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REVUE
DE
PSYCHIATRIE
13 e ANNÉE
1909
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•í' Série. l-t' Année. Tonie XIII.
JAXVIER 190!» - X* I
REVLE I)E PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉUIMENTAEE
sommaikf:
Revue critique. — Confttsi*>n eldémence, !!Luciditt\ pnr E. Ton.ousr
et M. Mk.nahì), médorin on chef et interne à l asile de Villejuif. 1
Observations. — ifaiincinatiom i t/ialognèes consciejites, pnr À. Vaij.f. r - •
et A. FassoI’, internes des nsiles de lu Seine.. 10 l !•*
‘
Revue des livres. — !m p/ti/asophic modcrnc , pnr áhfl Ri:y ** •
(II. PlKHOX;. -D
Nouvelles. — Personnel des Asiles. Xoniinntions. Distinctions Imnori-
fiqnes. Congrès.
Sociétés. — Société médico-psvchologique (28 décembre 1ÍH»8) (i.
Collet ; société de psvchintrie (21 décembre 11)08) Jlouelilií. 2J
Société dc cliniqtie menlnle ; corapte rendu ìn exienso . 2U
Bulletin bibliographique mensuel. ì
REVUE CRITIQUE
CONFUSION ET DKMENCE •
» Par
E. Toulousk, et M. Mionard,
Mèdecin cn chcf ìntcrnc ,
ù l Asiìc ilc ViUejuif.
II
Etablissement d une méthode d’examen mental
A. — I.a Lucidité
I
S il est un terme usuel et qui paraisse avoir un sens précis,
c’est bienceluide Iucidité. II est d’un usage courant et l’ait partie
du langage de l’aliéniste. Or tandis que bien des mots du voca-
bulaire psycboldgique ont été soumisà lacritique, celui-ci reste
généraleraent admis, sans dtre discuté. II est donc probable que
1 Yoir Toulouse et Mignakd. Confusion et déraence, fíecue de Paychiatrie.
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UNivERsrry of michigan
•)
KEVUE l)K PSYCHIATKIE
cette expression désigne un phénomène i'ondamental, puisque
i'on parait généralement d’accord pour le comprendre.
Si l’on essaye de caractériser cette expression, on est tout
d’abord frappé de l'idée de lumière qui reste, dans tous leslan-
gages, altachée an phénomène qu’elle désigne comme un attri-
but essentiel. Cette image, qui fait la métaphore du mot, ne
s’est pas eftacée comme il arrive souvent avec le temps ; et ceci
montre la manière persistante dont le phénomène se présente
pour tous.
Ainsi dans le langage courant, ou dit que l'individu voit dans
; >son esprit, avec une grande clarté, ou au contraire que sa rai-
*V í son vacille, s'obscurcit , qu'il n’y a plus que des lueurs, que la
I * ’ nuit se l'ait dans son esprit. Le psychologue moderne ne parle
pas autrement quand il iniagine la pénonibre de l’inconscient.
Taine comparait déjà les faits psychoiogiques à des personnages
qui venaient tour à tour sur la scène, combattant pour occupcr
une place près des feux de la rampe. L’aliéniste a adopté les
mèmes représentations.
Mais allons plus au fond. Quand, dans la conversation cou-
rante, on dit d'uu individu qu’il est très lucide dans ses affaires,
on entend qu’il a des notions justes sur les laits et leurs rap-
ports, qu’il suit avec une grande précision les événements et
les raisonnements d’autrui et qu’il sait établir les décisions lcs
plus appropriées. En somme, pour le sens commun, la lucidité
c’est l’intelligence dans son application à la perception et la
recherche de la vérité.
Les psychologues n’ont jamais, à proprement parler, mis en
cause la íucidité, et il serait probablement impossible de trouver
chez ces auteurs un seul texte où ce raot serait conteuu.
Cependant le psychologue, partant de la méthode introspective,
connait iaconscience et les phénomènes dans lesquels elle appa-
ralt. Les modernes parlent raéme du champ de la conscience , —
entendant par là que la conscience ne s’étend qu’à certains phé-
nomènes. Ainsi, par une comparaison toule naturelle avec ie
sens visuel, on dira qu’un fait psycliologique est rentré dans le
champ de la conscieuce. Cette conception, analogue à celle
qu’exprime l’idée de lucidité, iudique que, méme du point
de vue de rintrospeclion, si la conscience n’apparait pas com-
me varialile dans sa quaiité, la quantité des phénomènes qu’ellc
éclairee:t loin d’ètre constante. Ou peut donuer à cette fonc-
tion varable, par laquelle les faits deviennent conscients, le
nom de lucidité, et dire que du point de vue psychologique,
la lucidité est la fonction par laquelle de plus ou moins
nombreux phénomènes rentrent dans le « champ de la cons-
cience ». « Ne pourrait-on appeler, dit M. Janet, champ de
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CONTCSION KT blíMENCK
conscience... le nombrele plus grand de phénomènes simples ou
relativement simples qui peuveut se présenter á la fois dans
une méme conscience «... et plus loiu : «... La couscience peut
donc, à chaque moment de la vie, s'étendrc sur un champ plus
ou moins élendu ; chaque fois que nous voyons chez une per-
sonne l'obéissance aux suggestions, ou mieux les oublis et
les distraclions auxquelles cette disposition a été ramenée,
nous constatons en méme temps chez elle un rétrécissement
notable du charap de la conscience et une diminution manifeste
du nombre de phénomènes simultanés qui peuvent à chaque
instant remplir un esprit >< '. C’est par un rétrécissement du
charap de la conscience que M. Janet explique aussi les anes-
thésies fugaces des hystériques.
Pour l’aliéniste, et d'une facon générale, la lucidité se juge à
la connaissancc que peut avoir le malade de lui-méme et du
milieo extérieur du lieu où il est interné et de la cause de son
interneraent.
Au sens médico-légal, la i>ériode de lucidité s’oppose aux
póriodes où la raison est troublée. C’est l’opposition de l’état
normal à la maladie.
« L'intervalle lucide, dit I.egrand du Saule 2 , consiste dans
la suspension absolue mais temporaire des manifeslations et
des caractères du délire. C’est une tréve réelle, un loyal armis-
tice. On l’observe souvent dans la manie (25 fois sur 100 envi-
ron), quelquefois dans la mélancolie, très rarement dans la mo-
nomanie... ; mais certaines formes de maladies mentales n’en
présentent jamais :la démence confirmée, l’imbécillitóet l’idiotie
sont de ce nombre.
Dans une deuxième acception, le terme de lucidité s’appli-
que plus spécialement à l’état des malades quise rendentcompte
de la nature morbide des phénomènes qu’ils présentent’. C’est
ainsi que danssa «FolieLucide »,Trélat fait rentrer « des imbé-
ciles et faiblcs d’intelligence, des satyres et nymphomanes, des
monomanes, des érotomanes, des jaloux, des dipsomanes, des
dilapidateurs et aventuriers, des orgueilleux et méchants, des
kleptomanes, des suicidés, des inertes, enfin des maniaques
lucides ».
« C’est surtout parmi ces malades, les inonomanes, qu’on
rencontre la plus grande lucidité des facullés intellectuelles unie
aux idées les plus extravagantes » 3 .
La lucidité serait ainsi en rapport avec l'aulocrilique, et
• Janet. Aulomatisme ptychologiquc. Alcnn p(J. 189'i. p. 1H'».
? Lfgrand du Saulf. La fotie decant les tribunau.v (éd. Sttvy 180V), p. 1011.
* Annatea médico-paychùlogiques , ISfjl. 3 r $éri<*, VII. (Jutnpte reiulu <íe Lumier
sur la Folie lucide ue Trélat.
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ItliVTE I>K PSYCHIATKIE
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essentiellement caractérisée par la conscience qu’a l’indivicln de
son état morbide.
La conception plus généraie et plus précise à la fois que nous
voudrions donner de la lucidité ne saurait que synthétiser ces
diverses idées, nullement divergentes, et dues seulemenl à la
dififérence des points de vue. Voici un malade, agilé et incolié-
rent, qui dévide sans fin un chapelet de mots -hizarres qui se
suivent selon les caprices des plus inférieures associations.
Montrons-lui une clel'. II la reconnait et la nomme expressé-
mcnt. Et voilà un fait de lucidité. II n'y a là, dira-t-on, rien de
plus que le jeu natnrel des lonctions intellectuelles, sensalion,
mémoire, jugement, et l’intervention de ce nouvel élémenl n'est
qu’une complication daus la complexe organisation des phéno-
mènes intellectuels.
Aussi la lucidité n’est-elle pas une fonction élémentaire, mais
apparalt-elle, à l’analyse, comme un fait de conscience total,
qui englobe les éléments psychiques les plus variés et qui n’est
méme pas réductible à un systòme d’opérations proprement
intellectuelles.
La lucidité consiste essentiellement, étant donné un phéno-
mène, à le connaitre tel qu’il est. et à le connaíire. C’est la
perception de la vérité, opéralion éminemmeut synthétique, et
pour laquelle sont mises en jeu toutes les fonctions de laraison
etde nomhreuses fonctions psychiques, tellcs que les sentiments
intellectuels.
Le raisonnement (fonction synthétique, et analytique aussi
d’ailleurs) ne saurait donner rien de plus quecequi est contenu
dans ses prémisses. D ailleurs, il peut ètre vrai ou faux. Et il
joue un róle secondaire dans )a connaissance, pour laquelle est
nécessaire l’aperception.
Le jugement, autre fonction synthétique, peutaussi ètre vrai
ou faux, et mème exprimer un rapport vrai ou faux sans étre
pour cela illogique.
Le fait de conscience dit élémentaire, sensation on image,
rcnferme en lui mème une syntlièse. Mais, si sa logique inté
rieure est observée, rien ne la classe forcément iri, ou là, dans
les images ou dans les sensations.
Eu efifet, nous savons que dans les cas d’automatisme, toutes
ces fonctions, correctes en elles-mèmes, arrivent à un résul-
tat confus, à cause de leur manque de direction et de claire
conscience, phénomènes étroitement liés et que l'on peut ralta-
clier aux troublesde la personnalité.
Ceci nous amène à dire un mot d’une question plus géuérale.
Quand les notions d'expérience eurent prévalu en psychologie
sur les idées théoriques, la vieille conception des faculléS de
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CONFUSION ET DÉMENCK
5
l aine, liée aux conceptions dualistes du corps et de I'esprit,
toraba dans un grand discrédit qui enveloppa toutes les idées
qui s'y trouvai'.ut attachées. Cependant des psychologues se
trouvèrent' qui comprirent que tout n’est pas dansles éiéments
de l’esprit : émotion, sensation, image ; mais qu’il faut compter
encore avec la force synthélique quilesgroupe et les organise.
Les scolastiques disaient: « Rien n’est dans i’intelligence qui
déjà n'ait été dans les sens, sinon l'intelligence elle-mème ».
Cette intelligence elle-mème, c’est le pouvoir de coordinatiou.
Or, si ce pouvoir organisateur leur était implicrtement reconna
par queiques autres auteurs, en fait ces derniers ne s’en ser-
vaient guére et continuaient à s’occuper uniquement des l'ouc-
tions inférieures de l’esprit et de leurs élémeuts.
Or, la difference est profonde, qui sépare le fait de conscience
du pur phénomène d’automatisme iutellectuel, par ceia seui
que ce fait est raltaclió à la conscience. Voilà ;ce qu’enseigne
l’observation.
Un esprit est beaucoup moins caractérisé par sa mémoire, la
qualité et la quantité des sensations et des iraages que par ia
raanière dont il les organise. II est mème inoins caractérisé i»ar
ia valeur de sonjugement et de son raisonnemeut que par la
manière dont il dirige, plus ou moins voiontairemeut, ses pen-
sées. L’un de nous, dans son étude sur Emile Zola a bien
montré qu’à ce point de vue inférieur un artiste puissant n'est
pas sensibiement différent du commun des liommes. Le bon
sens popuiaire sait bien que la meilleure mémoire peut ètre
départie à un irnbécile, et la plus subtile inteiligence à un
iusensé, incapable de se conduire.
L'observationet l’expérience montrent que, dans les maladies
mentaies, ce sont, le plus souvent, ces actes de synthèse, et,
plus précisément, selon l’expression de Baiilarger, l’exercice
volontaire des fonctions de l’esprit, imagination, mémoire, qui
sont en défaut. On a étudié avec fruit les troubles de la person-
naiité, de la synthèsementale. Et, pour parler plus exacteraent
du sujet qui nous occupe, les troubles de la lucidité nous
paraissent prédominants dans les états de confusion.
La lucidité est autre chose encore que la direction volon-
taire de I'esprit à laqueile elle est pourtantsi étroitement unie.
La direction de l’esprit, et ses fonctions, supérieures et élé-
mentaires, ne sont que les éléments d’uu système, les iustru-
ments d’une fonction dont la lucidilé est à la lois l’objet et le
résultat, et encore n’arriveraient-ils pas à l’affirmation de Ia
1 M. Jam t. M. Paui.ha>.
* K. Touloim . Kiuilc Zola,
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REVIIE DE PSYCHIATRIE
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conscicnce claire, si l'on ne tenait compte d’un autre élémeut,
à uncertain point devue leplus important de tous : le senti-
ment intellectuel, par lequel est proclamóe la croyauce, finale-
ment irréductible, qui se trouveau fond de l’acte intellectuel le
plus inisérable.
D’un autre poiut de vue, ces mémes fonctions, ces mémes
éléments, sont les objets de la lucidité qui s’exerce sur eux, en
vérifiant, pour ainsi dire, leur titre et en les « reconnaissaut »
comme des raisounements vrais ou faux, dés jugements réflé-
cliis ou automatiques, des sensations vraies ou des hallucina-
lions. Un phénomène psychique apparait comme jugéavec luci-
ditó par le sujet qui le présenle lorsqu’il est contrólé avee à
propos et justesse, au moyen de l’ensemble systématisé des
autres faits psychiques,
II serait facile de montrer qu’à chaque. raoment de la série
ascendante des phénomènes intellectuels, la lucidité, qui réclame
toute la complexité des conditions logiques, exige encore d’au-
tres conditions.
L’obscure sensation elle-mérae participe déjà de la lucidilé en
ce qu’elle est recounue comme un élément de la vérité et clas-
sée comine telle. L’opération à laquelleselivre alors l’espritest
absolument irréductible.
La perception, le jugement, le raisonnement sont soumis à
des règles logiques, à des conditions fonctionnelles d’après les-
quelles ils sont cousidérés comme justes ou irréguliers. Mais,
pour affirmer qu’ils sont vrais ou faux, il faut encore qu’ils
soient contròltìs et reconnus conformes aux autres aflirmatious
que la personnalité consciente a déjà systématisées. D'autre
part il faut qu’ils revétent un caractère sentimental particu-
lier, celui de l’objectivité , ou de la rèalitèsubjectice. Quant aux
tendances, aux seutiments.auxactes.qui, eu eux-mémes,échap-
pent à la critique logique, ils peuvent étre et sout contròlés,
considérés comme normaux ou absurdes, réduits ou classifiés.
IJn encrier était sous nos yeux sans que nous l’ayous remar-
qué. Cet objet, dont nous n’apprécions pas I’existence par suite
d’un état de distraction, a été percu au réveil de notre atten-
tion. Celte perception est considérée comme réelle et expri-
mant une vérité objeclive. Voilà un fait de lucidité.
Un ancien souvenir dormait dans la mémoire. Sousl’effort de
l’atteution, il est rappelé, reconnu, classé comme image meu-
tale, et eonsidéré comme exprimant dans sa réalité uu rapport
objectif qui a existé dans le passé. Voilà un fait de lucidité.
J’écoute les battements de mon coeur que, d’habitude, je ué-
glige d'entendre. Ces sensations sont senties, reconnues, appré-
ciées : ma lucidité s’étend à ce phénomcne organique.
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CON'FUSION ET DÉMENCE
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Disous donc que lci lucidité est la/onction par laquelle le
sujet prend une conscience réelle, nette, exacte, immédiatc
de son propre ètat , des objets et dc leur ètat, dc leurs rap-
ports mutuels et de leurs rapports avec le siijet.
Elle deraande l’iutégi'ité des fonctions inteHectueHes et des
senliraents intellectuels, leut' bonne et volontaire direction et
lappiication de leur emploi à la reclierclie de la vérité.
C’est cette fonction qui parait troublée cliez de nombreux
atiénés, et c’est letude systématiqne de cette lbnctiou que nous
proposons aujourd’liui. La uécessité, que nous* croyons avoir
démonlrée, dans un cbapitre antérieur, de procéder, pour les
investigations entreprises sur les troubles mentaux, d’une
fa<;on à la lois souple et régulière, la nécessité, en uu mot,
d’avoir une mèthode régulière et raisonnée nous a conduit à
faire une analyse uu peu poussée des preraières notions dont
nous ayons à tenir compte :
C’est ce qui pourra nous excusei de la longueur des dóve-
loppements qui précèdent.
?sous avons montré, dans un précédent cliapitre, que toute
méthode d’examen meutal devait comprendre au moins trois
parties. La première ayant trait à la reelierclie de la claire
conscience, la seconde à la reclierclie des troubles qui peuvent
la voiler ou l’amoindrir, en deliors de l’ali'aiblissement ou du
déflcit des éléments et des fonctions intellectuelleselles-mémes,
la troisième à I’évaluation de la valeur de chacun'e de ces fouc-
tions et de chacun de ces éléments, considéré, aulant que i»os-
sible, en deliors de ses rapports avec les autres. Disons dès
mainteuant que ces trois divisions s’appliquent, la premièreà
la recherche dts troubles de la lucidité ; la seconde aux trou-
bles de la direction volontaire de l’esprit; la troisième enfln,
aux troubles déficitaires de la sensation, de la mémoire/du
jugement, du raisonnement et des pliénomènes atfectifs. Ce
n’est donc que la première partie de cette méthode complexe
que nous pouvons exposer aujourd’liui.
11 n’y a paslieu de revenir sur les règles et les principes que
nous avons établis au chapitre précédent. Iì est bien évident
qu’ici plus encore qu’ailleurs, puisque nous nous proposons
d’étudier les phénoraènes de conscience claire, la réponse du
maladc à notre question ne saurait avoir qu’uue valeur relalive.
La question sera dite de la manière la plus apte à intéresser ie
roalade, elle sera répétée autant de fois qu’il sera nécessaire, el
seules les bonnes réponses seront notées, surtout lorsqu’elles
sont intelligentes et réfléchies. Nous n’attacherons aucune va-
leur à un résultatbrut. Pour la justification de ces idées, nous
ne pouvons que renvoyer le lecteur au précédciil article.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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La partie de la mélhode d’examen menlal destiuée à l'invcs-
tigation de l’étendue et de la justesse de la lucidité sera divisée
en trois graudes sectious qui correspondent aux trois grandes
catégories de la conscieuce : conscience du sujet et de son état
propre ; concieuce de l’objet, du monde extérieur ; et c’est daus
cettecatégorie que nous nous occuperons de la conscience des
autres individus ; conscience des rappovts immédiats qui exis-
tent entre le sujet et son milieu.
Cette mélliode, généralement applicable à tous les iudividus,
est nlus spécialement adaplée, dans la circonstance présente, à
l’étude des déments, des confus, et, accessoirement, des déli-
rants. Aussi serait-il commode de faire précéder cbaque test
d’uuo annotation iudiquant ’d’une mauière grossière à quel
point d'obscurcisscment de la lucidité correspond son usage- 11
est inutile, parexemple, de demander à un sujet apparemmcnt
normal s’il est ágé de cent ciuq aus. Des tests de ce geure seront
désignés du signe : 2 c. Les signes 2 b. et 2a. sèront réservés à
des tests à appliquer dans des états moins graves. Le sigue 1
sera réservé pour les testsapplicablesà tous les sujets ; et enfin
Ie signe3 serait attribué à ceux qu'il (audrait réserver aux su-
jets normaux. Nous n’avons d’ailleurs nulleinent la prétention
de mesurer la conscience, pliénomène incommensurable, ni
mème l’étendue de la Iucidité ; mais seulement, par une gros-
sière et schématique óvaluation, de permettre l’étude méthodi-
que de ce phénomène.
MÉTHODE DE RECHERCHE DE LA LUCIDITÉ
1. Quostions à adrcssrr à totts les indivitfns.
2 a. b. r. Questions à adrosser aux mnlades dont la luciditc rst plus
ou moins tmubièo.
'i. Questions à adressor à des individus snpposès normaux.
I
Conscience du sujet et de son état propre
1. Quostions courantcs
1. Comment vous appelez-vous ?
2 b. Etes-vous un homme ou une femme ?
1. Quel age avez-vous?
2 b. Crovez-vous avoir dix ans ?
2 a. — vingt ons ?
2. — einquante ans ?
2 r. — cent sept ans ?
2 a. Croyez-vous ètre un enfant, ou un honune?
\. Quelle élait votre profession ?
1. Aviez-vous une position élevée ?
1. Vous Irouviez-vous puissunt ? ou misérable ?
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CONFUSION ET DÉMENCE
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l. TrouTiez-vous que vous l’exerciez bien ?
L. Quel était votre métier ?
I. Le jugiez vous bon ?
t. Trouviez-vous que vous Texerciez bien ?
1. Vous trouvez-vous riche ? ou pauvre ?
i. Eles-vous marié ?
1. Avez-vousdes enfants ?
1. Combien ?
1. Etes-vous content de cet étut ?
?. Conscicnra dc l'cltu orufnuqur
1. Vous sentez-vous bien portant ou malade ?
1. — fort ou faible ?
1. — adrcit ou rnaladroit ?
2 a. b. <*. — gras ou inaigre ?
2 b. — grand ou petit ?
1. Trouvez-vous que vous voyez bien ?
—
entendez bien ?
—
goutez bien ?
—
sentez bien ?
—
percevez bien les piqùres ?
—
— les contacts (
—
avez bon appétit ?
—
digérez bien ?
—
urinez bien ?
—
respirez bien ?
2. Trouvez-vous vos organes en bon état ?
2 c. Croyez-vous avoir un cceur ?
2 r. — une rate ?
2 c. — un íoie ?
1. Sentez vous battre votrecamr ?
*>
3. Conscience de í'ctuí nicntal
2. Croyez-vous avoir toute votre raison ?
2.
—
avoir toute votre lucidité ?
1.
—
bien percevoir ?
i.
_
retenir facileinent votre attention ?
i.
—
la bien fixer ?
1.
—
acquérir facilement des souvenirs ?
1.
—
les bien conserver ?
i.
—
avoir une bonne mémoire ?
1.
—
qu'elle est aussi bonne qu'autrefois ?
1.
—
bien comprendre ?
1.
—
comprendre mieuxou inoinsbien qu’autrefois ?
1.
—
bien raisonner ?
1.
—
juger sainenient ?
2-1.
—
òtre obsédé par certaines idèes ?
2.
—
avoir des idées incoliérentes ou brouillées ?
1. Croyez-vous avoir des idées inexactes ?
2. — íausses ?
2. — invraiseuiblables ?
2 /*. b. Nc vous rendez-vous pas compte que vous dites des sottises ?
2. Crovez vous ètre disposé à tout voir en mai ?
2. — en bien ?
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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it
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2.
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1
Croyez-vous avoir une tendance exagérée à vous méfier d'tìutrui ,,
— à vous mófier de vous-méme ?
— à vous confìer en autrui ?
à vous confier en vous-méme ?
— à vous occuper trop de questions religieuses ?
— à vous eroire un grand personnage ?
— à vous croire un homme riche ?
— à vous occuper de questions politiques ?
Croyez-vous ólre mitlionnaire ?
— un ou plusieurs ?
Croyez-vous avoir des craintes irraisonnées ?
— des craintes absurdes ?
— trop de confiance ?
Yous sentez-vous énergique ou sans volonté ?
— poussé à .parler, rire, chanter, pleurer, faire
ce
taines actions ?
1. Vous sentez vous empèché de vous livrer à ces uctes ?
1. Comment i’expliquez-vous ?
1. Croyez vous que vous aimez vos enfants ?
1. — vos parents ?
i. — votre femme ?
1. votre mari ?
1. — vos enfants ?
1. - les francais ?
1. — les hornmes ?
1. — les animaux ?
1. Et cela anormalement, normalement, trop ou trop peu ?
1. Trouvez vous que vous cédez trop ou trop peu à vos désirs ?
‘1. Trouvez-vous que vous étes une bonne personne ?
1. — une honnète personne ?
i. — vertueux ?
II
Conscience du milieu et des rapports du sujet avec le milleu
(rapport du sujet avec l’objet.)
i. Position flans I'cs/kicc
1. Trouvez-vous que vous èles levé ?
I. Trouvez-vous que vous ètes couché ?
I. — assis ?
1. Trouvez-vous que je suis à votre droite?
1. — à votre gauche ?
I. — pius haut que vous ?
1. — plus bas — ?
‘2. I'osidon <lans lc iciajts
1-2. Sommes-nous avant ou après le déjeuner ?
2 r. Sonmies nous avunt liier ?
2 c. — après demain ?
2 r. Deinain cst-il avant bier?
3 . Conscicncc <!<' l , cn(oiii‘<i</<‘
1. íjuelle est eette peisonne inlirmiei j ?
1. Que pensez-vous qu’clle fait iei ?
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CONFUSION ET DÉMENCE
11
1. Qa'a-t-elle à faire avec vous ?
i- Quel est cet objet (un lit, le lit du malade) ?
i. A quoi vous sert-il ?
i. Qa’en faites-vous?
4. Localisation tlans Vcspacc
1. Où vous trouvez-vous ici ?
2. Dans un hópital ?
2. — une maison ?
2. — une prison ?
i-2. Dans quel quartier ?
i-2. Dans quelle chainbie ?
2. A Paris ?
2. En Angleterre ?
2. En France ?
2. Dans la Bretagne ?
5 . Localisatiori clans lc tvmps
1. Quelle heure pensez-vous qu il soit ?
2 b.c. Croyez-vous que nous sommes le matin ou le soir ?
12.
—
connaitre la date ? Quelle est
1 .
—
que nous sommes en 1903?
2 a.
—
- 1902?
2 b .
—
— 1850 ?
2 c*.
—
- 1620 ?
1. Depuis quand croyez-vous étre ici?
1. Etes-vous déjà venu ? ou croyez-vous ètre déjà venu ?
i. Dans quel but croyez-vous ètre ici ?
1. Jusqu’a quand comptez-vous y deiueurer?
1. Vous y plaisez-vous ?
1. Quand voulez-vous en partir?
i. Ou comptez-vous aller ? .
III
Conscience de l’objet. Connaissance des objets matérlets
Nous avions adopté pour nos expériences :
1* Un bouton de cuivre.
2* Une petite pelle à clous plats ípunaises).
3° Un petit étqi de forme singulière et anormale.
A. — Chacun de ces objels est présenté séparóment, et I’on demande
au nialade :
1. Quelle est la couleur de cet objet ?
1. Le trouvez-vous lourd ou léger ?
i. — pelit ou grand ?
i. — froid ou chaud ?
1. Croyez-vous qu’il puisse servir?
I . A quoi ?
i. Croyez-vous qu’il ait une influence sur vous ?
!. Quelle signification lui donnez vous ?
2 c. Est-il plus grand qu’une table ?
B. — Cacher ensuite l’objet et poser les mèmes questions — après
deux, trois minutes.
C. — Montrer ensuite à lo malade deux de ces objets à la fois:
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12
REVLE DE PSYCHIATRIE
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1. Lequel des deux vous
1 . -
1 . _
1 . _
1-2 b. _
1-2 h.r. _
1-2 b.c. -
1-2 h.c.
1-2 b.c.
paiviit-il plus grand ?
plus gros?
plus froid ?
plus sec ?
a droite ?
en haut?
en bas ?
devont ?
derrière ?
1-2. Que peut on faire de ces deux objets ?
2 c. L’un peut il rentrer dans l’uutre ?
2 c. Ont ils l’un sur l’autre une iníluence piiysique ? électrique °
rale?
2 c. Et sur vous inème ?
mo-
í). — Objets étoignés et idèes sur ces objets :
1. Qu’esl-ee que la terre ?
1. Qu’est ce que le soleil ?
Et pour chacun :
1. Quelle est, à votre avis, sa couleur?
1- — sagrosseur?
1, — sachaleur?
1. Lequel est plus gros ?
L — plus chaud ?
1. Quels sont ieurs rapports ?
1. A quoi vous servent ils ?
2 r. Quelle est votre puissance sur eux ?
2 b. Quelle est leur puissance sur vous ?
2 a. Quelie est leur signifícation ?
2 c. Avez-vous la lune dans votre poche?
2 b. Le poids de la lune est plus petit que celui de la terre; est-il plus
grand que celui du soleil ?
2 a. Qu'est-ee qu’un arbre ?
1. Quelle est, à votre avis, sa couleur ? sa grandeur ?
i. Sur quoi cela pousse-t-il ?
1. A quoi cela sert-il ?
1. Qu'en faites-vous ?
1. Quelle est sa signifieation ?
2 b. Tous les arbres sont ils vert-s ?
2 c. Poussent-ils les raeines en l’air et la tige en bas ?
1. Croyez-vous aux feux follets ? aux revenants ?
1. Coimnent les expliquez-vous ?
2 a. Quel est leur ròle dans la luiture?
2 a. — dans la socièLé?
A. — Conscience des personnes.
A. — On présente au malade une infirmière qu’il connait.
1. Connaissez-vous cette personne ?
1. La trouvez-vous grande ou petite ?
1. — grosse ou inaigre ?
1. - - jeune ou «gée ?
1. Comiaissez vous son norn ? qut*I est-il ?
1. — son ágt* ? — ?
1. Lti croyez-vous bonne ?
1. — raisonnuble ? ou folle ?
I. — intelligente ?
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
CONTUSION KT DKMKNCE
1. La cToyez-vous adroite ?
1. — onimée de bons ou de mauvois sentimenis ù votre
égard ?
1. Quei emploi croyez vous ètre le sieii ?
2 a. La croyez vous sous vos ordres ?
2 a. Vous croyez-vous sous ses ordres ?
2 a. La croyez-vous sous votre inflaence ? occulte ou réelle ?
2 a. Vous croyez-vous sous son influence ? — ?
2 a. Quel róle croyez-vous qu’elle joue ù votre égard ?
1L — Mèrnes questions, au passé, la personne étant sortie.
C. — On faitentrer une deuxième personne inconnue (malade); mè-
mes questions.
2 c. Croyez-vous que cette personne soit un général ?
D. — On montre au sujet les deux personnes simullanèment, et l’on
rèpète les mèmes queslions que ci-dessus, en les posant sous la forme
suivante :
Laquelle, ù votre avis, est la plus grande ?
— la plus puissante ? etc., etc.
2 tt. Croyez-vous qu’elles soienhparentes ?
1. Quels sont leurs rapports ?
1. Quelle est ù votre avis celle qui dirige l aulro ?
1- — • qui lui commande ?
1. — qui lui sert ?
2 ((. Croyez-vous qu’elles soient amies ? ou ennemies * >
2 a. Croyez-vous qu’elles s'entendent contre vous ?
2 a. — en votrc faveur 1
2 a. Que disent-elles á voix basse ?
2 (t. L’une (la plus jeunej est-elle le fils ou la fille, le frère ou la
sceur ?
2 <\ — L'une est-elle le père ou la rnère ?
E. — A roccasion d’une visite (parents).
Mèmes questions : puis :
2 a. Cette personne, est elle une de vos parentes ?
2 a. Pourquoi dites-vous celn ?
2 a. A quel degró ?
F. — Personnes óloignées.
1. Que savez-vous de votre ménage ?
1. — de votre famille ?
1. — des inédecins ?
1. — des jésuites ?
1. — des francs-mocons ?
1. Que pensez-vous d'eux ?
2 t/. Comment sont-ils enseinble ?
2 (t. — amis ou ennemis ?
2 tt. — plus forts ou plus faibles ?
2 (t . — meilleurs ou pires ?
B. — Conscience des objets immatériel*.
1. Pcrsonncs tihstntifrs.
1. Croyez vous en Dieu ?
1. Le connaissez-vous ?
1. Quelle idée vous en faites-vous ?
i. Quelle est, à votre avis, sa grandeur ?
1. Est-il puissant ?
1. Est-il simple ? ou multiple ?
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Origiaal frn-m
UMIVERSITY OF MICHIGAN
14
KKVUK I>E PSYCHIATKIE
2 h. Est ce un hoinine ?
1. Que peut-il sur vous ?
2 c. Que pouvez-vous sur tui ?
2 c. Par quels moyens ?
1. Qu'eat-ce que Tunivers ? le monde ?
2 a. Est-ce plus f?rand que la terre ?
2 b. Etes-vous dans l’univers ? le monde ?
1. Dieu est-il dans )e monde (univers) ou le monde (univers) dans
lui ? Gouverne t-il le monde ? Est il le monde lui-mème ?
2 c. N*ètes-vous pas Dieu ? n’ètes-vous pas l’univers et le monde ?
2 b. Vous croyez vous sous la vengeance divine ?
1. Qu’est-ceque l humanité ?
2. Existe-t-elle en dehors des hommes ?
2 b. Etes-vous hprs de l humanité ?
2 a. Un nègre est il un homme ?
2 b. Un singe est-il un homme ?
2 b. Y a-t-il des hommes hors de l’humanité ?
2. ScnUpicnts
1. Qu est-ce que la bonté ?
2 c. Tous les hommes bons ont-ils de la bonté ?
2. Avez-vous de la bonté ?
1. Telle personne, qui a commis ce crime, est-elle bonne ?
2 b. Cette enfant a tué sa mère. — L’aimait-elle ?
2 b. A-t-elte bien fait ?
1. Cette femme a tué son mari qui la trompait.
1. L’aimait-elle ?
2. De quelle manière ?
1. Que pensez-vous de cette personne ?
1. — de son aete ?
3. Qualiíès dcs objcts
1-2. a. b. c. Cette personne prótend que tel objet est jaune. — Qu’en
pensez-vous ?
4. Juf/cmcnts ct Hnìsonncmcnts
Enoncer un des jugements suivants : et demander au malade de les
apprécier.
2 a. II a fait soleil cette nuit.
2 b . Y r ous allez marcher sur Ja téte.
2 c. Cette maison était dans la cuve.
2 c. J'ai Ia lune dans ma poclie.
1. Tous les cygnes quc vous avez vus sont blancs : donc tous les
cygnes sont blancs.
2 a. Certains porte-plumes sont rouges. Or voici un porte-plume.
Donc ce porte-plume est rouge.
2 b. Mon porte-monnaie est dans la lune. La lune est dans ma poche.
Mon porte-monnoie est donc dans ma poche.
2 c. Madame X... est infìrmière. Modame Z... est surveillanle. Donc
M. V... est inédecin.
2 c. Tous les nègres sont noirs. Or, vous avez déjeuné ce matin.
Donc vous ètesblanche.
Telle personne passe tous les matins à l'heure de la visite. C est
donc sùr que vous allez la voir ce matin.
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Original from
UMIVERSITY OF MICHIGAN
CONI'L'SION ET UEMENCE
13
11 reste bieií entendu qu’au point de vue, pai- exemple, du
diaguoslic desétats de démence et de confusion, rexpérimen-
tation de la séi ie de tesls que nous publions dans ce chapitre
ne peut donnei* qu’uu des éléments de la solution et ne permet
pas à elle seule de traucher la question. Quaut on ne peut obte-
nir de réponse pertinente, on ne conslate qu'unechose, à savoir
que la lucidité du sujet est troublée ou détruite ; mais on ne
peut dire s’il est déliraut, confus ou dément, bien que les phé-
uomènes concomittants (expression de physionomie, paroles et
gesles) pnissent déjà orienter notre impression. Ce n'est qu’a-
près avoir étudié les fonctions dont nous nous occuperons dans
les chapitres suivants : direction volontaire de l’esprit, états de
fonclions intellectuelles élémentaires, que nous pourrons avoir
une opinion jusliflée.
Si cependant au cours de nombreuxet longs interrogatoires,
le malade répond par à coups à beaucoup de nosqueslions d’une
manière pertinente, l’ensemble de ces paroles justes peut lenir
lieu d’une conversation continue et uous pourrons déclarer qu'il
n’v a pas de démence, la démence étant incorujiatible avec une
lucidité aussi développée.
11 est d'autre part certaines reponses du preraier ordre qui
sont particulièreraent significatives.
Une malade calrae, tranquille et bienveillante nous a répondu
avec simplicité et justesse quand nous lui posions des questions
courantes. Elle n'a manifesté aucun trouble et paralt nous
écouteravec attention. Or lenoncó d’un jugement absurde ou
d'un propos outrageant la laisse totalement iudifférente, on ne
parvieut pas à la choquer. La démence est probable.
D’autre part certaińes réponses fausses, lorsque les autres
sont jusles, pourront déjà dénoncer un délire, dans un état
mental assez développé. II suftlba pour cela que ces erreurs
soient systématiques.
Que l’on nous permette une comparaison qui s'irapose.
L’ophtalmologiste, quiexplore l'acuitó visuelle d’un maladeet
qui la trouve aflfaiblie, portera-t-il, de ce seul clief, un dia-
gnostic d’altéi’ation rétiuieune? II recherchera d’àbord l’existence
de troubles de la réfraction qui pourraient obscurcir la vision,
géner le normal fonctionnement de la rétine, et pai ( là rendre
J’image confuse. C’est la méthode analoguc á celle que nous
súivons dans le domaine psychique lorsquc nousavons reconnu
une diminution de la lucidité, et que nous reclierchons si elle
n’a pu <Hre produite par une faiblessede l'attention: par exemple,
ce n’est que dans le cas où aiicun fait de ce genre n’apparaìtque
nous pourrons supposer et tàcher de vérifler un aflTaiblissement
intellectuel. De mème, en l'absence d’autres perturbations,
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Qriginal frn-m
UMIVERSITY OF MICHIGAN
IIKVL'E lJK PSVCIIIATUH;
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1(ì
rophlalmologiste est amenéà considérer les ti oubles iles fonc-
tions rétiniennes.
Ainsi le sens de Ia vue nous fournit encore une des plus pré-
cises images qui puissent aider à comprendre les phénomènes
de lucidité, tant sont pour nous étroitement unies les idées de
lumière et de conscience.
OBSERVATIONS
lULI.rclNATIOXS DIALOOCIiKS CONSCIENTES
l’ar
A. Vallet et A. Fassou
intrrnrs des (isiies de la Seine
Nous avons cru intéressant de recueillir et de publier Tobser
vation d’une málade, atteinte de dég4nérescence mentale avec
ballucinations, soignée dans le service de notre maitre à TAsile
de Ville-Evi*ard f M. le docteur Kéraval.
Ces hallucinations sontintóressantes, nonseulement parce que
la malade entend plusieurs voix, mais aussi parce qu'elle pré-
sente une demi-conscience de son état etunedissociation telle de
sa personnalité qu’elle croit seulement miraerles aclesauxquels
elle se livre, pendant que la scène véritable se dóroule ailleurs.
(Jbsercniion de Mme J... t femme L... — Profession : bvodeuse.
Atje de la malade : J.l ans .
Madame J... estentrée à l'Asile de Ville-Evrard. le ì mars 1908,
iiver les cerliíìcats suivants :
« Est atteintede troubles cérébraux qui ne font que saccenluer
de jour en jour. La malade se plaint qu on l’observe, qu’on chu
cdiotte auprès d'elle, quon prononce des mots grossiers ; en outre,
elle prétend entendre des propos obscènes, des voix qui sortent
des niurs, de dessous le Iit ; elle ressent comme des pressions sur
la poitrine... »
Sùjné : Molls.
(( ... dégénèrescencM-í menlale avec ballucinations et Iroubles de
la sensihililé générale, inlerprétotions délirantes, idées de per
séculion. excilation par intervalles el parfois tendance au
suicide. »
Siynè : SlMON.
A l arrivée de la malade à Ville-Evrard. M. Kéraval rédige le
certiíicat suivant :
Gck igle
Original frn-rri
UMIVERSITY OF MICHIGAN
HALLL’CINATI0N.3 DIALOGL’IÍKS CONSCIENTKS
17
« ... estatteinte de mólancolie avec idées de persécution, trou-
bles de la sensibilité gónérale et sexuelle, hallucinations de 1‘ouíe
(doubles voix rinsultant, discutant sur sa personne), résonnancede
sapenséedans laquelle on lit, demi-conscience de sa situation,
alternant avec l’impression qu’elle est la victimede la physique ;
inquiète par moments et si dissociée qu’elle pense h se tuer et
craint d’étre suggérée de l’idée de se tuer. »
Et à la quinzaine :
« Est dans le mème étal qu’à son entrée ; s’étonne de la bizar-
rerie des sensations qu ellea ressenties ; entend constamment des
voix qui causent sans pouvoir les reconnaitre. »
La malade, qui parait avoirune forte constitution physique, est
prognathe : de plus ses deux machoires sont obliques dans le sens
transversal et ne se correspondent pas ; cette conformation vien-
drait de la mère.
La malade n a eu qu un enfant, né à terme, mort à 11 mois de
méningite (?),
Pas d’alcoolisme avoué, ni de stigmates apparents de cette in-
toxication.
Madame J... a une certaine instruction ; elle a suivi les cours
des secouristes frangais.
Pas d’aliénés dans sa famille.
II y a deux ans, elle a commencé à souílrir de maux de tète ;
couchée dans son lit, il lui semblait que quelqu'un,caché derrière
la cloison, lui « tournait le cerveau ». Un jour, elle a entendu dire
qu elle avait íait son testament, qu’elle avait déshérité sa sneur
pour lui étre dósagréable. Cela se passait dans les Vosges. Cinq
ou six semaines après son retour à Paris, elle a entendu des voix
qui disaient « je t’aime », mais la malade ne sait pas à qui elles
sadressaient.
Bientótsont apparues des hallucinations de la vue. M B< J... a vu
un Chinois monté sur une pierre de son jardin et qui, se haussant
jusqu’à sa fenètre, lui tirait la langue et pronongait le mot« opium ».
(La malade n’a eu dans sa vie que 2 ou 3 piqùres de morphine).
Puis apparaissent les hallucinations psycho-motrices ; parfois,
dit-elle, « j’ai étécomme si je devais parler moi-mème » ; elle s'est
querellée avec les voix qu’elle entendait, leurdisant que toutes les
histoires qu’elles racontaient étaient «idiotes », qu’elle connaissait
sa propre vie mieux que personne. Ces voix partent de sièges
multiples : parfois, elles viennent du bout de son nez ou de sa
langue: d’autres fois, leur point dedèpart parait étre dans l’oreille
gauche, mais c’est peut-étre, ajoute-t-elle, parce que M. Dupré a
attiré son atlention sur cette oreille.
Mais, etc’est ce qui nous semble faire Tintérèt de cette obser-
vation, la malade enlend le plus souvent deux voix : l’unecherchc
à lui nuire, lui dit des obscénités, etc. : l’autre est celle d’une per*
sonne malade comme elle, qui entend, commeelle, les méchancetés
quedit la première voix, méchancetés que les autres n’entendent
point. C’est cette seconde voix qui, en défendant la malade, se
déíend aussi elle méme. Ces deux voix discutent d une fagon con-
2
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Origirìal frn-m
UNivERsrry of michigan
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18 HEVUK l)E PSYCHIATHIE
tradictoire sur la viede M*' J..., sur ses actes, se demandent ce
qui va arriver. Un jour la première a mis en doute la mort de
l’enfant de \1“* J..., décédé depuis longtemps* Elle disait quel’en-
fant avait été enterré vivant, qu’on l’avait déterré vivanl encore,
pour mettre à sa place une poupée de cire. Malgré les dénéga-
tions de la seconde voix, qui affìrmait que l'enfant étaitbien mort,
Madame J... obéissant à la « puissance de suggestion » émanant
de la première voix, s’est demandée. alors, en renconlrant un
enfant dans la rue, si cet enfant, qu elle ne connaissait pas d’ail-
leurs, n était réellement le sien.
Toujours sous Tinfluence deses voix, la malade a fait une réelle
tentative de suicide, en essayant de se jeter par la fenétre. l’ne
autre fois, une voix a demandé à l’autre s % il fallait que M** J...
s’empoisonnát, ou se tuftt par le poignard ; dominée par la puis-
sancede la voix, et bien que n*ay8nt aucune arme dans sa main,
elle a fait le geste de se frapper v la poitrine avec un poignard ; elle
a, dit-elle, senti le froid de la lame qui pénétrait dans sa chair.
Ces diverses scènes, prótend la malade, ont été « mimées par
elle, poussée par la force irrésistible des voix à agir ainsi» et tous
ces íaits, son cerveau les enregistre, mais ils se passent ailleurs,
produits qu’ils sont par une « chose » extérieure.
Les voix lui ont demandé si elle désirait ètre Cléopátre, si elle
voulait l'héritage de ses voisins. La malade déclare (|ue sa volonté
est complètement annihilée par la « puissance » qui, malgré elle,
agit sur son cerveau ; on lit dans sa vie, on la fait penser, on per-
Qoit sa pensée, on sait ce qui se passe aulour d’elle : « les mots
prononcés ici sont répétés ailleurs ». Nous lui avions demandé
d’écrire son histoire : elle reíuse, parce que, quand elle écrit, elle
entend plusieurs voix qui lui dictent à la fois.
De plus, elle esthantée, dit-elle, par l idée de la íolie : lorsqu’elle
veut écrire, cette idée se cramponne à son cerveau, « annihile »
toutes ses facultés. Malgré ses efTorts de lutte contre cette « force
supérieure », qui lui « étreint la cervelle », il lui est impossible
d’écrire et, découragée, elle abandonne, de rage impuissante, sa
tentative. De méme, lorsqu'elle essaye de lire, la mème « force
supérieure » transforme sa personnalité en une personne nouvelle
laquelle est incapable de saisir le sens de la phrase écrite devant
ses yeux. II est à remarquer que cette impossibilité de lire et
d’écrires’est manifestéechez la malade durant les premiers temps
de son séjour à Ville-Evrard. Aujourd hui, elle lit et écrit presque
comnie par le passé.
M" r J%.. présente quelques hallucinations de la sensibilité géné-
rale ; elle est « poussée d’un cóté et retenue de l’autre » ; des
« courants.» lui commandent d'aller là où elle n’a pas besoin
d aller. Quant aux divers modes de la seusibilité, au tact, à la
chaleur, à la douleur, etc., ils ne sont pas troublés.
Elle a eu aussi des hallucinations génitales : parfois, elle a senti
des hommes qui couchaient avec un « mannequin » la représen-
tant, et c’était elle qui ressentait les impressions voluptueuses,
qu'elle ne recherchait pas, mais qui « n'étaient pas désagréables ».
Goi igle
Original frn-m
UMIVERSITY OF MICHÍGAN
HALLUCINATIONS DIALOGUKES CONSCIENTF.S líl
Une autre fois, elie s est sentie dans les bras d un individu, et. un
jour, elle a regu cc un baiser brùlant » sur les lèvres.
Elle avoue volontiers que ses sensations et ses hallucinations
sont imaginaires, que tout cela est « idiot », mais presqueaussitót
ellese reprend : « etpourtant.dit-elle, ces voixsontsi naturelles!»
Comme nous cherchons è la convaincre de l’invraisemblance que
présentent ses hallucinations, elle nous répond : « je constatecè
qu’il y a sans me lexpliquer ». Parfois, elle n’esl pas loin dattri-
buer tout cela à la íranc-magonnerie, à des mediums mème, mais
ellen ose íormuler une accusation précise, pensant que ce serait
peut-ètre grave. Klle a d'ailleurs bon espoir, les voix lui ayant
dit que tout allait cesser.
L’examen des oreilles ne montre pas de lésions susceptibles
d expliquer ces hallucinations de l’ouíe. D’ailleurs, les auteurs
qui ont étudié cette question (Joffroy, Séglas, etc..) ne semblent
pas attribuer à une lésion d'un des organes des sens un róle pré-
pondérant dans la production des hallucinations ; la lósion péri-
phérique, quand elle existe, ne semble jouer qu'un ròle secon-
daire dans la genèse de rhallucination : une organisation défec-
tueuse du cerveau est nécessaire, et l’intervention du centre corti-
cal, indispensable. Notons, pour le cas prósent que, du còté gau-
che, la malade n’entend une montre qu'à 15 centimètres de dis-
tance, à droile, elle l’entend à 50 centimètres. Cet affaiblissement
de l'acuité auditive gauche serait survenuà la suite d’une grippe.
Voyant, un jour, du coton dans ses oreilles, nous lui avons
demsndé si c’était dans le but d’opposer une barrière aux voix :
elle nous répond que rièn ne saurait l’empècher d’entendre les
voix, lorsqu’elle est seule ; mais si elle se trouve avec d’autres *
personnes, elle y fait moins attention.
Létat mental de la maladeest demeuré à peu près stationnaire
dnrant le mois de mars ; vers la fìn d'avril, elle est atteinte de
rhumatisme articulaire aigu avec fìèvre, oedème et rougeur
considérable des articulations. La fìuxion rhumatismale, combat-
tue par le traitement salicylé, a suivi son cours normal ; tous les
phénomènes articulaires ont disparu au bout de quatre semaines :
il ne s'est produit aucune manifestation viscérale. Mais, sous
rinfluence de cetle maladie inlercurrente, les hallucinations,
quoique persistantes, sont devenues beaucoup moins intenses.
M“* J...nous dit quelle ne préte plus beaucoup d’attention à ses
voix, bienqu’elle les entende encore par instants. Elle demande à
sortir de 1’AsiIe, et malgré les conseils de M. Kéraval, qui vou
drait la garder à Yille-Èvrard quelque temps encore, ellequitte
le service le26 juin.
Nous avons eu, depuis, l’óccasion de revoir, chez elle, J...
et les quelques instants de conversation que nous avons eus avec
elle nous ont montré que les hallucinations, atténuées sans doute,
persistent encore. Elle entend toujours des voix, plus souvent une
seule voix, toujours la mème, qui lui cause, dès qu’elle n’est pas
occupée par un travail quelconque ; cette voix répète presque
toujours les mèmes choses et fait de fréquentes allusions aux
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UNIVERSrn' OF MICHIGAN
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HEVUE DE PSYCHIATHIK
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halluciuations preniiéres. A toutes les lemarques quenousíaisons
à M*' J... au sujel de la possibilité, pour elle, d étre la dupe
deson « iinaginalion », elle répond toujours par les mémes mots
« je le sais, c’est idiot » accompagnés, cependant. de la méme res-
triction : « el pourtant? »
En somme, la malade, si elle est neltement améliorée, est
encore loin de Ia guérison complète. Très impulsive, autrefois,
au point qu’elle se disait elle-méme « dangereuse pour les
autres », elle est sujette encore à des accès dexcitation passa-
gère, provoqués par l’exaspération que lui causent les voix,
accès interrompus, parfois, par un rire spasmodique et irrésis-
tible, dit-elle.
Ce que nous retenons surtout de cetle observation, c’est le
dédoublement conscient de la personnalité de la malade en une
personne nouvelle qui prenait part, sous les yeux de M m<í J... et
contre sa volouté, aux scènespénibles ct«impossibles à éviter»,
amenées par Ies hallucinations dont nous venons de parler.
niBLIOGRAPHIE
G. Bali.et. Traité, article d’Anglade.
HiGiEn. Wiener KliniU, juin 1894.
Joffroy. Hallucinations auditives. Jonrnal <le tmalecine et <le
ehir. prat .. 10 juillet 189.').
Séglas. I.e délire des négations.
Séglas. Hallucinations unilatérales. Ann. niédiro psi/c/i.. 1902.
Lb'GAno. Sur les halluc. unil. de l’ouíe. /ier. </e put. nerc. et
tnenlale, mai 1904.
'Feré. Sociétóde biologie, 3 juin 1899.
Angelo Mariani. Rifbrnm tnetlica, mai 1899.
REVUE DES LIVRES
L»a PhiloBophie moderne, por Abel Rey, ohargé de cours de
philosophie à l’Université de Dijon, 1 vol. in-lG de 372 pages.
Paris, Flomniarion, 1908. Bibliothèque de philosophie scientifique,
prix 3 fr. r>0.
La philosophie était, dans le dernier quart du xix' siècle, singu-
lièrement tombée en discrédit, surlout dans les milieux scientifi
ques. On sentaiten eílet. depuis la guerre, se développer Ie souci
des réalités positives, et la philosophie, celle qui avait été .ensei-
gnée aux jeunes gens, n’était qu’un verbiage assez ridiculo oò le
spiritualisme offìciel épanchait son admiration respectueuse pour
la trinité cousinienne: le Beau, le Bien, le Vrai.
A l'heure actuelle, la philosophie et la science tendent enfin, au
contraire, à se rapprocher. tant dans le domaine de la physique
Goi igle
Origiaal frn-m
UMIVERSITY OF MICHIGAN
REVUE DES LIVRES
21
que dans celui de ìa biologie, pour ne pas pàrler des mathémati-
ques qui sont toujours restées philosophiques. 11 était utile que le
grand public puisse enfìn savoir à quoi s*en tenir sur l’esprit, les
méthodes, les résultats et les aspirations de la philosophie moderne
qui, après une si longue période de contrainte, en vient à se déve-
lopper librement.
On verra qu’on s éloigne des controverses stériles, qu'on renonce,
en général, à spéculer en vain sur des pures abstractions: penchée
sur les découvertes de la science. la philosophie réfléchit sur ces
découvertes, et tóche d’en pénétrer la nature et la portée;elle
essaie de devancer l'expérience, mais s’incline docilement devant
les faits, qu ils doivent ou non infirmer ses hypothèses; elle tente
la synthèse gónérale des études particulières, consciente de la
dose considérable de prudence nécessaire dans une táche aussi
hasardeuse et aussi diíTìcile ; elle tente enfin de délimiter les pro-
blèmes qu'il est utile de poser et ceux pour lesquels, actuellement
du moins, la réflexion est frappée de stérilité. Et ainsi son róle,
ses íonctions apparaissent nettement, étroitement liés à l’ensemble
des sciences. Malheureusement la tradition s’oppose encore au
plein éssor de cette nouvelle philosophie, et lenseignement secon-
daire et mème supérieur est encore loin dètre entiòrement
pénétré par cette philosophie moderne; la formation des philoso-
phes proíessionnels est encore beaucoup trop littéraire, alors
qu’elle devrait ètre délibérément seienlifique, et ce n’est qu’indivi-
duellement que ceux ci entreprennent de se íormer aux méthodes
scientifiques, sans lesquelles la spéculation philosophique n est
qu’un vain jeu. Aussi trouve-t-on souvent la véritable philosophie
moderne chez des savants de haute envergure, comme des Giard,
des Curie, pour citer des disparus, plutòt que parmi les philoso-
phes, sauf certes de notables exceptions.
On lira avec grand íruitcet excellent volume d’Abel Hey, qui
expose successivement l’état des discnssions qui s’élèvent autour
des principaux problèmes généraux de la connaissance humaine,
le problème du nombre et de l’étendue, le problème de la matière,
le problème de la vie, le problème de l esprit, le problème moral
et enfin le problème général de la connaissance et de la vérité. On
y verra partout la part croissante des données positives dont
l’acqaisition est incessante, et l intervention nécessaire d’hypo-
thèses qui se dégagentde ces données et font présager des enri-
chissements futurs de la science.
Particulièrement documenté est le chapitre sur le problème de
la matière; l’auteur a, en effet, écrit une thèse très remarquablo
sur la physique contemporaine, et les questions lui sont parti
culièrement familières en ce domaine. Excellent aussi dans ses
grandes lignes, lechapitre sur la Biologie-, ainsi que celui sur la
MoraJe. Je ne ferai méme pas de réserves sur la partie consacrée
à la psychologie, oíj il semble pourtant que l’auteur n'est pas
absolunjent familier avec les recherches conlemporaines, des der-
nières années du moins, parce que, sur le terrain des grandes
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UMIVERSITY OF MICHIGAŃ
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REVUE DE PSYCHUTRIE
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généralilés oii il se place, cela n'a pas de réels inconvénients.
Seulement, je ne puis laisser passer sans protesler l’opinion
que la psychologie palhologique est la forme « la plus féconde »,
« la plus expérimentale » de la psychologie. C’est là une opi-
nion répandue en France, et de bon ton, parce que c’est
celle de psychologues adonnés à la pathologie et qui n’aimenl
pas se plier aux exigences des techniques; mais qu’on regarde
de près les travaux allemands et américains qui écrasenl
nolre paresse, et pas seulement par leur nombre, qu'on exa
mine les résultats de recherches expérimentales sur l'homme
normal, des études psycho-physiologiques, et des travaux de
plus en plus nombreux de psychologie comparée, et qu’on mette
en regard les prétendues acquisitions de la psycho-patholo-
gie, qui s’écroulent par moments comme des cháleaux de cartes,
et l’on jugera. Qu'on se souvienne qu'avant Claude Bernard, on
disait aussi que la physiologie n’était que de la pathologie médi-
cale, et qu’on réfléchisse qu’en réalité la connaissance des mala-
dies a suivi celle du fonctionnement normal de l’òrganisme. La
maladie est intéressanle et commode comme expérience naturelle,
mais elle est complexe et diflicile à interpréter, et l’on n’y com-
prendra jamais grand chose, si l'on n'a pas une connaissance
approfondie du mécanisme ordinaire et banal des phéncmènes.
C'est parce que M. Key n'a été ici que l'écho d'une opinion que
d’autres tiennentà répandre que j'ai tenu à la relever. Inutile de
dire que, pour le livre lui-méme, c'est un délail insigniflant et qui
n’òte rien de sa très réelle valeur.
II. PlÉRON.
NOUVELLES
Personnel des aslles. — Moucemení dc dùccmbrc 1908. ~ M. le
docteur Monestier, directeur-médecin de Tasile d’aliénésde Moulins,
est noramé directeur-médecin de l’asile d’aliénés de Pau, en remplace-
ment de M. le docteur Gihma, admis à faire valoir ses droits à la
retraile et nonnné directeur-médecin en cheí honoraire des asites
publics d’aliénós. — M. le docteur Pellissier, médecin-adjoint de
l’asile d’aliénés de Marseille, est nomraé directeur médecin de l’asile
d’aliénés de Moulins. — M. le docteur Guiard, médecin-adjoint à
I’asile d’aliénés de Chàlons sur-Marne, est promu à ta classe excep-
tionnelle du eadre. — M. le docteur Cornu, médecin-adjoint à l’asile
d’aliénés de Marseille, est promu à la classe exceptionnelle du cadre.
— M. le docteur Danjeau, inédecin-adjoint de l’asile d’aliénés de
Montdevergues (Vaucluse), est nomnié médecin-adjoint de l’asile
d’aliénés de Marseille.
Difttlnctlons honorlflques. — Mvdailles d’arfjctìt de l'assistoncc
pablique. — M -f Coffinet (Eulalie), en religion Sceur-Hose de Viterbe,
surveillante générale de l’asile d’aíiénés de Tours (Indre-et-Loire). --
\\ mt Libs (Hélène), en religion Soeur Martin, surveillante en chef des
(Voir la snitc a/uvs b* BuUctin hibliof/rujdaquc mensuelj.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
90CIÉTÉS
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malades et des services généraux à l’asile d’aliénés à Tours (Indre-et-
Loire). — M** Vehna (Louise), infirmière à I’asile d’aliénósde Tours
(Indre-et-Loire^.
Mèdailles tle bionzc tìe Vassisíance jmblique. — M" f> Corbel, Cas-
tel-Lebrln et M ,u Boucherie, surveillantes en chef, M ,,f Boyer,
sous sarveillante et M ,,e Aiier, préposée de classe exceptionnelle à
l’asile d’aliónées do Maison-BIanche (Seine-et-Oise).
Congrès internaílonal do psychologie. — Le VI* Congrès interna-
tional de psvchologie, quidoit se tenir à Genève sous lo prósidence de
M. Flournoy, et qui, grùce à l'activité intelligenle de son secrélaire-
général, Ed. Claparède, promet de reprèsenter une monifestation
particulièrement importante des diverses séances psychologiques.
aura lieu dèfinitivement du 3 au 7 aoút, pour ne pas coíncider avec le
Congrèsde médecine de Buda-Pest.
SOGIÈTÉS
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOQIOUE
Sùttnce tlu 28 Dècembre 1008
Deux cas tfepstjchose haKucinattùre. — MM. Séglas et Cotard. — II
s’agit de deux malades qui ont présenté, le pretnier pendant douze ans,
le second depuis environ un an et demi, de jnultiples hallucinations
(auditives, visuelles, motrices, verbales, etc.).
Ces hallucinations n'ont été accompagnées à aucun moment d’aucu-
ne conception délirante. Ces cas dont M. Séglas a rapporté un exem-
ple dans ses legons cliniques, et qui se distinguent, soit par l’absence
d'aíTaiblissement intellectuel de la confusion hallucinatoire, soit par
l'ahsence de tout délire, de la paranoia aigué, peuvent étre rapprochés
deceux décrits par Farnarier, sous le nom de psychosehallucihatoire.
M. arnaud. — Peut-on conclure vraiment dans ces cas, d'ailleurs
très rares, à l’absence de tout dólire ? Je ne le crois pas. Le fait seul
d exposer cette richesse hallucinatoire, l'affìrmation absolue de la réa-
Jité objective des hallucinations, cela mérite à inon avis le nom de
délire.
M. Sèglas. — C'est là une question de mots puisque rhallucination
est un délire. II faut cependant noter ici que : 1* Ces hallucinationsdif-
fèrent des hallucinations conscientes, les malades n’en reconnaissant
pas le caractère subjectif. — 2* Les malades n'ajoutent pas à ces hal-
lucinalions le délire d un persécuté, ils ne bètissent pas là-dessus de
délire interprétalif. — 3* Bien que ces hallucinations soient continuel-
les, le niveau intellectuel des malades n’a en aucunefagon baissé.
Donc, en dehors de ces huilucinations, les malades n’ont pas de con-
ceptions délirantes. II est en oulre intéressant de constater que nos
malades n'ont ni démence ni diminution de leur aílectivité, alors que
beaucoup d'auteurs soutiennent que les hallucinations s’accompagnent
de démence.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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Un cas i?o psr/chosc poh/nècrUi'jtic. — MM. Dupain et Lerat commu-
niquenl à la Société l’observalion d’une malade de quaranle ans qui, a
la suite d'une année d'excès alcooliques répétés, présenta en Juillet
1907 des cauchemars, des fourmillements et de l’engourdissement des
inembres inférieurs. Cet état s’aggrava rapidement. La marche devint
impossible. La confusion mentale, ramnésie de fìxation surtout mar-
(iuée pour les chifíres, une légère diminution de la mémoire d’évoca*
tion, les hallucinations visuelles, le gàtisme transitoire s’accompagnè*
rent de symptòmes moteurs, sensilifs et trophiques, depolynévrite des
membrds inférieurs avec rétraction fibro-tendmeuse. Cet ólat s'amé*
liora ensuite lentement.
Actuellement i( ne persiste plus qu’une ainnésie légère ,* les mouve-
ments des membres inférieurs sont redevenus normaux comrne
amplitude et comme force et seule Ia rétraction de la jambe droite
rend la marclie irnpossible.
Enfin chez cette malade qui ne présente, ni paralysie générale, ni
tabès, ni myélite, la ponction iombairea démoritré Texistenced’une lym-
phocytose ruchidienne moyenne, etcette lymphocytose, très rarement
observée dans les eas de ce genre, donne un intérèt particulier a l’ob-
servation.
%
* *
Le bureau de la Société pour ranriée 1909 est ainsi constitué :
Prvsidcnt : M. Legras ; \ icc-Prcsidcnt : M. Arnaud ; Sccrctaire ♦
ijcnèral : M. Ritti ; Sccrctaircs dcs scanccs : MM. Dupain et Vigou-
roux ; Bibliothècaire : M. Boissier.
Après lecture d un rapportde M. Trénel, M, le D r de Clórambault
est nominé inembre titulaire de la Sociélé.
Après Iecture d un rapport de M. Dupain, M. le D r Carlos Jeras, de
Rio-de-Juneiro, est nommé memhre associé étranger.
G. Collet.
SOCIÉTÉ DE PSTCHIÀTRIE
[Sèance dc dèccmbrc 100S)
L n cn fant sitiophobe ct flaircur : MM. lienri Wallon et Léon
Kindberg. — Enfant de 13 ans, atteint d'idiotie congénitale. sans trace
d’épilepsie; gáteux et n’avant jamais parlé. Fait un premier jeùne de
3 semaines à l’áge de 4 ans, se refuse surtoutà boire. Récidives mul-
tiples jusqu en 1908. Au cours de l’une d'elles, en 1905, on note de la
fièvre. En juillet 1908, en mème temps que l’enfant refuse toute nour-
riture, il prósente un érythème pellagriforme, suivi de desquamation :
I’alirnentation peut alors reprendre. En octobre, nouvel accès, cette
fois sans troubles somatiques d’aucune espèce. Attitudes négativistes.
L’enfant a la manie de fhiirer tous les objets, principalement ceux qui
sont comestibles, et. entre tous, les mets qui ont sa préférence, quand
il consent à manger. JI refnse d’ordinaire les friandises, la viande,
mange volontiers des légumes et surtout les bouillies et les pátées.
Cet exclusivisine alimentaire ne parait pas étranger à ses habitudes
de Haireur. II a de nombreux gestes stéréotypés exprimant presque
tous le reíus et l opposition ; sc livre pendant des journées entières à
de petits exercices d’équilibre d’aillours IrèS 1 nionotones.
A Bicètre. dans le serviru de M. le D r Nageotte, il n’y a qu’un autre
petit jeùneur, mois il y a dix llaireurs. La plupart gàtent et ne parlent
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SOCIKTKS
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pas. Tous sonl tròs diffieiles sur la nourriture, deux sont aveugles.
Les tendances négativistes et les stéréotypies sont constanles. Chacun
a un jeu de prédilection (équilibristes, grimpeurs, tourneurs, un autre
ne cesse de faconner des boules de papier bien rondes). Enfants gri-
niaciers, de phvsionomie souvent malicieuse. Fonctions molrlces in-
tactes, pns de paralvsies, contractures, syncinòsie ni catatonie. Agilité
parfois remarquable. Bien que ne présentant pos dé catatonie, ces ma-
lades pourraient étre rapprochés des déments précoces. Ce serait une
forme pour ainsi dire congénitale.
M. Dupré. — L’absence de symptòmes moteurs (mnladresse consti-
tutionnelle, parotonie, syncinésie, etc.) chez ces idiots, leur ngilité,
leur adresse, jointes à leur optitude à flairer, à grimaeer, permeltent
d ètablir un ropprochement entre Ieur psychologie et la psychologie
du singe. Ces faits confirment la dissociation entre la motiiité et l’in-
telligence, dissociotion qui apparait netteinent chez ces maludes et qui
ne s’observe pas chez beaucoup d'autres débiles, atteints à la fois de
debilité mentnle et de débilité motrice.
*
#
/mpnlsions consru'ntes ct altcrnatices d’ctats de dcpression et d’exci -
tation , par M. Cl. Vurpas. — Femme de 30 ans, mariée et mère de
3 enfants, internée depuis plus de 6 mois pour impulsions classiques
au suicide. Autres impulsions à luer un de ses enfants, à se promener
en chemise dans la rue, à lancer un bol à ln tète de son mari. Ces im-
putsions dotent de quelques mois et sont survenues ou cinquième mois
d'une grossesse jusqu’alors normale, grossesse elle-mème survenue
un an après une íìèvre typhoíde grave accompagnée de dólire. Les
premiera phénomènes en date avaient été des signes de fatigue nvee
pesanteur des jambes, céphalée, vide cérébral, constriction de la botte
crànienne, dégoùt de tout, apathie. tjuelques semaines plus tard,
anxiété avec angoisse précordiale, désir de la mort avec impulsion au
suicide. Puis, quelques semaines après, apparition des impulsions pro-
prement dites. Ces accès qui otTraieńt tous les signes de la dépression
mélancolique duraient de 8 à 10 jours et ótaient coupés de phases
d exoltation avec euphorie, exagération de ractivité, impulsions gaies
à faire rire, a amuser.
Accouchement difficile avec inanceuvres obstétricales au 9 -f mois
d*un enfant mort-né.
Continuation après Taccoucheinent des périodes alternatives de dé-
pression et d’excitation avec augmentation de durée <jes accès de dé-
pression etdiminution des phases d’exaltation. Mentalité ordinaire de
la maladie: phobies, scrupules, obsessions, tics, mouvements involon-
taires et automatiques. Deux hallucinalions visuelles dans l’enfance.
Grande riohcsse de I’iinagination, intensilé particulièrement vive des
imagas mentales. Hvperhydrose palmaire exogéròe depuis le début des
troubles. Irrégularité des règles. Métrite. Ilérédité: inòre névropathe.
Ln ehfant mort de méningite.
L’outeur se demonde s il ne faut pas ropporter à la fatigue et à
Tépuisement nerveux provoquó par une grossesse survenue un on
après une flèvre typhoìde grave,les périodes de dépression et d’exalta-
tion qui traduisaient une modalité amoindrie de la vie mentale par un
défaut d'action des centres supérieurs inhibileurs et régulateurs. Les
impulsions, sceurs des obsessions. tróuveraient leur source dans
ì’orientation native de la menlalité et seraient dues à l’intensité parti-
culière des images nientales, aidées d’ailleurs dans leur production
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KEVUE DE PSYCHIATHIE
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par ceíte dóchéance des centres supérieurs réguloteurs et írénateurs,
sous riníluence de la fatigue du système nerveux. De mème I’exagéra-
tion de l’hyperhydrose palmaire traduirait une modolité déréglée des
vaso-inoteurs, toujours sous l'influence de cetle méme déchéance et
exprimerait l étroite dépendance des vaso-moteurs avec la eorticalité
cérébrnle.
M. Deny, après avoir demandé á M. Vurpas si la malode présente
des périodes normales entre les phases de dépression et les phases
d’excitation, fait observer que cette malade^est une véritable n cireu-
laire ». Les états d’obsession et d’impulsion qu’elle présente sont en
rapport avec la psychose maniaque dépressive, ainsi que certains au-
teurs, Kraepelin, Ballet et Dupré, entre autres, l’ont déjà signalé.
M. Séglas fait remarquer que toutes les périodes dépressives que
présente la malade commencent à se manifester por de l'ongòisse dií-
fuse.
M. Raymond roppelle qu’il a signalé, avec M. Janet, un grandnombre
de faits analogues, dont on trouvero la relation dans les le^ons sur la
psvchasténie et les obsessions.
M. Gilbert Ballet. — II semble bien qu’il s’agisse ici d’une psy-
chose póriodique chez une femme qui íut toujours une douteuse, une
scrupuieuse. Je désire attirer I’attention sur un point. Cette malade
présente t-elie des impuUions vraies ou des phobies ? La distinction
est souvent très diflicile en clinique. L'impulsion vroie est très rare,
la phobie très fréquente. Cette distinction est très importante en ce
qui concerne les précautions à prendre. Les femmes qui ont la phobie
de tuer leur enfant sont légion, mais l’acte est très exceptionnellement
accompli.
M. arnald. — On vientde soulever la très importante question des
rapports que présentent les états obsédants avec la psychose mania-
que déprcssive. 11 faut ici faire attention, car les alternatives de dé
pression et d'excitation sont banales chez les sujets qui présentent ces
syndromes épisodiques de dégénérescence. D'autre port, M. Ballet
estime que les obsédés ne sont que tout à fait exceptionnellement
dangereux. Cela me parait un peu optimiste. J ai eu l’occasion d'ob-
server un certain nombre de suicides reconnaissant cette origine.
M. Gilbf.Rt Ballet. — Quand j'oi parlé de la roreté du pnssage à
racte, j’ovais en vue l’impulsion homicide. Pour ma part, je n’en ai
jamftis observé et je n’en connalsquequelques cas,d’ailleurs célèbres,
rapportés par les auteurs. — Quelqu’un d’entre nous en a t il jamais
observé ? En ce qui concerne le suicide, je crois d’ailleurs que, lorsque
ces malades se suicident, c’est le plus souveut à l’occosion d un raptus
inélancolique.
M. Vallon rappelle qu il a relaté à la Sociétó médico-psychologique
un cas d'obsession avec tentative d’homicide. 11 s’agissait d'un jeune
homme qui, atteint de l’obsession de tuer uno fllle publique. tenta de
réaliser l'aete. La malade de M. Vurpas semble bien avoir des impul-
sions vraies. Ne fut elle pas obligée de «e réfugier dans un corridor
pour ne pas se jeter sous un tramway ?
M. Arnaud. — M. Bnllet vient de dire que ces molades agissent ha
bituellement sous l’influence d’un raptus mélancolique. Mais existe t-il
des états obsédants qui soient de purs ètats intellectuels sans retentis-
sement émotií ? Je ne le crois pas.
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M. Dcprk. — I.e retentissement èmotif peut ètre plus ou inoins pro-
noncè. H estdes cas oú rélément émotif est à son ininimum et où l*é-
tat intellectuel est prédominant. 11 en est d’uutres, dans lesquels on
peut faire le diagnostic d’ètat mélancolique accompagnant l’état obsé-
dant. Ces derniers cas sont d’un diagnostic assez facile poui; qu’on ne
les confonde pas avec l’ótat du simple obsédé. Mais pour en revenir
au passage à l acte, particulièrement en ce qui concerne le suicide, il
est un point extrèmement important à considérer, c’est rhéróditó si-
niilaire. C’est un fait trop connu pour qu’il soit besoin d’y insisler, que
rimpulsion-suicíde, dans ces cas, est presque fataleinent suivi de l'acte.
M.Gilbert Batlet. — Si, ainsi que le dit M. Arnaud, la distinction
est très difflcile à faire psychologiquement entre le raptus mélancoli-
que et t'état émotif de Tobsédé, elle est assez facile en clinique. Je ne
comprends pas l’obsession inlellectuelte pure, mais l’élat émoíif de
l obsédè qui a /ìetir , par exemple, de se jeler par La fenètre, est bien
différent de I’étatdu mélancolique qui, lui, ceut se jeter par la fenètre.
%
# *
Trènio/jJtobic. M. Henry Mbigk. — On peut douner le nom de irèmo -
pjtobic (peur du trembleinent), à une sorte d’obsession qui s’observe
assez souvent chez des sujets atteints de tremblernent ou de secousses
convulsives de la tète.
La trémophobie prósente de nombreux points de ressemblance avec
Péreutophobie. La rougeur du visage et le tremblement sont, en eíTet,
des mardfestations réflexes de I’émotivité. L'étiologie et la pathogénie
sont les inémes dans les deux cas. Toutefois, la trómophobie s’observe
chez des sujets préalablement atteints de tremblement ou de mouve-
ments convulsifs de la téte, phónomènes d’ordre pathologique. La peur
du treinblement est doncune variété de nosophobie, et non une simple
physiophobie comme est la peur de rougir.
M. Henry Meige rapporte deux observations de trémophobie. A
ne considérer que le phénomène physique, il y a lieu de rapprocher
le tremhlement isolé, observé dans le second cas, du tremblement
consècutif à un torticolis, signalé dans le premier.
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est l’existence d’un trouble psychopa-
thique, étroitement lié au tremblement, et capable, sinon de produire,
du raoins d’exagérer notablement ce dernier.
Si Pon veut bien prendre le mot « tremblement » dans son sens le
plus général, et non dans son acception strictement nosòiogique, on
reconnaitra la trémophobie, ainsi déflnie chez la plupart des sujets
atteinls de torticolis convulsif. L’auteur a eu i’occasion de constater
fréquemment chez ces malades Pexistence de ce phénomène mental.
Pratiquement, il est nécessaire d'en tenir compte dans Papplication du
traitejnent.
*
* *
Un cas dc pst/cfiopolf/ncorilc ckroniquc. MM. Ernest Dupré et Henè
Charpentier (Présentation de malade).
II s’agit d’une femme de soixante et un ans, ancienne cuisinière,
aynnt fait depuis quarante ans des excès alcooliques ininterrompus,
présentant actuellement et depuis plusieurs mois de i’affaiblissement
inteliectuel manisfeste, surtout quant à la mémoire de flxation, les
troubles de l’orientation, le désordre des actes, et s’accoinpagnant
d’illusions de fausse reconnaissance etde fabulation. On remarque en
mèrae temps, chez cette malade, de la faiblesse des niembres infó-
rieur3, avec difflcuité de la démarche, du steppage, de Pabolition des
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1'tEVUK DE PSYCHIATHIE
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réflexes tendineux des mernbres infèrieurs et des troubles de la sensi-
bilité subjective et objective.
La coíncidence de cet état d’alTaiblissement intellectuel porticulier
avec les symptòmes constatés aux membres infórieurs fait que les
auteurs odmettent, chez cette malode, I’existence d’une démence post-
confusionnelle, reliquat d’une psychose polynévritique. Ces démences
polynévritìques, dont les auteurs ont déjò ropporté un cos dans VKncè-
p/ialc (avril 1908), s’observeraient plus souvent chez la femme, après la
ménopause et se spécifleraient par l’association aux signes somotiques
de la polynévrite des membres inférieurs d’un aflaiblissement psychi-
que porticnlier portont principalement sur la mémoire, surtout sur la
mémoire de fìxation, et entrainant de la dósorientation, de laconfusion
chronique et des troubles multiples de l’octivité pratique, qui rendent
impossible le travail, les occupations de l’existence et entravent
complètement la vie des molades. La constotation d’une démence pré-
sentant ces caractères doit inviter ù la recherche d’une polynévrite
plus ou moins latente.
M. Gilbert Ballet. — J’observe depuis quinze ans une malade qui,
tout en ayant conservó la tenue et la correction d’une íemme bien
élevée, présente de la fabulation et des troubles très onalogues de la
mémoire. II ne peut s’agir de démence sénile, ces troubles ayant
débuté ò l’àge de cinquante ans, et je me suis demandé si je n’étais
pas en présence d'une psychose polynévritique ancienne, d’autant
plus qu’il existe de la diminution des réflexes rotuliens. D’ailleurs, la
psychose polynévritique peut s’observer sans polynévrite.
M. Séglas. — J’admets volontiers que ces états sont caroctéristiques
de la psychose polynóvritique, certaines formesde démence sénile. par
exemple, dans lesquels les symptómes prédominants sontdes troubles
de la mémoire et de la fabulation. Cette tendance aux récits imagi-
naires peut ètre rapprochée des délires oniriques ópisodiques des
vieillards de Régis.
J’ai observé moi mème une malade presque centenaire qui, bien
qu’ayant conservé une certaine critique, présentait cette tendance a la
fabulation.
M. Dupné. — Arinfìrmerie spéciale, j’ai observé ò plusieurs reprises
que ces ótats démentiels s accompagnent de faiblesse, d’impotence des
membres inférieurs. de sensibilité musculaire à la pression et d’abo-
lition des réflexes tendineux. Je crois doncque ces états doivent atlirer
I’ultention sur l’exislence possible de symptòmes de polynévrile.
P. J.
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SOCIÉTÉ CLINIQUE
DB
MÉDECINE MENTALE
Séance du 21 Décembre 1908
Présidence de M. MAGNAN
SOMMAIRE
Cornposition du burvau pour Vannrv 1909. — Roetijicntion du rvylc -
incnt.
Adhèsions ct vlcctions. — Membres titulaires : M. le D r Boissier,
M. le D r Ribder. — Membres correspondants : M. le D r Ravarit. —
Membres associés étranprers : M. le D r Siemerling, M. ie D r Mes-
chede, M. IeD r Fischf.r, M. le D r Mott, M. le D r Stansfield, M. !e D r
Lord. M. le D r Bond, M. le D r Urquhart, M. le D r Brayn, M. le D r
Pick, M. le D r Salgo, M. le D r Morel, M. le D r Matto Rf.is, M. le D r
Moreira, M. le D r Homen, M. le D r Miftaftsis, M. le D r Marro, M. le
D r dkl Greco, M. le D r Cabred, M. ie D r Ingegnieros, M. le D r Paul
Ladamb, M. le D r Charles Ladame.
Prèscntations. — I. MM. Lwoff et Féret. — Trois casde psychose-
polynévritique d'origine alcoolìque. (Discussion : MM. Vigouroux,
Trénel, Colin).
II. M. Marcel Briand. — Athétoso familiale double et croisée chez
une débile persécutée. (Discussion : MM. Colin, Trénel).
III. M. J. Roubinovitch. — Les injections de liquide céphalo-rachi-
dien autogòne dans le traitement des états asthéniques d'origine
organique ou fonctionnelle. (Discussion : MM. Lwoff, Ritti, Magnan,
Colin, Trénel, Vigouroux).
IV r . M. Juquelier. — Maladie de Basedow compliquée d alcoolisme.
iDiscussion : MM. Lwoff, Vigouroux, Colin, Magnan, Ritti).
V. M. R. Leroy. — Catatonio chez une jeune íille de vingt ons.
(Discussion : MM. Pactet, Magnan, Ritti, Colin).
VI. MM. R. Leroy et Dalmas. — Stòréotypios de l'altitude, du inou-
vement et du langagc chez une démente.
VII. MM A. Marie et Bouriluet. — Délire hvpochondriaque, oppen-
dicite ancienne, pyonéphrose, lésions ancíennes des poumons et des
testicules.
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M. le l) r Magnan. — J ai encore aujourd hui le douloureux
rf^gret d’annoncer la mort d un de nos membres correspondants
les plus distingués, du l) r Albert Carrier, médecin des hópitaux
de Lyon, agrégé de la Faculté. l)igne et honnète homme dans
toute l acception du mot, Carrier était de plus un savant, un
érudit, un praticien hors de pair; d un jugement sòr, d un esprit
critique très délié, d un sens clinique très pénétrant, ces qualités
se retrouvent dans tous ses écrits.
Qu’il nous soit permis de partoger ce grand deuil avec sa
famille, avec ses fils qui comptent tant d amis parmi nous.
Composition du bureau pour l’année 1909
L’article 19 des statuts porte que les membres du bureau sont
élus dans la dernière séance de l'année. D’après Tarticle 20, le
Président et le Vice-Président sont élus pour un an. Le Vice-
Président passe de droit a la présidence l'année suivante.
M. Ritti, vice-président, propose de maintenir le bureau aetuel
pour l'année 1909; la Société Clinique de Médecine Mentale a été
fondée au mois de mai 1908, sous les auspiees de M. Magnan. La
période qui s'est écoulée depuis lors a été consacrée è l'organi-
sation de ce nouveau groupement et, en réalité, l'année statutaire
commence au 1 ,r janvier 1909. II serait enchanté, pour sa part, de
rester vice-président pendant l’année qui va coinmencer et il
demande è la Société de bien vouloir confìrmer M. Magnan dans
ses fonctions de président.
A l'unanimité, la Société vole le mainlien du bureau actuel è
partir du 1 rr janvier 1909.
Rectiiication du règlement
La Sociétó consultée décide d'apporter les modiíications sui-
vantes au texte du règlement.
Articlk 1". — I.es séanees ont l/en . à tr/jis henves et detnie
(au lieu de qualre heures).
Art. 13. — l.es Me/nhres assoeiés etran/fers . (au ]i/dii de
Membres honoraires et correspondants étrangers).
Adhésion
M. Magnan annonce qu’il a regu l’adhésion de M. le D T Boissier.
inembre de la Société médieo-psychologique, 276. Boulevard Ras-
pail, membre titulaire de droit.
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Origiaal frn-m
UNivERsrry of michigan
SOCIÈTÉS
31
Elections
Membre titulaire
Est élu, à la majorité, membre titulaire de la Sociétó Clinique
de Médecine Mentale :
M. le D' Rieder, 26 bis, Avenue Raphaèl, présenté par MM. Colin
et Pactet.
Membre correspondant
Est élu à la majorité membre correspondant: M. le D' Ravarit,
cheí de clinique à l'Ecole de Médecine de Poitiers, médecin-adjoint
à l’Asile, 7, rue Boncenne, Poitiers, présentó par MM. Magnan et
Ritti.
MeMBRES A8SOCIÉS ÉTRANGERS
Sur la proposition du bureau, sontélus à ia majorilé membres
associés étrangers :
M. le professeur Siemerling, professeur de psychiatrie à l’Uni-
versité de Kiel.
M. le professeur Meschede, professeur de psychiatrie à l lini-
versité de Koenigsberg.
M. le D r Fischer, médecin en chef, directeur de l’Asile de
Wiesloch (Grand Duché de Bade).
M. le D' Mott. médecin de l’hópital de Charing Cross, chef des
travaux d'anatomie pathologique des Asiles du Comtéde Londres.
M. le D r Stansfield, médecin des Asiles du Comté de Londres,
direcleur de l’Asile de Bexley (Kent).
M. le D' Lord, médecin des Asiles du Comté de Londres, direc-
teur de I’Asile de Horton.
M. le D' Bond, médecin des Asiles du Comté de Londres, direc-
teur de l’Asile de Long Grove.
M. le D' Brayn, médecin en chef direcleur de l’Asile d’aliénés
criminels de Broadmoor.
M. le D' Urquhart. médecin direeteur du James Murray’s
Royal Asylum, Perth (Ecosse).
M. le professeur Pick (Arnold), professeur de psychiatrie à
l'Université de f’rague (Bohème).
M. le professeur Salgo. professeur à l’Université de Budapest
(Hongrie).
M. le D r Morel, médecin directeur de 1‘Asiie de Mons (Belgique).
M. le D' Matto Rf.is. Rio-de-Janeiro (Brésil).
M. le D' Moreira. médecin de l’Asile d’aliénés de ltio de Janeiro
(Brésil).
M. le professeur Homen, professeur à l’Université d’Helsingfors
(Finlande).
M. le professeur Mitaftsis. professeur à fUniversilé d’Ahènes
(Grèce).
M. le professeur Marro. professeur à IT’niversité de 'I’urin
(Italie).
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Original frn-m
UNIVERSiTY OF MICHIGAN
HKVLt DE PSYCHIATRIK
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M. le D r Del Greco, médecin-directeur dti Manicome de Cóne,
prival docent à lTniversité de Naples.
M. le .professeur Cabued, professeur de psychiatrie à TUni
versitó de Buenos Avres (République Argentine).
M. le professeur Ingegnieros (José), professeur à la Faculté de
Médecine de Buenos-Ayres (République Argentine;.
M. le D r Paul Ladame, privat docent à I'Université de Genève
(Suisse).
M. le D r Charles Ladame, médècin de l’Asile de Bel Air à
Genève (Suisse).
PRÉSENTATIONS
1. Trois cas de paychoee polynóvritíque d'origine alcoo-
lique, par MM. Lwoff et Feret (Préseùtation de malades).
Nous avionsrintention de vous présenter trois malades.
L’une d’elles est guérie, l’autre est améliorée, la troisième qui,
par ses troubles paralyliques et son état mental constitue un cas
type de psychose polynévrilique, est en pleine période d élat.
Malheureusement il nous est iinpossible de présenter aujour
d’hui cette dernière malade atteintedepneumoniedepuis quelques
jours.
Nous espéronsqu'elleseratransportable lors de votre prochaine
séance et aujourdliui nous donnerons simplement un résuìné de
son état actuel.
Sans nous étendre sur les antécédents personnels des malades
nous noteronsseulement que chez toutes trois il s’agit d uneintoxi-
cation alcoolique datant de plusieurs années. Les phénomènes
paralytiquessont survenus quelques semaines à peine avant l in-
ternement et l’apparition des troubles psychiques aigus a suivi de
très prèscelle des troubles physiques.
Ainsi deux de nos malades avaient été placées à l'hopital peu de
temps avant leur entrée à l’asile.
La première malade, Madame C. qui, actuellement, est atteinte
de pneumonie, prósente une paralysie flasque des membres infé-
rieurs. Les piedssont tombants en varus. Les mouvements volon-
taires du pied et des orteils sont complétement supprimés. Les
mouvements de Hexion, d extension, de rotation ou de latéralité
de la jambe et de la cuisse sont impossibles. La jambe ne parvient
pas à quitter le plan du lit. Les membres restent dans la position
oíi ils ont été placés.
Aux membres supérieurs la paralysie est complète, pour les
extenseurs des doigts et de la main. — La main est tombanle, les
doigts en demi-flexion, le pouce en adduction. On note en méme
temps une diminution très notable de l’énergie rnusculaire des
dififérents muscles du bras et de t'avant bras. Les muscles de
l’épauleont conservé leur contractilité.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
33
II existe aux mains et aux pieds, ò l etal de veille comme pen-
dant le sommeil, des soubresauts tendineux prédominant dans les
extenseurs.
Les reflexes rotuliens et plantaires sont abolis.
Les muscles du tronc sont également atteints. La malade ne
peut sasseoir spontanément. Elle ne peut reslerassi.se sans ètre
soutenue. Rien aux muscles de la face.
La malade reste donc constamment alilée, étendue sur le dos,
ineapable de se lever. Elle ne peut se servir de ses mains, elle fait
bien des mouvements d’ensemble avec les bras — elle écarte les
draps par exemple — mais est incapable d’un mouvement eoor*
donné.
Elle ne peut prendre sa fourchette (paralysie des extenseurs) et
la porter à la bouche.
II est impossible de la faire marcher, mème en la soutenant
énergiquement. Elle se laisse tomber et pousse des cris de dou-
leur.
La malade se plaint fréquemment de souflrir des jambes. « Ce
sont, dit-elle, des douleurs lancinantes », des crampes, des four
millements et surtout des brùlures. Elles sont plus violentes la
nuit.
La sensibilité tactile, thermique et à la douleur est altérée ou
diminuée. On trouve nième des plaques d'anesthésie cutanáe sur
la face externe de la jambe. Les masses musculaires sont très
douloureuses à la pression. Pas de trouble delasensibilité osseuse
ou arlieulaire.
Les sensations sont mal localisées, mal définies, confuses.
Les diverses excitations : frottement, pincement, piqure, pro
voquent souvent une sensation uniforme de brulure.
La malade prend souvent une piqùre pour un simple contact.
On observeaux membres inférieurs la perte de la notion de posi-
tion des membres. Si après avoir ferméles yeux de la malade, on
lui place une de ses jambes sur l’autre, elle est incapable de
sìgnaler ce changement de position, et la position respective de ses
membres. Les troubles trophiques sont peu accentués.
La peau est sèche et rugueuse. Les muscles de la jambe et du
bras paraissent amaigris.
Pas d’oedème ni de cyanose. II existe de l inégalilé pupillaire
G > D sans signe d’ArgylI.
Le tremblement fìbrillaire de la langue esttrès marqué.
La malade gáte. II est diffìcile d etablir si ce gátisme relève de
troubles sphinctériens ou s’il est subordonné à l état mental.
La deuxième malade Madame S... préscntait lors de son entree
des troubles anaiogues des membres inférieurs, mais un peu
moins marqués : nous les résumons très brièvement.
Elle peut se tenir debout accrochée à un meuble: au boul de
quelques jours, la malade marche quoique trèspèniblement quand
elle est soutenue. On constate alors une prédoin nance des phéno-
rnènes paralytiques sur les extenseurs. C’est la démarche carac-
téristique avec steppage.
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REVDE DE PSYCHIATRIE
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Les mouvements de flexion de lacuisse sont exagérés, les pieds
tombants, les jambes écartées l'une de l autre. Le regard suit les
mouvements des membres.
Les réflexes rotuliens sont abolis. Les muscles de la jambe sont
très amaigris, la peau est sèche, écailleuse. Pas d’autres troubles
trophiques.
Mèmes troubles de la sensibilité, mémes douleurs spontanées et
provoquóes au niveau des masses museulaires que chex C...
Les membres supérieurs sont amaigris, les niouvemenls man-
quent de précision et de vigueur mais la malade parvient à s’en
servir. Tremblement très marqué des mains.
Troubles pupillaires difficilesà interpréter à eause d une lésion
ancienne de la cornée droite.
La troisième malade, Madame J... enlre à l’asile le 2 avril 1908
avec le certificat suivant du D r Magnan : cc AíTaiblissement des
)> facultés mentales avec idées de satisfaction, conscience très
» incomplète de ses actes, inégalité pupillaire, faiblesse muscu-
)> laire, accrocs de la parole. Craintes de paralysie générale. ))
D’après les renseignements fournis par le mari et la maladeelle
mème, celle-ci se livrait à des excès olcooliques depuis 8 ou 10
ans, buvait surtout du vin, n’aurait pas bu d’absinthe.
Depuis 3 ou 4 ans, elle a présenté à intervalles éloignés une
dizaine de crises convulsives avec cri initial et perte de connais-
sance; pas de morsure de la langue ni d’ómission involontaire
durine.
Quelques mois avant rinternement, on signale de l inquiétude,
des cauchemars, du délire nocturne, des pituites, de l’amaigrisse-
mentgénéraì et de Taménorrhée.
Plus tard, surviennent des crampes irès douloureuses, des four-
millements, des sensations de dérobement des jambes, des
sursautstendineuxavec faiblesseaccentuée des membresinférieurs.
La malade n’ose plus descendre un escalier, de peur de tomber.
Les membres supérieurs s affaiblissent également, la malade cons-
late c( qu’elle est moins íorte pour soulever un objet pesant ».
Trois semaines avant l entróe à l hòpital, elle devient incapable
de se tenir debout seule, elle ne quilte plus son lit.
A l’asile elle est toujours alitée. elle a besoin d ètre appuyée pour
resterassise, elle fait cependant quelques pas si on la soutient.
Elle est incapable de manger seule, elle laisse tomber ce qu’elle
prend dans ses mains.
Les différents groupes musculaires de la jambe, des bras et des
mains sont atrophiés.
Les réflexes rotuliens sont normaux. La malade ne se plaint
pas de souffrir. Les crampes douloureuses des jambes, les four-
millements ont disparu à mesure que s’inslallaient les symptòmes
paralytiques.
Les douleurs sont devenues sourdes, conlinues, sans exacerba-
tion, exagérées seulement par la pression.
A la face, on nole du plosis bilatéral. La malade nous a déclaré
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UNIVERSrn' OF MICHIGAN
S0CIÉTÉ3
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en outre. depuis sa guérison,quependant quelques jours elle avait
vu double dans le sens horizontal.
On observe en méme tempsde rinégalilé pupillaire, des accroes
de la parole, du tremblement de la langue.
II existe sur la face plantaire dechaque talon uneescharresymé
irique du diamètre d’une pièce de 50 centimes et dont la cicatri-
sation a duré des mois. La malade gáte.
Etat mental. — Pour éviter des répétitions nous avons
condensé en une seule les trois observations en soulignant
chemin faisant les particularités intéressantes de chacune d elles
et en insistant surtout sur le cas un peu atypique de M -f J...
I.a malade est complòtement désorientée dans le temps et dans
l espace. EUe ne sait pas oii elle se trouve, elle ne sait pas rannéc
acluelle, ni le mois.
De plus, elle est incapable de se rappeler les faits qui se sont
passés dans la journée, elle ne sait pas ce qu'elle a mangé ce
matin, elle afiíìrme ne pas avoir vu l infirmière qui vienl de la quit-
ter. EUe ne reconnait pas le médecin qui la soigne tous les jours.
Elle ne se rappelle pas les circonstances de son internement ; elle
ne cherche mèrne pas à se les rappeler, elle donne une réporise
quelconque. Quand elle se trouve dans rimpossibilité de répondre
elle nes inquiète pas. Au contraire, elle manifeste une sorle d’indif-
íérenceou mème d’euphorie qui contraste avec sa misèrephysique
actuelle. Elle ne souffre pas, elle ne se plaint pas.
Les faits présents ne se fìxeut pas dans son esprit, elle semble
vivre d8ns le passé et rapporteràce passé les perceptionsactuelles.
Elle prend la salle de l’hòpital pour son logement, les personnes
présentes pourdes gens de son entourage. Elle donne des ren
seignemenls détaillés sur leur famille et leur profession. Elle
prend le médecin pour un tailleur de la maison oíi elle travail-
lait, rinfirmière pour une couturière camarade d’atelier.
Elle ne se demande pas si elle commet des erreurs; elle parle
avec assurance et sans la moindre hésitation.
II est cependant faeile de modilier le coursde ses pensées. Elle
saute d’un sujet à l autre avec facilité, unesimple question lui fait
oublier le sujet de la conversation aeluelle. Elle se met à parler
de choses qui n avaient aueun rapport avec ce qu’elle disait un
moment auparavant. Interrogée sur l’emploi de sa journée, elle
raconte des événements tout à fait invraisemblables.
Elle est incapable de quitler le lit, et cependant elle est allée,
dit elle. ce matin à la péche, elle a péché de beaux poissons. Elle
affirme qu’elle était accompagnée par le mari de sa voisine de lit,
une paralytique générale. « J’ai été à la pèche avec votre mari,
ca n’a pas l'air de vous plaire. » Cette observation faillit provo
quer nne bataille entre les deux malades. Ou bien elle dit : « Ce
matin, je suis allée battre à la machine, cbez M. X..., c est un
très bon voisin, je m étais offerte pour l aider, j'ai très bien
travaillé. r> Ou bien encore elle a íait une part ; <* de canot, etc.
J ous ces symptòmes (oisseraient croire qu il y a là en plus d'un
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UNIVERSITY OF MICHIGAN
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36 REVUE DE PSYCHJATRIE
état confusionnel accenlué, un afTaiblissement intellectuel profond.
Cependant, quand on interroge la malade sur sa vie passée, on
constate qu’elle donne des renseignemenls très précis sur sa
famille, sa situation, ses relations, ses enfants. Non seulement
les faits sont exacts, mois les jugements qu elle porte sur les
personnes ou les événements sont précis, justes et témoignent
d'un bon sens normal.
II en est de meme de la sphère afTective. Ses sentiments de
famille, ses sentiments sociaux paraissent ceux d une personne
moyenne.
La vie psvchique du sujet semble ainsi dédoublée. Elle est
normale ou presque, quand ìl s’agit de sa vie passée, elle est
troublée et confuse aussitót qu il s’agit de la vie présenle.
La malade qui, spontanément, ne prèle nulle allention à ce qui
se passe autour delle, est cependant capable d un effort dalten-
tion volontaire.
Elle fait mentaiement des calculs assez compliqués, corrige
spontanénient ses erreurs, décompose ses opérations intellec-
luelleset annonce un résultat exact : pour 23 + 28 elle dit d’abord
41, se reprend, redit 20 -f- 20 = 40, 3 + 8 = 11; = 51.
L'une desmalades, S..., employée chez Duval, donne des rensei-
gnements précis sur son service, mais quand nous lui demandons
combien ellegagnait par jour, elle cherche èéluder la question et
fìnit par répondre, quand on insiste « que qa ne se dit pas. parce
que, affìrme-t-elle, ca compromet les intérèts des camarades ».
En présence de ces malades on peut se demander si les sensa-
tions actuelles laissent une trace quelconque dans l’intelligence.
Kprsakoff a déjà montré que les malades une fois guéries peuvent
garder le souvenir des faits qui se sont passés durant leur
maladie.
Ainsi la malade J... nous a raconté et rapporté par écrit la
majeure partie des faits survenus pendant la période aiguè de son
état confusionnel.
EUe se rappelle ce- qui s’est passé pendant son voyage de S’ e -
Anne à Maison-Blanche, son entrée à lasile, les soins qu’elle a
recus, son passage d’un pavillon à l’autre, les personnes avec qui
elle s’est trouvée en contact.
Ces malades, généralement calmes pendant le jour, deviennent
inquiètes vers le soir, un peu anxieuses. Elles cherchent à sortir
de leur ohambre, elles appellent des personnes de leur entourage
ancien.
Xous n avons pas constaté chez elles de troubles sensoriels
nets. Cependant I’une d’elles parlait souvent d’un chien qui cher
chait à la mordre, et une autre, la malade J..., présenlait des
illusions et des inlerprétations multiples. Une fois guérie, elle nous
raconte qu’elle a vu son mari couché sur une civière, la bouche
béante, une plaie au front. Ou bien elle se croyait poursuivie par
des douaniers et obligée de passer une rivière en bac.
MadameJ... ne manifestait pas ses idées pendant sa maladie.
elle restait apathique et indifférente sans répondre aux questions.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
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En somme voici ce qui pareit surtout caractériser l état mental
de ces malades :
1* Le contraste entre la précision des souvenirs anciens et le
peu de fixité des images présenles qui ne semblent pas dépasser
lescentresde perception, ni pénétrer dans les centres supérieurs
(aperception). Elles restent momentanément inutilisables, ne s‘as-
socient pas, ne se classenl pas.
2* Le contraste entre la confusion nientale actuelle avecdéso-
rientation, suggestibilitó et íabulation et la conservation relative
de raitention volontoire et du jugement pour ce qui concerne la
vie passée.
3° Dansle domaine des senliments:c estencore leconlraste entre
cette euphorie immotivée, les réactions émotionnelles anormales
de la vie aetuelle d une part, et d’autre part, l intégrité des souve
nirs aflectifs en ce qui concerne la vie passée.
En résumé, il semble qu*il existe chez ces malades une person-
nalité psychique normale, latente, faite de toutes les acquisitions
antérieures, capable de se manifester dans des conditions déter-
minées. Cette personnalité semble enveloppée de toutes parts et
cachée à lobservaleur par une activité intellectuelle anormale,
coníuse, troublée par l’association défectueuse et rincoordination
des sensations présentes.
Pour terminer, nous attirons l’attention sur le cas de M“* J.
Cette malade présentait en effet à l entrée les signes classiques de
la paralysie générale à la troisième période.
Au point de vue mental elle s’écartait un peu du cas type de la
psychose polynévritique et présentait un mutisme qui rendail
l erreur facile. Aussi a t elle étó considérée comme une paraly-
tique génórale. II y a donc lieu d appeler rattention sur ce cas
intéressant au point de vue du diagnostic et du pronostic.
Interrogatoire des malades
M. Lwoff à la malade S...
D. — Connaissez-vous ce monsieur? (on lui montre M. Féret,
inlerne du service).
R. — Non, je lai vu à un lavoir près du Jardin des Plantes, mais
je ne sais pas qui il est.
D. — Qu'avez-vous fait ce malin ?
R. — J’étais ce matinchez moi, rue fíoissy-d Anglas et cet après
midi j'ai coulé mon linge.
D. — Avez-vous fait un voyage aujourd hui? (elle est venue de
Maison Blańche à Ste-Anne en voiture).
R. — Jamais de la vie, je n ai pas bougé de place.
D. — Quel métier faites-vous? combien gagnez-vous par jour ?
R. — Je suis bonne chez Duval, mais je ne vous dirai pas com-
bien je gagne, car je serais ungáte métier; cela dépend dels géné
rosité des clients.
D. — Vous avez une sfrur, une nièce ?
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UMIVERSITY OF MICHIGflN
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R.— La malade donne alors les renseignements les plus précis
sursa famille, les qualilés physiques et intellectuelles des siens.
M. Lwoff. — Vous remarquez chez cette mafade la désorienta-
tion, lamnésie, la fabulation, la confusion, rinconscience pour
tout cequi touche le présent. Mais la mémoire, le jugemenl res-
tent très précis pour les faits anciens. II y a là un dédoublement
de la personnalité. M* e S. est normale dans sa vie passée, amnési-
que et confuse dans sa vie actuelle.
M. Vigouroux. — La malade ne semble plus présenter actuelle-
ment de symptómes de polynévrite et cependant la confusion per-
sisteencore. Celle-ci a- t elle précédéousuivi lesaccidenlsnerveux?
M. Lwoff. — La inalade ne marehe pas encore seule ; elle
s’intoxiquait depuis longtemps lorsqu elle a commencé peu à peu
à se montrer confuse et amnésique ; elle se perdait dans la rue ;
les jambes ont été atteintes postérieuremenl.
M. Vigouroux. — Nous avons tous vu des malades atteints de
polynévrite ne présentant pas cet état mental et des malades
présentantce syndrome mental, sans polvnévrite. Y a t-il coexis-
tence des polynévrites et des troubles intellectuels parliculiers 7
Comment dépendent ils les uns des autres ?
M. Lwoff. — Cetle psychose polynévritique est un íaitclinique
bienconnudepuis KorsakoíT; les relations sontdifTìciles aexpliquer.
La maladc J ... est actud&ment tjaèrie; on Cacait cru aíteinte. an
/iremier abord , de />aral//sic ;jcnerale , et ie dia//noatic ctait / mrti -
ndièrement dcheat .
M. Trenel. — La coníusion mentaie des alcooliques chroniques
et la confusion mentale des polynévrites sont deux choses com
plexes. II n’y a pas seulement des alcooliques qui présentent la
psychose polynévritique. Les premiers cas de KorsakofT s’appli-
quaienl à des polynévrites puerpuérales. J’en ai rencontré des
cas chez des tuberculeuses et mème chez un malade atteint de
méningo-encéphalite spécifique. J'ai retrouvé également dans la
bibliographie un lel syndrome dans un cas de tumeur cérébrale.
II n’est done [>as certain que les psvchoses de KorsakofT soient
uniquement alcooliques.
M. Vigouroux. — J‘ai rencontré dans les autopsies de malades
atteints de psychose dite polynévritique de grosses lésions du foie
el des reins. Je crois que ce svndrome confusionnel est surtout en
lapport avec des lésions hépato-rénales et je l ai constaté chez des
aliénés nullement alcooliques.
Je demanderai à M. LwofT, à propos de sa seconde malade, s'il
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UNIVERSITY OF MICHtGAN
SOCIÉTÉS
39
a fait l’examen électrique des muscleset s’ila pratiqué la ponction
lombaire. Avait-elle bien une polynévrile? N’a-t-elle pas présenté
plutót un syndrome fugace paralytique chez une alcootique
chronique ?
M. Lwoff. — Nous n’avons pas pratiqué cet examen.
M. Colin. — La question des psychoses polynévritiques est loin
d étre épuisée. Aujourd hui méme un de no^collègues devait pré-
senter des malades parallèlement à celleá de M. LwofT. Nous
aurons donc 1 occasion de revenir sur ce sujet dons une très pro-
chaine séance.
II. Athétose familiale, double et croisée, chez une débile
persécutée, par M. Mahcel Briaxd, inédecin de l'Asile de
Villejuif (Présentation de malade).
Ce n'esl pas sans quelques hésitations que je vous> propose de
cataloguer cette malade sous la rubrique d athétose.
Si. en effet, les mouvements qu elle exécute involontairement
onl la lenteur vermiculaire et l’apparence de reptation signalés
par Hammond, Iequel a dócrit le premier l’athétose, s’ils sont
comparables à ceux des tentacules du poulpe, suivant l expres-
sion si heureuse de Charcot, on ne peut pas affiriner qu ils soient
absolument permanents, puisque, tion seulement ils cessent pen*
dant le sommeil, ce qui est un caractère commun à lathétose et à
la chorée, mais encore parce qu’ils diminuent au point de dispa-
raitre presque complètement. à droite, lorsque la malade est au
repos complet, pour augmenler dès qu'on la regarde ou qu elle
s eflorce de rester immobile. Comme encore ceux de la chorée, ils
s'exagèrent, aussi, à loccasion des gestes intentionnels. Vous
remarquerez enfin que, s’ils sont comme dans l’athétose, de
petite amplitude et habituellement limités aux extrémités, lcs
mouvements gagnent parfois, tout le membre, que les muscles
du cou et mème ceux de la face sont également pris et qu il en est
de méme pour la langue.
Ce mélange r en admettant que la chorée soit pourquelque chose
dans ces phénomènes, ne doit pas étonner, car J. Andry a déjà
signalé que, dans cerlaines formes de ces deux affections, athétose
et chorée, on observait des symplòmes de l’une el l’autre
maladie se mèlant de telle sorte que le diagnostie devient difficile,
« impossible » méme disent Brissaud et Hallion.
En faveur de l’ayiétose, je dois encore signaler que les mouve
ments ont débuté dans la première enfance. alors que dans la
chorée d Huntington, laseule dont ìì puisse ètre question ici, ils se
montrent plutòt à l'áge adulte. Remarquez, de pius, que tous les
muscles sonl dans un état de spasme indiscutable.
Peut-ètre penserez-vous donc qu'il serait plus exact de présenter
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ma malade sous l étiquetlede ttyndrome athéioso-choreique double ?
— Je vous laisse juges.
Ainsi posé, le diagnostic ne serait cependant pas complet, car
vous pouve/. observer encore que la main droite est parfois
immobile au point d’étre utilisée, par la malade, pour empècher,
dans la mesure du possible, le bras gauche de remuer, alors que
les mouvements sont, au contraire. par intervalles, beaucoup plus
accusés dans la jambe droite qu ils ne le sont dans la gauche. On
peut ainsi croire assister, par moments, à I’apparition de phé-
nomènes croisés.
En eflíet. bien que ses deux pieds soient dans la position varo
équine, vous voyez !a malade qui superpose son pied gauche, à
peu près immobile, sur l’autre, iequel, échappant davantage à son
contròle, est animé de mouvemenls désordonnés.
EHe ne prend, il est vrai, cette attitude que par instants, et
surtout quand on la regarde ; par habitude rincoordination
molrice aflíecte surtout la moitié gauche du corps. Les masses
musculaires de ce eòté sont d’ailleurs plus développées, ce qui
indique leur plus grande parlicipation aux mouvements involon-
taires. Ge fait curieux méritait cependant d étre signalé.
La méme aílection a aussi frappé d’autres membresde la famille
de ma malade : Ainsi se justiíierait le diagnostie d 'athèlosc ou
stjndromc athétoso-chorcifjue tdmUial double et croiaé , />ar inter -
callcH chez une dcbile perxécutèe.
Je dois enfin ajouter que Marie B... née faible d’esprit, a été
prise, il y a quelques années d’idées de persécution que vous
allez pouvoir constater. Voici maintenant le résumé de son his-
toire pathologique.
Marie B... égée de 49 ans, n’a jamsis pu exercer aucun métier:
elle sait un peu lire, mais n’a pu apprendre à écrire, probablement
en raison de son athétose.
Elle est née à terrne et ne présentait alors rien d’anormal. La
maladie a débuté à l’áge de six mois, par des convulsions qui ont
laissé l enfant complètement impotenle. jusqu’à 7 ans. Elle n'a
jamais pu marcher que très diflíicilement et n’a pas quitté sa
rhaise depuis l’enfance. L’incoordination motrice a beaucoup
augmenté dans ces dernières années ce q.ui oblige maintenant la
malade à garder le lil.
Une socur, très nerveuse, accomplitcomme elle, depuis l’enfance.
des mouvements involontaires. Deux autres ne présenteraient
aucun troubledans la motilité.
Le père, rnort arthritique à 77 ans, aurait peut-élre eu la syphilis
dans sa jeunesse (?) Les renseignements sont imprécis à cet
égard.
La malade a toujours eu le caraclère disaimulé ; elle menl
encore très volontiers. ,
8a voute palatine est légèrement ogivale. Vous remarquere/.
qu'elle a un peud’asymétriefaciale. Elle présenle,de plus, unléger
degré d’aplatissement du crAne, dont la partie postérieure s elève
beaucoup plus haut (jue la partie antérieure, tandis que cette der
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íl
nière esl inclinée en bas et en avanl, ce qui donne à la téte la forme
de celled’un Flatheail Indian (lfammond) ; les arcades zygoma
tiques sonl saillanles. Les réflexes paraissent un peu exagérés.
Le signe de Babinski est impossible à constater.
Les troubles apportés à lelocution par les mouvements invo-
lontaires des muscles de la face donnent à Marie B... I’apparence
d’une démente, mais ce n’est, eomme a-ous ponvez vous en rendre
compte, qu’une simple apparence. car si cette femme est faible
d'espritde naissance, vous admettrez, par ses réponses qu'elle n’a
pas d aflaiblissement inlellectuel surajoulé.
On ne trouve, chez elle, ni troubles de la personnalité. ni de la
conscience ; elle a la notion parfaite du temps et de l’espace : les
facultés syllogistiques sont intactes. Elle eflectue certains calculs
élémentaires ; sa mémoire est assez précise.
II y a quelques années, Marie B... a fait une maladie indéter-
minée, consécutivement à laquelle ses troubles moteurs se sont
progressivement plus accusés pour devenir ce qu’ils sont aujour-
dhui.
Vers la méme époque, sont apparues des idées de persécution,
anléro-actives, qu’ellea toujours présentées depuis.
Sa famille, dit elle, lui en a toujours voulu ; diflérentes person-
nes, notamment des femmes, l injurient, cherchent à lui faire
du mal. Ces femmes lui ont mis des boules dans le corps et
l’empéchent de se servir de ses membres. C'est de leur faute si
elle est continuellement agitée de mouvements involonlaires: on
l injurie, etc., etc.
Ellesemble avoireu des hallucinalions visuelles, hien qu’elle
paraisse sobre. Mais ce qui domine chez elle, ce sont les illusions
et les interprétations fausses qui lui font attribuer très nettement
son athétose à des maléfices.
Vous constatez, par le puérilisme de son verbiage, la débilité de
ses facultés mentales.
Vous voyez son bras gauche s agiter comme un ver coupé, dès
quele poignet échappe à la maindroite. Vous remarquezque l’am-
plilude des mouvements est minime, en dehors des gesles inten-
tionnels ; ils sontaussi plus accusés à la main et au pied que dans
le reste du membre ; la face est animée par une mimique grima-
gante ; la langue ne peut tenir en place, ce qui rend la parole
difficiiemenl compréhensible. Le tronc fait des contorsions que
la inalade cherche à atténuer en s'enfoni.’ant dans son fauteuil et
en s inclinant vers la gauche. La marche est impossible. Si vous
essavez de faire lever la malade, les troubles de la motilité sont
immédiatemenl exagérés, de mème que, si nous attirons l atten-
tion sur ses mouvements. Quand elle est un peu tranquille, les
mouvements involonlaires prédominent dans tout le cóté gauche.
Si je la prie de ne pas bouger. elle se prend le poignet gauche
a>ec la main droite et s efforce d’arrèter, avec le pied gauche, le
droit qui remue davantage.
En résumé, cette femme m'a paru inléressante à vous présen-
ter, parce qu elle est atteinte d’une athétose familiale double,
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42 KEVUK DE PSYCHÌATHIE
que les mouvements, habituellement beaucoup plus accusés d'un
còté, sont croisés par intervalles et qu’enfin une difficulté de
diagnostic peutse poser entre l'athétose et la chorée chronique.
Je dois cependant reconnaitre, chez elle, la présence des signes
classiques de l'athótose, triade symptomatique que Souques a
résumée ainsi: mouvements involontaires, état spasmodique et
troubles intellectuels.
M. Colin. — Ces mouvements me paraissent ètre nettement
Hthétosiques. et je demanderai a M. Briand quels caractères
choréiques il constale.
M. Briand, — Je n'ai íait que poser la question : pour ma part je
considère qu’ils sont plutót athétosiques que choréiques. Je ferai
cependant remarquer qu'ils ont une amplitude race dans l’athé-
tose et qu’ils diminuent considérablement quand la malade est
seule.
M. Trénel. — Lège de dóbut difTérencie bien, comme 1 a
signalé d ailleurs M. fìriand, ces cas de la chorée d’Huntington.
Mais le rnpprochement de la nature familiale dece cas avec cette
dernière est intéressant. D'autant plus que la psychose dont est
atteinte la malade n'est pas sans quelque ressemblance avec les
troubles psychiques habituels dans les chorées chroniques.
M. Briand. — Je signalerai en dernier lieu le /acìes rriralien
que présente ma malade et qu’Hammond a décrit.
III. — Lies injections du liquide cóphalo-rachidien auto-
gène dans le traitement des ótats aathóniques d origine
organique ou fonctionnelle. par M. le D r J. Roubinovitch (pré
sentation de malnde).
Au cours de mes recherches sur l’action anti comitiate des injec-
tions du liquide céphalo rachidien d'origine hétéro épileptique,
recherches longuement exposéesdans un mémoire présenté le 27
novembre dernier à la Société Méiìicaìe des Hòpitaiu\ j’ai remar
(jué, cliez les malades injectés, un relèvement plus ou moins
notuble et persistantde leur état cumesthétique contrastanl singu-
lièrement avec la dépression moi*8le et physique qui lesearacté-
risait avant les injections. '
Pour vériíìer cette action toniíiante du liquide céphalo rachidien,
j'ai profitède la prèsence dans mon service d’un paralytique génè
1 . 1 . lioUBl-NOVi i cii. Qin»lqm*s faits biologiqucs obsorvés clirz dp» rpilop-
tiq upj* à lu *uitP d’iiijcctions bvpoderiniqucs 011 intra-imisrnlairos du liquidp
cpplialo-rm'liifldpu d oripne hétàro-coinitiab* ( prt*>rntation do inulades), ìn
Hnllclin et Mèmoires de ta Soc. Mèd. dts Hòjdtaux, o e serie, 25* aiinée, .V 36,
du V Décembre 190S, pp. 65*J-6à9.
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U
ral, 1111 nomnié (ì., arrivé à la troisième période de son aíTection
organique et tombé, depuis plusieurs mois, dans un état d’apathie
voisin de la stupeur, état accompagné de mutisme absolu, d’indif-
férence complète, d'immobilité passive, symptùmes si fréquents à
la fin des méningo-encéphalite difTuses. Après lui avoir fait une
ponction lombaire et reliré une vingtaine de cmc. de son liquide
céphalo-rachidien qui coulait sans hypertension, j’ai attendu qua-
rante huit lieures pour me rendre compte de l efTetde cettea sai-
gnée blanche » sur l étal de prostration du malade. Au bout de
quarante-huil heures, fapathie physique et morale de ce paraly-
tique gónéral étantau mème degré qu avant la ponclion, je lui ai
injecté dans la région fessière dix centimèlre cubede sérum phy-
siologique à 9 gr. de C1 Na p. 1.000. Cette injection n'ayant déter-
miné aucune modification favorable dans l’état dedépression deG.,
je lui ai injecté íinalement 10 cmc. de son propre liquide céphalo
rachidien, conservé, depuis la ponction, dans une glacière et
ramené, au momenl de 1 injection, è la température de 37*. Dès le
lendemain, il s’est produit dans l état de ce paralytique général un
changement favorable de l étal coenesthétique : le regard s’est
animé; le malade a répondu par des mots séparés ou des phrases
courtes à des questions très simples ; méme, pouvait-on provo-
quer chez lui, par des questions appropriées, quelque vague sou-
rire sur le faciès fjgó et absolument immobile jusque-là. Cette
modification qui s’est accompagné d'une légère accélération du
pouls et d'une très faible augmentation de la pression artériellene
s’est maintenue que quelques jours, au bout desquels le malade
est retombé dans son marasme habituel. Croyant avoir eu aíTaire
à une simple coíncidence, j’ai répété à plusieurs reprises difTé-
rentes et dans les mèmes conditions expérimentales, les injec-
tions du liquide céphalo-rachidien autogène. Chaque fois, le
résultat a été identique : ce liquide injecté sous la peau ou sous
les muscles, déterminait régulièrement dans les 24 ou 36 heures
un relèvement de tonus psychique de ce paralytiquegénéral. Cha-
que fois. ce relèvement ne durait d ailleurs qu’entre trois et huit
jours.
C est guidé par les résultats de ces injections que j’eus Tidée
d’employer celte méthode cliez le sujef, M. X... que j‘ai l’honneur
de présenter aujourd’hui à mes collègues de la Sociètè cìinique cíe
rnè<tecine mentale.
Cet homme est àgé de 32 ans et exerce Ie rude métier d ouvrier
a fabattoir de la Villetle.
II appartient à une famille assez tarée au point de vue mental :
son père, ancien marin. originaire de la fìretagne, serait mort
dans un asile d'aliénés, il y a qu8tre ans et quelques mois : ilest
devenu triste, a perdu la mémoire, ne dormait plus, avait des
peurs nocturnes. L’entourage prétend qu’il n etait pas alcoolique.
La mère est morte de tuberculose pulmonaire. Lui-méme a été
élevé en Bretagne jusqu'à l’áge de 14 ans. II a appris assez difìfici-
lement à lire et à écrire. Etant enfant, il a soufTert de coliques
hépatiques et ii a eu la fìèvre typhoíde à 17 ans. La mort de son
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REVUE DE PSYCKIIATHVE
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père, survenue il y a quatre ans, aconstitué pour lui un choc moral
important, puisqu à la suite de cet événement s est déclaró chez
X... un état neuraslhénique dans lequel le róle principal était joué
par une céphalée tenaceet violente. Sur ces entrefaites, il y a3 ans,
X... a contracté la syphilis sous la forme d'un chancre induré,
localisé à la verge. sur le pourtour du gland. La roséole, les pla-
ques muqueuses ont suivi. Le malade s est immédiatement rendu
à l’hópital Ricord oìi il n’a pas cessé, jusqu’au mois d octobre der-
nier, de suivreun traitement mercuriel et ioduré intensif. Or, son
état neurasthénique a continué à évoluer et est arrivé, il y a envi-
ron six mois, à un point tel que X... a dú abandonner tout travail.
Sacéphalée ne le láchait plus ni jour, ninuit. II est devenu, selon
sa propre expression, « mou » comme « un chifíon mouillé », inca-
pable de tout effort. Désespéré, convaincu qu’il finira comrne son
pèro, il était tout décidé à se suicider.
C’estdans cet état mental que X... se présenta le 29 octobre der-
nier à ma consultation externe de Bicétre.
Nous notons alors ce qui suit :
Etat phtjHique. — Faciès légèrement triangulaire, rappelant celui
des hydrocéphales. Voùte palatine étroite et fortement ogivale.
Dents très irrégulièrement implantées. Sensibilité cutanée et
motilité des membres-normales. Tremblement émotií de la
langue. Pasde tremblement desmains. Lecritureest correctement
tracée. Pas de troubles de la parole. Les pupilles sont égales et
réagissent activement à la lumière et à la distance. Les réflexes
rotuliens ne sont ni absents, ni exagérés. Pas d'accidents sphinc-
tóriens. — Céphalóe depuis plus de quatre ans, antórieure au
premier accident syphilitique. Cette céphalée siège de deux cótés
dans les régions du cràne voisines des oreilles. Parfois, la cóphalée
est plus intense ducòté gauche. Jusqu’à il y a six mois, la céphalée
était intermittante quoique quotidienne. Depuis cette époque, elle
est devenue incessante. Jamais elle ne s’est accompagnée de ver-
tiges ou de vomissements.
Etat mental . — Le malade est déprimé. II pleure en nous racon
tant son histoire pathologique. 11 se dit victimed’un père syphi-
litique. II est persuadé qu’i! est alteint d’une maladie cérébrale
incurable.
II nous dit textuellement :
— Jesuis décidé à me tuer, parceque je sens que je mourrai
cornme mon père. Je ne suìs pas comme un autre. Je souffre trop.
Je ne dors plus... Je ne puis plus travailler. Voilà quatre mois
(jue je ne fais plus rien...
Le malade a suivi. depuis qualre ans, des traitements médica
menteux et des régimes de toute sorte sans éprouver le moindre
soulagement ni au point de vue de sa céphalée, ni au point de vue
de son état asthénique.
Le diagnostic qui s’imposait était celui d un ótat de clégénéres
cence mentale acec psychasthénie, dépression mélancolique, céphalée
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consíante et intense y idées de suicide, le tout chez un descendant
d’aliéné ayant contractó lui mème la syphilis postérieurement au
début des accidents nerveux et psychiques dont il est actuelle*
ment atteint.
Me rappelant mes essais sur l’action tonifiante des injections
du liquide céphalo-rachidien autogène, j'ai proposé à ce malade
de le traiter par cette méthode après, toutefois, lui en avoir
demandé, au préalable, l’autorisation écrite.
Dans la matinée du 31 octobre dernier, je fis à ce malade une
ponction lombaire et lui retirai quinze cmc. d’un liquide très
limpide sorti èn jet léger. Aussitòt après, le liquide retiré a étó
injeclé au malade dansla région fessière. — Inutile d’observerque
toutes les manipulations ont étó pratiquées moyennant une
asepsie aussi parfaite que possible des instruments employés ; de
la verrerie; des régions piquées, soit pour la ponction, soit pour
l injection ; des mains qui interviennent...
Les suites immédiates de cette intervention ont été les sui
vantes :
Pendant huit jours, le malade a été alité. La céphalée s’est
atténuée dès le premier jour, mais il y a eu pendant les 4 ou 5
premiers jours un état vertigineux avec intolérance gastrique. A
la tìn de la huitaine, ces manifestations qui se montrent habi-
tuellement après des évacuations du liquide céphalo rachidien, ont
totalement disparu.
Quinze jours après, le 12 novembre 1908, le malade revint à la
eonsultation externe de Bicétre pour se déclarer complètement
débarrassé de sa céphalée, débarrassé de sa dépression générale,
ne songeant plus au suicide et décidé à reprendre son travail
habituel.
Xous sommes aujourd’hui au cinquantième jour de l injection
pratiquée le 31 octobre dernier. et la guérison se maintient. L’ex-
maiade gagne ses quarante francs par semaine ; il est actif,
d’humeur plus agréable pour sa femme, dormant paisiblement. Le
seul régime que je lui ai imposé c'est un usage extrémemeut
inodéré de vin coupè d eau. D’après les renseignements fournis
par sa íemme, il s y conforme scrupuleusement.
Tel est le cas que je tenaisà présenter à la société. II s’ajoute
aux observations citées »u cours de ma communication et à celles
publiées par moi dans le BuUetin et Mèmoires de la Société médi
cate des Hópitaux.
Sans vouloir tirer de ces fails biologiques encore isolés descon
clusions fermes, j'estime qu ils sont de nature à intéresser les
alíénistes et les neurologistes et à les inviter à des essais théra
peutiques du liquide céphalo-rachidien autogène ou hétérogène.
Les injections pratiquées dans les conditions d osepsie sont abso-
luinent inofTensive, soit qu’on les fasse sous la peau, sous les
muscles, par la voie intra veineuse ou. inòme, dans le canal
céphalo-rachidien.
M. Roubinovitch, interroge le malade qui décrit son profond
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HEVrr. Dlì PSYCIIIATIUE
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état mé!ancolii|ue. « J’étais désespéré, dit-il, (juand je suis venu
eonsulter à Bicètre; j ótais décidé à me suicider. Je n’avais plus
que cela à faire en raison de mes soufTrances intolérables de la
tèle et parce r|ue j'avais I idée que je mourrais fou comnie mon
père.
Actuellemenf. je vais bien et je Ka^ne ma vie par mon travail. i>
M. Lwoff. — Le malade a-t-il eu d'autres accès de mélancolie
antérieurs à l’application de cette mélhode de traitement ?
Le maliule. — Non, jamais.
M. Ritti. — Avez-vous pris des médicainents contre vos maiix
de tète ?
t
Le malade. — Oui j'avais suivi un traitement syphilitique avant
de venir à Bicétre, mais sans résullat. J’ai pris égalernent. mais
san.s profit, beaucoup de drogues diverses.
M. Magnan. — La céphalée a-t elle précédc ; los idées de
suicide '!
M. Roubinovitch. — Oui. Le liquide cóphalo-rachidien conlient
peut ètre des éléments inconnus capables de jouer un róle utile
dans la cure des états mélancoliques.
M. Magnan. — Si le liquide céphalo-rachidien d'un malade
amène des réultats aussi satisfaisants, daprès la méthode qui
vient d'ètre décrite, il est permis de penser qu un liquide céphalo
rachidien normal réussirait encore mieux. On pourrait essayer
aussi des injections sous-cutanées de liquide céphalo-rachidien
recueilli chez les animaux.
M. Roubinovitch. — Ces injections, mème intra veineuses, sont
en tout cas inotfensives.
M. Coijn. — V a-t-il une difíérence d'action entre le liquide
céphalo-rachidien du malade trailé et celui recueilli chez un autre
individu ?
M. Roubinovitch. — Jusqu'à présent, j'ai employé, sans cons-
tater aucune diíTérence, des liquides autogènes et hetérogènes,
ainsi que je l'ai expose à la Société médicale des hòpitaux. mais
la question n’est pas encore suííìsamment élucidée,
M. Trénel. — Ave/ vousessayó l'action du sérum sanguin pour
faire une comparaison ? Des expériences ont été faites dans cet
ordre d’idées par Ceni sur les épileptiques.
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M. Roubinovitch. — Non.
M. Vigouhoux. — Le malade est légèrement hydrocéphale;
1 amélioration de l'état mental n’esl elle pas due simplement à la'
décompression des céntres nerveux ? M. Babinski a obtenu ainsi
debons résultats dans le vertige de Menière.
M. Roubinovitch. — II n'y avait pas hypertension du liquide
céphalo rachidien chez mon malade dont l'hydrocéphalie est
légère. De plus, ce liquide se reproduit habiluellement très vite.
Or, la guérison se maintient dans ce cas depuis 50 jours, malgré
la reproduction du liquide céphalo-rachidien '.
IV. Maladie de Basedow compliquée d’alcoolisme, par
M. Juquelieh (Présentation de malade).
Louise D..., ágée de 30 ans. enlre à l'asile clinique le 3 décem
bre 1908, venant de I'hópital de la Pitié. Le certificatmédical éma
nant de cet établissement mentionne que la malade y a élé très
agitée.
L agitation a persisté durant la première nuit du séjour de
Louise D..., dans le service de l'Admission. La malade en proie à
des hallucinations pénibles de la vue et du tact. a peu dormi, sor-
tait fréquemment de son lit et semblait efTrayée pardes appari
tions successives et mobiles.
Le 4 décembre, au moment du premier examen, elle parait étre
surtout dans un état de confusion considérable : Elle répond avec
peu de précision aux questions qui lui sont posées, elle est déso
rientée dans le temps, et ne sait où elle se trouve : elle ignore
presque tout des événements qui ont immédialement précédé son
arrivée à Ste Anne.
Elle se plaint d’avoir vu à plusieurs reprises des scènes terrifian-
tes.des ammaux ocomme de grosses tortues, qui accouraient vers
elle la gueule ouverte »>. Elle a assisté à des batailles, et entendu
quelques coups de fusil. Elle s’est efforcée, pendant une partie de la
nuit, de se débarrasserd'un réseaude fils imaginaires, dans lequel
ses doigts étaient prisonniers. Ce n est pas la première fois, dit-
elle, que de tels incidentsse produisenl ; ils étaient particuìière-
menl fréquents au cours des dernières semaines ; elle a eu en
inème temps quelques étourdissements, quelques crampes noc-
turnes et de vives douleurs dans les bras et dans les jambes Elle
sail qu'elle était très nerveuse, qu'ellea du entrer, à cause de « ses
nerfs », à I'hópital de la Pitié : mais elle ne peut dire quand et
comment elle a quitté cet hópital. En dehors de cette oblusion
Ai. nionienl de ln correclion <le» éprouvos, à la dnlc dn 12 jnnvicr 1909 |«
trnrrison do mnliidc, prcscló lc 25 dcocmbrc 1<«»H. sc mainticnt intéffri.Ìe
rel„ par c....síquc„t. ,2 jm.rs nprc, l upplication dc la mctlmde indiqucc [mr
1 auteur de la curomunicatioo.
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ÌS HEVL’E l)E PSYCHIATHIK
i|ui donne au preniier aborJ rimpression d un état démentiel hu
début, et des rèves pénibles qu elle raconte tant bien que mal, la
malade ne manifeste aucune tendance à une systématisation déli-
rante : pas d'idées de persécution, pas d’idèes mystiques, pas de
préocupations hypochondriaques, pas de tentalives desuicide, pas
d hallucinations auditives verhales ou d’interprétations conver*
geant vers un système délirant, méme ft l état debauche. C'est
une femme assez bien constituée, dont l état génóral parait bon* et
qui porte un peu partout des traces de contusions légères, témoi-
gnages de luttes récentes. Les réflexes patellaires sont faibles, les
masses musculaires des mollets douloureuses à la pression. Le
pouls est rapide, le tremblement des extrémités est très vif ; tou-
tefoisces symptómes paraissent moinsen rapport aveclecaractère
aigfldu syndrome psychopathique actuel qu avec un autre syn-
drome préexistant, dont le nom, déjà plusieurs fois prononcé de-
vant elle, éveille I'attention de la malade. I/exophtalinieest nette :
le corps thyroíde, sans constituer un goitre, est légèrement sail-
lant. Cet ensemble permet deconflrmer le diagnosticdéjà porté de
maladie de Basedow. Louise aflìrme qu’elle tremble ainsi depuis
la puberté. Lors de ce preniier entrelien, malgré son élat d’oblu*
sion, elle nie avec énergie tout excèsde boisson.
Des renseignements tirés de plusieurs sources, et fournis soit
par le mari, soit par le patron de la malade, homme parfaitement
à mème de donner aux médecins des indications très valables, il
résulte que le basedowisme avait paru suíTìsant pour expliquer
les accidents actuels, et quelques autres les ayant précédés.
Fille d'un père quelque peu buveur et assez irritable, la nialade
n’a jamais présenté d aflíection grave. EUe n’a pos eu de convul-
sions dans ì'enfance, pasde crises de nerfs ; mais elle a été réglée
tard,et n’a jamaisélé bien réglée ; plus tard, ni accouchement, ni
fausse couche. Klle sait qu elle tremble depuissa jeunesse, et dans
la suite, plusieurs médecins ont en outre remarqué l'exophtal-
mie, la tachycardie, le gonflement thyproidien. Celui-ci est par
intervalles plus marqué, et par intervalles aussi. la malade a des
erises d’oppression, mais sans perte de connaissance, des frissons
alternant avec des boufTées de chaleur. Elle exerce la profession
de cuisinière, et est mariée depuis 5 ans à un domestique qui
sert dans le mème inlerieur qu’elle. Celui-ci saitque sa femme
s irrite facilement, qu elle a parfois des maux de tète, etsouvent
des cauchemars, des crampes ou d‘es I>ourdonnements d oreilles.
Dans les premiers jours du mois de novembre Jh08, l état de la
malade parut plus grave : !e tremhlements’accentuait, le sommeil
était rare, les terreurs nocturnes étaient plus fréquentes, l’appétit
devenait nul. Le médecin eonsulté, incrimina le basedowismé,
et recommanda Louise D... à M. Hénon, qui se proposait de I’ob-
server, lorsqu’il fut obligé de demander le transfert à Ste Anne.
Dans le service de I'Àdmission, la confusion et les hallucinations
pénibles diminuèrent rapidement, et au bout de quelques jours,
si la malade étaitencore parfois réveillée par des cauchemars in-
termittents, elle était parfaitement orientée. Le 10 décembre, elle
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peut nous íournir quelques renseignements sur son arrivée à la
Pitié : elle se rappelle qu’on lutta pour la mainlenir dans une ca
rnisole de íorce, qu'elle eut très peur desgrosses tortues qoi cou-
raient sur son lit ; mais elle n‘a pas gardé le souvenir de son
arivée à l asile.
, C est alorsque, pressée de questions par M. Magnan, elle avoua
des habitudes de boisson que le tableou clinique rendait très pro-
bables malgré l exislence du basedowisme. Louise buvait depuis
plusieurs ann íes, et buvait principalement encachelte. Saus doute,
elle prélevait sur la ration de vin du ménage une part plus lourde
que son mari, honime très sobre: mais surtout. elle ochetait du
vin blanc. dans des proporlions asse/ notables : un litre ne suíTi-
sait pas à la journée. Sonmari el ses maitresont toujours ignoré
<*es habitudes, (ju elle dissimula de mème soigneusement à son
médecin. L’apparilion d accidents psychopathiques subaiguss ex
pliquait alors tout naturellement, et le basedowisme n intervenait
plus qu’à titre de prédisposition banale. Actuellement, Louise D....
va bien. elle dort et mange régulièrement. Le tremblement a
beaucoup diminué, bien qu’il soit encore très net, et il est évident
que la guérison des signes d'alcoolisme chronique ne le fera pas
disparaitre.
Que la maladie de tìasedow ait paru sullisante aux yeux du
pr-emier observateur pour expliquer les troubles du caractère, les
cauchemars, l insomnie, les bourdonnements d’oreilles présentés
par la malade, cela n est pas surprenant, et se concoit très bien,
tant qu’il s’est agi d accidents isolés, et tant que na pas éclaté le
syndrome bruyant nécessitant le départ de la Pitié. Peut-étre, la
conslatation de quelques accidents tels que les crampes, les dou-
leurs dans les masses musculaires, 1‘état gastrique, aurait-elle pu
aiguiller le diagnostic vers l'hypothè.se d alcoolisme chronique ;
mais la malade avail réussi à dissimuler ses excès à son entou-
rage, et les dissímulait d’autant plus aisément qu il existait che/
elle un état morbide susceptible d’ètre rendu responsable de bien
des symptòmes.
Ce qui est peut-étre un peu plus anormal, cest de voir évoluer
ici v dans toute sa pureté, un accès subaigu franc che/. une femme
qui esl évidemment une alcoolique chronique, mais qui pouvait
prétendre à des accidents psychopalhiques moins évidemment exo-
loxiques. Quelqueopinion qu on adopte au sujetdes rapportsunis*
S8nt le goitre exophtalmique aux troubles délirants, soit qu on
considère le basedowisme comme directement ballucinogène, soit
qu’on le tienne simplement pour un état morbide marchant de
pair avec d autres stigmates dégénératifs, il semble plus logique
en 1‘espèce de comprendre différemment 1‘observalion de Louise
D... et d invoquer uniquement pour expliquer les troubles senso
riels et la confusion passagère présentés par la malade, l intoxi-
cation ehronique par I ah r ooI à laí|uelle elle s’est sournise.
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M. Lwoff. — La malade présente-t-elle des stigmates psychiques
de dégénérescence?
M. Juquelier. — Non, la malade n’en a jamais présentés, pas
plus que des ébauches de délire.
M. Colin. — La malade ne présente pas, actuellement du moins,
de tachycardie : je note seulement 72 pulsations à la minute.
M. Juquelier. — A plusieurs reprises, à la visite du matin et
sans hyperthermie, j’ai nolé 96 ou 100 pulsations, parfois davan-
tage, el cela depuis la disparition des signes physiques et psy-
chiques de l’accès subaigu.
M. Vigouroux . — Dans un cas semblable, il est diflicile de dire
ce qui peut ètre imputé à la inaladie de Basedow et ce qui pent
étre imputé à l alcoolisme.
M. Magnàn. —- Les caractères de 1‘alcoolisme chronique étaient
si nets que nous I’avons considéré comme l elément primordial,
malgré la présence du syndrome basedowien.
M. Vigouroux. — Chez certains basedowiens les troubles intel-
lecluels dópendent de la secrétion glandulaire, mais ils peuvent
aussi bien ètre rapporlés à une cause hépalique ou à une infection
gastro-inlestinale.
M. Ritti. — Dans l association d'un goitre exophthalmique el
d une intoxication éthylique, si le tremblemenl disparait avec l’abs-
tinence, c’estqu’il est de nature alcoolique.
V. Catatonie chez une jeune fillede 20ans, par M. Leroy.
— (Drésentation de malade).
Je désire vous présenter aujourd hui une jeune íìlle de 20 ans
oíTrant depuis 4 ansde remarquables symptómes de catatonie.
Yvonne F... est née Ie20juin1888 à Paris. Ses antécédenls
héréditaires et personnels sont inconnus. car cette malade pro*
nonce rarement une parole etson dossier n’indii|ue aucune adresse
de íamille. I.es stigmates de dégénérescence abondent chez celte
blondinette à tvpe infantile: lète petite, front haut, oreilles à grand
pavillon, voùte palatine ogivale, mains petites, scoliose latérale
à convexité gauche, développement plus considérable du bassin à
droite, légère hypertrophie du corps thyroide.
Cette jeune fìlle entre Ie 27 septembre 1904 au dépòt des aliénés
de la Préfecture de police comme placement d’oíTìce. EUe passe
successivement à radmission de Ste-Anne, puis à l’nsile de Mai-
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imJiiíéf*.'iit. «jm 1 ì«ii)»K'. mnìín'íni ;* if jnmses raV.ts,] •
i,ilií/)Uf*s faiU*.< .1 iirt>>, : »oi\ írt«U!<.*.f| ÌfjiJjsii'iìrttí ; le|U{í*í|
iv.enfs ; pii. i fio»iiv)ii‘SVMlèíis*‘s.\i«*^'iwiliiioivíty: |.OHiíiì.n uu i : »'iv.c I,«
nafslille \hU?-x pnMlìVírt.s . rv.si'.. 'ii* iiuMoi'pyiHíf^ . 0 « íiv/mt, !.« lélu
l.;us.M'«. í.i fm«íii dm'itci jwssèo di.ifi’iépí' J«* .vm : .-..'Hc
alCHilúi; jtlSvjifà ,i;0 «{U '*<1 ÍUf tlouiKí ruftir*- ilf* S HsMfUií', .1Jírx>lfi i.’Hc
<Hasied, lu uial.stic iíuitlc • ii-s j;Hiilii*s ietul uk-* san.s cò» j.> s«*i-"J.t*;
jtie.i á lcn'c. •ti'.Dtifí*. sijjíííestil.iliii'tufmic sut I*? .taiílc '.n»
iftitiid. ui.-nt. .lc-« ,'iì.í v.-v. t'r«‘iif.
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Sionluifermc les yeux, elle tient les paupières baissées avec
dignottemenl.
Si, ayant Ies yeux íermés, on veut les lui ouvrir, elle rcsiste
énergiquement.
II n’existe chez cette malade aucune spontanéité. II fautla lever,
l habiller, la déshabiller, la coucher. la peigner, veiller à sa toi-
lette. Elle gàte si rinfìrmière n'a pas soin dela conduireaux cabi-
nets et elle y resterait indéfiniment si on ne venait la chercher.
Yvonne mange seule, mais il faut luimettre la cuillère entre Ies
mains et la prier à plusieurs reprises de s'alimenter, Ses rares
mouvements sont excessivements Ients el encore est-il nécessaire
de la stimuler. On fait lever la malade, et on lui dit de marcher,
elle reste immobile. On la pousse et elle se met alors à se pro-
mener de long en large dans la cour indéfìniment, jusqu’à ce
qu’on l’an’ète. La disparition de la volonlé norinale s'associe chez
elle à une exallation de rautomatisme.
La malade ne parle presque jamais spontanément ; on doit user
de la plus grande patience pour arriver à lui faire répondre quel-
ques monosyllabes prononcées à voix très basse et presque
inintelligibles. Elle ne lit pas, n écrit pas, mais nous avons pu
arriver à lui faire copier son nom, une phrase, un dessin élé-
mentaire : elle reproduit exactement le modèle, très lentement,
avec attention, donnant aux lettres la mème forme, la méme
dimension.
A~ V
Ai
□
■ —
Kic*. 'i. — Drssin <lr la matadc d aprcs un ntodcìc.
II est difíìcile de se rendrecompte si la malade présente quelque
idée délirante, quelque hallucinalion. Cela esl peu probable, son
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SOCIÉTÉS
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état mental consisle dans une lorpeur, un engourdissement extré-
ine ; un poison stupéfiant semble imprégner ses cellules cérébra-
les. Yvonne n est pas eependant absolument élrangère au inonde
exlérieur ; elle regarde de temps à autre autour d’elle et demonde
iliielquefois «du pain » ou « à l>oire ». l’n jour méme qu’une
infirmière, la voyanl tresser ses cheveux, lui faisail une réflexion
sur sa coquetterie. la jeune íìlle répondit à voix basse: « mes che-
veux étaient défaits ».
Cette apalhie si caraclérislique s’accompogne de quelques réac-
tions motrices ; c’est ainsi (ju’Vvonne se mel quelquefois à rire à
gorge déployée ou à éclater en sanglots sans aucun motif et sans
qu’elle paraisse éprouver la moindre émotion. Quelquefois elle
fait la grimace, d'aulres fois enfin elle fait des gestes brusques
avec sa tète ou avecses bras pendant une grande heure.
Au point de vue physique, on constate une exagération des
réflexes tendineux des 2 còtés du corps ; Babinski en flexion ;
niydriase constante ; réflexes oculaires normaux; pos de troubles
de la sensibililó tactile ; pas de derinographisme ; cocur normal
avec légère tacbycardie P = 92 ; poumons normaux ; ni sucre, ni
aibumine dans l’urine ; pas de crises convulsives ; menstruation
régulière ; température normale ; n’a jamais présenlé aucune
maladie incidente depuis son entréedansle service.
Ainsi que vous pouvez le constater vous-rfiéme, nous sommes
ici en présence d’un cas typique de catatonie. Est-il possible de
pousser plus loin Tétude du sujet et de rattacher ce symptòme à
une entíté morbide définie? La débilité menlale de cetle jeunefille
semble trèsprobableétanl donnés ses stigmates physiquesde dégé-
nérescence. Présente l-ellede rafTaiblissement inlellectuel ? il est
difíìcile détre fìxé sur ce point, vu son étal. L’attention existe
bienchez elle. Vous la voyez jèter quelques regards autour d’elle
et vousavez examinó ses copies de dessin, maisen est-ií de méme
des autres opérations intellectuelles ? Les accès de rire, les tics
observés me font pencher vers la maladie de Kahlbaum, je n'af
firme rien cependant et je serais très heureux d avoir I’avis de
ines collègues.
M. Magnań. — La malade ne semble pas aussi apathique et
aussi affaiblie au point de vue intelleetuel qu’on semble le dire,
je ne puis croire pour ma part qull s’agisse là d'une démente.
M. Rrm. — Je suis de l’avis de M. Magnan ; cetle petite malade
m a paru prèler beaucoup d’attention à lout cequi se passait autour
d'elle et je serais bien surprissi on ne parvenait pas à modifier son
état actuel.
M. Pactht. — Je comprends 1 hésitation de M. Leroy à aflirmer,
dans le eas qui nous occupe, le diagnoslic de démence précoce. II
n est pas douteux, toutefois, si nous nous reportons seulement à
trois ou quatre ans en orrière, qu'alors une semblable situation
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clinique eút semblé l’imposer. C’était en eílet la période d'accep-
tion intégrale des idées du moment de Kroepelin, sur la queslion,
période qui s’était ouverte au Congrès de Pau où les vulgarisa-
teurs en Prance des théories du professeur de Munich s efTor-
(;aient de faire entrer la pathologie mentale à peu près tout
entière dans le C8dre de la démence précoce. J ai déjà soulevé, à
Tépoque, quelques objections relativement à une conception aussi
compréhensive qui me semblait peu en harmonie avec l’observa-
tion clinique et je n’ai pas lieu de m’en repentir puisque Kroepelin
lui-méme reconnait aujourd’hui la nécessitó d’une révision des
faits qu’il avait groupés dans certaines formes decette maladie.
La malade de M. Leroy s oRreà nous sous l’aspectde la dépres-
sion et del’inertie phvsique et psychique.
S'agit il, dans ce cas, d’un état niélancolique ou dedémence?
C’est un problème qu’il me parait diflicile de résoudre, en l’ab-
sence d’une analyse complète de Tétat mental. M. Leroy nous
déclare ne pas ètre fìxé relativement à l’existence chez elle de
délire et d’hallucinations; or ce serait un point important à éta-
blir, car les réactions motrices qu’il a eu, par intervalles, l’occa-
sion de constater, pourraient n’èire pas des actes purement aulo-
matiques, mais se trouver déterminées par des idées délirautes ou
des Iroubles sensoriels.
Xous constatons d’autre part que les facuttés intellectuelles ne
sont pas éteintes chez celte jeune fìlle et qu’elle conserve des sen
timents afleclifs.
Cet ensemble de conslatations commande la prudence dans
l’affìrmation du diagnostic de démence précoce. Notez bien qué je
n élimine pas a jiriori le diagnostic d’hébéphrénie. mais je pense
que nous pouvons aussi nous trouver en présence d’un syndroine
mélancolique susceplible d’amélioration et qui nevoluera pas
íalalement vers la démence.
N’oublions pas que la forme catatonique de la démence précocc
serait celle qui donnerait le plus fort contingent de guérisons,
jusqu’à 15 0 0, et, dès lors, ne serail-on pas en droitde se deinan-
der si celte proporlion considérable de cas de guérison d’un étal
démentiel ne s’expliquerait pas par des diagnostics un peu pré-
maturés ?
Voici par exemple un cas qui rne meltrait, si, à I origine, j avais
cru à l’exislence de la dénnmce pr«»c*oce, dans 1 alternative de déda
rer aujourd’hui qu’il a été suivi de guérison ou de m’accuserd’une
erreur de diagnostic.
II s’agit d’un jeune liomine de 30uns que j’observe, il va v avoir
bientòt un an, et íjuì, depuis son entrée dans mon service, est
resté plongé dans un état de dépression contìnant à la stupeur,
entrecoupé, à de rares intervalles, parde courtes phases d’excita-
tation. Le certificat rédigé, à son sujet, à l’infirmerie spéciale.
indiquait qu’il se renfermait dans un mutisme absolu, qu’il pré
senlait des attitudes théàtrales et stéréotypées, de lopposition
aux ordres qu’on lui donnail et qu’il était parti du domicile mater-
nel après une crise de sanglots et l émission de propos incohè-
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rents. Jai de pUis constaté chez lui les phénomènes catatoniques
les mieux caractérisés. On aurait pu étre tenlé de considérer ce
malade comme étant un dément précoce. Eh bien, depuis une
quinzaine de jours, son état s'est totalement modifié : il est sorli
de la dépression, il parle, il s’occupe à lire et à dessiner, joue
avec ses camarades et manifeste dans la conversalion une acti-
vité intellectuelle qui exclut la possibilitéde la démence.
M. Colin. — J f ai observé pendant longtemps une malade de l’àge
decelle qui nous est présentée, et qui offrait des symptòmes ana
logues. Et! bien il s agissait d un cas de confusion menlale. et la
malade a parfaitement guéri à la suile d une maladie aiguè. Elle a
quitlé Villejuif après un séjour de près de deux ans dans les
Asiles.
VI. — Stéréotypies de l’attitude du mouvement et du
langage chex une démente par MM. Lehoy et Dalmas (Présen-
tation de malade).
Xous vous présentons, M. Leroy et moi, une malade de l Asile
deMoisselles, ágée de54 ans, atteinte d affaiblissement intellecluel
avec nombreuses stéréotypies du mouvement et du langage, ves-
tiges d’un délire en voie de disparition.
M* e C... exergait la profession de modiste; c est une femme petile,
maigre, avec de nombreux stigmales de dégénerescence (microcé-
phaìie, front élevé, malformations de l oreille, etc.) Elle ne peut
nous fournir aucun renseignement sur ses antécédenls personnels.
Les notes prises à son dossier nous apprennent qu’elle est fìlle
d une mère nerveuse et d un père alcoolique.
Le début de la maladie parait remonter à l àge de 47 ans, à la
période de la ménopause. A ce moment, la malade croit qu on va
í arrèler, la faire mouriret, à la suite de ces craintes imaginai-
res t elledépose plusieurs plainles au commissaire de police. Ame-
née à rinfìrmerie du dépòt 1e 17 février 1903, M. Legras rédige le
cerlificat suivant « Dégénérescence mentale avec accidents alcooli
ques ; hallucinations visuelles et audilives, insomnie, Iroubles de
la sensibilité générale. Voil des étincelles dans le courant de la
nuit et des animaux. On électrise sa matrice aíìn de lui faire
éprouver des sensations désagréables et de l épuiser. On la « va*
porise » en faisant des trous dans le mur pour lui envoyer de la
poudre ou de l eau qu« la brulent. »
C... reste en traitemenl à la Salpétrière jusqu au 16 mars 1908,
époque à laquelle elle est admise à 1’AsiIe de Moisselles.
Dans les jours qui suivent son entrée, M. Leroy constale un
affaiblissement intellectuel notable avec incohérence et incon-
science, la persistance de quelques hallucinations, des préoccupa
tions et des gestes mystiques ayant actuellement une forme auto-
matique.
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Les hallucinations génitales ct de l'ouío persistent. « Le diable,
dit elle, vient quelquefois l ennuyer. mais en lui disant « Retire-
toi, Satan », il disparait. l)es voix 1 appellent I.ourcine, Salpètrière:
d’autres, « La Petite Krance reconnue du Val de Gráce. »
Les idées de grandeur portent le cachet particulier d’absurdité
que leur imprime rafTaiblissement intellectuel. « Klle a leca?ur
patriotique ; elle est Napoléon l'\ la petite I'Yance; sa tante est
M“ f Boucicaut, la propriétaire des magasins du Bon-Marché.
La mémoire est diminuée. Les souvenirs anciens sont asse/
bien conservés. Klle peut dire le lieu et la date de sa naissance ;
mais elle ignore le mois et le jour. Les faits récents sont oubliés :
elle a passé la soixantaine, dit elle, — e-Ile a de 6H à 65 ans. Elle
peut faire une addition ou une multiplication, mais elle est inca-
pable d’exéeuter une soustraction.
L’état mental de C... dont nous venons de donner un court
apercu. s'est maintenu sensiblement le méme depuis le jour de
son entrée juscju à aujourd’hui.
Parmi les attitudes stéréotypées qu'il nous a été donné d obser-
ver che/ notre malade, un certain nombre intéressent la totalilé
du corps et se ramènent à une íacon d’élre habituelle dans la sla-
tion debout. Cest ainsi que pendant des journées entières, C...
resle deboutdans la salle vis-à-vis d un poteau, les yeux baissés,
les lèvres pincées, la tète inclinée sur la poitrine. Elle cause peu,
n’adresse la parole ni au médecin, ni aux infirmières, ni aux au
tres malades. C... interrompt parfois cette attitude stéréotypée
dans la station debout pour se meltre à genoux et lever les yeux
au ciel.
A cóté des attitudes stéréotypées qui intéressent ]a totalité du
corps, il en est d’autres qui portent sur tel ou tel segment de
membre. C... met ses deux mains dans Taltitude de la prière et
garde cette attitude pendant quelques instants, puis, ferme éner-
giquement ses deux mains, le pouce étant toujours recouvert par
les autres doigts ; à d autres moments elle ferme ses mains el les
empile l’une sur l’autre : le petit doigt de l'une correspondant
invariablement au pouce de l'autre.
Souvent elle rentre sonavant bras gauchedans la manche deson
vètement, l’appuie verticalement contre son thorax à la h8uteur
de la davicule ; après quelques secondes elle entrecroise ses doigts
et írotle l’une contre l’autre les paumes de ses mains. Un autre
mouvement stéorotypé consiste à faire les cornes : C... fléchit le
medius et l'annulaire gauches et étend l’index et ie petitdoigt.
La stéréotypie du langage parlé porte sur des phrases entières,
sur des membres de phrase ou sur des mols isolés. La conversa
tion de C... est caractéristique : les phrases suivantes reviennent
à chaque instant dans ses réponses « Je ne puis vousparler qu’à
la croix... Domrémy, en mission apostolique, je suis parmi vous...
v et z sontdeux lettres aljíhabétiques ; on les distingue des autres
leltres parce que ce sonl deux voyelles. Mon àme est pour Dieu.
Le ciel esl ma patrie. Nous ne sommes que des vers de terre plus
méprisables que le néant. Tout ce qui me fait défaut dans ma
mémoire je le trouve dans mes cantiques. ».
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SOCIÉTĹS r>7
Plusitíurs néologisrnes sont utilisés par C... ; le lien d associa-
lionqui les reliait à l’idée première ayant disparu, la malade est
incapable den expliquer le sens et conlinue à les uliliser d'une
facon tout automatique. C’est ainsi que C... qui exprimait
au début de la maladie ses idées de persécution à grand renfort
de néologismes a conservé dans la suite un certain nombre d ex
pressions forgées qu’elle débile encore automatiquement « on la
vaporise, dit elle ; il faut que sa main mouvemente ».
C... nous présente donc des stéréotypies secondaires eest-à-
dire des attitudes fìxes et des mouvements répétésqui témoignent
d’une désagrégation des éléments de l esprit.
VII. Délire hypochondriaque. — Appendicite ancienne.
— Pyonéphrose. — Liésions anciennes des poumons et des
testicules, par MM. Marie et Rourilhet (Présentation des
pièces et des coupes histologiques).
Le malade dont nous présentonsles piècesà ététraitéà plusieurs
reprises pour délire hvpochondriaque considéré comme lió à une
tuberculose des voies génitales. Indépendamment en efTet des
prédispositions héréditaires possibles (pas de stigmates ni d’anté-
cédents connus) c est à l occasion d une afTection somatique nette
que le délire est apparu.
On peut considérer les réactions mélancoliques suicides du
malade, comme comparables à celles de certains infirmes ou
incurables qui cherchent à se tuer pour échapper aux soufTrances
et aux inconvénients persistants de leur maladie comme à
I impossibilité où ils se trouvent de subvenir à leurs besoins. Des
idées initiales de jalousie en dehors de ralcoolisme paraissent ici,
liées à I’insufiìsance génitale secondaire (orchile double).
Ch*** 42 ans, marié, mécanicien, constructeur d’instruments
scientifiques de précision (instruction et éducation au dessus de )a
moyenne de celles des ouvriers).
A. H. On ne connait rien de spécial à ce sujet. 3 enfants sont
vìvants et bien portants.
A. í\ Aurait eu une blennorrhagie et une pleurésie ; sobre et
non syphilitique ; entré à 1‘asile le 25 juillet 1907.
Pendant toute la durée de son séjour, le malade s est toujours
montré calme et travaillait régulièrement ; manifestait souvent
des craintes au sujet de sa santé (idées hypochondriaques des
cerlificats). II se plaignait souvent de frissons, élait très suscepli-
ble au froid. S’est alilé plusieurs íois au cours de son séjour à
Villejuif, nolamment en hiver : présentail alors un état fébrile
pendant7 à 8 jours. Les urines recueillies étaient troubles, puru-
ìentes et, par le repos, il se formait un dépót considérable au fond
du récipient. L’examen de la poitrine révélait un foyer sous cla-
viculaire droit caractérisé par de la submatilè et quelques ràles
erépilants. Lexamen des organes génitaux dècelait une double
hydroeèle et la présence d’un noyau dans la téte de l'épididyme
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HEVUE Dfc PSYCHIATHIE
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droite. A part ces accidents fébriles Ch*** présentait à première
vue un bon état général, l'appétit était bien conservé et l embon
point augmentait depuis son entréeà l asile.
Le 5 aoùt 1908. le inalade se plaint de vagues douleurs mal
localisées. Le 6 il se met au lit avec une température de 39 # .7 le
inatin et 39\8 le soir ; il se plaint de l’abdomen. Le ventre est légè-
rement ballonné et partout sonore íi la percussion, il y a quelques
douleurs spcntanéeset surtout provoquées par la pression; tout le
ventre est sensible ; les douleurs sont peut-étre un peu plus vives
du cóté droit. Le bailonnement géne l exploration profonde. La
veille. le malade fest alléà la selle ; pas de nausées, pas de vomis-
sements. Le pouls ne présente pas de caractère alarmant, il est
fort et régulier; le visage n’a rien du faciès péritonéal. Le
chirurgien, avisé, sursoit è l intervention.
Le 7 et le 8 le ballonnement va toujours en augmentant rendant
la palpation profonde impossible, le malade éprouve de violentes
coliques, un lavement froid amène lexpulsion d’une certaine
quantitéde matières. Les vomissements aussitót après s’installent,
la constipation devient absolue pour les matières et pour lesgaz.
L'état général commence à s'altérer, des sueurs apparaissent, le
pouls devient rapide ; un ehirurgien rappelé le 9 au soir juge
lintervention inutile. La température se maintient toujours
autour de 39. Décès le 10 à minuit 45.
Autopsie. — (11 Aoút 1908). Aspect extérieur du cadacre. —
Un liquide sanguinolent s’échappe par la bouche et les narines.
L’abdomen est fortement dislendu. Tissu musculaire en bon état
doublé d’une bonne couche adipeuse.
Cerceau . — Rien à signaler, les méninges molles sont minces et
s enlèvent sans diffìculté. Sur une coupe transversale les hémis-
phères apparaissenl normaux. Rien au cervelet ni au bulbe ou à la
protubérance.
Cavitè thoraeique . — Adhérences pleurales des deux cótés, sur-
tout à gauche où il existe une symphyse à peu près complète. A
la palpation. noyaux indurés aux sommets des deux poumons.
Au sommet droit deux cavités, la plus grosse de la dimension
d’une petite noix, l'autre d’une petite noisette. Ces lésions ne sem-
blent pas ètre en voie d’accroissement. Au sommet gauche plu
sieurs tubercules crétacés.
Cceur. — Gros et flasque. Pas d’atliérome, pas de lésions des
orifìces.
Cacité abdominale. — La cavité péritonéale contient du pus en
assez grande abondance. Les anses intestinales et le colon sont
fortement distendus. Le tube intestinal est rouge et les circonvo-
lutions sont agglutinées par une substance flbrino purulente avec
maximum au niveau du bassin.
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Lappendice noyé au milieu de fausses membranes se dirige
Iransversalement vers le détroit supérieur. II est noirátre et com-
plètement gangrené sur toute son étendue. Les anses intestinales.
au niveau de l’enlrée du petit bassin, sont entourées d'une gangue
inflammatoire.
Le foie ne présente rien de partictilier.
Appareil uro-íjèniiaì. — Le rein droit est gros ; à la eoupe la
substance rénaleest un peu pále. La décortication se fait bien.
Le rein gauche est transformé en une vaste poche pumlente
eoupée par des travées è surface lisse. On y trouve deux calculs.
le plus volumineux de la dimension d’une grosse fève: ils sònt
durs et noirAtres.
Bourses. — Double hydrocèle. Xoyau induré dans la tète de
l épididyme droite.
Rien è signaler du còté de la vessie. Hien d’apparent du cuté des
vésicules séminales.
L'autopsie monlre donc une appendicite ancienne: l’appendice
était gangrené sur toute sa lohgueur. Une gangue inflammatoire
entourait les anses intestinales au niveau du petit bassin. Le
malade est mort d’une rechùte d'appendicite à forme d'occlusion
intestinale, due à des adhérences anciennes. Le réveil de l’appen
dicite, à l’état aigu a provoqué le syndrome occlusion.
Le rein gauche transformé en poche purulente a été trouvè por-
teur de deux calculs. A quoi attribuer cette pyonéphrose?
Plusieurs hypothèses sont à envisager.
Pyonóphrose d’origine appendiculaire par infection sanguine
Ivmphatique, rinfection étajit íavorisée par la présence de calculs
dans le rein <les calculs paraissent primitifs, non secondaires à la
suppuration), et par la stase de l’urine (compression de 1‘uretère
au niveau du détroit supérieur par fausses membranes). Mais, à
notre connaissance, cetle complication n*a jamais été signalée au
cours de l’appendiídte. On peut, d’autre part, supposer une combi
naison de deux processus par simple coíncidence et admettre une
pyonéphrose tuberculeuse; mais les parois sont lisses et ne pré
sentent nullement l’aspect des cavernes tuberculeuses; le malade
n’a jamais eu d hématuries; eníin, l examen histologique n'est
pas en faveur de cette hypoìhèse. l’ne pyonéphrose calculeuse
aurait pu élre favorisée par l’infei'tion hémorragique attirée de
préférence sur le rein calculeux.
L'examen histologique montre qu’il s’agit d’une infection
ancienne, rnais sans que l’on puisse déterminer la nature de cette
infection, on ne trouve de cellules géantes dans aucun organe.
Dans le poumon, on observe des lésions anciennes d’endo et
de périartérite, mais pas de cellules géantes.
Les reins sont atteints de néphrite interstitielle très nette.
Dans le testicule, le processus de spermatogénèse parait à peu
près aboli.
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HEVUE DE PSYCIIIATJUK
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I/appendice est le siège de lésions Irès anciennes et de néerose
presque totale.
L'autopsie montre donc que le malade a succombé aux suiles
lointaines d’une appendicite antérieure et à des complicalions
multiples de n8ture infectieuse (néphrite et périnéphrite, orchite,
appendicile. lésions pulmonaires).
II s'agissait d’une hypochondrie en quelque sorte légitime par
analogie avec les mélancolies ab nuxeria de Lasègue.
L’intervention chirurgicale appliquée en t^mps utileavant l’in-
ternement dernier eut été ici. sembte t il, indiquée au double point
de vue somatique et mental.
Le yérant: A. Coukslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERtB A. COUKSLANT (5-1-09)
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
tí' Sórie. 13' Année. Tome XIII.
FÉVRIER 1909 - 2
REVUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYXHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue critique. — De l’è/tilepsíe chez les déments sèniles, pnr L. Mák-
cuand et G. Petit, uiédecin adjoint ct interne de i’usile de Hlois.... Gt
Faits et oplnlons. — Les aliénés processi/s /ton délirants, par M. Bris-
sot, interne des Asilcs dc la Seine. 73
Revue des livres. — tìiblioihèque de Psychologie et de il lèlapsychie,
pur Raymo.nd Meuniek (H. Piéron). — Essai sur le systèmc psycho/o-
gique d'Auguste Comte, por Auc. Georgess (M. Mignard). — Considè-
rations sur les rapports de l'epilepsic latente auec l alcoolisme, pur
E. Gklma (P. Juqurlier). 75
Revue des périodiques frangais. — La Cliniqne (II décembre
1908, 15 janvier 1909) ; La Presse médicale (23 et 27 janvier 1909)
M. Gexty. — Joumal de neurologie (20 novembre 1908, l er et 5 décem-
bre 1908), M. Brissot. — L'Encéphale ( Partie psychiatriqueì (Décem-
bre 1908) ; Annales utédico-psychologiques (Janvier-Février 1909) ;
Archives d'anthropologie criminellc, etc. (M. Mignakd) . 77
Nouvelles. — Personnel des Asiles. — Distinctions honorifíques. —
Concoars. 80
Soclétés. — Société de Neurologie (3 novembre 1908). — Société beige
de Neurologie (7 novembre 1908), M. Brissot. -- Société médico-
psychologiqiie (25 janvier 1909) : De t'origine pèriphèrique de certains
délirex, M. Picqué (G. Coi.i.et). — Projet de rèforme des commisaions
de prijc et du concours de Vadjuvat (M. Mignard). .. 81
Société cliniquc de médecinc mentule (Séance du 18 jnnvier 1909). —
Compte rendu in-extenso . 89
Bulletin bibliographique mensuel. v
REYUE CRITIQUE
DE L’EPILEPSIE CIIEZ LES DÉMENTS SÉNILES
Par
L. Marchand et G. Petit
Mèdecin-adjoi nt In tern e
de Vasile de Blois
L’épilepsie convulsive est un syndrome qui peut apparaltre
au cours de toutes les maladies cérébrales, il n’y a plus lieu de
décrire une épilepsie idiopathique ou essentielle et une épilep-
sie symptomatique, d’appeler certains accès épilepíùjues, d’au-
tres épileptiformes ; I’épilepsie est toujours symptomatique.
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62
KEVUE DE PSYCHIATKIE
Les lésions cérébrales qui déterminent l’épilepsie dite idiopa-
tique sont actuellement bien connues (méningite chronique,
sclérose corticale diffuse). De uombreux auteurs réservent
encore le nom d'épilepsie idiopathique aux cas dans lcs-
quels les accès convulsifs, survenant dans l’enfance, sont la
seule manifestation d’une affection cérébrale ; ils admettent
cependant que l’épilepsie dans ces cas est symplomatique de
lésions cérébrales; ils donnent le nom d’accès épileptilormes
aux accès qui sont associés à d’autres troubles moleurs, sen-
sitifs ou intellectuels dont le groupement permet le diagnoslic
de l'affection cérébrale.
Si le terme d’épilepsie idiopathique ou essentielle ne répond
plus à la déflnition que lui donnaient les auleurs anciens, ce
termeconserve, au point de vue clinique, une ccrlaine valeur,
car il signifíe que I'épilepsie est la manifestation syndromique
essentielle ou raéme unique d’une lésion cérébrale.
Les cas, dans lesquels l’épilepsie est la seule manifestation de
lésions cérébralos, sont assez rares comparativement à ceux où
les accès sont associés soit à des troubles mentaux (idiotie, imbé-
cillité, débilité mentale, démences, psychoses), soit à des troubles
moteurs symptomatiques les uns et les autres d’une affeclion
cérébrale. Par une inconséquence, commeon enobservesouvent
en médecine mentale, on donne le nom d’accès épileptiques à
ceux qui surviennent chez des idiots, des imbéciles ou des
dóbiles mentaux et celui d’accès épileptiformes à ceux qui sur-
viennent chez des déments, méme s’ils ne sont accompagnés
d’aucun trouble moteur permanent. Les lésions cérébrales qui
déterminent l’épilepsie associée à l’idiotie peuvent cependant
étre les mèmes que celles qui produisent l’épilepsie associée à
la démence ; les accès convulsifs prennent donc une désigna-
tiòn différente d’après I'áge des sujets cliez lesquels ils appa-
raissent; ils sont appelés épileptiques quand ils s’associent aux
états de faiblesse intellectuelle (idiotie, imbécillité, débilitémen-
tale) et épileptiformes quand ils apparaissent dans les états
d’affaiblissement intellectuel (démences). L’áge des sujets au
début des accidents joue un tel ròle dans les désignations ci-
dessus que quelques auteurs posent en principe que toute
épilepsie survenant après trente ans (épilepsie lardive) est
symptomatique, méme si elle ne s’accompagne d’aucun autre
trouble nerveux perraeltant le diagnostic des lésions cérébrales
qui en sont Ia cause.
En clinique, on peut observer la plus grande variété dans
l’évolution des deux éléments symptomatiques convulsif et
psychique; chez les jeunes sujets, la faiblesse intellectuelle
précède souvent l’apparition de l’épilepsie; dans quelques cas,
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DE L, ÉPILEPSIE CHEZ LES DÉME.NTS SÉNILES
63
épilepsie et faiblesse intellectuelle marchent de pair (idiotie
épileptique). Chez les adultes et les vieillards, on peut observer
les mémes particularités dans la succession des symptómes.
Comme l’un de nous l’a montré 1 , quand la déraence survient chez
un adulte atteint d’épilepsie tardive, elle s’associe si fréquem-
ment à d’autres symptòmes que l’on fait le diagnostic de la lésion
cérébrale provocatrice et on ne désigne pas les sujets du nom
de déments épileptiques ; dans d’autres cas, l’épilepsie survient
chez des sujets déjà déments; démence et ópilepsie sont symp-
tomatiques de la raéme affection cérébrale.
Les recherches concernant l’association de l’épilepsie et des
états démentiels conflrment l’opinion que nous émettions plus
haut: réjiilepsie est un symdrome qui peut apparaitre au cours
de toutes les affections cérébrales. Les diverses formes de
démence décrites en psychiatrie sontassez nombreuses; chacune
de ces formes peut-étre déterminée par des maladies cérébrales
différentes. A part la démence paralytiqueou paralysiegénérale
qui est due à la meningo-encéphalite diffuse subaigué, la démence
précoce, la démence organique, la démence sénile peuvent avoir
corame substratum anatoraique des maladies cérébrales diffé-
rentes. L’un de nous 2 a montré, dans un travail antérieur,
quelles étaient les Iésions céróbrales que l'on pouvait rencon-
trer chez les déments précoces; la démence organique peut
étre dueà des lésionsaussi différentes de nature qu’une tumeur
cérébraleet des foyers de ramollissementdusà l'artério-sclérose
ou à l’endartérite syphilitique. Quant à la démence sénile, plu-
sieurs lésions différentes peuvent la créer ; dans certains cas,
on relève l’atrophie parenchymateuse sans lésion des vaisseaux;
dans d'autres, ce sont les lésions scléreuses diffuses, qui domi-
nent; dans d’autres cas, les lésions relèvent de l'alhérome
cérébral (état vermoulu, lacune de désintégration, encéphalite
sous-corticale chronique de Binswanger, sclérose périvascu-
laire). L’épilepsie peut étre un des éléments symptomaliques de
chacune de ces affections cérébrales.
Les recherclies cliniques et auatomiques, relativesà l’épilepsie
associée à la démence sénile sont rares ; la plupart des cas
publiés sont insuffisarament étudiés. Redlich 3 , en 1892, donne
deux observations de démence sónile avec épilepsie; dans les
deux cas, il observe comme lésion anatomique de petits foyers
de sclérose miliaire disséminés dans l’écorce cérébrale, mais
l . L. Marchaicd. — De l'idiotie acquise et dc la démence cliez les épilepti-
qnes. fíepue de Ptychiatrie , juin 1907.
* L. Marcha^d. — Contribution ù l’étudo des lésions cérébralet chez les
aliénés. fíevue de Psychialrie f avril 1906.
3 ReDLICH. — Sur la sclérose miliaire de l’écorce cérébrule dans ratrophie
àénile, Gahròucher f. Psych 1898.
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64
REVCE DE PSYCHlATRlE
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surtout abondants dans la couclie des petites et des grandes
cellules pyramidales ; les uns sont développésaulour descellules
(foyers péricellulaires), les autres autour des capillaires (foyers
périvasculaires). Seiler 1 , a observé les mèmes lésions dans un
cas d’ópilepsie tardive compliquée de démence ; le malade avait
présenté à l’áge de 58 ans les premières crises épileptiques; son
intelligence s’était ensuite aífaiblie; la mort était survenue à
l’ágede74ans. A. Léri 3 , a donné rócemment le résumé de
Tobservation d’un sujet atteint dedémencesénileetd’épilepsie;
« le malade, ágé de 68 ans, avait à la fois des crises d’épilepsie
tardive violentes, une démence sénile très agitée avec cris,
actes de violence, accès de fureur, du gátisme, enfinuneapbasie
véritable. Nousajouterons qu’il présentait également des pla-
ques d’ótat vermoulu de Fécorce cérébrale, lésion qui, comme
nous le dirons, s'observe surtout chez des déments, des gáteux
et des épileptiques».Outre des plaques d’état vermoulu, l’auteur
a observé de Ia sclérose miliaire corticale.
Les rares observations que nous venons de citer sont très
incomplètes ; les deux observationsquenousrelatonsci-dessous
peuveht apporter quelques contributions nouvelles à l’étudedes
rapports de l'épilepsie associée à la démence sénile.
OBS. I. — Hèrèditè nècropathiquc . — Dèbut de la dèmence sènile à
68 ans ; attaques èpileptiques à 75 ans. — Mort à 76 ans. — Autopsie :
atrophie cèrèbrale ; sclèrose cùrèbrale superflcielle et pèricasculaire ;
atrophie considérable des Jlbrcs tanyenticlles , disparition complète de
la strie de Baillargcr.
Clément G.., àgó de 74 ans, ancien employé de chemin de fer, entre
le 14 avril 1906 à I'asile de Blois.
Antècèdents hèrèditaires et collatèraux. — Père et mère morts à un
áge avancé. La mère du malade était d*un caractère bizarre etdifflcile.
Le père n'aurait présenté rien de particulier au point de vue mental.
Un frère, mort jeune, ótait déséquilibró, l'inconduite était notoire.
Une soeur bien portante.
Antècèdents pcrsonnels. — Pas de renseignements sur Penfance et
I’adolescence deCIément G... Marié, il n’a pas eu d’enfants ; sa femme
n'a jamais eu de fausse-couche.
Clément G.., qui exerQait la profession d’employé de chemin de fer,
était intelligent, travailieur, d’une excellente moralité, de caractère
doux et bon. 11 n'avait jamais fait aucun excès de tabie ou de boisson
et n’était pas fumeur. II y a une dizaihe d’années, il s’était surraenó
au point de vue inteliectue! et avait subi quelques revers de fortune.
A noter récemment une arthrite de l'épaule droite et la disparition
subite d'hómorroides. II se plaignait également d’étourdissements.
Depuis sixans environ, l’entouroge de Clément G..., remarque un
1 Skii.fr. — Ueber Spatí ; pilppsic. Thèse Leipzig, 1901.
- A. Lkki. — Le cerveau sénilt*. Happorl au Congrès des ruvd. a/ivn. ei neurol.
Litlv } aoùt 1900, p. 7'».
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DE L’ÉPILEPSIE CHEZ LES DÉMENTS 8ÉNILES
65
changement notable dans son caractère ; il est parfois d f une indiffó-
rence exogérée pour tout co qui l’entoure, il se inet d'autres fois faci*
lement en coière sous le prétexte le plus futile. II enlreprend de très
longues promenades. On s’apergoit également que sa mémoire s’affai-
blit rapidement.
II y a 3 ans, il se perd dans la vìlle qu’il habite ; on ne le relrouve
que deux jours plus tard à trois Iieues de la ville, les vètements mouil*
lés et couverts de boue. II avait passé la nuit dans les champs, sons
songer à se mettre à l’abri d'un orage.
Depuis deux ans surtout, Cléraent G... est devenu de plus en plus
irascible. II est pris, à diverses reprises, et sons le moindre prétexte,
de violents accès de colère, au cours desquels il insulte des inconnus,
déclarant qu’il va chasser toute cette canaille-là ; lors d’une de ces
crises, il s’est livró à des violences sur sa femme, sans le moindre
motif. Dans l’intervalle de ces occès, le malade, tout en restant irrita-
ble, est pìus calme : il ne peut souffrir cepsndanl le moindre bruit, et
s’emporte contre les automobiles et ies bicyclettes. Sa mómoire s’aflai-
blit de plus en plus, et, à certoins moments, il ne reconnait méme
plus sa femme.
II n’ourait jamais accusé d’hallucinations : pas d’ictusni de paralysie.
Examen dircct . — Clément G... nous apparait, à son entnie à I’asile,
absolument désorienté dans l’espace et dans le temps. II ne peut indi
quer avec exactitude son ùge : il a dans les 50 ans, il doit avoir 45 ans,
48ans. II secroit à I__ et déclare habiter ce village depuis longtemps.
Dien qu’il ait couché dans la chambre oú on l’interroge et où il est
resté d’ailleurs éveillé presque toute la nuit, il dóclare avoir bien
dormi et avoir couché dans sa maison. Au milieu de paroles
incompréhensibles, il ditqu'il va s’en aller dans une demi-heure pour
travailler au chemin de fer ; « il n’y fait plus rien, mais c est à cause de
sa situotion sur les titres. » Au cours de son verbiage incessant, où
reviennent fréquemment les mots « c’est joli », il dit soudain qu’il voit
plus de quarante tétes sur le mur en face de lui ; à quinze pas devant
lui, sur le mur, il voit également un « objet très joli, gros comme
cela ».
Clément G... parait heureux, content de lui-méme ; il sourit conti-
nuellement, ne se rendant nullement compte de son état. II se trouve
très bíen, et toutes les personnes qui sont là sont des amis.
A l’examen somatique, on ne remarque pas de stigmates apparents
de dégénérescence. Arc sénile de la cornée ; calvitie.
Fas d’inégalité pupillaire .; les réflexes lumineux sont conservés.
Absence de réflexes patellaires. Léger tremblement des doigts.
Pas d’embarras de la parole.
Pas de traces de paralysie ou mème de parésie.
Léger cedème des membres inférieurs.
Les appareils respiratoire, circulatoire, digestif et urinaire paraissent
normanx. Les artères radiales ne sont pas indurées.
Mtíi 06. — Le maiade est calme ; il se nourrit bien. II est toujours
dans le mème état d’incohórence et d’euphorie ; II trouve tout beau et
joli ; « c'est admirabie » répète t-il.
Juin 06. — Absolument dément. II déchire ses vètements en petits
morceaux qu il attache ensuite ensemble. II ramasse des feuilles mortes
qu'il va jeter dans son potage. Gàteux. Les jambes sont légèrement
oedématiées. Pas d’albumine dans les urines.
Janeier 07. — Malade dans un état complet de démence. II ne com-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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prend pas ce qu’on lui dit, méme les choses les plus simples ; il ne
reconnait pas les objets les plus usuels, il est incapable de se servir
de ceux-ci. II répond aux questions posées par des phrases absolumenfc
incohèrentes et inachevées. Parinstants, il se met à chanter. L’intelli-
gence est si afíaiblie que le malade ne comprend plus ce qu*on lui difc.
G. est toujours gáteux, il se nourrit bien.
Mars 07. — Erysipèle de la joue droite, qui évolue sans complica-
tions.
Acril 07. — Anthrax volumineux de la région sacrée.
Mai 07. — Othématome de l oreille gauche. L’anthrax esfc complète-
ment guéri.
Juin 07. — Mème élat de démence et de gàtisme. Clément G... n'a
plus l’idée do se nourrir ; on est obligé de le faire manger. Méme
euphorie : il chante constamment la mème phrase sur l'air d’une
complainte.
Le 4juillet 07, à 6 h. 1/2 du maiin, le malade prèsente une lèfjèrc
attaque èpileptique , sans aucun sijmptòme jirèmoriiioire. Clèment G...
est pris soudain d'une perte de connaissanee, sans cri initial ; il cst
tombè le iontj d’une porte et s’est Jait une lègère blcssurc sur lc nez.
Quelques moucements ioniques , puis cloniques sont upjmrus ; urination
incolontaire. Pas de morsure de la langue, pas de stertor. Cctte crise
a durè quelqties minutes au bout desquelles le malade a rcpris con -
naissanee : pas deparaljjsic eonsècutice. Les urines recueilliesquelques
heures apròs la crise ne contiennent pas d’alburnine.
Le 5 juillet 1907, noucclle attaque èpileptique, àò heurcs du niatin.
Le malade a poussù un cri , puis a prèscntè pendant deux à trois rni -
nutcs dcs mouvements toniques ct cloniques ; urination incolontairc.
Pas dc morsurc dc la larujue. La pèriodc dc stertor a durc un quart
d’heurc, puis lc malade a repris connaissance. II n’a pas prcsentè de
parahjsie consècutice.
6 Aoùt. — Le malade esl atleintd un érysipèle de la face non fébrile,
étendu jusqu’au cuir chevelu, qui guérit sans complications.
Lc 18 septembre , à 5 heures du matin, noucellc attaque èpilcptique
qui recèt les mómes caractères classiques que prècèdemmcnt. Pas d’al-
bumine dans ies urines.
Le 8 dècembre , à cinq heures du matin et à midi 1/2, Clément G...
présenle à nouveau deux aatres aitaques èpileptiques bien caracté-
risóes, qui ne sonfc pas également suivies de paralysie.
4 dècembrc. — G... a beaucoup dedifíìculté à se tenir sur les jambes; il
somnole toute la journée ; le pouis est irrégulier ; les jambes sont très
Oídéinatiées.
6 dècembre. — G... s’afíaiblit rapidemcnt; amaigrissement. La tempé-
rature est de 38° le matin et de 38° 5 le soir. Des oschares se forment
au niveau du siège.
14 dècembre. — Depuis quelques jours, la température oscille
autour de 37* ; le pouls est très irrégulier ; G... s’alimente mal. Mort le
14 décembre.
Autopsie. — L’autopsie est faite 26 heures après la mort.
Les organes thoraciques et abdominaux ne présentent aucune
lésion macroscopique. Le muscle cardiaque est ílasque; plaques d'athè-
rome sur I’aorte ascendante.
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DE LÉPILEPSIE chez les déments séntles
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St/stèmc ncrcvux . Examcn nticroscopu/uc. — La boite cránienne, est
très épaisse; la dure-mère est épaissie ; à son incision, il s’échappe beau-
coup de liquide céphalo-rachidien ; au niveau des lobes frontaux, la
dure-mère présente quelques adhérences avec le crène d’une part,avec
les méninges molies d’autre part. Le cerveau est retiré facilement de
la boíte crànienne.
La pie-mère est épaissie, mais se décortique assez bien. A noter
l'adhérence intime des deux lobes frontaux, à leur face interne.
Plaques d’alhérome disséminées sur les grosses artòres de la base du
cerveau. Sur les coupes vertico-transversales, on n’observe aucune
lésion localisée. Le cerveau est congestionné, et la substance grise a
une teinte violacée ; les ventricules íatéraux sont très dilatés.
Le cervelet et le bulbe ne présentent rien de particulier ; les parois
du quatrième ventricule ont un aspect lisse.
L’hémisphère droit pòse 455 gr., le gauche 485 gr., le cervelet et le
bulbe 140 gr.
Exanìvn histologique. Ccrceau. —' L’examen a portó sur les régions
moyennes des circonvolutions frontales et pariótales ascendantes
droites et gauches, sur la deuxième circonvoiution frontale droite.
Nous avons employé les méthodes de Nissl, de Weigert-Pal, de Van
Gieson. iacoioration au picro-carmin.
Les méninges rnolles ne présentent aucun ópaisissement notable ; la
pie-mère adhère par places au cortex sous-jacent: les vaisseaux ménin-
géssont congestionnés, mais neprésentent aucune plaque d’athérome.
Les lésions principales du cortex consistent en une diminution
notable de i’épaisseur de la substance grise, en une sclérose superfi-
cielle diffuse et périvasculaire.
La sclérose est telle que la couche moléculaire du cortex parait plus
íoncée que les autres couches sur les coupes colorées par le picro-carmin.
Outre cette sclérose, on observe de pelits foyers scléreux disséminés
aussi bien dans ia substance blanche que dans la substance corticale ;
ces foyers sont développés autour des capiilaires.
Les celiules pyramidales étudiées d après la méthode de Nissl ne
pamissent présenter aucune altération, elles renferment de belles
granulations chromophiles ; un certain nombre sont pigmentóes ; dans
chaque espace péricellulaire, on observe plusieurs cellules rondes
íortement colorées.
Les fìbres tangentielles sont très diminuées de nombre ; la strie de
Baiilarger fait totalement défaut ; sut- les coupes traitées par la mé-
thode de Weigert-Pal, on observe dans le cortex de petites régions
dans lesquelles les fibres à myéline sont complòtement disparues; elles
correspondent aux foyers de sclérose périvasculaire décrits plus haut.
Les vaisseaux intracérébraux paraissent sains.
Bulbc . — Dans Ie bulbe on observe autour des capillaires des
íoyers de sclérose semblables à ceux observós dans le cortex. Les
cellules des noyaux cràniens contiennent des granulations chromo-
philes bien colorées ; quelques-unes sont pigmentées. Pas de lòsions
des méninges bulbaires et de répithélium du plancher du quatrième
venlricule.
Cercelct . — Petils foyers de sclérose localisés autour des cupillaires.
OBS. II. — Pas d'hèrèdUù. Dèbut de la dènivnce sènile à 67 ans , ac-
cès èpileptu/ue un niois acant la mort </ui a licu à l'ih/c de 70 ans. —
Autopsie : Sclérosc cèrèbrale diffusc, sclèrosc pèricasculairc.
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Louise G..agée de 70 ans, entre le 10 avril 1908 à l'asile de Blois.
Antècùdents hòrèditaires . — Rien de particulier.
Antècùdents personnels. — L. G... n'a présenté dans son eníance ni
convulsions, ni crises nerveuses. Aucune maladie à signaler durant son
adolescence. Mariée, elle a eu, sans aucun accident, quatre enfants
biep porlants. La rnénopause s’est ótablie à l’úge de quaranle-cinq ans,
sans oHrir rien de particulier. En 1905, elle se fait une íracture du poi-
gńet gauche ; en 1907, elle présente un phlegmon de la main droite et
de l'avant-bras droit, qui aurait, parait-il, impressionné la malade as-
sez vivement. Pasde maladies infectieuses. D’intelligence moyenne, la
malade n aurait jamais présenté rien de spécial au point de vue du
caractère, des dispositions morales, des passions et des seHtiments
atíeclifs. Pas d'excès alcoolique ; pas de syphilis.
Depuis trois ans, la famille de la malade remarque que Louise G...,
habituellement laborieuse, propre, afíectueuse pour son entourage,
devient peu à peu indiíTérente : elle néglige ou remplit mal ses
fonctions de ménagòre, ne s’occupe plus de ses parents, de ses
enfants; elle perd la mémoire des faits récents. Peu á peu, et sur-
tout depuis trois mois, elle devientde plus en plus désintéressóe pour
tout ce qui l’entoure ; elle ne reconnait plus ses amis, ses parenls, ses
enfants, son mari. Ses propos deviennent incohérents. Parfois apathi-
que, elle resle pendant des heures assise sur une chaise, sans mot dire
et dans l’immobilité ; d’autres fois, elle marche sans but dans sa maison
ou s’échappe brusqueinent de chez elle, elle parcourt ainsi des distan-
ces assez grandes, et est incapable de regagner seule son logis.
Elle ne dort pas la nuit ; son caractère devient difìicile, elle frappe
ceux qui veulent la retenir et l’empècher d’accomplir des actes dósor-
donnés.
Exatnen dírect. — A son entròe à lasile, Louise G... nous apparaít
avec dessignes évidents de sémlité. Elle marche avec peine, à petits
pas lentset lourds, la taille à demi courbée ; elle présente une scoliose
à convexité droite. Elle est amaigrie; la peau du visage est extréme-
ment ridée; les cheveux sont grisonnants. Arc sénile de la cornée,
arlères athéroinateuses, dures et flexueuses.
Pas de stigmates apparents de dégénérescence.
Interrogée, la malade peut à peine dire son nom. Assise, elle regarde
à droite et à gauche avec une physionomie sans expression et en bais-
sant un peu la tète. Son attention est difncilement óveillée par Ies
questions qu’on lui adresse ; on est obligé de lui répéler plusieurs fois
lu méme question pour obtenir une réponse. La voix est monotone,
entrecoupée; la malode s’arrète au milieu d’une phrase et semble
chercher ses mots. Elle répète toujours les mèmes paroles. Au milieu
de I’interrogatoire, elle se lève et veut s’en aller. Actes automatiques ;
LouiseG... remue constarninent ses mains, froissant son tablierou s’oc-
cupant des cordons de sa jupe. Parfois elle se met à pleurer, et inter-
rogèe sur les motifs de ses pleurs, elle rèpond qu’elle a de I’ouvrage
et essaye à nouveau de s’en aller ; peu après, elle se met à rire niai-
seinent.
On constate au cours de l’interrogatoire. outre une diminution consi-
dérablede I’attention, un afTaiblissement notable de la mémoire. Louise
G.. . ignore son àge : « Elle a 23 ans » dit-elle; à peine sait-e.le ses pré-
noms. Elle ne sait plus le nom de son niari. El!e ne se rappelle plus
l adresse de son domicile. Klle sait cependant qu’elle a èté malade à 2
reprises ; elle montre son poignet gauche et sa main droite. Elle sait
combien font 3 et 3, 10 et 10 ; mais 3 et 4 font 6.
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Qriginal frn-m
UNIVERSrn' OF MICHÍGAN
DE L'ÉPILEPSIE chez les déments séniles
69
Le jogenient est presque aboli Elle ignore où elle se trouve, pour-
quoi on l*a emmenée ici. Elle ne se croit pas malade, elle se dit capa-
ble de repiendre son travail. Elle ne sait pourquoi on l’interroge. Elle
reconnait la plupart des objets usuels.
Louise G... ne présente aucune idóe délirante.
Absolument égaróe, désorientée dans le temps et dans l’espace, pres-
que ineonsciente, L. G. se laisse mener passivement comme un enfant.
Elle mange gloutonnement. Elle dort peu la nuit, et se lève pour mar-
cher devant elledans le dortoir, enpronongant des parolesincohérentes.
Héflexes pupillaires à la lumière et à l’accommodation paresseux
Réflexes patellaires normaux. Réflexes plantaires abolis. Sensibilitó
cutanée à la piqure très oflaiblie.
Treinblement iéger de la langue et des extrémités. Langue un peu
^aburrale. Rien à signaler aux autres appareils, si ce n’est quelques
intermittences cordiaques. Pas d'albumine dans les urines.
i'* mai 08. — Mèrne état depuis son entrée : la malade court de lous
còtés dons la salle commune, parlant continuellement, allant près des
malades qu’elle regarde d’un air égaré, elle se lève fróquemment la
nuit. Elle est parfois gàteuse. EIl^ marmotte continueliement des
paroles incohérentes.
Le 3 mat\ à 10 h. V2 da maCin, lanutladeprèsentc un accès ùpileptujuc
revètant les caractères classiques . Cettccrise n’acait ùtè prècùdùc d'aucun
symptònxe prèmonitoirc . L.G. fut prisc brusqucment dcpcrtc de connais-
sance sans cri initiat; elleest tombùesur le front ct s'est blessjùe lèyère-
ment à ce niccau : dcs moueemcnts toniqucs puis cloniqucs sont apparus:
morsure de la langue t ècutnc sanguinolcntc à la bouche, pas degdtisme :
la crisc a durc cnciron dix minutcs et la malade arepris connaissancc ;
pas de púriode de stertor. Pas de paralysic consècutice. La maladc est
restèe tellcmcnt obnubilcc daris la suitc quc nous n'acons pu obtenir
aucun renseignenxcnt sur lcs scnsations anormalcs qiCellc pouvait ùprou •
cer.
15 mai. — La malade garde continuellement le lit. Son étafc mental
reste sans changemenL Louise G... est gáteuse ; elle s'alimenle diflfl-
cilement.
Vjuin. — Mème état mental et physique. La malade s’affaiblit de
plus en plus : elle est atteinle de diarrhóe depuis plusieurs jours. Con-
gestion au niveau de la hase des poumons.
2 juin. — Mort.
Autopsie. — L'autopsie est faite 24 h. après la mort.
Stjstème ncrccux. — Rien de particulier à l’ouverture de la boite
cránienne. Légères adhérences frontales de la dure-mòre au cràne.
Le eerveau s’enlève facilement de la boite crànienne.
L’hémisphère droit pèse 480 grammes, rhémisphère gauche est du
mémepoids. Le cervelet et le bulbe pèsentensemble 150 grammes. Les
raéninges présentent des traínées opalescentes,. surtout le long des
vaisseaux, léger happernent diflus de la pie-mère au cortex. Par
endroits ies circonvolutions paraissent ratatinées, et d’une fagou géné-
rale, les sillons sont beaucoup plus accentués que sur un cerveau
normal. Léger athérome des artòres de la base.
Sur les coupes transversales faites àdiflérentsniveaux, onneremar-
que aucune lésion localisée.
Pas de lésions macroscopiques du ccrvelet et du bulbe.
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% 70 REVUE DE PSYCHIATRIE
Examen histologique. — L’examen a porté sur les circonvolutions
frontales et pariétales ascendantes droites et gauches, sur ie bulbe et
le cervelet. Nous avons employé les méthodes de Nissl, de Weigert Pal,
de Van Gieson, la coloration ou picro-carmin.
Les méninges sont normales ; les vaisseaux méningés ne présentent
aucune troce d’athérome.
Les cellules pyramidales contiennent peu de granulations chromo-
philes ; la plupart sont pigmentées.
Les íibres tangentiellessont très diminuées de nombre; cesont surtout
les grosses fìbres qui ont disparu ; les flbres fìnes ont un aspect vari-
queux.
Le tissu névroglique a proliféré dans toute Ia couche moléculaire et
autour des petits vaisseaux : ce tissu contient de nombreux noyaux
névrogliques. Autour des voisseaux et à une certaine distance de leurs
parois, l ensemble des noyaux prend sur les coupes la forme d’une
couronne.
Les vaisseaux intra-corticaux ne présententaucune lésion apparente ;
par places, on observe des cellules fortement colorées accolées à leurs
parois.
Bulbc. — La plupart des cellules des noyaux cràniens contiennent du
pigment ; certains vaisseaux ont leurs parois couiplètement entourées
de cellules embryonnaires. .Sclérose périvasculaire. Pas de lésions des
méninges bulbaires et de i’épithóiium du plancher du quatriòme ven-
tricule. Pos de lésions dégénératives des íìbres à myéline.
Ccrcelvt. — Légion sclérose périvasculaire. Pas d’autres lésions mi-
croscopiques oppréciables.
Les déinents séniles peuvent donc présenter des accòs épilep-
tiques, mais ces accidents sont rares. II est impossible actuelle-
ment, avec le petit nombre d observations publiées sur ce sujet,
de pouvoir préciser la fréquence des accidents comitiaux sur-
venant cliez les déments séniles ; l’épilepsie dans ces cas rentre
dans la variété d’épilepsie dite tardive ou plutòt sénile et
celle ci est rare comparativement à l’épilepsie du jeune áge.
Si ron étudie la fréquence desaccès épileptiques suivant lage
auquel ils apparaissent, on arrive aux loisbiologiques suivantes:
1° L'épilepsie est un syndrome qui apparait d’autant plus
fréquemment au cours des maladies cérébrales que celles-ci
surviennent à un plus jeune áge.
2° Cliez I’enfant et Tadolescent, Tópilepsie est très fréquente
dans toutes les maladies diíiuses des méninges et du cortex
cérébral, que celles-ci soient aigúès, subaiguès ou chroniqucs.
3° Chez ladulte et le vieillard, Tépilepsie apparait surtout au
cours des affections móningées et corticales à évolution aiguè
ou subaigué; elle est plus rare dans les aílections chroni-
ques.
D’après ces lois, basées sur rensemble des faits cliniques et
anatomo-pathologiques, on voit que dans la démence sénile,
les accès sont ìares pour les deux motifs suivants : les sujets
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DE l'épilepsie chez les déments sénjles
71
sont ágés et leurs lésious cérébrales ont uue évolution chro-
nique.
Si l’on cherche à préciser à quelle période de la déraence
sénile les accèsapparaissent, il semble que ceux-ci surviennent
de préférence à la dernière période ; ils sont peu fréquents et
out lieu surtout le matin.
Dans nos deux observations, les accès convulsifs ont revétu
les caractères des accès comitiaux classiques; ils n’ont étó
précédés d'aucuu prodrome ; ils ont débuté brusquement sans
cri initial; la perte de connaissance était absolue ; les convul-
sions toniques ct cloniques étaient généralisées, mais moins
violentes que dans l’épilepsie du jeune áge. Qhez notre premier
sujet, les accès n’avaient aucune influence sur son ótat intellec-
tuel et n’étaient mème pas suivis de période de sterlor; cliez
la malade qui fait le sujet de notre deuxième observation,
l'unique accès observé fut suivi de stertor et la malade resta
obnubilée dans la suite. Enfln, nous n’avons jamais constaté
cliez nos malades de vertiges et d’absences. Ces mémes particu-
larités ont été observées par plusieurs auteurs dans l’épilepsie
tardive.
Certains troubles du langage ont été relevés par Rédlich,
Seiler et A. Léri chez les déments séniles épileptiques; les
malades serablent atteints soit d’apbasie motrice, soit d’aphasie
seusoriellé. Ces troubles ne sont pas en rapport avec des
lésions localisées dans les centres du langage; ils résultent vrai-
semblablemeut, comme chez nos deux sujets, de I'état démen-
tiel. Par moments, le sujet de notre première observation ne
paraissait pas comprendre ce qu’on lui disait et ses propos
étaient complètement incohérents; la malade de notre deuxième
observation clierchait ses mots en parlaut et parlois mème
laissait ses phrases en suspens.
Nous noterons enfln que dans aucun cas, les accès n’ont été
suivis de phénomèues post-épilepliques. II est mème curieux
de relever que Ies crises convulsives, surveuant cliez des
roaladcs dont le système artériel cérébral était atteint d’alhé-
rome plus ou moins accentué, ne s’accompagnèrent pas d’acci-
denls hémorrhagiques. Cette remarque s’adresse aussi bien aux
cas d’ópilepsie tardive sans démence qu’aux observations de
démence sénile avec épìlepsie. On peut méme à ce propos se
demander si, dans les accès d’épilepsie, la congeslion cérébrale
est si intense que certains auteurs veulenl bien I’admettre ; si
les accès convulsifs s’accompagnent d’une augmentalion consi-
dérable de la pression artérielle, on devrait relever souvent
dans les cas d’épilepsie tardive des hémorrhagies cérébrales
post paroxystiques.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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Dans un travail anténeur í'ait en collaborationavec M.Nouét
l’un de nous a montré qu'il faut bien se garder d’attribuer
l’épilepsie tardive, sans contróle histologique des centres
nerveux, aux lésions athéromateuses que l’on rencontre si
fréquemment cliez les sujets ágés ; l’épilepsie tardive peut étre
détel’miuée par des lésions diffuses scléreuses du cortex non
en rapport avec les altérations vasculaires. En comparant les
Jésions cérébrales observées chez certains sujets atteints d’épi-
lepsie tardive, mais non artério-scléreux et non déments, aveo
celles que l’on observe chez les déments séniles épileptiques,
on remarque certaines particularités intéressantes. Dans les
deux cas il peut exister une sclérose cérébrale superficielle
diffuse associée ou non à des lésions de raéningite chronique;
dans les cas où la dómence est très prononcée, on observe la
disparition des fibres tangentielles ou tout au moins, une dimi-
nution considérable du nombre de ces fibres; cette lésion ne
s'observe pas dans les cas où les sujets sont atteints d’épilepsie
tardive sans affaiblissement des facultés intellectuelles. Dans
les cas d’épilepsie associée à la démence sénile, on peut obser-
ver, outre la sclérose cérébrale superflcielle diffuse, des lósious
relevant de l’athérome et consistant en foyers de sclérose soit
périvasculaires, soit péricellulaires, dús probablement à une
irrigation insufflsante du cortex cérébral. 11 est bien difflcile
dans ce dernier cas, de dire si l’ópilepsie est dueplutótaux
lésions scléreuses secondaires à l’artério-sclérose qu’à la sclé-
rose cér^brale diffuse superficielle. D’après les considérations
émises plus liaut, l’épilepsie semble pouvoir survenir au cours
de toutes les affections cérébrales dout les lésions siègent prin-
cipalement au uiveau des méninges et du cortex. Elle peut
donc apparaitre dans toutes les encéphalites scléreuses dues
à l’artério-sclérose cérébrale, qu’ii s’agisse d’atrophie artério-
scléreuse du cerveau (Alzheimer), d’encéphalite sous-corticale
chronique (Binswanger), de sclérose périvasculaire ou miliaire
(Blocq et Marinesco), de sclérose développée autour des lacu-
nes de désintégration ou des plaques d’état vermoulu (Anglade).
Cependant la constatation de la sclérose cérébrale superficielle
diffuse, comrae seule lésion corticale, chez des sujets alteints
d’épilepsie tardive et non déments laisse supposer que cette
lésion esl plus propre à déterminer I’épilepsie que les autres
altérations relevant de l’athérome cérébral; c’est d’ailleurs
cette lésion, si souvent associée à la méningite chronique, que
l’on observe chez les épileptiques du jeune áge.
•
1 L. Mahciiaxd et II. Noli t. — De 1‘Epilepsie tnrdive, Caz. dcs Hópitaux,
12 Mìptcnibrc 1VI07.
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ALIÉNÉS PROCESSIFS NON DÉLIRANTS
73
Conclusions. — L’épilepsie peut s’observer au cours de la
démence sénile corame on peut l'observer au cours des autres
formes de démence.
Les accidents épileptiques sont rares; ils semblent apparaltre
surtout à la dernière période de la dómence sénile.
Les accidents convulsits présentent les caractères classiques
des accès épileptiques; les quelques particularités cliniques
que l’on relève sont celles mémes que l’on observe dans l’épi-
lepsie tardive. Nous n’avons jamais constaté chez nos sujets de
vertiges et d’absences.
Les accès épileptiques n'ont jamais été suivis de phénomènes
postépilepliques.
Des troubles du langage viennent souvent s’associer à la
démence sénile avec épilepsie; ces troubles ne sont pas en
rapport avec des lésions localisées dans la zone du langage
et résultent vraisemblablement de l’état dómentiel.
Les Iésions cérébrales de la démence sénile avec épilepsie
consistent en sclérose cérébrale superflcielle diffuse avec alté-
rations profondes des flbres tangentielles et en foyers de sclé-
rose en rapport avec l’athéromasie cérébrale.
FAITS ET OPINIONS
ALIÉXIÍS PROCESSIFS NON DÉLIRANTS
Par M. M. Brissot
Interne des asilea de la Seine
Les deux malades, qui ont fait l’objet de notre communication à
la Société de Médecine légale de France 1 , réalisent dans leur
ensemble, un des types cliniques les plus parfaits du persécuté-
persécuteur à tendances processives.
Le premier, N..., beaucoupplus quérulent que procédurier, íut
incarcéré à la suite de plaintes et de réclamations outrageantes
aux autorités : il ne resta, d ailleurs, que pendant quelques jours
en prévention et fut remis en liberté, sous la promesse formelle de
rnettre fin à ses invectives ; un médecin-expert commis dans la
1 Alirnés proceaaifa non dèlirants par M. le D r Murcel Briand, mtfdccinen clief
dc Tasilc de Villejuif et M. M. Brissot, internc des asiles de lu Seine.
(Coiiiiniinication fuite ù lu Socicté de Médccinc légnle dans sa séunce de
drrcnibre 1908).
liulielin de la Sociètè. Janvier 1909.
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74
HEVUE DE PSYCHIÀTRIE
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suite, pour examiner le prévenu, conclut à son entiòre irrespon-
sabilité.
Le second, K..., interné pour avoir fait du scandale chez un
huissier, passa la majeure partie de son existence, dans le prétoire
des tribunaux, victime de dommages illusoires, dont il voulait se
faire rendre justice.
Ces individus sont des aliénés, qui rentrent de ce chef, dans la
catégorie des revendicants à réactions persécutrices. Pourtant ils
ne délirent pas et ne présentent aucun trouble hallucinatoire,
quel qu’il soit.
Ce qui frappe surtout en eux, c'est d’une part, l’intégrité appa-
rente de leurs facultés intellectuelles, et, d’autre part, avec leur
attitude de victime, Texaltation constante de leur personnalité
méconnue, exaltation qui Ies transforme en plaideurs perpétuels,
Ce qui les caractérise encore, c’est la lucidité, le développement
de leurs facultés syllogistiques, leurs tendances raisonnantes, qui
constituent une ontithèse frappante avec la fausseté de leurs
déductions, la ténacité, racharnement de leurs revendications. Ces
gens sont de véritables persécuteurs, dont les réactions vives et
rapides, sont liors de proportion avec leur mobile. Ces malades,
car ce sont bien des malades, sont obsédés par une idée fìxe,
« une idée prévalente et angoissante », selon 1‘heureuse expression
de Sérieux *.
Ils ont l’obsession continuelle du dommage causé, (qu’il soit réel,
fulile ou mème illusoire) et toute leur vie est orientée vers cet
unique but: se faire rendre justice par tous les moyens, mèmes
violents, dans beaucoup de circonstances.
L expert éprouve souvent les plus grandes difììcultés, à démon-
trer aux magistrats l’état d’aberration mentale de ces individus,
d’autant plus qu’en dehors de leurs tendances revendicatrices, ces
malheureux sont presque normaux, quelquefois mèmed’une intel-
ligence supérieure à la moyenne, comme c’est le cas pour nos
deux malades.
En outre, le point de départ de leurs réclamations, bien que
futile, est souvent justifié. Le médecin légiste doit passer en revue
leur existence entiòre, pour apprécier le caractòre morbide de
leurs préoccupations et acquérirla certitude de leur irresponsabi-
lité. Sa conviction doit ètre étayée sur des faits irréfutables, pour
faire la preuve que ces revendicants processifs ou quérulents sont
de véritables aliénés.
Geux-ci en imposent parfois aux magistrats, qui se iaissent
émouvoir par leurs doléances répétées et les considòrent souvent
eomme des plaideurs normaux. Leurs plaintes semblent tellement
justifìées, quecertaines personnes, victimes de persécuteurs délì-
rants et hallucinés , ont pu ètre condamnées par les tribunaux 2 .
1 Skhif.ux et Capuras. — Diagnostic du délire do revendicntion (Revue de
psychiatrie n'* 1, 1908).
- Afiénrs dèlirants pmerssifs pnr MM. Marcel Briand et Tissot (Bullrtin de
lu Socirtr de Medecinr /rgalc dr France , mui 1904).
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HEVUE DES LIVBES
Ces malades réagissent difTéremment: quelques-uns, dont la
contingenee des revendications continuelles, peut échapper à ia
perspicacité des juges, se contentent de disperser leur patrimoine
en írais de procès : ceux-lè ne sont pas dangereux et peuvent è la
rigueur ètre laissés au milieu de leurs semblables. D autres, au
eontraire, ont des réactions violentes, et les actes crimineis qu ils
sont capablesde commettre, sous l’influence de leurs préoccupa-
tions morbides, justifìent leur internement.
REVUE DES LIVRES
Bibliothèque de Paychologie et de Métapsychie, dirigée
par Raymond Meuxter, préparateur à l'Ecole des Hautes Etudes.
Volumes in-16 de 100 pages environ, Paris, Biond. — 1. Halluci -
nations télépathiques , par N. Yaschide. — 2. Le spiritisrne dans ses
rapports acec la J'olie, par M. Viollet. — 3. L'audition morbide ,
par A. Marie. — 4. Ĺes préjucjés sur la folie , par la princesse
Lábomirska. — 5. La patholofjie de l'attention , par N. Váschide et
R. Meunier. — 6. Les synesthésies , par II. Laures.
Cette bibliothèque est comme un complément de la Bibliothèque
de Philosophie expérimentale du père Peiliaube; elle permet, en
eíTet, sous son petit /ormat de publier des plaquettes.
Les volumes parus sont de valeur très inégale. Bien quel-
conque est celui de M. Laurès sur les synesthésies. M. Marie
groupe des faits assez disparates sous les titres génóraux d hypoa-
cousie et d hyperacousie. M. Viollet fournit des observations de
délire è forme spirite, mais étant donné le caractère de la Biblio-
thèque et le public auquel elles’adressenécessairement, il s'efTorce
de réserver les droits à la croyance des spirites en des phénomè-
nes surnaturels! La pathologie de l’attention est un résumé de
faits connus, mais dispersés ; leur réunion peut rendre des servi-
ces. Enfm le livre posthuniede N. Vaschide, sur les hallucinations
télépathiques, où l’on retrouve les faits et les idées de ses études
parues dans le Monist et dans le Bulletin de ía Société des Scienees
de Bucharest, est une des meilleures choses qu ait écrites notre
ancien collaborateur, prómaturément disparu. Bien qu’exprimées
en un langage obscur qui parait envelopper un profond mystère
comme ctans la science du moyen-áge, les idées sont au fond très
judicieuses et basées sur des faits intéressants et bien critiqués.
H. PlÉRON.
Essai sur le système psychologique d’Auguste Comte,
par Auguste Georges (Extrait des Archices d'Anthropologie cri -
minelle etde médecine lègale , Octobre-Xovembre 1908. Lyon).
M. Aug. Georges prétend combatlre l’opinion générale, d'après
iaquelle Auguste Comte n aurait pas laissé, dans son système,
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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de place pour les études psychologiques. Ce n’est là, dapròs
lui, qu’une interprétation que donnent ceux des positivisles
qui veulent trouver dans la doctrine du maitre un commode
prólexte pour éluder cerlaines questions embarrassantes. ISn
réalité, Aug. Comte n'a rejeté que les méthodes introspectives, et
pour M. Georges ce rejet n implique nullement la suppression
de la psychologie.
Les parties de l oeuvre de Comte qui traitent des questions
psychologiques paraissent assez disseminées. C’est, d’une part
dans la biologie, d’autre part dans la sociologie, qu’il faut
rechercher un essai d’interprétation de quelques phénomònes
de l’esprit. Mais ici ils sont uniquement envisagés au point de
vue social, et là mélangés à de bien grossières hypothèses
physiologiques, que le temps n’a pas tardó à rendre démodées.
M. Aug. Georges en convient mais pourquoi ne convient-il
pas ógalement de ce fait que sans les révélations de la con-
science, il ne saurait y avoir de psychologie mais uniquement
une physiologie et une biologie ? En tout cas, il est intéressant
de remarquer combien le grand positiciste a renoncé aux faits
positifs et évidents qui portent le nom de « fait de conscience,
sentiment, intelligence, jugement » pour systématiser avec har-
diesse des hypothèses physiologiques sans fondement et chercher
dans une fantaisiste anatomie de centres ignorés la métaphysique
grossière par laquelle il voudrait remplacer la psychologie d'in
trospection et d’observation. Cependant, d’apròs M. Aug. Georges,
Comte aurait tracé, par sesconseils, la voie deS modernes psycho-
logues dans les plans qu'il indique pour la Sociologie et
TAnthropologie.
M. Mignard.
Considérations sur les rapports de l’épilepsie latente avec
l’alcoolisme, par E. Gelma, interne des asiles de la Seine (1 br. 148
pages. Thèse, Paris 1908. Jacques éditeur.). — Parmi les sujets qui
présentent des manifestations du syndrome épileptique, il en est un
certain nombre, relativement bien partagés, qui peuvent éviter dans
une assez large mesure l’.apparition des accidents convulsifs. Chez ces
malades Taptitude convulsive existe, mais elle ne devient manifeste
que sous rinfluence d’une occasion, à défaut de Inquelle elle demeure
latente.
Bien des causes sont susceptibles de réveiller chez ces prédisposés
l aptitude convulsive latente; mais l alcool doit étre compté au nombre
des plus importantes. Ce preinier point esthors de toute contestation.
Quant au mode d'action de l’alcool, des boissons alcooliques en générai
et de celles qui contiennent des essences en particulier, il n’est pus
encore complètement élucidé et donne lieu à des interprétations
diverses : l’auteur estiine que les alcools et les essences agissent au
mème titre que d’autres intoxications ; il refuse donc aux uns et oux
autres toute action spécifique, mais il reconnait que dans certain cas
leur influence peut étre directe, en ce sens que leur suppression déter-
mine assez rapidement la disparition des crises ; dans d autres circons-
tances, par contre, l’hyperexcitabilité corticole n’est réveiliée que
secondairement, par les poisons dùs à i’action de ralcool sur les tissus
et les organes d’élimination.
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REVUE DES PÉRIODIQUES
77
Cette explication est, on le voit, assez diílérente de celles qui prétent
à l'alcool, et plus parliculièrement aux boissons alcooliques contenant
des essences, un pouvoir épileptogène particulier; elle revient à dire
que I épilepsie alcoolique n’est aussi íréquenle qu’à cause .de la grande
fréquence de ralcoolisme lui-méme.
Au point de vue pratique, et si I’on fait abstraction des cas où des
lésions viscéraies entrent en jeu, la discussion n’u d’ailleurs pas une
valeur considórable puisque dans l’une comme dans l’autre hypothèse,
le point essentiel du traitement consiste à supprimer Tabsorption
d'alcooi et à dóbarrasser le malade de ses habitudes de boisson. Cette
rééducation est. pour les alcooliques épileptiques latents, aussi impor-
tante et aussi nécessaire que lorsqu’il s’agit de buveurs présentant une
aptitude délirante; elle devra s’eíTectuer à l’avenir dans des asiles
spéciaux : les asiles de buveurs restent encore à cróer.
Des observations originales recueillies par l’auteur dans les services
de MM. JofTroy, Legrain et Vigouroux, une bibliographie abondante
documentent avantageusement I’ceuvre de Gelma qui constitue dans
son ensemble une très intéressante contribution à l’étude conjuguée
de l'alcoolisme et de I’épilepsie.
P. J.
REVUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANQAIS.
La Cliniquc (N°50, 11 décembre 1908).
ÈOURNEVILLE et Ch. Richet Fils, — Contrlbution à l’étude de la
paralysle générale juvénile. — II n’y a, entre la méningo-encéphalite
de Tadolte et celle de l’adolescent, aucun des hiatus symptomatiques
que i’on a créó ; il n’existe que des ditTérences de degré entre les
réactions cQrticales de 1 eníant et celles de i’adulte, disent MM. Bour-
neville et Ch. Richet. Et ils rapportent l’observation d'une fillette de
douze ans, hérédo-syphilitique, qui présentait de l’inégalité pupillaire,
de l'exagération des réílexes, du tremblement de la langue et des
mains, avec troubles de la parole, des signes de déchéance psychique
avec idées órotiques, idées de persécution et idées fixes.
(N* 3, 15 janvier 1909),
André Thomas. — L’anorexie mentale. — Sous ce nom on com-
prend tous les cas d’anorexie qui ne sont liés à aucune atTection orga-
nique et qui nesontque la conséquence d’un trouble psychique. C’est
un syndrome commun à divers états mentaux ; on peut le rencontrer
chez les hypocondriaques, les mélancoliques, les persécutés, les neu-
rasthéniques, les hystériques, les déments précoces, les phobiques, les
maniaques, avec des caractères variables suivant la catégorie de
malades.
Le diagnostic en est facile ; l’absence de tout signe organique Iève
tous les doutes.
Comrne traitement: l’isolement absolu ct fait en dehors de ia famille.
M. Genty.
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KEVUE DE PSYCHIATKIE
La Pressc Mèdicale (N # 7, 23 janvier 1909).
P. Hartenberg. — L’état mental des slnlstrés de Slcile. — Moni-
festations normales de 1 instinct de conservation sous sa forme dófen-
sive (peur paralytique et procursive)}; sous sa forme oflensive (violence
et meurtre) ; sous sa forme mystique (prière et fétichisme). Réactions
pathologiques dues au traumatisme physique et mental, psychoses et
nóvroses traumatiques, délire mystique, suicide, telles sont les princi-
pales réactions psycho nerveuses que M. Hartenberg étudie chez les
sinistrés de Sicile.
(N* 8, 27 janvier 1909).
M. Lanel. — Le spasme fonctionnel (Crampe des écrivains). Etio-
logie et traitement. Aux secouements des vibrateurs inécaniques (appa-
reils de Zander, de Max Herz) on superpose l'action calmante et circu-
latoire du massage à Fair chaud pratiqué à l aide d’un ventilateur élec-
trique donnant de l’air à 120*.
M. Genty.
Journal de Ncurologìe (20 novembre 1908).
Laignel-Lavastine. — Les troubles glandulaires dans les syn-
dromes démentlels. — L’auteur ne fait que poser les données du
problèrae, sans vouloir le résoudre. II indique la voie à suivre pour
ótudier cette question, encore si obscure, des troubles glandulaires
chez les déments (paralytiques, précoces, organiques et vésaniques).
(l er et 5 décembre 1908).
C. Paron et C. J. Ureciiia. — Quelques consldérations sur l’ln-
fluence de la menstruation sur la fréquence des accòs d’épilep-
sle. — La plupart des auteurs (Georget, Feré, Beau, Spartling,
Marinesco et Sérieux, Grasset, etc..) signalent l influence exagératrice
de la fonction menstruelle sur les attaques d ópilepsie. Les accès se
muitiplient en géhéral et peuvent gagner en intensité.
Elliotson et Bianchini ont observé au contraire des íemmes, chez
lesquelles la menstruation avait eu une action salutaire évidente sur
Tépilepsie. Dans le mème ordre de faits, Toulouse et Marchand ont
publié un certain nombre d’observations de malades épileptiques
n’ayant jamais étó menstruées. ,
En présence de ces opinions si divergentes, il serait intéressant d’étu-
dier raction exercée par I’opothérapie ovarienne, sur la fréquence et
l intensité des accòs d’épilepsie chez la femrae.
Or, jusqu’à présent, nous ne pouvons à signaler, à ce point de vue,
que les observations de Toulouse et Marchand, observations non con-
cluantes, puisque, sur cinq femmes épileptiques choisies parmi celies
qui présentaient des troubles menstruels, ces derniers auteurs obtin-
rent, sous rinfluence du traitement ovarien, trois améliorations et deux
aggravations.
M. Brissot.
L’Encvphale. (Partiepsychiatrique) (Décembre 1908).
A. Joffroy. — Troubles mentaux consécutifs à l’électrocutlon. —
Les troubles psychiques peuvent apparaitre après une électrocution
comine après un traumatisme quelconque, mais encore faut-il pour cela
deux conditions nécessaires, la prédisposition de l'individu aux trou-
bles mentaux, la localisation au niveau du cràne de Tagent vulnérant.
Après un rapide aper^u des travaux parus sur cette question, où sont
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REVUE DES PÉRIODIQUES
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examinétfs les conclusions des recherches de Prévost et Batelli, de
Leduc et de M ,u Robinovitch, 1‘histoire des troubles mentaux propre-
ment dits est abordée. L*observation d'Adam (1906) montre un cas de
paralysie générale consécutif à l’électrocution. D’autres observations
sont moins intéressantes, ou de valeur plus contestable.
Le nouveau cas prèsenté concerne un jeune ouvrier de 25 ans, dont
la téte a pris contact avec une plaque métallique influencée par un
courant de 720 volts. II perd d’abord connaissance, estétourdi et confus.
Après une póriode de quinze jours, il óprouve des vertiges, des
éblouissements, des bourdonnements d’oreilles ; puis deux pertes de
connaissance sans convulsion. La vue, l'ouíe s atTaiblissent progressi-
vement. Puis apparaissent des cauchemars et des hallucinations. Sa
íemrae 1‘abandonne. la maladie s’aggrave. Puis, après un retour de la
santé, qui dure quelques mois, s’installe un syndrome ataxo-paralyti-
que qui le conduit à la démence. II a présentó continuellement des
hallucinations auditives du còtó gauche.
E. Dupré et P. Froissàrt. — Un cas de délire onirique. — II
s’agit d'un cas très classique de délire onirique : les scènes « vues »
par le sujet sont seulement particulièrement macabres et extravagan-
tes. II faut noter cependant que le malade croit à un moment de son
délire étre endormì et voir dans son sommeil« intrication du rève
dans le rève méme. » Les auteurs remarquent enfin une période de
simulation qui a suivi la période véritablement délirante.
Annales mòdico psijcholotjiqnes (Janvier-Février 1909.)
D p Lucien Lagriffe. — Guy de Maupassant, étude de psychologie
pathologique. — Le D r Lagriffe fait paraitre dans les Annales une
série d’articles sur la psychologie morbide de cet auteur. Dans l'article
du nuinéro de janvièr, il montre les phénomènes de panophobie, de
phobies multiples, les terreurs et les hnllucinations s’emparer peu ù
peu de l'écrivain auquel elles suggèrent des contes bizarres, tels que :
Sur l'Eau , et, surtout: Lui ? 11 voit dans ces troubles mentaux le résul-
tat de I'intoxication alcoolique et du début de la paralvsie générale.
D* BràvoY. Moreno. Trad. du D r Arsimoles. — Auto-accusation
d’attentats terroristes chez un débile intellectuel. — Dans cette
note sor une expertise médico légale, nous vovons la description d’un
sujet dégónéré, débile intellectuel et moral, qui se livre à une auto-
accusation de terrorisme dans le but d échapper à la peine que pour-
rait lui attirer un délit de contrebande, peine qu’il croit devoir ètre
plus lourde que celle qu’il encourt par son auto occupation. L’auteur
met bien en relief l’influence de la crainte du chátiment physique sur
cet esprit rudimentaire. Ce cas nous parait rentrer tout à fait dans le
cadre des débiles morauxà réactions anti-sociales qu’a décrits récem-
ment le D r J. Courjon.
Archices d'Anthvopologie criminclle , de mòdecinc lògale et dc psycho-
logie normalc ct patholoyique. (Lvon-Paris). (15 janvier 1907.)
Ernest Dupré et René Charpentier. — Les Empolsonneurs. —
Cette étude historique, psychologique et médico-Iégale est un complé-
ment du remarquable travail du D r Charpentier sur les Empoisonneu-
ses. Hommes ou femmes, les empoisonneurs présentent les mémes
tares morales, obéissent aux mèmes mobiles . I'amour parfois, la cupi-
dité, l'ambition, la perversité les guident dans la conception et l’accom-
plissement de leurs desseins. Le crime d’empoisonnement est surtout
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UNivERsrry of michigan
80
REVL’E DE PSYCHIATRIE
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un crime familial. Nóron, les Borgia, René, le célèbre pnrfumeur de
Catherine de Médicis, Godin de Sainte Croix, omant de la Brinviliers
« professionnel de J’empoisonnement conime c'était un professionned
de l’amour », vingt autres empoisonneurs liistoriques défilent sous nos
yeux dans cette intéressante monographie.
L’histoire d’Antoine FranQois Desrues est considérée comme typique
par les auteurs. L’état mental de Desrues ne diíTère en rien de celui
des empoisonneuses. C’est bien, non pas un hystérique, mais undégé-
néró. II était intelligent, audacieux et volontaire. Le ínit le plus remar-
quable, c’est l anesthésie morale. La dissimulation, la sirnulation, In
mythomanie, la íabulation cpmplètent ce caractère, ainsi que la vnnité,
la malignité et la perversité.
D’autre part il faut considérer, chez les empoisonneurs, de véritables
aliénés, mélancoliques et paralytiques généraux, par exemple. Les
persécutés usent rarement de ce moyen, ce qu explique leur psycho-
logie.
M. Mignarix
NOUVELLES
Personnel des Asiles. — (Mouccmcni dc Jantìer 1909). — M. le D r
Cossa, médecin en chef des asiles publics d’aliénés, est nommé médecin
en chef de l’asile d’aliénés de St-Pons (Alpes-Maritimes), en remplace-
inent de M. le D r Planat, démissionnaire, inaintenu dans les cadres
du personnel des Médecins en chef des asiles publics d’aliénés. M. le
D r Tissot, médecin-adjoint à l’asile de Dury (Sorame), promu à la
classe exceptionnelle du cadre. M. le D r Pasturkl, médecin-adjoint en
disponibilité, nommé módecin-adjoint de l’aaile d’aliéné3 de Montde-
vergues (Vaucluse).
Distinctíons honoriflques. — Chccalicr de la Lègion d'Honncuv :
M. le D r Girma, Directeur-médecin de l'asile d’aliénés de Pau, est
promu à la distinction de Chevalier de la légion d’honneur.
Sont nonvnès Officicrs de Ulnstruction publiqnc : M. le D r Dodero,
médecin en chef de l’asile de Bron (Rhóne); M. Duprey-Lemansois,
commis principal des asilesd’aliénés de la Seine (Villejuif); M. Homery,
Directeur-médecin de I’asile d’aliónés do Bourges.
Officicrs d’Acadcmie : M. le D r Pain. Directeur-médecin de l’asile
d’aliénés de la Roche-Gaudon (Mayenne); M. le D r Ricoux, médecin-
adjoint de l’asile de Fains (Meuse).
Mùdaillcs dc bronsc dc VAssistancc publigue : M. Berthelot, sur-
veillant en clief à I'asile de Vaucluse (Seine); M. Gras, sous-surveil-
lant à l’asile de Vaucluse ; MM. Bellamy et Egron, infìrmiers á l’asile
de Vaucluse.
Concours d’admíssibilité aux emplois de médecins-adjolnts des
aslles publlcs d’aliénés. — Trente-six candidats étaient inscrits pour
le concours, dont les premières épreuves ont eu lieu le l er fóvrier 1909.
Le Jury était ainsi composé :
Président ; M. Granier ; Membres du Jury : MM. les D r ’ Anglade,
Dupré, Kéraval, Lépine, Marille et Raviart ; Juré suppléant: M. le
D r Bourdin.
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SOCIÉTÉS
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La composition d'anatomie et de physiologie a porté surle sujet sui-
vant; « Voirs ccnlralcs rfe la sensibUité . Anatoniic ct physiofoffie. » Une
durée de quatre heures était occordée aux concurrents pour traiter
cette question. La composition portant sur l’organisation des asiles et
Ia législation avait pour sujet : l’ « Intcrccntion rfe Vautoritè jurficiairc
d'après la loi rfu 30 Juin 1838. » (Durée de l’épreuve : deux heures.)
Les queslions restées dans l’urne étuient, pour la composition d’ono-
tomie-physiologie ;« Lobe frontal » et « Couches optiques »; pour la
queslion administrative : « Du travail des aliénés et de sa rétribution »
et « Les Commissions de surveillance ».
M. le D r Kéraval, indisposé, a èté rempiacé, pour la deuxième épreuve,
par M. le D r Bourdin.
Les épreuves orales et pratiques ònt ou lieu à 1’AsiIe Clinique et à
rinfirmerie du Dépòt.
Ont été admis, à la suite du concours, pour les asiles publics,
MM. Camus, Froissart, Perrens, Cotard, Latapie, Barbe, Vieux-Pernon,
Chèze, Salins, Mézie.
Et pour les maisons privées, MM. Gauthier, Suttel, Conso, Busard
Levert, Bebattel.
Concours pour la nomination aux piaces d’interne titulaire en
médecine dans les asiles publics d’aliénés de la Seine. — Les
épreuves duconcours pour l annéel909 commenceront le lundi 22mars,
à 2 heures précises. Les candidats doivent se faire inscrire à la Pré-
fecture de la Seine, Service des Aliénés (annexe de rHòtel-de-Ville,
2, rue Lobau) tous les jours de 10 heures à midi, sauf les dimanches et
jour fériés, du lundi 22 íévrier uu samedi 6 mars, inclusivement.
Nous rappelons que le dossier que doit íournir chaque candidat
comporte : 1° une expédition de l’acte de naissance; 2® un extrait du
casier judiciaire ; 3° un certificat de revaccination récente ; 4° le diplòme
de Docleur en médecine ou un certifìcat de 16 inscriptions prises dans
une Faculté ou Ecole de l’Etat, indiquant que l’intéressé n’a pas subi de
peines dísciplinaires graves.
Les candidats ne doivent pas avoir atteint 30 ans le l fr avril de
1 année où a lieu le concours (1909).
SOCIÈTÉS
sociEtE ob neurologie
(Sèancc rfu 3 Dècembrc 1908)
Hèmiplè<jic rfroitcct « aphasic motrice pure » ht/slèrifjues. — MM. Lai-
gnel-Lavastine et Hoger Glénahd rapportent lobservation d’un
homme de 35 ans atteint d’hémiplégie droite et d’aphasie motrice
pure.
Le malade n'a pas trace de surdité, ni de cécité verbales ; il écrit
spontanément de la main gauche. L’épreuve de Lichtheim-Dejerine
est positive.
L intelligence de cet homme est restée très vive : la mimique est
remarquable par une diversité et une intensité exceptionnelles.
Les auteurs rapportent ces troubles de la motilitc et du langage à
des rnanifestations hystériques.
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UNIVERSETY OF MICHIGAN
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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Vn cas de paralf/sic gènèrale chez un musicien proíessionnel. — (Pré*
senfcation du molade) M. Marcel Nathan. — Observation d'un paraly-
tique général, musicien professionnel, qui présente un aíTaiblissement
intellectuel peu marqué. Alorsque les facultés mnésiquesde ce malade
sont relalivement bien conservées, sa mémoire inusicale olíre au con*
traire des lacunes plus sensibles.
Le processus de mèningo-encéphalite diíTuse, a donc entrainé un
dóficit du langage de choix, che/ un musicien.
— M. Henry Meige rapporte un cas analogue d'amnésie spécialisée:
perte de la mémoire des paroles adaptées aux airs musicaux.
M. Brissot.
SOCIÉTÉ BEIjGE DE NEUROLOGIE
(Sèance du ? Noccmbre 190H)
A'/ora/dtohic cf instabilUù mcntule che* un enfant arrivrèl — M. Ley
présente à ia .Sociétú un enfant de 6 ans, atteint d ugoraphobie. Ce
jeune malade, manifestement dégénéré, et fìls de parents olcooliques,
se montre. par son instabilité, un véritable « asocial ».
M. Ley íait volontiers rentrer l'agoraphobie chez l'enfant, dans cette
catégorie que Frend appelle les « phobies communes », consistant en
une peur exagérée des clioses que tout le monde craint un peu : la
nuit, la solitude, la mort, la maladie.
M. Brissot.
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE
Scancc du 25 jancier 1909
Après l approbation des comptes du trésorier et l'installalion du
nouveau bureuu pour 1909, la Société, présidée par M. Legras, prend
connaissance d’une motion déposée par M. Antiieaume, proposant la
désignation par le sort des membres des commissions de prix. Cette
motion était également signée de MM. Colin et Pactet.
M. Colin déclare qu’il a très volontiers signé la proposition de
M. Antheaume. S il l’a fait, c-’est surtout pour attirer rattention sur
une question beaucoup plus importante puisque c est d’elle que dépend
l’avenir des jeunes médecins qui se destinent à la carrière des asiles.
II veut parler de la composition du jurv de l’adjuvat et de la désigna-
tion au choix des juges qui le composent.
M. Pac.tet appuie les observations de M. Colin, et M. Vallon se
joint à eux pour dennmder que la Société s occupe des réformes à
introduire dans l’organisation du concours de l’adjuvat.
M. Antheaume fait remarquer qu’en rédigeant la motion qui a élé
contresignée par MM. Colin et Pactet, il n’a pas eu rintenlion de lier
deux questions qui lui semblent distinctes l’une de l’autre, d'une part
le tirageausort des commissions do prix, d’autrepart les modifìcations
que l’on pourrait proposer pour le concours de 1 adjuvat. Sous cette
réserve, il accepte la proposition de MM. Colin, Pactet et Vallon.
M. Magnan propose d’envover cette motion à l’examen d'une com-
mission spèciale.
Le principe du tirage au sort des membres des commission de prix
est accepté après un vote à mains levées. II est procédé à l’élection
d’une commission chargée d étudier cette premiòre question. Cette
commission est ègalement cbargée d etudier les projets de réorganisn-
(Voir la saUc aprcs lc Bullclin bibliographiguc mcnsuel).
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SOCIÉTÉS
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tion du concoars de I'adjuvat. Sont élus membres decette commission:
MM. Vallon, Bhiand, Coun, Pactet, Antheaume.
M. Mignakd.
M Picqué : De Vorigine pèriphèrique de ccríains dèlircs. Dans une
précédente communication, M. Picqué a envisagé la méme question
au point de vue des doctrines et étudié spécialement la coenesthésie.
II se place, aujourd'hui, e.xclusivement sur le terrain clinique. Les
observations qu'il apporte á la Sociéló sont des cas de mólancolie
associée à des infections chroniques latentes.
Les auteurs ont souvent signalé la coexistence fréquente avec la
mélancolie de lésioHS somatiques, de troubles digestifs, d’amaigrisse-
ment, de déperdition progressive des íorces et de cachexie ; cette
coexistence les amena à étudier le ròle des affections organiques dans
ia genèse de la rnélancolie. (Esquirol, Loiseau, Azam). PIus récem-
ment Bouchard, KrcfTt-Ebing ont signalé l’heureux effet du traite-
ment de la dilatation de i’estomac sur certoins états mélancoliques.
Les diverses études qui ont été íaites sur les auto^intoxications abou-
tissent aux mémes constatations.
Aujourd’hui. la mélancolie est entrée dans une phase nouvelie ; elle
nest plus considérée comme une entité mais conmie un syndrome
pouvant apparaitre au cours d’aflections diverses. Ce n'est plus,
cornme l'a fort bien dit Joffroy, que I’expression psychique d’un
trouble somatique.
Si beaucoup d'affections médicales ont été signalúes, il n’a jamais été
réservé de place aux affections chirurgicales, dans l’étiologie de la
mélancolie.
Dans les observations que M. Picquó rapporte aujourd’hui a la
Société, la lésion sous-jacente à la mólancolie est constituée par un
íoyer infecté, mais il ne s’agit pas de délire infeclieux. Dans ce der-
nier, le dólire noccupe qu une place secondaire dans le syndrome
clinique ; ce qui domiue, c’est la confusion mentale accompagnée ou
non de délire de rève.
Dans les cas que M. Picqué étudie aujourd’hui et qui s’accompagnent
de délire mólancolique, tout phénoméne d’infection a disparu, l’état
de déchéance physique, de cachexie, que beaucoup considèrent
comme consécutif au délire, représente le trait d’union entre le foyer
iníectieux et l'état de déchéance mentale.
M. Picqué apporte ainsi une contribution à l’étude de l'origine
périphérique des délires, élargissant de la sorte la doctrine du ròle des
intoxications endogènes dans la genèse de la folie.
Les anciens auteurs qui admettaient la subordination du délire à uno
cause organique invoquaient la coexistence des deux élèments et
leur évolulion parallèle. L’aggravation ou i’amélioration simultonées
étaient pour eux la meilleure preuve, la démonstration déflnitive. Les
mémes arguments conservent aujourd’hui loute leur valeur, mais les
observations actuelles apportent des éiéments nouveaux.
L’acte opératoire, en multipliant les observations aulrefois trop peu
nombreuses pour entrainer la conviction, donne uno démonstration
quasi-inathématique.
D’autre part, la pathologie générale, l’anatomie pathologique et la
clinique nous renseignent sur la nature et la marche des processus,
les conditions de résistance de l’organisme, et expliquent des points
jusqu’ici restés obscurs.
M. Picqué étudie les diverses objections faites au ròle de la chi-
rurgie dans la guérison des délires et répond par l’examen rapide de
ses observations à ceux qui porlent de colncidence. II insiste sur lu
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REVUE DE PSYCHIÁTRIE
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rapiditó des guérisons (6 jours, 8, 26, 29 jours), apròs les inlerven-
tions. Parfois elle se montre ropideinent dans des délires aneiens
remontant à 2 ans, 6 ans, 11 ans. Dans le cas où elle lorde à survenir,
l’onatomie pathologique montre des alTections à foyers multiples
difficiles à guérir chirurgicaleinent, comme certaines mammites puer-
pórales, les suppurations difTuses des membres, les fìstules stercorules
etc.
Pour expliquer les cas dans lesquels la guérison ne se produit pas,
M. Picquó admet que le degré de la prédisposition intervient toujours
pour permettre la guérison ou l’empècher. La prédisposition, ajoute-
t-il cominande dans tous les cas la forme clinique.
Enfìn M. Picqué montre que les rechutes après opération ne peu-
vent amoindrir la valeur des résultals obtenus par l’intervention, puis
qu’oprès celle-ci le nialade conserve un terrain dégénératif, qui peut
permettre révolution d’autres délires dans des condilions difTérentea
ou identiques.
Enfln M. Picqué montre, à I’aide de ses observations, que la clinique
permet d’établir très nettement les rapports de rinfection et du délire.
M. Picqué conclut en disant que le concours des diverses branches
des Sciences Médicales est indispensable pour arriver à la solution du
problème des origines organiques du délire.
G. Collet.
SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE
Scancr tlu Jeut.fi 21 Jancicr 1009
Dèmcncc prccoce simjtlr. Enscmbfr tfc sit/ncs inìpufafdcs à dcs (rou -
blcs ccrcbcÙcux (Dèmcnce /trccocc du t;/f>c ccrcbcllcu.r) par A/. Henri
bufour. — La démence précoce simple, marquée par do l’inhibition ip-
tellectuelle, mérite une place à part à còté desformes franchement cata-
tonique, hébéphrénitjue, paranoi'de. C'est un de ees types morbides,
que représente le jeune malade de 23 ans qui foit l’objet de cette coui-
rnunicaLion. II n'est ni dèlirant, ni impulsif, ni excité, et à peine cuta-
tonique. II est éteint inteiiecluellement, apathique, incapable du moindre
efTort, pleure ou rit por accòs, sans motifs apparents. II passera la
journáe à lire un journal et sera incapable d’indiquer ce qui Va le plus
frappé dans sa lecture. II mange trop. II a perdu tout sentiment af-
fectif.
Les signes suivants appurtenanl à un trouble spécial de la motricité
méritent d'èlre groupés, car on les retrouve dans les lésions cèrébel
leuses : ce sont:
La catatonie, la litubation avec perte de i équilibie dans la marche,
l embarras de ia parole, la diadococinésie, du tremblement intermit-
tent. II arriverait souvent au malude de tomber. si on nelui prétait appui
dans la rnarche.
Aussi est il logique de runger ce cns dans une catégorie spéciale, qui
peut ètre appelée en pensunt anulomiquement démence précoce à
type cérébelleux.
Dans leurs autopsies de démence prècoce, MM. Klippel et Lhermitte
ont riotè cxpressément rutrophie du cervelet, constatation qui doit en-
trainer la possibilitè d’une expression clini«jueen rupport avec la lésion
onutomique.
DiscrssiON
M. Drpiu:. - Un Irouvt.* des lèsions du cervelet dans un grand nom-
hre de cas. notumimmt dans la paralysie gènérale où Anglade les n
bien ètudiées, et duns les psychoses toxi infectieuses. J’ai moi-mème
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socjl:tks
s:>
observé chez un malade, dont l’histoire est exposóe dans la thèse de
mon élève Latron, un ahcès du lobe droit du cervelet: Léopold Lévi a
publiè un cas analogue : dnns ces cas, existait, ò còtó de symptòmes
psychiques complexes. un syndrome céróbelleux très net. Babinski n
réeemment attiré l’attenlion de la Sociéié de neurologie sur la parti-
cípation probable du cervelet ù la production de la catatonie et de la
calnlepsie.
lcs lcsions rfe Ut rfèmonco prccoce à íor/ne catatoniquc. — MM.
Klippkl et J. Liiermitte. — Les altérations de l’encéphale consistent
essentiellement dans l’atrophie des cellules corlicales et dans une dis-
paritíon d’un grand nombre de cellules pyramidales accompagnée
d’une réactìon des éléments névrogliques. II n’existe pas d altèrations
méningées ni vasculaires. II existe donc à la base de la démence pré-
coce catatonique les mèmes lésions que celles qui sont ù la base des
outres tvpes de la démence des adolescents, c est-ù-dire d‘es lésions
limitées au seul terme neuro-épithélial.
Atrophie rfu cercelet rfans la rfc/nencc prècocc . — MM. Klippel et
J. J-.hermitte. — Nous avons montré dans des travaux précédents qu’il
existait au cours de la démence précoce des altérations du cervelet.
Celles-ci se font sur deux types: l tf L atrophie limitée ù un lobe
(Hémiatrophie cérébelleuse); 2* L’atrophie discrète des deux hémis*
phères cérébelleux avec diminution numérique des éléments de l’é-
corce du cervelet.
Les premières lésions sont prèatahlos ù Ia démence, les secondes
sont secondaires et eonséculives ù l’atteinte du cerveau au cours du
développement.
L’n cas rfc rfèlirc collcctif . — M. Dupré présente Tobservation d’un
délire hallucinaloire de persécution, communiqué par une femme ù
son mari et à ses enfants. La femmc manifeste depuis très longtemps
des idées délirantes qui se sont assez neltement systématisées il y a
environ deux ans: elles sont dirigées contre une ancienne proprié-
taire qui la poursuit dans ses domiciles successifs avec la complicité
de ses voisins; on l’injurie, on Pélectrise, on veut sa mort. L’alcoo-
lisme surnjouté a provoqué réceinment des hallucinations visuelles, de
Pexcitalion et de Panxiété. l ? n examen complet révèle, en outre, chez
la malade, quelques idées de jalousie et, par intervalles, des accès de
gaieté avec propos érotiques.
Lc / uari , débile, atteint de convulsions dans Penfance, portageait au
rnoment de son nrrivée ù PAsiIe les convictions délirantes de sa fem-
uie. II est persuodé qu un complot existe contre elle, qu’on veut les
expnlser de leur logeinent, et que leur voisin va tuer sa femme. II
éprouve des illusions auditives et des troubles de la sensibilité géné-
rale. La nuit, les deux époux se sentent électrisés dans leur iit, s'agi-
tent en des mouvements désordonnés, et. dans leur anxiétó et leur
irritation, en arrivent á se battre Pun l’autre. I.e mari reconnaít la na-
ture morbide des hallucinations visuelles (visions de bètes, d’armes
sous le lit) de sa íemme, convient que lout le inonde considérait celle-
ci eomme folle, mais ne voit dans ces propos qu’une méchanceté de
plus de la part de leurs ennemis.
Lcs enjìtnts , ùgés de 5 ans et 6 ans, ont, dons la mesure de leurs ac-
livités psychiques, éprouvé le délire des parents. L’un d eux, Iors d’une
scène de terreur, a ouvert la íenètre du logenient et a crié : « A Pas-
sassin ! on veut tuer nmman ! » Les deux gon-onnets ont subi Ia con-
togioa de la peur, et alarmé le voisinage.
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HEVUE DE PSYGHIATUIE
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L'ainé a mème raconlé un jour ii son père t sous l’influence de sug-
gestions inconscientes de ses parenls, que lu voisine l’avait attiré chez
elle. et lui avait conseillé de tuer sa mère nvec un revolver qu’elle lui
montrait. Cette scène, complètement imaginaire, a sa première origine
dans les hallucinatior.s de la mère : celle-ci, ayant cru entendre, à tra-
vers la cloison mitoyenne, ses voisins tenir à son enfant de criminels
propos, les répéta à son inari et eelui ci fit avouer au bébé une histoire
fantastique dont tous les éléments avaient èté fournis à I’enfant par
I’interrogatoire paternel.
Ce dólire collectif est un exemple classique de folie imposóe par une
déliranle ancienne et active à un conjoint débile et passif. La commu-
nication du délire s’est faite aux enfants par la contagion de la peur,
seul élément morbide par lequel des enfants aussi jeunes peuvent
communier avec leurs parents dans Torganisation de ce déiire de fa-
mille.
La dispersion de cette famille par I'envoi des enfants aux Enfants*
Assistés et la sépoiation des époux dissipera les eflets de la contagion
chez les sujets passifs et montrera, par Tévolution du délire chez le su
jet actif, ie degré de gravité pronostiqué de l’afíection chez notre ma-
lade.
Discussion :
M. Arnaud. — A cóté des cas où le délire est véritablement imposé
et dans lesquels le second sujet est, comme le disaient Lasègue et
Falret, « un aliéné par reflet », « un faux malade », il en est d'autres
dans lesquels le délire est partagé par le second sujet jusqu à l’halluci
nation inclusivement.
C’est ce qui a lieu dans l observation communiquée parM. Dupré. La
diflérence apparaít dnns ce fait que le délire persiste ou non chez le
second malade après sa séparation d’avec le premier. On odrnet góné-
ralement que le sujet passif doit ètre moins intelligent que le sujet
actif. II n’en est pas toujours ainsi ; j’ai observé un eas dans lequel le
sujet influencé étoit de beaucoup Ie plus intelligent des deux, mais il
ètait d’une nature faible et molle.
M. Dupré. — Dons le cas qui nous occupe. la séporation n montré
la persistonce du délire chez le sujet passif. Le délire du raori n’est
pas un simple reflet du délire de sa íemme: c'est une empreinte dura-
ble, dont la profondeur et la durèe sont directement proportionnelles
à la suggestibililé du dèlire contagionnè.
Un cas (tc syntironw r/tortYitfttc ttrcc troublcs nìcntniu\ — Mort. —
MM.Claude et J. Liiehmitte. —II s’agissait d’une malade alcoolique et
dèbile qui fut prise d’un dèlire onirique et d un syndrome choréíque
typique avec agitation musculaire identique à celle de la chorèe. La
malade succomba en prósentant les symptòmes typiques d’une seplieè
mie. L’autopsie monlra des lèsions cèrébrales surtout marquées au
niveau du lobe occipilal, épaississements méningés, iníìltrations
embryonnaires, atropliie des cellules pyramidales et réaction névro-
glique.
II ne s’agit pas ici d’un cas de chorée pure de Sydemtam mais
d’un svndrome chronique avec dèlire onirique d’origine alcoolique. La
mème cause qui a produit le dèlire a produit I’agitation musculaire. Ce
cas est superposable à ceux qui ont ètè dècrits comme chorée aigue
mortelle.
Uarult/sìc yèncrulc siircmur c/icj lc jtcrc ct sa Jtllc .— MM. Brissaud
et Gy, rapportent deux cas de paralysie générale ; i’un concerne un
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SOCIÉTÉS
87
hoinme de 55 ans, ancien syphilitique qui présenta, deux ans avant
l'éclosion de la péri-encóphnlite, une hémiplégie dont il guérit complè-
tement. Chez la íìlle de ce malode, la paralysie générale prit d’abord le
masque de la chorée puisde In sclérose en plaques et ce n’est que tar-
divernenfc que les symptómes de la véntable affection se précisèrent. A
proposde ces deux faits, les auteurs insistent sur le pronostic fácheux
qu^ comporte I'hémiplégie syphilitique ne laissant aucune suite et
uttirant l’attention sur le début polymorphe de ia paralysie générale,
ninsi que sur l'infanlilisme qui accompagne toujours cette malndie
Iorsqu’elle survient dans l’adolescence.
Un cas ile dèlirc dcs pcrsèciiíions atcc oscillation. — MM. Boudon et
Gléxard prósentent un malade atteint depuis plus de 4 ans de délire
des persécutions avec hallucinations et interprétations délirantes.
Chez ce malade, quiest un débile, les idées de persécutions présentent,
d’un jour à l’autre, des variations considérables. Après des périodes de
conviction profonde dans ses idées délirantes, le malade passe par des
phases où it les discute, où il en doute et méme où il se rend compte
de leur fausseté.
DlSCUSSION :
M. Gilrert Ballet. — Ce malade, que j’ai engagé MM. Boudon et
r.lénard à vous présenter, est intéressant par les oscillations de son
délire. II ne s’agit pas ici, qu’on le note bien, d’un dólire consécutif à
des hallucinations de l’oule, mais d’un délire de persécution primilií
dont les hallucinations auditives constituent une manifestation épisodi-
que et secondaire ; bien avant d’ètre holluciné, le maladeétait déflant,
jaloux, persécuté etunpeu persécuteur, au moinsàl’égard de safemme.
Les oscillations de la conviction délirante sont bien différentes des
rémissions et des intermitions qu’on rencontre assez souvent dans les
délires dégénératifs ; elles n’ont pas lieuà des intervalles relotivement
longs, cornme dans ces derniers mois, elles s’observent d’un jour à
l autre et quelquefois d’un moment à l’autre de la mème journóe. Le
malade,persécuté ò telle heureet convoincu de la réalité de ses hallu-
cinations et de ses idées maladives, devient à quelques heures d’inter-
valle hésitant, douleux. F.t notez qu’il reconnait sans diffìculté et nous
a íait part sans réticence de ses hésitations, de ses doutes, parfois
méme de ce qu il reconnait avoir été une erreur. II est en cela très
différent des persécutés chroniques à la phase d’inquiétude du début,
chez qui la conviction est, comme chez lui par intervalles, hésitante
mais uniformément hésitante.
Ces délires oscillants sont intéressanls à étudier, car je les crois
insuffìsainment connus. J‘en ai observé, pour ma part, plusieurs cas
très nets. Je suis notornment, depuis longtemps. un jeune ingénieur,
malhématicien distingué, qui semble aujourd’hui arrivé à une phasede
délire continu avec affaiblissement intellectuel, mais qui, pendant plus
d'un iin, a présenté un délire à allure à la fois mégalomaniaque et de
persècution essentiellement intermittenle. Chez lui, les intermit-
tences élaient mémes régulières et avaient lieu d’unjourà l’autre : un
jour le malade était un mégalomaniaque convaincu, croyait étre Prési-
dent de la République. prétendait résoudre Ies problèmes les plus
ardus ; le lendemain, il se rendait compte de I’absurdilé de ses idées
de la veille et )a confessait sans hésitation. La régulorité des intermit-
tences était telle que je m’étais posé la question d’une psyehose pério
dique possible, bien que le passé du malade ne eadrùt guère avec ce
diugnostic.
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
M. Chaslin. — J’ai observé plusieurs moladesde cegenre et j’eslime
qu'il est très imporlont d’étudier leur niveeu mentnl. II s’ogit, le plus
souvent, de délires survenant clioz des débiles ; un des malades quc
j ai observés était un grand dóbile qui, avant son entrée à l’asiie était
le jouet de son entourage. 11 restait plusieurs jours convaincu de ses
idées dólirantes, puis plusieurs jours doutant ou mème reniant ces
idées. Pourtant sa conviction, quond elle existait, était si entière
qu’elle l'o porté à des actes de violence dont il s’excusoit ensuite.
M. Gilbert Ballet. — Je crois aussi que la mojorilé de ces molades
sontdes débiles. Celui qu’on vient de monlrer l’est moniíostement.
Les cas, dont il est un exemple, dilTèrent ossez notablement de ceux
auxquels vient de íaire ollusion M. Chaslin. II no s’agitpas là de sim
ples réinissions ou exacerbations comme oiì en voit dans les délires
dégénératifs, mais d’oscillations ò très courts intcrvalles de lo convic-
tion dólirante.
M. Dupbé. — Chez de tels malodes, en porticulier chez les débiles,
la noture des réponses varie beaucoup, en vertu de la suggestibilité
des sujets, suivant le sens onirmotif, négatif ou dubitatif, et suivant la
tournure el l’intonation des questions qu’on lui pose. II me parait
nécessaire de tenir compte de cette couse d’erreur, non pos dans I’exa-
men du malode de MM. Boudon et Glénard, moisdans l’interrogotoire
des sujets chez lesquels on pourro soupQonner I’existence de ces oscil-
lotions du délire, signalées ń propos de ce eas, avec tant de justesse et
d’intérét par M. Gilbert Ballet et ses élèves.
M. G. Ballet. — 11 nepeut ètre question, dans le cas de MM. Bou-
donet Glénard, de la couse d’erreur signalée por M. Dupré ; de lui-
mème et en dehors de tout interrogatoire et de toutes les questions
tendancieuses, le malade aíflrme sa conviction délironte ou communi-
que ses hésitations et ses doutes.
Deux cns de paroìifsie f/ènèralc infantile. — M. II. Mondor présente
deux eníants atteints de para|ysie générale progressive. Les signes
somotiques sont surtout nombreux ; paralysie des membres infèrieurs,
tremblement des mains et de la longue, rigiditó et délormation de lo
pupille. L’achoppement de la parole et l’écriture tremblée sont nels. —
Les signes psvchiques marquent surtout le déclin de la mémoire,
l’absence du jugement ; leurs idées de grandetir sont présentes ; mois
les enfants font naturellement leur optimisme ou leur désespérance
selon leura moyens. La ponction lombaire fit découvrir une curieuse
lymphocytose et I’étude de ieurs antécódents me permet d’aíTIrmer la
svphilis héréditaire. En somme. il faut penser á la Pnralysie généralo,
mème chez un enfant, lorsque décroít son intelligence. Cnez ces 2
malades, que des certiíicats disaient seulement coléreux, débiles ; ce
sont la ponction lombaire et la rigidité pupillaire qui ont fortiílè le
diagnostic de Poralvsio gónérale juvónilo.
JigiF.LIER.
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SOCIÉTE CLINIQUE
DE
MÉDECINE MENTALE
Séance du 18 Jancier 1909
Prósidence de M. MAGNAN
SOMMAIRE
Composition clu bureau pour Vannèc 1909.
•
Elcctions. — Menibre correspondant : M. le D r Rougé (Calixte),
médecin en chef de TAsile de Limoux (Aude). — Membre associó
étranger : M. le D' R. Alvarez G. Salazar.
Prèsentations . — I. M. Vieux-Pernon. — Délire systématisé chez
un dégénéré dont la mère est atteinte de dólire poiymorphe. (Discus-
sion : MM. Ritti, Magnan, Colin, Leroy.)
II. M. Mignard. — Apparition de tics et de phónomènes convulsifs
liés à un délire mélancolique chez une dégénéróe héréditaire. (Discus-
sion : M. Colin.)
III. MM. Marcel Briand et Brissot. — Un cas d’onycho-tricophagie
chez une démente mélancolique. (Discussion : MM. Colin, Lwoff,
Roubinovitch, Magnan.)
IV. MM. A. Vigouroux et G. Naudascher. — Méningite tuberculeuse
terminale chez un dément précoce, dégénóró héréditaire, porteur
d’une lésion anciennede tuberculoseosseuse. (Discussion . M. Pactet.).
V. M. A. Marie. — Un cas de paralysie gónérale juvénile (?). Autop
sie. (Discussion : MM. Colin, Pactet.)
Composition du bureau pour l’année 1909
Préeidení : M. M.agnan, médecin de 1'AsiIe Glinique, membre de
l'Acadómie de Médecine.
Vice-Président : M. Ritti, médecin de la Maison Nationale de
Charenton, secrétaire général de la Société médico-psychologique.
Secrétaire général : M. Colin, módecin de l'Asile de Villejuif.
Trésorier : M. Dupain, médecin de l’Asile de Vaucluse.
Secrétaires des séances : M. Trénel, módecin de l’Asile de
Maison-Blanche.
M. Leroy, módecin de 1’AsiIe de Ville-Evrard.
M. Simon, médecin de l’Asile de S l -Yon (Seine-Inférieure).
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HEVUl': DE PSYCHIATniE
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Elections
Membre correspondant
Est élu à la majorité membre correspondant de la Société Cli-
nique de Médecine Mentale : M. le D r Rougé (Calixle), médecin en
chef de l’Asile de Limoux (Aude), présenté par MM. Magnan et
Briand.
Membre associé ètranger
Sur la proposition du bureau, est élu à la majorilé membre
associé étranger :
M. le D r AlvarezG. Salazar, Calla de Alfonso XII, 2, pral.
Valladolid.
PRÉSEŃTATIONS
I Délire systématisó chez un dégénéré dont la mòre est
atteinte de délire polymorphe, par M. le D r Vieux-Pernon,
service de M. Magnan. (Présentation de deux malades.)
C. Jules-Marie, sculpteur, 31 ans, est entré à l'asile le 5 janvier
1909. II est fìls naturel d’une mòre actuellement internée. On n’a
pas de renseignement sur le père. Le grand-père maternel alcoo-
lique et violent est mort paralysó à 48 ans.
C. n*a pas eu de maladie de lenfance. II est d’une complexion
plutòt faible et présente une asymétrie faciale marquée.
II fréquenta de 6 à 13 ans l’école primaire de son village ; puis
vint à Paris comme gargon de restaurant. Dès son enfancé, il se
montra très épris de son bon droit et de la justice ; il s'appliquait
à consoler ceux qu f il considórait comme des victimes du sort ou
de la mauvaise organisation sociale. Car de très bonne heure,
enclinà des rèveries humanitaires et nullement dirigé, il s’adonna
à de multiples lectures. D’autre part, enfant d’une fìlle-mère qui
avait fait parler d'elle dans sa petite ville, plus qu'un autre il eut
à soufírir de l’illégitimité de sa naissance. II fìt sa première com-
munion à 10 ans et fut pieux sans exagération. Lorsqu’il vint à
Paris, il se mit énergiquement au travail; il consacrait ses loisirs
à des lectures touchant à la question sociale et à laméliora-
tion du sort du genre humain. Partout où il passa, il laissa
l’impression d un gargon honnète et bon, mais souflrant diffi-
cilement la contradiction car, avec une très bonne opinion de lui-
méme, il était toujours prót à juger la conduite de chacun. II
s’indignait volontiers contre tout ce qu il considérait comme une
injustice et en gardait un souvenir profond. Chasseur dans un
restaurant, il faisait ses courses avec une serviette à la main.
Entrant un jour dans une église pour y faire une rapide prière, il
en fut chassé par un fidèle qui lui reprocha sa tenue incorrecte.
Depuis lorsil ne mitplusle pied dans un édifìcereligieux. Quelque
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SOCIÉTÈS
91
temps après, versl ège de 15 ou 16 ans, il organisait la gròvedans
un café ; il avait a se plaindre du patron.
Réíormé du service militaire après un an, pour bronchite sus-
pecte, il en revint plus ardent que jamais dans &es convictions. II
vécuí alors pendant deux ans auprès de sa mère, consacrant tout
son temps à des lectures et à des essais de modelage. 11 revint à
Paris en janvier 1902 où il suivit des cours de dessin et de sculp-
ture à l'école des Beaux-Arts etdes Arts décoratifs. II fréquentait
entre temps assidùment les bibliothèques. II servait par intervalles
dans lescafés et faisait de courles saisons dans des villes d’eaux
aíln de gagner quelque argent qui lui permit de vivre suivant ses
goùts. Et comme il avait réduit ses besoins au strict minimum, il
pouvait consacrer la plus grande partie deses jours et de ses nuits
à l’étude desquestions qui lui étaient chères.
II mena cette vie jusqu en janvier 1907, époque à lsqueUe sa
mère eut un accès dexcitation quil voulut soigner lui-mème,
d’après les instructions qu’il lisait dans des livres de médecine. II
conduisitsa mère en convalescence dans sa ville natale et y
demeura après sa guérison (janvier 1908). Il n’avait pas cessé de
lire et de s’informer de la queslion sociale. II faisait part de ses
travaux et de ses espoirs à une jeune fìlle qu’il aimait, à qui il
avait juré de rester chaste. II commencoit alors à se douter d’un
ròle important qu’il pourrait jouer. Revant d’une transformation
idéale de la société, il écrivait (Mai 1908) c< cela doit étre parce que
les mobiles qui me guident sont le grand amour que je ressens
pour les hommes et pour rhumanité. Et cela sera, parce que je le
veux, et parce que je suis chargéde l’enseigner *ux hommes. » II
íit, de juillet àseptembre, un séjour à Dinard aucours duquel il
eut deux hémoptysies. Enlre ses heures de travail il poursuivàit
ses lectures, les analysait et trouvait, dit-il, chaque jour des idées
nouvelles sur la question sociale et la recherche de la vérité phi-
losophique.
II revint dansson pays le 27 septembre. La certitude se faisait
de plusen plus grande dans son esprit de l importance de ses tra-
vaux. Et octobreet novembre le virenttravailleravec plus d’achar-
nement que jamais ; il consacrait ses nuits entières à la lecture et
aux réflexions les plus profondes; dormant à peine un peu le jour
et vivant dans la plus grande sobriété.
Ses lettres à sa fiancée róvèlent alors une allure très enthou-
siaste ; il ne lui propose rien moins que de quitter sa famille
et de l’accompagner dans son apostolat. II parcourt la cam-
pagne, répétant à haute voix le plan de ses futurs discours.
C’est au cours d’une de ces promenades que Dieu lui apparut,
dans le soleil, sous les traits d’un vénérable vieillard, à barbe
blanche, avec un triangle de feu sur la tète. Le méme jour,
il vit un nuage présentant 1‘aspect d’un cavalier franchissant un
obst8cle. Unevolonté, plusforteque la sienne, convainquit alors
C. qu’ilétait le Messie. « Comme le télégraphe recoit un ordre,
comme la télégraphie sans fil transmet un message au Maroc, dit-
il, les pensées surgissaient spontanóment dans son esprit. C’était,
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92
REVUE DE PSYCHIATniE
ajoule-t-il, une inspiration de Dieu qu’il percevait à cause de la
sensibilité spóciale de son cerveau, et parce que Dieu Tavaitchoisi
comme la créature privilégiée qui doit annoncer aux hommes la
venuedes temps nouveaux, la réalisation des prophóties. Des
effluves magnétiques comme une multitude d étincelles lui péné-
traient lecerveau; et plusieurs fois le Pòre éternel lui réapparut
sous le mémeaspect. » II lui arriva à diverses reprises de subir
« comme une sorte d’extase ». « Les oiseaux, écrit-il, voltigeaient
de branche en branche, me suivaient et accompagnaient mon
chant d'allégresse. » II vit, un aulre jour, sa fiancée lui apparaitre
« sous une forme fantomale dans la fluidité de l’athmosphère ».
II annonga alors à ses eoncitoyens qu’il était le Messie et fit des
prédictions. Et s’il n eut pas à présider le 22 novembre «àl’avant
dernier jugement » comme il le pensait, c’est que Dieu jugea que
son Messie ótait suffisamment éprouvé. Dès cette époque, il fit part
à Jaurès de ses projets et lui écrivit de nombreuses leltres. Mais
pour avoir des preuves scientifiques qui confirmeraient sa révéla-
tion, et pour mieux remplir son devoir, il vint à Paris.
II trouve alors dans la Bible et dans l’Apocalypse de saint Jean
la preuve absolue qu’il est « la réincarnation duChristw, etque
toutes les prédictions et ce qu’elles contiennent « se rapportent
exactement à ce que C. a dit. 11 est écrit dans les livres saints :
« Le Christ réapparaitra dans le monde comme un larron, il sera
le serviteur des serviteurs ». C’est de lui qu’il s’agit, car il est
enfant naturel, d’une basse extraction et il sert dans les cafés.
« Comme un éclair partant d’Orient et apparaissant à l’Occident,
tel paraitra le fils de l’homme».
II est Breton. « La femme sera tentée par le serpent et vaincra
leserpent». Or une jeune fille non seulement a repoussé ses
caresses, mais lui a fait jurer d’observer la chasteló absolue.
« Le serpent ira s’échouer au bord de la mer sur le sable. La
béte sera frappée d’une mala^ie mortelle, maiselle en guérira. Sa
* blessure se rouvrira de nouveau ». Or C. a fait un séjour sur la
plagede Dinard, aucours duquel ileut, à deux reprises, deshémop-
tysies. « Cet homme fera des prodiges. Pendant 42 mois il aura
le pouvoir de faire descendre le feu du ciel sur la terre ». C.
a trouvéla solulion du problème social, les preuve3 scientifiques
de l’existence de Dieu. II a eu le pouvoir, caril a exercé sur Jau-
rès une influence manifeste ; il a en effet retrouvó dans nombre de
journaux toutes les idées qu’il avait transmises à Jaurès. Etla fin
du monde surviendra dans 41 mois.
Continuant à paraphraser les Evangiles et sous l’influence
directe de Dieu dont il est le Messie, C. veut absolument
s’opposer aux luttes fratricides qui vont bientót ensanglanter
la terre. Comme il sait que Clémenceau est un anarchiste
qui favorise le bouleversement social pour faire triompher
ses idées, C. a voulu en prévenir Jaurès par une longue
lettre. La lettre écrite, pour se conformer au précepte de
Salomon « il vautmieux s’adresser au roi qu’à ses ministres », il
décida de la porter directement à Clémenceau. Incertain du domi-
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SOCIÉTBS
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ciledu premier ministrechez lequel il se dirige8it vers 10 heures
du soir, il s adressa aux agents de planton. Ceux-ei lui demandè-
rent des explications et l emmenèrent au poste.
Depuis son entrée à l asile, le malade est de plus en plus con-
vaincu de la grandeur de sa mission. II protestesans violence con-
tre son internement qui fait sans doute partie des épreuves
prédites dans l’Apocalypse. Mais il redoute de voir s’établir une
complicité entre le médecin et le ministre, qui rempécherontd’ac-
complir sa mission. II lit, prend des noles, s’intéresse à ce qui se
passe autour de lui et attend le jour, où percé decoups, il succom-
bera en s’interposant entre le peuple et l’armée, car il est écrit :
« II mourra d’un coup d epée ».
ÍNTEnnOGATOIHE DU MALADE
Le malade entre avec calme, manifeste peu d étonnement de
se trouver au milieu de cette assistance. II est très ordonné et
répond posément aux questions qui lui sont faites.
M. Ritti. — Comment les idées que vous avez vous sont-elles
venues ?
Le malade. — J'avais eu d'abord une intuition vague. J'étais sous
1 empire d’une certaine excitation cérébrale. Dans mon cerveau
germaient ces idées.
M. Ritti. — Etiez-vous dans votre état habituel quand ces idées
survenaient ?
Le malade. — J’ótais comme dans l’attente de quelque chose,
mais j’étais dans mon étatnormal. C’était quelque chose de mys-
térieux.
M. Ritti. — Ces idées venaient-elles de vous ?
Le malade. — Je ne crois pas que ces idées venaient de moi. Je
n aurais jamais cru que j’étais destiné à ce róle, j’avais une force
magnétique dans ce moment-là.
M. Ritti. — Avez-vous vu quelque apparition ?
Le malade. — J’ai vu l’image d’un vieillard avec un visage
calme. J’ai vu aussi dans un nuage un homme sur un cheval.
Cela ressemblait à Napoléon passant le grand St-Bernard.
M. Ritti. — Avez-vous entendu dire que vous auriez une mis-
sion ?
Lemalade. — Je ne voulais pas ycroire. Mais dans TEvangile
et l’Apocalyse, j’ai vu que bien des choses se rapportaient à moi :
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04 rtEVUE DE PSYCHIATniE
dans mes crachements de sang, dans la femme qui se refusait à
moi, par exemple.
M. Ritti. — Ces idóes ne vous onl pas surpris ?
Lemalade . — C'est touL naturel ; j’efi d’ailleurs l'esprit scienlifi-
que et je réfléchis.
M. Ritti. — Vous avez dit que vous aviez vu Dieu ?
Le malade . — Je croyais autrefois à Dieu, mais comme abslrac-
tion et non comme une réalité, mais maintensnt je l’ai vu. Je
suis effrayéquand j'y pense, effrayó et joyeux à la fois.
M. Ritti. — Avez-vous eud’autres apparitions?
Le malade . — J’ai vu des signes, des mouvements dans les étoi-
les, comme une téiégraphie. Cela signiíìait que les ternps étaient
venus.
M. Rtti. — Commenl avez-vous compris cela ? Cela vous a t il
ótéditou imposé par quelqu’un ?
Le malade. — Cela m'est venu par intuition. Cela nc m’a été
imposé par personne. Je réfléchissais. Puis j'oi voulu consulter
les livres saints pour vérifler.
M. Ritti. — Quelles étaient vos lectures habituelles ?
Lc malade. — Je m'occupais de philosophie, j étudiais Pascal,
les philosophes.
M. Ritti. — D'après vous, que signiílait cette apparilion ?
Le maladc. — Selon moi, c’étaitle cheval de l’Apocalypse... Je
n’aurais pas eu conscience de ma mission si je n’avais pas lu
l’Apocalypse. Cest à ce moment que j'ai trouvé la solution de la
question sociale.
M. Ritti. — Yous n étiez pas un peu nerveux ou fatigué ?
Le malade. — Jamais on n’a constaté chez moi aucune nervosilé.
Par exemple j'ai pu soigner moi rnème rna mère pendant un an,
je n'étais alors nullement surmené.
M. Ritti. — Avez-vous ròvé queh|uefois de vos idées ?
Le rnalade. — Je ne rèvais pas de ceschoses-là... Je suis scien-
tifìque. J’ai cherché à raisonner. Je n’ai rien fait qui soit du mys-
ticisme.
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SOCIÉTÉS
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M. Ritti. — Comment expliquez vous queces idées vous soient
venues ?
Le malade. — J ai considéré que c'était de l inspiration. J’écri-
vais mes lettres d’un seul jet. Mon cerveau s’imprégnait de ces
idées et j'écrivais d’un seul jfet.
M. Ritti. — Cela ne-vous fatiguait pas ?
Le mahule. — Quelquefois je sentais un peu de fatigue, mais
j'évitais de me surmener. Si j ecrivais la nuit, je me reposais le
jour.
M. Ritti. — Vous n’éprouviez dans ces moments aucune sensa-
tion particulière ?
Le malade . — J’étais dans le calme complet, c elait quelque
chose de mystérieux, comme une attente : j’avais l'intuition è
l avance qu’il allait y avoir quelque chose.
C... Esther-Louise, entrée le 7 janvier 1909, est íìlle d un père
alcoolique, violent, « vieux chouan » qui aurait voulu voir tous
ses enfants entrer en religion. Elle a eu trois sceurs religieuses ;
deux sont mortes de tuberculose pulmonaire, l’autre est vivante
et bien portante ainsi qu’un írère ainé. Deux enfants, dont l’un a
fait l’objet de la présentalion précédente : l’autre parait n avoir
pas été loin de partager le délire de son frère. De tout temps elle
aurait été très nerveuse, sujette aux maux de téte etaux migrai-
nes. Elle a eu beaucoup d’ennuis dans sa jeunesse. II y a une tren-
taine d’années après avoir eu ses deux enfants d’un cousin qui lui
avait promis le mariage, elle fut abandonnée. Peut-ètre aussi ne
voulut elle plus de lui. Verscette époqueelle eut à subir quinze jours
de prison pour avoir écrit une letlre au commissaire de police de
sa petite ville. Elle lemenagait de lui jeter du poivredans lesyeux.
Ce cornmissaire aurait voulu avoir des relations avec elle, « pour
la pousser à la prostitution, la faire mettre en carte, et en faire,
dit avec émotion son fils, de la vi8nde à soldats comme beaucoup
de malheureuses n. Elle eut ensuite, pendantquelques années, une
vie assez malheureuse, ne trouvant pas toujours du travail. La
eonnaissance d’un ami fìdèle améliora son sort, elle eut depuis
lors une existence plus régulière.
Sentimentale à l’excès, elle dévorait tous les romans-feuilletons
qui lui tombaient sous la main, et cultivait assidùment la
romance. Elle av8it de fréquentes discussions avec son ami,
à propos de ses fìls dont elle défendait volontiers les idées,
et qu’elle aurait voulu constamment garder avec elle. A Paris
depuis 1902, elle eut en janvier 1907 un accès d’agitation au
cours duquel elle cassait des carreaux, frappait son entourage;
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elle prétendait posséder une automobile, habiter dans un tom-
beau. Vers la méme époque, elle crut qu’on voulait l’empoison-
ner et refusa parfois la nourriture pendant plusieurs jours. Après
discussion avec l’ami de leur mère, homme occupant une situation
sociale distinguée et qui proposait l’internement, ses fils l’emme-
nèrent et la soignèrent eux-mèmes à leur faqon dans une villa.
Elle demeura pendant toute l année 1907, présentant des alterna-
tives d’excitationetde dépression. Après une courte convalescence
dans son pays natal, elle revint avec son ami en janvier 1908,
complètement remise. A l occasion de l’arrestation deson fils ainé,
elle s’excita peu à peu. Elle se présenta au parloir de l’admission
riant et chantant, et dans l’impossibilité absolue de donner des
renseignements utiles sur son fils. Deux jours après, son ami la
plagait dans le service.
A son entrée, la malade très excitée, loquace, tient des propos
décousus, mais au milieu desquels ómergent surtout des idées
ambitieuses et érotiques. Elle est enceinle et vierge à la íois.
Son mari, prince du Congo est fatiguó ; il lui faut quelqu’un de
plus vigoureux et capable de satisfaire ses désirs. Elle est prin-
cesse, poète, historienne et académicienne. Elle est le progrès, la
vérité méme ; elle ensevelit tous les secrets. Elle entend dire du
mal d'elle, et pergoit de mauvaises odeurs.
Depuis son arrivée son attitude n’a guère varié ; elle rit, faitdes
jeux de mots, chante des romances et des morceaux d’opérette.
Elle déchire ses draps, son maillot, crache dans ses mains et un
peu parlout. Elle sent l’odeur de la mort. Lorsqu’on lui parle de
ses fils, elle prononce par instant des paroles qui semblent se
rapporter au délirede son fils ainé. Elle nous dit que ses filsnous
suivent partout, sont toujours avec nous, et nous prend pour une
personne de son pays. Elle dort peu, cause ou chante presque
constamment.
Interhogatoire de la malade
La malade entre d’une fagon désordonnée, les vètements défaits,
interpelle l’assistance. Allures maniaques.
M. Magnan. — Pourquoi vous agitez vous ainsi ?
La malade. — Je suis comme vous, j’ai besoin d air.
M. Magnan. — Est il vrai que vous soyez princesse ?
La malade. — Je suis princesse, poète, historienne, académi-
cienne de toutes les Acadómies de Erance... J’ai l’honneur de vous
saluer... Donnez-moi 5 centimes.
M.Magnan. — Est il vrai que vous soyez vierge el enceinte ?
La maladc. — Oui vierge et enceinte de 5 mois.
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M. Magnan, — Est-ce parce que votre fils estle Christ que vous
dites cela ?
Lamaladc. — Oui, absolument, Monsieur.
MM. Colin et Leroy domandents'il n’y a pas de signes de para-
lysie générale.
M. Magnan. — Elle est seulement incohérente excilée.
M. Vieux-Pernon. ~ II est intéressant decomparer les trou*
bles mentaux de ces deux malades, que le hasard nous a permis
d'observer à la meme époque, en plein épanouissement de leur
délire. II ne saurait étre ici question d’un délire à deux ; pas plus
que de deux états identiques.
Malgré Tadmiration que la mère exprime parfois pour l'intelli-
gence de son fìls, Mme C..., hallucinée, excilée, en proie à une
activitó désordonnée, émet des idées délirantes polymorphes de
persécution et de grsndeur. Mais ce délire est peu cohérent, il a
éclaté brusquement, et l’épisode actuel a étó précédé, il y a plus
d’un an, par un premier accès tròs analogue et s’étant terminó par
la guérison.
Le fìls au contraire, calme, lucide, maitre de lui, poursuit depuis
plusieurs années levolution d’un délire mystique systématisé,
qui pourrait le conduire, malgré sa résignation auxépreuves pos-
sibles, aux actes les plus regrettables. II n’y a paseu de rémission
dans cette évolution délirante, qui fut longtemps compatible avec
un travail intense, à la íois intellectuel et inatériel. Cependant, si
au cours de ces derniers mois, l’activité morbidea paru renforcée,
si les « révélations » sont devenues plus précises, et si quelques
hallucinations épisodiques se sont ajoutées aux interprétations,
peut-étre faut-il en accuser la vie ascétique menée par le malade,
et le surmenage intellectuel et physique auquel il s’était soumis.
II. Apparition de tics et de phénomènes convulsifs liés
& un délire mélancolique chez une dégénórée hóródítaire,
par M. Mignard ; Service de M. Toulouse (Présentation de
malade).
M. ie D r Magnan a rendu classiquelaconception d’après laquelle
les phénomènes psychomoteurs, tics ou impulsions, les phéno-
mènes sensoriels hallucinatoires et les phénomènes délirants sont
étroilement unis chez les. dégénérés.
Ces divers symptòmes morbides se remplacent, coexistent ou
disparaissent ensemble sans qu’il soit souvent facile de trouver
une filialion directe entre les manifeslations variées d une méme
constitution psychologique. II est cependant des cas où l on peut
constater que l’un de ces phénomènes a véritablement élé lacause
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occasionnelle d’un autre accident, la cause réelle devant toujours
ètre recherchée dans 1’état mental du sujet. Ainsi M. leD r Arnaud
a prósenté à la société de Psychologie l’observation d’un malade
qui, durant la plus grande partie de son existence, avait donnédes
signes certains de dégénérescence mentale. II était, en particulier,
fréquemrnent obsédé par Tenvie de lancer, du bout de íon pied,
des cailloux sur les rails des tramways ; pendant de longues
années il dut satisfaire à ces impulsions motrices, sans les voir
se compliquer daucun phénomène délirant. Enfin, le délire fit
son apparition, et le malade fut convaincu qu il était influencé, et
qu une force supérieure l'obligeail à se livrer à cet acte, point de
départ de sa vésanie.
Chez notre malade, l’ordrede fìliation des accidents est inverse:
il s agitd’un tic assez compliqué, survenu au cours d’un délire, et
paraissant objectiver, en quelque sorte, les préoccupations de la
malade. Voici, en quelques mots, son histoire, qu’il est préférable
de dire en son absence, étant donnés son caractère mélancolique
et la nature de ses préoccupations.
La malade S. est bien certainement unedégénérée héréditaire :
elle est issue de consanguins. Son père, atteint de cancer de la
lòvre, s’est suicidé. II parait avoir eu des habitudes d’alcoolisme.
Son frère est inort à 40 ans, interné à Bicètre. Pendant son
enfance, la malade S. ne scmble pas avoir présenté des troubles
mentaux importanls; les renseignementsdonnés tendentàprouver
qu elle s’est bien et rapidernent développée. Elle était intelligente;
elle a obtenu à 13 ans le certiíicat d’études. Son caractère était
sérieux et ouvert. Les règles ont fait leur apparition à l’àge de 13
ans ; la menstruation était régulière. Elle s’est mariée deux fois
el n’a pas eu de grossesse.
Elle Iravaillait au Fondoir central, lorsque, il y a trois ans, le
délire est survenu. Elle s'irnagine qu'un employé de cet établisse-
ment la regarde, lui fait des signes, veut l’attirer dans un coin,
bref, qu’elle est l’objel d'une persénition amoureuse. Pendant
assez longteinps, elle sest reprorhé, selon ses expressions,
d‘« avoir donné un coup d’oul à ret homme ». Ce serait là, d’après
elle, un acte rriminel, puis(|u’elle rst mariée. Maintenant elle
se préorcupe seulement de lui avoir permis de la regarder : elle
aurait dù protester, mais elle n'a pas osé. Son mari, bien sùre-
rnent, a ressenti un vif chagrin à la suite de rette aventure : aussi
l'existence est-elle un íardeau pour notre malade. Quelques hallu-
rinations auditives paraissent avoir rontrihué à la íormation de
son délire.
Klle a plusieurs fois tenlède se suicider. Fne première foiselle
a voulu se noyer, et a étè internèe rt ronduite à Vaucluse. Elle
sort assez rapidemrnt dr l'Asilo, (dle revient ehez elle et veut
travailler ; rlle passií trois jours au Fondoir, ìnais, à l’idée queson
prrsécutrur va rrvimir, ellr quitle rette maison. Une deuxièine
tentalive dr suiridr (rlhì voulait se jeler sur la voie du rhemin de
íer doceinture) la ramrne à Vaucluse. Elle en sortaprès quelques
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semaines, pendant lesquelles elleaurait présente pour la première
fois les troubles de Ia démarche que, peut-ètre, nous pourrons
eonstater. Elle revient donc chez son mari, et c’est pendant cetle
période que débutent les tics et mouvements involontaires qui,
depuis lors, ont toujours persisté. Son mari a parfaitement remar-
qué que les gestes en question avaient primitivement pour but
d ecarter d'imaginaires persécuteurs amoureux. II est facile, d ail-
leurs. de vérifler, maintenant encore, cette origine des mouve-
ments involontaires. II suílit de s approcher de la malade et de
manifester l’intention de l'examiner pour qu’elle repousse son
interlocuteur, disant que a ca n’est pas dans son idée », et le geste
de défense finit comme le tic habituel.
II semble qu à la rròme époque elle ait commencó à soupronner
ses voisins de divulguer son histoire, et de vouloir faire du tort à
son mari et à elle-mème.
Elle essaie encore de se suicider ; elle monle sur la fenèlre et est
empèchée par sa mèrede mettrecet acte à exécution.
C'est à la suite de ces óvénements que la malade a été conduite
à Tasile Saint-Anne, et à Yillejuif, dans le service de M. Toulouse.
C’est là que nous avons pu observer un essai de suicide réelle-
ment grave ; la malades’est, en eíTet, enferrnée dans unechambre
et eilea ouvert un robinet à gaz, maintenant sa tète au-dessus de
ce robinet.
\'oici cette malade dont fattitude est celle d’une mélancolique.
Elie reste généFalement assise, et elie laisse fléchir sa tète en
avant : le regard est fixe sous les paupières abaissées. Parfois
elle pleure. Elle conserve une immobilité presque absolue qu‘in-
lerrompent, de temps en temps, des mouvements involontaires.
La physionomie est celle d une mélancolique anxieuse, le front
est plissé de rides asymétriques. Ln strabisme interne accentué
prédomine du còté droit, les coins de la bouche sont abaissés et
comme pincés.
A chaque instant, et surtout lorsqu on lui adresse la parole, la
malade exécute les mouvements suivants : la main gauche, plus
rarement la maindroite, repliée (les doigts en flexion, tandis que
l’avant-bras se place en pronation forcée), est portée jusqu’à fais-
selle gauche. I.a main se fléchit encore sur l'avant-bras, puis le
bras est étendu, l’avant-bras et la main projetés en bas et en
dehors, faisant le geste d écarter. Après un mouvement de cir-
cumduction, le cvcle recommence. On peut noter dans ces mou-
vements un certain rythme. La tète oseille de droite à gauche. La
bouche se pince, et l air, aspiré, fait entendre un claquement
caractéristique. Voilà ce qu’estdevenu le primitifgeste de défense.
Ce phénomène revét parfois l’apparence du tic eonvulsif. A
d’autres momenls, et le plus souvent, il se répète comme un geste
d’habitude. Enfin, il est suspendu dans certains états de 1 atten-
tion,dansle travail, par exemple. Son étiologie, jointe à son
caractère souvent rythmique et l absence des phénomènes qui
aceompagnent, d'après Gillesde laTouretteel Charcot, le véritabje
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tic convulsif nous a conduit à rechercher la névrose hystérique.
Nous avons pu mettre en lumière, chez cette femme de quarante
ans qui a toujours, à nolre connaissance, ignoré sa maladie, des
stigmates évidents de eette affection : rétrécissement du charap
visuel, hypoesthésie variable dans sa localisalion, troubles bizar
res de la démarche et de la station se rapprochant de l’astasie
abasie hystériques, périodes de niutisme, etsurtout un espèce de
gloussement ou d aboiement qui accompagne souvent Texéculion
du tic, enfìn, le strabisme.
Notons, comme stigmates de dégénéreseence, une légère asyraè-
trie faciale, et la forme ogivale du palais.
Nous croyons pouvoir afflrmer que les symptómes d hystérie
n ont pas été suggórés à celte malade, qui semble avoir toujours
ignoré sa névrose, et n'en manifeste, sans doute, les principaux
signes que depuis peu de lemps. Ce point est digne de remarque à
l’époque où la conception de Charcot est particulièrement coin-
baltue.
L’absence des troubles du caractère décrits sous le nom de« ca-
ractère hystérique », et qui, d’après les nouvelles idées, feraient
le fond méme de cette maladie vient porter un nouvel argument
aux opinionsque M. le D r Colin a toujours soutenues. Pourquoi
la malade, dont personne ne s’occupait particulièrement, aurait-
elie présenté, à divers moments, les périodes de mutisme caracté-
ristiques ? La véritable douleur qu’elle manifeste etune sérieuse
tentative de suicide, observée à 1‘asile, confìrment ce poinl de vue.
Les phénomènes moteurs, d’autre part, selon la loi des accidents
hystériques, sontarrètés parcertaines modifications de l’attention,
dans le travail, par exemple.
D’autrepart, ces manifestations d automatisme moleur, succes-
sives au délire, pourraient contribuer à éclairer 1‘étiologie des
hallucinations psychomotrices des aliénés, hallucinalions qui sou-
vent, d’après Séglas, se confondent avec des impulsions réelles.
Supposonsen effet quece tic, produitpar le délire, devienne lui-
méme l’objet d’une conception délirante, et nous pourrons recons-
tituer un phénomène analogue à certaines hallucinations motrices
ou verbales motrices, fréquentes chezles persécutés. On pourrait,
par ailieurs, le mettre en rapport avec les mouvements de défense
stéréotypés de nombreux déments vésaniques.
Les troubles moteurs, les obsessions, les impulsions qui. déri-
vent de la méme constitution mentale que le délire et dont l’appa-
rition se rattache au délire lui-mème sont devenus à ce point
indépendants qu’ils constituent à l’heure actueile la préoccupation
à peu près unique de la malade. C’est parce qu’elle ne peut mar-
cher, agir comme tout le inonde que la vie lui parait mainlenant
intolérable. Et d’ailleurs elle commence à inlerprèter cessymptò
mes : autrefois, elle voulait se suicider ; maintenant on l’y pousse,
dit elle ; et pourquoi lui faire du lort en la maintenant dans cet
état. Elle préfèrerait donner son a?il, si c’estson a^il qui a péché !
Ses obsessions de suicide et sa inélancolie sont intimement
unies au tic et uux phénomènes moteurs. Les stigmales hys-
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tériques représentent une autre manifeslation morbide, pour ainsi
dire associée. Mais ces deux groupes d'accidents caractérisent la
déchéance de la synthèse menlale, rautomatisme psychologique,
pouremployer l heureuse expression de M. Janet. Notre malade
présente un grand nombre de stigmates mentaux de dégénéres-
cence. Seulement, au lieu d’exister à l'état sporadique, ils réagis-
sent leB uns sur les autres et s influencent mutuellement.
M. Colin. — La malade que vientde vous présenter M. Mignard
nousavait particulièrement intéressés, en raison de la complexité
des symptómes observés, du retentissement des phénomènes
psychiques sur les phónomènes moteurs, et réciproquement.
Le tic dont elle est atteinteconstitue l’unedes nombreuses mani-
festations motrices que nous remarquons chez elle, spasmes du
cou et del épaule, astasie-abasie revenant par intervalles, mouve-
ments spasmodiques du bras droit, gloussements, et parfois perte
complète de la parole.
Le tic lui-rnème parait ètre un mouvement de défense et vous
venezd apprendre dans quelles conditions ils’est manifesté pourla
première fois. Uneobsession, née d'une cause íutile, prend rapide-
ment uncaractère assez aigu pourdéterminer un délire mélancoli-
que avec idées et tentatives de suicide. La malade est internée à
lasile de Vaucluse, en sort an bout de six semaines pour y étre
reconduite peu après à la suite d'une nouvelle tentative de suicide.
Revenue chez elle, elle est prise d'un tic du bras gauche qui n'a
jamais disparu depuis.
Ce tic a tous les caractères du tic ordinaire. On y trouve trois
élémentsbien nets : d’abord l’idée de défense qui provoque un acte
répondant à un but bien déterminé. Puis enfln le tic consti-
tué. c'est-à dire l’acle devenu une habitude impossible à réfréner
volontairement, disparaissant pendant le sommeil ou lorsque
i'attention est occupée ailleurs.
Mais le íait sur lequel on ne saurait trop insister c’est: 1* l’in-
fluence de l'état mental antérieur sur l’apparition du tic ; 2 a L’eíTet
réciproque actuel du tic sur l'état mental.
En eflet, depuis l’apparition des phénomènes moteurs signalés
pius haut, Ja malade a fait plusieurs tentatives de suicide, et l’idée
de mourir nelaquitte pas. Si on lui en demande la raison, elle
répond qu’elle ne peut plus vivre d’une vie normale, étant inca-
pablede marcher ou de faire cesser le tic qui la tourmente.
Vous venez de la voir et vous avez pu constater la profonde
dépression mélancolique dont elle est atteinte, l anxiété qu'elle
manifeste etqui rendrait pénible un examen prolongé, en méme
temps qu’elle doit nous faire écarter loute idée de simulation.
A quelle variété nosologique devons-nous rattacher tous ces
symptòmes ?
Ce qui frappe tout d’abord c'e.3t l'hérédité extrèmement chargée
qui pèsesur la malade : le père s'est suicidé, un frère est mort
aliéné à Bicètre. Mais de plus, c est une hystérique, caT c’est à
l’hystérie qu'on doit rattacher la plupartdes phénomènes moteurs
que nous avons observés.
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A mon avis, notis avons aíTaire h un délire mélancolique évo-
luant chez une héréditaire, avec tics et phénoniènes hystóriques.
C'est en soinnie un de ceseassur lesquels j’ai bien souvent insislé.
d'association de la déffénérescense mentale avec riiystérie.
III. Un cas d’onycho-trichophagie chez une démente
mélancolique, par MM. Marcel Bhiand et Brissot. (Présentalion
de malade).
Si nous vous présentons aujourd'hui cette malade, c/est moins
pour vous faire apprécier son élat mental, qui n'oíTre, en vérité.
rien de bien intéressant, que pour attirer votre attention sur la
pathogénie d'un geste stéréotypé, assez curieux.
Ce qui frappe, en eíìet. de prime abord chez M“' M... c'est une
alopécie presque totale, régnant sur les parties latérales de la
calotte crhnienne, avec conservation des cheveux, en une bande
sagittale et médiane, allant de locciput au front ; cetle alopécie
est due à une habitude, qui a píis naissance au cours d un aceès
mélancolique.
Si nous abandonnons notre malade à elle-mème pendant quel-
ques inslanls, nous la voyons bientót porter la moin à sa tète.
exclusivement à droile. et s'arracber les cbeveux qu’eíle mange
immédiotement ; elle rongeaussi sesongles, et se mordille impul-
sivement lepiderme (jui les entoure, etqu’elle détache ainsì par
pelites parcelles.
Celte variété d’impulsion remonle au débul de l’année 1908. A
cetteépoque, M D,f M... présentait un délire mélancolique desplus
actifs, saccompagnant d'halJucinations pénihles et de craintes
angoissantes de ]>ersécution. Elle était très inquiète, et en proie,
par intervalles, h des jíériodes d’agilation anxieuse : son aspect
angoissé persiste d’ailleurs encore, bief^ que son délire se soil
eíTacé.
C’est au cours de ces accès d’anxiété, qu’elle a commencé à
s’arracher successivement les poils des parties velues de son corps :
la tète, les sourcils. la vulve, subirent à tour de ròle une dépilation
totale.
Depuis quelque temps, elle sattaque exclusivement au cùté
droit de sa chevelure, tandis qu'elle laisse repousser la partie gau-
che, autrefois épilée.
M" e M... est maintenant démente. Son facies hébété, le regard
dépourvu d’expression, l’attitude indiíTérente, le mutisme presque
constant, troublé quelquefois seulement par desparoles grossières
ou incohérentes, en rapport avec les derniers restes d'un délire,
dont mointenant il n’existe presque plus trace, et la marche de lu
maladie, ne laissent aucun doute h cet égard.
Vous constatez. en rinterrogeant, que ses souvenirs anciens et
rècents étant eíTacés. leur (jvocation est devenue impossible, etque
ses facultés syllogistiques sont annihilées ; enoutre les sentiments
atTectifs ont tolalemeut disparu chez elle.
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rJń.*..*Mf ]'uj(*pr'>che!K. ht. * , íÌm jmssìsK/ ftìous i*\s ìmoíìvi-
numls ‘{U'vio iiii inq.i^í’('í pr‘\..-ní-‘ i\ ń; <j'í r/ńi<'u. fm nègíitívis-
oiń re'Hatwjańhlc ; -h?.* vhìu i»jLsńi T’vieiii jrriUiMo vińlńffte.
Suu H tí ÌUi:Ì«r .’! >f*s ji‘f Ú]»*K ! r| U.-. h‘í-‘pí UÌ|r f*^í i(ht(*‘\ fM s Vft’pfii'líl • '
P?fh ' ú<Mì hee d íd.t* ‘UMisiMMu* wk^dpmi, se servmit
Ejì • •* * •< • / \ \ / • (*,. *••/ ik d
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• -.-U Mfń |\Í'!|.*>Ì/ ìý UMÌl, r-M . | U. -i*,!.|. U-rs ^i.-í. § srriRT.
>viùtfi» ; ' lenl !>i iiiuuu'iiMie:? n- ì;»i;.:uit n.v»u» i <{u ' »h- »;< nuur.
Jp' .'■» oij Iuhìh (Tmj ì-;».’Ií,ú*. *mus .'Iìs.m> r,hi.uur, srs
rjféveus; f hí iu nnn, V íùit hu ; tivu.Uuir..i*Hii\fil u.r 'mu.mkT t*l' Ìi*s
nuicr \*jtsiliíe | sm uuurin: rt-ur Utf*
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lii íuci* dorsnlc, un t'píoséissi!n,.‘ni $***& oonsid.cfsbto. 1 '>m òu.s, Ja
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Jjr 5 yhti-'rÌiS oti( % ’** *P& ..:Á?*Af /jí(<
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SOCIĹTÉS
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Sommes-nous en présence de l’état morbide, décrit par Hallo
peau sous le nom de « trichotillomanie » ?
— Evidemment non, car cette dernière aííection consiste en de
vives sensations prurigineuses, qui portent à y chercher un soula-
gement, en arrachant les poils des régions 0(1 elles se produisent.
Ici, en eílet, il ne peut étre qnestion de prurit, M* r M... ne se grat-
tant jamais aucunepartieducorps, et cependant toutes les régions
velues ont été successivement dépilées.
Pourrait-il ètre question d’un tic analogue à ceux desidiots?
La réponse serait moins facile, si nous n’avions assisté à Téclosion
de cette singulière habitude, car à un premiér aspect, notre malade
pourrait ètre prise pour une idiote. La marche de la maladie ne
permet pas une semblable interprétation.
Quelle est la pathogénie de cet élrange et invincible besoin, qui
fait de M“ r M... une « mangeuse d’ongles et de poils » ? Celle-ci,
avons-nous dit, a commencé par ètre une délirante mélancolique,
et son geste était à ce moment, en rapport avec les préoccupalions
anxieuses, qu’elle présentait alors à l’état aigu : c etait un geste
d’inquiétude, commeen font souvent les mélancoliques. Son allure
générale était celle d’une aliénée anxieuse, angoissée, avons-nous
dit, par un délire très actif. Aucun doute ne saurait subsister à
cet égard.
Bientót, r&ctivitè délirante a diminué, par suite d’un efTondre-
ment intellectuel très rapide, pourcesser complètement, mais le
geste, qui déjà se stéréotypait, a persisté, bien que la cause, qui
l’avait fait naitre, n’existát plus.
Ce geste s’est comporté de la mème manière que certaines idées
délirantes chez les aliénés chroniques tombés dans la démence,
lesquelles se cristallisent, restent immuables, surnagent etpersis-
tent à l’état de stéréotypies, coiìime vestiges d’une activité céré-
brale à jamais éteinte.
L’onycho-trychophagie présentée par notre malade, doit donc
ètre logiquement considérée comme un geste stéréotypé et défi-
nitif; celui-ci n'a survécu que gráce à une cristallisation, qui
l’avait rendu automalique, au moment de la disparition du délire
à íorme angoissante, qui l’avait fait naitre.
M. Colin. — La malade présente-t-elle d’autres mulilations ?
M. Brissot. — Elle se mord les ongles et la face dorsale des
doigis.
\I. Lwoff. — A-t-on essayéde la déshabituer de ces pratiques?
Dans un cas à peu près semblable, je suis arrivé à un excellent
résultat, en maintenant constamment une infirmière, plusieurs
jours de suite, auprès dela malade ; l’habitude disparait peu àpeu.
M. Roubinovitch. — Pourquoi ne pas lui mettre des gants
résistants ou des pansements protecteurs ?
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M. Magnan. — Je n'admets pas l’usage du manchon ou des
gants qui rentrent dans la catégorie des moyens de contrainte.
M. Roubinovitch. — II faut cependant trouver un procédé
pour empècher la malade de s’épiler la tète ou de se mutiler les
doigts, surtout lorsque la suggestion n'a donnú aucun résultat;
je rappelle à ce propos l’appareil présentó il y a quelque
temps à l'Académie de médecineet destiné à empècher les mala-
des de se ronger les ongles. Dans des cas semblables, on ne peut
vraiment pas dire qu’on emploie des moyens de contrainte péni-
bles, on empéche simplement les malades de se livrer à des
automutilations plus ou moins graves.
IV. Méningite tuberculeuse terminale chez un dóment
précoce dégénéré héréditaire, porteur d’une lésion ancienne
de tuberculose osseuse, par MM. A. Vigouroux et G. Naudas
cher (Présentation de pièces).
Nous avons l'honneur de vous présenter le cerveau et les prè
parations histologiques des organes provenant de l’autopsie d‘un
dégénéré héréditaire devenu dément précoce, dont voici l’observa-
tion.
Garb... Paul, ègó de 26 ans. entré à lasile de Vaucluse le
8 février 1908, y est mort cinq mois plus tard, le 8 juillet 1908.
Antècédents hérèditaires. — Mòre aliénée, internée à l’asile de
Maréville. Cousin-germain du coté maternel, mort interné à
26 ans. 3 frères actuellement en bonne santó physique et mentale.
Antécédents personnels . — Knfance normale. Vers làge de
10 ans, apparition de quelques troubles du caractère et notamment
manifestations de jalousie. A l’áge de 15 ans, abcès tuberculeux de
la téte de Thumérus, curetté à l IIòtel-Dieu, mais n’ayant jamais
cessó de suppurer un peu.
A lYige de 20 ans, P. Garb... travaillait un peu avec son père,
qui s’occupe d assurances, quand il eut une crise nerveuse, quali-
fìée d 'attaques d’èpilepsie par le médecin traitant. II resta couché à
ce moment pendant une vingtaine de jours, très troublé, très
confus et manifeslant de vagues idées d emgoisonnement et des
préoccupations hypochondriaques. Depuis il se montra apathiqueet
indifférent, incapable d’un travail intellectuel: de plus il eut, à
plusieurs reprises, dcsfufjues, pendant lesquelles il disparaissait
quelques jours de chez ses parents ; il se livrait parfois àdesvols.
II manifestait, en outre, des idées mystiques, par l'inscription
sur tous ses livres de croix ou des mots : Vive Jésus ! Vive Marie!
En septembre 1907, il íìt une fugue plus longue que les autres,
au cours de laquelle il était arreté à Melun. II aurait volé des
cruciíìx et des bourses dans les églises.
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Après deux niois de prévention, il fut reconnu irresponsable et
rendu à ses parents.
11 resta quelques semaines dans sa famille, paraissant amélioré
au point de vue mental et s’occupant un peu, puis il redevint
rapidement confus et déprimé ; il dut étre interné.
Lors de son passage à l’admission de Sainte-Anne, le D f Simon
note une certaine dépression accompagnée de quelques idées
hypochondriaques.
A son arrivée dans le service, nous sommes surtout frappés par
son état de coníusion, d’apathie et d’indiílérence.
La mémoire n èst pas tròs atteinte, il nous donne sur sa famille
et sur lui-méme certains renseignements reconnus exacts. II a
conservé de sa derniòre fugue uu souvenir assez précis pour nous
permettre d'éliminer le diagnostic dépilepsie. II sait qu’il est
allé à Fontainebleau à pied, il se souvient des lieux par lesquels il
est passé : Charenton, Montgeron, Lieusaint, Melun. II donne
des explications plausibles en apparence de ses actes. Pourquoi
allait il à Fontainebleau ? — Parce qu’il désirait visiter cette ville.
II se rappelle avoir été arrété à Melun. Pourquoi ? — Parce qu’il
avait écrit sur le mur : Vive Jésus, et que, íouillé, il fut trouvé
porteur de plusieurs crucifìx achetés par lui. II se souvient égale-
ment avoir été maintenu en prison, inlerrogé par un magistrat et
un médeein, puis reláché.
Jt ne manifeste aucune émotion au souvenir de son arrestation
et de sa prévention, il trouve cela très nalurel et il ne proteste pas
quand nous lui faisons remarquer qu'il était accusé davoir volé,
non des crucifix, mais des bourses.
II ne manifeste aucune idée délirante, ni hypochondriaque, ni
mystique ; il sait qu il est dans un asile, il n’en est nullement ému,
et ne se préoccupe pas du tout de son avenir. II est également
indiílérent vis-à-vis de sa famille et vis à-vis de sa mère malade.
11 répond aux questions difíícilement, lentement, avec efíort et
ennui. II reste volontiers au lit, inoccupé, indifférent à ce qui se
passe autour de lui.
Lexamen physique ne nous révèle rien d intéressant en dehors
de la présence de la cicatrice suintante sous l’aisselle gauche,
eorrespondant à une lésion osseuse et accompagnée d adénite
sous-axillaire. Les pupilles sont égales et réagissent. les réflexes
p8tellaires sont exagérés, la langue n’est pas trémulante et la
parole, lente, n’est pas embarrassée. II présente du dermogra-
phisme. Le sommet droit est submat et l’auscultation fait entendre
une respiration soufflante.
Tel il était à son entrée, tel il resta pendant les cinq mois qu’il
passa à l’asile, indifíérent, apathique, incapable de tout efíort
suivi, soit physique, soit intellectuel, ne lisant pas, et chanton-
nant les mòmes paroles d’un cantique, sur un air identique,
recevant très mal la visite de son père, qu’il reconnait à peine.
Le 8 mai il a une syncope avec perte de connaissance sans
convulsions. II sesouvient de sa chute. 11 est alilé quelques jours.
On ne constate pas de modification dans son état mental.
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REVUE DE PSYGHIATRIE
Une lettre du 18 juin 1908 indique son désarroi intellectuel :
« 18 Juin 1908
» Ma chère tante Pilté
» Je dédie à ma mère (Claire Le Rasle mon co 3 ur
» La Convention inspire à Pilté et Jouslin
» Un roman qu’on adore en saint Paul peint en lin
» Merci tu prie pour Dieu
» Tu as un pas Muzard en cette terre
» Et avec Garb... tu dis l’àme frère
» Je me porte bien
» Le coeur est au milieu du corps
» L’océan du jeune à Paris
» Je suis heureux.
. ...etc., etc.
» Recois mes baisers.
» Paul Garb... »
Le 30 juin il est alité parce que 1 on constate de rcedème des
jambes ; la suppuration sous-axillaire augmente. II se plaint
d etre fatigué et de souflrir de la tète.
II présente alors une asthénie musculaire excessive, se laisse
glisser de son lit, a de la diarrhée fétide, mais sans gálisme.
On note quelques vomissements alimentaires et bilieux. Tem-
pérature 37° 5.
II s'affaiblit rapidement et meurt le 8 juillet, après avoir eu, la
veille seulement, 38°2 et 38°8.
Autopsie. — Le liquide céphalo rachidien est abondant. Les
méninges sont congestionnées : á la base on trouve un légerdépót
fìbrineux, légèrement teintó, qui disparait rapidement dans le
liquide formolé.
On ne voit pas de granulations.
Les poumons sont infìltrés de granulations luberculeuses.
La plèvre est adhérente.
Le coeur pèse 250 gr. Le péricarde contenait 250 gr. de liquide.
Le foie est pàle et gras, il pèse 1.450 gr.
Les reins congestionnés pèsent 350 gr.
Tout le péritoine est parsemé de granulations tuberculeuses.
L'intestin conlient un grand nombre d ulcérations tuberculeuses
dont quelques-unes sont sur le point d’étre perforantes.
Les capsules surrénales, les testicules, le corps thyroi’de ne
présentent rien de particulier.
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SGent'i'KA
K.xa.mSìH' jhs n'jW'GtoùB. — í.a pí?-mèr*>. Hprès tHivlemtjni. neTutìn
Ire HuctJU ittlifHX'Hle vísiíile íV I vi*jì nu, l;t nít:ii«i(.'iic i'esle uè'íalive
ntèiitc iV['t'cs exotitt'í) itń tníi't’i‘s. .'.|>c
Sur utìcroufo, ln {iH.-rarié tii'- inrt!!r«r cinns tO'itH s.'-ti
tH'titduo mais [tliis jtai:líiVtt(ÌHt'èMtGiit au nivcjtú diss^siítttUSv í'jitíti-
ti -iúoi! afíccit' ;j!i petít griíssitsymitjtit tíńe noilt-'Uitrc
vitfiX-t' n.^titj.Utf;
> ihi v - . - i r-.-in.-nt |,ius f,..'ti. ou v<.,nslut‘> qH'ií n y a f.ysdc
.•y-ryú
i . I'S t'-r'j-hx ^i^tfì >V, ; /•'< p un-t n 'n.irr* t< à rut. .>1
* ■ <>, f/r* hí i(*t itì í -/c- "Jc.v- : ‘"i,' v (í ','/f M
(à$b?Ìi l& tiìbeitfUVux. |rr-t..:pivi»jpni dii..jr?> )
í renli't 1 ni cHllu'les íí^autes íu \ ;• ;>>*u : ul)lú.<;uds- Au rvuw>-.
<vu \>>:ì ÚUe)<|»K‘> ÌS u\\rh HÍn*' <{HÍ jUn' i»n)M‘'llÌ iifìs 1\ Uipho
ryle- flv-tHih^rds.
t> cJiilres Íurrtiaí m us oodulair***:-; uni l^pS nn vniu du-
n| sí' iuIiì^ (i um_* u»' ‘Ui ;ui!ÍVU’m‘‘ n^tluraliffn
vitNMiíísU ol dii
ì.n> rulbUes 1 .lus úlúm‘UMH <(U> |ft f'U’mniM-n tlr . .*s
viniju(u> </• wuííìu lAdít-s »]ui ìiditin*ri( !a mnuumu s<»ui Uu 1 s«-rl<*s
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110 KEVUE DE PSYCHIATniE
des lymphocytes, des grands mononucléaires (cellules endothé-
lioles mobilisées) et des cellules conjonctives ; de nombreux
globules du sang dans certains endroits, il n'y a pos de polynu-
cléaires.
Les vaisseaux de la méninge sont tous altérés. Les artòres de
moyen calibre ont de lu périartérite et de rendartérite très mani-
festes, leur mésartère parait peu iníìltrée.
Les artères de petit calibre sont presque complétement obstruées
par la prolifération des cellules endothéliales, quelques-unes le
sont complètement. Dans rendothélium proliféré des artères on
voit des cellules en raquette mais aucune d’elles n aílecte le lype
de cellule géante multi-nuclée.
Dans certains points, les vaisseaux congeslionnés ont leurs espa-
ces périvasculaires dilalés et remplis de globules sanguins et de
lymphocytes, d'autres fois il y a devérilableshémorrhogies inters-
titielles.
Les veines sont moins touchées.
Dans la substance córébrale de la périphérie rinflammation se
propage autour des vaisseaux venant des méninges, la lósion la
plus constante dans les petits vaisseaux est une lésion d’endarté
rite réduisant considérablement le calibre.
Les cellules (au Nissl) sont altérées, elles ne sont pas globuleu-
ses, leurs noyaux ne sont pas excentriques mais leur protoplas-
ma se colore de facon uniforme sans laisser voir les grains
chromatiques ; le noyau lui méme est légèrement eoloré. De plus
de nombreux neuronophages infiltrentle protoplasma.
Au Weigert les fibres de la couronne rayonnante, les fibres de
fìaillarger et celles de Tuksek sont normales-
Le bulbe ne présente pas de granulations de sou plancher qui
est recouvert de liquide fibrineux contenant quelques globules de
sang.
Lesartèresdu plancher ont de la périartárite. Les noyaux de la
X* et XII* paire ont des cellules se colorant mal.
La pie-mère est infìltrée, surtout à la base, et les vaisseaux
présententles mémes altérations queceux de la méningecérébrale.
Le ganglion semi-lunaire présente une grosse sclérose.
Le foie est en dégénérescence graisseuse avancée ayant détruit
la plus grande partie des éléments cellulaires, les cellules qui
subsistent sont páles, mal colorées, envahies par de petites
vacuoles graisseuses : — la stéatose est surtout marquéedans les
zones sus-hépatiques (cirrhose graisseusej. On trouve de nom-
breux nodules tuberculeux ayant à leur centre des cellulesgóantes
et des bacilles.
Capnule surrenale. — Congestion intense, hémorrhagie inters-
titielle et infarctus hémorrhagique entre les substances corticale
et médullaire.
Pancréas . —Sc.lérose intense des espaces interlobulaires, épais-
sisseinent considérable de la paroi des canaux de moyenne
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dimeDsion, obstruction de la lumière de certains de ces canaux
par prolifération de petites cellules au milieu desquelles se
trouvent des cellules plus grandes à plusieurs noyaux (cellules
géantes 4 ??).
Au milieu du parenchyme depetites cavités au centre desquelles
se trouve un canalicule dilaté, dans d’autres de ces cavités une
goutte de liquide d apparence hyaline. Les ilots de Langerhans
sont rares, l'un d eux est très scléreux, ses cellules sont dissociées
par le tissu de sclérose..
Le lesticule parsit nòrmal.
fìeíns. — Xéphrite parenchỳmateuse très marquée, les cellules
des tubes contournés sont très touchóes, leurs noyaux ne se colo
rent plus. Les glomérules sont sclóreux, la paroi interne de la
capsule de Bowmann a proliíéré. Les noyaux des cellules des
tubes droits prennent un peu les coloranls.
Corps thtjrnídc . — Très scléreux è vésicules inégales, les unes
dilatées lesaulres retrécies, des bandes de sclérose séparent les
acinis.
Cette observation est interessanle el diílìcile è interpréter à
diílérents points de vue.
En résumé, un héréditaire dégénéré, porteur d’une lésion tuber-
culeuse ancienne, prósente à l'àge de 20 ans, au moment de la
puberlé, une attaque convulsive et des troubles mentaux : idées
hypochondriaques, idées de persécution mal systématisóes et peu
prononcées. Puis il fait de nombreuses fugues qui ne sont pas de
nature épileptique, I’étude de la dernière nous permet de l'aíTirmer.
Enfin, après une légère àmelioration son intelligence s affaiblit
et cet affaiblissement se manifeste par la lenteur de ridéalion, une
diminution notable de l’attention et de l activité intellectuelle, de
l incohérence, de la stèréotypie dans les écrits et dans les actes,
une apathie, une insouciance profondes et de l’indifférence affec-
tive vis à-vis des siens. II meurt quelques mois plus tard de tuber-
culose généralisée avec de la méningite.
Ce syndrome nous parait bien ètre celui de la démence hébé-
phrénique : d autre part, dans Tévolution de la dénience précoce
les fugues et les ictus ont été souvent déerits.
Comment expliquer la genèse de cette affection ?
’l'rois hypothèses peuvent ètre faites.
Kst-ce un dégénéró héréditaire qui, après un délire polymorphe
très diffus, sest affaibli progressivement au point de vue mental
et cju une tuberculoso terminale à manifestations méningées n
emporté ?
Est ce un héréditaire devenu dóment précoce sous l’influence d<í
Ja puberté et pour lequel la tuberculose n’a été que la fin ?
On peut enfin admettre, et c est l hypothèse à laquelle nous nous
rattachons, que l’intoxication tuberculeu.se, agissant sur un cer-
veau prédisposé par rhérèdité, a donné lieu aux divers troubles
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cérébraux constalés (ictus, fugues, dólire), et finalement a provo-
qué le syndrome démence précoce, la méningite terminale étant
l aboutissant ultime de l’action des toxines sur le cerveau.
II nous parait diíficile de ne pas tenir compte de l existence d un
foyer tuberculeux dont les toxines solubles difTusant à dislance
ont pu agir, tout d’abord, sur Torgane oíírant un état de moindre
résislance, sur le cerveou d’un héréditaire lourdement taré.
l’n intérét de clinique générale nous parait également résider
dans l’évolution rapide, presque foudroyante, decette tuberculose
miliaire.
Le malade est resté alité 5 jours h peine sans fìèvre, laissant
notre diagnostic hésitant jusqu’à la íìn.
Au point de vue anatomique, il est inléressont de remarquer
que la pie-rnère du cerveau ne présente ni à l'ceil ni à la loupe
aucun tubercule.
Ilistologiquement, on rencontre dans les méninges des forma-
tions nodulaires, mois aucun follicule tuberculeux vrai. composé
d(í cellules géantes et de cellules épithélioTdes.
Malgré l absence de follicules et la non-constatation de bacilles,
on peut affirmcr l’origine tubercgleuse à cause de l’aspect nodu-
laire de l'inliltration, la désintégration et le début de caséificalion
du centre des nodules, l’endartérile oblitérante et la prédomi-
nance marquée de rintìltration périvasculaire des artères. II s’agit
donc d’une forme de tuberculoxe mcriinr/éc non foUictdairc sur
laquelle. récemment encore, M. Gougerot a attiré l'attention
(Encèphale* novembre 1908).
Les lésious de fencéphale ne présentent pas de caraclère parti-
culier: le eortex dans le voisinage des méninges est également
envahi par l’infiltration, on trouve de la périvascularite, de la
congestion et móme des hémorrhagies interstitielles. Les cellules
nerveuses, peut-ètre atrophiées, ont leur protoplasme altéré (colo-
ration uniforme), (juelques unes sont en neuronophagie, d’autres
sont piginentées.
I/étude de ces lésions perniel-elle de différencier la port qui
revient à l’action des toxines agissant lentement, et celle qui est
due à ìa méningite terminale ?
Nous ne le croyons pas, car il est possible que de pareilles
lésions s'installent en quelques jours sur des cerveaux jusque là
indemnes ; et mème si ces lésions existent, les lésions termina-
les les dissimulent.
M. Pactet. — Je remarque que les piòces anatomiques présen-
tées se rapportent à un jeune homme atteint de tuberculose, chez
(|ui M. Vigouroux a fait le diagnostie de démence précoce et h
l autopsie duqúel il a trouvé des lésions non seulement du lissu
neuro-épithélial, mais aussi des éléments vasculo-conjonctifs.
Ce íait n'est-il pas en désoccord avec la conception anatomo-
pathologique de M. Klippel. pour qui la lésion exclusive du
neurone serait pathognomonique de la démence prócoce.
M. Vigouroux déclare de plus se trouver dans I’iinpossibilité de
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faire le départ du ròle qui revient, dans la production de ces
lésions, à l action lente des toxines et de celui qui appartiendrait
àla méningite qui a occasionné la niort.
II semblerait que l entente n’est pas encore définitivement
établie, aussi bien au point de vue analomo pathologique, qu’au
point de vue clinique, sur la délimitation du domaine qui appar-
tiendrait en propre à cetle maladie.
M. Vigguhoux. — J attribue aux toxines solubles tuberculeuses
un ròle important dans la pathogénie des troubles menlaux de ce
dément précoce, c’est-à dire que je crois que ces toxines ont
produit des altérations dans le tissu cérébral. Mais je ne peux
dire. dans le cas actuel, si ces lésions ont étó exclusivement paren-
chymateuses ou interstitielles car les lésions de la méningile tu-
bei*culeuse terminale empéchent de les reconnaitre.
11 est très possible d’admettre qu'une infection tuberculeuse
d’une virulence peu accentuée, agissant lentement, n altòre que le
tissu neuro éphithélial.
Cette observalion ne peut pas ètre considérée comme allant à
l encontre de la conception anatomo-patliologique de la démence
précoce qu’à donnée M. Klippel.
V. Un cas de paralysie générale juvénile (?). Autopsie,
par M. A Marie, de Villejuif (Présentation du cerveau).
M. le docteur A. Marie, de Villejuif, présente l’encéphale d’un
paralytique général infantile. C’est du moins son opinion déjà
soutenue lors d une précédente séance où le malade vivaot fut
présenté par M. le D r Colin.
M. Colin ne le considérait pas comme un paralytique général
proprement dit, maiscomme un malade ayant subi un arrèt de
développement avec lésions cérébrales dues peut-étre à l’hérédo-
syphilis ayant provoqué l’apparition du syndrome paralytique.
M. Marie ne conteste pas l infantilisme préalable évident en ce
cas (faible taille, 1 m. 52, poids de 45 kilos, membres gréles, gros
ventre, pas d’essor pileux, microrchidie, puérilisme, etc...). II le
metsur le compte de l'hérédo-syphilis comme la méningo-encé-
phalite finale elle-mème (que dénoncait la réaction deWassermann
positive, aussi bien pour le liquide rachidien que pour le sérum
sanguin).
L encéphole est petit; au total 996 gr.
(H. D. 432 gr., H. G. 407 gr., bulbe et cervelet 137 gr.).
Les ventricules sont dilatés par ratrophie des deux hémisphères;
(le droit moins que le gaucne). A la pipetle par le procédé de
Marchand, le ventricule droit contient 11 c/mc. pour 15 dans le
gauche. Le 4' ventricule présente la surface granuleuse de Joire, a
l'aspectde langue de chat. Les parties des circonvolutions médio-
frontales décortiquées montrent l aspect chagriné; la pie mère en
avant est légèrernent opalescente. L hémisphère gauche plus atro
phié (25 gr. de moins), explique l accentuation des tremblements
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musculaires, de la íaiblesse et de rincoordination motrice du coté
opposé (dyuamométrie 7 à droite, 10 à gauche).
Le malade s'est éteint dans la cachexie progressive ; paralysé,
gáteux et euphorique, riant niaisement et ne pouvant plus parler,
ni porter les aliments à sa bouche. Les troubles pupillaires furent
persistants et nets (A. R. et inégalité).
En d'autres lermes, il n’y a pas de lésions gommeuses comme
dans le cas de Raymond qui avait été invoqué et le bio-diagnostic
est jusqu ici confìrmé par la nécropsie macroscopique. Bien
enlendu, nous apporterons à la Société le corollaire histologique
que nouspoursuivons parallèlement avec M. leD T Vigouroux.
Dès à présent j’ai tenu à insister sur l’hypothèse P. G. qui ne
fait pas de doute pour moi gráce à la réaction de Wassermann
dont j’apporte des tubes témoins.
Elle a la mème valeur qu’une constatation histologique jusqu à
preuve du contraire et je m'appuie sur une expérience de plusieurs
centaines de róactions confìrmées par celles faites à l’étranger qui
ne se comptent plus aujourd’hui.
Je me permets de distribuer à ce propos mon premier mémoire
avec Levaditi publié dans la Psf/c/uatriche Woschenschrift en 1907
(SociétéMédicale des Hópitaux . décembre 1906, et Annales del'lns-
titut Pasteur , février mars 1907). La réaction de Wassermann
dans le liquide rachidien est significative aux doses usuelles qui
sont indiquées dans les mémoires de Plaut que je présente. Elle
veut dire syphilis ou hérédo-syphilis d’une part et de l’autre
péri-encéphalite difíuse. Elle peut manquer dans certains cas
rares de périencéphalite, mais lorsqu’on l’obtient avecdu liquide
céphalo-rachiden il y a toujours périencéphalite.
Les syphilitiques et hérédo syphilitiques simples, sans lésions
méningées, ne la donnent pas telle, pour leur liquide rachidien. Les
méningites des non syphilitiques non plus et les encéphalopathies
syphilitiques localisés non plus sauf combinaison de périencé-
phalite difluse avec une lésion en foyer. Dès l’instant oii nous
avons ici la spècijìcitè (hèritèe), le st/ndrome paralt/tique bien
constaté et iatroph.ie de iencéphale en bloc avec périméninyo
encephalite , je crois qu’on peut aflirmer la paralysie générale
avant mème la confìrmalion histologique. Je vais plus loin,
mème si l’histologie de la paralysie générale infantile présentait
des particularités qui la rapprochent de la démence précoce
(prédominance de lésions tubo-cellulaires sur les lésions névro-
gliques et méningées), ce qui est possible, ce n’en serait pas
moinsune paralysie gónérale, bien qu'atypique.
Quoi qti'il en soit, nous apporterons à la Société le complément
histologique de robservation avec un exposé succinct des données
fournies par la réaclion de Wassermann et la méthode que nous
suivons pour l'appliquer.
M. Henri Colin. — La présentation de M. Marie appelle quel-
ques réflexions sur le jeune malade qui en fait l'objet, et que j'ai
examiné devant vous au inois de juillet dernier.
II est d'abord une théorie contre laquelle je tiens à melever,
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S0CIÉTÉ3
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malgré la faveur dont elle semble jouir, car elle ne me paroit pas
conforme aux saines données de la clinique. Je veux parler de
Torigine syphilitique de la paralysie générale qui, à l'heure
actuelle, nous est présentée comme un dogme hors duquel il n’y a
pas de salut.
Ceci dit, je voudrais vous faire remarquer l’analogie presque
paríaite du cas que je vous ai présenté avec l observation rappor-
tée par M. Marchand, à la Société médico-psychologique en moi
1900.
De part et dautre, il s’agit d’un gargon de 19 ans, considéré
comme possédant une intelligence au-dessus de la moyenne. jus-
qu’à Tàge de 15 ans. A cette époque premier traumatisme, à la
suite duquel on note un afTaiblissement de la mémoire; puis, tou-
jours comme chez notre malade, survient un traumatisme plus
grave (tamponnement par une locomotive) suivi peu après des
troubles locomoteurs, (gène de la marche, chùtes fréquentes,
embarras de la parole, tremblement des membres). du gátisme et
de raílaiblissement global des facultés intellectuelles.
Enfìn, dernière analogie, le malade de M. Marchand, comme le
nòtre, présente des signes accusés d infantilisme (formes grèles,
absence de barbe et de moustaches, poils rares au pubis et sous les
aisselles).
Je neveuxpas insister et vous pourrez facilement vous reporter
au travail de M. Marchand : vous verrez que nos deux cas se su-
perposent pour ainsi dire exactement.
Le diagnostic porté par M. Pactet, dans leserviceduquel se trou-
vait le malade, fut celui de paralysie générale. Q'uelque temps
après, ce gargon mourait à Ste-Anne dans le servicede M. Vallon.
Les pièces furent soumises à l’examen de M. Ivlippel qui en a
publié le résultat dans la Revue cle Psf/c/uatrie 1904, page 62.
Voici le résumé de cet examen.
Les hémisphères cérébraux sont de volume moyen, mais parfai*
tement symétriques.
Les méninges, fixées au formol, sont un peu épaissies au niveau
du lobe írontal; elles se détachent sans órosions ; il n’y a pas de
granulations dans les ventricules.
Les vaisseaux de la base sontnormaux.
Les circonvolutions sont normales dans leur forme générale,
atrophiées dans Tensemble.
Le cervelet est asymétrique ; le lobe gauche est atrophié.
Lésions Histologiques. — On note l’atrophiedes grandescellules
pyramidales des principaux centres dassociation, surtout au lobe
frontral. Les circonvolutions motrices sont à peu près respectées.
Les lésions cellulaires consistent dans l’état granuleux, la
surcharge pigmentaire, Tabrasion des prolongements protoplas-
miques.
II n’y a pas de prolifération des cellules de la névroglie, et on
note rmtégrité absolue des vaisseaux.
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I IG REVUE DE PSYCHIATRIE
II s’agissait donc, non pas d un cas de paralysie générale, mais
d une démence précoce.
Je ne veux pos, en rappelant ce foit, afíìrmer qu'il en est de
mème pour le malade que je vous ai présenté ; les lésions macros
copiques semblent, au contraire, étre en faveur de la paralysje
générale. Je crois cependant, malgré la réaction de Wassermann
et avant de se prononcer défìnitivement, qu'il convient d’attendre
lexamen histologique que nous promettent MM. Marie et
Yigouroux.
M. Màrie. — L’infantilisme des deux malades est intéressant è
noter mais peut provenir d’étiologies différentes; il n’y a pas que
l'héródo-syphilis qui le produise ; d’autre part, il ne faut pas
interpréter mes recherches sur la róaction hémolytique syphilo-
positive comme dogmatiques et inspirées ou ótayées par la
théorie de la paralysie générale constamment parasyphilitique.
Cette réaction est une constatation de fait, elle est synonyme de
lésion de méningo-encéphalite diíTuse d’une part, d’une étiologie
parasyphilitique de la méningite d’autre part; mais il ne íaut pas
lui faire dire plus et je n ai jamais prétendu qu’il n y avait pas
place pour des méningo-encéphalites difíuses en dehors de la
parasyphilis. Je n ai, dans le travail que je viens de dislribuer,
pas trouvé 100/100 de mes paralytiques généraux avec la réaction
de Wasserman, mais seulement 95/100 (3' période).
Pour les 5/100 qui ne la présentaient pas, je ne les exclus pas
du cadre de la paralysie générale, mais je ne voudrais pas qu’on
me retourne une argumentation que je n’envisage pas car je la
trouve mauvaise et qu’on veuille écarter mon cas du cadre de la
paralysie générale, parcequ’il est manifestement en r8pport avec
la syphilis héréditaire.
M. Colin. — II faut remarquer également que, dans les deux
cas, il y a eu traumatisme.
M. Pactet. — Dans l’observation de M. Marchand, les symptó-
mes mentaux et physiques étaient teis qu il semblait bien diffìcile
de ne pas croire è l existence d’une paralysie générale.
M. Marie. — Au surplus je nedéfendspas l’hypothèse de la pa-
ralysie générale nide la syphilisdans lecas de Pactet-Marchand;
on n’y a pas recherché la réaction de Wasserman et ilne l'aurait
évidemment pas donnée. Quant au mieu, il ne présente pas de
gommes, mais bien des lésions difluses. Je crois aussi que l’exa-
men histologique est nécessaire et le résultat en sera communiqué
è la Société; j'estime dèsè présent qu’il ne peut pas démentir la
bio-diagnose, mais qu’au contraire il la confirmera comme l’exa-
men macroscopique.
_ > ..
Le gèrant: A. Coukì-lant.
PAlllS & CAUOliS, ÌMPRIMIÌHÍE A. COUESLANT (6-111-09)
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6' Sórie. 13* Année. Tome XIII.
MARS 1909 - N* 3
REYUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMHAIRE
FaJtt et oplnions. — Paralyaic générate et asphyxie tymélrique des
extrémiiés , par M. Naudascher, ìnterne des asiles de la Seine. 117
Revue des livret. — Bibliolhèque de Psychologie expérimentate et de
Métapsychie : Une lettre de M. É. Peilaube ; une lettre de M. R. Meu-
hieh. — Réponse de H. Piéron. — Les Nèvroses t par le D r Pierrk
Janf.t. — Délire de versécution , par le D r H. Wallon (M. Mignard).
— Etude de neuropathologie sur lea radiculiies t par P. Camus (P. Juque-
LIEH). — Contrib'ution à Vèiude sémiologique du psittacisrue et de ses
divers aspects en clinique psychiatrique , par L. Cotard (P f Juquelier). 127
Revue dea pérlodiques franqais. — Joumal de Neuroìogie (20 jan-
vier 1909). — Archives de Neurologic (janvier-février 1909), M. Bkjs-
sot. — La Semaine Médicale (24 íévrier 1909). — Journal de Psycolo-
gie (jnnvier-février 1909), (M. Mignahd). — La Tribune mèdicale
(6 février 1909). — La Rcvue scientifique (30 janvier 1909). (M. Genty). 132
Revue des pérlodlquet ótrangers. — Neurographs (Vol. 1, N # 2,
25 Mai 1908). — The American Journat of Psychology (Vol. XIX, n* 4,
Octobre 190Í8). — The Psychoiogical Bulletin (Vol. V, N* 8, 12 Aoùt,
Décembre 1908), H. Pìíron . 134
Nouvellet. — Personnel des Asiles. — Distinctions honorifìques. —
Concours. 139
SociétÓS. — Société Médico-Psyehologique (22 février 1909), G. Col-
let. — Société de Psychiatrie, Jucquelieh .. 140
Société clinique mentale (Séance du 15 février 1909). — Compte rendu
in-extenso . 145
Bulletln blbllographique mensuel. ix
FAITS ET OPINIONS
PARALYSIE GÉNÉRALE ET ASPHYXIE SYMÉTRIQUE
DES EXTRÉMITÉS
par G. Naudascher
interne des atiles de ta Seine.
Nous avons eu l occasion d’observer dans le service de notre
maitre, M. le docteur Vigouroux, à Tasile de Vaucluse, deux cas
de gangrène symétrique des extrémités survenus, presque dans le
mème temps, chez deux paralytiques généraux du service. Nous
rapportons ci-après ces deux observations.
Òbservation n # I. — S... Louis, ágé de 43 ans, menuisier, est
entró à l’asile de Vaucluse le 30 avril 1904, et est dócédé le7 fé-
rrier 1906.
Antécéclents héréditaires . — Le père serait mort è 25 ans, de
tuberculose pulmonaire probable. La mère, encore en vie, est assez
bien portante. Elle aurait toujours été nerveuse.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Antécèdenis personnels. — S... n’aurait jamais eu de grande
maladie. II a eu quatre enfants, deux filles et deux fils, qui sont
en vie et bien portants. II aurait toujours été sobre etrégulierà
son travail qui était très dur.
C’est au début de 1902, que se sont montrés les premiers trou-
bles : próoccupations hypochondriaques, modification du carac-
tère et diminution de la mémoire.
En octobre 1903, un an et demi après le début des troubles, il est
obligé de cesser tout travail. En décembre 1903, il a des iclus fré-
quents suivis d'accidents hémiplégiques et aphasiques transi-
toires.
Dès janvier 1904 il a des crises d excitation fréquentes et au
cours d’une de ces crises, il entre en avril 1904 à I’hòpital Boucicaut
d’oii il est envoyéà l asileavec le diagnostic de paralysie générale.
A son entrée dans le Service, le 30 avril 1904, on constate chez
lui de l’afTaiblissement intellectuel avec conscience incomplète de
sa situation. II présente en outre de l euphorie niaise qui contraste
avec des préoccupalions hypochondriaques : il a de l anémie,*des
douleurs, il lui faut des frictions, etc., etc. II aecuse en méme
temps quelques vagues idées de persécution à l’égard de son
entourage.
Les signes physiques sont nettement positifs : tremblement
fibrillaire de la langue, embarras de la parole, inégalité pupillaire,
exagération des reflexes rotuliens.
Pendant le séjour à I’asile, l’état du malade présente une aggra-
vation progressive sans épisode aigu. A partir du mois de mars
1905, il est alité en raison de sa íaiblesse musculaire ; l’état
démentiel est très avancé.
En janvier 1906, le malade, qui à diverses reprises avait présenté
de l’entérite avec diarrhée, en est à nouveau atteint ; cette diar-
rhée se monlre rebelle à tout traitement.
Le l er février 1906, on note à la visite du matin un oedème des
deux pieds survenu dans la nuit. Cet oedème est considérable et
remonte jusqu’au dessus des malléoles ; la peau est en outre vio-
lacée dans la moitié antérieure du pied, et présente par places de
larges phlyctènes, remplies de sérosité.
Les lésions sont nettement symétriques à gauche et à droite.
Le 2 février, l’oedème est moins marqué ; les phlyctènes vidées
et affaissées. La coloration est devenue noirátre et l'aspect est
celui de la gangrène humide, dans toute la moitié antérieure des
deux pieds ; la peau dans ce territoire est froide et absolument
insensible. La pédieuse bat mais faiblement.
. Dans les jours suivants, rocdème s’atténue ; mais tout le terri-
toire primitivement violacó est sphacélé et se sépare nettement du
tissu resté sain par un sillon d’élimination en voie de formation.
Celui ci entoure la partie moyenne du pied et est formé de deux
parties, l’une dorsale, l'autre planlaire, toutes deux à concavité
postérieure et se rejoignant sur les bords du pied.
Ce sillon passe par la partie moyenne des métatarsiens.
L’élat général du malade estgrave.
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PARALYSIE GÉNÉRALE ET ASPHYXIB SYMÉTRIQUE
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Le 6 février, la lèvre supérieure est enflée et l’examen de !a
bouche montre des lósionsde gingivite gangréneuse au niveau des
chicots dentaires.
Le malade meurt le 7 février.
Autopaie le 8 février, 32 heures après la morl, par un temps froid,
Thorax. — Symphyse pleurate totale 6 droite. Adhórences du
sommet gauche. Deux verres d'un liquide louche dans la plèvre
gauche.
Tuberculose pulmonaire : nombreux tubercules et petites caver-
nes remplies de pus caséeux dans les deux lobes supérieurs ;
quelques tubercules, congestion et oedème considérable dans les
lobes inférieurs.
Le poumon droil pèse 1.300 gr,
Le poumon gauche pèse 1.120 gr.
Le coeur est flasque ; les cavités sont un peu dilatées. Pasde
lésions valvulaires. Poids 350 gr.
L'aorle présente quelques plaques d'alhérome.
Abdomen. — Qu'elques adhérences des feuillets péritonéaux au
niveau de la rate.
L’estomac est normal.
Tuberculose intestinale : cinq ulcérations annulaires dans la
derniére moitié de l’intestin grèle. Quelques petites ulcérations,
moinsétendues et disséminées. Les lésions sont très visibles sur
la face péritonéale ; elles ont, vues ainsi, l’aspect d'un sillon de
coloration livide noirálre, limilé par deux zones tuméflées, injec-
tées, conlenant de nombreuses granulations dont les plus grosses
ont le volume d'un grain de riz. Mésentère épaissi au niveau des
ulcérations.
Ulcération transversale étendue dans le coecum.
On trouve dans l'intestin gréle une dent incisive avalée par le
malade.
Foie. — 2.230 gr., très congestionné et un peu gras.
lìeins. — Ensemble 300 gr. Congestion légère. La substance
corticale parait un peu réduile et il y a des adhérences assez mar-
quées de la capsule.
Vessie légèrement distendue par une urineclaire.
Les capsules surrénales sont de coloration gris foncé et pèsent,
la droite 7 gr. 90, la gauche 7 gr. 70.
Cràne. — Liquide abondant à l'incision de la dure-mère.
Pie-mère : épaissie légèrement, latescente surtout en avant.
Les circonvolulions sont diminuées de volume. Quelques adhé-
rencesde la pie-mère au cortex.
Congestion notable du cerveau.
Ventricules dilatés. Granulalions épendymaires nombreuses.
Pas d'athérome des artères de la base.
L'hémisphère droit pèse 510 gr., le gauche, 510 gr. et l'isthme
150 gr.
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RKVUE DE P9YCHIATRIE
L’examen histologique des artères des membres inférieurs mon-
tre que ces vaisseaux ne sont pas oblitérés, la couche musculaire
est très hypertrophiée mais les fìbres musculaires ont conservé
leurs noyaux et paraissent saines.
L’endartère est sain, on trouve une légère infìltration du tissu
conjonctif póri artériel. Les artères pédieuses ont un peu d’hyper-
trophie du mésartère, il n'y a pas d'endartérile mais une périar-
térite très légère., Nulle part on ne trouve de caillot organisé.
Le rein est scléreux et congeslionné. Les capsules surrénales
présentent de la vaso-dilatation à un degré assez marqué.
Observation n* II. — Mar... Edouard, ágé de 39 ans, tonnelier,
est entré á l’asile de Vaucluse le 28 mai 1904 et y est mort le 1"
mai 1907.
Antécédenis héréditaires. — Grand’mèrealcoolique, morte inter-
née à I'asile de Tourá.
Père alcoolique, mort à 47 ans de pneumonie.
Mère morte paralysée à 74 ans.
Antécèdents collatéraux. — Une soeur atteinte de surdiló après
une fìèvre typholde.
Un frère alcoolique mort à 30 ans à la suile d'un ictus.
Quatre autres frères en vie, tous alcooliques et débauchés.
Antécédents personnels. — Renseignements très incomplets,
fournis par la soeur, atteinte de surdité.
Pas de syphilis avouée.
Travailleur régulier, économe, ne faisant pasd’excès alcooliques.
Un módecin lui auraitdit qu'il était alcoolique professionnel,
parce que comme tonnelier, il s’intoxiquait par les vapeurs émanées
des fùts.
A 25 ans, il a eu une maladie infectieuse fébrile, qui a étó sui-
vie pendant sixsemaines d’undélire avec chants, gesticulations et
désordre des actes.
A cette époque, il lisait avec passion des livres obscènes el des
livres de magie.
Dès 30 ans, en 1895, d'après la soeur, il a commencé à présenter
des troubles mentaux manifestes. II écrivait des lettres incohé-
rentes, au cours d’une période de dépression, il a fait une tenta-
tive de suicide. Dès ce moment, en oulre, il a commencó à parler
avec dilhculté.
Dans les années qui ont suivi, ces troubles ont persisté et sa
soeur déclare que depuis près de dix ans elle prévoyait qu’il deve
nait fou.
Néanmoins il a pu conlinuer à travailler jusque dans les der-
niers mois qui ont prócédé son internement,
Examen à l’enirée, le 28 mai 1904. — Le malade présenle de
l'euphorie générale, sans idóes délirantes de grandeur ou de
richesse. II est inconscient de sa situation, du temps et du lieu oti
il se trouve. L’atlaiblissement des facultés intellectuelles est très
marqué.
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PARALYSIE GÉNÉRALE ET ASPHYXIE SYMÉTRIQUE
121
Au point de vue physique, on observe que les pupilles sont iné-
gales et très paresseuses à la lumière ; la langue est tremblante,
la parole neltement embarrassée ; les réflexes patellaires sont très
diminués el il y a une ébauche de Romberg.
5 juillet 1905. — Méme état démentiel, sans idées délirantes.
Continuellement alité, le malade est calme, euphorique, et gáleux
de temps en temps.
L’état physique est assez bon, l'embonpoint conservé.
La démarche est mal assurée, et se fait à petits pas. Les mou-
vements des membres supérieurs sont mal coordonnés ; il y a du
tremblement marquó des doigts.
Gros embarras de la parole. Déglutilion difflcile.
Quelques sibilances dans le poumon droit.
Artères dures. Pouls tendu. Bruit de galop très net. Léger
oedème au-dessus des malléoles à droite (fracture ancienne).
Urine jaune pále : pas d'albumine.
De juillet 1905 à fóvrier 1906, progrès très lents de l'affaiblisse-
ment inlellectuel et physique.
8 et 9 Février 1906. — Le malade est pris d’une diarrhée abon-
dante.
10 Février 1906. — On constate qu'il existe aux deux mem-
bres inférieurs de l oedème remontanl jusqu'au genou. Cet oedème
survenu brusquement prédomine au niveau des pieds. II y a en
outre de la cyanose très marquée de la face dorsale des orteils, un
peu moins à droite qu'à gauche.
Un sillon blanc sépare la partie cyanosée de la parlie simple-
ment oedématiée ; à la plante du pied gauche il ya une large
phlyctène.
13 Fóvrier 1906. — La diarrhée persiste ; l’état cyanotique des
orteils est un peu moins marqué.
18 Février 1906. — La diarrhée a disparu. L’oedème a diminué,
mais lacyanose persiste et leslésions des orteils semblent évoluer
vers la gangrène sèche.
1" Mars 1906. — Les parties extrómes des orteils primitivement
cyanosées, c’est à dire les dernières phalanges présentent la colo-
ration noire et la dureté ligneuse de la gangrène sèche. Au niveau
des deux grosorteils, à la séparation des parties malades et sai-
nes, la peau est ulcérée et forme une plaie circulaire avec ócoule-
ment sanieux et d'odeur fétide prononcée.
16 Mars. Les sillons d'élimination avec écoulement sanieux et
fétide existent sur tous les orteils.
L’oedème des membres inférieurs est très diminué, mais la peau
des jambes a pris un aspect ichtyosique.
Pas de douleur. Pas de fièvre.
La pression artérielle au sphygmo manomètre Poiain est de 16.
Ni albumine. ni sucredans les urines.
20 Mars. — Bronchite avec toux etexpectoration. Ráles sibilants
et ronflants dans les deux poumons.
•Les sillons secreusent plus profondément; plusieursongles sont
tombés et la dernière phalange de plusieurs orteils, très mobile,
est sur le point de se détacher.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
2C Mars. — Dans la nuit, la dernière phalange du gros orteil
droit est tombée, mettant à découvert la surface articulaire de
l’autre phalange. De méme la surface articulaire de la 2' phalange
du 2‘ doigt est è dócouvert.
Au pied gauche, mauvais aspect du sillon d eliminatien du gros
orteil; coloration violacée de la peau, suppuration profonde au
dessus de l'orteil.
28 Mars 1906. — L’analyse des urines donne les résullats sui-
vants :
Urée par 24 heures. 14,35
Poids de l’azote de l’urée. 6.68
Azote total (en urée). 22,46
Poids de l’azote total. 10,50
Acide urique. 0,25
Acide phosphorique total. 0,90
Chlorure de sodium. 6,25
Rapport del’azote de l’urée à l’azote total. 64 pour 100.
Une injection de bleu de méihylène montre que l’éliminalion est
retardée et prolongée pendant48 heures.
30 mars 1906. — Tous les phénomènes bronchitiques apparus le
20 mars ont disparu.
5 Avril 1906. — La température monte à 39°. Cette ascension est
en rapport avec une poussée inflammatoire nouvelle du còté du
pied droit où s’est formée une infiltration oedémateuse de colora-
tion livide.
10 Avril 1906. — La température a baissé progressivement; elle
ne dépasse plus 38°.
L'état local est stationnaire ; les sillons d’élimination suppurent
encore et continuent à se creuser. II persiste de l’oedème et
l’ichtyose de la peau occupe les deux jambes, de la cheville au
genou.
Lesdivers appareils fonctionnent normalement. Assez bon état
général.
Au pbint de vue mental, démence complèle, vie purement végé-
tative.
21 Avril. — La dernière phalange des dix orteils est tombée, et
ceux-ci se trouvent tous régulièrement amputés. Les extrémités
amputées bourgeonnent etont bon aspect,
Tout oedème a disparu ; il n’y a plus ni suppuralion vraie ni
fétidité. II persiste seulement de l’ichtyose assez marquée de la
peau des jambes.
Apparition d une colleclion fluctuante dansla région ischio rec-
tale avec tous les caractèresd’un abcès chaud.
22 Avril — Incision de l’abcès ischio-rectal: pus abondant et
fétide ; gaz fétide.
Dans les jours suivants Ia cavité de l abcès qui aurait laissé pas-
ser un poing fermó bourgeonne et se comble avec une grande
rapidité.
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PARALYSIE GÉNÉRALE ET ASPHYXIE SYMÉTRIQUE
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Juillet 1906. — Les orteils sonl complètement cicatrisés et pré-
sentent un aspect très particulier, les doigts étant simplement
íormós par des moignons courls et sans ongles.
Méme état démentiel.
Janvier 1907. — Méme état démentiel.
Pieds toujours cicalrisés sans qu'il se soit produit ni nouvelle
poussée inflammatoire, ni troubles va$o-moteurs.
25 Avril 1907. — Brusquement la tempéralure est montée à 40’.
Depuis la veille cedème et cyanose du pied droit survenus rapi-
dement.
Légère ulcération du moignon de l’avant-dernier orteil.
26 Avril. — Température à 39*5.
Aucun trouble des diflérents appareils.
CEdème inflammatoire de la jambe droite jusqu'au tiers supé-
rieur de la jambe.
On seot battre la poplitée droite; quant à la pédieuse on ne peut
la repérer facilement dans la masse cedématiée.
Le moignon du 4* orteil suppureet laisse apercevoir l'exlrémilé
de la phalange osseuse.
Dans les jours suivants l'état local s'aggrave : cedème cyanoti-
que marqué, phlyctènes nombreuses, aspect de gangrène humide
commen^ante mais pas de fétidité. La température se mainlient
à 39*.
29 AvriM907. — Vers le soir, légère leinte jaunedesconjonctives
et de la peau. Urines rares, foncées. Température élevée.
30 Avril 1907. — Iclère très net. Etat général grave. Sècheresse
de la langue et de la peau ; facies grippé ; prostralion.
Le soir température à 40*2. Etat grave.
1" Mai. — Mort du malade.
Autopsie le 2 mai 1907. — A l’aulopsie, on constate, lors de
l'ouverture du cráne. des traces de traumatisme ancien sur la
voùte au niveau du bord antérieur des pariétaux ; la table interne
de I'os est à peu près intacte.
La dure-mère est très adhérente au cràne.
Le cerveau semble atrophió en masse. Chaque hémisphère pòse
480 grammes, le cervelet et le bulbe 170 grammes.
La pie-mère est épaissie et adhérente légèrement oedématiée,
elle présente une teinte jaune ocre gónéralisée.
Le liquide qui s'écouleen assez grande abondance est nettement
teinté en jaune avant d’ètre mélangé au sang du voisinage.
Les deux poumons présentent des adhérences récentes avec
quelques fausses membranes ; à la coupe on trouve de la conges-
tion hypostatique des deux cótés, un peu plus cependant du cólé
gauche.
Le poumon droit pèse 500 grammes, le poumon gauche 520
grarames.
Le coeur pèse 450 grammes, on remarque une énorme dilatation
de l’8orte avec insuflìsance des valvules sygmoídes.
La crosse aortique présente denombreuses plaques d'athérome.
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RBVUE DE PSYCHIATRIE
Le foie (1830 grammes) est Irès mou, friable, la vésicule biliaire
est atrophióe, les veines sont gorgées de sang.
Les capsules surrénales sont en partie désintégrées.
Les reins pèsent 400 gr., ils sontgroset blancs, la graisse des .
caìices et du bassinet présente une teinie jaune.
Le pancréas est gros et semble normal.
La rate est grosse et ne parait pas présenter d’altération.
Les artères poplitéessont perméables. L’artère tibiale antérieure
gauchesemble encore perméable. A droite, au contraire.au mo-
ment où l'artère est croisée par le tendon du jambier antérieur et
devient l'artère pódieuse, elle a la grosseur et Tapparence d'une
petile veinule et elle parait obstruée.
examen histologique. — Ceroeau. — La méninge est infiltrée
dans toute son ótendue; elle est très épaisse au niveau des sillons,
ou on trouve une infiltration de cellules rondes colorées en bleu
et de globules du sang. On voit en outre, à ce niveau, des 8rtères,
contenant du sang, dont le mésartère est formé de fibres muscu-
laires dans lesquelles on ne voit pas de noyaux et dont l’endartère
a proliféró. De nombreuses artères de petit calibreont leurs parois
en dégénérescence hyaline.
Dans la profondeur des sillons les cellules rondes forment de
véritables nodules qui entourent les vaisseaux ; les mailles de
l’espace sous-arachnoidien contiennent des globules rouges. En
remontant vers la périphérie ces globules sont moins reconnais-
sables par suite de leur segmentation.
Le parenchyme cérébral parait très pauvre en éléments cellu-
laires ; il est parsemé de nombreuses petites taches brunes qui
sont des pigments d'hémoglobine.
Certains vaisseaux ont des parois qui se colorent trèsmal, d au-
tres ont leurs parois infìltrées d’éléments cellulaires.
AuNissl , lescellulesparaissent très altérées, les grandes pyrami-
dales sont dóformées, globuleuses, le noyau est à peine apparent
chez quelques-unes, les corps chromatiques ne sont pas visibles
(état laqué); d autres enfin sont en voie de dégénérescence pig-
mentaire où en neuronophagie intense.
Au Weifjert , on trouve une atrophie considérable de la couronne
rayonnante, une raréfaction extréme des fibres de Baiilarger, la
disparition des fìbres de Tuksek.
Cercelet. — Les méninges sont épaissies et très infìltrées surtout
dans les sillons; leurs vaisseaux sont pleins de sang, ils ont de
lendartérite marquée, de la périartérite légère.
La zone moléculaire parait riche en névroglie, les vaisseaux
sont congeslionnés mais n’ont pas de périartérite.
Au Nissl, les cellules de Purkinje sont altérées : elles sontglobu-
leuses en voie de chromatolyse, un grand nombre n'ont plus de
noyau.
La couche des grains parait normale ainsi que la substance
blanche qui au Weigert parait cependant un peu atrophiée.
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Origiaal frn-m
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PARALYSIE GÉNÉRALE ET ASPHYXIB SYMÉTRIQUE
125
Btilbe. — II n’y a pas de granulations du plancher du IV* ventri-
cule mais une simple prolifération des cellules épendymaires.
La méningite est très marquée surtout à la parlie inférieure
dans l'espace interpédonculaire ; àce niveau les vaisaeaux ont de
la périartériteetde l'endartérite.
Dans letissu nerveux sous-épendymaire les vaisseaux ont de la
périvascularile très marquée, il y a également des amas ds
pigments sanguins, vestiges d’hémorrhagies interstitielles an-
ciennes.
Au Weigert, Ies fibres paraissent normales sauf au niveau des
pédoncules où elles semblent Iégèrement dimipuóes de nombre
des deux cótés.
Au Nissl, les cellules de la XII* paire paraissent peu altérées,
un grand nombredes cellules de la X' paire sont très pigmenlées.
Moellecervicale. — Les méninges sont épaisses et infiltróessur-
tout dans la commissure antérieure, à ce niveau on trouve de la
périartérite et de l’endartérile, mais surtout de la périphiébite.
Les artères des cornes antérieures ont nettement de la pórivas-
cularite. Dans toulela substance blanche on voit des petits foyers
de myélitecaractérisés par desamasde lymphocytes et desgrains
de pigments sanguins.
Le canal épendymaire est rempli de cellules proliférées.
Au Weigerl on voit des deux còtés une diminution sensible du
nombredes fibres, cette diminution n’estpas limiléeaux faisceaux
pyramidaux mais s’avance jusqu’au niveau des parties antérieu-
res des cornes antérieures.
Au Nissl, toutes les cellules sont dóformées, en voie de dégéné-
rescence ou en chromatolyse, le plus grand nombre n’ont plus de
noyaux, d’autres sont en neuronophagie.
Moelle dorsale. — Les méninges sont épaissies et infiltrées, on
retrouve les mémes lésions des vaisseaux et les mémes pelits
foyersde myélite disséminésdans tout le parenchyme módullaire.
Au Weigert, on remarque la méme diminution des fibres dans
les zones pyramidales.
Au Nissl, les cellules des cornes paraissent altérées, de méme
que celles de la colonne de Clarke; elles sont plus spécialement
pigmentées, aucune n’a de noyau visible.
Moelle lombaire. — Les méninges sont épaissies,fibreuses, peut-
ètre moinsinfillrées que dans les régions supérieures.
Au Weigert, on trouve la mème diminution des fibres deszones
pyramidales. Au Nissl, mémes altérations cellulaires quoique peut-
ètre ò un moindre degré.
Le ganglion semi-Iunaire est fibreux par places, dans d’autres
points, il est très ìnfiltré de petites cellules rondes. Les cellules
nerveuses encapsulées ont leur protoplasmo qui se colore en
masse par le bleu, un grand nombre sont en dégénérescence,
d’autres en neuronophagie. Les vaisseaux du ganglion sont con-
gestionnés.
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REVUE DE PSYCHIATRiE
Au Weigert, les fìbres sympathiques ne semblent pas présenter
d’altération.
Loscapsules surrónales n’ofírent aucune altération sauf un peu
de congestion.
Les reins sont congestionnés, ils présentent un certain nombre
de glomórules flbreux; les tubes contournés sont remplis par un
ensudat albumineux; leurs cellules de revétement sont souvent
privées deleurs noyaux.
Le foie présente quelques cellules en dégérescence graisseuse, il
est très congestionné, les veines portes et sus hópatiques sont
gorgéesde sang, il n’y a pas de cirrhose.
Artères et vetnes. — Ducóté gauche, l’artère fèmorale présente
de l’endartérite marquée surtout au niveau d’un caillot ; dans le
ìnésartère on trouve une infiltration de pigment sanguin et la dis-
parition des noyaux des flbres musculaires.
Dansl’artère poplitée, mème état d’endartérite, les noyaux des
fibres musculaires se voient mieux. La veine présente également
un peu de phlébite et de périphlébite.
Une artère satellite apparait absolument obstruée par une sórie
de couches concentriques.
En allant de la tibiale à la pédieuse il semble que l’endartórite
va en augmentantet rétrécit de plus en plusla lumière sans Tobs
truer complètement.
II y a peu ou pas de périartérite, le mésartère parait légèrement
épaissi, les fibres musculaires se colorent mal et n’ont pas de
noyaux.
La couche sous-endartórique, très épaissie, forme des festons
très sinueux qui tendent à obstruer la lumière de l artère ; dans
certaines coupes, on voit les bords du feston se réunir.
Du cóté droit on trouve les mémes lésions des vaisseaux.
Commeducótégauche, il semblequeceslésions sont d’autant plus
marquées que l’on se rapproche davantage de la partie inférieure.
Lesnerfs crural et tibial antérieur n’ont pas présentó de grosses
altérations.
*
* *
Si l'on s’en rapporte à la bibliographie sur la question, il semble
que nulle afleclion ne prédispose plus que la paralysie génórale
aux troubles trophiques de toute nature. Malgré cela la gangrène
symétrique des extrémités au cours de la méningo encéphalile
difíuse ne semble pas avoir été signalée méme dans les travaux
d’ensemble sur les troubles trophiques de la paralysie générale
telsque ceux de Ramadier (Thèse cle Paris 1884), de Duranle
(Gazette hebdomadaire , 1894), de Cololian (Archices de ncurologie ,
1898), d’Hérissey (Thèse de Paris t 1903). EUe doit donc y étre
exceptionnelle et c’est en raison méme de cette rareté qu’il nous a
paru intéressant de rapporter les deux cas précédents.
Nous ne pensonspas toutefois que l’on doive admettre une rela
tion de cause à eífet entre la méningo encéphalite et la gangrène
symctriqutí des extrémités.
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REVUE DE8 LIVRES
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On sait combien la pathogénie de cette dernière est discutée et
on admel génóralement que la maladie de Raynaud est un syn-
drome ressortissant è des causes très diverses.
Chez le premier de nos malades l'examen hislologique des arlè-
res des membres infórieurs n’a pas montré de grosses lésions ;
mais l’examen histologique du systènae nerveux, en particulier
du système nerveux périphérique, n’a pas été fait et nous ne
pouvons conclure sur la pathogénie à invoquer dans ce cas. Mais
l'absence de lésion oblitérante permet d'ómettre l'hypothòso d'un
trouble trophique.
Chez le second de nos malades, au contraire, l'examen histologi-
que, fait complètement, montre qu il s’agit d’une forme de p8ra-
lysie générale associée, oíi à cótó des lésions ordinaires de la
méningo encéphalite difluse, òn trouve des lésions d'artério-
sclérose très marquées; ces lésions artérielles porlent sur la
tunique moyenne (dégénérescence hyaline) mais surlout sur la
tunique interne (endartérite) ; ellesexistent sur les artères du sys-
• tème nerveux et surtout sur les artères des membres infórieurs, où
le processus endartéritique a été jusqu’à I’oblitération el a entrainé
la gangrène. Dans ce cas, le syndrome de Raynaud est d’origine
artérielleeten rapport nonavec la méningo-encéphalite, inais avec
les lésions concomitantes oíi surajoutées du syslème artériel.
REVUE DES LIVRES
Bibliothèque de Psychologie et de Métapsychie. — Nous
avons regu les deux lettres suivanles :
13 Mars 1909 ,
A Monsieur le D f Toulouse, directeur de La Revuede Psychiatrie.
Monsieur le Docteur,
Je lis, dans la Recue de Psychiatrie à propos de la « Bibliothèque de
Psychologie etde Mótapsychie » les lignes suivantes :
a Cette Bibliothèque est comme un complément de la Bibliothèque de
Philosophie expérimentale du père Peillaube ; elle permet, en etfet,
sous son petit format de publier des plaquettes. »
Le rédacteur de ces lignes s’est mépris. La Bìblioí/tèqite de Philoso -
fìhic expèrimentalo , éditóe chez M. Marcel Rivière et dont je suis le
fondateur-directeur, n’a rien de commun avec la tìibliothèqac de
Psf/cholofjie expèrimcntalc ct dc Mètapsi/chie que publie, ù la librairie
tíloud. M. Raymond Meunier, chef des travaux au laboratoire de
Psychologie pathologie de TEcole des Hautes Etudes, à l’Asile de Vil-
lejui/.
Votre collaborateur devrait bien nous dire, dans lintérét de la
Psychologie individuelle, par quel processus psychologique il a été
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Origirìal from
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128
REVUE DE PSYCHIÁTRIE
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amené à voir dans la Bibliothèque de M. Raymond Meunier -un com-
plément de la inienne plutót que de toute autre. Car, je ne comprends
rien à son curieux : cn cjfet ; à moins qu’il ne signifíe que ma Biblio
thèque ótant une collection in*8 # , toute collection in-16 doit en étre le
complément : ce qui m oblige à déclarerque le seul complément légiti-
me de la Bibliothùquc de P/tilosophie expùrimentalc est la coliection
in-16 qui paraitra prochainement à la librairie Rivière sous le titre :
Etudes de P/dlosophic expùrimentale . Usant de mon droit de réponse,
je vous demande de publier cette lettre dans votre prochain n* de
Mars, à la place inéme où a paru le compte rendu que j'ai à rectifìer.
Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Directeur, i’hommoge de
mes meilleurs sentiments pour votre personne qui reste, pour moi,en
dehors et au-dessus de cet incident.
E. Peillaube,
Directeur de ia Revut de Philosophie
et de lu Ribliothèque de Philosophie expérimmtale .
25, ruc Hunxboldt
Monsieur le docteur,
J’ai le regret de lire dans la Recue de Pstjchiatric une phrase critique
sur la Bibliothùquc dc Pst/chologie cxpèrimcntalc et dc Mùtapsi/chie %
que je ne puis íaisser passer parce qu’elle contient une insinuation
inexacte. Je lis que la bibliothèque que je dirige cc est comme un com-
plément de la Bibliothèque de Philosophie expérimentale du Père
Peillaube ». Je tiens à protester.
Monsieur Peillaube, dont j’estime d'ailieurs particulièrement l’activité
philosophique, dirige une bibliothèque, et moi une autre. Mon esprit de
direction est parfaitement indépendant et je tiens absolument à en as-
sumer seui toute la responsabiité inteiiectuelle, ne vouiant étre a ie
complóment » d’aucun groupement du mème genre.
J’espère, Monsieur ie Docteur, que de semblables confusions ne se
reproduiront pas, surtout entre collègues de l'Ecole des Hautes-Etudes,
et je vous prie de pubiier cette lettre dans votre Revue.
Veuillez croire,Monsieur leDocteur, à mes sentiments trèsdistingués.
Paris, 12 Mars 1909.
Ráymond Meunier
Che/ de Iravaux
à VEcoìe des Uautes-Elude.
Je m’ótonne un peu deTómotion suscilée par une phrase qui ne
prétendait aucunement étre la constatation d’un fait, mais qui
constituait une appréciation toute subjective de ma part. J’ai dit
qu‘une bibliothèque était « comme » le complémentd’une autre,ce
qui indique bien quec’était « dans mon esprit ». Mais j’ajouterai
que je n’assimile certes pas entièrement les deux bibliothèques.
Et je tiens à dire à cette occasion que les livres jusqu’ici publiés
sous la direction intelligente de M. Peillaube m’ont toujours paru
d’une incontestable valeur.
Henri Piéron
Le s Névroses, par le D r Pierre Janet. — 1 volume, Bibliothè-
que de Philosophie scientifíque. — Flammarion, éditeur.
L’ouvrage de M. Janet montre comment l’on peut résoudre le
Gck igle
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REVUE DE8 LIVRES
129
difOcile problème d’exposer une question extrémement complexe
dans ses lignes essentielles, tout en conservant une belle clarté
théorique, capable d’illuminer dans ses plus petits détails un des
plus délicats objets d'étude. L'on trouvera, condensées dans ces
quelques pages, les observations, les expériences et les lumineuses
théories qui, dansl' « Automatisme psychologique»,les« Névroses
et idées fixes », et les autres travaux du méme auteur, ont vérita-
blement marqué l'un des points de vue les plus importants et les
plus compréhensifs de la psychologie et de la psychiatrie mo-
derne.
La première partie traite des symptómes névropathiques. Par-
tant de l observation clinique, nous voyons déjè dans le somnam-
bulisme et les idées fixes partielles les principaux caractères de
ce trouble de la personnalité par lequel un système psychologique
vit pour son propre compte, indópendemment de la conscience et
de la personne du sujet. Les phénomènes psychastóniques, les
obsessions dans le cas présent, diffèrent assez radicalement de
ces symptòmes hystóriques : l’idée ou le sentiment ne sont plus
séparés de la personnalité. Ils sont seulement modifiés, plus invo-
lontaires, et, de certaine manière, plus incomplets qu’à l’état nor-
mal. Les lois des amnésies viennent vérifier ces principes. Les
doutes des psychasténiques sont, en quelque manière, è comparer
avec les amnésies hystériques, car ils traduisent le trouble de la
fonction, au point de vuede la claire conscience. Les chorées et
les tics, les agitalions motrices névropathiques ne sontquedes
formes d’activité inférieure et automalique, substituées à l'activité
supérieure, libre, adaptée. Les paralysies, tremblemenls, contrac-
tures hystériques sont généralement en rapport avec quelque sys
tème psychologique ainsi détaché de la personnalitó. M. Janel in-
siste sur son intéressante interprétation des phobies de l’action
chez Ies psychasténiques, d’après lesquels les phénomènes émotifs
seraient, non primitifs, mais secondaires au sentiment d’incom-
plétude qui estlui-mème légitimé par une désintégration réelle de
l’acte, qui a perdu ses caractères supérieurs de liberté, d’aisance,
d’adaptalion. Les troubles de la perception, des inslincts et des
fonctions viscérales sont ramenés avec simplicité et élégance à ces
mémes explications.
La deuxième partie nous donne une vue plus synthétique de
l’hvstérie, dans Iaquelle la dissociation des fonctions et le rótré-
cissement du champ de conscience, expressions d’une mème désa-
grégation, qui touche la personne menlale sans detruire la fonc-
tion, viennent remplacer les insuffisantes notions de simulation et
de suggestion dont M. Janet fait une très fine critique. Nous
voyons la psychasténie caractérisée essentiellement par la perte
de la fonction du réel, la plus difficile de toutes. Ainsi les névroses
sont considérées, non comme d’étranges mystères, ni comme des
maladies sans lésions, maiscommedes maladies caractérisées par
certains symptòmes psychologiques qui montrent l’intégrité des
fonctions acquises (automatisme), avec le trouble profond des
fonctions d'óvolulion (adaptation, sentiment du réel).
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Dans cette vue d’ensemble de toule son oeuvre, M. Janel nous
montre par l'exemple de l’étude des névroses, quels inestimables
et mutuels services peuvent se rendre la psychologie et la clinique
mentale, lorsqu'une théorie aussi large et précise à la fois les
réunit dans une mème synthèse.
M. Mionard.
Délire de perséoution. — Délire chronique à baae d’inter-
prétation, par le D r Henri Wallon. Paris, Baillière, éditeur.
La thèseduD' Henri Wallon lémoigne aussi de l’union intirne
de la psychologie et de la clinique et contribue pour sa part à nous
faire espérer les plus beaux résultats de l’applicalion de l’esprit
d’anolyse aux genres et aux espèces morbides isolés par la science
des aliénistes. Le rapide historique que l’on trouve au début de ce
travail est d’aptant plus intéressant qu’il est fait d’un point de vue
très personnel qui domine toute la thèse : celui de la légilimité de
la différenciation des diverses variétés du délire chronique. Six
observations très vivantes et de grand intérét nous montrent des
formes intermédiaires ou composées, diffìciles à classer entre le
délire de revendication et celui d’interprétation qu’ont décrit
MM. Sérieux et Capgras.
Pour le D' Henri Wallon, les délires chroniques à base d’inler-
prétation, quels qu’ils soient, ne fontque traduire dans l’ordrein-
tellectuel les tendances généralement égocentriques du sujet.
Tandis que l’on peut, en eìíet, rejeterd’un mème cóté les délires
fondés sur des troubles psychosensoriels et hallucinatoires, des in-
cohérencesetdesstéréotypies qui traduisent, en somme, la désinté-
grationplusoumoinsprofondedesfonctions mentales, il fautgarder
en un méme groupetous ces troublesde l’idéation où la personnalité
est respeclée, où les facultés syllogistiques sont piulót augmen-
tées, où toute la synthèse personnelle conspire vers un méme
système dólirant. Quelques-uns lendent à construire un roman
idéal en partant de phénomènes réels. D’autres montrent la vio-
lence deleurs tendances par de plus fréquentes réactions sociales.
Leur parenté s’affìrme cependant dans leur commune constitution
paranoicique. C’est ainsi que chez ces malades, le sentiment est
véritablement l’axe du délire. Avec un grand sens clinique et une
juste conception psychologique, M. Wallon diffórencie ces trou-
bles de tous ceux que l’on peut rattacher à une évolution confu-
sionnelle ou démentielle. II y aurait, à notre avis, un grand avan-
tage à ne pas confondre non plus ces deux derniers points de vue.
Mais là n’est pas la question ; et le róle fondamental de l’aulophi-
lie, favorisée par l’absence d’autocritique dans la genèse de ces
délires, est démontré avec une grande rigueur. II semble que ce
travail marque une intéressante étape dans I’histoiresi caplivante
de l’étude des délires de persécution.
M. Mignard.
Etude de neuropathologie sur les radiculites, par
P. Camus (1 broch. 130 p. Thèse Paris, Baillière 1908).
L’auteur a étudié d’ensemble, en s’inspirant des conseils et des
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UNivERsrry of michigan
n EVUE DES LIVRES
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travaux de son maitre, le Professeur Déjerine, un groupe d aflíec
tions autonomes, les radiculíles liées à l’altération primitive des
racines nerveuses et de leurs enveloppes. Ces « rhizopathies »
particuliòres sont essentiellement dislinctes des paralysies trau-
matiques des racines ou des plexus : elles se caractérisent par un
ensemble de symptómes communs rigoureusement répartis dans
le domaine des racines inléressées : troubles sensitifs, troubles
moteurs, atrophie musculaira et parfois troubles trophiques.
Les caractòres des douleurs, la topographie des troubles 9ensi
tifs en général. la répartition des troubles moteurs et trophiques,
letat de la réflectivité et des réactions électriques, l’étude des
réactions méningées, lalimitation radiculaire pure de ces symp-
tòmes, éclairés par la notion des antécédanls et de l évolution,
constituent les principaux éléments du tableau morbide.
La prédominance de tel ou tel symptòme, la localisation aux
diflíérents étages de laxe encéphalo-médullaire permettent de
distinguerplusieurs formescliniques: formes sensitives, motrices,
ou sensitivo motrices ; formes cervicales, cervico dorsales, lom-
baires, lombo-sacrées ou sacro-coccygiennes. II existedes formes
de paralysies des paires craniennes qu’on peut homologuer aux
radiculites rachidiennes.
Les formes disséminées ou généralisées sont parfois d‘un
diagnostic tròs difficile avec le tabès ; il importe cependant, au
double point de vue du pronostic et de la thérapeutique, d’établir
la distinction (cas des radiculites spécifiques qui sont les plus fró-
quentes, cédant rapidement au traitement et considórées comme
du tabès incipiens).
Les névrites périphériques, les névrites des tumeurs rachi-
diennes, les myelopathies doiventaussi étre distinguées des radi-
culites.
L’histoire des radiculites est toute récente ; elle a élé constituée
au cours de ces dernières années par le D r Déjerine et ses élèves :
il s’agit cependant d’une aflíection fréquente, et méritant d’ètre
étudiée dans un intéressant travail d'ensemble, ce qqi n’avait pas
encore été fait avant la thèse de P. Camus.
P. JUQUELIEB.
Contribution à l’étude séméologique du psittacisme et
de ses dlvers aspects en clinique psychiatrique, par
L. Cotard. 1 broch. 120 p. Thèse Paris, Steinheil 1909. — II
existe. au point de vue de leurgenèse psychologique,deux variétés
de psittacisme (emploi de mots vides de sens) : le psittacisme pri-
mitif dans lequel la pensée n'a jamais existé, et le psittacisme
secondaire dans lequel la pensóe aexisté à unmoment donnémais
a disparu.
Dans la clinique psychiatrique, le psittacisme primitif s’observe
chez les idiots, où il se manifeste principalement sous la forme
décholalie.
Le psittaclsme secondaire est fonction des diverses démences ;
il affecte donc plusieurs aspects : langage réflexe, t radotage, salade
de mots, verbigération, stéVeotypies verbales et néologismes.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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Mais dans certains états psycho-pathologiques on observe
encore le psittacisme à un degré moins prononcé, tel qu’il est
réalisé par le langage des maniaques, des débiìes oudes délirants.
Ce n’est plus absolument l'emploi de mots vides de sens, c'est
le langage sans pensée expresse ou dislincte : le psiltacisme illo-
giquede M. Dugas.
La logorrhée du maniaque. la phraséologie des déliranls, sous
ses diverses formes, avec ou sans fétichisme verbal, sont en effet
des variétós de psittacisme assez différentes du psittacisme
démentiel.
P. Juquelier.
REVUE DES PÉRIODIQUES
Arcìtiees de Neurologic (Janvier 1909)
Mingazzini. — Circonvolutlon du cerveau des allénés. — Dans cet
article très complet et très détaillé, se trouvent relatéesnombre d’ano-
malies anatomiques, constatées par les auteurs et parM.le professeur
Mingazzini lui-mème,- Anomalies des principaux sillons ; anomalies du
lobe frontal; anomalies de longueurou de forme, rappellent en général
les types ancestraux. 11 est vrai que la plupart de ces observations
touchent des idiots. Les faits sont moins nets lorsque i’on parle des
autres aliénós, et en effet, le groupe des « aliénés » est-il bíen réelle-
ment un groupe psychologique et pathologique ? Maintenant que la
science psychiatrique s*est dóveloppée vers l’analyse et la clossification
des symptómes, ne serait-il pas nócessaire de chercher les formes
anatomiques qui peuvent ètre en rapport avec tel ou tel d'entre eux ?
Cette remarque ne s’adresse par d’oilleurs à M. Mingazzini, qui, dans
ses observations personnelles, indique toujours un diagnostic précis,
mais aux statistiques existantes, auxquelles il a dù recourir.
M. M.
Journal de Ncurologic (20 Janvier 1909).
Professeur Xavier Francotte. — Les Processlfs. — Observation
d’un persécuté-persécuteur à tendances quérulentes et processives,
qui, pendant 20 ons, a eu des démélés avec la Justice et n’a cessé
d’adresser des róclamations muitiples aux autorités.
L’auteur, commis à diíTérentes reprises pour examiner le malade, a
toujours conclu à son irresponsabililé.
Les fous processifs, fous raisonnants, ne présentent pas de troubles
sensoriels : les hallucinations et les iilusions font régulièrement
défaut. Le vice fondamental de ces malodes est une sorte d’hypertro-
phie du moi : ils ont un sentiment exagéré de leurs droits, et sont
persuadós que, d’une íaQon continuelle, leur amour-propre est en jeu.
Quoique leur raison soit obnubiiée par un ègoisme maladif, les facultés
syllogistiques restent le plus souvent intactes.
L’idóe qui sert de point de départ au délire processif n’est pas néces-
sairement fausse, ou du moins pas essentiellement absurde en elle-
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REVUE DES PÉRIODIQUES
133
mdme ; maisles déductionsouxquelles elle donne lieu manquent de tout
fondement. Dans quelques cas (observation de Paul L...), le quóru-
lent est un vóritable interprótant, dont les afflrmalion 9 reposent sur des
faits qu’il travestit ou dónature.
Ces malades sont dangereux ; ils so laissent parfois aller aux plua
graves attentats.
Ajoutons que cette observation est en tous points semblable à celles
qae MM. Briand et Brissot ont rapportées à ia Société de Médecine
Légalesur des cas identiques •.
M. Brissot.
Archiccs de Ncurologie (Février 1909).
D f Calevras (Service du Prof. R. Weber de Genève). — Un para-
noTaque aphaslque. — M. le Docteur Cnlevras, assistant du Profes-
seur R. Weber, de Genève, rapporte I’observation intéressante d’un
paranoíaque aphasique K... t qui, postérieusement à l’éclosion d'idées
délirantes nettement systématisóes, présenta des troubles moteurs du
langage (aphémie avec alexie et agraphie), relevant vraisemblablemen
d'une lésion en foyer de la troisième frontale, ou du quadrilatère de
Pierre Marie.
Les hallucinations auditives, dont la richesse était extrème chez le
malade, avaient ceci de particulier, que les paroles y manquaient pres-
que totalement ; K... entendait chanter des mélodies, mais le texte
s’adaptant à ces chansons avait complètement disparu.
L'auteur fait suivre les faits précédents de reraarques fort obscures
concernant les rapports qui unissent i'intelligence et le langage.
II admet, entre autres exemples, que les troubles sensoriels présen-
tés par K... a sont du langage intérieur » et « qu'iis représentent du
travail intellectuel » # ce qui est douteux ; il déclare, en outre, cx
abrtifjío , que tous les aphasiques sont des déments, ce qui est loin
d'étre démontré.
M. Brissot.
La Semaine Mèdicalc (24 Février 1909).
D T Schlub. — Machine à découvrlr le mensonge. — Le D T Schlub
met au point une question qui a produit, par sa répercussion dans la
presse politique, lesplus amusantes erreurs. II estbien certain qu’il ne
s'agit pas « d'une machine à découvrir le mensonge » ; l'on s’occupe
seulement descurieuses variations que subit un courant électrique, qui
traverse un corps humain, lorsque le sujet est agité par une vive émo-
tion ou qu'il exécute un travail intellectuel assez intense. Dubois Rey-
mond en 1849, Vigouroux en 1878, Féré en 1888, etc... avaient dèjà fait
des constatations analogues. M. Veraguth, et plus récemment
MM. Jung et Peterson ont repris ces expóriences. Les voriations ne se
manifestent que quetques secondes après l'application de l'excitaut.
EUes dépendraient d'une modifìcation de la résistance de la peau, par
le moyen d'un réflexe agissant sur les glendes sudoripares. L'bomme
possèderait donc lui aussi, d'une manière bien réduite, il est vrai, des
organes capables de développer une fonction électrique I
1 a Aliénés proceanifsJ non délirnnts », par M. Marcel Bhiand et M. Brissot.
Commnnication fuile à la Société de Médecine Légale de Frtince. Séunce de
Décembre 1908. — Bulletin de la Société, janvicr 1909.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Journal dc Pst/chologic (Jonvier-Février 1909).
Pierre Delaon. — Lols élémentalres d’assoclation des Idées
dans la manle et la démence. — Les lois élémenlaires de l’association
des idóes, lois de ressemblance et de contiguité, régiroient seules I’qc-
tivitó mentale dans rautomatisme démentiel ; chez le maniaque, ou
contraire, elles seraient insuíTisantes à expliquer l'enchaínement des
images et il faudrait faire inlervenir le ròle directeur du sentiment. Ce
principe, assez juste en général, parait insuftisamment démontré : le
dóment n’est pas, comme l’admet M. Pierre Delaon, íatalement un
apathique, et l’infíuence de l’émotion passagère (colère) ou de la joie
stable dirige souvent ses idées dans un sens déterminé. Nous en don-
nons des exemples dans un travail qui paraìtra prochainement. Ces
lois ne peuvent ètre établies qu’après des recherches systématiques.
M. Mignard.
La Tribunc Mètlicalc (6 février 1909).
Schmiergeld. — Etude anatomo pathologlque des glandes sur-
rénales choz les tabétiques. — Contribution à l’étude de la pathogénie
de l’hypertension sanguine chez les tabétiques.
L’nugmentation de la pression sanguine dans le tabès serait due, en
dehors de l’action directe de la syphilis sur les vaissaux artériels, à la
suractivitó des glandes surrénales, également provoquée par cette
infection.
La Rccuc Scicníifiguc (30 janvier 1909).
P. Janet. — Qu’ost-ce qu’une névrose ? Rejetant la conception
de maladies extraordinaires et celle de maladies sans lésions, M. Janet,
partant d’une conception nouvelie de philosophie médicale, arrive á
cette définition: Les névroses sontdes maladies portantsur lesdiverses
fonctions de l’organisme, caractérisóes par une altóration des parties
supérieures de ces fonctions, arrétées dans leur évolution, dans leur
adaptation au moment présent, et par l absence de détérioration des
parties anciennes et simples de ces mèmes fonctions.
M. Genty.
PÉRIOOIQUES ÉTRANGERS.
Neurographs. (Vol. 1, n # 2, 25 mai 1908)
JamesMacfarlane Winfield.— A Biographical Sketch of George
Huntlngton. — Ce numéro, ótant consacré ù George Huntington,
s’ouvre sur une biographie du célèbre neurologiste américain, ò la
suite de laquelle est textuellement reproduite la première description
par son inventeur, en 1872, de la chorée qui a gardó le nom de choróe
de Huntington, et où sont indiqués les trois caractères essentiels de
cette maladie, découverte dans une région très déiimitée de Long
Island : la transmission héróditaire, la tendance marquée vers l’alió-
nation et le suicide, l’incurabilité et l’apparition seulement à l’áge
adulte.
Adof. Srumpell. — Sur la fréquence de la chorée ohronique de
Huntington. - La maladie est très rare en Allemagne, car dans toute
sa carrière I’auteur n’en a pns vu plus de 6 caset il donne l’histoire de
deux de ces cas, observés á la Clinique médicale de Breslau : de ses
observations il conclut que, en dehors des phénomènes moteurs, il n’y
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REVUE DES PÉRIODIQUES
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apasdesigneabsolument coractéristique de cette choróe : los troubles
mentaux ne sont pas constants ; la sensibilitó, les róflexes restent
normaux, etc.
M. Lannois et J. Paviot. — La nature dela léslon hlstologlque de
la choróe de Huntlngton. — Relation d’un cas typique danslequel fut
pratique l’examen anatomo histologique. II n’y a pas de lésions macros-
copiques. Au Nissl, dans la coupe des zones inotrices droite et gauche,
semanifeste un semis de grains colorés en bleu, paraissant distincts
de9 grains névrogliques, souvent groupés par 3 ou 4 autour d'une
cellule pyramidale, c’est à dire situés en dehors des cellules ; les pyra-
raidales sont déformées et il y a chromatolyse. Ces lósions sont bien
coastantes dan9 la maladie de Huntington où l’héróditó ne porterait
qae sur le terrain ; elles n’en sont pas absolument spóciflques car on
les rencontre dans d’autres affections, dans un cas de chorée sympto-
matique d’origiue alcoolique probable, dans un cas de myoclonie, etc.
Etant donnó la parentó symptomatologique, Ies auteurs admettent
I’opinion de Murri, Roncoroni, Mannini, que les chorées, les myoclo-
nies, certains tics vrais et mème certaines athétoses doubles sont dus
h des encóphalites surtout de la région rolandique, déterminant une
altération d’irritation, mais non de destruction (ce qui entrainerait la
parésie et la paralysie) de la couche cellulaire corticale.
William Osler. — Note hlstorique sur la chorée hérédltaire. —
Après quelques mots sur des descriplions très anciennes de la chorée
de Sydenham, l’auteur signale que dès 1842, un módecin omóricain,
C. 0. Waters, reconnaissait l’existence d une chorée héréditaire incu-
rable de I’adulte, trente ans avant Huntington, et qu’un outre módecin,
amóricain encore, Irving W. Lyon, dons un article du 19 décembre
1863 sur ia choróe chronique hóréditaire paru dons YAnxerican Mcilical
Times , dócrivoit nettement les coractères de I'afTection. Enfln, 9 i on cite
la référence de lo maladie découverte par Waters, faite par Gorrnan
dans la Practice of Mcdecinc de Dunglison, on voit que trois mentions
en avaient étó faites ovant Huntington. Ainsi M. William Browning
donne, à la fln de ce numóro, une notice sur Waters dont le nom
devrait, en toute justice, étre affectó á cette chorée, une sur Gorman
et une sur Lyon, et dans la bibliographie jusqu’en 1908 des travaux
concernant la choróe héróditaire, donne-t-il ces trois róférences avant
la description de Huntington.
SmitB Ely Jelliffe. — Contrlbutlon à l’histoire de la chorée de
Huntlngton. Rapport préliminalre.
Fbídéuick Tilney. — Une famille du Connecticut où l’on peut
tulvre la transmlssion choréique. — Biographie de cette famille
dontles seuls descendants sont choréiques dans la région et dont I’au-
teur a retracé l’histoire depuis ie début du xvii* siècle.
G. L. Diefendorf. — Les symptómea mentaux dans la chorée de
Huntlngton. — Examen de trois catógories de symptòmes : 1*) les
déflciences congénitales (imbécitité) trouvées 8 íois dans 28 cas (soit 28
p. 100), et dont un exemplo est donné par une observation de chorée
chez un ópiieptique ; 2 # ) la démence simple progressive, présente 10
íois sur les28 cas, dans laquelle l'auteur indíque des périodes d’accrois-
sement considérable de l’irritabilité passionneile, et aussi des périodes
transitoires ne durant parfois que quelques heures, de découragement
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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etd'ennui, avec souvent des tentntives de suicide ; il signale des per-
versions érnotives très caractéristiques et permettant un diagnostic
difíórentiel très sùr d’aveo la démence pnralytique, des troubles de
mémoire faibles en général (sauf dans 3 cas), des diíficulfés de com-
préhension seulement aux derniers stades de la maladie, une étroite
limitation des associations d’idées ou défauts de jugement. etc. La
dómence ne devient pas nócessairement complète avant la mort comme
dans la paralysie générale. mais parfois son évolution est très rapide ;
3*) des symptòmes d’aliénation présents dans 14 cas, se présentant soit
comme la forme hébóphrénique de la démence précoce avec insomnie,
anxiétó, etc., et bientòt, au contruire, apathie et indolence, soit
comtne une psychose d’angoisse intermittente, avec idées d’auto accu-
sation, hallucinations de l’ouíe, agitation et tentatives de suicide.
En général le développement des symptòmes mentaux des deux der-
nières catégories (qui s’ajoutent aux symplómes congénitaux) sepréci-
pite peu avant la mort, et les phénomènes choréiques se prolongent
plusieui s annóes avant leur apparition ; il n’y a eu qu un cas de l’auteur
où les deux ordres de phénomènes évoluèrent parallèlement. Dans
tousles cas d’ailleurs les symptòmes mentaux s’accompagnent d’aggra-
vation des symptómes moteurs. Enfin dans deux cas, l’un après
dix ans de mouvements choréiques (mort de pneumonie) ; l’autre après
vingt ans (sujet encore vivant à 70 ans), il n’y a absolument pas eu de
troubles mentaux, qui ne sont donc peut-ètre pas aussi essentiels qu’on
le dit à la maladie.
H. Piéron.
The American Journal of Psyc/tology (Vol XIX, n* 4, Octobre 1908)
FRńDÉRic Lyman Wells. — Les « performances » normales dansle
« tapplng test » avant et apròs exercice, en rapport surtout avec
les phénomènes de fatigue. — Le test de l’auteur qui, sous une
forme plus prócise, équivaut à notre « épreuve des petits points »,
consiste à faire frapper le plus vite possible à un sujet sur une clef de
Morse ; on inscrit ies fermetures de circuit sur un cyiindre gràce à un
signal électrique, en regard d'une inscription du temps avec un chro*
nographe de Jaquet. On peut dès lors déterminer combien il estpossi-
ble de donner de coups voiontaires en l’unitó de temps. Les expórien-
ces se fìrent pendant des durées de 30 secondes, sóparées par des
intervalies de 2 minutes et demie, à 5 reprises. Dans chaque reprise on
note naturellement une dócroissance rógulière du nombre des« tapes »
qui passe de 40 ou 41 à 32 ou 36 de la première période de 5 secondes
à la sixiòme et dernière. La somme des tapes des 5reprises s’est trouvóe
étre en moyenne de 220,4 chez un sujet, soit environ 7.34 à la seconde.
le maximum étant de[8.2. Cette somme moyenne a varió chez 10 sujets
normaux pour la main droite, de 155,2 à 218,8 avec une moyenne
gónórale de 194,9 soit 6,5 à la seconde, contre 173,0 pour ia main
gauche. La décroissance moyenne, due à la fatigue, par póriode de
5 en 5 secondes, passe régulièrement, pour les dix sujets en question,
de 35 à 30,7 pour la main droite. de 32 à 27 pour ia main gauche. La
pratique, en revanche, augmente sensiblement, au début du moins, la
rapiditó des tapes, passant chez un sujet de 197,9 à 218, 6 pour la main
droite, de 187,0 à 206,4 pour la main gauche, et, chez un autre, respec-
tivement de 207,4 à 276,0 et de 184,5 à 207,9. L’auteur a, en outre, cher-
ché quelle était I’infìuence de la pratique sur la fatigabilité. II a établi
un « index de fatigue » en établissantun rapport dont le numérateur
est le nombre de tapes des 5 dernières secondes, et le dénominateur le
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nombre dans les 5 secondes initiales. S’il n’y a pas eu de fatigue, Ies
deux nombres étant identiques, le rapport est 1, plus il y a eu fatigue,
plus le rapport diminue et s’óloigne de l’unitó. Or le rapport, au fur et
à mesure de la pratique, se rapproche en génóral davantage de Tunitó,
c’est-à-dire que la fatigabilité diminue. La main gauche possède en
gónéral (chez les sujets qui étaient droitiers) une plus grande fatiga*
bilité. Enfln, la fatigabilité est d’autant pius grande, que le nombre des
tapes du dóbut est plus élevé, l'index de fatigue étant pour 42 de 0,79,
pour 41, de 0,81 dans un cas, de 0,77 dans un autre, et atteignant 0,87
pour 36, 0,93 pour 35 tapes initiales. Un « index de dextrisme » a étó
aussi établi en faisant un rapport des tapes de la main gauche à ceires
de la main droite ; il y a égalitó quand le rapport est égal à 1, s'il
dépasse 1, c'est alors un « index de mancinisme ».
C. E. Ferree. — Le phénomòne du ruissellement. — (Streaming
phenomenon ). Le phénomène que nous traduisons sous le terme
précédent consiste en ce que parfois dans le champ de la vision
paraissent s'ócouler comme des flux de liquides suivant des ondulations
variées, aussi bien à l'obscurité qu'à une falble lumière, les formes
ondulatoires variant considérablement sous l'influence des mouve-
ments oculaires, tout ceci indiquant qu'il ne s’agit pas là d'images
entoptiques de circulation et ces phénomènes ayant d’ailleurs des
effets sur la vision et empèchant plus ou moins les images consécuti-
ves négatives. L'auteur donne un certain nombre d'esquisses de ces
formes de flux granuleux. II examine ce qui a été écrit sur la vision
du phénomène de circulation rétinienne, sur les lumínosités spontanóes
de l'oeil, et conclut que le phénomène qu’il décrit est bien nouveau et
ue se confond avec aucun autre prócédemment connu.
J. Carleton Bell. —- L’lnfluence de la auggeatlon sur la repro-
ductlon des trlangles et de dlstances linéaires entre des polnts. —
Normalement les erreurs sont positives et les distances exagóróes,
saufchezdeux des sujets, à erreurs nógatives ; mais le type de l'erreur
estconstant chez un individu donné. L'influence de la suggestion, qui
varie beaucoup suivant les sujets, peut modifíer l’erreur, la diminuer,
l augmenter, la changer de signe.
Margaret Ashmun. — Uno étude des tempéraments d’apròs les
exemples de la llttérature. — Etude rapide, d'après les personnoges
de la littérature classique, des personniflcations du caractère actif, du
sensitif. de l’apathique, de l'amorphe, de l'instable, et enfln des carac-
tères composites.
H. E. Houston et W. W. Washburn. — Des effets des différentes
sortes d’óclairage artlflclel sur des surfaces coloróes. — Etude
pratique et intéressante sur Ies modifícations apportées à la perception
de couleurs défìnies par des éclairages courants. Les couleurs types
examinées d’abord à ia lumière du jour étaient le rouge (vermillon
anglais), l'orangó (rouge minéral), le jaune (jaune de chrome), le vert
(vertde Paris)et le bleu (outremer artiflciel) localisées au spectros*
cope dans les longueurs d’onde en p.ix 644, 614, 585, 518 et 452. Avec la
lampe à arc, le rouge et l’orangó sont exactement pergus, le bleu est un
peu dévié vers le rouge, le jaune devantage, et le vert au inaximum ;
avec le gaz, le rouge, comme avec tous les éclairages d’ailleurs, n’est pas
modifìó, I’orangé, le jaune, le vert et le bleu sont déplacós vers le bleu
et le violet, considérablement, en sorte que le jaune vu au gaz paralt
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nettement plus vert que le vert, vu ovec lalampeò orc. Avec ia lampe
à huile les deux phénomònes inverses de déplacement coexistent; le
bleun’est pas sensiblement modifló ; mais l'orangé et le jaune sont
dóplacés versle bleu, et le vert au contraire vers le rouge; aussi Ie vert
et le jaune ne se diflérencient-ils plus guère ; le vert y a la méme
couleur exactement que le jaune vu à la lumière du gaz. La lampe à
incandescence etle manchon ont à peu près les mémes eflets que le
gaz.
E. B. Titcheneh et L. K. Geissler. — ilne bibliographie des
oeuvres soientiflques de Wilholm Wundt — Bibliographie compre-
nant 221 numéros et monlrant une activité qui parait ne cesser de
croitre avec Pàge. UHabiUtationsschrift date de 1856, et 1908 a vu
paraltre le premier volume de la 6* édition constamment tenue à
jourde la belle oeuvre : Grundsugc dcr plujsiolofjischen Pst/chologic .
P.
Thc Psychological Bullctin (Vol. V. n" 8-12 Aoùt-Dócembre 1908)
Adolf Meyer. — Les'problèmes des types de réaction mentale
et des causes psychlques des maladies mentales. — L'auteur
résume une discussion qui s’est poursuivie surtout en Allemagne sur
le róle de cousalitó qu’on peut ou non attribuer ò certains phénomènes
mentaux, des ómotions par exemple, dans la genèse de certaines
formes d'aliónation, telles que la dómence"prócoce. II s’ólève avec
raison contre la tendance que.l’on a conslamment en médecine men*
tale à óriger les troubles en entités morbides, coramg s’il y avait des
« maladies » ò existence bien déflnie. II substitue ò ces divisions un
groupement phénoménal de « types de réaction mentale »ainsidivisé ;
1* les réactions provenant de désordros organiques (a) phénomènes
d’osymbolie, opraxio, aphosie ; b) l’épilepsie psychique, le complexus
de Korsakofl, la paralysie générale, les troubles séniles); 2* les états
délirant8 àimagination de réve, par intoxicntion exogène ou endogène ;
3° les róactions essentiellement oíTectives (dépression, angoísse, réaction
maniaque dópressive); 4* les troubles paranoiaques (a) Inquiétude,
rumínalion); b) apparition d’idéesdominantes); c) fausses interprétations
et tendance ò la systématisation); d) íalsiflcations rétrospectives ou
hallucinatoires) ; e) dévéloppements mégalomaniaques); f) réactions
antisociales dangereuses par perte de l'adoptibilitó au /niiieu) ; 5* les
désordres de substitution du type de l'hystérie et de la psychasthónie ;
6* les types de défout et de lacunes mentales.
F. Kuhlmann. — L’état actuel des recherches sur la mémoire.
— Exposó des problèmes étudiés parlesótudes expérimentales rócem-
ment entreprises : un grand nombre concernent les courbes de la
mémoire, c’est ò-dire I’aíTaiblissement de la mémoire en fonction du
temps, et les études quantitatives sur les souvenirs sous 1‘influence
du degró de complexitó des objets à retenir, de la nature des excita-
tions sensorielles, de I’àge et de rintelligence en général; certaina
autres ont trait à la question protique de l'exercice de lo mémoire et
des méthodes les plus économiques de mémorisntion. II en est enflnqui
commencent ò s’adresser aux.illusions de lomémóire.
J. W. Baird. — Le problème de la céclté chromatlque. —
L’ochromatopsie a permis de sérieux progrès dans nos connaissances
sar le mécanisme de la vision des couleurs, gráce aux très nombreuses
expériences qui ont été íoites ; mois il reste encore bien des questions
(Voir la suitc apròs lc Bullctin bibliographiquc mcnsuelj.
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NOUVELLES
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non rósolues, tenant à la cécité chromatique eile-méme, dont Tauteur
énumère quelques-unes et qu*il serait souhaitable de voir prochaine-
ment élucider.
Oskar Nagel. — L’évolutlon des sens. — L'auteur, en quelques
mots, sìgnale le parallélisme dans i'évolution de l’ouie et cellede la vue
qa’il a dójè tracó, et mème dans celle de ce qu'il appelie le « sens
central », le cerveau. II considère l’óvolution sensorielle comme for-
mant la base du progrès humain (pour la peinture et la inusique par
exemple) et rattache accessoirement l’évolution au principe de Carnot,
Carnot, lui, paraissant le fondateur de la théorie exacte de l'óvolution.
II n’y a qu’une afflrmation ; on voudrait en voir une justification.
P.
NOUVELLES
Personnel des aslles. — Moucement de Mars. — M. le docleur
Castin, médecin-adjoint de l’asile d’aliénés de Dijon, est nommóméde-
cin en chef de Tasile d’aliónés de Saint Robert (Isòre), en remplace-
nientdu docteur Allaman, mis en disponibilité.
M. le docteur Itfonestier, directeur-módecin de l’asile d’aliónés de
Pau, est nommó à la 3' classe du cadre.
M. le docteur Fenayrou, directeur-médecin de l’asile d’aliénés de
Rodez, est promu ò la 2* classe du cadre.
M. le docteur Ricoux, médecin odjoint de l’asile d’aliénés de Fains
(Meuse), est nommé médecin en chef du quartier d’hospice des aliénés
de Pontorson (Manche) et maintenu dans les cadres du personnel des
médecins des asiles publics.
Distinctions honorifiqiics. — Est nommó Chevalier de la Légion
d’honneur: M. le docteur Voisin, médecin de la Salpétrière à Paris.
Est nommó Offlcier de l’Instruction publique : M. le docteur Cossa,
médecin en chef de l’asile d’aliénés de Saint Pons (Alpes-Maritimes).
Concours de l’lnternat en médecine des asiles de la Selne. — Le
jary du concours est composé de MM. Blin, Dupin, Legrain, Pactkt,
médecins des osiles de la Seine; Riche, médecin de I’hospice de
tìicétre; Gouget, médecin des hopitaux ; Mauclaire, chirurgien des
hópitaux et des asiles.
Les candidats inscrits sont au nombre de douze.
Les épreuves écrites ont commencó le 22 mars. Les questions don- .
nées pour lo pathologie externe et interne étaient: 1* Fracturcs du
rocher;2 • F.rysipèle; les questions suivantes sont demeurées dons
l'urne : Fractures du col du Fómur, complications dela fièvre typhoide;
symptómes, diagnostic et traitement de l’appendicite, Urémie.
Nécrologie. — Nous avons appris, avec un vif regret, la mort de
Ebbinghaùs, professeur ò l’Universitó de Breslou, l éditeur de l’impor-
tanle revue « Zeitschrift fúr Physiologie und Psychologie der Linnes
organe », qui s’était doublée récemment d’un « Zeitschrift fúr Psycho-
logie ». C’est une grave perte pour la psychologie allemonde.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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SOCIÈTÉS
SOCIÉTÉ MÉDICO-P8TCHOLOGIQUE
Sèancc du 22 fècrier 1909
MM. Dhiand et Brissot : Quclqucs cas dc cocxistcncc dc Vépilcpsic
accc unc nèsanic. Hèrèditè doublc. — MM. Briand et Brissot étudient
chez plusieurs molades la coexistence de l'ópilepsie avec une vésanie.
Des six observations que les auteurs ropportent, un íait primordial,
déjà mis en lumière par M. Magnan, se dégoge : une hèrèditè double,
paterncllc et nxaterncllc^ cnqcndrc souccnt chez lcs dcsccndants unc
ajfcction double x
Dans lo majorité des cas, l’alcoolisme du père détermine chez I*en-
fant des crises convulsives de nature comitiale, tondis que les symptó-
mes de vésanie, qui coexistent avec l’épilepsie, chez ce dernier, tirent
leur origine des iroubles mentoux, que présente la mère. L’hérédilé
similaire épileptique est rare.
Mois il est de toute évidence, qu’on ne peut poser, à cet égard, de loi
générole, la tronsmission héréditaire ótunt, dans ses éléments, fort
variable d’un sujet ù un autre.
C’est, en effet, Texception que la dualitó pathologique provienne d’un
porent uníque chez qui on rencontre associés ces deux ótats morbides;
Tobservation V offre un exemple frappant de cette transmíssion : un
pòre, à la fois ivrogne et mélancolique, a transmis seul à sa fllle la
double maladie dont il souíTre.
II fout noter ce foit que ralcoolisme paternel est une cause presque
constante d'épilepsie chez I’enfant, et que les cas sont peu fréquents
dans lesquels le mal comitial de l’ascendant se reproduit d’une faQon
intégrale chez le descendant (observation IV).
Dons les six exemples rapportés par les auteurs, une fois seulement
(observation IV), I héródité convulsive maternelle a été observóe, le
père étant, dans ce cas, l'agent vecteur et producteur de la vésanie
(Hórédité opposée).
La malade qui fait l’objet de Tobservation VI présente une triple
afíection : dans ce curieux exemple de coexistence de trois états mor-
bides différents, Tintoxication éthylique était venue s’ajouter à deux
maladies nerveuses, épilepsie et mélancolie, que le sujet tenoit d'une
double héródité.
Parmi les diverses psychoses accompagnant le mal cadue, la mélan-
colie est de beaucoup la plus fréquente : la manie, la folie ò double
forme, le délire de persócution se montrent souvent associés à l’épi-
lepsie.
MM. Briand et Brissot terminent celte étude cn altiront I'attention
du médecin-Iégiste sur les difflcultés du diagnostic, en pareilles cir-
constonces.
MM. J. Levy- Vai.ensi et Georges Lf.ràt : Un cas de dèlirc de nxèdinm -
nitè. — II s’agit d’une íemme, ògée de 37 ans, n’ayont présenté jus-
que là oucun phénomène morbide et considérée par son entourage
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S0CIÉTÉ3
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comme une femme supórieure et ónergiqjie. Ello a t cependant, des
tendances superstitieuses; elle consulte des cartoraanciennes et des
diseuses de bonne aventuro.
En octobre dernier, elle va consulter une femme « medium ». Celle-ci
évoque fàme du père de la malade et sousjl’impulsion de cette Ame, écnt
des révélatioris qui impressionnent vivement ia malade.
Dès le lendemain, notre malade se sent devenir « medium »; sa
main, comme « électrisée » t écrit les choses les plus invraisemblables.
Iinmédiatement, l'&me de son père parle en elle, dans son cceur, son
estoraac. etc.
Observée depuis près de quatre mois, à la Salpétrière (service de
M. le professeur Raymond) et à l'asile de Vaucluse (service de M. ie
D f Dupain;, cette malade n’a cessé de délirer. On trouve, dans son
délire, des idées de persécution, des idées hvpocondriaques, des itìées
de négation, des idées de ruine et aussi des idées mégalomańiàques.
Elle a des hallucinations auditives, psycho-motrices, visuelles et des
hnllucinations dela sensibilité générale. Le polymorphisme, la mobilité,
le thème de ce délire, permettent de le ranger dans le groupe des
délires des dégónérés.
Un dernier point est curieux dans cette observation. Au mohient de
Péclosion du délire, la version de la malade fut acceptóe par son mari
et par les personnes de son entourage. II fallut à ceux-ci une dizaine
de Jours pour se rendre compte du caractère pathologique des pròpos
de cette malade.
♦ # #
Élcction. — Le D r Gordon (de Philadelphie) est élu membre associó
étr^nger, après lecture d’un rapport de M. Semelaigne.
G. Collet.
SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE
Sèance du 18 Fècrier 1909
A propos d'un cas de dèmcnce prècoce acec troubles cèrèbellcux pró-
senté à 1& dernière séance parM. Dufouh, M. Gilbert Ballet, ayant
observé pendant un certain temps cette malade dans son service de
l'Hòtel-Dieu, ne croft pas qu'il existe chez elle de symptómes suíflsam- !
ment décisifs pour afflrraer la démence prócoce.
Xalcur pratiquc de la glycosurie alinxentaire dans le pronostic des
dèlìres. — MM. Laignel Lavastine et Rosanoff ont trouvó très fré-
quemment la glycosurie alimentaire chez les malades du service des
délirants del'Hótel-Dieu. Cette constatation de la glycosurie alimentaire
prend une certaine importance dans lediagnostic d’idóes mélancoliques
hypocondriaques ou de persécution, lorsque l’anamnèse manque pres-
que complètement. On peut alors songer à une origine toxique du
dólire et porter un pronostic relativement bénin.
La constatation de la glycosurie alimentaire chez trois mélancoliques
récidivants, pendant leur dólire, ne permet-elle pas de soutenir qu'il
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s’agit dans ces cas f non pas de psychose póriodique, mais de syndro-
mes mentaux toxiques ?
M. Dufour. — Le syndrome d’insuffisance hépatique n’est qu’une
réaction éloignóe de la mélancolie et il ne semble pas qu*on puisse y
trouver un ólément de pronostic.
M. H. Claude vient de ropporter, dansun travail fait avec M. Blan-
chetière, le résultat de recherches portant sur les modifications urinai-
res au coursdes maladies nerveuses et mentales. En particulier dans
trois ótats mélancoliques de gravité très difíórente, les épreuves de la
glycosurie ont donné toujours des résultats nógatifs. II ne parait donc
pas possible d'en tirer une indication au point de vue du pronostic.
M. Laignel-Lavastine estime que la constatalion de ce signe, bì elle
ne peut permettre un pronostic absolument précis, est tout au moins
une indicalion d'un certain intérét.
Psychose pcriodique. Móningitc chroniquc-syphilitique. Dèmencc. —
MM. E. Duprè et René Charpentier montrent un malade qui présente
un état maniaque avec excitation intellectuelle et motrice pour lequel
it est interné ó I'AsiIe cìinique depuis quatorze mois. A 18 ans il eut
pendant trois semaines une périodede dépression avec idées mélanco-
liques, cette póriode de dépression succédait à un état d’excitalion qui
n’avait duró que quelques jours. Au dóbut de l’accès actuel les choses
se sont passées de la mème fagon et on peut donc porter le diagnoslic
ferme de psychose maniaco-mólancolique. Mais depuis Tinternement ie
niveau intellectuel s’est aílaibll ; cet afiaiblissement intellectuel s’ac-
centue de jour en jour et les actes prennent un cachet démentiel.
L’examen physique montre de l’inégalitó pupillaire, le signe d'Argyll-
Robertson et une lymphocytose abondante dans le liquide cóphalo-ra-
chidien. L'ensemble du tableau clinique fait écarter le diagnostic de
paralysie générale. II semble donc que l’on puisso affirmer l’existence
d une méningite chronique syphilitique, survenue au cours d’un état
d’excitation de la psychose périodique et à laquelle on doit rapporter
l'état démentiel actuel.
Sur un cas de psychose pèriodique ches un dèbile. — M. RenÈ Char-
pentier monfre un malade qui présente actueliement un ótat d'excita-
tion maniaque caractérisó à la fois par de l agitation motrice et de
l'excitation intellectuelle. Les antécédents apprennent qu il a toujours
étó un débile ; ce n’est qu'au prix de répétitions multiples qu’il a pu
acquérir une instruction élémentaire. La psychose périodique débutaà
l'àge de 16 ans par un accès ce dépression ayant duró 2 mois, suivi
d’un état mixte de quelques semaines. Depuis cette ópoque, c'est-à-dire
pendant onze ans, il y eut à intervalles irréguliers, tantót des accès
d’excitation, tantòt des accès de dépression avec idóes de suicide, tantót
des états mixtes. Le inalade fut interné à quatre reprises. Dans la
longue suite de cerlificats auxquels ii donna lieu on trouve trois dia-
gnostics diííérents : hébéphrénie, accès d’excilation liés à la débilité
mentale, psychose périodique. Ce malade soulève la question des
accès d'excitation qui seraient liés à ladóbilitó mentale. II semble qu’il
y ait une tendance exagérée á rapporter à la dóbilitó mentale tous les
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sociÉrÉs
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accès d’excitation ou de dépression survenant chez les débiles et qtie
le cas des psychoses périodiques est, en réalitó, beaucoup plus vaste
que ne l’admettent les auteurs classiques. ^
M. Gilbert Ballet. — Ce malade est un débile, la chose n’est pas
douteuse et il est ógalement incontestable que c’est un débile atteint
de psychose périodique. Or pendant longtemps il a étó étiquetó débile
avec accòs d’excitation. Je crois que beaucoup de prétendus accès
d'excitation ou de dépression récidivantes des faibles d’esprit ne sont
que des accès de la psychose périodique.
Débilìtc mcntate ct cijclothtfniie. — MM. G. DENYet A. Pelissier pré-
sentent deux malades atteintes de débilité mentale et d’excitation
maniaque intermittente. Ici non plus, les phénomènes d’excitation, qui
datent de l enfance, ne ressortissent pas, comme on l’a cru et indiquó
dans la plupart des certificats, à l état de débilité intellectuelle, mais
bien au complexus symptomatique de la psychose maniaque dépres-
sive. De pareils états de dóséquilibration aflective sont très souvent
iribataires de la psychose-maniaque dépressive dont ils représentent
les forines írustes ou atténuées, bien étudiées récemment sous le nom
de cyclothymie. Faut-il admettre ici que nous sommes en présence
d’accès de manie ou de mélancolie dégénératives ? Mais il faudrait,
au préalable, démontrer qu’il existe des difíérences fondamentales en-
iie les accès de manie ou de mélancolie survenant chez des dégénérés et
ceux qui s'observent chez des sujets indemnes de tares dégénératives ;
celles que l’on a indiquées jusqu’ici sont beaucoup trop fragiles pour
que l'on puisse leur accorder une grande valeur. La folie périodique
des dégénérés doitdonc ètrc considérée comme un syndrome litigieux
qu’il convient jusqu’à nouvel ordre de faire rentrer dans le cadre de la
psychose maniaque dépressive.
M. Vallon. — Ce qui caractérise les accès d'excitation et de dépres-
sion des débiles, c'est I’irrógularité comme intensité, comme forme,
comme durée, etc,
M. Deny. — Ces caractères appartenant aussi bien aux accès de
manie et de mélancolie périodiques qu’aux accès de manie ou de
mélancolie dégénératives, on ne saurait se fonder sur eux pour établir
une ligne de déinarcation entre les diflérentes formespsychopathiques.
M. Gilbert Ballet. — Je ne me crois pas en droit de rayer de la
nosologie les accès d’excitation ou de dépression qu'on rattache à la
débilité mentale ; ce que je prétends, c’est que beaucoup de ces accès
des débiles ressortissent à la psychose périodique la plus lógitime. La
question a son importance non seulement au pointde vue nosologique
maisaussi au point de vue du pronostic,
Un cas d’obsession accc tranfor/nation cìèlirante terminàe par la
mort. — MM. P. Sollier et M. Chartier rapportent un cas qui vient
confìrmer la notion de la possibilitó de Ia transformation de certains
óiats d obsession en délire véritable.
II s’agit d’une malade chez laquelle, vers 25 ans, à la suite d’une
flèvre typholde se manifestèrent des troubles sous la forme d’émoti-
vító morbide diífuse ; peu à peu apparut une tendance ò l’obsession et
à la phobie avec un fond d’anxiété et d'asthénie générale ; I’obsession
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s’applique à des objets de plus en plus déterminós, les préoccupations
de ia malade ont pour base deux ordres de phónomànes : les pbó-
nomènes psychiques proprement dits et les phónomènes cénesthopa-
thiques. Par une progression régulière ces deux ordres de phénomènes
aboutissent à un dólire intense revètant la forme du syndrome de
Cotard.
Les auteurs attirent l’attention sur le pronostic rèservé que compor
tent certams cas d'obsession, qui s’accompagnent, comme celui-ci, de
phénoinènes cénesthopalhiques intenses et de certains troubles viscé-
raux, en particulier la tachycardie.
P. J.
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SOCIÉTÈ CLINIQUE
DB
MÉDECINE MENTALE
Séance du 15 Février 1909
Présidence de M. MAGNAN
SOMMAIRE
Elections. — Membre titulaire : M. le D r H. Hugonin. Membres asso-
cìés étrangers: M. le D r Giné y Marriera ; M. le D r Ségaloff.
Prèsentations. — I. MM. Leroy et Trénel. — Un cas de maladie
mentale íamiliale. Folie périodique (?) chez deux sceurs. (Discussion:
MM. Magnan, Ritti, Colin).
II. M. de Clérambault. — Migraine. Aphasieet parósie transitoires.
Accès comitial(?). Ethylisme. Fugue inconsciente, íugue consciente.
Tendances au suicide (Discussion: M. Colin).
III. M. Trénbl. — Mélancolie chez une négresse soudanaise.
IV. M. Dagonbt. — La persistance des neuro-fibrilles dans la para-
iysie générale (Discussion: MM. Vigouroux, Trénel, Briand, Piéuon).
V. M. Vigouroux. — Deux cas d’aphasie sensorielle.
Elections
MEMBRE TITULAIRE
Est élu à la raajorité membre tìtulaire de la Sociélé Clinique de
Médecine Mentale : M. le D r Hugonin, médecin directeup de la
Maison de Santé Reboul-Richebraques, 15, place Daumesnil, pré-
senté par MM. Magnan et Legras.
Membres associés étrangers
Sur la proposition du bureau, sont élus à la majoritó membres
associés étrangers :
M. le D r Giné y Marriera, médecin directeur de l’Asile d’alié-
nés de Barcelone.
M. le D 1 Ségaloff, 4, rue Léopold-Robert, Paris.
<v
íiKVpe jcik. i ;Sy ciii a; tRít'.
ì'm^KN'TAtìONS
]. Un cas de maíadse medbale famiHale. Paychose de
forme périodique chez deux bcbmCb. j.w»r MM. Lmov'ei Tìiìínf.l
( í’ri^ent'iUon iLí de'fx iiíaliitJiis'.
f * 0?}** í [ k ' í% , V //■ '~ r , \ r ; ;V', ; •• T _/'•. ‘À ! &£ì ,‘ì > tcT. -VjV;x '
'• iNOiís nrósc-nions deux sfrdiFs dont l’uno o;si : i\ci btdíom»v»it:'>&1 jrhe
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Cíttỳ; CtUèxtíne d.-Ì t, ?-ỳ ivÁ*
//#/ 'tnijufr ỳ&jé&»ìin*?i
« x * 'r.íi'fa dr fnrt/t-f rn<utinỳtíir
;{$$*. t)l uùoi <CUH t Ui i dv.
dfe,4ix 'iuoia
de díuv.e, et ikini l'aíjtrv oiíee ie ì.aiiteaii cJhìíijue >Ĺ; ia yU.!f*fi'ur,
; • • ' >s -FamUle A.
, ÁWtété/ieńU h<-T0>íf(itfèg, - jSojis. ì/íhopoij*- fés' suilécédents préci's
dfi ttjLte fatnille. Le pisrd Jiicftip’it' *su lfi01 ; d'úno alIocUon de i’esfo-
iiwi' »> 57 «hs. 1.3 »iii.r>; .V-'co ti.-tVì <>!is, vit eiK'Ore, nmis nuraii un
tUM-fc. ir.'Kf mt iii.véáu dù tá feàjsè gátichèvtèi p.»Fenis eúrerit 0
ttnííUits : /. , . . . . .. •’..'
Aldfàfidrotìtort ò i3 moís;
Hosdiié — fnvirli? iÌì; m»trii»gité á 20 inois,
Àíosaiidrp ~ :í:í fms, iiii'ii [„>rtitiit j.ar.iil. nornml;
Ci'iftsttrR! -- itO ńjis, inti't'ni'o /i Maison Ulancho;
Mai'ÌK— 27 miri, hilemóe U yille-Ltrard ;
]);nKÌ - anti. bien [iiirU'iit.
Lef. tJ.'nv u.Mvr.ns sui'v»v«nts ímliítenl eucore Je .fnys natnl.
Ounnt .iu>, ilenv•|ì'ít.;s, efìuv viiit'eiil m jitarer l'nne iipres i iintrè
ixnmi''' * l'siis : Còíesttneeu UHJO, 'Marie. en 1 íHi.T.:
MM • • .* ■ / tB
SOCIÉTÉS
147
Cas /. — Marie A.'
V' aceès 'sixmr.is). — Pendant qu’elle était encoredans sa famille,
Marie, la plus jeune, présenta à 21 ans un accèsde violente exalta*
tion maniaque qui nécessita son placement ò l asile de St Alban (été
1902). Elle en sortit guérie au bout de six mois et vint rejoindre à
Paris sa soeur Célestine.
Période intercallaire (cinq ans). — Toutes deux fìrent un certain
nombre de places comme cuisiniòres, bonnes ò tout faire, retour-
nant de temps en temps passer quelques mois au pays natal, à
Tépoque des grands travaux agricoles. Elles renoncòrent en 1907 à
vivre chez les autres, louòrent une chambre et vécurent dès lors
]ibi*es, en faisanl des ménages.
2* accès (dix mois ). — C est au commencement de novembre 1907
que Marie présenta un second accès délirant, sans cause connue.
Elle fut arrètée sur la voie publique et conduite, le 5 novembre 1907
au dépòt, oii M. Legras rédige lecertiíìcat suivant: Dèbilité mentale
pro/onde ; exciiation moniaque acluclle. Kxcentricités sur la voie
publique , rires, ìarmes , dit acoir /teur. Insomnie. Se déoèt. Oppo-
siiion. Apalhie. Obtusion nolable. Pro/>os con/us. Peut-étre ajfai-
biissement intellectuel? Parle d'épisodes li/>o(h//miques ou amnési-
(/ues.
La malade passe le lendemain dans le service de l’admission à
Sle-Ánne où M. Magnan note, en plus de débilité mentale, de la
dépression mélancolique acec hallucinalions probables et idèes de
persécution. Elle est enfìn envoyée à Pasile de Ville-Evrard le 8
novembre 1907. M. Kéraval délivre lecertifìcat « délire halluctna-
toire f répond pèniblement aux quesíions , a Vair de suicre ce qui
se passe intérieurement. » L’excitation augmente ; on constale
une grande fuite des idées. La malade crie, chante, frappe le
personnel, parle constamment en patois, déchire son linge en
morceaux qu’elle met autour de sa taille. Elle se montre désor-
donnée, malpropre et gáteuse, s'assied dans ses excréments. Son
plus grand souci est de dérober tous les aliments qu'elle trouve
sous sa main pour les avaler gloutonnement. II faut l’habiller, la
déshabiller, la nettoyer en tout. On la voit, par instants, rire à
gorge déployée ou pleurer à chaudes larmes pendant un quart
d heure. La malade regoit avec une parfaite indiflérence la visite
de sa soeur et ne s’occupe qu à dévorer les íriandises que celle-ci
lui apporte.
Cet état de grande agitation dure pendant 10 mois, jusqu’en
septembre 1908. II est interrompu, à plusieurs reprises, par
une semaine de dépression correspondant avec les ópoques mens-
truelles qui viennent rógulièrement. Marie se calme assez rapide-
ment vers le commencement de septembre 1908 et redevient ‘nor-
male ne conservant qu’un souvenir assez peu précis de sa maladie.
C est, comme vous le voyez, une forte fille à la figure réjouie,
d'esprit très débile. Elle sourit niaisement quand on lui parie et
se trouve contente de son sort. Elle s’informe souvent de la santé
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UNivERsrry of michigan
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KEVUE DE PSVCHIATRIE
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de sa soeur, actuellement très malade et fait des vooux pour sa
prochaine guérison. Son instruclion est des plus rudimentsires,
sa mémoire mauvaise, son raisonnement enfantin. Ellese.rend
comple de sa maladie, mais n'en donne que des explicalions
embrouillées. Au point de vue physique, cette malade n’offre rien
departiculierà signaler. Coeurnormal. P=70. Températurerectale
moyenne: 37*. Menstruation régulière. Ni sucre, ni albumine dans
l’urine.
Marie A. jouit d'une santé psychique paraissant normale depuis
5 mois. Elle s'occupe aux soins du ménage et on esl très satisfait
de son travail. Cet ótat se maintiendra-t-il ? II est permis d'en
douter, car, depuis trois jours, les infirmières constatent chez elle
une certaine surexcitation, de l'insomnie; la malade chante avant
de se coucher. Peut-étre un nouveiaccès maniaque se prépare-t il ? 1
Cas II. — Célestine A.
A. Célestine ágée de 35 ans, entrée le 12 juin 1908. Mónagère.
1 " accès (deux mois). — A étó en 1899, pendant quelques mois,
infirmière dans un asile de province. Elle y aurait eu une fìèvre
lyphoíde grave avec érysipèle, maladies sur lesquelles nous
n’avons que les renseignements donnéspar la malade elle-mème.
Elle racontequ'elle aurait été malade 2 mois.Elleaurait eu un délire
assez actif.« J'entendais toujours une femme près de mon lit qui me
demandait du fil et des aiguilles ; je voyais le démon, il étaitnoir
avec une queue, il m'offrait un fauteuil rouge, je ne voulais pas,
j’avais deux cheminsà prendre, je ne lenais pas à mourir; j’étais
très agitée, j’avais beaucoupde fièvre...o Elle fit encore, après gué-
rison, quelques semaines de service. Nous avons appris qu’elle
avait été remerciée pour incapacité.
Période iniercallaire (neuf anx). — Après avoir quitté l’asile
elle vint à Paris oh elle se placa comme domestique. en dernier
lieu elle faisait des ménages. Sa soeur étaDt tombée malade, elle
venait la voir régulièrement à Ville-Evrard.
2* accès. — Période maniaque. — Elle est prise elle-méme de
délire dans des conditions que nous ignorons. Cependant dans un
moment de lucidité relative, 10 jours après so'n entrée, elle disait
1 Pendant la correclion dcs épreuves, M. Nolé, directcur-médecin de l’asile
de St-Alban, nous envoie des renseignenienls forl intéressunls aur le séjour
de Maric A. dans son service. La malade fut internée d’ofljce le 16 septembre
1901, pour un accès de violentc agitation. Cci tificat d’admission : Manie uiguS
avec agitation continuelle; íoquacttt 1 , incohérence des idèes et du langage. Ĺa
malade présente un hesoin immodéré de mouvcment , rit ou pteure sans cause
apprèciable. Incapabie de fixer son attention , elle ne peut répondre aux
questions qui lui sonl adressèes. Etìe divague sut lous tes sujets ; parte à haute
voix toute ia nuit. Amcnorrhèe depuis ptusieurs moia ,
Certificat de quinzainc ; Manie aiguè , agilation continuelle , loquacitè, inco -
hérencc des idèes et du langage , dèsordre comptet des actes.
La inalade reste agitée et incohérente pendunt les trois derniers mois de
1 unnée 1901, se calme en janvier 1902, voit ses règles réupparaitte au mois
d’uvril et soi t guérie le 15 mui 1902.
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SOCIÉTÉS
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que dans sa dernière place tous ses aliments se changeaient en
poison, qu’elle ne mangeait plus, ne buvait plus. « Elle ne voyait
plus que la terreur. Elle ne pouvait plus rester chez elle; elle
allait à l’Eglise ». Elle est internóe le 10 juin 1908. Les premiers
certificats sont les suivants:
Débilitè mentale. Excitation maniaque. Agitation , logorrhée ,
insornnie , refus d'aliments. Pouls: 100. Absence de renseignements.
(D r de Clérambáult).
Exaltation maniague acec hallucinations , troubles de la sensi *
bililé générale , idées de persécution; loguacité, cris y pleurs, propos
désordonnés , contusions multiples. (D r Magnan).
A sonentrée à Maison Blanchele 12 juinl908,elle est dansunétat
d’excitation avec incohérence complète des actes et des paroles,
logorrhée, agitation, insomnie, fièvre, accélération du pouls, mau-
vais état général, sécheresse de la langue. Elle a de la confusion
dans les idées, mais cette confusion n'est pas complète. Tout en
divaguant, elle répond avec une certaine précision aux questions
simpíes ; c'est elle-mème qui nous apprend qu’elle a une soeur
internée à Ville Evrard; de plus elle indique la date de cet interne-
ment, sait en quelle année nous sommes, quelle place elle a quittóe
récemment. Mais, si on la laisse parler, elle se montre incohórente
et suivant toute apparence hallucinóe :« On fait dire ce qu’on veut
dire... Les Messieurs se sont trouvés foudroyés... La religion qui
se trouve en Belgique... C’est une horreur de toute ma famille et
partout, ga m’estégal demourir... Cest la guerre auMaroc... Pour
quelle erreur ? Pourquoi m’a-t on fait comme ga .. Les éléments
que l’on m’a fait... On m’a fait venir pour me tuer... On a fait mal
à ma famille. II y a eu du chambardement, des coups decanon...
J’ai eu une folie, unamoureux, unjeunehomme chez qui j’ai été...
Une carte que j’ai écrite... on a dit que j’étais folle. C’est le lundi
que j’ai fait le foudroiement de Péglise. »
Les jours suivants elle reste très incohérente, parait très hallu-
cinée, dit qu’elle voit des tétes de mort, rópond à des voix, leur dit
qu’il faut demander autre chose, qu’elle ne sait pas ce qui est arrivé.
« Je suis un démon, on m’a maudit pour Dieu ; la terreur est avec
moi, cet homme c èst sa faute ce n’est pas la méme chose. II ne
failait pas m’envoyer le Dimanche. Oui, malheur à moi, malheur
à moi (Elle a grand peur, elle fait des gestes pour repousser quel-
qu'un, qu'elle parait voir). Sauvez-moi, on va me couper la téte.
Je suis maudite. Qu’est-ce que c’est que ce Monsieur qui vient me
voir ? Le ciel ne mourra pas. Je vois, je vais ètre foudroyée. (Elle
secogne violemment la tète par intervalles. Elle se dit protestante
et n’allant pas à l’église il lui est arrivé malheur). La foudre mon
Dieu ! Qui jn’a vendue ? Le ciel est le phénix. (Par moments parle
de l’asile de Ville-Evrard et de Pierrefeu). La cellule ! que c’est
noir ici. Je suis à l’hópital avec beaucoup de malades. J’aime mieux
que l'on me tue de suite. Je veux m’en aller, je veux m’en aller.
Voyez, je perds tout mon ssng. On a arraché mon cceur; je ne
sais plus. J'ai mal à la tète. Mon Dieu ! je veux mourir. C’est tou-
jours la méme chose, laissez moi m’en aller ! »
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pBUt sní&ir iíepvniiatií !J!ihÍ({(Ií--'í fííinn'tMiiJi <i <'«-v;«!aiie danfc 1n.nquols
hIIo (ionmi des í'L’Hí.cignpiiiHfjis sun’waroftíoiii i.i'epìiv N$»ttmoim
íioft afeìtfiiíDii iNittiiyií»rit t<*ÌÌ0 < j u ei í ò '.'átírt/.éí.r-ft ; »u' fovjJ-
fon dos ogilr'ps aiHéèS;
Le ÍD jiíiUft oljo est plns calrne éí .pe.nl óli/ 1 rjmujoéo & 5'i‘if'i* -
ńìerie. Moi? eo culme rolalif est iv.issógèf : f> jólirs áprès. cìlo i.ioit
óirt; rttplacéo ńnx Mgitéov. f.es propos- rt*st«m ii»col»»*reots. - les 'h»l*
lucinations persisLónt. Klío paroU ayoir des tpo'ibles tle Ju ?en.si-
bilito Kóoénilo.
f.xaroen dii 13juiIìeL - « >! y >i eomme denx porties d»ns inwi
corps, c’tíst la nalafyÌpWdé^'Tnul un i«s do matadios... eoiHitmnt
jéSiiiSiissiniìlée... je río syis pes re <]m'‘ c’cst... e estdansle vtíìui'o ...
co nfosl pas-:la rjióa tjji pirr|rbnrt i:<*rp«... c tísl darvs mn brmchpiii:
rpmnd je íuis dans lo iiém>í.. . Jíjm.s k s tt>y»nctí» qortud je hai's
ìoís Vtí»x, je rití peux. pás óXjdMtner. Tout. parle dedroite ei d<>
fjai.HThfì. G'e.st menii ubiblè. » (elie mfinile>te <i>- Ja írayenr pltìuro,
s■.èi’ítrlO''à ì'oiHrè brmf du Jít). !o cattse. moo* je m: sois ptm, j>;
m? rcftardtí pos. ilvllo parle. k-.s yeus oJ-slinènieiu íerniés, pousstì
ilev. .sóupirs). Oijelque ehnse. me niotiltì dn ercur, tíela iíie faif crier
el íó>ipirt*r. '.* !*i.ds cfniime elle ícrmo d« n»uvcau ìes yenx. >*n
Ini tie.mandé e>.- 'jn'oík ; •'< I>q jàuile, du l>la>ie, dtìs romis *
.ÓS'ańs dóule dt* siwj/jtí> pho>pjiénesí. i ; ’ : ; , ;
L<! » aoin. i Mtíllniion > ntlónimol. elfo esl.icplavrw i innrmoric.
fstVfi .iRÌtft'tioiv st; (!'-•>nsíonntí, c-llí* <:i.i!<mm)e.e ti pícndie ii*-s aUtfij.
lies LÌ'npparr-nee ctititlOMÍqne, niiiìs frés pas,sns?ère.s. >ji,ití moiíirtí )<>
i'horoprupbitì
t U sjJufijít^ì'j‘e-s.lji>tí iíu’trfè'pe.ndfipj pjusíp’fń-? stínvjines.
Au <*'.»irs du'.niv*i's 'iá^'.^ptf*it»'br#.} , ^)tAt»on
- 1'a mfíj.iàe tís't ciitTey* i.*evi $ pim daúsnn
"(•’i •!*.* stuj!>.u.ir :*V'V 'itoi'isme. Kli.• !>v(e éteij.jtir* eomjilńlmnunl
C&e*(ń* ,Jv' f<vè <i
j?=iiGo gle
Qri-giri&lfFo.m
mÌRSlVf'Ó? M1
y
SOCiÉTÉS
151
immobile, soit au lit, soit pendant les quelques heures ou on la
place dans un fauteuil, chantonnant seulement de temps à autre,
ou faisant entendre une sorte de vagissement quand on 1 examine.
Parfois elle répond brièvement bonjour, quand on laborde. Elle
ne fait aucun mouvement volontaire, sauf qu'elle résiste parfois à
l’examen, retire le bras quand on veut lui táter le pouls. Elle
présente un certain degré de flexibilitas cerea, et conserve les
attitudes qui lui sont imposées pendant quelques instants.
Dès le début de cette 2 e période, on constate unabaissementde la
température qui, apròs avoir oscillé pendant deux semaines entre
3o* et 36° (température rectale) s’est relevé ensuite un peu, mais
est encore revenue à 35°4, dans l’aisselle et dans le rectum.
Lepouls est très ralenti et tombe à 44. II se relève en dernier
lieu à 52. II est faible et dépressible. II s'accélère nolablement
mais d’une facon très passagère, quand la malade s’irrite pour
quelque cause (examen, alimentation). A l'auscultation, le premier
bruit est un peu prolongó. mais reste assez bien frappé, ainsi que
le second bruit; le grand silence esl très prolongé. Le tracé sphyg-
mographique traduit ce ralentissement.
La face est pále, l’amaigrissement considérable, quoique la
malade prenne une alimentation suílìsante. Le poids est tombé à
49 kil. 250 le 13 novembre ; (la malade est de grande taille).
Ilexiste une ougmentation appréciable de la quantité d'urine.
L'excrétion de l’urée est notablement inférieure à la normale.
Les chiflres suivants en donneront une idóe (analyses faites par
M. M. Picon, interne en pharmacie).
Quontité cn 2 f i hcures
Urée pnr litre
4 Novembre
6gr. 50
6 -
1.200 cc.
12 gr. 50
12 —
2.000 cc.
6 gr. 60
3 Déceinbre
1.500 cc.
14 gr. 50
5 —
9gr.
8 —
1.600 gr.
9gr. 80 .
10 —
2.000 gr.
8 gr. 50
12 —
1.800 gr.
8gr.
Ledosage des chlorures et des pho'sphates donne les résultats
suivants :
,
3 Décembre
Chlorures (en NaCl)
10gr.72 par litre.
Phosphates (en P-0 : ')
0 gr. 80 —
5 —
Chlorures —
6 gr. 734
Phosphates —
1 gr. 10 —
Les chiflres normauxótant respectivement 6 et 1,2, l’écart n’est
pas tròs grand ; malheureusement le petit nombre d’analyses qui
a pu étre fait ne permet pas une conclusion.
Depuisunmois la lempérature est remontée de nouveau au
voisinage de la normale, le poids augmente progressiveinent, la
malade paralt se réveiller un peu.
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Origioal frn-m
UNivERsrry of michigan
Cas 2 . Ccíctltne ^ 4 . Pou's raltnti un peu tnè^al. Prcmier bruit tlu cwur un peu pro/oRgè. Grand silencc très prolongé
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SOCIÉTES
153
M"* Célestine A.
TABLEAU DES POIDS
1908 1908 1909
kUhrt
27.
39 k.
750
feTrato
29.
40 k.
100
JaiTier
ì.
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400
—
28.
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800
—
30.
40 k.
—
2.
40 k.
500
—
29.
39 k.
800
Icceabrt
1.
40 k.
—
3.
40 k.
300
"T
30.
40 k.
—
2i
40 k.
—
4.
40 k,
300
—
31.
39 k.
800
—
3.
39 k.
500
—
5.
40 k.
300
hTrabn
1.
39 k.
800
—
4.
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500
—
6.
40 k.
300
—
2.
39 k.
800
—
5.
39 k.
700
—
7.
40 K.
300
—
3.
40 k.
—
6.
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800
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8.
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4.
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500
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7.
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—
9.
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200
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8.
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10.
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300
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6.
39 k.
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—»
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500
—
11.
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7.
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10.
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11.
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13.
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500
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17.
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500
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600
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500
—
22.
40 k.
200
—
18.
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700
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21.
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500
—
23.
40 k.
200
—
19.
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750
—
22.
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600
* —
24.
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20.
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800
—
23.
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40 k.
200
—
21.
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—
24.
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900
—
26.
—
22.
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900
—
25.
40 k.
—
27.
—
23.
39 k.
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_
26.
40 k.
200
—
28.
—
24.
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—
27.
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500
—
29.
—
25.
40 k.
200
—
28.
40 k.
600
—
30.
—
26.
40 k.
100
—
29.
40 k.
500
FéTritr
1 .
41 k.
500
—
27.
40 k.
—
30.
40 k.
500
—
5.
41 k.
600
—
28.
40 k.
—
31.
40 k.
500
—
10.
42 k.
De ces deux malades, la première présenle un cas relativement
simple. S'agit il pour elle de bouffées délirantes récidivantes ou
d'accès de íolie périodique de forme maniaque •?
L'existence de deux accès séparés par un intervalle de guéri-
son de cinq années, la fuite des idées, la brusquerie du début dela
crise et de la guérison, Tidentité des deux accès permettent de
penserque nous nous trouvons, très vraisemblablement, en pró-
sence d'une folie périodique.
Autant que nous pouvons en juger, les deux accès eurent bien
une marche identique. Ils débutèrent por une courte période de
méloncolie anxieuse suivie d’une longue phase m8niaque.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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En ce qui concerne le second cas, on pourrait élre lenté de le
ranger dans la démence précoce, en raison des stéréotypies, des
tendances catatóniques que présente la malade. Mais il ne nous
semblepasque raflfectivilé soit réellement atteinte, et, pour en
donner un exemple, la malade a pleuré quand sa sceur, guérie de
son accès, est venue lui rendre visite : ce n'est point lò une réac*
tion de dement précoce. La catatonie ne nous empécherait pas de
porter le diagnostic, réservó d aiileurs. de folie périodique que
l’avenir permettra seul de vérifier. Nous devons faire observer
quela maladea eu, en 1899, une affection fébrile et dójirante quali-
fiéede fìèvre typhoíde, mais sur la nature exacte de laquelle nous
ne sommes nullement édifió. Ce ne fut peut-ètre qu’un premier
accès déliranf. L’accès auquel nous avons assistó présenle un pre-
mier stade d’agitation motrice avec fuite des ifìées et logorrhée,
peut-étre accompagnó d’hallucinations et un second stade de
stupeur.
Nous ferons remarquer que la marche de la maladie a élé
irrverse chez sa soeur où un stade de mólancolie anxieuse a
prócódó le long accès maniaque.
En dernier lieu, nous attirons rattention sur l’hypothermie
remarquable par son intensité etsa durée, ainsi que sur le ralen-
tissement du pouls.
Nous ne chercherons pas à classer d’une facon précise ces cas
si discutables. Nous n’avons voulu qu’apporter ici un document
clinique nouveau à l’histoire des psychoses familiales, dontl’inté-
rét est si grand au point de vue de la pathologie gónérale en méde-
cine mentale.
iNTERROGATOIHE DES MALADES
La première malade présentée par M. Leroy parait étre en très
bonne santé. Intimidée, elle rit, se détourne et répond peu aux
questions qui lui sont posées:
D. — Voulez-vous raconter comment vous étes tombée
maìade ?_ En quelques mots. Vous vous rappelez que
vous aviez des voix, des visions ?-Combien de temps étes-vous
restée malade ?
R. — (Après hésitation). J’y suis restée un mois.
D. — Qu est-ce que vous faisiez étatit malade ? Vous chan-
tiez.Voyons. causez un peu. Vous allez bien maintenant;
depuis quand allez-vous mieux ?
R. — Six mois.
La deuxième maìade présentée par M. Trénel a, au contraire, le
teint terreux ; elle resle affaissée sur la chaise où on la place, tout
le tronc incliné, ne regardant guère autour d’elle; la bouche est fer-
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UNIVERSrn' OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
155
mée, elle gémit par intervalles. M. Trónel lui dit bonjour en l’ap-
pelant par son prénom ; elle tourne la téte mais gémit seulement.
M. Trénel lui dit: donnez-moi la main, en tendant lui-méme la
sienne. Elle ne manifeste aucune ébauche de mouvement. M. Tré-
nel donne encore sur elle les détails suivants : elle ne s’alimente
pas seule, mais se laisse nourrir à la cuiller; elle a d'autre part des
tendances catatoniques (qui ont étó plus accusées à la suite de son
agitation, mais qui ne sont pas de la catatonie proprement dite).
M. Trénel lui levant les bras, elle les abaisse en effet d'elle-méme
au bout d’un instant.
M. Magnan et M. Ritti cherchent à Ies faire causer entre elles:
# dites bonjour à votre soeur; faites-la parler, embrassez-la »,
disent-ils à la inalade de M. Leroy. Mais celle-ci se borne à répon-
dre en parlant à voix basse à sa soeur : « elle ne veut rien dire ».
Cette malade se montre extrémement puérile et se met à rire niai-
sement à toutes les questions.
M. Colin. — M. Trénel est-il bien certain qu'il s’agit ici de folie
périodique ?
M. Trénel. — Cette malade a présenté un accès subit d'agita-
tion, puis la dópression actuelle. II y a conservalion de 1’afTectivité,
ce qui élimine la démence prócoce, malgró quelques tendances
catatoniques. La signifìcalion de la catatonie dans la démence
précoce serait d’ailleurs à reprendre. Oans le travail de Kahlbaum
on trouve déjà décrite Ia catatonie au cours d'affections indubita-
blement périodiques. J'ai vu des cas du méme genre.
Un peulaissée à elle-méme pendant ce temps, la maladeébauche
un sourire, a des gémissements spontanés, tourne la téte comme
pour regarder près d'elle quelque chose qu’elle y verrait.
M. Magnan. — Elle est hallucinée.
M. Trénel. — Je n’en ai pas la conviction.
M. Magnan. — Elle ne le dit pas ; maiselle l’exprime. D’ailleurs
cela ne peut résoudre la question de périodicité ; des intermittents
sont hallucinés. Mais pourquoi avez vousdit afTection familiale. ?
M. Trénel. — Les aflections familiales ont pour caractères :
I’apparilion au méme áge; une évolution analogue chez les sujets
d'une méme famille; et en méme temps quelques traits distinctifs
les difTérenciant des afTections analogues. C'est le cas de nos deux
malades.
M. Magnan. — Mais voici trois frères qui ont, l’un une folie du
doute, l'aulre un accès d’agitation, le troisième des idées de persé-
cution ; c’est la mème influence héréditaire.
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M. Trénel. — Oui, mais ne répondant pas au type maladie
familiale.
M. Magnan. — En présence de deux frères paralytiques géné-
raux, parlera-t-on de maladie familiale ?
M. Trénel. — Supposons que de deux frères l'un devienne syrin-
gomyélique, l’autre soit atteint de paralysie infantile, il nesaurait
s'agirde maladie familiale : on admettra simplement une prédis-
position nerveuse commune. Que l’on observe au contraire deux
maladies de Friedreich sur une famille de cinq frères on verra Ià
une maladie familiale. Raisonnons de méme dans nolre cas. Voici
deux soeurs atteintes d'une affection analogue : en nous plagant
au seul point de vue descriplif.la question ne vaut-elle pas la peine
d’étre posée.
M. Ritti. — Ces deux soeurs n'ont pour se ressembler que la
périodicité, et l’on sait que la póriodicitó est caractéristique des
formes hóróditaires.
M. Leroy. — Je. dois signaler que ma malade, quoique plus
exclusivement maniaque, a ofTert quelques courtes phases de
dépression en rapport avec ses époques menstruelles.
M. Trénel. — L'hérédité est hors de doute.Morel, par exemple,
a rapporté l’observation d’une famillede cinq personnes pourmon-
trer les modiflcations que peuvent présenterdes troubles mentaux
sous celteoriginecommune ; eh bien, en reprenantces cinq cas, on
s’aperQoit qu’il s'agit en réalilé de cinq périodiques.
M. Magnan. — Mais sur cinq frères, il n'y en a quelquefois
qu’un seul qui est touché.
M. Trénel. — II n’y a quelquefois qu'un Friedreich dans une
famille.
M. Ritti. — J'ai dans mon service plusieurs cas de ce que
M. Trénel dénomme « maladie mentèle familiale ». Et d'abord
trois soeurs qui, toutes les trois, sont en démence vésanique; puis
deux soeurs, atteintes, l’une d’imbécilité, l’autre de démence pró-
coce; encore deux soeurs dont l’une est démente précoce et l'autre
une maniaque avec délire polymorphe où prédominent les idées
mystiques ; enfìn, deux soeurs, qui sont atteintes, I'une de folie
circulaire bien caractérisée el l’aulre, d'aflaiblissement intellec-
tuel avec des idées de grandeur. On voit qu’il y a lè les formes
mentales les plus diverses; et pour constituer une véritable
maladie familiale, il faudrait, me semble-il, trouver des signes
pathognomoniques qui la caractérisent plus netlement que nous
ne pouvons le faire jusqu’ici.
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Origirìal frn-m
UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
157
M. Trénel. — ll serait nécessaire de bien difíérencier les cas :
tantót on rencontre dans une méme iignée des affections identi-
ques, tantòt des atTections différenles. L’étude de ces faits à propos
desquels nous rappellerons, entre autres, un travail important de
M. Vigouroux, mériterait d’étre suivie.
II. Migralne. — Aphasle et parósie transitoires. — Une
senie attaque (éthyiisme). — Pugue inconsciente. — Fugue
consciente. — Tendance au suicide, par M. de Clérambault.
(Présentation de malade). ,
Ce malade, aujourd’hui guéri, a présenlé divers symptómes
rattachables à l’gpiiepsie larvée.
A. H. — Père vivant, 69 ans, variqueux. — La mère a vraisem-
blablement présenté des troubles mentaux à la suite de la méno-
pause (53 ans); durant deux années elle sorait restée conflnée
dans sa maison ; elle aurait passé au lit lesonze premiers mois,
sans aucune apparence de maladie organique grave ; du jour oti
eile se serait décidée à sortir, eile aurait rapidement guéri,
(mélancolie ? hystérie ?). — Un frère, àgé de 33 ans, aurait eu
deux bronchites sérieuses, l’uneà 19ans, i'autre durant le service
militaire ; attaques convulsices dans i’enfance.
A. P. — Notre malade avait un mois et demi, quand on remar-
qua chez lui le strabisme externe gauche èt le ptosis gauche qu'il
présente encore aujourd’hui. Aucune convulsiòn n'avait été obser-
vée ; ii n'en aurait pas présenté depuis. Vers 14 ans, névralgies
denlaires banales. A15 ans, premiers malaises graves, sous forme
d’une série de migraines qui dure deux années. a J’avais la tète
serrée àéclater ; souvent mes migraines étaient suivies de picote-
ments et d’engourdissements du bras gauche ; des douieurs des-
cendaient et remontaient le longdu bras, elles étaient plus fortes
du còtó de la main : je faisais voiontairement des mouvements
pour essayer de me dégourdir, et j'avais peur de lácher des objets
et notamment les bouteilles quand je versais à boire. Un jour,
après toute unesemainede migraines, j'aisubitementcessé depou-
voirparler. Rentrant chez moià deux heures avecmesdouleurs, je
me lave la tète à l'eau sédative, et tout d’uncoup j’ai comme la
langue paralysée, je m'assieds ; ma mère entre dans ma cham-
bre et m’interroge ; impossible de répondre, je me mels à pleurer.
Cet état aduré cinq heures; j'avais alorsia téteenfeu, etjesentais
comme des douleurs dans tous les membres, sans doute par suite
d'énervement. Ma langue était immobiiisée, mais j'avais bien
toute mon idée à moi, les mots me venaient bien en esprit, je
comprenais aussi loutes les paroles et, comme le médecjn avait
prononcé le mot « congestion », j’ai demandé par signes un dic-
tionnaire, pour chercher ce mot. J'avais alors mesqualre membres
tout à fail libres, je voulais méme sauter par la fenètre, non pour
me tuer, mais parce que toules ces personnes s'occupant de moi,
m'exaspéraient ; je voulais fuir et vivre seul. Le médecin me fit
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mettre dessangsues aux fesses, après son départ, ma famille tint
conseil, etl’on me donna à boire de l’urine (sic) ; après cette crise
les douleurs de téte continuèrent. Dans la matinée j’avais bu un
demi-litre de vin, chez ma tante qui était ópicière, je buvais lou-
jours un peu plus chez elle. »
Pendant deux mois, à la suite de cet épisode, interruption des
études pour cause de migraines. A 17 ans, velléités de suicide. A
19 ans, blennorhagie, pas de syphilis. Exempté du service mili-
taire (strabisme). Employé de commerce (représentation en tis-
sus); marié à 29 ans
A 33 ans (1906), malaises dus au suOéthr/liame chronique , (toux
et pituites matutinales). Tendance hypochondriaque, repos à la
campagne, deux consultations médicales chaque moi.s. Des préoc-
' cupations motivées entretenaient sa dépression. Une fois où, su
cours d'un voyage, il apprend que sa femme est soufTranle, il
revient prócipitamment, arrive de nuit, et il est regu par sa belle-
mère si peu aimablement, dit il, qu immédiatement il reprend le
train, et, revenu à son point de départ, il s alite. « A partir de
là jé n’ai plus rien valu », nous dit-il.
Un mois après cette scène son irrilabilité lui fait quilter son
emploi, et à la suile de libations, des Iroubles d’allurecomiliale se
produisent. Revenu dans sa ville habituelle, il boit, et se véceille
dans une chambre d’hotel sans sacoir comment il y est venu. II se
rappelait avoir marché, très surexcité, dans telle rue, et s’ètre
senti tomber au moment où il passait le Iong d’un mur. Les sou-
venirs du mur et du commencement de chute sont nets. Des récits
de témoins lui ont appris qu’il était entró après cela dans un café
« avec un air de somnambule », et qu’après avoir commandé une
consommation, il s’était endormi la téte sur la table ; ne pouvant
le réveiller, on le transporte dans une chambre, on le déshabille
eton le couche; au réveil ilétait frais et dispos. (Avril 1906). Lors
de cet ópisode il crolt n’avoir pas uriné et ne pas s’ètre mordu la
langue.
Quelques jours ou quelques semaines après cet ictus, il demande
lui méme son internement dans un des asiles du Midi, où il reste
quatre mois. II présentait alors de la dépression avecidées de sui-
cide et une gastrite alcoolique qui guérit en un mois.
Après sa sortie de l’asile, il se repose deux mois, puis travaille,
et se sent très heureux jusqu’à janvier 1908, moment où une dis-
cussion avec sa femme provoque une fugue de 13 jours, très
consciente, au retour de laquelle il se tire un coup de revolver.
En février 1908, il vient à Paris pour se distraire, puis se reposer.
Le 12 janvier 1909, il élait emmené à rinfirmerie spéciale.
L’ictus survenu en avril 1906 semble bien ètre la récélation
d'une prèdisposition épileptique, quisans Valcool neseserait jamais
manifestée ni si netiement , ni sous cetieforme. Le souvenir de la
chute n’est pas très rare dans le mal comitial: d’autre part l’auto-
matisme consécutif et le subit sommeil terminal nous semblent
typiques. Le sujet ne peut pas préciser s'il est tombé, ou si ses
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Origiaal frn-m
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SOCIÉTÉS
159
jambes n’ont fait que fléchir ; de toutes fagons on peut présumer
qu’il n'est pas resté sur le sol pendant longtemps, autrement les
faits auraient pris une autre tournure. Déjà sans cet iclus, la
nature épileptique descrises migraineuses était probable.
Nousnoterons que les troubles sensitifs, les tremblements, les
parésies, ont óté íoujours unilaléraux et situés à yauche. Comme
)e malude est gaucher, )a simultanéité de parésie gaucheet d'apha-
sie est normale ; quelques heures avant l'aphasie s'était manifes-
tée dans )e bras qauche une recrudescence du tremblement, de
l'engourdissement, de la parésie. On pourrait croire aujourd’hui
que le sujet est ambidextre, parce qu’il écrit de la main droite ;
tnais l'éducation seule en a été cause, les mouvements les plus
spontanés se font à gauche, la main gauche est plus développée, et
dans les jeux de l’enfance (par exemple pour lancer une balle)
c'était toujours la rnain gauche qui agissait. Nous remarquerons
en outre que le ptosis , datant de l’enfance, siège à yauche. Donc,
ì’hémisphère droit du sujet (anormalement le plus développé) s’est
toujours trouvé le seul alteint.
Dans la crise migraineuse, le membre supérieur a élé le seul
éprouvé, comme c’est la règle. De méme, les paresthésies ont eu
le caractère classique (monter el descendre, prédominer aux
extrémilés). II n'y a pas eu traced'ophthalmoplégie durant les cri-
ses de migraine observées dans l’adolescence. Rappelons que la
migraine ophthalmoplégique débule dans l’enfance, (cf. le ptosis
et le slrabisme de notre malade), mais n’est pas parcellaire et va
généralement en progressant. (Charcot).
Notre malade n’a pas eu de délire consécutif ò la migraine;
nous avons observé récemment un délire de ce genre, et cette fois
encore le substratum épileptique nous a paru certain.
Notre malade a présenté une fois, à l'áge de 33 ans (déc. 1908)
une hallucination de quelque durée, surgiedans le sommeil, accom-
pagnée d'action et suivie de souvenir. Dans la nuit. la voix de sa
mère l’a réveillé, criant a Julot », elle semblait venir de derrière
la porte ; le malade s’est levé, a étó ouvrir la porte et a cherché
de còté et d'autre pendant trois ou quatre minutes, dit-il, et cela
non pas machinalement ni par acquit de conscience, mais avec la
ferme conviction que sa mère était là. Pas de recrudescence éthy-
lique à cette époque, mais dépression qui lui semblait immolivée.
Ces hallucinations hypniques, avec ou sans action, et suivies de
souvenir, se rencontrent chez des hystóriques, des intoxiqués, des
déments, des vésaniques, des comitiaux; dans notre cas Ia colnci-
dence avec une prédisposition épileptique semble spécialement
digne de remarque. Notre malade est sujet à rèver tout haut. On
n'a jamais dit qu’il ait eu, étant enfant, de terreurs nocturnes.
La fugue consciente accomplie par notre malade semble ètre de
caractère complexe. a En janvier 1908, nous dit-it, j’ai eu une
dispute avec ma femme, vers les 11 heures du soir ; j’ai déclaré
«tu ne me reverras plus », et je suis parti sans autre chose qu'un
peu d'argent. J’ai passé la nuit dans un café, buvant quelques
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bocks, puis je me suis rendu à la gare, et j'ai passé de suite sur les
quais afln de ne pas ètre retrouvé par mon frère. J ai ensuite
erré pendantl2 ou 13 jours, visitant diverses villes oti j’avais des
amis à voir. En quittant la maison, mon intention était de me sui-
cider, seulement je voulais voir auparavant quelques amis. Par
moments j'oubliais mes projets de suicide, et je cherchais un em-
ploi. Dans la journée je reprenais goùt à la vie, occupéque j’étais
par mes allées et venues. Le soir en rentrant à l’hótel je me re-
trouvais trop seul, et les idées de suicide me revenaient, d’autant
plus que je n’arrivais pas à dormir. J’étais perpétuellement énervé;
je regardais souvent et longtemps un couteau et un revolver que
j’avais achetés en cours de route, sans savoir quand je m’en servi-
rais. Je buvais trop de vin et quelques cafés ou cognacs, il fallait
bien.puisqueje nemangeais pas (sic). Je mesuis renduà Marseille,
avecl’idée de partir aux Colonies. J’ai sonné plusieurs fois chez un
armateur sans le trouver, jusqu'au 12 janvier oh il me déclara ne
pouvoir m’occuper. — Le 5 ou le 6 janvier, voyant la mer très
agitée.je suis monté sur un báteau en partance, espérant qaenotis
ferions naufrage. Au lieu de descendre dans les cabines je restais
à marcher sur le pont, jusqu'au. moment oh des matelots, qui
m’avaient vu glisser plusieurs fois sans me relenir, m'ont forcé
à descendre dans l’entrepont. Je sais nager mais je pensais bien me
noyer. J’avais sur moi Ie couteau et le revolver, mais je ne
voulais pas en faire usage. Je buvais alors un peu trop et je
n'avais pas dormi depuis plusieurs nuits. — J’avais pris sans le
savoir un allei: et retour. Finalement l’idée me revint de visiter
avant de mourir la lombe de ma mère, morte 3 mois aupara-
vant. Elle se trouvait à Castres, oh ma femme habilait. Je me
rendis de la gare au cimelière en faisant un très grand détour
afln de ne pas étre reconnu ; ma toilette ótait bien en ordre,
mais je voulais étre absolument seul. Ayantvisitó la tombe de
ma mère, je fls de nouveau un grand détour pour me rendre
dans mon habitation. Ma femme, en me voyant entrer, ne pro-
nonga aucune parole, ce qui me giaca, j'embrassai au passage un
de mes enfants et j’allai m’étendre sur mon lit, mon revolver à la
main. Ma femme, ayant franchi la porte, vit le revolver ; elle
n’eut que le temps de dire a malheureux, que veux-tu faire? »; le
coup partit, j’entendis un cri et je perdis connaissance. »
Notre sujet présente réunies diverses conditions dont chacune
sufflrait à expliquer une fugue. Le besoin de déplacement est
fréquentchezdesdégénérés, dans les états les plus divers : dipso-
manie, mélancolie, simple impulsion, alcoolisme, mobile psycho-
logique quelconque. L'impulsion à errer ou bien le goùt perma-
nent d’errer, se renconlrent avec une fréquence toute particulière
chez des dégénérés épileptiques ; les mobiles psychologiques, dans
notre cas, ont pu étre la rancune, l'amour-propre, les projets
d’avenir, l'idée de diverses mesures à prendre avant lesuicide ; il
nefaut pas s’exagérerl’importancede pareils mobiles ; les calculs
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sont le p!us souvent 19 résultat, et non pas la cause des tendances;
la preuvo en est qu’ils se succèdent sans se ressembler, tandis que
la tendance seule demeure (ici la tendance à errer).
La tendance à errer doit avoir résultó de toutes les causalités
ci-dessus ; mais il en est une spécialement qui semble expliquer,
mieux que toute autre, la physionomie mème de la fugue : c'est
l'élhylifune. Fróquemment, chez des alcooliques non délirants,
mais très insomnes, se produit un état continu d 'énevcement qui
les pousse à marcher et à agir, exactement comme au début de
certaines intoxications éthérées. Le sujet va et vient dans sa
chambre, touche à tous les objets, sort plusieurs foisparnuit;
cet état, notre malade se rappelle l avoir éprouvé. Nous notons
qu'au cours de sa fugue, le sujet a changé fréquemment de tonus
psychique; le plus souvent il était désespéré, mais aboulique, à
d’autresmomentsillui fallaitvoir desamis, fláner,causer; la méme
fugue a eu pour but apparent, suivant les heures, des projets
davenir et de suicide. Un efébrilué permanente était le seul lien
entre les deux formes alternatives. Durant ce temps, le sujet res-
tait abordable aux influences psychologiques les plus minimes,
quitte à les subir à l’excès. Les fugues des malades désignés plus
haut montrent gónóralement plus d'uniformité dans le tonus, et
les fugues des alcooliques sont loin d’étre constamment tracées
sur ce modèle.
La tendance au suicide s’est manifestée, à divòrses dates, et sous
deux formes. Tantót il s'est agi d 'intention raisonnée , et tantót
d ’idée obsédante. C’est sous cette forme qu’elle est apparue tout
d abord, à 17 ans. « Pendant plusieurs jours, dit le malade, je me
suis senli tiraillé entre Dieu et le Diable. Je n avais pas de raison
pour me tuer et j en avais envie. Une fois j’étais assis dans un
champ, le pistolet à la main, prét à tirer, lorsque le bruit d’un
passant me íorca à changer de place; pendant ce temps l’idée est
partie, et elle n’est plus revenue de longtemps. A cette époque je
ne buvais pas. » — C’est encore sous forme obsédante que l'idée
desuicide se présente soit dans les périodes d’óthylisme, soit dans
des moments de dépression que le malade appelle, d'un vocable
emprunléaux soldats d’Afrique, « le cafard ». Le malade dépeint
très neltement les malaises qui accompagnent l'idée : céphalée
aigué, angoisse, sueurs. Au cours de la fugue de treize jours l’idée
de suicide est apparue tantót comme volontaire, tantót comme
obsédante. •
En 1906, il a fait une lentative de suicide par le laudanum. Lors
de la tentative de janvier 1908, la balle de revolver s'est arrétée
dans la paroi thoracique, la plaie estcicatrisée à cinq centimètres
en dedansdu mamelon droit; le sujetse montraitgaucher jusqu’en
son dernier geste.
En fóvrier 1908, le sujet venait se reposer loin des siens, aux
environs de Paris. Dans le courant de 1908 il reprenait son tra-
vail (représentation de commerce). Fin 1908, il se sentait déprimó
et cherchait à se tonifier par des verres de vin. L’idée de suicide lui
revenait alors, principalement sous forme obsédante; au cours
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d’une ivresse il alla prier un sergent de ville de l'arrèter, paree
qu’il voulait se suicider.
Lors de notre premier examen, le cas de ce malade, en état de
confusion, se présenta à nous comme un problème assez complexe.
Ses réponses étant rares et courtes, son attitude sombre et hostile,
d'autre part, le ptosis et le strabisme étant alors accompagnés
d’une abolition des réflexes rotuliens, les réponses très brèves
contenant juste les mots alcool et folie, on pouvait penser au tabès,
à un ótat post-convulsif, à une confusion éthylique, à une ivresse
intentionnelle avec désir d’étre interné. Le lendemain la situation
s’ótait óclaircie. Le troisième jour, les réflexes rotuliens repa-
rurent.
Nous avons recommandé au malade de faire traiter ultórieure-
ment par le bromure, comme ótant de cause épileptique, ses
migraines, et, éventuellement d'autres malaises.
En prévision d'une fugue inconscienle qui pourrait le mettre, à
son insu, dans un cas médico-légal, nous Iui avons remis une
ordonnance portanl mention de la maladie et une ou deux recom-
mandations, destinées moins à la diriger qu’à éclairer, le cas
échéant, un magistrat. Cette ordonnance peut rendre les mèmes
services qu’un certificat, sans en étre un.
Interrogatoire du malade
D. — Voulez-vous raconter vous mème volre première criso.
R. — Je revenais de chez une parente : après m'étre lavé la téte
à l’eau sédative, parce que je souffrais de ma migraine, je me suis
trouvé ne plus pouvoir parler, durant 5 heures.
D. — Pendant ce temps, pensiez-vous clairement ? comment
vous faisiez-vous comprendre ?
R. — J’entendais et comprenais tout, j’avais toules mes idées à
moi ; j’ai pu ócrire ce que je voulais dire.
M. Colin, demande quelques renseignements sur les deux
fugues.
La première parait bien avoir éló inconscienle.
M. de Clérambault. — J'aurais peut-ètre pu appeler cet épisode
automatisme ambulatoire, ouencore délire post-convulsif; le raot
fugue m’a paru le moins inexact, et c’est le plus bref. II s’est agi
d'une courte promenade accompagnée d’actes variés.
M. Colin. — Le malade peut-il donner quelques détails sur
cette crise ?
M. de Clérambaui.t. — II se rappelle s'ètre réveillé dans une
chambre d’hòlel; des témoins lui ont ensuite appris ce qu’il avait
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fait: commander une consommation, se courber sur la table, y
dorrair.
M. Colin. — Certains épisodes éthyliques peuvent se présenler
sous un aspect épileptique ; ils paraissent suivis d’amnésie totale,
mais généralement quelques parcelles de souvenirs peuvent ótre
ensuite récupérées.
M. de Clérambault. — Le molade ne sait rien que ce qu’on lui
a rapporlé. Des souvenirs personnels s’arrétent à ce mur, devant
lequel il s’est senti fléchir.
M. Colin. — A l'époque de cette première fugue, le malade
buvait-il ?
M. de Clérambault. — Oui. L’alcool a joué Ie róle de réactif à
l’égard de l’aptitude convulsive, sans lui le substratum comilial
de la migraine aurait pu n’ètre jamais reconnu.
M. Colin. — La deuxième fugue, celle de 13 jours, est neltement
une fugue éthylique.
M. de Clérambault. — Le malade lui-mème reconnalt que son
besoin de déplacements, ses revirements, étaient fonction de
l énervement 0(1 le mettent l’alcool et l’insomnie, dès qu’il est un
peu déprimé, ou irrité.
III. Mélancolie chez une négresse soudanaise par M. Tré-
nel (Présentation de malade).
B. Cora. — Négresse du Soudan, de race Peulh, enlrée le 4 jan-
vier 1909, ágée de 35 ans environ.
Elle a été délivrée de l’esclavage de Samori par une colonne fran-
Qaise vers l’áge de 9 ans, et élevée à Saint-Louis. Ses parents
sont dispersés, elle ne connait qu’une de ses sceurs qui est bien
portante. Elle a vécu successivement avec plusieurs individus et elle
a eu deux enfants actuellement vivants et bien portants. II y a 9 ans,
elle était infírmière à l’hópital de St-Louis (Sénégal), elley fai-
sait un excellent service; elle a été à ce moment placée comme
nourrice dans la famille d’un offícier et y est restée depuis comme
domestique. Caractère doux et affectueux. Elle a loujours eu des
explosions exagérées de joie ou de tristesse, se roulant alors sur
le sol.
Comme malsdies antérieures, elle a eu de légères atteintes de
paludisme el la variole. Elle porte aux membres inférieurs plu-
sieurs cicatrices arrondies ou ovalaires à surface lisse, sans colo-
ration particulière, dont la nature spécifíque est douteuse.
Depuis plusieurs années elle est à Paris; elle s’y trouve très mal-
heureuse parce qu’elle est en butte aux moqueries des passants.
Elle avait le mal du pays.
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II y a 7 mois, elle a eu une altercation avec un domestique du
voisinage et fut appelée en justice de paix. Depuis elle est triste,
abattue. Peu à peu elle tombe dans une profonde mélancolie :
« On va l’envoyer aux travaux forcés. Tout le pays entend sa
condamnation; son maitre l’a signée. » Toute la nuit elle entend
des choses extraordinaires, elle perd complètement le sommeil.
EUe s’imagine que son entourage parle toujours d’elle.
Pour la consoler, on l’envoie à l’ouvroir oti sont placées ses
deux petites fìlles. Là, elle boit, dans un but de suicide, un demi-
litre d'alcool camphré et se prócipite d’un deuxième étage. Elle
avait l’écume à la bouche et resta plusieurs jours sans connais-
sance. Conduite à l’hópital Cochin, on neconstata aucune fracture.
Elle eut alors un peu de délire : elle disait à sa maitresse que
celle-ci allaitavoir troismillions. Un momentaprès,ellereconnais-
sait « qu’elle disait des bétises. » Après un séjour au Vésinet, eile
revient, calme. Mais 5 jours plus tard, elle a de nouveau des
hallucinations la nuit, elle va et vient, entend desvoix, parle de se
tuer. On est obligé de la veiller de très près. Elle dit au médecin :
« Vous allez signer ma condamnation. » Sa folie, dit sa maitresse,
commencait la nuit etse dissipait dans l’après-midi. Elle redeve-
nait alors calme et lucide.
Dans ses moments de trouble elle lenait des propos obscènes,
disant à son maitre qu’il allait coucher avec elle, qu’elle allait
coucher avec le Présidentde la République.
Elle est alors placée à l asile. Les certificats d’internements sont
ainsi congus :
Dépression mélancolique. Conscience de la maladie. Hallucina-
tions. Indignilé; elle a manquè à la loi musulmane, etc. Voix
accentuées et menaqantes àforme obsédante, auxquelles elle Jlnira
par croire (sic). Tentative de suicide il y a dtux mois (défénes-
tralion) ; dit ne pas se rappeler ce fait. Douleurs. Céphalée,
coprostase. Nostalgie, demande à ètre rapatriée. Parle vaguement
de fugues avec amnésic. Anesthésie pharingée absolue. (D' de Clé-
rambault).
Délire mèlancolique avec hallucinations, illusions, inierpréta-
tions délirantes, quelques idées de persécution, tendance au sui-
cide; tentative il y a deux mois. Nostalgie. (D r Juquelier).
A son entrée, le 4 janvier 1909, elle présente l’aspect de la plus
profonde mólancolie. Les gestes sont lents. Elle pleure silencieu-
sement, reste blottie dans son lit. Elle rèpond lentement mais
correctement, est bien orientée. raconte toute son histoire. Elle
a seulement perdu le souvenir de la courte période de confusion
mentale (ou d’ivresse délirante) consécutive à l’absorption de l’al-
cool.
Ses propos sont ceux de la mólancolie simple avec quelques
hallucinations. « II faut excuser Cora, elle a commis des faules.
C’est un grand péché d’avoir bu I’alcool (elle est musulmane). On
ne lui pardonnera pas. Cora a volé. Elle ne verra plus ses petites
íilles. Elle a le mal du pays. Mon patron a dit : Cora aura les
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travaux forcés. Cora a fait des bélises. Elle a voulu battre une
demoiselle qui lui a fait des misères. Je demande pardon. Excusez
Cora. Mon patron va perdre Cora. Cora aurait dù le dire.
Mon patron se lève toujours sur ses domesliques. Les voisins
ont dit du mal de lui. J’entends des voix dire des bétises. Moi
écrire des leltres pour chercher le père de ma peiite fllle. Cora
aurait dù rester tranquille. Moi avoir entendu dire « bichromate
de potasse » (?) Cora boire ca. Cora n'a pas voulu faire des mau-
vaises choses, elle a faitdes bétises. On dit qu’on va donner des
coups de pied à Cora... etc. » Et comme refrain : « Excusez Cora. »
Pasde troubles des réflexes, de la sensibilité (cependant alténuée)
ni des pupilles. Aucun symptòme viscéral. Arthrile de la hanche
droite consécutive au traumatisme.
Depuis son entrée, la malade est restée dans le mème état; aiitée
en raison de l’arthrite de la hanche, elle reste cachée sous ses cou-
vertures. Chaque jour elle demande pardon, s'excuse avec des
pleurs des fautes qu'elle a commiáes ; c’esten somme le tableau de
la métancolie simple hallucinatoire avec idées de culpabilité et de
persécution. Les hallucinations sont très élémentaires. L’ensemble
symptomatique est peu complexe et répond à la simplicité intel-
lectuelle du sujet.
II m’a paru intéressant de présenter ce cas, non qu’il soit d’un
intérét clinique particulier, mais en raisonde la race d’une malade
dont nous avons rarement l’occasion de rencontrer des représen
tants. A noter le syndrome de la nostalgie qui paraít avoir précédé
le stade actuel de mélancolie confirmée.
INTERROGATOIRE DE LA MALADE
La malade marche lentement, elle a le facies mélancolique typi-
que. Les réponses sont lentes, faites à voix basse.
D. — Connaissez-vous ce monsieur (M. Magnan), voudriez-vous
lui dire pourquoi vous étes si triste?
R. — Le patron voulait perdre Cora.
D. — Est-ce qu’il l’a battue? Est-ce lui qui voulait lui donnerdes
coups de pied?
R. — Le patron s’est levé la nuit et ne devait pas faire ea.
D. — Vous avez entendu des gens qui vous disaient de vilaines
choses ?
R. — On reprochait beaucoup de choses à Cora.
D. — Quelle chose ? Avoir bu de l’alcool ?
R. — Cora se reproche d'avoir fait cela dans la fièvre, c’est un
grand péché.
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IV. La persistance des neuro-flbrilles dans la Paralysie
Qénérale, par J. Dagonet (Présentation de pholographies et
projections de photogrammes),
Le D' Magnan m'a demandé de faire devant vous la démonstra-
tion des neuro-fibrilles dans la paralysie générale ; je me servirai
pour cela des photogrammes de mes préparalions qui ont ólé
l’objet d’une note, prósentée par le D r Malassez, à la Sociétó de
Biologie, le 22 oclobre 1904.
Gerlach avait, le premier, parló d’un réseau continu de fibrilles
dans le système nerveux, mais c’est à Apathy que l’on doit la
découverte du réseau continu des neuro-fibrilles chez les inver-
tébrés. Ses travaux et ceux de Belhe ont modifié l’opinion que
l’on avait des neurones. (J. Dagonet, Eléments neroeux 1893).
Les neuro fibrilles sont des voies de conductibilité, communes à
plusieurs cellules ; elles traversent les cellules nerveuses et leurs
prolongements protoplasmiques pour former un réseau extra-
cellulaire extrèmement riche. En traversant la cellule nerveuse,
les fibrilles principales s'anastomosent par des fibrilles secondaires
ou un réseau extrémement fin : unique d’après Apathy, double
d’après Ramon y Cajal, réseau superficiel et réseau péri-nucléaire
donnant naissance au cylindraxe.
En 1903, le Professeur Cajal, a fait connaitre une méthode d’im
prégnation par l’argent des neuro-fibrilles', et il a montré, en juin
1904, dans le laboratoire du D r Malassez, les résultats remarqua-
bles qu’il avait obtenus. C'est à celte date que j'ai examiné, avec
le D r Azoulay, 3 cerveaux de paralyliques.
Les imprégnations se faisaient inégalement; cependant parlout
où elles étaient réussies, on voyait le réseau extra-cellulaire des
neuro-flbrilles qui était très abondant ; les cellules de la moelle
s’imprégnaient facilement et montraient un riche réseau intra-
cellulaire; les cellules de Purkinje s'imprégnaient plus difflcile
ment, comme les cellules cérébrales, mais cependant, parlout, on
voyait persister les neuro fibrilles intra-cellulaires, mème dans
les cellules les plus lésées. Ce fait remarquable, en quelque sorte
paradoxal, m’a semblé de nature à expliquer certaines rémissions
de paralytiques, qui, après étre restés pendant des mois dans
l’hébétude la plus complète, retrouvaient leurs souvenirs, et il m'a
fait conclure que les neuro-fibrilles n’avaient pas leur centre tro-
phiquedans la cellule nerveuse.
Les résultats de mes recherches sur les neuro-fibrilles, dans la
paralysie génórale, se sont trouvés en contradiction avec ceux
d'autres auteurs, et il faut incriminer, probablement, les difflcul
tés de la méthode pour expliquer ce fait. C’est ainsi que Mari-
nesco, antérieurement à mon travail, a décrit des lésions avancées
des neuro-fibrilles dans la P. G., épaississementpartiel, coloration
plus intense (?) ou au contraire plus pále, « mais, dit-il, quelque
1 Sociélé de Biologic 1003 et 100'*.
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soil ìeur degré de coloration, d’une fagon générale, les neuro-
fibrilles ne sont pas continues dans les cellules altérées Je n’ai
trouvé ni épaississement partiel, qui ne peut ètre qu un accolle
ment de fìbrilles, ni coloration plus intense, les neuro-fibrilles
étaienl continues.
Pour Marchand, dans les démences, les lésions des neuro-
fibrilles sont très accenluées avec maximum d’intensité dans la
P. G. (Société de Biologie, 22 octobre 1904).
Gilbert Ballet et Lavastine se rallient également à l opinion de
Marinesco. Dans un article, publié dans les Ann. Méd. pst/ch.
1905, ils disent : « Le processus dù à Tencóphalite diffuse lèse la
subslance achromatique comme la chromatique », et ils admet-
tent une sorte de parallélisme des lésions, qui est, à mon avis,
contraire aux faiis % les neuro-fibrilles (lasubstance achromatique)
persistent dans les cellules oii la chromatolyse est diffuse.
Ces auteurs parlentd une pigmentation pathologique des neuro-
fìbrilles qu’ils sont d’ailleurs seuls à découvrir, et qui me parait
étre un non-sens, puisque les neuro-fibrilles imprégnées par l ar-
gent sont colorées en noir.
Enfin, pour infirmer la valeur de mes résultats, ils ajoutent :
« Tout le monde s’entend sur l’existence et méme la íréquence, en
certains points, de cellules pyramidales sans lésions appréciables.
Les constatations de Dagonet ne nous étonnentdonc pas.»
Les termes de ma note sont cependant bien précis. J’ai men-
tionné la persistance des neuro-fibrilles dans les cellules les plus
lésées, fait en quelque sorte paradoxal. D’autre part, je ne puis
admetlre cette opinion sur les cellules pyramidales, sans lésions
appréciables, car j’ai toujours constaté que dans les régions
atteintes les lésions étáient diffuses. L’intensité des lésions par
contreesttrès variable,comme vouslavez vu parexempledansdes
préparations du D r Vigouroux. M. Magnan me les avaitmontróes;
à mon avis, il ne s’agissait pas de agliome de Técorce cérébrale
chez un paralytique », comme le croyait le D r Vigouroux, mais de
foyers de nécrobiose avec hypertrophie considérable de la nóvro-
glie. (J. Dagonet, Histologie path. de la P. G. 1904. Ann. méd.-
psyfh).
Que íaut-il dire actuellement des neuro-fibrilles dans la para-
lysie générale ? Persistent-elles, comme je l’ai affirmó, ou sont-
elles discontinues ?
Je vous citerai, à ce sujet, les travaux importants de Biels-.
chowsky et Brodmann 1 2 , qui constatent dans la paralysie générale
la persistance relative des neuro-fibrilles quand les cellulesdispa-
raissent — et de Renkichi Moriyasu. Ce dernier travail a paru
dans les Archio/ur Pstjchiatrie , en 1907,
Moriyasu a examiné 30 cerveaux de paralytiques, à la Clinique
du Prof. Siemerling (de Kiel), et le Prof. Roecke s’est intéressé à
ses recherches. Voici les résultats qu’il a obtenus, à l’aide de la
1 Revue de Neurologie 190'*, p. 641.
2 Journal fur Ptychologie und Neurologie , 1905.
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fioi! <u:> »‘ptc*P l‘o|?|oioo d» ítaftupet, Daos J«;s f.tacès oìj prnsvpx?.
lóiútw lé* fibres i'i iTíyéìÌnií <*nt dis|*i»r««, Itóá tihriíies restcot èàcom
louiíucs — m»is il nc fáùt cr?}(Mndant pas cpniiiurtì; comoi^ cot
iitttoiir qpe í 6 '' filirilltìs soiont ó{i.u'írneos. n
•í L'oplmon dc ItogońMt 1)110, íistìs 1 » [>araly.sié gúiiòi - »lè.la *tr»o-
Hmx' Ot.irínáM'H tJansi lás wiílnlcs esHa,bsfdijmijnl''int'aotc n’a pn.s oto
. i.iisttilòs (iittvMpiis j ihuis tous los 'cas, •ítiíus; ítvous. trouvó des
TflOdítfitíationí?, très irOtÌBS úe'á /iiirftlii-i iriirtiieéVirì'VrvX- >*•
» P Hpi'ós b.ignnt.-l, ljtÁirudtirofiítriilaiie dcv wìMe* de Purl.injp
t'MSlo iníai'kf; r-os f'i'siilìíUs sunl .'•ppvw.fs, Jos lilres en rtu'boillo
autour des coUuins sout t;n partip (Uspiii'Uos. te prífioplásipít oi.-liu-
iairo (.•st trós oluif. smvs iitj|-íl!os. n 'Los ruMíro-Í[T>riIk-s iìhs cdlulos
tle t’urfeínje (ìisp&rsìtf'eleul jnfinie <ie. lioiuíé .hiíure, d apiri^í
Mon;, !<su.
Pour ln rnaírflú Mívriyasij; n'i* oiiosf/itù ■ ìuwunc ■uUreo.Uun dos
ne.ui'ó /'ihi ilics iiitj'u cdtiJlùírtss o qal peu.venl rtísier iiion cou-
sèrvèes. »
Je nioditiurai bigri peu ines.cńncÌtisious tìe IfiOi.
Vnici eri óifet lt.*s ph'>to,gfMnnno.s de mes coupes;'Vous vovo/ , v cus
riiéiiios. I iih..ndiinoó du r<‘*settu oxtt'ii-ceUuláirv dos neufa-fibrilíòs
dons la paralysie goiujratrí.
Ijnrts ciís deux coupos íle )íi uioeUa eurv.ifMto, le niseau inlt ;*-
(.x'Huhiire difs'.Vllultìs n.iiltiptilaircs esi íítirHjal, jo suis d'ucccfd
nvtìc ?;[óriyasu. nt poiirt.artt Ies ' pro'jongifinents prOloplasmiquas
suní trós atrophiés (Fig. itn.
Ctìtte ceìiule giVanle 4 'j lob. ptira-eentrar nionira la ponservation
V i:t sotil, ri/inpfncús'par des tài.ii-
sii'uctfire iíiciiin-iirt' -- chíío
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BEVUB DE PSYCHIATRIE
presque entièrement détruite, son noyau esl périphérique, défor-
mé, à peine entouré de protoplasma, l’on retrouve cependant à sa
surface quelques fibrilles qui se continuent dans le prolongement
apical, et leréseau extra-fibrillaire persiste, malgréta très grande
raréfaction du tissu.
Voici trois cellules de Purkinje (Fig. 11); des fibres en corbeille
les entourent ainsi que le cylindraxe. Les cellules montrent un
réseau de fibrilles, concentriques au noyau, qui forment ensuite
des faisceaux dans les dendrítes. Le protoplasma n'est pas trans-
parent, comme le dit Moriyasu et sans fibrilles. Cette conlradic-
tion tient probablement à la différence des méthodes decoloration.
J’ai employé la méthode de Cajal, Moriyasu, celle de Biels-
chowsky.
Le fait qui ressort, avant tout, est donc la persislance des neuro -
Jlbrilles ilans la parali/sie (jénérale. Je reconnais volontiers, avec
Moriyasu, que l’on ne doit pas dire « les neuro-fìbrilles sont
« absolument intactes », j’ai employó l’expression de normales : ce
terme a dópassé ma pensée. Tous les eléments nerveux s'altèrent
et disparaissent dans la paralysie générale, les neuro-fibrilles ne
peuvent échapper à cette loi, mais leurs altérations importent peu,
ces altéralions sont secondaires, et pour résumer cette communi-
cation je dirai que « la neuro-fibrille est 1'« ultimum moriens » dans
la paralysie générale ».
M. Vigouroux. — Dans sa communication. M. Dagonet a fail
allusion à une observation dont j'ai présenté en juin dernier, ici
mème, les pièces et les coupes histologiques. D'un mot, il rectifie
le diagnostic que j’ai posé après discussion. II eut été préférable,
je crois, de le faire au moment de la présentation. Je n’avais posé
le diagnostic de gliòme qu'après I’avis de plusieurs histologistes.
D’autre part, je demanderai à NÌ. Dagonet par quoi il rapproche
cette observation de sa communication présente.
M. Dagonet a fait aliusion à l’observalion de M. Vigouroux
pour la signaler comme un cas où Ies lésions sont maxima, abou-
tissant à une nécrobiose ótendue du lissu nerveux avec énorme
prolifóration névroglique.
M. Vigouroux. — M. Dagonet n’admet pas l'explication donnée
par MM. Ballet et Laignel-Lavastine, pour expliquer le dósaccord
de leurs constatations respeclives à savoir que dans les cerveaux
des paralytiques généraux, à cótó decellules très altérées.on trouve
des eellules d'apparence normale. Cependant, par la mélhode de
Nissl, j’ai retrouvé souvent uncertain nombre de cellules intactes,
ayant conservé leur forme, leurs grains chromatiques, leur
nucléole et leur noyau.
M. Dagonet affìrme que toutes les cellules sont touchées, plus
ou moins ; la lésion est généralisée. Quant au nucléole, il persiste
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sans nltérstions bien évidentes mème dans les cellules les pìus
altérées.
M. Trénkl est du méme avis. S il est diPRcile de juger de l'in-
tensité de la lésion dans les cellules petites, les grandes cellules
pyramidales montrent toujours des iésions, qui peuvent étre plus
ou moins accenluées, mais qui me semblent oonstantes.
M. Briand. — Les lésions sont-elles pius marquées dans les
points où il y a des adhérences ?
M. Dagonet. — Les adhórences sont sans importance.
M. Piéron. — Je ferai remarquer que les neuro-fibrilles parais-
sent étre 1' « ultimum moriens » non pas seulement dans la para-
lysie générale, mais encore dans toutes les lésions de la cellule
nerveuse, et il’semble qu’il faille en revenir, à l'heure actuelle,
de la fragilité, d’abord admise, des neuro-fibrilles : denombreux
examens de cerveaux, efiectués à la suite d'expériencesphysiolo-
giques sur l’influence de l'insomnie, de l’inanition etc., chez des
chiens, faites par M. Legendre et par moi, ont permis de monlrer
que, méme dans les cellules très atteinles, avec disparition des
grains chromalophiles, excentricité du noyau, excentricitó et
multiplication des nucléoles, déformalion du corpscellulaire, etc.,
les neuro-fibrilles ne paraissaient nullement atteintes.
V. Deux cas d’aphaaie sensorielle par M. A. Vigouroux
(Présentation de pièces;.
I
Del. Félix, ágó de52 ans, cocher, entró le 10 novembre 1908 à
l’admission de Ste-Anne, venant de l’Hótel-Dieu où le D' Gilbert
Ballet avait porté sur lui le diagnostic de paralysie générale.
Le certificat d’entrée du D' Magnan confirme ce diagnostic et
nous apprendqu’il a eu des illusions et des préoccupalions mélan-
coliques : il aurait suivi le cortège funèbre d’un locataire de la
maison croyant que c’était celui de son père. II présentait aussi
des idées de satisfacticn par intervalle. Ce sont les seuls rensei-
gnements que nous avons sur le débutde la maladie.
Dans le certificat dequinzaine, M. Magnan note que le malade
a eu une attaque ópileptiforme suivie d’hémiparésie droite et d’a-
phasie, le 21 novembre, douze jours après son entrée ; il affirme
une fois de plus le diagnostic de paralysie générale.
Quand sept jours plus tard, Del. vint à Vaucluse dans mon ser-
vice. il n’avait plus du tout l’aspect clinique d’un paralytique gé
néral. C’élait avant tout un aphasique sensoriel avec’prédo-
minance marquée de surdité verbale, loquacité et un peu de jar-
gonophasie.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
L’examen physique ne révélait pas de signes caracléristiques :
les pupilles égales réagissaient faiblement, la langue n'était ni
déviée, ni tremblante, la parole ne présentait pas d’embarras mar-
qué (il était impossible de lui faire prononcer les mots d’épreu-
ves). Les réflexes rotuliens étsienl forts des deux cótés, lesréflexes
planlaires tous deux en flexion, les crémastériens peu marqués.
La motilité paraissait normale dans la marche et dans la pres-
sion des mains. Cependant l'examen dynamométrique montrait
l'égalité de pression des deux mains, ce qui indique une faiblesse
rel8tive de la droite.
Les artères radiales étaient dures, l’auscullation du coeur mon-
trait l'existence d'un léger souffle au 2* temps à la base.
La physionomie du maladeétait souriante, un peu étonnée. 11 ré-
pondait correctementaux premières phrases de politesse, disant
son nom, son prénom et la date de sa naissance ; puis, par I’inco-
hérence des réponses, il devenait vite manifeste que malgró sa
bonne volonté évidente il ne comprenait pas les questions qu’on
lui posait. II n'exécutait aucun des ordres donnés lorsqu'il ne les
devinait pas par le geste ou le jeu de physionomie du question-
neur.
II répélait volontiers les mémes phrases stéréotypées : J’ai élé
cocher dansles meilleures maisons, chez M. X. qui faisait courir.
Je me rappelle bien quand j’étais enfant de choeur à St-Philippe-
du-Roule, etc., etc.
II íallut d'abord distinguer cette surdité verbale d’une surdilé
physique. Ce fut assez délicat ; car, très occupé à parler et à ra-
conter les mémes avenlures de jeunesse et d’enfance, D. était peu
émotif et ne se retournait pas, si on faisait du bruit derrière lui.
Cependant il fut possible d'éliminer la surdité organique en lui
mettant successivement près de l’oreille deux montres, l’une arré-
lée et l’autre en marche. II distinguait nettement cellequi mar-
chait. D'autre part il comptait à haute voix les coups sonnés par
une cloche placée derrière lui. II avait compris l’expérience que
nous faisions, il s'y prètait très volontiers.
Mais la surdiíé verbale était absolue. L’amusie parait moins
nette, il semble reconnaitre un air de chasse sifflé devant lui et il
se met à siffler un air analogue.
II comprenait l’écriture manuscrite et imprimée à la condilion
que les phrases comprensnt les queslions ou les ordres fussent
très courtes.
A la question écrite : votre nom, il répondailcorrectemenl par la
parole. A celle : votre àge, il répondait toujours oralement ou par
écrit par la date de sa naissance : 1846. Lui ayant écrit au-dessus
1908, date de l'année, il comprit qu’il devait faireune soustraction,
il la fit et répondit : j’ai 52 ans.
11 lisait très incorrectement les phrases plus longues et il élait
manifeste que son attention ne pouvait pas s’appliquer longtemps.
II comprenait bien lesgestes et la mimique.
II n’avait pas d’aphasie motrice : reconnaissant très facilemenl
tous les objels usuels et les nommant sans hésitation.
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Parfois cependant il forgeait des mots : Capanaris pour
panaris acamasse judiciaire pour casier judiciaire, etc.
Pas d'agraphie absolue, mais cependant elle existait, car il ócri-
vait surtout son nom, son adresse et la date de sa naissance. II
écrivait son nom de la main droite et de la main gauche. II pou-
vait faire une soustraclion, mais ne pouvait copier un modèle.
La physionomie étaitexpressive; devant nouselleexprimaitsur-
tout de la satisfaction de mème que ses paroles exprimaient
l’orgueil d'avoir éló enfant de choeur à St Philippe-du-Roule, et
cocher dans une bonne maison.
Par lesdifTérentes interrogations par écrit que nous lui avons
fait subir nous avonsconstaté l’affaiblissement de l'intelligence, de
la mémoire des faits récents, l'inconscience de sa situation et de
l’euphorie niaise. D’autre part, souvent le matin il se plaignait
d’avoir été volé : il accusait ses compagnons d'avoir voló son por-
te-monnaie, d’avoir pris son coslume de velours, etc. 11 se mettait
assez souvent en colère et disait des injures à ses voisins.
Nous hésitions beaucoup entre le diagnostic d'affaiblissement
intellectuel avec lésion circonscrite du cerveau et celui de paralysie
générale : une ponction lombaire, en nous révèlant une abondante
lymphocytose, leva nos doutes.
L’autopsie ne devait pas tarder à conflrmer le diagnostic car le
1“ janvier 1909 il eut une série d’attaques épileptiformes à la suite
desquelles il succomba.
Autopsie. — Le ceroeau ne présentait ni ramollissement, ni
hémorrhagie localisée. La pie-mère épaissie et fibreuse n’était pas
adhérente au niveau de I'hémisphère droit; à gauche, son ablation
facile a laissó quelques rares ulcérations au niveau du lobe
frontal alors que l'adhérence avec le cortex était très intime dans
les deux tiers antérieurs du lobe sphénoldal, surtout au niveau
des 1” et 2' temporales.
II y avait des granulations du plancher du quatrième ventricule.
Les arlères de la base étaient légèrement alhéromateuses.
Le cceur ótait hypertrophió surtout au niveau du ventricule
gauche. II existait une légère insuffisance aortique.
Foie. — Gros et gras, 1.900 gr.
Reins. — Légère atrophie corticale.
Rate. — 100 gr.
Poumons. — Trace de tuberculose ancienne et cicatrisée du
sommet. Hépatisation rouge du lobe inférieur gauche.
Examen histologique. — L’examen histologique du cerveau fut
pratiqué au niveau de la partie antérieure de la 1" temporale où
les ulcéralions étaient le plus manifestes et au niveau de la
2* frontale où il n’y avait pas d’ulcérations.
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1°) V' temporale .Bien que la pie-mère aitété enlevée, ilest possi-
ble de constater dans un sillon, oii uńe partie de la méninge a été
conservée, une infíltration énorme de cellules rondes, les vais-
seaux, et en particulier les veines, ont leur paroi remplacée par
une couronne de lymphocytes.
La périphérie du cortex est toule déchiquetée du fait de l’enlè-
vement de la pie-mère adhérente, parfois toute la zone moléculaire
est abrasée et les cellules nerveuses affleurent.
La zone moléculaire subsistante est infíltrée de noyaux et de
globules sanguins, il y a de nombreuses hémorrhagies intersti-
tielles.
Dans la zone cellulaire les vaisseaux ont proliféré etsonl gorgés
de sang, les vaisseaux de moyen calibre ont une périvascularite
manifeste.
Les cellules sont également très altérées : leur protoplasma se
colore d’une fagon uniforme, les noyaux sont excentriques et sou-
vent méme ont disparu.
Dans la substance blanche 1‘infíltration existe également. Les
artères de moyen calibre sont entourés d’un espace dans lequel se
trouvent des globules sanguins, du pigmentocré, des lymphocytes
et de gros mononucléaires.
2”) Dans la 2'froniale on ne trouve pas les mèmes lésions de la
couche moléculaire puisqu'il n’y a pas d'ulcération, mais les
lésions de méningo-encéphalite sont manifestes bien que moins
intenses.
Cette observation est uq type très net de la forme sensorielle de
la paralysie générale qu'a décrit Sérieux à la Sociéló Médico-
Psychologique en 1902 et. dont il a donné des cas à la Société de
Neurologie en 1900 et 1901.
J'en avais, pour ma part, recueilli déjà quelquesexemples publiés
à la Sociótó anatomique et róunis par M u * Pascal dans sa thèse.
Mais jamais encore, je n’avais renconlró un type aussi pur et
aussi durable d’aphasie chez un paralytique général qui ne
paraissait pas très avancé en son évolutiou.
Les lésions macroscopiques (ulcérations par ablation de la
méninge) sont très nettement prédominantes au niveau de la zone
du langage, comme vous pouvez le voir sur la pièce et comme le
montre le schéma. L’hémisphère droit est indemne de toute ul ó-
ration.
Les altóralions histologiques sont difíuses mais elles sont plus
marquées au niveau du lobe sphénoidal.
II
La deuxième observation se rapporle à un cas d’aphasie totale
en relation avec une pachyméningile hémorrhagique du cótó
gauche et de latrophie de l'hémisphère gauche, sans lésiop
localisée.
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II s'agit d'unhomme de 61 ans. C.Ilenri, fleuriste, hospitalisó
à Nanterre, d'où il íut transféré à l'inflrmerie du dépót à cause et
desa turbulence et des troubles du langage qu’il manifeslait.
A son arrivée à l’asile, 8 aoùt 1908, il était très amaigri (pesant
42 kil. pour 1 m. 62 c. de taille;, il marchait diflicilement à petits
pas, paraissant plus faible de la jambe droite qui était plus oedé-
maliée que la gauche. La langue était légèrement dóviée à droite.
Les pupilles en myosis très serré. Les réflexes étaient forts des
deux cólés. Pas de signe de Babinski. Les artères radiales sont
dures. Lepouls est lent (48). Rienaucoeur. Albuminurie manifeste.
Fic. 12. — Schèma montrant la localisation des uicérations corticales
11 est très turbulenl et très désordonné. II parle beaucoup mais
d’une fagon incompréhensible.
La physionomie est animée et expressive, sa mimique est vive et
se fait comprendre. C’est ainsi qu’il signale au médecin l'oedème
de ses jambes et qu’il montre par gestesqu'il n'estpas douloureux.
La turbulence et l’albuminurie s’amendèrent rapidement gráce
au régime lacté et il fut possible d'étudier avec plus de soin les
troubles du langage.
* Surdiíé verbale. — II ne comprend pas les ordres donnés verba-
lement, quand il ne lui est pas possibled'interpréter lamimique.
Cécité verbale. — 11 lit les lettres, les épèle une à une, mais ne
comprend pas le sens des mots qu’elles composent.
11 ne reconnait pas l'air de la Marseillaise.
Aphasie motrice. — II reconnait les objets qu’on lui présente, il
montre qu'il en connait l’usage, mais il ne peut les désigner par
leur nom : lunettes, clef, etc.
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Dt/sarihrie . — II ne peut prononcer un mot correctement, il
répète indéfiniment la première syllabe, je je-je voul-voul.
Agraphie . — II ne peut écrire ni spontanément, ni par copie, ni
par dictée. A peine fait-il quelques traits, rappelant la forme de
son nom.
Malgré ces Iroubles énormes du langage, gráce à sa compréhen-
sion de la mimique et à ses propres jeux de physionomio. il put
vivre cinq mois à lasile, s’étant adapléassez bien à la vie journa-
lière d’un pavillon.
II succomba brusquement le 29 décembre.
Autopsie. — A l'autopsie nous avons trouvè de l’athérome des
artères de la base et une vastepochyméningite hémorrhagique an-
cienne organisée tapissant toute la dure-mère du cóté gauche. Et
aucenlrede cette pachyméningite, une hémorrhagie récente, cause
probable de la mort.
Pasd’adhérence de la pie-mère et atrophie en masse de I hémis-
phère gauche qui pèse 530 gr. tandis que le droit pèse 630 gr. II
n’y a pas de lésion localisée. La substance grise parait atrophiée.
Les autres organes ne présentaient rien d’intéressant. sauf les
reins dont le gauche était rouge et atrophió (110 gr.) et le droit
gros et blanc (240).
Examen histologique. — L’examen histologique du cerveau
montre : une hyperplasie manifeste des cellules en araignée de la
névrogiie dans toute la zone moléculaire. Dans le cortex il n y a
pas de lésion des vaisseaux, mais toutes les cellules sont très alté-
rées. Quelques-unes des pyramidales ontconservé à peu près leur
forme, mais leur protoplasma est complètement remplacé par
du pigment, seuls subsistent la nucléole et le noyau : les autres
cellules sont globuleuses, déformées et en voie de dósintégration.
Les cellules polymorphes et les petites pyramidales sont égale-
ment altérées.
Ce fait m’a paru digne de vousètre communiqué, car je ne crois
pas que les observations d’aphasie totale en rapportavec une pa-
chyméningile hémorrhagique, comprimant le cerveau et l’atro-
phiant, soient communes.
J’ai déjà observé un cas analogue que j*ai communiqué, en Mai
1904. à la Société anatomique. II s agissait d’un homme de 58 sns
atteint de paralysie générale ; la pachyméningite hémorrhagique
ancienne existait des deux cólés avec prédominance ducóté gau-
che ; il y avait également une difTérence de poids (40 gr.)en faveur
de i’hémisphère droit.
Le f/èrant: A. CouK' lant.
FAUIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (2-IY-09)
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6* Sórie. 13' Année. Tome XIII.
AVRIL 1909 - N- 4
REVUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCIIOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue critique. — Dèpendunce organique de l’Espérance et de VEffort ,
par M. le D r Bridou . 177
Faits et oplnions. — Deux ca» de confusion mentale subaigut 1 par intoxi -
cation tuberculeuse , par M. H. Damaye, médecin adjoint à l nsile de
Baìlleuil. 187
Revue des Livres. — Contribution à ta connaissance de ta ce/lute
nerveuse , par H. Legendke. — Les troubìes de la personnaiite dans tes
états d'asthenie psychique, par Á. Hesnakd (M. Mig.nard) . 1118
Revue des périodiques frangais. — L Encèphale (10 Févricr 1000)
M. Mignard...,. ‘200
Revue des périodlques étrangers. — Bivista di Patologia nervosa
e rnentale (Val. XIV. 00) H. Legendre ; Zentralbíatt fiìr Nervenheil
Kunde und Psychiatrie (Février) 1000) M. Mignard . 201
Mouvelles. — Personncl dcs asiles. — Congrès. 201
Soclétés. — Société médico-psychologique (29Mars 1000). M. Mignahd.
— Société de Psychiatrie. 203
Société de clinique mcntale (Séonce du 15 mars 1000). — Comptc-rendu
í n-exienso . 205
Bulletin blbliographique mensuel. xm
REYUE CRITIQUE
DÉPENDANCE ORGANIQUE DE L’ESPÉRANCE
ET DE L’EFFORT
Par le Docteur Bridou
Bien que la psychologie moderne aspire à devenir une
science, c’est-à-dire une suite raisonnée de notions précises,
elle tient de ses origincs littéraires nn vice formel qui entrave
sa marche en avant : c’est l’usage abusif et passionné des
antithèses. — Le procédé est si commode, si fertile en cliquetis
sonores, quelquefois mème si amusant, qu’il nous fait encore
illusion sur la pauvreté de ses effets. Pour l’écrivain qui n’a
souci quede se répandre en considérationsanalytiques, d’étaler
son érudilion livresque et de dissóquer sans reeoudre, la
naéthode est facile à praliquer. Parmi les données d’un pro-
blème, on choisit de.ux termes distants, et sous prétexte de ne
pas confondre les espèces, on en grossit les caracfères différen-
tiels en négligeant les élémenls moyen? et transitoires; puis
quand on est las de balancer des mols, on aílirme que les phé-
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HEVufc DE PSYCtllATHlE
nomènes étudiés ofl'rent une marche divergente et que leur
antinomie reste insoluble. Mais les condusions ainsi obtenues
n’offrent aucuue valeur solide ; car Ies seules créatious de
notre pensée qui soient durables obéissent àlaloi de l’évolution
naturelle, elles n’offrent ni sauts ni lacunes.
Rien n’est plus commun par exemple que de voir les persou-
nes qui s’intitulent spiritualisíes reprocher aux médecins de
proíesser une doctriue matérialiste , accusation que certains
de nos confrères tiennent pour un titre méritoire ; mais rien
n'est plus contraire au véritable objet de la scieuce que le
heurt de ces épithètes. A lous les degrés des trois règnes,
l'organc et la fonction demeurent inséparables, et les deux
expressions matière et force ne représenteut que les aspects
statique et dgnamique d’un devenir qui comprend tous les
phénomènes et qu’aucun fait ne nous autorise à diviser en
deux séries incompatibles. Si la routine littóraire nous invite à
séparer ies principaux aspects de chaque période évolutive au
lieu d’en suivre avec méthode le développement logique et soli-
daire, on ne peut douter que cette habitude conslitue l’un des
traits les plus graves de notre insuffisance mentale. C’est d'après
le méme système qu’on voit les psychologues se plaire à opposer
le plaisir à la peine et à exócuter sur ce' thème des variations
iudéflnies. Mais ce qu’on nous dépeintainsi, ce sont les flux et
les roflux partiels de l'existence, artiflciellement isolés de la
continuité biologique. Pour comprendre le inouvement dans son
ensemble, il ne suflit pas d’étudier les reliefs les plus saillants
que dessinent ses oscillations accidentelles, c’est surtout I’en-
chaínement des phénomènes et leur tendance prédominante
qu’il faut saisir. L’analyse ne tarde jamais à s'égarer quand ses
apports ne restent pas subordonnós à une conception synlhé-
tique.
Nous avons élahli ailleurs que dans le mécanisme indivisibe
de la vie organique et de la conscience, le sentiment de déflcit
et de besoin, qui transparaìt dans toutes nospeines, correspond
à un phénomène de dissociationrelativeetde régression, tandis
que les tonalités de la salisfaction et du plaisir appartiennent à
la synergie mieux assurée des modulations ascendantesLa
prédorainance remarquable des mouvements de prostration et
de relèvement qui accompagnentles modulations lesplus accen-
tuées de la tristesse et de la joie symbolise les extrémités de
cette alternance, et l'opposition paralt décisive. Mais il existe
un mode intermédiaire, dont le caractère est moins grossier et
1 l.e 5 musclrs du plaisìr. Mrcanisme dans ìa dètente et dtt ìatsser aller dans
ì'vmntiun : lievue scienti/it/ue, numéros du 31 décembre 1‘JO'j et du ‘20 juillet
1007.
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DÉPENDANCE ORGANIQUE DE l’eSPÉRANCE ET DE L EFFORT . 179
dont la pratique outrancière des antitlièses nous accoutume à
ne pas tenir compte, c’est la tendauce indéflnie qui nous inviteà
nous relever dans la souífrance et à chercher sans cesse des
forraes supérieures de la jouissance et du bien-étre. La conti-
nuité de cette propension déborde lés cadres séparés dont se
sert Ia psychologie classique ; mais le genre d’émotion qui
l’accorapagne est familier à tous les hommes ; les évolution-
nistes modernes l’appellent tendance indéjlfiie vers le progròs ,
et, depuis bien des siècles le sens commun l’a nommé l’espé -
rance.
Ni l’instinct de conservation des physiologistes, ni le vou-
loir-vicre des philosophes n’expriment sufflsamment le besoin
d’améliorationque la naturemauifeste dans ses oeuvres, et que
l’effort huraain nous montre plus fertilè encore. Jamais le méca-
nisme universel ne s’est borné à reproduire les formes du passé,
il est créateur par essence. II ne se contente pas de subsister
dans la durée, ni méme de se eonsolider dans l’étendue; le gain
quantitatif ne sufflt pas à lui donner satisfaction, il cherche le
progrès qualitatif, c’est à dire ceje ne sais quoi dont la défini-
tion échappe à l’analyse mathématique aussi bien qu’auxlimita-
tions verbales, mais dont le sentiraent inné, graduellement
éclairé par l’expérience, constitue le guide et le moteur de nos
efforts, inslinctifs, consentis ou volontaires. Malgró la lenteur
qui caractérise les créations spontanées de la natui’e, on ne
peut nier que ses initiatives nous révèlent un besoin de perfec-
tionnement aussi tenace que l’effort de i’intelligence humaine;
et plus la science étudie cette question, plus elle est obligée de
reconnaltre que, dans l’univers, l’automatisme pur n’exisle pas.
Quel siècle a Jaraais reproduit sans nul changement les ceuvres
et les seutiments du passé ? L’espoir est tellement inhérent à
l’organisation des ètres qu’il ne raeurt jamais tout entier. Ceux-
là méme que I’on nomme désespérés, et qui demandent à la
mort d’apaiser leurs souffrances, cherchent un état meilleur
que celui qu'ils occupent. Ne dites pas qu’ils vont au néant, car
le néant est pour notre pensóe quelque chose d’inintelligible.
Avant d’avoir étudié la pliysique, noussavions tousconfusément
que rien ne se perd.
Génératrice infatigable de désirs, de croyances altières et de
perfectionnements dans tous les genres, l’espérance offre des
hauts et des bas comme tous les phénomènes biologiques, et
c’estpar cette alternative qu’elle se rattacheaux étapes inéga-
les de la tristesse et de la joie. Mais tandis que ces deux der-
niers sentiments représentent les remous extrémes de l'ondu-
lation fonctionnelle, l’espérance y semble toujours présente et
I'observation de ses effets nons permet d’entrevoir le devenir
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REVUE DE PSVCHIATRIE
de la vie affective sous la forme synergique et continúe qui en
démontre l’unité foncière. Ceiiendant, il est bon de le remar-
quer, si permanente que soit la tendance de la vie vers le pro-
grès, ce n’est pas dans les extrémités de la jouissance et de la
peine que le róle bienfaisańtde l’espoir semanifeste le plus net-
tement, c’est durant les efforts que nous tentons, soit pour nous
relever dans nos misères, soit pour compléter nos bonheurs.
Au sommet du plaisir, il semble que l’on n’ait plus rien à espé-
rer, mais c’est rillusion d’un instant. Au comble du malheur,
on dit parfois qu'on renonce à tout, mèrae à la plus vague
espérance ; et c’est comme un défl qu’on jette à )a nature pour
en obtenir de nouvelles faveurs. On sent et on a vérifiéqu’au-
cune épreuve ne peut détruire la propension qui oblige toutes
les créatures à graviter vers le mieux étre. Irréfléchie, intui-
tive ou raisonnée, la poussée de l’espérance agit quand méme ;
on la reconnait dans les réactions incertaines de la douleur
aussi bien que dans les élans les mieux assurés du plaisir ; et
gráce à sou iufluence optimiste, les égarements de l’incertitude
et de la souffrance tendent constamment à se rapprocher des
rythmes progressifs de la santó. C’est le fait que Claude Ber-
nard a mis en lumière après Sydeuham lorsqu’il a dit que la
raaladie n’obéit pas à d’autres lois que l’activité physiologique.
Én dépit des alternatives qu’exagère l’esprit séparatiste, on
peut afflrraer que l’influence de 1 ’espérance se manifeste chez
tous les étres par un ejfort constant dans le sens du relève-
ment qualitatif.
Réciproquement nous pouvons dire que tout ejfort est
l'expression d'une espérance, c'est-à-dire d’une tendance à.
rehausser les actes de la vie, soit en réagissant contre les
dépressions accidentelles, soit en marchant spontanément dans
les sens de l’innovation et du progrès. Entre les gammes de
l’espérance et de l’effort, la solidarité estmanifeste, etce parallé-
lisme est un nouvel exemple du rapport continu que nous avons
établi ailleurs entre les degrés subjectifs de l’émotion et la
forme objective des gestes qui la symbolisent. L’étude synop-
tique de cette relation nous semble propre à jeter quelque
lumière sur Ia tliéorie de l’effort qui, dans l’état présent de la
science, nous paralt beaucoup trop étroite.
D’après les conceptions courantes, le caractère essentiel de
l’effort consisterait dans l’intensité inaccoutumée de Ia contrac-
tion musculaire, et cette élévation quantitative de la dépense
énergétique serait toujours opérée en vue de vaincre une résis-
tance proportionnelle'. Cette définition nous paratt bien incom-
1 La question a été bien résunrié par M. B. Bourdon dana la fìevue Philoto -
phique. : « L'eflort *>, numcro de Junvier
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DÉPENDANCE ORGANIQUE DE L’ESPÉRANCE ET DE L’EFFORT 181
plète. L’intensité de l’action musculaire ne sufflt pas à déter-
rniner le caractère du phénomène, il íaut encore considérer que
la qualité de l’effort est susceptible de varier, mème alors que la
quantité d’énergie dépensée dans un méme temps reste la
niéme. Or si l’on s’en réfère à Phypotlièse élémentaire de la
subordination fonctionnelle, on reconnait que cette variation
dépend de la position plus ou moins relevée qu’occupe le centre
indivisible du sentiment et du mouvement sur les degrés de
l'échelle organique. A dépense ógale d’énergie, l’effort du pen-
seur digne de co nom, du savant désintéressé, biologue, mora-
liste ou philanthrope, offre certainement une val.eur plus haute
que Peffort du rausicien, du danseur ou du bicycliste.
Dans notre étude du mécanisme affectif, nous avons résumé
cet ordre de faits capital en disant que les cléplacements du
Joyer quantitatif des mouvements organiques symbolisent
les inégalités qualitatives du sentiment. Otez aux observa-
tions physiognomiques Ies points de repère que leur fournit le
schéma de Ia hiérarchie fonctionnelle, nul procédé de mensu-
ration arithmérique ne vous permettra d’en traduire la signifi-
cation psychologique ; et vous pourrez contínuer à soutenir,
avec certains physiologistes que l’effort a toujours le mème
siège capital et le méme centre, à savoir la cage thoracique,
théorie que la plus simple observation vient contredire. Pour
nous, le caractère de l’effort est déterminé à Ia fois par la quan-
titó de la dépense énergétique et par la posilion qu’occupe le
centre passager de l’action neuro-musculaire sur les échelons
qualitatifs de I’organisme. Dans cet apercu synthétique, l’oppo-
sition artificielle de la quantité et de la qualité est remplacée
par l’emploi rationnel et concordant de ces deux moyens
d’expression partiels.
C’est bien l’estiroation de la difflculté offerte qui détermine la
íorme du mouvement qu’on nomme effort; mais cette estima-
tion plus ou moins réfléchie ne dépend pas uniquement de la
résistance particulière qui est opposée à l’acte musculaire
actuel, elle constitue la synthèse des impressions présentes, des
indications héréditaires et des renseignements conservés dans
la mémoire à Ia suite des observations, des expériences et des
i éflexions antérieures. Or c’est dans l’axe nerveux tout entier
que s’opèrent les associations multiples d’où résulte la notion
plus ou moins claire de l’effort à exécuter et du succès à espé-
rer. Et ce n’est pas exclusivement la quantité des résultats
obtenus présentement qui détermine les temps successiís de
l’action, c’est aussi l’appréciation qualitative de ces effets, c’est-
à-dire la balance et la résultante incessamment renouvelées des
données, sensorielles et mentales, actuelles et mnémoniques,
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182
HEVUE DE PSYCHIATRIE
qui conlribuent à produire les hauts et les bas solidaires de la
conscience, de l’équilibre personnel et de l’action. A cet égard
comme à tout autre, les divers éléments de la fonction psycho-
motrice deraeurent organiquement inséparables. — Mais quand
on considère l’évolution anatomique des animaux, on voit les
muscles demeurer assez indépeudants les uns des autres, tandis
que Ia chaine des ganglions nerveux se transforme progressi-
vement en un axe hiérarchique etcontinu. Durant l'améliora-
tion régulière de l’organisme individuel, c’est le perl'ectionne-
ment de la synergie nerveuse qui commande le commun progrès
de l'aptitude exécutive et inventive. Les orgaues épars du
mouvement restent l'onctionnellement subordonnés à l’appareil
du sentiment; mais la subordination fonctionnelle comiiorte une
certaine dépendance, c’est-à-dire, à tous les degrés, le sj’mbo-
lisme relatif de l’émotion raentale et du geste périphérique.
Au surplus, nous terons observerque lecaractère synestliési-
que et relativement homogène des phénomènes nerveux rend
ranalyseintrospective des sentiments très difflcile, tandis que la
mimique expressive, relevant d’organes plus accessibles et plus
faciles à observer isolément, offre à l’étude méthodique des
points de repère assez nettement classés pour lui permettre de
s’orienter dans le dódale des modulations aftectives. Mais pour
que cette étude donne de bons résultats, il ne faut pas couper
en deux l’échelle des íonctions organiques, ni séparer les émo-
tions que William James appelle grossièi’os et viscérales de
celles qu’il considère comme délicates et dont il néglige d'ob-
server les manifeslations expressives. Car nous ne saurions
trop le répéter, il n’est pas de sentiraent qui ne soit synes-
thésique, ni d’expression motrice qui ne soit synergique, c’esl-
à-dire qui n’affecte en son eutier la statique et l’allure indi-
viduelles. Mais le centre physique de l’émotion n’occupe pas
constamment le mème point de l'axe nerveux, et le rythme du
mouvement varie dans la méme mesure que le déplacement de
ce maximum. Que I'on suive les dégradations du rire, depuis le
sourire homogène et contenu qui exprime la sympathie intelli-
gente jusqu’au fou-rire convulsif et díffus qui rappelle les péta-
rades et les hi-hans de I’àne láché dans la prairie, on reconnai-
tra que la qualité psycliologique du phénomène s’abaisse en
mérae temps que la position de son foyer quantitalif.
Si le centre iutirae des courants nerveux qui concourent à
déterminer la valeur subjective de l’émotion n’est pas facile à
préciser dans tous les cas, le centre des mouvements péripliéri-
ques est relativement aisé à saisir. Or ce deuxième ordre de
faits peut nous aider à vérifier les observations enregistrées à
l’aidedu premier. En étudiant la miraiquedu plaisir, nousavons
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DÈPENDANCE OHGANIQUE DE l'ESPÉUANCS ET OE l’EFFORT 183
remarqué qu’à cet égard la sórie des appareils musculeux se
divise naturellement en trois classes principales. — La catégo-
i*ie inférieure comprend tous les organes qui ne possèdent que
des flbres musculaire8 lisses. — La seconde est représentée par
les parties, comme l'oesopbage et le rectum, où les fibres striées
et lisses sont mélangées et forment une gamme transitoire.
Ajoutons que l'organisation du cceur ofTre un type accompli de
cette transition puisque ses fibres musculaires n'appartiennent
entièrement ni à la forme lisse, ni à la íorme striée, mais pré-
sentent une structure intermédiaire. C’est à cette conditition
particulière que le cceur doit le ròle banal que le vulgaire lui
attribue dans l’émotion. S’il n’est pas exact de soutenir que ce
muscle original constitue dans tous les cas le foyer central des
mouvements affectifs, on ne peut nier qu’il soit très bien placé
pour prendre une part notable à leurs variations dès qu’elles
acquièrent unecertaine importancequantitalive. —La catégorie
supérieure des muscles expressifs comprend tous ceux qui ne
contiennent que des fibres striées et qu’on nomme couramment
ies muscles volontaires, bien que ceux-là méme qui tiennent le
premier rang sur l'écbelle organique tendent à reprendre une
allure instinctive et spasmodique dans les cas où la qualité de
l’émotion est notablement abaissée, par exemple dans les modes
les plus irréflécbis de la colère ou de la peui\ dans les moments
*les plus abandonnés dela tendresse ou de l’ivresse voluptueuse.
Au point de vue de la quantilé, ce sont alors les fibres lissesqui
dépensent le plus d’énergie et l’on peut dire que l'émotion offre
un caractère viscéral; mais jamais ce caractère n’est exclusif.
Tout est donc relatif dans le jeu de la hiérarchie fonction-
nelle, et la statique individuelle est modifiée à lout instant
par les déplacements que subit le foyer principal de la tension
nerveuse et de la mimique sous l’influence des modulations
affectives. Mais si les rouages de la subordination physiologi-
que ne nous apparaissent pas sous la forme d’un mécanisme
invariable et inflexible, la hiérarchie foncière subsiste en tant
qu’elle représentele schéma permanent destendances progres-
sistes et des meilleurs élans de notre exislence. — Quand la
majeure partie de l’effort est centralisée dans les muscles à fibres
lisses, par exemple chex le consciút terrorisé qui s’arrète, parmi
la bataille, pris d’une sueur froide et d’un flux diarrhé’íqueirré-
sistible, on reconnalt que le niveau de la conscience est nota-
blement abaissé, et l’on peut affìrmer que le senliment manifesté
par ces mouvements n’est pas d’une valeur bien brillante. Au
contraire quand le centre de l’aclion occupe les organes les plns
volontaires et principalement certains muscles du visage, ceux
qui d’ordinaire jouent le ròle le plus intelligent dans la vision,
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184
ni'ZVUE DE PSYCHIATWE
dans l'observation atteutive et dans la prononciation verbale,
on admet comme un fait certain que le genre d’espoir ainsi
exprimé appartient à ia gamme des sentiments les plus élevés.
D'après ces signes différentiels, et sans jamais avoir appris
la pliysiologie d’école, le vulgaire distingue aisément riiomme
qui reste maltre de soi dans une bagarre de celui qui s’égare et
qui s'affoie. Mais ces deux valeurs affectives ne peuvent étre
isolées ni séparées de l'échelle commune. Entre la physionomie
de l’homme réfléchi, qui concentre visiblement ses énergies
dans les parties ies plus ólevées de l’appareil neuro-musculaire,
et i’allure de l’individu désorienté dont l’effort estsurtout pédes-
tre, vasculaire ou intestinal, il existe une série de modalités
intermédiaires qui comprend les formes innombrables de l’émo-
tion. Mais bien que les oscillations sentimentales que comporte
la vie la mieux équilibrée déterminent un continuel déplace-
ment du principal foyer des réactions sensitivo-motrices, il est
facile de vérifier dans tous les cas la correspondance qui sub-
siste entre la position de l’acte majeur qu’on nomme effort et la
qualitó du sentiment initiateur’qui mérite le nom d’espérance.
Et ce qui estjvrai des individus l’est également de la race en-
tière. Depuis qu’il existe des hommes, c’est l’espoir d’embellir
la vie qui ajinotivé toutes les recherches'où ils ont appliqué
leur attention, c’est-à-dii‘e í’effort sensitivo-moteur qui sym-
bolisait leur tendance. II ne s’agissait tout d’abord que d’explo-.
rer les vallons et les^bois pour obtenir des aliments. Puis on a
cherché des moyens de protection conlre le froid, contre l’atta-
que des bétes sauvages, onaimaginé des dispositions plus favo-
rables à lajsatisfaction des divers besoins óprouvés, depuis les
plus modestes, jusqu’à ceux^qui rehaussent Ia dignité liumaine
et que nous sommes le plus flers de’développer. Et c’est cons-
tamment dans le méme sens que se jsont poursuivis les efforts
de reclierche et d’invention que symbolisent les monuments de
toutes les civilisations passées. Les couteaux de silex, les lia-
ches, les cavernes habitables, les armes, les vases et les paru-
res, les svmboles religieux et les dolraens de nos ancétres nous
racontent Ieurs premiers espoirs et nous démontrent la concor-
dance de leurs efforts avec le schéma du progrès social. Utiliser
les produits des trois règnes de Ia nature, domestiquer les ani-
maux, gagner l’admiration, l’aide et l’amour des proches en se
montrant sympalhique eí secourable, témoigner le désir de
plaire, accentuer les principaux traits du corps et du visage
avec des ornements tatoués, des anneaux, des pendeloques et
des colliers, se montrer adroit dans ses gestes et capable d’en-
tralner les néophytes, c’était s elever progressivement de l’exis
tence brute à la vie esthétique, et parmi les liauts et les bas du
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DÉPENDANCE ORGANIQUE DE l’ESPÉRANCE ET DE L EFFORT 185
\
besoin, du désiret de la jouissance, tendre logiquement vers la
vie morale.
Devenu conscient et prévoyant, l'homme ne se résigne plus
à une activité bornée. Les satisfactions qui lui sont oflfertes et
lesjours qui lui sont comptés ne lui sufflsent plus.il veut
prendre possession du temps et de l’espace, adapter son eflfort
à la totalité du devenir cosmique, et donner l’immortalité à sa
pensée. La tombe ne marque plus le terme de la vie, puisque
les espoirs des parents demeurentinscrits dans le cerveau des
descendants et continuent à se manifester dans leurs efforts.
Lorsqu’elle est sympathique et bienfaisante, la volonté triomphe
aisément de la mort, et se ^éveloppe éternellement. Après
avoir protégé les défunts contre la dent des fauves, la dalle
funèbre deme.ure le lieu de ralliement où viennent se récon-
forter les disciples des héros, et d’où rayonnent les ferventes
survivances de leur pouvoir. Elle a constitué vraisemblablement
le premier autel où la foi des gónérations ait apporté ses
oífrandes commémoratives, et d'où la prière ait jailli, avec le
parfura des couronnes', pour afflrmer la floraison indéfinie des
ceuvres et des bonheurs humains. A mesure que l’on gravit les
échelons du progrès, les mots deviennent insulflsants pour tra-
duire la sublimité des phénomènes, et le terme espérance pa-
rait bien maigre pour exprimer l’élan foncier qui nous rattache
au mécanisme créateur. Mais à l’appui d’un trop faible exposé,
dous pouvons signaler encore un des nombreux aspects du
grand problème.
Quand lesnhysiciens nous exposent Ie fonctionnement de
l'organisme nniversel, ilsaffirment sans hésiter que l’action et
la réaction représentent des valeurs égales, et l’analyse mathé-
matique leur permet de ranger cette hypothèse parmi les véri-
tés acquises. Mais la psychologie ne peut pas se contenter de
cette prémisse limitative. L’observation globale des ètres nous
déraontre, qu’avec des quantités de force et de matière invaria-
bles, la nature et les hommes inventent sans cesse des fonctions
et des formes dont la qualité semble supérieure aux espèces
comparables du passé. De cette éclosion continue, la fln demeure
aussi mystérieuse que l’origine. Mais à n’estimer que les étapes
les raieux connues de son développcfraent, on peut dire que ses
composants typiques forment une échelle régulière, et que les
degrés de cette échelle sont représentés organiquement par la
hiérarchie des éléments et des fonctions qui font de l’étre hu-
main un résumé du monde connu. C’est sur cette donnée que
s’appuie la loi de dépendayce quantitative et de subordina-
tion qualitative qui régit le commun développement des sujets
et des races, et quiconstitue le principe fondamental de la bio-
logie moderne.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Si cette loi n'est pas professée nettement par les physiolo-
gistes et par les psychologues contemporains, bien que tous
l’appliquent sans y songer d’une manière indécise et fragraen-
taire, ce u’est pas seulement parce que le rytlime osciilatoire
des phénomèues détermine des hauts et des bas qui paraissent
en désagréger la régularité foncière, c’est aussi parce que l’ha-
bitude scolaire des antithèses rend l’analyse partiale de ces mo-
dulations diverses plus aisée que l’étude judicieuse de la portée
unique et de la gamme continue qui les contient. Excepté
le monisme encore flottant de Leibnitz et I’hypolhèse mieux
appuyée dont Lamarck fut l’inventeur génial et méconnu,
toutes les théories, scientiflques, littéraires ou philosophiques,
ont pour bases d’étroites antithèses qui présentent l’univers,
l’homme ou la race sous une forme manichéenne. Dieu et le
monde, la force et la matière, l'esprit et le corps, l’homogène
et l’hétérogène, l’individu et la société, le prolétaire et le bour-
geois, la patrie et l’humanité,... autant d’oppositions qui pré-
tendent briser l’unité de l’organisation mondiale, et qui en ren-
dent le fonctionnement à peu près inintelligible. Tous les dis-
sentiments se croient justiflés parces formules antinomiques: et
suivant que l’éducation familiale ou civique a placé l'une ou
l’autre au premier plan, chacun des citovens défend la sienne
et táche de I’adapter à sa conduite. Le libre penseur et le dévot,
I’économiste et le moraliste, l’utopiste et le conservaleur, le
collectiviste et le propriétaire, l’ascèteet le voluptueux se heur-
tent et se contredisent sans parvenir à faire cońcorder leurs
efforts dans un méme sens. II leur mauque un prwcipe d’ordre
et d'union que le système des antithèses est incapable de leur
offrir. Mais si l’on considère que dans la chalne des formes exem-
plaires où s’accusent les progrès les plus certains de l’évolution,
chaque nouvelle fonction représente unesynthèse des meilleurs
types qu’aient produits les stades antérieurs, on délaissera les
antinomies littérales qui mettent l'espérance vague des uns en
contradiction permanente avec le dogniatisme étroitdes autres.
Par exemple, la mésintelligence qui règne entre les psycho-
logues littérateurs et les purs mécanistes nous parait facile à
résoudre avec un peu de bonne volonté. Car ni les premiers ni
les seconds ne renoncent en fait à l’hypothèse de dépendance et
de progression hiérarcliique; mais comme ils sout également
asservis à la routine des antithèses et des séparations verbales,
ils oublient que la loi de subordination qualitative est la condi-
tion nécessaire de toule exposition logique; ou s’ils appliquent
cetle hypolhèse indispensable, ce qjest jamais qu’à des sections
et sans en avouer l’importance Or plus augmente la quantilé
des documents analytiques dont s’emplissent nos bibliothèques,
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DEUX CAS DE CONFUSION MENTALE
187
plus il devient urgent de les soumettre à une classification
géuérale, sous peine dencourager à tour de róle l’absolutisrae
rétrograde où s’enferment les doctrinaires et le scepticisme
dissolvant où se répandent les ironistes. Nolre école de méde-
cine souffre actuellement de ces deux tendances raaladives,
aussi bien que l’enseignement secondaire. La manie de l’érudi-
tion spéciale, le culte du cliiffre et du mot y prédominent, l’es-
prit de synlhèse en est absent. Dans les amphithéátres de la
facu|té, la psychologie, c’est-à-dire la physiologie évolu-
tive et synoptique ue l’appareil nerveux n'est professée
par aucun maltre ; dans les lycées, elle ne I’est que d’ùne fa$on
abstraite et suraunée. On présente aux élèves des termes dis-
sociés, des détails surabondants et minutieux ; quant à la loi du
développement biologique, on ne leur en dit pas le preraier
mot. Les grandes fonctions Ieur sont décrites isolóment; le fil
conducteur de la vie leur manque, et le doute les égare à tout
moment. A défaut d’une méthode limpide, et sous l’étiquette du
libéralisme, c’est l’anarchie qui leur est inculquée en fait, ou tout
au moins le désarroi passionne!, c’est-à-dire l’espèce de psy-
chasthénie, tour à tour déclamatoire et larmoyante, qu'on a
nommée « la maladie du siècle », non qu’elle soit propre à
notre temps, mais parce que nous commen^ons à l’ótudier mieux
que nos ancétres, et que nous ressentons plus vivement qu’eux
le besoin d’en étre guéris.
Paits et opinions
DEUX CAS DE CONFUSION MENTALE SUBAIGUE
PAR INTOXICATION TUBERCULEUSE
Par Henri Damaye
Mèdccin-adjoint à t'Asile de Baillcul.
On a aujourd’hui tendance à démembrer le groupe si vaste et
si complexe des démenccs précoces qui embrasse une grande
part de la pathologie mentale. La pénétration heureuse et pro-
gressive de la psychiatrie par la pathologie générale semble
retenir de plus en plus l’attention des cliniciens sur certaines
aflTections confusionnelles dont l’origine parait bien liée à l’in-
toxication bacillaire. Et ce fait a uue importance pratique de
preraier ordre, puisque la thérapeutique mentale y est intéressée
aussi bien qne l’étiologie pure.
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Qriginal frn-m
UNIVERSrn' OF MICHiGAN
188
REVUE DE PSYpHIATRIE
L’influence des conceptions allemandes fit désigner d'un terme
péjoratif toute une classe d’affections à début confusionnel, le
mot démence évoquant, en notre iangue, l'idée d’iucnrabilité et
de déchéance accentuée. Or, les cas dont il s’agit n’ont point
toujours, il s’en íaut, une marche aussi fatale, et méme dans sa
forme chronique la confusion peut étre quelquefois longtemps
exempte d’affaiblissement intellectuel véritable, ainsi qu’en
témoigue l’expénmentation psychologique. Le terme démence,
appliquéaux maladies qui nous occupent, fait ressortir en elles
ce qui est la conséquence de l’état primordial et non cet état
primordial confus lui-méme, réaction immédiate à l’imprégna-
tion toxique etpeut-étre plus digne d’intérèt à certain point de
vue, puisqu’il constitue la phase thérapeutique de l’affection
mentale. Des travaux récents semblent avec raison se préoccu-
per des données pathogéniques et étiologiques et vouloir orieuter
davantage les classiflcations en ce sens. J. Lépine * étudiait
l’an dernier plusieurs cas de confusion où la tuberculose était
en cause et essayait avec succès une thérapeutique appropriée.
Très instructive est, dans le mème ordre d’idées, l’observation
si complète de Claude et F. Rose 1 2 où les troubles mentaux à
type démence précoce relevaient aussi vraisemblablement de
l’intoxication bacillaire.
***
Nous ne nous souvenons guère de nécropsie chez des confus
chroniques où la tuberculose pulmonaire flt défaut. Peudant la
vie, les troubles de la sensibilité viscérale sont parfois tels que
ces malades, à respiralion plus ou molns superficielle, ne tous-
sent et n’expectorent que bien rarement et la cachexie se trouve
étre le principal symptóme de l’état bacillaire. Mais il est des
cas où le degré des lésions et leur ensemble permeltent de leur
assigner une origine antérieure à I’apparition des troubles
mentaux, les phénomènes stupides n’ayant fait qu’aggraver la
maladie pulmonaire et lui fournir un terrain plus propice. 11
en fut ainsi, à n’en pas douter, pour la malade suivante dont
nous avons pu pratiquer l’examen anatomo-pathologique.
Mme Ch ### ménagère, entre à l’asile de Bailleul le 12 octobre
1908 à l’áge de trente-trois ans. Son père était« simple d’esprit»,
nous dit-on, mais n’a jaraais été interné. Tous les membres de
sa famille et elle-méme sont considérés comme inintelligents.
La maladesaitlireet écrireimparfaitement. Elle n’avait pasd’ha-
1 Etude sur l’Encéphalite sukaiguecurable des tuberculeux. Revue de Méde-
cine, 10 sept. 1908, p. 820 à 839.
2 Etude clinique et anatomique d une psychose toxi-infecticuse ìt forine cata-
tonique du type de la démence précoce. Soc. de Psychiatrie , 19 nov. 1908 ;
Encephale , déc. 1908.
Digjjizf by Got 'gle
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DEUX CAS DE fONFUSION MENTALE
189
bitudes alcooliques. Quatre enfants vivants. Dernier accouche-
raent le 29 aout 1908 ; depuis, Mme Ch*** « a toujours été mala-
de », mais les troubles mentaux ne seraient devenus intenses
au point de nécessiter l’internement que huit jours environ
avant ce dernier, Mme Ch*** présenta alors des liallucinations
de la vue et de 1'ouTe surtout nocturnes, des idées de persécution
vagues et de l’incohórence des propos. EUe prit en haine son
dernier-né, en parlait constamment et tenta de l’étrangler
et de le noyer. EÌle essaya aussi d’incendier sa maison et voulut
faràe cuire son cliien pour le manger.
Notre malade est une personne de taille moyenng, amaigrie,
au teint pàle, d’aspect déjà un peu cachectique. La débilité
intellectuellecongénitale est accompagnée chezelle de stigmates
physiques assez accentués : cráne élargià sa partie supérieure,
unpeu natiforme, cheveux implantés bas sur le front; asymé-
trie faciale, le cóté gauche étant plus large. — A l’abdomen,
éventration légère.
Le facies est égaré, leregard vague. M m * Ch** # ne comprend
pas toujours les questions qu’on lui pose, mais la plupart du
temps y répond cependant d’une voix faible. Elle nous dit bien
son nom de femme, son nom de jeune fllle et sou áge, mais ne
peut dire ni le jour, ni le mois actuels. II y a, cliez elle, une
certaine désorientation, dans le temps et méme aussi dans le
lieu, bien qu'elle sache étre ici à Bailleul.
Elle nie avoir essayé d’étrangler son enfant: « Ce n’est pas
moi... c’est... c’est... » (on ne peut comprendre le reste'. —
« Les francs-macons sont là, nousdit-elle, en regardant eflTrayée
un coin de la salle... ils m’empéchent de parler... Je le sais, ils
sont là... IIs tiennent la parole... » Langue saburrale, léger
tremblement flbrillaire. Pupilles égales, réagissant bien à la
lumière. Reflexes tendineux peuexagérés. Haleine fétide ; toux
assez fréquente amenant parfois une expectoration muco-puru-
lente. A l’auscultatjon, signes de tuberculose pulraonaire,
période de ramollissement.
La malade fut excitée assez fréquemment, manifestant tou-
jours en un langage de plus en, plus incohérent, des idées de
pereécution vagues et peu variées se rapportant aux francs- ma-
cons et des hallucinations visuelles et auditives. Elle s’alimen-
tait peu et avec difllcultés.
Le 14 novembre, elle refusa toute nourriture et demanda du
poison puis elle tenta de s’étrangler en se serrant le cou avec
un mouchoir.
Le 16 novembre, elle est plus excitée que de coutume, se lève
continuellement, disant qu’elle doit s’en aller d’ici. Durant les
nuits, elle transpire abondamment et les sueurs sont un peu
fétides. La eachexie s’estaccentuée depuis un mois.
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L’excitation fit place, dans les jours qui suivirent, à un état
de slupidité avec calatonie et négativisme. Cet état ne fut pas
continu, mais il était interrompu à certains jours par des
moments d'exdtation incohérente. De plus, la malade se mit à
vomir assez fréquemment et le 25 novembre, on dut l’aliter
définitivement.
L’excitation devint tròs rare et l’état stupide avec négativisme
et catatonie fut habituel. La toux était plus faible et l’expecto-
ration très rare. Une escarre fessière commenca à se former et
le 8 janvier 1909, la malade mourait après une période d’affai-
blissement assez rapide.
Autopsie, vingt-neuf heures après la mort. Cadavre très
émacié. Escarres fessières.
Poumons). Pas d’épanchementpleural.Plévres un peu épais-
sies et adhérentes à la cage thoracique en quelques endroits.
Poumons farcis de tubercules à tousles degrós de leur évolution
dans toute l’étendue de l’orgaue. Aux sommets, cavernes des
diamètres de pièces de un ou deux francs remplies de pus. Le
tissu pulmonaire est très consistant, très dense, par le fait de
l’abondance des tubercules. Plusieurs petits blocs caséeux,
non encore ramollis aux bases.
Coeur). Epanchement péricardique séro-citrin assez abondant;
péricarde viscéral trèsépaissi. Cceur un peu atrophié; mj’ocarde
pále, d’aspect dégénéró. Pas de lésions valvulaires ni d’athéro-
me de la crosse aortique.
«. Foie). Un peu gros par rapport aux autres organes, gras et
amyloi'de. Pas de lithiase.
Rate). Très hypertrophiée. Amylose des parois vasculaires.
Abondantes cellules épithéliales longues. Nombreuses cellules
à grand noyau ovoTde ou à formes diverses, plus ou raoins
déformó, clair, contenant des corpuscules ou de gros blocs de
chromatine. Peu de polynucléaires.
Reins). Un peu atrophiés. Substance corticale un peu dimi-
nuée, mais irrégulièrement. Substance'médullaire un peu
diminuée, elle aussi. Histologiquement, pas de lésions inflara-
matoires aiguòs; dégénérescence graisseuse en certains endroits.
Rien d’anormal aux organes génitaux ni au tube dfgestif.
Encéphale). Dure-mère légèrement épaissie. Leliquideintra-
cránien n’est pas abondant. Pas de congestion des méninges ni
de la substance cérébrale. Pie-mère notablement épaissie dans
la raoitié supérieuredes hémisphères, saufauxrégions pariétale
postórieure et occipitale. Cet épaississement atteint son maxi-
mum vers le bord sagittal de l’hémisphère, au. voisinage des
granulations de Pacchioni. Ces dernières ne sont pas anorma-
lement développées.
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DF.UX CAS DK CONI'USION MENTALE
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La décortication est aisée et la pie-mère ne ivtient pas de
particules ducoi-tex, mème dans ses régions les plus épaissies.
Ventricules cérébraux un peu spacieux.
Hémisphère gauche pèse 510 grammes.
— droit — 500 grammes.
Cervelet, bulbe et protubérance = 150 grammes.
Encéphale entier = 1.160 grammes, un quart d’heure après
l’extraction.
Macroscopiquement, ce cerveau ne semble pas avoir subi
d’atrophie manifeste.
Examen hisiologique. — l ro frontale droite. — (Nissl,
hématéi'ne, éosine, Weigert-Pal, acide osmique). Pie-mère
notablement épaissie : le tissu fibreux contient un très grand
nombre de noyaux grands clairs ou raoyens, arrondis ou
ovoi'des. D’autres noyaux également abondants, plus petits et
intensément colorés forraeut queiqueíois, mais non toujours,
des amas au voisinage des vaisseaux : on reconnait en ces élé-
ments des lymphocytes et des mononucléaires. Paroi externe
des vaisseaux un peu épaissie. Les vaisseaux ne contiennent que
peu ou pas de globules sanguins.
Cellules nerveuses très altérées, en général. Les mieux con-
servées ont encore leur forme triangulaire et des grains cliro-
inalophiles, mais ceux-ci ou bien ont un aspect poussiéreux ou
sont massés dans les angles du protoplasme, laissant le reste
peu coioré. Pour un très grand nombre de pyramidales grandes
et moyennes et de polymorplies, les prolongements sont incer-
tains ou invisibles, mème sur des Nissl intensément colorés.
Beaucoup d’aulres cellules ont un protoplasme presque incolore
ou réduit à une bande plus ou moins pále encadrant le noyau.
La plupartdu temps, les noyaux prennent le colorant au mème
degréquele protoplasme ;ilssont gonfiés, déformés, excentriques
et leur nucléole parfois fragmentée. L'osmium, après inclusion
à la gomme fait voir un trèsgrand nombre de gouttelettes noires
dans le protoplasme bt le noyau des cellules nerveuses qui en
sont parfois bourrées ; toutes les pyramidales en contiennent
en grande abondance. On en voit aussi cà et là dans les parois
vasculaires. Pas de pigment jaune dans les cellules nerveuses.
Les éléments ronds moyens et surtout grands clairs sont abon-
dants et forment des araas de quatre ou cinq au voisinage immé-
diat des cellules altérées ou sont épars dans les intervalles des
moins altérées. Les petits vaisseaux ne sont pas surabondants ;
ils ne contiennent que peu ou pas de liquide sanguin. Leur
endothélium ne parait pas altéré ; pas de diapédèse dans les
gaines lympliatiques.
1« frontale gauclie. — Altératious analogues à celles de la
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circonvolution précédente. Épaississement de la pie-mère avec
grande abondance de noyaux clairs, ronds, ovo'ides ou à íormes
diverses et de mononucléaires. Vaisseaux à paroi externe
épaissie, parfois gorgée de sang et ayant, pour quelques-uns,
des amas lymphocytaires à leur voisinage immédiat.
Les lésions cellulaires sont à peu près identiques à celles de
la l ra írontale droite, sauf que l’on remarque ici un peu de
pigment jaune, mais en quantité très minime. Pas de diapédèse
périvasculaire. — Au Weigert-Pal, les flbres de Tuczek, peu
raréfiées, sont fréquemment sinueuses, mais surtout, elles pré-
sentent sur leur trajet de nombreuses dilatations ampullaires
et certaines d’entre elles ont l’aspect de véritables chapelets.
3 e occipitale gauche. — Pie-mère épaissie, mais beaucoup
moins qu'aux régions frontales, et infíltration moindre par les
mémes éléments. Les parois vasculaires contiennent parfois
des lymphocytes, mais ne semblent pas altérées.
Cellules nerveuses plusou moinsarrondies, à prolongements
peu visibles, à corpuscules chromatiques souvent très raréfiés
ou poussiéreux. Beaucoup de cellules à chromatolyse avancée.
Noyau colorabíe, souvent gonflé, excentrique et déformé.
Eléments ronds du type grand clair un peu moins abondants
qu’aux circonvolutions frontales, forment de petits groupes au
voisinage des cellules altérées. Pas de pigment jaune. Pas de
diapédèse lympliatique ni d’altérations visibles des parois
vasculaires.
Dans Ies trois circonvolutions examinées, les Iésions sont de
beaucoup plus manifestes dans Ies couchesgran des pyramidales
et polymorphes.
Couche optique gauche. — Altérations moins intenses que
dans les circonvolutions frontales, maisassezaccentuées cepen-
dant. Chromatolyse dans la plupart des cellules nerveuses qui
ont tendance à s’arrondir et dont les prolongements sont peu
colorables. Moins de cellules dilacérées et à décoloration
avancée que dans les circonvolutions. Noyau liabiluellement
gros et coloré, souvent excentrique. Pigment jaune à peu près
absent. Eléments ronds nombreux, de toutes dimensions, atta-
quentles cellules nerveuses. Pas de diapédèse lym{fliatique ni
d’altérations visibles des parois vasculaires.
Cervelet. — Pie-mère ne parait pasépaissie ; ne contient que
quelques grands noyaux clairs, ronds ou allongés et quelques
lymphocytes.
Les noyaux ne sont ni surabondants ni raréfiés dans la
couche granuleuse externe et les cellules re Purkinje ontcon-
servé leur forme, leurs granulations et leurs prolougements.
Pas d’atrophie des couches granuleuses interne et externe.
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DEUX CAS DE CONFUSION MENTALE
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Méme après action prolongée de l'acide osmique, les cellules
de Purkinje ne présentent pas de gouttclettes caractéristiques ;
Ies parois vasculaires en contiennent rareraent.
Bulbe). Léger épaississemeut fibreux de la pie-raère qui con-
tient un assez grand nombre de lymphocytes épars et quelques
noyaux moins abondants, plus volumineux et clairs.
Les dÌflTérents groupes cellulaires du type moteur ne présen-
tent pas de grandes altérations : rarèment la chromatolyse y
est intense ; les prolongements scnt habituellement apparents.
Cependant, le noyau prend assez facilement les colorants et des
éléments ronds sont parfois groupés au voisinage des cellules.
Dans les cellules des groupes sensitifs, assez souvent raréfac-
tion des corps chromatiques, gonflement du noyau et forme
tortueuse ou imprécise des prolongements ; éléments ronds
fréquents aussi dans le voisinage.
Canal de Lépendyme perméable, sur les coupes examinées.
Par places, quelquas cellules épithéliales ont proliféré. Autour
du canal, dans le tissu environnant, tes éléments ronds de tou-
tes dimensions sont plus abondants.
Pas de dógénération des cordons.
Ce cas nous montre donc une malade, débile congénitale,
devenue tuberculeuse a l’occasion d’une grossesse. L’accoucíie-
ment a serablé imprimer une accélération au processus bacil-
laire et les substances toxiques font naltre alors, sur ce terrain
prédisposé, des troubles mentaux à forme confusionnelle avec
ballucinations et idées dólirantes vagues de persécution. L’exa-
men anatomique fait constater des lésions de méningo-encópha-
lite intéresssant vraisemblablement tous les lobes cérébraux,
mais avec une prédominance très manifeste aux régions
antéro-supérieures des hémisphères,
.%
Nons voudrions reproduire également l’observation d’une
autre malade que malheureusement nous n’avons pu suivre
aussi longtemps qu’il eút été dósirable. Néanmoins, son cas est
digne de quelque intérét en ce qu'il montre des oscillations
parallèles entre la tuberculose et les troubles mentaux.
Léa L ## *, cultivatrice, célibataire, entre à 1’AsiIe de Bailleul
le 9 avril 1907, à l’áge de vingt-six ans. Cette malade venait
de 1’AsiIe de Saint-Yenant où elle était internée depuis plu-
sieurs mois. On ne connalt pas d’affections mentales parmi les
membres de sa famille, mais sa soeur est morte, il y a quelques
années, de tuberculose pulmonaire. A Saint-Venant, L*** a,
toujours été excitée jour et nuit, semblant parfois répondre à
des hallucinations auditives, avec de courtes périodes de
mutisme et d’attitudes catatoniques.
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Dans les jours qui suivirent son arrivée à Bailleul, L*** fut
assez excitée, raais non absolument indifférente au raonde exté-
rieur; c’était plutót le type de l’excitation maniaque que de la
confusion mentale proprement dite. Elle répondait aux questions
posées, mais en psalmodiant ses réponses sur le méme ton et
celles-ci cousislaient en phrases sans suite et souvent dénuées
de tout rapport avec l’interrogation. — « Ah ! oui. C'est quel-
quechose... Tu as gagné, perdu... Pierre... erre, erre...
Qu’on célèbre Mirabelle... On ne saurait faire de la liqueur qui
est sur la table... Adrienne... enne, enne... C’est celui-lá,
c’estvrai... » La malade ne dormait guère, gesticulait sans
cesse, mais interrompait parfois son verbiage pour faire des
remarques sur ce qui l’entourait.
Interrogée sur le mois actuel (avril), elle répond : « Aulant le
mois d’aout que le mois de septembre... on me prend pour un
gosse, on mange des orties... C’est une fleur, un géranium, ma
'soeur... Nous sommes de la sociétó des gros moineaux... » La
malade est complètement désorientée dans le temps et le lieu ;
elle ne peut dire exactement que son áge, son nom et son pays.
Pupilles égales, réagissent bien à la lumière. Pas de modifl-
cation des réflexes tendineux. Ilypoesthésie des téguments. Un
peu de dermographisme cutané non papuleux. Quelquefois,
négativisme. Auscultation très difflcile à cause de l’excitation,
laisse cepeudant entendre une respiration rude et quelques
rares craquements.
14 Mai 1907. — N’est pas violente, mais chante et gesticule
jour et nuit. Ses paroles sont aussi incohérentes : répète tou-
jours les mémes choses et les psalraodie sur le raème air. Cra-
che autour d'elle et s’enduit le visage de matières fócales. II faut
lui porter les alimeuts à la bouche pour qu’elle prenne ses
repas. On remarque par moments une vaso-dilatation intermit-
tente au visage et notamment aux pommettes. Depuis qu’elle
est à 1’AsiIe, la malade n'a toussé que très rarement.
12 Juillet 1907. — L’incohérence des idées a notablement
augmenté depuis deux mois. L excitation n’est pas plus vive,
mais elle est continue. La malade devient de moins en moins
attentive à ce qui l’entoure ; elle ne répond plus guère à ce
qu'on lui demande et ne cesse de débiter, sans s'interrompre
jamais, un verbiage, une salade de mots sans suite, sur un ton
uniforme et d'une voix de fausset. Elle dit beaucoup de mots
grossiers et on distingue dans son verbiage des propos éroti-
ques. Elle se tient souvent accroupie dans un coin de la salle, la
téte entre les jambes, crache autour d’elle, mais cette expecto-
ration est salivaire et non muco-purulente. Gátisme complet.
On doit toujours la faire manger. S’amaigrit un peu. II y a quel-
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DEUX CAS DE CONFUSION MENTALE
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ques jours, le visage íut presque violacó et la malade portait la
maiu à sa gorge, comme si quelque chose rétranglait.
Octobre 1907. — L*** est devenue complètement indifférente
au monde extérieur. Elle est toute la journée accroupie dans
son coin, débitant un verbiage presque inarticulé et incom-
préhensible. Si on la pique, mème fortement, elle ne parait
nulleraent s’en aperccvoir et le iait ne provoque absolument
aucune réaction motrice. Le négativisme est très accentué : la
malade résiste forlement si l’on clierche à déplacor ses mera-
bres. A certains jours, au contraire, il y a des phénomènes
catatoniques. — Aux poumons, ráles muqueux et respiration
rude disséminés. Dans le courant de ce mois, apparition d’adé-
nites aux régions occipitale et sous maxillaire. Le 30 octobre,
hémoptysie peu abondante. La toux est toujours très rare, l’ex-
pectoration absenle.
Noverabre 1907. — Mème état mental. Parlois, alternatives
de rires et de pleurs. Un peu plus calme la nuit. N'a pas eu de
nouvelle hémoptysie, mais l’amaigrissement progresse et l’ali-
mentation est pleine de difflcultés. Vers la fln du mois, les
adénites suppurenl. Injections de naphtol camphré.
Janvier 1908. — Méme coníusion mentale, méme gátisme.
Met ses pieds dans son vase de nuit. Déchire son linge et ses
vètements. Méme verbiage presque ínarticulé où l’on distingue
souvent les mots : « Ah ! oui, ah 1 non. »
Février 1908.—Méme état. Les adénites suppurent encore,
mais ont cependant tendance à la cicatrisation. La toux est
toujours très rare.
Mai 1908. — L’état mental est toujours le méme. Indifférence
absolue du mondeextérieur. La malade n'a jamais été réglée
depuis quelle est à l'asile,
3 aoút 1908. — Un changement se dessine dans l’état de L***.
Depuis un mois et demi environ, la malade opposait moins de
difficultés à l’alimentalion et I’on put lui faire avaler de la
viande crue. Elle est, depuis une quinzaine de jours, beaucoup
moins confuse et s’intéressede plus en plus à ce qui l’entoure.
L*»* lépond maintenant aux questions qu’on lui pose et parfois
d’une fafon presque correcte ; ainsi, elle dit bien son nom, son
pays, sait qu’elle est à Bailleul et qu’elle a étó à Saint-Venant.
Additionne correctement 3 + 3, 5 + 5, 12 -f- 8. Je veux lui
faire effectuer mentalement une petite multiplication, elle
répond alors : « Jene saispas compter ». Lit bien un imprimó
que je íui présente. Dit que l'on est « en 1904 ». Hier, elle a,
pendant deux heures environ, raccommodé un bas. La sensibi-
íitó cutanée a reparu et la malade se gratle la peau des bras,
où elle a quelques piqùres de moustiques, en disant : « Ca
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tUùVUE DK PSVCHIATIUE
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morJ ». Néanmoins,elle remue encorebeaucoup, gáte toujours,
dort peu, et souvent ritsans motif apparent. Lasantó pliysique
s’est améliorée notablemeat: L** # a engraissé un peu, elle est
moins pále ; elle tousso toujours assez rareraent et n’expectore
pas. — Je lui prescris, à dater de ce jcur, 100 grambes viandc
crue et 80 grammes sirop antiscorbutique iodéà 1 gr. iode par
litre'. Les Ostules ganglionnaires sont maintenant à peu pròs
cicatrisées.
17 aoùt 1908. — Suit bien son traitement. L’amélioration est
stationuaire : à certains jours, l’excitalion redevient un peu
plus vive ; oscillation dans l’état raental. — Un examen de sang
pratiqué le 11 aoùt a montré une polynucléoseabondante.
24 aoùt 1908. — Iingraisse visiblementet le facies reprend sa
fraìcheur, la pbysionomie un jeu plus régulier et plus normal.
Gáte toujours. Un peu excitéed’une fagon conlinue, surtout le
soir et dans la matinée.
— A quel pays sommes-nous, ici ? — « A Bailleul-aux-
Cornailles !... »
— Où étiez-vous, avant de venir ici ? — «A W ### » (son pays
natal) (Elle était, en réalité, à St-Venant).
— Quel àge avez-vous ? — « 2G ans »(à peu près exact).
— Quel jour est on ? — « Luudi » (exact).
— En quelle année sommes-nous ? — « en 1908 ».
Accompagne ces réponses de gestes dósordonnés et les noie
au milieu de quelques incohérences. — N’est toujours pas
réglée.
28 aoút. — Urines : Jaune paille, alcalines. Pas d’albumine,
ne réduisent pas la liqueur de Febling. Eliminent de l’iode.
L* ## travaille un peu, mais d’une facon intermittente, quelques
beures seulement.
20 septerabre. — A ses règles, pour la première fois de-
puis quelle est à l'Asile. Prend un embonpoint considérable.
Ne gáte plus du tout depuis quelques semaines. L’excitation
diminue. C’est une véritable résurrection pbysiqueet menlale.
7 octobre. — Etat stationnaire.
Sang : Globules rouges = 3.689.000 ; blanc ~ 14.880. Poly-
nucléose. Faciès, bien que recoloré, est toujours un peu ané-
1 Nous avons étudió (Echo Médical du Novd . 9 aoút 1908) un traitcnicnl des
troubles ineiitaux d originc toxique (non lubcrculeux) et notamment des états
confusionnels aigus et subuigus par l'iode et scs composés, agcnts provoco-
teurs de leucocytose et antiloxiniques. Dans un certain noinbre dc cas, nous
nvons injecté avec diHerenls suecès, à doses massivos quotidiennes, une solu-
tion iodo-iodutée par voie bvpodcrmique, roinme adjuvont dcs moyens clas-
siques usités contre les toxi-infections. Malheureuscment, ces injections sont
un j>eu douloureuses et parfois forl dilbciles ehez les agités. — Pour la
malade qui nous occujie. la médication iodée est d’autnnt plus indiqilèe que
cetto personnc fut alteinte de luherculoso ganglionnaire. _
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IlEL'X CAS DE CONFUSION MENTALE
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mique et siège de vaso-dilatalion à Toccasion du moindre efìort.
Est rapidement fatiguée lorsqu’elle porte des objets un peu
lourds. Elie tousse maintenant et expectoro des crachats gri-
sátres.
Décembre 1908. — La fln d’octobre, les mois de novembre et
décembre ont été an peu moins bons, ence sens que l’améliora-
tion n’a pas fait grand progrès et que méme, plusieurs fois, la
malade s’est remise à gàter uu peu et à déchirer son tablier.
On continue le mème traitement et la sui’alimentation et l’on
y ajoute 20 grammes huile de foie de morue chaque jour.
Le 4 janvier 1909, on doit suspendre momentanément le trai-
tement, car L* # * est atteinte de bi onchite grippale avec vo-
missements.
8janvier 1909. — L’excitation a augmentó un peu, sous
l’intìuence de l’infectiongrippale. Un peu moins bien orientée
et un peuplus incohérente. — Langue bleuàtre, porcelainée de
la grippe. Aux poumons : sibilances et ràles sous-crépitants
disséminés; pas de signes cavitaires nets.
12janvier. —La grippe s’atténue ; l’appétit revient. Beau-
coup pluscalmeet moins incohérente que les jours précédents.
16janvier.— Les phénomènes grippaux ont disparu, mais
on percoit maintenant avec netteté au sommet droit un souffle
caverneux et d’autres petits souffles cavitaires à la base gau-
che, L’expectoration, de grise est devenue verdátre, nummu-
laire. L’excitation a presque disparu. L* ## l épond la plupai t du
temps correctement à ce qu’on lui demande. Elle fait son lit
seule, le matin, et s’occupe bien dans la journée. L’appétit est
excellent et l’on reprend le traitement et la suralimentation.
23 janvier 1909. — La famille de L* ## qui juge celle-ci guérie,
la fait sortir aujourd’hui, malgré nos insistances. — Les signes
cavitaires du poumon sontles mémes, mais l’état général s’amé-
liorait denouveau assez rapidement; l’embonpoint avaitencore
auguienté depuis quelques jours. Malgré les cavernes, on pou-
vait, peut-ètre, en présence de cet état général favorable, espé-
rer une guérison ? Au moment de la sortie, les troubles men-
taux consistaient enune subexcitation légère, presque exempte
d’incohérence.
11 est très regrettable que nous n’ayions pu observer jusqu’à
sa terminaison. — dans un sens ou dans l’autre, — le cas de
celtemalade. 11 nous démontre néanmoins que la thérapeuti-
que mentale basée sur une étiologie connue n’est pas une uto-
pie. Nous apercevons assez nettement dans notre fait clinique
des rapports indubitables eutre la santé phj'sique et l’état
mental. Durant les jn emiers mois de son séjour à Bailleul,
L*** d’excitée maniaque est devenue une vraie confuse sur le
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REVUE DE PSYCHIATRIE
poiut dè passer à la clii onicité et la fiu de cette période d’ag-
gravation est marquée par une hémoptysie et des adénites,
signature de l’infection bacillaire progressive. Une facilitó plus
grande dans l’alimentalion améliore la santé physique et peu à
peu la confusion fait place, de nouveau, à un ótat d’excitation
raaniaque. Le traitsment apporte un appoint considérable à
l’amélioration physique et l’état mental évolue dans le m4me
sens.
11 íautreraarquer cliez notre malade l’apparition de Ia toux et
de I’expectoration en méme temps que reparaissait I’excitation
maniaque, c’est-à-dire en méme temps que s’amendaient les
anesthésies tégumentaires, l’indifférence, la stupidilé. Enfin, le
rétablissemeut des règlcs qui, en pareils cas, est toujours d'un
heureux augure. Kous avons vu, cliez plusieurs aulres confu-
ses, la menstruation se rétablir, après Ia période aiguè, sous
l’influence de petites doses quotidiennes d'iodure. I.unier avait
d’ailleurs signalé déjà ce làit chez des mélancoliques ainsi
traitées.
Nous nous bornerons à consigner ici ces deux exemples de
troubles mentaux confusioiinels cliez des tuberculeuses. Le
recueil et l’étude des fails de cette nature permettra peu à peu
de donner à l’étiologie bacillaire la place qui lui convient dans
ce groupe nosologique et coutribuera en mémé temps à étendre
la thérapeutique des affections mental.es aigués ou curables.
REVUE DES LIVRES
Contribution à la cónnàissance de là cellule nerveuse,
par R. Legkndke. — Arc/tices d'anatomie microscopi'/ue . T. X
p. 287-554. 19 fig. et 2 pl., et Thèse de Doctorat ès sciences de la
Faculté de Paris 1909.
L’intérèt de ce travail consisle essentiellement, pour les spécia-
listes, dans la mise au point d'une question extrèmement com-
plexe. Maìgró les nombreux travaux cités et résumés (plus de
mille), notís ne notis trouvons pas en présence d’une compiiation.
Les propres recherches de lauteur et les très intéressantes
discussions auxquelles il souinet ses résultats et ceux des autres
chercheurs, font de cet ouvrage une véritable revue crilique, d’un
point de vue très personnel. Pourtous ceux qui savent la valeur
des questions de méthode scientilìíjue et philosophique, l’intérét ne
sera pas moindre è la lerture de (‘et ouvrage, mais il résidera
surtout dans l’essai complètement réussi de l’adaptalion des métho-
des logiqnes aux travaux de laboraloire. I.e point de vue de R.
Legendre estainsi à la fois très vasto el très précis. La riches.se de
(Vuir hi sttiie ttprrs è* Uttlletin bibliuf/ra/thit/ne mensuel).
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REVUE DKS LIVRES
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sa documentation le défend coutre les reproches que l on adresse
parfois à ceux qui veulent se permettre de réflóchir sur les faits
qu’ils observent.
Le travail dóbute en guise d’avant-propos par un exposó très
neuf et très solidement établi des causes d’erreur les plus fré-
quentes en cytologie nerveuse. Les erreurs d observation (essen-
tiellement réductibles à celle qui consiste à décrire pour des états
constants, physiologiques etnormaux desartiflces de préparation,
des faits exceptionnels ou pathologiquès), les erreurs de raisonne-
ment nous amènent à fixer les règles logiques de l’investigation et
de l interprétation des faits histologiques.
Dans la première partie, Tauteur éludie la morphologie de la
cellule nerveuse. II insiste sur notre ignorance de la cellule ner-
veuse vivante, et envisagesuccessivement les différents réseauxet
les diverses granulations protoplasmiques. Dans la deuxième
partie il examine tour à tour, du point de vue histologique, la
nutrition, le fonctionnement, la pathologie etla mortdela cellule :
il fait justice des théories simplistes que l'òn a émises pour expli-
qucr ces phénomènes et montrer que les états normaux : activité,
repos, sommeil, ne peuvent étre différenciés histologiquement.
Les états palhologiques sont d’une grande banalité et se ramènent
à trois : réactions inflammatoire, alrophique, sénile. Enfin, nous
trouvons lexposó de la théorie du neurone. L'auteur se déclare
neuroniste, sans attacher à ce point l’importance qu’on lui accorde.
Notons encore la tròs intéressante discussion dans laquelle
il montre Vincertitude de certains résultals de l histologie patho-
logique, et conseille une grande prudence dans l’énonciation des
théories qui sappuient sur eux. II reconnait, pour l’étude des
maladiesìnentales par exemple, l importance prépondérante du
point de vue clinique et de l'examen psychologique.
En résumé, Touvrage de M. Legendre est un exposé très com-
plet, très actuel concernant la cellule nerveuse. II est aussi un
élégant exemple de Vapplication aux sciences d’observation d'une
logique à la fois fìne et rigoureuse. Cest pour cela que ce travail
de forle documentation est d une lecture facile et très agréable.
M. Mignard.
Les troubles de la personnalité dans les états d’asthónie
psychique, par A. IIesnard, í vol. in 8; Alcan éd. Paris 1909.
Les états d'asthénie psychique se révèlent essentiellemenl au
psychologue par des troubles du sentiment de la personnalité et
du sentirnent du réel. En ce qui concerne le monde extérieur, les
sentiments les plus étranges et les plus variés que puisse éprou-
ver le malade ne sont que les formes d’un sentiment fondamental
de non reconnaissance; de méme que les sentiments d’inertie, de
léthargic, d’automatisme, de dédoublement, d’inexistence ne sont
que les variétés d’un sentiment unique de non reconnaissance du
corps.
I.es troubles relatifs à la personne mentale sont tous réductibles
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
200
KEVUE, DE PSYCHIATUIE
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au sentiment de la perte de i’unité mentale. Des symplóriies secon*
daires, organiques ou émotifs les accompagnent.
Tous ces phénomènes, que l'auteur étudie avec le plus grand
soin et de la manière la plus captivante, sont liés à une réelle
dépersonnalisation, plus ou moins accusée. Elle est elie méme la
conséquence d’ « un syndrome spécial ; l asthénie psychique, pre-
mier terme d'uńe dissociation dont le dernier est la oonfusion
menlale. » Ce bel ouvrage, malgré sa grande originalité parait
un peu inspiré des idées et de la méthode de M. Janel, quoi-
que sur un point important l’auteur combatle ses conclusions.
Ainsi l’unité se fait peu à peu dans la psychologie des troubles
mentaux. L’étude de la confusion et du délire, poursuivie d’uné
manière méthodique, amènera sans doute à des considérations
analogues sur le róle des troubles de la synthèse personnelle et
de la direction volontaire des phénomènes mentaux.
Une préface de M. le professeur Régis établit l’intérèt des ser-
vices réciproques que peuvent se rendre la psychiatrie et la psy-
chologie d’observation.
M. Mignard.
REVUE DES PÈRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRAN^AIS.
L'Encèphale , Partie Psychiatrique (n° 2, 10 féyrier 1909).
Ch. Ladame. — L’Histologle pathologique des maladies men-
tales. — Les lésions cytologiques ne présentent en elles-nièmes qu’un
faible intérét, à cause de leur uniformité : ii faudra donc chercher le
caractère anatomique primordialde toute psychose dans la localisation
cylologique de la lésion. L’auteur, qui n adrnet pas en principe t exis-
tence de lésions « sine materia », reconnnit qu’à l'heure actueile cn
doit, faute de mieux, considérer certainos psychoses cornrne unique-
ment fonctionnelles. La paralysie générale est caractèrisée par ses
lésions interstitielles intenses et ses lésions parenchymaleuses ; In
démence artério-scléreuse par la prèdoininance des lésions dans les
pyramides de la substance blanche ; lu démenee séniie por la sclérose
des cellules ganglionnaires, la prèsence de piginenls et de graisse,
l’atrophie des fìbres; rolcoolisme chronique pur In dégéńéreseence
des artères et la dégènérescence graisseuse des éléments cellulaùes
de tous les tissus; rópilepsie présenterait conime première et plus
constante modification la sclèrose de la corne d’Animpn; lu démence
précoce ne donne pas un ensemble de lèsions concordantes, ce qui n’a
rien de bien étonnant; la psychose maniaque-dépressive ne semble
pas correspondre à des constatations anatomiques bien nettes; le seul
cas de paranoia examiné par rauteur n'a pu lui donnerde bien dècisifs
résultats, car il a constatè l’invasion de la substanee cèrébrale par des
inétaslases cancèreuses. ;
\1. Mignaud.
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Origirìal frn-m
UNIVERSrn' OF MICHIGAN
NOUVKLLES
201
PÉRIODIQUES ÉTRANGERS.
Ilirista (ìi Patologia nertosa e mcntale. (Vol. XIV. 09, p. 1-6.)
E. Lugaro. — Une preuve de l’existence des neurofìbrilles chez
le viyant. — La question de savoir si les neuroílbrilles sont réelles ou
artiírielleinent produites par un réactif présente un réel intérètquand
on les considère eomme conductrice de l’influx nerveux. Lugaro,
qui est d’uvis de leur accorder celte fonction, a cherché un moyen de
constoter qu’elles existent bien in vico. II croit l’avoir trouvó en met-
tant en évidence le réseou neurofìbrillaire sur des pièces non soumises
aux fixoteurs habituels, mais traitées encore vivantes et in situ , par
l’eau physiologique bouillanle. Cette preuve ne nous parait pas régler
déíinilivement la question.
R. Legendre.
Zentralblatt /ùr Ncrccn kcilìaindc und Psi/chiatrie. (Février 1909)
(n° 286. Neue Folge 20. Band.)
M. Wulff. — Oontributlon à la Psychologle de ladémence pró-
coce. — Ce très intéressant orticle contient une remarquable analyse
d’un cas de démence précoce, dans lequel l’auteur met en lumière par
des procédésexpérimentaux l’existence de trois « complexus » (systè-
mes psychologiques) indépendants les uns des autres et indépendants
de la personnalité du sujet. II rapproche ces phénomènes des phéno-
inènes hystériques. II ne s’agit pas d’une vraie démence, mais d’une
pseudo démence, due à la désagrégation mentale. II propose de rem*
placer Ie mot de « Dementia proecox », si malheureusement, dit-il,
trouvé par Kraepelin por celui de « Sehizophrénie » (du grec Schizèìn :
séparer). Ainsi, de toutes parts les méthodes psychologiques les plus
variées amènent à des conclusions analogues en ce qui concerne cette
inaladíe.
M. Mignard.
NOUVELLES
Personnel des Asiles. — (Mouccnxcnt de Mars 1909). — M. le D r
Jacquin, médecin-adjoint de l'asile des aliónés de Cháteau-Picon
(Gironde), est nommé médecin enchef de l’asile des aliénés de Montpel-
lierfposte créé). — M. Ie D r Marchand, médecin-adjoint de I’asile des
aliénés de Blois, est nommé médecin-adjoint de la Maison Nationale
de Charenton (poste créé) et maintenu dans le cadre des médecins-
adjoints des asiles publics d’aliénés. — M. le D r Levet, directeur-méde-
cin de l’asile de la Charité (Nièvre), est promu à la 2® classe du cadre.
— M. le D r Privat de Fortunié, médecin-adjoint à l’asile d’Armentiè-
res, est promu à la classe exceptionnelle du cadre. — M. le D r Robert,
médecin-adjoint de l’asile des aliénés de Lafond (Charente-Inférieure),
est nommé médecin-adjoint de l’asile des aliénés de Chàteau-Picon
(Gironde). — ’ M. le D r Camus (concours 1909), est nommó módecin-
adjoint de I’asilede Suint-Dizier (Haute-Marne). — M. le D f Perrens
(concours 1909), est nommé médecin adjoint de l’asile de Lafond (Cha-
rente-Inférieure). — M. le D r Froissard (concours 1909), est nommó
médecin-adjoint de l’asile de Prémontré (Aisne). — M. le D r Cotard
iconcours 1909), est nommé médecin-adjoint de l'asile de Dijon (Cóte-
d’Or;. — M. le D r albes, médecirf-adjoint de l’asile de Prémontré
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UNivERsrry of michigan
202
HEVUE DE PSYCHIATIUE
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(Aisne), est nommó módecin-adjoint de l’asile de Montpellier (poste
cróó). — M. le D r Baruk, directeur-módecin de I'asile d'aliénés d’Alen-
gon, est prornu à la 2* eiasse du cadre. — M. le D r Viuouroux, méde-
cin en chef de l’asilo d’aiiénés de V r aucluse, e*t proinu á la classe
exceptionnelle du cadre. — M. le D r Santenotse, módecin en chtí de
l'asile d’aliónós de Saint-Ylie (Jura), est promu à la 2' classe du crare.
— M. le D r Alombert-Goget, médecin en cheí de l’asile d aliénóa de
Marseille, est promu à la 2* classe du cadre. — M. le D r Privat de
Fortunié, médecin-adjoint de l'asile d’aliénés d’Armenliòres (Nord), est
nommé, en la mème quolité, à l’usile de Montdevergues (Vaucluse).
VI* Congrès international de Psychologie. — Le Congrés se tien-
dra du 3 au 7 aout. Les questions mises à l’ordre du jour sont les sui-
vantes: Questions générates : 1° Lesscntirnents (MM. Kulpe et Sollier
rapporteurs) ; 2° le subconscicnt (MM. Dressoir, Janet, Morton Prin-
ce) ; 3° La mestire dc VAttcntion (MM. Pattrizzi et Ziehen) ; 4° Psy-
cholofjies dcs phènomèncs rcligicux (H. Hofding et J. Leuba).
QUESTIONS SPIÍCIALES : PSYCHO-PÉDAGOGIK :
5. Classifícation des arrièrès scolaircs (MM. Decroly, Ff.rrari,
Heller, Witmer). 6. Ĺa mcthodolofjic dc la Psfjchologic- pèdayocji-
que (M ,,# Ioteyko).
PSYCHOLOGIE ZOOLOGIQUE :
7. Les Tropismes (MM. Boiin, Darwin, Jennings, Loeb). 8. L'orienta-
iion lointainc (M. Thauziès).
PSYCHO-rHYSIOLOGIE :
9 . La pcrception des positions ct mourcmcntsde notrc corps ct de nos
tnembrcs (M. Bourdon;.
Pour tout ce qui regarde les expositions d’instruments, communico-
tions individuelies, etc.., s’adresser au secrétnire général, 7/, arenne
de Champel , Genèxe ; Adresser les adhésions et cotisations 1 á M. Lucien
Géllérier, Montchoistf , Genèrc .
Dtx-neuvième congrès des médecins aliénlstes et neurologlstes
de France et des pays de langue frangalse (Nantes , dn 2 au
8 aoitt 1909). — Trazaux scientifígues. — I. Rnpports et discussions
sur les questions choisies par ie Congrès de Dijon :
a) Psychiatrie. — Les fugucs cn pstjchiatrie. Rapporleur : M. le D r
Victor Parent fils, de Toulouse.
b) Neurologie. -- Les chorèes chronUjues. Rapporteur : M. Ie D r
Sainton, de Paris.
r) Médecine légale. — Les aliènès dans Varmèc au point de r tte
mèdico-légal. Rapporteurs : MM. les D r * Granjux, de Paris, et Ray-
neau, d’Orléans.
II. Communications originales sur des sujels de psycliiatrie et de
neurologie : Prèsentation de malades , de pieces anatomigues et de
cotipes histologiques.
Les adhórents qui auront des conimunications à faire, devront en
envoyer les titres et les résumés au secrétaire général avant le i #r
juillet.
III. Visite de l’asile d’aliénés de Nantes.
Excursions. — Pendant le Congròs, desexcursions serontorganisées :
Visite de la ville et de ses monuments; excursion aux environs;
1 20 fr. pour les congrcssitos qui pourroiil ohtcnir pour les nulres mcnibres
dc lcur fniuillclcs curtcs ck* 10 fr. donnant droit h dcs avnnlugcs annlog’iics.
Gck igle
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UNIVERSITY 0F MICHIGAN
SOCIÉTÉS
203
excnrsion à Ciisson ot à 1‘asile de la Roche-sur-Yon ; excursion sur les
plnges de l’Océan. Leprogrannne détaillé sera envoyé ultérieurement.
A canui'jes ot comtitions. — Le Congròs comprend :
1* Des meiubres adhérents.
2' Dos membres associés (dames, membres de la íamille, étudiants
en médecine) présentés par un membre adhérent.
Les nsilcs d’aliénós inscrits au Congròs sont considórés coimne
membres adhérents,
Le prix de la cotisation est de 20 francspour lcs membres ailhèrents ,
tto 10 franos pour los membres associès.
Les rnernbres adhérents tecevront avant l’ouverture du Congrès les
trois rapports, après le Congrès le volumes des coinptes rendus.
Les médecins de toutes nationalitès peuvent adhérer à ce Congrès,
mais les communieations et discussions ne peuvent étre faites qu'en
langue fraiiQ-aise.
Des réductions de tarif seront très vraisemblement accordées parleá
Coinpngnies íranQaises de chemins de fer. Les membres du Congrès
seront invités ultérieurement à faire connaitre l’ilinéraire qu’ils
suivront pour se rendre à Nantes.
Prière d’adresser les adhósions et cotisations et toutes communica-
tions ou demandes de renseignenients au D T Ch. Mirallié, 11, rue
Copernic.
Le Prèsidcnt , Le Sccrètaire gènèral ,
D r Vallon, D r Ch. Mirallié
Módecin clc 1 asile d'aliéiiés Professcur à I'ècole de niédecine
de Sainle-Ànnc. de Nantcs
SOCIÉTÉS
SOCIÉTÉ MEDICO-P3TCHOLOQIQUE
Scance du 29 niars 1909
La Commission constituée pour examiner la question de la réforme
des jurys formés, pour les attributions de prix émet ia proposition que
la composition de ces jurys, proposée par le bureau, soit soumise à la
société et modifiée par elle.
Les rnembres désignés pour l’attribution du prix Moreau de Tours
seront pour cette année : MM. Blin, Klippel, Pactet, Sémelaigne et
Tuksnel ; et pour le prix Esquirol : MM. Briand, Colin, De Cléram-
bault, Dknys et Dupré.
A propos du projet de réforme du jury du concours de l’adjuvat et
après avoir entendu M. le D r Colin, la Société Módico-psychologique
émet les voeux suivants :
Le jury du concours devrait étrecomposé ainsi :
Un prtísident ayant seulement voix consultative et nommó par dési*
gnation adininistrative;
Sept juges titulaires et un suppléant tirésau sort parmi ies médecins
des asiles publics d’aliénés;
Quatre juges tirés au sortparmi les chefs de service de province ;
Deux jugestirés au sort, l’un parmi les chefs deservice dela Seine,
l’autre parmi les chefsde service de la Seine augmentós des chefs de
service de Bicótre et de la Salpétrière, des chefs de service de Charen-
ton et du chef de service de l’infirmerie spóciale ;
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
204
REVUE DE PSYCHIATRIE
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Un juge, professeur, chargé de cours ou agrégó, spécialisé pour la
médecine mentale reprósentant la Faculté que le sort aura désignée
entre les Facultés de médecine pour avoir un délégué au concours de
l adjuvat;
Un juge suppléant tiró au sort parmi tous les chefs de service des
asiles publics d'aliónés de la Seine.
Les médecins en chef des asiles pourront étre appelés à ètre juges
sept ans après la date de ieur entrée en fonctions en qualité de móde-
cins adjoints.
Le tirage au soj-t du jury aura lieu en présence d’un membre de
l’administration du Ministère de i’Intórieur, de deux membres du Con-
seii supórieurde 1 Assistance publique et de deux candidátts.
Les noms de tous les médecins qualifiés pour faire partie du jury
seront mis dans l’urne sous enveloppes cachetées et par catégories.
Immédiatement après le tirage au sort du jury, il est tiró au sort
dans les mèmes conditions que pour les juges ordinaires, une liste de
jurés destinés à remplacer ies premiers en casde non acceptation de
leur part ou de récusation. Les enveloppes cachetées contenant les
noms des jurés tirés ainsi sont ouvertes au fur et àmesure des besoins
et par catégories.
Tout en réservant la question de principe, la Société estime qu # il
suflfirait de soumettre les médecins des maisons de santé privées à un
examen comportant les épreuves suivantes :
1* Uneépreuve écrite : examen d’un malade aiiéné suivid’un rapport
médico-légai.
2* Deux ópreuves orales : une épreuve clinique sur un malade aliánó,
une épreuve d’administration et de législation.
Cet examen pourrait avoir lieu à la suite du concours de Tadjuvat et
devant le mème jury.
M. M.
SOCIÉTÉ DB PSYCHIATRIE : En raison de Vabondance
des matières , le compte rendu de la séance de mars de ia Société
de Psychiatrie sera donné dans le prochain numèro de la fíevue.
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Qriginal from
UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉ CLINIQUE
* DE
MÉDECINE MENTALE
Séance du 15 Mars 1909
Présidence de M. MAGNAN
SOMMAIHE
Elections. — Membres associés étrangers : M. le D r Rayner, M. le
D r Chambers, M. le D r Jung.
Prèsentations . — I. M. P. Sérieux. — Un cas de délire d’interpréta-
tion. (Discussion : MM. Magnan, Lwoff, Briand, Boissier).
II. M. Vigouroux. — Pouls lent permanent. Vertiges épileptiques et
troubles mentaux. (Discussion : MM. Dabout, Colin, Picqué, Marie,
Trénel).
III. M. Trénel. — Paralysie générale précoce avec syphilis hérédi-
taire. (Dents sulciformesde Parrot). (Discussion : MM. Legrain, Marie).
IV. M. de Clérambault. — L’exploration clinique de la sensibilité
douioureuse par la pression. (Discussion : MM. Picqué, Legrain).
V. M. A. Marie (de Villejuif). — 1* Paralysie générale et agnosie.
2° Paralysie générale iníantile. (Discussion: M. Colin).
M. Magnan. — Messieurs : J’ai la douloureuse mission davoir
aujourd'hui à vous faire part de la mort d’un ami, d’un de nos
membres fondateurs les plus éminents, du très regretlé docteur
Motet. Sa grande modestie l'a accompagné jusqu’à la tombe, il n’a
pas voulu de discours à l’Académie de Médecine et les autres
compagnies scientiflques dontil faisait partie ont dù respecter sa
volonté.
Je suis certain d'étre Tinlerprète de la Société Clinique de Mé-
decine mentale en adressant à Madame Motet et à toute sa
famille I’hommage de nos bien. sympalhiques et respectueuses
condoléances.
Elections
MEMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS
Sur la proposition du bureau. sont élus à la majorité membres
associés étrangers:
M. le D T Rayner, co éditeur du Joiirnal of Mental Science , 16,
Queen Anne St., London, \V.
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UNIVERSITY OF MICHÍGAN
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
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M. le D r Chambers, co-éditeur du Journal of Mcnlal Scìence .
The Priory, Roehampton, Angleterre.
M. le D r C. G. Jung, privat-docent de Psychialrie, Médecin de
Pasile de BurghGlxli, Zurich.
PRÉSENTATIOXS
»
I. Un cas de délire d’interprétation, par M. P. Sérieux.
(Présentation de malade).
Mathilde B. t égée de 38 ans, couturifìre, est entrée à l’asile de
Maison-Blanche, en íévrier 1906, dans le service du D r LwofT.
Antécédents héréditaires mal connus (mère ilerveuse, frère origi-
nal, nerveux). La maladea son certifìcat d’études. C est unenature
impressionnable, émotive.
D après Mathilde, sa mère, « unó mère dénaturée », ne l’a pas
rendueheureusedans son enfance et sa jeunesse. Elle prenait tou-
jours la défense de ses frères contre elle. II y a treize années envi
ron, vers 1895, la malade, alors ègée de 27 ans, remarque divers
faits qui témoignent à ses yeux des sentiments hostiles de sa mère.
Celle-ci clierche à l’attirer, elle veut la diriger à son gró, lui sus-
cite mille diíTicultés; elle a sans doute le projet de Texploiter et
de vivre à ses dépens. Un jour elle mène sa fille chez une tireuse
de cartes qui aííirme pouvoir causer un malheur à quelqu un
(provoquer unemaladienerveuse, etc.), à condition qu’on luiconfie
un objet ayant appartenu à la personne qu il s’agit de frapper. Or
la malade avait laissé tomber récemment un peigne chez sa mère ;
d’où les suppositions qu’on devine. Et la tireuse de cartes lui
ayant ofTert un fruit, elle le refuse. Depuis cette époque elle est
dailleurs aux prises avec des tracas multiples : ses clientes ne la
paient plus, elle ne trouve pas d’ouvrage, d’où des embarras
d’argent incessants. Cette succession d’événements pénibles lui
parait anormale. Elle remarque des choses louches; on lui fait
payer deux fois ses achats; son propriétaire lui suscitedesennuis,
de mème ses clienles. Elle soupconne (1897) sa mère de provoquer
ces déboires inexplicables : celle-ci la pousse à se lancer dans la
galonterie, afm d’en obtenir de l’argent. Certaines de ses lettres
contiennent des phrases menagantes. I n jour la mère de la
malade lui a dit : « Soigne ton estomac » ; ne lui avait-elle pas mis
quelque drogue dans ses aliments? Elle a remarqué en eflet que
cerlains mets avaient un goùt singulier; on ne voulait sans doute
pas rempoisonner, mais seulement la rendre malade.
En 1898, elle comprend des mots à doublc entente; uncdame lui
dit : « Plus c'est sale, plus ga réussit ». On est poli avec elle, mais
on afTecte un air inoqueur.
Vers 1900, Mathilde fait connaissance d’un M. X. avec lequel
elle eut des relations en 1903. Elle ne tarde pas à s’apercevoir que
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
207
M. X. devient taquin, moqueur, qu elle s'esl trompée sur son
compte. Quand il vient la voir il garde son chapeau sur la tète et
continue à fumer. Est-ce par inadvertance? Non pas; il veut lui
donner à entendre que cette attitude grossière est celle qui est de
mise dans la chambre ou il se trouve. « M. X. aflectait‘aussi de
i'egarder avec atlention les portraits de mes parents. Etait-ce pour
me faire comprendre qu'il ne trouvait pas de ressemblance entre
moi et mon frère et que ce dernier n est pas mon frère? )> Enfin
M. X. allait jusqu’aux injures ; un jour Mathilde lui demande ce
que contient un papier qu*il a dans sa poche. M. X. répond par
une phrase ambiguè dans laquelle il s’arrange pour placer les
mols de « machines » et de « grues ».(M. X. est ingénieur). La
malade reste convaincue qu’il la traite de « grue » et de « sotte ».
Cette altitude insultante de M. X., pour qui R. parait avoir eu
deTaflection, est pour elle une désillusion cruelle. A la mème épo-
que, ayant perdu quelques clientes, elle est frappée de cette coín-
cidence. C’est M. X. qui dirige contre elle une campagne de per-
sécutions et de menaces. Comme elle lui avait déclaré qu elle
n’avait pas besoin de lui, il veut l obliger à frapper à sa porte.
D’ailleurs il désire renouer avec elle et, pour triompher de sa
résistance, il n’a qu’un moyen c'est de lui íaire perdre son travail,
de la réduire à la misère : ainsi il l aura à sa merci. II met à ses
trousses la police secrète : pendant plus de six mois elle est suivie
par des agents mais ceux-ci ne lui parlent point. I'n jour seule-
ment un Monsieur à cóté de qui elle passait a dit : « raté! » puis
s’est mis à tousser. Les assigtants ont également toussé. Une autre
fois le gardien d f un jardin lui a dit : « Pas par là ! » Son persécu-
teur lui envoie une prétendue cliente afin de savpir ce qu’elle fait
et quels sont ses projets : or cette dame prenait en s’asseyant la
mème pose que M. X.; elle tournait la téte de la méme fapon
etc., pour lui donner à entendre qu’elle venait de la part de ce
dernier.
C’est surtout 18 mois avant son internement, en 1904, que, les
persécutionsredoublant. « l’exislencedevient impossible». Mathilde
est « mise en surveillance » ; un complot est organisé pour l’empé-
cher de trouver du travail. Ses clientes l’abandonnent à l’instiga-
tion de M. X. En justice de paix elle a des démèlés qui tournent à
son désavantage : ces échecs sont le résultatde « moyens secrets ».
Elle comprend la signification réelle de mols insignifianls, des
chansons entendues dans la rue : ce sont autant d’allusions. Tout
ce qu’eUe fait est signalé. Ce sont partout des sourires, des rires
ironiques et moqueurs. Elle sert de risée ; « il y a moquerie sur
loule la ligne. » Quelle rnoquerie, par exemple, que de faire venir
des visiteurs, désireux, soi disant, de louer la chambre quelle
devait quitter, et qui ne viennent en réalité que pour documenler
M. X. ! On pénètre dans son appartement en son absenceet ona
soin de relever le coin d'un rideauou de fouiller dans sns aflaires,
pour bien lui faire voir qu’on s’est introduit chez elle Ou bien les
prétendus visiteurs disent devant elle : « cet appartement est
gentil ». Jls espèrent la délourner ainsi de son projet de déména
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UNivERsrry of michigan
208
ftEVUE DE PSYGHlATRlE
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gement; ear on tient à Tempècher de quitter un quartier oii la
surveillance est bien organisée.
En avril 1905 on vend ses meubles ; quelque temps après elle
remarque dans la rue des affìches portant en gros caractères:
Vente aux enchères. Elle comprend l allusion. Sa situation très
génée l’oblige à travailler au rabais dans diverses maisons; eíle
demeure convaincue que si on lui donne un salaire infime c : est
pour fempécher de faire des économies et triompher de sa résis-
tance par la misère.
On ne l'injurie pas, maison procède par allusions. Le boulan-
ger, lorsquelle entre dans sa boutique, tousse d’une facon signiíi-
cative : il fait: hem ! II veut lui faire comprendre qu'elle se háte
de payer sa note. De mème lepicier fait hem ! par moquerie.
Quand elle pénètre dans un magasin on rit, on la regarde des
pieds à la téte, on tousse, on la dévisageavec unsourire moqueur.
Eníìn le mot d’ordre devient général et au restaurant, au Bon
Marché, dans tout le quartier, on se met à faire : hem ! dès qu’elle
se montre. Les fournisseurs la servent avec mauvaise volonté :
les commis ontun rire faux. Parfois on la recoit aimablement, on
lui dit méme, avec une politesse exagérée : « Bonjour; Mademoi-
selle ! » on lui enveloppe ses paquets avec une ficelle bleue (allu-
sion à sa couleur préférée), et quand elle sorton fait : hem !
L’espionnage se perfectionne. Tout ce qu’elle fait est signalé.
« Si je sers de sujet, dit-elle, si on veut écrire ma vie, il faut bien
suivre ma trace ! » Le concierge la guette et fait signe à un coir
sommateur du café voisin. La mercière ne la laisse pas une minute
seule, par défiance. Une cliente lui répète une phrase qu’elle avait
dite à une autre personne : « mamère me fera devenir folle ». Des
amies pour qui elle avait fait des robes écrivent à M. X. pour lui
rapporter tous ses actes qui doivent étre consignés dans un ro-
man. Dans les tramways on la prend pour une femme suspecte.
Sa propriétaire inspecte un coupon qu'elle a acheté pour vérifier
s'il porte bien le nom du vendeur et s'il n’aurait pas été volé. L'n
jour, au Bon Marché, Mathilde apergoit avec étonnement qu'on a
installé un modèle de chambre identique à la sienne ; en regar-
dant avec attention, elle constate que dans cette chambre du Bon
Marché il y a une araignée au plafond. Et la malade fait observer
quedans sa maison habitent des employés du Bon Marché.
M. X. fait un roman, qu’il publiera, dans lequel il est question
d elle, deses fournisseurs, etc. On a mis dans ce livre toutes les
lettres de sa mère, celles qu’elle a adressées à M. X. et toutes
les choses surnaturelles qui lui sont arrivées. « II y en a haut
comme cela ! D’ailleurs tout cela est à la Préfecture, tout Paris
le connait, et les médecins qui simulent lignorance en sont
instruits ! »
Un jour, raconte Mathilde, M. X. vint la voir avec une clienle
qui dit en regardant des gravuresde modes : « J aimerais bien une
robe de velours rouge ». M. X. se pronon^a pour une robe ver-
te, quant à la malade, elle déclara préférer une robe bleue. Or
depuis, elle a vu souvent, sur les boulevards, des lanternesde
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
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voitures et d’omnibus, les unes hleues, d’autres rouges, d'autres
vertes. C’était là pour elle une innovation : on veut ainsi lui prou-
ver que toutce qui se passe chez elle esl divulgué. Une autre íois
ayant remarquó des lanternes d’omnibus jaunes, elle y vit encore
uneallusion à sa situation de femme trompée. On lui a fait voir
aussi des montres à cadran de couleur (rouges, bleus, verts), ou
encore on mettait en évidence des tentures vertes, des fleurs jau-
nes. Dans son quartier il y avait une profusion d affiches avec des
cmins. D’autres représentaient les trois GrAces (allusion à trois
gràces (pi elle avait demandées). On n’ignore pas que le chiíìre 7
lui est désagréable ; chaque fois, en effet, qu’il lui est arrivé des
(‘hoses pénibles c’est un 7, un 17, un 27 (fait assez extraordinaire).
Or on s’arrange toujours pour arriver à ce chiffre : demande-t-elle
pour 0,25 de marchandise, on lui en donne pour 7 sous. Pour son
déménagement, son frère lui fait payer 27 francs au lieu de 25.
Dans les magasins les ombrelles sont rangées par groupes de 7,
etc. On avait dù répóler son aversion du 7 et on montrait ainsi
qti on était ou couront.
Son frère la persécute également. Comme sa mère, « il a un
but ». II cherche à la rendre malade, à la réduire à la rnisère pour
qu'elle consente à mener la vie de femme entretenue et qu'il puis-
se ainsi fexploiter. Déjà, alors qu’il était au régiment il se faisait
envoyer de l'argent par elle.
Klte oppréhende qu’il ne inette quelque drogue dans ses ali-
nicnts. Un jour il lui offre une brioche : elle se garde bien de la
inanger. Une autre fois, il lui offre du vin, maiselle entend com»
nie un craquement. un bruit de cire à cacheter qui serait tombó
dans le verre et elle s’obstient. Elle se méfìe ègalement du cura-
<;ao de son frère. En 1903, son fròre layant invitée à diner, elle a
un pressenlirnent; elle insiste pour aller au restaurant et non
chez lui. Pourquoi celui ci a-t il commandé deux bouteilles de vin?
Un jour, alors qu’elle était enrhumée, indisposée et qu'elle sor-
tait d’une chambre chaude, son frère insiste pour prendre une
voiture découverte ; il espèrait lui faire attraper ainsi une fluxion
de poitrine. Quelques jours après il vient la voir et cherche à lui
faire comprendre qu’elle va tomber très malede. Une autre fois il
l'engage à accepter une invitation à un bal ; c’est pour renouveler
dans les conditions les plus favorables la tentative de la voitura
découverte.« Pourquoi mon frère, ditB..., m’a t-il demandé de
lui écrire désormais non pas au crayon, mais à i’encre? » Y a-t-il
un inoyen de décomposer l’encre ? Pourquoi cherche-t il à entrer
en possession de quelque chose ayant touché à ma peau ?(AlIusion
au procédé employé par la tireuse de eartes pour une sorte d’en-
voútement). Un jour en enlevant des rideaux pendant son démé-
nagement, son frère fait en sorte de dégrader le mur ; c‘est pour
l’obliger à payer une indemnité au propriétaire. Elle est convain-
cue que sa mère et son frère s’entendent pour la mettre sur le
pavé, par vengeance et par calcul. Son fròre use de « moyens
secrets » ; d’ailleurs il lui adéclaré :«c’est de moi que tudépens ! »
Depuis trois ans que la malade est à l’asile, ce délire de persé-
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cution à base d interprétations ne s*est pas modifìé. II s’est
enrichi de quelques détails nouveaux, mais il est parfois malaisé,
en raison des réticences de B., d’en obtenir le récit. La malade
n’écrit qu exceptionnellement. Elle est considérée par ses compa-
gnes et le personnel comme très susceptible (susceptibilité due
à ses aptitudes interprétatives). Elle se plaint de taquineries
(faits insignifiants, dénaturés) et d’allusions à son histoire an-
térieure ainsi qu à divers propos qu’elle a tenus n8guère. M. X.
a ici des complices et s’occupe d'elle en dessous. On l'abandonne
avec l’intention de la pousser à bout. Elle comprend que son
histoire est connue par la manière dont on lui parle. Une malade
fait souvent des allusions à son passé en répétant des propos
tenus par elle à Paris. Pourquoi uneinfirmière dit elle à une ma-
lade : « Vousdirez qu il fait trop chaud 1 », sinonpour la tourner en
ridicule, en répétant textuellement une phrase dite par elle jadis
à M. X. ? Pourquoi répète-t-on fréquemment « il fait chaud » ?
Cela est íait exprès. Pourquoi dit-on « pas encore » ? C’est une
allusion à ce qu'elle répondait à M. X. : « pas encore, pas ici ».
« Qu’on m’explique, dit-elle, pourquoi des personnesqui sontdans
des quartiers difìérents me répètent les mèmes paroles. De méme
certaines personnes répètent des phrases de mes lettres : elles
ne reproduisent pas exactement ces phrases, mais je comprends
l’allusion. J ai écrit un jour : « Quand sortirai-je de ce milieu ? »
et l’on répète cà et là : « ce milieu... de ce milieu ». II n’y a pas
coíncidence,« tout est fait exprès. » B. croit sans cesse qu’on parle
d’elle, qu’on la fait causer pour répéter ce qu elle dit, elle écoute
aux portes, donne une signification personnelle et précise à
mille incidents. Les malades sont, dit-elle, presque toutes malveil*
lantes et la surveillante fait cause commune avec elles. On ne lui
épargne ni insinuations, ni vexations. On donne à d’autres les
livres qu’elle a choisis à la bibliothèque ; mèmes taquineries aux
bains. Les rougeurs de son visage sont dues aux mouchoirs des
priseuses. On fait tout pour empécher sa sortie. Ici on sait des
choses qu on devrait ignorer ; on connait à fond ses aflaires.
La malade se livre à des interrogations continuelles à propos
de faits insignifiants : Comment se fait-il que ? Pourquoi mon
frère m’a t-il dit.? Mais il ne s’agit pas là de doutes délirants.
B. déclare elle-mème qu’il y a trois ans elle doutait parfois de
certaines suppositions, se demandant si elle ne se trompait pas.
Maintenant, afilrme-t-elle, je suis convaincue.
Quand elle fait quelques confìdences au médecin, elle s’apergoit,
par les phrases qu’elle entend ensuite prononcer dans le quartier,
qu’on est au eourant. Si on essaye de la convaincre qu’il s’agit
uniquement de coíncidences, elle s’y'refuse. Tous ces propos, qui
paraissent insignifiants, sont « accentués, appuyésw, dit-elle.
Récernment on a servi un potage aux pàtes d'Itaiie. Or ces
pàles avaient la forme de couronnes, detoiles, de coeurs. Elle
n’avait jamais vu de pàtes en forme de coeurs ; n’était-ce pas pour
rappeler ses chagrins d’amour, pour la ridiculiser ou pour faire
allusion à ce qu'elle avait dit un jour: « le cceur ne se partage pas ».
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SOCIKT t\S
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La malado parait oroire que les médeeins s’ontendent avec ses
ennemis. lls savent mieux qu’elle ce qu’il y a d extraordinaire
dans son histoire, ils sont au courant de tout. Un interne, M. Le~
vert, a peut-ètre c< été mis dans l histoire » à cause de son nom.
(Elle avait déclaré qu’elle préférait le hleu au vert). 11 l a placée
dans une chambre pour l’isoler et la rendre plus malheureuse.
Depuis peu, B. semble s orienter vers d’autres conceptions. Une
question qu’on lui a poséc à Ste-Anne, et qui lui a été renouvelée
récemment, à savoir si ses parents n’ótaient pas seulement ses
nourriciers, luí donne beaucoup à penser. Nous ne serions pas
étonnés de voir la malade se présenter dans quelque temps avec
les caractòres des interprétateurs famìliaux , et peut étre des
mégalomanes. Elle conserve d ailleurs les mèmes idées de persé-
cution : tout le monde s’est entendu, famille et étrangers, pour la
mettre sur le pavé : tout prouve qu’on fait un livre sur elle. « ses
aventures sont arrivées par des moyens secrets... il y a des
centaines de personnes mòlées à son aílaire, etc. ».
*
* *
En résumé, il semble bien que nous ayons aílaire à un délire
systématisé de persécution basé essentiellement, pour ne pos dire
exclusivement, sur des interprétations. La malade, depuis trois
ans qu’on l’observe, n’a présenté ni troubles sensoriels, ni troubles
de la sensibilité générale ou de la cénesthésie. C'est en vain qu’on
recherche les hallucinations de l’ouíe, du goùt, de l’odorat, les
hallucinations motrices verbales. La malade ne se plaint pas
qu'on lui parle à distance, qu'on l’injurie, qu’on chuchote, que
des personnages invisibles conversent avec elle ou se livrent sur
elleà des persécutions physiques. Quand, exceptionnellement, elle
aentendu une injure, les circonstances dans lesquelles la chose
sest produite ne perinettent pas de croire à une hallucination. II
ne s'agit donc pas d’un délire systématisé hallucinaloire, d’un
délire chronique.
On aurait pu penser, à un moment donné, à une psychose
interprétative, aigué ou subaigue, chez une dégènércc, psychose
greflée sur un état dépressif. La malade a eu en eílet certaines
réactions mélancoliques : dépression, idées de suicide, refus
d’aliments. Mais ces états interprétatifs sont passagers et cura-
bles. tandis que, dans notre cas, la durée déjà longue (14 ans), sans
modification depuis trois ans, la systématisation du délire avec sa
marche envahissante, prouvent bien qu’il s’agit d'une psychose
chronique.
Sansinsister surces hypothèses, nous croyons quenotre malade,
qui ne peut ètre rangée parmi les débiles, mais dont rhyperesthé-
sie aílective semble indiscutable, doit prendre place dans une
íorme spéciale de délire systématisé des dégénérés, le délire
d’interprétation. On sait que les interprétateurs, sur la constitu-
tion mentale desquels nous ne pouvons insister ici, donnent
une signiíication personnelle à mille faits insignifiants et en
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arrivent ainsi à édifier un délire, plus ou moins systématisé, sur
de multiples erreurs de jugement, sans intervention — le plus
souvent — de troubles sensoriels. Le système vésanique repose
sur la réalité, mais sur la réalité dénaturée et travestie, sur des
interprétations fausses qui, parfois, prolifèrent avec une abon-
dance extrème. Malgré la fantaisie de leurs fìctions, les^malades
conservent une activité mentale, une lucidité et une puissance de
dialectique souvent remarquables.
La systématisation des délires de couleur varjée qui peuvent
apparaitre se própare lentement, mais une fois établie, elle
devient inébranlable, s’étend de plus en plus, et possède une force
de rayonnement quasi indéfinie, sans jamais se désagPéger ni
amoindrir Tactivité intellectuelle. Cette évolution est. avec l'ab-
sence — ou la rareté — des hallueinations, un des caractères fon-
damentaux du délire d’interprétalion. Cette psychose doit ètre
rattachóe à la dégénórescence mentale; le déséquilibre des facul-
tós apparait en effet manifeste chez ces sujets. Leur délire s’édifìe
è la faveur d’une hypertrophie du moi ou d’une hyperesthésie
aflíective exclusive de toute auto-critique. Les interprétateurs
sont des anormaux constitutionnels chez lesquels des chocs émo-
tionnels pénibles (ótats passionnels, déceptions, misère, etc.), aug-
mentent, comme dans le cas de notre malade, le déséquilibre
mental et laissent le champ libre à des interprétations erronées.
Ajoutons que notre observation montreque le délire d’interpré-
tation ne saurait étre identifié avec la folie des persécutés-persé-
cuteurs. Notre malade n’est nullement perséculrice; elle appartient
à la variété dite « résignée» du délire d’interprétation, variété qui
fait contraste avec la variété persócutrice. En butte à l’hostilité
générale, B. s’isole, fuit la lutte, souflfre en silence et pleure. Elle
a supporté avec rósignation une situation insupportable. Etquand
sa patience est à bout, elle n’a point fait de menaces contre ses
ennemis, elle a eu des idées de suicide, elle est devenue.déprimée,
refusant de manger. « Si j’avais étó méchante, dit-elle, je me
serais vengée, je me contente de pleurer ! »
Que l’interprétateur réagisse en persécuteur ou qu'ou contraire
il demeure résignó, son mode de réagir, — qui varie suivant son
caractère antérieur, actif ou passif, suivantson humeur agressive
ou déprimée, — son mode de réagir, disons-nous, reste très impor-
tant, certes, au point devue médico-légal, mais iln’a pas, au point
de vue nosologique, de signification décisive. Des réactions persé-
cutrices, semblables, en apparence, à celles des persécutés-persé-
cuteurs vrais (délire de revendication), peuvent se montrer chez
certains interprétateurs — comme d'ailleurs danS d’autres psy-
choses (délire chronique, etc.) — mais ces réactions agressives
peuvent faire défaut sans que rien manque au tableau caractéris-
tique du délire d'inlerprétation.
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SOCIÉTÉS
213
INTERROGÀTOIRE DE LA MALADE
Avant son entrée, M. le D r Magnan s’enquiert de la possibilitó
d hallucinalions auditives chez la malade ; .il demande si le délire
se continue chez elle duranl le sommeil, et si le sommeil a apportó
un appoint au déliré. Le D r Sérieux répond négativement. II
ajoute que la malade a présenté, lors de son entrée, des idées de
suicide.
M. Magnan. — Dans la rue, les gens vous parlent-ils de loin?
La Malade. — Du tout; j’entends seulement à còté de moi des
allusions, par exemple dans les boutiques ou quand des voisins
causent devant moi.
M. Magnan. — Vous avez entendu lousser... cetle toux pouvait
òtre naturelle.
La Malade . — Oh non, c’était une toux bien contrefaile, comme
ceci, signiflcative.
M. Mágnàn. — Ktes vous sure que ces lanternes colorées aient
été mises là pour vous ?
La Malade. — Auparavant elles élaient couleur de lumière,
simplement.
M. Magnan. — Les coeurs mis dans le polage aux pátes étaient
des fìgures comme les lettres et les étoiles.
La Malade. — Cela ne s etait jamais vu avant mon entrée à
l’asile. C’était une allusion à une phrase dite par moi autrefois :
« il n’y a qu’un cceur ».
M. Magnan. — Ces pátesdoiventsetrouverchez tous les épiciers.
La Malade. — Oui, depuis lors elles ont pu se répandre.
M Magnan. — Un grand nombre de gens s’occupent donc de
LafTaire ?
La Malade. — II y a de nombreux compliees.
M. Sérieux. — Et qui les paie? est-ce M. X. ?
La Malade. — Exactement, à Tasile méme des malades viennent
répéter devant moi des phrases que j*ai dites il y a un an.
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RISVUE DE PSYCHIATRIE
M. Magnan. — Vous parlent-elles de dos, ou de face? Parlent-
elles entre elles ou sadressent-eriles à vous?
La Atalade. — Les deux. Mais jamais de loin, elles sont plutòt
tout près. Une malade me dira en plaisantant une phrase que j’ai
dite à M. Sórieux.
M. Magnan. — N’ont-elles pas l’air de se cacher ?
La Malade . — Non.
M. Magnan. — Vous n’avez pas entendu chuchoter, tenir des
cancans derrière une porte?
La Malade. — Jamais.
M. Magnan. — Les phrases peuvent ne pas vous concerner, il
ne s agit quede formules banales.
La Malade (avec animation). — Deux clientes qui ne se connais
sent pas ne peuvent pas répéter les mèmes phrases.
M. Magnan. — II y a des phrases d’usage courant.
La Malade (très animée). — Une fausse cliente mevient, envoyée
par ma mère, et je lui dis: « Ah non, elle me fera devenir folle ».
Arrive ensuite une autre cliente, et elle me répète cette méine
phrase, celle que je viens de dire !
M. Sérieux. —■ Qu avez-vous vu au Bon Marché?
La Malade. — Une chambre arrangée comme la mienne, ou à
peu près, et du plafond, une araignée pendait sur la tète d’un
pierrot; ce qui signifìait que j avais une araignéedans le plafond.
Dans leméme moment apparaissaient dans mon quartier de nom-
breuses afílches de ventes aux enchères, pour signifìerque j’allais
ètre vendue.
M. Sérieux. — Ces coeurs dans votre potage ètaient-ils si
nouveaux ?
La Malade. — II n’y en avait jamais eu de pareils. Cela j’en suis
certaine.
M. Sérieux. — Onvous a fait des allusions au moyen de trois
robes, une rouge, une bleue, une verte.
La Malado. — Cette plaisanterie a dù se répandre un peu partout.
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S0CIÉTÉ3
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M. Magnan. — Voilà une série d’interprétations pures. La nialade
s est bien, en effet, arrétée aux interprétations.
M. Sérieux. — * Les infirmières sont-elles vos ennemies ?
La malade le nie faiblement. — Le D r Colin lui demandant la
raison de cette coalition universelle, la malade lui répond vive-
ment: « Et si l'on veut écrire un roman sur ma vie? »
M. Magnan. — Ce n’est peut-élre pas un sujet rebelle. Peut-étre
par la persuasion arriverait-on à quelques rósultats.
M. Lwoff. — J ai essayé sur cette malade la psychothérapie.
Mademoiselle, ne vous ètes vous pas souvent exagéró la portée
des paroles des gens ?
La Malade (avec une subite animation). — Monsieur, voulez-
vous m’expliquer comment une cliente me répète une phrase
qu’elle n’a pas entendu ? le voulez-vous ? une phrase d’une lettre
qui est dans ma malle? Monsieur le Docteur, pourquoi ne répon-
dez-vous pas à ma question ?
M. Magnan.— Cette phrase élait peut ètre urj proverbe. Veuillez
nouslaciter.
La Malade. — Cette phrase n’étail pas un proverbe. Elle conte-
nait un mot provincial, presque du patois.
M. Lwoff. — Lesgens pouvaient tousser naturellement.
La Malade. — Non, non, c’était une toux forcée.
M. Lwoff. — Je viens de tousser moi mème.
La Malade. — Ce n’est pas la méme chose.
M. Lwoff. — Je lui ai demandé si, au cas où elle sortirait de
l asile, elle n'irait pas trouver M. X. Elle m a répondu qu’en effet
elle irait, pour reprendre ses malles, et qu’elle lui tiendrait un
petit discours bien senti.
La Malade . — Je ne ferai pas de scandale, mais je ne lui ferai
pas non plus de compliments.
M. Lwoff. — Vous dirigiez autrefois un atelier de 10 ouvrières.
Vous pourriez chercher du travail en quittant Tasile.
La Malade. — Oui, mais il faudrait pour cela donner mon
adresse à « Maison Blanche », et je ne veux pas.
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UNIVERStTY OF MICHÍGAM
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KEVUE DE PSYCHIÀTRIE
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M. Bbiand. — N a-t-elle jamais formulé de revendications ?
M. Sérieux. — Elle a été placée volontairement, sur sa propre
dernande.
M. Boissier. — Jai vu chez M. le D r Briand. en 1891, lorsque
j etais son interne, une malade tout à fait semblable, ágée de
35 ans environ, non débile, mais sensiblement moins intelligente
quecelle ci. Elle interprótait sans discontinuer toutes les paroles,
allures. gestes, ou circonstances. Quoique vivant dans une atmos-
phère d’hoslilité elle n'avait pas le caractère persécuté, elie
acceptait son sort avec résignation, s'avouait impuissante à se
défendre; tout en déclarant son ínteinement injuste elle le subis-
sait volontiers, le regardait mème comme une protection. Nous
n’avons jamais découvert le rnoindre vestige d’hallucinations ni
méme d'illusions.
La malade refuse ensuite à nouveau de citer la phrase en patois
qui lui a été redite« parceque c’est une phrase risible ». Ellese
déclare prète à revenir de son erreur, si on la lui démontre, au
sujet des propos tenus par les malades de « Maison-Blanche » ;
mais quant à la phrase en patois toulousain, on ne pourra jamais
la convaincre, D'ailleurs la dame qui a cité celte phrase est une
Toulousaine. Elle conclut ; « Tout cela ne m’empèche pas de bien
travailler, je puis donc sortir. Pourquoi me garde-t-on ? »
M. Lwoff. — Parce que,... il y a quelque chose qui...
La Malade (coupant la phrase). — Oui, parcequ’il y a quelque
chose, vous venez de l’avouer. Vous n avez jamais voulu me la
donner, l’explication.
II. Pouls lent permanent, vertiges épileptiques, et trou-
bles mentaux, par M. A. Yigouroux (Présentation de malade).
Le maladeque j’ai l’honneur de vous présenter est un homme
de 45 ans, chez lequel on constate la présence du syndrome de
Stokes Adams, des troubles mentaux d origine comitiale et des
accès délirants dont il conserve le souvenir.
Le premier symptòme qui frappe en examinant ce malade est
un ralentisseinent permanent du pouls. Les pulsations chez lui
varient de 36 à 52 suiVant qu’il est couché et au repos, ou après
une marche.
On constateen mème temps que les artères radiales sontdures.
flexueuses et qu’elles roulent sous le doigt. II y a également
hypertension (23 au sphygmo-manomètre Potain). Le coeur à ìa
palpation ne peut se sentir. A rauscullation les battements sont
règuliers, isochrones aux pulsations, lesbruits sont sourds et à la
base. au foyer aortique, le 2 f temps est netlemeut souíflant.
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Qriginal frn-m
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SQtléTtóS
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^i*e]q».ir. rormijé da»\s ì iosullisiUK;e íi'ortiqué’, inlqvjà <\uv
líi figjT*. <h> de>.f Kfitá st* prolonge de íorui} anonoafe;
‘phy^ííjMB pkis eompJet rlu ..malade, •ÓA\f.s'.pei , iń ! e.i tl.e.
i‘OD*diilr?i: io \u'vs*MV'é df* piii«iours syifiptoni^s intéressanU\ quBje
ip foos <iu éiiuniorer : íi existe de riuép»litó jMipMbire.en faveur de
lii pùjvíile ^rijTrie qm est en rijyiirui.se (7 u ' m \. LVu.u'iP- visuelb’ Je
lo ii iraurhe esi tré>: dinìíìiuée. Les rrdloxes pupiihures s»‘!d abolís
á Itt lumufiíf éV pnTesseux à ràcTdmmodntÌori -L'exaMTeiJ du
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Itfiíéíí'Surit fi;irossenx..: inais ♦.'vislefií.. L« |*n|«i11 jst
í'ir' . >.MSiole de J.'h.y ji.i noolisíe ' i.!i«r«{uee ttó Toii.*»Jle-droife, #'K" ;
Lo'iiíTiiim’nionts.ct sl«n' •itíllnii.cnt.s- Jc l’oreille soucfiíí
i..» ínni;ir& esl fisSiiró'* ut }»i-C‘s».*nl»,: - dos jilaqucít d<’ iimcofì!;isic,
ircji r. fiHs (iiH'K'íitt'ii.-n dc tiior.siifc.
La ruoiìlilé íit 1a 'sénsíbili'U}. jiíiearssi;»{
futulieus soni un péu ‘ ‘
f n r/vprr rí*»<: a r.l>V*
par
^rí'èspondeut à une SDif conííterite ét "fc TateorfiUori
níts* ípíaníites d<e fiqiíidtu vóieí íe résuìtut dé Tnnalyftè uouiideíe
dé-Titrriie': ; ';•..;
Ti d í>U*í(5U»St , -„ í)'uvoliiiitt-p i*í *í* GOli I r*t, ?■> * i TVkdìrpU‘*i
T*M»‘ IjtjHf i>T<Mv. j U f l.i<7'
U/Udr Un i! , » .Uivur»'-!t
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jSHiìs iìí» IVjxoIc de I tirÁC.
v T«jí4í 5 iff* 1 \Uot0 lOÌfl 1.. I '
Acblc r<rìipM>.cí, ->.d,. V*v'..-,..»*
AcèJtí .jvhospbtimjnò iijtaj .. ....,.
{.'tiìurnre ^oiliu'in............
(.VÌBtHifil ‘J o)} Jatiu u ..*.'•'.;
L'oinmcon ié voil. celte anaiyse inontreune. I*yponxoturiè ci)tosi-
Córale et noe djmioution tk* t/ms los .u.Ut c.s éidmeuls i \! r'NCcplicui
Ju ••tiionire do soiiiurii quì c'-si i.uj<ímenté.
Au i( do c iuj iií'eiitai, Lc* ■'■■.. rst d unc ìnslvtíciìoíj. pl-fí*Jtarrfc
•ciítííante. íSMií dcrif, rrálc'u-ltí Uvs con eciemf..ai. l'l rúpoad avek
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HEVUE DE PSYCHIATME
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précision aux questions qui lui sont posées. La raémoire des íaits
anciens et récents est suíiisamment précise comme nous avons pu
le vérifier en contrólant auprès de sa soeur les renseignements
qu’il nous a fournis.
Les jugements qu il porte sur lui-méme et les autres sont justes.
II raconte qu’il a étó transíéré deNanterre dans les asiles parce
que, à la suited’une « soulographie», un dimanche, ila eu uncoup
de folie, et a voulu se briser le cráne contre les murs de la cellule
où on l’avait placé; il voulait en fìnir avec une vie de misère.
De plus, il se plaint d’avoir été victime. depuis son entrée à
Vaucluse, d'un complot : une nuit, des malades, armés de cou-
teaux qu'il a ous ont projeté sa mort (iL les a entendas): Irès
effrayé, il a demandé son passage immédiat dans un autre quar
tier. Ils étaient jaloux de lui parce qu’il travaillait, etc. Cette
crise d’anxiétó avec hallucinations n’est apparue au’une fois, mais
elle est très nette dans son souvenir et ne lui parait pas de carac-
tère pathologique.
II ne manifeste pasd’autre idée délirante, il est calme, un peu
indifférent, il parle rarement de sa sortie qu’il espère cependant.
De plus, depuis les cinq mois qu’il est dans mon service, il a
présentó à trois reprises des accidents dont il ne conserve aucun
souvenir.
II s’agit de vertiges nocturnes avec miction involontaired’urine
suivis de confusion mentale et d’excilation.
A trois reprises, le matin, il s’est levé après avoir uriné au lit.
confus, ne sachant pas où il était, légèrement excité, tenant des
propos menagants et cherchant à frapper. Conduit à l’Infìrmerie
il a repris conscience 18 à 36 heures plus tard, s etonnant de se
trouver dans ce quartíer, demandant.pourquoi on l’y avait amené.
Ces vertiges et ces troubles mentaux, très différents de la crise
d'anxiété avec idées de persécution dont il a conservé le Souvenir,
et dont je parlais tout à l’heure, nous paraissent nettement étre de
nature comitiale.
En arrètant là l’observation, nous nous trouverions en présence
des symptòmes sufvants : ralentissement permanent du pouls,
athérome des artères, vertiges, hypoacousie, bourdonnements,
etc., dont la réunion forme le syndrome de Stokes Adàms et nous
pourrions voir dans la constatalion de la polyurie excessive et de
la soif pathologique une raison de plus pour penser à la localisa-
tion bulbaire de ce syndrome, localisation admise par Charcot,
Brissaud, etc.
En plus, après avoir séparé nettement des troubles mentaux asso
ciés aux vertiges comitiaux la crise délirante de nature anxieuse,
nous pourrions, bien que cette crise délirante hallucinatoire se
distingue des crises d’anxióté paroxystique d’origine bulbaire,
avec un peu de bonne volonté discuter la participation possible
d’une lésion bulbaire à sa genèse.
Les renseignements que Le N. donne sur sa vie antérieure ne
permettent pas, si on lui accorde confiance, d’expliquer Ies choses
de cette fagon : car Le N. aurait constaté vers l’áge de 15 ans, et
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il est très affirmatif aujourd’hui à ce sujet, que son pouls battait
plus lentement que celui de ses camarades.
Le syndrome de Stokes-Adams ne serait donc plus conslitué,
nousaurions atTaire à une lenteur constitutionnelle du pouls et
non plusà une lenteur acquise.
Ceserait plus tard t vers 18 ans, qu’il aurait ressentila première
atteinte de la soif inextinguible avecpolyurie qu’il ressent encore
aujourd hui. II l assouvissait avec de l’eau lorsqu’il n’ávait pas
d argent et avec des boissons alcooliques de toutes sortesdès qu il
avait le moyen de les payer.
II est difficile d’apprécier la quantité d’alcool qu’il absorbait
journellement: 2 à 3 litres de vin, de 4 à 10 verres d'absinthe
peut-ètre. Dans chaque verre d’absinthe il ajoutait, dit-il, une
carafe d eau. II a toujours fait aussi un grand abus de tabac.
* Malgré la lenteur de son pouls il pouvait travailler et faire des
eflíorts musculaires. Les difTérents métiers qu’il exercele prouvent.
II travailla successivement comme gsrQon de lavoir, puis comme
terrassier l’hiver et l’été comme tambour dans un manège de
chevaux de bois.
II n’avait jamais été malade, quand il y a huit ans environ, il íìt
une chute sur la tète, de huit mètres de hauteur, du haut d’un
mát du manège qu’il montait.
Transporté à l’hópital, il resta 29 jours sans connaissance, la
tète enfoncée entre les épaules et les dents serrées ; il était nourri
par des lavements alimentaires. Quand il revint à lui, il ne se
rappelait plus l’accident et ne savait pas où il était, mais il n’a pas
eud’amnésie antérograde. II se souvient avec détails des circons-
tances de sa chute.
Quelque temps après sa sortie de l'hòpital, il perdit samèreavec
laquelle il vivait, et il semble que depuis ce moment, sa vie ait
été de plus en plus irrégulière. II alla habiter avec ses sceurs, qui
ne purent ni l’une ni l’autre le garder près d’elles, à cause de ses
habitudes d intempérance. L’une d’elles, marchande de vins, nous
a affirmé qu’il avait bu un jour toute une bouteille de rhum, excès
qui le fit rester plusieurs jours sans connaissance.
Plus tard. il vécut maritalement avec une femme qui l’aban-
donnaen emportant ses meubles. %
Enfin, il y a 2 ans il échoua à l’asile de Nanterre où il resta 15
mois, travaillant régulièremènt et d’où il sortit ayant obtenu le
legs Félix Faure (un complet neuf) en Avril 1907.
A sa sortie de Nanterre, il ne put trouver de travail régulier, il
but encore, il tomba de tramway, ivre, àBoulogneenalìant voirsa
sceur. Entréà Thópital de la Charité, pour des maux de téte violents,
on voulut le garder, mais il préféra retourner à Nanterre (Septem-
bre 1908). 11 y resta quelques semaipes, travaillant à fabriquer des
sacs en papier et gagnant 30 à 60 centimes par jour. Sorti en per-
mission de dimanche, il fait des excès de vin, rentre ivre, s’excite
et cherche à se casser la tète conlre les murs. II se fit du reste des
plaies multiples et un hématome du cuir chevelu considérable
qu’il présentait encore lors de son entrée dans le service.
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Comme je l’ai déjà dit, il se souvient nettement des tentalives
de suicidequ’il a faites et des raisons de ces tentatives.
Le N. est breton, mais a quitté son pays natàl vers 5 6 6 ans,
emmenó 6 Versailles par sa mèredevenue veuve.
Son père est mort de maladie aiguè en 1870. II était marchand
de bestiaux, et enclin à la boisson.
Sa mère, morte 6 70 ans, à l hòpital de St-Germain, souflfrit de
violents maux de téte, dix ans avant sa mort.
Des huit frères ou soeurs, cinq sont morts. Un frère était un
ivrogne avéré, ii serait mort d’accident à 45 ans ; une sceur élait
de moeurs plus que légères. Les deux soeurs vivantes n’ont pasde
troubles mentaux, une d’elles est d'une myopie excessive.
Aucun membre de la famille ne présente ni épilepsie ni pouls
lent permanent.
Dans sa toute première eníance Le N. eut une variole très
grave. Ce fut sa seule maladie. II urina au lit jusqu’à l'àge de 10
ans. Elevé à Versailles, il fróquenta l’école jusqu’à Táge del2 ans.
II n’eutjamaisà sa connaissance de manifestations comitiales et
sa soeur ne peut nous donner aucun renseignement à ce sujet.
A la lumière de ces renseignements nous pouvons reconstituer
l’histoire d’une fagon différente : Le N. prédisposé héréditaire,
ayant un pouls lent constitutionnel constaté à l’àge de 15 ans, et
une sorte de diabète insipide depuis l áge de 18 ans, a fait des
excès alcooliques et tabagiques, ila eu à 35 ans un traumalisme
crànien des plus graves, il est devenu artério-scléreux. On peut
considérer queles manifestations épileptiques qu’il présente peu-
vent étre mises sur le compte du traumatisme ou des intoxications
multiples, de mème que les accès dólirants conscients peuvent
ètre attribués à ralcoolisme chronique, ou à l arlério sclérose et à
la dégénórescence mentale.
II reste toujours à donner la pathogénie de la lenteur des con-
tractions cardiaques et de la soif palhologique.
La variole de son enfance doit-elie étre mise en cause, qu elle
ait agit sur le myocarde, sur le faisceau de Hiss ou sur ie bulbe ?
De méme ia soif pathologique et la polyurie ue sont-iis pas en
rapport avec un trouble du bulbe ou du grand sympathique ?
# Plus tard peut-étre pourra t on répondre à certainesdecesques
tions, mais déjà aujourd’hui j’ai cru intéressant de les poser
devant vous.
# Intekkogatoike du malade
Le malade est calme, docile et donne des renseignements tròs
précis sur sa maladie.
M. Vigouroux. — Voudriez-vous nous raconter pourquoi vous
étes entré à l’asile ?
R. — J’avais bu un coup de trop. J’ai été mis en cellule. Je me
suis cogné la tète contre les murs.pour en íìnir.
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M. Vigouroux. — Vous rappelez-vous que vous avez eu des
ennuis avec d autres malades, pendant la nuit et que vous avez
demandéau veilleur de vous protéger ?
R. — Les autres malades m’en voulaient; ils ont monté le coup,
ils avaient décidé de se débarrasser de moi.
M. Vigouroux. — Vous avez prétendu qu’ils vous menagaient
de coups de couteau.
R. — Oui. lls avaient des couteaux à la main, je les ai vus; j ai
également entendu leurs menaces.
M. Dabout. — Quels symptómes comitiaux le malade a-t-il
présenté?
M. Vigouroux. — Je n ai pasobservé d’attaques, mais cettenuit
mème il a eu trois vertiges.
M. Dabout. — Le fait est intéressant en se plaQant au point
de vue de l’étude des accidents du travail. Combien de temps a-t-il
travaillé après l’accident?
M. Vigouroux. — L’accident a eu lieu il y a huit ans. II a tra-
vailléaprès l'accident pendant cinq ans comme terrassier.
M. Dabout. — A-t il eu des accòs ccmitiaux avant son entrée
à l asile?
M. Vigouroux. — II aíTirme que non, et sa soeur n’a jamais eu
connaissonce qu'il ait présenté des accidents épileptiques.
M. Colin. — II me semble qu’il y a dans l’histoire de ce malade
deux ordres de phénomènes : d’une part, les troubles que je qua-
liíierai d’originels, le pouls lent et la polyurie, avec polydypsie;
d’autre part, les troubles acquis : les symptòmes comitiaux.
M. Vigouroux. — C’est bien mon avis. Mais j’attire particuliè-
rement 1‘attention sur la coexistencedes deux symptòmes apparus
dans son enfance en sa jeunesse : la lenteur du pouls et la poly-
dypsie.
M. Picqué. — II serait intéressont desavoir: 1° si ce malade a eu
des crises comitiales généralisées ou des attaques jacksonniennes,
et2* si le malade n’en a pas présenté avant le traumatisme.
C’est là, on le comprend, une question délicate dont la solution
rigoureuse estparfois diffìcile mais qui peutseule permettre d’éla
blir les relations de l’épilepsie avec ie traumatisme.
Sous ce rapport, la radiographie, comme j’ai eu déjà roccasion
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de le dire à la Société médico-psychologique, nous donne un
renseignement de premier ordre en nous montrant, parfois, une
esquille de la table interne, sans mème une lésion de la dure-
mère comme dans le cas quej'ai étudió avec Contremoulins,
et que j’ai déjà signalé à la Société médico-psychologique. L’im-
portance de ces fractures de la table interne n’a pas besoin d etre
démontrée.
Christian et Dubuisson, dans le mémoire que vous connaissez
tous, en ont rapporté des cas intéressants et montré les rapports
de ces fractures avec les troubles menlaux.
Sédillot, dans ses notes célèbres à Tlnstitut, avait exagéré les
complications immédiates de ces fractures, or les vrais accidents
se montrent lardivement.
Quant au pouls lent, je demande encore à M. Vigouroux si
réellement il est congénital chez son malade.
Dans les traumatismes du cráne, ce signe présenle une grande
importance, sans avoir cependant une valeur absolue.
Ilier méme, j’élais invité, par un très distingué médecin de
l'armée, à diriger une opération de trépan qu’il pratiquait'chez
un soldat à la suite d'une chute sur la tète qui n’avait donné lieu
à aucune plaie ni à aucun enfoncement apparent.
II intervint en se basant surtout sur le pouls lent. L’intervention
fut, dans ce cas, négative.
M. Vigouroux. — Le malade a eu uniquement des vertiges,
qu on n’a mème constatés avec certitude que la nuit dernière.
Jusqu ici j’avais fait le diagnostic de mal comitial sur ce fait que
le malade se réveille parfois, après avoir uriné au lit, dans un
état de confusion intellectuelle de forme comiliale.
M. Picqué. — Au sujet des fractures de la table interne sans
lésion de la table externe, Sédillot a autrefois déposé au musée
Dupuytren des pièces caractéristiques. 11 y aurait intérèt à radio-
graphier le cráne de ce malade.
M. A. Marie rappelle, à propos du cas de M. Vigouroux, celui
des traumatisés cérébraux qui, sans fractures des tables internes
ni externes, ont, à la*suite de plaies suppurées, des plaques de
méningite septique corticales (infection par le diploè, selon Insberg,
de Rreslau). M. Marie a pu présenter à la Société des hópitaux
plusieurs pièces de ce genre recueillies dans les services d’aliénés.
II demande si le sujet présentó eut une plaie suppurante après sa
chute. Dans ces cas, la radiographie pourrait peut-ètre aussi
déceler une pachyméningite locale sans fracture.
M. Trénel. — Ce malade ofTre le plus grand intórét au point àe
vue de la eoíncidenee du pouls lent et de l’épilepsie. En raison des
mictions nocturnes qui ont existé dans l’enfance jusqu’à l áge de
10 ans, il reste un doute sur lepoque à laquelle est apparue
l'épilepsie.
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III. Paralysie gónérale précoce avec syphilis hóróditaire,
(Dents sulciformes de Parrot), par M. Thénel (Présentation de
malade).
Lucienne P. fleuriste, ágée de 26 ans au moment de son enlrée
le 10 septembre 1906.
Antécédents : Père et mère morts jeunes, probablement de
tubereulose. Un frère et une soetir placés par l’Assistance publique
et perdus de vue.
Une amie qui ne la connait que depuis l'áge de 18 ans l'a tou-
jours considérée comme un peu enfant. Elle èlait peu habile de
son métier de fleuriste et gagnait difficilement sa vie. Elle avait
une instruction élémentaire. Elle vivait très régulièrement. On
n'avait remarqué aucun trouble intellectuel, quand un jour elle
arrive en voiture chez sa patronne, se disant très riche. Elle fait
desdépenses ridicules, achète des tapis, commande des meubles.
Dès ce moment elle n'a plus conscience de rien, va faire ses
besoins au milieu dela rue. Elle cherchait ses mots et avait déjà
la parole tremblée. EUe est internée quelques jours après. Les
diagnostics de débilitó mentale et d affaiblissement intellectuel
sònt à cette ápoque portés successivement; mais les idóes de
richesse et de satisfaction, l’embarras de la parole, la conseience
incomplète de la situation sont dójà notés.
Depuis son entrée à l'asile elle est en général calme, avec par-
fois quelques colères futiles, se íàche ou pleure à la moindre
observation ; elle s’est faite à la vie de l'asile. se rend compte de
ce qui se passe autour d elle, connait le personnel. Elle ne s’oc-
cupe à rien, n’est pas soigneuse, se met des morceaux d'ouate ou
de papier dans les oreilles, remplit ses poches de fìcelles, de cor-
dons, de chiffons, de papier, se couvre de tricots, de fichus qu'elle
prend à l’une ou à l autre. Elle recoit avec affection sa mère
adoptive et son amie. Au début elle émettait quelques idées de
grandeur: elle a beaucoup d argent, de l'or, des chapeaux.
Depuis l’année 1907 où nous l’observons, elle est calme, insou-
ciante et facile à diriger. Elle connait fentourage, le personnel,
s’intéresse sur le moment à ce qui se passe autour delle. Elle ne
peut dire depuis quand elle est ici, ne se rend compte qu’incom-
plètement de la date (elle dit le jour et le mois, mais non l'année),
sait son ancienne adresse, mais est incertaine sur son áge. (Je
crois que j’ai 30 ans).
Pendant le premier semestre de 1908 elle est tombée brusque-
meot, sans qu’on ait observé d’attaque, dans un état de stupeur
complète, nécessitant l’alitement. Elle eut pendant un mois et
demi de la rétention d'urine. L'état de stupeur dura 3 mois et fut
suivi d'un court accès d’agitation ayant duré 3 semaines.
Elle revint peu à peuà son état antérieur, mais avec un déficit
intellectuel et une euphorie niaise plus marqués ; elle est souvent
gàteuse.
La paroleest lente, liès tremblante, les achoppemenls sont très
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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nombreux, gros tremblement de la langue et des mains, secousses
fìbrillaires de la facé. Les réflexes tendineux sont partout très
exagérés; il y a du clonus du genou gauche, le réflexe plantaire
se fait en flexion. Pupille droile pius étroite que la gauche
et dóformée. Signe d’Argyll Robertson. La marche est trainante,
spasmodique, les chutes sont fréquentes. L ecriture (en faisant la
part de la débilité mentale) a des caractères de la paralysie géné-
rale. Les deux exemples ci-dessous, pris à 6 mois d intervalle,
marquent la déchóance progressive.
FiC. 14. — Ecriturc en octobrc 1908 ct en mars 1909. (Phrase dictée : Je conclus
que le personnel est très exercé)
Les incisives et les canines supérieures et inférienres, mal ran-
gées, présenlent lesunes une cannelure transversale, les autres
des érosions de l email taillées comme
à lemporte-pièce, d'autres sont usées
laissant voir l’ivoire. La 2 Be incisive
supèrieuredroitea lebord libre concave
rappelant la dent d'Hutchinson.
La langue est trés sillonnée.
La malade est de très petite taille
(l B 48) et a un aspect juvénile, on lui
donnerait au plus 20 ans.
Le cráne est asymétrique et légère-
ment platicéphale ; pas de lésions ocu-
laires ni auriculaires. Fic. 15 . — Dcnts suldfotmes
Quelques petites cicatrices du dos de ílc Parroí -
la main gauche à bords arrondis et un
peu pigmentés, et à centre décoloré- Ces cicatrices ne sont pas
caractéristiques au point de vue spécifique.
La menstruation, irrégulière au début, est supprimée depuisle
mois d aoút 1908.
Le cas est intéressant d’abord par la précocité relalive de la
maladie assez rare à cet àge, et secondement par les stigmates
probables de syphilis héréditaire. Du moins la lésion dentaire
est un type de dents sulciformes de Parrot, et la figure en est
presque superposable à celle donnée par Fournier (stigmates.
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d//SÍrophies de la s/jphilis) ; de plus, la malade présente un arrét
général de développement.
Malgré une précocité relative (25 à 26 ans), l’áge de la malade
empéche de la compter parmi les para-
lvtiques juvéniles; cependant l arrètde
développement, laspect clinique la rap-
prochent beaucoup de ces cas. Et si la
possibililé d’une infection syphilitique
ne peut étre éliminée absolument, il y
a cependant tout lieu d'admettre comme
étiologie une syphilis héréditaire, si
avec Kournier on considère la dentde
Parrot comme spécifique.
Les cas certains de paralysie générale
par svphilis héréditaire sont assez rares
en dehorsde la paralysiegénérale juvé-
nile. C/est pour ma part le second
seulement que j’observe. Dans le pre-
mier qui a paru dans la thèse de Crété
(Quelfjues obsercations sur la paral/jsie
f/énérale chez la femme 1899), il s'agit
d’une malade de 32 ans, chez qui les
premiers syrnptòmes paralytìques re-
montaient à l'àge de 27 ans. D'après
son mari, autant qu'on peut avoir con-
fiance dans des renseignements, le grand
père était syphilitique. II eut 3 enfants
inorls en bas áge d’accidents spécifi-
ques. Seule, la mère de la malade sur-
vécut jusqu’à 26 ans et eut elle-méme
des gommes de la jambe. La malade
était d’aspect juvénile; elle mourut
d’une paralysie générale de íorme spas-
modique; à l autopsie on trouva des
Fic. 16. - ParaiysU généraU lésions typiques. Elle eut elle méfne un
prccoce. enfant qui aurait présentó des lésions
oculaires.
Cette paralysie générale apparaissant
chez les syphilitiques héréditaires (et parfois à la 3* génération)
est peut-étre moins rare qu il ne parait. La paralysie soi-disant
sans syphilis pourrait ainsi étre une forme parasyphilitique de la
syphilis héréditaire tardive.
M. Legràin. — Je rappellerai que j’ai publié, il y a une vingtaine
dannées, un cas de paralysie générale juvénile (17 ans), suivi
d autopsie et d’examen microscopique confirmstif du diagnostic.
Ce petit malade était issu de parents nettement syphilitiques.
Cette observation semblerait justifier les présomptions de M. Tré-
nel concernant l origine hérédo-syphilitique possible de la para-
lysie générale, d’autant qu il s’agit dans son cas d’une paralysie
générale très précoce.
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M. A. Marie, dc Villejuif, rappelle à propos du cas de M. Tré-
nel, celui du malade présenté par M. Colin, mortdans son service
de paralysie générale juvénile (méme infanlilisme, paralysie
générale avec puérilisme démentiel, jeune áge (18 ans) et hérédo *
syphilis (réaction de Wasserman dans le liquide céphalo-rachidien
et le sang).
Je rendrai compte, dans un instant à la Société de l’examen
histologique de ce sujet. Cet examen a été pleinement confìrmatif
de la paralysie générale.
IV. Li’Exploration clinique de la sensibilité douloureuse
par la pression, par M. de Cléram'rault (Présentation de trois
malades).
En clinique, les seules douleurs à la pression qui soient habi-
tuellement recherchées sont les douleurs des troncs nerveux (du
cubital surtout), du tendon d AchilIe, et de certains organes :
trachée, testicule, oeil el langue.
D’autres pressions, selon nous. peuvent étre utilisées.
1. Prcssion unguéale. — La phalangette étant appliquée sur une
table, si vous pressez sur l'extrémité antérieure de l’ongle, vous
provoquez une douleur vive. La mème douleùr peut-étre provo-
quée sur l’ongle d’un doigt à demi fléchi : vous devez presser
alors sur I’ongle comme pour courber le doigt davantage, et pour
faire rentrer le bord de I’ongle sous l’ongle lui-mème; votre pulpe
doit coiffer l’ongle en expérience, les deux phalanges étant super-
posées sens pour sens.
La douleur ainsi produite est aiguè, immédiate, complèted em-
blée, elle provoque un reláchement musculaire de toute la main.
2. Distension ligamenteuse . — Dans l’expérience ci dessus,quand
elle est faite sur le doigt plié, à la douleur unguóale s’ajoute une
douleur articulaire ; eette deuxième douleur est dùe à la disten-
sion des ligaments de la phalangette par la surflexion de cette
dernière.
En pratique, ces deux douleurs sont observées simullané-
ment. Toutes deux relèvent manifestement de la sensibiLité pro
fonde . Elles sont abolies en mème temps dans de nombreux cas
pathologiques.
L’analgésie unguéale et l’analgésie ligamenteuse sont extrème-
ment fréquentes dans la parah/sie gènerale et le tabès . Leur fré-
quence dépasse 70 pour 100. Elles peuvent doncservir, dans quel-
que inesure, au diagnosticdifférentiel. Cette analgésie nous a paru
rare chez les hémiplégiques, absente dans des cas de syphilts
cérébrale et de tumeur cèrébrale avec démcnce. Dans des cas de
polynévrite, d’ailleurs trop peu nombreux, nous avons trouvé des
résultats contradictoires. Chez des aleooliques chronir/ues . et non
confus, nous avons trouvé fréquemment de Yht/poalgèsie . Chez
des alcooliques aigus , non confus, nous avons trouvé souvent une
hyperalgésie qui mérite d’étre rapprochée de l’hyperalgésie mus-
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SOCIÉTÉS
culaire. Chez les confus de toute origine, de niénio que chez des
rnaniaques, l’analgésie peut n’ètre qu’apparente.
Une fois seulement, dans la paralysie générale, nous avons
constaté une hyperalgésie. Il s’agissait d'une paralytique au début,
chez qui divers symptòmes nous ont paru relever d’une augmen-
tation de pression de liquide céphalo-rachidien : douleurs des
apophyses épineuses, cóphalée gravalive, incontinence d’urine
passagère, enfìn douleur scialique continue, avec exaspéralion
bien marquée dans la marche à la moindre ébauche d'extension.
Plusieurs fois nous avons trouvé chez des paralytiques généraux
l’ongle insensible à la pression, alors rjue Le do* de la phalarifjeíte
était eneore sensr'Ule à La jnqùre . Les couches atteinles par lar pres-
sion sont le derme sous unguéal et le périoste, probablement le
périoste surtout. De toutes facons la sensibilité profonde estseule
intéressée.
II y aurait lieu de rechercher: 1° si la douleur unguéale dispa-
rait avec la sensibilité du périoste au diapason ; 2° si l’analgésie à
la distension articulaire coincide toujours avec un trouble de
l orientation articulaire, c’est-à-dire de la notion de position du
segment.
Chez les sujels normaux, les sensibililés unguéale et ligamen-
teuse nous ont paru varier avec le degré de nervosisme ou d'affi-
nement. Cependant nous avons rencontré uneanalgésie inattendue
chez quelques sujets délicats, non hystériques ; certains doigts de
travailleurs manuels, non éthyliques, se sont montrés aussi insen-
sibles : ees cas sont excessivernent rares.
L'ontjle hijtpocratique et les ongìes qui s en rapprochent sont,
pour des raisons mécaniques, moins sensibles à rincurvation :
I arète transversale provoquée sur l'ongle est moins aiguè, et la
phalangette est plus rnousse.
3. Pression des interosscur. dorsaux. — Les muscles inlerossoux
dorsaux du 2" et du 3 e espace peuvei\t étre comprimés facilement
par rapplication des deux pouces, surtout lorsque la main en
expérience est maintenue ouverte. La douleur à la compression
se montre surtout dans la portion proximale des deux cspaces,
juste devant 5es bases des rnétacarpiens. Le 3 C espace se montre
presque constamment le plus sensible, probablement en raison
d’une bande fibreuse oblique, de mème sens que les fibres mus-
culaires, qui est souvent palpable sous la peau. Chezles sujets peu
musclés la douleur est moins vive. Rappelons que l'innervation de
ees muscles est fournie par la Branche Profonde du Cubital,
qu'on peut par là interroger.
L Premier interosseux palmaire. — Le chef axial de ce muscle
(celui qui a ses deux attaches au 2 e métacarpien) peut ùtre com-
primé contre le bord radial du métacarpien ; celui-ci présente
une légòre crète, sous laquelle il est facile de refouler les fibres
pour les y appliquer ensuite. C'est avec notre pouce que nous
exercons cette pression le plus aisément.
5. ('riae tihiale interne. — La sensibilité douloureuse de la crète
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tibiale antérieure est universellement connue, parce que cette
créte est particulièrement exposée auxchocs ; mais la crète tibiale
interne est incomparablement plus sensible. Elle peut ètre com-
primée avec les doigts, la jambe étant tenue verticale, ou bien, la
jambe étant piacée horizontale, en abduction et en flexion, avec
une règle. Une pression plus énergique que celle-là causerait
une douleur assez grande pour inhiber, chez le sujet, tolite vel-
léité de résistance ; c'est un résultat que Ton peut rechercher en
lutle, et que l’on obtient, sur un adversaire une fois étendu, en
pla^ant sur cette crète tibiale interne la tubérosité de son propre
tibia, autrement dit en s’agenouillant sur le tibia de son adver-
saire : ce dernier est alors sans défense. Mème en graduant la
pesée du genou, une lelle manrjeuvre peut ètre dangereuse pour
des os fragiles comme sont ceux des tabétiques et des paralyti-
ques généraux. Exécutée avec prudence, elle nous a permis de
constater une analgésie absolue, nous dirions volontiers stupé*
fìante, chez des paralytiques généraux nombreux. Chez quelques
déments, d’autres catégories que nous avons examinés à ce sujet,
notamment des syphilitiques cérébraux, cette analgésie ne s'est
pas montrée.
Nous croyons que dans ces cas il ne s'agit pas seulement
d’analgésie cutanée, mais encore d’analgéisie profonde ; ce que
l’exploration à l aide du diapason pourrait aider à démontrer.
Aucun sujet normal ne supporte cette épreuvesans une douleur
des plus aigués.
6. Tendons dioers. — Nous avonsobservé que tous les tendons
présentent leur maximum de sensibilité à la pression au point oá
ils se dégagent des muscles, peut-étre n'est-ce qu’une apparence,
et la douleur ne serait-elle due qu’aux fibres musculaires intri-
quées parmi les fibres tendineuses, et comprimables dans ce fais-
ceau plus qu un tissu musculaire pur. Le tendon du grand pecto-
ral se laisse facilement énucléer et pincer. La douleur du tendon
d’Achille (dont la suppression est connue sous le nom de signe
d’Abadie) peut étre provoquée par une manoeuvre connue en lut-
te, mais non exempte de quelque danger sur le malade. Elle con-
siste, le sujet étant assis en face de vous, à placer son tibia dans
votre aisselle, pour presser de bas en haut, avec le tranchant de
votre radius, sous son tendon d’AchiIle: au besoin vous aidez l’ac-
tiondevotre radius avec l’autre main. La douleur produite est
intolérable chez le sujet sain : le plus fréquemment les tabétiques
et les paralytiques généraux supportent cette manoeuvre sans
sourciller. Lattache occipitale des muscles de la nuguc (trapèze,
complexus et splenius) est tendineuse, et peut aisément ètre saisie
entre le pouce et les doigts de l’observateur, nous n’avons pas tiré
parti jusqu’à mainlenant de la douleur ainsi provoquée.
A l’avant-bras, les tendons Jlechisseurs, surtout lorsqu’ils sont
bien tendus par une contraction préalable, semblentétre le siège
d’une douleur vive, si nous les pressons sous nos doigts et les
poussons à la facon d’une corde lendue ; mais il n’est pas certain
que la douleur ne siège pas dans le nerf interosseux sous-jacnet,
Goi igle
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SOCIÉTÉS
229
ou dans le muscle carré pronateur; comprimés par la ditemanani-
vre contre la membrane interosseuse. Nous avons constaté l’ab-
sence de cette douleur chez des paralytiques gónéraux.
7. PresHion sous-auriculaire. — L’index, introduit entre l’apo-
physe mastoíde et la branche montante du maxillaire inférieur,
juste au-dessous du trouauditif, puis poussé obliquement en haut
etavant, comme pour passer au devant de Tapophyse styloíde,
provoque une douleur aigué et diffuse. Celle ci varie suivant
1‘orientation de la pression. Evidemment des filets nerveux éma-
nés derauriculo-temporal sont conjprimés contre cette portic* de
rocher que l’on appelle, en embryologie, l anneau tympav/que.
Peut-étre des trousseaux fibreux appartenant aux muscles ptéry-
goldiens sont-ils pressés, peut-étre aussi la tension de la peau
entre-t-elle pour quelque chose dans cette douleur. Elle provoque
la salivation.
En résumé, la compression unguéale, la surflexion de la pha-
langette et la compression de la créte tibiale provoquent des dou-
leurs caractéristiques, faciles àrechercher en clinique. L’analgésie
absolue de ces régions est, presqu’à un certain point, symptomati-
que de Paralysie Générale et de tabès; elle se rencontre, moins
absolue et moins fréquente, dans les autres affections. II y aurait
lieu d etudier sa connexité avec les autres troubles des sensibilités
profondes, telles que l’anesthésie au diapason et la diminution du
sens articulaire. Nous reviendrons ultérieurement sur ce sujet
avec des chiffres statistiques.
M. de CLÉRAMBAULTrépètelesexpériences sur trois paralytiques
généraux. A l'examen, ces trois malades présentent une analgésie
onguéale et une analgésie ligamenteuse absolues. Leur phalan-
gette se montre insensible à la piqure, la dissociation signalée
comme possible par le présentateur n existe donc pas chet eux. —
L'épreuve de la créte tibiale interne montre une analgésie abso
lue chez tous les trois.
M. de Clérambault. — Je viens de prendre ces trois malades
absolument au hasard, dans le service de M. le docteur M8gnan f
en présence du D T Juquelier. J'ai accepté les trois premiers que
. l’on m’a offerts.
M. Picqué. — Si j’ai bien compris le sens de la communication
de M. deClérambault, notre collègue a voulu attirer notre atten-
tion sur l’insensibilité superficielle et parfois profonde présentée
par les tabétiques et les paralytiques généraux.
En prenant comme point de repèrela sensibilitó chez les sujels
normaux, on peut déjà ètre conduit à des erreurs. La pratique de
la chirurgie chez les sujets non anesthésiés nous montre en effet
de très grandes variétés. Tel sujet supporte facilenient des opéra-
tions douloureuses. Tel autre, au contraire, ne peut supporter
sans une grande douleur la moindre incision.
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
L’insensibilité des tabétiques* se constate chaque jour en chi-
rurgie. Déjà à rHòtel*Dieu pendant le cours de mon clinicat.
M. Ilichet nous montrait des tabétiques marchant facilement
avecdes fractures préarticulaires du membre inférieur. Moi mème
il y a quelques années, j ai eu à soigner un confrère aux pre-
mières périodes d'un tabès dont il ignorait l existence pour une
fracture bimalléolaire grave avec luxation irréductible de l'astra-
gale, qui nécessita une opération importante.
Lorsqu’il mefìtappeler, ilse croyait atteintd unesimpleentorse
et il avait marché pendant plus d’une heure sur son pied, sans
éprouver la moindre douleur.
Pour Ia paralysie générale, ma pratique m'a démontré depuis
longtemps chez ces malades une anesthésie complète. J’ai l'hahi-
tude de pratiquer couramment chez eux les opérations les phis
graves, superficielles ou profondes, sans la moindre anesthésie.
M. de Clérambault. — J'ai óté votre assistant dans une opéra-
tion pratiquóe sur un paralytique général à l’Asile de Vaucluse,
sans anesthésie, opération portant sur le scrolum et au cours
de laquelle le malade causait avec nous, parlant de festins et de
plaisirs sexuels à venir.
M. Picqué. — Quant aux alcooliques chroniques que je vois en
grand nornbre à l’hópital, je constate également chez le plus
grand nombre une anesthésie complète qui donnechez eux l'occa
sion de manifester en toutes circonstances un grand courage
vis-à-vis de la douleur et le mépris de l anesthésie dans les opéra
tions de peu d’importance (òuvertures d’abcès, ablations de petites
tumeurs); pour les grandes interventions je leur donne constam
ment !e chloroforme.
M. de Glérambault. — J ai parlé de douleur à la pression ; mes
malades hyperalgiques à la pression unguéale présentaient aussi
de l’hypéralgésie à la pression des inasses musculaires.
M. Legrain. — Le désaccord n’est qu’apparent. M. de Clérani-
bault parle d’alcooliques délirants aigus ou subaigus, M. Picqué de
vieux chroniíjues.
M. Picqué. — Je parle de malades d’hòpilaux.
M. de Clérambault. — L'état des réflexes lui-mème varie
suivant le degré d’ancienneté de l’imprégnation, et quelquefois
mème suivant le cas ; jusque dans les polynévrites avec impo-
tence on a pu voir exceptionnellement les réflexes augmenlés.
M. Legrain. — L’analgésie, ou tout au moins rhypoalgésie, est
la règle chez les vieux chroniques.
M de Clérambault. — Les conditions oii j’observe ne m’ont pas
permis de contròler par l'évolution tous mes diagnostics, voilà
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pourquoi je n’apporte pos oujourd'hui de chiíìres statistiques
précis, j’en apporterai ultérieurement. Le chiffre de 70 à 80 pour
100, que je donne comme pourcentage de l'analgésie dons la para-
lysie générale, est ìe mèrne qui a été donné pour le signe de Rier-
nacki (signedu (.ubital).
V. Paralysíe générale et aphasie agnosie, par M. A. Marie,
de Villejuif. (Présentation de pièces).
Voici les encéphales de deux poralytiques généraux qui offrirent
d une facon persistante le syndrome aphasie-apraxie chez l un ;
aphasie agnosiechez l’autre.
Chez le premier, les lésions corticales diffuses affeclaient une
prédominance macroscopiquenlent manifeste dans les zónes tem-
poro-fronlales;
Chez le deuxième malade (agnosique), les lésions prédominaient
dans la zòne de Wernicke et le pli courbe.
Obsehvation I. — Le malade L. M., ègé de 58 ans, magon, est
entré dans les asiles en février 1907 et décédé le 11 décembre 1907.
Certificat de rinfirmerie spéciale : alcoolisme chronique; affai-
blissement intellectuel; aphaxie sensorielle, inconscience, liallu-
cinations probables; parésie íaciale gauche, crises convulsives,
synéchies et iridectomie gauche. Ne reconnait pas ses proches, etc.
Admission : alcoolisme chronique, hallucinationsmultiples, tur-
bulence, aphasie , attaques épileptiformes, faiblesse musculaire
(Magnan).
A l’arrivée à Villejuif, je constate la dérnence avec aphasie mo-
trice verbale et agraphie à la dictée; surdité verbale combinée.
Le malade ne peut reconnaitre les couleurs; il nomme la clef,
vue, après quelques recherches ; puis, il dit clallumettes pour allu-
mettes (intoxication par le mot précédent); pour les ciseaux il ne
les nomme qu’après les avoir pris en main et en avoir simulé
Tusage (mémoires motrice et visuelle associées).
II reconnait et nomme facilement lesobjets par le toucher, mais
souvent par périphrase et en faisant des gestes correspondant à
l usage de l’objet manié, les yeux bandés (sens stéréognostic) :
pour une bougie, il dit « pour altumer » en faisant le geste de l'al-
lumette pour l éclairer.
Agraphie : Pour l'écriture, on observe de mème un contraste
net entre l'écriture copiée (relativement correcte), et l'écriture
dictée où foisonnent les ratures, les répétitions, les mots incom-
plets ou sautés; cette dernière n’a d’ailleurs qu’un rapport très
lointain avec le modèle et est incohérente.
Pour l'écriture copiée, nettement plus cohérente et fìdèle par
rapport au modèle, nous remarquons toujours, à des examens
réitérés, que les mots les plus exactement reproduits sont ceux
que le malade a réussi à bien prononcer lui-mème en les lisant
avant de les écrire (mémoire motrice verbale).
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A la dictée, ce phénomènes’observeparfois; s ilvous voit parler
et peut reproduire les mouvements des lèvres qu’il a pu ainsi sai-
sir, il transcrit quelques mots justes. D’autres fois, lorsqu on lui
dicte et qu il a pu ainsi, par la vue des lèvres, parvenir à écrire
quelques mots, il recopie ensuite indéfiniment les premiers mots
tracés ou ceux d’un autre écrit antérieurement recueiliis et restés
à la portée de sa vue. Néanmoins ces écrits sous dictée restent
une salade de mots, de syllabes, n’ayant entre eux que de vagues
et lointaines ressemblances surtout à l'oeil.
DICTEE
't/erfì/ V & —
c/ tyýl - '
Fic;. 17. — Ecriture à ta dictèc et à la copic. (Tcxte correct : Ce qtii fruppe Ic
plus chez les élres animés, c cst l'instabilité).
Toutefois, lorsque la mémoire musicale peut étre mise à profìt,
la dictée se rectifie ; par exemple, au cours d’une séance de dictée
difflcile, nous intercalons en modulant : « J’ai du bon tabac dans
ma tabatière ». Phrase qui est seule biensaisie et reproduite très
correctement. (V. fip. 17).
Tact. — Impossibie de discerner sur les deux bras les deux
pointes d’un compas. Le malade ne sent jamais qu une seule
piqùre, plus intense seulement, lorsqu’on appuie des deux pointes
à la fois, méme avec un écartement de!3centimètres. Semblepeu
sensible à la douleur (retard). Le diapason vertex est bien percu
mais la sensibiiité auditive semble presque nulle du còtó gauche.
(Pergoit, cependant, les sons par voie osseuse de ce cóté.)
L... dit son nom et son pays, mais ne sait pas són áge et ne
discerne pas le temps ni le lieu.
II reconnait les objets courants à la vue et au toucher.
Ii distingue le chaud du froid, ne reconnait pas le tic tac de la
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montre appliquée sur l'oreille gauche mais le reconnait à droite.
Cependant on lui bouche l’oreille droile et il per?oit les bruits par
le cóté gauche.
Sensibilité gustative et surtout ol^ctive très obtuse.
Ne peut nommerles lettres et les chiffres, cependant lorsqu'on
DICTÉE
/L
C C '7 > t'7? ‘
'P'l
<*71 75 <
r
... wi_
__
li
V
'Ci f~t)^ c J t on (^.
yh Óia^
&1'i ^f^UCs?
tA t' 3
COPIE
Fic. 18. — Ecriture à la dicUe et à la copie. (Texte correct : Les statistiques
semblent indiquer que la passion étbyliquc est plus frcquente depuis quel-
ques années).
insisie pour le chiflre 7 (sept) en le lui nommant en méme temps
qu’on le lui montre, il finit pardire : «oui, c’estune ville »(Gette?).
Paraphasie. — Dit la moire pour la mémoire.
Reconnait le rose mais le nomme par périphrase et dit « un peu
rouge » : Pour dire jaune (colle jaune dans un flacon) dit c’est un
peu ver t.
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REVUE DE PSYCHIATIUE
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Blanc : il dit « c*est un blanc foncé », puis après se décide pour
brun , en voyant articuler le mot, il le reproduit.
Pour noir il dit foncé (noir si vous voulez).
Yeux ouverts :
Objets montrés par signes.
Ciseaux
Canif
Crayon
Flacon
Un encrier
Soulier
Manche de blouse
Chaisé
Un dé
Un tiroir
Réponses articulées.
ciseaux
canif
crayon
petite bouteille
un encre
soulier
votre pantalon
chaise
ciseaux
tiroir
Reconnait très b»en les formesdu carré, du triangle, dulosange
et du rond, en lui remettant des bouts de papier découpés dont il
doit désigner les semblables.
Eíat physique . Dynamomètre . — D. 37, G. 33. Poids 65 kilos ;
laille, 1,69 ; circ. thoraciq., 85; température, 37 ; pouls, 72; respi-
ration, 18. (Dort mal).
Circ. crán., 54; angte f. 64; diam. transv., 15,5; antéroposl.,
18 8 ; courbes transv. 27,5; anteropost., 30,5.
Pas d’affection viscérale appréciable aulre que raffeclion
córébrale.
En présence de l’aphasie motrice spontanée, de l agraphie h la
dictée persistant depuis plusieurs mois, j’avais cru pouvoir dia-
gnostiquer une « démence organique avec aphasie et agraphie,
prédominance d’incompréhension auditive, et diffìculté d’expres-
sion verbale et écrite à l’occasion surtout des excitations audi-
tives » (certificat du 21 février).
Le malade est décédé après une póriode de cachexie progressive
dansja parésie générale de loute la musculature etaprès une série
de crises épileptiformes.
II avait eu d’ailleurs, nous l’avons su depuis, des ictus épilepti
formes fugaces à plusieurs reprises avant l’entrée à l'asile ; en
1906 il avait mème été quelques heures à Lariboisière pour ses
premiers ictus qui déjà n’avaient eu d'autres suites que la sup-
pression de la parole pendant 8 jours.
Le malade aurait eu la syphilis il y a 10 ans (?) dit-il; il buvait
de l’absinthe.
I)ans sa dernière série d’ictus il présentait une prédominance de
secousses ét de conlractions dans lout le cóté droit; peu avant, il
était devenu totalement agnosique, cherchant è uriner dans ses
chaussures, prenant une pièce de vètement pour l’autre, ne
paraissant plus reconnaitre les aliments en tant que tels, et ne dis-
cernanl plus du tout ses proches (demandait des nouvelles de sa
íemnie è elle-mème).
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£0CIÉTÉS
Autopsie faite le 11 déeernbre 1907, à 6 h. 20 du soir, par M. Bou-
rilhet, interne du service :
Poumons. — Congestion des bases: quelques tubercules crétacés
au somraet.
Camr . — Dilaté ; dilatation considérable de la crosse, athérome
marquéavecgranulations fibrineuses adhérentes.
Rien de particulier à signaler du cóté des autres viscères si ce
n est un foie volumineux et des reins congestionnés.
Cerceau. — Poids: H. D. 615 gr.; H. G 560 ; bulbe et cervelet lTo.
A là coupe rien à signaler si ce n*est Texagération des ventri-
cules plus marquée à gauche (hémisphère plus atrophié).
Les lobes temporaux des deux còtés sont le siège d adhérences
plus particulièrementaccentuées des méninges.Les circonvolutions
à ce niveau sont petites et comme flétries, à la pression elles
semblent affaisséeset à la coupe on remarque la dissociation entre
la substance blanche et l’écorce superficielle (lésion deBaillarger).
Le schéma que le D r Vigouroux a établi pour un cas analogue,
présenté le 15 février dernier, s'appliquerait aussi bien au nòtre
corame à ceux décrits antérieurement par Sérieux.
Ce fait, au point de vue anotomo-clinique, contrasle avec le cas
suivant. Le premier diffère par la prédominance des adhérences
cortico-méningées, concordant avec la surdité verbale (lésion
temporale) alors que dans l’observation II il y avait surtout cécitó
verbale, agnosie et lésions temporo-occipitales (zone de Wernicke
el pli courbe).
Observation II. — Lap. E , 53 ans, mécanicien, entré le 26 jan-
vier 1904, décédé le 16 janvier 1909 (cachexie paralytique).
Certifical d’entrée : Paralysie générale (Charpentier).
Admission ; affaiblissement des facultés mentales avec apathie,
indifférence, incapacité de se diriger, etc. Parole embarrassée,
inégalité pupillaire (Magnan). >
Villejuif: Affaiblissement intellectuel etde la mémoire. Pupil-
les inégales, embarras de parole, subictère. Aphasie incomplète
(lit, écrit, entend les mots mais n’en comprend généralement pas
le sens, sauf pour les mots courants et usuels), réflexe rotulien
plusalténué à gauche (hypoesthésie cutanée correspondanle) 1904.
I)eux ans après, et durant tout l intervalle, le malade oflre l’aspect
de plus en plus net d un agnosique, au point que nous émettons
l'hypothèse dans les certiflcats d’une lésion localisée combinée à la
démence paralytique. Le malade, en décembre 1906, ne comprend
rien de ce qu’on lui dit, bien qu’il réponde constamment des
phrases sans aucun rapport avec les questions ; au milieu de cette
jargonophasie reviennentquelques expressions stéréotypées : (sais
plus travailler, c’t embètant, ben tranquille, l»en convenable).
Invité par signes à écrire, il pose une signature informe indéfini-
ment sur le papier. On a ensuite de Ja diflieulté à l arreter. On
lui crie en vain dans loreilte pour se faire comprendre, il ne
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réagitqu en pleurnichant à ces incilations audilives sans s‘arréter
ni comprendre.
DICTÉE
y}}tj£à€/f~ Pc*
PP>/?7TJ&4
uií$J£u*mkeisro
QOtOfllQUOUB
méJou'UktíOieo
OOÌOfílOuoufì
COPIE
Fic. 19. — Ectiture L. diclée el copic.
On lui arrète la plume en lui montrant avec insistance un titre
de journal et en ébauchant un nouveau mouvement guidant sa
main ; il s’efTorce eníìn de reproduire les caractòres d’imprinierie
sans réussir autre chose que des ébauches informes qui se répè-
tent indéfiniment comme sa signature. II fait visiblement des
efíorts considérables pour obéir, il en résulte des pleurs dont les
larmes arrosent sa pluine et son papier. mais 1‘encre étant épuisée,
il ne comprend pas qu’il faut reporter la plume à l encrier.
Si on guide sa moin dans ce but, il répète ce mouvement
plusieurs fois de suite autoraatiquement et tache le papier.
Entend les bruits bruts sans paraitre rien interpréter. ne réagit
à aucune odeur, méme forte et irritante pour la muqueusè olfac-
tive (finit par chercher à boire les fiacons d’odeurs). Les efforts de
la vue amènent le larmoiement, il fait souvent signe qu’il ne voit
pas quand on essaie — en vain d’ailleurs — de lui faire reconnai-
tre les objets simples (rien danà Tappareil visuel externe).
Le vocabulaire du malade ne dépasse pas 30 mots, dont plu-
sieurs inexacts. « C est ca qu’est embètant » revient très souvent
avec « pas moyen » « oh ben », « c’est comme ca », etc.
Si on lui bande les yeux et qu’on lui remette un crayon dans la
main, dans l’attitude de l’écriture, il le porte à la bouche comme
pipe. 11 ne reconnait pas une clef et la vue, combinée au loucher, ue
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; íK-.ut i t ; di<irer. IÌ rmiruwií un sehl objt-ít* aa rrmjs il la noiiMiu
(i «on pfiín ik
fmp<■s.sílíii' pur n;ir,ilì> ni gfíiitt^ dtí vair s;t !f»ri-
«íie. í.‘-i-ninir sf>0nt9iHMi, íiidé'» de la leoture >;u'>>n iùí fùil à
Híju (>*; vtús. d’.im prysjmi -1 ti k t'<mcérnuut. sá pfofes$fofl, niOntid vjno
lh HiHÌrunli* vrraphu]i>fí. n est pns aussi ;«lteiiifè qu« Im visíon
ííraplińfu.i* (V. !(>.' Ivt. (jioloej.
i ’»•(•<• tiiort à {jU.tins,. sémíW'H Ùéj>* im.irto A f-?0 uììs
I. i> íi'ÌTH bien jiorlant. fiie su'iic inm*iy.* isiib{i{n«, t -Uq : »y.-
1 V> iHs iiu premter lìt qsf op dèbite,
Ltù^ Ìii. tí« lils tli'ìótìijs .1/2, ilolieitl, o».*j>hn!nigi*(ui;. Suhre.
Iì y vi aps I í sh fntrimt; ooatuitítn.-u A sùijiim’ovn'ii ijtte. 1;«
■ i>»*.nioiH‘ du triokiík* ti>*oliii;iil.
A Ci‘tt>* i.ípoqiie attn>|iio frusto , ó Ja sujtf sjfí' IńquHÌIe il onii>m(*tí££
à jjerdo.'ia nuMiiOÌrn. Attomm traoo >3o dòlióo ,li> grarKjoi.io 011
autnu ntais'ii y n 2 aus ,jiio|,{ncs iik'os >.ie pofséeiilicm h 1« su'ilo
>ifí !i,‘ {».;! t>‘ áa SM pldoe ; ùico pao.it>- de Iravuilí-T,
AVTt'iPMití- -■ r.'ntùvpsi,-.- ., ly.oulró un óiu'oplinle atroj.hii) jtvmf.
ì>la>juO dó iVùíiùuííí* fíUctìplitìlittJ MJrftiuf. mamÍfi-Uo pí (iroíooulèiiioíii
ttàhérmt* au oivoau ,i- lo régton ÌfíiijpoM-ooo.pnidu (/.<mn dt>
AVarmt.'ko jusqu »ti j,t.i e>j<}.rj>Ci <íú Ì’MfiMfp'it^re n'fiuohc
iitii' i iiiiiÉrii iiii iiN''ji>tiiiin.«i ii i ri Btiiw«T i l T '~
F)(.. 2C. — :ff</iui*(iiitt t/ • íó(iw/vr,/c*.
IífíS'-;*ífi!ti'peà:.».ywt' '•éfí' (ailèr! tru prétilalilti-. ln décofUcation dft«
:hicìùu"os- a èlé faite pár Irois pfírsonnus dilTórentes'et -lii pJaqm*
,1 ;>dÌHM'Ĺ-.nce corrcKp<.>i,i l.imi, sut leá.S irfitrmrnts, à ttné sorte de
fnyeT tjtíí n'ii rien % Àúiratqc tiù af rachsiijent accidétilel.
.If ost lm*n ceclain (jup oette jnmmiòre ì)tdiciil.ion npj.oUe uu con,
It-òie h'tóiolùíiiquf!. el fjiré pour bieti ítìii'fí M fitudrHt!. feti de lols i-nx
appJiqmír 1 » ntèthńde des ouiipes èn sério dc (trodjrmn ávcr vùri-
fiCtìitron tles aUérHU'ins arCtiil.r.otMniqnus dé lè qńpliee|ítò: d«íítù
-JairAjc/-èt«si' pó■rjne nou? 1 ‘sitèroiù; Ipire ttl{Prù>urcjiiept.
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KEVUE DE PSYCHIATHIE
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Les casde cegenre montrent, quoi qu’on en ait dit, que les syn-
dromes agraphie, aphasie, agnosie etapraxie peuvent s observer
chez les aliénés oti leur étude malgré les états de démence con-
nexe^ peut donner d’intéressants rósultats, particulièrement sur le*
terrain de la paralysie générale. M. Magnan, dès 1879, à. la
société de Biologie, avait présenté des paralytiques généraux
vivants, atteints d aphasie persistante. MM. Raymond, Claude et
Rose en ont présenté un le 26 février dernier è la société médi-
cale des hòpitaux. Nous avons nous-mémes autopsié un sujet
analogue dont l observation, du vivant du malade, fut publiée par
M. Rose dans la Presse médicale. II serait intéressant d’en exami-
ner l’encéphale au point de vue où nous nous placons. Jusqu'à ces
dernières années des pièces du genre de celles que nous
apportons auraient étó rejetéescdmme incompatibtes avec lescon*
ceptions adoptées ; l’élargissement du problème depuislescommu-
nications de Pierre Marie permet de mieux comprendre les faits
du genredes nòtres, qu'un examen histologique complémeutaire
permettra de mieux pénétrer encore au point de vue des altéra-
tions des fibres d'associations de la zóne lenticulo striée, de la cap
sule interne et de la zòne de Wernicke (pas de lésion dominante
dans la région de Broca dans ce cas).
# VI. Paralysie générale infantile, par M. A. Marik, de Ville
♦ juif. (Présentation de pièces).
Je vous présente les préparalions histologiques de l'encéphale
du paralytique général infantile discuté à l’avant-dernière séance:
(encéphalite interstitielle, méningite marquée dans les sillons,
manchons périvasculaires diapedèse et cellules altérées, globuleu
ses, diminuées de nombre et de volume).
Ges coupes ont été faites simultanément dans mon laboratoire
par la méthode de congélation, et dons le laboratoire de M. Ie
D r Vigouroux par les procédés ordinaires d’inclusion en celloidine.
Nos résultats concordent entièrement. J’apporte ces prépara-
tions colorées au Van Giesen, au Nissl et à l’hómatéine éosine.
M. Vigouroux et moi nous avons trouvéde la méningite fibreuse
surtout nette au fond dessillons, une infiltration marquée par de
petits et grands mono nucléaires des cellules conjonctives et des
globules sanguins(pas de plasmazellen). La prolifération névrogli-
que centrale est marquée ainsi que les altérations vasculaires
(congestion et manchons de diapédèse).
Les cellules nerveuses sont également altérées, déprimées et
raréfiéesen certains points (état foetal globulaire).
L’argumentation de ce cas intéressant a été fouillée gráce aux
objections posées par M. le^D' Colin qui a suivi de près le malade
avec moi et que je remercie de m’avoir argumenté dans nos discus-
sions courtoises gràce auxquelles nous sommes arrivés à une
conclusion nette.
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M. Colin. — Tout à l heure, on faisait remarquer, à propos de
la présenlalion de M. Trénel, la fréquence des tares hérédosy-
philitiques chez les paralytiques généraux, infantiles ou précoces.
II est donc nécessaire de recourir à l'examen histologique pour
ùtre fixé d une ía<;on définitive, et jesuis très heureux que, dans le
cas que je vous ai présenté, les recherches histologiques soient
venues confirmer les résultats de la réaction de Wasserman.
M. A. Màrie. — J’indiquerai à ce sujet la technique à suivre
pour la réaction de Wasserman qui éclaira ici le bio-diagnostic.
Soit B le liquide à déterminer, sérum sanguin ou liquide
céphalo-rachidien, on met ce liquide, supposé comme provenant
d’un organisme syphilisé (spécifique ou para ou hérédo-spécifique)
en présence d’extrait d organe de foetus hérédo syphilitique (foie
de préférence, particulièrement riche en spirochètes); nous figure-
rons par A l’extrait en question.
Si le liquide B vient dìin spócifique, il contiendra des substan-
ces complémentaires de A; il sera immunisé par rapportauspiro-
chète, B sera l anticorps de l’antigène A, il y aura combinaison
de l’un avec Tautre avec fìxation de l’alexine de B.
Pour le vérifìer on mèlera cette combinaison avec la suivante.
C sérum hémolysant de cobaye, injecté au sang de moutoiì,
et privó d’alexine par chaufìage à 55* puis titré.
L) globules de sang de mouton lavé.
*
Eig. 21 — Schénta cjrplicatif <ìe la réaciton dc Wasscrinan,
Si la fixation AB est réalisée, l'alexine y a été employée comme
ambocepteur, c’est-à-dire comme mordant permettant l'attaque
du spirochète par les anticorps. Le serum hémolysant. sans
alexine respectera les globules mis en sa présence, pas d’hémo-
lyse, persistance des globules en suspension, liquide rose trouble,
déposant au repos un amas globulaire qui laisse le liquide blanc
transparent.
Mais si au contraire le liquide ne provenait pas d’un organisme
svphilisé. il n’y aurait pas eu fìxation d’alexine par A + B.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
240
REVUE DE PSYCHIATRIE
Dès lors le mordant resté libre permet au sérum hémolysant
de fondre les globules de mouton ; C + D = hémolyse ; le
liquide D prend alors un aspect laqué transparent rouge vif carac-
téristique, sans aucune trace d'éléments sanguins fìgurés en sus-
pension. Cette dernière réaction est dite négative de !a syphilis.
Cependant comme nous l’avons prouvé avec Levaditi, i! importe
de répéter cette réaclion pour un méme paralytique par exemple ;
car au début de l’affection elle peut manquer, pour appsraitre plus
tard. Enfìn il est certain que quelques paralytiques (atypiques
généralement dans leur évolulion ou leur aspect clinique) ne la
présentent pas, mème en les suivant jusqu’au bout de leur évolu-
tion (5 0/0).
Nous avons employé ici, pour résumer cette technique, l'hypo-
thèse primitive d'Erhlich que l’on tend à abandonner en ce qui
concerne le mécanisme de la réaction de Wasserman, mais c’est
encore la plus commode à comprendre.
Le gèrant: A. Coubslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (29-IV-09)
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6' Série. 13* Année. Tome XIII.
MAI 1909 - N* 5
REVUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCIIOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMHAIRE
Revue crltlque. — Des lésions circonscriies dans la paralysie géné -
rale t par A. Vigouroux et G. Naudasc.hkr, médecin en chef et interne
à l osile de Vaucluse... 241
Falts et opinions. — Notc sur l’idéc fixe dans le délirc mystique, par
M. Duprat, docteur ès-lettres, directeur du laboratoire d'Aix-en-
Provence. 251
.Revue des llvres. — Code des Couleurs t par Klincksifck et Valet-
te (H. Legendre). — La Cellule nerveuse, par Marinesco (E. S.) (H.
Lègendre). — Que mangeons-nous ? par M. Lambert (H. Piéron). —
Les fugues et le vagabojidage, par A.Joffroy et R.Dupouy (P. Juque-
liek). — Contribution à Vilude de Vinsuffisance hépatique dans le
dilire aìcooliquc subaigu, par V. Guichard (P. Juqúklier). — Hémi -
plegie droite et apraxie gauche , par MM. Félix Hose et P. Touchard
(P. Juquelier). — La psychologie collective, psychoiogies normale et
morbide comparées, par le D T A. Marie (M. Mignard). 254
Revue des Pérlodlques franQals. — Annales midico-psychologi-
ques (67* année, n* 2 mars-avril 1909). — Le Progrès midical (8 mai
1909), P. Jlquelier. — Reuue de VecoÌe d'Anthropologie (avril 1909),
M. Mignard. — Gazelte des Uópitaux (11 mars 1909, 23 mars 1909). —
Rcvuc de Midecine (10 mars 1909), M. Genty. 257
Revue des Périodìques étrangers. — Rivista italiana di Neuro -
patologia i Psichiatria (Yol. II, 1909, pp. 49-60), R. Lf.gendre). —
Rivista di Palhologia nervosa i mentalc (juillet 1908), M. Genty. —
Psychiátrie conlemporaine (Janvier 1908), E. Soukhanoff. 260
Nouvelles. — Personnel des asiles. — Distinctions honorifìques. —
Laboratoires. — Concours. — Congrès. 263
Soclétés. — Société de Psychiatrie (18 mars 1909, 18 avrií 1909). P.
Juquelier. — Société clinique de médecine mentale (19 avril 1909).
— Compte rendu in-extcnso .... 265
Bulletln bitrilographlque mensuel... xvu
REYUE CRITIQUE
DES LÉSIONS CIRCONSCRITES DANS LA PARALYSIE
GÉNÉRALE
Etude anatomo-clinique
Par
A. Vigouroux, el G. Naudascher,
Midecin cn chcf, Interne ,
à VAsile de Vaucluse .
Dans les autopsies des paralytiques généraux on trouve par-
fois, rarement il est vrai, des lésions circonscrites : foyers de
ramollissement, hémorrhagies, tumeurs, à cóté des lésions
diffuses.
Ces lésions circenscrites sont antérieures ou postérieures
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UMIVERSITY OF MICE-«s í
242
nEVUE DE PSYCHIATRIE
à l’apparition clinique de la paralysie générale ; les unes peu-
vent, dans certains cas, étre considérées comme le poiDt d'ap-
pel des lésions inflaramatoires diffuses, d’autres sont des acci-
dents concomitants, ou de simples coíncidences, d’autres enfiu
sont de vóritables complications survenues au cours de la
maladie.
Suivant leur siège, ces lésions circonscrites peuvent donner
lieu à des symptómes cliniques, ou rester silencieuses et cons-
tituer des trouvailles d’autopsie.
Nous allons passer en revue ces différentes formes.
Dans une série de travaux dont le plus récent est son reraar
quable rapport au Congrès de Bruxelles sur Vhìstologie de la
paralysie générale , M. Klippel s’est efforcé de diffórencier la
paralysie générale inflammatoire simple, des paralysies géné-
rales associées à des altérations encéphaliques préalables.
Dans ces dernières formes l’ehcéphalite inflammatoire para-
lytique est venue se grefler sur des altérations encéphaiiques
qui ont été pour elles un point d’appel.
Ces altérations encéphaliques primitives sont celles de l’al-
coolisme, de la syphilis, de I’artériosclérose etc., auxquelles
vient s’associer une inflammation parfois moins franche, moins
intense que celle de la paralysie généi'ale, mais semblable par
ses caractères histologiques. Pour M. Klippel, en effet, la dia-
pédèse qui se rencontre autour des artères de l’encéphale des
paralytiques généraux, n’a aucun caractère de spécificité.
<( Un grand nombre de lésions, dit M. Klippel, de nature très
diverse peuvent étre des points d’appel qui favorisent le déve-
loppement de l’encéphalite secondaire.»
En plus de l’alcoolisme, de la syphiiis et de l’artériosclérose
il cite les tumeurs cérébrales, les gommes et d’autres lésions en
foyer.
Le plus souvent Ies tumeurs ou les gorames, les foyers cir-
conscrits ne provoquent de l’inflammation que dans une zone
assez limitée autour d’eux, raais dans d’autres cas l'inflamma-
tion secondaire peut ètre diffuse.
Quand les lésions inflammatoires ont envahi tout I’encéphale,
elles donnent lieu au syndrome clinique paralysie générale.
Les paralysies générales associées à des íoyers de ramollis-
sement du cerveau, se rencontrent plus souvent chez des sujets
ágés ou athéromateux, ce qui se comprend facilement.
Cullerre, dans un mémoire sur la démence paralytique dans
ses rapports acec Vathéròme artériel et le ramollissement
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DES LÉSIONS CIRCONSCRITES DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE 243
jaune donne plusieurs observations dans lesquelles, à cótó
des lésions athéroraateuses des vaisseaux cérébraux et de véri-
tables foyers de ramollisseraent jauné, il a trouvé les lésions de
paralysie générale : (adhérences corticales, épaississemeńt des
méninges, raraollissement de la substance grise, induration de
la substance blanche, granulations des ventricules), « lésions
ne diffèrant point en généralisation et en intensité de celles
qu’on trouve à l’autopsie des paralytiques généraux ordinai-
res. »
Cliniquement, il avajt constaté un ensemble de manifestations
psvchiques et soraatiques appartenant bien en propre à cette
démence.
Déjà en 1862, Marcé* admet « qu’une lésion antérieure du
cerveau comme l’apoplexie ou le ramollissement, peut devenir
le point de départ d'une paralysie génórale ; la lésion d’abord
circonscrite aux centres nerveux, s’étend consécutivement à la
couche corticale et sur une hémiplégie incomplète, de date
ancienne, viennent s’implanter tous les symptòmes de la folie
paralytique : dans ces cas, en méme temps que la cicatrice cen-
trale, on trouve à l’autopsie le ramollissement de la couche
corticale avec adhérences aux méninges. »
Baillarger 1 * 3 4 adopte les conclusions de Marcé sur les rapports
de l’apoplexie et du ramollissement avec la paralysie générale,
mais il croit en plus que cette dernière affection peut aussi
succéder à des turaeurs du cerveau de diverses natures. .
« On trouve à l’autopsie, dans ces cas, outre les lésions loca-
les qui ont précédé la paralysie générale, les lésions ordinaires
de cette maladie : opacité et épaississement des membranes,
adhérences à la couche corticale et ramollissement de cette
couche.»
• Baillarger' a publié l’observalion d’une femme de 47 ans qui
présentait le syndrome paralytique à la suite d’excès alcooli-
ques : excitation, incohérence, idées de grandeur absurdes
avec embarras de la parole, tremblement de )a langue, pupilles
inégales, gatisme. Cette maladeest décédée unan environ après
son entrée. A l’autopsie, on avait trouvé une petite tumeur de
la dure-mère et des adhérences des méninges.
« Celte paralysie gónérale, dit Baillarger, parait avoir étó
provoquée par l’irritalion produile par le développement de la
petite tumeur de la dure-mère et par des excès alcooliques. »
1 Ann. Médico-psychol . 1882, t. 1, p. 400.
‘ £ Makcé. Traiié de mèdecine mentalc, 1802, p. 'i73.
* Ann. tnédico-psychol, 1881, p. 308.
4 Ann, medico-psych . 1884,
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244
REVCE DE PSYCHlATtíIE
A. Voisin ’ prótend également que la dómence consécutive à
des lésions en foyer peut affecter les caractères de la démence
paralytique ; «il est impossible, dit-il, de distinguer deux états
qui se traduisent par les roémes symptómes et qui aboutissent
aux mémes lésions. II faut nécessairement conclure à leur
identité. »
Récemment dans sa thèse inaugurale, à laquelle nous
renvoyons lelecteur, J. Charpentier 1 2 * 4 cite desobservalionsiuté-
ressantes et décrit les lósions diffuses de méningo-encéphalite
provenant d’une auto-intoxication surajoutée à des lésions cir-
conscrites. Dans ses conclusions il dit: « entre ce processus de
móningo-encépalite secondaire et la méningo-encéphalite primi-
tive dite, paralysie générale, il n’y a pas de séparationirréduc-
tible, on trouve toutesles formes de transition. »
Les observations de paralysies gónérales, consécutives à des
tumeurs cérébrales ne sont pas très rares.
Baillarger J , ainsi que nous l’avons vu prócédemment, rappopte
l’observation d'une paralysie générale qui parait avòir été pro-
voquée par l’irritation produite par une petite tumeur flbreuse
de la dure-mère et des excès alcooliques.
M. Magnan * signale un cas deméningo-encéphalite clironique
diffuse et sárcome angiolithique.
Joffroy et Gombault onl présenté au Congrès international
de médecine de 1900 un exemple de méningite chronique pro-
gressive et adhésive survenue chez un sujet ayant depuis trente
ans une tumeur du cervelet.
Ces auteurs insistent sur ce fait que leur malade a présenté Ie
syndrorae clinique de la paralysie générale : délire arabitieux,
troubles de la parole, affaiblissement progressif del'intelligence
et de la mémoire, démence terminale. Enfin ils concluent en
émettant l’hypothèse d'une méningo-encéphalite développée
« en conséquence de la seule présence de la tumeur laisant
offlce d’une épine enfoncée dans l’encéphale et devenant l’occa-
sion d’une infection lente, d’origine banale en quelque sorte. »
Comme on le voit, Joffroy et Gombault se rallient dans leui s
conclusions à la thérie de Klippel.
Enfin les gommes peuvent étre le point d’appel d’infiammation
diffuse donnant lieu au syndrome clinique de la paralysie
générale.
M. Klippel donne l'observation d’un homme de 47 ans, alcoo-
1 À. VoisiN. Paraìysic gtnérale tìes aUénés % 1879, p. 272.
2 J. Cil AHPENTlF.R. FAude sur la patho^énie dea troubles mtntaujc liés aux
lésions cireonscrites de Ìencéphate. Th. Paiis, 1904.
a Ann. Médico-usych . 1884.
4 Mag.nan. Recherchea sur les centres nereeux, p. 484.
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DES LÉSIONS CIRCONSCRITES DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE 245
lique et syphilitique qui, au cours d'une pneumonie, présenta
du strabisme lió à une gomme de la prolubérance et qui plus
tard eut les troubles mentaux formant le syndrome clinique de
la paralysie générale. A l’autopsie, on trouva deslésions spéci-
flques des artères de la base, une gomme syphilitique de la
protubérance et de plus une encéphalite diffuse sans caractères
spécifiques.
Dans ce cas encore, l’encéphalite diffuse est associée à des
lésions circonscrites les premières en date. Rumpf *, Raymond 3 ,
Noian 3 cités par Klippel, ont observé des faits semblables.
A còté des lésions du tissù neuro-épithélial et des lésions
inflaihmatoires dont la diffusion semble ètre le principal carac-
tère, on trouve parfois, nous venons de le voir, des lésions en
foyer (ramollissement, tumeurs, gommes) qui étaient antérieu-
res à l’apparition de la paralysie générale et qui sont consfdó-
rées comme de véritables pointsd’appel. II est aussi possible de
rencontrer des lósions en foyer qui se sont dóveloppées pen-
dant le cours de la maladie.
Les lésions des vaisseaux dans la paralvsie générale sont
multiples mais d'ordinaire elles altaquent presque exclusive-
ment les petits vaisseaux et les capillaires et il est habituel de
constater l’intégrité desarlères de moyen calibre. En dehorsde
la périvascularite inflammatoire, on rencontre de la throrabose
des petits vaisseaux par proliíération endothéliale, de la dégé-
nérescence hyaline, colloíde, amyloíde ou vitreuse des parois.
Les flbrcs musculaires lisses des artérioles sont dissociées et
désorientées, elles sont vésiculeuses ou inflltrées de pigment;
« en somme, on peut dire que toutes les parois des artérioles et
descapillaires participentà la proliférationinflammatoire, toutes
aussi peuvent subir les diverses variétés fle dégénérescence. »
Joffroy* et Léri (Revue gónérale sur YHistologie de la para-
bjsie générale).
La conséquence de ces lésions vasculaires et en particulier de
la thrombose des capillaires, est la formation de ces petits
ramollissements localisés à la périphérie qui, d’après Klippel,
constituent I’origine des érosions superflcielles qui se produi-
sent lorsque sont rompues les adhérences des méninges.
Les lésions des gros vaisseaux sont rares mais peuvent égale-
' Deut. Med. Wochent 1887,
» Indep. Méd. 1890.
3 Journ. of rnental science 1893.
♦ Encéphale 1907, t. 2.
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246
KEVL’E DE PSYCHIATHIE
ment se rencontrer. Straub ' a attiró l'attentionsurla fréquence
relative des altérations des vaisseaux de moyen calibre. Ces
lésions peuvent donner lieu à des foyers circonscrits.
Lissauer, dans un travail publió après sa mort par Stork 1 , a
donné des observalions de paralysies générales compliquées de
lésions en foyer ayant donné lieu aux syndromes suivants :
monoplégie brachiale, hémiopie, surdité verbale, etc... il dócrit
ces lésions en particulier dans les couches optiques. •
Déjà en 1892, dans son travail sur la clinique et l’anatomic
paihologique des sgmptómes en foyer dans la paralysie
générale 3 , il avait attiré l’attention sur des foyers de dégéné-
ration et de prolifération névroglique situés soit dans la subs-
tauCe blanche, soit dans la substance grise.
Alzeimer dans le grand ouvrage de Nissl et dans un travailen
collaboration avec Lissauer, surles l'ormes atypiques dela'para-
lysie générale revient sur cette question et décrit des lésions en
foyers, vóritables découvertes d’autopsie.
Trenel * dans sa tlièse étudiantles contractures perraanentes
dans la paralysie générale, note qu’elies sont dues souvent à
des lésions cérébrales en foyer, hémorrhagies ou ramollisse-
ment avec dégénération secondaire du faisceau pyramidal.
Bien souvent, les foyers de ramollissement ne peuvent pas
étre diagnostiqués cliniquement. Au cours d’uue paralysie
générale, les symptómes qu'ils provoquent peuvent étre con-
fondus avec ceux qui sont dus à une prédominance régionale
des lésions ; à cóté des autres symptdmes moteurs: faiblesse
musculaire, tremblement, contractures, etc., il peut survenir
une hémiplégie durable avec clonus du pied, réflexe de
Babinski, sans que l’autopsie permette de trouver une lésion
en foyer. On constate une atrophie de l’hémisphère du cóté
opposé et l’examen histologique montre une sclérose du
faisceau pyramidal croisé.
Nous avons présebté à la société anatomique (12 mai 1905)
les pièces et les préparations de cas semblables. Dans l’un, le
faisceau pyramidal croisé du cóté droit et le faisceau direct du
cóté gauche avaient disparu, dans l’autre, les deux zones pyra-
midales étaient touchées.
Forel, Zacher, Buder, cités dans la thèse de M 11 ' Pascal, ont
publió des cas analogues; l’un de nous 5 en a publié des exem-
» Neurol. Centralbl. 1899.
2 Monastschrift. ftir Neurol. und psych. 190.
3 Allgemein. Zeitsehrift f % pscych. 1892, p. 397.
* Thenel. Thèse. Paris, 1894. Symptómes spasmodiques et contractures per -
manentes dans la paralysie gènctale.
Vìgoukoux et Laignel-Lavastine. Iconographic de ìa Saìpctricrc mai-juin
1905.
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DES LÉSIONS CIRCONSCRITES DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE 247
ples avec Laignel-Lavastine dans Ja nouvelle Iconographie de
la Salpétrière (scléroses combinées de la moelle des paralyti-
ques générauxj.
Nous laissons volontairement de cóté ces troubles dus à des
prédominances régionales des Jésions (forme aphasique de.
Magnan, formes sensorielles de Sérieux, contractures perma-
nentes de Trenel) que M lle Pascal* dans sa thèse, a étudiés
récemraent.
#
* *
Les foyers de ramollissement survenant au cours de la mala-
die peuvent donner lieu à des symptómes cliniques : monoplé-
gies, hémiplégies.
Les Iésions artérielles provocatrices de ces ramollissements
sont diverses.
Parfois il s’agit d’une embolie survenue au cours d’une mala-
die infectieuse, intercurrente, en voici un exemple : Rev... ágé
de 42 ans, entre dans le service dans la l ro période de la para-
lysie générale, alors que le diagnostic ne pouvait étre afflrmé,
malgré la présence d’idées peu cohérentes, ambitieuses, mélan-
coliques et mystiques et de l’inégalité pupillaire. Un mois après
son entrée, il a une dysenterie avec hypertherraie 39° 4 au
cours de laquelle il est frappé d’hémiplégie droite avec aphasie.
L'apbasie disparut rapidement, l’hémiplégie íut durable. Très
rapidement l’état mental évolua vers la démence avec idées
absurdes de satisfaction : il s’appelle argent et or; il s’affaiblit
progressivement et mourut trois ans plus tard ayant présenté
le syndrome paralytique au complet. A son autopsie on trouve
dans l’hémisphère gauche un ramollissement ancien ayant
détruit la capsule externe et la téte du noyau coudé, des
infarctus anciens des reins et une aortite manifeste. L’examen
histoiogique montre des lésions très diffuses et très intenses des
méninges et de la corticalité (péri artérite, lésions des cellules
et des flbres, hyperplasie de la névroglie). Une coupe faite au
niveau de la zone ramollie permet de reconnaltre l’oblitération
par un caillot organisé de l’une des artéres de la capsule
externe.
C’est à l’infection dysentórique que l’on doit rapporter les
embolies qui ont provoquó les infarctus des reins et le ramol-
lissement cérébral.
Un autre de nos malades, ágé de 38 ans, atteint de paralysie
générale avec symptòmes tabétiformes dont l’affection dura
1 G. Pascal. Formes atypiqucs de la paralysie gcnéralc (hémiplégique et
aphasiqUe . Thèse. Paris, 1905.
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UMIVERSITY OFMICHienN
248
REVUE DE PSYCHIATRIE
quatre ans, présenta un mois avant sa mort, une hémiplégie
gauche installa sans iclus ni état comateux prononcé. Depnis
quelques jours il avait une éruption de furoncles.
A son autopsie on trouva une dilatation de la base de l’aorte,
sans grosse lésion athéromateuse. L’hémisplière droit pesait
70 grammes de plus que le gauche (635 gr.), toute la région
irriguée par la sylvienne était molle, oedématiée, la pie-mère
y était très adhérente. Une coupe horizontale raontre au milieu
de ce tissu infiltró un véritable foyer infarctueux plein de subs-
tance diffluente et siégeant en avant des noyaux gris. L’artère
sylvienne paratt athéromateuse et obstruée. La pie-mère est
adhérente dans les deux hémisphères. L’exaraen histologique
du tronc de l’artère syivienne montre qu’elle est atteinte de
péri-artérite mais surtout d’endartérile oblitérante. Eile n’est
cependant pas absolument imperraéable au niveau du point
examiné, il est certain qu’une de ses branches était oblitérée.
Les Iésions histologiqpes des méninges et du cortex étaient
inflammatoires et sans caractères particuliers.
Dans ce cas, l’endartérite locaiisée à la sylvienne du còté
droit a donné lieu aux lésions localisées que nous venons de
décrire. Cette endartérite était peut-étre d’origine syphilitique.
Un troisième de nos malades * de 43 ans, syphilitique et an-
cien paludéen présentait, dès son entréedansle service, le syn-
drome paralysie générale: démence. inégalitépupillaire, embar-
ras de la parole, etc. De plus il avait de l'athéróme généralisé
et un double soufiHe aortique. Quelques semaines après son
entrée, une hémiparésie droite s’installa avec quelques troubles
aphasiques passagers, réflexe de Babinski, puis il eut des trou-
bles mal déterminés de I’équilibre, il resta alité vingt mois.
A sonautopsie on vérifia rathéromasiegénéralisée mais sur-
tout prononcée au niveaudes artòres cérébrales. Danslecer-
veau on trouva de multiples ramollissements, deux dans l’hé-
misphère gauche, un dans l’hómisphère droit, un dans le cerve-
let. L’examen histologique montre l’endartérite très prononcée
de tous les vaisseaux en plusdes lésions ordinairesde paralysie
générale.
Les lésions d’athéroraasie très prononcées Iocalisées aux
artères cérébrales expliquent sufflsamment la genèsedes ramol-
lissements.
Trénel, dans sa thèse 1 2 , donne I’observation d’une paralytique
générale avec hémiplégie gauche totale, légère contracture du
bras et hémi-anesthésie gauche sensitivo-sensorielle presque
1 Vigouboux et Naudascher. Bull. soc. anatom janvier 1908.
2 Trénel. Thèse Paris 1894. Symptómes spasmodiques et conlracluret ptr -
manentcs dans la paralysic générale.
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UNivERsrry of michigan
DES LÉSÌONS CIRCONSCRITES DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE 249
complète ; à l’autopsie il trouva une cavité kystique de la base
des circonvolutions motricesascendantes à droite et une dégé-
nérescence du faisceau pyramidal gauche.
Quelquefois, au lieu de véritables foyers de ramòllissement,
des lacunes de désintégration analogues à celles étudiées par
MM. P. Marie et Ferrand ont pu donner lieu à une hémiparésie
durable chez des paralytiques gónéraux. Tel est le cas d’un
autrede nos maladeságó de 41 ans, ayant présenté quatre
mois avant sa mort une hémiparésie droite consécutive à un
ictus. A l’autopsie- on trouva à cóté des lésions de méningo-
encéphalite inflammatoire très nette quatre lacunes de désinté-
gration très proches les unes des autres et placées bout à bout
dans la capsule externe ducótó gauche, ce raalade présentait
égaleraent cet intérét qu’il était porteur d’un épithélioma pavi-
menteux du gland.
Chez plusieurs paralytiques généraux, morts de pneumonie
ou debroncho-pneumonie, naus avons trouvé à Tautopsie des
lésions localisées qui n'avaient donné lieu à aucun symplóme
clinique perraettant d'en sonpgonner l’existence.
L’un d’eux présentait dans le lobe occipital du cóté droit un
foyer ancien de ramollissement de la grosseur d’une noix situé
en pleine substance blanche et venant affleurer la corticalité.
Ce malade n’a présenté aucun ictus depuis son entrée dans le
service, il est mort de pneumonie double.
Chez un autre nous avons trouvé à l’autopsie un foyer kys-
tique de ramollissement au niveau de la partie antérieure de la
preraière circonvolution temporale gauche. Ce malade mort
debroncho pneumonie, avait présenté quelques jours avant sa
mort des convulsions du bras et de lá jamte gauche sans pevte
de connaissance quine semblent pas devoir étre rapportéesà
la lésion siégeant du mème cóté.
Nous avons également trouvé un ramollissement de la corne
d’Ammon du còtégauclie, chez un autre paralytique généralqui
n’avait présenté aucun signe clinique imputable à cette lésion,
etquiaétó enlevépar une poussée de congestion pulmonaire
avec oedème.
Dans ces différents cas l’absence de signes cliniques est due
au siège deslésions dans des régions silencieuses où la patho-
génie de ces lésions circonscrites surajoutées s’explique par la
présence des lésions artérielles (dégénérescence hyaline ou
endartérite), des vaisseaux de différents calibres.
*
1 Vigouroux et Naudascher. Bull. Société analom., janvier!908.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Lesdiffórentesaltérations des parois vasculaires des artério-
les et des capillaires.sur lesquelles nous avons insisté, donnent
lieu à des hémorrhagies interslilielles, à des hémorragies
miliaires. Si les lésions atteignent des vaisseaux d’un calibre
plus fort, on comprend qu’il peut se produire de véritables
foyers hémorrhagiques susceptibles méme d'entrainer la mort
du malade. Dans ce cas, la lésion artériellc peut étre antérieure
à l’installation de Ia paralysie générale où elle a pu se dévelop-
per parallèlement à cette dernière.
Magnan (recherches sur les centres nerveux) donne l’obser-
vation d’un paralytique général de 50 ans qui meurt dans le
coma après avoir présenté une hémiplégie gaucbe et des convul-
sions.
A l’autopsie, en dehors des lésions diffuses, il trouva un foyer
hómorrhagique sur la partie moyenne de la l r ® circonvolulion
frontale gauche et des hémorrhagies capillaires en dedans eten
arrière du lobule paracentral.
Le plus souvent ces .liémorrhagies cérébrales se produisent
chez des paralytiques généraux préseutant la forme arthritique
ou athéromateuse décrile par Klippel. Une des observations
que nous avons en est la preuve.
La première 1 concerne un homme de 58 ans, athéromateux
porteur d’une double lésion aortique qui avait eu, avant son
internement; des ictus apoplectiformes avec hémiplégie transi-
toire. A l’asile il prósenta le syndrome paralytique : affaiblis-
seraent progressif de l’intelligence allant jusqu’à la démence,
euphorie, idées de satisfaction, inégalité pupillaire ; embarras
de la parole, exagération des réflexes. Ce malade ne présentait
aucun signe de lésion locàlisée.
Dix moisaprès sonentrée il succombaàlasuited'un ictus apo-
plectiforme. L’autopsie du cerveau montra une hémorrbagie
intra-cérébrale ayant détruit le corps opto-strié droit et ayant
inondé les ventricules. Les artères cérébrales étaient très athé-
roraateuses, les méninges étaient épaissies et flbreuses.
Notre seconde observation 2 se rapporte à un homme de 42
ans, alcoolique et flls d’alcoolique ayant présenté tous les symp-
tomes de Ia paralysie générale : idées absurdes de grandeur,
agitation, inégalité pupillaire etc...
Après une période d’agitation et de délire qui dura six mois,
il eut une très Iongue période de rémission relative pendant
laquelle bien qu’affaibli, euphorique et inconscient de sa situa-
tion, il ne délirait plus et avait une santé physique excellente.
1 Vigouroux et Làignel Làvàstine. Bull. Soc. Analom. Mai 1904.
2 Yigouhoux et Nàuoàsciier. Uull . Societé Anatom. janvier 1098.
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NOTE SUR LiDÉE FIXE DANS LE DÉLIRE MVSTIQUE
251
11 resta aiosi six aus à l'asile et succomba six semaiues après
uu ictus apoplectique suivi d’hémiplégie ganche. L’autopsie
montra une vaste liémorrhagie de l’hémísphère droit ayant
détruit les noyaux gris. L’examen histologique montra, en plus
des lésions inflaramatoires et diffuses de la paralysie générale,
de l’artérite des vaisseaux cérébraux avec dégónérescence de
leur couche musculaire.
Dans ce cas encore, les lésions des artères dont la fragilité a
produit l’hémorrhagie peuvent étre attribuées à ralcoolisrae
antérieur ; la cause occasionnelle de la rupture artérielle a été
une de ces poussées congestives si fréquentes chez les paraly-
tiques génóraux.
Comme on le voit, les altérations des vaisseaux de moyen
calibre, artérites, thromboses, embolies ne sont pas aussi
exceptionnelles qu’on l'admet généralement dans la paralysie
générale.
Sans vouloir accepter l’opinion de Straub qui a trouvé des
lésions des gros vaisseaux chez 86 0/0 de ses paralyliques, il
faut admettre qu’elles existent mais qu’elles sont d’une extréme
rareté.
Les quelques cas que nous avons cités ont élé trouvés sur plus
de 480 autopsies de paralytiques généraux.
FAITS ET OPINIONS
NOTE SUR LTDÉE FIXE DANS LE DÉLIRE MYSTIQUE
Par M. Duprat.
DocUur cs-lcllres , dirccicur du laboratoirc de psychologie d Aix-cn-Provencc .
De mème que les idées de grandeur ou de persécution, loin
d’ètre toujouus le point de départ des délires correspondants,
sont parfois les produits ultimes d'une évolution mentale mor-
bide, de méme les conceptions des mystiques ont souvent pour
origine des idéee ou sentiments éloignés, primitivement du
moins, des préoccupations religieuses proprement dites. Nous
avonspu observer plusieurs délirants mystiques dont lo trouble
mental avait débuté à l’occasion de faits d’ordre politique,
économique ou érotique : l’éducation religieuse avait orienté le
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252
REVUE DE PSYCHIATRIE
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délire dans la direction des sentiments et des conceptions mys-
tiques; l’idée flxe engendrée par l’action de ces sentimentset
conceptions sur l’état affectif point de départ, avait à son tour
déterminé les illusions et hallucinations qui ońt pour effet de
confirmer le délire et de lui donner un caractère de plus en
plus accentué. Voici celle des observations faite au laboratoire
d’Aix, qui nous semble la plus propre à montrer l’origine,
souYent mal apercue, de bien des cas de « folie religieuse ».
M m ® C... 41 ans, a tenté de se suicider le 7 décembre 1908 en
se jetant dans une grande piscine; mais elle a proraptement fait
tous les efforts requis pour échapper à la mori. C’est d’ailleurs
son unique tentative de suicide. Cependant elle désire la mort;
elle entend son Dieu et un mauvais Esprit qui la sollicitent
également chacun avec le vif désir de la posséder, de la ravir
l’un à l’autre. Le Malin est jaloux du bon Dieu; presque tou-
jours présent, obsédant, il veille afln d’empécher que son rival
ne possède celle qu’il a lui-mème choisie. Lorsque la malade
répond à l’appelde son Dieu, alors qu’en extaseelle se sent tout
près d’arriver à la porte du ciel, soudain le Malin survient qui
romptle charme : le contraire se produit. En toutle déraon est
« celui qui contrarie »; il est lui-méme concu, imaginé, par
contraste. Tandis que le Dieu a l’aspect que les statues de terre
cuite peinte donnent à Jésus d’après le mvthedu « Sacré-Coeur >
(robe bleue, viscère ótincelant se détachant sur la poitrine), le
démon est de couleur grise, « sans coeur » ; au lieu d’une pby-
sionomie agréable et douce, il a un aspect repoussant; au lieu
de vivre dans un jardin éclairé d’une lumière agréable (le ciel),
au milieu d’ombres blanches, il se présente dans les ténèbres.
C’est partout et toujours le contraire; «je nele connais, déclare
constamment la maíade, que par contraire ».
L’idée du contraste ou de la contrariété est manifestement
prédominaute : elle est exprimée cent fois en chaque entretien.
Le délire mystique est un développement sur le thème de Ia
contrariété, avec, comme fonds souvent très apparent, l’éro-
tisme commun. (II y eut quelques hallucinations érotico-mys-
tiques, mais non de possession, simplement d'obstruction, par
le Malin, des voies génito-urinaires).
11 impoi’tait de découvrir l’origine de cette idée flxe de
contrariété. Les renseignements recueillis et surtout les confl-
dences de la malade, presque revenue à l'état normal en fln
fóvrier 1909, ont permisde suivre pas à pas l’évolution morbide.
M me C... à l’áge de 15 ans désirait se marier avec un jeune
homme qu’elle aimait profondément. Les parents se sont oppo-
sés au mariage ; à 18 ans elle s’est heurtée à un refus déflnitif.
Elle a eu alors divers troubles nerveux du^ à la contrariété
éprouvée : dès ce moment elle a désiré mourir; elle a subi l’at-
traction de la mer, du vide, etc. et a été amenée peu à peu à
considérer cette attraction comrae une influence mystérieuse
(action de son Dieu la rappelant à elle); mais elle a subi l’in-
fluence contraire : répulsion pour la raort, pour le suicide
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NOTE SUR l’idée fixe dans le délire MYSTIQL'E 25 :}
réprouvé. Les douches, Ie traitement au grand air; l’isolement
relatif, ont semblé avoir raison de cette première manifestation
pathologique. M“ e C... a étó mariée à 25 ans, en 1893 : elle a eu
sept enfauts. Mais leD r L... ayant déclaró à Ia mère qu’il serait
prudeut, si l’on voulait éviterdes troublespsychiquesgraves, de
iimiter à deux au plus le nombre des enfants, chaque nouvelle
grossesse à partir de la 3° a amené les plus vives appróhen-
tions.un redoublement de ferveur religiease, un état d’exalta-
tion quasi-anormal au moment de l’accouchement. Au quatrième
accouchement l’enfant natt avec une petite inflrmité : l idée de
Yinélucíable contrariétè se précise. Six mois d’accès, d’inquié-
tudes, scrupules, appréhensions religieuses suivent et conflr-
ment la croyance à une intervention démoniaque « pour empé-
cher » ce que veut la divinité. Une nouvelle gròssesse amène
une améiioration qui se maiotient jusqu’au septième accouche-
raent. Mais à ce moment, des ennuis variés, certaines préoccu-
pations relatives à la vie matérielle, le souci d’une famille de
plus en plus norabreuse, les tracas d’un déménagement, etc.
fontde nouveau surgir l’idée d’une obstruction démoniaque. La
malade croit toujours « avoir Dieu pour elle » ; sa confiance en
une divinilé protectrice n’est pas ébranlée; mais elle est
effraj'ée de l’opposition à ses voeux (exaucés en partie par son
Dieu) qu’elle croit provenir de la jalousie du Malin; sa frayeur
entralne le délire qui a amené sa tentative de suicide et son
internement.
Voici donc un délire mystique avec hallucinations, extase,
désir de la mort, refus de nourriture, etc. qui n’esten déflnitive
quele développement morbide de l’idée persistante de contra-
rièté en une personnalité prédisposée à la crainte et portée à
l’interprétation naive, d’après l’éducation religieuse communé-
ment re^ue, des faits qu’elle croit observer. Je ne puis que
signaler rapidement d’autres cas analogues : Bo..., par crainte
persistanle de manquer du nécessaire, aboutit à un délire de
propitiation religieuse ; Not.., par suite d’impulsions crimi-
nellesliéesà une idée obsédante d’impuissance, aboutit à un
délire de possession démoniaque. — Ces faits me semblent de
nature à montrer comment le délire dit mystique peut n’étre
fréquemment qu’un mode d'interprétation , selon l’éducation
repue, de processus psychiques anormaux et Ués à des idées
ou sentiments ètrangers à lafoi religieuse. 11 importe d’ail-
leurs de distinguer le mysticisme de la religiosité; et nousnous
proposons de le montrer ultérieurement.
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
REVUE DES LIVRES
Code des couleurs, par Klincksieck et Valette. — Paul
Klincksieck, éditeur, Paris, 1908, in-12.
Au moment où le Congrès internalional de psychologie de
Genève met à l’étude la question de Tétalonnage des couleurs,
vòici un essai intéressant de classification scientifique de ceiles ci.
M. Valette, chimisle aux Gobelins, a repris la classifìcation de
Chevreul et ótabli 720 échantillons dont 100 pour chaque couleur
du spectre; chaque centaine comprend lacouleur pure, sesdérivés
et leurs éclaircies et rabattues (mélanges avec le blanc et lenoir).
M. Klincksieck a exécutó Timpression avecgrandsoin, employant
des couleurs à la colle comme étant moins altérables. Telqu'il est,
ce code des couleurs, bien que forcément incomplet. permel de
désigner plusde 2.000 couleurs et pourrait, s il était adopté géné-
ralement, rendre de grands services pour la désignation précise
des couleurs que décrivent les auteurs, et entr autres les derma-
tologistes, bactériologistes, neurologistes, etc.
R. Legendre.
• La cellule nerveuse, par le G. Marinesco, 2 volumes, Pa-
ris. Encyclopédie scientifique publiée sous la direction du D r Tou-
louse, O. Doin et fils, éditeurs, 1909.
En deux volumes, illustrés de nombreuses fìgures, M. Mari-
nesco vient de nous donner une monograpbie trés complète de la
cellule nerveuse. Peu de questions sont peut-étre aujourd'hui
aussi complexes, peu ont provoqué autant de travaux. M. Mari-
nesco, lant par ses études cliniquesquepar ses recherches micros-
copiques, était certainement des plus compétents pour nous four-
nir une mise au point de la question.
Dans le premier volume, il examine la cytologie normale : forme,
volume, structure delacellule, réseaux, inclusions, etc., puis
l’embryologie et la physiologie de celle ci : cet exposé se termine
par l’examen des théories relatives au fonctionnement de lacellule
nerveuse.
Le deuxième volume est consacré à la cytologie pathologique,
L’auteur y ótudie les atrophies, les lésions, les régénérescences
cellulaires ; il y passe successivementen revue ceque l on sait des
eflfets de variations osmiotiques, des traumatismes, des agents
thermiques et toxiques, enfìn la neuronophagie et les altérations
cadavériques. Cette deuxième partie, qui renferme beaucoup d’ob-
servations personnelles de I’auteur est la plus originale et la plus
importante de l’ouvrage.
L’ensemble forme une mise au point très complète des divers
problèmes que soulève l’étude dela cellule nerveuse. II intéressera
vivement tous les neurologistes et leur rendra les plus grands
services en leur indiquant les questions actuellement non résolues
et leur permettant, par son long index bibliographique, derecourir
facilement aux publications originales.
R. Legendre.
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REVUE DES LIVRES
255
Que mangeons-nous? par le D r M. Lambert, professeur
agrégó à la Facultó de médecine de Nancy, avec préface de E.
Glky, professeur au Collège de France. 1 vol. in-16 de VIII-251
pages. Faris, Cornély, 1908. Prix : 2 fr. 50.
Ce livre de vulgarisation sur la physiologie et Thygiène alimen-
taires est bien comme Tindique le sous titre, un guide pralique
d'alimentalion rationnelle, et un petit guide excellent. Etabli en
effet sur des bases scientifìques très sùres dont la rigueur n’a
jamais été sacrifìée au souci de la vulgarisation, il est en méme
temps écrit de manière à mettre toutes les données physiologi-
ques fondamenl ales à la portée de lecteurs méme peu instruits.Et
les indications pratiques, rattachóes aux données théoriques,
sont précises et claires à souhait. Nous avons là un très bon ma-
nuel pour la partie alimentation de l’enseignement ménager. II n’y
a que l’enseignement ménager qui manque encore.
Etant donné l importance énorme des questions d’alimentation
pour la santé humaine, y compris la santé mentale, je crois que
nul ne peut s en dósintéresser, et qu’il était bon de signaler cet
ouvrage qu'on ne saurait trop difTuser dans les milieux d’ensei-
gnement populaire, car, enfin on ne peut à son égard que partager
l'opinion élogieuse qu’en donne M. Gley dans sa Préface : « Tout
l’ouvrage, dit-il, porte la marque d’un esprit critique sùr, et d’un
bon sens affiné qui ne sont pas ses moindres qualités. Pour toutes
ces rajsons je souhaite, dansj’intérét de la santépublique, qu’ilait
le grand succès qu'il mérite, »
H. Piéron.
Li 68 fugues et le vagabondage, par A. Joffroy et R. Dupouy
(Préface de G. Deny). 1 vol. in 8° 368 p. Paris, Alcan, éditeur,
1909.
La fugue, c'est-à-dire l’abandon impulsifdudomicile est, comme
toute impulsion, sous L’immédiate dépendance d une altération du
pouvoir volitionnel. La pathologie de la volonté comporte plu-
sieurs variétés, soit par insuffisance de développement; soit par
déchéance acquise depuis l'obnubilation transitoire jusqu’à
Lanéantissement complet. La fugue dans ces conditions se pré-
senle avec des apparences éminemment variables suivant le déter-
minisme qui l'a fait naitre. Les auteurs l'étudient d'abord dans
l eníance, où on peut presque la considérer comme normale; puis
chez les agenésiques (idiots, imbéciles et grands débiles), chezles
dégénérés (déséquilibrés, obsédós et délirsnts) ; chez les déments
et chez les confus.
Le vagabondage, par contre, n'est pas forcément entaché d'au-
tomatisme : il est parfois essentiellement personnel et volontaire
et reflète la constitution de l individu.
J. et D. se sont attachós à définir chaque variété : les fugues
dromomaniaque, hystérique, épileplique, maniaque, mélancoli-
que, délirante, démentielle, confusionnelle, le vagabondage para-
noiaque, le vagabondage amnésique, etc..., et se sont eflorcés
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UNIVERSITY OF MICHIGJtfl*
256
REVUE DE PSYCMIATRIE *
d’assigner á chacune des signes qui lui soient propres et permet-
tent un diagnostic précis.
L’un des chapitres les plus intéressants d.e ce livre est à coup
sùr celui de la paranoia ambulatoire. qui traitedu a tempérament
vagabond ». Ce tempérament spécial caractérise certains indivi-
dus, véritables « bètes errantes » pour employer l’expression pit-
toresque de Richepin, que le besoin de vivre libres, au grand air
et à l'aventure, et que l’esprit d’indépendance et de révolte obli-
gent à vivre en marge de la société, dans un perpétuel vagabon-
dage.
Le livre de MM. Joffroy et Dupouy est illustré de nombreuses
obervations personnelles et enrichi d’une bibliographie très éten-
due : il aura le imeilleur accueil des psychiatres et des médecins
légistes qui liront en outre avec le plus vif intérèt la préface pieu-
sement écrite par M. Deny pour présenter au public la dernière
ceuvre du professeur Joffroy.
P. J.
Contrlbution à l’étude de l’insuffisance hépathique dans
le dólire alcoolique subaigu. — Signification de la glycosu-
rie alimentaire, par V. Guichard (Thèse Lyon-1908).
L’auteur résume une cinquantaine d'observations recueillies
dans le service du D' Vigouroux, qui a inspiré ce travail.
Dans le délire alcoolique subaigu, il existe le plus souvent de
l’insufflsance hépalique légère, forme latente et atténuée de l’allé-
ration cellulaire. La glycosurie alimentaire peut étre considérée
cliniquementcomme la signature de cette insufflsance. De plus il
est permis de tirer de la constatalion de ce signer et de ses varia-
tions quelques conclusions au point de vue du pronostic :
La disparition parallèle de la glycosurie alimenfaireetdudélire,
qu’elle qu’ait élé la durée de leur évolution, est en général d’un
pronostic favorable.
Si le délire persiste un certain temps (2 mois environ) après la
disparition de la glycosurie, le pronostic doit étre très réservé au
point de vue de l’avenir intellectuel des malades. II s’agit presque
toujours dans ces cas, d’altérations chroniques acquises des centres
nerveux, ou de dégénérescence mentale.
P. J.
Hémiplégie droite et aprazie gauche, par MM. Félix Rose
et P. Touchard.
11 s'agitd’une femme de 44ans, couturière, qui du 20au25 mars,
fìt en plusieurs poussées une hómiplégie droite (bras et jambes).
Du cótó gauche elle présente une apraxie idéo-motrice marquée
au bras et à la jambe, qui est surtout accentuée pour les mouve-
ments expressifs. II n’existe chez cette malade.ni aphasie motrice
ni sensorielle, ni trouble moteur ni apraxique des muscles, de la
tèle et du cou. L’intelligence ne présente pas de lacunes grossiè-
res, l’attention, la mémoire, le jugementsont à peu près intacts.
II est probable que, malgró le début par poussées et l'existence
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■REVUE DES PÉRI0DIQUE9
257
au dóbul d’un rire involontaire, intermittent, la lésion doit étre
regardée comme due, non è des lacunes, mais à un processus de
ramollissement grossier de la substance blanche sous-corticale de
la parlie supérieure de la circonvolution rolandique gauche et que
l’apraxie des membres du cóté gauche relève de l'interruption des
radiations calleuses, qui, suivant l'hypolhèse de M. Licpmann,
comprimée par des autopsies deramoliissements et detumeursdu
corps caileux, permettent au cerveau gauche de régler jusqu’è un
certain point la fonction praxiquede l’hémisphère droit.
P. Juquelier.
La psychologie collective, psychologies normale et mor-
bide comparées, parle D' A. Marie. Ouvrage de la collection
Léauté (Masson et Gauthier Villars, éd.).
La question que débat M. Marie dans cet ouvrage est celle qui
oppose les partisans de la théorie messianique et ceux de la théo
rie grégaire, que l’auteur appelle la théorie biologique. Pour les
premiers, la foule est un informe agrégat de personnalités infé-
rieures, incapables par leur simple contact de produire quelque
mouvement d’ensemble : surgil le héros, le messie, l’envoyé de
Dieu, l’homme de génie, le prophète, le savant ou le capitaine
(selon l opinion et les tendances de chacun). Aussitót le meneur
impose ses volontés à la foule et détérmine l’óvolution progres-
sive. Pour M. Marie, au contraire, qui se range dès I’abord et
avec une très grande netteté aux opinions adverses, le héros n’est
qu’un fruit, un total, un résultat, une expression heureuse et
parfois prématurée des obscures inclinations des peuples. Méme
quand il s’oppose à la foule, il sert ses secrets désirs, et il n’est
jamais si prèsd’étre porté en triomphe que lorsqu’il subit le der-
nier supplice. M. Marie met d’ailleurs en lumièreavecune grande
sincéritó et unegrande clarlé le point de vue et les arguments de
ceux dont l’avis est opposé. Cette ceuvre psychologique, illustrée
de séduisantes et très appropriées citations littéraires, se termine
par de belles observations et constatations pathologiques, mon-
trant l’influence de la « foule ancestrale » sur l individu.
M. Miqnard.
REVUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANgAIS.
Annales Mèdico-Pstfchologiques (67* année, n* 2. Mars-avril 1909).
Rougé. — Psychoses grlppales et psychoses catarrhales. — Les
psychoses grippales doivent étre étudióes ù la póriode d’invasion, à la
période d'état et à la póriode de convaiescence : L'auteur consacre ce
preinier article aux accidents du début et de la maladie confìrmóe. 11
s’agit généralement de confusion mentale avec délire hallucinatoire,
l'accès débute brusquement et évolue vite, il faut donc se garder d'un
internement précoce.
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REVUE DE PSYCHIATHIE
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Les dólires de collapsus de Kreepelin, dont le pronostic est grave
cause de l’infection généralisée, mais qui ne prósentent rien de spé-
cial, au point de vue mental, sont rattachés par K.... aux accidents de
la période fébrile.
Benon. — Les lctus amnésíques dans les démences organlques.
— Ces ópisodes aigus seraient plus fróquents dans la démence orga-
nique que dans la paralysie générale ; ils sont importants à connaitre
au point de vue módico-légal; l’auteur en apporte quatre observations.
Le Progrès Mèdical (8 mai 1909).
RÉMOND et Chevalier-Làvaure. — lln cas de paralysle générale
Juvénile. — Dóbut vers 14 ans, chez une jeune fille assistée dont les
antécédents héróditaires sont absolument inconnus.
Morte deux ans apròs le début apparent des accidents, autopsie
confirmative.
Les auteurs signalent pendant l’óvolution, l’importance des troubles
moteurs qui sont gónéralement marqués dans les observations ana-
logues.
P. J.
Recue de VÉcole d'Anthropologie. (Avril 1909).
H. Piéron. — L’anthropologle psychologlque, son objet et sa
méthode. — La psychoiogie ne tient pas le rang qu'elle devrait tenir
dans les sciences anthropologiques : si i'on trouve chez ies ethnologis-
tes des considót-ations intéressantes sur la mentalité, les usages et les
moeurs des races étudiées, l'on ne voit pas encore dans ce domaine
l'emploi systématique de la méthode psychoiogique.
Pióron dóraontre fort bien que le critère objectif du psychisme ne
saurait ètre ia conscience. « Si l’on peut faire répéter à un homme une
série de huit chifires... et si l'on échoue avec neuf chiffres, on aura
établi uno certaine lfmite à la capacitó de mémoire de cet homme,
mais on n'aura jamais fait appel à la conscience, on n'aura fait inter-
venir que des phénomènes objectifs. » La conscience est en effet, une
donnée uniquement subjective.
La psychologie ótudie giobalement les réactions d’un organisme au
lieu d’étudier les réactions partielies des organes ; aussi serait-elle du
pius grand intérèt dans l étude des races, et dans l’étude des sociétés.
Les rósuitats pratiques, eux-mémes, pourraient ètre très appréciables;
physiologie, psychologie, sociologie, ne sont que des points de vue, des
procèdés diffórents: «... D’un bout à l’autre du domaine scientifique
nousavons en róaiitó aíTaire à une matière continue. Les divisions que
nous tragons sont arbitraires et viennent de nous ; elles sont unique-
ment dues, pour employer une expression kantienne, à la « forme »
de notre connaissance. » (p. 116).
M. Mignard.
Gazette des tìopitaux (11 mars 1909).
L. Bousquet et J. Anglade. — Contracture hystérlque génórall-
sóe. — Observation d’un malade ayant présenté des crisesde contrac-
ture hystérique génóralisóe à tous les muscles du tronc, des membres,
de la face,des sphincters. Les auteurs pensent qu'il faut rechercher la
cause de ces crises dans.un état purement psychique, leur malade,
d’après certains faits observés, entrant dans ia catégorie des demi-
simulateurs, de ces simulateurs inconscients et subconscients décrits
par Babinski. Chez ce niaiade, MM. Bousquetet Anglade n'ont constaté
qu’une fausse exagération et une fausse trépidation ópileptoíde.
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REVUE DES PÈRIODIQUES
259
(23 mars 1909).
Bérillon. — Le slgne de la détente musculalre. Sa valeur en
clinlque psychologique. — On le cherche de la fagon suivante : Le
sujet étant debout, les bras étendus en croix, est invitó à contracter
énergiquement ses muscles. On lui demande alors, par une détente
brusque, de laisser retomber mollement ses bras le long du corps,
c’est-à dire de transformer instantanément la contraction musculaire
en une complète résolution, lorsqu'il en recevra rinjonction.
En faisant cette recherche, l’auteur a constató que si beaucoup de
personnes sont capables de passer, à un commandement bref, de
I’extréme contraction au reláchement musculaire le plus complet, il
en est qui n’exécutent le méme exercice qu’avec une certaine raideur.
D’autre part cette recherche Ini a appris que l’ótat neuro-musculaire
normal se révèle par l’instantanéitó avec laquelle le sujet peut faire
passer ses muscles volontaires de l’étatde contraction à ceiuide róso-
lution. Par contre, la nécessité d’un effort volontaire pour obtenir la
résolution musculaire est l’indice certain d'un ralentissement ou d’une
perturbation dans le íonctionnement des opérations céróbrales.
Le signe de la détente musculaire donne des indications si précises
sur l’intégritó des fonctions intellectuelles et mentales, que c’est par
sa recherche, dit M. BériIIon, que tout examen doit étre commencó en
clinique psychologique.
Rcoue de Mùdccine (10 mars 1909).
P. Hartenberg. — L’auto-suggestlon chez les neurasthéniques.
— L’auteur, qui n'admet pas que la neurasthénie ne soit qu’une névrose
auto-suggérée assez voisine de l’hystérie, estime que cette opinion
provient d’une confusion de mots et de diognostic. II sufflt d'établir
le diagnostic ditférentiel entre la neurasthénie et les névroses associées
pour réduire la part de l’auto-suggestion dans la maladie de Beard. II
convient de róserver le terme de neurasthénieau seul syndrome de la
dépression nerveuse : chez les neurasthéniques vrais, lorsqu’on les
étudie soigneusement, l’auto-suggestion ne joue qu’un róle très
accessoire.
Laignel-Lavastine. — Les troubles psychlques dans lessyndro-
mes génltaux màles. — Les troubles psychiques sont relativement
assez fréquents dans la pathologie génitale et coincident le plus
souvent avec des affections des testicules d une part, de la prostate
d’autre part.
L’insufflsance diastematique, c’est-à-dire l’insufflsance de la glande
interstitielle, entrafne, avant la puberté, le manque d’apparition des
caractères sexuels secondaires et des modiflcations psychiques consé-
cutives. Au syndrome somato-clinique (infantilisme) répond doncun
syndrome psycho-clinique (puérilisme mental).
Mais ia glande génitaie du testicule seule peut ètre insufflsante sans
que ce soitlaglande interstitielle, et lesdésordres psychiques résultent
plutót d’un choc moral, d’un sentiment de déchóance. Ces troubles
varient en intensité. Chez l'adulte, la suppression des testicules peut
ètre l’occasion de délires.
Quant ò la prostatate, ses perturbations glandulaires trouvent un écho
dans l’état mental des sujets, comme on peut s’en rendre compte à
l’examen d’une triple série de faits : 1 # démonstration expérimentale
de la toxicitó et de l’action hypertensive et cardio-modératrice des
extraits de prostate d’animaux en activité génitale ; 2 # fréquence des
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260
REVUE DK PSYCHIATRIE
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suicides chez les prostatectomisés ; 3* facilité des épisodes neurasthé-
niques au cours des prostatites.
Laignel-Lavastine. — Les troubles psychiques dans les syndro-
mes hypophysalres. — L’auteur passe en revue l'état mental, les
psychoses des géants et se demande si l’obnubilation intellectueile des
géants n’est pas en rapport, dans certains cas, avec la tumeur pitui-
taire qui existe chez un grand nombre d'entre eux, ce qui n’exclut pas,
d’ailleurs, pour le plus grand nombro, l’origine congénitale, l'arrét de
développement intellectuel parallòle à l’arrét de dóveloppement phy-
sique.
En ce qui concerne les acromégaliques, leur état mental habituel
relève de l’hypophyse; les troubles plus marqués qui se présentent
chez eux, peuvent avoir la méme pathogénie, mais peuvent avoir
d'autres causes, surtout glandulaires, avec rinsuffisance thyroidienne
en première ligne.
En somme, l’hypophyse, par ses perturbations, chez I'enfant, peut
arréter le développement, entrainant rinfantilisme, le puérilìsme,
I'arrióration physique et mentale; et, chez l’adulte, produire le gigan-
tisme et I’acromégalie, avec ieurs troubles psychiques élémentaires,
des psychoses plus complexes étant parfois, mais non toujours, sous
sa dópendance directe.
M. Genty.
PÉRIODIQUES ITALIENS.
Rioista italiana di Ncuropatologia i Psychiatria ,
(Vol. II, 1909, pages 49-60).
G. d’Abundo. — Etats névropathiques consócutifs au tremble-
ment de terre du 28 décembre 1908 en Sicile. — L’article de
G. d’Abundo présente cet intérèt qu’ii relate uniquement des faits rus
par l’auteur. Professeur à l'Université de Catane, celui-ci a pu observer
les effets du tremblement de terre sur un grand nombre d’indivídus.
Cela nous change des nombreuses déductions faites à plusieurs milliers
de kilomètres du lieu du phénomène, que nous avions eu l’occasion de
lire jusqu’à présent.
Les deux faits psychologiques les plus fréquemmentobservós furent:
1* Une grande dépression psychique se traduisant par l’apathìe, la
résignation et conduisant les individus à faire un récit monotone, sans
couleur, sans ómotion, sans mimique des horreurs auxquelles ils
avaient assisté et des malheurs qu’ils avaient subis; 2* Une illusion
de mouvements sismiques ondulatoires, due à la préoccupation et
méme à une vóritable obsession de la catastrophe, illusion assez com-
pléte pour provoquer un examen fréquent des suspensions et des
lampes.
Les phénomènes morbides furent très variés; d’Abundo en cite un
grand nombre : peur aigué devenant obsess\pn, produisant des hailu-
cinations, phobies de contact, augmentation du nombre des accès épi-
leptiques, apparition d'hémorrhagies céróbrales, de névrites surtout
radiales, tremblements généralisés, etc.
R. Legendre.
Ricista di Patholorjia ncroosa mentalc (Juillet 1908)
G. Fichera. — Nouvelles méthodes de recherche mlcroscoplque
pour l’étude de la structure normale et pathologlque du système
nerveux — L’auteur expose deux méthodes assez simples et rapides,
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
REVLJE DES PÉRIODIQUES
261
permettant malgré cela de voir les diverses parties constituantes des
éléments nerveux.
Mélhode I. (A employer depréíérence pour le névraxe).
!• Fixation dans une solution d'acide ehromique (liquide de Marchi,
Flemming, etc.) où d’un de ses sels (solution aqueuse de bichromate
de potasse à 5 0/o, mélange dé Múiler, etc.).
2* Inclusion dans la parafflne.
3• Coloration par le vioiet de gentiane selon la formuie de Bizzozéro :
Violet de gentiane. 1 gr.
Alcool absotu. 15 cmc.
Huile d'aniline. 3 cmc.
Eau distillée. 80 cmc.
ou encore avec ie mélange :
Solution saturée de violet de gentiane ipartie
Solution de Nacl à 0,75 pour 100 . 3000parties
On peut aussi colorer avec le dalhia suivant cette formule :
Solution aqueuse concentrée de dahlia. 3parties
Alcool absolu. 4parties
Acide acótique. 1 partie
4* Sccondc coloration à l’érythrosine :
Erythrosine. 3 gr.
Alcool à 90". 100 cmc.
Après la première coloration maintenir les fragments dans l'alcool
jasqu'à ce qu'ils ne se décolorent plus; les passer alors dans la seconde
sólution colorante et les laisser une ou deux minutes ; puis les plonger
pendant 30 ou 40 secondqs dans l’alcool légèrement acidulé avec de
I’acide chlorhydrique, jusqu’au moment où la coupe revét une brillante
couleur rouge, par suite d’une légère décoloration.
5* Clarifler et monter les coupes comme dans les móthodes ordi-
naires.
Pour la fixation, il faut se servir de préférence de solutions chromi-
ques ou osmio chromiques ; elles permettent, sans manipuiations
spéciales, de faire une troisième et quatrième coloration et de voir
ainsi la structure et les altération de la gaine de Nusyóline.
Méthode II. (Pour l’ótude des troncs nerveux).
1* Fixation ct inclusion comme darts la méthode I.
2* Prenxièrc coloration à l’heniatenie. Plusieurs formules peuvent
ètre empioyées. Soit:
Heniatenie Geigy. 1 gr.
Alcool à 90*... 10 cmc.
Eau distillóe... 100 cmc.
ou encore I’heniatenie alunée (formule de Mayer):
Heniatenie. 1 gr.
Alcool à 90°. 50 cmc.
Aiun. 50 gr.
Eau distillée. 100 cmc.
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UNIVERStTY OF MICHIGÍN
262
REVUE DE PSYCHIATRIE
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On peut ajouter à la solution 20 p. 100 d’acide acétique. On peut
encore se servir de l'héniatoxyline :
Solution saturée d’Alun ammoniacal... 400 cmc.
Héniatoxyline..... 4 gr.
Dans alcool absolu. 25 cmc.
Glycérine. 100 cmc.
Alcool métlylique. 100 cmc.
3* Dcuxiènxc coloration. Une fois la prernière coloralion obtenue avec
l’un des colorants précédents, on plonge les fragments dans une solu-
tion de fuchsine :
Fuchsine. 1 gr.
Eau distillóe. 500 cmc.
on les y laisse une minute. Puis on les maintient dans une solution
d’acide phospho-molybdique à 1 p. 100 pendant 10 minutes, ou plus si
lescoupes n’apparaissent pas suffisammentdiíTérenciées. Pour accélérer
la décoloration, il faut renouveler la solution phospho-molybdique dès
qu’elle est teintée fortement par la fuchsine de plusieurs coupes.
4* Troisiètnc coloration avec une solution alcoolique :
Orange. 3 gr.
Alcool à 90°..... 100 cmc.
Cette coloration est obtenue en deux minutes.
5 # On passe rapidement lesfragments dans l'alcool ordinaire, l’alcool
absolu, le xylol. Dans Talcool les fragments abandonnent Porange
demeuró en excès, mais la décolòration pourrait étre intense si on les
y laissait trop séjourner.
M. Genty
PÉRIODIQUES RUSSES.
Psffcltiatric contcmporainc (Janvier 1908).
Soukhannoff, Serge (de Moscou). — Des psychoses constitutlon*
nelles et des psychopathies. — Chaque caractère pathologique déter-
mine des psychopathies et des psychoses correspondantes ; dans ce
travail l’auteur insiste sur la possibilité de Pinstitution d’un groupe ca-
ractérisé par certains types psychopathiques, avec leurs spéciales
anomalies de caractère et avec les psychoses qui leur sont propres ; ce
groupe dans la classifìcation des maladies psychiques, peut porter le
nom de « psychopathies et de psychoses constitutionelles etse divise
enquatre grandes catégories : la psychasthènic, Vltijstèrie , Vèpiiepsic et
le raisonnement patliologtfjue (pychoses raisonnantes).
Obraztzoff, \V. N. (d'Odessa). — De la symptomatologie de Pal-
coolisme. — L’auteur a observé chez les alcooliques un trouble parti-
culier de lasensibilitó lactile, de la conjoncticc , de la pars conjoncticalis,
de la cornea et du corncuni du bulbe oculaire.'Ce symptóme s’observe
justement chez les personnes, chez lesquels Panamnèse relève un
alcoolisme positif; ce symptómese rencontre aussi chez les personnes
qui abusent des boissons fortes ou qui viennent de les abandonner; il
se manifeste alors que survient Pexacerbation de Palcoolisme. 11 a une
tendance à disparaitre, lorsque le poison quitte l'organisme.
E. Soukhanoff-Pokotylla.
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NOUVELLES
263
NOUVELLES
M. le D T Allaman, raédecin des asiles publics d'aliónés, en disponibi-
iité, est nommé médecin-adjoint de Tasile d’aliénés de Fains (Meuse),
en remplacement du D r Ricoux, nommó médecin en chef de l’asile de
Pontorson (Manche). — M. le D r Vieux Pernon, est nommé médecin-
adjoint de l'asile d’aliénés d’Armentières (Nord). — M. le D r Berne, est
nommé médecin en chef de l’asile d’aliénés de Montpellier (Hórault;. —
M. le D r Ciiaize, est nommé mécecin-adjoint de l’asile d’aliénés de
Saint-Ylie (Jura). — M. le D r Albès, módecin-adjointà Montpellier, est
promu à la l r *classe du cadre. — M. le D r Dupouy, médecin adjoint á
Rouen, est promu à la l rf classe du cadre.— M. le D r Mézie, du dernier
concours d’adjuvat, est nommé médecin-adjoint à rhòpital de Bailleul.
— M. le D r Rougeau, médecin-adjoint à l’asile de Pau, est promu à la
l r *classe. — M. le D r Courbon, módecin adjoint à l’asile de La Charitó
(Nièvre), est promu à la l r * classe du cadre.
Distinctions honorifìques. — Ont obtenu la médaille de bronze de
l’Assistance publique : M -t Vve Rodhain, infirmière à la Maison Na-
tionale de Charenton. — M. Rombler, infirmier à la Maison Nationale
de Charenton. — M Ut Niclo, chef infirmière à la Maison Nationale de
Charenton. — M. Déchelotte, surveillant chef à la Maison Nationalede
Charenton. Est nommó officier de l’Instruction publique, M. le D r
Sizaret, módecin en chef de l’asile des aliénés de Rennes.
Fondation d’un laboratoire de Psychologle expérimentale. —
Notre collaborateur, M. Duprat, professeur de philosophie au lycóe
d’Aix, vient, avec l’aide de M. Foy, módecin en chef de l’Asile d’alié-
nés, de fonder à Aix en Provence un laboratoire de psychologie expé-
rimentale. On ne peut qu’adresser aux deux directeurs de ce labora-
toire des félicitations et des voeux.
Concours de Plnternat des asiles de la Selne. — A la suite des
épreuves de ce concours, sont admis MM. Fouque, Marnier, Conda-
mine, Gallais, Couchou, Fourmaud, Liber, Bonhomme, titulaires ;
Bécussort, provisoire.
Congròs international de Médecine. — Art. l tr . — Le XVI* Congrès
international de Médecine est placé sous l’auguste patronagc de Sa
Majesté Impóriale et Apostolique Royole Fran^ois Joseph I tr .
Art. 2. — Le Congrès s’ouvrira le 29 aout et sera clos le 4 àeptembre
1909.
Art. 3. — Le butdu Congrès est exclusivement scientifique.
Art. 4. — Sont membres du Congrès :
a) les médecins diplómés qui en ont fait la demande et qui ont payé
la cotisation fixóe ci après ;
b) les savants présentés par les Comités nationaux ou par le Comité
exécutif, et qui ont payé la méme cotisation.
•Art. 5 — La cotisation est de 25 Couronnes valeur austro-bongroieee.
Les femmes et fiiles des Congressistes désirant profiter des avantages
qui leur soqt accordés, ont à payer la demi-cotisation.
Les cotisations doivent ètre envoyées au Trésorier du Congrès (A
M. le Tréaorier du XVI* Congróe international de Médecine, Budapest, VIIIi
Esterhizy-utcza, 7), en désignant la Section où chaque membre veut
s’inscrire.
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264 REVUE DE PSYCHIATRIE
En méme teínps que la demande d’admission, on est prié d’envoyer
une carte de visite indiquant ses qualités et son adresse précise. Les
changements d'adresse ultérieurs devront étre signalés sur-le-champ.
Le Bureau du Congrès enverra des cartes d'identité dans les huit jours
qui suivront la réception de la cotisation.
Art. 6. — Les Membres du Congrès bénéficient des avantoges qui leur
sont accordés et recevront le volume genéral des Comptes rendus,
puis les travaux de la Section qu’ils auront choisie.
Art. 7. — Les Sectionsdu Congrès sont au nombre de vingt et une,
savoir : — I. Anatomie, embryologie ; — II. Physiologie ; — III. Patho-
logie générale et expérimentale ; — IV. Microbiologie (bactériologie),
anatomie pathologique ; — V. Thérapeutique (pharmacologie, physio-
thórapie, balnéologie) ; — VI. Médecine interne ; — VII. Chirurgie ; —
VIII. Obstótriqueet gynècologie ; — IX. Ophtalmologie; — X. Pédiatrie ;
— XI. Neuropathologie ; — XII. Psychiatrie ; — XIII. Dermatologie et
maladies vénériennes ; — XIV. Urologie ; — XV. Rhinologie et laryn-
gologie; — XVI. Otologie; — XVII. Stomatologie ; — XVIII. Hygiène
et immunité; — XIX. Médecine légale ; — XX. Services sanitaires mi-
litaire et maritime ; — XXI. Médecine navale et maladies tropicales.
SECTION XI: NEUROPATHOLOGIE
BUREAU :
Pròsidcnt gèrant : M. E. Jendrássik, VIII, Szentkirálxi-uctza, 40,
Budapest.
Sccrètairc gèrant : M. Ch. SchaíTer, IV, Kalvin-tér, 4, Budapest.
Membrcs : MM. J. Donath, Eug. Kollarits, L. Lenaz (Fiume), Fr. de
Reusz, A. de Sarbó, A. Schwartz.
Sccrètaires : MM. R. Bálint, Fr. Herzog.
rapports :
fíianchi (Naples): Fonction des lobes írontaux.
Claudc et Lejonne (Paris) : Les lésions des centres nerveux dans les
méningites cérébro-spinales. Lésions concomitantes. Séquelles.
Dcrcum (Philadelpbia): On the interprètation oí Aphasia.
Erdhcim (Wien) : Uber palhologúche Anatomie und Histologie der
Hypophyse. (Demonstration).
Eulcnburg (Beriin) ; Therapie der Basedow’schen Krankheil.
Frankl-Hochicart (Wien) : Die Diagnostik der Hypophysistumorcn.
Head (London) : Sensory impulses in the Brain and Spinal Cord.
Hcnschcn (Stokholm) : Uber die Organisation des Sehzentrums.
Higicr (Warschhau) : Pathologie der heredituren Krankheiten.
Homcn (Helsingfors) : Le ròle des bactéries dans la pathologie des
maladies du système nerveux central.
Lcjonnc (Paris), vide Claudc.
Lugaro (Messine) : La fonction de la cellule nerveuse.
Marincsco (Bucarest) : Pathogénie de la maladie de Basedow.
Monakow (Zurich) : Localisationsprincipien in der Aphasiefrage.
Mcijcr (New-York) : The Aphasia-material of the New-York State
Hospitals.
Oberstciner (Wien) : Die Funktion der Nervenzelle.
Oppenhcim (Berlin) : Diagnose und Behandlung der Geschwulsle
innerhalb des Wirbelkanals.
Roth (Moscou) : Les paralysies pseudobulbaires.
Sachs (New-York) : Pathology of hereditary diseases.
Sicard (Paris) : Traitement de la nóvralgie faciale par les injections
modiíìcatrices locales.
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UNIVERSrn' OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
265
Vogt (Frnnkfurt a/M.): Uber pathologische Entwicklung des Central-
nervensystems und deren Bedeutung fur allgemeine Fragen der
Biologie und Pathologie.
SECTION XII : PSVCHIATRIE
BUREAU :
Prèsident yòrant: M. E. E. Moravcsik, IX,*Rńday-utcza, 5, Budapest.
Co-nròsidcnts : MM. O. de Babarczi Schwartzer, Ch. Lechner
(Kolozsvdr).
Secròtaire gèrant : M. Ch. Hudovernig, IV, Vńczi-ulcza, 83, Buda-
pest.
Membrcs : MM. N. Czékus, L. Epslein (Nagyszeben), J. Fischer
(Pozsony), M. Hegyi (Mdramarossziget, Eug. .Konrdd, J. Niedermann,
G. Oldh, K. Pdndy, P. Ranschburg, J. Salgó.
Secrètaircs : MM. Ch. Décsi (Békósgyula), I. Fischer, E. Hollós,
E. Kiss, H. Lukdcs (Kolozsvdr) Ch. Nyóki, Ch. Reuter, G. Sipócz (Pécs).
rapports :
Ballct (Paris) : La classifìcation des maladies mentales.
Brcslcr (Lublinitz) : Einheitliche Bezeichnung und Einteiiung der
Psychosen.
Cramcr (Gúttingen): Die im Verlaufe der Arteriosklerose auftreten-
den nervòsen und psychischen Stòrungen.
Deccntcr , Van (Amsterdam) : Die Pflege der Irren in eigener Woh-
nung.
Fischcr (Budapest): Die Imbezillitòt vom klinischen und forensischen
Standpunkt.
Friedlandcr (Frankfurt a/M.) : Therapie der Hysterie und die mo-
derne Psychoanalyse.
Hebold (Berlin) : Ueber Epileptiker-Anstalten.
Keratal (Neuilly-sur-Marne): Laclassifìcation des maladies mentales.
Moreira (Rio-de-Janeiro) : Les troubles nerveux et psychiques dans
l artériosclérose, etc.
SOCIETÉS
30CIÉTÉ DE P3TCHIATRIE
Sèance du 7 8 mars 1909
Sclèrosc atrophique , symètriquc et gónèralisèe des lobes occipitaux
n'ayant pasdètcrniinè de troublecisucl : MM. G. Maillard.CIi. Richet flls
et Neutel présentent le cerveau d'une enfantde8ans, morte de tuber-
culoseà laFondalion Vallée.Cetteenfantétaitatteinte d’idiotieet dediplé-
gie spasmodique. Sa vision avait toujours paru normale : sauf un stra-
bisme assezpeu marquédel’oeil droit, etun léger nystagmus, l’attention
n’avait jamais été attirée du còté de ses yeux. Le cráne est très petit
et particulièrement mince. L'encóphale ne pèseque 450 gr., il présente
des lésions symétriques dans leur ensemble et surtout accusóes au
niveau de la convexité avec une prédominence marquée vers le póle
postérieur.
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UMIVERSITY OF HICHI^AN
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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Dans la cerveau de cette enfant qui voyait, et qui semble méine
n'avoir pas présenté d’hémianopsie, les lobes occipitaux n’existaient,
anatomiquement, pour ainsi dire plus. De tròs rares exemples sont
signalés de lósions unilatèrales n’ayant pasentraíné d'hémianopsie.
L'examen histologique, qui sera fait ultérieurement pourra nous
renseigner sur l’étatréel des déments nerveux.
Un cas dc dèlirc systènxatique à la suitc de pratiques spirites : MM.
Raymond et Pierre Jánet présentent une malade ágée de 40 ans, sur-
tout remarqueble par son attitude et son costume et qui écrit de longs
message sous l'influence des esprits.
Pendant qu'elle écrit ces messages elle n’a pas le sentiment d'agir
volontairement, mais elle sent que « c’est pas elle qui écrit,pas elle qui
parle et qui marche. » C est ce sentiment d’automatisme si fréquent
chez les psychasténiques qui a joué ici le plus gránd ròle dans toute
la vie de la malade et qui a déterininé son dólire.
((Idèesjlxcs » de grandeur, sousjormc de rócits imaginaires tcndant
à la systènxatisation , suite d’un delirc de rèce : MM. Cháslin et Col-
lin. — Un malade de 64 ans est entró á Bicòtre en aoùt 1908 après
avoir présenté pendant 13 mois des troubles somatiques et psychiques
internes attribuables à l'alcool, peut-étre sous la forme de psychose
polynóvritique (sans polynévrile), mais en tout cas avec un délire de
rève indubitable.
L'intérét de ce cas a paru aux auteurs étre l’addition successive de
dótails, sous forme de récits imaginaires et la tendonce à la systémati-
sation des idóes ílxes, suite d'un délire de rève, chez un homme très
peu affaibli intellectuellement, mais très euphorique. C'est le contraire
de ce qu'on voit ordinairement où il y a disparition graduelle de l'idée
flxe, reliqaat du rève.
Un cas de mythonxanie; double trèpanation pour accidents mèninyès
simulès. MM. Boudon et Càraven. L'observatiop concerne une jeune
fille de 17 ans f inflrmière, entrée à l’Hótel-Dieu avec un écoulement
de pus par l’oreille. Cette jeune malade simule un syndrome méningé :
ólévation de tempórature, vomissements, constipation, raideur de la
nuque, photophobie. Par deux fois l’intensité des signes observés fit
porter le diagnostic d’abcès intracranien et détermina unelrépanation.
Chaque intervention était suivie d une cessation complète des acci-
dents. Ce n’est que devant la réapparition des symptòmes quelques
jours après la deuxième íntervention, qu'on pensa à la simulation et
que le diagnostic de mythomanie fut établi.
. Eruption pemphigoide chez un paralytique gcnèral . Avec prósenta*
tion de deux planches. — MM. Rooues de Funrsac et Vallet rappor-
tent l’observation d un paralytique génóral, de 46 ans, ancien syphili-
tique.
Le malade, qui pouvait ètre considóró comme au dóbut de la troi-
sième période (démence et affaiblissement considórable, gatisme inter-
mittent) fut pris d'attaques épileptiformes, hémiplégie gauche con-
sécutive.
Dans la nuit du 3 au 4 février apparition sur la main gauche de bul-
bes de pemphigus.
Les auteurs insistent sur la relation qui existe dans le cas qu'ils
viennent de rapporter entre l’hémiplégie et l’éruption pemphigoíde.
D’autre part ilsfont remarquer quela distribution des éléments pem-
phigoide9 est à peu près complètement limitéo au territoire du iierf
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90CIÉTÉ3
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médian.ce qui permet de supposer qu'un ólóment de névrite pemphó-
rique s associe peut-ètre ici au trouble trophique d origine centrale.
Netif cas d’ècriture en tniroir spontanèc chcz dcs cnfants anormaux
par M. G. Maillard.
Sóancc du í8 acril 1909
L’ètat mcntal dans la chorèc dc Huntincton: Par A. Léri et Cl.
Vurpas. — Lestroublesspychiques ont été considórés depuis Huntingon
comme un symptóme con9tant de l’affection á laquelle cet observateur
a donnó son nom. Pour la plupart des auteurs, ces troubles consistent
en un affaiblissement graduel de I'intelligence.
Nous avons constató que souvent l’affaiblissement intellectuel n'est
pas global. Les troubles ducaractère sont fréquents, mais ne consis-
tent pas toujours en un excès d’irritabilité et se manifestent parfois au
contraire parune remarquable insouciance.
Les troubles de la mómoire ont parfois un caractère très particulier:
cequi est tout spécialement touchó, c'est la mcnxoire sensorielle d'èvo-
cation.
Prèsentation d'un cerceau de dcment prècoce par MM. Klippel et
Lhermitte.
Psychosc polynècritiquc chcz unc alcoolique dc 63 ans : M. Char-
TIER.
Une femmede63 ans alcooliquedepuis 10 ans, est atteinte de cirrhose
hypertrophique avec phénomènes graves d’insufflsance hépatique ;
mais elle n'a présentó jusqu'alors aucun trouble mental sérieux. Brus-
quement elle fait une polynévrite sensitivo-motrice généralisóe aux
quatre membres et aux nerfs des sphincters. Et deux mois plus tard à
l occasion de la suppression, cependant progressive, de l’agent toxique,
elle est prise en peu de jours d’un syndrome de Korsakoff nettement
caractérisó. S'il est relativement fróquent d’observer I’apparition, à la
suite de la suppression brusque de I’alcool, de phónomènes de délirium
tremens ou de délire aigu, le fait ne parait pas avoir été relaté par ia
psychose polynévritique. Ce cas vient d'ailieurs à l'appui de la thóorie
qui íait jouer, dans la production des polynévrites graves et des córé-
bropathies polynévritiques, le róle principal à l’auto-intoxication hépa-
tico-rénale.
P. Juouelier.
A paraítre en 1909
M; MARCHAND (mèdecin adjoint à l'Asile de Bloisj. — L’épilepsie
chez les déments précoces.
MM. TOULOUSE et MIGNARD (médecin cn chcf et interne à Vasilc
de Villcjuif). — Confuslon eft dómence. — Méfthode : La lucldité. —
L’auftoconducftion. — Le fonds mental.
M. BRIDOU. — Dépendance organlque de l’espérance et de
l’effort.
M. VIGOUROUX (mèdecin cn chef à VAsilc de Vaucluse). — Léslons
circonscrltes dans la paralysie générale.
M. PACTET (mèdccin cn chef à l'Asile de Villcjuìf).
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UMIVERSITY OF MICHIG^|P«
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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M. COLIN (raèdecin et chef de VAsilc de Villejuif). — Les allónés
devant les experts.
M. BRISSOT (interne à VAsile de Villejuif). — Les théories
psychophysiologlques du langage dans l’aphasie et l’allénatlon
mentale.
M. R. LEGENDRE (prèparateur au labovatoire de physiologie úu
Musèum). — Les léslons fìnes de fa cellule nerveuse et leur
interprétation pathologique.
M. J.-M. LAHY. — (cftef des tracauc à VEcole des Hautes Etudes).
— De l’lmportance du « fait social » en psychologie.
MM. TOULOUSE et MIGNARD. — Confusion et démence. —
Application. Dlscussion.
M. HALBERSTADT (mèdecin adjoint à VAsile dc Saint-Vcnant). —
A propos du délire d’interprétation.
M. DAMAYE (módecin adjoint à VAsile de Bailleul). - Confuslon
mentale subaigué par intoxicatlon tuberculeuse.
M. CRINON (interne des Asiles). — Sur la classlfìcation des
psychopathies sexuelles.
M. PICQUÉ (chivurgien des hupitaux). — Chlrurgie des aliénés.
M. S. SOUKHANOF (mèdccin des hòpitaux de Moscoti). — L’alcoo-
lisme dans les psychonévroses.
M. JUQUELIER (mèdecin assistant à la Clinique). — L’interpréta-
tion délirante.
M. MARIE (mèdecin cn chef à VAsile de Villejuif). — Toxiclté san-
guine et urinaire comparées dans les maladies pientales.
M. MARCHAND. — Les accòs épileptfques atypiques.
M. H. PIÉRON (maítve de confèvences à VEcolc des Hautes Etudes).
— Utllisation des temps de réaction en psychlatrie, etc...
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SOCIÉTE CLINIQUE
DB
MÉDECINE MENTALE
Séance du 19 Avril 1909
Présidence de M. MAGNAN
SOMMAIRE
Elections. — Membres associés étrangers : M. le D r Mac Phehson,
M. le D T Greidenberg. M. le D f N. Paevsky.
Prèsentations . — I. M. Pactet. — Confusion mentale consécutive
à un traumatisme chez un jeune homme de 20 ans. (Discussion :
MM. Marie, Vigouroux, Magnan).
II. M. Truelle. — Astasie-abasie déiiranteou simulée.
III. M. Trénel. — Paralysie généralearaaurotique. (Discussion : MM.
Magnan, Rirri).
IV. M. Crinon. — Un cas de psychose hallucinatoire. (Discussion :
MM. Trénel, Marie, Pactet, de Clérambault, Magnan, Ritti).
V. M. Fillassier. — Dégénérescence mentale avec épiiepsie ; actes
inconscients, fugues et impuisions. (Discussion: MM. Colin, Lwoff,
Magnan).
VI. M. Marie (de Viliejuif). — 1° Paralysie générale prolongée. (Dis-
cussion : MM. Pactet, Magnan, Trénel). 2* Hómiplégie d'origine
traumatique. (Discussion : MM. Vigouroux, Trénel, Pactet, Colin).
Elections
MEMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS
Sur la proposition du bureau, sont élus à la majorité membres
associés étrangers :
M. le D r Mac Pherson, « commissioner in Lunacy » pour
l'Ecosse. Edimbourg.
M. le D r B. Greidenberg, privat docent à lTJniversitó de Khar-
kow, 17 grande rue Panassowska, Kharkow (Russie).
M. le D' N. Paevsky, médecin à l’asile d’aliénés S8pagowo.
Koursk, Russie.
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REVUE DE PSYCUIATIUE
PRÉSENTATIONS
I. Confusion mentale consécutive à un traumatisme
chez un jeune homme de 20 ans, par M. Pactet. (Présen-
tation de malade).
Le malade que je présenle aujourd'hui à la Société est un jeune
homme de 20 ans qui a été victime, à la fln du mois de juin de l'sn
dernier, d'un grave accident, ainsi qu’en témoignent les traces
qu'il porte encore sur certaines parties du corps : en particulier
des cicatrices du cuir chevelu et une déformation des deux poi-
gnets, résultant d'une consolidation vicieuse de fractures de
l’ex'trémité inférieure du radius gauche et du cubitus droit.
II est tombé d’un échafaudage élevé d’une dizaine de mètres.
La chute, qui a entrainé un traumatisme cránien, a été suivie de
perte de connaissance ; ce n’est qu’à l’hòpital où il a étó trans-
porté après l’accident que le malade est revenu à lui, au bout d’un
iemps qu’il ne m’a pas été possible de déterminer avec précision.
Six mois plus tard, dans les premiers jours de janvier 1909, il
survenait chez lui de la confusion mentale et un certain degré
d’excitation qui nécessitaient son entrée à l'asile.
Y a-t-il lieu d'établir une relation entre le traumatisme et l'état
mental actuel du malade ; et, danscecas, quelle est la partqui
revient au traumatisme dans la production de cet étal ? Enfln quel
pronostic convient-il de porter? Telles sont les particularités en
lesquelles réside, selon moi, l’intérét de l’observalion.
Et d’abord, voici l'histoire clinique du malade :
Ses antécédents héréditaires sont assez obscurs. Enfant naturel,
son père serait le flls d'un chátelain du Midi chez qui sa mère
était employée comme domestique. II n'a pas reconnu l’enfant, ne
s’est jamais occupé de lui, et a complètement perdu de vue la
mère. Existe-t-il des tares nerveuses où mentales dans la famille
du père? C’est un point sur lequel nous ne sommes pas renseignés.
La mère, ágée de 40 ans, bien qu’un peu nerveuse, jouit d’une
bonne santé. Aujourd'hui mariée, elle a une petite fìlle de huit ans
qui est bien portante. II n’y aurait pas d’aliénés dans sa famille.
Le malade, en fait de stigmates de dégénérescence, ne présente
qu’un développement physique inférieur à celui de la moyenne
des jeunes gens de son àge. Sa taille n'est que d'un mètre cinquante
quatre. Ses oreilles sont un peu écartées du cráne.
Les organes génitaux, régulièrement conformés, ont un déve-
loppement normal.
II avait toujours étó bien portant, et n’a jamais présenté, à
aucun moment, d’accidents convulsifs.
C’était un excellent sujet, ne faisant d’excès d'aucune sorte. Un
fait qui Ie prouve, c’est qu’élevé par une famille d’ouvriers, où sa
mère I’avait placé tout enfant, lorsqu'il fut question de le rendre
à celle-ci, ses parents nourriciers, qui avaient pour lui un vif
attachement, la supplièrent de ne pas le séparer d'eux, et le père
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S0C1ÉTÉS
271
continua è s’occuper de lui corame s'il se fut agi de son propre
fils et lui apprit le métier de maQon, qu’il exergait lui-mème.
II a recu une bonne instruction primaire ; il est allé à l'école de
7 è 12 ans, apprenait sans difHculté, et ses maltres étaient satis-
faits de ses progrès.
A partir de l'áge de 12 ans, il a fait le mélier de maQon et Ies
diflérents patrons qui l'ont occupé n’ont jamais eu è se plaindre
de lui.
Le 20 juin 1908, se produisit l'accident en question, qui détermina
une plaie è la tète et la fracture des extrémités inférieures du
radius et du cubitus dont j'ai dójà parlé.
A la suite de cet accident, sa mère le fit venir è Paris, au com-
mencement d’octobre. II fit seul le voyage depuis Pau et, à son
arrivée, rien ne permettait de mettre en doute l’intégrité de son
intelligence. Ainsi, on 1‘attendait à la gare d’Orsay ; lui qui igno-
rait l existence de plusieurs gares, s’arréta à la stalion d’Ausler-
litz. Ne trouvant pas ses parents à la descenle du train, il se
renseigna, prit le métropolitain et se rendit sans difficulté à leur
domicile.
Sa famille voulut faire soigner la déformation de ses poignets
et l’envoya, dans ce but, à diflérentes reprises, à la consultation
de l’hópital Beaujon. II s’y rendait sans étre accompagné, entra
méme à cet hópital et y fut traité une dizaine de jours.
Son attitude et son langage furent tout-à-fait raisonnables jus-
qu’au mois de janvier. C’est seulement dans la première seraaine
de ce mois que l’on remarqua chez lui un certain désordre intel-
lectuel. Le premier incident qui atlira l’attention esl relatif à un
fer à cheval qu’il avait trouvé dans la rue, qu’il rapporta à la
maison, qu’il décora de rubans et attacha à sa fenètre en disant
que c’était un fer du cheval d’Henri IV et que ce fer lui porterait
bonheur.
Puis il manifesta quelques idées de richesse, il disait qu’il
n’avait plus besoin de travailler, qu'il toucherait beaucoup
d’argent pour l’indemniser de son accident. En méme temps il
tenait des propos mystiques, parlant de Notre-Dame-de-Lourdes,
de différents saints.
C’est au cours d’une promenade dans Paris, comme il avait
coutume d’en faire chaque jour, qu’il fut arrété el conduit à
l’Infirmerie spéciale. II aurait pris une voiture pour aller rendre
visite à un ministre.
A son arrivée dans mon service, le 20 janvier, il présentait un
degré d’obtusion intellectuelle très accentué, ne savait oà il se
trouvait, était incapablede fournir le moindre renseignement sur
ce qui lui était arrivé et répondait aux questions par des propos
qui n’avaient le plus souvent aucun rapport avec elles.
II fut relativement calme les deux ou trois premiers jours, puis
survint de la turbulence et de l’excitation. La nuit il ne dormait
pas; parfois il se levait et frappait ses voisins, déchirait ses draps,
et cette situalion s’est maintenue sans changement jusqu’à
aujourd’hui.
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272 ’ REVUE DE PSYCHIATRIE
Voici la reproduction d'une conversalion que j’eus avec lui la
26 janvier :
Comment vous appelez-tous ? — J... L... (réponse exacte). —
Quel àge avez vous ? — Le malade prononce des mots sans suite :
13... 14... et... 13, c'était le 15... le 14 juillet... — En quelle année
ètes-vous né? — Le 13 janvier 1888 ; 8 et 8 = 16, 24, 15. — En
quelle année sommes-nous ? — En 1909. — Quel mois ? — Le mois
de juin (c’était le mois de janvier). — Depuis quand èies-vous ici?
— Je suis ici depuis le premier de l’an... la S l -Manouret # — Pour -
quoi ètes-vous ici? — Qui est-ce qui m a amené ici?... Pourquoi
faire?... Quels étaient les plus cráneurs? — Y a-t-it plusieurs
années ou plusieurs jours que vous ètes ici? — II y en a un qui se
met toujours au milieu des deux. — Pourquoi ètes-vous venu ici?
Qui est-ce qui vous a amené ici? — A cause des parents de ma
mère. II y avait M. Pierre et une petrte de 7 ans, si petite qu’elle
était toujours tétue. — Est-ce que vous ètes malade? — Je n’étais
pas constipé quand je suis parti; j’ai tout vu. — Oà ètes-vous né?
— Je suis né à Pau, dans les Basses Pyrénées. — Etes-vous à Pau
maintenant? — Non. — Eh bien y où ètes-vous ? — Dans mon corps,
toujours. — Quel est votre métier ? — Apprenti magon. — Vous acez
eu un accident ? — Comment, un accident ? Lequel c’était ? —
Qu'avez-vous aux deux bras ? — (en montrant ses bras) Je suis
tombé sur les deux bras et les deux poignets... depuis le 20 juin...
on a prétendu que j’étais tombé le dimanche et c’est le samedi. —
Est-ce que vous avez perdu connaissance quand vous ètes tombé ?
— C*est à force... par la force des autres que je m’en suis rappelé...
J’ai tout vu. — Pourquoi ètes-vous venu à Paris ? — Aux Bati-
gnolles ; mais je n’ai pas voulu y aller parce que j ai trouvé cela
étrange. — On est venu vous voir depuis que vous ètes ici ? —
Depuis que je suis ici ? Oui, on est venu, M. Pierre, il est venu
par terre. — Comment vous trouvez-vous ici? — Bien ; il y a
mieux, mais c'est plus cher. — Vous avez bien dormi? — Un peu.
Depuis 20 jours je n’ai pas du tout dormi; avant je dormais, mais
depuis !
Est-il légitime d’attribuer un róle au traumatisme cránien dans
le dóveloppement des troubles mentaux ?
L’influence des chutes, des coups, des blessures à la tète sur la
production, à plus ou moins longue échéance, des affections
mentales, est indiscutablement établie. Les observations de para-
lysie générale, de délire, de confusion mentale succédant à un
traumatisme ne sont pas exceptionneiles ; j’ai eu pour ma part
l’occasion d’observer plusieurs cas de ce genre.
Aussi, bien que mon enquète relative au malade ne m’ait pas
permis, en raison de rinsuffisance de renseignements sur son état
pendant le temps qu’il est demeuré à Pau, après l'accident, d’éta-
blir une chaine ininterrompue devènements pathologiques
unissant celui-ci à l’explosion du délire, je ne crois pas irrationnel
de supposer une relation de causalité entre les deux ordres de faits.
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En ce qui concerne la part qui revient au traumatisme dans la
production de Tétat mental actuel, je serais assez disposó à la
limiter à la valeur d’une cause déterminante.
Nous nous trouvons, en effet, en présence d’un adolescent qui
en est à cette période de la vie où, par suite des modiflcations qui
se sont produites dans Torganisme, à l’occasion de la puberté, non
seulement le système nerveux, mais l'économie tout entière est
particulièrement délicate et vulnérable. Le traumatisme exercant
son action sur un terrain dont la résistance a étó momentanément
amoindrie par des causes d ordre physiologique et qui n’est peut-
étre pas exempt de tares héréditaires, apparait dès lors, en quelque
sorle, comme l’agent provocateur de troubles organiques qui, sans
lui, auraient pu n’avoir jamais l’occasion de se manifester.
Des considérations qui précèdent, découle naturellement une
certaine incertitude au sujet du pronostic. Avons-nous affaire à
une affeclion aigué appelée à disparaitre dans un temps variable
ou, au contraire, l’état de confusion passant à la chronicité, le
malade est-il destiné à verser dans Thébéphrénie ? G’est un poinl
sur lequel il me semble difíìcile de se prononcer dès maintenant
sans hésitation, mais la prudence commande, selon moi, de ne pas
se montrer trop optimiste au sujet des chances de guórison.
Xous conslatons, en effet, par intervalles, chez ce jeune homme,
ces impulsions soudaines à la violence que Christian, dans son
remarquable mémoire sur la démence précoce des jeunes gens,
paru, en 1899, dans les Annalea mèdico psf/choiOf)ifjues y considère
cornme l un des caractères les plus constantset les plus importants
de cette maladie.
Quoi qu’il en soit, je suivrai le malade et pourrai vous tenir au
courant de révolution de sa maladie.
Examen du malade
Le malade présente un aspect apathique ; il répond docilement
mais d’un air absentet souvent à cótó de la question. Son dóbit
est monotone, peu compréhensible, Parfois, sans qu’on s’occupe
de lui, il prononce quelques mots sans lien logique : par exemple,
à un moment donné, il dit tout à coup : « c’est à TEcole St-Cyr ».
II est calme, mais à l asile il se montre impulsif et a dù ètre placó
aux agités.
D. — Quel àge avez-vous ?
R. — J’ai... je suis pris autrement.
D. — Quel áge avez-vous ?
R. — A peu près 35 ans.
D. — En quelle année étes vous né ?
R — En 1890.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
D.‘ — En qnelle année sommes-nous ?
R. — En 1925.
D. — Avez-vous eu un accident ?
R. — Oui, les deux poignets (il les montre).
D. — Que vous est-il arrivé ?
R. — Je suis tombó de 8 mètres, sur les poignets.
D. — Vous rappelez-vous comment cela vous est arrivé ?
R. — Je ne sais pas comment je suis lombé.
D. — Où éles-vous ici ? A Paris ?
R. — Je suis en Angleterre.
D. — Avez-vous des parents ?
R. — (Désignant un assistant). Ce monsieur-là, sans douie...
J’ai un frère.
D. — Qui vous a élevé?
R. — Mon père nourricier.
D. — Où avez vous été élevé ?
R. — Je ne me souviens pas.
D. — Dósirez-vous revoir votre père nourricier, s il venait, l’em-
brasseriez-vous ?
R. — Qa m’est égal.
M. Marie. — Je rappellerai à propos du cas de M. Pactet celui
d’un malade que j'ai présenté à la Société médicale des hòpitaux
en 1906. Traumatisé par un coup de barre de fer sur le cráne, il
fut trépané dans le service de M. Berger. et parut guéri au point
de partir en Amérique dans une entreprise de travaux.
Dix mois après, il revint rapatrió dans un état de confusion
mentale qui l’amena directement à l’asile où cet état devenu chro-
nique n’a fait que s’accentuer.
C'est actuellement un dément incurable après treize ansd'inter-
nement.
M. Vigouroux. — J’ai communiqué à la Sociélé médico-psycho
logique l’histoire d un malade atleint de confusion mentale chro-
nique, chez qui, à 1 autopsie, j’ai trouvé une pàchy-méningile
adhésive.
M. Pactet. — II y a des cas de confusion mentale trauinatique
qui guérissent. Un de mes malades qui avait présenté cet état avec
un syndrome de paralysie générale est sorti de l’asile complète-
ment guóri.
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SOCIÉTtS
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M. Vigouroux. — Dans de tels cas, je crois qu’il est habituel
que les troubles mentaux suivent immédiatement le traumatisme.
M. Ritti demande quel est le degré d’instruction du malade.
M. Pactet. — II a une instruction primaire (un essai de leclure
ne donne aucun résultat).
D. — Combien font 2 + 2 ?
R. — fait à peu près 4.
D. — 2 x 5 9
R. — 70.
D. — 5 sous et5 sous combien cela fait-il ?
R. — £a fait une pièce... un million.
M. Magnan. — Je crois qu’on pourrait obtenir un certain réveil
intellectuel en l’occupant à un travail régulier tel que le travail
de macon qui est son métier.
M. Pactet rappelle les impulsions violentes que prósente ce
malade, impulsionssur I'importancedesquelles a insisté Christian
dans son mémoire sur la démence juvénile et dit que la marche
des accidents pourra seule nous renseigner avec certitude sur la
véritable nature de la maladie.
II. Astasie abasie déliránte ou simulée, par M. Truelle.
(Présentation de malade.)
C’esl la bizarrerie et la variabilité des différents symptómes
qu’elle présente et le doute oii je suis restó relativement à leur
interprélation qui m’ont déterminé à soumettre à votre critique
le cas de cette malade.
Déjà elle s’est améliorée notablement, et en particulier ses trqu-
bles de l’équilibre sont beaucoup moins marqués qu'au début. Ce
qui tout de suite frappait alors, c’était une diffìculté spéciale de
la marche et de la station debout, parfois aussi de la slation assi-
se, diGBculté qui s’accompagnait d’un élément phobique manifeste
mais sans qu’il y entr&t aucun état spasmodique vertigineux,
aucune paralysie, aucune contracture : sans qu’on pút les ratta-
cher à aucune affection organique connue.
Dans les premiers jours de son entrée, la malade était incapable
de marcher: elle trébuchait, sautillait sur place, le corps penché
en arrière ou de cóté, puis, l’air effrayó, elle se précipitait vers le
premier point d’appui qui se présentait à elle, et s’y cramponnait
désespérément. Certaines fois méme, elle glissait encore, se rat-
trapait à plusieurs reprises, incomplètement rassurée.
Actuellement, ces troubles de la marche où intervient un élé-
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fju elle &9Ì uiUouréft ilp personiit^ <|tìi 1 obsefvení. óu }orst|u'nri Uù
recf»mjńSiidí!5 itisitllet«>?r»ent tio prendí-e >?arde. Ms ilispiiiraíswoi
fwomentaneiiiétn, irnńs iiu-umjiif'tómoíò lovsfjfte pao J» persuH>io!i
fàHÌpfcé^-d’U«o ftidp'.'ptus.pu unoiits fléíjfe. oft pàrvÌQíit 4 1« ritssú-
rer. Ménie> rtans eerlítirts tps, ia mftlado cst suscoplible 'd'aceóm-
p!ir spct(ilriii!-*rù»uí uti frHjftl tiit |vlii5iiijut's inèlrí>s, Koris apjiuí, d une
mspche uormr.ìe, toiit «U jvius Jé^èwineni raleulio.
PSlnSiques on t i!9Tòòfèregi d'ftiran^té'.
IV Jivl’lf / 7 ( 0 ,
des níiéftìò^ftdítCOJpiloois ém<*ik*tuids. tls ne sexotíf-rc-rtt. pas ìors-
pue leè tóftt'iòs, •; - . ' ; ; . ’ '
Ordinéìrejntuiì )<( maJade se ítenf ('onvclement. ossko : cepftn-
póior pèu èju oti íneiíé íńdirtùíl(mteuí,.èiie sémMdy ià uttcó
re, inoapftblo dè'gnfder st>r.í rè^pítíflrft'; .•'*:*-ú’t?nvèt«e aè túiiòre.
ou pencfle dtì còlo «y«o- dtfòi. siu'iulout Upe •’ir'ule proctssìne.
J'aríois eiie présentppneoit'• eei'ÚHos tuouveriienJs tmtxiKís ot
tival coofckmm's des meíni'res sijpèi’ruuO doiù k-s vincx «tT.pt»i/ír»es
>pjf! nous i'ejifodutsone f'fig. 22 et 2'd.t . rìlotitfept bien 5e oaracrere
ú étrfiDgetè fit dò yefíatiijitè'
La maledese rènd co'triple. docelie ini'Oot'dim»tion mofricít: e.He
aftire inéme evec íusistanre l'atlentíon sur elle. Jille rcdoufe les
éprou vcs qu'òíi )ut íait áùbír, òl rńolomc avc- etíiòi l'aide *j!ii lui
perwniiira de ó'inseí'rer son ńqUtlibre « je vais loinber n, dil elle.
KJIe n'est pleinentcnt rasenrde *)uo cpuúbée áens v*.*n tit « bten sou-
tenue, bien appuyée ».
Cus Iroubles sonl tellement vtìrioblos et utypirp/c.v íl y eritre
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SOCJfÉTfc.S
íiMíèlfe pari d axdgèrattffn, qńc|y»OH«e-'|».èttt;-sé 'dáféijdrò de son-
ií@l* (itirtoisa (pieIqutís>niii«ldf !Ot*. \fa|^ofitl*fíí}i.}e t , ifcìn íHjxjiiifjuéroíí
.)it.ráisood’éièe4'dn$t$iÌ&'$upervK^^oíi;i!a>»blè'l)ieii qu‘on pulsse
{.rouver á ces trouble* »ue antfń t-i»uw d’ordrè patholoRiqoe..
Cetle. niaìade est enlrèt* t« l íVfiíi* d« Moisielies ío tì xuars 1ÍJ09,
apí'ès un sèjcmi’ ci», 3 senioìnes & 1 .Vdníissipn. t'rèaiatilenient dlle,
áveH étè hòspindisee queì'iues jOiirs à la i'itiè. Elie habìimt dopuis
ÌtO aos ia mèrne maispn, vivait senle.. asse/. misèraMomeol seniv
hie-í-il. Pemianl i jours eHe solaii. enienuée daus s» rhtimtu e, ic
dnqqìème clìe hiit t.« èictf sdr la pnrte- èt cjiíand on pénèim ches
i.-ìle, elle dèèiaro qu'elip vuulait se lais.sei* jnoorir et qu'elle <il!ait
séfffer par ia fenètre. Ce .fut aiorí qu'on1« èpnduisit à ia
í.* s quolques rcnsefgricintínb roeueíilmne .-om pas donnés par 1»
ifiBlade. ;
t i*. i.l, — Frníuir /o ..' iìi-ril I'ki'.ì
Elli? iíit ètrò Agéft de 74 arit. Vlaìev*' So*< état da mrtigrour —
iíi kjtńjí. : elle en pesaít Ií» ít I unim.*. — sa snnté iiiiysíqiio e&t vels* •
foí-ni' iu h**í*tte.- r»n ni?.. irouve auórsà rulcvei? ctie/ otle què des
*ivm*s íegef.s d artftrio-selórose. Kllc e.st merniesicment offaibfic
iní?:|féet» <: !Ienser>i soìort le i ype pénémí dos dftrnents séniles, mnis
c'.c quviqijtif-'partìeulantfts. Coinu»e tous *<o; ííi.Mìeità iniolioctticls,
10 sién .pthrte:«tìr4’<?h.8»«nble d.u f<íńiHidniíemèht psychi.<|un ; nqsfs
11 est loiii d'éice lioifnrpuMUenlglobíjl. Ce puì parait surioiU atioint
che/elle. c'csl d unè patl la fuèinpire, d'auirt? part I HpeiTopiiou.
Ati prtmuer ahord. la rnalade sernldmt piésenier une amjv'ì*.
ivresquf? toiate. réiro-rtiitèrograde. Aínítfi ftHft púbHatf 'Já vis'ite-.faìte
!;* vefjìie par !e médociri, mòrrte pliisieurs visiies randues dans la
inème ímirnet-: eHn íctioro sou jia&sage b '1 Adipissìon Ot àJa
PUiè .* eife oe eonnaít mòitte jiíis p|>xìs{omu do «*e tlernioi hòpìtal
p..mńiit siiuò dans le qtmfiier oir ully a vécn peudant 30 ans ; ftlle-
r.e fe.U díre le noro r.i h* nu.m'*ro do sà ruu : citeest iricapot.Iu dé
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REVUE DE PSYCHIATRIÉ
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donner aucun renseignement sur sa vie passée ; elle ne sait pas
ce que c’est que la guerre de 1870, etc. De mème qu'elle signale
volontiers l’impossibilité où elle est de marcher, elle met cons-
tammenl en avant son amnésie. Mais j ai pu me rendre comple
que Toubli des faits récents et anciens, pourréel qu*il fút, n’était
pas aussi profond qu’il le paraissait tout d’abord, ni que la malade
se plaisait à ledire. C’est qu’en effet, ainsi qu’on le verra dans un
instant, on seheurte ici à tout un petit système d'idées de néga-
tion qui faussent à chaque instant les résultats de l’examen et en
rendent hésitantes les conclusions. Si bien que, touten reconnais-
sant que, chez cette malade, l’amnósie dópasse de beaucoup celle
de la démencesénile simple, il ne m’a pas été possible d'en appré*
cier avec certitude l’ótendue et l intensitó. Sansétre vraiment con-
fuse, la malade présente des troubles notables del’aperception qui
se manifestent par une certaine désorientation, de l’écholalie, de
l aprosexie volontaire et spontanée, par des troubles de l’associa-
tion des idées, etc. « C’est comme si j’avais le cerveau vide, dit-
elle, mes idées ne sont pas là. » Maiscomme tous lesautres-symp*
tómes observés chez cette malade, ceux-ci ne restent pas identi-
ques à eux-mémes en toute occasion. Son jugement est beaucoup
mieux conservé qu’il ne le parait tout d’abord : elle émet incidem-
ment des observations d’ordre général ou particulier parfaitement
sensées et méme non dépourvues d’un certain esprit. Les senti-
ments affectifs qui d’abord paraissaient considérablement émous-
sés, le sont bien effectivement, mais certains faits dómontrent
qu’ils sont loin d’étre totalement éteints. Et c’est encore en partie
une sorte de système chez elle que l’égoísme ingénu sous lequel
elle se montre d’ordinaire.
Outre cet état démentiel un peu spécial, la malade présente en
effet, des idées délirantes auxquelles il a déjà été fait allusion,
idées írustes, mais néanmoins assez profondément accusées pour
donner peut-ètre l’explication prochaine de certaines bizarreries.
. Ce délire consiste essentiellement en des idées de négation qui
portent sur sa personnalité physique, et à un degré moindre sur
sa personnalitémorale. La maladene nie pas explicitement l exis-
tence de son corps ou de ses différents organes ; mais comme Ie
disait Lasègue, elle reste à leur sujet « perplexe ». Elle a une
tendance marquée à se déprécier toute entière : ses bras « sont
pendants », « quelles pauvres mains, dit-elle..., qu’est-ce qu’un
corps comme cela ? », sa bouche n est plus bonne qu’à manger,
son coeur ne bat plus, ou bien faiblement, l’eslomacest resserré ;
elle a l’air béte, elle est là sans savoir ce qu’elle fait, etc... Elle
insiste souvent sur son isolement qu’elle exagère, sursa misère,
sur son incapacité de travailler et de gagner sa vie, etc... Enfin,
elle manifeste une crainte extrème qui íut longtemps quasi obsé-
dante, celle d’étre renvoyée de l asile et de retomber dans sa
misère et dans sa solitude. C’est « une idée fìxe », dit-elle. Elle
manque totalement de confiance en elle-mème. Et ce sentimenl
d incapacité, cet état de quasi-phobie, nous le retrouvons préci-
sément, joint aux idées de négation, dansces troubles de la mar-*
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che et de la station debout signalée au début. Gn sorte qu’il parait
logique de mettre cette sorte de pseudo-astasie abasie sur le comp-
le de ces manifestations déliranles particulières. Quant aux bizar-
reries, aux exagérations, aux modifìcations brusques conslatées
dans les dififórents symptómes, et qui font involontairement pen-
serà unecomédie jouée ou à une simulation intermitlente, peut-
èlre en trouverait-on la raison dans la forme de l'affaiblissement
intellectuel, dans les troubles de la mémoire et de l'aperception,
dans le défaut de synthèse raentale.
Mais ce ne serait là encore qu'une explication seconde etil sem-
ble bien qu’on puisse l’interpréter elle-méme en poussant plus
avanl l’élude analytique de la malade. Celle ci présente en effet
lout un ordre de symptòmes dont il n’a pas ólé parlé jusqu’à pré-
sent. et donl les plus intéressants consistent en troubles de la
sensibiliié.
II a été dit dès le début que la maladene présentait aucun symp-
lóme spasmodique, aucune contracture, aucune paralysie ; lous
ses mouvements sont libres ; les réflexes tendineux sont normaux,
lacontractilité faradique persiste sans atténuation appréciable. Au
point de vue moteur, il y a seulement lieu de noter une hypotonie
marquée et une grande faiblesse musculaire généralisée. Par
contre les troubles de la sensibilité sont multiples et complexes.
La sensibilité cutanée à la douleur semble, à un premier exa-
men, complètement abolie sur toute la surface du corps. Une
piqúre, méme profonde n’est pas percue par la malade en tanl que
sensation douloureuse : « cela ne me fait pas mal », dit-elle. Mais
si on distrait son attention et si on la pique brusquement, au bras
par exemple, on constate un réflexe défensif vigoureux, alors
méme qu'elle persiste à nier toutesensation. Sans doute on pour-
rait admettre que, méme alors, elle est de bonne foi : ce réflexe
défensif à la douleur emprunlant ce que Crocq appelle «Ies voies
courtes » et ne passant pas par les centres corticaux de percep-
tion. Toulefois, il semble bien qu’après cela, I’on soit en droit de
n’accepter qu’avec un certain scepticisme les négations de la ma-
lade. Ce réflexe ne se produit jamais qu’une seule foisau cours
d'une méine série de recherches, et toujours au début de la série,
comme si, après une première surprise, la malade parvenait à
inhiber les autres réflexes de défense qui devaient suivre. Néan-
moins certains détails de l’examen semblent prouverque l’analgé-
sie est bien réelle, mais exagérée par les tendance négativistes du
sujet. La sensibilité au tact est mieux conservée, bien que, certai-
nes fois encore, la malade nie formellement avoir pergu aucun
contact. Elle apprécie avec une correction suffìsante les sensations
thermiques. Dans une première série d’épreuves la sensibililé
électrique avait paru complèlement abolie, mais, àquelques jours
de là, surprise brusquement par un courant un peut fort, la ma-
lade accusa une sensation de « picotement » quelque peu désa-
gréable. Donc, ici encore, anesthésie apparente et hypoesthésie
réelle. La sensibilité profonde est de mème diminuée sans ètre
abolie. La malade reconnait sans hósiter les positions variées
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données à ses membres. Elle a conservó les notions de íorme qui
n exigent pas, pour leur appréciation, une trop grande délicatesse
du tact; mais elle se dit incapable devaluer des diflférences de
poids méme considérables. En fait il semble bien que ce soit là
son système nógateur qui intervienne surtoút.
La qslupart des réflexes cutanés sont abolis ; seul le plantaire
défensif est conservé ; encore ne Test-il qu’à la fagon de celui
décrit à propos de la sensibilité à la piqùre, c’est-à-dire qu'il ne
se produit qu’une seule fois au cours d’une méme série. Enfln le
róflexe pupillaire à la douleur est très diminuó, sinon aboli. Dès
lors si l’on admet qu’il y ait corrélation entre l'état des réflexes
superfìciels et celui de la sensibilité,ce serait une preuve de lexis-
tence réelle chez cette malade d’une hypoesthésie tout au moins
fonctionnelle.
L’examen des autres sen^ donne des résultats particulièrement
intéressants au point de vue des idées de négation. La maladequi,
aflfectivement est presbyte, déclare ne pas distinguer les objets,
les signes tracés et ètre incapable de lire ; or lecontraire a puétre
démontré. Elle s’obstine à ne pas reconnaitre d’autres couleurs
que le blanc et le gris ; une fois pourtant elle a reconnu le bleu.
Elle affìrme ne pas entendre une montre appliquée contre son
oreille, et cependant il n’est nullement besoin d’élever la voix
pour se faire comprendre d’elle. Mémes contradictions pour
le goùt et lodorat. Elle ne reconnait et ne nomme que cer-
tains objets très usuels présentés : une cuiller, un verre etc. —
par conlre un porte-plume est un « petit báton ou un crayon »
— elle s’en sert d’ailleurs correctement — toutes les pièces de mon-
naie sont « des médailles », etc.
Voici, dans toute leur complexité bizarre, et leur imperfection,
les diflférents symptómes présentés par cette nialade. Tout en
reconnaissant ce qu’il y a d’excessif et d'artificiel dans certaines
de ses réactions, tout en n’oubliant pas les discordances et les
variations étranges que l’on observe chez elle, je ne pense pas
que les troubles de la marche et de la station debout signalés au
début, puissent étreregardés comme uniquerrent le résuítat d’uue
simulation. II parait y avoir seulement une certaine exagération
dans les manifestations extérieures de troubles morbides réels,
exagération sous la dépendance elle-méme d’un étatmental paího-
logique. En dernière analyse on serait peut-étre en droitde consi-
dérer les troubles psychiques eux-mémes comme conditionnés
par l’état d’amoindrissement général où se trouve la malade, et
en particulier par raflfaiblissement de toutes ses sensibilités.
Dès lors il serait possible de classer de la fagon suivante et
selon un ordre de dépendance réciproque, tous ces symptómes
à première vue disparates :
Sénilité, am8igrissement, artério sclérose modérée, méiopragies
diverses ;
Hypotonie et faiblesse musculaire, diminution des sensibilités
et de l acuité sensorielle;
Léger aflfaiblissement intellectuel, amnésie notable, défaut de
synthèse mentale, perceptions incomplètes ;
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Conscience vagne mais nettement exprimée d'un amoindrisse-
ment général, défaut de conflance en soi-méme, crainte allant
presque jusqu'à la phobie de l'isolement et de la lutte pour la vie,
sentiment d’insécurité et d’instabilité — psychasthónie pourrait-
on dire —; idées de négation ;
Troubles moteurs divers avec pródominance de symptópies asta-
siabasiformes.
La malade entre, avance à petits pas : à certains moments l’in
coordination de la marche est manifeste.
Sur l'ordre qu’on lui donne, elle marche à petits pas en disant :
« je ne peux pas aller plus vite à moins de courir... 11 ne faut pas
me faire tomber. u
M. Truelle lui demandant de montrer comment elle faisait
quand elle était malade, elle est prise de secousses, et s’assied en
disant : « Quand on me parle de ca, ga me fait sauter... » Elle
jette parfois une phrase pendant l’exposó, montrant qu’elle se
rend bien compte de quoi il s'agit.
Son intelligence estcependant manifestement affaibliecar, inter-
rogée par exemple sur la guerre de 1870, elle dit qu'elle sait qu’il
y a eu une guerre, mais qu’elle ne se rappelle pas.
L’examende la sensibilité montre un réflexe de défense à la
piqùre, mais ce réflexe, fait remarquer M. Truelle, ne se repro-
duit pas une seconde fois.
III. Paralysie générale amaurotique, par M. Trénel. (Pré-
sentation de malade).
T. Marie, 31 ans, couturière, entrée à l'asile de Maison-BIanche
le 16 décembre 1907 (1). Antécédents : mère morte d'un cancer de
l’utérus. Père bien portant. Une soeur qui parait normale. Aucune
maladie antérieure sauf un peu d’anémie dans la jeunesse. Syphi-
lis conjugale; 4 enfants mort-nés, le dernier seul à terme en
octobre 1906. Au début de cette grossesse sa vue a commencé à
baisser, on la traita au moyende pilules; après l’accouchement, le
troubledelavueaugmente,elleconsulteenjanvierl907, aux Quinze-
Vingt où on lui fait des injections dans la fesse, puis en juin-juillet
à l’Hótel-Dieu où on diagnostique une paralysie du nerf optique
etoù on lui fait encore des injections. Le trouble de la vue avait
commencé d’un cóté, puis étaitdevenu bilatéral.
En juillet elle a une congestion céróbrale, reste 3 jours sans con-
naissance avec rétention d'urine, puis a des moments d’absence.
A partirde cette date, laparole est embarrassée. Elle croitqu’on
lui veut du mal et il faut la forcer à manger. Elle ne manifestait
pas d’hallucinations de la vue ni de l’ouie. Elle se plaignait de
douleurs dans le ventre.
(1) Observation prise avec la collaboration de M. le D r Crinon, interne du
•ervice.
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Tout à coup elle a une crise de délire, crie, se plaintde souffrir,
cherche à se sauver, brise tout à la maison.
Au moment de son internement, 3 octobre 1907, le diagnostic
porté est: léger affaiblissement intellectuel avec hallucinations,
idées de persócution et violente excitation dont elle ne conserve
qu’un souvenir très confus.
A son entrée à l'asile de Maison-BIanche, M. Lwoff constate un
léger affaiblissenient intellectuel, diminution de la mémoire, em-
barras de la parole, tremblement de lalangue et des lèvres, iné-
galité pupillaire, amblyopie, excitation violente par intervalles.
Son état hallucinaloire est intense. Les hallucinations affectent
tous les sens. EUe voit des personnages devant elle, des ombres
parmi lesquelles elle reconnait les membres de sa famille. Cesont
des visions qu’on lui fait voir. Elle entend des voix qui lui disent
que son père, le rouquin, s’est fait teindre en noir et qu’il va étre
requ médecin pour la guérir. On a essayó de l’empoisonner en
lui donnant du savon dans du laít. La nuit elle a des secousses
qui la réveillent et qui sont dues à l'électricité qu’on lui envoie.
En dehorsdes idées de persécution qui sont le corollaire de ces
hallucinalions, elle n’émet pas d’autres idées délirantes.
La mémoire est très diminuée elle ignore la date de sa nais-
sance, du mois actuel (croit étre en septembre, l'époque depuis
laquelle elle est internée). Elle n'est pas absolument désorientée :
elle sait étre dans une maison de fous, « mais ne sait plus com-
ment elle vit. » Ellese montre très émotive.
Tremblements fìbrillaires de la face et des lèvres.
Pupilles inégales (D>G) et immobiles. Réflexes rotuliens éxagé
rés. Réflexes plantaires en flexion. La parole est hésitante sans
accrocs. La langue porte des traces de morsure.
Elle eut un vertige le lendemain de son entrée, un autre deux
jours plus tard.
Le 6 janvier elle a 2 crises épileptiformes de deux minutes de
durée avec perte de connaissance, écume à la bouche, peu de
secousses dans les membres. Ces ictus sonl suivis d’une phase
crépusculaire avec hallucinations très intenses de la vue et peut-
ètre de l’ouie. Elle ne demeure pas en place, s’agite, casse une
vitrè avec sa téte. Elle ne répond pas aux questions qui lui sont
posées. Elle refuse tout aliment et doit ètre nourrie à la sonde...
Cet état dure 3 jours. Le 9 janvier la malade esl calme, et parait
contente et satisfaite. Elle répond aux questions, mais ne se sou-
vient aucunerqent de l’état dans lequel ellé s'est trouvóe les jours
précédents. La mémoire des faits immédiats est conservée ; elle
sait, par exemple, ce qu’elle a mangé le matin, mais reste déso-
rientée et à la queslion : « Qu’avez vous fait hier‘? » elle répond:
« J'ai fait la machine à coudre. »
Son état reste stationnaire pendant l’année 1908. Elle est indif-
férente, facile à conduire, sait qu’elle est dans un hópital qui
s'appelle Maison-Blanche, que c'est le médecin qui vient faire sa
visite, qu’il y a des infirmières et des malades. Elle regoit sa
famille d’une fa(;on indifférente, mais reconnait son mari, sa soeur
sur le moment.
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Elle est prise très fróquemment de crises d’agitation durant
plusieurs jours, dans les'quelles elle est turbulente, se déshabille,
déchire, répond par des interjections à des hallucinationsde l’ouìe,
pousse des cris de frayeur, causés manifestement par des hallu-
cinations de la vue sans qu'on puisse obtenir de réponse sur la
teneur de ces hallucinations.
Au mois d'octobre elle a, à plusieurs jours d’inlervalle, 3 crises
épileptiformes (le 19, le 22 et le 29) à la suite desquelles elle se
montre très agitée et haliucinée, crieàl'assassin, brisela vaisselle,
et n’a conscience de rien. Cette crise passée elle retombe dans son
état d’apathie avec gàtisme, entrecoupé de quelques jours d'agi-
lation où elle déchire ses vèlements, chantonne, refuse la nourri-
ture, interpelle des étres imaginaires : « Tu es là ! viens donc, je
vais te donner un sac de bonbons. » Tantót elle parait se rendre
compte qu’elle est dans un hòpital, tantót croit élre chez elle,
prend le médecin pour un parent. Elle répond aux questions
inexactement ou approximativement; elle a de l'intoxication du
mot. Voici l’un des examens :
« C’est mon parrain qui paiera pour moi, je vais quitter mes bas
et ma robe et madame me mènera à l’hópilal... Oui Marie je te
mènerai à l'hópital (hallucination).
Me connaissez-vous ? — Oui. — Qui suis-je? — Vous travaillez
à la boucherie. — Je suis le médecin ? — Ah ! je ne savais pas que
vous étiez médecin. — Où èíes-vous ici ? — C’est vous qui m’y
avez conduit. 11 y a des petits lits oii des dames sont couchées. —
Ce sont des malades? — Sans doute qu’elles doivent ètre malades.
S’il y a un lit vide, j’irai dedans. Le père T. (son père) paiera
pour moi. — Quel àge acez-vous? — J'ai 30 ans. — Où ètes-vous
née ? — Moi j’ai 16 ans. — Ln quelle année ? — Je n’en sais rien. —
Où demeurez-vous ? — Rue de Jarente, 30. — Où est cette rue ?
Du còté de la Bastille ? — Elle commence du cóté de la Bastille. —
Quel arrondissement ? — Du cóté de la Bastille. J’ai été avec ma
mère parce qu’il y avait des bastilles. Je me suis mise dans le lit où
il y avait des malades. — En quelle année èles-vous née? — Je suis
née rue de Jarente. — Etes-vous mariée ? — Rue de Jarente c’est
du cóté de Ia Bastille.
Pendant tout le reste de i'examen elle revient sans cesse sur
cette dernière réponse qui l’intoxique.
Toutes ses réponses restent aussi puériles et incohérentes.
Elle a perdu les notions les plus élémentaires, ne peut dire la
liste des mois, des jours, ignore les personnages les plus connus,
est incapable du plus simple calcul (4x5 = 25, 3x7=25, 15 + 6
qa fait 14 et 7, 19). Elle n’a aucune conscience de son amaurose,
elle prótend voir clair quoique n’ayant pas un clignement quand
on fait mine de lui toucher l’oeil du doigt. Elle élude les questions
qui ont trait à sa vue, ou dit qu’il fait très sombre.
La malade converse continuellement avec ses hallucinations ;
elle est dans un continuel colloque où elle fait demandes et réponses
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sans porter le plus souvent la moindre attention aux interruptions
de l'observateur : « Un beau pantalon, un beau ruban bleu, des
» chemises bleues. ...Oh ! elle a approuvé ce que j’avais dit, elle a
» donné un sac de bonbons. Elle a dit que j'aimais bien ma petite
» fille. — D. Vous lui avez donné un sac de bonbons? — R. C’est
» un joli cadeau, elle l’a mangó. — D. Et puis elle vous a embras-
» sée sur son coeur ? — "R. Et puis tu as vu qu’elle a bu du lait. —
» D. EUe a dit qu’elle avait mangé le gáteau que tu avais apporté.
» — R. Elle avait tort, ca c’est vrai. — D. Tu sais qu’elle va
» arranger sa petite natte aussi. — R. Oui, j’ai donné des cor-
» dons... (contrefaisant une voix d’enfant): maman, je suis con-
» tente que tu aies donné de petits cordons. — D. Tu leur a donné
» des pantalons ? — R. Oui, vous voyez que je ne mens pas et
» qu'elle a dans sa poche un petit mouchoir blanc. — D. Elle se
» mouche toute seule ? — R. Elle se mouche dans le petit mou-
» choir... J’ai apportó un gros sac de bonbons. — D. Je t’ai
» approuvée. — R. Elle m’a approuvée, elle m’a dit qu’il fallait
» que j’apporte des bonbons. — D. Elle a dit qu’elle était fatiguée
» des bonbons. — R. Tu vois qu’elle n’est pas contente que tu lui
» apportes des bonbons, ga fait mal à son estomac. — R. Je ne lui
» en apporterai plus. — D. Oui tu as raison. La malade préte
» l'oreille. — D. ... je dis que tu as raison. Elle pleurait parce que
» tu lui donnais des gáleaux. — R. Tii refusais de lui en donner,
» ellem’adit qu'elle avait mal à l’estomac. J'ai fait venir le méde-
» cin. II a dit que son estomac était sec, que je lui donne 3 litres de
» lait. Maintenant je lui donne deux litres de lait. — D. Elle les
» boit? — R. Oui elle les boit, lu sais, elle est gourmande, elle
» pleure parce qu'elle est gourmande. »
A ce moment je demande à la malade qui ne se doule pas de
ma présence : « à qui causez-vous? — R. C’est à vous que je
» cause. — J’insiste : qui vous cause? — R. C’est Mndame T...
» elle me íait des reproches... elle cause à Marie T. ».
Actuellement elle est dans un mauvais état physique : quoi-
qu’elle se nourrisse bien, elle est très amaigrie. Les reflexes tendi-
neux (achilléens, rotuliens, poignet, coude, massétérin) sont forts
— le réflexe rotulien droit est moins fort que le gauche. Parfois
on constate un bref tremblement épileptoíde spontané à droite ou
à gauche; ce tremblement n’est pas provocable. Le réflexe plan-
taire se fait en flexion.
Les pupilles sont larges (D> G), immobiles. Pas de nystagmus.
Le pouls est habituellement rapide (92).
La malade grince très souvent des dents.
A diverses reprises elle a présentó un état fébrile accompagné
d’une obnubilation plus grande. La température monte brusque-
ment au-dessus de 38* (38° 3), pour revenir en 3 ou 4 jours ft la
normale par une descente en lysis. Une seule fois la température
a atteint 39*2. II estdifficile de dire s’il s’agitde crises .épileptifor-
mes frustes ou de quelque auto-intoxication ou infection lógère.
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Une ponction lombaire est pratiquée en mars 1909 par mon
collègue leD r Capgras. L/examen ne m’a montré qu’un très petit
nombre de lymphocites, 1 à 5 par champ.
Examen ophthalmoscopicjue : M. Morax a eu l’obligeance d'exa-
miner cette malade à ce point de vue. Le 8 juillet 1908 il cons-
tale : Anisocorie et absence des reflexes pupillaires. Atrophie
bilatérale des nerfs optiques, amaurose.
En résumé, chez cette malade une amaurose deforme tabétique à
raarche rapidement progressìve accompagne un affaiblissement
intellectuel de forme paralytique et un délire hallucinatoire portant
sur tous les sens.
La malade est presque continuellement en colloque avec ses
hallucinations, avec de fréquents paroxysmes hallucinatoires. Les
symptòmes moteurs sont de./orme spasmodkjue et persislent tels
depuis le début de la maladie. La parole est lente, trainanle, hési-
tante.
Dans un second cas d’amaurose de forme iabéíitjue , à marche*
rapidement progressive, accompagné du méme affaiblissement
intellectuel, on voit se développer un délire hallucinatoire portant
sur tous les sens, — plus intense et plus continu que dahs la pre-
mière observation. De plus cette malade manifeste des idées de
richesse etdes idées de négation. La parole est lente et embar-
rassée. Des symptómes spasmodiques réduisent rapidemént la
malade à un état grabataire. Dans les derniers temps le réflexe
rotulien droit s'affaiblit, maiscet affaiblissementest apparemment
dù, au moins en partie, à l’affaiblissement musculaire. La mort
survient après 3 ans de maladie par hémorrhagie méningée.
Dans un troisième cas, que j’ai observé il y a plusieurs années,
1‘amaurose de forme tabétique se développa en 2 ans ; à ce mo-
ment apparut un délire hallucinatoire portant sur tous les sens,
délire continu jusqu'à la mort. L’intelligence s a'ffaiblit progressi-
vement. A un état spasmodique généralisé fìt suite une diminution
des reflexes rotuliens, de méme ordre sans doute quedans le cas
précédent. La parole était spasmodique, très analogue au parler
de la sclérose en plaques.
Ces 3 cas paraissent pour ainsi dire calqués l’un sur l’autre :
amaurose tabétiforme à marche rapide, affaiblissement intellec-
tuel progressif, délire hallucinatoire, symptòmes moteurs spas-
modiques.
II y a là un ensemble de symptómes donnant à ces paralysies
générales amaurotiques un aspect un peu particulier, si tant
estquece soit là des paralysies générales. L’aspect clinique en
est en effet un peu atypique. De plus Vautopsie du deuxième cas
ne donne pas de résultats certains au point de vue du diagnostic.
En effet, ainsi qu'on peut le voir sur ce cerveau, l'hémisphère
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gaucheest très atrophié, au point que l’hémisphèredroit ledépasse
en arrière de près d’un demi centimètre, le 4' ventricule ne pré-
sente pas de granulations. A l’état fraislapie mèrede la convexité
n’était pas manifestement épaissie, il n'y avait pas trace d’opales-
cence le long des vaisseaux ; l’arrachement ne produisit que des
érosions localisées (cet arrachement n’a pas été fait entièrement
pour permettre des coupes ultérieures). A la base au contraire il
y a un épaississement considérable de la pie-mère englobant le
chiasma et voilant toute la région prépédonculaire : on serait lenté
de dire méningite sclóreuse. L’examen microscopique sera fait
ultérieurement.
Dans le 3* cas, l’autopsie donna l’aspect macroscopique dela
paralysie générale.
En dernier lieu je résume une 4* observation où une malade,
ayant subi il y a 20 ans l’énucléation d’un oeil, fut atteinte d’amau-
rose de l’autre oeil 10 ans plus tard. A son entrée à l’asile, elle
présentait un délire hallucinatoire portant sur tous les sens et un
profond affaiblissement intellectuel avec embarras de la parole.
Ici il y avait abolilion des reflexes. Chez les 3 malades précédentes,
une plus longue survie permettrait-elle de voir s’affirmer aussi les
symptòmes médullaires tabétiques ? Peut-on mettre ces cas sur le
méme rang que le tabès amaurotique où la marche des symptòmes
médullaires serait arrétée, d’après l’opinion de Déjerine (d’ailleurs
combattue par Marie et Léri entre autres.)
J’ajouterai que les 4 malades sont syphilitiques. Cependant dans
les 2 premierscas, les seuls où l’examen fut fait, les lymphocytes
étaient très peu nombreux, quelques éléments seulement (2 à 5)
par champs.
En ce qui concerne les troubles optiques en eux-mémes, je me
bornerai à reproduire I’opinion de M. Morax qui a eu l’obligeance
d’examiner les deux premières malades : il s’agit d’après ses pro-
pres termes, « d’une atrophie des nerfs optiques avec cécité de
méme type que ceile qu’on observe dans le tabès et mème sans
symptòmes tabétiques ». Je n’entrerai pas ici dans la discussion
sur la nature des lésions oculaires de la paralysiegénérale, encore
très controversée depuis l’ópoque où M. Magnan décrivait une
lésion spécialede la pupille dans un cas (Société de Biologie 1868).
M. Magnan. — Combien de temps avant les troubles mentaux
ont apparu les troubles de la vision. Quand a-t-on diagnostiqué
l’atrophie?
M. Trénel. — La malade est accouchée en octobre 1906. Les
troubles de la vision avaient débuté pendant celle grossesse.
L’atrophie a été diagnostiquée d’après les renseignements en
janvier 1907. Les troubles mentaux n’ont été constatés par, l’en-
tourage qu’en juillet 1907 à la suite d’une congestion cérébrale.
M. Magnan. — Dans votre pensée Ies cas de paralysie générale
avec amaurose s’accompagnent-ils toujours d’hallucinations ?
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M. Trénel. — Je dis seulement que dans les 4 cas que j'ai ob
servés, il y avait un délire hallucinatoire.
M. Magnan. — Dans la paralysie générale tous les nerfs peu-
ventétreatteintsdatrophie.Chezquelquesmalades,cette atrophie
se présente 5 ans, 10 ans et mème davantage avant l’apparition
des symptómes paralytiques ; d'autres fois ces atrophies appa-
raissent au cours de la maladie. L’atrophie papillaire de la
paralysie générale ressemble à celle du tabès. Oń peut voir aussi
de la sclérose des nerfs périphériques amenant 1‘atrophie d’un
groupe musculaire du bras, de la jambe. Le processus morbide
(sclèrose diffase) est généralisé à tout le système nerveux, móme
au sympathique.
Je ne crois pas qu’on puisse faire un groupe spécial de la
paralysie générale amaurotique tant au point de vue des troubles
mentaux — car des déiires de toute nature peuvent apparaitre au
cours de la paralysie générale — qu'au point de vue des symptó-
mes physiques.
M. Trénel. — Je ne crois pas qu’il y ait une simple coíncidence
fortuite entre l’amaurose et les troubles hallucinatoires. II y a là
un ensemble symptomaticjue qui se retrouve dans 4 cas. D’autre
part, dans Tordre des faits exposés par M. Magnan, j’ajouterai
que l’une des malades (la deuxième) avait du strabisme paralytique
et du ptosis, une aytre (la troisième) une surditó de date récenle et
une hémiatrophie linguale. Quoi qu’il en soit il me semble bien
qu’il y a là, commecela a lieu pour le tabès amaurotique, quelque
chose d un peu spécial. J'ajoute que je n’aífirme pas d’une fagon
absolue lediagnostic paralysie générale.
M. Ritti. — Les malades sont-elles syphilitiques ?
M. Trénel. — Chez trois la syphilis est certaine, chez la qua -
trièine probable.
IV. Un cas de psychose hallucinatoire, par M. le D r Crinon,
servicede M. Trénel. (Présentation de malade.)
B..., àgée de61 ans, chifíonnière, ne possède rien, dans ses anté-
cédents héréditaires ou personnels, qui mérite d étre signalé. Elle
futinternée à l'asile de la Maison-Blanche, au mois de mai 1908
et présentait, à cette date, des troubles éthyliques nettement
accusés. Mais bientót la zoopsie disparut faisant place à une
richesse hallucinatoire extraordinaire dont l’intensitó est demeu-
rée la méme jusqu'à présentetqui ne s’est accrue d’aucune idóe
délirante. Ces hallucinations sont de tout ordre ; elles sont inces-
santeset la malade s'en plaint la nuit autant que le jour. Voici un
apenfu, sommaire mais suffisant, sur lecontenude chacune de ces
catégories d'hallucinations.
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Hallucinations auditices. — La malade entend des voix qui i’in-
vectivent grossièrement, qui lui disentqu'elle a la syphilis, qu’elle
« va trinquer à la préfecture », qu’elle est « achetée », que la mé-
decine« la travaille », qu’on va « la transformer », qu'elle est
« forgat et fille de forgat ». Quand elle mange, on lui dit: « ga te
fera plusde mal que de bien, ga ne passe pas comme tout Ie mon
de.»
Hallucinations psycho-motrices. — A cóté de ces voix qui« vien-
nent du dehors ». selon son expression, il y en a d’autres qui
« viennentdu dedans » et l'obligent à parler. Le contenu de ces
hallucinations psycho-motrices est superposable à celui des hallu-
cinations auditives. Parfois, ce n’est qu'un mot ou une phrase
courte qu’on l’oblige à répéter d’une fagon spasmodique. Elle se
surprend souvent en train de marmoter et prétend ne pas lou-
jours comprendre les propos qu'on lui fait tenir de telle fagon. 11
y a quelques mois, elle avait pris l habitude de placer, alors; les
mains devant la bouche et ensuite près de l’oreille, cueillant, pour
ainsi dire, la phrase qu’elle portait à l’oreille pour la mieux com-
prendre. II suffit, à présent, qu’elle appuie les mains sur son
corps pour sentir la peau se soulever et une voix mònter à la
gorge qui la fait parler malgró elle. Elle maintient d’ordinaire les
bras écartés en croix pour éviter d’étre importunée par ces voix.
Troubles cénesthésiques. — Les sensalions de brùlure à la gorge,
dans ledos, sur la téte, sont fróquemment accusées parla malade.
On lui retourne les yeux. A certains moments, elle se sent mai-
grie, légère, à ne pas peser 60 livres. A d’autres moments, elle
se sent énorme et comme changée en fer. Elle se sent serrée à la
gorge, comme ótranglée, ou bien il lui semble que tous ses os
craquent.
Hallucinations olfactioes. — De mauvaises odeurs l’étouffent. II
lui vient des souffles froids qui sentent mauvais, sa respiration
sent le caoutchouc, il y a autour d’elle des odeurs de chair brùlée.
Hallucinations cisuelles. — Aux premiers jours de son interne-
ment, elle voyait des tétes de chiens et de chats, des carrés et des
demi cercles decouleur verte. Ces troubles zoopsiqueset ceshallu-
cinations colorées ont maintenant disparu.
Hallucinations graphiques. — La malade, parlant d'une chanson
qu'elle a entendue dans son ventre, dit: « je sentais les parotes, ga
faisait comme s’il y avait des bosses et, en méme temps, j’enten-
dais les paroles. » Elle a senti également qu’on lui écrivait dans le
dos, sous les bras ; elle a voulu compler les lettres qu'elle sentait
écrire, mais elle n’a pu y réussir. Pour savoir ce qu'on a écrit en
quelques endroits de son corps elle y porte la main puis elle place
cette main près de l’oreille « car ce qu’il y a d’écrit cause tout
haut ». D’autrefois, « ga se chante tout haut, au fur et à mesure
que ga s’ócrit».
L’examen physique ne donne rien qui mérile d’ètre relenu.
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SOCIÈTÉS
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La malade, en face de ces mulliples hallucinalions, ne réagit
pas en construisant un système délirant si faible soit-il. Elle se
borne è Ies constateret, si elle présente une modification impor-
tante de son état afTectif qui est triste et dóprimó, elle n'accuse,
par contre, aucune idée délirante. Lorsqu’on cherche à lui faire
avouer quelque idée de persécution, elle fait uneréponse analogue
è celle-ci : « s il faut que ga se fasse, je saurai que Qa se doit,
mais si c’est par méchanceté, on ne doit pas me íaire souffrir com-
me ca. » — Pourquoi me fait-on ces misères, demande-t-elle, et, à
cette interrogation, elle ne fait elle-méme aucune réponse qui
témoigne de l'existence d’un système délirant. Si le médecin lui
fait èson tour pareille question, elle repond, par exemple, « on
me dit que c'est la médecine qui me travaille » montrant ainsi
qu’elle met sur le compte de ses hallucinations l'accusation dont
elle ne prend guère la responsabilité. Elle se contente, en somme,
d’extérioriser le contenu de ses hallucinations, sans rien y
ajouter et sans y prendre les matériaux d’un délire.
Notre malade n’étant ni désorientée ni affaiblie, nous croyons
qu'il s'agit lè d'un cas de psychose hallucinatoire, analogue è ceux
rapporlés par Séglas, dans les Leqons cliniques >, par Farnarier,
dans sa thèse *, et par L. Cotard, dans une communication récente
è la Société Médico-psychologique 3 .
Ajoutons, en terminant, que les hallucinations graphiques pré-
sentées par la malade se trouvent combinóes à des hallucinations
auditives. Selon M. Séglas il serait de règle de ne pas rencontrer
è l'élat simple ces hallucinations d’ailleurs assez rarement obser-
vées *,
Examen de la malade
La malade est introduite. Contrairement è la description qui
vient d’en étre faite, elle tient normalement les mains appuyées
sur ses genoux.
D. — Pourquoi vos mains sont-elles aujourd’hui normalement
placées le long de votre corps ?
R. — Parce que j’ai ma robe, mon jupon et mon tablier et que
mes mains ne touchent pas mon corps.
D. — Pourquoi vos mains ne doivent-elles pas toucher votre
corps ?
R. — Parce que la chair remue et que gà me parle. En ce mo-
ment je suis plus libre, il n’y a rien dans ma bouche.
%
*■ Séclas, Le^ons clinìques. Pari*, 1895, p. 451.
* Fàrnàrier, Thèse , Paris, 1897.
3 Cotakd, Deux ca* de psychose hallucinatoire, in Annales mèdico-psycholo -
giques , 1909, p. 256.
4 Séglas, Lefons cliniques T p. 49.
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I
D. — Qae vous a-t-on dit le long du chemin ?
R. — La voiture m’a beaucoup fatigué la téte ; c‘est ce matin
que j’entendais.
D. — Au fur et à mesure que l’on écrit sur votre corps, vous
entendez ce qu'on écrit ?
R. — Oui, j’entends que ca cause.
D. — Comment faisiez-vous, autrefois, pour comprendre les
propos qu’on vous faisait tenir ? 0
La malade porte les mains réunies devant sa bouche puis à son
oreille, décrivant ainsi le gesle dont ilfut parlé pius haul.
D. — Qui est-ce qui vous fait souffrir ?
R. — Je ne sais pas.
D. — Pourquoi vous fait-on souffrir ainsi ?
R. — Je ne sais pas. Je n’ai jamais fait de mal à personne.
D. — Connaissez-vous les personnes qui vous causent ?
R. — Non, je ne les connais pas.
D. — On vous insulte, on vous injurie, comment vous appelle
t-on ?
R. — On m’appelle..., mais je ne veux pas vous le dire, vous
ririez.
D. — Que fait on, en vous, pour vous faire souffrir ?
R. — On me brùle de mon front à mon ventre. Ce matin j’étais
à bout de « respirsge ».
M. Trénel. — II s’agit là d’un état hallucinatoire que la malade
regarde évoluer saùs délire. C’est un trouble d'ordre purement
sensoriel.
M. Marie. — A t-elle eu une phase mélancolique initiale ?
M. Crinon. — La malade, au début de son internement, ne
présentait que des troubles éthyliques surtout caractérisés par
des hallucinations colorées et de !a zoopsie. Ces hallucinations
visuelles furent transitoires et tót remplacées par les hallucina-
tions auditives et psycho-motrices et les troubles céneslhésiques
qu’elle prósente à présent avec une richesse extrème. La malade
est affectée de son état.
«
M. Marie. — A propos du sujet présenté par M. Crinon, je
demande sll est bien certain qu’il n’y ait pas eu au début de
l’affection, et peut étre avant l’entrée, à l’asile un épisode aigu de
mélancolie post-éthylique ? Le sujet parait en effet encore angoissé
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SOCIÈTÈS
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et assiste à un courant de troubles psycho-moteurs et psycho-
sensoriels combinés à des spasmes vaso-moteurs commé en pré-
senlent beaucoup de déprimés chroniques ébauchant le syndrome
de Cotard. La malade a d’ailleurs parlé de vide en elle corame une
hypochondriaque négatrice. Les troubles psycho moteurssont aussi
de règle dans les cas de mélancolie chronique de Cotard.
M. Crinon. — II ne faut pas prdndre pour une idée déliranle ce
qui n'est que la traduclion djun trouble hallucinatoire. En disanl
qu’elle n’a plus rien dans la bouche, la malade fait la comparaison
avec les instants otielle sesent étranglée et où sa langue se met à
parler comme mue par une influence étrangère à pa volonté. A
plusieurs reprises elle s’est entendu dire : « tu n’as plus de fonde-
ment, ton manger ne passe pas » elle n'a pas cru pour celaqu’elle
n'avait plus de tube digestif, elle s'est contentée de hous dire :
« on me dit que je p’ai plus... etc. ».
M. Pactet. — La malade a-t elle conscience du caractère sub -
jectif de ses hallucinations'?
M. Crinon. — Non, elle croit à leur réalitó objectice.
M. Pactet. — Alors. si eìle leur donne un caractère objectif\
elle manifeste ainsi tout au moins une insuffìsance du jugement.
M. Crinon. — Si la malade se rendait comptedu caractère pure-
ment subjectif de ses hallucinations, elle renlrerait dansle cas des
hallucinés dits conscients et-son état ne mériterait pas le nom de
psychose hallucinatoire sous lequel nous pensons qu’il doit étre
cliniquement cataloguó,
En outre, le trouble de l’idéation qu’est le délire doit étre diffé-
rencié du trouble psycho-sensoriel. Ce sont des symptómes clini-
ques qui n’ont pas la mème valeur. Contrairement à ce qu’on
rencontre chez les hallucinés délirants, l'hallucination n’est pas,
pour notre malade, le point de départ ou le prótexte d’un délire
plus ou moins mal édiflé. Si ses voix lui disent par exemple,
qu'elle est« achetée par la médecine »,’ elle ne croira pas pour cela
qu'elle est achetée par la médecine, mais elle nous déclarera
simplement: on me dii que je suis achetée par la médecine, et, ce
disant, elle ne fera qu'extérioriser le contenu de son hallucination.
M. Pactet. — J’établis, comme il convient, une distinction
entre I’hallucination et le délire ; mais je n’en appelle pas moins
idées délirantes, les idées qu’exprime la malade et qui ont leur
origine dans les troubles psycho-sensoriels.
Quant au fait qu'elle n'édifie pas de système délirant, il prouve
qu'elle ne cherche pas d explication aux phénomènes qu’elle cons-
tate chez elle et il est simplement, selon moi, l’indice d’une infério-
rité originelle ou acquise de son intelligence.
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Cette malade qui vient de présenter devant vous une crise
d’anxiété, me semble appartenir à la catégorie des mélancoliques.
M. de Clérambault. — La malade parait appartenir au type
appeló par les auteurs allemands « Ilailuzinose ». Wernicke, qui
en a présentó divers cás dans ses legons, professe que ces délires
hallucinatoires purs, surviennent presque exclusioement sur des
terrains épileptique, paralytique ou alcoolique.
Quant il s’agit d’alcoolisme aigu ou subaigu, jecrois que le terme
haliucinose n’est pas suffisant, les hallucinations ne constituent
qu une partie d*un automatisme mental qui se manifeste sous
toutes les formes. Nous avons tous vu fréquemment des éthyliques
chez qui les phénomènes d’automatisme étaient prédominants;
Wernicke affirme que les hallucinationé auditives peuvent ètre
initiales et pendant longtemps exclusives ; il me semble que chez
l alcoolique un certain degré d’inquiétude est toujours présent dès
le début; l'anxiété augmente d’ailleurs peu sprès. Tel semble avoir
été le cas de cette malade. Peut-ètre d ailleurs présenle-t-elle encore
aujourd’hui un trouble du tonus psychique, une tendance hypo-
chondriaque ?
M. Crinon. — Les troubles de la sensibilité générale ne sont pas
liós à de rhypochondrie ; ello les constate seulement, comme ses
diverses hallucinations.
M. de Clérambault. — Chez lesalcooliques pratiquement guéris
on voit souvent persister, plusieurs trimestres après la cessation
de tout délire de rares hallucinations*auditives ou psycho-motrices
isolées, dont ils reconnaissent le caractère délirant; elles sont en
général explosives et courtes. — Mais là encore il s’agit de reli-
quats. — L'hallucination deviendrait une entité clinique seulement
si elle se présentait spontanément sous forme d'automatisme pur,
c’est-à-dire sans le concours ni d’un tonus ómotionnel, ni d’un
travail intellectuel. Je crois avoir vu un cas de ce genre en 1904.
avec le D r Paul Garnier.
Un homme assez cultivé, dessinateur, employédans unecompa-
gnie de chemins de fer, entendait en haut et à droite des interlo
cuteurs aimables ; il les écoutait en souriant, sans leur répondre
« Ces voix me parlent de vous, monsieur le docteur, elles me font
votreéloge. Elles mesont acjréables, eíles me tiennent compagnie #.
Touteíois je dois dire qu ici encore un certain passé éthylique
semblait probable.
Dans nombre de délires de persécution, l'automatisme, loin de
constituer uniquement un résultat, joue un róle causal important,
que seules les conditions tardives de l’étude empèchent de mettre
en évidence. Souvent son importance l’emporte sur celle des
erreurs de jugement et des anomalies affectives ; parfois ils doi-
vent étre la seule base de tout le délire. De mème qu’il existe des
délires entièrement interprétatifs, de mème à l’autre bout de la
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SOCIÉTÉS
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série des cas, il doit exister des délires exclusivement conditionnés,
du moins dans leur stade initial, par l'autòmatisme mental. Si rares
qu’ils soient, leur valeur s’ils étaient bien démontrés serait consi-
dérable pour la doctrine.
Cette malade a-t-elle présenfé de l’écho de la pensóe ?
M. Crinon. — Oui.-
M. de Cléramrault. — A quel moment ?
M. Crinon. — II a été constaté ces temps derniers.
La malade accuse alors une angoisse assez intense ; elle pleure
et marmotte avec volubilité.
M. Magnan. — La malade parait souffrir, en ce momenl, elle
extóriorise une douleur qui n’est peut étre pas réelle.
M. Ritti, à la malade. — Pourquoi gémissez-vous ?
La Malade. — Parce qu’on me dit la mort, que q a me brúle et
qu’on me fait souffrir.
D. — Qu'est-ce qui vous fait souffrir ?
R. — On me dit que c’est un objetqu’on appelle la mort; ca me
traverse le corps, ils me disent que je crèverai, quand je mange,
c est du feu.
D. — Qui vqus fait cel8 ?
R. — Je n’en sais rien, cela cause dans mon corps.
D. — Y a-t-il des gens qui vous font du mal ?
R. — Non.
D. —Lesvoix que vous entendez sont-elles des voix d’homme
ou bien des voix de femme ?
R. — Je ne sais pas.
D. — Sont-ce des voix que vous connaissez ?
R. — Non.
D. — Que vous disent-elles ?
R. — Des choses grossières que je répète malgré moi.
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V. Dégénérescence mentale avec épilepsie ; actes incons-
cients, fugues et impulsions, parM. le D r Fillassier, service
de M. Magnan. (Présentation de malade).
Le malade que nous avons l’honneur de vous présenter et que
nous avons étudié dans le service de M. Magnan,est ágó de 15 ans.
Son père, mort il y a 4 $ns, & 59 ans, était entrepreneur de
travaux publics; il buvait beaucoup et se plaignait de violents
maux de téte. Atteint du diabète, il mourut à !a suite d’une affec-
tion de nature tuberculeuse.
Le grand'père paternel du malade, originaire du Béarn, mourut
à 73 ans; sa grand mère mourut à 65ans d’une maladie de coeur.
Sa mère ágée de 41 ans, fut réglée à 17 ans ; elle fit un peu de
chloro-anémie vers 15 ou 18 ans ; elle apprenait difficilement, et
n’obtint pas son certificat d’ótudes. Elle parait peu intelligente.
Une des tantes maternelles du malade, aujourd’hui ágée de 36
ans, denature chétive, aurait présenté des troubles mentaux, et
aurait étó internée à Ste-Anne, durant 4 mois, vers 1902. Nous
n avons pu retrouver son dossier.
Deux soeurs jumelles du malade, ágées aujourd’hui de 17 ans,
furent très délicates à élever: une troisième soeur ágée de 6 8ns,
eut des convulsions.
D’après les renseignements fournis par la mère, B... Camille,
est né à terme, dans des conditions normales : il marcha vers le
16* mois, et parla à 2 ans.
Délicat, chétif, il contracte vers 18 mo'is une première bronchite
qui se reproduisit périodiquement chaque hiver jusqu’à sa T
année. II eut tour à tour la rougeole et la variole. A 5 ans,
amygdalotomie.
Au cours de son enfance, il avait des frayeurs nocturnes ; il
révait et appelait sa mère à son secours.
Turbulent dès ce moment, il avait un caractère irritable, colé-
reux, frappait du pied, mentait aisément.
A celte ópoque il parait avoir eu des crises de somnambulisme.
11 lui arrivait de se lever la nuit, de prendre son édredon et d’aller
le placer sous la table de la cuisine, après quoi il se recouchait.
— Le fnatin, au réveil, il avait complètement perdu le souvenir de
ce qu’il avait fait.
Vers 7 ou 8 ans, il lui arrivait, en parcourant un couloir qui
desservait l’appartement de sa famille, de se sentir poussé, —
comme par une force, — à promener ses doigts le long du mur,
ou à les appuyer sur une glace qui y était posée : il ótait porté,
dit-il, à rechercher l’impression agréable qu’il éprouvait en pro-
menant ses doigts sur ces surfaces lisses.
A 10 ans, il aurait perdu connaissance, etserait tombé, une fois
méme, si brutalement, sur la figure, qu’il aurait saigné du nez
avec abondence.
En général il ne tombe pas ; « je me frotte les yeux, dit-il, et ca
p8sse ».
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SOCIÉTÉS
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II ne conserve aucun souvenir de ses crises, si ce n'est qu il
éprouve à chacune d’elles, tantòt un grand frisson initial qui nalt
à la nuque et parcourt le dos, tantót une sensation de fraicheur
ou de chaleur sur la flgure. II lui semble parfois qu'on lui com-
prime la partie supórieure de la téte ; il en éprouve une petite
douleur, sa vue se trouble, et il doit, pendant quelques secondes
sappuyer contre un mur. La compression de cette cégion peut
reproduire le vertige. II lui est arrivé d’uriner dans son pantalon,
involontairement, sans s en rendre compte.
II a toujours eu des maux de tète ; depuis deux ans, ceux ci se
localisent dans la région frontale ; il a parfois des verliges « les
yeux me brouillent », dit-iK
Depuis la méme ópoque, sa mère a remarqué qu’il pálissait
subitement, et faisait parfois des grimaces. II présente depuis
plusieurs années un tic des yeux qu’il avait encore Iors de son
entrée à 1‘asile.
II fit ses études au Lycée Charlemagne ; à 11 ans il échoua au
certificat d’études : il apprenait vite, mais ne retenait pas. A13 ans
12, il commenca l’apprentissage du métier de souffleur de verre. II
est très inégal dansson travail. Apprenti souffleur, il fait jusqu’à
150ballons par jour ; mais, à certains jours, il est maladroit, les
manqueou les brise pour la plupart, et n’en réussit pas 30 ; les
jours de ces maladresses sont précisément ceux pendant lesquels
il est préoccupé par ses obsessionset ses impulsions.
II y a 16 mois, il était parii pour se rendre à l’alelier : tout-à-
coup, il se mit à marcher droit devant lui, sans savoir oii il allait
et ne se ressaisit que loin de son domicile ; il lui fut impossible de
fixer les circonstances de cette fugue, et de reconstituer le trajet
qu il avait parcouru.
Ces fugues se reproduisirent d’abord toutes les six semaines,
puis lous les mois, puis tous les quinze jours; elles sont précédées
de maux de tète particulièrement violents.
Parfois il agissait comme par contrainte et contre son gré :
c’est ainsi qu’il vendit sa montre pour une somme dérisoire : il
voulait résister, tremblait de tous ses membres, ce fut en vain,
etcependant il se rendait compte de la maladressequ’il allait com-
mettre ; mais il avait le désir impérieux de posséder un peu d ar-
gent; dès qu'il l’eùt, il se háta de le dépenser en achetant des
livres à tout hasard, pour éviter les questions indiscrètes de ses
parents qui l’auraient obligó à avouer la vente de sa montre.
Un jour, dans un grand magasin, il fut attiré par un bijou : il
voulait s’en éloigner, il ne put y réussir, et soulevala vitrine pour
le saisir: il résista cependant, et s’éloigna de quelques pas, mais
il revint malgré lui vers le bijou et sa mère dut l’entroiner.
Al’atelier il prit à plusieurs reprises de l’argent dans la caisse
de son patron ; les circonstances dans lesquelles il commet ces
actes, sont très caractéristiques ;
Tantót il prend I’argent, et se rappelle jusqu’au geste qu’il a íait
pour ouvrir et fermer le tiroir; tantót, et c’est le cas le plus fré-
quent, il nese souvient de rien etsemontre très surprisde trouver
de i’argent dans sa poche.
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296 REVUE DE PSYCHIATRIE
Paríois il prend l’argent en vue d’un emploi déterminé, tantót
il le prend sans aucun but « c’est comme un objet brillant qui
m’attire » et le garde dans sa poche, ou le dépense pour s’en
défaire.
Tantót il est poussé à se saisir des fonds à sa portée, il lutle
contre ce penchant; il a des palpitations, suffoque, le sang lui
monte à la tète, il est parcouru de frissons. La nuit il s’endort tard,
songe à ce qu’il désireetle matin, se réveille de bonne heure, y .
pensant encore. II lutte encore, déjà sa main est dans le tiroir, il
la retire avec effort, ferme le meubleet s’éloigne vivement.
Dans d’autres cas, il succombe et éprouve une salisfaction
extréme dèsqu'il a cédé : « Aussitót, dit il, j'étais joyeux, je fai-
sais des gambades ; je sautais de bonheur au cou de tout le
monde ».
II lui arrive enfinaprès avoir éprouvécettesatisfaclionextréme,
d’avoir du remords de l’acle qu’il a commis, et, furtivemenl. il
replace l’argent dérobé.
Nous nous sommes étendus surces particularités de l’état men-
lal de notre malade : elles nous ont paru essentielles en effet.
On a dit justement que l’état cérébral du sujet faisait les frais
du délire épileptique, et que l'ictus n’était que le choc accidentel
qui déterminera telle ou telle manifestation délirante selon la
naturedu terrain sur lequel il frappera. Nolre malade est en
proieà ses impulsions, il résiste, lulte jusqu’à l’angoisse, et par-
fois triomphe, parfois succombe, mais qu’au moment de cet effort
un vertige passe, il succombe sur-le-champ, accomplit l'acte
auquel il était poussé et revenu à lui, en a du remords et parfois
le répare.
Qu’un désir le prenne, qu’il l’écarte, celui-ci persiste dans son
esprit, l'acte qui doit le satisfaire est, peut-on dire, en puissance,
et cependant il résisle. Mais que le délire épileptique intervienne,
les facultés directrices sont inihbées, et tout aussitót le malade
s’oriente dans le sens de sa hantise.
La puissance nécessaire du délire épileptique esl en raison
inverse de l’intégrité mentale du sujet.
Depuis son entrée à l’asile, l’ótat de B. s’est considérablement
amélioré; il a eu cependant quelques vertiges : c’est ainsi qu’un
jour où il s’était assoupi (il s’agil probablement d'un vertige),
un de ses camarades, un impulsif, lui mit la main sur l’épaule :
B... la lui mordit brusquement, sans colère, « machinalement »,
dit-il.
Examen du malade
Le malade est très lucide, il a l’air très inlelligent, et aux ques-
tions qui lui sontfaites relativement à ses crises et à ses obses-
sions, il répète les faits consignés dans l’observation.
M. Lwoff. — Le malade a-t-il eu des crises convulsives?
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SÓCIÉTÉS
2xn
M. Fillassier. — II a eu à deux ou trois reprises des pertes de
connaissance avec chutes ; les parents n'ont pasassisté à la crise.
M. Magnan, s’adressant au malade: Vous rendez vous bien
compte de ce qui s’est passé ? Vous sentiez-vous contraint de pren-
dre lp montre?
R. — J’ai élé contraint de Ia prendre.
M. Magnan. — Lorsque vous avez vu le bijou, vous avez lulté ?
R. — J’ai lutté.
M. Lwoff. — Vous arrive-t-il de trouver quelquefois du sang
sur votre oreiller le matin? Urinez-vous au lit? Vous rappelez-
vous avoir eu un vertige ?
R. — Je n’urine jamais au lit. Je nje rappelle que je suis tombé.
M. Colin. — Celte observation est diffìcile à interpréter. Faut-il
rattacher l'impulsion à un phénomène comitial ? Ce qui fait naìtre
en mon esprit quelques doutes à ce sujet, c’est que le malade
conserve le souvenir de son impulsion et de l’acte qu’elle a
déterminé.
M. Magnan. — Chez un comitial ayant des préoccupations d’uh
ordre dóterminé, s’il.survient un vertige, l’action frénatrice des
cenlres supérieurs étant brusquément annihilée, l’acte est accom-
pli d'une fagon automatique. Je citerai un malade qui avait des
idées de suicide auxquelles il résistait et qui, à ce moment, pris.
d'un vertige, pàlit, se lève et va se précipiter dans la Seine ; on le
retire, revenu à lui, se voyant mouilló il s’en étonne et demande
ce qui s’est passé. Dans le cas présent, voici un garcon qui se sent
poussé à dérober de l’argent ou un objet : dans son état normal
il lutte et résiste. Survienne un vertige au moment de I'obsession,
il met l'argent dans sa poche, où il le retrouve plus tard avec stu-
péfaction : son acte a été inconscient.
M. Colin. — Nous sommes d’accord si le vertige a suivi immé-
diatement l'iinpulsion, nous ne le sommes plus si l’impulsion et
l'acte sont la conséquence du vertige, car pour moi un des
caractères qui différencient les actes commis par les épileptiques,
de ceux des hystériques ou des alcooliques, c'est justement
l’amnésie lotale.qui accompagne les premiers.
VI. Paralysie génórale prolongée, par MM. A. Marie, de
Villejuif, et H. Bourilhet, interne du service. (Présentation de
pièces).
S. S. a été interné en mai 1896 à l'áge de 48 ans.
Antécédenís héréditaires. — Rienà signaler, bienqu’S... ait mené
une existence de déséquilibré.
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M aui
h.
An(écédeni8 personnels. — Pendant la guerre de 1870, il aurait
re^u deux blessures à la tète. En 1874, il a démissiopné de l'armée,
ótapl sous-lieutenant. II s’est marié en 1882.
En 1885 il part au Tonkin sans sa femme. Là, il aurait eu des
accidents cérébraux consécutifs à une insolation (cerlificat du
D' Garnier). II est revenu en 1887atteint de fièvres paludéennes.
En 1891, dans un duel, il a étó blessé à la tempe droite (cicatrice
à ce niveau).
De 1887 à 1894, il n’avail aucune occupalion, pas de métier, tra-
vaillait parfois comme comptable. II trouva une place de surveil-
lant à l’école vétérinaire d’Alfoít en 1894.
II buvait énormément, surtout du vin, et particulièremenl dans
les derniers temps qui ont précédé son internement. II présentait
du tremblement, de l’affaiblissement de la mémoire, de l’embarras
de la parole. II aurait mème eu des attaques apoplectiformes.
Mais il n’a pas eu à cette époque d’idées de grandeur ni de richesse.
Le D' Garnier dans un certificat du 29 mai 1896 mentionne :
« affaiblissement des íacultés intellectuelles avec apparence de
paralysie générale...)
M. Magnan, dans le certificat immédiat de Ste-Anne, signale un
affaiblissementintellectuelavecexcitation, de l inégalité pupillaire,
quelques accrocs de la parole et porle le diagnostic de paralysie
générale probable.
M. Vallon dans plusieurs certificats en 1896 porle le diagnoslic
de paralysie généraleavec affaiblissement intellectuel etphysique,
idées de satisfaction, embarras de la parole, inégalilé pupillaire.
En décembre 1897 dans un nouveau cerlificat, il est toujours
considéré comme paralytique général avec idées de richesses et
idées de persécution.
Le D T Marie en 1901 porte le diagnoslic de démence organique,
en présence de l’atténuation des signes physiques de méningo-
encéphalile. Le syndrome paralytique restant incomplet et sta-
tionnaire, il était permis de se demander s’il ne s’agissait pas
d’un alcoolique chronique avec encéphalite secondaire atvpique
par athérome généralisé.
Dans les derniers jours de janvier 1909, S... s’alite, il présentait
de l’cedème des membres inférieurs qui se généralisa rapidement
pour se transformer en anasarque, on notait en mème temps une
réduction considérable de la.quantité des urines avec un peu d’al-
bumine.
L’examen de la poitrine révélait une hyperthrophie cardiaque
avec bruit de galop et de la congestion bilalérale des bases pul-
monaires.
Sous l’influence du régime lacté et des médicaments toni-cardia-
ques, l’oedème disparut en quelques jours. Mais le malade fut
emporté brusquement avec des signesd’asphyxie dùs à une double
pneumonie des sommets.
Pendant que S... gardait le lit, nous avons pu l’observer plus h
loisir et à aucun moment, il ne faisait l’impression d’un paralyti-
que général net.
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II avait des tendances agressives, refusait parfois de se laisser
examiner; il présenlait des idées de persécution mal systémati-
sées et à teinte hypochondriaque, on lui brisait les membres, nous
étions cause de son anasarque. La mémoire ótait assez bien con-
servée, et il n y avait plus ni tremblement, ni embarras de la
parole.
Actopsie, pratiquée le 7 février 1909, 24 heures après la mort.
Ca j ur. — ónorme, hypertrophié et dilaté, pesant 775 grammes,
vidé de ses caillots. Athérome très marquée de l’aorte.
Poumons. — à droite, légères adhérences pleurales. Un peu de
liquidecitrindanslesdeux plèvres. Pneumonie des deux sommets.
Foie. — gros, congestionné, consistance ferme.
Rale. — consistance ferme.
Reins. — durs, quelques petits kystes à la surfoce,décortication
un peu difficile.
Cevveau. — Aspect maeroscopique: épaississement des ménin
ges, granulations ventriculaires ; à Texamen histologique, man-
chons périvasculaires, diapédèse et réaction vasculo-conjonctive.
C*est bien un encéphale de paralytique macroscopiquement et his-
tologiquement. L'affection évolua de faconatypique puisque le ma-
lade atteint de troublesmentaux dès 1885 (insolation auTonkin?)et
intemé en 96 ne mourut qu’en 1909, soit après 13 ans d'interne-
ment. De méme que l’évolution, Taspect clinique du malade diffé-
rait notablement de la paralysie générale classique. Bien que
flnalement paralytique général, ce cas correspondrait essez bien
à ceux étudiés par M. Magnan (Róte de ialcootisme dans l'étio -
iogie de la paralysie générale. Masson 93.) M. Vallon en a réuni
une série de cas dans son mómoire sur les pseudo paralyti-
ques généraux. — L’insolation initiale et l’alcoolisme chronique
préalable joints à l'absence de réaction de Wasserman, milite-
raient encore en faveur d’une forme à part de méningo-encéphalite
en dehors de la parasyphilis. Ce n’en sont pas moins en dernière
analyse des paralysies gónérales quand méme.
M. Páctet. — Les faits de ce genre sont intér$ssants etil faut
les faire connaitre, car il est encore des médecins qui déclarent
que toute paralysie générale qui n’évolue pas en deux ou trois ans
au maximum, n’est pas en réalité une paralysie générale. J’ai
connu cette opinion à propos d’unethèse sur la durée de la para-
lysie générale, faite dans mon service et dont Tauteur avait
recueiìli des observations de paralytiques généraux, chez qui la
maladie était en évolution depuis sept ou huit ans.
M. Magnan. — C’est exact cliniquernent.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
M. Marie. — Les autopsies permettent d’affirmer le diagnostic
de paralysie générale.
M. Trénel. — Je crois que l'on peutconcilier les deux opinions.
II n’y a aucun doute qu’il exisle des paralysies générales francbes
prolongées. Mais parmi.lés malades de ce genre il en est qui ne
sont pas des paralytiques. Je puis rapporter le cas d’une malade
qui était internée depuis plus de 20 ans et chez laquelie le diag-
nostic ferme de paralýsie générale avait été alors porté avec
l’énoncé des symptómes cardinaux dans les certificats délivrés à
son entrée.
A l’époqtte où je l’observais, elle était dans un état de démence
apalhique complète ; elle ne prononcait qu’une uniquephrase de
trois mots. A l’autopsie il existait une atrophie cérébrale généra-
lisée sans que le cerveau eut l’aspect de la paralysie générale.
Microscopiquement les coupesne rappelaient en aucune fagon la
paralysie gónérale, il y avait une gliose généralisée excessive ; les
vaisseaux non infiltrés élaient entourésd’unegaine très dilatée au
niveau de laquelle les fìbres névrogliques dessinaient de véritables
arcades. Les gaines ne contenaient que de rares cellules rondes,
mais surtout des débris pigmentaires.
M. Magnan. — Cette malade était-elle aphasique ?
M. Trénel. — Je dirai plutòt alalique. J’ajouterai qu’elle avait
une monoplégie brachiale gauche avec contracture.
M. Pactet. — Je ne mets pas en doute la valeur des constata-
tions anatomo-pathologiques de M. Trénel; je reèrette seulement
qu’il n'ait observé la malade qu’à la période terminale de sa
maladie et qu’il lui ait manqué la possibilité de l'examiner au
moment de son entrée à l’asile. Peut-étre Ie diagnostic qu'il a
relevé dans des certificats datant de plus de 20 ans et qu'il aurait
pu alors contróler lui-mème, ne lui eùt-il pas semblé indiscuta-
blement établi.
v,
VII. Hómiplógie d’origine traumatique, par M. A. Marie,
de Villejuif. (Présentation de pièces).
L. L... 60 ans, négociant, ne présente rien de bien important dans
ses antécédents, tant héréditaires que personnels. Son père est
mort à 32 ans de la fièvre typhoíde, sa mère est morte du choléra,
à 35 ans. II a 2 enfants bien portants ; un fils est mort de la poi-
trine à 22 ans. A l'áge de 9 ans, il aurait eu la fièvre typhoide.
Le 10 novembre 1905, L...a été serré entre un mur et une grosse
voiture automobile. On Ie transporte à l'hópital St-Antoine où il
reste 3 jours. Immédiatement après l’accident, oh observe l’im-
possibilité de la marche, la perte de la parole pendant plusieurs
heures, des douleurs généralisées, puis localisées au niveau de la
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301
ceinture et surtout à droite où il a été serré par le rebord du mur
en parapet. (La téte ii’a pas étó touchée.)
A sa sortie de Thópital, trois jours après l accident, il ne pou-
vait pas encore marcher. On Ta conduit en voiture chez lui. II a
gardé le lit pendant 4 ou 5 mois. II a d'abord commencé à mar-
eher avec un báton et une canne, puis avec une canne seulement;
la jambe gauche était plus faible que Ia droite. II se servait bien
des deux bras. Peu après sa sortie de St-Antoine il seserait rendu
eompte de certains troubles de la sensibilité : illui semblaitque la
peau du cóté gauche de la figure était en carton ; le bras gauche
et la jamba du méme còté lui paraissaient déjà un peu lourds. En
mème temps, il survint une diminution de l acuité auditive de
loreille gauche etdes sifflements.
Après Taccident, il dormait mal. Pendantson sommeii, ii voyait
raarcher des automobiles en Tair, il criait « sauvez-moi, sauvez-
raoi, fermez les portes. »
En méme temps, l’appétit avait notablement diminué.
Depuis 1 accident, L. ..ne faisait plus aucun travail, il passait
son temps à se promener en trainant la jambe gauehe qui était
« flexibie » selon sa propre expression.
Vers le 8 mars 1907, au cours d’une promenade. ii s’est aflfaissó
dans un passage avant d'arri.ver chez lui. Ii n’a pas perdu con-
naissance immédiatement ; on l’a transporté à son domicile, c'est
alors seulement qu’il a perdu connaissance. Après ètre resté 8 à
10 jours chez lui, il est entré à St-Antoine. Un ou deux jours
avant de tomber, il avait éprouvó quelques éblouissements, com-
me des lumières qui lui passaient devant ies yeux.
De St-Antoine, L... passe à Ste-Anne, puis à Villejuif où il arrive
le 21 mars 1907 avec le diagnostic d'hémiplégie gauche et
démence organique.
II se présente à notre observation avec une hémiplégie gauche
des plus nettes. La bouche est légèrement déviée à droite ; la lan-
gue estdéviée à gauche. Le membre supérieur gauche estcontrac-
turé en flexion le membre inférieur en extension.
L’hémiplégie est accompagnée d’une hémianesthésie compre-
nant la téte, la face, le cou, le tronc, les membres du cóté gauche,
et s arrétant juste à la ligne médiane. La sensibilité est abolie
dans tous ses modes (tact, douleurs et sensibilitó thermique).
Quant à la sensibilité spéciale, il n’y a rien à signaler du cóté de
l’odorat et de la vue. L’ouíe est faible des deux còtés, mais beau-
coup plus à gauche.
A l’examen des réflexes, on constate les symptòmes suivants :
Réflexes roluliens exagérés, surtoutdu cóté paralysé.
Babinski: à gauche orteil en flexion.
— à droite orteil en extension.
Clonus du pied à gauche.
R. crémastérien : nul à gauche, fort à droite.
R. abd^minal: existeà dfoite, n’existe pas à gauche.
Mouvement associé de flexion du membre paralysé quand on
commande au malade de s’asseoir sur son lit.
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
A l’examen des divers appareils, on ne remarque rien de carac-
téristique.
Le pouls est fort, tendu, régulier ; il n’y a rien de parliculier ni
au coeur ni aux poumons. A noter un peu dedouleur au niveau
du foie, provoquée par la pression et par les efforts de défécation.
L'éxamen des urines révélait la présence d’une très faible pro-
portion d'albumine.
L... présentait très nettement le phénomène du rire et du pleu-
rer spasmbdiques des circonscrits et bulbaires.
Pendant son séjour à 1’AsiIe, il a eu plusieurs ciùses épilepti-
formes ; au cours de ses attaques il se mordait parfois la lèvre
inférieure.
Nous ajouterons que L... était pris souvent d'aphasie transitoire.
Au début, la perte du langage articulé, quoique absolue était de
courte durée, variant de quelques minutes à quelques heures. Le
dernier accès d’aphasie a persisté beaucoup plus longtemps ; le
malade est restó pendant!5 jours environ sans prononcer un seul
mot ; puis il a recouvré la parole petit à petit, rnais jusqu’à sa
mort, il lui est resté un certain degró de dysarthrie. L’aphasie en
question était de l’aphasie motrice. L... ne présentait pas de surdité
verbale ni d’agnosie. Le malade étant illetlré, il n'y a pas lieu de
parler de cócité verbale ou d’agraphie.
L... est décédó le 26 février 1909 ; depuis sa dernière attaque
d’aphasie, il présentait des symptómes pseudo-bulbaires, parésie
de la langue, des lèvres, du voile du palais.
Autopsie. — Cavité thoracique : A l’ouverture du thorax,
adhérences du péricarde et du bord antérieur du poumon droit au
plaslron sterno-costal. Le péricarde est entouré d’une couche
adipeuse épaisse ; à l’intérieur, petite quantité de liquide jaune
rougeátre.
Cceur. — Surchargegraisseuse.Pas de lésions valvulaires. L’aorte
est souple. Adhérences pleurales du cólé droit, surtoul au sonnnet.
Poumon gauche. — Congestion de la base.
Poumon droit. — La base est très friable et se déchire sous le
doigt; un morceau plongé dans l'eau gagne directement le fond
du vase. Ádhérences pleurales.
Rate. — D’apparence normale. 4
Reins. — Apparence scléreuse, capsule adipeuse épaisse. ■
Foie. — Sur la face supérieureetdanslevoisinagede l'extrémilé
droite petit nodule appréciable au toucher ; de ce point se détache
un petit trousseau fíbreux adhérent.
Intestin et estomac. — Pas de lésions apparentes. Surcharge
graisseuse du mésentère.
Cerveau. — Hémisphère droit: Foyer cavitaire hém<HThagique
du noyau lenticulaire atteignant en dehors la corticalité ae l’insula
remontant à la sous-corticalité rolandique, en dedans au bras pos-
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60CJÉTÉS
lèrieurdu ìt* càjw.iile' inlerne, s»r íe íxSté exlecne du. Yenlriculo
lalér&l .susiiu au c»»rps, calíeux. Pclil loyer lncunnire du cenire
ovwle en nvnfil de 1« UHfc du nov<m coudè. 1-Viyer siiniiuíre sur la
jpot'úi cxtopńude lu corne Oi'«-;pitDle du veutrictite. !«lt*r8Ì.
fféMùfjt/ÌgrA . tjautii *:.:,'ìtfdyèr Iéj?*rem,c.nl. rougeAtce divlo-Capsulo
extèrne s grrètonlńu oh-yiuu de la régión Tà(Pó4éniíey|airtí d« ln
rapsuìo inúMfOc. L*. fece extoruc dis noyau lenlicnhTÌre esi. nntte-
rnent d&H>llt& de ia irtsiińaliet'èxigrnè.'- •
4* 'veniricidf La caríté verítjf'icijlBìre con.litínl uri eros caiHot
ì , ýV,:«Vfr -ifo sV/'•* t. ':-V fr : ó
F»r.;2'| .>-: tìtttv p.guvt
fyt dms&svc xírrnier .tìicotfrani uií i'tiÌitltlHKtu^D vfiilìoiy'i:’
•in/r,itrc ijtfi Tnuique h jiláiiihvi- du ['/<} •" ,< '.'
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('Mie obsemHòn soulèye diílèrents probíèmes. Le pvim'uyv 'jui
•><■• pt»e k 1 espríp'ési celtií du riipport posstbíe de í BOńs'denf el de
i i‘< if!tpit-igio Stins' doriie. les iuHtíipiègies á or.igi.no trournatìt(ue
m soht Jpas.íòńiestaj^èlvH^nsrcòlÍBíu^co^, uotairimenl ìor§<(ue ia
viíHence extèríóiii'e sHxérce àìr ifiyen.u d.u yíáne ; níáis áci íl sHgit
•iiiu troumalísnie du thńra-x et do l'nhdoniéii ; par suito on nc voit
P#r tn:o. hien ía '■rela.tion do cause ,) eiM entre l'accídent el
rtièniiplégie. ;i moins d'sdméUre úue hypertension passagòre.des
voie«Aaiiv. d.» t'miMjlfÌM%!'<íit!Ì<ÌKÌÀń'flńft nnr ia vìf*ÍHfitń ; fiir»inńi»f»sátrin
du troné. 11 serati ^gilieur^ »i»H<oss<»ir«S diiiis entte hypothèse,
lìì 0 lí-T*Ò : lí'/.<v hyÁoiMilinYr:'! ' Vftlfò íń♦i'riiiVís • a hrwn. aÀtf níń.
Go< gle
304
REVUE DE PSYCHIATRIE
d autre part, que l'évolution des accidents est en faveur de l’orí-
gine traumatique de l’hémiplégie. L..., en effet, est resté trois
heures sans connaissance, il a gardé le lit plusieurs mois et, dès
ses premiers pas, la jambe gauche élait plus faible que la droite.
II est donc vraisemblablequ’au moment del’accident il s'est produit
une hémorrhagie minime. Puis, un an el demi après, est survenue
une hémorrhagie considérable, qui a été cause de I’ictus et de
l’hémiplégie définitive. Mais, comme nous l’avons déjè fait remar-
quer, la prédisposition vasculaire constitue, sans aucun doute, le
facteur le plus important, témoin les deux foyers qui ont évolué
sous notre observation et les lacunes de désintégration cérébrale
de l’hémisphère droit.
Nous appellerons d'aulre part l’attention sur les caractères de
l’hémianesthésie portant sur tous les modes de la sensibilité,
comprenant Ia'tète, la face, le cou, le tronc, les membres du còtó
gauche, s’arrétant nettement à la ligne médiane, et s’accompa-
, gnantd’une diminution dè l’acuité auditive du méme cóté. Les
symptómes ci-dessus font penser è une anesthésie hyslérique. Les
lésions orgauiques nesont pasexclusives apriori de combinaisons
possibles avec la névrose Iraumalique. Notre malade fit un long
séjour au litsans lósion apparente des membres ou des organes
internes, il avait des sifflements d’oreille, de l’insomnie, de la
diminution de I’appétit, et de l’impossibilité de se livrer è aucun
travail.
Notons la coíncidence des troubles moteurs hémiplégiques nets
(contractures) avec la lésion lenticulairedroite débordanten arriè-
re sur la branche postérieure de la capsule interne : en mème
temps existait une lacune du centre ovale postérieur et une exten-
sion ascendante du foyer juxta capsulaire jusqu’aux fibres sous
corticales de la zone post-Rolandique.
On s'explique ainsi une hémianesthésie sensitivo-sensorielle
simulant le syndrome de Charcot, caractéristique de l'hystérie.
L’anosmie et l’agueusie élaient diffìciles à reconnaitre ici avec
I’affaiblissement intellecluel, de mème l'hémianopsie n’apasété
possible à établir, la surdité gaucho combinée à l’hémianesthésie
totale semble relever, comme l'hémiplégie, des lésions capsu-
laires et sous-corticales associées à une lésion bulbaire post trau-
matique.
Les diversordres de lésions ébauchéesau moment de l’accidenl
impliquent évidemment un état anlérieur de nioindre résislance
vasculaire dans le caveau. Les accentuations ullérieures de ces
foyèrs en étendue le confirment, en particulier, l'hémorrhagie
finale du 4" ventricule qui causa la mort.
Nous ajouterons enfin que les troubles du langage observés
chez L... concordent parfaitement avec la théorie du professeur
Pierre Marie sur l’aphasie. En effet la 3 e frontale gauche est
intacte, tandis que le noyau lenticulaire est le siège d’une lésion
sufflsant à expliquer l’anarthrie intermittente chez un hémiplé-
gique gauche (non gaucher).
A la différence des hémiplégies posl-lraumatiques plus ou
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moins lointaines, où l'artério-sclérose peut ètre aidée par l'altéra-
tion des tissus cérébraux directement lésés par la commolion,
(cas de Martial), l’hémiplégie gauche coíncida ici seulement avec
un traumatisme thoracique par compression entre un mur et un
auto-camion (lósion concomitante du foie).
La compression brusque du tronc peut donc avec un état anté-
rieur d’artório-sclérose cérébrale suffire à expliquer ici le méca-
nisme d'un traumatisme encéphaliqueindirectparvoie vasculaire,
le cráne ne fut nullement touché par le trauma, malgré l'hémipa-
résie immédiate.
La coíncidence d'une hémiparésie homologue de toutes les sen-
sibilités générales associée à l’hémiplégie et persistante posait la
question des rapports de l’hystérie traumatique avec les lésions
organiques cérébrales (cauchemars stéréotypés rappelant l'acci-
dent et aphasie intermittente).
Ce cas soulève ainsi de délicats problèmes médico-légaux rela-
tifs à la responsabilité en matière d'accidents.
M. Vigouroux. — Ĺes hémorrhagies paraissent récentes, com-
bien de temps après l’accident sont-elles apparues?
M. Marie. — Le malade est entré à I’asile le 18 mars 1907 et est
mort le 6 février 1909. L’inondation du 4' ventricule est terminale
évidemment et la survie n’eùt pas été compatible avec elle.
M. Trénel — L’hémorrhagie bulbaire me parait présenter un
intérét tout particulier. Les expériences classiques de Carville et
Duret ont montré que le bulbe est un des points d’élection des
hémorrhagies traumaliques. N’est-on pas en droit de supposer ici
que des hémorrhagies capillaires se soient produites au niveau
du bulbe au moment de l’accident et que cette lésion ait condi-
tionnée, d’une facon mádiale, la Iocalisation de cette hémorrha-
gie bulbaire tardive et terminale?
M. Marie. — J’ai fait cette méme supposition que je crois
répondre à la réalité des faits. Le malade a présenté un syndrome
bulbaire.
M. Trénel. — J’ai observé un cas qui vientà l’appui de l’hypo-
thèse que je hasarde. Un terrassier recoit un coup de manche de
pioche à la nuque. A la suite d’accidents sur lesquels je manque de
renseignements, il est placé à l’asile de Lesvellec. II avait des atta-
ques épileptiques et son caractère avait beaucoup changé ; il était
brusque et cherchait la solitude. II mourut en 1895 dans une atla-
que en tombant la face dans le ruisseau. A l’autopsie je trouvai
d’anciennes hémorrhagies corticales en petites nappes très super-
ficielles. Elles siégeaient à la pointe des deux lobes frontaux et
sphénoìdaux et à la partie la plus saillante des lobes pariétaux. II
existait de plus de petites hémorrhagies capillaires du plancher
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du 4'ventricule. C'était la réalisalion quasi-schématique de l’ex
périence de Carville et Duret, ces points étant les lieux d’élection
des hémorrhagies. par contre-coup. J’ajouterai que dans ces coupes
on constatait au voisinage des anciens foyers hémorrhagiques
corticaux, la présence de cellules névrogliques gigantesques,
MM. Colin et Pactet font ressortir l’intórét qui se dégage de
ces observations au point de vue de la médecine des accidents du
travail. D'après eux il est prudent de ne pas englober sous le nom
de sinistrose des phénomènes palhologiques souvent très com-
plexes et qui sont loin de représenter toujours des processus
d’ordre psychologique.
Le gérant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, l.MPRIMERIE A, COUESLANT (4-V-09)
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6' Série. 13' Année. Tomé XIII.
JUIN 1909 - N* 6
REYUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue critlque. — Lcs symplómes psychiquea de second ordre dans la
Paralysie générale, par A. Joffroy et R. Mignot, professeur de cli-
nique mentale à la Foculté de médecjne de Paris et médecin en chef
À la Mnison nulionale de Chnrenton (extrait de leur ouvrage sur la
Paralysie genérale. O. Doin, éd. E. S.). 307
Falts et opinions. — Lea aliénés dana Varmèe t par J. Rolet, interne
en médecine de« asiles de lu Seine et de l’infírmerìe du Dépòt. 319
Revue des Pérlodiques. — La France Médicale (10 mai 1909). —
Revtte acieniipque ( l er moi 1909). — Journal de. Psychologie (mars-
avril 1909), M. Mignard. — Archives de psychologie (juillet-octobre
1908), H. Piéron. 322
Nouvelles. — Personnel des asiles. Concours. 326
Nécrologie. ~ Bourneville. 327
Sodétés. — Société médico-psychologique (Séunce du 24 mai 1909 et
du 19 avril (G. Collet) . 330
Société clinique de médecine mentale : Compte rendu in-exlenso . 335
Bulletin bibliographique mensuel. xxi
REYUE CRITIQUE
LES SYMPTOMES PSYCHIQUES DE SECOND ORDRE
DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE 1
Par
A. JOFFROY et R. MlGNOT
Profesaeur de clinique mentalc Médecin en chef à la Maison
à ìa Facullé de médecinc de Paria. nationale de Charcnton .
I. — LES DÉLIRES
Lesdélires occupent, liabituellement, le premier plan du ta-
bleau clinique de la paralysie générale, si l’on s’en tient à un
examen superflciel, mais une étude plus attentive démontre que
l’on doit les considérer comme des accidents inconstants, ac-
cessoires, et souvent passagers. Malgré leur physionomie gé-
néralement bien tranchée, il ne faut également leur attribuer
qu’une valeur diagnostique indirecte : ce u’est pas en eflfet ni
l’intensité, ni le contenu dudélire qui importent en pareillecir-
constance, mais bien ce fait que le délire met en évidence les
caractères de l’état dómentiel.
1 Extrnit du livre de MM. Joffroy et Mignot sur la Paralyaie généraìe , à
paraltre prochainement. Encyclopédie scientifique. O. Doin éditeur.
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On enseigne que la forrae pure de la paralysie générale est la
variété sans délire : c’est là une proposition exacte, mais toute
théorique et artificielle, car elle ne tient pas compte du terrain
habituel, constant méme, dirons-nous, sur lequel se développe
la maladie. Les paralytiques généraux appartiennent de par
leur hérédité à la famille névropathique, ainsi, bien que Ie
substratum psychologique essentiel de leur maladie soit la dé-
mence, elle s'agrémente le plus habituelleroent de l’eíflores-
cence de délires divers. Ceux-ci n’en restent pas moins à ce
point subordonnés à l’état de déficit intellectuel qu’ils doivent
étre considérés comme des épipliénomènes.
Les délires dans la méningo-encéphalite chronique diffuse
ont des caractères généraux distinclifs des délires vésaniques
qui se retrouvent habituellement facilement et qui ont élé bien
déflnis par J. Falret; en outre, ils se distinguent entre eux
suivant la teneur de l’idée dominante, et l’on a ainsi des déliies
mégalomaniaque, mélancolique, hypocondriaque, de persécu-
tion, de jalousie, etc.
Caractères gènèraux des délires. — Les idées délirantes
dans la paralysie générale sont absurdes. L’absurdité atteint
une telle énormité qu’elle ne peut échapper au prime abord :
tel malade est roi de France, tel autre va épouser vingt-six
mille femmes ; celui-là déclare qu’il a inventé une chaussure
pneumatique qui permet de franchir un million de kilomètres
àl’heure, etc. L’absurdité résultenon seulement du caractère
outré de l’idée délirante, comrae les exemples ci-dessus, mais
encore de l’oubli qu’elle traduit des notions les plus élémentai-
res des possibilitós naturelles : un paralytique déclare qu’il
urine des diamants ; un autre prétend qu’il est mort, qu’il est
ressuscitó, et qu’on a remplacóses organespar ceux d’animaux
de boucherie ; l’on grandit de deux raètres par jour ; un aulre
enfin affirme qu’il a tué dix-huit mille hommes d’un coup de
sabre.
L’absurdité est un caractère commun à tous les délires de
quelques maladies mentales qu’ils relèvent, mais chez les para-
lytiques généraux, elle est particulièrement extravagante et le
paraìt d’autant plus qu’elle est grossie de contrastes et de con-
tradictions.
En raison de leur faiblesse mentale, les paralytiques géné-
raux semblent ne tenir aucun compte des nécessités logiques
des idées délirantes qu’ils expriment: il est classique de rap-
peler que le malade qui se prétend roi de France, dit ensuite
qu’il est savetier de son métier. Celui qui vient dese déclarer ri-
che à milliards demande à eraprunter dix sous, etc. La contra-
diction apparait non seulement entre les idées exprimées, mais
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LES SYMPTOMES PSYCHIQUES
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entre celles-ci et lesactes ; le paralytique général, raalgré un
délire de richesse et de puissance extraordinaire, cbóit passi-
veraent à ses subalternes et rend les services les plus hurables.
II n’est pas rare que tel paralytique général qui se déclare em-
pereur, se complaise en màme temps à balayer, à vider les eaux
sales, à faire les lits, ce qui contraste méme parfois avec son
éducations et ses liabitudes antérieures.
Un troisième caractère des idées délirantes des paralytiques
généraux est leur circonstance ;du jour au lendemain, et méme
d’un instant à l'aulre les conceplions morbides varient. C’est
peut-étre là, à notre avis, le caractère le pius particulier. Chez
les vésaniques, les absurdités sont habituelles, les contradic-
tions sont assez fréquentes, mais on observe peu cette mobilitó
quifait que les idées les plus contraires et les plus incompati-
bles se succèdent en un moraent. Cette inconstance des idées
rend difflcile l’élaboration d’un système délirant; aussi les
conceptions morbidesapparaissentnon pascomme reliéesentre
elles, mais comme juxtaposées.
L’inconstance de la teneur du délire est liée en grande partie
à l’extréme suggestibilitó des paralytiques généraux. Dansl'in-
terrogatoire de ces malades, il faut procéder avec une grande
prudence; si non, on leur préte desidées délirantes qu’ilsn’ont
pas en réalité. Par des questions appropriées, on peut obtenir
debeaucoupde malades toutes les réponses que l’on désire. Le
vésanique qui se croit roi de France n’accepte pas d’emblée la
suggestion qu’il est aussi roi d’Espagne. Le paralytique géné-
ral au contraire n’a pas ce scrupule, et il est aisé de l’aiguiller
sur une nouvelle voie dans le sens mégalomaniaque, s'il est
mégalomane. dans le sens hypocondriaque s'il est atteint
d’hypocondrie. Bien plus, on peut mème parfois faire émettre
au méme malade des idées délirantes contradictoires, l’hypo-
condriaque se déclarant riche et satisfait ou inversement.
En dehors des interrogatoires, les incidents journaliers, les
leclures, Ie milieu influent également sur la teneur du délire et
la tontvarier incessamment : Un de nosmalades revétait tour
à tour la personnalité de tous les rois de France au fur et à
mesure qu’il en lisait l’histoire.
L’absurditó, la contradiction, l’inconstance, sout lestrois ca-
ractères essentiels des idées délirantes des paralytiques géné-
raux.'Mais il faut savoir que leur degré est au prorata de l’af-
faiblissementpsychique et que chez beaucoup de maladeSj au
début surtout, ces caractères peuvent étre masqués au point de
ne pas apparattre tout d’abord. Ainsi que nous l’avons dit ail-
leurs, la démence n’est pas toujours appréoiable dès les pi e-
miers stades ; d’autres fois, elle se montre plus évidente daus
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le jeu régulier des facultés ou dans les actes, que dans le délire
lui-méme : le maiade étant déjà notoirement affaibli alors que
son délire n’est pas plus démentiel que celui de nombreux vé-
saniques. Dans l'élaboration du diagnostic de la paralysie géné-
rále, il serait donc imprudent de . rechercher les preuves de
l’aífaiblissement psychique paralytique seulement dans les ca-
ractères du délire, il faut que l’examen porte en outre sur
l’état psychologique en deliors de celui-ci.
Bien des auteurs ont trop insisté, à notre avis, sur rincohé-
rence du délire dans la paralysie générale ; elle est assurément
la règle, mais il existe de nombreuses exceptions. Si l’on ne
trouvepas dans cette maladie une systématisalion telle qu’on
l’observe, par exemple, dans le délire de persécution, à base
d’interprétations, la cohésion des idées, ia persistance d’un fil
directeur auxquel se rattachent les conceptions accessoires,
est assez souvent comparable à celle qui existe dans la démence
précoce. Comme dans cette affection, le système est en général
pauvre, peu 1‘ourni, monotone, mais parfois sufflsamment con-
sistant pour que le malade y relie les idées nouvelles qui se
présentent, les événements qui se produisent, les incidents dela
vie courante. Dans ces circonstances le clinicien est obligé de
recourir à l’ótude des antécédents et à la reeherche des signes
physiques pour établii* son diagnostic, qu’il ne saurait baser
sur le seul examen du délii-e. *
Ayant examiné comme nous venons de le faire les caractères
généraux des idées délirantes dans la paralysie générale,
voyons rapidement à quelles variétés cliniques elles appartien-
nent, autrement ditquelle est la nature, l’objet du délire. Au-
paravanl, nous devons toutefois consacrer quelques lignes aux
états aflectifs sur lesquels se développent les idées délirantes, et
cela d’autant plus qu’ils peuvent s’observer, sans étre entachés
d’aucune conception morbide.
Etats manìaques. — En décrivant les modes d’invasion de
la paralysie générale, nous avons vu qu’il existait souvent au
début une période d’exaltation des facultés intellectuelles et de
l’activité motrice accompagnée d’euphorie. Cet état de dynamie
fonctionnelle est toujours de nature pathologique, alors méme
qu’il aurait/ ce qui est rare, des conséquences avantageuses
(inventions profitables, entreprises heureuses, travail considé-
rable réalisé, etc.) ; il constitue en réalité un véritable accès
hypomaniaque. PIus tard, insensiblemeut, par exagération de
cette exaltation psychique, ou bien soudainementà la suite d’un
ictus. on voit survenir des états maniaques véritables dont la
physionomie clinique varie selon les cas.
II s’agit parfois d’une manie franche avec agitation motrice,
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loquacité, turbulence, violences, tendances destructives, in-
somnie ; les idées se suivent rapidement, en désordre, les asso-
ciations se font par assonances ; l’attention est instable et
surexcitée ; l’émotivité estexagérée, etc. En somme l’aspect du
malade est celui d’un maniaque typique, et seules la coexistence
de troubles pareto-átaxiques ou l’étude des antécédents et de
l’évolution permettent de rapporter le trouble mental à sa vóri-
tabie cause.
PIus souvent l’état maniaque est moins pur, à l’excitation
psychique et au désordre moteur se surajouto un délire expan-
sif sur lequel nous aurons à revenir dans un instant.
Dans certains cas enfin, malgré l’excitation maniaque, le dé-
ficit intellectuel, en l’absence méme du délire, apparalt et se
traduit pardes symptòmes démentiels que nousavons longue-
mentétudiés ailleurs.
Etats mélancoliques. — En deliors des élats dépressifs neu-
rastóniformes, déjà décrits, on observe parfois comme manifes-
tation initiale de la paralysie générale un véritable accès
mélancolique, avec ou sans délire. Le trouble psychopathique
réalise, selonlescas, la symptomatologie dela mélancolie simp'Ie,
oubien celle de la mélancolie anxieuse, ou bien encore de la
stupeur ; parfois enfin les idées délirantes propres à la mélan-
colie se surajoutent: idées de culpabilité, d’indignité, de ruine,
de damnation, etc. A ce moment de l’évolution de la paralysie
générale, il est très difficile d’établir l’origine réelle du trouble
mental observé, car, pendant un temps variable suivant les
malades, les symptòmes démentiels et moteurs caractéristiques
font défaut, et l’accès apparait dans toute sa puretó avec tous
les caractères habituellement relevésdans la psychose pure.
Les cas que nous venons d’envisager sont peu fréquents, les
états mélancoliques dus à la paralysie générale se compliquent
le plus souvent d’idées délirantes ayant une allure démentielle
et se présentent avec un aspect sufflsamment caractéristique
pour étre rapidement reconnus. Nous aurons dans un instant à
les décrire sous le tilre de délires dépressifs.
Quelles que soient les modalités cliniques des états mélanco-
liques dus à la paralysie générale, elles peuvent entralner des
réactions dangereuses pour le malade ou l’entourage (suicides
ou homicides).
En raison deson état d’áffaiblissement psychique, le paraly-
tique général est souveut incapable de réaliser son idée de sui-
cide ou il le fait d’une manière si maladroite ou siabsurde qu’il
ne róussit pasà l'accoraplir. Une femme en état de mélancolie
anxieuse, avec idées de négation, voulait se laisser mourir de
faira et refusait tous les aliments, mais elle introduisait elle-
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mème la sonde cesophagienne avec laquelle on la nourrissait.
R'écemment un de nos paralytiques avait fabriqué un garrot
avec sa cravate, mais il ne l'avait pas trop serré de peur de
l’ablmer, « parce qu’elle était en soie».
II serait pourtant imprudent de compter sur l’inhabileté des
paralytiques généraux à réaliser d’une manière complèle leurs
tentatives de suicides,; certains sout susceptibles de prendre
toutes les précautious nécessaires et méme de déjouer une sur-
veillance bien établie.
II en est de méme en ce qui concerne les tentatives de
meurtre ; si certains malades ne manqutnt pas de prévenir de
leurs intentions, de dire comme l’un deux à tous les gardiens
qu’il a caché un couteau avec lequel il tuera le médecin, d’au-
tres savent combiner de vrais gnet-apens et préparer des
arraes.
Les paralytiques généraux mélancoliques ou négateurs se
livrent parfois à des actes d’auto-mutilation d’autant plus re-
doutables qu’il peut se faire que l’insensibilité physique en
rende la réalisation facile : un malade introduisit ainsi dans sa
paroi abdominale un morceau de verre qu'il avait su se procu-
rer ; rien dans son attitude n’aurait permis de soupgonner
qu'il s’était grièvement blessé.
Délire expansif — Sous ce vocable nous rangerons toutes
les idées délirantes qui s’accompagnent d’un étatd’euphorie. Ce
délire coexiste le plus souvent, mais à un degré variable, avec
de l’excitation psychique et de l'agitation motrice. Ce n’est
pourlant pas là un phénomène constant: on voit des paralyti-
ques généraux inertes, apathiques, déclarer d'un ton monotone
et d’un air endormi qu’ils sont riches et très heureux. Inverse-
ment des idées pénibles d’hypocondrie et de persécution peu-
vent coexister avec de l’agitation maniaque.
Dans le délire expansif les idées le plus généralement expri-
mées sont des idées de puissance, de richesse, qui souvent pro-
gressent à mesure qu’elles sont émises : le malade occupe des
situations élevées, il est général, ministre, roi, empereur. De
méme sa fortune s’est accrue d’une fa?on extraordinaire, il a
de I’or, des billets, des pierreries, à profusion par millions ou
milliards.
Simultanément en général, il devieut lui-méme un étre mer-
veilleux de force, de beauté, d’habileté manuelle, de capacité
intellectuelle : il a des bras merveilleusement blancs, il peut
terrasser vingt-cinq hommes, il accomplit des chefs-d’oeuvre, il
possède tous les diplómes, etc.
Les paralytiques généraux sont fréquemment des inventeurs
de machines infernales devant assurer la victoire à leur pays ;
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LES SYMPTOMES PSYCHIQUES
313
ou bien ils découvrent des remèdes qui guérissent les maladies
Ies plus graves, dont la folie, souvent mème ils trouvent le
moyen de ressusciter les morts.
On observe quelquefois au cours du délire expansif des idées
mystiques : les malades se croient flls de Dieu, Dieu lui-mèrae,
ils ont sa puissance et son omniscience, ils pardonnent tous les
pécheurs, promettent le paradis, etc.
G’est également dans ce cas que se développent les délires
érotiques : Ie malade déclare qu’il va épouser vingt, trente,
mille, dix mille femmes, il aura un enfant de chacune d’elles,
il peut avoir des milliers de rapports sexuels par nuit, etc.
Les idées érotiques les plus obscènes sont exprimées sans
aucune géne devant n’importe qui, elles sont accompagnées des
gestes adéquats.
Le paralytique général se montre bienveillant, généreux
dans ces délires expansifs, mais surtout en paroles, et tel
malade qui vient de promettre uu milliard refuse un sou qu’il a
a dans sa poche. Tel autre, après s’ètre confondu en remer-
ciements et en promesses, se laisse aller à un débordement
d’injures, ou méme se livre à des violences.
Le délire expansif s’observe surtout à la période du début,
avec ses caractères de richesse, de mobilité et d’incohérence ;
plus tard il n’y a plus à proprement parler délire, raais simple-
ment quelques idées délirantes stéréotypées, exprimées d’une
manière monotone : un paralytique dément, ancien mégalo-
mane, répétait pendant des heures « de l’or... de l’or... de l’or. »
Assez souvent, après une période de délire expansif survient
une période de délire dépressif, mais d’autres fois celui-ci est le
premier en date.
Nous avons vu qu’au début de la paralysie générale, on peut
observer des états méiancoliques de forme simple, anxieux ou
stuporeux, ne possédant pas en propre de caractères distinctifs.
En dehors de ces troubles psychopathiques, qui sont ráres, il
existe un délire dépressit banal dont la physionomie clinique
très particulière révèle l’état démentiel qu’il coraplique.
L'un des traits des plus importants et des plus spéciflques de
ce délire dépressif, de la paralysie générale, est d’étre souvent
associé à des idées contradictoires de satisfaction et de gran-
deur. Toutefois il n'en est pas moins dans certains cas très
pénible et susceptible d’entralner les réactions dangereuses que
nousavons déjà signalées. Alors méme qu’il n’existe pas d’idées
délirautes contradictoires au délire mélancolique, il est habituel
que le malade ne conforme pas d’une manièrc complète ses
actes, ses réactions et ses discours à l’ótat émotionnel que com-
porte logiquement l’état dépressif: tel paralytique général, avec
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les attitudes et les sourires d’un homme satisíait, raconte qu’il
est très malheureux ; tel autre croit ne plus avoir de famille,
ni d’amis et pourtant il entretient encore une correspondance
régulière et réclame la visite de sa femme. Celui-ci, qui se
déclare en état de putréfaction, fait des projets pour quand il
quittera l’asile, celui-là prétend que son estomac est collé et
néanmoins continue à manger de hon appétit.
Au cours du délire dépressif, les paralytiques généraux
peuvent ressentir tous les symptómes propres aux états
mélancoliques purs, l’état de tristesse douloureuse, le sentiment
d'impuissance, d’incapacilé, d’aboulie, la perte de la faculté de
ressentir les émotions comme par le passé, etc... De mème
quelques malades se déclarent coupables, indignes, se repro-
chant leurs fautes passées, s’accusent de raéfaits imaginaires
(délire d’auto-accusatiou;, se font un grief d’avoir pris la
syphilis ; d’autres se déclarent ruinés, réduits à la mendicité,
implorent la pitié, etc. Mais toutes ces raanifestations morbides,
essentiellement mólancoliques, acquièrent en général une
importance moins prédominante que les idées hypocondriaques.
Les préoccupations que le malade manifeste au sujet de sa
santé, sont évidemraent toujours pleinement justifìées par la
gravité de la maladie dont il est atteint et parfois par les
troubles de la sensibilité organique et les douleurs névritiques
qu’ii ressent, — toutefois elles se traduisent habituellement par
les conceptions les plus singulières et les plus absurdes et par
des idées de négation, de transmutation et d’obstruction
d’organes.
Les paralytiques généraux hypocondriaques disent ne plus
avoir de poumon, de ccour, d’intestin, ils croient que leurs
propres viscères ont été échangéscontre ceux d’autres individus
ou mème contre ceux d’animaux divers; certains racontent
que la structure de leurs organes s’est modiflée, qu’ils sont de
bois, de carton, de verre, etc.; enfin la plupart de ces malades
afllrment qu’ils sont bouchés.
Ces idées d’obstruction, tout en n’étant pas particulières à
la paralysie générale, sont extrémement fréquentes dans cette
maladie. Les inquiétudes relatives aux fonctions excrémentiel-
les sont également banales : i’état des urines et des fèces joue
un grand ròle dans les propos et les préoccupations des paraly-
tiques généraux comrae dans ceux des petits enfants. A tout
moment et hors de propos, les malades insisteut avec complai-
sancesurl’aspect, lacomposition.le volumedeleursexcrétions;
parfois, sans aucune raison, ils s’imaginent que leurs fonctions
ne s’excercent pas d’une manière régulière, et sur ce sujet
corarae sur les autres, leurs propos prennent ces caractères
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LES 8YMPT0MES PSYCHIQUES
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d’énormité et d’absurdité propres à la démence : ce sont des
masses de matière íécales, des tonneaux d’urines qui remplis-
sent leur corps.
Au délire hypocondriaque peuvent se rattacher les idées
micro et macromaniaques et les idées de grossesse et de
possession : les macromaniaques s’imaginent grandir, se
développer dans des proporlidns inaccoutumées; les microma-
niaques, au contraire, se sentent redevenir enfants ; Us ont une
petite bouche, de petites dents, ils affectent un langage puéril,
ils font toute sortes de mignardises.
Les idées de grossesse s’observent non seulement chez les
íemmes, mais aussi chez les hommes; parfois la vessie distendue,
les anses intestinales métóriorisées servent de point de départ à
l'élaboration de ce délire, mais le plus souvent les idées de
grossesse ne reposent sur aucune base apparente.
Toutes ces conceptions morbides hypocondriaques ne sont
pas toujours pénibles pour les malades, certains sont enchantés
de voir Ieur taille s’allonger ou diminuer et l’un de nos malades
déclarait d’un air très satisfait qu’il avait dans le ventre « 18
enfants de troupe qui faisaient des petits à une tigresse ».
Idées de persécution. — Au cours du délire dépressif que
nous venons d’étudier, les ideés de persécution sont assez
fréquemment éraises. Les malades se plaignent de leur entoura-
ge, lui prètent des intentions malveillantes, prennent en
mauvaise part les propos les plus insigniflants et les incidents
sans portée de la vie journalière. Des illusions des sens, des
hallucinations, des troubles de la sensibilité, contribuent dans
certains cas à donner plus de corps à ces conceptions morbides,
et un véritable délire se constitue, plus ou ,moins systématisé,
suivant le dégré de l'affaiblissement psychique.
Parmi les idées de persécution nous devons signaler comme
particulièrement fréquentes, les idées de jalousie. Bien què ces
idées acquièrent rarement l’importance qu’elles prennent dans
l’alcoolisme cbronique, elles ont souvent une grande ténacité ;
nous les avons vues persister pendant plus de dix mois chez un
malade qui en était arrivó à interdire à sa femme toute visite
hors de sa présence. En exprimant Ipurs idées de jalousie, les
paralytiques généraux ne donuent habituellement pas tous
ces détails obscénes dans lesquels semblent se complaire les
alcooliques chroniques ; par contreassez souvent nousles avons
vus, comme ces derniers, porter leurs soup$ons sur leurs
parents les plus proches : un paralytique général que nous
observons en ce moment accuse sa femme de le tromper avec
son propre flls. Rarement les idées de jalousie des paralytiques
généraux aboutissent á des réactions dangereuses. À leur
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occasion on observe encore ces contradictions, si íréquentes
dans la maladie : tel paralytique qui continuellement accuse sa
femme d’iuconduite, qui profère contre elle les pires menaces,
l’accueille avec beaucoup d'affection, ou bien termine par les
propos les plus tendres la lettre où il lui reproche son infldélilé
et ou il déclare son intention de divorcer.
On peutdire que les idées de persécution et de jalousie sont
assez fréquentes dans la paralysie générale si l’on tient compte
des cas, les plus nombreux d’ailleurs, où ces idées ne sont
expriraées que d’une manière passagère, ou n’aboutissent pas à
l’élaboration d’un systèrae véritable. Par contre, ce n’est que
d'une manière excepticmnelle, soit au début, soit au cours des
rémissions, que peut éclore un délire dont la systématisation se
rapproclie de plus ou moins loin de celle que I’on observe cbez
les vésaniques purs et, mèine alors, cette’ systématisation est
toujours peu solide et mal établie.
Dans quelques cas, enfin, extrémement rares, un délire de
persécution à systématisation logique sert d’introduction à ia
paralysie générale; nous avons vu qu’un accès de mélancolie
purejoue parfois le méme róle. L’interprétation qu’on peut
donnerde.ces faits est que la prédisposition psychopathique,
habituelle chez tous les paralytiques généraux, s’est trouvée,
dans ces cas exceptionnels, tout particulièrement marquée et
s’est révélée par des troubles délirants, alors que les lésions
étaient encorc insufllsantes pour se traduire par des symptòmes
démentiels.
Formecirculaire. — Assez fréquemm'ent, dans la paralysie
générale, on voit succéder le délire dépressif au délire expansif,
qu’il y ait ou non dans l’intervalle une période de rémission.
Moins souvent, si l’on fait abstraction de la phase neurasthéni-
forme prémonitoire, l’état dépressif précède l’état expansif. En
dehors de ces variations dans l’état émotionnel qui sont pour
ainsi dire constantes au cours de l’óvolution de la maladie, il
existe une forme circulaire de la paralysie générale.
Comme son nom l'indique, cette forme consiste dans la suc-
cession tantót d’accès hypomoniaques et dépressifs, tantót de
délire expansifet de délire mélancolique ou hypocondriaque.
La durée de chaque accès est extrèmement variable, nous
l’avons vu se limiter à 24 ou 36 heures, ou, au contraire, se
prolonge pendant près d’un an. Le nombre des accès successifs
varieégalement dans de très grandes limites : cerlains paraly-
tiques généraux présentent cette circularité seulement pendant
quelquesjours ou quelques semaines au cours de leur maladie,
puis rapidement rentrenl dansla forme commune; d’autres.au
contraire, ont des alteruances jusqu’à la période ultime et aloi’s
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LES SYMPTOMES PSYCHIQUES
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raéme que la démence est complète, on peut encore retrouver
des vestiges de rinterraitlence.
La paralysie générale à forme circulaire peut, au début, ètre
confondue avec la lolie périodique d’autant plus qu’on sait
qu’au cours de celle-ci des idées mégalomaniaques et raérae des
troubles pupillaires légers sont parfois observés, Plus tard,
bien que dans la forme circulaire de la paralysie générale le
déficit mental soit pendant longtemps assez peu marqué, le
caractère des idées déliranteset l'importancedestroublesparito-
ataxiques lèvent tous les doutes qui auraient pu subsister sur
l’origine réelle des accidents mentaux observés.
La forrae circulaire dela paralysie générale a habituellement
une longue durée, deux sujets que nous soignons appartenant
à cette catégorie sont respectivement malades depuis 6et 8 ans.
II. —LES HALLUCINATIONS
Comme complément à la description des délires se place tout
naturellement à la suile l’étude des hallucinations, symptómes
subjectifs, qui parfois font naitre les idées délirantes ou les
entretiennent.
Lés hallucinations peuvent s’observerà la période d’état de la
maladie, mais surtout à Ia période initiale. Comme les délires,
les ballucinations ne constituent que des phénomènes accessoi-
res mobiles et transitoires. Elles peuvent affecter tous les orga-
nes des sens : liallucination de la vue, de l’oui’e, du goút, de
l’odorat, du toucher, hallucination de la sensibilité générale,
plus rarement du sens génital ; elles peuvent aussi, mais excèp-
tionnellement, intéresser certains centres moteurs et consti-
tuer les hallucinqtions psychomotrices.
La fréquence des hallucinations dans la paralysie générale
est très diverseraent appréciée ; nouscroyons que les différences
d’appréciations résultent des différences de milieu d’observa-
tion. Elles nous ont paru plus fréquentes dans la clientèle des
penèionnats que dans celles des asiles d'indigents; c’est que
l'hallucination est la réaction pathologique d’un cerveau plus
développé au point de vue intellectuel, et en méme temps plus
dégénéré. II y a une hiérarchie morbide comme il existe fata-
lement une hiérarchie sociale, et s’il est maniíeste que l’aptitude
épileptogène est plus fréquente daus les couches les moins évo-
luées de l'humanité, l’aptitude hallucinogène nous apparait
comme plus particulière à celle dont le développement intel-
lectuel est le plus intensif.
D’une manière générale nous pouvons dire que les liallucina-
tions ne sont poińt rares dans la paralysie générale. Paríois,
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UNIVERSÍTY OF MICHIGJ
318
REVUE DE PSYCHIATRIE
mais d’une manière trèsexceptionnelle, ellesse produisentavec
une telle intensité qu’elles entrainent un état de confusion
hallucinatoire (Sérieux).
Les hallucinations des paralytiques généraux participent aux
caractères généraux de leurs délires, c’est-à-dire qu’elles sont
mobiles, contradictoires et absurdes : un de nos malades était
persécuté par des meubles qui l’injuriaient grossièreraent. Un
autre dialoguait avec le Président de la République qui ótait
dans son pied.
Le diagnostic de l’existence de l'hallucinationchez les paraly-
tiques généraux est assez difficile à établir, en raison de leur
aífaiblissement psycliique et surtout de leur suggestibilité.
Interrogé maladroitement, tout paralytique général semblera
lialluciné, soit qu'il réponde d’une manière afflrmative, parce
que la question commande une róponse positive, soit que sa
vanité et sa vantardise aient étó mises en jeu. Pour faire le
diagnostic positif d’hallucinalion, ii faut compter davantage sur
l’observation des réacticns extérieures des malades que sur
leur interrogatoire. Elles apparaltront comme non douteuses
quaud on observe la mimique caractéristique des hallucinés
dont la connaissance est si classique qu’ilestinutile d’y insister
ici.
Les halli&inations les plus fréquentes sont celles qui aífec-
tent l’ouíe, puis viennent celles des autres sens. Les liallucina-
tions de la vue s’observent surtout au début; elles dénoncent
en général des habitudes d’intempérance soit anciennes, soit
récentes. Les hallucinations de la sensibilité générale sont très
difflciles à distinguer des illusions que peuvent provoquer les
troubles de la sensibilité dus à l’atteinte de la moelle et des
nerfs ; parfois ce sont elles qui provoquent et entretiennent la
plupart des idées hypocondriaques et les réactions qu’elles
entrainent (Tricholillomanie, auto-mutilation).
Les liallucinations s’observent surtout au cours des délires
dépressifs; et ce sont elles en général qui commandent les
idées de jalousie et de persécution; rarement au contraire
elles jouentun róle important dans les délires mégalomaniaques.
II arrive que les hallucinations, phénomènes d’excitation des
centres sensoriels, alternent avec les symptómes de paralysie
de ces mémes centres (aphasies, cécité psychique, surdité psy-
chique) survenant à la suite d’attaques congèstives. Lorsque
cette alternance existe, la variété sensorielle de la paralysie
générale (Sérieux et Roger Mignot) setrouveconstituée ethabi-
tuellement, mais non toujours, il est vrai, l’autopsie révèle des
foyers de méningo-encéphalite d’intensité exceptionnelle au
niveau des centres sensorielscorticaux.
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LES ALIKNÉS DANS L’aRMKE
319
FAITS ET OPINIONS
LES ALIÉNÉS DANS L'ARMÉE
Par le D r J. Rolet
InUrne à l’Infirmerie spéciate de la Préfecture de Police
C’est une localisation de la psychiatrie sur laquelle les alié-
nistes ont attiré l’altention de leurs confrères mililaires, et
dont ils ont sans peine démontré la grande portée sociale.
Depuis le rapport de M. Granjux au Congrès de Rennes
(1905), depuis la série de travaux de M. Pactet, dont la Recue
de Psychiatrie a publié en décembre.1906 une revue générale
sur les aliénés dans l’armée et dans les pénilenciers militaires,
cette question a été traitée par des aliénistes et des médecins
militaires ; et pour le Congrès qui doit se tenir à Nantes, en
aoút 1909, est annoncé qn rapport de MM. Granjux et Rayneau
sur les aliénés dans l’armée aupoint de vue médico-légal.
Dans La Clinique du 16avril, M. YiGOUROUXapportedenou-
velles considérations et observations personnelles sur certaines
forraes d’aliénation qu’on rencontre fréquemment dans I’armée.
La plupart des sujets réformés pour aliénation mentale (4 0/0
de l’effectif total des réformés, dit M. Granjux) sont des anor-
maux appartenant tous à la grande classe des dégénérés, qu’ils
se présentent comme des débiles mentaux ou des déséquilibrés,
fous moraux, pervertis instinctifs, etc... Mais on trouve aussi
deux psychoses nettes, la folie intermittente et la démence pré-
coce.
La démence précoce est une affection qu’on découvre sou-
vent entre dix-huit et vingt-cinq ans, et comme le début est
insidieux, l’évolution lente et peu nette. des déments au début
peuvent étre déclarés aptes au service. Or, en l’absence d’un
délire, leur aífection se manifeste par de l’impuissance au tra-
vail et de l’instabilitó qui en imposent pour dela paresse,par de
l’apathie et de l’indifférence qui passent pour de la mauvaise
volonté et de la provocation, par un aspect spécial de.la physio-
nomie qu’on peut prendre pour de l’insolence. Comme le déflcit
intellectuel n’est pas tel qu’ils soient incapables de réactions et
de réponses correctes, comme leur suggestibilité leur perraet
l’exécution docile de certains actes, ces malades sont les plus
exposés parmi les autres aliénés à passer pour des révoltés et
des simulateurs.
C’est Ie cas des malades observós par MM. Pactet et Colin; ce
sont aussi des déments précoces prévenus ou convaincus à l’ar-
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UMIVERSITY OF MICHÍGAN
320
REVUE DE PSYCHJATRIE
mée de révolte, de désertion, de violences envers les cliefs, que
M. Vigoui-oux a observés à l'asile de Vaucluse.et dont ilapporte
six observations.
Beaucoup de cesaliénés plus ou moins latents sont poussésà
l’engagement volontaire, de gré ou non, par le préjugé du pré-
tendu róle moralisateur de l'armée ; il est en tout cas nul surla
plupart des déséquilibi*és qui y -entrent, puisque ce sont des
malades. Les demandes d'engagement volontaire doivent étre
accompagnées d’un examen sanitaire approfondi. II importe
que les médecins railitaires tiennent compte de renseignements
fournis par les autorités adrainistratives et communales, qu'ils
soient systématiqueraent cbargés d’examiner tous les sujets
relevant des tribunaux militaires ; il importe surtout qu’on leur
donnedans les Ecoles de Santé militaires un enseignement psy-
chiatrique sufflsant.
A l’étranger ils commencent à ètre saisis offlcielleraent de
cette partie impoi*tante de leurs fonctions. Dans Le Caducée du
24 avril, le chirurgien en chefVoN Tolbold expose les pres-
criptions de l'administration militaire prussienne destinées à
l'élimination immédiate ou éventuelle des suspects.
1° Les Commissions de recrutement regoivent des rapports
médicaux ou administratifsofflcielset tiennent compte du casier
judiciaire, de la profession.
2« Les médecins régimentaires doivent particulièrement sur-
veiller, lors de l'incorporation, certains sujets suspects par
leurs antécédents : examen corporel et intellectuel, reclierche
des anomalies physiques et des lacuues de l'intelligence, au
besoin consultations demandées à des spécialistes.
3°Enfln duraut toute la période militaire, ils portent leur
attention sur les hommes qui ont des antécédents héréditaires
ou personnels, des eondamnations, des blessures à la téte et
quelque auoraalie de conduite que ce soit.
En cas de jugement, on ne refusera jamais l’expertise psy-
chiatrique.
D’après les statistiques, le róle prédominant appartient aux
psychoses suivautes :
Idiotie, imbécillité et débililé congénitales.
Débilité épileptique.
Démence précoce.
lmbécillitó hystérique et épileptique.
Mélaucolie et paranoia aiguè hallucinatoire.
En Roumanie, páys de moindre importance militaire cepen-
dant, des précautious sont prises, dit le médecin-colonel Butza
(Le Caducée, 3 avril 1909) pour ne pas accepter lessuspects au
recrutement ou à l’ehgagement, pour dépister les aliénés dans
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LES ALIÉNÉS DANS I.’ARMÉE
321
les corps de troupe et preudre à leur égard les mesures néces-
saires s’ils passent en conSeil de gueri'e.
Des instructions minutieuses sont données à ce sujet par le
ministère de ia guerre, notamment en ce qui concerne l’obser-
valion des suspects et des simulateurs, au régiment, celle des
prévenus devanl un conseil de guerre, par une Commission
médicale à l’hópital.
Toutefois les cas d’aliénation paraissent plus rares dans l’ar-
mée roumaine que chez nous, soit environ 1 0/0 de l’effeclií
total des exemptés, faible proportion qui n’estmèmepasatteinte
par celle des hommes reconnus aliénés durant |e service arraé.
11 serait intéressant de savoir si lesgrands facjeurs de dégéné-
rescence, l’alcool, la syphilis, épargneut plus que le nótre ce
pays favorisé.
En Suisse, la psychiatrie tient une placeiraportantedans l’en-
seignement médical, depuis 1888. Les médecins militaires assis-
tent à Genève à des conférences, et l’une d’elles, laite par le
professeur Weber, directeur de l’asile cantonal de Bel-Air et
recueillie par le D r Haury, pour le Caducée (5 juin 1909) nous
révèle des particularitós intéressantes relatives au règlement
Suisse sur l’aptitude au service militaire.
On y trouve une préoccupation toute particulière de l’état
intellectuel des recrues.« Les médecins veilleront à ce qu’onne
déclare apte au service que des hommes possédant réellement
lesqualitéscorporelles et intellectuelles nécessaires »,ditl’ins-
truction de 1906. Mieux partagée que notre pays, la Suisse peut
se raontrerplus difflcilesur laqualitédeses soldats et procéderà
des triages qui éliminent sans inconvénient prèsde la raoitié des
sujets présentés au conseil de révision. Celui-ci, plus m^dical
qu’administratif, porte le nom de « Commission de visite sani-
taire » et opère à liuis clos. Aussi l'examen immédiat est-il
gónéralement suffisant, sans qu’on ait besoin d’appeler des
spécialistes ou de réserver des mises en observation ultérieures.
On élimine larga manu toutes les affections nerveuses ou raen-
tales, les insufflsants intellectuels, les alcooliques, assez nom-
breux en Suisse et les épileptiques.
On élimine d’autantplus soigneuseraent ces derniers malades,
que la Confédéralion Helvétique est pécuniairement responsable
de la maladie ou de la réforme des hommes qu’elle a incorporés.
Et le professeur Weber qui dómontre que ce qui mauque, ce
ne sont pas les règlements, mais les experts, demande qu’on
propage l’enseignement spécial dans les milieux militaires et
qu’on fasse appel aux aliénistes decarrière.
En Belgique des efforts intéressants sont faits dans ce sens
(Maistrian, le Caducée, l" mai 1909). II existe à Malines un
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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hòpital railitaire oùTon met en observation les sujets suspects
pendant quinze jours ; les obsei vations sont signées d’un mé-
decin-directeur militaire qui a re?u un enseigneraent spécial et
qui, à son tour, instruit desstagiaires.
II estchargé, avec ces deux ou trois adjoints, de deux pavil-
lons d'observation isolés. Destinés, l’un aux prévenus, l’autre
aux non-prévenus, ils sont aménagés par une observation per-
manente et pourvus de charabres d’isolement.
Le recrutement s’entoure d’autres garanties : on élimine,
aux termes de l’arrélé royal, « tout milicien qui a été prívé de
raison, quand mérae il ne présenterait, dans le moment, aucun
signe d’aliénation mentale ; le seul fait qu’il aura subi un pre-
mier dérangement cérébral le soustraira aux règles de la dis-
cipline ». Les volontaires doivent présenter un certiflcat pater-
nel et médical de santé constante.
De plus, tout prévenu peut ètre envoyé à Malines aux fins
d’observalion ; aucun militaire n’est rais en jugement sans que
le médecin du corps ne soit consulté sur son état mental. Une
observation particulièrement rigoureuse est prescrite dans les
compagnies de discipline et de correction.
REVUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRAN$AIS.
La France Mèdicale (10 Mai 1909).
Haymond Neveu. — Oe que le docteur Cabanis, membre de
l’lnstitut natlonal, pensait de la guillotine. — Au dóbut de I’an IV,
des écrivains et des hommes politiques demandèrent la suppression
de ia guillotine. Cabanis, lui aussi, protesta.
II ne croyait pas cependant que le supplició pùt souffrir après l’exé-
cution, ni, selon l’opinion du citoyen Sue, qu'un honxme coupó en mor -
ceaux puisse sentir douloureusemcnt dans tous ; il avait assisté aux
expériences de Bicétre, tentées sur des cadavres et constató que les
tètes ótaient « tranchées avec la vitesse du regard ». Néanmoins il
désirait que les physiologistes parviennent à faire substituer à la
guillotine un genre de mort aussi doux, mais qui consercc mieux le
respect qu'on doit toujours à Vhonimc dans lc condamné. II était,
d’ailleurs, partisun de I’abolition de la peine de mort. M. M.
fìecuc Scicntiftque ( 1" Mai 1909).
G.-L. Duprat. — Les types crimlnologlques dans l’adoleacence.
— Bien que Lombroso ait eu le tort manifeste de ne concevoir qu’un
type íondamental de criminel, Monsieur Duprat estime qu’il est de la
plus grande utilité de flxer lcs divers types abstraits des raalfaiteurs,
quitte à étudier les associations possibles de ces types divers.
Dansune première catégorie, il range les individus atteints dVn/aa-
tilismc, d'imbècillìtò moralc et de dèbilitè mentale.
L’enfant est naturellement antisocial, colérique, vindicatif, égoiste,
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REVUE DES PÉRIODIQUES
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jaloux, paresseux, impróvoyant, sans pudeur. Linfantile apporte tous
ces défauts dans la sociétó où il occupe une place d’homme; de là
Tépanouissement de sa criminalité.
L’imbécile moral présente, ò ce point de vue, les mèmes dangers
que l’idiot. Le débile mental donne libre cours à ses impulsions les
plus dangereuses.
Les impulsifs, ies obsèdès et les passionnès nous présentent des
manifestations psychopatiques entre lesquelles Monsieur Duprat admet
les rapports de parenté les plus étroits. L’amour, la sensualitó, la
jaIou9ie, I’orgueil, tels sont les principaux mobiles de ces individus
que Kraus « range à tort parmi les énergiques, car, s'ils réagissent
avec violence, c’est plutót par défaut de vigueur constante que par
excès d’énergie ».
Si l'on ne peut admettre, avec Lombroso, un type du a criminel nè »
ilfaut admettre cependant « un typeparticuliòrement digne d’attention,
celui des étres dont un ensemble de tares névropatiques, combinées
avec des anomalies de struclure, contribue à faire des cas tóratolo-
giques au point de vue social ». C'est parmi ces individus que se
recrute le criminel de profession.
II faut enfln considérer les criminels d'occasion ou par accident
qui sont fournis par la grande classe des adolescents à caractère
amorphe, ou plutòt polymorphe, pour employer l'expression de
l’auteur. Ces faibles jeunes gens peuvent acquérir, à défaut d’énergie,
une rópulsion invincible pour les actes prohibés qui leur ont valu un
chátiment. Sinon, ils continuent à se laisser entraíner par les indi-
vidus qul forment les espèces prócódentes. Tels sont les cadres et les
contingents de l’armée du crime. M. M.
Nathaue Fédorow. — Etude sclentiflque et artistique de la
mimique laclale. — Cet article contient, avec un plaidoyer en faveur
des méthodes scientifiques, un rapide historique de la question de la
mimique. L'auteur insiste particulièrement sur les opinions de José
Frappa.
« En dernière analyse, c’est donc le cerveau, siège de l’áme et des
faeultés intellectuelles, qui tient sous sa dópendance immédiate le jeu
des muscles du visage. » On souhaiterait que l intérét profond de
l’étude de la mimique et la varióté des móthodes employées soient
analysés avec plU9 de rigueur. M. M.
Journal de Pstfchologic (Mars-Avrii 1909).
M. Mignard. — La Jole passlve (bóatitude) et la théorie du senti-
ment agréable. — L'observation de certains individus parait óclairer
d’un jour nouveau la théorie des émotions (plus spócialement la
théorie du sentiment agréable). Ces sujets : idiots, imbéciles, déments
paralytiques ou déments séniles, prósentent un remarquable état de
joie passive, de satisfaction continue, sans excitation intellectuelle ni
physiologique.
On observe au contraire chez bon nombre d’entre eux un vóritable
ralentissement des processus intelleciuels, et, malgró la théorie de
Lange, une diminution de l’innervation volontaire, un ralentissement
notable de la rapiditè du pouls, et l’abaissement de la tension sanguine.
II faut admettre, à cótó de la joie d’activitó, la béatitude de satisfac-
tion. Toutes deux reníerment le sentiment agréable. II n'est donc pas
un signe d’excitation, mais se rattache à la réalisation des tendances.
D r Polimanti. — Recherohes sur la sensibilité de la conjonctive.
- Le contact des solutions hypertoniques ou hypotoniques aux larmes
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avec les muqueases et la conjonctive produit des altórations fonc*
tionnelles. Entre ces deux extrèmes existent des liquides qui ne i'exci*
tent pas : ils sont isotoniques aux larmes.
L'auteur a répóté sur lui-mème et sur plusieurs personnes les expé-
riences de Mussart. Tout en confìrmant ses rósultats, il seséparede
cet auteur pour leur interprótation. II n’admet pas la présence de
« points sensitifs pour la concentration moléculaire », mais, pius sim-
plemont, des phónomènes douloureux de déíormation cellulaire.
La solution hypertonique fait sentir une sensation caractéristique de
douleur-pression, de brúlure et de piqùre.
« Nous devons donc retenir qu’il n’y a pas de terminaisons spécifì-
ques, et. par conséquent, on ne peut parler d'une sensibilité spéciale
de la conjonctive pour les concentrations moléculaires. » M. M.
Archices de ftstjchologie (t. VII, n # 28 et t. VIII, n*29,
juillet-octobre 1908).
Ed. Clapàrède. — Classlfìcatlon et plan des méthodes psycholo-
giques. — Exposé très clair et judicieux des móthodes actuelles de la
psychologie, question sur laquelle ont paru, ces dernières années, des
élucubrations sans valeur. L’auteur distingue les méthodes quantita-
tives, portant sur les degrés de l’excitant (psychophysique), ia durée
du processus (psychochronométrie), le travail íourni (psychodynami-
que), et le nombre des sujets (psychostatistique) et les méthodes qua-
litatives, soit d’anaiyse subjective par introspection, soit d’analyse
objective par extrospection. Les méthodes se subdivisent chacune en
quatre catégories, suivant qu’elles représentent des méthodes de
réception, où le sujet est considéré comme un effet, des méthodes de
jugement où le sujet est appeló à exercer un choix, des méthodes
d’exócution où le sujet doit exécuter un certain acte, et enfìn des
méthodes d’expression où le sujet est examiné en dehors de toute
collaboration de sa part Ainsi tous les procédós móthodologiques pro-
pres à la psychologie peuvent trouver place dans cet ensemble harmo-
nieux, d’où on peut extraire les procédés propres à tel ou tel ordre de
recherches pour en constituer un édifìce particulier comme celui qu’a
établi justement M. Claparède dans un remarquable rapport sur les
móthodes de la psychologie animale, prósenló récemment au Congrès
allemand de psychologie de Francfort. Enfìn on peut signaler qu à un
point de vue plus gónéral, toutes ces móthodes peuvent se ranger dans
des catégories d'études basées sur la méthode normale, la méthode
génótique, la méthode pathologique (avec but théorique ou appliquó) et
la méthode pdthologo-gónétique.
J. Vàrendonck. — Les idéals d’enfants. — II fut fait dans des
écoles des rédactions sur cette question : à quelle personne que vous
connaissez par vos études ou par la conversation voudriez-vous res-
rembler? L’auteur a dópouillé 745 réponses d’enfants entre 7 et 16ans,
qui, par les exemples cités paraissent en génóral sincère 9 et intéres-
santes. Les résultats, chez les enfants de 8 à 13 ans seulement, sont
analysós par des pourcentages et des courbes suivant l’àge et le sexe.
On constate ce fait général qu’à 8 ans, 60 0/0 des eníants prennent leurs
parents comme idéal, mais que la proportion décroít, pour s*annulerà
peu près à 13 ans, dans les deux sexes. Le choix des personnes de
Tentourage ne cesse en revanche de croftre chez les fìlles, alors que
chez les garqons il n’augmente que passagèrement vers 11 ans. La
raison du choix, assez difflcile à apprécier, n’a été divisóe qu’en deux
catógories, les qualités intellectuelles et artistiques et ies possessions
matérielles. Les dernières inspirent davantage les fìlles, à Tinverse des
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résultats de l’enquète d’Earl Barnes en Amórique, alors que dans les
deux sexes les qualités intellectuelies sont indiquées en proportions à
peu près équivalentes. Un fait particulier à signaler c’est qu’un très
grand nombre de fìlles prennent lour idóal parmi les hommes. Inutile
d’ajouter que la réciproque n'est pas vraie.
Ed. Claparède. — III' Congrès allemand de psychologle expórl-
mentale. — Compte rendu des travaux, dont beaucoup sont intéres-
sants, présentés à ce congrès, qui devrait réveiiler à la psychologie
íranQaise!
E. Naville. — Hallucinatlons visuelles à l état normal. — L'auteur,
qui est ógé de 92, ans donne une sórie d’auto-observations d’hallucina-
tions visuelles : ii lui arriva fréquemment de voir nettement aux
environs de sa villa, des personnages s’approchant, puis s'évanouis-
sant à un moment donné, et selon le tómoignage des autres personnes
appelées à observer en mème temps, dans certains cas, parfaitement
imaginaires.
Pierre Bovet. — L’étude expérlmentale du jugement et de la
pensée. — L’auteur, dans cet avticle qu il faut lire, a vouiu mettre les
lecteurs fran^ais au courant des travaux très importants parus en
Allemagne et visant une étude systópatique de la pensée par des
méthodes de psychoiogie expérimentale. Les résuitats, bien que discu-
tés, paraissent de réelle valeur, et l’auteur, très bien conseiilé par
M. Ciaparède, a tenu à effectuer lui-méme des vériflcations expóri-
mentaies des faits à exposer. On ne peut utilement résumer ce résumé,
mais il faut signaler toute l’importance de ces éludes qui s'attaquent
aux problèmes les plus complexes et les plus intéressants de la
psychologie devant lesquels des prophètes de malheur déclaraient
I’échec inóvitable des méthodes expérimentales, prophéties naturelle-
ment destinées à étre démenties par les faits, cornme toutes ceiies qui
prétendent contredire les progrès de la science. Seulement c’est en
France qu’on prophótise ainsi, qu’on annonce la nmrt de ia psychologie
expérimentaie. C’est en Allemagne qu’on travailie courageusement et
qu'on obtient des rósultats.
Guido Guidi. — Recherches expérlmentales sur la suggestlbillté.
— La suggestion visait à provoquer une sensotion íìctive de chaleur.
Sur 217 sujets, enfants et instituteurs, 91, eoit 41,75 0/0, ont óté plus ou
moins dociies à cette suggestion ; la suggestibilité parait diminuer
régulièrement chez ies enfants avec l’áge ; elle s’est montrée chez les
instituteurs (36,6 0/0), un peu supérieure à son taux (33,3) chez les
enfants les plus ágés (autour de 12 ons). Le degró de suggestibilité était
mesuré par la rapidité avec loqueile opérait la suggestion. (II fallait
enfoncer plus ou raoins loin le doigt dans un orifìce où l'on suggérait
que la tempórature allait en croiss int.)
Tobie Jonkheerb. — Contribution à l’étude de la vocatlon.
Devient-on instituteur par voeation ? — L’auteur n’a jamais ren-
contré de cas de vocation ni de choix dirigé par des considérations
désintéressées.
E. Anastay. — L’origine blologlque du sommeil et de l’hypnose.
— Considérations qui, dans ce qu’elles ajoutent à l'étude de Ciapa-
rède, paraissent bìen discutables, si mème eiles méritent toutes d’ètre
disculées.
H. Zbinden. — La neurasthónle a-t-elle une origine psychique ?
— L’auteur croit que le seul traitement de la neurasthénie consiste en
la psycholhérapie éducative au sens de P. E. Lóvy.
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UNivERsrry of michigan
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Ed. Claparéde. — Défaut du « sens de retour » dans un chat. —
Les observations merveilleuses, dans ce domaine de l orientation
comme dans les autres, sont les seules qu on relate, ce qui tend à íaire
croire que les faits qu’iis impliquent sont communs et gónéraux, alors
que souvent ils sont mème tout à fait exceptionnels, sinon méme illu-
soires. Aussi M. Claparède croit il utile de donner les observations néga*
tivesetille faitpour un chat, incapable deretrouver son domicile á peu
dedistance. II aura du mal, malgró son exemple, à généraliser la publi-
cation des faits négatifs de ce genre, car les observateurs les jugent
trop peu intóressants. Et puis cela pourrait devenir dangereux, car. si
on les publiait, « ils seraient trop. »
H. Piéron.
NOUVELLES
Personnel des aslles. — M. ie D r Dubuisson, médecin en chef de
l’asile de Braqueville (Haute-Garonne)^yBst admis à faire vaioir ses droits
à la retraite et nomnié médecin-chef nonoraire.
M. le D r Dide, directeur-médecin del’asile public d'aliénésd'Auxerre,
est nommédirecteur-médecinde l’asile de Braqueville (Haute Garonnei,
(3* classe).
M. le D r Jacquin, médecin-chef de l asile de Chàteau-Picon (Gironde),
estnommé médecin-chef de l’asile privé d’aliénés de Ste-Madeleine à
Bourg (Ain).
M. le D r Robert, médecin-adjoint de Tasiie d’aiiénés de Chàteou-
Picon, a été promus à ia l r * classe de son grade.
M. le D r Olivier, médecin-adjoint de l’asile d'aliénés de Blois, a été
promu à la l re classe de son grade.
Vacance d’un poste d’lnterne en médeclne. — II est donné avis
qu'un poste d interne en médecine est actuellement vacant à I’Asile de
Clermont de l’Oise.
Les candidats, à ce poste, devront se faire inscrire au Secrétariat de
l’asile à Clermont, et dóposer les pièces suivantes à l’appui de ieur
inscription :
1* Un acte de naissance établissant leur qualitó de FranQais ;
2* Un certifìcat de scolaritó justifìant de seize inscriptions de docto-
rat prises de la Facultó de l’Etat ; #
3* Une pièce délivrée par l’autorité Militaire établissant que le pos-
tulant a satisfait aux obligations de la loi sur le recrutement de
l’armée.
4* Un certificat de bonnes vie et mceurs récemment délivré par Ie
Maire de leur dernière résidence ;
5* Un engagement de seconformer strictement en cas de nomination,
aux dispositions du règlemént intérieur de l’Asile.
Les candidats enipóchès de venir dèposer eux-mèmes lcurs pièccs
pourront les enzoyer par la poste sans pli ojfranchi , cn tj joignant
soixantc centimcs en timbres postes pour lc retour de lcur dossier .
Les internes sont nommés pour un an et peuvent ètre prolongés.
Traitement 800 à 1.200 fr. et avantages matériels.
Le concours des asiles de la Selne. — I. « Le Conseil d'Etat
statuant au contentieux,
Sur le rapport de la Section du contentieux,
Vu la requète présentée par l Association Amicale des Médecins des
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NOUVELLES
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ótablissemenfcs publics d’aliénés donl lesiège està Paris, 6, rue Scheffer
La difce requéte enregistróe au Secrétariat du contentieux du Conseii
d’Etat, le 28 Sepfcembre 1907 efc tendant à ce qu’il plaise au Conseil
annuler pour excès de pouvoir deux arrétés du Ministre de l’Intérieur
en date des 3i Juillet et 11 Septembre 1907» le premier établissant un
concours spécial pour le recrutement des médecins des étabiissemenfcs
publics d’aliénés du département de la Seine, le deuxième fixant les
conditions de ce concours.
Ce faire, attendu que ces arrètés Ministériels lèsent les ińtéréts des
requérants en modifiant à leur prójudice l’accès des postes demédecins
d’asiles publics d’aliénés du département de la Seine auxquels iis pour-
raient prétendre sans nouveau concours, après avoir subi le concours
de l’adjuvat réglementó par le décret du 2 Aoùt 1906 efc les texles
antérieurs ; qu’au surplus, l’arrété Minìstériel du 31 Juillet 1907 est
entaché de nullitó comme ayant été pris en violation des dispositions
du décret du 2 Aoùt 1906, non abrogó:
Vu les arrétés Ministériels attaqués ;
Vu ia loi du 30 Juin 1838, le décret du 2 Aoùt 1906 ;
Vu le décret du 12 Dócembre 1906;
Vu la loi du 24 Mai 1872;
Vu le dócret du 22 Juillet 1806 ;
Ouí M. Wurtz, Maitre des Hequéies en son rapport ;
Oul M. Tardieu, Commissaire du Gouvernement, en ses conclusions;
Considérant que depuis Tintroduction de la requéte susvisée, les
arrétés du Ministre de l'Intérieur, en date du 31 Juiilet et 11 Septembre
1907, contre lesquels est dirigé le pourvoi, ont étó abrogés par le dócret
du 12 Décembre 1907,
Que, dès lors, la requéte est devetiue sans objet :
Décide :
Ahticle Premier
11 n’y a lieu de statuer sur la requète susvisóe de l’Association Ami-
cale des Médecins d'asiles publics d’aliénés.
II. « Le Conseil d’Etat statuant au contentieux,
Sur le rapport de la Section du contentieux,
Vu la requéte prósentóe par l’Association Amicale des médecins des
asiies publics d’aliénós,.
la dite requète enregistrée au secrétariat du contentieux du Conseil
d’Etat, le 7 février 1908, et tendant à ce qu’il plaise au Conseil annuler
pour excès de pouvoir :
1° Un dócret du 12 décembre 1907, instituant un concours à I’effet de
pourvoir aux postes de médecins en chef des asiles publics d’aliénós
du département de la Seine et
2* Un arrété du Préfet de la Seine, en date du 9 janvier 1908, pris en
exécution du dit décret et ouvrant le 5 mars 1908 un concours pour un
poste de módecin en chef dans les dils asiles; subsidiairement, annuler
les articles 4 et 6 du décret du 12 décembre 1907.
Ce faire, attendu que depuis 1888 des arrétés pris par le Ministre de
l’Intérieur, en vertu des pouvoirs à lui conférés par l’ordonnance du
18 décembre 1839, ont assuré ie recrutement des médecins d’asiles
publics d’aliénós par ia voie de concours, régionaux d’abord, puis par
ia voie d’un concours unique pour la France entière; qu’il a óté expres-
sément stipuló que les médecins-adjoints nommés à la suite de ces
concours pourraient ètre nommés médecins en chef ou médecins-
directeurs dans toute la France; que le décret du l er aoút 1906 n’a fait
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que confirmer 1e régime antérieur en établissant un cadre unique et
en réglant l’avancement; que le décret attaqué fait disparaitre cetie
unité, en créant pour le département de la Seine un cadre spécial
auquel on n’accèderait qu’à la suite d*un nouveau concours ; qu’il porte
atteinle auxdroits acquis, en inodifiant les conditions les plus essen-
tielles de l’avancement et en enlevant aux candidats issus des concours
antérieurs une parlie importante des postes d’avancement ou en sou-
mettant Taccès de ces postes aux éventualités d’un nouveau concours;
que, subsidiairement, les conditions du concours sont arbitraires et
qu'il est inadmissiblo notamment que les candidats soient tenus de
s’assurer l’avis favorable du Préfet et l’agrément du Ministre avant
de pouvoir participer au concours;
Vu les observations présentées par le Ministre de Tlnlórieur, en
réponse à la communication qui lui a étó donnée de la requéte, les
dites observations enregistrées comme ci-dessus le 24 février 1908, et
tendant au rejet de la requète par les motifs : que ni l'arrètó ministé
riei du 18 juillet 1888, ni celui du 9 mai 1902 ne confèrent aux candidats
admis de droit à un poste déterminó d’avancement; qu'il n’y a pas,
dans l'espèce, d’excès de pouvoir, un décret pouvant modifier un
décret antérieur; qu’il n'y aurait violation de droit acquis que si d’au-
tres que les médecins d’asiles publics d'aliénés étaient admis à prendre
part au concours; ce qui n’est pas le cas; que l’institution de ce con-
cours donne des garanties nouvelles au mórite des candidats; que
cette formalité limite dans une certaine mesure les pouvoirs du Minis-
tre qui, antérieurement, exergait son choix dans sa pleine indépen-
dance;
Vu le mémoire en réplique produit au nom de l’Association Amicale
des Médecins d’asiles publics d’aliénés et au nom des módecins dénom-
mós à la requéte, le dit mémoire enregistró comme ci-dessus le 27
mars 1908 et par lequel on dóclare persister en leur nom dans les con-
clusions de la requéte par les motifs déjà exposés et, notamment, par
le motif qu'on porte atteinte au droit acquis des médecins qui ont une
aptitude légale à l’avancement dans toute la France sans distinction,
en créant pour Paris et le département de la Seine un régime d’auto-
nomie et de séparation et en obligeant le personnel médical à subir
pour accéder à ces postes privilégiés un nouveau concours dont au
surplus les médecins ágés de plus de 50 ans sont exclus ;
Vu les autres pièces produites et jointes au dossier;
Vu la loi du 30 juin 1838 et l ordonnance du 18 décembre 1839;
Vu les arrétés ministériels des 18 juillet 1888 et 9 mai 1902;
Vu ie décret du 25 mars 1852;
Vu le décret du l* r aoút 1906;
Vu la loi des 7 et 14 octobre 1790;
Vu la loi du 24 mai 1872;
Ouí M. Wurtz, Maitre des requètes, en son rapport;
Oul M e Gosset, avocat de l’Association Amicale des Médecinsdesasiles
publics d aliénés et des sieurs Sizaret et autres, en ses observations.
OuIM. Tardieu, Maitredesrequètes, Commissaire du Gouvernement,
en ses conclusions;
Considérant qu’à l’appui de leur demande d’annulation pour excèsde
pouvoir du décret du 12 décembre 1907 et de l arrété ministériel du
9 janvier 1908, pris en exécution de ce décret, lessieursGiraud, Vallon
et autres soutiennent qu’ay8nt subi avec succès les concours d adjuvat
institués et réglementés par les arrétós ministériels des 18 juillet 1888
et 9 mai 1902 et le décret du l er aoùt 1906 et ayant été nommés méde-
(Voir la suite après le Bulletin bibliographique mensuel).
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NÉCROLOGIB
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cins-adjoints dans les établissements publics d aliénés, ils avaient par
là mème le droit d’ètre nommés aux fonctions de niédecin en chef des
établissements publics d’aliénós de toute la France sans distinclion ni
restriction aucune; que le décret et l arrétó attaqués auraient portó
atteinle aux droits qui leur avaient étó ainsi conférés par le concours
dadjuvat, en subordonnant à un 2* concours spécialement instituó
à cet effet Tobtention des fonctions de médecin en chef des asiles
publics d'aliénès du département dela Seine ;
Considérant que les droits aux avantages résullant pour les fonction-
naires d'une règlementation faite par des décrets et des arrètés minis*
tériels restent subordonnós au maintien de ces décrels ou arrètés et
qu’en I’absence d’une disposition législative ayant statuó sur cet objet,
rorganisotion fixée par un décret peut valablement étre modiflóe par
un décret ultérieur; qu’ainsi les requérants ne sont pas fondés à sou-
tenir que les actes attaqués sont entachés d’excès de pouvoir;
Décide :
Aticlb Premier
La rèquéte sus visóe de TAssociation Amicale des Médecins des asiles
publics d'aliénés est rejetée ».
NECROLOGIE
Le D r Bournevillb, qui a consacré à l’élude et à la protec-
tion des enfants mentalcment anormaux une grande partie de
son existeuce et le meilleur de son activité, vient dedisparaltre,
laissant le souvenir d’un des plus ardents apóires des principes
d’assistance sociaie et d’éducalion. Aucun médecin ne s’est
désinléressé de ses recherches cliniques et anatomo-pathojo-
giques; aucun psychologue n’a pu ignorer ses méthodes pour
le perfectionnement des jeunes dégénérés.
Monsieur le D r Bourneville, est né le 21 oclobre 1840, à
Garancières (Eure). Elève de Delasiauve, de Claude Bernard,
de Charcot, il consacra ses premiers travaux à l’étude de
l’épilepsie et de l’idiotie. Après quelques incursions dans le
domaine de la thérapeutique et de Ia pathologie interne, notam-
ment à propos de l’épidémie de choléra de 1865, il publia des
travaux de pathologie nerveuse et une thèse inaugurale sur la
« (hermométrie clinique clans l'hémorrhagie cérébrale et
dans quelques autres maladies de l’encóphale ». Ses élèves
et ses amis rappellent l’exemple qu’il sut donner peudant la
guerre et pendant la t ommune. C’est après 18’70 qu’il publieles
Leqons de Charcot, fonde le Progrès Médical, et coramence
à donner les Comptes rendus de Bicétre.
En 1880, il crée, sous le patronage de Charcot, les Archices
de Meurologie; nous ne pouvons que citer quelques-uns des
nombreux ouvrages ou périodiques, auxquels il a appliqué-son
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activité: édition des ceuvres complètes de Charcot, Manuel
des autopsies, Manuel pratique de la garde-malade et de
■ l'injtrmière, etc. Nous voulons seuleinent rappeler ici lestraits
généraux de sa Mèthode éducatioe pour les jeunes idiots ou
imbéciles: d’abord, éducation de la marclie au moyen des barres
parallèles, de l’échelle, du chariot, etc...; puis, éducation dela
main, de l'adaptatiou des mouvements, du seńs stéréognosique,
l enfant peut alors appreudre à s’habiller ; il se sert d’un
cuiller, d’une fourchelte. Ensuile, instruclion élémentaii-e, avec
emploi designes représenlant des longueurs, des surfaces, des
solides, des couleurs ; éducation de la parole, lecture, écriture
et dessin; il faut noler les ingénieux appareils pour l’étude de
la numération (bouliers, casiers, etc.. ); la gymnastique, la
danse et enfiu l’enseignement professionnel viennent compléter
ces principes.
« Tout ce que, personnellement, nous avons lait ou essayé
d’accomplir en fait d’assistauce, écrivait le D r Bournevillf.*,
nous a été inspiré par les idées de Ia Róvolution franfaise sur
l’organisation de l’assistance: assister, soutenir, aider tous les
malhenreux: vieillards, malades, infirmes de corps ou d’esprit,
orphelins, citoyens sans travail. Remplir cette táche avec
I’esprit d’liumanilé le plus large, tel est le devoir de la Répu-
blique. Restons dans la nature, soyons humain ».
Rappelons que toule la vie du D r Bourneville sert de
commentaire à cette pensée généreuse.
M. Mignard.
SOCIETÉS
SOCIÉTÉ MÉDICO P8TCHOLOGIQUE
Sèance da 19 aeril 1909
M. Legráin : Dc la responsabilitè mèdicale dans la rèdaction des
certiflcats. — M. Legrain, à propos d’un jugement récent qui a frappó
un médecin auteur d’un certifìcafcconcluant à l'internement d’un aiiéné,
appelle l’attention sur les dangers auxquels la rédaction d’un certificat
de ce genre peut exposer le módecin. Le certiflcat qui a óté l’objet
d’une condamnation du tribunal mentionnait, en outre des troubles
présentés par le malade, l’état de dégénérescence mentale de proches
parents de celui-ci, un frère, une sueur, un fils. Ces personnes intentè-
rent un procès au médecin, en lui réclamant des dommages-intérèts.
Celui ci fut condamné à leur payer la somme de mille francs. La cour
d’appel a conflrmé le jugement du tribunal.
M. Legrain analyse et commente les attendus de ce jugement. II
: CUé dans la thèsc du D r Maurice Royer : De l Assistance des enfants
anormaux.
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S0CIÉTÉ3
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soutient que les notions que le médecin peut róunir sur l’héróditó de
son malade sont au nombre des « particularités de la raaladie », que la
loi de 1838 demande au médecin de constater dans son certificat. Ces
notions, comme les autres données ótiologiques, ne doivent pas ètre
considérées comme inutiles, quand il s'agit de justifìer une mesure
aussi grave que Tinternement. L étiologie des maladies mentales n'est
d’ailleurs pas aussi obscure que le pense le tribunal, qui s'est exprimó
ainsi: «... les causes de la folie sont souvent trop mystérieuses pour
pouvoir étre constatées avec cerlitude ».
Discussion de la conxmunication faite par M. Picquè , à la sèance dc
janticr , sur « Vorigine pèriphèriqur de certains dèlires ». (Voir Recue
de Psychiatrie , n* de févrior).
M. arnaud : M. Picquó a soulevó de nouveau, à la séance de jenvier,
la question de « l'origine périphérique du délire ». Dans les prócédentes
communications de M. Picquó, il*était surtout question du dèlirc
hypocondriaque , tandis que, dans cette dernière, il s’agit presque uni-
quement des ètats mèlancoliques. Le problème est sensiblement
déplacé, et l’accord semble devenu moins diffìcile entre M. Picqué et
sescontradicteurs, dont je suis.
Eu efTet, aamettre qu’une affection organique puisse engendrer un
délire hypocondriaque en rapport direct avec l’organe malade, c’est
reconnaitre une sorte de spècificiiè originellc pour ce délire,qui devrait
è la maladie organique et sa naissance, et son orientation clinique et
sa formule logique. Une telle conception ne me semble pas fondée.
Sans rouvrir la discussion sur le dólire hypocondriaque, je répète que,
ò mon avis, la lésion périphérique ne peut rendre compte ni du dóve-
loppement du délire, ni de son orientation vers l’hypocondrie; son
róle se borne à localiser le délire, c’est-à dire à fìxer les prèoccupa-
tions délirantes sur tel organe plutót que sur tel autre.
Pour les états inélancoliques, où il s agit moins de délires que de réac-
tions aííectives, certaines des objections élevées à propos du délire
hypocondriaque disparaissent ou s’attónuent beaucoup- L'observation
des états psychiques regardés comme normaux dómontre à chaque
instant Vinfluencc du p/u/sique sur le tnoral . Bien souvent, la maladie
engendre la tristesse, la dépression, l’humeur métancolique. II est
logique de se demander s’il n’en serait pas de méme de la dépression
et de la tristesse pathoiogiques ? D’autant plus qu’il est facile de rele-
ver nombre de cas dans lesquels sont notés des rapports de coexis-
tence ou de succession entre des afTections organiques et des psycho-
ses méiancoliques. Mais la question est de savoir si le cerveau est
troublé par suite et en consóquence des altérations périphóriques, ou
si les deux catégories de symptòmes ne relèveraient pas,au contraire,
d’une mème cause.
C’est à cette seconde hypothèse que je me ralie, et j’estime qu’en
réalitó l’origine périphérique des états mélancoliques n’est pas plus
démontrée que celle du délire hypocondriaque. En fait, d’une part, la
proportion des hypocondriaques délirants et des mélancoliques est
inílme par Tapport à l’ensemble des malades atteints d’affections
organiques. D’autre part, beaucoup de psychopathes souíTrent de
maladies organiques diverses, sans devenir hypocondriaquesou mélan-
coliques; il me suffìra de rappeler la puerpéralitó et la paralysie
générale, qui peuvent, l’une et l’autre, s’accompagner de troubles
mentaux bien difTérents de l’hypocondrie et de la mélancolie. Par
conséquent, c’est par autre chose que 1’afTection périphérique, que
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332 REVUE DE PSYCHIATRIE
sont conditionnées la genèse et laphysionomie cliniquede la psychose.
Nous revenons, en róaiitó, à la vieillequestion des foJies sympathiques
et de la folie puerpérale. Ce sont les mémes arguments pour et con-
tre. Les arguments en faveur de ia théorie pónphórique ne me sembient
pas infìrmer l’opinion qui admet, commecondition d’un trouble mental,
quel qu'il soit, la nócessitó d’une prédisposition spóciale. Et ce n'est
pas seulement la génèse de la psycho3e qui exige cette prédisposition,
c’est aussi sa physionomie clinique, ce que j appelle son orientation
vers telle ou telle forme déterminée. La prédisposition n'est pas,
d’ailleurs, une chose vague et insaisissable, une simple virtoalité qui, •
à un moment de l’existence, se réaiiserait plus ou moins vite. Long-
temps avant l’apparition du trouble mental qualiflé, la prédispositìon
marque le caractère du Lutur psychopathe. Avant de délirer, le persé-
cuté prósentait déjà de l’égophilie, une personnalité en opposition
fréquente avec son entourage, avec les exigences sociaies; il était
déflant et orgueilleux. Le délirant hypocondriaque s’était montré, de
tout temps, préoccupé à l’excès de sa santé. Le mélancolique confirmé
était antórieurement un concentré, un scrupuleux, le plus souvent mai
satisfait de lui-mème, etc. Les causes occasionnelles du dóiire ne font
qu’aviver des tendances antérieures à leur action. La maladie mentale
ne crée pas une personnalité foncièrement différente de l ancienńe;
elle amplifie, elle exagère jusqu’à l’état morbide les particularités da
caractère, de sorte que ce caractère est toujours reconnaissable dans
la psychose (exception faite, naturellement, pour le3 états démentiels
profonds, qui détruisent la personnalitó). Ceci revient à cette constata-
tion banale que chacun délire acec son ccrccau .
La prédisposition au délire, comme son passage à l’ótat pathologique
confirmé, tiennent à des altérations organiquesdont la nature nous est
inconnue, mais que I’on reconnaitra peut-ètre un jour. C’estlà, à mon
avis, une condition nécessaire de tous les délires et non passeulement
du dólire hypocondriaque. Seulement, je pense que c’est dans le cer-|
veau et non dans les organes périphóriques qu’on doit chercher ces
altérations.
Maintenant, je me demande si nous différons essentiellemenl d’avis,
M. Picqué et moi; si nous sommes sóparés par autre chose que par
des nuances ? En effet, M. Picquó n’a, je crois, jamais nié la nécessité
do la pródisposition, dans la genèse des psychoses qu’il considère
comme pouvant étre d’origine périphérique. Mais il semble lui recon-
naitre à présent une importance plus grande. Faisant sienne une opi-
nion exprimée par son élève Latapie, M. Picqué estime que « la pró-
disposition commande, en quelque sorte, la forme clinique du délire
d’origine infectieuse ». Et, à propos des récidives, M. Picquó dit encore
« qu'elles s’expliquent naturellement par la prédisposition antérieure
du sujet ». Je crois donc pouvoir en conclure que nous sommes a
peu près du mème avis.
L’accord entre nous sera tout à fait complet si, abandonnant le cótó
doctrinal, nous abordons le còté pratique de la question.
L'intervention chirurgicale peut souvent améliorer l'état mental, et
M.Picqué nous a fait connaítre nombre d'observations déoionstratives
à cet égard. Sans doute, à elle seule, l’opération n amènera pas Ja
guérison du délire ; mais elle dóterminera souvent des améliorations
plus ou moins considérables et elle pourra favoriser la guórison. On
pourrait donc dire que, chez les aliéné9, toute opération chirurgicale
possiblc est doublement indiquóe, puisque, dans bien des cas, elle est
susceptib!e de produire et la guórison locale et I’amélioration de l’état
mental.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTKS
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M. Vigouroux admet sans restriction ia relation étroite qui unit les
lésions somatiques et les délires dans le cas de malades guéris ou
améliorés par i’intervention chirurgicaie. Mais il fait observer que
l’état délirant consistait toujours en confusion mentale, associée par-
fois è la raélancoiie, et que la lésion somatique était un foyer infectieux.
II s*agit donc de délire infectieux et non de délire a’origine péri-
phérique.
Le délire d'origine périphérique est celui qui succèderait à une lésion
(ne produisant aucune toxine) d'un organe dont l’altération ne don-
neraitlieu à aucune auto-intoxication ni à aucune insuffisance glandu-
laire. — Le délire des ampulés, s’il existe, en serait le type.
L observation de la malade ayant présenté des idées de possession
en mème temps que de l’hyperchlorhydrie ne peut servir de ba- e à la
discussion : car l’hyperchlorydrie est considérée par beaucoup, non
comme une lésion de Testomac seul, mais comme la manifestation d'un
trouble général de la nutrition.
Dans sa première communication, M. Picquó a constamment opposé
la doctrine de la cénesthésie à celie du somatisme. II semble pourtant
que i'hypothèse d'un centre cortical de la cénesthésie permet d’admet-
tre que ce centre, qui peut ètre iésé primitivement, peut aussi l’ètre
secondairement à l'altération des organes où du système sympathique.
Ces deux théories ne sont donc pas contradictoires.
M. Sollier. — Je crois qu’ii serait bon, avant de pàrier de l'origine
póriphérique ou non de l’hypocondrie, de próciser les variótós du
dólire ou des idées hypocondriaques. 11 y a, en eíTet, des hypocon-*
driaques qui, comme ie soutient M. Arnaud, sont des hypocondria-
ques constitutionnels, congénitaux, qui saisissent ia première occa-
; sion pour faire du dólire. II en est d'autres qui sont, comme le dit
M. Vigouroux, des interprétateurs hypocondriaques de troubies orga-
| niques. Où réside le trouble nerveux de l’hypocondrie ? II faudrait,
d'abord, chercher à l'établir. On peut supposer que c’est dans la zone
céróbrale de la sensibilitó gónérale, sans qu’on sache, d’ailleurs, en
quoi consiste l'altóration cérébraie. II n'est pas douteux, d’autre part,
que le sympathique ne présente souvent des altérations. Le sympa-
thique peut ètre altéró primitivement, ou secondairement, par voisi-
nage d’un organe altéró. Dans ce dernier cos, Ie délire semble avoir
une origine périphérique, et on comprend que l’ablation d’un organe,
ou une opération sur une iésion qui altère le sympathique par voisi-
nage, peuvent agir sur le dólire qui dópend de cette altération secon-
daire du sympathique. Enfin, je crois que certains hypocondriaques,
ioin d’ètre améiiorés par une opération, en sont, au contraire, aggra-
vés. Tels sont les cas dans iesquels l’hypocondriaque constitutionnel
se fait opérer d’une afíection banale, insignifiante, et à la suite de
l’opóration, qui ne l'a pas soulagé, se figure ètre beaucoup plus maiade
qu’on ne ie croyait. L’opération sert à fìxer son idée hypocondriaque
el développe son délire. Je suis d’avis que, dons les cos de ce genre,
il faut éviter d’opérer à moins d’indication très formelle, et non pas
dans le dessin très aléatoire de faire disparaitre l’idée maladiVe par
l opération. Je crois, pour ma part, que dans tous les cas d hypocon-
drie vraie, systématisóe, il y a toujours une lósion, soit primitive, soit
secondaire, du système nerveux central ou sympathique. Quant aux
délires méiancoliques, leur base et leur genèse sont toutes diíTórentes
de ceiles des dólires hypocondriaques et demandent un examen à
part.
G. COLLET.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Sèance du 24 mai 1909
M. Andró Collin : Sur un cas de mort avcc hypothcrnue dans la
paraUjsic gènèraic. — L... ágé de 43 ans, entre à Bicétre le 5 mors
1909. On porte à sonentrée le diagnostic deparalysio générale.
Le début de la maladie remonterait à dix huit mois; les accidents
aigus à trois jours. Depuis ce temps, en effet, le malade est très excité
et très agité, extrèmement loquace, ii dort à peine quelquesheures. On
essaye les calmants ordinaires, bains prolongés, chloral;mais une
syncope, qu*il eut après le premier bain prolongé tièdequ'on lui donna,
nous rendit très prudent dans l’administration d’une médication
calmante.
Brusquement, en pleine période d’excitation, tous les phénomènes
cessent dans la nuit du 15 au 16 mars à 2heures du matin. Les diíTé-
rents procédés mis en oeuvre pour ramener le malade à lui sont inef-
fìcaces ; à 7 heures du matin les membres supérieurs sont raides, la
température est voisine de 34*, le poulsestimpossible àcompter. L’aus-
cultation du coeur fait entendre 15 à 18 systoles faibles par minute. 11
meurt à 4 h. 1,2 de l'après-midi le 16 mars sans avoir repris connais-
sance avec une température de 33*8.
L'opposition de la famille empócha de faire fautopsie.
Nous ne proposerons aucune explication de ce phénomène et nous
nous bornerons à rappeler que différents cas analogues ont étópubliés
par MM. Icovesco, le professeur Joffroy, Marchand et que Ziehen, de
Berlin, fait remarquer que 1 hypothermie extréme survient ordinaire-
# ment avant un ictus paralytique ou après une agitation très intense.
MM. L. Mabchand et H. Nouet : Dèmcnce rapidc chez unc ùpilep-
tique. — Sous le nom de démence ópileptique on entend l’affaibiisse-
ment intellectuel profond et irrémédiable qui survient chez certains
comitiaux. Cette dómence est quelquefois en rapport avec une aug-
mentation évidente du nombre des accidents convulsifs ; dans d'autres 4
cas, la démence survient à un moment de la vie du sujet où les acci-
dents épileptiques cessent complètement ou deviennent seulement
beaucoup plus rares. Ces observations de démence non accompagnóe
d'une recrudescence dans la fréquence des accès sont assez rares: on
ne peut prétendre que dans ces cas les lésions corticales, substratuni
anatomique de la démence, ont étó produites par les accès épilepti-
ques.
Les auteurs rapportent l’observation d’une femme épileptiquedepuis
l’àge de 18 ans, qui présente à l'áge de 26 ans un accès d’agitationavec
négativisme, incohérence. logorrhée, impulsions violentes; puis sur-
vient un état de caime relatif, au cours duquel la malade prend des
attitudes cataleptoídes et présente des idées de persécution. Les crises
comitiales très fréquentes auparavant deviennent plus rares. Après
une légère aiiiélioration de I’état mental, nouvel accès d’agitation avec
amaigrissement rapide et gatisme ; l’affaiblissementintellectuel devient
profond en quelques semaines; la parole s’embarrasse et la malade
meurt dans le coma. L’évolution de i’affeclion n’a duré que six mois.
Cette démence à marche rapide a pour substratum anatomique des
lésions méningo-corticales dont la pathogénie reste obscure. La prédo-
minance des lésions au niveau des lobes frontaux, l’infiltration des
méninges, la sclérose corticale, la destruction des flbres tangentielles,
fintégrité relative des vaisseaux en constituent les caractères princi-
paux.
G. Collet.
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SOCIÉTE clinique
DE
MÉDECINE MENTALE
Séance du 17 Mai 1909
Présidence de M. MAGNAN
SOMMAIRE
Adhèsions et èlections. — Membres correspondants : M. le D r Dericq,
M. le D r Capgras, M. le D r Courbon, M. le D r Levassort. — Membres
associés étrangers : M. le D r Hachid Taheim Bey, M. lè D r J. de Mattos.
Prèsentations. — I. M. Legrain. — Guérison tardive d’états aigus
graves. (Discussion : M. Lwoff).
II. M. Marie (de Villejuif). — 1* Démence précoce post traumatique.
2* Paralysie générale et mal perforant buccal. (Discussion : M. Picqué).
III. M. Pactet. — Syndróme paralytique et paraplégie spasmodique
chez un jeune homme de 19 ans. Dóbut des accidents à 14 ans. (Discus
sion: MM. Magnan, Lwoff, Colin, Briand, Vigouroux, Marchand,
Trénel).
IV. M.Leroy. — Uncasd’amnésie rétro-antórograde consécutiveàune
intoxication aigué par le gaz d’óclairage. (Discussion : MM. Legrain,
de Clérambault, Briand).
V. M. Marcel Briand. — Amnésie rétrograde partielle... ou fabula-
tion. (Discussion : MM. Legrain, Colin, Marie).
VI. M. Trénel. — Hallucinations obsédantes et obsessions halluci-
natoires. (Discussion : M. Magnan).
VII. M. Fillassier. — Obsessions, impulsions et tics chez un dégó-
nóré.
VIII. M. A. Vigouroux. — Encéphalite hémorrhagique ? Multiples
foyers d'hémorrhagies punctiformes limitéesa la substancegrise. (Dis-
cussion : M. Marchand).
IX. M. A. Marie (de Viilejuif). — Maladie de Parkinson avec
démence et cécité corticale. (Discussion : MM. Marchand, Trénel).
En ouvrant la séance, M. Magnan annonce qu’il a regu de
Budapest une invitation à participer aux travaux du Congrès
Internalional de médecine. II prie les membres de la Sociétó
Clinique qui voudront se joindre au Secrétaire général pour repré-
senter la Société de bien vouloir donner leurs noms au Bureau.
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Adhésions
M. Magnan annonce qu’il a regu les adhésions suivantes, ò titre
de membres correspondants:
le D' Dericq, médecin en chef, directeur de l’asile de Bonne-
val (Eure-et-Loir), membre correspondant de droit.
M. le D' Capgras, médecin adjoint de l’asile de yille-Evrard,
membre correspondant de droit.
M. le D' Courbon, médecin adjoint de l’asile de La Charité
(Nièvre), membre correspondant de droit.
M. le D' Levassort, médecin adjoint de l’asile d’Alengon (Orne),
membre correspondant de droit.
Elections
MEMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS
Sur la proposition du bureau, sont élus à la majorité membres
associés étrangers:
M. le D' Rachid Taheim Bey, membre du Conseil médical,
Directeur et professeur de Clinique pour les maladies nerveuses
et mentales à la Faculté de médecine impériale ottomane. Cons-
tantinople.
M. le D' J. de Mattos, directeur de l asile du Comte Ferreira,
chargé du cours des maladies mentales à l’Ecole de Médecine,
Porto (Portugal).
PRESENTATIONS
I. Ouórlson tardive d’ótats aigus graves, par M. Legrain.
(Prósentation de deux malades.)
II y a des affections mentales, telles que la démence précoce, qui,
par définition mème, comportent un pronostic fatal. II en est d au-
tres qui, comme la confusion mentale, sans comporter un pronos-
tic absolumentgrave, sont pourtant fort sérieuses etdésorganisent
suffisamment la cellule cérébrale pourque, dans le plus grand
nombre des cas, les malades en sortent au moins diminués.
Enioutcas il est des facteursqui, en tout état de cause, per-
mettent presque toujours d’assombrir un pronostic, la durée
du mal par exemple. Quand on observe un état, déjà grave par
lui mème, mais qui se prolonge pendant plusieurs années sans
présenter apparemment la moindre tendance à regresser, on con-
sidère légitimement la partiecomme perdue.
Et pourtant Ia clinique prouve qu’il est sage de ne jamais déses-
pérer. La chose est de première importance, carde la formule d’un
pronostic peuvent dériver parfois des conséquences d’une extréme
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gravité. C’est pourquoi j’ai jugé pratique de vous présenter deux
sujets, aujourd’hui complètement guéris et sur lesquels, munis
des seules armes que nous fournit notre boiteuse expérience, la
totalité d’entre nous, aurait, incontestablement, placé la plus
fàcheuse des étiquettes.
Le premier, le aommé B. àgé de 37 ans, est, eomme vous le
voyez, un minus habens. II est dans mon service depuis cinq ans.
Sa raère est morte à l’asile de Morlaix. Lui-mème, autrefois,
pendant son service militaire, fut interné déjà pendant quelques
mois à l’asile de Maréville.
A son entrée, en janvier 1904, il se présente à moi sous l’appa-
rence raaniaque mais sans grande turbulence, ni grande excita-
tion. Ses propos sont simplement décousus, et surtout inadaptés
en général à la naturedes questions qu’on lui pose. II est comme
distrait, égaré, confus. II a de nombreuses hallucinations d’un
caractère indifíérent et qui augmentent son état de désorientation.
Son visage s’anime de rires niais. II écrit à l’aide de signes caba-
listiques étranges (il ne ,sait pas écrire) qu’ii relit imperturbable-
ment comme ferait un tout jeune enfant. Les pupilles sont dila-
tées, mais égales.
Revoyons le 4 mois après.
L’étatd’excitation moyenne n’a pas varié; mais, à ce moment, la
loquacité est énorme et un paroxysme aigu inquiétant complique
la scène. Le malade est aphone, fièvreux, la langue est sèche ; le
séjour au lit s’impose. Je dois intervenir à faide de bains prolon-
gés et d’injections de sérum.
Cette complication de confusion mentale aiguè dure environ un
mois. Le malade en sort par une défervescence qui secontinue
pendant plusieurs mois, au bout desquels il se présente sous l'as-
pect suivant qui, pendant trois années, ne cessera pas d’un ins
tant: il errede touscòtés dansunétatd’égarementabsolu, ne sem-
blantreconnaitreni lespersonnes, niles lieux, s’agrippant aux vé-
tements des personnes quipassent etneles láchant plus; son visage
est contracté et semble indiquer un état de crainte et d angoisse
perpétuelles ; par moments il s’enfuit ; on le rattrape, il s'accro-
che à vous sans dire un mot. Pendant 3 ans, on n’a guère entendu
leson de sa voix. II mangeait gloutonnement, était malpropre et
présentait en somme le tableau le plus tristement convaincant de
ladémence à forme confusionnelle.
Or, voici qu’après 3 ans, le malade cesse de s’agiter progressi
vement; il ne parle pas encore, mais semble observer autour de
lui; le visage atone, inerte, il semble fatigué. Progressivement il
revient à la santé et je le retrouve un beau jour au milieu desautres
malades où, de guerre lasse, on l’avait quasiment abandonné com-
rne perdu, causant aussi bien qu’il pouvait, encore sans réaction
ni initiative, mais en tout cas transformé.
Je le questionne ; ses souvenirs sont vagues. II demande à tra-
vailler; j’accède à son désir. Et, pendant huit mois, il disparait
encore. Finalement je le retrouve comme vous le voyez mainte-
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nant, souriant, causant avec précision, ayant reconstilué unepar
tie de ses souvenirs, raisonnant sur ses intérèts, sur son avenir,
animé de sentimenls aífectifs très ardents et attendant sa sortie
déflnitive avec résignalion.
Son mal a duré un peu plus de quatre ans.
Le deuxième cas appartiendrait plutót à une clémcnce précoce
dont la symptomatologiem est apparuesuffisante pour en affìrnier
le diagnostic et par suite le pronostic. Son séjour dans monser
vice date de 3 ans ; il y est entré en avril 1906. Sa mère a été
internée.
A l’entrée, il est ágó de 21 ans. Sa jeunesse a été celle d un petit
dégónéré, sans vices, mais sans aptitudes et avec beaucoup de
bizarreries, notamment l’amour de la fugue. II a été pris très vite
d’un état céróbral aigu caractérisé par íe syndrome désorienta-
tion. Sa cérébration est extrémement lenle. II répèle comme un
ócho plusieurs fois ies questions ou la fìn des questions sans les
comprendre ou pour tácher de les comprendre. II fait un grand
effort pour penser, maiscoud trèsmal deux idées ensemble. Nom-
breuses erreurs de mémoire.
II a l’air satisfait ef béatement enfantin. Par moments quelques
vagues idóes de persécution. Disparilion absolue de l'affectivité.
II rit tout à coup sans objet apparent; son langage est émailló de
réflexions niaises et puériles. II acerlainementdeshallucinations.
mais peu nombreuses et ellqs ne semblent pas avoir un caractère
suffisamment précis pour orienter le délire. II parle de feu.d’élec-
tricilé, de sifflements. Bref, il est tout à fait incohérent.
Mais je citerai notamment trois importants syndromes qui
s’établissent dans le cours des quelques mois qui suivent et me
fortifient dans mon opinion grave : le malade devient écholalique
et échopraxique. Comme une mécanique il imite tous les gestes.
Enfin il a des altitudes catatoniques et des grimaces stéréotypées.
Je note encore de nombreux troubles vaso-moteurs, des pupilles
très paresseuscs, et pourtant des réflexes patellaires exagérés.
Ce malade est resté dans cet état, sans beaucoup de variante,
pendant deuz ans. Je l’ai envoyé à plusieurs reprises à Ste-Anne
pour opérations diverses sur les extrémités (lésions osseuses,
tuberculeuses); rien n’a changé. Voici un échantillon de sonlan-
gage que je considère comme typique :
« Je fais des grimaces parce que tout m’énerve... parceque
je me défends... contre l'impossible... Alors je demande une
chose... qu’on me donne une chambre à Taris... il me serait
utile à moi d’avoir un genre de vie à part... certainennent si
l’armée peut me le confirmer... mais l’armée n'en arrivera pas
là... je l’admets... alors c’est à vous à réfléchir... táchez de
vous arranger pour moi... car mes parents je ne veu* P* us
les voir... car j’ai trouvé trop de choses qui se rappodent
sur mon nom et que je ne peux pas eífacer... mon nom quiest
porté partout et qui après... c’est inutile d'ajouter... onm'aeni-
porté mon nom, on s’en est servi... Certainement que \e sc 1,818
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mieux dans un couvent... enfermé dans un trou... dans la terre...
je serais capable de tenir un petit discours avec une sociétó quel-
conque... etc. »
Et pourtant, tout cela s’est amendé, tout cela a guéri. En juillet
1908 l’incohérence avait disparu ; des atlitudes stéréotypées il
n’était plus question. Le malade apparaissait seulement comme
inerte, atone, diminué intellectuellement, ayant encore des
réflexions assez bizarres. Je le croyais en situation de descendre
dorénavant la pente de la simple démence sans autre syndrome
marquant. Néanmoins je prescrivis qu’on l’occupát.
Or, voici : employé dans. les bureaux à des travaux d'écriture,
il fit d’abord son travail machinalement, puis avec soin et inilia-
tive, puis intelligemment ; enfin il s'est adapté à des travaux de
bureau très compliquós. Yous le voyez aujourd'hui, avec une
tenue parfaite, gai, conscient, raisonnant avec la plus entière pré-
cision, appréciant de son passé tout ce qu’il peut se rappeler,
formant des projets d'avenir, en un mot guérir sans aflaiblisse-
ment appréciable. Le mal a duré environ 2 ans et demi.
J'ai dit qu’il n’était pas indifférent de publier des cas comme
ceux-lè. Nous sommes à tous momenls consultés à juste raison,
sur le pronostic des aflections ordinaireraent longues que nous
traitons. Les deux cas précédents et bien d'autres que j'ai en
mémoire m’induisent à penser qu’il faut toujours étre réservé
mème dans lescas classiquement catalogués parmi les incurables.
Un fait que je vais vous rapporter en quelques mots et que j'ai
observé tout au début de ma carrière a étó pour moi d’un grand
enseignement. Ayant pris la direction d'un grand service, je vis
parmi mes malades une femme de 60 ans, affaissée depuis plu-
sieurs années dans un état de stupidité mélancolique, gátant,
bavant. sans aucune lueur de raison, mangeant comme un auto-
mate, ne proférant aucune parole. Elle avait sombré dans cet
état de mélancolie présónile avec aflaiblissement sans doute défi-
nitif des facultés, à la suite de revers de fortune et de chocs mo-
raux. Mon prédécesseur, consulté par un administrateur des
biens nommé par le tribunal, avait sans hésitation, comme je
l aurais fais moi-méme, déclaré quela malade atteintededémence
était incurable. Vous allez voir que ce fut déplorable.
Cet élat dura diz ans environ. Un beau jour, jesurpris quel-
ques lueurs de vie cérébrale chez ma malade. Je m’en occupai plus
que je n’avais fait, et dans l'espace de quelques mois, je la vis
guérir, mais si complètement que je dus la rendre à la libertóoù
elle est encore. Mais, pendant ce temps, l administrateur nommé,
fort d'un pronostic fácheux et définitif, avait levé le pied avec les
reliquats de la fortune de la malade. Celle-ci dut ètre recueillie
par des amis obligeantsqui se cotisent pour payer sa pension dans
une maison de retraite. Malgré ce nouveau choc moral, la malade
n’a point rechuté, elle est restée aussi guérie qu’on peut l’étre à
l’áge avancó qu’elle avait.
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surles : tl hèdxpiiquer pourqucn il ii cerlaioos >ìi.Htudns.
M. Ì.svoft-' . j'di vu gwtH'íí- HlT bCitíí tjo.ií i'i* •• títtft ntrtl.efe riHtsí
dí-ipéó er-mpie démeni?'. II faut jíeiHSfjr.don?? d.e fels à'ì« pos-ít
fóiiH [icno.jtqifajj. -
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tz sr.<s ot attein! itr. diunonee privn'X- post-truuinnlirpH-.
11 rffcut tí 1.-?. fégior! irouto porÌHÌaf.tì ddHlíe au desíusi tie la.
letnpo un eóup de (•;i!ii:<Jo fer en marnm vh»z lui ì» soir' L:m-.-
IV í'ir.‘r ■*'' //-•. :
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LINIVÉRSnT ’OF MfCHIGAN
SOCIÉTÉS
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Parti en Amórique, il en revientaprès 3 ans en état de dómence
commengante. II fut pris pour un paralytique gónéral. (Interne-
ment en 1897). (Euphorie puérile, inaptitudes musculaires et
amnésie progressive, pupilles inégales et ò réaclion Iente à
droite).
Ce malade n’était pas buveur et nie étre syphilitique, c’est peut-
étre gráceà cela qu’il n’a pas ajouté à la lésion localiséeauiniveau
du traumatisme des lésions de méningo-encéphalite diffuse. 11
reste dément sans évoluer, ce n'est pas un dément paralytique
mais un véritable dément précoce post-traumatique.
De la démence précoce iì a le négativisme, lacyanose des extré-
mités et l’opposition, il en a méme eu la catatonie transitoire à un
certain moment.
La ponction lombaire est négative et la réaction hémolytique à
la syphilis 1 aussi; — pas d’hérédité particulière. — A noter aussi
le long intervalle de guórison apparente entre le traumatisme et la
démence finale ce qui est la règle dans les démences traumatiques
et constitue une difflcultó de plus dans les cas médico-légaux.
Pas de troubles de motilité ni de sensibilité. Le malade reste
inerte quand il est abandonné à lui-méme; il résiste au mouve-
.menl provoqué et parle peu parcequ’iln’a rien à direbien queson
mécanisme moteur verbal soit indemne, il a l’attitude d’un décéré-
bré frontal et conserve l’automatisme infórieur nécessaire pour le
mécanisme de la vie matérielie courante. Propre, s'habillant seul.
reconnaissanl les gens qui le soignent mais en état de puérilisme
démentiel sans aucune spontanéité.
2* Voici maintenant uncasde mal perforantbuccaldouble, chez
un paralytique général avancé et syphilitique ; je rappelle à ce
sujel plusieurs cas analogues précédemment recueillis et dont je
présente ies moulages, que je dois à l'obligeante collaboration de
M. le D' Pietkiewicz qui a bien voulu examiner le malade avec
moi au point de vue stomatologique.
Le maladea présenté une inconscience absolue de sa situation.
(Affaiblissement global de toutes les facultés) : la mémoire est
considérablement altérée et l’affectivité profondément troublée.
(Perte totale du jugement. Satisfaction profonde de soi-méme et
désorientation complète).
a II croit étre è l’asile depuis 3 mois seulement, il se dit né en
82 et étre ágé de 37 ans, puis de 137 ans. Sa santé est florissanle.
II est riche au point qu'on ne peut évaluer sa fortune. Ilpossède le
inonde, tout est à lui. II est vétu d'or, il mange de l’or, ses déjec-
1 Au sujet de l iinporlance diugnostique de la rénction liémolytique, je
roppellerai que j'ui pu fuire l'applicntion de la réaction de Wassermann dans
plusietirs cas de paralysie g’énérale eonjugale ou de tabes de l’un des con-
joiuts assocíé avec la paralysic générnle de ruutre.
Dans tous ces cas. la réaction syohilopositive confirme la spécifité bilatérale.
Arndt et Mac Dowal (Journal of mental Sc. LV. 321, avril 1909) viennent
d insister sur la fréquence de la paralysie générole conjugale et ses rapports
étroits uvec la spécificité des conjoints.
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TrefnbLemenl ftbriHture <ie la ■Uímftoo coíisídérahle et tíírtbáms
■ : .dc •!» ps.Kde? accu*6, sans qu'íl soil ooeeásaífs de
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i'iji'=i.!l>y< mvoUijtjes o<ì veeiítssani ni à lu limitèí’o ni ft i'accofn..
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Treinbíetíjont i-c*'i.:ffjiis>?.
Àboi'iiou t<>!>ile liés .refles.es- jral«?lleires et adiiltéens,. slors .ji ,;i
: teK rèífetfe Itififlí'tWT dès rneiuitfres supérìwí.rft sont e.\8géi4|sur-
li lttí fl víńiíCÌló,
ítousibiiild mt laut «t A.l« piqt'iro cartsidbrablemeut tHtioassce et
purvoj’Uo
Rctlcxós cììUines ronfiervt**;.
Aucun sigrn* tto. Korriborg. Le Dinìada àbien de 'l'ineriDrdinftlion
des iti<j>ivèi»iettì^;d^í rrfernbres iíiMrieuj's, njtft* cèíte; fiií-ardineiitiii
n'fiu^niertfe du tcxst |of l occlu.stoo des.paupièrtés,;
Le ftialadc. n>H;<*.os« nucum.' dc>ol«'i«r iuUufanle ce qut n‘u rieií
d'élorttiítoi ói.f<nt doni'.ti sos idócs de saiishíctioo,
E3íb»íát«f de jtì tèle ; dqtj* cu tiíítuf, pi'bdcímmertti-n ároifè
(.soignéopoor nae gainine du .rtibilus i! y a tansì
Le mal pnrfnrnnt buc-
ptgfr'S- .... í-al esl -• oní '' i ^ ,! ì* í'ijt' uie-
douííle oax'mture de. la.
paroi; tuícedla du sitvis'
iriaxillsií'è, eyaut dÉtef-
uiińé d«? i» smusUe chro
ńújue, avec, consóeuti-
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liiiBíia.er.vocj'Slilelcgítr*'.
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SOCIÉTÉS
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chute lotale dentaire ancienne. Souvent on voit des paraiytiques
généraux présentant cette atrophie maxillaire sans perforalion,
mais le mal perforant serait peut-étre plus souvent relevó chez
eux si on le cherchait plus soigneusement. Ci-joint 5 moulages de
ce genre.
M. Picqué. — II est difllcile d’affirmer a priori Torigine trophi-
que de l'ulcération que présente le malade au niveau du rebord
alvóolaire. On sait combien sont nombreusesen cepointles ulcéra-
tions d'origine infectieuse.
II serait donc utile d’explorer chirurgicalement cette plaie, de
rechercher Texistence possible d'une nécrose et de détruire par la
curette les lésions qu'on y rencontre.
Ce n'est que leur persistance après le traitement chirurgical
qui pourrait confirmer l'opinion de notre collègue Marie.
M. Marie. — II y a peut-ètre un double élément, infection et
trouble trophique. La radiographie me parait prouver le trouble
trophique.
III. Syndrome paralytlque et paraplégie spasmodique
chez un jeune homme de 19 ans. Dóbut des accidents &
14 ans 9 par M. Pactet. (Présentation de malade).
Le malade que je présente à la Sociétó est un jeune homme de
19 ans chez qui l’on constate l’existence d’un syndrome paraly-
tique s’accompagnant de paraplégie spasmodique. Les accidents
ont débuté à l'ége de 14 ans et ont suivi une marche régulièrement
progressive pour arriver à la situation clinique qu’on observe
aujourd’hui : afiaiblissement intellectuel, absence de dólire, état
permanent d’euphorie, embarras de la parole, inégalitó pupillaire,
signe d’Argyll Robertson, incertitude de la marche, exagération
considérable des réflexes rotuliens, trépidation épileptoíde. Le
réflexe plantaire, abdominal et crémastérien, est normal. Les
réflexes palmaire et tricipital sont sensiblement exagérés.
Ce cas doit-il ètre rangé dans les groupes des paralysies géné-
rales ou dans celui des démences précoces? Tel est le problème
qu’il s’agit de résoudre.
L’histoire clinique du malade est peu compliquóe.
II est le fils d’une mère, ágée actuellement de 46 ans, qui, jusqu’à
ces quatre dernières années, a vécu à )a campagne, a toujours
joui d’une excellente santé et ne compte pas d’aliénós dans sa
famille.
Elle n’a jamais eu la syphilis.
La grossesse a évolué normalement, l’enfant est né à terme,
était bien conformé et pesait 4 kilog. 200, au moment de sa nais-
sance.
Le seul incident à noter, c’est que la mère, qui n’était pas ma-
riée, s’est beaucoup tourmentée quand, à seize ans, elle s’est vue
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A
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eoceinte. Elle quitta son pays v au cinquième mois de sa grossesse,
et vint à Paris pour y chercher un emploi. Elle n’en trouva pas et
pendant un mois, c’est-à dire jusqu'au jour où elle se résigna à
aller voir un oncle qui habitait Paris et qui consentit à la prendre
comme domestique, elle mena une existence très malheureuse,
ayant à peinede quoi manger. Elle fit ses couches à Thópital Cochin.
Le père était un homme d’une quarantaine^d’années qui avait
exercé, pendant vingt ans, la profession degazier à Paris et s’était
retiré ensuite dans son pays natal. II serait mort à 45 ans, un de
ses frères à 50 ans et leur père vers le méme àge, mais on n'a pas
de renseignements sur la naturede la maladiedont ils sont morts.
Toulefois l’on sait qu il n’y avait pas d’aliénés dans cette famille.
Notre jeune malade a eu quelques convulsions en bas-áge et la
rougeole à 9 ans.
II a été à l’école jusqu’à onze ans, et seulement quatre ou cinq
mois chaque année, parce que, pendant l’été, on l'occupaità des
travaux de culture. II a appris à lire et à écrire sans difficulté.
Jusqu’à 14 ans, il véeut avec sa mère, en Auvergne. A ce mo-
ment, celle-ci s’étant trouvée dans l’obligation de venir résider à
Paris, il l'accompagna et fut placé chez unxle ses oncles, en qua-
lité de garcon marchand de vins. Pendant cinq ou six mois, il fit
son métier de fagon convenable, puis il ne tarda pas à s’acquitter
moins bien de ses occupations, il sortait sans prévenir, abandon-
nait la boutique quand on lui en avait confìó la garde, commettait
des erreurs en rendant la monnaie aux clients.
« II ne s’intéressait plus à son travail; il avait toujours l’idée
d’élre dehors ».
Un jour méme, il partit en bras de ehemise, sans avertir, et ne
revint que le surlendemain. II avait été chez un autre de ses
oncles qui habitait le quartier de Gharonne.
Surces entrefaites, on le renvoya en Auvergne, chez un parent,
dans l’espoir qu’il s’accommoderait mieux des travaux des champs.
Mais ce fut peine perdue; là encore, il fut impossible de l’as-
treindre à une occupation régulière, il fìt constamment des fugues
et paríois à une assez grande distance de son domicile.
Òn le fit revenir à Paris où sa mère le garda avec elle pendant
cinq ou six semaines, puis, voyant qu’il avait besoin d’étre sur-
veillé comme un enfant, elle se décida à le faire admettre dans
un asile.
En méme temps que la mère constatait, il y a cinq ans, chez
l’eníant, les pTemiers symptòmes du déclin de l’intelligence, elle
notait, de temps en temps, une diminution de la netteté de l'arti-
culation verbale et aussi un léger degré d’incertitude de la marche.
« II était moins solide sur ses jambes. »
A son entrée dans mon service, le 23 octobre 1908, il se présente
sous l’aspect d’un jeune homme dont le développement physique
n’est pas inférieur à celuides jeunes gens de son áge ; sa taille
est de 1"65 ; les organes génitaux ont un volume normal; il n’a
pas de signes d’infantilisme ni de stigmates physiques de dégéné-
rescence.
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L’afíaiblissement intellectuel esldes plus manifestestes, laparole
légèrement hésitante, la démarche un peu incertaine, les réflexes
rotuliens sont exagérés. II n'existe pas de délire; la note dominante
de l’état mental est l'euphorie.
Tous ces symptómes n’ont faitque s'accentuer depuis lors, prin-
cipalement l'embarras de la
// /7)> ol!oS>t parole et les signes de la para
/yvioH
jl/t yirtAt áto*
sCW du
plégie spasmodique.
Actuellement la parole est
traínante et saccadée, on le
constate en conversant avec le
malade et sans avoir besoin de
recourir aux mots d’épreuve.
II existe du tremblement des
lèvres et de la langue.
L’écriture est considérable
ment troublóe et l’on peut se
rendre compte de l’accentua-
tion progressive de ce trouble,
par la comparaison des deux
fac-simile, donl l’un date de
trois ans et Tautre de quelques
semaines. (Fig. 27 et 28.)
Fig. 27. Les pupilles sont inégales, le
Ecriture du malade en septcmbre 1906 signe d’Argyll-RobertSOn existe.
• Les réflexes rotuliens sont
trèsexagérósetleclonusdu pied apparaitaveclaplusgrandefacilité.
Fig. 28. — Ecriture du malade en mai 1909. — (Texle :
Cher père et chère mère. Je m'en vai« à Stc-Ánne. Je suis
hien content que mon chef vienne avec moi. — Loais).
La marche est incertaine, les jambes sont raides et les pieds se
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détachent avec quelque difRcultó du sol. II n’y a pas de titubation.
Les réflexes sont exagérés aux membres supérieurs.
Le réflexe plantaire est normal ainsi que le réflexe crémasté-
rien et abdominal.
Quant à l’étatmental, le malade ne manifeste pas de dólire,
mais constamment des idées de satisfaction, à propos de tout ce
qui le concerne. Ses sentimenls aflectifs à l’égard de sa mère sont
très vifs ; il se réjouit, quand il voit arriver le jour du parloir, à
l’idée qu’il recevra sa visite. II est poli avec tout le monde et se
montre sensible aux attentions qu’on peut avoir pour lui: « Vous
me gátez, » me disáit-il un jour que j’améliorais son régime ali-
mentaire, et il ne manque jamais de remercier un infìrmier qui
lui donne quelque soin. Jamais, à aucun moment, il n’a présenté
d’impulsions à la violence.
II n'a jamais eu, ni à l’asile, ni avant d’y entrer, d’attaques épi-
leptiformes ou d’ictus apoplecliforme.
II y a d^ux mois environ, j'ai'conslaté chez lui une tuméfaction
ganglionnaire de la région cervicale, du cótó gauche. Malgré un
traitement général aussitót institué, Tadénite ne tarda pas à sup-
purer, puis, quelques semaines plus tard, les ganglions de la ré-
gion cervicale droite se prirent à leur tour et il s’ensuivit, dece
cólé, une suppuration qui persiste encore aujourd’hui.
La mère dumalade m’avait appris qu’en 1905 — il y a quatre
ans -- il avait eu, à la face externe de Ia jambe gauche, « comme
un gros clou qui s’était ouvert seul et ne guérissait pas » ; la sup-
puralion a duró trois ou quatre mois et il entra méme è l’hópital
oùon lui flt descautérisations au thermo-cautère.
A sa sortie de l’hópilal, il eut un abcès de la joue gauche qui a
laissé une cicatrice peu apparente. « C’était un bouton qui s’ótait
formécomme à la jambe, mais plus petit. »
L’auscultation ne révèle pas acluèllement l’exislence de lésions
luberculeuses pulmonaires et les crachats ne renferment pas de
bacilles.
II semble bien qu’en présence de la symptomatologie que nous
constalons, on doive porter le diagnostic de paralysie généraleet,
je me serais arrèté sans hésitation à ce diagnostic, si je n’avais eu
í’occasion d’observer un jeune malade, il y a quelques années
déjà, qui présentait un aspect clinique à peu près identique àcelui
que nous avons sous les yeux et à l’autopsie duquel on ne rencon-
tra pas les lésions de la paralysie générale. II fut considéré, de
par les lésions hislologiques de l’encéphale, comme appartenant
au groupe des déments précoces ‘.
Néanmoins, ce n’est pas à ce dernier diagnoslic que je serais
disposé à me rallier, dans le cas actuel, car si les signes physiques
ont, de part et d’autre, une grande similitude, je trouve dans
l’analyse un peu attentive de l’élat mental des deux sujets, des
nuances qui ne sont peut étre pas négligeables pour aider à orien
1 Klippel et LhErmitte. — Revue de Psychiatrie, 1904, p. 62.
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ter le diagnostic. II existait, dans le premier cas, une dómence
massive, une indiflérence émotionnelle complète ; ici, au con-
traire, la conservation d'un certain degré d’activitó psychique
conscienle et spontanée, la persistance de l’émotivité, des senti-
ments affectifs, l'absence d’impulsions motrices, sont autant de
signes qui ne s’accordent guère avec l’hypothèse d’une démence
précoce.
II est vrai qu’on pourra objecter que la ponction lombaire
n’ayant pas révéló l'existence de la lymphocytose, c’est un indice
qui n’est pas en faveur de la paralysie générale. Mais, à ce propos,
il est permis de se demander si l’on n attache pas à ce signe
une importance exagérée en lui donnant la valeur d’un criterium
presque infaillible, alors que les faits sont loin de venir toujours
à l’appui d’une opinion aussi absolue.
D'autre part, les symptómes spasmodiques, qui traduisent des
lésions dégénératives de flbres du faisceau pyramidal, ne sont pas
en désaccord avec l’hypothèse de paralysie générale.
En résumé, j’aurais tendance à admettrequ’il s'agit, dans le cas
actuel, de paralysie générale, sans qu’il soit possible, toutefois, de
préciser, par la seule clinique, la nature des lésionsencéphaliques
difluses, ayant pour siègele tissu vasculo-conjonctif, qui tiennent
sous leur dépendance la manifestation du syndrome.
Peut-ètre la double adénite suppurée dont est atteint actuelle-
ment le malade et les suppurations antérieures qu’il a prósentées
du còté de ìa jambe et de la joue, permettent-elles de songer à ex-
pliquer I’apparition du syndrome paralytique par la présencede
tubercules et de toxines tuberculeuses dans les centres encépha-
liques ?
Examen du malade
Le malade est docile, passif méme; cependant il n'est pas indif-
fórent quand on l’interroge. II sait étre à S"-Anne et se rappelle
y étre déjà venu, il y a quelques mois.
M. Magnan constate qu'il a une certaine activité intellectuelle
que n’a pas le paralytique général d'apparence aussi avancé.
M. Lwoff pense qu’il s'agit là d’une sclérose cérébrale, et attire
l'attention sur la démarche spasmodique du malade. Les symp-
tòmes sont très atypiques, l'évolution seule permettra un diag-
nostic.
M. Pactet. — La paralysie générale juvénile est presque tou-
jours atypique, et on trouve très souvent des symptómes médul-
laires signalés par les auteurs qui en ont rapportó des observations.
M. Colin. — II en ótait ainsi pour le malade que j’ai présentó
précédemment.
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M. Briand. — Mon impression est que ce malade n’esl pas para-
lytique général, en raison de la discordance entre les symptónies
physiques et l’état mental.
M. Vigouroux. — II y a des formes motrices de la paralysie
gónérale oíi les phénomènes mQteurs sont prédominants.
M. Colin. — Je crois que nous trouvons ici tous les symptómes
cardinaux de la paralysie générale.
M. Trénel. — Quel est le résultat de la ponction lombaire?
M. Pactet. — Elle a été négative.
M. Marchand. — Le malade que j’ai présenté, en mars 1900, à
la Socióté médico-psychologique était atteint de troubles moteurs
et psychiques tels que le diagnostic de paralysie générale parais-
sait évident. Or, c’était une erreur ; l’examen des centres nerveux
pratiqué par M. Klippel ne décela aucune trace de méningo-encé-
phalite difluse; il n'existait que des lésions cellulaires. Depuis
I’époque où je faisais cette présentation, la clinique s’est enrichie
d’un moyen précieux de diagnostie, la ponction lombaire. La cons-
tatation de la Iymphocytose et de Taugmenlalion de la quantité
t d’albumine du liquide céphalo-rachidien peut, dans les cas douteux,
apporter un appoint précieux au diagnostic; dans le cas présenlé
par M. Paclet, le liquide céphalo-rachidien est normal; cette
constatation inflrmerait plutót le diagnoslic de paralysie générale.
M. Pactet. — L’absence de lymphocytose n’est pas une raison
sufflsante pour rejeter le diagnòstic de paralysie générale ; sa
valeur, en i’espèce, n’est pas absolue. N’a-t op pas vu des ménin-
gites évoluer sans lymphocytose, et par contre des suppurations
banales de la peau donner lieu à sa production ?
IV. Un' cas d'amnésie rétro-antérograde consécutive &
une intozication aigué par le gaz d’éclairage, par M. Leroy.
(Présentation de malade).
La malade, sur laquelle je désire retenir un moment votre atlen
tion, est une femme de 54 ans, ménagère, internée pour un aecès
de dépression mélancolique assez banal, mais qui a présenté un
accès d'amnésie rétro-antécograde consécutif à une tentative de
suicide par legaz d'éclairege.
Emilie B.... est née en 1854. à Paris. Son père est mort peu de
mois après sa naissance d'un accident du travail et sa mère mou-
rut en 1878, à 47 ans, de congeslion cérébrale avec hémiplégie
gauche. Ellea une sceur, àgée de57 ans, mariéeet mère de famille.
La malade se maria en 1873 à 19 ans et eut deux enfants : Tun
né en 1876, actuellement marié, bien portanl, l'autre né en 1881
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décédé à trois mois, de convulsions. Elle divorga en 1886, parsuite
de l’inconduite de son mari et contracta en 1901 un second mariage.
Cette femme a souffert à plusieurs reprises de coliques hépati-
ques. Elle a été réglée à 11 ans, et depuis très régulièrement et
a vu ses époques disparaitre en 1900, sans aucun phénomène
pathologique concomitant.
L'état mélancolique qui vient de faire entrer cette femme dans
nos asiles n'est pas le premier accès survenu dans son existence.
Par deux fois déjà, en 1876 et en 1881, à la suite de la naissance de
ses enfants, Emilie B... a présenté un accès de dépression mélan-
colique très net ayant duré environ six semaines, mais n*ayant
pas nécessitó l’internement. pile tombait assez rapidement dans
un découragement profond, n’ayant plus aucune énergie, aucune
volonté, incapable mème de s’occuper de son ménage et de ses
enfants. La première crise ne s’accompagna pasd’idéesdesuicide;
mais, en 1881, la malade eut l’intention de se jeter à la Seine, près
de la Morgue, et ne fut détournée de son projet que par une cir-
constance fortuite.
EmilieB... attribue son dernier accèsde mélancolie au violent
chagrin qu’elle ressentit au départ de son fìls et de sa bru. Ceux-
ci, mariés depuis plusieurs années, habilaient le méme apparte-
mentque leur mère, mais ils allèrent, en-janvier dernier, habiter
un logement voisin, pourleur plusgrande commodité. Cettesépara-
tion attrista tellement la malade qu’elle retomba dans une nouvelle
période de dépression mentale et physique complète. Elle restait
toule la journée anéantiepar ledésespoir, sans force, sanscourage,
se lamentant constamment, ne pouvant pas se livrer aux plus
petits actes de la vie couraqte ; n’ayant méme pas l’énergie de se
peigner, ni de se débarbouiller. La mort lui paraissait une déli-
vrance.
C’est dans cet état d’esprit qu’elle accomplit sa tentative de
suicide. Le samedi 27 mars 1909, son mari, en rentrantàla maison
à l'heure du díner, trouve la malade dans la cuisine, assise sur un
tabouret, la téte renversée en arriòre, sans connaissance. A portée
de sa main, se trouve le tuyau en (Aoutchouc du fourneau à gaz.
La conduite du gaz et le compteur sont ouverts ; la hotte de la
cheminéeest obstruée avec un fort tampon de papier. II appelle au
secourset transporte la malade, à l’aide des voisins, d’abord chez
un pharmacien puis à rhópital de la Pitié.
Quels symptómes a-t-elle présenté à la Pitié ? il m’a élé impossi-
ble d’étre renseigné sur ce point, je sais seulement que M. Thiro-
lojx l’a gardée 5 jours dans son service et l’a fait passer à Sainte-
Anne.
Le 2 Avril, EmilieB... estainsi envoyée àl’admission où M. Ju-
quelier rédigelecertificat: dépresaion mélancolique avec inactivitè y
tristesse , désespoir , préoccupations hrjpochondriaques , choc moral
récent ; tendance au suicide. Elle entre trois jours après dans mon
service de Ville-Evrard où je constate : au point de vue mental
dépression mentale et physique, sentiment de découragement,
absence d’initiative, anéantissement profond, pas d’hallucinations,
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conscience de son état. Interrogée sur ses idées de suicide, la
malade répond que la vie lui est à charge, qu’elle aurait voulu
mourir, mais qu’elle n'a jamais altenté à ses jours.
Au point de vue physique, Emilie B... se plaint de douleurs
intenses dans le dos et dans les bras, d'engourdissement dans les
mains. Tremblement très marqué des doigts. Coeur normal; P. 70.
Arc sénile de la cornée. Róflexes rotuliens normaux. Réflexes
pupillaires normaux. Ni sucre, ni albumine dans l’urine.
Je considérais celte tnalade comme une mélancolique n’offrant
aucune particularité remarquable, lorsqueson mari m'apprit, une
huitarne de jours après, la tentatiye de suicide dont je viens de
parler, en ajoutant: « c’est curieux, ma femme ne veut pas admet-
tre qu’elle a voulu s’asphyxier, elle prétend que c'est une invention
de notre part etque nous I’avons conduite è la Pitió pour nous
débarrasser d’elle. Je ne puis arriver ò la convaincre, pas plusici
qu’à l'hópital. » C'est dans ces conditions que je fus mis au courant
de l’intoxication de la malade, intoxicalion que ne signalait pas,
non plus, le certifìcat de l'admission. Je note en passant que cette
femme n’a jamais fait d’abus éthyliques et qu’elleboit uniquement
du lait et du houblon depuis quatre ans.
Le 13 avril 1909, c’est-à-dire 15 jours après la tenlative du sui- •
cide, la malade, examinée plus spécialement au point de vue de
l’intoxication par l’oxyde de carbone, présente les symptómes
suivants :
Douleurs intolérables dans le dos avec la sensation que la
colonne vertébrale se brise et s’écarte dans le sens de la largeur ;
sensibilité extréme de la région du coccyx empéchant la malade de
s’asseoir.
Bras serrés comme dans un étau, masses musculaires doulou-
reuses à la pression, la pression des nerfs n'étant pas particuliè-
rement pénible; engourdissement des mains, lourdeur; impotence
fonctionnelle des mains, la malade ne pouvant que très diflìcile-
ment trier des haricots ; tremblement considérable des doigts.
Pas de 'paralysies póriphériques, pas d’hémiplégie. Au dynsmo-
mètre, main droite = 50, main gauche = 28.
Pas de troubles trophiques.
Réflexes de la face et des membres supórieurs normaux.
Pas de troubles de la sensibilité générale ni de la sensibilité
spéciale, pas de dyschromatopsie, pas de troubles de la vision.
Rien de particulier à signaler aux membres infórieurs, pas de
clonus, pas de troubles de la slalion ni de Ia marche.
Pas de troubles de la parole.
Amnésie rétro-antérograde très nette.
La malade n’a aucun souvenir de sa tentative de suicide; elle sail
par sa famille qu’on lui reproche d’avoir voulu s’asphyxier avec
le gaz de sa cuisine, mais elle ne veut pas y croire. Pour Ies faits
immédiatement anlérieurs à sa tentative (préparatifs), on constate
une amnésie rétrograde qui s’élend assez loin : par exemple
I'emploi de cette journée lui échappe. Pour les faits qui ont suivi
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sa tentative. elle n’a aucun souvenir de la visite au pharmacien, ni
de l’entrée à l’hópital. Elle se contente de dire qu’elle s’est trouvée
à la Pitié, dans un íit, entre deux planches, et qu’elle ne peut
concevoir comment et pourquoi elle a été amenée là. Quant aux
faits récents, Emilie se rend absolument compte du temps, de
Tendroit oti elle se trouve, conserve le souvenir de ce qu’elle vient
de faire. La mémoire de fixation actuelle est donc intacle. Elle
donne des détails tròs circonstanciés sur sa vie antérieure, sur ses
idées mélancoliques. II existe seulement dans son souvenir une
lacune de 24 heures environ en rapport avec l’intoxication.
Les jours suivants íes douleurs névritiques dans les membres
supérieurs diminuent peu à peu dintensité. L’amnésie rétro-
antérograde se maintient, lorsque le 22 avril le souvenir de la
tentative de suicide lui revient subitement à l’esprit. Sa bru lui
ayant demandé au parloir : « Maman, qu’est ce que vous àvez
fait ? », la malade répondit: « J’ai voulu m’asphyxier ». L’amnésie
avait donc duré 25 jours.
Le lendemain, Emilie B... nous raconte la scène. « J'étais
tellement désolée, dit-elle, d’étre séparée de mes enfants que le
samedi j’ai voulu mourir. Vers les deux heures de l’après-midi,
après le départ de mon mari, je suis entrée dans la cuisine, j’ai
fermó la porte que j’ai calfeutrée en bas avec du papier, j’ai mis
ensuite un tampoD de chiffons et de papier dans la hotte de la
cheminée. Je me suis assise sur un tabouret de bois, le seau
étant mis derrière moi, sur la table, pour m’appuyer la téte, j’ai
ouvert le robinet du gaz, mis le tuyau dans ma bouche et ai aspiré à
longs traits. Je ne sais pas ce qui s’est passé après. Je ne me suis
réveillée que le dimanche matin à l’hópital». Le souvenir des
préparatifs et des faits ayant prócédé la perte de connaissance est
actuellement des plus prócis.
La lacune de la mémoire devait encore se rétrécir, car le 4 mai,
la malade commence à se rappeler ce qui s’est passé le dimanche
matin à la Pitié au moment de la visite médicale. « Le médecin
est venu auprès de mon lit en me demandant pourquoi j’avais
mis le tuyau de gaz dans ma bouche ; je n’y ai rien compris. II
m’a pincé la jambe en demandant si j’étais paralysée ». Elle se
rappelle méme maintenant « comme dans un songe » que dans la
nuit du samedi au dimanche elle avait grand soif et s’écriait:
« Marie, donne-moi à boire ». La veilleuse croyail qu’elle appelait
son mari, mais elle n’avait pas la force de lui répondre, tantelle
se sentait engourdie. Cette sorte de réve où se trouvait la malade
est à noter. Relativement à son séjour à la Pitié, Emilie B... nous
dit qu’elle était comme ivre, comme hébétée, et qu’elle pouvait à
peine marcher en raison de ses souffrances du dos.
Actuellement, Emilie B... n’a plus, comme perte du souvenir,
que le temps écoulé depuis le moment où elle a perdu connais-
sance dans sa cuisine jusqu’à la première nuit passée à l’hópital.
Elle va très bien au point de vue mental et ne présente plus aucune
idée mélancolique. L’impotence íonctionnelle des mains adisparu,
ainsi que les douleurs musculaires, on constate cependant la
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persistance du tremblement des mains. Je tiens à vous faire
remarquer, en passant, le facies un peu spécial de cette malade :
les traits sont masculins, le menton est développé, la langue très
grosse. Je ne saurais cependant penser ici à l’acromégalie, car les
mains et les pieds ont un développemenl normal.
Cetle observation est certainement incomplète au point de vue
des symptómes d’intoxication par l’oxyde de carbone, puisque je
ne les ai recherchós que tardivement. Je crois cependant qu'iis
offrent, tels que je les ai rencontrós, un intérét évident. Les
douleurs névritiques, l’impotence musculaire. le tremblement,
l’amnésie sont caractéristiques. A signaler aussi la soif ressentie
par la malade à son róveil. L’amnésie rétro-antérograde a persisté
un temps très long: 25 jours pour les faits antérieurs à l’asphyxie
et 36 jours pour les faits postérieurs. L’amnésie rétrogrsde a
disparu la première, comme c’est généralement la règle. Quant
au souvenir des faits postérieurs à l’intoxication, il est revenu
progressivement, au fur et à mesure que la malade y a réfléchi.
Cette réminiscence a óté spontanée, car personne ne lui a dit à
Ville-Evrard ce qui s’était passé à la Pitié.
Examen de la malade
La malade, très lucide et parfaitement guérie, raconte avec
détail le retour par degrés de sa mémoire, ainsi que le relate son
observation. Elle insiste sur les douleurs qu’elle a ressenties et
l’impotence fonctionnelle des membres supérieurs.
M. Legrain fait observer que le cas de M. Leroy fait, comme
tant d’autres, illusion sur le rétablissement complet des faits
intercalés entre la vie ancienne et la vie actuelle. II croit que
l’intégralitó de ce rélablissement est un mythe. Très habilement,
les malades arrivent à se tromper eux-mémes, gráce à quelques
associations d'idées ou de faits qui, le plus souvent, leur sont
suggérés, mais en fait il reste toujours des lacunes plus ou moins
profondes. La restitution spontanée doit étre d’ailleurs l'exception,
si méme elle est possible. M. Legrain croit que le plus souvent,
dans les cas de ce genre, les souvenirs sont reconstitués par le
secours de tiers, mais que les malades n’ont pas réellement la
notion du Jait accompli.
M. de Clérambault demande si elle a gardé le souvenir des
premiers malaises du début de l’intoxication.
La malade n’en a gardé aucun souvenir.
M. Briand. — Si on ne peut aflìrmer que l’amnésie soit la règle
dans tous les cas d’intoxication par l’oxyde de carbone, on peut
dire qu’elle exisle fréquemrnent dans les cas graves. Rarement la
mémoire revient sponlanément; le plùs souvent, les souvenirs ne
reviennent que parce que l’entourage ies rappelle à l'intoxiqué.
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J'ai vu une malade qui, au cours d’une tentative de suicide, par
les vapeurs de charbon, avait allumé un incendie qui lui fit, à
l'avant-bras, une brùlure au 3*' degré et qui ne se rappela jamais
ce qui s'était passé, personne n’étant en mesure de connaitre les
détails de l'accident.
V. Amnésle rétrogade partielle chez une dóbile... ou
fabulation, par M. Marcel Briand (Prósentation de malade).
Le 12 aoùt 1907, je recevais ò Villejuif une inconnue, dénommée
Marie-Louise, paraissant ágée d’une trenlaine d’années et qui
prétendait avoir oublié le nom de ses parents ainsi que leur
domicile et ne pouvoir donner que des renseignemeuts très vagues
sur son passé. Disonsdès maintenant que c’est une débile, un peu
déprimée mais sans dólire. On ne constate, chez elle, que quelques
signes frustes de dégónórescence, et une légère anesthésie du voile
du palais.
Sa tenue a toujours élé parfaite, à tous les poinls de vue ; elle
cause volontiers avec les autres malades, mais ne recherche pas
Ieur conversation, ne se lie que peu, méme avec celles dont
l’éducation laisse le moins à désirer et évite de parler d'elle-méme.
Le plus souvent elle travaille à l’ócart.
Cette jeune fille, qui se dit vierge, racontait et raconte encore
qu'elle était arrivée récemment à Paris, accompagnée de sa tante,
par une gare qu’elle croit étre la gare St-Lazare. Son père, qui
l’aurait mise dans le train, serait descendu, pendant le voyage,
alors qu’elle sommeillait.
En sortant de la gare, elle serait montée, toujours en compa-
gnie de sa tante, dans un fiacre qui l’aurait conduite dans un res-
taurant inconnu où, après-diner, elle se serait endormie. Ce n'est
que le lendemain qu’elle se serait retrouvée à I’hòpital, sans
savoir comment elle y était arrivée.
De l’enquéte de la Préfecture de Police, il résulte que le 19
juillet 1907, elle a óté trouvée, par les agents, endormie sur un
banc aux envir#ns de la place de l’Europe. Comme elle paraissait
malade, on la conduisit à Beaujon où elle fut admise, Salle Vul-
pian. Elle ne portait, à ce moment. aucun papier d’identité. In-
terrogée sur son nom elle répondait invariablement : « il est
dans mon sac » ce qui n’a pas été reconnu exact.
Comme la malade était inerte et dans un état de demi-hébótude,
on ne put la garder et le Commissaire de Police la fit conduire au
Dépòt d’où elle était envoyée à l’Admission avec le certificat
suivant :
« Débilité mentale confinant à l'imbécillité. Légère obtusion.
• i) Inertie. Troubles de la mémoire. Evalue mal le temps, oublie
» les mots d’ópreuve. Perdue dans Paris, ne peut direson identité.
» Céphalalgies tenaces qui seraient survenues depuis deux ans.
» Anesthésie pharyngée. Appareil prothétique dentaire; semble
» originaire de l’Orne (31 juillet 1907) signé: D r de Clérambault. »
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A TAsile Clinique M. Simon constatait qu’elle était atteintede
« dèbilité mentale avec incapacité de se diriger ; quelques préoc-
» cupations hypochondrisques ; dit « étre venue aved son père et
» avoir perdu celui-ci à la gare » (l er aoùt 1907J. »
Ason arrivée, à Villejuif, elle portait des vètements très usagés,
. pour ne pas dire sordides, dont elle prétend avoir été obligée de se
vétir, au moment de quitter son pays. Son linge était démarqué.
Elle avait un ratelier d’un certain prix.
A la suite d’une série d'interrogatoires dont elle a été Tobjet
de notre part, elle a fini par raconter l’histoire suivante : Elle
serait la íille d’un Monsieur Maurice Dhel _homme de lettres,
dont la femme décédée serait née Her.Marie. Lo père habiterait
avec sa soeur une dame Juliette M.. dans une villa construite
par un architecte M. Louvet et située au milieu d’un grand jardin,
dans un pays qu'elle ne peut désigner, pas plus qu’elle ne peut
donner les adresses d’autres personnes qu’elle nomme.
La tante Juliette ne serait venue habiter que depuis peu chez
M. Her.Avant l’arrivée de cette tante, la malade était sous la
direction d’une dame Bruneau.
Son père aurait 3 domestiques: Baptiste (jardinier), Marthe(cuisi-
nière), Madeleine (femme de chambre), Léonie (femme de ménage).
II avait une chienne nommée Fleurette.
Le père était souvent malade et se faisait soigner par un
Docteur Robert qu'il tutoyait. Ce médecin la soignait aussi.
Elle ne connait ni ie nom du pharmacien ni celui du curé et
cependant, souvent elle usait de médicaments pour une céphalée
persistante et se rendait régulièrement à l’Eglise.
Elle aurait eu une dame Carlier pour institutrice et auraitaussi
fréquenté une école Fénelon ou Racine. Une demoiselle Linka lui
aurait donné des legons de piano. Elle est assez bonne musi-
cienne.
Marie-Louise a certainement regu une excellente éducation ;
vous pourrez en juger par la nole suivante, dans laquelle elle
fournit, sur sa vie, les seuls renseignements qu’elle se prétend
capable de donner et qui, conQue en un excellent style, ne contient
que deux fautes d’orthographe et encore, celies-cl sont-elles des
plus excusables :
(i Je suis arrivée, à Paris, vers la fìn de l’óté dernier, je venais d’une
n campagne dont je ne puis me rappeler le nom. Nous habitions une
)> grande maison, situóe au milieu d’un jardin et d*un petit parc, entou-
» rés de murs. La maison était un peu isolée, mais à proximité d’une
)> ville où nous aillions, parfois, en automobile etoù mon père se ren-
n dait chaque jour. J’habitais avec mon père, une tante (M BC M.), les
m domestiques : Madeleine, la femme de chambre, Marthe, la cuisinière,
n Baptiste, le jardinier et le chauíleur Frédérick (je ne suis pas bien ,
» certaine de ce dernier nom). Nous avons pris le train dans la matinée,
» mon père, ma tante et moi, et nous sommes arrivés à Paris pourle
» díner. Aucùn souvenir ne m’est resté du voyage, car j’ai dormi pen-
» dant le trajet. A notre arrivée à Paris, ma tante était seule avecmoi
)) dans le compartiment et, à ma question au sujet de mon père, ma
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» tante me répondit qu’il ótait descendu, je ne sais à quel endroit, et
n qu'il nous rejoindrait par le traín suivant. Ma tante prit une voiture à
» la sortie de la gare et nous fit conduire dans un restaurant où nous
» avons diné. Après le restaurant, je me rappelle, vaguement, étre de
» nouveau montée en voiture mais après cela, jene me souviens abso-
» lument plus de rien, je me suis réveiliée dans un hòpital, ne sachant
» corament j’y ótais venue, et après avoir dormi longtemps, par suite
» d’absorption d’un narcotique, je crois; je ne puis parvenir, bien que je
» cherche constamment, à me souvenir ni du nom de la campagne où
9 j’ótais, ni du nom de la ville voisine ou mème celui du dópartement.
» S’il n’y avait que la question de mómoire, j’aurais su ces noms au
• mornent de mon arrivóe, car ce n’est qu au bout d’un certain temps
» que mes souvenirs s’effacent. Mais j’ótais malade et surtout depuisque
» nous étions à cette campagne, presque inconsciente. A la suite de la
» perte de ma mémoire, conséquence d'une méningite, je suis devenue
» raélancolique. Les distractions procuróes par mon père, les voyages
» que nous faisions me fatiguaient au lieu de me faire plaisir. Parfois,
» pour étre agréable à mon père, que cette mélancolie continuelle
» attristait, je faisais effort pour en sortir, j’accompagnais mon père
» dans ses promenades, si nous voyagions, je m’intéressais aux pays
» visités, aux monuments d’une ville, aux pièces de théàtre que j’enten-
» dais, etc.Mais au bout d’un temps plusou moins long, je m’aperce-
» vais que j’avais oublió tout ce que j’avais vu, tout ce qui m’avait
» intéressée. Alors, je retombais plus profondément dans ma tristesse,
» refusant de voir personne, restant dans ma chambre le plus souvent
» et parlant à peine lorsque je descendais aux repas. Mais depuis que
» nous étions à la campagne cet ótat s’était aggravó. Peu à peu j'ótais
» tombée dans une torpeur, dont rien ne pouvait me tirer. J’étais conti-
» nuellement dans un ótat de demi sommeil, passant mes journées dans
» un fauteuii ou sur une chaise longue, entiòrement inactive, pensant à
» des choses vagues, et tout à fait étrangòre à ce qui se faisait et se
passait autour de moi. Je ne sais si cet état était très naturel, car cette
» torpeur, cet engourdissement généralontdisparu peu à peudepuisque
» je suis ici. Une chose qui me parait singulière aussi, c’est qu’à la mai-
» son j’avais toujoursdes vomissements après le repas. Le docteur qui
» me soignait m’avait ordonné un régirne iéger, par exemple : des risde
» veau, cervelles, etc., tous mets de ce genre, et pour tant ces vomisse-
» ments persistaient. Ici, où la nourriture est plutót indigeste, compara*
» tivement, ils ne se sont pas reproduits une seule fois. — C’est par
» suite dè cette situation d esprit que je ne me rappelle aucun nom de
» notre dernier séjour, sans cela, au moment de mon arrivée j’aurais
» certainement pu donner les indicutions nócessaires. Avant celanous
)) voyagions continuellement, l’hiver dans le midi, l’été aux bains de
)) mer, ou à l’étranger, en Italie, en Suisse, en Belgique, en Angleterre.
» Aussi,quand j’y pense, tout se brouille, se confond dans ma téte et je
» ne puis me rappeler rien de précis. Si nous avions eu longtemps
•> la méme résidence, il meserait bien plusfacile de me souvenir. Mais,
» mon père aime beaucoup les voyages. II souffre d’une maladie de
r creur qui le prédispose à la mélancolie et il trouve que Ie changement,
» l*»s distractions lui font du bien.
» Quant à ce qui est antérieur à ma maladie, je l’ai tout à faitoublió.
» J’ai eu cette méningite à 18ans, j’ai été très longtemps àme remettre,
» et après, je ne savais plus ríen de ma vie passée. Tout s était effacé.
» Mon père m’a rappelé certoines choses, il causait souvent avec moi,
» essayant de faire revivre mes souvenirs, mais inutilement. Tout ce
» que je me rappelle est vague, imprécis et me fait 1’efTet d’étre arrivó
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» à une autre personne qu'á moi. Je crois, pourtant, avoir habité Paris,
» autrefois. J'ai des souvenirs de grande viile. J’avais une institutriceà
» la maison, M me Carlier, mais j’ai suivi des cours dans une villeetdans
» une maison d’óducation dénommée : Cours Fénelon ouCours Racine,
» un nom de ce genre lá.
» Avant l’arrivéede ma tante, c était une personne d’un certain àge,
» M - * Bruneau, qui tenait la maison. Mais depuis deux ou trois ans, il
» me semble v je n'ai pasbien la notidn du.temps) ma tante étant veuve
» et ayant eudes revers de fortune, mon père Pa fait venir pour diríger
» la maison, car je ne m'occupais de rien. Nous ne syinpathisions pas
» beaucoup ma tante et moi. Elle ne comprenait pas ma maiadie et me
» reprochait toujours de ne pas jouir des distractions qui m’étaient
» offeì-tes quand « tant d’autres seraient heureuses d’ètre à ma place n.
» Et puis, la porte de la mémoire me gènait pour suivre une conversa-
» tion, pourbien deschoses et eela m'avait donnéunetimiditéexcessive.
» Ma tante en riait et ótait souvent ironique avec moi, ce qui fait que je
» ne recherchais pas sa socióté. Devant mon père elle ótait très bonne
» et très maternelle avec moi et mon père ne la connaissait pas sous
» son vóritable aspect. EUe tenait très bien la maison, elle sut diriger
Vles domestiques, recevoir. Elle est très inteliigente et sait causer
» d’une faQon agréable. Enfìn, jna tante élait très utile ò mon père qui
» Pestimait beaucoup.
» Je ne sais que penser du silence de mon père. 11 a toujours ótétrès
» bon pour moi et m*a toujours témoigné beaucoup d’affection. J’avais
)) 3 ans lorsque ma mère est morte, mais je n’ai jamais soufíert de sa
» perte, tant monpèrem'a toujours entourée de millesoins afíectueux.
» Maintenant, il était ennuyé de rae voir malade, mais ii était toujours
» très bon pour moi et empressé à essayer de me faire plaisir. Au début
» je supposais que ma tante avait dù lui faire une fable quelconque á
» mon sujet ; mon sójour dans une maison de santé, c’était toujours le
» désir de ma tante. Mais cela n’aurait pu s’óterniser, mon père aurait
» demandó à me voir. Aussi, je ne sais plus que penser et je suis très
» inquiète de mon père. »
Abandon voulu par uné tante, malgré son père qu’elle réclame,
c‘est là son éternel refrain, qu’elle nous a ressassé, depuis son
arrivée à Villejuif; mais, il importe de le signaler, le reste deson
histoire n'a été raconté que par bribes, au fur et à mesure, affirme-
t-elle, que les souvenirs lui revenaient et, toutefois, sans contra-
dictions.
Pour ce qui est des faits qui se sont passés depuis son arrivée à
Villejuif, elle en conserve un souvenir d'abord vague, qu’on peut
l’amener à préciser et qui persiste ensuite. Son amnésie, si amné-
sie il y a, serait donc à peu près complète relativement à une pé-
riode comprenant la première parlie de son existence, et seule-
ment partielle en ce qui concerne une période comprise entre la
méningite survenue vers l’áge de 18 ans et le jour où Marie-
Louise s’est retrouvée à l’hòpital Beaujon, au cours d’uneobnubi-
lation de cause indéterminée.
En résumé, cette jeune fille prétend n’avoir gardó qu'un souve-
nirconfusde son existence jusqu’eu moment où elle aurait eu
une maladie assez grave, tout en se rappelant certains noms, et
précisément, remarquez-le, ceux qui ne peuvent, faute d’adresses,
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cODStituer un 61 conducteur susceptible d’amener la découverte de
son ancien domicile et par suite d’identifier la malade. Cette parti-
cularilé doit, à elle seule, rendre très réservé dans l’appréciation
de ses dires.
On pourrait penser qu'élevée dans une communauté religieuse,
aujourd’hui dissoute, Marie-Louise pouvait avoir été abandonnée,
pour une cause ou pour une autre, sur le pavé de Paris, mais je
n’ai pas retrouvé, chez elle, les habitudes de piétéet la fagon de
travailler des jeunes filles appartenant à ce milieu.
Une autre hypothèse se présenle encore à I’esprit : peut-étre
a-telle réellement subi un amoindrissement du fait d'une afiec-
tion grave quelconque, qui l’aurait fait prendre en grippe par sa
tante— laquelle tante aurait décidéson père à la conduire à Paris
pour l’y abandonner ?? Vous savez, que ce procédé a élé employó
par les provinciaux qui se débarrassent de leurs malades, avec la
complicitó des municipalités, au profit du département de la Sei-
ne : il est arrivé, en effet, souvent, qu'une personne affaiblie
intellectuellement ait élé embarquée dans un train se dirigeant
sur Paris, par des parents qui laissaient à la gare d’arrivée le
soin de faire le nécessaire pour le placement. Parfois, pour óviter
tout accident on accompagne le malheureux dément qu'on perd
ensuite dans les rues de Paris, tout en le surveillant de loin,
jusqu'à cequ’un agent l'ait recueilli.
En est-il advenu de mème pour Marie-Louise? — C’est possible,
mais nullement dómontré, car il reste l’hypothèse trèsvraisem-
blable d’une fabulation, qui, pour inexpliquée qu’elle demeure,
n'en est pas moins plus que possible. S’agirait-il, alors, tout sim-
plement d’un roman inventé de toutes pièces, ou peut-étre suggé-
ré involontairement par les nombreux interrogatoires subis par la
malade qui, tombée on ne sait comment dans la misère, aura
trouvé un moyen de se faire recueillir, tout e’n se rendant intéres-
sante? Dans ce roman on trouve Ia pointe de vanité des débiles :
famille riche, ayant un nombreux domestique, fiancé médecin et,
comme dans beaucoup de romans, enlèvement, breuvage sopori-
fique, abandon, etc., mais que d’histoires pour un piètre résultat!
Vous ne serez sans doute pas surpris qu’en face d’un cas sem-
blable, je sois un peu hésitant dans mon diagnostic, aussi vous
avouerai-je que mon opinion flotte entre lesdeux hypothèses tout
en penchant vers la seconde. Vous pourrezconstater, en tout cas,
que Marie-Louise neprésenteaucune idée délirante, à proprement
parler ; la mythomanié, en effet, si tel est votre diagnostic, ne pou-
vant ètre considérée comme un délire.
Avant de faire entrer la malade pour l’inlerroger devant vous,
je dois ajouter que, pendant plusieurs mois, elle a accusé une
céphalée persistante qui ne s'est dissipée que très lentement sous
l’influence du bromure de potassium et de l’antipyrine.
L'attitude de Marie Louise n’a jamais changé, depuis son arri-
vée à Villejuif: elle est celle d’une personne triste et déprimée.
Cette jeune fille pleure souvent, silencieusement, en réclamant
son père et demande qu’on fasse des recherches pour le retrouver.
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Je lui ai mis entre les mains le dictionnaire des communes de
France et une géographie des départements qu’elle a lus cons-
ciencieusement. Elle a aussi, à sa disposition, la colleclion des
cartes de France au 100 millième, parmi lesquelles elle cherche
encore, vainement, affirme-t-elle, une indication pouvant lui
rappeler son domicile.
De temps en temps, il lui arrive de désigner une localité. bain
de mer, ville d’eatix, ou de la cóte d’azur, où elle croit avoir fait
un séjour. Mais dès qu’on cherche à lui faire préciser ses souve-
nirs, ils se dissipent!
Enfin, invitée à écrire son aventure, à plusieurs reprises eile
a toujours raconté la méme histoire, sans jamais se contredire,
mais en l’augmentant parfois desouvenirs récupérés, dit-elle, par
la compulsion des documents mis à sa disposition ?
Vous constaterez que si les souvenirs sout abolis partiellement
ou simplement confus dans le temps ou dans l'espace, la mémoire
n’a subi aucune altération en ce qui concerne son instruction gé-
gérale qui, je vous le rappelle, est assez ótendue. Son père
prétend elle, se serait beaucoup occupé d’elle depuis sa méningite
et lui aurait refait son instruction ?
Quoi qu’il en soit du diagnostic, parmi les questions qui se po-
sent, au sujet de cetle jeune fille, il en est une qui frappe particu-
lièrement: étant donné que Marie-Louise était manifestement
incapable de subvenir à ses besoins par son travail et qu’on ne
lui connait aucune ressource, qui prenait soin d’elle jusqu'au
jour où la police l’a ramassée sur un banc ? Tant que la question
restera sans réponse, on ne devra pas écarter l’hypothèse d'une
amnésie rétroactive partielle, car si les dires de la malade étaient
exacts, à cet égard, les faits, quelque invraisemblables qu'ils
soient, auraient pu se passer ainsi qu’elle le raconle.
Je saisbien qu’à Paris et méme ailleurs, une femme peut se
procurer des ressources autrement que par son travail, mais je
crois qu’en voyant l’attitude réservée de la malade dont l’éduca-
tion ne laisse, je le répète, rien à désirer, vous la jugerez comme
je la juge moi-méme à cet égard.
Examen de la malade
La malade a une attitude correcte et modeste et répond avec
aisance.
M. Briand. — Ou vous ètes-vous retrouvée ?
R. — Je ne sais pas le nom.
M. Briand. — D'où venez-vous ?
R. — J’ai pris le chemin de fer avec mon père, Maurice et ma
tante Juliette.
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S0CIÉTÉ3
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M. Briand. — Vous m’avez parló d’un breuvage qu'on vous
aurait fait prendre?
R. — Oui.
M. Briand. — Pourquoi vous l’a-t-on fait prendre?
R. — Je ne me rappelle pas.
M. Legrain. — Vous aviez un fiancé ?
R. — Oui, c'est un ami d’enfance.
M. Legrain. — Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois?
R. — II n’ya pas bien longtemps.
M. Legrain. — Que faisait-il?
R. — II fai$ait ses études de médecine.
M. Legrain. — Quelestson nom ?
R. — Del.; c’est mon cousin.
M. Colin. — Voici un cas d'amnésie bien singulier. En effet, au
milieu de tant de souvenirs parfaitement conservés, la malade
perd la mémoire de ce qu’il importerait justement de connaitre à
son égard. Peul-étre y a-t-il lieu d’accepter ses dires sous les
plus expresses réserves, et il serait très intéressant de revoir
cette malade dans quelque temps ; il est probable que son état se
sera modifié.
M. le D' A. Marie, à propos de la malade prósentée par M. le
D r Briand, se rappelle avoir observé quelques cas analogues.
Dans l'un d'eux. il s agissait d'un homme de 58 ans qui avait de
l’amnésie totale après un ictus et avait dù étre mis au Irain de
Paris par des parents peu scrupuleux. II ne pouvait dire son nom
ni son origine. Après quelques mois cependant, il récupéra quel-
ques souvenirs incomplets. lls purent étre utilisés pour retrouver
son lieu de domicile. Comme il appelait tous Jes militaires des
cuirassiers, on poinla les garnisons de cuirassiers des environs de
Paris et on put lui faire reconnaitre le nom de la ville de Meaux.
Par correspondance on reconstitua l’odyssée du disparu qui sortit
guéri, ayant compensé sa lacune à l’aide d’associations par ouí
dire. II était savetier et reprit son échope.
Dans un autre cas d’amnésie plus sujette à caution, il s'agissait
d un individu ayant bu et prétendant ne se souvenir de xúen de ses
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360 REVUE DK PSYCHIATRIE
origines et de sa personnalité; plus tard il dit se souvenir et édifìa
une histoire romanesque invraisemblable. II aurait vécu en Algérie
hors des possessions frangaises avec des parents parisiens ayant
quitté Paris pour se cacher après la Commune, dont les états civils
étaient invérifiables par les incendies de 1871. Lui-méme serait
parti après les troubles d’Algérie et le massacre des siens par des
insurgés indigènes. II disait avoir vécu en Australie dans une
petite ile dont il ignorait le nom en frangais et oii il aurait vécu
avec les naturels.
En porlant ce malade sortant, comme guóri de son alcoolisme,
je crus devoir le signaler comme délinquant possible se cachant
dans les asiles. La police ne put l'inculper. Un autre cas est celui
d’un ancien officier dypsomane.cassé puis légionnaire, qui revient
périodiquement dans les asiles comme inconnu, avec une amnésie
totale transitoire d'apparence post-comitiale (absinthisme et palu-
disme anciens); le cas présenté par M. Briand fait songer à une
association de pithiatisme avec une débilité native ou à un pseudo-
traumatisme dù à l’administration d’un toxique.
VI. — Hallucinations obsédantes et obsessions hallucina-
toìres, par M. Trénkl. (Présentation de deux malades.)
I. — M. T. B. fleuriste, nóe en 1856, placée depuis le 15 janvier
1901. Sortie le 21 septembre 1906. Placée une deuxième fois le 24
aoút1907.
Pas d’antécédents héréditaires ni personnels.
La malade, abandonnée par son mari avec2 enfants.avaitdepuis
longtemps un ami avec qui elle ne vivait pas en ménage. Elle
désirait régulariser cette situation, tandis que cet ami la négli-
geait. Elle commenca à devenir inquiète, puis à entendre une voix
imaginaire. ellecriait, croyaitqu’un télóphone lui cornait dansles
oreilles. Elle sorlait la nuit à pas de loup, allait errer sans man-
ger, donnait tout ce qu'elle possédait aux voisins, disant que son
ami allait venir la chercher, elle croyait le voir en idée. Elle
restait des heures devant la maison de cet ami. Elle finit par faire
du scandale et fut arrètée.
Les certificats de cette époque portent : Débilité mentale, idées
mélancoliques et depersécution. Interprétations déliranles en voie
desystómatisation à propos d’un homme avec quielleavaitle pro-
jet de se marier, qui exerce sur elle une influence secrèle, qui
devine sa pensée. Idées de suicide.
Son état reste stationnaire jusqu’en 1906 où, comme elle est
calme, sa sortie est accordée sur la demande de son fils.
Elle ne peut se maintenir au dehors, elle accuse une de ses
brusd'avoir tué son enfant, l’autre de l’empoisonner el d'avoirson
médecin comme amant. Elle ne peut rester dans aucune place.
elle demande elle-méme à rentrer à l'asile disant que c’est là que
son ami doit la chercher, Elle manifeste des idées de suicide.
La malade raconte les faits de la faron suivante soit dans mes
interrogatoires, soitdans des lettres multipliées :
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SOCIÉTfciS
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« Je faisais des journées chez M. C V.; j’eus pitié de lui parce que sa
» femme le trompait. Je me suis donnée à lui comme une enfant, mais
» je n’ai eu que très rarement des rapports avec lui pendant 10 ans. Je
» pensaissans cesseà lui. J’avais rompudepuis longtemps et ilm’évitait
» qaand un jour (2 ansavant mon entrée à l’asile) un de ses amis vint
» brusquement à moi et me dit en passant : « Vous rèverez de votre
» raari. » Dans la nuit j’ai eu*un rèvo afTreux : je me voyais couchée
» dans mon lit avec mon mari et C. V. morts chacun d’un cótó.
» La voix qui me frappe m’est restée de ce réve. Le réve voulait dire
» qu’il était mort pour moi et qu’il ne fallait plus compter qu’il me revien-
» drait de vive voix... Je m’aperQois que les deux cadavres m’ótant
» apparus par le rève ótaient deux maris morts pour moi.
» ... M. le D r Boudrie a su percer ie mystère de Thommequi m’avait
» frappé d’un fluide par un réve effrayant et á la suite de ce rève, le
» lendemain en y repensant la voix m’était restée. Donc une yoix m’ar*
» rivait par la voix de la pensée. Donc ceci n’étaitpas une voix maifai-
» sante, ce n’ótait pas du tout la voix d’oreille. Je suis rentrée ici sur
» l'obsession dc ma eoix toujours en pensant qu’un hommo me devait
» tout et que la voix qu’il fallait rentrer pour voir cequ’il se ferait voir
» à i’égard dè M. C. V. que sa pensée me faisait voir par la voix qu’il se
)) faisait voir à titre de voycur par la eoix dans les asiles de la Seine.
» Donc j’ai voulu voir pour croire si la voix disait vrai. C’était donc à
» titre de renseignement que je rentrai. »
C est au moment méme où elle pense que la voix apparaìt :
aLorsque j’y pense, je parle. Lorsque je veux y penser la voix m’ar-
» rive.... £a me fait parler lorsque je pense une parole 'une pensée
» m’arrétait, je plongeais dans l’espace. La voix m’obsédait parce que
»j’y pensais. Je ne faisais pas ressortir ma voix. »
Parfois elle se demande si c’est un sortilège, elle parle du fluide
de C. V., mais sans manifester de trouble de la sensibilité géné-
rale; c’est pour elle évidemment une supposition, un essai d’ex-
plication.
La malade, depuis son entrée, est dans un état d’angoisse conti-
nuel, elle réclame sans cesse qu’on lui laisse voir l'homme qui
se doit à elle, qu’elle nomme tantót le ooyeur , tantót lefrappeur ,
voulant dire par là qu’il est celui qui doit se faire voir d'elle et
qu’il la frappe par la voix :
« Mon C. se faisait voir en titre de voyeur par une voix. »
Cette voix n’est pas une voix d’oreille, mais la voix de la pensée .
Elle ne l'entend pas, la voix ne prononce pas de parole.
II est curieux de noter que, sentant combien son état est anor-
mal, la malade táche de défendre la réalitó de son délire :
«Je n’ai aucune prétention. Mais ici un fait seprésente, ceci est pour
»vous rappeler le fait de Jeanne d’Arc qui était frappée également par
»la voix de la pensée, donc ce sujet n’est pas fou puisqu’on lui a élevó
» un monument. »
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REVUE DE PSYCHIATRIE
La volonté serable n’étre pas sans une certaine influence sur la
production du symptòme :
« Elle se taft quand je ne veux pas y penser. »
En résumé M. M. est pendant plqsieurs années obsédée par
lamour de C. V. Elle y pense continuellement, les rares r8pports
qui existent entre eux produisent chez elle un continuel éréthisme
génital: une sóparation définilive a lieu, elle poursuit C. V. desa
présence muette. Un incident, róel probablement mais interprétó
dans le sens de sa préoccupation incessante (la rencontre fortuite
d’un ami de C. V.), est suivi d’un réve qui produit un choc psychi-
que, et l’hallucination surgit. Hallucination purement psychique
qui remplace l’idée obsédante ou mieux s y juxtapose, la compli-
que, et, quoiqu’apparue secondairement, se confond intimement
avec elle.
Ce cas me parait bien représenter le type de l’obsession hallu-
cinatoire telle que l’a décrite Séglas.
II. — M Be Jeanne D. mónagère, née en 1856, entre le 6 février
1905.
Antécédents : Père buveur, mort tuberculeux, mère morte d’al-
coolisme : « avait perdu la tète ». Grands parents bien portants,
2 frères buveurs. Une soeur normale. La malade buvait du vulné-
raire, depufs des années voyait des bètes au plafond ; peu à peu h
son retour d’áge, elle boit de plus en plus, elle manifeste des idées
de persécution, s’en prend au commissaire, aux voisins, on lui fait
« le piement, » on veut rempoisonner, on lui envoie des odeurs.
Elle se parle dans la glace, gesticule, fait des gestes inconvenants.
Elle dépense l’argent à tort et à travers.
A son entrée, elle manifeste un délire mélancolique avec idées
prédominantes de persécution, hallucinations de l’ouíe. Voixima-
ginaires qui l’appellent « Roussotte ». Son propriétaire l’injurie.
Visions de personnes, de lumières, de bètes, dans sa chambre la
nuit.
Depuis son entrée à ì’asile elle est dans un état hallucinatoire
permanent et expose complaisamment son délire dans des lettres
qu’eile remet chaque jour à la visite : elle est depuis des annóes
la victime des magistrats de Puteaux et de six adversaires qui
font sur elle le travail de la pensée et le piement (cela parait
signifier qu’on l’épie ?).
Les phrases relevées dans les lettres de la malade donnent, mal-
gré leur incorrection, due au manque d’instruction, l’idée la plus
précise de la forme de son délire.
En dehors des idées de perséculion la caractéristiquedu trouble
sensoriel est celui ci: en méme temps que ses persécuteurs lui
parlent en pensée, ou qu’elle-mème pense à quelque chose ou
qu’elle en parle, elle voit apparaitre í’objetou le personnage en
question. ou bien le mot ou l’initiale du mot entendu. L’hallucina*
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SOCIIÍTÉS
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tion visuelle est instantanée et persiste tant que la malade n en
détourne pas son regard et sa pensée.
II lui faut une grande force de volonté pour se débarrasser de
ces visions surtout quand elles sont de nature obscène. Ces hallu-
cinations sont manifestement obsédantes :
(í Mon pauvre cerveau est fatigué parle travail de lo pensée nuit et
jour. »
Pendant des semaines la malade vient presque journellement
supplier qu’on l*en guérisse en s indignant que ses persécuteurs
fassent voir pareils spectacles à une honnéte femme.
» C'est bien difflcile que je medélivre avec une pauvre tète si mala-
» de, ne pas pouvoir me défendre des moeurs — que je n’ai jamais
» connues ni commises que depuis 30 raois de persécution à l’asile —,
» ies moeurs de derrière. Maintenont le pauvre cerveau, lorsqu’on
» vou9 a fait plusieurs simulacres et quc Von sc repose sur ccttcpcnsèe,
» c'est une souffrancc nioralc qui dotninc cos forces. Je suis au réfec-
» toire, je regarde mon manger et j’écoute parler mes compagnes
» sans saisir pourtant beaucoup de paroles et comme simulacre sur ma
» chaise j’aperoois la verge sans simulacre de personnage, la verge
» absolument seule.
» Je vois le simulucre de la verge qui me suit en fròlant mon jupon.
» On me fait voir la saleté d'une bète comme si j’ótais avec l’ètre
» humain.
» Lorsque je suis au cabinet, je lis par exemple un papier, mois je ne
» regarde pos ma nudité, je fìxe ce papier. Pourquoi voir ma nudité ?
» Je voyais devant mes yeux un personnnge tout nu et une femme
» toute nue.
» La plusgrande souffrancec’estd’entendre la voix de M. le Secrétaire
» de Puteaux dans unmomentde silence .« Libre à vousd’accepter, Ma-
» dame... »On voitlO oul5 simulacresque l*on vous envoie chaque jour.
» On voit cette bète dans le milieu du dortoir ou grimper sur mon lit.
» Du moment que le projectile du commissariat vous le pose tout à fait
» comme un personnage avec une femme.
» Lefond dc la pcnsóc c’est le chien. Étant dehors, soit dans le quartier
» ou soit sous les galeries, soit dans mon lit, quand je fixe une fenètre
» ou écoute mes compagnes je voisle chien qui grimpe dans mon lit ou
» qui trotte dansledortoir. Je chasseautant quepossible ces simulacres
» pour chasser les mauvaises pensóes. Voilà une persécution qui est
»«commencóe du 27 février 1908.
» Maintenant pour la pensée séditieuse, c’est absolument la méme
» chose. Je lis, c est la voix de M. le Secrétaire qui frappe à la nuque, au
» cerveau, au front. Je Vois et je lis: « M. le Commissaire est un... » et
> je m’arréte. Je sais quec’est une pensée séditieuse, le Monsieur me
» dit: « Vous ne me répondez pas... » On renvoie ces pensées aussi vite
» que la parole au Commissnriat.
» Dans un jugement on vous phrase le nom de votre famille par ces
» Messieurs du Commissariat. Dans le dólire de fièvre la voix de Mon-
» sieur me tombe juste sur le frontal et l’occipital et me traverse. Alorson
» me dit: « Quand est-ce que vous me donnerez votre pensée vulgaire. »
» Alors M. le Secrétaire me phrase le nom de Marceau, de Mossi,
» de Maisser. Je communique instantanément ces noms sur le frontal.
» Quand ma pauvre téte n’a plus de forces de défense et que ces
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
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» messteurs vous font voyager votre pensée de droite et degauche et
» que je pense à autre chose, c’est triste de voir sa pensée voyager
» comme un oiseau qui voltige et tout ceci n’est íait que par la première
» lettre d’une chose ou d’une personne, jc me irouoe toute etonnèe qnc
» je n’ai pas dc pensèe à la pcrsonne inèmc sans qu'on me la r isionne.
» Depuis 3 ans, c’est une persécution de rendre ma personne vision-
» naire forcée sur les moeurs.
» Hier pendant mon diner, M. le Secrétaire m’a envové le simuiacre
» de fausse couche dpnt il y a un an t on in'avait déjà fait le simiriacre
» et dont j’ai eu la vision dans mon lit depuis que je suis au premier
» quartier. Depuis trois jours l’on me fait ces visions de voir une fausse
» couche à la hauteur des arhres.
» On me fait la cision sur toutes nies paroles. C'est-à-dire que l’on
» me poursuit sur chaque paro’e qui sort de ma bouche. Si je parle
» 10 fois, soit d'un pays, ou de personne absente. c’est 10 visions que
» l'on me fait voir. Quand je parle de Puteauxonme visionne Puteaux.
» Qand je parie de M. P... ou d’autres pays ou de choses ou de
» personnes, on me fait la vision sur toutes.
» Ces visions que l’on me fait instantanément je n’en sortirai pas.
» C’est bien par le spiritisine, par la pensée qu’on me poursuit.
» Pour prendre mon repos la nuit celane m’est pas facile, obligée de
» fìxer, Ies yeux ferraós, des ótoiles, des tableaux qui me font mille
» contorsions. C'est pour donner à comprendre à M. le docteur que ce
» ne sont pas des illusions sur des étres humains, etcesontcomme des
» tableaux en grandeur naturelle, qui passent devant mes yeux, et lors-
» que je me sens fatiguée, j’ouvre les yeux pour me reposer lecerveau.
» Tant qu’aux visions, je les vois de loin comme dans I’asile, et ce
» fluide qui éloigne la vision et qui la rapproche.
» II ne faut pas que je sois trop solitaire pour ne pas suicre la parole
)) de mes coix par la pensùc .
» Je chante ou je parle pour couvrir la voix de mon persócuteur, et
» comme cela je n entends pas mes voix me chátier. Je n ai jamais vu
» de choses pareilles dans ma pauvre vie, c’est forgé dans le cerveau
» de ma personne.
» Mon travail m’empèche de phraser cette parole vulgftire qui n’est
» faite que par un fluide.
» Je pense lógèrement à une chose, je vois ma pensée qui s*en va
» autre part.
» Ces messieurs attendent ou n’attendent pas la pensée des visions.
» Je suis libre d’en prendre ou de ne pas m’en occuper et je me dólivre
» facilement dans la journée, car je ne peux que par faiblesse donner
» la pensée de la vision telle que ces Messieurs me la font.
» Ces Messieurs me font toujours des visions, c'est pour moi une lutle
» indéflnissable pour obtenir ma déiivrance de cette lettre, dece V qui
» est un V romain, que le fluide qui me travaille la tète me donne de
» la fièvre. »
Les citations des écrits innombrables de la malade montrent
mieux qu’un exposé, tout son délire ; j’attire rattention sur le fait
de la quasi-simultanéité de Thallucination psycho-auditive el de
l hallucination visuelle : il y a, ce que j appellerai une visualisa -
tion de la pensée. Récemment Halbev (Allgemeine Zeiíscfiriftfur
Psgchiatrie , 1908) proposait le terme de Gedankensichtbarvrerden
pour un cas de ce genre, par opposition au Gendankenlautwerden
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(échode la pensée). Mais je n'insisteraipasicisur l'étudeduconíe-
nu des hallucinations. Je me bornerai à dire que les hallucina-
tions sont absolument obsédantes, commele démontrent les termes
mémes employés par la malade. « C’est une soufTance morale qui
domine vos íorces.on rend ma personne visionnaire forcée...
etc. »
En opposition avec la première observation, ici les hallucina-
tions paraissenl tout à fait primitives et réalisent ainsi le type de
l hallucination obsédanle de Séglas.
Les malades présentées exposent avec complaisance les hallu-
cinations diverses qu’elles éprouvent.
M. Magnan rappelle qu'il est fróquent que l'hallucination naisse
subitement, comme cela a lieu, par exemple, dans le délire chro-
nique pendant le passage de la póriode d’interprétation à la
période ha'lucinatoire.
M. Ritti demande à la malade ce que signifìe la lettre V. Elle
répond que cela veut dire voleuse.
VII. Obsessions, impulsions et tics chez un dégónéré, par *
M. Fillassier, Service de M. Magnan. (Préáentalion de malade).
t.
Le malade que nous avons l'honneurde vous présenter, et que
nous avons examiné dans le service de M. Magnan, a une hérédité
chargée.
Son grand-père paternel, mort à 50 ans, de cause inconnue,
buvait un peu, et avait eu, parait-il, des crises somnambuliques,
étant jeune.
Son père, ágé de 64 ans, aurait eu une méningite vers 13 ans ;
il présente un gros tremblement des mains, se plaint de crampes,
de bourdonnements, surtout dans l’oreille gauche ; il a eu jadis
des réves pénibles, le plafond tombait sur sa tète : il voyait des
animaux.
Très ému de l’internement de son enfant, il nous déclare sur un
ton emphatique qu'il a fait des ótudes médicales très suffisantes,
et que nous pouvons employer avec lui les termes les plus techni-
ques. il les comprendra. II nous remet un mémoire de ses obser-
vations personnelles au sujet de la maladie de son enfant et s'ex-
cuse de n’avoir pu indiquer qu’il était offlcier d'académie, ne
l’ótanl quedu matin mème.
Sa mère serait nerveuse : elle s'émeut facilement, dit-elle.
Sa grand-mère maternelle est morte à 81 ans : elle a eu 11
anfants, 5 sont morts de convulsions.
B... (Stéphane, Gaston-Louis), aujourd’hui ágé de 19 ans 1/2,
est nó à terme ; la grossesse de sa mère aurait été normale s'il
n’y avait eu à signaler la présence d’albumine dans les urines, en
quanlitó appréciable.
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De plus la mère indique qu’elle eut de gros ennuis pendanl les
derniers mois.
Lors de l’accouehement, rien è noter ; l'albumine cessa aus-
sitót.
L'enfant étaittrès beau, sa premièreenfance s’écoulasansaucun
incident; il n’eut pas de convulsions.
A 8 ans, il íut atteint d’oreillons ; quelques mois après, de co-
queluche, et au cours de sa nouvelle convalescence, il contrac/a
la rougeole.
A 10 ans, ii est transporté à l'Enfant Jésus, on lui fait trois pi-
qùres de sérum antidiphtérique ; au cours de sa convalescence il
présenta quelque temps des symptòmes de chorée, la mère rap-
porte qu'il aurait euè ce moment des mouvements désordonnés
dans les membres ; peu è peu, tout se dissipe, et l’enfant retoume
è 1 ecole.
Mais déjè, il n'était plus le méme; son caractère était devenu
difficile ; è la moindre contrariétó il langait ses livresà travers la
pièce, ses cahiers n'étaient plus tenus, sa mise était négligée.
Néanmoins il continue ses études, passe brillamment son cerli
ficat, et obtient è 16 ans un diplóme d'honneur.
Son état s’aggrave, il ne prend plus aucun soin de sa personne,
reste au lit la journéeentière, sa mère devait l’habiller elle-mè-
, me : il lui opposait une résistance extrème, il souffrait, disait-il,
en mettant ses vétements.
S'il devait poser les pieds sur le sol, il hurlait de désespoir è la
pensée qu'il lui faudrait les relever et éprouvaitè ce moment une
angoisse extrème, il se roulail par terre, puis, tout rentrait dans
le calme et sa mère pouvait achevqr de l'habiller ; mais bientót sa
crise réapparaissait, et il en était ainsi à chaque détail de toilette,
pour meltreson pantalon, ses chaussures, etc.
Cependant, il entre è 16 ans chez un architecte, mais y reste
peu, car il ne gagnait pas assez : il entre alors dans une compa-
gnie d’assurances, et y demeure un an ; en juillet 1908, il cesse de
travailler.
A cetteépoque en effet, il ne voulait plus sortir dechez lui:
arrivait-il au milieu de l’escalier qu’il remontait, et cela jusqu'à
dix fois, dans son appartement et se mettaità pleurer.il entrait
alors dans des colères terribles, se montrait angoissó, puis, tout
ò coup, redevenait docile, se laissait caresser, et demandait par
don. II recommen<;ait d’ailleurs bientót, lan^ait des objetsè Ja
téte de sa mère, la précipilait par lerre, ets’écriait: « ce n'estpas
moi, une force me pousse ».
11 a peur de crier, dit-il, et il pousse des hurlements ; au milieu
de la nuit, il crie pendant2 et 3 heures, les voisins se plaignenl-
Ses impulsions à l'égard de sa mère et de ses proches se multi-
plient, et il est conduit à l'asile.
A son arrivée, le 21 j.anvier 1909, la figure est pále, l'expression
en est presque douloureuse ; il marche le haut du corps porté en
avant ; il semble faire effort pour délacher Ies pieds du sol, èt leur
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imprime, pour avancer, un mouvement précipité, comme si une
háte le prenait de l’exécuter.
A intervalles irréguliers, et comme mù par un tic, il relève la
tète brusquement et fait entendre une sorte de cri rauque.
Interrogé sur les circonstances de sa maladie, il rappelle les
renseignements íournis par sa famille. Tandis qu*il parle, il tient
sa main droite dans sa main gauche, la remue sanscesse, se pince
lesdoigts au voisinage des ongles. 11 ne peut s’en abstenir : c’est
dit-il un moyen de distraire son 8ttention tandis qu’il nous ré-
pond ; sans cela il ne pourrait continuer è converser.
Sollicité de nous dire pourquoi il refusait de s hjibiller, pour-
quoi au milieu d un escalier, il remontait précipitamment, il nous
en fournitdeux explications:
Tantót, s’il craint de mettre un vétement, de quitter la pièce
qu’il occupe,c’est parce qu’il appréhende que« cela ne soit pour la
dernière fois w, et cette phrase revient sans cesse, sans qu’il y
attache d’ailleurs aucune idée de mort; si dans quelques instants,
il soufTre de quitter la place qu’il occupe, c’est qu'il redoute de ne
plus la revoir, et nous ne pouvons lui faire préciser davanlage la
nature de cette crainte ; tantót, c'est parce qu’il redoule que l’acte
qu’il va commettre <c neporte malheur à quelqu’un »; quelle rela-
tion y a-t-il entre l’acte qu’il va commettre, et la nécessité de ce
malheur, il ne se l’explique pas, il la subit.
Cette appréhension est extrème : il lutte contre elle, mais sans
succès; sa propre résistance l’exaspère, il est angoissé, éprouve à
la poitrine une impression de barre très pénible.
Puis, Tacte satisfait, il en a un grand soulagement, comme
une détente ; revenu è lui, il se met à pleurer, et désespère
de son état « ce n’est pas ma faute, dit-il, je souffre tant »; il rede-
vient alors docile et se laisse caresser.
Si sa pensée était distraite, son angoisse se faisait plus rare :
un ami était-il à table avec lui, il pouvait manger; un autre
venait-il le prendre, il pouvait sortir avec lui.
D’une manière générale, s’il est avec quelqu’un il peut se
dominer. Est-il seul ? il ne peutécrire ; est-il avec quelqu’un, il
écrit aisément, « il me semble que quelqu’un guide ma plume ».
De mème il ne peut manger, et cependant il a faim ; sa mère
doit lui donner la hecquée; est ilseul, il lutte, porte avec violence
les mets à sa bouche, il doit les recracher ; quelqu’un est-il là,
qui l’occupe et lui parle, il n’éprouve plusaucune résistance.
II a peur de crier, et il pousse des hurlements ; il veut lutter et
se frappe de ses poings vainement.
Un jour il visitait le Musée du Louvre, tout à coup la peur lui
vient de ne pouvoirsortir, et il s’élance à travers les salles, fuit
éperdu à la recherche de la sorlie.
A-t-il peur de casser un verre, il faut qu’il le saisisse, et qu’il le
frotte jusqu’à ce qu’ille brise.
Nous poursuivons l’interrogatoire de notre malade, et il nous
confesse qu’il ne peut toucher certains objets.
Voit-il un couteau, il craint, le tenant par le manche, dela main
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droite, de saisir malgré lui la lame de la maingauche, et, la déga-
geant d’un coup sec, de se blesser.
II ne peut saisir une épingle, car il aurait l'impulsion de se
blesser avec elie ; se pique-t-il, il éprouve sur-le-champ un grand
soulagement, mais bientòt le désir le saisit, impérieux, de se
piquer encore.
Voit-il un objet, il íaut qu’il le touche, et vainement il lulte, il
faut qu'il succombe; à d’autres moments, il prend un aulre objet
en horreur, et pour rien au monde il ne voudrait s’en approcher.
Etait-il dans un magasin, passait-il près d'une devanture. il
éprouvait l’absolu besoin d’appróhender un objet qu’il voyait;
parfois ils’éloignait, mais bien vite il lui fallait revenir sur ses
pas et l’acquérir.
Parfois il est obsédé par un mot qu'il entend, et il faut qu’il le
prononce; parfois il est irritó d’entendre quelque autre mot, et se
met dans une violente colère.
Dans la rue, il est pris d’appréhensions extrémes ; veut-il tra-
verser une place. une largevoie, il a peur, une angoisse le prend,
il est couvert de sueur, sa vue s’obscurcit et pour en fìnir, il se
précipi.te tèle baissée, il est heurté et tombe.
Sur le trottoir mème il a peur, toutàcoup il pense qu'il ne
pourra plus continuer à avancer; une angoisse l’étreint, il lutte.
c’est en vain et il doit se mettre à courir par un eflort violentpour
éviter de reculer.
Un jour il se promenait sur les forlifìcations ; il fut « contraint
par une force » de suivre le bord du fossé, et il le suivait de si
près, que, s'il n’avait été éloignó, il serait tombé.
Jamais il n’a éprouvé de vertige, d’absence; jamais les siens
n’ont observé de p&leur subite ; il n’a jamais eu de crises épilep-
tiques, rien dans son hérédité ne permet d'invoquer I’influencedu
morbus sacer.
II n'a présentó aucun délire au-delà des phénomènes que nous
arvons décrits.
A son arrivée à l'asile, il prósente au plus haut point les mani-
festations que nous venons de dire. L'examen somatique ne révèle
rien de particulier, sauf la présence d’un phimosis.
Interrogé à nouveau quelques jours après, il est d'humeur diflR-
cile, a par instants de vóritables accès de larmes, s’il ne se croit
pas observé, il a des mouvements brusques ; il se lève vivementet
s’assied aussi rapidement; interrogé sur les raisons de ces mou-
vements, il répond qu’il y a été poussé et ne peutles éviter.
Le soir spécialement, il se montre très nerveux : c’esl dit il
qu’il vient de manger; or une force l’en empéche, qu'il doit vain-
cre, d’où sa nervosité. Si le matin il va mieux.c’est qu'il nemange
pas pour éviter de tels efforts et cette angoisse.
Surveilìé à son insu tandis qu’il se déshabille, il donne le spec-
tacle d’une lutte très vive; pour entrer dans son lit, il y bondit
tout entier.
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II se plaint du voisinage des autres malades, il a peur de leur
contact ou du contact de leurs habits.
Un mois après son entrée, il se présente dans des conditions de
beaucoup meilleures. II est gai, de bonne humeur. L’arrivée d’un
autre malade è peu près de son áge achève de l'araéliorer. Mais
bientót on doit les séparer et ses manifestations reparaissent, bien
qu’atlénuées ; c’est ainsi qu’il peut s’occuper, lire, que son intelli-
gence parait plus vive. Ilest conscient deson état, redoute que ses
crises ne le reprennent, et sollicite d’ètre changé d’asile, parce
que, dit-il, pendant le temps que je prendrai pour m’habituer aux
nouveaux lieux, et aux nouvelles personnes, je résisterai mieuxà
mon mal. Majntenu è Sainte Anne, il va s’améliorant, mais reste
irritable, et s’il s’emporte, ses mouvernents impulsifs des épaules
et de la tète le reprennent par instants.
Telest le malade que nous avons cru devoir présenterà la
Société, comme un type de dégénéré avecobsessionsetimpulsions
type depuis longtemps décrit par M. Magnan, et qui vers 1893,
occupa une si large place dans les préoccupations de la Sociétó
Médico -psychologique.
Le malade est très lucide, il expose lui-méme ses diffórentes
phobiesetses impulsions de la nature morbide desquelles il se
rend absolument comple.
VIII. Encéphalite hómorrhagique? multiplesfoyersd hó-
morrhagies punctiformes límités àla substance grise, par
M. A. ViGOUROUx. (Présentation de pièces).
J ai l’honneur de vous présenter le cerveau d’un malade mort
dans mon service, sur lequel vous pouvez constater l’existence de
plusieurs foyers hémorrhagiques limités à la substance grise. La
pathogénie de ces hémorrhagies préte à la discussion car on peut
se demander si elles sont secondaires à une trombophlébite inflam-
matoire ou à des obturations des capillaires par embolies. Voici
I observation clinique résumée du malade :
Maff..., d’origine autrichienne, terrassier, ágé de58 ans, est en-
tré à lasile de Vaucluse le 5 octobre 1907.
Son interríoment avait été ordonné à la suite d’un rapport mé-
dico-légal fait par M- le D r V^Ilon, concluant à son irresponsabi-
lité par suite d'affaiblissement intellectuel, inconscience de sa
situation et du lieu, actes inconscients. II était prévenu de vaga-
bondage, de vol et de port d’armes prohibées.
Physiquement c était un homme bien constitué de 1 m. 70 de
taille, pesant 68 kilos, son cráne avait un indice céphalique de 85.
II était borgne, sa cornée gauche présentant une opacité complète.
Les réflexes de la pupille droite étaient un peu lents mais bien
conservés ; la langue était un peu tremblante, la parole non
embarrassée, les reflexes tendineux étaient faibles, les plantaires
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370 REVUE DE PSYCHIÀTRIE
crémastériens normaux ; la motilité était normale sauf udg cer-
taine faiblesse de la jambe gauche. Le cceur était hypertrophié, les
bruits étaient sourds, les poumons présentaient de remphysème;
il avait des varices des jambes. Les urines n’étaient pasalbumi
neuses. '
Au point de vue mental, il présentait de la confusion, de la
désorientation et de l’amnésie des faits récents, contrastant avec
l’intégrité des souvenirs anciens : il donnait des renseignements
précis sur l’époque de son arrivée à Paris, sur sa femme et sa
fllle ágée de 23 ans ayant elle-méme une petite fille, surles tra-
vaux qu’il avait exécutés, alors qu’il était incapable de fournir la
moindre indication sur le temps, sur le lieu où il se trouvait,
et sur les motifs de son internement. II se croyait dsns un asilede
nuit, cherchant ses eflfets pour aller rejoindre les siens et repren-
dre son travail ; ne reconnaissant plus son lit quand íl lequittait
pour aller aux cabinets, etc. Aux questions se rapportant à son
arrestation, au vol commis, il répondait en riant aux éclats : <x que
nous aimions dire des blagues ».
Cet état de confusion extrème qui fais'ait penser à la démence
s’atténua cependant progressivement et six mois après sonentrée
dans le service, Maflt... avait repris conscience de sa situation du
temps et du lieu. II pouvait s'occuper avec beaucoup de régularité
aux travaux du ménage du quartier, il savait où il était et comme
il ótait question de le transférer en Autriche, son pays d’origine,
il me priait de remettre son transfert et de 1« faire sortir à Paris
dèsque ses forces lui permettraient de reprendre son dur travail
de terrassier. 4
En eflfet sa santó n était pas très bonne.
En janvier 1908 il eut de Toedème des deux jambes, sansque
l analyse des urines ne révélátd albumine. Alitéil présentait une
somnolence continuelle.
En mars, il eut de la congestion pulmonaire egalement avec
oedème des jambes passager.
Enfln en octobre, après un période d amélioration physiqueet
mentale très sensible, il s’alite de nouveau avec des maux de téte,
de Toppression, de la somnolence et de l’oedème des jambes. Pas
d’albumine : le régime lacté fut ordonné. II n’apporte aucune amé-
lioration. Le 9 novembre, l’oedème des jambes persiste, la face est
rouge, les lèvres sont violettes, les jugulaires distendues ne sont
pas animóes de battements, l’existence du souffle Itícuspidien n’a
pas étéconstaté. Les bruits du coeur étaient très sourds, le pouls
était très petit, le poumon congestionné. L’oppression est extréme,
les bruits du coeur deviennent de plus en plus sourds. Toute la
journóe il dort en respirant fortement et quand on le réveille il
reconnait ceux qui le soignent, dit quelques mots, prend sa potion
et retombe dans la somnolence, L’urine est rare. Les lavements
purgatifs, les ventouses scarifiées, les saignées n’ont aucune
influence. La respiration prend le type Cheyne Stokes. II n’y a
jamais eu d’hyperthermie. La température au contraire estau des-
sous de la normale. La mort survint le 21 novembre 1908.
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Autopsie. — L’autopsie montre les lésions suivantes : Les reins
(400 gr.) sont gros et leur capsule n’est pas adhérente. La subs-
tance corticale est un peu atrophiée. Au póle inférieur on trouve
deux infarctus blancs de la grosseur d’une noisette.
Le foie est congestionné (1.730 gr.) il présente aussi un in-
farctus.
La rate pèse 160 gr.
Dans chacune des plèvres on trouve un épanchement d’un litre
environ.
Les lobes moyens et inférieurs des poumons'sont congestionnés
et présentent des foyers apoplectiques.
Le péricarde contient un épanchement de 300 grammes et quel-
ques néo-membranes sur le péricarde viscéral.
Le coeur (880 grj est hypertrophié.dans son ensemble, les ven-
tricules gauche et droit sont aussi dilatés : l’aorte est athéroma-
teuse (plaques et pustules athéromateuses) et très dilatée, il n'y a
pas dlnsuffisance valvulaire malgré la dilatation des ventricules.
Cerveau. — La pie-mèreest épaissie, légèrement opalescente et
congestionnóe. Elle n’est adhérente qu’au niveau des parties rou-
ges et molles.
Fic. 29.
L/hémisphère droit pèse 560 gr. A la lace interne le pied de la
3' frontale et les extrémités inférieures de la frontale ascen-
dante et la pariétale ascendante présentent une teinte hortensia
caractéristique ; on trouve un autre foyer à l’extrémité postérieur
du pli courbó. Au toucher la substance córébrale au niveau de ces
foyers parait moins consistante.
A la coupe (fig. 30) on constate que à ce niveau la substance
grise est nettement hómorrhagique mais la coloration rouge ne
parait pas dépasser la substance grise qu’elle dessine exactement.
L’hémisphère gauche (fig 31) pèse 560 gr. toutle lobe occipital est
deconsistance molle sans qu’il y ait de ramolissement proprement
dit et l'extrémité postórieure a la méme teinte hémorrhagique.
Le cervelet et le bulbe pèse 150 gr.
Les artères de la base ne sont pas athóromateuses.
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ExÁWeR HisTGLO^iíjpÉ. ■— L'RXomtnì a èlR fsH p»r l«s nvélhodr-s
óídiriaims. (Ué'ro'íiioxyliht* -• dosi-ne. Wéigprt - N'issl.
ijti nivcii-.! d.;8jsSripns éochyinpiiqMes et .ramaHics et jmr
ntistòi dfti's Iíjs régions >><»> aHèfégtf t! ùì<j|}r•. j.<an>ccnIr*tl el st»?fitr
ìViOíí’iceì.
Dorss los coisjies <les rpgions.. noo jlièmńrr'lta«iq«C'S.. In. ■.jiie-rnòte.
'esi lí'KòftìHient Ppatòsiv! et iibreMstí juats >Vesí j<í>s inlìíirre. l e>
vaisseaux .sònt cojicestiomses. Les :irtei ès : .■f.rPitínìent jnsrfois .ie
j.etítes c!H6tiitians nnóvi'ysdti.l.is avftc tvlropìòsí'do mé'arièi'O s<hi-;
liéria) i.úi iìte Dons. lo coriex il n'ya pas d’ÍHflUratioj^i p>v> ù iftfiatss-
tiiatH'm, Les tìt.ros itervéusps sont en buu état. Les <•<.;! lul'-s s«n|"
légèrcment aUòrées: O.tíCtlques tìíies en eííel sont et» chronoitolyńó.
íì'aiití'es suttl .Uéfófméetót h« .col.orent onìíoruuMueitt. Mats (outes
onl leur noyau t;U l.íur òpeídolrj eL un très grand oombre leurs
v.orjis i']ii'<<>ntìti<í‘.n;s.
Pafts íe» .portins ècchyr>iolì.ji!es il t;n eùt 'fonl-dttTèrocrttiverit el
' I'cui I rpuvedeux sorlos d'aUération.s associées on sòpìvrées sui'vaùl
les cdtitìèg fVpp^éstion eí lieuiorihs^ie puòétiiórmès d ònè pafl
et oedotoe vte fatHftì.
SOCIÉTÉS
373
La pie-mère fibreuse est infiltrée et adhérente è cerlains
endroits, ailleurs elle est extrémement codématiée. Les mailles
conjonctives des espaces sous arachnoídiens et les fibres de la pie-
mère sont dissociées et distendues par la sérosité. Ce qui írappe
surtout c'est l’intégrité relative des artères de moyen calibre op-
posée à raltér8tion des veines de méme calibre. Ces veines en
effet sont oblitérées complètement par un cuillot Iìbrincux .
Dans le cortex il est possible de suivre une veine obstruée par
un caillot et entourée par quelques lymphocytes.
Tous les autres capillaires de la substance grise sont gorgés de
sang et entourés de petites hémorrhagies interstitielles récentes
car on distingue encore le contour des globules rouges.
Toutes ces petites hémorrhagies punctiformes sont sáparées
entre elles par du tissu nerveux sain ou des parties oedématiées
et ne dépassant pas les limites de la substance grise.
La figure (f. 32) donne l aspect d'une coupe où la congestion est
intense, où les hémorrhsgies punctiformes sont nombreuses et
limitées è la substance grise. La pie-mère épaissie et infiltrée
contient des veines oblitérées par un caillot et des artères conte-
nant des globules du sang.
Dans d’autres coupes, Toedème est de beaucoup prédominant:
autour de petits capillaires obstrués on voit un espace clair conte-
nant quelques lymphocites puis une région plus ou moins circu-
laire où seules ont subsisté les mailles du tissu nóvroglique. Ces
coupes ont l’apparence de dentelle.
Au niveau des hémorrhagies et des zones d’oedème, les cellules
nerveuses et les fìbres ont disparu. Le Marchi montre la présence
de corps granuleux colorés en noir par l’acide osmique.
En résumé, on trouve en certains points localisés du cortex des
hémorrhagies capillaires et de i’cedème assez bien limités à la
substance grise (artères nourricières), des thromboses veineuses
et de rinflammation de la pie mère.
Quelle est l'origine de ces hémorrhagies punctiformes ? sont-
elles en rapport avecla thrombose veineuse, due elle-mème à une
inflammation localisée et primitive de la pie-mère? ou ces hémor-
rhagies sont elles dues à de multiples embolies d’artérioles pro-
duisant de la congestion veineuse paralytique, donnaht naissance
aux caillots fibrineux oblitérant les veines et s’accompagnant se-
condairement d’inflammation ?
Dans la première hypothèse, cette observation rentrerait dans
ies encéphalites hómorrhagiques type Strumpell, étudiées récem-
ment en France par Laignel Lavastine (Arc/iices générales de
médecine et d ỳ anato?nie patholoyiques. Janvier 1907), par Chartier
(Encéphalite aiquè non suppurée : Thèse Paris 1907) et Marchand,
Société médicale des hópitaux 1908, caractérisées par la coexis-
tence de lésions inflammatoires des méninges et du cortex avec
des hémorrhagies et des oblitérations veineuses, sans lésion arté-
rielle.
Mais d’une part les lésions inflammatoires nous paraissent peu
accuséesdans le cortex et, cliniquement, notre malade o’a pas pré-
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UMIVERSITY OF MICHI^AN -
RfeVl^ PE PSycUiATÍUE
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UNIVERSITY OF M'ÌQ^'g^
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SOCIÉTÉS
375
senté avant sa mort les infections avec hyperthermie que Ton
trouve dans les observations de Cornil et Durante, de Raymond et
Cestan, de Laignel-Lavasline, etc.
D autre part, l’examen clinique du malade confirmé par Tautop-
sie montre qu’il était un cardio-rénal. Son aorte dilatée et alhóro-
mateuse, présentait des plaques d’athérome en voie de désintégra-
tion et des parcelles de la bouillie athéromateuse pouvaient ètre
lancées dans la circulation, comme le montre la présence de
plusieurs infarctus du rein et du foie.
II nous paraìt plus légitime d’admettre que ces foyers d’apo-
plexie capillaire, déjà signalés par Wagner et Louwengeld dans la
maladie de Bright, sont produits par de petites embolies et que la
Ihrombose veineuse et la méningite localisée sont des phénomènes
surajoutés.
Cette observation nous a paru cependant digne de vous étre
présentée, car la localisation des hémorrhagies interstitielles dans
la substance grise est curieuse. Brissaud, dans le traitéjde patho-
logie Charcot-Bouchard, page 238, donne une photographie de
cerveau présentant cette méme localisation hémorrhagique.
Le mode de production de ces hómorrhagies punctiformes prète
toujours à la discussion.
M. Marchand. —à Les cas d’hémorrhagie miliaire sont assez
rares et le mécanisme de la rupture vasculaire est encore entouré
d’obscurité. Tantòt on invoque la lésion des parois des capillaires,
tantòt une altération sanguine, tantòt une augmentation de la
pression sanguine secotidaire à des lésions méningées et surtout
à des phlébites des veines méningées. Dans une observation
présentée en collaboration avec M. Nouét à la Sociéte módicale
des Hòpitaux en mai 1907, j’insistais sur le ròle joué par les
lésions móningées dans de tels cas. Après avoir examiné les
préparations présentées par M. Vigouroux, je retrouvedes lésions
méningées de mème ordre que celles observées chez notre sujet,
mais moins aigués ; on y rencontre d’ailleurs des thromboses
veineuses que je considère, non pas comme secondaires aux foyers
hémorrhagiques, mais au contraire comme la cause principaledes
hémorrhagies miliaires ; l'obstacle, au retour du sang veineux,
détermine une augmentation de la pression du sang et la rupture
des capillaires.
IX. Maladie de Parkinson avec démence et cécité corti-
cale, par M. A. Marie, de Villejuif. (Présentation de pièces).
J’apporte à la Société un encéphale dedément parkinsonien avec
cécité corticale. J’ai présenté ailleurs la photographie du malade
vivant montrant rattitude figée ; les tremblements enregistrés
élaient caractóristiques, ils disparaissaient à l’occasion des mouve-
ments volontaires.
Le malade présentait dans l’hémisphère cérébelleux gauche un
foyer ancien qui pourrait bien ètre un rapport de cause à.efíet
avec rhómitremblement précité.
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UNIVERSETY OF MICHIG^
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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Ils’agitd'un homme de cinquante-cinq ans, entré à l'asile de
Villejuií en mars 1907. Ouvrier faíencier de son étal, il se vitobligé
— il y a 6 ans — de devenir simple aide-chaufleur, à cause d’une
impotence progressivement croissante.
Cinqenfants dont quatre survivants et respectivement ágés de
vingt-neuf, vingt quatre, vingt-trois et dix-neuf ans, sont bien
portants. Son troisième enfant, une fille, est décédée en bas áge.
Mère atteinle de démence accompagnée de troubles de la parole.
II perdit son père à un àge avancé et, de ses huit frères et soeurs,
cinq sont vivants et en excellente santé.
Femme éthylique invétérée, internée en 1901 à l’asile de Ville-
juif, d'oti elle fut transportée à l’asile d’Evreux.
Le maladenieénergiquement la spécificité, mais reconnaits’étre
adonné à la boisson, mais non d'unè facon exagéré comme sa
femme, desexcès de laquelle lui et ses enfants souffrirent beau-
coup. Non seulement les habitudes alcooliques de sa femme l’af-
fectaient»péniblement, elles l’obligeaient encore, pour subvenir
aux besoins de sa fsmille, à un surmenage qui ne faisait qu’aug-
menter. Souvent, il eut à travailler nuit et jour, plusdequarante-
huit heures consécutives, dans l'humidité froide, le torse à moitié
nu, puisque c’est lui, employé aux broyeurs mécaniques, qui était
chargé de la préparation de la pàte pour le modelage des pièces à
cuire.
Vers la fin de 190Í, il fut pris, brusquement, en sortant de son
travail. d'un malaise vite dissipé. Quelque temps après, celui-ci
se renouvela mais accompagné d’embarras de la parole. Etcette
fois, il ne put rentrer chez lui — nous dit sa fille — qu’en s’ap-
puyant aux arbres et aux murs. Le médecin consultant prescrivit
I’application de sangsue^ derrière l’oreille. C'est à partir de ce
moment qu’il traina, et que se développa un affaiblissement à la
fois mental et physique. Ce dernier se compliqua bientót d’un
tremblement leptement progressif, localisé surtout au membre
supórieur droit, qui lui interdit de reprendre son travail de faíen-
cier. II fut alors employé comme auxiliaire du chaufleur à des
travaux de plus en plus simples. *
En 1905, sa vision, jusque-là parfaits. commence à diminuer
sensiblement et progressivement. Elle s’éteint à la fin de 1906.
Vers la mème époque il ressent les mèmes malaises que ceux
qu’il éprouva deux ans auparavant, avec cette différence qu’il
n’eut pas d’embarras de la parole. La faiblesse était lelle qu’il
s'alita, fut hospitalisé à la Pitié, puis à l’asile Sainle-Anne el
transféré, le 14 mars dernier à Villejuif.
Pas de contraclures ni d’atrophie musculaire; dynamomètre20à
droite et 25 à gauche. Les réflexes tendineux sont conservés, ils
paraissent normaux : peut-ètre sonl-ils légèrement exagérés à
droite.
L’exploration de la sensibllité, dans ses divers modes, ne dénote
aucun trouble. Lo goùtet l’odorat sont conservós.
Le malade n’a jamais accusó de douleurs, de crampes, ni de
fourmillements. II éprouve seulement une sensation de chaleur.il
a toujours trop chaud.
Goi igle
Original frn-m
UMIVERSITY OF MICHIGAN
Rveo d* párUí'uHei' ò sígn»lef du, eóíń, á^s^ii^les. stjutq'ueiqiies.
bourd«.umenier<*„> dt< lemps '9 aotre. de v-uDijsséinentà.
L.» rr.:sf»ir«Uí'fi unregislrée »u tíimbyur (iu M»rey preseńte des-
onduteiions ò wctides.
Rien .»u cixHtr; Lv Kphygntoiím're tle Blopq'-jrévè-le uoe aiígmen-
ìiitiòn <3e- ia íeńsiou ©rteríKUe (2-Ví. <>n trou'vfe t k i'essírnen dn sáng,
i;i propDrtimt de .2(5,1 p, ÁOO tje lnucoeyles moitomidiAaíres et
74. ■> p, hw de r«Miyuuvle»»re^
Ihiu^e Í%<h*d<i ; rach>'dií^í5§t lèg-èi'éiin'eitt ápòiáséétìi rnaíà ne
présente pas de lymphpcy íosí?.
II ettìste .des traces íaiMn-is dViibumme dans les aribes. L.es phús-
phfttńs Aiml eri proporlioiis nonrmles,
fìft : :èo«^L<íér»ntíès''eàr^eieres.fìtí tcemble.niepl,rh.ỳtnrié dii eólè
•Jroit.. flon évofiition jvrogr.es.vive r»tíit«nJe dw. mmn* au. rej>os.
kt eònvítrvsitKUi r|es tuOiivmittmt-. vt.Ji-tilnírèò et de.s mie..*es qui
stìnt ■uof'Uia.rix ou *8 >ì 8 'exagè-rwlion K-é.v ;ui«r<fuée, iViiisenco do
eontr c 6Cturés. lrillttude enipaléo. ie rigfdiUi Uo 1« mique; 1* ftsitó
du iiiiisque, l'hypertherifiio subjeetivi: in tlilli'nuUtì <Íh somrneH,
lVige-du su.j«t vi les eeuses <jn.i peuvenl Ótrij ìnevituítíóov; lerímg
nostie de miilsdie rje l’erkinsoń à fonne ńniiiilèralfc *• impose. U i?vt
syrnétví(|Ut: d&ns íos póies
. . ; V •• 7 j.... ot'eipitaux à IflKlève ítneinu bt flu
U - nivci.ui rlivs seìssiires cakárìnés :
j : ' cellt* lósioit esl Inen • en • rupporl-
■■Vr? avee ia eèeiió du rnirlaáe èt sa
K ‘ déiuorn’t*. D&uifń- paid. le eervè-
' :S; í8Pu!r. ; -. : iút prósonteiuì<: »iroptoi?ii<ítted'e
nieiiiisptiPre guueiio, qut rsi m
Fu.. 33, - Emrf^iihýt ParAiniiintnrí. „ s j0.ge d'lHl fOVÓr étfeíulú dt<Ttiniol -
livvomejH eurtieoi ò m 'imè in-
i-aúsií*. fèríeure. CeUo dnrńìjire íèsion
• V* ò. . • ’• sembJe un ra.ppóri deeàusÉiàoRoi
Go gle
□ riginalfrom
UNIVERSITY OF MICHIGAN
378
REVUE DE PSYCHIATRIE
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avec l’hémitremblement droit précité. Bien entendu, l'examen
ntacroscopique appelle un examen complémentaire histologique
que nous comptons pratiquer à l’aide de coupes en série du cer-
velet.
M. Marchand. — Je ne pense pas qu’on puisse établir un rsp-
port de causalité entre la lésion du lobe córébelleux gauctxe et le
syndrome de Parkinson que présentait le malade. 11 est nécessaire
dans un tel cas, avant de donner toute interprélation, de recher
cher, par l’examen histologique, s’il n’existe pas d’autres lésions
localisées dans les noyaux moteurs du névraxe.
On peut rencontrer des ramollissements. étendus du cervelet
chez des individus qui étaient alteints de troubles moteurs peu
accusés; ceux-ci peuvent passer inapergus si on ne les recherche
pas spécialement.
Je ferai remarquer en outre que le tremblement que presenlail
le malade de M. Marie était surtout prononcé à droite ; le loyer
de ramollissemenl siège dans l’hémisphère gauche. S’il y avait un
rapport entre la lésion cérébelleuse et l’hémitremblement, ceder
nier aurait dù étre plus accusé à gauche qu’à droite; les effets
des lésions des lobes cérébelleux sont directs et non croisés com-
me ceux des hémisphères cérébraux.
M. Marie. — Le malade élait typique comme aspect (attitude
figée, tremblement caractéristique), d’ailleurs je me garde d’affir-
mer le rapport de cause à effet.
Je n’ai pas observé de symptómes cérébelleux et Ie maximum
du Iremblement était croisé par rapport à la lésion.
M. Trénel. — Nous observons tous souvent comme trouvaille
d’autopsie des lésions méme plus étenduesdu cervelet, sanssymp
tóme clinique les faisanl prévoir. D’autre part, dans certaines
lésions cérébrales en foyer encore mal déterminées. on observe
des troubles moteurs ressemblant à la maladie de Parkinson.
M. Marie. — Le malade présenté à la Société médicsle des
hópitaux fut considéré comme Parkinsonien. Comme, actuelle
ment, le subslratum anatomique de la maladie’ de Parkinson resle
indóterminé, je ne crois pas qu’on ait le droit d’opposer a priorL
à des faits nouveaux, une théorie préconQue des rapports possi
bles du tremblement Parkinsonien avec une altération cérébel
leuse plus tót direcle que croisée. Un fait ne doit pas étre rejeté
parcequ’il n’est pas d’accord avec une théorie, au contraire. Au
surplus l’examen microscopique peut décéler des lésions symé-
triques ; enfin, je crois me souvenir que la dernière thèsesurla
question, celle de M. le D r Maillard, conclut à une lésion croisée
et au rapport possible de l’hémitremblement Parklnsonien avec
l’altération du noyau rouge du c8lé opposé.
Le gérant: A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IMRRIMERIE A. COUESLANT (2-VII-09)
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
6' Série. 13* Année. Tome XIII.
JUILLET 1909 — N* 7
REYUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÚRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue critlque. — L'a/coolisme, symplóme dea paychoncvrasea cons -
titutionnellea , par Srkgk Soukhanoff, médecin en clief de l’hùpitnl
deN.-D. dea aiQigés, ii Saint-Pétersbourg.
Falts et opinions. — Le déiire d interprrlalion de Skkifux et Capgras,
par M. Mignakd, interne à l’asile de Villejuif.*.... 3H7
Revue des llvres .—La criminalité dana L'adolescence , par G. L. Du-
prat (P. Juquelier). — Lcs aciences philosophiyuea ; leur ètat actuel,
par Abel Rey (H. Pikron). 39Í
Revue des Pérlodlques frangais. — Gazette des Uopitaux (G avril
190y), M. Gentt. — Journal de Psychologie (mni-juin 1909), M. Mi-
GNARD. 39G
Etrangers. — Rivista di Pàlologia nervosa e mefitatc (Vol. XIV),
R. Lkgendre. 398
Nouvelles. — Personnel des asiles. Congrès. 399
Soclétés. — Société médico-psychologicpie (Séance du 28 juin 1909),
G. Collet. 399
Société de psychiatrie (Séance du 27 niai 1909), P. Juqukliek. V)1
Société clinique de médecine mentalc (Séance du 21 Juin 1909) :
Compte rendu in-exienso . ào7
Bulletin bibllographlque mensuel. xxv
REVUE CRITIQUE
L'ALCOOLISME SYMPTOME DES PSYCIIOKÉVROSES
CONSTITUTIONNELLES
Par le Docteur Serge Soukhanoff
Médecin en chef dt l'Hópital de Notre-Dame dcs affligés , à Saint-Pèiersbourg
En parlant de l’alcoolisme, comme l’un des symptómes des
a psychonévroses constitutionnelles »il est indispensable avant
tout d’expliquer ce qu’il faut comprendre par ce lerme; il désigne
des états psychiques particuliers, pour la plupart congénitaux,
que caractériseut certaines auomalies de l’activité psychiqne. Ces
anomalies, dans les groupes déflnis de psychonévroses constitu-
lionnelles, ne sont pas uniques, ni occasionnelles, mais dans
certaines associations elles apparaissent stables; ainsi, chaque
groupe de cette sorte, a sa physionomie propre, psychologique
ou psychopathique. Dans de pareils cas, on pailait autrefois de
la dégénérescence, de ses différents symptómes ; en des des-
criptions cliniques et très vivantes de nombreux auteurs, pa-
raissait tout le tableau des états anormaux, constitutionnels ou
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UMIVERSITY 0F MICHIGAN
380
REVUE DE PSYCHIATRIE
congénitaux. Nous avons, maintenant, un ónorme matériel, où
Tanalyse des symptómes isolés est poussée jusqu’à Ia virtuosité.
Ces dernières années, les tendances synthétiques ont influé, d’une
manière très déterminée, sur les travaux des aliénistes ; ainsi,
Krccpelin construit la psychose maniaque dépressive et la
démence précoce; pour les états constitutionuels, 'il existe une
interprétation de la psychasténie, basée sur les travaux de
Pierre Janet. 11 a trouvé une place plus déflnie au grand
groupe formé de ce qu’on décrivait jadis sous le nom de «stig-
mates de dégénéresceuce psychique ». Le terme de « dégéné-
rescence » est devenu trop vague, a perdu la netteté de ses
contours; et il faut admettre, avec Raymond, que les mots de
« dégénérescence », « dégéuéré », « dégénératif » déflnissent
plutót un caractère anthropologique que clinique. Après la pé-
riode de l’analyse*de ces phénomènes dégénératifs qui se mani-
festent dans la sphère psychique, apparatt la péi’iode de leur
synthèse, de la réunion des sympòmes particuliers, leur seule
description, quoique rendue avec talent, leur seul groupement
formel, ne suííìsent pas à faire progresser l’étude des dégé-
nérescences.
Maintenant apparait la nécessité d’un groupement plus sim-
ple, plus réel de toutes les anomalies psycliiques ù caractère
symptomatique, qui s’observent dans les états constitutionnels
psychiques et qui s’entrelacent selon certaiues combinaisons,
dans la vie de chaque individu, présentant le tableau de chaque
névrose. Là où les traits palhologiques sont exprimésd’unema-
nière très marquée, très accusée, là se crée un groupe de
diverses personnalités psychopathiques; mais les cas où, au
contraire, ces traits sautent peu aux yeux et influent faiblement
sur la conduite du sujet, n’atteignant pas de grande intensité
dans leur manifestation externe, ces cas caractérisent un
énorme groupe de personnages, pour lesquels on ne peut pas
parler ni de santé complète, ni d’une maladie déflnie quelconque.
« La nature ne fait pas de bonds », nous avons toute une sériede
processus transitoires, toute une série de passages graduels, de
ce que nous nommons norme et santé à ce qui fait déjà la mala-
die. Du point de vue clinique et biologique, on peut supposer
déjà apriòri que les types avec lesquels nous nous rencontrons
dans la région de la pathologie, ont leurs analogues parmi les
personnes bien portantes, et chez ces derniers souvent'les traits
pathologiques se trouvent, ou à l’état latent, ou à l’élat rudimen-
taire. Donc, de ce point de vue, ce que l’on nomme caractère
normal, gràce à toute une série .de formes transitoires, confineà
la région des caractères pathologiques. L’observation des indi-
vidus, mettant en valeur des traits de différents caractères
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UNivERsrry of michigan
l'alcoolisme des psychonévroses
381
patliologiques, donne un matériel non seulement pour la psy-
cliopathologie; mais aussi pour la compréhension et l’explica-
tion, plus détaillée et peut-ètre plus vaste, de la physionomie
psychologique des plus divers individus humains.
Comme l’étude des maladies de la mémoire ou des maladies
de volonté nous aide à comprendre, d’une manière plus régu-
lière, plus exacteet plus réelle, l’essentiel decescapacités men-
taies, ainsi la connaissance des caractères pathologiques et
leur compréhension, correspondant à la réalité, donne un ma-
tériel très précieux pour se faire une représentation plus exacte
des caractères normaux. Et c’est très naturel, puisque lanature
ne connait ni norme, ni maladie et puisque ces distinctions sont
artiflcielles, sans doute, et créées par nous, pour rendre plus
facile l’action pratique.
II n’y a donc rien d’étonnant, ni d’inattendu, dans l'absence
de limites marquées entre les caractères normaux et ies carac-
tères pathologiques, qui constitueutles diverses psychonévroses,
puisque l’activité neuro-psychique apparait comme une fonc-
tion évolutive. Elle est soumise aux oscillations et mobile dans
son développement dans une série de générations et méme chez
un seul et méme individu, 11 est donc compréhensible que sur
)e fond des caractères normaux, surgissent certains traits, envi-
sagés comme pathologiques et que les caractères pathologiques
aient leurs aualogues parmi les personnes saines.
Le point de vue que je viens d’exposer,lepointde vueclinico-
biologique des caractères normaux et pathologiques est parfai-
‘ tement applicable aux sujets qui abusent des boissons fortes.
II est intéressant d’envisager les alcooliques non par leur aspect
extérieur, mais dans leur psychologie individuelle: car ìeur
division en alcooliques occasionnels, chroniques et dipsomanes
est purement symptomatique, privée de tout fondement réel.
L’une des organisations neuro-psychiques constitutionnelles
congénitales les plus répandues, c’est la psychastliénie; lorsque
cette dernière est exprimée faiblement, elle se manifeste sous
forme de caractère scrupuleux et inquiet; ici nous observons
toute une sórie d’associations de certaines particularités patho-
logiques, créant une physionomie psychique définie : on note
chez l’individu, une inclination au scrupule et à l’inquiétude, à
propos de rien parfois, une tendance à l’indécision, aux doutes
et aux hésitations; mais ces particularités de caractère, sont
soumises à des variations caractéristiques, non seulement chez
différents individus, mais méme chez un seul et méme sujet
possédant ce caractère scrupuleux et inquiet. Les qualités mo-
rales sont développées uon seulement à un degré suflisant, mais
d’ordinaire à un très haut degré. Les personnes de cette caté-
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UNivERsrry of michigan
382
REVUE DE PSVCHIATRIE
gorie, si les traits du caractère scrupuleux et inquiet aug-
mentent ou deviennent plus aigus, manifestent un penchant
aux états psychiques obsédants; aussi, le caractère apparait-il
comme le fondement psycliologique des états psj’chiques obsé-
dants ; sans ce caractère, ces derniers n’exislent pas ; mais ce
caractère petít exister sans eux ; ce sout des phénomènes de
méme ordre, différant l’un de 1’auti‘e seulement parla quantité.
La psychastliénie, dans le sens de Pierre Janet, dans la symp-
tomatologie de laquelle entrent tous les états obsédants dé-
crits par de nombreux auteurs, d’une manière si détaillée et si
parfaite, se manifeste chez Ies personnes possédant le carac-
tère scrupuleux et inquiet. L’un de ces état appartient à la
région de la pathologie, le second se trouve plus près de la
norme.
Par l’investigation plus détaillée des alcooliques, par la con-
naissance plus proche des particularilés congénitales de leur
caractère, je me suis convaiupu que, parmi eux, il y a beaucoup
de personnes présentantdesmanifestationsdececaractère.avec
des traits psychasthéniques (au plus vaste sens de ce mot).
II est intéressant de noter, que, dans les manifestations plus
profondes de la psychasthénie, là où s’observe chez le sujet un
tableau très accusó d’états psychiques obsédauts, ordinairement
il n’y a point de grand alcoolisme: et comme si, dans les cas
de ce genre, l’existence des manifestations pénibles de cette
psychonévrose les assurait contre l’abus de l’alcool, I’alcoolisme
se manifeste principalement, mais pas exclusivement pourtant,,
danslesdegrés plusfaiblesdel’étatpsjxhasthénique. Les psychas-
théniques au début sont assez sensibles à l’alcool; s’ils ne sont
pas encore habitués, ils deviennent ivres facilement, et l’alcool
agit sur eux. On peut l’expliquer, en partie, par ce fait, queles
personnes de cette catégorie sont portées aux émotíons
dépressives. Les alcooliques psychasthéuiques commeacent à
boire de bonne heure, le plus souvent sous l’influence de leur
entourage, par imitation, ou par bravade, etc.; au début, l’ai-
cool ne leur plait pas, et les boissons fortes provoquent mème
le dégoút. Táchant d’imiter les autres, cédant aux invitations
des caraarades, le psychasthéuique adolescent, souvent alcoo-
lique.s’habitue progressivement aux boissons spiritueuses, etr.,
quoique non sans peine ; il s’entraine à l’abus de l'alcool, après
une période d’eflort. D’abord iln’a pas, dans la grande majorité
des cas, sinon toujours, d'envie spontanóe de ces boissons.
L’horreur de son milieu, chez le psychasthénique adolescent.ou
chez lejeune homme, joue le plus grand róle dans son alcoo-
lisme ultérieur. licontinue àrecouriraux boissous spiritu euses-
L’individu sent qu’elles font disparaìtre chez lui l’état émolif
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L'ALCOOLISME DES PS'YCHONÉVROSES
383
désagréable, qu’elles calraent l’inquiétude et le scrupule,qu’elles
influent comrae un stiraulant surson état psycbasthénique, qui
s’exprime subjectivement par l’abaissement du tonus psyclio-
logique ; les boissons fortes lui donnent un peu, pour un instant,
de la volonté, qui lui manque, et exercent une influence dyna-
mogène sur la manifestation de l’énergle psychique. Et, voilà
que, chez un tel sujet, peu à peu, se fait un entralnement instinc-
tifvers l’alcool, s’augmentant progressivement et atteignant
ensuite, à des manifestations morbides ; dès lors, on remarque
que les émotions désagréables, auxquelles surtout est sensible
le psychasthénique et qui, chez lui, ont unetendance à se main-
tenir longtemps, deviennent prétexte à l’absorption de plus
grandes doses d’alcool. Cela se répète de plus en plus souvent;
si d'abord, un tel individu buvait par intervalles, maintenant,
ces intervalles sont plus courts; graduellement, survient le
tableau de l’alcoolisme chronique. Le sentiment moral, la
voix de la raison, les remords de la conscience, tout cela existe
longtemps chez le psychasthénique alcoolique; et si tout cela ne
peut tout de méme exercer une influence inhibitrice sur l’habi-
tude déjà formée et enracinée, s’il n’arrive, avec un tel indi-
vidu, rien qui puisse tendre ses capacités mentales supérieures
vers la lutte contre son habitude pernicieuse, alors l’alcoolisme
se développe, et le plus souvent augmente. Mais, dans bien
des cas, il se fait un certain changement, qui réagit surla mani-
festation externe de l’alcoolisme ; ce cliangement consiste en
ce que, sur le fond de l’alcoolisrae presque incessant, où se pro-
duisaient auparavant des exacerbations sous l’influence des
désagréments moraux, commencent à s’observer des oscillations,
pour ainsi dire sans motifs visibles ou dófìnis. II semble, tantót,
que le psychasthénique alcoolique parfois boit beaucoup plus;
tantót, le degré de l’abus des boissons spiritueuses, la force de
l’entralnement pour ces dernières diminue ; et ces oscillations
deviennent de plus en plus marquées. Après les exacerbations
le sujet pour quelque temps cesse d’absorber les boissons fortes,
pourtant de nouveau il a recours à elles comme à un stimulant
habituel.
Tót ou tard, dans ce cas, dans cette période transitoire
d’oscillations de la psychasthéuie, survient le tableau d’une
périodicité plus accusée, plus définie, c’est-à-dire qu’apparalt
• íe syndrome auquel on donne le nom de dipsomanie. De cette
manière, certains psycliasthéniques, débutent par l’alcoolisme
occasionnel, traversent ensuite la phase de l’alcoolisme chro-
nique, et passent dans Ie stade de dipsomanie. La période pro-
dromique de cette dernière aflection dure un cerlain temps ;
et cela est en parfaite harraonie avec ce fait, que les psychas-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
théniques, viennent consulterle médecin pour leurssymptóraes
dipsomaniques, à l’ágeadulte, de 30 à 35 ans, et cette transi-
tion, cette transformation d’une forme alcoolique dans une
autre, indique clairement la relativiló, le fondement interne
ìnsuffisant de la division des alcooliques, d’après les phónomènes
externes, et d’après les manifestations syraptomatologiques.
Je donne ici un schéma général, un tableau sans détails, sans
particularités individuelles, Ie tableau de l’alcoolisme, se mani-
festant chez les psjchasthéniques et atteignant,*parfois, la phase
de dipsomanie. L’interrogatoire circonstancié du sujet lui-mérae,
l’analyse de sa personnalité psychique, la connaissance détail-
lée de tout le passé de son alcoolisme, tout cela m’a conflrmé
dans cette idée que la dipsomanie, dans les cas de ce genre.se
dóveloppe d’une manière tout-à-fait définie. Bien des fois, j’ai
contrólé cette conclusion dans des casisolés. D’ailleurs, cette
idée de la transformation de l’alcoolisme chronique dans la
dipsomanie est accessible au contróle et à la vérification.
La dipsomanie chez les psychasthéniques n’apparait pas avec
un pronostic funeste et définitif ; elle se soumet, parfois, à la
voix de la raison, et au traitement psycholhérapique, c’est
par cela que s’expliquent les cas de cessation de la dipsoma
nie, sous l’influence de quelques accidents émouvants dans la
vie d’un tel individu.
Les psychasthéniques alcooliques dont nous venons de par-
ler, comme de prédisposés aux émotions dépressives, manifes-
tent souvent des phénomènes d’intoxication aiguè par l’alcool;
et cela s’exprime chez eux par des phénomènes ’de delirium
tremens, tantót très accusés et très intenses, tantót de courte
durée ou frustes. II est curieux de noter que, dans les cas où
sous l’influence de I’alcool, se développe chez un psychasthéni-
que une psychose hallucinatoire auditive, presque toujours,
parmi les éclatantes hallucinations, existe l’inclination à leur
association par contraste. Cette association du processus psy-
chique par contraste, est propre, semble-t-il, à l’état psychas-
thénique.
Telle est, en traits généraux, la symptomatologie de l'alcoo-
lisme, alliéeà unenévrose, ou plutòt, une psychonévrose, base
psychologique de laquelle dépend le caractèi'escrupulo-inquiet,
qui dans sa forme développée, donne le tableau polymorphe des
états psychiques obsédants. Sans doute, faut-il ajouter encore,'
que les caractères de l'intoxication prolongée, par les boissons
í'ortes, s’entremèlent de plus en plus à l’état psychasthénique
fondamental.
Une autre organisation congénitale très répandue, c’est le
raisonnement pathologique ; les personnes, qu’elle caractérise,
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l'alcoolisme des psyciionévroses
385
sont très mobiles, aiment à parler et à juger de tout; en som-
me, elles brillent par le don de la parole, sont très spirituelles
dans ia conversation, mais en méme temps, leurs jugeraents
portent souvent la marque de conclusions superflcielles et
paradoxales et de paralogismes. Leur état émotif est, chez la
plupart, exagéré; ces personnages, ont une opinion très haute
d’eux-mémes; ils s’offensent facilement et ont beaucoup d’amour-
propre, souvent ils ne sont pas méchants et sont méme cor-
diaux ; ies individus en queslion, contrairement aux psychas-
thénisques, sont peu portés aux iuquiétudes et aux scrupules ;
ordinairement, ils sout sórs d’eux-mémes, décidés dans leurs
actions et leurs actes ; il existe chez eux une inclination à
l’égocentrisme, et méme aux manifestations paranojdes. On est
souvent frappé par un certain éclat extérieur de leurs capaci-
tés mentales, ce qui masque, parfois, l'absence de profon-
deur de l’idéation et de la pensée. 11 est intéressant de consta-
ter que, de pair avec les qualités intellectuelles sus-indiquées,
il existe, en sotnme, une faiblesse des sentiments moraux, infl-
niment variables d’ailleurs, dans cliaque cas isolé. Les formes
moins développóes, ne s’expriment pas déjà d'une manière si
marquée et aboutissent au caractère raisonneur simple, où les
phéuomènes propreraent dits pathologiques s’eflacent. D’un au-
tre cóté, l’augmentation des traits pathologiques crée déjà un
tableau, non seulement de psycho-névrose, mais de psychose
dans le sens étroit de ce mot; lorsque sur le terrain du raison-
nement pathologique, se manifesteut des phénomènes délirants,
c’est le délire dela folie raisonnante, fondant le cadre des ps) r -
chopathes inventeurs, des persécutés-persécuteurs, des quéru-
lantes, des érotomanes. Parfois, dans ce cas, la sphère morale est
plus atteinte que la sphère purement intellectuelle, alors appa-
rait ce qui portait autrefois le nom d’une aflection autonome :
insanitas moralis. Comme dans la psychastliénie, dansle carac-
tère raisonnant, existe aussi toute une série de stades transi-
toires, de la santé aux phénomènes les plus morbides.
Au sujet de l’alcoolisme, considéré comme symptóme des
psychoses raisonnantes, il faut dire avant tout, que, dans les
états délirants accusés et très marqués, il n’arrive pas ordinai-
rement de l'observer, sinon très rai ement. Le plus souvent,
l’alcoolisme se manifeste dans des formes plus légères, mais
'avec des défauts moraux plusmarqués. Les raisonneurs alcoo-
liques peuvent commencer de bonne heure à absorber les bois-
sons íortes ; ordinairement, l’alcool, méme au commencement,
leur procure du plaisir et des sensations agréables ; cette cir-
constance les mène à rechercher dans l’alcool, non le stimulus
nécessaire à ranimer leur actiYité psychique, dont ils n’ont
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REVUE DE PSYCHIATRIE
pas besoin, mais la source de jouissances, de plaisir, de dis-
tractions agréables, vers lesquelles ilssont très portés. Pour cette
cause, le raisonneur devient vite un alcoolique, et ses sensa-
tions morales, en somme insufflsamraent développées, baissent
et s’affaiblissent encore davantage. II me semble, que, dans le
cadre des ivrognes de la rue, demì-vétus, mendiants, vivant au
jour lejour, sans habitation et sans domicile, ne se découra-
geaut de rien et mème manifestant quelque bonne humeur, on
trouverait des individus appartenant à la catégorie des raison -
nants. La faibiesse des sentiments moraux, en rapport avec
l’alcoolisme, devient la source dans ces cas, des acles antiso-
ciaux de différent genre. Cescas d’alcoolisme en connexion avec
le raisonnement pathologique, où les senliments raoraux sont
faibles, et où il n'y a point une suffisante autocritique, sont d’un
mauvais pronostic ; l’influence psychothérapique reste souvent
sans résultats.
Passons à présent à un nouveau groupe de personnages de
caractère pathologique, aux épileptiques. Je vais avoir en vue
les formes épileptiques, où se trouvent en première place les
traits pathologiques du caractère et où les accès sont rares et
ne donnent pas de démence profonde. Les individus, à caraclère
épileplique, comme le démontrent l’observation et la pratique
légale, ont souvent recours à l’alcool; il íaut remarquer que,
parfois, celui-ci dévoile les formes latentes de l’épilepsie, dans
lesquelles les personnes de l’entourage neconnaissaient pas chez
l’individu donné I’existence d’accès épileptiques. Les personnes
de cetle catégorie ayant fait une fois connaissance avec l’alcool,
portent une véritable impétuositéii recourir à cette substance;
c’est ainsi que se manifeste leur impulsivité inconsciente et
avide pour les boissons spiritueuses. Sous l’influence de l’alcool,
la personnalitó morale d’un tel individu dégénère encore davan-
tage, et c’est alors qu’apparaissenttouteune série de manifesta-
tions palhologiques, ti ès accusées, du còté de la sphère psycliique;
1 edélirium tremens, avec obnubilation pi ofonde de conscience,
précédé d’accès épileptique, l’état d’automatisme psychique, des
périodes d’excitation tantòt de courte durée, tantót assez lon-
gues, avec amnésie présque complète, etc. Tout cela amène
bientòtces individusà l’liòpital ou au tribunal.
Enfin, il me reste encore à dire quelques mots à propos de
l’alcoolisme comme symptòme de la psycho-nóvrose hysléri-
que, qui se rencontre plus souventchez les femmes, quechez les
hommes. Dans Ies formes graves de l’hystérie, je ne sais pour-
quoi, on n’observe pas de grande tendance vers les boissons
fortes; cette tendance peut exister dans les formes plus lógères
d’hystérie; l’alcoolisme, y est sujet à de grandes oscillations.
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LE DÉLIBE D’INTERPRÉTATION
387
dépend de l’état émotif et d’une foule de íaits occasionnels, du
caprice, etc. Pour bien des hystériques, les plus fortes des bois-
sons spiritueuses ne procurent pas un grand plaisir, à ce qu’il
semble, et ils s’habituent peu à ces dernières ; les hystériques
aiment mieux absorber des boissons alcooliques ayant un goút
agréable. Maisles conséquences de I’absorption du vin, les sen-
sations subjectives consécutives à l’absorption de cette boisson,
protègent à un degró suffisant les hystériques, du développement
de l’alcoolisme pénible; les personnes liystériques ont recours
plus volontiers, pour se distraire ou pour se réjouir, à d’autres
narcotiques que l'alcool.
Yoilà, en traits genéraux, Ia symptomotologie de l’alcoolisme
dans les quatre psychonévroses constitutionnelles : la psycbas-
thénie, le raisonnement pathologique, l’épilepsie et l’hystérie.
On comprend que l’alcoolisme puisse étre un symptórae d’autres
états psychopathologiques (psychose maniaque dépresslve, dé-
mence précoce, paralysie générale, etc.); mais cela n’entre pas
dans notre discussion actuelle. Je désirais attirer l’attention sur
la psychologie des alcooliques avec lesquels l’on peut avoir
affaire, et iudiquer l’insufflsance de la classification des alcooli-
ques d’après Ieurs symptómes pureraent externes (alcooliques
occasionnels, chroniques et dipsoraanes); l’essentiel, c’est d'exa-
miner dans quelle organisation neuro-psychique et comment se
manifeíte l’alcoolisme. Et je me permets de penser que la décou-
verte du caractère psychologique, caché souvent sous le tableau
apparent de l’alcoolisme, n’est pas indifférente pour la lutte
contre I’alcoolisme individuel; je pense qu’elle est indispensa-
ble pour le traitement des alcooliques, en général et pour l’ap-
plication de la psychothérapie, en particulier.
St-Petersbourg, 7 décembre 1908.
FAITS ET OPINIONS
LE DÉLIRE D’INTERPRÉTATIONS DE SÉRIEUX
ET CAPGRAS'
Par M. Mignard
Jnlerne à Vasile de Villejuif
Le nouvel ouvrage de MM. Sérieux et Gapgras marque un
véritable événement dans l'histoire de la psychiatrie fran^aise;
non que leurs doctrines aient subi quelque transformation ou
* D’après leur récent ouyrage : Lcs Folies Raisonr\antes (Paria, Alcan 1909).
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REVUE DE PSYCHIATRIE
quelque raodiflcation essentielle, raais parce qu’ils nous donnent,
sous une forme condensée, l’exposé systématique de Ieui , s
théories et une remarquable série de documents.
Cet ouvrage a plus d'un trait comraun avec ceux denos vieux
maitres : sa lucidité, l’esprit d’analyse fine et exacte que l’on y
remarque, une particulière ingéniosité d’observation, un sens
psychologique toujours très súr, tels sont les caractères qui
marquent ce vaste essai de synthèse, basé sur une préalable
analyse des symptómes, qui fait sa valeur et sa force.
Les « Délires systématisés », les « Paranoi'as », sont les états
psychopathiques déjà décrits, dans lesquels l’on doitchercherles
délires d’interprétation. La « psychose chronique, à base d’in-
terprétations délirantes », tel est le type nosographique que
les auteurs veulent dégager.
L’« interprétation délirante est un raisonnement faux, ayant
pour point de départ une sensatiou réelle, un fait exact, lequel,
en vertu d’associations d’idées liées aux tendances, à I’affecti-
vité, prend, à l’aide d'inductions ou de déductions erronées,
une signiflcation personnelle pour le malade, invinciblement
poussé à tout rapporter à lui»
Ce mode de jugement, véritablement affectif, se renconti-e
dans nombre de délires et méme, à un léger degré, dans tout
état émotionnèl. La maladie ne fait donc en somme que révéler
ou exagérer un processus normal. Mais si l’interprétation déli-
rante est un phénomène commun, le dólire d’interprétation lui-
méme est une psychose fort nettement caractérisée.
Pour former ce dólire, les interprétations doivent étre mul-
tiples, organisées; les hallucinations rares et contingeates;
la lucidité et l’activité psychiques persistantes. Enfin l’évo-
lution parextensionprogressive etl’incurabilité, sansdémence
terminale achèvent ce tableau clinique.
L’ancien type des persécutés-persécuteurs, outre un certain
nombre de cas très différents, réunit quelques iuterprétants à
de nombreux revendicants « qui, sous l’empire d’uneidéeobsé-
dante, emploient toute leur intelligence et toute leur activité
anormale, non pas à la construction d’un roman délirant, mais
à la satisfaction de leur passion morbide » *. II faut les mettre
hors du cadre de Ia psychose à base d’interprétations.
Les interprétations peuvent étre tirées du monde exlérieur,
de l’état mental, de l’état organique du sujet ; et fort certaine-
ment MM. Sérieux etCapgras rangent parmices derniéres bien
des phénomènes aulrefois prétendus hallucinatoires, en déflni-
tive, simples troubles cénesthésiques dont l’on trouve souvent
1 Op. CÌt.y p. 3.
2 P. 8.
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LE DÉLIRB D’lNTERPRÉTATION
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la raison organique, mais qui donnent le point de départ d’une
systématisation délirante.
Cependant Ies facultés intellectuelles restent indemnes. Si
partois la psychose se développe chez le débile, on la rencontre
souvent malgré une intelligence développée et toujours vive.
Elle n’est méme pas, nous le verrons, incompatible avec le génie.
Or, faitcapital, ni l’intellect, ni l’affectivité ne sont détruits,
ni la persounalité n'est désagrégée par cette « paranoia » pro-
gressive. On ne peut qu’admirer l’ingéniosité délirante qui se
róvèle dans ces anorraaux. Le symboliqne y occupe une part
importante. Tout prend une .signiflcation spéciale. Chaque
geste cache une intention. Les phénomènes cosmiques eux-
mème sont plus ou moins adroitement rattachós aux concep-
tions prédorainantes.
Hypothèses trop dévoloppées, systèmes trop sérieusement
établis, voilà semble-t-il le caractère spécial de ce délire. Etl'on
est frappé du rapport que présentent certaines de ces divaga-
tion» avec les plus belles systématisations de l'esprit humain.
Elles ne sont souvent anormales que par la bassesse de leur
objet.
La nature des idées délirantes perd la grande valeur que l’on
pouvait lui attribuer jadis : Délire de persécution, de grandeur,
de jalousie ; délire érotique, myslique, hypochondriaque, délire
d’auto-accusation, toutes ces dénominations peuvent marquer la
formule des délires d'interprótalion : le caractère, l’intelli-
gence, l’éducation, les circonstances mémes « aiguillent» le
prédisposé dans telle ou telle direction. Au Moyen-Age, Ies
inventions diaboliques et magiques tenaient une place qu’oc-
cupent de nos jours les politiciens et les policiers. Certains su-
jets entremèlent les idées de persécution aux conceptions am-
bitieuses, érotiques et mystiques.
Une malade croit avoir été, dès son enfance, soumise à de
multiples épreuves. Avant son mariage, elle s’imagine que
tous les hommes Ia regardent: En 1871, elle écrit à Bismark
pour l’exhorter à la paix, et bátit tout U 4 roman de transfor-
mations sur cette lettre. En 1879 après la mort de son mari,
elle croit que son jardinier veut la violer, puis s’occupe de se
marier avec son médecin, qu’elle persécute à force de missives.
Ses interprétations sont telles, que le simple envoi d’un catalogue
oii il est question de « chalnes »,eld’ « anneaux » fortifie ses
conceptions.
Puis elle attribue à son frère les prétendus mauvais traite-
ments dont on l’accable. Le mot de « favori», prononcé dans
une conversation, devient une occupation de bestialité ; si sa
montre s’arréte, c’est que ses persécuteurs mettent à exécution
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REVUE DE PSYCHIATRIE
leurs intentions criminelles. On donne à sa fille un livre de
prix : elle y retrouve le portrait d’un employé qu’elle accuse
d’avoir portó contre elle de terribles accusations. D’ailleurs
Dieu la protège; elle réclame l’héritage de J. Ferry; trois
dócouvertes l’ont portée à un rang sublime.
Telles sont quelques-unes des idées délirantes et des multiples
interprétations d’une des nombreuses malades dont MM. Sérieui
et Capgras relatent les observations.
Presque jamais le raédecin ne. voit le début de la maladie, et
souvent ce début lui est caché par une série d’interprétations
rétrospectives. Néanmoins, il semble que íort souventelle soit
précédéed’une période d’incubation où ie sujet devient soup-
conneux, et commenoe à se reudre compte que les objets qui
l’entourent et les phénomènes qu'il observe ont une apparence
étrange et un but caché. Le sentiment dominant commence à
tout transformer. Enfin, le malade devine, il a la « clef» de ce
qu’il ignorait; il vit une nouvelle existence : le délire vient de
se révéler.
Parfois il s’agit d’une affection mentale pour ainsi direinnée.
C’est de tout temps que l'intellect a óté faussé par une pensée
directnce. Dès l'enfance se sont révélées les tendances déli-
rantes et ies interprétatións se sont développées à mesure que
se développait l’intelligence. C’est là un autre arguraent qu’au-
raient pu faire valoir les auteurs, en faveurde leur tliéorie, que
la progression du délire d’interprélation ne marque pas la ruine
de cette faculté.
A la période d’état, se produit le travail caractéristique de
« cristallisation d’interprétations successives autour d’une con-
ception ou d’une tendance pi*odominante »'. Unsystème se for-
roe ; les explications hypotliétiques deviennent de plus en plus
ingénieuses, de plus en plus aussi jnvraisemblables ; tel est,
nous semble-t-il, le cas de cette malade dont l’on a pu lire l’ob-
servation dans le Bulletin du moisde mars de la Société clini-
que de mé^lecine mentale 2 . Pour elle, les pátes en forme de
cceur dont elle voyaitdes multitudes dans le potage, contenaient
une allusion à la parole jadis prononcée : « On ne donne son
coeur qu’une fois. » Peut-on trouver quelque hypothèse à la fois
plus ingénieuse et plus absurde ?
La période terminale présente une extension indéfinie, sans
affaiblissement intellectuel dúà lamaladie. La vigueurintellec-
tuelle estparfois considérable. Certains malades ontpu appren-
dre plusieurs langues, cependant qu’évoluait leur délire. D’ail-
leurs, quelle preuve d’activitó bien supérieure à la moyenne ne
1 p - 138 -
3 Un cas dc dclirc d'intcrprctation , par P. Sékieux.
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LE DÉLIRE D'lNTERPRÉTATION
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dODDent pas certains systèmes interprétatifs à extension tou-
jours continue ? Si la démence survient, elle surprend ces
espritscomme elle pourrait terrasser l’intelligence la plus npr-
male ; lá sénilité et l’artério-sclérose suffisent à l’expliquer.
Rémissions, paroxysmes inlerprétatifs, accès d’excitation, de
dépression, boufíées délirantes' polymorphes, psychoses liallu-
cinatoires peuvent d’ailleurs venir compliquer cette évolution ;
elle n’en est pas moins fatale et progressive et il faut rejeter
hors du cadre de cètte aífection les psychoses interprétatives
dont la durée a été limitée.
L’on peut reconnattre d’ailleurs des formes précoces et tardi-
ves. Certains caractères accessoires peuvent aussi modifler le
syndrorae ; c’est ainsi que MM. Sérieux et Capgras considèrent
le déiire d’interprétation des débiles, le délire de fabulation, le
délire fruste, le délire de supposition qui représente en somme
une forme atténuée et pseudo-normale. Leurs réactions servent
aussi à dislinguer les interprétants : ils peuvent réagir en per-
sécuteurs; ils peuvent étre terriflésou résignés.
Enfin la reconnaissance d’une variété à paroxysmes halluci-
natoires, montre que les auteurs savent reconnailre les faits et
ne pas trop sacrifier à l’unité d’une classe morbide dont l’exis-
tence est surabondament démontróe.
11 a été fait un tel abus de la uotion d’« affaiblissement
roental » que l’on ne s’étonnera pas de la voir invoquée méme
pour expliquer le délire d’interprétation. Cette notion, qui, a
vraiment parler, n’a qu’une valeur signiflcative bien faible, et
qui ne saurait réellement s’appliquer qu’à l’imbécilitó, l’idiotie
et la démence réelle, a pu trouver auprès de certains auteurs
une íortune inattendue. Mais il a fallu pour l’adapter à certains
états psychologiques lui donner une telle extension que sa com-
préhension devient à peu près nulle. Dans le sujet qui nous
occupe, MM. Sórieux et Capgras ontdémontré lemal fondédes
théories de Hitzig et de Berze. Neisser connalt mieux le róle
des états affectifs. Comment expliquer en effet que I’interpréta-
teur déploie son ingéniosité morbide toujours dans un méme
sens, et que, toujoui’s dans un méme sens, il néglige certaines
notions ? Tout obseryateur qui n’est pas troublé par des tliéo-
ries « a priori »>, s’aperc.oit bien vite quece seus est donné par
une passion dominante (la plupart du temps, c’est une auto-
philie hors de proportion), et qu’autour de ce sentiment domi-
nant, toutes les opórations intellectuelles viennent former un
système bientdt irréductible.
Le seul trouble proprement intellectuel que l’onpuisse recon-
naitre, c’est l’absence de critique ; raais, comme le reconnais-
sent MM. Sérieux et Capgras, il ne faut voir là que l’exagéra-
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392
REVUE DE PSYCHIATRIE
tion d’un processus normal, que l’on peut parfaitement trouver
dans les vives émotions. « A l’état normal, Ie penchant aux
interprétations erronées est un phénomène banal». De nom-
breux auteurs, et Esquirol, dont la flnesse et le bon seus ont si
souveut devancé la science, avaient depuis longtemps noté la
parenté du délire et de l’erreur.
Bien que MM. Sérieux et Capgrasattribuent à leur psychose
uue origine idéo-affective, ils donnent très certainement à l’af-
fectivité le rdle prépondórant. Une constitution psychopathique
spéciale : la constit'ution parano'iaque, I’hérédité, l’éducation
insufflsante qui ne sait réfréner l’hypertropliie du moi, Ia dégé-
nérescence mentale, voilà les causes )ointaines de la psycboáe.
La cause déterminante, c’est, dans la majorité des cas, le clioc
émotionnel.
Un exemple semble fort propre à raettre en luraière la jus-
tesse de ces tfcéories, celui de Rousseau ; et c’est peut-étre par
cela, plus que par I’intérét historique qui s'attache à son his-
toire, qu’il faut expliquer l’importance que lui donnent les au-
teurs.
Susceptible et méflant, Jean-Jacques était véritablement un
prédisposé à l’interprétation délirante. Sa timiditéétait extrème;
il était scrupuleux et mythomane à la fois. Rousseau insiste
lui-méme sur l’impótuositédeson terapéramentetla faiblesse de
sa critique. « Le senliment, plus prompt que l’éclair, viént rem-
plir mon áme, mais, au lieu de m’éclairer, il me brúle et m'é-
blouit. Je sens tout et je ne vois rien »'.
C’est à 40 ans, à la suite de réels ennuis et de véritables atta-
ques, que se produit l’incubation du délire. 11 s’imagine peu à
peu que d’Holbach, Voltaire, Grim, Hume ont tramé un com-
plot contre lui. En vérité, et pour la plupart, leur hostilité était
réelle : seule la systématisation qu’en faisait Jean-Jacques était
exagérée.
La période d’état commence véritablement à l’ágè de 45 ans :
Lesjésuites veulent retarder jusqu’à sa mort la publication de
son ouvrage L'Emile ! C’esl alors, quc débute une vieerrante
qui le conduira successivemeut en Suisse, en Anglelerre, et de
nouveau en Francepour échapper à ses persécuteurs imaginai-
res. Les iuterprétations les plus fanlastiques se rapporleut à
David Hume qu’il accuse de l’avoir altiré outre-Manche dans
les plus noirs desseins. A son retour en France, son délire prend
une imraense extension, el il en arrive à écrire ses prolesta-
tions sur les murs :
«... Les magistrats me haíssent à cause du mal qu’ils m’ont
fait.
I Cité p. 182.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
REVUE DES LIVRES
393
» Les philosophes, que j’ai démasqués, veulent me perdre,
ils y réussiront...
» Les prétres, vendus aux philosophes, aboient après raoi
pour faire leur cour»'.
La dernière période marque le développement presque illi—
mité du délire, accompagné de la plus grande résignation. Et
cependant les interprótations ont à ce point progressé, qu’il
arrive à fairerentrer dans le complot les passeurs de la Seine
et les décrotteurs du Temple et du Palais-Royal. Or, c’est à !a
période terminale de sa maladie que Rousseau écrit les « Réoe-
ries » /
Peut-on montrer, par un plus belexemple, la persistance des
facultés intellectuelles dans la psychose interprétative, et le
róle fondamental du jugement passionnel ? 3
M. Mignard.
REVUE DES LIVRES
La Criminalité dans l’Adolescence. Causes et remèdes d'un
mal social actuel, par G. L. Duprat, docteur ès lettres. 1 vol. in-8*
de la Bibliothèque générale des Sciences sociales , cart. à l'angl.
6 fr. (Félix Alcan, éditeur). (Ouvrage couronné par l’Acadómiedes
sciences morales et politiques).
L auteur étudie successivement le mal, les causes et les remèdes.
Au milieu des discussions, dont la question de la criminalité est
aujourd'hui l objet, il est un point sur lequel les sociologues sont
généralement d'accord : c’est que les pires malfaiteurs sont des
adolescents. Aussi, avant toute généralisation, M. Duprata t il fait
porter ses recherches sur les conditions dans lesquelles sedévelop-
pe la criminalité dans l adolescence.
Les éléments qui grossissent chaque jour les contingents de
F « Armée du Crime » se recrutent surtout chez les jeunes gens
de 16 à 20 ans : II existe è cet égard plusieurs types criminologi-
quesidébileset imbécilesmoraux, impulsifs et passionnés, profes-
sionnels et criminels-nés, délinquants par occasion. Tous ne sont
pas des monstres et des aliénés; mais, eti dehors de Théréditó
morbide, le défaut d'éducation familiale et sociale, l’éducation
immoraie, la situation économique contemporaine, la transfor-
mation des milieux familial et social sont des causes qui ont une
influence indéniable sur l’évolution progressive de la criminalitó
des jeunes sujets.
Après avoir répondu è ces questions, M. Duprata traité celle de
» CiU p. 193.
- Dans un très procliain numcio, la lìevuc de Psychiatric publieru un arti-
cle du D p H41.RKR9TADT sur k Lcs Formcs frustes du delire d Intei/frtdalton ».
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394
REVUE DE PSYCHÍATRIE
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la répression et du redressement moral. II a étudié les « péniten-
ciers » en France et à l'Etranger, montré la nécessité d’une
réorganisation complète de nos maisons de correction, donné
d’utiles directions à ceux qui s’occupent de créer des « écoles
d'anormaux. »
Mais pour qu'un résultat valable soit obtenu, il faut préalable-
ment que l opinion publique, fortement émue, ait souscrit aux
mesures nécessaires. C’estdoncen insistant surl utilitó d*amener
à la cause de la préservation sociaie et de Téducation de la jeunesse
les penseurs commeles ouvriers, que l’auj^ur termine son intéres-
sant ouvrage.
P. JUQUEUER.
Lies sciences philosophiques. Leur état actuel, par Abel
Rey, 1 vol. in 8° de 1042 pages. Paris, Cornély, 1908, Prix9 francs.
Malgré le renouvellement progressif de Tesprit de renseigne-
ment philosophique, il n'existait guère encore que des manuels de
philosophie inspirés par les vieilles tendances de la philosophie
classique.
Or, comme, malgré ses grands dangers, Temploi des manuels
est inévitable, autant pour les élèves qui se préparent au baccalau-
réat que pour les personnes instruites qui veulent se documenter
sur une question appartenant à ce domaine, l’influence de ces
manuels persistait toujours, ce qui était éminemment regrettable.
Aussi M. Rey a-t-il eu le courage, encore jeune, de s’atteler à la
táche ingrate et fastidieuse de meltre sur pied un manuel nou-
veau. Je ne dirai pas que son manuel est parfait; on ne pourrait
me croire, lui le premier, mais je puis dire que c’est presque le
seul.
Certesla táche de faire une mise au point réellement satisfaisante
des questions de philosophie et de psychologie, puisque celle-ci
est encore officiellement considérée comme uneannexe de celle-là,
demanderait tant d’années de travail, une documentation si com-
plète, que l’on ne peut guère espérer en obtenir. Je ne puis en
conséquence, «éplucher» le manuel de M. Rey; je soumettrai
cependant sur le terrain psychologique quelques points à son
observation, car ces oeuvres, par leur ópuisement rapide, sont
susceptibles de perfectionnements graduels, à chaque réédition.
En premier lieu, la définition du fait psychologique par la cons-
cience ne parait plus aujourd hui soutenable, et moins encore
l idée qui en est le complément, à savoir que la conscience est une
force spéciflque qui engendre des effets par elle-mérneiToutesles
recherches de psychologie comparée. les observations humaines
dans une certaine mesure, montrent qu’il ne sepeut trouveraucun
critérium sùr de la conscience, ce qui ne serait pas le cas si la
conscience, par son apparition, modifiait les phénomènes. La
psychologie s'occupe des phénorhènes de conscience, soit; mais
elle s’occupe aussi de phónomènes d’activitó auxquels son langage
convient mais qui, s’ils sont accompagnés de conscience, ne le
Gck igle
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
REVUE DES LIVRES
395
maniíestent aucunement avec certitude. Et c’est continuer la tra-
dition métaphysique, et fausserl’esprit, quede représenterà l’heure
actuelle, comme si c’était un fait acquis, la conscience comme une
force.
Tous les phénomènes biologiques peuvent étre ou non consi-
dórés comme accompagnés de conscience sans que cela y change
rien, et cela est vrai méme pour Théliotropisme végétal, qui ne
résulte pas du tout d’une action chimique directe de la lumière
solairesur les tissus, commeledit l'auteur, tous les travaux récents
en font foi.
Et, à ce propos encore, la reconnaissance n'est pas un fait
psychologique qui ne puisse étre dócelé que subjectivement, par
la conscience ; c'est un fait objectivement constatable en beaucoup
de circonstances, d’autant que l’auteur admet que la reconnais-
sanceest basée sur des phénomènes moteurs.
Bien philosophique et bien tradilionnelle me parait aussi la
division arbitraire des phénomènes biologiques en ceux de vie
végétative, auxquels correspondrait, je ne sais trop pourquoi,
raffectivité, — de vie de relation, aveclasensibilité, — etde vie mo-
trice, laquelle est bien une vie de relation ! Et si la douleur rentre
logiquement, en ce schóma, dans la vie végótative, il ne faudrait
pas oublier, parce que Tomnisciente psychopathologie frangaise
ne l'a pas découvert, que la douleur est, pour une part très impor-
tante du moins, un phénomène exclusivement sensoriel, nul phy-
siologiste ne l'ignore plus.
L’exposé des théories de l émotion me parait dater également.
Comment peut on aujourd hui opposer la théorie dite physiolo-
gique, qui n'est guère soutenue que par des philosophes, et la
théorie intellectualiste, bien plus voisine qu’on ne croit de la
première ? A la théorie périphérique, qui est la conception dite
physiologique, s'oppose une thóorie, qu'à peu près tous les phy-
siologistes admettent, — je ne connais pas du moins d’exception, —
etqui ^st une théorie cenirale cérébrnle !
Dans^la conception de l’adaptation, les faits restent très obscurs ;
faute de faire appel au principe de la sélection physiologique
des actes de Darwin et Morgan ? II n’y a pas adaptation par la
seule sélection nalurelle, en effet, car le perfectionnement adap-
tatif apparait au cours mème de la vie individuelle.
La sensibilité à l’écsrtement de deux pointes estconsidérée, sui-
vant une habitude assez générale, comme appartenant aux sensa
tions tactiles.
En réalité, c’est un phénomène de discrimination intellectuelle,
d’interprétation, comme le prouvent les progrès considérables
dus à l exercice. •
A propos de la spécifìcité des nerfs, le nerf, et c’est là aussi une
2S
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UMIVERSITY OF MICHIGÁN
396
REVUE DE PSYCHIATRIE
erreur qui ne vient pasde M. Rey.est considérécomme unevérila
ble entité physiologique ; il faudrait pourtant se souvenirque le
nerf n’est que la réunion d’un plus ou moins grand nombredepro-
longements cellulaires et que le seul problème exact est celui de
ia spécifìcité des neurones.
Enfìn, sans insister davantage sur des questions qui ne sont pas
toutes de détail, je signalerai encore ce que je crois bien étre une
erreur de fait au sujet de l’interprétation de la loi psychophysi-
que, qui serait un phénomène central d'après les expériences de
Dewar et Mackendrick, alors que daqs sa physiofogie, Waller
déclare expressément le contraire et, d’après ces expériences jus-
tement, s’il m’ensouvient bien.
Les lectures francaises de M. Rey, qu'il indique à la fin de
son livre, ne sont peut ètre pas d’ailleurs toujours Ies meilleures
possibles, en psychologie du moins. On n’y voit nulle mentionde
ì’exellent livre de Biervliet sur la mémoire, ni de celui de
Pillsbury sur l’attenlion, alorsque sur ce sujet il en est d’indiqué
qui, comme celui de Roehrich, sont plus que médiocres.
Mais je compte bien que son ouvrage nécessairement hátif, et
je nepuis qne l’en féliciter, car il était nécessaire qu’il sehátát,
se perfectionnera beaucoup encore. Dès maintenant il est appelé
à rendre les plus grands services et à exercer une très heureuse
influence.
II. PlÉRON.
REVUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANQAIS.
, Gazctte des Hópitaux (6 avril 1909).
Bébillon. — Lecentre du révell, Interprétatlon anatomo-phyalolo-
gique de Phypnotisme. — D’après l’auteur, il doit exister dans le cer-
veau un centre dont lafonctionspéciale estdenous maintenir éveillés.
La première preuve de Texistence de ce centre est la possibilité de nous
tenir éveillés par la volonté, et de nous réveiller Volontairement à
heure fìxe. Certaines excitations périphériques ou viscérales ont
lement pour eíTet d'agir sur ce centre et d'interrompre le sommeil.
Les nerfs qui transmettent le plus rapidement l’ordre du réveilétant
les nerfs optiques, les nerfs auditifs et les nerfs de la face, on peut
admettre que la localisation du sens du réveil occupera une situation
voisine des centres de ces derniers et se trouvera à la base du cerveau
dans la partie médiane. Cette hypothèse estconforme aux expériences
de K. Dubois qui avait démontré que c’estpar l’intoxication carbonique
<iue se produit chez lesmarmottes l’inhibition du centre du réveil situé
près du plancher du troisiòme ventricule. Certáines observations, à
propos de tumeurs cérébrales situées dans cette région, tendent éga-
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REVUE DES PÉRIODIQUES
397
lement áconfirmer cette hypothèse. Ceci étant admis, l’hypnotisme ne
serait pas autre chose que I inhibition du centre du réveil, cette inlii-
bition ótant le résultat soit d’une influence psychique ou d'une action
physique. M. Genty.
Journal cìe Psychologie normale et pathologique (Mai-juin 1909).
J. Rogues de Fursac. — L’hérédité dans l’avarlce. — Si l’on
considère l’hérédité des avares, ce trouble mental apparaít corame
l'épanouissement, dans un milieu donné, d’un germe morbide congé-
nital. L’auteur a trouvé dans la plupart des cas qu il a pu examiner ò
ce point de vue, des tares psychiques chez les ascendants, et parfois
une hérédité similaire. L'on verra, dans cet article, plusieurs tableaux
généatogiques intéressants; ici le sujet étudié appartient à une descen-
dance où se relèvent surtout les anomalies du caractère ; lò, il est véri-
tablement « noyé » parmi les aliénés. Enfin viennent quelques tableaux
montrant des familles où L’avarice ot, parfois, la prodigalité sont
systématiquement développées.
Hartemberg. — Raisonnement pathologique et psychoses raison-
nantes. — Voici un tableau clinique des psychoses raisonnonles.
L’auteur ne s’est pas attaché à distinguer des espòces, ni à rechercher
les causes psychologiques du syndrome. II donne un exposé d'ensem-
ble du caractère des sujets enclins au « raisonnement pathologique ».
II insistesur le point de vue étroit, « unilatóral», du raisonneur. Ceiui ci
ne saurait se placer au point de vue d’autrui. II est personnel, égolste.
II discute avec passion abuse des paralogismes, et pátit de l’absence
de Télément réducteur, de la suppression de l’auto-critique. M. Har-
temberg, reconnait la parenté de ce type morbide avec celui que
contiennent certaines classes de la paranoia et aussi les persècutès -
persócuteurs des auteurs franQais. II conclut par une étude des « raison*
neurs avec dólire d inventions et de dócouvertes » dontTontrouve par-
íois les travaux à l’étalage des librairies.
R. Benon et P. Froissart. Fugues dlverses chez un obsédé
alcoolisé. Conditlons de la fugue. — C'est la curieuse observation
d’un dóséquilibré alcoolique et épileptique, obsédé, qui a présentó plu-
sieurs fugues de caractères psychologiques très distincts :
L*une, en eflet, est une fugue ccnsciente, qui prend son origine dans
une idée obsédante irrésistible (l’idée de faire un voyage au Havre) ;
tous les détails de cette íugue restent flxés dans le souvenir du sujet.
Les autres, accomplies enétat, secondontétésuiviesd , a/;mé5ic. Enfln
le malade a présenté une impulsion homicide sur la personne de sa
femme. Cette impulsion, bien que basée sur un état sentimental parti-
culier (idées de jalousie), prósentait des caractères analoguesòl’étatde
fugue.
Pérès. — Sur les causes d’lnégalité d’évaluation de la durée. —
A còté des erreurs vulgaires et facilement corrigées, il est des illusions
plus sérieuses dans l’évaluation des temps, tel est le cas des individus
engloutis dansun tremblementde terre, des« rescapés » de Courrières.
Pourquoi, dans ces cas, la durée est-elle sous-estimée ? A cause de la
monotonie des états psychiques, pourtant intenses. L’auteur aborde
ensuite le curieux problème de la surestimation du tempschez l’enfant
par rapport à l'adulte. II en admet deuxraisons : la première, c’est que
l altention de l’enfant, moins stable,connaít plus de moments distincts,
parce qu elle ramène moins le divers à l’unitó ; la seconde, c’est que
l’inexploré et l’impróvu ajoutent à la grandeur apparente du temps
comme de l’espace. M. M.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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PÉRIODIQUES ÉTRANGERS.
fìicista íii Patologia nercose ?t mentale .
(Vol. XIV, 1909, pages 245-252).
L. Siciliano. — Considérations relatives au vertige. — Le vertipe
est un phénomène qui, par sa fréquence et par ses rapports avec le
fonctionnement des parties intéressantes du système nerveur, aattiré
l’attention des psychologues, des physiologistes et des pathologistes,
mais les opinions sont loin de concorder à son sujet. C’est un phéno-
mène de nature sensitivo-sensorielle auquel participe la conscience, et
par conséquent relevant de l’examen introspectif; mais il est aussi
objectif en ce sens qu’il s’accompagne de phénomènes moteurs et de
modifìcations fonctionnelles. Siciliano réserve le nom de capogiro à
i’erreur de sensation quiíait croire que la personne ou les objets voi-
sins sont animés d’un mouvement oscillatoire ou rotatoire et donne
au mot vertigine un sens plus général. Psychologiquement, la sensa-
tion fondamentale du vertige est une pénible impression d’égareinent,
de vide interne, d’angoisse; telle est rimpression que nous éprouvons
quand nous regardons du haut d’une tour; cette sensation laisse en
nous une trace indélóbile puisque nous pouvons 1‘évoquer à volonté
ou la ressentir dans-certaines conditions psychiques, ce qu’on exprinie
íróquemment en disant : Cette idée donne le vertige. Beaucoup d’au-
teurs ont distinguó le vertige pathologique (vertige des tabétiques, par
exemple) du vertige physiologique, qui peut ètro visuel, auditif, rota-
toire, seíon l’organe d'origine ou la modalité de ce trouble. Mais le
vertige physiologique est toujours quelque chose d’anormal, une réae-
tion physiologique à un stimulus anormal. Les stimuli qui produisent
le vertige sont tous ceux qui nous donnent le sens de i’espace ; impres-
sions visuelles, auditives, tactiles, musculaires, articulaires, viscérales,
etc. Un élément essentiel qui contribue a íormernotre sens de l’espace
est l’habitude ; aussi l’habitude peut-elle supprimer le vertige. L'auteur
examine ensuite les causes les plus íréquentes du vertige physiolo-
gique : altitude, mouvement dans un milieu uniforme, direction du
mouvement (dans les véhicules), mouvements insolites (des naviresou
des ascenseurs), attraction du vide, etc., puis celles du vertige paiho-
logique : tumeur du cervelet, mystagmus, etc.
En résumé, le vertige est Ia sensation consciente du pervertissement
du sens de l’espace, naissant en nous dans des circonstances multiple3,
mais apparaissant toutes les fois que les impressions fournies par nos
différents senssur les rapports de notre corps avec le monde extérieur
ne sont plus dans l’accord habituel pour chacun de nous dans ses con-
ditions ordinaires de vie.
R. Legendhe.
fìivista (ii Patologia nereosa c mentale
Vol. XIV, 1909, pages 241-244.
Corrado Tommasi. — A propos d'anc noutellc mèthode d’essai dc
la toxicitù du sang. — En 1906, Rebizzi avait indiqué Ja méthode sui-
vante pour étudier lo toxicité du sang dans diverses maladies, pella-
gre, état épileptique, état confusionnel post-épileptique, nccòs èpilep-
tiforrne, déinence sénile, etc. ; dessangsues sont placées sur le malade
et se gorgent deson sang, le lendemain, elles sont sacrifiées et troitées
par la inélhode de Cujal pour les neurofibrilles. Rebizzi avait constatc
des lésions vuriéesde ces íibrilles : hypertrophie, fragmentution, disso-
lution chez les pellugreux ; atrophie dans le corps cellulaire et hyper-
trophie dans le cylindraxe chez les épileptiques en état de mal : atro-
Goi igle
Qriginal frum
UNivERsrry of michigan
SOCIÉTÉS
399
phie extrème chez les démónts séniles, aucune altération, au contraire,
chez les ópileptiques en dehors des crises, chez les alcooliques conva-
lescents, les idiots, les déments précoces, etc.
Tommasi vient de reprendre ces recherches et arrive à des conclu-
sions toutes ditlérentes : ses résultats sont très voriàbles, contradic-
toires mème, et il déclare qu’on ne peut distinguer ce qui est varia-
tion de coloration due à l’incertitude de la méthode de Cajal de ce qui
est aitération pathologique de l'ólément nerveux.
Ce résultat était à prévoir, d’après ce que nous ont appris de nom-
breux travaux récents sur I'inconstance desimprégnations argentiques
des neurofibriiles.
R. Legendre.
NOUYELLES
Personnel des Asiles. Mouvoment de Juin 1909. — M. le docteur
Arsimoles (Antoine), médecin-adjoint à l’Asile de St-Venant (Pas-de-
Calais), est promu à la i r# ciasse du cadre.
M. le docteur Hamel (Maurice), módecin-directeur de l’Asile des
Quatre-Mares (Seine-Inférieure), est promu à la 1" classe du cadre.
M. le docteur Mercier (Marie-Edouard), est nommé módecin-direc-
teur de l’Asile d’Auxerre.
M. le docteur Bourdin (Victor), médecin en chef à I’asile du Mans,
est promu à la première classe du cadre.
M. le docteur Bierry (Louis), módecin-directeur de l’asile de St-Ylie
(Jura), est promu à la l rc classe du cadre.
Congrès : Mesure de l’acuité vlsuelle (XI* Congrès international
d’ophtalmologie). — La codification des couleurs étant à l’ordre du
jour du prochain Congrès de psychologie, il nous parait intéressant de
signaler que le XI* Congrès iuternational d’ophtalmologie a adopté
à runanimité une échelle optoinétrique.
Pour mosurer I’acuité visuelle globale, la Coramission recomraande
l emploi des chitTres et des anneaux de Landolt, brisés en un point de
la circonférence, point que le sujet devra dósigner.
L’on doit employer la lumière du jour, de préfórence.
Les médecins et les psychologues ne peuvent se désintéresser de cet
efiort vers la réduction à la commune mesure d’óvaluations qui hier
encore ne pouvaient étre que trop arbitrairement flxóes.
SOCIÈTÉS
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSTCHOLOQIQUB
Sèance du 28 juin 1909
La Société reprend la discussion de la commnnication faite à la
séance du 24 mai (voir Recue de Pst/cldatrie , nuniéro de juin 1909,
p. 330, par M. Legrain, surLci' danyers quc peutfaire courir au mèdc •
cin la rèdaction d'un certificat aax Jins d'intcrnenftnt.
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400
REVUE DE PSYCHIATRIE
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M.Briand s'assocíe aux conclusions de M. Legrain, qui estime que
lcs notions recueillies par les médecins sur les antócédents personnels
et hóréditaires du malade sont au nombre de ces particularitcs de la
maladic que Ia loi lui demande de faire connaitre dans son certifìcat.
D’ailteurs, le médecin qui a été condamné par la Cour d'oppel de Gre-
noble pour avoir mentionné, dans un certifìcat concernont un aliéné,
l’état de dégénérescence du frère, de la soeur et du fìls decelui-ci, n'a
pas fait autre chose que remplir les exigences d’une circulaire oflkielle
de 1907, qui se rapporte aux expertises médico-Iégales auxquelles doi-
vent ètre soumis certains soldats traduits devant les Conseils de
guerre. La circulaire en question fait une obligationau médecin-expert
de renseigner le magistrat sur les antécédents hòrùditaires et person-
nels du prévenu.
M. Arnauo n’admet pas cette manière de voir. II s’agit dans ce der-
nier cas d’une expertise, et non d un certificot. Or le médecin expert a
le devoir d’employer tous les moyens pour arriver à la connaissance de
la vérité. Le médecin certifìcateur, au contraire, doit simplement indi-
quer dans son certifìcat les faits qui rendent l'internement nécessaire.
Que lel ou tel parent de l’individu examiné ait óté aliénó, ce n’est pes
une raison pour décider l’internement de cet individu. Qu’une per-
sonne appartienne à une famille dont tous les membres sont sains
d’esprit, ce n’est pas une raison pour s’abstenir de la placer dans un
asile, si elle présente des troubles mentaux. La constalation des anté-
cédents familiaux n’apporte rien aux faits sur lesquels on doit établir
la nécessité de l’internement.
M. de Clérambault a consulté un juriste sur la question que discute
la Société.
Ce juriste considère comrae légitime l’assimilation du médecin certi-
fìcateur au médecin expert. Le médecin qui établit un certificat aux fins
d internement, comme le médecin qui fait la dóclaration d’une maladie
contagieuse, ce médecin est fonctionnaire par rapportà l’aclequ’ilfait.
II est l auxiliaire de l’Administration. II est donc couvert par sa fonc-
tion. On ne peut lui imputer les consóquences dommageables que son
acte a pu produire pour des tiers, pas plus qu’onne pourrait reprocher
au médecin qui a déclaré une maladie contagieuse la détérioration
qu’aurait subie pendant leur désinfection les meubles de la personne
au domicile de laquelle s’est produite la maladie déclarée par lui. Dans
le cas rapporté par M. Legrain, le médeèin poursuivi aurait dù appeler
*en garantie le Prófet et le maire de la commune.
D’uiIIeurs, dans le cas porticulier, le médecin s’est tenu dans les
limites fìxées par la loi de 1838 ; car, les antécédents héréditaires et
familiaux sont bien à mettre au nombre des particularités de lamala-
die. II est utile que le médecin del’établissement qui regoit l'aliénóles
connaisse, et c’est, dans un certain nombre de cas, par le certiflcat
seulement qu il les connait, II est utile également, que ces particulari-
téssoient mentionnées dans une pièce qui reste au dossier du malade.
M. Vallon estime que le médecin n’étoit pas condamnable. Puis-
qu il avait fait un certirìcat pour la famille de l’aliéné, les membres de
cette famille ont pris connaissance de cecertifìcat; c’était à eux à n en
pas user, s’ils ne le jugeaient pasde Ieur goùt. Maisc’est à tortque l’on
pose en principe que le médeein certifìcateur doit étre tenu pour irres-
ponsable lorsque le contenu de son certificat a causé un donunage à
autrui. Dans le cas particulier, il était inutile de dire dans le certificat
que la sueur du malade avait été aliénée, et l’affirmation du médecin
(Voir la suite après le Bulletin bibliographique mensuel).
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SOCIÉTIÍS
401
répandue dans le public d'une petite ville pouvait ètre dommageable à
la personne en question. Le módecin qui rédige un certiflcat n’est pas
un fonctionnaire. La loi lui donne le droit de faire un certificat; elle
ne le lui impose pas. S’il faifc un certificat, il le faifc à ses risques et pé-
rils. II peut se permettre de faire tel certificat; il doit s’interdire de
faire tel autre certiflcat qui serait dommageable à un tiers.
M. Briand reconnait que, comme le dit M. Arnaud, le médecin cer-
tiflcateur ne doit pas ètre confondu avec le médecin expert. Nóanmoins
le médecin qui ródige un certiflcat remplit une fonction autre que celui
qui faifc une ordonnance.
La Sociétó módico-psychologique attribueleprLr Esquirol, àMM. Re-
nó Charpentier et Paul Courbon, pour un mómoire sur : Le puèrilisme
mental ct les ètats dc règrcssion de la personnalitè et le prix Moreau
(de Tours), à M. A. Delmas, pour un trav8il sur La mort par ictus dans
la paralysie gènèrale . Elle accorde une mention très honorable au
mémoire de M. Froissart sur La paralgsic gènèralc trauniatiquc.
G. COLLET.
SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE
Sèance du jeudi 27 mai 1909
Pemphigus unilatèral par raniollissenient cèrèbral : M. Laignel-
Lavastine présente le cerveau d’un homme de 64 ans qui, 2 jours
après un ictus déterminant une hómiplógie droite flasque avec vaso-
dilatation et hyperthermie du còtó paralysó, présenta un pemphigus
localisó sur la main et le poignet droits, sans aucune distribution
tronculaire et radiculaire et sans aucun symptòme permettant de
penser à une altération périphérique.
Dcmencc polynèeritique : MM. Deny et P. Camus prósentent une
maiade dont ils ont pu suivre l’évolution démentieile.
11 s’agissait au début d’un syndrome de psychopolynévrite alcoolique
subaigu des plus typiques.
Après douze àquinze mois, guórison progressive de la polynóvrite
et amélioration de l’état psyohique, mais persistance d'un aflaiblisse-
ment démentiel particuiier, en partie conscient, fait surtout d’amnésie
rótro-antérograde et continue, légère indiflérence et diminution de
l’activité génórale.
M. Dupré. — Par les caractères particuliers de son déflcit démentiel,
bien analysó par MM. Deny et P. Camus, cette malade appartient,
sans conteste, au type nosologique de la démence polynévritique;
mais, si Ton ignorait les antécédents de cette femrae et l'óvolution de
son mal, on ne pourrait, à cause de ia disposition actueile des signes
de la polynévrite, mettre en valeur la relation chez elle de la polyné-
vrite et de la démence; et tel doit ètre le cas dans beaucoup d’obser-
vations, au moinsd'après mes souvenirs.
Pour revenir, à l'occasion de ce cas, sur les polynóvrites chroniques,
j’estime que la iégitimité de l'existence d’un type spécial de démence
polynóvritique ressortira de l’étude soigneuse et comparóe de trois
élats psychopathiques qui flgurent actuellement dans le cadre nosolo-
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gique sous les noms de psychose polvnévritique, de presbyophrénie,
et de confusion mentale chronique. Les trois syndromes ont entre
eux d’étroUes analogies. Tout d’abord, le cas de MM. Deny et Camus
comme ceux que j’ai publiés ici-méme avec H. Charpentier, prouvent
l’existence des psychopolynévrites chroniques et leur évolution pos-
sible vers un type spécial de démence.
La presbyophrénie ofTre avec le syndrome psychopolynévritique les
ressemblances ciiniques les plus frappanles ^ amnésie continue,
désorientation, fabulation.
L’histoire de la confusion mentale chronique, à laquelle Régis et son
élève Laurès ont consacrè de si intéressants travaux, fournirait
également de prócieux éléments, ótiologiques et cliniques, à cette
discussion des rapports róciproques des psychoses d’intoxication avec
les polynévrites, ainsi qu’à l'étude des terminaisons des psvchopoly-
névrites chroniques et des variétós de démence postconfusionneiles.
Sans insister davahtagesur ces questionsde nosologie, je pense que
la coramunication de MM. Deny et P. Camus contribuera, avec les
cas que j’ai publiés avec R. Charpentier, à óclairer l'histoire des
psychopolynévrites chroniques et à faire distinguer dans le vaste
groupe des démences, le type polynévritique, sur lequel j’ai voulu
attirer l’attention de nos collègues. ¥
M. Gilbert Ballet. — En réalité, cette malade est actuellement
une amnósique ; les symptóines caractéristiques de la psychose poly-
névritique ayant disparu, elle se rapproche des dóments séniles.
Les lésions cérébrales de chromutolyse sont plus diffìcilement répa-
rables que celle des tubes nerveux, et c'est ainsi que souvent, tandis
que les troubles nerveux périphériques s'améliorent, certains troubles
cérébraux persistent. Avec M. Dupré, je crois que beaucoup de cas de
presbyophrénie relèvent de la psychose polynévritique : C'est, en effet,
le mème tableau clinique.
#**
Un cas dc Cùncsthopathie à prèdotninancc cèphalique. — MM. P.
Camus et Blondel, présentent un malade atteint de troubles cénes-
thopatiques purs dans les territoires oto-rhino-pharyngien et cervico-
facial.
Ces sensations étranges, gènantes mais non douloureuses, à carac-
tères insolites et indéfinissables, persistent sans modification depuis
quatre ans. Elles ne donnent lieu à aucune des réactionsinterprétatives
ou dóiirantes, à aucune modification du ton de Thumeur ou del‘activité
génórale.
Comme chez les autres cénesthopathes, décrits par MM. Dupré et
P. Camus, il s’agit donc ici d‘un syndrome particulier qui doit ètre
absolument différencié des états neurasthéniques, obsódants, mélanco-
liques ou hypochondriaques.
M. Dupré. — Ce malade offre un cas typique de cénesthopathie. Je
^ profite de l’intéressante communication de MM. Blondel et P. Camus,
> pour insister ici sur la fréquence de tels cas. Ces malades qu’avec
P. Camus j’ai isolés, sous le nom de cénesthopathes, de la légion des
névropathes qui viennent nous consulter, sont absolument diíférenls
des neurasthéniques, des hystóriques, des hypochondriaques, des
obsédés, etc. Jls sont fréquents dans la clientòle des spécialistes. Dans
les cas typiques, il n'existe aucun trouble mental propcment dit. On
doit considèrer les cénesthopathes comme des déséquilibrés de la sen-
sibilité. Cette variétó de déséquilibration, comparable dans le domaine
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de la cénesthésie, à d'autres variétés, intellectuelle, émotive, motrice
de déséquilibration s’associe souvent, sur le terrain comraun de la
dégénérescence, à ces diffórents modes de déséquilibre. Ainsi s'expli-
quent les réactions secondaires ofTertes, par le dégénéró, aux cénestho-
pathies: réactions anxieuses, obsédantes, délirantes, etc.
M. Raymond. — Je voudrais demander à M. Dupré son opinion sur
la pathogénie de ces cas. Selon moi, c’est au niveau de la corticalité
que siège le trouble dynamique ou matóriel, encore inconnu, respon-
sable des sensations subjectives si particulières de ces malades.
M. Dupré. — II est certaín qu il s’agit, dans les cónesthopathies, de
troubles d’origine centrale, liés à un état anormal des régions sensi-
tives de Técorce córébrale.
Les cas comme celui que nous présentent MM. Blondel et Camus,
sont précieux en raison de leur netteté, de l’absence de tout autre
élément concornitant, objectif ou subjectif, susceptible de compliquer
ie problème pathologique.
M. Sollier. — II semble que chez les malades # de cet ordre il y ait
une dissociation entre les sensations proprement dites et le sentiment
de ces sensations. C’est de Va dissociation du sentiment aftectif et de
la sensation sensorielle que rósulte l'état particulier dont souffrent les
cénesthopathes. A mon avis, ce serait une erreur de trop étendre le
domaine de la cénesthopathie.
Si l’on se reporte à la définition de la cónesthésie, je ne crois pas
qu'il faille considérer ce malade comme un cénesthopathe ; il a des
troubles de la sensibilité centrale si Pon veut, mais il n’a pas de troubles
du sentiment, du fonctionnement des organes et ce sont seulement
ces derniers troubles qui méritent le nom de cénesthopathiques.
M. Dupré. — M. Sollier est d’accord avec moi pour constater la
fréquence, la variété et Pintórèt de ces troubles de la sensibilité
centrale, tels que les présentent les malades que j'ai décrits sous le
nom de cénesthopathes. II conteste seulement la justessede ce terme,
parce que ces malades n’ont pas de troubles du sentiment du fonction-
nement des organes ; ces derniers troubles mériteraient seuls ie nom
de cénesthopathies.
J’objecterai à M. Sollier que, très fréquemment, les malades que j’ai
décrits accusent, outre leurs troubles sensitifsproprement dits, des trou-
bles dans le sentiment de leurs fonctions; leurs oriflces, leurs conduits
sont obstrués, rétrécis, leurs organes sont rapetissós et incapables de
fonctionner, etc. Dans la pratique médicale, les termes : sensibilité
viscérale, sensations internes, cénesthésie sont considérós comme
synonymes. Au-dessus de ces éléments primaires de la sensibilité
organique, existe bien une synthèse secondaire de ces éléments qui
constitue la conscience globale de Porganisme ; c’est de ce sentiment
actuel de notre existence organique, joint à la mémoire de notre passó,
que résulte la notion de notre personnalité.
Tous ces éléments de la connaissance de notre personne peuvent
étre altérés séparément et prósenter des troubles qui, naturellement,
sont souvent associés, mais qui méritent chacun des noms spéciaux.
J’ai proposé d’appeler cénesthopathies, les troubles des éléments pri-
maires de la sensibilité organique, et je les distingue des troubles des
éléments supérieurs de la conscience organique, du sentiment de
Pexistence de la personnalité ; les cénesthopathies sont des altórations
de la sensibilité corticale élémentaire, les autres troubles auxquels fait
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allasion,je crois, M. Sollier, sont des afTections psychiqaes, des altéra-
tions de la synthèse de la personnalilé :
Celles-ci intóressent, si l’on veut, les zones d’association ; celles-li\,
les cónesthopathies, intéressentles territoires de projection de l’écorce.
M. Séglas. — Je me demande quelle différence sépare ces phóno-
mènes de ceax que l’on connait depuis longtèmps sous le nom de
topoalgies, d algies centrales ou psychiques, et que I’on considérait
aussi comme la manifestation clinique de la persistance d une image
sensltive fìxe, tout comme M. Dupré l’admet pour ses malodes.
II en est de mètnedans certaines observations de topoalgie. Dansles
topoalgies bucco phoringóes, dans la glossòdynie, par exemple, on a
décrit souvent diíTórentes sortes de sensaiions pénibles, sans éire à
proprement parler douloureuses.
M. Dupré. — II est certain quo les algies centrales et les cénestho-
pathiessont des phénomènes de mème íamille ; ils appartiennent tous
deux, en eíTet, á la classe des troubles subjectifs de la seńsibilité
génórale. Cependant, tondis que l’algie est une douleur, ia cénesthopa
thie est une sensation, sans doute pénible, mais plus désagréable que
douloureuse, et surK)ut gènante, agaQante, inquiétante par sa ténacité,
sabizarrerie, etc... ; il s’agitplus de paresthésie que de douleurs. Mais
on peut observer Tassociation de ces diíTérents troubles, et dans la
glossodynie, citée avec raison par M. Séglas, existe un mélange de
sensations douloureuses et insolites ; au contraire, dans la rachialgie,
la coccyodynie, on n'observe guère que la douleur. Les algies sont
souvent aussi des douleurs d’habitude : on les obierve á la suite des
traumatismes, des accidents du travail, et elles afTectent très souvent
l’évolution la plus capricieuse.
Statistiqnc sur la frèquence des rècidiccs dcs accès de manie . —
MM. Gilbert Ballet et René Charpentier présentent à laSociété le
tableau récapitulatif d’une statistique faite par eux à l’asile clinique et
portant sur tous les malades internés dans les asiles de la Seine de
1904 inclus ò 1909.
D’après cette statistique, sur les maniaques de 15 à 20ans, 5 0/0 ont
déja été internés pour manie et mélancolie, 16 0/0 de 20 á 25 ans, 200/0
de 25 à 30 ans, 42 0/0 de 30 à 35 ans, 46 0/0 de 35 à 40 ans, 71 0/0 de 40 à
45 ans, 67 0/0 de 45 à 50 ans, 79 0/0 de 50 à 55 ans. Enfin au-dessus de
55 ans, 95 0/0 des malades admis à l’asile pour un accès maniaque ont
déjà été internés pourun accès maniaque ou mélancolique.
60 0 0 des cas de inanie figurant dans la statistique se sont produits
chez des femmes, 40 0/0 chez des hommes.
D’après ces résultats, la manie simple, si elle existe, apparait comme
tout a fait exceptionnelle.
MM. Lai.i.emand et R. Dupouy, rapportent à leur tour une ètude
statistique de cas dc manie observós à l’asile de Saint-Yon depuis le
l ,r janvier 1901 jusqu’au l* r avril 1909.
Les auteurs insistent sur la fréquence de l’excitation maniaque chez
la femme (17. 5 0/0 dea entrées á l'asile), sur la précocité du 1" accès
(11,34 0/0 entre 15 et 20 ans) et des récivides (9,9 0/0 entre 15 et 20 ansi
sur la fréquence des accès entre 35 et 40 ans (16,5 0/0), enfìn sur la
proportion relativernent considérable des premiers accès maniaques
yers 60 ans. Ils s’élèvent a ce sujet sur la tendance que l’on a souvent
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à considérer corame un dément sénile excité, un excitó maniaque ágé
et à íaire entrer, par suite, ce cas dans le cadre non de la inanie, mais
de la déinence. Ils pensent que l’approche de la sénilitó peut, chez
certains sujets évidemment pródisposés, dóclancher un accès maniaque
oppartenant en propre à la psychose maniaque-dépressive et assimila-
ble enlièrement à l'accès mélancolique que Fon voulait, tout récem-
ment encore, isoler sous le nom de mélancolie présénile.
# # #
Con/usion mcntale accc nògatisme sccondaire , amèlioration coìnci -
dant accc Vapparítion d'une ficcre typhoìde. — MM. Henri Claude et
Lkvv Valensi, rapportent l’observationd’une malade qui sous l'influence
d’un processus toxi4níectieux de nature indéterininée, ílt de la coníu-
sion mentale avec idóes de persécution. Cette malade demeura pen-
dant 7 mois inerte simulant Je sommeil. Elle sortit de cet état de néga-
tivisme à la póriode d’ótat d’une flèvre typhoide mortelle.
Les auteurs croient que chez cette malade le négativisme constitua
une sorte de réaction dófensive contre des idées de persócution.
Us se demandent s’il n’y a qu’une simple coincidence entre l’amólio-
ration de Fétat menlal et la fìèvre typhoide ou si Faction sédative bien
connue des pyrexies sur quelques troubles nerveux ne pourrait pas se
faire sentir sur les troubles mentaux.
Anatomic pathologiquc dc ta dònxencc prècoce. — MM. Klippel et J.
Lhermitte. — Les démencesde l’adolescent sontcaractérisóes au point
de vue anatomique par des lésions limitées au tissu neuro-épithélial :
cellules nerveuses et névroglie coexistant avec l’intégrité des óléments
mésodermiques : méninges, vaisseaux etc. Ce sont ces lèsions immè -
diatcs qui conditionnent exclusivement Fapparition de la dómence.
D’autres altérations peuvent se superposer à Fatrophie des neurones
corticaux, les unes sont prèalabics (malformations cérébelleuses) et
prócèdent Fapparition de la démence, les autres sont terminales (infll-
tration leucocytique de quelques vaisseaux) et traduisent Finfection
aiguè qui a causó la mort. 11 importe de distinguer soigneusement ces
lésions d’ordreet de nature difíérents, afln de retrouver l’ólóment ana-
tomique primordial: Fatrophie et la disparition progressive des cellules
nerveuses-corticales.
M. Henri Claude. - Dans la démence précoce, MM. Klippel et Lher-
mite décrivent, auniveaudes cellules dela couche profondede Fécorce,
des lésions earactérisées par Fatrophie rógressive, ou disparition des
prolongements, accompagnée de prolifération de la nóvroglie, autour
des éléments en voie de désagrégation progressive. Je crois que les
présentateurs ont considéré ces lésions comme fondamentales et
nécessaires ; il me semble qu’elles ne doivent pas étre considérées
comme spéciales à la démence précoce,puisqu’e!lespeuvent se rencon-
trer dans d'autres formes de psychoses. Pour ma part, j’ai décrit, dans
le cas de psychose toxi-infectieuse que j'ai rapporté avec F. Rose, à la
séance du 19 novembre 1908 a la Société de psychiatrie, des altórations
cellulaires localisées aux mèmes couches corticales et ayant les mème 3
aspects. Or, il ne s’agissait pas là d’un cas rentrant dans le cadre qu'on
a cru devoir assigner à la déinence précoce.
M. Marchand. — D’après MM. Klippel et Lhermitte, la démence
précoce serait une entité morbide ayant des lèsions bien déíìnies por-
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406 REVUE DE PSYCHIATRIE
tant uniquement sur le tissu neuro épithélial, et principolement sur les
cellules pyramidales. J’ai fait l’examen histologique d’un certain nom-
bre de cerveaux de déments précoces ; le diognostic clinique avait été
confìrmé par plusieurs aliénistes.
Parmi ces cas, quelques-uns présentent les lésions porenchymateuses
et névrogliques décrites par MM. Klippel et Lhermitte ; dans d’autres
cas, lee lósions ont un aspect diíTérent; on constate des lésions prédo-
minantes au niveaudes méningesetde la couche des flbres tangentiel-
les (méningile chronique et encéphalite superfìcielles scléreuse).
Entre ces deux formes, il existe de nombreux íntermédiaires et il
n’est pos rare de voir associées. sur un mème cerveau de dóment pré-
coce, des lósions du tissu neuro-épithélial et des lésions méningées.
M. Klippel. — Je voudrais répondre un mot à M. Claude, qui vient
de rappeler l’observation anatomoclinique qu'il a présentée, il y a quel
que temps, à notre Société.
II s’agissait d’un cas fort intéressant typique de délire toxique infec-
tieux, ainsi que M. Claude l’a d’ailleurs remarqué.
II y avait des lésions des méninges très notables et qui doivent faire
exclure de tels malades du syndrome de la démence précoce.
Sans doute, celle-ci reconnait parmi ses facteurs des toxi infections,
mais en ne comportant que des lósions neuro-épithéliales.
Si l’on devait ranger dans le eadre de la démence précoce les ménin-
gites infectieuses, le cadre de cette maladie serait si étendu qu’il
engloberait des cas pathologiques séparés par des différences nosolo-
giques vraiment trop profondes.
P. Juquelier.
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SOCIÉTÉ CLINIQUE
DE
MÉDECINE MENTALE
Séance du 21 Juin 1909
Prósidence de M, MAGNAN
SOMMAIKE
Electìbn. — Membro associé ótranger : M. le D r Charles Kichmond
Hendebson.
Prèsentations. — I. M. Truelle. — Paralysie générale tardive ou
démence organique par lésions multiples. Lymphocytose positive.
(Discussion : MM. Màgnan, Vigouroux, Màrchand).
II. M. Legrain. — Traumatisme cránien. Onze trépanations ; épi-
lepsie Jacksonienne. (Discussion : MxVí. Magnan, Picqué, Marie, Trií-
NEL, DE CLÉRAMBAULT, LWOFF, VlGOUROUX).
III. M. de Clérambault. — Attaques comitiales. Dèlire consécutif
mnésique.
IV. M. Benoist. — Syndrome paralytique. Disparition des troubles
psychiques. Persistance d’une sclérose en plaques fruste.
V. MM. Leroy et Fassou. — Délire d'interprétations chez les deux
sa?urs. (Discussion : MM. Magnan, Legrain, Sérieux, Juquelier).
VI. M. Marchand (Médecin de la Maison Nationale de Charenton). —
Paralysie gónérale infantile.
VII. M. Bourilhet. — Kyste des méningeschez un épileptique.
VIII. M. A. Marie (de Villejuif). — Turaeur de la dure-mòre; trou-
bles mentaux et compression céróbrale. (Discussion : MM. Legrain,
Magnan).
IX. MM. A. Marie et E. Benoist. — Deux cas de troubles mentaux
observés chez des électrocutés.
X. M. A.-G. SalaZar. — Psychoses toxi-infectieuses et dómence
précoce.
En ouvrant la séance, M. Magnan annonce qu il a recu de
M. le D r Mirallié, secrétaire génóral, une invitation à faire partici-
per la Sociótó Clinique de médecine mentale au Congrès des
Médecins Aliénistes et Neurologistes de France et des pays de
langue frangaise, congrès qui se tiendra à Nantes du 2 au 8 aoút
1909. La Société désigne pour la représenter M. le D r Vigouroux,
médecin en chef de l’Asile de Vaucluse.
MM. les Docteurs Pactet et Marie, médecins en chef de l’asile de
Villejuif, demandent à se joindre à la délégation chargée de repré-
senter la Société Clinique au Congrès International de mèdecine
qui se tiendra à Budapest du 29 aoùt au 4 septembre 1909.
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Election
MEMBRE ASSOCIÉ ÉTRANGER
Sur la proposition du bureau, est élu à la majorité, membre
associé étranger :
M. ie D r Charles Richmond Henderson, professeur à H niver-
sité de Chicogo (Etats-Unis).
PRÉSENTATIONS
I. Paralysie gónérale tardive ou démence organique
par lésions multiples. Lymphocytose positive, par M.
Truelle (présentation de malade).
La malade que j’ai l’honneur de vous présenter a ceci de parti-
culier que 6 médecins l ayant successivement examinée, 3 en ont
fait une paralytique générale et 3 autres une circonscrite ou une
démente organique par lésions multiples.
Elle présente en effet un ensemble de signes physiques et men-
taux quelque peu troublants.
Les pupilles sont contractées et légèrernent inégales, la droite
en myosis moins prononcé que la gauche; elles ne sont pas par-
faitement circulaires. Le réflexe lumineux est éteint, le réflexe
convergent persiste, mais est diminué et lent à se produire.
La parole est extrémement hésitante, tremblée, parfois bre-
douillée et incompróhensible; le timbre en est monotone et mal
assuró.
Les mouvements de déglutition se font difficilement.
La langue est animée de tremblements fibrillaires intenses et
surtout de « mouvements de trombone » ; elle est malhabileet
sans souplesse.
Les muscles de la face et surtout les muscles péribuccaux sont,
à l’occasion de chaque mouvement, le siège de tremblements
d'amplitude variable. La mimique par suite est notablement
troublée.
Ces tremblements, on les retrouve avec les mèmes caractères
aux membres supérieurs — et moins.nettement aux inférieurs-
Dès que les bras quittent la position du repos, on note auxextré-
mités un mélange de menues oscillations rapides et d’autres plus
étendues, plus irrégulières, constituant une ébauche de mouve-
menls choréiques. De là une lenteur et une difficulté très appré-
ciables des mouvements, sans cependant qu’il y ait chezelleune
impossibilité complète à exécuter les actes un peu dólicats. Ces
tremblements ne s exagèrent pas vers la fìn des mouvements in-
tentionnels difficiles.
La marche est incertaine, légèrement sposmodique et titubante.
La malade s’avance à petits pas, courbée en avant et penchée de
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SOCIÉTÉS
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cóté, suivant difficilement une ligne droite, balan^ant son buste,
ráclant le sol.
Les réflexes rotuliens sont brusques et tròs exagérés; la seule
percussion du tendon provoque du clonus ; cependant il n’y a pas
de trépidation épileptoíde vraie. Cette exagóration -se retrouve à
l examen de tous les autres réflexes tendineux, aux membres
supérieurs conime aux inférieurs, à droite comme à gauche. Seul,
le massétérin ne semble pas excessif.
Le phénomène de Babinski est douteux à droite comme à gau-
che ; les réflexes plantaires défensifs sont exagérés.
Ii n’y a pas de troubles notables de la sensibiiité.
L’écriture est profondément troublée: sous dictée, c’est un grif-
fonnage presque incompréhensible ; l’écriture spontanée ne vaut
guère mieux; l’écriture copiée est sensiblement meilleure, bien
qu’encore très imparfaite, mème en ne tenant pas compte des
symptòmes purement moteurs dùs au tremblement.
La lecture est lente, difíìcile, monotone, cependant assez correcte:
de temps en temps seulement, dans les mots difficiies, unesyllabe
est changée ou sautée. — Ii convient de dire que la malade n’a
re<ju qu’une instruction très rudimentaire, n’ayant que fort peu
fréquenté l’école. Ces troubles aphasiques paraissent bien ètre en
rapport direct avec 1’afTaiblissement intellectuel et en particulier
avec rafíaiblissement de la mémoire. II n’ensera pas ici davantage
question.
Si l’on joint à cet ensemble un aflaiblissement intellectuel ca-
ractérisé surtout par des troubles de la mémoire, de la désorien-
tation dans le temps, une diminution de l’activité volontaire, une
apparence habituelle d’indifíérence bienveillante qui, aux ques-
tions posées lui fait se déclarer généralement satisfaite, dans un
sourire facile et peu expressif, on congoit aisément que le diag-
nostic de paralysie générale ait été posó sans hésitation.
Mais, mème en ne tenant pas compte de la question d’áge — la
malade dit avoir 61 ans, — et ce ne serait en efíet qu’une singu-
larité parfaitement conciliable avec l’existence d’une paralysie
générale vraie, on conQoit non moins aisément par la seule analyse
de la raarche et des symptómes de l’aflection que ce diagnostic ait
pu étre repoussé d’emblée.
La malade vivait seule à Paris, depuis l’áge de 24 ans; d’abord
domestique, elle resta par la suite, jusqu’à son entrée à l’hòpital,
femme de ménage. Ses antécédents n’oflrent rien d'intéressant;
remarquons seulement que la syphilis est peu probable, carayant
dans sa jeunesse manqué un mariage d’inclination, elle resta céli-
bataire et vierge (!).
Au commencement de février 1907, elle s’apergut que par
moments sa vue « se brouillait », « des petites lumiòres dan-
saient » devant.ses yeux ; elle continua néanmoins de travailler et
elle n’aurait eu à ce moment avec ce scotome ni vertiges ni étour-
dissements. Cela durait depuis une huitaine de jours, quand un
matin, voulant se lever, elle se trouve un peu étourdie, ne peut se
tenir debout, glisse et tombe sur le plancher; elle constate qu’elle
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
D *i.:ed bv
est complètement paralysée du cóté gauche. Elle n’avait pas perdu
connaissance. De sa main droite, seule valide, elle frappe la cloison
pour appeler du secours, — tous ces détails sont entièrement
donnés par la malade et cela n’est pas sans intérèt pour lappré-
ciation de son aflaiblissement intellectuel, — on vient à sonappel :
la concierge est prévenue, le propriétaire aussi, et celui-ci,
jugeant, dit-elle, que « ainsi paralysée elle ne pouvait rester chez
elle où elle aurait risqué de mettre le feu », la fait transporter
dans une voiture d’ambulance à rhópital Bichat. Elle y resla
quelques jours seulement; là elle eut momentanément « la tète
perdue », aussi Tenvoya-t-on rapidement à l’admission, avec le
diagnostic : « paralysie cjencrale avec acjitation Le 11 février
1907, M. Magnan établissait le cerliíìcat immédiat suivant :
« Affaiblissemeni desfacultés mentales; sensiblerie, pleurs et rires
alternatifs; turbulenee passagère; hcmiparcsie gauche )>.
Déjà, par l'exposé qui précède, on voit combien nettement la
malade a conservé le souvenir de son accident; elle se rappelle de
méme son passage dans les différents asiles; ce qui lui manque
surtout c’est la notion des dates et du temps écoulé : elle est à
Moisselles depuis le 25 mars 1907 et tantòt elle déclare y étre
depuis 3 ans et demi, tantòt depuis 7 ans. Ses souvenirs anciens
sont précis et facilement évoqués. Son jugement est bon; elle a
une connaissance de sa situation et une conscience d'elle-mème
qui sont exactes : elle se rend compte qu elleest malade,demande
qu’on la guérisse et déclare que si on la renvoyait, il lui faudrait
entrer à l’hospice parce qu’elle est impotente et qu’elle n’a pas de
ressources. Elle raconte avec dólails et íort judicieusement la
manière dont elle s organisait dans sori ménage pour se suffire
avec les 20 sous qu’elle gagnait par jour. Elle préte une attention
soutenue aux divers exercices auxquels on la soumet, et elle s y
applique du mieux qu’elle peut. Sa tenue est toujours parfaite-
ment correcte; elle n’a aucune perte des notions de convenance.
Son caractère et son humeur sont invariables. Elle sufílt elle-
mème à ses menus besoins et aux soins de sa toilette. Elle s occupe
dans la mesure de ses moyens physiques à quelques petits travaux
du ménage qu'elle effectue très bien.
Somme toute, on ne trouve pas dans son affaiblissement intel-
lectuel les symptòmes particuliers de la démence paralytique.
Bien qu’atténuée, son hémiparésie gauche est encore très nette :
la commissure de ce cóté est abaissée, la langue déviée à droite
dans les mouvements d’extension forcée; à gauche le voile du
palaisest abaissé ; la main gauche donne 9 au dynamomètre, la
droile 15 actuellement, 21 il y a 3 mois ; le pied gauche ràcle lesol
avec plus de force que le droit; c’est à gauche que la percussion
de la rotule donne du clonus ; il y a absencedu réflexe pharyngien
et du réflexe abdominal à gauche. Les tremblements et les mouve-
ments incoordonnés sont plus marqués de ce còté, à la face et aux
membres.
Enfin la dysarthrie n a pas les caractères de l’achoppement
syllabique classique.
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Cette malade semble donc bien étre tout simplement une hémi-
plégique chez qui vraiaemblablement, pendant un temps, certaines
complications ont pu, à s’y méprendre, reproduire le syndrome
paralysie générale. Resterail à expliquer la généralisation si rapide
des symptòmes spasmodiques, signalés un mois après l'accident
initial, les tremblements, la dysarthrie, les troubles pupillaires.
II semble que la chose soit possible par diverses hypothèses.
En raison du mode de dóbut, de l'atténuation rapide des sympló-
mes initiaux — l impotence complète ayant rapidement fail place
à une simple hémiparésie — en raison de la déniarche particulière
de Ta malade, de son áge, de 1 etat de ses artères, on peutsupposer
qu’il s’agitici d’une cérébrosclérose lacunaire, d’origine artérielle
plutòt que d’une hémorragie banale. On peut admettre, avec
Kattwinkel et Pierre Marie que la localisation de la lésion domi-
mante dans 1‘hómisphère droit explique la dysphagie et Ja prédo-
minance de la dysarthrie; on peut penser, en présence des trem-
blements si marqués et de l incoordination motrice que la malade
présente, en raison aussi du pleureretdu rire spasmodiques notés
dès le début, que le noyau lenticulaire n’est pas indemne et que
peut-étre les voies d'association cérebello-cérébelleuses (Bonhoefer
et Muratow) sont également touchées. On sait enfin que dans les
héPDÌpIégies le còté sain est loin d’ètre toujours complètement sain.
Pour terminer, j’ajouterai un dernier renseignement: la ponction
lombaire pratiquée à deux reprises, à trois mois d'intervalle, a
donné chaque fois un liquide parfaitement clair et limpide, non
hvpertendu, ne renfermant pas de sérine, mais des lymphocytes
en très grande quantité. Et alors nait une derniere hypothèse :
celle d’une n.éningo encéphalite chronique secondaire. Nous ren-
trerions alors danslescas décrits par M. Klippel, §ous le nom de
paralysies gónérales associées, cas sur lesquels M. Vigouroux a
de nouveau tout récemment attiré l’attention. L’avenir seul pourra
décider ; loutefois, quelles que soient les constations ultérieures, il
nesemble pas qu’on soiten droit, à moins d’établir uneconfusion
clinique fácheuse, d’ótiqueter ce cas paralysie générale.
Examen de la malade
M. Truelle. — Que faisiez-vous ?
R. — Je faisais des ménages.
M. Truelle. — Comment étes-vous devenue malade ?
R. — lln matin, en me levant, je n’ai pas pu lenir debout; je
suis tombée, j’étais complètement paralysée à gauche.
La malade présente un embarras de la parole très net, de la
dysarthrie, elle a un tremblement fìn des muscles de la face,
tremblement plus marqué à gauche.
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REVUE DK PSYCHIÀTRIE
M. Magnan. — Quand le paralytique général a le mouvemení
de trombone, tous les muscles remuent.
Ici ce n’est pas le cas. La dysarthrie elle-méme que Ton constate
chez cette malade diflère de celle des paralytiques généraux.
M. Truelle. — Au repos, elle ne tremblepas. (M. Magnan avait
remapqué que la malade avait quelque peu repparence d‘une Par-
kinson).
M. Vigouroux. — Je demanderai à M. Truelle de nous répéter
quelle est, à son avis, la physiologie pathologique des symptòmes
présentés par sa malade: dysarthrie, tremblement, affaiblissement
intellectuel, lymphocytose, etc.
M. Truélle. — Je ne puis émetlre que des hypothèses : on
peut supposer avec Katlwinker et P. Marie que la localisation
dominante à droite des lésions est cause de la dysarthrie et de la
dysphagie, que leur localisation partielle dans les corps striés est
cause de l’apparilion précoce et de la généralisation des tremble-
ments. Les troubles pupillaires analogues à ceux présentés par
cette malade sont fréquents dans l’athéróme cérébral. Eníìn on
soit que les deux cótés du corps sont souvent, sinon toujours, pris
dans Thémiplégie.
Quant à la lymphocytose, je répèterai que j’admets parfaitement
la méningo-encéphalite consécutive.
M. Vigouroux. — Je pense qu’il est plus simple d’admettre qu à
une lésion circonscrite est venue s'ajouter une méningo encépha-
lite diffuse secondaire.
Les différences indéniables des symptòmes inlellectuels qui
distinguent la malade de M. Truelle des paralytiques généraux
ordinaires peuvent ètre attribuées à l'àge déjà avancé dela malade
(61 ans) et aussi à une évolution moins rapide.
M. Truelle. — Cela est possible, néanmoins je feTai remarquer
que les symptómes spasmodiques et démentiels ont été notés
quinze jours au plus après l’ictus ; ils pouvaient méme coíncider,
car je n’ai eu que des cerliíìcats succincts pour établir leurgenèse.
L’élat de la malade ne s’est pas aggravé, au contraire, depuis
plus de deux ans qu’elle est internée.
M. Magnan. — Eile pí’ésente les symptòmes cérébraux d une
lésion circonscrite et non diffuse.
M. Truelle. — Je me demande, mème si I’on trouve ultérieure*
ment des lésions de méningo encéphalite diffuse, si ce n’esl pas
quelque peu abusif de faire de cette malade une paralytique géné*
rale. Doit-on, pour élablir le diagnostic, ne tenir compte que des
constatations histologiques qui ne sont en somme qu’un résultat
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ultime de processus variables, lesquels ont pu se manifester par
des syndromes cliniques variables. Je crois volontiers que chez
notre malade on trouvera des lésions inflammatoires diffuses ;
mais n'y a-t-il rien qui les distingue de celles de la paralysie géné-
rale vulgaire, dans ces cas 0 ( 1 , comme ici, la forme de l’affaiblis-
sement intellectuel est tellement différent de celui de la paralysie
générale ?
II. Traumatisme cr&nien. Onze trépanations. Epilepsie
jacksonienne, par le D r Legrain, de Ville Evrard. (Présenlation
de malade).
Le malade que je vous présente intéresserait tout autant des
chirurgiens, car il pourrait ètre une fameuse illu*stration du cha-
pitre : Intervention chirurgicale en matière d’affectidns cránio-
cérébrales. II est peu de cráne humain qui ait servi plus souvent de
champ opératoire que celui-ci. Le nombre des interventions,avec
le trépan est maintenant diffìcile à préciser ; il alteint onze au
moins.
Voici dailleurs ce que vous pouvez voir:
Ducóté gauche de la tète, dans la région pariétale, vous aperce-
vez un vaste enfoncement qui ne mesure pas moins de 10 à 12 cen-
timètres dans le sens antéro-postérieur. Cela forme un véritable
cratère dont le diamètre dans le sens biauriculaire est un peu
moins grand. Le cuir chevelu porte la trace du bistouri et si l’on
parcourt avec le doigt les bords du cratère, ce doigt dessine une
série de festons, parfois des fìgures demi-circulaires qui repré-
sentent aulant de traces de couronnes de trépan.
Au centre de l enfoncement on pergoit avec la plus grande nelteté
le pouls cérébral , car, dans ce vaste territoire, le cráne a disparu.
Failes tousser le malade, vous voyez aussitòt le cerveau fairebrus-
quement hernie à travers la plaie et reprendre aussitót sa place.
Les hasards de ces grosses interventions permettent, entre paren-
thèses, de constater en quelque sorte de visu rexpansibilité du
cerveau, sa mobilitó, l’exislence d’un pouls cérébral.
Comment tousces désordres se sont-ils produits ?
En1891, L... ágé de 18 ans, engagé aux Chasseurs d’Afrique,
étantsorti en plein soleil, pendant l heure de la siesle, sommeil-
lait sur son cheval, lorsqu'il tomba tout à coup. A-t-il eu un étour-
dissement ? On ne sait. En tout cas il est tombésur le cóté gauche
de la téte et est resté, parait-il, 16 heures dans le coma. A lasuile
il n’a immédiatement ni vomissements ni signes de paralysie. II
entre à l’hopital.
Huit jours après apparaissent des « crises » qui, dit L..., consis-
taient en ceci: J’étais en train de causer normalement, puis j’éprou-
vais de la sécheresse de la bouche, de la constriction à la gorge et
je me mettais à dire des bétises sans m’enrendie compte niavant,
ni après. J’étais tout étonné de voir les gens me regarder d’une
certaine fagon. Je devinais à cela que j’avais été indisposé.
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L... est repris de ces crises tous les dix jours environ. Un mois
après, fìèvre typhoide, 42 jours de maladie, point de crises pen-
dant ce temps, mais elles reparaissent après.
Six mois après Taccident, le D T Chavasse se décide è faire une
trépanation pour supprimer lesaccidents nerveux paraissant liés
au traumatisme. Le nialade est amélioré jusqu'en 1896. II n'a pas
mème un étourdissement et débute avec succès au Théátre des
Arts, à Rouen.
En 1896 ilcommence à avoir des vertiges ; la sensotion de tour-
noiement est nette; elle s’accompagne d’intenses bourdonnements
d’oreilles. Cela survient brusquement et se reproduit tous les huit
jours environ, durant quelques secondes. Lo gorge et le nez sont
examinés et l’on qualifie cela de vertige de Ménière.
II entredaus le service de Cornil; on croit à des accidents palus
tres et l’oaadministre de la quinine qui augmente les vertiges. puis
on révacue chez Duplay, qui trépane de nouveau à la scissure occi-
pito-pariétale. Les vertiges cessent. II n’y a plus que quelques
étourdissements de temps à autre.
En 1898, L... entre chez Landouzy pour un accès de contracture,
étendu à tout le cóté gauohe. Cette controcture dure 6 mois. De
guerre lasse on l’envoie, porteur de béquilles, achever sa convales-
cence (?) dans la Dròme où il reste 4 mois toujours infirme. C'est
de là qu’on l'expédie chez Ollier, à Lyon, où il est de nouveaa
opéré. Les vertiges avaient reparu, brusques, intenses comme
précédemment. Le malade affirme que la contracture disparut
après l’opération.
C’est en 1901 que, de nouveau repris, ilest opéré par M. Gosset
qui pratique le large volet que vous voyez, mais en laissant en
place la fraction du cráne détachée. La contracture aurait cessé
complètement, ainsi queles vertiges.
En décembre 1901, étant à Bruxelles, il est pris brusquement
d une attaque d’hémiplégie pendant une répétition, à lasuite d'une
contrariétè. II reste 6 heures sans connaissance. M. Depage fait
une nouvelle hémicrániectomie, mais en enlevant cette fois le
volet osseux. Pendant l’opération, une hémorrhagie se déclare et
le malade se retrouve, une heureaprès l’opération, complètement
hémiplégique à gauche, la face comprise, et avec aphasie. La para-
lysie s’amende en quelques semaines, mais Taphasie persiste 3
mois. Au bout de ce temps le malade percoit tout à coup comme
des secousses dans sonbras droit, précédées defourmillements; le
tout se contracte violemment, et, sans perdre connaissance, il
assiste pour la première fois à une attaque d’épilepsie Jackso-
nienne classique. Du bras les secousses ont gagné la jsmbe ; le
tout a duré une dizaine de minutes. Depuis lors les attaques se
reproduisent avec le caractère Jacksonien complet, tous les mois
environ.
A Lyon, en 1903. une crise survient pendant une répétition ; on
conduit L... dans le servicede Jaboulay. II a la faee paralysée et
reste 3 semaines sans pouvoir parler du toul. II est également
traité chez Garel, á Lyon; nouvelle intervention, améìioration.
Plusdecrises jusqu’en 1905.
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A Folkestone, il arrive pendant un orage. Très énervé, il est
repris de contracture (en fait, ces reprises de contracture ne sont
qu’apparentes ; elles devraient étre qualifióes plutót exagération
de la contracture, car celle-ci est devenue depuis longlemps per-
manente). A l’hópital írangais, Owen l’opère 'de nouveau ; la con-
tracture ne disparait pas. Huit jours après, nouvelle opération. On
interpose cette fois une feuille d’or entre les méninges et l’ócorce
pour éviter les adhérences. La contracture disparait dès lelende-
main mais il reste des douleurs de téte inlolórables.
L... revient en France, réclame de Segond une autre interven-
tion. On enlève en 12 morceaux la feuille d’or toute gondolée et
déformée. Les douleurs disparaissent, mais les crises reparaissent
tous les 2 ou 3 jours, commencant par un fourmiliement dans le
bras droit. « C’estcomme si, dit L..., j’avais cassé un verre dont
les morgeaux me seraient restés dans la main ».
En mars 1906 il tombe en sortant de Notre-Dame; séjour à
l’Hótel-Dieu pendant 3 mois 1/2; il est traité par le massage et
marche avec des béquilles.
De nouveau, le malade réclame une intervention, faite par Pereyre
à l’hòpital Rothschild. Retrépanalion.-Les crises disparaissent
pendant 15 jours.
En 1908, à Lyon, à Beaune, nouvelles crises de contractures
alternant avec des crises d’épilepsie. On l’opère de nouveau chez
Gayet. Guérison apparente. Présentation à la Sociétó dechirurgie
de Lyon.
La méme année, il croit avoir une insolation à Vichy, il resle
8 jours sans pouvoir parler ; on l’opère de nouveau et il guérit
encore... pendant quelques jours. Mais les crises reparaissent de
plus belle, toujours à type jacksonien parfait. Souvent le malade
reste plongé pendant des semaines dans une sorte de torpeur que
l’on peut qualifler d’ótat de mal.
Depuis Lyon, en 1908, les crises qui débutaient par la main
droite, dóbutent par le pied, précédées par un engourdissement. Le
malade les fait avorter en serrant la jambe avec ses mains, ou
avec une ficelle.
Roulant ainsi d’hópital en hópital depuis 18ans, reprenant puis
cessant, peur la reprendre encore, sa profession de comédien, L...
mène, somme toute, une vie misérable, inapte à tout travail con-
tinu et productif. II finit par s’échouer dans mon service où je
l’hospitalise volontiers. II semble avoir renoncé, au moins momen-
tanément, aux interventions chirurgicales qui n’ont produit que
des résultats très insuffisants.
Vous le voyez maintenant: son état d’esprit est, en apparence,
celui d’un homme normal. Je n’ai trouvé chez lui aucune trace de
délire. Je n’ai noté que le caractère, Thumeur, l’instabilité, l’im-
pulsivité et méme la tendance persécutrice qui sont le propre des
épileptiques vulgaires. Si chez lui l’épilepsie n’est que traumati-
que et accidentelle, il est certain qu’elle a développé le méme état
mental que dans l épilepsie constitutionnelle.
Hormis les périodes d’obtusion, postépileptique ou complémen-
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taire, les facultés restent normales, la mémoire est d'une parfaile
exactitude. II n*y a pas trace d’afifaiblissement de l’intelligence.
Vous pouvez voir que L... a la démarche d’un hémiparésique;
il traine un peu la jambe. Mais cette sorte de boiterie est due sur
tout à un état permanent de contracture qui parfois s’exagère au
z point d’empècher la marche et de produire de vives douleurs.
L’attitude des membres ressemble un peu à ceile d’un hémiplógi-
que en foyer, qui aurait de la contracture tardive.
L’expression verbale est parfois gènée, mais ce n’est pas un
trouble moleur à proprement parler. Elle consiste souvent en
transposilion de syllabes. II dira : la Goncesse de Prinzague au
lieu de la Princesse de Gonzague ; ou bien les yeux blancset les
cheveux bleus. •
En se baissani, il semble menacé d’une crise, son cótédroitse
contracture ; ila du vertige.
Pas de diplopie. Pas de troubles de la vision. Parfois un peu de
ptosis.
La plupart des réflexes sont exagérés à droite. Pas de trépida-
lion épileptoìde. Le dynamomètre fournit 20 kil. à gauche et 10 à
droite. Troubles vaso-moteurs de la peau. Hypothermie légèreà
droite.
Les sensibilités sont conservées.
Pas de dóviation de la langue.
Réflexes pharygien et oculsire normaux.
11 a une légère polyurie. Le malade afìRrme qu’on aurait trouvé
autrefois de I’inversion des phosphates. J’ajouterai que M. Ba-
binski a traité un moment le malade, chezqui il avait pensé dé-
couvrir de l’hystéro traumatisme. L’hypnotisme n’aurait donné
aucun résultat.
Tel est le cas. II est si complexe au point de vue de la succes-
sion chronologique des événements, qu’il me faudrait, pourendis-
cuter, des informations détaillées sur les diverses interventions.
C’est un peu à titre de phénomène analomo-physiologique que je
vous ai présenté ce malade. 11 en est peu, en effet, qui aient pré-
senté des lésions crániennes aussi importantes et dont la chirur-
gie se soit occupée avec autant d’acharnement, jamais découragée.
Mais pourtant on peut se poser un certain nombre de questions.
qui seraient autant de problèmes.
D’où vient cette épilepsie qui, objectivement, fournit bien les
caractères habituels de l’épilepsie traumatique, c’est-à-dire acci
dentelle ? Quel róle ont joué d une part le traumatisme inilial.
d autre part les interventions chirurgicales qui sont autant de
Iraumatismes chirurgicaux ? Y a-t-il une lés'on méningo-corli-
cale ? Sommes nous en prósence d’accidenls de pur hystéro-trau
matisme ?
Un fait qui n’est peut-ètre pas sans importance est le suivant:
A 17 ans, L... a fait, du haut d’un rocher, une chute sur la téte:
c’est la région opérée plus tard qui a porté. II y a eu une perte de
connaissance d’une demi heure. Puis l’évanouissement dissipéL...
a repris ses jeux avec ses camarades. Plus tard c’est au niveau de
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la clcatrice reslée visible de la blessure, que la première couronne
de trépan a ótó placée.
L. .. était-il déjà épileptique à ce moment, et la chute de cheval
au régiment, point de départ de tout ledrame pathologique, ne
fut-elle que la réédilion de la première chute ? Ou le trauma de la
première chute a-t-il engendró une lésion cránio-méningo-corti-
cale qui fut l’origine première de tout le reste ? C’est bien difficile
à déméler. En tout cas lorsque la chirurgie est intervenue, les
accidents épileptoìdes existaient déjà. Ils ont présentó succeásive-
ment trois aspects. Dès le début, ce furent des sortes d'absence
assez longues suivies d’amnésie, puis ce furent des vertiges clas-
siques ; enfin ce fut i'épilepsie convulsivante confìrmée. II y a une
sorte degradation lentement progressive dans le seqs de l’aggra-
tion. Les interventions paraissentavoir amené au début des amé-
liorations plus ou moins durables.
II appartiendra au chirurgien de dire si elles n’auraient pasdù
étre suspendues plus tòt, pour éviter l'aggravation des lósions
traumatiques par des lésions cicatricielles ?
Les divers troubles fonctionnels que j’ai signaléspourraient bien
n’étre au demeurant que de l’hystéro-traumatisme bien que Ies
lésions grossières que vous avez sous les yeux suffisent ample-
ment à créer I'épilepsie etque celle ci soit bien et dùment de l’épi-
lepsie jacksonienne.
Tout cela est fort complexe. En tout cas le malade semble bien
avoir acquis maintenant la mentalitó d’un parasite hospitalier.
C'était bien excusable vu la gravité exceptionnelle de la blessure.
Gráce à cette mentaiité, il semble en vérité faire assez bon mar-
ché d'une intervention de plus ou de moins. De là à penser que
l'hystérie aurait jouó son róle, il n'y aurait pas loin.
Examen du malade
M. Magnan. — Y a-t-il des phénomènes moteurs prémonitoires ?
M. Legrain. — Le malade est próvenu par des contractures des
muscles du pied droit, une véritable aura-motrice.
M. Magnan. — Eprouve-t il une aura sensitive?
M. Legrain. — Autrefois cette aura se produisait dans la main,
depuis la 6* cpération elle se produit dans la jambe.
M. Picqúé. — L'observalion présentée par notre collègue com-
porte ungrandenseignement car elle nous apporte un insuccèsà la
suite d’une série de grandes interventions pratiquées sur le cràne.
A ce titre, elle mériterait d’étre présentée à la Sociétó de
chirurgie.
II y a quelques années, mon élève Paon avait déjà montró les
récidives éloignées àla suite de simples trépanations, pratiquées
conlre l’épilepsie chez des malades observés dans nos asiles.
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La craniectomie lsrge nous ouvre actuellement une voie nou-
velle, et le malade qu’on nous présenle ofifre encore des crises
d’épilepsie malgré nne longue série d’interventions.
II conviendrait de savoir ógalement si l’épilepsiedans ce cas est
secondaire aux interventions pratiquées, ou si avant la première
intervention il n’avait déjà pas présenté quelques crises comitiales.
Ce point présente une importance considérable, puisqu’on a
parfòis accusó Topération de déterminer des crises d’ópilepsie. Je
me propose de rechercher l’observation de M. Chavasse, publiée
dans les Arc/iives de médecine militaire en 1892, et de voir si le
malade n’était dójà pas épileptique lors de la première intervention.
II est enoutre intéressant de remarquer, que le malade présente
une cicatrice souple, dópressible, permettant la décompression du
cerveau et que cependant cette cicatrice n’a pu empécher le retour
des accidents.
Enfin les crises sont très nettement jacksoniennes et M. Lucas
Championnière a, depuis longtemps* démontré que celles-ci résis-
tent plus qu’on ne le croit à rintervention chirurgicale.
M. Legrain. — Je me demande si ce malade n’est pas atleinl
d’épilepsie idiopathique, étant donné qu’il a fait plusieurs chutes
dans sa jeunesse. Je ferai d'ailleurs remarquer qu’il a la mentalité
des épileptiques ; il se montre persécuteur, tracassier, désagréable
et impulsif.
M. Magnan. — Les traumatismes cérébraux suivis d'épilepsie
produisent ce méme caractère épileptique.
M. Legrain. — Les interventions de 1892 sont liées à des acci-
dents vertigineux. Le malade n’était averti de ces accidents que
par lentourage. Plus tard, il eut de l’épilepsie jacksonienne, la
maladie a présenté trois étapes progressivement plusgraves avec
d’apparentes améliorations intercalaires. Doit-on considérer les
traumatismes chirurgicaux comme ayant donné lieu à ces aggrs-
vations ?
M. A. Marie (de Villejuif), rappelle, à propos des observations
de M. Picqué, l'enquète faite avec lui dans les Asiles pour le
Congrès de Grenoble, sur les épileptiques trépanés ; malgré un
relevé de cas de ce genre assez considérable, aucun fait encoura-
geant Topération ne fut signalé; il est vrai qu’ils’agissaitd'aliénés
internés et par conséquent c'était considérer le problèmesous son
angle par définition le plus défavorable. Les cas heureux en effet
ne finissent pas à l'Asile. Cependant, un malade guéri par la cra-
niectomie à iambeau, a étó présentó par M. Marie ici mème; il
avait été opéré par le Docteur Chipault. Seulement il tomba de
Charybde en Scylla puisque, guéri de son épilepsie congénitsle.
il versa dans la démence précoce.
Un autre sujet à crises jacksoniennes a élé envoyé par
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M. MarieàM. Picqué qui lui a fait la crániotomie en valve en
replagant le pariétal soulevéaprès l’opération faite en deux temps.
M. Marie a le regret d’annoncer à M. Picqué et à la Société que
le malade parfaitement opéré et remis de l’intervention, après
une atténuation passsgère de ses crises, est mort il y a quelques
semaines dans le coma épileptique plus d'un an après l’inter-
vention.
M. Trenel. — II est peut-ètre un point qu’il faudrait faire res-
sortir en présence du nombre d’opórations réclamées par le
malade. N’aurait-il pas quelquefois forcé la main au chirurgien et
ne serions-nous pas en présence d’un de ces malades analogues
au malade de Dieulafoy ? Je dois dire qu’ayant eu une conver-
sation fortuite avec lui tout récemment, il m’a sembié qu’il ne
serait pas éloigné de demander encore une nouvelle opération
pour combattre sa contracture. Ce malade serait une sorte de
pathomime, de sadique recherchant la souflrance.
M. de Clérambault. — C’est ce quej’appellerai du masochisme
chirurgical.
M. Legrain. — Mon malade est un homme dans la force de l’á'ge,
tombé dans la misère en raison de ábn affection. II ne m’a jamais
parló de nouvelle opération parce qu’il se trouve acluellement à
i'abri du besoin; mais dans d’autres conditions il pourrait peut-
étre réclamer une treizième intervention. II n'est pas moins vrai
que ce malade a une lésion organique permanente et que le
faisceau pyramidal est vraisemblablement atteint.
M. Lwoff. — J’ai pu observer deux épileptiques dont l’état s'est
aggravé après une trópanation. Avant l’opération ils ri’avaient
pas de troubles délirants et pouvaient, malgró leurs crises,
exercer leur profession. La trépanation a été suivie de confusion
mentale avec excitation et on a élé obligé d'interner ces malades
dans un asile.
M. Vigouroux. — II serait intéressant de savoir ce qu'ont trouvé
les chirurgiens au moment où le malade a été trépané.
III. Attaques comitiales. Délire consócutif mnésique.
Commentaires, par M. de Clérambault. (Présentation de
malade).
René D., sans profession, 18 ans, amené à l’infìrmerie spéciaie
le 1" juin, et envoyé par nous à Sainte Anne avec le certifìcat sui-
vant :
Epilepsie. — Attaques répélées avec épisodes délirants consé-
cutifs. — Confusion prolongée, avec tendances mystiques, crainti-
vité ; hallucinations parfois accusatrices, actes absurdes. —
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J
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Absence fréquente damnósie. — Début en bas àge par des
absences. — Vertiges dans l enfance.
A. H. — Grand père paternel « buveur invétéré », était dislillaleur;
mort à 70 ans ; marié deux fois, a eu 5 ou 6 enfants lous morts
tuberculeux avant 30 ans ou vers 30 ans. — Un de ses fils bégayait;
marié, il a eu deux ou trois enfants, dont un survit. — Une de ses
filles a été internée dès la puberté ; forme du délire inconnue de
nous ; elle n’était pas née de la méme mère que le malade précé-
dent, ni que le père de notre malade.
Père du malade : alcoolique ; était aussi distillateur. Mort tuber-
culeux à 33 ans. Insociable et débauché ; sa femme avait fini par
se séparer de lui ; ne parait pas avoir été syphilitique.
Cóté maternel : les grands parentsonteu9enfants, dont6encore
vivants; 1 mort né, t mort par diphthérie,t mort par causeincon-
nue. La mère denotre malade, enfant lardive (sa mère avait 45
ans à la naissance), semble avoir eu des crises hystériques frus
tes ; très nerveuse, ordinairement renfermée, avec expansions
soudaines. Pas de fausses couches. Une soeur, tante de notre
malade, est migraineuse.
A. F. — Un frère, une soeur. — Frère 15 ans. Sommeil souvent
agitó, mais sans miction, ni terreurs, ni somnambulisme. Intelli-
gent et affectueux, mais orgueuilleux et indocile. — Soeur 12 ans
1/2; grince des denís toutes les nuits; caractère réfléchi, nous
dit-on ; tendance mélancolique ; aurait souvent dit à sa mère, le
soir: « encore une journée de moins à vivre. »
A. P. — Gestation bonne, accouchement normal. Allaitement
maternel ; typhoíde chez la mère vers le quinzième mois. — Poids
considérable à la naissance (?) dóveloppement régulier.
En l allaitant la mère a constató des absences : au milieu de ses
cris, l’enfant subitement se taisait, s'immobilisait, cessait de res
pirer et fermait les yeux, puis rálait légèrement. Ce phénomène
observó une dizaine de fois durant la première année, a cessé les
années suivantes. Pas de convulsions.
Enurésis jusqu’à 12 ans.Pavor nocturnus fréquent, avec sueurs
très marquéesdu cuirchevelu. — Vers 11 ans hyperydrose mar-
quée des orteils avecampoules fréquentes. — Vers le méme age
ablation de polypes.
Aucune malndie n’a précédé les premiers troubles comitiaux
marquants.
Vers 8 ou 9 ans, épisodes d allure somnambulique. Vers 11 ans,
vertige. \’ers 12 ans, première attaque (chute brusque, tandisqu il
jouait), soigné à lo consultation externe de la Salpétrière (régime
déchloruré), changement de caractère (maussade et méchant par
moments). Au début. avait une attaque par mois, depuis ses
16 ans il en a eu 4 par mois (« une attaque à chaque changeroent
de lune » dit la famille). Vers 17 ans 1/2 (depuis janvier dernier)
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les attaques surviennent par séries de 6 ou 7 dans les 24 heures,
aux mómes époques.
Quelques cicatrices de chutes (face et cuir chevelu). Pas de traces
de morsures de la langue.
Le malade est ordinairement doux, poli, aflectueux « comme
une fille » avec cela entété et rusé, nous dit-on. Tendances
hypochondriaques nettement morbides, algies viscérales avec
exacerbations : « Constamment il plaint son nombril » nous dit la
tante. Préoccupations légitimes au sujet de ses attaques ; pense
conslamment à guérir ; un jour, après un coup de tonnerre qui
l’avait grandement efirayé, il dit « petite mère, je suis guéri ».
Toujours excessivement peureux. — A peu appris au collège, mais
dessine bien. Suivant sa mère, son intelligence aurait baissé
depuis que ses attaques se multiplient ; sa tante le nie ; mais
elle convient que son élocution est decenue plus lente et plus
embarrassée.
Le malade a été élevé jusqu'à trois ans par sa mère, et de 3 à
15 ans par une tante ; de cette période il a passé 3 ans 1/2 en pen-
sion. A 15 ans sa mère, remariée, le reprend et l’amène en Amé-
rique (1907) ; retour en France l’année suivante ; l’enfant confìé à
des paysans du Midi, a des attaques suivies de délire ; interne-
ment de quelques jours à l'asile de Carpentras (fin 1908), puis
retour dans la Seine. — A toujours été bien soigné, bien éduqué,
bien observé.
I. — Troubles comitiaux parcellaircs. — Notre malade est sujet
à des crampes, et à des sensations de tiraillements fasciculaires
dans les muscles, qui se produisent surtout après les attaques
convulsives. Loin de toute attaque, il éprouve des tremblements
subits avec moiteur des mains. Nous avons constaté ces phéno-
mènes, au cours d’un interrogatoire, dans la main droite, puis la
jambe droite ; le sujet s'est plaint aussi un instant d'une trému-
lation dans l’ceil droit; enfin, sans qu'il nous avertisse, nous avons
vu un tremblement assez durable dans 1‘interosseux dorsal du
troisième espace de sa main droite, sans mouvement du médius ;
cette localisation nous semble devoir exclure tout soupcon de
supercherie ou d’autosuggestion. Nous remarquerons que ces
tremblements sont survenus après un interrogatoire fatigant
et alors que le malade avait faim.
Dans le domaine visuel, il nous a dépeint des éblouissements
sans motifs, survenant en état de santé, sans autre malaise, des
visions de zigzags lumineux et autres lignes éblouissantes,
dénuées de toute signification, enfin des anopsies subites : « Les
yeux grands ouverts, je ne vois plus ».
Le sujet connait par les rèves seulement l’impression d'ètvangeté
des choses ; mais il a neltement éprouvé, à 1 etat de veille, la sen-
sation du déjà cu ; il reconnait dans sa totalité i’aspect de la minute
présente, puis raisonne et se dit « je perds la téte ».
Parlant de son imagination visuelle, il nous dit sans nul à
propos : « Je crois facilement voir ce que je pense ; ainsi, passant
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en mer en vue de la Martinique et repensant au grand cata
ciysme il me semblait voir la mer s’agiter, la lave couler ». C'est
avec la mème spontanéité qu'il nous a donné les détails ci-
dessus ; jamais il n'a répondu exactement à la question du
moment, et nous sommes sùrs ae ne pas l'avoir suggestionné.
Le malade a éprouvé des sensations de constriclion dans la
gorge et dans les fosses nasales, avec envie de pleurer. II parle
aussi d’un goùt salé ou métallique, qui précéde parfois les alta-
ques, sans que nous ayons pu démèler s'il s'agit là d’uneaura pro
prement dite ou d’un prodrome.
II. — Vertigea. — René D. a éprouvé ses premiers vertiges
vers 11 ans ; ayant eu au collège un camarade également sujet è
des absences, il l’a observé, et a réfléchi particulièrement è ces
troubles. Les vertiges, espacés d’abord, seraient survenus chaque
jour depuis ses 15 ans, au nombre de 5 ou 6 ; quelquefois pius el
jusqu’à 20, à Tapproche des dates des attaques; toutefois depuis
six mois (janvier 1909) ils ne se seraient plus manifestés.
Jamais d’aura avant le vertige. — Si le malade est en train de
parler, il s’interrompt, ses yeux deviennent fìxeset troubles, puis
il reprend sa phrase et souvent il rougit. Aux questions qu’on peut
lui poser il répond : « Je sais bien que je viens davoir un ver*
tige » ; souvent il les compte, et dit: « aujourd’hui j’ai eu tel nora-
bre de vertiges ». — S’il est debout et arrété, il marche ; s’il est
assis, ses bras àgissent; toujours quelque trouble moteursouligne
l’absence. Si le malade est en train de marcher, il poursuit sa
route automatiquement, pendantune minute et mème plus.
Nous lui avons demandé à maintes reprises parquel procédéil
prenait conscience de ce qu’il avait eu un vertige : il nous a tou-
jours répondu que c’était par une sensation de réveil, par uneim-
pression de revoir des choses, de retrouver les gens. On ne peut
soutenir qu’en constatant tel ou tel trouble consécutif, il juge avoir
eu un vertige (comme après l attaque convulsive il juge avoir eu
une attaque) non, l’induction n’entre pour rien dans sa convietion,il
a conscience, directement, de revenir à lui. S’il rougit, c’est parce
qu'il a honte d’avoir eu des témoins de son mal; s’il est seul, ou
s’il n’a près de lui qu’une personne familière, il ne rougit pas; on
ne peut soutenir que la rougeursoit un symptòmequi Vavertisse;
d’autant que le vertige causant, comme on le sait, une vaso-contric*
tion durable, le malade ne peut devenir rouge qu’une fois le ver-
tige bien terminé.
Un trait qui montre combien un esprit scientifique, ou plus
exactement biologiste, est à sa place chez les personnes chargées
de surveiller lesenfants, est celui-ci : comme le jeune René, au
collège, avait cessé de faire des progrès, et que son professeur
informait sa mère de ce qu’il « tournait à la paresse, » sa raère
chercha à l’excuser, en invoquant l’influence possible des vertiges
sur son esprit, et le professeur, homme très moral, mais psyc-ho-
logue d’une vieille école, lui répondit : « íies verliges n'afíedent
pas sa santé, c'est le plus robuste de mes élèves ».
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III. — Episorfc* oniroi'riei s\ — Nous ne trouvons pas d’autre ler-
me pour désigner, sans en préciser la nature, un certain ordre de
phénomènes qui tient le inilieu entre le somnambulisme propre -
mení dit et les hallucinations du réveil; il participe, à nolre avis,
del'unetdes autres, ótant complexe et prolongé comme le pre-
mier, mais, commeles seconds, suivi de souvenir.
Sa tante nous raconte : « Vers 4 ou 5 ans il a fait du somnam-
bulisme ; il venait droit à mon lit et me tirait, par exemple, par
les cheveux, je le recouchais. A 1‘école on a observé la méme cho-
se, ií crotjait alors voir des chats . Vers 11 ou 12 ans ii avaitencore
de ces crises assez souvent ; je le voyais alors se lever, se regar-
der dans la glace, frapper à la porte ; i! avait les yeux à demi-
fermés, ou en tout cas le regard vague, il était pále, et en le tou-
chant je trouvais sa tète en sueur. Le plus curieux est que le
lendemain, si on le remettait sur la voie, il retrouvait le souvenir
de ses actes de la nu t; il répondait: « c’est vrai, je me rappelle,
je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela ». D’autres fois il s’en ressou-
venait spontanóment. Aussi la domestique pensait que son som-
nambulisme était simulé, et qu’il faisait « des manières exprès. »
Mais pourmoi c’était bien sincère, il faut qu'une forcequelconque
le pousse, etqull ne $ache pas qu’il selève, sans quoi il n’oserait
pas se lever, car il est aflreusement peureux ; s’il était conscient
il ne se lèverait pas. »
La mère nous a dit de son cóté : « Voilà deux semaines, il s’est
mis la nuit à cogner sa tète contre le mur; la domestique, qui est
accourue, l’a róveilló, et il s’en est souvenu le lendemain. » Le ma-
lade rectifie : « J'ai pu cogner ma téte, mais j’ai cogné aussi
autrement ; la bonne m’a dit sur le moment que je cognais avec
mon derrière, et cela m’a étonné, car je me Jlgurais frapper avec
mes poings ». Ce dótail a son importance, ilprouve une note con-
fusionnelle bien en rapport avec l’origine du délire. — En tout
cas le malade, le lendemain, s’est rappelé l’intervention de la
bonne. II insiste sur ce fait que le délire de la nuit, dont ordinai-
rement il n’a plus, lors du réveil, aucun souvenir, lui revient à
l'esprit par degrés et subitement, soit dans la journée, soit le len-
demain ; les questions qu’on lui pose facilitent le retour des sou-
venirs, mais généralement on évite de lui en parler ; s’il en parle
on ne lui rópond pas, ou bien l’on nie, et après une faible discus-
sion il se contente de cette idée, qu’il a simplement fait un réve
oùil se figurait se lever, etc. Le souvenir peut si bien revenir
spontanément, qu’il a parfois demandé pardon de tel ou tel acte
qu’on voulait lui faire oublier.
Dix jours après son internement (11 juin), le malade nous dit
avoir eu, à Ste-Anne, deux ou trois épisodes de méme genre. Une
fois il réve de papier doré, s assied sur son lit, se sent effrayé ou
angoissé, et frappe pour appeler l’infirmier. Une autre fois il se
lève, va cogner à la porte et tourne plusieurs fois dans la pièce ;
il avait alors la téte toute mouillée, dit-il, il aurait à ce moment
pensé que le bromure le rendait malade.
Cette fois ou une autre, le veilleur l’aurait transféré, nous dit il,
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dans un chambrette. « A Theure du lever, ajoute-t-il, le veilleur
m'ayant demandé si je me souvenais de quelque chose, je lui ai
rópondu non, puis je me suis rendormi un peu, et dans l'assoupk-
sement le souvenir de mes actes dela nuit m'est revenu; queiques
minules après j’ai pu dire è l’infirmier que je me rappelais en
eíTet quelque chose, et le reste m’est revenu dans la journée. »
Ce retour des images d'un délire dans un moment d’assoupis-
sement est trop profondément logique, supposons-nous, pour qu’un
malade d’esprit débile puisse l inventer. De mème pour le détaii
suivant : « La nuit dernière, nous dit le malade, fai recu en rèce
tous les détails du grand délire qui avait suivi mes sept at-
taques ». Bien que toutes les catégories de délires puissent s'ébau-
cher et puissent revivre dans les réves, de telle reviviscences
nous semblent plus naturelles dans le cas des déliresoniriques, et
nous semblent montrer une fois de plus la parenté des onirismes
de tout aspect.
L’étatdu malade rappelle certes rhypnagogisme,c’est-à-dire,aux
termes de Baillarger, l état intermédiaire entre la veille et le soin
meil, ou entre le sommeii et le réveil. 11 présente toutefois plu-
sieurs éléments supplémentaires : la complexité , la durée , la per
sistance après le réveil , et Uaccomplissement d'actes suiois . Ces
deux derniers traits spécialement manquent dans l'exposé de
Baillarger (si Ton en défalque les cas de délire alcoolique aigu)
qu’on nesaurait y laisser entièrementaujourd’hui, lecasdeHeim,
rapporté par Marc, où il s’agit vraisemblablement d’épilepsie
banale, et le cas de Hoffbauer). Parmi les cas vraiment typiques
de Baillarger, nous trouvons une épileptique avérée, et une pro-
portion de migraineux si considérable, que plusieurs sans doute
parmi eux étaient des comitiaux larvés. A propos des attaques
nocturnes précédées de réves, Baillarger ómet l’hypothèse de
quelque connexité causale et recommande spécialement aux re
cherches l’étude du rève chez le comitial.
Nous avons présenté à la Société Clinique, au mois de février,
unmalade, épileptique larvé, qui une nuit s’est réveillé en enten-
dant la voix de sa mère, morte quelques semaines auparavant,
s'est levó, et durant deux ou trois minutes, l’a cherchée avec con-
viction dans son logement ; le souvenir de ce délire lui est resté;
nous avons souligné le rapport de ce délire avec le terrain comi-
tial ; ce cas et notre cas d’aujourd’hui, noussemblenl étre biende
mème nature.
Une autre particulorité de ces deux cas, qui manque dans le
simple hypnagogisme, est que le délire a pris naissance vraisem-
blablement dans le cours du sommeil et non à la fin du sommeil.
autrement dit dans le sommeil profond et non dans un assoupìs-
sement.
Ce court délire porle un cachet d’absurdité comme les élats con-
fusionnels et comme les rèves: comme eux il commence par ètre
oublié et peut revenir ultérieurement à la mémoire sous forine
plus ou moins complète.
ÍSi nous rassemblons tous ces traits : origine dans le cours du
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sommeil. nctes, durée, complexité, la ressemblance de ce délire et
des somnambulismes nous parait grande, et nous serions tentés de
i’appeler èicit xccond acec souccnir ; il ne répond exactement à
aucune description classique ; c’est en somme un délire oniro'ide
mrtésique % issu du sommeil .
Ce délire semble avoir été précédé de réve, au moins dons deux
cas. Si nous émettions Thypothèse que ce rève a pu étre remplacé
dans certains cas par une attaque, ou accompagné d une attaque,
elle paraìtrait invraisemblable ; on verra cependant que des délires
d’un contenu analogue et suivis également de souvenirs survien-
nent souvent chez notre malade à la suite d’altaques convulsives.
IV. — Attaqnes convulsives. — Première attaque survenue vers
12ans, comme renfsnt jouait dans un jardin, au dire de la mère
et de la tante, 4 attaques par mois audébut. Chaque attaque aurait
colncidé avec une phose nouvelle de la lune. Depuis 18 mois les
attaques, tout en ayant lieu aux mémes dates, vont parséries;
depuis 6 mois on en peut compter 6 à 7 en l'espace de 24 ou 48
heures. Lorsque le malade ade la diarrhée, sescrises, nous affir-
me t-on, n’ont pas lieu.
L'approche des attaques est souvent signalée par une modifica-
tion du caractère et de l’intelligence, le sujet parait plus éveillé,
plus spirituel (sic) il y a une sorte d'hypomanie. Souvent anssi les
vertiges se multiplient; le sujet peut se montrer frileux, avoir des
sortes de frissons, mais, chose importante, jamais de fìècre. Des
indigestions surviennent, l’haleine saburrale a été constamment
remarquée. Constamment aussi le sujet se plaint de douleurs qu’il
localisedans le nombril etdontson plus jeunefrère s’est plusd'une
fois moqué (voulait y mettre de la mie de pain, s’en mettait à lui-
mème, etc.). Des comissements précèdent de peu le dóbut del'atta-
que; le malade, pále, peut encore parler et exprime ses sensa-
tions. Souvent tout se borne à l’envie de vomir (prodromes viscé-
raux de Herpin). Parfois il y a transpiration, surtoutdes mains.
II n’y a pas d’aura immédiate. La chute est brusque et se fait
sans cri. Les secousses, peu violentes, afTeclent lesbras et le torse
plus que les jambes. Stertor, ronflement, gonflement violacé de la
face. Miction inconstante. Morsure de la langue très rare, Aucun
souvenir. Si le malade peut se rendre compte qu’il a eu une atta-
que, c’est par une opération du jugement portant sur les circons-
tances extrinsèques. Mydriase poucant se prolonyer des jours s'il
y a délire (fait 2 fois observé par nous).
Après l’attaque, constamment le malade se plaint d’une douleur
localisée au nombril, il frotte cette région. la découvre; il ressent
des palpitations et craint d’avoir contracté une maladie de coeur
(troubles viscéraux ; hypochondrie). II fait montre parfois d’un
degré d’aífectuosité inhabituel; il a des accès de rire subits et des
baiilements; il s’étire. Sa sueur exhalerait alors une odeur forte
ipas de renseignement sur la densité des urines) II se montre par
fois nettement délirant dans les idées et dans les actes.
Certains délires, très courts ont été amnésiques. Ainsi une fois
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étanl au collège, il s’est agitó après l’attaque, a injurié un proíes
seur, et s’est calmé en une heure de temps. Amnésie.
D’un délire nocturne qu’il a présenté fin 1908 chez des paysans,
en province, il n’a gardéqu’un souvenir très incomplet. Òn lui a
appris ce qu’il avait dit et fait; il se rappelait seulement la visite
du médecin, qui ayant exploré son abdomen, a 4éclaré: « il n’y a
là aucun mal ».
V. — Dèlires post-conoulsifs. — Depuis quelques mois, les atta
ques sont suivies, environ une fois sur quatre, d’états délirants
prolongés et atypiques. Le délire se produit surtout si plusieurs
attaques ont eu lieu le méme jour, et si après une atiaque ie
malade rìa pas dormi .
Quelquefois le malade est assez confus pour sembler ne pas recon-
naítre les gens, du moins pendant une heure ou deux ; il se livreà
des excentricités diverses, tout en menant sous divers rapports. une
vie normale : par exemple: il mangeetdort bien, dortmémebeau-
coup, et au réveil il est guéri. D’autres fois, le délire dure deux
ou trois jours, et le sommeil de la première nuit ne l'atténue pas.
D’autres fois eníìn, le malade reste complètement insomne jusqu à
guérison. — Durant ses dólires il aurait l’air abasourdi (sic) parle
peu, repousse lesgensd’une fagon maussade et accused abondantes
illusions visuelles : des cadres remuent, des tétes se cachent dans
les rideaux, des taches d’humidité au mur deviennent la forme
d’un vieillard à barbe blanche, qui le montre du doigt. Assez
souvent il reconnait l'illusion pour telle au moment mème oìi elle
surgit. Certains thèmes reviennent d’un délireà l’autre, parexem
ple l’idée d une certaine voisine qui l’épie, et la vision totalement
hallucinatoire de cette femme en train de le regarder, des préoc-
cupations sexuelles, des tendances mystiques, etc. Parlant de ses
organes génitaux, une fois ilconfie à sa tante qu il s’est masturbé,
le regrette, relòve sa chemise pour montrer ses organes et projetle
de se les faire couper; une autre fois il va se coníesser de son
onanisme, etc. II nous semble qu’ici le retour de l’idée n’est pasdù
seulement à la tendance auto accusatrice mais aussi à des préoc-
cupations primitivement sexuelles, que l’exhibitionnisme décèle à
l’état pur. Le sujet débite ses souvenirs, ses illusions et ses pen-
sées dans un pèle-méle et avec une absence de souci qui n'ont pas
échappé à ses proches. « Pour moi, nous dit sa tante, il doitrtre
alors comme forcè de dire tout cj rjrìil pense. » On l’entend en eíTet
répéter des cantiques qu’il sait par coeur, ou bien il les lit à Imule
voix, visiblement sans les comprendre. Une fois, sous l’influence
de son algie péri-ombilicale, il est allé trouver un jeune homme
avec qui deux jours auparavant il s’était promené, en raccusant
de lui avoir donné dans le ventre des coups de pied donl il se res-
sentait.
A propos de la vie génitale, mentionnons cette opinion de la
famille, que peut-ctrc des ra/)proc/iements sexuels metiraiert t fin ù
l'èpilepsie; dans cette conviction, sa mère et sa tante. deu x per
sonnes pieuses, étaient prètes à favoriser son vague pencbaflt
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pour une certaine jeune fille, pardonnant d’avance à celle ci
les complaisances thérapeutiques qu’elle aurait pour le cher ma-
lade, et sans songer aux conséquences qui en résulteraient pour
elle-mème : nouvelle preuve des dangers que les erreurs biologi-
ques peuvent présenter, si innocentes qu’elles semblent étre de
prime-abord.
Voici le récit de crise qui l’a fait interner, et qui a duré quatre
jours (joudi 27 mai-dimanche 30). Le mercredi 26 il se couche
bien porlant, mais il a plusieurs attaques dans la nuit, et le jeudi
au réveil il paraít si troublé que le domestique lui ordonne de
rester couché. Sentantdes douleurs dans la téte et des baltemenís
dc coeur, il réclame à grands cris un médecin, pleure et s’agenouille
devant son oncle en le suppliant de ne pas le laisser mourir ainsi.
Resté seul et au lit, il veut se lever, mais se sent si étourdi, ou si
dépourvu de force, qu'ii tombe mollement sur un lit contigu au
sien ; après quelques efíorts il rentre dans son lit et se recouche;
il n’ose toutd’abord se reiever, puis saute hors du lit et s’habille ;
il refuse toute nourriture et se sent assoifíé, comme fébrile ; on le
recouche; vers lesoir il se réveille et se rendort. Dans la nuit il
s’éveilie deux fo:s, et se dresse tout deboul sur son lit; il a une
vision très nette de l’ambiance (sa tante qui veille, une iampe
cachée par un rideau, etc., etc.).
Le vendredi matin sentant au nombril la douleur habituelle, il
demande à prendre un lavement ; d’ailleurs tout un còté du centre
est douloureux , il se sent forcé de le gralter. II lui semble que
quelque chose appuie sur son oeil droit, et comme à ce moment il
voit. ou croit voir, qu’une voisine le regarde obliquement, il
pense : « Cette femine m’envoie de l’électricité dans l’oeil, tant
mie ix, cela va peut-étre me guérir ». II croit voir derrière les
carreaux des appareils photographiques braqués sur lui, et des
personnages qui lui envoient des lumières; il apergoit dans le
mur une comète et dans le plafond un vieilfard à barbe blanche
qui lui fait signe ; il reconnait d emblée le caractère purement
illusoire sinon de toutes.du moins de quelques-unes deces visions.
II était alors plutót pàle, et sentait néanmoins une chaleur à la
téte; lesdiverses allées et venues de son entourage, causóes par
lui, lui étaient à charge ; constamment il montait ou redescendait
les escaliers. Apercevant un imprimé, il en parcourt ies premières
lignes, et, parce que celles-ci lui déplaisent, il le déchire, et il en
allurne les morceaux sur l’escalier.
Du vendredi au samedi il dort bien, à part un réveil. Le samedi
il mange peu ou pas. Le soir, se promenant dans le jardin, il
ramasse des cailloux ; il entend alors une voix qui lui dit: « Reste
courbé jusqu’au lever de la lune, tu seras guéri ». Apercevant un
escargot, il le ramasse et se l’applique sur le nombril, toujours
dans l espoir de guérir. Peut-étre la douleur au nombril, peut-étre
le ramassement machinal des cailloux l’avaient fait d'abord se
courber ; et c’est cette pose qui a suggéré à rinconscient Thalluci-
nation auditive.
Le dimanche matin il se rend à l’écurie pour étriller le cheval.
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et il voit ce cheval le regarder d’un ceil tout dróle, « à la íacon de
ces chevaux de carton des cirques, dont Tintérieur contient deux
hommes »; le cheval lui parait se moquer de lui. II lui semble
qu'un des flancs du cheval est tout gonflé, l’animal doit avoir des
coliques. — Comme il sortait de Técurie, il seni et voit se moucoir ,
cl'une Jaqon toute indépendante , son propre bras droit, qui va
frapper son ópaule gauche. — Se promenant dans le jardin, ii
pense que c’est le jour anniversaire de sa première communion,
croit comprendie pourquoi quelque ehose le tracasse, et décide
d’aller à la messe. Puis il hésite, une voix inCessante le harcelle,
lui rappelant surtout un péché, à savoir la maslurbation; il
s’efforce de tracer une confession écrite, puis il y renonce, cède à
la voix qui lui ordonne d’aller à confesse, passe un paletot, court
et escalade la grille qui entoure l'Eglise; dans l’Eglise il sage-
nouille et pleure, après la messe il se confesse; il sort de l’Eglise
à reculons, accomplit à reculons une partie du parcours, et arrivé
chez lui il monte à reculons l escalier. Une voix qui partait deson
nombril lui disait : « II faut que tu reviennes à reculons sur tout
ce que tu as fait », il monte et redescend l’escalier plusieurs fois,
toujours à reculons ; l une des fois il avait pour but de reprendre,
et de repercer pdur la porter, une médaille de piété depuis long-
temps négligée. Comme au bas de l’escalier se trouve unestatuette
de la Vierge, l’image de cette statuette le poursuit, sa douleur du
nombril le reprend, et à sa grande surprise son bras sen va
frotter ses beins, puis son nombril, en mème temps qu il pense : «Si
j’avais la Vierge dans le dos, ou dans le nombril ? » Lui-méme
s’élonne de ces mouvements et de ces pensées, qu’il juge absurdes et
sacriléges. A table il déjeune normalement; mais soudain, voyant
un couteau à la portée de la main de son oncle, il s’en effraye,
saisit le ccuteau et le dissimule derrière ^on dos; on le lui reprend
et on lui ordonne d’^ller se coucher, ce qu’il fait sans aucune
objection.
La journée du lundi se passe tranquille. Le mardi l er juin, le
malade nous fait oralement le récit des faits ci-dessus, et nous le
résume méme par écrit, en quelques lignes. Par l’interrogatoire
de sa mère et de sa tante, nous avons pu nous convaincre que tous
ses dires étaient exacts et que de ses trois journées de délire il y
avait assez peu de détails que sa mémoire eùt égarés ou déformós.
Le dimanche 20 juin, à Ste-Anne, nous trouvons le v malade
alité et agité. II a des éclats de rire niais, des réponses absurdes;
des illusions et des haliucinations ; néanmoins il converse de son
mieux avec sa mère et avec nous, témoignant de son plaisirà nous
voir et s’efforgant de nous renseigner. Lorsque nous arrivons il
vient de dire à sa mère qu’elle a íes cheveux tombants et íume
une cigarette. II nous dit: « Je vais cous raconter ce que j’entends » t
et après avoir écouté, il nous transmet rhallucination auditive :
« Ils me disent qu’on va tuer tout le monde ; quelqu’un vient de
me dire : regarde dans les carreaux, tu verras si ce n’est pas le
soleil qui te fait cela ». II nous en cile d’autres encore, sans les
commenter ; leur contenu ie laisse indijférent , (comme il arrive
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si fréquemment dans les états confusionnels, pour celles des
perceptions erronées que le malade énonce de lui mème); il n'y
ajoute aucun commentaire, souvent ii en rit, et promptement i.l
les oublie. — « Ma maman, nous dit-il, a dù entendre ma voix,
car elle me fìxait dans les yeux ». Tantót il rit niaisement et tantót
il pleurniche, disant ressentir des étirements qui lui partent de la
pointe des pieds, des douleurs constantes dans le nombril, etc.,
il garde son ventre découvert, et il énonce avec détail ses sen-
sations. — Entre temps il parie raisonnablement de ses ancien-
nes attaques, recherche dans son portefeuille une pageécrite pour
nous et la commente. II comprend les questions plus lentement
que d habitude ; quelquefois, les comprenant mal, il rit niaisement.
Ses mains sont un peu moites, mais sa tète n’est pas chaude, nous
n’avons pas observé de frissons. Bien que son pouls batte b 64, 88,
il n’a pas de fiòvre; pulsation cordiaque plus fortc ct plus plcine
quc d'habitude. Mqdriase extrème.
Un infirmier nous apprend qu’il a eu l’avant-veille et la veille,
trois attaques, sensiblement aux mèmes heures : une le matin
vers 9 heures, les deux autres dans l’après-midi, vers 2 h. 1/2 et
vers 4 heures. — Chute brusque, mouvements violents desquatre
membres ; écume, miction, sommeil d une demi heure puis
prompt retour à l’état lucide. Après la dernière attaqueon n’a pas
observé de confusion, le malade a été iucide de suite; une heure
plus lard son délire s’est déclaré. — La mère nous assure que
jeudi dernier le malade ótait pèle et lui a paru ètre en imminence
dattaques ; elle nous fait remarquer en outre que ce jeudi 18était
un jour de nouvelle lune.
Au sujet de ces accès de rire, la mère nous assure n’en avoir
jamais observé que dans les périodes post-convulsives. Le malade
n a jamais éprouvé, à l’átat sain, d’accès de rire isolés, subits. Pas
de rires non plus durant ie sommeil.
L’infirmier nous fait part de ce que le maìade', une après midi,
après s’ètre assoupi très légèrement et très peu de temps, lui a
raconté des réves très riches qu'il venait de faire. — II nous ap-
prend ensuite que quand le malade, une heure après sa dernière
attaque, a commencé à délirer, ce fut sous forme d’hallucinations
visueiles : il déclarait voir le gaz allumé, des flammes, la Vierge,
etc.
Le lendemain (lundi 21 juin) vers 3 heures, le malade en nous
apercevant se précipite sur nous les bras ouverts et en pleurant
« Docteur, nous dit-il, sauvez-moi, qu’est ce qui se passe, je ne
eomprends plus rien, cela doit étre la íin du monde. » (étrangeté
deschoses, subanxiété). II se laisse calmer facilement, puis nous
expose sur un ton quelque peu pleurard ses hallucinations et ses
algies. « J’entend des voix comme des phonographes; eiles disent
les mèmes choses que la dernière fois, on me tutoie. Un monsieur
criait qu'on le tunit, des voix disaient qu’on tuerait tout le monde,
j’ai entendu causer entre eux des gens rasés. J ui apergu mon père,
puis un soldat francais, puis un petit enfant orphelin qui pleurait,
il est parti sur un bateau et s’est endormi, etc. ». Entre temps il
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raconte avec attendrissement, les menus incidents du dortoir.
Mydriase extréme.
VI. — Orrgine de cev délires. ~ Relativement à la nature de
ces délires, deux hypothèses se présentent à nous : ou bien il
s’agit d’une bouffée délirante, provoquée, en terrain dégénératif,
par un ébranlement général, celui de l’ictus épileptique, mais que
de nombreuses causes d’un autre ordre auraient pu aussi bien
provoquer; ou bien il s’agit d’un délire exclusivement épilep-
tique.
Dans le premier cas, nous aurions affaire à i'association de deux
afifections bien dififérentes, suivant le mode bien mis en lumière,
vers 1880, parM. Magnan, qui a montré, chez un méme malade,
deux et trois délires róunis et emmèlés, mais encore très diflféren-
ciables. Nous avons tous rencontré depuisdescas semblables, et il
nous semble difficile, tellement nous nous somraes habitués àcette
notion, qu’on l’ait jamais pu discuter; seulement nous pouvons
nous demander si le cas présent est bienun deceux où elles appli*
que. — Nul doute que le malade ne soit un dégénéré ; c’est un
débile, porteur de stigmates physiques; il présente ane légère
tendance à Vobsession , sous cette forme : « Si j’étais telle chose,
si je me trouvais étre à la place de tel malade » etc. (interrogations
obsédantes); il est un peu enclin aux sentiments mystiques et aux
scrupules; une fois déjà, è l’état calme, il avait commencé à rédi-
ger par écrit cette méme confession, qu’il devait réécrire dans le
délire; mais si l on tient compte de son éducation antérieure, de
son áge, du moment où il a agi (approches de Páques), il est diífi-
cile de voir là l’óbauche d’une bouflfée délirante. — D’autre part, le
malade a déjà rencontró plusieurs occasions de délirer, sans
manifester le moindre délire; ainsi une période fébrile de 8 jours,
causée par un abcès du conduit auditif externe (fièvre violente,
douleurs, insomnie), et des mouvements fébriles dus à de légères
insolations.
Un instant nous avions pensé trouver dans le paludisme l’expli-
cation des délires ; le malade en eflfet a vécu une année à la
Guyane, et il nous semblait naturel qu’un état de mal favorisát
des réveils d’hématozoaires, qui à leur tour eussent créé le délire.
Mais nous nous sommes bien assurésque notre maladen’a jamais
été paludique. II n’a jamais eu, au dire de sa mère, niles frissons,
ni la prostration bien connus, ni les états extrèmes de chaud etde
froid qu’elle connait bien, les ayant observés chez son second
mari et chez son autre fils. René D. n’a jamais eu, à la Guyane,
aucun accès paludique, il n’en a pas eu davantage en France;
sa mère n’a noté, lors des attaques, aucun symptómes de
paludisme; et nous n’en avons pas noté davantage. I! est à
remarquer que les délires post convulsifs n’existent que depuis
le retour en France, alors que cependant à la Guyane, les attaques
ont été nombreuses. D’ailleurs, avant le dépsrt à la Guyane, les
épisodes oniroides existaient déjà, et leur parenté avec les délires
post convulsifs est évidente. Enfìn le délire, ci-dessus décrit na
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pas Ie type des délires fébriles les plus connus. Certaines répon-
ses du malade auraient pu nous induire en erreur, car, d’une part,
portó à s'exagàrer ses troubles physiques, d’autre part assez dé-
sireux de nous renseigner pour se suggestionner lui méme, il
s'était mis à classifler ses sensations en « accès-chauds» et « accès
froids » s’appliquant ainsi les symptómes qu’il avait enlendu
nommer autour de lui. II connaissait d’ailleurs, mal lepaludisme ;
il disait que sa mère et sa soeur en avaient étéaflectées, son beau-
père et son frère exempts, alors que l’inverse était vrai. — Nous
nous sommes d’ailleurs constamment méfiés en interrogeant notre
malade, d’une disposition mythomaniaque possible; mais jus-
qu’ici rien n’a confirmé notre méfiance.
L’hystérie peut-elle expliquer ce délire? nous n’y trouvons ni
les états passionnels, ni les thèmes idéiques suivis, ni les alterna-
tives d’égarement et de dramatisme, ni l’occasion émotionnelle
qui habituellement, caractérisent l’hystérie ; enfin, méme avec
l’hystérie un certain degré d’amnésie estde règle, et la conscience
intermittente de l’état morbide s’exprime sur un tout autre
mode.
S’agit-il d’épilepsie pure? aulrement dit ce subdélire prolongé,
mnésique, en partie conscient, résulte-t-il de l attaque au méme
titre que les accès délirants classiques? Nous ne sommes pas en
droit de l’afflrmer absolument; mais l’influence du terrain comi-
tial sur la forme et le fonds du délire est évidente. Ce délire nous
donne le tableau complet d’un de ces états seconds, nullement
rares, où l’on ne trouve ni tendance violente ni confusion profonde,
mais simples oscillations cle i’/tumeur, obnubilation etactes burles-
ques. — Ici les actes sont absurdes, ils résultent d’idées rares et
pauvres, instantanées et passagères, presque explosives; l'origine
sensorielle ou moirice de beaucoup d’entre elles est évidente (mar-
cher à reculons pour expier, se tenir baissé pour guérir, etc.), les
hallucinations d’un sens apparaissent brusquement aussi, sans
lien entre elles, et assez souvent sans rapport avec les hallucina-
tions d’un autre sens qui peuvent surgir au méme moment ou peu
après (grimaces dans les carreaux avec voix parlant de guérison
ou d’extermination), ce ne sont que courtes séries d’automatismes
partiels, formant un total morcelé. La seule ébauche de systéma-
tisation que nous y trouvions est dans l’épisode de la confession,
c’est-à-dire un mélange d’idées d’indignitéet religiosisme, suscep-
tible de diriger la conduite pendant une ou deux heures; desétats
démenliels avancés et des états épileptiques nous offrent fréquem-
ment de telles ébauches, et de plus complexes ; au cours méme
de cet épisode surgissent d’ailleurs des gesticulations automati-
ques et dénuées de sens. Une teinte confusionnelle s’étend sur tout
Ie délire, les sentiments sont hésilants, minimes, fugaces; les-
idées sont obnubilées. Si nous y ajoutons les .tendances mystiques,
1 exhibition, la notion des délires analogues* qui ont surgi dans
l’état de sommeil, et le retour de formules dans plusieurs accès
espacés, lout cela forme un ensemble connu, dont aucune bouffée
délirante ne nous a montré le tableau jusqu’ici, etque nous quali-
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fìerions sans hésitation de comitial, §i nous ne savions qu’il finira
sans amnésie. — Si ce délire n'est pas comitial exclusivemenl, du
moinsest ce un délire hybride qui emprunle au terrain comitial
ses caractéristiques principales.
rrois objections peuvent étre dressées contre Torigine comitiale
de tout l’ensemble, à savoir, absence d’amnésie, absence de con-
fusion profonde, et apparition du délire une heure seulement
après lattaque. L’absence de confusion profonde n’est nullement
raredans les états ópileptiques. Un intervalle presque lucide entre
1 atlaque et les premiers signes délirants pourrait sembler une
objection plus forte; mais le sujet, au cours du délire, présente
des intervalles lucides beaucoup plus longs; on compte, parmi les
troubles comitiaux des états seconds, où Je sujet se montre très
ordonné, du moins dans le détail de ses actes; enfin, cctle absence
méme de confusjon post-convulsive peut ètre elle-méme interpré-
tée comme résultant de ce que ìa décharqe comitiale n'est pas
fime; nous reviendrons. bienlót sur ce point. — L*absence d’am-
nésie seule est une forte objection. Mais à ce sujet nous rappelle-
rons que tout le dócours d’accès comitiaux indubitables n’estpas
constamment englobé par l’amnésie, et lesportions de laccès non
frappées d’amnésie sont généralement acceptées comme comitiales,
dans certains cas. Lorsqu’un malade, avant l’attaque, fait un
accès d hypomanie (le cas est fréquent, et notre sujet en a lui-
mème, dans quelque mesure, donné Texemple) établit-on une
dislinction entre des troubles rnentaux prodromiques et la pertur
bation motrice, afin de rattacher les premiers à la simple dégéné-
rescence ? Lorsqu’un malade, avant Tattaque, fait en guise d aura,
un délire de deux minutes. dont il conserve, après Tattaque, un
souvenir net (Herpin et P'éré rapportent de tels cas) allons-nous
dissocier l’aura d’avec l'attaque qui lui succède? C’est impossible,
surtout quand ces délires reviennent sous une forme stéréotypée.
et comprennent des sortes dobsessions et d'impulsions comme Ia
seule dégénérescence n'en produit pas.
Si l’exposé du cas, tel que nous venons de le faire, est bien
exact, si lobservation ultérieure vient le confirmer, surtoutsi des
cas analogues sont publiés, nous serons forcés d’en rattacher
tous les symptómes, bien que mnésiques, à l’épilepsie pure et
simple.
Un appoint notable à notre hypothèse serait apporté par le
laboratoire, si l’étude des urines et du sérum venait à montrer que
durant l’accès délirant, les condiiìons paroxtjstiques sont prolon -
gèes , alors que dans le cas d’attaques en série, mais sans délire
consécutif, le retour à la normale serait rapide.
Nous n’avons pas pu effectuer ces analyses, mais rhr/periensinn
et la mt/driase nous paraissent parler dans le méme sens, d'une
décharge non terminée .
Nous avons vu dans notre service, il y a quelques semsines, un
cas très analogue au cas actuel, et que nous pouvons résumer
ainsi :
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Jeune homme de 17 ans, avec facies de grand dóbile, arrétó à la
suite d’excentricités sur la voie publique (avait grimpé sur un
corbillard, etc.); présentation hostile et niaise, refus et entétements
absurdes, réponses grotesques, rires niais, craintivité, obtusion
affective, confusion intellectuelle très marquée. Sur sa seule
présentation, nous diagnostiquons, sous quelques róserves, l’épi-
lepsie. Le lendemain, communication dudossier : déjà interné à
Bicètre, nombreuses attaques, etc. Prompt retour à la lucidité. A
fiotre grand éíonnement, le sujet se rappelle : 1° les circonstances
de son arrestation, 2* celles de notre premier examen. Mème
situation après trois jours. Internement par suite de considó-
rations extrinsèques. Nous nous proposons de revoir ce malade,
qui certainement se rappelle encore et son délire et nos dia-
logues.
Ce que nousavonsditdesdélires post-convulsifs denotre malade
René D..., peut s appliquer à ses états oniroides, nós dans le
sommeil et suivis de souvenir. Ils sont dùs, au moins pour une
part, à la diathèse épileptique. Tous les individus névropathes
peuvent ètre sujels, en des circonstances données, à des hallucina-
tions hypnagogiques, mais la survenue en plein sommeil et le
passage aux actes sont des circonstances aggravantes qui ne
semblent ètre róalisées que par des sujels ou hystériques ou
comitiaux. De tels épisodes, courts et mnésiques, formeraient
des cas de transition entre les hallucinations hypnagogiques et
les états seconds proprement dits. Le malade étudió par nous
en février a présenté un cas semblable : dans une póriode de
chagrin (peu après la mort de sa mère) il est réveillé au milieu
de la nuit par la voix de sa mère qui l’appelle, se lève, répond et
cherche sa mère dans un logis environ deux ou trois minutes,
puis se recouche et se rappeìle la scène parfaitement bien. (Pas
d alcoolisme chez lui à cette époque).
II est remarquable que chez notre malade somnambulisme et
délire post-convulsif soient l’un etTautre suivis de souvenir. Ce
trait parle en faveur de leur identité, et comme l’origine hypnique
du premier est présomption d’épilepsie, ii y a présomption égale-
ment pour que le second soit comitial. Nous avons vu que les thè-
mes des délires post-convulsifs de notre malade sont sujets à repa-
raitre dans ses rèves ; d'autre part, des réves peuvent précéder
ses épisodes oniroídes. Ces liens du délire *avec le sommeil sont
présomption d’épilepsie, plus que de toute autre forme dólirante,
du moins dans les conditions de notre cas.
IV. Syndrome paralytique. Disparition des troubles men-
taux. Persistance d’une sclérose en plaques fruste, par
M. Emmanuel Benoist. Service de M. A. Marie. (Présentation de
malade).
II s’agit d'un homme de 46 ans, ayant exercé la proíession de
marchand de vin, puis de caviste dans une coopérative.
Le 26 juillet 1906, dans la rue, il fut pris d’une faiblesse dans les
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membres inférieurs, faiDlesse telle qu’il tomba. II pul héler un
cocher et se faire reconduire à son domicile. Le soir méme, son
fils le conduisait à Lariboisière où il fut admis d’urgence.
Pour les événements qui suivirent pendant une période de trois
mois, le malade est incapable d en rien dire. II y a là dans sa mé-
moire une lacune. II donne à peu près les dates deson admissionà
Lariboisière, puis à Ste-Anne, mais parce que ces dates lui ontété
rapportées. II croit étre resté à Ste-Anne 3 semaines, ce qui est
exact, mais il nepeut donner aucun détail. Seul lui resle le sou
venir qu’il avaitdes cauchemars fort pénibles : « Une nait, deux
hommes lui tiraient des coups cle/usil de cleux/enètres du dortoir
se/aisant face. » II révait qiCon coulait le noijer , puis se retrou-
vait au bal t bucant , riant et chantant avec les camarades . « Je ne
distinguais plus y dit il t ie rèce de la réalité. »
A Lariboisière il se montre tellement agité que M. le docteur
Gaudy fait un certificat pour son placement.
II entre à Sle-Anne, le 17 aoùt 1906 et à partir de ce momént tous
les certiflcats relatant son état, porlentla trace d’undouteenfaveur
de la paralysie générale.
Voici en effet la teneur de ces certificats : « Affaiblissement des
/acultés mentples avec idées con/uses de persècution. Turbuience.
Faiblesse musculaire. Escharres , Dèmarche ataxique . Conscience
très incomplètede sa situation ».
En septembre 1906 M. le docteur Marie note un ptosis de Vadl
gauche , de Vinégalitè pupillaire % une marche ditficile , de Vembarras
de la parole. Le malade eut le souvenir d’un chancre soigné au
régiment. Toutefois la ponction lombaire faite par deux fois ne
róvéla pas de lymphocytose et la réaction de Wassermann deux
fois répétée fut négative.
ActuellemenU les troubles psychiques ont complètement disparu.
Le malade a l’exacte conscience de sa situation. Son état d'espril
est celui des malades incurables, un peu résigné.
Interrogé sur ses antécédents il avoue qu'en sa qualité de mar-
chand de vin, il était forcé de boire un peu, surtout du vin blanc
et du madère. En 1901, il aurait eu des douleurs violentes géné-
ralisées à toutes les articulations (il avait dù s’aliter et transpirait
beaucoup). II parait s’agir d’un accès de rhumatisme articulaire
aigu.
L’examen physique ést devenu fort intéressant. Le malade prè
sente une paraplégie des membres inférieurs. La station debout
est absolumenl impossible.
Le membre inférieur gauche est seulement parésié. Les mouve
ments volontaires en sont possibles, mais la force musculaire est
diminuée, surtout pour le groupe antérieur des muscles de la
jambe. L atlitude du pied est l’extension, les orteils sontlégère-
ment fléchis.
Le membre inférieur droitest totalement impòtent, contracturé
en extension, les orteils fléchis au maximum. Les mouvements
volontaires de flexion de la cuisse sur le bassin, de flexion de la
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jambe sur la cuisse, de flexion dorsale du pied, d'extension des
orteiis sont absolument nuls. Les mouvements passifs du pied et
des orteils sont à peu près impossibles. Au contraire pour les mou-
vements de flexion de la jambe sur la cuisse et de la cuisse sur le
bassin la contracture peutètre vaincue avecune facilité relative.
II semble qu’il y ait une légère atrophie des muscles de la région
antérieure de la jambe.
Aux membres supérieurs la force musculaire parait normale.
La sensibilité au tact est absolument normale. Aux membres
inférieurs apparait une légère hypoeslhésie à la douleur. La sen-
sibilité thermiqueesttrèsnettement troublée surtoutdansla région
interne de la jambe gauche. Le sens des attitudes est aboli à gau-
che pour les orteils.
Les reflexes tendineuxsont un peu vifs aux membressupérieurs.
Les reflexes patellaires et achilléens sont très violents surtout à
droite. Des deux cótés on obtient très facilement la trépidation
épileptoide sous forme de clonus du pied et de danse de la rotule.
Les réflexes cutanés crémastériens, abdominaux et plantaires
n existent pas.
Aux membres supérieurs on observe du tremblementdes mains,
maia ce tremblement n'a pas du tout le caractère intenlionnel. II
n‘y a pas non plus d’ataxie appréciable.
On trouve du tremblement de la langue mais aucun embarras
de la parole méme dans les mots d’épreuve. La parole n’est pas
explosive, mais pourtant on peut dire que le malade attaque un
peu trop franchement les phrases.
Les pupilles sont sensiblement égales et régulières ; elles réa-
gissent, un peu lentement peut-ètre, aussi bien à la lumière qu’à
raccommodation. Le malade accuse une bonne vue ; il n’y a pas
de lésions du fond d’oeil. On ne trouve pas de nyslagmus, mais
quelques secousses nystagmiformes dans la fixation latérale du
regard.
Voici assez nettement dessiné le svndrome décrit par Erb du
tabes spasmodique. Et mème nous pourrions dire qu*il s agít là
d’un des plus beaux casobservés car il est peu de faitsdécrits sous
cette dénominalion qui ne comporte un des symptòmes suivants :
troubles sensitifs, difficultés de la miction, atrophie musculaire,
accidents bulbaires, embarras de la parole, etc...
Or notre malade ne présente nettement^urajoutés au tableau du
tabes spasmodique de Erb, que quelques secousses nystagmifor-
mes et quelques troubles de la sensibilité thermique et du sens
des attitudes qui ont fort bien pun’étre pas recherchés systémati-
quement dans nombre des cas rapportés.
Et il nous parait intéressant de le rapprocher de l observation
de Jubineau, cilé par M. le professeur Raymond dans son
article tabes spasmodique du dictionnaire encyclopédique. En
efifet, comme chez notre malade, l afTection avait débuté par des
troubles déliranls analogues à ceux que fon observe dans la para-
lysie générale.
Dansle cas de Jubineau, l’autopsie fut faite. On trouva unealté-
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ralion cantonnée auxcordons latéraux dans le segment lombaire
de la moelle. L’encéphale fut trouvé intact sauf que les mènin/jes
étaient injectéeSi et , clans ìa panie antèrieure des lobes cérébrauv
depuis la parUtale ascendante , blanchàtres , épaissies , présentant
des plaques très épaisses.
M. le professeur Raymond fait remarquer le rapport fla-
grant de ces lésions avec les troubles délirants qui avaient ouvert
la scène et estime qu’il y a lieu de se demander s’il ne s agissait
point là d une paralysie générale fruste.
D’autant que Wesphall et depuis nombre d auteurs ontsignaié
la dégénérescence des cordons latéraux dans la paralysie géná-
rale. II est vrai que les symptòmes du tabes spasmodique n’onl
pas été remarqués dans ce cas.
Malgró la ressemblance clinique immédiate de nolre cas avec
celui de Jubineau, nous ne croyons pas que les deux soient réelle-
ment sqperposables.
Toutd'abord il nous paraitdiíBciled’admettre qu’il s’agisse chez
notre malade d’une paralysie générale, si fruste soit-elle. En eflet
mème au point de vue somatique, les symptómes qu’il présente ne
sont pas des symptòmes paralytiques. II a ses réflexes oculaires,
il n’a pas d’embarras de la parole et la ponction lombaire n’a
révélé ni lymphocytose, ni réaction de Wassermann. Au pointde
vue mental, la rémission aurait étéabsolumentcomplète. Etd’ail-.
leurs les troubles intellectuels qu’il a présentés sont loin d étre
typiques : Turbulence. Eiat de confusion. Sorte de délire onirique
avec hallucinations et illusions de la vue. Cauchernars . On cotdait
le noyer, elc... « 11 ne distinguait plus Le rèvede la réalité . » Le
malade était marchandde vin et nouscroyons qu’on peut penser
à l’alcoolisme chronique.
Nous ne pensons pas non plus que l’aflfection médullaire de
notre malade soit réellement un tabès spasmodique, mais bien
une sclèrose cn plaques fruste.
En effet, de l’avis de Erb lui méme qui a créé le syndrome, le
diagnostic est impossible jusqu’au momerft où desilots desclérose
envahissent d'autres portions de l’axe nerveux pour donner nais*
sance à quelque symptóme plus caractéris'tique (troubles sensitifs,
céphaliques, nystagmus, tremblement intentionnel, troubles dela
parole).
Ce qui revient à dire qu’un tabes spasmodique peut toujours
devenir une sclérose en plaques.
Or notre malade ne présente pas, il est vrai, de tremblement
intentionnel, pas de troubles de la vue, pas de parolescandée, mais
il a des troubles de la sensibilité fort évidents, il a eu un ptosis
passager, il a du tremblement de la langue, des réactions pupil-
laires un peu lentes et des secousses nystagniformes nettes, indice
d une parésie des nerfs moteurs du globe oculaire.
Xotons en passant qu il n a probablement pas la syphilis retrou-
vée maintes fois dans les cas décrits sous la rubrique tabes spas*
modique. Au contraire 5 ans avant ledébut des accidents on trou-
ve une attaque de rhumatisme articulaire aiguè qu’on a récein-
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ment considéréecormne un des facteurs étiologiques de la sclérose
en plaques.
Nous nous résumons en disant que le syndrome paralytique
ébauché chez notre malade au début, nous parait avoir été réalisé
par un délire d’origine alcoolique chez un individu atteint de sclé-
rose en plaques fruste et nous livrons le malade à votre apprécia-
tion.
M. Virougoux. •— II me semble que le diagnostic de sclérose
en plaques fruste avec tabès spasmodique ne peut étre accepté sans
discussion.
La paralysie, la spasmodicité, les troubles trophiques et la con-
tracture me semblent beaucoup plus marqués à la jambedroite.
Je reprocherai à M. Benoist de ne pas avoir discuté l hypothèse
d une lésion cérébrale localisée ou d’une lésion de la voie pyrami-
dale du còté gauche. II est fréquent de trouver un certain degr^éde
spasmodicité du còté opposé à la paralysie chez un hémiplégique
avec contracture.
M. Benoist. — Comme le fait justement observer M. Vigouroux,
nous n’avons pas discuté l hypothèse d’une lésion unilatérale de la
voie pyramidale ou du cerveau. C’est que notre malade nous est
apparu avant iout comme un paraplégique, Bien que prédominant
à droite, les troubles spamodiques sont très accentués à gauche,
ou provoquent des deux cótés un clonus durable de la rotultfet du
pied. Par contre, les bras et la face sont absolument indemnes. II
faudrait penser à une lésion double du lobule paracentral. Avec
une telle localisation on expliquerait mal les troubles des diverses
sensibilités relatés dans l’observation, troubles qui, dans une cer-
taine mesure, afTectent une disposition radiculaire. Ils prédomi-
nent en efTet à la face interne de la jambe gauche, domaine de la
4 e lombaire, tout justement du cóté le moins contracturé. Ajoutons
que des deux còtés, les reflexes cutanés n’existent point etque par
conséquent, il n'y a pas de signe de Babinski. Enfln, le ptosis pas-
sager qu a présenté le malade et des secousses nystagmiformes
faciles à déceler ne sauraient trouver une cause dans une lésion
aussi localisóe du cortex.
V. Délire d’interprótation chez les deux soeurs, par
MM. Leroy et Fassou. (Présentation de deux malades).
Nous avons l’honneur de présenter à la Sociétéclinique de méde-
cine mentale un cas de délire à deux, fait d’idées de grandeur et
surtout d’idées de persécution, à base d’interprétalions délirantes,
survenu, il y a deux ans environ, chez deux soeurs, Ernestine et
Adrienne M.
Ernestine en est l élément actif : non seulement elle a créé dans
leurs grandes lignes son délire et celui de sa sccur; mais, de plus t
elle s’est emparée des illusions d’Adrienne etdeses interprétations
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pour les transformer à sa fagon, échafauder le délire et l imposer
à cette dernière tel quelle lavait congu.
Maisil importe de remarquer que cette conception est faited élé
ments si nombreux et si intenses, qu’elle ne présente pas lecarac
tère bien lié des délires parfaitement systématisés. L ordre et la
précision manquent dans l’exposé queles deux soeurs fontdeleurs
idées délirantes ; et cette confusion est d autant plus accentudeque
d’après elles, d’après Ernestine surtout, le monde entier estau
courant de leurs malheurs ; d’où, parfois, réticences, sous-enten-
dus, qui ne sont pas pour aider à la bonne ordonnance de leurs
récits.
Nous essayerons de leur donner, dans la mesure du possible,
une cìarté schématique, en examinant et analysant à part les
conceptions délirantes des deux sujets, en montrant, chemin fai-
sant, la parenté étroite des deux délires et l’assujetissement
d’Adrienne vis-à-vis d’Ernestine.
Nous voudrions dire auparavant un mot au sujet de leursanté-
cédents héréditaires. Nousserons brefs là-dessus, faute de rensei-
gnements précis. Leur mère est morte paralysée à l’áge de 81 ans.
elle aurait, parait-il, présenté du dólire à un moment de sa vie;
le père est mort de rétention d’urine. Elles ont un frère, débile,
que nous ne connaissons pas et qui habite Houilles, pays originaire
des deux soeurs.
De leurs antécédents personnels, nous ne savons rien qui puisse
ètre retenu et signalé ici: Ernestine, plus intelligente, couturière
de son élat, íaisait vivre la maison. Adrienne l’aidait un peu, fai-
sait le ménage, allait assez souvent aux champs.
Le 14 février 1909, les deux malades arrivent à rinfirmerie spé-
ciale d’où elles sont dirigées, le lendemain, sur Ste-Anne. MM. les
D ra de Clérambault et Magnan notent pour Ernestine la a dégé-
nérescence mentale avec illusions, interprétations délirantes,idées
ambilieuses et de persécution » et le caractère actif de ce délire
à deux avec en plus, pour M. Magnan, des « hallucinations».
Pour Adrienne, ils notent la « débilité mentale avec hallucina-
tions, illusions, idées de persécution » et le caractère passif deson
délire.
Après un séjour d'un mois environ à l’asile Ste-Anne, les mala
des viennent à Ville Evrard le 21 mars 1909. Nous allons prendre
à part chaque cas parliculier et dire les résultats que nous avdns
tirés de Texamen mental des deux soeurs, qui sont depuis trois
mois, el séparées l’une de l’autre, dans notre service.
Obsercation d'Erncstine M.
Ernestine, àgée de 54 ons, est l’élément aclif du délire; cest
une femme à cheveux grisonnants, paraissant intelligente, à la
figure énergique, sans stigmates de dégénérescence. Elle arriveè
Ville-Evrard dons un état d excitation intellectuelle assezmarqué:
grande loquacité melée de pleurs et de gémissements ; la physio-
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UNIVERSITf OF MICHIGAN
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nomie est íatiguée, le regard brillant, mais anxieux. Avant d'in-
terroger la malade, nous la prions des’asseoir sur unechaise; elle
refuse avec indignation, car « à Ste-Anne, dit elle, depuis qu'on
m’a retiré les chaises, j’ai juré de me tenir debout ou de ne m’as-
seoir quepar terre. » Immédiatement, elle nous parle des « jeux »
qu'on fait sur elle et sur sesaliménts. Ce mot de jeux reviendra
constammentà tousles interrogatoires, dans la bouche d’Ernestine.
et d’Adrienne d’ailleurs. II signifie tous les ennuis qu'on leur fait
subir. toutes les persécutions auxquelles elles sont en butte,
toutes les railleries, moqueries, ou plutòt « chineries », c'est
leur expression, dont on les abreuve.
Ernestine donc nous parle des jeux et d'un secret d’Etat qu'elle
ne consent à dévoiler qu’après beaucoup d’hésitations. Elle nous
confìe alors que, dans la nuit du 2 au 3 aoùt 1907, alors qu’elle était
couchée, la physique lui est rentrée dans l’oreille droite et l’a ren-
due enceinte d’un nouveau Jésus-Christ.
C'est ensuite l’histoire de sa maison à Houilles, sur laquelle elle
devait 4 000 francs ; puis arrivent les voisins, le notaire d’Argen-
teuil, M. Maurice Donnay et le Chat noir, M. Fallières, la mèrede
la malade, qui, dit-elle, « fournissait de l’encre pour noircir les
harnais de l’Empereur » et qui devait hériter de nombreux mil-
lions. Les noms de Lamarck, de M. Poincaró sont prononcés
là-dessus, et à chaque instant la malade s’écrie: « Nous sommes les
victimes de la science. »
Telleest, en résumé, la physionomie générale du premier inter-
rogatoire ; nous l’avons donné à dessein pour montrer l’enchevé-
trement confus des divers éléments qui constituent son dólire. Ce
jour là, avant de nous séparer d’elle, nous lui avonsdemandé de
faire quelques opérations d’arithmétique et de les écrire elle
méme. Nous pouvons dire déjà qu’elles ont étó parfaitement exé-
culées.
Le lendemain, à la visite, Ernestine déclare qu’elle a été trom-
pée la veille, qu’on a pris des notes sur elle ; elle demande qu'on
les lui rende avec I’opération qu’elle a faite et la signature qu’elle
croit avoir donnóe. On lui répond que c’est impossible ; sur quoi
elle affìrme qu’elle ne parlera plus. Et elle ne parle plus, en effet,
pas plus qu’elle ne s’alimente. Déjà à Ste-Anne, elle avaitété nour-
rie à la sonde. Elle accepte d’ailleurs assez volontiers ce mode
d’alimentation, ouvrant elle-méme la bouche, et faisant les mou-
vements de déglutition qu’on lui demande pour faciliter l’opéra-
lion, mais son mutisme demeure absolu; tantót elle répond par
quelques mouvemenlsde téte auxquestionsqu'onlui pose; tantòt.et
plus souvent, lorsque pour lui causer on s'approche de son lit où
elle reste toujours couchée, elle tourne le dos et ne fsit pas un
geste. Pas un instant, du 21 mars au 25 mai, elle ne s'est départie
de ce mutisme voulu, malgré tout cequ’on ait pu faire. Le 25 mai,
elle recouvre la parole, et elle expliqueque, si elle ne parlait plus,
c’est qu’elìe devait mourir le 19 mai, jour anniversaire de sa nais-
sance. C'est l’étonnement de se voir encore vivante après cette date
qui l’a fait parler. Après le 31 mai, elle a d’ailleurs une nouvelle
crise de mutisme volontaire qui ne dura que quelques jours.
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Depuis, avec toujours la mème volubilité dans les mots et la
mème confusion dans Tesprit, elle nous a fait, de nombreuses íois,
le récit de ses malheurs. Rapporter ces divers examens successifs
serait fastidieux et n'aiderait pas à la compréhension d un délire
embrouillé en soi et fait d éléments assez diíTiciIes à enchainer,
méme à la réflexion. Le voici tel que nous l’avons comprisd'après
ses longues, mais trop rapides explications.
La cause occasionnelle, il faut la chercher probablement, dans
des ennuis d’argent. La maison des deux sceurs était hypothé-
quée : elles espóraient la vendre à la ville de Houilles, pour le
percement d'une rue nouvelie, espoir qui ne s’est pas réalisé.
Elles durent la laisser, à vil prix, à un acquéreur quelconque. A
la suite de cela, les deux vieilles filles se voient en butte à des
ennuis multiples, en proie à des préoccupations sur leur avenir.
Peu à peu s’installe un dólirede persécution à base d interpréta-
tions. Tout le monde leur fait des misères. Pourquoi, dit Ernes
tine. les gens de Houilles se pincent*ils le nez, se gratlenl-iis
l’oreille, font ils, sur le corps, des signes cabalistiques en la
regardant ? — Pourquoi toussent ils et crachent ils devant elle, si
ce n’est pour N faire montre de mépris à son égard ? — Pourquoi la
boulangère se mouchait-elle si souvent, si ce n’est pour faire voir
qu’Ernestine puait ? — Pourquoi certaines personnes ont-ellesdit
devánt elle « c'est la saison des huitres ». On les prend donc pour
des huitres, elle et sa soeur !
Pourquoi des petites filles, méme, Tinsultaient-elles par ces
mots « tu en as un chapeau ! » voulant dire, par là, qu’elle avait
eu des rapports avec un tas de voyous.
Son frère, qui habitait avec elle, a un jour des vomissements
verdátres et Ernestine de crier aussitòt à rempoisonnement par
l’arsenic, malgré les dénégations de son frère.
Tout est bientòt interprété : le passage des automobiles rouges
ou noires, les premières étant celles du bon Dieu, les secondes,
celles du diable ; si elle voit passer un bossu ou un infìrme, c'est
qu’on l’a choisi tel pour venir regarder chez elle.
Cet état de suractivité interprétante faisait d’Ernestine un étre
tout à fait à point pour servir de victime à la Physique. Ells a lu,
dans les journaux, un ou plusieurs articles concernantle repeuple-
ment de )a France. Arrive la nuit du 2 aoùt 1907 : il lui sufifit
d’éprouver quelque vague douleur dans l’oreille dròite pour
s’imaginer que la physique la pénètre par celte voie et la rend
enceinte de l’Antechrist. Sa soeur Adrienne a beau lui verser
de l’huile dans l’oreille pour conjurer le mal, le remède est inef-
fìcace. Donc Ernestine est enceinte et enceinte d’un nouveau
Jésus-Christ.
Elle est enceinte parce qu'elle ressent des douleurs dans les
reins, elle remarque que son ventre grossit, qu’elle a de la difli-
culté á se baisser. Elle n’a pas eu de vomissements ; elle a été
réglée deux ou’trois fois, bien qu’enceinte ; mais, dans ce íait
qu’elle ne peut expliquer, elie ne voit qu une manoeuvre scienti-
íique, car « ne sont-elles pas, Adrienne et elle, les martyresdu
plus grand crime scientifìque qui ait jamais été commis? »
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D’ailleurs, un de ses cousins lui envoie, en aoùl 1907, une vierge
en carte postale « la Vierge du Mont Ceindre » dit-elle ; évidem-
ment, cela ne saurait étre qu’ome nllusion directe et ironique ń
son état de grossesse.
Cet état de grossesse est le sien depuis le 2 ooùt ; mais elle se
demande si elle netait pas enceinte avant cette date, sans le
savoir, ou, toutau moins, si les gens ne savaient pas qu'elle était
ou qu'elle allait devenir enccinle. C'est que, en y réfléchissant,
elle fait des remarques rétrospectives à propos Ue cerlaines
paroles entendues ou de certaines lectures faites.
Pourquoi, en efTet, venait on si souvent, à sa maison demander
à son frère s'il ne possédait pas un « mftle de lapin » ?
Pourquoi, en 1906 dèjà, un certain M. Colas l'appelle-t-il
« madame » et beaucoup de personnes, depuis, qui lui donnent
cette qualité ? jusqu'aux petites ouvrières qu'elle occupe et qui,
parfois, l’appellent ainsi.
Pourquoi, dans un article lu dans un journal, M. Henri Poin-
caré fait-il allusion à « la Muse »? et pourquoi M. Paul Ginisty,
dans le Peiit Parisien, parle-t-il de 1' « Eve future ». II est clair
que toul cela s'adresse à elle.
Et déjà percent, ici, les idées de grandeur : elle va jouer un
grand róle social; en la choisissant, elle, comme sujet d'expéri-
mentation, la sciencea voulu la donner en exemple à toutes les
jeunes filles : si ces dernières ne se marient pas, elles seront,
comme elle l’a été elle-mème, rendues enceintes par la physique;
conclusion : les jeunes filles se marieront, poussées par la peur
tout au moins, auront des enfants légitimes et ne se feront plus
avorter.
Et le róle social d’Ernestine ne s’arréte pas là : elle porte dans
son sein « l'Antechrist », celui que la « Science a choisi pour
régénórer le monde et abolir le fanatisme ». Et cet Antechrist est
attendu puisque la Bible annonce sa venue future, mais certaine ;
de plus, dans un article du Matin, M. Harduin a écrit qu’il n’y
aurait pas de guerre civile lors de sa naissance.
La personne, choisie par les savants pour mettre au monde
un enfant d’une si haute destinée, doit posséder une très grosse
fortune. C'est son cas. Malheureusement, elle a été frustrée des
nombreux millionsqui devaientlui revenir de par sa mère. Com-
ment se fait-il que cette fortune, qu’un M* de la Hottomain devait
léguer à sa mère, soit déposée dans une banque d’Angleterre ?
C’est ce que la malade ne sait pas elle méme, mais elle est con-
vaincue que ces millions doivent, en droit, leur appartenir. Pour-
quoi ? Parce qu'Adrienne a entendu qu'on disait, à Houilles, sur
leur passage : « Les voilà les rentiers ». Ernestine a lu dans
le journal, qu’on donnerait 4 milliards pour repeupler la France;
elle en conclut que l'Etat francais s’emparera de son argent à
elle. II l'emploiera à obtenir la réalisation de la Joi ltibot, dout
Ernestine a eu connaissance par le Petit Parisien; d’après elle,
cette loi a óté faile pour venir en aide, pécuniairement, aux
soldats libérós et leur permettre de se créer, plus facilement, une
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famille; on 1‘emploiera aussi à construire des habitations hygié-
niques et à bon marché, dont il a été question, en effet, dans
lesjournaux.
Cest dans cet état d’esprit que la malade quitte, avec sa soeur,
la ville de Houilles, pour Sartrouville, et, en íìn de compte, vient
s’échouer à l’Infìrmerie spéciale. Malgré le court séjour qu’elle y
fait, elle n'est pas sans remarquer que, lors de son examen fait
en public, l assistance était surtout forméede savants, de minis-
tres et de députés qui viennent contempler la « grande victime
scientifìque ».
De là, elle arrive à Sainte-Anne, où les interprétaiions con-
tinuent de plus belle ; d’abord, pourquoi les avoir envoyées à
Sainte-Anne, elle et sa soeur ? Ce n est là qu'un jeu de mols pour
leur montrer qu’on les considère, toutes les deux, comme des
« ànes ». Et puis, dès les premiers jours, on leur donne du veau à
manger; qu’est-ce que cela peut bien signifier, sinon qu'on prend
son enfant pour un veau et par conséquent, elle, pour une vache?
En arrivant à Ville-Evrard, elle nous raconte, dans une proíu-
sion désordonnée de paroles, l histoire que nous avons dite, insis-
tant sur les manoeuvres de la physique qui l’ont rendue enceinte.
Noijs lui demandons alors si elle ne trouve pas étrange que, au
boutde deux années de gestation, elle n’ait pas encore mis au x
monde son enfant. C'esl là, répond-elle, un mystère de la science,
un jeu des physiciens, des savants, à commencer par Lamarck,
qui, en étudiant le transformisme et la génération spontanée, a
préparé ce qui estarrivé ; poursuivant son oeuvre, M. Henri Poin
caró, M. Curie, de son vivant, et, après lui, M Me Curie « la physi-
cienne », ont été, sans doute, les investigateurs 3u « crime scien-
tifìque » commis sur elle.
Quelques jours après sa venue dans le service, alors qu’elle
était muette, la malade a fait un petit mouvement fébrile, tradui
sant un léger embarras gastro-intestinal. Nous avons fait mettre,
dans sa sonde, un* peu d’huile de ricin. Naturellement, cela n’a
pas passé inapergu et lorsque, deux mois après, elle se met à
reparler, elle n’a garde de l’oublier : elle a compris qu'on lui don-
nait cette purge pour faire éclater l’ceuf qu’elle porte.
A mesure qu’elle parle davantage, les interprétations devien-
nentdeplusen plus nombreuses. Un moment arrive où tout le
rnonde : médecins, infìrmières, malades, lui font des « jeux » : on
ne peut pas arranger les couvertures de son lit, déplacer son
édredon. un objet quelconque auprès delle, sans que cela soit
immédiatement déformé et interpreté — Un matin, on prend,
pour la nettoyer, sa deseente de lit : c’est qu’on veut lui monlrer
ainsi qu’elle ne devra plus se lever de son lit.
A cóté de sa chambre il y a un robinet où l’on va puiser de l eau
pour les besoins du service ; évidemment, si on fait couler de
l’eau, c’est pour faire allusion à toutes les larmes qu’elle a versées
et íiu’elle versera encore.
l'n jour, elle voit sur sa table de nuit un pot, en érnail, conte-
nant le lait dont on l’alimente. Elle s ecrie en le regardant « C’est
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ma mort que vous voulez : vous ne voyez pas qu’il est bordé de
noir. » En efTet, sur le bord du récipient, rémail s’étant détaché,
il existe une bande noire qu’elle prend pour un liseré de deuil.
Un dimanche elle voit des visiteurs passer devant son lit en por-
tant des bouquets de violettes. Elle en conclut qu’ils veulent lui
apprendre la mort de sa soeur.
Une autre fois, elle voit entrer, dans sa chambre, une malade
qui a un fichu noir sur les épaules ; encore une qui porle le deuil
anticipé d’Ernestine, dont la mort ne saurait tarder.
Pendant un certain témps, elle a eu, comme voisine de lit, une
démente atteinte de fìèvre typhoide et décédée d’ailleurs. Ernes-
tine a remarqué que cette malade, un jour, au lieu de se débar-
bouiller, a bu, à la cuvette méme, un peu de 1‘eau qu'elle conte-
nait; c’est pour elle une des causes de son décès. Elle a vu encore
que cette malade s était découverte : « elle a eu froid, dit elle; c’est
ce qui a empèché ses règles de venir, d où dénouement íatal ».
Nous avions, quelque temps avant, demandé à rinflrmière si la
malade n’avait plus ses époques, et aussitót. Ernestine d'inter-
préter cette demande dans ie sens de sa grossesse.
Enfin, une parente de cette mème malade typhique lui apporte
un jour, à Tinsu de tous, du pain d épice en tablettes et sous la
forme d’un de ces petits cochons qui ont un certain succès à la
foire du Tròne. II n’en fallait pas tant pour Ernestine qui s’écrie :
« un cochon, maintenant! Je sais bien ce que cela veut dire : tout
le monde estcontre nous ! ».
De là à conclure que la malade était une fausse folle, une folle
« stf/lée », comme le dit Ernestine, il n’y avait qu’un pas. Folle
stylée, aussi, sa nouvelle voisine de lit, vieille emphysémateuse
asystolique, qui geint à chaque inslant et se plaint de douleurs de
ventre, cela pour faire comprendre à Ernestine qu’elle geindra à
son tour et mourra d’une péritonite. Folle stylée, encore, cette
démente qui rit aux óclats pour se moquer delle et qu’on a payée
pour jouer ce ròle.
Un geste, une parole quelconque, un rien sufflsent à lui montrer
que tout le monde lui fait des jeux ; elle comprend bien, à cer-
tains signes des infirmières, qu’on veut la faire mourir. Lorsqu’on
lui demande une explication au sujet de ces jeux, de ces signes,
elle répond presque invariablement : « Vous connaissez ces
histoires mieux que moi ; tous les médecins sont dans le secret ».
Elle sait, du reste, à quoi s’en tenir ; si on ne comprend pas, c’est
qu'on ne veut pas comprendre ; jamais elle ne sera dupe de toutes
ces mystifications, puisque, dit-elle, « une parole suffìt pour me
rnettre sur la voie de tout ».
Quant aux idées de grandeur et de richesse, elles persistent
avec la mème intensité, trouvant des aliments nouveaux dans des
inlerprétations nouvelles. Ainsi, le jour de Pàques, elle enlend
dire : « les pouies ont pondu cette nuit » et, jour là, le mari
d une malade parle, incidemment, de millions devant elle ; aussi-
tòt Ernestine de dire .* « Ces millions sont mes oeufs de Páques ».
Tel est, exposé dans ses grandes lignes, le délire de la malade,
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délire qui, comme nous le disions au début, est fait d’idées de
persécution et de grandeur ; ces idées sont entretenues pardes
interprétations si nombreuses qu’Ernestine vit dans un milieu
factice. Elle dénature et travestit tous les faits qu’elle voit, les
interprétant dans le sens de ses idées.
Obsercation d'Adrienne M,
Adrienne, ágée de 52 ans, est une femme petite, maigre, légère-
ment courbée, d’un aspect timide, avec des stigmates de dégéné-
rescence: microcéphalie, front développé avec atrophie du visage.
malformations des oreilles. Dès qu’on lui parle, elle baisse la téte,
qu’elle détourne un peu, et tourmente sans cesse le cordon de son
tablier. Extrèmement docile, elle fait tout ce qu’on lui dit et
répond à toutes les questions qu’on lui pose. II est inutile de
chercher chez elle la clarté qui manque à Ernestine ; d’aulant plus
qu’elle est fort débile.
D’une voix monotone, et qui jamais n’a des éclats comparables
à celle d’Ernestine, Adrienne nous redit toutes les persécutions
qu’on leura faites à Houilles. Laquelle desdeux soeurs a commencé
à interpréter ? Nous ne sommes pas flxés sur ce point. C’est pro-
bablement la plu^ intelligente. Quoi qu’il en soit, Adrienne a
remarqué, elle aussi, certains faits et gestes qu’elle trouvait
bizarres et qu’elle confiait à sa soeur. C’est elle qui a entendu
qu’on les appelait « les rentiers ». C’est elle qui, en revenantdes
champs, a été frappée par le mot de « billions », prononcé par des
ouvriers rencontrés. Elle ne comprend pas très bien ce que cela
signifie, mais Ernestine se charge de lui expliquer ce qu’elle
devine peu à peu. II est probable que les allures méfiantes des
deux soeurs, leur attitude plus ou moins bizarre doivent éveiller
la curiosité publique et exciter des rires ou des sourires, tout au
moins. Elles doivent avoir, rentrées dans leur maison, de longues
el douloureuses conversations. Derrière les carreaux, elles doi-
vent épier les gens et surveiller les moindres gestes de ceux
qu’elles appellent les passagers.
Ernestine, en se servant des éléments que peut lui fournir
Adrienne et des siens propres, construit le délire que nous avons
raconlé.
Adrienne, débile et timorée, écoute sa soeur et ne demande quà
croire. Ernestine devenant enceinte, il etait fatal qu’Adrienne fút
rendue grosse à son tour : elle ressent, en efíet, comme deux gros*
seurs, comme des frémissements dans sonventre, qui devientplus
gros ; elle éprouve quelques vagues douleurs dons la matrice;
e’est fait, elle est enceinte à son tour, et par la physique qui
emprunte, chez elle, les voies génitales. Ceci se passe « le jour de
la St-Polyte », ie 13 aout 1907, c'est à dire une dizaine de jours
après la fécondation si bizarre d’Ernestine. Depuisquelque temps,
Adrienne remarque que certaines personnes parlent d’animaux,
de bòles ; d autre part, Ernestine* a lu, dans la Bible, parait il,
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qu'une béte à six cornes devait naitre un jour d’une femme. Le
doute nest plus permis : Adrienne est enceinte de la béte à six
cornes. Pour essayer de s'en dóbarrasser, elle prend aussitót du
bouillon de navet salé.
Pas plus qu'Ernestine, elle n accoucha en mai 1908, ainsi que
cela aurait dù se produire ; et alors, pour les tourner en dérision,
tous les moyens sont bons aux gens, qui crachent, font « heu !
heu ! » sur leur passage.
La vie n est plus tenable à Houilles, ni pour l’une, ni pour l’autre.
Trainée, sans doute, à la remorque d’Ernestine, Adrienne va à
Sartrouville et, enfìn, accompa; v ne sa soeur au Dépòt et à Ste Anne,
où elle moule toujours son délire sur celui de sa soeur. Pourtant,
malgré la défense d'Ernestine, elle goùte à quelques aliments.
Dès son arrivée à Ville Evrard, on la sépare de sa soeur. Dans le
quartier où on l’a mise, elle est très calme, mais s’isole des
autres inalades ; se promène parfois dans le jardin, parfois reste
accroupie dans un coin pendant une hèureou deux.
Maintenant, elle va interpréter pour son propre compte, et tout
lui sera bon pour cela.Si on lui sert des oeufs durs, c'est qu'on
veutcomparer letre qu'elle porte à un oeuf dur ; de mème, si on
casse des oeufs devant elle,c’est pour faire toujours allusion à son
enfant, qui se cassera comme un oeuf.
Le inatin, ses compagnes du quartier attendent avec impatience
le courrier pour lire, sur les lettreset sur les journaux, le compte
rendu détaillé de tous les jeux qui lui ont étó faitsà elle et à sa
soeur.
Un jour, à déjeùner, on lui a servi du mou ; elle ne veut pas en
manger car le mou serait nuisible à son enfant : il le ramollirait
peut étre.
Si on lui donrìe des haricots, c’est pour se moquer d’elle et de
sa soeur ; c’est pour faire allusion à la petitesse et au non déve-
loppement des germes qu’elles portent, pour leur montrer qu'ils
reslent petits comme des haricots.
C’estencqre une « chinerie » que de lui présenter de la purée
de pommes de terre ; c’est vouloir lui signifier qu'elles sont dans
la purée.
Pourquoi lui faire manger de la salade, sice n'est pour tourner
en ridicuie c< leur vie assaisonnée comme une salade », et, peut-
ètre, pour íaire allusion au « panier à salade ».
Ici, on l’appelle Saint-Esprit, sans doute parce qu’elle et sa
soíur ont été rendues enceintes par lopération du Saint-Esprit.
Mais cette sorte d autonomie interprétante s’eíTace complòte-
ment lorsque Adrienne se trouve vis à-vis de sa sceur. La pre-
miòre íois que nous l'avons amenée à elle, Ernestine, dès
qu’elle la voit, s’assied sur son séant, et, les yeux terribles, avec
un grand geste de chasser Adrienne hors de sa chambre, lui crie :
« Va t en, je te défends de venir ici ; tu sais I ion que tu es une
morte vivante, on t’envoie, à dessein, aupròs de moi pour me
íaire de la peine. » Adrienne courbe passivement la téte et écoute,
sans motdire, la diatribe de sa sceur. Devantelle, Ernestine redit
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toute leur histoire, et prend un accent furieux si Adrienneessaye
de placer une timide remarque : — « que dis-tu ? qui t’a dit cela ?
laisse moi parler el tais-toi ». Adrienne obéit comme un enfant
gourmandé par les siens : yeux et téte baissés, attitude respec*
tueuse avec parfois un léger regard d’admiration et de crainte
pour Ernestine. II faut avoir vu cette scène pour comprendre
jusqu’à quel point a du aller la passivité' d’Adrienne vis à-vis
d’Ernestine. Et, en ce moment encore, Adrienne abdique toute
personnalitó devant sa soeur ; ainsi elle no*us dit, à nous, qu elle
pense ne plus ètre enceinte d’un animal, mais d’un enfanl. Elle a
voulu répéter cela devant Ernesline qui lui a crié : « veux-tu te
taire ? je te dis que tu es enceinte d'une bète : je le sais bien
inoi » et Adrienne, selon son habitude, a courbé la téte sans pro-
tester. D’ailleurs, au point de vue mental, elle est nettement dé-
bile, et, en plus, tout à fait illettrée. Son histoire à elle a élé sur-
toutracontée par Ernestine ; d'ailleurs, lorsquel’interrogatoire se
prolongeait un peu. Adrienne nous renvoyait à sa sceur, disant:
« moi, je suis une bète, je ne sais pas: ma sceur vous expliquera
les choses beaucoup nìieux que moi. »
Adrienne a été isolée de sa soeur depuis son entrée dans le ser-
vice. Elle n'en continue pas moins à conserver les mémes idées
déliranteset à interpréter, mais ses interprétations sontbeaucoup
plus pauvres et beaucoup moins nombreuses, en rapport avec sa
faiblesse intellectuelle native.
Le délire de ces deux malades présente quelques points impor-
tants que nous voudrions meltre en évidence. Et d’abord existe-
t-il chez l’une ou chez l’autre des hallucinations ? Toutes deux se
plaignent d’avoir entendu des mots grossjers, « vache, putain,
etc. », aussi bien à Houilles que dans le service ; mais elles se
trouvaient toujours en présence de personnes et on sait quede
tels mots ne sont pas une rareté dans la bouche de certainesgens.
Les injures entendues sont probablement des illusions de l’ouie.
Une tare héréditaire certaine pèse sur cette fsmille. Adrienne
et son frère sont des dóbiles ; quant à Ernestine, le fond de son
caractère montre un incomparable orgueil et il est probttble
qu’elle a toujours été vaniteuse et autoritaire. Nous n’avons mal
heureusement aucun renseignement précis sur sa vie passé^,
mais l’atlitude de sa sceur envqrs elle l’indique suffìsamment.
Les deux sceurs et Ie frère vivaient ensemble ; celui-ci est in-
demne de tout délire ; il a échappé à la contagion, probablement
parce que ses occupations l’appelaient toute la journée hors du
logis. Sans cela nous nous serions peut étre trouvés en présence
de trois délirants. Nous avons déjà montré comment les deux
sceurs réagissent l’une sur l autre ; Ernestine crée un délire
(ju'Adrienne accepte et parlage, mais les interprétations de cette
dernière fournissent à leur tour un nouveau levain aux idcesdeli
rantes de sa sceur.
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UNivERsrry of michigan
SOCIÉTÉS
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Ces deux interprétantes ontchacune une ailure bien spéciale,
en raison de leur état mental différent. Ernestine, ólément actif
et intelligent, a un délire tellement intense qu’elle présente une
véritable confusion dans l’esprit ; elle se perd méme souventdans
ses explications. C’est qu elle ne voit plus rien sous Tangle habi-
tuel, toute expression pergue prend à ses yeux un sens embléma-
tique. La lecturedes journaux commeles moindres incidents de la
vie lui fournissent d’innombrables données pour construire un
délire de fabulation où se trouve une opposition frappante entre
l étrangeté des conceptions vésaniques et la lucidité de son esprit.
Nous avons relaté un grand nombre de ces interprétations et
cependant elle n’a parlé que quelques jours, depuis son entrée
dans notre service. On ferait un volume avec les idées délirantes
qu’elle forge. en dénaturant et travestissant tout ce qui se passe
autour d’elle. Elle a une merveilleuse aptitude à interpréter.
Adrienne, au contraire, élément passif et débile, a des interpréta-
tions beaucoup plus rares, beaucoup moins riches. Elle n’aperQoit
pas des rapports qui n’échapperaient sùrement point àsa soeur.
Le délire des deux soeurs est survenu à un àge dójà avancé.
Pouvons-nous en présumer la cause ? La ménopause a du jouer
ici un ròle important, mais il ne faut pas non plus oublier l in-
fluence du traumatisme moral occasionné par les eunuis d’argent,
la vente de leur maison. Les deux vieilles se sont trouvées alors
en conflit avec le milieu social et elles ont réagi en raison de ieur
constitution origineile.
Un point important à noter est l absence de réaction. Malgré
ractivité de leurs interprétations. ces malades ne sont pas deve-
nues persécutrices et leur observation montre qu’on ne saurait
identifier le délire d’interprétation avec la folie des persécutés-
persécuteurs. Ernestine et Adrienne subissent passivement leur
malheureux sort, se contentant de s’isoler et de se plaindre. Cette
dernière est une pauvre fìlle timorée et inoffensive. Quant à sa
soeur, ellese borne à se lamenter et à nier l’existence de Dieu parce-
qu’il a permis l accomplissement d’un si grand crime. Elle pré-
sentemème des réactions d’ordre mélancoiique (inutisme et sitio*
phobie) ; elle a dú ètre alimentée à la sonde depuis son entrée
dans notre service etelie est restée plusieurs semaines sans pro-
noncer une seule parole. Ajoutons, pour terminer, que ces deux
malades, internées d’office, n’avaient commis aucun acte dange-
• reux. La police les a arrétées une nuit dans Paris, assises sur un
banc, comme vagabondes.
Examen des malades
La première malade, la plus intelligente. Ernestine se présente
avec une attitude d'abord réticente, refuse de s’assecir, puis devient
peu à peu plus malléable et fìnit par exposer avec volubilité les
faits relatés dans l’observation. Elie insiste sur les « jeux » à elle
adressés aussi bien à Houilles qu’à Ville-Evrard et sur les allusions.
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448 revue.de psychiatrie
à sa fortune et à sa grossesse. Le seconde, très débile, expose avee
complaisance ses idées délirantes, en particulier celle de sa préten-
due grossesse.
M. Magnan, demande s’il n y a eu que des interprétationset pas
d’hallucinations.
M. Leroy. — Je crois pouvoir l'aflirmer.
M. Legràin. — Dans la contagion mentale, les interprétations
viennent en premier ; je les crois plus transmissibles d‘un ma-
lade à l autre que les hallucinations.
M. Sérieux. — Quel pronostic posez-vous pour la seconde
malade ?
M. Leroy. — Je crois que le pronostic est relativement favora-
ble en ce qui concerne la contagion mentale, l’action d’Ernestine
sur Adrienne ne se faisant plus sentir. Quant au délire d’in terpré-
tation, je croisqu’il persistera chez lesdeux soeurs et qu'Adrienne
restera, elle aussi, une interprétante.
M. Juquelier. — Je suis de l’avis de M. Leroy relativennent à la
contagion. Ce qui le prouve c’est que les deux malades avaient
de la sitiophobie à leur arrivée à l’Admission, retour de la C1 ínique,
et qu’il a suffi de quelques heures de séparation pour qu'Adrienne
recommencát à manger.
VI. Paralysie générale infantile, par L. Marchand, inédecin-
adjoint de la Maison nationale 'de Charenlnn (Présenta tiou de
pièces).
L’observation que nous avons l’honneurde présenterà la Société
a trait à une jeune fille de 11 ans qui mourut quelques joursaprès
son internement. Malgré l'absence de renseignements sur les
antécédents héréditaires et personnels de la malade, nous avons
pu établir le diagnostic de paralysie générale infantile. Lexa-
men macroscopique et microscopique des centres nerveux est
venu confìrmer notre diagnostic clinique.
L., ágée de 11 ans et 8 mois,entre à I’asile de Blois le 21 janvier
1909.
Les antécédents héréditaires et personnels font total^ men f
défaut. II s’agit d’une pupille du département de la Seine qui a éte
placée en nourrice par l’agence des enfants assistés de Romoran-
tin. Cette malade est arrivée à l’asile sans autre renseigDemen
qu’un certifìcat portant le diagnostic d’idiotie.
A un examen superfìciel, L. semble atteinte de faiblesse intellec-
tuelle congénitale: elle ne prononce que des mots incompréhen-
sibles ; la fìgure est inexpressive; la station debout est impossible.
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Certains symptómes permettent cependant de préciser les lésions
anatomiques, cause de cette déchéance intellectuelle.
Les traits du visage sont réguliers mais, tandis que l’on constate
de l’atonie des muscles de la moilié inférieure de la face, les plis
transversaux du front sont très accusés. Les paupières sont ani-
mées de tremblement et de clignotement.
La sensibilité tactile est conservée; la sensibilité è la douleur
est très obtuse ; la vue et l'ouíe paraissent normales ; l état d’aíTai-
blissement de Tintelligence ne permet pas l’examen du goùt et de
Todorat.
La station debout et la marche sont impossibles ; les jambes
fléchissent dès que la malade pose les pieds sur le sol. On ne
constate aucune paralysie des membres. L.., tient les membres
inférieurs légèrements fléchis et parait souflrir quand on les met
en extension^omplète. Raideurs musculaires généralisées.
Les muscles de la face pendant la parole et la mastication sont
animés de tremblement. Ataxie des membres supórieurs ; ìa
malade porte à sa bouche très maladroitement les aliments qu’on
lui présente. Parésie des muscles de la déglutition ; L.., a de la
difflculté à avaler les aliments liquides et semi liquides ; il lui est
impossible d’avaler des aliments solides.
Les réflexes cutanés plantaires sont très faibles; pas de signe
de Babinski, les réflexes patellaires, les réflexes du poignet et du
coude sont très exagérés.
Pas de paralysie oculaire. Inégalité pupillaire au profìt de la
pupille gauche. Signe d'Argyll-Robertson.
L’audition verbale est conservée ; on arrive à faire exécuter à
la malade quelques actes simples. La parole articulée est inintel-
ligible ; L.., émet des sons tremblés, inarticulés, des grogne-
ments. II est impossible de se rendre compte si L.., a su lire et
écrire.
L’examen physique ne décèle aucune lésion de l’appareil circu-
latoire et respiratoire. L.., est atteint de diarrhée. Maigreur
extrème. Température normale.
On relève les signes de dégénérescence suivants : les dents sont
mal implantées, mais ne présentent aucune érosion ; les oreilles
sont mal ourlées, leurs lobules sont adhérentes.
Au point de vuepsychique, L., paraìtatteinte d'idiotie complòte;
elle est incapablede comprendre unequestion unpeucompliquée;
elle montre sa main, bouge son pied, si on le lui demande; elle
ne comprend pas si on lui dit de mettre un doigt sur son ne/.
Elle ne prète aucune attention à ce qui se passe autour d’elle ;
cependant, si on prononce son petit nom, elle tourne la tète; elle
ne fait aucun mouvement si on prononce son nom de famille.
La vue des aliments détermine un sentiment agréable. L., a du
savoir se servir d’une íourchette et d’une cuiller car, si on lui
présente une assiette conlenant des aliments et ces ustensiles de
table, elle essaie de prendre la cuiller ou la fourchette pour
manger. Ne pouvant arriver à porter les aliments à la bouche
avec ces objets, elle attrape les aliments avec ses doigts.
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L., havc sans cesse ; gátisme complet.
Les jours suivants, L., avaie les aliments avec plus de difíiculté
encore; elle est atteinte de vomissements et de hoquets répètés
après les repas. Diarrhée.
Le 27 janvier, la température est de 38" le matin et de 40" le
soir.
L., meurt le 28 janvier. Elle n'a présenté pendant son court
séjour à l’asile aucune crise épileptiforme.
Autopsie. — L’autopsie est pratiquée 25 heures après la mort.
Pas de tuberculose pulmonaire; pneumonie au niveau du lol>e
inférieur du poumon droit. Le coeur, le foie, les reins ne présen-
tent aucune lésion.
St/stème nerveux. — Rien d'anormal à l’ouverture de la boite
crànienne. Une grande quantité de liquide céphalo-racliidien
s’échappe dès qu’on incise la dure-mère. Pas d’adhérences entre
la dure mère et le cerveau qui est extrait facilement de la boite
crànienne.
La pie-mère est très épaisse, a un aspect lactescent et adhérc
intimement au cortex ; les lésions sont plus aecusées au niveau
des lobes frontaux et des lobes pariélaux. Soudure intime des
deux lobes frontaux entre eux à la partie antérieure de leur íace
interne.
Sur les coupes vertico-transversales on ne remarque aucune
lésion localisée; les ventricules latéraux sont très dilalés. Aspect
chagriné du plancher du 4"' ventricule.
L’hémisphère cérébral droit, pcsc 430 gr.; le gauehe, 440 gr. :
le cervelet et le bulbe, 155 gr.
Examen histologique. — L’examen a porté sur la deuxième
frontale gauche, sur les circonvolutions des régions motrices
droite et gauche, sur le cervelet et le bulbe. Nous avons employé
les méthodes de Nissl, de Weigert-Pal, de Weigert pour la
névroglie, de Van Gieson.
Cerveau. — Les méninges sont très épaissies, infiltrées de nom-
breuses cellules embryonnaires ; les vaisseaux méningés sont
atteints de periartérite. Ces lésions sont plus accusées au niveau
des sillons et surtout dans lcurs régions les plus proíondes. Les
méninges sont intimcment soudées au cortex sous jacent.
Lcs lésions prédominantes du corlex consistent en périvascu
larite intpnse. Les vaisseaux sont entourés d’un manchon de
cellules embryonnaires. L’écorce est également infiltrée de
cellules rondes éparses dans toute son épaisseur. A noter éga-
lement de nombreuses cellules à noyaux allongés, fléxueux, prè-
sentant les caractères des fibroblastes.
Les cellules pyramidales contiennent de belles granulations
chromophiles et ne paraissent pas atrophiées. Quelques-unes ont
leur noyau excentrique. Dans les espaces périvasculaires, on
observe plusieurs cellules embryonnaires íaisant parfois liernie.
dans lcs corps cellulaires.
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Les flbres tangentielles sont en parlie disparues; pour apprécier
cette lésion nous avons comparé nos coupes à celles provenant
du cerveau d’un enfant normal ágé de douze ans.
La névroglie est très hyperplasiée surtout dans la couclie molé-
culaire; on observe de nombreuses cellules araignées ; dans les
autre6 régions corticales, les cellules névrogliques géantes sont
surtout apparentes autour des vaisseaux.
Tout le cortex estenvahi par des corpuscules hyaloides ; ceux-ci
siègent aussi bien en pleine substance corticale qu’autour des
parols vasculaires.
Cercelet. — Les méninges sont infiltrées de celluies embryon-
naires ; les vaisseaux méningées sont également atteints de péri-
vascularite; ces lésions sont moins accentuóes que celles des
méninges córébrales. Le parenchyme céróbelleux présente peu
d’altérations..
Bulbe. — Infíltration embryonnaire de la pie mère. Les vais-
seaux bulbaires sont atteints de périvascularite très accentuée.
Hyperplasie de la névroglie au niveau du plancher du quatrième
ventricule. Légère sclérose dcs pyramides antéricures. Pas de
léslons manifestes des cellules des noyaux des nerís cràniens.
*
* *
En résumé, une jeune fllle de 11 ans prósente l’état mental et
l'habitus extérieur d’une idiote complète ; l’examen des fonctions
motrices décèle chez elle des symptómes qui sont identiques à ceux
de la paralysie générale. La malade meurt de pneumonie. Macros-
copiquement et microscopiquement l’encéphale présente des
lésions diffuses de méningo encéphalite subaigué.
Le diagnostic de l'affection prósentée par notre malade 'oílrait
quelques difflcultés. D’après l'ensemble des symptftmes, il était
évident qu’on n'était pas en présence d'un cas d'idiotie banale
résultant de lésions chroniques de l’encéphale; mais la faiblesse
intellectuelle présentóe par notre sujet était-elle congónitale ou
acquise? On pouvait également se demander si notre malade
atteinte congénitalement d'une cerlaine faiblesse intellectuelle
n’était pas devenue consécutivement paralytique générale. En
l’absence de renseignements, le diagnostic était assez délicat.
Cependant certaines particularités sur lesquelles nous avons
inslsté plus haut, nous laissaient supposer que notre malade
avait atteint antérieurement un certain niveau intellectuel. Elle
avait dú savoir se servir d’une fourchette ct d’une cuiller; elle
avait évidemment su parler et marcher- L’examen histologique a
permis de confirmer nolre inlerprétation; le cortex cérébral de
nolre malade contient des cellules pyramidales bien développées ;
il en aurait été tout autrement si la méningo encéphalite subaiguè
était survenue chez unè idiote congénitale ; il est^galement pro-
bable que les signes physiques de dégénórescence auraient étó
plus nombreux et plus accentués.
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La paralysie générale chez l'enfant revèt cerlYins caractères par-
ticuliers relevant del’áge mème auquel elle apparait. Chez l’enfant,
les acquisitions intellectuelles sont d'aulant moinr nombreuses et
d’aulanl moins fìxées que la méningo-encéphalite subaiguè appa
rait plus lòt. Chez notre malade la paralysie générale a dú sur-
venir vers l’áge de cinq à six ans; à cet àge les fonctions intellec-
tuelles sonl encore peu développéessurtout chez les sujets élevés,
comme le nòtre, chez des nourriciers paysans. C’est ce qui expli-
que que notre malade ressemblait au point de vue raentol à une
idiote complète.
Conforméracnt aux remarques faites à propos des cas de para-
lysie générale juvénile, notre malade présenlait des troue'es
moteurs très accusós. Quoiqu’elle ne fut alteinte d'aucun troubie
paralytique des membres inférieurs, elle ne pouvait plus marcher
ou plutòt elle ne savait plus marcher; de mème, ellc ne savait
plus se servir de ses mcmbres supérieurs pour exécuter les actes
les plus simples.
Analomiquement les lésions de l’encéphale de notrc malade
ressemblent à celles que l'on observe dans la paralysie générale
de l’adulte. Outre l’infiltration méningée, la périvascularile, la
sclérose névroglique, on relève dans le cortex de nombreux
corpuscules hyaloides et des fibroblasles. Nous ferons remarquer
combien est accusée l’infiltration périvasculaire. Ce n'est qu’ex-
ceptionnellement que nous avons rencontró cette lésion aussi
prononcée chez les paralytiques adultes.
Les cas de paralysic générale juvénile sont actuellement très
nombreux; les cas de paralysie générale infantiie sont beaucoup
plus rares. Celui que nous venons de présenter est un de ceux
dans lesquels le début de l’affection est survenuc dans Jes pre
mières années de la vie. Notre malade est morte à l’àge de onze
ans; la paralysie générale dont elle était atteinte était arrivée àson
étape ullime. On a fait la remarque que la paralysie générale des
jeunes sujets avait souvent une marche assez lente. Cette consi-
dération vient encore confirmer notre hypothèse que l’affeclion
a dù dóbuter chez notre petite malade vers l’àge de cinq ou six
ans.
VII. Eyste séreux des méninges chez un épileptique, par
M. Bouriliiet. Service de M. Paclet (Présentation de pièces).
S..., brigadier d’oclroi entre à l'asile S" Anne le 19 mai 1898 à
l’áge de 46 ans. II venait de l’infirmerie spéciale oú le D' Legras
avait élabli à son sujet le certificat suivant :
« Accès épilepliques qui paraissent dus à l’alcoolisme, Confu-
sion dans les idécs, actes impulsifs. Violences envers les person-
nes. Morsure au còté droit de la langue. A minuit, étant en ehe-
mise, a été trouvé dans la rue se livrant à des acles extravagants
et excenlrique'fe. Au poste, a blessé un agent. Nécessité d’isole-
ment momentané. »
Les autres certiíicats ne font que confirmer le premier.
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Cert. immédiat de S''-Anne, 20 mars 1898. Epilepsie avec atta-
ques et vertiges. Troubles intellectuels consécutiís. Contusion de
la face. D' Magnan.
Cert. immédiat de Villejuif, 2 juin 1898. Epilepsie. Troubles
intellectuels consécutiís aux attaques. Pactet.
D'après les renseignements fournis par sa femme, S... aurait eu
sa première crise à l’àge de 38 ans. Elle attribue d’ailleurs la
maiadie à une frayeur survenue un an avant. S... aurait été ren-
versé par un cheval; et bien qu’ii n'ait pas eu de lésions appa-
rentes, il aurait élé vivement émotionné, un de ses írères ayant
été tué d’un coup de pied de cheval. Toutefois, il n’y a rien eu
d’anormal, pas de manifeslations morbides d’aucune sorte entre
cet accident et le début de la maladie.
Au début, les crises qui étaient généralement nocturnes se
produisaient à peu près une fois par mois. L'attaque était d’or-
* dinaire suivie d'automatisme ambulatoire. Malgré la progression
croissante du nombre des crises, S... a pu continuer à exercer sa
profession pendant 9 ans.
A l’asile de Villejuif où il a été hospitalisé pendant 11 ans, S...
avait de une à six attaques ou vertiges par mois. Néanmoins, il
travaillait régulièrement, s’interrompant parfois au cours d’une
période confusionnelle post-paroxystique.
5.. . s’est alité en avril dernier pour une pleurésle droite compli-
quée de congestion pulmonaire gauche. Le coeur était arythmique
au plus haut point, mais on ne trouvait pas de signes de lésions
valvulaires localisées. En dépit de ponctions répétées de la plèvre
droite et de l’administration des toni-cardiaques, S... est mort en
asystolie le 21 mai 1909.
Pendant la maladie qui l’a emporté, il a eu de nombreuses
attaques d'épilepsie.et durant les dernières.sa respiration présen-
tait souvent le rythme de Cheyne-Stokes. L’urine examinée en
avril par notre camarade Fercocq, interne en pharmacie, ne pré-
sentail ni sucre ni albumine; le chiílre d’urée éliminée était de
• 14 gr. 31 par litre.
5., n’a jamais souffert de maladies d’aucune sorte avant sa
première attaque d’épilepsie. Au dire de sa femme il étalt d’une
sobriélé exemplaire.
Son père était sobre; il est mort à 91 ans.
Sa mère est morte cardiaque à 65 ans.
Le malade a eu 14 frères et sieurs, 4 soeurs sontencore vivantes;
une d’entre elles serait cardiaque. Un -frère est mort des suites
d’un coup de pied de cheval, un autre est mort de diarrhée à
4 ans. Les autres seraient morts cardiaques après avoir fait leur
service militaire (14 ans).
S., a 3 enfants : Un fìls de 21 ans, bien portant;
Deux filles, une de 18 ans, nerveuse et irritable, et une de
16 ans, bien portante.
II a perdu deux filles, l'une du croup à 5 ans, l'autre de la
scarlatine à 7 ans.
L'autopsie a permis de faire les constatations suivantes.
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Encéphale. Hèmisjihère droit.. — Kyste des méninges de la gros-
seur d’un oeuf de pigeon. II est situé sur le bord sourcilier du
lobefrontal; il einpiète sur la face externe et le lobe orbitaire.
Sur une coupe horizontale on voit que le fond du kyste arrive à
peu près à la limite de la corne frontale du ventricule latéral.
La pie-mère tapisse les parois du kyste.
Foyers lacunaires au niveau du noyau lenliculaire.
Hémisphère (jauehe. — Foyers lacunaires dans lacouche optique
et le noyau lenticulaire.
Btdbe eí protuhérance . — Petils foyers hémorrhagiques sous
l’épendyme du 4 e venlricule. Sur une coupe longiludinalc du
bulbq et de la protubérance, petits íoyers du pont de Varole.
Athérome des artères cérébrales.
Camr — Hydropéricarde. Cueur énorme, hypertrophié el dilaté.
Pas de lésions valvulaires. Aorte souple.
Poumon droit . — Fausses membranes récentes, liquide dans la
plèvre. A la coupe. congestion : cicatrices anciennes au sommet.
A la base des infarctus sous-pleuraux du volume d’une grosse
noix.
Poumon fjauehe. — Congestion.
Foie. — Cicatrices superfìcielles. Foie muscade.
Rate. — Rien de spécial.
Reins. — Alrophiés, scléreux, kystiques.
Péritoine. — Ascite.
II est assez difììcile d’établir une relation entre les lésions
trouvées à l’autopsie et l’épilepsie, attendu quc Ton ne sait pas si
le kyste est antérieur ou postérieur aux att^ques. On peut se
demander d’aulre part quel ròle revient ici aux nombreuses
lésions viscérales dans la pathogénie de Ia névrose.
VIII. Tumeur de la dure-mère. troubles mentaux etcom-
pression céróbrale, par le D r A. Mahie, de Villejuif (Présentation
de pièc-es).
Les pièces que nous présentons, consistent en un hématome dc
la dure-mère, du volume d’un poing d’enfant, aplati légèrement.
à grand diamèlre antéro-postérieur, comprimant la zòne rolan-
dique droite. Le point d’implantation, le pédicule en quelque
sorte de la tumeur est au niveau du pòle fronial droit, dont la
corticalité est le siège d’allérations superfìcielles (aspect ocreux.
post-hémorrhagique).
A la coupe inacroscopique de la tumeur, on trouve un eaillot
organisé, stratifié avec trabécules centrales, contenanlun liquide
screux, citrin ; à la pression, ces alvéoles se vident comme des
grains de raisins blanc auxquels elles ressemblent comme fortne
ct dimension. Le contenu est soumis à Texamen microscopique
dont nous donnerons plus tard le résultat.
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í'OCliÌTKS
X cAi§ JtiVftè? (toflnèe<5 HuaUMMitiue*, rOiH - rtuel étnìf Í^afpecí,
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K. •■'»., «U iUj:?, T'íOiji.'iir onlív ì, J'niiic ctt imu ÌUOB
akoyllijue.
&rktf&Ì*Á>l»fUWìu. ~ ÀIInfbli^eniMti il^ i,t.-i.tJ|»K, itioiUole
ìifttUiiolfì, ivi)uii-;<‘' rarijs ; Jsvil/Jfsv,- uuu->-u
ípjre, h-ìttx prnbnblti él/^t^ri'iudi'fó anKfàìiOf's <Je JÌwi.Aismi'. ' '
jJennjslojU' jjì?.,•! »> 1 .- .
1. >rt. ń>iluúll‘f(!. ■-- •',.'! !>.Ì .íl!'.>!!i ••■V.lípl,'- ,!»• ’U stllialinlv;
íìirapalilt' llt' rt'p'Uuiii' ;i.i.\ qiie'liuiis : i.n'ualitu !>iij»tl'ÌalM> l.il-
l.lesit* íjjusi'ul'aij't; ; •allitM'ijtiit'.
líìt'niòi ít'i)i'.ilí,tí,s <'úiiiììs rt mi'iiiit'iviit. ».ieri»m .íe p.ni' en'pius;
,[,•',1,1 i...|,!ú {(atJH lt; U-ni|)S i't l't'.s jiiii !• : apiillii,' j.| iijilinén'tn','
tíHíilt''': lí 4 : !i j>ij.<• í-í : urtM*ìj-ticf
t);.pr,;s |,-s reji«ei<’neíH».Ttis nv.* ittíprivis. ie iti’ilaii,' ati'mH elé
lilésse j'ii ',ò, a firlete él fin l.ras flfj.ii. (',](• injiie ni.irn)! mètn* e.K«
':& ttfsjtíyùf {*t■/■*.*Itf <luyr•>$*»•&#
fj'.'já ìihc r.erre *,!:* f.'. Mv-: j, l'.iito.'fijUf. • Oiil. ;ýU; sUíútl'^ Uaitá
la ri'KÌM) úioii’ie'iv par ?iljgnti| (í>itr ; Mv.l f’syrlj.i. saíis i.rouWesi
ox.téiir' fl p,"'il,.'' rjy'ii’K „ti;i!! ,'n aí'f.m'v ,i nn h.-iijaii.iMi:
tC'lat.veméìuí li iit. ,'i' >-. í.ùii>-e," - 1 ,ru.íi».<ur .>'■• i,;.vr-’"
jifelnfefès Vf'iié' l'JiHitijìtielí? i.Jèti'rwfmti'u. Krs i-as JniQb íi ,'tìai .;Ui
.servive de M. I , a,'t*-i. <jn». , t,:iii <iV'rr«» j.résmii.'' ,•» ;i nn n'tìtre. ytìe
}c ?»is jniljJiVr ,'ńirts' 1» s .irr/m .'S A<ji*r*;r.'e tmr' Ap'f'té
ít Bi.vtní, mootrení riuli-ièt ,?.»<• i>» féíM'íioti Ue V. etnl:*Ti:. pu«r.
J’lieliiiínilii.ise, pourraU ';«\,»if m> ps\i;ltiairii' tlaps ìt< i»Vf,»jin'ivii<-.
aesKystes i i, * I o I i, 11 <, • ■• <■!:< ,.<u.:T,i. í '.(.- ; -i l"'- <•?<' M, ■,■.■•- Ui,
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ÌSff^T'ftV
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iíKC.!)
'•
?,■" *ítV^VV'í
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lic des tumeurs encéphaliques élaient plus nets on pourrait
envisager la possibilité prochaine d'interventions opératoires
curatives en ces cas, gràce aux progrès de la radiographie de
l’encéphale. II est certain que la poche sanguine volumineuse
que nous présentons eut élé facile à énucléer et enlever après
ligature, sans toucher au cerveau qu’on eut ainsi décomprimé.
M. Legrain fait aussi observer que cette présentation n’est pas
sans intérét au point de vue chirurgical. Un tel hématome a pu se
produire sinon subilement, du moins dans un court espace de
teinps. Si à ce moment, la symptomatologie avait pu attirer
l’attention sur l’existence de la lésion, il n’est pas impossible
qu’une intervenlion chirurgicale, dirigée contre le caillot, ait
évité les accidents ultérieurs.
M. Magnan ne croit pas qu'il soit prudent d’intervenir dans les
cas d'hématome de la dure mère chez les alcooliques chroniques.
IX.Deuz cas de troubles mentaux observés chez des élec-
trocutés, parMM. A. Marie, de Villejuif et E. Benoist (présen-
talion de pièces).
L’un de nos deux malades conduisant sa voiture dans Paris
aurait été électrocuté par un plot le 28 mai 1908 : le cheval pré-
senta paralt-il, des troubles cérébraux et dut ètre abattu. Six mois
après, le malade entrait à l’asile. La maladie évolua comme une
tabéto paralysìe. Parfaitement inconscient de sa situation, le
malade avait l’euphorie spéciale de la méningo-encéphalite. Les
pupilles irrégulières ne réagissaient pas àla lumière. Les réflexes
rotuliens et achilléens étaient abolis et il y avait une ébauche
nette de signe de Romberg. a I'autopsie, on trouva au cerveau les
lésions de la paralysie générale; histologlquement, un certain
degré de chromatolyse et des manchons périvasculaires discrets
mais nets.
On aurait cru à un cas de tabéto-paralysie causée par l'électro-
cution, analogue à celui présenté en novembre 1908 par le pro-
íesseur Jollroy à la Société de Psychiatrie. Mais l’interrogatoire
de la famille apprit que depuis un certain tempsavant l’accident,
le malade avait perdu la mémoire et se livrait à des excentricités.
II avait eu des douleurs íulgurantes et des crises vésicales dou-
loureuses sans hématurie qui semblent bien ètre des crises tabé-
tiques. Enfin une facture écrite de la main du malade, et quel-
ques pages de son livre de commerce portent depuis novembre
1907 la signature de la méningo encéphalite.
Que la maladie tardát de quelqucs mois et l’étrocution parais-
sait étre en cause, alors qu’elle fut tout au plus révélatrice d’un
état antérieur. Aussi avons-nous cru devoir rapporter cette
observation qui dans une certaine mesure infirme la valeur
positive de celle du proíesseur JofTroy où la tabéto-paralysie sur-
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UNIVERSm' OF MICHIGAN
SOCIÉTÈS
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venue 7 ans après l'accidenl ful considérée comme une aíTection
traumatique causée par l’électrocution.
Par contre, notre second malade présenta des troubles mentaux
en apparence liés à une éleclrocution. Mais il s’agissait là d’un
état psychasténique. Cet horamc était déprimé, 11 avait de l’in-
somnie, du tremblement, de la faiblesse musculaire. II eut quel-
ques troubles vertigineux dont l'un fut épileptiforme. Les pupilles
régulières, dilatées, inégales, réagissaient bien, mais présentaient
le phénomène de Vhippus. La vision non améliorable par des
verres était de 1/4 à droite, de 1/3 à gauche. II n’y avait pas de
dyschromatopsie, mais un rétrécissement concentrique du champ
visuel pour le blanc et les couleurs. L’examen du fond d’ceil
révéla à droite de l’hyperhémie rétinienne et une papllie unifor-
mément colorée. Ce raalade ne donnait pas de réaction de Was-
serman positive à la diflérenoe du précédent.
Réclamé par sa famille, le malade sortit au bout de peu de
temps sans qu’il fut possible de suivre l’évolution des troubles
qu'il présentait. Toutefois on peut dire, du court examen qui fut
fait, que si les troubles mentaux apparurent comme liés à l’élec-
troculion, le malade n’avait rien de cet affaibiissement intellec-
tuel si caractéristique de la paralysie générale.
X. Psychoses toxi-infectieuses et démence précoce, par
le D' Alvarez-G. Salazar (de Valladolid).
Le D r Colin lit un résumé de ce travail qui paraitra in exienso
dans les Annales Mérfico-Psi/e/iologiíjues.
Le gérant : A. Courslant.
PARIS & CAHORS, IMPUIMHRUÌ A. COURSJ.ANT (2-VIII-09)
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
6' Série. 13' Année. Tome XIII.
AOUT 1909 - N“ 8
REYUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue critique. — La f>rme allènuèe du dèlire d’inlerpretalion , par
le D f Halbfkstadt, médecin adjoint dcs asiles d’aliénés. 459
FaitS et opinlons. — Foìie communiquée/ par le D T A. Filassieh. 4GG
Revue des livres. — E&sai sur la psychologie de la rnain, par
N. Vaschide (H. PiÍiron). — Les fonctions nerveuses (butbo-médnltai-
res) t par W. Betchfhkw (R. Legendhf) . 475
Revue des périodiques. — Psychologische Studien (Nov. lí)0*s ;
Février 1909). II. Pjkrox. 478
Nouvelles . 481
Congròs. — Congresso della Societn frenialrica italiana. 481
‘Sociétés. — Société de psycliiatrie (Sénnce du 24 juin 1909), P. Ju-
quelier . 483
Société médico-psychologique (Sénnce du 26 juillot 1909), G. Collf.t. 485
Société clinique de médecine menlalc. Compte rendu in-extcnso . 487
Bulletin bibliographique mensuel. xxix
REVUE CRITIQUE
LA FORME ATTÉNUÉE DU DÉLIRE DINTERPRÉTATION
Par le D' IIalberstadt,
Médecin-adjoint des asiles d alicnès
Depuis quelques années, Sérieux et Capgras essaient de
dégager du grand groupe des délires systématisés une psychose
spéciale qu’ils dénomment « délire d’interprétation ». Dans un
livre récent, ces auteurs semblent avoir réussi à fournir la
preuve que leur conception correspondait à la réalité des
faits *. Voici la définition qu’ils donnent de leur maladie : « Le
délire d’interprétation est une psychose systématisée chronique
caractérisée par : 1» la multiplicité et l’organisation d’idées
délirantes; 2° l’absence ou la pénurie d’hallucinations, leur
contingence ; 3° la persistance de la lucidité et de l’activité psy-
1 SÉRIEUX et Capghas. Les folies raisonnantes. Le dèlire d'interprétation.
Paris. Alcan, 1909.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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cliique; 4° l’évolution par extension progressive des idées ;
5° 1‘incurabilité sans démence terminale »
Parmi les formes cliniques de cette maladie il en est une, la
forme atténuée, dont Ies caractères méritent d’étre précisés
avec quelques détails.
Friedmann a été, croyons-nous, le premier auteur qui se fút
arrété un peu longuement sur les cas de délire systématisé
ayant une évolution bénigne 1 2 . Mais, dans son travail, il n’ac-
corde pas une place spéciale aux états décrits par Sérieux et
Capgras, et c’est ce qui fait que, parmi les observations qu’il
cite, un certain nombre se rapportent à des psyclioses n’ayant
de commun avec le délire d’interprétation que I’existence d’un
système délirant, mais s’en séparant, en revanche, par nombre
de symptómes. De méme pour certaines des observations duesà
d’autres auteurs et que Friedmann cite, on peut faire la reraar
que qu’elles ne semblent pas avoir traità des «interprétateurs »
vrais.
C’est ainsi que le malade de Freyberg parait atteint de folie
maniaque dépressive : accès mélancolique en 1879, intervalle
lucide de 14 ans, puis éclosion d’un dólire, qui évoìue par pous-
sées successives 3 . La malade de Bartels semble solliciter le
méme diagnostic 4 5 . Malgré cela, et en éliminant de l’article de
Friedmann ce qui ne rentre pas dans notre sujet comme ne se
rapportant pas à des cas indiscutables de la psychose de Sérieux
et Capgras, il n’en reste pas moins cerlain quo cet auteur a
montré que ces cas n’ont pas toujours une évolulion progressive.
Ces cas bénins constituent un véritable type clinique spécial,
les malades qui le présentent ont comme un air de famille, dont
nous avons déjà essayé de montrer quelques traits dans un tra-
vail antérieur s . Parmi Ies autres auteurs qui ont ^ublió des
observations analogues, mentionnons Kéraval 6 et VVernicke 7 .
Voyons maintenant quels sont Ies sigues principaux de cette
forme clinique. Pour ce faire, sans revenir sur la description du
1 L. c., p. 4.
‘ 2 Fhiidmann. lìeitrcige zur Lchre von der Paranoia. Munatsschrift f. Psy-
cliiatrie und Neurologie. Mai ct juin lí'05. — V. notre analyse in Revue
Neuroìogique 1905, p. 1107.
3 FRHYBERfí. Ein Fall c/tron. Paranoia rnit Ausga/ig in Heilung. Allgemcine
Zeitschrift f. Psychiatrie. Vol. 58, p. 29,
4 Rarti ls. Zwei bemerkenswerthc Fallc von Paranoia. Allgemeine Zeits-
chrift f. Psychiatrie. Vol. 50, p. 1094.
(Dans ce travail seulc l’obs. II nous intcrcsse).
5 Halberstadt. La folie par contagion /uentale. Paris, llaillièrc, 190*». (V.
« lcs délires communiqués »).
G Kkraval. L'idèe fixc. Archives de Ncurologie. Juillet et uoùt 1899.
7 Wernicke. Grundnss der Psychiatrie. Leipzig. Thioine, 1906. I5 r lecon,
p. 144.
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UNIVERSrn' OF MICHIGAN
LA FORME ATTÉNUÉE DU DÉLIRE I'/lNTERPRÈTATION
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délire d’interprétation, qu’il faut aller chercher dans l’ouvrage
déjà menlionné de Sérieux et Capgras, il nous sufflra derepren-
dre un à un les principaux caractères de la maladie tels que les
donnent ces auteurs et de noter les particularités gue peut leur
imprimer la forme atténuée.
1° « La multiplicité et l’organisation d'idées délirantes. » —
Ce signe se retrouve dans notre forme, mais avec cette particu-
larité que les interprétations, tout en élant multiples, sont peu
étendues, pauvres, se groupant autour d’une idée flxe centrale.
2° « L’absence ou la pénurie d'liallucinations, leur conlin-
gence ». — Ce caractère, qui est essentiel pour le délire d’in-
terpi'étation en général, se retrouve ici.
3° « La persistance de la lucidité et de l’activilé psychique. »
— II s’agil toujours de personnes d’un niveaumeutal atteignant
à peine la moyenne. La maladie n’amène-t-elle pas, à la longue,
un certain degré d’affaiblissementinlellectuel ? Nous ne saurious
nous prononcer sur ce point, et nous garderions d’ailleurs la
mème réserve pour la forme habituelle du délire d’interpx*éta-
tion.
4° « L’évolution par extension progressive des idées.» — Sur
ce point, l’analogie n’est pas complète, en ce seus que s’il est
vrai, effectivement, que le développement de la forme quenous
étudions a lieu pa’r l’exlension du dólire et non pas par l’appa-
rition de troubles sensoriels, il faut noter, en revanche, que
celte extensionest lente et que l’évolution s’arréteà un moment
donné.
5° « Lincurabilité sans démence terminale.» — Ce signe est
également propre à notre foi’me.
Comme nous l’avons dit plus liaut, ces symptómes, en se
groupanftfdònnent lieu à un tableau clinique bien particulier.
II s’agit tfénéi’alement de femmes, ayant un fonds de légère
débilité.mentale. Le débutestinsidieux. Pendantquelquetemps,
la maládie évolue sans donner lieu à des réactions pathologi-
ques. •L’internement est habituellement tardif ; il est pi’écédó
quelquefois par une période d’agitation passagère motivée par
les idées délirantes. Le délire est pauvre, groupé aulour d’une
idée centrale, pi’esque toujoui’s à base de perséculion ou de
préjudice. Poui’tant, Iesidées de grandeur ne sont pas absolu-
ment exceptionnelles.
L'évolution doit nouV ai’i’èter plus longuement. Ces malades
peuvent-ils guérir d’une fa^on complète ? Nous ne le pensons
pas. L’évolution, pour bénigne qu'elle soit, n’aboutit jamais à
la guérison. Le délire, développé aux dépens d’une idée mal-
tresse, s’étend fort peu, conti’airement à ce qu’on observe dans
la forme classique ; il cesse d’évoluer à un moment donné et
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UNIVERSrTf OF MICHIGAN
462
REVUE DE PSYCHIATRIE
quelquefois méme, le malade « l’oublie » en quelque sorte, se
résigne, accepte la situation, n’a plus de nouvelles interpréta-
tions de la réalité. Mais il n’abandonne jamais la croyance dans
la réalitó de son ancien délire.
L’observation suivante est un exemple typique de la forme
dont nous nous occupons.
*
* *
R., néeen juin 1839.
Les antécédents héréditaires et personnels sont nuls.
La maladje actuelle semble avoir débuté quelques années
avant I'internement. II est impossible de fixer avec certitude
l'époque du début, mais onpeut affirmer, en toutcas, que celui-
ci eutlieu beaucoup plus tard que ne le dit la malade. Voici
comment se developpa la psychose.
A l'áge de 43 ans, R. contracte une assurance sous forme de
rente viagère, auprès d’une importante Compagnie qui, contre
le verseraent de la presque totalité de ses économies (environ
8.000 fr.), s’engageaità lui payer une rente d’environ 440 fr.
Tout alla bien pendant plusieurs années lorsque, à un moment
donné; R. commenca, dit-elle, à s’apercevoir que la compagnie
voulait« se débarrasser » d’elle, afin de ne plus avoir à lui
payer tous les ans la somme convenue. Les soupQons ne pri-
rent corps que progressivement, et peu à peu un délir9 parfai-
tement systématisé se constitua, ayant pour centre cette idée
fixe:que la Compagnie d’assurances voulait que la malade raou-
rut au plus tót.
Tout le délire se trouve échafaudé sur de nombreuses inter-
prétations délirantes, dont nousallons rapporterquelques unes.
Les idées d’empoisonnement furent des premières à apparaiti*e.
A l’occasion de quelques légers troubles gastriques, R. érait le
soupgon que ceux-ci pouvaient bien étre dus à des tentatives
d’empoisòuuement faites par l’agent d’assurance.
II n’y a pas eu d’hallucinations du goùt: « la nourriture
n’avait aucun goùt spécial: Ali I 11 n’y a pas de danger, ils sont
trop malins pour qu’on s’en apercoive au goút». Bientót, après
que les troubles gastriques eurent cessé, R. continua malgré
cela à présenter les mémes idées et à émettre des soupc.ons
analogues. Elleen vint finalement à préparer toujours sa nour-
riture avec les plus minutieuses précautions ; après le repas
de midi, quand il lui arrivait de s’absenter de son domicile,
elle emportait dans un panier des aliments pour son dlner du
soir, ne voulant pas étre exposéeà ce que, peudant son absence,
on puisse ouvrir le bufiet et meltre du poison dans les plats 1
R. s’imagine que la Compagnie avait íait dresser par ses
agents tout un plan d’enlèveiuent. La mairie de Boulogne-sur-
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LA FORXIE ATTÉNUÉE DU DÉLIRE D'lNTERPRÉTATION 463
Mcr, ville qne la raalade habite, possède, croit-elle, à l’inté-
rieur du bátiment communal des « oubliettes », où ii est lacile
de cacher n’importe qui. Or, unjour, en s’approchant de la
mairie, R. apercut devant la porte un agent de police et des
messieurs inconnus qui tous certainement attendaient son pas-
sage pourla prendre de viveforce et l’enfermer. Heureusemeuí
elle put éviter ce guet-apens ayant pris une autre rue et s’étant
rapidement éloignée de la mairie. Une autre fois elle remarqua
qu’un cocher faisait suivre à sa voiture le méme chemin qu’elle
et qu’au bout de la rue où elle passait à ce moment se trou-
vaient quelques hommes dont la mission consistait évidemment
à s’emparer de la malade et à la mettre dans la voiture. Elle
put déjouer ce piège et s’enfuir à temps par une rue latérale.
A plusieurs repri.ses, des malfaiteurs soudoyés par les agents
de la Compagnie avaient teuté de s’introduire dans le logement
occupé parla malade. Elle avait remarqué, devant sa maison,
un va et vient qui lui parut suspect et crut entendre la nuit
des personnes qui voulaient forcer sa porte : si elles ne l’ont
pas fait, c’est que R. prenait toujours soin de barricader sa
porte avant de se eoucher et d’autre part, on n’ignorait pas
qu’elle avait constamment à còté d’elle un revolver chargó.
A deux reprises diflerentes on a commis sur elle des tenta-
tives d’assassinat Une fois, daus la rue elle a entendu sifflerà
ses oreilles une balle qui lui était saus doute destinée. Une
autre fois, se trouvant dans la rue, elle vit tomber tout près
d’elle deux tuiles du toit d’une maison, ici encore ses ennemis
avaient essayé de la faire tuer.
Nous croyons inutile de mulliplier des exemples de ces inter*
prétations déliranles. Elles sont toutes groupées autour de
cetle idée directrice dontnous avons parló plus haut et sont
toutes peu compliquées, marquées au coin de la puérilité. Cha-
cun des récits qu’elle fait est simple, comportant peu de détaiis.
Une fois seulement, R. nous a parló du ròle occulte que la
« franc-mafonnerie » aurait bien pu jouer dans son affaire.
Mais c’était plutòt une supposition qu’une conviction intime ;
du reste, la maladen’y insista pas.
R. ne parait pas avoirjamais eu d hallucinations véritables,
mais des illusions nombreusos de l'oui'e ne manquèrent pas.
Elle affirme avoir eulendu dans la rue des allusions à son cas.
C’est ainsi qu’une fois elle a uettement entendu un passaut dire
à un autre : « les oubliettes n’ont pas réussi. »
Combien de temps durèrent ces appréhensions ? Le début de
la maladie ayant été insidioux, on ne peut répondre avec quel-
que précision à cette question. Ce qu’il y a de certain c’est que
pendant longtemps R. ne réagit pas, puis, la période de défense
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REVUE DE PSYCHIATRIE
active commence. Elle change souvent de logement, bientót ne
se trouve en sùreté qu’à l’hótel où elle ne couche qu’après
avoir barricadó la porte de sa chámbre et mis un revolver
chargé à portée de sa main. L’inquiétudo pourtant augmente
de jour en jour et un véritable état aigu s installe, R. se croyant
de moins en moins en sùreté, ne trouve flnalement rien de
mieux à faire que d'essayer à inspirer des craintes aux assas-
sins chargés de la tuer, en faisant pendant la nuit du bruit dans
sa chambre pour que ceux-ci sachent bien qu’elle ne dort pas
et qu’elle peut appeler au secours le cas échóant. L’interne-
ment s’impose alors, et a lieu le 23 novembre 1900.
A l’asile le calmerevient peu à peu. L’idéedélirante maitresse
persiste, mais n’est bientót plus aiimentée que par des iuterpré-
tations rétrospectives. Elle se croit ici hors d’atteinte pour ses
persécuteurs, mais afllrme qu’aussitót sortie en liberté, elle
sera de nouveau poursuivie par les agents de la Compagnie
jusqu’à ce qu’ils réussissent enfln à la faire raourir. Aussi dési-
rant vivement quitter l’asile, a-t-elle imaginé d’écrire à la Com-
pagnie d’assurances qu’elle la déliait de tout engagement (cette
lettre. bien entendu, ne fut pas expédiée).
L’examen actuel de R. (fin de 1908 et commencement de 1909)
montre que le fonds intellectuel est celui d’une débile. Mais la
débilité est peu accentuée, parfaitement compatible avec Ia vie
au dehors, n’était le délire. On ne note aucun troublesensoriel.
L’orientation dans le temps et dans les lieux est parfaite. Elle
ne présente ni impulsions, ni obsessions d’aucune sorte, n'a
jamais d’accès d’agitation ou de dépression.
La santé physique est parfaite.
*
* *
La réalité de la forme atténuée du délire d’interprétation est
admise par Sérieux et Capgras '. lls rapprochent de cetle
variétó celle qui se rencontre cliez les dégéuérés supérieurs, et
ils ajoutent: « On peut supposer, avec Mobius.que dans les cas
de ce genre l'intelligence du malade oppose une digue à l’enva-
hissement du délire et l'obligeà ne pas dépasser certaines limi-
tes ». Pour notre part, nous ne pensons pas qu’il y ait avan-
tage à rapprocher ces deux formes : Sérieux et Capgras
reconnaisseut eux-mémes qu’il s’agit de terrains intellectuels
dissemblables — débilité là, dégénérescence mentale supérieure
ici — ; d’autre part, à còté de la différence de tei rain il y a une
différence d’évolution, car il est rare que ces dégénérés — des
« psychopathes » plutót que des aliénés — s’en tiennent à une
seule idée prévalente.
1 L. c. p. 174.
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LA FORME ATTÉNUÉE DU DÉLIRE D’lNTERPRÉTATION
465
Le délire d'interprétation attéuué, diffórent des délires atlé-
nués et frustes, propres aux dégénérós supérieurs, doit étre
également distinguédes délires des « revendicaleurs ». On sait
que Sérieux et Capgras proposent de dénommer ainsi les persé-
cutés-persécuteurs, processifs et quérulents, dont ils considè-
rent que le trouble mental est autre que celui présentó par les
interprélateurs. La psychosede ces sujetsesl susceptible d’arrét
et d’attéuuation, sinon deguérison complète Mais mème alors
il y a une différence 1 2 marquée avec le délire d’interprétation ;
les deux signes donnés par Sérieux et Capgras serviront égale-
ment ici à faire le diagnostic :
a'i l’idée dólirante est che/. ces malades un& véritable idée
obsédante;
6) il ya généralement une exaltation maniaquequifait défaut
chez les interprétateurs ; ceux ci sont seulemeut sujets à des
états passagers d'excitation, comme en ont quelquefois les
dóbiles.
Nos malades, en fìu de compte, sont plutót des persécutósque
des revendicateurs.
La forme atténuée du délire d’interprétation ne se rencontre
pas souvent en clinique. Nous avons soutenu, il y a quelques
années, que son ótude est particulièrement importante pour
comprendre la question de la folie par contagion mentale. Nous
avons cherché à établir que ce terme ne devait étre employé
que dans les cas où « une psychoseen prqvoque une autre, sem-
blable ù la première au dóuble point de vue des symptómes et
de l’évolution, mais d’intensité parfois diflíérente » 3 4 5 . Or, il se
trouve que si on étudie Ie problèrae de la folie par contagionen
lui attribuant le sens restreint que nous venons d’indiquer, la
forme atténuée du délire d’interprétation s’y rencontre avec
uue fréquence relativement considérable.
A. Marie, dans un travail récent, vient d’adopter notre ma-
nière de voir
Si la place nosographique de la psychose dont nous venons
d’esquisser Ies traits principaux est netteraent déterminée, il
n’eu est pas de méme de la genèse et de ses causes *. La débilité
inentale des sujets explique la pauvreté des conceptions déli-
i antes. Mais pourquoi la maladie subit-elle ce temps d’arrèt qui
a pu mème faire croire — à tort, selon nous — que la guérison
coinplète n’était pas impossible 1
1 Kk.T.PEMN, Psychìalrie, Lcipzig, liarlli. 7* édition, l'JO-'i, vol. II, p. 622.
- Sie.meki.ing. In Lehrbuch tler Psychiatrie , dc Binswangcr et Siemerling-,
2* éd. Iéna. Fischer. 1007, p. 171.
3 L. c. Conclusions.
4 A. Makie. La Psychologie collcctive . Puris, Musson, 1909, p. 95.
5 V. Sékieux et Capgkas, /. c., p. 390.
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466
REVUE DE PSYCHIATRIE
Nous n’avons pas l’explication de ce fait. Mais on peut le
rapprocher de ce qui se passe dans nombre d’autres psycboses,
où la maladie cesse d’évoluer à partir d’une certaine époque,
pour des raisons encore inconnues. Le processus moriide
parait avoir achevó son évolution, et ultérieurement on n’auia
plus affaire qu’à un état terminal, sensiblement statiounaii'e.
On sait que Wernicke a beaucoup insistó sur l'importance qu’ii
y a de distiuguer I’une de l’autre ces deux phases dans le cours
des psychoses.
FAITS ET OPINIONS
FOLIE COMMONIQUÉE
Par le D r A. Fillassier '
Les hasards de la clinique nous ont permis ces temps der-
niers, d’étudier, dans le service de M. Magnan, deux groupes
de malades, l’un composé de deux personnes, l’autre de trois
personnes, et qui constituent, nous a-t-il semblé, deux casinté-
ressants de folie communiquée.
7 or Groupe
J... (Paul), 39 ans. Père buveur, mère nerveuse ; réformé
pour goitre.
Dégónérescence mentale. Illusions ; hallucinations auditives,
gustatives, olfactives ; idées de perséculion; t'uite à l’étrauger;
plaintes aux autorités ; appoint alcoolique.
II... íBerthe). 42 ans. Née avant terme ; à 15 ans fièvre
typho'ide avec délire. Instruction très rudimentaire.
Dégénérescence mentale. Ulusions, interprétations déli-
rantes, hallucinations multiples ; idées de persécution ; teuta-
tive de suicide en 1905, suivie d’un premier internement.
J... (Paul, Joseph), aujourd’hui ágé de39 ans, entre à l’asile
le l* r avril 1909 ; il est né d’une mère très nerveuse et d’un père
cultivateur, aujourd’hui ágé de 76 ans, qui a beaucoup bu et
dissipa ses biens sans profit.
Enfant il n’a pas de convulsions, il va à l’école, il y travaille
bien, mais doit la quitter de bonne lieure pour gagner sa vie.
1 Service de M. le D r Magna.n.
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FOLIE -COMMUNIQUÉE
467
II se porte bien, mais est atteint d’un goitre qui, à 20 ans, le
fait réformer. Ses deux frères et sa soeur out la méme aífec-
tion.
A son entrée à l’asile, il présente du tremblement des mains,
avoue des rèves pónibles, c’est ainsi qu’il croit tomber dans des
précipices ; il a par instants des bourdonnements d'oreilles.
Jusqu’en 1897, il so montre bon ouvrier, et sa vie, au dire
d’un de ses írères, s’écoule normalement.
Eu 1897, il fait connaissance de Bertlie II... qui, d’apròs le
méme témoignage, « aurait toujours été folle ».
Celle-ci est née à 7 mois; elle n’a pas eu de convulsions étant
entant; à 14 ou 15 ans, elle contracta une flèvre typhoide
sévère, qui s’accompagna d’un violent délire.
Elle sait lire et écrire, mais compte mal : 2 fois 6 = 24 ; 24
moins 16 : «je ne peuxcompter si loin », dit-elle.
S’étant rencontrés, tous deux vont habiter ensemble rue de
l’Entrepòt; J... n’a pas cependant de projet au sujet de cette
union qui iui paralt devoir étre passagère : « lorsque j’aurai
assez d’elle, dit-il à son frère, j’aurai vite fait de I’expédier. »
Installés à cette adresse, ils travaillent à domicile. J... ne va
plus à l’atelier, il prend du travail à fa?on, et tandis qu’il pré-
pai-e les pièces, son amie Berlhe H... les coud et les dispose. Ils
vivent ainsi en une iutimité rigoureuse, et gagnent facilement
leur vie.
Mais dès l’année 1898, un an après leur rencontre, ils doivent
déménager : déjà ils s’aper?oivent qu’on leur en veut: on tente
de les ridiculiser ; H... sent parfois de mauvaises odeurs très
suspectes : cela les décide : ils vont habiter Auteuil. IIs ý demeu-
rent 6 ou 7 ans.
Ils y vivaient très isolés, et cependant ils remarquèrent bien-
tót que les voisins leur en voulaient ; ceux-ci souhaitent qu’ils
partent, et pour obtenir ce résultat, tout leur est bon, ils percent
des trous dans le parquet, afin de les empoisonner à l’aide de
vapeurs ; bientòt J... et H... appellent un menuisier qui sou-
lève le parquet pour rechercher les trous, il ne peut les décou-
vrir. I.es voisins cliuchottent sur leur passage, et Berthe H...
raconle à J... que M me X. a osó prétendre qu’ils avaient dit du
mal de tout le monde.
II n’y a qu’un remède : il íaut partir encore ; ils vont habiter
à Billancourt.
Dès leur arrivée, J. . vit bienqu’on connaissait lenr histoire,
et cependant, ils avaieutété tous deux d’une discrétion extrérae
à ce sujet.
Déjà lorsqu’ils étaient venus retenir l’appartement, le con-
cierge les avait regardés d’une fa?on goguenarde.
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UNIVERSITY OF MICHIG^^J
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J... eut, dèscet instant, rimpression qu'on leur serait liostile.
Iln’en tut que trop ainsi. Dès leur arrivée, les voisins comroen-
c-ent à en rire et à se moquer. On raillait jusqu’à Ia facon cìont
J... cultivait leur jardin pour se distraire. En parlant d'eux,
les fournisseurs les traitaient de fous ; sur leur passage, les
enfants chantaient: » ah, les poires ; les belles poires!» et
quolquefois on ajoutait : « on va leur faire le coup du pèie
Francois ».
Lorsque J... rentrait chez lui, on frappait aux portes, et on
parlait à travers les murs.
Toutes ces persécutions n’avaient qu’un but : J... et II..
s’entendaient trop bien, il fallait les séparer ; tout est tenté :
on veut les empoisonner avec « une brioche détestable », II..
Berthe doit renvoyer une barrique de vin « tellement noir que
nous ne pouvons l’accepter ». On supprime leurs lettres.
Un soir, en avril 1905, H... Berthe raconte à J... qu’une
voisine prétend qu’elle a eu un enfant et que tous deux l’ont
assassiné; or, ils n’ont jamais eu d’enfants, comment l’au-
raient-ils tué ?
II faut réagit’; il n’est pas nossible de laisser passer lout cela
sans protester : des gens de bonne foi peuvent croire à de
pareilles accusations ; les journaux n'ont-ils pas écrit « qu’on
peutmettre ainsi tout un quartier sur ledos dequelqu'un » ?J...
estime « qu’on veut échafaudel• toutes ces histoires contvelui».
Bientót il constate que tous ces ennuis finissaient par rendie
sún amie folle. Une nuit de juillet 1905, ils étaient coucliés,
H... Berthe entendit une voisine qui disait du raal d’elle, la
traitant de « garce » ; elle se leva, se mit à la fenétre et l’in-
juria.
J .. vit bien que sa femme commettait là un acte regrettable;
c’est qu’en présence de telles persécutions, elle perdait la rai-
son ; les voisines prirent d’ailleurs prétexte de celte scène pour
se montrer plus agressives, il dut inlervenir et injurier les voi-
sines à son tour ; ils habitaient dans une cour commune qui
desservait plusieurs pavillons ; il s’attaqua aux localairesde
tous ces pavillons.
L’état de H... Berthe s’aggrava et le 10 juillel 1905, elleso
tira un coup de revolver dans !a région cardiaquo. J... deroanda
du secours aux voisins, ceux-ci entrèrent dans la chambre oú
elle gisait, couverte de sang, en ricanant; elle fut transportéeà
Laénnec, et, pansée, fut dirigée sur Ste-Anneoù ellenecessede
pleurer et déclare qu’elle veut mourir; M. le D r Dagonet fait le
diagnostic suivant:
« Délire mélancolique, refusd’aliments, se seraittiré uneballe
» qui aurait traversé le thorax à gauche, il y a quatre jours. >
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FOLIE COMMONIQUÉE
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Elle fut diiigée sur l’asile de Yillejuif. J... resté seul démé-
uage unefois encore, et va habiter à Malakoff, mais dès l’instant
ses ennuis recommencent: les gens sur son passage l’appel-
lent « cochon », ses voisins le raillent, sa femme de ménage
met de la poudre à punaises dans son lit et sous son oreiller :
c'est pour se moquer de lui.
On voulut profiter de l’absence de II... Berthe pour lui faire
connaitre une autre femme ; un jour, gare Montparnasse, des
souteneurs le forcent à regarder des cartes transparentes; on
voulait lui dire par là qu’il ne savait pas ce que c’était qu’une
femme;‘on le forQa à coucheravec l’une d’elles.
Une autre fois, on fit défiler devant lui, rue de Rennes, plus
de 500 femmes pour qu’il choisisse : dans la rue, les agents par
groupes, accompagnés de femmes, le dévisageaient.
Dans la rue, les passants se moquaient de lui, au restaurant,
des gens « l’achetaient », aussi n’y tenant plus, il part pour
Bruxelles. Arrivé dans celte ville, il laisse sa ma!le à la gare
du Nord et cherche du travail. Pourquoi faut-il que dès la gare,
il soit dévisagé par des agents qui se moquent de lui? Sur le
boulevard qui mène de la gare du Nord à la gare du Midi, on
agit vis-à vis de lui, comme on agissait rue de Rennes à Paris.
II ne trouve pas de travail et rentre en France.
H... Berthe, dirigée de l’asile de Yillejuif sur l’asile de Saint-
Hélier est rendue à la liberté, et vient le rejoindre à Malakoíí;
les 15 premiers jours se passent bien, nul ne Iui dit rien. Bien-
tòt la propriétaire et sa fille se liguent contre leur bonheur et
veulent les séparer. Pourquoi? Elle ne sait. Pour y parvenir,
cette femme prétend qu’elle a trompé son ami.
Des gens, dans la rue, lui disent des injures ; dans lejardin,
la propriétaire lui crie « Yoleuse ». On a mis du verre pilé daus
la bière qu’elle buvait.
En vain se plaignent-ils au Préfet de police, au Commissaire,
ces ennuis continueut. Enfin, le l or avril, ils se présentent tous
deux à la Préfecture de police pour protester contre de telles
persécutions. Us sont envoyés à l’Infirmerie spéciale.
Mis en présence, ils se reti ouvent avec émolion, mais tout
aussitòt s’atfirme l’iniluence prépondérante de H... Berthe.
Immédialement elle interpelle J... N’ont ils pas eu assez
d’ennuis, de malheurs ? Quelle trisle cliose que leur vie ?
N’avait elle pas prévu ce qui ari ive ? N”est-ce pas toujours la
méme personne qui les poursuit? El!e le gourmande de ne pas
réagir davantage, de ne pas se montrer plus énergique dans
I’ceuvre de défense commune Pourquoi nel’aide-t-ilpas?A deux
ils triompheront I
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J..., au contraire, est mou, hésitant. Sans douteilaétè
accablé de soucis, d’ennuis, sans douteil a été en butteàbieu
des persécutions mais il semble vivre presque dans un rève, sa
conviction ne parait pas très assise. Pour un peu, si on l’éloi-
gnait de II... Berlhe, il donterait et donne bien I’impression que
s’il ne résiste mieux à l’action de son amie, c’est quesamen-
talitó ne Ie lui permet pas.
2° Groupc
B... (Victor), 51ans; pòre moi t à 59 ans, cardiaque; mère
très nerveuse.
Dégénérescencementale ; illusions, interprétations délirantes,
ìdées ambitieuses et de persécution.
Sypbilis à 17 ans; à 23 ans, fièvre typhoule, long séjouraux
colonies, flèvres paludéennes. Pneumonie. Sept ans de travaux
publics. Appoint alcoolique.
B... (Louise) 37 ans.
Dégénérescence mentale. lllusions, interprélations déliran-
tes. Prédomiuance d’idées de persécution, a tenté de s’empoi-
sonner. Plaintes nombreuses aux autoritós.
Le B... (Vve) 40 ans. Débilité mentale.
B... Victor, ágé de 51 ans, etsa soeur B... Louise Albertine-
Marie, ágée de 37 ans, entieut le 8 avril 1904, à I’asile Sainte-
Anne dans le service de M. Magnan, où uous les examinous.
Arrètós pour vagabondage, ils avaient bénéficié d’uneordon-
nance de non-lieu, à la suite d’une expertise médico-légale et
avaient été conduits à yinfirmerie spéciale.
Interrogés, ils racontent que leur père est mortà59ans,
d'une aflfection cardiaque, leur mère à 44 ans de la poitrine;
ils ont deux autres soeurs bien portantes.
Les malades rapporteut les l'aits suivants ; le 15 septembre
1898, un inspecteur de la Préfecture de police s’est présenté
cbez le concierge de la maison ou ils habitaient à St Ouen; cet
inspecteur déclara à la concierge, que M. B... avait héritéd’un
grand oucle mort à Toulouse en 1897, et qu’il désirait lui
remettre ses papiers d’identité, il les montra à la concierge et à
M Uo Louise.
Les trois soeurs de B. . Victor étaient donc déshéritées;
I.ouise s’inclina devant ces dernières volontés. II n'en futpas
de méme des deux autres soeurs, comme on lo verra.
Dès qu’il eut connaissance de celte visite, B... Victor écrivit
au Prófet de police et au Miuistre de l’Intérieur pour savoirce
dont il s’agissait.
Deux mois après, il fut appelé au commissariat de police, et
on l’informa que le Ministre s’occupait de son affaire.
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FOLIE COMMUNIQUÉE
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Vers 1899, les journaux eurent connaissance de cette succes-
sion et tous deux apprennent ainsi qu'elle se composait de plu-
sieurs itnmeubles sis à Toulouse et s’élevait à 4 millions ; ils
multiplient les démarches et partent tous deux, en 1901, pour
Toulouse afin de háter les notaires. A Toulouse ils découvrent
les deux notaires chargés de celte affaire, ils vont les voir, mais
on les informe que la liquidation n'est pas terminée. Pendant
deux mois, ils assaillent touteslesautorités judiciaires, c’est en
yain ; aussi reviennent-ils à Paris, pour prier leProcureur de
la République de cette ville d’intervenir.
C'est qu’en effet, un véritable complot a été ourdi contre eux,
que B... Victor expose très complètement. Leur père avait eu
d’une maìtresse Mlle Dubois, femme du Comte d’Armagnac, un
enfant mále. II n’avait pu le reconnaitre, Mlle Dubois étant
mariée ; l’enfant fut déclaré à l’état civil sous les noms de Gas-
ton Dubois. ^
La Comtesse d’Armagnac passaen Amérique et y mourut il y
a environ dix ans ; elle laissa en mourant deux légataires,
M. Gaston Dubois et son frère M. Victor B... La succession
s’élevait à 22 millions.
G. Dubois se montra très irrité de ces dispositions, et multi-
plia les difflcultés pour écarter de la succession le frère de la
malade, cela lui fut d’autant plus facile qu’il s’était procuró
en Amérique les papiers nécessaires ; il pourra méme en les
produisant utilement, se faire faire des avances par la succes-
sion de Toulouse; il en sera ainsi aussi longtemps que B... Vic-
tor ne sera pas en possession de ses papiers.
Commeut s’étonner, dès lors, si G. Dubois s’entend avec les
deux soeurs de la malade et achèle leur silence ? Ces manoeu-
vres ne peuvent étre niées : M. L... gérant de M. G. Dubois,
n’est-il pas venu narguer M. B...Victor, chez lui, pénétrant
dans son domicile, en empruntant la qualitéde représentant de
commerce en cafés, et lui disant des phrases à double entente?
Ea janvier 1909, G. Dubois tente de faire empoisonner B...
Victor en achetant la complicité de sa maitresse Mme Vve Le
B...
C’est qu’en effet, un peu avant la révélation de ces héritages
par l’Inspecteur de la police, B... Victor, alors cantonnierà
Saint-Ouen, avait rencontré Mme Vve Le B... ágée de 40 ans.
Celle-ci vient habiter avec B... et sa soeur ; cette dame est
une débile. Elle ne sait ni lire ni écrire ; mariée à 25 ans, elle
est veuve mais a oublié la date de la mort de son mari; elle se
souvient qu'elle était veuve depuis deuxans lorsqu’elle a connu
B ..
Bientòt elle estmise au courant dcs faits ; elle y ajoute foi sur
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lechamp :« si cestestaments n’existaientpas, nous dit-elle, B...
n’aurait pas élé appeló si souvent cliez le commissaire ». D’ail-
leurs, lorsqu’ils habitaient tous trois rue Championnet, Mme Le
B... a nettement entendu un agent de la súretó qui venait
annoncer que deux notaires des environs de Toulouse avaient
les papiers d'identité, et souhaitaient les remettre. De cela, elle
est sùre.
B... Victor et sa sceur, préoccupés de ces successions ne tra-
Yaillent guère ; pour aller à Toulouse, Victor a perdu sa place
de cantonnier : Mme Vve Le B... travaille comme elle peut pour
subvenir aux frais, elle les accompagnera dans le deuxièrne
voyage qu’ils feront à Toulouse, et lorsque rènvoyés et méme
expulsés, B... et sa soeur n’ont plus de domicile, Mme Vve Le
B... loue une chambre rue Bonnet où elle les recoit.
Ces témoignages de sympathie ne touchent pas Mlle B...
Louise, et un jour, elle a l’assurance que G. Dubois a acheté
Mme Vve Le B... Celle-ci tenle d’empoisonner B... Victor avec
un « flacon dépuratif». Heureusement Mlle B... veille ; elle se
jette sur cette femrae, la roue de coups, répand le flacon dans
une fontaine voisine, et la chassant de sa propre chambre, avise
d’urgence la Préfecture de police.
Mais n’anticipons pas sur les événements.
En 1903, le Procureur de Ja République saisi maintes fois de
leurs griefs, intervient et il fait envoyer à B... ses papiers qui
doivent lui étre remis par les soins du Commissaire de police
du quartier.
Par malheur, tous trois sont absents : ils sont retournés à
Toulouse et y renouvellent leurs tentatives. Elles demeurent
stériles. Leurs ressources s'épuisent et il faut rentrer à Paris;
ils n’ont plus d’argent. Hs s’adressent alors à la Mairie, obtien-
nent un billet de chemin de fer pour la ville voisine, et de ville
en ville, flnissent par se retrouver à Paris.
Ils apprennent la démarclie du Commissaire de police et
vont lui réclamer leurs papiers. Ilélas 1 coniplice de G. Dubois,
il les a retournés « à qui de droit » disent-ils.
Ce Commissaire savait bien qu’il ne courait aucun danger;
puisque B... Victor n’a aucune fortune, ilne peut se faire rendre
justice.
Et pendant ce temps, ils en ont Ia preuve, G. Dubois continue
à se faire faire des avauces.
Les plaintes s’accumulent un peu parlout; Commissaire dc
police, Préfet, Ministre. Enfin ils out satisfaction : le Procureur
de la République aexpédiéles papiers une troisième fois au
Commissaire de police ; son chef de service l’a formelleraent
déclaré à l’un et à l’autre.
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FOLIE COMMUNIQUÉE
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M. G. Duboisne désarme pas : il s'entend avec le propi iétaire
de la maison qu’ils habitent et celui ci leur donne congé : le
Commissaire ne pourra leur remeltre leurs papiers puisqu’ils
n'ont pas de domicile.
lls se rendent alors cliez le Commissaire, cliez le Procureur,
se plaignent de ces persécutions, et ne pouvant obtenir ìeurs
papiers, B... Yictor et sa soeur avouent leur misère et sontdiri-
gés sur l’Inflrmerie spéciale, de là à Sainte-Anne.
Interrogés séparément, B... et sa soeur nous font ce mème
récit.
Mme Vve Le B... qui vient prendre des nouvellesde son ami,
lerépète ; mais un faitfrappe : Louise B... s’exprimeavec viva-
cité, sa figure est animée, ses gestes persuasifs, élève t-on un
doute, elle réplique sur le champ, s’en montre irritée, et méme
pour un peu serait soupgonneuse. Elle souhaite convaincre le
médecin qui l’interroge ; comment pourrait-il douter, les faits
ne sont-ils pas évidents ?
Au contraire, B... Victor expose plus mollement, il faut le
pousser, il a peine à expliquer l’intervention du méme person-
nage à Toulouse et en Amérique. Sa soeur doit insister et lui
rendre son courage.
Mme Vve Le B... est également très certaine de la réalitó des
héritages, mais s’en tient à celte croyance et ne la raisonne pas:
elle n’indique qu’un fait personnel précis : elle a entendu dire
par un agent de la sùreté que deux notaires de Toulouse
avaient les papiers. Pour Ie surplus, elle s’en tient aux récits
de Victor B... et de sa sceur; elle y croit fermement.
Comment faut il interpréter ces faits ?
II semble bien que nous nous trouvons ici en présence de ces
« Folies coramuniquées » décrites par Lasègue et Falret ‘.
Dans notre premier cas, J... (Paul), en serait incontestable-
ment l’agent passif, et H... (Berthe) l’agent actif, encore que
cette division ne doive s’entendre qu’avec une certaine relati-
vité. Bien des fois en eflfet, l’agent passif se réveillant par ins-
tants et venant apportorsa partau fonds déliraut commun 2 .
Les autres caractères réclamós par Lasègue et Falret, la
communauté de vie, la vraisemblance du délire, ne font pas
défaut à nos malades.
Tous deux s’orientent vers un dèlire commun de persécution
si souvent observé dans ces íormes, que Régis sedemandait« si
la tendance à l’idée de perséculion n’élait pas innée chez
l’homme et se développe avec la plus grande facilitó sous l’in-
* AnnaUs médico-i>sychoiogi<]itvs, 1877 .
2 Delirc dc persècution à (rois, par D'Ali.onxks ct JiQi’FUF.it, Journal dc
Psycholoyic , 11*05.
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fluence des événements raalheureux chez deux individus sur-
tout profondément égoistes, qui n'aiment qu’eux, vivent en
dehors du monde, et sont portés par conséquent à ne voir
autour d’eux que des ennemis ».
Cette observation est intéressante à un autre titre : nos ma-
lades ont des illusions, des hallucinations, un délire de persé-
cution, mais ces manifestations sont marquées du sceau de leur
mentalité, et se distinguent de celles que nous retrouvons beau-
coup plus nettes, coordonnées, systématisées dans le délire
chronique de Magnan. En outre, dans le délire de Magnan, ies
facultés intellectuelles sont longtemps conservées ; ici nous
sommeá manifestement en présence de dégénérés aux lourdes
tares.
Dans notre deuxième cas, Ia situation est plus nette encore,
si possible.
Louise B... déséquilibrée, constitue l'élément actif; elle iraa-
gine tout, combine tout; c’est elle qui dirigera les démarches de
son frère, le conduira jusqu’à Toulouse, chez lesnotaires, qui le
défendra contre les tentatives d’empoisonnement, qui l’accora-
pagnera chez le Procureur de la République.
Isolé d’elle, il doute presque; pour un peu il se laisserait con-
vaincre; au moins consentirait-il à transiger, parce que ses
droits, admet-il, ne sont peut-étre pas, à l’extréme rigueur, inat-
taquables et parce qu’il faut en finir.
S’il est mis en prósence de sa soeur elle le gourmande : Com-
ment ne se souvient-il pas ? Pourquoi néglige-t-il tel détail? La
fortune ne va-t-elle pas leur appartenir dès qu’ils auront leurs
papiers ? Leur situation ne se modiflera-t-elle pas radicale-
ment ?
Elle-mème qui a tant souffert pour lui, ne pourra-t-elle se
soigner enfln ? et B... se réveille, rougit de son hésitation,
approuve sa soeur, en reprend les arguments qu’ilfortifle de ses
propres raisonnements. .
Voilà réalisé« la véritable collaboration délirante d’Arnaud,
dans laquelle chacun des collaborateurs apporte, en propor-
tion très inégale il est vrai, sa part de matóriaux à l’oeuvre
commune »
Et si l’attitude de B... au cours de son interrogaloire nous a
donnó l’éveil, ses antécédents personnels achèvent de uous
guider.
Dégénéré, dóbile, il sait à peine lire et écrire ; à 17 ans il con-
tracte la syphilis et reste 90 jours en traitement à l’hòpital du
Midi.
1 Traité de Gilbert Ballet ; Psychoses consliiuiionnelles.
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REVUE DES LIVRES
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Puis, à 21 ans, il part ati service militaire, séjourne en
Algérie, au Sénégal, à la Martinique et à la Guadeloupe. A 22
ans il conlracte les fièvres paludéennes ,* à 23 ans il a la fièvre
typhoi'de. Toutes ces affections apportent avec elles des causes
nouvelles d’affaiblisseraent à un état primitif de dóséquilibra-
tion.
Soldat détestable, il passe deux fois en Conseil de guerre pour
bris d’effets et est condarané à deux ans de prison et à 5 ans de
travaux publics. Après 12 années d’absence, il rentre dans la
vie civile ; eh 1898 son délire débute ; en 1902, une pneumonie
achève de l’affaiblir.
II était donc bien préparé pour subir l’ascendant de sa sceur
avec laquelle il vit. Si on les éloigne l’un de l’autre, cette sépa-
ration sera favorable à la diminution partielle ou raème à la dis-
parition de son délire.
L’intervention de M m# VveLe B... s’explique aisément; elle
est maniíestement débile, avons-nous dit, elle ne réagit méme
pas; on pourrait dire d’elle ce que Magnan a écrit du dógé-
néré : « Crédule, superstitieux, il est apte à subir toutes les
» suggestions et tous les entralnements » 1 .
C’est un cas banal de contagion mentale «qui implique l’exis-
tence d’uu sujet inerte, apte à subir uue influence'. Elle implique
aussi, et par là méme, celle d’un sujet actif qui exerce cette
influence. II y a toujours un « contagionneur » et un conta-
gionné mais le premier est inconscient de l’influence qu’il exerce,
le second est inconscient de l’influence qu’il subit 2 .»
REYUE DES LIVRES
Essai surla Psychologie de la main par N. Vaschide, avec
préface de Ch. Richet. 1 vol. in-8 de 304 pages avec 37 planches.
Paris, M. Rivière, 1909. Prix : 12 francs.
Nous ne nous étendrons pas longuement surcet ouvrage pos-
thume de notre ancien collaborateur, parce qu’en réalité, et mal
gré le titre, la psychologie ne tient dans le livre qu’une place
réduite, tandis qu’on y trouve une foule de documents inté-
ressants sur la plupart des questions qui ont un rapport avec
cette partie essentielle de notre organisme.
Des reproductions d’oeuvres dart nous montrenl des mains
1 Magnan et Legrain. Les dégènèrés , Paris.
- Vigoukou x et JiQUELii-K. La conlagiùìi meníale } PorÌ9 1 íí05.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
exócutées en peinture ou en sculpture, par des homnies de diver
ses époques et de diverses races ; le canon artistique de ia main
est longuement exposé d’après divers auteurs ; le travail de
d’Arpentigny sur la chiromancie est complètement dépouilló au
profit du lecteur ; rutilisation médico-légale et policière des
empreintes digitales nous vaut également un chapitre ; on trouve
sur le sujet quelques données ethnologiques intéressantes et mal-
heureusement peu nombreuses ; enfìn, outre une étude de la
crampe des écrivains, on trouve représentés un grand nombre de
types de mains pathologiques.
Mais venons-en au sujet particulièrement intéfessant de la
psychologie de la main. Cette psychologie a été surtout envisagée
par Vaschide comme une physiognomonieune recherche des
particularités menlales individuelles daprès l’aspect de la main
et aussi, cequi est, je crois plus inléressant et plus fécond, d’après
l’activité de la main, la poignée de main, le geste. Et à un certain
point de vue, la graphologie pourrait rentrer dans le sujet, car
l’écriture est la trace persistante du geste manuel par excellence;
certes l’auteur n’a pas eu tort de réserver cette grosse question,
mais la part faite dans le livre à l'activité manuelle en général
est assez réduite ; peut étre cette lacune est-elle due au caractère
inachevé de l’ouvrage, car il manque par exemple une étude
projetée sur la dynamométrie et la force manuelle.
La main a-t-elle donc un rapport avec le caractère, comme on
se le demande pour la physionomie du visage, pour Ia physiono-
mie de l’écriture ?
a II y a, dit Vaschide, des mains abattues, des mains neurasthéni
ques, comme il y a des mains gaies, des mains agiles, des mains
nerveuses et des mains mélancoliques. Cerlaines mains sont ten-
dres et voluptueuses, d’autres sont paresseuses, d’autres encore
pleine d’énergie ». Et la classifìcation des chirognomonistes, qui
reconnaissent sept types de mains (élémeníaire, nécessaire, artis-
tique, utile, philosophique, psychique, mixte), correspondrait bien
à des tempéraments différents.
L’auteur voulut soumettre ces opinions au contròle des faits et
il entreprit des expériences qui paraissaient avoir été bien con-
duites avec la collaboration de chiromanciennes. Les résultats
sont peu nombreux : l’áge parait pouvoir ètre fréquemment diag-
nostiquó juste, paríois des maladies diverses. Quant au caractère,
les données précises font défaut et l’appréciation est délicate. En
somme, en dehors des caractères surajoutés à la main, ceux dùsà
l’àge ou à lelle ou telle maladie, et les déformations profession-
nelles telles que les stigmates des écrivains, il n’apparait pas avec
ccrtitude qu’il y ait des caractòres morphologiques en rapport
avec des phénomònes mentaux définis.
II. Piéron.
1 11 nr* parlo, en eííet, qu'asscz krièvcmenl <le la scnsibilité tactilc envisag’éc
(J íiilleurs de facon assez générale, alors que le sujet aurait mérité uue ètude
très coinplète qui cùt pu rendre de t^rands scrvices.
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REVUE DES LIVRES
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Ij 6S fonctíons nerveuses. Les fonctions bulbo-médullai-
res, par W. Bechterew, in 12 de Tencyclopédie scientifique du
D' Toulouse, O. Doin, éditeur, Paris 1909.
Voici le premier volume des Fonctions nevoeuses que quatre
autres doivent suivre prochainement. Cette traduction de l’édition
allemande du livre de Bechterew présente l’intérét de faire
connaitre en France une série de travaux de Bechterew et de ses
élèves, qui étaient ignorés jusqu’ici à cause de la langue dans
laquelle ils étaient écrits. Ce premier volume est consacré aux
considórations générales sur le système nerveux et à la physiolo-
gie de la moelle et du bulbe. Après avoir énuméró les méthodes
d’investigation dont nous disposons actuellement (excitations et
destructions), Bechterew examine la-conductibilité du système
nerveux et les conditions gónérales de l’activité des centres; puis,
il insiste sur le róle de Tinhibition, « phénomène aussi vulgaire
que Texcitation » et qui semble intimement lié à celle-ci; il indique
le ròle respectif des dififérents centres du système nerveux et
esquisse le ròle du système sympathique. Le chapitre II est
consacré aux racines médullaires ; Bechterew y étudie les rapports
de la sensibilité et de la motilité ; il examine le ròle sensitif des
racines postérieures et leurs fibres centrifuges vaso dilatatrices,
puis le róle moteur des racines antérieures et leurs territoires
d’innervation. La moelle épinière occupe le chapitre III; après
des considérations générales sur les centres sensitifset moteurs
qu’elle contient, Bechterew étudie la locaiisation de ces centreset
discute les théories de la localisation nerveuse, musculaire, seg-
mentaire ; il termine par l’étude du nerf spinal considéré comme
nerf médullaire. Le chapitre IV traite des réflexes : y sont exa-
minés le tonus musculaire, les réflexes tendineux, les réflexes
cutanés, la propagation des réflexes. Dans le chapitre V est
discutée la question des centres réflexes : Bechterew admet que
la destruction de la moelle cervicale, qui supprime les réflexes
tendineux, n'agit que par inhibition, parchoc; qu’il existe des
centres de coordination (pour la locomotion entr’autres) dans la
moelle ; que les centres médullaires agissent réciproquement les
uns sur les autres pourproduire soit l’inhibition, soit l’excitation;
il étudie comment le cerveau influe sur l’activitó des cenlres
médullaires réflexes. Le chapitre VI est consacré aux centres
bulbaires, centres sensitifs et centres moteurs; sans accepter la
notion du sensorium commune, l’auteur reconnait des centres
sensitifs de la moelle et du bulbe où se produisent les perceptions
sensorielles primitives, toutau moins chez lesanimaux inférieurs
et chez l homme aux premiers temps de son développement: il
examine les réflexes bulbaires simples : réflexes de la toux, pha-
ryngien, de salivalion, auditif, mandibulaire, gygomatique,‘nasal,
de l'éternuement, orbiculaire, conjonctival et cornéen, de lacry-
ination, cornéo-mandibulaire, de .succion, dont certains sont
nouveaux ; il étudie encore ie róle coordinateur du bulbe dans la
locomotion et la slation, la question du centre convulsif bulbaire
qu il n’admet pas, l'accès épileptique étant constituó par l’hyper-
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UNivERsrry of michigan
478
REVUE DE PSYCHIATRIE
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hémie cérébrale accompagnée de constriclion des vaisseaux
périphériques ; les olives du bulbe, dont la fonction est loin d'ètre
élucidée, lui semblent, d’après ses recherches et celles de ses
élèves, étre en corrélation intime avec le cervelet corame organes
de coordinatio’n statique et avec ia moelle cervicale en rapport
avec les mouvements de la téteet du cou, outre ces diverscentres,
Bechterew décrit aussi un centre d association pour la déviation
conjuguóe des yeux situé dans la calotte du pont de Varole. Le
dernier chapitre est réservé à Tétude de deux centres réflexesdes
muscles lisses : les centres pilomoteurs et le centre spinai du
réflexe pupillaire.
Dans tous ces chapitres, sur la plupart de ces questions, Bech-
terew apporte, outre une mise au point généralement très précise,
un grand nombre de faits nouveaux dont il sera nécessaire de
tenir compte dans les études ultérieures et dans les problèmes
nombreux que soulève 1‘étude des réflexes normaux et patholo-
giques.
R. Legendre.
REVUE DES PÉRIODIQUES
Pst/chologisc/tc Studicn (IV Bund. Heft, 4-6 Nov. 1908. Fév. 1909).
O. Klemm. Recherche sur le cours de l’attention pour des
excitations simples et multiples. — Avec undisposilif et une méthode
d’une extrème précision, comme on a l’habitude d’en voir employés
par les élèves immédiats de Wundt, l’auteur a consacró un très grand
nombre d’expériences à la question du comportement de l'attention
soutenue. On fait entendre au sujet un son qui dure un certain
temps, et Pon fait varier l’intensité de ce son au bout d’un nombre
de secondes déterminó, 1 par 2, par 3 etc., jusqu'á 30 suivant les cas;
en employant des valeurs différencielles au-dessus du seuil, mais pas
trop, de maniòre à rester dans une zone où un eílort d'atlention est
nécessaire pour percevoir la variation, on obtient par le pourcentage
des variations remarquées une mesure de l’attention en fonction du
temps écoulé. On note aussi que l’attention oscille perpétuellement,
et le graphique a les allures d’un graphique des temps de réaction,
nmis ici, au lieu de mesurer l’attention au cours d'une série tempo-
relle unique, on la mesure une seule fois par série, et Ies inlervalles
peuvent ètre beaucoup plus courts, montrunt la rapidité de cesoscilla-
tions.
En outre, l’auleur a repris ces expérionces avec deux excitants dont
les variations devaient ètre notées, Paltention se portant sur l’un
d’eux seulemer^t. Et entin, lcs mèmes expériences íurent faites avec
trois excitants dont un seul devait accaparer 1’eíTort d'attention. les
excitants ètant acoustique, tactile et visuol. Ce sont les variations
visuelles qui sont en moyenne le plus exactement notées, puis Ies
acousliqucs et eníìn ies tactilcs. D'une facon générale, les oscillations
dans la perccption exacte dcs vuriations sont antagonistcs pour l’exci-
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
REVUE DES PÉRIODIQUES
479
tant appelant l’attention et pourTautre ou les autres qui ont alors des
causes plus ou moins parallèles ; mais le fait n’est pas sans exception.
Les choses se passeraient corame si la diminution d’attention afTectée
à l’excitant principal d’une expórience profìtait à la perception des
autres, comme si elle permettait une attention spontanée pius grande
par la perception des variations n’attirant pas l’attention volontaire.
Cet antagonisme marquant une relation complómentaire est évidem-
ment un fait intóressant.
G. F. Anps.etO. Klemm. Lecours de Pattention pour des excítatìons
rythmiques. — Cette étude, faite par une méthode tròs analogue à la
précédente, a permis de montrer l’influence qu’un rythme objectif
peufc avoir sur le cours des phénomènes aperceptifs. Lorsqu une série
de coups de marteau se fait à intervalles réguliers, si l’on explore
corame dans l’étude précédente Ia sensibilité diíTérencielle à des exci-
tants optiques au bout detemps variables, on note que la précision de
la perception atteint son maximum peu avantjie choc rythmique pour
descendre ensuite et atteindre peu après son minimum dans des chocs
rythmiques à intervalles d un peu moins de 2 secondes. Ce maximum
d’attention se produit à peu près 15 centièmes de secondes avant, et le
minimum 44 centièines après.
Ainsi la rythmicitó induite par le rythme objectif est trèsgénórale et
portesur les phénomènes d’attention appliquée à des excitants sensoriels
d’un autre ordre. En outre cette rythmicité induite peut accentuer les
caractères du rythme objectif ; c’est ainsi qu’avec un rythme de
dactiie comprenant trois excitations séparées par deux intervalles
égaux, avec accent sur la première,plus intense, les deux centres étant
d’égale intensité, on constate que l’intensité subjective est maxima
pour la première excitation, moindre pour la deuxième, et minima
pour la troisième, objectivement égale pourtant à la seconde. Et cela
colncide avec le comportement de i’attention qui se montre maxima
pour ie premier temps du dactyle, moindre pour le second et minima
pour le troisièine.
G. Deuchler. — Contribution à la rechercho des formes de
réaction. — I. Longue étude théorique relative aux temps de réaction
(divisés en temps de réaction simple, temps de róaction de choìx et
temps de réaction de différenciation et de reconnaissance). L’auteur
appelle « formes de réaction les manières de réagir qui peuvent
méthodologiquement étre imposées à un sujet etqui doivent dès lors
ètre différenciées des « types de réaction » concernant ia manière
spontanée et habituelle de réagir d’un individu donné, types que
l’ótude des formes de réaction permet justement de connaitre et de
déterminer. L’auteur étudie l'interprétation mathématique des résultats
permettant leur utilisation pour l’étude des formes de réaction et la
détermination des types.
G. F. Arps. — Sur la période de croissance de la sensation de
pression. — En employant un percuteur tiré par un ressort pouvant
ètre fìxé à trois points différents d’un levier, de manière à faire
presser ie doigt du sujet avec trois forces différentes de pression
i*255 gr. 5, 136 £r. 2 et 58 gr. 5} et maintenu par un électro-aimant,
libórant ia masse percutrice par une cessation de passage du courant
cominandée par un pendule, l’auteur a pu rénliscr des excitations
tacliles de pression d’une durée variable pour ses trois valeurs de
pression (durée de 13, 65, 72, 121, 206, 305, 380, 432, 481, 611, 980 et 1385
millièmes de seconde). Or on sait que, pour les durées tròs courtes,
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Qriíjinal fro-m
UMIVERSETY OF MICHÍG/rí
480
REVUE DE PSYCHIATRIE
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des excitations d’intensitó constante provoquent des sensations dont
Tintensité croit avec la durée de l’excitation. C’est cette croissance en
fonction du temps qui se trouve étudiée par 1‘auteur pour la sensation
de pression au moyen de comparaison, avec des excitations assez
longues par la méthode des variations minimales et par celie des cas
rnultiples. On constate en fonction du temps un accroissement, suivant
une courbe régulière, de l’intensitó de la sensation, sauf une baisse
brusque et constante ehez les divers sujets au bout de 432 millièmes
de seconde, la vaieur atteinte au bout de 380 ne se retrouvant qu’après
611 millièmes. Cette baisse s'est montrée indépendante et de I’intensité
employée par l’excitation de durée croissante, et de la durée- de
l’excitation de comparaison. Enfìn le maximum de rintensité,
à la fìn de cette période de croissance, a été toujours obtenu sur 980
millièmes de seconde ; la période dure donc un peu moins d une
seconde. Mais comme il n'y a pas de durée expérimentée entre 611 et
980 millièmes, il est possible que le maximum se manifeste en réalité
plus tòt. Mais les documents déjà íournis par cette étude sont irapor-
tants pour la connaissance des sensations tactiles, un peu négligées
jusqu’ici.
Georg. Kaestner. — Recherches sur l’impression affectlve pro-
voquée par des sons doubles non analysés. — On considòre souvent
comrae synonymes les expressions de consonance et de dissonance
et celles de plaisir et de déplaisir provoqués par un accord. L’auteur a
recherché à ce propos les rapports qu’il peut y avoir entre raffìnité
tonale et les impressions agréables et désagréables provoquées par la
méthode de la comparaison entre les accords. Des comparaisons furent
faites pour 30 intervalles entre 256 et 512 vibrations, et pour 33 entre
320 et 640. En particulier, une série concerna les 12 intervalles classiques
qu’on peut ainsi ranger par afflnité tonale (octave, 2/1; quinte, 3/2;
quarte, 4/3; sixte majeure, 5/3 ; tierce majeure, 5/4; tierce mineure,
6/5 ; triton, 7/5; sixte mineure, 8/5; septième mineure, 9/5; seconde
majeure, 9,/8 ; septième majeure, 15/8 et seeonde mineure, 16/15).
Chaque accord étant comparé à tous les précédents, on obtient en
moyenne 15 fois le jugement que le second est plus agréable, 46 fois
qu’il l'est moins, et5 fois qu’il l’est autant. S’il n'y avait aucun rapport
entre ces jugements et la parenté tonale, on devrait obtenir autant de
jugements de chaque sorte ; si la parenté tonale détermińait seule le
sentiment agréable, on devrait obtenir uniquement des jugements de
moindre agrément.
En réalité, l’ordre de préférence des intervalles est le suivant, en
commencant par le plus apprécié de tous les sujets : tierce majeure,
sixte majeure, quinte, tierce mineure, sixte mineure, quarte, octave ;
puis bien plus loin le triton ; puis très loin, la septième mineure, st
enfin, bien plus loin encore, la seconde majeure, la septième majeure
et la seconde mineure bonne dernière.
En faisant appel à des intervalles très variés, l’auteur a pu dresser un
graphique de la valeur ogréable des accords en fonction de l'inlervalle
du son variable par rapporl au son fìxe, le son unique étant lui-mème
comparé aux occords : l’agrément, ainsi opprécié por comporaison.
étant assez élevó pour la note síule, tombe en minimun pour la
seconde et remonte jusqu’à son ma&imum pour la.tierce majeure, puis
redescend avec de grandes oscillatiáns ; dans certains cas, il y o en
moyenne descente progressive jusqu’à l’octave, tandis que dans d’au-
tres, la chute est continue jusqu’à l intervalle de 11/16, ovec retourà la
quinte qui est parfois presque aussi appréciée que la tierce majeure,
(Voir la suite après le Bulleiin bibliographique mensuel).
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Qriginal frn-m
UNIVERSrn' OF MICHIGAN
CONGHÈS
t
481
des chules entre la quinte et la sixte mineure, puis entre les deux six-
tes, une chute très forte jusqu’à la seplième et une nouvelle et der-
nière ascension pour l'octave dont la valeur agréable ne dépasse pas
celle de la note isolée. Cette intéressante étude met en évidence le
caractère arbitraire au point de vue esthétique duchoix desintervalles
musicaux classiques à certains desquels sont nettement pt-éférés des
intervalles diíTérents (en particulier ceux de 6/7, 11/13, 7/9, 13/16, 13/17,
etc.).
Paul Salen. — Descrlptlon d’un chronographe perfectionné.
H. PlÉRON.
NOUYELLES
On annonce que M. le Docteur Ritti, médecin en chef à la maison
nationale de Charenton» prendra sa retraite à partir du l er septembre
prochain. Les candidats au poste vacant, médecins chefs ou médecins
adjoints de classe exceptionnelle, sont priés de faire parvenir le relevé
de leurs titres avant le 15 septembre.
CONGRÈS
Ricista sperinientalc cli Frenatria (Vol. XXV, fasc. 1. 1909. Aslio del
XIII* Congresso della Societa freniatrica italiana)
Catola. — Les altérations des échanges matériels dans les
psychoses (partie générale). t
Pighini. — Les altérations des échanges matérlels dans les psy-
choses (partie spéciale). — Bonne mise au point des questions de
chimie biologique appliquée à l’étude des psvcnoses. L’auteur conclut
que les altérations du métabolisme observées dans lesdiversesmaladies
mentales semblent moins dues à l’effet des lésions anatomiques de
ì’encéphale que liées à l’action de causes probablement toxiques, mais
les résultats obtenus jusqu’ici sont le plus souvent incertainset cóntra-
dictoires et ont étó trop souvent étabíis par des móthodes incoraplètes
ou irrationnelles.
Gaetano Boschi. — Recherchessur la lévulosurle expérimentale
chez les déments précoces.
Guido Guidi. — Sur la pathogenèse de Pépilepsie.
Aleardo Salerini. — Le mode d’élimlnatlon du bleu de méthy-
lène chez les vieillards alfénés et les vieillards normaux.
Ziveri. — La fonction hépatlque dans la démence précoce.
G. Pighini. — L’échange organique dans la démence précoce (N,
NaCI, Cl, Ca, P, K, S).
Aleardo Salerni.— L’acíde formique en médecine mentaie.
' Tancredo Cortesi. — Contrlbution à l’étude de la voiedu langage.
Cerletti Ugo. — Sur des corpuscules spéciaux périvasculaires
dans la substance cérébrale.
Vasco Forli. — Sur les atrophles cérébrales et crànlennes par
lésions spérimentales du cerveau.
G. Pardo. — Recherches ultérieures sur l’indoxylurie dans les
maladles mentales.
Alfredo Perugia. — Isotonie des globulés rouges du sang dans
la démence précoce.
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Qrigiaal from
UNIVERSETY OFMICHIG/
482
REVUE DE PSYCHIATRIE
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Sylvio Pehazzolo. — La pression artérlelle dans les maladies
mentales.
Paolo Amaldi. — Sur les rapports entre l’alcoolisme et les névro-
psychopaties en Italle.
Montesano. — Des rapports entre la dlffuslon des psychoses
alcooliques et la consommation du vin, de la blère et des liqueurs
dans diverses régions d’ltalie.
G. E. Mariani. — L’assistance des alcooliques.
U. Alessi. —- Altérations de l’écorce cérébrale et cérébelleuse
chez des individus alcooliques, morts rapídement ou par accident
ou par homicide.
Montesano Giuseppe. — Sur la présence de plasmatocytes dans
le systòme nerveux central de lapins íntoxiqués par l’alcool.
Antonini. — Le type du manicome moderne sous le rapport de
l’édllité.
G. Esposito. — Sur l’isolement et ses indications.
Alberti. — Sur la possibilité du no restrciint dans les manicomes.
Brugia. — Démence et paradémence. (Dissolution et dissocia-
tion mentale).
Muggia. — Sur la nosographie de la dómence.
N. Maiano. — Les impulsions dans la démence précoce.
A. Salerini. — Sur la neurasthénie prodromlque de la démence
précoce.
A. Alberti. — Les symptomes terminaux de la démence précoce.
L. Zanon. — Caractères dógénératifs, ataviques et pathologi-
ques dans la démence précoce.
A. Ziveri. — Faits et cònsidérations statistiques sur la démence
précoce.
F. Constantini. — Deux cas de démence précocisslme.
G. Martini. — La courbe du travail mécanique externe chez les
déments travallleurs.
G. Muggia. — La valeur de l’éliminatlon du bleu de méthylène
comme indice des conditions des échanges.
G. Muggia. — Contribution à l’étude des encéphalltes chez les
alcooliques.
C. Ceni. — De la cachexie cérébrale.
G. Saiz. — Recherches pléthymographiques dans les psychoses
affectlves.
G. Volpi Giiirardini. — A propos des rapports entre la mélan-
colle involutive et la folie maniaque dépresslve.
G. Esposito. — De quelques questlons nosographiques sur la
psychose maniaque dépressive.
G. Franchini. — Syndrome rare en état dépressif.
F. Maggiotto. — Etats d’excitation de la folie manlaque dépres-
sive avec aura prodromique.
F. Greco. — La synthèse clinique de E. Kreepelin du point de vue
de l’hlstoire de la médecine.
M. Levi-Bianchini. — Biologie de l’épilepsie des femmes et son
traitement.
M. Levi-Bianciiini. — Les symptèmes paranoTdes dans les dé-
mences hébéphrénlques et héboTdophrénlques.
E. Audenino. — Le manémisme.
D. Linguerri. — Les asymétries de température en rapport avec
les manifestations hémilatérales de l’épilepsie essentlelle.
G. Perusini. — Proposition pour une uniflcatlon technlque dans
la prise du matériel pour les recherches sur le système nerveux
de l’homme.
F. Ugolotti. — Sur l’état de l’éplthélium séminal et de la sper-
matogenèse dans les maladies mentales.
Goi igle
Origirìal frn-m
UNIVERSrn' OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
483
P. Consiglio. — Statistlque des maladies nerveuses et mentales
dans l’armée.
P. Consiglio. — Psychoses et névroses cher les militaires.
R. Legendre.
sociétès
SOCIÉTE DB PSTCHIATRIE
Sèancc du 24 juin 1909
Epilcpsic tardiccct dànxence c/icz unc fenimc attcinte d'angio-sarcome
de lafosse cèrèbrale antèrieure . — MM. L. Marciiand et G. Petit. —
Une ferame, à l’ágede 58 ans, présente, trois ans aprèsun traumatisme
crànien, des accès ópileptiques, auxquels se surajoutent des vertiges,
des absenceset des accès d’automatisme ambulatoire. A 64ans, phéno-
mène de claudication intermittente ; à 65 ans début de l aíTaiblissement
progressif des facultés intellectuelles avec périodes alternatives d’agi-
tation et de dépression. La cóphalalgie n’apparait qu’à Páge de 67 ans.
La malade meurt d'asystolie à 68 ans. A l'autopsie, les auteurs
trouvent un angio sarcome de la fossecéróbraleantérieure, comprimant
et altérant les lobes supra orbitaires des.lobes frontaux. II est rare de
voir une tumeur déterminer si peu de troubles, permettant d’établir,
non seulement le siège de la tumeur, mais méme le diagnostic de la
tumeur elle-méme. Comme succession de symptòmes, il est intóressant
de relever que les troubles psychiques n’ont débutó que sept ans après
l’apparition de l’épilepsie; il est probable que la tumeur s’estdóveloppóe
très lentement, comprimant d'abord leslobes frontaux, ne les ulcérant
que beaucoup plus tard.
**#
Prèscntation d’une aiguillc à ponction lombaire . — M. Roger Dupouy
présente à la Sociétó une aiguille à ponction lombaire, vóritabíe trocart
du méme calibre que les aiguilles habituelles et dont l'embout porte
une rainure destinée à empècher le liquide obtenu de se perdre en
bavant le long des parois. Cette aiguille, peu volumineuse et d'un
maniement très simple, présente en outre sur divers types d aiguilles
habituellement employées, l’avantage d’une plus grande rigidité.
#
# #
Les encèphalitcs à ccllules plasnxatiques , par MM. Klippel et Lher-
mitte. — Les plasmazéllens ne sauraient étre considérées comme des
éléments pathognomoniques de la paralysie gónérale; ces auteurs ont
rencontró l’infiltration de l'encéphale, par les cellules plasmatiques
dans les scléroses en plaques, l’encéphalite traumatique, la confusion
mentale.
*
* *
Psgchose toxi-infectieuse d’originc tuberculeuse. — MM. Séglas et
Lhermitte. — Etude anotomo-clinique d’un cas de psychose avec
confusion mentole, excitation muniaque chez une jeune fllle atteinle
de bron<jfio-pneumonie tubérculeuse. A l’autopsie, méningite hyper-
plostique, dégénérescence des cellules corticales du lobe frontral,
infiltration périvasculaire par des inacrophages pigmentaires et des
lymphocytes.
-w
* *
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UNivERsrry of michigan
484
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Mnladie dc Bascdow ot Psjjchose maniaquc dèprcssicc. — MM. Df.xy
et Merklen présentent une malade atteinte de goitre exophtalmique
et de psychose maniaque dópressive.
Cette ossociation pour avoir été dójà souvent signalée, préte cepen-
dant à des discussions pathologiques qui sont loin d’èlre terminées.
Dans ie cas présent l’existence d’un état constitutionnel d’excilation
antérieur augoitre permet d’éliminer l’idée d’une psychose thvroidien-
ne. La malode est une dégénérée, déséquilibrée émotive; íes deux
états sont nés sur ce terrain pródisposé ; chacun après un grand
ébranlement nerveux. II y a donc entre eux association et non
causalité.
De plus pendant les grossesses ils se sont l'un et l'autre amendés;
aussi y a t-il lieu de se demander si lo fonction ovorienne n’est pas
sans avoir sur eux quelque influence.
**#
Ktude du langaqc musieal d’un niusicicn proíessionncl dcmcnt onjani-
que, par lèsion circonscritc par MM. René Charpentier et M. Nathan.
— Le malade qui fait l’objet de cette communication, est un démem
organique typique t dont les auteurs ont étudió le langage musical. Ce
musicien, encore chef d'orchestre, a oublié presque totalement les
morceaux entendus ou joués par lui; l’enquéte a porté sur le réper-
toire d’opéra, de concert et méme d’opérette. Cependant le goút
musical persiste, et le malade écoute voIontiei*s la musique et la juge
méme assez bien.
La reconnaissance auditive des hotes, la lecture de la musique sont
profondément troublées. De plus la comparaison de ses essais actuels
avec ses compositions antérieures permettent d’apprécier I’étenduedu
déflcit. Les auteurs insistent sur la persistonce relative de la scienee
harmonique, dont le malade appliquerait les lois d’une fagon automa-
tique.
#%
Incontinencc d'urine et sijndrome de dèbilitè motrice. — M. Merklen
présente un enfant de 8 ans atteint d’énurésie dite essentielle. A
í’examen du système neuro-musculaire, on voit que cet enfant pré-
sente certains signes du syndrome de débilité motrice (déíaut
d’inhibition, attitudes cataleptoides des membres, paratonie, syncinésie,
maladresse constitutionnelle) lié à une hypogénésie pyrainidale et
décrit par M. Dupré. L'examen de nombreux enfants analogues a
montré à l’auteur que plusieurs faits d’énurésie doivent ètre détachés
du groupement de l’énurésie essentielle pour prendre place dans le
cadre dusyndrome de dóbilitó motrice, l’hypertonie de la musculature
des inembres se petrouve dans la musculature vésicale, d’où les
mictions involontaires nocturnes ; on cst donc en droit, à cóté des
autres énurésies, de décrire une énurésie hypogénésique.
#**
Troublcs intèressant la pcrsonnalitè chcj unc malade atieinte de
pstjchosc pèriodiquc . — M. Delmas amène devant la Société une
malade atteinte de psychose périodique à type circulaireet présentant
en outre des conceptions délirantes portant surtout sur la personna-
lité ; ces conceptions délirantes semblent diílérer des troubles de la
personnalité qu on rencontre habituellen>ent au cours des psychoseset
ètre d’une interprétation psychologique difficile.
*
* *
Un cas de chorèe chroniquc. — M. Dupré et M me Long-Landry. t ! n
vieillard de 82 ans présente des mouvements choréíques généralisés
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
485
depuia 4 ans, survenus à la suite d’un accident : le malade a óté ren-
versó par une bicyciette. Jusqu á cet àge, 78 ans, il avait* joui d’une
santé paríaite et ni dans ses antécódents iìóréd taires et collatéraux,
ni dans ses antécédents personnels on ne peut noter de troubles ner-
veux ou mental.
Les mouvements sont généralisés, analogues à ceux de la chorée de
Sydenham, disparaissant pendant Ie sommeiL s atténuant notablement
au repos et s’exagérant quand on observe le sujet.
L’intógrité des facultés mentales est remarquable étant donnó i áge
du malade et la chorée ; on n’observe ni trouble de l’attention ni trou-
ble de la mémoire, pas mème de ld mémoire d’évocation visuelle.
L’affectivité est normale, il n'y a qu’un peu d’irritabilité, suffisamment
expliquée par l’àge du malade.
II n’est pas possible de songer ù une chorée de Anntington, en rai-
son de i’absence de tout facteur héréditaire ou familiale, du début si
tardif de l’affection et de l'absence dos troubles intellectuels.
D’autre part la notion du traumatisme comme condition étiologique,
l'exagération des mouvements quand le sujet se sent observé, l'inté-
grité complète de l'activitè mentale font supposer qu’il s'agit d’une
choróe psychique ou hystérique.
P. JUQUELIER.
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLiOQIQUE
Séance du 26 juillct 1909
tìallucinations lilliputicnnes. — M. Leroy attire l’attention de la
Société sur une forme d’haliucinations visuelles peu étudiée. Ces hallu-
cinations ont pour caractère constant d’ètre petites, de reprósenter des
ètres ou des objets définis qui ont des dimensions exigues, tout en
conservant leurs proportions relatives, d’où le nom á'haltucinations
lilUputiennes qu’il propose de leur donner. C’est, en elTet, un monde
lilliputien qui apparait aux yeux du malade étonné.
M. Leroy rapporte l’observation très intéressante d’un paralytique
gónérai qui, à la suite d’un ictus, fit un délire hallucinatoire intense de
tous les sens. Au cours de ce délire apparurent de nombreuses hallu-
cinations lilliputiennes : petits soldats de la hauteur du doigt dófilant
en rangs serrés, petites femmes jouant de l’éventail, petites bicyclettes
courant tout autour de la chambre, petits chevaux, etc. Tout ce petit
monde va, vient, subitdes transformations. Ces troublesdurèrent trois
mois et se terminèrent par la mort du malade, emporté par un nouvel
ictus.
L’auteur a observé rócemment un cns analogue au précédent, dans
son service de Ville-Evrard. Une débile atteinte de délire hallucina-
toire passager, avec hallucination de la vue et de l’ouie, voyait des
petits soldats danserautour d’une veilleuse.
Les troubles psycho-sensoriels de ce genre sont une forme de microp-
sie. Alors que la micropsie a étó observée surtout chez les hystériques,
les épileptiques, certains déséquilibrés, les hallucinations lilliputiennes
peuvent exister dons toutes les maladies mentales et survenir sous
forme d'hallucinations conscientes. Elles se montrent en dehors de
toute micropsie, le malade concervant la vision normale pour les objets
qui I’environnent.
On trouve chez les auteurs un petit nombre de faits analogues.
M. Leroy cite six observations tirées des ouvrages de Taine, Leuret,
Brierre de Boismont. L’exemple de Taine concerne un médecin qui,
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HEVUE DE PSYCHIATRIE
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à la suite d'une atteinte de choléra, vit danser sur sa table de petits
personnages. Leuret raconte qu’un moine allant à l offlce vit l'église
remplie de petits éthiopiens.
D’après ces différentes observations, M. Leroy indique les caractères
propres aux observations lilliputiennes : ces hallucinations. visuelles
d’objets aux proportions très réduites. le plus souvent de personnages
animés: elles sont multiples, mobiles; elles sont fréquemment colo-
riées; elles provoquent habi tuellement chez le malade une émotion agréa
ble. II les compare aux hallucinations cinématographiques de Régis et
leur attribue, en raison de leurs caractères et des circonstances qui
les accompagnent, une origine toxique. La pathogénie de ces troubles
viendraitá l’appui de cetteopinion que la micropsie est d’origine toxi-
que. M. Leroy rappelle les travaux de Otto Veraguth (de Zurich) el
ceux (fHeilbronner et se range à l’avis de ce dernier, qui rattache ia
micropsie à un Irouble morbide de l’écorce.
M. de Clérambault a observó Vhallucination lilliputiennc telle que
M. Leroy vient de la décrire, dans l’intoxication alcoolique, dans i’in-
toxication chloralique, et, en dehors de toute intoxication, chez nn
circulaire, chez un aveugle persécutéet chez un tabétique. Lesmalades
qui présentaient ces hallucinalions, sauf le circulaire, voyaient les
objets environnants avec leurs dimensions réeiles et avaient égele-
ment des hallucinations de la vue représentant les objets avec leurs
dimensions normales. Ces malades n’étaient pas effrayés, mais plutót
amusés de lcurs hallucinations; deux d’entre eux disaient des petits
personnages qu’ils voyaient : « ils me tiennent compagnie ».
M. Trénel a observé une malade qui n’ótait pas une intoxiquée,
mais une vìeille vésanique, et qui vivait depuis des années au milieu
d’un peuple de petits lutins qui ne l’effrayaient nullement.
***
MM. Benon et Froissart font une communication sur : Lcs condi-
tions socialcs et indiciduelles de l'ètat defugue. Au point de vue mé-
dico-légal, Fétat de fugue, qu’il n’est pas possible de définir actuellement
d’une faQon pcécise au point de vue clinique, se caractérise par deux
conditions. Un individu est en état de fugue quand 1« il a quitté son
domicile et n’y est pas revenu, et que2 # son entourage ne saitpasce
qu’il est devenu. L’existence de ces deux conditions permet de distin-
guer la fugue de certains états voisins. Les auteurs rapportent I’obser-
vation d’une malade qui, sous Finfluence d’une crise d’angoisse qui
revient tous les deux ou trois jours, quitte son domicile la nuit et n’y
rentre qu’après s’étre promenée au dehors pendant plusieurs heures.
C’est là un íait qui neconstitue pas unefugue. On peut le différencier,
au point de vue médico-légal, de la fugue vraie en tenant compte de
l’absence des deux caractères précités.
M. V igouroux estime que Fon ne peut caractériser, mème en se pla-
gant au point de vue módico-Iégal, un fait pathologique comme la fugue,
au moyen d’une circonstance entièrement extérieure à ce fait; Figno-
rance où se trouve Fentourage du sort de Findividu en état de fugue.
M. Trénel pense que lescaractères choisis par MM. Benon et Frois-
sart pour caraotériser l’état de fugue au point de vue médico-Iégal sont
insuffisanls. Pour un mème individu, dont il cite Fexemple, qui a eu
un certain nombre cle fugues, la seconde condition s’est trouvée réali-
sée dans quelques cas, et ne I‘a pas été dans d’autres cas. Cependant il
n’existait aucune différence entre les uns et les autres, pas plus au
point de vue médico-légal qu’au point de vue clinique.
G. COLLET.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉ CLINIQUE
DE
MÉDECINE MENTALE
Séance du 19 Juillet 1909
Présidence de M. MAGNAN
SOMMAIRE
Adhèsions et àlections. — Membre titulaire : M. le D r Blin. — Mem-
bres associés étrangers : M. le professeur Támburini, M. le D r Anto-
nini, M. le professeur Gadelius, M. le D r Olof Kinberg, M. le D r Theo.
WlTRY, M. le D r T.-A. Williams.
Prèsentations. — I. MM. Marcel Briand et Brissot. — Syndrome
paralytique chez une débile. Possibilitó de paralysie générale juvénile
(DisCussion : MM. Magnan, Pactet, Picqué).
II. MM. Leroy et Picqué. — Confusion mentale hallucinatoire par
suite de tuberculose iléo-coecale; guérison par intervention chirurgi-
cale (Discussion : MM.Magnan, Picquk).
III. M. Couchoud. — Aphasie ou démence (Discussion : MM. Colin,
Briand, Trénel, Juquelier).
IV. M. Juquelier. — Anomalie arlérielle probablc chez une mélan-
colique.
V. MM. Rogues de Fursac et Capgras. — Un cas de folie intermit-
tenle. Myoclonie et délire de possession prémonitoires des accòs (Dis-
cussion : MM. Magnan, Ritti, Trénel, Pactet, de Clkrambault).
VI. MM. Marcel Briand et Brissot. — Un cas d’aphasie motrice
pure, sans surdité ni cócité verbales, chez une femme polyglotte
n’ayant jamais présentó d'aííaiblissement intellectuel notable.
VII. MM. A , Marie (de Villejuif) et E. Benoist. — Un cas de tu-
meur cérébrale latente (Discussion : M. Pactet).
Adhésions
M. Magnan annoncequ’ii a regu l’adhésion suivante :
M. le D r E. Blin, médecin en chef des asiles de la Seine (Vau-
cluse), mernbre titulaire de droit.
Elections
MEMBRES ASSOCIÈS ÉTRANGERS
Sur la proposition du bureau, sont élus à la majorité membres
associés étrangers :
M. le D r A. Tamburini, professeur de cliniquedes rnaladies men-
tales(Rome).
;ui
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UMIVERSITY OF MICHIGJfT
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REVUE DE PSYCHJATRIE
M. le D r Antoninj, médecin-directeur de l'asile de la province
d’Udine (Italie).
M. le D'Gadelius. professeur de clinique des maladies mentales
Stockholm’s Hospital (Conradsberg). Stockholm (Suède).
M. le D T O. Kinberg, médecin-directeur de l’asile de Stockhohn.
Làngbro (Elfsjò). Stockholm (Suède).
M. le D r Theo. Witry, Trèves (Allemagne).
M. le D T T.-A. Williams. Washington (Etats-Unis).
PRÉSENTATIONS
I. Syndrome paralytique chez une dóbile. Possibilitó de
paralysie générale juvénile, par MM. Marcel Briand et Bms-
sot. fPrésentation de malade).
De nombreux cas de paralysie générale juvénile ontété signalés
par différents auteurs. Nous apportons, aujourd'hui, notre contri-
bution à Pétude des lésions diffuses chez les jeunes sujets, en vous
présentant cette malade.
Marguerile Ma.... est, malgré son jeune áge, (19 ans), la moins
consciente et la plus turbulente de toutes les gáteuses du service.
Depuis plusieurs mois, nous assistons à la ruine progressive de
ses facultés intellectuelles. Aujourdhui, la décrépitude physique
est entière, la dóchéance mentale presque absolue.
Incapable de se tenir debout et mème de rester assise sur un fau-
teuil, Marguerite ne quitte plus le lit; rien de ce qui se passe
autour d'elle ne Tintéresse, si ce n’est, peut-ètre, la visite de ses
parents, pour lesquels elle semble avoir conservó quelques appa-
rences d’affection. Elle passe son temps à déchirer des chiffons.qu’on
lui donne pour éviter qu’elle ne fasse subirie méme sort è ses
draps ; le regard hébété, indifférente aux questions qu’on lui
adresse, elle ne parle pas, secontentant le plussouvent demordre
avec avidité ce qu’on lui présente ou ce qui passe à portée de sa
bouche. Conscience, mémoire, jugement, raisonnement, toutes les
facultés ont subi une déchéance irrémédiable et totale ; nous
ferons, néanmoins, quelques réserves pour raffectivité,quisemble
persister encore un peu.
C’est à peine si la malade connait son nom et son prénom,
qu’elle prononce, d’ailleurs, fort mal, en hésitant, parsuiled une
dysarthrie très accusée. Elle ignoreles notions les plus éiémentai-
# res de sa propre personnalite, telles que son áge, la date de sa
naissance... etc... Les infìrmières doivent la faire mangeretse
prodiguer à tout moment, auprès d'elle, car elle gàte et se bar-
bouille des pieds à la téte avec ses matières fécales.
L’examen somatique nous donne les ren.seignements suivants:
Mydriase, légère inégalilé pupillaire au profit de la pupille
gauche. Abolition complète des réflexes lumineux et accommoda*
teur.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIKTKS
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Trémulotions fibrillaires très intensesde la langue el des lòvres.
Tremblement des extrémitós (mains et doigts).
Troubles de la parole : hésitation, accroc. Achoppement sylla-
bique.
Diminution des róflexes tendineux de Tavant bras.
Suppression totale des réflexes patellaires.
Hypoesthésie généralisóe; retard dans la perception des sensa-
tions tactiles et douloureuses.
Chaine ganglionnaire discrète au pli inguinal droit.
CEdème des membres inférieurs.
Cette jeune fille présente, en outre, quèlques stigmates physi-
ques de dégénérescence : voùte palatine en ogive. Implantation
irrégulière des dents incisives latérales supérieures. Front bombé.
Oreilles très rapprochées du plan de la téte. Volume exagéré
des extrémités. Système pileux desaisselles et de la vulve peu
développé. Signes douteux de la dent d’Hutchinson ?
Ajoutons que la malade n*est plus vierge.
Marguerite est entrée è l’Asile de Villejuif le 23 octobre 1908.
EUe était alors considérée comme une simple débile, manifestait
quelques idées confuses de persécution ; elle se localisait à peu
près dans le temps et dans Tespace, conservait le souvenir des
faits anciens et récents, mais le jugement et le raisonnement
étaient profondément troublés.
Quelques mois plus tard, nous constations Tapparition de signes
somatiques importants, qui devaient attirer particulièrement notre
attention : paresse des pupilles à la lumière, exagération notable
des réflexes rotuliens, tremblement fìbrillaire déjà très accusó de
la langue et des lèvres, dysarthrie légère ; rétention d’urine. A
partirdece moment, 1‘aflection précipitait sa marche, l intelligence
baissait d’une manière progressive, à tel point que la malade est,
à l’heure actuelle, ainsi que vous pouvez le constater, complète-
mentdémente.
Ses facultés intellectuelles, normales, au dire de ses parents,
jusqu’à I’áge de 6 ans, ont, depuis cet áge, cessé de se développer.
Elle n’a jamais su écrire ; ses maitres ont eu beaucoup de
difficultés à lui apprendre à lire : elle était tròs entetóe, restant
assise sur une chaise pendànt de longues heures, à peu près
indifíérenle à tout; elle n’a appris aucun métier.
Les personnes de son entourage se sont aper(;ues, il y a un an
environ, de la tendance qu avait la malade, jusqu’alors à peu près
consciente, à restreindre le charnp de son activitó psychique et à
s'aciieminer vers un état déficitaire, de jour en jour plus accusé.
Nous avons peu de renseignements sur sa famillo, dont nous
connaissons mal rhistoire pathologique. Un oncle maternel est
arriéré. La malade a deux sreurs, plusàgées qu’elle, toutes deux
en paríaite santé et d’une intelligence moyenne (elles ont obtenu
leur certificat d’études) ; une autre soeurest morte, à 17 ans, de
tuberculose pulmonaire. Le père, qui a toutes les apparences d’un
homme bien portant et sain d’esprit, nie avoir jamais eu la
svphilis. II a perdu sa femme et d'un second mariage, contracté
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REVUE DE PSYCHIATRIE
quelques années plus tard,sont issus deux enfants : l’un, né à 5
mois, n’a pas vécu, l’autre, de complexion faibie à sa naissance,
est aujourd’hui bien constitué.
L’observation si intéressante de Marguerite soulève un problème
étiologique particulièrement délicat.
II n’est pas douteux, qu’à l’heure actuelle, cette malade présente
un syndrome paralytique des plus nets, syndrome dont l’appari-
tion a été brusque, après une phase d aCíaiblissement inteliectuel
progressif. A quoi devons-nous attribuer ce processus aign de
méningo-encéphalite diffuse, que rien ne pouvait faire prévoirchez
une jeune fille, presque une enfant, depuis longtemps débile ?
Quelle en a été la cause ?
Le père, avons nous dit, nie toute contamination spécifique:
Marguerite ne présente, d’autre part, aucun symptóme de syphilis
acquise ou héréditaire si ce n’est unechaineganglionnaireàpeiue
marquée, au niveau du pli inguinal et, peut-étre, une malfornia-
tion (tourne-vis) des deux incisives moyennes, supérieures ?
Devons-nous incriminer la spécificité paternelle ou maternelle,
ou celle du sujet comme cause déterminante d’un processus mor-
bide d’encéphalopathie syphilitique, ayant donnélieu au syndrome
paralytique, ou bien s’agit-il d’une paralysie générale juvénile
vraie et produite, ou non, par la spécificité méme du sujet ?
La questionest, à notre avis, sans réponse. Leseul point acquis
c’est l’existence du syndróme paralytique chez une jeune íille
primitivement arriérée, au pointde vue intellectuel.
Le fait que ce syndrome peut, à notre avis, se manifester lorsque
existe une lésion difluse du cerveau, de quelque nature qu'elle
soit, jusliíìe les hésitations de notre diagnostic.
Examen de la malade
M. Magnan croit que les cas de ce genre sont généralemenl des
cas de sclérose céróbrale. II rappelle un cas pubíié par lui autre-
fois présentant un syndrome analogue avec aphasie progressiveet
oìi, à l’autopsic, il trouva une sclérose difluse de rhúmisphère
gauche.
M. Pactet. — L’état de mutisme où se renferme la maladen'est
pas favorable à l’examen et nous prive d’élémenls d’appréciation
importants, en 1‘espèce, tels que raflaiblissement intellectuel et
l’embarras de la parole. M. Briand, cherchsnt à expliquer I'appa*
ritíon du syndrome paralytique chez cette malade, émet I’hypo-
thèse qu’elle est peut-élre syphilitique parce qu’elle est déflorée
et présente une légère odénite inguinale, ou bien encore qu’elle
pourrait ètre une syphilitique héréditaire porce que ? d’uu second
mariage, son père a eu deux enfants morls en bas àge.
La base sur laquelle s’appuie l’hypothèse de syphilis acquiseou
de syphilis héréditaire me semble bien /ragile.
L’adénite inguinale, en l'absence d'autres manifestations corac*
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
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téristiques de la syphilis, peut reconnaitre une toute autre cause,
la tuberculose, par exemple, pourne citer qu’unedes plus banales.
D’autre part, en admettant que la mort en bas áge des deux
enfants du second lit soit imputable à la syphilis, il resterait à éta-
blir que c’est bien le père, lequel nie d’aiileurs tout anlécédent de
ce genre, qui a été atteint de cette maladie et non sa femme qui,
elle, n’a aueun degré de parenté avec la malade.
De plus on ne constate chez la malade aucun accident du còtó
des yeux, des oreilles, des dents et du système osseux qui puisse
évoquer l’idée de svphilis hóréditaire.
Et puis est-il absolument nécessaire d'èlre syphilitique pour
devenir paralytique général ?
Je sais bien que la tendance dominante du jour voudrait faire
considérer la syphilis cornme indispensable au développement de
la paralysie générale. Mais une opinion aussi absolue ne me
parait pas ètre d’accord avec les faits impartialement observés.
J ai vu défiler déjà dans mon service un nombre respectable de
paralvtiques généraux et suis obligé de reconnaitre que si, parmi
eux, il en est qui présentent des antécédents syphilitiques, d'autres,
par contre, n’ont jamais eu la syphilis et n’ofiírent aucun signe de
syphilis héréditaire. Or, si séduisante que puisse paraitre une
théorie, elle doi‘, de toute nécessité, s’incliner devant les faits
dont l’existenee est incontestable. Vouloir faire de tous les para-
lytiques généraux des syphilitiques ou des syphilitiques hérédi-
taires, c’est, à mon avis, obéir à une vue de l’esprit qui se trouve
en désaccord avec la réalité clinique.
M. Magnan. — Ce qu’on peut dire, c’est que le fìls d un aliéné
me parait plus exposé au point de vue héréditaire que le fìls d’un
paralytique général.
M. Picquk demande si on a examiné le fond de l’ceil, car on
peut se trouver ici en présence d’une tumeur du cerveau.
II. Confusion mentale hallucinatoire par suite de tuber-
culose iléo-coecale; guérison par intervention chirurgicale,
par MM. Leroy et Picquè. (Présentation de malade).
Maria P. ágée de 30 ans, ménagère, est née dans la Meuse le 17
janvier 1879, d une famille sur laquelle nous n’avons que peu de
renseignements. Sa mère est infìrme d’une main et son père
serait mort d’asthme. Elle eut douze frères et soeurs, dont liuit
moururent en bas áge ; les quatre autres jouissent actuellement
d'une bonne santè.
La maiade a tonjours eu une santé délicate. Elle subil, à l’áge
de 19 ans, une première opération dans les deux aines pour gan-
glions tnbereuleux suppurés et dut ètre opé.-ée pour la mème
causeen 1902, à l hòpital St-Antoine. II persista à raìnegauche un
suintement inlennittent ; une fois mùme en 1903, des matières
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UNivERsrry of michigan
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REVUE DE PSYCHlATim:
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alimentaires sortirent par cette fistule ; mais comme Marianen
était jamais incommodée, ne ressentait aucune douieur à ceni-
veau, elle n’altachait àcette infirmilé aucune imporlance.
. Elle se maria en 1908 à l'áge de 29 ans et n‘a jamais eu nigros-
sesse, ni fausse couche. C’était, su dire de son mari, une femme
de très bonne conduite, intelligente, dévouée, excellente ména-
gère. Elle souffrait cependant de migraine et avait une constipa-
tion habituelle. Elle prósente, comme vous le voyez, du strabisme
externe de l’oeil gauche et est borgne de cecòté.
Le 18 décembre 1908, Maria P. est appelée aux environsde Pa-
ris auprès de son beau-frère gravement blessé et le voit mourir
dans ses bras. Elle rentre à Paris le 21 décembre avec une cépha-
lée terrible et se met àdélirerdans la nuit : la guerre est déclarée,
elle veut aller rejoindre les troupes ; son mari a beaucoup de
peine à l empécher de quitter le domicile. Elle se montredéso-
rientée, ne reconnaít pas son intérieur ; de temps à autre cepen
dant, elle recouvre sa lucidité.
L’agitation, le désordre des idées s'accroit rapidement au point
qu’on dùt interner d’office la malade le 25 décembre 1908. Lecer-
tifìcat de la Préfecture est le suivant : « Excitation maniaque , m-
somnie , cris t chants . Métrorrhagie suicie (ì'émotiotis et dc fatì -
fjue. » (De Clérambault).
Maria P. est transférée le 27 décembre 1908 à Ste-Anne oii
M. Juquelier rédige le certificat : « Dégènérescence mcntaleacec
excitation maniaque , déclamaiions , propos incohcrents , cajues idèes
de persècution contre sou beau-frère . Fatigue . Pctitesse du pouh.
Refus d'alimenis. Strabisme ». Son mari étant venu la visiterà
l'admission, elle ne le reconnait pas.
Cette malade entre le 8 janvier 1909 à Ville-Evrard dans un état
d’excitation et d’incohérence extreme. Elle crie, gesticule:« suis-
je née, dit-elle, mettez moi une Hépublique fran(;aise, je ne suis
méme pas démolie ». Elle ne prononce aucune parole senséeet il
est impossihle de fixer son attention. Au point de vue physique,
nous constatons un grand état de maigreur, un teint blafard, du
gàtisme, la langue saburrale, des cicatrices aux deuxaineset
sous le maxillaire gauche. L’urine ne contient ni sucre, ni albu
mine. Pouls petit, dépressibte, à 100. Pas de température.
Pendant les mois de janvier à avril 1909 Maria P. reste d&ns un
état d’excitation, de confusion, d’incohérence pseudo démentielle.
Elle vit comme dans un réve, nesaitpas ou elle se trouve, ne
répond à aucune question, présente un mélange d'illusions et
d’hallucinations avec des idées de grandeur, des idées guerrières,
parlant de chevaux, de soldals, de domestiques, de la courd’Es-
pagne ; parfois elle se croit dans une prison. Voici un exemple de
son incohérence : « Donnez-moi des pommes, dela coufiture, des
ocMifs au lait. Aix-les-Bains, Fallières, Toulon, mon cháteau,
Melun, Reims, Touls, Besancon... ah... ah... mais ici dans mon
lit... ah... mais je suis de la France. II sort d’ici, reste là... bien
quoi... Donne-moi une baignoire. Donne moi à manger ; mesbou-
cles doreilles, mon alliance; il me manque des dents ; donne moià
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
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manger, j’ai le corps vide. Oui c’est à moi tous mes autos. Oui
c’est à toute la France, mes bureaux et tout. Jeconnais Varennes,
je connais une banque, Georges Soury... aux armes, on me brùle,
je le retrouverai partout, je ferai sauter la France, le général...
ah, ah... sapristi... Donnez-moi mes papiers, mon porte-plume.
On vole meà farinee... En avant mes soldats... On m'appelle,
etc... »
Au milieu de cette excitation incessante, la physionomie de la
malade ne reflète pas l’animation, l’éclat du maniaque, elle expri-
me, au contraire, l’étonnement, l indifférence ; son masque impas-
sible offre un contraste frappant avec les idóes délirantes ; la ma-
lade parait ne rien éprouver, ne rien senlir.
Par moments Maria P. semble sorlir de son cauchemar ; on
dirait qu elle cherche à rassembler ses idées et à se souvenir : « où
suis-je, dit elle, viens Edouard, viens, je t’en prie « Qu'est ce
Edouard ? », — « mais c’est mon mari ». Puis elle reprend rapide-
ment son agitation incohérente, se mettant à rire, à crier, à
chanter ; le gátisme est permanent.
Le 8 mars, son mari étant venu la voir, la malade le reconnait
et lui demande où elle se trouve. II lui répond « à l’hópital » et elle
se contente de dire « ah ! » sans autre réflexion. Comme il lui
raconte avoir loué un appartemenl longlemps désiré par elle,
elle répond encore « ah! » avec indifférence, sans paraitre se sou-
venir de quoi que ce soit. Elle manifeste des idées de persécution,
car elle dit à son mari « on t’a faitdu mal, dis, on a voulu te cou-
per les jambes ».
On constate, de plus, chez la malade une amnésie de fixation
remarquable : elle oublie ce qui s'est passé la veille, le matin
mème et redemande à manger, alors qu’elle s’est parfaitement
sustantée quelques heures auparavant.
Le 14 avril 1909, on s’apercoit qu’il s écoule un peu de pus très
liquide au niveau de la cicatrice existant à l’aine gauche. La tem-
pórature, qui s’était toujours maintenue entre 37°2 et 37°4 dans le
rectum, ne s’élève pas.
Le 17 avril, la fistuledonne issueà la matière fécale et la malade
est envoyée d’urgence à Ste-Anneoù elle arrive très fatiguée avec
unpouls défaillant et40*4de température. Ason entrée aupavillon
de chirurgie, Maria P... présente au niveau de la rógion ingui-
nale gauche une fistule pyostercorale donnant une quantitó de
pus assez abondante. Un cathéter introduit dans la fistule pénètre
dans la fosse iliaque à une profondeur de 15 centimètres environ.
Intercention. — L’opération est pratiquée le 20avril : incisionsur
le bord externe du muscle droit. II n’existe aucune adhérence à la
paroi. En continuant l exploration vers la partie supérieure de
l’incision, on àrrive sur le coecum qui est très adhérent à la paroi
postérieure et placé sous le foie. II est impossible de trouver
l’appendice qui parait recto-coecal et recto-périlonéal à cause de
la fìstule.
Le coecum est décollé ; l’appendice est adhérent, fistuleux, ainsi
que le ccecum qui communique avec la fìstule cutanóe. Le coecum
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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est alors extirpé; rintestin grèle est abouchó à i'S iliaque (Iléo-
sigmodestomie).
Les suites opératoires sont très simples. Ultérieurementet lotìg-
temps après (un mois environj, il s’est produit une fistulette ster-
corale qui, aujourd’hui, est presque entièrement fermée.
Le 25 avril, c’est-à-dire 5 jours après lw>pération, la malnde
commence à retrouver son orientation et à se rendrecompte dece
qui s est passé. « J'ai été bien malade, dit-elle, dire que j'ai été
foile, c’est bizarre la vie. » La lucidité, le souvenir du délire
reviennent très vite. Le27 avril, elle regoit la visite deson mari qui
est surpris de la trouver dans cet état et auquel elle donne des
renseignements précis sur l’argent qu’elle avait laisséà lamaison,
sur certains paiements à faire, s'informant de ce qui s’était passé
pendant son absence. La guérison est complète. Voici une leltre
adressée par elle au commencement de mai: « Mon petit mari,
j’ai été bien surprìse en recevant ta lettre et tu vois, je ne suis pas
longue à te répondre. Je te dirai que cela va toujours pareil;
on me fait un pansement tous les jours et l'on me fait des lavages
d’intestin. Cela me fait beaucoup de bien. Je suis à la diète, jai
toujours un peu de fièvre... II y aura demain un'an que nous nous
sommes mariés, c’ótait le grand jour, triste anniversaire pour
tous deux... »
Maria P... nous a donnó des renseignements très intéressants
sur son délire ; toutefois de grandes lacunes persistent dans son
esprit. Elle se rappelle son entrée au dópót de la Préfecture, niais
nullement son passage à l’admission de Ste-Anne, pas plus que
son envoi à Ville-Evrard. Pendant ses quatre mois deconfusion
hallucinatoire, elles’imaginait èlre à la guerre, elle se voyait dans
une maison occupée à soigner les blessés; elle a mème cru une
fois se disputer avec un médecin major. D autres fois, elle étaiíá
cheval à la tète des troupes et allait dans l’Est combattre les enne-
mis avec un de ses oncles, ancien gendarme. Elle voyait à terre
des soldatsblessés, doschevaux éventrés : c’était partout des scònes
de guerre et de carnage. Elle entendait constammentdes voixcrier
« Maria P..., Maria P... » et elle s’étonnait qu’on ne lui laissáf pos
voir les personnes qui l’appelaient ainsi. Quand on lui disaitqueJIe
était dans un hòpital soignée avec d’autres malades, elle ne pou-
vait pas y croire.
Les faitsqui se sont passés à Ville-Evrard n’ont guère laisséde
traces dans sa mémoire ; c’est ainsi qu’elle nousa à peine reconnu
apròs sa guérison et a paru stupéfaite d’apprendre que nousl’avions
visitée chaque jour pendant plusieurs mois. Disons égalemení
que la malade n’a pas eu ses règles depuis le début de son afíection
mentale. 1
Maria P... est restée plus de trois mois sans se rendrecompte
de l’endroit ou elle se trouvait, ni de ce qui se passait aulour
d’elle, très agitée, très incohérente, vivant son réve, en proie à de
multiples hallucinations surtout visuelles. Elle ne s est réveillée
1 Les rè^les viennent de réappuruitrc du 21 uu 26 Juillct.
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SOCIÉTÉS
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qu'au pavillon de chirurgie, quelques jours après l’opération, Iròs
surprise de se trouver là, semblant sortir d'un véritable éiat secorul
avec du vague, des lacunes dans l’esprit. *
Dès l’entrée de la malade dans notre service de Ville-Evrard,
nous avions bien posé le diagnostic de confusion nientale , en rai-
son de la forme du délire Qt de l’élat physique, mais rien ne nous
avaitpermisd en découvrirla cause. Un examen physiquetrèscom-
plet n’avaitdonné aucune indication, bien que nousétions surs de
l'origine iníectieuse de cette psychopathie. Les diversorganes parais-
saientsains; pasde fièvre, pas d’albumine, pas de troubles physio-
logiques. Nous avions bien constatél’existencede cicatrices scrofu-
leuses, mais rien n’en faisait prévoir le réveil et nous ignorions la
persistance d'un écoulement intermittent survenant tous lesdeux
moìs environ, renseignement que la malade ne nous a donné qu’a-
près sa guérison. Pointimportant à noler, les graves lósions cons-
tatées à Topération n’avaient donné lieu à aucun symptòme. II est
heureux pourla maladequela tuberculoseiléo-coecale,quiévoluait
si insidieusement et dontles toxines ont amené l etat mental pré-
cédemment décrit, se soit révélée, sans quoi nous continuerions
probablement à ignorer l’origine de ce délire infectieux et il faut
reconnaitre que Maria P... doit sa rapide guérison ò cettè connais
sance et à l’intervention chirurgicale qu’elle a amenée.
Examen de la malade
M. Picqué. — Ghez la malade que nous vous présentons avec
notre collègue Leroy, il existait une tuberculose iléo-coecale. J’ai
réséqué le ccecum en totalité et pratiquó une anastomose entre la
fìn de 1‘intestin gréle et l’S iliaque. La malade a guéri de sa lésion
et de son délire.
Ce cas me parait intéressant à verser au débat en cours à la
Société médico-psychologique, sur 1‘origine périphérique des
délires.
C'est bien en eíTet un délire d’origine périphérique et dépendant
d’une lésion siégeant sur le coecum.
La nature de la lésion est infectieuse, mais je tiens à faire
remarquer que le syndrome infectieux manquait presque complè-
tement chez la malade. La température était normale.
C’est par hasard que le foyer infectieux profond qui a été.le
point de départ du délire, s’est extériorisé, sous la forme d’un
abcès, ouvert à la région inguinale. Si cet abcès ne setait pas
produit, il eùt óté difiìcile, aussi bien pour le chirurgien que pour
l’aliéniste de reconnaitre l’existence de ce foyer et la malade
auraitété certainementclassée danslecadre des confusions menta-
les primitives, dont quelques-uns veulent faire Une entité morbide.
Les travaux de Balíet, de M. Maurice Faure indiquent bien cette
tendance.
L’analyse de ce cas monlre, d’autre part, qu'on ne saurait le
faire rentrer dans le cadre des délires infectieux, puisque la clini-
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que réserve cette dénominalion aux délires produits comme chez
notre malade par un foyer infectieux, mais qui s'accompagnent
en outre comme'dans le délire pucrpuéral qui en constitue le type
du syndrome de la. septicémie générale. II faut, selon moi, lui
réserver une place à part dans la pathogénìe des délires d’orì^ine
périphérique. Cest un point sur lequel. je me propose de revenir
à la Société médico-psychologique.
Quant à la place qu’occupe la tuberculose dans la pathogénie
des délires d’infection, il serait utile selon moi de distinguer les
cas de tuberculose simple de ceux compliqués, comme chez notre
malade, d infection banale. Cette distinction ne semble pas avoir
óté faite jusqu’à présent et elle me parait capitale.
M. Magnan. — Un fait me frappe dans l’observation, c’est
* l’éclosion du délire à la suite d'une émotion violente. Peut étre n a
t on pas fait entrer assez en ligne de compte la notion de déí^éné-
rescence dans la genèse de l’afTection mentale.
M. Leroy. — La forme du délire et l’état physique de la malade
me paraissent justifìer le diagnoslic deconfusion mentale dorigine
inféctiense.
M. Magnan. — Je reconnais que l’intervention chirurgicale a
dóbarrassé la malade d une cause sérieuse de trouble mental, mais
qui ne suffit pas pour légitimer votre diagnostic.
M. Picqué. — Mon intention était de me borner aux précédentes
explicalionsetde me renfermer dans mon ròle de chirurgien. Mais
notre éminent président vient de formuler quelques réserves sur
le peu de renseignements que M. le présentateur a donnés sur les
antécédents héréditaires de la malade et a fait, d'autre part, pres-
sentir dans ce cas la possibilité d’une coincidence entre l’opération
et la guérison. Je demande à mes collègues la permission de lui
répondre ces quelques mots et de me placer ainsi sur le terrain
doctrinal. Mon but n’a nullement été dediminuer l’importancede
la doctrine de la dégénérescenee que M. Magnan a défendueavee
tant d autorité dans notre pays. Mes élèves, dans les travaux q ue
je leur ai inspirés et moi-mème avons toujours fait Ia plus large
place à l’o3uvre du Maitre de la psychiatrie frangaise.
Nous avons toujours dit qu’il fallait tenir compte dans les déli-
res, de la graine et du terrain, de la maladie et du malade. Ce
n’est pas diminuer l'importance de cette doctrineque deprétendre
qu’à cóté des influences morales qui peuvent produire le délire
sur un terrain dégénératif, d’autres causes parmi lesquellesles
infections chirurgicales peuvent aussi lui donner naissance.
Le cas que vous présente M. Leroy et moi n’est pas isoié: chez
cette femme c’est trois jours après une opération qu’un délire
datant de plusieurs mois a disparu complètement. J’ai publié bien
d’autres observations de ce genre. On ne peut vraiment pas
admettre de coincidence.
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La malade avait déliré avant la maladie actuelle, elle pourra
délirer après sous d’autres influences morales. La récidive ne
pourra amoindrir le résultat obtenu par la chirurgie.
III. Aphasie ou démence, par M. Couchoud, service de
M. Trénel (présentation de malade).
\"oici une maladede 62 ans, dont les troubles remontent à qua-
tre ans environ. A la suite d’un violent chagrin son caractère
s’altéra, sa mémoire et son intelligence parurent s’affaiblir. Elle
s’embrouillait dans les noms, elle disait sucre ou lieu de sel, dési-
gnaitses enfants par des périphrases el ne pouvait pas indiquerson
adresse, bien qu’elle fùt capablede s’y rendre. Elle devint excitée,
se mit à boire et eut des idées délirantes de formes mystique et
érotique. Elle faisait des dépenses inconsidérées, accostait les pas-
sants dans la rue ; un jour eile enferma son gendre, exigeant
qu’il l’épousát sur l’heure. Le 22 juin 1909 elle fut trouvóe errante
dans la rue et le 26 juin elle entra à Maison-Blanche.
Depuis que nous l’observons, elle est dans un état constant d'ex-
cilation. Elle embrasse tout le monde, remue et bavarjle sans
cesse. Elle parledans la mème phrase de ses vingt et un enfants,
des gens qui veulent l’épouser, de la Vierge qui l’appelle, du ciel
où on mange et ou on boit bien et de tout le mondequi est si
bon, si bon... Elle ne répond pas à cequ’on lui demande. Pourtant
l’afTaiblissement intellectuel est moins grand qu’il ne semble.
Elle sait que son terme est échu depuis le 8 juillet et elle s’in-
quiète de sa propriétaire qui attend Targent.
En dépit deson verbiage incessant c’est la fonction du langage *
qui chez elle est le plus altérée. On peut mettre en évidence les
troubles de I’évocation et de la compréhension des mots, ceux de ia
lecture et ceux de l’écriture. L’examen toutefois est rendu labo-
rieux par la difhculté de fìxer l’attention de la malade.
1. Ecocation des mots. Si on lui présente un crayon, une règle,
une gomme, une clef, elle ne trouve pas les noms : « Je saris bien,
c’est le machin... mes eníants en avaient... » et elle fait le geste
d écrire, de régler, d’efTacer, d’ouvrir. Si on parvient à fixer son
attention elle cherche un moment le mot qui ia íuit. Elle emploie
une périphrase : la clef : « tout le monde a ga pour ouvrir » ; —
le veston : « c’est beau/c’est chaud » ; — le bonbon : « sucez, c’est
bon ! » — les lunettes : « ca va jusque-là (le nez) » ; — le mou-
choir : « c’est pour se moucher » ; l’encre : « c’est du noir » ; —
de nouveau laclef : « c’est pour faire quelque choselà (la porte) ».
Le mot ouvrir qu’elle trouvait tout à l’heure lui échappe mainte-
nant.
II faut donc distinguer les mots comme clef qu elle ne retrouve
jamais et les mots comme oucrir qu’elle perd et retrouve selon
que l’attention est ou non fatiguée. Selon une loi connue les ver-
bes semblent mieux conservés que Jes substanlifs. Mais il est im-
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possible dedélimiler le stock des mots perdus car il varie selon
létat de rattention. La malade elle-méme sen rend compte.
Quand on insiste beaucoup pour lui faire évoquer un motelledil:
« Je nefais plus attention maintenant II y a si longtemps que je
ne fais plus ottention ! » Elle met sur lecomptede rinattention un
déficit réel de l’association. Elle se désole un instant : « C'estdes
machins. Je le savais. II faut pourtant queje me rappelle. C’est
lès... Ah ! c’est trop fort! Coniment donc déjà que c'est ?... Les... ?
les... ? Je ne fais plus atténtion à rien. Les... ? » Mais engénéral
quand son attention n’est pas artiíìciellement fixée, elle nesaper-
qoii guère de son déficit et n en souíTre pas.
II lui arrive au courant d’une phrase de prononcer précisément
le mot qu'elle cherche, sans s’en apercevoir. Quelque fois elle le
chuchote à voix basse sans remarquer qu’elle l’a prononcé.
En général après un petit effort elle demande : « Eh bien vous,
comment appelez-vous ga ? » Si on lui ditun mot elle lereconnait
parfois ; d’autres fois elle ne le reconnait pas mais elle l’adopte.
Jelui montre une pantoufle : « C’est un lapin. »— « Vous appelez
ga lapin ? Peut-ètre bien quec’est des lapins. Je ne sais passi cest
des lapins. » Etcomme elle voitsur mon visage que ce n'est pas le
mot : « ^íon, c’est pas un lapin ! » — D’un ton afflrmatif:« C'est
une culotte! » — « Culotte ! A,h ! c’est ga. C’est une culotte. » —
« Monlrez-moi votre culotte. » — Elle me montre sa pantoufle.
Ce mot qu elle vient d adopter elle l oubliera dans quelques mi-
nutes. D’autres mots qu’elle a inventés, comme du noir pourdire
à la foisde l’encreet un crayon, sont conservés plus longtemps.
Elle ne forge pas de mots nouveaux : elle n'a pas de jargona-
phasie. Elle se borne à détourner les mots de leur sens. Elle dit
spontanément égìise pour école, cuire pour écrire, balayer pour
brosser, sans voir son erreur.
Spontanément elle récite la suite des jours de la semaiue. la
suite des mois, celle des nombres, mais non celle des letlres de
l’alphabet, ni la suite d’une prière qu’elle a sue, comme : Notre
Père, qui ètes aux cieux...
On ne l’aide pas à évoquer les mots en prononeant la première
syllabe* Je lui montre du papier : « C’est du pa... » — « Ah! du
pa ? C’est peut ètre du pa . » — « C’est du pap... » — « Du pape !
Marquez du pape ! » — « Du papier. » — « Du papier ! Ah ! du
papier ! Mais mes enfants appellentca du blanc. »
En somme elle n’aà sa disposition qu’un petit nombre de mots
dont elle sache parfaiteinent le sens. Pour les autres, rassociation
est détruite entre la vue d un objet et le nom qui ledésigne. La
malade est semblable à l enfant qui apprend à parler: elleest
prète à accepter n’importe quel mot au gré de son interlocuteur.
Son verbiage incessant ne doit pas faire illusion. Ce sont les
rnèmes mols ou plutòt les mémes boutsde phrase qui reviennent.
En particulier les expressions : « Très beau, c’est très beau. Très
bonnes, elles sont Iròs bonnes, très bonnes » s’appliquent aux
choses etaux personnes les plus diyerses. Comme le ramagodes
enfants, la languede notremalade est en realité tout à faitréduite.
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SOCIKTÉS
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II. Comprèhension des mots. — La langue qu’elle comprend est
à peine moins pauvre. L’association est également détruite très
souYent entre le nom et la représentation des choses. La malade
est incapable de comprendre un ordre un peu compliqué comme :
« Ecartez les doigts de la main. » EUe répète : Carié , carié, sans
comprendre. Elle montre ses doigts : « G’est là. C est les doigts. »
Elle n'exécute pas l’ordre. — « Joignez les mains ! » — Elle ré-
pète : Joignez -les mains, sans comprendre. — « Boutonnez-vous !
— Qu’est ce que c’est ? » Et comme en mème temps je mets ma
main en cornet devant ma bouche, elle faitcomme moi.
Dans une petite phrase : Frappez à la porte! elle comprend tan-
tót : frapper, tantòt: porte. Elle se lève pour frapper quelque
part ou bien elle montre la porte et ne sait pas ce qu'elle doit
faire. A tout hasard ello la ferme.
Plus encore que le souvenir du sens des mots il lui manque le
pouvoirde les assembler pour donner un sens à une phrase. Elle
est à l’égard des phrases méme qu’il lui arrive de prononcer,
comme à l egard de celles qu’elle entend. Elle est incapable de les
comprendre. Ellesait une langue prière: l’Invocation à la Sainte-
Croix, qu’elle récite à tout propos. Elle la fait suivre d’une petite
notule : Cette prière a été trouvée en 1505 sous le sépulcre de Jé -
sus-Christ et envoyée par le pape à Vempereur Charles ... etc., sans
faire la distinction entre la prière et la notule. Comme elle a
oublié la fin elle y ajoute des : tvès bonnes , très bonnes sans
s’apercevoir que le sens est mal coniplété.
Naturellement toute conversalion suivie avec la malade est im-
possible. Elle essaie de deviner par la mimiquece quevous lui
deìmandez. Parfois elle attrape un mot; elle essaiede reconsti-
tuer le reste et fait de continuels contre-sens. Elle est dans la
situation d’un Frangais en Angleterre qui ne sait que quelques
bribes d’anglais : ilcomprend quelques phrases faciles, prononcées
distinctement ; plus souvent il saisit seulement un mot et inter-
prète la phrase toutde travers. En présencedecette mslade comme
en présence d’unepersonne de langue étrangère on a une tendance
instinctiveà la croire sourde et à élever la voix. En réalité son
ouie est excellente ; elle entend très bien la voix chuchotée et
pergoit à distance normale le tic-tac d’une montre.
III. Troubles de la leciure. — Elle ne sait plus lire, ni l’imprimé
ni l’écriture. Elle peut encore épeler les grandes lettres impri-
mées. Elle épelle correctement ce titre : Le Journal , mais ne re-
constitue pas le mot. Quant à l écriture, elle ne peut pas mème
Tépeler ; elle reconnait seulement une lettre ou deux dans une
phrase écrite.
Pourtant elle lit son nom Beaudier ou son prénom Rosalie.
Mais elle ne peut pas en lire les éléments. Elle ne peut pas lire
Beau, ni Rose.
Elle reconnaít les chiffres isolés. Pour les nombres de deux
chiffres tantòt elle les lit correctement, tantòt elle se borne à lire
chaque chiffre l’un après 1‘autre. Les nombres de trois chifiíres ne
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sont jamais lus ; ils sont décomposés ou bien en trois chifíres, 011
bien en un nombre de deux chiffres et un chiffre isolé. 112 est lu :
onze, deux, ou bien : un, douze, ou bien : un, un, deux. II n'y a
d’exception que pour le chiffre 100 qui est lu : cent.
Les cartes sont reconnues. La malade qui aappris à les tirer,
lestire encore à peu près correctement. Mais elle ne peut pas
annoncer, faute de mots, les prédictions qui en résultent. L'heure
est lue correctement.
En résumé, la mémoire des signes isolés : cartes, chiffres ou let-
tres est conservée, mais l effort nécessaire pour associer les si-
gnes peut diffìcilement étre fait.
Quand on donne un journal à notremalade, elle se désole de ne
pouvoir pas le lire. Elle explique son impuissance en disant qu il
lui manque ses machins (ses lunettes). Elle met sur le compte
d’Une faiblesse de la vue ce qui est un défìcit intellectuel. En
réalitéelle a une vue très bonue pour son áge. Nous ne lui avons
pas trouvé d’hémianopsie.
IV. Troubles de Vécriture. — Les troubles de Técriture sont ana-
logues à ceux de la lecture. La malade pèut écrire les signes iso-
lés maisne peut pas les assembler. Elle écrit sous dictée à peu
près toutes les lettres. Elle a seulement oublié les lettres difflci-
les : h, k, x, y, z. Elle confond m et n. Mais elle ne peut pas
ócrire un mot sous dictée. Si on lui dicte : papier, il fautépeler et
dicter chaque lettre l’une après l’autre. Après I'r elle ne voit pas
que le mot est fìni et elle attend encore.
Elle copie Timprimé en cursive mais par le mème procédé. Elle
lit d abord chaque lettre, interroge pour voir si elle ne s’est pas
trompée puis transcrit cette lettre en cursive. Elle ne réunit pas
les lettres ainsi formées et ne peut pas lire le mot.
Elle écrit spontanément ou sous dictée les nombres d’un chif-
fre, quelquefois ceux de deux chiffres, jamais ceux de trois chif-
fres. Souvent quand on lui dicte un nombre elle ne se souvient
pas qu’il faut l’écrire en chiffre et elle essaie de tracerla première
lettre du nombre prononcé.
Sa signature : M V Beaudier (Madame veuve B...) est le seul
mot qu'elle écrive spontanément. Elle ne peut pas en ócrire sous
dictée les éléments, par exemple : beau , ou di.
Elle copie incorrectement un dessin facile ; elle en oublie une
partie importante ou la place mal, ce qui montre le trouble de
son attention volontaire. .
En résumé cette malade semble présenter une forme pure de
syndrome de Wernicke. Elle n’a aucun trouble sensoriel ni de
l’ouíe, nide la vue. Elle n’a non plusaucun embarrasdela parole,
aucune dysarthrie ; elle parle presque sans s’arrèter et ne fait
jamais d’accrocs.
Malgré cette logorrhée glle a un dófìc.it considérable de la íonc
tion du langage, défìcit qui porte d’une part sur l’association des
idées aux mots (évocation) et des mots aux idóes (compréhensionj
d’autre part, sur le pouvoir dassembler les signes entre eux.
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SOCIÉTKS
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L’impossibilité où est cette malade de communiquer avec les au-
tres personnes pourrait faire croire à un afíaiblissement intel-
lectuel beaucoup plus profond que celui qu’elle présente en
réalité.
Examen de la malade
La malade semble présenter un certain degré d excitation intel-
lectuelle, parlant constamment et avec volubilité, sans embarras
de la parole. Elle cause avec l’infìrmière qui Taccompagne, riant
et gesticulant, semblant prendre plaisir à voir ce qui l’entoure.
M. Colin. — Je demanderai à MM. Trónel et Couchoud, en
réservant la question de la dómence qui ne me paraít pas très
8pparente au premier abord, de bien vouloir examiner devant
nous cette malade au point de vue de l’aphasie.
L’examen pratiqué par MM. Trénel et Couchoud est tout à fait
démonstratif et décèle très nettement les troubles profonds qui
altèrent les fonctions du langage.
M. Trénel. — Dans lecas présent je laisse de cóté la question
de Eaphasie. Je ferai simplement remarquer que la démence, au
sens où ce terme est pris en aliénation meniale, est beaucoup
moins profondeen réalite qu’en apparence. D’autre part, on a exa-
géré le ròle de l’aflaiblissement intellectuel chez ces malades dans la
genèse de l’aphasie. Ilserait intéressant de mettreen comparaison
à ce point de vue une démente sénile simple et une démente
organique non aphasique. C’est ce que nous nous proposons de
faire dans une séance ultérieure.
II y a un point sur lequel je veux insister, c’est le trouble spé-
cial de rattention chez cette malade. J’ai toujours rencontré cette
aprosexie chez les malades de cette catógorie, j’y attache une
importance toute particulière dans le syndrome.
M. Briand. — Jecrois, aussi, que la démence est moins profonde
qu’elle n'apparait au premier abord, à cause de sa surdité veirbale
et de sa paraphasie. Je rappelle que j’ai présentó ici une aphasi-
que, démente en apparence, mais qui, en réalité, a conservé une
activité inlellectuelle telle que la malade s est rééduquée, a apprisà
manger seule et à écrire de la main gauclie. De tels cas ont une
grande importance en médecine lcgale (Faculté de tester).
M. Juquelier. — II ne semhle pasdouteux que cette malade soit
aphasique, mais lorsque j’ai eu l’occasion de l’examiner, elle
m’avait surtout frappó par son obsence de compréhension : elle
pouvait ètre considérée comme ayant de la surdité verbale,
mais son ptíuvoir d’évocation paraissait mieux conservé qu’au-
jourd’hui d’après l’observation prolongée de M. Couchoud.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
IV. Anomalie artérielle probable chez une mélancolique,
par M. Juquelier. Service de l’Admission. (Présentation de
malade).
La malade que je désire vous montrer, ágée de 48 ans, est
atteinte de délire mélancolique avec idées de persécution. Au
moment de son entrée, le 7 juillet, elle attendait avec anxiétéla
mort, qui devait ètre proche et qui était la conséquence, disait
elle, de plusieurs tentatives d’empoisonnement de la part de son
mari. Cet état datait de quelques mois ; actuellement, Mme L...
est encore déprimée et conserve sos idées de persécution, mais
elle est moins anxieuse et ne fait pas d’interprétations nouvelles.
Le détail clinique à propos duquel il m’a semblé intéressantde
retenir votre attention est que cette malade n’a pas de baltements
arlériels perceptibles dans tout le membre supérieur droit. Non
seulement le pouls radial fait défaut, mais on recherche eu vain
les battements de l'humérale ou de l’axillaire. Ce symptóme, déjà
constaté avant Tadmission à l’asile, avait fait songer à une ectasie
de la crosse aortique. Cependant, on pergoit les deux carotides,
dont l'impulsion est synchrone avec celle du coeur ; il nexiste pas
de signes perceptibles de tumeur pulsatile, ni de zone étenduede
matière thoracique anormale, ni de symptómes de compression ;
pas de dysphagie, de dyspnée, de troubles vocaux, les pupilles sont
égales et actives ; la tachycardie est constanle.
Le bras droit n’est pas de moindre volume que le gauche, mais
à la palpation sa température est très nettement moins élevée, il
n'a jamais présenté ni phénomènes parétiques, ni ocdème;
Mme L... n’a jamais eu ni grossesses ni fausses couches, l analyse
de ses antécédents personnels ne permet de suspecter ni syphilis
ni alcoolisme chronique. L’absence de pouls radial droit a été
constatée il y a 4 mois environ, mais auparavant, et durantde
longues anfìées, la malade n’avait été lobjet d’aucun examen
médical. Elle a beaucoup maigri. dit-elle, depuis le début de son
accès mélancolique et déliranl ; toutefois elle s’alimente suflisam-
ment; elle n’a pas de vomissements, on ne trouve pas de ganglions
hypertrophiés dans le creux axillaire ou lecreux sus-claviculaire,
L’absence de signes de tumeur artérielle, ou comprimant l artère
axillaire en quelque point de son trajet, íait songer à une anoina-
lie de distribution et de volume des artòres du membre supérieur
droit à partir du creux axillaire, car au-dessus de la clavicule on
percoit les battements de la sous-clavière.
V. Un cas de folie intermittente. Myoclonie et délire de
possession prémonitoires des accès, par MM. Rogues de
Kursac et J. Capgras (Présentation de tracés).
La malade, dont nous communiquons l’observation, est actuelle-
ment àgée de 67 ans. Nous ignorons ses antécédents héréditaires.
Elle eutson premier accès d’agitation en 1860 à 18 ans. Le dia-
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gramme ci-joint montre Tévolution de cette folie intermittente. Les
accès furent d’abord exclusivement à forme de manie aigué et
séparés par des intervalles de cinq à sept ans ; de 1860 à 1892 il ne
s'en produisit que six ; chacun durait en moyenne cinq mois.
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Fig. 35. — Folic intermillenic. — Début à 18 ans ; durée actuellc 50 ans.
Depuis l’áge de 50 ans les intermitlences deviennent beaucoup
plus courtes, elles ne dépassent guère vingt mois, et à partir de
1900 elles se réduisent parfois à trois ou six mois. Dans ces dix
dernières années il y a eu neuf accès maniaques En outre, en
1903, est apparu pour la première fois un accès à double forme :
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excitation suivie de dépression, et en 1908, pendant huit mois
environ, Talternance de périodes d’excitation et de périodes de
dépression donna à la psychose l’apparence d une folie circulaire
qui fut suivie d'un retour complet à l’état normal.
Les accès maniaques sont caractérisés surtout par de l'agitation
motrice et de l’excitation intellectuelle (grimaces, gesticulations
désordonnées, danses, chants, déclamations, etc.), sans fuite des
idées très marquée ni associations d’idées par assonnances. Aces
symptómes s’ajoutent des conceptions dólirantes diverses et très
mobiles. Les idées érotiquesprédominent ainsi que les idéesambi-
tieuses les plus absurdes : elle dirige le soleil et les planètes, elle
possède l’Océan Indien, elle descend de Napoléon I rr par Cam-
bronne, etq... En dehors des grandes crises se montrent paríois
des accès d’hypomanie: loquacité, exigences multiples, récrimi
nations continuelles, colères fréquentes. Les périodes de dépres-
sion, beaucoup plus rares, se traduisent par une apathie extrème,
du mutisme, des préoccupations hypocondriaques.
II importe enfinde signalerque cette psychose maniaque-dépres
sive qui évolue depuis cinquante ans, n’a entrainé aucun afTaiblis-
sement intellectuel. Cette malade, bien qu’arrivée à la sénilité,
conserve, durant les intermittences, une sctivité psychique nor-
male. Elle reste habituellement irascible, mais sans présenterles
tendances malveillantes qui caractérisent d’ordinaire les périodi-
ques.
Telle est brièvement résumóe l’histoire de la maladie. Nousvou-
lons insister maintenant sur les deux particularités qui nous
paraissent donner à cette observation son principal intérót. IIsagit
de deux phénomènes entièrement indépendanls l un de l autre et
qui apparaissent en dehors des grandes crises d’agitation: d une
part des secousses myocloniques, d’autre part un délire de pos-
session transitoire.
1° La myoclonie présentée par cette malade a été observée pour
la première fois en 1904. Elle consiste en convulsions cloniques
instantanées, involontaires et généralisées. C’est une sortedesou-
bresaut de tout le corps avec rotation brusque de la tète vers la
droite. Les secousses ne sont pas toujours identiques ; tantòt ré-
duites à un frisson rapide, tantót davantage marquées aux mem-
bres supérieurs dont les spasmess’accompagnentde frémissements
des doigts. II ne se produit pas de déviation des yeux ni de projec-
tion de la langue, pas de perte de connaissance. On ne note aucun
trouble de la sensibilité. Si les secousses myocloniques survien-
nent au cours d'une conversation, la malade s’interrompt un ins-
tant puis elle reprend sa phrase, quelquefois après une réflexion
sur l’ennui que lui causent ces mouvements nerveux dont elle est
consciente. Leur fréquence est très variable : au cours d’une
méme journéeelles peuvent se renouveler toutes les cinq niinutes
pendant une heure puis cesser durant plusieurs heures. Ellesdis
paraissent complètement dans le sommeil. Leur cause provoca*
trice échappe ; elles sont indépendantes de tout choc émotionnel.
maiselles augmentent de fréquence et d’intensité. sous rinfluence
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SOCIKTHS
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de la moindre contrariété. Cerlains auteurs admetlent que la myo-
clonie s’associe sou.vent à un mauvais íonctionnement des voies
digestives ; remarquons à ce sujet que notre malade, quand elle a
ces secousses, est atteinte de troubles dyspeptiques : inappétence,
pyrosis, vomissements.
Mais le point qui noussemble le plus importent à signaler, c’est
le moment ou survient cette myoclonie. Elle n’existe jamais dans
les périodes oìi la malade retrouve entiòrSment son état normal ;
elle n'existe pas davantage au cours des périodes de manie aigue.
Le plus souvent elle apparait deux ou trois semaines avant le
début d’un accès, puis cesse tant que persiste l agitation, et repa-
raít quand celle ci diminue. Ce symptóme est très net et bien
connu du personnel habitué à soigner depuis longtemps cette ma-
lade : il permet de prévoir assez longtempsà l avance à la fois le
début et la terminaison de Taccès.
Pendant toutela durée de cette période myoclonique lecaractère
reste acrimonieux et irascible. Néanmoins Taccès d’agitation ma-
niaque ne succède pas toujours fatalement à ces secousses myo-
cloniques. Parfois l’accès semble avorter : il se produit alors
uniquement une phase d hypomanie pendant laquelle les sposmes
surviennent à intervalles plus ou moins rapprochés. Nous avons
vu également les secousses coexister avec une période de dépres-
sion sansagitation consécutive.
En somme, dans cette observation, la myoclonie, accompagnée
de symptómes maniaques ou dépressifs légers, est tantòt un pro-
drome, tantòt un équivalent de l’accès. Dans tous les cas l'origine
de ces troubles moteurs nous parait étroitement liée à l’existence
de ia folie intermittente ; on ne saurait l’attribuer à une hystérie
ou à une épilepsie concomitante ; notre malade ne prósente aucun
symptòmedeces névroses. Sans doute les auteurs qui établissent
un rapport entre la folie intermittente et l’épilepsie, verront ils
dans ce cas un nouveau fait en faveur de leur théorie, mais au
point de vue clinique et à l’exclusion de toute conception patho-
génique, il reste malaisé de comparer ces spasmes conscients
aux vertiges ou aux absences du petit mal comitial.
2° La seconde particularitó curieuse de cette observation est
l’existence d’un delire de possession transiloire précédant immé-
diatement l’accès maniaque aigu. II ne s’agit plus ici d’un pro-
drome ou d’un équivalent, mais d’un véritable signal-symptóme.
11 ne s’est en eflet exclusivement montré qu’un ou deux jours
avant la grande agitation. A ce moment la malade est déjà exubé-
rante el très irritable ; elle parle avec volubilité et déclame
volontiers des vers, toujours les mèmes. Brusquement on la voit
interrompre ses occupations ou son discours, lever la main et faire
legeste de suivre un vol invisible ; en méme temps elle prononce
ces seuls mots : « l’esprit! ». Elle se débat ensuite un instant,
puis reste silencieuse et immobile et enfin soudainement c’est une
explosion de cris; elle hurle un jargon totalement incompréhen-
sible pendant deux ou trois minutes. Quand elle a fìni, elle se
secoue, fait claquer sa langue, semble se réveiller et reprend ses
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REVUE DE PSYCHIATRIE
occupations antérieures. Cetle scène singulière ne dure pas plus
de cinq minutes; elle se reproduit, à peu près identique» sepl ou
huit fois dans la journée. Parfois la jargonaphasie ne se produit
pas ; tout se borne à une sorte de lutte bruyante contre un adver-
saire invisible.
Interrogée sur ce qui vient de se passer, la malade déclaresentir
d’abord un souffle qui lui révèle l’approche d’un esprit. Cet esprit
— le démon sans doutef— veut s’emparer d’elle. Quelquefois elle
lui résiste, mais le plus souvent, dit-elle, elle est obligée de
« baisser pavillon ». Alors l’esprit pénètre dans son corps, se
substitue entièrement à elle, agit et parle à sa place ; elle ignore
ce qu’il dit et ne sait dans quelle langue il s’exprime. C est donc
bien un délire de possession de très courte durée et récidivant.
La jargonaphasie en est comparable à la glossolalie des premiers
chrétiens qui, suivant saint Paul, parlaient une langue que ne
comprenaient ni leurs auditeurs, ni eux-mémes. A mesure que
l’agitation augmeńte, ce délirede possession s’atténue et s’eflace
rapidement; d'abord la malade sort chaque fois victorieuse de ses
luttes avec l’esprit, bientót elle le commande à son tour et s’aban-
donne alors aux idées ambitieuses les pius outrées que nousavons
indiquées au début.
Quelle est la genèse de cette transformation passagère de la
personnalité ? Reflète-t-elle en quelque sorte les troubles cénes-
thésiques qui coincident avec l’apparition de l sccès maniaque.
On serait ici réduit à n’émettre que des hypothèses. Nous ne
savons pas exactement à quelle époque ce délire de possession
a surgi pour la première fois. En 1903 la malade parle déjà de
« l’esprit » et se croit sous la domination d’un ctre qui voudrait
prendre possession de son corps. En 1905 elle se prétend «hantée
depuis l’áge de six ans par une voix du ciel qui lui a dit : tu n’es
pas de la terre ». Cette mème voix lui a annoncé vers 1897:«A un
temps donné, je me substituerai à toi ». Peut-ètre existe t*il une
relation entre ces hallucinations anciennes et l’idée de possession
actuelle et est-on autorisé à supposer l’évolution insidieuse dans
le subconscient d'une conception délirante qui ne peul éclorequ’à
la faveur d’un certain degré d’excitation inteJlectuelle.
M. Mágnan. — Ce cas est une nouvelle preu^ve que tout inter-
mittent a sa personnalité, son geste, sa fagon d étre particulière
annonQant la crise. Je rappellerai par exemple ce malode qui, au
début de chaque crise, se faisait raser la barbe.
M. Ritti. — La malade a t-elle présenté des symptómes épilep-
tiques ? J’ai observé une aliénée atteinte de folie circuloire, q u * à
la fìn de chacune de ses phases d’excitation avait un accès d’epi-
lepsie. Dans mon Traité de lafolie à double forme, j’ai pubhe
robservation d'un circulaire qui m’a été fournie parmoncollègue
Christian. Le malade de cetle observation avaitdes crises épd e P l1 '
formes dans le cours de la phusc d’excitation.
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SOCIÉTÉS
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M. Trénel. — Ne peut-on pas considérer les secousses myoclo-
niques comme un symptóme de nature ópileptique.
M. Pactet. — Ces manifestations prémonitoires de l’accès
ressemblent à l aura qu’on constate chez certains épileptiques.
M. Ritti. — Le termeawraest, en effet, très juste. Les intermit-
tents présentent, presque tcus, un symptdme caractéristique qui
annonce l’explosion de l’accès. Je connais une circulaire dont le
passage de dépression à la phase d excitation est annoncé par une
véritable boulimie.
M. de Clérambault. — Dans son livre Deyénérescence et
A lcoolisme , M. Legrain cite une malade dipsomaniaque qui, préala-
blement à chaque accès, présentait des spasmes d’un orbiculaire
des paupières; lorsque ce signe réapparaissait, le mari se disait :
(c Ma femme va rentrer ìvre ce soir » et il ne se trompait pas.
VI. Un cas d’aphasie motrice pure, sans surdité, ni cécitó
verbales, chez une femme polyglotte, n'ayant jamais pré-
senté d’aflaiblissement intellectuel notable, par MM. Marcel
Briand et Brissot. (Présentation de pièces).
Le cerveau qui vous est présenté, est celui d’une malade, atteinte
d’aphasie motrice pure et décédée dans le service. Cette femme a
été considérée comme un cas type par le professeur Dójerine, qui
a publié une partie de son observation, il y a une dizaine d’années.
Madeleine R..., 39 ans, est entróe à l’Asile de Villejuif (Service
du D r Briand), le 20 Mai 1908, venant de l’hópital de la Pitié, ou
elle (c troublait par ses cris et son 8gitation incessante, le repos
des autres malades. »
Voici en quelques mots son histoire : Alsacienne d’origine, elle
quitte son pays, dans Tenfance, pour venir se fìxeràParis. A
l áge de 12 ans, elle part pour l’Amérique et s installe à Chicago
comme bonne d enfants, chez des Espagnols; elle séjourne dans
cette ville pendant trois années, et en profite, étant très intelli-
gente, pour apprendre la langue de ses maitres.
Revenue en France en 1884, elle épouse un Italien, ce qui lui
permet de s’instruire dans une langue nouvelle et trouve un em-
ploi dans un grand restaurant de la capilale.
En 1894, à l’àge de 25 ans, des excès de boisson Tobligent à un
premier séjour à l'Asile de Villejuif, du 28 juin au 31 octobre de la
mème année.
En 1896, ictus apoplectiforme : elle tombe à terre et perd con-
naissance pendant 10 heures ; lorsqu'elle revient à elle, son entou-
rage s apergoit qu’elle est paralyséedu cóté droitet qu'elle a perdu
i usage de la parole. La malade qui, avant son ictus, parlait qua-
tre langues : le frangais, l'allemand, l’italienet l'espagnol, ne peut
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plus prononcer désormaisquedeux mots « ohnon ». Elle présente
en outre, un léger degré de cécité verbale, mais ce trouble dispa-
raìt complètement au bout de quelques mois. Soignée à riíòtel-
Dieu, pendant un an, puis admise, en 1898, dans le service du
professeur Déjerine, à la Salpétrière, où elle reste deux années,
elle entre pour la seconde fois, en mai 1908, à l’Asile de Villejuif.
Madeleine prétend n’avoir jamais été malade : elle nie la syphi-
lis, mais elle a fait trois fausses couches, ce qui nous perinet de
douter de ses afTirniations au sujet de cette afíection.
Avant son accident, c était, connne on l’a vu, une femrne très
intelligente qui est parvenue à parler et à écrire quatre langues,
d’une facon à peu près correcte.
M. Ie professeur Déjerine l’a examinée à la Salpèlrière, en
1898 1899, et voici ce qu’il écrit à son sujet, dans le iraité dc poilto -
lorjie (jénéralc de Bouchard, à l'article aphasie :
« J ai actuellement (1898), dans mon service, à la Salpólrière,
» un cas des plus démonstratifs àcet égard. II concerne unefennne
» de 29 ans, atteinte depuis 4 ans, d’aphasie molrice avec hénii-
» plégie droite. C’est une femmeintelligente etcultivée, polyglollc.
» sachant Ie frangais, llallemand, l’italien et Tespagnol.
« I/aphasie motrice est totale, absolue. La malade n*a conservé
» que le mot « oh non », qu'elle n emploie, du reste, que dansson
» véritable sens, c’est-à-dire lorsqu’elle veut dire « non ». Klle
» ne peut, en efTet, le prononcer dans daulres condilions. L'apha-
» sie est ég8lement totale pour la répétition des mots. Tour le
» chant, elle ne peut prononcer un seul mot, mais fredonne tous
» les airs. I.a lecture mentale est inlacte c-hez elle, et se faitaussi
» vite que chez une personne bien porlante. Elle écrit de la main
» gauche, spontanément et sous dictée, d’une manière facile et
» correcte, et copie en transcrivant l imprimé en manuscrit. Elle
» compose très vite les mots avec les cubes alphabétiques, spon-
» tanément et sous dictée. La mimique de la face et des gestes est
» remarquablement expressive. Cette femme indique ovec les
» doigts, aussi vite qu'un sujet normal et cultivé, le nonibre de
» syllabes, que contiennent les mots servanl à désigner lesobjets
» qu'on lui montre. »
En juillet 1908 Madeleine se présenlait à nous sous l’aspect
suivant :
Hèmi/dccjie droitc avec contracinre et exagération du réflexe
rotulien de ce còté ; pas de trépidation épileptoíde. Quand on met
l avant-bras el le bras en supination forcée, le membre supérieur
paralysé revient iinmédiatement et d’une facon brusque en posi-
tion de pronation (Epreuve de la supination. Babinski).
Parole spontanèe. — La parole spontanée est impossible. Seule,
l’expression « oh non » est prononcée et employée dans son véri
table sens. Fait à noter chez celte malade polyglotte : 1 aphasie
motrice est totale pour trois langues, l’allemand, l’italien et l'espa-
gnol. Son vocabulaire se réduit à deux mots frangais et elle a v0ue
connaitre l italien beaucoup mieux que les autres langues.
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SOCIÉTÚS
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ELle ne peut répéier les mols prononcés devant elle.
L*amusie motrice est complète. Madeleine est incapable de fre*
donner les airs, aiors qu’elle pouvait le faire, à la Salpètrière,
en 1898-1899.
Vépreure de LicJttfieim-Déjerine est positice. — R... indique
rapidement, au moyen de ses doigts, le nombre de syllfcbes du
motqu'elle ne peut prononcer. Elle compose facilement les mots
avec les cubes alphabétiques, spontanément et sous dictée, que
ces mots soient de langue fran^aise, allemande, italienne ou espa-
gnole; il semble, cependant, que l évocation mentale des images
motrices soit assez lenle à se produire. Ainsi, si nous lui présen-
tons un objet, elle n’évoquera l’image motrice de cet objet qu’avec
peine, et n écrira son nom qu’en faisanl un certain etTort intellec-
tuel.
Quoi qu’il en soit. on constale chez elle, l’intégrité de la notion
du mot et, par suite du langage intérieur, les images auditives
ét^nt évoquées avec beáucoup plus de facilité et de rapidité que ne
le sont les images motrices.
La [j'ctnre à haute coix est impossiblc. II n'exisle pas trace de
surdite cerbate. —- Madeleine exécute immédiatement les ordres
qu’on lui donne, dans une des quatre Iangues qu’elle connait. Lui
dcmandons-nous en allemand : « A quelle heure vous levez-vous
le matin ? » Elle fait signe qu’elle saisit le sens de nolre phrase et
compte jusqu’à 6 sur ses doigts.
EHe n’a pas de surdité musicale.
La cómpréhension esi parfaite pour les chijf'res et les nombres.
La lecture meniale est conservée, aussi bien pour le frangais et
l’allemand, que pour Titalien et lespagnol. Òn ne constate ni
cécité littérale, ni cécité verbale. Pas de troubles dans la lecture
de$ chifíres et des nombres.
L'écriture spontanée est possible. La malade écrit spontanément
de la main gauche; son style est correct.
L’écriiure sous dictcc cst facile. De mème, la malade copie
sans diflìculté, en transcrivant rimprimé en manuscrit.
Madeleine ne présente pas trace d'aphasie optique, decécitè psy-
chique , d’asteréognosie ou d'apraxie.
La mimique est remarquablement bien consercée.
Les gestes sont des plus expressifs et le facies reflèle exactement
l'état des senlimenls intérieurs.
Inteilif/ence . — Notre malade n’a pas, à proprement parler, de
troubi.cs inlellectucls : Elle ne manifeste aucun aflaiblissement
de la conscience, parait se rendre compte de sa situation et
se comporte très normalement; elle connait son àge et se
localise parfaitement dans le temps et dans l’espace ; Made-
leine nous indique, à Paide de ses doigts, une date demandée ou
qu’elle se trouve à Villejuif, etc. Les facultés mnésiques sont
intactes. Les faits récents sont bien conservés; la malade se rend
compte du temps écoulé depuis son enlrée à l’asile et des circons-
tances qui ont motivé son internement.
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Elle a gardé un souvenir fort net de son enfance; elle fait allu-
sion à la guerre de 1870 et nous raconte, dans son langage spécial,
que ses parents, habitant l’Alsace, ont eu beaucoup* à soufTrir de
l’invasion allemande. Les mémoires de fixation et de conservation
fonctionnent d’une facon normale ; seule,la mémoire dereproduc-
tion est un peu altérée. La faculté d’attention, le pouvoir d'associa-
tion ne sont pas troublés; l’imagination parait normale, autant
qii’il est possible de s’en rendre compte chez une aphasique.
Le jugement est correct : Madeleine s'intéresse aux différents
événements de la vie journalière ; elle sait que Villejuif est un
asile, oíi l’on soigne les personnes atteintes d’afTections mentales
(elle nous montre sa téte qu’elle secoue tristement). Les facultés
syllogistiques n’ont pas subi de diminuticn apparente; la malade
effectue correctement quelques opérations d’arithmétique, addi-
tions, soustractions, multiplications simples.
La compréhension est parfaite : Si nous interrogeons H... en
allemand, elle écrit sa réponse en francais et inversement, suivant
le désir exprimó par l’interlocuteur.
D. — Wo sind sie geboren ?
R. — A Keskastel.
D. — Où étes-vous ici ?
R. — Ich bin in Villejuif.
Pendant tout son séjour à l’Asile, Madeleine, qui parsuitede
son hémiplégie, est incapablede s’occuper, reste assise une parlie
de la journée, à l’écart des autres malades, avec lesquelles ellene
peutcauser. Elle pleure parfois au souvenir de ses trois jeunes
enfants, mais la tristesse qu’elle manifeste ainsi, semblede courle
durée ! Ajoutons qu elle supporte mal les taquineries de la part
de ses compagnes.
Malgré les troubles légers de l affectivité, de la volonté et dti
caraclòre, nous pouvons résumer notre opinion sur cette fenime,
en afíìrmant, que chez elle, en dehors de l'aphasie, les troubles
intellectuels sont si peu occusés, qu’on doit douter qu il en exisle;
la tenrfancc à a 'acheminer ccrs la rfémence est % rfc cefait . à jterprh
nnUe. Madeleine est donc une malade, infirme du langage depuis
18%, dont l’état inental est reslé sensiblement le mòme, pendant
ces douze dernières onnées. M. le professeur Déjerine, qui I’a
exarninée deux ans après son ictus, a porté le diagnoslic d’apha-
sie motrice pure et n’a pas davantage constaté chez elle, de per-
turbation dans le fonctionnement de l’intelligence.
En 1908, dix années plus tard par conséquent, les circonstances
nous permettant d’observer la mème malado, nous aboutissonsà
cette conclusion, que l'éiat mental de Madeleine R. n’a pas varié
d'une facon appréciable (nous notons seulement de l'amnésie qui
n'existait pas en 1898 et une certaine diffìculté dans l'évocation
mentale des images motrices).
En défìnitive, on ne peut nier que 12 ans après son ictus, cette
femme ne soit restée aussi intelligente qu à l’époque de son acci-
dent.
M. le D r Fernand Bernheim, élève du professeur Déjerine, avait
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pratiqué aussi, Texamen méthodique de notre malade, alors qu’elle
se trouvait à la Salpétrière en 1900 et a rapporté son observation
dans une thèse remarquable sur l’aphasie motrice. Voici com-
ment il.s’exprime à son égard (5 février 1900) :
« L’intelligence est parfaite ; le déflcit intellecíuel est aussi peu
)) tnarqué que possible ; tout au plus la malade présente-t-elle
» une propension au rire plus accentuée que normalement. Mais
)> elle paralt jouir d’une activité cérébrale relativement très viva-
» ce. La mémoire de la malade est intégralement conservée ; elle
» se rappelle tous les détails de sa vie et se souvient également
» bien de ce qu'elle a fait les jours précédents. L’attention ne se
» fatigue pas trop rapidement, ni trop facilement. La mimique,
» nous l’avons dit, est tròs variée et très appropriée aux pensées
» de la malade ; elie est à la fois expressive, instantanée et mo-
» bile. L’émotivité par contre, est très marquée et si la malade est
» interrogée par quelqu’un qu’elle ne connait pas, ou devant trop
» de monde, elle se trouble et l’examen est faussé ».
Plus loin « la mimique a toujoursété particulièrement expres-
» sive chez elleet on peut direquece « second langage » supplóait
» bien au premier. II n’y avait aucun déjìcit intellectuel ; la viva-
» cité et l'énergie des réponses mimées étaient remarquables et
» montraient combien les processus psychiques, en dehors des
» stimuli nécessaires à la parole articulée, fonctionnaient intégra
» lement. » (1).
Les appréciations du D r Bernheim, concernant l’état mental de
Madeleine R. en 1900, sont identiques à celles que nous formulions
en 1908.
La malade succomba le 15 mai 1909 dans une crise d’asystolie
d origine rénale.
Autopsie*—L’ autopsie, pratiquée 24heures après la mort, donne
les résultats suivants :
Plèvres, péricarde, pcritoine. — Une assez grande quantité de
liquide jaune citrin s échappe à l'ouverture de ces séreuses. Adhé-
rences pleurales tròs fortes du ccté droit.
Iteins. — Atrophie bilatérale, pródominant sur le rein gauche.
Leur couleur est gris pàle, leur surface irrégulière, bosselée,
semée de granulations et de kystes. La capsule se décortique très
dilíicilement.
Foie. — De couleur jaunàtre. Granuleux; crie sous le couteau,
lorsqu’on le coupe. On constate de petites hémorragies dans son
intérieur.
Rate. — Normale.
t'cimr. — Gros coeur rénal :
a) Ventriciile gauche. Hypertrophié. Les parois et les piliers
de la valvule mitrale sont épaissis. Queiques caillots sanguins
sont adhérents aux parois du ventricule.
(1) De laphasir motricc. (Etude anatomo-clinique et pbysiologique). Thèse
de Paris 1900. Obervution n J VI. Page 220.
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b) Ventricule droit. Dilaté, contient des caillots cruoriques. La
valvule tricuspide est légèrement insuífìsante.
c) Aorte. Athéromateuse à son origine.
Poumons. — Lésions banales de congestion et d'o^dème.
Mèniwies , cerveau. — Les méninges ne sont ni épaissies, ni
adhérentes. A l inspeclion du cerveau, on note l’existence de trois
foyers de ramollissement.
1* Hémisphère gauche. — Sur la face externe de Thémisphère
gauche, on découvre un pvemier for/er de ramoltissement, détrui-
sant la moitié postérieure de la tète, le cap et le pied de la troi-
sième frontale (ces deux dernières parties en totalité). Le lobe
frontal est atrophié dans son ensemble. (Fig. 36 et 37, Pl. I, II).
2® Hémisphère droit. — a) A la face externe de rhémisphère
droit, on constate un deuxième foyer de ramollissement , forrnant
une cavité profonde, irrégulière, anfractueuse, etdont les dimen-
sions sont les suivantes :
en hauteur et en profondeur, 2 cm 5 à 'ò cm
en Jargeur, 2 r " à 2 C " 5
Ce foyer intéresse la circonvolution pariétale inférieure, dans
ses 2/3 poslérieurs, ainsi que la partie antérieure et supérieure du
pli courbe. Une artère, vraisemblablement l artère du pli courbe,
chemine intacte dans I’intórieur de cette cavité, parallèlement au
bord supérieurde la première circonvolution temporale. (Fig. 38
et 39, Pl. III, IV).
b) Un troisième/ofjer de ramollissement , d une étendue beau-
coup moindre, est limité à la moitié postérieure des deux lèvres
de la scissure perpendiculaire interne qui sépare le cuneus du
lobe quadrilatère. (Fig. 40, Pl. V).
En résumé, la malade dont nous venons de vous montrer le cer-
veau, est intéressanle pour les raisons suivantes :
Depuis près de quatorze ans qu’elle est aphasique, et malgré
l’existence de deux gros foyers de ramollissement, Madeleine n’a
jamais présenté le moindre trouble intellectuel; c’était, bien au
contraire, une femme intelligente et cultivée, polyglotte, sachant
le frangais, l’allemand, l’italien et l’espagnol.
La destruction de la troisième frontale et, en particulier, du cen-
tre de Broca, explique les altórations du langage parlé; mais, ce
qui est plus important à faire ressortir, e’est que la lésion de la
zone de Wernicke. ducóté droit, n’a, malgré son étendue, produit
aucun symptóme d’aphasie sensorielle.
VII. Un cas de tumeur cérébrale latente, par MM. A. Marie
de Villejuif, et E. Benoist. (Présentation de pièces).
II s’agit d’un malade àgé de 64 ans, qui, en septembre 1908 fut
trouvé à Nanterre assis surijn matelas dans la cour d’une maison,
Pris tout d abord pour un cambrioleur, il fut quelque peu mal-
mené par les locataires, mais on ne tarda pas à s’apercevoir qu’il
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□ rigiral frq-m'
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ne jouissait pas de la plénilude de ses facultés mentales et onle
remit aux mains de la police.
11 fut interné à Ste-Anne le 5 septembre sur un certilìcat de •
M. le docteur Legras dont voici la teneur : Affaiblissement intel-
lectueL Propos déraisonnables. Idces confuses de persécution. Nulle
conscience de sa situation ni de ses actes.
Le malade n'avait plus aucun souvenirde Tincident quiavait mo
tivé son internement. II prétendait avoir un rendez-vous dans une
maison située dans une localité dont il ignorait lenom.
Successivement MM. les docteurs Simon et Dagonet font les
mèmes constatations et le malade nous arrive à Villejuif le 23 sep
tembre.
II nous apparait également comme un dément sénile. II parle
beaucoup, aborde volontiers les sujets scabreux et avoue s’étre
beaucoup amusé dans sa jeunesse. It préteud élre ici à l'hòtel, se
rendre chaque jour chez lui et revenir le matin. II se trouve très
bien, mange proprement et avec appétit. 11 dort très bien mais se
plaintsouventde maux de tète. II va régulièrement à la selle mais
par intervalles, il présente des phénomènes à % inconiincnce.
Ce malade ne délire point à proprement parler mais il est eorn-
plètement dcsorienté dans le temps et dans lespace. II sesouvient
qu’il avait un rendez vous, mais ne sait plus où, ni avec qui, ni
comment il fut pris pour un cambrioleur.
En causant, ií emploie souvent un mot pour un autre , maiscela
n’a rien du caractère de l aphasie. II semblé bien plutótqu il y ait
là un trouble de l’idéation. L’association des idées se fait d’une
facon défectueuse. Le malade fait des phrases sans suites, incohè -
rentes et ne peut donner sur son comple d autres renseignenients
que son nom, son adresse et son lieu d origine.
Un des caractères particuliers de son état mental est letouréro
tique de ses conversations. II tient des propos obscènes mérne à
ses filles, auxquelles il avoue un jour au parloir qu‘il préíèrerait
coucher avec une autre femme qu'avec elles.
L’état du malade reste stationnaire,quand subilement le 28octo-
bre 1908, en se levant, il perd connaissance, tombe sur son lit et
succ.ombe après un coma absolu sans convulsions ni contractures.
A l'autopsie on trouve une tumeur arrondie du volume d une
grosse mandarine siégeant à la face inférieure des lobes frontatix,
en plein sur la partie médiane. Elle s’est creusé là un véritabletit,
une excavation à paroi lisse etrepose par sa face inférieure ptane
sur les voutes orbitaires qu’elle a érodées et mème perforées
symétriquement sur fétendue d’une pièce de 50 centimes. Celte
tumeur est entièrement énucléable, sans adhérences avec la subs-
tance cérébrale sauf en un point qui est le pédicule. Elle est nia
melonnée.
Sa couleur est grisàtre, sa consislance ferme. La coupe présenle
un aspect charnu et fon peut s assurer que le pédicule est trò 5
petit. II semble se rattacher à la pie-mère et n’avoir aucunecon-
nexion avec la substance cérébrale.
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SOCIÉTÉS
519
On note une lógère compression du corps calleux et une dimi-
tion des cavités ventriculaires.
Hislologiquement il s'agit d’une lumeur fibreuse d’après l'exa-
men qu’ont bien voulu en faire MM. Caussade et Schoeffer. (Nous
en joignons les préparations.)
L’intérét de cette observation nous parait résider dans l’absence
des symptòmes de la tumeur cérébrale qui fut une trouvaille
d’autopsie.
II n’y avait en effet :
Fig. 41. — Cervcau ru par sa facc inférieurc. La turneur est indiquèe par des
hachures.
Aucun trouble de la motilité (ni paralysie, ni convulsion épilep-
tiforme).
Aucun trouble de la sensibilité générale, si ce n'est quele mala-
de se plaignait fréquemment d’uns céphalée absolument dépour-
vue de caractère.
Aucun trouble sensoriel.
Aucun trouble viscéral si ce n’est Yincontinence passagère pré-
sentée par intervalles et des traces d’albumine à la période finale.
Au point de vue intellectuel enfin, la maladie a eu jusqu’à la fin
l’aspect d’une démence sénile. L’àgc du malade, sa désorientation,
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REVCJK DE PSYCHIATRIE
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raflaiblissement global de ses íacultés, quelques idées confusesde
persécution et la tournure érotique de ses propos en tra(;aient un
tableau assez précis. II n’eut ni vertige, ni aphasie et fut emporté
par sa première attaque apoplectiforme.
Et il est important de constater que la turneur siège en efTet
dans une zone detolérance,àrextrémitéantérieure des íobes fron-
taux, dans cetle région qui passe pour un centre psychique à pro-
prement parler et appelée souvent centre d associalion antérieur.
La tumeur a pu s’y occroitre jusqu au volume énorme qu'on hii
voit, sans comprimer oucune région psycho motrice. ni aucun
nerf. Les nerfs olfactifs seuls ont pu étre lésés mais che/. un ma
lade aussi confus on ne pouvait deviner des troubles de l’odorat.
Et maintenant, parmi les troubles d apparence banale observés
chez notre malade, il en est qui pourraient, peut-étre, prendre
une importance qu’on n’avait pas soupgonnée.
Ce malade non clclìrant tenait des propos incohérents. II avait
une diíTìcultó à s'exprimer qui n’était pas de l'aphasie, il employait
parfois un mot pour un autre, faisait des phrases sans suite,
présentait comme un trouble de la coordination intellectueUe qu’on
a signalé dans les cas de tumeur cérébrale comprimant ce centre
frontal dit dassociation.
II faut retenir encore un fait de 1‘observation de ce malade. Cest
le caractère d efuyue de l'incident qui a motivé son internement.
En eflet, on a trouvé cet hommeà Xanterre, perdu, on l’a quelque
peu malmené et il n’en a conservé aucun soucenir. Cette amnésie
ne donne t-elle pas à la fugue du malade un peu Tapparence d'uu
óquicalent pst/chique verticjinmx d’autant plus explicable qu'une
zone psychique pure, etnonune zone psycho motrice, estcompri-
mée. Joignons à cela 1 'incontinence intermittentc , qui pourreit
coiTespondre à des crises comiliales larvées non reconnues.
Happelons encore que le malade se plaignait fréquemment de
ccjdialèc , symptòme fréquent des tumeurs cérébrales et qu'il a ? [l
de ralbuminurie à la période ultime de la maladie.
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SOCIKTKS
521
Cet ensemble constitue toutefois un syndrome trop fruste pour
permettre ne soulever dans un semblable cas l hypothèse d’une
tumeur cérébrale comprimant le centre dassociation ontérieur.
M. Pactet. — M. Benoist nous a dit que ce maladeétait un
dément sénile. Dansce cas, point n’est besoin, il ine semble, de
recourir à l’épilepsie pour èxpliquer sa fugue et son amnésie des
circonstances dans lesquelles il a été arrèté. II entre assez fré-
quemment à l’asile des malades de cette catégorie qui ont été
trouvés errants dans les rues de Paris et qui n ont pu fournir le
moindre renseignement sur leur identité et leur domicile. Letat
de démence suíTit à lui seul à expliquer cette situation.
M. Benoist. — Comme le fait remarquer M. Pactet, la démence
sénile sufíìt à expliquer la fugue et l amnésiede notre malade,
mais si Texamen clinique a dit démence sénile. l autopsie a affirmé
tumeur cérébrale, et nous avons émis l hypothèse d’épilepsie lar*
vée seulement parce qu’elle nous a paruen accord avec l’anatomie
pathologique.
»
M. Pactet. — Je crois que cest toujours l'hypothèse la plus
simple, en harmonie avec les faits observés, qui a les chances les •
plus nombreuses d’ètre conforme à la réalitó et Texistence de
l’épilepsie larvée déduite, après la mort du malade, de la décou-
verte, á Tautopsie, d’unetumeur cerébrale, ne me parait pas suffì-
samment démontrée.
Le (jérant: A. Courslant.
PAUIS & CAIIOttS, IMPIMMRUIK A. COURSLANT. — 12.304
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UNIVERSITf OF MICHIGAN
6 Série. 13* Année. Tome XIII.
SEPTEMBRE 1909 - N° 9
REVUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
(NUMÉRO CONSACRÉ AU CONGRÈS DE NANTES)
SOMMAIRE
Revue critique. — XIX* Cotigrès des mcdecins aìiènistes el neuroìn-
gisiesde Francc et des Pays de Langue fran^aisc^nw lo D r M. Olivier,
médecin adjoint de rAsile de Blois. 523
Revue des livres. — Analyse du « fíap/wrt du Comitè des Directcnrs
des u lièformatories » des Etats-Unis » pnur l'an I'.ÌOS, par le D r II. Minot 559
Revue des périodiques Franqais. — Annates mèdico-psyc/tologi-
ques (Àout 1909). — Progrès mcdical (Aoùt 1909). P. Jl’íjL’EI.iek . 5G3
Revue des Périodiques Russes. — Psycbiatric conteinporainc
(Janvier-Juillet 1909). E. Soukiianoff Pokotyllo . 5G4
Nouvelles. — Personnel des asiles. 56G
Bulletin bibliographique mensuel. xxxm
REYUE CRITIQUE
XIX« CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
ET NEUROLOGISTES DE FRANCE
ET DES PAYS DE LANGUE FRANgAISE
Par le Docteur M. Olivier
Médecin ad/oint de VAsile de Blois
Le Congrès annuel des médecins aliénistes et neurologistes de
France et des pays de languefrangaise vientde tenirses assises
à Nantes du 2 au 8 aoùt. La séance d’inauguration a eu lieu le
lundi matin à l’Hótel de Villè sous la présidence de M. Bel-
lamy, premier adjoint au maire, quiaadressóauxCongressistes
les souhaits de bienvenue dans les termes les plus accueillants
etles plus flatteurs. M. Granier, inspecteur général des ser-
vices administratifs, représentant M. le ministre de l’Intérieur,
a pi’is ensuite la parole et a tracé des progrès réalisés dans le
traitement de l’aliénation mentale à travers les áges un tableau
très fldèle. M. Simonin, professeur au Val-de-Gràce, représen-
taut M. le ministre de la Guerre, a mis en évidence avec beau-
coup de force l’importance de la question de l’aliónation
mentale dans l’armée. II s’est attaché à montrer qu’après les
succès partiels déja obtenus par la psycbiatrie dans cette voie,
ce Congrès devrait marquer enfin une date historique et donner
désormais à I’expertise psycbiatrique militaire son indiscutable
droit de citó.
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52í
'REVUE DE PSYCHIATRIE
M. Vallon, présulent du Congrès et médecin en cliefdes
Asiles de la Seine, a remercié en termes clialeureux la munici-
palité nantaise et les dólégues officiels. II a salué avec sympatLie
et liumour la médecine militaire qui comptait au Congrès
quelqiies distingués représentants. Après avoir exercé ses criti-
ques et ses saillies contre les imperfections de la nouvelle loi
sur les aliénés votée au pied leyé en 1907 par la Cliambre des
Députés, M. Vallon a exprimé le souliait qu’à brève échéance
un régime légal complet intervienne pour régler d’une manière
précise la situation des médecins d’AsiIes.
II a terrainé son allocution en faisant l’éloge de ses prédéces-
seurs à la présidence du Congrès.
Nous ne pouvons songer à donner ici des renseignements cir
constanciés sur l’beureuse organisation du Congrès pour laquel-
le il convient de féliciter particulièreraent le président M. Val-
lon et M. Miraillié, secrétaire général. Les excursions, les
réceptions et les bauquets ont réussi à souhait et ont constituédes
intermèdes pleins d’agréments; tous les congressistes ont gardé
sans nul doute de leur visite au quartier d’hospice de Nantes
sous la conduite de M. Biaute, médecin en clief, le meilleur
souvenir. De méme chacun aura hautement apprécié Taimable
et cordial accueil que notre estimé collègue le D r Cullerre
nous a réservó à l’Asile de la Roche-sur-Yon dont il est l’habile
médecin-directeur depuis trenteans bientót. 11 n’est pas jusqu'à
la promenade en báteau sur l’Erdre, qui n’ait laissé la plus
durable impression, parmi les surprises ménagées aux Congres-
sistes par les organisateurs.
Le lundi soir à 2 h., les travaux du Congrès ont commencé
dafisun des amphilliéátres de l’Ecole deMédecine. A I'ouverture
de la séance, M. Vallon a donné la parole à M. Victor Parant
(de Toulouse) chargé du rapport sur « les Fugues en psychia *
trie ».
Premier Rapport
LES FUGUES EN PSYCHIATRIE
M. Parant a résumé son intéressant rapport en un exposé
qui fut d’ailleurs très lumineux :
I. — Définition de la fugue
11 passe en revue les dififérentes définitions de la fugue don-
néesparles auteurs (Raymond Ducoslé, Cottu etc.), mais elles
ne le satisfont pas parce qu’elles sout ou trop étroites, ou incora-
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XIX' CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
525
plètes, ou vagues. Tout récemraent, Joffroy et Dupouy ont
défini la fugue « l’abandon impulsif du domicile ». Or, sous son
apparente concision, cette définition est passible des mémes
reproclies. En effet l’irapulsion ne doit pas étre considérée
dans lesens restreiut que lui attribuent ces auteurs, sinon les
fugues délirantes et systómatisées se trouveraient exclues. De
plus le terme de domicile prend ici un sens abusif en l’étendant
à toutes les variétés du domicile possible.
En dernière analyse, M. Parant ne donne son adbésion qu’à
la définition de MM. Benon et Froissart pour qui la fugue est
« un état morbide de l’activité, accideutel, transitoire, qui
survient presque toajours par accès, au cours duquel le malade
exécute un déplacementanormal, marche, course, voyage.sous
l’influence de troubles psychiques ». Mais cette définition présen-
te cependant un défaut, aux yeux du rapporteur, c’ést sa lon-
gueur. Aussi estime-t-il nécessaire de la condenser sous cette
forme : « La fugue est tout acte de marche ou de voyage
accompli par accès et déterminó par un trouble mental. » Cette
déflnilion place donc la fugue entre Vautomatiswe et te vaga -
bondage avec lesquels, dans les cas exlrèmes, eiie pourra étre
confondue :
L ’automatisme provoque des raouvements exécutés sans but
et sans direction, ne rópondant à aucpne ólaboration psychique
(phénomènes procursifs de l’épilepsie, activité désordonnéé de
certains déments). On ne doit pas les confondre ayec les états
ambulatoires de l’état second qui sont de véritables fugues. II
faut se souvenir aussique dans nombre defugues, cliez l’obsédé,
le délirant, le confus etc., il y a vraiment aussi une part d’auto-
matisme. Dans leur important travail sur les fugues, Joffroy et
Dupouy ont fait ressortir ces íaits avec netteté.
Le vagabondage doit étre distinguó aussi cliniquement et
psychologiquement de la fugue. II y a des individus, les uns sains
d’esprit, les autres. déséquilibrés, qui vont devanteux,en verlu
d’un acte volontaire, mèrae sans l'intervention, alors méme
qu’ils sontdéséquilibrés, d’un trouble raental actuel, non consti-
tutionnel, susceptible d’un traitement ou auteur d’irresponsabi-
litó. Ils sont ou involont’airement entralnés sur la route par le fait
de circonstances extérieures ou volontairement en vertu d’un en-
semblede goútsou d’aptitudes. On pourra avoir des doutes sur la
placeà attribuer parmi les fugueurs ou les vagabonds à denom*
breuxcas limite, voisins du délire, semi-délirants ou demi-fous
que M. Parant laissedans le cadre du vagabondage etdont ilfait
une énumération pittoresque et bariolée. Nous n’en retiendrons
que ces déments de toutes sortes, réduits à la mendicité, les
insufllsants sociaux, tels que le morphinomane et surtout
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526
REVUE DE PSYCHIATRIE
l’alcoolique récidiviste, décrit par Guiard, vagabond d'un
genre spécial, sollicitant perpétu6llement son admission à
l’Asile pour y réaliser le type de 1’ « aliéné fonctionnaiPe », les
débiles moraux à réaction antisocialé de Courjon, les excentri-
ques, lunatiques et aventuriers de Cullerre, les hypocondriaques
d’aspects si variés, depuis ceux qui fréquentent les stations
thermales, balnéaires, climatériques, etc., jusqu’au Juif-errant
de Meige, les paranoíaques de Joífroy et Dupouy, les faux
fugueurs liallucinés de Foville, les vagabonds collectils et
combien d’autres encore.
La déflnition du vagabondage n’est pas facile. MM. Benon et
Froissart prétendent que c’est un « état morbide habituel de
l’activité au cours duquel le malade exécute des marclies,
voyages, etc., sous l'influence de troubles psychiques ». Or, si
ces auteurs ont bien vu l’état de duróe ou de permanence du
vagabondage, ils ont eu le tort d’exclure de leur déflnition les
états de vagabondage dùs à des causes économiques, morales ou
ethniques.
Pagnier ne veut voir dans le vagabondage qu’une fugueà
longue durée. Pour Joííroy et Dupouy, le vagabondage est le
fait d’errer sans vouloir ou sans pouvoir revenir à un doraicile
flxe. Cette définition, dit M. Parant, a un premier défaut: elle
méconnait le caractère essentiel d’habitude et de perraanence
du vagabondage. Elle semble en outre faireune place au simple
égarement du sénile ou de l’amnésique.
Après toutes ces recherches, le rapporteur incline à adopter
la déflnition de M. Bailleul, qu’il trouve la meilleure :« Dans
l’acception du mot, le vagabondage est le fait d’un homrae qui
erre à l’aventure, sans avoir une habitation pour y trouver un
abri quotidien, peu importe d’ailleurs un domicile d’origine ou
uu autre domicile de droit, s’il n’y a point résidence de íait».
II. — Division des fugues
^ , ,, . 1 Les fugues spécifiques;
Deui grandes categones j Les r „ gues banale3
1° Les fugues spécifiques comprennent: a) les fugues mélan-
coliques; b) les fugues oniriques; c) lés fugues épileptiques;
d) les íugues démentielles de la démence précoce ; e) les fugues
dromomaniaques ;/) les fugues des états seconds ; g) les fugues
systématisées.
a) Les fugues mèlancoliques se produisent dans les états
mélancoliques de toute nature et de toute intensité, sur un fond
de douleur morale, d’arrét psychique. Leur début est brusque
et violent. Ces.raptus sont provoqués essentiellement par une
anxiété très intense et dont la conséquence peut ètre des fu gues
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XIX' CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
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de durée variable ; le dólire intervient secondairement pour les
interpréter.
b) Les fugues oniriques surviennent au cours du délire
onirique quelle qu’en soit la cause, exotoxique, autotoxique,
infectieuse. Elles sont Ja conséquence directe des terreurs ou
des erreurs liallucinatoires.
c) Les fugues épileptiques se caractérisent par un début
généralement soudain, brutal et par une fin brusque. Elles
précèdentle plus fréquemment l’accès, ellessont inconscientes,
amnésiques. Elles se renouvellent selon un mode assez uni-
forme ; elles affectent toutes les variétés depuis les impulsions
rapides jusqu’aux fugues complexes.
d) Lesfugues de la démence précoce existent à toutes les
périodes de la maladie. Elles sont impulsiVes, soudaines, auto-
matiques, toujours démentielles, absurdes, immotivées.
e) Les fugues dromomaniaques résultent d’une impulsion
obsédante et anxieuse. Dans quelques cas rares, le sujet sort
victorieux de sa lutte anxieuse ; mais le plus souvent il cède à
son impulsion fatale sans tentative volontaire d’arrét; aussi ces
fugues, qui sont pourtant conscientes, sont-elles parfois délica-
tes à distinguer de celles où la volonté n’est pas absente.
f) LesJ'ugues des ètats seconds ont pour type la fugue liys-
térique. Elles apparaissent brusquement et se terminent de
raème. Ce sont des accès de somnambulisme, à la suite desquels
l’amnésie est plus apparente que réelle, car le souvenir peut en
étre rappeló dans une récidive sponlanée ou dans le sommeil
bypnotique.
g) Lesfugues sgsjématisées constituent l’un des épisodes
du délire systématisé. Elles naissent après réflexion, se pour-
suivent avec méthode vers un but déflni et sont susceptibles
parfois d’une longue durée.
2° Les fugues banales peuvent se retrouver dans tous les
états de suractivitó motrice, érotique, intellectuelle, et dans
tous les états amnésiques, démentiels, confusionnels. Elles ne
revétent pas un aspect clinique nettement spécial.
Mais les fugues spéciflques, et moins encore les fugues bana-
les, ne sauraient offrir une valeur diagnostique sufllsante pour
aider, par leur seule présence, à la classiflcation d’une espèce
nosologique dans les cadres des m'aladies mentales. Les fugues
banales ressemblent beaucoup les unes aux autres (les fugues
démenlielles par exemple). Et les fugues spécifiques sont, elles,
non le produit d’une psycliose déterminée, mais simplement
d’un syndrome. II n’y a pas en effet la fugue de la mélancolie
d’involution, celle de la psychose périodique, du délire alcooli-
que, etc. II y a la fugue mélancolique, la fugue onirique, etc.
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528
REVL'E DE IJSYCHIATRIE
Mais il faut retenir que chez un méme sujet les fugues peu-
vent, sous l’influence de causes variables, présenter des formes
diverses.
III. — Les actes liés aux fugues
Les fugues jouent un róle très variable dans le tableau clinique
du malade, tantót accessoires, tantót prépondérantes et domi-
natrices. En tous cas, elles sont liées habiluellement à desactes
délirants plus ou moins graves : .
Les fugues mélancoliques s’accompagnent souvent d’actes
graves (suicideindividuel, suicide familial, homicide).
Les Jfugues oniriques sont susceptibles, cliez I’alcoolique par
exemple, d'étre très dangereuses (violences, meurtres, suicide,
délits, extravagances, escroqueries, vols, etc.).
Dans les fugues épileptiques il se produit des actes parli-
culièrement graves et dont la sauvagerie classique souligne
l’origine Ce sont plus souvent des crimes que des délits. Le
diagnostic pourra ètre délicat chez lepileptique fugueur qui,en
dehors de tout automatisme, aura accompli des actes délictueux
conscients et se prévaudra sans raison de son état pathologique.
Dans la démence précoce il est nécessaire de distinguer les
actes commis au cours de la fugue et dépendant directement de
l’état d’affaiblissemént moral ou affectif, et !es actes qui sont
l’occasion ou la conséquence de la fugue (par exemple vols
provoqués par le besoin de nourriture).
La fugue dromomaniaque pourra, plus que tout autre
fugue, en raisou de la conscience et de la lucidité du sujet,
constituer par elle-méme un délit (vagabondage, absenceiílc-
gale, désertion). La fugue de l’impulsif s’aid.e de menus délits
(maraude, grivèlerie, bris de clóture) ou de préjudices civils
divers. Parfois le délit est associé très intimementà la fugue
(par exemple vol de bicyclette devant servir à la fugue).
Enfln dos impulsions criminelles variées peuvent se produire
chez les dromomaniaques, sans qu’il y ait de rapport avec leurs
impulsions dromomaniaques.
Dans les fugues hgstériques à l’état second les actes délic-
tueux sont très nombreux (vols, incendies et parfois meurtres).
II faut éviter de confondre ces actes accomplis en état second de
ceux d’hystériques mythomanes où la fugue est alléguée ou
parfaitement volontaire.
Lafugue du persécuté systématisé est un procédédedé-
fense. Elle se sufflt en général à elle-mème, parfois elle se
complique d’actes graves (tentatives de meurtre, suicide termi-
nal).
La fugue che« les persécuteurs apparait comme une mani-
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UNIVERSrrf OF MICHIGAN
XIX' CONGRÈS DES NJÉDECINS ALIÉNISTES 529
festation de l’intensité de leur besoin de vengeance ettémoigne
surtout de leur nocivité.
Les mégalomanes et certains persècuieurs au cours de
leurs fugues exécutent de pseudo-régicides.
Lesfugues du paralytique général s’accompagnent d’actes
très variés qui se confondent avec elles. Comme elles, ils recon-
naissent la méme pathogénie: préoccupation délirante, démence,
automatisme (tenue indécente ou malpropre, oubli de payer le
restaurateur, le coclier, achats inconsidérés, mendicitó, vaga-
bondage).
Les vieillards peuvent, au cours de leur déambulation,
accomplir des actes contre la propriété, contre la morale, des
tentatives de suicide.
Lafugue du maniaque donne rarement naissance à des actes
délictueux (ivresse, érotisme, etc.}.
Les fugués des idiots sont trop élémentaires pour donner
lieu à des actes compliqués.
Lesfugues des imbéciles sont assez souvent graves (incen-
dies, viols, proslitution, profanations de cadavres, vols, etc.).
Enfin lafugue cliez les enfants ne s’accompagne guère que
de vol.
DISCUSSION
M. Régis. — Le rapport de M. Parant, très clair, très nourri
d'idées et de íaits, lui parait préter peu à la critique. II aurait
voulu cependant que le rapporteur dise un mot de la différence
des fugues dans les deux sexes (fugue somnambulique relati-
vement fréquente chez la femme par exemple, fugue dromoma-
niaque exceptionnelle).
Ilaurait voulu qu'il n’accordát pas une influence aussi exclu-
sive à l’anxiété dans la fugue mólancolique, car le délire ya
bien aussi sa part; qu’il reconnùt comme très fréquente lafugue
du délire onirique aussi bien dans l’éthylisme et les exo-intoxi-
cations que ces auto-intoxications et les infections. Enfin qu’il
signalát la possibilité d’une sorte de fugue mixte propre aux
perséputions mélancoliques.
Ces réflexions critiques faites, M. Régis voudrait élablir qu’il
existe une tendance réellement constitutionnelle à la fugue,
tendance souvent héréditaire, précoce, durable, paroxystique.
II cite J.-J. Rousseau comme le type du genre.
Cette hérédité chez J.-J. est manifeste. Son père, ses oncles,
son frère, son cousin furent des fugueurs.
J.-J. le fut dès I’áge de 16 ans. La fugue se présente cliez J.-J.
sous2 types : 1® la fugue impulsiveproprement dite; 2°la fugue
impulsive par déterminisme déliraut.
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530
REYUE DE PSYCHIATRIE
1° La fugue impulsive. — Chez les droraomanes constitution-
nels, l’accès paroxystique survient brusquement sans motif ou
sous l’influence d’un motif futíle. II en était ainsi chezRousseau,
et comme chez la plupart d’entre-eux, mais à un degré éminent.
Rousseau avait au cours de sa fugue un sentiment extraordi-
naire d'euphorie qui tenait aussi bien à la satisfaction donnéeau
besoin d’action, d’indépendance qu’à un amour passionné de la
nature.
Beaucoup de ces dromomanes semblent méme ne pas sentir la
fatigue, ni le besoin de manger. On comprend dès lors pourquoi
les dromomanes ne comprennent le voyage qu’à pied. Lacons-
cience et le souvenir sont d’ordinaire entièrement conservés
dans la fugue impulsive pure. Quant à la honteet au remords
ils sont loin d’exister toujours après la íúgue.
2° Fugues impulsives à déterminisme délirant. — Rous-
seau fut un mélancolique persécutó qui, avec des t idéesdéliraiites
de persécution, réagit surtout en mélancolique. Selon Sérieux
et Capgras, Rousseau fut un délirant par intíi’prétation, ce qui
n’exclut pas l’associationmélancolique. Unedes réactions prin-
cipales de cette époque de sa vie, fut naturellement la fugue.
Elles furent innombrables, mais les unes se justiflaient par l’os
tracisme dont il était frappé, les aulres étaient pathologiques,
impulsives, délirantes.
Ces fugues ont Ie caractère dnquiet, apeuró, anxieux du mé-
lancolique. La fuite d’Angleterre, en mai 1767, esttoutà fait
caractéristique. C’est une fugue mixte à prédominance mélan-
colique, chez un mélancolique persécutó.
Cet exemple montre que, lorsque des complications délirantes
surgissent, l’impulsivité migratrice constitutionnelle s’adapte
naturellement au délireet revét une forme adéquate, persécutée
mélancolique, comme dans le cas de Rousseau.
M. Régis reconnait l’extrème difficultó qu’il y aà discerner
la responsabilitó exacte de certains fugueurs impulsifs.
M. líoger Dupouy estirne, qu’on ne peut, comme le voudrait
Parant, dissocier l’anxiólé du délire dans la genèse de lafugue
mélancolique. Anxiété et délire interviennent dans sa détermi-
nation. 11 trouve ensuite la définition de la fugue adoptée par le
rapporteur insuffisamment compréhensive « car le malade qui
ne marche, ni ne voyage, mais qui, fuyant son domicile pour
une cause quelconque, la plupart du temps délirante, demeure
caché enquelque coin, ne saurait plus étre tenu pour un íugueur,
alors qu’au conlraire celui qui marche par accès à l’intérieur de
son domicile devrait étre considérécom.me un fugueur». 11 com-
pare enfin la fugue et le vagabondage qui, sans s’assimiler, peu-
vent se superposer cliez le mème sujet.
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XIX' C0NGRÈ8 DES MÉDECINS ALIÉNISTES
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MM. Benon et P. Froissart éraettent sur la question des
fugues un certain norabre de considérations intéressantes. En
particulier, le diagnostic entre la fugue dite épileptique et la
fugue dite hystérique nfe parait pas actuellement possible. Plus
difQcile encore, à leurs avis, est de différencier la fugue pro-
prement dite des róactions voisines des étals de fugue: par exera-
ple, la fugue diteépileptique del’épilepsie procursive, la fugue
alcoolique en état second de l’autoraatismealcoolique. De mèrae
dans quelle mesure les crises réactionnelles de marche de cer-
tains obsédés et anxieux s’apparentent-elles aux fugues ? Clini-
quement, la fugue et les róactions voisines ne sont en somrae
que des troubles de l’activité, symptómatiques de telles ou telles
psychopathies. Mais ce sont surtout les conditions sociales de
réalisation de l’acle qui différencieront les fugues des réactions
voisines : il faut à Ieur sens que le fugueur, pour qu’il y ait fu-
gue, ne rentro réellemeut pas au domicile et que l’entourage du
malade s’en inquiòle. La fugue — dans les milieux militaires —
revét en général un aspect bien caractérisó.
M. Cruchet (de Bordeaux) est d’avis que l’élat moteur doit
diriger une déflnition de la fugue. La fugue : « c’est tout acte
subit et irraisonnable ou irraisonné qui consiste à s’enfuir
momentanément de l’endroit où I’on est ». II ì’econnalt deux
grandes variétés de fugues : les fugues conscientes et les
f'ugues inconscientes.
Les premières se subdivisent en trois groupes (fugues impul-
sives, fugues idéatives, fugues abouliques).
1° Lesfugues impulsives apparaissent les premières en date.
Lors des premiers pas de l’enfant, sous l’influonce d’une émo-
tion, d'une peur, l’enfant se réfugie dans lesjupes de sa mère
comme mu par un réflexe instinctif, irraisonné, subit.2° Lesfu-
gues idéatioes se trouvent à un stade supérieur. C’est ici l’idée
chimérique qui conditionne Ia fugue, mais la volontó n’est pas
touchée. 3° Dans les fugues abouliques , l’enfant a conscience
qu’il fait mal ou qu’il va se faire mal, mais il ne peut se sous-
traire à l’acte. La lutte sera d’autant plus brève que l’enfant
sera plus jeune et que l’objet de la lutte sera moins élevé.
M. Cruchet estime que l’eufance psychique devrait étre
mieux connuo des médecins; d’ailleurs les fugues physiologi-
ques de l’enfant peuvent devenir pathologiques. II n’y a entre
elles qu’une question de degré. Aussi leur étude permettrait elle
d’approfondir davantage les fugues pathologiques conscientes
de l’adulte.
Quant aux fugues inconscientes, elles comprennent deux
groupesde fugues : les fugues inconscientes proprement dites
et les fugues subconscientes. Dans le premier groupe rentre la
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532
REVUE DE P8YCHIATRIE
fugue épileptique — vraimenl inconsciente - et ia fuguehysté-
rique que sa nuance particulière mérite de faire dénoraraer
fugue mono-inconsciente. Les fugues des idiots et des déraeuts
appartiennent au second grqupe.
M. Haury, médecin-major(groupe deszouaves de Sathonay),
vient montrer que les fugues existent dans l’armée non seule-
ment sous la forme de Ia désertion, mais aussi de l’absence illé-
gale, la différence militaire entre les deux délits résidant dans
la durée de I’absence. Mais dans les cas d’absence illégale, les
horaraes n'étant soumis qu’exceptionnellement à une expertise,
il est extrémement malaisé de préciser le rapport qui existe
entre les absences illégales et I’aliénation mentale. En revanche
la fréquence de la naturé morbide de la dósertion est beaucoup
mieux établie. M. Haury s’appuie sur 50 observations de mili-
taires et il trouve à la base de la déserlion et de l’absence illé-
gale, comme chez les malades des asiles à la base de la fugue,
les mémes troubles de la volonté, qu’ils soient dus à uneinsuffi-
sance congénitale ou à une déchéance acquise, depuis l’obnubi-
lation passagère jusqu’à l’anéantissement complet. C’est surlout
la grande classe des dégénérés qui comprend le groupe le plus
nombreux des fugueurs (déséquilibrós simples, dégénérés al
coolisés ou alcooliques, dógénérés psycliasthéniques). Les fugues
d'excités sont exceptionnelles. Les fugues dromomaniaques
(obsédantes) semblent moins fréquentes qu’elles ne sont en róalité,
parce qu’elles se dissimulent souvent sous desabsences illégales
de courte durée. L’automatisme amfyulatoire hystérique ou épi-
leptique se rencontre assez rarement.
Le vagaboudage par tempérainent explique aussi quelques
fugues. On trouve également des fugues délirantes de paranoía-
ques, d’hallucinés persécutés, de mólancoliques ou d’alcooliques
en fugues oniriques. II íaut noter encore de nombreuses fugues
confusionnelles et quelques fugues de démence précoce.
«II ne faut douc pas se liáter de Hvrer aux rigueurs des
règlements militaires tous les homraes qui s’enfuient, l’expertise
psychiatrique doit intervenir pour déterminer si la majadie
joue un róle dans leur délit militaire. »
M. G. Lalanne communique un certain nombre d’ohserva-
tions de fugues chez des persécutés mélancoliques et ii insiste
sur le róle des sentiments affectifs dans le déterrninisrae de la
fugue. C’est généralement apròs la visite de leur famille que les
malades fuient, lorsqu’ils sout internés et c’est pour se sous-
traire à la honte qu'ils éprouvent à déshonorer leur famille
qu’ils abandonnent leur domicile.
La discussion est close, et M. Parant prend à nouveau la
parole pour répondre rapidement aux différentes critiques qui
lui ont été adressées.
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XIX' CONGRÈS DES MÉDECINS AUÉNISTES
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A M. Dupouy, il concède que le délire, dans la mélancolie,
participe à la préparation de la fugue, mais il maintient le rdle i
déterminant de l’anxiétó. Contrairement à M. Dupouy, il voit
uu fugueur véritable dans le raélancolique qui, soudain, va se
blottir dans un coin de l’asile. Ce déplacement, c’est la fugue.
11 n'y a fugue. pour M. Dupouy, que sila disparition du sujet se
réalise. Or, M. Parant estiipe que c’est là une condilion étran-
gère au malade; on ne peut faire intervenir le domicile dans la
iugue, puisque, en réalité, certains fuient pour rentrer dans
leur domicile.
Ces explications complémentaires, comme on en juge, au
lieu de faciliter l’accord des deux contradicteurs, accusent da-
vantage Ieurs divergences. Nous voyons, en effet, M. Dupouy
envisager avant tout, dans sa définition, la question du domicile
d’où s’enfuie le fugueur, tandis que M. Parant paraìt se préoc-
cuper essentiellement de letat moteur du fugueur, c’est-à-dire
de la fuite elle-méme. Mais ce sont là des vues un peu unilaté-
rales et exclusives. Ce malentendu souligne l'inconvénient de
définitions qui, pour vouloir èlre trop brèves et trop claires,
sont impuissantes à saisir l’infinie complexité des phénomènes.
M. Parant se dél'end contre le reproche que semblait lui
adresser M. Régis d’avoir négligé les fugueurs persécutés mé-
lancoliques. II a certes fait allusion, dans son travail, à cette
catégorie de malades, mais il n'a pas jugé utilede leur réserver
un cliapitre spécial. M. Parant regrette par ailleursque, malgré
son insistance, M. leprofesseur Régis n’ait pu l’aider davantage
à díscerner le degró de responsabilitó chez les dromomanes.
Le rapporteur répond enfin à M. Cruchet que l’étude des fugues
de l’enfance n’était pas destinée à entrer dans son travail, et il
’remercie MM. Benon et Froissart, Haury et Lalanne dont les
intéressantes communications viennent complóter et confirmer
son exposé.
Deuxième Rapport
L’ALIÉNATION MENTALE DANS L’ARMÉE
M. Granjux, qui est co-rapporteur avec M. Rayneau de la
question de l’aliénation mentale daus l’armée au point de vue
climque et médico-légal, prend le premier la parele et s’attache
à faire ressortirl’importancedece problème qu’il signaledepuis
de nombreuses années déjà avec une admirable ténacité. JI s’élève
tout d’abord coutre le préjugé d’après lequel les prévenus mili-
taires, s’ils étaient fous, ne seraient pas soldats et qui tóraoigne
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REVUE DE PSYCHIATRIE
d’une méconnaissance del’aliénationmentale et d’une conflance
excessive dans les rouages administratiís pour anéter les
aliénés au passage.
La question de l’aliénation mentale dans l’armée constitue un
double problème : militaire et social.
La statistique médicale de l’armée apprend que l’on réforme
annuellement 0,6 0/0 de l’effectif pour « aliénation mentale,
idiotie, paralysie générale »; si l’on ajoute à ce lot les réformés ’
liystériques, épileptiques, neurasthéniques, alcooliques, le
décbet annuel s’élève à 1,8 0/0. Mais celte proportion des
reconnus est fatalement inférieure à celie des existants. Toute-
fois d’apròs Stier — l’armée allemande à part — l’aliénation
mentale dans l’armée francaise serait encore moins fréquente
que dans les autres armées ayant le service militaire général:
La fréquence de l’aliénation mentale n’est que de 0,42 0/0 en
Francetandis qu’elle atteint 0,91 en Algérie où elle oscille selon
les corps entre 0,2 et 2,8 0/0. Pareille constatation peut étre
faite pour les autres pays entre les troupes métropolitaines et
les troupes coloniales.
La prédominance de l'aliénation mentale dans Ies corps
d’épreuve et établissements pénitentiaires d'Algérie se vérifle
tous les ans.
Les aliénés entrent dans l’arraée par deux voies : l'Appel
règulier et YEngagement.
a ) Le Conseii de róvision, s’il retient la plupart des tarés
physiques, laisse passer à peu près toutes les aflfections psychi-
ques qui ne lui sont pas signalées.
b ) La plupart des engagésne s’engagent pas, « onles engage».
Leur famille veut « se débarrasser d’eux soit à cause des
l'autes qu’ils ont commises, soit à cause des troubles cérébraux’
qu’ils présentent ». On comprend donc que leur apporten alié-
nós soit très considérable.
Raisons de la prédominance de l’aliénation dans
certains corps.
Les considérations précédentes expliquent iá présence* d'un
si grand nombre d’aliénés dans la Légion étrangère qui ne se
recrute que par voie d’engagement. De plus ia diflflcullé de
l’examen psychiatrique d’individus ne parlant pas le francais,
les substitutions de personnes lors des engagements, l’engage-
meut sous de nouveaux noms d’anciens iégionnaires réformés
pour troubles psychiques etc., contribuent à augmenter le chif-
í're des aliénés dans ce corps.
Chez ies Joyeux qui ont tous passés devant ies tribunaux, on
rencontre peú d’aliénés avérés, mais beaucoup d’anormaux
psychiques.
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XIX" CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
535
Dans les compagnies de discipline, il ya beaucoup d’individus
à responsabilité attéńuée, de dégénérés à anomalies psychi-
ques ; cela tient à ce que les candidats au conseii de discipline
ne sont pas soumis au préalable à une expertise médicale.
La quantité relativement considérable des aliénés dans les
établissements pénitentiaires tient à ce que les délits militaires
appáraissent en général comme sufflsamment expliqués au
commandement par Tindiscipline, cause si naturelle qui dispense
de se demander s’il y a autre chose.
Prophylaxie. — Elle doitse proposer : 1° l’arrét des aliénés
avant leur entrée dans l’armée, 2° le dépistage de ceux dont les
psychoses ont été méconnues ou se sont développées depuis
l’incorporation.
1° Arrét des aliénés acant l’incorporation
a) Au Conseil de réoision. — D’abord l’autorité administra-
tiye devra fournir des renseignements relatifs aux conscrits
qui ont déjà été interués. Ensuite les maires devront signaler
l’état des jeunes gens notoirement déséquilibrés, au lieu de
s’efforcer de se débarrasser d’eux.
b) Engagement oolontaire. — Le candidat à l’engagement
devrait fournir une pièce médicale attestant que rien dans ses
antécédents personnels n’indique de troubles mentaux.
En Angleterre il fournit un certificat de moralité ; en Belgi-
que, on exige une attestation de non-aliénation du père de
lamille, confirmée par le módecin de la famille.
2° Dèpistage des aliénés
а) A l’incorporation. — Les bons absents, les porteurs de
stigmates physiques de dégénérescence, les tatoués, les illettrés
devraient subir un examen psychiatrique très complet.
б) Après l’incorporation. — Le dépistage est facile dans Ie
cas où laliénation survient consécutivement à une maladie ou
à un accident, c’est- à-dire quand lepatientest observé. Maisla
difflculté est grande dans les actes des dégónérés psychiques et
dans les cas de démence précoce.
Rien ne signale de prime abord le futur dément prócoce et
mème au début de la maladie, les premières manifestations
n’en sont perfues que par les chefs militaires qui les interprè-
tent comme des actes d’indiscipline. Aussi laut-il que l'offlcier
possède quelques notions de psychiatrie courante afin que
judicieusement, il demande au médecin de se prononcer. II faut
par conséquent que le médecin militaire soit pourvu de connais-
sances psychiatriques sérieuses, mais en attendant on pourrait
leur adjoindre les aliénistes de carrière qui font leur période
d’appel.
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A
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REVUE DE PSYCHIATRIE
c) Au conseil de guerre. — II est sage de demander que le
dossier de tout individu en prévention de conseil de guerreou
de discipline comprenne un certiflcat médico-légal du médecin
du corps.
Cette mesure est i’èglementaire en Belgique.
Le 11 juin à la Chambre, lors de la discussion de la loisur
les conseils de guerre, un député a demandé l’examen médico-
légal obligatoire de tout individu passant au conseil de guerre.
La Chambre s’y est refusée et M. Granjux Ie regrette. Maissi
dans le règlement d’administration publique les promesses du
sous-secrétaire d’Etat sont tenues, on sera bien près d’avoir
l’expertise obligatoire.
d) II devrait étre íait de méme au conseil de discipline.
Nécessité de l’instruction psychiatrique des médecins
militaires qui devrait étre poussée chez quelques-uns jusqu’à
la spécialisation. L’armée a plus besoin de psychiatres que de
bactériologues. f)ans toutes les uations européennes, on se
préoccupe de cette question.
Un courant d’opinion se dessine aussi en France dans le
corps de santémilitaire,courant que lesprofesseursde psychia-
trie de Lyon et de Bordeaux ont contribué à développer et à
fortifier.
Certains jeunes médecins militaires désireraient faire un
stage dans les asiles.
Aliénahon mentale en campagne.
Elle prend des proportions considérables,c’est un faitdepuis
longtemps connu, mais cette augmentation est devenuede plus
en plus sensible dans les guerres récentes, en particulier dans
la guerre russo-japonaise. Les Russes évacuèrent plus de 2.000
aliénés (2 0/0 de l’eflfectif). Cette guerre a démontré la nécessité
pour toutes les armées européennes de se préoccuper de l’assis
tance psychiatrique en campagne (hospitalisation sur place des
non transportables, évacuation des autres dans les vagons
amóuagés adhoc, asiles installés surle trajet),assistanceassurée
par des aliénistes et des raédecins militaires-.
M. Rayneau (Orléans), co-rapporteur, étudie spécialement la
question de l’aliénation mentale dans l’armée au point de vue
médico-légal. 11 se propose d’examiner les cas au sujet desq»e |s
une expertise mentale s’impose. Ce ne peut étre qu’à I’occasiou
d’actes d’indiscipliue ou de dólits coramis par des railitairesou
encore lorsque leur état mental semble nécessiter leur présen-
tation devant la commission de réforme.
Quels sont donc les individus qui se révèlent à l’attention de
l’observateur dansl’un et l’autre cas? II y a d’abord cettelégio * 1
de malades dégénórés, héréditaires, prédisposés de toutes sortes
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XIX' CONtíKÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
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chez lesquels les exigences de la vie militaire font éclater leur
inadaptabilité au nouveau milieu. Mais en deliors de cette
inadaptabilité, certains autres facteurs interviennent dans la
production des troubles mentaux (fatigues, coups de chaleur,
syphilis, infections, intoxicalions, alcoolisme, traumatisme etc).
II est vrai que, mérae dans cescas, la prédisposition joue souvent
le principal róle.
Le rapporteur énumère avec des exeraples intéressants à
l'appui les dicers crimes et délits de droit commun qu'on ren-
contre liabituellement chez les militaires (ivresse publique,
meurtres, coups, blessures, vols, escroqueries, abus deconflance,
délits sexuels) et il signale à ces propos les diíférents étals
mentaux sous la dépendance desquels se trouvent ces crimes et
délits (dégénérés simples, dégénérés délirants, alcooliques,
hystériques, mélancoliques, persécutés, imbéciles, paralytiques
généraux,débiles,déséquilibrés,épileptiques,fousmoraux,etc.).
Parmi les délits militaires, le rapporteur indique: 1° L'insou-
mission (arriérés, faibles d’esprit, déséquilibrés). 2° Les absen-
ces illégales, abandon de poste, dósertion. L’analyse de ces
délits compris sous ce deuxième paragraphe est extrémement
iraportante, car ils reconnaissent souvent pour cause cet état
pathologique maintenant bien décrit, la Jugue. Toutes les for-
mes de la l'ugue sont susceptibles d’y étre observées. 3° Sommeil
enfaction ou en vedette (attaques de sommeil hystérique par
exemple). 4* Indiscipline habituelle, insubordination, refus
d’obéissance (voies de fait, róvoltes etc.). Pour se soumettre
aux exigences parfois pénibles de la vie et de la discipline mili-
taire, il faut étre maltre de soi méme et réfléchi. Mais bien des
individus, à raison de leurs tares mentales, sont invinciblement
poussés à des actes d’indiscipline, depuis le dégénéré inférieur
jusqu’au fou moral.
La démence précoce avec ses manifestations négativistes, soń
inégalitó d’huraeur, l’épilepsie avec I’irritabilitó extréme des
sentiments sont des aflections qui donnent une physionomie
bien particulière aux actes d’insubordination.
II résulte de tout ce qui précède que l’armée est riche en
tares raorbides et que bien des délinquants sont tout à fait irres-
ponsables. Les deux états psychopathiques prédominants cliez
les délinquants sont la dógénérescence sous toutes ses formes
et la démence précoce.
De l’examen comparatif des délits de droit commun et des
délits miiitaires accomplis par les soldats, il faut retenir cette
conslatation précieuse que les premiers sont inflniraent plus
rares que les seconds et tendent méme à décroitre.
Le rapporteur passe ensuite en revue les principales formes
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REVUE DE PSYCHIATRIE
d’affections mentales plus spéciales auxmililaireset quinécessi-
tent leur réforme. L'affection mentale la plus fréquente cliez
les offlciers et chez ies soldats de carrière est de beaucoii]) la
paralysie générale. Le délire alcoolique vient ensuite pour les
officiers, les rengagés ou les coloniaux qui sont aussi victimes
des psychoses dues au páludisme et autres affections des pays
chauds. Les psychoses traumatiques fournissent quelques cas.
La nostalgie a singulièrement diminué par suite de la réduclion
du service et du recrutement régional. Les psychoses d’épuise-
ment s’observent surtout en campagne sous rinfluence des
différents facteurs de débilitation. On relève aussj, mais beau-
coup plus rarement, des délires systématisés, des états mania-
ques ou méiancoliques. Rayneau estime que pour les sujels
atteints de neurasthénie accidentelle la vie militaire est des plus
salutaires ; mais il est bien évident que pour la neurasthénie
des héréditaires, le séjour dans l'armée ne saurait ére profi-
table.
Le rapporteur en arrive maintenant à la question de la simu-
lation et de la dissimulation de la folie dans l’armée.
Autrefois, on estimait la simulation extrèmement fréquente;
on la considère aujourd’hui exceptionnelle. Cela tient à ce que
la plupart des cas publiés autrefois rentrent dans ce qu’on
appelle la sur-simulation : les sirauiateurs sont le plus sou-
vent des dégénérés qui ne font qu’accentuer les manifestalions
de leur dégénérescense psychique. lls s’efforcent de reproduire
de préférence les grands accès d’agitation délirante, le délire
des grandeurs, la démence, l’amnésie, etc.
Dans l’armée les afíections mentales ne sont que très excep-
tionnellement dissimulées sauf dans quelques cas spéciaux, par
exemple par des dégénérés qui veulent contracter un engage-
ment volontaire ou chez certains offlciers et sous-offlciers qui
veulent óviter une réforme prématurée.
Les automutilateurs sont très fréquemment des anormaux et,
quel que soit le motif apparent qui la provoqueon peut dire que
l’automutilation est la conséquence d’un état psychopathique.
Aussi tout automutilateur qui vise à se soustraire au service
militaire doit-il étre soumis à une expertise psychiatrique.
Après cet inventaire psychiatrique, M. Rayneau se demande
quels sont les moyens les plus pratiques pour arriver à un
examen rapide et complet de tous les tarés psychiques dans
toutes les circonstances où l’examen mental s’impose :
a) II faudrait que l’autorité administrative signalát au préala-
ble tous les conscrits atteints d’affection nerveuse ou mentale;
iis seraient alors l’objet d’une expertise minutieuse.
b) C’est pour les engagés volontaires que Ia vérification
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XIX" CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES 539
cérébrale s’impose avec le plus d’urgence paisque c’est par la
voie d’engagement que la plupart des tarés pénètrent dans
1‘armée — et cette vérifìcation serait d’autant plus facilitée
qn’ici l’examen est individuel. II est donc indispensable que le
médecin militaire cbargé de l’examen de l’engagé soit fami-
liarisé avec la médqcine mentale.
Ainsi nul ne devrait ètre admis à contracter un engagement
saus fournir les pièces suivantes :
i° Un certificat du maire de la résidence constatant que la
notoriété publique ne lui attribue aucune infirmité mentale.
2° Un certificat médical constataut qu’it est sain d’esprit.
Ce dossier serait complété par une enquéte de la gendarmerie
sur les antécédents personnels et héréditaires, d’après un ques-
tionnaire tj'pe mis à la disposition des bureaux de recruteraent
et des brigades de gendarmerie.
Les bons absents devraient étre aussi l'objet de pareilles me-
sures.
A l’incorporation les bons absents seront en outre l’objet
d'un premier examen attentif, et des fiches provisoires seront
établies pour les autres sujets suspects.
Après Vincorporalion , le commandementseul est en mesure
d’apercevoir les anomalies mentales qui se manifestent peu à
peu chez les jeunes soldats, mais pour cela faire, il est indispen-
sable qu’oíficiers et sous-offlciers reijoivent quelques notions
générales de pychiatrie leur permettant de reconnaitre et de
signaler les cas au médecin. De là, l’ulilité de ces conférences
de psycliiatrie élémentaire comme celles faites pat* Régis à
St-Maixent et qu’il faudrait généraliser et systématiser dans
toutes les Ecoles militaires et les régiments.
Enfin tout soldat inculpé de dclit ou présentant des réac-
tions anormales devra étre soumis à une expertise psychiatri-
que.
Dans ce but Rayneau préconise :
a) De créer des aliénistes militaires attachés aux prisons et
pénitenciers militaires.
b ) De doter chaque corps d’armée d’un aliéniste militaire
chargé des examens qui peuvent se présenter, auquel serait
confié en outre le service médico-légal de l’hópital militaire.
c) En attendant, les expertises seront faites en commun par
des raédecins militaires et des aliénistes de carrière.
DISCUSSION
M. Simonin, professeur au Val-de-Gráce, prend texte de ces
substantiels et suggestifs rapports pour présenter quelques
considérations au' sujet de l’expertise psychiatrique dans
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REVUE DE PSYCHIATRIE
l'armée. Tout docteur en médecine, dit-il, en verlu de son
diplòme, est en principe apte à étre médecin légiste, hygiéniste,
médecin, chirurgien, oculiste, accoucheur, pédiátre, etc.; mais
le développeraent considérable de la science médicale rend très
périlleuse cette prétendue compétence universelle. Aussi la
nécessité de la spécialisation n’a pas tardé à s’imposflr dans le
monde raédical civil. Le corps de santé militaire ne peul pas
échapper lui aussi à cette obligation. Au premier rangdes
spécialistes militaires qu’il faut créer, ce sont à coup sùr les
psychiatres militaires dont le ròle sera aussi précieux en temps
de paix qu’en temps de guerre. En particulier leur utilitédevien-
dra plus urgente encore si devant les conseils de guerre
l expertise médico-légale devient un jour obligatoire. Sans
doute des aliénistes civils pourraient faire l’offlce, raais
M. Simonin estime qu’un psychiatre militaire, connaissant
mieux la législation, les moeurs et les habitudes de l’armée,
sera mieux placé encore pour juger sainement.
II faut donc organiser l’expertise psychiatrique militaiie afin
qu'elle donne toute sécurité au soldat aussi bien qu’au comman-
dement. Le milieu militaire est d’ailleurs tout préparé à cette
innovation, car, la mentalité de l’armée s’est profondéraent
modiflée depuis quelques années. L’offlcier n’est plus un siraple
instructeur militaire, mais ii a aussi un ròle éducateur qui le
conduit à se préoccuper à la fois du psychisme du soldat et de
son bien-étre physique. M. Simonin signale l’intérèt croissant
des médecins militaires pour la psychiatrie et il demande pour
eux toutes les facilités pour accoraplir des stages dans les
cliniques mentales èt les asiles. L’autorité militaire supérieure
envisage favorablement ces tendances et il ne reste qu’à trouver
les meilleurs moyens d’exécution pour doler l’armée franfaise
d’un corps de psychiatrescorame il en existe dans certains pavs
étrangers. En terminant, il remercie tous ceux qui ont été les
initiateurs de ce problème el qui aideront à Ie résoudre.
M. Roubinovitch (Paris) tire de la guerre russo-japonaise
des enseignements très instructifs.
Unpremier fait, c’estla grande suprise de l’administration
militaire russeà la nouvelle que des aliénés existaient parrai les
combattants. Un médecin militaire n*avait-il pas eu l’impré-
voyance de dire : « Nous n’avons pas besoin d’aliénistes ici»?
Une seconde constatation , c’est l’augmentation progressive
des cas d’aliénation au fur et à mesure de la durée de la guerre
et ce fait semble directement imputable à la guerre elle mèrae.
Le premier mois, on en complait 2, le secoud 3, puis 23, 26,
25 et à la fln de la guerre, le chiffre global s élevait à deux raiile.
Un autre fait concerne la forme des psychoses observées.
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XIX' CONGRÈS DES MÉDEC5NS ALIÉNISTES
OÍl
Les psychoses alcooliques furentnotablementlesplus nombreu-
ses, puisles psychosesconfusionnelles, la tlémeuce précoce sous
toutes ses formes, les psychoses épileptiques, eufin la paralysie
générale. .
Les oíflciers étaient surtout frappés d’alcoolisme et de paraly-
sie générale progressive. Les soldats au contraire préseutaient
surtout des psychoses confusionnelles, des psychoses épilep-
tiques.
M. Roubinovitch fait la remarque curieuse que c’est avant
le combat surtout, quelquefois après, très rarement pendant,
que ces cas d’aliénation se déclaraieut.
II l’explique en invoquant que dans l’attente anxieuse du
combat, les soldats inoccupós s’excitent et boivent. II est vrai
que la plupart d’entre-eux étaient des prédisposés, beaucoup
étaient mèmedes récidivistes de la psychose. Seule la minorité
était composée d’individus jusque là indemnes.
Cette proportion de 2 0/00 d’aliénés militaires en campagne
se retrouve la méme dans la population civile de Moscou — ce
qui est considérable, car l’armée représente la partie de la nation
la plus jeune et la plus saine.
Ainsiles médecins militaires russes se sonttrouvés embarras-
sés en pleine guerre de deux mille aliénés, loin de tout asile et
sans moyen de transport sérieux. C’est de cette trisle expé-
rience qu’est née la psychiatrie militaire en Russie. L’armée
francaise doit à son tour s’inspirer de cet exemple pour organi-
ser la psychiatrie militaire en temps de paix au point de vue
médico-légal et assistance, si elle ne veut pas s’exposer aux raémes
errements, aux mémes difficultós qui sont venues compliquer
si inutilemeut les opérations stratégiques de larmée russe.
M. Haury, médecin militaire, rappelle ce que M. Granjux
disait déjà en 1899, à savoir « què le commandement trouve
dans l’indiscipline une cause si naturelle et expliquant si bien
les évéuements qu'il ne peut sedemander s’il y a autre cliose ».
« II y a, en efíet, autre chose que l’indiscipline banale, dit
M. Haury, c’est 1 'indiscipline morbide ». Et il étaye cette
afflrmation sur une abondante série d’observations qui démon-
trent Ia nécessité pour les médecins militaires de connaissances
psychiatriques générales et I’utilité pour certains d’entre-eux
d’une véritable spécialisalion. II insiste enfin sur l’avantage
qu’il y aurait à faire l’óducation des officiers à cet égard.
M. Mabille fils (La Rochelle) rapporte un certain nombre de
cas d’aliénés militaires observés à ì’asile de Lafond (Cliarente-
Inférieure) pendant une période de dix années. Ils proviennent
des armées de terre et de mer et notamment des disciplinaires
de l’ile d'Oléron. Un grand nombre de ces malades sont des
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REVl’E DE PSYCHIATRIE
héréditaires et présentent des stigmates de dégénérescence
phj'sique. Ces faits, rapprochés cie ceux cités par Jlaury, éclai-
rentd’unjour très vif lesconclusions de MM.GranjuxetRayneau
auxquelles se rallie M. Mabille.
M. Chavigny, agrégé au Val-de-Gráce, attribue la précocité
des troubles mentaux dans l’armée à un certain nombrede
facteurs au premier rang desquels il faut signaler le caractère
plus impérieusement astreignant de ladiscipline militaireque
celui des obligations de l'individu dans la vie civile, la vulnéra-
bilité psychique croissante des jeunes générations coincidant
avec une instruction militaire plus intensive qu’autrefois. Les
conséquences de cette précocité dansla manifestation des trou-
bles psychopathiques chez les militaires sont importantes; ce
sont: 1° la difficulté des expertises en présence de symptòmes
encore légers et peu évídents ; 2° L’emploi de mesures discipli-
naires vis-à-vis de réactions pathologiques dont la naturen'est
pas pergue par les cliefs hiérarciiiques; 3* L’incorporation
d’individus cérébralement inaptes au service et leur envoi dans
des corps disciplinaires.
M. Régis constate que la .psychiatrie militaire est désormais
fondée sur une base solide. L’examen psychiatrique dechaque
conscrit lui parait cerles très désirable; mais il serait prématuré
de l’instituer obligaloire pour tous. Pour l’instant, on peut
avoir recours à radministration qui est en mesure defaire
connattre les placemenls et les internements. On peutaussi
s’adresser aux maires et leùr demander, entre-autres indica-
tions, des renseignements scolaires.
M. Régis voit dans les engagés volontaires ce quel’armée
recrute à la íois de mieux et de pire. II estime que pourempè-
cher l’accès de l’armée aux mauvais óléments, il faut obtenir
des maires un ensemble dè renseignements relatifs aux antécé-
dents personnels, familiaux, scolaires du candidat. Mais l’en-
quètede la gendarmerie proposée par M. Rayneau luisemblede
médiocre valeur et, pour sa part, íl se refuse à se départirdu
secret médical vis-à-vis des gendarmes. II ne croit pas non plus
à la possibilité du certificat médical tant à cause du secret raédical
que de la pression exercée par les familles sur le médecin.
En définitive, c’est à l'armée qu’il appartient d’établirpar
son médecin psychiatre du bureau de recrutement, silesujet
est apte ou non au service.
Ces réserves faites, M. Régis s’associe pleinement aux rap-
porteurs pour réclamer l'expertise mentale de tout individu en
prévention de conseil, l’enseignement aux officiers et sous-
officiers des quelques notions psychiatriques indispensables,
l’obligatiou du stage psychiatrique pour les médecins militóires
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UNIVERSrTf OF MICHIGAN
XIX' CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
543
et l’urgence de la spécialisation pour certains d’entre-eux. En
attendant ces réforraes nécessaires, la collaboration des méde-
cins railitaires et des psycliiatres s’irapose.
M. Jude, médecin-raajor (Lyon), fait ressortir que dans les
corps spéciaux d’Afrique, la plupart des inculpés invoquent
comme excuse de leur acte des impulsions pathologiques et
cherchent ainsi à se soustraire aux rigueurs de la discipline
nécessaire. Or 90 à 95 0/0 de ces individus mis en observation
sont classés, après expertise, « sains d’esprit». Cette situation
est intolérable, car l’exercice régulier de la discipline s’en
trouve entravé.-»Le meilleur moyen de remédier àcetétatde
clioses et de donner toute la sécurité aux expertises menlales,
c'est de détacher dans les corps d'épreuves des psychiatres
militaires dont la táche consisterait à observer les soldats nou-
vellement arrivés au corps, au moins pendant 3 mois. lls pro-
poseraient les aliénés pour la léforme et établiraient pour les
autres des flches individuelles psychiatriques qui, en cas de
crime ou de délit ultérieur, oflfriraient une très grande utilité
raédicale. f
M. Doutrebente, comme M. Régis, pense que les médecins
des familles ne se prèteront pas à la rédaction d’un certiflcat
médical dont le contenu serait une violation flagrante du secret
professionnel. II estime que les capitaines de compagnie sont
susceptibles de jouer un róle éminemment utile, carils sont bien
placés pour discerner la mentalité de leurs hommes, si au préa-
lable on les a munis d’unelnstruction où se trouveraient résu-
mées les règles essentielles d’un examen psychique.
M. Parant fait quelques réflexious au sujet d’une paralysie
générale observée chez un officier etM. Blondel exprime le
souhait de voir davantage spécifler les caractères de l’enseigne-
ment psychiatrique que l’on veut donner aux offlciers et sous-
officiers.
Le premier rapporteur, M. Granjux, remercie avecunegrande
satisíaction MM. Siraonin, Roubinovitch, Haury, Mabille,
Chavigny, Jude de leurs interventions si précieuses. II est d’ac-
cord avec M. Régis sur tous ses points sauf un : il n’a, à l’in-
verse du professeur de Bordeaux, qu’une coufiance très limitée
dans la valeur des renseignements fournis par les maires, car
ces derniers sont avant tout des personuages pohtiques, et leurs
actes s’en ressentent. II continue à leur préférer le médecin de
lafamille. Quoiqu’en disent MM. Régiset Doutrebente, lesecret
médical n’est pas en jeu. Cesont là des objections théoriques,
puisque la pratique du certificat existe en Belgique.
Le deuxième rapporteur, M. Rayneau, répond particulière-
ment à M. Régis et s’étonne de la déflance de ce dernier pour les
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UMIVERSETY OF MICHIG.Afí
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REVUE DE PSYCHIATRIE
enquétes de la gendarmerie. En fait, toutes les enquétes mili-
taires ne peuvent étre faites que par Ia gendarmerie; le gendar
rae a sur le maire l’avantage d’étre lié par le secret professionnel.
M. Rayneau ajoute que le questionnaire proposé par lui à titre
d’indication est susceptible d’améliorations. Quant au pi'ogramme
d’instruction psycliiatrique destiné aux offlciers, il rappelle à
M. Blondel que son rapport en fait mention.
Á la suite de cette brillante discussion, une Commission a été
chargée de coudenser les desiderata des rapporteurs et d’élabo-
rer l'enserable des propositions ci-dessous qui furent unanime-
ment approuvées par le Congrès.
Le XIX* Congrès des aliénistes et neurologistes émet les vceux
suivants :
I. A u sujet des àppelés. — Que l’intruction ministérielle pu-
bliée chaque année à l’occasion des conseils de révision oblige :
a) L’administration préfectorale à faire connaltre à ce conseil
les noms des conscrits qui auraient étél'objet de placementsdans
les établissements publics ou privés consacrés au traitementdes
affections mentales ;
b) Les maires et les cliefs de brigades degendarmerieàsigna-
ler les appelés notoiremeut déséquilibrés.
II. Au sujet dcs engagés. — Que nul ne soitadmis à contrac-
ter un engagement s’il ne présente les pièces suivantes :
a) Un certifìcat constatant qu’il n’a jamais présenté un ét.nt
mental murbide, certifìcat établi par uu médecin, de préférence
celui de la l’amilie ;
b) Le dossier scolaire visé par le maire.
L’acceptation ne sera prononcée qu’après l’examen persounel
du médecin militaire du recrutement qui est l’expert de l’armée.
III. — Que le dossier de tout militaire traduit devant un con
seil de discipline ou de guerre comprenne un certiíìcat du
médecin du corps constatant l’état de son psychisrae et que, dans
tous les cas où il paraltra y avoir lieu, l’expertise médico-légale
soit ordonnée.
IV. — Que l’on perfectiùnne l’instruction psychiatrique des
médecins militaires par l'extension donnóe à cet enseignement
dans les Facultés de médecine, les Ecoles du service de santé et
dans les Ecoles d'applicatiou des armées de terre et de mer.
V. — Qu’on prépare des módecins militaires spécialistes ou
spécialisés en psycliiatrie, destinés a assurer les expertises
meutales délicates dans chaque chef-lieu de corps d’armée.
VI. — Qu'oń admette en principe que le service psychiatrique
dans l’armée, en temps de paix comme en temps de guerre, ne
peut ètre coraplètement assuré que par la collaboration intime
des aliénistes professionnels et des médecins miiitaires.
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XIX' CONGRÉS DES MÉDECINS ALIENISTES
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Troisième Rapport
LES CHORÉES CHRONIQUES
La troisième question — celle des ckorées chroniques — a
été présentée par M. Sainton (Paris) avec beaucoup de compé-
lence et de clai té. Le rapporteur répudie tout d’abord la vieille
déflnition de Trousseau, qu’il trouve trop compréhensiv§, et
par suite trop confuse à son gré. D’ailleurs, la chorée de
Sydenham, dont l’origine infectieuse est aujourd'hui admise
par presque tous, la maladie des tics, les myoclonies, la chorée
rythmique ont conquis progressivement leur autonomie et
consacré ainsi le démembrement de l’ancienue chorée-névrose.
M. Sainton voit donc dans ladéflnition de M. Brissaud la descrip-
tion la plus exacte donnée jusqu’à ce jour de la chorée chroni-
que et il l’adopte en la précisant sous cette forme : « Le terme
de chorée doit étre limité aux affections caractórisées par des
mouvements anormaux, rapides, illogiques, maladroits, conti-
nus, généralisés habituellement, disparaissant pendant le som-
meil ».
D’après M. Sainton, on doit comprendre actuellement sous
le nom de chorées chroniques les variétés suivantes: 1« la chorée
héréditaire de Hungtington ; 2° la chorée chronique sans héré-
dité ; 3° la chorée de Sydenham passée à I’état chronique; 4° la
chorée variabledes dégénérés. II fautréserveraussi une mention
auX chorées séniles, aux chorées chroniques de l’enfance, à l’lié-
mi-chorée symptomatique et aux mouvements choréiformes de
certaines aftections nerveuses.
1 °La chorée de Hungtington est le type de la chorée chroni-
que. Décrite comme entité morbide en 1872 par Hungtingtou,
c'est une affection familiale, héréditaire, survenant dans l’áge
adulte (30 à 45 ans) et évoluant progressivement jusqu’à un áge
avancé pour se terminer en général dans la démence, après une
période plus ou moins longue de troubles mentaux. Cette
cliorée atteint toutes les races et serail aussi fréquente dans un
sexe que dans l’autre. Son évolution clinique a un cachet bien
particulier. Les troubles moteurs apparaissent les premiers
d’une fafou insidieuse et se localisent d'abord à la face, au
larynx, au pharynx, au diapliragme, etc. Ils se propagent ensuite
lentement de proche en proclie, gagneut les membres supé-
rieurs, puis beaucoup plus tard les membresinférieurs, le tronc,
etc., imprimant ainsi au fur et à mesure à toutès ies fonctions
une perturbation croissante (parole, gestes, écriture, respira-
tion, démarche, etc.).
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UMIVERSITY OFMICHlCAN
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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Tous ces mouvements sont favorableraent influencés par le
repos et le sommeil. L’action sédative de la volonté est passa-
gère etillusoire. Les traumatismes psychiques, la fièvre réveil-
lent les mouvements choréiques. II faut noter la diminution
habituelle de la force musculaire, 1‘exagération des réflexes
tendineux très fréquente ; mais, en revanche, les troubles
urinaires, sensitifs, trophiques, sensoriels sont fort rares; on
trouve bien souvent des stigmates physiques de dégénéres-
cence et les troubles psychiques l'ont exceptionnelleraent
défaut (inattention, irritabilité, amuésie, idées délirantes,
démence).
2° La chorée chronique progressive sans héréditè est iden-
tique à la précédente; elle n’en diíière que par l’absence d’héié-
dité, au moins apparente.
3° La chorée de Sydenham devenue chronique. Dans quei-
ques observations on a pu se dcmander s’il n’y avait pas eu une
chorée de Sydenliam dans reulance et si plus tard une chorée
de Hungtington ne s’était pas développée chez le méme indi-
vidu. M. Sainton ne peut en rapporter que trois cas.
4° Chorée variable des dégénérès, ou chorée polymorphe.
Le facteur principal en est la dégénérescence mentale; son
caractère dominant, c’est la variabilité méme des mouvemenls.
II n’y a pas de progressivité dans cette affection, qui guérit le
plus souvent après plusieurs années, et c’est là une indication
très importante à retenir. II faut ajouter que cette chovée
s’associe dans bien des cas à des tics, à de l’épilepsie et que
c’est une maladie de l’adolescence.
5- La chorée chronique sénile décrite par Charcot ressera-
bleà celle de Hungtington, mais se manifeste chez des vieillards.
6° La chorèe chronique de l’enfance est une catégorie
encore disparate dans laquelle on trouve des cas de cliorée de
Ilungtington débutant dans l’enfance, des chorées de Syden-
liam passées à l’ótat chronique, des chorées variables de dégé-
rés, des chorées chroniques non progressives.
II faut relater eucore les syndromes choréiformes que l’on
rencontre chez certains tabétiques, les chorées médullaires,
cérébelleuses, cérébrales. II existeenfin une hémi-chorée bien
connue, le plus souvent post-hémorrhagique ou post-hémiplé-
gique, parfois consécutive à une tumeur cérébrale, consislant
en mouvements identiques à ceux de la chorée, mais unilaté-
raux ; les uns (Nothnagel, Bechterew) Iocalisent cette hérai-
chorée dans la couche optique, d’autres (Charcot, Ravinond,
Brissaud) au voisinage de cette couche, tentatives de localisa
tions peu fondées d’ailleurs, car on a trouvó de rhèmi-chorée
méme chez des paralytiquesgénéraux.
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XIX' CONGHÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
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L’anatomie pathologique de la chorée chrouique demeure
eucore très obscure ; les auteurs sont unanimes maintenant à
reconnaitre Torigine organique de cette affectiop, mais la diver-
sité des lésions retrouvées à l’autopsie ne permet pas d’en flxer
avec précision le substratum anatomique. Pour les uns.il s’agi-
rait d’une encéphalite se traduisant par une infiltration leuco-
cytaire, encéphalite circonscrite disent les uns, diffuse aflìr-
•ment les autres. D'api ès cerlains, l'infiltration serait le résultat
d’une lésion nèvroglique ; il en est enfin qui voient dans une
sclérose vasculaire la lésion initiale. Faisant la synthèse de
tous ces cas, M. Sainton conclut quecertains d’entre-eux présen-
tent incontestablement un processus de mèningo-encèphalite
chvonique, mais que dans d’autres observations cette lésion est
très atténuée ou méme fait absolument défaut. Néanmoins
Vimportance de ces lèsions córticales mérite d'ètre retenue.
En résumé, la cause de l’origine l'amiliale de la chorée semble
résider, dit M. Sainton, dans une véritable sénescence prématu-
rée de la cellule. La chorée chronique est un syndrome organi-
que a mouvemeuts anormaux et à troubles mentaux ; elle
appartient à cette séi ie qui s’étend de l'épilepsie et de l’athétose
aux myoclonies et aux tics.
DISCUSSION
M. Anglade (Bordeaux) estime à son tour que la chorée chro-
nique est une aflection à lésion et il remercie le rapporteur
d’avoir insisté sur ce fait capital. 11 reste à savoir quelles sont
ces lésions. Sans doute, il a, comme tous les auteurs, rencontré
également les altérations multiples qu’a signalèes lerapporteur,
mais il tient à soumettre au Congrès un cas bien typique de
cliorée chronique dont il a fait l’étude clinique et qui lui a révélé
à lautopsie des constatalions iutéressantes. II s’agit d’une
feuime, petite fille et fille de choréiques, devenue elle-méme
choréique à 35 ans et quí succomba (i ans plus tard dans la dé-
mence par pachiméningite hémorrhagique. A l’examen macros-
copique, il trouva une pie-mère opalescente et quelquesadhéren-
ces des méninges molles au cortex.
llistologiquement, il exi.staitde la raréfaction des cellules, des
granules bleus, des cellules en bàtonnets, de l’infiltration péri-
vasculaire. Ces diverses lésions rapi>elaient celles de la paralysie
générale. Mais outre ce processus méningo-encéphalique, il dé-
couvrit — fait digne de remarque — un épaississement intense
de,Ia paroi ventriculaire et une induration très prononcée des
noyaux gris centraux.
Cette sorte de gliomatose, constituée par des groupements de
fibrilles et de noyaux séparés par des grands artrocytes très
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RliVUE DE PSYCHIATR/E
rapprochés, a une physionomie bien particulière que M. Ànglade
n’a rencontrée nulle part ailleurs, sauf peut-étre jusqu’Auncer
tain point dans quelques cas d’hémi-chorée post-liémiplégique.
Cette lésion des noyaux est plus accusée que les altérationscor-
ticales ; aussi apparait-elle à M. Anglade comme la plus an-
cienne. Or, les troubles moteurs se manifestant toujours les
premiers en date dans ledéveloppement clinique de )a chorée,
le médecin de Bordeaux émet cette séduisante liypothèse quela
lásion des oiganes gris centraux a déterminé les mouveraenls
auxquels la déraence s’est ajoutée, au fur et à raesure que s’est
effectuée la propagalion du processus vers la corticalité.
Poursuivant ses hvpothèses, M. An^lade se sentdisposéà
considérer que la chorée, maladie famjliale, pouvant débuter
sous une influence banale, est le résulUt de la rupture de la
bonne liarmonie qtii devrait régner entre les deux éléments
fondamentaux du système nerveux, la cellule ou la fibre ner-
veuse, et la névroglie. La nóvroglie tiendrait de l’hérédité une
tendauce spéciale à s’insurger contre la cellule nerveuse, àpro-
liférer par poussées dans les chorées aiguès, progressiveraeut
et fatalement dans la chorée chronique.
M. Cruchet (Bordeaux) étudie la chorée chez les enfants; il
fait observer qu’il y a des cas où il est très difiìcile de saisir les
inouvements des choréiques. Ces mouvements peuvent ètre
suspendus quelques instants par l’effet de la volonté, maisilsne
tardent pas à se produire. Le tiqueur dont le geste est coor-
donné, tandis qu’il est informe cliez le choréique, peut résister
beaucoup plus longtemps à son tic. Les raouvements rythrai-
ques existent dans une inflnité d’affections et méme dans le
sommeil; ils diflèrent totalement de la chorée. Enfin, M. Crucbet
se demande s’il ne peut pas y avoir des chorées de la téte, et s'il
n’y a pas une relatiou entre ces chorées de la téte et les tortico-
lis spasmodiques.
MM. Gilbf.rt Ballbt et Laignel-Lavastine s’associeut aux
conclusions générales du rapporteur en vertu desquelles les
chorées doivent étre arrachées désormais aux cadres des névro-
ses. Mais une foule d’interrogations se posent, tant au point de
vue de la classification nosographique qu’au point de vue ana-
tomique. A l’appui de leurs réflexions, ils présentent les prépa-
rations d’une femme de 58 ans atteinte de chorée chronique de-
pnis 25 ans, morte de broncho-pneumonie et ayant pi’éseutépe u
de temps avant de mourir des phénomènes pseudo-bulbaires en
rapport avec des foyers de désiutógration daus les noyaux lenti-
culaires. A Pautopsie, on constata Pexistence d’un méaiDgO'
encéphalo-myélite diffuse subaigué, analogue à la paralysie
générale, mais pas de noyau d’induration signalé par Anglade-
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UNIVERSrrf OF MICHIGAN
XIX' CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
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‘ Comment se fait-il qu’un processus, si voisin de la paralysie
générale, donne lieu à une symptomatologie si différente ? Peut-
étre s’agit-il moins d’une question de localisation massive,
comme le voudrait Anglade, que d’une question de nature de
processus. Mais le mécanisme de la chorée reste encore liypo-
thétique.
M. Vigouroux (Paris) communique uneobservation dechorée
chroniquo progressive ayant évoluée chez un homme de 59ans,
psychopathe liéréditaire, devenu peu à peu délirant, puis dé-
ment. L’autopsie révéla des lésions diffuses des méninges et de
l’écorce cérébrale, et en plus des lésions symétriques des olives
cérébelleuses. L’analogie de l’incoordination des mouvements
choréiques et de l’ataxie cérébelleuses rend intéressante, en ce
cas, la constatation des lésions olivaires.
Dans une deuxième observation relative à un paralytique
général de 45 ans, chez lequel apparurent des mouvements
choréiformes, M. Vigouroux nota leur disparition dès que la
démence globale fut installée. Les lésions histologiques étaient
celles de Ia méningo-encéphalite diffuse.
M. André Thomas (Paris) a trouvé chez 10 enfants, atteints
de chorée de Sydenham, des signes de lésions organiques du
système nerveux: diminution de la force musculaire, hypotonie,
surtout fréqueute aux membres supérieurs, syncinésies, trou-
bles de la syuergie et de la coordination, troubles de la raarche,
diadococinésie, flexion combinée de la cuisse et du tronc, trou-
bles des réflexes tendineux et cutanés, lymphocytose plus ou
moins caractérisée. Ces signes de lésions organiques peuvent
n’étre qu’ébauchés ou n’étre pas au complet; d’où la nécessité
d’un exaraen minutieux et méthodique.
L’ensemble des symptómes, leur prédominance sur un cóté,
un certain degré de paresse sont plutót en faveur d’une lésion
de la zone corticale motrice. La coexistence de petits troubles de
l’état mental (irritabilitó, inattention, inaptitude au travail, etc.)
permettent également d’incriminer l’écorce cérébrale. Cette
chorée n’est donc pas une névrose, mais un syndrome relevant
d’une encéphalite ou d’une méningo-encéphalite légère.
Entre les chorées légères, les chorées généralisées, les cho-
rées molles, les chorées aiguès mortelles, on peut observer tous
les degrés. Un trait d’union commun les rapproche, c’est la
présence des sigues de lésion organique. En fln de compte, la
différence esseutiellè qui sépare la chorée de ilungtington de la
chorée de Sydenham, c’est que la première dépend, avant tout,
du terrain et de l’hérédité, la seconde e§t, avant tout, un
accident.
M. Cullerre (La Roche-sur-Yon} relatecinq observations de
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UMIVERSETY OF MICHTtAN
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550
REVUE DK PSYCHIATRIE
clioréiques, et à ce propos, insiste sur Ie polymorphisme de
leurs troubles mentaux.
M. Dupré (Paris) fait des réservessur lecaractère organique,
en quelque sorte spéciflque, que la plupart des auteurs ont
cherché à donner à la chorée chronique. II cite des cas dans
lesquels une simple émotion à suffl à provoquer le débutdela
chorée, et en prósence d’une telle pathogénie il se retuse à rat-
tacher tous les accidents choréiques clironiques à des lésions
malernelles déterminées.
A son sens, la chorée est une maladie souvent familiale, c’est
une déséquilibration particulière de la motricité d’ordre dégé-
nératif, apparaissantsous des causes banales.
M. Crocq (Bruxelles) estime qu’il faut distinguer entre lésion
et perturbation. Ainsi, pour lui, la cliorée de Sydenbam qui
guérit en quelques semaines seraitdue à une perturbation toxi-
que ou circulatoire du faisceau pyramidal. Mais ce sont là de
subtiles distinctions de mots que M. Crocq veut s’eflforcer avec
ardeur de faire partager aux Congressistes.
Rcsumant le débat, M. Sainton répond à ses divers contia-
dicteurs et précise à nouveau son opinion.
M. Sainton avait accompagné l’exposé de son rapport de pro-
jections photographiques et cinématographiques éminemraent
instructives. Remercions-le donc de cette heureuse iunovation
qu’il a introduite dans nos Congrès, et qui mérite d’étre large-
ment utilisée dans l’enseignement.
COMMUNIGATIONS DIVERSES
Dans l’intervalle des rapports et au cours de la séance termi-
nale, plusieurs communications ont été soumises à l’atteution
des congressistes et quelques-unes d’entre elles, en particulier,
ont été suivies — et mémediscutées — avecbeaucoupd’intérèt.
Schómatisation et nomenclature des formes mixtes de la
pstjcliose périodique par Gilbert-Ballet (Paris).
A cóté des íormcs simples qui se résument dans les périodes
maniaques et dans les formes mélancoliques, il existedes for*
mes spéciales qui ne correspondent pas à ces deux catégories.
Ce sont ces élals décrits par Krsepelin sous le nom de formes
mixtes , et où Ia mélancolie et la mauie peuvent en mèmetemps
s’associer à un degré variable. Mais la nomenclature de Krrap e '
liu paraltdisparate et obscure à M. Ballet. Aussipropose-t-il“ ne
description simple, facile et pratique. Nous connaissons lesélé-
ments constitutifs de l’état maniaque : 1 0 exagération motrice ,
2 0 fuite des idóes, 3° hypertlvjmie (optimisme). Les troissymP;
tòines caractéristiques des états mélancoliques sout : 1° inhda-
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UNivERsrry of michigan
XIX' CONGRKS DES MÉDECINS AI.IÉNISTKS
r»r>i
tion motrice, 2° arrél cles idées , 3 ° hypothtjmie (humeur triste).
Or, M. le professeur Ballet ne voit, dans ces formes mixtes, que
six états de combinaison possible des symplòmes qu’il vient
d enumérer. Mais ces états inixtes comprennent deux grandes
catégories : A) la forme mixte dépressive inélancolique où do-
minentles éléments mélancoliques. B) la formemixte maniaque
où dominent les éléments maniaques. Chacune d’elle se subdi-
vise en trois types: A) Forme dépressive : Deux éléments de
la mélancolie, associés, 1° à Vexaijèration des mouvements :
c’est la dépression avec agitation et logorrhée, 2° à la fuite des
iíiées : c’est la dépression avec fuite des idées, 3° à l’euphorie:
c’est la dépression euphorique. B) 11 en est deméme dela Forme
maniaque qu’on subdivise en : 1° Manie avec inhibition mo -
trice ; 2° Manie avec arrétdes représentations (manie impro-
ductive) ; 3° Manie avec liypolhijmie.
M. Ballet sait bien qu’un scliéma ne correspond jamais exac-
tement à la réalité clinique, mais il est indispensable d'avoir
une nomenclature simple et uuiíorme pour la besogne pratique.
M. Anglade remercie M. Ballet des éclaircissements qu’il
vient d’apporter aux vues de Kisepelin, car beaucoup de ces
états mixtes étaient jadis portés au compte de la dégénéres-
cence.
M. Deny rend hommage au schéma deM. Ballét et soumetlui
aussi une figuralion schématique des états mixtes de la folie
maniaque-dépressive. La nomeuclature adoptée par M. Deny
est d’ailleurs très voisine de celle de M. Ballet, et les deux
auteurs sont par suite tout près de s’entendre.
Obsession et Psychose maniaque dépressice.
MM.DENYet Charpentier (Paris) attirent l’attention sur
certaines variétés d’obsessions dans leurs rapports avec la folie
maniaque-dépressive. Ils en citent trois cas très caractéris-
tiques.
M. Ballet considère cette communication comme très inté-
ressante. EUe met en évidence les erreurs de Janet qui fait
entrer certains obsédés daus la catégorie des psychasthéniques,
alors que plusieurs d’entre-eux, à coup súr, sont des mauiaques
dépressifs. De mènie, il voit dans là dipsomanie non de l’obses-
siou vraie, mais des cas de psychose périodique. La dipsomanie
est une obsession qui apparait à l'occasion d'accès de psychose
périodique. Ce n’est pas une obsession dégénérative.
M. Régis fait remarquerque la dipsomanie n’a jamais figuró
dans le cadre des obsessions, raais dans celui des impulsions.
L’obsession est unedisposilion meutale continue, habituelle, et
l'impulsion est nécessairement intermittente. La dipsomauie
peut-étre^ symptomatique de psycuose périodique, mais c’est
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REVUlì nE PSYCHIATRIE
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loin d’étre toujours le cas. II y a l’obsession symptórae et l’ob-
session syndróme. Les malades de Deny et Charpeutier étaient
foncièrement maniaques ou mélancoliques et accessoirement
des obsédés.
M. Régis termińe en faisant des róserves sur certaines asso-
ciations de mots employées dans les descriptions des états
mixtes de la psychose périodique tels que mélancolie gaieti
dont le sensluiéchappe.
MM. Charrentier et Deny répondent successivement quel-
ques mots. M. Deny s’étonne des efforts faits par M. Régis pour
sauver la manie (maladiè), et la mélancolie que Morel, avant
Krsepeiin, avaitdéjà condamnée sans appel.
Cyclothymie et obsessions. — M. Pierre Kahn communique
aussi une observation qui contribuera à distraire du groupesi
polymorphe de la psychasthénie un certain nombre de malades
qui sont d’abord et avant tout des cyclothyraiques.
Essai des tests psychiques scolaires pour apprécier l’ap-
titude intellectuelle au sercice militaire. — M. Simonin (du
Val-de-Gráce).
Les très ingénieux tests psychiques scolaires, imaginés par
MM. Binet et Simon pour rechercher l’arrióration psycliique
vraie des écoliers, peuvent-ils servir à apprécier l’aptitude
intellectuelle au service militaire ? Les essais tentés au Val-
de-Gráce ont montré tout d’abord que la méthode était
longue, peu adaptée en conséquence aux expertises courantes
du recrutement. II a semblé d’autre part qu’elle peut exposer
à l’erreur, tout d’abord parce qu’elle nécessite la parfaite bonne
foi et l’entière honne volonté du sujet, et ensuite parce que la
composition méme des tests conduit non seulement à explorer
le psychisme naturel, mais aussi le psychisrae acquis par la
pédagogie : or, la masse des appelés militaires ayant quitté
l’école vers l’áge de 12 ans, il est arrivé que, dans la grande
majorité des cas, te psychisme du soldat incorporé accomplia-
sant normalement un bon service ne s’est pas élevé au-dessus
de 12 ans. Remarquons incidemment que les anciens soldatsont
présenté un psychisme un peu plus élevó ; ce qui témoigne en
faveur de l’armée éducatrice, étant donné que les sujets exami-
nés étaient dépourvus de toute sanction ou diplóme scolaire
oíHciel.
Au deraeurant, l’exploration du psychisme par les tests sco-
laires de MM. Binet et Simon resteun bon procédé d’exploralion
clinique, à compléter par d’autres quand il s’agit d’une expertise
aussi délicate que celle du recrutement. En pareille matière,
dans les cas litigieux, il faut combiner l’observation médicale,
l'exploration psychique et pédagogique, et enfln l’épreuve bio-
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XIX* CONGRÈS DES MÉDECINS ’ALIÉNISTES
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logique, c’est à-dire coanaìtre les réactions individuelles et
sociales antérieures du sujet. C’est la seule méthode qui per-
mettra de déterrainer exactement l’équilibre mental.
MM. Renó Charpentier et Fay communiquent l’observa-
tion d’un petit garcon de 3 anshérédo alcooliqueetqui présenta
de l’intoxicalion alcoolique chronique par le vin avec réves,
cauchemars, excitation ébrieuse, hallucinations visuelles et
troubles de la sensibilité par intervalles. Tous ces troubles ont
dépassé la suppression du vin à l’enfant qui en buvait 75 centi-
litres par jour environ avec et sans la collaboration farailiale.
Vieillesse , Onirisme , Fugues, Catalepsie, par M. Dupré et
Madame Long Landry.
Observation d’un brusque accès de délire onirique éclos chez
une femme de 66 ans, qui s’eníuit de chez elle et après avoir
erró plus de deux jours dans la campagne, fut internée d’ofllce.
Persistance durant trois jours d’un état de demi-stupeur, avec
attitudes cataleptiques, inertie et confusion.'Au bout de peu de
temps, réveil presque complet de la malade qui raconte avec len-
teuret indifférence les principauxincidents de sa íugue, entre-
mèlés aux restes d’un vague délire hallucinatoire à caractère
mystique, qu’elle-méme attribue à une sorte de rève. Les jours
suivants, amélioration graduelle des symptómes avecpersistance
toutefois de l’apathie morale et de la lenteur des opórations
intellectuelles. Examen somatique à peu près négatif : pas d’ar-
tério-sclérose nette ; urines normales, pas d’affection organique
ou fébrile, maigreur, état de fatigue et de légère inanition,
consécutif à la fugue. Etiologie des accidents imprécise : pas
d’antécédents épileptiques, pas de choc émotif saisissable. La
malade aurait seulement eu « quelques crises uerveuses » dans
sa jeunesseà I’occasion de contrariétés.
L’insufflsance pyramidale physiologique de la première
enfance et le syndróme de débilité motrice, Par Dupré et
Prosper Merklen.
M. Dupré a décrit, sous le nom de syndróme de débilité motrice,
un état pathologique congénital de la motilité, souvent hérédi-
taire et familial, caractérisé par une liypertonie musculaire
diffuse, l’exagération des réflexes tendineux, la perturbation du
réflexe plantaire, la syncinésie et la maladresse des mouvements
volontaires. Ce syndróme est variable dans le degré de son
intensitó et la coustance de ses éléments constitutifs. On l’observe
très souvent associé au syndróme, lui-méme plus ou moins
marqué, de la débilité mentale. Prosper Merklen a rattaché à la
débiUtó motrice une variété d'énurésie infantile.
En faisant connaítre ce syndróme, Dupré l’a rapporté à une
insufflsance de dóvelopperaent du faisceau pyraraidal; il est
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naturel d’observer cette dernière en méme tempsquela débilité
mentale, causée par l’arrèt de développement du cerveau
psychique.
Or il est un àge auquel on constate normalementl’insufflsance
de développement du cerveau psychique et du cerveau moteur
avec ses dépendances: c’est la premièreenfance, durant laquelle
le nourrisson représente un débile, mental et moteur, physiolo-
gique. La débilité motrice se traduit précisément chez le jeune
enfant par les éléments du syndròme plus haut signalé : hj r per-
tonie, troubles des réflexes, syncinésie, énurésie, etc... Cette
débilité motrice, dont l’expression clinique (attitudes en flexion,
synergies motrices, etc.) a frappé tous les observateurs de l'en-
fance, a été diversement interprétée par les auteurs.
Les uns, avec Iiochsinger, ont vu dans cette myotonie ph<j-
siologique des nourrissons un état d'hypertonie et de persis-
tance temporaire de l’attitude foetale ; mais le médecin viennois
ne relie pas la myotonie aux autres éléments indieateurs de la
nature p^ramidale du syndròme. Les autres, avec Saint-Ange
Roger, considèrent la myotonie des nourrissons comme une
variétó fyuste de tétanie. Seuls Marie et Léri formulent expli-
citementU’origine agénésique pyramidale de la rigidité spasmo-
dique de l’enfance, et concluent en assimilant tout nouveau-nó,
pas suite du défaut de développement de son faisceau pyrami-
dal, à un Little en puissance.
Le développement du faisceau pyramidal, physiologiquement
insuffisant dans les premiers mois de la vie, se complète peu à
peu, et l’on voit, au fur et à mesure que s’achèvent les voies
motrices, disparaitre parallèlement les signes de l’insuffisance
pyramidale. Cette insuffisance du faisceau pyramidal à ses
origines a été prouvée par les travaux classiques de Flechsig,
von Gehuchten, Brissaud, etc., et Madame Déjerine nous a
communiqué des pièces de sa collection paríaitement démons-
tratives à cet égard.C’est la persistance,au-delà de la première
enfance, de l’insufflsance du développement pyramidal et de
ses signes cliniques qui constitue légitimement la débilité
motrice pathologique. De mème dans l’ordre psychique c’est
l’insufflsance de développement de l’intelligence qui constitue,
à partàr d’un certain áge, la débilité mentale.
Cette débilité mentale comporte bien des degrés, et l’idiotie
en représente la forme la plus complète. La débilité motrice
affecte également tous les degrés d’intensitó. Nous n’avons en
vue dans la description du syndròme de la débilité motrice que
les formes supérieures, pour ainsi dire frustes, de l’agénésie
motrice ; mais la variété la plus complète de celte agénésie est
réalisée par le syndròme de Liltle qui, véritable idiotie motrice,
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*
XIX' CONGRÈS DES MÉDECINS ALlÉNlSTES 555
cst aux forraes incomplètes et frustes de la débilité motrice ce
que l’idiotie est à la débilité raentale.
Celte conception de MM. Dupré et Mercklen rencontre d’ail-
leurs quelques objections de M. Anglade. Ce dernier signale
cn cífet l’existence de certains cas de maladie de Liltle où le
faisceau pyramidal était indemne. Ilappelle aussi i’attention sur
le i òle du cervelet dans la tonicité musculaire et sur les lésions
possibles de cet organe.
Recherches sur le temps perdu du rèjlexe rotulien, par
Jacques Paripot (de Nancy).
Les recherches des difierents auteurs sur le temps perdu du
réflexe rotulien les ont conduits à des résultats assez diver-
gents. Après avoir exposé la technique qu’il a utilisée (marteau
spécial à contact électrique, et à chocs d'intensité variable),
l’auteur donne des déterminations du temps perdu chez l’hom-
me et I’animal à l’état normal. Très variable suivant de nom-
breux facteurs, ce temps est d’environ 40 à 45 millièmes de
seconde chez l’homme, 30 à 40 chez Ie chien, et 25 à 30 chez le
lapin.
L’auteur montre ensuite que ce temps peut varier dans des
limites très éloiguées au cours d’affeclions diverses du système
nerveux chez l’homrae, et dans le cas de lésions expérimentales
de la moelle chez I’animal, sous l’influence de l’intóxication
chloroformique, etc...
La recherche du temps perdu du réflexe rotulien, dans ces
conditions, intéressante au point de vue de la physiologie géné-
rale des réflexes, l’est également au point de vue clinique. Elle
permet, en efíet, de mettre en évidtnce des altérations que ne
peuvejit décéler les recherches habituelles de la clinique ;
d’autre part, en suivant chez un méme malade, alteint d’une
aflfection médullaire, par exemple, les variations du temps perdu,
ou peutétablir une courbe utile pour renseígner sur le pronostic
de l’affection et sur les eflíets produits par le traitement (chez
les syphilitiques en particulier).
Etude des mouvements respiratoires ches les malades
atteints de divers trembtements, par Jacques Parisot (de
Nancy).
En étudiant au moyen du pneumographe de Marey le rythme
respiratoire, Klippel et Bocleau ont pu constater un tremble-
ment respiratoire chez les paralyliques généraux. L’auteur a
reclierché dans un certain nombre de cas de tremblement,
paralysie agitante, sclérose en plaques, tremblement sénile,
paralysie générale, ce tremblement respiratoire.il a utilisó une
technique spéciale pour éviter que les oscillations du tremble-
ment général puissent se transmettre au tambour enregistrant
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REVUE DE PSYCHIATRIE
les mouvemenls respiratoires. Dans un certain nombre de cas
de ces diverses affections, il a pu constater l’existence d'un
véritable trembleraeut, plus ou moins accusé suivant les diffé-
rents temps de la respiration. Surtout inspiratoire pourla
sclérose en plaque, il s’accenlue dans les mouvements forcésde
la respiration, et s’atténue au contraire dans le cas de tremble-
ment respiratoire parkinsonnien. Le tremblement respiratoire
est irrégulier et presque continu dans la paralysie générale et
dans le tremblement sénile.
Dans tous ces cas le nombre des oscillations par seconde est
identique au nombre des oscillations de tremblement général.
II existe donc un véritáble tremblement respiratoire, dans
un certain cas d’affections à tremblement, ayant les caractères
du tremblement général de l’individu chez lequel il existe.
La pression du liquide céphalo-rachidien chez l’homme, à
l’état normal etpathologique, par JacquesPARisoT(deNancy).
Les données sur la pression du liquide céphalo-rachidiensont
peu nombreuses, souvent contradictoires et nullement compa*
rables entre elles. L’auteur a mesuré, à l’aide d’un appareil spé-
cialement construit dans ce but, cette pression dans un grand
nombre de cas, chez I’homme normal et au cours d’affections
diverses.
La pression céphalo-rachidienne normale oscille de quel-
ques centimètres à 10 et 15 centimètres d'eau, au plus, 6 à 12en
moyenne (moins de 1 centímètre de mercure). Dans aucun cas
elle ne fut nulle ; une pression de 20 centimètres d'eau doit,
d’autre part, étre considérée comme déjà anormalement élevée.
La pression normale subit des oscillations physiologiques
cardiaques et respiratoires; ces dernières plus marquées sont
caractérisées par un abaissement inspiratoire (de 1 à 8 cent.) et
une élévation expiratoire, phónomènes s’exagérant dans la res-
piration forcée, la toux et sous diverses influences.
L’auteur a étudió la pression dans un grand nombre de casde
méningites purulentes et séreuses, dans les myélites, l’artérite
cérébrale,la paralysiegénérale, le ramollissement, l'hémorrhagie
céróbrale, les néoplasies du cerveau, l’urémie, l’épilepsie. Dans
toutes les aflections la pression céphalo-rachidienne est raodiflée.
La mesure de la pression est utile non seulement pour le dia-
gnostic, mais encore pour le pronostic et le traitement; car,
dans ce dernier cas, ellepermet d’abaisser à coup súr et nonà
l’aveuglette le chiffre d’une pression élevée, mettant ainsi à
l’abri d’accidents souvent mortels.
Ce qu'il faut penser de l’hémianesthésie dans rhyslérie.
L'hystérie peut-eUe déterminer des troubles vaso-moteurs
et cardiaques t par M. Terrien (Nantes).
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XIX' CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
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M. Terrien produit quelques observations longues et détaillées
qui, selon lui, vienneut inflrmer les conceptions deM. Babinski
toucbantces problèmes particuliers. MM. Anglade, Régis, pren-
nent part à la discussion et estiment que les interprétations
fournies par M. Terrien restent malgré tout sujettes à caution.
Symptòmes nerveux et complications nerveuses du typhus
exanthématique , par M. Porot (Tunis).
M. Porot a pu se livrer récemment, à l’occasion d’une épidé-
mie de typhus, à l’étude des symptómes nerveux qui jouent un
róle si importantdanscetteaffection. Le typhus exanthématique
est, en effet, une iuíection à prédominance nerveuse manifeste
et élective. La gravité de la maladie est en raison directe de
l’intensité des symptAmes nerveux. Le délire est un délire
onirique type, à forme psycho-motrice, auquel succède, généra-
lement à la défervescence, un état de stupeur confusiounelle.
Tout se ramène au tableau de la confusion mentale aiguè, telle
que l’a si bien dógagée le professeur Régis.
Le délire des gouvernantes. — MM. BLONDELet Camus rap-
portent deux observations de cette forme spéciale de délire
systématisé à base d’interprétations délirantes. Ils mettent en
valeur les principaux caractères cliniques et évolutifs de ce
délire caractérisó surtout par des idées érotiques, mégaloma-
niaques et de persécution. Ils insistent surlesconditions étiolo-
giques d’ordre social et professionnel qui, chez les prédisposés,
expliquent la forme et la couleur de ce délire.
Un cas de chorée et troubles mentaux héréditaires. — Le
D f R. Mabille présente une observation de chorée héréditaire
survenue à l’áge de 30 ans chez un homme à tares dégénéra-
tives ; quatre membres de la famille étaient atteints de la raéme
affection.
Mais, fait intéressant, tous les membres de la famille présen-
taient des troubles épisodiques avec tendances violentes.
Lemalade, qui fait le sujet de l’ohservation, est unincendiaire
avec caractère très irritable et éminemment nocif cliez lequel
les pbénomènes démentiels s’accentuent de plus en plus.
II convient donc chez les choréiques héréditaires de faire une
large part aux troubles psychiques qui dans l’espèce se sont
manifestés chez les divers membres de cette famille au raéme
titre que les troubles moteurs.
Guérison de 4 cas de neurasthénie par injections d’une
antitoxine córébrale, par le Docteur Bombart (de Solesmes).
Après'avoir épaisé en vain au chevet de nos neurasthéniques
raaint argument psychotliérapique, il nous a bien fallu nous
occuper de leur circulation défectueuse, de leur tube digestif
paresseux et de leur teint ictérique, de leur fatigue physique
réelle, et nous apercevoir qu’ils étaient des intoxiqués.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Suivant les indications données par ie D r Page (de Bellevue)
nous avons eu recours aux injections de son antitoxine dans
quatre cas de neurasthóuie, d’hystéro-neurasthénie, de méian-
colie, d’obsessions.
Nous avons obtenu 3 guérisons et une amélioration considé-
rable.
Nous tenons à atlirer l’atlention du Congrès sur ces résultats
si encourageants et espérons lui avoir démontré que nous
sommes en possession d’un adjuvant puissant, d’une efflcacité
nou douteuse dans la cure des névroses.
Antécédents des détenus aux ateliers de tracaux publics,
par M. le médecin major Boigey (Fontainebleau).
Signe de Jellenick dans le sgndróme de Basedow, par
M. Sainton.
Etat des pupilles dans le syndròme de Basedow , par
M Sainton.
Simulation de la folie et dégénérescence mentale,
par MM. Baruck et Levassort.
Aliéné méconnu et plusieurs fois condamné, par MM. Ba-
ruck et Favennec.
Le prochain Congrès aura iieu à Bruxelles en aoùt 1910.
Président belge : M. Crocq.
Président francais : M. Klippel.
Secrétaire général : M. Decroly.
Rapports : 1° La maladie du sommeil ct les narcolepsies.
2° Systématisation des lésions cutanées dans les maladies
mentales et neroeuses: Rapporteur, M. Lhermitte.
3° Alcoolisme et criminatité : Rapporteurs, MM. Ley et
René Charpentier.
Le congrès suivant aura lieu à Tunis à Páques 1911.
Président, M. Deny ; Secrétaire-général, M. Porot (de
Tunis).
Rapports : 1° Les peroersions instinctices : Rapporteur,
M. Dupré.
2° Complications mentales et neroeuses du paludisme.
3* Assistance des aliénés aux Colonies.
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HEVUE DES LIVHtS
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REVCIE DES LIVRES
Analyse du « Rapport du Comitó des Oirecteurs des
« Reformatories » des Etats-Unis » pourl’an 1908. — Nous
donnons ici un abrégé du rapport fai.t au gouvernement des Etats-
Unis, pour l’année 1908, par le Comité des Directeurs de Maisons
de Réforme ou de Correction (Reformalories). Ces maisons sont
au nombre de deux. Celle d'Elmira, ia plus ancienne, et celle de
Napanoch, dont la construction n'est pas encore achevée, mais
dont le fonctionnement a déjà commencé.
Les Directeurs rappellent d'abord les termes de la loi instituant
les réformatories:
« Tout homme de 16 à 30 ans, coupable d’une faute grave
» (felony) et non antérieurement coupable d’un crime punissable
» d’emprisonnement peut, en vertú d’une décision laissée au libre
»choix des juges, ètre condamné à l'internement dans le
» Reformatory nalional d’Elmira. »
« La durée de la détention n’est pas déterminée. Elle ne doit
» toutefois pas excéderla durée maxima de la pénalité encourue. »
« Les moyens à employer pour obtenir la « reforme » du détenu
» sont laissés au libre choix des directeurs. Les prisonniers peu-
» vent, en particulier, ètre employés à des travaux agricoles ou
» industriels. »
« Quand ils jugent la « reformation » suffìsante, les directeurs
« peuvent iibérer le prisonnier sur parole. L’individu ainsi libéré
» reste soumis à une surveillance pendant un certain temps, au
» bout duquel, s’il s’est bien conduit, il est libéré définitivement. »
Les Reformatories ne sont pas des inslitutions pénales. Elles
visent avant tout au redressement moral et combinent Ies princi-
pes fondamentaux de l'école, de l’hópital et de l’asile.
Le but unique qu’on se propose en internant dans un Reforma-
tory est de transformer un individu dangereux en un individu
utile. Lanature de la faute commise n'est pss ce dont on tient le
plus de compte : plus importante est la notion de l’état moral
préalable du sujet.
Parmi les détenus, un bien petit nombre sont de véritables cri-
minels. Lagrandemajorité rentredans cette catégorie d'étres aux-
quels le langage populaire a donné les noms de « bizarres », « un
peu toqués », « pas tout à fait comme tout le monde ».
D’après le rapport du médecin en chef, 37,4 0/0 d'entre eux sont
« defective » c'est-à-dire, d’une facon ou de l’aulre, mentalement
« anormaux ». Beaucoup ont une tare physique (19,9 0/0 tuber-
culeux).
L’état physique, en moyenne, n’est pas brillant. A une moitié
d'entre eux, on peut appliquer cette étiquette : insuffisants de corps
etd’esprit, et totalement incapables, sans uneaideamie.de se
forger une existence et de Ia diriger.
En présence de tels élres, ce qu’il convient de faire, ce n’est évi-
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
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REVUE DE PSYCHIATRIE
demment pas de leur appliquer une peine, mais de leur foumip
l assistance médicale, l’entrainement physique, l'instruction litté-
raire et esthétique, morale et spirituelle : c’est à quoi répond lins-
titution des Reformatories. D’abord, la santé physique. II y a 2
médecins à Elmira, 1 à Napanoch. Alorsque les sujets validessont
formés en compagnie et recoivent une éducation militaire, les
tuberculeux sont mis à part et passent leurs journées au grand
air. La nourriture est abondante : Talcool et le tabac sont
interdits.
Ce régime produit merveille : sous son influence, les détenus
deviennent rapidement d’autres hommes et des progrès d’un autre
ordre deviennent possibles.
Tous les degrés d’intelligence se rencontrent parmi eux, mais
un grand nombre, surtout parmi ceux qui sont nés à l’étrangeret
qui constituent 30 0/0 du total, sont profondément ignorants.
Tous, bien entendu, sont envoyés à l’école, et les plus avancés
sont instruits dansles langues, larithmétique, Thistoire nationale,
l’administration.
Mais un homme a besoin d’autre chose que de savoir lire: il
faut qu'il puisse gagner sa vie, c'est la condition d'une existence
honnéte. La plupart des internés venant des rangs inférieurs du
monde du travail, on leur enseigne des métiers eton chercheàas-
signer à chacun celui qui lui convient le mieux. Beaucoup peuvent
recevoir, en uneseule année, une instruction complète, car l élève
peut aller aussi vite que sa capacité le lui permet.
En mème temps qu’on instruit le jeune homme dans un métier,
on s’arrange de fagon à le faire travailler un temps correspondant
à celui qu’exige ledit métier dans la vie courante : si besoin est,
on complète le temps de travail manuel par des heures d’exercice
militaire.
Le còté spirituel n'est pas négligé : 3 aumóniers, 1 protestant, 1
catholique et 1 israélite, sont chargés, dans chacune des maisons,
de l’éducation religieuse des détenus.
Les punitions sont aussi rares que possible.
Tout prisonnier qui est l'objet d'un « rapport de l re classe » est
enfermé au « guardhouse » jusqu’à son jugement par le préposéà
la discipline qui, en cas de culpabilitédémontrée, condamne à une
prolongation de I’internement dans le Reformatory.
Les rapports de l rc classe ont trait à des fautes tellesque : déso
bóissance aux ordres, mensonge, grossièreté, insolence, tapage,
querelles.
Le guardhouse est un bátiment analogue aux autres : la seule
difiíérence c estque les meublesen sontretirés pendantla journée:
la pleine ration alimentaire y est donnóe.
Sur une population de 1.452 détenus (à Elmira) il y a eu en 1908
seulement une moyenne par jour de 9 mises au guardhouse, 11
individus seulement ont été mis au pain et à l’eau, cela pour quel-
ques repas.
Ces chififres montrent que la discipline est bonne et, en efifet, un
ótranger pourrait traverser Elmira sans remarquer rien qui res-
(Voir la 8uite après le Bulletin bibliographique mensuelJ
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Qriginal fro-m
UMIVERSITY OF MICHIGAN
REVUE DES LIVRES
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semblàt à un manquement à la discipline. A Napanoch la situa-
tion est la méme.
Et maintenant, parmi ces jeunes gens, combien s’amendent et
restent« réformés »?
Pas tous, bien entendu, certains retombent. Parmi eux sont les
criminels-nés, qui en réalitó ne devraient pas étre reláchés —
ceux qui sont déjà trop endurcis dans le mal avant leur entrée
pour qu'on puisse espérer les modifier — mais surtout la grande
majorité de ces étres faibles qui font bien tant qu’ils sont bien
entourés, maisqui, soumis à de mauvaises influences, ne tardent
pas à prendre la couleur de leur entourage (the color of their
surroundings). Néanmoins la proportion de ceux qui retournent
au raal n’est pas aussi forte qu’on pourrait le croire : si l’on
enquéte parmi la population des prisons on n’y trouve mème pas
10 0/0 des anciens pensionnaires des Réformatories; 10 0/0 des
autres environ tombent à la charge de l'Etat. II reste donc que
70 à 80 0/0 d’entre eux se suffisent à eux-mémes et deviennent
assez honnètes pour échapper à la prison d’une fagon constante.
Comme particularité de l’année 1908 les directeurs notent un
accroissement considérable des entrées : 1.466 au lieu de 1.097 en
1906, ce qui avait étó précédemment le chiffre le plus fort.
Quelques chiffres des budgets de chacune des deux maisons pour
cette année donneront une idée de ce qu’elles coùtent à l’état.
Pour Elmira sont prévus :
Dépenses courantes et d’entretien. 250.000 dollars
Róparations et modifications à l’hòpital. 40.000 »
Autres réparations. 6.000 »
Pour Napanoch (encore inachevé):
Entretien. 110.000 dollars
Construction des quartiers de l’administration et
des surveillants. 50.000 »
Aménagements intérieurs et additions au réfec-
toire. 40.000 »
Achèvement du bátiment principal. 10.000 »
Egouts. 1.500 »
Aehat de terres pour l’établissement des égouts.. 5.000 »
Cables électriques et appareils. 8.000 »
Réparations et aménagement. 3.000 »
De divers tableaux statistiques annexés au rapport nous
extrayons les chiffres suivants :
Au point de vue de l'instruclion antérieure, les internés se
répartissent ainsi 1 :
Sans aucune instruction. 2.519
Sachant lire et écrire. 7.565
Ayant été à l’école élómentaire. 6.853
» supérieure. 738
1 Statistique portant sur 17.695 observations.
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562
revue d:ì psychiatrie
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Au point de vue des confessions religieuses :
Protestants. 6.905
Catholiques. 8.455
Juifs. . 2.045
Au point de vue de l’áge à leur entrée :
De 16 à 20 ans. 9.230
De 20 à 25 ans. 6.483
De 25 à 30 ans. 1.962
Au point de vue de l’état physique :
Débiles ou malades. 898
Présentanl quelque tare. 2.588
En bonne santé. 14.189
Au point de vue de l’état mental:
Insufflsants (Deficient). 467
Moyen (Fair). 3.023
Bon. 13.342
Excellent. 843
Pour Elmira en 1908, 22 cas de íolie se répartissent en 13 de
mólancolie et 9 de manie aigué.
Pour Napanoch 5 cas, 1 de mélancolie et 4 de démence précoce.
Dans un appendice est expliquée la manière dont un prisonnier
peut étre libéré avant la durée maxima du temps qu’implique sa
condamnation.
II y a trois classes de détenus.
Tous les prisonniers, à leur arrivée, sont versés dans la classe
moyenne. S’ils se conduisent bien ils passent dans la 1” classe,
dans le cas contraire ils sont renvoyés dans la troisième. Quand
un détenu est resté 6 mois dans la 1" classe avec de bonnes notes
il peut étre mis en liberté. Mais pour cela il doit avoir retu une
oflre d’emploi certifiée véritable par un représentant de l’admi-
Histration des réformatories. Après sa sortie, il fournira tous les
mois, pendant 6 mois, une relalion écrite de l’étal où il se trouve,
des économies qu'il a failes, etc. Ces rapports doivent ètre
approuvés par un agent autorisé de l'institution ou par une
personne désignée au moment de la mise en liberté. Quand 6 de
ces rapports ont été envoyés et approuvés, les directeurs peuvent
prononcer la libération définitive.
D r Henri Minot.
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REVUE DE3 PÉRIODIQUES
563
REYUE DES PÉRIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANQAIS*
Annales mèdico-psycholoQiqucs (67 e année, n # 1, Juillet-Aoùt 1909).
E. Cornu. — Un alléniste précurseur. — L’auteur étudie la vie et
Tceuvre de Joseph Tissot (1780-1864) qui mourut à rhópital après avoir
consacré la majeurepartie de sa vie à se procurer des ressources pour
créer des établissements d'assistance aux aliénós. Malgróque sonmys-
ticisme lui eùt fait reconnaítre rinfluence diabolique dans le dóve-
loppement de la folie, Tissot comprit les dangers de la concession
physique et de l’encellulement. Un certain nombredea hospices fondés
par lui ont étó l’origine d’a9iles départementaux actuels. .. «
Chaslin et A. Collin. — Déllre de persécution et de grandeur
mystique avec hallucinations vlsuelles chez un débile. — A propos
de cette observation, les auteurs discutent sans l’adrnettre le diagnos-
tic de la démence paranolde selon l’hypothèse de Kraepelin. La débilitó
mentale chez le raalade de Ch. et C. ne peut étre mise en doute; elle
suíht à expliquer la faiblesse et le peu de cohérence de la systómatisa-
tion délirante. Quant àsavoir si le fonds mental s’aflaiblira davantage
encore, c’est une question que l’avenir résoudra.
S. Soukhanoff. — Sur la cyclothymie et la psychasthénie et leurs
rapports avec la neurasthénle. — L’auteur essaye de partager équi-
tablement entre ces trois étiquettes tous les faits cliniques à propos
desquels il est permis d’hésiter. D’ailleurs, « chez le psychasthénique
peuvent avoir lieu parfois des manifestations cyclothimiques... »TelIe
est la conclusion à laquelle aboutit S. Soukhanofl.
P. J.
Progrès mèdical (21 Aoùt 1909).
A. Rodiet. — Les causes d’épuisement nerveuxet d’amalgrisse-
ment chez les éplieptlques. — Digestions troublées, insomnies, cau-
chemars, crises et aussi médication bromuréq sont des causes de fati-
gue qui se succèdent et s’ajoutent les unes aux autres pour produire
et entretenir l’état d’épuisement nerveux et d'amaigrissement si sou-
vent constaté chez les épileptiques.
P. J.
Gaxcttc dcs Hòpitaux (31 Juillet 1909, n # 86).
R. Benon et P. Froissart. — L’automatlsme ambulatoire. — 11
n’y a fugue par automatisme ambulatoire ou fugues en ótat second,
que lorsqu’il y a disparition ou absence du sujet. Dans l’automatisme
ambulatoire proprement dit, iln’y apas d état obsédant à I'origine dela
fugue. S’il y a irrésistibilité, celle-ci est en tout cas inconnue du ma-
lade; elle est bien différente de rirrósistibilitó des psychasténiques
dromomanes qui, celle-Ià, est consciente et conservóe dans la mémoire
du sujet.
Ddns l’automatisme ambulatoire, à vrai dire, il n’y a niautomatisme,
ni inconscience, pendant ia fugue. Le sujet est conscient d’une cer-
taine manière, ses actes le prouvent. C’est pourquoi les auteurs em-
ploient souvent l’expression de fugue en état second, au lieu d'automa-
tisme ambulatoire.
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564
KEVUE DE PSYCHIATftlE
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Qui dit état second, ne dit pas non plus dédoublement de !a
personnalité. Cet état second est un état intellectuel particulier,
diffórent de l'état normal; mais il n’implique pas que le sujet ait une
autre personnalité durant sa fugue. Si parfois la personnalité parait
altérée, elle ne l’est que partiellement.
Le début de la fugue en état second est brusque, mais non pastant
par rapport au sujet que par rapport au temps. Les motifs ou mobiies
en sont inconnus. Le sujet, qui semble ordinairement avoir un but,
accomplit des actes coordonnés, intelligents. Après sa fugue, il est
amnésique. L’amnésie est iocalisée à toute ia période .de la fugue;
quelquefois elle est lógèrement rétrograde ; elle n’est pas toujours
complète. C’est tantót une amnésie de conservation, déflnitive alors,
tantòt une amnésie de reproduction, simplement transitoire : l’une et
l’autre s’associent parfois, comme s’il y avait, durant ia fugue, des al-
ternatives d’état second et d’ótat prirae.
Quelquesmaladesretrouventles détails de leur fugue dans l’hypnose;
ces faits sont rares.
Ces fugues sont attribuóes le plus souvent à l’hystérie, maintes íoia
à l’épilepsie, plus rarementà l’alcoolisme.
La Clinique (20 Aoùt 1909. N* 34).
Vigouroux. — Des altératlor du nerf grand sympathlque dan*
la mélancolle. — Les lésions que i’auteur a observées consistent
macroscopiquement en une hypertrophie considórable des ganglions
semi-lunaires ; au point de vue histologique, elles sont à la fois inters-
titielles et parenchymateuses. Les lésions du tissu conjonctif sont par-
fois plus marquées ; sclórose et modules d'inflammation subaigué; Je3
altérations des celiules sont la dégénérescence pigmentaire ou vacuo-
laire, ia prolifératioń des cellules endothéliales des capsules, ia déíor-
mation, etc.
M. Genty.
PÉRIODIQUES RUSSES.
Psychiatrie Contemporaine (Janvier 1909).
Gannouschkinb. — L’état mental des hystérlques. — Presque
toutes les manifestatioqs externes et ies particuiarités de la conduite,
de la manière de se maintenir, etc. f des hystériques, l’auteur les expli-
que par la suggestibilité de ces sujets et leur auto-suggestibilité ; ce
trait pathologique, de pair avec l’égocentrisme, favorise le dóvelop-
pement de qualités, envisagées, ordinairement, dans la vie, comme
vicieuses et immorales.
Berg. — Impressions psychlatrlques de Zurich. — L’auteur cora-
munique les impressions qu’ii a éprouvées à la Clinique psychiatrique
de Zurich, où le docteur Jung se sert de la móthode psycho-analytique
de Freud. Cette méthode à ses partisans; Freud a créé sonécole; la
psycho-analyse est intéressante, non seulement pour le diagnostic ou
la théorie, mais aussi pour la thórapeutique ; cette méthode se base
sur l’ótude minùtieuse et longue de la psychologie des sujets.
Hakkebouche. — Les cours psychiatriques pour les médeclns
du prof. Krsspelin en 1908. — Dans ses leqons cliniques, Kr&pelin
porte l’attention sur ce fait que les symptòmes catatoniques s’obser-
vent parfois dans la psychose maniaque dépressive ; dans certains
cas de cette affection, d’après Kroepelin, il arrive d’observer aussi des
symptòmes paranoides. La paranoia acuta et la paranoìa pcriodica
des auteurs se rapporteraient aussi à cette psychose.
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KEVUE DE8 PÉRIODIQUES
565
(Fóvrier 1909).
A. Berstbin. — La forme et le contenu des troubles psychiques.
— L’attention des investigateurs contemporains est actuellement atti-
rée de nouveau vers l'étude des faits cliniques dans les maladies men-
ales; pourtant, on s’abstient de collectionner seuiement des faits, et
on donne la première place à l’étude bioiogique de la nosologie de
l’homme; actuellement, la mesure et l’expórience commencent à ètre
appliqués en psychiatrie. B. s’arréte surtout sur l’examen du contenu
et de la forme des troubles psychiques; le trouble du contenu de la
vie psychique saute aux yeux avant tout et c’est surtout sur ce fait
que fìxaient leur attention les représentants de l’ancienne école psy-
chiatrique, qui négligeaient les troubles des formes de l'activitó men-
tale. L'auteur dit qu'il faut chercher ies facteurs insaisissables au
moyen de la méthode expérimentale et non au moyen de la seule obser-
vation et que la voie régulière dans cette direction nous est indiquée
par Freud ; et lu méthode expérimentale s’y rapportant est élabo-
rée par Jung.
Rastegaeff. — Les aslles d’aliénés aldent-ils à la guérison des
maladles psychlques ? L’alióniste allemand Scholz donne à cette
question une réponse négative, et cette opinion a provoqué une poló-
mique très vive dans la littérature allemande.
Stoupine. — Nouvelles tendances dans l’affaire de l’asslstance
et du traltement soclal des alcooliques en Allemagne. — Là où il
n’y a pas encore d’asiles spéciaux pour les alcooliques, on est obligó
d’organiser des sections pour ies alcooliques dans les grands asiles.
Les alcooliques, qui Qnt déjà passé par le grand asile d'aliénós, peu-
vent avec succès le quitter, s’ii existe des sections fondées sur des
conditions dóflnies, avec un personnel sobre et une vaste possibilitó
du choix du travail, quelque peu rétribuó. Le souci de l aide Tation-
nelle des alcooliques provoque, absoiument, ia fondation dans les villes
de bureaux d’assistance pour les alcooiiques.
(Mars 1909).
Bogdanoff. — Les partlcularltéa de la faoulté de perceptlon chez
les allénés et l’óvolution de la perceptibllité chez les enfants. —
Les sujets adultes et bien portants ne possèdent pas toujours une facultó
de perception irróprochable; chez les eníants cette capacitó se déve-
loppe avec l’áge ; dans les maladies mentales cette capacitó subit beau-
coup de difíérentes modifications; le coeíhcient de perceptibilitó chez
les paralytiques gónéraux se diffère de celuides bien portants parcela
que la somme des indications prévaut sur la quantitó des objets perQus.
Dans la dómence prócoce le coefficient de la perceptibilitó est moins
grand que chez les bien portants et plus grand que chez les paralyti-
ques; dans l’épilepsie il est le mèine que dans la démence prócoce.
Dans la paranoia chronique on observe l'absence des fausses recon-
naissances.
(Avril 1909).
Vvrouboff. — Prlncipes psychologlques de la théorle de Freud
sur l’évolution des névroses. — L’auteur donne i’analyse de l’étude
de Técole de Freud. La thóorie de Freud démontre qu’il n'existe dans
la sphère psychique aucun phénomène qui n'aít un caractère déflni et
certain. Si un phénomène ou une aasociation de phénomènes surgit,
cela ne dépend pas d’une coincidence occasionnelle, mais cela se dófi-
nit par la somme des conditions actueiles dans la sphère psychique.
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566
REVUE DE PSYCHIATRIE
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Ces considérations sont intéressantes dans leur application aux pro-
cessus psychiques norraaux, ou elles éclairent bien des problèmes
obscurs de notre vie psychique.
(Mai 1909).
Judine. — Contributlon è l’étude de la démence paranoTde. —
Après avoir indiquó ce faifc que la conception de Kra?pelin sur la dó-
mence paranoíde s’est crééeprogressivement et se rapportant au tra-
vail de Kòlpin qui n'associe pas à la démence précoce les íormes de
trouble psychique avec délire systómatisé à développement tout lentet
démence tardive, l'auteur décrit une observation personnelle ; cette
dernière montre que la démence paranoide peut s’accompagner de
symptòmes catatoniques et qu elle a beaucoup de points de contlguité
avec Ia démenco précoce ; Judine dit avoir observó d'autres cas ana-
logues ; c'est pourquoi il arrive à cette conclusion qu’il ne serait pas
juste d'isoler cette forrne de la démence précoce et d'en faire une enlité
nosologique autonome.
Bernstein. A. — Le bromural, comme moyen auxlliaire dans la
psychothérapie. — Se basant sur des cas, observés par iui, l’auteur
s'est assuré que dans l'insomnie, provoquée par des palpitations de
cceur, par l’inquiétude, la peur, des pensées obsódantes, dessoucis ou
par de l excitation intellectuelle, 'le bromural, en dose de 0 gr. 6 cgr.
avec 15-30 minutes d'intervalle,provoque un sommeil tranquille pendant
5-6 heures ; on ne remarque aucun phénomène nuisible. Les sensations
désagréables dans la rógion du coeur, l’arythmie, due aux causes vaso-
motrices ou róflexes, se soumettent vite à l'influence du bromoral.
Souventil inttue sur la tète, en y diminuantla sensation de compression
et de pesanteur et en facilitant ia possibilitó de se concentrer sur des
occupations intellectuelles. Les états d'émotion morbide, d’inquiétude,
d’attenfe alarmante peuvent èlre coupós par Pabsorption du bromural.
dont l effet continue 3-4 heures. Quoique, dit l auteur, en appréciant
l’effet thérapeutique du bromural, on ne puisse totalement exclureune
certaine dose de Pinfluence de la suggestion, il y a lieu d’affirmer que
le bromural peut ètre rapportè aux moyens les plus efficaces et les
moin s dangereux de Parsenal psychothérapique. ,
E. SOUKHANOFF-POKOTYLLO.
NOUVELLES
Personnel des aslles. — M. Grima, Dlrecteur de Pasile d’Armentiè-
res, est promu à la 2* classe de son grade.
M. le D r Thibaud, faisant fonctions de médecin en chef à l’asilede
Clermont, est titularisó dans ces fonctions.
M. le D r Ameline, médecin adjoint à la colonie familiale de Dun-sur-
Auron, est nommé directeur médecin de la colonie agricole doliénés
de Chezal-Benoit (Cher). Création.
Le gérant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT. — 12.339
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6' Série..l3' Année. Tome XIII.
OCTOBRE 1909 - N° 10
REVUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue critique. — A propos des Toxicilés urìnaires et sanguines en
Psychialrie, par le D r A. Makie, médecin en chef de l’Asile de Villejuif. 5G7
Revue des Congrès. — Le VI 9 Congrès intemaiionaì de Psychoìogie ,
par H. Piékon, chef de travaux au laboratoire de Psychologie expé-
rimentale de l’Ecoie des Hautes Etudes et M. Mignard, ińterne dcs
Asiles de la Seine... 590
Nouvelles. — Personnel des asiles . 010
Bulletin bibliographique mensuel. xxxvii
Revue des Périodiques Frangals. — L'Encephale (1909). M. Mi-
GNARD... XL
REVUE CRITIQUE
A PROPOS DES TOXICITÉS URINAIRES ET SANGUINES
EN PSYCIIIATRIE
Par le D p A. Marie
Mèdecin cn chef ile l’Asile de Villejuif
La tendance dorainante en psychiatrie dans ccs dernières an-
nées semble consister dans l’importance grandissante attribuée
à l’élóment bio-chimique interne modiflé et dévió de la normale
par suite d’éléments (microbes ou toxiques) exogènes ou de fer-
ments endogènes (autolyses, cytophagies, etc.).
Cette tendance particulièrement accusée parKroepelinàl’occa-
sion de sa conception développée pour la démence précoce a
influéen France sur la tendance accusée par l’Eoole de l’Admis-
sion à dounerà l’hórédité dégénérative une importance capitale;
nul doute que l’avenir ne soit à la concilialion prochaine de ces
deux tendances parfaitement conciliables d’ailleurs.
En attendant, les rechérches se sontmultipliées, particulière-
ment dans les applications de laboratoire au malade vivant pour
déceler l’action étiologique possible, de telles ou tellesinlèctions
aiguès ou chroniques. Les agglutinations, les opsouisations, les
réactions sanguines ou séreuses et leurs dérivés, l’étude des
formules hémo-leucocytaires et toute l’hématologie des alié-
nés ont été tentées. D’incontestables résultats ont élé obtenus
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UMIVERSITY OF MICHIGÁN
568
REVUE DE PSYCHIATRIE
dont beaucoup sont en voie d’entrer dans la pratique psj’chia*
triquecourante; nous avons nous mème des premiers en France
démontré avec Levaditi les résultats capitaux que l'on pouvait
tirer du séro-diagnostic etdeses réactions hémolytiqueschez Ies
aliénés.
L’examen des toxicités urinaires a été repris sur de nou*
velles bases (dyalises), contròlé par celui des toxicités sanguines
et par les diverses méthodes précitées. De cet ensemble de
tentatives, des conclusions générales ne sauraient étre encore
posées. II en ressort toutefois, une óvidente présomption en fa-
veur de l’hypothèse accordant aux origines microbiennes une
influence considérable en psychiatrie.
Les délires fébriles liés aux infections courantes diverses
sont aujourd’hui bien nettement considérés comme liés au dé-
veloppement de microbes pathogénes variés et à leur action
spéciale sur les tissus nerveux. Cette conception pathogénique
des psychoses est évidente en ce qui concerne le délire transi-
toire.
La dénominationde dólire fébrile semble indiquer déjà la con-
comitance fréquente de ce syndròme psjxho-pathique avec l’as-
cension thermique (bien que flèvres et infections ne soient pas
constamment synonymes d’hyperthermie).
La réaction des centres nerveux vis-à-vis de l’agent phy-
sique, chaleur, pourrait elle expliquer I’action perturbatrice,
dès lors indirecte des microbes ? II arrive que les ascen-
sions thermiques les plus fortes n’eutrainent pas le délire,
et d’autre part celui-ci peut s’observer en dehors de l’hyper-
thermie, (en particulier pour les troubles psychiques Ies plus
persistants des psychoses proprement dites).
C’est que la réaction fébrile corame le délire ne sont que des
réactions parallèles de l’organisme en face d’un méme phéno-
mène qui est l’invasion microbienne ; la réaction fébrile est le
plus souvent I’indice d’une généralisation de l’infection qui sert
de passage entre raífection lccale initialeetl’infection flnalese-
cqndaire des centres nerveux par l’intermédiaire du torrent
sanguin qui la propage.
L’ascension thermique décèle alors la réaction générale in-
termédiaire. La fièvre secondaire n’est donc que la réaclion
défensive de l’organisme et ne sauraif étre cause des troubles
menlaux délirants avec lesquelles elle peut coexister. Le délire
fébrile peut ètre cependant directement aussi l’indice d’une
réaction des centres nerveux à I’égard de I’invasion micro-
bienne propagée à ces centres nerveux.
Longtemps.on se contenta d’hypothèses fondées sur anecon-
cejilion physico mécaniquè d'hyper ou hypohémie cérébrale,
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
A PROPOS DES TOXICITÉS SANGUINES
569
d'liypertension ou hypotension qui ne valaient pas mieux que
l'hypothèse rejetée de l'liyperlhermie.
Kroepelin dès Í880, ajouta à ces hypolhèses celle d'une dys-
crasie urémique ou analogue etde l’action irritative directe des
ferments sur lescellules célébrales. Aux théories des mélaslases
et des propagations iníectieuses devait étre substituée l’étude
des lerments d’iuíection et de léurs derivés on pariiculier pour
les délires typhiques et rhumatismaux; selonKrcepelin les trou-
bles mentaux initiaux prélebriles et anlérieurs à l’hyperther-
mie typho'idecomme ceux tardifs bien postérieurs aux fluctua-
tions dela température doivent relever de rhémotoxhemie ou
de l’action directede poisons infectieux sur les tissus nerveux.
Eraminghauss transposa ces vues sur le terrain des troubles
mentaux associés àl'infection variolique. Hallopeaudans sa pa-
thologie générale parlant des maladies infeclieuses aiguès, éré-
sipèle, diphtérie, etc.. admet l’action déliriogène de la flèvre,
de l’insuflisance rénale, etc., et l’action psychique directe des
ageuts infectieux. Cette dernière peut s’exercer, soit par pénè-
tration des bacilles eux-mémes ou par l'action des pro-
duits solubles secrétés par eux, soit par l'auto-intoxication
par rétention des produits organi-tues à éliminer.
La présence des microbes dans la substance cérébrale a été
signalée dès longtemps; de nombreux auteurs ont étudié la
microbiologie des centres nerveux. (Th. Briand, 1884).
Les procédés tout d’abord eraployés par eux pour constater
leur présence, ont été la constatation directe nécropsique, mais
dans la plupart des affections menlales anciennes on se trouve,
à l’asile du moins, en présence de reliquats lointains des fer-
mentations microbiennes initiales et il ne reste possible que des
méthodes susceptibles de diceler par voies indirectes la nature
deces reliquats. C’est ainsi pour prendre un exemple concret,
que dansla P. G. parasyphilitique nous n’avons jamais pu non
plus que bien d’autres, trouver traces des spirochèes dans les
tissus nerveux, alors que les réactions de Wasserraan avaieut
donné pour les mèmes malades vivants des réactions syphjlo-
positives nettes. Les constatatious peuvent donc parfois étre
laites sur le vivant par les résultats positifs tirés de l’exa-
men du sang ; c'est par l’intermédiaire de ce dernier, en effet,
que les centres nerveux peuvent ètre envahis le plus souvent
comme c’est par lui que s’éliminent les poisons microbiens ou
nécro-cellulaires que le tissunerveuxn’a pu fixer; l’introduction
directe peut cependant résulter de trauraatisme pénétrant;
toutefois dans plusieurs cas de trauma par coups de feu ou par
lame pénétrant dans lecervéau, nous n’avons rencontré, à un
examen attentif, aucune trace d’inoculation septique et le pro-
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
570
REVUE DE PSYCHIATRIE
cessus trauraatique a sembló avoir pu agir à la fagon d’im déla-
brement aseptique entrainant d'autres conséquences anatorao-
pathologiques qui rentrent alors dans les dégénérescences se-
condaires et les autolyses cicatricelles.
Mais par contre nous avons présenté à la Société Médicale des
hópitaux, plusieurs encéphales où des traumatismes nonpéné-
trant avaient néanmoins entrainé visiblement des dégáls sep-
tiques superficiels de l’encépliale par propagation diploTque
de suppurations de l’épicráne. Insberg de Breslau a fait decette
question une étude particulière et a pu suivre daus ses prépa-
tions l’infection propagée de proche en proclie par le diploé
aux méninges.
A vrai dire, les tentatives de recherches directes de microbes
dans les centres nerveux, comme les cultures que l’on s’est
efiforcé de faire avec ces tissus ont donné rarement des résul-
tats.
Peut-étre, obtiendrait-on plus si l’on multiplait plus les
essais.
Mais les législations relatives aux nécropsies paralysent ces
recherches surtouten France.
D’autre part, il semble que pour les tissus nerveux commepour
le sang, les cultures derivées ou les recherches directes de mi-
crobes soient rendues stériles en général parla puissance bacté-
riolytique du sang d’une part, et des tissus nerveux eux-mèmes
dont la puissance fixatrice et neutralisante expérimentale est
si nette. Les éléments microbiens arrivant en principe par les
voies circulatoires, il est donc compréliensible que la bactério-
logie sanguine neutralise presque toujours les ferments figurés
ou les transforme. Aussi les examens microbiens de sang et les
cultures du sórum ou de ses dérivéssont-ils dansl’iramense ma-
jorité des cas, négatifs; certains auteurs considèrent méme
que les cultures positives sont toujours dúes à des fautes de
techniques, cependant on peut citer des cas de cultures indu-
bitablement irréprochables et qui montrent la pénétration
possible bien qu’exceptionnelle des microbes dans le sang.
L’examen direct par le procédé de Jolly permet par l'acide
acétique de libérer des microbes englobés dans les leucocytes et
de les identifier encore; quoi qu'il en soit. il est des formes
saprophytiques et sporulaires délicates à déceler ou bien des
passages secondaires à l’altération pathologique bien diflìcile
encore à déterminer.
Toutenfant.selon Pierret, faitl’essai des principauxmicrobes
nocifs, essai nécessaire fBelons th. Lyon 88). et expliquaut
l'immunité relative de défense générale.
En revanche pour Lewis, nous sommesen latencc de tous les
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
A PROPOS DES TOXICITÉS SANGUINES
571
ferments microbiens possibles préts à germer dès que notre or-
ganisme s’y préte.
Les bacilles peuvent alors déterminer par leur multiplication
et accumulation en un point, de véritables colonies et des em-
bolies microbiennes, qui, dans le cerveau causent les troubles
psychiques observés. Cela arrive dans la période secondaire de
la syphilis, on pourrait ajouter dansla période tertiaire aussi,
en cas de gomme par exemple. La période méta-syphilitique en
revanche paraSt correspondre à une phase méta-microbienne
età l’auto-intoxication de réaction. Charrin a montré que les
microbes peuvent avoir disparu et cependant que les cellules
nerveuses ont été irritées à une certaine période par le microbe
lui-méme ou par ses secrétions. (Charrin, Prog. Méd. 87,
Société biologique, 9 mars 1888).
Mùller (Neurologiccenlralb 1874),signale les éléments micro-
biens générateurs de neuro-psychoses dans le choléra, le ty-
phus, la variole, la syphilis, la diphtérie, la tuberculose, etc.
On peut avec Pierret ajouter le rhumatisme.
Lemoine a montró ainsi que Buiz, Tomasi-Crudeli et Polli,
l’action combinée des embolies spirillaires et des pigments glo-
bulaires dans les troubles psychiques du paludisme et de la ma-
laria (Planer, Prerich, Yirchow, Lancereau, Lavehan ont
aclievé la démonstration rationnelle).
Depuis les travaux décisifsde notre vénéré Maìtre, M. le P 4
Metchnikofl’, le pourquoi etlecomment de ces réactions intimes
des organismes à l’égard des éléments flgurés étrangers, mi-
crobes ou cellules a été éclairé dans leur mécanisme. Metchni-
koff a, dans son lumineux travail sur l’immunité, démontré
que ces élémeuts exogènes, sont digérés parles cellules de l’or-
ganisme, surtout par les phagocytes de la circulation générale
qui les absorbent et dissolvent à l’aide de ferments digestifs
ou alexines dont ils sont pourvus et qu’ils secrètent en quelque
sorte, d’autant plus activement qu’ils en ont absorbé déjà.
De ces éléments dissociés, cette secrétion semble tirer des
substances, qui modifiées par la digestion servent à en attaquer
et dissoudre plus facilement desemblable. Aussia-t-on distingué,
autantde ferments qu’il pouvaity avoir d’éléments figurès exo-
gènes, microbes ou cellules. Cela revient à dire que la liste de
ces ferments alexines ou cytolises est illimitée; cela semble
conflrmé par la spécificité très nette des réaclious. En tous cas
qu'il y ait théoriqueraent une alexine ou une inffnitó de ferments
de cet ordre, les choses se passent comme si I’on avait aflaire
à des sensibilisatrices à spécifieité slrictement distinctes.
Pour la question des digestions microbiennes par la cellule de
l’organisme, une première question se pose relativement à la
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Qriginal fro-m
UNIVERSETY OFMICHK
HEVUE DE PSYCHIATRIE
572
cellule nerveuse ; digére-t-elle directement le microbe en-
valiissant? étant donné rimmobilité relative et Ia tìxité desélé-
ments histologiques du tissu nei-veux comment peut-elle entrer
en contact avec le microbe avant de l’englober et de le <lis-
soudre ?
Ici se pose la méme objection que pour la neuronopliagie.
La microbiophagie, par les cellules nerveuses est niée par ceux
qui ne voient dans la constatation de présence des microbesau
contact des neurones, voire méme dans leur intérieur, quele
résultat d'un simple transport passif dú au liasard de la ciicu
lation lympathique intra-cérébrale.
11 y aurait apport possible de microbes dans les galnes lym-
phatiques pericellulaires, sans autre phénomène appréciablede
cellules à microbes que le contact.
C’est là une conception en contradiction flagrante avec tout
ce que nous savons de l’action mutuelle des fei ments raicro-
biens par rapport aux tissus vivants. Pourquoi le systèmener-
veux vivant resterait-il intangible et indifférent à l'actionde
microbes amenés à son contact alors que dans des expériences
aujourd’hui classiques on démontre in vitro I'influence parti-
culièrement nette de la pulpe cérébrale mise en présence de
bouillons de culture divers.
Au conlraireil semblerait que les tissus nerveux vivantssoient
en état de particulière impressionnabilité par les microbesdont
ils attireraient parfois sur eux les actions directes ou indirectes
selon l’orientation héréditaire de certain sujet, selon certaines
influences acquises du moment, selon aussi parfois certaines
neuro-virulences acquises peut-étre par passages préalables
sur certains sujets. Ne voit-on pas des syphilis à déterraination
cérébropathiques ou nerveuses persistantes iorsqu’on Ies suit
cliez un certain nombre d’individuscontaminés de fa^on connue.
Telles sont certaines paralysies générales conjugales à répéti-
tion où un conjoint paralytique général se trouve veufdeplu-
sieurs sujets atteints eux-mémes antérieurement de paralysie
générale analogue.
Les découvertes de Roux sur les toxines diphtériques ^R. et
Yersin 1889} ont achevé la démonstration de la conception pas-
torienne fondamentale que les maladies microbiennes sont des
fermentations qui ont pour agents des microbes spéciflques, et
pour Ihéátre Vorganisme animal tout entier ; ces nolionsde
pathologie générales sont d’autant plusdireclement applicablesà
la neurobiologie et à la psychiatrie que les toxines diphtériques
sont pourvues d’afllnités particulières pour le tissu nerveuxqui
en subit toujours l’action directe ou indirecte à quelque degré.
Le point d’entrée de la toxine donne en effet des affections
l^jgitij§^y Gougle
Origirìal frn-rri
UMIVERSITY OF MICHIGAN
A PROPOS DES TOXICITÉS SANGUINES
573
toxiques très différentes au point de vue des centres nerveux.
C’est ainsi que la toxine tétanique se diffuse rapidement aux
centres bulbaires par l’inoculation viscérale aux poumons, foie,
péritoine. Injectée dans le sang veineux, elle donne la contrac-
ture génóralisée rapide. Inoculé directement au cerveau elle
produit un délire hallucinatoire panophobique coupé de convul-
sions épileptoi'des avec trismus. Aussi Roux et Borel expéri-
mentant cette action du tétanos cérébral, émettaient-ils i’hypo-
thèse que beaucoup d’ajfaiblissemenis psychiquespourraient
bien ríétre que la traduction clinique de la tlxation sur les
cellules nerceuses de toxines microbiennes élaborées dans
Uorganisme (dans l’intestin ou ailleurs).
Pasteur pensait de mème pour l’épilepsie. Ces hypotlièses
sont d’autant plus légitimes que les doses toxiques pour le cer-
veau sont des plus faibles, bien que la substance cérébrale
jouisse d’une capacité de toxi-fixation énorme in vitro (expé-
riences de Wassermann et Takaki) et peut-étre à cause de cela
mérae.
Toujours est-il que l’homme comme tous les animaux reste
vulnérable à de faibles doses de toxiques directement inoculées
au cerveau (action hémo-défensive de Roux et Borel), alors
que par d’autres voies moins directes les poisons peuvent étre
en parlie neutralisés ou fixés.
Mais si l’on se trouve au contraire, en présence d’un orga-
nisme ayant épuisé ses éléments de fixation et présentant une
altération du biochimisme sanguin on concoit que le cerveau
soit livré sans défense ou dans des condilions de résistance
bien moindre. Ce fléchissement des défenses liématiques géné-
rales pourrait selon quelques auteurs se réíléter jusqu’à un
certain point dans l’examen du sang des malades. 4
Le sang des aliénés a íait l’objet d’un grand nombre de tra-
vaux récents à l’occasion du rapport capital de Dide ; Régis,
Sabrazès et Laurès ont, au Congrès de Lille, fait en quelque
sorte le procès de ce genre de recherclies : Pour étre aliené —
disent ces auteurs — on n’en est pas moins homme, c’est-à-dire
exposé à avoir un ou plusieurs organes plus ou moins malades,
et cela d’une fa?on apparente ou cachée.
Cependant il est intéressant de connaltre I’état du sang dans
les différents états psychopathiques car cet état fournit de pré-
cieiyc documents sur le fonctionnement général de l’organisme.
11 est fort utile de savoir si certaines modifications précoces ne
sont pas liées à une dystrophie générale dont )a connaissance
peut avoir une valeur pathogénique.
C’est précisément parce que les aliénés sout des hommes que
nous devons Ieur appliquer les méthodes d’investigation pro-
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Origirìal frn-m
UNIVERSETY OF MIC
574
REVUE DE PSYCHIATRIE
pres à montrer que leur organisme est soumis aux lois géné-
raJes des réactions biologiques. Tout montre rorganisme entier
solidaire aussi bien cliez l’homme sain d’esprit que chezl’aliéné.
Cela n’affaiblit en rien la doctrine de la prédisposition, cela
l’éclaire : car tout en pathologie revient à cette conception
fondamentale qui seule explique le fléchissement d’un organe
particulier.
Dire que, dans les troubles encéphaliques, les cellules dérivées
des fibroblastes des parois vasculaires et les cellules névrogli-
ques seules interviennent, cela parait aussi irralionnel que de
prétendre que dans la cirrhose atrophique on est en présence
uniquement d’un processus exclusivement porto-sushépalique!
(Dide).
II serait aussi excessif de prétendre que l’liématologie suffit
pour connaitre tous les états psychopathiques que d’aftirmer que
le psj'chiátre se perd en efforts stériles dans l’étude du sang.
Ńous ne saurions reprendre ici l’liématologie en psychiatrie,
rappelons seulement les points capitaux que Dide a déjà si bieu
mis en lumière dans lerapport précité.
Pour ce qui est des éléments minèraux du sang Jeurs va-
riations quantitatives sont soumises aux règles de Ia physiolo-
gie pathologique gónérale ; ces modifications dépendent en effet
dudegré de concentration du liquide sanguin qui, lui-méme est
conditionné d'un cóté par le fonctionnement pluá ou moins par-
fait des organes d’excrétion et par ailleurs par la production
plus ou moins considérable de déchets à éliminer.
L’étude des globules sanguins fournit des résultats assez in-
téressants.
L’hypoglobulie avec abaissement de la valeur globulaire a,
en psychiatrie la signification commune, elle est généralement
symptomatique d’une intoxication ou d’une infectiou.
L’hyperglobulie est la traduction d’un état de concentration
moléculaire du sang et il n’est pas surprenant de Jarencontrer
dans les états d’agitation et au moment des phénomènes con-
vulsifs puisque ces états s’accompagnent le plus souvent d’une
augmentation des sécrétions et de stase périphérique.
L’abaissemeut dè la résistance globulaire est un épiphéno-
mène sans grandeimportance pathogéniqueen psychiatrie etqui
doit, dans la majoritó des cas, étre rattachó à lastase périphó-
rique quelquefois aussià la diminution de l’alcalescence du sang.
L’élude des globules blancs mérite quelque attention, l^iug-
mentation numépique de ces éléments (hyperleucocytose) avec
augmentation proportionnellement plus grande des polynu-
cléaires (polynucléose) s’observe au début de psychoses toxi-
infectieuses etdans les états d’agitation.
Dj^itizej by Goc >gle
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A PKOPOS DKS TOXICITES SANGUINES
575
Une légère liypoleucocytose avec augmentation des mononu-
cléaires portant surlout sur les grands est un fait d'autant plus
important à relenir qu'il est plus rarement constató ; ces modi-
fications paraissent traduire un fléchissement définitifde l’or-
ganisme à ì’égard d’une toxi-iufeclion Jonglemps subie.
L’augmentation du nombre dcs éosinopliiles (éosinopliilie) a,
en psychiatrie la valeur qu’elle a en patliologie générale : elle
est l’indice de phénomènes critiques.
Dans l’épilepsie on constate des altérations cycliques des
globules rouges et des globules blancs et l’on est en droit de
supposer que ces modìfications correspondent au cycle toxique
de cette affection.
L’étude bactériologiquc du sang chez les aliénés a actuel-
lement fourni les résultats qu’on en pouvait attendre et ce se-
rait, pensons-nous, avec Dide se bercer d’illusions qu’espérer
trouver jamais l’agentspécifique des maladies mentales chro-
niques ou mème aiguès. Pour les dernières, nolamment pour le
délire aigu, l’accord semble fait et le bacille de Bianchi et de
Piccinino n’a aucun caractère de spécificitó : il manque souvent
et dans le cas où il existe il est fréquemraent associé à d’au-
tres, Dide a montré d’ailleurs que ce bacille existe, dénué de
virulence dans un grand nombre d’états psychopathiques.
Robertson a décrit un bacille long, rencontró dans laparaly-
sie générale et auquel cet auteurattribue une valeurpathogène.
II résulte de nos recherches et réactions opsoniques que ce mi-
croorganisme raanque souvent, qu’on l’observe surtout aux pé-
riodes terminales de la maladie et souveut aussi dans des états
qui n’ont rien à voir dans la paralysie générale.
Caudler, de Londres, vient dans les Archives of Neurologg
and Psgchiatrie de 1909, vol. IV, de reprendre la question dans
son ensemble, et il aboutit (p. 19), à des conclusions confirmant
formellement Ies miennes auxquelles il se rallie, relativeraent à
la non spécificité du bacillus paralyticans.
11 semble bien n’étre qu’un épiphénomène, un élément d’in-
fection secondaire, particuliòrement fréquent, peut-étre, en
certaines régions (Ecosse et climats afnalogues) ; le milieu ma-
nicomial en peut ètre particnlièrement infecté, surtout les alié-
nés cachectisés paralytiques, sans qu’il y ait là une cause de
paralysie générale ; ce peut ètre, toutefois, unedeses consé-
quencesetune de ses complications fréquentes (ictus), qu’il
n’est pas sans intérèt d’élucider et de combattre (sérum antipa-
ralytique de Robertson contre les ictus). Dide a égalementmon-
tró que, les recherches de Bra sur le microcoque de l’épilepsie
reposent sur des erreurs de technique qui enlèvent à ces cons-
tatations toute leur valeur.
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r>7C
IíEVUE DE PSYCHIATIUE
Ce qui est plus important, c’òst le róle que jouent des bacté-
ries sapropliytes qui, à certains moments prennentchez les
aliénés, en vertu du fléchissement des organismes de défeuse,
un caractère pathogène.
Fréquemment on retire du sang des aliénés en dehors des
périodes hyperthermiques, des bactéries qui peuvent élrecon-
sidérées comme saprophytes en ce sens qu’elles ne sont pas na-
turellement nocives pour les animaux et qu'elles ne se mani-
festentjtar aucun svmptórae clinique permettant d’afflrmer leur
exislence, ce qiii n’implique pas d’ailleurs que leur pi*ésence
soit négligeable ; car, le passage de bactéries dans le sang est
un faitanormal qui non seulement n’existe pas ciiez les sujets
normaux mais manque pour ainsi dire constamment dans les
psychoses d’involution.
Ce fait nouveau, dont la portée n’échappera pas prend une
importance plus grande parce fait que des bactéries ayantdes
caractères morphologiques etde culture identiques peuvent ètre
trouvées dans le sangdes aliénés, soit à I’état de saprophytes,
soit à I’état d’agents pathogènes en sorte que, par une pensée
synthétique ou con^oit que la spécificité pathologique d’une
bactórie ait un caractère d’emprunt, fourńi par l’organismedans
lequel cette bactérie évolue et qui peut étre pris ou abandonné
sans modiflcalion de ses caractères biochimiques généraux.
(Dide).
On peut mème aller plu-s loin aujourd’hui puisque des recher-
clies classiques ont montré que des caractères hysto-chimi-
ques, hier encore spécifiques, penvent étre enlevés ou conférés
aux bactéries au gró de l’expérimentation : Auclair fait perdre
au bacille tubercultux son affinité pour le ziehl et Dide a pu
faire prendre à des bacilles saprophyles ce caractère de colora-
tion dù à une coque graisseuse.
L’étude du sérum a fourni quelques recherches intéressan-
tes, Gilbert, Lereboullet et Cololian ont noté la mélancolie
comme fréquemment associée à I’ictère acholurique; cependant,
dans Ies asiles, cetto association est extrémement rare ainsi
que nous avons pu le constater par de fréquentes recherches.
On a signalé souvent I’association du diabète et des troubles
mentaux mais il faudrait ne voir là, qu'une coincidence; nous
en dirons autantde la mélancolie lévulosurique, signalée par
Marie et Robinson, qui n’a jamais été retrouvée par Robert
Lépine, lequel s’inscrit en faux contre cette assertion.
Sans entrer dans le détail des phénomènes biochimiques,
nous rappellerous simplement que, daus toute la série animaie,
l’organisme lutte contre les envahisseurs à l’aide de substances
solubles qui sont divisées en deux catégories : les sensibilisa-
Di i by
Go> 'gle
Original frn-m
UNIVERSrrf OF MICHIGAN
A PUOI'OS DES TOXICIIÉS SANGUNES
Oii
trices et Palexine. Les sensibilisatrices, comme leur nom l’indi-
que irapressionnent l’ólément qu'il fautdétruire, l’alexine, elle,
a une vertu dissolvante; on concoit aisémentque, l’alexinesoit
unique pourvu que les sensibilisatrices aient une certaine spé-
cifltó pour chacuu de? éléments à supprimer.
Les réactions hémolitiques par le procédé de Bordet et Gen-
gou, commeles opsonisations etles séro-diagnostics fournissent
des réactions spécifìques de la nature des cellules organiques
comme des éléments microbiens qui ont été absorbés ou digérés
par l’organisme immunisé dans lequel ces élémenls ont été
introduits antérieui’ement.
Aussi est-ce un moyen restrospectif de décéler l’étiologie de
certains états patliologiques.
Tout d’abord appliquées à la spécificité des humeurs, sang,
sérum, lait, etc. des diverses variétés animales, ces méthodes
se sont ótendues aux spéciflcités microbiennes et la médecine
mentale peut désormais en tirer parti poar la détermination pré-
cise de l’étiologie de certaines paralysies générales ou de cer-
tains états de contusion mentale et de psychoses ou déraences
précoces post-infectieuses.
Resterait à faire sur le terrain des autolysines, la méme appli-
cation. 11 est permis de penser, en efTet, que les cellules diffó-
rentes d'un méme organisme peuvent, en certaines circonstan-
ces, agir par résorption comme des éléments auto-immunisants.
Leur digestion pour les autres cellules du méme organisrae,
active l’altération de leurs congéuères en mérae temps que ces
antolyses versent dans l’organisme, qui en est le siège, des
éléments auto-toxiques particuliers et variables selon le tissu
aberró et autolysé. C’est du moins ainsi que nous comprenons
un mécanisme possible d’auto-intoxication par dégénéres-
cence de certaines glandes vasculaires inlernes, soit primitive
soit secondaire à un procossus microbien primitif.
Les cytolisines obtenues j»ar extraits d’origines, dissoutes et
injectées dans les veines des femelles en expérience, peuvent
traverser leplacenta pouraller affecter les tissus homologues
des embryons.
Des extraits de l'oie, de rein, etc., ont étó aussi injectés à des
femelles pleines (chèvres, chattes, lapins) et les petits, mis bas
huit jours au moins après l’expérience, avaient presque tous
uu fole ou des reins en dégénérercence suivant que la cytolisine
avait été extraite de l’un ou l’autre organe (G. Roux).
Charrin et ses élèves opéraient directement ; ils ouvraient
l’abdomen des femelles en expérience et broyaient le foie ou les
reins aseptiquement puis refermaient la plaie. Les petits, ve-
nusune semaine après, présenlaient de la congestion, hémor-
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UMIVERSITY OF MICHÍGAN
578
REVUE DE PSYCHIATRIE
rhagie et dégénérescence du foie ou des reins. La cytolisine
maternelle correspondant au tissu lésé et résorbé avait pénétré
jusqu’au foetus et causé la dégénérescence spécifique de son
tissu. Méme expérience peut étre faite en ce qui concernele
viscère encéphale, bien que plus délicate.
Les- recherches relatives aux organotoxines et organolyses
aux iso et autolysines et aux antiautolysines sont à leurs
débuts : nóanmoins, les premiers résultats obtenus perraet-
lent d’émettre des hypothèses nouvelles sur le mécanisme
des actions auto-biologiques de glandes à glandes et de viscères
à viscères, dans l’ordi'e du développement normal comme dans
l’ordre des regressions pathologiques, en particulier cellesà
contre-coup céróbropathique et psychopathique.
La clinique, d’ailleurs, ne réalise-t-elle pas les expériences,
lorsque nous observonsles ictusépileptiques desP. G. t déraents
précoces et traumatisés cérébraux dont il est légitime d’inter-
préter l’intoxication par résorption des cellules cérébrales alté-
rées dont la toxine convulsivante est ainsi mise en liberté.
(expériences de A. Marie sur l’action convulsivante de l’extrait
de substance grise normale inoculée àla méme espèce aniraale;.
La question des digestions microbiennes et cellulaires à la
base de toute immunité devait naturellement conduire à la
compréhension d’une forme secondaire d’empoisonuement indi-
rect des centres nerveux.
Celle-ci pourrait se produire par l’accumulation des produits
résultants de certaines fontes cellulaires ou microbiennes par
auto-intoxication ou auto-résorption cellulaires.
Les toxi-infections massives ou prolongées peuvent étre neu-
tralisées par les leucocytes de l’organisme, mais il nes’enaccu-
mule pas moins des dérivés toxiques qui fixés en quantité
considérable par les tissus nerveux, atteignent sa limite desatu-
i’ation et de fixation.
Alors un processus nouveau devient nécessaire, c’est l’auto-
neuronophagie défensive.
Le neurone désormais alléré par les toxines fixées trop abon-
dantes, a perdu Ies caractères permettant ia symbiose normale,
il devient comme un élément étranger, et les cellules vaisines
névrogliques corame les lymphocytes, se comportent dès lors
vis-à-vis de lui comme vis-à-vis d’une cellule inoculée d’une
autre espèce animale, il entre une cytophagie plus ou moius
active selon son degré d’altération et se résorbe plus ou moins
vite sous l’euvahissement des neuronopliages.
C’est un processus invocable dans le mécanisme de la péri-
méningo-encéphalite diffuse. Les produits de ces autodigestions
cellulaires amènent des décharges en retour des toxines accu-
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
A PROPOS DES TOXICITÉS SANOUINES
579
mulées et fixées antérieurement par Ies neurones ; aussi peut-
on noter des états de toxicitó sanguines superposables en pro-
gression à celle des intensités croissantes des réactions de
Wasserman obtenus sur des sujets divers ou sur un méme
sujet envisagé à diverses phases de l’affection.
Ce n’est donc pas la présence de substances toxiques dans
l’organisme qui est la caractóristique des ótats pathologiques.
Eu effet, I’organisme normal en est constamment imprégné, et
sa vie, c’est-à-dire les mouvemenls d assimilation, et de désas-
similalion cellulaíres ne sont qu'une indéflnie production de
poisons variés, en constantes transformations, multiplications,
dédoublements et combinaisons ; ce qui est pathologique, c’est
que les poisons ainsi produits le soient dans des conditions
telles qu’ils se puissent flxer sur certains éléments dont la survie
est incompatible avec cette flxation; dès lors, l’équilibreharmo-
nique se trouve corapromis et à un certain degré devient irré-
parablement déséquilibré. La dólicatesse extréme des tissus
nerveux encéplialiques, derniers venus dans la série ontogóni-
que et phylogénique, fait qu’ils s’imprèguent plus que d’autres;
ils s’altèrent plus profondément de cette imprégnation, aussi
sont-ils, plus que d’autres, le siège de cytophagies irréparables
et à conséquences graves pour le psychisme. '
*
* #
Nos expériences sur les urines dyalisées des aliénés montrent
bien qu’il y a des rapports indiscutables entre la toxicitésan-
guine, la toxicité urinaire et la composition chimique àe ces
urinès. Seulement, pour mettre ces rapports en évidence, il
faut grouper les malades par maladies.
Ce parallélisme entre les propriétés chimiques et la toxicité
est surtout net pour l’urée.
Les déments précoces et les maniaques présentent un paral-
lélisme complet, pour les épileptiques, il y a des exceptions.
Nous avons constaté, pour 18 malades expérimentés qualorze
fois, une correspondance complète entre la toxicité urinaire et
les données cryoscopiques, c’est-à-dire que chaque fois que
nous avons eu l’hypotoxicité urinaire il y a eu insuffisance
rénale révélée par cryoscopie (4 cas faisaient exception à cette
règle, parmi les 4 exceptions, dans deux, l’hypotoxicité fut très
peu marquée, presque toxicité normale, 0,37 au lieu de 0,40), il
n’y a rien dès lors d’étonnant à ce que la cryoscopie n’ait pas
révélé d’obstacle rénal. Nous pouvons donc dire que parmi nos
18 malades, 2 seulement flrent exception à la règle établie.
L’hypotoxicité urinaire semble bien expliquée par l’obstacle
opposó au passage des toxines dans le flltre rénal et la réten-
tion des toxines dans l'organisme avec élimination azotée défec-
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UNIVERSETY OF MICHE^
580
UEVUE DE PSYCHIATRIE
tueuse (abaissement du taux d’urée). D’autre part, cliez nos
épileptiques, les crises étaient d’autant plus fréquentes que la
toxicité était plus íorte.
C’est que l’accumulation des toxines peut étre expliquée par
deux causes agissant toutes les deux à la fois ou séparément:
II peut y avoir rétention des toxines ou mauvaise éliminatiou
par suite d'obstruction du filtre rénal.
Une surproduction ou une mauvaise destruclion des toxines
peut résulter du mauvais état du foie, du corps thyro'ideou d’au-
tresglaudes chargées de débarrasser I’organisme de ses poisons.
La surproduction des toxines (ou leur mauvaise destruction)
devait íaire apparaitre les toxines dans le sang et les urines,
mais si le rein ne fońctionne pas suffisamment, une partie des
poisons s’accumule jusqu’à produire une réaction énergique et
brusque (crises épileptiques). Si la surproduction des toxines
estforte et accompagnée d’obstacle réual, l’accumulation peut
vite atteindre son raaximum (crise) et Yurine peut étre hypo
ou hypertoxique, et les crises fréquentes.
Nous donnons le résumé en graphiques et tableaux des
recherches commencées.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
A PROPOS OES TOXIGITÈS SANGCINES
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UNIVERSITY OF MICHIG/
582
REVUE DE PSYCHIATRIB
DIACNOSTIC
Epilepsie.
Epilepsie.
Dégénéré alcoolique.
Paralysie générale (débul)
Maniaque (calme).
Normal hypotoxiques ...
Paralytique.
Démence précoce.
Démence précoce.
Paralysie générulc.
Démence sénilc.
Maniaque (demi calme)..
Démence sénile.
28 avril.
Paralysie générale
5 mai.
Manie intermittente (asri-
tée) ..
Epileptique.
Démence précoce.
Epilepsie avcc délire. . . .
Epilepsic ancicnne.
Démence précoce.
Epileptique dément.
AZOTF. TOTAL
en grammes
URKF.
PIIOSMIATES
P 2 O^
Fll LOKUKES
URi'r
*
<
-Jì
z
ví
£
C
K
a
litre
21
heures
litre
24
hcures
litre
24
heurcs
litre
24
heures
Azote
Urce
15,66
16,22
23,04
31.34
2,596
2,856
15,5
17 »
0,90
0,090
1.030
9,28
14,85
18,77
23,1
1,836
2,932
13,0
20,8
0,95
0,099
1.02?
10,53
10,64
20,37
21,18
1,190
1,210
13,5
13.64
0.93
0.057
1.021
24 »
12 »
42,8
21,4
2,160
1,080
3 »
1,5
0,83
0,051
t.031
6,55
13,75
12,63
26,52
0,702
1,47
16 »
33,6
0.90
0,056
1 .020
10-12
15-16
20 »
26 »
2,6-3
3,2-
3,5
6-8
10-12
0,84-
0,90
0,15
1.018
18 »
18 »
30,6
30,6
»
»
»
»
0,85
»
»
11,82
21,28
23,65
42,57
1,84
3,30
17 »
30,6
0,93
0,077
S
13,7
19,18
23,11
32,34
1,40
1,96
21 »
29,4
0,78
0,061
1.030
9,8
G,82
13 »
13,1
2,05
1,39
12 »
8/28
0,90
0.109
1 .022
4,21
9,68
7,62
17,52
0,54
1,24
7,5
17,25
0,78
0,070
i.Oìt
7,78
11,67
15,87
23,06
1,19
1,78
14,5
21,75
0,92
0,075
1.022
8,5
17,1
14,55
29,1
0,846
1,796
11,5
23 »
0,84
0,059
»
13,3 ;
26,6
23,45
46,9
1,188
2,376
11 »
22 »
0,82
0,058
•
7,08
17,7
11,62
29,05
1,14
2,85
9,5
23,75
0,77
0,098
I ."!*»
5,9
11,8
10,94
21,88
1,2
2,4
5 »
10 »
!
0,87
0.110
l.oil
10 »
10 »
17,5
17,5
»
»
»
»
0,80
0,083
i
12,6'i
11,38
24,65
22,18
2,05
1,85
19 »
17.1
0,91
l.fll
15,3
23 »
31,65
47,48
1,73
2,60
20 »
30 »
0,91
0,055
1.032
9,43
10.37
18,19
19,01
1,51
1,66
19,5
21.45
0,91
0.0S3
1.024 1
9,26
6,95
17,76
13,32
0,918
0,688
19 »
14,25
0,89
0,052
l.’l*
10 »
10 »
17 »
17 »
»
»
»
»
0,78
9
uw\
I
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Gck 'gle
Original from
UNIVERSETY OF MICHIGAN
A PROPOS DES TOXICITÉS SANGUINES
583
9 - 56 d P obs,
3.GG0 2.350
,7 - 00 d P o a b S ,. 4 - 320 2.448
31 d P ob„.
18.3 j-T..
3.618 2.160
2.205 2.043
59» obstac. 5.100 1.620
40 n P as
W " d obst.
115 » ,P as
d obst.
50 * d P bs,
3.000- 2.000-
4.000 2.500
8.505 4.935
G.752 3.675
31,7 obstac. 2.100 1.23G
65 » obstac. 2.450 1.260
50 » obstac. 660 1.716
10 P» obstac. 4.140 1.720
2 ® obstac. 4.600 2.320
' 8 » obstac. 2.106 1.526
1/2 I ' races
1 Iri^ cnrr/i
1/3 . P as
dc sucrc
1/2 , pns
de sucre
1/7 , P as
‘ dc sucrc
3/4 , P as
dc sucre
3/4 P as
de sucre
3/4 . P as
' de sucrc
1/5 , pas
de sucre
36 n obstac. 3.520 1.696
117 » p as 5.750 2.750
dobst.
U7 » obstac 4.500 2.160
1/3 , pa»
de sucre
25 125 » obstac.j 2.628 1.260
25 183,5 p ag ,j e cylindre
Digitized by Gougle
Original frn-m
UNIVERSITY OF MICHIGAN
IXDICÀN
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584 REVUE DE PSYCHIATRIE
Tableau comparati/ des recherches expérimentales sur la
toxicité sanguine et la toxicité urinaire
TQXICITÉ SAXGIINE
£ i
2 *
c
c-
, O)
; g.
y
CAS
ACTION
2 &
r *
DOSE
rtelle
kg.
Sri O,
K O
O
OBSERVATIOXS
EXPÉRIMENTALE
£
H ®
(Cobayes)
tsj 2
° 3
o
8
H
N* 19
++
Démence
Amaigrissement &
0,33
G5 )>
insuff.
Arytbmie d’élimination du blcu
indiquant rìnsuflìsance hépa*
tique.
sénile
paraìysie sans
issue mortelle
4
+++
Elimination intermirtente (insuí-
Gsance hépatiquc)
Épilepsie
Paralysie, amai-
1,49
9,56
normal
grissement et
5
issue mortelle
Epilepsie
0
0,05
117 »
insuff.
Ilypophosphaturie (maladie ré-
nalc).
6
Epilepsie
0
0,057
117 »
insuff.
Indican.
(Ce malade présenta toujoursdei
)
exceptions à nos dcductioní
Kénéralcs).
Molécule éíaborée movenne 77 .
12
++++
Paralysie
Mort
0,33
31,7
insuff.
Hypochlorurie íìntoxication). Eli-
en 2 heures
mination du bleu intcrmiltente.
générale
(Indicanl.
Molécule élaborée moycnne 73 «
13
++
18,3
Paralysic
générale
Amaigrissement
paralysic sans
0,45
normal
Hypochlurée intense. Elimin 3 tíoti
du bleu prolonxé (obstacle ré-
nal). Indican.
issue mortelle
17
++ +
Démence
Paralysie avec
0,37
50 »
normal
Glycosurie alimentaire (insuffi-
précoce
issue mortelle
sancc hépatique. 1 .
8
+
Démence
Amaigrissement
sans issue mor-
0,37
115 »
normal
Glycosurie a légère, arythmiedo
blcu (insuffisance hépattque).
précoce
Molécule élaborée moyenneSo-
telle
•
18
?
Démence
traumatique
Faible nmaigris-
scment.
0,025
125 »
insuff.
Arythmie, glycosurie a léfèrt
(insuffisance hépatique).
Homme
normal
témoin
0
0,40
.
40 »
normal
Molccule clabnrèc moyenneón.
=====
Si la surproduction des toxines estfaible (l'état du malade
inoins grave), le méme obstacle rénal arrète la presque totalilé
des poisons infiltrés du sang dans les urines; on a alors une
l'orte hypotoxicité urinaire accompagnée de crises épilepti-
ques rares (parce qu'il faut beaucoup plus de temps pour que
les poisons s’accumulent au méme degré).
Gck 'gle
Original frn-m
UNivERsrry of michigan
A PROPOS DES TOXICITÉS SANGUINES
585
Le fait constaté du nombre des crises mensuelles suivant la
courbe des toxicités urinaires appuie aussi notre hypothèse.
Notre fa<?on d’apprécier et d’interpréter la toxicitó urinaire
chez les épileptiques, comme on le voit, se distingue sensible-
ment de celle de M. Voisin, qui n’indique qu’un seul íacteur, la
rétention des toxines, tandis que nous admettons encore la
surproduction ou la mauvaise destruction des toxines ; il
semble que ce soit plus en rapport avec les fails observés.
Ainsi que le réclamait Régis au Congrès de Lille, une étude
hématologique doit étre corroborée par des recherches urolo-
giques et inversement. Aussi avons-nous táclié de compléter
notre étude sur la toxicité des urines dyalisées par les recher-
ches de loxicité sanguine pour les mémes malades. Afin de
contróler les résultats obtenus, nous avons entrepris des expé-
riences sur les animaux à I’aide de deux procédés; d’une part
épreuve de toxicitó du sérum par injeclion intra-veineuse,
d’autre part épreuve par injections intra-craniennes selon le
procédé de Bordet et Roux.
Cette dernière méthode a l’avantage pour le sang de per-
roettre une première expérience à l’aide des quantités minimes
de sérum, ce qui est à apprécier avec des sujels dont le prélè-
vement sauguin est loin d’étre facile.
Dans le méme but nous avons, lorsque le sérum recueilli
était en quantité trop faible, contrólé nos injections toxiques
intra-craniennes à l’animal par des injections veineuses sur
animaux sensibilisés ; cela permet de tuer expérimentalement
l’animal avec des quantités réduites; la toxine diphtérique a
été ainsi employée pour nos recherches.
En méme temps le contròle de l'état du sang examiné in vitro
peut donner quelques indications uliles sur lesquelles nous
reviendrons.
D’une première série de recherches liématologiques pour
suivie en collaboration avec M. Viollet sur une centaine de
malades, nous tirons le tableau suivant:
MOYENNES DES FORMULES HÉMOLEUCOCYTAIRES COMPARÉES
Période d’état. t
11.4
9.4
78.
2.5
P. G. (40 cas). j
Période flnale. (
7.9
1
14.2
80.
2.1
D. P. (12 cas).
9.6
•—
8.6
67.9
3.2
D. S. (14 cas).
s 11.9
o
9.9
ma
5
76.5
M
V
1.8
D. 0. (3 cas).
J 6.5
9
10.4
-o
75.4
04
o
1.3
Alcoolisme chron. 16 cas).
| 9.0
«*
4.7
"o
70.0
’m
o
W
2.2
Epilepsie (10 cas).
13.7
•3
•o
8.4
85.0
1.4
1 Perséentés (2)..
17.8
ca
13.1
67.9
1.0
Vésanies 1 Méhneoliqnes (5)...,
10.9
0
O
m
9.8
77.7
2.2
( Déféaérh (9)..
7.2
24.0
66.2
1.9
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Original frn-m
UMIVERSITY OFMICHIGAN
586
REVUE DE PSYCHIATRIE
Digitìzíd by
Parahfsxe gènèrale : à lapériode d'état, rhémoglobine reste station-
naire, la formule hemolcueocytaire, se rapproche de la normale en
cas de rémission. A la 3« période Teucocytose comme à la l r ' phase
a débutaigu...
Les polynucléaires neutrophiles varient peu au début, les mononu-
cléaires augmentent. Les Eosinophiles et les polynucléaires diminuent,
á la fìn les lymphocytes augmentent.
Epilcpsie : En crise ou peu après Thémoglobine augmente, les éry-
trocyles semblent augmenter, mais 24 heures après la crise ils dimi-
nuent ; réaugmentation au 2° jour sans hyperleucocytose (alors qu’on
l’observe pendant Tattaque) l’imminence de l attaque coincide avec la
diminution des polynucléaires neutrophyles et des mononucléaires.
Les lymphocytes augmentent déjà et continuent pendant la crise. Les
Eosinophiles paraissent pius nombreuses d‘une faQon générale mais
molns avant la crise pour augmenter ensuite. Les chlorures diminuent
après Vattaque pour faire piace à l’urée d’ólimination. En dehors des
crises, l’urine a des caractères inverses.
Dèmence prècoee : En forme chronique, hébóphréniques et para-
noides, pas de caractère hémoleucocytaire. Dans la stupeur et I’état
anxieux on peut observer l’hyperleucocytose persistante.
Les polynuclóaires paraissent augmenter dans la stupeur et les lym-
phocytes dans l’agitation. Mononucléose parfois en état anxieux avec
ou sans cosinophilice marquée. Dans l’accès d’agitation les mononuclé-
aires diminuent len eosinophiles, tantót diminuent, tantòt augmentent
(quadruples). Les chlorures diminuent dans la stupeur catatonique et
augmentent en coagitation, I’urée au contraire augmente avec la
stupeur pour diminuer dans l’état d’agitation. Au summum de la cata-
tonie, on observe des modifications, des altórations de forme des leu-
cocytes (noyaux et protophasma). Les éosinophiles présentent souvent
des formes dégénérées, des formes augmentóes ou des granulations
des noyaux : des cytophasmes. En dehors de la catatonie, les lym-
phocytes présentent souvent un dédoublement des noyaux. Eléments
anormaux : neutrophiles, myclocites, basophiles, polynucléaires à
vacuoles.
SYNTHÈSE
_NORMALE^_ ÉPILEPSIE P. G_ D. P-
eifaiits, adiltes, rieillirds. erise, bers eriu éUl fli i|it itap.
Lymphocyles ... 50 25 35 % -j- = -f- o. + - + + - §
Mononucléaires et s
íormes de transit'OQ 2.8 2 2.2 % — -}-■+=— + + 1
Polynucléaires neu- i
trophiles. 40.7 70 61.7 _ 5
Eosinophiles. 2 5 2 0.10%+ — — = + + + |
Erythrocytes.+-1-
Avec mon collaborateur, Monsieur Beaussard, j’ai poursuivi
parallèlement aux toxicités urinaires et à Pétat du sang, l'étude
des réactions de Wasserman cliez les démeuts précoces. Qua-
torze malades de ce genre ont été étudiés (don,t deux chez les-
quels l’étiologie comprenait le traumatisme cránien avec plaie
pónétrante et infectante chez luij.
Goi igle
Qriginal frn-m
UNIVERSiTY OF MICHIGAN
A PROPOS DES TOXICITÉS SANGUINES
587
Aucun de ces malades n’a présenté la réaction syphilo-positive,
tant à l’examen du iiquide céphalo-rachidien, qu’à celui du
sérum sanguin. Ceux obtenus par moi avec Levadite, dès 1906
(tableau IV page 150, Annales de l’Institut Pasteur, février 1907)
et en partie ceux de MM. Levadite et Roubinovitch (Société de
Biologie, mai 1909). Bien entendu la possibilité de réactions po-
sitives dans le sérum obtenues dans quelques cas par les anten-
nes, ne saurait étre inflrmée par nos reclierches négatives (tout
dément précoce peut acquérir la syphilis sans quecelle-ci entre
en jeu dans la genèse de sa démence), à la différence du rapport
étroit que l’on observe entre la paralysie générale et la parasy-
philis. Dans 10 cas d’épilepsie nous n’avons également obtenu
que des réactions négatives au double point de vue du sérum et
du liquide rachidien.
Ce résultat n'inflrme pas non plus et pour la mème raison, le
cas par M. Guennot.
A l’heure actuelle on peut évaluer à plus de 3.000 le nombre
des cas où la réaction a été recherchée, dont 1.188 cas de para-
lysie générale; 96,5 0/0 de ces derniers ont donnó un résultat
nettement positif. Morgeuroth, Stertz, Meier, Plant, Lesser,
trouvent 100 0/0.
Pour le tabès nous n’avons trouvé que 66 0/0. Les 300 cas
publiés par divers auteurs donnent une moyenne de 73 0/0 po-
sitifs seuleraent. Nous n’avions pas trouvé de réactions positives
en dehors de la paralysie générale, bien que l’ayant appliquée à
des lósions cérébrales spéciflques localisées, si ce n’est en un cas
mixte (lésion en foyer associée à des lésions de méningo-encé-
phalite diffuse).
D’autres auteurs ont trouvé des raéningites syphilitiques et
des syphilis cérétrospinales donnant une réaction appréciable
dans le liquide céphalo-rachidien.
Wasserman a méme décelé des réactions d’héredosyphilis
chez certains dégónés inférieurs, idiots en particulier, 30 0/0.
Harris l’a trouvé aussi dans certaines hémiplégies spécifiques
et dans la paralysie spastique.
Nous ne l’avons jamais rencontré cliez les vésaniques, dégé-
nérés ou déments précoces; en revanche la réaction révélatrice
de l’infection tuberculeuse ou de l’hérédotuberculose a été
signalée par Roubinovitch chez les déments précoces, nous-
mémes l’étudions mais partageòns l'opinion de Besan^on et de
Serbonnes sur les oscillations variables de cette réaction de
flxations dans la tuberculose et par suite sur la difllcultó pratique
d’en tirer parti en clinique à moins de la compléter par Ia séro-
réaction d'agglutination sur les cultures homogènes ou l’uro-
réaction à la tuberculine de Marmorek (Congrès de Lille 1909).
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Gck igle
Qriginal from
UNIVERSITY OF MICHIGJ
588
REVUE DE PSYCHIATRIE
Digitized by
Quoiqu’il en soit, la valeur de ces applications nouvelles du
bio-diagnostic en neurologie s’afflrme cbaque jour comme on l'a
pu voir par le succès de Wasserman au Congrès francais de
l’avancement des sciences à Lille et par celui de Bordet à Buda-
Pesth où le Congrès lui a attribué le prix de Paris. C’est là une
double consécration bien faite pour encourager les chercbeurs
dans cette voie ou je suis heureux de m’y étre engagé à la suite
du savant maitre qu’est M. le P r Wasserman de Berlin.
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A PROPOS DES TOXICITÉS SANQUINES
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minurie chez les aliénés. XXIII* Congrès des neurologistes et
aliénistes de l’AIlemagne du sud-ouest, 1889. Voir Arch. de
neurol., tome XVIII. — Lasègue. Des accidents cérébrauxqui
surviennent daus le cours de la maladie de Bright. ( Arch. gén.
de méd., 1852). — Lécorché. Maladies du Rein (1875). —
Raymond. Relation de l’albuminurie avec les psychoses. (Bull.
soc. méd. Hóp., 1890). — Régis et Ciievalier-Lavaure. Des
auto-intoxications dans les maladies mentales. (Cong. de la
Rochelle, 1893). — Toulouse. Les troubles raentaux de l’uré-
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UNIVERSETY OF MICHK
590
REVUE DE PSYCHIATRIE
Digiti.
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Délire et petit brightisme. Arch, de neurologie, 1903, n°‘ 91,
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Th. Genèoe, 1891. — Lui. Les Echanges nutritifs ches les
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1890. — Mabille et Lallemant. Des folies diathésiques,
Paris, 1891, C. Masson. — Stefani. Elimination de l’acide
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1 vol., p. 319. — Morgan. L’urine chez les aliénés. New-York
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Gaz. des Hòpitaux , 22 déc. 1877,12,19, 26 février, 4 et 8mars
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Hóp., 25 juin 1897 et Semaine méd., 1897, n° 31, p. 250. —
Beclère. — Soc. méd. des Hóp., 2 juillet 1897, et Semaine
méd., n°32; p. 259. — R. Lepine. Semaine médicale, 1899,
n° 45, p. 354. — Trepsat. Etude sur les troubles physiques de
la démence précoce. Th. de Paris, 1906.
REVUE DES CONGRÈS
LE VI* CONGRÈS INTERNATIONAL DE PSYCHOLOGIE
Par M. Mignàrd
ìnlerne des Asiles de la Seine.
Le VI* Congrès International de Psychologie, qui vient de se
tenir à Genève, démontre de facon convaincante la possibilité et
la fécondité de la convergence des eíforts. Dans tous les ordres
d’études psychologiques l’on a pu voir l’intérèt de la collabora-
tion des plus diverses tendances. II n’est pas jusqu’à la psycho-
logie des phénomènes religieux qui n’ait pris quelque clarté de
la mise en commun des notions apportées par des esprits aussi
distingués que ceux de MM. Hoffding et Leuba, dont les idées,
lointaines, mais sincèrement et ingénieusement défendues de
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UNIVERStTY OF MICHIGAN
VI' CONGltÈS INTEUNATIONAL DE PSYCHOLOGIE
591
part et d’autre, ne peuveut que gagner à un rapprochement
mutuel.
Problème et méthode de la Psychologie de la Re-
ligion. — M. Harald Hòfding rapporteur, veut marquer
la place de la psycliologie de la religion dans la psychologie
générale. Elle ne diífère, en effet des autres parties que par
son objet; l’emploi de la méthode historique, qui lui est indis-
pensable, n’est pas unique, en effet, dans la psychologie.
L’introspection peut se trouver ici embarrassée de plusieui s
difffcultés. Une des plus grandes, c’est l’absence de religion,
possible chez le psychologue qui se i>ropose cet objet. II sera,
dans ce cas, obligé de rechercher, d’après son expérience d’au-
trui, quelles sont ses propres manifestations psycliiques qui se
rapprochent le plus de cette manifestation parliculière : « II
s’agit, autrement dit, de déflnir le lieu psychologique de la
religion. »
Le philosophe de Copenhague développe alors sa théorie des
valeurs. Chaque sentiment dépend d’un besoin; chaque besoin
crée ainsi des valeurs. La valeur est donc, en quelque sorte, la
cote donnée à tel objet selon qu’il satisfait plus ou moins telle
tendance. Nous aurons ainsi des valeurs physiques, esthétiques,
intellectuelles, etc... Chacuue de ces valeurs deraeure d’ailleurs
dans un domaine qui lui est propre, et nous ne voyons pas sur-
gir la religion lorsqu’il ne s’agit que de constater la présence de
tel ou tel ordre de valeurs.
« Le lieu psychologique de la religion ne se trouvant dans
aucun de ces domaines, où donc peut-il étre ? » se demande
M. Hòffding. Et il ne voit qu’une seule possibilité, c’est que le
caractère religieux apparaisse dans l’homme qui s’interroge sur
le sort de ces valeurs une fois formées. Le besoin de sécurité et
de calme à l’égard de ces valeurs sera un des mobiles les plus
importants dela manifestation religieuse. Ainsi celle-ci pourra
varier comme les valeurs et comme les sentiments qu’éprouve
l’homme à leur égard. Ainsi la nature du besoin religieux
« peut étre délerminée par le désir deconservation, à toutprix,
de la vie physique; mais elle peut aussi se déterminer par le
désir du progrès des buts idéaux, de sorte que la simple conser-
vation de la vie devient d’une importance minime auprès du
sort de ces buts. » Mémes variations se retrouvent dans la qua-
lité et l’orientation du sentiment religieux, peur, espoir, rési-
gnation, joie, chagrin, admiration, vénération, indignation ou
amertume. La paix et le repos pourront succéder à l’inquiétude
et au regret.
1 Professeur à rUnivcrsité de Gopenhaguc.
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592
REVUE DE PSYCHIATRIE
II résulte de cette conception que rhomrae le plus irréligieui
sera celui qui croit étre le maitre absolu de son sort et du sort
de ses valeurs. I)’où l’irróligion fréquente des natures actives.
La religion ainsi constituée comrae un raoyen de traiter le ou
les buts de l’existence, peut à son tour devenir un but, le but
supréme; la vie psychologique est alors invei*sée : « l’ordre
des choses dont l’liorame se sent dépendant ne lui apparait plus
simplement corame le serviteur de la vie pbysique, de la beauté,
de la vérité ou de la bonlé, il comprend et exprirae Iui-méme
ces valeurs à un degré et peut-étre sous une forme qui surpas-
sent l’expérience et la pensée liumaines ».
Ce point de vue est conflrmé par I’applicalion de la méthode
historique.
k M. Frazer nous a montré le développement de la religion à
parlìr de la magie. Par la magie l’homme croit exercerune
influence immédiate sur Ia nature ou sur les autres hommes
(toujours en vue du maintien de ses valeurs propres). D’après
M. Frazer, c’est lorsqu’il constate l’insufllsance où l’échec de
ce moyen qu’il essaie d’exercer une action médiate (par l’inter-
médiaire d’étres supposés plus puissants.) La religion est donc
sortie de la magie par le moyen de la résignalion. « La religion
se présente comme un sentiment de dépendance, suscité par ces
expériences. »
M. Hoffding montre ensuite combien les religions diflérent
selon le sentiment, et par conséquent, Ies valeurs de leurs
adeptes.
On peut ainsi distinguer les « religions naturelles»et les
« religions raorales, » les unes sont caractérisées par la recher-
clie du proflt personnel et du bien physique (ies dieux sont des
moyens); les autres se distinguent par le désir de la conserva-
tion d’un idéal moral dont ils sont les gardiens. C’est ainsi
que Frazer pourra opposer Isis à A.starté età Cybèle.
« Dans ses périodes classiques, la religion est le déterminant
général, ce qui gouverne tous les cótés de la vie spirituelle, ce
qui fait la base de toute science, de toute morale, de tout art,
de toute intelligence. » Dans ses périodes critiques au con-
traire, la religion sè différencie et s’oppose aux autrescótésde
la vie intellectuelle. Le rapporteur revendique en terminantle
droit de traiter ces questions par la recherche des causes natu-
relles, possibles à démontrer par expérience. Enflnil marquela
place de la psychologie de la religion dans la philosophie de la
religion : cette place est capitale. Epistémologie, psychologie,
morale, tels sont les trois points de vue auxquels on peut se
placer pour étudier ces problèmes profondément intéressants
pour le psychologue et l’observateur impartial.
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VI' CONGRKS INTERNATIONAL DE PSVCHOLOGIE
593
Psychologie des phénomènes religieux, par James
H. Leuba. — Le professeur de Bryn Mawr pose nettement sa
situationen facede M. Harald Hòffding. Pourlui l’essence de la
religion n’est pas dans l’essai de la conservation des caleurs,
mais dans l’emploi pour cette conservation de rapports acec
certaines puissances supposées à tort ou à raison, de l'ordre
spirituel. La relìgion est donc une méthode de vie. La religion
larcée, sentiment religieux n’ayant pas encore subi une systé-
matisation intellectuelle, nous renseigne mieux que les formes
défìnies sur le fonds méme de ces phénomènes. Elle se trouve à
l’origine comme à )a fin des religions : « Le déiste Parisien et
I’Australien des tribus du cenlre, quoique n’ayant ni l’un ni
l’autre une religion lormulée, n'en sont pas moins influencés
dans quelque mesure, l’un par la pensée d’un Etre supréme,
l’autre par l’idée d’esprits, d’ancétres gigantesques qui ne sont
guère moins indifférents à Ia conduite des humains que ne lesont
les chefs visibles de la tribu »...« Je voudrais, ajoute plusloin le
rapporteur, après avoir parlé des religions à formes personnelles,
zoomorphes ou anthropomorphes, je voudrais pouvoir étudier
ici la question pratique de )a possibilité pour l’homme civilisé
de trouver dans l’idée d’une puissance de l’ordre spirituel, mais
non personnelle, le soutien, la force et l’inspiration que d’au-
cuns croient déflnilivement perdus pour luiquand ildoit renon-
cer au Dieu traditionnel. »II est un peu étonnant que l’énon-
ciation de ces idées n’ait pas fait venir à la bouche du rappor-
teur le nom du grand philosoplie franíais qui les développa
avec tant de profondeur et de poésie. Ernest Renan restera
pendant longtemps le maltre de tous ceux qui s’intéressent à la
destinée du sentiment religieux.
La préoccupation principale de l’auteur est d’écarter toute
vue particulière de la religion. La religion n’est pasuniquement
sentiraent, encore moins système philosophique. Elle est vie,
elle est action. Dans ses moments religieux, l'homme veut étre,
dans ses moments philosophiques, il veut connaltre.
Tel est, trop brièvement résnmé, le rapport de M. James
H. Leuba, dont les idées complètentd'unemanièresiintéressante
la remarquable étude de M. Harald Mòffding.
La discussion de ces rapports a malheureusement dévié vers
la théologie, bien que M. l’abbé Pacheu ait tenté de susciter une
discussion psychologique sur l'intéressante question du mysti-
cisrae. A l’afflrmation du pasteur Rochat, que seuls les esprits
religieux pouvaient faire de la psychologie religieuse, M. Ber-
nard-Leroy répondit justement qu’à ce compte les aliénés se-
raient seuls compétents en pathologie mentale. La stérilité de
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594
REVUE DE PSYCHIATRIE
la discussion a entralné le Congrès à adopter le vobu qu’à la
procliaine réunion, la psychologie religieuse ne fút plus mise à
l’ordre du jour, voeu qui fut adopté par M. Hòffding lui-mème.
Le subconscient. — M. Morton Prince, professeur de
neurologie à Boston, veut analyser les cas divers qui sont
classés sous l'épitliète du subconscient. Pour lui, certains de
ces cas ne sout à vrai dire que des phénomènes réellement
inconscients. A la fin de son rapport, il consacre quelques ins-
tants à l’étude de la cérébration inconsciente.
Mais le fait qui l’intéresse le plus est celui des personnalités
coexistantes dans un méme sujet. II croit très fermement à cette
coexistance et à la valeur réelle des deux personnalités. II n’ad-
met pas que le « coconscient » soit formó de subconscient. Le
cas de Miss Beauchamp forme la base de ce travail.
Le subconscient, par Max Dessoir, professeur de philo
sophie àBerlin. Dans son travail documenté et d’un ton très
sage, le rapporteur s’attache à placer Ia question du subcons-
cient sur le terrain qui lui est propre.
II fait allusion aux travaux allemands, anglais et franfais
parus sur ce problème, envisage le point de vue pbysiologiqoe,
íe point de vue philosopliique, et déclare vouloir se placer à
celui de la vraie psychologie. II discute la question des person-
nalités secondes et du subconscient, et de Ieurs limites, et se
montre, dans ce débat, bien plus réservé que M. Morton Prince. II
aborde enfin le problème de la constitution des états subcons-
cients, argumente et analyse des cas cliniques où l’automatisme
psychologique a décelé, dans le réve, I’hypnose ou I’écriture invo-
lontaire, des manières d’étre, des connaissances, des habitudes
différentes de celles du sujet à l’état normal.
II distingue, en trois groupes principaux les états de subcons-
cience : le réve, l’automatisrae moteur et sensoriel, l’hypnose.
II insiste, en terminant, sur ce fait que ces trois formes de
subconscient ont ceci de commun qu’ellessont mal adaptéesaux
conditions d’existence du sujet et doivent étre considéróes
comme des états anormaux.
Les problèmes du subconscient. — M. le D r Pierre
Janet, dans son remarquable rapport, pose ces problèmes sar
le terrain clinique, d’où, à son avis ils ne sont pas encore assez
múrs pour sortir. II a proposé l’usage de ce raot en 1886 , pour
résumer les caractères de certains troubles de la personnalité.
II lui semble utile de rappeler cette signification primitive pour
éviter de s’engager dans des recherches stériles qui _se sont
greffées sur ces premières études et pour comprendre Ies vérì-
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VI' CONGRÈS INTERNATIONAL DE PSYCHOLOGIE
595
tables problèraes que l’on peut examiner fructueusement à
propos de subconscient.
Dans de nombreuses maladies mentales et surtout dans la
psychasténie, le rapporteur constate des phénomènes de déper-
sonnalisation commengante : certains malades rattaclient mal à
leur personnalité certains phénomènes que les autres hommes
n’hésitent pas à considérer comme tout à fail personnels. II
donne quelques exemples cliniques.
M. Janet discute ensuite la possibilité de meltre en parallèle
avec ces troublesceux queprésentent les hystériques. II prouve
par des exemples éloquents qu’il n’y a là qu’une aggravation,
un développement de ce méme état que l’on observe chez les
psychasténiques. « En un mot, ou observe chez l’hystérique deux
attitudes contradictoires : l’une 1 par Iaquelle il nous donne à
penser qu’il sent, l’autre par laquelle il nous afflrme qu’il ne sent
pas. En réalité, cette contradiclion existait déjà dans le langage
du psychasténique: car, après tout, il est absurde de nous dire:
« Je sens que je suis pincó au bras et ce n’est pas moi qui sens
le pincement. » Mais l’hystérique accuse encore plus la contra-
diction en laissant voir qu’elle sent sans le reconnaitre, et en
répétant qu’elle ne sent rien. On peut trouver les attitudes de
cesmalades trèsabsurdes, raais on doit cliniquement les consta-
ter.c’est le caractère singulier de ces phónomènes présentés
par les malades hystériques ; c’est cette attitude des malades,
compréhensible ou non, que j’ai essayé de résumer autrefois par
les mots de subconscient, de rétrécissement du charap de la
conscience, de désagrégation de la personnalité. »
Partant de ce sens primitif, le rapporteur critique ensuite les
sens très dérivés que l on a voulu donner à ce mot, et les hypo-
thèses parfois bien audacieuses dont il est devenu le signe.
En quelques mots il marque la gratuité de telles conceptions
et le danger réel qu’il peut y avoir à introduire sous un mot
scientiflque une signiflcation aussi peu contrólée. « Sans doute
la question des rapports de la pensée avec le cerveau peut étre
discutée à propos du somnambulisme comme à propos de n’im-
porte quel fait de la vie normale. » Mais tout cela est hors de la
question.
Les problèmes du subconscient ne pourront s’éclaircir que
par une analyse des phénoraènes que présentent certains mala-
des, phénomènes dont l’étude a toujours été à la base de la
question qui nous occupe.
En élnt de distraction, dliypnose, ou par l’écriture aulomnti(]ue, etc...
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596
REVUE DE PSYCHIATRIE
De la Psychologie dusentiment. par M. VonOswald
Kúlpe, professeur à l’Université de Wurzburg.
M. Kùlpe examine la question de savoir ce que l’on doiten-
tendre par sentiment. Faut-il concevoir sous ce termedes émo-
tions comme la colère, la peine, la sympathie, la liaine, l’amour,
etc., faut-il seulement y ranger l’agréable etle désagréable,
sentiments élémentaires qui peuvent provenir aussi bien d'une
sensation que d’une représentation ou d’une pensée ? C’est à
cette deuxième détermination que se décide le rapporteur.
II étudie les divers critères déjà invoqués pour le sentiment:
la subjectivité, l’impossibilité de Iocalisation, par exemple, sont
valables pour toutes les autres fonctions psychologiques, la
« polarisation »trouve des analogies dans les faits de contraste,
de neutralisation, elc. II passe de méme en revue les divers
autres critères de simplicité. de concomitance, d’universalité,
d’actualité.
Le sentiment agréable et le sentiment désagréable, Lust und
Unlust , sont seuls des sentiments, c’est-à-dire des états élé-
mentaires de la conscience qui sont caractérisés par leur uni-
versalité et leur présence actuelle et constante dans toutes les
formes de la sensibilité. 11 y a des sentiments simples et des
sentiments complexes, des sentiments actifs ou passiís, selon
l’état de repos et d’activité de l’organisme, des ótats de cboc ou
des tons sentimentaux. L’auteur étudie ensuite les méthodes
d’investigation du sentiment. 11 distingue la méthode de Cin-
terprétation, et la méthode de l'observation, la méthode de
l’expression (verbale ou motrice), de la production (méthode
expérimentale), la méthodede l’enregistrement des réactions,
la méthode de la reproduction desfaits habituels.
L’auteur finit son intéiessant rapport par une vue d’ensem-
ble sur les théories du sentiment. II envisage la théorie senso-
rielle, d’après laquelle le plaisir et la peine seraient des sensa-
tions. 11 marque les principales différences qui séparent les
sentiments des sensations (absence d’organes spéciaux, pas de
tendance à se transformer en idées, différences dans la repro-
duction, etc ).
La théorie intellectualiste ne tient pas compte de ce fait que
les sentiments ne suivent pas les lois psychologiques des con-
cepts.
La théorie physiologique ne tient pas compte de l’univei’sa-
lité du sentiment envisagé et de la diversité des organes. Elle
est passible des mémes critiques que la théorie sensorielle.
La théorie psychologique, la théorie psychophysique sont
aussi examinées, ainsi que la question d’un organe central,
siège du« Lust und Unlust ». A propos de la théorie téléologì-
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VI* CONGRÈS INTERNATIONAL DE PSYCHOLOGIE
597
que , il aborde la question de l'eupkorie des maladeset des mou-
rants, et il conclut en admettant une solution analogue, bien
qu’élargie; il faut, en efifet, considérer les sentiments, comme
des moyens, non comme des fins « die Gefùhle Keine Zwecke,
sondernMittel ». Telles sont les grandes lignes de ce remarqua-
ble rapport dont un aussi court rósumé ne peut donner qu’une
idée bien imparfaite. II marquera parmi les efiforts les plus fruc-
tueux qu’ont pu tenter les modernes pour débrouiller la ques-
tion complexe des étatsafiectifs.
La discussion révóla seulement combien le mot de sentiraent
pouvait revétir d’acceptions différentes ; M. Pierre Bovet, de
Neufchátel, signala tous les emplois du terme relatif aux «sen-
timents » intellectuels, aux opinions («j'ai le sentiment d’avoir
raison »), etc. Mais, en Belgique, d'après M. Michotte, de Lou-
vain, le mot n’est jamais pris dans ce sens.
Lesentiment cénesthésique. — M. Ie D r Paul Sollier,
expose et discute dans ce rapport sa fagon très personnelle
d’envisager le sentiment cénesthésique. II se base d’ailleurs sur
de nombreuses considérations liistoriques et tente une mise au
point de la question.
II montre dès l’abord l’importance prépondérante des don-
nées de la psychologie pathologique parmi les documents qui
peuvent permettre d’aborder ce problème. Le point le plus im-
portant est d’établir, pour la commoditédes discussions futures,
le sens exact que l’on doit attribuer au terme de « cénesthé-
sie » ; à vrai dire c’est là le fonds méme du rapport de M. le
D r Sollier.
Henle donne le nom de cénesthésie (sensalion commune), à
la perception de l’ótat d’activité moyenne dans lequel se trou-
vent constammentles nerfs sensibles. Pour Weber, c’est une
sensibilité viscérale; pour Cabanis, la conscience de l’exercice
des fonctionsorganiques. Condillac l’appelle le sentiment fon-
damental de l’existence.et Maine de Biran le sentiment de l’exis-
tence sensitive. M. Ribot marque une étape décisive ; d’après
l’auteur, c’est chez ce psychologue « que le sentiment du moi,
surajouté à la sensation organique devient lacaractéristique de
)a cónestliésie. » II doit cependant reconnaltre que M. Ribot
insiste peu sur ce point (il ne saurait donc y voir une carac-
tèristique ); M. Ribot, en eflfet, comme le dit le rapporteur,
s’attache surtout à montrer que le substratum de la personna-
lité est constitué par des sensations organiques. Après avoir
cité et discutó les opinions de psychologues et de médecins tels
que P. Janet, Bernard Leroy, Forster, Denis et Camus, Dupré,
Régis, Séglas, Hòflfding, le D r Sollier montre qu’il faut distin-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
guer trois parties essenlielles dansle complexus étudié; la
connaissance des sensations iuternes, le ton affectif qui les
accompagne, le sentiment qu’elles sont personnolles. Cesdiver-
ses parties peuvent, en effet, étre modifiéesséparément; lasen-
sation interne peut persister, tandis que le sentiment qu’elleest
assímilée au Moi peut disparaitre ; d’autre part, chez certains
sujets, les sensations internes « constituant par leur ensemble
la cénesthésie », sont troublées, il ya conscience dece trou-
ble ; raais l’assimilation à la personnalité de ces sensations mor-
bides est par lui-méme très normal.
M. Sollier joint à la cénesthésie«les sensalions de notre or-
gane psychique ».I1 pense que le fait capital de la cénesthé-
sie est dans l’élaboration par Iaquelle les sensations organiques
sont assimilées et la conscience de cette assimilation. II ne sé-
pare pas d’ailleurs ces deux temps de la formation du Moi per-
sonnel.
Par une étude d'ensemble des phénomènes pathologiques
bien connus qui montrent le trouble de ces dernières opérations,
M. le D r Paul Sollier fait la preuve très claire que le sentiment
ainsi joint aux sensations n’en est pas uu simple attribut. II
cite les cas où, chez des hystériques anesthésiés, la sensation
brute réapparait avant le « sentiment cénesthésique. > Le ma-
lade dit d’abord : « Je sens bien mon bras, mais il n’est pas
à raoi >, et plus tard : «II est plus à moi que tout à l'heure»,
enfln : « Maintenant c’est bien raon bras il est tout à fait à
moi. > Ce phénomène entre donc dans la perception, non dans
la sensation elle-méme.
C’est pour cela que dans les dépersonnalisations avec acénes -
thésie ou trouble de la cénesthésie, on ne peut souvent relever
de troubles sensitifs ou sensoriels proprementdits.L’ana^dsie
est cependant fréquente dans ces cas. Cependant bien des faits
et de sérieuses considérations théoriques portent le rapporteur
à penser qu’il ne faudrait pas confondre le sentiment cénesthé-
sie avec le ton affectif de la sensation. II est, en somme, parti-
san de la théorie ceutrale de la cénesthésie, à Iaquelle, d’ail-
leurs, il donne un sens très précis et très parliculier.
II termine en montrant, à bien juste titre, l’iraportance de ces
questions d’analyse et de ces essais de délimitation de termes
employés jusqu’ici un peu au hasard de l’inspiration person-
nelle, pour éviter les raalentendus qui entravent la marciie de la
science psychologique.
Introduction à la méthodologie de la psychologie
pédagogique, par M Ua Ioteyko, chef des travaux au Labo-
ratoire de psycho-physiologie de l’Université de Bruxelles.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
vr CONCRÈS INTERNAT50NAL DE PSYCHOLOGIE
599
Dans ce long rapport, M lle Ioteyko veut montrer le point de
vue scientifique auquel peuvent désormais se placer les péda-
gogues. La première application qu’elle fait de la méthode d’ob-
servation psychologique est réservée au pédagogue et au psy-
chologuelui-mérne! Après avoirainsi battu les deux adversaires
par leurs propres armes. mais seulement pour leur faire cesser
leurs lutles intestines, M 11 * Ioteyko établit la nécessité des mé-
thodesanalytiques, préliminaires obligés des synthèses futures.
Notons, sans pouvoir le suivreici dansles détails, l’originalcha-
pitre, documenté d’un exeinplefort instructif, que le rapporteur
consacre aux méthodes mathómatiques, dans leurs applications
aux problèmes que pose la pédagogie psychologique.
— Un certain nombre de protestations, sans fondement objec-
tif d’ailleurs, s’élevèrent contre la « mathématisation » de la
psychologie.
Classification des enfants irréguliers et en parti-
culier des irréguliers scolaires, par le D r 0. Decroly,
rapporteur. Dans cette classiflcation, Ies irréguliers sont clas-
sós d’abord selon les causes de leur irrégularité (intrinsèque ou
extrinsèque). Dans la première catégorie nous voyons les irrégu-
liers « des fonctions végétatives » (monstres et difformes-nains,
géants, etc...) et les irréguliers « des fonctions de relation»,
l’auteur range parmi ces derniers les enfants présentant des
troubles des sens et des troubles moteurs.
Les irréguliers mentaux nous font enfin pénétrer dans le do-
maine psychologique, mais l’auteur ne paraít guère avoir en
vue que les déficitaires et les enfants atteints de paralysie'géné-
rale, démence précoce, etc... Après avoir beaucoup insisté sur
ces exceptions pathologiques, il ne consacre que quelques
phrases à la question des instables, qui méritait peut-étre quel-
que développement.
Une très longue discussion s’engagea sur ce rapport, discus-
sion à laquelle participèrent MM. Ferrari, de Sanctis,
Schuyten, Nayrac, M me Hach-Ernst, etc. A part l’accord sur
la division des arriérès pédagogiques et médicaux, difflcile d’ail-
leurs à établir dans certains cas pratiques, on peut dire que la
divergence des opinions est la règle, et qu’il est ressorti du
débat comme un découragement général, exprimé par M. de
Sanctis, qui ne paratt plus croire aux classificaiions scientifi-
ques. Au point de vue des méthodes de diagnostic de l’arriéra-
tion, MM. Schuyten et Lipmann, préconisèrent surtout la mé-
morisation. Mais M. Jonkiieere s’éleva contre les dangers de
méthodes trop simples et insufflsamment súres.
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La perception de la position de notre corpsetde
nos membres par rapport à la verticale, par 6. Bour-
don. Lerapporteur donne d'intéressants argumentsexpérimen-
taux et logiques dans la question de la perception de position.
Pour lui le sens labyrinthique est mai fondé, et il met en doute
son existence. Sa tlièse peut se décomposer en deux parties es-
sentielles : dans la première il démontre, a priori, etpartant
des connaissances acquises, Ia possibilité d'expliquer Ia per-
ception des positions sans se servir du classique sens statique,
pour cela il sufflt d'admettre que l’excitation du labyrinthe a un
effet tonique surles muscles du corps qui se trouvent placésdu
cóté du póle positif. Or le fait est incontestable, d’après l’auteur.
De là résultent: 1° l'inclinaison réelle du corps vers le pòle ,
positif; 2 # l’inclinaison apparente (pour le sujet) vers Ie póle
négatif, à cause du sentiment de faible effort éprouvé par cons-
traste du cóté dont l’innervation n’est pas augmentée. 11 suffit
de se i’appeler aussi la valeur des sensations de pression. de
tension, de glissement de la peau, des muscles, des tendons
et des surfaces articulaires.
Dans la deuxième partie, le rapporteur prouve, par d’ingé-
nieuses expériences (sujet flxé ou reposant sur table, tète libre
ou iramobilisée), que Iesens de la position du corps, et de la po-
sition relative des membres est plus affiné que celui de la posi-
tion de la téte par ràpport à la verticale. Or le prétendu « se/is»
des canaux semi-circulaires ne saurait nous renseigner que
sur la position de la téte.
La signification des tropismes en psychologie,
par Jacques Lceb, rapporteur, professeur à l’Université de
Californie, Berkeley. — M. J. Loeb, exámine la question desrap-
ports des phénoraènes psychiques avec les phénomènes soma-
tiques. 11 ne doute pas.que l’analyse de l’état physico-chimique
des animaux ne soit dela plus grande importance pour conce-
voir les raisons de leur comportement. II fait allusion à ses
nombreux travaux, déjà anciens, sur ce sujet.
C’est ainsi qu’il prend pour exemple le tropisme lumineuxde
certains étre vivants, et il essaie d’en démontrer les lois. II ne
voit dans ces phénomènes que deux facteurs: l’un c’est la struc-
ture symétrique de l’animal, l’autre c’est l’action physico-chi-
mique de la lumière. On sait que d’après sa théorie, l’animal
excité davantage d’un cóté du corps est ainsi mécaniquemeni
amené à se mouvoir davantage de ce cóté, et qu’ainsi il parait
se tourner volontairement vers la source lumineuse. L’auteur
cite les principales raisons qui le poussent à partager cette opi-
nion, en particulier, les compositions de forces obtenues Iors-
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qu’un excitant agit des deux cótés, elc... II parle en terminant,
non sans quelque ironie, des auteurs qui veulent voir une intel-
ligence dans les plantes, ou méme dans les molécules et les
ions.
Enfin, il raontre les conséquences que pourrait avoir pour la
psychiatrie comme pour la morale, la thóorie des tropisnies, ou
plutót, la théorie du déterminisme physico-chimique des actions
humaines.
Les tropismes. — Dans son rapport d’un esprit particuliè-
rementclair et lucide, M. Jennings donne d’abord la définition
du tropisme: «c’est l’ensemble des réactions par lesquelles un
organisme pose et maintient son orientation définitive, place
l’axe de son corps dans une position fixe, par rapport à une
source extérieure d’excitation ». II reproche aux modernes
« théories des tropismes » d’avoir appliqué ce concept sans rai- *
son sufflsante à certain « compoi’tement » d’animaux inférieurs
d’avoirbasé uniíormément l’explication sur certains processus
trop simples; d’avoir basé exclusivement sur le tropisme ainsi
uniformément expliqué Pinterprétation de tous les actes decer-
tains animaux inférieurs, ou d’avoir sureslimé la part du tro-
pisme dans le comportement de ces organismes.
11 discute avec beaucoup de justesse et de finesse divers
exemples classiques rangés sous ces principales causes d’er-
reur, et conclut que le tropisme, phénomène d’orientation, ne
saurait trouver une explication univoque ici simple, là com-
plexe, ici purement musculaire, là nécessitant des actions plus
délicates; le tropisme varie comme varie l’organisme qui le pré-
sente. Ainsi, par une dólicate et logique discussion, Jennings
nous met surtout en garde contre les généralisations rapides,
qui, partant d’un fait observé étendent une théorie à tous les
autres faits possibles.
Les tropismes, par Georges Bohn. — Le rapporteur
confirme sa conception des tropismes, d’après J. Loeb. Tel que
le con<;oit M. Bohn, le tropisme n’a plus rien que l’on puisse
qualifier de psychologique. C’est une simple réaction de symé-
trie par son rapport aux excitants du milieu extérieur. « Con-
sidérons... le corps d’un ver annelé, enmouvement; à droite et
à gauche du plan de symétrie les mémes mouvements, parfois
très coraplexes, sont exécutés; si la lumière frappe le cótó
droit plutót que le cóté gauche, ces mouvements se feront plus
viteà droite ou à gauche fsuivant l’étatchimique de la matière
vivante), et ce contraste purement quantitatif entre les deux
moitiés du corps forcera «l’animal à marcher suivant uneligne
courbe. C’est là le « phototropisme des zoologistes ». Ces tro-
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pismes sont, d’api’ès M. Bohn, tout-à-fait comparables au tio-
pisme des botanistes.
Un des premiers critères des tropismes est le suivant: un
animal présente un tropisme, quand soumis, à plusieurssources
d’excitation, il ne se laisse pas attirer par l’une ou par l'aulre,
mais se meut de fa?on à se rapprocher progressivement de la
position pour laquelle les deux cótés de son corps éprouvent
une égale excitatioude la part de l’action combinée des diverses
sources stimulatrices.
D’autre part, un animal qui présente un tropisme, décrit un
mouvementde manège après que l’on a détruit la symétrie des
organes de réception.
M. Bobn fixeensuite la différence qui existeentre Ielropisme
et la sensibilité diffèrentielle. Dans le tropisme, la force
agissante reste constante; dans la sensibilité différentielle,
l’animal reagit à une variation de la force agissante.
11 ne trouve pas que la variabilité des tropismes soit un argu-
ment valable contre sa théorie, cette variabilité étant très
explicable par la variabilité des états chimiques de la matière
vivante.
Parti de ce point, l’auteur s’élèveàdes considérations très gé-
nérales auxquelles se rattachera la discussion qui va suivre. 11
i*evendique la conception déterministe : « II est bien évident
que tout, dans l’activité d’un animal, se ramène à un enchatne-
ment strictement déterminé de processus physico-chimiques ».
11 dégage deux grandes tendances actuelles en psycholpgie ani-
male, l’une cherchant à analyser le déterminisme des mouve-
ments des animaux, l’autre « classant lesactesdes animauxinfó-
rieurs sous des dénominations aussi vagues et aussi spiritualis-
tes que celles de « psychique», de « volontaire ». De méme,
M. Bohn n’admet pas que les tropismes soient bien adaptés. lls
peuvent l’étre accidentellement, mais ne le sont pas forcé-
ment. Dire le contraire, c’esttomber dans l’erreur des flna-
listes. D’ailleurs les manifestations de la « mémoire associa-
tive » viennent contre-balancer, dans beaucoup de cas, les fu-
nestes effets de certains tropismes.
M. Bohn termine en rappelant les travaux de M lle Anna
Drzewina au sujet de la sensibilité différentielle. La sensibilitó
différentielle est la grande cause perturbatrice des tropismes.
L’auteur insiste, en finissant, sur l’imperfection de ces réac-
tions inférieures. « Je crois fermement, dit-il, que les idées
finalistes doivent s’appliquer ici encore moins qu’ailleurs.»
En l’absence de M. Jennings qui se montre dans son rapport
le principal contradicteur de Loeb, et de Sir Darwin qui
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n’avait pu venir exposer la conception des Iropismes végélaux
qu’il juge extrémement compiexe, M. Piéron futchargéde
combattre, sur certains points, la conception des tropismes
exposés dans les rapports de MM. LcEBet Bohn.
Après avoir rendu hommage aux beaux travaux du physio-
logiste de Berkeley, dont l'audace novatrice vivifle les recher-
ches qui tendent à fournir de tous les phénoraènes biologiques,
y compris les phénomènes mentaux, une explication physico-
chiraique, il s’est élevé contre l’assertion prophétique de
M. Bohn que la conception nouvelle des tropismes devait mar-
quer la fln de la théoriedes facultés et l’entrée dela psychologie
dans une voie nouvelle:
11 y a déjà longtemps que les recherclies expérimentales ont
fait de la psychologie une science biologique, et si l’explication
physico-chimique des phénomènes n’est pas atteinte, cela n’óte
.rien à la valeur des lois qui ont déjà été établies, pas plus qu’à
celle des lois physiologiques, que les vitalistes — comme les
animistes dans le domaine mental — persistent à tort à croire
irréduclibles.
Et, de ce qu’il est très souhaitable qu’on arrive dès mainte-
nant à des explications d’ordre physico chimique, il ne faut pas
trop précipitamment considérercomme déflnitives lespremières
qui sont proposées.
En ce qui concerne les tropismes, la définition de M. Loeb est
extrèmement précise, mais elle est singulièrement étroite. Elle
élimine les cas de galvanotropisme où, d’après certaines recher-
ches, un animal pourrait ètre déplacé de facon entièrement
passive par le courant électrique; elle élimine surtout toutes
les orientations des animaux vis-à-vis de facteurs ne possédant
pas une aclion énergétique importante; on ne pourra plus par-
ler en botanique des stéréotx*opismes, des hydrotropismes, etc.,
il ne persistera plus guère que le phototropisme et peut-étre le
géotropisme. Et là méme. on devra renoncer à l’appellation de
tropisme toutes les fois que l’animal ne se montrera pas soumis
à la loi du parallólograrame des forces. C’est ainsi que quand un
papillon, en pi'ésence »le deux globes électriques, se dirige vers
l’un d’eux et non enlre les deux, il n’obéit pas à un tropisme,
il n’est pas phototropique. En réalité, on ì'éduit considérable-
ment la part des tropismes, qui risquent de s’évanouir, d’autant
qu’ils sont modiflés par la sensibilité différentielle (réaction de
nature différente provoquée par une variation d’inlensité de
l’excitaut) et que cette sensibilité différentielle doit nécessaire-
ment intervenir dès que l’animal se déplace par rappoi't à une
source d’excitation.
Et, quant à la question du mécanisme, l’idée que l’énergie
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phj r sique extérieure reurorce directement l’énergie motrice d'un
cóté du corps sans qu’intervienne le système nerveux, con?u
par Lceb comme un accumulateur de l’énergie propre de l'ani-
mal, cette idée ne repose à l’heure actuelle sur aucune base
physiologique; l’énergie phj'sique paralt servir uniquementà
déclancher les énergies accumulées dans les organismes. Aussi
est-il très douteux que l’animal soit, aussi complètement que le
veut Loeb, dans les tropismes, le jouetpassif desforcesextérieu-
res. En réalité, lorsque l’animal Soumis à une force nouvelle
présente un tropisme, ce tropisme peut élre nuisible, mais alors
il ne dure pas, car l’animal s’adapte, ce qui estnió par M. Lceb
et admis, d’après ses travaux mémes, parM. Bohn quil’explique
alors par intervention d'un phénomène de mémoire associative,
au lieu d'admettre une adaptation du pseudo-tropisme, liypo-
thèse plus simple.
Enflu ta sensibilité différentielle qui est surajoutée au tropisme
et est très commode pour expliquer tous les cas où la théorie
ortliodoxe du tropisme est en défaut, cetle sensibilité différen-
tielle parait impliquer un mécanisme beaucoup plus complexe,
et en tout cas on ne l’interprète pas par une réaction physico-
chimique bien dófinie.
Le tropisme est un pliénomène physico-chimique, soit, mais
est-il si simpte qu’on nous le présente, c’est ce qui est bien dou-
teux, car chez les végétaux ou le mécanisme paraissait très
simple, on reconnait aujourd’hui la complexilé énorme des
faits. Et, dès lors, assimiler les tropismes animaux aux tropismes
végétaux comme l’a fait Loeb dans une conception hardie
que M. Bolin assimile aux conceptions géniales de Galilée, — ce
qui est un compliment un peu lourd pour I.oeb, — ce n’estpas
par là méme simplifier les premiers.
L’Orlentation lointaine. — M. Thauziès, rapporteur,
contróle par l’expérience les diverses hypothèses émises sur la
faculté d’orientalion des pigeons voyageurs :
l r * hypothèse : cette orientation serait basée sur la vue etsur
la mémoire (système des points de repère.)
2* hypothèse : ìe pigeon a le sens des attitudes, et, par une
sorte de triangulation successive, se reud compte de sa posilion
pendant te transport.
3 e liypothèse : it possède un sens spécial, celui de Ia direc-
tion.
Enfin, t'on peut admettre chez lui un sens magnétique qui le
renseigne.
C’est à ce dernier parti que se rauge M. Thauziès. Les argu-
(Voir la suite après le Bullelin bibliographique mensueU
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ments sont fort séduisants et établis sur de sérieuses expé-
riences:
D’abord, une remarque curieuse : aux alentours de leur
pigeonnier, les pigeons ne volent jamais vers l’ouest-sud ouest.
Un pigeon entraìné à faire des voyages nord-sud de 50, 100,
200, 300 kilomètres, retrouvera son pigeonnier après un lácher
eftectué à 300 kiloraètres au sud, direction inconnue pour lui,
(insuffisance de la l r « hypotlièse.)
Le pigeon explore souvent diverses directions avant de partir;
il ne suit que rarement le chemin inverse de celui qu’on lui a
fait prendre; il dort pendant le voyage (insuftisance de la 2*
bypothèse.)
II est souvent désoiienlé et obligé de tátonner pour retrouver
son chemin (insufftsance de la 3° hypothèse.)
11 est surtout désorienté par les temps orageux, méme si le
ciel est très pur (orages magnétiques); il né s’éloigne jamais de
la surface ; son sens de la direction doit étre éduqué. M. Thau-
ziès en conclut que l’explication la plus vraisemblable est celle
qui préte au pigeon un sens magnétique, aidé par un certain
facteur intellectuel.
En connexion avec ce rapport, dont les conclusions furent
combattues par lettre par MM. Pierre Bonnier et Hachet-Sou-
plet, absents du Congrès, eutlieu une intéressante expérience
de lácher de pigeons de Gannat, Guéret et Versailles, qui
n’avaient jamais encore traversé le Jura ; les résultats coraplets
de cette expérience apporteront peut-étre plus de données pour
la solution du problème que la discussion, qui ne met en lumière
rien de nouveau.
Une méthode d’investigation des phónomènes
psycho physiologiques. — M. le D r Sydney Alrutz, d’Up-
sal, donne dans son rapport des faits que l’on ne saurait admet-
tre sans la plus grande réserve, malgré i’autorité et la bonne foi
incontestées de l’auteur.
II ne s’agit, en effet, de rien moins que de mettre en lumière
l’existence d’une force inconnue se dégageant, dans certaines
conditions, du corps humain, et dans laquelle M. Alrutz voit
une raanifestation de l’énergie nerveuse (?). Une planche de bois
repose par une entaille, au tiers de sa longueur, sur le tran-
chant d’un couteau de bois. A rextrémiió de son plus long
bras, cette planche ou sorte de levier est attachée par un fil à une
balance et se trouve ainsi à peu près horizontale. En placant là
main sur le bras le plus court, on no peut, par des mouvements
musculaires, effectuer autre chose qu’un abaissement de ce bras.
Or, certains sujets, par un eftort de volonté, amèneraient son
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élévation et l’abaissement consécutif du bras opposé, entrainant
le plateau de la balance.
Un phj'sicien, M. Tommasina, suggéra un dispositif propre à
semettre tout à fait à I'abri des causes d’erreur, et il n’y a plus
qu’à attendre que d’autres chercheurs essaientcette intéressante
méthode.
La question de l’étalonnage des couleurs avait suscité
des rapports techniques de MM. Nagel, proíesseur de physio-
logie à Rostock, Asher, professeur de physiologie à Berne, et
Thiéky, professeur de psychologie à Louvain, une note de
M. Valette, chefde laboratoire de la manufacture des Gobelins.
M. Thiéry a présenté une série de tableaux faits par lui-
méme, suivant une conception générale très juste, beaucoup plus
exacte que celle qui présida à la classification de Chevreul.
II coramenca par établir empiriquement le nombre de couleurs
qui étaient distinguées dans le spectre, et obtint une moyenne
de 160.
A partir de chacune d’elles, représentée par un pigment sus-
ceptible de donner la couleur par peinture à l’huile, il réalisa
100 clartés différentes par addition de blanc (50) ou de noir(50i,
donnant toutes les teintes foncées et claires.
En outre, en mélangeant la couleur avec un gris de méme
clarté, il obtint, pour chaque couleur, une série de désatura-
tions, de couleurs moins saturées, à égalité de clarté, ce qui est
un point capital. A partir de chaque saturation, I’addition de
blanc et de noir donne les 100 clartés différentes. On a donc,
pour ces 160 couleurs, une série de désaturations ayant toutes
100 clartés.
En pla^ant la couleur type à gauche et au milieu d’une plan-
che, on aura, sur la ligne médiane, se dirigeant par la droite,
une série continue de désaturations conduisant au gris pur, la
clarté de la ligne étant la méme. De chacune des saturations de
cette ligne on passe en haut aux teintes claires, progressive-
meDt jusqu’au blanc pur, et en bas aux teintes foncées jusqu’au
noir, sans changer la saturation dans la ligne verticale.
II y a là un important appoint pour l’étalonnage des couleurs
dont la solution a été conflée à une commission composée de
MM. Asher, Nagel, Tliiéry, Larguier des Bancels, professeur à
l’université de Lausanne, et Yerkes, professeur à Columbia
University, commission qui devra s’annexer un chimiste.
Emploi d’un système de symboles et de signes en
psychologie, par Jules Courtier, chef de laboratoireà l'é-
cole des liautes études deParis. — M. Jules Courtier, rappor-
teur, présente une méthode de notation psycliologique basée
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VI' CONGRÈS INTERNATIONAL DE PSYCHOLOGIE
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surl'emploi des symboles etdes signes. 11 espère donner ainsi
plus de précision et de rapidité à la langue des psychologues.
Ce parti-pris est poussé tiès loin etc’est unevéritable algèbre
que M. Courtier nous propose de parler. Mais ce serait sans
doute une algèbre sans précision. Avant de s'occuper d'une
tentative aussi difflcile (est-elle d’ailleurs bien désirable ?)
il faudrait d’abord flxer la signiflcation des termes psycholo-
giques. Tel est l'objet, plusactuel.de certaius autres rapports.
Etablir unlangage psychologique dont les termes aient une
valeur universellement reconnue, c’est un des eflforts les plus
sérieux quel’on puisse faire pourdouner une valeur véritable-
ment scientifique à la psychologie. Aussi psychologues et alié-
nistes peuvent-ils s'intéresser aux tendances que le Congrès a
manifestées dans ce sens.
I. Rapport sur la Terminologie psychologique. —
M. Claparède, rapporteur, s’attache à flxer les Desiderata et
les Principes d’une bonne terminologie psychologique. Les
DesideiUxta comprennent le recueil, la fixation et la consécra-
tion des termes employés par certains auteurs, lorsqu’ils sont
reconnus d'utilité commune, sans que l’on soit obligé, chaque
fois, d’en rópéter la définition. Dans les exemples cités par l’au-
teur, relevons la Wiederholungs methode. Méthode de répé-
tition de Kraepelin. II serait aussi désirable que lorsqueplu-
sieurs termes diflférents ont été proposés pour un méme objet,
l’òn choisisse un seul de ces divers termes. De méme il fau-
drait fixer un seul senspour chaque terme particulier. Le mot
« psychique » est d’une acception bien peu déflnie. Le mot an-
glais k Feeling » a une foule de signiflcations. La quatrième
nécessité est d’établir des équivalences entre les termes consa-
crés de diverses langues. Lorsqu’un terme est consacré dans
une langue, et non dans une autre, il faudrait enchercher et en
établir d’une manière ferme l’équivalent dans cet idiome. L’au-
teur propose quelques termes satisfaisant à ces postulats. II
s’occupe aussi de la cróation de termes nouveaux, lorsque nulle
désignation connue n’est sufflsante. Le mot de Diamnèze,
créé, comme exemple, pour désigner la persistance de la mó-
moire à travers des états divers de la conscience, est d’ailleurs
parfaitement formé et rentrera sans doute dès à présent dans la
terminologie psychologique.
Enfln le rapporteur demande la création de symboles inter-
nationaux pour les notions d’usage fréquent.
Les Principes qui doivent guider les chercheurs dans un
travail de ce genre sont assez difflciles à déterminer. Voici ceux
que l’auteur considère comme essentieis :
1° Pour un méme objet, l’on doit avoir autant que possible un
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REVUE DE PSYCHIATRIE
terrae identique dans les diverses langues (racines gréco-
latines.)
2°A défaut d’un terme identique, tenter d’avoir dans les ter
mes d’une langue, et pour les mémes objets, la traduction lit
térale des termes de toutes les autres. Schwelle et Seuil se cor-
respondent ainsi bien exactement.
3° Utiliser les mots usités. Eviter Ies néologismes.
4° Avoir pour chaque objet, ou concept, une dénomination
spéciale.
5® Se conformer aux règles qui président à la création des
termes analogues à celui que l’on veut produire.
6° Eviter les termes du langage courant, dont le sens est trop
iraprécis.
7° Commencer le travail par les termes les plus objectifs. •
En réalité, comme le dit l’auteur, l’application de cesprinci-
pes est très difficile, et l’on se trouve souvent embarrassé dans
des contradictions que l’on ne peut éviter. II termine en propo-
santau Congrès la nomination d’unecommissioninternationale
comprenant une quinzaine ou une vingtaine de membres, qui
aurait pour mission de préparer un avant-projet de nomencla-
ture, avec équivalences dans les quatre langues de nos Congrès,
en ajoutant peut-étre l’esperanto.
De ce travail discuté pourrait sortir un projet déflnitif de no-
menclatùre, qui serait alors soumis à l’un des plus prochains
Congrès, où il pourrait ètre accepté et devenir la base d’une
terminologie offlcielle.
M. Claparède donne ensuite aux membres duCongrès un
exemple de ce que l’on pourrait faire dans ce sens, en leur
fournissant les premiers linéaments d’un projet de nomencla-
ture. Dans ce travail, qui ne peut étre à vrai dire résumé, l’au-
teur applique la móthode et les principes qu’il vient de fixer
avec un rare bonheur, et en employant toute la rigoureuse
précision que ses travaux nous ont depuis longtemps fait re-
marquer. Selon les idées qu’il vient d’exprimer, ce sont avant
tout les termes de la méthodologie générale et de I’outillage de
recherches que l’auteur essaie de fixer. L’on ne peut qu’espérer
de féconds résultats de cet intéressant effort.
A la suite des rapports de MM. Claparède, Baldwin et
Courtibr, une discussion assez longue sur les moyens pratiques
de réaliser l’unification terminologique s’engagea, à laquelle
prirent part, outre les rapporteurs, MM. Yourievitch, d’Ar-
sonval, Herbette, qui proposaient de fixer à Paris, à l’Institut
psychologique, le siège de la commission internationale que l’on
devait nommer, MM. d’Ors, Simarro, Caballero, qui récla-
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VI* CONGRÈS INTERNATIONAL DE PSYCHOLOGIE
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maient pour la iangueespagnole une représentation offlcielle au
sein de la commission, MM. Ferrari, Piéron, etc.
Les décisions prises furent lés suivantes : On décida d'ajour-
ner toute discussion sur le système des symboles proposés par
M. Courtier pour désigner des phénomènes psychologiques ; et
l’on chargea MM. Claparède pour la langne fransaise, Baldwin
pour l’anglaise, Ferrari pour l’italienne, et Lipmann pour l’al-
leraande, d’éludier la question d’uniflcation terminologique pour
le langage technique de la psychologie expérimentale, sans se
préoccuper des mots très généraux sur la déflnition desquels ii
est difflcile de s’entendre, et d’apporter au prochain Congrès
un avant-projet qui servirait de base aux travaux d’une com-
mission internationale múnie de pouvoirs que ce Congrès sera
chargé de nommer. En outre cette commission préparatoire fut
invitée à se mettre en rapport avec des savants ou des collecti-
vités scientiflques des divers pays et à s’adjoindre des membres
représentant le plus grand nombre de laugues possibles, y
compris Ia langue auxiliaireinternationale, l’esperanto.
Plusieurs intéressantes communications ont été faites au
Congrès; citons celles de M. Yung, mettant en évidence un
« sens de l’humide » chez l’escargot; de M. Max Meyer,
qui a déflnitivement démontré l’existence de l’audition chez
certains poissons ; de M . Michotte, qui a présenté un
excellent tachistocope à comparaison ; de M. Favrb,
sur un plan de psychologie animale; de M. d’ORS, surla
formulebiologique de la logique; de M. Ladame, ancien
médecin de I'asilede Bel-Air, sur la psychopathologiereli*
gieuse ; de M . Yerkes, sur les méthodes scientifiques
de la psychologie animale ; de M. Pikler, sur la décom-
position de la conscience en ses éléments purement
objectifs, où il prit vivement à partie M. Dessoir ; de M. De
Saussure, surl’unification de la terminologie scienti-
fique, plaidoyer en faveur de l’espéranto ; la nouvelle
móthode d’interpolation pour les phénomènes don-
nés par l’expérience, par M. Vilfredo Pareto ; le pro-
blème de l'interpolation et l’énergétique psycho-
physiologique, par M. Charles Henry ; la note sur le cri-
térium d’une classification d’anormaux, par M. Per-
sigout ; lesméthodes expórimentales declassification
scolaire des anormaux, par M. Schuyten ; la note sur
une classification gónérale des couleurs, par M. Va-
lette, dont les lecteurs de la Revue de Psychiatrie pourront
connaitre les opinions sur ce point en se reportant à une
analyse récemment parue, etc...
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610 REVUE DE PSYCHIATRIE
Dans l’intéressante exposition annexée au Congrès et à
laquelle parlicipèrent les constructeurs Tainturier et Bou-
litte, de Paris, Joos, de Francfort, Peyer et Favarger
qui ont la spécialité des chronoscopes de IIipp, à Neuchàtel,
Schcerer, deBerne, Spindler et HoYER.de Gottingen.etZiM-
mermann de Leipzig, ainsi que plusieurs éditeurs, on remar-
quait des dessins d’enfants qui provenaient d’une enquèle
entreprise par M. Claparéde, et tous les petits objets si ingé-
♦ nieux qui servent à M. Decroly et à Mlle Degand, pour l’édu-
cation des anormaux.
Telie a été, dans ses grandes lignes, trop brièvemeDt résumée
ici, l’oeuvre de co Congrès, qui compta plus de 600 membres.
La désignation d'une commission pour préparer l'unification du
langage psychologique, les voeux émis par les congressistes
pour la codification des couleurs, les solutions obtenues déjàsur
certains points ; enfin la remarquable série de travaux susci-
tés, voilà le faisceau de résultats qu’a apporté la réunion de
cette année.
Le prochain Congrès, auquel, d’après le voeu émis dans la
séance de clóture, on devra mettre à l’ordre du jour la psycho-
logie expérimentale des phénoraènes intellectuels, qui a été
l’objet de très remarquables travaux en Allemagne, se tiendra
en aoùt 1913, aux Etats-Unis, à New-York ou à Boston, sous la
présidence de M. Baldwin, avec MM. Titchener et Cattell
corame vice-présidents, et, sur le refus de M. Sanford, avec
M. Wation, comme secrétaire général.
NOUYELLES
Personnel des aslles. — Moucement du mois de Septembre 1909 . —
M. le D' Lalanne, médecin en chef de Tasile de Maréville, est promu
à la 2° classe.
M. le D r Chocreaux, médecin en chef de l'asile dc Lommelet, est
promu à la l re classe.
M. le D r Toy, médecin en chef de l’asile d'Aix, est promu à la 2*
classe.
M. le D r Charpentier (Albert), médecin adjoint de l'asile de Saint-
Gemmes, est nommé, en la mème qualité, à celui de Prémontró.
M. le D r Froissart, médecin adjoint à l'asile de Prémontré, est
nommó, en la méme qualitó, à celui de Pierrefeu.
M. le D r aubin, directeur administratif del’asile de Marseille, est
promu à la 2 e classe.
Le gérant : A. Coueslant.
PARIS & CAIIORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT. — 12. 446
Goi igle
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
6* Sórie. 13* Année. Tome XIII.
NOVEMBRE 1909 - NMl
REYUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue critlque. — Les ihéories psycho-physiologiques du langage
dqns Vaphasie et Valiénation mentale , par M. Brissot, interne des
Asilesde la Seine. Gll
Faits et opinions. — Autopsie de deux cas de chorée chronique avec
troubles mentaux à la periode démentielle, par H. Dàmàye, médecin-
adjoint à i’asile de Bailleul. G21
Revue des livres. — Les maladies mehtales dans Varmée fran$ai*e ,
par AntheàUME et Mignot. (L. Màrchànd). — Des modifications à
apporter à la législation franqaize sur ies alicnés, par le D r Cossà
(M. Mignard) . 630
Revue des Périodlques Franqais. — Revue Philosophique (Sep-
tembre 1909) ; Progrés Médical (Aoút 1909) ; Revue de Médecine (Dà*
cembre 1909). (M. Mignàrd) . G39
Revue des Périodiques Etrangers. — Psychiatrie : Revue men -
suelle de la presse médicale italienne (1909, 1) ; Finska làkursàll
Hundl Helsingfors (1909) : Méd. Klinik (1909, n° 2, 6) ; Berl. Klin .
Wuchenschi 1909, 685-688) ; Revista di especialidades medicus (décem-
bre 1908) (L. Delmàs)... 640
Psychologie : Rivista di Psicologia applicata (H. Piéron). 643
Nouvelles. — Personnel des asiles laboratoires. 648
Revue des Soclétés Frangaises. —\ Société médico-paychologique
(Lundi 25 octobre) A. Delmàs .. 649
Sociéié clinique de médecine mentale (15 novembre 1909). 650
Revue des Soclótés Etrangòres. — Société de neurologie et de
psychiatrie de Berlin (Janvier 1909) ; Société des sciences naturellcs et
mèdicales d'íèna (Janvier 1909). Léon Delmàs . ' 653
Bulletin blbllográphique mensuel... xli
REVU E CRIT IQUE
LES THÉORIES PSYCHO-PHYSIOLOCtIQUES DU LANGAGE
DANS L’APHASIE ET L’ALIÉNATION MENTALE
(Etude historique et critique)
Par M. Maurice Brissot
Interne des Asiles de la Seine
L es efforts de certains neuropathologistes tendent, depuis
quelques années, à préciser les relations qui existent entre
l’aphasie et la démence.
Dans ce but, de nombreuses théories ont été proposées: nous
neles exposerons pas. Nous nous contenterons seulement, avant
d’aborder notre étude, de définir exactement ce qu’on entend
par « démence » et de pénétrer le mécanisme psycho-patholo-
gique, qui présideà la production do ces différents troubles.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
La démence est pour Dupré « un ajff’aiblissement psychique
général» et cet auteur ajoute : « les deux syndromesdémence
« et aphasie, qui peuvent exister séparément ou ensemble chez
« le méme malade, sont deux déjlcits intellectuels, mais tan-
« dis que le premier porte sur les opérations de l'esprit en
« général (mémoire, association d’idées, jugement, réactions
« affectives ou volontaires, conduite), le second n'intéresse
« que les processus du symbolisme verbal, en comproraet-
« tant I'existence ou le jeu des matériaux mnémoniques de ce
« symbolisme, c’est-à-dire les images motrices ou sensorielles
« du langage >>
Dupré fait donc une distinction capitale entre l’idée et le
mot; voyons ce que représentent ces deux termes.
« Lorsque nous nous abandonnons au cours de nos ré-
« flexions, écrit Déjerine, lorsque, en d’autres termes, nous
« faisons acte de penser, nous pouvons le faire de deux maniè-
« res très différentes : ou bien nous pensons avec des images
« d’objets, ou bien nous pensons avec des images de mots, et
« dans ce dernier cas, nous causons avec nous-rcémes, c’est-
« à direquenous pensons à l’aide de notre langage intérieur.
« Les troiscentresd’imagesdu langage — audilives, motriceset
« visuelles — entrent en jeu dans l’élaboration, dans le fonction-
« nement de notre langage intérieur, mais à un degré plus ou
« moins prépondérant, suivant qu’il s’agit de tel ou tel centre
« d’images 1 2 . »
Nous connaissons les idées de Déjerine sur le mécanisme de
la pensée verbale ; pour cet auteur, nous sommes tous auditi-
vo-moteurs, c’est-à-dire que notre langage intérieur a besoin,
pour s’effectuer, des images auditives et motrices, et « c’est
« l’unionintime de ces deux espèces d’images, qui constitue ce
« que l’on appelle la notion du mot 3 ». Quant aux images vi-
suelles, elles ne jouent qu’un róle assez effacé.
C. Barbian, Charcot, Ballet, ont admis avant Déjerine, que
chacun de nous mettait plus spécialement en jeu une variété
d’images ; c’est ainsi qu’ils divisent et groupent les individus en
auditifs, visuels, moteurs d’articulation et moteurs graphiques.
Déjerine nie l’exactitude d’une semblable doctrine, et prétend
que les faits cliniques sont en contradiction absolue avec cette
thóorie de la prédominance de tel ou tel centre du langage chez
les individus ; si, en effet, l’opiuion précédente était à l’abri de
toute critique, les sujets frappés d’aphasie présenteraient des
1 E. Dupré. Revue policlinique des démences . Bulletin médical 1907, 11-1*»
119-122.
2 Dkjerine. Pathologie géncrale de Bouchard, Semciologie t t. V, p. 425.
;í Déjerine, Ìoco cilalo .
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LES THÉOfUES PSYCHO-PHYSIOLOGIQUES DU LANGAGE
613
symptòmes particuliers, suivant qu'ils rentreraient dans la
calégorie des auditifs, des visuels ou des moteurs. C’est ainsi
qu’un de ces derniers pourrait supporter-, sans trop de troubles,
unelésion de la zone de Wernicke, et qu’un auditif ou un vi-
suel souffrirait peu d'une atteinte du centre de Broca. Le dia-
gnostic de l’aphasie serait donc, dans ces conditions, des plus
malaisés et des plus incertains, par suite des compensations
qui ne tarderaient pas à s’établir entre les différents groupes
d’images verbales. Or la Clinique déraent cette théorie et nous
apprend que la Semeiologie de l’aphasie est « une », et que les
mèmes lésions engendrent constamment les mémes troubles.
Si le langage intérieur, manifestation toute secrète de notre
pensóe, n’est possible qu’à l’aide des images de mots, nous al-
lons nousrendre compte, que l’acquisition d'un certain norabre
d’idées peut se faire sans le secours des images verbales. Mais
avant d’aller plus loin, il est indispensable, à notrei avis, de
connattre les rapports exacts qui unissent l’idée au mot, sym-
bole de cette idée.
« 11 est un fait psychologique généralement adrais aujour-
« d’hui, écrit Seglas dans ses le?ons cliniques : c’est que le mot
« n’est qu’un auxiliaire de l’idée ; autrement dit, l’idée peut
« exister sans le mot qui la représente et se forme d'habitude
« avant lui et sans lui '. »
Rappelons-nous corament se forme une idée ; prenons par
exemple l’idée d’une cloche.
Une cloche résonne à notre oreille ; les vibrations sont trans-
mises au centre auditif commun, dont les cellules se différen-
cient et nous donnent l’image auditive de l’objet. Mais cette
image auditive seule, ne peut suffire à éveiller dans notre es-
prit l’idée de la cloclie ; il íaut que d’autres iraages sensorielles,
l’image v-isuelle, donnant la forme, lacoule.ur de l’objet, l’image
tactile, révélant ses contours, s’associent à elle. « L’idóe d’un
« objet résulte donc de l’association de différentes images, pro-
« duites par des irapressions sensorielles diverses, localisées
« dans les centres perceptifs communs.
« Mais, entout cas, cette idée peut se constituer indépendam-
« ment du langage. Nous en avons la meilleure preuve chez
« l’enfant.
« Souvent celui-ci, bien que ne parlant pas encore, manifeste
« par des gestes, par des cris, le désir qu’il a d'un objet bien
« déterminé dans son esprit. En vain lui en présente t-ond’au-
« tres, il se dótourne, crie plus fort, s’agite, pleure, jusqu’à ce
« que l’on arrive à comprendre ce qu’il veut. Au contraire, en
1 Seglas. Le^ons sur les maludies mentales et ncrveuses, p. 33.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
« lui donnant l’objet convoité, on voit, à sa satisfaction, qu'il a
« obtenu ce qu’il désirait! Cet enfant avait donc bien l’idée d’un
« objet déterminó avant de savoir parler *. »
Plus tard se dóveloppe en lui une nouvelle fonction, la fonc-
tion du langage, et c’est alors au moyen des mots qu’il traduit
ses idées. Les différents concepts élaborés dans son esprit étant
devenus insufflsants, à eux seuls, peur qu'il puisse entretenir
un commerce utile et agréable avec ses semblables, c’est à l’aide
des diftérentes images, audilives, visuelles, motrices d’articula-
tion et motrices graphiques du mot, que l’enfant communique
désormais ses pensées. D’où Seglas en conclut:
« Que l’idée se forme avant et sans le mot; elle en est indé-
« pendante et le mot n’est que son auxiliaire ;
« Que le mot, comme l’idée, n’est qu’un complexus d'images
« mentales.
« Que les différentes images du mot sont associées ensem-
« ble et à celles de I’idée et que, par §uite, elles peuvent toutes
« se réveiller l’une l’autre 1 2 ».
Le fait suivant a été judicieusement mis en luraière par Déje-
rine: lorsque nous pensons d’une manière abstraite, dit cet
auteur, nous ne pensons pas avec des images de mots, mais
bien avec des images d’objets. Et c’est ici seulement que les in-
dividus peuvent étre groupés en visuels, auditifs, gustatifs, ol-
factifs selou qiie les mémoires partielles enlrent en jeu, d’une
facon plus ou moins prépondérante, chez ces individus. Tel pein-
tre, par exemple, reproduira par le dessin, très facilement et
avec la plus grande exactitude, diverses représentations de
choses ou d’objets, une seule fois perfues. Mais en cette occu-
rence, il nepeut étre question delangage intérieur; celui-ci ne
fonctionne qu’à l’aide des images verbales {et c’est sa conditíon
indispensable), tandis que l’exercice de Ia pensée supposeseu-
lement l’intégrité des fonctions psychiques supérieures.
Et c’est pour n’avoir pas établi cette distinction capitale entre
le mot et le concept, que Moutier, dans une thèse documentée
surl’aphasie de Broca, commet une erreur, en confondant
I’idée avec son expression verbale.
« L’on aflni par découvrir au langage intérieur, dit-il, trois
« manières d’étre, par mots, par images de mots, par idées pu-
« res 3 . »
II n’est pas besoin de réfléchir longuement, pour constater
qu’un langage intérieur, dont la raison d’étre se trouve
1 Seglas. Loco citato, p. 33-34.
2 Seglas. Loco citatá' p. 35.
3 F. Moutier. L’aphasie dc Broca. Thèse de Paris, 1908, p. 237.
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LES THÉORIES PSYCHO PHYSIOLOGIQUES DU LANGAGE 615
dans des idées pures est une réalité inconcevable ; en efíet, selon
l'expression de Darmesteter, l’idée peut exister sans mots, mais
elle reste à l’état subjectif. Lorsque notre cerveau se livre à une *
opération intellectuelle quelconque, nous pouvons, s’il s’agit
d’un jugement, par exemple, le porter, soit d’une manière abs-
traite, soit l’exprimer en nous-mémes et d’une manière plus
concrète à l’aide du langage intórieur, soit enfln Ie manifester
publiquement au moyen de la parole. G’est à nos yeux un non-
sens, de dire que la pensée verbale diflère essentiellement dans
son mécanisme ; lorsqu’une idée, se présentant à notre esprit,
apparalt dans le champ de la conscience, nous pouvons rester
dans le domaine de la pensée pure, ou bien faire usage du lan-
gage intérieur, ou bien encore extérioriser verbalement notre
pensée. Ces trois opórations sont distinctes ; si lorsque nous
parlons, l’idée paraìt indissolublement unie au raot, c’est uni-
quement par habitude, par le fait de notre éducation et de nos
obligations journalières.
Àussi, sommes-nous conduits à ne point accepter, sans
réserves, la déflnition de l’aphasie, telle que Moutier nous la
donne dans sa thèse: « L’aphasie, dit-il, est un trouble du
« langage intérieur, et de tous ses modes d’extóriorisation,
« elle atteint le mot, symbole intellectuel»
S’il est vrai que la perturbation jetée dans l’évocation des
images verbales conditionne I’aphasie, rien n’autorise à consi-
dérer le mot comme un symbole intellectuel, alors qu’il repré-
sente la manifestation simple de la pensée et nous doutons
méme « qu’il faille étre métaphysicien pour abstraire celle ci du
langage », ainsi que le pense I’élève de M. Pierre Marie. « Oui,
« ajoute Moutier, l'idée peut exister sans mots, mais elle ne
« peut exister sans aucun sighe. Une idée subjective, une
« idée que rien n.e traduit, une idée-tendauce n’existe pas. »
Et pourtant, n’a-t-il pas de ces idées subjectives, de cesidées-
tendances, le musicien, qui, assis devant sa table de travail,
cherche pour la symphonie qu’il compose et dans laquelle il
met toute son áme, un thème en rapport avec les sentiments
qu’il veut expriraer? S’il demande au chant ou au clavecin une
aide momentanée, ne le voit-on pas, d’une fa?on à peu près
constante, donner libre cours à ses pensées et s’abandonner aux
passions les plus violentes qui naissent en lui ? Et, lorsqu’enfin,
la phrase musicale s’est déroulée dans son esprit, il la fixe sur
le papier. C’est gráce à ces Idées-symboles, que la musique
Wagnerienne doit sa jnajesté, sa force et sa noblesse ; ces
Jdées éveillées en nous par les ceuvres du Maitre et que pas
F. Moutier. Loco citato. Page 238.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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un langage humáin ne saurait rendre, « rien ne peut les tra-
duire ».
La représentation graphique de la musique, c’est-à-dire la
note, n’est, en général, d’aucun secours à l’artiste qui com-
pose et n’a pour lui que la valeur d’un symbole; la pensée
musicale, au contraire, dirige sa volonté; elle est la source du
génie.
La psycho-physiologie du langage, telle que la comprennent
MM. Pierre Marie et Moutier, nous ramène aux théories nomi-
nalistes du Moyen-Age. De tout temps, en effet, on s’est préoc-
cupé de résoudre les problèmes de métaphysique, touchant la
formation, la genèse des concepts, de connaitre les rapports qui
pouvaient exister entre les idées et l’expression verbale néces-
saire à leur manifestation.
Pour Platon, les Idées sont des entités dont l’existence est
réelle, mais qui ne se trouvent à l’état de pureté, que dans un
monde imaginaire et différent du nótre. Aussi, percevons-nous
seulement le reflet de ce qui se passe ailleurs, dans des sphères
inaccessibles à la pensée humaine. Rappelons-nous l’exemple
de la caverne : au fond d’un antre obscur, des hommes, le dos
tourné à la lumière du jour, qui filtre par l’entrée, ne voient
défiler devant leurs yeux que des ombres : C’est l’image de la
vie.
A la mème époque, les philosophes Cyniques se refusent à
concevoir l’Idée comme une entité réelle et se font ainsi les
précurseurs des théories nominalistes.
Dans cette méme antiquité grecque, nous voyons bientót
Aristote, combattre avec passion la doctrine de l’objectivité de
l’idée, que Platon défend. Ce dernier trouve dans son élève,
unesprit indépendant et critique, un logicien remarquable, qui
parvient à grouper autour de lui un certain nombre de disci-
ples, les Péripatéticiens, auxquels il enseigne que le mot est le
signe des concepts, dégagés de l’expérience : c’est en somme, le
conceptualisme moderne.
II nous faut arriver au Moyen-Age pour voir la querelle
s’envenimer: les discussions deviennent alors si ápres et si
passionnóes, qu’on accuse d’hérésie et qu’on brùle sans merci
toute personne, dont le seul tort est de professer des opinions
contraires à celles de l’époque. C’est le règne des Scolastiques,
qui, partagés en trois écoles ennemies, se disputentau nom des
principes les plus sacrés et les plus intangibles de la mélaphy-
sique.
Parmi eux, les Réalistes, continuateurs des théories platoni-
ciennes, soutiennent que les Idées sont des réalités existant de
loute éternité. Ces Idées se trouvent dans le monde, en deliors
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Origirìal frn-m
UNIVERStTY OF MICHIGAN
LES THÉORIES PSYCHO PHYSIOLOGIQUES DU LANGAGE
617
de nous ; elles émanent de Dieu, car il ne faut pas oublier que
les hommes du Moyen-Age sont proíondément religieux. Quant
au mot, il ne revét aucun caractère, qui permette d'en faire une
entitó spéciflque.
Les Nominalistes prétendent, au contraire, que l’Idée n’est pas
précréée : Universalia sunt Jlatus vocis, disent-ils et ils ajou-
tent: Nihil est in intellectù quodnon prius fuerit in sensù;
c’est une erreur profonde, que d’accorder au concept une im-
portance primordiale : pour eux, l’idée se confond ayec Ie
mot. Ainsi, si l’on veut se servk* d’une comparaison grossière,
pour mettre en évidence cette théorie, le muet est par principe
un étre dénué de toute activité intellectuelle, parce qu’il est
privé de la parole et que tout moyen d’extérioriser verbale
ment sa pensée lui fait défaut.
Pour les Conceptualistes et Abailard, en particulier, les idées
générales n’ont pas de réalité en dehors de I'esprit: c’est par
là qu’ils s’opposent aux Róalistes. Mais il existe autour de nous
des images d’objets, dont l’esprit dégage des concepts, et c’est
pour cette raison qu’ils se distinguent des Nominalistes. L’idée
est indépendante du mot: celui-ci est l’expression de celle-là,
sans en étre la réalité et les disciples d’Abailard reprennent la
íormule des Nominalistes, mais en la complétant et en la pré-
cisant: Nihil est in intellectù, quod nonpriusfuerit in sensù,
NISI INTELLECTUS IPSE.
Depuis le Moyen Age, le conceptualisme a fait bien des adep-
tes et de nombreux philosophes, parmi lesquels on peut citer
Kant, se sont groupés autour de cette doctrine, la seule, à
notre avis, qui soit susceptible d’expliquer, d’une manière tout
à fait acceptable, le mécanisme psycho pliysiologique de la pen-
sée et du langage.
Quelques auteurs modernes ont voulu préciser davantage ces
notions un peu abstraites, touchant la genèse du concept et du
mot.
Pour Flechsig, les images des objets, c’est-à-dire les pensées,
résident dans les cellules nerveuses d’une zone de l’écorce, qui
joue le róle de zone d’association; celle-ci présiderait aux plus
hautes fonctions de l’entendement. Wernike, Lichtheim, Sachs,
soutiennent que les représentations des choses se forment gráce
à la synthèse des différentes images sensorielles, pergues dans
les zones corticales respectives; ces régions spécialisées sont
réunies entre elles par des flbres d’associalion. D’après Lich-
theim et Sachs, si l’on veut expriraer, à l’aide de la parole,
l’image d’un objet, il est nécessaire que cette image, située dans
la zone de l’écorce, oii se développent les pensées, s’associeà
l’image verbale correspondante. Or, l’image de l’objet pourra
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A
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REVUB DE P9YCHIATRIE
ètre évoquée par des souvenirs visuels, auditifs, raoteurs,
etc..., mais non l’image du mot K
Peut-on penser sans le secours des mots ? Telle est la question
que se pose Mingazzini; bien que chez le plus grand nombre des
individus, la parole intérieure soit d’une grande utilité, dans
l’élaboration des concepts, le neurologiste italien est d’avis, que
l’association entre les idées et les images verbales n’est pas
indispensable 2 .
M. Pierre Marie nie l’existence des images du langage et
c’est pourquoi, selon cet auteur, la théorie psycho-physiologi-
que du laugage étant inexacte, «la doctrine de l’aphasie s'est
trouvée également erronée ». Dans sa thèse, Moutier prétend
« qu’il en est de ces images, comme de la substance pensante »;
ce s ont des réalités métaphysiques, dit-il,« ne correspondant
« à aucune expérience, mais d’une importance capitale au point
« de vue logomachique... 11 n'y a pas d’images verbales, ni
« auditives, ni motrices, ajoute-t-il; c’est un mot vide de sens,
« qu’il faut rayer du vocabulaire 3 ».
S’il est hors de doute qu’on a trop abusé des images spéciales
pour expliquer le mécanisme de la parole intérieure, s’il est
exact qu’on a multiplié à tort les centres hypothétiques d’ima-
ges du langage, témoin Jendrassik qui admettait des foyers
distincts pour les verbes et les substantifs, les lettres et les
syllabes, il n’en est pas moins vrai, qu’on peut concevoir sans
difflculté ces représentations mentales des objets et des mots.
Qu’est-ce, en effet, qu’un souvenir, sinon la possibilité de faire
revivre, dans notre esprit, un acte du passé, un fait mémorable,
une flgure absente, etc. Quels movens devons-nous mettre
en oeuvre, pour qu’une opération intellectuelle de ce genre soit
possible ? Nous nous servons d’images, tout simplement; celles-
ci ne sont pas tenues en réserve dans divers coins de l’encé-
phale, réfugiées par groupes en quelque galerie souterraine,
comme le prétend Moutier, mais elles jouent un róle considéra-
ble dans l’élaboration des concepts. Et il en est de méme des
iraages de mots, aussi indispensables pour le langage intérieur,
que les images d’objets pout* Ia formation des idées. LorSque
nous avons souvenance des paroles entendues au coui*s d’une
conversation ou d’une discussion, lorsque nous nous remémo-
rons certains passages d’un discours, dont Ies termes sont res-
tés gravés dans notre mémoire, ne faisons-nous pas usage de
1 Archivcs dc Ncurologic. Juillet-noút 1908. P. 63.
- Mingaz/.ini. Lc(‘ons sur l’aphasie . Lezioni di onntomia clinica dei centrì
ncrvosi. Torino— ÍJnione tipog’rafico editrice torinesc.
Corso Hoffaclo. 28, 1908. P. 471.
Moutiek. Loco citato. P. 237.
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
LES THÉORIES PSYCHO PHY8IOLOGIQUES DU LANGAGE 619
ces images verbales, d’autant plus nettes, que les centres dans
lesquels elles se trouvent emmagasinées, ont étó plus vivement
impressionnés ?
D’ailleurs cette notion des images du langage n’est pas nou-
velle; elle remonte au philosophe anglais Hartley (1745), et de
nos jours, elle est in^ispensabble à quiconque veut comprendre
la psychologie, la neurologie, la psychiatrie.
Les aliénistes ont étudié de tout temps I’hallucination et se
sont préoccupés de connaltre le mécanisme intime, la pathogénie
de ce phónomène. Des nombreuses thóories proposées par les
psychiatres, nous n’en retiendrons qu’une seule, celle de Tam-
burini, qui« rapporte l’hallucination à un trouble fonctionnel
descentres corticaux» (Seglas). Cetteconception, assez rócente
en date, doit retenir notre attention pendant quelques instants,
car elle éclaire d’un jour nouveau la nature de ce trouble que
les autres théories sont impuissantes à expliquer.
PourTamburini, l’excitation, sous une influence encore igno-
róe, des centres corticaux communs ou verbaux, détermine
l'hallucination. La zoné du langage est-elle soumise à des phé-
nomènes irritatifs ? Le malade présentera des hallucinations
verbales; de méme, que les centres moteurs auditifs ou visuels
communs soient sollicités à réágir, pour une raison qui, dans
la plupart des cas, nous échappe, nous constaterons des hallu-
cinations motrices, auditives ou visuelles communes*. Mais
comment l’excitation d’un centre cortical peut-elle provoquer
le trouble hallucinatoire correspondant ? C’est ici qu’intervien-
nent à nouveau les représentations mentales des objets et des
mots : toutes les fois qu’un groupe de cellules de la corticalité,
différenciées, aptes à une fonction déterminée, sera impres-
sionné, les images eramagasinées dans ce centre et qui s’y trou-
vent à l’état latent, auront tendance à se réveiller et donneront
ainsi naissance au trouble pathologique qui constitue l’hallu-
cination.
Prenons des exemples: tout le monde connait les phéno-
mènes observés par Weir Mitchell chez les amputés : ceux-
ci, longtemps après I’opération qu’ils ont subie, se flgurent
avoir la perception de mouvements vòlontaires dans le membre
disparu; ce sont là de véritables hallucinations motrices, ayant
1 Le paralytique général, dont Sérieux a rapporté Tobservation à la Société
de neurologie. présentait des ballucinations de Pouíc, alternant avec des accès
de surdité verbale et d’aphasie sensorielle. Ces deux catégories de manifesta-
tions, dinmétralemcnt opposées, ctaient liées à l’influence, tantòt irritative,
tantót inhibitrice d’une lésion en foyer (plaque de méningo-encéphalite), sié-
geant au niveau du centre de l audition des mols. (P. SÉKieux et R. Mickot.
Soc. de neurologie. Séance du 7 avril 1902).
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620
REVUK DE PSYCHIATRIE
leur origiue dans les centres, qui président aux mouvements des
membres amputés.
Tous les aliénistes sont d’accord, pour admettre la fréquence
des hallucinations auditives verbales cliez leurs malades, et la
rareté relative des autres troubies sensoriels. Pourquoi cette
prédominance d'une seule espèce d’hallucinations ? II est facile,
croyons-nous, de s'en rendre compte et d'en donner une expli-
cation satisfaisante, si l’on songe que les images auditives
verbales entrent en jeu, d’une fagon prépondérante, dans le
fonctionnement du langage intérieur; nous sommes tous audi-
tivo-moteurs, Déjerine i’a parfaitement établi, et c’est la raison
pour laquelle on rencontre le plus souvent chez l'aliéné, une
certaine catégorie d’hallucinations, à l’exclusion de tout autre.
Si l’on se reporte maintenant à ce que nous avons dit dans
lee pages précédentes, où nous nous sommes eflorcés de préci-
ser les rapports qui unissent les différentes images du mot à
celles de l’idóe, « nous comprendrons comment certains aliénés
« ont des hattucinations communes, sans avoir d’hallucina-
« tions verbales, l’idée étant indépendante du mot. Enfln, nous
« rappelant les associations qui existent entre l’idée et le mot,
« nous ne serons pas surpris de rencontrer des hallucinations
« communes, associées à des haflucinations verbales. Les mémes
« raisonneraents nous expliqueront plus tard les combinaisons
« hallucinatoires, puisque l’idée, comme le raot, n’est qu’un
« complexus d’images mentales 4 ».
Les hallucinés du langage sont donc surtout des auditi/s , en
lant que la réaction d’un centre cortical a été particulièrement
intense, et en cela ils ressemblent auxindividus normaux; mais
cette opinion n’a rien d’absolu, car les types moteurs n’étant
pas rares, on constate fréquemment chez ces derniers l’hallu-
cination motrice verbale de Seglas.
En niant l’existence des images et de leurs centres, M. Pierre
Marie ne peut expliquer la pathogénie de ces troubles «senso-
riels,» qu’on observe d’une fagon à peu près constante chez
les aliénés. II lui est, de mème, assez difflcile, de fournir une
explication rationnelle des perturbations du langage, que l’on
rencontre assez souvent chez les sujets atteints de surdité et de
cécité verbales, par lésions de la zone de Wernicke: nous avons
nommé les paraphasiques. Selon l’heureuse expression de Déje-
rine, ces malades « présentent une véritable ataxie du langage
parlé »; les images motrices d’articulation étant privées deleur
régulateur noTmal, c’est-à-dire des images auditives. fonction-
nent d’une raanière anormale, et cliez I’aphasique sensoriel, les
1 Seglas. Loco citato. Page 36.
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mots ne correspondent plus aux idées que le sujet veut expri-
mer.
En résumé, la Psycho-physiologie et la Clinique, l’étude du
langage et la pathologie mentale, s’accordent, nous venons de
le voir, pour nous afflrmer l’indópendance réciproque du mot
et de l’idée. De cette notion, dont l’imporlance est capitale,
relèvela compréhension des troubles psychiques dans l'aphasie.
FAITS ET OPINIONS
AUTOPSIE DE DEUX CAS DE CHORÉE CIIRONIQUE
AVEC TROUBLES MENTAUX
A LA PÉRIODE DÉMENTIELLE
par Henri Damaye
Mcdecin-adjoint à l'Asilc de Baillcul
Ces observations concernent des malades atteintes de leur
affection choréique depuis plusieurs années et en état d’affaiblis-
sement intellectuel avancé.
sans profession, entrée à l’Asile de Bailleulle 17
Octobre 1907, à l’áge de trente-sept ans.
Renseignemonts : « Père mort d’une affection choréique. Une
sceur en traitement à l’liópital pour une chorèe également. La
malade est veuve en secondes noces et n’a paseu d’enfants. Son
second mari a péri en mer il y a six ans et c’est à la nouvelle de
cette mortque la malade fut prise presque subitement demouve-
ments choréiques, lesquels augmentèrent peu à peu d’intensité.
Auparavant, M me F*** ótait déjà « un peu nerveuse ». Depuis le
début de sa maladie, elle errait dans les rues, s’enivrait et se
livrait à la prostitution. La nuit, elle interpellait et insultait
des étres imaginaires. »
A son entrée à l’Asile, F*** est excitée et incohérente dans
ses paroles. Elle dit encore à peu près son áge, mais ne sait ni
l’année, ni la date actuelles et ne peut désigner le pays ni
caractériser l’établissement où elle se trouve. Vagues idées de
persécution : la malade secroit entourée de personnes qui lui en
veulentet parle plus particulièrement d’une dame G*** qui lui a
« fait de la misère ». Les membres, la tèle et le tronc sont le
siège de mouvements choréiques incessants qui s’exagèrent à
l’occasion deseffortset des actes volontaires.
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622
REVUE DE PSYCHIATRIE
M mo F* # * fut souvent excitée au cours de la première anuée
qu'elle passa à l’Asile. Irritable, difflcile à diriger, elle *e
querellait fréquemment, saisissait les cbaises et les jetait aui
autres malades ou dórobait leurs aliments. Son niveau intellectuel
parut diminuer de plus en plus. L'incohérence s’amenda un peu
en méme temps que décroissait lavive excitation du débutet
M m * F ### se rendit compte de l’endroit où elle se trouvait, mais
elle ne sut plus jamais dire l’année et la date exactement.
Le gátisme persista et la malade déchira ses vétements puis
se mit à collectionner des morceaux de pain dans ses poches et
aussi dans ses bas. L'intensité des mouvements choréiques
resta la méme jusqu’en octobre 1908, époque à laquelle la
malade commen^a à s’aflfaiblir physiquement. La marche
devenait diflJcileet les chutes étaient fréquentes. En avril 1909,
F** # dut étre alitée d’une fa$on dófinitive, car elle toussait etla
cacliexie se faisait rapide. La parole, depuis longtemps bre-
douillée et articulée avec eflfort, devenait tout à fait incompré-
hensible.
Examen physique en avril 1909 : Pupilles réagissent assez
bien à la lumière, la droite est plus petite que la gauche.
Réflexe patellaire très diminué des deux cótés. Réflexe plantaire
en extension aux deux pieds et pour tous les orteils.
Dans les premiers jours de mai, une escarre sacrée se
constitua et atteignit bientót les dimensions d’une pièce de cinq
francs ; en méme temps se formaient aussi trois petites escarres
à la règion trochantérienne droite.
M me F ### mourut le matin du 17 mai.
A utopsie, trente-deux heures après la mort. Cadavre un peu
émacié.
Poumons. Pas d’épanchement pleural. Le poumon gauche
adhère à la cage toracique en plusieurs endroits et assez forte-
ment. Adhérences interlobaires. Plòvre une peu épaissie. Au
sommet, emphysème peu étendu ;à la base'congestion. Quel-
ques follicules gris dans certains ganglions intrapulmonaires,
mais pas de tuberculose du parenchyme de ce poumon. — Le
poumon droit adhère peu à la cage thoracique. Augmentéde
volume. Adhérences interlobaires. Infiltré dans toutes ses par-
ties, surtout au sommet et à la base, par des follicules et des
tubercules gris pour la plupart; peu sont caséeux, aucun n’est
encore ramolli. Pas de cavernes. Bronchfte sans hépatisation
àla base.
Póle frontal droit. — Epaississement de la pie-mère, tnais
moins accentué que sur les coupes précédentes. Infiltration
constituée surtout par des éléments petits, opaques. Mème réac-
tion inflammatoire très discrète pour quelques vaisseaux. Dans
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AUTOPSIE DE DEUX CAS DE CHORÉE CHRONIQUE 623
la substance nérveuse, lésions identiques à celles de la région
pariétale et de méme intensité avec maximum dans les coucbes
grandes, pyramidales et polymorphes. Méme abondance des
éléments ronds petits à coloration intense et des figures de
neuronophagie.
2 m ' occipitale gauche. — Mémes lésions.
Le Weigert-Pal nous montre, dans ces différentes circonvolu-
tions, un plexus tangentiel peu diminué, assez fendillé et avec
de nombreuses petites dilatations sur le trajet des fibres.
Couche optique droite. — Cellules nerveuses, ont souvent
des prolongements flous, peu colorables, et dans le protoplasmc
les corpuscules chromatiques sont fréquemment poussiéreux
ou absents. Noyau gonflé, excentrique et assez souventaussi
colorable que le protoplasme. Pigment jaune très rare. Figures
de neuronophagie nombreuses, à tous les stades. Les éléments
ronds sont ici aussi très abondants, formant parfois de petits
groupes, et sont représentés, en très graude majorité, par la
mème forme petite et opaque que nous avons constatée si
abondante dans les circonvolutions. Ici, les gatnes lympha-
tiques contiennent ?à et là des noyaux, mais il n’y a pas de
réaction pórivasculaire appréciable comme dans les circonvo-
lutions.
Cervelet. — Pie-mère n’est ni épaissie, ni surchargée en
noyaux. Ceux de la couche granuleuse externe ne sont pas
surabondants. Pas de lésions vasculaires. Les prolongements
des cellules de Purkinje sont peu visibles méme avec des colo-
rations intenses. Les granulations de ces cellules semblent un
peu dissoutes et le noyau facilement colorable.
Moelle. — Les particularités sont les mémes aux différents
étages. Léger épaississement de la pie-mère avec inflltration
trè irrégulière par les éléments ronds. Ces derniers sont par-
fois très abondants au voisinage de certains vaisseaux. Les
formes petites, opaques prédominent. L’épithólium épendymaire
a proliféré; ses cellules, mélées d'éléments ronds, obstruent
partiellement le canal. Dans le tissu périépendymaire, les
noyaux' petits et moyens sont assez abondants, mais dans un
court rayon. Pas plus que dans la couche optique, on ne cons-
tate ici d’inflltration périvasculaire appréciable. Les cellules
des cornes antérieures ont, en généra), assez bien conservé
leurs prolongements et leurs corpuscules. Elles sont très peu
chargées en pigment jaune. Les éléments ronds de petite taille
sont nombreux dans la substance grise mais dissóminés et la
neuronopliagie est peu intense. II en est de méme dans les cor-
nes postérieures.
Les pédoncules, la protubérance, le bulbe et la moelle, au
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624
REVUE DE P9YCHIATRIE
Weigert-Pal, ne nous ont montré aucune dégénération des
faisceaux.
La caractéristique de cette nécropsie est donc une méningo-
encéphalité généralisée avec légère réaction périvapculaire
corticale. Dans la pie-mère, les éléments ronds, de grando
taille, prédominent aux régions les plus épaissies; les formes
petites, au contraire, réalisent particulièrement l’inflltration
des parties à épaississement moindre.
Retenons les lésions bacillaires des poumons : elles sont de
date assez récente, mais les altérations pleuro-péricardiques
témoignent d’une lutte ancienne contre le bacille de Koch.
Notre seconde malade, M m ' B***, ménagère, est entrée à
l’asile de Bailleul, pour la première fois, le 9 marrl9b4, à I’áge
de cinquante-six ans.
Renseignements : « Malade depuis douze années environ. Les
troubles mentaux se sont aggravés il y a quinze jours. Parie
d’une fagon incohérente, traite ses enfants de voleurs, fainéants
et menace souvent sa fllle de lui brèler les cheveux. A re?u une
instruction primaire. Pas d’habitudes alcooliques. Onneconnatt
pas d'autres aliénés dans sa famille. » Les notes relatives à ce
premier internement qui nous ont été transmises mentionnent
seulement que la malade était atteinte de mouvements choréi-
ques avec incohérence du langage et excitation. M" 18 B*** quitta
l’asile, améliorée, Ie l er mai 1904 et, au dire de sa fllle, put alors
reprendre ses occupations antérieures et vaquer à son raénage.
Vers le l er septembre 1904, les troubles mentaux reprirent une
nouvelle intensité et la malade allait et venait, parlant seule
jour et nuit; ses paroles redevinrent aussi incohérentes. B***
déplagait les objets, les meubles sans nécessité, brisait la vais-
selle, sortait dans la rue pour y crier et y gesticuler, adressait
des menaces à ses enfants en jetant sur eux les couteaux et
autres objets qui lui tombaient sous la raain. Un jour, elle
versa de I'essence sur le feu et faillit provoquer un incendie.
A sa rentrée à l’asile, M me B*** présente des mouvements
choréiques intenses et généralisés. Elle pleure et rit alternati-
vement en pronon?ant des paroles incohérentes. Celles-ci sont
articulées avec eífort; les raouvements des membres et la mar-
che sont embarrassés ettrès maladroits, mais la force muscu-
laire, mesurée au dynamomètre, ne paralt guère diminuée. Le
désordre et l’ampleur des mouvements choréiques s’accentueat
lorsque la malade converseavec une autrepersonne. La mémoire
semble quelque peu diminuée, les souvenirs sont parfois vagues,
inexacts. Cet affaiblissement des facultés ne flt que s’accentuer
au cours des mois et des années qui suivirent, B*** présentait
cette instabilité du caractèro habituelle à son affection : elle
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AUTOPSIE OE DEUX CAS DE CHORÉE CHRONIQUE
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riait ou pleurait parfois sans cause apparente ou pourdes motifs
futiles, se querellait íréquemraent et demandait souvent à s’en
aller, à retourner chez elle.
En 1907, la désorientation est à peu près complète : B***
ignore son áge et n’évalue plus le teraps écoulé depuis son
entrée à l’asile. Elle est souvent excitée, mais s’alimente tou-
jours bien.
Pupilles égales, léger myosis; réagissent bien à la lumière.
Réflexe patellaire diminué. Réflexe plantaire nul.
La malade, atteinte de bronchectasie, meurt en état de ca-
chexie, le 9 avril 1909.
Autopsie, trente heures après la mort.
A notre grand regret, l’encéphale et la moelle seuls ont pu
étre examinés.
Liquide intra-cránien abondant.
Hémisphère droit. = 490 grarames.
— gauche. = 485 —
Cervelet, bulbe et protubérance = 170 —
Encéphale entier. = 1.145 —
Ventricules latéraux assez spacieux : 15 cent. cubes chacun.
La pie-mère est épaissie, surtout en certaines régions.
Face externe de l’hémisphère : le maximum de l’épaississe-
ment est au uiveau des deux tiers supérieurs de la pariétale
ascendante, première et deuxième pariétales; en avant et en
arrière de ces circonvolutions, l’épaississement va en s’atté-
nuant. II est peu accentué à la face externe du lobe occipital et
présente son minimum au niveau du lobe temporal.
Face interne de l’hémisphère : Pie-mère partout épaissie,
mais avec prédominance à la première frontale et en particulier
à la partie postérieure de celle-ci, en avant du lobule para-
central.
Face infórieure des hómisphères : l’épaississement y est peu
visible.
Les artères de la base sont athéromateuses par places.
Coeur). Péricarde viscéral un peu épaissi; pas d’épanche-
ment. Ventricules en systole, vides de sang. Pas de lésions
valvulaires. Quelques points chondrol'des à Ia crosse de l'aorte.
Foie). Légèrement augmenté de volume. N’est pas très dégé-
néré. Pas de lithiase.
Rate). Notablement hypertrophiée, consistante. Pas d’amy-
lose à l’oeil nu.
Reins). Volume normal. Capsule un peu épaissie et adhó-
rente en beaucoup d’endroits à la substance corticale. Cette
dernière est visiblement diminuée. Quelques points amyloídes
dans la médullaire.
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UNivERsrry of michigan
62ti
REVUE DE PSYCHIATRIE
Surrénales). Serablables : dimensions d’une pièce de cinq
francs environ, légèrement consistantes.
Rien de particulier aux organes génitaux ni au tube digeslif.
Quelques ganglions mésentériques sont un peu gros, mais non
tuberculeux.
Encéphale). Pas de surabondance du liqpide.
Héraisphère droit. = 420 grammes
— gauche. = 415 —
Cervelet, bulbe et protubérance = 165 —
Encéphale entier. = 1.000 —
Symphyse très élroite des deux feuillets pie-mériens à la face
interne des lobes frontaux. Pie-mère très épaissie avec prédo-
minance au niveau du précunéus, du lobule paracentral et de la
partie postérieure de la frontale. *
Face externe des hémisphères : épaississement notable de ia
pie-mère sur presque toute l’étendue de cette face. L’épaississe-
ment va en s’accentuant du póle frontal jusqu’aux pieds des
circonvolutions F 1 et F 3 : là, il atteint un^ maximum dans la
région comprise entre ces circonvolutions, le lobe occipital et
la partie supérieure de T* et T*. Les régions temporale et occi-
pitale, surtout 0*, sont celles où l’épaississement est le moins
marqué.
Face inférieure des hémisphères: épaississement peu accentué.
La décortication est un peu malaisée en certaines régions et
notamment en celles où l’épaississement prédoroine (lobe parié-
tal, partie postérieure du lobe frontai). De très fines particules
du cortex restent nettement adhérentes à la méninge, détermi-
nant ainsi à la surface de la circonvolution correspondante nn
aspect chagriné. Dans les autres régions, la pie-mère présente
beaucoup plus rarement des adhérences.
Athérome assez prononcé à la partie supérieure de l'artère
vertébrale droite à sá jonction avec le tronc basilaire.
Capacité des ventricules latéraux = 10 cent. cubes pour
chacun.
Examen histologique. — (Nissl, Hématóine-óosine, Weigert-
Pal). Pariétale ascendante gauche. — Epaississement de la pie-
mère avec inflltration assez abondante dans laquelle prédomi-
nent de beaucoup les noyaux grands et moyens clairs. Cette
inflltration est irrégulière, beaucoup plus marquée en cerlains
points qu’en d’autres. La paroi externe des vaisseaux est un
peu épaissie et beaucoup d’entre eux présentent une légère
diapédèse dans leur galne.
Dans la substance nerveuse, un grand norabre de vaisseaux
sont aussi le siège d’une légère róaction inflammatoire: on
remarque dans leur galne lymphatique une diapódèse très
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AUTOPSIE DE DEUX CAS DE CHOTÉE CIIRONIQUE
G27
discrète et irrégulièrement distribuée. Celle-ci est constituée
par quelques petits éléraents ronds opaques et d’autres noyaux
plus clairs à flnes granulations et à contours irréguliers. Cette
diapédèse n'existe pas sur tous les vaisseaux elle íait défaut,
en certains endroits, sur le trajet de ceux qui la présentent. Les
éléments ronds sont très abondants sur les préparations avec
prédorainance de la forme petite à coloration intense; on
remarque aussi beaucoup d’élémentsraoyeuset quelquesgrands
clairs. Les cellules rondes abondent surtout dans les couclies
grandes pyramidales et polymorphes : les flgures de neurono-
pliagie y sont très nombreuses, à tous les stades de la destruc-
tion. Beaucoup de cellules nerveuses ont encore leurs angles et
leurs prolongements, mais entre celles-ci, un très grand nom-
bre d’autres présentent <fes altéralions souvent très marquées :
aspect poussiéreuxet raréfaction des corpuscules chromatiques,
coíorabilité du noyau presque égale à celle du protoplasme,
vacuoles protoplasmiques. Noyausouventdéformé. Beaucoupde
protoplasmes à conjours ìndécis, en voie de destruction et
beaucoup de groupes d’éléments ronds au voisinage ou à la
place des cellules les plus altérées. Pigment jaune, rare et assez
peu abondant.
La décortication est très facile : on ne constate en aucun en-
droit d’adhérences avec le cortex.
Examen liistologique (Nissl, Hématóine-éosine, Weigert-Pal).
Circonvolutions examinées : l r «* frontales droite et gauche,
3« temporale droite, 2« occipitale gauche.
Epaississement fibreux de la pie-mère, variable suivant les
régions. Infiltration par un grand nombre de noyaux ronds ou
ovalaires, épars, de toutes dimensions, mais dont la plupart
sontdu type moyen, assez clairs. L’abondancede cette inflltra-
tion, en général modérée, varie suivant les points de la prépa-
ration examinés. Les vaisseaux sont parfois gorgés de globules
rouges et leur paroi externe est un peu épaissie, mais ils ne
prósentent pas d’infíltration de leur galne.
Dans la substance nerveuse, beaucoup de cellules altérées, à
tous les degrés : un grand nombre sont presque réduites à leur
noyau. D’autres ont tendance à s’arrondir, avec corpuscules
chromatiques plus ou moins raréflés ou dissous, noyau gonflé,
excentrique et prenantsouvent les colorantsau mèmetitre que
Ie protoplasme. Figures de neuronophagie très nombreuses, à
tous les stades de la destruclion. Eléraents ronds très abon-
dants ; aux régions temporale et occipitale, on remarque sur-
tout les types moyens et lespetits opaques ; à la région frontale
ce sont des moyens etplus encore des grands. Cescellules ron-
des sont éparses ou forment des amas au voisinage immédiat
(Í3
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628
REVUE DE PSYCHIATRIE
des cellules nerveuses ou à la place de celles qui sont détruites.
Pigment jaune partout très rare et peu abondant dans les pro-
toplasmes où on le rencontre. Les vaisseaux sont en général
très apparents parce que gorgés • de globules rouges ; pas de
diapédèse dans leurs gaines. Au Weigert-Pal, légère raréfac-
tion des flbres de Tuczek avec aspect moniliforme fréquent,
très nombreuses dilatations ampullaires sur le trajet des fibres.
Couche optique. — Beaucoup de cellules nerveuses ont ten-
dance à s’arrondir ou sont à -contours indécis. Corpuscules
chromatiques irréguliers ou dissous et protoplasme coutien^sou-
vent du pigment jaune en plus ou moins grande abondance.
Noyau souveut coloré et excentrique. Un très grand norabrede
cellules en neuronophagie. Eléments ronds très abondauts sous
leurs trois formes. Vaisseaux remplis de globules roiiges, mais
sans diapédèse.
Cervelet. — La pie-mère cérébelleuse est peu épaissie, mais
par places elle est assez riche en noyaux ronds ou oblongs
moyens sans prédominance autour des vaisseaux. Pas de sura-
bondance des noyaux dans la couche granuleuse externe. Pas
de périvascularité. Les cellules de Purkinje ont, en quelques
régions, une forme non globuleuse, mais étirée, allongée.
Moelle.— Les pédoncules, la protubérance, lebulbeetla
moelle ne montrent, par le Weigert-Pal, aucune dégénération
des cordons. La pie-mère médullaire est un peu épaissie et un
peu riche en noyaux de toutesdimensions.Canal de l’épendyme
marqué par plusieurs assises de cellules épithéliales mélées à des
éléments ronds. Letissu environnantest^ssezchargéennoyaux
pour la plupart du type moyen. Dans les quatre cornes. on re-
raarque une surabondance des petits éléments ronds opaques.
La neuronophagie y existe, mais beaucoup moins fréquenteque
dans l’écorce cérébrale. Les cellules motricfes sont assez char-
gées en pigment j.aune ; leurs corpuscules protoplasmiques sont
dirainués de volume et de nqrabre. Les prolongements sont par-
fois peu nets ou en tire-bouchon. Noyau très souvent déformé
et assez colorable.
En somme, chez cette malade, processus de raéningo-encé-
phalite, mais contrairement au cas précédent, sans réaction
périvasculaire, sans adhérences de la pie-mère épaissie au cor-
tex. La distribution lopographique de l’épaississement méningé
affecte à peu près les mémes régions qùe chez la malade précé*
dente.
Dans son rapport au Congrès de Nantes, M. Sainton vient
d’esquisser une étude anatomo-pathologique des chorées au
moyen des faits jusqu’ici rapportés. Ceux-ci montrent des lé-
sions assez diverses et, la plupart du temps, retrouvées dansles
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AUTOPSIE DE DEUX CAS DE CHORÉE CHRONIQUE
629
autt'es affections meutales à évolution ' démentielle. II en est
aiusi pour nos deux cas : les méthodes de Nissl et de Weigert-
Pal y róvèlent le processus habituel des atrophies, des dégéné-
rationset d’abondantes flgures de neuronophagie. Les lósions
encéphaliques sont diffuses etprésentent la méme intensité dans
les différents territoires corticaux examinés.
II est cependant quelques particularités intéressantes dans
nos deux autopsies. Tout d’abord la topographie presqueana-
logue de l’épaississement pie-mérien, lequel affecte à peu près
les mémes régions sur nos cerveaux. II piédomine nettement
aux régions psycho-motrices, alors que les territoires occipi-
taux et temporaux sont les moins atteints. Mais, tandis que
chez B** # la décortication est aisée, elle laisse voir pour F***
des adhérences minuscules et disséminées qu’explique un lé-
ger degré d’inflammation périvasculaire. Cette participation des
gaines lymphatiques n’existe pas chez le second sujíjt.
L’aspect des lésions histologiques concorde avec les indica-
tions fournies par la clinique sur l’ancienneté de la maladie.
F*** présente un pi-ocessusde méningo-encéplialite plus récent
et plus actif, à éléments plus jeunes ; chez B***, I’évolution
semble avoir été plus lente. Dans les deux cas, la neuronopha-
gie est intense et à lous ses stades. Kéraval et Raviart ont insisté
sur ce méme fait; en outre, chez le malade étudié par eux, les
cellules rondes formaient, comme dans la paralysie gónérale, de
véritables manchons autour des vaisseaux et des capillaires les
plus fins
Au point de vue clinique, nos malades étaientdes démentes.
Nous ne les avons connues quedans la période ultime de leur
affection choréique, mais les renseignements laisséssur ledébut
des troubles mentaux semblent bien confirmer la prósomption
d’une origine toxique. Le second cas nous raontre le sujet quit-
tant l'Asile et reprenant pour trois mois ses occupations antó-
rieures. Ces malades confuses et excitées au début, ontinsensi-
blement franchi le passage de la confusion mentale à l’affaiblis-
sement intellectuel progressií.
1 Kéraval et RavìarL Chorée chronique hóréditaire d’Huntington, examen
histologique. Archiv, de neurologie. Juin 1900.
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630
REVUE DE PSYCHIATRIE
REVUE DES LIVRES
Les maladies mentales dans l'armée frangaise,
par A. Antheaume et R. kiGNOT. Doin Editeur, 1909.
Les maladies mentales présentent des parlicularités suivant
chaque miiieu ou on les étudie. L'armée, organisme social bien
autonome, a une pathologie menlale spéciaie, dont le cóté médico
légal a une importance primordiale. Le livre de MM. Anlheaume
et Mignot, tout d’actualité, met au point cette importante ques-
tion des maladies mentaies dans l’armée.
L’ouvrage comprend quatre parties. La première, d’ordre
général, porte sur les données des statistiques ; c’est ainsi que
l’on voit qu’en une période de dix années, la morbidité mentaie
moyenne de l’armée frangaise a été de 0,43 pour 100, que la pa-
ralysie générale et la déraence précoce sont les principales
maladies qui frappent les" militaires.
La seconde partie s’occupe des multiples variétés d’affections
mentales qui s’observent chez les militaires. Le auteurs, à pro-
pos de chacune d’elles, étudient leurs causes et leurs caractères
cliniques. Dans la troisième partie, les maladies mentales dans
l’armée sont étudiées aux différents points de vue médico-ad-
rainistratif, médico-Iégal et prophylactique. On trouvera là une
bonne description des délitsmilitaires.en rapport avec l’aliéna-
tion : insoumission, inobservance des règlements, i*efus d’obéis-
sance, outrages, violences, absences illégales, désertion. Un
chapitre spécial est consacré à )a question desaliénés méconnus
et à la simulation de la folie dans l’armée ; un autre à la pro-
phylaxie. La réunion de nombreux documents forme la qua-
trième partie de cet ouvrage qui s’adresse non seulement aux
aiiénistes de profession, mais surtout aux raédecins militaires,
aux parlementaires, aux juristes.
Ecrit dans un style clair et concis, le livre de MM. Antheau-
me et Mignot est d’une lecture facile. De nombreuses observa-
tions sont données comme exomples des pi incipaux cas de folie
qui peuvent s’observer dans le milieu militaire et permettent
aux praticiens non spécialisés de mieux comprendre les divers
syndromes mentaux dont la terminologie leur est souvent peu
familière.
L. Marchand.
Des modifications à apporter à la législation fran-
gaise sur les aliénós, par le D r S. Cossa, médecinen chef,
inspecteur du service des AliénésàNice. Paris, Delarue, 1909.
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JIEVUE DES LIVBES
631
M. Cossa étudie d’abord les garanties que la loi de 1838 donne
aux aliénós placés Volontairement.
Pour effectuer le placement d’un aliéné à titre oolontaire,
la loi de 1838 se borne à exiger qu’il soit présenté au chef de
l’établissement public ou privó :
1° Une demande d’admission signée par la personne qui fa'it
le placement;
2° Un certiflcat médical constatant«l'état mental de l’aliéné,
les particularités de sa maladie, et la nécessité de le faire soi-
gner».
3° Un passeport, ou toute autre pièce d’identité de la personne
à placer.
La seconde de ces trois pièces constitue seule une garantie
pour la liberté individuelle.
Une fois interné à l’asile ou à la maison de santé, quelles ga-
ranties la loi de 1838 réserve-t-elle à l’aliéné, pour n’étre gardé
que le temps nécessaire à sa guérison, et étre remis en libertó
aussitót que son état le permet ?
L’article 12, complété en ce qui regarde les placements d'of-
flce par l’article 18, stipule que «le médecin sera tenu de con-
signerau moins tousles mois,surle registre (d’immatriculation,
prescrit par le paragraphe 1 de ce méme article), les change-
ments survenus dans l’étatmental de chaque malade »; etl’ar-
ticle 13, que « toute personne placée dans un établissement d’a-
liénés cessera d’y étre mainteuue, aussitót que les médecins de
l’établissement auront déclaré, sur le registre énoncó à l'article
précédent, que la guérison est obtenue ». L’article 20 ordonne
aux chefs, directeurs ou próposés responsables des établisse-
ments d’aliénés, « d’adresser au préfet, dans le premier raois de
chaque seraestre, un rapport rédigé par le médecin sur l état de
chaque personne qui y sera retenue, sur la nature de sa maladie
et le résultat du traitement». « Le préfet, ajoute l’article pro-
noncera sur chacun individuellement, ordonnera sa maintenue
dans l’établissement ou sa sortie. » — Enfin, l’article,23 prévoit
que, « si dans l’intervalle qui s’écoulera entre les rapports
prescrits par l’arlicle 20, les médecins déclarent sur le registre.
tenu en exécution de l’article 12, que la sortie peut étre ordon-
née, les chefs, directeurs ou préposés responsables des établis-
sements seront tenus, sous peine d’étre poursuivis conformé-
ment à l’article 30, d’en référer aussitót au préfet, qui statuera
sans délai.»
La défense de la société, ainsi que la protection de la liberté
individuelle sontainsi à peu près organisées, raalgró bien des
imperfections, mais c’est surtout dans l’accomplissement du
devoir social d’assistance que la loi de 1838 est particulièrement
insufflsante.
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La distinctioD établie par elle, entre le placement volontaire
et le placement d’offlce, — celui-ci i*éservé aux aliénés dange-
reux, contre lesquels Ia société a le droit de se garder; celui-là
aux inoffensifs, qui n’ont besoin que de soins, — était une idée
juste, bien qu’il soit souvent difflcile de délimiter I'aliéné dan-
gereux de celui qui ne l’est pas. Le législateur entendait bien
réserver l’internement dit volontaire, aussi bien aux pauvres
qu’aux riches. Mais il avait le tort de ne pas le dire en termes
formels. La loi prévoyait bien le placement volontaire gratuit,
pour les indigents, le placement au titre d’assistance, comme
nous dirions aujourd’hui; mais, alors qu’elle réservait dans son
texte une section spéciale à chacun des deux autres modes, elle
ne donnait à celui-ci qu’un relief insufflsant, le laissant en quel-
que sorte égaré, à peine mentionné accessoirement au second
paragraphe d’un article subsidiaire sur les dépenses desaliénés;
et faute plus grave, elle en subordonnait l’applicatíon au bon
vouloir des conseils généraux.
Une des grandes inconséquencesde cette loi est aussi, d’après
M. Cossa, dans le mode du contróle exercé : en effet, ni l’auto-
rité administrative, ni l’autoritéjudiciaire ne peuvent contróler
le médecin; un raédecin seul peut en contrdler un autre; et
encoro faut-il qu’il soit spécialisé comme cet autre ; lout
rapport de contróle non basé sur ce principe, est nécessaire-
ment faux, parce qu’il assemble des éléments disparates, des
unités de nature différente. II faut bien le reconnaitre, la ioi de
1838 est d’une imprévoyance étonnante comme contrólc du
médecin d'asile ou de maison de santé. On I’a dit maintes fois
avec raison : cette loi est moins défectueuse encore par la faci-
lité qu’elle Iaisse à la fraude au moment du placement, que par
l’insuffisance des garanties de l’aliéné une íois interné.
L’auteur envisage ensuile un certain nombre de malades spé
ciaux, qui, sans subir une véritable séquestration iilégitime,
peuvent ètre considérés, à l’heure actuelle, comme ne jouissant
pas des garanties qu’on pourrait leur donner.
« On amène tous les jours à I’asile, sur certificat módical,
écrit le D r Rodiet, des déments, des vieillards affaiblis au phy-
sique et au moral, à qui, il est vrai, la mémoire fait défaut, qui
sont bruyants, bavards, désordonnés de tenue et de langage,
mais qui avec des soins, une surveillance, pourraient vivre dans
leur famille, sans faire courir aucun risque à la société. Certains
sont impotents, ne peuvent quitter leur lit... La famille fait
venir le médecin du pays, qui se trouve en présence, le plus
souvent, d’un vieillard couché sur un lit sale, dans une cham-
bre obscure, la plus inhabitable de la maison. A toutes les ques-
tions, le vieux répond mal, parce qu’il est sourd, parce que sa
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REVUE DES LIVRKS
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mémoire est hésitante, parce qu’il est vieux et qu’on l'ennuie ;
ou bien il ne rópond pas. Que peut faire le médecin ? On lui dit
que le malade se lève à chaque instant du lit, qu’il crie sans
cesse, qu’il a voulu mettre le feu, etc. D’autre part, n’est-ce pas
une question d’humanité, de le soustraire aux soins insuffisants
d’une famille qui, à tout prix, pense à se débarrasser de cette
bouche inutile ? Le certificat conclut à l’internement; le préfet
ne peut que ratifier la décision, et le médecin d’asile acceple, et
met le raalade en observation. » Une deuxième catégorie est
formée par certains individus qui, jusqu’à un certain point, réa-
gissent en aliénés ; mais le danger qu’ils font courir à la société
n’est pas manifestement sous la dépendance d’un état mental
pathologique, dont I’existence méme n’est pas certaine. Ce sont
des cas douteux, des sujets en marge de la folie, envers lesquels
le droit de la société de porter atteinte à leur liberté, n’est pas
hors de conteste.
Faut-il réserver, entre le placement volontaire et d’offlce
un mode d’admission spécial pour les aliénés rangés dans la
catégorie intermédiaire aux inoffensifs et aux dangereux, pour
ceux dont le danger est douteux et l’aliénation elle-méme par-
fois incertaine ? — La solution la mieux indiquée semblerait
devoir étre ici le placement en observation, qui prolonge
l’examen et suspend la décision lant qu’il y a doute. Mais le
placement en observation lui-méme suppose le consentement
du sujet; sinon, si l’on se croit en droit d’user de coercition,
c’est qu’on le lient pour dangereux, et qu’il n!y a plus de doute.
Dans le premier cas, c’est un placement volontaire; dans le
second, c’est un placement d’office : íe placement en observa-
tion ne peut ètre que l’un ou l’autre. l.a loi ne peut admettre de
solulion intermédiaire, qui laisserait la porte ouverte à l’arbi-
traire : sous prétexte d’observation on pourrait interner n’im-
porte qui. — Le placement en observation est néanmoins légi-
time, quand le doute porte, non pas sur l’existence mème de
l’aliénation mentale, mais seulement sur la réalité du danger
couru par la société. La distinction mérite d’ètre notée : tant
qu’on n’est pas certain que le sujet est aliénó, on doit surseoir à
toute décision, la loi n’ayant pas à intervenir; mais du moment
que l’état mental d’aliénation est bien établi, et qu’il y a lieu de
se demander seulement si l’aliéné est vraiment dangereux, le
placemeut en observation devient légitime, comme mesure de
précaution à situation imprécise, solution provisoire.
La transformation des idées concernant l’aliénation mentale
amène à prendre de nouvelles mesures à l’égard des sujets
atteints de psychopathies.
La conscience publique a suivi l’évolution indiquée parla
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science médicale. La crainte irraisonnée de l'aliéné s’est apai-
sée, en mème temps que devenaient plus claires les notions sur
la fréquence de la guérison de la folie et l’utilité de sa tliéra-
peutique; et ce progrès des unes, ce recul de l’autre, on fait se
dégager cette conception, à la fois plus généreuse et plus vraie,
que l’aliéné est avant tout un malade, dont sans doute la société
a le droit de se garder quand il est dangereux, mais qu’elle a
surtout le devoir de ramener à la santé. De cette évolution,
plus que des récits íantaisistes de séquestrations arbitraires
extrémement improbables, est né le besoin d’un régime nouveau
qui assure à ces malades toutes les garanties auxquelles ils oDt
droit, au point de vue du traitement, autant que de la libertó
individuelle.
L’aliéné a droit à l'assistance au méme titre que tout autre
malade : tel doit étre le postulatum de la législation nouvelle.
La société Iui doit ses soins, non seulement quand il la trouble
ou qu’il I’inquiète, mais toutes les fois qu’il est malade, et par
cela seul qu’il esl malade, quelle que soit, du reste, la variété de
sa forme mentale, aigué, clironique ou incurable, au méme titre
qu’un typhique, un cardiaque ou un paraplégique infirme. En
matière d’assistance, les devoirs de la société sont plus étendus
que ses droits. Cette conception n’est du reste qu’une des for-
mes de l’óvolution sociologique moderne : les droits de l’indi-
vidualité humaine, isolée ou groupée avec d’autres, se dressaat
en face de la société, pour lui imposer de nouveaux devoirs.
M. Cossa envisage les avantagesdela méthodede l’open door
ou des portes ouvertes. Elle n’a trouvé que fort peu de parti-
sans en France, sous sa lorme absolue. Ceux qui se sont laissés
séduire par cette utopie généreuse, ont étó surtout frappés des
inconvénients indéniables de la claustration : la privation de
la liberté, disent-ils, avec la monotonie de sensations, le vide
d’idées et de sentiments qu'elle comporte, est sans coulredit un
tourment des plus pénibles, mème pour les aliénés : il suffit,
pour s’en convaincre, d'écouter les réclamations journalières
du plus grand nombre, les protestations véhémentes de quel
ques-uns, l’exaspération de rertains qui en viennent à se suici-
der par désespoir de ne pas étre libres. La pénalité moderne ne
réserve la réclusion que pour les grands criminels, et... pour
Ies aliénés, qu’aucune des législations existantes ne traite autre-
ment que des condamnés! L'humanité en est elle vraiment
réduile à ne pouvoir trouver mieux, pour des malheureux dont
Ie seul crime estd’ètre malades et d’avoir besoin-de l’assistance
de leurs semblables?... Et ils ont con?u et prdné des hópitaux
pour maladies mentales, où les aliénés entreraientj et d’où ils
sortiraieut, avec la méme liberté que dans un hópital ordinaire.
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REVTJE DES LIVRES
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Cette méthode est, da.ns ses consóquences extrèmes, absolu-
ment impraticable: II est socialement impossible de laisser à
l’aliéné la méme iiberté qu’à l’homme normai:
« # Sachons doncrester dans la notejuste : n’allons pas, par
« des scrupules d’une philanthropie outrée, et par des vues pa-
« radoxales dénuées de sens pratique, nous priver bénévole-
« ment d’une méthode qui a fait ses preuves, pour lui en subs-
« tituer une dont le moindre détaut est de vouloir ignorer ia
« conditiou méme de I'aliéné. Nous nous élevons avec tous les
« ciiniciens, et avec le simple bon sens, contre les exagérations
« d’une doctrine qui voudrait traiter tous les aliénés en per*
« sonnes raisonnables I
« Que l’on n'oublie pas, non plus, que ces malades qui récla-
« ment le plus contrè leur claustration, sont le plus souvent
« des délirants d’autant plus dangereux qu’ils cachent leur dé-
« lire, et c’est là un point de vue qui mérite bien aussi sa con-
« sidération 1 Us sont assurément plus dangereux que les con-
« fus et les agités dont la vue seule inspire l’effroi au vulgaire,
« et l’on voudrait laisser ceux-Ià comme ceux-ci en liberté ?
« C’est jeter un défl au sens commun ! L’internement est indis-
« pensable pour garantirla sécurité publique, autant que pour
« assurer l'assistance aux aliénés qui ne se laisseraient pas
« soigner de leur plein gró, et qui sout le plus grand nombre.
« La privation de la liberté est une mesure aussi fácheuse qu’i-
« névitable. C’est traiter I’aliéué en prisonnier : nouslesavons
« bien ! Vaut-il mieux le laisser libre d’agresser le premier
« venu ? »
L’assistance voulue ou consentie par le malade répond cepen-
dant à un besoin réel, à uns nécessité pratique, et corame il
est, d’autre part, incontestable, que les aliénés inoffensifs et
serai-lucides ont le méme droit d’étre assistés que les autres, il
faut inscrire dans la loi I’obligation pour la société, de leur as-
surer les soins que leur état exige, toutes les fois qu’ils le de-
raandent.—Mais il va desoi que leur liberté individuelle ne
doiten subir aucune' atteinte : I’aliéné entré librement doitcon-
server la facalté de sortir à son gré ; — ceci est le corollairede
cela. On ne pourrait soutenir sans paradoxe que I’internement
est ici encore légitime, puisque.le malade l’accepte implicite-
ment, sachant que son assistance n'est qu’à ce prix.
La loi doit inscrire dans son texte, à cètó du placement
doffi.ce , le placement oolontaire, non pas tel que le compre-
nait la loi de 1838, c’est-à-dire effectué par la famille et le plus
souvent contre la volonté du malade, mais effectué par l’inté-
ressé lui-méme, par un actespontané ou consenti de son libre
arbitre.
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à
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REVUR DK PSYCHIATRIE
D’autre part, pour les aliénés dument iuternés dans l'asile,
M. Cossa voudrait, dans la mesure du possible qu’au lieu d’ou-
vrir tout juste les portes de leurs geóles potir leur permettre
de se rendre au travail sous l’ceil vigilant de leursgardiens, on
leur octroye la liberté d’aller et venir à leur gró dans l’asile, de
fréquenter à leur fantaisie la bibliotbèque, le billard ou d'au-
tres jeux de plein air ; de travailler pour eux-mémes s’il leur
plait, de jardiner un petit carré dout le produit servirait à amé-
liorerleur ordinaire ; de recevoir librement les visites de leui-s
amis ou de leurs procbes, de se promener avec eux dans le
parc. — Pour les inoffensifs encore doués de quelque lucidité, il
voudrait voir les portes de l’asile elles-mémes s’ouvi ir plus
souvent: pour ceux qui n’ont pas de famille, des promenades
par petits groupes de deux ou trois en compagnie d’un gardien,
à la campagne ou raèrae en ville ; pour les autres, des sorties
temporaires d’une après-midi, quand une affaire ou méme un
plaisir les appelle au dehors, d’une ou de plusieurs journées si
les parents le demandent. — Pour Ies intermittents, les rémit-
tents, et surtout pour les convalescents, il voudrait leur voir
octroyer sans difflculté des sorlies d'essai d’une plus longue du-
rée, destinées à réhabituerà ceux-ciau milieu social danslequel
ils vout étre de nouveau appelés à vivre, leur permettre de
se procurerdu travail pour Ie jour de leur libération définive ;
à ramener ceux-là dans la vie norraale pour le teraps que dure
leur intermittence ou leur rémission.
Voici, enun mot, les indications et contre indicatious de l’as-
sistance aux aliénés. L’assistance est due à tous les aliénés re-
connus tels, à unmoraeut aussi rapproché que possible du dé-
but de leur mal. Ce devoir de la société est limité par le droit
de l’individu d’accepter ou non cette assistance. Mais ce droit
de l’individu est limité lui-méme par celui de la collectivité, qui
peut la lui imposer, au besoin par coercition, quand il est dé-
raoutré que son état d'aliénation est un danger pour la sécu-
rité des personnes, ou pour sa propi e sécurité, ou encore pour
l’ordre ou le repos public, ou pour la morale. En dehors du cas
de danger, le plus fréquent du reste, l’assistance ne peut éire
donnéequequand elle est consentie ou demandée par l’intéressé,
à moins que son élat de déchéance déraentielle le mette dans
l’impossibilité d'en apprécier l’opportunité. L’assistance voulue
ou conseutie par l'aliéné ne comporte pas la privation de la li-
berté, tant qu’il n'est pas reconnu dangereux.
En prescrivant deux certificats médicauxà quinze jours d’in-
tervalle, la loi de 1838 elle méme reconnaissait implicitemeut
qu’avant de prononcer l’internement d’offlce, il conveuait d’ob-
server quelque temps le malade pour s’assurer s’il était vrai
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REVUE DES LIVRE8
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ment alióné. II eùt donc óté logique de n’effectuer d’abord le
placement qu’à titre provisoire, et de ne le rendre déflnitif
qu’après cette observation próliminaire ou préalable qui per-
mettait de ne l’interner qu’á bon escient.
Ce que la loi de 1838 n’a pas fait, la législation nouvelle doit
le réaliser, s’il est reconnu que cela est utile et légitime. Or
l’observation préalable ne peut pas ne pas ètre légitirae, puis-
qu’elle ne lèse en aucune facon les droits du malade, à lacon-
dilion d’ètre toujours basée sur la constatation ferme d’uu état
d'aliénation mentale, ainsi que nous I’avons précisé. Quant à
son utilité, elleest assurément une garantie primordiale pour lá
liberté individuelle, en ce qu’elle seule peut rendre à peu près
impossibles les séque$trations injustiflées. Elle donne en outre
satisfaction à une des plus justes préoccupations du législa-
teur, celle de n’impeser la tare préjudiciable de l’internement
qu’autant qu’elle ne peut étre évitée. II ne faut pas se dissimu-
ler en effet que le préjugé contre les aliénés et les asiles est des
plus tenaces, et qu’il ne diparaltra pas avec I’ancien régime, si
méme il disparait jamais. On doit donc s’efforcer d’en épargner
le discródit à ceux qui peuvent étre traités et guéris ailleurs
qu’à l’asile. II faut opérer une sélection attentive, et, par un
diagnostic et un pronostic précis, faire le départ des aliénés
avérés, conflrmés, pour lesquels l’envoi à I’asile est une néces-
sité inéluctabie, etdes autres, de ceux qui sont atteints d’affec-
tions mentales à évolution rapide, et pour qui c'est une mesure
aussi vexatoire qu’inutile. Ce sera le principal objet de l’obser-
vation préalable.
L'hópital psychiatrique d’observation préalable et de trai-
tement précoce constituerait ainsi Ie premier degré de l’organi-
sation de l’assistauce. L’asile en serait la deuxième étape. — Ce
terme d 'asile est-il à conserver ? Les aliénés confirmós qu’il est
destiné à recevoir ne sont pas seuleraent des chroniques incura-
bles, mais aussi des vésaniquesà évolution subaiguè ou chro-
nique encore susceptibles de guérison. Le mot asile paralt donc
impropre, en ce qu’il n’implique que l’idée de refuge, de garde-
rie ; M. Cana propose celui d'hospice, qui n’exclut pas l’idée
de traitement actif et de curabililé, touten éveillant aussi celle
d'inflrmité, et il réserve le terme d’asile pour I’établissement
spécial affecté aux délinquants demi-responsables, à Yasile de
sáreté.
Telle est la solution complexe que M. Cana propose au pro-
bléme complexe que présente áctuellement l’in ternement et
l’assistance des sujets atteints de troubles mentaux. Cet inté-
ressant travail porte, en manière de conclusion, un essai de
projetde loi, relatifà ces questions, dont voici l’un des plus
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REVUE DE PSYCHIATRIE
importants articles; c’estcelui qui concerne la mise en liberté
de l’aliéné, et qui résume, en somrae, la nouvelle manière dont
la société considèrerait ses pouvoirs sur le malade qu’elle a
isolé et soigné.
« Art. 18. — La mise en liberté d’un aliéné peut étre deman-
« dóe par le malade lui-méme. par un membre desa famille, par
« son tuteur autorisé, par le conseil de famille, par un ami;
« elle peut étre proposée par Ie médecin traitant. »
« Elle doit étre accordée immédiatement quand l’aliéné est
« inoffensif: l’utilitó qu’il retireraitencoredu traitement, quand
« il est convalescent, par exeraple, ne pouvant suffire à justifier
« son maintien, s'il n’y consent lui méme. — Si cependant cet
« aliéné inoffensif est un dément, incapable de se conduireau
« dehors et d’apprócier les avantages de l’liospitalisation, il ne
« devra étre remis en liberté, qu’autantque le parent, le tuteur
« ou l’ami qui demande la sortie, s’engagera à l’entourer des
« soins et de la surveillance nécessités par son état. »
« a) L’aliéné admis sur sa demande conserve le droit de
« sortir à son gré, à moins que son placement n’ait été converti
« en maintien d’offlce dans les conditions prévues au paragra-
« phe 2 de l’article 9 ; il sera mis en liberté sans autre formalité
« qu’un avis au préfet, adressépar le directeur immédiatement
« après la sortie. »
« b) L’aliéné interné d’office par ordre de l’autorilé ne pourra
« ètre remis en liberté que par celle-ci, et après avis favorable
« des médecins chargés du traitement ou du contróle. Sitót
« que le médecin traitant aura consigné sur le regislre tenu en
« exécution de I’article 13 que l’aliéné ne présente plus aucun
« danger, ni pour la sécurité publique, ni pour sa sécurité per-
« sonnelle, ni pour l’ordre ou la morale, ie directeur donnera
« avis de cette constatation au préfet, en lui adressant une
« proposition de mise en libei té délivrée par le médecin-trai-
« tant, sous forme de certificat médical; le préfet prendra
« I'arrété desortie dans les vingt-quatre heures. »
« c) Le médecin-traitant aura encorela faculté d’accorder des
« soríies d’essai aux convalescents.quand ilestimera quecette
« mesure est nécessaire à leur traitement et à leur guérison ;
« des sorties temporaires aux intermittents et aux chroniques
« en rémission. Le direcleur avisera le préfet de la sortie du
« malade, en indiquant la durée du congé, quine pourra jamais
« excéder six semaines. — En cas de rechute avant le jour flxé
« pour leur rentrée, ces malades seront reconduitsàl’hdpital ou
« à l’hospice d’aliénés sans autres formalités. »
« Art. 19. — Les mises en Iiberté, les sorties temporaires
« ou d’essai pourront également étre proposées par le médecin
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REVUE DES PBRIODIQUES
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« inspecteur, quand malgré l'avis du médecin-traitant, il esti-
« mera que l’aliéné ne doit plus étre maintenu. »
« Le préfet, le procureur de la Républíque, le Iribunal, ne
« pourront jamais ordonner aucune mise en liberté temporaire
« ou définitive que sur l’avis du médecin-traitant, ou du méde-
« cin-inspccteur. En cas de désaccord, ils soumettront le cas à
« la commission de contróle instituée en vertu de l’article 23. »
« Art. 20. — Les sorties de l’asile de súretéseront ordonnées
« par arrété préfectoral, sur avis mctivé du médecin-traitant,
« avec la garantie de contróle de l’inspecteur, comme pòur les
« aliénés internés d'offlce. Ces ’sorties pourront également
« n’étre que temporaires ou d’essai; mais dans ce cas le pro-
« cureur de la République devra toujours étre prévenu à
« I’avance, pour lui permettre de faire surveiller le délinquant
« remis en liberté, s’illejuge nécessaire. —Lorsqu’une demande
c de mise en liberté formulée par un aliéné interné à l’asile de
« súreté n’aura pas oblenu satisfaction, aucune nouvelle
« demande ne sera prise en considération avant un délai qui
« ne pourra jamais étre deplus de six raois. »
M. M.
REVUE DES PERIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANQAIS.
Revue philosophique. (Septembre 1909).
Duprat. — Religioslté et mystlcisme, d’apròs l’observatlon
psycho-pathologlque. — L’observation psycho-pathologique nous
montre que si la religiositó existe chez nomhre d’aliénés « simplement
comme efíet de cette puissante cause sociale qu’est toute religion
actuelle », chez d’autres malades le « sens du mystèntux » se montre,
mysticisme simple qui est d origine psycho-pathologique autant que
sociologique.
Le sentiment mystique est très favorisó par un certain état de
désarroi psychologique qui permet de concevoir, selon le mot de
Durkheim, « deux catégories de choses radicalement hétórogènes et
incomparables entre elles, les sacrées d’une part, les profanes de
l’autre ».
M. M.
Progrès mèdical . (7 Aoùt 1909).
Joudran et Fantoynout. — Le sulcide chez les Malgaches. — Les
auteurs donnent l’observation d’un médecin indigène qui paraít s'ètre
suicidé sous l influence d’un délire assez peu cohérenL où prédominent
les idées de culpabilitó, les idées mystiques et les idóes de persócu-
tion.
Ce délire parait d’ailleurs assez mobile. « Je suis une bète ayant pris
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RBVUE DK PSYCHIÀTRIE
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forme humaine, et je me demande si je ne suis pas le serpent qui lua
autrefois Adam et Eve. » Le document le plus intéressant de ce travail
est la traduction d’une lettre ócrite par le malade peu avant son
suicide.
M. M.
fìecue de mèdecine. (Décembre 1909).
D r E. Long (de Genève). — Ĺe traitement prolongé de l’épllepsle
par les bromures et l’hypochloruratlon allmentalre (Méthode de
Rlchet et Toulouse).
Le Docteur Long reprend l étude de la méthode que MM. Richet et
Toulouse ont proposée en 1899. II distingue, avec ces deux auteurs, la
ra^ion chlorurée d’entretien (2 à 3 grammes) et la ration de luxe
(15 à 20 grammes). En diminuant cet apport inutile de Noll on obtient
, dans le traitement de l’épilepsie par les bromures une action beaucoup
plus ónergique avec une dose plus faible de médicament, ce qui
s’explique par ce fait que le brome, ne se trouvant plus en présence
d’un excès de chlore, se fixe en plus grande quantité dans le sang.
■ M. Long publie des observatiòns très étudiées, qui le íont aboutir
aux conclusions suivantes :
1° Pour ce qui est du dosage des Bromures , il y a « dans ce traite-
ment une dose limite, la dose sufhsante, qui est nécessaire à Taclion
thérapeutique, et au-delà de laquelle l’intoxication est possibie, et
mème imminente. C’est toujours au-dessous de 4 grammes qu’elte doit
ètre cherchée, mais sa vaieur exacte ne peut étre fìxée a priori d'après
l’àge et le poids du sujet, elle doit ètre établie dans chaque cas par
tàtonnement ».
2 # Au point de cue du degró d’hr/pocfiloruration alimentaire néces-
saire pour obtenir une plus grande activité des bromures, ii penche
vers un rógime moins hypochloruré que Richet et Toulouse ne l’ont
proposé. Cependant il s’agit, ici aussi, de fìxer une règle ppur chaque
individu.
3* La composition du règime alimcntaire hgpocfdorurè est mieux
connue. L’auteur ótudie ici la diète lactée, le régime lacto-végétarien,
les régimes de MM. Toulouse, Voisin, etc., laquestion du pain sans
chlorures. ^
4* Vinjluence du règime hypocfdorurè sur les fonctions digestwcs et
Vètat des èpileptiques parait avoir agi dans le sens d’une amélioralion
générale.
La méthode de Richet et Toulouse « est applicable intégralement et
sans interruption pendant un temps índéíìni ; le régime hypochloruró
peut donc devenir un adjuvant inséparable de la médication bromurée,
mème dans les épilepsies incurables où l’action antispasmodique
permanente es< nécessaire ».
M. M.
Recue scientiflque. (18 Septembre 1909).
Sérieux et Capgras. — Le Déllre d’interprétatlon. — Exposé très
clair des idóes des auteurs sur le dólire d’interprótation ; en somme
rósumó de leur récent ouvrage, pour l’analyse duquel nous renvoyons
au numéro de Juillet. M. M.
PÉRIODIQUES ÉTRANQERS.
. Apergu hlstorique de l’assistance des aliénée dans lea
diSerents pays, par L. Mongeri (Rec. mens. de la presse méd.
ital., Milan, 1909,I, 57-66).
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
REVUE DES PÉRIODIQUES
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Après avoir passé rapidemeńt en revue íes différents modes
d’assistance dans les différents pays, l’auteur conclut que les nom-
breuses enquétes, faitessur ce point, accusent une augmentation
progressive du nombre des aliénés et un encombrement, de plus
en plus grand, dans tous les asiles. Pour lui, le problème qui se
pose aux gouvernements et aux módecins aliénistes consiste à
trouver le moyen de débarrasser les maisons d’aliénés de tous ces
malades chroniques et incurables quedes raisons multiples empè-
chent de rendre à leurs familles, bien qu’ils ne soient pas dange-
reux. Plusieurs asiles ont créé, dans les établissements mèmes,
des colonies agricoles oíi les malades sont employés, selon leurs
aptitudes, à des travaux qui, tout en apportant un bénéfice non
indifférent au budget de Tétablissement, servent à activer le peu
d’énergie psychique restant enqore à ces malheureux. Mais là ne
se sont pas arrètés les louables efforts des pouvoirs publics pour
amóliorer le sort des aliénés confìés à leurs soins. Plusieurs gou-
vernements, s inspirant de l’exemple donné depuis longtemps par
la Belgique avec sa colonie de Gheel, ont commencé à introduire,
dans leurs pays respectifs, l assistance familiale des aliénés. Or, il
n’est pas douteux que Tassistance à domiciie constitue un de ces
projets fertiies en résultats utiles non seulement pour les malades,
mais aussi pour ies pays qui les adoptent. II est évident que le
placement à domicile ne peut pas ètre adopté pour tous les mala-
des ; mais, de l'avis du D r Mongerie, l’asile fermé, l’asile-prison
doit ètre définitivement aboli pour tous les aiiénés chroniques et
inoffensifs.
Léon Delmas.
Contribution k l’étude des psychoses póriodiques, par E.
Krohn (Finska làkaresàll. Handl ., Helsingors , 1909, p. 91).
L’auteur présente deux observations de psychoses périodìques.
Chez le premier malade l’affection a débuté insidieusement à l’áge
de 16 ans ; queiques années plus tard, il prósente des états de
stupeur qui surviennent à des ópoques régulières et sont accom-
pagnés de mouvements choréiformes. Ces états de stupeur. qui
ressemblent beaucoup à de la stupeur maniaque, durent environ
trois semaines ; et ies crises sont séparées les unes des autres par
des intervalles de lucidité de méme durée. On porte le diagnostic
de démence à évolution lente et progressive. L’auteur est d’avis de
ranger ce cas dans un des groupes que Krmpelin place au voisina-
ge de la catatonie.
Dans le deuxième cas, il s’agit d’une psychose qui a évolué
rapidement chez un sujet àgó de 19 ans. Àu début, les accès de
manie revenaient à peu près périodiquement toutes les deux semai*
nes avec des rémissions d’égale durée ; plus tard, les signes de
démence augmentent progressivement d’intensité et perdent tout
caractère de périodicité. Diagnostic : hébéphrénie avec symptómes
de manie périodique.
Léon Dblmas.
(Mèd. Klinik , Berlin, 1909, n # 6).
R. Neurath. — Sur l'ldiotie dans l’enfance. — Sous cette dénomi-
nation, on comprend toute anomalie des fonctions cérébrales, caracté-
risée par un arrét de développement de l’intelligence et qui est tou-
jours congénital ou héréditaire. L’idiotie est la conséquence de tous
les phénomènes morbides, qui, avant la fin du développement de i’in-
dividu, intéressent les centres nerveux et les voies destinóes à la per-
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ception et à l’association des idées. Cette affection consiste en une
absence complète de dóveloppement intellectuel, en un arrét des fonc-
tions cérébrales ; dans les antécédents héréditaires, on trouve souvent
des névropathies, l’alcoolisme, la syphilis : les traumatismes obstétri-
caux sont aussi une cause fréquente d idiotie.
A l’arrèt du dóveloppement intellectuel correspond aussi un arrét de
la croissance : c’est ainsi que àmsì'idiotiemyxcedémateusecongénitale,
on voit des arrèts de dóveloppements des organes génitaux, surtout
chez l’homme, ainsiqu’une grande iaxité des ligaments et des surfaces
articulaires. — Dans Yidiotie mongoloìde ou le mongolismc , les choses
se passent différemment : les malades ont plus de joviaiité ; iis sont
très irritabies et de parfaits imitateurs ; la tète est petite ; et chez ces
malades, ce que l’on observe souvent, ce sont des anomalies congé-
nitaies du coeùr et des hernies ombilicaies. L’idiotie myxoedómateuse
peut ètre traitée avec succès ; il n’en est pas de mème du mongoiisme.
— Dans Yidiotie amaurotique familiale ou maladie de Tay-Sacfts , on
observe des symptómes complexes tels que : cécíté, paralysies et dé-
mence progressive à caractère familial, surtoutchez les Juifs, etc.
L’auteur ajoute que i’idiotie peut ètre encore due à de ia paralysie
céróbrale infantiie, à de ia méningo-encéphalite, à i'hydrocéphalie, à
ia paralysie infantiie progressive, etc.
Au point de vue du traitement, il n’y a pas grand chose à tenter ;
toutefois le ròledu médecin consiste à faire i óducation de cesidiots, de
faoon à en faire des facteurs utilisables dans la société.
Léon Delmas.
(Berl Klin. Wchnschr ., 1909, XLVI, 685-688J.
G. Stertz. — Psychose catatonlque comme manlfestation symp-
tomatlque d’une thrombose des slnus. — L’auteur relate l’observa-
tion d’une ouvrière en fabrique, dgée de vingt ans, secondipare, qui,
à la suite de son dernier accouchement, présenta le tableau clinique
complet de ia psychose catatonique. Mort subite au bout de quatre
semaines.
A l'autopsie, on trouva une thrombose de tous les sinus cràniens, en
particulier du sinus iongitudinal, des deux sinus transverses et des
sinus pétreux ; la thrombose atteignait, à gauche, la veine jugulaire et,
à droite, elle s’étendait jusqu’au golfe de la jugulaire. Toutes ces
thromboses ne s étaient révélées, du vivant de la malade, par aucun
signe clinique permettant de faire ie diagnostic. — L’examen histoiogi-
que du cerveau ne róvéla aucun foyer d'hémorrhagie ou de ramollisse-
ment, ni aucune anomalie de l’ócorce cérébrale. Seuis existaient des
épaississements de ia pie-mère avec, de-ci de-là, queiques lymphocy-
tes (pas de leucocytes ni de plasmazeilen) et des altérations, en cer-
tains endroits, plus ou moins accentuóes de tous les noyaux de I’écorce.
Lésions thrombotiques des sinus.
L’auteur ótabiit ensuite ie diagnostic diffórentiel avec ies affections
du groupe de la dómence précoce, ia catatonie et ia méningite.
Léon Delmas.
(Mèd. Klinik, Berlin, 1909, n* 2).
Sadger. — Sur l’étlologle de Phomosexuallté. — Les homosexuels
sont, au cours de leur dóveioppement, portés tout naturellement vers
l’autre sexe ; ce n’est qu’à une époque tardive de ieur óvoiution qu’ils
acquièrent les instincts contre-nature de lhomosexualité. D’après
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Sadger, l’analyse psychologique de ces individus est íncapable de
donner des explications suffisantes sur l'étioiogie de cette inversion,
qui reste encore une énigme.
Léon Delmas.
{Rev. d. cspecialidades medicas, Madrid, décembre 1908).
Barcia Caballero. — Importance du travail dans le traitement de
la folie. — L’auteur expose les résultats qu’il a obtenus è l’hòpitol
Santa Maria de Gracia (de Saragosse) et il estime qu un travail choisi
et bien dirigó est un facteur important dans la cure de la folie. Tout
travoil est bon, en règle génórale ; toutefois Caballero donne sa préfé-
rence aux travaux agricoles.
Le travail ne doit jamais ètre excessif, ni provoquer aucune fatigue,
ce qui aboutirait è des résultats tout è fait opposés è ceux que l’on
veut obtenir. Le travail doit ètre doux, tranquille et proportionné aux
forces de l’individu; il faut également tenir compte de ses aptitudes
particulières et ne pas oublier qu'il existe de nombreux moyens pour
limiter les impulsions exagérées de ceux qui ont une ardeur excessive
les mettant constamment en mouvement.
Enfìn, et c’est lè une nécessitó absolue, le travail ne doit pas ètre
considéré, dans I’esprit du malade, comme une corvée, comme une
tàche imposée, comme une punition, ce qui serait contraire au but
poursuivi ; il faut que le malade envisage le travail comme un diver-
tissement agréable, un moyen de récróation et de distraction.
Léon Delmas.
/
PÉRIODIQUES ÉTRANGERS. - PSYCHOLOGIE.
Rivista di Psicologia applicata
(4* annóe, 1908, n** 4*6. 5* année, 1909, n*M-4).
C. G. Jung. — Les nouvelles vues de la Psychologie crimlnelle.
Contributlon à la móthode de la « diagnose de la connalssance
desfaits. » (Tatbestandsdiagnostik). — Le principe de cette móthode
si fréquemment étudiée dans ces derniers temps est le suivant: Un
vol d’objets a été commis ; un individu soupgonnó est arrèté ; op le
soumettra à l’expórience classique de la réaction associative en lui
demandant, è chaque mot prononcó devant lui, de répondre le plus
vite possible par la première chose qui lui vient è l'esprit. Lorsque,
parmi les mots prononcés, il s’en rencontrera quelques*uns ayant trait
aux objets dérobés, si l’individu est coupable ii se gardera bien de se
laisser aller è d9S associations, risquant fort d’étre compromettantes ;
dès lors il se produira pour ces mots un allongement du temps d’asso-
ciation. En outre, l association se montrera différente des autres, par
répétition de la parole inductrice, par exemple, ou ne se produira *
peut-ètre mème pas du tout, etc. Si un individu innocent est au cou*
rant de l’acte et des soupgons qui pèsent sur lui, les paroles faisant
allusion è l’acte, les termes « critiques » exerceront aussi une influence,
mais moins accusóe.
L’auteur signale l’application, dans un cas, de cette móthode ; il
s'agissait d’un vol dont trois inflrmières pouvaient étre soupQonnóes.
Elles furent toutes soumises è l'expérience en question.
Chez l une, Jes réactions critiques étaient plus iongues de 6 cinquiè-
mes de seconde que la moyenne des indiffórentes, chez la deuxième
de 2 cinquièmes et chez la dernière de 3 cinquièmes. Les divers signes
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REVUE DK PSYCHIATRIB
d’une association complexe et ómotive se trouvaient supérieurs par les
réactions critiques, respectivement, de0,7 t 0,0 et 0,4. Tandis que c était
sur la deuxième infìrmière que portaient les plus lourdes charges, les
signes psychologiques accusaient la première, qui, pressée de ques-
tions, finit par tout avouer.
Une telle expérience a évidemment une valeur beaucoup plus grande
que les essais de laboratoire où sont simulés par les sujets les actes
délictueux. Mais la méthode pourrait-elle ètre gènéralisée autant que
le voudraient certains de ses partisans en criminologie ? II est certain
que l’épreuve ne peut ètre faite, comme le dit Pauteur, qu avec ì’assen-
timent de l’individu soupgonnó. Et d’autre part ne peut-on penser que
l’émotivitó jouera toujour^ un très grand róle et qu'un innocent très
émotif, au courant des actes délictueux, donnera des perturbatíons
plus fortes pour les réactions critiques qu’un coupable averti et très
maitre de lui? II reste ò faire allusion, dans l’expérience, à des détails
ne pouvant ètre connus que du coupable, s’íl en existe. Et là on rejoint
un procédé habituel à la psychologie des juges d instruction, qui savent
íaire brusquement allusion à un détail de cette sorte pour saisir
l’influence exercée sur l’individu enquèté, et en particulier sur sa
physionomie. II e&t certain que, dnns ce dernier cas, l’étude des
variations vaso-mòtrices émotionnelles et l’enregistrement des asso-
ciations permettraient plus de précision et plus de certitùde.
U. Pizzoli. — Vieux princìpes et nouveiles applicatíons. —
L’auteur insiste sur la nécessitó de faire l’éducation sensorielle des
enfants et, en particulier, leur éducation chromatique ; il signale divers
appareils pour l’óducation ambidextre des enfants et le perfectionne-
ment du sens musculaire ; il décrit un algésimètre à basses tempóra
tures, etc.
G. Vailati. — La grammalre de l’algèbre.
C. Giàchetti. — Caractéristiques et nature du songe. — L auteur,
ayant constató que le plus fort pourcentage de réves cohórents cons-
tituant un tout était donnó par des personnes intelligemes et par des
personnes imaginatives, admet que cela estdù au travail dereconstruc-
tion logique eíTectué dans la veille qu’a étudió Foucault. Les personnes
pei 4 intelligentes róvent peu ou ne peuvent rendre compte de leurs réves,
constituès par des images sans lien entre elles. II rapproche ces faits
des constatations d’Aliotta que la personnaíité du rève reproduit fidèle-
ment celle de la veille, et que les types mentauxne sont pas rnodifiés
donslesommeil, constatationsqu’il a vérifìéessur lui-mème ; c’esttout au
plus si dans le rève on est débarrassé du contròle imposé par les néces-
sités de la vie sociale, comine I'a noté Claparède. Et on ne peut préten-
dre, avec Myers, que le réve puisse mettre à jour des phónomènes supé-
rieurs à cqux qui peuvent se produire dans la veille. En général
mème, les pseudo-créations du réve ne sont pas utilisables.
G. C. Ferrari. — La mesure du développement intellectuel chez
les enfants anormaux. — Exposé de la mélhode de fìinet, fait pour
déterminer « l’échelle métrique » de l'intelligence, c’est-à-dire ie
développement intellectuel normal à chaque áge.
F. del Greco. — La psychologie du génle et les grands mysti-
ques. — L.a persoiuialité humaine n’est pas fixée, elle est livrée à de
perpétuels changeinents, et les principaux modifìcoteurs de la person-
nnlité se rnngent, soit dons la série des impulsions idéatives, soit dans
celle des conditions biologiques individueiles ; le génie apporait dans
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REVtJE DES PÉRI0DÍQUE8
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son oBuvre de création, toute fluctuante, comme éminemment instable,
et les facteurs psychopathiques peuvent intervenir, à cótó du dótermi-
nisme psycho-social des idées, pour engendrer l’individualitó géniale ;
mais, comme autre facteur biologique, l’auteur dóciare nécessaire,
comme il Ta déjà noté dans sa Psicologia del genio in Carle Darwin ,
une certaine vigueur de constitution dans la race et dans l’organisme
individuel. Le gónie parait un cqdUin mélange de force etde faiblesse.
N. Neyrozu. — Un cas typique de délinquence congónitale. —
Observation clinique et examen physique et mental. Cet « imbécile
moral », suivant l'expression de l’auteur, n a pas rintelligence qu'on \
pourrait lui prèter. La débilité se marque par une grande diminution
du champ de l'attention et une incapacité de synthèse logique. Un
caractère à noter aussi est qu’il cherche, par la fraude dans les expé-
riences psychologiques, à paraitre supórieur à ce qu'il est réellement.
(Juin-Juillet 1909).
Feltzmann. — Contribution à l’étude de la psycho-anatyse et de
la psychothérapie. — L’auteur, se basant sur sa propre expérience,
critique la móthode psycho-analytique de l’école de Freud, et dit avoir
parfois obtenu de meiileurs résultats thórapeutiques de lasimple hypnose
et de la psychothórapie rationnelle par la móthode de Dubois.
Erixon. — Contenu zoopathique des hallucinations, des obses-
slons, et du délire chez les aliónés. — L’auteur, faisant une esquisse
des manifestalions morbides correspondantes, décrit de quellemanière
les symptòmes de zoopathie évoluent chez les maiades et dit que ces
symptòmes, assez fréquents, óveillent peu l’attention des módecins, se
manifestant passagèrement dans le cours d’une psychose quelconque ;
i’auteur ajoute qu’à présent on attribue peu d’importance, en fait de
diagnostic, au contenu du dólire et des hallucinations.
G. Tamassia. — Un nouveau slgne d’identiflcatlon personnelle. —
L’auteur signale ia grande individualité de i'anse ou arcade veineuse
dorsale de ia main, susceptible de rendre des services dans l’identifi-
cation judiciaire, à cótó du bertiilonnage et des empreintes digitales.
A. Pellottieri. — Le besoln de posséder et la personnalité. —
L’auteur considère comme indissolublement liés, l étre et i’avoir, et la
personnalité tendrait à disparaitre par suite du simple dófaut de
proprióté. II iui apparait donc comme nécessaire d’assurer à chacun
« les moyensde dóvelopper librement sa propre activitó individuelle et
sociale, au bénéfice de lui-mème et de ses semblables ».
G. C. Ferrari— Lagrande importance des choses Inslgnlflantes.
Pio Foa. — Problèmes de pédagogie sexuelle.
M. Calderoni et G. Vailati,— Les origines et l’idóe fondamentale
du pragmatisme.
I. Ricca. — Sur quelques expériences ergographiques chez des
mélancoliques soumls à des excitations muslcales. — L’auteur, en
faisant faire deux fois de suite des séries de soulèvements à l’ergo-
graphe chez des mélancoliques, a constató que les deuxièmes sóries
fournissaient toujours une plus grande somme de travaii que les pre-
mières, résultat íort intéressant par son apparence paradoxaie; il l’ex-
plique, avecraison, semble-t-il, par une intervention plus intime des
facteurs psychiques, l’effort restant toujours plus ou moins infórieur au
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potentiel d’énergie dont dispose l’individu, ce qu'on constate très bien
par le succès des exhortations à faire un eílort plus grand. Quant á
ì’action de la musique, elle ne s’est manifestée sur aucun des cnractò-
res de la courbe ergographique. L’auteur a tenu à publier ses résultats
négatifsetil a fort bien fait, carona natureltement tendanceù ojouter
foi aux résultats positifs d’expériences non contredites. En ce qui con-
cerne l'action physiologique de la musique, il nole que les efTets ne
sont jamais proporlionnels au caractòre, pour ainsi dire psychique, de
la musique.
c. Colucci. — Le pouls cérébral et le pouls radial dans Pépllep-
sie Jacksonienne traumatlque. — Travail fort intéressant et illustré
de nombreux graphiques : l’auteur a enregistré fréquemment le pouls
radial et le pouls céróbral au cours des accès et a obtenu des indica-
tions de grande valeur sur les phénomènes vaso-moteurs dans ces
états convulsifs. Voici le résumé des principaux résultats : tels que les
a exprimés l’auteur, sous unc fortnc qui pòurrait ùtrc parfois dìscutcr.
Dans la phase qui précède l’accès, il y a augmentation progressive
du volume cérébral, avec des retours fugaces de vaso-constriction, les
oscillations manifestanl un rapport avec I’intensité de I’accès consécu-
tif; cette période paraít caractérisée par un étatde congestion veineuse
cérébrale, et parfois il y a des altérationsdu rythme du pouls. Le pouls
radial, juste avant l’accès, présente un état de vaso-constriction. Au
moment de l’accòs, il y a presque vaso-constriction córébrale, diminu-
tion volumétrique considérable. Pendant les contractions toniques, il
y a prédominance vaso-constrictive, mais avec de nombreuses oscilla-
tions de relàchement du tonus vasculaire ; pendant les convulsions
cloniques, II y a des oscillations dósordonnées de la pression cérébrale
avec prédominance de l’augmentation (reláchement du tonus vascu-
lairo), et un désordre accentué du rythme des pulsations. Le pouls ra-
dial manifeste une véritable « convulsion vaso-motrice *> ; il y aurait
un « état tétanique », et un « ótat convulsif clonique » de la pulsation.
En tout cas — constatation importante, — il n’y a aucun parallélisme
dans le comportement du pouls radial et du pouls cérébral au cours de
l’accès ; leur indépendance réciproque est complète.
G -C. Ferrari. — La psychologie des rescapés du tremblement
de terre de Messine. — Très intéressantes observations synthétisées
sur les eíTets mentaux de cette gigantesque et terrible expérience
naturelle d’émotion collective. On put noter les différents etTets de la
peur, et en particulier une curieuse indilTérence, une atonie aiTective
complète chez des individus, seuls survivonts de nombreuses familles,
à la suite du violent choc ressenti et de la généralisotion du désastre,
somme toute consolante pourles individualités, car on soufTre surtout
de souíTrir seul. Le grand silence qui suivit ranéantissement de la ville,
la paralysiedesvoixquinesurentpluscrierni gémir, est aussiàsìgnaler.
D’autrepait, I'écorce sociale brisée, les instincts profonds reparurent
dans l’héroisme du dévouement ou ia lácheté féroce d’un brutal égoìs-
ine, comme dans la célèbre catastrophe du Bazar de la Chonté, où les
àmes d'apaches des élégants flirteurs se révélèrent à nu.
Le droit du plus fort régna en maitre pendant longtemps parmi Ies
ruines, pendunt un temps long, mais qui parut fort court à beaucoup
de survivanls par une curieuse illusion constatée déjà chez les reseo-
pés de Courrières, qui ne se doutaient pos ètre restés plusieurs joui*s
enfermés dans la mine. A còté des vols et rapines, ón pouvait s'atten-
dre à de nombreux viols ; il y en eut peu, non que les aceouplements
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REVUE DE8 PÉRIODIQUES
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aient étó rares. Chez ces malheureux échappés sans vétements, isolés,
et que ne pouvaient plus retenir des liens familiaux et des convenfions
sociales, les étreintes furent frénétiques au hasard des rencontres, et
Passentiment des femmes aux désirs des premiers venus ne donna
guòre occasion au viol. Ferrari voit à cette frénésie érotique une grande
signiíication de révolte contre la mort et d’aspiration à la vie perpé-
tueile de la race. Au milieu de 80.000 cadavres, des quantitós de vies
nouvelles furent engendrées. Ce fait amplifie seulement une donnée
dójà connue : la feinme qui a subi une tròs vive émotion, qui a échap-
pó à un grand danger, s’abandonne facilement.
Cela s’explique psychologiquement tròs bien : faut-il y voir aussi
une signification biologique par un sursaut de J'instinct profond de
conservation de l’espèce. C’est là un problòme ^ifflciie à rósoudre.
D. Provenzal. — Le tremblement de terre de Messlne.
Luigi Parmeggiani. — A propos du tremblement de terre de
Messine. — Les impressions de ces deux rescapós illustrent certains
despointsde Tarticle de Ferrari par des auto-observations intéressan-
tes.
M. Baccelli. — Sur la prlse en considératlon des accusations
et des témoignages d’enfants. — Observation d’un enfant s’obsti-
nant dans des accusations mensongòres.
S. Tedeschi. — L’habitude dans Pévaluation. — L’habitude peut
crèer un fait de valeur.
G. Sarfatti. — La psychologie sociale et ses relations avec
l’histoire.
G. Borchi et A. Montemezzo. — Sur Péchopraxie. — Trois obser-
vations d’imitation spontanée des gestes chez des dèinents et idiots.
Cette « òchopraxie », normale chez l’enfant, et qui aurait dans l’idiotie
une signiíication, une « fìnalité » physiologique, ne se produit cliez des
sujets de rnentalitó plus développée que s'il existe une obnubiiation de
la conscience. L’essai d’expiicution par excitabilitò imitative des centres
supra-polygonaux, avec participation du sens esthétique et peut-ètre
intervention de ia suggestibilité, n’apporte rien de clair ni de íondé.
Fr. del Greco. — Le concept psychologico-soclal de responsa-
bilitó.
G. Vailati etM. Calderoni. — Le pragmatisme et les diverses
maniòres « de ne pas ne rien dlre ».
H. Piéron. — L’étude expérlmentale de la mémoire chez les
animaux inférleurs. Les phénomònes d’adaptatlon.
M. L. Patrizi. — L’effort pour une conférence mesuré en kilo-
grammòtres. — L’auteur publie des graphiques ergographiques du
inerveilleux orateur qu’est Enrico Ferri aussitòt apròs une coníérence
publique, et opròs s’etre reposé. La courbe donne 5,37 kilogrammòtres
dans io premier cas et 0,18 dans le second. On trouvera aussi dans
cette étude la description de quelques oppareils de l’ingénieux physio-
logiste : un neuro-dynamographe pour la inesure de la force de la
contraction volontaire de la jambe ; un pneumatographe pour la
mesure de la íorce expiratoire des muscles thoraciques, et un ergos-
thétographe pour la mesure directe du travail mécanique des muscles
de la poitrine.
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RBVUE DB PSYCHÌATRIE
C. Giàchbtti. — Sur l’orlgine des idées obllgatoires (coatte). —
Sous ce terrae, qu’il propose, l’auteur range les idées fixes ^ou obsé-
dantes. L’origine de telles idées doit étre cherchée selon lui dans le
caractòre, dans le tempérament individuel, dans ses particularités de
développement, dans l’éducation, qui joue un róie très important jus-
tifiant l’intervention de la róéducation, et enfin dans le milieu. Ce
syndrome ne peut ètre enfermé dans ie cadre de la neurasthénie cons-
titutionnelle, d'ailleurs bien vague ; il doit étre rangó dans les psy-
chasthónies, dans les psychoses constitutionnelles.
Ce troubie de caractère indique une origine intellectuelle et non
affectivecommele soutient, après bien d’autres, Régis, pour l’obsession.
L idée à laquelle l’individu ne peut plus se soustraire apparait tordive-
mentsur ie terrain préparó d’un caractère spécial, après des périodes
de doutes, craintes vagues, etc. L’auteur donne, àl’appuide sa concep-
tion, l’observation d’une óvolution mentale chez une femme dont i’ob-
session apparut à sa première grossesse.
H. PlÉHON-
NOUVELLES
Asiles publics d’allénés. — Moucement du mois d'octobre /909. —
M. le D r Privat db Fortunié, médecin adjoint à l’asile de Montde-
vergues (Vauciuse), est agréó, en la mème qualité, à la colonie famì-
liale d’aliénés de Dun-sur-Auron (Cher).
M. le D r Chardon, médecin en chef de l’asile d’Armentières (Nord),
est promu à la classe exceptionnelie.
Laboratoire de Psychologie expérimentale d’Aix-en Provence
(Aslle Montperln). (Etablissement de recherches scientifiques sub-
ventionné par le Conseil Gónéral des Bouches-du-Rhòne). Directeurs :
pour la Psychologienormale, pathologiqueet socioiogique: le D r Duprat ;
pour I’Anthropologie criminelle et la Psychiátrie : le D r Togo.
Tableau des Cours (1909-1910): I. Le jeudi et le samedi matin à
9 heures : tracaux dc Laboratoire réservós aux Etudiants inscrits. —
II. Le jeudi à 2 h. 1. 2, après-midi : Cours public. ~~
Programme du Cours public : Legon d’ouverture : Résumé du cours
de l’annóe précédente (psychologie, physiologie et sociologie). — Le
système nerveux : structure et fonctions, — L’Association mentale :
son íondement et ses iois. — L’Aiiónation mentale : les principaux
types d’aliónés. — Les Causes de la Foiie : a) causes physiologiques;
b) causes sociales. — Les róactions des aliónés : a) les impulsions,
suicides et homicides; b) l’imagination morbide et le Génie. — Les
aiiénès criminels et les criminels aliénés. — La responsabilité morale,
sociale et la libertó. — Lacapacité juridique des aliénés. — Les demi-
fous et l’instabilitó mentale. — L’Assistance ; la loi de 1838; le projet
Dubief (1907. — L’éducalion et la róóducation des anormaux.
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CONGRÈS
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SOCIÉTÉS
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLiOGIQUE
Sénncc du lundi 25 octobrc 1909
Un cas dc délti'e dcs ncgations par Ceroantòs. Le liccnciè Vidrcira ,
par M. Trenel.
Dans une de ses Nouvelles intitulóes « Le licenció Vidreira » (Le
licencié de Verro), Cervantòs raconte que ce licencié, á la suite d'uno
tentative d’empoisonnement, se crut changéen verre. Ilguérit au bout
de deux ans. II est naturellement difflcile de ciasser le cas. Mais il est
intéressant d’analyser un fait bien observé et bien dócrit. II s'agit lá
d'un dólire de négation avec transformation de la personnalité physi-
que. II est à remarquèr que le malade est dit avoir guéri, quoique de
semblables faits évoluent surtout d'une faQon chronique. On raconte
que le conte de Cervantòs serait le cas du philologue Gaspard de
Barth.
Paranoìd ct dénicnce paranóidc . — M. Seglàs présente l’observation
d’une malade, atteinte de délire des persécutions systématisé avec
hallucinations, ayant évoluó pendant 44 ans de la fa^on suivante :
début insidieux que l'on peut fìxer approximativement à l’année 1865 ;
de 1865 à 1869 période d’interprétations délirantes simples ; de 1869 à
1879, le délire se précise avec I’apparition d’hallucinations de l oule,
d’abord de bruits, puis de paroles, suivies plus tard d’hallucinations des
autres sens. En 1879, crise paroxystique, ayant nócessitó I’internement.
Au bout de 14 mois, courte rémission ; tentative de sortie; réintégra-
tion au bout de six semaines. De 1881 á 1897 période de systématisation
du délire qui repose sur des interprétations délirantes et sur des
hallucinations nombreuses, persistantes intéressant tous les domaines
sensoriels, mais prédominantdu cóté de I’ouíe. (Voix incessantes, écho
de la pensée). En 1892 apparition de voix intórieures, d’hallucinations
verbo-motrices, intermittentes. A partir de 1897, période de délire
stéréotypé ; persistance des hallucinations, moins les voix intérieures
qui disparaissent, personnifìcationdes persécuteurs ; apparition d’idéeg
de richesses imaginaires (2 millions). Mort en avril 1909 par broncho-
pneumonie sans aucun signe de démence constatable. /
M. Seglas, d’après la symptomatologie et l’évolution, range sa
malade parmi les délirants chroniques de Magnan ; se reportant oux
idées actueiles sur la délimitation ie la paranoía, et de la démence
paranoíde, cette dernière forme englobant le délire chronique de
Magnan, il fait remarquer que sa maiade, qui jadis aurait étó eonsidé-
réecomme un cas typique de paronola coinplòte, ne trouverait plus
place aujourd’hui dans le cadre de la paranola ; que d’autre part, vu
l’absence de dòmence apròs 44 uns de dòlire, il est bien difTìciIo de la
qualifier de démente paranolde ; que le cas montre qu’en fait il n’y a
pas de barrière entre les deux íormes et qu’il faut compter avec ks
cas intermédiaires. II critique en terminant I’extension iropgrande, à
son avis, de la démence paranolde dont les formes systématisées lui
paraissent plus voisines de la paranola que .de la démence précoce.
M. Trenel serait heureux que la commuuication de M. Seglasservit
de point de dópart à une série de discussions comparables à celles qui
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UMIVERSETY OF MICHIGAIi
650
REVUE DE PSYCHATRIE
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marquórent l’ópoque héroíque de la Société médicO'psychologique. La
présentation de formes cliniques caractéristiques et lesessais de classi
fication permettraient d’apporter un *peu de clarté dans le désordre
actuel de la nosographie où se classent contradictoirement suivont les
ócoles des paranolas aigués ou non, des paranolas avec ou sans haliu*
cinations, des paranolas avec ou sans démence.
M. Arnaud pense comme M. Seglas et contraireraent à la doctrine
de la dómence précoce, qu’il existe des délires chroníques avec hallu-
cinations óvoluant sans démence.
A. Delmas.
SOCIÉTE CLINIQUE
DE
MÉDECINE MENTALE
Séance du 15 Nooembre 1909
Présidence de M. MAGNAN
COMPTE RENDU ANALYTIQUE
1° Un cas de tabès spasmodique íamilial. — Préscn -
tation de malade.
M. Vjgoukoux présente un malade agé de 30 aus cliez lequcl
a évolué, depuis l’Age de 15 ans, une paraplégie spasmodique. 11
n’a jamais eu et n’a pas encore des troubles de la sensibilité
subjective ni objective, ni aiwun trouble de sphincters. I)ans
son héródité ou trouve la consanguinité des parents (Ie pòre a
épousó sa nièce) et l’existence de paraplégies chez uu oucle et
une tante du cóté maternel.
Le diagnostic de paraplégie spasmodique íamiliale, type
Strumpell, Dójerine et Sottas, s’impose.
2° Sécrétion lactée permanente depuis la puberté
chez une jeune maniaque. — Prèsentation de malade.
M. Liìhoy présente une jeune fille de 23 ans, entréedans nos
asiles pour un accès de manie, qui offre la singulière particu-
larité d’avoir du lait depuis l'àge de lOans. Elle est Algérienne,
israelite, issue d’une famille tarée au point de vue cérébral :
son père a eu des troubles intellectuels passagws et sa mòre esl
une grande hystérique.
Celtejeune fille n’a que de légers stignatesde dégénérescence
(front bas, ongles rongés) ; sa santé physique est parfaite. Les
seins sont bien conformés, sauf l’absence de mamelon, ce qui
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UNIVERSm' OF MICHIGAN
SOCIÉTÉS
651
éliraine l’liypothèse de succion habituelle. La quantité de lait,
toujours très appréciable, varie peu ; elle est plus abondante
au raoraent des règles. Ce láit est blanc, crémeux, coagulable
absolument comparable au lait norraal. On peut en recueillir
uue cuillérée à café à cliaque sein.
La raalade est bien róglée ; elle n’ajamais eu d’enfants et
n’offre rien de particulier au point de vue génital.
3° Paralysie générale juvénile. — Présentation de
malade.
M. Pactet présente un jeune malade de 19 ans chez qui l'on
constate le syndrome paralytique avec des phénomènes de
paraplógie spasmodique. Ces accidents ont débuté à l’áge de 14
ans.
A la sóance de mai dernier, les opinions avaient été assez
partagées sur le point de savoir s’il s’agissait daus ce cas de
démence précoce ou de paralysie générale.
Bien que la ponction lombaire eút donné un rósultat négatif
au point de vue de l’existence de la lymphocytose, certaines
particularités de l’état mental semblaient à M. Pactet devoir
í'aire incliner le diaguostic vers la paralysie générale, et l’évo-
lution clinique ne fait que le confirmer dans cette opinion.
4° Descendance des paralytiques gónéraux. — Pré-
sentation de deux malades.
M. Trénel presente une mère paralytique et sa fllle. La
mère, ágée de 41 ans, est paralytique depuis deux ans. Forme
démentielle.
La fille, ágée de 22 ans, a l’idóe obsédante du suicide depuis
sa puberté (réglée à 13 ans). Aurait eu trois attaques convul-
sives de nature indéterminée il y a quelques mois. Vers cette
époque, elle se montre singulière et fait deux tentatives de
suicide graves.
Depuis son entrée à l’asile, aoút 1909, elle présente un état
anxieux avec idées de suicide, hallucinations de l'oui'e ; idées
mystiques ; attitude liostile envers l’entourage. Son attitude et
ses propos ont une teinte comitiale, sans qu’on ait constató ni
vertiges, ni attaques.
Le cas est difficilement classable et n’est donné que comme
document clinique à la question de la descendance des paralyti-
ques généraux encore si controversée. Parmi les collatéraux il
y aurait des épileptiques.
M. Pactet fait remarquer que la présentation de M. Trénel
soulève Ia question si controversée de la descendance des
sujets atteints de paralysie générale.
Quelle que soit l’importance du róle que l’on attribue à la
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REVUE DE P8YCHIATRIE
sypliilis daas le développement de ia paralysie générale, il lui
semble bien difflcile d’admettre comme quelques-uns le font
aujourd'hui, que les enfants nés avant la conlamination sypbi-
litique des parents, soient à l’abri de toutes tares nerveuses ou
mentales.
Cette conception, d’ailleurs, n’est pas en accord avec les lois
de la pathologie génórale. En effet, si la syphilis exerce chez
certains malades son action sur le système nerveux, de préfé-
rence, il est de toute évidence que cette déterraination spéciale
a été favorisée par une vulnérabilité particulière de ce système,
et dès lors il est prudent de ne pas proclamer, sans réserves,
l’immunité nerveuse des descendants.
5° Six cas d’encéphalite traumatique. — Présenia-
tion de pièces.
MM. Marie (de Villejuif) et Davidbnkow de Karkow, pré-
sentent six pièces provenant de sujets atteints d’encéphalite
traumatique.
Cinq cerveaux sur six offrirent des foyers d'encéphalite
superflcielle dans l’hémisphère droit et au voisinage de la région
teraporale.
Trois sur quatre de ces malades morts paralytiques généraux
étaient en outre syphilitiques avérés, un douteux présentait la
réaction de Wassermann.
Deux autres malades sans réaclion de ce genre ont été
trouvós à l’autopsie, l’un avecles lésions ultérieures de la séni-
lité (íoyer lenticulalre symétrique à une encépUalite ancienne
par balle de revolver à droite).
L’autre considéré de son vivant comme démence précoce
traumatique n’a pas de lésions histologiques des méninges ni
des vaisseaux, mais il présente les lésions neuro-épithéliales
pathognomoniques pour Klippel de la démence précoce : les
auteurs supposent en ce dernier cas uue infection de la plaie
de téte ayant causé l’encéphalite d’abord, la démenceensuite.
Dans tous ces cas, on ne saurait sérieuseraent dénier l’in-
fluence du traumatisme inilial évident comme cause de vulné-
rabilitó cérébrale particulière à la paralysie gónérale, commo à
la démence sénile ou précoce.
Les examens histologiques oomplets ont été faits alternative-
ment à Viilejuif et au laboratoire de M. le Professeur Raymond,
pour chaque cas par les méthodes de Nissl, par l’humateine-
éosine, le Van gieson et la méthode de L’Hermitte (névroglie).
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UNivERsrry of michigan
SOCIÉTÉS
653
SOCIÉTÉ DE NEUROliOGIE ET DE PSYCHIATRIE
DE BERLIN
(Sèance du 11 janvier 1909)
Sur la folie maniaque dépresslve, par Forster. — L J auteur faitun
lristorique rapide de la question, qui se trouve bien dóveloppée dans
ladernièreédition du traitédeKroepelin; il relate lesdiílérentes formes
de cette affection et montre comment Kraepelin en est arrivó à établir
sa classifìcakion qui repose sur l’étude prolongée des symptòmes pró-
sentós par le malade. A cette théorie s’oppose la conception de Wer-
nicke ; toutefois, il est possible de faire un rapprochement entre les
deux méthodes depuis que ron a établi les symptòmes (ypiques de la
folie maniaque dépressive ; cependant ia distinction que l on a faite, à
la suite des recherches de Dreyfus etde Specht, sur ce que l’on appelle
la mélancolie d’involution, n’est pas faite pour. faciliter ce rapproche-
ment. Le seul raéritedecettethéorieest d'avoirbien ótabliquelssont les
symptòmes coractéristiques de la folie maniaque dópressive, qui étaient
fort mal décrits jusqu’à ce jour ; et c’est, en se basant sur l’observation
des états particuliers présentés par les malades que l’école de Krmpe-
lin a pu diflórencier le tableau clinìque de la folie maniaque dépressive
que Wernicke, Ziehen et d’autres ne considéraient pas comme une
entitó morbide.
Enfin, Forster présente l’observation d’un malade, chez lequel exis-
tent des troubles psycho-moteurs qui appartiennent indubitablement à
la forme de manie dópressive telle que le comprend Krcepelin.
Léon Delmas.
SOCIÉTÉ DE3 SCIENCES NATURELLES
ET MÉDICALES D’IÉNA
(SECTI#N DE MÉDECINE)
(Sèance du 21 jancier 1909)
Sur la localisatlon de la sphòre audltive, par Berger. — L’auteur
prósente i’observation d’une femine, ágée de 69 ans, qui devient com-
plètement sourde à la suite de deux attaques consécutives d’apoplexie.
A l’autopsie, on trouve deux foyers de ramollissement, disposés symé-
triquement dans les deux lobes temporaux et ayant intéressó la partie
postérieure de la première circonvolution temporale, et l’écorce céré-
brale correspondante. La partie antèrieure de cette mème circonvolu-
tion ne présente aucune altération macroscopiquement appréciable.
Enfin, dans la circonvolution de Heschl {gyrus temporal proíond),
il existe un foyer de ramoilissement.
De ces constations anatomiques, Berger conclut que la zone
audilive se trouve localisée, non pas dans la première circonvolution
temporale, mais dans la circonvolution de Heschl.
Sur les états limltes de la psychopathie chez les vagabonds, par
Seige. — L'auteur présente un individu qui, depuis huit ans, parcourt
lee grandes routes et qui est issu d’une famille lourdement chargée ; il
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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est extrèmement inteiligent et manifeste de la répulsion ponr r&lcool;
il prósente des impulsions (idées de contrainte) et des hallucinations ;
il a déja été traité, à plusíeurs reprises, dans les hópitaux, pour des
crises d'épilepsie.
A l’occasion de ce cas, Seige établit uns distinction très netle entre
les criminels et les vagabonds : l’ótat mental de ces derniers a fait
l'objet d’un travail récent de Willmann (d’Heidelberg) ; queiqueíois, on
trouve, chez eux, des psychoses encore peu dóveloppées et qui, sou-
vent, sont méconnues ; le plus souvent, ils prósentent des signes
caractéristiques de dégénérescence mentale, sans qu'on puisse, toute-
fois, ies considérer comme de véritables aiiénés. II est très rare que
Talcoolisme soit une des causes principales du vagabondage ; ordi-
nairement, il ne fait qu’accompagner cet état et aggrave la situation.
Les dógénérés ont une tendance toute spéciale au vagabondage par
suite de leur instabilitó mentale et de leur incapacité à se livrer à un
travail suivi. Au point de vue du traitement, Lauteur estime que les
méthodes actuelles (emprisonnement avec peines nombreuses et de
courte durée, travaiì forcó, etc.) sont défectueuses, très coùteuses et
qu’elles donnent des résultats contraires au but poursuivi. Le traite-
ment de ces individus doit ètre, avant tout, módical ; dans les maisons
de correction, ils doivent ètre l'objet d’une surveillance constante au
point de vue mentaL; et certains vagabonds devraient méme ètre
admisduns des asiles spéciaux d’aliónés ou d’alcooiiques ; l'idóal serait
de pouvoir les placer dans des colonies agricoles dans le genre de celle
de Bodelschwingh.
Léon Delmas.
Le gérant: A. CouhSLANT.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT. — 12.540
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5' Sórie. 13' Année. Tome XIII.
DÉCEMBRÉ 1909 - N' 12
REYUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
Revue eritique. — Observations sur la mèmoire chez les jeunes ado -
tescents et les aiiéncs , par G. L. Duprat, Directeur du Laboratoire de
Psychologie d’Áix en Provence... 565
Faltft et opinions. — Pages oubliées : Deux observations de Joseph
Daauin, aliénisie Savoyard (1132-1813), par Maukice Ducosté, Médecin
de i'Asile d’aliénés de Bassens (Savoie)... 661
Revue deft livres. — La Joie Passive, par M.Mignard (B. Legendrk).
— Troubles psychiques dans le goitre exophtalmique , par Louis Dal-
MAS ; Contribution à Vètude statistique de la psychose périodique , par
G. Lerat ; La grande envergure et ses rapports avec la taille chez ies
criminels, par Ch. Perrier ; La folie hystérique , par A. Maikbt et
E. Salagek ; La folie de Jesus, par Binet-Sanglé (P. Juquelier). —
Aper^u mèdico-iégal sur ia magie et la sorcelierie avec ieurs influences
actueiles sur le dèveioppement des maladies mentates, par Íanjoux
(Genty). — Sur tes consèquences mèdicales des catastrophes de Cour-
riéres, Ham , Va/paraiso et l’ítalie du Sud t par le D r E. Stierlin
(M. Mignard). — La Folie de Don Quichotte (Libekt), M. Mignakd. —
Traité de Psychologie pathologique (À. Marie). .... 666
Revue des Pérlodlaues. — LEcho Médical (28 Novembre 1909) ;
La Clinique (5 Novembre 1909) ; La Chronique Mèdicale (15 Novembre
1909)..'. 674
Nouvelles. — Personnel des Asiles. — Sociétés. — Concours. — Prix. 678
Revue des Soclétéft.— Socièté de Pspchologie (8 Jonvier, Juinl909),
M. Mignakd. — Sociètè d'Anthropologie de Paris (4 Mars 1909), M. Mi-
gnakd. — Sociétè. Clinique de Médecine mentale (Décembre 1909),
J. Courjon. — Socièté rnèdico-psychoiogique (Novembre-Décembre),
A. Delmas. — Socièté de Psychiatrie (Novembre), Juquelier . 679
Bulletln bibliographique mensuel. xlv
Table des Auteurs . 694
Table des Matières . 695
REYU E CRIT IQUE
OBSERVATIONS SUR LA MÉMOIRE CHEZ
LES JEUNES ADOLESCENTS ET‘ LES ALIÉNÉS
Par G.-L. Duprat,
Directeur du Laboratoire de psychoiogie d'Aix-en-Provence
Après avoir étudié au Laboratoire d'Aix l’état de la mémoire chez un gprand.
nombre d’aliénés, j ’ai cru devoircompléter mes observations par des expénences
chez des adolescents de quatorze ans en moyenne, afìn d’établir unc compa-
raison entre les troubles apportés par les délires dans la mémoire des malades
et les effets de l r imagination cbez les tout jeunes gens.
i
On peut distinguer parrai les aliónés ceux qui n’ont jamais
acquis pleinement les aptitudes intellectuelles normales (idiots,
imbéciles, dégénérés précoces) de ceux qui les ont perdues (dé-
ments) et de ceux qui les ont conservées, mais en íont un usage
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UNIVERSrn' OF MICHIGAN
656
REVUB DE PSYCHIATRIE
anormal (délirants). Les idiots et les déments échappent en
général à l’examen psychologique en ce qui concerne la mé-
moire proprement dite. Les imbéciles ont parfois une éton-
nante aptitude au rappel des images : c’est ainsi que l'un
d’entre eux, Bid..., étaitcapable de réciter sans arrét et sans
omission toutes les indications du calendrier concernant les
365 fétes des « Saints », les heures de lever et de coucher du
soleil, etc. Mais parfois le rappel des images n’entralne pas mé-
moire complète et surtout localisation exacte dans le passé:
l’imbécile n’a pas toujours une assez nette conception de son
propre moi pour distinguer les divers moments de son évolu-
tion personnelle et« situer » en l’un de ces moments le fait
fidèlement rappelé; il sera plutót apte à raltacher le phénomène
évoqué à des circonstances, à des lieux déterminés dont l’image
est associée à ceile du fait sur lequel se porte particulièrement
son attention. L’imbécile peut étre un excellent téraoin, toutes
réserves faites sur la facon dont il interprète les événements
qui demandent une sorte d’appréciation et sur les effets d’une
suggestion parfois aisément subie.
Les épilepliques sont caractérisés par l'amnésie portant sur
les faits qui ont précédé immédiatement, constitué et suivi de
près leurs crises redoutables. A mesure qu’ils s’acheminent
vers Ia démeuce, ils deviennent de moins en moins capables
de souvenirs précis : ils font de vains efforts pour reconstituer
les synthèses mentales passées, l’affaiblissement intellectuel
progressif les confine de plus en plus dans le présent.
Les hystériques présentent, eux aussi, des amnésies; mais
on sait combien ces amnésies se rattachent à la distraction.
Elles ressemblent à celles du dóbut de la démence précoce ou
de Yhébéphrénie. Nous avons pu observer un cas intéressant
de souvenir latent, ne demandant qu’un effort d’attention pour
s’actualiser. Cap..., 25 ans, semble avoir oublié dans quelles
conditions elle est venue à Aix ; elle parle de voyages à París,
à Ajaccio; elle revient à tout propos sur la situation de sa
famille, sur mille petits détails qui, juxtaposés sans raison
apparente, font croire à de l’incohérence : «son imagination
vagabonde ». Avec peine, gràce à une insistance qui agace la
raalade, nous fixons son attention sur les divers moments de
son voyage de Bonifacio à Ajaccio, d’Ajaccio à Marseille, de
Marseille à Aix. Nousobtenons enfin des détails précis, vérifla-
bles en partie et tous concordants: les souvenirs deviennent
exacts et complets. Nous obtenons de méme des renseignements
précis sur un voyage faità Paris ily a3 ans, sur les consultations
des médecins, sur le traitement suivi. Quatre jours après, la
raalade ne se souvient plus de ce qu’elle nous a dit: interrogée
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
OBSERVATIONS SUR LA MÉMOIRE DES ADOLESCENTS
657
surle mémesujet, elle multiplie les assertions fantaisistes ou bien
déclare ne pas se souvenir. II íaut de nouveau fixer son attention,
détail par dótail, sur les faits déjà relatés pour qu’elle nous donne
des renseigneraents identiques à ceux qu'elle nous a fournis.
Sa raémoire n’est ni incoraplète, ni défectueuse au point de
présenter une amnésie systématisée, ou l’une quelconque des
amnésies souvent décrites ;elleest pénible par suite de l’état
ordinaire de distraction morbide.
D’autres malades, également hystériques, éprouvent la méme
difflculté à se souvenir parce qu’ils ne peuvent pas, sans le se-
cours d’autrui, fixer leur attention sur les images reconstituées.
Ces observations confirment ma thèse sur Ylnstabilité mentale
(Paris, 1899), étudiée comme fondement des psychopathies.
II est aisé de constater chez les enfants distraits à l'excès la
méme difficulté pour se souvenir soit des faits étrangers, soit
des divers moments de l’évolution personnelle. 11 faut flxer leur
attention, les aider à se souvenir, avoir recours à des procé-
dés de remémoration intentionnelle, pour^les amener à retrou-
ver en eux-mémes ce que de bonne foiils afflrmaientétre tombé
daus l’oubli. C’est pourquoi il ne convient guère de conclure
hàtivement à l’existence d’amnésie chez des sujets paresseux ,
incapables de faire l’effort requis pour amener à la pleine cons-
cience leurs modifications mentales les plus complexes ou les
moins habituelles. La cause des amnésies hystériques est en
grande partie à reviser.
II
Les aliénés à « folie circulaire » semblent devoir élre rap-
prochés des hystériques à personnalités alternantes et à « am-
nésies » correspondantes. Cependant la succession de la stupeur
mélancolique et de I’agitation maniaque ne nous semble pas
entrainer l'alternance de deux mémoires. L’aliéué passant de la
stupeur à l’agitation nous paralt avoir des souvenirs précis de
ses états antérieurs. Dans l’extrérae agitation, il est impossible
de constater à quel degré la mémoire se distingue de l’imagina-
tion fantaisiste. De méme dans la mélancolie anxieuse, il est
impossible de distinguer les souvenirs des hallucinations. II y a
donc deux extrémes qui échappent à nos investigations. Toute-
fois dans la simple mélancolie on constate un souvenir précis
de la vie mentale ócoulée, comprenant à la fois perceptions et
hallucinations, mises sur un pied d'égalité. Les malades rap-
pellent les propos qu’ils ont tenus, les visions qu’ils ont eues il
y a quinze jours ou deux mois ; ils ont parfois uue mémoire
très précise de l’arrivée ou du départ d’autres malades les inté-
ressant. Tant que leur préoccupation ne les absorbe pas au
point de les isoler mentalement du milieu dans lequel ils vivent,
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UNIVERSETY OF MIC
658
REVUE DE PSYCHIATRJE
ils paraissent ne point subir une déchéance marquée de l’apti-
tude de se souvenir.
Bien différent est le cas des « anxieux » dont un état perpé-
tuel de frayeur dissocie les synthèses représentatives. Calv...,
57 ans, a été interné à cause des impulsions qu’il éprouve à se
jeter à ia face des gens pour ies maintenir dès qu’ils approchent
de lui: ces impulsions sont dues à la frayeur que lui cause
tout nouveau venu ; il a peur depuis le jour où il crut voir un
malfaiteur sorlir de sous son lit. Le méme état affectif qui
entratne les impulsions jugées dangereuses est la cause d'une
extréme lenteur dans les processus intellectuels. Calv... ne se
souvientque très difflcilement du nom etde l’áge de sa femme
et de ses enfants. II ne peut plus faire effort pour rappeler les
synthèses antérieurement constituées ; elles lui échappent car,
à cliaque instant, l’effroi de nouveau le gagne. « J’ai peur, » ré-
pète-t-il, en regardant autour de lui. La distraction se compli-
que ici de dissociation mentale tendant à accroìtre la confu-
sion qui commence. On trouverait des cas analogues chez cer-
tains « psychasthéniques ».
La lenteur des réactions de toutes sortes dans la paralysie
générale à ses débuts, nuit de la méme fa^on, à la promptitude,
à la vivacité, à l’exactitude des souvenirs. Mais les lésions de la
paralysiegénérale ne sont guèi’e comparables au trouble apporté
par un état affectif anormal. II va sans dire que lorsqu’une ré-
gion corticale est atteinte, les images correspondantes ne pou-
vant plus se constituer, une partie des souvenirs disparalt iiré-
médiablement. Inutile d’insister sur ce point bien établi.
Restent donc Ies délirants dont les souvenirs peuvent ètre
modiflés soit par des hallucinations, soit par l’interprétation
anormale des faits. D’ordinaire les délirants ne sont pas inca-
pables de former des représentations complexes ; leurs a ptitu-
des imaginatives ne sont pas amoindries. Nous n’avons pas pu
constater une déchéance sensible de la mémoire chez la plupart
de ceux dont le délire est encore « actif» et ne consiste pas
siraplement dans une perpétuelle réédition de formes plus ou
moins complexes. Des expériences ont été faites au moyen de
cartes postales illustrées représentant des paysages, des scènes
de la vie provinciale, des raonuraents, des personnes, elc. Je
montrais deux de ces vues à chaque malade, et lui demandais de
les reconnaltre alors que je les avais, immédiatement après, mé-
Iées à beaucoup d’autres. La reconnaissance immédiate fut
exacte pour la plupart ; une malade mélancolique, à délire de
religiositó, hésita pour reconnaltre l’un des petits tableaux; une
autre, persécutée, confondit deux images ayant une lointaine
analogie.
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
OBSERVATIONS SUR La MÉMOIRE DES ADOLESCENTS
659
La mème expérience faite sur des sujets réputés normaux a
donné les mémes résultats : la reconnaissance immédiate est
généralement aisée; cependant, certaines personnes hésitent
et parfois se trompent quand il s’agit de choisir entre plusieurs
données analogues : ce sont celles qui ne se donnent aucun
« point de repère » ou celles qui flxent leur attention seulement
sur un caractère (qui se trouve ensuiteétrecoramun à plusieurs
visions complexes), ou des candidats à la « manie du doute ».
Mais lorsqu'il s’agit de la reconnaissance à quatre jours d’in-
tervalle, les plus instables se montrent incapables de souvenirs
bien súrs : les obsédés ne se sont pas trompés, les agités onì;
comrais des erreurs plus ou moins grossières. En général, plus
la psychose est ancienne, moins les souvenirs de/aits récents
se fixent aisément. En ce qui concerne les souvenirs de faits
anciens, la plupart des aliénés à délire actif se montrent capa-
bles de surprenantes précisions ; les vieillards eux-mémes bé-
néficient à cet égard d’un retour fréquent sur eux-mémes, à la
condition bien entendu que leur moi n’ait pas été profondó-
ment modiflé au début ou au cours de la maladie. C'est ici qu’ap-
paralt ie fait le plus caractéristique à notre avis de Ia raémoire
chez les délirants. 11 faut, en eflfet, rattacher la vie normale an-
cienne à l’existence anormale présente : le souvenir d’illusions
ou d’hallucinations prises pour des perceptions objectives, per-
met le raccordement. Une malade nous explique, par exemple,
comment, il y a 26 ans, son mari la fian^a un jour à une reli-
gieuse : le second « mariage » se flt par la volonté du preraier
mari, et depuis, l’interprétation délirante des événements de
chaque jour (raenus faits de l’existence á l’asile) reste foncière-
ment la méme. Les souvenirs sont nets ; ils sont exacts si l’on
veut bien les dépouiller de la forme particulière que leur donne
le sujet.
Les aliénès qui ont des idées de persécution ou de grandeur
ou d’abjectioń ou de religiosité font tous de méme : ils s’expli-
quent à merveille l’évolution de leur moi à la condition de ne
pas discerner leurs hallucinalions ou jnterprétations fausses des
constatations légitimes. Nous n’avons donc pas, en génóral,
lieu d’observer dans l’aliénation mentale ces troubles de la per-
sonnalité qui entrainent nécessairement des amnésies portant
sur un ordre de faits bien définis ou sur une póriode bien tran-
chée sans déchéance intellectuelle généralisée, pas de déchéance
de la mémoire proprement dite : voilà la constatation la plus
commune dans nos asiles.
III
Nous venons de voir comment l’imagination morbide peut
donner à la mémoire des aliénés une apparence de grossière
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660
REVUE DE PSYCHIATRIE
inexactitude. Mais ilimporte de savoir combien l’imagination des
jeunes adolescents péut exercer d’influence sur lears souvenirs.
Les expériences ont porté sur onze jeunes gens de 14 à 15
ans. La présentation de deux images à reconnaitre parmi 30 au-
tres a donné les résultats suivants : a) reconnaissance immé-
diate certitude et exactitude chez six sujets quant aux deux
images, chez les cinq autres quant à une seule; bésitation quant
à la seconde image cliez cinq sujets ; erreur chez aucun. — 6)
description sept jours aprèk : exactitude et am ples données
chez quatre sujets ; exactitude sans détails, chez un ; quelques
iúexactitudes chez les six autres — c) description quatorze
jòurs après la prèsentation : souvenir vague chez un sujet,
exactitude chez un autre, inexactitude chez les neuf autres.
Ce qu’il y a de plus intéressant c’est la nature des inexactitu-
des. Chez un seul sujet, timide, anémié, ce sont des omissions
importantes ; chez tous les autres ce sont des détails ajoutés et
qui correspondent de fa?on remarquable aux teudances, aux
habitudes d’esprit, aux dispositions générales et au caraclère
imaginatif de chacun. On voit nettement chez Fo ... par exem-
ple, une tendance à l’exagération et à l’ampliflcation: c’est beau-
coup d’arbres, de clieminées, de personnes, de bijoux, là où il
en a vu en réalitó fort peu. Chez Rou..., un rocher auprès d’une
mer calme devient un « cap que les vagues battent avec furie» ;
sur « un promontoire se trouve un arbuste rabougri », etc.
On peut dire qu’en général les souvenirs des jeunes adoles-
cents sont comme ceux des délirants troublés par des additions
ou associations systématiques, conforraes aux exigences ou à
l’influence de sentiments, de tendances prépondérantes.
Dans un récent opuscule M. W. Stern a signaló (après expó-
riences et observations sur trois enfants de trois, cinq et sept
ans) l’aptitude croissant avec l’áge à rectifier, après un inter-
valle de temps plus ou moins lojig, les erreurs de méraoire que
manifestent les premières réponses. Nous n’avons rien trouvé
de semblable chez nos adolescents. Corame les aliénés, nos jeu-
nes gens ne rectiflent guère les assertions erronées contenues
dans leur premier compte-rendu, parfois ils ajoutent ultéi ieure-
ment des détails qu’ils avaient omis ; mais ce qu'ils avaient dé-
formé une première fois, ils le signalent de nouveau déformé.
Ils se souviennent mieux de leurs interprétations fausses et
de leurs illusions que desfaits primitivement observés.
On peut conclure de ce qui précède que les aliénés, s’ils ont
conservé une aptitude sufflsante à imaginer, tout comme les
adolescents dont l’aptitude à imaginer est très grande, ont une
mémoire mal réglée plutót que défectueuse. Ils se souviennent
trop d 'eux-mémes, pas assez du monde extérieur.
G.-L. Dupràt.
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DEUX OBSERVATIONS DE JOSEPH DAQUIN
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FAITS ET OPINIONS
PAGES OUBLIÉES
DEUX OBSERVATIONS DE JOSEPH DAQUIN,
ALIÉNISTE SAVOYARD (1732-1815).
Par Maurice Ducosté
Médtcin dc l'Aiile d'aliénét de Basscns (Savoie ).
Daquin est tout à fait ignoré en France. Et méme, de ce
cóté-ci du Rhóne, en cette Savoie dont il est un des types le
plus exacteraent représentatif, à peine si deux ou trois érudits
connaissent ses oeuvres.
C’est grand dommage : malgré leur style souvent lourd et
court d'haleine et pompeux et géné, plus d’un siècle après leur
apparition la lecture u’en est point ennuyeuse, ni sans utilité.
Daquin y montre complaisamment les traits distinctifs del’an-
cienne bourgeoisie savoyarde : la minutie, l’ordre, le goút et
le talent d’observer, le penchant à la raiilerie, à la polómique et
aux procès', un effort vers la finesse italienne (pas toujours
heureux), un grand fonds d’honnéteté, beaucoup de prudence
et de diplematie. « Prudent comme un honnéte hommequia
peur » c’est la définition du paysan Savoyard par Stendhal;
« qui a peur » est vite dit. 11 faut avouer que la petite Savoie,
sans défense, avait quelque raison de craindre ses miissants et
voraces voisins.
Je reviendrai, dans une publication ultérieure, sur la vie, le
caractère et les ceuvres de Joseph Daquin. Ici, je ne veux
qu’exhumer deux observations de psychoses, empruntées l’une
à la première, l’autre à la seconde édition de LaPhilosophiede
lafolie J .
Daquin, chargé du service des aliénés à l’hópital de Cham-
1 Fodéré, médecin savoyard, crcateur de la médecine légale comme chacun
sait, a écrit sur le goitre et le crétinisme un ouvrage consciencieuz où se
retrouve, dissimulée sous une ironie plus fíne et de meilleur ton, toute la
causticité savoyarde de Daquin. Fodérc était ce qu’on appelle « un pince-
sans-rire » ; parlant du a penchnnt à la chicane » qui caructérisait si bien
ses concitoyens qu'il n'était personne qui n’eùt alors, en Savoie, ses « deux
ou trois petits procès », il le considère, avec un grand sérieux, comme « le
sixième degré de crétinage. » (Essai sur le goitve et le crétinage . Jurin Ì19J %
250 p. in-8*. Voir p. 82 et sq. ; p. 130).
3 Joseph Daquin, La Philosophie de la folie . (À Chambéry chex Gorrin,
père et fíls, imprimeurs du Roi, 1791, in-8°, XVI, 106 p.)
Joseph Daquin, La Philosophie de la folie , où l'on prouve que eette maladie
doit plutót étre traitèe par les secours moraux que par les secours physiquet,
etc ... A Chambéry, P. Cléaz, 2 a édition, revue augmentée, etc., an XII,
(1804), in-8% XXIII, 285 pages).
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662
REVUE DB PSYCHIATRIE
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béry, flt paraitre cet ouvrage en 1791. II est très suggestif et
singulièrement en avance sur son temps. Telles pages pour-
raient étre signées par nos meilleurs aliénistes contemporains.
Bien plus, ce que Pinel défend, en 1801, dans son Traité
médico-philosophique sur l’aliénation mentaleou la manie, *
c’est-à-dire le traitement moral des aliénés, la suppression des
moyens de contrainte, du moins dans une certaine mesure, ta
mise en pratique de la persuasion, de la douceur, Daquin le
préconise et l’applique en Savoie, dix ans plus tót. En vérité, ce
fut lui qui « éleva l’aliéné au rang de malade ». II le fit avec
assez d’éloquence et de ténacité pour qu’on lui restitue cette
gloire. Elle lui est due, sans conteste.
II est bien entendu qu’ « en faisant l'éloge de Daquin, en le
donnantcomme un des réformateurs du traitement des aliénés,
nous n’enlevons rien à Pinel qui est assez riche de sa propre
gloire » 2 .
La Philosophie de la folie restera l'ceuvre capitale de Da-
quin. II en est une autre, d’un ordre tout différent, qui doit lui
conserver la reconnaissance des Savoyards : alors que l’éta-
blissement d’Aix-les-Bains n’était qu’une grotte séparée en
deux par uno toile, Daquin devina l’avenir, et contribua plus
que tout autre à lancer la station thermaledont on sait l’actuelle
faveur.
Des deux observations que je citerai, la première se rapporte
à un cas de psychose maniaque dépressioe.
Première observation 3 .
Une femme d'environ 30 ans, d’une constitution saine et robuste
et d’un caractère assezdoux, avoitépousé, de bonne foi, unsecoud
mari, d’après une assurance positive dela mort du premier. dans
une bataille conlre les ennemis ; mais, au moment de son départ
pour l’Italie avec le second, le premier paroit, qui, avec sa demi-
brigade, alloit aussi du cóté de Milan. Dès qu'elle eut appris, à
n’en plus douter, que celui-ci étoit vivant et, qui plus est, en vilíe,
elle tomba dans une défaillance très-longue, pour laquelle on me
fit appeler : après avoir repris ses sens, elle fut attaquée de con-
vulsions violentes etaccompagnées subitement d’un délire mania-
que. Je parvins à faire cesser les convulsions : mais, le délire
persistant, ne faisant mème qu'augmenter, et les maris étant par-
tis chacun pour sa destination, on fut contrainl de la mettre à
l’hòpital des fous.
Comme elle avoit pris quelque confìance en moi : touché de son
'Ph. Pinel. Traiti médico-philotophique sur taliènation meniaìe ou la manie.
(Paris, an IX).
2 Morel (de St-Yon). Rapport sur une visitc à Caaile de Bassent . (Congrès
scientifíque de France, XXX* session. Chambéry, 1863, C.*R. p. 473).
3 Dàquin. Loco citato (2* édit., p. 112 et suiv.).
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DEUX OBSERVATIONS DE JOSEPH DAQUIN
663
malheureux sort, la voyant fort ólòignée de son pays, et se trou-
vant tout-à-coup entourée de personnes qui luiétoient absolument
inconnues, je défendis, pour les lui rendre familières, de la ren-
fermer dans un cachot; je recommandai au contraire de la lais-
ser libre dans la maison, parce que d’aiileurs elle n ótoit point
méchante. Je la voyois souvent, et quoique son aliénation fút con-
tinuelle, et avec moins d’intensité, ma présence la calmoit chaque
fois. Elle resta près de huit à neuf mois dans cet état, buvant,
mangeant, ne faisant que se promener et parlant sans cesse, sans
aucune liaison dans ses idées ni dans ses propos. J’essayai plu-
sieurs fois de me rapprocher de ses idées extravagantes, et de
déraisonner avec elle ; et je m’apercus au bout de quelque temps,
que ce moyen avoit considérablement diminué son aliénation;
mais, au moment ob je me flattois de l’espoir de sa guérison, elle
devint tout à-coup triste, sournoise, silencieuse, elle ne voulut
plus sortir de son lit, et refusa, dès ce moment, toute espèce de
nourriture solideou liquide, et, qui plus est, toute boisson quel-
conque. J'employai vainement toutes les ressources imaginables,
physiques et morales, pour lui faire avaler une cuillerée à cafó
d’eau pure, pendant le cours de 23 jours qu'elle demeura dans cet
état.
La voyant sans force, sans pouls, la voix absolument éteinte, et
sur-tout la bouche toujours béante, je me retirois, lacroyant sans
espoir et décidément perdue, lorsque réfléchissant sur cette bou-
che entr’ouverte, sur le peu de résistance qu'elle pouvoit opposer
à mon dessein, vu son extréme foiblesse, je revins sur mes pas
avec l’idée de lui faire eouler quelques gouttes d’eau sucrée dans
l’oesophage, sans l'en prévenir. Je réussis dans ma première ten-
tative, et je m’apercus que non-seulement elle s’étoit aidée à les
avaler ; maisencore que lafraicheur de l’eau lui avoit fait plaisir.
Je tentoi aussitót un second essai quieut lemémesuccès. Alorsjela
pressai vivement pour y revenirunetroisièmefois;j’exigeaiunpeu
de complaisance de sa part, et lui fis sentir qu’on pourroit la tirer
de la trisle siluation où elle éloit ; elle parut m’écouter, et ne
pastout-à-fait refuser ce que je lui proposai de nouveau. Alors, au
lieu du sucre avec l’eau, j’employai le sirop d’écorce d’oranges, et
recommandai de s’en tenir àcette seule boisson, donnée Iréquem-
ment pendant tout le jour, jusqu’au lendemain. Je n’osois pas en
hasarder de plus consistante, ni faire ajouter du vin à l’eau ; je
craignoisqu’unesi longueprivationd’aliraents n’eut rétréci le con-
duit de l’oesophage. Cependant, dès le troisième jour, je tentai un
bouillon de viande dégraissé, dont elle prit à force de sollicitations
environ une tasse à café dans le jour.
La voix et ie sommeil, au bout du troisième jour, parurentun
peu se rétablir ; elle pronon^a quelques mots, maisqui indiquoient
toujours l'aliénation de son esprit. Je redoublai de soins, et la mis
insensiblement à une nourriture successivement plus substan
tielle et plus consistante ; les évacuations alvines et urinaires,-
qui, depuis long-temps, n’avoient pas eu lieu, commencèrent à
reparoitre en petite quantité ; ce qui ne.pouvoit pas étre autre-
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UMIVERSITY OF MICHIGAfl
à
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REVUB »E P8YCHIATRIE
inent. Enfin, lorsqu’elle fut ainsi parvenue par gradation, à se
nourrir à peu près comme les autres, et qu’elle eut recouvré un
peu de force, je la fis sortir de son lit pour se promener dans les
salles. Quoiqu’elle fùt toujours aliénée, mais à un degré bien infó-
rieur à ce qu’elle étoit avant cette dernière époque, je continuai
toujours à m’associer à ses idées décousues, corome je l’avois fait
dans les commencemens, et je parvins, par ce moyen, à lui faire
exécuter tout ce que je voulois. Dès ce moment j’eus encore une
fois l’espoir de sa guérison, et pour y parvenir plus promptement
je lui conseillai de se livrer aux travaux les plus pénibles du jar-
dinage, de faire l’office d'infìrmière, et de ne se refuser à rien de
ce qu'on exigeroit d’elle pour le service de la maison.
En effet elle se mit à toute espèce de travail; sa docilité et sa
complaisance la firent aimer de tous les individus de l’hópital,
l’habitude d’étre continuellement avec eux, la diversité de ses
occupations, la fatigue qui y étoit altachée, dissipèrent peu à peu
ses idées disparates, et ramenèrent insensiblement sa raison, au
point qu’étant aujourd'hui fort tranquille et tout à la fois très-
utile, elle exécute avec une satisfaction singulière tout ce qu'on
exige de ses services. Sa constitution et sa santé se sont mème
engánéral áméliorées depuis que son aliénation dont la durée fut
d’environ une année et demie, a disparu : elle a aujourd’hui beau-
coup d’embonpoint, et paroit plus robuste qu’elle ne l'étoit avant
de tomber en démence.
Cette observation n’eùt pas méritó d’étre réimprimée si elle
constatait simplement l’alternance des accès de dépression et
d’excitation. On en trouve des exemples jusque dans les auteurs
de l’antiquilé, et il est constant que Daquin ne doit pas étre
posé en prédécesseur de Baillarger.
Mais, outre que cette citation montre bien les qualités d’obser-
vation de notre aliéniste, elle est propre à faire éclater de quelle
liumanité, de quels soins ingénieux et patients, Daquin entou-
rait ses malades. De son temps et bien des années plus tard, on
laissait tout bonnement mourir les aliénés sitiophobes. « Les
mélancoliques, dit Pinel', refusent quelquefois avec une obsti-
nation si invincible toute nourriture, qu’ils finissent par y suc-
comber. »
II est touchant, et d’un bel exemple, de voir ce praticien,
très occupé, et qui, dans le moment, avait, en vrai Savoyard,
une infinité de polémiques sur les bras, s’astreindreà sauver, je
ne dis pas une malade indigente (tous les médecins l’eussent
fait) mais une de ces aliénées que presque partout alors eu Eu-
rope on considérait comme une charge inutiie à la sociélé.
1 Pinel. Loc. cit. p. 181 (en note). 11 faut cependant reconnaitre que Pinel.
mème avant Esquirol, s’était servi dans un cas de refus obstiné de nourriture
de « la sonde élastique » introduite dans une narine,
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DEUX OBSERVXTIONS DE JOSEPH DAQUIN
665
Je sais bien qu’un aliéniste d’aujourd'hui n’attendrait pasle
23« jour pour faire prendre quelque aliment à un malade; mais
cette question d’opportunité mise à part, íl ne paralt point qu’il
devrait agir autrement que ne flt Daquin.
On abuse de la sonde oesophagienne; on la donne Irop sou-
vent et trop tót; on devrait réserver celte commode ressource
pour les cas, peu fréquents en somme, où tous les autres moyens
ont éclioué. t
On doit remarquer encore, dans la sage pratique de Daquin,
le soin qu’il prend à ne pas heurter de front le délire de sa
malade, « ses essais pour déraisonner avec elle »; sa prudence
dans l’administration des liquides, puis des solides après « une
si longue privalion d’aliments », sa préoccupation de distraire
la convalescente par le travail, dès que cela fut possible.
Si l’on en rapproche l'eslime où Daquin tenait l'opium (lauda-
num de Sydenhamj dans le traitement de l'aliénation mentale,
II faut bien reconnaltre qu’un praticien avisé et consciencieux
ne pourrait, 120 ans après l’aliéniste chamhérien, utiliser une
thérapeutique plus efflcace.
La seconde observation a trait à un cas de délire d'interpré-
tation. Ici encore, Daquin n’a pas, évidemment, porté ce diag-
nostic, ni autrement insisté sur l'intérét de cette psychose ; en
aucune fa^on il n’est le précurseur de MM. Sérieux et Capgras ;
et il est possible qu’on retrouve en des auteurs plus anciens des
cas semblables à celui du « gentil homme fran^ais » (en réalité,
ils m’ont échappé et sont tout au moins forts rares); mais, il
faut admirer la netteté de cette observation, l’interprétation
psycliologique du délire : « par une longue adhérence á une
espèce particulière de pensées, des idées incompatibles oien-
nent à se joindre si fortement ensemble dans son esprit,
qu'elles y demeurent unies et inséparables, »image belle et
jusle, et phrase de grand style; il faut signaler que 1‘observa-
tion est recueillie en dehors des « petites maisons », dans le
monde, et qu’en cela encore Daquin est un précurseur, personne
avant lui n’ayant pensé que l’étude des aliénés en liberté « des
formes frustes des psychoses » devait nécess^irement précéder,
compléler et féconder celle des formes observées chez les inter-
nés. Enfln, cette observation est donnée à la suile de la classi-
fícation de la folie en ses diverses variétés, comme formantune
espèce à part, ce qui est cliniquement très exact, tandis que
Pinel, par exemple, qui a vu peut-étredes interprétateurs, les
confond avec ses mélancoliques, dans le groupe extrèmement
vague de la « Mélancolie ou délire exclusif» >.
*Nul plus quc moi n’admire 1’oBUvre dePinel. Si je me laisse entrainer ici à
quelques critiqucs, c est que la lecture successive du Traite mcdico-philo -
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REVUE DE PSYCHIATRIE
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La classiflcation de Oaquin est assurément facile à critiquer,
mais les types qu’il décrit sont très vivants. Le tableau du ma-
niaque (qu’il appelle l’extravagant) est parfait; on reconnait
très bien le mélancolique délirant ou en stupeur, le déraent pré*
coce, l’imbécile, le dément ; et d’autre part, il n’est pas une
seule observation de notre auteur que nous ne puissions mar-
quer d’un de nos diagnostics actuels.
Deuxième Obeervation'
II arrive encore souvent qu'un homme fort sage et de très bon
sensen toute autre chose, peut étre sur un certain objet, aussi fou
qu’aucun de ceux qu’on renferme aux petites maisons, si par quel-
ques violentes impressions subitement faites dansson cerveau, ou
par une longue adhérence à une espèce particulière de pensées,
des idées incompatibles viennent à se joindre si fortement ensem-
ble dans son esprit, qu’elles y demeurent unies et inséparables.
J’ai connu un gentilhomme frangois et militaire (et plusieurs de
mescompatriotes l’ontconnu comme moi) sur qui l’idée d’avoirélé
empoisonné et la crainte continuelle de l’étre par ses parens,
avoient fait une telle impression qu’elle lui avoit donné une
déflance presque générale de tous ceux qui le fréquenloienl. Dès
qu’il souffroit le plus petit mal, qu’il ressentoit la moindre dou-
leur ou un mal-aise auquel, sans cette idée, il n’auroit pas seule-
ment fait attention, il s'imaginoit qu’on avoit introduit quelque
dose de poison dans les alimens qu’il avoit pris ; alors il accusoit
les uns et les autres indifféremment d’étre de connivence avec eux
et tenoit enconséquence des propos hors de bonsens pour prouver
la véritó de son idée. Ce n’étoit d’ailleurs que sur ce point où la
raison de cet fyonnéte militaire s’égaroit; dans toute autre cir-
constance et sur quel autre objetque ce fùt, il parloit avec la plus
grande justesse ; outre plusieurs connaissances, il possédoit très-
bien l'art de la guerre qu’il avoil faite avec distinction en Améri-
que, et on peut dire, à salouange.quesaconversation et sa société,
à part ce cloud de poison *, étoient des plus aimables et des plus
satisfaisantes.
REVUE DES LLVRES
La joie passive, par le D r M. Mignard, Paris, Alcan 1909.
Ce livre débute par une remarquable préface du Professeur
Dumas qui expose le point de vue auquel l’auteur s’est placé.
M. Mignard a cherchó à examiner les différentes théories qui
sopkiquc et de la Philosophie de la fotie , ne fait pas paraitre en Pinel une
supériorité suflBsante pour que Daquin doive étre entièrement ignoré alors que
le rnoitre de la Salpétrière jouit d’une gloire éclatante et universelle.
» Phitosophie de ta folic , 1" édit. p. 29 et 2* édit. p. 60. — (J ai suivi le
texte de la l fe édition).
2 C’est Daquin qui souligne.
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Origiaal frn-m
UMIVERSITY OF MICHIGAN
I
REVUE DES LIVRES 667
ont cours sur le sentiment agréable, en se servant des documents
que fournit l'étude des béats d’asile, idiots, déments, affaiblis in-
tellectuels, en état de satisfaction calme. Les observations qu’il
donne portent sur des idiots, des déments, des paralytiques géné-
raux et des déments séniles. L’auteur ne s’est pas borné à l'exa-
men clinique et mental des malades mais a étudié également leur
état physiologique et psychologique au moyen des méthodes de
laboratoire. Un chapitre qui attirera l’altention est celui consacré
aux paralytiques généraux qui paraisseńt dans la période termi-
nale de leur état sous un jour très différent de eelui des descrip-
tions classiques. Toules ces observations démontrent la coexis-
tenced'un senliment profondément agréable avec la ruine physi-
que et morale et la diminution de toule activité tant intellectuelle
qu'organique.
Ces faits vont à l'encontre des théories communément admises
sur les émotions. On sait que pour Lange et James, la joie est la
conscience d'un état d’excitation, état d'origine périphérique dont
la connaissance, pour employer un mot à la mode, n’est qu’un
épiphénomène. La joie actioe des individus normaux, celle des
aliénés circulaires en periode d'excitalion si bien étudiée par
M. Dumas, peuvent illustrer cette théorie, mais la joiepassice des
béats d'asile la contredit. M. Mignard nous fournit une explication
nouvelle ingénieuse et vraisemblable, qui s’applique aux deux
formes de joiecomme aux deux formes de tristesse. Certains états
agréables s'accompagnent d’excitation et d'aulres de dépression,
mais tous présentent un phénomène irréductible, le sentiment
agréable. Ce sentiment est dù à la satisfaction des tendances el
des besoins du sujet, que ces besoins et ces tendances soient forts
comme dans la joie active ou presque nuls comme dans la joie
passive. Si le sentiment agréable est lió au manque d’inhibition,
la tristesse est due à l'exagération de celle-ci en rapportavec une
activité faible (stupeur) ou forte (angoisse).
Ce livre documenté apporte donc une théorie nouvelle du senti-
ment qui éclaire et coordonne une foule d'observations disparates,
et il attire notre attention sur un état psychologique non encore
étudié.
R. Leoendre.
Troubles psychiques dans le goltre exophtalmique, par
Louis Dalmas (Th. Paris, Rousset 1909).
Ce travail se compose d’une bonne revue gónérale de la ques-
tion des troubles mentaux évoluant en concomitance avec la ma-
ladie de Basedow, et d’intéressantes observations personnelles. In-
dépendgmment des modifications intellectuelles et afiectives qui
sont conslantes chez les basedowiens, il existe des psychoses asso-
ciées au syndrome exophtalmique: la plupart du temps la vésanie
est une afíection coexistant avec la maladiede Basedow (hystérie,
alcoolisme, dégénérescence), mais quelquefois les troubles psy-
chiques sontsous la dépendance du goitre, ets’atténuent en mème
temps que lui sous l’influence d’un traitement approprié. P. J.
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668
REVUE DK PSYCHIATRIE
Contribution à l’étudè statistique de la psychose pério-
dique, par G. LeraT, 1 br. 55 p. Th. Paris 1909. Rousset, édit.
La manie et la mélancolie idiopathiques sont fortement battues
en brèche par de nombreux psychiatres contemporains. Parmi les
arguments des partisans de ìa synlhèse maniaque, dépressive ou
périodique figure celui qui est tiré de l’examen des statistiques :
après Gilbert Baliet et Renó Charpentier, Lallemant et Dupouy,
Lerat a étudié les maniaques et les mélancoliques entrés dans
deux grands établissements d'aliénés (Asile clinique de Paris et
Saint-Jacques de Nantes) à deux périodes difiérentes ; il a pu dé-
monlrer ía récidive dans la grande majorité des observations et
conclut que les « cas de manie et de mélancolie simple, s’ils existent,
sont l’infime minorité auprès de ceux qui ressortissent à la psy-
chose périodique ».
P. J.
La grande envergure et ses rapports avec la taille chez
les crimlnels, par Ch. Perrier (de Nimes), 1 br. 71 pages, ex-
trait des n" 188-189 des Archioes d’aníhropologte criminelle. Lyon.
A. Rey, 1909.
On entend par grande enoergure la dislance d'un doigt médius à
l’autre, lorsque les bras sont horizontalement étendus.
Contrairement à l'opinion qui a coursdansle public, méme ins-
truit, la grande envergure dépasse la taille d’une quantité varia-
ble suivant les races :
(Elle est en moyenne, pour la race blanche de 43 p. 1.000). La
pródominance de l’envergure sur la taille va en augmentantsi on
passe de l'homme aux anthropoides.
L’auteur a mensuré, au point de vue des rapports de la taille
et de la grande envergure, 856 détenus de Ia maison centrale de
Nimes, et la conclusion de ses recherches est que l’envergure des
criminels est inférieure à la normale. a Ce résultat, dit-il, contre-
dit au rapprochement descriminels avec les anthropoídes, théorie
de Lombroso ».
Indépendamment de cette conclusion gónérale, t’ouvrage de
Ch. P. conlient de nombreuses statistiques intéressantes au point
de vue anthropologique et médico-légal.
P. J.
La folie hystérique, par A. Mairet et E. Salager (1 vol.
252 p j des Traoaux et Mémoires de Montpellier. Coulet, Montpel-
lier, et Masson, Paris 1910). Les auteurs ont divisé en 7 groupes
les observalions oii l’hystérie est associée à quelque perturbation
de l’état mental. Les malades appartenant à plusieurs de ces
groupes ne méritent pas d’étre considérés comme atteints de/o/ie
hystérique : Ainsi, des signes de névrose s’ajoutent parfois à des
formes variées d’aliénation mentale ; le délire bref, lié aux atta-
ques, les déiires équivalentaires espacés sont des épisodes de trop
peu de duróe pour ètre comparés à une véritable psychose.
Au contraire, les délires équivalentaires par crises rapprochées
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constituant des périodesdélirantesséparées par des intermissions,
le délire hystórique prolongó, le délire hystérique avec amnésie
sont des accidents mentaux qui, d'une part appartiennent bien à
l'hystérie, et d’autre part ont assez d’importance pour étre clini-
quement assimilables aux états psychosiques les mieux caracté-
risés : Ces délires méritent donc d’étre qualifiés de folie hystóri-
que ; ils ont été précédés de crises convulsives dans la majorité
des cas, ils évoluent sur un fonds de prédisposition avec stigma-
tes parmi lesquels l’irritabílité et la colère jouent un grand róle.
P. J.
La folie de Jéaus, par Binet-Sanglé (Tome II). (1 vol. 500 p.
Maloine, 1910).
Après avoir dans un premier volume, présenléson personnage,
l’auteur étudie aujourd’hui la genèse, l'évolution, les incidents pa-
thologiques de ce qu’il appelle le déliré théomégalomaniaque de
Jesehon-bar Jossef. D'après B. S., Jésus n’exprima aucune idée re-
ligieuse originale, il puisa dans l’enseignement religieux du temps
l’obsession du Messie libérateur et subit les suggestions de Jean-
Baptiste, il eut à plusieurs reprises des hallucinations ; il est
comparable à de nombreux dégénérés mystiques, antérieurs ou
postérieurs à lui. Parmi les derniers, les uns furent brùlés et les
autres internés, surtout au xix* siècle. »
- La morale enseignée par un tel personnage ne doit pas valoir
grand chose, conclut l’auteur, et c’est ce qu'il établira dans un vo-
lume suivant.
* P. J.
Fanjoux. — Aperqu médico-lógal sur la magie et la sorcei-
lerie avec leurs influences actuelles sur le développement
des maladies mentales. — Thèse. Lyon, 1909. Un danger par-
ticulier, ajouté à beaucoup d'autres et plus fréquent qu’on ne le
pense, est lié aux pratiques de magie et de sorcellerie. Elles peu-
vent en eflet, favoriser l'éclosion des troubles mentaux et donner
une teinte et une orientation spéciales au délire chez des person-
nes prédisposées à l'aliénation mentale et dont le cerveau est! mis
en état de moindre résistance par d’autres causes patholo-
giques.
Les troubles mentaux dus à ces pratiques consistent, soit en de
simples bouffées délirantes passagères, soit en des accès de mé-
lancolie, soit enfln en de vérilables délires qui passent à l’ótat
chronique et évoluent comme tous les délires systématisés.
N. G.
Sur ies conséquences médicales des catastrophes de Cour-
rières, Ham, Valparaiso et l’Italie du sud, par le Docteur
Eduard Stierlin. (Bále).
Dans sa parlie médicale, la monographle contribue à faire con
naitre les propriétés particulières (psychiatriques, névrologiques.
constitutionnelles et spécialement ótiologìques) de ce que l’on
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KEVUE DE PSYCHIATRIE
désignesous le nom collectif de névrose traumatique, à distinguer
les psychoses causées par l'intoxication de l'oxyde de carbone de
celles causées par la terreur.
Les cas particuliers de Courrières qui ont été examinés par
l'auteur de concert avec le professeur D r Zangger, sont décrits dans
cette étude.
Chacun de ces malades a ótó observó de près dans son milieu
naturel (où ses conditions psychopathologiques se manifestent tout
parliculièrement par les dérangements, les écarts dans sa manière
de vivre, dans sa condition sociale, et avant tout dans ses rapports
vis-à-vis de sa famille).
Au bout de 2 ans et demi, on a pu constater une certaine sla-
bilitó dans leurs rapports vis-à-vis de la société el vis-à-vis de
leur milieu inlime. De plus, les personnes de l’entourage dont le
jugement d’abord était flottant et indécis ontdonné dans la suite
des renseignements avec plus de précision et sans parti-pris.
II serait intéressant que.gràce à l’observation.ces anomalies psy-
chiques causées par l’action d’un óvévement subit, aient pu ètre
caractérisóes suflisamment pour ètre- opposées aux psychoses
ordinaires, car Ies conditions de surexcitatìon compliquées et
prolongées par les nécessités mulliples de la vie pourraient prendre
peu à peu la forme stable d’une maladie psychique.— Les cha-
pitres sur l’Italie méridionale contiennent des observations faites
pendant les jours de la catastrophe et surtout le résultat de l'exa-
men, qui a été fait par l'auteur 2 et 3 mois après le tremblement
de terre sur 150 personnes échappées à la catastrophe. Ces recher-
ches présentant naturellement des diflìcultésconsidérables, ontété
poursuivies jusqu’à présent très incomplètement et sans grands
succès. Néanmoins elles sont d'un grand intérèt théorique et
pratique pour le médecin et le juriste. Elles attirent l'attention
des experts sur les lésions latentes de ceux qui sans avoir été
blessés dans le sens propre du mot pendant la cataslrophe, pré-
senlent des troubles profonds qui peuvent durer des années sans
ètre reconnues et qui sont souvent taxés de simulation.
Enltalie, l’auteur a souvent pu constater commentsur un nom-
bre considérable de personnes les symptòmes qui n’avaient pas été
remarqués d’abord- se manifestaient seulement après des mois.
Le malade, ne se sentant plus à la hauteur de sa táche, recherche
alors le conseil du módecin qui peut constater la névrose.
Dans la deuxième partie de sa monographie, l'auteur recherche
les causes des catastrophes de Courrières et de Ham.
M. M.
Un cas littóraire de délire d’interprétation : La Folie de
Don Quichotte, par le D r Lucien Libert, un volume in-8'.
Steinheil, éditeur.
Cet ouvrage, qui contient de fort belles gravures, reproduit la
célébre et toujours attachante « observation » du chevalier de la
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REVUE DES LIVRES
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Manche, dont la vive imagination et l’émotivité partout en éveil
remplissent le monde d’étres supposós et d’événements flgurés.
L'auteur rattache sans peine la psychose du célèbre amant de
Dulcinée à ce délire d’interprétations qui a donné lieu, en ces
derniers mois, à de nombreux et remarquables travaux.
Nous ne pensons pas aller contre les idées de M. Libert en nous
demandant si la facilité avec laquelle le brave chevalier rentre
dans les cadres de la folie interprétante ne tient pas à la proximité
que présentecette folie avec l’état mental de toute personneexaltée
et imaginative. Nous avons vu quel parti MM. Sórieux et Capgras
ont tiré du cas de Rousseau. C'est que, comme le font remarquer
les auteurs, l'interprétation est un phénomène normal qui
s’exagère sous l’influence de l’émolion, et l’erreur d’interprétation
est monnaie courante dansla psychologiecommune. Son seuldéve-
loppement extréme peut la rendre anormale, comme le voit fort
bien M. Libert dans le cas de son sympathique hóros. Mais le
niveau intellectuel n'est pas pour cela diminué. Cette facilité à
faire des hypothèses, si ellepeut dénoter un esprit peu critique, ne
saurait désigner qu'une riche mentalité et des mécanismes
développés. Tel est, d'ailleurs, le cas de Don Quichotte.
Nous trouvons une nouvelle confirmation de cette idée dans
l’oeuvre de M. Libert, et plus spécialement dans cette phrase :
« Nombreux sont les littérateurs et les savants, les prophètes et
les philosophes que la pathologie mentale revendique-pour elle ;
pourtant ce sont eux qui ont survócu, et qui, à travers les raille-
ries etle ridicule, ont constitué le petit palrimoine del’intelligence
humaine. IIs furent de grands méconnus et c’est leur délire qui
dirige le monde. »
Les esprits très positifs peuvent mépriser l’interprétation du
haut de leur science. Cette science n’est faite qued’interprétations
qui peu à peu ont perdu leur caractère hypothétique ou erronné.
Toujours est-il que l’on trouverait sans peine à son origine quel-
ques-uns de ces sublimes et puérils interprétants, semblables à
celui dont la plume de Cervantès nous a tracé la magnifìque
histoire.
M. Mignard.
Traitó international de psychologie pathologique, Direc-
teur D' A. Marie. Tome premier (1 vol. in-8, F. Alcan, éd.)
Psycho-patholooie générale. — L’idée principale qui a guidó
M. le D' Marie dans le choix des chapitres et la direction de
cet ouvrage, son esprit gónéral, pourrait-on dire, c’est sa concep-
tion de la dépendance étroite des fonctions cérébrales et des autres
fonctions organiques ; aussi ce preinier volume nous fait-il pres-
sentir plutót, à vrai dire, une physiologie pathologique du cerveau
qu’une psychologie pathologique : le cercle des investigations
dépasse de beaucoup en étendue la psychologie ; cet ouvrage est
destiné à des aliénistes, il est fait par des aliénistes ; c’est, avant
tout, une introduction à la psychiatrie.
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REVUB DE PSYCHIATRIE
Dans un premiér chapítre, le D' Grasset étudie'les rapports
de la Psychiatrie et de la Neurologie. II défìnit la fonction
psychique el la diffórencie de l’occulte et du conscient. La cons-
cience ne permetlrait que de classer ses phónomènes. II réserve le
mot « mental » pour les fonctions du psychisme supérieur. II
donne a cette occasion un rapide exposé de sa théorie polygonale.
Le système nerveux est un et l’étude de son fonclionnemenl
et de ses maladies forme l’objet commun de la psychiatrie et de
la neurologie.
Le neurone reste I’unité fonctionnelle nerveuse.
La psychiatrie et la neurologie ne font donc qu'une seule science:
la neurobiologie.
L’auteur divise ensuite leá diverses méthodes employées en
méthodes d’étude symptomatique, méthodes d’étude localisatrice,
méthodes d’étude anatomo-pathologique, méthodes d'étude étio-
logique et nosologique.
Le lecteur cherchera sans doute Ia place de l’analyse psycholo
gique proprement dite : M. Grasset la situe dans les méthodes
d’étude symptomatique, ò còté de la physiologie : « Au second
point de vue (psychologique), dit-il, il en sera de mème pour ce
qui concerne I’examen symptomatique des fonctions psychiques.
Comme avec la physiologie, les rapports et les services rendus ici
sont réciproques et mutuels. Aux psychologues, neurologistes et
aliénistes doivent emprunter bien des connaissances, des procé-
dés d’analyse, d'observation, d’expérimentation et de raispnne-
ment. A leur tour, les philosophes ne peuvent rien faire en psycho-
logie sans une I^ase première de connaissances sérieuses sur la
physiologie du système nerveux. Ils l’ont bien compris d’ailleurs
et fróquentent utilement depuis un certain nombre d'années les
services de maladies mentales ou de maladies nerveuses, dans
lesquels ils sont des élèves et des collaborateurs précieux. »>
Cette constatation que fait le docteur Grasset est des plus
intéressantes, et les conférences qu’ila faites lui-mème à la faculté
des lettres de Montpellier sur la pht/siologie du système nerceux,
est une des meilleures preuves de l'intérétque portentles psycho-
logues à l’étude de la neurologie ou de la psychiatrie. Malheùreu-
sement il ne semble pas que le courant inverse soit bien puissant
et que l’analyse si fine et si développée que les psychologues onl
déjàengrande partie faite des fonctions mentales soitbien appré-
ciée des aliénistes. Cependant c’est, en définitive, un examen de
ces fonctions mentales, un examen psychologique qu’ils sont
conduits à faire, comme le médecin doit faire (consciemment ou
non) un examen physiologique. II Ieur est donc aussi nécessaire
de connaitre les rapports de l’attention et de la mémoire qu’il est
utile à celui-ci de connaitreles rapports de la circulation et de la
nutrition. Et ceux qui, comme Monsieur Grassel, usent parfaite-
ment de cette analyse, sont souvent amenés à faire des hypothèses
anatomo-physiologiques basées sur des constatations psychologi-
ques positices , Ceci étaht dit pour défendre la valeur des méthodes
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RtSVUE DES LlVRES
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psychologiques en psychologiepathologique, nous nous empressons
d’ajouter que l’uniflcation siípérieure que souhaile M. le D' Gras-
set de toutes ces sciences dans une biologie générale parait en
effet le plus désirable de tous les progrès.
Le deuxième chapitre donne un aperqu critique sur l’histoire
de la médecine mentale. Dans ce chapitre, le D r Del Greco
relrace avec beaucoup de précision etde finesse l’histoire parallèle
de la psychologie et de la psychiatrie, depuis Hippocrate jusqu’aux
écoles modernes, allemande, franQaise, italienne; l’écoleallemande
se caractérise par la psychologie physiologique, l’école frangaise
par la psychologie clinique, l’ócole italienne par la psychoíogie
sociologique. Le point de vue synthétique caractérisera Ies recher-
ches de l’avenir.
(A suiore) M. Mignard.
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REVUE DE PSYCHIATRJE
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REVUE DES PERIODIQUES
PÉRIODIQUES FRANQAIS.
VEcho mèdical . (28 Novembre 1909}.
Henri Damaye. — La confusion mentale, la démence et les
psychoses toxlques. — 11 est une question, importante entre toutes,
qui depuis quelques années provoque des discussions entre les psy-
chiatres et a ainsi créé, sinon deux íaQons de concevoir la science des
maladies mentales, du moins deux terminologies, des nomenclatures
diflíérentes pour un très vaste groupe nosologique. L origine de cette
divergence fut Pessai synthétique de KRAEPELiNqui réunit sous le nom
de « démence prócoce » tout un ensemble d aííections trop disparates
et la pénétration de cetfe conception dans la psychiatrie frangaise.
Les expériences effectuées avec le secours de la psvchologie expéri*
mentale sont venues confirmer ce dont les rémissions témoignaient
déjà avec óvidence. Au moyen d'interrogations répétées en des jours
et à des moments différents, et aussi par la métliode des tests, on se
convainc facilement que le défìcit, la ruine progressive de l'intelli-
gence, sont le fait de la démence : les notions perdues le sont ici pour
toujours. Inversement, dans les états confusionnels, les notions ne
sont qu’égarées dans le désordre de I’esprit et susceptibles de réap-
paraitre, de se manifester à un moment ou á un autre.
Les états confusionnels ou les dólires toxiques qui ne tendenl point
à ramólioration évoluent vers l’état chronique. Cet état chronique se
prolonge plus ou moins longtemps. parfois durant une grande partie
de Texistence du malade. Mais la dómence, c'est-á-dire la diminution
progressive de rintelligence, vient souvent peu à peu se greffer sur
cet état.
La démence est toujours organique, en rapport avec la destruction
cellulaire: il ne peut exister de démence fonctionnelle. L'affaiblisse-
ihent jntellectuel constitue donc une troisième étape dans l’évolution
des troubles mentaux toxiques. 11 en est le terme ultime; mais ne l'ou-
blions pas, il peut ne se manifester qu’à la longue et l'état chronique
demeurer longtemps exempt de défìcit. ^insi, la démence « vésanique *
des anciens auteurs n’est en réalité que l’étape de chronicité de la
confusion mentale ou des délires confus. Elle n’est nutlement une
démence, mais seulement une confusion chronique prédémentielle.
M. M.
La Cliniqac . (5 Novembre 1909).
Léon Mac-Auliffe. — L’Oreille et ses stigmates de dégéné-
rescence. — L’idée de chercher les ’stigmates de dégénórescence aa
niveau de l’oreille vient de ce principe anatomo-physiologique très
exact que l'appareil auditif comme l appareil visuel est un des prolon-
gements du cerveau.
Au reste, les affections des centres nerveux se traduisent très sou-
vent par des modiflcations cliniques, à l’examen de l’ceilet de l’oreille.
D’autre part, l’organisme, en vertu de la synergie des fonctions, est
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REVUE DES PÉRIODIQUES
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un bloc dont il suffit souvent de pénétrer un mécanisme superficiel
pour en tirer une indication sur le fonctionnement des rouages pro-
fonds.
Enfln, dernière considération, Tappareil auditif étant un des prolon-
gements du cerveau, les déformations du pavillon pourraient carac-
tériser certaines variétós morphologiques, voire certains troubles fonc-
tionnels de Tencéphale, ies modalités de la íorme ótant toujours liéos
à celles de la fonction.
Le malheur est que les aliónistes qui ont écrit sur la dégénórescence
n’ont pas ótudió d’une manière scientifique la valeur des stigmates
qu’ils signalaient. Sans doute, il leur a suffì de constater quelques
signes identiques chez des aliénés pour partir en guerre et prétendre
stigmatiser, par ces signes, une insufflsance physiologique du cerveau.
L’auteur donne d’abord la photographie d’environ 150oreilles, et sur
l ensembie de ces diflérents types auriculaires il est possible de retrou-
ver tous les stigmates dits de dégénérescende qui ont été dócrits. II
envisage ensuite deux séries de 100 oreilles, la premire série prise
parmi des oreilles d'assassins, la seconde parmi des oreilles apparte-
nant à des individus quelconques.
Le rósultat de ses recherches a été cette constatation que les hon-
nètes gens ont i’oreille aussi mal ourlée que les assassins, et que les
signes qu’on a décrits comme stigmates de dógénórescence se ren-
contrent acec la nxènxe /réquence dans toutes ies classes de la société.
Sur 100 assassins. . 18 p. 100 d'oreille normaie de Fóró.
Sur 100 ólèves. . . 18 p. 100 — — —
Ces prètendus stigmates rìauraient donc aucune caleur diagnostique.
En réalité, c'est l’embryologie de l'oreille encore trop peu connue
qui donne la clef des différents aspects auriculaires. C’est ainsi que
l’existence du tubercule de Darwin sur une oreille d'adulte établit seui
lement que le pavillon a subi un arrét de dévèloppement local au
cours du processus ontogénique, puisque le tubercule de Darwin existe
constamment chez l’embryon (Schwalbe).
L'on ne doit noter, au point de vue clinique, que des déformations
monstrueuses (longueur d’oreiile de 12 centimétres par exemple), des
déviations remarquables du type spéciflque, des forraes « tourmen-
tées » accentqant la légère asymétrie qui est la règle.
Encore doit-on ètre sobre de conclusions génórales concernant la
fonction cérébrale d’après ces faits particuliers, méme si on lesconstate
en mème temps que d’autres malformations pius ou moins óloignóes.
M. M.
La Chronique Mèdicale (15 Novembre 1909).
Lbblond. — La Démonopathie dans l’histolre. — Cet article fàit
suite à un autre travaii donné en juin dans ia méme revue et où
étaient publiés des documents relatifs aux possessions démoniaques.
L'auteur décrit d'intéressantes scènes d'exorcismes peintes sur des
verrières du xvi e siècle, et donne une véritable « observation » docu-
mentaire de Jeanne Havilliers, sorcière de Laon (1578).
Sa mère, réputée sorcière, l’avait vouée au diable dès sa naissunce
et l'avait donnée, à i’áge de 12 ans, « à un homme noir d’une taille
extraordinaire, habillé de drap noir, ayant des bottes aux jambes et
des óperons aux pieds ». Cet homme déclara à ia fillette qu’ii était ie
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REVUE DE PSYCHIÀTRIE
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diable et que, pour la rendre heureuse, si elle voulait, ii iui enseigne-
rait le moyen de faire beancoup de bien à ses amis et de mai à ses
ennemis. Loin de repousser de telles propositions, elle lui témoigna le
désir de recevoir ses legons.
Celui ci lui déclara qu'elie devait renoncer à Dieu et lui dicta une
foule de formules qu elle répóta et cette possédée « connut i'art de faire
périren peu de temps les hpmmes et les animaux, à l'aide de poudres
et de graisses de quatre couleurs ».
Jeanne, demandée en mariage par un habitant du Laonnais, consulta
son diable sur le parti qu'elle devait prendre. II lui conseilla d'accep-
ter. Le mariage conclu, les rapports continuòrent entre cette fille et le
diable, sans que le mari en eút le moindre soupQon.
EUe fit l’essai des poudres diaboliques, qui eurent pour efíet la mort
de plusieurs hommes. Sa mère, dénoncée, fut brùlée comme sorcière.
La fìlle subit la peine du fouet et plus tard fut brùiée comme empoi-
sonneuse.
Les juges, en portant cette sentence de mort contre la coupable, ne
s’étaient pas entièrement prononcés sur ses rapports avec le diable :
ils ne Tavaient condamnóe au feu que comme empoisonneuse. Ils se
róservaient d'examiner, après I’exécution, si l*on devait ou non la
considórer comme sorcière. L’un d’entre eux, Jean Bodin (d'Angers),
alors procureur du roi à Laon, fut chargó de résoudre la question.
Bodin, fortinstruit en science juridique, avait fait delongues recher-
ches sur la magie et la sorcellerie. Défenseur des idées adoptées au
moyen-áge sur les rapports de l’horame avec le diable, il composa un
« Traicté pour servir d’avertissement à tousceulx quy le verront, à fin
de faire cognoistre au doigt et á 1 tòil qu'il n’y a crimes quy soient à
beaucoup près si exécrables que cestuy cy ou quy méritent peines
plus grièves, eten partie aussy pour respondre à ceulx quy par livres
imprimez s’efíorcent de saulver les sorciers par tous moyens ; en sorte
qu’il semble que Sathan les ayt inspirez et attirez à sa cordelle. »
Cet ouvrage capital, intitulé Dc la Dètnononxanie des sorciers , se di-
víse en quatre livres : le premier traite de la nature des esprits, de
leur association avec les hommes et des moyens naturels et surnatu-
rels de connaitre les chose occultes ; le second, de i'art de la magie
oudes procédés employés par les magiciens pour faire venir le diabie ;
le troisième. des moyens d’éloigner ou de prévenir les sorts. Enfin,
l’auteur étudie, dans le quatrième, la manière de procéder contrí? les
sorciers et quelles peines iis móritent.
Pendantque Bodin composait sontraité, unmédecin du ducdeClèves,
nommé Jean Wier(ou Uvier) publiait un livre, sous le titre De lanais ,
pour dómontrer que les gens accusós de sortilèges sont des malades.
auxquels la mélancolie a troubló [le cerveau et qu’on ne doit pas les
condamner, comme on I’a fait jusqu alors. Un ouvrage précédent de
ce médecin, intituló Libcr de proestigùs et incantationibus , pubiió en
1578, dófendait déjà les mèmes idóes, mais avec moins d’audace et
d’assurance.
Bodin, connaissant le nouveau livre de son adversaire, pubiia
aussitót sa Dèniononxanic des sorciers, avec un appendice pour réfuter
vigoureusement les théories du médecin de Clèves, qu’il traitait de
méchant, d imposteur et d’impie, l’accusant mème de magie et de sor-
cellerie.
Malgró la haute aulorité et les efforts de Bodin, les idées de Jean
Wier prévalurent et peu à peu les tribunaux cessèrent — non pas
partout, tóraoin le cas d'Urbain Grandier à Loudun — de brúler vifs
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REVUE DES PÉRIODIQ-UES
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les sorciers et dómoniaques qui n’étaient que de pauvres malades.
L’auteur nous dit ensuite* la punition de laquelle les Boulenoisont
accoustumó de punir lessorcières par une sorte d’exposition au pi-
lori, prócédée de bastonnade, procédó curatif trouvó fort doux à cette
époque, et approuvó par lesesprits libéraux.
Ii nous donne enfin la description d’une scène d'exorcismes sur une
femme évidemment hystérique.
i/ Ledimanche 2 octobre dernier, étant à la Ste Messe, elle entendit
« au dedans d’elie une voix qui disoit : Sors d ici; elle tient bon jus-
« qu’à la communion du prètre, et sortie elle entend dire : Je n'ai
« pas été à la messe. De retour chez elle, l’esprit malin lui disoit : J'ai
« gardé le silence jusqu’à présent, mais je m’en vais en dire assez. On
« alla quérir le curé du lieu, mais le dóraon ne ditmot. La femme ótoit
« dans un ótat etfroyable ; sa tóte touchoit à ses talons par derrière et
« on ne voyoit que son ventre. Le curó etTrayó, et voyant que sa pró-
« sence íaisoit plus de mal que de bien, se retira et la recommanda è
« vespres. Le démon dit à la femme que le curé avoit prió pour les
« autres, mais qu’il n’avoit pas prié pour lui-méme. Après vespres, la
« femme étantcomme morte, on lui donna l’extréme-onction ; elle fut
« agitée sans beaucoup de parole jusqu’au lundi vers les 4 heures
« après midy que le curé partit pour le sinode de Noion. On me vint
« chercher ; j’ai fait longtemqs difficulté d’y aller, ne sentant pas ma
« conscience assez pure pour cela. Enfln m’ayant étó dit que cette
« femme me demandoit à cor et à cris, je me suis rósolu d’y aller. Pen-
« dant monchemin, la femme disoit toujours : ila peur, ila peur, il ne
« viendra pas. Vous sgaurez que quand c’ótoit autre chose que la
« femmequi parloit, c’étoit une voix tout à fait extraordinaire, faible,
« mince comme le son d’un sifflet, ou comme quand on fait parler des
« marionnettes. Lorsque j’étois en chemin, il disoit : Voilà le grand
« Cugnière qui vient pourtant. A mesure que j’approchois le village
« du dit Croix, il tourmentoit la femme davantage. Arrivó à l’église,
« je me suis revètu d’un surplis et d’une étole, et, muni d’eau bónite et
« le cruciflx à lamain, j’allai è la maison de la malade. Je la trouvai
« dans de grandes agitations, ayant la bouche toute grande ouverte et
« faisant des hurlements affreux. »
Ce diable ne fít d’ailleurs aucune diffículté pour avouer qu’il s'appe-
lail Philippe, et il s’óvanouit au dehors par un carreaucassó.
M. M.
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REVUE DE PSYCUATRIE
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NOUVELLES
Personnel des Aslles. — Moucement du mois de notembre 1909. —
M. le D r Lbvassort (Joseph), médecin adjoint de l’asile public d aliénés
d*AlenQon (Orne), est nommé médecin-adjoint faisant fonctions de
médecin en chef de l’asile de Bon-Sauveur à Caen (Calvados).
M. Thourel (Henri), directeur administratif de l’asile de Vaucluse,
est nommó directeur de classe exceptionnelle.
Soclété fran^alse de phllosophle. — Dans sa séance du 28 octobre
dernier, la Société frangaise de philosophie, siégeant à la Sorbonne et
composée des membres de la section de philosophie de l’Institut, des
professeurs de philosophie du Collège de France, de la Sorbonne, des
lycées de Paris et des Universitós de province, a décidé d’entrepren-
dre la constitution d’une bibliogvapìiie de la philosophie Jranpaisc.
Cette bibliographie, conflée à la haute direction de M. V. Delbos,
professeur à la Sorbonne, comprendra la liste de tous les ouvrages et
de tous les articles de Revues publiós dans Tannóe. Elie paraitra une
fois par an, dans un des Bulletins de Ia Sociétó, après avoir été exa-
minée en sóance; elle offrira donc toutes les garanties désirables.
Adresser les ouvrages : Bibliographie frangaise de philosophie, l,rue
Mézières, Paris.
Académle de Médeclne.— Prix regus pour des travaux concernant
la neurologie ou la psychiatrie :
Prix Civrieux. — 800 francs.
Question : De Vanorexie htfsíèrique .
Un mémoire a été présenté.
L’Acadómie décerne le prix à M. J. Tinel, interne des hòpitaux de
Paris.
Prix Henri Lorquet. — 300 francs.
Un mémoire a été présenté.
Le prix est décernó à MM. les D M R. Benon, interne de la clinique
des maladies mentales, médecin adjoint des Asiles publics et P. Frois-
sart, interne de rinfirmerie spéciale de la Préfecture de police, Paris:
Études clinique ct mèdico-lègale desfugucs en pathologie mentale .
Prix Théodore Herpin (de Genève). — 3.000 francs.
Six mémoires ont été prósentós.
Le prix est décernó à MM. ies D r * P. Lejonne et Lhermitte, de
Paris: La myopathie des meillards .
Une mention très honorable est accordée à M. le D r Paul Camus, de
Paris: Étude dc neuropathologie sur lcs radiculites. +
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REVUE DES SOCIÉTÉS
sociEté de pstcholoqie
Sècince du 8 jancier 1909
Un cas d'aphasie transitoire , par M. Revault d’Allonnes.
Le mardi 2 novembre 1908, une domestique d'une quarantaine d'an-
nées s'aper^ut, après avoir ouvert la porte à un fournisseur, qu’elle ne
pouvait articuíer une parole. Elle monta alors dans sa chambre, sans
ètre aidée, ressentant quelque lourdeur dans le bras gauche, qui fut
très passagèrement paraíysé.
Amenéeà l’hòpital, elle manifestait une aphasie complète, avecala-
lie (elle ne disait que les mots : ^ Mon Dieu » et « Oh la la ! », surditó
verbale, cécíté verbale, agraphie.
Peu à peu, ce syndrome disparait, et au bout de 15 jours, la malade
est enlièrement guórie.
Voici donc une aphasie totale, molrice et sensorielle à la fois, sur-^
venue brusquement, et progressivement guérie en une dizaine de
jours. Comment Tinterpréter ?
M. Revault d’AlIonnes rejette Thypothèse du mutisme hystérique.
L'aphasie transitoire, sans lésion matérielle (sine materia) se pré-
sente au cours de plusieurs affections.
Dans la paralysie générale, à la suite d’une attaque épileptiforme ou
apoplectiforme, on observe des aphasies transitoires. L’aphasie des
paralytiques génóraux est méme ordinairement transitoire quand elle
est subite,* quand elle ne se développe pas lentement, progressivement,
de pair avec 1’afTaiblissement intellectuel. Et c’est comme exception-
nels que M. Magnan présentait, en 1879, à la Société de Biologie, deux
cas d’aphasie subite persistante dans la paralysie générale.
L’aphasie transitoire a été vue dans les maladies de la moelle. L/an-
née dernière, Ivanoff, módecin á l’hòpital militaire d'aliénés à Moscou,
a publié dans VEncèphale l’observation d'un médecin, G., àgó de
quarante huit ans, qui eut une bien curieuse attaque d aphasie. G. ótait
atteint d’une myólite transverse; la moitié inférieure du corps était
paralysée, anesthésique, et présentait deux escarres pénétrants. Ce-
pendant le cerveau demeurait indemne et intelligent. A la suite d’une
conversation fatigante où il fit allusion à ses études de grec au collège,
G. eut une aphasie articulatoire, auditive, visuetle, graphique complète,
exceptó pour les mots et caractères grecs. Cètte aphasie disparut après
soixante-douze heures.
L'aphasie transitoire s’observe quelquefois dans les fièvres infec-
tieuses, en particulier dans la pneumonie (Mouisset), et dans la ty-
pholde (Edmond Chaurnier, 1883)-
Enfìn, l’aphasie transitoire survient chez les sujets qui ont de
l’hypertension araérielle, et chez ceux dont le sang contient une quan-
tité excessive d uróe. Or ces deux conditions se trouvent à la fois
róunies chez cette malade. C’est une brightique incontestable : ses
urine8 contenaient 7 gramraes d’albumine; son coeur íaisait un bruit
de galop ; sa tension artérielle était un peu excessive; elle a fréquem-
ment des migraines; elle a eu des oedèipes témoignant de la rétention
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des chlorures; de plus, la présence de 1 gramme d'urée dans son
liquide cóphalo-rachidien, quantité double de la normale, révélait
Tazothémie.
Du ròlc du sentiment d’autoniaUsmc dans la genèse dc ccrtains ùtats
dèlirantSy par M. Cotard.
Dans cette communication, d’un réel intórét psychoiogique, le
D r Cotard invoque la théorie de ’Pierre Janet, pour qui le sentiraent
d’automatisme aurait l’importance la plus oonsidérable dans la genèse
des maladies mentales ; il nous cite à ce propos l’observation d*un
nommé R.,ágé de 26 ans, chez qui le rapport entre ce sentiment et
les idées délirantes est particulièrement marquó. II entre à Bicètre á
la suite de deux fugues, avec des idées de persécution très nettes.
Quelques jours après son entrée, l'état de R... s'aggrave ; ii reste au
lit, tantòt apathique, indiíférent, tantòt paraissant plongé dans ies plus
absorbantes méditations. Dès que l'on arrive près de lui, il s'écrie :
« Oh ! messieurs, ócoutez, je ne peux pas me faire à cette idée là !
— Quelle idée ?
— Le pédé, — pédéisme — et puis je suis comme un sauvage, comine
une bète ; je ne suis qu’un étre nuisible ; je n*ai pas de retenue ; il faut
que je dise n'importe quoi; je ne suis pas nxaitre dc ma pensèc ; j'ai
des impulsions ; puis je tombe dans la mèlancolie; je suis comme une
béte. »
Les jours suivants, le méme état persiste ; R... parait de plus en
plus absorbé ; quand on s’approche de Iui et qu’on lui adresse la
parole, il parait tomber des nues ; il a les plus grandes peines à
répondre ; on lui arrache difíicilement quelques mots relativement à
son ótat; il répète : je n’y comprcnds rien ; je ne suis pas maitre de
moi.
R... a des irapulsions; il s’est égratigné la poitrine avec un morceau
de verre.
L’état de R... est restó ^ensiblement le mème pendant son séjour à
Bicètre. Cependant, de temps en temps, R... parait moins obnubilè,
moins réveur; sa physionomie qui, d'ordinaire, exprimait I’étonne-
ment, i’égarement, reprenait alors un aspect normal, et R... s’en
rendait oompte en disant : « Aujourd’hui, je suis plus maitre de moi ;
je suis plus clair ; je sens que cela se débrouille. » Lui demandait-on
s’il croyait encore aux histoires incohérentes de « pédéisme » et de
franc-maQonnerie qu’il racontait d'habitude, il rópondait que non, que
ces histoires étaient absurdes, mais que ce n’était pas de sa faute s’il
avait dit des bétises, car il n’était pas maítre de lui. Bref, R... parais-
sait alors parfaitement conscient de son état, et en quelque sorte
assister en spectateur ímpuissant à un défilé automatique d’images, de
rèveries, de pensées auquel il se sentait complètement étranger.
Le second maìade, B..., àgó de vingt-sept ans, estentré àl’hospicede
Bicétre en janvier 1907, pour une bouffée de délire polymorphe, avec
appoint alcoolique. Au bout de trois mois, B... paraissait étre guéri et
on songeait à le rendre à sa familie, quamì brusquement il fut repris
par des idóes délirantes avec impulsions et sitiophobie. Le 17 mai il
s’óchappe des mains de ses gardiens et saute sur le siège de la voiture
d’un médecin de l’hópital. On lui demande la raison de cet acte. 11
parait surpris et dit que l’idée lui est venue d’étre cocher en voyant
une voiture. II se plaint d’étre dans un « tourbillon insupportable ».
Un autre jour, il prend ie chapeau d’un de ses amis qui était venu le
voir, le met sur sa téte et s’en va pour sortir. Interrogé à ce sujet.
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II ráprad qti'il ne sait pas du tout pourquoi il a accompli cetaqte.
— 11 a, dit-il, obéi à une idée qu’il n’a pas pu discutèr. De méme
il s’est coupé la moustache. II ne sait pas pourquoi ; c’est une idée qui
lui est venue.
B... ómet aussi desidées bizarres et incohérentes ; un jour il raconte
qu’il a été goumier dans le Sud-Algérien ; un autre jour, qu il est le roi
du monde, íe roi des rois, Napoléon IV, Henri IV. Toutes ces paroles
sont dites sur le mème ton uniíorme, méconiquement, sans aucune
espèce d’émotion, d’animation, ni d’accent.
B .. parlait de bouche et non de cceur. II déclajrait, d’ailleurs, ne pas
croire à ce qu’il disait, ne pas ètre en réalitó aucun de tous ces grands
personnages; que tout ce « tourbillon » lui passait dans l’esprit, et
qu’il se voyait divaguer sans pouvoir s’en empècher. II paraissait aussi
en proie à une sorte de ròve délirant perpétuel auquel il assistait sans
s’y incorporer et dont il n’était cependantpas le rnaitre.
Pendant longtemps on ne constata chez B... autre chose que ce sen-
timent d’automatisme; mais au bout d’un an environ. B... présenta
des idées délirantes de dépersonnalisation, puis de transíormation de
la personnalitó qui semblaient ètre comme Ia conséquence dp senti-
ment d’automatisme antérieur. B... ne peut, en effet, expliquer autre-
ment son état qu’en admettant # en lui l’existence d’un ou de plusieurs
individus qui pensent et agissent à sa place.
D. — Voyons B..., qui ètes-vous ?
R. — Eh bien ! ma mère. C’est rna mère qui est en moi.
D. — Pourquoi toutes ces bétises?
R. — Parce que je ne suis pas souvent moi.
D. — Qui ètes-vous?
R. - Un peu de tout, un mélange.
Et encore :
D. — Vous étes bien B... ?
R. — J’ai appris que je n’ótais pas B...
D. — Comment cela?
R. — Ce qui m’ennuie, c’est d’avoir dans ma tète tout ce qui s’y passe.
B... est actuellement dans un état qui rappelle celni de ces malades
désignés par certains auteurs sous lenom de déments paranoldes.
M. Cotard trouveque cesdeux observations montrent bien l’existence
du sentiment d’automatisme chez des aliénés caractérisés et ses rap-
ports avec certaines formes de délires.
Chez R... le sentiment d’automatisme existe presque à I’ótat pur,
R... nous répète qu’il n'est pas maitre de sa pensée ; qu’il est obligé
de dire n’importe quoi. C’est là un premier degré.
Chez B... nous voyons nettement se succéder deux phases :
Dans lapremière, B... a comme le sentiment de son automatisme. II
le constate seulement Dans la seconde phase, B... ne se borne plus
à cette constatation ; il veut Texpliquer et son délire nous apparait
comme une tentative d’interprétation.
Cette communication nous parait particulièrement intóressante en ce
que l’on peut y voir finement anolysés Ies troubles psychologiquès
présentés dans des maladies étiquetées délire des dégénérés ou dé-
mence paranoide. Toujours la méme fonction y est en défaut : c’est la
conduction volontaire de la pensée. Le sentiment d autornatisme peut
à son tour róagir sur le délire et donner une direction involontaire à
la pensée confuse. C’est là ce qui prouve que le diagnostic de confu-
sion mentale, ou de délireconfusionnel, a une valeur symptomatologi-
que et pronostique bien plus grandeque celle de démence paranoide
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dans une maladie où la démence fait défaut et qui ne saurait non plus
guère étre rapprochée de la paranoía. Enfìn, on ne peut qa'insister
avec Tauteur sur Timportance du sentiment d'automatisme dans la
pathologie mentale ; nous ajouterons après lui que cet automatisme
lui-méme a une importance encore plus considórable que le sentíraent
qui le traduit.
M. M.
Sùance du 4 juin 1900.
M. Dumàs raconte a la Société le curieux essai d'association tenté
par des aliénós à Tasile de Ste-Anne, essai qui rappelle, de bien loin
d'ailleurs, le fameux conte de Poé.
Le meneur est ici un malade du nom de Maréchal qui est à son
deuxième internement pour excitation maniaque légòre. C'est un désé-
quilibró qui a passé sa vie à gagner de l’argent et surtout à en perdre
dans des entreprises qui tenaient le milieu entre le commerce et I*es-
croquerie. — A 1‘heure actuelle il nourrit des projets sur l'achèvement
du canaLdes deux mers, I’enlèvement des ordures dans les rues de
Paris, la création de nombreux journaux, l'organisation de la lutte
contre la traite des blanches, etc., étc. S*on état mental est tel que, lors
du premier interneinent, on pensa quelques jours à un début de para-
lysie gónérale et lorsqu’il n'estpas interné, il reste toujours ambitieux
et bizarre. C’est pourtant un homme capabíe d'une certaine cohérence
dans la conduite et qui a déjà dupé pas mal de normaux ou prétendus
tels.
La société, exclusivement composée d’anciens aliónés et d aliénés,
prend le titre de Sociètè Amicaie dcs Aliènès ; elle a pour objet de soi-
gnerleí raalades, de s occuperdes libérés et de lesplacer. — Son siège
provisoire est à l'Asile Sainte-Anne. — La société s'occupera de recru-
ter les meilieurs inflrmiers et les meilleurs médecins ; elle procurera
aux aliénós des cours, des conférences, desconcerts et des speetacles.
Maréchal a recueilli neuf adhésions et signatures qui se répartissent
ainsi : Trois paralytiques généraux en réraission, un dément sénile,
un dément précoce, un dément alcoolique, un dément organique, deux
débiles. Les adhérents qu il a recrutés sont donc des faibles d’esprit
ou des affaiblis ; trois d’entre eux au plus, un paralytique génórai et
les deux débiies, ont eu le vague sentiment de ce qu’ils faisaient; lous
ont suivi passivement cet homme qui avait le verbe haut et de l’auto-
rité dans le geste.
Parmi les autres aliénés, les alcooliques guéris ont trouvé le projet
absurde, un mólancolique s’en est désintéressé, un persécutó-persécu-
teur a déclaré que, n'étant pas malade, il n avait besoin d’aucun
secours ; quelques déments très avancés n’ont méme pas soupgonnó
ce dont il s'agissait.
II reste donc que Maréchal, présentant un projet absurde mais
d'apparence raisonnable, a agi uniquement sur des dóbiles dont cinq
seulement se rendaient compte de Ieur adhésion.
<( Dans ce milieu d’aliénés, conclut M. Dumas, le meneur n'a exercé
soninfluence que sur des faibles, et encore pas sur tous, les déinents
trop avancés lui ayant échappé. »
Troubles de Vhumeur , obsessions et impulsions t interprètations dèli -
rantes chez une dèbile , parM. Blondel.
La maladedont M. Blondel présente l’observation montre nettement
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rimportance des tendances aílectives et des troublefe émotionnels dans
la genèse des délires.
Au lieu que dans son enfance elle n’avait peurde rien, était gaie et
active, maintenant elle est presque continuellement triste, sans aucun
motif. Elie n'a de plaisir à rien, elle manque de courage et de gòútpour
le travail; elle voit tout en noir, tout I’ennuie et la fatigue. Son réve
serait d’ètre enfermée dans une chambre toute seule, à ne ríen faire.
Par moments, cette tristesse inerte fait place à une gaieté et une acti-
vité immotivée ; elle travailie alors comme quatre. Mais ces moments
sont rares (tous les quinze jours) et courts (une demi-journóe). Cette
transformation de l humeur peut se produire sous l’influence d’une
contrariété ; elie n’a*jamais étó aussi bien qu'il y a deux ans après
avoir été renvoyée d’une usine. Le plus souvent, quand elle n’est pas
simplement triste, elle est à la fois déprimóe et énervée : elle pleure,
s’agace, s’irrite à propos de tout et de rien, supporte difìflcilement la
présence de ceux-là mémes qui lui sont sympathiques, se sent comme
enragée ; il y a en elle quelque chose qui la pousse à elle ne sait quoi.
Quelquefoi^ ces ébauches d’impuIsion9 se précisent: elle a envie de
se faire du mal, de se tuer. Des envies la prennent également de don-
ner des coups aux passants. Ces impulsions s’accompagnent de sensa-
tion de constriction thoracique, d’angoisse.
Elle a souvent l’impression de ne pas pouvoir penser ni faire ce
qu’elle veut. La fllle de sa voisine est fiancóe : quand le jeune homme,
qu’elle n’a jamais vu, qu’elle ne peut donc pas aimer, vient faire sa
cour, elle ne peot s’empécher de penser à eux, d’ètre occupée par la
pensée qu’il est là. EUe ne peut pas ètre avec les gens ce qu’elle vou-
draitétre ; elle a de la peine, par exemple, à étre avec les vieillards
aussi polie qu on ledoit. De là, dans tousses actes une gène, une con-
trainte qui ne passe pas inapergue. Mais il y a plus : elle se sent poussée
à faire des avances à un mari en présence de sa íemme, à avoir avec
lui des manières qu’elle ne devrait ni ne voudraitavoir. Cette conduite
ne plait naturellement pas aux femmes avec lesquelles elle est en
relations. A la manière dont ces dames se conduisent avec elle, à la
froideur qu’elles lui témoignent, M*« B... se rend bien compte qu’elles
sont jalouses et la prennent pour une malhonnéte femme. D’aucunes
ont mème tenu sur elle des propos malveillanls, qu’elle n’a jamais
entendus elle-mème, que personne non plus ne lui a rapportés, raais
qui n’en ont pas moins étó tenus, puisqu’ils ont entraínó, elle s’en est
bien aperQue, des brouilles et des fácheries. Sans doute, en tout cela,
son attitude a étó involontairement suspecte, néanmoins eile sait bien
au fond, qu’elle n’est pas coupable.
Mais les ennemies qu’elle s’est ainsi faites, en résistant insufflsam-
ment à des impulsions morbides, ne sont pas les seules. Dans la mai-
son qu’elle a habitée jusqu’en juillet 1908, et qu’elle a quittée à causé
de cela, elle avait une voisine, dont elle fait le portrait le moins flat-
teur, la traitant de coquine et de folle, qui s’est acharnée après elle,
sans motifs aucuns, sauf peut-ètre la jalousie et encore la jalousie ne
justifierait guère une telle persécution.
Le dólire se systématise, et vers le mois de septembre dernier, elle
se rendit compte qu'elle ne passait plus inapergue; « Je ne sais pas ce
qu elle a, celle-là », disait-on. « Tiens, voilà la folle », disaienfc les gar-
Qons du boucher. Danssa nouvelle maison, tout le monde savait qu’elle
est malade. Un jour qu’elle était couchée, la fenètre ouverte, un gamin
a dit : « Tiens, la folle qui dort. » Sans doute, elle a souvent un air
dròle et des manières qu’elle ne voudrait pas avoir. Mais néanmoins,
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il a fallu quelque éhose de plus : son ancienne voisine a encore fait
des siennes et a répandu de mauvais bruits sur elle. La preuve en est
qu’elle a eritsndu une de ses actuelles voisiries raconler de l’autre còté
de la cloison comment on lui avait fait sur le compte de B... de
mauvais rapports, dont elle n’avait du reste pas tenu compte.
Ses troublès mentaux arrivént à lui donner de telles inquiétudes
qu’eile cherchet partout un àbri et des secours.
M. Blondel conclut facilement au caractère primitif des troubles du
caractère en rapport avec la systématisation secondaire du délire.
M. Mignard.
SOCIÉTÉ D'ANTHROPOIiOGIE de paris
Sèance du 4 mars 1909
Le D r A. Marie signale l’importance de l’Anthropologie psychiatrique
et montre l intérét des observations sur les variations de taille des
aliénés. II donne à cet égard un tableau signifìcatif.
Les indications les plus nettes que l on recueille de l’examen de ce
tableau est qu v e Ton trouve le minimum (0 m. 90) et le maximum
(1 m. 98) des tailles chez les aliénés atteints depsychoses congónitales.
Le nanisme et le gigantisme sont d’ailleurs íréquemment liés avec des
àrréts de développement du cerveau. C’est également chez ces aliénés
que l’on observe la moyenne de taille la plus basse (1 m. 63). La dé-
bilité corporelle s établit donc en parallèle de la débilité mentale. La
moyènne a étó prise sur un ensemble de 326 aliónés congénitaux et
1.299 aliénés de tout genre.
Les autres moyennes basses se rencontrent dans les psychoses exo-
toxiques (moyennes prises sur 91 aiiénés (alcoolisme, morphinisme,
etc.) et chez les épileptiques et confus aigus ou chroniques (moyenne
prise sur 79 aliónés). II semble que là encore, la débilité corporelfc
soit en rapport avec la pródisposition aux troubles mentaux sous l’in-
fluence d’intoxications externes ou internes.
Au contraire, nous trouvons des moyennes semblables et tout à fait
voisines de la moyenne générale des conscrits (1,70,5) dans les psv-
choses d'involution (moyenne prise sur 253 aliénés), et dans la P. G.
(moyenne prise sur 461 aliénés), njaladie par intoxication syphilitique
probable. II semble que, chez ces inalades, la prédisposition aux trou-
bles mentaux, toujours existante, ne se marque par aucune ébauche
de dégénérescence physique, dans la grande majorité des cas. du
moins, car la dégénórescence ne saurait étre une assurance contre lu
para-syphilis et la paralysie gónérale, contrairement à l’opinion qui
eut vogue un temps.
M. Marie fait une communication sur le neuro-infantilisme chez les
aliénés et sur le gigantisme et la folie. II marque la valeur des svmp-
tómes régressifs dans la première afíection.
pour la seconde, le gigantisme infantile développé de bonne heure
a été opposé au gigantisme acromyégalique tardií. La coíncidence du
gigantisme avec i’acromégalie a étó signalóe par Dana ; Rake aurait
observé un enfant nègre de dix ans chez lequel les malformations
acromégaliques étaient congénitales.
Au contraire, les unìcisíes , avec Brissaud et Meige, estimaient que
le gigantisme et Vacromègalie sont urfe seule et méme dystrophie se
manifestant à deux àges, ou mieux, à deux périodes difíérentes de la
croissance.
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En ettet, les denx types de gigantisme que Lannois et Roy se sont
ettorcés d’opposer l’un à l’autre, dans une série de communications, le
type infantile et le type acromégalique,sont distincts, selon eux, odans
l’espace et non pas dans le temps ». Le géant infantile devient un acro-
mégalique, parce que sa vie se prolonge jusqu'à soudure complète de
sesépiphyses à ses diaphyses, c'est-à-dire.jusqu'à dispantíon de ses
cartilages de conjugaison.
Toute altération des fonctions glandulaires interne survenant chez
i'eníant entraine des troubles, voisins les uns des autr^s le plus sou-
vent, dans le dóveloppement physique (nanisme, infantilisme), quel-
quefois très dittérents en apparence (gigantisme). En revanche, le
syndrome psychique à peu près univoque consiste en l’arrèt plus ou
moins marquó de I’ensemble des facultés psychiques de l’individu (in-
telligence, mémoire, affectivité), etc.
M. M.
SOCIÉTÉ CLINIQUE
DE
MÉDECINE MENTALE
Séance du 20 Décembre 1909
Présidence de M. MAGNAN
COMPTE RENDU ANALYTIQUE
Mesure de I’intelligence chez les enfants, avec
dómonstrations. — Présentation de sujets.
MM. A. Binet et Simon exposent le pi océdé qu’ils ont établi
pour apprécier avec exactitude le niveau intellectuel des
enfants. 11 consiste en une série d’épreuves dont l’ordre a étó
établi par leur essai sur des enfants des áges les plus différents.
En les utilisant, on connaìt donc d’avance la valeur des répon-
ses données par les enfauts sourais à cet exaraen.
Trois enfants sont examinés devant la Sociélé. Le premier se
refuse à l’examen par ses larmes. Ce n’est pas une indication
contre le procédé. C’est un obstacle qu’on peut rencontrer
de mème pour une auscultation. Le second des enfants examiné
èst une flllette de 13 ans. Elle réussit les épreuves de 4 ans,
échoue à celles de 6, passe avec succès quelques-unes de celles
de 5. Elle a donc I’intelligence d’un niveau de 5 ans. Le troi-
sième enfant est un gargon de 13 ans. 11 répond à des questions
d’intelligence d’un niveau élevé et qui indiquent cliez lui un
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REVUE DE PSYCHIATRIE
niveau normal. Ce sont d’ailleurs des accidents convulsifs qui
l’ont fait placer.
II est toutefois curieux que les certiflcats de placement por-
tent le méme diagnostic de débilité mentale pour ce dernier
enfant et*le pvécédent. L’emploi du procédé de MM. Binet et
Simon éviterait la confusion due à l’emploi de dénomination de
ce genre d’application trop imprécise.
M. Piéron préfèrerait voir substituer le mot niveau mental
à celui d’intelligence. 11 demande si les niveaux moyens établis
par expérience pour chaque áge sont valables pour les enfants
de tous milieux, en se limitant à la France. Enfin, il distingue
dans les épreuves certaines qui sont consacrées à des fonc-
tions intellectuelles (la méraoire par exemple) et d’autres qui
ont trait à des connaissances acquises, ce qui implique le pos-
tulat d’une grande similitude dans l’éducation des enfants.
M. Simon. — La quesliondedénomination du procédé est peu
importante. Des enfants de la campagne répondent un peu
moins bien que des enfants de la ville; mais les résultats obte-
nus donnent dans tous les cas une notion relative précise de
l’intelligence de l’enfant examiné. II n’est pas d’autre part
possible d'éliminer les connaissances acquises d'une épreuve
d’intelligence; méme le langage est une connaissance acquise.
Spiritisme et folie. — Présentation de malade.
M. Bonnet apporte un cas de délire spirite, à troubles psycho-
moteurs graphiques, hallucinatoires et obsédants, survenus à
la suite de pratiques spiriles prolongées sans tares névropathi-
ques ni dégénératives apparentes (femme à la ménopause).
Onomatomanìe chez un vieillard de 74 ans. — Pré-
sentation demalade.
MM. Juquelier et Dalmas présentent un vieillard de 74 aDs
qui n’offre aucun signe de démence, mais qui est atteint depuis
un peu plus d'un an de recherche angoissante du mot. Cet
état, très pénible, puisqu’il a provoqué une tentative de sul-
cide, est presque continu, et, détail assez exceptionnel dans les
cas du méme ordre, la recherche porte sur tout le vocabulaire,
au lieu de se limiter aux noms propres, ou à certains noms
propres, selon la règle.
Des obsessions accentuées, des ébauches de délire ont pré-
cédé dans l’existence du malade, le syndrome actuel d’onoma-
tòmanie.
Paralysie générale chez un ouvrier traumatisé.
MM. Pactet et Bourilhet présentent des documents clini-
ques et histologiques relatifsà un maladeentré à l’asile deVille-
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juif à la suite d’une chute d’un échafaudage, qui a présenté un
état de confusion mentale suivi, quelques semaiues plus tard,
de l'apparition du syndiome paralytique. 11 s’agissait, l’histo-
logie le prouve, d’un cas de paralysie gónérale.
L’état de confusion mentale peut ètre considóró comme rele-
vant directement du traumatisme, maiscelui-ci n’a faitque pré-
cipiter l’apparition des symptómes de la paralysie générale qui,
très vraiserablablement, existait déjà, mais, sans lui, aurait pu
demeurer latente quelque temps encore.
Un cas de trophoedème chez une vieille démente
vésanique. — Présentation de malade.
M. Leroy montre à la Société une vieille femme de 71 ans,
atteinte depuis une douzaine d’annóes de démence vésanique,
qui présente une curieuse malformation du membre inférieur
droit. A la cuisse la peau forme à la partie interne une énorme
masse composée de gros bourrelets. La peau est souple, flas-
que, de coloration normale, non rugueuse, sans pigmentation.
En palpant ces bourrelets, on a une sensation molle, nettement
lipomateuse. La jambe présente, au lieu de plis cutanés, une
augmentation de volume cyiindrique en forme de manchon,
surtout appréciable à la partie postérieure et flnissant par un
brusque relief à trois travées de doigt au-dessus de l’articula-
tion tibio-tarsienne. La consistance de la jambe est dure, pres-
que ligueuse ; elle conserve un peu l’empreinte du doigt. Le
merabre inférieur est tout à fait indolore.
M. Leroy discute ce symptóme. Est-ce une maladie de Reck-
linghausen sous forme denévrome plexiforme?
II croit plutót étre en présence d’un oedème segmentaire,
d’un trophcedème en raison de la marche de la maladie. Celle-ci
a débuté, en effet, il y a 46 ans à la suite d’une couche. L’en-
flure est apparue à la jambe droite et a gagné peu à peu la
cuisse en respectant le genou. Le membre, pendant des années,
a eu l’aspect monstrueux de deux ballons durs, gonflés comme
des outres préts à éclater. Cet cedème n’a jamais géné la mar-
che, il diminuait par le repos.
La malade a beaucoup raaigri et reste couchée depuis 10 ans,
c’est probablement pour ces raisons que l’cedème segmentaire a
pris la forme anormale que l’on constate actuellement.
1° Un cas de délire à deux. — Présentation de deux
malades. 2° Hallucinations auditives unilatérales. —
Présentation de deux malades.
MM. Lwoff et Condamine, dans une première présentation,
étudient un délire de persécution communiqué par une femme
47
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
s
688 REVUE DE PSYCHTATRIE
à son mari. La femme est persécutée et hallucinée depuis plus
de 5 ans (date d’un premier internement), elle a des troubles
sensoriels très accusés, hallucinations auditives, olfactives et
génitales. Le mari, qui n’est pas interné, a commeucéilya
2 ans, à I’occasion d’une appéndicite, a interpréter tous ses
symptómes comme des manoeuvres des ennemis de sa femme.
Depuis lors, gráce à la vie commune et à la grande affection
qui les unit, il est entré complètemeut dans le délire de sa com-
pagne. Actuellement il est méme devenu capable de délirer
pour son propre compte sous forme d’interprétations et a pris
une part active dans l’association délirante.
MM. Lwoff et Condamine montrent ensuile une malade ágée
de 70 ans, atteinte de sclérose des 2 oieilles, mais perforation
du tympan et suppuration à gauche seulement (D r Castex), còlé
où elle entend des voix, Y a-t-il relation de cause à effet ? Ce
n’est pas probable, étantdonné l’anciennetó de la lésion péri-
phérique (début à l’áge de 22 ans). Si celle-ci a joué un ròle
c’est seulement pour flxer à gauche Ia localisation du trouble
sensoriel.
Une autre malade a manifesté.àl’occasion de périodes d’éthy-
lismesubaigu, des liailucinations surtoutunilatérales, mais quel-
quefois aussi bilatérales. Chez elle aucune lésion périphérique
ou centrale ne permet une explication anatomique. D’ailleurs si
les voix. ont été enlendues à l’oreille gauche, cela neprouve
pas qu’elles n’aient été produites que par une moitiédu système
acoustique, mais seulement qu’elles ont été localisées par la
malade dans la raoitié gauche du charap auditif.
La comparaison de ces deux malades tend à prouver qu’il
n'est pas nécessaire que l’appareil auditif soit lésé en aucun
point pour que les hallucinations puissent se localiser à un seul
cóté.
Observation d’un persécuté voyageur. — Présen-
tationde photographies.
MM. Rogues de Fursac et Vallet. — Observation d’un
dégénéré, dóséquiíibi-é, et débile, persécuté à interprétations délj-
rantes qui a quitté son pays pour échapper à ses persécutions
et réaliser ses projets ambitieux.
Deux points sont intéressants dans cette observation : 1‘1’in-
dividualisme excessif du malade qui prétend vivre dans un
isolement absolu et transporter avec lui tout ce qui est néces-
saire à son existence (matériel de .campement, batterie de cui-
sine, etc.); 2° l’association d’idées délirantes réelles et de phé-
nomènes demythomanie, association quifaitpenseràla simula-
Original frn-m
UNIVERSrTf OF MICHIGAN
REVUE DES SOCIÉTÉS
m
tion et qui rendrait le cas particulièrement délicat dans l’hypo-
thèse d'une affaire médico-légale.
Un cas de sclérose en plaques. — Présentation de
malade.
M. Emraanuel Benoist (service de M. A. Marie) présente un
malade atleint de sclérose en plaques ayant débutó en 1897 par
des troubies mentaux. À l’origine, le malade fit unechute et se
blessa légèrement à la téte. lmmédiatement survint un état
d’obnubilalion intellectuelle croissante, puis une courte fugue
accompagnée d’ictus liémiplégique et suivie d’une période de
coma vigil qui motiva l’internement. Les troubles mentaux
retrocódèrent complèteraent après une duréede trois semaines.
Divers troubles persistèrent qui en imposèrent tout d'abord pour
une tumeur cérébrale. On pensa à l’origine traumatique des.
accidents. Actuellement le malade présente le tableau d’une
sclérose en plaques. La chute initiale semble avoir été causée
par l’ictus.
J. Courjon.
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE
Sèance du 29 Nocembre 1909
Sur laqucstion des dèlìres d'origine pèrìphèriqve, M. Picqué rópond
aux diverses objections qui Iui ont été faites antórieurement.
Sous le nom de délire d'origine infectieuse, il faut entendre non seu*
lement Ie dólire qui reprósente un élément secondaire dans le syn-
drome de la septicémie générale et qui peut disparaitre avec cette septi-
cómie, mais encore le délire qui a pour baseune infection chroniqueet
qui persiste mème après les accidents subaigus du début.
Le premier est le délire infectieux proprement dit tel quel’a envisagó
M. Vigouroux. Le second est ie dólire d’origine périphérique et on
doit y faire rentrer, contrairement à 1‘avis de M. Vigouroux, les délires
qui amènent de simpìes troubles de la coenesthésie comme dans le cas
de déplacement d’organes et ceuxqui produisent la confusion mentale.
Répondant á M. Arnaud qui estime que le terrain est tout ou á peu
près; Tauteurpense que les troubles périphériques peuventavoir lapart
prépondérante dans Téclosion de certains délires, et appuie cette
opinion sur les faits de guérison simultanée par Tintervention chirur-
gicale de la lésion et du dólire.
Sur la nècessitè d'une mèthode d’examen des arriùrès militaircs, par
MM. A. Binet et Th. Simon. Les auteurs avaient fait, il y a un an, des
expériences próliminaires au Val de Gráce dans le but de reconnaítre
dès leur entrée au régiment les’ déflcients qui peuvent exister parmi
les recrues. Ils s’étonnent que le D r Simonin ait communiqué ses
expériences au Congrès de Nantes et surtout qu’il en ait tiré des con*
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UNivERsrry of michigan
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690 REVUE DE PSYCHIATR1E
clusions opposees a la methode qu’ils se proposaient d’utiliser puisque
ces premières expériences n’étaient destinéesqu’à rétablir. Les auteurs
exposent aujourd’hui pour la première fois comment ces recherches
pourraient à leur avis étre conduites. Us croient en effet nécessairede
mettre entre les mains des médecins miiitaires un procédé pratique
et rapide d'examen direct et de détermination du degré d'intelligence
des jeunes soldats et estiment la chose possible en utilisant des tests
déjà étudiés par eux.
M. Briand craint que la méthode proposée par MM. Binet et Simon ne
laisse passer des vicieux n’ayant pas d'arrióration intellectuelle et
écarte au contraire des arriérés susceptibles pourtant de faire de
bons soldats.
M. Pactet estime qu'il serait en effet très utile de donner aux méde-
cíns miiitaires un moyen pratique d'ócarter les débiles très arriérés,
tels que ceux qu'il a pu observer dans une mission en Algórie.
M. Roubinovitch ne croit pas que des tests puissent sufhre à ce
besoin; certains arriérés doivent ètre observés longtemps.
MM. Legrain et de Clérambault insistent sur la nécessité pour ies
médecins militaires d’étre familiarisés avec les problèmes de la Psy*
chiatrie.
M. Vallon estime qu'il est impossible d’exiger une instruction psy-
chiatrique de tous les médecins militaires et qu il serait plus facile
d’instituer au moins un psychiatre par corps d’armée.
A. Delmas.
Sèance du 27 Dècembrc 1909
M. Séglas communique l observalion d’un malade qui sprès avoir
présentó pendant plusieurs annéesun délirede persécution à base d in*
terprótations dólirantes, présente actuellement un délire d'auU>-aecusa-
tion. En analysant ses idées d’auto accusation on remarque qu’elles
n’ont pas le caractère d’humilitó qu’on observe habituellement: le
malade en s’accusant cherche surtout à se justffier.
M. Chaslin a observé un malade qui avait un dólired'auto-accusation
très net avec illusions et interprétations délirantes sans hallucinations.
Ayant trouvé une explication à son auto-aecusation, il est devenu un
persócutó accusateur avec tendance aux réactions persóculrices.
Trois cas d'hallucinations spèculaircs , par M. Naudascher. L’aoteura
repris l’expression d’hallucination spéculaire donnée par Féré pour
traduire une hallucination visuelle représentant les traits du sujet
comme s’il les voyait dans une glace.
Dans la première observation, un dégénéré à l’occasion d'excès
alcooliques, a fait un délire polymorphe avec nombreuses hallu-
cinatíons de la vue, de l’ouie, de la sensibilíté générale, du sens mus-
culaire et psycho-motrices. Parmi ses hallucinations visuelles, il avait
des hallucinations spéculaires: il voyait des gens de son pays sous
la forme d'esprits et dans leur nombre ii se voyait lui-méme. Ce sosie
et les autres esprits lui parlaient, mais ils ne pouvaient le toucher.
Quelquefois il s’est vu assis dansson fìacre pendant qu’ilconduisait lui-
méme. II aeu également la représentation visuellede ses organesavec
cetle particularité que sur chacun le nom était ócrit en caractères
d’imprimerie.
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REVUE DES SOCIÉTÉS
691
Dans la deuxième observation, un cocalnomane a eu, à còté des trou-
bles physiques et mentaux habituels, des haliucinations spéculaires. II
se voyait lui-méme mais plus petit comme en portrait dans un état
d'amaigrissement extrème. L'hallucination spéculaire avait ainsi le
caractère des hallucinations dites iilliputiennes, décriles dansle Cocai.
nisme chronique. Le dólire hypochondriaque du malade avait ógale-
ment déformé la représentation visueiie dans un sens péjoratif, l’amai*
grissement ótant très exagéré.
La troisième observationconcerne un mélancolique ancien alcoolique
qui a vu sa tète émergeant des flammes de i enfer. L'hailucination est
raoins nette puisqu eiie ne représente que la tètedu sujet, dans ce cas
encore le malade a eu la représentation spéculaire dans un cadre con-
forme aux idées délirantes.
L’auteur a rappelé quelques exemples d'hallucinations spéculaires
chez des personnages connus : Goethe, Edgard Poè, Alfred de Musset,
Guy de Maupassant. II croit que l'hallucination spéculaire est d’ori-
gine. La représentation visuelle de l’extórieur du corps et de la flgure
peut devenir hallucinatoire au mèrne titre que les autres images
visuelies. L'auteur demande à distinguer l'hallucination spóculaire
d’origine visueile, des phénomènes d’autoscopie et des dédoublements
de ia personnalité, basés sur des troubles coenesthésiques.
M. Sollier rappelle qu’il a distingué 1 autoscopie externe et l autos-
copie interne. La coenesthésie est à la base de i'autoscopie interne. II
est à remarquer que dans la première observation le malade a eu des
phónomènes d'autoscopie interne et en méme temps des troubies coenes-
thósiques. L'autoscopie interne est une véritable reproduction visuaiisóe
mais d'ordre ccenesthésique.
M. Séglas rappelle qu'il a observó chez un persócutó halluciné de la
vue deux sortes d’hallucinations spéculaires. dans un cas il se voyait
dans un jardin, dans un autre cas il a vu son persécuteur et son dou-
bie; le persécuteur n sautó à la gorge du double et l’hallucination a
cessé. Cette hallucination ótait très nette et le malade voyait ces
figures en relief.
M. de Clérambault. Guy de Maupassant a dócrit une hallucination
spécuiaire véritable; son personnage voyait son double assis dansun
fauteuil.
M. Vigouroux fait remarquer l’absence d’émotion du maiade de la
première observation au moment de i'hallucination spéculaire.
M. Séglas a également constaté i’absence d’émotion.
M. Vallon a observé des cas où il y avait des troubles coenes-
thésiques: il s'agit de parties du corps que les malades sentent sortir de
leur corps et qu’ils voient auprès d'eux; il y avait un vóritable dédouble-
ment de la personnalitó.
M. Séglas a connu également une malade qui sentait son double
couché à cóté d elie. Mais il y a lieu de distinguer de ces dódoublements
de la personnalitó les hallucinations spéculaires où l’élément visuel
seui entre en jeu.
M. Sollier. L'autoscopie interne et rhaliucination spéculaire sont
moins rares qu'on ne le croit, chez les intoxiqués par la morphine,
l’hóroíne ou ia cocaine etc. C’est au moment du sevrage que ces
phénomènes se produisent.
M. Naudascher dit que c'est en effet au moment où il commenQait à
se dósintoxiquer de la cocalne que son second malade a éprouvó l’hallu-
cination spéculaire.
A. Delmas.
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692
REVUE DE PSYCHIATRIE
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SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE
Sèance du 18 NocembneJ909
A propos du diagnosiic de la dèmcnce prècoce et de lapsychose mania -
que dèpressice. MM. J. Séglas et A. Colin présententune jeune raalade
dont l'affection réalise un tableau clinique assez complexe et soulève
la question des rapports de la déraence précoce de la folie maniaque
dépressive.
Ils rappellent, áce propos, le graphique de la fréquence coraparative
des principales forraes morbides observóes par Kraepelin à Heidelberg
de 1892 à 1907.
Dans ce document, qui figure dans la 8* édition du Iraitó de Kraepelin,
on voit la courbe de la dónience précoce monter de 5 0/0 (1892) à 51 0/0
(1901), pour descendre en 1907 au-dessous de 20 0/0. Une telle différence
ne peut s’expliquer, évidemment, par une diminution réeile des cas,
mais par des erreurs d’interprétatiohs.
Sur 1 cas de paralysic gènèrale jucènile acec autopsic. MM. R.
Dupouy et A.|Léri. Hórédo-syphilis probable; paralysie gónérale
juvónile familiale (syndrome paralytique cliniquement typique) ; poly-
nucléose temporaire.
Onirisme et Mythomanie . MM. Dupré et Rolet.
Psychose polynècritique chronique ou presbyophrènie. MM. F. Rose
et Benon présentent une malade de 66 ans, chez qui le symptòme
dominant consiste en une amnésie de fixation presque complète
s'étendant sur une dizaine d’années. L’étiologie et laconservation rela-
tive du jugement sont deux éléments en faveur du syndrome de
Korsakoíi, bien qu il n’y aitpas de polynévrite vraie. Les auteurs ne se
prononcent nettement ni pour un diagnostic ni pour l’autre.
M. Chaslin fait remarquer que la description donnée par Wernicke
de la presbyophrénie est très confuse.
P. Juquelier.
Sèance du 16 dèccmbre 1909
Paralysie gènèrale deux ans après la contamination syphilitique. —
MM. Marchand et Petit rapportent l'histoire curieuse d'une femme
qui contracta la syphilis à dix-neuf ans, ne se traita point et présenta,
à vingt et un ans, des troubles mentaux : idées de grandeur et de
satisfaction, puis des attaques apoplectiformes et des troubles de la
parole, enfin une hémipiégie passagère à gauche, puis à droite. On fit
le diagnostic de P. G., mais avec point d interrogation pour la syphìlìs
córébrale; aussi institua-t-on le traitement spécifique d’ailleurs sans
résultat. A I'autopsie, on put constater les lésions classiques de la
P. G., sans signes de syphilis córébrale. — Quelques cas semblables
ont étó signalés, rnais sans examen histologique, et jamais la P. G.
n’était apparue si vite après la contamination syphilitique.
M. Roubinovitch a récherché dans cinquante-deux cas de P. G. la
.date d'apparition après le chancre syphilitique. Le plus grand nombre
de cas est apparu de douze à vingt et un ans après le chancre; l’incu-
bation la moins longue a été de neuf ans.
(Voir laisuite après le Bulletin bibliographique mensuel.)
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UNIVERSrn' OF MICHIGAN
r
REVUE DE8 SOCIÉTÉS 693
M. Ballbt a vu, comme extrémes limites, trente ans et six ans après
la contamination ; il n’a jamais vu de période si courte que celle
signalóe par M. Marchand.
Les rèjlexes rotulien et cutanè plantaire au cours de ta dèmence prè-
coce . — M. Maillard a examiné ces réflexes chez 58 malades et 37
sujets nórmaux. Chez tous Ies dóments précoces, le réflexe rotulien
est anormal : la jambe, aulieu de revenir dans sa position habituelje,
reste dans une extension relative ; quelquefois le signe estunilatóral.
II est probable que ce signe est dù à ia suggestionnabilité spéciale du
malade et assimilable aux attitudes catatoniques. Le réflexe cutané
plantaire était aboli dans un certain nombre de cas.
M. Dupré signale que chez les dóbiles on observe des troubles des
róflexes analogues : indifiíérence du róflexe cutanó plantaire et éxagé-
ration du réflexe rotulien; de mème ímpossibilitó de faire le bras
mort, parce que leur tonicitó musculaire est anormale.
P. Juquelier.
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694 REVUE DE P8YCHIATRIE
TABLE DES AUTEURS
A
Antheaume. 630
Betcherew. 477
Bridou. 177
Brissot.73, 77, 81,132, 611
C
Camus (P). 130
Capgras. 387
COLLET (G.). 23, 83,140,
330, 399 . 485
Cossa. 630
COTARD (L). 131
D
Damaye (H). 187 621
Delmas (L )... 640, 649 653
Dupouy (K). 255
Duprat. 251 393
F
Fassou (V. Vallet). 16
Filassier(A). 466
Q
Gelma(E.). 75
Genty 77, 134, 258, 260, 396
Georges (Aug.). 75
Guichard. 256
H
Halberstadt. 459
Hesnard (A). 199
J
Janet (Pierre). 128
Joffroy. 255 307
Juquelier (P.) 24, 75,
130,131,140, 255, 256,
265, 393, 401, 483 . 563
K
Klincksieck. 254
L
Lambert (M.). 255
Legendre (K.) 254, 198,
201, 260, 398. 477
M
Marchand (L)...... 61 630
Marie(A.) . 257 567
Marinesco . 254
MEUNiER(Raymond)75, 128
Mignard (M.) 1, 75, 77,
82, 130, 134, 199, 257,
322, 387, 397, 590, 630, 639
Mignot (R.)_ .. 307, 630
Minot (H.). 559
N
Naudascher. 117, 241
O
Olivier (M.). 523
P
Peilaube (M.-E.) . 127
Petit (G.). 61
Picqué(M.). 83
PiÉron (H.) 20, 75, 128,
134, 255, 326, 394, 475,
478, 590. 643
R
REY(Abel). 20 394
Rolet(J.).. 319
RosE(Félix). 256
Go^ 'gle
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UNivERsrry of michigan
TABLE DES MATIÈRES
/ 695
8
SÉRIEUX. 387
Soukhanoff (Serge).
262. 379
S OUKHANOFF-POKO-
tyllo(E.). 564
T
Touchard(P.). 256
Toulouse. 1
V
Valette. 254
Vallet (A.). 16
Vallon (H.). 130
Vaschide(N.). 475
Vigouroux (A.). 241
TABLE DES MATIÈRES
A
Alcoolisme symptóme
des psychonévroees
constitutionnelles (L’)
par Serge SoukhanoJJ'. 379
Aliénés dans l’armée
(Les) par J.Rolet . 319
Aliénés processifs non
délirants (Les) par M.
Brissoí . 73
Apergu médico iégal sur
la magie et la sorcel-
lerie par Farajoux
(M. Genty) .
Autopsie de deux cas de
chorée chronique
avec troubles mentaux
à la période démen-
tielle par H. Damaye. 621
Bibliolhèque de psycho-
logie et de métapsy-
chie par Raymond
Meunier (H. Piéron). 75
Bibliothèque de psycho-
logie expérimentale et
de métapsychie. 127
C
Cellule nerveuse(La)par
Marinesco (E. S.) (R.
Legendre) . 254
Code des Couleurs par
Klincksiechet Valette
(R. Legendre) . 254
Confusion et Démence.
II Lucidité par E. Tou-
louse et M. Mignard. 1
Confusion mentale su-
baigué (Deux cas de)
par intoxication tu-
berculeuse par H. Da-
maye . 187
Congrès. 481
XIX* Congrès des méde
cins aliénistes et neu-
rologistes de France
et dqs pays de Langue
frangaise par M. Oli-
vier . 523
Congrès international de
psychologie (LeVI*)
par H. Piéron et M.
Mignard . 590
Congrès (Revue des)... 590
Contribution à la con-
naissance de ia cellule
nerveuse par R. Le-
gendre . 198
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UMIVERSITY OF MICHIGAN
696
REVUE DE PSYCHIATRIE
Contribution à J’étude de
l’insuflisance hépati-
' que dans le délire al-
coolique subaigu par
< V. Guichard. (P. Ju-
i quelier) . 256
Gontribution à l’étude
séméologique du psit-
tacisme et de ses di-
vers aspects en clini-
que psychiatrique par
Ĺ. Cotard (P. Juque-
lier) .. 131
Criminalité dans 1‘ado-
lescence par G. L. Du-
prat (P. Juquelier) .. 393
D
Délires. (De l’origine pé
riphérique de cer-
tains) par M. Picqué
(G.Collet ).,. 83
Délire de persécution
' par H. Vallon (M. Mi-
gnard) ..... 130
Délire d’interprétation
de SérieuxetCapgras
(Le) par M. Mignard. 387
Délire d’interprétation
(Laformeatténuéedu)
par le D r Halberstadt 459
Délire mystique (Note
sur l’idée fixe dans lé)
par M. Duprat . 251
Démence(Coníusionet). 1
Dépendance organique
de l’espérance et de
l’eifort par M. le D r
Bridou . 177
Considérations sur les
rapports de l’épilepsie
iateute avec l’alcoo-
lisme par E. Gelma
(P. Juquelier). r .— 75
E
Epilepsie chez les dé-
ments séniles (De l’)
par L. Marchand et G.
Petit.. ... . . 61
Essai sur la psychologie
de la main par N. Vas-
chide (H. Piéron) _ 475
Essai sur le système psy-
chologique d’Auguste
ComteparAup. Geor-
ges (M. Mignari).... 75
Etude de neuropatholo-
gie sur les radiculites
par P. Camus (P. Ju-
quelier) . 130
F
Faits et opinions, 73,117,
187, 251, 319, 387, 466, 621
Folie communiquée par
A. Filassier . 466
Folie de Jésus (La) par
Binet Sanglè (T. II.)
(P. Juquelier) .
Folie hystérique par
Muiset et Salages (P.
Juquelier) .
Fonctions nerveuses bul -
bo-mèdullaires (Les)
par V. Belchereio (R.
Legendre) . 477
Fúgues et le vagabon-
dage (Les) par A. Jof-
frog et R. Dupoug (P.
Juquelier) .:_ 255
G
Grande envergure et ses
rapports avec la taille
chez les criminels par
Ch. Perrier (P. Ju-
quelier) .
H
Hallucinations dialo-
guées et conscientes
par A. Vallet et A.
Fassou.... ... 16
Hémiplégie droite et
apraxie gauche par
Félix Rose et P. Tou-
chard (P. Juquelier). 256
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UNIVERSiTY OF MICHIGAN
TABLE DES MATIÈRES
697
L
Langage (Les théories
psychophysiologiques
du) dans l’aphasie et
l’aliónation mentale
par M. Brissot . 611
Livres (Revue des). 20,
75, 127, 198, 254, 393,
475, 559, 630
M
Maladies mentales dans
l’armée Irangaise par
Antheaume et Mignot
(L. Marchand) . 630
Mémoire chez lesjeunes
adolescents et les alié-
nés (Observations sur
la) par G. L. Duprat..
Modiílcations á apporter
à la législation fran-
gaise sur les aliénés
(Des) par le D r Cossa
(M. Mignard) . . 630
N
Nécrologie. 327
Névroses (Les) par
Pierre Janet . 128
Nouvelles. 22, 80, 139,
201, 263, 326, 399, 481, ‘
566,610, 648
O
Observations (voir Faits
et Opinions). 16
Observations de Joseph
Daquin, aliéniste sa-
voyard, par Maurice
Ducosté .
P
Pages oubliées.
Paralysie générale (Des
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Paralysie généraie et
asphyxie symétrique
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Naudascher . 117
Paralysie générale (Les
symptómes psychi-
ques de second ordre
dans la) par.4. Jouf-
froy et R. Mignot .... 307
Péri odiques (Revue
des)......322, 478
Périodiques Etrangers
(Revuedes). 134,201,
260, 398, 564, 640
Périodiques Frangais
(Revue des). 77, 132,
200, 257, 396, 563, 639
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Q
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177, 241, 307, 379, 459,
523, 567, 611
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Sciences philosophiques
dans leur état actuel •
(Les) par Abel Rey(H.
Piéron).. .. 394
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698
REVUE DE P8YCHIATRIE
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Société Médico psycho-
logigue par tì. Cotlet.
23, 82, 140, 203, 330,
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Société belgo de Neuro-
logie par tìrissot .... 82
Société de Neurologie.. 81
Société de Neurologie et
de Psychiatrie de Ber
lin. 653
Société de Psychiatrie
par Juquelier. 24, 140,
204,265,401, 483
Société de Psychologie
par M. Mignard .
Société des Sciences na
turelles et raédicales
d’Iéna. 653
T
Toxicités urinaires et
sanguines en psychia-
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<( Le problème des rapports entre le travail et la folie remet en
question beaucoup de notions considérées pratiquement comme défl*
nitivement acquises, mois toujours discutables au point de vue philo-
sophique.
» Les auteurs ne prétendent pas, en cet opuscule, déctarer que,
dans tel ou tel cas, le travail est la cause de la folie. Toute maladie,
mentale ou autre, relève de causes multiples et, dans chaque cas,
chacune des causes occupe dans l’ensemble des causes étiologiquesune
place d'importance diflérente et variable.
» Ce que les auteurs ont essayé de déterminer c’est donc la part que
prend le travail, monuel ou intellectuel, dans l’ensemble étiologique,
donl relèvent les psychoses, et d’un autre cólé la proportion des tra-
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XII
REVUE DE PSYCHIATRIE
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vailleurs atteinls de psychoses, comparée à Ia totalité des travailleurs
et à la totalité des travailleurs de cliaque profession.
» Ce livre représente donc surtout un travail de documentation. Maís
il sera aussi quelque chose de plus : un travail de discussion et de
raisonnement scientifiques, car Tétiologie de certaines psychopathies
provoque l’examen de quelques opinions recues ou à recevoir au sujet
de I'étiologie vésanique.
» Ce travail corable une lacune, car il est, dans la liltérature médico
psychologique franqaise, le premier qui entre au vif de la question, en
se basant sur un matériel d'observalions considérable. »
Sérieux (P.) et Capgras (P.). Les Jolies raisonnantcs. — Le tlclirc
(Vintcr/tretation. — 1 vol. in-8 # , 392 p., Paris, Alcan. Prix : 7 fr.
« Le délire d’interprétation doit prendre rang parmi les élats psycho-
patiques que l’on groupe artificiellement sous le nom de « folies
ruisonnantes », les sujets qui en sont atteints conservent, en dehors
de leur « délire partiel », toute leur vivacité d’esprit, avec une aptitude
souvent remarquable à disculer et à dófendre leurs convictions.
» L’étude de MM. Sérieux et Capgras est consacrée aux seuls
interprótateurs, à ces sujets qui, plus que tous autres, mettent en reiief
l’association étrange de la raison et de la folie, et mérilent bien le
qualificatif de « fous raisonnants ». Les auteurs décrivent successive-
vement les symptómes, les formules, Tévolution et les variétés du
délire d'interprétation. Ils exposent sa genèse, le différencient du
délire de revendication, des psychoses interprétatives symptòmatiques
et des délires systématisés hallucinatoires. Eníin, après avoir ruppeló
de quelle manière elle fut envisagée au dernier siècie, ils cherchenl à
justifler l’autonomie de cette espèce morbide et à la siluer dans une
clossification nosographique. Des considérations thérapeutiques et
médico-Iégales terminent cette intéressanle monographie. »
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<( Le previer volume du magistral traité des fonctions nerveuses,
publié par Bechterew dans la Bibliothèque de Physiologle de l’E. S.,
traite de la moelle et du bulbe comme organes de sensibilité et de
mouvement : il est donc consacré pour la plus grande partà l’étude des
réflexes, dont la complexité et l’importance capitale, tant au point de
vue purement physiologique qu’au point de vue médical, n’ont. pas
besoin d’étre soulignées. II apporte une niise au point tout à fait
complète, et qui, pour beaucoup de problèmes, renouvelle entièrement
nos connaissances: Le livre de Bechterew constitue en eflet une
véritable révélationde travaux russesaussinombreux qu’importants, et
qui n'ótaient point méme soupconnés en France, à cause de la Cnrrière
des langues, travaux dont la plupart étaient justement inspirés par
Bechterew, qui a toujours eu le souci, dans rintelligente direction des
recherches de ses ólèves, de faire servir des efforts épars à une ceuvre
systématique d'ensemble dont il efTectue, dans son ouvrage, la reinar-
quable synthèse. ,
» Ainsi peut-on afflrmer qu’il est désorrnais impossible de s occuper
des fonctions réflexes bulbo-médullaires sàns avoir constamment
entre les mains ce livre du neurologiste russe, dont la réputation
universelle est bien connue. »
Hesnard (A.). Les Troublcs dc la Pcrsonnalitè dans les ètats d'usihènie
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XVII
Supplément à la Revue de Psychiatrie. Mal 1909 .
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XXV
Supplément à la Revue de Psychiatrte. Juiilet 1909.
BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQUE MENSUEL
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XXVI
REVUE DE PSYCHIATRIE
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UMIVERSITY OFMICHIGAN"
XXVII!
REVUE DE PSYCHIATRIE
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M. PACTET (medecin en chef de Vasilc de ViUejuif).
M. COLIN (mèdccin en chef dc Vasilc de Villejuif). - Les allénés
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M. R. LEGENDRE (prèparateur au laboratoire de phi/siologie du
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ksterprétatlon pathologique.
M. J.-M. LAHY (cheí des trac\iux à VEcole des Hautes Eiudes).
— De l’lmportance du « fait soclal » en psychologie.
MM. TOULCÍUSE et MIGNARD. — Confuslon et dómence. —
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M. HALBERSTADT (mèdecin adjoint à VAsile de Saint-Vcnant). —
A propos du délire d’interprótation.
M. DAMAYE (mèdccin adjoint à VAsilc dc Bailleul). — Confuslon
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M. CRINON (internc des Asiles). — Sur la classlfication des
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M. PICQUÉ (chirurgien des hópitaux). — Chlrurgie des afiénés.
M. S. SOUKHANOFF (mèdecin dcs hùpitaux de Moscou). — L’alcoo-
llsme dans les psychonévroses.
M. JUQUELIER (mèdecin assistant à la Clinique ). — L’interpréta-
tlon déllrante.
M. MARIE (mèdecin en chtf à VAsile de Villejuf). — Loxicité san-
guine et urinaire comparées dans les maladies mentales.
M. MARCHAND. — Les accòs épileptiques atypiques.
M. H. PIÉRON (niaitre de confèrenccs tl VEcolc des Hautes Etndes).
— Utllisation des temps de réaction on psychiatrie, etc...
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UNivERsrry of michigan
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL
XXIX
Suppiément à la Revue de Paychiatrie. Aoùt 1909.
BULLETIN BIBLIO'GRAPHIQUE MENSUEL
DE PSYCHIÀTIUE ET DE PSYCIIOLOGIE EXPÉIUMENTALK
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XXXIV
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rale. — Où trouver une diílórence nette entre la Paralysie générale
vraie et la pseudo-paralysie génórale ? Uanatomie pathologique ne
saurait marquer une délimitatìon exacte. L’ótiologie, qui n'est pas
forcément syphilitique, nous laissedans le méme embarras. L’évolution
clinique est loin d'ètre constante. Pronosticet trailement ne sauraient
non plus nous fìxer. Les auteurs discutent l’opinion de Vallon Paul,
Dupró, Klippel, ils ótudient divers types de méningo encéphalite
diffuse. Ils adoptent la classifìcation histologique de Klippel.
1° La paralysie générale inflammatoire primitive.
2° Les paralysies générales secondaires ou associées.
3 # Les paraiysies gónérales dégónóratives, et parfois à lésions spéci-
fìques.
« Cette classification histologique, loin de détruire Tunité clinique du
syndrome paralytique, le renforce. »
René Charpentier et Paul Courbon. — Le Puérillsme mental et
les états de régresslon de la personnalité. — En 1903, E. Dupré
attira l’attention du congrès de Bruxelles sur ce syndrome psychopa-
thique. Depuis lors, les observations se sont multiplióes.
Après avoir donnó une défìnition de ce syndrome, les auteurs se
proposent d’examiner le puérilisme mental dit hystórique, le poéri-
lisme mental au cours des lósions circonscrites de l’encóphale, le
puérilisme démentiel sénile, compris lui-mème dans le puérilisme des
états de déflcit intelleetuel.
Pour ce qui est dupuérilisme mental hystérique, ils le rattachent aux
troubles de la personnalité et concluent que « le puérilisme mental dit
hystérique est un mode d’alternance de la personnalité par róversion,
caractérisé par un état délirant transitoire, écmnésque, onirique,
hullucinatoire, coníusionnel et amnósique, éclos chez des prédisposés
à Poceasion de troubles toxi-infectieux ». M. M.
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL
XLI
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MEN8UEL
XLV
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