos  parce  qu'il  est 
chrétien?  »  Il  lui  dit  :  «  Non!  Ce  n'est  pas  à  cause  du  nom 
[de  chrétien]  que  l'homme  entre  dans  le  royaume  de  Dieu, 

(1)  J  avec  la  valeur  et  l'emploi  de  U  !  Il  ne  semble  pas  que  l'on  doive  inter- 
préter autrement,  bien  que  la  faute  soit  grossière.  —  (2)  Cette  phrase  exprime 
une    théologie    qui    d'abord  semble  inexacte    et    l'on   est    tenté    de  corriger 

ur,->jJl    _jj!!    %    v,^ll    aJ    ^J    ^H^'    «J     ^r.r    v-S-^'j-    Toutefois  elle 

pourrait  se  comprendre   :   le   salut  ne  vient  que  par   le  Fils;   on  peut  avoir 

'  le  Père  mais  cela  ne  sert  de  rien,  comme  par  exemple  «  ceux  qui  servent  le 

Père    et  n'acceptent  pas  le  Fils   ni   le   Saint-Esprit  »,  dont  il  a  été  question 

plus  haut.  —  (3)  Matin.,  x,  33.  —  (4)  C'est-à-dire  :  «  la  Sainte  Communion  ». 

[26] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  397 

£f!>»J  c/M/^  £?J  ^   <-^  ^"3   iSr^    "U^-5  i*"i"   f-^   lS*  f^-3 
A^>   ^iJI  jyVI   -^o    yy   (1  )  dj^L- — il   o_*<CL  ^  ^IJIj  7-LJI 

Vjj  ^Vl    (fol.  2U  V)   aJ   ^Vl  aJ   ^J  ^   «1^1  ^âji  ^vi 
J»~JI  s_)U-U  Uni  jjt  Ai«r  -»J  <cY   \£^z.....^\   «^>  ,_^^î;  <]  J  ^Ll 

!_}*_/»     J    jjj,"ÂJ'    «wwil     *~»-=-    «-•  ^«J^i-M  (%J    jj^t  -*J>"lî  f^^-^J    îliaiJl 
^yi    e5*    yc. >■■>*!!;    j^r^l    (V*    L.    IjU    ^r^wLrl    U^>  1    a)    Jlôj    rt^_JI 

•v)  JLï»  V  (-1  ^  ^ii  J*  (j-UI  ^iji-  J»-l  j^  p^lyL  a.  jy^_  Vj 
^Ul  (fol.  212  r°)  fU  ^^1  ^  Jl»  jS  çj~>_  Zj\  jl  J^_JI 

.a. VI  Jl  (5)^k-  V 
z^.  Jjl^>j  <J-ajj  f^~=<_  (i=^r-*   ^  '  ^  Lf^r"^   ^  ^  «-^ 
ZÀ»  lil  _^s  (')  jXaL.   jl   t>»   Vj   JUI  u>s>o   yj  Â-JkiJI    ^l^-JI 
^_J  V  *J  jLâi   j~*?~ «  ^1   o'f-l  ,j^  r-LJI    x-^  Jl  «Jj-ii-L    Ja 
^V-.j    C-    iU£    p_i   Ul    JL    «.lil    oyCi.    Jl    jUVI    ul^Jo    ^Vl; 

(1)  0UJI.'-  (2)   o'»*Jt.  -  (3)    L>U:.  -  (4)    |^.  -  (5)       A, 


(6)  Li.  -  (7)  ,  ijj.^ 


[27] 


398  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

mais  bien  s'il  partage  sa  richesse  entre  lui  et  Dieu  et  fait 
l'aumône  aux  pauvres  et  aux  miséreux.  Ceci  fait  hériter 
du  royaume  des  deux,  car  la  volonté  du  Cliritl  est  Iti  misé- 
ricorde (1)  et  l'aumône.  Également  un  pauvre  qui  remercie 
Dieu,  élève  ses  enfants  dans  la  crainte  du  Seigneur  et  ac- 
complit le  travail  de  ses  mains,  pur  de  la  souillure,  du  men- 
songe et  des  serments  parjures,  celui-là  obtiendra  la  gloire 
divine.  Un  pauvre  qui  accomplit  les  prières  qui  lui  sont 
imposées,  va  à  l'église  matin  et  soir,  assiste  à  la  lecture  de 
l'Écriture  (2).  communie  au  Corps  du  Christ  et  à  son  saut;. 
reçoit  la  paix  et  se  garde  de  tout  mal,  celui-là  sera  l'ami 
des  anges,  <\i'*  martyrs  et  des  saints.  Un  pauvre  à  qui  on 
enlève  son  avoir  par  violence  et  qui  supporte  cela  avec 
patience,  ressemble  aux  martyrs  qui  ont  enduré  leur  supplice 
avec  patience  et  ont  versé  leur  sang  pour  le  nom  tlu  Christ. 
Tout  pauvre  qui  ne  remercie  pas  Dieu  de  sa  grâce  et  dit 
devant  les  [gens]  présents  :  «  Je  n'ai  pas  trouvé  ce  qu'il  me 
fallait  »,  celui-là  irrite  Dieu  qui  l'a  créé.  Un  homme  qui  aide 
un  pauvre  dans  [sa]  nécessité  en  ce  monde,  Dieu  l'aidera 
dans  l'adversité  et  le  fera  héritier  de  son  royaume  et  il  [le] 
louera  avec  les  anges.  Tout  chrétien  qui,  dans  l'Église,  s'im- 
pose .une  fatigue  par  la  peine  qu'il  se  donne,  que  ce  soit  un 
livre,  des  vases,   ou   une  offrande  ou   des  burettes  (3)  ou  de 

li  Matth.,  i.\.  13;  mi.  7  Misericordiam  volo...  »  —  (2)  Mot  à  mut  :  des 
chapitres  ».  —  (3)  ÏS  Y:\  «  les  burettes  ».  Ce  mot.  qu'aucun  dictionnaire  n'a 
relevé,    se  trouve  dans  les    rubriques  arabes  du    missel  copte  :  le      ,=>.^J,ix 

aj   ,:.A-^'  L-'-JOt  Le  Caire.  1898,  p.  6,  1.  13;  p.  8,  1.  10;  p.  9,  1.  1  (lignes  du 

texte  arabe)  de  la  messe  de  saint  Basile.  Il  désigne,  dans  cette  messe,  les  deux 
burettes  avec  leur  contenu,  l'une  d'eau,  l'autre  de  vin. 

Chez  les  Coptes  orthodoxes,  le  «  vin  de   la  Messe  »  se  dit  abàrka  et  s'écril 
ïif.bl.  Ce  dernier  vient  du  mot  arabe  iS  „Jt  "la  bénédiction  ».  Les  Égyptiens, 

en  général,  généralisent  l'assimilation  du  l  de  l'article  dans  la  prononciation 
populaire  et  disent  par  exemple  :  akkilàb  pour  alkilàb  «  le  livre  ».  Spitta  Bey 
dans  sa  Grammalik  des  arabischen  Vulgardialectes  von  Aegi/pten,  Leipzig,  1880, 
§  10,  a.  en  dehors  des  lettres  solaires,  restreint  la  possibilité  d'assimilation  de 
cet  l  à  la  position  devant  g  et  k.  Les  vérifications  que  j'ai  pu  faire  par  trois 
informateurs  égyptiens  confirment  la  donnée  de  Spitta  Bey.  Il  semble  toute- 
fois que.  pour  le  cas  de  abarka,  il  faille  envisager  l'assimilation  de  l'article. 
Dans  le  cas  présent,  ils  prononcent  ii  ^Jt  abàrka  (de   'abbàraka),   mot   qu'ils 

emploient  quand  ils  parlent  des  choses  sacrées  ou  des  offrandes  faites  a  l'Église, 
d'où  l'application  au  «  vin  de  la  Messe  ».  (Tout  ce  paragraphe  a  été  compose 

[28] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  399 

^Jy_   Ijlfc    ÂJUJI    JlaIj    (fol.  212  v°)    j^UJ]   iïxJl   ^^kcj    -011 

Lk.lj  isJuJIj  **3-^Jl  ,_£•»  rt- «Jl  i^U  (~)  jV  (1)  oljL»JI  ,1^>J* 

^aLL>  a.  a.  J^i  c-Ljuj  ^j_JI  <_jȈe  SiiVjl   (^^J  *^>  ^^  Cxr^~~* 
X*    j»   j^_J!   JL,    iJub   (3)  cjUI    jL»Vlj    ^iiOlj  c-UJI   j* 

ÂiC}UJ    %)ô-    jjX     IÀa    ^Jj     Jo     Jj*     (4)a-jE     Jii^j    i*MJI 

Iàa     Je.  ^U  jjbj  ._*   -H,   aJ  U  IjJLi-L     v^__.    •j.-jÂJl'Ij  *l-\y±Jlj 

„J  ^lc  l0),**'^  lyy>lj  ^jlJUI     b  bwr*°  ôt-^  *l-yJl  ^-^ 

Jjij  c^    ^.b   «dll    (fol.  213  r°)   .^i».  V  ^C*   jèj 

jLjl  A^SJLi-  ^iJI  aJJI  i_**as>_  I-Àj»  ^»-Ls-  -^  J  ^  jj>. 

ATjyj    ATjLi     ^9    Cju    *A)1    IjU    JUI    l-Lft      -S    ÂiU?    ^S      \X_.    /«au 

iJo  >  ^»r  <L,.:$0l    J  aJ  ,-'l^  Jo  Â5C}U1   «  t<l1~>  3  «c«_<CjLo 

U-C_      jli     Jjio      jl      ^_j     j!       (6)Â^^I     jl      jl^S     jl      <jl     jl      _,l^      jl^      jl 

(1)     w-I^Jl.    —(2)   l^jl   —(3)     iX>    U-''.    -■     1     i-Jjù.    —(5)   ^i'.O. 
-  (6)  l£}l.  ' 

d'après  les  renseignements  fournis  par  un  de  mes  amis,  lui-même  de  langue 

arabe,  résidant  en  Egypte  depuis  de  longues  années.  Je  le  remercie  vivement.) 

Notre  mot  ïâjl  «burettes»  est-il  l'équivalent  graphique  de  iS'Jj  I  et  désigne- 

t-il  les  «  burettes  »  par  ce  procédé  qui  fait  appeler  le  contenu  (ici  «  le  vin  ») 
par  le  nom  du  contenant  (ici  les  «  burettes  »)?  C'est  possible,  mais  ce  n'est  pas 
du  tout  évident,  surtout  quand  il  s'agit  de  la  graphie  ïS*jjl  relevée  dans  un  texte 
liturgique.  Les  Coptes  catholiques  disent  ÏSjjI  ubreqa  pour  les  «  burettes  . 
les  Maronites  x>  Ll  abarîq,  tous  deux  pluriel  de  ïj  o ]  1  aiguière,  pot  à  eau, 
cruche  ».  On  pourrait  penser  que  sous  ce  mot  AS  ol  «  burettes  ».  il  y  a  le  mot  copte 

f^AKOT"  balkou)  «  urceus,  hydria  »,  d'après  le  Lexicon  linguae  copticae  de 
A.  Peyron,  Tourini,  1835,  p.  23;  Wasserkrug  »  d'après  le  Koptisches  Hand- 
wôrlerbuch  de  W.  Spiegelberg,  Heidelberg,  1921,  p.  16.  Le  copte,  par  ailleurs, 
présente  l'alternance  r  jl,  par  exemple  :  HPn  (S.  B.)  et  hmï  (F.)  «  vin  »  (Spie- 
gelberg, ibid.,  p.  34).  En  arabe,  le  mot  a  pu  prendre  la  forme  i>  ,jl  sous  l'influence 
du  mot  Ï3  -jl  qui  désignait  la  même  chose. 

[29] 

ORIENT   CHRÉTIEN.  12 


400  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

l'huile  ou  de  l'encens,  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  lui  don- 
nera sa  récompense  dans  le  royaume  des  cieux.  Tout  homme 
qui  donne  à  manger  à  un  pauvre  ou  à  boire  un  verre  d'eau 
fraîche     seulement,   au  nom   de   Dieu   et  de  ses  saints  aux 
jours   de   leurs   saintes   l'êtes,   celui-là   sera   le   cohéritier  des 
Saints  dans  le  festin  de  mille  ans,    au  siècle  à  venir.  Qui- 
conque retire  un  pécheur  de  son  péché  et  l'amène  à  la  péni- 
I  ence    par    la    parole    de    Dieu    et   les   remontrances   [prises] 
aux    Saints    Livres    par    lesquels    il    le    réprimande,    celui-là 
sera  béni  de  Dieu  ;  les  Anges  de  Dieu  le  loueront  et  le  glo- 
rifieront, car  il  a  sauvé  une  âme  de  lo  mort  et  couvert  de  nom- 
breux  péchés  (1);    et    maintenant,    Athanase,  retourne  à  ton 
siège,  confirme  tous  tes  enfants  par  la  parole  de  l'exhorta- 
tion  et   les   pauvres  (2)  orthodoxes  pour   que  leurs  âmes  ne 
deviennent    pas    débiles.   Désormais,   que    leur    cœur    ne    se 
relâche  pas  dans  l'amour  de  vos  pauvres  et  sachez  supporter. 
Car,  s'il  vous  advient  un  peu  de  peine  en  ce  monde,  votre 
récompense  sera  grande  dans  le  royaume  des  cieux.  Gardez 
vos  âmes  et  ne  lai.ssez  pas  le  péché  dominer  sur  vous.  Celui 
qui   est   tombé   dans   une   faute   involontaire,    qu'il   se   hâte 
vite  de  faire  pénitence,  car  le  royaume  de  Dieu  vous  attend, 
comme  une  mère  [attend]  ses  enfants  qui  viennent  de  l'étran- 
ger, et  toi,   Athanase,   tu   porteras  toujours  des  fruits  dans 
tous  les  siècles.  Voilà  que  Dieu  a  placé  une  garde  (3)  de  lumière 
qui  brillera  sur  ton  siège.  Un  étranger  ne  s'y  assiéra  pas  à 
jamais.    Celui    qui    osera    le    retenir    avec    peu    d'actions   de 
grâces  et  peu  de  mérite,  Dieu  en  tirera  vengeance  bien  vite. 
Dieu  enlèvera    le   joug  des   innovations   de   ta   patrie  et  de 
tes  saints    lieux.    Aucun  d'eux  (4)  ne   pourra    te  résister,   ni 
prendre   ta    place,   jusqu'à   la    fin   des  siècles.   » 

Lorsque  notre  Père  Athanase  entendit  ceci  des  grands 
parmi  les  Apôtres,  Pierre  et  Paul,  il  fut  dans  une  grande 
frayeur,  car  il  entendait  la  voix,  mais  ne  voyait  qu'un  corps 

(1)  Jacques,  v.  20.  —  (2)  «  Pauvres  »  au  sens  propre  :  «  les  hommes  dans 
le  besoin  ».  —  (3]  Mot  à  mot  :  «  des  suldats  lumineux  ».  —  ;4)  «  Eux  »,  c'est- 
à-dire:  les  auteurs  des  innovations,  les  hérétiques.  Sur  *    _£,  suivi  de     yi  avec 

le  sens  de:  «  quelque,  un  entre  plusieurs,  quelqu'un  »,  voir  Dozy,  Supplément..., 

i.  p.  807. 

[30] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  401 

-.JoLtl    »L1    ^9    4- >-\.9    3    <Ul    ., i    Jaââ    jjL    'L    (t-6  A.a',.,1    jl      '(-£■ — • 

~rVI  ^*-0l    -s  c  , «JV1  i*Jj  ^J  i\~~,.Xl!l  **  j,^  (À*  â^aLJI 

^,   JL  Ua  C-IU1    v-^C'l   (fol.  213  v°)   j*  (-)*>    ^^_  ^ÀJI 

(^vp.  dLVjl  ^j  ^>  Jl  ^-jl  ^j-Uri  l.  jVlj  sj^  UUû- 
jVI  j-s  *,-£!  ^^r  (3)VV  JIja.jYI  j^LJIj  i^Jl  r>uc 

»ZA)      Ijl     ,*>Jlî       "yXjZ^ZA      I»j»>v9      (v>-—,l •     'Cs**      J^     rty>  »-U     y     à— ^»r     Y 

(4)  o^l»—'!   Jj«jCl   ^j  j»Jift  j»^/=-l  jls  JUI   IJLa  ^9  1^-.  L»" 

^>sl<       Un.        ^J-WlJ     /»>v~ Ifr      Ut. ..."     *-U^Jl     I-C..AJ"      >j     ^i^-jjjj      1  »  U  a"-a-b 
■OUI      JjjXl.     jlï      l»!^-      4>jJl      Jl     JiLii     JSjLi-1      ^     J^o    <Uj     ^9 

jû  *JJ1    liyb    JU-V!    «-^    Jl    (5)  1>U    ^    IJj    (fol.  214  r°) 

jAÏ)     V3     C-VJLJI     ^IoL.1       V03    ki-LLla^       \*     (>-01    ^J      *9^»,     aJUIj    Ï&^—J 

.jybjJl   ji-1   Jl    d-u:    ^y  ^rl_  Vj  ^Ljli,    -^  (6)  '^i 
-Jvj    j''la    iJ— Jl     *' » Uw    ,y«    Iaa    ify~" Li    U— j  1    *-«—    l»Jâ 

ûi  jl   (5-Ç-  L    dULl   ti    JL»3   <is    jjilji-l  J..li   a*j  c~.  -Ailj 

vJJiy1  ja^'3  ji^3  jiU  j  ^  jl  i_s^  (XOi  LJ  Js^.1 

(I)    CjUJ).    -(2)J.   —(3)    ^}j.    -.(4J     o'^-Jl.     ~(5)     t,^.    - 
(8)    Li. 

[31] 


402  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

immobile  (1),  mort.  Peu  après,  il  se  reprit  et  dit,  :  «  Moi  je 
te  demande,  ô  Seigneur,  si  je  le  mérite,  ô  toi  qui  n\e  parles, 
de  m'apparaître,  de  voir  ta  face  et  je  croirai  à  ta  parole.  » 
Aussitôt,  tandis  qu'il  disait  cela,  lui  apparurent  les  lumi- 
neux, les  grands  Pierre  et  Paul,  Apôtres  du  Christ.  Leurs 
faces  brillaient  comme  le  feu  et  comme  le  soleil  qui  se  lève 
dans  tout  son  éclat.  Une  grande  gloire  les  entourait,  inef- 
fable pour  tout  mortel  (2).  Lorsque  Athanase  le  vit,  il'craignit 
et  tomba  à  terre  rempli  d'effroi  et  devint  comme  un  mort. 
Aussitôt  ils  le  relevèrent,  éloignèrent  de  lui  la  peur  et  il 
leur  dit  :  «  Mes  Seigneurs,  faites-moi  connaître  qui  vous 
êtes,  vous  qui  demeurez  dans  cette  gloire  qui  est  si  grande.  » 
L'un  d'eux  répondit  et  dit  :  «  Moi,  je  suis  l'Apôtre  Pierre. 
Nous  sommes  ceux  que  le  Seigneur  a  appelés  pour  l'annon- 
cer. Nous  l'avons  annoncé  par  l'Évangile  et  nous  avons 
terminé  notre  combat  pour  elle.  Ils  m'ont  crucifié  renversé 
sur  ma  tête,  et,  Paul,  ils  lui  ont  enlevé  la  tête  par  le  glaive. 
Nous  restons  dans  cette  grande  gloire  auprès  de  Notre  Sei- 
gneur Jésus-Christ  dans  les  deux.  Car  (3)  lorsque  tu  as  de- 
mandé à  celui  qui  te  parlait  de  t'apparaître  face  à  face, 
nous  t'avons  app'aru  et  maintenant  ne  crains  pas  :  le  Sei- 
gneur est.  avec  toi  en  tout  lieu  où  tu  te  dirigeras.  Ses  Anges 
sont  appliqués  à  ta  garde  en  tout  temps.  »  Alors  Athanase  : 
«  Oui  suis-je  pour  mériter  de  vous  voir,  moi  pécheur?  Si 
moi  j'ai  vu  cette  grande  gloire  qui  vous  entoure,  combien 
est  grande  la  gloire  qui  vous  appartient  auprès  du  Christ  !  > 
Pierre  lui  dit  :  «  Cette  gloire,  aucun  mortel  (4)  ne  peut  absolu- 
ment lavoir,  sans  avoir  la  vie  (5).  Mais  nous  t'avons  apparu 
avec  cette  grande  gloire  que  tu  peux  supporter  avec  ton 
corps,  parce  que  toi,  tu  as  partagé  les  travaux  des  Apôtres, 
tu  as  combattu  pour  la  foi  droite.  A  cause  de  cela,  on  t'appel- 
lera à  jamais  «  Fils  des  Apôtres  »  et  toi,  tu  obtiendras  [cette] 
grande  gloire  avec  nous  dans  la  Jérusalem    céleste,  la  ville 

(1)  Jjl,  «  immobile  »,  sens  dialectal.  —  (2)  Mot  à  mot  :  «  celui  qui  a  un 
corps  ».  —  (3)  ,_f  Ci^j  cette  liaison  n'est  pas  logique.  —  (4)  Mot  à  mot  :  «  celui 
qui  a  un  corps   »,   comme   précédemment.   —   (5)   Peut-être    faudrait-il    lire 

fi.su  j  ,,  «  tandis  qu'il  vit  en  son  corps  ». 

[32] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  403 

j>  Ja.  j.^.l-^Jl  ^Jl  «0  l^U  IJLa  Jls  L  Xs.  ci^JUli  (fol.  214  V°) 
u^  ,_r-^^J   J^l£   ^Jt*ir   Uj^j    c-'l^j   ^—Jl   ^j-j  <_r!2-> 

jl     -L_s»     (~)  ^j>      *Jal^     V     Lj>     (1)   Ja-^M     *Jàé    .ApmJ     l^lf»!     C-SJ 
J>jji       ,5-^      -iaiLwj      1JS0-      lO"""'  Lfc*Ja>       *-«Jâ       Llol^No       (3*a-' 

^_j»jdl  «Ce-  l*£yj  ÎSyolsl  OSjAJj  C~«-'o  jLaj  ,_J»plJ1  Vo  IjiC-V.» 
A»mJ1  'Jjt  ~9  'y^-X»  ^'ij  l*Ill  /wo  cS'^Jr6'  Lc'"''îL-'  ^  f»V  '-'^ 
Jj-^Jl  ^Ja  U  Jlïj  LaAs-1  ^jU-U  ÎSjIjJl»  IÀa  ^ÀJl  j*Jà«JI 
LL^J  JLao'Vl;  l^  t^ti  CjLî,  Jl  ^Jl  fclftj  f3)^-^  jv*  jjajj 
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p-y~>  l'-C_.  jJc.  *JàjJl  Jj>wJI  (fol.  215  r°)  !-*•*  ^gj  "y^JL*  jp^'j 
Jl)  ^lL  jl  dU  jJLSCJI  cJL  U  dilV  (4)  0I3UJI  ^  ^_J1 
ï_uair  ;*-^j-«  o^  (_§*  ^u  ^->J1  s-i^u  Ms  j"^'j  ^  '■Lrr'  *^~y.  *^"J 
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.Sjo-j-JI  Jj*lJ1  jIaλ  «Jb  jvXS  L».X>  ja.=^jl  j^JàJl  A»mJ1  iJLft  Ô  Ja.' 
A-^  (-J)^i  jAÂ  V  J^mJI  dUj  ^Ja,  <d  Jl£  -^_J1  Xs.  Lw<! 
jl    J-k"    ^-Ul    jvJaxll    Jj*J1     Uy     l'^Ji     AS    JL     JL*     Yj    <UI     \^_ 

Je  CaJs-J  <S~J>\  ^l*"l  O^jLi  ->i  La>J  c-îl  <dl"V  -»— aJL  *!*»«" 
Ju.JI    ^1    (fol.  215  v")    -v,VI    Jl    cJ^tx    1À,J    wi_Jl    iL.V1 

d-:V    jl_/.Vl    <J-U    ÂJlwJl    (JL-J^J    ^    L«    *JaJl    JLstJI     JL"    Çjlj 

(1)  UJit  |jsr*_jtLs*     —  C3)  J^av  ^j.  —  (3)  ^jJI.   -  (4)   ^LnJI. 
—  (5)   J~ov    yJ)\. 

des  Justes,  car  tu  as  été  un  temple  pour  l'Esprit  Saint. 
Le  Seigneur  te  ramènera  en  paix  dans  ton  pays,  dans  ta 

[33] 


404  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

ville.  Il  te  donnera  le  repos  de  tous  tes  travaux.  »  Lorsque 
les  Apôtres  eurent  parlé  ainsi,  ils  montèrent  aux  cieux  sous 
le  regard  d'Athanase.  Alors  Athanase  se.  prosterna.  Il  adora 
Dieu,  le  remercia  de  la  grande  révélation  qu'il  avait  vue 
dans  l'Église  de  nos  Pères,  les  Apôtres  purs  et  saints,  Pierre 
et  Paul,  dans  la  ville  de  Rome.  Puis  il  resta  trois  jours, 
dans  la  ville  de  Rome,  chez  le  Patriarche  Amba  Libère 
et  ils  parlèrent  ensemble  des  grandeurs  de  Dieu  et  des  mer- 
veilles de  nos  Pères  les  Apôtres  Pierre  et  Paul. 

Moi,  Athanase.  je  dis  au  Père  Amba  Libère  :  «  Tout  homme 
qui  vient  vénérer  le  corps  de  notre  Père  Pierre  voit  sa  face 
brillante  de  lumière.  »  Alors  Amba  Libère  dit  :  «  Non!  si 
ce  n'est  celui  qui  le  mérite;  sinon  personne  ne  peut  absolu- 
ment avoir  aucune  vision.  Mais  toi  tu  es  un  homme  saint 
comme  les  Anges  de  Dieu.  Tu  as  mérité  ce  grand  honneur 
de  voir  la  face  du  Grand  parmi  les  Apôtres,  Pierre.  Ceux 
qui  ne  le  méritent  pas  voient  juste  les  vêtements  roulé> 
sur  leurs  corps  qu'ils  vénèrent.  »  Ensuite  je  dis  aussi  au 
Patriarche  Amba  Libère  :  «  L'as-tu  vu.  toi,  souvent  avec 
cette  apparence?  »  Il  me  dit  :  «  Je  ne  mérite  pas  de  le  voir, 
car  je  suis  un  homme  pécheur.  »  Je  lui  dis  :  «  Moi,  Athanase. 
moi  je  t'adjure  par  le  ministère  qui  nous  a  été  confié,  de  ne 
rien  me  cacher  de  tout  ce  que  tu  as  vu.  »  Alors  Amba  Libère 
dit  :  «  En  vérité,  ô  mon  Frère,  tu  m'imposes  un  lourd  far- 
deau, car  je  ne  mérite  aucune  grâce,  aucun  don.  Mais  lu 
m'as  adjuré  par  les  grands  serments  de  Dieu;  maintenant 
je  ne  te  cacherai  rien  de  ce  que  j'ai  vu  :  lorsque  je  me  levais 
le  matin,  à  l'aurore,  et  que  j'avais  terminé  mon  ministère, 
je  m'avançais,  je  me  prosternais  et  priais  auprès  de  leurs 
corps,  je  les  appelais  devant  [moi]  et  je  leur  disais  :  «  Don- 
nez-moi la  bénédiction  de  paix.  »  Quant  à  eux.  ils  répon- 
daient :  «  Que  Dieu  te  bénisse  en  paix!  Que  le  Seigneur  soit 
avec  toi!  »  Aussitôt  je  me  prosterne,  je  vénère  leurs  corps 


[34] 


UNE    HOMÉLIE    I>E    THÉOPHILE    D 'ALEXANDRIE.  405 

*^_j    dLjA« J    djciw       Jl     dJî  r>     ^j  )\    ,  T'Ai)!     ri)    !>15^A    o.-^ 

(l)^jjUJI  J!  !ju-  LL<*  Jjjl  Jl»  Us  Ll£  dlUrl  ^  dU^j 

le    i^.£^î_j   4.1)   A>é~J     kiDj     Al£        ,-» — .L"1      jirf     ««Jl    »_^!ài)     if  Y-"  ^  J 

^•-■aHI    jL^VI   JL/jl    LU    î*.    ji    x^    ^ÀJI    jJiJI    ^1 

L'I  Alt  <~«jj  Oa*..  »Ll  Aj'^lT  aIsIs  <~»}j  ,CA«j  r-'y.J  i_r,-rai 
J-JI    LU    ^LcCj    A.UI    .vliL»     L^^aju     «    Li$0    dJrfJaJI     ^jjjliJ. 

(fol.  216  r")  jUI  j£  jl  ^  vjLU  Ll  ^>U   c-U'  ^jj-tl  kl 
JUS  jjJl»   «-t«JL«  4.^3  ^JâL    (j'^'î    ^  a_»-     J&  a=*_j_j   ^rl 

Îj)sL    JhL.    (-.'a»-I     jAt>    Li    Vlj     J^>eZ_«     »Jb     -^    V'    Y      T-yjliJ    Ll 

■LL^JI  kÀ*   c-i>tzJ    aJUI  <,C*>L  Jju£     ^iï   Ji>-j    idtl   J,   ÀLJ 

La.1     ^-^S     f»>*    L~L     l'Asti      -Ail >-]        Jx-     iâjibJI     ^jLl'l     'L—     ^iàl 

lÀfc  JL.  ^  â^p  c-Ja  ^'1  *Sj&  Jj&  jj-yjUJ  L'I  dij^JàJl] 
*J  ^.US  ^L-  JL-j  ^:V  La>:I  j^J  V  ^1  J  JlS  JLSCiM 
^tetr  Y  jl  L>  Ll«-jl  (3)^11  i.j^.iL  dLL  pil  CI  ^j—Lrl  tl 
,j-_yjliJ  (fol.  216  v")  L'I  JUs  cJJi  J-Î  ji  j,  t4)  LJ:  ^ 
j.  (ô)Lji  j^l  V  \^U  1^  ^&  [3)  CÀ2  AÂ)  ^-1  l>  ÎEJail 
V  ^l»  jVlj  ÂUiJl  4.01  jLA  ^L  c— il  dbC]  ^IjJlj  pJI 
lil   (8)ïlAi)L    1^1    ^J    Ul    ^  ^    L-    (")L-i    dU    ^1 

(9)  Ljb^Cilj    L.ftiL.p-1        L-    jjLalj    A»e-I_)    cAÏrl    ^ilj    ^*Aj>-     ^.Lo1 

jVjij  ^jjjUjï  J^'VI  L*  LU  fSJl  Jlc  l/jl,  jyb  fU?  Jl 

(1)   O'^J'.  -  (2)  L'^l.   -  (3)  ^jj|.  -  (4)  Li     -  (5)    oAsï. 
"Là,.  —  (7)  Li.  —  (8)  »|jiJL».  —  (9)"Uj|. 

[35] 


406  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

purs,  je  les  baise.  Je  voyais  la  face  de  saint  Pierre  briller 
comme  le  soleil,  ses  yeux  étaient  pleins  de  la  lumière  du 
Christ.  Souvent  je  me  tiens  au  saint  autel,  portant  les  saintes 
offrandes;  je  les  voyais  tous  deux  se  tenir  près  du  saint 
autel;  leurs  faces  pleines  d'éclat  brillaient,  eux-mêmes 
étaient  dans  une  gloire  indescriptible.  Lorsqu'on  me  pré- 
sentait quelqu'un  pour  le  sacrer  évêque,  je  m'en  allais  d'abord 
me  tenir  auprès  de  leurs  corps,  je  priais  et  disais  :  «  0  mes 
bien-aimés  et  purs,  saints  et  justes,  Apôtres  excellents, 
[vous]  que  Dieu  a  établis  guides  et  chefs  des  Églises  du 
monde  entier,  je  vous  demande  à  vous  qui  êtes  les  chefs 
de  ce  Siège,  nous  espérons  de  vous,  nous  vous  demandons 
au  sujet  de  ce  frère  qui  est  venu  à  votre  sainteté  et  main- 
tenant je  vous  demande  de  me  manifester  ce  qu'il  en  est  de 
ce  frère.  »  [S']il  méritait  ce  ministère  à  cause  duquel  il  était 
venu,  aussitôt  le  Saint  tournait  son  visage  vers  ce  frère;' 
son  visage  était  joyeux  comme  [lorsqu'on  frère  est  avec 
son  frère.  Il  le  remplissait  de  science  et  de  sagesse.  Aussitôt 
je  savais,  moi,  qu'il  méritait  la  consécration.  Alors  je  le 
consacrais.  S'il  ne  méritait  pas  ce  ministère  pour  lequel 
il  était  venu,  ils  ne  le  'regardaient  qias  du  tout.  Bien  plus. 
Pierre  agitait  la  tête.  Il  me  faisait  signe  et  disait  :  «  Fais-le 
sortir.  »  Moi  je  disais  aussitôt  à  celui-ci  :  «  Lève-toi,  mon 
(ils,  et  va-t'en;  occupe-toi  de  toi-même  pour  le  salut  de 
ton  âme,  car  la  gloire  de  ce  monde  [dure]  peu  de  temps.  » 
Je  disais  aussitôt  aux  gens  qui  l'avaient  présenté  :  «  Mes 
enfants,  demandez  pour  vous  un  autre  que  celui-ci,  pour 
bien  s'occuper  de  vous  et  des  églises;  laissez-le  travailler 
pour  le  salut  de  son  âme,  seul  par  lui-même.  »  Quant  à  eux, 
ils  savaient  aussitôt  que  Dieu  ne  l'avait  pas  choisi. 

Ensuite  il  y  eut  une  fois  [où]  on  m'avait  présenté  un 
[homme]  qui  voulait  se  faire  donner  de  force  l'épiscopat 
sans  le  mériter.  Ce  haut  dignitaire  (1)  était  puissant,  violent. 

(1)     .fà.,1  ce  ni°t  ne  peut  représenter  que  le  grec  apyuv.  Freytag  le  donne, 

mais  sous  la  forme  toute  proche  du  grec       ^   I  pi.  iLi.1%1  «  princeps,  primiores 

ecclesiae,  sacrorum  praefecti;  magnâtes  in  aula  imperatoria  Constantinopolis  ». 
"Apxwv  f  été  employé  par  Polybe  pour  désigner,  à  Rome,  les  consuls  et  des 
officiers  inférieurs,  les  praefecti  (d'après  Bailly,  Dicl.  Grec-Français,  11e  éd.). 

[36] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  407 

Je-    -ij-.Jj    ys-\    osJJj    d\jL*    j*>o    •-jJ"    rM— »    viojL    v_)^JI 

J&  Lils  jj^l  S^-o  ^yaj  «— Jl  j_y  j^  îj,U^  iLij  ^_»^Jd 
jUilâ  jL'YI  La^LL'I  c^>  Î-.JIIJI  (Vji^l  JL»-l  ^aLJI  «JÂ*)I 
^  LvAj  '^g-*}    **^"  ^*t*_jfJJ  ^aUI   «jÀJI  (fol.  217  r°)  Jt 

^^3     LiL-l     Sj-pl     Ia»!     ^J    lu  A»     Ul     Ua»l     JOJ     i_i^_i)_     V     Aat» 

jlJWl  (*)jll-1  L  Jylj  JLlj  LjoL^I  ^U  ^iSlj  Yjl  jJlk 
'Ljjj  fc,J  4!l  (2)x5CJU=>.  jJUI  jL>VI  J-^Ij  jLVI  feAÂJI 
'^j  x-^iCJI  lÀ*  '■L-jj  Uilj  (v^-JI  !_Jli»i  Uo  ijiwJI  *-> 
Jl   *L-   ^Àil    A'I    1a*   JU    £*   UJCu   .JlLj   UC^   (3)jSjî 

(4)j^,  ^yi  |a*  ^.1  U  ^k-  jl  uCJl  ,jd,l  U  jVlj  LjCa» 

_jaâ!I   îji   c-svUj  L^-j  aL=»  (u)  ^zJI  CoAsJI  iÀA  _^J   jpti~«    ** 

Ï^Uj     jlSj    'Ci-I     >u     4-1     JvlO    4^J»J     («S     ryi>*     ri\     «iUi     Je    \?-J 

aUs  j^xJI  J^~*  (fol.  217  v")  *>\   cJjti  Ul   Jlftli  <uxsdlj  jvUL 
Y    ^li    l^w    »l».    (6)  ^1   î^iJI    J^i_,    V    jl£    lalj   tjj>\   Sii 

^iX-jii  ^M=>tJ  viirlÂ)  xi*lj  jUlailj  ^jI  l  ~s  cîJJà)  k^i«JJ  u  J«S 

(7)j^iJ|      .^ÂJL)      C.9J.D      Jyl       C-3j      |^_       llUj      JUI      lÀfc      A=>n*      j 
IaTs-        _>L5sJI>_j     j»5C     XjEj,     lÀ*    ^*C     |*^J     L-lLI      ^jaVjl     ^>     ^J^r-*3" 
L.J*      Lilivi     jvfc     Ulî     "ClÀ     SA»-}     4^jj;      ^,}li-        _S     Ji^jw      lÀfc     l«-li-J 

.jsjlSt.  J  4JJI  jl  ci^A) 

(^)LL-C    CliÂ-VI    Ai-l    Aj^    IAs-Ij      x!I    I_uAS    AÏj    ïjii      J    jo   J 

(1)  s5^1.  —   (2)   i^W  sf'-"-   ~  (3)    lj^-    ~  (4)   (J^-  "~  (5)   S^'i^- 
-  (6)   ^jjly  -  (7)  ^.jJ!.  -  (s)  J„t,, 

[37] 


408  BEVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Les  gens  de  la  ville  le  craignaient.  Lorsqu'ils  le  présen- 
tèrent dans  la  chambre  où  il  y  avait  Pierre  et  Paul,  car  on 
y  accomplissait  les  ordinations  de  tous  les  degrés  du  sacer- 
doce, lorsqu'on  sonna  la  cloche  pour  la  prière,  nous  allâmes, 
comme  d'habitude,  à  l'endroit  où  se  trouvaient  nos  Sei- 
gneurs les  Apôtres.  Je  me  prosternai  auprès  de  leurs  corps 
et  je  les  interrogeai  au  sujet  de  ce  misérable.  Aussitôt  (1) 
une  voix  [venant]  de  leur  corps  me  cria,  qui  disait  :  «  0 
Libère,  fais  sortir  cet  homme  et  chasse-le,  car  il  ne  mérite 
pas  de  recevoir  en  garde  le  troupeau  du  Christ.  »  Pour  moi. 
j'allai  à  ce  malheureux  et  je  lui  dis  en  secret  :  «  Mon  lils. 
va-t'en,  travaille  pour  le  salut  de  ton  âme;  ne  vise  pas  à 
la  gloire  de  la  grandeur  de  ce  monde;  tu  perdrais  ton  âme. 
Ce  nom  qu'est  le  sacerdoce  veut  des  hommes  pieux,  sans 
défauts  et  irrépréhensibles  devant  Dieu  au  grand  jour  du 
jugement.  »  Quant  à  lui,  il  se  retira  seul  dans  un  coin,  sortit 
de  l'or,  le  montant  de  trois  cents  dinars  et  me  dit  :  «  Prends- 
les  et  accorde-moi  [ce]  degré  du  sacerdoce,  car  je  le  désire.  » 
Je  lui  dis  :  «  Mon  fds,  à  Dieu  ne  plaise  de  recevoir  or  ou 
argent  pour  le  don  de  Dieu!  Mais  la  pureté,  la  netteté  [de 
l'âme],  voilà  ce  que  Dieu  demande  de  l'homme  en  tout 
temps.  N'as-tu  pas  entendu  la  parole  du  Docteur  l'Apôtre 
Paul  :  Celui  qui  désire  Vêpiscopal,  désire  une  bonne,  chose. 
Mais  l'évêque  doit  être  totalement  irréprochable.  Il  ne  doit 
pas  aimer  l'argent  et  rien  des  richesses  de  ce  monde  ni  être 
querelleur  (1),  et  le  reste  des  préceptes  qu'il  a  énoncés  au  sujet 
de  celui  qui  désire  l'épiscopat;  et  maintenant,  mon  fils, 
fuis  le  feu,  n'y  tombe  pas.  Si  tu  m'écoutes,  fuis,  distribue 
ton  argent  aux  miséreux,  aux  pauvres,  aux  nécessiteux; 
fais-en  pour  toi  un  trésor  dans  le  ciel  e*t  tu  obtiendras  la  vie 
perpétuelle.    » 


Archon,  archonlis  a  été  employé  en  latin  avec  le  sens  de  «  princeps  iu  univer- 
sum  »;  dans  la  version  Itala  on  lit  pour  le  psaume  n,  'i  :  «  astiterunt  reges  terrae 
et.  archontes  eongregati  sunt  »  là  où  la  Vulgate  a  mis  «  et  principes  congregati 
sunt  »  (d'après  le  Thésaurus  Linguae  Latinae).  Il  est  difficile  de  préciser  le  sens 
du  mot     .j^i.,1  dans  notre  texte;  nous  nous  contentons  de  l'expression  «  haut 

dignitaire  ». 

(1)    Citation  libre    et  incomplète  de   I   Timothée,   m,    1-?. 

[38] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D 'ALEXANDRIE.  409 

jJiSlia     AJU.-L»     o^*'_J    A>-AJS      jL>-     j>j)l     I-*-*      j^J      J)L>tX^i      _j-ji> 

^J-j  .j-^W.  Li  (fol.  218  r°)  W^l  «M  J]  ^as"  Us  C 
•IVI  (2)^L  a_^  <J    ^ÀJI    ^jJI    J\    bUlé   L«*   &UJU 

i_L-^  iàa  7Tj*-'  i/yjLJ  L  JLâ>  La.sU>-)    '^  t«*J  Zjy&  ^  U^* 

^^>J  lîl  U  rc..^-JI  «Jaï  ^gAt  (4)  (j*T_y_  jl  ^i^l-w  V  Aili  àj^ialj 
iÀ*)    Ci~i>"    ^ »eî    JLI    lÀA    «Uàt  Jjm   ^1  _r^     Vj    1-^— *     i^-3^" 

j^Jl  (fol.  218  vu)   (._y.   J  <A!\   fU   dja  ^   jyC   Vj   y~«l! 

Jlsj  jU  iUlT  jl-U  Laj    t^^-Is  *U-l>    ,J-  -s^U   jA  L   r:^*^ 

iU    ^gll    L     <d     ^uA£J     L^Lil    ^ilî     Û>_j.-jX)I     i=-Ji     ^LJatlj     Ia-U     ^J 

pA  *&%  ^k!l  J,   *ii\  Ijuy,  J&  iis  Vj  (6)  ^i  -U^_  jl  «^ 

_Jy     (vL»Jl     J   »S      «  » "    Jl     /»-=-     0&     iO9     (jLoJfl    Jv»    "UJl     (*y--U     j1-*-' 

<Ju  U»-  (')Ut  jZ-S i  -vis  <^jiL-Vi  (Ç^ii  V  j'  Jj-^  Jv-yl 
iUJl  _J!  j*  (8)  ^  aJ  jyC  V  jl  ^iLVI  J^  ^j 
Iv^slit.  j_^5C  Vj  JUI  Iàa  LLc  ^y  «-^gjJ  Vj  JLil  U**  jj-£>  Vj 
L  jVlj  tii-VI  ^  ^1  JJ  ^  (9)  LJlï  ^1  IL^JI  Uj 
^-»-j"  (fol.  219  r")  c.^  j\  Jo  Li  *i"  V  jLJI  jx.  s_>^a1  j^I 
«Jlita-1     v^LstJlj   «l^yâiJIj     •-SL.JI     Jlc  cULo    Jijjij  ^y>lî    ^^ 

îjIjJI  5L»JI   JLs  *LJI  ^j  lj^  ^U 

(1)  ^jJ!.  —  (2)   J>^.   -  (3)   lîj-9.  -  (4)   ^jj.   -  (5)   U.   -  (6) 

^»i.  -  (7)  «Li.  -"(8)  «Li.  -  (9)  nJU  ^jj|. 

[39] 


410  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Lorsque  l'homme  eut  entendu  de  moi  semblables  paroles, 
il  sut  réellement  que  je  ne  le  consacrerais  pas.  Il  sortit  de 
chez  moi,  aussitôt,  très  irrité.  Il  prit  l'or  qu'il  avait  et  beau- 
coup d'autres  choses,  alla  vers  l'empereur  (1)  et  les  lui  offrit. 
II  parla  avec  lui,  afin  d'obtenir  par  lui  le  degré  du  sacerdoce. 
Lorsque  l'empereur  eut  reçu  les  richesses  de  cet  homme, 
il  m'envoya  chercher  à  cause  de  lui  et  me  demanda  de  le 
consacrer.  Alors  je  dis  à  l'empereur  :  «  Il  ne  mérite  pas 
cette   dignité;   il   n'est   pas   bon   pour  ce   ministère.   » 

L'empereur  me  dit  :  «  Consacre-le  à  cause  de  moi.  Si  Dieu 
l'a  choisi  et  le  veut,  il  le  maintiendra;  s'il  ne  l'a  pas  choisi, 
il  le  fera  disparaître  et  l'enlèvera  de  devant  sa  face.  »  Pour 
moi,  je  ne -pouvais  être  en  désaccord  avec  lui,  je  lui  dis  : 
«  S'il  faut  absolument  le  consacrer,  viens  à  l'église  et  pré- 
sente-le. C'était  trois  jours  avant  la  fête  de  nos  Pères  les 
Apôtres.  Lorsque  j'eus  obtenu  permission  de  partir  et  de 
sortir  de  chez  l'empereur,  je  m'en  allai  aussitôt  et  entrai 
auprès  du  corps  de  nos  Pères  les  purs  Apôtres;  je  me  pros- 
ternai devant  eux  et  je  dis  :  «  0  mes  Pères,  Saints  Apôtres, 
vous  savez  qu'il  est  très  difficile  de  dire  non  à  l'empereur 
et  qu'il  m'est  préférable  de  mourir  plutôt  que  de  me  mettre 
en  contradiction  avec  vous.  Et  maintenant  je  vous  inter- 
roge et  demande  à  votre  Sainteté,  moi,  pauvre  pécheur, 
de  me  faire  connaître  ce  que  je  dois  faire.  »  Aussitôt  une 
voix  [venant]  du  corps  de  Pierre  me  cria  et  dit  :  «  Ne  t'oppose 
pas  à  la  parole  de  l'empereur;  bien  mieux,  écoute-la  et  reçois- 
la.  Le  cinquième  jour  de  Abib  qui  est  notre  fête  (2),  tu  verras 
ce   qui  arrivera.   » 


(1)  O-CLJ!  «  l'empereur  »  ou  «  le  roi  ".  On  est  tenté  de  traduire  par  «  l'em- 
pereur «maislequel?  Le  pape  Libère  régna  de  352  à  366.  De  352  à  361,  Constance 
lut  unique  empereur  de  l'Orient  et  de  l'Occident.  De  361  à  363.  ce  fut  Julien 
l'Apostat,  puis  Jovien  en  363-364.  A  partir  de  364  le  gouvernement  de 
l'empire  se  partage  à  nouveau  :  Valentinien  (364-375)  en  Occident,  Valens 
(364-378)  en  Orient.  Par  ailleurs,  en  Occident,  l'empereur  résidait  surtout  à 
Milan.  Il  ne  faut  pas  chercher  trop  de  vraisemblance  historique  à  ce  récit, 
mais,  comme  les  choses  se  passent  à  Rome,  nous  traduirons  ^JLU  par  «  empe- 
reur »  sans  rien  préjuger  du  reste.  — ■  (2)  Le  calendrier  copte  d'Alexandrie 
confirme  la  fête  de  saint  Pierre  et  saint  Paul  pour  le.  5  du  mois  de  juillet 
(Epip)  (Dictionnaire  d'Archéologie  chrétienne  et  de  Liturgie,  art.  Kalendaria, 
xv,  Calendrier  (copte)  d'Alexandrie. 

[40] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D 'ALEXANDRIE.  411 

4iu    t£J}\     ^JbJJI    Àà-lj    ,,.!?=■    s-.^»     k^-S_5-U    ^5 -Ce    ^    r^1»    *0  Jpl 

JLi-L   L~<3  <u  *1>jL>oj  4J  l^-Iij  dlUl      II  (5-i.j  S^j  J>-\  tLilj 

0U-^J1    C^Jj     J^     JI_j*YI    viAUl    -li-1    Hj    'Cjj-    {yt    Zjj^&\    <->"j    <J 

dUr  ^>c~>  V  a;I  jJLUJ  c-Us  sjj$  jl  (^JL-j  <— >  Jl  J^jlj 
j^  ù!i  i^?-Y  *JJ^  ciUI  J  Jlis  C-GJI  *ÀJ  rcA-a._  Vj  3jlJI 
<0y>  _^i  (fol.  "219  v°)  ïj&a  L»  j^>  jlj  ^_  _^i  ï-^j  fcjks*»  aj.11 
Vj  jl>  jl  <d  t^JLâs  *i!li-l  jJkîl  ~ls  l'I  Ulj  \^-j  »l-vi  /^i  ^frjjj 
UiLl     -*_£.     JlJ     Olli     JDj     fc^-ka-lj     **JI      Jl    Jlcs    Xjy£*    [V    -\ 

Jki  ^  -jjiJlj  ^il^Vl   j_jZ-o  (!)oÀ^l   Uj  fU  i'Mi  JL-J1 

O-fc^-j  jL>VI  JLJI  LU   a_^  Jl  ciioj  cSjii   oiALil  diJUI 

«->[*»-    5j  jl  jv*i*r  |^1    "^ lAïll   J— Jl   v~J  is-'           C-^j  l<Y«l«! 

UJOJL^I  jl  ^>  JLiil   c,y.\   jl  J  (3)^  a;1j  IV   .-—  viUJI 

jl    ^Wl    jjC-JI   kl    L<C-jû    j,    ^Ij    UOU    (Ils  j\lj 

<u>^   (fol.  220  r°)    Jilj  <^    *— i  JL   viUJI   ^   (5)  fjlS  V   J 

.Ji.Ni     U       ,)g.7     ^_î«— <     li-A_£-     «JSi     ^-*J1     >_<-j1    jV»       ywolicJl     (*J~I     ,0*3 

^çJUl  Jfjl  J^   v~^  wt-^   jr°  ^r-*1^'  .3*  ^-vJI   l-u)l   jli>   Ui 

^>    iel*»-J    <._>iiJl     Jl     Jù>OJ    Ôiiu-Yl    _J-&    ^ÀJl     Oj-^0l     <o"j    *-Jb 

(1)  SJuil.  —  (2)  ^U.  —  (3)  J^.  -  (4)  b^-e.  -   (5)  Uib. 

Lorsqu'on  fut  au  matin  de  ce  cinquième  jour  du  mois 
de  Abib.  l'homme  qui  demandait  le  degré  du  sacerdoce 
qui  est  l'épiscopat  vint  et  entra  au  patriarcat  (3).  Une  troupe 

(3)'  Dans  le  texte,  le  titre  de  Patriarche  est  donné  au  Pape  Libère,  nous 
traduisons  donc  aj^As  par  «  Patriarcat  ». 

[41] 


412  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

de  soldats  de  l'empereur  le  suivait.  Lorsque  je  le  vis,  je 
lus  très  triste  à  son  sujet,  car  je  savais  que  sa  perte  était 
préparée.  Je  lui  dis  :  «  Mon  fds,  la  parole  du  roi  est  très  puis- 
sante, cependant  l'ordre  de  Dieu  est  plus  puissant  et  plus 
grand.  Mais  moi  je  ne  puis  être  en  opposition  avec  la  volonté 
du  roi.  Mais  Dieu  te  rendra  le  mal  au  lieu  de  la  gloire  que 
tu  demandes  en  ce  temps  [si]  court.  »  Alors  cet  homme 
ignorant  dit  :  «  Dussé-je  mourir,  je  n'abandonnerai  pas  mon 
idée,  pour  devenir  évêque.  »  Il  dit  en  effet  ceci,  alors  qu'il 
se  fiait  à  cette  parole  :  «  Le  roi  ne  [me]  fera  pas  mourir  », 
à  cause  des  richesses  qu'il  lui  avait  offertes.  Nous  étions 
réunis  dans  l'église.  Il  y  avait  là  de  nombreuses  foules.  Les 
gens  de  la  ville,  l'empereur  et  le  reste  des  grands  qui  se 
trouvaient  dans  le  palais,  les  principaux  de  la  cour  avec 
le  reste  de  l'entourage  du  roi,  tous  les  ministres,  toutes 
les  troupes,  les  riches,  les  étrangers  qui  étaient  venus  de 
loin  pour  célébrer  la  fête  de  nos  Pères  les  grands  Apôtres, 
tous  étaient  réunis  pour  la  grand'messe.  Alors  on  présenta 
cet  homme  qui  voulait  recevoir  l'épiscopat.  Lorsque  je 
portai  l'Évangile  sur  sa  tète  au  commencement  de  la  prière 
pendant  la  consécration,  voilà  qu'un  ange  descendit  du  ciel 
[tenant]  en  main  un  glaive  dégainé,  flamboyant  (1).  Aussi- 
tôt il  lit  périr  ce  malheureux;  sur-le-champ,  il  s'enfuit  de- 
hors, hors  de  l'assemblée,  tomba  aussi  rapidement  que  ce 
peut  être  et  mourut  sans  pénitence  (2),  sous  les  yeux  de  l'em- 
pereur et  de  tout  le  reste  du  peuple.  Une  grande  frayeur 
saisit  l'empereur  et  toute  la  foule.  Alors  ils  poussèrent  des 
cris  disant  :  «  Pitié!  Seigneur  Jésus-Christ;  grands  sont 
tes  jugements,  ô  Dieu!  »  L'empereur  se  prosterna  devant 
moi,  chacun  le  regardant,  demanda  le  pardon  de  ses  péchés 
et  dit  :  «  O  mon  Père  le  Patriarche,  j'ai  péché  envers  Dieu 
et  envers  votre  Sainteté.  J'ai  osé  [m'engager]  dans  une 
affaire  sans  le  mériter  et  [de  plus]  je  n'avais  pas  à  m'en 
mêler.  »  Je  lui  dis  :  «  Désormais,  mon  fils,  ne  t'oppose  plus 


(1)  Mot  à  mot  :  «  comme  le  feu  ».  —  (2)  Mot  à  mot  :  «  mourut  de  mauvaise 
mort  »,  c'est-à-dire  d'une  mort  qui  emporte  le  pécheur  sans  qu'il  se  soit 
réconcilié  avec  Dieu,  donc  d'une  mauvaise  mort,  l'opposé  de  ce  que  l'on 
appelle  «  une  bonne  mort  ». 

[42] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  413 

■»5yls>   jl    ^*.U   ^V   \Ss~  <As-   v^J y>-  clj    UJi   -CjjcJ^    (ii-LJI   ^La-I 

-JU1    J   j!   j.   IV  ^  i£>»  ^-u'  (^  J1  i^.l  \  *  — u'  ( ! )  <0  J^o 

dljUe.   U!l   j/0  dUUI   SjLil  ^iJl^l  jjûI   L.  L?^3   J^lj  (5_^l 
JfJI  dJi  JUs  _/r— Jl  jl«jJI  l-i*  ^  <^i>  l5^I  -^d  (j^y1  j-iJl» 

^v  ui-i  j~j\   zj>-  ^i  ji  ià*  /jc  ^=>-ji  j  jj^.1  ^i  _J  C.UUJI 

dUUl   oj^.  V  Jyll  Ia,,  J.*Ij  (fol.  2-20  v°)  y>  il   JyJI   Iàa   Jl» 

i^>  ç-y~~5  w!l  ^y  iy»*^  cr^J  ^  ^•■^  ^  ls~^  <JIj-»VI  Jf- V 

^-ai3!     ^j     (4)    -^ JJI     ^LJskjJI      ^>dj      dUl)     dll*     ô-UJI      Jjk\       \+ 

J-j-sJI    *~vf~j  'ljj_d.   j£j  did  «dil*   ^j».1-    «-    -^^1   (S*^3 

Jl£  *UiJI  0UJ!  U.V  IjJûJ  jUI  ^  Ijrl  jûJlj  'l^dlj  •LêYIj 

-Vjj    ^JJI   d'-JI   dJi   jv»-*J"    vjJJi.   -Ccj    «^L=JI   ^l-dl     -s     \_».»3^ 
fcUll.    (6)<l-c,l   J^  <Uj   ^b  Jf*VI    o.U>  LAi   t«L.VI   Âi-L 

jUI       JjU       J^A       ^Jiy-       *->->_)       4pdl       ^V       Jjl         dJ^i.        Ulj        Ji^^Cll       J? 

dUlj  <oj  <y»   ol»j  cSj  p^i   (fol.  221  r°)  ^   -Li-j    **s*JI 

-Ce.    <0    **js!y    d-LJ!       .-Le    die    t'J  d?*"    jLS»    iij Jh'.y     ,_»dl     yL-3 

JUj  ^k,  ju-1  J^  ^.U  U^L  jji.  dJUI  jjj  *&\  L  dU<a»l 

-Vij    ClwAs       Jlj    aJUI        II     cdaa-l     d^LJI    ^1    L     Jlsj   ïLlki-   Syii» 
jVl   (V    "^    ^-^*    ik-li-    <J    ^1   Vj    (_g»Lâ»ti-.l  ^jû    ^1    ^Xfr    Z>j~?- 

(1)  jjjuw.      -    (2)   Ljjï.    —  (3)  ^jjj.     --    (4)  ^clM    UJaJl     p'-w.    -    (5) 
..;'-_    v».  -   (6)    ^JS;I.    -   .(7)U>-  Liji.. 

une  autre  fois  à  l'ordre  du  Seigneur.  On  t'a  confié,  en  etïel . 
les  choses  du  royaume  de  la  terre,  les  corps  des  hommes. 

[43] 


414  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

A  nous,  on  a  confié  les  âmes.  »  Aussitôt  l'empereur  en- 
voya chercher  au  palais  les  richesses  de  ce  pauvre  homme 
qui  était  mort  dans  [sa]  malice  (1)  et  dit  :  «  Donnez4es  pour 
le  salut  de  son  âme.  »  Depuis  ce  jour,  l'empereur  ne  me 
demanda  plus  rien.  Moi,  Libère,  et  tout  le  clergé  nous  ter- 
minâmes la  messe,  nous  donnâmes  la  communion  à  l'em- 
pereur et  à  tout  le  reste  de  la  foule  réunie  avec  nous  et  nous 
glorifiâmes  Dieu  et  ses  saints  Apôtres  Pierre  et  Paul  de  ce 
qui  était  arrivé.  » 

Quant  à  moi,  Athanase,  lorsque  j'entendis  ceci  du  Sei- 
gneur Patriarche  Amba  Libère,  dans  la  ville  de  Rome, 
j'admirai  beaucoup  la  grandeur  de  l'honneur  que  Dieu  a 
accordé  et  donné  à  nos  Pères  les  Apôtres.  Ensuite  après 
cela,  je  demandai  la  bénédiction  de  notre  Saint  Père  Libère, 
je  le  saluai,  je  lui  fis  mes  adieux  et  je  m'en  retournai  à  mon 
siège  dans  la  ville  d'Alexandrie  (et  moi  (2),  j'étais  avec  eux. 
j'étais  alors  obscur  au  Patriarcat).  Moi*  et  votre  Père  Théo- 
phile* (3)  je  fais  savoir  aux  autres  prêtres  de  l'église  cette 
histoire  merveilleuse  que  j'ai  vue  et  entendue  de  la  bouche 
de  Amba  Libère  dans  la  ville  de  Rome,  à  propos  des  grands 
Apôtres  Pierre  et  Paul  et  tout  ce  que  j'ai  vu  des  merveilles 
[concernant]  leurs  corps.  » 

Voilà  que  j'ai  raconté  à  votre  charité,  ô  peuple  qui  aimez 
Dieu,  tout  ce  que  nous  a  dit  notre  Père  Athanase.  11  l'a 
vu  et  entendu  de  nos  Pères  Saints  et  purs,  les  Apôtres  de 
Notre-Seigncur  Jésus-Christ.  Glorifions-les,  nous  aussi,  de 
tout  notre  cœur  avec  une  intention  pur.,  une  conscience 
droite,  car  ils  sont  ceux  par  qui  le  monde  a  connu  Dieu.  Ils 
sont  la  tète  des  Églises  dans  tout  le  monde  entier.  Chacun 
connaît  le  chemin  du  salut  par  leurs  paroles,  leurs  ensei- 
gnements, leur  direction,  leurs  préceptes  vivificateurs.  Ils 
sont  ceux  qui  ont  reçu  du  Seigneur  le  pouvoir  de  pardonner 
les  péchés,  comme  il  est  écrit  :  Les  Saints  sont  ceux  qui  juge- 

(1)       C-J'-J    <JLj\-*    expression    équivalente    lie   iO,    !>»/»    oU   voir   PIus 

haut,  note  »,  p.  42.  —  (2)  Ce  «  moi  »  désigne  Théophile  d'Alexandrie,  nous 
mettons  cette  incise  entre  parenthèses.  Elle  est  un  rappel  de  ce  que  Théophile 
a  dit  plus  haut,  voir  p.  20.  —  (3)  Les  mots  mis  entre  deux  astérisques  doivent 
être  une  glose  ajoutée  après  coup,  car  elle  est  tout  à  fait  illogique. 

[44] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    d'aLEXANDRI  E.  415 

(fol.  -221  V)  JUJI  viili  Jl^.1  >^  ^£!l  Jl  viUJ  JLjl 
li*  ~^«J1  ***)!  j.Uj  viJUUI  Ljyfj  ^-IjûJI  LUil  (X^VI  «~*>-j 

IaIL&I}  <JJ1  Ij.Jtjl  (2)  ^J|  LJ^I  JiJ  Ils-  C^JjaS  L.jj  C_JL« 
<Cj-U^-.Yl     tjiti     K_s^j->    id'    Lâ-Uai»     k^io-jj     Cfcîjj    <A&     ^*X-J 

(fol.  222  r°)  -ç£_y)j'  tl  i^iil  ^  l^i-  Àu_y_  ^j  ^  Ulj 
VAft'ui  ^ÀJI  ^.^jcjJI  ^-âJI  Iàa  <«JI  iip  jîL,  ^s^c-1  (  1  )  *  jj-^Lsjlr 
(j^Sai    'U-UJl  J>~^J1  JL»-V  ^~»jj  V -*■*■!    (J"JJ-'^   ^  (**    û^*   A-*-*-"j 

d  4lï  (2)  L.  J<:  <U  ^*J  ^-All  Lj  ^^  i^àJ  aï  li^ 

4-iLs    "dJj     L  4.W     {jS^     *,%\iz.%*     Ua,l    j»       \>U.J     -rc  aJI     f-4.— j     Ijj 

in!l_*sl    ^MiJI    J-^i»    Aa-1    J^    j_»-*À*     -^   JUI    ^*»    ^     ^\ 

jlDUI  LUI  (fol.  222  v°)  j-ÂJl  rftj  Î-^J  pAlUj  aLijij  ,^-JUrj 

(1)  On  pourrait  lire  aussi     J^Jtjj,   mai>  c'est  beaucoup  moins  probable.  - 
(2)       ÇJjl.    —  (1)  * '    elose  ajoutée  postérieurement. —  (2)    Uiio.    —  (3) 

[45] 

ORIENT    CHRi.TILN.  1;; 


416  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

vont  le  inonde  (1).  Ensuite  aussi  le  Docteur  l'Apôtre  Paul  dit 
dans  son  épître  :  Nous  sommes  ceux  qui  jugeront  les  Anges 
avant   d'en    venir   au    monde  (2).  Car  la  miséricorde  du  Dieu 
tout-puissant  a  pitié  de  nous;  nous  sommes  son  ouvrage  (3). 
Nous  n'avons  voulu  juger  personne;  mais  il  a  remis  le  juge- 
ment tout  entier  au  Fils  (4)  et  il  lui  a  donné  le  pouvoir  de  tout 
juger,   parce   qu'il   s'est  donné  lui-même   de  tout  juger  par 
lui-même,   à   part  de  toute  l'humanité  (5).  Parce  que  le  Fils 
de  Dieu  a  pitié,  comme  son  bon  Père,  il  a  donné  à  ses  Apô 
très  purs  le  pouvoir  pour  juger  toute  la  création  que  Dieu 
a  créée  par  son  Verbe  véritable.  A  .cause  de  cela,  mes  Frères 
bien-aimés  et  purs,  nous  avons  su  que  Dieu  a  donné  à  ses 
Apôtres  purs  le  pouvoir  de  juger  et  de  pardonner  les  péchés. 
Et  maintenant  nous  devons,  nous,  porter  de  dignes  fruits 
de  pénitence,  pour  que,  à  la  demande  des  Saints,  nos  Pères 
les  Apôtres  purs   Pierre  et  Paul  [...  (6)].  Car  Notre  Sauveur 
leur  a  promis  [ceci]  de  sa  bouche  véridique,  divine  :  «  celui 
qui  se  souviendra  sur  terre  de  vos  Pères  saints  et  purs  Pierre 
et  Paul,  écrira  (7)  leur  vie,  manifestera  leur  peine  et  leur  pur 
combat,    moi   j'écrirai    leurs    noms    éternels   avec   [les   noms 
de]   tous  les  Saints,  de  tous  les  Justes.  Ceux  qui  feront  le 
service  de  leurs  églises  avec  un  cœur  droit,  une  âme  pure, 
humble  et  une  charité  parfaite,  moi  je  remplirai  leurs  mai- 
sons et  leurs  magasins  de  tous  les  biens  qui  sont  sur  la  terre; 
je  ne  les  laisserai  en  rien  dans  l'impuissance,  pendant  leur 
vie.  Ceux  qui  s'occuperont  de  bâtir  une  église  en  leur  nom 
sur  terre,    moi,   je   leur   bâtirai   des   palais   et   des   maisons, 
non  faits  de  main  [d'homme]  dans  la  terre  de  la  Vie  avec 
les  autres  Saints.  Ceux  qui  revêtent  un  [homme]  nu  ou  un 
pauvre  et  leur  donnent  abri  dans  leur  maison,  moi  je  leur 
donnerai    abri    dans    l'Église    des  premiers-nés  (8).  Ceux  qui 


(I)  Citation  assez  libre  de  I  Cor.,  vi,  '.'.  --  (2)  Citation  assez  libre  de 
I  Cor.,  vi,  3;  de  plus,  la  deuxième  partie  du  texte  ne  se  trouve  pas  dans 
l'épître.  —  (3)  Éph.,  n,  10.  —  (4)  Citation  libre  de  Jean,  v,  -22.  —  (5)  C'est- 
à-dire  :  ce  lui  est  une  prérogative  personnelle-  —  (6)  Lacune.  —  (7)  «  Écrire  >■ 
au  sens  matériel  :  «  copier  ».  —  (8)    ^ivi^Ji    ïi_j    «  Église  des  premiers-nés  », 

expression    obscure;    peut-être  faudrait-il   comprendre:  «  Église  des  préférés, 
des  élus  »,  car  il  y  avait  une  préférence  pour  les  premiers-nés. 

[46] 


UNE    HOMÉLIE    DE    THÉOPHILE    D 'ALEXANDRIE.  417 

j«j)A>  (V-iJl  */*  /y>*u»Jûll  jl  _;»x5CJd  LlLiJl  Ij^^ii»)  jl  wJjJi  (V 
jV-^j  (j*-*-'  (V"»  dL-j  ^  J_ji>  Jj—JI  (jJj;  (v^«*Ji  l«^>j  *>*  JW 
o^j  tf*Z  J<>!  J»uï  4)1  jV  (JU1  Jl  ^U  jl  JJ  ;<,>».» 
j^MJ  <^  *^»=)l  J^l  J>   l-^l  ^.ju  jl  j^  J  oL>  ^;  Lit 

jj_C     jl    4_Jj         Lil    «CV    JiOl    ^J     Sov    dj^i    jl    jUa^-Jl    ïliafrlj 

Jl.  ,£«1.  4)!  j,l  jV  L^  viJl  je  <&*-  cU  J<!1  ^  „.<*:, 
y£  (l)ÂâJàJI  U  LjO  jLkVl  <A~J  jlkUl  J^\3  jJUI  «J 
jLWI  (3)^L>13  ^r^l  L  lÀjJis  iLéJ!  O.UC  <A!I  (2)1^  ^J| 
|j-X»J   jl^l   (fol.  -2-23  r°)  4L.J  jlkUl  ^1  ^!l  jl  UJb  j£ 

JIL-:     l»~Sj    Aj  «.l'L     iï.~l>'    jLw      *^~a>     jl    l^/jjao     U~lc-     ^^SsJ     jjMj 

,aacjI  LiUw  jV  r...l  ^jjj  ^yj^,  j^VI  (JL-^31  LU  ^y^Jkill 
^yj^_    jL^YI    j^-o-XïJI    LU   ^Jo_   j,*   jl    j^lYl   JjUJI   -us    ^ 

1:1  ^aOJI  ^1^  i*^"  j^j  ^j~->   >-."-5Cj  ^jVI  ^L  ^}yi 

i»jju;     («Ait)    ^$-^'3    jlyjlj    i°t-"*- '-^i-'    *— «-=>-    *••    CJo  V    j»jjL»^/l    , ït> 

^Jjl  V*-J    j»t''*-J     >Ll    "I    ^*«    ^-^t*J    Ajt^j'»^    A^i)U>-       _ ij     ».«T,..«     t^Jlflj 


1  (6)  lii  jJJ?»,   ^|  Vj  ^jVl  ^  (5)  ^1   ol^JI  j£ 


r 

<>jYI  (fol.  223  v")  Je-  ^.L-l  <L~5>  ^J  ^j  p»  ^-iJlj  ^"Ls-  fU 
«-«  5L»=Ji     (èjl  ^9  ^.sU  ^j^  j»«  S-cul»  L"«^j  Ij»^i9  «J    ~U  U 

^*~;    i^9  ^     (*ti-?Ji-î  jj-^— »   jl    (Jh^    (_5 — £>*   tlr°-?   jr — '_"^    -r 
jl  j_i=>s  jl  <>j>\  j\  jlji  ^Âï  j^j  jliCVI  iu.   ^  (°)^_j_jl  U 
iwljJI   (_sr_»^.U  ^    ^jLl^>I   w_:   (**,=-!    ^jl   L;l  j^^   Jl   oj 

(1)  ii-JL^-'.  -  (2)     v^iLi    ^jj]  Li".   -   [3]    ^.-'-^.,.    -  (4)        aJ*.   -  (5.) 
.  ÇjJl.    -  (6)  =U,.    -    (7)     ^    b.    -   (8)     „j.M. 

[47] 


418  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

présenteront  une  offrande,  des  burettes  (1),  de  l'encens 
ou  de  l'huile  à  leurs  églises,  moi  j'acquitterai  leur  récom- 
pense de  sept  façons  dans  un  royaume  perpétuel,  éternel. 
<'.elui  qui  appelle  ses  fds  de  leur  nom,  moi  je  les -bénirai  ei 
eux  seront  pour  moi  des  fils  bénis  pendant  toute  leur  vie. 
Quiconque  ose  faire  un  serment  parjure  dans  leur  église 
sainte,  moi  j'en  tirerai  vengeance,  sur  terre,  pendant  sa 
vie.  Vous,  Prêtres  de  l'Église,  soyez,  en  tout  temps,  vigi- 
lants pour  l'église  à  laquelle  le  Saint-Esprit  vous  a  préposés, 
pour  accomplir  votre  service  sans  négligence.  Les  laïcs 
et  le  reste  du  peuple  assidus  à  l'église,  qu'ils  soient  purs  (2) 
devant    moi,   étant  prêts  à  recevoir  les  saints   Mystères  (3  . 

Et  toi,  ô  vase  de  choix  que  j'ai  (4)  choisi  pour  qu'en  ton 
nom  soit  prêché  dans  le  monde  l'Apôtre  Pierre,  ton  œil 
n'est  pas  privé  de  la  lumière  de  ce  monde,  il  ne  se  corrompt 
pas.  En  ton  corps  on  ne  trouve  rien  de  la  puanteur  de  la 
mort.  Ta  langue  et  ta  parole  tranchent  mieux  que  la  mort  par 
le  glaive  à  deux  tranchants  (5).  Ce  qu'il  aura  lié  sur  la  terre 
sera  lié  dans  le  ciel;  ce  qu'ils  auront  délié  sur  lu  terre  sera 
délié  dans  les  deux  (6).  Soyez  donc  bien  certains,  ô  auditeur.-, 
que  le  Seigneur  leur  a  donné  le  pouvoir  de  juger  et  de  porter 
sentence  dans  le  monde.  Maintenant  nous  vous  demandons 
et  nous  vous  supplions,  ô  nos  Pères,  Apôtres  Saints,  de 
demander  pour  nous  au  véritable  Roi  Notre-Seigneur  Jésus- 
Christ  qu'il  nous  pardonne  nos  péchés  [de  nous]  tous  et  dé- 
baptisés, maintenant  et  en  tout  temps  et  dans  tous  les  siècles 
des  siècles.   Amen,   amen,   amen. 

L'homélie  de  nos  Pères  les  Saints  Apôtres,  les  deux  grandes 
lumières  Pierre  et  Paul,  est  terminée,  avec  la  paix  du  Sei- 


(1)  iS  j.j',  sur  ce  mot,  voir  plus  haut,  note  3,  page  34.  —  (2)  «  Purs  >•,  pour 

-être   purifiés.   —    (3)    C'est-à-dire  :   «  la    Sainte  Communion  ».   —    (4)  C'esl 
toujours  N.-S.  Jésus-Christ  qui  parle.  Cette  phrase  est  singulière;  nous  lisons 

■  ,\j  en  mettant      _,.Lj  comme  sujet.  —  (5)  Hébr..iv,  12.  —  (6)Matth.,  xvm,  18; 

<<    ce  qu'ils  auront   délié  »,  ce  pluriel  est  injustifié.  On  a  pu  remarquer  avec 
quelle  facilité  l'auteur  mêle  singulier  et  pluriel. 

[48] 


UNE    HOMÉLIE     DE    THÉOPHILE    D'ALEXANDRIE.  419 

^  (2)^U,  ^.w  jJUoj  ^~  (!)  >  j£  (vV  <-^  </  Û^-A* 
^«Jl    ^_Uj    ^UUlj  (4)  ùly"  (fol.  224  r°)   ^   1>-^J  ^u 

^  J,Uu  j.ifi.  ^j  ^.U  .^Jl*  !«*?  ^u  (5)  ^W1 

,  j.  jui  j  a^i,  j,^o  <r>i  *âji  jfca-n  -wi  u  ^ij 

v  lil    «U  cL^j  dHUj  OjJl   ^   ô*  (8)^  ^   ^- 

(io)  ^ijLji  j  v>»  jy£  u^v'  ^  ^  uj  sLJI  ^  ^ 

(fol.  2l'4  v")  l>    (Xll  £J^J   ^    j*3   ôVVj  l>.-v.j   ^<—u 

•Or-1   ùf1   ôr"1   0^U1  ^  ^ 

(1)       J£   -  (2)    ^oU.  -   0)    ^JJI.    -   (4)    l3ly.  »-  (5)    i^*îA 
6   ^;,      -  (7)  JuJb.  -  (8)  -U   -   W   ^-<  3j.  -  (10>  ^W' 

gneur;   que   leurs  bénédictions  et   leurs  prières  soient   avec 
nous    tous!    Amen. 

Université  St-Joseph  H.  Fleisch,  s.  j. 

Beyrouth 

[491 


LÀ  MESSE  ÉTHIOPIENNE 

{fin), 


ABBA  TAKLA-MARYAM  SEMHARAY  SELIM 

Le  savant  liturgisfe  abyssin  Abba  Takla-Maryam  Semha- 

ray  Selim  est  mort  à  Rome  le  30  novembre  19*2.  Les  études 
liturgiques  éthiopiennes  perdent  en  lui  un  informateur  scru- 
lleJ,  acharné  à  la  recherche  et  doue  d'une  subtile  péné- 
tration. Ces!  toute  une  vie  qu'il  a  consacrée,  au,- complexes  et 
difficiles  problèmes  (J)  que  pose  la  messe  éthiopienne. 

Dix-sept  années  de  séjour  à  Jérusalem,  plusieurs  années 
passées  à  Rome,  à  Paris  et  à  Londres  lui  on!  permis  d  établi» 
les  comparaisons  les  plus  minutieuses  entre  une  quarantaine 
,/,  missels  qu'il  examina  à  la  Bibliothèque  du  monastère 
éthiopien  de  Jérusalem,  ù  la  Bibliothèque  Vaticane,  a  la 
Bibliothèque  Nationale  et  au  Brilish  Muséum.  Ces  grâce, 
la  générosité  de  la  S.  Congrégation  pour  l  Eglise  Orientale 
que  cet  érudit  put  poursuivre  ses  travaux. 

Au  cours  de  son  séjour  à  Paris,  il  me  demanda  de  l  aide 
a  'résumer  et  a  adapter  à  la  pensée  occidentale  les  résultats 
d'une  partie  de  ses  recherches.  Monseigneur  Graffiti,  avec- 
son  sens  aigu,  on  pourrait  dire  sa  prescience  de  loues  ques- 
tions religieuses  orientales,  accueillit  dans  la  Revue  de 
l'Orient  Chrétien  l'étude  de  Takla-Maryam  (2  . 

m  «  ri/1  ori-ine  certaine  [delà  liturgie  éthiopienne]  est  inconnue,  son  déve- 
ioppemen  e  *  onsiderable/les  différences  entre  .es  missels  sont  très  nombreu- 
se^ dTis  l'usage  diffère  des  rubriques,  les  addiUons  multiples  sont  fort 
"desdi'  Éthiopiens;  enfin  les  professeurs  de  liturgie,  netan  pas  prêtre , 
«•en  ont  qu'une  connaissance  théorique  et.  selon  1«  *«££££ 
on  introduit  des  additions  ou  des  changements  »,  Abba  ^kla-Mar^a»  Semhara, 

Seli«   La  Messe  éthiopienne.  ROC,  t.  XXIX,  1933-1934,  p.  189. 

>elih,  l.u.  »  ,  éthiopienne  dans  ROC. 

,  g£'  'SSSFS  «  <^44  t.  XXX.'  1935-1936;  PP.  170-215,  ne 
pV^en^  •une  Sr' minime  du  long  labeur  de  Takla-Maryam.  11  y  auratt 
donc  g^d  intérêt  à  examiner  l'abondante  documentation  qu  ,1  avatt  recueUUe. 

[67] 


122  REVUE    UE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

Ce  prêtre  tigréen  garda  les  traits  caractéristiques  de  sa 
province.  De  tempérament  austère,  il  faisait  figure  d'ascète. 
Il  édifia  par  la  dignité  et  la  sévérité  de  sa  rie  ceux  qui  Vont 
bien  connu.  Il  fut  un  travailleur  tenace  dans  le  champ  à  la 
fins  limité  et  immense  qu'il  avait  choisi. 


Sylvain  Grébaut. 


Confession. 


La  conCession  est  dite  par  les  communiants  immédiatement 
avant  la  communion,  exprimant  que  ce  qu'ils  vont  recevoir 
est  vraiment  le  corps  et  le  sang  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ. 

Dans  l'Église  primitive  la  confession  n'était  autre  que  Amen 
dit  par  celui  qui  reçoit  la  communion  aux  paroles  :  Corpus 
Christi,  Sanguis  Christi  dites  par  celui  qui  la  donne. 

La  liturgie  grecque  de  saint  Marc  dit  :  Sac.  :  Corpus  sanc- 
lum...  Sanguis  pretiosus  D.  Y.  J.  C.  (récités  séparément), 
en  mettant  seulement  les  premiers  mots,  parce  que  le  reste  est 
connu  par  l'usage. 

Les  paroles  de  celui  qui  distribue  la  communion,  selon  les 
liturgistes  éthiopiens,  se  divisent  en  trois  parties  : 

1°  Ce  qu'on  dit  pendant  l'anaphore  des  Apôtres;  2°  ce  qu'un 
doit  dire  pendant  l'anaphore  de  Notiv,-Seigneur  Jésus-Christ; 
3°  ce  qu'on  doit  dire  pendant  les  anaphores  des  saints  Pères. 

Nous  parlerons  ici  seulement  de  celle  des  Apôtres  qui,  en 
distribuant  le  Corps,  dit  :  1-nft-|-  :  /h.fcfl)-'!-  :  HflV.A  ■■  ?»9°rt°7 
£'ï  ••  4*-Wl  :  fPOs*  AïlCfl-f-fl  :  Panisvitae,  qui  descendit  de 
cœlis,  sacrum  Corpus  Jesu  Christi;  relui  qui  reçoit  dit  : 
Amen,  l'uis  en  distribuant  le  sang  :  1I"H:  :  RVO  '  Aj&ffl'l*  : 
HfiV.£    :    TliTrt'W-     :    hn-C   :    &<"»•    ■    MlCM- A    ■    fl»lU'->/" 

h  •  \\aV}  •  (Dh'"/.'i  ••  Hic  calix  vitae,  qui  descendit  de  cœlis, 

pretiosus  sanguis  Jesu  Christi;  celui  qui  reçoit  dit  :  Amen, 
Amen. 

Mais  dans  l'Église  alexandrine  ont  été  ajoutées  diverses  et 
très  longues  confessions.  Elles  se  divisent  en  deux  parties 

1°  La  confession  ancienne  qui  contient  les  deux  premières 
formules  :    Corpus  sanctum,  ho<-  est   h.    Y.  ./.  C..  etc.,  et 

[IÎ8] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  ^~' 


Sanguis  pretzosus,  hic  est  D.  Y.  J.  C  etc.  Le  hoc  est  et  le 

hic  est  qu'on  voit  dans  les  missels  éthiopiens,  nous  les  croyons 
ajoutés  comme  une  rubrique  indiquant  qu'un  doit  designer  les 
offrandes  avec  les  mains. 

2°   Les    confessions    qui    suivent   celle-ci  ont  ete    ajoutées 
ensuite  et  se  trouvent  dans  l'anaphore  de  saint  Basile  et  dans 
celle  de  saint  Grégoire  en  grec  et  en  copte  (cf.  Renaudot,  t.  I. 
p.  79).  Les  deux  avant-dernières  ont  été  ajoutées  pour  exprimer 
la  confession  monophysite  (cf.   Renaudot.  op.  cit.,  pp.  XC\, 
•>-,7  et  258).  ainsi  qu'on  peut  s'en  apercevoir  d'après  le  sens. 
I  es  deux  premières  et  la  finale  qui  se  trouvent  dans  l'anaphore 
des  Apôtres  ne  s'accordent  pas  avec  celle  de  saint  Basile  et  de 
saint  Grégoire,  qu'on  récite  conjointement  :  Corpus  sanctum 
et  Sanguis  preUosus  Jesu  Christi,  tandis  qu'elles  s'accordent 
avec  celles  de  la  liturgie  grecque  de  saint  .Marc  qu'on  récite 
séparément,  comme  il  est  dit  plus  haut.  Ainsi  nous  arrivons  a 
c  itte  conclusion  que  les  deux  premières,  ainsi  que  la  finale 
qu'on  trouve  dans  l'anaphore  des  Apôtres,  sont  anciennes  et 
dérivent  de  celle  de  saint  Marc. 

Confession  avec  la  consignation. 

Dans  les  missels  coptes  la  consignation  précède  la  confes- 
sion; mais  il  y  a  aussi  des  missels  coptes  où  la  consignation  se 
fait  avec  la  confession  (cf.  Renaudot,  op.  cit.,  p.  23;  Missel  de 
Tuki)  Selon  les  Éthiopiens,  on  fait  ici  la  consignation  avec  la 
confession,  quoique  dans  les  missels  la  confession  précède  et 
suit  la  rubrique  de  la  consignation,  comme  le  fr^'l"  «  A*3-A 
•>  :  Sancta  sanciis  a  précédé  la  rubrique  :  j?>/Mh  :  hlTî  i  *M1 
ft-|-  :  Le  prêtre  élève  l'hostie  (1). 

La  manière  éthiopienne  de  faire  la  consignation  est  double. 
Selon  la  première  manière,  le  prêtre,  en  disant  :  /"p  s  +-*î-fl  • 
Corps  saint,  élève  l'Aspadicon  et  le  met  dans  les  doigts  de  la 
main  gauche,  et.  en  disant  &r  ■■  Hfl-C  "  Sanguis  pretiosus, 
met  l'extrémité  de  son  pouce  dans  le  calice  et  lait  le  signe  de 
la  croix  sur  l'Aspadicon,  avec  lequel   il  fait  les  signes  de  la 

(M  Cf.  Missel  éthiopien  édité  à  Addis-Abéba,  p.  138,  n   22. 

69 


424  REVUE  de  l'orient  chrétien. 

croix  sur  le  Corps  saint,  qui  est  dans  la  patène,  par  trois  fois, 
comme  il  est  prescrit  dans  le  missel,  en  disant  hh^J  '•  h  ■ 
h  ■■  Credo,  credo,  credo,  etc.  Après  cela,  selon  les  liturgistes 
éthiopiens,  il  faut  faire  le  signe  de  la  croix  trois  fois  sur  les 
bords  du  calice,  en  disant  n*4-h  -■  hinJvHth,C  ■  h-tl  :  Béni 
Dieu  le  Père,  etc.  Enfin  le  prêtre  met  l'Aspadicon  dans  le 
calice. 

Selon  la  seconde  manière  le  prêtre,  après  avoir  dit  :  f»?  :  4* 
Hh  ••  Corpus  sanctum  et  £9°  :  Jin«C  :  Sanguis  pretiosus,  élève 
l'Aspadicon  et,  en  le  mettant  dans  le  calice,  fait  le  signe  de  la 
'croix  trois  fois  sur  le  corps,  comme  il  est  dit  plus  haut. 

Il  est  préférable  de  faire  la  consignation  par  les  premières 
formules  de  la  confession  qui  sont  dans  la  première  manière. 

Les  Syriens,  qui  distribuent  le  seul  corps  sans  donner  le 
sang  séparément,  font  ici  la  consignation  avec  un  petit  morceau 
de  l'hostie  sur  toutes  les  parties  à  distribuer. 

Observation.  La  consignation  que  font  actuellement  les 
prêtres  éthiopiens  sur  toutes  les  parties  à  distribuer  semble 
empruntée  aux  Syriens.  Il  est  donc  superflu  de  mettre  la  con- 
signation à  celte  prace,  car  selon  le  rit  éthiopien  la  distribution 
se  fait  toujours  sous  les  deux  espèces,  comme  nous  l'avons  dit 
plus  haut.  Dans  quelques  missels  éthiopiens  on  trouve  la 
rubrique  suivante  :  Le  sous-diacre  apporte  de  l'eau,  pour  que 
les  prêtres  se  lavent  les  mains.  Les  liturgistes  en  donnent  la 
raison,  en  disant  :  8<liA  •■  iVPfl  '■  P"ï,p.H*  :  V^flfÇ  •■  Parer 
qu'ils  doivent  toucher  les  vases  sacrés. 

La  prière  fr?||.h>fl,h.C  ■  h9°\\Ù  •  Vl>«  ■  fflAfril  :  <*»/" 
<P<V1*  •■  Seigneur  notre  Dieu,  voilà  ton  Fils  sacrifice  se  trouve 
dans  tous  les  missels  que  nous  avons  vus,  sauf  celui  de  Tasfà- 
Seyon  et  les  deux  missels  de  la  Bibl.  Nat.  de  Paris  :  mss.  éth. 
n0!  72  et  74.  On  ne  la  trouve  pas  non  plus  dans  le  missel  copte, 
mais  on  la  trouve  dans  le  missel  syrien.  Il  esl  donc  probable 
qu'elle  fut  empruntée  à  celui-ci. 

Communion.. 
Selon    l'usage    éthiopien,   avant   la  communion    le    prêtre 

[70] 


LA    MESSE  ÉTHIOPIENNE.  '-•' 

assistant  dit  :  Deus  noster;  ensuite  il  ajoute  :  Recitemus 
senties  :  Lava  me  et  munda  me  a  peccatis  mets,  cette 
ancienne    prière    étant    suffisante.    On    a    ajouté    d'abord    : 

/èsw  C/<mte,  no*  sttm  dignus,  qui  est  une  ancienne  prière, 

pus  jaiiU*  •  Wfrn  .  hcn+fi  -  *-W» :  1"*  !  9°flrn- 

Ch  «  MM  «  4*A»P  •■  Dominerai  JesuChriste,  non  sit  mihi,  etc. 

nrtfrr  de  ta  distribution  de  la  communion. 

D'abord  le  célébrant  prend  le  corps  saint  pour  lui-même  et 
le    donne    au   prêtre-assistant;    le  prêtre-assistant    donne    le 
sang  au  prêtre-célébrant,  puis  en  prend  lui-même.  Apres  quoi 
le  célébrant  distribue  le  corps  saint  dans  le  sanctuaire   aux 
prêtres  et  aux  diacres,  et  le  prêtre-assistant  distribue  le  sang. 
Pour  les  paroles  à  réciter  pendant  la  communion,  cf.  p.  J4. 
Après  la  communion  du   clergé  le  prêtre-assistant  donne  le 
calice  au  diacre  qui,  en  prenant  le  calice,  dit  :  K<?0  *  *£ 
œ-1'  -.  JrMm  ■■  Calicem  salutaris  accipiam,  etc.,  et  ajoute  : 
RAP  :  flKttM  -.:.  rt-OA.  •■  mr<-  ■   Orate  pro  nobis... 
laudate  et  psallite. 

La  rubrique  qui  va  depuis  :  Primo  ad  commumonem 
participant  patriarchae  jusqu'à:  Amen  et  Amen  tut  prise  au 
Mashafa-Kidàn  (cf.  Rahmani,  Testamentum  Domim,  pp.  47- 
197),  avec  quelques  additions. 

•H"7£  :  =  Hymne,  Après  les  paroles  dites  par  le  diacre  : 
Orâte  pro  nobis...  laudate  etj>sallite,  dans  quelques  missels 
on  trouve  la  rubrique  :  WV  :  ?.nr'.-  ■  *M1C  '  f-Ml  :  H-fc  : 
Post  hoc  cantent  :  Gloria  haec  est.  Quelques  missels  disent  : 

mi?  =  ?>nr<-  •  hiw*  ■  IUHIA+  •■  ^n^-c  •  //*c  c«"to*/ 

sacerdotes  laude  psalmi.  On  ne  trouve  pas  cette  rubrique 
dans  l'anaphore  de  saint  Marc  éthiopienne  et  grecque.  Dans  le 
Sênodos  il  y  a  ceci  :  fin*  ■  M,\vV  »  £taue^  tandem, 
rubrique  qui  a  le  même  sens  que  celle  des  missels  susdits. 
Ensuite,  après  l'avis  du  diacre,  les  ministres  qui  se  trouvent 
dans  le  sanctuaire  disent  :  far  *  AH«-  =  "TVfU  »  9°h*°<n  ■ 
Salut  à  vous,  congrégation  des  fidèles.  Ceux  qui  se  trouvent 

[71] 


126  REVUE   DE    I.'ORIENT  CHRÉTIEN. 

dans  le  4»fc  .-  "7AA.il-  ••  (chœur.)  commencent  le  Yl-ftC  ■•  f^vt  -v 

puis  continuent  par  le  psaume  150. 

Trois  sortes  de  louanges  se  disent  ici  :  1°  le  Vi-flC  ••  £h"fc  s; 
2°  le  "W^li,  :  Hymne,  pour  chaque  fête  et  pour  chaque  saison; 
3°  le  fin]/  :  (fo-j£  ,  La  première,  le  ft-flC  :  e,h'f:  '•  *e  dit  après 
l'avis  du  diacre;  la  deuxième,  le  rHfl7*J, .-  pendant  la  communion 
du  peuple;  la  troisième,  après  la  prière  d'actions  de  grâces. 
Il  est  probable  qu'anciennement  on  disait  seulement,  le  5fl*flC  : 
^•h'J:  ■'  Les  trois  louanges  énutnérées  se  chantent  là  où 
existe  le  chœur.  Là  où  il  mexiste  pas,  on  chante  le  4*  *  4*  *  4*  ' 
f^fctî  •  H/»„.P»'"rVH-  ••  Sanctus,  s.,  s.,  trinus  ineffabilis  pendant 
la  communion.  Après  la  communion  on  chante  '/ft,  •■  ft*JP  '... 
hft'ï  •■  Utlflip-Ï'  ••  Alléluia...  Pater  noster. 

Lorsque  les  ministres  sortent  du  sanctuaire  avec  les  espèces 
de  la  communion,  le  célébrant  bénit  le  peuple  avec  la  patène 
(où  est  le  corps)  et  non  \{\  :  J^/hA  •■  Sur  la  patène  (comme 
il  se  trouve  fautivement  dans  plusieurs  missels  éthiopiens), 
en  disant  :  J»A  :  X'Pôh  ••  Quos  vocasti.  Après  la  communion 
le  célébrant  dit  aussi  :  h1\l.ht\,h,C  »  Ut\0iM0  •  'MlVî  •  A.R 
flj^*  :  Deus  aeteme,  lumen  vitae,  etc.  Cette  prière  n'est 
mise  ici  que  comme  formule  de  bénédiction  après  la  com- 
munion, ainsi  qu'on  le  voit  clairement  par  la  rubrique  qui  se 
trouve  dans  certains  missels  éthiopiens  :  .ftôihfl  '  h'ill  •  .ftWX" 
'h  ••  «oh"?!)*  -•  h'ill  •■  p.l-tth  ••  Signet  dum  egreditur,  itaque 
dum  rêver 'titur  (cf '.  Bibl.  Xat.,  ms.  Abbadie  n°72;  Dêr-Sultan, 
Jérusalem,  ms.  éth.  (missel)  du  temps  de  Takla-Ghiorghis; 
Bibl.  Nat.,  ms.  éth.  n°  07).  Cette  formule  de  bénédiction  se 
trouve  sous  le  nom  de  h'i'ttŒ  •  hR'  «  Imposition  des  mains. 
au  moment  de  l'encens,  à  neuf  heures  du  soir,  dans  la  prière 
de  l'encensement. 

Action  de  grâces. 
Commencement  de  l'action  de  grâces. 

On  commence  l'action  de  grâces  :  Ç^tf-F  •■  Ah1H.h-ttth.C  ■ 
Rendons  grâces  à  Dieu,  laquelle  se  trouve  dans  l'anàphore  du 

[72] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE  *ZJ 

tioftihé  ■•  Xx^'i  •■  Testamentum  Domini.  Il  y  a  aussi  des 
pnères  récitées  par  le  prêtre  et  le  diacre;  elles  sont  tirées  du 
Sênodos  et  des  psaumes.  Le  peuple  répond  :  K(H  :  HI1jW>  : 

Kl-nh-l  «   flWH"  '   «"'ïM-  ■  /'««W    "°sfer>    '"'    H0S    indUG<lS 

in  tentationem. 
La  rubrique  qui  indique  les  versets  ci  dire  aux  jours  de  tête 

et  aux  fériés  est  récente. 

Fin  de  l'action  de  grâces. 

L'action  de  grâces  se  termine  par  la  prière  dite  par  le 
célébrant  :  V7lLMMi.C  ••  htt'O-  •  Afc«7ll.M  «  (D^R'W  '  K 
Pfrft  =  YlCMil  ■  Çfctf"l*h  i  Deus,  Patei  Domini  nostri  Jesu 
Ghristi,  gratias  agimus  tibi,  etc.  Cette  sorte  de  prière  s'appelle 
•ViA,  •■  îttl  ■  Rector  animarum.  Elle  est  empruntée  à  celle  de 
l'anapliore  du  Testamentum  Domini,  qui  commence  par  les 
mêmes  mots  (cf.  Abba  TaMa-Maryam  Semharay  Selim,  Textes 
aethiopicus  Anaphorae  sancti  Marci,  praef.  n°  Vil). 

1.  Après  la  communion  du  peuple  les  ministres  vont  en  un 
lieu  qui  se  trouve  à  gauche  de  l'autel  nommé  -W<L  ••  VT-ft  • 
Rector  animarum,  avec  les  restes  des  espèces,  les  consom- 
ment là  et  prennent  le  «7f  :  «td^C  :  (1).  Les  ministres  font. 
au  même  lieu,  la  purification  des  vases  sacrés  et  récitent  les 
prières  depuis  la  prière  :  -NUl  :  hMi.  •  hlti.h  '  Oro  ad  te, 
Domine  jusqu'à  la  prière  de  la  bénédiction. 

2.  La  prière  im&hï  '■  hTlU.h  '■  rtim.Ch  *  ÏZ'lil'  -  Complé- 
tera est  mysterium  tuum  sanctem,  etc.,  qui  se  dit  après  la 
purification  des  vases,  ne  figure  pas  en  plusieurs  missels 
anciens. 

3.  Deux  prières  :  l'une  n?^  h  ■  Kn°'\'.:Vi  ■  Pr°  laude  nos- 
tra,  l'autre  aMf  ■  h*  '■  +*■«■  !  Propter  fratres  nostros 
qui  sero  venerunt,  etc.,  que  le  diacre  doit  réciter,  nesetrou- 

(1)  On  appelle  «?f  =  «»+*«  •■  l'eau  que  Ton  donne  aux  communiants  après 
a  communion  pour  avaler  complètement  les  espèces.  La  rubrique  :  Aï,»»  :  *C 

i.:  r"P-  a>f.9°  •■  s'n  'J  a  desresles  <lv  ""->'     ""'  ''  du      "  ''  '"'''  '"'  se  tr°uve 
pas  dans  les  anciens  missels. 


128  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN'. 

vent  pas  non  plus  dans  les  missels  anciens;  elles  sont  emprun- 
tées au  aoRAxé.  :  t\,fi'}  '  Testamentum  Domini.  Dans  quelques 
autres  missels  on  les  trouve  avec  le  fl?TW"  :  ^'.Ç'A'l"  '  Pro  sanc- 
titate  (voir  le  petit  missel  de  Chéren). 

Bénédiction  et  dimission. 

Dans  la  liturgie  éthiopienne  de  saint  Marc  il  n'y  a  ni  la 
prière  de  la  bénédiction,  ni  la  formule  do  la  dimission,  tandis 
qu'on  les  trouve  dans  la  liturgie  de  saint  Marc  grec. 

Ceci  ne  doit  pas  être  considéré  comme  une  lacune,  mais 
s'explique  naturellement,  parce  que  la  bénédiction  ordinaire 
hhIU.h  ■  h?:n  •  Ailfflh  :  flHUIÏl  •  CA'Ml  "  Salvum  fac 
populum  tuum,  Domine,  et  benedie  hereditati  tuae,  etc., 
fort  connue,  est  dans  toutes  les  mémoires.  La  dimission  par 
les  paroles  :  M'tD.  ••  (lrtW  •  Ite  in  pace  n'est  pas  moins 
connue;  en  effet,  elle  est  usitée  dans  la  Semaine  sainte  après 
chacune  des  heures  canoniques.  Elle  se  termine  par  le  hlM.h 
'(UI1.C  ••  9ntli\  •  M'frA\an-  s  Dominus  vobiscum  omnibus 
(cf.  Dollinger,  part.  II,  p.  210). 

Dans  le  Sênodos  de  Zar'a-Yà'qob  de  la  Bibliothèque  Vaticane, 
on  lit  la  rubrique  suivante  :  +A.A  :  .C-flA  ■  hlK.h'ttth.C  •■  9° 
A  A  ••  tf-Ailo"'  :  Le  prêtre  dit  :  Dominus  vobiscum  omnibus; 
h'i-(\l"  ••  h?:  •  h9"?."î£  ••  V/Mh-  '  Imposition  des  mains 
après  la  communion;  h1\l.h'tlth.C  •  HVf-A»  •■  ?.Mll  »...  AC 
h  •■  hl'flC'llh  '•  a*h'hal'\'M  »  Deus  regens  omnia...  benedie 
servos  tuas  et  tuas  ancillas,  etc.  ;  Jb&.A  :  «P&A  :  £-flA  -■  hlW. 
MldhC  :  9°tlii  ■  W-Aïio»-  ■•  £îh  s  Î^AA  ■■  WiéAh  »  L'évêque 
dit  :  Dominus  vobiscum  omnibus.  Le  peuple  :  Et  cum  spiritu 
tuo.  Diacre  :  M'Ol.  s  flA.Ai>°  ■•  Ite  in  pace. 

Dans  le  Sénodos  de  Kéren  on  lit  :  JVflA  ■•  +A.A  ■•  hlrttC  '• 
hX:  •  K9°Xrîd.  -■  >/*'h-  »  h1tt.h-a<h,C  »  HA'JAi»0  i  lltf-A»  :  f. 
h^li  '•  Le  prêtre,  après  l'imposition  des  mains,  après  la  com- 
munion, dit  :  Deus  alterne,  regens  omnia,  etc..  et  la  suite 
comme  dans  le  manuscrit  Vatican  de  Zar'a-Yà'qob. 

On  voit  que,  depuis  les  mots  :  «|»A.A  !  Ji'flA  s  Le  prêtre  dit 

[74] 


LA    MESSE    ÉTHIOPIENNE.  429 

jusqu'à  h,&M  ■'  «Pfcfl  ■■  J?»"flA  ■■  Lîévêque  dit.  il  s'agit  d'une 
addition  faite  au  Sênodos,  parce  qu'ici  le  célébrant  est  l'évêque 
et  non  le  prêtre.  Cela  est  évident  par  la  répétition  qu'on  fait 
faire  à  l'évêque  du  Dominus  vobiseum  omnibus.  Nous  n'avons 
alors  dans  le  Sênodos  que  les  formules  de  l'évêque  et  du  diacre, 
c'est-à-dire  :  Dominus  vobiseum  omnibus  et  Ite  in  pace. 

Dans  un  ancien  missel  on  trouve  :  f.  .•  \\  .-  h'i'tlG  •'  h£"  ::: 
h1\l.h'(\ih,C  '•  tth0/t\9°  s  Imposition  des  mains  :  Deus 
œterne,  etc.  £  :  +  .-  hllI.h-flfh.C  ••  9°t\h  ■  tf-Ah»»-  :  Le  célé- 
brant dit  :  Dominus  vobiseum  omnibus;  jp,r"h  :  9°{\h  ■  wa. 
tl\\  :  Le  peuple  :  Et  avec  ton  esprit;  $,  :  ^  :  h'f'fli.  •■  flrt 
f\9°  :  Le  diacre  :  Ite  in  pace  (  1  ). 

Dans  un  autre  missel  ancien  on  trouve  :  jl^  :  ft.P.""»"  :  h 
C.htl'Who0'  •  Le  diacre  dit  :  Inclinate  capita  vestra;  ensuite 

£  '  h  :  hlrtiG  ■  h£*  "  }\1\Lht\<h,C  ■■  Htf-A»  ■■  ?WM  ■  Le 

prêtre  dit  :  Imposition  des  mains.  Deus  regens  omnia,  etc.  (2). 
Dans  l'un  de  ces  deux  missels  anciens  n'est  pas  mentionnée  la 
fl"<5-h»  ••  Bénédiction,  parce  qu'elle  est  la  même  que  le  ft'î-flt?  : 
hJÇ-  •■  Puis  vient  la  w&h  :  Dimission,  qui  se  fait  par  le  hlll. 
h-a,h.C  ••  9°tlti  •■  W'Aho»-  :  et  se  termine  par  le  Wta»,  •.  Ç\{\ttf°  i 

Dans  quelques  missels  anciens  et  dans  les  missels  intermé- 
diaires, après  h'i'ttG  '•  ?i£"  •"  Imposition  des  mains,  sont 
ajoutés  flvs.ïb  :  Bénédiction  ;  f>,^  :  hR'iï'  '•  Diacre  :  Incli- 
nate; £J|  :  hhrmj.  :  h?."}-}  -.  AllAh  '■  Prêtre  Domine. 
salvum  fac  populum  tuum,  etc.  Pour  la  wCfa  •■  Dimission. 
certains  de  ces  missels  commencent  par  le  hlll.h'flrh.C  ••  9°h 
A  :  'd'è^noo'  •  et  terminent  par  le  f,^  :  h^at.  :  ;  d'autres  font 
le  contraire;  d'autres  encore  ajoutent  d'autres  prières  pour  la 
bénédiction,  par  exemple  :  ffid+flo»-  :  Et  custodi  eos,  etc. 

Dans  les  missels  récents,  après  le  h'i'ftG  •  ?i£"  :  on  trouve  : 
(Dfl't>(l(fl>'  :  Et  custodi  eos...  Domine,  salvum  fac  populum 
tuum,  en  bénissant  trois  fois;  puis  hA  :  oo^hYlo0'  ■'  Vos  qui 

(i)  Cf.  ms.  éth.  Vatican  n"  21.  —  (2)  Ms.  étli.  de  Dêr-Sultan,  Jérusalem,  à 
l'époque  du  roi  Takla-Gliiorghis. 

[75] 


130  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN1. 

venistis,  etc.;  enfin  h9°R'î£  *  é.'ka»  •  l-RŒ  ••  PW-fl  •■  AV.- 
ïl,  :  tnaî'h'l'  '•  ,&flC5fl  s  WhRW-ï  •  Après  avoir  terminé  sa 
fonction,  qu'il  donne  la  bénédiction  et  qu'il  bénisse  avec  les 
doigts,  etc. 

wCh  :  Di  mission.  Jt'.h  :  h1\l.hn<h.C  '•  9°t\h  •  tf-Aïl<n>- 
Prêtre  :  Dominus  vobiscum  omnibus;  f^îh  •■  9°ilh  ••  on'id.iih 
h"Vi  ■■  Peuple  :  Et  cum  spiritu  tuo.  Amen,  £:  \  :  h-ïm. 
Diacre  :  [te. 

Voilà  comment,  selon  la  coutume  de  tous  les  Orientaux  (1). 
une  seule  et  même  bénédiction,  qui  s'appelle  aussi  imposition 
des  mains,  ou  bien  une  prière  se  terminant  par  la  bénédiction 
s'est  divisée  en  deux  parties  :  hTr'ttC  !  "h?:  •"  et  flvC-lfl>  :  Ensuite 
et  peu  à  peu  la  même  flvMrb  :  eut  plusieurs  formules  de 
prières,  sans  ordre  et  sans  indication  des  changements  aux 
diverses  fériés,  dans  les  missels  récents. 

La  rubrique  *.£ftA-  :  K^KId  :  \im^^  ,  «f^CH'}  =  V 
ihôfl  :  hMa*"  ■'  Il  ne  faut  pas,  après  la  communion,  se  lavet- 
tes mains,  etc.,  est  une  addition  qui  si1  trouve  dans  les  missels 
récents. 

Dans  les  missels  intermédiaires  et  récents  on  trouve  la 
prière  de  bénédiction  appelée  hat-h-l?  •■  Eulogie.  On  distribue 
l'eulogie  (pain  bénit)  aux  prêtres  et  aux  diacres  qui  ont  célébré 
la  messe.  La  prière  est  :  h1U.h'(lA\.i:  •  hF^fti  ■  loà."\£i  ■ 
H.fciMl  :  /*»V.f--f-  ■■  Domine  Deus  et  creator  noster,  qui  dat 
suum  beneficium,  etc. 

Un  mot  sur  les  autres  anaphores. 

Parmi  les  liturgistes  qui  traitent  de  la  liturgie  éthiopienne, 
certains  énumèrent  dix  anaphores  (cf.  Renaudot,  t.  I,  p.  193); 
d'autres,  12  (cf.  Dollinger,  vol.  L  p.  212);  d'autres,  13  (cf.  Bri- 
tish  Muséum,  ms.  Orient.  n°  015);  d'autres,  16  (cf.  Duchesne, 
Origines  du  Culte  chrétien,  p.  83). 

Dans  les  missels  éthiopiens  on  rencontre  quelquefois 
4  an.iphores  (cf.  BibI .   Yat.,  ms.  éth.  n°  34);  quelquefois  10 

(1)  Cf.  Tesl.  Dom.  (Rahmani),  p.  199. 

[76] 


LA    MESSE   ÉTHIOPIENNE.  431 

cf.  Bibl.    Nat.,  Paris,  ms.  éth.  n°  76);  quelquefois  12  (cf.    Bible 
Vat.,  ms.   éth.    n°   39);  quelquefois   16  (cf.    Bibl.    Nat.,    ms. 

n°74)(l). 

Il  y  a  aussi  des  liturgistes  éthiopiens  qui  en  enumerent  lb 

(cf.  Ephem.  Liturg.,  an.  XL1I,  n°  5,  1928,  p.  441). 

1.  Mais  actuellement  l'église  éthiopienne  n'en  énumere 
que  14,  soit  :  1.  des  Apôtres,  2.  de  Noire-Seigneur  Jésus-Christ, 
3.  de  la  Sainte  Vierge,  4.  de  saint  Jean  l'Évangéliste,  5.  des 
318  saints  Pères,  6.  de  saint  Athanase,  7.  de  saint  Basile, 
8.  de  saint  Grégoire  de  Nysse,  9.  de  saint  Épiphane,  10.  de 
saint  Jean  Chrysostome,  11.  de  saint  Cyrille,  12.  de  Uioscore, 
13.  de  Jacques  de  Sarug,  14.  de  Grégoire  de  Nazianze  ou  d'Ar- 
ménie. 

Les  anaphores  du  monastère  de  Zênà-Màrqos  ont,  en  outre, 
l'anaphore  de  saint  Marc  et  celle  de  saint  Jacques  Apôtre 
(cf.  Ephem.,  loc.  cit.,  p.  441).  On  célébrait  aussi  la  messe 
dans  la  chapelle  royale  d'Addis-Abéba  par  une  anaphore  dite 
«non  :  4»*iA,  :  Odor  sanctitatis,  qui  ressemble  à  celle  de  la 
Sainte  Vierge;  elle  fut  trouvée,  dit-on,   dans  une  grotte  du 

Kaffa 

2.  Origine  des  74  Anaphores.  Comme  déjà  nous  l'avons  dit, 
celle  des  Apôtres  se  trouve  dans  le  Sêuo  los  et  celle  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ  dans  le  Testamentum  Domini.  Celle  de 
Jacques  de  Sarug,  selon  les  lilurgistes  éthiopiens,  lut  traduite 
de  la  langue  syrienne  en  langue  éthiopienne  par  un  éthiopien 
du  nom  de  Walda-Sellàsè.  Les  autres  sont  prises,  croyons- 
nous,  à  l'Église  copte.  (Cf.  Johannes  Abba  Zacharias  vel  Auc- 
tor  Scientiae  Eccle'siasticae,  cap.  85,  et  Dollinger,  vol.  I,  p.  56). 
Elles  n'ont  pas  été  prises  toutes  ensemble,  mais,  comme  le 
disent  les  lilurgistes  éthiopiens,  l'une  après  l'autre  et  avec  des 
intervalles.  Toutefois,  il  y  a  certaines  anaphores  qui  ne  sont 
pas  les  mêmes  que  -celles  des  Coptes;  elles  ont  seulement  le 

(1)  Voici  la  raison  pour  laquelle  les  anaphores  sont,  dans  ce  missel,  au 
nombre  de  16.  Aus  14  anaphores  ordinaires  on  a  ajouté  celle  de  saint  Jacques 
et  celle  d'un  second  Cyrille.  L'addition  de  l'anaphore  du  second  Cyrille  a  permis 
le  rapprochement  avec  l'anaphore  de  saint  Cyrille  copte,  laquelle  est  presque 
identique  à  celle  de  saint  Marc.  On  trouve  aussi  dans  ce  missel  une  anaphore 
dénommée  .  de  Grégoire  patriarche  ■  au  lieu  de  ■  Grégoire  d'Arménie  -.  Dans 
la  liturgie  actuelle  l'anaphore  •  de  Grégoire  patriarche  •  n'est  pas  usitée. 

[77] 

14 

ORIENT   CHRETIEN. 


432  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

même  nom,  par  exemple,  celle  de  saint  Cyrille  et  celles  qui 
ont  le  nom  de  saint  Grégoire  en  copte  et  en  grec. 

3.  Dans  les  marges  de  certains  missels  éthiopiens  on  trouve 
l'indication  que  telle  anaphore  doit  être  célébrée  en  tel  jour  de 
fête  ou  en  telle  saison.  Ces  indications  n'ont  pas  été  données 
par  un  conseil  compétent  de  liturgistes  éthiopiens,  mais  par 
quelque  docteur  particulier,  ou  même  par  un  liturgiste  qui 
suivait  le  titulaire  de  l'anaphore,  c'est-à-dire,  à  la  fête  des 
Apôtres,  celui  des  Apôtres,  ou  qui  suivait  quelque  particularité 
de  certains  noms  et  de  certaines  saisons  qu'on  trouve  dans 
l'anaphore.  Or  ces  indications  ne  concordent  pas. 

En  terminant  ce  travail,  je  veux  remercier  de  toute  l'aide 
qu'il  m'a  donnée  le  professeur  d'élhiopien  Sylvain  Grébaut  à 
qui  la  langue  ge'ez  est  si  familière.  Sans  lui  cette  étude  n'aurait 
pas  pu  être  publiée  en  français.  J'espère  que,  présentée  ainsi, 
elle  sera  comprise  des  liturgistes  d'occiilent. 

Abba  Takla-Maryam  Semharay  Selim. 


[78] 


ABBA  TARBOU  ET  LE  CHIEN  KOULB 


Le  rouleau  magique,  manuscrit  éthiopien  de  la  collection 
Griaule  n°  324,  est  une  amulette  contre  la  morsure  des  chiens 
enragés.  Le  texte  se  présente  sous  forme  de  légende  hagiogra- 
phique :  9£;A  '  ^S-fl  '■  OM10*ô  '  M  »  -f"Cfl*  "■  Vie  (gadl)  du 
saint  et  bienheureux  Abbâ  Tarbou.  Aucune  indication  his- 
torique n'étant  donnée,  le'personnage  dont  il  est  question  est 
placé  d'office  sous  Dioclétien,  comme  on  le  remarque  en  des 
cas  similaires.  Le  but  du  récit  est  évident  :  mettre  tout  de 
suite  en  présence  d'Abbâ  Tarbou  le  chien  Koulb,  appelé  aussi 
'El-Kalb,  'El-Koulb,  'Aklebt.  Le  saint  est  assisté  par  un  auge 
dans  sa  lutte  contre  ce  chien  et  devient,  du  fait  même,  le 
guérisseur  qu'on  doit  invoquer  contre  les  morsures.  Sont 
interfères  une  recette  et  un  rite  magiques.  Assez  correct  au 
début,  le  texte  fait  bientôt  apparaître  de  nombreuses  obscurités 
et  négligences.  Toutes  ces  incorrections  sont  reproduites  dans 
les  notes. 

TEXTE 
Recto 

RA-*  :  (Dfllh-I:  ■  P^?  :  ffl^d+n  ••  h^ÏM-lh  ■  AXA'V.  » 
£0,  »  WU  ■•  flHOTV  s  ôAfl>-  :  6-tthÙ.  ■  auç^^,  :  h9°^Tn  ■■ 

n^tiao^  :  ht\-i  -  -t-cn-  •■••  atthd  ■  -hi  ■  yb/»  s  hy-ç.  ■  (l) 

(1)  Ms.  :  WOK. 

[1] 


434  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

tltm  ••  hlll.fc}  :    JuffrA  »   hCfl-f-ft  :  A»*  :  fl-ttfh^  '•  W\»>?  » 

i-vr  ■  t-n^o  ■■  xw  -.  mh-mc  ■.  ahti+  •.  n,+  :  r^T,  « 

tafia  ■■  il*'  ■  Yt-f»  s  fcWl  •  fflirdOT-j  .•  t»ftm'Jm.Tft  »  «JO 
oi  :  «Hie-f-  .•  m?:H'  ■  flJÂc.Vff»  •  fc-n^-f*  :  hcft'W^  «  ff»fcif 

H  :  htm  :  fahfapao-  :  fc^n,-/-  «  fO^T,  :  Jiot  «  £rh-{.  '  "1 
fl  :  ODq\typ.aO'  :: 

f.ïaofT  :  id-M:  s  JIU  •  ^H.  »  tfrC  i  fl»l '44lfl  :  JlA-fl  :  ïh 
A-fl  :  flT-S"'!:  i  Herflfl»-C  !  WJtf  «  flJ.ftflJ00  :  API  •  h9°h& 
II-  :  ffltD-h'l:  :  ?th(D~C  '•  h9°lfllh  '  \\ao  s  jr-J^C  :  llîtt'  '  h">H  : 
£WC  :  A/C  ■  (Dh^  :  hàWllO-  •■  X\oo  :  h<£Aiao  ,  ^f,^  :  (1  ) 

a>£o»ftA  ••  h«»  •  fifcC  «  fl»M  :  ChP"  S  *.«J.ft  :  hirc-V*  - 
tD-ïanfnp  :  \\ao  :  hV\fl  ■  H£»»ftT  " 

œat-h-i'fi  •  *.Ç.fl  s  fcn  :  -/en-  :  hUà*.?  ■•  hù^liiu-  -.  1 

Ktfrtl  •■  IflCfrfft  :    A9°°/Jr    :  ftrt-^f  :  M«/d  «  M  •  hfcCTh  :  ^ 

n,h  •  r-9° •■  m  ■■  i-nch  :  M  ■•  icn- «  <o  ■  A.-J-  •  ff«»Ahhh  : 
h«»  :  £ijv<:>.  s  (owni  ••  fcrw-fc  •■  rt0/-i-  »  jr^o-v  ■■  (2)  hr 

hi.  ■  MM  s  H£</n/lT  ■  hAhA-n  :  hAïl-A-fl  :  hî^h^  :  JiC 
<B  :  Til-d  «  Hfc£ -:V*îi  :  A^Î'Î^A  ■  h'^ÂA  s  M'-flAih  s  h°7 
li-  •■  h£"î73L  ••  Pî»0  .-  A.-1-  «   nh<w  :  ^j^^'Jïi  ■  AP-Tft  :  fl»A 

a*  ■  h?r>l\\  '  MP.Î'  ■■  hrïZh  ■■  T-A^J^'  ■  hZ'Wi.  ■  ?-9°  a 

htltm  :  m-Y  '  ""^t  '•  &CK-0  •  Aj)A  :  tf-A-  ■•  ÇTilîhh  ■  fl» 
hCh?i\  ■  a>1(\£  :  ?,R,h  "  hl-ï  ■  h°ÎII.>i  ■  H;*-£"î'>  ■•  (3) 
aw-a-  ■  Hi-fflhA  ••  iu^h  :  h^-ivj:  :  oeTïh  =  ^nA  •  +7jt 

C!  «  'IHhC  ■■  h°l\\.h  ■  ï\t\ao  :  -yr7,V  :  s»?  •  (D^9°  ■■  tf-A-0»-  ■ 


(I)  Ms.   :  >,n*  (sic). 
(2;  Ms.  :  m>V"Vù*. 
(3)  Ms.  :  h^-i-V. 

[2] 


ABBA  TARBOU  ET  LE  CHIEN  KOULB. 


435 


Atf-A-  '  Ah  ■  tl-fi.h*  !  A™"0  =  «JAiT  «  hm  « 
J5  !  flJ^n,rt-  :  A<\9°  «  Ah  :  hM-fi 

ïh£  s  fl>£.ft.A»  »  0»Ahtl  »  hlf/^h 

fliflJW-  ■  Xïob  -.  &&*  '  h9°iii 
ah/^h  •  fl>£ft»A»  «  M-l*  ■•  fi£*-  ! 


■.  m  ■■  +[cn*  a]  fl>M  »  c 
:  i  3  i  M0*!."»*  ••  fcce  »  h 

■  n>/.h  :  nOJ-fl'f"  :  hSoh  s 

:  œ?,^'»^  ■  çnvV  «  fl»h 
fl)4»'1-A»  ■■  JVW.ÏH?  :  Ml00  ■ 


h  .•  (ai  ni-^h  •■  -M*  ■  ©M !  ta^h  :  h<">  ■  hiW  :  [A] 

«T.hkA  :  A/.X*  ■  £Afl<-  :  ?ftAC  ■  htltl  ■  ++A-  s  A+*»î  ■■■ 

[...](6) 

fl>m.H.y  »  fc*H  ■  »»aMi  i  n*c  ■  AfrSfl  ■•  flWnrn  •  AhA 
-n  :  MiA-n*  «  i  "  i  fl»++n-  •  Mih  »  «»f  <tfi  «  cïi-fi  :  H>n 
<:  :  a-mu-  i  nai-M*  :  hA-n  *  axh  ■  ahai-vat  ■■  mh  « 
ê-oa  :  ***fi  =  hn->  =  -rcn-  •■  M  ■■  Jtf-AAh  ••  nMiu^-n*. 
c  :  H^m*:  ■•  rt«?e  =  mrKù  •■  n/h/.  ■■  fl>e-flrt  ■  ©h-a-  ■  no>«A 

fc^  :  flWl-I-  ••    «»«TJ  =  lH"Rfl»*,>  ■  fl9°h  :   fc.£nO>-d  i  A°/A<">  « 


^A9°  ■  °/°ï^  s 

rzc  :  nu  :  n't-r.  ■•  cxh,  s  mh  :  jmia 


(8)  flj.e.Ti'nm  ;  A 

:   fJ/jTg  I    (9)    Oh 

•ihrcv  :  Ah  S 


(1)  Ms.  :  V1H>. 

(2)  Ms.  :  >ih"ïTr  [sic). 

(3)  Ce  mot  a  d'abord  été   biffé  par   le  scribe,   puis  écrit   incomplètement. 

Faut-il  lire  :  ïfï,  ÏÏ1t.,  îfï,  îfV? 

(4)  Ms.  :  iVJP  i  n-Tf. 

(5)  Ms.  :  Yï/-fc. 

(6)  Suivent   ces  mots 
ni»7i  ■  T.B'V  « 

(?)  Ms.    :   MiA-M-. 

(8)  Ms.   :   4-Xf.. 

(9)  Ou    fl^n. 

[31 


fl»..Ç^>  '  WlC  ■  «"ft-C  =  ^""•f  '  W*£  :  """^  ' 


436  REVUE    DE    I.'0RIENT    CHRÉTIEN. 

hOT[:]  p?,h  .•  nhA-fl  •  fcAïi-A-n  i  m^tt?,?*  .•  (1)  £-jft 
jiï  ■■  -i-n^'/"  ••  ioh'i{\-t'  •  ^n.e  =  (D^h-fi  •■  i-m.  •■  jd^o»+  :  © 

h«7H.[>]  !  (on-i-i.  -.  (2)  hî^fc-MA  .■  mh&'P.ï  ■  H£m<:  ■  ?» 

1fUffl<fi.C    :    h9I,7X  :    ^^H  :    W.e.HhC    «   AWl    :     (3)    MU    '■ 

je.-nA  !  Mîtaîi  :  +«/.ft  :  fcn->  ■  /en-  :  VîUfc  ■  mao^tx  « 

fltfiV/  :  J/I+*WC  «   (4)   h"»Ui  :  Aî^M  :■•  [...]   (5) 

Mfi  ■■  mxh  ■■  +*fi  s  ffljp.il,>.  :  (D^fi-mn  :  flffl-flf-  s  tf-A-  : 

Verso 

oh  :  tia^e  ••••  [...]  (7)  ?i9"?i',?H.>i'nA,c  i  i-m-va  •■  h»»  •■ 

p.îbUfP  •■  ht\ao  s  tm'î&.tX  ■■  Ch-h  •  a*Xh  ■  (8)   h^liA-n  i 
hAh-A-fl  "• 

ffl?i5r£"U7l   :  tmtPilh  :    >rtïl  :  hAU  :  ArM?  «  fflflll,y  >  * 

ha-  ■  ?»<">•  :  aïda^  «  hfflA^-e  s  (9)  -t-vTi  s  ->^c  s  ^n  ■ 
4»ç-A  »  J»n>  •  -f-[cn-  ■•]  ê&a.  :  Ah  :  (10)  -><:*mi  »  (il)  ù 

' Fh.-ï'  •■   ?i0ÎH.hnrh,C  :    fl»JM*A,IDft   «   fflffliî£*   :  AfflA^Î  ••  y 

AA//«(12) 
"MIC  :  Aï'Vflfi^  >  fflf  K^A.*  s  mïfl^  ■•  Tft'Th  •■  flOfi-fc 

(1)  Ms.    :   a><Crt.e,H?\ 

(2)  Ms.    :    fl»K.-Vh.n  ■  h.Tfl<J  •  fl>h.^«n>t  î  mh.^-JII.Eh]  ■  fflh.T"'***. 

(!)  Ms.  :  nyri. 

(4)  Ms.    :  jefr^AC. 

(5)  Suivent  ces   mots  :  ffl.e^'VP.fl*  i  O&tA.mC.  >  <Oh.f,é.CV  >  «Dh.^'^ftA  < 

>ih-.e  ■  n^-vj-  ■  <n»AMi  :  Hfft.o>-c  ■  (sic)  ytiMi. 

(6)  Ms.    :   tf-A°[:]  VC-ft». 

£7)  Suivent  ces  mots      MHM1AC  •  fVA-  ■  «D-fl-fc*. 

(8)  Ms.    :    \lmxh. 

(9)  Ms.    :    MDA^  ■  >.fl»AjÇP. 

(10)  Ms.   :  ,e*,AAtl. 

(11)  Ms.   :  *^(lï. 

(12)  Ms.   :   «ixnrt.i'.-f-  ■  AinA-S  i  Wrt£*  ■  AfflA-S  i  <PA£*  i  ynA.V. 

[4] 


ABBA  TARBOL'  ET  LE  CHIEN  KOLLB.  437 

*  :  4M1^  [-]  VI  «  WTi  •■  tf-A*  ■■  H***I1A  =  ÎO>*  « 

ow.  ■■  -W  :  *s.n  ■  M»  ■  +[cn-  ■•■•]  ©An  =  c>.e*  •■  -fl* 

iDf.n,A-  •  Mi  «  shtt-?  ■■  nchi.  ■■  A.+  «  mh^eh^t?  .  Mi  ■ 

&.v  ■  (3)  whn  ■  -7*h.  !  <-«*  !  *™  !  l4)  ^  !  c<7Dh 
*>  •]  oi^-n-  :  -\-*>rr  ■••  fl»jp.n.A-  •■  mi  •  M  »  h:'»/*'/*'  ! 

A.C  »  .     _ 

dijp.nA  ■  w*  »  miAi*»  !  MMI*»"»  ■■  h-atuni  »  Mifim-*  •• 

tt-nu»  ■•  d+-n  :  aê©*  ■•  ath&xr  »  *r%*  ■  amm  » 
*mk  »  M-cAta  !  nRA-^Mi  ■  *£:A*  ■  AtDAft-h  «  (8) 

(1,  Suivent  ces  mots  :  «W*  -  :JM*  '  «>■><*   '  n-fl*.e—  .  fMf*  - 

4MW0-. 

(2)  Us.    :    AAiSfï. 

(3)  Ms.   :   h.^'P^Ç  i  "  i 

(4)  Ms.   :    î,?". 

(5)  Ms.    :   Ofntn>. 

(6)  Ms.    :   ttMHo0,  (sic). 

(7)  Ms.  :  mh.j&frïnil.  ,  ,  oii 

(8)  Petit  espace  laissé  pour  l'insertion  du  nom  du  possesseur  du  rouleau. 


[5] 


TRADUCTION 

Recto 

Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  un  seul  Dieu. 

Vie  du  saint  et  bienheureux  Abbà  Tarbou. 

Que  sa  prière  et  sa  bénédiction  sauvent  et  gardent  de 
l'épreuve  de  l'Ennemi  méchant  notre  Père  Walda-Mikà'êl  pour 
les  siècles  des  siècles.  Amen. 

Il  est  dit  (1)  :  Au  temps  des  impies  il  y  avait  un  homme 
aimant  Dieu,  qui  s'appelait  Abouna  Tarbou.  Il  alla  vers  l'em- 
pereur infidèle  Dioclétien.  Il  cherchait  à  devenir  martyr  pour 
le  nom  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  —  gloire  à  lui.  L'em- 
pereur le  réprimanda  d'une  forte  réprimande  et  le  mit  en  pri- 
son. Lorsque  l'empereur  saint  et  fidèle  Constantin  régna,  il 
ferma  les  temples  des  idoles  et  il  ouvrit  les  églises.  Il  ordonna 
de  faire  sortir  de  prison  (les  chrétiens),  afin  qu'ils  aillent  à 
leurs  affaires. 

Saint  Abbà  Tarbou  sortit  de  prison.  En  retournant,  il  s'assit 
au  moment  de  midi.<  Le  chien  Koulb  se  dirigea  vers  lui  sur  la 
route  où  (2)  il  allait.  De  la  bave  sortait  de  sa  gueule;  il  allait, 
la  queue  (pendante)  à  son  liane  (ei)  comme  coupée,  en  regar- 
dant de  côté  et  d'autre;  ses  yeux  étaient  comme  des  charbons 
de  feu;  il  semblait  qu'il  fût  ivre.  Lorsque  le  saint  le  vit  de 
loin,  il  le  prit  pour  un  lion  ravisseur. 

Saint  Abbà  Tarbou,  ayant  levé  les  yeux  vers  le  ciel,  (pria), 
en  disant  :  «  0  mon  Srigneur  et  mon  Dieu  Jesus-Christ,  écoute 
ma  prière,  car  je  crie  vers  toi  aujourd'hui,  moi  ton  serviteur 
Abbà  Tarbou.  Envoie-moi  ton  ange,  afin  qu'il  me  regarde  et 
me  sauve  de  cette  heure  dure,  de  la  gueule  du  lion  ravisseur 
—  'El-Kalb,  'El-Koulb,  —  de  la  gueule  du  fauve  intrépide. 
(Toi)  qui  as  sauvé  Daniel  de  la  gueule  des  lions,  pareillement 


(1)  M.  à  m.  :  il  dit. 

(2)  M.  à  m.  :  d'où. 

[6] 


ABBA  TARBOU  ET  LE  CHIEN  KOULB.  439 

sauve-moi   aujourd'hui.  Comme   tu    as   sauvé  Jonas,   fils  de 

'Amâtê,  du   ventre    de    la    baleine,   pareillement    sauve-moi 

aujourd'hui.  Comme  tu  as  sauvé  David  de  la  force  de  Goliath, 

sauve-moi    aujourd'hui.   (Toi)  qui   as   sauvé  les  trois  enfants 

saints,  dans  la  ville  de  B.ibylone,  de  la  fournaise  du  feu  ardent, 

sauve-moi,  ô  Seigneur,  de  la  gueule  de  ce  fauve,  car  tu  es 

miséricordieux  et  tendre  envers  toutes  tes  créatures,  (qui  sont) 

ton  image  et  l'œuvre  de  ta  main.  Toi.  ô  Seigneur,  qui  sauves 

tout  (être)  qui  se  confie  à  toi,  sauve-moi  par  ta  droite,  sans  me 

rejeter  (1).  Souviens-toi,  ô  Seigneur,  que  nous  sommes  chair 

.et  sang,  (que  sans  toi)  nous  sommes  tous  des  morts  —  'El- 

Kalb,  'EIKoulb  —  (et)  que  tu  es  le  maitre  de  tout.  A  toi  gloire 

pour  les  siècles  des  siècles.  Amen.  » 
Aussitôt  le  Seigneur  envoya. lu  ciel  son  ange  vers  lui.  (Celui-ci) 

lui  dit  :  «  Salut  à  toi,  ô  saint  Abbà  Tarbou.  »  Lorsque  le  saint 
le  vit,  il  lui  dit  :  «  Mon  seigneur,  [délivre-moi]  de  ce  fauve 
méchant.  »  L'ange  lui  dit  :  «  Lève  ton  bâton  (qui  est)  dans  ta 
main  et  chasse  le,  afin  qu'il  s'éloigne  de  toi  et  qu'il  soitanéanti 
rapidement.  »>  Il  répondit  et  lui  dit  :  «  Toi-même  chasse-le  et 
tue-le,  (ô)  mon  seigneur,  car  le  Seigneur  fa  envoyé  vers  moi.  » 
L'ange  lui  dit  :  «  Moi,  je  lèverai  ton  bâton  vers  lui  et  je 
te  rendrai  fort,  comme  (le  Seigneur)  a  rendu  fort  Michel  pour 
frapper  du  pied  Falâsrou  Hâslàr,  en  sorte  qu'il  a  tué  le  dragon 

Aussitôt  l'ange  saisit  le  bâton  du  saint,  frappa  le  chien 
'Aklebt  et  le  tua,  de  sorte  que  l'esprit  impur  qui  demeurait  en 
ce  chien  sortit  et  poussa  des  cris  de  douleur,  en  disant  : 
c  O  saint  Abouna  Tarbou,  moi,  je  t'adjure  par  le  Seigneur 
qui  a  créé  le  ciel  et  la  terre,  la  mer  et  le  sec  et  tout  ce  qui  est 
en  eux.  Dans  le  lieu  où  ton  nom  sera  invoqué  je  n'entrerai  pas 
pour  les  siècles  des  siècles.  Amen.  » 

Qu'il  lève  alors  son  bâton,  en  bondissant  et  qu'il  frappe  la 
terre  avec  ce  bâton  trois  fois,  en  disant  :  «  Yânagasa,  par  l'ange 
qui  va  vers  toi.  »  C'est  le  signe  pour  toi. 

Si  l'on  rencontre  (2)  le  chien  'El-Koulb,  .s'il  a  été  excité  à 


(1)  M.  à  m.  :  sans  être  rejeté. 

(2)  M.  à  m.  :  si  lu  entres. 


m 


440  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

mordre  des  gens  ou  des  animaux,  s'il  en  a  mordu  un  ou  plu- 
sieurs, homme  (1)  ou  femme,  grand  ou  petit,  serviteur, 
servante  ou  maître,  ou  l'un  des  animaux  et  des  bêtes  que  le 
Seigneur  a  créés  à  la  surface  de  la  terre,  qu'on  se  souvienne 
de  ton  nom,  en  disant  :  «  0  Dieu  de  saint  Abouna  Tarbou, 
regarde-moi  et  aie  pitié  de  moi  »,  et  aussitôt  le  Seigneur 
rendra  sans  effet  (2)  son  venin  [...]. 

Lorsque  le  saint  fut  parti,  on  annonça  et  on  proclama  (3)  en 
tout  lieu  que  lui-même  guérissait  tous 

Verso 

(êtres)  que  le  chien  'El-Koulb  avait  mordus,  soit  hommes  ou 
animaux  ou  bœufs  de  labour  [...].  Il  lui  avait  été  accordé  par 
le  Seigneur  de  l'emporter  sur  le  chien  'El-Koulb,  car  l'esprit 
impur  en  était  sorti. 

Après  ces  jours  un  chien  mordit  un  enfant.  Aussitôt  la  mère 
dit  à  son  fils  :  «  0  mon  fils,  lève-toi,  allons  vers  saint  Abouna 
Tarbou.  Il  priera  pour  toi;  tu  obtiendras  l'aide  du  Seigneur 
et  tu  seras  guéri.  »  Elle  emmena  son  fils  avec  elle. 

Prends  (4)  sept  pains,  sept  fromages  caillés  (5),  sept  brindilles 
de  Sénat  (6)  et  un  peu  d'huile  de  noug  (7);  tout  ceci  sans  sel. 


(1)  M.  à  m.  :  mâle. 

(2)  M.  à  m.  :  confondra. 

(3)  M.  à  m.  :  il  annonça  et  il  proclama. 

(4)  M.  à  m.  :  fais. 

(5)  Le  mot  h^ft,*  est  traduit  ici  par  fromage  caillé.  Cf.  A.  d'Abbadie, 
Dict.  de  la  langue  amarïnna,  col.  522  :  ■  caillé  du  lait...  fromage;  (on  verse 
gouttte  à  goutte  du  petit-lait  dans  du  lait  bouillant;  en  refroidissant,  le  fro- 
mage est  fait)...  ..  I.  Guidi.  Vocab.  amarico-italiano,  col.  462,  et  J.  Baeteman, 
Dict.  amarigna- français,  col.  596,  reproduisent  les  sens  de  d'Abbadie.  Par 
ailleurs,  la  p  irenté  morphologique  et  sémantique  entre  le  mot  amharique  cité 
et  le  mot  ge'ez  (>#•>.,  ..  lac  spissum,  flos  lactis,  butyrum  .  (Dii.i.mann,  Lex.  aelh., 
col.  981),  est  évidente,  et  le  Sawâsew  de  Moncullo,  p.  150,  traduit  *$■>  par  bel 
lait  coagulé,  fromage,  et  par  an-%tf  .  babeurre  •  (J.  Baeteman,  Op.  cit.. 
col.  785). 

(6)  Pour  le  mot  Tî>^-  cf.  M.  Griaule,  Le  livre  de  recettes  d'un  dablara  abyssin, 
p.  159  :  .  Grand  arbre.  Conifère?...  Ses  feuilles  sont  très  odorantes  et  sont 
utilisées  par  les  femmes  qui  les  placent  dans  leurs  vêtements.  ■ 

(7)  Pour  le  mot  >°J  cf.  M.  Griaule,  Op.  cit.,  p.  158  :  •  Légumineuses  à 
graines  oléagineuses.  • 

[8] 


ABBA  TARBOU  ET  LE  CHIEN  KOULB.  441 

(L'enfant)  alla  vers  saint  Abouna  Tarbou.  Lorsque  la  femme 
le  vit  de  loin  [...],  elle  envoya  son  fils  vers  lui.  Elle  se  tenait 
debout;  de  loin  elle  regardait  l'enfant  qui  parvenait  vers  lu. 
L'enfant  lui  dit  :  «  0  mon  Père,  bénis-moi.  ,,  L  enfant  ne  savait 
pas  si  c'était  le  saint  Abouna.  Le  saint  lui  dit  :  «  Ne  crains 
pas,  ô  enfant.  Quand  es-tu  venu  en  ce  lieu  et  que  cherches-tu?  » 
L'enfant  lui  dit  :  «  Moi,  je  cherche  Abouna  Tarbou.  Il  pr.era 
pour  moi,  afin  que  le  Seigneur  me  sauve.  » 

Qu'on  dise  (1)  sept  fois  :  «  'Ebeston,  'Ebeston,  Ebeston, 
'Ebeston,  'Ebeston,  'Ebeston,  'Ebeston.  » 

Que  sept  enfants,  se  tenant  la  main  dans  la  main,  fassent  a 
ronde  (2),  en  répétant  (3)  (ce  qui  précède).  Celui  qui  a  ete 
mordu,  qu'on  (le)  place  (4)  au  milieu  d'eux. 

Que  (ceci)  soit  récité,  sauf  le  mercredi  et  le  samedi  (o).  Que 
le  récitateur  soit  un  prêtre. 
O  Seigneur,  garde  sa  vie.  Fais  que  s  accomplisse  le  désir 

d'Abouna  Tarbou. 

O  mon  Père,  ne  m'oublie  pas,  (moi)  ton  f.ls,  dans  ta  prière 
sainte.  Moi,  je  demeure  dans  la  condition  de  la  chair  faible. 

Sylvain  Grébaut. 


(11  M.  à  m.  :  qu'il  dise.  ■  . 

2  D.umann,  Lex.  aeth.,  col.,  999,  a  omis  d'indiquer  pour  le  verbe  «-,  •»  I. 
deux  se-  qui  se  rencontrent  assez  fréquemment  :  faire  une  ronde  et  faire  une 
procession. 

(3)  M.  à  m.  :  en  disant. 

(4)  M.  à  m.  :  ayant  placé.  , 

(5)  Le  texte  porte,  comme  il  a  été  indiqué  plus  haut,  p.  5,  note  7  .  ahj^r 
>n-fl  aue  {ceci)  ne  soit  récité  [que  le  mercredi  et  le  samedi]-  Erreur  probable  : 
commLt  restreindre  à  deux  jours  par  semaine  la  guérison  des  morsures?  - 
SÏÏÏÏ  Z.  aelK,  co..  370  et  col.  404,  n'indique  le  sens  de  ~*£*£ 

^expression  A"M*  .  +*1*,  alors   que  le  seul  mot  ♦/,-«■  est  emPlo>e  très 

souvent  pour  désigner  le  samedi. 


TABLE  DES  MATIERES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME 


Pages 

I.  —  FRAGMENTS  SYRIAQUES  ET  SYRO-TURCS  DE  HARA-HOTO  ET  DE 
TOURFAN,  par  N.  Pigoulewsky .        3 

II.  —   LA    TRADUCTION    ARMÉNIENNE    DE    L'ADVERSUS    HAERESES 

DE    SAINT  MENÉE  {tuile),  par  G.  Bayan  et  L.  Froidevaux 47,  285 

III.  —  LA  MESSE  ETHIOPIENNE  (suite),  par  Abba  Takla-Maryam 
Semharay  Selim 170,  420 

IV.  L'INSCRIPTION     D'ÉPIPHANE,    CATHOLICOS     DE    GÉORGIE,     par 

E.  TakhaichvUi 216 

V.  UN  GRAND  ÉDITEUR  ORIENTALISTE  :  M"  RENÉ  GRAFFIN  (1858-1941), 

par  S.  Grébaut 225 

VI.  —  FRAGMENTS  SYRIAQUES  DE  DIODORE  DETARSIÎ,  par  M.  Brière.    231 

VIL  —  L'INVENTION  DES  RELIQUES  DE  SAINT  ETIENNE.  ÉDITION  ET 
TRADUCTION  DE  LA  RECENSION  ARMENIENNE  INÉDITE,  par 
B.-Ch.  Mercier 341 

VIII.  —  UNE  HOMÉLIE  DE  THÉOPHILE  D'ALEXANDRIE  EN  L'HONNEUR 
DE  SAINT  PIERRE  ET  DE  SAINT  PAUL.  TEXTE  ARABE  PUBLIÉ  ET 
TRADUIT  POUR  LA  PREMIÈRE  FOIS,  par  H.  Fleiacb 371 

IX.  ABBA  TARBOU  ET  LE  CHIEN  KOULB,  par  S.  Grébaut 433 


TABLES 

DE  LA  TROISIÈME  SÉRIE 

Tomes  I  à  X  (XXI  à  XXX) 

1918-1946 


i 
TABLE  DES  MATIÈRES 

DE  CHAQUE  FASCICULE 


Troisième  série,  tome  I  (XXI).  1918-1919. 

N»  1  —  I  Lettre  de  Sa  Sainteté  Benoit  XV  à  notre  très  cher  fils  René  Graf- 
"  fin'  Prélat  de  notre  Maison,  Consulter  de  la  Congrégation  pour  les  Églises 
Orientales  3  —  H.  L-  Guerrier.  Canons  penitentiels,  5.  -  111. 
Michel  Rkiii.  Une  anaphore  syriaque  de  Sévère  pour  la  messe  des  presanc- 
ÏEfaSB  -  IV  M.  J.  Rouet  de  Journel.  Le  rite  de  l'Extrême-Onction 
dan;' l'Église  gréco-russe.  40..-  V.  Sylvain  Grébaut  Les  Relations  entre 
Atekr  et  Jésus  73  -  Appendice  :  Abgar  et  Jésus  d'après  le  synaxaire  ethio- 
Jef  88  -  Vi.  SylvainGrébaut.  La  Mort  des  Martyrs  d'Akmim  92.  - 
'  Sylvain  Grébaut.  Aperçu  sur  les  Miracles  de  Jésus  94  - 
VI  NlCes  •  I-  Sylvain  Grébaut.  La  Légende  du  parfum  de  Marie- 
Madeleine  luO  -  IL  àylvain  Grébaut.  Contributions  à  la  philologie  ethio- 
Maaeieine    iu  _I   ■  v     Bibliographie.   P.   Gaudentio   Orfali.   De 

Pranefo  det  ;D^  rtatio  archafoS-historica  Veteris  Testament!  deli- 
n^ûonibus  or„ata  (J.  Touzard).  -  M.guel  Asin  Palacios.  La  Escato  logia 
musutoana  en  la  divina  Comedia  (F.  Naa).  -  Ignacio  Gonzalez  Lll- 
™ra  Niâtes  de  Benjamin  de  Tudela  (F.  Naa).  -  Prosper  Alfar.c  Les 
Écritures  manichéennes.  I.  Vue  générale.  IL  Étude  analytique   (F.  Nau), 

vo10-.7_  i  F  Furlani.  Un  recueil  d'énigmes  philosophiques  en  langue  syriaque, 
'    ,,3  _  n   Sylvain  Grébaut.  Les  manuscrits  éthiopiens  de  M.  E.  Delorme, 
37    -III    F    Nau.  Histoire  et  sagesse  d'Ahikar  d'après  le  manuscrit  de 
i.    ,.        e     i         iko       fnl    8fi  sn      148    —IV    F.  Nau.  Histoires  d'Abraham 
Berlin  «  8achau  162  »,  fol.  sb  sq.,  i«.  _  .     _,  ws™   i  'im 

de  Kaskar  et  de  Babaï  de  Nisibe,  161.  —  V.  Françojs  Tournebize.  L  Im- 
maculé Conception  dans  les  anciennes  Églises  orientales  :  grecque  arme- 
maculee  uoncepuon  "<"  cvlvain  Grébaut.  Les  Martyrs  d'Akmim 

nienne,  copte,  syrienne  1 ,3  -\I.  SÏ^G  ^Grébaut.  ^es  Relations 
d'après  le  synaxaire  éthiopien     8..  -  VU.  Sylvain  o  Grébaut.  La 

pntre  \bo-ar  et  Jésus  (suite  et  lin),  lyu.  —  \  i".  ^y"»^ 
Pentecôte  et  la  Mission  des  Apôtres,  204.  -  IX.  Mélanges  :  I.  F.  Nau  Nés- 
forint  et  .:  magie,  214.  -  IL  F.  Nau.  Une  inscription  grecque  dEg£ 
La  lettre  de  Notre-Seieneur  Jésus-Christ  a  Abgar,  217.  —  X.  BibUograpb  e. 
F  Nau.  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  l'Église  nestonenne  ^ 
vain  Grébaut)  -  Annie  Herzog  als  Stein  (Aargau).  Die  Frau  auf  den 
F^sten  hronen  der  KreuzfahrersUaten  (Sylvain  Grébaut).  Michel  T 
Feghau  Le  parler  de  Kfar  Abida.  Étude  sur  les  emprunts  syriaques  dans 
les  parlers  arabes  du  Liban  (F.  Nau),  219. 
N.  3    _  I.  Justin  Boson.  La  légende  de  Jésus-Christ  et  du  roi  de  Tyr,  22o. 


446  REVUE   DE   L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

—  II.  L.  A.  Pochou.  Notice  sur  le  manuscrit  copte-arabe  n°  2  de  l'Institut 
Catholique  de  Paris,  241.  —  III.  Sylvain  Grébaut.  Littérature  éthiopienne 
pseudo-clémentine.  III.  Traduction  du  Qalementos  (suite),  246.  —  IV. 
Sylvain  Grébaut.  Trois  appendices  aux  relations  entre  Abgar  et  Jésus. 
Abgar  et  Jésus  d'après  le  synaxaire  éthiopien.  La  Mort  des  Martyrs  d'Ak- 
mim.  Les  Martyrs  d'Akmim  d'après  le  synaxaire  éthiopien,  253.  —  V.  J. 
Ziadeb.  Un  Testament  de  Notre-Seigneur  concernant  les  invasions  des 
Mongols,  261.  —  VI.  F.  Nau.  Documents  relatifs  à  Ahikar.  Édition  et  tra- 
duction d'un  manuscrit  de  Msr  Graffin  (G),  avec  les  principales  variantes 
d'un  manuscrit  de  M.  H.  Pognon  (P),  274.  — ■  VIL  Mélanges  :  I.  F.  Nau. 
Une  anecdote  ecclésiastique  dans  un  recueil  de  fables  d'Esope  (Iosipos), 
308.  —  IL  Sylvain  Grébaut.  Contributions  à  la  philologie  éthiopienne 
(suite),  314.  —  III.  Sylvain  Grébaut.  Table  de  comput  et  de  chronologie. 
Appendice  :  Les  treize  cycles,  323.  —  VIII.  Chronique.  Notes  sur  quelques 
publications  allemandes  (1914-1918)  relatives  aux  études  orientales.  Abhand- 
lungen  de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin,  philos. -histor.  Klasse  1915, 
n°  6.  —  Sitzungsberichte  de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin  du  30  nov.  1916, 
du  14  juin  1917,  du  17  janvier  1918.  —  Abhandlungen  der  Kgl.  Gesellscha/t 
der  Wissenschaftcn  zu  Gutlingen,  Phil.-hist.  Kl.,  N.  F.,  t.  XIII,  n°  1.  — 
ZDMG,  t.  68,  t.  69,  t.  70,  t.  71.  —  Johannes  Hertel.  Das  Pançatantra, 
seine  Geschichte  und  seine  Verbreitung.  —  Fulcheri  Carnotensis.  Historia 
Hierosolymitana.  —  August  Freiherr  von  Gall.  Der  hebraische  Penta- 
teuch  der  Samaritaner  (F.  Nau),  331.  —  IX.  Bibliographie.  Pierre  Dib, 
Étude  sur  la  liturgie  maronite  (F.  Nau).  —  Addaï  Scher  (M")  et  Robert 
Griveau,  Histoire  Nestorienne  (Chronique  de  Séert).  Deuxième  partie  (II) 
(F.  Nau),  335. 
N°  4.  —  I.  L.  Villecourt.  Homélies  spirituelles  de  Macaire  en  arabe  sous 
le  nom  de  Siméon  Stylite,  337.  —  IL  L.  Guerrier.  Canons  pénitentiels 
(Fin),  345.  —  III.  F.  Nau.  Documents  relatifs  à  Ahikar.  Édition  et  traduc- 
tion d'un  manuscrit  de  M"  Graffin  (G),  avec  les  principales  variantes  d'un 
manuscrit  de  M.  H.  Pognon  (P)  (suite),  356.  Édition  de  la  partie  récente  du 
manuscrit  de  M.  H.  Pognon,  380.  —  IV.  Sylvain  Grébaut.  Contributions 
à  la  philologie  éthiopienne  (suite),  401.  —  V.  Sylvain  Grébaut.  Les  Miracles 
du  saint  enfant  Cyriaque  (suite),  409.  —  VI.  A.  Wilmart.  La  tradition  de 
l'hypotypose  ou  traité  sur  l'ascèse  attribué  à  saint  Grégoire  de  Nysse,  412.  — 
VIL  Sylvain  Grébaut.  Table  des  levers  de  la  lune  pour  chaque  mois  de 
l'année,  422.  —  VIII.  Sylvain  Grébaut.  Variations  de  la  durée  des  jours 
et  des  nuits  pour  chaque  mois  de  l'année,  429.  — ■  IX.  J.  Ziadeh.  Un  Tes- 
tament de  Notre-Seigneur.  Texte  arabe  concernant  l'invasion  des  Mongols, 
publié  et  traduit  (fin),  433.  —  X.  Bibliographie.  René  Ristelhueber. 
Traditions  françaises'au  Liban  (F.  Nau).  —  S.  B.  Ignazio  Efrem  II  Rah- 
mani.  I  Fasti  délia  Chiesa  Patriarcale  Antiochena  (F.  Nau).  — ■  René  Bas- 
set. Mélanges  africains  et  orientaux  (F.  Nau).  —  Averroes.  Compendio 
de  Metafisica,  texte  arabe  édité,  traduit  en  espagnol  et  annoté  par  Carlos 
Quiros  Rodriguez  (F.  Nau),  445.  —  XL  Courtes  notices.  Charles  Diehl. 
Histoire  de  l'Empire  byzantin.  —  Carolus  Clemen.  Fontes  historiae  reli- 
gionis  Persicae,  448. 


Tome  II  (XXII).  1920-1921. 

N°  1.  —  I.  Augustin  Périer.  Un  traité  de  Yahyâ  ben'Adî.  Défense  du  dogme 
de  la  Trinité  contre  les  objections  d'al-Kindi.  Texte  arabe  publié  pour  la 
première  fois  et  traduit,  3.  —  IL  Sylvain  Grébaut.  Littérature  éthiopienne 
pseudo-clémentine.  III.  Traduction  du  Qalementos  (suite),  22.  —  III. 
Louis  Villecourt.  La  grande  lettre  grecque  de  Macaire.  Ses  formes 
textuelles  et  son  milieu  littéraire,  29.  —  IV.  Sylvain  Grébaut.  La  Pen- 
tecôte et  la  Mission  des  Apôtres  (suite  et  fin),  57.  —  V.  Sylvain  Grébaut. 


TABLES  (3''  série).  447 

Contributions  à  la  philologie  éthiopienne  (suite),  65.  —  VI.  A.  Wilmart. 
Un  discours  théologique  d'Eusèbe  d'Emèse.  Le  Fils  image  du  Père,  72.  — 
VII.  Mélanges  :  I.  Sylvain  Grébaut.  Un  fragment  de  ménologe  éthiopien. 

II.  Le  mois  de  Teqemt  (suite),  95.  —  II.  Sylvain  Grébaut.  Quelques  méno- 
loges  éthiopiens  à  propos  du  synaxaire,  100.  —  VIII.  Bibliographie. 
F.  Nau.  Documents  relatifs  à  Ahikar  (Sylvain  Grébaut).  Courtes  notices. 
M.  Horten.  Texte  zu  dem  Streite  zwischen  Glauben  und  Wissen  im  Islam. 

—  Hans  Lietzmann.  Symbole  der  alten  Kirche.  —  Léo  Wiener.  Contri- 
butions toward  a  History  of  Arabico-gothic  culture.  Volume  III.  Tacitus, 
Germania  and  others   Forgeries    (F.   N.),   109. 

N°  2.  —  I.    Sylvain    Grébaut.    Littérature    éthiopienne    pseudo-clémentine. 

III.  Traduction  du  Qalèmentos  (suite),  113.  —  IL  G.  Furlani.  Une  clef 
des  songes  en  syriaque,  118.  —  III.  F.  Tournebize.  Les  Frères-LIniteurs 
(Ounithorq,   Miabanoghq)   ou   Dominicains  arméniens   (1330-1794),    145.  — ■  • 

IV.  G.  Mercati.  Macaire  Caloritès  et  Constantin  Anagnostès,  162.  —  V. 
Paul  Asbat.  Manuscrits  orientaux  de  la  bibliothèque  Asbat,  194.  —  VI. 
Sylvain  Grébaut.  Sentences  d'Évagrius  (suite),  206.  —  VIL  Mélanges  : 
Sylvain  Grébaut.  Calculs  et  tables  relatifs  au  comput,  212.  — ■  VIII.  Biblio- 
graphie. Pierre  de  Labriolle.  Histoire  de  la  Littérature  latine  chrétienne. 

—  Gustave  Bardy.  En  lisant  les  Pères  (El.  Driolon).  —  Courtes  notices. 
M.  Asin  Palacios.  Los  précédentes  musulmanes  del  Pari  de  Pascal  (F.  N.). 
Le  Père  de  Foucauld.  Dictionnaire  abrégé  touareg-français  (dialecte 
Ahaggar),  tome  II.  Notes  pour  servir  à  un  essai  de  grammaire  touarègue. 
(F.  S'.).  —  Alfred  Bel  et  M.  Ben  Gheneb.  Takmila-t-essila  d'Ibn  el. 
Abbar,  texte  arabe  d'après  un  manuscrit  de  Fès,  tome  I  {F.  N.),  221. 

N°  3.  —  I.  G.  Furlani.  Une  clef  des  songes  en  syriaque  (fin),  225.  —  IL 
François  Tournebize.  Les  Frères-Uniteurs  (Ounithorq,  Miabanoghq)  ou 
Dominicains  arméniens  (1330-1794)  (suite),  249.  —  III.  Gustave  Bardy, 
Thaddée  de  Péluse.  Adversus  Iudaeos,  280.  —  IV.  Paul  Asbat.  Manuscrits 
orientaux  de  la  bibliothèque  Asbat  (suite),  288.  —  V.  M.  Chaîne.  La  poésie 
chez  les  Éthiopiens.  Poésie  amharique,  306.  —  VI.  Mélanges  :  I.  K.  J.  Bas- 
madjian.  Les  catholicos  d'Aghthamar,  327.  —  II.  Sylvain  Grébaut.  Con- 
tributions à  la  philologie  éthiopienne  (suite),  329.  —  VIL  Bibliographie. 
G.  Barnabe  Meistermann.  Capharnaiim  et  Bethsaîde,  suivi  d'une  étude 
sur  l'âge  de  la  synagogue  de  Tell-Hou'm  (Joseph  Burel).  —  Abbé  Etienne 
Drioton.  Cours  de  Grammaire  Égyptienne  à  l'usage  des  étudiants  de  l'Ins- 
titut Catholique  de  Paris  (Eugène  Tisseront).  — ■  W.  E.  Crum.  Short  texts 
from  coptic  ostraca  and  papyri   (Et.   Driolon),  334. 

N°  4.  —  I.  K.  J.  Basmadjian.  Les  inscriptions  arméniennes  d'Ani,  de  Bag- 
naïr  et  de  Marmachèn,  337.  — -  II.  H.  Béguin.  Un  recueil  d'homélies  du 
IXe  siècle  en  langue  syriaque,  363.  —  III.  Eugène  Tisserant,  Louis  Ville- 
court  et  Gaston  Wiet.  Recherches  sur  la  personnalité  et  la  vie  d'Abû'l- 
Barakàt  ibn  Kubr,  373.  —  IV.  Sylvain  Grébaut.  Littérature  éthiopienne 
pseudo-clémentine.  III.  Traduction  du  Qalèmentos  (suite),  395.  —  V. 
M.  Chaîne.  La  poésie  chez  les  Éthiopiens.  Poésie  amharique  (fin),  401.  — 
VI.  Sylvain  Grébaut.  Manuscrits  éthiopiens  appartenant  à  M.  N.  Bergey, 
426.  —  VII.  Mélanges  :  Sylvain  Grébaut.  Sentences  ascétiques  (fin),  443. 

—  VIII.  Bibliographie.  Dr.  Th.  Hopfner.  Ueber  die  koptisch-sa  'idis- 
chen  Apophthegmata  Patrum  Aegyptiorum.  Ueber  Form  und  Gebrauch 
der  griechischen  Lehnwôrter  in  der  koptisch-sa  'idischen  Apophthegmen- 
version.  Griechisch-âgyptischer  Offenbarungszauber,  I.  Band   (El.  Drioton). 

—  W.  Spiegelberg.  Koptisehes  Handwôrterbuch  (El.  Driolon),  448. 


Tome  III  (XXIII).  1922-1923. 

N°  1  et  2.  —  I.  Paul  Pelliot.  Les  Mongols  et  la  Papauté.  Documents  nouveaux 
édités,  traduits  et  commentés  avec  la  collaboration  de  MM.  Borghezio,  Massé 

i    CHRÉTll  X.  15 


448  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

et  Tisserant,  Chapitre  I,  3.  — -II.  François  Tournebize.  Ravages  de  Timour- 
Leng  en  Arménie,  31.  —  III.  K.  J.  Basmadjian.  Les  inscriptions  armé- 
niennes d'Ani,  de  Bagnaïr  et  de  Marmachèn  (suite),  47.  —  IV.  H.  Béguin. 
Lin  recueil  d'homélies  'du  ixc  siècle  en  langue  -yriaque  (suite),  82.  —  V. 
W.  E.  Cruin.  Sévère  d'Antioche  en  Egypte,  92.  —  VI.  M.  Jugie.  Le  culte 
de  Photius  dans  l'Église  byzantine,  105.  —  VII.  E.  Tisserant  et  G.  Wiet. 
La  liste  des  patriarches  d'Alexandrie  dans  Qalqachandi,  123.  —  VIII.  N. 
Banescu.  Macarios  Caloritès  et  Constantin  Anagnostès.  A  propos  de  l'ar- 
ticle de  M.  le  Professeur  G.  S.  Mercati,  144.  —  IX.  M.  Chaîne.  Catéchèse 
attribuée  à  saint  Basile  de  Césarée.  Une  lettre  apocryphe  de  saint  Luc,  150. 
—  X.  E.  Blochet.  La  mort  du  khagan  Kouyouk,  160.  —  XL  (F.  Macler). 
Ile  de  Chypre.  Notices  de  manuscrits  arméniens  par  le  R.  P.  Séropé  vardapet 
Samouélian  et  le  Dr  R.  Thakworian,  172.  —  XII.  Mélanges  :  I.  Sylvain  Gré- 
baut.  Prière  pour  conjurer  les  démons,  199.  —  II.  M.  Chaîne. 
Note  sur  l'expression  copte  E0OVONZ  I  l'.i  (A,  209.  —  I II.  M.  Chaîne.  La  durée 
du  patriarcat  d'Isaac,  XLIe  patriarche  d'Alexandrie,  214.  —  XIII.  Biblio- 
graphie. Sottas  et  Drioton.  Introduction  à  l'étude  des  hiéroglyphes, 
(A.  Tricot).  —  Psalterium  palaeosloveniçum  croatico-glagoliticum.  Textum 
glagoliticum  e  codicibus  Pragensi  et  Parisiensi  litteris  cyrillicis  exscriptum 
annotationibus  variis  lectionibus  reliquorum  codicum  glossario  instruxit 
Dr.  Jos.  Vajs.  —  Tomus  I.  (Louis  Mariés).  —  Anton  Baumstark.  Ges- 
chichte  der  syrischen  Literatur  mit  Ausschluss  der  christlich-palâstinen- 
sischen  Texte  (Eugène  Tisserant).  —  Skrifter  uiqifna  of  Kunq,  Humanis- 
iika  Vclenskaps-Samfundel  i  Upsala,  tomes  XVII,  XVIII  et  XIX  (Auguste 
Humbcrl),  217. 
N°  3  et  4.  —  I.  Ignace  Ephrem  II  Rahmani,  E.  Tisserant,  E.  Power  et 
R.  Devreesse.  L'Onomasticon  d'Eusèbe  dans  une  ancienne  traduction 
syriaque,  225.  —  II.  M.  Chaîne,  Catéchèse  attribuée  à  saint  Basile  de  Césa- 
rée. Une  lettre  apocryphe  de  saint  Luc  (fin),  271.  —  III.  L.  Guerrier  et 
S.  Grébaut.  Les  canons  du  concile  de  Gangres,  303.  —  IV.  K.  J.  Basmad- 
jian. Les  inscriptions  arméniennes  d'Ani,  de  Bagnaïr  et  de  Marmachèn 
(suite),  314.  —  V.  Robert  P.  Blake.  Catalogue  des  manuscrits  géorgiens 
de  la  bibliothèque  patriarcale  grecque  à  Jérusalem,  345.  —  VI.  Mélanges  : 
I.  Louis  Petit.  Note  sur  l'exil  de  Marc  d'Éphèse  à  Lemnos,  414.  —  IL  A. 
Roman.  Une  hymne  du  Nagara  Maryam,  416.  —  III.  Gustave  Bardy. 
Les  citations  de  saint  Jean  Chrysostome  dans  le  florilège  du  Cod.  Vatican, 
graec.  1142,  427.  —  VII.  Bibliographie.  Dr.  Carl  Wesselv.  Duodecim 
Prophetarum  minorum  versionis  achmimicae  codex  Rainerianus.  The  cop- 
tic  Version  of  the  New  Testament  in  the  southern  dialect,  vol.  VI  :  The  Acts 
of  the  Apostles  (E.  Drioton).  —  W.  E.  Crum  et  H.  I.  Bell.  Wadi  Sarga. 
Coptic  and  greek  texts  (E.  Drioton).  —  E.  Dévaud.  Études  d'étymologies 
coptes  (E.  Drioton).  —  Missale  iuxta  ritum  Ecclesiae  Apostolicae  Antio- 
chenae  Syrorum  auctoritate  recognitum.  Petit  manuel  de  la  messe  syrienne. 
Liber  ritualis  usui  Ecclesiae  Antiochenae  Syrorum.  Office  pour  la  fête  de 
saint  Éphrem    (Eugène   Tisserant),  441. 


Tome  IV  (XXIV).  1924. 


N°  1  et  2.  —  I.  J.  David.  Les  éclaircissements  de  saint  Athanase 
sur  les  Psaumes.  Fragments  d'une  traduction  en  copte  sahidique,  3.  — -  II. 
Louis  Mariés.  Le  commentaire  de  Diodore  de  Tarse  sur  les  Psaumes.  Exa- 
men sommaire  et  classement  provisoire  des  éléments  de  la  tradition  manus- 
crite, 58.  —  III.  Robert  P.  Blake.  Catalogue  des  manuscrits  géorgiens  de 
la  bibliothèque  patriarcale  grecque  à  Jérusalem  (suite),  190.  —  IV.  Mélanges: 
I.  N.  Adontz.  Note  sur  les  synaxaires  arméniens,  211.  —  II.  E.  Porcher. 
Lis  dates  du  patriarcat  d'Isaac,  219.  —  V.  Bibliographie.  Adolf  Rucker. 


TABLES  (3''  série).  449 

Die  syrische  Jacobosanaphora  nach  der  Rezension  des  Ja  'qôb  (h)  von  Edessa 
mit  dem  griechischen  Paralleltext  (Eugène  Tisseront),  223. 
N°  3  et  4.  —  1.  P.  Pelliot.  Les  Mongols  et  ia  Papauté.  Chapitre  II,  225.  —  II. 
Eugène  Tisserant.  La  légation  en  Orient  du  franciscain  Dominique  d'Ara- 
gon (1245-1217),  336.  —  III.  H.  J.  Basmadjian.  Les  inscriptions  armé- 
niennes d'Ani,  de  Bagnaïr  et  de  MarmaclnMi  (suite).  350.  —  IV.  M.  Chaîne. 
L'éirlise  de  Saint-Marc  à  Alexandrie  construite  par  le  patriarche  Jean  de 
Samanoud,  372.  —  V.  Robert  P.  Blahe.  Catalogue  de  manuscrits  géor- 
giens de  la  bibliothèque  patriarcale  grecque  à  Jérusalem,  387.  —  VI.  Me 
langes  :  I.  E.  Blochet.  L'es  Slaves  sujets  de  Darius,  430.  —  II.  M.  Chaîne. 
Un  conflit  sur  la  date  de  Pâques  chez  les  Orientaux,  430.  —  VII.  Biblio- 
graphie. Byzantion.  Revue  internationale  des  Études  byzantines.  Tome  Ier. 
(E.  Driolon).  —  Marcel  Cohen.  Le  système  verbal  sémitique  et  l'expres- 
sion du  temps  (E.  Drioton).  —  Dom  Jeannin.  Mélodies  liturgiques  syriennes 
et  chaldéennes.  Mélodies  syriennes.  I.  Introduction  musicale  (E.  Drio- 
ton).—  O.  Bardenhewer,  Geschichte  der  altkirchlichen  Literatur.  Band  IV. 
Das  fùnfte  Jahrhundert  mit  Einschluss  der  syrischen  Literatur  des  vierten 
Jahrhunderts    (Eugène    Tisseront),    441. 


Tome  V     XXV).  1925-1926. 

N°  1  et  "2.  —  I.  E.  Blochet.  La  conquête  des  États  nestoriens  de  l'Asie  centrale 
par  les  Shiïtes.  Les  influences  chrétienne  et  bouddhique  dans  le  dogme  isla- 
mique. 3.  —  II.  Robert  P.  Bla  se.  Catalogue  des  manuscrits  géorgiens  de  la 
bibliothèque  patriarcale  grecque  à  Jérusalem  (fin),  132.  —  III.  K.  J.  Bas- 
madjian. Lés  inscriptions  arméniennes  d'Ani,  de  Bagnaïr  et  de  Marmachên 
(suite),  150.  —  IV.  Mélanges  :  I.  Sylvain  Grébaut.  Les  Miracles  du  saint 
enfant  Cyriaque  (fin),  187.  —  11.  Sylvain  Grébaut.  Manuscrits  éthiopiens 
appartenant  à  M.  N.  Bergey  (suite),  190.  —  Y.  Bibliographie.  Conrad 
Chapman.  Michel  Paléologue,  restaurateur  de  l'Empire  Byzantin  (1201- 
1282)  (A.  Vasiliev).  —  Martin  Jvgie.  Theologia  dogmatica  Christianorum 
Orientalium  ab  Ecclesia  catholica  dissidentium.  Tomus  I  :  Theologiae  dog- 
maticae  Graeco-Russorum  origo,  historia,  fontes  (A.  Vaillant).  —  Louis 
Halphen.  Les  Barbares,  des  grandes  invasions  aux  conquêtes  turques  du 
xie  siècle  (M.  Brière),  220. 

N°  3  et  4.  —  I.  Robert  P.  Blake.  Une  page  de  saint  Hippolyte  retrouvée  (ms. 
Hib.  Hieros,  44),  225.  —  II.  M.  Chaîne.  La  double  recension  de  l'Histoire 
Lausiaque  dans  la  version  copte,  232.  —  III.  L.  Guerrier  et  S.  Grébaut. 
Récit  de  la  .Manifestation  de  la  Croix,  276.  —  IV.  N.  Adontz.  Le  question- 
naire de  saint  Grégoire  l'IUuminateur  et  ses  rapports  avec  Eznik,  309.  — 
V.  K.  J.  Basmadjian.  Le^  inscriptions  arméniennes  d'Ani,  de  Bagnaïr  et 
de  Marmachên  (suite),  358.  —  VI.  Louis  Mariés.  L'Arménien  classique 
pour  lui-même,  378.  —  VIL  E.  Blochet.  Les  sources  grecques  et  chrétiennes 
de  l'astronomie  hindoue,  400.  —  VIII.  Bibliographie.  Die  Anaphora  des 
monophysitischen  Patriarchen  Iôhanân  I,  hrsg.,  ûbersetzt  und  in  Zusam- 
menhang  der  gesammten  jakobitischen  Anaphorenliteratur  untersucht  von 
Dr.  P.  Hermann  Fuchs  (Eugène  Tisserant  J.  —  M.  Chaîne.  La  chronolo- 
gie des  temps  chrétiens  de  l'Egypte  et  de  l'Ethiopie  (Etienne  Drioton).  — 
François  Mal:.  Deux  épisodes  de  l'histoire  juive  sous  Théodose  II  (423  et 
438)  d'après  la  vie  de  Barsauma  le  Syrien  (M.  Brière),  442. 


Tome  VI  (XXVI).   1927-1928. 

N'°  1  et  2.  —  I.  N.  Marr.  La  langue  géorgienne,  3.  —  II.  Sylvain  Grébaut 
et  Alcide  Roman.  Littérature  éthiopienne  pseudo-clémentine.  Traduction 
du  Qalêmentos,  22.  — ■  III.  E.  Blochet.  Les  sources  grecques  et  chrétiennes 

1..* 


450  REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 

de  l'astronomie  hindoue.  Notes  additionnelles  (suite),  32.  —  IV.  N.  Adontz. 
Les  fêtes  et  les  saints  de  l'Église  arménienne,  74.  —  V.  Sylvain  Grébaut. 
Ordre  du  baptême  et  de  la  confirmation  dans  l'Église  éthiopienne,  105.  — 
VI.  E.  Blochet.  Le  nom  des  Turks,  190.  —  VII.  Mélanges  :  I.  F.  Nau.  Sur 
al-Makin  et  Ibn  Abi-1-Fazaïl,  208.  —  II.  Sylvain  Grébaut.  Contribution  à 
J'histoire  du  couvent  éthiopien  San-Stefano-dei-Mori,  211.  —  VIII.  Biblio- 
graphie. The  Monastery  of  Epiphanius  at  Thebes.  Part  I  :  The  archeological 
material  by  H.  E.  Winlock;  the  literary  by  W.  E.  Crum.  Part  II  :  Coptic 
ostraca  and  Papyri,  edited  with  translations  and  commentaries  by  W.  E. 
Crum;  greek  ostraca  and  papyri,  edited  with  translations  and  commentaries 
by  H.  G.  Evelvn  White.  —  The  Monasteries  of  the  Wadi'n  Natriin.  Part  I  : 
New  coptic  texts  from  the  Monastery  of  Saint  Macarius,  edited  with  an 
introduction  on  the  library  at  the  Monastery  of  Saint  Macarius  by  Hugh 
G.  Evelyn  White,  with  an  appendix  on  a  copto-arabic  ms.  by  G.  P.  G. 
Sobhy  (Etienne  Drioton).  —  Mlle  Marie  Galland.  Quelques  notes.  Pre- 
mière partie  :  Ceylan;  Bouddhisme  (F.  Nau),  219. 
N°  3  et  4.  —  I.  N.  Adontz.  Les  fêtes  et  les  saints  de  l'Église  arménienne,  225. 
—  II.  Z.  Avalichvili.  Géographie  et  légende  dans  un  écrit  apocryphe  de 
saint  Basile,  279.  —  III.  N.  Pigoulewsky.  Le  martyre  de  saint  Cyriaque 
de  Jérusalem,  305.  —  IV.  H.  J.  Basmadjian.  Les  inscriptions  arméniennes 
d'Ani,  de  Bagnaïr  et  de  Marmachên  (suite),  357.  —  V.  Z.  Avalichvili. 
Notice  sur  une  version  géorgienne  de  la  Caverne  des  Trésors,  apocryphe 
syriaque  attribué  à  saint  Éphrem,  381.  —  VI.  Mélanges  :  Dr.  G.  Bayan. 
De  l'établissement  de  la  Constitution  nationale  arménienne,  406.  —  II.  J.- 
M.  Vosté.  Athanasios  Abougàleb,  évêque  de  Gihan  en  Cilicie,  écrivain  ascé- 
tique du  xne  siècle,  432.  —  VII.  Bibliographie.  Codices  Armeni  Byblio- 
thecae  Vaticanae,  Borgiani,  Vaticani,  Barberiani,  Chisiani,  schedis  Fre- 
derici  Cornwallis  Conybeare  adhibitis,  recensuit  Eugenius  Tisserant 
(Louis  Mariés).  —  Oscar  Lôfgren.  Die  aethiopische  Uebersetzung  des 
Propheten  Daniel  (M.  Chaîne).  —  Julian  Ribera  y  Tarrago,  Diserta- 
ciones  y  Opusculos,  Tome  I  et  Tome  II  (F.  Nau).  Miguel  Asin  y  Pala- 
cios.  I.  El  mistico  murciano  Abenarabi,  IV;  II.  Commentarios  de  dom  Garcia 
de  Sylva  y   Figueroa    (F.   Nau),   439. 


Tome  VII  (XXVII).  1929-1930. 

N"  1  et  2.  —  I.  F.  Nau.  Quelques  nouveaux  textes  grecs  de  Sévère  d'Antioche, 
à  l'occasion  d'une  récente  publication,  3.  —  II.  E.  Blochet.  Christi  inisme 
et  Mazdéisme  chez  les  Turks  orientaux,  31.  —  III.  F.  Nau.  La  Cosmographie 
de  Jésus  fils  de  Noun  (ixe  siècle),  126.  —  IV.  M.  Chaîne.  La  recension  copte 
de  la  vie  d'Abba  Martyrianos  de  Césarée,  140.  —  V.  G.  Bayan.  Pologenia 
(Statut).  Règlements  suprêmes  pour  le  gouvernement  des  affaires  de  l'Église 
arménienne  grégorienne  en  Russie,  181.  —  VI.  Mélanges  :  I.  F.  Nau.  Sur 
Aaron  de  Saroug  et  ses  deux  monastères,  205.  —  II.  F.  Nau.  Une  descrip- 
tion orientale  de  la  comète  de  novembre  1577,  212.  —  111.  Sylvain  Gré- 
baut. La  règle  de  Santo-Stefano-dei-Mori,  214.  —  VII.  Bibliographie. 
David  Eugène  Smith.  Le  Comput  manuel  de  Magister  Anianus  (M.  Chaîne). 
—  MUe  Marie  Galland.  Sud  de  l'Inde.  Hindouisme  (F.  Nau).  —  Ignazio 
Guidi,  Les  Homiliae  cathédrales  de  Sévère  d'Antioche,  Homélies  XCIX  à 
CIII  (F.  Nau),  220. 

N°  3  et  4.  —  I.  K.  J.  Basmadjian.  Les  inscriptions  arméniennes  d'Ani,  de 
Bagnaïr  et  de  Marmachên  (fin),  225.  —  IL  E.  Blochet.  La  pensée  grecque 
dans  le  mysticisme  oriental,  288.  — ■  III.  F.  Nau.  Le  traité  sur  les  Constella- 
tions écrit,  en  660-1,  par  Sévère  Sébokt,  évêque  de  Qennesrin,  327.  — ■  IV. 
Mélanges  :  I.  F.  Nau.  Analyse  du  manuscrit  syriaque  de  Paris  n°  378  de  la 
Bibliothèque  Nationale,  411.  —  11.  F.  Nau.  Recueil  et  explication 
des  histoires  mentionnées  par  saint  Grégoire  de  Nazianze.  La  version  syriaque 


TABLES    (3r    SÉRIE).  451 

de  l'écrit  grec  de  Nonnus,  415.  —  V.  Bibliographie.  Henri  Grégoire  et 
M. -A.  Kugener.  .Marc  le  Diacre,  Vie  de  Porphyre,  évêque  de  Gaza,  texte 
grec  établi,  traduit,  et  commenté  (F.  Nau).  —  Osvald  H.  E.  Burmester. 
Les  Proverbes  de  Salomon  (Texte  bohairique)  (M.  Chaîne).  —  Le  synaxaire 
arménien  de  Ter  Israël,  publié  et  traduit  par  le  Dr  G.  Bayan  (F.  Macler), 
422. 


Tome  VIII  (XXVIII).  1931-1932. 

N°  1  et  2.  —  I.  P.  Pelliot.  Les  Mongols  et  la  papauté.  Chapitre  II  (suite),  3. 

—  II.  F.  Nau.  Le  traité  sur  les  Constellations  écrit,  en  660  1,  par  Sévère 
Sébokt.  évêque  de  Qennesrin  (fin),  85.  —  III,  E.  Blochet.  La  pensée  grecque 
dans  le  mysticisme  oriental  (suite),  101.  —  IV.  Jean  Simon,  Répertoire 
des  bibliothèques  publiques  et  privées  contenant  des  manuscrits  éthiopiens, 
178.  —  V.  François  Nau.  Un  fragment  syriaque  de  l'ouvrage  astrologique 
de  Claude  Ptolémée  intitulé  le  Livre  du  fruit,  197.  —  VI.  E.  Blochet.  Le 
nom  des  Turks  dans  le  chapitre  X  de  la  Genèse,  203.  —  VII.  Mélanges  : 
M.  Chaîne.  Un  voyage  inédit  du  Père  Sicard  à  La  Mecque  en  1724,  209.  — 
VIII.  Bibliographie.  Miguel  Asin  Palacios.  El  Islam  Christianizado 
(F.  Nau),  222. 

N°  3  et  4.  —  I.  E.  Blochet.  La  pensée  grecque  dans  le  mysticisme  oriental 
(suite),  225.  —  II.  Robert  P.  Bla.ie.  Catalogue  des  manuscrits  géorgiens 
de  la  bibliothèque  de  la  Laure  d'Iviron  au  Mont  Athos,  289.  —  III.  Paul 
Antoine.  L'ordination  sacerdotale  chez  les  Coptes  unis,  362.  —  IV.  Adhé- 
mar  d'Alès.  Le  tombeau  de  la  Sainte  Vierge,  376.  —  V.  M.  Chaîne.  Le 
Chronicon  orientale  de  Butros  ibn  ar-Rahib  et  l'histoire  de  Girgis  el-Makim, 
390.  —  VI.  E.  Blochet.  Le  nom  des  Turks  dans  le  chapitre  X  de  la  Genèse 
(fin),  406.  —  VII.  Sylvain  Grébaut.  Un  fragment  de  ménologe  éthiopien 
(fin),  417.  —  VIII.  Mélanges  :  Léon  Froidevaux.  Lue  difficulté  du  texte 
die  S.  Irénée  (Adb.  haer.,  IV,  14),  441.  —  IX.  Bibliographie.  N.  Marr  et 
M.  Brière.  La  langue  géorgienne  (R.  Graffin).  —  Ferdinand  Brlnot. 
Observations  sur  la  Grammaire  de  l'Académie  française  (Sylvain  Grébaut). 

—  M1"  Marie  Galland.  La  vie  du  Bouddha  et  les  doctrines  bouddhiques 
( M.  Chaîne).  —  Maurice  Fouchet.  Notes  sur  l'Afghanistan  (M.  Chaîne),  444. 


Tome  LX  (XXIX  .  1933-1934. 

N°  1  et  2.  —  I.  Sylvain  Grébaut.  Catalogue  des  manuscrits  éthiopiens  de  la 
Bibliothèque  Ambrosienne,  3.  —  II.  E.  Blochet.  La  pensée  grecque  dans 
le  mysticisme  oriental  (fin),  33.  —  III.  R.  P.  Blake.  Catalogue  des  manus- 
crits géorgiens  de  la  bibliothèque  de  la  Laure  d'Iviron  au  Mont  Athos  (suite), 
114.  —  IV.  M.  Brière.  Une  homélie  inédite  d'Atticus,  patriarche  de  Cons- 
tantinople  (406-425),  160.  — ■  V.  Abba  Tahla-Maryam  Semharay  Selim. 
La  messe  éthiopienne,  187.  —  VI.  Mélanges  :  M.  Chaîne.  Une  composition 
oubliée  du  Père  Kircher  en  l'honneur  de  Peiresc,  196.  —  VII.  Bibliogra- 
phie. D.  Sidersky.  Les  Origines  des  légendes  musulmanes  dans  le  Coran 
et  dans  les  vies  des  prophètes  (E.  Blochet).  — ■  A.  V.  Williams  Jackson. 
Researches  in  Manichaeism,  with  spécial  référence  to  the  Turfan  fragments 
(E.  Blochet).  — ■  H.  Valentino.  Le  voyage  d'un  pèlerin  chinois  dans  l'Inde 
des  Bouddhas  (M.  Chaîne).  —  Miguel  Asin  Palacios  et  Émilio  Garcia 
Gomes,  Al-Andalus,  vol.  1,  fasc.  1   (R.  Graffin),  209. 

N°  3  et  4.  —  I.  R.  P.  Blake.  Catalogue  des  manuscrits  géorgiens  de  la  biblio- 
thèque de  la  Laure  d'Iviron  au  Mont  Athos  (fin),  225.  —  II.  Marius  Chaîne. 
Sermon  de  Théodose,  patriarche  d'Alexandrie,  sur  la  Dormition  et  l'Assomp- 
tion de  la  Vierge,  272.  —  III.  G.  Bayan  et  Léon  Froidevaux.  La  traduc- 
tion  arménienne    de   VAdversus    Haereses    de    saint    Irénée,    315.    —    IV. 


452  REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 

M.  Brière.  Une  lettre  inédite  d'Attieus,  patriarche  de  Constantinople  (406- 
425),  378.  —  V.  Abba  Takla-Maryam  Semharay  Selim.  La  messe  éthio- 
pienne (suite),  425.  —  VI.  Bibliographie.  Georg  Graf.  Catalogue  de  manus- 
crits arabes  chrétiens  conservés  au  Caire   (Sylvain   Grébaut),  445. 


Tome  X  (XXX).  1935-1946. 

N°  1  et  2.  —  I.  N.  Pigoulevsky.  Fragments  syriaques  et  syro-turcs  de  Hara- 
Hoto  et  de  Tourfan,  3.  —  IL  G.  Bayan  et  Léon  Froidevaux.  La  traduction 
arménienne  de  VAdversus  Haereses  de  saint  lrénée  (suite),  47.  —  111.  Abba 
Takla-Maryam  Semharay  Selim.  La  messe  éthiopienne  (suite),  170. 
—  IV .  E.  Takhaichvili.  L'inscription  d'Épiphane,  Catholicos  de  Géorgie, 
216. 

N°  3  et  4.  —  I.  Sylvain  Grébaut.  Un  grand  éditeur  orientaliste,  Monseigneur 
René  Graffin  (1858-1941),  225.  —  II.  M.  Brière.  Fragments  syriaques  de 
Diodore  de  Tarse,  réédités  et  traduits  pour  la  première  fois,  231.  —  III. 
L.  Froidevaux.  La  traduction  arménienne  de  1'  «  Adversus  Haereses  »  de 
saint  lrénée  (suite),  285.  —  IV.  B.-Ch.  Mercier.  L'Invention  des  reliques 
de  saint  Etienne.  Édition  et  traduction  de  la  recension  arménienne  inédite, 
341.  —  V.  H.  Fleisch.  Une  homélie  de  Théophile  d'Alexandrie  en  l'honneur 
de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul.  Texte  arabe  publié  pour  la  première  fois  et 
traduit,  371.  —  VI.  Abba  Tai:la-Maryam  Semharay  Selim.  La  messe 
éthiopienne  (fin),  421.  —  VIL  S.  Grébaut.  Abba  Tarbou  et  le  chien  Koulb, 
433.  —  VIII.  Tables  des  matières  de  la  troisième  série,  443. 


II 

TABLE  DES  MATIÈRES  {1) 

PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE 


Aaron  de  Saroug,  ou  saint  Aharon 
de  Syrie,  VII,  206  Si  -  deux  monas- 

tères, VII,  205.  —  Le  monastère 
d'Aaron  dans  la  Montagne  bénie, 
VII,  207.  —  Le  monastère  de  Segara 
ou  de  l'aqueduc)  de  Mar  Aharon, 
VII,  208.  —  Le  monastère  de  Pesqin 
ou    de    Segara    de    Pesqin,    VII,    210. 

Abagha,   III,    1. 

Abba  Tarbou  <■(  le  chien  Koulb,  rou- 
leau magique,  texte  et  traduction, 
X,  433. 

Abbas  I,   II,  250  et    -- 

Abbas    II,    II,    260. 

Abd  al-Karim  al-Djili,  et  Val-Insan 
al-kamil,  VII,  306:  VIII,  114.  —  et 
le  Mi'r'ai  al-'alam,  VIII,  135. 

Abd    ar-Razzak,    VII.    300 

Abdi-Yezd,  ou  Abd-Jésus,  évêque 
syrien,  II,  15S. 

Abel   enseveli   au    Golgotha,    VI,    222. 

Abenarabi,  mystique  musulman,  VIII, 
222   et  ss. 

Abgar.    Ses    relations    avec    Jésus,     I, 

•  73,  88,  190,  233.  —  La  lettre  .1-  N.- 
S.  J.-C.  à  Abgar  dans  une  inscription 
grecque  d'Édesse,  I,  217.  —  Réponse 
du    Christ   à    sa    lettre,    VI,   221. 

Abou  Saker  ibn  Abou'l  Karam  ibn 
al-Moudab,     IV,     437. 

Abraham    de    Kaskar,    I,    161. 

Abraham    Echellensis ,    X,    232    et   ss. 

Abu'l-Barakât  ibn  Kubr.  Recherches 
sur  sa  personnalité  et  sa  vie,  II,  373. 
—  Il  tut  secrétaire  de  Beïbars,  II, 
381  et  ss.  —  La  Scala  Magna,  II, 
373.  —  La  Lampe  des  ténèbres,  II, 
373.  —  'L'Illumination  de  l'intelli- 
gence, II,  378.  —  La  Réponse  aux 
Musulmans    et    aux    Juifs,    II,    379. 

Acta  Pilati  (Les).  Nicodème  en  est 
l'auteur,    III,    151. 


Adam    enseveli    au    Golgotha,    VI,    222. 

—  Le  Livre  ou  le  Testament  d'Adam, 

VI,    381,    396    et    ss. 
ad-Douaîhi,    I,    25. 
Afghanistan,   VIII,    447. 
Agathon,    patriarche   d'Alexandrie,    III, 

435  et   ss.;   IV,   372. 
Aghthamar.    La  liste   de   ses  catholicos, 

II,  327. 

Ahikar,  ou  Hikar,  ou  Haykar.  Histoire 
et  sagesse,  I,  149.  —  Documents  qui 
s'y    rapportent,    I,    274,    356. 

Aithérie,  ou  Sylvie  d'Aquitaine,  VI, 
254. 

Akhmim.  Les  martyrs  d'Akhmim 
d'après  le  synaxaire  éthiopien,  I,  183, 
256.  —  La  mort  des  martyrs  d'Akh- 
mim, I,  92,  255.  —  Célèbre  par  ses 
temples  païens,  X,  388. 

Aksou,  V,  20. 

'Ala  ad-Din  'ata  Malik  al-Djouwaîni, 
et  son  Histoire  des  Mongols,  III, 
160. 

al-Andalous,    IX,  224. 

Albirouni,  V,  400. 

Alcinous,  VIII,  226. 

Alep.  Les  manuscrits  orientaux  de  la 
bibliothèque  Asbat  réunis  dans  cette 
région,   II,   195. 

Alexandre      Histoire    d'),    VI,    302. 

Alexandre,  évêque  de  Lycopolis,  VIII, 
268. 

Alexandre  II,   patriarche  d'Alexandrie, 

III,  435. 

Alexandrie,  voir  Patriarches  d'Alexan- 
drie,   IV,   221. 

Ali.  Ses  descendants,   V,  46  et  ss. 

Aljigidaï,  ou  Eljigidâi,  IV,  312  et  ss.; 
VIII,  10  et  ss.  —  Sa  lettre  à  saint  Louis 
VIII,    22. 

al-Kindî,  et  la  Réfutation  des  chrétiens, 
II,   15. 


(1)  Cette  table  contient  les  mots  caractéristiques  des  titres  des  articles  et  des  ouvrages 
et,  de  plus,  un  certain  nombre  de  noms  propres  et  de  faits  remarquables. 

M.  Brière. 


454 


REVUE    DE    L'ORIENT   CHRÉTIEN. 


?™M^n-'    Vï'    2°8;    VOir    el-Makim. 
Amalfltains  (Les)  à  Constantinople,  IV 

^otTiïn6'  La  poésie  amhaTiiue<  ". 

Anaphores.  -  Anaphore  de  saint  Cyrille, 

T    tli    ~  AnaPhore  de  saint  Grégoire, 

i,        ,7  Anaphore  de  saint  Jacques, 

H I,    443;    IV,    223.    -    Anaphore    du 

patriarche    Jean    I,    V,    442    et    ss    

Anaphore    de    saint    Jacques,    V.    442 
—    Anaphores    jacobites,    V     443     _' 
Anaphore   dite  «    Charrar   »  'i     29 
Anaphore  de  Sévère  d'Antiochè,   1,25 
Anastase   de   Nicée,    IV,    95 
Anastase  le  SiKaïte,  Ilî    429  et  ss 

^if*  s  d  m ,L?*Jumeau,  dominicain, 
I",  4;  IV,  232  et  ss.  ;  352;  VIII  3 
et    ss.  * 

Andronicos,    voir    Tarachos. 

Am  —  Son  histoire,  II,  343.  —  Ses 
églises,  II,  344.  -  Ses  inscriptions 
arméniennes,    II,    337;    III     47  %,,. 

caV^    \  156-  -   i"ins=ripL   du" 
catholicos    Épiphane,    X     216 

A  ViL^a  aeiStCr)-  S°n  comPut™anuel, 
Anselme,   ou    Ascelin,    IV    285 
Antioche  (Église  d'),  voir  Église  syrienne 
Aparan  [Monastère  d'),   II     155 
Aphraate,  IV    444 

*£STS?'  • voi;. arabe'  arménie". 

copte,  éthiopien,  géorgien  et  syriaque 
ApoUonius   de   Perga,   VI     32 
Apollonius  de  Tyane,  VI, '388 
Apophtegmes   des    Pères.    Leur  version 

sahidiqus,    II,    448. 

A9n?Bt;  La  M'SSi0n  des  Apôtres,  I 
Apôtres,    ni,~50.  t6S  apocry°hes  "es 

Arabe  (Textes  et  traductions!.  —  nn 
testament  de  N.-S.  concernant  l'inva- 
sion des  Mongols,  I,  261,  433  _  La 
Légende  de  Jésus-Christ  et  du  roi 
d!  Tr['H  '  225-  -  Un  traité  de  Yahyâ 
ber,     Ad!    :    Délense   du    dogme   de   la 

KirTdt, HT re     l6S     °bjections     d'a|- 

A^fi>,e'    T    Le    parIer    de    Kfar    'Abida 
Liban-Syne),    I,    224.    _    Étude    sur 
es    emprunts   syriaques   dans   les   par- 
ters   arabes  du   Liban,    I,  224    _  Des 
Homélies    spirituelles    de    Macaire    en 
arabe  sous  le  nom  de  Siméon  Stylite, 
1=    t??,'-  IT.   Manuscrits    orientaux    de 
la    bibliothèque    Asbat,    II,    194     288 
—    Recherches   sur  la    personnalité   et 
il    an     d'Avbû'I-Ba-kàt      ibn      Kubr 
n,  d7d    __  voir  copte-arabe.  —  Cata- 
logue  de   manuscrits    arabes    chrétiens 
conserves    au    Caire,    IX,    445.    -Te 
Çhronicon     Orientale     de     Butros     ibn 
ar-Rah,b    et    l'Histoire    de    Girgis    el- 

txtémdP ^'n1^^- Version  arabe  d'un 
texte   de    Diodore  de  Tarse,  X   279    _ 

i?-?'0".  arabe  d'une  homélie  de  Théo- 
phile d'Alexandrie,   X    371 


Arabes   (Les)   en   Espagne,   VI    445 

Aratus,    VII,   327. 

Arche    d'alliance    (L),    I     107 

Archimède,   VI,  32. 

Aréthas    de    Césarée,     lu      11  o 

Arfatiya,  X,  390. 

Arghun,    III,    5;    Iv,    249 

Aristote,    IX     50     n„    „ 

rie    ==  \./.      u     .  Un    comPendium 

de    sa    Métaphysique,    I,    447 
Arius,  VIII,   143 

^î^  'r°UVent  des)  ou  des  Armo- 
maki,   III,   109. 

Arménie  Les    ravages    de    Timour- 

natinn '  '■     '  ^  SS-  ~  La    C™s^ntion 

nationale     arménienne,     VI      407      

l'ologenia     (Statuts)     ou     Règlements 
suprêmes    pour    le    gouvernement    des 
affaires    de    l'Église    arménienne    gré- 
gorienne,  VII,   181. 
Arménien    (Textes    et    traductions)    — 
Les     inscriptions    arméniennes    d'Ani 
«■7  Ba?Tnaïr    et     de     Marmachèn,     II,' 
337;    III,    47;    314;    IV,    356;    V     156 
358;  VI    867;  VII,  225.  -  Caiéchfse 
de   Cyrille,    évêque   de   Jérusalem,    VI, 

Arménien.  -  Notice  sur  65  manuscrits 
arméniens    de    l'île    de     Chypre,     III, 
L'f-  —  Le  questionnaire  de  saint  Gré- 
goire      rilluminateur      et      ses      rap- 
ports  avec    Eznik,    V,    309    —   L'Ar 
ménien    classique    pour    lui-même,    V 
d/8.     r-     Catalogue     des     manuscrits 
arméniens    du    Vatican,    VI     439     _ 
Une  difficulté  du   texte  de  'saint  '  Iré- 
nee    [Adv.    haer.,    IV,    14),    VIII     441 
La  traduction  arménienne  du  livre  IV 
de  V Advenus  haereses  de  saint  Irénée 

IX,  315;  X,  47,  285.  La  recension 
arménienne  de  ,  l'invention  des  reliques 
de  saint  Etienne  .,   éditée  et  traduite, 

X,  341.  ' 

Arménienne  (L'Église).  -  Les  Frères- 
Uniteurs  (Ounithorq,  Miabanoghq), 
ou  les  Unitaires,  ou  les  Dominicains, 
arméniens  (1330-1794),  II,  145>  249. 
Les  synaxaires  arméniens,  IV,  211 
-   Les  fêtes  et  les  saints  de  l'ÉWise 

arménienne,      VI,      74,      225.     °  Le 

synaxaire  arménien,  VI  ~74  —  Le 
calendrier  férial  arménien  ou  Tona- 
kan,  VI,  75,  225.  -  Les  recueils  hagio- 
graphiques ou  Iectionnaires  arméniens, 
VI,  7o,  2o7.  —  Pologenia  (Statuts)  ou 
Règlements  suprêmes  pour  le  gou- 
vernement des  affaires  de  l'Église 
arménienne-grégorienne  en  Russie,  VII 
181.  Le  synaxaire  arménien  de  Ter- 
Israël,  VII,  443. 

ATé«rS;  ~  LeS  Arméniens  à  An,, 
II,  339  et  ss.  —  Beaucoup  sont  mar- 
tyrisés     sous     Timour-Leng,     m      45 

Asbat  (Paul).  Ses  manuscrits  orientaux! 

As,c.f™    d»    Lombardie,    dominicain, 

I".    3;    IV,    262   et   ss.,    336. 
Asfa     Mâriâm.     Deux     poésies     éthio- 


TABLES    (3e    SÉRIE). 


455 


piennes  en   l'honneur  de    Peiresc,    IX, 
199. 

Assémani.   —  Ce  qu'il  dit  de   Diodnre 
de  Tarse,   X,  -233  et    ss. 

Astres.  Leur  influence,  VII,  289,  et  ss. 

Astrologie.  Le  Livre  du  Fruit,  VIII, 
197. 

Astronomie.  —  Astronomie  romaïque 
ou  byzantine.  V,  434.  —  Astronomie 
grecque,  ou  arabe,  ou  persane,  V, 
434.  —  Les  sources  grecques  et  i  lire- 
tiennes  de  l'astronomie  hindou.-.  V, 
lu.':    VI,   32. 

Athanase  Saint  I.  —  Trois  commentaires 
sur  les  Psaumes  parvenus  sous  son 
nom,  IV,  3.  —  Un  fragment  copte, 
VI  221.  —  Son  voyage  à  Borne  d'après 
une  homélie  de  Théophile  d'Alexan- 
drie, X,  384. 
Athanasios  Abougàleb,  VI,  432. 
Athos    (Le   mont:,    ou      v    .,    "Of>--. ,    ou 

K,'»,'l'.,:.CU)l    Bf»v"0sos,    II,  163;    III, 

146.  _  Un  Kaiiv  "Ooo;  en  Asie  Mi- 
neure, II,  163. — Les  manuscrits  géor- 
giens de  la  Bibliothèque  de  la  Laure 
d'Iviron  au  mont  Athos,  VIII,  289; 
IX,  114,  225. 

Atilià     Le   dragon,    VIL    127.    136. 

Atticus,  patriarche  de  Constantinople 
(406-425).  —  Les  passages  relatifs  à 
Atticus  dans  les  auteurs  syriaques 
et  arabes,  IX,  160.  —  Son  homélie 
sur  la  Sainte  Mère  de  Dieu  ou  sur  la 
Nativité  du  Christ  selon  la  chair,  IX, 
166,  378.  —  Sa  lettre  à  Eupsychius, 
IX,  379. 

Augustin     Saint  .    III.    437;   VIII,    129. 

Augustin  de  Passen,   II,  252  et  ss. 

Avesta,  VII,  49. 

Babai  de  Nisibe,    I,    161. 
Badger     G.    P.),    X,   233   et  ss. 
Bagarat,  prince  des  Géorgiens,   III,  32. 
Bagnair      Kozlidja),     II,    337.    —    Ses 
inscriptions  arméniennes,  V,  183,  358; 
VI,  357;   VII,  225. 
Bahira  ou  Serge.  Le  Coran  lui  est  attri- 
bué,  IX,  210. 
Baiju,  IV,  247  et  ss.;  VIII,  17  et  ss.  — 

Baiju-noyan,    IV,   269,   306. 
Bajazet,    III,    36    et    ss. 
Baptême   (Le).   Son  ordre  dans  l'Église 

éthiopienne,    VI,     105. 
Barbares    (Les),    leur    histoire,    V,    223. 
Bardenhewer,    X,   234,   251,   276. 
Bardesane,    VII,    328;    VIII,    88. 
Barhadbesabba    'Arbaïa,  X,    231,    245. 
Barhebraeus ,   I,  28,  221;  VIII,  57.   — 
Il    cite  le   Livre   du   Fruit,    VIII,    197. 
—  Ce  qu'il  dit  de   Diodore  de  Tarse, 
X,  239,  242. 
Bar-Képha,    voir    Moïse    Bar-Képha. 
Barlaam    et    Joasaph,    VI,    303. 
Bar-Salibi,    voir    Denys    Bar-Salibi. 
Barsauma  le   Syrien,    V.   446. 
Barthélémy  le  Petit,  dominicain,  arche- 
vêque   de    Maragha,    II,    146. 


Basile  de  Césarée  !  Saint  I  :  VI,  279.  — 
Une  catéchèse  lui  est  attribuée,  III, 
150,  271.  —  Sa  liturgie,  III,  444.  — 
Il  est  cité  par  saint  Grégoire  l'Illu- 
minateur,  V,  340  et  ss. 
Basile,    archevêque    de    Thessalonique 

III,    113. 
Basilide,   VIII,   263. 
Batu,     petit-fils     de     Gengis-khan,     III, 

10,    163;   VIII,   61. 
Baumstark     Ai,    X,   235,  214,   276. 
Beauvoillier   (Le   P.),    II,   269. 
Bédik,  auteur  du   Cehil-Sulun,    II,   266. 
Beïbars   (Dawa'dar),    II,   380   et  ss. 
Benjamin     de     Tudèle.     Ses     voyages, 

I,    109. 
Benoît  XIV  et  les   Frères- Uniteurs,    II, 

257. 
Benoit  XV ,  et  sa  lettre  à  M"  Bené  Graffin, 

I,  3. 
Bergey      M.    N:  >.    Un    manuscrit    éthio- 
pien lui  appartenant,  II,  426;  V,  196. 
Bernard    Gui,    VIII,    44,    46. 
Béthanie    (Couvent    de),    situé    près    de 

Tiflis,    III,    186. 
Bethlahem,   ou   Bethléhem,   nom   d'une 
grotte   située   près   de  Tiflis,    III,    186. 
Bethsaïde,    ses    monuments,    II,    334. 
Book  of  the  Rolls  (The),  VI,  381,  391  . 
Bordon  (Couvent  de),   III,   109. 
Bouddha,  IX,  224.  —  Sa  vie  et  les  doc- 
trines   bouddhiques,    VIII,    447. 
Bouddhisme,  VI,  223;   VII,  33  et  ss.  ; 
VIII      142.     Son     influence      dans     le 
dogme  islamique,  V.  3  et  ss. 
Brosset     Marie-Félicité!,   et  la   Géorgie, 

VI,  4. 
Butros  ibn  ar-Rahib.  —  Ses  ouvrages  : 
Le  Chronicon  Orientale  et  le  Livre 
béni,  VIII,  391.  —  Le  Chronicon 
Orientale  reproduit  le  Recueil  béni  de 
Girgis  el-Makim,  VIII,  405. 
Byzance.  Histoire  de  l'empire  byzantin, 

I,   448. 
Byzantins    (Les)   à    Ani,    II,    339   et  ss. 
Byzantion    (La    revue),     IV,    441. 

Caire  (Le).  Catalogue  de  manuscrits 
arabes  chrétiens  conservés  au  Caire, 
IX.    445. 

Calendrier  férial  arménien  (Le)  ou 
Tonakan,    VI,    75,   225. 

Calonoros,   K,;-,       "-..,:     II,   165. 

Canons     pénitentiels     en    éthiopien,     I, 
5,  345.  —  Leurs  rapports  avec  le  Sacre- 
ment   de    Pénitence,    1,    345,    et    leur 
proximité  avec  le  IV«  Livre  du  Qal 
mentos,    I,   353. 

Capharnaiim,  et  ses  monuments,  II, 
334. 

Catalogues.  —  Catalogue  des  manus- 
crits orientaux  de  la  Bibliothèque 
Asbat,  II,  194,  288.  —  Catalogue  de 
manuscrits  arabes  chrétiens  conservés 
au  Caire,  IX,  445.  —  Catalogue  des 
manuscrits  géorgiens  de  la  Biblio- 
thèque   patriarcale     grecque     à     Jéru- 


456 


REVUE    DE    L'ORIENT   CHRETIEN. 


salem,  III,  345;  IV,  190-  V  132  — 
Catalogue  des  manuscrits  arméniens 
du  Vatican,  VI,  439.  -  Catalogues 
des  manuscrits  éthiopiens,  voir  VIII 
l'8.  -  Catalogue  des  manuscrits 
géorgiens    de    la    Bibliothèque    de    la 

LT'tv^it  r  mont  Ath°s-  vin, 

289;  IX  114,  225.  _  Catalogue  de 
manuscrits  éthiopiens  de  la  Biblio- 
thèque Ambrosienne,  IX,  3  —  Notice 
sur  65  manuscrits  arméniens  de  l'Ile 
de    Chypre,    III,    170 

Cnh°"C7OS     d'Aghthamar:     leur     liste, 

Çauma  (Rabban),   X    5 

C38eirne  d6S  Trésors'  ,La>'  ln.83  ;  VI, 

Cerdon,    voir    Kerdon 

Ceylan,  VI,  223. 

Chalcédoine     (Le    concile    de);     il    cite 

Atticus,   IX,  381. 
Chine,    V,    3. 

^eWn^T     £6)     6M     AS'e     C«*trale 

et  en  Extrême-Orient,  III  5-  __  L'in 
fluence  chrétienne  dans  le  dogme  isla- 
mique, V,  3.  -  Les  sources  chrétiennes 
de  I  astronomie  hindoue,  V,  400;  VI 
32.  —  Christianisme  et  Mazdéisme 
chez  les  Turks  orientaux,  VII  31 
Chypre.  Notice  sur  65  manuscrits  armé- 
niens,   III,    170 

Gi|torciens  (Les)  à  Constantinople,   IV, 

Clément  (Saint).  Littérature  éthio- 
pienne pseudo-clémentine,  I  246-  IT 
22,    113,    395;    VI,    22. 

Clément  XI  et  les  Frères-Uniteurs,    II, 

Clément  XII  et  les  Frères-Uniteurs,   II, 

Comédie   (La    Divine),    I,    108. 
Comète    de    novembre    1577  '(La)-    sa 

description    orientale,    VII     212 
Comput    (Table    de)    et    chronologie,    I 
3-3.   —  Calculs  et  Tables  qui  se  rap- 
portent   au    comput,    Il     212 
Confirmation     (La).     Son     ordre     dans 

I  fcglise    éthiopienne,    VI,    105. 
Constantin  Anagnostès,    II,    162:    III 

i14-   —  Ses  poésies,   II,   184. 
Constantin     Manassès,     III      120 
Copte  (Textes  et  traductkns).  —  Deux 
textes  concernant  le  séjour  de  Sévère 
d  Antioche    en    Egypte,    III,    97,    100 
-   Catéchèse  attribuée  à    saint  Basile 
de   Cesarée.    Une  lettre   apocryphe   de 
saint  Luc,  III,  150,  271.  _  Les  éclair- 
cissements de  saint  Athanase  sur  les 
Ps  unies.  Fragments  d'une  traduction 
en  copte  sahidique,  IV,  3.  —  La  double 
recension  de  l'Histoire  Lausiaque  dans 
la  version  copte,  V,  232.  —  La  recen- 
sion   copte    de    la    vie    d'Abba    Marty- 

rianos   de    Césarée,    VII,    140.  Une 

composition  oubliée  du  P.'  Kircher 
en  l'honneur  de  Peiresc,  IX,  196 
207.  —  Sermon  de  Théodose,  patriarche 


d'Alexandrie,  sur  la  Dormition  et 
1  Assomption  de  la  Vierge  IX  27? 
Copte  _  Petits  textes  venant  d'o'straca 
et  de  papyrus,  II,  336;  VI  219  _ 
La  version  sahidique  des  Apophtegmes 

co'nte  ,7'J.1'  44§-  ~  Dictionnaire 
opte,  II,  450.  -  Note  sur  l'expression 
8°«mZ  EB0.v,  III,  209.  -  La  version 
nchmimique  des  Petits  Prophètes, 
\  I  4  ""  La  version  copte  des 
\ctes  des  Apôtres  en  dialecte  du  Sud, 
III,   441.   —   Textes   coptes   de   Wad 

mga44,n'44?-TÉtymol^escoptes: 
"'  **f  —  Textes  coptes  venant  du 
monastère   de   Saint-Macaire,   VI    222 
-    La    version    bohaïrique    des'  Pro- 
verbes de  Salomon,   VII    441 
Copte    (Église).    —    Son    calendrier,    V 
445.  —  L'ordination  sacerdotale  chez 
les  Coptes  Unis,  VIII,  362 
Copte-arabe.    Anaphore    de'  saint    Gré- 
goire et  anaphore  de  saint  Cyrille,   I, 

Coran    (Le);    sa    rédaction    attribuée    à 

Serge  ou  Bahira,   IX,  210. 
Cosmas   Indicopleustès,   VI,   289 
Cosme    (Lettre    à),    I,    222 
Cosmographie.    -    La     Cosmographie 
de    Jésus    flls    de    Noun    (IX-    siècle) 
VII     126.  -  Le  traité  sûr  les   Cons- 
tellations    de     Sévère     Sébokt       VII 
327;   VIII,  85.  ' 

Croix  (La  Sainte).  Couvent  géorgien  de 
Sainte-Croix    à    Jérusalem,    III,    347 
-  La  Manifestation  ou   Invention  de 
la   Croix  dans  un  texte  éthiopien,   V, 
-    Diverses    inventions    de    la 
Croix,   VI,  307,  319. 
Cycles    (Les    treize),    I,    329. 
Cyoré,  X,  239. 

Cyriague  (Saint  enfant).  Les  Miracles 
du  saint   enfant   Cyriaque,    I,  409;   V, 

Cyriacrue  (Saint),  évêque  de  Jérusalem, 

V  I,  305. 
Cyriaque  (Monastère  de)  à  Thèbes,  VI, 

Cyrille  d'Alexandrie  (Saint).  —  Son 
anaphore,  I,  241.  —  Fragments  coptes, 
VI,  222.  _  H  cite  Atticus,  IX,  378. 
—    II   cite    Diodore  de  Tarse,   X,   272 

Cyrille  de  Jérusalem  (Saint).  Une 
catéchèse  traduite  en  arménien  VI 
238,  243. 

Damien,  patriarche  d'Alexandrie.  Fra"- 

ments   coptes,    VI,   221. 
Daniel.    Sa    traduction   éthiopienne     VI 

412.  '         ' 

Darius.    Les    Slaves    furent    ses    sujets, 

Delorme  (E).  Ses  manuscrits  éthiopiens, 

Démons.     Prières     magiques     pour    les 

conjurer,    III,    199. 
Denys  Bar-Salibi,  I,  25;  IV,  223 
Denys  1  ' Aréopagite ,  VII,  127. 


TABLES    (3l    SÉRIE). 


457 


Dimanche,    voir    Dominique    d'Aragon, 

IV,  347. 
Dinkart,   VII,   51. 

Diodore  de  Tarse,  et  son  commentaire 
sur  les  Psaumes  d'après  la  tradition 
manuscrite,  IV,  58,  et  ss.  —  Frag- 
ments syriaques  du  livre  .  Contre  les 
synousiastes  .  réédités  et  traduits  pour 
la  1«  fois,  X,  231.  —  Les  différents 
titres  d'un  même  ouvrage,  X,  2/4. 
Diophante,  VI,  33. 
Djalal  ad-Din    Roumi,   et   le    Masnaun, 

VIII,    102. 
Diourdjani,  VII,  303. 
Dominicains,   ou    Frères-Prêcheurs,   ou 
Fratres    praedicatores,     1\  ,     232,     351. 
Dominicains  .Les),  en  Géorgie,   II.  145. 
_  En  Cilicie,  II,  145.  —  A  Tiflis,  IV, 
290.  —   En  Orient,    IV,   351. 
Dominicains    arméniens,    ou    Frerçs- 
Uniteurs,    ou    Unitaires,    II,    14o,    249. 
Dominicrue   d'Aragon,   franciscain    Sa 
légation    en    Orient,     IV,    336;    Mil, 

Droit    objectif     (La    question    du).     La 
question  de  sa  notion,    III,  224. 


Eden,    VI,   280. 

Edesse.  Une  inscription  grecque  et  la 
lettre  de  N.-S.  J.-C.  à  Abgar,  I,  217. 
—  L'École  d'Edesse,  X,  238. 
Église  orthodoxe  gréco-russe.  Le 
schisme  grec.  La  théologie  gréco- 
russe  et  ses  sources,  V,  221  et  ss. 
Églises.  —  Église  des  Quarante  Martyrs 
de  Sivas  (Sébaste),  III,  41.  -  Église 
des  Blakhernes  à   Constantinople,    in. 

116.    Églises    dédiées    à    la    Vierge 

][!     150    Église  construite  au  nom 

de 'sainte    Marie,    III,    293.    -    Église 
de      Saint-Marc      à    Alexandrie     cons- 
truite par  le  patriarche  Jean  de  Sama- 
noud,  IV,  372.  —  Autres  églises  dédiées 
à    saint  Marc   à    Alexandrie,     I\ ,    372. 
Églises     orientales     (Les).     Elles    sont 
l'objet  de  la  sollicitude  des  papes,  de 
Benoit  XV  en  particulier,  I,  3.  —  Les 
anciennes    Églises    orientales    et    1  Im- 
maculée   Conception,    I,    173. 
Egypte.  La  chronologie  des  temps  chré- 
tiens,   V,   445. 
Égyptien.  Grammaire,  II,  335.  —  Étude 

des    hiéroglyphes,    III,    21/. 
Égyptiens  (Martyrs.     Fragments  d'actes 

en   copte,   VI,   223. 
Élie    (Le    prophète).    Homélie    de    saint 

Jean   Chrysostome,   VI,   223. 
Élie  bar  sinaja,  X,  282. 
Élie  de  Nisibe,  IV,  436. 
El-Makim   (Girgis),    III,    IV,    125,   220. 
—  Le  Recueil  béni  se  retrouve  dans  le 
Chronicon     Orientale     de     Butros     îbn 
ar-Rahib,    VIII,    405.    Voir    al-Makin. 
Emmanuel   assahhar,    X,  281. 
Énigmes     philosophiques.      Un     recueil 

en   langue    syriaque,    I,    113. 
Éphèse.  —  Les  sept  Dormants  d'Éphèse, 


III  414  —  La  Sainte  Vierge  à  Éphèse, 
et  'son  tombeau,  VIII,  378  et  ss  — 
Le  concile  d'Éphèse  cite  Atticus,  IX, 
37S. 

Épnrem  (Saint).  --  Des  emprunts  a 
ses  œuvres  dans  les  homélies  spiri- 
tuelles de  Macaire  l'Égyptien,  I,  340. 
—  Son  office,  III,  446.  —  Son  œuvre 
littéraire,  IV,  445.  -  La  Caverne  des 
Trésors   lui    est    attribuée,    VI,    381. 

Épnrem,   chroniqueur   du    XIV"   siècle, 

Épiphane     [Monastère     d'1     à     Thèbes, 

VI,    219. 
Épiphane,    catholicos    de    Géorgie.    — 

Son  inscription,  X,  216. 
Époux.     Formules    magiques     pour    les 
séparer,    I,  214.  . 

Érechthios,  évêque  d'Antioche  de  Pisi- 
die.    Ses   discours   sur   la    Nativité   et 
sur  l'Epiphanie,  I,  220. 
Érémia   (Couvent   d'),    III,    i09- 
Eschatologie   musulmane,    I,    108. 
Esdras,   II,  212. 
Ésope.  Un  recueil  de  ses  fables  en  syna- 

que,    I,   308. 
Ethiopie.     La     chronologie     des     temps 

chrétiens,  V,  445. 
Éthiopien    (Textes    et     traductions).   — 
Canons  pénitentiels,  I,  5,  345   - -Rela- 
tions entre  Abgar  et  Jésus,  I,   /3,  190. 
—  Abgar  et  Jésus  d'après  le  synaxaire 
éthiopien,  I,  88,  253.  —  La  mort  des 
martvrs    dAkhmim,     I,    92,    2o5.    — 
\perçu    sur   les    Miracles   de    Jésus,    I. 
94  —  La  légende  du  parfum  de  Marie- 
Madeleine,    I,    100.    --    Les    Martvrs 
d'Vklimim  d'après  le  synaxaire  éthio- 
pien, I,   183,  256.  -  La  Pentecôte  et 
I  ,    \l,-sion  des  Apôtres,  I,  203;  11,  &/- 
_     Littérature     éthiopienne     pseudo- 
clémentine.    Traduction    du    Qa^men- 
los     I     246:    II,   22,    113,  395;  VI,  22, 
—'Table  de  comput  et  de  chronologie, 
I     323     —   Les   treize    Cycles,    I,   329. 
—  Variation  de  la  durée  des  jours  et 
des  nuits  pour  chaque  mois  de  l'année, 
I,  429.  Table  des  levers  de  la  lune  pour 
chaque    mois    de    l'année,    I,    422.    - 
Les  Miracles  du  saint  enfant  Cynaque, 

I  4U9-  V,  187.  —  Un  fragment  de 
ménolo'ge  éthiopien.  IL  Le  mois  de 
Teqemt,  II,  95.  —  Quelques  meno- 
loges  éthiopiens  à  propos  du  synaxaire, 

II  100  Leur  comparaison  avec  d  autres 
ménologes,  II,  106.  —  Sentences  d'Éva- 
»rius  II,  206.  —  Calculs  et  tables 
relatifs  au  comput,  II,  212.  —  Manus- 
crits éthiopiens  appartenant  à  M. 
N.  Bergey.  Weddâsê-Mâryàm  ou  Office 
de  la  Sainte  Vierge  en  éthiopien,  II, 
426.  —  Sentences  ascétiques,  II,  443. 
—  Prière  magique  pour  conjurer  les 
dénions,  III,  199.  —  Les  Canons  du 
concile  de  Gangres,  III,  303.  —  Une 
hymne  du  Nagara  Màruâm,  III,  416. 
Manuscrit  éthiopien  n'  2  apparte- 


458 


REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIE 


N. 


nant  à  M.  N.  Bergey,  V,  196.  —  Le 
Récit  de  la  Manifestation  de  la  Croix, 
V,  276.  —  L'Ordre  du  Baptême  et  de' 
la  Confirmation  dans  l'Église  éthio- 
pienne, VI,  lu;,.  —  Contributions  à 
l'histoire  du  couvent  éthiopien  de  San- 

Stefano-dei-Mori,      VI,     211.     Un 

fragment  de  ménologe  éthiopien,  VIII, 
417.   —   Deux   poésies   d'Asfa    Mariam 

en  l'honneur  de  Peiresc,   IX,   199.  

Un   rouleau   magique   :    Abba    Tarbou 
et    le    chien    Koulb,    X,    433. 
Éthiopien.  —   Contribution   à   la   philo- 
logie   éthiopienne,    I,    103,    314,    401; 
II,  65,  329.  —  Les   manuscrits   éthio- 
piens  de   M.    E.    Delorme,    I,    137.   __ 
Traduction    éthiopienne    du    prophète 
Daniel,    VI,    442.    --    Répertoire    des 
bibliothèques      publiques      et     privées 
contenant    des    manuscrits    éthiopiens, 
VIII,    178.    —    Une    traduction    éthio- 
pienne  du    Livre    béni    de   Butros   ibn 
ar-Rahib,  VIII,  391.  —  Catalogue  des 
manuscrits    éthiopiens    de    la     Biblio- 
thèque    Ambrosienne,     IX,     3. 
Éthiopienne  (L'Église).  —  Le  synaxaire 
éthiopien,   II,   100.  —  La  Messe  éthio- 
pienne,  IX,   187;  X,   170;  421.  —  Son 
calendrier,    V,   445. 
Éthiopiens.     -   -     La     poésie     chez     les 
Éthiopiens.   La    poésie  amharique,    II. 
306,    401. 
Etienne  (saint).  —  «  L'invention  de    ses 
reliques  »,  édition  et  traduction  de  la 
version   arménienne,    X,   341. 
Euclide,    VI,   32. 

Eupsychius,  ou  Euxenius,  ou  Euphe- 
sinus,  le  destinataire  de  la  lettre  d'At- 
ticus,  patriarche  de  Constantinople, 
IX,  379,  381. 
Eusèbe  de  Césarée.  —  Un  fragment  de 
son  Onomaslicon  dans  une  ancienne 
traduction  syriaque,  III,  225  et  ss.  -~ 
Ses  ouvrages  traduits  en  syriaque  dans 

un  manuscrit  de  l'an  411,  III,  225.  

Son  Livre  de  la  figure  du  monde  et  sa 
Chronique  se  retrouvent  dans  l'Ono- 
masticon,  III,  226.  —  Des  fragments 
coptes,  VI,  222. 
Eusèbe  d'Émèse.  —  Un  discours  théo- 
logique dans  une  version  latine,  II, 
72. 
Eustathe  de  Sébaste,  et  le  concile  de 

Gangres,    III,   304. 
Euthyme    d'Olympe,    VTII,    290. 
Euthymiens    (Les),    partisans    des    qua- 
trièmes   noces,    III,     109. 
Évagrius.   Des  sentences,   II,   206. 
Exposito    totius   mundi   et   gentium,    VI 

284. 
Extrême-Onction  (L).  —  Son  rite 
dans  l'Église  gréco-russe,  I,  40.  — 
Elle  est  appelée  le  Sacrement  des 
Lampes  par  les  Syriens  et  les  Maro- 
nites, I,  48.  —  Elle  est  attestée  par 
Isaac  d'Antioche,  I,  43,  et  par  le  Tes- 
tament de  N.-S.  J.-C,  I,  50. 


Eznik  de  Kolb,  et  son  ouvrage  Contre 
les  sectes,   V,   309,  327  et  ss. 

Facundus  d'Hermiane,   III    434  et  ss 
Fetisov  (Nicolas),  son  livre  sur  Diodorè 

de    Tarse,    X,    235,    251,    260    ss. 
Fiadoni  (Ptolémée  ou  Barthélémy),   IV 
286.   Identifié  avec  Ptolémée  de  Luc- 
ques. 
Florilèges  dogmatiques  (Les),   III    427 
Français.    Observations    sur    la    Gram- 
maire  de   l'Académie    française,    VIII 
445.  ' 

Franciscains  (Les)  en  Arménie,  II 
145. 

Frères-Prêcheurs  (Les),  ou  Fratres 
praedicalores,  ou  Dominicains.  IV 
232,    351. 

Frères-Uniteurs  (Les),  ou  Unitaires, 
ou  Dominicains  arméniens,  II  145 
249;  III,  183.  —  Liste  de  leurs  Pro- 
vinciaux,   II,    279. 

Friton   (Azaria),    II,   250. 

Friton   (Nicolas),    archevêque   d'Aparan 

II,  158. 

Gamaliel,     auteur     d'un     ouvrage,   III 

151. 
Gangres  (Le  concile  de).  —  Ses  canons, 

III,  303. 

Gelasse,   pape,    III,    433   et   ss. 

Gengis-khan,   III,  3. 

Géographie     chrétienne     (Abrégé     de) 

VI,   279   et  ss. 
Georges  l'Athonite,  VIII,  291. 
Georges  Hamartolos,   II,  286. 
Georges   le   Moine,    II,    286. 
Georges   Scholarius,    III,    119. 
Géorgie,     dévastée     par     Timour-Leng, 

III,  32. 

Géorgien  (Textes  et  traductions).  — 
Une  page  de  saint  Hippolyte  retrou- 
vée (ms.  Hib.  Hieros.  44),  V.  225. 
—  Le  Livre  ou  Testament  d'Adam, 
VI,  396.  —  L'Horaire  du  jour  et  de 
la  nuit,  VI,  396.  —  L'inscription 
d'Épiphane,  catholicos  de  Géorgie 
X,  216.  ' 

Géorgien.  —  Catalogue  des  manuscrist 
géorgiens  de  la  Bibliothèque  patriar- 
cale   grecque    à    Jérusalem,    III,    345- 

IV,  190,  387;  V,  132.  —  La  langue' 
géorgienne,  VI,  3.  —  Géographie  et 
légende  dans  un  écrit  apocryphe  de 
saint  Basile,  VI,  279.  —  Notice  sur 
une  version  géorgienne  de  la  Caverne 
des  Trésors,  apocryphe  syriaque  attri- 
bué à  saint    Ephrem,  VI,   381.   Les 

Annales     géorgiennes,      VI,     383.      

Catalogue  des  manuscrits  géorgiens 
de  la  Bibliothèque  de  la  Laure  d'Ivi- 
ron  au  mont  Athos,  VIII,  289;  IX, 
114,  225.  —  La  Langue  géorgienne, 
ou   grammaire   géorgienne,    VIII,    444. 

Géorgiens   (Les)   à   Ani,    II,   339   et  ss 

346. 
Gètes    (Les),    II,    m. 


TABLES    (3e    SÉRIE). 


459 


Gethsémani.  Une  église  y  est  dédiée  à 

la    Sainte   Vierge,    VIII,   383. 
Ghazan,    III,    5. 
Gnosti<iues  (Les),   VIII,  231,  260;    IX, 

38. 
Gordon  (Couvent  de),   III,   109. 
Gorg-ui,   prince   géorgien,    III,   39. 
Goths    iLes),    II,    110    et    ss. 
Gralfln  (M»').  —  H  reçoit  une  lettre  de 
Benoit    XV,    I,    3.    —    Il    possède    un 
manuscrit      syriaque      contenant      des 
documents   relatifs   à    Ahikar,    I,   274, 
356.  —  Article  nécrologique,  X,  225. 
Grec.      —      Une      inscription      grecque 
d'Édesse  et  la  lettre  de  N.-S.  J.-C.  à 
Abgar,    I,    217.    —    L'Hypotypose    ou 
traité  sur  l'ascèse  attribué  à  saint  Gré- 
goire de    Ny'sse,   I,  412.  —  La  grande 
lettre   de   Macaire   l'Égyptien,    II,   29. 
—  Thaddée  de  Péluse  et  son  Aduersus 
ludaeos,    II,   280.  —  Les   citations  de 
saint  Jean  Chrysostome  dans  le  flori- 
lège   du    Cod.    Vatican,    graec.    1142, 
III,    427*.    —   Textes    grecs    de    YVadi 
Sarga,  III,  442.  —  Textes  grecs  venant 
d'ostraca  et  de  papyrus,   VI,  219.   — 
Quelques    nouveaux    textes    grecs    de 
Sévère  d'Antioche,  VII,  3.  —  La  Vie 
de  Porphyre  par  Marc  le  Diacre,  VII, 
422.   —   Le    Commentaire   de    Diodore 
de    Tarse    sur    les    Psaumes,    IV,    58. 
Grèce.   —   Étude   sur  la   piété   hellénis- 
tique, III,  221.  —  Les  sources  grecques 
de  l'astronomie  hindoue,   V,   400;   VI, 
32.    —    La    pensée    grecque    dans    le 
mysticisme    oriental,    VII,    288;    VIII, 
101,  225;  IX,  33. 
Grégoire   IX,   pape,    II,    145. 
Grégoire,    évoque    d'Ani,    X,    221,    223. 
Grégoire    Archarouni,    VI,    259. 
Grégoire  d'Anavarze,  et  le  synaxaire 

arménien,    IV,    216. 
Grégoire  de  Khlath    ou  d'Akhlath),  et 

le   synaxaire   arménien,    IV,   217. 
Grégoire    de     Nazianze     (Saint),     III, 
101,    VII,    415.   —   Son    anaphore,    I, 
241. 
Grégoire    de    Nysse    (Saint).    L'Hypo- 
typose   ou    traité    sur   l'ascèse    lui    est 
attribuée,    I,    412.    —    Le    traité    De 
Inslituto    chrisliano    lui    est    attribué, 
II,  29. 
Grégoire    l'IUuminateur     (Saint),     ou 
le    Parthe,    et    ses    questions    et    ses 
réponses,    V,    309. 
Grégoire     Mammas,     III,     105. 
Guichard    de     Crémone,     dominicain, 

IV,    290. 
Guillaume    de    Longjumeau,    domini- 
cain,   VIII,   43. 
Guillaume  de  Nangis,  VIII,   13  et  ss. 
Guillaume  de    Rubrouck,  III,    3;    IV, 

318;  VIII,  54  et  ss. 
Gùyiik,    ou    Kùvûk,    III,    4,    160;    IV, 
249  et  ss.;  VIII,  24,  29  et  ss.  —  Sa 
lettre  à  Innocent  IV,  III,  11  et  ss.  — 
Son  cachet,  III,  26. 


Hara-Hoto,  ville  des    Tangoutes,  X,  3 

et  ss. 
Hélène    'Sainte),    et    l'Invention    de    la 

Croix,   V,   276. 
Hénoch,    II,    212. 
Hésychius    de    Jérusalem,    auteur    de 

De    tilulis    Psalmorum,    IV,    3. 
Héthoum    I",    roi    d'Arménie,   IV,    347. 
Hexameron    (L')   de   Moïse   Bar-Képha, 

III,   83. 
Hiérothée,  VIII,  249. 
Hindoue     (L'astronomie),     voir     Astro- 
nomie. 
Hindouisme     L'I,    VII,    221. 
Hippolyte    Saint),.  —  Une  page   retrou- 
vée, V,   225. 
Histoire  Lausiaque  (L'),  dans  la  version 

copte,   V,  232. 
Homélies    syTiaques,    II,    363;    III,    8~. 
Horaire  du  jour  et  de  la  nuit  (L'),  VI, 

387,   396. 
Hospitaliers    (Les),    maîtres    et    frères, 

IV    338 
Hrip'simè    'Sainte).   Ses  reliques  volées, 

II,  251. 
Hugues  de  Saint-Cher,  IV,  264  et  ss. 
Huile  des  lampes  (L'),  employée  dans 
le    sacrement    de    l'Extrême-Onction, 
I,  48. 
Humbert  (Pierre),  IX,  196. 
Hypotypose     L),   ou  traité  sur  l'ascèse 
attribuée   à    saint   Grégoire   de    Nysse. 
Ses  rapports  avec  la  lettre  de  Macaire 
l'Égyptien,  I,  412. 

ttas,    X,    239,   245. 

Ibn    Abil-Fazaa,    VI,    208. 

Ibn    el-Abbar,    II,    223. 

Immaculée  Conception  (d')  dans  les 
anciennes    Églises    orientales,    I,    173. 

Ibn-Kubr ,    voir    Abù'l-Barakât. 

Ignace  II,  patriarche  jacobite,  IV,  229. 

Ues  Fortunées ,  ou  Iles  des  Bienheureux, 
ou  Iles  de  la  Béatitude,  VI,  286,  296; 
VIII,   88. 

Inde,  VII,  221;   IX,  223. 

Indo-européennes  (Les  langues).  Les 
terminaisons  verbales  en  :  -r,  III,  223. 

Innocent  IV.  —  Ses  relations  avec  les 
Mongols,  III,  3;  IV,  225  et  ss.,  336 
et  ss.,  —  Sa  lettre  à  Odon  de  Chàteau- 
roux,  VIII,    76. 

Innocent    VI,    pape,    II,    150. 

Inscriptions.  —  Une  inscription  grec- 
que d'Edesse  et  la  lettre  de  N.-S. 
J.-C.  à  Abgar,  I,  217.  —  Les  inscrip- 
tions arméniennes  d'Ani,  de  Bagnair 
et  de  Marmachên,  II,  337;  III,  47, 
314;  IV,  356;  V,  156,  358;  VI,  357; 
VII,  225.  —  L'inscription  géorgienne 
d'Épiphane,  catholicos  de  Géorgie, 
X,  216. 

Iosipos,   mis   pour  Ésope,    I,   308. 

Irène    (Sainte),    vierge,     III,    295. 
Irénée    Saint  .  —  Une  difficulté  du  texte 
dans    la    traduction     arménienne    de 
VAdv.  haer.,  IV,  14,  VIII,  441.  —  La 


460 


REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 


traduction  arménienne  du  livre  IV 
de  l'Aduersus  haerfses,  IX,  315;  X 
47,  285.  —  La  traduction  arménienne 
de  la  Démonstration  de  la  Prédica- 
tion   apostolique,    IX,    315. 

Isaac   d'Ântioche.    Il   atteste   le   Sacre- 
ment   de    l'Extrême-Onction,     I,     43 

Isaac,  patriarche  d'Alexandrie.  La  'durée 

de    son    patriarcat,    III,    214.    Les 

dates    de    son    patriarcat,    IV     "19 

Isaïe    (L'Abbé),    II,    54. 

Islam  (L1),  I,  108;  V,  3,  68,  80;  VII, 
47;  IX,  210  et  ss.  —  La  lutte  entre 
la  foi  et  la  science  dans  l'Islam,  II, 
110-  —  L'Islam  et  le  Christianisme 
VIII,    222. 

Isoyalib   bar  Malkhon,    IV,   229 

Issaverdents    (Thomas),    II,'   275. 

Iviron   (La   Laure  géorgienne  d'),   VIII 
289;    IX,     114,    225. 

Jabalaha  (Mâr)  III,  X,  5.  Voir  Yahba- 

laha    (Mâr)    III. 
Jacobites,    IV,    229. 
Jacques  (Saint),  Apôtre.  Son  anaphore 

III,  443;   IV,  223;  V,  442. 
Jacques  d'Édesse,  I,  30.  —  Son  com- 
mentaire delà  liturgie  de  saint  Jacques 

IV,  223  et  ss. 

Jacques  de  Nisibe,  cité  par  saint  Gré- 
goire  ITlluminateur,    V,    342. 
Jacques    de    Saroug,    ce    qu'il    dit    de 

Diodore  de  Tarse,  X,  244. 
Jean  (Saint),  Apôtre.  Son  séjour  à  Éphèse 

VIII,  377. 
Jean    I",    patriarche    jacobite,    V,    442. 
Jean    VI,    maphrien   jacobite,    IV,    229. 
Jean   Chrysostome    (Saint).   —   Quatre 
homélies  sur  les  tentations  de   Notre- 
Seigneur   et    l'Incarnation,    I,    219.    — 
Homélie  sur  le  prophète  Élie  en  copte, 
VI,  223.  —  Cité  dans  un  florilège.  III 
427. 
Jean    C'ordvanéli,    ou    Thornik     VIII 
290.  ' 

Jean   Damascène   (Saint),    III,   438. 
Jean    de   Beith  Aphthonia.   Sa   vie  de 

Sévère  d'Antioche,  III,  92. 
Jean     de     Carcassonne,     Dominicain 

VIII,    41. 
Jean  de  Columna,  ou  Jean  de  Colonna 

IV,  288;   VIII,    lu. 
Jean  de  Dara,   X,  276. 
Jean  d'Ozoum,  VI,  267. 
Jean  de  Qerna,   II,    146. 
Jean        de        Samanoud,        patriarche 

d'Alexandrie,    IV,    373. 
Jean   l'Atbonite,    VIII,    290. 
Jean    Sarrasin,    VIII,    13    et    ss. 
Jérôme   (Saint).    Il   a   traduit  l'Onimas- 

ticon  d'Eusèbe,  III,  227. 
Jérusalem.  Les  manuscrits  géorgiens 
de  la  Bibliothèque  patriarcale  grecque, 
III,  345;  IV,  190,  387;  V,  132. 
Jésus.  —  Ses  relations  avec  Abgar,  I, 
73,  88,  190;  253.  —  Les  Miracles  de 
Jésus,  I,  94.  —  Sa  lettre  à  Abgar  dans 


.  une  inscription  grecque  d'Édesse,  I, 
217-  —  Sa  réponse  à  la  lettre  d'Abgar, 
VI,  221.  —  Un  discours  eschatologique' 
en  copte,   VI,   222. 

Jésus  fils  de  Noun,  patriarche  nesto- 
n,  n.   —   Sa    Cosmographie,    VII,    126. 

Jonas,  prophète.  —  Son  tombeau,  III 
35. 

Jornandès.   Son  histoire  des  Gètes,    II, 

Josèphe    et    les     Antiquités     judaïques, 

Jours.  La  variation  de  leur  durée  pour 

chaque  mois  de  l'année,    I,  429. 
Juda-Cyriaque ,   voir  Cyriaque   (Saint). 
Juifs    (Les),    V,    446. 
Justes-nus    (Les),    VI,    280   et   ss. 

Kalam,  ou   Existence  primordiale,   VII 

292    et   ss.  ' 

Karl    Johan    XIV,    roi    de    Suède,    III, 

Karl   XI,   roi   de   Suède,    III,  223. 

Kashghar,  V,  3. 

Kerdon,    ou    Cerdon,     VIII,    264. 

Khotan,   V,   20. 

Khotcho,  V,  21. 

Khubilaï,    IV,    248. 

Kirakos  de  Gandzak  (Ganjak),  ou 
Kyriak  de  Kandzak,  IV,  244.  —  Ses 
travaux  sur  le  synaxaire  arménien, 
IV,    214. 

Kircher  (Le  Père  Athanase).  Une  com- 
position copte  en  l'honneur  de  Pei- 
resc,    IX,    196. 

Lagarde  (P.  de),  son  édition  en  1848 
des  fragments  syriaques  de  Diodore 
de  Tarse,  X,  213,  246,  248;  pourquoi 
M.    Brière   la    réédite,    X,   249. 

Lagier  (Mgr),   X,  225. 
Latin    (Textes   et   traductions).    Un   dis- 
cours   théologique    d'Eusèbe    d'Émèse 
dans    une    version    latine    du    IV»    ou 
du    V»    siècle,    II,    72. 
Latin.      Littérature     latine     chrétienne 

II,   221. 
Laurent  de  Portugal,  franciscain,   III 
6  et  ss.;    IV,  336. 

Lectionnaires  ou  recueils  hagiogra- 
phiques   arméniens,    VI,    75,    257. 

Légende  de  Jésus-Christ  (La)  et  le 
roi   de    Tyr,    I,    225. 

Légendes  de  la  Vierge  (Les),  III,  416. 

Légendes  musulmanes  (Les),  dans 
le  Coran  et  dans  les  vies  des  prophètes  : 
leurs  origines,    IX,  209. 

Le  Livre   des   sept  sages ,   X,   4. 

Léonce  de  Bysance  cite  Diodore  de 
Tarse,    X,    272. 

Liban  (Le)  et  les  traditions  françaises. 
I,  445. 

Libère   (le  pape),   X,  375,   404. 

Liber    transitus    Mariae,     IX,    272. 

Littératures.  —  Histoire  de  l'ancienne 
littérature  ecclésiastique,  IV,  443.  — 
Littérature  latine  chrétienne,    II,  221. 


TABLES    (3e    SÉRIE). 


461 


—  Histoire  de  la  littérature  syriaque,    , 

IV,    443.  ,    . 

Liturgies.  —  Liturgie  syrienne  :  Am- 
phore syriaque  de  Sévère  pour  la 
messe  des  présanctifiés,  I,  2o.  —  Litur- 
gie maronite,  I,  335.  --  Liturgie 
syrienne    dWntioehe    :    Missel,    messe 

et  rituel,  III,  443;  diverses  anapl a, 

III  444  —  Liturgie  éthiopien n> 
L'Ordre  du  Baptême  et  de  la  Confir- 
mation, VI,  105.  -  La  Messe  éthio- 
pienne, IX,  187;  425;  X,  UO,  421.— 
Liturgie  eopte  :  L'Ordination  sacerdo- 
tale chez  les  Coptes  Unis,  \  III,  36£.  - 
Liturgie  de  saint  Basile,  III,  144,      X. 

194     Liturgie    de    saint    Marc,    IX. 

192'.  —  Liturgie  des  Apôtres,  IX,   194. 
_  Liturgie  de  saint  Cyrille,   IX,   194. 
—  Voir  Anaphores. 
Louis    (Saint),    III,   3;    IV,   307   et  ss  ; 
VIII,    12.    —    La    Translation    de    la 
Couronne    d'épines,    VIII,    4. 
Louis  XIV    et    Abbas    II,  H,  260  et  ss. 
Luc     Saint).    Une    lettre    apocryphe    en 
eopte,   III,   150.  -  Actes  apocryphe,, 
HI     150.    —    Luc    scribe    ou    docteur, 
ou    Luc    médecin,    III,    la2. 
Lune.  Table  de  ses  levers  pour  chaque 
mois    de    l'année,    I,    422. 


Macaire  l'Égyptien.  -  Sa  longue  lettre 

grecque      et     l'Hypotypose     attribuée 

à  saint  Grégoire  de  Nysse,  I,  412.  - 

Des    homélies    spirituelles   de   Macaire 

en  arabe  sous  le  nom  de  Siméon  Sty- 

lite    I,  337.  -  Emprunts  aux   œuvres 

de  saint  Éphrem,  I,  340.  -  Sa  grande 

lettre  grecque,  II,  29.  -  Ses  homélies 

spirituelles,     II,     30.     —     Une     ép.tre 

"syriaque  inédite,  II,  38.  -  Trois  opus- 

cules^scétiques,   II,  38.  -  La  vie  de 

Macaire  dans  deux  recensions   coptes. 

V     232    et    ss     —    Le    monastère    de 

Saint-Macaire   à   Wadi'n   Natrûn,    VI, 

Macaire   Caloritès,    ou    Macarios   Calo- 
ritès     II,    102,    III,    144.    —   *>a    ™n 
dans  l'Ile  de  Chypre,   II,   !*>'•  —  hes 
.   poésies,    II,    176. 
Macrocosme,   VII,   292. 
Maehàrat    alkounouya,    X,    3ao. 
Magfe "-  Des  manuscrits  de  magie  en 
svriaaue    I   214.  —  Des  livres  de  magie 
rÈevroùt    I,  214.  -  Nestorius  et    a 
mfaie    1    214.  —  Formules  pour  sepa- 
g,        ™,v    I    -214    —Présages  tirés 
rer  les  époux,  1,  11*--         ric     »  _ 

des    premières   rencontres,    1,    -  •'• 
Magie  judéo-gréco-égyptienne,  II,  44». 
-Prières    magiques    pour    conjurer 
les  démons,  III,  199. -Bouleau  magi- 
que éthiopien,  X,  432. 
Malkâ  (Malchus)   de  Clysma,  VII,   ~W- 
Ma-na    I    et    II,    X,    235    ss 
ÏÏUj     I.m;  VIII. ,263  et  ss. 

MvTnhe"!'2e8'et17s,  -Écrits  mani- 
chéens,   I,    Ul- 


Manichéisme,    I,    Ul"i    I",    221;    IX, 

Mansour    al-Halladj ,  'viH,    247. 
Manuscrits.    -    Manuscrits    arabes    de 
la    Bibliothèque    Asbat,    II,    194,    288. 
Manuscrits  arabes  chrétiens   conservés 
au     Caire,     IX,     445.     -     Manuscrits 
arméniens    du    Vatican,    VI,    439. 
65    manuscrits    arméniens    de    1  ne    ae 
Chypre,    III,    172.   -   Les   manuscrits 
éthiopiens  de  M.   E.   Delorme,   I,   237. 
—   Manuscrits   éthiopiens   appartenant 
à   M.  N.  Bergey,   II,  426;  V,   196.  — 
Répertoire     des     bibliothèques     conte- 
nant des  manuscrits  éthiopiens,  VIII, 

173.    Manuscrits    éthiopiens    de    la 

Bibliothèque    Ambrosienne,    IX,   8.  — 
Manuscrit  copte-arabe  n°  2   de  1  Ins- 
titut    Catholique     de     Paris,     I,     -41 
Manuscrit    Borgia    XVIII    ou    Vatican 
copte  10819,  et  manuscrit  Leyde  copte 
27    IV    4    —  Manuscrits  géorgiens  de 
Ta  '  Bibliothèque   PaW«=a»eQ  «re,c,q"e  y 
Jérusalem,   III,  345;   IV,   190,  387,  V 
13"     —    Manuscrits    géorgiens    de    la 
Bibliothèque  de  la  Laure  d'Iviron   au 
mont  Athos,  VIII,  289;  IX,  114,  225. 
-  Manuscrit  syriaque  de  M««    Graffln 
contenant    des    documents    relatifs    à 
Ahikar,     I,    274,    356.    -  -    Manuscrit 
syriaque  de  H.  Pognon  contenant  des 
documents   relatifs   a    Ahikar,    I,    274 
356,  380.  -  Manuscrits  syriaques  de 
la    Bibliothèque    Asbat,    II,    194,   28 8. 
—   Manuscrit    syriaque    n°    3 /S    ae    ia 
Bibliothèque   Nationale  de  Pans,  VII, 

411. 

Maqrizi,   III,    124.  

Marc   d'Éphèse.    Note  sur  son  exil  a 

Lemnos  terminé  le  4  août    1442,    III, 

Marc'  le  Diacre.   Sa   Vie  de   Porphyre, 

VII,    422. 
Marcion ,   V,   33 J. 
Mardaniarroukh,    IX,  214  et  ss 
Mâr-hasia,     ou     Malassias,     VIII,     31 
Mariage  (Le).  Sa    législation  en  Suède, 

Marie," mère  de  Jean  Marc :    III,  150. 
MarielMadeleine.      La      Légende      du 

parfum    de    Marie-Madeleine,    I,    100. 
TVIariès   (R.   P.),  référence  de  sa   notice 

Zw<  Graffln,   X,  225;  sur  Diodore 

de  Tarse,   X,   235,  252. 
Marmachên     (Kanlidja),     II,     <"'• 

Ses      incriptions      arméniennes,      vil, 

233 
Maronites.    Leur   liturgie,    I, ,335. 
Marr     N  ,.  Son    article  sur  1  inscription 

c^Épiphane,     catholicos     de     Géorgie, 

traduit  du  russe  en  français,  X,  216. 
Martyrianos    de    Césaree    (Alba),    ou 

Martinien,    VII,    141. 
Mathieu    d'Avanie    (Le    P.),    II,    261 
Mathieu  de  Paris,  IV,  250,   352;  VIII, 

13   et  ss. 
Matthèos   (Le   P.),    H,  249. 


462 


REVUE    DE    L'ORIENT    CHRÉTIEN. 


Maxime  le  Confesseur,  III,   431  et  ss. 
Mazdéisme   (Le)   chez  les    Turks   orien- 
taux,   VIII,    272,     287.     —    VII,    31 
Mazdéens,   VII,   47. 

Mecque    (La).    Voyage    inédit    du     Père 
Sicard    à    la    Mecque    en    1724,     VIII 
209. 
Mékhitar,    II,    156. 
Mélik  Gourghen,  fils  de  Bagarat,    III, 

35. 
Ménologes  éthiopiens.  —  Un  fragment 
de  ménologe  éthiopien.  II.  Le  mois 
de  Teqemt,  II,  95.  —  Quelques  méno- 
loges  éthiopiens  à  propos  du  synaxaire, 
II,  100.  —  Leur  comparaison  avec 
d'autres  ménologes,  II,  106.  —  Un 
ménologe  éthiopien,  VIII,  417. 
Messe   (La)   éthiopienne,    IX,    187-   425- 

X,  170,  421. 
Métaphraste     (Le).     Il     reproduit     une 
homélie     de     Sévère     d'Antioche     sur 
Tarachos,  Probos  et  Andronicos,   VII 
4. 
Méthode      de      Patare      (Saint)       (ou 
d'Olympe),    et    son    Libre    arbitre.    V 
339. 
Michel   Camcian    (ou    Camic)    et   l'His- 
toire   d'Arménie,    IV,    244. 
Michel   le    Syrien,    VI,    436. 
Michel     Paléologue.     Son     histoire.    V. 

220. 
Microcosme,   VII,   292. 
Milan.  Les  manuscrits  éthiopiens  de  la 

Bibliothèque    Ambrosienne,     IX,    3. 
Mina,  évèque  de  Pchati,  et  la  vie  d'Isaac, 

patriarche    d'Alexandrie,     IV,     221. 
Miracle    (Un)    accompli    par   l'omopho- 
rion    de    la    sainte    Théotocos    (Église 
des  Blakhernes),    III,    116. 
Miracles  de  Jésus  (Les),  I,  94. 
Miracles    du    saint    enfant    Cyriacrue 

(Les),    I,   409;    V,    187. 
Mohammad  ibn  Ishak,  IX,  218. 
Moïse    (Les   Bénédictions   de).    Ouvrage 
de  saint  Hippolyte  en  traduction  armé- 
nienne,  V,  226. 
Moïse,   évèque   de   Tsortav,    VI,   265. 
Moïse    Bar-Képha,    IV,    223.    —    Son 
Livre  d'interprétations,   ou  un  recueil 
d'homélies,    II,    363;    III,    82.    —   Son 
Hexamer'on,    III,    83. 
Mongka,  IV,  321;  VIII,  33-et  ss. 
Mongols    (Les).    —    Une    invasion    des 
Mongols    dans    un    testament    de    N.- 
S.,  I,  261,  433.  —  Les  Mongols  à  Ani, 
II,  339  et  ss.;  347.  —  Les  Mongols  et 
la  papauté,   III,  3  et  ss.;   IV,  225  et 
ss.;   VIII,  3  et  ss. 
Mohammad 'ibn    Nasir    ad-Din,    et   le 
Bahr  al-maani,   VIII,    106   et  ss.;    IX 
34. 
Monophysites.     Une     discussion     théo- 
logique avec  des  Nestoriens,   IX,  382. 
Montagne    bénie    (Le    couvent    de    la) 

VII,   207. 
Montagne  noire  (Le  couvent  géorgien 
de  la),  près  d'Antioche,   III,  347. 


Musulmans,     IV,     233;     V,     3-     VIII 

126,  241. 
Mysticisme   oriental    (Le)    et  la    pensée 

grecque,  VII,  288  et  ss.;  VIII,  101  et 

ss.;  VIII,  225  et  ss.;  IX,  33  et  ss.  — 

Voir  le  Soufisme. 
Mystique    (La)   musulmane,    VIII,   222. 

Nadjm  ad-Din   Daya   et  le   Marsad  al- 

ibad,  VIII,   111. 
Nakhdjavan     ou     Nakhitchévan.     Liste 
des  évêques  de  la  province  de  Nakhd- 
javan,  II,  278. 
Nectaire,  patriarche  de  Jérusalem,   III. 

119. 
Nestorienne  (L'Église).  Documents  pour 
servir  à  son  histoire,  I,  219.  —  Histoire 
nestorienne    ou    Chronique    de    Séert, 
I,  336. 
Nestoriens,    IV,    229;    V,    17;    VII,    31 
et  ss.  —  La  conquête  des  États  nes- 
toriens de  l'Asie  centrale  par  les  Shi- 
ïtes,    V,   3.  —   Une   discussion  théolo- 
gique   avec    des    Monophysites,     IX, 
382.   —  Les   Nestoriens   en   Asie   cen- 
trale et  en  Chine,   X,   5. 
Nestorius.    —    Nestorius    et    la    magie, 
I,    214.    —    Son    histoire    d'après    la 
Lettre  à   Cosme  et  l'Hymne  de  Sliba 
de  Mansourya  sur  les  Docteurs  grecs 
I,    222. 
Ngai-sie,  ou  'ISo,   IV,  248. 
Nicée    (Le    concile   de).    Ses    canons    en 

arménien,    V,    337. 
Nicéphore     de     Constantinople ,     III 

431   et  ss. 
Nicéphore    Grégoras,    III,    120. 
Nicétas  d'Héraclée.  Une  chaîne  grecque, 

IV,  3. 
Nicétas   de   Nicée,    III,    118. 
Nicodème,   donné   comme  l'auteur   des 

Acta    Pilali,    III,    151. 
Nicolas    de    Plaisance,    patriarche    de 

Constantinople,    IV,  342. 
Nicolas   le  mystique,    III,    112. 
Noces    (Les    quatrièmes)    et   les    Euthy- 

miens,    III,    109. 
Non  a  us     (Abbé).    La    version    syriaque 

d'un    écrit    grec,    VII,    415. 
Nuits.    Variation    de    leur    durée    pour 

chaque  mois  de  l'année,   I,  429. 
Numénius,    VILI,    236. 

Odon  de  Chàteauroux,  VIII,  13   et  ss 
Ogodai,    III,   3. 

Orthodoxe   (Église),   voir    Église  ortho- 
doxe gréco-russe. 
Ouïghours,   V,    14. 

Pallade,     ou     Palladius,     et     l'Histoire 

Lausiaque,   V,   234. 
Papauté    (La),    et   les    Mongols,    III,   3; 

IV,    225;    VIII,    3. 
Pâques    (La    date    de),    IV,    436. 
Pascal.  Son  »  pari  »  et  l'Islam,  II,  222. 
Patriarches    (Les)    d'Alexandrie.    Leur 

liste,    II,  392;   III,    123;   IV,  221. 


TABLES    (3e    SÉRIE). 


463 


Patrologia     Orientalis,     XIII,     2,     I, 
•219;    XIII,   4,    I,   336;    XXII,   2,    VII, 
222;     XXI,     VII,    443. 
Paul    .saint),  une  homélie  de  Théophile 
d'Alexandrie    en     l'honneur    de     saint 
Pierre  et  de  — ,   X,  371. 
Paul  de  Venise,    IV.  287. 
Paul  l'Alexandrin,   V,   410  et   ss.:   428 

et    ss. 
Peiresc.  Deux  pièces  éthiopiennes  et  une 
pièce  copte  en  son  honneur,    IX,    196. 
Pentecôte     La  ,    I,    203;    II.    57. 
Pères     Les)    de    l'Église,    II,    221. 
Persans    Les)  à  Ani,  II,  33y  et  ss. 
Pesqin      le    couvent    de),    VII,    210. 
Philippe   de   Toucy,    IV,   340. 
Philon  d'Alexandrie,   VI,   47;    IX.   Os. 
Philoxène  de  Mabboug,  I,  221:  il  cite 

Atticus,   IX,  381. 
Photius,    VIII,   271,   273.   —   Son  culte 
dans     l'Église     byzantine,      III,      105. 
Picquet    (Mgr),    II,    267. 
Pierre     Abbé),    II,    54. 
Pierre      saint),    une    homélie    de    Théo- 
phile   d'Alexandrie    en    l'honneur    de 
—  et  de  saint  Paul,   X,   371. 
Pierre    de    Laodicée,    IV,    140. 
Pierre  ibn  Habib,    IV,   219. 
Piromali   (Paul),   II,  255   et  ss. 
Piscopo     François),    II,   263. 
Plan     Carpin     (Jean    du),     Iranciscain, 

III,   3   et  ss.;    IV,  302,   336. 
Platon,  VI,  50  et  ss.;  VIII,  102,  225  et 

ss.  ;    IX,   35   et  ss. 
Plotin,  VI,  47;  VIII,    102,    160,   225   et 

ss.  ;    IX,   34  et  ss. 
Poésie      La)     chez    les     Éthiopiens.     La 

poésie   amharique,    II,   306,  401. 
Porphyre.    Sa   vie   par   Marc   le    Diacre, 

VII,  422. 

Porphyre,  disciple  de  Plotin,  et  son 
Introduction,    I,    113;    II,    16    et    ss.; 

VIII,  236;    IX,   150. 

Présages  Les)  tirés  des  premières 
rencontres,    I,   215. 

Présanctifiés  (La  messe  des),  III, 
444.  —  L'anaphore  syriaque  de  Sévère 
d'Antioche,  I,  25. 

Probos,   voir  Tarachos. 

Prochoré,  ou  Prokhoré,  fondateur  du 
couvent  géorgien  de  Sainte-Croix  a 
Jérusalem,    III,    186,    347. 

Proclus,   VI,   32  et  ss.;  VIII,  237. 

Protonicé  (La  légende  de)  et  l'Inven- 
tion de  la  Croix,  V,  277. 

Proverbes  (Les)  de  Salomon.  Leur 
version    bohaîrique,    VII,    441. 

Provinciaux  (Les)  des  Frères-Uniteurs. 
Leur  liste,   II,  279. 

Psaumes  (Les).  —  Trois  commentaires 
parvenus  sous  le  nom  de  saint  Atha- 
nase,  IV,  3.  —  Le  Commentaire  de 
Diod'ore  de  Tarse,   IV,  58  et  ss. 

Ptolémée  (Claude),  V,  409  et  ss.;  VII, 
329.  —  Confondu  avec  les  rois  Ptolé- 
mées,  IV,  417.  —  Ses  ouvrages.  La 
Syntaxe     mathématique     (Almageste), 


le    Quadripartilum,  le  Cenliloquium   ou 

le  Livre  du  Fruit,  VIII,   197. 
Ptolémée  de  Lucques,  ou  Fiadoni,  IV, 

286. 
Pythagore,    VI,    41. 

Qalêmentos ,  ou  les  livres  de  Clémen 
traduits  dans  la  littérature  éthio- 
pienne pseudo-clémentine,  I,  246; 
II,  22,  113,  395;  VI,  22.  —  Il  y  est 
tait  illusion,  VI,  382.  —  Le  IV'  Livre 
du  Qalêmentos  et  des  canons  péniten- 
tiels,    I,  353. 

Qalqachandi,    m,    123. 

Quirini    (Egidio,    ou    Gilles),     IV,    341. 

Rabban-ata  Siméon,  ou  Rabban-atha. 
ou  Rabban-ara,  ou  Rabban  ira,  III, 
4;    IV,   225,   231,   241,   277. 

Rabulas,    X,    239,    245. 

Rashid  ad-Din,  III,  163. 

Réchabites   (Les),    VI,   295. 

Reines  et  princesses  au  pays  des  Croi- 
sades,   I,    223. 

Renaissance.  L'art  de  la  Renaissance 
dans    les    pays    du    Nord,    III,    222. 

Ripsimé,  voir  Aripsimé. 

Richard    (Abbé    Marcel],    X,    270,    273. 

Rolte  (Richard),  ou  de  Hampole,  et  la 
Medilatio  de  Passione  Domini,  III, 
22  1. 

Roussoudane,  reine  de  Géorgie,  II,  145. 

Russie  (La)  et  l'Église  arménienne  gré- 
gorienne,  VII,    181. 

Saba    (Couvent   géorgien   de   Mâr),    III, 

347. 
Sabr-iso    V,    catholicos    nestorien,    IV, 

229. 
Sad  ad-Din   Said    Mohammad    al-Far- 

ghani,  VIII,  245. 
Saka,    Shaka,    Çaka    ou    Scythe,    VIII, 

203. 
Salomon    de    Bassora.    Son    Livre    de 

l'Abeille  et  la  Cosmographie  de  Jésus 

fils  de  Noun,  VII,   127.  —  Traduction 

des    passages    de    la    version   syriaque 

et   de   la   version    arabe   sur    Diodore 

de  Tarse,    X,   276   ss. 
Sams  el-Ri'  âsab,  voir  Abù'l-Barakàt. 
Schenoudi.    Des   fragments   coptes, 

221  et  ss. 
Séert     La    Chronique   de),    I,    336. 
Segara      Couvent    de),    ou    couvent    de 

l'aqueduc    de    Mâr   Aharon,    VII,   208. 
Seldjoukides ,    II,   339,   346. 
Sembat,    VIII,    31. 
Sémitiques  (Les  langues).  Leur  système 

verbal   et  l'expression   du   temps,   IV, 
112. 
Sentences  d'Évagrius,   II,  206.  —  Sen- 
tences ascétiques,    II,   443. 
Sépulcre    (Saint!.    Couvent   géorgien   du 
Saint-Sépulcre   à   Jérusalem,    III,   347. 
Serge  ou  Bahira.  Le  Coran  lui  est  attri- 
bué,   IX,   210. 
Sergius  (Saint).  Son  tombeau,   III,  35. 


464 


REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 


Sévère  d'Antioche.  —  Il  est  qualifié 
de  Manichéen,  I,  111.  —  Sévère  d'An- 
tioche   en    Egypte    (518-538),    III,    92. 

—  Sa  vie  par  Jean  de  Beith-Aphtho- 
nia,  III,  92.  —  Une  autre  vie  en  copte, 
en  arabe  et  en  éthiopien,  III,  92.  — 
Monastère  de  Saint-Sévère  III,  94.  — 
Ses   écrits   traduits   en   copte,    III,   97. 

—  Deux  textes  coptes  qui  le  concer- 
nent, III,  97,  100.  —  Des  fragments 
coptes  de  Sévère  d'Antioche,  VI,  222. 

—  Ses  Homélies  cathédrales  XCIX 
à  CIII,  VII,  222.  —  Fragments  grecs 
de  ses  Homélies  cathédrales,  VII, 
3.  —  Il  cite  Atticus,  IX,  378.  —  II 
cite   Diodore   de   Tarse,   X,   272. 

Sévère   d'Aschmounein,    IV,   220. 
Sévère    Sébokt,    évèque    de    Qenne~rin, 

et    son    traité    sur    les    Constellations, 

VII,  327;   VIII,   85. 
Sévérien    de    Gabala.     III,    429. 
Shams   ad-Din,  mohtasib  d'Abarkouh, 

et    le    Madjma     al-bahraln,    VII,    292 

et  ss.;   VIII,    101   et  ss.;  244;    IX,   33 

et     ss. 
Shiïtes   (Les),   et  la  conquête  des   États 

nestoriens    de    l'Asie    centrale,    V,    3. 
Sibylle  (La),  II,  212. 
Sicard    (Le    Père).    —    Ses    lettres    édi- 
fiantes,    VIII,    209.    —    Son    voyage 

inédit    à    la    Mecque    en    1724,    VIII, 

209. 
Signe   (Couvent  du  Saint),    III,  43. 
Siméon    Stylite.   Ses  œuvres  ascétiques 

et  les  homélies  de  Macaire  l'Égyptien, 

I,  337. 
Simon  de  Saint- Quentin ,  dominicain, 

IV,  272. 
Simon    le    Magicien,    VIII,    262;    IX, 

69. 
Simon   le   Stylite,   VII,    141. 
Sitiens,   ou    Sisian,    IV,   329;    VIII,    11. 
Slaves  (Les),  sujets  de  Darius,   IV,  430 

et  ss. 
Sliba   de   Mansourya.   Son  hymne  sur 

les  Docteurs  grecs,   I,  222. 
Soliman   II,    II,   261.    Songes.    Une   clef 

des  songes   en  syriaque,    II,    118,   225. 
Sophie    (Sainte),   vierge,    III,    295. 
Soufls  (Les),  V,  75,  VII,  289,  311;  VIII, 

256;  IX,  34  et  ss. 
Soufisme,  V,  68  et  ss. ;  127  et  ss.;  VIII, 

225;  voir  Mysticisme  oriental. 
Stefano-dei-Mori  (San)  [ Couvent  éthio- 
pien de),  VI,  211.  IX,  3.  —  Sa  règle, 

VII,  214. 
Stobée,    VIII,    237. 
Sunnites    (Les),    V,    15. 
Symboles    (Les)    de    foi    de    l'ancienne 

Église,    II,    110. 
Synaxaires.  —  Le  synaxaire  éthiopien. 

Les  relations  d'Abgar  et  de  Jésus,  I, 
88,  253.  —  Les  Martyrs  d'Akhmim, 
I,  183,  256.  —  A  propos  du  synaxaire 
éthiopien,  II,  100.  —  Le  synaxaire 
arménien.  Ses  auteurs,  VI,  74.  Son 
édition,    VI,   443. 


Syriaque  (Textes  et  traductions).  — 
Une  anaphore  syriaque  de  Sévère 
pour  la  messe  des  présanctifiés,  I, 
25.  —  Un  recueil  d'énigmes  philo- 
sophiques en  langue  syriaque,   I,   113. 

—  Histoire  et  Sagesse  d'Ahikar  d'après 
le  manuscrit  de  Berlin  »  Sachau  »  162, 
fol.  86  et  ss.,  I,  148.  —  Histoire  d'Abra- 
ham de  Ka-kar  et  de  Babaï  de  Nisibe, 
I,  161.  —  Documents  relatifs  à  Ahikar, 
I,  274,  356.  —  Une  anecdote  ecclé- 
siastique dans  un  recueil  de  fables 
d'Ésope  (iosipos),  I,  308.  —  Une  clef 
des  songes  en  syriaque,    II,    118,   225. 

—  Un  recueil  d'homélies  du  IXe  siècle 
en  langue  syriaque  (de  Moïse  Bar- 
Képha),  II,  363;  III,  82.  —  Un  frag- 
ment de  l'Onomasticon  d'Eusèbe  dans 
une  ancienne  traduction  syriaque,  III, 
225.  —  Le  martyre  de  saint  Cyriaque 
de  Jérusalem,  VI,  305.  —  La  Cosmo- 
graphie de  Jésus  fils  de  Noun  (IX» 
siècle),  VII,  126.  —  Une  description 
orientale  de  la  comète  de  novembre 
1577,  VII,  213.  —  Le  traité  sur  les 
Constellations  écrit  en  660/1  par  Sévère 
Sébokt,  évèque  de  Qennesrin,  VII, 
327;  VIII,  85.  —  Recueil  et  explica- 
tion des  histoires  mentionnées  par 
saint  Grégoire  de  Nazianze.  La  ver- 
sion   syriaque    de    l'écrit    de    Nonnus, 

VII,  415.  —  Un  fragment  syriaque 
de  l'ouvrage  astrologique  de  Claude 
Ptolémée    intitulé    le    Livre    du    fruit, 

VIII,  197.  —  Une  homélie  inédite 
d'Atticus,  patriarche  de  Constanti- 
nople  (406-425),  IX,  160;  378.  —  Une 
lettre  inédite  d'Atticus,  patriarche 
de  Constantinople  (406-425),   IX,  378. 

—  Fragments  syriaques  et  syro-turcs 
de    Hara-Hoto    et    de    Tourfan,    X,    3. 

—  Fragments  syriaques  de  Diodore 
de  Tarse  réédités  et  traduits  pour  la 
première  fois,   X,  231. 

Syriaque.  —  Manuscrits  de  magie,  I, 
214.  —  Livres  de  magie  à  Beyrout, 
I,  214.  —  Nestorius  et  la  magie,  I, 
214.  —  Manuscrits  syriaques  de  la 
bibliothèque  Asbat,  II,  194,  288.  - 
Manuscrit  syriaque  de  M«r  Graflin 
contenant  des  documents  relatifs  à 
Ahikar,  I,  274,  356,  —  Manuscrit 
syriaque  de  H.  Pognon  contenant 
des  documents  relatifs  à  Ahikar,  I, 
274,  356,  380.  —  Analyse  du  manus- 
crit syriaque  n°  378  de  la  Bibliothèque 
Nationale  de  Paris,  VII,  411.  —  Le 
syriaque  s'écrivait  verticalement,  X, 
9,  42  et  ss.  —  Histoire  de  la  littérature 
syriaque,    III,   219;    IV,   443. 

Syrie   (Les  princes  arabes  de),   VIII,   7. 

Syrienne  (Église).  —  Les  fastes  de 
l'Église  syrienne  d'Antioche,  I,  445.  — 
Le  missel,  la  messe  et  le  rituel  de  l'Église 
syrienne  d'Antioche,  III,  443.  —  Mé- 
lodies liturgiques  syriennes,  IV,  442.  — 
La  liturgie  syrienne   jacobite,    V,  442. 


TABLES    (3e    SÉRIE). 


465 


Syro-turcs.  Les  fragments  syro-turcs  de 
Hara-Hoto  et  de  Tourfan,  X,  3  et  ss. 

Slavon  ecclésiastique.  Le  Psautier,  III, 
218. 

Suède.  —  Ses  deux  chambres,  III,  222. 
—  Sa  législation  matrimoniale,  III, 
222.  —  Karl  Johan  XIV,  III,  222.  - 
Crise  constitutionnelle  de  l'année  1809, 

III,  223.  —  Karl  XI,    III,  223. 

Table  gardée,  table  gardienne;  table 
double,  table  quadruple;  table  inté- 
grale, table  différentielle,  VII,  289  et  ss. 

Tacite.    Sa    Germanie,    II,    112. 

Tao-Klardjéti,    VIII,   290. 

Taoïsme,    VII,    33. 

Tarachos,  Probos  et  Andronicos.  Frag- 
ments grecs  de  l'homélie  de  Sévère 
d'Antioche  sur  ces  martyrs,  VII,  4  et  ss. 

Tartares,   voir   Mongols. 

Templiers    (Les),    IV,    344. 

Ter-Israël,    et   le    synaxaire    arménien, 

IV,  213;   VII,  443. 

Testament  (Le  texte  du  Nouveau)  et 
les    Xumina   sacra     III,    222. 

Testament  (Le)  de  N.-S.  J.-C.  (un  apo- 
cryphe syriaque)  et  l' Extrême-Onction, 

I,  50. 

Testament  (Le)  de  N.-S.  (un  apocryphe 
arabe),    I,    261,    433. 

Thaddée  de  Péluse,  et  son  Aduersus 
Iudaeos,    II,   2S0   et  ss. 

Thaïes,   VI,   37. 

Thèbes.    Ses   monastères,    VI,    219. 

Théétète,  VI,  36. 

Théodore    bar    Khouni,    IX,    221. 

Théodoret,  III,  432  et  ss.  —  Son  Com- 
mentaire sur  les  Psaumes,  IV,  153.  — 
Il  cite  Atticus,  IX,  381.—  X,  23S,  276. 

Théodose,  patriarche  d'Alexandrie.  Son 
sermon  sur  la  Dormition  et  l'Assomp- 
tion de  la  Vierge,   IX,  272. 

Théophile  d'Alexandrie,  Homélie  en 
l'honneur  de  saint  Pierre  et  *  de 
saint  Paul,  texte  arabe  et  traduction 
française,    X,   371. 

Théophylacte.  Il  reproduit  Sévère  d'An- 
tioche, VII,   11. 

Thérapeutes    (Les),    VI,    304. 

Thogarmah,   ou   Turk,    VIII,   407. 

Thomas  d'Amiin  (Saint),  VIII,  129. 
—  Sa   Somme   traduite   en   arménien, 

II,  147.  —  Il  reproduit  Sévère  d'An- 
tioche,   VII,    12. 

Thomas   de    Catimpré,    VIII,   38. 
Thomas    de    Medzoph,    III,    32. 
Thornik,ou  Jean  Cordvanéli,  VIII,  290. 
Timothée   Aelure,    I,   221.   —  X,   240, 

247,   272. 
Timour-Lenk,    ou    Tamerlan,    II,    157, 

338,  347;    III,  31     —  Ses  ravages  en 

Arménie  et  en  Géorgie,   III,  31  et  ss. 
Titus  de  Bostra,  cité  par  saint  Grégoire 

l'Illuminateur,    y,   340. 
Torogana,   VIII,   31,   55   et  ss. 
Touareg.     Dictionnaire    et    grammaire, 

II,   223. 


Tourfan.    X,   31. 

Trinité  (Le  dogme  de  la),  défendu  par 
Yahyà   ben  •  Adi,    II,  3. 

Tserentz,  auteur  du  synaxaire  armé- 
nien, VI,  71. 

Turc  (Le).  Il  est  écrit  avec  des  carac- 
tères syriaques,    X,   26. 

Turks  (Les).  —  Leur  nom,  VI,  190.  — 
Les  Turks  orientaux,  et  le  Mazdéisme, 

VII,  31.  —  Leur  nom  dans  le  chapitre  X 
de  la  Genèse,   VIII,  203,  406. 

Tyr  (Le  roi  de)  et  la  Légende  de  Jésus- 
Christ,    1,  225. 

Unitaires,    voir    les    Frères-Uniteurs. 

Vahram,    émir   à    Ani,    X,    221. 

Valentin,    IX,   68. 

Vardan,   vardapet,    IV,   347. 

Vartan,  et  ses  Questions  et  ses  Réponses, 
V,  352. 

Vie  monastique  (Débuts  de  la),  VI, 
282. 

Vierge  (La  Sainte).  —  Son  office  en 
éthiopien,  II,  426.  —  Une  homélie 
de  Moïse  Bar-Képha  sur  l'Annoncia- 
tion, III,  82  —  Un  miracle  accompli 
par  l'omophorion  de  la  sainte  Théo- 
tocos  (église  des  Blakhernes),  III, 
116.  —  La  première  église  dédiée  à  la 
Vierge  par  les  Apôtres,  III,  150,  29  I, 
—  Une  autre  église  dédiée  à  la  Vierge, 
III,  150.  —  Les  Légendes  de  la  Vierge, 
III,  416.  —  Textes  coptes  relatifs  à 
la  Mort  et  ù  l'Assomption  de  la  sainte 
Vierge,  VI,  223.  —  Le  tombeau  de 
la  Sainte  Vierge  est-il  à  Éphèse  ou  à 
Gethsémani?  VIII,  376.  —  Homélie 
d'Atticus,  patriarche  de  Constanti- 
nople,  sur  la  Sainte  Mère  de  Dieu  ou 
sur  la  Nativité  du  Christ  selon  la  chair, 
IX,  166,  378.  —  Sermon  de  Théodose, 
patriarche  d'Alexandrie,  sur  la  Dor- 
mition et  l'Assomption  de  la  Vierge, 
IX,  276.  —  Liber  transitas  Mariae, 
IX,    272. 

Vigile   de  Thapse,    III,   432. 

Vincent  de  Beauvais,    IV,   238   et  ss.  ; 

VIII,  13   et   ss. 

Vitrier    (Monastère    du),    III,    94. 

Yahbalaha  III  (Mâr),  III,  5,  15;  IV, 
351.    Voir    Jahbalaha    III    (Mâr). 

Yahyà  ben  'Adi.  Son  traité  de  la  Défense 
du  dogme  de  la  Trinité  contre  les 
objections    d'al-Kindi,    II,    3. 

Yarkand,  V,  21. 

Zacharie  (Le  grand  prêtre).  Une  homélie 
de  Moïse  Bar-Képha  sur  l'Annoncia- 
tion  de   Zacharie,    II,    364. 

Zarvanisme,  V,  339;  VIII,  271,  281 
et    ss. 

Zoroastriens,  V,  17;  VII,  31  et  ss. 
47  et  ss. 

Wadi'n  Natrûn,  VI,  222. 
Wadi   Sarga,     III,   442. 


III 

TABLE  ALPHABÉTIQUE   DES   AUTEURS 


Adontz  (N.),  IV,  211.  —  V,  309.  —  VI, 

74,  225. 
Aies    (Adhémar    d'),    VIII,    376. 
Antoine    (Paul),    VIII,    362. 
Asbat  (Paul),    II,    194,  288. 
Avalichvili    (Z.),    VI,    279,    381. 

Banescu   (N.),    III,    144. 

Bardy   (Gustave),    II,   280.  —   III,   427. 

Basmadjian  (K.  J.),  II,  327,  337.  — 
III,  47,  314.  —  IV,  356.  —  V,  156, 
358.    —    VI,    357.    —    VII,    225. 

Bayan  (Dr  G.),  VI,  406.  —  VII,  181.  — 

IX,  315.    —    X,    47. 
Béguin  (H.),  II,  363;  III,  82. 
Benoit  XV,  I,  3. 

Blake  (Robert  P.),  III,  345:  IV,  190, 
387;  V,  132,  225;  VIII, 289;  IX,  114,225, 

Blochet  (E.),  III,  160;  IV,  430;  V,  3, 
400;  VI,  32,  190;  VII,  31,  288;  VIII, 
101,  203,  22:,.   106;  IX,  33,  209. 

Borghezio,    III,   3. 

Boson  (Justin),  I,  225. 

Brière  (M.),  V,  223,  446;   IX,   160,  378; 

X,  231. 

Burel  (Joseph),  II,  334. 

Chaîne  (Marius),  II,  306,  401;  III,  150, 
209,  214,  271;    IV,  372,  436;   V,  232; 

VI,  442;    VII,    140,    220,    441;    VIII, 
209,  390,  447;  IX,  196,  223,  272. 

Crum  (W.-E.),  III,  92. 

David  (J.),  IV,  3. 
Devreesse  (R.),   III,  225. 
Drioton    (Et.),    II,    221,    336,    448;    III, 
441;  IV,  441;  V,  445;  VI,  219. 

Fleisch  (H.),  X,  279,  371. 

Froidevaux  (Léon),  VIII,  441;  IX,  315; 

X,  47,  285. 
Furlani  (G.),    I,    113;    II,    118,  225. 

Graffln  (R.),  VII,  444;  IX,  224. 

Grébaut  (Sylvain),  I,  73,  88,  92,  94,  100, 
103,  137,  182,  190,  204,  219,  246,  253, 
314,  323,  329,  401,  409,  422,  429;  II, 
22,  57,  65,  95,  100,  109,  113,  206, 
212,  329,  395,  426,  443;  III,  199,  303; 
V,    1S7,    196,    276,    VI,    22,    105,    211; 

VII,  214;  VIII,  417,  445;  IX,  3,  445; 
X,  225,  421,  433. 

Guerrier  (L.),  I,  5,  345;  III,  303;  V,  276. 

Humbert  (Auguste),  III,  221. 


Jugie  (Martin),   III,   105. 

Macler  (F.),  III,  172;  VII,  44.3. 
Mariés  (Louis),  III,  218;  IV,  58;  V,  378- 

VI,  439. 
Marr  (X.),  VI,  3. 
Massé,  III,  3. 
Mercati    (G.),    II,    162. 
Mercier  (B.-Ch.),  X,  341. 

Nau  (F.),  I,  108,  148,  161,  214,  117,  224, 
274,  308,  331,  335,  356,  380,  445,  448; 

II,  110,  222;  VI,  208,  223,  444;  VII,  3, 
126,  205,  212,221,  327,  411,  415,  422; 
VIII,  85,  197,  222. 

PeUiot  (Paul),  III,  3;  IV,  225;  VIII,  3. 
Périer  (Augustin),  II,  3. 
Petit  (Louis),  III,  414. 
Pigoulewsky  (N.),  VI,  305;  X,  3. 
Pochou  (L.-A.),  I,  241. 
Porcher  (E.),  IV,  219. 
Power  (E.),  III,  225. 

Rahmani  (Ignace  Ephrem  II),  III,  225. 
Rajji  (Michel),  I,  25. 
Roman  (Alcide),   III,  416;  VI,  22. 
Rouet  de  Journel  (M.-J.),  I,  40. 

Séropé  vardapet   Samouélian  (R.  P.), 

III,  172. 

Simon  (Jean),  VIII,  178. 

Takhaïchvili   (E.),    X,   216. 

Takla  Mâryàm  Semharay  Selim  (Ab- 

bâ),  IX,  187,  425;  X,  170,  421. 
Thakworian  (Dr.  R.),  III,  172. 
Tisserant   (Eugène),    II,   335,   373;    III, 

3,  123,  219,  225,  443;  IV,  223,  336,  443; 

V,  442. 
Tournebize  (François),   I,   173;   II,   145, 

249;  III,  31. 
Touzard  (Jules),    I,    107. 
Tricot   (A.),    III,   217. 

Vaillant  (A.),   V,  221. 
Vasiliev    (A.),    V,    220. 
Villecourt  (Louis),  I,  337;  II,  29,  373. 
Vosté  (J.-M.),  VI,  432. 

Wiet  (Gaston),  II,  373;  III,  123. 
Wilmart  (A.),   I,  412;  II,  72. 

Ziadeh  (  J.),  I,  261,  433. 


Imprimé    en    France 


TYPOGRAPHIE   FIRMIN-DÏDOT  ET  Cl*.    —  MESNIL  (EURE) 

Dépôt  légal  :  3«  trimestre  1946. 


•  31187-46 


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1-7  v.29/30 

Revue  De  L'Orient  Chrétien 

Princeton  Theological  Semmary-Speer  Library 


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